(Douze heures trois minutes)
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Alors, prenez place, s'il
vous plaît. Veuillez vous assurer que
vos appareils électroniques sont en mode silencieux afin de ne pas
perturber nos travaux. Je déclare la séance de la Commission des institutions
ouverte. Bon après-midi à tous.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Non, M. le
Président.
Auditions (suite)
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci quand même. La commission est réunie afin de terminer les consultations particulières sur le projet de
règlement relatif au Règlement sur le changement de nom et d'autres
qualités de l'état civil pour les personnes transsexuelles ou transgenres.
Vous me
permettrez simplement une précision, que j'aurais dû faire hier. La commission
devait, selon la motion de l'Assemblée,
siéger le 7 mai dernier, mais il y avait eu entente entre les leaders pour
déplacer le 7 mai aux 13 et 14 mai, donc ce qui explique
pourquoi nous avons siégé hier et nous terminons aujourd'hui ce mandat.
Veuillez...
Et j'ai eu l'occasion de le souligner avant notre entrée en ondes, nous
recevons le Dr Ghosh. Toutes nos excuses, parce que nous devions débuter
à 11 heures. Alors, encore une fois, nous sommes désolés, ce sont les
aléas du parlementarisme. Mais, sans plus
tarder, je vous souhaite, au nom de tous les membres de la commission, la
bienvenue. Vous disposez d'une période de
10 minutes pour nous faire votre présentation, mais je vous demanderais
dans un premier temps, avant de débuter, de vous présenter formellement.
À vous la parole.
M. Shuvo Ghosh
M. Ghosh (Shuvo) : Merci, M. le
Président. Bonjour, tout le monde. Mme la ministre, Mmes et MM. les députés, je
vous remercie énormément de m'accorder quelques minutes pour partager avec vous
certaines données émergeant de mon
expérience clinique et académique, j'espère qu'elle peut vous donner un peu
plus d'information utile pour votre discussion du Règlement sur le
changement de nom et d'autres qualités de l'état civil pour les personnes transsexuelles ou transgenres. Mme la ministre, on
a aussi reçu le message que vous avez souffert d'une petite blessure la
semaine passée et on espère que vous continuez une bonne convalescence.
Je comprends
que nous sommes les dernières personnes devant vous cette semaine et, bien,
nous représentons la dernière
rencontre d'un organisme dans ce processus de discussion avec les invités.
Alors, nous sommes arrivés ce matin simplement pour ajouter quelques
derniers mots, après toutes ces discussions, pour souligner certains points et
pour partager nos pensées.
À mon côté,
je vous présente Dre Andreea Gorgos, pédiatre et consultante en éthique
clinique, aussi de L'Hôpital de Montréal pour enfants. Pour préciser le
contexte, elle expliquera quelques points éthiques importants pour cette
discussion, et après je ferai mon intervention.
Mme Gorgos
(Andreea) : Merci. Il y a de nombreux points éthiques à faire, mais,
dans l'intérêt du temps, je me limiterai aux plus pertinents.
L'autonomie est un des importants principes
utilisés en santé, qui soutient que chaque personne a une propre valeur, qu'elle mérite du respect et a droit à
l'autodétermination. La personne a le droit de faire ses propres choix
dans la mesure où elle est compétente, elle comprend les conséquences de ses
décisions et les prend de façon volontaire.
Le respect de l'autodétermination est crucial
dans ce débat, car l'identité de genre a une caractéristique très personnelle,
comme beaucoup d'autres éléments qui forment l'ensemble de l'identité des êtres
humains. L'individu concerné est le seul qui
peut adéquatement exprimer ce qu'il ressent. Les gens externes comme les
travailleurs de la santé, si appelés à évaluer si une personne est
trans, ne peuvent que se baser sur des éléments extérieurs comme l'apparence physique ou le propos verbal de la personne qu'ils
évaluent, donc leur apport ne peut pas être aussi fiables que la
déclaration volontaire d'une personne trans compétente. Également, l'accès aux
travailleurs de la santé qui sont formés n'est pas disponible à tous et dans
toutes les régions, ce qui pose une question de justice sociale et d'égalité.
Le respect de
l'autodétermination inclut le respect pour la confidentialité. Quand le genre
noté sur les documents officiels ne
correspond pas à l'expression de genre, il se produit un bris de
confidentialité pour la personne trans. Cette information devient disponible à une multitude de personnes accessoires,
ce qui expose la personne trans à la discrimination.
Même si cette
loi vise les 18 ans et plus, il est important de se rappeler que
l'autonomie et la compétence sont présentes
bien avant l'âge de la majorité. Des décisions importantes qui concernent leur
santé et leur personne peuvent être prises de façon adéquate par des adolescents.
Même plus tôt, des décisions dans le meilleur intérêt de l'enfant
peuvent se prendre avec l'aide et le consentement des parents.
• (12 h 10) •
M. Ghosh (Shuvo) : Merci. Bon, pour vous informer de mon expérience,
je suis pédiatre du développement et du comportement. Dans mon rôle de
spécialiste en soins de santé chez les jeunes individus trans, je travaille
avec des enfants et des adolescents. Certains ont un jeune âge de moins d'un
an, quand ils se présentent avec des conditions intersexes, par exemple, et certains autres viennent d'avoir
18 ans. Les services offerts par moi et les membres de mon équipe, comme Dre Gorgos, qui grandit
lentement mais sûrement, cette équipe, ont débuté en 2003... ou, nous
pouvons dire, il y a environ 12 ans que
nous sommes en existence. À L'Hôpital de Montréal pour enfants et mon centre
clinique lié, j'ai actuellement presque 250 jeunes patients trans.
Parmi eux, il y a une grande variété de différences, comme dans tout groupe de personnes. J'ai aussi des données pour
mon groupe de patients et l'expérience de faire le suivi des familles
des nombreux jeunes trans.
Selon cette
expérience, je vous fais deux recommandations : premièrement, que la
nécessité d'avoir une mention du sexe
sur les cartes d'identité comme celles de la RAMQ ou du permis de conduire
puisse être retirée possiblement, elle pourrait être enlevée tout comme
les anciennes caractéristiques identitaires, comme la race, la religion ou la
langue maternelle, qui ne sont pas
importantes pour la vie quotidienne ou les interactions ordinaires, légales,
médicales ou autres; deuxièmement, que les jeunes, avant l'âge de
18 ans, aient une option intermédiaire ou transitoire pour leur donner la chance de vivre sans discrimination le plus tôt
possible. À quel âge, je ne suis pas certain aujourd'hui, mais j'ai des
idées. Je voudrais échanger ces idées avec
mes collègues et d'autres collaborateurs avant de vous recommander un âge
comme tel. Si on a la chance, dans l'avenir, de mieux discuter cette question,
je suis très ouvert à participer.
Le niveau de
discrimination et intimidation vécu par les jeunes trans est incroyable et
déprimant. Certaines études disent
que le taux de tentatives suicidaires est 14 fois plus que la population
générale, avec un taux de suicide... avec un succès de suicide, c'est-à-dire, huit fois plus élevé que la population
générale. De mon coeur, je vous prie à ne pas oublier cette problématique et les difficultés des jeunes
trans mineurs dans vos considérations et délibérations, même si le débat
du règlement de 35 se concentre sur les personnes de 18 ans ou plus.
Les
adolescents suivis par notre équipe ont souvent déjà vécu plusieurs années,
parfois dès l'âge de 10 ans, dans leur identité de genre profonde
ou réelle, leur noyau identitaire. Veuillez noter que je n'utilise pas le terme
«identité de genre préférée», puisque ce
n'est pas une préférence mais une condition inhérente, une étape d'existence.
Beaucoup de ces adolescents ont fait la
transition sociale garçon vers fille ou vice versa, et grâce à notre société,
encore fermée à la réalité trans, ils
sont limités dans leurs options juridiques, leurs options de se présenter au
milieu scolaire, dans leur emploi, dans leur acceptation par la société
en général, etc. C'est ma position personnelle mais aussi comme médecin
travaillant en équipe avec d'autres
professionnels que l'état de la reconnaissance officielle de l'identité de
genre intérieure, pour les jeunes, au
moins pour les adolescents et les enfants déjà transitionnés soit socialement
soit médicalement, présente un gros problème
lorsqu'il y a certaines modifications physiques incomplètes chez les jeunes qui
prennent des médicaments pour vivre l'expérience d'une puberté alignée
avec leur identité, mais s'applique aussi aux jeunes qui ne prennent pas des
médicaments. C'est leur proclamation de leur expérience individuelle qui donne
tous les indices nécessaires pour une acceptation
externe de leur identité. Ce n'est pas une évaluation par un médecin, soit
pédiatre, médecin de famille, soit psychiatre,
ni des tests psychologiques ni une attestation par un professionnel qui mène à
la vérité ultime, car l'identité de genre est à l'essence d'une vie
honnête, d'une vie authentique, d'une vie humaine.
Probablement
que les plus importants messages que je puisse vous offrir sont les suivants.
L'identité de genre, une fois
exprimée clairement, n'est pas modifiable, ni malléable, ni convertible. C'est
une des caractéristiques humaines les plus insondables, car le sentiment d'être est équivalent à être quelque
chose. Le développement du genre commence pendant la vie foetale, et continue, et se présente pendant
l'enfance. Dans cette lumière, nous pouvons accepter la phrase «je suis
qui je suis» sans se poser la
question : Suis-je qui je suis?, ou : Est-ce que je sais vraiment qui
je suis? Si on peut accepter cette réalité chez presque tout le monde,
pourquoi devons-nous la refuser aux gens trans?
Les inquiétudes par rapport à la criminalité qui
suggèrent, par exemple, que des gens pourront utiliser une modification au
règlement pour avoir accès à une fausse identité sont extrêmement improbables.
La vie trans est si documentée et la manière
de gérer les interventions est déjà et encore si médicalisée qu'il n'y a aucune
liaison entre le véritable souhait de changer la mention du sexe et les
actions malhonnêtes d'une personne instable.
Hier, nous
avons entendu que la recherche et les études indiquent que possiblement
0,5 % de la population soit trans,
mais je précise les chiffres un peu en disant que les études médicales
indiquent que possiblement 1 % de la population générale pourrait s'identifier comme trans. Encore une fois, les chiffres sont importants.
Cependant, même reconnaissant la réalité de cette partie importante
de la population québécoise, il ne faut pas dire que toutes ces personnes
cherchent un changement de mention de
sexe sur les documents officiels ou légaux. Bref, si nous inversons la
discussion, vous pourriez avoir une
chance historique de reconnaître la réalité trans de tant de personnes et de
leur donner une façon de poursuivre leur vie sans la discrimination
vécue par une mention de sexe qui n'est pas conformée à leur identité de genre.
Pour
terminer, chère commission, M. le
Président, Mme la ministre, respectables députés, si vous
pouvez donner le droit d'autodétermination à nos gens trans, vous feriez
un changement extrêmement important pour les gens les plus marginalisés. Mes
deux conclusions, alors : reconnaissance de l'identité de genre déclarée
et une considération d'élimination de la mention obligatoire et la
reconnaissance de la réalité trans chez les jeunes avec une considération d'une phase intermédiaire ou transitoire pour eux
aussi. Si les gens trans pourraient vivre sans la souffrance de savoir
chaque jour que leurs cartes d'identité,
leur dossier électronique à l'hôpital, leurs informations financières et leur
identité connue partout dans le monde
sont totalement, d'une façon écrasante en désaccord avec leur vraie identité de
genre, nous pouvons tous célébrer une réussite de la société québécoise.
Merci.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Je vous remercie pour vos observations à tous les deux, c'est très
intéressant. Nous allons maintenant procéder à une période d'échange. Mme la
ministre, la parole est à vous.
Mme
Vallée : Merci, M. le Président. Alors, merci beaucoup de votre
présentation. Puis encore une fois je tiens à m'excuser pour le report de la séance de la semaine dernière, un petit
pépin de santé m'a clouée sur le matelas. Alors, je veux simplement vous
remercier pour votre grande compréhension et remercier les collègues de ce
fait.
Vous
nous avez fait part de statistiques assez accablantes concernant la situation
surtout des jeunes trans et de leur réalité.
J'ai bien aimé, et là-dessus j'aimerais vous entendre... Parce que vous avez
mentionné quelque chose, vous nous avez
dit : L'identité de genre, lorsqu'elle est exprimée clairement, elle n'est
pas malléable, et, dans tous nos échanges, ce spectre-là planait un
petit peu parce que... à savoir il y a beaucoup de préoccupations au niveau de
la stabilité des registres de l'état civil, et il y avait des préoccupations
que les modifications qui pourraient être apportées sur la base notamment de l'autodétermination pourraient servir
à toutes sortes de fins. Mais ce que je comprends de votre intervention,
c'est que, dans la réalité, l'identité de
genre, elle est ce qu'elle est. Et il peut arriver que quelqu'un modifie ou
souhaite le modifier, mais ça, c'est souvent dans des situations extrêmes, je
crois, puis j'aimerais... des situations extrêmes où la personne se sent persécutée ou non acceptée et souhaite revenir...
Est-ce que c'est possible? Parce que j'ai vu quelque chose hier soir sur le sujet, et là je me suis
dit : Peut-être que les experts pourront nous éclairer davantage sur ce
qui peut amener quelqu'un à revenir à l'arrière. Est-ce que c'est la
persécution, est-ce que c'est l'intimidation dont cette personne-là peut faire l'objet ou est-ce que c'est une
identité de genre qui n'a pas été clairement exprimée? J'essaie juste de voir
parce qu'on se préoccupe beaucoup sur le
retour à l'arrière et sur ce que peut-être des gens mal intentionnés voudraient
faire, mais de votre intervention je
comprends que, pour les membres de la communauté trans, l'expression de genre,
une fois établie puis une fois bien
assumée, elle est là et elle est ce qu'elle est, c'est-à-dire elle va demeurer
pour une bonne partie du temps.
• (12 h 20) •
M.
Ghosh (Shuvo) : Exactement, je suis d'accord, je pense que c'est
l'acceptation de la société qui cause des fois des difficultés d'une
claire expression de genre. L'estime de soi est impliquée, la confiance est
impliquée. Mais une personne sait exactement
qu'est-ce qu'il ou elle est. Donc, c'est-à-dire, l'expression ou les mots choisis, les paroles par rapport
à l'identité de genre n'est pas nécessairement si clair, des fois, parce que,
si une personne manque de la confiance à s'exprimer les choses
clairement, ça va affecter l'expression, mais l'identité n'est pas si
malléable. Les mots sont malléables, mais l'identité est l'identité, oui, c'est
ça.
Mme
Vallée : Donc, est-ce que
vous êtes au fait... Est-ce qu'il arrive à quelques occasions que quelqu'un qui aurait exprimé
une identité de genre différente de celle qui lui a été attribuée à la
naissance revienne et fasse marche arrière dans ce processus? Est-ce que
c'est fréquent ou est-ce que c'est négligeable?
M. Ghosh (Shuvo) :
C'est une bonne question, parce que tout le monde me pose cette question, mais
c'est très, très, très rare. Dans mon
expérience, il y a deux fois... deux enfants qui ont posé cette possibilité
avec un vrai voeu de modifier leur
genre, mais, avec la discussion et le suivi, c'était plus clair que ce n'était
pas comme une modification totale qu'ils
ont voulue. Mais dans 250 il y avait deux fois une expérience comme ça, avec
beaucoup d'autres complications prévues, donc ce n'était pas un cas
typique ou des cas typiques.
Donc, c'est très
rare, très, très rare. Dans mon expérience, c'est presque imperceptible, ces
chiffres.
Mme Vallée :
D'accord, je vous remercie, parce que je pense que c'était une crainte qui
avait été soulevée par certains témoignages. Et donc, vous nous dites, vous
avez des statistiques qui sont quand même assez éloquentes.
Dans vos... Vous
faites deux recommandations qui ne touchent pas nécessairement le règlement
mais pour lesquelles j'aimerais vous
entendre davantage. Vous recommandez que les mentions de sexe soient éliminées
des cartes d'identité. Et donc est-ce
que je comprends également que vos recommandations touchent, par exemple, le
code permanent à l'école? Parce qu'on
nous a fait part que le code permanent comportait un identifiant, un chiffre
correspondant au genre de l'individu, et donc que ça pouvait porter...
ça pouvait compliquer la situation des étudiants et des étudiantes.
M.
Ghosh (Shuvo) : Oui, mais, à répondre à la question, je peux dire que
c'est au moins une considération que je vous suggère, ce n'est pas nécessairement le dernier mot par rapport à
cette considération, mais je pense que l'obligation d'avoir une mention
du sexe sur toutes les cartes d'identité cause des problèmes chez la population
trans parce que chaque fois, et comme ma
collègue a dit, chaque fois qu'il y a une interaction avec quelqu'un avec un
préalable de présenter la carte d'identité il y a le risque d'avoir un
manque de confidentialité aussi. Selon nous, comme des médecins, si quelqu'un est en train de modifier leur genre
médicalement, en transition, chaque fois qu'il y a une mention du sexe
qui ne correspond pas à la réalité sociale, c'est que c'est comme un bris de
confidentialité. Donc, c'est ça.
À l'école, pour
répondre à cette partie de la question, aux écoles, pour les jeunes trans, on
comprend qu'il y a certains chiffres qu'on
doit respecter, il y a certaines autres raisons pour avoir les genres
identifiés pour chaque école, chaque commission scolaire, et tout ça,
mais, s'il y a une façon peut-être de gérer les choses pour prévenir cette discrimination ou manque de confidentialité aussi
chez les élèves à l'école, ça va être très, très aidant pour nous autres
aussi comme des professionnels impliqués dans les soins de santé trans, oui.
Mme
Vallée : Et vous avez
souligné... Je sais que vous n'avez pas consulté vos collègues, mais vous
parliez d'une option intermédiaire et transitoire pour les jeunes. Qu'est-ce
que vous entendiez particulièrement à cet égard?
M. Ghosh (Shuvo) : Bien, à mon avis, je pense que... J'utilise
le mot «intermédiaire» ou «transitoire» parce que j'ai entendu aussi
les autres présentations et je trouve
ce mot peut-être aussi aidant pour cette conversation, parce que le règlement est pour les gens de 18 ans et
plus, donc ce n'est pas lié avec les enfants, mais, parce qu'on travaille avec
les enfants, on a aussi la responsabilité juste de mentionner certaines petites
choses.
Donc,
si, dans ce règlement ou les modifications que vous considérez comme
pertinentes... une modification ou juste
un mot à dire que les gens moins âgés de 18 ans ont la chance ou un rôle à
jouer aussi, avant de poser la possibilité de modifier tous les
documents légalement à 18 ans, juste donner comme... C'est donner un petit
morceau aux jeunes adolescents qui sont déjà
transitionnés et sont déjà... vivant dans le genre, avec l'identité de genre
qu'ils veulent. Et, s'il y a une
possibilité de lier les choses... Ça, c'est le but, d'utiliser le mot
«transitoire» ou «intermédiaire», parce que les mineurs sont les
mineurs, on comprend ça, mais c'est partie d'une autre discussion tout le
temps.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Ça compléterait ce premier bloc.
Vous avez un autre bloc, Mme la ministre, mais ça compléterait ce
premier bloc. Je me tourne vers Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme
Poirier : Merci, M. le Président. Bonjour à vous deux. Merci.
Merci de nous faire bénéficier de votre savoir, vos connaissances mais
surtout de votre expérience, en tant que tel, auprès des jeunes.
Je
souhaite que notre commission et que ce qu'on a entendu durant cette commission
puissent nous permettre, justement,
de faire avancer le Québec, en tant que tel. Et je pense que cette
commission-là, qui va se terminer tout de suite après ces débats-là, ne nous permettra pas, nous, comme opposition, de
donner nos recommandations au gouvernement, dans l'état actuel des
choses, du moins pas de façon publique. Si vous aviez une recommandation, une,
à donner au gouvernement, ce serait laquelle?
M.
Ghosh (Shuvo) : Seulement une? Peut-être d'éliminer la mention du sexe
sur la carte d'identité à la RAMQ, par exemple,
pour donner l'accès aux soins de santé sans la possibilité de discrimination
tout le temps, chaque fois qu'une personne
trans entre dans un hôpital, dans un CLSC, une clinique externe, n'importe
quoi. Ça, c'est... Si j'ai juste une seule recommandation, ça, c'est la
recommandation.
Mme Poirier :
Est-ce que, selon vous, à partir d'une recommandation comme celle-là... On veut
la faire pour qu'elle vienne donner du pouvoir aux gens sur leur vie. Qui
pourrait trouver que ça vient, justement, pénaliser le système en quelque part? Et là je parle au niveau du système, là, pas
pénaliser les personnes, bien au contraire, mais où ça créerait un bogue
en quelque part de ne pas avoir de sexe sur la carte d'assurance maladie?
M. Ghosh
(Shuvo) : Est-ce que vous pouvez préciser la question un petit peu?
Mme
Poirier : Oui. Bien, dans le fond, si je suis de l'autre côté,
je suis à la Régie de l'assurance maladie, quel motif je pourrais
évoquer pour dire non à une telle demande?
Une voix :
...
M. Ghosh
(Shuvo) : Oui, vous pouvez aussi... Oui.
• (12 h 30) •
Mme Gorgos
(Andreea) : Votre question, c'est : Quels seront les
désavantages, en fait, de retirer la mention obligatoire? Celle à laquelle je
peux penser, c'est que j'imagine que, de leur côté, hein, ils tiennent des statistiques
et ils font leurs études populationnelles,
et, de ce côté-là, j'imagine que ça va être plus difficile pour eux de faire
ces études-là.
Par contre,
de retirer la mention obligatoire, ça ne veut pas dire que les gens ne peuvent
pas la mettre, mais que ce n'est pas obligatoire pour tout le monde.
Mme
Poirier : O.K. Là,
je comprends mieux. Donc, il y aurait deux possibilités, qu'elle puisse être apparente ou pas. Dans le fond, il y
aurait une flexibilité, disons-le comme ça. Et, quand j'entends le témoignage de
M. Hugues, hier, qui est venu nous dire qu'on lui avait refusé de
faire prendre une prise de sang parce que sa carte d'assurance maladie ne correspondait pas au sexe apparent, en tant que tel, effectivement, une flexibilité, on va l'appeler comme ça, sur la carte d'assurance
maladie pourrait en être une.
La
ministre vous a posé la question tout à l'heure concernant, entre autres, le code scolaire, parce que ça, c'est
aussi quelque chose qui nous a été beaucoup souligné. Est-ce qu'il pourrait y
avoir, là aussi, une flexibilité?
Mais, encore là, le
fait de ne pas avoir... Quelqu'un qui se présenterait avec un code non sexué,
je ne sais pas comment on pourrait dire ça, transexué, est-ce que ça ouvrirait
des portes? Est-ce que, dans le fond, ça ferait en sorte de lui créer moins de discrimination véritablement? Parce
que, tant qu'à faire quelque chose, il faut que ça donne vraiment le résultat
escompté, là.
M.
Ghosh (Shuvo) : Je pense
que, oui, ça pourrait aider aussi aux écoles. Je pense que, même s'il est à quelque part obligatoire dans
les documents, bien ça pourrait être caché dans le système. Mais,
pour la vie quotidienne, pour la réalité chaque jour, si on peut
éliminer cette obligation, on va réussir un peu avec le mouvement contre la discrimination,
on peut dire ça.
Mme
Poirier : Selon vous,
est-ce qu'il serait important que l'ensemble
du mouvement, de toutes les personnes qui sont venues ici, tout le
mouvement LGBT, connaisse ce que les parlementaires, de ce côté-ci, pensent
suite à ces consultations-là? Est-ce que vous pensez que c'est important?
M. Ghosh (Shuvo) : Oui, je pense que
c'est important. C'est toujours important, oui. Oui.
Mme
Poirier : Alors, on
va demander à l'ensemble du mouvement de faire comme nous, de demander de
pouvoir avoir une période de consultation à la ministre pour pouvoir s'exprimer tous ensemble
et lui donner nos recommandations pour qu'on puisse avoir le meilleur règlement
possible. Merci.
M. Ghosh (Shuvo) : Merci.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Est-ce que ça complète pour vous, Mme la députée?
Mme Poirier : Oui.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la députée de Montarville, à vous la parole.
Mme Roy
(Montarville) : Merci beaucoup, M. le Président. Merci à vous deux. Docteurs, pédiatres, vous
êtes ici. Ma collègue le disait, et Mme la ministre, votre expérience. Vous vivez avec ces jeunes, vous travaillez avec ces
jeunes, vous les connaissez mieux que nous tous ici, alors je pense que vous
avez amené un éclairage qui est important.
Naturellement, vous l'avez souligné, le projet
de règlement que nous étudions actuellement ne touche pas les mineurs. Cependant, ça alimente la réflexion. Il y a
des données très pertinentes qui ont été soulevées. Entre autres — et
j'ai pris des notes tout au long de votre
présentation — quand
vous nous dites que 1 % de la
population pourrait s'identifier
comme trans, ce sont des chiffres qui dépassent ceux que nous avions hier. Nous
sommes 8 millions, alors c'est
80 000 personnes au Québec. Je pense que ça donne déjà une idée plus
globale, plus précise, j'aimerais vous remercier pour vos précisions à
cet égard-là.
Comme je vous
disais, j'ai pris des notes. Vous nous faites deux recommandations, mes collègues
en ont parlé abondamment, de l'une et
de l'autre. Moi, j'aimerais revenir sur... Lors de votre présentation, vous
nous avez mentionné quelque chose,
puis j'aimerais vous permettre d'élaborer à cet égard-là puisque, comme vous le
savez, dans le règlement qui est à
l'étude, à l'article... — je dois mettre mes lunettes — à l'article 23.2 on parle, pour les
adultes, naturellement, de cette obligation
d'accompagner la demande, de l'accompagner d'une lettre d'un médecin, d'un
psychologue, d'un psychiatre, d'un
sexologue, etc., et vous nous dites en quelque part — j'abrège vos commentaires ici — vous nous dites en quelque part que
cette corroboration que l'on demande à la personne trans pour pouvoir changer
son identité de genre, cette corroboration
d'un spécialiste, d'une ou d'un spécialiste, ce n'est pas pertinent, en quelque
sorte. Alors, pourriez-vous... Je vous donne l'opportunité d'élaborer davantage
pour quel motif, pour quelle raison ce n'est pas pertinent qu'un spécialiste...
on va dire un spécialiste de la santé, mais tout autre spécialiste nommé par le
règlement ait à corroborer l'identité de la personne.
M. Ghosh
(Shuvo) : Oui, merci,
certainement. Je pense que les anciennes règles même
dans l'histoire médicale, on peut
dire, de formation médicale plus en psychiatrie et pédopsychiatrie,
ou certaines parties par rapport à
l'accompagnement médical pour chaque personne trans, ça, c'était
vraiment pour les interventions de chirurgie, les hormones, comme l'hormonothérapie et toutes sortes de choses
médicales, mais l'identité de genre, ça, c'est une autre chose, c'est une
autre partie qui n'est pas nécessairement
pertinente pour le médical. L'identité de genre est vraiment un état
d'existence, donc ce n'est pas nous
qui vont dire avec la certitude : Oui, l'identité de genre est l'identité
de genre exprimée par cette personne, telle
personne, telle personne, là. Donc, ça, c'est la raison que j'ai utilisé les
mots que soit un pédiatre soit un médecin de famille ou psychiatre ou
même les tests psychologiques ne peuvent pas pouvoir nous donner la preuve
d'une identité de genre. Pour les
interventions médicales, des fois, certainement, chez les adolescents ou les
enfants, nous sommes là, nous sommes toujours les accompagnateurs pour
les enfants, les adolescents parce que les décisions médicales sont aussi importantes et on doit bien informer les familles
et les patients par rapport aux complications, les effets secondaires ou
toutes les petites choses nécessaires pour
prendre une décision, on peut dire, sécuritaire, mais l'identité de genre est
un peu à part. Ce n'est pas nécessairement un diagnostic, ce n'est pas une
pathologie, tout le monde ont... chaque personne a une identité de genre, donc ce n'est pas le médecin qui a à donner le droit
de déclarer votre identité de genre, ni moi non plus. Donc, je pense que
ça, c'est la raison que j'ai utilisé ces mots-là, d'éliminer la médicalisation
de l'identité de genre.
Mme Roy
(Montarville) : Si je vous comprends bien, ce que vous nous
dites, c'est qu'il n'y a personne de mieux placé, même pas les professionnels de la santé, les plus éminents
professionnels de la santé, pour savoir quelle est l'identité de genre,
uniquement la personne le sait. C'est ce que vous nous dites?
M. Ghosh (Shuvo) : Oui.
Mme Roy
(Montarville) :
Et vous avez dit quelque chose, et je l'ai pris en note parce que j'ai trouvé
ça très beau, vous dites : Une des
caractéristiques humaines, l'identité de genre, est une des caractéristiques humaines les plus insondables. Je pense que ça résume ce que
vous venez de nous expliquer.
M.
Ghosh (Shuvo) : Exact.
Mme
Roy
(Montarville) : Docteur, votre présentation... Vos présentations, docteurs, sont d'une
clarté limpide. Je vous remercie beaucoup de vous être déplacés, d'être venus nous
expliquer ce que vous connaissez, de
l'identité de genre et des jeunes trans, dans votre cas. Merci beaucoup.
M. Ghosh
(Shuvo) : Merci.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Ça complète, Mme la députée de Montarville?
Mme Roy
(Montarville) :
Oui.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, à vous la parole.
• (12 h 40) •
Mme
Massé : Merci beaucoup. Bonjour, merci d'être là. Effectivement, plusieurs éléments ont été apportés. Je pense
que c'est bien de terminer l'ensemble de cette commission-là avec votre pratique. D'ailleurs,
hier, on a eu la chance aussi d'avoir une pratique... des personnes tant
en droit qu'en psychologie qui aussi ont une longue pratique, comme professionnels, d'accompagner. Et en fait, Dr
Ghosh, parce que j'en connais beaucoup, je vous remercie d'avoir sauvé des vies, parce que
votre ouverture d'esprit a permis, à travers le temps, qu'il y a
des gens qui dès leur jeune âge puissent être reconnus dans leur
identité de genre, et je vous en remercie.
D'ailleurs,
bon, je pense que tout a pas mal été abordé. J'en profiterais, parce que je
sens vraiment de l'ouverture de la part de cette commission, pour
éventuellement aller très rapidement sur le terrain des moins de 18 ans,
et, dans ce sens-là, j'aimerais profiter de
votre présence pour que vous nous expliquiez... Puis, ma question, je la
formulerais ainsi, là, peut-être maladroitement, mais est-ce que le fait
d'intervenir rapidement... Tu sais, tantôt vous avez parlé de puberté quand... vivre une puberté enlignée sur notre
identité de genre. Est-ce que le fait d'intervenir plus tôt dans la vie a
des chances d'être sauveur pour les gens ou va avoir un impact particulier sur
les personnes?
M.
Ghosh (Shuvo) : Je pense que oui. Le niveau d'anxiété, la dépression,
les autres difficultés de vivre la vie quotidienne, toutes sortes de
choses comme ça sont accélérées et très, très lourdes juste à l'âge de la
puberté avec les changements, les modifications du corps qui arrivent avec la
puberté. Donc, une personne trans qui ne s'identifie pas vraiment avec le genre assigné à la naissance,
avec le corps et l'anatomie assignés ou donnés à la naissance, cette
personne-là pourrait souffrir beaucoup, beaucoup, beaucoup même avant la
puberté mais surtout durant la puberté, et ça, c'est un moment vraiment,
vraiment important de la vie. Donc, vous avez raison, merci pour cette
compréhension, oui.
Mme
Massé : On peut même continuer un petit peu. Ma collègue de
Montarville le soulignait, je pense que, comme plusieurs, d'ailleurs,
des intervenants et intervenantes qui sont passés à cette commission, vous êtes
venus clairement exprimer que la meilleure
personne pour juger de notre identité de genre, c'est nous-mêmes. Et, dans ce
sens-là, vous venez encore donner une
valeur importante à l'autodétermination, qu'en fait seule l'autodétermination
est la réelle validation de notre identité de genre, et je l'ai bien
entendu.
Je profiterais... Je
sais que vous avez dit que vous ne vouliez pas mettre d'âge, mais on a
rencontré des gens que vous connaissez certainement, d'Enfants transgenres
Canada, qui sont venus nous dire : Le jour où on sera prêt à ouvrir... — et moi, je sens que ce jour-là sera à assez
court terme — que,
pour eux, potentiellement, avant l'âge de 14 ans, il y a la
nécessité que les parents accompagnent, et là qu'il y ait des spécialistes de
la santé qui soient présents dans le cheminement,
et qu'ensuite, à partir de 14 ans, comme n'importe quel adulte...
J'aimerais, les quelques secondes qu'il nous reste, voir... Est-ce que,
pour vous, ça, ça fait du sens, une approche comme celui-là?
M. Ghosh
(Shuvo) : Oui. Simplement dit, oui. Oui.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Sur ces belles paroles...
Mme Massé :
C'était le temps qu'il avait.
Des voix :
Ha, ha, ha!
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Puisque c'est clair et que ça
met un terme à cet échange, Mme la ministre, à vous la parole.
Mme
Vallée : En fait, je voulais revenir sur la question
transitoire, mais les collègues l'ont abordée. Donc, en gros, je pense
que le témoignage nous a beaucoup éclairés, surtout sur la question des jeunes,
sur les enjeux et les défis que vivent les
jeunes trans au quotidien, et je comprends qu'à défaut, à court terme, de
pouvoir peut-être revisiter le Code civil, la suggestion que vous nous faites, c'est de trouver une façon
administrative, donc, qui ne nécessite pas nécessairement une
réouverture du Code civil mais qui nous permettrait, de façon administrative,
de poser des gestes qui tranquillement permettraient de replacer ou d'adoucir
la réalité des jeunes, des enfants et des ados qui traversent cette période-là.
Et puis je peux
imaginer que, pour les ados, traverser cette période-là, traverser une période
où on a à s'identifier à un genre qui est
différent de notre genre qui nous a été attribué à la naissance, ça peut être
difficile. Un ado qui n'a pas à faire face à cette situation-là traverse
généralement des années de turbulence, alors je peux juste imaginer ce que ça
peut être aussi, ce que les jeunes qui vous
consultent doivent vivre au quotidien et dans la réalité. Donc, je vous avoue bien honnêtement que j'ai une oreille attentive et je pense
qu'il peut être intéressant aussi de voir comment on pourrait atténuer les
obstacles auxquels sont confrontés les jeunes, tout en permettant aussi par la
suite, là, de peut-être éventuellement, qui sait, revoir certaines dispositions
législatives, mais...
Et
je vous remercie, parce que je sens également que vous arrivez ici plein de...
avec une grande ouverture, et puis vous
partagez avec nous la réalité et le fruit de vos années et de toute cette
expertise que vous possédez, et, pour nous, parlementaires, c'est beaucoup, c'est très... ça a une très grande
valeur, et je pense qu'on le dit trop peu souvent. Les gens viennent
devant nous en commission parlementaire, vous le faites volontairement, de
façon tout à fait bénévole, et vous nous
apportez une expertise qu'on ne peut trouver ailleurs puisque... surtout dans
votre domaine. Il y a très peu de spécialistes, comme on nous l'a
mentionné.
Et là-dessus
j'aimerais peut-être vous entendre un peu, parce qu'on a eu des gens qui, en
commission parlementaire, sont venus nous dire...
Bon, non seulement le règlement médicalise toute la période de transition, ce
qui n'est pas nécessairement un bon signal à
donner, mais en plus pose une complication, un obstacle supplémentaire à ceux
et celles qui souhaitent faire le changement
puisque, des experts dans le domaine, il y en a peu. Combien avez-vous de
confrères et de consoeurs qui se spécialisent et qui ont une expertise fine
auprès de la communauté trans?
M.
Ghosh (Shuvo) : C'est très limité, c'est vraiment très limité. C'est
aussi une bonne question, quelque chose à souligner. C'est vrai, dans le domaine médical, je suis le seul pédiatre
impliqué dans le domaine de soins de santé trans, il y a une spécialiste en médecine adolescente, il
y a deux... à peu près deux et un autre en formation, médecins de
famille, deux, trois endocrinologues plus
chez les adultes, une endocrinologue qui travaille avec moi, donc,
c'est-à-dire, six médecins spécialisés ou avec une expertise, expérience
avec les soins de santé trans, pas beaucoup, beaucoup. Et même les
psychologues... Hier, je pense que vous avez entendu Mme Françoise Susset,
elle est la seule psychologue expérimentée
dans le domaine des jeunes trans. Donc, il y a une pénurie, on peut dire, de
médecins de professionnels des soins de santé impliqués dans ce
domaine-là, oui, c'est vrai.
Mme
Vallée : Donc, comment les membres... comment ceux et celles
qui traversent ces moments-là et qui doivent et qui souhaitent consulter... Ils se butent à plusieurs obstacles.
Comment ils font pour répondre? Comment vous faites, avec un nombre si
restreint, pour répondre aux besoins et aux demandes?
• (12 h 50) •
M. Ghosh
(Shuvo) : Bien, c'est difficile, c'est vraiment difficile. On a fait
des tentatives et on essaie tout le temps de
donner les jours de formation aux collègues. Même s'ils ne sont pas experts
après un demi-jour de formation ou quelques séances de formation, juste
de savoir comment procéder au début, donc, ça, ça pourrait donner la chance de minimiser
toutes les consultations qui arrivent chez nous tout le temps, chaque jour,
comme deux, trois consultations presque
quotidiennement, et pour mieux avoir la chance d'aussi avoir une conversation
avec nos collègues un peu plus loin, parce
que ce n'est pas possible d'avoir
assez de rendez-vous, assez de rencontres avec les gens qui restent en
Gaspésie, par exemple, en Gaspésie ou Nord-du-Québec. À Montréal,
c'est deux fois par année qu'ils peuvent arriver chez nous. Donc, on
doit utiliser la télésanté, les jours de formation, donner toutes nos
expériences aux étudiants médicaux, aux infirmières,
aux psychologues, aux étudiants en psychologie. Tout le monde qui démontre un petit peu d'intérêt, on doit utiliser ces petits morceaux à donner nos
expériences aussi.
Mme
Vallée : Est-ce que
vous savez si les ordres professionnels intègrent dans leur formation
permanente ou dans leur offre de
formation permanente ce type de formation là ou c'est des formations que vous
donnez tout à fait en parallèle?
M. Ghosh
(Shuvo) : La plupart en parallèle. Il y a une petite ouverture aux
collèges médicaux maintenant, je pense qu'en psychologie il y a une petite
ouverture aussi chez certains programmes, donc certains étudiants ont la
possibilité d'avoir une partie, un noyau intègre de la formation dans le
domaine trans mais pas beaucoup, donc, parce que même les profs ne sont pas à l'aise avec le
sujet, ils cherchent tout le temps nos temps et notre participation pour
appuyer la formation de tous les étudiants.
Donc,
lentement mais sûrement... Je pense qu'il y a un moment maintenant, actuellement... tout
le monde est un peu plus ouvert à discuter ce sujet un peu tabou. Dans
le passé, c'était difficile à discuter, ce sujet, même
professionnellement. Et peut-être dans cinq ans on va avoir un bon groupe de
professionnels des soins de santé, mais pas assez quand même. Ça va prendre du
temps, c'est sûr.
Mme Vallée :
Merci.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Ça complète pour vous également, Mme la
ministre?
Mme Vallée :
Oui.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci. Alors, il me reste à vous remercier,
docteur...
Une voix : ...
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Vous n'aviez pas utilisé tout votre temps au moment de votre
intervention. Je croyais toutefois que vous aviez terminé, c'est ce que je vous
avais demandé.
Mme Poirier : Oui, bien
j'aimerais ça l'utiliser.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Vous avez peut-être une question... Alors, je vais vous permettre de
prendre les quelques minutes qu'il restait.
Mme
Poirier : Merci. M. le Président, on a entendu 16 groupes, des témoignages éloquents. Cependant, en
mettant fin comme ça à nos travaux, l'opposition reste un peu sur sa faim, de
ne pas pouvoir partager ses réflexions. Nous avons
offert de pouvoir poursuivre dans une séance publique une discussion entre nous
à l'image de ce qu'on a tenu durant toute
cette commission, dans un climat relativement, je dirais, assez ouvert, et cette demande n'est
pas acceptée de la partie gouvernementale, d'avoir une séance publique
où nous pourrions échanger entre nous. Alors, devant ce fait, M. le Président,
et en vertu de l'article 176 de notre règlement, je vous demande de
convoquer les membres de la commission afin de pouvoir déterminer les observations, conclusions et recommandations
qui font suite à ce mandat et qui nous permettront de transmettre un rapport de la part des membres
de la commission au gouvernement éventuellement, dans sa réflexion, pour, nous l'espérons,
modifier en profondeur ce projet de règlement.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Très bien. Alors, votre demande est notée, et il sera... les
prescriptions de l'article 176 seront respectées.
Mme Massé : ...juste de ne pas
oublier de m'inclure quand vous callerez la prochaine shot.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Je vous remercie. Alors, j'allais remercier Dre Gorgos et
Dr Ghosh de vous être déplacés et d'avoir partagé avec nous vos
observations, des remarques fort pertinentes. Alors, merci infiniment. Encore
une fois, désolé du retard.
M. Ghosh (Shuvo) : Merci à vous.
Mémoires déposés
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Je vais déposer les mémoires des personnes et des organismes qui...
parce que certains n'ont pas été entendus. Alors, ils sont officiellement
déposés, ils font maintenant partie des archives de la commission, ils seront
disponibles.
Remarques finales
Avec toutes ces observations, ces remarques, je
pense que nous avons eu des échanges très intéressants. Il y a eu des points... Et plusieurs l'ont fait remarquer
lors de nos travaux, c'est un sujet de société qui interpelle la société;
qui n'interpelle pas peut-être
en nombre beaucoup de nos concitoyens, mais ceux qui sont touchés le
sont de façon dramatique. Et c'est un... je sais que tous les membres de
la commission ont été ébranlés, touchés, affectés par tout ce que nous avons entendu pendant ces trois ou quatre journées
de nos travaux. Et donc il y aura une suite, puisqu'il y aura une séance
de travail, il y aura des observations. On verra comment la commission gérera.
Je tiens à remercier tous ceux qui ont
participé, tous les organismes, toutes les personnes qui nous ont partagé leur expérience, leurs connaissances, c'était très
utile. C'était conformément à ce que la loi, le projet de loi n° 35 avait prévu, cette obligation de se pencher sur le projet de
règlement proposé par la ministre, et ça a été fait dans un esprit
d'ouverture et de collaboration et, je
pense, dans le meilleur intérêt de la société québécoise. Nous évoluons tous
dans ce processus, et on va voir
comment ça va évoluer par la suite. Alors donc, je tiens à vous remercier tous,
tous les membres de la commission, évidemment, le personnel, Mme la
secrétaire et tous ceux qui nous aident à remplir notre mandat.
Puisque nous avons complété notre mandat, je
lève la séance de la Commission des institutions et j'ajourne nos travaux.
Bonne fin de journée à tous et toutes.
(Fin de la séance à 12 h 57)