(Quinze
heures)
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Alors, prenez place, s'il vous plaît. Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des institutions ouverte. Tel qu'il est d'usage de le faire, je
vous demande de vous assurer que vos appareils électroniques sont en
mode silencieux pour ne pas perturber nos travaux.
Le
mandat de la commission est de procéder à l'étude détaillée du projet de loi n° 14, Loi modifiant le Code
de procédure civile et d'autres dispositions.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Habel (Sainte-Rose) remplace M. Fortin (Sherbrooke);
M. Bolduc (Mégantic) remplace M. Rousselle (Vimont); Mme de Santis
(Bourassa-Sauvé) remplace M. Tanguay (LaFontaine); Mme Léger (Pointe-aux-Trembles) remplace M. Bérubé (Matane-Matapédia);
et M. Jolin-Barrette (Borduas) remplace M. Charette (Deux-Montagnes).
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci. Alors, nous avons le privilège, à la commission, de recevoir la ministre de la
Justice et Procureur général du Québec pour l'étude de ce projet de loi. Bienvenue, Mme la ministre, avec votre équipe.
Remarques préliminaires
Et nous allons
entreprendre nos travaux par les remarques préliminaires. Mme la ministre, vous
disposez d'un maximum de 20 minutes pour vos remarques préliminaires, et
je vous cède la parole.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
Alors, merci, M. le Président. Donc, c'est un plaisir de retrouver les membres
et l'équipe de la Commission des institutions. Alors, je tiens d'abord à saluer
l'équipe, la secrétaire, Mme Laplante, heureuse de vous retrouver.
Avant de débuter,
j'aimerais vous présenter les gens qui m'accompagnent aujourd'hui : d'abord,
ma chef de cabinet, Me Théberge, également
je suis accompagnée de Me Michèle Durocher, de Me Pascale Brière, de Me
Danye Daigle et de Me Manon Gagnon, de
l'équipe du ministère de la Justice, qui m'accompagnent. Je suis aussi
accompagnée, derrière moi, de notre stagiaire, Florian Gabillet, qui est stagiaire
avec le groupe parlementaire du CAPFQ,
alors qui s'initie aux travaux parlementaires.
Je voudrais saluer
les collègues qui nous accompagnent, de notre formation politique, donc notre
grand collègue député de Chomedey, alors le doyen de cette assemblée, le député
de Mégantic, le député de Sainte-Rose, Mme la députée de Bourassa-Sauvé et...
ah! le collègue d'Iberville... La Prairie, je m'excuse, je suis désolée,
saluer évidemment le député de Lac-Saint-Jean, et la députée de Pointe-aux-Trembles,
et notre collègue député de Borduas. Alors, merci.
Une voix :
...
Mme
Vallée : Oui, j'ai
salué notre collègue de Bourassa-Sauvé, mais je comprends que le collègue de Chomedey
ne l'avait pas bien entendu.
Avant de commencer,
alors merci à tout le monde pour votre disponibilité, dans un premier temps. Et
on est ici cet après-midi
afin de procéder à l'étude article
par article du projet de loi n° 14, projet de loi qui a
comme objectif d'apporter deux
mesures... en fait, de devancer deux mesures qui avaient été adoptées par cette
Assemblée le 20 février dernier,
lors de l'adoption du projet de loi visant à modifier le Code civil, en fait
qui adoptait le nouveau Code de procédure civile, qui avait fait l'objet de plusieurs heures de travaux devant
cette commission parlementaire. D'ailleurs, M. le président et Mme la
députée de Bourassa-Sauvé avaient participé grandement à cette étude article
par article, et je tiens à saluer le travail qui a été fait.
Donc,
les mesures que nous allons étudier, cet après-midi, sont deux articles qui
visent, dans un premier temps, à hausser les seuils des petites créances
de la Cour des petites créances, parce qu'actuellement, à la Cour des petites créances, le maximum d'une réclamation est de
7 000 $, et les articles adoptés en février dernier visaient à
hausser le seuil à
15 000 $. Donc, ce que nous souhaitons faire, M. le Président, c'est
tout simplement devancer l'entrée en vigueur, puisque l'entrée en vigueur du nouveau Code de procédure
civile est prévue pour le début de 2016, et nous souhaitons permettre
cette mesure d'accessibilité, pouvoir... permettre son entrée en vigueur plus rapidement.
Et ça va permettre aussi, tranquillement, de se familiariser et de nous
familiariser avec aussi l'esprit du nouveau Code de procédure civile.
Dans
un deuxième temps, ce que nous souhaitons modifier au Code de procédure civile actuel, c'est une mesure qui permet au
juge en chef d'ordonner le changement de district d'un dossier et de considérer
l'intérêt des parties ou l'intérêt des tiers ou
considérer les motifs sérieux qui commandent un changement de district. Alors,
on devance aussi l'entrée en vigueur ou la mise en application de cet article-là.
Et évidemment, compte
tenu des modifications, donc, de la hausse des
seuils des petites créances, bien, il s'ensuit que les tarifs des frais
judiciaires applicables doivent être amendés.
Donc,
somme toute, c'est l'objet de ce projet
de loi, et que nous verrons à
identifier. Et ces mesures-là, évidemment, M. le Président, ont comme objectif
de faciliter l'accès à la justice pour les contribuables, et c'est l'objet et
la raison pour lesquels on a souhaité devancer cette entrée en vigueur.
Donc, je ne prendrai
pas plus de temps, pour nous permettre d'aller à l'étude article par article.
Merci.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. Je me tourne maintenant vers le porte-parole de l'opposition officielle en
matière de justice, député de Lac-Saint-Jean, pour vos remarques préliminaires.
M. Alexandre Cloutier
M. Cloutier :
Je vous remercie, M. le Président. Alors, à mon tour de faire les salutations
d'usage. Je vous remercie, vous, M. le Président, pour l'excellent travail que
vous faites à titre de président de nos travaux, et un long collaborateur de tout projet de réforme du Code
de procédure civile. Je salue bien évidemment
la ministre, sa chef de cabinet et l'ensemble des
collègues. Je remercie ma collègue qui est avec nous aujourd'hui, de même que
mon recherchiste, qui fait un excellent travail.
M. le Président, je
pense que nous avons... en fait nous avons, sur le fond des choses, un bon projet
de loi devant nous, qui est nécessaire
et qui va dans le sens de l'amélioration de l'accès de la justice. En même temps, il y a des mesures qui sont prises d'augmenter de 7 000 $ à 15 000 $, puis nous
aurons la chance de débattre tout à l'heure sur peut-être d'autres avenues qu'on pourrait ajouter ou du
moins discuter, si ce n'est pas dans ce projet de loi ci... mais la
table de concertation en matière de petites créances et les initiatives locales
sont particulièrement intéressantes — j'ai pris la peine de lire chacune d'entre elles — et elles visent essentiellement, de d'autres
façons, d'améliorer l'accès à la justice, réduire les délais et de
s'assurer qu'il y a le plus de gens possible qui soient le mieux préparé
possible pour pouvoir préparer leurs dossiers.
S'il
y a une chose qui est claire pour moi, c'est certainement... Je pense que la
perception populaire, c'est que c'est complexe, d'avoir accès au système
de justice québécois, que c'est long et que c'est coûteux. Aujourd'hui, on met
le doigt sur les Petites Créances, ça fait partie de la solution, hein, pour
faciliter les gens à avoir un système de
justice. Et je pense que c'est une bonne mesure qui est celle d'augmenter le
plafond, justement, pour permettre à des citoyens avec des revenus... du
moins à coûts moindres, on va le dire comme ça, d'avoir accès à un système pour
trancher des débats qui sont, en bas de course, nécessaires.
• (15 h 10) •
Alors, j'aurai, tout
à l'heure, la chance, article par article, M. le Président, peut-être de
discuter davantage d'initiatives locales qui, peut-être, pourraient être
reprises, ou du moins entendre la ministre sur les raisons, peut-être, pourquoi on n'a pas repris les projets pilotes qui
ont existé dans certaines régions, évidemment dans un esprit de vouloir
désengorger le système de justice, faciliter l'accès à la justice, à la
préparation des citoyens, l'accompagnement, etc.
Mais, du même
souffle, c'est un projet qui s'inscrit aussi dans une continuité, qui a fait
l'objet de nombreux débats déjà, je n'ai pas
l'intention de reprendre à zéro, là, tout le travail qui a été fait et l'étude...
pas l'étude, mais plutôt tous les témoins qui ont été entendus jusqu'à
maintenant. Je parle encore avec mon collègue Bertrand St-Arnaud, mon ex-collègue Bertrand St-Arnaud, qui croit beaucoup en
ces mesures et qui a fait un excellent travail. J'en profite pour saluer
tout le travail qu'il a fait sur le Code de procédure civile. Mais, s'il y a
une mesure, justement, qui lui tenait à coeur, c'était certainement la bonification de la hausse de ce plafond qui sera
discutée aujourd'hui. J'ai eu la chance, en Chambre, un peu plus tôt cette semaine à l'Assemblée
nationale, de saluer, en fait, l'initiative du gouvernement de reprendre
ces mesures et essentiellement aussi de saluer la réforme du Code de procédure,
là, qui permet, justement, au juge en chef d'intervenir, encore une fois, pour faciliter
l'accès à la justice.
Alors,
essentiellement, à ce
stade-ci, M. le Président, je n'ai pas l'intention d'aller plus loin, si ce n'est que, de
façon générale, souligner que nous avons un
bon projet de loi qui va dans le sens que je pense que la population
s'attend de nous, c'est-à-dire améliorer l'accès à la justice.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Je vous remercie, M. le député
de Lac-Saint-Jean. Je me tourne maintenant vers la deuxième opposition.
Mme la députée de Montarville, la parole est à vous pour vos remarques
préliminaires.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy
(Montarville) :
Merci. Tout d'abord, d'entrée de jeu, pardonnez ce petit retard, j'en suis tout
à fait désolée. Je sais que vous aimez la promptitude et la ponctualité.
M. le Président, Mme
la ministre, collègues de la première opposition, je serai très brève, dans la
mesure où il y a énormément de travail qui a
été fait sur le Code de procédure civile. C'était ma collègue
Me St-Laurent qui était là pour
nous lors de la 40e législature. Je sais que les juristes et tous les
députés qui étaient réunis pour faire ces modifications ont travaillé extrêmement fort, c'est un travail
de moine. Le Code de procédure civile, certains d'entre vous l'ont déjà
lu, c'est quelque chose, c'est une brique.
C'est effectivement de la procédure, c'est très technique, mais ce que nous
avons devant nous aujourd'hui, ce projet de
loi, ce projet de loi n° 14, je vous l'avais dit lors du dépôt en Chambre
de ce projet de loi, pour nous, c'est une suite logique, c'est une
continuité. Nous accueillons favorablement les mesures qui y sont inscrites, toutes mesures qui faciliteront l'accès
à la justice, l'accessibilité pour les contribuables, pour les
défendeurs.
Et
je pense que c'est un grand, grand pas en avant qui vient d'être marqué ici et
qui sera marqué avec l'adoption de ce
projet de loi. Faire en sorte que les citoyens, les contribuables puissent
aller devant les tribunaux sans avocat, malgré tout le respect que j'ai pour nos collègues membres du Barreau, mais
pour se défendre devant la Cour des petites créances avec maintenant... éventuellement des dossiers qui
pourront avoir des quantum de 7 000 $ à 15 000 $. On vient
d'élargir le spectre des recours qui seront
admissibles, des recours qui seront possibles, des demandes qui pourront être
entendues, alors tout ce qui va faire en sorte que les citoyens, les demandeurs,
des justiciables puissent être entendus devant nos tribunaux, devant la Cour,
et à moindres coûts. Et c'est ça qui est très important, on sait comment les
contribuables sont égorgés au Québec,
manquent d'air, tout augmente. Eh bien, ici, on leur donne la chance d'aller se
défendre et à peu de frais. Alors,
nous applaudissons cette mesure. Nous ferons tout pour qu'elle soit mise en
oeuvre rapidement, parce que nous y croyons, à l'accessibilité à la
justice.
J'avais émis certaines réserves, et je n'étais
pas la seule, à savoir que, si nous augmentons le volume, si nous augmentons
les rôles, la charge sur les rôles, bien, nous espérons également que le
système judiciaire sera capable de prendre
cette surcharge de demandeurs qui déposerons des actions ou des requêtes
introductives d'instance, comme on les appelle maintenant. Donc, j'aurai hâte
de voir ce que la ministre aura préparé à cet égard. Y aura-t-il plus de juges,
plus de salles de cours? C'est la question aussi qu'on peut se demander.
Mais, pour le
moment, nous embrassons... Et nous sommes d'accord avec les mesures de ce
projet de loi et nous espérons y
travailler pour qu'il soit adopté rapidement, pour que le plus de citoyens, de
justiciables, de défendeurs possible puissent aller en cour à peu de
frais pour se faire entendre. Voilà.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la députée de
Montarville. Est-ce qu'il y a d'autres membres de la commission qui
souhaitent faire des observations préliminaires? Ça va? Nous avons tous hâte de
plonger dans le vif du sujet. Je comprends qu'il n'y a pas non plus de motion
préliminaire?
Étude détaillée
Alors, nous allons entreprendre immédiatement
l'étude du projet de loi et nous allons débuter par l'étude de
l'article 1. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Vallée : Merci. Alors,
l'article 1 se lit comme suit : L'article 75.0.1 du Code de
procédure civile (chapitre C-25) est remplacé par le suivant :
«75.0.1. À
toute étape de l'instance, le juge en chef ou le juge qu'il désigne peut
exceptionnellement, dans l'intérêt des
parties ou des tiers concernés ou encore si d'autres motifs sérieux le
commandent, ordonner, même d'office après avoir entendu les parties, le
transfert du dossier, de l'instruction ou d'une demande relative à l'exécution
du jugement dans un autre district.»
Alors, simplement vous indiquer, bon, c'est
une... Dans le cahier qui a été... je réfère... peut-être référer les collègues... Parce que nous avons transmis un
cahier qui accompagne. Alors, le cahier est annoté. La modification
qui est proposée par cet article
vise à permettre au juge en chef de la Cour
du Québec ou de la Cour supérieure ou au juge que l'un ou
l'autre d'entre eux va désigner d'ordonner le transfert de district d'un
dossier, d'une instruction ou d'une demande relative à l'exécution du
jugement lorsque l'intérêt des parties ou des tiers ou encore des motifs
sérieux commandent un changement. C'est un article
qui s'ajoute au pouvoir que détient actuellement le juge, celui de transférer une cause dans un autre district, et cet article
prévoit que le juge va pouvoir y procéder, même d'office, mais après avoir
entendu les parties, et il pourra considérer non seulement l'intérêt des
parties, mais aussi celui des tiers ou des motifs sérieux qui commandent un
changement.
Je vous
donnerais un exemple : un dossier introduit à Montréal
pour un litige qui aurait pris naissance en Gaspésie et qui appelle à de nombreux témoins, par exemple, au déplacement de nombreux témoins vers Montréal, bon, pourrait
être un motif pour le juge. Si lui,
d'office, si lui-même ou elle-même considère qu'il y a lieu de retourner le
dossier dans le district d'origine ou dans le district où sont situés la
majorité des témoins, il pourrait le faire. C'est un exemple parmi tant
d'autres.
Et c'est une mesure qui permet de considérer
l'intérêt du public, l'intérêt des parties. Il y a eu et il a été porté à notre connaissance de nombreux dossiers introduits dans les
districts... dans le district de... à Québec puis à Montréal et qui tiraient leur origine dans des communautés rurales, et les gens
étaient... il y a énormément de témoins. Donc, ça occasionne des frais pour les gens, ça occasionne des frais pour les
témoins, ça occasionne des frais parfois pour les municipalités qui sont interpellées. Donc, dans une volonté de permettre une
meilleure accessibilité... Parce
que l'accessibilité, aussi, dans certains cas, c'est de permettre aux
gens d'une communauté d'avoir accès aux auditions, d'avoir accès au dossier, au litige, et donc, si le procès est à 250,
300, 400 kilomètres ou si les auditions ont lieu à 200, 300, 400 kilomètres du lieu d'origine,
bien, les gens du milieu n'ont pas nécessairement accès à cette audition-là.
C'est une raison, mais il peut y avoir d'autres motifs aussi qui commandent un
changement de district. Donc, cet article-là permet d'aller de l'avant avec
cette mesure-là.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a des interventions? Vous n'êtes pas
obligés.
M. Cloutier : À moins que
vous alliez parler pour ne rien dire, là. Vous faites bien de me le rappeler.
Non, mais en fait...
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : Je vous
remercie, M. le Président. En fait, mes interrogations portent davantage sur le
principe qui est celui de l'accès à la
justice, puis je veux juste être certain de bien comprendre. En fait, c'est vraiment
une mesure qui est exceptionnelle puis qui est dans l'intérêt des
parties davantage que pour désengorger les tribunaux.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre.
• (15 h 20) •
Mme Vallée : En fait, ça
permet un petit peu des deux, parce que, oui, l'objectif... Si on le prend d'un
côté du meilleur intérêt de la population,
d'une communauté, par exemple de pouvoir assister à des auditions au palais de
justice à proximité de la communauté...
Pensons à un litige qui tirerait ses origines du Lac-Saint-Jean, par exemple. Bien, beaucoup plus simple pour une communauté de pouvoir
suivre les travaux si le tout se déroule à l'intérieur du milieu, dans un premier
temps. Puis, dans un deuxième temps, bien, ça évite de surcharger des... Il
faut quand même reconnaître que certains
palais de justice en milieu urbain ont un volume beaucoup plus important que
d'autres palais de justice. Et on sait également qu'il y a... Et les
procédures ne sont pas toujours introduites dans le lieu d'origine de l'action,
pour toutes sortes de raisons, et ce qui
fait parfois une surcharge de volume, ce qui va créer une surcharge de volume.
Malgré tout le bon vouloir des juges coordonnateurs, il n'en demeure pas
moins que, lorsqu'il y a plus de dossiers, bien, il y a moins de fluidité. Donc, cet article-là va permettre, dans le fond, deux objectifs : permettre de tenir compte de l'intérêt
des parties, de l'intérêt du public, et va permettre aussi, dans
certains cas, de ramener dans le milieu rural des dossiers qui parfois sont introduits
en milieu urbain et qui sont loin de leur origine.
On a porté à
mon attention, au cours des dernières années, par exemple, des dossiers en
matière autochtone qui tiraient leur origine sur la Côte-Nord mais qui
étaient introduits à Montréal, à Québec, différents litiges, et peut-être que
les gens des communautés auraient aimé pouvoir assister, pouvoir entendre,
pouvoir participer, mais, lorsqu'on part de
la Côte-Nord pour se rendre à Montréal, pour se rendre à Québec, on n'a pas nécessairement la possibilité de se
déplacer. Puis ça, c'est une chose, des litiges... Par exemple,
le gros dossier de la Gaspésia s'est déroulé à Montréal, alors qu'il
aurait très bien pu se tenir en Gaspésie, se tenir dans les Maritimes, et les
gens, la communauté aurait pu se déplacer. Et c'est sans compter les frais.
Parce que,
oui, il y a les frais de taxation de témoins, mais il y a
une réalité, là : les gens sont loin de chez eux, ils se déplacent,
c'est lourd. Alors, si on peut, de cette façon-là, contribuer à améliorer
l'accessibilité à la justice, je pense que
ça vaut la peine de mettre en place ces mesures-là, qui demeurent des mesures
d'exception, parce qu'il y aura des
raisons pour lesquelles on souhaitera introduire un dossier dans un district,
mais le juge pourra le soulever
d'office. Alors, je pense que c'est quand même quelque chose d'intéressant. Et
puis on verra, là, au fil du temps, comment tout ça sera utilisé, mais
ça permettra sans doute de répondre à des préoccupations qui ont été soulevées
par certains intervenants.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : Merci, M. le Président. Est-ce qu'on peut s'attendre
qu'il y aura plus de causes instruites en région ou transférées en
région à cause de ce nouvel article?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre.
Mme Vallée : Bien, je vous
dirais, je pense, que la fille des régions en moi dirait qu'on espère que les...
On espère aussi sensibiliser les gens à
l'importance de pouvoir respecter les communautés et les témoins dans un
dossier, respecter les causes... le lieu d'introduction d'une action, d'un
litige. Vous savez, dans le nouveau Code de procédure civile, un des principes fondamentaux, c'est aussi d'entendre les
parties, de se rapprocher des gens, de pouvoir faciliter l'accès, et cet
article-là va également dans cet esprit-là. Alors, il y a des...
Et, si on
regarde au niveau des palais de justice en région, les délais d'audition sont
quand même assez intéressants, et ça peut permettre aussi... Si on peut
permettre une plus grande activité ou une utilisation de nos palais de justice
en région, bien, tant mieux.
12245 1077 M.
Cloutier : Merci. Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Ça vous va? Est-ce qu'il y a d'autres... Mme la députée de Montarville.
Mme Roy
(Montarville) :
Oui, merci, M. le Président. Quoique nous soyons d'accord avec le principe du changement de district, là, ce qui est parfait,
j'aimerais céder la parole à mon collègue le député de Borduas, qui,
incidemment, est avocat. Il s'est spécialisé en droit constitutionnel. Il
aurait quelques petites précisions, petites questions pour Mme la ministre.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Bien, alors, ça nous fait plaisir d'accueillir le député de Borduas à la
Commission des institutions. Il commence à avoir beaucoup d'avocats autour de
cette table. Ce n'est pas un défaut, mais... Alors, M. le député de Borduas...
Des voix : ...
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : M. le député de Borduas, nous
vous écoutons.
M.
Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. Bien, à mon tour de vous
saluer. Mme la ministre de la Justice, les collègues ministériels, les
collègues de la première opposition, Mme la députée de Montarville, ça me fait
plaisir d'être avec vous aujourd'hui.
En
fait, M. le Président, j'aimerais avoir des précisions de la ministre de la
Justice au niveau des tiers. On traite des tiers concernés dans le cadre
de l'article 75.0.1. Est-ce qu'on parle nécessairement de témoins? Est-ce
qu'on vise les experts? Est-ce qu'on vise les mis en cause? Est-ce qu'on vise
les gens qui sont appelés en garantie ou plutôt, comme le spécifiait Me Luc Chamberland dans son ouvrage Le Code de
procédure civile commenté, suite à la réforme du Code de procédure civile, Me Chamberland qui est un
éminent juriste... il mentionnait dans ses commentaires qu'«on peut
penser ici à un dossier de principe qui peut toucher un grand nombre de
justiciables dans un district judiciaire donné».
Donc,
est-ce que c'est limitatif, les tiers, ou ça englobe l'ensemble des
justiciables? J'aimerais connaître
votre interprétation puis votre intention à ce niveau-là.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Je vous remercie, M. le député de Borduas. Mme
la ministre.
Mme Vallée :
Alors, merci. Alors, je tiens à rassurer notre collègue : Ce n'est pas
limitatif. Et l'exemple que j'ai donné tout à l'heure, un petit peu plus tôt, par
exemple, du grand dossier de la
Gaspésia, par exemple, bien, c'en est un, on a la population, on a les gens où les dossiers... Les dossiers
initiés, par exemple, par les communautés autochtones, bien, on
peut aussi considérer les gens de la communauté qui ont cet intérêt-là, mais ça
peut également... Parce que, chaque cas étant un cas d'espèce, ça pourra éventuellement,
peut-être, être la question des experts, ça pourra être les tiers dont vous avez fait l'énumération. Alors, ce
n'est pas limitatif à une catégorie de tiers, c'est inclusif ou c'est quand
même... Ça reprend les tiers dans leur ensemble, je vous dirais.
Et
l'objectif, évidemment, c'est de considérer chaque cas comme étant un
cas d'espèce. Donc, on considérera... Cet article-là, bien, sera utilisé
en fonction de la situation qui est devant le tribunal.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. M. le député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Oui. J'ai une seconde question. On ajoute également
que, «même d'office après avoir entendu les
parties», le juge peut ordonner le transfert du dossier. Sous l'ancien
article 75.0.1, la jurisprudence déterminait que ce n'était pas un
pouvoir absolu du juge, c'était un pouvoir qui était quand même encadré. Je
comprends qu'à ce moment-là le «même d'office» qu'on rajoute, ça va
permettre au juge vraiment d'avoir un pouvoir absolu et de décréter lui-même,
de dire : Même si les parties ne sont pas d'accord,
je change le dossier de district, je transfère le dossier de district.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Mme la ministre.
Mme
Vallée : Je sais que
le président était également intéressé par cette modification au niveau de la rédaction du texte. Alors, la raison pour laquelle on ajoute «après avoir entendu les
parties», c'est pour respecter l'esprit du nouveau Code de procédure civile, qui mise beaucoup sur la participation des parties, l'importance d'entendre les parties, de permettre aux
gens de s'exprimer. Et donc c'est pour ça, c'est pour respecter l'esprit du
code dans son ensemble que ce pouvoir exceptionnel là.
Parce que ça demeure quand
même un pouvoir d'exception pour le juge, de le soulever... Lui peut le
soulever d'office, le juge peut le soulever d'office, mais devra quand même
entendre les parties. Mais, contrairement à... La demande de changement de district n'aura pas à être nécessairement
soulevée par l'une ou l'autre des parties. Le juge peut, après... Il pourra le soulever mais devra quand même
entendre les parties, d'où l'«après avoir entendu les parties» qui est
ajouté à l'article.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : M. le député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Maintenant, dans l'article, je comprends qu'il n'a
pas besoin de demande de la part de l'une ou
l'autre des parties ou de demande conjointe, c'est vraiment
de cette façon-là que le juge peut le soulever d'office. Ça m'amène à
vous poser une autre question au niveau du transfert partiel du dossier. Dans
le libellé actuel de la proposition, est-ce que vous considérez que le juge peut
transférer une partie du dossier? Exemple, à l'époque, avec l'ancien article, c'était possible pour un juge d'ordonner
que les témoins ordinaires seraient entendus dans le district où a eu lieu l'introduction
de l'action mais que le témoin expert allait être entendu dans un autre
district. Est-ce que la modification que vous apportez à l'article fait en sorte de
reconduire cette jurisprudence-là? Est-ce
que c'est dans ce sens-là que vous voulez aller, de donner la discrétion au juge de
pouvoir scinder une partie du dossier, ou que ce soit...
• (15 h 30) •
Mme Vallée :
En fait, en fait, cet article-là peut permettre, par exemple, à un juge dans
une question de proportionnalité des coûts, lorsqu'on parle d'éviter
d'augmenter les coûts d'un litige... pourrait, oui, si des témoins experts sont à 300 ou 400 kilomètres,
ordonner d'entendre ces témoins-là pour cette partie du litige ou entendre des
témoins qui sont à l'extérieur. Ça, ça
pourrait être un des motifs. Donc, il y a différents motifs qui peuvent
permettre d'entendre, en totalité, le dossier dans un autre district.
Et, comme je le
mentionnais, tant pour la question de qui sont les tiers, bien, les motifs vont
varier et seront évalués au cas par cas, parce qu'il y aura, dans certains dossiers... Puis il faut toujours
conserver à l'esprit que ça demeure une mesure d'exception. Mais il pourra y avoir des
raisons pour limiter les coûts rattachés à un dossier. On pourra
souhaiter qu'une partie du dossier soit entendue dans un autre district. Mais évidemment
gardons en tête que l'objectif, c'est l'accessibilité à la justice, l'objectif, c'est de limiter
les coûts, de permettre une meilleure représentation,
un meilleur accès. Donc, dans cet esprit-là, on pourra transférer un
litige dans un autre district.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : M. le député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Donc, je comprends de votre réponse, Mme la ministre,
que ça peut constituer un transfert partiel.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Mme la ministre.
Mme
Vallée : Oui. Bien, en fait, le libellé du projet de loi
prévoit qu'il peut y avoir un transfert du dossier, il peut y avoir une demande relative à l'exécution du
jugement, donc ce n'est pas nécessairement tout le dossier qui peut être
transféré; ça peut être aussi tout le dossier, là. Chaque situation sera
évaluée.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci. M. le député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Une dernière question. Vous parliez... M. le
Président, la ministre de la Justice parlait tout à l'heure de l'intérêt des
parties au niveau de diminuer les coûts, l'importance de diminuer les coûts
pour améliorer l'accessibilité à la justice.
Antérieurement, sous l'article 75.0.1, il n'était pas possible pour les
parties... Je vous donne un exemple
concret. Supposons que la cause d'action a pris naissance à Sherbrooke et puis
que les deux parties sont représentées
par des bureaux montréalais. Ce n'était pas possible de tenir le procès à
Montréal. En vertu de cet article-là, ce n'était pas possible de demander le transfert pour ce motif-là, en
raison du fait qu'ils étaient représentés par des procureurs d'un autre district judiciaire. Je vous
demande : Dans le cadre de cet article-là, dans le cadre de la
modification, est-ce que votre intention serait de permettre aux
justiciables qui ont des procureurs dans le même district judiciaire, un
district judiciaire autre d'où la cause
d'action a pris naissance, de transférer le dossier pour ce motif-là,
considérant que les coûts associés au transport des procureurs d'un
autre district peuvent être assez élevés s'ils souhaitent se déplacer où la
cause d'action a pris naissance, ou plutôt on souhaite favoriser les membres
des barreaux locaux?
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Mme la ministre.
Mme
Vallée : Il faut se rappeler que cet article-là demeure une
mesure d'exception et il faut penser à l'intérêt public, à l'intérêt du contribuable. Je vous dirais, bien
honnêtement : L'objectif n'est pas d'accommoder les procureurs de l'extérieur. En fait, peut-être que la procureure
de région ici, en moi, aurait tendance à dire : Généralement, lorsque
la cause d'action prend naissance à Sherbrooke, par exemple, il y a des chances
que la majorité des témoins résident à Sherbrooke, il y a des chances aussi que
les parties résident à Sherbrooke. Donc, je vous dis ça comme ça, mais il est possible que l'intérêt de l'administration de la
justice soit que l'audition et le dossier soient à Sherbrooke, pas mal
plus qu'à Montréal, et l'encombrement des rôles peut aussi éventuellement être
considéré.
Alors,
l'objectif, c'est vraiment de penser aux parties, de penser aux témoins, de
penser aux conséquences pour ces gens-là,
d'abord et avant tout. Et, avec tout le respect que je porte pour nos collègues
de Montréal, l'intérêt des contribuables en région est là aussi, là. Et
là je regarde tous mes collègues de Montréal qui me regardent avec des grands
yeux. Je dis ça avec un sourire, les collègues.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci. Merci, Mme la ministre. M. le député de
Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Donc, je comprends que l'intérêt financier des
parties, dans ce cadre-là, ne doit pas être nécessairement pris en
considération. Puis ce n'est pas une question qui vise les procureurs du
Barreau de Montréal. Elle pourrait viser deux districts en région.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Mme la ministre.
Mme
Vallée : C'est que le
coût... Oui, il y a le coût, il
y a les honoraires, il y a
les honoraires des avocats, mais il y
a aussi le coût de taxation des
témoins qu'on doit aussi considérer, je crois, bien humblement. Parce que,
si une cause requiert un certain nombre de témoins en provenance de Sherbrooke,
en provenance d'ailleurs, au bout du compte l'intérêt peut... Ces coûts-là vont
également être taxés contre l'une ou l'autre des parties, éventuellement.
Alors,
évidemment, chaque cas est un cas d'espèce, mais cette question-là
de permettre à la justice d'être plus proche des gens, plus proche de
ces témoins, d'être aussi respectueuse des gens qui seront appelés à se
déplacer pour témoigner, donner de leurs journées pour participer à une
audition sera certainement considérée. Et évidemment chaque cas, ça, je le... Et je pense qu'il est important de garder à
l'esprit qu'il s'agit d'une mesure d'exception. Ca, c'est une prémisse, c'est une mesure d'exception. Et il
peut y avoir des situations... Et là, aujourd'hui, on ne dit pas : Systématiquement dans tous les cas,
cette mesure-là sera appliquée. Mais il peut y avoir des situations
particulières qui commanderont un changement de district. Et le juge pourra, à
ce moment-là, le soulever d'office.
Parce que, l'exemple auquel
vous référez, bien, peut-être qu'il n'y aura pas de témoin. Et là, à ce moment-là, c'est une autre paire de
manches. Mais, si on pense à un dossier où on a, je ne sais pas, une dizaine de
témoins, plus les parties, plus... et
un dossier d'un certain nombre de jours, peut-être que l'intérêt sera que
le dossier soit entendu à Sherbrooke.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. M. le député, ça va?
En
fait, il est important, si je peux me permettre, à moins que... Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Simplement, il est important de ne pas perdre de vue que la mesure à l'étude
reprend, à peu de chose près, le texte de la disposition équivalente qui
a été adoptée dans le cadre du projet de loi n° 28. Alors là, on la
devance, mais, l'esprit, les détails, sous
réserve de la question de l'audition des parties, la ministre
a bien expliqué la différence, c'est une disposition qui est équivalente. Alors, merci, pour ces...
Est-ce qu'il y a
d'autres collègues qui ont des questions, des interventions?
Nous sommes prêts à
passer au vote. Alors, est-ce que l'article 1 du projet de loi est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Formidable. Nous passons à l'article 2. Mme
la ministre.
Mme Vallée :
Donc, article 2 : L'article 953 de ce code est modifié par le
remplacement de «7 000 $» par «15 000 $», partout où cela
se trouve.
Donc,
je ne sais pas, M. le Président, si vous souhaitez que nous procédions à la
lecture du texte actuel du projet de loi. On le retrouve dans le cahier
qui a été remis aux collègues.
Une voix :
...
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Ah! Le député de Chomedey propose que vous fassiez la lecture, Mme la ministre.
Mme Vallée :
C'est avec plaisir. Je comprends.
M.
Ouellette : Je
pense, M. le Président, que c'est une bonne idée, compte tenu du fait que les prochains articles, qui sont des articles similaires, pour changer le même montant... Je
pense qu'il faut savoir d'où on vient pour savoir où on va. Merci, M. le
Président.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Mme la ministre.
Mme Vallée :
Donc, l'article 953 du Code de procédure civile se lit comme suit en ce
moment, c'est-à-dire :
«Les sommes réclamées
dans une demande portant sur une petite créance, c'est-à-dire :
«a) une créance qui n'excède
pas 7 000 $, sans tenir compte des intérêts;
«b)
qui est exigible par une personne, une société ou une association, en son nom
[...] pour son compte personnels ou par [...] tuteur, un curateur ou un
mandataire dans l'exécution du mandat donné en prévision de l'inaptitude du
mandant ou par un autre administrateur du bien d'autrui;
«ne peuvent être
recouvrées en justice que suivant le présent livre.
«Il
en est de même de toute demande qui vise la résolution, la résiliation ou
l'annulation d'un contrat lorsque la valeur du contrat et, le cas
échéant, le montant réclamé n'excèdent pas chacun 7 000$.
«Une
personne morale, une société ou une association ne peut, à titre de créancier,
se prévaloir des dispositions du présent livre que si, en tout temps au
cours de la période de 12 mois qui précède la demande, elle comptait sous
sa direction ou son contrôle au plus cinq personnes liées à elle par contrat de
travail.»
Alors, on reprend ce
texte-là tel quel et on remplace le montant de «7 000 $» par
«15 000 $».
• (15 h 40) •
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Je vous remercie, Mme la ministre. Est-ce
qu'il y a des interventions?
M. Cloutier :
Absolument, M. le Président.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
Bon. D'abord, je reprends, on est au coeur... Dans le fond, c'est le coeur du
projet de loi, essentiellement, du moins, et
puis ça nous apparaît être une bonne mesure. Maintenant, je me demande
simplement si on peut bonifier ces
mesures d'accès avec l'ensemble des propositions ou du moins des exemples qui
ont porté fruit dans certains barreaux du Québec qui ont appliqué soit
des mesures de médiation. Puis on a repris essentiellement, là, les mémoires des différents organismes qui ont soumis
des idées puis on remarquait, entre autres, le Barreau du Québec qui suggérait des séances d'information obligatoires
avant de recourir aux tribunaux. Est-ce que c'est une mesure, par
exemple, qui aurait pu être ajoutée pour simplement s'assurer que,
minimalement, les parties étaient informées de la voie de la médiation pour les
Petites Créances?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, M. le député. Mme la ministre.
Mme Vallée : En
fait, ce que nous prévoyons aujourd'hui, c'est simplement... c'est la hausse du
seuil. Maintenant, il y a, un peu partout à travers le Québec, un tas de
projets pilotes adaptés aux besoins spécifiques. Je pense qu'il est important
aussi de ne pas toujours faire du mur-à-mur. Dans certains districts, il y a
des mesures, il y a des dossiers, il y a des
besoins spécifiques. Il y a des mesures, des projets pilotes qui sont en place.
Il y a des choses assez intéressantes qui se font. Entre autres,
notamment, je pense qu'il y a un comité conjoint en matière de petites créances
au Saguenay—Lac-Saint-Jean qui a tenu un certain nombre de
rencontres pour mettre en place des initiatives de médiation sur place.
Alors, on salue les intervenants qui ont travaillé sur ce projet-là, notamment
les avocats, l'association des avocats de province, et c'était le juge Audet
qui avait initié ce projet-là.
Alors,
par exemple, allons donc chez vous, dans votre comté... excusez-moi, dans le
comté de notre collègue de Lac-Saint-Jean, M. le Président, il y a ce
projet-là. Dans d'autres districts, je pense, en Outaouais, à Gatineau, le Barreau local avait mis en place aussi un
processus de médiation. Alors, nous n'avons pas codifié ces mesures-là
puisque ces mesures-là peuvent être appelées
à changer, c'est-à-dire que les besoins des citoyens peuvent évoluer au fil du
temps et ne sont pas les mêmes. Il y aura, je tiens à souligner, puis on en
avait fait l'annonce en début septembre, il y aura deux projets pilotes qui seront mis en place pour ce qui est des
contrats de consommation, dans les districts de Gatineau, dans le district de Saint-Jérôme, là où les délais
d'audition, au niveau des Petites Créances, étaient quand même assez
importants. On a mis en place un processus de médiation pour les contrats de
consommation. Donc, ça contribue à améliorer les délais.
Et puis, un petit peu
partout dans les différents palais de justice, il y a des mesures qui ont été
initiées, en collaboration surtout avec les
barreaux locaux et avec les juges coordonnateurs, pour cibler des initiatives
qui permettraient de mieux préparer
ou aussi de mettre en place la médiation. Évidemment, ça me permet, M. le
Président, aussi de rappeler aux
citoyens que nous avons à Montréal, nous avons... à Rimouski, nous aurons
bientôt, au Saguenay, et nous avons en Outaouais des centres de justice
de proximité, qui permettent d'informer les citoyens quant à leurs droits,
quant aussi à la façon dont on présente une demande aux Petites Créances.
Donc, ces
initiatives-là vont permettre d'améliorer la fluidité et de permettre aussi un
bon atterrissage de la mesure que nous vous présentons cet après-midi.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : Merci, M. le Président. Mais, sans aller dans la
médiation obligatoire, si on parlait juste de la séance d'information,
de la préparation, puis on la rendait, elle, obligatoire pour s'assurer au
moins que les parties ont eu la chance
d'évaluer cette option-là? Puis c'est aussi à la suggestion du Barreau.
Peut-être que ça pourrait orienter davantage de gens vers la médiation. Puis l'autre chose, c'est : quand on
regarde le succès, dans le fond, de la médiation, on se rend bien compte que ça marche. Alors, il me semble que
c'est peu, mais ce serait un pas dans la bonne direction, pour ce qui
est de la séance d'information, de la rendre obligatoire. Je ne sais pas, y
a-tu une raison pour laquelle ce n'est pas repris?
Mme Vallée :
Bien, en fait, actuellement, dans le projet de loi qui nous préoccupe
aujourd'hui, on tente de devancer des
mesures. Maintenant, l'esprit du nouveau Code de procédure civile, qui entrera
en vigueur en 2016, est orienté vers
les nouveaux modes de résolution de conflits, vers les modes alternatifs de
résolution de conflits. Donc, c'est certain que c'est ce qui a animé... je pense que c'est surtout les
parlementaires, lors des travaux qui se sont déroulés l'hiver dernier. Je pense qu'il est... On n'a pas ajouté de mesure
obligatoire à l'intérieur du texte qui vous est présenté, mais il y a,
sur le territoire, énormément d'initiatives qui se font.
Et
il y a le Jeune Barreau... On me fait signe, puis effectivement j'avais oublié
le Jeune Barreau de Québec qui offre aussi un service de clinique de
préparation aux Petites Créances. Et il y a beaucoup d'initiatives, les jeunes barreaux sont très ouverts. Je sais que le
Jeune Barreau de Montréal aussi offre le service pro bono, je crois, les
heures du mercredi. Je ne sais pas si c'est le mercredi, pro bono, ou... En
tout cas, il y a une mesure qui est faite par le Jeune Barreau de Montréal qui
vise aussi à préparer et à sensibiliser les gens. Ces initiatives-là demeurent.
Rendre
la médiation obligatoire ou les séances d'information obligatoires... Ce que je
comprends, c'est de reprendre un petit peu ce qui se fait actuellement
en matière familiale, c'est-à-dire qu'avant de pouvoir procéder au matrimonial dans un litige, bien, on doit d'abord
suivre une session d'information sur la parentalité, qui était, dans mon
temps, une session d'information sur la médiation familiale. C'est une mesure
qui est intéressante. De là à la codifier aujourd'hui
ou à l'inclure dans le projet de loi qui nous occupe... Je pense qu'il ne faudrait
pas mettre de côté les initiatives locales, parce que, je persiste et je
signe, dans chaque district, il y a des réalités qui sont parfois différentes,
et faire des mesures mur à mur, c'est
peut-être... Moi, je préfère soutenir les mesures, les initiatives locales qui
ciblent des besoins locaux plutôt que de dire : On va faire du
mur-à-mur partout. Parce que, dans certains districts, j'avoue, peut-être que
ça peut être une idée.
Et,
ceci étant dit, là, vous êtes devant une convaincue, là, c'est-à-dire que, la
médiation, j'y crois. Je suis médiatrice, et j'y crois, et je considère
que c'est une alternative extraordinaire, surtout dans des dossiers de petites créances. Et la médiation, elle est
disponible aussi. En matière de petites créances, il y a des médiateurs qui
sont formés, nous avons des collègues
avocats formés justement pour offrir des services de médiation aux Petites
Créances et qui sont disponibles lorsque la cour siège.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. M. le député de
Lac-Saint-Jean.
• (15 h 50) •
M. Cloutier : Oui. Bien, en
fait, c'est effectivement... C'est le type de mesure qui effectivement
s'inscrit dans un contexte plus large, qui pourrait être, à mon avis, là,
repris, je pense, ou du moins j'aimerais... J'essaie de comprendre, en fait, pourquoi on ne l'ajoute pas.
Je comprends l'idée de bonnes mesures globales pour l'ensemble du territoire, sauf que, là, on parle d'une séance
d'information préalable, donc qui ne nuit pas, à mon point de vue du
moins, aux différentes initiatives qui existent sur le territoire. Parce que,
les initiatives, ce que je comprends, c'est qu'il y a de l'accompagnement qui peut se faire, de toutes sortes de manières, par
différents groupes. Vous avez nommé Le Jeune Barreau, probablement qu'il
y a des facultés de droit aussi qui doivent collaborer de la même manière.
Il me semble
que ça s'inscrit dans l'esprit de réforme du Code de procédure, si ce n'est que
d'amener les parties à avoir la bonne réflexion de se rappeler que la
médiation existe, avec les séances préalables. Mais en même temps je connais mal l'impact négatif que ça pourrait
avoir, s'il y en a, en fait. Puis c'est plus mode d'interrogation, en fait.
J'essaie de comprendre pourquoi cette mesure-là, qui a été écartée, alors que
c'était une proposition du Barreau du Québec, puis alors
aussi que ça semble s'inscrire dans la logique du Code de procédure civile, et
que ça ne nuit pas non plus, à mon sens, aux initiatives locales sur le territoire...
Est-ce qu'il y a des impacts négatifs, finalement, à une telle mesure? C'est ça
que j'essaie de comprendre.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre.
Mme Vallée : Outre des... Écoutez, je ne voudrais pas me
substituer à mon prédécesseur, à savoir pourquoi, lors de l'adoption du nouveau Code de procédure civile,
on a privilégié une option plutôt qu'une autre. Aujourd'hui, l'objectif
visait à devancer des mesures qui ont déjà fait l'objet de débat, et de
discussion, et d'échange, et d'une adoption par l'Assemblée nationale.
Pourquoi cette alternative-là n'a pas été retenue, c'est une question qui est
soulevée. Par contre, moi, je tiens à rassurer notre collègue,
M. le Président, je suis toujours ouverte à bonifier ce que nous avons fait,
peut-être pas pour aujourd'hui, mais c'est... Le nouveau Code de procédure
civile, là, c'est un projet. On aura certainement la chance de se revoir et d'échanger, mais je
peux m'informer à savoir pourquoi précisément... en tout cas, je peux voir si on a une mémoire quelque part qui
nous éclairera sur la question.
Est-ce que
c'est nécessaire de l'inclure à l'intérieur du projet, du code
comme tel? Peut-être pas. Il y
a moyen... Il y a des mesures qui peuvent être mises en place sans nécessairement
être prévues au code.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. Je suis content, les membres de la commission sont contents de vous entendre
dire que, pour vous, c'est une chance de nous revoir. Pour nous, c'est un
plaisir de vous voir. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : Non, mais, en
fait...
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Vous n'êtes pas obligé, là, si...
M.
Cloutier : Non, non,
non. J'apprécie l'ouverture de la ministre. Effectivement, je pense que c'est un processus continu, je pense, ce type de réforme. Mais, en
fait, ce qu'on notait, dans le fond, à la lecture des mémoires, c'est que
c'est une mesure ou une proposition, du moins, qui est revenue à quelques reprises.
Je comprends la volonté de la ministre, qui est
de devancer. Par ailleurs, on salue, justement, cette volonté de devancer la
mise en oeuvre de la loi, ce qui est en soi une bonne idée. Mais
inévitablement, puisque nous avons un projet
de loi devant nous, par définition,
on se questionne aussi sur ce processus continu et l'opportunité de pouvoir le
bonifier ou non. À ce stade-ci, M. le Président, je vais m'arrêter ici.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, M. le député de Lac-Saint-Jean. Mme la ministre, ça va? On peut aller à
la députée de... le député de Borduas, pardon.
M.
Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. En fait, l'objet du projet
de loi est de rendre plus accessible
la justice, et c'est important d'augmenter le quantum pour que les gens
puissent aller se représenter eux-mêmes et puissent faire valoir leurs droits
pour les revendiquer.
Il y a un autre aspect dans l'accessibilité à la
justice qui est également important, c'est les délais avant d'être entendu, parce
que, si les délais sont trop longs,
ça peut vraiment décourager les gens de présenter leur action en
cour et d'obtenir justice. Donc, nous, on a une sensibilité particulière
à la question des délais et à la question des ressources qui vont être attribuées au système
de justice, notamment par le nombre de juges, également
par la disponibilité des salles, par
le personnel, les greffiers, et tout ça. À titre d'exemple, aujourd'hui, j'ai fait des vérifications, et, au palais de justice de
Campbell Bay, dans le district de Pontiac, en ce jour, si vous introduisez
votre requête aux Petites Créances, bien, le délai
avant d'avoir une date d'audition, c'est de 35 mois, donc pratiquement
trois ans. Au palais de justice de Saint-Jérôme,
dans le district de Terrebonne,
c'est 28 mois, donc deux ans et quatre mois. À Montréal,
c'est 22 mois. À Rivière-du-Loup,
dans le district de Kamouraska, c'est 19 mois. À Laval, c'est la même
durée, c'est 19 mois également.
Donc,
j'aimerais entendre, M. le Président, la ministre
à cet effet-là. Est-ce qu'il y a des
ressources supplémentaires qui vont être accordées à la chambre des
petites créances afin de permettre, s'il y a une augmentation de dossiers... ou, à
tout le moins, pour réduire le délai
pour les gens qui présentent, qui veulent faire valoir leurs droits et qui
veulent se sentir écoutés rapidement. Parce qu'on le sait bien, la preuve dans
un dossier peut s'effilocher, peut disparaître. Plus les mois avancent, les
versions deviennent de plus en plus floues. Donc, je pense que ce serait
opportun d'accorder davantage de ressources au système judiciaire, notamment
par le nombre de juges qui est consacré à cette chambre et également par la
disponibilité.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, M. le député. Mme la ministre.
Mme Vallée : Alors, évidemment,
la question de notre collègue est une question tout à fait légitime et très importante,
qui se décline en différents volets.
Dans un premier temps, pour ce qui est des ressources, je vous
rappellerai, M. le Président, qu'en juin 2012, donc, notre
collègue le leader actuel du gouvernement, qui était alors ministre de la
Justice, avait apporté des modifications à la Loi sur les tribunaux judiciaires
pour augmenter le nombre de juges, notamment à la Cour du Québec. À la Cour
supérieure, le nombre avait été augmenté de sept, et, à la Cour du Québec, on
avait augmenté de 20. Et ça, c'était évidemment
en considération des mesures... Parce qu'en juin 2012 on était dans
l'élaboration de l'avant-projet de loi sur le Code de procédure civile,
et c'était l'une des considérations. Et ces 20 postes supplémentaires qui
ont été accordés ont été comblés.
Alors, je
tiens à rassurer mon collègue qu'il y a eu quand même un bon nombre de
nominations de juges, au cours des
dernières années, à la chambre civile puis à la chambre mixte. On a nommé, en
2011-2012, sept juges; en 2012-2013, 10;
en 2013-2014, 10, 2013-2014 jusqu'en avril. Et, depuis mon entrée en fonction,
j'ai nommé trois juges à la chambre civile,
alors trois nouveaux juges qui sont là justement... Et on porte une attention...
Puis je dois vous dire que nous agissons avec célérité, c'est-à-dire qu'il y a, au niveau de la nomination des
juges... Lorsque nous savons qu'il y a une vacance qui arrive à échéance, nous prenons les mesures pour
enclencher le processus afin d'éviter qu'il y ait des délais occasionnés
entre la retraite d'un juge et l'arrivée d'un nouveau juge. Alors, ça, il y a
quand même une attention particulière qui est accordée justement en raison des
délais que nous connaissons.
Il y a un
travail qui se fait également au niveau... bon, on a mentionné au niveau de la
médiation. Le palais de justice de
Saint-Jérôme, pour le palais de justice de Gatineau, où les délais aux Petites
Créances étaient particulièrement élevés,
on a adopté des projets pilotes, comme je le mentionnais, pour les dossiers de
consommation. Alors, on a considéré qu'en matière de consommation, les
contrats d'achat, les contrats de services, c'est là qu'était le volume des
dossiers qui étaient présentés aux Petites
Créances et qui étaient ouverts. Donc, il y avait vraiment un... Et on voyait
qu'il y avait un déséquilibre entre
les commerçants et le citoyen, puis ça venait jouer dans les délais. Alors, on
a mis en place ces projets pilotes là
justement pour contribuer à réduire les délais d'audition et pour permettre une
meilleure fluidité. Mais il y a d'autres initiatives aussi qui ont été
mises en place.
Je tiens
également à partager... parce que, bon, c'est des données qui ont été partagées
lors de l'étude du Code de procédure
civile, à l'hiver dernier, mais, au niveau de l'augmentation du volume, ça,
c'est quelque chose qui est assez particulier,
c'est qu'on a vérifié, on a fait une analyse sur l'incidence de la hausse des
seuils sur le nombre de dossiers — là, je regarde la collègue de Montarville parce que je sais que c'était un
élément qui l'intéressait — et, lorsqu'en 1984 il y a eu une hausse du seuil de 800 $ à 1 000 $, ça a apporté une
variante de 1 % dans les dossiers, donc une hausse de 1 % des dossiers. En 1993, lorsque les seuils sont passés
de 1 000 $ à 3 000 $, il y a eu une augmentation de
22 % du nombre de dossiers. En
2003, lorsque les seuils sont passés de 3 000 $ à 7 000, eh
bien, là, c'est tombé de 2 %. Ça a diminué de 2 %.
Alors là, il
y a eu quand même des analyses qui ont été faites suite à la hausse.
Actuellement, là, il y a en moyenne 19 625
dossiers d'ouverts. On prévoit que le scénario le plus probable, ce serait une hausse d'environ 10 % du nombre de
dossiers. Il pourrait — c'est
certain, ça peut être plus, là — il pourrait y avoir une hausse plus
élevée, mais ce qui est prévu, c'est une
hausse d'environ 10 %, compte
tenu des scénarios dont je vous ai
fait part. Alors, compte tenu de ça, on a évalué... Et, avec les ajouts,
le nombre de juges, avec les projets pilotes de médiation, on croit qu'on sera
en mesure de répondre, idéalement de
réduire, évidemment, les délais dans certains districts, ça, c'est l'objectif,
et de permettre une meilleure fluidité. Alors, c'est ça. Alors, en gros,
là, c'est cette question-là.
C'est parce que
j'ai une réponse pour notre collègue de Lac-Saint-Jean, mais je ne veux pas amputer sur votre
temps. Alors, je reviendrai.
• (16 heures) •
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Donc, je comprends que ça va être par des programmes alternatifs mais qu'on ne dégagera pas nécessairement davantage de ressources judiciaires en termes de nombre de juges.
Ce n'est pas prévu d'en nommer de façon supplémentaire.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre.
Mme Vallée : Compte tenu des informations,
pour le moment il n'y a pas d'augmentation supplémentaire. Il y a quand même
eu une modification, une augmentation importante au nombre de juges à la Cour du Québec, apportée en 2012. Ceci
étant dit, c'est certain que le fait de devancer l'entrée des mesures va nous
permettre aussi de voir l'impact, va nous
permettre aussi de réagir et de répondre adéquatement. Il faut comprendre, là,
on a évalué une hausse des dossiers
environ à 10 %, ce qui, à notre avis, avec les mesures de médiation, avec
les différents projets pilotes dans les palais de justice, nous permet
de dire qu'on va être en mesure de répondre. Avec les ressources qui ont été
augmentées en 2012, on devrait être en mesure de répondre adéquatement.
Maintenant, évidemment, on s'adapte et puis on
pourra voir en temps opportun, là, si la hausse, elle est beaucoup
plus élevée, ou peut-être que la hausse ne sera pas aussi importante non
plus. Il est possible que la hausse
soit en deçà de ce qui a été évalué. Mais, pour le savoir, encore faut-il le
mettre en vigueur. On juge qu'avec les nominations
et puis le fait aussi de cette sensibilité... Parce que ce n'est pas
seulement que le nombre de juges autorisés par la loi, mais c'est aussi d'assurer que les juges autorisés soient effectivement en place, parce qu'on a, à la Cour supérieure, des nombres de juges qui ne
sont pas comblés, malheureusement, mais bon. Ceci étant dit, si nos juges...
Nos juges, en étant là, devraient être en mesure de répondre
adéquatement aux besoins.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. Ça va? Ça va?
Une voix : ...
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Oui. Ah! il faut qu'on... Alors, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : Une porte si
grande ouverte de la part de la ministre de la Justice. Jamais moi-même,
j'aurais osé, mais puisque
la ministre m'y invite. Il y a un problème,
effectivement, de nomination des juges par le fédéral. Il y a eu de nombreuses demandes en ce
sens. Vous pouvez peut-être nous faire un petit état de situation.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre.
Mme Vallée : Ah, là, là! Oui,
bien, en fait, c'est tout à fait opportun. Ça a été repris lors de l'ouverture,
les rentrées des tribunaux, les juges en
chef ont souligné la problématique. Je veux simplement profiter du fait pour rassurer mon collègue de Lac-Saint-Jean. La semaine prochaine se tiendra la rencontre fédérale-provinciale territoriale, puis
c'est un sujet dont j'entends discuter avec
mon collègue, parce qu'il y a, dans certains districts, des problématiques. Et
puis on pourra aller là. On le fait quand même... et ça a été souligné,
c'est un enjeu. Alors, voilà.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre.
Mme Vallée :
Mais je voudrais profiter aussi, bien, je ne veux pas... Je veux profiter...
Mon collègue a soulevé la question de
la médiation. Il y a, dans le code actuel, un article nous permettant de
procéder par règlement. Donc, il pourrait être possible de venir... Puis, encore là, là, je suis très ouverte à
regarder et à évaluer la mesure soulevée
par mon collègue.
On a
privilégié de cibler les contrats de consommation. Donc, on n'a pas étendu une
mesure, là, générale parce qu'on souhaitait privilégier les contrats de
consommation, parce que c'était vraiment là que se situe la plus grande
proportion des... La plus grande proportion des litiges se situe dans les
contrats de consommation, puis il existe un déséquilibre, là, comme je
mentionnais, entre particuliers et compagnies.
Et l'autre question,
on se demandait : Est-ce qu'on doit vraiment obliger les citoyens à se déplacer à deux reprises dans les palais de justice pour les
Petites Créances, c'est-à-dire une fois pour la séance d'information et une fois pour l'audition,
alors que, lors de l'audition, on met à la disponibilité des gens les
médiateurs? Il y a un questionnement, mais je suis disposée à le regarder, échanger avec mon collègue et voir
si c'est possible d'utiliser la voie
du règlement. Si on considère, après étude, que c'est une mesure qui
pourrait porter fruit, bien, on le regardera.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Monsieur... Oh! M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : Non, simplement
rappeler que, les contrats de consommation dont vous parlez, vous faisiez
référence, j'imagine, aux projets pilotes de médiation pour ce type de contrats
là?
Mme Vallée : C'est ça, c'est
ça.
M. Cloutier : Mais la
proposition du Barreau, elle englobait...
Mme Vallée : Oui, exactement.
M. Cloutier : ...pour la
préséance, l'ensemble des... Bien, en tout cas, moi, je vous invite à la
réflexion. Je comprends que l'objet du projet de loi est plutôt de devancer,
mais inévitablement, puisque vous avez parlé d'un «work in progress», mais
j'arrive... je cherche l'expression française, «un travail continu...»
Une voix : Mise en oeuvre.
M. Cloutier : Mise en oeuvre,
non. La mise en oeuvre permanente, tiens, du renouvellement.
Des voix : ...
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
S'il vous plaît!
M.
Cloutier : Je pense qu'on se comprend tous. Je pense que je le
soumets à la réflexion de la ministre, puis tant mieux si on peut
procéder par règlement.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Je vous remercie. M. le député de Sainte-Rose souhaite la parole.
M.
Habel : Mais oui. Écoutez, on va apporter un point de vue arithmétique
au point de vue législatif pour rassurer peut-être le député de Borduas.
Étant donné les chiffres que vous avez donnés pour l'augmentation, de seulement
10 % du nombre de cas judiciaires...
Parce qu'actuellement, avec le nombre de 15 000 $ que prévoit
l'ajustement du texte... Moi, je crois que c'était dans une perspective
où les gens qui avaient un litige d'autour de 10 000 $ allaient
peut-être prendre la décision d'aller vers
les Petites Créances pour 7 000 $. Donc, il manquait cette portion-là
de 3 000 $ pour aller vers
la voie des Petites Créances. Donc, avec le texte, parce qu'on est sur le point
2 du texte du projet, je pense que ça vient donner la latitude aux gens
pour aller vers un 15 000 $, pour régler les cas actuels. Donc, je
voulais juste apporter mon point de vue arithmétique à...
Une voix : De comptable?
M. Habel : Exactement.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, monsieur...
M. Habel : Comme quoi les
législateurs et les comptables s'entendent souvent bien.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Je vous remercie pour cet éclairage, M. le député de Sainte-Rose.
Je vais donc
procéder, s'il n'y a pas d'autres interventions, sur l'article 2,
soumettre l'article 2 au vote. Est-ce que l'article 2 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci. Nous allons passer à l'article 3. Mme la ministre.
Mme Vallée :
Alors, concordance : L'article 955 de ce code est modifié par le
remplacement de «7 000 $» par «15 000 $ », partout
où cela se trouve.
Et, pour devancer mon collègue de Chomedey, je
vais lire le texte actuel de l'article 955...
Une voix : ...
Mme Vallée : Évidemment!
M.
Ouellette :
Concordance devient dispense aussi.
Mme Vallée : Mais simplement pour le bénéfice
des gens qui nous écoutent et pour rendre l'exercice plus agréable :
«Une personne, une société ou une association ne
peut, en vue de se prévaloir du présent livre, diviser, même indirectement, une
créance excédant 7 000 $ en autant de créances n'excédant pas ce
montant, sous peine de rejet de la demande.
«Toutefois, le présent article n'a pas pour
effet d'empêcher la réclamation d'une créance :
«a)qui a [volontairement été] réduite
par le demandeur à un montant n'excédant pas 7 000 $;
«b)résultant d'un contrat de crédit dont
le paiement s'effectue par versements périodiques;
«c)résultant
d'un contrat dont l'exécution des obligations est successive tels un bail, un
contrat de travail, un contrat d'assurance-invalidité ou un autre
contrat semblable.» Alors, voilà.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. Est-ce
qu'il y a des questions, des interventions?
Je soumets donc l'article 3 au vote. Est-ce
que l'article 3 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci. Nous procédons à l'article 4. Mme la ministre.
• (16 h 10) •
Mme Vallée :
Alors donc, un autre article
de concordance. L'article 4 se lit comme suit :
L'article 994 de ce code est modifié par le remplacement, au
deuxième alinéa, de «7 000 $» par «15 000 $».
Et donc il s'agit aussi d'une modification de
concordance, l'article 994 se lisant ainsi :
«Les demandes
incidentes relatives à l'exécution du jugement sont décidées suivant le présent
livre. Elles sont présentées sur simple avis écrit au greffier. Le
greffier en avise les parties et l'huissier sans délai. Il convoque les parties
à la date fixée pour qu'il soit procédé à une audition.
«Toutefois, lorsque la valeur du bien faisant
l'objet d'une procédure d'exécution est supérieure à 7 000 $, le tribunal peut ordonner que le dossier soit
transféré pour que la procédure soit continuée suivant les autres livres du
code.»
Alors, on modifie le «7 000 $» par
«15 000 $».
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. Y a-t-il des questions, des interventions?
Je soumets l'article 4 au vote. Donc,
l'article 4 est-il adopté?
Des
voix : Adopté.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci. Adopté.
Nous passons à
l'article 5. Mme la ministre.
Mme Vallée :
Un autre article de concordance, cette fois à la Loi sur les cours municipales.
Donc : L'article 80
de la Loi sur les cours municipales (chapitre C-72.01) est modifié par le
remplacement de «7 000 $» par «15 000 $», partout où cela
se trouve.
Et le texte actuel de
l'article 80 de la Loi sur les cours municipales :
«Dans
tout recours où l'objet en litige est une taxe, une licence, un tarif, une taxe
d'eau, un droit, une compensation [...] un permis excédant la somme de 7 000 $,
ou dans lequel il s'agit de l'interprétation d'un contrat auquel la
municipalité est partie et représentant une valeur excédant la somme de
7 000 $, il y a appel de la décision finale du juge à la Cour
d'appel.»
Alors, on modifie le
«7 000 $» se trouvant à l'article 80 par «15 000 $».
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. Est-ce
qu'il y a des questions, des interventions?
Est-ce que
l'article 5 du projet de loi est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci. Nous passons à l'article 6. Mme la
ministre.
Mme
Vallée : Alors, article 6 : L'article 822 de la Loi instituant le nouveau
Code de procédure civile est abrogé.
Alors, l'article 822
du nouveau Code de procédure civile mentionne : L'article 80
de la Loi sur les cours municipales est
modifié par le remplacement, partout où il se trouve, de «7 000 $» par «15 000 $». Donc,
en le faisant tout de suite, on n'aura pas besoin de le faire plus tard.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci. Alors...
Une voix :
Adopté.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Il n'y a pas de commentaires? Excellent.
L'article 6 du
projet de loi est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci. On passe à l'article 7. Mme la
ministre.
Mme
Vallée : Alors, l'article 7 touche, maintenant, le Tarif
des frais judiciaires applicables au recouvrement des petites créances.
Donc,
article 7 : Article 2 du Tarif des frais judiciaires applicables
au recouvrement des petites créances (chapitre C-25, r. 16) est
modifié:
1° par le
remplacement, dans la dernière ligne du tableau, de «7 000 $» par
«6 999,99 $»;
2° par l'ajout, après
la dernière ligne du tableau et respectivement sous inscriptions «Frais pour la
procédure introductive», «Personne physique»
et «Personne morale», de : «7 000 $ à 15 000 $», et
les tarifs étant de «200 $» pour personne physique et «250 $»
pour personne Montréal... morale, pardon.
Alors,
c'est une modification au tarif, et le tarif actuel... Là, c'est un petit
peu... C'est vraiment visuel, c'est difficile de le transposer, mais le tarif actuel est divisé selon des catégories
de valeur d'introduction d'action, et donc, pour les frais pour les Petites Créances, ils étaient... les
frais variaient entre un litige de... se chiffrant entre 0,01 $ et
999 $ — alors, le
tarif était prévu — entre
1 000 $ et 2 999,99 $, entre 3 000 $ et
4 999,99 $ et entre 5 000 $ à 7 000 $, et on
ajoute une catégorie additionnelle, soit les litiges entre
7 000 $ et 15 000 $.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. Est-ce
qu'il y a des questions, des interventions? Puisqu'il n'y en a... M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
M. le Président, c'est davantage de l'ordre d'une réflexion plus générale, mais
il y a un communiqué qui m'avait marqué au printemps dernier, du Barreau du
Québec, au moment où on faisait nos études de
crédits, il y a un petit paragraphe, même pas un paragraphe, il y avait une
ligne, en fait, sur une proposition du Barreau à l'effet qu'on pourrait revoir la tarification judiciaire en fonction des
entreprises par rapport aux individus, et j'y voyais là... En fait, il y avait quand même... en fait, c'était
probablement plus qu'un paragraphe. Parce qu'il me semble qu'on faisait référence aussi à un aspect d'équité, parce que
plusieurs compagnies, en fait, accaparent une partie importante des
cours supérieures, essentiellement, on suggérait une tarification différente
pour une personne physique par rapport à une personne morale.
Là où j'en viens...
évidemment, on est dans un contexte de Petites Créances, peut-être que c'est un
peu différent, mais j'en profite quand même
pour soumettre à la réflexion de la ministre, j'y avais vu, à l'époque, une
mesure porteuse. Je ne sais pas si vous y avez réfléchi,
si vous comptez y donner suite. Mais évidemment je comprends que je déborde un
peu du projet de loi actuel.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Mme la ministre.
Mme
Vallée : Mais, en fait, c'est une intervention... oui, on
déborde un petit peu, mais, encore là, je pense que c'est une réflexion qui mérite d'être faite, la
révision des tarifs en fonction de la capacité de payer. Et on comprend
que, pour une personne physique... Bon, dans le cas des Petites Créances, il
n'y a pas une grosse différence au niveau
des tarifs. C'est une réflexion qui mérite d'être faite. On a quand même
beaucoup de chantiers en cours, mais ça fait quand même partie des
préoccupations.
Parce
qu'aussi, dans certains litiges... Il ne faut pas oublier que, les litiges de
certaines grandes corporations, non seulement
les corporations ont des capacités que la personne physique n'a pas de payer,
mais il y a aussi... bien souvent, ce sont
des litiges qui requièrent beaucoup de temps, beaucoup de temps de cour,
beaucoup de temps de salle, beaucoup de temps de ressources humaines, et
ça mérite une certaine réflexion.
Mais je ne peux pas
dire que ma... Je n'ai pas complètement arrêté ma réflexion, mais, oui, j'ai lu
le même communiqué que vous. C'est une question aussi à laquelle je
m'intéressais depuis quelques années, pour avoir eu l'opportunité et le plaisir
de pratiquer.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
J'ai envie de poursuivre là-dessus parce que moi personnellement, Mme la
ministre, j'y vois une avenue intéressante,
d'un point de vue du citoyen, sur le principe de l'équité, l'équité en
fonction, comme vous l'avez dit, des
cours de justice, mais aussi en fonction de la capacité de payer. Je ne sais
pas, honnêtement, même, si la réflexion du Barreau, elle est si approfondie, parce qu'ils ont utilisé la forme
interrogative dans le communiqué qu'ils ont émis, et, à ma connaissance,
depuis, je ne pense pas, je ne crois pas qu'ils ont nécessairement approfondi.
Par contre, poser la
question de façon plus générale, d'un point de vue de l'équité, je pense que ça
mérite une attention vraiment particulière,
et peut-être que c'est une avenue, à nouveau, pour donner davantage confiance
aux citoyens. Et, pour être un avocat de ce qu'on appelle les grands
cabinets d'avocats, j'ai vu et je me souviens d'avoir participé à des causes
qui s'échelonnaient sur de nombreuses années et qui nécessitaient effectivement
beaucoup de ressources des tribunaux.
Enfin,
peut-être que nous aurons cette discussion-là ultérieurement, mais, puisque
nous avons quelques années devant nous, je vous invite à la réflexion.
Merci.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, M. le député de Lac-Saint-Jean. Tout
simplement, je ne peux pas m'empêcher de profiter de l'occasion, puisqu'on
parle de tarifs, je lisais, tout à fait par hasard, je pense que c'est hier ou avant-hier, une décision de la Cour suprême qui
portait sur, en fait, les limites constitutionnelles du pouvoir des
provinces d'imposer des tarifs et est-ce que
cette limite-là était constitutionnelle, dans la mesure où elle limitait
l'accès aux cours supérieures. Et je
sais qu'entre constitutionnalistes... Mais non, c'est de la semaine dernière,
alors... Mais vous pourrez... C'est
très intéressant. Alors, c'est une question évidemment que la ministre pourra
mettre dans sa machine à réflexion.
• (16 h 20) •
Mme
Vallée : Mais, M. le Président, je tiens seulement à souligner
à mon collègue que, chaque fois qu'il aura des idées ou qu'il souhaitera échanger sur des mesures permettant une
meilleure accessibilité à la justice puis une meilleure acceptabilité
générale du système judiciaire, il trouvera en moi une alliée.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Le message est lancé.
M.
Cloutier : Vous
pouvez compter sur moi, M. le
Président, pour faire quelques
suggestions. J'y compte bien.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Alors, la Commission des
institutions est réputée pour
l'harmonie qui y règne en permanence. Merci.
Est-ce qu'il y a
d'autres interventions pertinentes?
Sur ce, je vais
mettre l'article 7 aux voix. Est-ce que l'article 7 du projet de loi
est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Adopté.
Nous passons à
l'article 8. Mme la ministre.
Mme Vallée :
Oui. Alors, un autre article de concordance. Donc : L'article 3 de ce
tarif — on
est toujours dans le tarif des frais
judiciaires — est
modifié par le remplacement, dans la dernière ligne du tableau, de
«7 000 $» par «6 999 $» et par l'ajout, après la
dernière ligne du tableau et respectivement sous les inscriptions «Frais pour
la contestation», «Personne physique» et «Personne morale», de
«7 000 $ à 15 000 $, 190 $ — pour
une personne physique — [et]
240 $», pour une personne morale.
Donc, on comprend
que, tout à l'heure, on a fait le tarif pour les demandes introductives
d'instance, et il s'agit ici du tarif pour la contestation.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. Y a-t-il des
questions, des interventions?
Je mets donc l'article 8 aux voix. Est-ce
que l'article 8 du projet de loi est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Adopté.
Nous passons à l'article 9. Mme la
ministre.
Mme Vallée : Alors,
l'article 4 de ce tarif — parce que nous sommes toujours dans le
tarif — est
modifié :
1° par le remplacement, dans la dernière ligne
du tableau, de «7 000 $» par «6 999 $»;
2° par
l'ajout, après la dernière ligne du tableau et respectivement sous les
inscriptions «Demande reconventionnelle», «Personne physique» et «Personne morale», de : «7 000 $ à
15 000 $, 90 $ — pour une personne physique — [et] 110 $», pour une personne
morale.
Donc, après avoir fait les demandes
introductives d'instance, les contestations, nous voici maintenant aux demandes
reconventionnelles.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. Y a-t-il des questions ou des interventions?
Je mets donc l'article 9 aux voix. Est-ce
que l'article 9 du projet de loi est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Adopté. Nous passons à l'article 10. Mme la ministre.
Mme Vallée : Donc,
l'article 5 de ce tarif est modifié :
1° par le remplacement, dans la dernière ligne
du tableau, de «7 000 $» par «6 999 $»;
2° par
l'ajout, après la dernière ligne du tableau et respectivement sous les
inscriptions «Rétractation de jugement», «Personne physique» et
«Personne morale», de : «7 000 $ à 15 000 $», soit
«90 $» pour une personne physique et «110 $» pour personne
Montréal... morale. Décidément aujourd'hui! Alors, la personne morale.
Donc, après les demandes reconventionnelles
arrivent les rétractations de jugement.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. Y a-t-il des questions, des interventions?
Je mets donc l'article 10 aux voix. Est-ce
que l'article 10 du projet de loi est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Adopté. Nous passons à l'article 11. Mme la ministre.
Mme Vallée :
L'article 11 : L'article 6 de ce tarif est modifié :
1° par le remplacement, dans la dernière ligne
du tableau, de «7 000 $» par «6 999 $»;
2° par
l'ajout, après la dernière ligne du tableau et respectivement sous les
inscriptions «Délivrance du premier bref d'exécution par le greffier», «Personne physique» et «Personne morale«,
de : «7 000 $ à 15 000 $», soit «160 $»
pour la personne physique, «180 $» pour la personne morale.
Alors, on est rendu à l'exécution du jugement,
et il s'agit du premier bref.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. Y a-t-il des questions, des interventions?
Je mets l'article 11 aux voix. L'article 11
du projet de loi est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Adopté. Nous passons à l'article 12. Mme la ministre.
Mme Vallée : Donc,
l'article 7 de ce tarif est modifié :
1° par le remplacement, dans la dernière ligne
du tableau, de «7 000 $» par «6 999 $»;
2° par
l'ajout, après la dernière ligne du
tableau et respectivement sous les inscriptions «Opposition», «Personne
physique» et «Personne morale», de : «7 000 $ et plus, 110 $ — pour
la personne physique — [et]
110 $», pour la personne Montréal... Bon, morale. Pardon.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Décidément.
Mme Vallée : Décidément.
Donc, après les brefs, après les brefs d'exécution surviennent les oppositions.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. Alors, il est entendu que, pour l'étude du projet de loi, partout où on voit «Montréal»,
c'est «morale».
M. le député de Chomedey.
M.
Ouellette : J'ai
besoin de clarifications. Dans tous les autres tarifs qu'on vient d'étudier,
c'est différent de la personne
physique à personne morale, sauf dans celui-là. Et, en profane que je suis de
toutes les questions d'avocasserie, est-ce qu'il y aurait une raison
particulière que les tarifs sont similaires pour cet article-là?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre.
Mme Vallée : En fait, le tarif actuel pour l'opposition d'une personne physique et d'une personne morale... sont les
mêmes en ce moment, c'est-à-dire que, pour les litiges entre 5 000 $
et 7 000 $, le montant est de 94,50 $. Vous me posez une colle,
et je vais devoir me tourner vers ma légiste.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Alors, simplement pour les fins de...
Mme Brière (Pascale) : Pascale
Brière, ministère de la Justice.
Je vais devoir me tourner vers les gens du
ministère...
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
C'est un appel à tous.
Mme Brière
(Pascale) : ...parce que ce
sont effectivement des montants qui nous ont été donnés tels que
calculés, alors, si vous me permettez, on va vérifier.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : On peut faire la vérification.
En attendant, la députée de Pointe-aux-Trembles qui souhaite la parole?
Mme Léger : Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la députée.
Mme Léger : Juste savoir
aussi, bien, c'est peut-être une suite : «De 7 000 $ et plus»,
«plus» va jusqu'à où? Et quel est le
pourcentage? Lorsqu'on voit, depuis tout à l'heure, tous les articles un après
l'autre, de physique ou morale, 68,
74,25, 81. Il y a une logique, sûrement, d'un pourcentage, là, qui fait qu'on
arrive ou... J'aimerais avoir l'explication.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
C'est une... Alors, Mme la ministre.
Mme Vallée :
Pour la première question, comme nous sommes en matière de petites créances,
c'est de 7 000 $ à 15 000 $.
Parce que, dans ce dossier-là, nous sommes en matière de tarifs de petites
créances, et, comme la limite sera portée à 15 000 $, bien,
c'est pour... c'est jusqu'à 15 000 $.
Maintenant,
pour le pourcentage, je vais également me tourner vers l'équipe du ministère,
qui saura expliquer la hausse... le pourcentage et le pourquoi.
Mme Léger : M. le Président,
pourquoi il n'est pas écrit... Toutes les autres fois, on met «de
7 000 $ à 15 000 $»,
puis c'est ça, dans le fond, tout le projet de loi, là. Pourquoi, cette
fois-ci, il est écrit «plus», puis la ministre nous dit : «C'est
jusqu'à 15 000 $.» Il me semble que... je ne sais pas. Pourquoi il
n'est pas écrit «15 000 $» comme...
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Je pense que c'est une bonne question, et on va...
Mme Vallée : Me Brière peut
répondre...
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Ah! voilà.
Mme Vallée : Et c'est... elle
en sait...
Mme Brière
(Pascale) : Pour ça, on a
une réponse. En fait, c'est que la version, telle qu'elle avait été
adoptée, du règlement, là, elle prévoyait,
pour la dernière tranche, 5 000 $ et plus. Puis la logique, c'est que
c'est la valeur du bien pour lequel
on s'oppose. Alors, si on a saisi notre maison, on a saisi notre voiture, c'est
évident qu'on ne met pas de limite au montant du bien qui a été saisi.
Par contre,
il y avait une erreur dans la version officielle, parce qu'à chaque année ces
montants-là sont indexés, et une erreur s'était glissée, et de sorte
que, dans la version officielle, on voyait «5 000 $ à
7 000 $», mais la version qui a été adoptée, c'était vraiment
«5 000 $ et plus». Donc, on corrige cette erreur-là, par le fait même.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Alors, voilà pour une première
partie d'explication. Il restait la question des...
M.
Ouellette : Frais.
Mme Léger : Pourcentage.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : ...du pourcentage d'un tarif à l'autre...
Mme Brière (Pascale) : On attend nos
réponses.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Ah! ça va attendre?
Mme Vallée : Oui.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Alors, voulez-vous suspendre l'article?
Mme Vallée : On peut
peut-être suspendre l'article.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Et on passe à... Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix : Oui, consentement.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Consentement. Alors, nous allons
passer à l'étude de l'article 13. Mme la ministre.
Mme Vallée : Parfait. Donc,
article 13, dans la catégorie des dispositions transitoires et
finales :
Les affaires
qui, à la date de l'entrée en vigueur de la présente loi, deviennent de la
compétence de la division des petites
créances de la Cour du Québec se poursuivent devant la chambre civile de la
Cour du Québec qui en est déjà saisie.
Donc, en
fait, cet article-là maintient la compétence de la chambre civile, la Cour du
Québec, pour les dossiers qui sont actuellement en cours. Alors, on ne
modifie pas, on ne va pas les transférer vers la division des Petites Créances.
Donc, ils sont administrés suivant les règles de la Cour du Québec.
• (16 h 30) •
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. Est-ce
qu'il y a des questions, des interventions sur cet article?
Je mets donc l'article 13 aux voix. Est-ce
que l'article 13 du projet de loi est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Adopté.
Nous passons à l'article 14. Mme la
ministre.
Mme Vallée :
Donc, article 14 : La modification apportée par l'article 4 de
la présente loi n'a pas d'effet à l'égard de l'exécution déjà entreprise
d'un jugement rendu en matière de petites créances.
Alors, c'est, dans le fond...
Une voix : ...
Mme Vallée : C'est ça, il n'y
a pas d'effet rétroactif, là, de la loi, tout simplement.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Léger :
Je m'excuse, dans le fond, ça a été adopté avant, mais je veux quand même avoir
cette question-là : Combien il y
en a, de dossiers, qui sont... Parce que, là, c'est les affaires qui sont en
date de l'entrée en vigueur jusqu'à la présente
loi qui seront maintenues jusqu'à la présente loi. Est-ce qu'il y en a
beaucoup, de dossiers comme ça? Est-ce qu'il y a un nombre, à peu près,
qu'on est capables de dire qui seront en transition, je dirais, là?
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Mme la ministre.
Mme Vallée :
On m'informe, là, que c'est entre 2 000 et 4 000 dossiers, là.
Il y a... Attendez. Oui, c'est ça. Ça va toucher entre 2 000 et 4 000 dossiers, là, selon... Mais
là, vous dire exactement, aujourd'hui, le nombre de dossiers qui sont actifs à la Cour du Québec de compétence, je n'ai
pas le chiffre précis, mais ça touche à peu près ce nombre de dossiers
là.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Ça va, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles?
Mme Léger : Oui, oui.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Est-ce qu'il y a d'autres
questions ou interventions sur l'article 14, que je mets aux voix?
Est-ce que l'article 14 du projet de loi est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Adopté. On va donc...
Mme
Vallée : On va donc suspendre, je vous suggérerais, parce que,
là, c'est difficile... Bien, à moins... On peut faire 15 puis on peut
faire la discussion le temps que nos équipes reviennent avec la réponse aux
questions.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : On va faire l'article 15.
Mme Vallée :
Parfait.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Mme la ministre, l'article 15.
Mme Vallée :
Alors : La présente loi entrera en vigueur à la date déterminée par le
gouvernement.
Une voix :
...
Mme Vallée :
Par décret. Mais notre objectif — je vois la main levée — notre
objectif était... Idéalement, on pense être
en mesure de pouvoir assurer l'entrée en vigueur pour le
1er janvier 2015. C'est ce qui est ciblé. Si on arrive à être prêts avant, bien, tant mieux! Parce qu'il
y a quand même... Il y a un travail de préparation qui se fait, et c'est
ce que nous avions identifié, soit le 1er janvier. Mais possiblement que
ce sera... On ne voulait pas prévoir au projet de loi le 1er janvier si nous étions prêts avant le
1er janvier. Alors, c'est pour ça... En fait, c'est pour ça qu'on l'a
libellé de cette façon-là, parce que,
si on arrive à... Si tout est prêt pour l'entrée en vigueur au mois de
décembre, bien, parfait, il entrera en vigueur au mois de décembre.
C'est l'objectif.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : Je me demandais, M. le Président — là, je fais appel à votre expérience de
législateur, là — s'il y a d'autres... s'il y avait un autre libellé
qui aurait été possible, qui aurait permis à la ministre d'avoir toute la
latitude nécessaire d'adopter le projet de
loi avant, tout en ayant une date limite fixée début janvier, par exemple,
2015? Ce qui aurait permis, à la
fois, à la ministre peut-être de pouvoir procéder plus rapidement et, du même
souffle, assurer qu'on ne dépasserait pas un délai indu. Je fais appel à
mes collègues.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Alors, on a une question.
M.
Cloutier : Parce qu'il faut comprendre, M. le Président, que
nous sommes réunis en commission parlementaire, et, l'objet de la loi,
c'est de devancer les mesures.
Mme Vallée :
Tout à fait.
M.
Cloutier : Alors, nous sommes tous d'accord. Maintenant,
l'objectif, ce n'est évidemment pas de se retrouver dans un scénario où, malgré l'étude que nous
faisons ensemble, finalement, le projet de loi devienne... mis en oeuvre en
2016.
Une voix :
On est d'accord.
M. Cloutier :
On est d'accord.
Mme Vallée :
Écoutez, on aurait le libellé suivant, je ne sais pas si ça conviendrait
davantage : La présente... — je déparle aujourd'hui, je suis
désolée : «La présente loi entrera en vigueur le 1er janvier 2015
ou à une date antérieure fixée par le gouvernement.»
M. Cloutier :
Ça m'apparaît plus conforme.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Alors, nous aurions une proposition d'amendement
qui... Alors, est-ce que nous avons des copies que nous pourrions
distribuer aux membres? En fait, je vais proposer peut-être
qu'on suspende quelques instants pour permettre la préparation des
documents nécessaires.
(Suspension de la séance à 16
h 35)
(Reprise à 16 h 39)
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Alors, nous reprenons nos travaux où nous
étions. Nous avions suspendu à l'étape... On
était à l'étude de l'article 15. Nous nous apprêtions à discuter d'un
amendement que nous avons distribué aux membres pendant la pause, et le
député de Lac-Saint-Jean me demande la parole.
M.
Cloutier : Bien oui, absolument, M. le Président. En fait, dans
le même ordre d'esprit, le gouvernement a pris la décision de devancer
certaines dispositions du Code de procédure civile. Il y a un choix qui a été
fait dans les dispositions choisies, justement.
Est-ce qu'il y a d'autres dispositions qui auraient aussi pu
faire l'objet d'être devancées dans la mise en oeuvre et qui, pour
toutes sortes de raisons, ont été écartées? C'est la question que je pose.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Je comprends qu'on n'est plus vraiment... On est un peu
partout sans être à l'article 15, mais c'est une question
pertinente.
• (16 h 40) •
Mme Vallée : Oui. Bien, en
fait, c'est certain qu'il y a bon nombre de dispositions qui auraient pu faire
l'objet d'être devancées. On a fait
le choix des Petites Créances parce
que c'est ce qui est majoritairement
demandé par les consommateurs, par les citoyens et parce que ça va
permettre aussi, en le devançant d'une année, de voir un petit peu la hausse et
de permettre aussi de s'adapter à ce changement-là. Donc, c'est un choix qui a
été fait dans cette volonté d'améliorer.
Mais je dois vous
dire que je pense qu'il y a énormément de... Le nouveau Code de procédure
civile comporte bon nombre de mesures fort intéressantes. Et puis ce n'est pas très long, hein? Il nous reste moins de
15 mois avant son entrée en vigueur. Et ça, ça va permettre de préparer un
petit peu le terrain, je vous dirais.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci, Mme la ministre. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : Oui. Ça me
convient, M. le Président, mais on a quand même fait le choix, pour
le premier article qu'on a adopté,
de donner le pouvoir au juge en chef, pour l'ensemble des procédures, de
changer de district. Ça m'apparaît... je veux dire, c'est un bon choix,
mais je suis persuadé qu'il y avait plein d'autres mesures de ce type qu'on
aurait pu aussi inclure dans le projet de loi. Est-ce que je me trompe?
Mme
Vallée : En
effet, comme je vous mentionnais, le code, il y a quand même
bon nombre de mesures. Le choix au
niveau du changement de district,
moi, honnêtement, je l'ai vu comme une façon peut-être
de donner un peu d'oxygène à certains
districts judiciaires. Parce que, depuis mon entrée en fonction, on me l'a dit, on
me l'a redit, et je me suis dit : Bien, si on est capables, dans la
prochaine année, de mettre en oeuvre, mettre en vigueur, de permettre l'entrée
en vigueur de cette disposition-là... Je l'ai vu... Parce qu'il y a certains districts, M. le Président, qui connaissent une
situation problématique similaire à celle-là. Je sais que notamment le
palais de justice de Laval vit un certain
engorgement dans certains dossiers, Montréal en est un, il y a d'autres palais
de justice, parce qu'on retrouve des
dossiers qui pourraient être introduits et qui devraient en principe être
introduits ailleurs. Alors, c'est un choix
qui a été fait pour essayer d'améliorer les choses. Puis, les Petites Créances,
bien, honnêtement, ça va nous permettre de tester la température de
l'eau, plutôt que d'avoir nos mesures qui arrivent toutes d'un coup, en même
temps.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : M. le député de Lac-Saint-Jean.
M.
Cloutier : Je ne veux pas entamer une longue conversation
là-dessus, mais il y a d'autres mesures sur les petites créances qui, elles, viendront en vigueur
ultérieurement. Alors là, il y a un autre choix qui a été fait. J'arrête la
parenthèse.
Ceci
dit, je salue quand même la volonté de devancer, mais je constate qu'un choix a
été fait de certaines mesures par rapport à d'autres, puis, par
définition, bien, on pourrait avoir une conversation là-dessus, mais je vais
arrêter là.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Merci, M. le député de
Lac-Saint-Jean. Nous revenons donc à la proposition d'amendement qui
avait été évoquée. Mme la ministre, est-ce que vous pouvez nous présenter
l'amendement?
Mme
Vallée : Oui. Alors, officiellement, l'amendement se lit comme
suit : Remplacer l'article 15 du projet de loi par le
suivant :
«La présente loi
entrera en vigueur le 1er janvier 2015 ou à une date antérieure fixée
par le gouvernement.»
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Voilà l'amendement. Est-ce qu'il
y a des interventions, des commentaires? Ça semble convenir à tout le
monde.
Je mets donc
l'amendement aux voix. Est-ce que l'amendement proposé est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) : Est-ce que l'article 15, tel
qu'amendé... ou est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article 15
tel qu'amendé? Non. Je le mets aux voix. Est-ce que l'article 15, tel
qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Ouimet, Fabre) : Merci. Nous revenons à l'article 12, qui
avait été suspendu, et je vois la députée de Pointe-aux-Trembles qui demande la
parole.
Mme
Léger : Oui, M. le Président. Je ne voudrais pas retarder la
fin de cet exercice. Alors, moi, je vous proposerais, si c'est possible
puis si les gens sont... les collègues sont d'accord, à ce que la ministre
puisse, dans le fond, transmettre cette
réponse-là à la commission même, sans nécessairement attendre aujourd'hui pour
cette réponse.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Ça me semble une excellente
suggestion. Et je vois la ministre qui semble...
Mme Vallée : Bien, en fait,
on m'explique qu'il n'y avait pas d'explication, il n'y avait pas de réponse,
on n'avait toujours pas de réponse
clairement à savoir pourquoi il n'y a pas de distinction entre personne morale,
personne physique. Et, au niveau du
pourcentage, là, on nous revient. Mais je vais vous revenir, oui. Et je
reconnais... Je vois le député de Lac-Saint-Jean qui justement se
dit : Bien, ça revient à l'intervention qui a été faite précédemment.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Alors, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : Oui et non, M.
le Président. Si vous me permettez, considérant les montants en cause, qui sont
vraiment minimes, c'est fort probablement
pour ça que... les écarts n'étaient tellement pas importants que finalement
ils ont juste décidé d'équivaloir,
considérant que les sommes sont relativement peu importantes. Mais, si on
reportait la même logique pour la
Cour supérieure ou la Cour d'appel, où, là, les sommes en jeu sont nettement
plus importantes, là il y aurait davantage
de problèmes, à mon point de vue. Puis là ça revient à la conversation qu'on a
eue antérieurement, effectivement, sur
les tarifs applicables pour les compagnies qui, en bout de course, accaparent
une partie importante et ont beaucoup plus de moyens qu'une personne individuelle. À mon avis... en tout cas
j'avance une réflexion, mais ça devait être probablement fondé, ça doit
ressembler à ça.
Mme Vallée :
Oui, puis je vous réitère que la réflexion, elle est présente et elle est tout
à fait à propos. Parce que, lorsqu'on
regarde, on parle d'accès à la justice, on parle de délais, on parle
d'accaparement, les salles qui sont accaparées, il faut considérer le temps de cours utilisé, puis en
même temps tout en respectant les enseignements de la Cour supérieure.
M. Cloutier :
Puis j'ai envie d'ajouter, M. le Président : Une source de revenus
supplémentaire pour le gouvernement du Québec, si la tarification devait
être plus exigeante pour les entreprises.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Sur ces belles paroles...
Mme Vallée : ...de la volonté
de hausser les tarifs de notre collègue.
Le Président
(M. Ouimet, Fabre) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'article 12 du projet de loi, que je mets aux voix? Est-ce que
l'article 12 du projet de loi est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Ouimet, Fabre) : Adopté. Je pense, Mme la
secrétaire, que nous avons complété l'étude de tous les articles. Il
nous reste l'adoption du titre du projet de loi.
Est-ce que le titre du projet de loi, présumant
qu'il vous convienne, est-ce qu'il est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Adopté.
On me demande
de proposer une motion d'ajustement des références. Est-ce qu'elle est adoptée,
cette motion d'ajustement des références?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Adoptée.
Remarques finales
Nous en sommes aux remarques finales. Je cède
maintenant la parole au député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Oui, merci, M. le Président. En fait, je tiens à
remercier l'ensemble des collègues présents dans cette commission pour
avoir fait un travail efficace. Et je tiens à remercier la ministre de la
Justice, également, d'accélérer le processus pour la mise en place de
l'accessibilité à la justice, pour augmenter les seuils à 15 000 $ pour les Petites Créances. Je pense que l'ensemble
des Québécois vont en bénéficier, surtout que parfois certains
justiciables renonçaient à porter leurs causes... ou plutôt n'obtenaient pas le
juste montant, n'avaient pas accès à ce à quoi il leur était dû dans le cadre
d'un litige. Donc, je trouve ça pertinent qu'on devance la mise en vigueur de
ce projet de loi là au 1er janvier ou antérieurement. Donc, nous
souhaitons que ça s'applique le plus rapidement possible.
Je vous
rappellerais quand même que, suite à vos explications, vous avez
mentionné : On a nommé davantage de juges au cours des dernières
années, avec la réforme de la Loi sur la justice administrative, je crois que
vous avez mentionnée. La Loi sur les tribunaux judiciaires, pardon,
excusez-moi. Donc, en ce sens, ce que je vous ai mentionné tout à l'heure, c'est que les délais sont quand
même là dans certains districts judiciaires. Donc, c'est vraiment
important, et je le répète encore une fois, que les justiciables puissent avoir
accès rapidement à leur système de justice.
Et, oui, ça
s'inscrit dans le cadre des petites créances, mais ça s'inscrit également dans
un cadre plus large aussi, l'accessibilité
à la justice lorsque les montants sont plus élevés. Et puis on pourrait étendre
cette position-là aux litiges en matière pénale et poursuites pénales où
est-ce que, les gens, lorsqu'ils vont contester leurs constats d'infraction,
dans certains districts judiciaires, le délai est assez long.
Donc, c'est
important aussi, à la cour, que les dossiers ne soient pas reportés à
répétition. Parce que, souvent, aussi, c'est
une réalité que les gens vivent souvent lorsqu'ils sont représentés par
procureurs également. Il y a de multiples reprises... de multiples remises, et ça ne favorise pas l'accessibilité
et aussi la compréhension du système de justice, et les gens ont l'impression souvent de perdre leur temps
à la cour, des journées entières pour se faire dire : Bien, on n'a
pas de temps pour vous entendre. Donc, c'est important qu'au niveau de
l'administration de la justice il y ait des efforts qui soient faits, bien que les juges soient souverains dans leur champ de
compétence, avec les juges coordonnateurs, cependant le ministère se
doit de débloquer des ressources supplémentaires.
Donc, je vous
remercie de la bonne collaboration, du bon ton qu'il y a eu et je vous souhaite
une bonne soirée.
• (16 h 50) •
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, M. le député de Borduas. C'est la marque de commerce de cette
commission, le bon ton.
D'autres
députés de l'opposition? Je me tourne maintenant vers le porte-parole de
l'opposition officielle en matière de justice pour les remarques
finales.
M. Alexandre Cloutier
M. Cloutier : M. le
Président, je vous remercie. Je pense que beaucoup de choses ont été dites
jusqu'à maintenant, mais peut-être en
profiter pour remercier notre ancien collègue Bertrand St-Arnaud, qui, je me
souviens, m'avait demandé, en étude des crédits, de poser la question à
la ministre sur la mise en oeuvre de cette nouvelle tarification pour les Petites Créances. Alors, je suis persuadé qu'il sera très heureux de voir
que le gouvernement donne suite à cette intention rapidement.
Et sinon, M. le Président, je vais m'arrêter là à ce stade-ci. Merci beaucoup.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Je vous remercie. Y a-t-il des députés ministériels qui souhaiteraient des
remarques finales? Non? Mme la ministre, pour vos remarques de clôture.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée : Bien, je tiens à vous remercier, M. le Président, remercier les collègues de la commission d'avoir participé aux
échanges. Et je pense que, lorsqu'il est question d'accès à la justice, il n'y
a pas de couleur politique, puis je suis vraiment
heureuse de constater la préoccupation qui est partagée de tous les côtés de la table.
Alors, je pense qu'on aura la chance
et j'espère qu'on aura la chance de se revoir pour poursuivre cette collaboration-là pour permettre une meilleure accessibilité à la justice, à
nos tribunaux, à notre système judiciaire, à nos citoyens, pour valoriser aussi
notre système judiciaire, valoriser
le travail qui est fait par les intervenants du milieu, parce qu'il y a quand même, il ne faut pas oublier... On a parfois tendance à les
oublier, mais les membres du personnel des greffes, les juges, tous ceux et
celles qui travaillent activement à rendre
la justice, à la rendre plus accessible
sont aussi des acteurs de premier plan. Alors, je pense qu'il faut les saluer, et avoir en tête
aussi notre contribuable, pour qui... Je pense, tout le monde ici, autour de
la table, on partage cette préoccupation-là d'assurer un meilleur service aux
citoyens qu'on représente.
Alors, je veux prendre quelques minutes pour
remercier les membres du ministère de la Justice, l'équipe du ministère de la Justice qui m'a accompagnée, les remercier pour leur
travail et leur professionnalisme, vous remercier, M. le Président,
et remercier les membres de la commission, l'équipe du secrétariat de la
commission, comme toujours
fidèle au poste. Et au plaisir de vous retrouver bientôt.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Merci, Mme la ministre. À mon tour de vous remercier, tous; votre travail, c'est toujours agréable. Cette
commission est la meilleure commission à l'Assemblée nationale. Et
merci, Mme la ministre, merci à votre équipe, merci au personnel de la
cour... — la
cour! — de
la commission, le personnel à la régie.
Alors, sur ce, la commission ayant accompli son
mandat, elle ajourne ses travaux. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 53)