(Douze heures une minute)
Le Président (M. Ferland) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions
ouverte. Je demande à toutes les personnes présentes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
La commission est
réunie afin de poursuivre les consultations particulières et auditions
publiques sur le projet de loi n° 61, Loi
visant principalement le recouvrement de sommes payées injustement par des
organismes publics relativement à certains contrats dans l'industrie de
la construction.
Mme la secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire :
Non, M. le Président, il n'y a pas de remplacement.
Auditions (suite)
Le Président (M. Ferland) : Alors, merci.
Alors, ce matin, nous entendrons les représentants de l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec, qui dispose de… — c'est 10 minutes? — en vous informant que vous disposez
de 10 minutes pour votre mémoire, et ensuite il y aura un échange avec les
différents groupes de parlementaires. Et je vous invite peut-être à vous
présenter ainsi que les gens qui vous accompagnent.
Association des
constructeurs de routes
et grands travaux du Québec (ACRGTQ)
Mme Bourque (Gisèle) : Alors, mon nom est Gisèle Bourque, avocate. Je
suis directrice générale de l'association.
M. Giroux
(Michel) : Alors, bonjour. Mon nom est Michel Giroux, et je suis
président de l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec.
M. Bégin
(Simon) : Et Simon Bégin. Je suis conseiller juridique à l'association.
Le Président
(M. Ferland) : Et je
vous informe d'emblée que, dans leur grande sagesse, les groupes parlementaires
se sont consultés, et vous pouvez déborder le 10 minutes qui vous est
imparti, à ce moment-là, si vous avez besoin d'un peu plus de temps.
Mme Bourque
(Gisèle) : Merci. Alors, d'entrée de jeu, nous vous remercions de nous
avoir invités à ces consultations
particulières. Nous nous permettons de vous rappeler que l'Association des
constructeurs de routes et grands travaux
du Québec, incorporée en 1944, représente les principaux entrepreneurs qui
réalisent les travaux de construction, de génie civil et de voirie au Québec. De plus, l'ACRGTQ représente
l'ensemble des employeurs du génie civil et de la voirie en vertu de la loi R-20 sur les relations du
travail. À ce titre, elle représente plus de 2 500 entreprises actives au
sein de l'industrie de la construction de routes, d'ouvrages de génie
civil et de grands travaux, lesquelles emploient plus de 40 000 salariés.
L'ACRGTQ appuie le
gouvernement du Québec dans sa démarche visant à recouvrer les sommes payées injustement dans le cadre de contrats publics. La
fraude est un fléau qu'il faut éradiquer de l'industrie de la
construction.
L'industrie de la construction n'est plus la même depuis que
les allégations de corruption concernant certaines entreprises se
multiplient ainsi que depuis l'avènement de la commission Charbonneau. Cette
situation a été causée par le comportement
répréhensible de quelques individus et entreprises délinquantes. Ces personnes
méritent de payer pour les dommages qu'elles pourraient avoir causés au
trésor public et à toute l'industrie de la construction.
L'ACRGTQ accueille donc favorablement la création d'un
programme de remboursement volontaire, la coordination des recours par le ministre de la Justice, la révision du
régime des autorisations de l'AMF prévu à la Loi sur l'intégrité en
matière de contrats publics, la loi n° 1. En effet, ces mesures vont
rendre la lutte contre la corruption plus pragmatique et équitable mais tout
aussi rigoureuse.
Puisqu'il y a lieu de réviser la loi n° 1, nous
recommandons qu'il n'existe plus de motif obligeant automatiquement l'AMF
à refuser une autorisation de réaliser des contrats publics. L'évaluation des
motifs devrait être entièrement confiée à
l'AMF. Nous espérons d'ailleurs que ces pouvoirs d'évaluation soient exercés le
moins arbitrairement possible et qu'ils
soient fondés sur des critères les plus objectifs et surtout publics. Nous
devons faire confiance à l'évaluation de l'AMF plutôt que de lui lier
les mains en prévoyant des cas de refus automatique dans la loi.
Par ailleurs, considérant que le
mandat accordé au Commissaire à la lutte contre la corruption et l'UPAC en
vertu de la Loi concernant la lutte à la
corruption vise tout le secteur public, l'ACRGTQ recommande que les
dispositions du projet de
loi n° 61 puissent être appliquées à tous les contrats publics et non
seulement à ceux de l'industrie de la construction.
Nous croyons donc
que c'est le Commissaire à la lutte contre la corruption, avec l'UPAC, qui
devrait être chargé de recommander au ministre de la Justice quelles
sont les entreprises qui doivent être poursuivies. Le rôle central joué par l'UPAC dans la lutte à la corruption devrait
lui permettre de recommander que des poursuites soient entreprises
uniquement lorsqu'il y aura la présence de motifs raisonnables de
croire qu'il y a eu fraude. On évitera ainsi de poursuivre
inutilement des entreprises qui n'ont rien à se reprocher.
L'ACRGTQ
souhaite également soulever quelques questions et réserves relativement aux nouvelles
règles que le gouvernement souhaite faire adopter pour encadrer ces
éventuelles poursuites en recouvrement. Pensons d'abord à la présomption de préjudice qui sera créée et à son
impact sur les règles de preuve. L'ACRGTQ se questionne sur les raisons qui motivent l'adoption de ces règles qui dérogent
du droit commun. Nous souhaitons que le gouvernement explique et démontre la nécessité de bouleverser de la sorte
les règles habituelles de la responsabilité civile, et ce, avant d'adopter
ce projet de loi.
Nous espérons que la création de cette
présomption de préjudice n'entraînera pas également la création d'une présomption de faute. Il nous apparaît essentiel
que le Procureur général présente une preuve prépondérante qu'une fraude
a été commise avant que la responsabilité
d'une entreprise ne soit engagée. Plutôt que de changer les règles, le
gouvernement a-t-il envisagé de prévoir des
mécanismes facilitant la communication des preuves amassées au fil des
différentes enquêtes administratives et policières afin de permettre qu'elles
soient adéquatement utilisées dans le cadre de poursuites civiles
traditionnelles?
Plutôt que de
faire peser des risques sur l'ensemble des entreprises en créant des
présomptions, nous croyons que le gouvernement devrait intenter des
poursuites civiles en recouvrement ciblées contre les entreprises ayant
réellement commis des fraudes. Il serait
aussi important d'entendre les réflexions de spécialistes du droit sur cette
question, notamment du Barreau, avant d'aller de l'avant.
L'ACRGTQ recommande par ailleurs de limiter la
présomption de responsabilité solidaire aux dirigeants et administrateurs
plutôt que de viser tout représentant agissant à quelque titre que ce soit.
Nous craignons que cette définition trop large ne fasse subir des risques trop
importants à des individus qui n'exercent aucune autorité dans les entreprises. Est-ce que de simples employés
pourraient être poursuivis et présumés responsables? Il faut d'ailleurs
rappeler qu'avant l'adoption de la Loi concernant la lutte contre la
corruption, en 2011, les simples employés ne disposaient d'aucune mesure de
protection légale en cas de dénonciation.
Ensuite, en
ce qui concerne le pouvoir qu'aura le gouvernement de déterminer le préjudice
subi par les organismes publics, l'ACRGTQ recommande que le ministre
dévoile avant l'adoption du projet de loi la manière dont il entend déterminer le montant des préjudices subis. Il ne
suffit pas d'imposer arbitrairement une pénalité d'un certain pourcentage
à tous les contrats, il y a un exercice d'évaluation des dommages important à
faire au préalable. Or, cet exercice relève davantage de la juricomptabilité et
ne doit pas être arbitraire. L'ACRGTQ recommande donc que le gouvernement mandate des experts ou encore le Vérificateur
général pour qu'ils retiennent différents critères de détermination de
tels dommages. Le tout devrait par la suite être rendu public avant l'institution
de procédures judiciaires.
En
conclusion, nous désirons vous rappeler notre principale préoccupation face au
projet de loi n° 61. Cette loi ne devrait pas être utilisée pour entreprendre des poursuites tous azimuts
contre une multitude d'entreprises de construction sur la seule base d'allégations qu'il y aurait eu de
la fraude. Le gouvernement ne devrait pas utiliser des règles spéciales
pour renverser le fardeau de la poursuite sur toutes les entreprises en mettant
à leur charge la responsabilité de prouver qu'elles
n'ont pas fraudé. Rappelons que notre système fonctionne sur le principe que
celui qui veut faire valoir un droit doit prouver les faits qui
soutiennent sa prétention. Nous sommes en faveur de poursuites ciblées contre
les entreprises ayant commis des fraudes mais contre une généralisation du
processus qui pourrait pénaliser des entreprises honnêtes et intègres.
En terminant, nous sommes convaincus que les
différents parlementaires sauront écouter les intervenants qui s'exprimeront sur ce projet de loi et qu'ils
pourront s'entendre afin de le réviser pour qu'il contribue positivement à
la lutte contre la corruption au Québec. Nous vous remercions pour votre
attention.
• (12 h 10) •
Le
Président (M. Ferland) : O.K. Ah! Excusez. Alors, merci pour la
présentation de votre mémoire. Maintenant, je cède la parole... C'est parce que je voyais sept minutes, mais donc
ils ont pris beaucoup moins de temps que prévu. Définitivement, j'étais... Alors, M. le ministre, sans plus tarder, je
vous cède la parole pour une période de 24 minutes.
M.
St-Arnaud : Oui, merci, M. le Président. Je ne suis pas sûr,
effectivement, que je vais prendre tout le temps. Bien, d'abord,
bonjour. Bonjour, Mme Bourque. Bonjour, M. Giroux, M. Bégin.
Merci d'être présents devant nous. Merci de nous avoir produit un mémoire très
complet, très intéressant et très complet. J'ai eu l'occasion d'en prendre connaissance ce matin, et, dans des brefs
délais — parce
que c'est quand même à quelques jours d'avis — de réussir à faire le tour d'un
projet de loi, à soulever toute une série de questions…
Je comprends que vous appuyez l'esprit et le
projet de loi n° 61, mais vous nous faites, et c'est un peu la même chose avec un groupe qu'on recevait hier…
vous nous mettez des points d'interrogation sur une série de questions sur lesquelles il va falloir réfléchir et
notamment lors de l'étude article par article. Alors, sachez que, même si on
n'a pas l'occasion ce matin… ce midi
d'aborder l'ensemble des sujets que vous mentionnez à votre mémoire, toutes et
chacune des recommandations que vous faites
ou des commentaires que vous faites seront analysés par les gens qui m'accompagnent,
et par moi, et par les membres de la commission, bien sûr.
Peut-être quelques questions. D'abord,
à la section 6, sur la responsabilité des dirigeants et représentants,
est-ce que je comprends que ce que
vous dites, c'est essentiellement : Pourquoi vous ne parlez pas que des
dirigeants? Est-ce que je comprends que vous enlèveriez le mot
«représentants», vous ne parleriez que des dirigeants? Et j'aimerais donc, dans un premier temps, être bien sûr que
c'est ce que vous souhaitez et je vous demanderais d'élaborer là-dessus.
Mme Bourque
(Gisèle) : Alors, je vais céder la parole à mon collègue, Me Bégin.
M. Bégin
(Simon) : Le propos qu'on soulève dans la section 6 sur la responsabilité,
c'est qu'on n'a aucun problème à ce que le Procureur général recherche la responsabilité de ceux qui ont commis
des fraudes, ça, c'est clair, net et évident. Par contre, quand on crée
une présomption, là on est comme dans un autre domaine où on présume que des
gens sont responsables.
De
par la loi, on confie des responsabilités spéciales aux dirigeants, aux
administrateurs. Ils ont le pouvoir, ils ont le contrôle sur la
compagnie, alors c'est légitime peut-être, là, à ce moment-là, qu'on leur
impose une présomption. Mais, quand on parle
de représentants, ça peut être tout le monde. Et des représentants agissant à
quelque titre que ce soit, est-ce que
ça veut dire que, le chargé de projet d'un projet de construction en
particulier où il y aurait eu fraude, on peut présumer qu'il est responsable, avec les conséquences qui en viennent,
c'est-à-dire qu'on pourrait même publier une hypothèque sur sa résidence, si
jamais la créance était compromise? Alors, on pense que ça, ça va un petit peu
trop loin. On serait prêts à l'accepter pour la question des dirigeants,
des administrateurs, mais, pour tous les autres représentants...
Puis n'oublions pas
qu'avant l'adoption de la loi sur la corruption en 2011, là, il n'y en avait
même pas, de mécanisme qui protégeait les
dénonciateurs, là, contre les différentes... Alors, les employés n'ont pas de
contrôle sur la compagnie, ne sont
pas protégés en cas de dénonciation, ça peut être fait à leur insu, alors on
trouve un peu exagéré de leur imposer une présomption. Si on est capable
de démontrer qu'ils ont participé à la commission d'une fraude, on les
poursuivra en vertu des règles habituelles, mais la présomption est peut-être
un petit peu trop exagérée dans le cas de tous les représentants de la
compagnie.
M.
St-Arnaud : Et est-ce que je dois comprendre, donc, qu'en ce
sens-là l'amendement que vous proposeriez à cet article-là, ce serait d'enlever
le mot «représentants», là, dans les deux alinéas? Est-ce que c'est bien ça?
M. Bégin (Simon) : On n'a pas très réfléchi à la formulation de l'amendement, là, c'est un travail qu'on vous laisse, mais l'objectif derrière notre commentaire, c'est effectivement, là, que ce ne soient pas tous les représentants d'une compagnie
qui soient visés par la présomption, qu'on limite ça aux dirigeants et
administrateurs.
M.
St-Arnaud : O.K.
J'aimerais vous entendre, section 8, sur la détermination du montant du
préjudice. Ce que vous dites, c'est
que, dans ce qui est prévu présentement au projet
de loi, c'est que le montant est
déterminé par décision du gouvernement, donc par décision du Conseil des
ministres, et vous dites : Il faudrait que cette détermination du montant du préjudice, ce soit fait avant l'adoption
du projet de loi. C'est ce que je crois comprendre de votre
mémoire.
J'aimerais
que vous nous disiez… vous y avez fait référence, Mme Bourque, dans
votre exposé, mais davantage
comment vous voyez la détermination de ce pourcentage.
M. Bégin (Simon) : Ce qu'on soulève comme question dans le mémoire, c'est la question de la
détermination. On aimerait connaître quelles
sont vos intentions, à vrai dire, parce
que, là, compte tenu qu'il n'y a rien de prévu, rien d'annoncé, rien de
communiqué, bien toutes les hypothèses sont ouvertes.
Les
gens ont répété, là, ad nauseam que les travaux de construction pourraient
coûter 30 % plus cher à cause
de la collusion. Il y a des endroits où
c'est peut-être vrai, il y a des endroits où ce n'est peut-être pas vrai.
Alors, il ne faudrait pas que, sur
une simple base de… du fait que plusieurs personnes ont répété que c'est un
pourcentage x, ce pourcentage x là soit développé.
On
le voit avec les auditions de la commission Charbonneau, la détermination du
préjudice, de la manière dont il a
été causé, ça peut être un exercice assez… assez laborieux. Alors, ça devrait
être des juriscomptables qui se penchent là-dessus. Est-ce qu'on va se baser sur le coût final d'un contrat par
rapport à l'estimé alors même que plusieurs personnes ont affirmé que parfois les estimés étaient mal
fondés? Alors, c'est un peu ça, on
est dans le néant. Alors, on ne voudrait pas que, compte tenu de la difficulté
qu'il y a de fixer le pourcentage, on dise tout simplement un pourcentage
arbitraire, une pénalité, là ça deviendrait une pénalité et non une
indemnisation du dommage. Alors, c'est pour ça qu'on recommande que des
juriscomptables se penchent là-dessus.
M. St-Arnaud :
Et vous insistez sur le fait que ce pourcentage-là soit déterminé avant l'adoption
du projet de loi?
M. Bégin (Simon) : Avant l'adoption du projet de
loi ou avant que les poursuites
soient entamées, parce que,
nous, ça ne nous permet pas de compléter notre réflexion sur le projet de loi,
alors… Parce que, si on nous disait demain matin : C'est un pourcentage
arbitraire, on vous dirait : Bien, peut-être que vous faites fausse route.
Mais, si on nous démontrait qu'il y a un processus
sérieux qui est entamé ou qui va être entamé… ou simplement que le gouvernement
précise ses intentions, bien on serait plus à l'aise avec la formulation du projet
de loi. C'est plutôt un questionnement qui est soulevé.
M. St-Arnaud :
Et, selon vous, selon votre association, est-ce que vous êtes en mesure de…
Vous nous parlez, là, du 30 %, dans votre mémoire, mais est-ce qu'il y a
eu une réflexion au niveau de votre association sur ce que ça pourrait vouloir… ce que ça pourrait être, ce
pourcentage? Est-ce qu'il y a eu une réflexion au sein de votre
association là-dessus?
Mme
Bourque (Gisèle) : Écoutez,
étant donné le laps de temps qui nous a été imparti, on s'est concentrés
sur les grandes lignes du projet de loi.
Alors, on n'a pas été dans le pointu, et ce critère fait partie du pointu,
alors on ne s'est pas rendus jusque-là. Mais, si on avait du temps et si
vous nous demandez de vous exposer nos prétentions à ce sujet, on pourrait
faire l'exercice, effectivement.
M. St-Arnaud :
…éventuellement?
Mme Bourque (Gisèle) : Oui, on est
ouverts.
M. St-Arnaud : Excellent.
Bien, nous en prenons note et… Excellent.
Sur un autre
point, vous dites à deux reprises… En fait, dès le début de votre mémoire, en
fait, à deux reprises, vous parlez de
transparence et vous dites : Bon, bien c'est bien que les modalités du programme
de remboursement se retrouvent à la Gazette officielle, mais vous
dites à la page 5 : «Il serait cependant approprié de permettre aux
parties prenantes concernées de commenter les modalités de ce programme et de l'ajuster,
le cas échéant.» Et à la toute fin de votre mémoire,
à la section 10, vous dites un peu dans le même esprit : «Nous sommes
[...] d'avis qu'il n'est pas opportun de soustraire le tout aux
obligations de prépublication de la Loi sur les règlements.»
Évidemment, là, on étudie un projet de loi. J'ignore
si on réussira à l'adopter la semaine prochaine, je n'en suis pas convaincu à ce moment-ci. Évidemment, si éventuellement le projet de loi
n'était adopté que dans deux mois ou dans
trois mois, ensuite, le processus de règlement, la prépublication, on parle
d'un 45 jours, les commentaires, l'adoption finale, on peut dire, là, il y a peut-être un processus de six mois
encore à partir d'aujourd'hui qui pourrait s'enclencher. Est-ce que vous
ne voyez pas là un inconvénient si… De procéder de la façon dont vous suggérez,
oui, ça permet peut-être à un certain nombre
d'organismes, s'il y a une prépublication, de fournir leurs commentaires sur le
programme de remboursement, mais ça allonge…
évidemment, l'autre alternative, c'est que ça risque peut-être de prendre
plusieurs mois. J'aimerais savoir
qu'est-ce que vous privilégiez là-dedans. Est-ce que vous nous dites : Ce
n'est pas grave si le programme n'entre
pas en vigueur avant six mois, l'important, c'est qu'on soit bien consultés,
que tout le monde soit consulté, ou vous
nous dites : Bien, l'important, c'est que le programme entre en vigueur
rapidement pour que rapidement l'État puisse aller récupérer des sommes? On voit des entreprises, là, ça fait… on a
vu à quelques reprises encore, dans les dernières heures, des
entreprises qui manifestent le désir de participer à un programme qui serait
implanté en vertu du projet de loi n° 61.
C'est quoi qu'on… Qu'est-ce que vous suggérez à la commission : de
rapidement adopter le projet de loi pour que rapidement il y ait un
programme de remboursement, sans nécessairement passer par toutes les étapes,
ou de dire : Bien, prenez votre temps,
ayez un projet de loi solide, faites la prépublication, éventuellement, du
règlement avec le 45 jours, les commentaires, la deuxième étape? Qu'est-ce
que vous suggérez aux membres de la commission et au gouvernement également?
Mme
Bourque (Gisèle) : C'est une
réponse difficile à vous donner, parce qu'effectivement le projet de loi
doit être bien compris de tous, bien clair, bien fait, solide, mais, par
ailleurs, si ça nécessite six mois supplémentaires, on perd de vue un peu, là, le processus, qui doit se faire
assez rapidement aussi. Alors, conciliez les deux. Peut-être, au lieu de
prendre six mois, si vous pouvez le faire plus rapidement… Mais c'est certain
qu'il faut que le projet de loi soit bien solide,
bien bâti, qu'il y ait le moins de failles possible, mais il doit l'être le
plus rapidement possible. Alors, je comprends que c'est difficile, c'est
un exercice de force qu'on vous demande, mais l'un ne va pas sans l'autre. C'est
certain que les deux sont importants.
• (12 h 20) •
M.
St-Arnaud : …c'est
sûr que, dans la mesure où le pouvoir réglementaire n'est pas soumis aux règles
habituelles de prépublication, là on vient
de sauver peut-être un deux mois ou un deux mois et demi. Ce n'est
pas simple, là, de voir qu'est-ce que…
Parce que c'est sûr que l'intention, ce serait que rapidement
on puisse mettre le programme de remboursement sur pied. Et je crois
comprendre… En tout cas, les échos qu'on a, c'est qu'il y a un certain nombre d'entreprises
qui rapidement auraient le goût de venir participer à ce programme.
Mme
Bourque (Gisèle) : Alors, je
vous dirais : Somme toute, il
faudrait que ce soit fait le plus rapidement possible mais en même temps
bien fait. C'est la réponse que je peux vous donner.
M. St-Arnaud : Bon, bien on
va essayer de trouver… de répondre à ça.
M. Bégin
(Simon) : Il ne faut pas
oublier qu'il y a quand
même un délai de prescription de cinq
ans qui est ajouté, puis on peut revenir 15 ans en arrière. Alors,
ça vous donne quand même le temps de bien faire les choses.
M. St-Arnaud : C'est sûr. C'est
sûr que tout le volet recours civil, ça… Pardon?
Une voix : …
M.
St-Arnaud : Tout le
volet recours civil, qu'on prenne six mois, ce n'est pas la fin du monde,
puisqu'on allonge la prescription. Ça, je pense
que, de ce côté-là, il
y a moins de problèmes.
C'est plus du côté de ce que j'appelle, moi, le premier volet
mais qui est en fait dans la deuxième partie du projet de loi, qui est le programme
de remboursement. C'est sûr qu'idéalement il
serait souhaitable que rapidement il soit mis en place. Et excellent, écoutez,
on va réfléchir à ça.
Peut-être
une dernière question. Le… Ah oui! À la section 4, sur les contrats
visés, évidemment, vous comprenez que le projet de
loi n° 61 s'adresse, entre guillemets, à l'industrie de la
construction, parce que c'est des mesures extraordinaires
qu'on met de l'avant dans ce projet de loi là, et vous y faites référence
notamment dans la première partie du projet
de loi quant aux recours civils et vous nous faites un certain nombre de
commentaires très intéressants, à caractère juridique, sur lesquels on
aura à se pencher. Mais alors c'est sûr que l'objectif initial, c'est une
problématique bien particulière sur laquelle
toute la population a eu l'occasion de voir qu'il y avait vraiment une
problématique particulière, c'est
l'industrie de la construction, depuis quand même quelques années. Vous, ce que
vous dites, c'est : Vous devriez aller plus loin. Alors, j'aimerais
ça vous entendre là-dessus mais surtout vous entendre sur… Vous nous
dites : Même dans l'industrie de la
construction, avec le libellé actuel du projet de loi, vous ne couvrez pas tout
le monde, c'est un peu ce que je
crois comprendre de votre section 4. Alors, j'aimerais vous entendre
là-dessus, même au niveau de c'est quoi, au-delà de l'industrie de la construction, dans votre optique, et même, dans
l'industrie de la construction, c'est quoi qu'on échappe, et comment on
pourrait faire en sorte de ne pas l'échapper avec un article. Parce que
présentement on définit quand même dans le
projet de loi c'est quoi, l'industrie de la construction, c'est quoi, un
contrat de construction, c'est quoi, la construction, mais comment on
pourrait définir ça pour aller plus loin et couvrir ce que l'on ne couvre pas
en parlant de l'industrie de la construction dans le projet de loi?
Mme Bourque (Gisèle) :
Me Bégin.
M. Bégin (Simon) : Oui. La
définition de l'industrie de la construction fait référence à la définition qui
est prévue à la loi R-20 sur les relations
de travail, là, qui est une loi qu'on connaît bien. On parle de tous travaux de
la nature de ceux réalisés à la loi R-20.
Il y a
une définition qu'on vous a mise à la page 9 de notre mémoire, qui est celle de
la loi R-20. Ça comprend la
fondation, l'érection, l'entretien, la rénovation, la réparation, la modification
de bâtiments, d'ouvrages de génie civil. Alors,
c'est assez large, là, comme définition. Puis après ça cette loi-là vient
définir quels sont les travaux qui sont assujettis ou pas, mais bref de toute façon c'est une
définition large. Par contre, ça ne vise pas les travaux de déneigement ou
un promoteur immobilier qui pourrait acheter
un terrain, puis on a vu que ça pouvait faire partie des nombreux
stratagèmes de fraude et de collusion lors de la commission Charbonneau.
Alors, quand
on se limite à la définition de travaux de la nature de ceux de l'industrie de
la construction prévus à la loi R-20, c'est un peu… il y a peut-être des
écueils qu'il pourrait y avoir avec le choix de cette définition-là. Ce n'est pas un élément majeur, mais on… puis il y aurait
certainement une façon très facile de le régler, c'est-à-dire prendre la définition de la Loi concernant la lutte contre la
corruption qui vise tout le secteur public. Alors, si ces mesures-là sont
bonnes pour la construction — je pense qu'on vous l'a dit hier aussi — elles
devraient être bonnes pour tous les secteurs publics.
Alors, dans tous les contrats où le public est
impliqué, que ce soient les travaux, l'approvisionnement ou les services, il est susceptible d'y avoir de la
corruption, le législateur l'a reconnu en adoptant la Loi concernant la lutte
contre la corruption qui s'applique à tout
le secteur public. Alors, en retenant cette définition-là, on pense que vous
pourriez couvrir… et éviter le problème de la définition, là, en plus d'avoir
une loi plus large et plus sévère.
M.
St-Arnaud : Et vous
appliqueriez donc ce projet de loi à tout le secteur public, là, à l'informatique,
à... plus large que l'industrie de la construction. Mais est-ce qu'à ce moment-là, parce qu'il y a quand même, dans le... Et vous appliqueriez et le programme
de remboursement et les règles particulières pour les recours civils, c'est ça,
tout le projet de loi?
M. Bégin (Simon) : Pourquoi pas?
M. St-Arnaud : Bien, est-ce
qu'il n'y a pas un danger de dire… Parce que, je l'ai dit hier, les règles qu'on
prévoit aux articles 3 et suivants, sur les
règles particulières applicables aux recours judiciaires, c'est des règles
vraiment très costaudes et très particulières qu'on ne peut faire... qu'on doit
utiliser avec parcimonie. Est-ce qu'en l'élargissant plus largement que l'industrie
de la construction on ne va pas... on n'utilise pas ces règles-là de façon trop
large?
M. Bégin
(Simon) : Est-ce qu'une fraude dans l'industrie de la construction serait plus grave qu'une
fraude dans n'importe quel autre secteur? Juste en posant cette
question-là, on répond au fait que, si ce sont des mesures qui sont appropriées pour l'industrie de la
construction, elles doivent l'être pour tous les secteurs publics. Que ce soit
un dollar volé dans le cadre d'un
contrat de construction ou un dollar volé dans le cadre d'un contrat d'approvisionnement ou de services, ça reste un dollar volé. Qui vole un oeuf vole
un boeuf. Alors, on pourrait appliquer cette loi-là tout simplement à tout le secteur, on n'y voit pas de problème. Si
c'est justifié pour la construction, ça devrait l'être pour l'ensemble
des contrats publics.
M.
St-Arnaud : Mais ce
n'est pas les règles qui s'appliquent habituellement eu égard à nos règles de... eu égard aux
poursuites civiles, là, c'est…
M. Bégin (Simon) :
Absolument. Puis il y a des questions à répondre par rapport aussi… On les a
soulevées là-dedans.
M. St-Arnaud : Oui.
M. Bégin
(Simon) : Mais, si elles
sont justifiées, si au terme de l'étude de ce projet de loi là vous vous
rendez compte que le recours à… ces règles
spéciales sont justifiées pour la construction, je vois mal comment elles ne
pourraient pas être justifiées pour d'autres secteurs.
M. St-Arnaud : Pour l'ensemble
des...
M. Bégin (Simon) : Des contrats
publics.
M.
St-Arnaud : ...des
fraudes à l'endroit du gouvernement ou du secteur public, en fait, plus largement.
O.K.
Écoutez, j'ai pris connaissance aussi, effectivement,
des propositions que vous faites eu égard à certains aspects juridiques, ça
fait partie des points d'interrogation sur lesquels on va devoir réfléchir,
mais sachez qu'on va regarder avec attention
l'ensemble des éléments que vous avez soulevés, l'ensemble des points
d'interrogation que vous avez
soulevés eu égard aux dispositions du projet de loi. Et ça va faire l'objet
certainement d'une étude attentive de nos équipes et des membres de la
commission.
Alors, moi,
M. le Président, ça va compléter pour moi. Je vais laisser l'opposition aborder
les autres chapitres ou les autres
questions du mémoire. Mais merci encore de votre présence. C'est un mémoire… Je
le disais tantôt, mais c'est vrai que c'est très impressionnant, à
quelques jours d'avis, de fournir un mémoire comme ça, sur des points précis, avec
des notes en bas de page, avec une réflexion vraiment qui couvre beaucoup
d'aspects et notamment des aspects juridiques, qui ne sont pas toujours les
plus simples à couvrir. Alors, merci encore de votre présence,
Mme Bourque, M. Giroux et
M. Bégin, pour votre présence ce matin. Sachez que ça va nous aider
considérablement pour la suite des choses et pour améliorer le projet de
loi n° 61. Merci.
Le
Président (M. Ferland) : Alors, merci, M. le ministre. Je vous
informe quand même qu'il vous reste un temps de six minutes, si jamais à
la fin vous avez des questions qui vous reviennent.
M. St-Arnaud : C'est bon.
Le
Président (M. Ferland) : Alors, maintenant, je me dirige du
côté de l'opposition officielle et je reconnais le député de Fabre avec
un temps de 20 min 30 s, M. le député.
M.
Ouimet
(Fabre) : Merci, M. le Président. Bonjour à tous. Bonjour.
Bienvenue à la Commission des institutions.
Je vais reprendre là où le ministre a terminé.
Je suis impressionné par la qualité de votre mémoire. J'en lis beaucoup, des mémoires, j'en ai vu beaucoup dans
ma carrière, des mémoires, et je ne sais pas qui a participé à la
rédaction, mais je tiens à féliciter les
personnes qui ont préparé ce mémoire. Il est juste, il n'y a pas de... il n'y a
rien d'inutile. Et malheureusement je n'ai pas pu le lire avant, et il
n'y a pas de reproche, là, en fait ça va m'amener à mon second commentaire,
mais je tenais absolument à le souligner, je suis impressionné. Et je ne suis
pas facile à impressionner dans le domaine des mémoires.
Une voix : Je peux confirmer.
• (12 h 30) •
M.
Ouimet (Fabre) :
Excellent. C'est unanime, unanime.
Ceci dit, je
vais enchaîner sur le commentaire du laps de temps. J'ai l'habitude de le dire,
c'est un commentaire que je fais, je pense, à peu près à toutes les
interventions en commission parlementaire lorsqu'on fait des consultations particulières, je déplore souvent le peu de temps
qu'on accorde aux gens qu'on invite en commission pour préparer leurs
représentations. À mon point de vue, c'est manquer de respect à l'égard des
gens dont on demande la participation. C'est
dans le but d'améliorer notre processus législatif. Et moi, M.
le Président, j'espère qu'un jour
on va baliser notre pouvoir de convocation, sauf les cas d'urgence, évidemment,
pour donner un délai minimum. Et, à mon point de vue, une période de
15 jours, c'est un délai strict minimum par respect pour les gens à qui on
demande…
Alors, merci
d'avoir en si peu de temps répondu à notre demande avec un travail d'aussi bonne
qualité. On va en prendre connaissance, et on va l'étudier, et on va s'en
inspirer lors des prochaines étapes, parce que je ne veux pas présumer de ce que l'Assemblée choisira de faire
une fois que les consultations seront terminées et qu'on aura à voter
sur le principe, mais je pense qu'il y a de bonnes chances qu'on se retrouve en
étude article par article.
Ceci dit,
c'est un message que je vous livre et à ceux qui nous écoutent aussi :
Vous pouvez suivre nos travaux sur Internet. Et aussi, si vous avez des représentations
additionnelles à transmettre à la commission, ne vous gênez pas, que ce soit après aujourd'hui, avant l'étude
article par article, ou même dans le cadre de l'étude article par article. Je
peux vous dire que certaines personnes qui suivent
nos travaux à l'occasion nous envoient en temps réel des commentaires
par courriel, parce que certains membres de la commission utilisent leurs
ordinateurs pendant les travaux, et donc même en
temps réel on peut transmettre des commentaires aux membres de la commission,
et quelquefois ça peut servir à inspirer nos délibérations. Alors,
merci. Continuez sur cette lancée.
Je
veux aller, dans le fond, sur certaines de vos recommandations, parce qu'elles
sont excellentes. Vous avez fait référence notamment aux commentaires du
Barreau qui avaient été soumis en 2009, au moment de l'adoption de la loi qui... et là je ne reprendrai pas le titre
exact, là, mais c'était pour permettre des pouvoirs spéciaux pour les
poursuites pour les méfaits du tabac, et
vous avez souligné à juste titre — et j'aimerais ça vous donner l'occasion d'en
parler un petit peu plus
longuement — l'importance
de la sécurité juridique. Quand on bouleverse les règles habituelles qui
encadrent notre société fondée sur la règle
de droit, c'est un geste qui devrait être exceptionnel. Alors, pouvez-vous
élaborer pour le bénéfice des membres de la commission?
M. Bégin (Simon) : Sur la partie du
mémoire à laquelle vous faites référence, on a recherché s'il y avait eu des initiatives similaires, puis la loi visant le
recouvrement des dommages causés par le tabac à l'égard des
compagnies... des fabricants de cigarettes
et autres, là, donnait un exemple de ça. C'était une loi qui avait été adoptée
et qui facilitait les recours contre
ces compagnies un peu comme le projet de loi à l'étude, qui avait été jugée
valide dans d'autres provinces et même par la Cour suprême mais toujours
en disant que c'est quand même exorbitant du droit commun.
On vient
bouleverser des règles. On n'a pas eu le temps vraiment de réfléchir aux
conséquences que ça pourrait avoir dans l'industrie de la construction,
là, mais c'est clair que, quand on dit du jour au lendemain à des
entreprises : Vous connaissez le régime
de responsabilité, avant, là, dans la réalité, là, si on voulait retenir votre
responsabilité, ça prenait une faute,
un préjudice puis un lien entre les deux, maintenant on dit : Bien, on
n'aura pas besoin de prouver le préjudice, ça vient un peu changer ces
règles-là.
Alors, ce qu'on apprécierait, pour nous
rassurer, c'est que le gouvernement explique un peu plus, davantage comment il
entend utiliser ces règles-là. Comme elles sont exorbitantes et peuvent être
justifiées pour certaines situations, bien
on aimerait savoir... que le gouvernement fasse preuve de transparence dans cet
exercice-là en nous disant : Bon,
bien, voici les raisons pour lesquelles on a besoin de créer cette présomption,
voici les raisons... voici le genre de recours
qu'on entend intenter. Et ça nous rassurerait sur la sécurité juridique. On
pourrait nous dire : Bon, bien, inquiétez-vous pas, là, les entreprises qui n'ont rien à se reprocher, ce n'est
pas parce que leur nom a été mentionné à la commission Charbonneau que
demain matin elles vont être poursuivies. Bien, ça, ça pourrait être rassurant
pour l'industrie et répondre au besoin de sécurité juridique, là.
Le Président (M. Ferland) :
M. le député. Allez-y, oui.
M.
Ouimet (Fabre) :
Merci, M. le Président. Iriez-vous jusqu'à suggérer que ces motivations, ces
motifs qui justifieraient ces mesures exceptionnelles soient inscrits dans la
loi, en préambule ou autrement, puisque ce sont des mesures exorbitantes?
Est-ce que vous iriez jusque-là?
M. Bégin
(Simon) : On n'a pas
tellement réfléchi à la façon d'y arriver. Une recommandation, par contre,
qu'on a faite, qui pourrait arriver peut-être au même résultat, c'est de
confier à l'Unité permanente anticorruption le rôle de recommander les
poursuites. Donc, l'UPAC fait des enquêtes, trouve de la preuve. S'il y a une
preuve, s'ils ont des motifs raisonnables de
croire qu'une infraction criminelle a été commise, ils transmettent ça au
directeur des poursuites pénales pour
qu'il entreprenne des recours pénaux ou criminels. L'UPAC pourrait faire la
même chose, transmettre au Procureur
général la preuve que des infractions, des fraudes ont été commises civilement,
dans le cadre de contrats civils, et là,
à ce moment-là, le ministre de la Justice pourrait entreprendre les recours, le
Procureur général pourrait entreprendre les recours. Ça vient aussi
séparer un peu plus le judiciaire, l'exécutif, le politique,
tout ça, et ça fait que, bon, l'UPAC, si elle enquête, elle a des motifs
raisonnables de croire… c'est probablement parce qu'il y a une enquête sérieuse
qui a été faite et non simplement parce qu'il y a une allégation quelconque.
Alors, ça pourrait peut-être baliser ça, justement.
Le Président (M. Ferland) :
M. le député, allez-y.
M.
Ouimet
(Fabre) : Oui, merci. En fait, j'ai lu ça et, à première vue,
j'ai été un peu surpris. Je me suis dit… Je pensais que c'était peut-être à l'extérieur du mandat du commissaire à
l'UPAC, mais, en relisant le mandat, ce que vous avez cité, je pense que c'est une suggestion qui mérite d'être explorée.
C'est une autre de vos excellentes recommandations.
Ceci dit, je
me permets de revenir sur la question du caractère exorbitant des mesures parce
que vous avez insisté, là, sur l'importance d'obtenir l'avis du Barreau
sur ces questions-là, et malheureusement, M. le Président, j'ai cru comprendre que, compte tenu de l'horaire qui avait
été proposé, finalement, les membres du… le Barreau ne pourra pas, ne sera pas présent, ne sera pas entendu à la
Commission des institutions. Et je l'ai déploré hier et je le redéplore
aujourd'hui. Je pense qu'on se prive d'un regard indépendant absolument
essentiel sur ce projet de loi exorbitant.
Ceci dit,
j'aimerais revenir sur la question du règlement, parce qu'il y a différents
aspects dans la loi où on prévoit un pouvoir… des modalités vont être
fixées par règlement. Et vous avez soulevé la question à juste titre, encore
une fois, l'importance que le gouvernement
fasse preuve de transparence dans l'élaboration des modalités qu'il va
proposer, et j'aimerais vous entendre, à
savoir : Est-ce que vous seriez favorables à ce que, par exemple, un
projet de règlement soit déjà soumis à la commission pour que le public
puisse aussi en prendre connaissance en prévision de… Le ministre a fait référence à la procédure qui exige normalement la
prépublication, et on voulait essayer d'accélérer le processus. Alors,
je comprends que vous seriez favorables à ce que le gouvernement dépose déjà un
projet de règlement?
Mme Bourque (Gisèle) : C'est une
excellente suggestion. Ce serait effectivement un outil qui permettrait d'accélérer
le processus tout en informant les gens des tenants et aboutissants de la façon
de procéder.
M.
Ouimet
(Fabre) : Alors, ça compléterait mes questions. Je pense que ma
collègue de Bourassa-Sauvé en a, M. le Président.
Le Président (M. Ferland) :
Oui. Alors, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme de Santis : Merci,
M. le Président. Bienvenue. Moi aussi, j'apprécie énormément votre mémoire. Et j'aurais voulu une heure ou deux avant d'arriver
ici pour le lire et poser des questions beaucoup plus précises, mais j'ai des questions un
peu plus globales.
Je vais citer — et
vous le connaissez certainement — M. Michel
Nadeau, le directeur général de l'Institut sur la gouvernance. Et c'est dans un article
qui a paru dans le National Post le 14 novembre, et je le lis en
anglais : «I've talked to companies, to entrepreneurs who are
willing to repay [a few million dollars] over five years.» Alors,
la question qui lui a été
posée : «But where do you draw the line between firms that are guilty and
not guilty?» Et lui, il est… «He argues the
industry as a whole should assume the damages collectively.» Il dit : «We
need a political solution to this, not legal.
Taxpayers have concluded that these companies have robbed them. And it's up to
everyone to pay back, whether you've
made a big mistake or a small one.» Alors, c'est ça qu'il a dit, et je crois que, dans le public, il y a
un peu de ce sentiment-là. On veut une résolution politique, pas nécessairement
légale.
On sait, si
on va prendre des actions de la façon que la loi nous permet aujourd'hui, ça va nous mettre dans une situation
où ça va nous coûter énormément d'argent, ça va
prendre énormément de temps, et on ne sait pas quand tout ça
va être réglé. Une des mesures qu'on a dans
le projet de loi, c'est que ce projet de loi a une vie de
cinq ans. Après cinq ans, on ne devrait plus appliquer les dispositions
de la loi.
Comment vous
répondez à ce que M. Nadeau a dit, ce qui est la perception à l'extérieur, et au fait que cette loi serait en vigueur pendant cinq ans?
• (12 h 40) •
Mme
Bourque (Gisèle) : Écoutez, cinq ans, c'est certain que c'est très court. Compte tenu
du fait qu'il y a des poursuites
qui vont être enclenchées, les poursuites entamées, c'est un délai rapide, effectivement.
Est-ce que le but recherché va être complètement atteint? On peut s'interroger.
Et on se pose
également la question : Pourquoi avoir imputé un délai aussi court à ce projet de loi? Peut-être on aurait pu l'étendre dans le temps. C'est le gouvernement qui a la réponse; nous, on n'a pas cette réponse. Il y a
une raison certainement pourquoi ça a été un délai de cinq ans qui a été
fixé.
Mais c'est certain que cinq ans, c'est très
court pour atteindre l'objectif visé.
Mme de Santis : Mais ma question, ma référence à cinq ans, c'est que je comprends et je suis tout à fait
d'accord que ce projet de loi est très agressif, O.K., ça
va à l'encontre des règles communes
de droit qu'on connaît aujourd'hui. En réponse à ça, on dit : O.K.,
on va utiliser cette façon de régler nos problèmes mais pour une courte période
de temps, O.K.? On ne veut pas que ça devienne notre droit commun, mais nous sommes
face à une situation exceptionnelle, et donc on veut des mesures exceptionnelles. Et c'est dans ce sens-là que je parle de cinq ans, que ces procédures-là vont durer cinq
ans et pas plus. Alors, qu'est-ce que vous dites à ça?
M. Bégin
(Simon) : C'est parce que,
dans la première partie de votre question, vous disiez un peu : Bien, c'est justifié qu'on prenne des mesures exceptionnelles parce que,
dans le fond, toute l'industrie, selon l'expert en gouvernance que vous
avez cité, devrait assumer les responsabilités…
Mme de Santis :
Ce n'est pas ce que je dis, hein, je cite.
M. Bégin (Simon) : Non, non, ce que…
l'expert que vous citez.
Mme de Santis : O.K.
M. Bégin
(Simon) : Et là cet expert-là
dit : Bon, toute l'industrie devrait assumer pour l'erreur de quelques-uns. Parce qu'on parle bien de quelques-uns. L'immense majorité
des entrepreneurs n'en ont pas
commis, des fraudes. Il y en a, des fraudeurs, il faut les attraper, il
faut les cibler, mais ce ne serait pas juste de faire payer toute l'industrie
pour ça.
Si demain
matin il y avait un député qui était condamné pour fraude, est-ce que les
125 députés devraient être condamnés
pour fraude? C'est un peu le même genre de réflexion, on doit éviter de
généraliser et dire que toute l'industrie est corrompue. Il y a des
individus qui ont commis des fraudes. Trouvez de la preuve, utilisez le système
de justice et pénalisez-les.
Alors, c'est un peu le commentaire que je
voulais apporter par rapport à votre citation.
Mme de Santis :
Je comprends ce que vous dites. Et je citais quelqu'un.
J'ai une
autre question. Ça a été proposé que ceux qui sont responsables, ceux contre
qui il y a une preuve et qu'on les
poursuit, ils font leurs paiements ou il y a un règlement avec, parce qu'ils
ont fait tort pas seulement aux organismes publics, mais ils ont fait
tort aussi à d'autres entrepreneurs, à d'autres personnes qui n'ont pas pu
participer dans des contrats avec les
organismes publics parce que ce groupe-là participait dans une fraude ou
collusion, ces personnes-là paient
une pénalité dans l'avenir pour une période donnée, par exemple, s'ils vont
être… ils vont avoir des contrats avec des organismes publics dans l'avenir, que, pour une période de temps, un
pourcentage soit payé par eux de ces contrats aux organismes publics ou à l'État ou que peut-être,
pour les prochains trois ans, un pourcentage de leurs revenus bruts soit
déduit et payé à l'État. Qu'est-ce que vous dites à cette suggestion?
Mme Bourque (Gisèle) : En fait, c'est
une suggestion qui a été faite par des participants aux travaux de cette commission. Nous sommes tout à fait en désaccord
avec cette proposition parce que ça va beaucoup trop loin. Alors, c'est
franchement exagéré, selon nous.
Et, de plus,
il y a une question de preuve là-dedans. Ce n'est pas tout de dire : Bon,
il y a des gens qui ont empêché d'autres entrepreneurs d'avoir leur
part, mais il faut prouver qu'effectivement il y a eu collusion. Alors, il y a
un processus qui doit être enclenché au préalable.
Mais, non, nous sommes tout à fait en désaccord
avec cette proposition.
Mme de Santis :
Même si la preuve de collusion ou de fraude existe?
Mme Bourque (Gisèle) : Oui.
Mme de Santis : O.K.
M. Bégin
(Simon) : C'est important
de préciser que c'est comme une pénalité et c'est l'équivalent de permettre à ces entreprises-là d'acheter leur participation au
marché public, qui était un des objectifs que le projet de loi ne
voulait pas atteindre. Alors, si on dit : Si vous contribuez, vous
avez votre autorisation de l'AMF, puis en échange vous allez verser un
montant, bien c'est comme si on disait que ça s'achète, une intégrité, une
probité. Ça fait que c'est un peu ça qu'on voulait éviter en ne proposant pas
de mesure comme ça.
Mme Bourque (Gisèle) : C'est une question
de principe et de moralité.
Mme de Santis : D'après vous, les sommes qui vont être recouvertes
devraient être partagées de quelle façon par l'État?
Mme Bourque (Gisèle) : …pas penchés
sur cette question.
Mme de Santis : Je vois que... Et ça, ça m'a sauté aux yeux aussi
quand je l'ai lu, que, quand, à l'article 3, on parle
de la responsabilité d'une entreprise, on parle des dirigeants ou de ses représentants. On peut avoir une définition très spécifique de «dirigeant» parce
que ça existe déjà sur
la Loi sur les sociétés par actions, etc., mais, «représentant», vous voudriez le définir de quelle façon?
M. Bégin
(Simon) : Alors, la
définition de «dirigeant», d'«administrateur», bon, «actionnaire», tout ça, ça va. Un représentant, c'est parce qu'il
peut y avoir quelqu'un qui est vice-président aux opérations de la compagnie,
qui est superimpliqué, comme il peut y avoir
un vice-président autre qui n'est pas impliqué. Alors, nous, on
pense qu'on ne devrait pas nécessairement le définir, mais on devrait
enlever la présomption pour ces gens-là. La présomption ne devrait subsister
que pour les dirigeants et administrateurs.
Alors, si on
enlève la présomption pour les représentants, bien on n'a pas besoin de les définir. C'est-à-dire que toute personne qui aura
commis une fraude pourra être poursuivie en vertu des règles habituelles de responsabilité
civile, mais il n'y aura pas une
présomption. Donc, si on a une preuve que cette personne-là a fraudé, elle sera
reconnue coupable et elle devra payer. On ne
pense pas qu'on a besoin de le définir mais plutôt d'enlever la
présomption, sur la question de représentants.
Mme de Santis : Et les contrats publics, présentement, sont seulement des contrats conclus directement entre un organisme public et une entreprise. Je comprends, la question
entreprises en construction, que ça devait être élargi, mais est-ce que ça devrait être seulement les contrats entre
un organisme public et une entreprise ou est-ce
que ça devrait aller au-delà
de ça? Parce qu'il y a des sous-contrats, etc., dans un projet.
M. Bégin
(Simon) : À vrai dire, on
n'a pas réfléchi à cette question-là parce
qu'on comprend que, la définition de «contrat
public», on dit : «un contrat conclu entre un organisme public et une
entreprise dans l'industrie de la construction». C'est vrai que c'est une industrie où il y a beaucoup de sous-traitance,
alors peut-être que la fraude pourrait arriver au niveau de la sous-traitance, mais il y a toujours,
n'oublions pas, un lien, là, dans la chaîne, c'est toujours l'entrepreneur
général qui devient le… qui a conclu le contrat directement avec le donneur d'ouvrage
qui doit faire circuler l'information et les différents paiements. Alors, ce
serait à réfléchir, là.
Mais je vous
réfère, à ça, à notre section où on parle du partage de la responsabilité,
parce que, dans le cadre d'un contrat
de construction, il y a des donneurs d'ouvrage, il y a des entrepreneurs
généraux, il y a des ingénieurs-conseils, il y a des architectes, il y a
plusieurs intervenants, puis chaque personne devrait assumer sa responsabilité
dans le cadre… s'il y a eu une fraude. On ne
devrait pas poursuivre uniquement l'entrepreneur général qui était responsable,
on devrait poursuivre tous ceux qui ont participé à la fraude.
Le Président (M. Ferland) :
30 secondes pour la dernière question.
Mme
de Santis : Maintenant, il y a une disposition qui
dit que les procédures qui sont déjà prises devraient quand même être
sujettes à cette loi. Qu'est-ce que vous dites? Parce que vous avez des
arguments très légaux. Et, s'il y a déjà des
procédures devant les cours, comme la ville de Montréal a déjà entrepris
certains recours, est-ce qu'on devrait les arrêter et soumettre ces
procédures-là aux dispositions du projet de loi?
Le Président (M. Ferland) :
Alors, rapidement, parce que le temps est…
Mme
Bourque (Gisèle) : Oui. On
ne s'est pas penchés sur cette question-là, mais, à mon avis, sans avoir
échangé avec les collègues, on devrait terminer les poursuites qui sont déjà
entamées, aller jusqu'au bout.
Le Président (M. Ferland) :
Alors, merci, merci beaucoup. Merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Maintenant, je me dirige vers le porte-parole du deuxième
groupe d'opposition. Il va être très content, j'ai ajouté
1 min 30 s à votre temps, ce
qui vous fait un temps de 5 min 30 s, M. le député de… Mais vous
n'êtes pas obligé de tout le prendre, c'est… Allez-y.
M.
Duchesneau : Alors, M. le Président, je ferai une motion à la
fin pour que vous soyez président à vie de cette commission. J'ai un bon
traitement de votre part.
Le Président (M. Ferland) :
Merci, M. le député.
Une voix : …
• (12 h 50) •
M.
Duchesneau : Ça, c'est trop. Je ne veux pas être redondant,
mais je ne peux pas, moi aussi, passer sous silence la qualité de votre
travail. Je pense que vous avez vraiment élevé le débat ici ce matin.
J'aime beaucoup votre préambule,
Mme Bourque, où vous parlez justement qu'il faut parler de quelques
entrepreneurs malhonnêtes. Ça, je pense que souvent on oublie de le faire. On a
tendance à généraliser, et c'est très regrettable.
Quant à vous, Me Bégin, je vous donne 10 sur
10 pour votre réponse à la question du ministre sur les contrats publics, qu'il faudrait
élargir ça. Je pense que c'était une très bonne réponse, qui devrait être citée
à la fin de nos délibérations. Entièrement d'accord avec vous.
Maintenant, avant d'aborder les recommandations
que vous nous faites, qu'est-ce que l'association fait avec, justement, ces
entrepreneurs malfaisants qui entachent la réputation de votre association? Est-ce
que vous avez un code d'éthique?
Mme
Bourque (Gisèle) : Nous
avons effectivement… Depuis longtemps, nous avions un code d'éthique destiné aux administrateurs de l'association. Depuis quelques
années, nous avons un code d'éthique destiné à tous les membres de l'association, un code d'éthique, malheureusement,
qui n'a pas la même force que pourrait avoir un code de déontologie, puisque nous n'existons pas par l'existence d'une
loi. Donc, c'est un code d'éthique qui est moral mais en même temps
auquel nous accordons beaucoup d'importance.
Et, vous
savez, aussi, si un entrepreneur ne s'est pas comporté correctement, qu'il y a
eu des accusations et des condamnations
à son endroit, il va nécessairement perdre sa licence auprès de la Régie du
bâtiment et, par le fait même, ne pourra
pas devenir membre de notre association ou, s'il l'est déjà, devra quitter, parce
que, pour être membre de notre association,
la condition première est d'être entrepreneur en construction. Donc, tu n'as
plus ta licence en construction, tu n'es plus entrepreneur en
construction.
M.
Duchesneau : Est-ce que, dans l'histoire de l'association, vous
avez déjà évincé des entrepreneurs malfaisants?
Mme Bourque (Gisèle) : Non. On n'a
pas eu à le faire jusqu'à présent.
M.
Duchesneau : Avec
tout ce qu'on a entendu… Vous attendez, vous, les condamnations avant de passer
à l'action?
Mme
Bourque (Gisèle) : Non.
C'est-à-dire que, écoutez, c'est un peu délicat, la réponse que je dois vous
faire, parce que ça relève un peu du privé,
mais il y a des entrepreneurs, en très, très infime quantité, qui ont siégé à
notre conseil d'administration, à l'égard desquels une accusation a été
portée, et ces gens-là ne sont plus membres du conseil d'administration.
M. Duchesneau : Vous répondez
à ma question.
Maintenant,
au point 6, vous parlez des représentants. C'est une chose qui est
intéressante. Vous savez que, dans un cas
de collusion ou de corruption… On dit en anglais : «It takes two to
tango.» Je pense que, oui, les dirigeants doivent être au fait de ce qui
se passe, s'il y a de la malversation à l'intérieur de l'entreprise, parce
qu'ils en sont les premiers bénéficiaires si justement il y a des coûts
excédentaires qui sont facturés à l'État, mais il en va de même pour les représentants. Moi, ce que je disais quand on
voyait «représentants» : Ce sont des gens qui… Alors que les
dirigeants, eux, vont s'occuper des prix,
les représentants vont s'occuper de la qualité. Et ça, c'est votre domaine. Les
prix, ça peut varier, dépendant si on
est gourmand ou pas quand il vient le temps de faire une soumission au
gouvernement, mais la qualité, ça, c'est vraiment votre art. Si vous avez des gens qui sont
sur le terrain, si on décide de mettre neuf pouces de gravier au lieu d'en mettre 14, ça ne prend pas un
génie, justement, pour être capable de voir qu'il y a eu malversation. Donc, si on exclut les représentants, je trouve
que ce serait très peu cher payer que de faire payer uniquement les
dirigeants.
Mme
Bourque (Gisèle) :
Là-dessus, j'ai une réponse qui est assez satisfaisante. Vous savez, les
entrepreneurs, lorsqu'ils exécutent des
travaux pour le compte d'un donneur d'ouvrage, doivent rencontrer de façon très
rigoureuse les exigences contractuelles. Il y a des paramètres
techniques qui font partie des devis, et les entrepreneurs doivent les
respecter. Et c'est très strictement surveillé par le donneur d'ouvrage aussi.
Alors, l'entrepreneur ne peut pas aller à l'encontre de ce qui lui est exigé
contractuellement.
M.
Duchesneau : Théoriquement, on s'entend peut-être là-dessus,
mais, de façon pratique, l'expérience et ce qu'on entend à la commission
Charbonneau nous ont montré qu'il y a des cas, justement, qui ont été capables
de passer à travers les filets ou les mailles de la justice.
Mme Bourque (Gisèle) : Ce n'est pas
monnaie courante.
M. Bégin (Simon) : Et, si vous me
permettez, dans ces cas-là, il devrait y avoir poursuite et il devrait y avoir
remboursement. Mais on n'a pas besoin d'une présomption, O.K., pour la faire
peser sur tout le monde.
Alors, nous,
ce qu'on vous propose, c'est de dire : Quand, les représentants, les
simples employés, c'est prouvé qu'ils
ont participé à l'infraction, ils devraient être tenus responsables, mais on ne
devrait pas présumer qu'ils le sont tous. Surtout que le simple manoeuvre, là, qui réalise des travaux, qu'il y
ait 14 pouces ou qu'il y ait 12 pouces de… lui, il a peu de pouvoir sur les actions de la compagnie. Et,
même s'il allait dénoncer, vous le savez, vous en avez parlé à plusieurs
reprises, il ne pouvait pas être protégé.
Alors, qu'est-ce qu'il faisait? À l'époque, il pouvait perdre son emploi.
Alors, on ne peut pas lui reprocher, on ne peut pas le faire présumer responsable.
Si on est capable de le prouver, qu'il paie. Ça, on n'a pas de problème. Mais,
de le présumer, nous, on trouve que c'est aller trop loin.
M. Duchesneau : Mais…
Le Président (M. Ferland) : C'est
malheureusement tout le temps, le 5 min 30 s étant écoulé.
M. Duchesneau : Déjà?
Le Président (M. Ferland) :
Oui, ça passe très vite, hein, ici.
M. Duchesneau : J'ai l'impression
que mon temps passe plus vite que celui de…
Une voix : Quand on s'amuse…
M. Duchesneau : …avec les
horloges.
Le Président (M. Ferland) : Non,
c'est les mêmes. On a la même horloge pour surveiller.
Alors, sur
ce, bien, je tenais aussi à vous remercier, Me Bégin, Me Bourque et
M. Giroux, pour votre mémoire. Je remercie les membres de la commission,
bien sûr le personnel qui nous accompagne, les pages et les techniciens.
Et, sur ce, la commission ajourne ses travaux au
lundi 2 décembre 2013, à 14 heures, afin de poursuivre son mandat.
Et, sur ce, bonne fin de semaine. À lundi.
(Fin de la séance à 12 h 56)