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(Quinze heures vingt-trois minutes)
Le Président (M. Dauphin): Alors, le quorum étant
constaté, je déclare la séance de la commission des
institutions ouverte. Elle a pour mandat cet après-midi, dans un premier
temps, de procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 138, c'est-à-dire la Loi modifiant la Loi de police;
ensuite, le projet de loi 132, Loi modifiant la loi constitutive de la
Régie des alcools, des courses et des jeux ainsi que diverses lois
portant sur les activités surveillées par cette Régie. Mme
la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Bertrand
(Portneuf) remplace M. Trudel (Rouyn-NorandaTémiscamingue).
Projet de loi 138
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. J'appelle donc
la loi 138, Loi modifiant la Loi de police. Est-ce que, M. le ministre, vous
avez des remarques préliminaires à faire avant que nous appelions
l'article 1 dudit projet de loi?
M. Ryan: Vu que le projet de loi ne comporte qu'un article, je
pense qu'en abordant cet article nous abordons en même temps la
substance, pour ce qu'il y en a.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Quand il n'y a pas de caméra, le ministre est
moins volubile. Il manque de visibilité.
M. Ryan: ...
M. Dufour: J'ai vu qu'il avait parlé pas mal plus
longtemps que ce qu'il y avait d'écrit dans le projet de loi, lors du
dépôt du projet de loi.
M. Ryan: Je cherche à fuir la publicité. Elle court
après moi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Je suis d'accord qu'on procédera plutôt
par questions.
M. Ryan: Grâce à vos médisances et à
vos calomnies.
M. Dufour: Le ministre va nous présenter l'article, et on
posera quelques questions.
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, ce qu'il ne savait pas, c'est
que j'avais peut-être reçu des ordres de tenir le temps.
Le Président (M. Dauphin): Alors, les remarques
préliminaires, je décode qu'il n'y en a pas, ni
«filibuster».
Étude détaillée
Régime de mise à la retraite et
d'accès à la pension pour le directeur
général de la Sûreté du Québec
Alors, j'appelle l'article 1 du projet de loi. M. le ministre.
M. Ryan: Je vais reprendre le plus brièvement possible les
explications que j'ai fournies à la Chambre lors du débat sur le
principe du projet de loi. Le projet de loi a pour but d'assouplir le
régime de mise à la retraite et d'accès à la
pension pour le directeur général de la Sûreté du
Québec. Suivant la loi actuelle de police, dans son article 58, la
pension... Pardon?
M. Dufour: C'est ça. Ça va.
M. Ryan: Ça va, à 58? «La pension avec
retraite est obligatoire pour tout membre de la Sûreté du
Québec après 32 ans de service. Elle est aussi obligatoire
à l'âge de 60 ans.» Ensuite, l'Assemblée nationale,
plus exactement, sous le gouvernement précédent, avait
adopté une loi abolissant l'âge obligatoire de la retraite sauf
dans certains secteurs particuliers de la société. Le
président se souvient parce qu'il a voté en même temps que
moi, à ce moment-là, en faveur de la loi qu'on appelait la loi
Lazure, à l'époque.
En vertu de cette loi, on ne pouvait plus contraindre un employé,
sauf dans certains secteurs que le gouvernement était libre de
déterminer par règlement, à se retirer à
l'âge «mandataire» de 65 ans. En vertu du pouvoir
réglementaire d'exception qui lui avait été
attribué par le législateur, le gouvernement, quelque temps
après, peut-être deux ou trois ans après, adoptait un
règlement dans lequel il décidait que les membres de la
Sûreté du Québec n'étaient pas couverts par cette
loi qui ouvrait l'âge de la retraite tous azimuts. Ils n'étaient
pas
couverts... étaient acceptés, ce qui veut donc dire que
l'article 58 et son corollaire, là, l'article 59 de la Loi de police,
auraient été rendus inopérants par le règlement en
question, adopté en vertu d'une autre loi postérieure à
cette disposition de la Loi de police. Là, l'article 58 retrouvait toute
sa force.
Aujourd'hui, nous faisons face au problème suivant. Le directeur
général actuel de la Sûreté du Québec, M.
Robert Lavigne, complétera, vers la fin de l'année 1994, un
mandat de cinq ans et 10 mois qui lui avait été accordé
par le gouvernement en 1988. Et si nous ne faisons rien, nous en serons
réduits, lui et nous, à appliquer la Loi de police dans ses
dispositions actuelles, c'est-à-dire que, comme M. Lavigne aura atteint
32 années de service, même s'il n'aura que 52 ou 53 années
d'âge, il sera invité à prendre congé, à
entrer dans le monde doré de la retraite.
Le gouvernement veut se donner une certaine marge, dans ce
cas-là, parce que la fonction de directeur général de la
Sûreté du Québec est une fonction très
délicate, difficile à remplir, qui exige beaucoup de
qualifications, à la fois au point de vue expertise et expérience
policières, au point de vue aptitude à diriger des hommes,
aptitude à voir les problèmes les plus larges de la
société, aussi, dans une certaine habileté à
comprendre d'autres points de vue que celui de la police, aussi. Le directeur
général est en rapport avec le gouvernement, en particulier; il
faut qu'il soit capable de comprendre les intérêts plus larges
dans le gouvernement, également, dans le bon sens du terme. Alors, nous
autres, nous sommes très satisfaits des services qu'a rendus M. Lavigne
jusqu'à ce jour. Nous ne voudrions pas, à cause d'une
passivité qu'on pourrait ensuite nous imputer, nous voir reprocher de
n'avoir pas retenu cet homme-là alors qu'il y avait de bonnes raisons de
le garder encore au service de l'État pendant un certain nombre
d'années. D'ailleurs, c'est une question que je me pose de
manière plus large à propos de la police. Je trouve que
l'âge de la retraite, surtout pour les officiers, est trop bas,
actuellement. Trop bas.
À la police de Montréal, c'est encore plus
prononcé. Il y a des hommes qui pourraient encore donner des
femmes aussi, éventuellement une très bonne contribution
à la sécurité publique qui sont obligés de prendre
le chemin de la retraite; ensuite, on les retrouve dans des postes tout
à fait différents, ailleurs dans la société, ou
encore, des fois, dans une situation dont on peut se dire honnêtement
qu'elle n'est peut-être pas aussi intéressante que celle qu'ils
auraient eue. Il faut y penser deux fois. On n'a pas de pléthore de
leadership non plus. On ne crée pas des dirigeants supérieurs,
là, du jour au lendemain. Même avec les meilleurs appareils, il
arrive qu'on manque son coup. (15 h 30)
Alors, c'est une mesure de précaution que le gouvernement veut
prendre. Je pense que si nous le faisons, c'est parce que nous songeons
sérieusement, inutile de vous le dire, à inviter M. Lavigne
à prolonger son séjour à la tCte de la direction de la
Sûreté du
Québec pendant un nombre d'années qu'il restera à
déterminer quand nous aurons été habilités par
l'Assemblée nationale à discuter de ces choses avec lui.
Actuellement, nous ne le sommes point.
Alors, voilà comment le problème se pose. Si nous
adoptions la proposition contenue dans le projet de loi, nous dirions, et j'en
viens à l'explication plus immédiate: L'article 59 de la Loi de
police est modifié par l'addition, après le premier
alinéa, du suivant. Alors, je lis l'article 59 pour commencer, M. le
Président, pour que tout soit clair. Je lis le 58 tout d'abord:
«58. La pension avec retraite est obligatoire pour tout membre de la
Sûreté du Québec après 32 ans de service.
Elle est aussi obligatoire à l'âge de 60 ans.»
«59. Le gouvernement peut rendre applicable aux membres de la
Sûreté visés aux paragraphes 1° à 3° de
l'article 43 de la Loi de police le régime de retraite prévu au
contrat de travail conclu en vertu de l'article 8 et la Loi sur le
régime syndical applicable à la Sûreté du
Québec (chapitre R-14).»
Alors, cet article nous rappelle tout d'abord qu'il y a un régime
de retraite à la Sûreté du Québec, pour les membres
de la Sûreté du Québec, qui est une sorte d'annexé
à la convention collective. Il est prévu par l'article 59 que ce
régime de retraite peut être rendu applicable aux officiers
supérieurs, c'est-à-dire aux membres des catégories 1
à 3. Ça, c'est le directeur général, ce sont les
directeurs généraux adjoints et, ensuite, je pense que ce sont
les inspecteurs. Alors, il est rendu accessible à ça. Mais s'il
est à l'âge de la retraite, il ne peut plus, évidemment, si
le premier paragraphe s'applique, être admissible à la retraite.
Avec la modification que nous proposons, nous réglons les
problèmes qui se posent à propos et de 58 et de 59. Nous dirions,
par l'ajout d'un alinéa qui se lirait comme suit: «La pension avec
retraite est obligatoire pour tout membre de la Sûreté du
Québec après 32 ans de service. Elle est aussi obligatoire
à l'âge de 60 ans.» Ça reste. Ensuite: «Le
gouvernement peut rendre applicable aux membres de la Sûreté
visés aux paragraphes 1° à 3° de l'article 43, avec ou
sans modification, le régime de retraite prévu à un
contrat de travail conclu en vertu de l'article 8 de la Loi sur le
régime syndical applicable...» Et là, nous ajouterions un
alinéa à celui-là qui se lirait comme suit: «Pour
l'application du premier alinéa c'est-à-dire l'application
du régime de retraite au directeur général le
gouvernement peut également, à l'égard de l'officier
visé au paragraphe 1° de l'article 43 ça, c'est le
directeur général fixer une limite différente de
celle prévue au premier alinéa de l'article 58.» Ça
veut dire qu'il peut dire que, dans son cas, la limite d'âge n'est plus
la même que ce qui est défini au premier alinéa. À
ce moment-là, il devient admissible au régime de retraite et, en
même temps, le premier alinéa s'applique à lui, moyennant
la modification qu'a pu introduire le gouvernement.
Je vous dirai pourquoi nous procédons seulement avec le directeur
général. Si on eut écouté ma
préférence,
nous eussions également procédé avec les principaux
officiers supérieurs, mais là, c'est parce que ça
entraîne des considérations au point de vue actuariel. Ça
entraîne des changements dans le régime de retraite. Si vous
touchez au régime de retraite dans son application aux officiers
supérieurs, là, il faut consulter le syndicat, également
l'Association des policiers provinciaux du Québec, qui veille à
ces choses-là avec une attention soutenue. Je l'en félicite,
d'ailleurs, ce n'est pas du tout une critique que je formule. Mais nous ne
voulions pas... Nous n'avions pas le temps ni l'énergie d'engager toutes
ces consultations extensives à ce moment-ci. Ça fait que
là, nous procédons au cas du directeur général et,
un peu plus tard, nous aurons l'occasion d'en parler avec l'Association des
policiers provinciaux du Québec, avec le groupe qui réunit les
officiers supérieurs de la Sûreté du Québec. Ils ont
leur association de cadres, évidemment, eux autres aussi. Mais
là, nous n'avions pas le temps d'engager toutes ces
conversations-là. Je peux vous dire, d'autre part, qu'avant d'engager
cette démarche, j'ai procédé personnellement à des
coups de sonde dans le milieu de la Sûreté du Québec pour
savoir comment on réagissait à la direction actuelle. C'est
important. S'il y avait un vent de fronde, par exemple, dans les rangs de la
Sûreté et que tout le monde se disait: Si on peut donc être
débarrassé de ce directeur-là, on n'irait pas
procéder avec une chose comme celle-ci. J'ai fait des coups de sonde
sérieux et nombreux et les résultats que j'ai obtenus
étaient éminemment favorables à une reconduction
éventuelle du mandat du directeur général actuel pour des
périodes pouvant varier. Les uns me disaient telle période,
d'autres, telle période, d'autres, telle période. Mais je n'ai
pas rencontré une personne qui m'a dit: II faut que vous vous
débarrassiez de ce gars-là le plus vite possible. Je n'ai pas
entendu personne me parler ce langage-là. Au contraire, la contribution
que M. Lavigne apporte à la Sûreté du Québec, je
pense que c'est la suivante. C'est un homme de grande expérience
policière qui a fait toutes les fonctions dans la Sûreté du
Québec. Il a commencé en bas de l'échelle, il a
monté, il a travaillé dans plusieurs régions. C'est un
homme originaire de l'Abitibi. Il a travaillé dans sa région
longtemps. Il a travaillé avec les autochtones aussi. C'est une
qualité très utile dans le contexte actuel. Il a travaillé
dans le Grand-Nord du Québec, il a contribué à
établir les services de protection policière que la
Sûreté du Québec maintient dans le Grand-Nord. Il a
travaillé dans la région de l'Outaouais je ne sais pas si
le député de Hull est encore ici il a laissé un
très bon souvenir dans la région de l'Outaouais.
Par conséquent, il apporte cette note d'expertise pratique
ce n'est pas un théoricien une grande expérience pratique,
un grand sens de l'unité de la force également. Toute l'action de
M. Lavigne a consisté à promouvoir l'unité de la
Sûreté du Québec. Je pense ne rien révéler en
indiquant qu'il avait besoin de travailler l'unité à la
Sûreté du Québec, à la suite d'expériences
antérieures sur lesquelles je n'ai pas à m'étendre aujour-
d'hui. Aujourd'hui, il y a une force qui est unie. Moi, je le sens parce que...
Je vais un peu partout à travers le Québec, je rencontre les
représentants de la Sûreté aux moments les plus inattendus,
à partir de ma propre circonscription, ailleurs, et on sent ça
tout de suite s'il y a un esprit d'unité et de collaboration. On l'a vu
avant-hier dans le parlement. Les choses se sont passées dans l'ordre,
au parlement, mais il y avait une protection qui était assurée
aussi. Il y avait une protection très, très efficace qui avait
été mise sur pied. Certains s'imaginent peut-être qu'on
n'est pas capable de faire ces opérations-là. Je voudrais qu'ils
se détrompent parce que, lorsqu'on décide d'agir, il y a une
capacité d'action unifiée qui est assez impressionnante.
Pour toutes ces raisons, nous aimerions que la Loi de police soit
modifiée dans son article 59 de manière que le gouvernement
puisse établir le nombre des années de service ou l'âge
limite auquel M. le directeur général pourra demeurer admissible
au régime de retraite.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci, M. le ministre de
la Sécurité publique. M. le député de
Jonquière, porte-parole officiel de l'Opposition en cette
matière. M. le député.
M. Dufour: Oui. Je suis heureux d'entendre parler le ministre de
la façon dont il parle par rapport aux corps policiers. Moi, je n'ai
jamais mis en doute la capacité de la police d'agir, mais à la
condition qu'on lui permette de le faire. Et ça, je mets ça en
doute. Je comprends que, pour les événements d'avant-hier, on
était préparé. J'ai vu toute la panoplie de la
façon dont ça peut se comporter, et ils sont ordonnés.
Ça va. On a eu plus, peut-être, que le client n'en demandait. Mais
je me sentais en sécurité, moi, dans le parlement, il n'y avait
pas de problème de ce côté-là. Excepté que,
connaissant justement leur capacité de faire face à des
situations, je crois et j'ai l'impression qu'ils auraient pu maîtriser
des situations autres. Ces situations-là, on ne les identifiera pas.
Mais si vous aviez voulu ou s'il y avait eu une volonté politique, je
suis convaincu qu'ils auraient pu le faire. Pas dans la manière. Je
pense que, ça, vous êtes aussi convaincu que moi. C'est la
façon d'analyser les conséquences qui n'est pas la même.
(15 h 40)
Votre gouvernement, dont vous faites partie, prévoit ou
prévoyait des résultats extraordinaires mais qu'on ne pourra
jamais... Je pense que le débat ne se réglera jamais. Je peux
penser et je pense complètement différemment de ce que vous
pensez. Ça ne change rien... La seule façon qu'on aurait eue
aurait été de répéter les événements
et prendre les deux manières. Ça fait que ce sera un débat
qui ne sera jamais vidé. C'est laissé à
l'appréciation du bon peuple qui, lui, peut porter un jugement et
autant, aussi, qu'il pourra nous permettre, peut-être à la longue,
de décortiquer ou de voir ce qui aurait pu se produire dans une
façon de procéder différente.
Ceci étant dit, c'est évident que les gens qui font partie
des corps de police, il y a une situation particulière avec le directeur
de la Sûreté du Québec parce qu'il est nommé pour un
nombre d'années limité. Tous les officiers de la
Sûreté du Québec ne sont pas nommés pour un certain
nombre d'années, à ce que je sache. Je crois qu'ils sont
nommés jusqu'au bon plaisir de Sa Majesté, au bon plaisir de la
convention collective ou selon des normes qu'on connaît qui sont à
peu près comme ça. Peut-être que vous pourriez me dire le
contraire, là, ce sont des éléments que je n'ai pas
fouillés. Je sais que le directeur de la Sûreté du
Québec a été nommé pour un certain nombre
d'années ou si c'était juste pour se rendre jusqu'à 52
ans, c'est pour compléter ses 32 ans de service qu'il a
été nommé pour un temps ou la coutume veut, ou la loi veut
ou exige qu'il soit nommé pour un temps donné, pour un maximum de
cinq ans, tandis que les autres officiers ne sont pas nommés pour une
période donnée.
Là-dessus, c'était la première réflexion. La
deuxième, c'est, s'il conserve son poste, qu'est-ce qui arrive, par
exemple? Est-ce que son fonds de pension, qui actuellement est
considéré comme plein... Il a un fonds de pension complet.
Ça peut représenter, je ne sais pas, 80 %, 75 % de son salaire.
Est-ce que le fait qu'on prolonge son contrat... Est-ce qu'il doit cotiser
encore? Est-ce que c'est de nature à augmenter son fonds de pension ou
est-ce que c'est de nature, à la fin, à obliger le gouvernement
à donner des avantages supplémentaires, comme par exemple...
Ça pourrait être des primes de séparation. Qu'est-ce qui se
produit, dans ce cas-là?
M. Ryan: Je vous dirai franchement... Je ne peux pas vous donner
des détails, mais il va continuer, d'après ce que j'ai compris,
d'être admissible au régime de retraite. C'est ça qui est
l'objet de notre projet de loi. Si on fait ça, c'est parce qu'il peut
être admissible. Ça a été vérifié avec
la CARRA, avec le Conseil du trésor, avec la direction de la
Sûreté, évidemment.
M. Dufour: Mais s'il paie pendant 35 ans au lieu de 32 ans,
qu'est-ce qui arrive? Le fonds de pension, est-ce qu'il y a une limite de
fixée dans la loi ou dans leurs règlements, au point de vue des
montants? Par exemple, on dit dans la plupart des fonds de pension: Le fonds de
pension peut atteindre jusqu'à un maximum de 70 %.
M. Ryan: ii y a une limite de cet ordre-là. à la
sûreté, c'est 70 %, 75 % du meilleur salaire reçu pendant
les dernières années de service.
M. Dufour: Donc, ça ne serait pas de nature à
augmenter, et il doit continuer à cotiser?
M. Ryan: Évidemment, au cours, disons, des trois ou quatre
prochaines années, s'il restait, il va y avoir des ajustements de
rémunération, ça va améliorer sa pension
légèremsnt.
M. Dufour: Bien, pas pour les deux prochaines années.
M. Ryan: Non, non. Ils sont soumis au gel aussi, vous le savez
très bien.
M. Dufour: Donc, il va travailler juste pour le plaisir du
travail. Ha, ha, ha!
M. Ryan: Oui, ça arrive, même en politique.
M. Dufour: Je pense que ça arrive. Je pense qu'on fait
partie de cette catégorie-là. Ha, ha, ha!
M. Ryan: On veut que vous continuiez longtemps.
M. Dufour: Ce qui veut dire que... Est-ce qu'il va y avoir
d'autres avantages de rattachés à sa fonction? La reconduction de
trois ans dont on parle, est-ce qu'elle va changer la nature de l'engagement
qu'actuellement il a? Autrement dit, il a été engagé
par... La nomination est par décret, les avantages sont prévus.
Est-ce que ça veut dire que la prolongation va changer les conditions de
travail comme...
M. Ryan: Je ne penserais vraiment pas parce que, si le directeur
général était invité à poursuivre son
travail, qu'il dût me dire, à un moment donné: Moi, je ne
suis pas capable de faire plus de quatre jours par semaine et je vais
être obligé de travailler de neuf à cinq, je lui dirais: On
n'avait pas besoin de cette loi-là pour vous. Et puis, il n'y aurait pas
de discussion, même. C'est pour ça qu'on va maintenir plein
rendement, disponibilité totale. Ça, c'est un point, M. le
Président, que je tiens à vous signaler, que le directeur de la
Sûreté du Québec doit être disponible en tout temps,
et pour ses principaux collaborateurs, et pour le ministre et ses
collaborateurs immédiats. Il faut que... Moi, si je veux l'atteindre
à minuit, le dimanche soir, je l'atteins toujours en dedans de cinq
minutes. Il faut qu'il porte son appareil avec lui tout le temps, ce que je ne
fais pas moi-même. Moi, on peut me rejoindre par d'autres moyens. La
police se met après moi et ils me rejoignent. Je ne tiens pas à
être toujours accompagné de ces appareils. J'aime bien avoir un
peu de solitude.
Mais le directeur de la Sûreté, ça fait partie de
son statut, ça fait qu'il est disponible tout le temps. Celui-là
l'est de manière exemplaire. Exemplaire. C'est une grande source de
sécurité pour un gouvernement, quand vous savez que, quel que
soit l'événement qui s'est produit, où que ce soit sur le
territoire, vous pouvez, à quelques minutes d'avis, être
renseigné avec pas mal de précision. J'ai observé que
lorsqu'arrive une catastrophe, une tragédie naturelle ou humaine quelque
part, dans la plupart des cas, à travers le territoire du Québec,
c'est la Sûreté du Québec qui est la première sur
les lieux, avant les ambulances, avant les médecins, avant les officiels
de ceci et de cela. La Sûreté du
Québec est généralement la première sur les
lieux. Elle est équipée pour ça. Ce n'est pas un
mérite exceptionnel qui vaudrait la canonisation automatique. Pas du
tout. Elle est équipée pour ça. Elle a des
véhicules, des postes un peu partout à travers le Québec,
et elle y va très vite.
Quand on avait eu la grosse tornade de Maskinongé, là,
ici, on ne pouvait plus communiquer avec personne à Québec. Les
lignes téléphoniques avaient été coupées
entre Québec et Montréal, Québec et La Mauricie.
C'était tout coupé, et moi, j'étais bien
embêté. Je ne savais pas trop quoi faire. À un moment
donné, on a trouvé un moyen de communiquer avec la
Sûreté du Québec. Je me rappellerai toujours la
réponse: Ne vous inquiétez pas. Nos gens sont déjà
sur les lieux. Et tu sais, il y a ça qui est fin je suis content
de le dire parce qu'on n'a pas tous les jours l'occasion de signaler les
côtés éminemment positifs du travail qui s'accomplit.
L'homme qui...
M. Dufour: Si vous le faites, on n'aura pas à le
faire.
M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: Si vous le faites, on n'aura pas à le faire.
Ça serait de la redondance.
M. Ryan: Souvent, ça l'est. Des voix: Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Portneuf.
M. Bertrand: Oui, M. le Président. Je comprends
très bien, parce que je pense que les explications ont été
très claires, l'objectif que poursuit le ministre par cette loi et par
l'article 1 de la loi. Cependant, je suis un peu inconfortable avec un aspect
que je vais expliquer aussi de la façon la plus claire possible. C'est
en ce qui a trait à l'absence de limite qu'introduit la disposition tel
que l'article est libellé. Et je m'explique. J'aimerais dire en passant
que loin de moi l'idée de mettre en doute la très grande
compétence, effectivement, du directeur général de la
Sûreté du Québec. Je souscris entièrement aux propos
que tenait le ministre tout à l'heure, et en même temps, je me
dis: II faut aussi prendre conscience que d'autres personnes,
éventuellement, succéderont au directeur général
actuel et le directeur général actuel, lui aussi, a
succédé à d'autres personnes qui étaient, je pense,
dans l'ensemble, également d'une grande compétence. Donc, je me
demande: Est-ce que l'impasse dans laquelle on se retrouve, finalement, n'est
due qu'au fait qu'on n'a pas eu assez de temps pour y penser ou on y a
pensé trop tard, ce qui peut s'expliquer? On a beaucoup de choses
à faire, tout le monde. Je me dis: II faut se donner un minimum de
flexibilité, dans les circonstan- ces, sans pour autant permettre
éventuellement, même dans 20 ans, qu'on reconduise presque
constamment le même contrôle, la même situation. Ce que je
voudrais suggérer, sans en faire une motion pour l'instant, voir si,
effectivement, ça fait du sens, éventuellement, aux
parlementaires, est-ce qu'on ne pourrait pas plutôt prendre un
libellé qui aurait pour effet de reporter, pour une certaine
période, un an, deux ans, trois ans, je ne sais pas pour quelle
période, au maximum la limite prévue au premier alinéa de
l'article 58, plutôt que de mettre une référence
indéfinie dans le temps? C'est une suggestion que je fais.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, d'abord, il y a une limite qui
reste dans la loi. La limite de 60 ans va rester. On lui donne une
flexibilité plus grande pour l'accès au régime de retraite
quant aux années de service. Mais l'âge de la retraite demeure
obligatoire à 60 ans. (15 h 50)
II y a une autre limite aussi. Supposez que le gouvernement lui donne un
nouveau mandat, il ne peut pas lui donner un mandat d'une durée plus
longue que cinq ans. Il y a un autre article qui dit: Le directeur est
nommé pour une durée maximum de cinq ans. Ça fait que,
même là, il faudra revenir, il faudra que le gouvernement
réexamine.
M. Bertrand: C'est ça. Mais je comprends, dans ce
cas-là, qu'il pourrait quand même être renouvelé pour
un autre cinq ans.
M. Ryan: II pourrait être renouvelé s'il n'a pas
atteint la limite d'âge de 60 ans. Oui, la limite d'âge est quand
même très, très importante. Je ne veux pas m'étendre
sur le cas particulier du directeur actuel, mais vous indiquer qu'il doit avoir
actuellement... c'est 52 ou 53. Quand arrivera l'échéance de son
mandat, ce sera probablement 54, parce qu'on vieillit tous d'une année
à la fois. Ça ne donne pas grand marge jusqu'à 60 ans,
là, dans la pire des hypothèses; c'est la plus risquée des
hypothèses, selon certains. Et moi, je n'ai aucune objection ce
n'est pas parce que je veux souhaiter ça pour le gouvernement, mais j'en
serais ravi il peut arriver qu'une personne soit très bonne
pendant 10 ans dans la même fonction. Moi, j'ai été 16 ans
directeur au Devoir. Tout le monde a regretté mon départ,
d'après ce que j'ai lu dans le temps, en tout cas...
M. Dufour: Nous autres aussi. M. Ryan: Ha, ha, ha! Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Avant ça, j'avais été 17 ans dans
la fonction que j'occupais antérieurement. Là, j'avais bien
souhaité qu'on fasse au moins 10 ans au gouvernement. Ça
prendrait un autre mandat...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: .. .pour le gouvernement.
Une voix: Ah, oui?
M. Ryan: Pour le gouvernement, j'entends bien.
M. Dufour: Pour les autres.
M. Ryan: Mon cas restant indéterminé, M. le
député. Je ne veux pas que vous tiriez aucune conclusion
prématurée. Vous me feriez énormément de peine. Ha,
ha, ha!
M. Dufour: Je suis coi. Je reste coi. Ha, ha, ha! M. Bertrand:
M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Portneuf.
M. Bertrand: ...je comprends très bien les arguments du
ministre. Ceci étant dit, je trouve que, même là, la
période est un peu longue par rapport à la situation d'origine.
Le ministre lui-même a indiqué qu'il poursuivait une
réflexion, également, en ce qui regarde les officiers
supérieurs. On ne doit pas introduire, à mon avis... Même
si le cas du directeur général est un cas particulier, on ne
devrait pas introduire, je pense, un principe dans le cas d'un poste en
particulier sans avoir réfléchi à la possibilité de
le faire également pour d'autres cas, sinon semblables, du moins qui
pourraient se rapprocher. Est-ce que le fait de, quand même, mettre une
limite un peu plus rapprochée ne forcerait pas une réflexion du
gouvernement et des parlementaires à l'effet qu'une disposition
équivalente puisse être introduite à l'égard des
officiers supérieurs, éventuellement? Est-ce qu'on ne devrait pas
s'obliger nous-mêmes à, je dirais, une limite plus
rapprochée?
M. Ryan: Je ne penserais pas.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Je ne penserais pas parce que, là, on a quand
même une période qui peut aller, au maximum, à sept ans.
Maximum. Les chances que ça se rende jusque-là, à mon
point de vue, sont fort limitées. D'abord, ça prend le
consentement de l'intéressé. Moi, il a fallu que je parle quand
même à M. Lavigne, lui demander: Si on fait ça, est-ce que
vous allez être disposé à rester si le gouvernement vous le
demande? Et il a hésité avant de me répondre; il a fallu
qu'il y pense comme il faut. Je pense que toute personne occupant une fonction
comme celle-là esi obligée de s'interroger à diverses
étapes de son mandat sur la question de savoir si elle doit et si elle
peut continuer, aussi. Je pense que tous ceux qui ont occupé des postes
de commande sont obligés, dans le contexte mouvant d'aujourd'hui, de le
faire de temps en temps. Ça va? Je pense que... Des questions fort
pertinentes, par ailleurs, et j'espère qu'on aura l'occasion,
peut-être, d'examiner le problème sur une base plus large. Ce
serait très intéressant. Je pense que, pour la
Sûreté, ça pourrait être un motif d'inspiration
renouvelée, aussi, parce que quand le type arrive à un poste
d'inspecteur, disons, et qu'il est rendu qu'il a 29 ans de service, bien,
là, il se dit: Moi, qu'est-ce je vais faire, à ma retraite, dans
trois ans, là? Le gars a 49, 50 ans, il parle déjà de
retraite. Moi, je leur dis quand je les rencontre: Parlez-moi d'autres choses
que de ça. Mais le système les oblige à penser comme
ça. À mon point de vue, ce n'est pas bon, socialement.
M. Dufour: C'est souvent que des gens, bien sûr, ils
pensent juste à leur retraite. Quand ils arrivent à leur
retraite, ils trouvent qu'elle est venue trop vite. Un autre tantôt, les
gens pensent à leur retraite ou en parlent beaucoup parce qu'ils
n'aiment pas nécessairement leur travail. Ça devient une
étape qu'ils doivent passer obligatoirement. Je pense qu'on vit
ça régulièrement. On en voit des gens qui parlent toujours
de la retraite, c'est un sujet assez fort. Il n'y aura pas de problème
pour le projet, là, tel que présenté, en tout cas à
mon point de vue. On serait prêt à l'adopter. Mais avant de
l'adopter, je vous ai soulevé un cas de Kuujjuaq, où les normes
de sécurité ou les règles de sécurité ne
sont pas observées. Je ne sais pas si vous aviez une copie... Il me
semble que oui...
M. Ryan: J'ai reçu la lettre de ce correspondant dont vous
parlez.
M. Dufour: Je ne sais pas si vous avez l'intention, à un
certain moment... Ce n'est pas la Sûreté du Québec?
M. Ryan: Oui. M. Dufour: Oui.
M. Ryan: Oui, c'est la Sûreté du Québec qui
est là-bas. Il y a un poste de la Sûreté du Québec
important à Kuujjuak.
M. Dufour: Ah, bon, en plus.
M. Ryan: II y a quelques policiers autochtones aussi. En tout, il
y a sept ou huit constables, mais qui desservent un territoire plus grand, qui
sont obligés de desservir d'autres communautés également.
Il n'y a pas tout à fait assez de ressources, là. Ça, j'ai
soumis le problème au gouvernement. Dans les communautés
autochtones du Nord, en vertu de l'entente de la Baie James, on est tenu de
fournir un constable par 500 de
population. Mettez un village inuit qui a 700 de population, vous avez
seulement un constable. Les constables, ça, c'est sept jours par
semaine, 365 jours par année, puis souvent 24 heures par jour. S'il
arrive des situations difficiles, il faut qu'ils soient là. Imaginez que
cette personne-là on voulait avoir un autochtone, ça
paraît bien sur papier, ça, mais il faut qu'il vienne d'une
famille, il faut qu'il vienne d'un milieu. S'il y a quelqu'un de sa famille qui
est pris, puis ce monde-là est relié entre eux, il y a des
beaux-frères, des belles-soeurs, des cousins, des cousines, des neveux,
des nièces, il va arrêter un de ses neveux ou quelque chose... Ce
n'est pas facile, là. Les gens décident de le boycotter, à
un moment donné. Je vais vous dire, c'est tellement difficile qu'en
général le taux de persévérance est très
bas.
Moi, je suis allé, puis je me pensais bon, là. C'est un
Blanc à l'esprit libéral qui se pense bon, tu sais. Je
m'amène là. Puis là, on me dit: On va vous donner des
constables autochtones. Savez-vous ce que des maires m'ont dit? Ils ont dit:
Nous autres, on veut garder la SQ. J'ai été surpris parce que
c'est contraire au langage qu'on tient dans les salons de la vieille capitale,
les salons politiques de la vieille capitale. Ça va bien, autochtones,
autochtones. Puis eux autres me disaient, là: Étant donné
les conditions pratiques, M. le ministre, pensez-y comme il faut avant de faire
ça. Notre objectif reste toujours l'émergence de corps de police
autochtones. Ça, c'est l'objectif de base, mais dans ces
conditions-là, il faut y penser deux fois. C'est pour ça que je
suis très sensible. J'ai écrit à ce correspondant,
d'ailleurs, pour lui dire que j'étais très sensible aux
représentations qu'il m'apportait. Mais la solution immédiate,
là, on a des mémoires, des documents de travail là-dessus
puis tout, il faudrait libérer un peu d'argent. Ça, on en parlera
aux crédits.
M. Dufour: Ça va.
Le Président (M. Dauphin): Ça va. Est-ce que
l'article 1 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Est-ce que
l'article 2 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Est-ce que le
titre du projet de loi est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
Projet de loi 132
Nous appelons maintenant le projet de loi 132.
M. Ryan: Merci. Je remercie l'Opposition et mes collègues
du côté ministériel également...
Le Président (M. Dauphin): Très bien, M. le
ministre.
M. Ryan: ...ainsi que Mme Laforest, vous-même, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Alors, je vous lis le titre de
la loi 132. C'est la Loi modifiant la loi constitutive de la Régie des
alcools, des courses et des jeux ainsi que diverses lois portant sur les
activités surveillées par cette Régie. Je signale tout
d'abord aux membres de la commission que nous avions reçu deux lettres,
j'avais reçu deux lettres: une de la Fédération de
l'entreprise indépendante... Ça, ce n'est pas vous, je crois.
Vous, c'est la Corporation du loisir automatique du Québec. Vous non
plus. Alors, j'avais reçu deux lettres de deux groupes qui ne sont pas
présents. C'est ça?
M. Ryan: Eux autres, c'est l'Association de l'amusement du
Québec, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Alors, vous ne m'avez
pas écrit, vous?
Une voix: Non. (16 heures)
Le Président (M. Dauphin): D'accord. C'est qu'on m'avait
écrit pour demander d'intervenir ou quoi que ce soit. Les deux autres
groupes. Alors, ça clôt la discussion. Sur le projet de loi,
est-ce que vous avez des remarques préliminaires, M. le ministre?
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: Tout d'abord, je voudrais peut-être déposer
un certain nombre de propositions d'amendements que nous soumettrons à
la considération des membres de la commission à mesure que nous
examinerons le projet article par article. Si vous aviez des séries de
ces amendements à remettre à chaque membre de la commission, j'en
serais fort aise. On est en train de le faire? Ils sont déjà
à votre portée?
Le Président (M. Dauphin): La présidence ne l'a
pas. L'Opposition l'a. Le Secrétariat l'a.
M. Ryan: L'Opposition, je pense, s'est vue remettre copie du
dossier, qui est d'ordinaire réservée aux membres de
l'équipe ministérielle. Ça fait partie de la transparence
que nous essayons de pratiquer en ces
choses, en matière de travaux législatifs. Nous l'avons
fait, l'autre jour, lors d'une première expérience que nous avons
faite avec le député de Portneuf, et ça a
été fort utile. Nous le faisons volontiers aujourd'hui. Je pense
que ça nous aidera à comprendre, peut-être avec moins de
difficulté, la signification exacte du projet de loi.
Je voudrais, M. le Président, brièvement, en
réponse à votre invitation, indiquer un petit peu de quoi
retourne le projet de loi. Ça va nous guider pour nos travaux
ultérieurs.
Tout d'abord, je vous rappelle que nous avons adopté, en juin
dernier, le projet de loi 84 sur la Régie des alcools, des courses et
des jeux et modifiant diverses dispositions législatives. Avec le projet
de loi 84, le gouvernement a décidé de confier à une
autorité unifiée tout l'aspect sécurité publique
dans le domaine des jeux organisés au Québec. Déjà,
la Régie des permis d'alcool du Québec assurait le contrôle
du secteur des permis d'alcool: émission de permis, révocation,
suspension, annulation, etc. La Régie des permis d'alcool disposait
déjà d'une mission considérable en matière de
permis d'alcool. Il a été décidé d'étendre
son autorité au secteur des courses de chevaux en particulier, mais
éventuellement, ça pourrait embrasser d'autres sortes de courses
également. Aussi, au secteur des casinos, des vidéolote-ries et
à tout le secteur qu'embrassait l'ancienne Régie des loteries.
Ça comprend les bingos, les tirages, les concours publicitaires, comme
on les appelle, les tirages de ceci et de ça. Tout ceci tombe
désormais sous l'autorité unifiée de la Régie qu'on
appelle maintenant la Régie des alcools, des courses et des jeux.
Quand on a fait le projet de loi 84, qui est devenu je ne me
souviens pas de quel chapitre des statuts, des lois du Québec; j'ai mis
le chapitre 39 des lois de 1993 quand nous avons fait cette loi, nous
avons énoncé certaines dispositions qui s'appliquent à
tout l'ensemble de l'activité de la Régie au début.
Ensuite, au lieu d'annuler les lois particulières qui existaient
déjà, comme la Loi sur les permis d'alcool, la Loi sur les
loteries, les concours publicitaires et les appareils d'amusement, la Loi sur
les courses de chevaux, la Loi, également, sur les infractions en
matière de boissons alcooliques, au lieu d'abroger ces lois-là,
nous les avons laissées en place et avons apporté beaucoup
d'amendements. Pour comprendre tout l'ensemble de l'appareil qui a
été mis sur pied ou complété par le projet de loi
84, il faut se souvenir que ces lois-cadres la Loi sur les permis
d'alcool sont restées en place. La Loi sur les loteries, les
concours publicitaires et les appareils d'amusement également; la Loi
sur les courses de chevaux également. dans le projet de loi que nous
présentons aujourd'hui, nous voulons proposer un certain nombre de
modifications qui sont plutôt, je ne dirais pas secondaires, mais
complémentaires. complémentaires. ce sont des dispositions qui
viennent, selon nous, améliorer, préciser davantage les
conditions dans lesquelles la régie est appelée i exercer son
activité. je vous donne juste un exemple. En matière d'octroi de
licence, par exemple, de renouvellement ou de révocation de licence dans
le secteur des vidéoloteries, nous apportons des précisions
très importantes. Nous donnons des critères que... Je pense que
les gens savent qu'il y a des critères qui permettent de savoir sur quoi
la Régie devra se fonder pour édicter des décisions,
surtout quand il s'agit de refuser une demande de permis ou de licence, ou
encore d'annuler ou de suspendre une licence. La décision entraîne
de graves conséquences financières, et nous croyons qu'elle doit
être encadrée par des critères définis dans la loi
que nous apportons. Nous avions déjà ces critères en
matière de permis d'alcool. Là, nous apportons des
précisions pour assurer que ces critères-là seront
également pris en compte, surtout dans le secteur des
vidéoloteries.
Autre chose. Dans son fonctionnement concret, la Régie est
appelée à traiter de milliers de dossiers dans une année.
Il est impossible même de s'imaginer qu'elle puisse disposer de ces
dossiers en siégeant continuellement en collectif. Il faut qu'un certain
nombre de dossiers soient attribués parfois à des commissaires
agissant seuls, parfois même à des fonctionnaires.
Je vous donne l'exemple... Par exemple, lorsqu'il s'agit d'un permis
d'épicerie en matière de vente d'alcool. En
général, si mes souvenirs sont bons M. Laflamme, qui
m'accompagne, est le président-directeur général de la
Régie en général, dans le cas des demandes de
permis d'épicerie, seule la demande est examinée par un
fonctionnaire qui a une autorité déléguée pour
statuer à ce sujet. Là, on introduit des limites. On introduit
des limites. On dit: Lorsqu'il s'agira de cas où l'intérêt
public, où la sécurité publique et où la
tranquillité publique sont en jeu, là, le fonctionnaire ou le
régisseur ne pourra pas agir seul. Ça tombera sous la
règle générale d'au moins deux commissaires, deux
régisseurs, dont au moins un devra être avocat. M. le
député de Hull, au moins un des deux devra être
avocat...
M. LeSage: Minimum.
M. Ryan: ...pour que les règles de droit... Minimum
minorum.
Voilà, ce sont les points que nous introduisons dans la loi que
nous avons adoptée en juin dernier, et qui est maintenant le chapitre
39. En plus, il y a des modifications qui sont apportées à la Loi
sur les infractions en matière de boissons alcooliques. Une modification
très importante vient préciser l'interdiction faite à un
tenancier d'établissement qui possède un permis de vente d'alcool
de vendre de l'alcool à une personne qui est dans un état
d'ébriété avancé.
Ça a scandalisé des gens, ça. Je n'en reviens pas.
Les gens étaient scandalisés. Qu'est-ce que vous faites des
libertés? Vous avez le droit de vous enivrer si vous voulez, mais, nous
autres, nous trouvons que l'exploitant d'un débit de boisson n'a pas le
droit de s'enrichir en exploitant des gens qui ont perdu plus ou moins
l'exercice de leurs facultés. À ce moment-là, il y
a l'obligation de le renvoyer chez lui. S'il n'est pas capable de conduire, de
faire venir la police ou un autre il y a Nez rouge, dans le temps des
fêtes, là pour le reconduire chez lui. m. laflamme portait
justement à mon attention, aujourd'hui, un jugement qui a
été rendu tout récemment par la cour d'appel de l'ontario,
où elle modifie le partage des responsabilités entre un
conducteur ivre responsable d'un accident et une taverne qui lui avait vendu
des consommations. savez-vous que les dommages causés aux victimes d'un
accident causé par un conducteur en état
d'ébriété, qui avait été suralimenté,
se sont élevés à 1 800 000 $. la cour d'appel de l'ontario
a établi une responsabilité de 15 % pour la deuxième
taverne où il était allé s'abreuver. il y en avait une
première qui l'avait mis dehors. il s'est présenté
à une deuxième qui l'a accueilli avec beaucoup de plaisir.
J'ai vu un jugement américain également, où un bar,
qui a servi des boissons alcooliques à un jeune homme qui s'est ensuite
tué dans un accident de voiture, a été condamné
puis, c'est tout récent; ça date du mois de novembre, dans
le Massachusetts à payer 7500 000 $ en
dommages-intérêts à la famille de la victime, le bar qui
lui avait vendu de la boisson.
Il faut qu'on se réveille ici. La boisson... On ne peut pas
interdire la boisson évidemment, il n'en est pas question
mais c'est un produit dangereux qui doit être géré avec
beaucoup de prudence et de circonspection. Alors, nous ajoutons des
dispositions qui créent l'interdiction, pour des détenteurs de
permis de vente de boissons alcooliques, de vendre de la boisson à
n'importe qui. Tout le monde qui a fréquenté ces
endroits-là, comme moi...
Une voix: Quand on était jeune! (16 h 10)
M. Ryan: Ha, ha, ha! Je ne suis pas la personne la plus experte
là-dedans, je le reconnais de temps à autre, mais les histoires
qu'on a, puis rien que d'être passé de temps en temps, de voir des
choses, on dit que ça n'a pas de bon sens. Il faut responsabiliser
davantage ces personnes qui reçoivent un mandat de la
société quand elles se voient attribuer un permis de vente de
boissons alcooliques.
Également, dans le même projet, nous parlons d'une
obligation qui serait faite aux détenteurs de permis d'épicerie
de se munir d'un dispositif empêchant l'accès aux boissons
alcooliques en dehors des heures d'exploitation commerciale, où la vente
de ces boissons est permise. Disons, par exemple, qu'un dépanneur est
ouvert jusqu'à 1 heure. En vertu de la Loi sur les infractions en
matière de boissons alcooliques, il ne peut pas vendre de boissons
alcooliques autrement qu'entre 8heures et 23 heures. on veut qu'après 23
heures il y ait un dispositif, une porte qui barre à clé, de
manière que n'importe quelle bande ne puisse pas entrer dans le magasin
et dire: je me sauve avec de la boisson, bonjour! tu me donnes ça, sinon
tu vas avoir des troubles.
Il pourra en avoir quand même. Je ne prétends pas qu'on ne
l'obligera pas, par la force, à ouvrir, mais, au moins, ça fait
un dispositif de sécurité dont, d'ailleurs, nous aurons
constaté l'existence en bien des endroits déjà. Je pense
que les endroits sérieux se rendent compte que, si c'est vrai, il faut
qu'on ait un dispositif qui le confirme.
Deuxièmement, on va parler d'un prix minimum de vente au
détail de la bière. Nous en avons parlé à maintes
reprises au caucus ministériel, ces dernières semaines. La
décision qu'a prise le gouvernement doit se traduire dans des actes
législatifs réglementaires. Il a été convenu que la
responsabilité d'agir en matière de réglementation,
incombant déjà à la Régie des alcools, des courses
et des jeux, il lui incomberait de présenter la réglementation
pertinente en ce qui touche le prix minimum de la bière. Cette
réglementation est déjà actuellement l'objet d'une
prépublication dans la Gazette officielle du Québec. Au
bout de la période réglementaire, bien là, la Régie
demandera au gouvernement de confirmer cette
réglementation-là.
Voilà, M. le Président... En matière de concours
publicitaires aussi, la Régie veut se voir attribuer une autorité
plus nette sur la publicité. Ça, c'est très important
aussi qu'on ne lance pas le public dans un déluge publicitaire qui
puisse le tromper et l'induire à faire des dépenses
énormes sans qu'il ne sache de quoi il s'agit exactement. La
Régie contrôle déjà toute la publicité en
matière d'alcool. On veut que ça soit clair également pour
les concours publicitaires, pour les jeux de loto vidéo, pour les
casinos. Il y a des normes différentes à observer dans chaque
cas. Il faut que la Régie ait une autorité générale
clairement définie sur toute la publicité commerciale qui peut
être faite autour de ces jeux organisés qui relèvent de sa
juridiction en matière de sécurité publique.
Alors, voilà, M. le Président, j'ai pratiquement
terminé. Je pense que ça rencontre... Il y a un petit point dont
il faudrait parler M. Laflamme me le rappelle pertinemment. Nous avons
adopté, je pense qu'il y a un an ou deux, une modification à la
Loi sur les loteries, en vertu de laquelle le gouvernement peut confier
à un conseil de bande autochtone le pouvoir de désigner un
organisme qui va être habilité à organiser des bingos. On a
fait ça il y a un an et demi, deux ans. Mais quand on a donné ce
pouvoir à un conseil de bande, de donner la faculté à un
organisme local d'autoriser la tenue de concours de bingos, on ne lui a pas
donné le pouvoir de retirer ou de suspendre ce permis. On lui a juste
donné le pouvoir de l'émettre. On pensait qu'il n'était
pas assez fin pour le retirer. Mais, nous autres, on n'est pas là quand
ça se passe. À l'expérience, on s'est rendu compte que, si
on reconnaît qu'ils sont capables d'émettre les permis, ils sont
capables également de dire: Bien, toi, tu as abusé, tu n'auras
plus de permis. Ils ne sont pas nécessairement obligés de faire
venir la Sûreté du Québec pour agir dans ce
temps-là. Ils pourront se servir de leur corps de police autochtone pour
régler leurs affaires. Excepté qu'il est déjà
prévu, par
ailleurs, que si le conseil de bande agit de manière abusive
il doit toujours agir, en matière de bingos, en conformité
avec la législation québécoise. S'il agit de
manière non conforme, cette autorisation qui lui est donnée par
le gouvernement peut être annulée en tout temps. Alors, on
voudrait que soit élargie la compétence de l'organisme local qui
sera désigné par le conseil de bande pour agir en matière
de permis de bingos. Il y a quelques modifications qui traitent de ce sujet
dans notre projet de loi. Elles réfèrent on le verra quand
on arrivera là à un article précis de la loi
actuelle sur les loteries, les concours publicitaires et les appareils
d'amusement.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci, M. le ministre.
M. le député de Jonquière, pour des remarques
générales et préliminaires.
M. Francis Dufour
M. Dufour: J'aurais aimé, bien sûr, après six
mois de mise en place de la loi 84, avoir un survol de ce qui s'était
passé depuis le temps que cette loi a été adoptée.
Nous avions essayé, au moment de l'adoption de la loi, d'obtenir les
bases sur lesquelles le gouvernement se basait pour adopter le projet de loi.
C'est-à-dire qu'on pensait qu'il y aurait des... Il y avait avait des
études, à ce moment-là, qui donnaient des avis sur les
impacts sociaux de la mise en place de casinos et de loteries sur le terrain.
Après six mois, le projet de loi qu'on a devant nous est de nature
à améliorer la loi comme telle, mais moi je ne sais pas encore
quels sont les impacts sociaux qu'on a pu constater sur le terrain, si ce n'est
qu'on se rend compte que la venue de casinos cause un certain nombre de
problèmes chez des individus. On nous avait promis, à ce
moment-là, que pour les joueurs compulsifs, il y aurait la mise en place
de certaines sociétés ou organismes pour leur venir en aide. Je
ne sais pas si ça s'est fait. On avait promis qu'il y aurait des
consultations faites avec un certain nombre d'intervenants pour étudier
de quelle façon la mise en place, de quelle façon on pourrait
faire les règlements ou les lois, ou appliquer les lois qu'on avait
mises en place.
Donc, ça, on ne l'a pas. C'est sûr que, lorsqu'on regarde
la loi comme telle, il y a beaucoup d'éléments... On sent que,
oui, ça pourrait peut-être se faire, mais pas... Comme
législateurs, il ne faut pas non plus qu'on soit des personnes un peu
beaucoup désincarnées, parce qu'on s'adresse à du monde.
Nous, on ne peut pas ignorer qu'actuellement sur le terrain il y a des impacts
qui sont faits. Par exemple, j'avais demandé au ministre, lors de la
lecture du projet de loi, la deuxième lecture, s'il avait l'intention de
commander des audiences pour les deux groupes que le président de la
commission a soulignés tout à l'heure: la Corporation du loisir
automatique du Québec, qui demandait d'être entendue, et qui, en
même temps, le 25 août... En tout cas, je vais aller par ordre
chronologique. Le 25 août, ils ont adressé une lettre à Me
Laflanime, le président, pour parler de la table de concertation.
Là-dessus, on rappelle qu'il y avait eu un engagement de la part du
ministre de mettre sur pied une table de concertation entre différents
intervenants, et la lettre y fait référence. Cette table,
à ce qu'on sache, n'a jamais eu l'aval du ministre ni de la
Régie. Donc, elle n'a pas siégé tellement
peut-être une fois. (16 h 20)
Le 11 novembre, le même organisme revient à la charge
là, c'est auprès de notre commission pour demander
expressément d'être entendu avant l'étude du projet de loi.
Je comprends qu'il n'y a personne ici qui représente la Corporation du
loisir automatique, mais ils n'ont pas été invités. Dans
le contexte dans lequel on vit actuellement, ça prend des avis. Il faut
amener des gens, sans ça... Les lois, des fois, elles prennent du temps
à être étudiées, et d'autres tantôt, on ne
sait pas quand elles sont étudiées. Donc, les gens qui ne sont
pas à notre service ne peuvent pas demeurer indéfiniment
disponibles pour les commissions, à moins qu'on les invite. Donc, il y a
des raisons pour lesquelles ils voulaient être entendus. Par exemple,
c'était définitivement la concertation. Pourquoi il n'y en a pas
eu? C'est ces questions-là qu'ils voulaient poser, d'autant plus que cet
organisme est suivi par la Corporation des propriétaires de tavernes,
bars et brasseries du Québec qui, le 16 novembre 1993, par une lettre
adressée à notre président, demandait aussi une rencontre,
demandait d'être entendue avant l'étude du projet de loi article
par article. On sait qu'actuellement il y a une difficulté, il y a des
injonctions qui ont été prises versus l'implantation ou
l'enlèvement d'appareils de loto vidéo dans des commerces et,
aussi, l'implantation de nouveaux. Donc, il y a deux problèmes: c'est
l'enlèvement de ceux qui existent et l'ajout d'autres. On n'a pas
été capable, jusqu'à maintenant, d'appliquer la loi, la
saisie de ces appareils-là. Entre-temps, on a beaucoup de
représentations de groupes disant: Si ce n'est pas remplacé par
d'autres immédiatement, vous créez un vide, et ce vide va donner
naissance à une activité parallèle donc, qui va augmenter
les problèmes, qui sera difficile aussi à contrôler et
à arrêter. en même temps qu'on entend ce discours-là,
les propriétaires de brasseries et de tavernes, eux autres, sont
regroupés actuellement et discutent fortement. je pense que c'est une
question d'argent, au départ, je croirais, mais il y a peut-être
plus que ça. ils disent: on n'acceptera pas que le gouvernement vienne
nous installer des appareils avec l'idée que les montants qui nous
seront accordés pour la location de nos établissements, parce
qu'on est chez nous, si on veut opérer, les 15 % ne sont pas suffisants.
ça fait qu'on voit qu'il n'y a pas eu tellement de consultations par
rapport à ça.
Il y a encore un autre problème qui est soulevé et qui est
loin d'être réglé, c'est qu'on n'a pas encore choisi le
fabricant des appareils. Là, c'est rendu sur les journaux. Ça a
l'air que la mafia, dont on parlait ou dont j'ai entendu parler au mois de juin
dernier, c'est qu'elle est prise partout. Il y a encore des questions de
justice à travers ça... même les fabricants
d'appareils. Eh bien là, je trouve ça compliqué! Puis, on
s'apprête à légiférer, encore une fois, pour une
deuxième fois sur ça, sans qu'on ait tous les
éléments en main. Ça commence à m'inquiéter,
moi là. Est-ce qu'on fait ça juste pour se donner bonne bouche ou
si on fait ça parce qu'on a le goût d'aller de l'avant? Mais,
entre-temps, qu'est-ce qu'on fait de tous les intervenants qui sont sur le
terrain, qui font des représentations et qui, à mon sens, ont le
droit de le faire puisqu'on dérange ce qu'on a toléré
pendant de nombreuses années, avec ou sans raison, mais ça
existe. Sur le terrain, il y a des gens qui opèrent, il y a des gens qui
ont bâti l'industrie et, actuellement, on ne le sait pas.
Moi, je dis: Etudier un projet de loi comme on a devant nous, même
si on n'a pas d'opposition de principe, ça nous semble, sinon
prématuré, du moins, inquiétant, parce qu'on s'en va sur
un terrain où on ne connaît pas les tenants et les aboutissants.
Ça fait que, quand on va se prononcer sur des choses, c'est
jusqu'à quel point on sera correct par rapport à ce qui se passe.
Moi, je voulais soulever au moins ces demandes, que j'avais transmises lors de
l'acceptation du projet de loi en deuxième lecture, où je n'ai
pas eu de réponse. Je constate qu'il y a d'autres intervenants ici, mais
comme ils ne seront pas écoutés, ils ne sont pas venus ici
pour... Ils n'ont pas demandé d'être écoutés. Eux
vont écouter, mais nous, on ne les écoutera pas
nécessairement!
Bien sûr que, dans le projet de loi, en dehors de ces
questions-là, il y a la question du contrôle de
l'«alcoométrie», du taux d'«alcoométrie»
des clients. Je comprends qu'aux États-Unis il y a une cause
j'étais au courant de cette cause-là et, en Ontario,
probablement que c'est nouveau, que c'est un fait nouveau qui vient de
s'ajouter. Mais si on donne aux tenanciers de bars l'obligation de
contrôler le taux d'alcoométrie chez leurs clients, il y un
danger. Moi, je me demande jusqu'à quel point le gouvernement est
prêt à donner aux tenanciers cette
responsabilité-là... et aux employés de bars. Parce que,
si on refuse de servir un client, est-ce que le droit va aussi loin que quand
la personne exigera ou demandera une consommation et qu'on lui refusera, elle
pourrait, en vertu de ses droits, poursuivre le tenancier de bar ou les gens
qui travaillent pour lui, ses travailleurs? Donc, ça, c'est une question
qu'on doit se poser, mais c'est évident qu'à partir d'un constat
on pourrait arriver pour n'importe quoi. On ne sait pas, quand quelqu'un vend
une automobile... Est-ce qu'un jour on pourra demander au vendeur d'automobiles
de demander à quelqu'un qui achète une auto s'il a ses licences,
quel est son âge, sa capacité physique de conduire, l'état
de sa santé? Là on s'en va dans les...
Moi, je comprends que le ministre, il s'insurge un peu en disant...
Bien, c'est vrai qu'il a perdu depuis longtemps son sens
d'éditorialiste. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a perdu ce
sens-là, parce qu'un éditorialiste, normalement, ça a le
sens critique puis ça a le sens aussi de la recherche. Il l'a
écrit, là, il le dit, il n'a peut-être pas le temps non
plus, autant de temps qu'il avait à sa disposition pour
réfléchir puis faire ses recherches, parce que, là, il
parle plutôt, j'ai l'impression, avec des conseillers. Ça fait
appel au jugement, bien sûr, mais des fois on n'a pas tout ce qu'il faut,
hein, on n'a pas tout ce qu'il faut pour se prononcer.
Moi, je vous le dis, par rapport à ça, j'ai des
restrictions. Il faudra bien qu'on me convainque. Si on donne un pouvoir de
contrôle, il faut en même temps qu'on ait un pouvoir un peu plus
grand, non seulement de plus de contrôle mais aussi d'émetteur. On
ne peut pas juste contrôler les choses, à moins que les gens de
taverne, on les assermenté comme agents policiers, agents de la paix.
Ça, c'est une autre histoire. Il faudra peut-être avoir nos
alcootests très près, puis...
Vous savez, hier, je voyais quelqu'un je ne nommerai pas le nom
et je trouvais qu'il avait un comportement bizarre. Et ce n'est pas vrai
que... il n'était pas en boisson. Il semblait gambader un peu. Et,
aujourd'hui, il a un oeil qui est bouché. C'est parce qu'il a une
maladie, puis les deux yeux donnent des commandes pas correctes au cerveau.
Donc, ils ne fonctionnent pas. Et, aujourd'hui, il a un oeil bouché puis
il marche correct. Puis le médecin lui a recommandé de boucher un
oeil parce qu'il peut le faire. Ça fait que... Il y a des gens qui ont
des problèmes d'élocution, il y a des gens qui, même pas en
boisson, ont de la misère à s'exprimer, de la misère
à parler. Est-ce que ce sera suffisant pour un tenancier pour dire: On
ne peut pas te servir, tu semblés en boisson?
En dehors de la boisson, les gens peuvent avoir pris de la drogue aussi.
Comment on contrôle ça? Moitié drogué, moitié
soûl. Mais en tout cas. On aura à le discuter, bien sûr,
à l'intérieur du projet de loi, mais moi, je trouve qu'il va
falloir qu'on pose certaines questions par rapport à ça, parce
que je ne suis pas convaincu, au départ.
Les dispositifs pour les gens qui ont des dépanneurs, on aura
à échanger là-dessus à savoir si ce sont des
dispositifs complexes, puis, bon, si ce n'est pas de nature à augmenter
les coûts. Et aussi, pour les lotos, on en avait parlé lorsqu'on a
approuvé la loi, puis je reviens je fais une petite
discrétion puis je reviens là-dessus les dépanneurs
semblent rencontrer un certain nombre de difficultés. Moi, les
représentations que j'ai eues de la part de ces gens-là, c'est
qu'on est frappé très fort depuis quelques années.
D'abord, on ne vend presque plus de cigarettes. Donc, on a perdu des revenus.
Les taxes qu'on impose ont augmenté. Nos commerces ont de la
difficulté à vivre. Il y en a beaucoup qui comptent
là-dessus, sur ces appareils-là pour retirer des revenus, et,
lorsqu'on saisit, on va saisir les appareils ou on va les enlever. Eux autres
disent: On est frappés une troisième fois. La question qu'ils
nous posent, puis ils nous la posent, ils doivent vous l'avoir posée
aussi ils ne parlent pas juste à l'Opposition, les
commerçants ils doivent vous l'avoir dit: Qu'est-ce qu'on attend
pour nous fermer complètement? C'est aussi un problème qui s'est
soulevé. J'avais l'impression...
Puis on n'avait pas eu de réponse. Je ne peux pas dire au
ministre qu'il s'était engagé par rapport à ça.
Vous l'avez étudié, j'imagine, parce que c'était de
ça qu'on s'était parlé au mois de juin, ce qu'il
adviendrait des dépanneurs, puis s'il y avait possibilité ou s'il
y aurait des machines ou des lotos vidéo dans leur commerce.
Actuellement, il n'y en a pas. C'est ce que je comprends. Mais ces
gens-là, actuellement, se sentent un peu démunis devant la loi.
Ils n'ont pas demandé à être entendus, mais je pense que
leur démarche est globale par rapport à ça. (16 h 30)
Pour la tenue des bingos, ma collègue de Hochelaga-Maisonneuve a
posé des questions. Je sais, actuellement, qu'il y a une consultation
qui est en marche. Je ne sais pas si cette consultation va s'étendre
plus que dans la région de Montréal. Est-ce que la commission a
l'intention d'aller sur le terrain? Parce que je sais que les bingos, ils
prolifèrent dans la région de Montréal, mais chez nous
aussi. Je pense que quelqu'un qui veut jouer au bingo dans la région du
SaguenayLac-Saint-Jean peut le faire à tous les soirs, et
même l'après-midi. Ça à l'air que c'est un jeu
social, là. Moi, je ne sais pas ce qu'on trouve là-dedans, mais
probablement que je suis comme le ministre, je ne suis pas un joueur de bingo.
Ha, ha, ha! Je veux avoir des réponses vite, puis un bingo, pour moi,
ça dure trop longtemps. Donc, pour moi, c'est différent.
Je souhaite aussi que les questions qui ont été
soulevées par mes collègues... Comme il va y avoir une
consultation, j'espère qu'on n'arrivera pas avec des résultats
complètement différents de ce qui existe, mais que ça va
avoir pour but de baliser beaucoup plus, pour s'assurer que les revenus soient
pour les organismes qui les font et qu'on n'ait pas l'intention de les
dépouiller non plus. Parce que ça aussi, c'est important.
Quant aux tirages, je sais que la Régie a le pouvoir.
J'espère et je souhaite qu'elle sera aussi sévère pour les
sociétés d'État elle a le droit de le faire
que pour les autres. Parce que, aussi, la société d'État,
un jour ça va être ton tour. Moi aussi, ils m'ont convaincu que
c'était une bonne chose. J'en achète beaucoup, de ça. Mais
ce n'est pas, ha, ha, ha! nécessairement vrai que ça va
être mon tour un jour. C'est vrai pour tout le monde. Il y a juste un
endroit où on sait que ça va être notre tour, mais pas dans
les gains. Est-ce que ça, ça donne l'impression... Il faudra
peut-être que la Régie... J'attire son attention pour que la
société d'État suive aussi la même
réglementation que ce qui existe pour les loteries privées.
Ça, ça me semble, en tout cas, de son ressort.
Pour les autochtones expressément, on leur a donné des
pouvoirs. Vous leur donnez des pouvoirs un peu plus étendus. C'est plus
que ce qu'on a ailleurs. C'est plus que ce que les Blancs ont, dans le fond. Ce
qu'on fait pour les autochtones, on ne le fait pas pour nos communautés
à nous, et on est mieux organisés pour le faire. Donc, vous
contrôlez d'un côté, puis de l'autre côté vous
laissez plus de marge de manoeuvre, avec la possibilité... non pas la
possibilité, mais l'assurance que l'application de ces parties de loi
qu'on leur confie se fait à leur profit, ce qui veut dire que les
autochtones retirent de l'application de la loi des bénéfices que
les municipalités n'ont pas. Est-ce que vous avez l'intention, un jour,
de regarder si on devrait le faire décentraliser, régionaliser ou
laisser tel quel, centralisé? Ce sont des questions que, nous, on se
pose par rapport au virage que vous êtes après faire.
En conclusion, c'est évident, M. le ministre, que j'aurais
aimé avoir obtenu des réponses, lors de la deuxième
lecture, concernant des demandes d'audiences particulières. Il n'y en
avait pas beaucoup, donc on aurait pu le faire. Deuxièmement, je vous
exprime encore une fois certaines restrictions que j'ai par rapport au projet
de loi qu'on a à étudier. Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a d'autres membres qui
désirent faire des remarques préliminaires? M. le
député de Viger.
M. Maciocia: Oui. Merci, M. le Président. J'aurai un
aspect probablement à discuter ou, disons, je voudrais sensibiliser le
ministre de la Sécurité publique. Ça a justement
été touché aussi par le député de
Jonquière. C'est l'aspect des joueurs compulsifs. Je pense que c'est
très important. Au moment où on a adopté la loi 84, je
pense qu'on avait pris un certain engagement aussi de regarder cet aspect
particulier des joueurs compulsifs. Parce que c'est vraiment, je pourrais dire,
une plaie, une plaie qui peut grandir chaque mois ou chaque semaine qui passe,
à cause, justement aussi, de l'implantation du casino à
Montréal. Et je crois qu'à ce moment-là le ministre avait
pris aussi un engagement dans le sens qu'on puisse avoir un certain
pourcentage, probablement, du montant que le casino rapportait en tant que
bénéfice pour que ça soit octroyé à un
organisme. Probablement qu'il faudrait voir plus tard pour contrer, si je puis
dire, je peux l'appeler cette plaie, qui pourrait frapper la
société dans le sens des joueurs compulsifs.
Mes informations sont dans le sens aussi que, depuis l'implantation du
casino à Montréal, il y en a plus qu'il y en avait auparavant, de
ces joueurs-là. Il y a des sous-sols d'église où se
réunissent habituellement ces gens-là et, comme je le
répète, d'après les informations, il y en a beaucoup plus,
et puis ça fait seulement deux mois que le casino est là, qui se
rassemblent et qui sont pris par cette situation. Je veux seulement
sensibiliser le ministre à cette situation qu'on vit actuellement, et
j'espère, je l'espère ardemment, vraiment, qu'on puisse faire
quelque chose pour essayer d'éliminer, ou de contrer, ou de diminuer cet
aspect des joueurs compulsifs.
On sait que dans les États américains il y a des maisons
de cure, il y a des maisons où il y a vraiment le gouvernement qui met
des montants pour justement essayer de contrer cette situation. Je pense que
c'est la
responsabilité du gouvernement du Québec de prendre ses
responsabilités vis-à-vis de ça et d'essayer de trouver
des moyens et des ressources financières pour aller de l'avant avec un
projet quelconque, mais de le faire le plus vite possible, parce que,
autrement, on pourrait se retrouver dans une situation vraiment pas
agréable pour la société québécoise.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Viger. En respectant l'alternance, M. le
député de Portneuf, ensuite Hull.
M. Bertrand: Oui, M. le Président. Je souscris aux propos
et aux inquiétudes de mon collègue et certainement,
également, à ceux du député de Viger en ce qui
regarde tout le caractère de «compulsivité»
relié à la pratique du jeu. Effectivement, au sein d'une
société où, par la force des choses, presque, la
société évoluant comme elle évolue, on se retrouve
devant une plus grande exposition au jeu, je pense qu'on doit prévoir
des dispositions qui feront qu'on sera aussi en mesure d'aider les personnes
qui peuvent avoir des difficultés particulières par rapport au
jeu.
Et j'en viens à l'économie d'ensemble du projet de loi. Le
ministre faisait état, tout à l'heure, d'un certain nombre de
dispositions qui feraient en sorte que la personne qui abuse, par exemple, de
l'alcool puisse se retrouver devant une personne qui lui dise: Bon, bien, je
vous invite, monsieur, madame, à quitter l'établissement.
Ça va bien dans ce cas-là. Je pense qu'il y a des manifestations
physiques assez évidentes, là. Quelqu'un qui est ivre, ça
peut se constater. Cependant, quelqu'un qui abuse, je ne sais pas, moi, d'un
appareil vidéo, à part avoir les yeux rouges ce n'est pas
Nez rouge, c'est les yeux rouges on n'est pas en mesure de savoir si la
personne n'est pas en train de perdre sa chemise. C'est peut-être moins
le cas dans le cas de machines vidéo, mais dans d'autres formes de jeux
de hasard, par exemple les machines à sous dans les casinos, c'est plus
risqué à ce moment-là. Ce que je me demande, c'est...
Et on connaît le caractère répétitif, hein,
de ces jeux-là, par exemple les jeux de loteries vidéo.
Structu-rellement, ça a une caractéristique fort
différente, par exemple, d'un jeu de loterie. Un jeu de loterie, on
achète un billet, il faut attendre le tirage. Bon, dans le 6/49, il faut
au moins attendre trois jours avant de connaître le résultat et
éventuellement de racheter quelque chose. Dans le cas des machines
à sous, c'est différent. L'incitatif est presque
instantané. On a la rémunération, éventuellement,
ou on perd et on peut rejouer immédiatement. Je pense qu'il y a eu des
études assez éloquentes là-dessus, entre autres du
professeur Ladouceur, du département de psychologie de
l'Université Laval, qui étaient assez évidentes sur le
plus grand risque auquel on faisait face maintenant avec ce genre de jeu
là.
Ce que j'aimerais peut-être savoir du ministre, au niveau de
l'économie d'ensemble, c'est: Est-ce qu'il existe dans le projet de loi
ou est-ce que le gouverne- ment prévoit éventuellement introduire
aussi des dispositions qui feraient en sorte qu'on découragerait une
consommation excessive de ce genre de jeu là sur place? Je comprends
qu'il y ait déjà, par exemple, des dispositions qui pourraient
faire en sorte qu'on limite la publicité. C'est excellent. On pourra ou
on pourrait également développer des programmes qui s'adressent
à des joueurs compulsifs pour essayer de corriger leur tendance. Mais,
entre les deux, la personne qui, le jour même, je dirais, abuse d'un jeu,
est-ce qu'on est en mesure éventuellement de corriger cette situation?
(16 h 40)
Je vous donnerai, M. le Président, des exemples, peut-être,
de choses qui peuvent limiter l'abus. Par exemple, est-ce que, au niveau des
heures d'affaires, on ne peut pas baliser les choses de façon à
pouvoir permettre l'utilisation de certaines machines uniquement à
certaines périodes? Est-ce qu'il est possible également de
limiter, même géographiquement, la distribution des machines, par
exemple à proximité des écoles? On sait que l'habitude de
jouer se prend très tôt. Donc, si je résume ma question,
est-ce qu'il existe, dans les intentions du gouvernement ou dans le projet de
loi, des dispositions qui limitent également l'abus de la pratique du
jeu?
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Portneuf. Avant de réagir, peut-être M. le
député de Hull?
M. LeSage: Ah! Si vous le permettez, M. le Président, je
ne veux pas répéter tout ce qui a été dit, mais il
semble que la Régie s'apprête à faire des consultations
pour les bingos. M. le Président, il semble y avoir problème dans
ce domaine. Je me rappelle, à plusieurs occasions, avoir même fait
des vérifications auprès de la Régie pour savoir si elle
pouvait émettre d'autres permis de bingos. Puis là on nous
disait: Bien non, parce que, tel soir, c'est telle paroisse qui tient son
bingo. On ne voulait pas avoir des dédoublements. J'ai vite compris que,
plus il y en avait, moins on faisait de l'argent. Tout le monde crevait.
Mais, là, il semble y avoir... On a ouvert le tiroir aux permis,
puis ça sort à pleines portes. Le député de
Jonquière mentionnait tantôt qu'il espérait qu'on aille
dans son comté, peut-être, pour faire une petite enquête.
J'aimerais ça, également, M. le Président, étant
donné que le président de la Régie est ici, qu'il en
profite pour venir également dans l'Outaouais. Tout récemment, un
curé me mentionnait qu'un permis avait été émis ou
que plusieurs permis avaient été émis à des
organismes qui, supposément, étaient dans Hull depuis de
nombreuses années, sauf que les organismes, on ne les connaît pas.
Le curé, il en a fait mention en chaire pour aviser ses concitoyens que
telle congrégation, il ne connaissait pas ça, puis que ça
n'existait pas, puis qu'il y aurait lieu plutôt d'encourager la fabrique
avec ses bingos. Les fabriques, on le sait, M. le Président, ça
sert à encourager les jeux, là, pour les enfants, puis pour
les
personnes d'âge d'or, puis les clubs de ci, les clubs de
ça, puis des danses. Ça crée un noyau local. Il y a
beaucoup de bénévoles qui sont impliqués là-dedans
alors que les grandes salles à bingo... Les gens vont jouer là,
puis les profits, bien, je ne sais pas où ils vont mais, en tout cas,
ça n'a pas l'air de rester local.
M. le Président, étant donné qu'on a le
président de la Régie avec nous autres, j'aimerais lui lancer le
message que j'aimerais qu'il vienne dans l'Outaouais. J'aimerais qu'il vienne
voir ce qui se passe avec les fabriques versus les permis qui sont
donnés à des organismes supposément de Hull ou de
l'Outaouais et dont on n'a jamais entendu parler. Alors, le message est fait,
M. le Président, puis j'espère qu'on va y donner suite.
Merci.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci, M. le
député de Hull. Avant d'appeler l'article 1, désirez-vous
faire un bref commentaire M. le ministre?
M. Ryan: Oui. Peut-être un commentaire sur l'observation
qui a été faite tantôt par le député de Viger
concernant les joueurs compulsifs, l'impact social du casino. Là, le
casino existe depuis très peu de temps, très peu de temps. Il a
été ouvert en octobre, nous sommes en décembre, ça
fait à peine deux mois. Il faut éviter de tirer des conclusions
prématurées.
Je parlais justement des remarques que faisait le député
de Viger. Il fait sa rentrée parmi nous, là. Déjà,
quand nous avons discuté le projet de loi 84, le député de
Viger nous avait fait part de sa vive préoccupation au sujet des impacts
sociaux négatifs que pourrait avoir l'implantation des casinos. Nous
l'avons notée avec beaucoup de soin. Il le rappelle aujourd'hui.
Jusqu'à ce jour, je dois dire bien franchement qu'il n'y a pas de
mesures qui ont été prises encore, là, concernant les
joueurs compulsifs, de notre côté à nous. Du
côté de Loto-Québec, il y a peut-être
déjà des choses qui sont en marche. Il faudra le vérifier.
Nous en avions parlé quand nous avons préparé les
règlements. C'est bien difficile de définir, avant qu'on ait un
petit peu expérimenté ces choses-là, ce qu'il faut
prévoir au juste. Mais il me semble évident que si les affaires
de sociétés des casinos vont bien, comme ça semble
destiné à l'être, il faudra qu'on demande qu'il y ait une
partie des ressources qui soit réservée pour corriger certains
effets sociaux négatifs de cette industrie dont nous connaissons tous
les dangers et les écueils aussi, hein?
Donc, j'ai pris en très bonne part cette remarque, et soyez
assuré qu'elle fera l'objet d'échanges avec la Régie, puis
éventuellement avec Loto-Québec, avec ma collègue la
ministre des Finances, qui est responsable, devant le Parlement, de
Loto-Québec. Ça, c'est un point très important.
Les autres sujets qui ont été abordés, je pense
qu'on va y venir en cours de route, là, à propos du projet. Il y
en a déjà qui trouvent leurs réponses dans la loi 84, dans
la réglementation abondante qui a été
édictée depuis l'adoption de la loi 84, tantôt par la
Régie, tantôt par Loto-Québec. Mais je ne crois pas qu'il y
aurait lieu, là, de faire d'autres remarques générales,
sinon pour noter évidemment l'invitation qui a été faite
au président de la Régie de se rendre dans l'Outaouais. Je pense
que M. le président est allé pour le cas de...
«C'est-u» vous qui êtes allé, M. Laflamme, pour le cas
de Portage?
M. K.-Laflamme (Ghislain): C'étaient des régisseurs
de chez nous...
M. Ryan: Ah bon.
M. K.-Laflamme (Ghislain): ...le vice-président de
la...
M. Ryan: M. Laflamme a pris bonne note de votre demande. Vous
voudriez voir le président-directeur général en personne.
Ça serait bon. Si les députés ont des problèmes
à lui soumettre, vous savez qu'il est empressé de les
examiner.
Est-ce que la décision a été rendue dans le cas du
Portage?
M. K.-Laflamme (Ghislain): Non. M. Ryan: Pas encore?
M. K.-Laflamme (Ghislain): C'est parce qu'il y avait plusieurs
entreprises.
M. Ryan: Oui.
M. K.-Laflamme (Ghislain): II y a quelques décisions qui
ont été rendues, mais pas globalement.
M. Ryan: Bien. C'est un cas qui me rend... Oui. En tout cas,
c'est noté, puis je pense bien qu'il y aura lieu d'envisager quelque
chose.
M. Dufour: ...vous parliez des demandes. Je l'ai
répété tout à l'heure, mais je ne sais pas si... Il
y a deux demandes qu'on a eues des gens qui voulaient être entendus avant
l'étude du projet de loi, puis vous ne nous l'avez pas dit en Chambre
parce que vous ne vouliez pas les entendre ou encore... Aujourd'hui?
M. Ryan: Mais, là, regardez, nous estimions que le projet
de loi avait pour objet d'améliorer la loi adoptée en juin
dernier et non pas de remettre en cause son principe et ses orientations
fondamentales. Je crois que les deux organismes qui voulaient venir nous
rencontrer voulaient dire une fois de plus des choses qui ont
déjà été communiquées à la
commission, et je n'étais pas enclin à recommander à la
commission que nous les entendions, pour être franc. Mais, là, ils
ne se sont pas présentés, ça a réglé le
problème par défaut.
Maintenant, nous avons parmi nous l'Association de l'amusement du
Québec, que je veux féliciter de l'intérêt qu'elle
porte à nos travaux puis de la distinction
exemplaire avec laquelle elle suit nos délibérations. J'ai
eu l'occasion de rencontrer le président de l'Association encore
récemment, M. Song, qui est venu me faire part de ses points de vue.
J'ai dit à M. Song, s'il était question de remettre en cause les
principes fondamentaux et les orientations essentielles de la loi 84, qu'on ne
peut pas le faire. On ne peut pas le faire, on est en train de l'implanter.
Mais j'ai apprécié énormément la courtoisie de ses
représentations. Je lui ai dit qu'il serait bon qu'il ait l'occasion, au
nom des distributeurs en particulier, là, qui sont très
préoccupés au sujet de leur avenir, de causer avec les
autorités de Loto-Québec, qui ont reçu le mandat,
d'après la loi, d'implanter le système étatique de
vidéoloterie à travers le Québec. Ce serait bon qu'il
cause avec. Il y a peut-être des jonctions qui peuvent être
trouvées pour des personnes qui sont concernées, parce qu'un
système comme celui-là, il faut le faire fonctionner avec des
personnes. Ça ne marchera pas seulement avec des ordinateurs.
C'est pour ça que je suis content qu'il soit ici aujourd'hui. Il
va entendre tout ce que nous disons. Puis, si, à un moment donné,
dans nos délibérations, quelqu'un émettait le désir
qu'on l'entende un petit peu, moi, je n'aurai pas d'objection, pour être
franc avec vous autres, paiçp que des gens qui se comportent de
manière civilisée, tu sais, on est toujours
intéressés à entendre leur point de vue, à discuter
avec eux.
Maintenant, il y a une chose, là. Nous évoluons dans un
cadre de temps extrêmement serré, extrêmement contraint,
puis on ne peut pas s'étendre trop du côté des
consultations non plus étant donné le stade où nous sommes
dans nos travaux. Je ne dis pas ça pour faire de pression, seulement
pour dire qu'on ne peut y aller «in a leisurely way», tu sais. On
ne peut pas y aller sur un mode trop détendu non plus, parce qu'on a nos
obligations. Je ne mets pas de pression sur l'Opposition. L'Opposition fait son
travail. Mais, en ce qui touche les consultations, là, quand on est dans
un contexte comme celui-ci, le gouvernement est très prudent ayant de
les autoriser.
M. Dufour: Un autre petit point.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui. La table de concertation dont vous aviez
parlé au mois de juin, elle n'a pas eu lieu, elle n'a pas
été tenue, à ce que je sache.
M. Ryan: Non.
M. Dufour: Est-ce que vous avez l'intention de donner suite ou
si...?
M. Ryan: Bien...
M. Dufour: Parce que les gens sont toujours sous l'impression
qu'il va y en avoir une. C'est pour ça que...
M. Ryan: Regardez, éventuellement, ce sera possible. Mais
il y a un certain ménage à faire dans tout ça, tu sais. II
y a un certain ménage à faire. Je ne suis pas
intéressé à créer une table de concertation avec
des éléments qui m'apparaîtraient plus ou moins douteux ou
discutables, tu sais. Je veux être bien sûr des personnes avec qui
on transige, des organismes avec qui on est en relation. Là, il est en
train de se faire une sorte d'émon-dage. Ceci va se faire, puis notre
porte reste ouverte pour entendre les représentations. Comme M. Song m'a
fait signe, j'ai été heureux de le rencontrer. Les autres groupes
ont été rencontrés par des collaborateurs ou
collaboratrices de mon cabinet également. M. Laflamme en a
rencontré depuis l'adoption de la loi. On ne les exclut pas du champ des
échanges. Mais, avant d'arriver à une table de concertation, il
faudrait exactement savoir avec qui on transige, puis pourquoi. On n'est pas
rendus à ce stade-là. (16 h 50)
M. Dufour: L'autre question, mettons que les appareils sont
saisis puis que vous n'en avez pas d'autres actuellement, à ce que je
sache, vous n'avez pas choisi le fabricant des appareils... Qu'est-ce qui
arrive dans ces cas-là?
M. Ryan: Là, regardez, il y a une enquête qui est en
cours, des vérifications, plus exactement, sous la responsabilité
de la Régie, à propos d'un fournisseur qui avait
été recommandé par Loto-Québec. Je ne veux pas
commenter cette chose-là...
M. Dufour: Non, non.
M. Ryan: ...parce que l'audition se poursuit, comme vous avez pu
le voir en lisant les journaux ces jours derniers. Je pense que la Régie
fait un travail très sérieux là-dessus. Mais, si ce
fournisseur était retenu comme répondant aux normes de
sécurité publique que nous exigeons, Loto-Québec
transigerait avec lui. Mais, s'il n'était pas reconnu, à ce
moment-là, il faudrait que Loto-Québec regarde du
côté d'autres fournisseurs, je pense bien. Je ne vois pas ce qui
pourrait arriver à part ça.
Mais, en attendant, là, pour répondre à la
préoccupation de mon collègue le député de
Jonquière, j'ai indiqué en Chambre la ligne de conduite que nous
suivons. Les autorités policières continuent d'effectuer des
saisies ponctuelles d'appareils dans la mesure où elles peuvent
accumuler une preuve répondant aux exigences de preuve du Code criminel,
puisqu'il s'agit d'une infraction d'ordre criminel, celle-là, avoir de
ces appareils-là sans autorisation régulière. Maintenant,
ça, c'est une preuve qui est difficile à faire. C'est une des
raisons pour lesquelles nous avons fait la loi 84. C'est une preuve qui
coûtait tellement cher, qui était tellement complexe que le gars
avait le temps d'acheter d'autres appareils, après qu'on avait saisi les
siens, avant que le procès ait lieu. On n'était pas plus
avancé. Alors, ça, par conséquent, c'est quand
même... Mais, s'il y a des cas où on peut le faire, on le fait.
Absolument aucun obstacle.
Mais les saisies à vue dont il avait été question
puis dont la possibilité était instaurée par la loi 84,
celles-là, nous avons jugé qu'il serait préférable
de ne les faire que lorsque Loto-Québec serait en mesure d'implanter le
système de loterie d'État qu'elle a reçu le mandat
d'implanter, de par la loi 84, parce que la preuve qui serait requise de la
police pour procéder à la saisie, c'est que l'appareil ne serait
pas relié au système d'État. Si le système n'existe
pas, il ne peut pas être relié. C'est ça qui est la
clé de l'affaire, là. C'est pour ça que j'espère
que Loto-Québec va être en mesure de procéder le plus vite
possible. Si la Régie donne l'autorisation voulue pour le fournisseur
dont il est question, tant mieux. Puis, si la Régie ne nous donne pas
l'autorisation, je pense que la loi interdit à Loto-Québec de
procéder dans de telles circonstances.
Je peux vous assurer, moi, qu'autant du côté de la
Régie que de mon côté, comme ministre de la
Sécurité publique, nous ne sommes pas là pour compter des
piastres. Nous voudrions qu'elles entrent en abondance, tout le monde en a
besoin. Mais ce ne seront pas des piastres frelatées. Nous n'en voulons
pas, de celles-là. Nous voulons que ce soient des revenus clairs et
nets, là, procurés à l'aide de garanties sérieuses
sous l'angle de la sécurité publique.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, messieurs?
M. Ryan: Je voudrais expliquer juste les délais qui se
produisent. C'est une industrie nouvelle pour nous, là, tu sais. Les
casinos, on n'avait jamais exploité ça de notre vie, personne,
pas plus Loto-Québec que moi. Ils entrent là-dedans. Les
vidéoloteries, on entre là-dedans également. Tu sais, je
voudrais qu'on comprenne que ces délais-là n'ont rien
d'extraordinaire. Tu sais, on aimerait mieux qu'il n'y en eût point,
évidemment, mais j'aime mieux qu'il y ait des délais mais qu'on
respecte les exigences de la sécurité publique que tout laisser
aller sous prétexte qu'on a besoin d'argent puis qu'il faut se
dépêcher, puis tout. Je pense que, de ce point de vue là,
les chèvres de M. Séguin sont bien gardées.
M. Dufour: Ha, ha, ha! Mais M. Séguin est au large.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Vous pensez à d'autres, là, vous.
M. Dufour: Ha, ha, ha! Bien oui.
M. Ryan: Vous pensez aux Mohawks.
M. Dufour: Non.
M. Ryan: Vous avez une obsession.
M. Duforr: Non. Je parle de l'ancien ministre du Revenu. Ha, ha,
ha!
M. Ryan: Ah oui? Ha, ha, ha! Ah! Très bien.
M. Dufour: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Là, j'étais complètement perdu.
M. Dufour: Je ne l'avais pas vu, celui-là. Ha, ha, ha!
M. Ryan: Non, non, celle-là, je ne l'avais pas vue venir
du tout.
Le Président (M. Dauphin): Alors...
M. Maciocia: Juste une petite question, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
de Viger.
M. Maciocia: M. le ministre, si vous permettez, qu'est-ce qu'il y
a de vrai dans le... J'ai entendu dire qu'il y avait des tenanciers de ces
machines vidéopokers qui recevaient des avis pour enlever des machines,
en se faisant dire, par exemple: D'ici deux jours ou trois jours, il faut
enlever les machines. Ils recevaient l'avis. Qu'est-ce qui arrive à ce
moment-là...
M. Ryan: Regardez, c'est vrai qu'ils ont reçu des avis des
forces policières il y a à peu près trois semaines, un
mois, parce que, à ce moment-là, il avait été
envisagé que les forces policières procèdent aux saisies
autorisées en vertu de la loi 84. Après ça, comme je l'ai
dit en Chambre, un avis nous est arrivé c'était de la
Direction du droit constitutionnel du ministère de la Justice
nous prévenant qu'il pourrait y avoir des problèmes, là,
étant donné que le système public n'est pas encore
implanté. Là, nous avons décidé que c'était
préférable de procéder avec réserve. Il n'y a pas
d'annulation de quoi que ce soit de ce qui a été fait, mais les
forces policières procèdent avec réserve. O.K.?
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Étude
détaillée
Alors, suite à ces réponses, nous appelons l'article 1 du
projet de loi.
Loi sur la Régie des alcools, des courses et des jeux et
modifiant diverses dispositions législatives
Institution et fonctionnement
M. Ryan: Je pense que l'article 1, M. le Président, ne
devrait pas susciter de difficultés considérables. Comme nous le
savons, en vertu de l'article 2 de la loi 84, la Régie surveille
l'application des
règlements relatifs au système des loteries et des casinos
d'État ou aux loteries vidéo édictés en vertu de la
Loi sur la Société des loteries du Québec. Elle fournit au
ministre de la Sécurité publique des avis sur toute question
concernant les impacts sociaux et les mesures de sécurité que
peuvent nécessiter les activités visées par ces lois ou
ces règlements. Puis là on dit: Bien, elle peut tenir des
consultations publiques à cette fin. C'est ce que nous ajoutons. Nous ne
voulons pas que quelqu'un vienne s'interroger, au début d'une audition
publique, là, qu'un avocat plus fin que d'autres vienne dire: Mais
avez-vous le pouvoir de tenir des auditions publiques? On veut que ce soit
clair. On ne veut pas qu'il y ait de débat interne qui
s'élève là-dessus. Il fait partie de la vocation que le
législateur a voulu donner à la Régie, de tenir, si elle
le juge opportun ou si la demande lui en est faite par le gouvernement, des
auditions publiques sur un sujet comme celui-là, comme ceux qui sont
mentionnés, là, dans cette législation.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je pense bien que l'amendement qui est apporté
ne fait pas problème, au contraire. J'ai bien l'impression que c'est de
nature à bonifier. Mais, dans le paragraphe qu'on amende, parce que,
lorsqu'on amène des amendements, ça veut dire que le paragraphe
est ouvert, «fournit au ministre de la Sécurité publique
des avis sur toute question concernant les impacts sociaux». Les impacts
sociaux, nous, de l'Opposition, on n'a jamais vu aucune étude sur
laquelle la Régie peut se baser. Et, dans la loi, c'est le ministre de
la Sécurité publique qui a accès à ça. Mais
est-ce qu'il y a moyen, est-ce qu'un jour ça sera mis à la
disposition du public? Est-ce qu'il pourra...
M. Ryan: Regardez, il en est arrivé un cas l'année
dernière, là. Moi-même, j'avais été
persuadé d'inscrire dans un projet de loi un élargissement des
heures de vente des boissons alcooliques dans les dépanneurs. Puis,
là, j'ai fait face à une opposition très importante au
sein de la commission parlementaire, autant du côté de
l'Opposition que du côté ministériel. Puis, là,
j'avais décidé d'ajuster le tir du gouvernement. J'ai suspendu
cet article. Et j'avais demandé au président de la Régie
de tenir des auditions sur ce sujet. Il a tenu des auditions à travers
le Québec, beaucoup d'auditions. Vous avez reçu plusieurs
centaines de mémoires, si mes souvenirs sont bons. Puis ça a
permis au gouvernement de prendre une décision contraire à
l'intention originelle du ministre. Le rapport est public, évidemment,
puis il traitait abondamment des effets sociaux appréhendés d'une
extension des heures d'ouverture, là, que nous avons
présentement, des heures de vente autorisées. (17 heures)
M. Dufour: Comme là, parce que la Régie, aussi, a
autorité là-dessus, il y a un casino à Montréal. En
principe, il devrait y en avoir un à Charlevoix, et il semblerait que
les communautés autochtones travaillent pour en avoir un. Comme il y a
trois territoires dans un, je ne sais pas ce qu'on pourra en faire, là.
Ça, c'est un vrai problème. Là, je pense que j'en vois un
vrai. Celui-là va être plus dur à contrôler que
l'autre, d'après moi. Et est-ce qu'il pourrait y en avoir d'autres?
Donc, les impacts sociaux, actuellement, comment ils sont
étudiés par rapport à ce qui se passe? Moi, je vais vous
dire, à un moment donné, j'entends... Moi, je ne suis pas
allé au casino depuis qu'il est ouvert, mais j'entends parler, par
exemple, de gens qui n'ont pas le moyen d'aller là. Ils vont au casino,
et, pour garder plus d'argent pour jouer, ils font des pique-niques sur le
coffre de leur voiture dans le stationnement. J'entends dire, d'autre part,
qu'il y a d'autres personnes qui vont là et que c'est le BS, c'est le
bien-être social qu'ils vont jouer. Ça me fatigue, là. Je
trouve qu'il y a quelque chose qui ne marche pas. C'est des impacts sociaux,
ça. Et tout ça, comment on va faire, à un moment
donné, pour porter une analyse un peu plus succincte et essayer de
pallier à des problèmes comme ça?
M. Ryan: Je pense que vous savez que la Régie favorise des
études, des recherches, des observations plus systématiques, en
somme, sur le comportement des joueurs, sur les habitudes auxquelles peut
donner Heu le développement de l'industrie du casino. Je pense que
ça fait partie des intentions de la Régie, aussi. Il faudrait
qu'on ait des ressources à cette fin. On n'en a pas beaucoup,
actuellement. Dans la période de disette où nous sommes, c'est un
des problèmes que nous avons. Seulement pour assurer le rôle
fondamental de la Régie, il a fallu discuter pendant des mois
l'obtention des ressources minimales qui ont été
accordées. Tu sais, je t'avertis que le gouvernement fonctionne de
manière très, très serrée. Mais, il va falloir
qu'on libère des ressources pour qu'un certain nombre d'études
indépendantes puissent être faites, suivant de bonnes normes
scientifiques, pour nous renseigner comme il faut. Je pense que vous
émettez ce voeu-là, je pense que le président en prend
note, et le ministre en prend note, également.
M. Dufour: Vous êtes venu au devant de ma question, je
voulais vous poser la question, à savoir: Est-ce que vous avez
actuellement des ressources qui ne font que ça? Vous me dites: Non, on
n'a pas les ressources, mais il faudra examiner un petit peu plus à
fond. Ça va pour moi.
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Jonquière? Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Alors, j'appelle l'article 2. M.
le ministre.
M. Ryan: L'article 2, c'est une modification au processus
administratif. Tout le monde, je pense, a pris
connaissance de l'article que nous voulons modifier, c'est l'article 18
de la loi 84. On enlèverait les mots: «, le fac-similé
devant être authentifié par le contreseing d'une personne
autorisée par le président».
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Jonquière?
M. Dufour: Ça va.
M. Ryan: M. le député de Portneuf a dû
bénéficier de semblables délégations dans son
travail antérieur. Ha, ha, ha!
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 2 est
adopté. J'appelle l'article 3.
M. Dufour: C'est une bonne ressource, le député de
Portneuf. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. LeSage): M. le ministre, l'article 3.
M. Ryan: Là, on ajoute tout simplement les mots «et
d'autorisations». Celui-ci, à vrai dire, on pourrait
peut-être le garder en suspens, parce qu'on va décider
tantôt que, en ce qui touche les concours publicitaires, une autorisation
suffit, tu n'as pas besoin d'une licence ou d'un permis en bonne et due forme.
C'est une autorisation pour tenir un tirage. Ici, on élargit en
conséquence pour ne pas qu'il ne se pose de difficultés
juridiques. On peut le garder en suspens tant qu'on n'aura pas disposé
des concours publicitaires, selon une méthode que nous pratiquons
habituellement et qui donne de bons résultats.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 3 est
suspendu.
Fonctions et pouvoirs
J'appelle l'article 4. M. le ministre. M. Ryan: Juste une minute,
M. le Président. (Consultation)
M. Ryan: Oui, comme vous le voyez, la Régie a pour
mission, entre autres, de veiller à la protection et à la
sécurité du public lors des activités régies par la
Loi sur les courses et la Loi sur les loteries, les concours publicitaires et
les appareils d'amusement. Là, nous ajouterions la nuance suivante:
«, sous réserve de l'article 34.1 de cette dernière
loi». L'article 34.1, c'est celui par lequel nous élargirons la
compétence des organes locaux désignés par un conseil de
bande, qui nous re- porte à l'article 34 de la loi actuelle sur les
loteries, et 34.1 aussi. Évidemment, la modification que nous
apporterions aux deux paragraphes 5° et 6° est exactement de même
nature.
Le Président (M. LeSage): Ça va pour l'article 4,
M. le député de Jonquière?
M. Dufour: Ça va.
Le Président (M. LeSage): Donc, l'article 4 est
adopté. J'appelle l'article 5. M. le ministre.
M. Ryan: Maintenant qu'on a adopté cet article, je serai
content de rappeler au député de Jonquière qu'il a vu
qu'il y avait des éléments très distinctifs dans le cas
des communautés autochtones. Nous progressons ensemble.
M. Dufour: Oui, mais on va les retoucher, aussi, les autochtones.
On va les toucher plus loin, là.
M. Ryan: Ha, ha, ha! Je ne veux pas les réveiller.
M. Dufour: J'avais gardé mes commentaires et mes
discussions pour plus loin. Ha, ha, ha!
M. Ryan: Ha, ha, ha! Très bien. O.K. Je sais que...
M. Bertrand: Je comprends, M. le Président, que ça
n'autorise pas n'importe quoi, quand même.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. LeSage): Exactement. M. le ministre, avec
l'article 5, s'il vous plaît.
M. Ryan: «Autorisations» et «,
immatriculations», ça, c'est de la concordance, M. le
Président. Ça va avec ce qu'on a dit pour l'article 3,
tantôt. On va le garder en suspens, je pense. Étant donné
qu'on n'a pas disposé de la substance, c'est bien difficile de
régler les concordances.
Le Président (M. LeSage): Alors, en suspens, l'article 5.
J'appelle donc l'article 6. M. le ministre.
M. Ryan: Ça, il s'agit d'autorisations qui sont
données à des régisseurs ou à des fonctionnaires
d'agir seuls dans certains dossiers. Alors, ici, on dit: «, dans les cas
prévus aux articles 28 et 29,». Encore ici, malheureusement, on va
être obligés de suivre la règle que nous nous sommes
imposée d'attendre d'avoir disposé de 28 et 29 pour revenir
à celui-ci. Et je vous préviens tout de suite du sujet dont il
s'agit. C'est que, dans les cas je l'ai indiqué dans mes
remarques
introductoires où l'intérêt public ou la
tranquillité publique sont en jeu, on ne veut pas que ces cas-là
se règlent par une seule personne. Il faut qu'au moins deux
régisseurs agissent à ce moment-là. Mais on y viendra
tantôt.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 6 est suspendu,
M. le ministre?
M. Ryan: Oui.
M. Dufour: Je comprends qu'on va être obligés de
faire la discussion plus loin. Ça va.
Le Président (M. LeSage): J'appelle donc l'article 7. M.
le ministre.
M. Ryan: Mais j'aimerais quand même, M. le
Président, parce qu'on va avoir... Vous avez appelé l'article 7,
excusez-moi, on va rester à l'article 7. Dans l'article 7, l'article 27
est modifié par l'insertion...
(Consultation)
M. Ryan: On ajoute les mots, ici: «de la Loi sur les
loteries...». On ajoute ça pour que... Le transfert qu'on fait,
c'est que le critère de la tranquillité publique, on l'a
déjà dans la Loi sur les permis d'alcool et on le
transfère à la loi sur les loteries, en particulier les appareils
vidéoloteries. Et on dit: Dans ces cas-là, on va s'en servir de
la même manière avec les prudences nécessaires et avec les
précautions qui s'imposent, parce que c'est un critère
très délicat qu'on a été obligés de mettre
dans la loi à la suite de jugements rendus par les tribunaux, il y a
à peine deux ou trois ans, et qui fonctionne maintenant assez bien, tout
compte fait, M. Laflamme?
M. K.-Laflamme (Ghislain): Oui.
M. Ryan: Qui donne beaucoup de latitude à la Régie
pour régler des cas qui traîneraient indéfiniment sans
ça.
M. Dufour: La tranquillité publique, ce n'est pas
seulement le bruit. -
M. Ryan: Ça va beaucoup plus large que ça. M.
Dufour: C'est beaucoup plus large que ça. M. Ryan: On a sept,
huit critères.
M. Dufour: Est-ce que vous pouvez nous donner des exemples
où vous l'avez appliqué puis...
M. Ryan: Oui, on va prendre un cas qui est bien connu. Dans mon
comté... Il est moins connu, mais c'est dans mon comté, et comme
ce secteur-là intéressait récemment le
député d'Abitibi-Ouest, on peut en parler, c'est dans l'ouest du
comté d'Argenteuil. Il y avait un débit de boisson à
Calumet. Calumet, c'est un petit village qui est à côté de
Grenville, juste de l'autre côté du pont de Hawkesbury.
Étant donné que nos heures de vente sont plus libérales au
Québec, il y avait toujours un trafic qui venait se déverser du
côté de Hawkesbury, et la même chose à Hull, dans le
secteur du Portage, un trafic qui venait se déverser là. Moi,
j'avais des plaintes, comme député. J'avais appelé
l'attention de la Sûreté du Québec pendant des
années là-dessus. Ça ne changeait pas grand-chose, parce
qu'ils allaient faire une petite visite, et ça recommençait
dès qu'ils étaient partis. (17 h 10)
À un moment donné, après qu'on a introduit ce
critère-là, la Régie a été saisie de
plaintes en provenance des citoyens. Elle a tenu des auditions publiques et
elle a tranché que la manière dont ça marchait
n'était pas conforme au critère de la tranquillité
publique. Le critère, il est défini dans la loi, à la
suite de modifications que nous avons apportées en 1991. Disons qu'il y
a de la drogue, par exemple, dans un établissement. Ça, c'est
contraire à la tranquillité publique. Les armes, les chicanes,
les batailles, c'est contraire à la tranquillité publique. Des
gestes ou actes à caractère sexuel, de nature à troubler
la paix, et la sollicitation y est relative. Les actes de violence, le vol, le
méfait etc., les jeux de hasard, gageures ou paris, c'est de nature
à troubler la tranquillité publique. Ça va assez loin, et
ça, ça donne la poigne à la Régie pour prendre des
décisions. Ça évite que l'interprétation de
«tranquillité publique» soit laissée uniquement aux
tribunaux. Il peut y avoir un juge comme celui dont on parlait ce matin,
là, qui dit que lui, ça ne l'empêche pas de dormir.
Une voix: Ha, ha, ha! M. Dufour: Ça va.
Le Président (M. Dauphin): Sur l'article 7, M. le
député de Viger.
M. Maciocia: Étant donné que vous parlez de
tranquillité publique, dans des endroits où la police, par
exemple, a descendu des gens, cinq, six, sept, huit fois et que c'est reconnu
que, à certains moments, il y a des choses qui ne sont pas tout à
fait, disons, catholiques qui se passent, est-ce que la Régie a
autorité à enlever ce permis qui a été
octroyé à cet établissement?
M. Ryan: Elle peut le suspendre, elle peut l'annuler et elle peut
le révoquer.
M. Maciocia: Est-ce que c'est seulement s'il y a des plaintes de
citoyens ou si c'est suffisant que la police ait fait des enquêtes sur
ça?
M. Ryan: Est-ce que je pourrais demander à M. Laflamme, M.
le Président, de donner une réponse à cette question?
Le Président (M. Dauphin): Avec plaisir. Alors, M.
Laflamme.
M. K.-Laflamme (Ghislain): C'est précisément
l'utilité du critère de tranquillité publique. C'est que,
lorsque la police est appelée à plusieurs reprises dans un
endroit pour constater toutes sortes de choses qui dérangent des
citoyens, la police et les citoyens peuvent s'adresser directement à la
Régie pour demander la suspension du permis, la révocation du
permis, en se basant sur ces troubles à la tranquillité publique
au lieu d'être pris pour attendre que les constatations qui ont pu
être faites dedans se traduisent par une infraction qui, elle, sera
l'objet d'une condamnation dans on ne sait pas combien de temps. Alors, le
critère de tranquillité publique de l'article 24.1 de la Loi sur
les permis d'alcool a précisément pour objet de contrer ce que
vous soulevez.
Le Président (M. Dauphin): Ça va? Donc, l'article 7
est adopté?
M. Dufour: Adopté,
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 8.
M. Ryan: Alors, l'article 8 est de même inspiration. Nous
visons, par l'article 8, à modifier l'article 28 de la loi
adoptée en juin dernier, de manière à préciser que,
dans le cas d'un régisseur agissant seul, il peut disposer de dossiers
à l'exception de ceux où l'intérêt public ou la
tranquillité publique sont mis en cause. À ce moment-là,
ce sont les règles de séance à deux qui s'appliquent, dont
au moins un avocat.
M. Dufour: O.K. Pour émettre une licence, ce n'est pas
nécessaire d'être deux?
M. Ryan: Non, même pour se prononcer sur un dossier qui est
relié à la tranquillité ou à l'intérêt
publics.
M. Dufour: Bon. Et quand ils révoquent une licence, la
personne, est-ce qu'elle a droit à un appel? Oui. Est-ce que ça
passe par les tribunaux comme normalement? Mettons que la personne s'oppose
à ce qu'on lui révoque son permis, qu'est-ce qui arrive? Parce
que je sais qu'il y a des endroits où les organismes sont
habilités, et il n'y a pas de questions, c'est dans le jugement, c'est
fini.
M. K.-Laflamme (Ghislain): Les décisions de la
Régie sont finales et sans appel, mais il y a deux cas où les
tribunaux supérieurs peuvent être appelés à se
pencher sur nos décisions, c'est dans les cas où la
décision est apparemment déraisonnable et dans les cas où
il y a excès de juridiction.
M. Ryan: La commission elle-même peut se ressaisir d'un
dossier s'il y a des éléments de preuve qui n'avaient pas
été soumis à son attention.
M. K.-Laflamme (Ghislain): En vertu de l'article 37 de la loi 84,
à la demande du citoyen, il y a un pouvoir de révision. Lorsqu'il
est découvert un fait nouveau, lorsque la partie, pour des raisons
jugées suffisantes, n'a pas pu se faire entendre, lorsqu'un vice de fond
ou de procédure est de nature à invalider une décision, on
peut demander la révision de la décision de la Régie.
M. Dufour: À la Régie?
M. K.-Laflamme (Ghislain): À la Régie.
M. Dufour: Pas ailleurs?
M. K.-Laflamme (Ghislain): Non.
M. Dufour: Ce qui fait que... Il a été longtemps,
à la CSST, lorsqu'elle donnait une décision, elle était
finale et sans appel. C'est de moins en moins vrai. C'est encore difficile
pareil, mais on peut aller un peu plus loin. Je ne sais pas si, dans le cas que
vous prononcez... Je ne le sais pas, ça n'a pas fait soulever beaucoup
de plaintes à venir jusqu'à maintenant. J'imagine que vous
suivez... Ça doit être très rare que...
M. K.-Laflamme (Ghislain): Les cas d'évocation sont
évidemment très rares aussi. Il y en a quelques dizaines par
année parce qu'il y a des gens qui veulent, par ce moyen-là,
retarder l'application de la décision de la Régie jusqu'à
ce que la Cour supérieure se prononce là-dessus. Supposons qu'on
impose une suspension de six mois de permis et qu'on l'impose au mois de juin,
il est assez fréquent qu'on ait des évocations qui sont
abandonnées six mois après.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Portneuf.
M. Bertrand: Juste un point d'information. Au dernier
alinéa, on dit: «II peut également faire le constat d'une
révocation de plein droit d'un permis, d'une licence ou d'une
immatriculation.» N'étant pas juriste, on veut dire quoi,
effectivement, par: «II peut également faire le constat
de...»?
M. K.-Laflanune (Ghislain): C'est que...
Le Président (M. Dauphin): Normalement, la question
était adressée au ministre, mais le ministre peut demander au
président de la Régie de répondre.
M. Ryan: Dans ce cas-ci, je vais demander au
président.
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. Laflamme.
M. K.-Laflamme (Ghislain): Évidemment, ça a l'air
du jargon, mais les licences, les permis, les autorisations font l'objet d'un
droit à payer et sont valides pour une période donnée.
Mais la loi fait en sorte que, même si quelqu'un n'a pas payé la
licence ou l'immatriculation ou le permis, il peut avoir encore une
autorisation jusqu'à ce qu'on ait constaté que le terme est
arrivé et que le citoyen n'a pas payé. On ne veut pas qu'il se
trouve automatiquement sans permis, sans licence ou sans immatriculation. Donc,
lorsqu'il n'a pas payé, il y a un acte qui est posé, qui est de
constater que le paiement n'a pas été fait et que le terme est
arrivé. Alors, on permet à un fonctionnaire seul ou à un
régisseur seul de faire cette constatation et de la communiquer au
citoyen.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Portneuf.
M. Bertrand: Et est-ce que ce constat, M. le Président,
s'applique également aux exceptions qui sont mentionnées à
l'alinéa précédent, c'est-à-dire sur
«...où l'intérêt public ou la tranquillité
publique est mis en cause et en ce qui concerne les licences relatives aux
loteries vidéo»?
Le Président (M. Dauphin): M. Laflamme.
M. K.-Laflamme (Ghislain): Une révocation de plein droit,
ce n'est que la constatation du non-paiement d'un droit. Alors,
l'intérêt public ou la tranquillité publique n'est pas en
cause. On constate que la licence n'a pas été payée.
M. Maciocia: Est-ce que...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Viger?
M. Maciocia: Est-ce que, M. Laflamme, ça veut dire que la
Régie, elle va envoyer un avis écrit en disant que la cotisation
n'était pas faite et, par conséquent, le permis est
révoqué, ou si c'est seulement la constatation par la
Régie que le paiement n'est pas fait et, automatiquement, ce permis est
retiré?
Le Président (M. Dauphin): M. Laflamme.
M. K.-Laflamme (Ghislain): Sans m'étendre sur le
processus, le citoyen a généralement trois avis: un avis qui lui
dit que dans 60 jours, le droit va être dû; un avis qui lui dit que
dans 30 jours, son droit va être dû; et ce constat, après
ces deux avis, pour dire: Votre paiement, il est passé date, et votre
permis, on constate qu'il n'existe plus.
M. Maciocia: C'est la troisième étape.
M. K.-Laflamme (Ghislain): Et, à cette troisième
étape, le citoyen, en vertu des dispositions dans la loi, peut revenir
à la Régie, redemander ses licences, permis et autorisations, et
on peut les lui accorder sur paiement du droit et des frais d'étude du
dossier: Le constat recettes est fait là.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que ça va?
M. Dufour: Ça, ça veut dire que ce sera toujours un
régisseur seul qui va le faire?
M. K.-Laflamme (Ghislain): Ou un employé seul.
M. Dufour: Un employé?
M. K.-Laflamme (Ghislain): Oui.
M. Dufour: En vertu de quel...
M. Ryan: L'article 29, l'article suivant.
M. K.-Laflamme (Ghislain): L'article suivant.
M. Dufour: O.K. On en discutera après.
M. K.-Lafïamme (Ghislain): Parce qu'il y a des très
grands nombres.
Le Président (M. Dauphin): Alors, est-ce que l'article 8
est adopté?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 9. (17 h 20)
M. Ryan: À l'article 9, nous avons déjà,
dans la loi, la possibilité, pour un membre du personnel, de
décider seul, au nom de la Régie, d'un certain nombre de
dossiers. Ici, il y a des précisions qui sont apportées dans le
cas des demandes présentées en vertu de la loi sur les loteries.
Il aurait ce pouvoir, sauf lorsqu'il s'agit de dossiers où
l'intérêt public ou la tranquillité publique sont mis en
cause. Il s'agit de dossiers relatifs aux loteries vidéo. Par
conséquent, les demandes de bingos, par exemple, les demandes de
concours publicitaires, il pourra décider de ça. Mais, en cas de
loteries vidéo, ça, c'est laissé à la
procédure normale.
M. Dufour: À un employé?
M. Ryan: Oui.
M. Dufour: Cet employé-là, en vertu de quoi il
est habilité? Est-ce que c'est un avocat? Est-ce que c'est un
employé qui connaît la loi? Comment il fonctionne? Ce n'est pas un
régisseur en tout cas. C'est un employé. ..
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Regardez, ça, c'est courant, hein? Dans
l'administration des lois, c'est courant que des fonctionnaires aient des
pouvoirs assez étendus.
M. Dufour: Oui. Ils pourraient avoir le pouvoir, mais le
soumettre au régisseur pour que lui mette sa griffe dessus. Là,
ce n'est pas ça, d'après ce que je vois, hein?
M. Ryan: Peut-être que M. Laflamme pourrait nous expliquer
comment ils en sont arrivés, dans le cas, là, des permis
d'épicerie...
Le Président (M. Dauphin): M. Laflamme. M. Ryan:
...à confier ça à des fonctionnaires.
M. K.-Laflamme (Ghislain): C'est des techniciens en droit qui
agissent en fonction de directives qui sont généralement prises
en plénière. C'est mentionné antérieurement que des
régisseurs en plénière peuvent établir des
directives. C'est des techniciens en droit qui ont des directives d'agir d'une
façon toujours identique quand les circonstances, les mêmes, se
produisent. Disons, entre autres, pour un permis d'épicerie, que, si un
droit est exigé pour que le permis d'épicerie soit en vigueur, si
le montant exact est versé, ils émettent la licence et ils n'ont
pas à référer à... Si une opposition entre, ils
sont obligés de mettre le dossier sur le rôle, au lieu
d'être obligés de monter aux régisseurs pour leur demander:
Est-ce qu'on doit le mettre sur le rôle? Alors, ce sont tous des gestes
qui sont normalisés que les employés, généralement
des techniciens en droit, posent à l'intérieur de ça. Et,
c'est mentionné un peu plus loin, lorsqu'ils ont une discrétion
à exercer, ils sont obligés de référer ça
à des régisseurs.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Portneuf.
M. Bertrand: M. le Président, je soumets le fait que,
quand même, il s'agit... Je comprends que de telles dispositions existent
dans d'autres ministères, par exemple, ou d'autres organismes. Mais la
portée de la décision ici est potentiellement assez importante,
puisqu'il s'agit de répondre éventuellement à des demandes
en vertu de la loi sur les loteries, les concours publicitaires. Il peut y
avoir des enjeux assez importants en termes, par exemple, de quantités
d'argent ou de lots à distribuer, etc. Et je me questionne sur la
pertinence, justement, pour cette raison-là, de confier cefte
responsabilité-là à un membre du personnel, fût-il
technicien en droit.
M. Ryan: Regardez, là...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Regardez, là, il faut voir les choses sur le
côté pratique. Des permis de vente de boissons alcooliques,
là, il y en a en circulation au-delà de 30 000 en tout, hein?
Près de 30 000. Ça ne peut pas être traité,
ça, exclusivement par des régisseurs. Il faudrait avoir trois
fois plus de régisseurs. On en a déjà pas mal. Il suffit,
pour beaucoup de ces permis-là, que l'examen soit fait par un
fonctionnaire, toujours sous l'autorité, évidemment, du
président-directeur général, puis à
l'intérieur de normes prescrivant que certains dossiers doivent rester
du ressort des régisseurs proprement dits.
M. Dufour: Oui. Je ne sais pas si c'est complété,
mais, moi, je dis: Oui pour l'émission. C'est quand vient le temps de la
révocation. Les dangers sont beaucoup plus grands.
M. Ryan: Eux autres, c'est rien qu'un constat qu'ils vont faire
dans certains cas. Si le gars n'a pas payé depuis un an, tu ne vas pas
courir après pour le faire venir. Tu dis: Je constate que son permis
n'est plus en règle. Ça finit là.
M. Bertrand: Juste un...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Portneuf.
M. Bertrand: Oui. Un point de détail peut-être.
Mais, dans le libellé de l'article précédent, 28,
là, on avait, au deuxième alinéa, «des cas et des
demandes présentés», alors que le libellé ici fait
référence aux demandes seulement. Est-ce que c'est equipollent?
Est-ce que c'est l'équivalent ou quoi? Pour quelle raison, dans un cas,
on a des cas et des demandes et, dans ce cas-ci, uniquement des demandes
présentées?
M. Ryan: Oui. C'est parce que c'est un régisseur, dans le
premier cas, hein? Un régisseur. Il est saisi de cas et de demandes,
tandis que, dans le cas du fonctionnaire, c'est juste des demandes. C'est plus
administratif.
M. Bertrand: O.K.
M. Ryan: II n'y a pas de marge pour le discrétionnaire. Il
y en a, mais beaucoup moins, tu sais. C'est ça qui est la nuance.
M. Bertrand: M. le Président, un cas est plus important
que dans la nature même de...
M. Ryan: Non, c'est parce qu'il prête plus à
interprétation.
M. Bertrand: O.K. Bon.
M. Ryan: O.K.? C'est ça qui est le...
M. Bertrand: Excellent.
Le Président (M. Dauphin): Ça va pour l'article
9?
M. Bertrand: Ça répond à mes questions, M.
le Président.
M. Ryan: Ça va? Merci.
Le Président (M. Dauphin): Très bien, M. le
député. Alors, l'article 9 est-il adopté?
M. Dufour: D'une licence puis d'une immatriculation,
l'immatriculation, c'est pour les appareils de vidéo?
Une voix: Oui.
M. Dufour: Les licences, c'est pour la boisson?
M. Ryan: C'est pour toutes les personnes qui sont
autorisées à exploiter des appareils ou un commerce qui
relèvent de l'autorité de la Régie.
M. Dufour: O.K. Mais vous parlez de licences puis
d'immatriculation...
M. Ryan: Oui. Peut-être que M. Laflamme pourrait nous
l'expliquer, licence, permis, autorisation, tant qu'à y être,
là. Ça va régler...
M. Dufour: Oui. Parce que ça en fait pas mal. Le
Président (M. Dauphin): M. Laflamme.
M. K.-Laflamme (Ghislain): C'est des questions qui ne se
poseraient plus si on avait intégré toutes ces lois pour avoir
les mêmes appellations.
M. Dufour: ...avait parlé. C'est pour ça que je
vous posais la question, pour vous dire que c'est parce que je repensais
à l'ancienne loi, où on parlait de la surtaxe industrielle puis
des permis d'affaires.
M. Ryan: Ah non! C'est loin, c'est loin. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Ryan: Mais le député a abandonné ce beau
secteur.
M. Dufour: Mais je l'aurais eu pareil. M. Ryan: Je
comprends sa nostalgie.
M. Dufour: Je l'aurais eu pareil.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): M. Laflamme.
M. K.-Laflamme (Ghislain): Alors, dans la Loi sur les permis
d'alcool, de même, dans la Loi sur la Société des alcools,
c'est des permis qui sont délivrés. Dans la loi sur les loteries,
c'est des licences: des licences de bingo, des licences de tirage. Et, dans le
cas des concours publicitaires, là, où on vous annonce que vous
avez gagné 1 000 000 $ puis, en petites, petites lettres, que, si vous
faites un paquet de choses... ça va être des autorisations que
plus loin on va donner. Et l'immatriculation, c'est la vignette qui est
apposée sur les appareils d'amusement qui existent dans tous les
endroits où il y en a et sur des appareils de loterie vidéo qui
auront cette chose-là. Alors, permis: les permis d'alcool et la loi de
la Société d'alcool; licences: de bingo, de tirage, autorisations
de concours publicitaires, immatriculation et vignettes pour les machines.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que ça
répond à votre question, M. le député de
Jonquière?
M. Dufour: II n'y a rien de trop beau.
M. Bertrand: Est-ce que je pourrais demander au
député de nous synthétiser ça?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Je pourrais le faire. J'ai compris comme il faut, moi,
là. Ça va.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'article 9,
adopté.
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): J'appelle l'article 10.
M. Ryan: L'article 10 nous invite à laisser tomber le
deuxième alinéa de l'article 31 de la loi adoptée en juin
dernier. Je pense que cet alinéa dépend de ce que nous avons
adopté. Il n'est plus nécessaire, il devient superflu.
M. Dufour: Je n'ai pas de problème.
Le Président (M. Dauphin): Adopté, et vous avez un
amendement aussi, M. le ministre, hein, à l'article 10, qui introduit un
nouvel article, 10.1.
M. Ryan: Nous touchons ici un sujet qui va revenir souvent, que
nous avons déjà gardé en suspens. On ajoute le mot
«immatriculations» pour les raisons qui ont
été énoncées tantôt par M. Laflamme,
de manière que soient clairs tous les genres d'opérations que
peut effectuer la Régie, qu'il s'agisse de permis, de licences,
d'autorisations, d'immatriculations. Là, le mot
«immatriculations» est ajouté. Il s'agit évidemment
d'appareils, parce qu'on n'immatricule pas des personnes. Dans ce genre de
choses là, on n'est pas encore rendus à les considérer
comme des candidats à l'incarcération.
M. Dufour: À moins qu'ils soient en prison. Un
prisonnier.
M. Ryan: Oui, mais c'est ça.
M. Dufour: II est matricule, mais pas immatriculé.
M. Ryan: Ça relève d'un autre département du
ministère, ça.
M. Dufour: Ha, ha, ha! Il est immatriculé, mais pas
immaculé.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: C'est l'Immaculée Conception aujourd'hui?
M. Ryan: C'est vrai, c'est vrai.
M. Dufour: Une belle fête. C'est le 8 décembre.
Une voix: Bien oui.
M. Maciocia: Ah bien oui, c'est vrai.
M. Ryan: Mais oui. Pour toi, c'est une grande fête.
M. Maciocia: Oui.
M. Ryan: En Italie, c'était toujours un grand jour, quand
j'étais là.
Le Président (M. Dauphin): La fiesta.
M. Maciocia: Oui.
M. Ryan: Toi aussi. Toi aussi, évidemment.
M. Dufour: C'est quoi que vous êtes après nous dire
là?
M. Ryan: Pardon? Un grand jour en Italie: Im-macolata
Concezidne.
M. Dufour: Ah oui! C'est beau.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Dufour: C'est adopté.
Le Président (M. Dauphin): Donc, l'amendement introduisant
le nouvel article 10.1 est adopté.
M. Ryan: Ha, ha, ha! C'est l'expérience internationale de
ce côté-ci.
Des voix: Ha, ha, ha!
Loi sur les infractions en matière de boissons
alcooliques
Interprétation et application
Le Président (M. Dauphin): J'appelle l'article 11. (17 h
30)
M. Ryan: L'expérience internationale, de ce
côté-ci.
(Consultation)
Le Président (M. Dauphin): Alors, nous sommes toujours
à l'article 11. M. le ministre.
M. Ryan: Bien, c'est un changement d'intitulé qui ne
devrait faire l'objet de problème pour personne, je pense.
Le Président (M. Dauphin): Concordance. M. Dufour:
Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Ça va? L'article 11,
adopté. J'appelle l'article 12.
M. Ryan: À propos de l'article 12, M. le Président,
j'aimerais que M. Laflamme nous fournisse des explications, parce qu'il est
question de pourcentage, de quantité et tout, là. Je ne
prétends pas à une expertise très poussée en ces
choses.
Le Président (M. Dauphin): M. Laflamme.
M. K.-Laflamme (Ghislain): Je ne veux pas non plus souligner une
trop grande expertise dans le domaine de la...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Quand tu es bien connu...
M. K.-Laflamme (Ghislain): Mais j'accepte d'en avoir plus que le
ministre. Ha, ha, ha!
cet article est un article technique en soi. au québec, il n'y a
pas de disposition, dans les lois d'alcool, qui impose un pourcentage à
partir duquel ça devient une boisson alcoolique. en théorie,
actuellement, dès qu'il y a une trace d'alcool, ce serait une boisson
alcoolique. mais il y a de plus en plus de produits qui sont utilisés de
façon désalcoolisée des bières
désalcoolisées, des vins désalcoolisés qu'il
apparaît conforme à la tranquillité publique puis à
l'intérêt public de ne pas verser dans le domaine des boissons
alcooliques, pour en permettre des alternatives. alors, le consensus
nord-américain est qu'à partir de 0,5 % ça doit devenir
une boisson alcoolique et, en bas de ça, ce n'est pas une boisson
alcoolique. et, dans l'autre cas, paragraphe 2°, c'est que le cidre
léger, actuellement, se situe entre 1,5 % et 7 %, et il n'y a pas de
raison d'épargner le cidre d'en bas de 1,5 % de l'appellation
«léger».
Le Président (M. Dauphin): C'est spécial.
M. K.-Laflamme (Ghislain): parce que le cidre qui est en bas de
1,5 %, il n'a plus d'appellation. donc, en enlevant ça, le cidre devient
léger en bas de 1,5 %.
M. Dufour: Dans le libellé, ça fait drôle.
C'est «pouvant être consommés par l'homme». La femme
n'a pas le droit?
M. K.-Laflamme (Ghislain): Ha, ha, ha!
M. Dufour: Dans les églises, ils parlent de l'humain au
lieu de l'homme, hein?
M. K.-Laflamme (Ghislain): Oui.
M. Dufour: Les humains. Une voix: Ou par une personne.
M. Dufour: Ou par une personne. C'est un peu sexiste, on pourrait
dire, hein?
M. K.-Laflamme (Ghislain): On n'a pas voulu changer trop de mots
qui étaient là-dedans. On s'est attachés uniquement
à la notion.
M. Dufour: oui. mais la notion du 0,5 %, bien, moi, je trouve que
ça a son importance, parce qu'on dit «par l'homme»,
là. je le fais en badinant. si le ministre nous présentait un
amendement, je serais bien heureux qu'on le change, parce qu'il y beaucoup de
monde qui effectivement se sent un peu brimé ou... ça les
dérange d'entendre parler... puis, un peu partout, on change la notion
du mot «homme» par «humain» ou
«personne».
M. Ryan: Je vais vous dire franchement, si on mettait «par
une personne», on y gagnerait tout le monde, hein? Vous n'auriez pas
d'objection, M. Laflamme?
M. K.-Laflamme (Ghislain): Moi, je n'ai pas d'objection.
M. Ryan: On va rédiger un amendement, parce que ça
fait ridicule, comme ça, tout à fait ridicule. C'est tellement
contraire à l'esprit du gouvernement.
M. Dufour: Oui, puis je pense aussi qu'il faut que le
gouvernement se tienne de temps en temps à la mode. Ha, ha, ha! Il faut
qu'il soit in de temps en temps. Il ne faut pas qu'il soit juste out.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: l'autre remarque que je voulais faire, c'était
le 0,5 %. le 0,5 %, c'est venu comment? je sais que les producteurs, les
brasseurs, ils ont fait, à un moment donné, des substituts en
disant: bien, 0,5 % d'alcool, puis vous êtes corrects. mais, si les
brasseurs avaient fait 0,6 % ou 0,7 %, quelle aurait été notre
attitude? est-ce que c'est basé sur des normes quelconques ou si c'est
juste pour s'adapter à ce que l'industrie a mis sur le
marché?
M. K.-Laflamme (Ghislain): dans votre document, vous avez une
note à l'effet que des études réalisées par le
laboratoire de la société des alcools du québec portant
sur quelque 140 produits différents, allant des yogourts aux essences,
nous ont permis de conclure que cette norme s'avère des plus
acceptables. mais il y a eu des consultations à travers toutes les
provinces canadiennes aussi pour qu'on ait le même minimum, pour ne pas
que des produits à 1 % en ontario fassent l'objet de dumping ici, ou
l'inverse. et, actuellement, le consensus, et non pas l'unanimité, est
que 0,5 % est le point charnière.
M. Dufour: mais si, à un certain moment, on parlait de 0,6
%, 0,7 %, les normes sont tellement près l'une de l'autre... d'abord,
c'est la quantité de liquide aussi qui se prend. la bouteille de
bière, le 0,5 % d'alcool, c'est une question, mais on sait que si
quelqu'un est normalement constitué, l'estomac peut facilement absorber
trois ou quatre bières. au point de vue volume, ça fait 40 onces,
50 onces, à peu près; 4 fois 10, c'est à peu près
ça, 40 onces. ça va. mais, à 0,5 %, pour prendre la
même quantité, ouf! il faudrait qu'il en prenne beaucoup. puis si
ça avait tendance à monter quelque peu, ça veut dire qu'on
serait obligé de changer la loi?
M. K.-Laflamme (Ghislain): Non. Ça dit: Pour que ça
soit une boisson alcoolique, il faut que ça contienne plus de 0,5 %.
Alors, à partir du moment où ça a 0,6 %, 0,7 % ou
ça a n'importe quel montant, c'est des boissons alcooliques. C'est en
bas de 0,5 % que ce n'est pas des boissons alcooliques. Alors, si vous avez des
vins désalcoolisés, actuellement, qu'on peut trouver...
M. Ryan: Des vins aux bleuets, là. Des vins aux bleuets,
ça doit être en bas de 5 %, ça.
M. Dufour: Ah non! Pas 5 %. On parle de 0,5 %, là. 5 %,
c'est le vin.
M. Ryan: Oui, oui. C'est 0,5 %. C'est une bière.
M. Dufour: ça peut être 8 % à 10 %, du vin de
bleuet.
M. K.-Laflamme (Ghislain): Mais ça, le vin
désalcoolisé, la bière désalcoolisée, entre
autres c'est surtout ces produits-là c'est en bas de 0,5
%. C'est à 0,3 % à peu près.
M. Dufour: Donc, ils ont une marge de manoeuvre.
M. K.-Laflamme (Ghislain): Ils ont une marge de manoeuvre. Il y
en a que c'est 1,5 %, tout ça. Mais les consultations qu'on a faites
nous ont amenés à proposer 0,5 % parce que c'est
déjà accepté par le milieu.
M. Dufour: Est-ce que la Régie exerce un contrôle
autre que ce qui est marqué sur la bouteille?
M. K.-Laflamme (Ghislain): Je dois dire que la
Société des alcools exerce un contrôle farouche parce que
ça devient de la compétition si c'est une boisson alcoolique.
Donc, il y a un contrôle qui est fait, puis c'est
généralement par le laboratoire de la Société des
alcools.
M. Dufour: Est-ce que vous le faites à la source ou si
vous allez dans les épiceries ou dans les dépanneurs?
M. K.-Laflamme (Ghislain): On le fait lors de l'autorisation
première. Lorsque quelqu'un veut lancer un produit, il nous le
soumet.
M. Dufour: Ça, c'est normal.
M. K.-Laflamme (Ghislain): On le fait examiner par le laboratoire
de la Société des alcools. On fait examiner plusieurs
échantillons pour voir s'il y a des variantes.
M. Dufour: Oui.
M. K.-Laflamme (Ghislain): et lorsqu'on est convaincu que c'est
en bas de la norme, 0,5 %, on lui émet une attestation et, après
ça, il y a des vérifications périodiques qui se font.
M. Dufour: Vous avez des échantillonnages qui peuvent se
produire et vous ne le dites pas. Vous pouvez aller soit à l'usine comme
dans les marchés.
M. K.-Laflamme (Ghislain): La plupart du temps, on va les acheter
parmi ce qui est offert au consommateur pour être certain que c'est le
produit que le consommateur a à sa disposition.
M. Dufour: Ah bon.
M. Ryan: Ça va?
M. Dufour: Ça va pour ce bout-là.
M. Ryan: Ça va? Très bien. Ça, c'est 12,
hein?
M. Dufour: L'amendement, est-ce que vous l'avez
proposé?
M. K.-Laflamme (Ghislain): L'amendement pour la femme?
M. Dufour: Oui, ce qu'on avait parlé, là. La
Secrétaire: Ils s'en viennent. Ils arrivent.
M. Ryan: II s'en vient. On peut continuer. On va le prendre
tantôt.
M. Dufour: On va le mettre en suspens, là. M. Ryan:
Oui, oui. C'est entendu.
Le Président (M. Dauphin): C'est ça. On l'adoptera
tantôt.
J'appelle l'article 13.
M. Dufour: et, là, et pas plus de 7 % en volume puis au
plus à 12 %, vous avez fait le changement, cidre léger, le cidre
qui contient... avant, c'était au moins 1,5 % et pas plus de 7 %.
là, vous dites «au moins 1,5 % et pas plus de 7 % en volume
d'alcool».
M. K.-Laflamme (Ghislain): On enlève «au moins 1,5
%». On restreint ça à au plus 7 % d'alcool en volume.
(Consultation)
M. Dufour: Si le cidre était en haut de 7 %, vous le
considéreriez comme alcool?
M. K.-Laflamme (Ghislain): C'est un cidre lourd qui s'appelle
«cidre» tout court. Mais c'est une incongruité, dans le
fond.
M. Dufour: Le cidre léger, c'est en bas de 7 %?
M. K.-Laflamme (Ghislain): Le cidre léger, c'est en bas de
7 %.
M. Dufour: Mais ça, vous êtes conscient que
ça ressemble un peu... Il y a certains vins qui sont proches de...
M. K.-Laflamme (Ghislain): Oui. Mais ça, c'est dans la
réglementation du cidre. Si vous regardez, en haut de 7 %, c'est du
cidre, jusqu'à 15 %, et là ça devient l'autre chose.
M. Dufour: «Light», qu'ils appellent ça. (17 h
40)
M. K.-Laflamme (Ghislain): mais, entre 0 % et 1,5 %, ce n'est
rien. donc, en enlevant 1,5 %, on permet à la substance qui est en bas
de 1,5 % d'être du cidre léger. dans la formulation actuelle,
ça dit: pour être du cidre léger, il faut avoir au moins
1,5 % et au plus 7 %. mais, si vous avez moins de 1,5 %, ce n'est rien, tandis
que...
M. Dufour: Mais ce n'est pas considéré comme de
l'alcool?
M. K.-Laflamme (Ghislain): C'est ça. C'est un
problème dans la législation actuelle tandis que, en supprimant
«1,5 %», on permet à cette substance-là de devenir du
cidre et d'être commercialisée comme du cidre. Je vous comprends,
c'est très technique.
M. Dufour: Ça serait considéré comme de
l'alcool.
M. K.-Laflamme (Ghislain): Oui, oui.
M. Dufour: Ça va.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Oui.
M. Ryan: ...je demande l'adoption de l'article 12.
Le Président (M. Dauphin): Oui. Alors, je viens de
recevoir l'amendement. Cependant...
M. Ryan: O.K.
Le Président (M. Dauphin): ...je ne sais pas si...
M. Dufour: Quand même qu'il ne serait pas... Lisez-nous-le,
puis...
Le Président (M. Dauphin): Même si vous n'avez pas
de photocopie, je vais vous le lire, là.
M. Dufour: .. .vous pourrez en faire une copie après.
Le Président (M. Dauphin): Juste un instant. On n'est pas
rendus à l'article 13, encore. Alors, remplacer le paragraphe 1° de
l'article 12 du projet de loi par le suivant: 1 ° le remplacement, dans la
cinquième ligne du paragraphe 5°, des mots «l'homme» par
ce qui suit: «une personne, pourvu que ces boissons, liquide ou solide
contiennent plus de 0,5 %» de... c'est mg en volume d'alcool, «ml
en volume d'alcool».
M. Ryan: Très bien. M. Dufour: Ça va.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 12, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 13.
M. Ryan: À l'article 13, là, on insère,
dès le début de la Loi sur les infractions en matière de
boissons alcooliques, une disposition nouvelle dont l'effet serait
d'entraîner l'application de la loi au gouvernement, à ses
ministères et à ses organismes, en particulier, cela va de soi,
à la Société des alcools du Québec. Je pense bien
que c'est une excellente chose. Les organismes du gouvernement, dans les
secteurs où il existe des régies, ne doivent pas échapper
au contrôle de la régie qui les concerne, sauf évidemment
une disposition contraire des lois. Ici, on a une disposition qui donne une
complète compétence à la Régie pour surveiller,
contrer, au besoin, les agissements d'organismes d'État engagés
dans le commerce ou l'exploitation des boissons alcooliques. Je pense que c'est
excellent qu'on ait cette disposition-là.
M. Dufour: Ça nous permet peut-être un peu de poser
certaines questions concernant des activités, par exemple, que la
Société des alcools du Québec tient de temps en temps, par
exemple, certaines dégustations dans ses locaux, qui ne sont pas des
locaux où on n'a pas le... En fait, le marchand n'a pas le droit de
faire une dégustation dans son commerce; la Société des
alcools le fait. Est-ce que c'est permis seulement dans les maisons des vins,
ou...? C'est quoi, la norme pour tout ça? Est-ce qu'ils peuvent le
faire?
M. Ryan: M. Laflamme...
M. Dufour: Actuellement, la Société des alcools
fait des rabais. Est-ce que ça, c'est permis? Mais ça ne
vient pas chez nous, les rabais; c'est par l'autre bout, là. Mais
on se pose ces questions-là. Est-ce que vous avez des
réponses?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ryan: Je pense que M. Laflamme va donner des précisions
là-dessus. Je crois que la question posée...
M. Dufour: II est tout feu tout flammes.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Dauphin): M. Laflamme.
M. K.-Laflamme (Ghislain): Alors, c'est précisément
dans le but de soumettre la Société des alcools aux mêmes
conditions que toutes les personnes qui font du commerce des boissons
alcooliques, en particulier dans l'aspect de la Société des
alcools qui est embouteil-leur et commerçant, qui fait la concurrence
à d'autres embouteilleurs et d'autres fabricants québécois
qui, eux autres, sont soumis, précisément au niveau des
dégustations, à des normes strictes: il faut qu'ils demandent une
autorisation à la Régie. On le leur permet selon certaines
conditions. La publicité en matière de boissons alcooliques est
quelque chose de même nature. En établissant ce principe en accord
avec la Société, puisqu'on l'a consultée avant, elle
accepte de se soumettre aux mêmes conditions, aux mêmes
règlements que les gens qui sont dans le milieu.
M. Dufour: Et ça, actuellement, jusqu'à maintenant,
est-ce qu'ils se sont soumis volontairement ou si ça va se faire
à partir de un?
M. K.-Laflamme (Ghislain): Bon. En général,
jusqu'à maintenant, ils s'y soumettent volontairement. Les mots
«en général» sont imporants. Avec ça, ils vont
s'y soumettre systématiquement.
M. Dufour: Est-ce que ça voudrait dire, par exemple, que
dans les maisons des vins parce que ça, c'est une
spécialité, c'est différent la Régie
pourrait permettre?
M. K.-Laflamme (Ghislain): II y a deux types de
dégustation: une dégustation où le public est admis, comme
un peu dans les succursales ça fait l'objet d'un contrôle
de la Régie et il y a des dégustations techniques qui sont
faites dans les laboratoires de la Société des alcools
évidemment, on n'a pas accès à ce genre de
dégustation des dégustations pour choisir un produit
plutôt qu'un autre, pour garder un produit plutôt qu'un autre, ou
des dégustations qui se font par des sociétés de
dégustation. À partir de ça, généralement,
ils nous demandent un permis de réunion pour faire ces
dégustations à des groupes externes, à leur personnel.
M. Dufour: Mais ça pourrait se faire. M. K.-Laflamme
(Ghislain): Oui.
M. Dufour: Avec ça, ils pourraient avoir la permission de
le faire. Parce que, moi, je le sais, je suis au courant qu'il y a des gens qui
paient des entrées, qui paient des billets d'entrée, là.
Ça doit être des sociétés de vins, je ne sais pas
trop.
M. K.-Laflamme (Ghislain): Oui, oui.
M. Dufour: Ils font ça à l'intérieur des
maisons des vins, puis...
M. K.-Laflamme (Ghislain): Avec ça, ça va enlever
tout doute de la part de la Société quant à notre
juridiction d'intervenir.
M. Dufour: Est-ce que vous iriez aussi loin que vous pourriez
contrôler des ventes à rabais?
M. K.-Laflamme (Ghislain): Les ventes à rabais se font par
l'entremise du Règlement sur la promotion, la publicité et les
programmes éducatifs en matière de boissons alcooliques. La chose
qui nous échappe et je ne pense pas que cette
disposition-là puisse y remédier, parce que je pense que c'est
dans la loi même de la Société des alcools c'est
que, lorsque la Société fait la publicité de produits
qu'elle a le droit de mettre en marché par l'entremise de sa charte,
elle nous échappe. Cependant, ce qui ne nous échappe pas, c'est
la nature du produit. Prenons des produits bien connus, je ne sais pas,
Cointreau, ou Drambuie ou n'importe quoi, ils ne peuvent pas mentionner leur
nom sans avoir notre autorisation puisque ça devient de la
publicité d'un produit alcoolisé.
M. Dufour: Là, ils pourraient, s'ils sont un peu fins
quelque part, s'il sont fins finauds, ils pourraient passer à
côté.
M. K.-Laflamme (Ghislain): II y a encore des... M. Dufour:
II y a encore une marge.
M. K.-Laflamme (Ghislain): Mais, là, ce serait la loi de
la Société...
M. Dufour: Est-ce que vous l'avez regardé avec le
ministre?
M. K.-Laflamme.(Ghislain): Bien, là, ça serait la
loi de la Société des alcools qu'il faudrait toucher parce que
c'est dans sa...
M. Dufour: Le ministre en est conscient?
M. K.-Laflanune (Ghislain): ...loi habilitante.
M. Dufour: On soulève ces questions-là. Ou
peut-être éventuellement, s'il y a des abus. Ou le
président de la Régie pourra peut-être faire...
M. K.-Laflanune (Ghislain): Des recommandations.
M. Dufour: ...des suggestions.
M. Ryan: Regardez, moi, je ne passe pas ma journée
à me demander s'il y a des abus, hein? Je prends note de ceux qu'on me
signale.
M. Dufour: Bien, c'est ça.
M. Ryan: Puis, dans ce cas-ci...
M. Dufour: Je dis au président de la Régie qu'il
pourrait peut-être le faire.
M. Ryan: Dans ce cas-ci, on a obtenu cette autorité
beaucoup plus large que celle qui existait jusqu'à maintenant. C'est un
immense progrès, et je veux exprimer mon appréciation au ministre
responsable de la Société des alcools, qui a consenti à
cet élargissement. Parce que, des fois, il y a des organismes
d'État qui ne veulent pas se soumettre à une régie
d'État. On a ça très fréquemment, sinon des fois,
officiellement, dans la pratique. Dans ce cas-ci, je pense que les dispositions
sont excellentes, puis on devrait être en mesure, si des situations plus
ou moins dérogatoires existent, de les corriger. Dans ce
domaine-là, la perfection n'existera jamais non plus, hein? Il faut
toujours, toujours déraciner, nettoyer, lubrifier.
M. Dufour: C'est pour ça que je me méfie.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Portneuf.
M. Bertrand: M. le Président, je comprends très
bien le sens ou la portée de cet ajout-là, 2.1,
éventuellement, à la loi, en ce qui regarde la
Société des alcools. Mais ce qui est proposé me semble
être beaucoup plus large que ça. C'est la présente loi, si
je comprends bien, dans toutes ses dimensions et qui concerne également
tout le secteur des loteries, là. Tout ça s'applique à
l'ensemble des organismes.
M. Dufour: Non, non. Ça, c'est à la boisson.
M. Ryan: Ici, on modifie juste la Loi sur les infractions en
matière de boissons alcooliques...
M. Bertrand: Ah bon! O.K.
M. Dufour: C'est la Régie des alcools, ça.
M. Ryan: ...dans cette section-ci. M. Bertrand: Excellent.
Ça va.
M. Dufour: Mais, vis-à-vis du gouvernement, comment la
loi... Quand on dit: On soumet le gouvernement à cette présente
loi-là puis les ministères, de quelle façon ils pourraient
être touchés?
M. Ryan: Disons qu'un ministère voudrait organiser une
activité où il y aurait de la boisson alcoolique, par exemple,
où il y aurait un concours publicitaire, un gros tirage ça
peut arriver, dans un ministère, qu'on veuille faire ça il
faudrait obtenir les autorisations nécessaires.
M. Dufour: Bien, par exemple, si dans un organisme. ..
M. Ryan: Ils veulent vendre de la boisson, à un party du
ministère, par exemple, là.
M. Dufour: Oui.
M. Ryan: Ils vont être obligés...
M. Dufour: Mais où il n'y a pas vente de boisson...
M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: ...puis il se tient une activité où il y
a de la boisson qui est en circulation, dans un bureau. Ça, ça ne
se contrôle pas.
M. Ryan: Oui, oui! Non.
M. Dufour: Même sous forme de party, ça ne se
contrôle pas. En fait, ce que vous cherchez à contrôler,
c'est où il y a vente...
M. Ryan: C'est de la vente. C'est ça, là. M.
Dufour: ...et où il y a des prix aussi.
M. Ryan: C'est ça. Autrement... (17 h 50)
M. Dufour: On pourrait ne pas vendre, mais vous savez comment
ça se déjoue, ça. Il y a des gens qui vont donner des
billets. Ils ne vendent pas. Quelqu'un arrive, puis ils donnent, bon, tant de
piastres, là, ils donnent des billets. Ils n'en vendent pas. Avec
ça, ça ne contrôle pas plus. Ça peut toujours se
déjouer.
Le Président (M. Dauphin): M. Laflamme.
M. K.-Laflanune (Ghislain): Lorsqu'il y a un prix d'entrée
pour... Ça dépend de la nature de l'activité. Si c'est un
prix d'entrée très élevé pour avoir de la
boisson gratuitement, avec un tourne-disque ou l'équivalent qui
fait de la musique là-dedans, on peut interpréter ce prix
d'entrée là comme l'achat de la boisson, une façon
déguisée de vendre de la boisson. Cependant, si vous
«chargez» quelques dollars, si la boisson est gratuite et si vous
avez un spectacle de bonne valeur, il y a une discrétion
là-dedans, d'où l'intervention de deux régisseurs.
M. Dufour: Mais ces contrôles-là, comment vous
pouvez les exercer?
M. K.-Laflamme (Ghislain): On les fait généralement
par les forces policières et par les plaintes.
M. Dufour: Donc, les forces policières ont le pouvoir,
elles ont le droit, elles peuvent agir à l'intérieur de leurs
fonctions. Ça fait partie de leurs fonctions.
M. K.-Laflamme (Ghislain): C'est ça, à
l'intérieur de leurs fonctions.
M. Dufour: Moi, je n'ai pas d'autres questions
là-dessus.
Le Président (M. Dauphin): L'article 13,
adopté.
Interdiction de vente
J'appelle l'article 14.
M. Ryan: On nous signale que les mots qu'on voudrait voir
disparaître décrivent une norme qui est devenue
désuète, qui ne donne lieu à aucune application depuis
plusieurs années.
M. Dufour: Oui, O.K. C'est marqué: Par une personne munie
d'un permis. On devient de plus en plus cohérent. Ha, ha, ha! Ça
aurait pu paraître: Un homme muni d'un permis. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): Donc, c'était une
coquille précédemment.
M. Dufour: Ah! C'était dans les... Ha, ha, ha! Ça
va.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article est
adopté?
M. Dufour: Adopté. Le Président (M. Dauphin):
Adopté.
Infractions et peines
J'appelle l'article 15.
M. Ryan: L'article 15, là, nous amène à une
chose très importante dont nous avons parlé. Il y avait une
modification à l'article 109 de la Loi sur les infractions en
matière de boissons alcooliques de manière à
prévoir que l'ancien paragraphe 3° soit remplacé par le
suivant: «Quiconque, étant détenteur d'un permis pour
consommation sur place ou à l'emploi d'un tel détenteur, vend ou
sert des boissons alcooliques à une personne manifestement en
état d'ébriété avancée ou tolère
qu'une personne dans cet état consomme des boissons alcooliques dans la
pièce ou sur la terrasse où le permis peut être
exploité», puis là on arrive à la fin, «commet
une infraction et est passible», et cetera.
On ajoute à cette infraction-ci une personne qui vend de la
boisson ou permet qu'on en vende à une personne manifestement en
état d'ébriété avancée. On a
déjà des choses dans la loi, une personne qui est en état
d'ivresse, une personne qui est manifestement sous l'influence de la boisson
alcoolique. L'expression proposée dans la modification est jugée
comme étant plus de nature à faciliter le travail de la
Régie, s'il y a des preuves à faire de ces choses-là,
hein? Il y a toute une jurisprudence en arrière de ça. Je pense
que la Régie nous a indiqué qu'il fallait plutôt choisir
cette expression-ci. Et on voit que, dans les notes supplémentaires, on
se réfère à une jurisprudence qui indique la voie à
suivre en la matière.
L'autre modification: une personne qui altère le contenu du
permis qu'elle détient, évidemment, sera coupable d'une
infraction aussi, à plus forte raison.
M. Dufour: II semble que...
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Dufour: Dans l'amendement qu'on propose, on fait
disparaître la notion de l'âge de l'individu. Avant, on pouvait
servir de la boisson à une personne de 18 ans ou plus; pas en dessous.
Est-ce que le nouveau libellé répond à ça?
M. Ryan: On l'a ailleurs. L'obligation, là, de 18
ans...
M. Dufour: Vous l'avez ailleurs? O.K. Ça va. M. Ryan:
...on l'a ailleurs dans la loi, oui.
M. Dufour: Ça, c'était la première question
que je voulais...
Avant, c'était le propriétaire qui était
responsable, le détenteur du permis. Là...
M. K.-Laflamme (Ghislain): Avant, c'était quiconque,
n'importe qui.
M. Dufour: N'importe qui...
M. K.-Laflamme (Ghislain): Vous, moi...
M. Dufour: ...qui servait de la boisson?
M. K.-Laflamme (Ghislain): C'est ça, qui vend de la
boisson.
M. Dufour: Si c'est vrai pour ça, pour...
M. Ryan: Son permis l'autorise à vendre. C'était
«que son permis l'autorise à vendre».
M. Dufour: Si je regarde le 109, comment il est libellé,
c'est: «Quiconque on disait bien qui, là
étant muni d'un permis, vend, sert...», «Étant muni
d'un permis», est-ce qu'on pouvait l'étendre à un
employé?
M. Ryan: Pour le 3°, il n'y est pas.
M. Dufour: Non, non! Je regarde le projet de loi, parce qu'on va
le rajouter, là. Je suis obligé de regarder l'article 109 qu'on
est en train d'amender. Il est écrit: «Quiconque, étant
muni d'un permis, vend, sert ou laisse consommer des...». Le
«quiconque», là, est-ce que l'employé est
considéré comme étant muni d'un permis ou si c'est le
titulaire?
M. Ryan: Non, mais «ou à l'emploi», qu'on dit,
dans la formule qu'on propose, «ou à l'emploi d'un tel
détenteur». On couvre les deux dans la modification. On
l'élargit, là.
M. Dufour: C'est ça.
M. Ryan: O.K.
M. Dufour: Donc, il y a un changement majeur.
M. Ryan: Ah, oui, oui! Là, c'est clarifié que
ça s'applique autant au détenteur du permis qu'à une
personne à son emploi.
M. Dufour: Bon. Moi, j'ai fait, pas un plaidoyer, j'ai
donné des explications, tout à l'heure, pour les
difficultés d'application de cet article-là. Vous nous avez
donné... Bon, aux États-Unis, il s'est produit des choses. Je
suis dans ma maison, je n'ai pas besoin d'un permis. Je sers de la boisson. Je
sais que quelqu'un est en état d'ébriété, je lui en
donne. Ma responsabilité est aussi grande. Est-ce que ça veut
dire que demain matin...
M. Ryan: Non, non.
M. Dufour: Non, si je fais l'extension. Je fais juste un
parallèle. Est-ce qu'il y a une responsabilité, parce que c'est
public? Mais, là, je le sais, moi, plus facilement dans ma maison. Je
peux le contrôler plus. Je peux avoir un problème moral, mais je
n'ai rien qui va contre moi. Vis-à-vis de ça, l'état
d'ébriété, comment vous le définissez?
M. Ryan: ...de nombreux exemples à l'esprit. Le
Président (M. Dauphin): M. Laflamme.
M. K.-Laflamme (Ghislain): D'abord, pour comprendre l'article, il
faut peut-être en connaître l'origine. Cette suggestion nous est
venue des coroners, qui ont fait, au cours des quatre, cinq dernières
années, des constatations des conséquences désastreuses de
gens qui avaient vendu des boissons alcooliques en quantité trop grande
à des personnes qui, dans les minutes ou les heures qui ont suivi leur
sortie de l'établissement, se sont tuées ou en ont tué
d'autres. On a, au plan pénal... À cette époque-là,
on essayait de les rejoindre par l'article 109.3°a qu'on vient de lire. On
dit: «Quiconque vend la boisson alcoolique que son permis l'autorise
à vendre à une personne en état d'ivresse»...
L'état d'ivresse, nous a-t-on dit, se mesure par un
ivressomètre.
M. Dufour: C'est ça.
M. K.-Laflamme (Ghislain): Bon. Et, comme il n'y a pas
d'ivressomètre qui a été pris, nulle part, personne ne
pouvait être condamné pour avoir servi quelqu'un en état
d'ivresse. Il ne connaissait pas l'ivresse de l'individu.
La formulation qu'on donne actuellement est relativement limitative,
parce que, avant, on disait: Quiconque vend des boissons que son permis
l'autorise à vendre, donc c'était une épicerie aussi,
tandis que, maintenant, si vous remarquez, on dit «étant
détenteur d'un permis pour consommation sur place». Donc, une
épicerie, ça n'entre pas là-dedans. On a restreint
ça à des détenteurs de permis de bar, taverne, brasserie
ou restaurant, et on dit «à une personne manifestement en
état d'ébriété avancée». Alors, il
faut qu'il y ait des démonstrations extérieures
d'ébriété avancée, et l'infraction devra
démontrer non pas qu'il était en état d'ivresse, ce qui
prend un ivressomètre, mais que manifestement ça tombe aux yeux
de tout le monde qu'il est en état d'ébriété
avancée. Et, pour éviter que l'individu fasse ce qu'il fait
actuellement, qu'il dise: Ce n'est pas moi qui ai vendu ça, mais c'est
mon employé, et puis c'est toujours l'employé qui est dans le
bar, ce n'est pas souvent le propriétaire qui est là,
actuellement, on dit: «Quiconque vend la boisson alcoolique que son
permis l'autorise à vendre», donc, actuellement, 109.3°a,
ça ne touche que le propriétaire du permis. Et le
propriétaire du permis s'en échappe tout le temps en disant: Ce
n'est pas moi, c'est mon employé. Je n'étais pas là, je ne
l'ai pas vu, moi, et tout ça. Là, on dit: L'employé aussi
a cette responsabilité de regarder.
Donc, ça origine des coroners qui demandaient à la
Régie de tenir une enquête sur chaque cas en particulier et puis
d'imposer des suspensions. On en a imposé quelques-unes et on a
constaté les difficultés. Et, au ministère de la Justice,
devant l'insatisfaction de la situation, il y a un comité qui a
formulé ça et qui a proposé que ce soit
rédigé de cette façon-là.
M. Dufour: Moi, j'ai beaucoup de questions qui me viennent
à l'idée, là, mais je sais que l'heure est arrivée.
(18 heures)
Le Président (M. Dauphin): Alors, est-ce que nous
l'adoptons ou vous préférez qu'on revienne sur l'article 15?
M. Dufour: Non, non. On va garder... Parce que, écoutez un
peu, moi, je veux poser des questions, parce que là on parle de
quelqu'un...
Le Président (M. Dauphin): Non, non. Je ne disais pas
ça pour vous mettre de la pression.
M. Dufour: C'est ça.
Le Président (M. Dauphin): C'est une question que je vous
posais.
M. Dufour: Ha, ha, ha! Non, mais je pense qu'on va assez
vite.
Le Président (M. Dauphin): II n'y a aucun problème.
Il n'y a aucun problème. Alors, c'est malheureusement tout le temps qui
nous était alloué, et la commission des institutions politiques
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 1)