Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures quarante-six minutes)
La Présidente (Mme Loiselle): Nous allons débuter
les travaux de cette commission. Je constate le quorum. Je déclare la
séance ouverte. Alors, je vais vous rappeler le mandat de la commission
en ce qui concerne le projet de loi 129, c'est de procéder à
l'étude détaillée de ce projet de loi, Loi modifiant la
Loi sur les cours municipales.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements à
cette commission?
La Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Gauvin
(Montmagny-L'Islet) remplace Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata); M.
Maciocia (Viger) est remplacé par Mme Loiselle (Saint-Henri); Mme
Pelchat (Vachon) est remplacée par M. Houde (Berthier), et M. Boulerice
(Sainte MarieSaint-Jacques) est remplacé par Mme Carrier-Perreault
(Chutes-de-la-Chaudière).
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, M. le ministre,
est-ce qu'il y a des remarques préliminaires sur le projet de loi
129?
Projet de loi 129 Remarques
préliminaires
M. Rémillard: Mme la Présidente, tout d'abord, il
faut dire tout le plaisir que nous avons à travailler sous votre
présidence.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci.
M. Rémillard: J'en suis très honoré. Je vais
vous présenter les membres de cette commission, les personnes qui
m'accompagnent, Mme la Présidente. Alors, j'ai tout d'abord à ma
gauche Me Louise Laplante, de la Direction des services juridiques du
ministère de la Justice; à ma droite, Me Jacques Mercier,
légiste. J'ai aussi avec moi Me Maryse Risotti, qui est légiste
et qui a donc travaillé à ce projet de loi, et Me Paul Monty, qui
est aussi avec nous, Mme la Présidente, qui vont nous permettre aussi de
pouvoir répondre à toutes les questions que les membres de cette
assemblée voudront bien nous poser.
Alors, voilà, Mme la Présidente. Je n'ai pas tellement de
remarques à faire. Je dirais simplement que ce que nous faisons avec ce
projet de loi, nous en avons discuté à l'Assemblée et nous
ne faisons qu'actualiser, si vous voulez, la loi, la réforme des cours
municipales que nous avons faite en 1988-1989, et nous apportons des
éléments qui vont rendre plus efficace l'application de ce projet
de loi, à la satisfaction, je crois, du milieu municipal, mais aussi
pour rendre la justice plus accessible et plus humaine. Alors, voilà,
Mme la Présidente, les commentaires que je voulais faire.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, M. le ministre.
M. le porte-parole de l'Opposition officielle, avez-vous quelques
remarques?
M. Bélanger: Mme la Présidente, simplement pour
présenter ici la personne qui m'accompagne, Me France Thériault,
qui est recherchiste pour l'aile parlementaire de l'Opposition officielle, et
qui va m'assister, assister l'Opposition tout au long des travaux de cette
commission. Alors, quant à moi, je suis aussi tout à fait
disposé à travailler sur ce projet de loi. Hier, j'en ai fait
mention lors de mes remarques préliminaires, nous sommes en faveur du
principe et du principe, finalement, de la réorganisation
administrative, mais nous voulons nous assurer que cette réorganisation
se fasse évidemment en même temps dans les buts de la justice et
pour les fins de la justice, d'une meilleure justice plus accessible et plus
adéquate. Alors, nous sommes prêts à commencer les
travaux.
La Présidente (Mme Loiselle): D'accord. Merci, M. le
député d'Anjou.
Étude détaillée Cour municipale
commune
Alors, nous allons débuter l'étude détaillée
du projet de loi 129. Nous procédons donc par l'article 1. M. le
ministre, est-ce que vous préférez que je lise l'article
ou...
M. Rémillard: Ah oui.
La Présidente (Mme Loiselle): Ah oui? Vous aimez le son de
ma voix? D'accord.
M. Rémillard: Ah oui, j'apprécierais beaucoup,
j'apprécierais beaucoup.
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, l'article 1.
L'article 8 de la Loi sur les cours municipales est modifié par
l'insertion, dans la troisième ligne du premier alinéa,
après le mot «cour», de ce qui suit: «ou qui entend
procéder soit à l'abolition de la cour municipale qu'elle a
établie soit au retrait de son territoire de la compétence d'une
telle cour».
M. Rémillard: Oui, Mme la Présidente. La
modification proposée vise à permettre à des
municipalités locales desservies chacune par une cour municipale de
pouvoir entamer la procédure d'établissement d'une cour
municipale commune sans devoir préalablement abolir une cour ou retirer
un territoire de la compétence d'une cour municipale. Cette modification
vise essentiellement à permettre aux municipalités
concernées et au gouvernement de traiter concurremment les demandes
d'abolition ou de retrait et celles visant à établir la cour
commune.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Anjou.
M. Bélanger: Mme la Présidente, je voudrais juste
comprendre en quoi, vraiment, c'était essentiel, cette modification
à l'article 8 existant. J'ai un petit peu de difficulté à
saisir la nécessité qu'on avait...
M. Rémillard: Mme la Présidente, avec votre
permission, je pourrais demander à Me Louise Laplante, de la Direction
des services judiciaires, de répondre à cette question
technique.
La Présidente (Mme Loiselle): Me Laplante.
Mme Laplante (Louise): Oui. C'est que, tel que
rédigé, l'article 8, actuellement, accorde le pouvoir à
une municipalité locale qui a déjà établi une cour
municipale de conclure une entente avec une municipalité qui n'a pas
déjà établi de cour municipale. Alors, dans les cas
où les deux municipalités qui voulaient conclure une entente
étaient déjà assujetties à une cour municipale, on
devait procéder en deux étapes. Dans une première
étape, la municipalité qui voulait se joindre à l'autre
devait soit retirer son territoire de la compétence d'une autre cour ou
abolir sa cour et, par la suite, faire un second règlement pour demander
d'approuver l'entente, ce qui signifiait, en pratique, que la
municipalité devait adopter deux règlements subséquemment
et qu'il devait y avoir approbation du gouvernement, prise de décret et
publication, dans un premier temps, et on recommençait la
deuxième étape. Ça signifie des délais, quand
même, de quelques mois pour les municipalités, puis ce n'est pas
non plus à l'avantage des justiciables qui ne savent pas exactement
où aller pendant une petite période où on est
obligés de transférer des dossiers ou choses de ce genre.
Alors, ça va nous permettre un traitement concurrent des deux
demandes, la demande soit de retrait ou d'abolition et la demande
d'établissement d'une cour. Cependant, ce n'est qu'une modification de
procédure. On ne modifie aucunement les critères pour l'examen
des dossiers, les critères sur lesquels doivent se fonder le ministre et
le gouvernement.
La Présidente (Mme Loiselle): M. le député.
(11 h 50)
M. Bélanger: Mme la Présidente, je voudrais qu'on
me fasse un peu l'état de la situation, présentement. Est-ce
qu'il y a beaucoup de pression de la part des municipalités, un grand
mouvement, qu'on pourrait dire, de fusion, de réorganisation des cours
municipales? Est-ce qu'on doit s'attendre, à ce niveau-là,
à un bouleversement sensible de la situation des cours municipales?
M. Rémillard: Absolument pas. Ce n'est pas...
M. Bélanger: II n'y a pas un mouvement, qu'on pourrait
dire, de fusion, de réorganisation qui est en train de se faire,
à une grande échelle?
M. Rémillard: Non. Absolument pas. Il y a des cas, par
contre, qui s'imposent. On en a vécu quelques-uns. Vous en avez
cité vous-même dans vos commentaires, hier, en Chambre, et il faut
permettre que ça puisse se faire correctement. C'est un projet de loi
qui met en application la loi qui existe déjà, mais qui permet
d'être plus efficaces pour les municipalités qui veulent le faire.
Mais on ne prévoit aucun mouvement substantiel, d'aucune
façon.
M. Bélanger: Mme la Présidente... Non, je faisais
ces commentaires sans vouloir porter de jugement sur les effets d'une telle
réorganisation. Je ne dis pas que je condamne cette
réorganisation ou si ce mouvement de fusion se faisait, mais, par les
contacts que j'ai auprès de certains élus municipaux,
l'idée se propage d'une façon assez générale,
présentement, à l'effet que ça peut être rentable
d'abolir sa cour municipale, de la fusionner avec une autre, de créer,
justement, des cours qu'on pourrait appeler régionales. L'idée
est en train de faire son chemin et je vois dans ce projet de loi,
évidemment, une simplification de la procédure. Donc, il faut
s'attendre, à ce moment-là, je le pense, on peut s'attendre, en
tout cas, d'une façon assez raisonnable, qu'il puisse y avoir un
mouvement, quand même, assez significatif de réorganisation.
Alors, c'est pour ça que je demandais ça.
Je ne porte pas de jugement. Je ne condamne pas, comme je vous dis, Mme
la Présidente, ce mouvement, mais je voudrais quand même...
Peut-être que si les membres de la commission pouvaient savoir exactement
s'il faut s'attendre, justement, à un tel mouvement... Le ministre ne
semble pas penser... Donc, il me dit, finalement, qu'il n'y en a pas, de
pression, présentement, ni d'élus municipaux, ni de maires qui
veulent absolument que les règles soient changées pour pouvoir
procéder rapidement à de telles modifications.
M. Rémillard: Selon les informations que nous avons, non,
Mme la Présidente. Et je vais lire la note qu'on vient de me donner, que
le ministère vient de me donner. Je vais lire textuellement, si vous
voulez, cette note. On dit: Certaines demandes d'extension de la
compétence territoriale d'une cour municipale doivent être
précédées de l'abolition d'une autre cour municipale
parce que les municipalités qui veulent établir une cour
municipale commune avait préalablement établi chacune leur cour.
Il ne s'agit pas là de regroupements de cours municipales, à
proprement parler, mais nous les désignerons ainsi afin de les
distinguer des extensions pures et simples de la compétence
territoriale.
Un seul dossier a jusqu'à maintenant reçu l'approbation du
gouvernement. Il s'agit de celui de l'extension de la compétence de la
Cour municipale de Gatineau au territoire de la ville de Buckingham et de
diverses municipalités. D'autres dossiers sont actuellement en
traitement: Deux-Montagnes, Sainte-Marthe-sur-le-Lac, et c'est
Sainte-Marthe-sur-le-Lac qui pourrait être la cour qui serait abolie;
Saint-Jean-Chrysostôme, Charny; c'est Charny qui serait la cour qui
serait abolie; Québec, Beauport, Charlesbourg, Vanier, et les trois
dernières cours seront abolies, Beauport, Charlesbourg, Vanier.
Alors, présentement, au moment où je vous parle, c'est les
trois cas que nous avons, que nous traitons comme tels. Est-ce que vous
êtes au courant d'autres cas?
La Présidente (Mme Loiselle): Je pense que Me Laplante a
quelques remarques.
Mme Laplante (Louise): Si vous voulez qu'on ajoute. Il y a
effectivement beaucoup de demandes d'extension de compétence de cours
existantes, mais ces demandes-là, généralement, ne
nécessitent pas d'abolition de cours. La tendance, c'est à
l'établissement de cours plus grandes, d'extension de territoire, mais
les cas où des cours sont affectées sont très minimes par
rapport au reste. Et on verra, par la suite, je pense, à un autre
article... On a une autre demande, qui est Berthier-ville, qui pourrait
être traitée différemment, compte tenu de la nouvelle loi.
Parce qu'il y a l'émergence des cours de MRC qui s'en vient et, dans la
loi, on prévoit un mécanisme qui va permettre, dans certains cas,
de ne pas passer par l'abolition.
M. Bélanger: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Oui, M. le
député.
M. Bélanger: Quand on parle d'étendre le territoire
de la cour municipale, ces territoires, maintenant, qu'on incorpore, qu'on
englobe à la cour municipale, ils étaient desservis de quelle
façon? Ils n'étaient desservis par aucune cour municipale?
Mme Laplante (Louise): Dans bien des cas, sauf les demandes dont
M. le ministre nous a parlé. Pour le reste, de deux choses l'une. Ou
elles n'étaient desservies par personne, et c'est fréquent, parce
qu'il s'agit généralement de petites municipalités qui
entourent des agglomérations urbaines un peu plus grandes et qui
décident de requérir les services d'une cour, ou bien...
La plupart du temps, c'est ça. Il y a quelques
municipalités aussi qui ont demandé de retirer leur territoire de
la compétence de cours qui étaient un petit peu plus loin et
tout, et ça, souvent, c'était suite à
l'établissement de régies intermunicipales de police, de
façon à venir à ce que toutes les municipalités
desservies par la même régie de police soient desservies par la
même cour. Puis on parle très souvent de petites
municipalités dans ces cas-là.
M. Bélanger: Donc, on parle beaucoup de
réaménagement de territoires...
Mme Laplante (Louise): Bien, beaucoup, là! M.
Bélanger: Non, beaucoup, c'est un gros mot. Mme Laplante
(Louise): Relativement, oui. M. Bélanger: On parle donc
surtout... Mme Laplante (Louise): Oui.
M. Bélanger: ...de réorganisation territoriale de
certaines cours déjà existantes. C'est ça?
Mme Laplante (Louise): C'est ça.
M. Bélanger: Donc, il ne faut pas s'attendre à
peut-être... Parce que ma perception du phénomène qu'on
voulait peut-être encourager ou peut-être qu'on croyait
souhaitable, que ce soit, justement, des fusions de cours...
C'est-à-dire que vous avez quatre petites cours qui coûteraient
trop cher. Parce que le problème se pose et le débat se fait
présentement dans certaines municipalités. Pour sauver de
l'argent, on s'est dit: Pourquoi ne pas fusionner nos cours municipales? On
n'arrive pas; pourquoi payer un juge alors qu'on pourrait payer un juge pour
quatre villes et, à ce moment-là, toutes les causes entendues par
ces quatre cours municipales pourraient l'être dans une place? On en
parle présentement.
Alors, moi, je voulais savoir, avec ce projet de loi, finalement, est-ce
qu'on va créer ce qu'on pourrait appeler peut-être un genre de
mégacour, une supercour municipale?
M. Rémillard: Je vais demander à Mme Laplante,
parce que je veux que ce soit d'abord une réponse de l'administration,
ensuite, je ferai un commentaire.
Mme Laplante (Louise): On n'a pas, nous... Par les demandes qui
nous sont faites, soit verbales, soit par écrit, ou les informations
qu'on reçoit des municipalités, il n'y a pas de tendance
marquée vers des regroupements de cours, comme vous parlez.
M. Bélanger: ...
Mme Laplante (Louise): C'est possible actuellement de le
faire.
M. Bélanger: C'est possible de le faire.
Mme Laplante (Louise): Le projet de loi ne change rien à
ça. La procédure est quelque peu modifiée, mais, sur le
fond, sur la possibilité de faire la chose, le projet de loi ne modifie
aucunement. Il y a une modification, oui, c'est celle qu'on apporte pour les
cours de MRC et ça vient faciliter la chose pour bien des gens
peut-être qu'on va y revenir tout à l'heure pour les
municipalités, pour les juges et pour tout le monde. Quant au reste, on
n'a pas cette tendance, ce n'est pas ce qu'on voit actuellement. Les cas de
réorganisation où c'est affecté,
généralement, c'est lié à autre chose. Et, quand
vous me parlez de rentabilité pour une cour municipale, c'est un sujet
qui n'a jamais été abordé avec nous. Ce qu'on aborde,
c'est autre chose, parce qu'il y a d'autres éléments qui entrent
en ligne de compte également. Puis, la question de la police, c'est
sûr que ça a une influence, mais, écoutez, c'est M. le
ministre qui a toujours le pouvoir.
M. Rémillard: Ce que je voulais ajouter, Mme la
Présidente, c'est ceci. C'est que les cours municipales, pour moi, c'est
très important dans le sens que ça permet de rendre la justice
plus accessible. Et, si on prend en considération que
l'accessibilité est reliée aussi au territoire du Québec
qui est tellement vaste, il faut faire bien attention. Lorsqu'une cour
municipale disparaît pour aller se joindre à une cour centrale,
puis d'autres cours qui viendraient se joindre, ça peut toucher
considérablement l'accessibilité à la justice. Dans le
sens que vous voulez contester une infraction au niveau de la circulation ou
votre ticket de stationnement, ou je ne sais pas trop quoi, il faudrait que
vous puissiez faire 60 km ou je ne sais pas trop quoi vous me corrigez
si je dis des faussetés, là, mais...
Mme Laplante (Louise): Ça va bien.
M. Rémillard: Bon, bien, ça m'encourage. Alors, ils
vont faire un nombre de kilomètres. Alors, ce n'est pas dans l'esprit
des cours municipales, d'autant plus qu'on a demandé que ces cours
puissent siéger le soir. 50 % de leur temps doit être d'audiences
en soirée. Alors, il y a toujours le ministre qui décide, c'est
une discrétion gouvernementale. C'est une discrétion
gouvernementale.
La Présidente (Mme Loiselle): Est-ce que ça va pour
l'article 1?
M. Bélanger: Non.
La Présidente (Mme Loiselle): Vous avez d'autres
questions? (12 heures)
M. Bélanger: Oui, Mme la Présidente. La
Présidente (Mme Loiselle): Oui.
M. Bélanger: Je comprends que dans les officines du
ministère de la Justice ça ne se parle pas, mais je pense que
c'est bon des fois aussi de savoir ce qui se parle ailleurs parce que, ce qu'on
voit, c'est que les conseils municipaux sont investis de pouvoirs d'abolition,
ont le pouvoir de faire ces changements-là. Et, le débat qui se
fait présentement dans toutes les municipalités, c'est comment
sauver de l'argent. Ça, ce débat-là, on le sait qu'il se
fait. Alors, à partir du moment, comme on dit, où on va
réaliser la possibilité d'économies... Je pense qu'il faut
réellement être conscients de ce phénomène;
même si présentement, au niveau des demandes pendantes, il n'est
pas là, il est possible. Et, là, c'est un peu ce que je me
demandais. Est-ce qu'on doit craindre, au niveau de l'accessibilité, la
possibilité, finalement, de naissance de mégacours, qu'on
pourrait appeler, c'est-à-dire de cours qui engloberaient quatre, cinq,
six petites municipalités? En tout cas, je ne sais pas s'il y a des
limites présentement dans la loi. Est-ce qu'on ne doit pas craindre?
Est-ce que ça ne serait pas un peu contraire au principe qui nous est
cher d'accessibilité de la justice de se retrouver finalement avec des
mégacours qui rejoignent plusieurs municipalités?
M. Rémillard: alors, il y a, comme on me dit, des
critères dans la loi, des critères territoriaux qui sont dans la
loi, et en plus il y a toujours la discrétion gouvernementale qui est
là. c'est au gouvernement d'apprécier la situation. moi, je me
souviens... quand je regarde des projets, que ça soit celui que, par
exemple, on a cité tout à l'heure, comprenant beauport,
charlesbourg et vanier, donc qui viennent se joindre à québec, je
dis: écoutez, oups! un instant! ah, il y avait une préoccupation
d'abord dans ce dossier-là. c'est qu'on sait que la cour de
québec est une cour à charte, c'est-à-dire que la ville de
québec a une charte. donc, sa cour municipale n'est pas soumise comme
telle à la loi sur les cours municipales. et j'avais une
préoccupation, entre autres, c'est pour le fait que les cours
municipales régulières celles qui ne sont pas dans des
villes à charte, montréal, laval et québec
siègent 50 % de leur temps en soirée. alors, je voulais m'assurer
quand même que ça pourrait continuer. et c'est une des conditions
qu'on discute. c'est accepté. dans le cas de québec même,
ça a été fait comme tel.
Mme Laplante (Louise): la proportion n'est peut-être pas de
50 %-50 % encore, mais on a exigé de la ville de québec, au
moment où ils ont demandé de pouvoir étendre leur
compétence territoriale, il y a deux ans, qu'ils incluent dans leur
charte le principe des séances en soirée. et la ville de
québec siégeait déjà... la cour siégeait
déjà le samedi matin et elle s'est engagée à
siéger au moins une séance en soirée au surplus de par sa
charte. et dans les conditions, quand on examine
une demande, c'est le genre de choses qu'on examine aussi au niveau des
fonctionnaires, sur les renseignements qu'on peut demander.
M. Bélanger: Donc, si je comprends bien, au niveau de la
discrétion, je comprends que c'est une discrétion du ministre,
mais les critères primordiaux qui sont retenus dans
l'appréciation, c'est donc une meilleure accessibilité ou...
M. Rémillard: Accessibilité...
M. Bélanger: La question de rentabilité ne vient
absolument pas rentrer en ligne de compte dans ces
décisions-là.
M. Rémillard: Non. On ne peut pas exiger quand même
des citoyens de payer des taxes pour quelque chose qu'ils ne peuvent pas
vraiment supporter. Il faut tenir compte... Il faut être
réalistes. Mais les cours municipales de justice doivent être
accessibles. Donc, par conséquent, ça signifie qu'au point de vue
territorial on doit s'assurer que cette accessibilité n'est pas
touchée lorsqu'il y a ce genre de demandes. Alors, pour moi, c'est une
référence première.
M. Bélanger: Est-ce que, pour le ministère, ce
serait acceptable... On va dire deux villes qui viennent voir le
ministère, qui font une demande au ministre et qui disent:
Écoutez, on veut fusionner. Pas pour des raisons de territoire,
uniquement pour sauver de l'argent. On va sauver de l'argent à nos
commettants, ça ne donnera pas plus d'accessibilité aux gens,
mais ça va, en tout cas, nous permettre d'économiser des sous.
Est-ce que ça peut être envisagé, une telle demande?
M. Rémillard: Ça dépend. Ils peuvent arriver
et dire: Écoutez, actuellement, notre cour municipale siège une
soirée ou une journée par semaine. Là, on se met ensemble
et puis notre territoire, finalement, est assez limitrophe et on va pouvoir
siéger, on va siéger trois fois, trois soirs par semaine. Bien
coudon, ça donne plus d'accessibilité, vous avez trois
possibilités au lieu d'en avoir juste une. Alors, c'est un avantage,
ça, c'est un avantage. Il y a beaucoup d'éléments à
étudier. Il n'y a pas simplement la question de rationaliser les
coûts; c'est un aspect qu'on doit prendre en considération, c'est
évident, mais l'accessibilité à la justice est une
référence première.
M. Bélanger: Mais dans l'exemple que j'ai donné,
Mme la Présidente, je mentionnais clairement qu'il n'y avait pas de
changement d'horaire. Vraiment, quand la préoccupation des deux
municipalités n'est pas de rendre plus accessible, parce que
déjà on va dire que c'est très accessible, mais, tout
simplement, le seul motif, c'est une raison de sauver de l'argent, est-ce
qu'à ce moment-là le ministère de la Justice va
favorablement permettre cette fusion-là, si le seul critère est
de sauver de l'argent au niveau de la fusion de deux cours?
M. Rémillard: Mais ce que je dois vous dire, c'est que
ça dépend si ça touche l'accessibilité à la
justice.
M. Bélanger: Si ça n'y touche pas.
M. Rémillard: Si ça n'y touche pas et que ça
ne cause pas de problème et puis que ça rationalise les
dépenses, pourquoi pas? Je ne vois pas de problème.
La Présidente (Mme Loiselle): Me Laplante.
M. Rémillard: Peut-être que Mme Laplante pourrait
compléter ma réponse.
Mme Laplante (Louise): Dans une certaine mesure, la
préoccupation économique pourrait être la seule
préoccupation au moment où une municipalité n'est pas
capable de nous montrer la viabilité de sa cour. Parce que le ministre a
l'obligation de voir à la pérennité des tribunaux. Alors,
si ce n'était vraiment pas viable, compte tenu du nombre de dossiers, du
volume, un corps policier qui est aboli, il n'y a à peu près plus
de causes ou ce ne sont que des inspecteurs qui déposent des plaintes...
Mais il y a toujours plusieurs circonstances qui entourent une demande et on a
le pouvoir d'aller chercher les informations et on va les chercher.
M. Bélanger: Mme la Présidente, encore là,
dans mon exemple, je ne parlais pas de viabilité là, je parlais
uniquement, purement et simplement d'économie. Et puis, quant à
moi, je fais la différence, en tout cas, je pense que le ministre doit
la faire aussi, entre les préoccupations du ministre des Affaires
municipales, qui, quant à lui, le critère d'infrastructures, le
critère de rentabilité, je pense que ce sont des critères
importants, mais pour le ministre de la Justice, d'après moi... En tout
cas, je ne sais pas... La perception que j'ai, c'est l'accessibilité qui
doit être l'unique préoccupation quant à nous. Je ne sais
pas si on partage la même perception à ce niveau-là?
M. Rémillard: Oui, on partage la même perception,
mais vous me permettez de revenir sur ce que Me Laplante vient de nous dire,
c'est-à-dire que, oui, première référence:
accessibilité à la justice. Mais justement parce qu'il faut
assurer l'accessibilité, si une municipalité nous démontre
qu'elle n'est plus capable de supporter les coûts d'une cour municipale,
on n'est pas plus avancés. Alors, il n'y a pas de cas tranchés
comme ça. Je ne peux pas vous dire qu'il y a un cas qui est
tranché. Il faut prendre en considération beaucoup
d'éléments.
La Présidente (Mme Loiselle): M. le député.
M. Bélanger: Ça va, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, l'article 1 est
adopté?
M. Bélanger: Adopté. (12 h 10)
La Présidente (Mme Loiselle): Adopté. J'appelle
l'article 2 qui se lit comme suit: L'article 9 de cette loi est modifié
par l'addition, à la fin, des alinéas suivants: «Lorsqu'une
seule des municipalités locales qui adoptent un tel règlement a
établi une cour municipale locale pour desservir son territoire,
l'entente peut prévoir que cette cour devient la cour municipale
commune, suivant les conditions qui y sont prévues. «Lorsque des
municipalités locales qui adoptent un tel règlement ont
établi une cour municipale commune qui n'exerce sa compétence sur
le territoire d'aucune autre municipalité, l'entente peut prévoir
le transfert de l'administration de cette cour municipale commune à la
municipalité régionale de comté, suivant les conditions
prévues à l'entente. «Dans les cas prévus aux
deuxième et troisième alinéas, le greffier et, le cas
échéant, le greffier adjoint et le greffier suppléant
nommés au chef-lieu de la cour municipale établie
antérieurement à l'entente deviennent, sans autre
formalité, respectivement greffier, greffier adjoint et greffier
suppléant au chef-lieu de la cour municipale commune dont
l'administration relève de la municipalité régionale de
comté.»
M. le ministre.
M. Rémillard: Mme la Présidente, l'article 2 du
projet de loi vise à permettre que la cour municipale ayant juridiction
sur le territoire d'une ou de plusieurs des municipalités qui
délèguent à une municipalité régionale de
comté leur compétence d'établir une cour municipale
devienne la cour municipale commune.
M. Bélanger: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Oui, M. le
député.
M. Bélanger: J'ai oublié, tout à l'heure, de
poser une question au ministre relativement à l'article 1. C'est
relativement à l'entente-cadre qui prévoit la
délégation des pouvoirs. À certaines cours municipales, on
me disait qu'il y a maintenant à peu près 55 municipalités
ou environ, là, qui sont signataires d'une telle entente. Est-ce qu'on a
prévu, justement, la question, l'obligation, une clause
spécifique comme quoi on devait améliorer l'accessibilité,
ou que ça devait comporter, représenter une plus grande
accessibilité pour le citoyen? Est-ce qu'il y a une clause-type dans
cette entente, relativement à ça?
M. Rémillard: Je ne saurais pas vous répondre
moi-même. Je va;s demander à Me Laplante si elle peut
répondre à cette question.
Mme Laplante (Louise): Vous parlez des ententes à partir
du Code criminel?
M. Bélanger: Oui.
Mme Laplante (Louise): II n'y a pas... Oui, même dans le
préambule, c'est l'un des objectifs recherchés,
d'améliorer l'accessibilité à la justice. On sait,
cependant, par le fait même, que si les causes sont portées devant
une cour à plus petit volume puis ça, la
démonstration a été faite, parce qu'il y avait
déjà des cours qui le faisait avant les délais sont
généralement beaucoup plus courts devant ces cours-là,
compte tenu du fait qu'il y a moins de remises, qu'il y a des causes en
soirée, et ces choses-là. Et l'expérience nous
démontre que oui, et c'est l'un des buts recherchés qu'on
retrouve dans l'attendu de l'entente, dans un des...
M. Bélanger: Mais on n'a pas cru ou jugé
nécessaire d'en faire une clause spécifique, un engagement de la
part de la cour municipale? Et surtout, moi, là, ma
préoccupation, c'est le fait de siéger le soir. On n'en a pas
fait une condition sine qua non quant à...
Mme Laplante (Louise): Mais, de toute façon, la cour a
l'obligation de siéger dans une proportion de 50 % en soirée.
C'est une obligation qui est dans la Loi sur les cours municipales. On ne peut
pas passer à côté.
M. Bélanger: Depuis combien d'années ça
existe, cette...
M. Rémillard: On l'a fait lors de la réforme. M.
Bélanger: En 1989?
M. Rémillard: Quand on a fait notre réforme, en
1988.
Mme Laplante (Louise): Oui.
M. Rémillard: Ah, puis ça a été toute
une décision. Moi, c'était quelque chose auquel je tenais
beaucoup et on a eu beaucoup de représentations disant que ça
serait impossible et que ça serait des coûts etc., etc., et,
finalement, ça se fait, et les rapports que j'ai sont très
positifs.
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, on revient à
l'article 2.
M. Bélanger: Oui.
La Présidente (Mme Loiselle): Est-ce qu'il y a des
commentaires, des questions?
M. Rémillard: Oui. Évidemment, Mme la
Présidente, je me permets une parenthèse pour vous dire que nous,
en commission parlementaire, en ce qui regarde
les projets de justice, on peut revenir sur des articles. Même, on
en adopte et, des fois, on veut revenir.
La Présidente (Mme Loiselle): Vous connaissez ma
souplesse, M. le ministre.
M. Rémillard: Alors, je veux...
La Présidente (Mme Loiselle): Moi, j'aime l'harmonie, en
plus.
M. Bélanger: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: ...tout simplement vous informer de nos
méthodes de travail.
La Présidente (Mme Loiselle): Ha, ha, ha! O.K.
M. Bélanger: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 2, adopté.
L'article 3.
L'article 11 de cette loi est modifié par le remplacement, dans
la dernière ligne, de «qu'elle établit» par
«qui est établie».
M. Rémillard: Alors, Mme la Présidente, il s'agit
d'une modification de concordance avec l'article 2 du projet de loi.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci. M.
Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 3, adopté.
L'article 4.
Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article
11, du suivant: «11.1 Lorsqu'une municipalité locale ne peut,
compte tenu des circonstances, établir une cour municipale locale, ni
conclure une entente d'établissement d'une cour municipale commune avec
une municipalité locale dont le territoire est situé dans celui
de la même municipalité régionale de comté ou de la
même communauté urbaine ou avec la municipalité
régionale de comté, ni adhérer à une telle entente,
cette municipalité locale peut soit conclure toute entente prévue
par la présente loi avec une autre municipalité régionale
de comté dont le territoire est limitrophe à celui de la
municipalité régionale de comté dans laquelle elle est
située ou avec toute municipalité locale située dans le
territoire d'une municipalité régionale de comté ou dans
une communauté urbaine limitrophes, soit adhérer à une
telle entente, pourvu que les autres prescriptions prévues par la
présente loi soient respectées.»
M. Rémillard: Mme la Présidente, mon premier
commentaire c'est que c'est toute une phrase.
La Présidente (Mme Loiselle): Ah, toute une.
M. Rémillard: Je suis surpris qu'on n'ait pas pu...
La Présidente (Mme Loiselle): La couper? M.
Rémillard: ...mettre ça en termes... M. Bélanger:
Mettre des points.
M. Rémillard: Des points et recommencer. C'est une
question technique.
La Présidente (Mme Loiselle): Ce n'est pas évident,
la première lecture.
M. Rémillard: La première lecture, il faut penser
que les gens qui lisent ça, je vais vous dire, ce n'est pas facile. D'un
bout à l'autre, il n'y a même pas un point virgule. C'est de
simples virgules. Enfin, je vais vous lire le commentaire que j'ai ici.
L'article 11.1 proposé par l'article 4 du projet de loi
prévoit qu'une municipalité locale qui ne peut établir une
cour locale ni, selon les diverses modalités prévues par la Loi
sur les cours municipales, être desservie par une cour municipale commune
établie dans des limites de la MRC où se trouve son territoire
pourra conclure toute entente prévue par cette loi ou adhérer
à une entente existante, soit avec une MRC limitrophe, soit avec une
municipalité locale située dans une MRC ou une communauté
urbaine limitrophes.
Or, peut-être que, Mme la Présidente, ce que je pourrais
proposer, c'est qu'on adopte le principe de cet article, mais demander à
nos légistes s'il ne serait pas possible de le rendre, du point de vue
simplement rédaction... Si je suis le seul membre de cette commission
à arriver à cette conclusion, vous passez outre, mais, si les
membres de cette commission sont d'accord avec moi, on pourrait, en tout
respect pour nos légistes, s'ils pouvaient nous rendre ça
peut-être plus clair un peu.
La Présidente (Mme Loiselle): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger: Mme la Présidente, je partage tout
à fait l'opinion du ministre quant à la rédaction.
La Présidente (Mme Loiselle): O.K.
M. Bélanger: Mais, maintenant, je pense aussi à
certains articles que j'ai vus dans la loi de l'impôt où,
malgré tous les efforts, on n'a jamais réussi à rendre
ça vraiment clair. Alors, je ne sais pas si cet article va
résister aussi au test de la simplification. Je voulais savoir... Avant
l'addition de cet article, que pouvait faire une municipalité qui se
retrouvait dans cette situation-là? Qu'est-ce qu'elle pouvait faire?
Une voix: Très clairement, rien. M. Bélanger:
Rien?
M. Rémillard: Ça, c'est un aspect très
important du projet de loi parce que, avant, une municipalité, dans ces
circonstances-là, ne pouvait pas, elle était coincée.
M. Bélanger: Donc, ses règlements municipaux, il
arrivait quoi avec les infractions à ses règlements
municipaux?
M. Rémillard: C'était appliqué au niveau de
la Cour du Québec. C'est donc un processus qui est beaucoup plus lourd,
complexe. Alors, là, c'est l'avantage de ce projet de loi. Dans ces
circonstances, on permet donc à cette municipalité de pouvoir
agir. Je peux demander à Me Laplante si elle a des commentaires à
faire.
Mme Laplante (Louise): Oui. On a eu beaucoup de demandes au
niveau des fonctionnaires, à ce niveau-là. Surtout au niveau des
régions périphériques où la configuration des MRC
fait que ce n'était pas nécessairement viable de passer à
une cour qui pourrait regrouper toutes les municipalités dans un
territoire d'une très, très, très grande MRC. Et il arrive
des cas où c'est à peu près impossible. Ce serait trop
coûteux, peu admi-nistrable et tout, mais où deux MRC qui se
touchent pourraient avoir des avantages de ce genre-là. (12 h 20)
Alors, c'était vraiment pour régler des cas critiques et
pas uniquement en régions périphériques. Il y a un cas
très connu ici en région urbaine à cause de la
configuration de la MRC, c'est l'île d'Orléans. L'île
d'Orléans forme une MRC à elle seule. Alors, ce serait peu
pensable que les cinq ou six municipalités de l'île
d'Orléans puissent établir une cour municipale quand personne n'a
même de corps policier sur ce territoire-là.
M. Bélanger: Avez-vous d'autres exemples que l'île
d'Orléans?
Mme Laplante (Louise): Des exemples précis, non, mais je
peux vous dire que la question se posait beaucoup au niveau Bas-du-Fleuve,
Gaspésie, Abitibi, là, dans les coins qui ne sont pas
pénétrés par des cours municipales actuellement, où
il n'y a à peu près pas de cours d'établies, puis
où les autorités municipales songent sérieusement à
faire quelque chose.
M. Rémillard: À l'île d'Orléans, ils
ont ce problèmes-là.
M. Bélanger: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 4 est
adopté.
Demandes relatives aux cours municipales
à l'occasion d'un regroupement ou d'une
annexion de territoires municipaux
L'article 5. Cette loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 18, de ce qui suit: «18.1 Le ministre des Affaires municipales
donne avis au ministre de la Justice de toute demande commune de regroupement
de territoires municipaux ou de tout règlement d'annexion qu'il
reçoit.»
M. Rémillard: Alors, Mme la Présidente, la nouvelle
section II. 1 concerne le traitement des demandes relatives aux cours
municipales à l'occasion d'un regroupement de territoires municipaux.
Elle vise notamment à assurer le traitement concurrent des demandes de
regroupement avec celles relatives aux cours municipales ayant juridiction sur
le territoire des municipalités visées et à introduire
l'extension automatique de la compétence territoriale de la cour
municipale en certaines circonstances. L'article 18.1 proposé
prévoit que le ministre des Affaires municipales donne avis au ministre
de la Justice des demandes de regroupement ou d'annexion de territoires
municipaux qu'il reçoit.
M. Bélanger: Mme la Présidente, je voudrais
peut-être juste qu'on m'explique un peu le mécanisme, comment
ça va fonctionner. Donc, quand il va y avoir comme deux villes qui
décident de se fusionner, de mettre ensemble leur territoire, est-ce
que, automatiquement, la fusion de leur cour municipale va se faire, ou est-ce
qu'il va falloir, à ce moment-là, que la question soit
réglée au préalable par les deux conseils municipaux avant
de se dissoudre, qu'ils passent des résolutions en ce sens-là, et
qu'après, donc, ce soit traité?
M. Rémillard: On va vous laisser répondre, si vous
voulez, Me Laplante.
Mme Laplante (Louise): Bon, justement, la nouvelle section vient
statuer sur la façon dont on va procéder dans l'avenir. C'est
que, actuellement, s'il y a une fusion de municipalités, qu'il y ait une
ou deux cours municipales sur le territoire des municipalités
fusionnées, on devrait passer par les abolitions des deux cours et
créer une nouvelle cour. Comme la Loi sur l'organisation territoriale
municipale semble modifier tout ça, on a voulu, nous, permettre un
mécanisme qui fasse qu'on règle à chaque fois le
problème de la cour municipale pour ne pas que les citoyens en soient
pénalisés parce qu'on ne sait plus exactement où elle
est.
Alors, on a prévu différentes possibilités. Bon, il
y a différentes possibilités qui sont prévues dans la loi.
Premièrement, on prévoit un avis du ministre des Affaires
municipales au ministre de la Justice, pour qu'au ministère de la
Justice on soit toujours au fait naturellement de la juridiction territoriale
de chacune des cours. On sait qu'en cas d'annexion d'une municipalité
c'est pour ça qu'on y réfère il n'y a pas
une nouvelle
municipalité qui est créée. Alors, sans avoir
à toucher ici de par notre loi s'il y a une annexion de territoire, le
territoire annexé est automatiquement couvert, est sous la juridiction
de la cour municipale existante.
M. Bélanger: Quand il y a deux cours existantes?
Mme Laplante (Louise): Quand il n'y en a qu'une.
M. Bélanger: Quand il n'y en a qu'une. Ah oui,
d'accord.
Mme Laplante (Louise): Quand il n'y en a qu'une. Je vous parle
dans les cas où il n'y en a qu'une.
M. Bélanger: D'accord.
Mme Laplante (Louise): En cas de regroupement, ce n'est pas le
cas actuellement.
M. Bélanger: D'accord.
Mme Laplante (Louise): S'il n'y a qu'une cour sur le territoire,
on prévoit dans la loi qu'automatiquement cette cour-là va
devenir la cour du territoire annexé. C'est toujours l'utilité de
l'avis, c'est qu'on voit la compétence territoriale automatiquement.
Il y a d'autres possibilités, par exemple, que la cour soit
locale ou commune. Disons une cour qui est commune à deux
municipalités et que ces deux municipalités se fusionnent avec
une troisième, alors, ça va devenir la cour municipale de ces
trois municipalités-là, de la municipalité qui va originer
de la fusion, à ce niveau-là.
Les autres cas cependant peuvent être différents. On pense
au cas où il y a déjà deux cours municipales sur les
territoires qui vont se regrouper, ou si une des municipalités est
desservie par une cour municipale qui dessert également des villes qui
ne font pas partie du projet de regroupement ou de fusion. Dans ces deux
cas-là, il faut envisager des situations différentes. Dans le cas
des deux cours, c'est qu'on ne peut pas avoir plus d'une cour pour une
municipalité, et, dans le cas où il y a d'autres
municipalités qui sont desservies, c'est qu'on ne peut pas, par un
automatisme, venir modifier l'équilibre qu'il y a entre les
municipalités qui font partie d'une entente. Parce qu'il faut voir que
très souvent il y a huit, 10, 12 municipalités dans une entente.
Alors, pour faciliter, au point de vue administratif, le traitement de ces
demandes-là, ce que la loi fait, c'est qu'elle vient dire que ce qui a
trait à la cour municipale doit accompagner la demande de regroupement,
et ça doit être transmis au ministre de la Justice, et
concurremment les deux dossiers vont être traités, tant celui du
regroupement des territoires municipaux que le dossier qui regarde la cour
municipale.
M. Bélanger: Concurremment?
Mme Laplante (Louise): Oui. Et on peut penser que les deux
demandes pourraient être approuvées par le gouvernement, au cours
d'une même séance et tout, mais on prévoit, dans la loi,
que ce qui regarde la cour ne peut pas entrer en vigueur ni être
approuvé avant le regroupement, au cas où il y aurait des
problèmes d'ordre politique qui se présentent. Alors, tout
arriverait à la même époque. C'est ce qu'on vise.
M. Bélanger: Donc, si je comprends bien, cet avis du
ministère des Affaires municipales va immédiatement initier le
dossier...
Mme Laplante (Louise): Oui.
M. Bélanger: ...du regroupement de la cour municipale sans
autre formalité?
Mme Laplante (Louise): Oui. Puis ça va nous permettre
aussi, nous, au tout début de la loi, vu que la loi est modifiée,
au cas où une municipalité se serait parti une cour et ne
pourrait pas passer dans sa demande de regroupement, on va pouvoir, nous, tout
de suite, aviser la municipalité et les Affaires municipales qu'il y
a... Parce que ce n'est peut-être pas si limpide que ça en a
l'air. Il y a 132 cours, mais il y a peut-être 400 municipalités
qui sont desservies par ces 132 cours-là. Puis le ministère des
Affaires municipales ne peut pas, à chaque fois, là, voir si la
municipalité est desservie par une cour.
M. Bélanger: O.K. Adopté, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): D'accord. «18.2
Devient, sans autre formalité, la cour municipale de la
municipalité issue du regroupement de territoires municipaux, à
compter de l'entrée en vigueur du décret pris en application de
l'article 108 de la Loi sur l'organisation territoriale municipale (L.R.Q.
chapitre O-9): «1° la cour municipale locale qui, au moment de la
demande commune de regroupement de territoires municipaux fondée sur
l'article 85 de cette loi, a compétence sur le territoire d'une seule
des municipalités parties à la demande commune de regroupement;
«2° la cour municipale commune qui, au moment de la demande commune
de regroupement de territoires municipaux fondée sur l'article 85 de
cette loi, a compétence sur le territoire d'au moins deux des
municipalités parties à la demande commune de regroupement,
pourvu que cette cour municipale n'ait pas compétence sur le territoire
d'une municipalité qui n'est pas partie à la demande commune de
regroupement. «Le présent article s'applique pourvu qu'une seule
cour municipale, locale ou commune suivant le cas, ait été
établie au moment de la demande commune de regroupement de territoires
municipaux.
«Le ministre de la Justice en informe le public par voie de la
Gazette officielle du Québec ou par tout autre moyen qu'il croit
approprié.»
M. Rémillard: Alors, Mme la Présidente, l'article
18.2 prévoit que lorsqu'une seule cour municipale, locale ou commune, a
été établie avant le regroupement des territoires
municipaux concernés et que cette cour n'a pas compétence sur le
territoire d'une tierce municipalité, elle devient automatiquement la
cour municipale de la municipalité issue du regroupement des territoires
municipaux.
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): Adopté. «18.3
Dans tout autre cas que ceux visés à l'article 18.2 où une
ou des cours municipales ont compétence sur le territoire d'une ou
plusieurs municipalités parties à une demande commune de
regroupement de territoires municipaux fondée sur l'article 85 de la Loi
sur l'organisation territoriale municipale, cette demande doit comporter,
suivant les prescriptions de la présente loi, des dispositions relatives
à ces cours municipales. «Lorsque, suivant la demande, une cour
municipale, établie par l'une des municipalités parties à
cette demande, aura compétence sur le territoire de la
municipalité résultant du regroupement, la demande doit
être accompagnée, notamment, d'une entente prévoyant
l'extension de la compétence de cette cour municipale sur le territoire
de la municipalité issue du regroupement. «Le greffier ou le
secrétaire-trésorier de la municipalité demanderesse ayant
la population la plus élevée, au moment où il transmet au
ministre des Affaires municipales la demande commune de regroupement des
territoires municipaux, la fait également parvenir au ministre de la
Justice, accompagnée, le cas échéant, de tout
règlement ou de toute entente requis par la présente loi.
«Tout décret relatif à la cour municipale ne peut
être pris ni entrer en vigueur avant le décret pris en application
de l'article 108 de la Loi sur l'organisation territoriale
municipale.»
M. Rémillard: Alors, Mme la Présidente, l'article
18.3 prévoit la procédure de traitement des demandes relatives
aux cours municipales pour les cas de regroupements autres que ceux
prévus à l'article 18.2. Il propose que la demande relative
à l'établissement d'une cour municipale soit traitée par
le ministre de la Justice en même temps que le sera la demande de
regroupement. Il prévoit que la demande relative à la cour
municipale devra, le cas échéant, être accompagnée
d'une entente prévoyant l'extension sur le territoire de la nouvelle
municipalité de la compétence d'une des cours établies
antérieurement.
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): Adopté. Alors,
l'article 5 est adopté.
Article 6. «Le texte anglais de l'article 55 de cette loi est
modifié par le remplacement, dans la sixième ligne du premier
alinéa et dans la deuxième ligne du deuxième
alinéa, des mots "at least" par les mots "less than"». (12 h
30)
M. Rémillard: Alors, Mme la Présidente, l'article 6
propose une correction dans la version anglaise de l'article 55 de la loi.
M. Bélanger: C'est uniquement une erreur de
rédaction?
M. Rémillard: C'est une erreur de rédaction. C'est
que l'expression «à moins de 50 kilomètres» a
été traduite par l'expression «at least 50
kilometers», alors qu'il aurait fallu dire «less than».
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): Article 6, adopté.
J'aimerais juste retourner un petit peu en arrière. J'ai oublié
de préciser que l'article 18.3 était adopté. Merci.
Suspension et abolition d'une cour
Article 7. L'article 102 de cette loi est modifié par le
remplacement, dans la deuxième ligne, de «dont il était
déjà saisi» par «inscrites sur l'un des rôles
d'audience de la cour».
M. Rémillard: Mme la Présidente, l'article 7
propose de remplacer l'expression «causes dont le juge était
saisi» par celle «causes inscrites sur l'un des rôles
d'audience». Il s'agit d'une modification de concordance avec les
articles 117.1 et 117.2 proposés par l'article 11 du projet de loi.
M. Bélanger: Mme la Présidente, je ne sais pas si
c'est à l'étape de cet article-là qu'on va faire le
débat ou pas sur... Le ministre pourra peut-être me renseigner
là-dessus. Peut-être qu'il y a un article qui va plus y porter,
là. C'est que, auparavant, une des conditions pour pouvoir mettre
à la retraite ou mettre fin au contrat d'un juge, c'était le fait
que son rôle soit vide. Maintenant... Ou qu'il ait atteint l'âge de
70 ans. C'était une... En tout cas... C'était... Soit que sa
cause... Non, pardon, excusez-moi. Pour qu'un juge soit finalement mis à
la retraite, soit qu'il avait 70 ans, qu'il atteignait l'âge de 70 ans ou
que sa cour municipale était abolie. Ce sont les deux conditions qui
prévoient qu'un juge soit finalement... cesse ses fonctions. Une des
conditions pour qu'une cour municipale soit abolie était justement le
fait que son rôle soit vide. Si le rôle de la cour n'était
pas vide, on ne pouvait pas abolir cette cour. Maintenant, par les dispositions
que nous allons adopter, ça va enlever cette disposition-là,
c'est-à-dire que le rôle
pourra encore contenir des causes, il va y avoir des mécanismes
qui vont prévoir que le rôle vient se rajouter à la
nouvelle cour créée. Ça crée certaines
interrogations de la part des cours municipales qui ont peur un peu quant
à leur statut et qui ont peur de certaines pressions aussi,
c'est-à-dire de voir finalement, par cette façon-là, une
façon de mettre fin à leur contrat, pour une raison ou pour une
autre. Alors, ça les préoccupe. Je voudrais savoir, à ce
moment-là, quelle est la position du ministre de la Justice sur cette
préoccupation des juges municipaux. Je suis certain que plusieurs lui en
ont fait part.
M. Rémillard: Oui. Mme la Présidente, c'est un
sujet qu'on doit discuter en commission parlementaire, j'en conviens
très bien. Pour répondre à la question du
député d'Anjou: Est-ce que ce serait à l'article 7 qu'on
devrait en discuter ou à l'article 11, où ce serait le plus
pertinent? j'ai demandé à nos... Alors, on me suggère
qu'on pourrait en discuter à l'article 11. Ça va?
M. Bélanger: D'accord.
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, ça va pour
l'article 7?
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 7 est
adopté. Article 8: L'article 103 de cette loi est modifié par le
remplacement, dans la quatrième ligne du premier alinéa, de
«dont le juge n'a pas été saisi» par «qui n'ont
pas été inscrites sur l'un des rôles d'audience de la cour
avant la prise d'effet du décret».
M. Rémillard: Mme la Présidente, cette modification
est de concordance avec celle apportée par l'article 7.
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 8 est
adopté.
Abolition volontaire
Article 9: L'article 111 de cette loi est modifié par la
suppression du paragraphe 2° du premier alinéa.
M. Rémillard: Ah oui? Il serait peut-être là,
oui.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Loiselle): C'est ici, la
discussion?
M. Rémillard: Nous sommes arrivés à la
discussion, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): D'accord.
M. Rémillard: Alors, je vais lire les commentaires...
La Présidente (Mme Loiselle): Avec plaisir.
M. Rémillard: L'article 9 propose l'abrogation de
l'obligation de démontrer qu'il n'y a plus de cause pendante avant
l'abolition ou le retrait volontaire. Il résulte de l'introduction des
nouvelles mesures visant à préserver l'exercice des recours en
justice et tient compte également de l'entrée en vigueur du
constat d'infraction comme procédure introductive d'instance. Alors,
voilà, Mme la Présidente. On peut ouvrir la discussion sur le
sujet qu'a mentionné le député d'Anjou, il y a quelques
instants.
M. Bélanger: Alors, le sujet de préoccupation de
certains juges municipaux, Mme la Présidente je comprends que
ça ne s'est peut-être pas encore rendu au ministère de la
Justice, mais je peux vous dire que, dans le monde municipal, ça se
parle énormément c'est la question de rentabilité
des cours municipales. Certains conseils de ville sont un peu agacés de
voir parfois les faibles sentences ou le haut taux d'acquittement à leur
cour municipale et, justement, de voir le coût relié à
l'administration de cette cour municipale là. Certains juges municipaux
qui sont, vous le savez, dans plusieurs cours municipales... Vous savez,
certains juges municipaux, même de nombreux juges municipaux sont
à la fois avocats de pratique privée et, le soir, tout simplement
juges municipaux dans les cours municipales. Alors, ils reçoivent des
commentaires, on leur fait passer des messages à l'effet que, si la cour
municipale n'est pas assez rentable, si le taux d'acquittement se maintient
toujours à un taux aussi effarant, on peut se demander la question ou la
pertinence de la garder ouverte et pourquoi ne pas la fusionner avec une cour
qui obtient des résultats de saine gestion plus appréciables.
Donc, ça se parle et c'est une pression présentement qu'on
ressent et qu'on vit, au niveau municipal. Alors, peut-être qu'au niveau
de la justice on ne la sent pas, on ne la voit pas, mais, sur le terrain, elle
est présente et elle est là. Ça inquiète
énormément certains juges municipaux qui se voient, finalement,
un peu comme mettre une certaine pression quant au ratio d'acquittement, quant
au montant des sentences... Je ne dis pas que les juges cèdent sous
cette pression. Encore là, j'ai beaucoup d'admiration pour ces juges
municipaux et pour mes collègues, mes confrères, mes consoeurs
qui font ce travail. Mais c'est une préoccupation qui existe. C'est une
pression qui existe, qu'on ne peut pas nier. J'aimerais savoir, à ce
moment-là... Les juges municipaux, eux, voudraient savoir de quelle
protection ils pourraient jouir, au cas que, justement, leur cour se voie
abolie. Certains juges parlent de la possibilité peut-être, si
leur cour est abolie, qu'ils puissent faire partie d'une banque de juges dans
laquelle seraient choisis les juges
des nouvelles cours qui pourraient être créées.
À ce moment-là, on pourrait garder... Vous savez, à cause
de l'article 23... C'est à cause du fameux article 23 de la Charte des
droits et libertés qui dit que chaque citoyen a droit à un
procès devant un tribunal indépendant et impartial. Alors, si le
caractère permanent du juge, le statut permanent du juge se voit
menacé par des menaces de fusion ou des menaces d'abolition de cours, on
se demande, à ce moment-là, si ça ne pourrait pas
être un motif d'attaquer la constitution et l'impartialité des
cours municipales. Je sais que, présentement, il y a mouvement dans ce
sens-là, il y a une menace dans ce sens-là. Je pense qu'il faut
la considérer. C'est là-dessus que j'aimerais avoir les
commentaires du ministre de la Justice.
(Consultation)
M. Rémillard: Oui, Mme la Présidente... Bon. C'est
une question qu'on doit discuter, c'est une question importante que nos juges
municipaux... On se souvient de tout le débat. Si on a fait la
réforme des cours municipales, c'était pour qu'on puisse avoir de
ces juges municipaux compétents et indépendants. Je me souviens
du grand débat où on a voulu, à ce moment-là, qu'on
ait des juges à temps plein, seulement des juges à temps plein.
Et moi, comme ministre de la Justice et je dois dire que l'Opposition
était d'accord avec moi on a dit: Non, on ne voit pas la
nécessité que ce soient juste des juges à temps pleim.
C'est des juges qui peuvent être avocats. Le soir, bien, on met des
règles d'éthique très strictes, ou dans la journée,
peu importe, quand la cour siège, et ils peuvent être juges au
niveau municipal. La Cour suprême a reconnu que c'étaient
là des critères qui étaient suffisants pour assurer
l'indépendance des juges. Maintenant, on dit: Bon, attention, si une
cour est assimilée à une autre cour et devient une plus grande
cour, donc il y a des juges qui peuvent perdre leur travail. Peut-être
aussi qu'ils peuvent garder leur travail parce que... Ça dépend
des besoins de la cour. Mais on dit: Ceux qui seraient de trop et qui ne
seraient donc plus juges parce qu'il y a une cour qui pourrait être
abolie pour pouvoir se regrouper avec d'autres cours, qu'est-ce qui arrive de
ces juges? Si je comprends bien aussi, est-ce qu'il n'y aurait pas des
conséquences sur le fait que les juges se sentiraient obligés
d'être performants pour être plus des caisses enregistreuses que de
véritables juges qui font justice? Alors, moi, M. le Président,
je me dis qu'en aucun cas un avocat qui est juge municipal ne devrait avoir en
tête qu'il peut devenir une caisse enregistreuse. Et moi, par
conséquent, je vais vous dire, M. le Président, j'ai même
refusé des fois des demandes de certaines municipalités qui
voulaient ajouter des juges: Écoute, là, on va y aller et on va
en mettre, on va en rentrer, des sous. Il y a quand même une disposition
de l'article 111 qui dit que l'abolition de la cour municipale ne va pas
à l'en-contre de l'intérêt de la justice. (12 h 40)
Mais tout concept d'intérêt de la justice est au centre
même d'une loi comme celle sur les cours municipales. Alors,
au-delà de toutes les dispositions qu'on peut avoir dans la loi, il
demeure qu'il y a une éthique et ces juges municipaux rendent justice.
On sait que, de plus en plus, ce n'est pas simplement des questions de
stationnement. Les cours municipales, par la partie XXVII, ont une grande
responsabilité. On pense à bien des responsabilités
qu'elles peuvent avoir à bien des niveaux. Alors, ce n'est pas
simplement le parcomètre qui ne fonctionnait pas et que vous voulez
plaider en cour, mais c'est beaucoup plus que ça. On a donc des juges
qui ont une responsabilité importante et il faudrait s'enlever cette
idée qu'ils sont là pour ramasser des sous.
C'est évident, quand même, Mme la Présidente, qu'il
faut que les cours municipales soient payées quelque part par les
municipalités. Alors, il y a des gens qui paient des taxes et il y a des
gens qui paient des amendes parce qu'ils n'ont pas respecté des
règlements municipaux. C'est évident, ça. Mais, moi, je me
dis: Si une municipalité, donc des élus, décide qu'il
devrait y avoir annexion d'une cour à une autre cour et que, par le fait
même, ça signifie que des juges perdent leur statut de juge,
à mon sens, ça fait partie de la réalité de
l'administration de la justice. C'est ça, ma conclusion.
La Présidente (Mme Loiselle): M. le député
de Hull.
M. LeSage: Merci, Mme la Présidente. Je pense que le
problème posé par le député d'Anjou, finalement,
c'est un faux problème. Par expérience, je dois vous avouer, Mme
la Présidente, que je doute... Je fais confiance aux juges, peu importe
à quel niveau ils sont. Qu'on ait des représentations qui soient
faites parce qu'ils pratiquent une pratique privée, permettez-moi d'en
douter. En tout cas, moi, je pense que ce n'est pas une bonne façon de
gérer une cour municipale. Si un juge se faisait embarquer dans le jeu,
il ne durerait pas longtemps. Que l'on dise également qu'ils sont
peut-être craintifs de perdre leur emploi parce qu'on doit fermer une
cour parce qu'elle n'est pas assez rentable et que, d'un autre
côté, on dise qu'on veut bâtir une banque de
données...
Je pense qu'il y a une responsabilité également au niveau
des conseils municipaux. La plupart des causes qui sont entendues là,
Mme la Présidente, c'est des causes qui découlent d'un
règlement municipal. Il est très facile pour un conseil
municipal, s'il juge que sa cour n'est pas assez rentable, de mettre ses
culottes, prendre ses responsabilités. C'est indiqué dans chacun
des règlements: un minimum et un maximum pour la première,
deuxième et troisième offense. Je l'ai vécu à Hull
et c'est ce qu'on a fait. On prétendait que le juge n'était pas
assez sévère. Bien, on peut peut-être l'aider, le juge. Il
faut peut-être dire ce qu'on veut comme amende. À ce
moment-là, le juge, si le type est coupable, il a un règlement
pour se baser dessus et il dit:
L'amende, pour une première infraction, c'est ça. C'est
une deuxième infraction, l'amende prévue au règlement,
c'est ça. À ce moment-là, les juges sont plus libres de
leurs actions. Ils ont quelque chose sur lequel se baser. C'est les simples
commentaires que je voulais vous faire, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, M. le
député. M. le député d'Anjou.
M. Bélanger: M. le Président... Mme la
Présidente, pardon.
La Présidente (Mme Loiselle): Pas de problème.
M. Bélanger: Je vois, suite aux commentaires du
député de Hull, comme quoi la glace est mince entre
l'administration municipale et la saine gestion de la justice. Sa glace est
très mince. C'est justement... Je peux vous dire que ce n'est pas des
qu'en-dira-t-on, ce dont j'ai parlé à propos de ce qui se passe
présentement au niveau des municipalités dans la région de
Montréal. Souvent, j'ai entendu des commentaires sur certains juges
municipaux par certains collègues, par certaines gens, des fois,
près de la politique municipale. Des messages, ça se passe
auprès de certains juges municipaux, comme quoi, écoutez, le taux
d'acquittement... Ce sont des pressions qui existent. On ne peut pas les nier.
On peut toujours se dire que c'est vrai qu'ils ne devraient pas. Un juge
investi de la fonction de juge devrait se mettre au-dessus de ces
choses-là. Je suis entièrement d'accord avec le ministre de la
Justice.
Cependant, regardons la réalité. Quand vous êtes en
pratique privée, que votre mandat de juge représente un revenu
appréciable et un revenu intéressant, l'être humain est un
être humain, même si on l'élève à un certain
niveau avec le mandat de juge. Donc, je pense qu'il faut être sensible
avec ça. Moi, je n'ai jamais dit, en tout cas, qu'il fallait mettre des
juges à temps plein. Je ne suis pas... Moi aussi, je suis d'accord avec
ça. Des juges à temps partiel, je suis entièrement
d'accord avec ça, avec une certaine permanence. Je pense qu'on n'a pas
le choix. Parce que, si on fonctionnait avec des juges, qu'on pourrait dire,
contractuels, alors là on pourrait commencer à avoir certains
problèmes au niveau de l'autonomie et de l'indépendance
judiciaire.
Le ministre n'a pas répondu à mon hypothèse ou la
suggestion qui passe présentement, qui circule à l'effet de
créer un genre de banque de disponibilité. Est-ce qu'on veut
laisser toute marge de manoeuvre aux municipalités pour nommer leurs
nouveaux juges ou les juges qui vont être dans leur nouvelle cour
municipale créée? Est-ce qu'on a envisagé
l'hypothèse que j'ai mentionnée, de créer une banque de
juges, ou on l'a rejetée? Je voudrais savoir, je voudrais avoir des
réponses précises sur ce sujet.
M. Benoit: Sur le même sujet, avant que...
La Présidente (Mme Loiselle): M. le député
d'Orford.
M. Benoit: Je veux juste, comme simple citoyen, n'ayant aucune
notion vraiment, n'ayant pas fait de cours d'avocat ou autre, juste mettre mon
point de vue ici.
Je regarde dans les municipalités environnantes à chez
nous. J'ai l'impression que ça fonctionne relativement bien. Et, quand
je regarde à quelques milles de chez nous, dans les États de la
Nouvelle-Angleterre où là ils sont allés bien plus loin
que les pressions que vous pouvez exprimer, je veux dire... Les juges, c'est
des élections, c'est-à-dire que les juges vont en élection
et le milieu décide. Alors, là, on est pas mal plus loin que ce
que vous proposez. Je ne vous dis pas que la formule américaine est la
formule à retenir, loin de là.
M. Bélanger: Non, non.
M. Benoit: D'autre part, je pense que la flexibilité, dans
les villes moi, j'en ai 22 dans mon comté je vous dirai
que ça semble bien fonctionner. J'ai rarement entendu des commentaires
à l'égard des cours municipales où les citoyens
n'étaient pas d'accord et où les élus n'étaient pas
d'accord. Il semble y avoir un entendement très large. Je suis surpris
de voir qu'on essaie de trouver... Moi, je n'en vois pas de problème. Et
quand je regarde à quelques milles de chez nous un système qui,
lui... Les gens vont en élection, cabalent et toute l'affaire. Encore
une fois, ce n'est pas ça que je propose, loin de là, mais il me
semble qu'il y a un juste milieu. Je pense que c'est là qu'on est, au
Québec, dans ce juste milieu.
La Présidente (Mme Loiselle): M. le ministre.
M. Rémillard: Mme la Présidente, je regarde
ça, là. Il y a l'article 89 qui dit: «Toute personne, y
compris le juge, peut formuler une plainte auprès du ministre de la
Justice sur le financement ou l'administration d'une cour; la plainte doit
être écrite et motivée.»
Alors, il y a quand même un processus où il y a un juge qui
peut faire une plainte. Si un juge, par exemple, considérait que les
motifs sont des motifs reliés strictement à une performance
financière, je crois qu'il pourrait être autorisé, en
fonction de 89, à faire une plainte, d'une certaine façon. (12 h
50)
L'autre commentaire, c'est sur le processus de nomination des juges.
Vous savez qu'on a établi un processus de nomination des juges, M. le
Président. C'est nommé par le gouvernement, mais à la
suite d'un concours et, donc, d'une audition où le candidat se
présente devant un représentant de la Conférence des juges
municipaux, un représentant du Barreau, un représentant du
public. C'est le gouvernement, dans cette liste, qui choisit un juge municipal,
après différentes consultations et sur le concours qui est fait.
Si on veut
me parler... de dire que quelqu'un qui a été juge
municipal et qui se retrouverait à ne plus être juge à la
suite d'une élection et qui se retrouverait dans... on le mettrait d'une
façon privilégiée dans une banque où il
apparaîtrait, son nom apparaîtrait, il n'aurait pas à
repasser un autre concours, il pourrait être dans une banque, moi, je
dis: Ça, c'est quelque chose qu'on peut considérer. Mais si, par
contre, on veut mettre ces juges sur une liste et qu'on ne donne aucune
discrétion pour nommer ces personnes lorsqu'un poste s'ouvre... Juste au
point de vue faisabilité, écoutez, vous avez un poste qui s'ouvre
à Rimouski, ce n'est pas la même chose qu'un poste qui s'ouvre
à Hull, etc. Ce qu'on pourrait faire, c'est qu'ils soient dans une
banque et qu'ils puissent être là comme pouvant être
nommés, mais qu'on laisse l'entière discrétion au
gouvernement d'apprécier les circonstances. L'entière
discrétion au gouvernement. Qu'ils demeurent dans la banque, moi je veux
bien, mais qu'on assure l'entière discrétion et qu'on puisse
ouvrir un nouveau concours pour chaque endroit où on a besoin d'un juge
municipal, et c'est au gouvernement, finalement, à procéder.
Il faut faire attention, on est quand même dans un sujet
très glissant. Reconnaître finalement qu'un juge qui perd son
statut de juge par une fusion, il faut absolument continuer à lui donner
du travail, ce serait reconnaître, je pense, un principe qui n'existe pas
dans la loi.
M. Bélanger: Mme la Présidente, je suis loin
d'être un expert dans le domaine, mais, à ma compréhension
de l'article 89 qu'on vient de nous lire, c'est une plainte relativement
à un juge qui pourrait se plaindre du financement de sa cour municipale
qui l'empêche de fonctionner. Alors, je pense que cet article 89
s'applique plutôt dans ce cas-là, c'est-à-dire que si on ne
donne pas les moyens au juge de... qu'il considère que le juge n'a pas
les moyens financiers adéquats pour pouvoir fonctionner, à ce
moment-là il peut faire une plainte au ministre de la Justice.
M. Rémillard: Oui, mais ça va plus loin que
ça. C'est plus large que ça. Je me souviens très bien
qu'on en avait discuté... Je connais l'application de l'article 89, dans
le sens que si, par exemple, un juge se faisait dire: Écoute, tu ne
produis pas assez, ça ne marche pas et l'argent n'entre pas, et puis
qu'on lui coupait les vivres, par conséquent, les vivres dans le sens de
ses possibilités matérielles de travailler, des choses comme
ça, ou des plaintes qui seraient faites parce qu'il ne serait pas assez
rentable, je crois que l'article 89, à ce moment-là, aurait son
application. C'est, je pense, l'application qu'on y voit au niveau du
ministère aussi.
M. Bélanger: Mme la Présidente, on n'a pas besoin
de couper les vivres. On a tout simplement à fusionner la cour
municipale, alors on vient de régler le problème.
M. Rémillard: Oui, mais est-ce que c'est vrai- ment si
facile que ça? Est-ce qu'une municipalité, est-ce que des
élus parce qu'on parle d'élus, là qui se
font élire par les municipalités ce n'est même pas
le gouvernement...
Une voix: Non, non, non.
M. Rémillard: ...c'est des gens qui viennent se faire
élire... Et on sait à quel point la politique municipale, c'est
une politique qui est proche des gens. La politique municipale, je trouve
ça extrêmement difficile. Mon collègue, le
député de Hull, qui a été greffier à la
ville de Hull pendant très longtemps, sait à quel point,
l'administration d'une ville, c'est difficile et que, le rôle des
élus, c'est très difficile.
Alors, par conséquent, Mme la Présidente, est-ce qu'on
peut arriver à la conclusion de dire qu'une municipalité
annexerait sa cour municipale parce qu'elle considérerait que son juge
n'est pas assez sévère, qu'il ne donne pas assez d'amendes? Moi,
je trouve que c'est aller loin, c'est présumer beaucoup de choses, c'est
ne pas faire confiance aux élus, ne pas faire confiance à
l'éthique aussi qui doit exister chez l'avocat qui est juge municipal,
qui fait son travail en fonction de la justice et non pas de la rentrée
de fonds. Aussi, pensons bien que les municipalités sont
gérées par des élus qui prennent leurs
responsabilités et qui vont se présenter devant
l'électorat, devant leurs gens, pour avoir d'autres mandats. Alors, moi,
je dis: Attention. Je comprends qu'il y a un lobby très fort, avec des
représentations qui se font, mais nous, comme parlementaires, soyons
conscients de toute la dimension du problème.
M. Bélanger: Mme la Présidente, je comprends que le
motif officiellement exprimé ne serait jamais la non-rentabilité
d'un juge, mais, pour des raisons financières, il peut très bien
arriver qu'on arrive tout simplement à une fusion de cours municipales.
C'est clair, quand on regarde les dispositions qu'on adopte, qui vont permettre
une simplification des procédures de fusion, de réorganisation
des cours municipales. Ça, c'est évident. Alors, il faut
prévoir toutes les utilisations qui peuvent être faites du
mécanisme, souhaitables et non souhaitables. Je pense qu'en tant que
parlementaires c'est notre but, d'essayer d'anticiper toute utilisation qui
peut être faite de nos lois, de notre législation, même si
ce n'est pas ce qu'on veut, même si ce n'est pas ce qui est souhaitable.
Malheureusement, il y a des gens qui sont payés uniquement pour essayer
de voir ce qu'on peut faire avec certaines législations, même si
ce n'est pas dans le but avoué du législateur. Et puis je suis un
peu étonné que le ministre semble si peu préoccupé
par, finalement, la précarité du statut des juges municipaux.
Précarité, c'est un grand mot, là. J'en conviens,
là, qu'on n'en est pas encore à un problème, là,
d'une grande échelle. Mais, quand même, le ministre de la
Sécurité publique avait déposé un document
présenté à la Table Québec-municipalités, en
mai 1993. Le ministre de la Sécurité publique. Il avait fait
part, à ce
moment-là, que, relativement aux propositions qui sont sur la
table présentement, «des discussions ont actuellement lieu avec le
ministère de la Justice afin de s'assurer que la mesure proposée
n'affecte pas l'indépendance et l'impartialité des cours
municipales et de leurs juges». Ça, c'est un document qui a
été présenté au Conseil des ministres. C'est un
document qui a été présenté au Conseil des
ministres et c'est, en tout cas, au niveau des affaires... C'est le
mémoire du ministre des Affaires municipales.
M. Rémillard: Puis, répétez donc ce qui est
marqué là.
M. Bélanger: «Des discussions ont actuellement lieu
avec le ministère de la Justice afin de s'assurer que la mesure
proposée n'affecte pas l'indépendance et l'impartialité
des cours municipales et de leurs juges.» C'est finalement les mesures
qui sont proposées ici, dans ce projet de loi là.
(Consultation)
M. Rémillard: Voulez-vous avoir... Peut-être un
commentaire?
M. Bélanger: Oui, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Loiselle): Me Laplante.
Mme Laplante (Louise): Écoutez, je ne vois pas votre
document, mais je suis au courant des discussions qu'on a eues, à ce
moment-là, entre fonctionnaires. C'était probablement dans le
contexte où on envisageait des modifications dans les cas de fusion de
municipalités, de regroupement, et où les deux ministères
devaient s'aligner pour avoir des dispositions qui vont ensemble et où
des propositions nous étaient faites par les Affaires municipales. Nous
en faisions, et notre préoccupation principale, dans ce
dossier-là, c'était de préserver les critères
d'impartialité et d'indépendance parce que, au niveau des
regroupements, du mécanisme à prévoir, il y avait
plusieurs options qui pouvaient être envisagées et, nous, à
la Justice, on tenait à ce que l'option qui soit retenue et que vous
avez vue dans les articles précédents respecte les
critères qui sont déjà inclus dans la loi. Moi, j'ai
l'impression que c'est ce contexte-là, parce qu'on a eu des discussions,
à ce moment-là, là-dessus.
M. Bélanger: Mais il n'y a jamais eu de discussions entre
fonctionnaires ou, bon, au ministère de la Justice, là, sur la
question des effets que ce projet de loi pourrait avoir sur
l'impartialité des tribunaux...
M. Rémillard: Moi, j'ai consulté...
M. Bélanger: L'impartialité ou l'autonomie.
L'indépendance. (13 heures)
M. Rémillard: Moi, j'ai consulté et j'ai
rencontré aussi des représentants de la Conférence des
juges municipaux. Je les ai rencontrés, je pense, au moins à deux
ou trois reprises, et qui sont venus...
M. Bélanger: Me Lavoie. M. Rémillard:
Pardon? M. Bélanger: Me Lavoie.
M. Rémillard: Oui. Oui, je crois que c'était Me
Lavoie, avec un autre juge aussi.
M. Bélanger: ...
M. Rémillard: Ça se peut, à quelques
reprises, et on a discuté de ça. J'ai consulté au niveau
des municipalités. J'ai rencontré les gens des
municipalités aussi et, après consultation... Puis j'en ai
parlé au Barreau aussi. J'en ai parlé au niveau du Barreau. J'ai
fait le tour. J'ai dit: Écoutez, comment vous voyez ça? Qu'est-ce
qui se passe? Et, finalement, moi, je peux comprendre qu'un juge dise:
Écoute, tout à coup que ma cour est fusionnée, là,
qu'est-ce que je deviens, moi? Bien, qu'est-ce que vous voulez que je vous
dise? Vous devenez que vous n'êtes plus juge. Vous continuez d'être
avocat. Vous avez votre bureau d'avocat, mais vous n'êtes plus juge. Bien
oui, mais, là, qu'est-ce que je vais faire? J'ai fait, moi, pendant tant
d'années, ce rôle de juge municipal, et ma pratique n'est plus la
même parce que...
Je suis sensible à ça. Bien sensible à ça.
Et, moi, je me retrouve... La madame, elle dit: Moi, je me retrouve dans mon
bureau d'avocat, mais ça fait huit ans que je siège au municipal.
Pendant ce temps-là, je n'ai pas travaillé mon bureau d'avocat
comme j'aurais dû. Et puis, là, je me retrouve... Vous me dites de
retourner comme avocat. Ça me cause un problème. Je vais dire:
Écoutez bien, là, on va s'entendre. Mais on ne peut pas
régler tous ces problèmes-là. Moi, ce que je vous dis,
c'est que, quand vous acceptez d'être juge municipal, il faut que vous
acceptiez d'être juge avec toutes ces considérations. Ça
fait partie de la «game», si vous me permettez l'expression. C'est
comme ça que ça doit être.
Le petit aspect qu'on m'a soulevé, à ce moment-là,
dans un deuxième temps: Oui mais on dit: Attention! On pourrait faire de
l'annexion. Faire disparaître une cour parce qu'on trouve que le juge
n'est pas assez rentable. Là, j'ai dit: Écoutez, là! Un
instant! Moi, je ne veux pas embarquer là-dedans. Là, je trouve
que c'est vraiment... Et j'avais les commentaires, aussi, à bien des
niveaux, du Barreau, de membres du Barreau, et au niveau des
municipalités. On a dit: On ne peut pas... Si on tombe là-dedans,
ça signifie qu'on accepte que les juges municipaux, de fait, peuvent
être des caisses enregistreuses. Ça serait ça qu'on
sanctionnerait. On ne peut pas sanctionner ça, nous. On ne peut pas
faire ça. Moi, ce que je pourrais concevoir, ce serait qu'un juge
municipal, qui n'est plus juge de par un processus d'annexion
ou d'abolition d'une cour municipale, soit dans la banque de juges.
Ça, j'en conviens. Mais c'est une banque de références et
à l'entière discrétion du gouvernement qui nomme à
la suite d'un concours, qui est présidé par un
représentant de la Conférence des juges municipaux, par un
représentant du Barreau, par un représentant du public. Moi, il
me semble, en toute justice, là, qu'il faut qu'on protège la
discrétion du gouvernement à la suite de ces concours-là.
Alors, que les juges demeurent en banque, j'en conviendrais, mais qu'on
n'oblige pas le gouvernement à nommer quelqu'un automatiquement quand le
poste se libère parce qu'il a déjà été juge.
Ça, je crois qu'on ne peut pas aller jusque-là.
La Présidente (Mme Loiselle): M. le ministre, je vous
remercie. Étant donné qu'il est 13 heures, j'aimerais savoir,
est-ce que ça va pour l'article 9 ou on continue la discussion à
la reprise de nos travaux?
M. Bélanger: On continue en revenant.
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, je suspends les
travaux à... et on reprendra à 15 heures cet après-midi,
dans la même salle. Merci.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
(Reprise à 15 h 11)
La Présidente (Mme Loiselle): Nous reprenons donc
l'étude détaillée du projet de loi 129, Loi modifiant la
Loi sur les cours municipales. Nous en étions à l'article qui a
été suspendu, l'article 9. M. le député de Hull..
Excusez. M. le ministre.
M. Rémillard: Si vous me permettez, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Loiselle): Oui.
M. Rémillard: ...ce serait pour m'excuser pour mon
retard.
La Présidente (Mme Loiselle): Moi de même. Ha, ha,
ha!
M. Rémillard: Mais, la différence entre vous et
moi, c'est que, moi, j'avais une bonne raison.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Loiselle): D'accord.
M. Rémillard: C'est une blague, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Pas de problème.
M. Rémillard: Ce n'est pas un outrage à la
présidence, c'est une blague. Je sais que vous avez une bonne raison.
Mais je voulais simplement vous dire que c'est parce que, ce matin, j'ai eu
à dire devant des journalistes que j'avais demandé un rapport en
ce qui regarde, donc, cette affaire où un juge municipal de Longueuil
avait expulsé ou refusé d'entendre une dame parce qu'elle portait
un tchador, de par sa religion mul-sumane. Et j'ai reçu partie du
rapport de mon sous-ministre, et c'est donc pour ça que j'étais
en retard.
Cette affaire me préoccupe au plus haut point, Mme la
Présidente, parce que, si ça se confirme, ce qu'on m'a
rapporté, c'est vraiment inacceptable qu'on empêche une femme de
pouvoir présenter une défense pour une accusation parce qu'elle
porte un tchador, c'est-à-dire, selon sa religion, ce foulard qui est
signe, pour elle, de sa religion. Je n'y vois rien qui discrédite
l'administration de la justice. Alors, c'est pour ça que j'étais
en retard, j'attends un complément de rapport. Et je dois dire que c'est
une situation que je trouve extrêmement préoccupante et, pour ma
part, comme ministre de la Justice, j'y accorde la plus grande attention. Donc,
j'aurai à intervenir dans les prochaines minutes, la commission me le
permettra, pour avoir le reste de ce rapport qui doit me parvenir.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci. Pour le moment, nous
allons reprendre l'échange sur l'article 9. M. le député
de Hull.
M. LeSage: Mme la Présidente, lorsqu'on a terminé
nos travaux ce midi, le député d'Anjou semblait manifester une
certaine crainte ou quelque chose du genre à l'effet que certaines
municipalités seraient enclines à vouloir fusionner des cours
municipales pour faire en sorte qu'elles se vengeraient d'une façon ou
d'une autre parce qu'un juge n'opère pas de la façon dont le
conseil s'attendrait, ou des choses semblables. Moi, je pense que c'est mal
connaître le monde municipal, Mme la Présidente, et je
m'explique.
Le ministre l'a mentionné ce matin, le monde municipal, les
conseils municipaux sont les gouvernements les plus près de la
population. Et combien de fois on a entendu et elles le font encore:
L'autonomie des municipalités, elles y tiennent mordicus. Moi, je vois
mal et je m'explique très mal la pensée du député
d'Anjou dans ce sens-là, qu'un conseil municipal, sous prétexte
de se venger, irait fusionner sa cour municipale avec une autre
municipalité et exigerait de ses commettants d'aller dans une cour
municipale dans une autre municipalité. Ce serait d'abord très
mal vu, et le conseil municipal aurait sûrement à y
répondre à une prochaine élection.
Qu'on me dise que, sous prétexte de se venger d'un juge, on irait
fusionner des municipalités, là, je n'embarque plus
là-dedans, du tout, du tout. C'est déjà très
difficile de fusionner des municipalités, Mme la Présidente.
L'Ontario l'a fait unilatéralement. Il y a moins de municipalités
aujourd'hui en Ontario qu'il n'y
en a au Québec. Mais on ne fusionne pas des municipalités
pour se venger de quelque chose.
Puis, lorsqu'on fusionne des municipalités, c'est pour coordonner
d'une façon plus ordonnée les services municipaux, pour
épargner de l'argent. Si on fusionne deux municipalités, c'est
bien sûr qu'il y a un greffier qui va sauter, puis un gérant, puis
il y a une secrétaire quelque part, puis un directeur des travaux
publics, puis un chef de police et puis un chef de pompiers. Mais la cour aussi
va sauter, à moins que le conseil ne décide que le volume est
assez fort dans les deux cours pour maintenir deux cours. À
Montréal, il y a plusieurs cours municipales, à plusieurs
endroits. Mais je vois très mal que, sous prétexte de se venger
ou de faire en sorte que le juge n'opère plus dans sa
municipalité, on dise: On va fusionner avec une autre
municipalité.
Dans l'Outaouais québécois, juste, par exemple, dans la
municipalité de Gatineau, on a fusionné une dizaine, une douzaine
de municipalités ensemble...
Une voix: Sept.
M. LeSage: Sept municipalités. Il y avait quelques cours
municipales; on en a fait une. Il y avait plusieurs directeurs
généraux, il y avait plusieurs
secrétaires-trésoriers, il y avait plusieurs directeurs des
travaux publics et on en a mis un. Par contre, dans ce même fusionnement,
on a fusionné certaines municipalités avec Aylmer, par exemple,
Deschênes, Lucerne, bon; on a fait une cour là aussi. Et, au
même moment, Chelsea n'était pas assez gros, alors ils ont dit:
Est-ce qu'on ne pourrait pas, nous, les infractions à nos
règlements municipaux, les faire traiter par la Cour municipale de Hull?
Ce qui était quand même assez logique, parce que les gens passent
par cette municipalité-là pour aller à peu près
n'importe où dans l'Outaouais québécois. On le fait pour
la municipalité de Chelsea, mais on n'irait pas se défusionner ou
se fusionner tout simplement pour dire qu'on va sauver de l'argent à la
cour municipale. Ce n'est pas l'objectif du tout.
Et j'ose espérer, Mme la Présidente, que les mesures mises
de l'avant, justement, par le ministre des Affaires municipales pour inciter
les municipalités à se fusionner encore plus qu'on ne le fait
présentement... Parce que, vous savez, finalement, tout le monde paie
pour ces services; pas juste dans les municipalités, dans tous les
ministères. Si le ministère des Affaires municipales, par
exemple, ne faisait affaire qu'avec 800 municipalités au lieu de 1800 ou
1700, il y aurait moins de paperasserie qui se promènerait alentour. Et
c'est dans tous les ministères comme ça. Mais on ne fusionne pas
deux municipalités pour sauver de l'argent dans une cour municipale.
D'après moi, c'est un détail, dans le domaine municipal, la cour
municipale, Mme la Présidente. Alors, c'est ce que je voulais soulever
au député d'Anjou.
Je pense que c'est mal connaître le monde municipal que de penser
que les conseils municipaux fusionneraient deux cours municipales et, je le
répète... Pre- nez, par exemple, si on voulait fusionner demain
matin la Cour municipale d'Aylmer et celle de Hull, et que les gens de Hull ou
d'Aylmer soient obligés d'aller dans l'autre municipalité, je
pense que le conseil municipal d'une des deux villes aurait à en
répondre aux prochaines élections. Les gens ne l'accepteraient
pas. Par contre, si on fusionnait la ville d'Aylmer avec la ville de Hull et
qu'on jugeait à propos qu'il y a assez de volume dans les deux cours
pour maintenir les deux cours, on les maintiendrait.
Moi, je fais confiance au monde municipal et, je me
répète, Mme la Présidente, je fais confiance
également aux juges, je fais confiance au système. Puis qu'on me
dise en cette commission qu'on a entendu dire que certains juges
s'étaient fait approcher dans leur bureau privé, d'après
moi, c'est du qu'en-dira-t-on et, tant qu'on ne me prouvera pas le contraire,
moi, je n'embarquerai pas là-dedans. Merci.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci. M. le
député d'Anjou.
M. Bélanger: Mme la Présidente, avec tout le
respect que j'ai pour le député de Hull, et il sait à quel
point j'ai du respect pour lui, je pense qu'il mélange un peu deux
choses. Je n'ai jamais dit qu'il pourrait y avoir fusion de
municipalités par souci de vengeance sur un juge. Je n'ai parlé
que de la pression qui pourrait être volontairement ou involontairement
exercée sur la personne d'un juge et qui pourrait, cette pression,
s'exercer quant à la possibilité éventuelle de fermeture
d'une cour municipale. C'est tout à fait différent. Je comprends
que je commence en politique, mais je n'ai jamais pensé qu'il y avait
deux municipalités qui pourraient se fusionner tout simplement pour
régler le cas d'un juge municipal. Ça, jamais. Jamais, et je ne
le pense jamais. (15 h 20)
Et je peux vous dire une autre chose. Quant à la situation
financière... Je suis un peu peiné qu'on ait eu à
suspendre à 13 heures, parce que je vous avoue honnêtement, quand
j'entendais le ministre qui me disait que ça le préoccupait, la
situation des avocats en pratique privée, moi, je vais vous dire, Mme la
Présidente, ça ne me préoccupe pas du tout. J'ai
été pendant près de 10 ans en pratique privée. J'ai
fermé mon bureau d'avocat pour me présenter comme
député. Quand je retournerai, après ma vie politique, en
pratique privée, je rouvrirai mon bureau et je repartirai mon bureau.
C'est le lot de la pratique privée d'un avocat. On a des mandats, on
perd des mandats, des fois des gros clients, on doit se rebâtir des
nouveaux clients, aller chercher une nouvelle clientèle. J'ai connu
ça pendant 10 ans. Alors, il ne faut pas penser que je vais verser des
larmes relativement à la perte d'un mandat par un avocat de pratique
privée, ce sont les lois du marché. Et ce n'est pas à moi
de faire du lobbying pour des avocats de pratique privée. Je pense qu'il
faut s'élever de ces préoccupations-là dans nos
échanges, ici, devant cette commission-là.
Moi, ce qui me préoccupe et je pensais que ça
préoccupait un peu plus le ministre c'est le fameux test
de l'article 23 de la Charte des droits et libertés de la personne.
Quant à moi, il y a menace, il y a péril en la demeure. Reste
à savoir jusqu'à quel point il y a menace. Je ne suis pas
prêt non plus à porter un jugement dur là-dessus, à
savoir que c'est très sérieux, mais le ministre sait que la
question se pose présentement; le ministre sait que ça
s'évalue présentement à certains endroits. Et, quant
à moi, c'est la seule considération qui me préoccupe quant
à l'élimination des cours municipales. Quant à la
sécurité financière des avocats de pratique privée
ou des juges à temps partiel à la cour municipale, pour moi,
ça ne me préoccupe pas du tout; ça ne me préoccupe
pas du tout, et ça ne devrait pas non plus être un
considérant qui vienne entrer en considération ici, quant
à l'étude de ce projet de loi.
M. Rémillard: Moi, je dois dire, Mme la Présidente,
que je suis d'accord avec à la fois ce que vient de dire le
député de Hull et ce que vient de dire le député
d'Anjou. Je suis parfaitement d'accord, et je crois que nous sommes tous
d'accord, les membres de cette commission, pour dire qu'au moment où
nous abordons ce projet de loi 129 nous devons quand même nous
référer à ce qui existe présentement. Or, ce qui
existe présentement à l'article 39, qui est très clair, il
dit que le juge occupe ses fonctions tant que sa cour existe. C'est une
possibilité que la cour soit abolie. 11 n'y a pas un droit à vie
d'être juge municipal. Hein? Ça, on s'entend là-dessus.
Alors, qu'est-ce que cette loi 129 vient faire? Elle vient rendre la
procédure de fusion plus facile. Et, là, on dit: Parce que
ça va être plus facile, attention, on met notre
indépendance en cause. Moi, M. le Président le
député d'Anjou dit: Je suis surpris, je pensais que le ministre
était plus sensible à ça dès que vous me
parlez du respect de la Charte des droits et libertés, je suis
extrêmement sensible à ça. Je suis entré en
politique, premier motif: Moi, je crois au respect des droits et des
libertés fondamentales. Je crois aussi, comme le député
d'Anjou l'a dit hier soir dans son intervention, que nous avons des
obligations. On a vécu un siècle, avec ce XXe siècle, de
droits et de libertés individuelles, et il fallait le faire. Ils sont
bien établis; n'oublions pas non plus que nous avons des
obligations.
Mais, par conséquent, ce que ça nous amène à
dire, Mme la Présidente, c'est qu'on change quoi de la loi qui existe
présentement? On change tout simplement une façon de faire pour
la rendre plus facile. Mais la situation demeure la même: un juge
municipal qui n'a plus de cour, bien, il n'est plus juge.
Et je fais la relation, en terminant, avec ce qu'a dit le
député d'Anjou lorsqu'il a dit: J'ai été en
pratique. Moi aussi, j'ai été en pratique. Et, quand on est en
pratique et qu'on a quelquefois un grand client, on prend beaucoup de temps
à s'occuper de ce client. On peut négliger d'autres clients parce
qu'on s'occupe de ce client qui nous apporte beaucoup à notre bureau,
et, tout à coup, on le perd, ce client-là. Ça arrive. Le
député d'Anjou dit ça, et on pourrait tous dire, les
avocats, ici je vois le député de Chapleau qui est ici; il
a été en pratique...
M. Kehoe: 30 ans.
M. Rémillard: ...30 ans, et je suis certain que ça
lui est arrivé, hein; ça nous arrive tous. À ce
moment-là, c'est un coup dur, et tu te dis: Bien, on va en avoir
d'autres. Tu relèves tes manches, et ça fait partie du
travail.
Bien, c'est la même chose pour un avocat qui accepte d'être
juge à une cour municipale. Et les élus municipaux, comme le
député de Hull le mentionnait tantôt, doivent agir en
fonction de l'intérêt public, sinon, ils vont perdre leurs
élections. C'est des démocraties, ça, les
municipalités. Alors, si les élus municipaux disent que, pour le
mieux-être de nos contribuables, il vaut mieux fusionner nos cours, et si
le gouvernement est d'accord, si le gouvernement est d'accord... Parce qu'il y
a toujours cette possibilité de demander des renseignements, à
l'article 110, qui dit: «Le ministre de la Justice peut exiger du conseil
de la municipalité tous les documents et renseignements qu'il juge
nécessaires pour s'assurer de l'opportunité du règlement.
Les fonctionnaires ou employés de la municipalité sont tenus de
les lui fournir.» Alors, le gouvernement est là aussi pour
s'assurer que tout se passe adéquatement en fonction de
l'accessibilité à la justice, en fonction de
l'indépendance des tribunaux, en fonction d'une qualité de
justice au niveau municipal.
Alors, M. le Président, moi, je ne peux que concourir
entièrement à ce qu'a dit le député de Hull, avec
son expérience comme greffier de la ville de Hull pendant plusieurs
années et avec son expérience, donc, du monde municipal. Moi, je
crois qu'il faut avoir confiance dans les élus au niveau municipal et il
faut avoir confiance aussi dans notre institution qu'est le gouvernement.
Et je terminerais je ne veux pas être trop long, mais je
veux terminer si on était dans l'ancien système où
la nomination des juges ne dépendait pas d'un concours, bon, on pourrait
se poser toutes sortes de questions. Mais ce n'est pas ça, là. Il
y a un concours. Il y a le juge qui représente la magistrature
municipale, il y a le bâtonnier ou son représentant, un
représentant du public, et c'est ces gens-là qui font passer le
concours et qui disent au gouvernement: Voici la personne qui est susceptible
de remplir ce poste. Écoutez, c'est quelque chose. Ça ne
s'improvise pas, là, ça. C'est important.
Alors, j'ai consulté, M. le Président, d'abord mes
spécialistes sur les droits et libertés fondamentales, j'ai
consulté les légistes, j'ai consulté tous les gens que je
dois consulter, et leur position est très claire, ils me disent: M. le
ministre, ce qu'on propose, c'est conforme à la Charte des droits et
libertés et ça ne soulève aucune question quant à
l'indépendance de la magistrature municipale.
La Présidente (Mme Loiselle): M. le député
d'Anjou, est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
M. Bélanger: Mme la Présidente, on
n'éternisera pas le débat là-dessus. Le débat
devait se faire, je pense qu'il s'est fait. Moi, j'en conclus que la question
de l'impartialité et de l'indépendance des juges a
été évaluée à sa juste valeur par le
ministère de la Justice et qu'on considère que les changements
qui sont apportés à la loi n'affecteront en rien cette
indépendance, cette impartialité. Alors, j'espère que
l'avenir donnera raison au ministre. J'en serais le premier à me
réjouir si c'est le cas, mais je pense que c'est important qu'à
ce stade-ci on se pose la réflexion, on fasse le débat. Il a
été fait, et je pense qu'on peut procéder.
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, l'article 9 est
adopté?
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): Article 10: Les articles 116
et 117 de cette loi sont abrogés.
M. Rémillard: Mme la Présidente, l'abrogation des
articles 116 et 117 est de concordance avec l'article 11 du projet de loi qui
introduit une nouvelle section regroupant les règles portant sur
l'abolition, tant volontaire que forcée, d'une cour municipale ou le
retrait du territoire d'une municipalité de la compétence d'une
telle cour.
M. Bélanger: Adopté.
Effets de l'abolition
La Présidente (Mme Loiselle): Adopté. Article 11.
Cette loi est modifiée par l'insertion, avant l'intitulé du
chapitre VIII, de ce qui suit: «Section IV. Effets de l'abolition.
«117.1 Le juge de la cour demeure compétent, malgré, le cas
échéant, l'article 39, pour entendre et disposer des causes
inscrites sur l'un des rôles d'audience de la cour avant la prise d'effet
de l'abolition de la cour municipale ou du retrait du territoire d'une
municipalité de la compétence d'une cour municipale; il
siège à cette fin, à l'endroit indiqué par le
décret.»
M. Rémillard: Mme la Présidente, la nouvelle
section IV, comprenant les articles 117.1 à 117.5, vise à
préserver les recours intentés devant la cour municipale avant
que celle-ci ne soit abolie ou qu'un territoire ne soit retiré de sa
compétence et à permettre la poursuite et l'exécution des
jugements rendus par la cour, tant en matière civile que pénale.
L'article 117.1 proposé préserve la compétence du juge
municipal sur les causes inscrites sur les rôles d'audience de la cour
municipale avant l'abolition ou le retrait. (15 h 30)
Le juge pourra donc continuer à les entendre et en disposer
même si la cour est abolie.
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 117.1,
adopté. L'article 117.2: «Dans le mois qui suit la date de prise
d'effet du décret d'abolition ou de retrait, le greffier de la cour est
tenu de transférer aux greffes des tribunaux compétents tous les
dossiers relatifs aux causes pendantes à l'égard du territoire
desservi par la cour ou, selon le cas, du territoire retiré de la
compétence de la cour et qui n'ont pas été inscrites sur
l'un des rôles d'audience de la cour avant la prise d'effet de
l'abolition ou du retrait. «Toutefois, lorsqu'une cour municipale est
établie à la suite de l'abolition d'une cour municipale ou du
retrait du territoire d'une municipalité de la compétence d'une
cour municipale, le greffier est tenu de transférer au greffe de la cour
municipale ainsi établie, dans le mois qui suit la date de prise d'effet
du décret d'établissement de cette cour, les dossiers relatifs
aux causes pendantes à l'égard du territoire desservi par la cour
abolie ou du territoire retiré de la compétence de la cour et qui
n'ont pas été inscrites sur l'un des rôles d'audience de la
cour avant la prise d'effet de l'abolition ou du retrait. «Le greffier en
donne avis aux parties.»
M. Rémillard: Mme la Présidente, l'article 117.2
proposé prévoit la disposition des causes non inscrites aux
rôles d'audience au moment de l'abolition de la cour ou du retrait du
territoire de la compétence de celle-ci. Il prévoit l'obligation
pour le greffier de transférer les dossiers qui s'y rapportent aux
tribunaux compétents afin que ces causes y soient entendues.
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 117.2,
adopté. L'article 117.3: «L'exécution des jugements rendus
conformément aux dispositions du Code de procédure pénale
par le juge de la cour municipale avant la prise d'effet de l'abolition de la
cour municipale ou du retrait du territoire d'une municipalité de la
compétence d'une cour municipale est faite ou, selon le cas, poursuivie:
«1° à compter de la date de prise d'effet du décret
d'abolition, par le percepteur désigné pour le district
judiciaire dans lequel est située la municipalité, lorsque la
cour municipale est abolie; «2° à compter de la date de prise
d'effet du décret de retrait, soit par le percepteur
désigné pour le district judiciaire dans lequel est située
la municipalité, soit par le percepteur désigné pour la
cour municipale compétente avant la date de prise d'effet du
décret de retrait, lorsque le territoire d'une municipalité est
retiré de la compétence de la cour; «3° à
compter de la date de prise d'effet du
décret d'établissement d'une cour municipale, par le
percepteur désigné pour la cour municipale compétente
après la date de prise d'effet du décret d'établissement,
lorsqu'une cour municipale est établie à la suite de l'abolition
de la cour ou du retrait du territoire de la compétence de la cour.
«Les pouvoirs conférés à un juge en vertu du
chapitre XIII de ce Code pour l'exécution de ces jugements sont,
à compter de la date de prise d'effet du décret, exercés,
suivant le cas, par un juge de la juridiction compétente.»
M. Rémillard: Mme la Présidente, l'article 117.3
proposé vise à assurer l'exécution des jugements rendus en
matière pénale avant l'abolition de la cour ou le retrait du
territoire de la compétence de celle-ci.
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 117.3,
adopté. L'article 117.4: «L'exécution forcée des
jugements rendus conformément aux dispositions du Code de
procédure civile par le juge de la cour municipale avant la prise
d'effet du décret d'abolition ou de retrait est faite ou, selon le cas,
poursuivie: «1° à compter de la date de prise d'effet du
décret d'abolition, devant le tribunal compétent dans le district
judiciaire dans lequel est située la municipalité, lorsque la
cour municipale est abolie; «2° à compter de la date de prise
d'effet du décret de retrait, soit devant le tribunal compétent
dans le district judiciaire dans lequel est située la
municipalité, soit devant la cour municipale compétente avant la
date de prise d'effet du décret de retrait, lorsque le territoire d'une
municipalité est retiré de la compétence de la cour;
«3° à compter de la date de prise d'effet du décret
d'établissement d'une cour municipale, devant la cour municipale
compétente à compter de la date de prise d'effet du décret
d'établissement, lorsqu'une cour municipale est établie à
la suite de l'abolition de la cour ou du retrait du territoire de la
compétence de la cour.»
M. Rémillard: Oui, Mme la Présidente, l'article
117.4 proposé prévoit l'application en matière civile de
dispositions analogues à celles de l'article 117.3 en ce qui concerne
l'exécution du jugement.
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 117.4,
adopté. L'article 117.5: «Pendant la période requise pour
l'application des dispositions de la présente section: «1° les
règlements sur les frais que peut prendre le gouvernement en vertu de
l'article 77 ou du Code de procédure pénale continuent, le cas
échéant, de s'appliquer, malgré l'abolition d'une cour
municipale ou le retrait du territoire d'une municipalité de la
compétence d'une cour municipale; «2° le greffier et, s'il y a
lieu, le greffier suppléant continuent d'exercer les fonctions qui leur
sont dévolues par la présente loi, malgré, le cas
échéant, l'abolition de la cour; «3° les
municipalités continuent de défrayer les dépenses de
maintien de la cour et de son greffe ainsi que la rémunération,
les conditions de travail et les avantages sociaux du juge et du personnel de
la cour nécessaire.»
M. Rémillard: Mme la Présidente, l'article 117.5
propose des mesures transitoires applicables lors d'une abolition ou d'un
retrait en prévoyant, premièrement, le maintien du personnel et
des activités du greffe; deuxièmement, l'obligation pour la
municipalité d'assumer les dépenses de fonctionnement incluant le
traitement du juge et, troisièmement, l'application des
règlements sur les frais de cour.
M. Bélanger: Mme la Présidente, je me posais la
question à propos des frais que peut prendre le gouvernement en vertu de
l'article 77 ou du Code de procédure pénale. C'est quoi, ces
frais-là? Ce sont des frais pour quoi, ça?
La Présidente (Mme Loiselle): Me Laplante.
M. Rémillard: C'est simplement le tarif judiciaire, mais
peut-être que Me Laplante peut répondre, Mme la Présidente,
avec votre permission.
La Présidente (Mme Loiselle): Avec plaisir.
Mme Laplante (Louise): écoutez, je ne suis pas une
spécialiste en matière de tarifs. tout ce que je peux vous dire,
c'est qu'il s'agit justement du tarif, tant en matière pénale ou
civile, dépendant... il y a un tarif qui a été pris en
matière pénale, en vertu du code de procédure
pénale, actuellement, qui représente à peu près 90
% de l'activité de la plupart des cours. et c'est le même tarif
qui s'applique à la cour du québec. c'est uniforme partout.
M. Bélanger: Mais c'est un tarif payé par qui,
ça? La question que je me demande... C'est parce qu'en matière
civile je sais qu'une partie qui intente une action doit payer un tarif, mais,
en matière pénale, c'est la couronne qui prend une action, la
reine contre quelqu'un; donc, le tarif intervient où, à ce
moment-là?
Mme Laplante (Louise): Oui, mais, quand vous recevez votre
constat d'infraction, au fur et à mesure, si vous contestez, si vous ne
contestez pas, si vous comparaissez, tout ça, c'est l'addition de tout
ça.
M. Bélanger: Ah, c'est ça? Ce sont ces frais de
cour là.
Mme Laplante (Louise): Oui, oui.
M. Bélanger: Ce n'est pas un timbre, comme tel,
judiciaire.
Mme Laplante (Louise): Non, non.
M. Bélanger: D'accord. On évalue à à
peu près combien de temps la durée d'une période de
transition? Qu'est-ce que ça pourrait être, normalement, pour...
Parce que, là, on voit que, pendant une certaine période de
transition, il y a des frais qui doivent être soumis, on doit maintenir
les activités de la cour qu'on vient d'abolir ou de fusionner. On
prévoit combien de temps, en moyenne? Combien ça peut prendre de
temps, une telle période transitoire?
Mme Laplante (Louise): Bon. Écoutez, on n'a pas
procédé de cette façon-là jusqu'à maintenant
parce' que, jusqu'à maintenant, vu que le constat d'infraction
n'était pas en vigueur, on pouvait faire une démonstration qu'il
n'y avait plus de causes pendantes. C'est-à-dire que le poursuivant,
plutôt que de déposer ses billets à la cour, attendait de
les déposer pour vider le rôle qui était là.
Maintenant, bien, c'est une procédure différente qui va
être un petit peu meilleure pour tout le monde, pour les justiciables
surtout, qui vont savoir rapidement ce qui arrive.
Dans le cas où on vidait les rôles, on pouvait compter
quelques mois dépendant de la grandeur de la cour; ça pouvait
être trois mois, quatre mois, cinq mois. On ne fait
généralement pas, dans une cour municipale, un rôle pour un
an à l'avance. Les billets arrivent, puis on prévoit des
séances, je ne le sais pas, moi, peut-être pour à peu
près quelques séances à l'avance. Il faut dire qu'on ne
siège pas tous les jours non plus, alors c'est le temps de vider les
causes qui sont sur le rôle. Alors, ça peut être quelques
mois encore.
Mais il faut bien voir que les dépenses qui doivent être
assumées, ce sont les dépenses nécessaires pour assurer
les opérations. Uniquement en vue de faire ça, ça demande
nécessairement un personnel restreint, et tout. C'est surtout les
dépenses du juge, le greffier audiencier, mais ça ne va pas
beaucoup au-delà de ça. Il faut dire que les unions municipales
sont au courant de cette disposition-là, puis elles n'y voient pas
d'inconvénient.
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 117.5 est
adopté. Alors, l'article 11 est adopté?
M. Bélanger: Adopté.
Dispositions transitoires et finales
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 12: L'article 206
de cette loi est abrogé.
M. Rémillard: Oui, Mme la Présidente. L'arti- cle
12 abroge une disposition transitoire de la Loi sur les cours municipales.
Cette disposition conférait au gouvernement le pouvoir de
reconnaître, avant le 1er juillet 1990, que d'autres cours municipales
que celles énumé-rées à l'annexe I étaient
réputées avoir été établies en vertu de la
Loi sur les cours municipales. Cette disposition étant devenue
désuète, il convient donc de l'abroger.
M. Bélanger: Adopté. (15 h 40)
La Présidente (Mme Loiselle): Adopté. L'article 13:
L'article 208 de cette loi est modifié par la suppression du
deuxième alinéa.
M. Rémillard: Oui, Mme la Présidente, l'article 13
propose de supprimer une disposition transitoire de la Loi sur les cours
municipales relative à la procédure de retrait du territoire
d'une municipalité de la compétence d'une cour municipale commune
établie avant l'entrée en vigueur de la loi. Cette disposition
transitoire visait à maintenir la procédure de retrait
prévue à l'ancienne Loi sur les cours municipales, laquelle peut
être substituée, par les règles actuelles applicables, aux
cours municipales établies depuis l'entrée en vigueur de la loi
en 1991.
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 13 est
adopté. L'article 14: Est réputée non écrite toute
condition d'une entente portant sur l'établissement d'une cour
municipale commune, conclue avant le (indiquer ici la date de l'entrée
en vigueur de la présente loi), et suivant laquelle une
municipalité doit démontrer, lorsqu'elle entend abolir la cour
municipale commune ou retirer son territoire de la compétence d'une cour
municipale commune, qu'il n'y a plus de causes pendantes à
l'égard de son territoire.
M. Rémillard: Mme la Présidente, la disposition
transitoire de l'article 14 est de concordance avec l'article 9 du projet de
loi qui supprime l'obligation de démontrer l'absence de causes pendantes
lors d'une abolition ou d'un retrait. Elle déclare non écrite
toute disposition d'une entente d'établissement d'une cour commune
conclue antérieurement et qui impose l'obligation de démontrer
lors d'une abolition ou d'un retrait qu'il n'y a plus de causes pendantes.
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 14, adopté.
L'article 15: Malgré l'article 13, les demandes de retrait du territoire
d'une municipalité de la compétence d'une cour municipale
visées au deuxième alinéa de l'article 208 de la Loi sur
les cours municipales et reçues par le ministre de la Justice avant le
(indiquer ici la date de l'entrée en vigueur de la présente
loi) demeurent assujetties aux règles en vigueur le 31 mars
1991.
M. Rémillard: Oui, Mme la Présidente. Cette
disposition transitoire prévoit que les demandes relatives au retrait du
territoire d'une municipalité de la compétence d'une cour
municipale reçues par le ministre avant l'entrée en vigueur du
projet de loi demeurent assujetties aux règles actuelles.
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 15, adopté.
L'article 16: La présente loi entre en vigueur le (indiquer ici la date
de la sanction de la présente loi).
M. Rémillard: Mme la Présidente, l'article 16
concerne l'entrée en vigueur de la loi et propose que la loi entre en
vigueur lors de sa sanction.
M. Bélanger: Mme la Présidente... La
Présidente (Mme Loiselle): Oui.
M. Bélanger: ...avant de clore l'étude article par
article de ce projet de loi, j'aimerais demander au ministre où on en
est rendu relativement à l'entente type relativement aux cours
municipales qui vont maintenant se voir octroyer des nouveaux pouvoirs. Combien
avons-nous de municipalités signataires?
M. Rémillard: Combien de protocoles de signés?
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: On est rendu...
Mme Laplante (Louise): On est rendu à 64.
M. Rémillard: ...à 64 municipalités.
M. Bélanger: À 64?
M. Rémillard: Oui, qui ont adhéré à
l'entente.
M. Bélanger: C'est l'Entente relative à la
poursuite de certaines infractions criminelles à la cour municipale.
C'est ça?
Mme Laplante (Louise): Oui.
M. Bélanger: Pour prendre le titre exact, j'ai un
modèle ici, de cette entente-là, c'est ça.
Soixante-quatre? Parfait.
Maintenant, est-ce qu'on a des statistiques au niveau de... Combien on a
de juges municipaux au Québec, et le pourcentage de femmes? C'est parce
que c'est un engagement du...
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger: ...ministre de la Justice de voir à ce
qu'il y ait plus de femmes un peu ou...
M. Rémillard: Je suis tellement content que vous me posiez
cette question-là, parce qu'on vient tout juste de nommer juge en chef
de la cour de Montréal...
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: ...la Cour municipale de
Montréal...
M. Bélanger: Je lui ai envoyé une lettre de
félicitations, d'ailleurs.
M. Rémillard: ...Mme Raymonde Verrault. Alors, Mme
Verrault est une éminente juriste, membre de la magistrature depuis
quelques années, et qui a été membre de la Cour municipale
de Montréal, ensuite membre de la Cour du Québec, et que le
gouvernement a nommée juge en chef de la Cour municipale de
Montréal, qui sera en fonction au mois de janvier. Et c'est une
nomination que nous avons faite, pas parce que Mme Verrault est femme, parce
qu'elle est compétente, très compétente, mais elle est
aussi femme, et c'est pour moi un très grand plaisir d'avoir, donc, une
première juge en chef en titre à ce niveau, qui est donc femme.
Et ça nous stimule aussi à bien des niveaux, et il y a toujours
des efforts à faire pour qu'on puisse avoir des juges à tous les
niveaux qui soient des juges femmes. Et combien de juges? Alors, on pourra
peut-être le faire, puis on peut envoyer la liste, on peut déposer
la liste.
M. Bélanger: Oui, s'il vous plaît.
M. Rémillard: Alors, il y a 95 juges municipaux qui sont
actuellement en poste. Alors, on peut déposer devant la
commission...
M. Bélanger: Oui, j'aimerais avoir... Document
déposé
La Présidente (Mme Loiselle): J'autorise le
dépôt de cette liste. Merci.
M. Bélanger: Je voudrais savoir... Une autre question:
Est-ce qu'il y a un délai pour signer cette entente relativement
à la poursuite de certaines infractions criminelles par les cours
municipales? Y a-t-il un délai?
M. Rémillard: II n'y a pas de... M. Bélanger:
II n'y a pas de délai? M. Rémillard: Non. C'est
quand...
M. Bélanger: On peut adhérer à...
M. Rémillard: ...les municipalités se sentent
prêtes...
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: ...à recevoir cette nouvelle
responsabilité.
M. Bélanger: Ah! bon, d'accord. Alors, Mme la
Présidente, l'article 16 est adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, l'article 16 est
adopté. Est-ce que l'intitulé des sections est adopté?
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): Adopté. Le titre du
projet de loi, Loi modifiant la Loi sur les cours municipales, est
adopté?
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Leiselle): M. le ministre, est-ce qu'il
y a une motion de renumérotation du projet de loi?
M. Rémillard: Je crois que non.
La Présidente (Mme Loiselle): Non? Ce n'est pas
nécessaire?
M. Rémillard: Non.
M. Bélanger: II n'y a rien eu de modifié, il n'y a
pas d'amendement.
M. Rémillard: Alors, Mme la Présidente, il me reste
à remercier les gens du ministère de la Justice qui
m'accompagnent.
M. Bélanger: Et l'article qu'on voulait
réécrire? La Présidente (Mme Loiselle): Oui,
l'article...
M. Rémillard: Oui. Ce que je propose, c'est que... Ils
sont à y travailler, et peut-être qu'on pourrait... Si on faisait
un amendement, on le ferait...
M. Bélanger: Ça va être difficile.
M. Rémillard: Ça va être difficile? On peut
toujours le faire à la prise en considération. C'est plus formel,
par exemple. Il faut voter, à ce moment-là, sur l'amendement.
Faut-il voter sur l'amendement?
M. Bélanger: Oui, il faut voter sur l'amendement, à
ce moment-là. Alors, on ne sait pas comment les choses peuvent
évoluer d'ici là. Ha, ha, ha! Vous savez comment c'est, des
fois.
M. Rémillard: Voulez-vous qu'on laisse... Est-ce que vous
auriez le temps de laisser...
M. Bélanger: Oui, on pourrait prendre...
M. Rémillard: ...cinq à 10 minutes, et on
reviendrait à 16 heures, parce qu'on me dit qu'il y aurait un texte
à nous soumettre.
M. Bélanger: Bon.
La Présidente (Mme Loiselle): Parfait.
M. Rémillard: À 16 heures, on pourra soumettre un
texte.
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, je vais suspendre les
travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 47)
(Reprise à 16 h 16)
La Présidente (Mme Loiselle): Nous reprenons nos travaux
en ce qui a trait à l'étude détaillée du projet de
loi 129, Loi modifiant la Loi sur les cours municipales.
Cour municipale commune (suite)
Nous retournons à l'article 4, l'amendement proposé par M.
le ministre à l'article 4 du projet de loi: Remplacer l'article 11.1
proposé par le suivant: «11.1 Une municipalité locale peut
conclure toute entente prévue par la présente loi avec une
municipalité régionale de comté dont le territoire est
limitrophe à celui de la municipalité régionale de
comté dans laquelle elle est située lorsqu'elle ne peut, compte
tenu des circonstances: «1° établir une cour municipale
locale; «2° conclure une entente d'établissement d'une cour
municipale commune avec une municipalité locale dont le territoire est
situé dans celui de la même municipalité régionale
de comté ou de la même communauté urbaine ou avec la
municipalité régionale de comté; «3 °
adhérer à une entente existante. «Une telle entente peut
également être conclue avec une municipalité locale
située dans le territoire d'une autre municipalité
régionale de comté ou dans une communauté urbaine
limitrophe. «La municipalité concernée peut
également adhérer à une entente existante. «Les
dispositions du présent article ne s'appliquent que si les autres
prescriptions prévues par la présente loi sont
respectées.»
M. Bélanger: Je pense, Mme la Présidente, que,
comme de fait, cet article est beaucoup plus aéré et beaucoup
plus, quant à sa rédaction, facile à comprendre que
l'article 11.1 précédent. Si nos juristes nous disent qu'il est
tout à fait identique quant à son contenu, à ce
moment-là, je suis prêt à l'adopter.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 4, tel
qu'amendé?
M. Rémillard: Mme la Présidente, tout simplement
pour souligner le travail de Me Jacques Mercier, notre légiste, qui nous
a produit cet amendement dans des conditions matérielles
exceptionnelles. Je voudrais l'en remercier.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci. Alors,
l'article 4, tel qu'amendé, est adopté?
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): Adopté. L'ensemble du
projet de loi 129 est adopté?
M. Bélanger: Mme la Présidente. La
Présidente (Mme Loiselle): Oui.
M. Bélanger: Juste avant d'adopter, je voulais juste faire
remarquer à la commission que, finalement, sur les 95 personnes, juges
municipaux, on a trois femmes. Et je suis fier de savoir que j'en ai une dans
mon comté, dans le comté d'Anjou. Mais, malheureusement, il y a
encore peu de femmes qui ont accédé à la justice
municipale. Évidemment, c'est vrai, on ne tient pas compte ici de la
quatrième qui serait la juge en chef de la Cour municipale de
Montréal, celle qu'on a mentionnée tout à l'heure. Donc,
ce serait quatre sur 96, le nombre de femmes qui sont juges à la cour
municipale.
M. Rémillard: Je crois que ça ne tient pas compte
des cours municipales de Laval, de Québec ou de Montréal.
M. Bélanger: C'est ça. Ah oui! d'accord.
M. Rémillard: Alors, là vous en avez
peut-être un peu plus, mais je ne pourrais pas...
M. Bélanger: Ah bon! D'accord. Ah! c'est vrai. M.
Rémillard: ...vous le confirmer. M. Bélanger: Parfait.
Alors, c'est tout.
La Présidente (Mme Loiselle): Le projet de loi 129, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Rémillard: Oui...
M. Bélanger: Adopté. (16 h 20)
M. Rémillard: ...mais si vous me permettez, simplement
pour remercier les membres de cette commission, Mme la Présidente, et
remercier Me Louise Laplante, Me Jacques Mercier, Me Maryse Visocchi), Me Paul
Monty et Mme Julienne Pelletier, de mon cabinet, qui nous ont assistés
dans la préparation et dans nos travaux parlementaires pour cette
loi.
La Présidente (Mme Loiselle): D'accord. Est-ce que
vous avez quelques mots, M. le député?
M. Bélanger: Oui, Mme la Présidente. Moi aussi, je
voudrais remercier les membres de la commission pour avoir collaboré aux
travaux de cette commission. Je voudrais aussi remercier Me France
Thériault, qui est recherchiste pour l'aile parlementaire de
l'Opposition officielle et qui a assisté l'Opposition tout au long de
ces travaux.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci beaucoup. Alors, je
suspends pour quelques minutes. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 21)
(Reprise à 16 h 40)
Projet de loi 131
La Présidente (Mme Loiselle): Nous allons reprendre les
travaux de notre commission. Avant de débuter, je vous rappelle le
mandat de la commission qui est d'étudier le projet de loi 131, Loi
modifiant le Code de procédure civile et diverses dispositions
législatives.
Avant de débuter, peut-être, M. le ministre, vous pouvez
présenter les gens qui vous accompagnent et si vous avez quelques
remarques préliminaires sur le projet de loi.
Remarques préliminaires
M. Rémillard: Oui, Mme la Présidente. Je vous
présente donc les personnes qui m'accompagnent: à ma gauche, Me
Yves Pleau, du bureau du sous-ministre; à ma droite, Me Aidé
Frenette, du Bureau des lois; Me Francine Lagrenade, qui est légiste au
ministère de la Justice; Me Pierre Tanguay et Me André Dion, de
la Direction des services judiciaires du ministère de la Justice. Ces
gens sont avec nous, Mme la Présidente, pour nous aider à
répondre à toutes les questions que les membres de cette
commission voudraient nous poser sur ce projet de loi qui amende le Code de
procédure civile.
Comme vous le savez, en ce qui regarde différents points, entre
autres, le premier point, c'est en ce qui regarde la signification en utilisant
un nouveau... Excusez-moi, on me dit que, le premier point, c'est les actions
abusives; ensuite, il y a la signification par
télécopieur; et il y a quelques dispositions en ce qui
regarde la perception des pensions alimentaires.
Mme la Présidente, nous sommes donc prêts à
débuter nos travaux.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci. Est-ce que, du
côté de l'Opposition officielle, vous avez quelques remarques
avant de débuter l'étude détaillée du projet de
loi?
M. Bélanger: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Loiselle): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger: ...je voudrais juste souligner la
présence, ici à notre table, de Me France Thériault, qui
est recherchiste pour Paide parlementaire de l'Opposition officielle et qui
assistera l'Opposition tout au long des travaux de la commission.
Alors, ce projet de loi, Mme la Présidente, évidemment,
touche des sections et des secteurs très différents du Code de
procédure civile. Je pense que les débats qui vont naître
de l'étude de ce projet de loi seront tout à fait
différents, justement, dépendamment du chapitre qu'on va
engager.
Quant à nous, je suis content d'avoir à mes
côtés la députée de Terrebonne et la
députée des Chutes-de-la-Chaudière, qui sont très
préoccupées par toute la problématique et la question de
la perception des pensions alimentaires. Il faut comprendre que, probablement
et même sans aucun doute, dans nos débats, on va aborder, dans son
ensemble, la problématique, un peu aussi, de la perception des pensions
alimentaires. Je pense que c'est souhaitable, quand on voit surtout
l'intérêt qui a été suscité à la fois
par ce projet de loi et aussi par certaines expériences ou certains
procédés relativement à la perception des pensions
alimentaires. Évidemment, je fais référence aussi
là-dedans au dépôt de la pétition qui a eu lieu le
16 novembre dernier, ici, à l'Assemblée nationale,
pétition de 14 000 noms, pétition qui a été
préparée par la Fédération des associations des
familles monoparentales du Québec et qui réclame un
système de perception automatique des pensions alimentaires avec retenue
à la source.
Alors, quant à nous, Mme la Présidente, nous sommes
prêts, nous aussi, à entreprendre l'étude article par
article de ce projet de loi.
La Présidente (Mme Loiselle): Parfait. Alors, nous
débutons tout de suite l'étude... M. le ministre, oui.
M. Rémillard: Simplement pour dire, Mme la
Présidente, que j'ai pris bonne note de ces requêtes qui ont
été présentées à l'Assemblée
nationale, ces pétitions, dis-je, qui ont été
présentées à l'Assemblée nationale. Nous avons une
règle qui nous demande de présenter ces pétitions que nous
pouvons avoir de nos électeurs. Je veux souligner qu'on en a même
eu une aujourd'hui qui demandait d'amender le Code civil pour inclure l'amour
dans les conditions de mariage. Alors, c'est des éléments qu'on
doit prendre en considération.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci, M. le ministre.
Débutons tout de suite l'étude détaillée du projet
de loi 131. J'appelle l'article 1. Oui.
Étude détaillée Code de
procédure civile
M. Rémillard: Mme la Présidente, pour les trois
premiers articles, nous sommes à discuter d'un possible amendement, avec
différents intervenants. Les légistes sont en train d'en discuter
et probablement que j'aurai à parler à l'Opposition aussi, aux
membres de cette commission, d'un amendement possible en fonction de ces trois
premiers articles. Alors, avec votre permission et la permission de la
commission, j'aimerais suspendre les trois premiers articles...
La Présidente (Mme Loiselle): D'accord.
M. Rémillard: ...et qu'on puisse commencer, à
l'article 4, notre étude.
Signification d'une procédure par
télécopieur
Mme la Présidente, dans ces articles 4, 5, 6 et 7, il s'agit de
télécopieur, de l'utilisation du télécopieur pour
signifier une procédure. Nous avons une discussion, à l'article
3, sur le mot «présumées». Alors, comme le
député d'Anjou le sait, nous sommes à discuter avec le
Barreau et d'autres, intervenants. Je reviendrai donc un peu plus tard. Mais,
si nous pouvions commencer à l'article 4, je pense que ça
pourrait nous aider à continuer nos travaux, quitte à revenir un
peu plus tard sur les trois premiers articles.
La Présidente (Mme Loiselle): D'accord. Alors,
débutons avec l'article 4. Je lis l'article: L'article 124 de ce Code
est modifié par l'insertion, dans la deuxième ligne et
après le mot «avocat», de ce qui suit: «ou, le cas
échéant, par l'une des personnes mentionnées à
l'article 82.1».
M. Rémillard: Mme la Présidente, cet article en est
un de concordance avec l'introduction de l'article 82.1 du Code de
procédure civile par l'article 3 du projet. Lorsque l'original est
transmis par télécopieur à un intermédiaire, seul
ce dernier peut certifier conforme la copie laissée au destinataire.
Alors, la modification qu'on pourrait apporter à l'article 3 ne touche
pas l'article 4, d'aucune façon. Ça demeurerait pareil. C'est
pour ça qu'on peut quand même étudier l'article 4,
même si on a suspendu l'article 3.
La Présidente (Mme Loiselle): D'accord. M. le
député d'Anjou.
M. Bélanger: Oui, Mme la Présidente, juste une
question de compréhension. On parle, dans l'article 4, de
«personnes mentionnées à l'article 82.1». L'article
82.1, c'est un nouvel article qu'on introduit dans le Code de procédure
civile. On dit: «La personne choisie comme correspondant prépare
des copies du fac-similé de ce document et une attestation...»
J'aimerais comprendre un petit peu là, quand même. Juste au point
de vue compréhension, c'est comment... Quel est le principe qu'on veut
instaurer avec cette signification-là par fax? La notion de
correspondant, c'est quoi, ça, «la personne choisie comme
correspondant»? C'est-à-dire destinataire? C'est le destinataire,
ça?
M. Rémillard: Je vais demander, avec votre permission, Mme
la Présidente, à Me Aidé Frenette de répondre
à cette question.
M. Frenette (Aidé): C'est-à-dire qu'il y a une
différence entre l'article 3 du projet et ce qui vient par la suite,
à partir de l'article 5. À partir de l'article 5, c'est vraiment
la signification directe entre procureurs, tandis qu'ici ce n'est pas vraiment
de la signification par télécopieur, c'est de la transmission de
documents à distance, et l'intermédiaire reçoit et,
là, sort des copies qu'il va certifier et, là, ce sont des
notaires comme vous le verrez un peu plus tard notaires, avocats
ou huissiers. Et, par la suite, à partir de ces copies certifiées
là, il y aura signification, selon le cas, ou dépôt au
tribunal si c'étaient des documents pour dépôt seulement.
Alors, ce n'est pas vraiment la... C'est parce qu'il y a deux types de
modifications sur l'utilisation du télécopieur. Et, ça,
ça peut servir pour des affidavits à distance, des transmissions
de quoi que ce soit, des rapports.
M. Bélanger: D'accord. Alors, l'article 4 est
adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 4 est
adopté.
L'article 5. Ce Code est modifié par l'insertion, après
l'article 140, du suivant: «140.1 La signification d'un acte de
procédure, d'une pièce ou d'un autre document, au procureur d'une
partie peut s'effectuer, sans autorisation du juge ou du greffier, en lui
transmettant par télécopieur un fac-similé de cet acte,
pièce ou document.» (16 h 50)
M. Rémillard: Mme la Présidente, cette
modification, également de droit nouveau, permet la signification par
télécopieur directement au procureur d'une partie. Elle vise
à faciliter, notamment dans les régions éloignées,
la transmission légale de documents ou de procédures. Là,
Mme la Présidente, on est vraiment dans la signification, pour faire
référence aux explica- tions que Me Frenette nous donnait il y a
quelques instants.
M. Bélanger: Mme la Présidente, je voudrais
comprendre, quand on dit: La signification peut se faire par photocopieur. Je
me posais la question, justement, quand je pratiquais, à savoir la
preuve... Parce que, des fois, on peut envoyer des documents. Je peux envoyer
à un de mes collègues, par photocopieur, des documents, mais,
bon, ça ne passe pas de l'autre côté. Ça va passer
quand même sur mon photocopieur comme quoi l'envoi est passé,
mais, de l'autre côté, ça peut apparaître, des fois,
tout embrouillé. J'ai déjà vu, malheureusement, ça.
Alors, à ce moment-là, qu'arrive-t-il? Je veux dire, est-ce qu'il
y a une présomption que ça a été reçu?
Qu'est-ce qui va constituer une preuve à l'effet que l'envoi a
été envoyé? Est-ce que ça va être par la
suite qu'on va avoir ça ou...
M. Rémillard: Me Frenette pourrait répondre
à la question, avec votre permission.
La Présidente (Mme Loiselle): Oui, avec plaisir.
M. Frenette (Aidé): C'est prévu dans les articles
qui suivent...
M. Bélanger: Ah bon!
M. Frenette (Aidé): ...l'article 7, là où on
dit que la preuve de la signification par télécopieur peut
être établie. Ce n'est peut-être pas évident, parce
qu'il y avait deux types de... Autrement dit, la transmission par
télécopieur était prévue à l'article 3, avec
une concordance à l'article 4, mais, à partir de là, c'est
vraiment la signification de procureur avec bordereau pour prouver le...
M. Bélanger: Parfait. Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 5,
adopté.
L'article 6. L'article 142 de ce Code est modifié par l'addition,
à la fin, de l'alinéa suivant: «La signification par
télécopieur au procureur d'une partie, effectuée
après seize heures trente ou le samedi, est réputée faite
le jour juridique suivant.»
M. Rémillard: Mme la Présidente, cet article adapte
et complète la règle actuelle du temps légal de
signification à un procureur pour tenir compte de la signification par
télécopieur introduite à l'article 140.1 du Code de
procédure civile par l'article 5 du projet. Il peut arriver qu'une
transmission puisse, de fait, être effectuée après l'heure
de fermeture du bureau du procureur si le télécopieur de ce
dernier demeure en opération. Cet article vise à éviter
que le procureur qui reçoit la signification ne soit
pénalisé en raison d'une transmission faite à une heure
tardive ou le samedi, tout en
reconnaissant la valeur de la signification, mais en reportant son effet
au jour juridique suivant.
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 6,
adopté.
L'article 7. Ce Code est modifié par l'insertion, après
l'article 146, des suivants: «146.01 La preuve d'une signification par
télécopieur peut être établie au moyen du bordereau
de transmission ou, à défaut, d'un affidavit de la personne qui
l'a effectuée.»
M. Rémillard: Mme la Présidente, les articles
146.01 et 146.02, introduits au Code de procédure civile par le
présent article, sont de droit nouveau et complètent le principe
de la signification par télécopieur entre procureurs
prévue à l'article 140.1. Le bordereau de transmission
équivaut au procès-verbal de signification quant à la
preuve de celle-ci. Les mentions exigées permettront d'identifier
l'expéditeur et le récepteur, de même que la nature du
document signifié, et aussi de prouver les autres éléments
utiles de la transmission.
M. Bélanger: Mme la Présidente, j'ai une question
que j'avais oublié de demander relativement à l'article 6. On n'a
pas mentionné une transmission par télécopieur, une
signification par télécopieur qui aurait été faite
le dimanche. Est-ce que c'est parce que le dimanche est déjà
assimilé... est déjà un jour non juridique, en vertu du
Code de procédure civile? Parce que le samedi aussi, il me semble, est
aussi assimilé à un jour non juridique?
M. Rémillard: Me Pleau, avec votre permission, Mme la
Présidente, pourrait répondre à la question.
La Présidente (Mme Loiselle): Me Pleau.
M. Pleau (Yves): Oui. En vertu du Code de procédure civile
et de la Loi d'interprétation, le dimanche est un jour non
juridique.
M. Bélanger: Le samedi aussi?
M. Pleau (Yves): Le samedi est un jour juridique comme tel.
M. Bélanger: C'est un jour juridique? M. Pleau (Yves):
Oui.
M. Bélanger: D'accord. Je vous remercie. Alors,
relativement à cet article 7, on est rendu à 146.01, c'est
ça?
La Présidente (Mme Loiselle): Peut-être que je peux
lire, M. le député, l'article 146.02 en même temps, parce
que le ministre a donné l'explication des deux. M. Bélanger:
Oui, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Loiselle): O.K. «146.02 Un acte
de procédure, une pièce ou un autre document, signifié par
télécopieur est accompagné d'un bordereau de transmission
indiquant: «a) le nom, l'adresse et le numéro de
téléphone de l'expéditeur; «b) le nom de l'avocat
à qui la signification est effectuée et le numéro du
télécopieur récepteur; «c) la date et l'heure de la
transmission; «d) le nombre total de pages transmises, y compris le
bordereau de transmission; «e) le numéro du
télécopieur utilisé pour l'envoi du document; «f) la
nature du document.»
Ceci termine l'article 6.
M. Bélanger: Mme la Présidente, la question que je
me posais, c'est au niveau de la preuve. On sait que encore là,
je ne suis pas un expert dans le domaine; je voudrais qu'on me corrige si je me
trompe mais, de par mon expérience, les photocopieurs n'ont pas
tous le même bordereau, la même preuve d'envoi relativement
à la confirmation que ça a été envoyé. Dans
certains cas, ça indique le numéro de téléphone
où ça a été envoyé; dans certains cas,
ça n'indique pas le numéro de téléphone où
ça a été envoyé, dépendamment,
premièrement, du modèle que vous avez, du prix que vous avez
payé, de la façon aussi que, des fois, la communication est
passée. Alors, quand on dit ici: La preuve d'une signification peut
être faite au moyen d'un bordereau de transmission, est-ce qu'on fait
référence au petit document, le petit reçu qui est
donné par la machine?
M. Rémillard: Me Frenette va répondre à la
question. Allez-y donc.
M. Frenette (Aidé): Oui, c'est le bordereau, là, en
autant que toutes ces mentions-là apparaissent.
Généralement, les mentions qui sont là sont celles qui ont
été retenues dans les autres provinces où c'est possible
de signifier entre procureurs et aussi à la Cour fédérale,
où c'est déjà possible. C'est généralement
les renseignements nécessaires pour identifier l'expéditeur, le
récepteur, la nature du document et, donc, les bordereaux, normalement,
c'est des bordereaux utilisés normalement. Mais, je veux dire...
M. Bélanger: C'est le reçu de la machine.
M. Frenette (Aidé): ...si jamais un procureur avait un
appareil où il manque une mention, il faudrait la rajouter, c'est clair.
Autrement, il faudrait procéder par affidavit. Évidemment, ce qui
est le plus souhaitable, c'est de procéder par bordereau qui va servir
ni plus
ni moins de procès-verbal de la signification, comme le
procès-verbal de huissier quand c'est par huissier.
M. Bélanger: Mais c'est ça que je voudrais
comprendre, le bordereau. Est-ce que la page couverture qu'on envoie peut
être considérée comme un bordereau? Je ne le sais pas
exactement. Le bordereau...
M. Frenette (Aidé): Oui.
M. Bélanger: ...c'est vraiment le petit reçu
donné par la machine. Parce que, sur le reçu donné par la
machine, il n'y a pas ces indications-là qui apparaissent.
M. Rémillard: C'est exactement, c'est ce que... Comme vous
venez de le dire, sur le petit bordereau, ce qu'on appelle le bordereau qui est
émis par la machine à la suite de l'envoi, il n'y a pas le nom,
l'adresse...
M. Bélanger: Non.
M. Rémillard: ...le numéro de
téléphone de l'expéditeur... Je ne crois pas.
M. Bélanger: Non.
M. Rémillard: Alors, donc, il va falloir qu'il y ait un
bordereau qui soit fait à part, un bordereau spécifique de
rédigé.
M. Bélanger: Donc, c'est vous-même qui allez vous
constituer votre propre preuve d'envoi, finalement. C'est le procureur qui,
lui-même, va se constituer sa propre...
M. Rémillard: Qui va rédiger...
M. Frenette (Aidé): C'est ça. Il le fait, je veux
dire, sous son serment, si vous voulez, comme un huissier fait un
procès-verbal. Il ne faut pas oublier, effectivement, qu'un
télécopieur n'est pas aussi sûr, peut-être, qu'une
signification par huissier. Sauf que c'est un mode additionnel facultatif de la
signification.
M. Bélanger: Et plus contestable aussi.
M. Frenette (Aidé): Bien, écoutez, c'est possible
qu'à un moment donné il y ait des ajustements. C'est très
clair que ce n'est pas présenté comme le seul moyen de
signification à l'avenir, mais, étant donné les avantages
que ça peut avoir par ailleurs, je pense qu'à ce moment-là
les inconvénients sont acceptables.
M. Bélanger: La question que je me posais, justement:
Quelle va être la valeur probante d'une signification faite par
télécopieur? Bon. On peut imaginer qu'à un moment
donné un avocat peut être mal pris puis, pour vouloir un peu
sauver un délai ou quelque chose comme ça, va, sans forger un
document... Bon. Il peut même y avoir une erreur, aussi, quant à
l'heure qui va être marquée sur l'envoi, sur son propre bordereau.
Alors, à ce moment-là, moi, je me demandais: Est-ce que ça
peut se contester? S'il dit: Non, je ne l'ai pas reçu à 4 h 30,
je l'ai reçu à 4 h 45, alors, à ce moment-là,
ça va faire un changement quant au délai.
(Consultation)
M. Rémillard: On m'informe, évidemment, que ce
processus-là existe déjà en Ontario, à la Cour
fédérale, à différentes cours au Canada. Selon la
pratique, ce qui se fait, c'est qu'habituellement les avocats sont d'accord
pour procéder de cette façon-là. Alors, il va
téléphoner: O.K., tu m'envoies ton fax. Très bien. Le fax
revient. Mais il y a le procès-verbal qui est fait, qui est
rédigé. Mais il y a toujours une marge qui est là et,
entre autres, en ce qui regarde les articles 1, 2, 3, tout à l'heure on
va avoir à discuter d'un petit amendement qui peut avoir sa
signification en fonction de ça, en ce qui regarde le droit de consulter
la pièce authentique. (17 heures)
M. Bélanger: C'est parce que, entre procureurs, je me
demande jusqu'à quel point ça va être très utile,
dans le sens que, déjà... En tout cas, je sais, pour l'avoir fait
assez couramment, que, bon, justement, on appelle le confrère et on dit:
Ecoute, demain, tu vas m'admettre que tu l'as reçue valablement, la
copie, je vais te l'apporter à la cour. Ou encore, on se l'envoyait
déjà par photocopieur, comme ça, et on arrivait devant le
juge et on disait: Écoutez, Votre Seigneurie, oui, j'ai bien reçu
copie, à temps, de la procédure. Donc, je me demande exactement
ce que ça va apporter de plus, cet article-là. Est-ce que
ça va vraiment... En tout cas, moi, ce que je vois, c'est que ça
va être contestable. Si, à un moment donné, quelqu'un dit:
Moi, je ne l'ai pas reçue à temps, ça va être
contestable.
M. Rémillard: Je pense que Me Pleau aurait des
commentaires, avec votre permission, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Me Pleau.
M. Pleau (Yves) La demande nous a été formulée,
notamment, par des barreaux de la Côte-Nord et d'autres barreaux en
régions éloignées. Ils étaient bien conscients
qu'ils pouvaient le faire sur la base de la bonne foi et de l'admission. Par
ailleurs, le problème qu'ils nous soulevaient, ils disaient:
Écoutez, on le fait, il n'y a aucune règle légale qui
existe, de sorte qu'on se sent quand même insécures lorsqu'on fait
ça. Pour eux autres, bien souvent le palais de justice est assez
éloigné, surtout lorsqu'ils font affaire d'un district à
l'autre. C'est à ce moment-là qu'on a proposé cette
disposition, que le Barreau du Québec acceptait puisque, dans le fond,
ça vient confirmer une pratique qui se fait et ça donne quand
même des normes légales pour fonctionner.
C'est certain, comme Me Frenette le disait tout à l'heure, que ce
n'est pas un document authentique qui sort en bout de ligne.
M. Bélanger: C'est ça. Est-ce qu'il va y avoir un
article qui va établir la force probante de la signification? Je sais
qu'une signification faite par huissier, là, il faut, comme on dit, se
lever de bonne heure pour pouvoir contester la validité de ça. Il
faut même assigner le huissier en cour pour l'interroger pour
savoir: Est-ce que vous avez bien remis le document à Me Untel?
si ou veut contester la validité. Alors, je me demandais, moi... Ou
est-ce que ça va constituer une présomption de signification
ou...
M. Rémillard; II fournirait peut-être une
explication qui est pertinente, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Me Frenette.
M. Frenette (Aidé): C'est parce que dans le cas d'une
signification, évidemment, l'original qui sert pour la signification
quand le procureur va produire son original à la cour, ça va
être l'original qu'il va produire. À ce moment-là, l'autre
partie qui aura reçu un fax va être en mesure de voir qu'il y a
une différence, qu'il s'est trompé ou qu'il y a eu une erreur
dans l'envoi par fax, par télécopieur, parce que c'est l'original
qui va être produit.
Une voix: Oui.
M. Frenette (Aidé): Le problème qu'on a
peut-être, de preuve sur le «présumées»
à l'article 3, c'est qu'à ce moment-là l'original, lui, il
reste là. Je veux dire, on ne le revoit pas, c'est la copie qui sort du
télécopieur et les copies qu'on tire de ce papier-là qui
est certifié par un intermédiaire. Et là, à ce
moment-là, l'original, on ne l'a pas. C'est la copie qui va être
signifiée et qui va être déposée comme original
à la cour.
M. Bélanger: Moi, je me posais cette question-là
parce que c'est un cas qui arrive souvent, malheureusement, devant les cours de
pratique, en particulier, où des requêtes doivent être
présentées de toute urgence. J'ai vu plus d'une fois, et je suis
certain que mon collègue de Chapleau a déjà vu ça
aussi, des avocats venir, comme on dit, s'obstiner devant le juge parce qu'ils
disent: Écoutez, j'ai reçu cette procédure à la
dernière minute, je n'ai pas eu le temps, je n'ai pas été
avisé. J'ai déjà vu ça souvent, moi, en tout cas
à Montréal, où c'est des cours...
M. Kehoe: Pas à Gatineau.
M. Bélanger: ...à volume, où, des fois, on a
de 60 à 75 requêtes dans une même salle de cour la
2.13 et la 2.12, je m'en souviens encore 75 requêtes, et certaines
requêtes qui arrivent quelques minutes avant la fermeture du greffe.
Alors, à ce moment-là, c'est, comme on dit, l'argumentation
à savoir: Je l'ai reçue à temps? Je ne l'ai pas eue
à temps, je n'ai pas pu me préparer. C'est pour ça que je
voulais savoir exactement ce serait quoi la valeur. Est-ce qu'on peut
contester, est-ce que... En tout cas, ça m'éclaire un peu
là.
(Consultation)
M. Bélanger: Au niveau de la production, normalement,
quand on... Là, je vois un problème très technique.
Normalement, pour inscrire au rôle une requête, pour prendre un cas
très précis, pour inscrire une requête en 2.12 ou en 2.13,
vous devez produire l'original signifié. Si cette signification se fait
par photocopieur, on va avoir un problème. Est-ce que je dois comprendre
que cette signification par télécopieur ne pourrait pas alors se
faire pour des significations de requêtes...
M. Rémillard: L'original va être produit; la preuve
va être là pour la signification. Je ne vois pas tellement de
difficultés.
M. Bélanger: C'est parce qu'il faut produire un jour
juridique franc à la cour l'original signifié ou la preuve de la
signification afin que votre requête soit inscrite.
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger: Alors, à ce moment-là, comment
est-ce que ça va... Ça va se faire avec le bordereau et tout
ça?
M. Rémillard: Le bordereau qui est là, qui va
être enregistré.
M. Bélanger: O.K. Bon, d'accord.
La Présidente (Mme Loiselle): Ça va pour l'article
7?
M. Bélanger: Oui.
La Présidente (Mme Loiselle): Adopté.
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 7,
adopté.
L'article 8. Ce Code est modifié par l'insertion...
M. Rémillard: Excusez-moi, Mme la Présidente. La
Présidente (Mme Loiselle): Oui.
M. Rémillard: II y un 7.1; peut-être qu'on ne vous a
pas informée.
La Présidente (Mme Loiselle): On ne m'a pas
informée, M. le ministre.
M. Rémillard: C'est vraiment du
lèse-majesté. On va corriger ça immédiatement,
c'est une petite erreur.
La Présidente (Mme Loiselle): M. le ministre, je constate
que vous avez un amendement qui introduit un nouvel article.
M. Rémillard: Oui.
La Présidente (Mme Loiselle): À l'article 7,
l'article 7.1 qui se lit comme suit: L'article 466 de ce Code, modifié
par l'article 5 du chapitre 30 des lois de 1993, est de nouveau modifié
par le remplacement, dans la huitième ligne du deuxième
alinéa, des mots «, frivole ou abusif» par ce qui suit:
«ou frivole et abusif ou dilatoire».
M. Rémillard: Alors, Mme la Présidente, cette
modification a pour objectif d'harmoniser la terminologie utilisée
à l'article 466 avec celle de l'article 75.2 proposé par
l'article 2 du projet de loi.
M. Bélanger: Est-ce qu'on peut vraiment adopter cet
article-là avant d'avoir adopté l'autre? Oui?
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger: Ça ne porte pas...
M. Rémillard: Ce n'est pas ça du tout qui est en
cause. Me Frenette peut vous donner les explications, si vous voulez.
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: Me Frenette. Avec votre permission, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Loiselle): Oui.
M. Rémillard: ...est-ce que Me Frenette peut donner des
explications?
La Présidente (Mme Loiselle): Oui, avec plaisir, Me
Frenette.
M. Frenette (Aidé): C'était seulement pour dire
que, ce qui était en cause dans l'article 2, ce n'était pas du
tout la question d'adaptation terminologique ou d'harmonisation, c'est que,
quand cet article-là a été adopté, j'ai
l'impression qu'il n'y a peut-être pas eu... Étant donné
que je n'étais pas dans le dossier, j'en parle à l'aise. Disons
qu'il y a deux termes qui sont utilisés dans les articles sur la Cour
d'appel, 524, 501. Les termes qui sont utilisés à 75.1 et ceux
qu'on se proposait d'utiliser ou qu'on vous a proposé de proposer
d'utiliser à 75.2, c'était «manifestement mal fondé
et frivole», alors que, la Cour d'appel, c'est «dilatoire et
abusif».
Alors, dans ce projet-là, du printemps dernier,
évidemment, cette question-là n'était pas en jeu du tout.
Je veux dire, c'est un aspect très secondaire et on a utilisé
trois termes au lieu des quatre; donc, le «dilatoire»
n'était plus là. Ce qu'on devrait viser dans les dispositions,
dans le sens de 466, c'est qu'il y a condamnation aux dépens, sauf dans
les cas où c'est «manifestement mal fondé, frivole ou
abusif», et le «dilatoire» n'est pas là. C'est pour
ça qu'avec l'amendement... c'est pour avoir une harmonisation de termes
entre les quatre ou cinq dispositions, tant en première instance qu'en
appel et qu'en cette matière-là.
M. Bélanger: D'accord. Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, l'article 7, tel
qu'amendé, est adopté.
M. Bélanger: Adopté. C'est 7.1.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 7.1 est
adopté? (17 h 10)
M. Bélanger: Adopté.
Saisie-arrêt
La Présidente (Mme Loiselle): Adopté. L'article 8.
À l'article 8, je constate qu'il y a un amendement. L'article 8 est
remplacé par le suivant:
L'article 634 de ce Code est modifié: 1° par l'insertion,
dans la première ligne du premier alinéa et après le mot
«déclarer», des mots «ou de déposer en vertu de
l'article 641»; 2° par le remplacement, dans la deuxième ligne
du troisième alinéa et après le mot
«déclarer», des mots «, en payant» par les mots
«ou de déposer, en payant les sommes qu'il aurait dû retenir
et déposer depuis la signification du bref de saisie et».
M. Rémillard: Mme la Présidente, d'une part, cet
amendement vise à relocaliser, après l'article 12, la
modification proposée à l'article 8 du projet et, d'autre part,
il vise à introduire deux modifications à l'article 634 du Code
de procédure civile afin de prévoir que, dans le cas visé
à l'article 641, soit la saisie de salaire, le tiers saisi ne pourra
être relevé de son défaut de déclarer ou de
déposer que s'il paie les sommes qu'il aurait dû retenir et
déposer conformément au bref de saisie qui lui a
été signifié.
(Consultation)
M. Bélanger: Je veux essayer de comprendre. Je ne sais pas
si c'est à cause de l'heure...
M. Rémillard: Non, c'est vraiment...
M. Bélanger: ...mais il y avait un 625.2, maintenant c'est
640.
M. Rémillard: Me Tanguay pourrait nous donner des
explications. Ce n'est pas facile, là; c'est assez complexe.
La Présidente (Mme Loiselle): Me Tanguay, quelques
explications, s'il vous plaît.
M. Tanguay (Pierre): II y a, d'une part, une relocalisation de la
disposition qui était prévue, introduite par l'article 8,
c'est-à-dire 625.2, qu'on a relocalisée ailleurs et qu'on reverra
à l'article 12.1.
M. Bélanger: On va le retrouver plus tard 625.2?
M. Tanguay (Pierre): Exact. M. Bélanger:
D'accord.
M. Tanguay (Pierre): Alors, l'article 8, finalement, vient
corriger une situation où, lorsqu'il y avait des saisies de traitement,
salaire ou gages, des saisies de salaire, le tiers saisi ne déclarait
pas ou ne déposait pas les sommes qu'il devait faire. Et on sait qu'il
pouvait, sur inscription, être condamné à payer les sommes
qu'il aurait dues normalement.
M. Bélanger: Le tiers saisi?
M. Tanguay (Pierre): Oui, le tiers saisi.
M. Bélanger: D'accord.
M. Tanguay (Pierre): Sauf qu'on sait aussi qu'il était
très facile d'obtenir du juge d'être relevé du
défaut...
M. Bélanger: Oui.
M. Tanguay (Pierre): ...en payant certains frais seulement.
Alors, la modification vise à faire en sorte qu'il pourra effectivement
être relevé du défaut, mais en payant ce qu'il aurait
dû normalement verser s'il avait déclaré et
déposé, pour éviter les tractations qu'il pourrait y
avoir, parfois, entre un employeur et un débiteur employé.
M. Bélanger: Est-ce que ça va être
indiqué d'une façon claire sur les brefs de saisie-arrêt,
maintenant, cette nouvelle responsabilité qui va être
imputée à l'employeur? Parce que c'est un changement assez
radical.
M. Tanguay (Pierre): On va sûrement modifier le verso des
brefs. Normalement, on a des indications sur les brefs d'exécution.
M. Bélanger: Parce que ça va changer la
responsabilité des employeurs. Il va falloir qu'ils soient plus
vigilants quant aux conséquences que ça peut avoir.
M. Rémillard: On en met beaucoup sur le dos des
employeurs.
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: Ça fait beaucoup de choses.
Tantôt, on va parler des possibilités de perception automatique
des pensions, on va reparler des employeurs.
M. Bélanger: C'est justement, on leur en...
M. Rémillard: J'annonce ça parce que... C'est un
petit commercial que je passe pour ceux qui nous écoutent et qui
trouvent qu'on est bien techniques. Je veux leur dire qu'on va
éventuellement parler aussi d'un sujet de grande actualité: les
pensions alimentaires. Mais, en attendant, on va parler de vos mesures de
signification.
M. Bélanger: C'est facile de comprendre qu'une grosse
compagnie, disons une compagnie d'une certaine importance, va apporter une
grande attention à des brefs de saisie qu'elle reçoit mais, pour
en avoir fait, moi aussi, certaines saisies, des fois, dans des petites
compagnies où il y a un ou deux employés, quand ils
reçoivent ces trucs-là, ces documents-là...
M. Tanguay (Pierre): Ils appellent au greffe.
M. Bélanger: C'est ça. Il faudrait également
que ce soit inscrit... Je ne sais pas de quelle façon on va pouvoir s'y
prendre pour qu'ils comprennent bien maintenant la nouvelle
responsabilité qui va leur être attribuée.
(Consultation)
M. Bélanger: Ça serait tellement plus simple avec
un prélèvement à la source.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Ha, ha, ha! Bon. Alors, est-ce que...
M. Bélanger: Donc, je dois comprendre qu'on va
étudier, évidemment... C'est certain qu'il va y avoir de
l'information sur le bref? Oui? Alors, adopté. Adopté, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): L'amendement est donc
adopté. Est-ce que l'article 8, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Bélanger: Oui.
La Présidente (Mme Loiselle): Oui. Parfait.
Par mesure de précaution, je veux seulement
répéter... Tantôt, il y a peut-être eu une petite
erreur en ce qui concerne l'article 7: l'article 146.01 a été
adopté, ainsi que l'article 146.02.
M. Bélanger: Oui.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci. C'est seulement pour
la transcription. Merci.
Article 9. Il y a un amendement pour supprimer l'article 9. M. le
ministre.
M. Rémillard: Oui, Mme la Présidente. Cet
amendement est de concordance avec celui apporté à l'article
8.
M. Bélanger: Donc, si je comprends bien, ce titre va
revenir aussi plus tard?
M. Rémillard: Oui. M. Bélanger: Parfait.
La Présidente (Mme Loiselle): Ça va. Amendement
adopté.
M. Rémillard: Oui. Ça va.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 9, tel
qu'amendé, est adopté.
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): Article 10. Il y a un
amendement également à l'article 10. Remplacer l'article 10 par
le suivant:
L'article 641 de ce Code est modifié par l'insertion, dans la
quatrième ligne du deuxième alinéa et après le mot
«nouveau», des mots «à chaque période de paie
ou, si elle est à intervalle de plus d'un mois, à».
M. Rémillard: Cet amendement, Mme la Présidente,
est de concordance avec ceux apportés aux articles 8 et 9. Il a trait
à la périodicité des dépôts par le tiers
saisi.
M. Bélanger: Cet article, Mme la Présidente, cette
modification à l'article 641, est-ce que ça a pour effet
d'augmenter la périodicité des paiements? C'est ça?
M. Rémillard: Oui, oui.
M. Bélanger: Ah, c'est ça. D'accord. J'aimerais
peut-être comprendre le pourquoi. Encore là, je ne sais pas si
c'est moi qui ai les idées plus embrouillées, là, mais
l'ancien article 10 et le nouvel article 10, c'est quoi la différence?
Je ne la saisis pas. Il y a quand même des modifications en profondeur,
là.
M. Rémillard: Oui. Alors, le premier alinéa
disparaît, mais je vais demander à Me Tanguay, si vous voulez,
nous expliquer pourquoi le premier alinéa anciennement de 10
disparaît.
M. Tanguay (Pierre): On enlève uniquement le premier
alinéa, de concordance avec 9, parce que le tout est prévu par
ailleurs. Tout ce qu'on prévoyait anciennement à l'article 625.2,
toute la concordance qui s'y rattachait est prévue par ailleurs. On va
le voir à...
M. Bélanger: Oui, d'accord.
M. Rémillard: C'est parce que, tant qu'on n'a pas vu
l'article 12, on n'a pas vu la substance. C'est pour ça que c'est un peu
difficile. C'est laborieux un peu comme travail.
M. Bélanger: Oui, oui. On n'a pas vu «la
subs-tantifique moelle» encore.
M. Rémillard: C'est ça.
La Présidente (Mme Loiselle): Mme la députée
de Terrebonne.
Mme Caron: Parce qu'en fait, le seul changement, c'est qu'il n'y
a plus l'indemnité de remplacement du revenu que vous vouliez ajouter
à cet article-là.
M. Tanguay (Pierre): On va l'avoir.
Mme Caron: On va le retrouver, lui aussi. Bon.
M. Rémillard: On le reprend. On le reprend.
Mme Caron: Bon.
M. Rémillard: On le reprend à 12.
La Présidente (Mme Loiselle): Ça va pour
l'amendement?
M. Rémillard: Ça va pour l'amendement? M.
Bélanger: Oui, ça va.
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, l'article 10 est
adopté.
L'article 11. L'article 647 de ce Code est modifié: 1° par le
remplacement, dans les troisième et quatrième lignes du premier
alinéa, des mots «, s'il n'y a eu ni opposition ni
réclamation» par les mots «écrite, à moins
qu'il n'y ait eu opposition autre que celle à une saisie pour dette
alimentaire, sous réserve du deuxième alinéa de l'article
599, ou qu'il n'y ait eu réclamation»;
2° par l'addition, à la fin du deuxième alinéa,
de la phrase suivante: «Les sommes ainsi colloquées font,
dès lors, partie du patrimoine des créanciers concernés
à moins qu'il n'y ait eu opposition.»; 3° par la suppression,
dans la septième ligne du troisième alinéa et après
le mot «déposées», du mot
«mensuellement»; 4° par le remplacement, dans la
deuxième ligne du quatrième alinéa, des mots «au
moins une fois par mois» par les mots «après chaque
dépôt». (17 h 20)
M. Rémillard: Alors, Mme la Présidente, cet article
a trait aux mécanismes de distribution, pour le protonotaire, des sommes
disposées par le tiers saisi.
Le paragraphe 1 ° apporte une précision en stipulant que la
demande de distribution présentée au protonotaire doit être
faite par écrit. Il apporte également une modification de
concordance avec celle concernant l'article 599 du Code de procédure
civile. Cette modification a pour objet de permettre la distribution aux
créanciers alimentaires des sommes déposées malgré
opposition.
Le paragraphe 2° a pour objet de prévoir que les sommes
déposées, une fois colloquées, sont
réservées aux créanciers concernés bien qu'elles ne
leur soient distribuées qu'ultérieurement.
Et le paragraphe 3° a pour objet la suppression du mot
«mensuellement», de concordance avec la modification
apportée à l'article 641 du Code de procédure civile par
l'article 10 du présent projet.
Le paragraphe 4° prévoit que la distribution des sommes pour
dette alimentaire est faite après chaque dépôt.
(Consultation)
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 11
adopté.
M. Bélanger: Mme la Présidente... La
Présidente (Mme Loiselle): Oui.
M. Bélanger: ...avant de passer à l'article 12...
C'est parce qu'on va un peu vite. C'est peut-être un petit peu de ma
faute aussi, je n'ai pas été assez vigilant. À l'article
5, il y avait des commentaires du Protecteur du citoyen relativement,
justement, au petit débat qu'on a eu. Je ne sais pas si Me Frenette est
encore là?
M. Rémillard: Ou bien on reviendra un petit peu plus
tard.
M. Bélanger: On peut continuer et quand Me Frenette sera
là, à ce moment-là...
M. Rémillard: Oui, oui. Avec Me Frenette, on reviendra sur
5.
M. Bélanger: On reviendra. Bon, d'accord.
La Présidente (Mme Loiselle): On continue à
l'article 12?
M. Bélanger: Oui.
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, il y a un amendement
à l'article 12 pour supprimer, dans l'intitulé de la sous-section
2.1, les mots «de travail».
M. Rémillard: Oui, Mme la Présidente. La
modification a pour objet d'introduire au Code de procédure civile une
nouvelle sous-section spécifique aux revenus des travailleurs
autonomes.
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'amendement à
l'article 12 est adopté. L'article 12, tel qu'amendé, est
adopté. Il y a maintenant l'introduction des articles 12.1 et 12.2.
Insérer, après l'article 12, les articles suivants: 12.1. Ce Code
est modifié par l'insertion, après l'article 651, de l'article
suivant: «651.1 Les articles 641 à 647 s'appliquent compte tenu
des adaptations nécessaires à l'exécution d'un jugement
accordant des aliments par voie de saisie-arrêt des sommes visées
aux paragraphes 4, 6, 7 et 8 du premier alinéa de l'article 553 ainsi
que des prestations périodiques accordées en vertu d'une loi au
titre d'un régime de retraite ou d'un régime
d'indemnisation.»
L'article 12.2: L'article 659.7 de ce Code, modifié par l'article
8 du chapitre 56 des lois de 1988, est de nouveau modifié par le
remplacement, dans les deuxième et troisième lignes, des mots
«au moins une fois par mois» par les mots «après
chaque dépôt».
M. Rémillard: Alors, Mme la Présidente,
l'amendement vise à introduire deux articles au projet de loi: l'article
12.1 a trait à la saisissabilité des prestations de retraite et
des indemnités de remplacement du revenu en sus des sommes visées
aux paragraphes 4, 6, 7 et 8 du premier alinéa de l'article 553 du
Code.
Ces paragraphes visent notamment: premièrement, les provisions
alimentaires adjugées en justice ainsi que les sommes
léguées à titre d'aliments; deuxièmement, le casuel
et les honoraires dus au ministre du culte; troisièmement, les
prestations accordées au titre d'un régime complémentaire
de retraite; et, quatrièmement, les prestations d'invalidité au
titre d'un contrat d'assurance.
L'article 12.2 propose un amendement à l'article 659.7 du Code.
Il est de concordance avec les modifications proposées aux articles 641
et 647 par les articles 10 et 11 du projet de loi, qui prévoient que les
protonotaires versent au créancier alimentaire les sommes qu'il
perçoit après chaque dépôt, soit à chaque
période de paie ou, s'il est à intervalles de plus d'un mois,
à chaque mois.
M. Bélanger: Bon, si je comprends bien le commentaire du
ministre, Mme la Présidente, c'est que ce nouvel article rend plusieurs
choses maintenant saisis-sables pour créance alimentaire. C'est
ça? On parle d'indemnité de remplacement de revenu.
M. Rémillard: Ce sera beaucoup plus facile. Avant, on
devait procéder par 625. Or, maintenant, ça va être
beaucoup plus facile. Mais peut-être que...
M. Bélanger: Oui, est-ce qu'on pourrait...
M. Rémillard: ...Me Pierre Tanguay nous donnerait beaucoup
plus d'explications.
M. Tanguay (Pierre): merci. on vient assouplir les règles
de saisie à l'égard de ces sommes, par exemple, celles qui sont
mentionnées à 4, 6, 7 et 8 de 553, prévues qu'elles sont
saisissables jusqu'à concurrence de 50 %.
Cependant, pour ces sommes, il fallait procéder par bref de
saisie en main tierce en vertu des règles générales
625 du Code de procédure civile, ce qui nous obligeait à
faire des saisies répétitives, puis à inscrire à
chaque fois pour obtenir les paiements. Alors, on fait en sorte que les sommes
qui sont versées par périodes, soit aux deux semaines ou au mois,
peu importe, qui ne sont pas, par exemple, des sommes qu'on retrouve dans un
compte de banque et qu'on va chercher une seule fois par 625, qui est la
bonne procédure donc, les sommes qui sont versées
périodiquement seront traitées de la même manière
qu'on traite un salaire, c'est-à-dire qu'on les saisira avec les
mêmes mécanismes. Ces mécanismes sont prévus
à 641.
Donc, on facilite la perception et on améliore aussi les
délais de traitement et les délais de paiement. Autrefois, il
fallait signifier le 625, inscrire, obtenir jugement du protonotaire qui
ordonnait au tiers saisi de déposer au créancier. Alors, on n'est
plus tenus de faire ça. Maintenant, on va y aller avec le
mécanisme de 641. Après la première déclaration,
bien, c'est tout le système de saisie de salaire, dans le fond, qui
s'applique, et tous les dépôts se font et toutes les distributions
se font de la même manière que si c'était un salaire.
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): Les articles 12.1 et 12.2
sont adoptés.
L'article 13. Ce Code est modifié par l'insertion, après
l'article 817, du suivant: «817.0.1 Les aliments accordés par
jugement portent, de plein droit, intérêt au taux légal
à compter de la date d'échéance de leur
versement.»
M. Rémillard: Mme la Présidente, cette disposition
a pour objet de prévoir que les arrérages de pension alimentaire
portent intérêt au taux légal de leur
échéance. C'est donc di e, Mme la Présidente, que cet
article répond à une proposition faite lors du Sommet de la
Justice, notamment par la Fédération des associations des
familles monoparentales du Québec. (17 h 30)
M. Bélanger: Mme la Présidente, il y a une question
que je me pose. On sait que le taux légal, peut-être pas
maintenant avec les taux d'intérêt qui sont tellement bas, je
pense que le taux légal commence à se rapprocher du taux
d'intérêt de la banque, mais il y a une grande différence
entre le taux d'intérêt légal et l'indemnité
additionnelle qui est prévue à l'article 1078.1 et à
l'article 1056 aussi dans le cas de matières délictuelles.
Pourquoi ne pas avoir prévu, plutôt que... C'est parce que
ça peut être très bas, il peut y avoir une grosse
différence entre le taux légal et le taux qu'on pourrait dire du
marché. Pourquoi ne pas avoir prévu une indemnité
additionnelle de l'article 1078.1? Parce que c'est contractuel?
M. Rémillard: Le taux légal est une
référence, évidemment, objective, et c'est ce qui avait
été demandé par les différents intervenants au
Sommet de la Justice et c'est ce qui, pour nous, nous apparaît possible
de mettre dans une loi. Cependant, le juge est toujours maître de
décider d'imposer un taux, le taux du marché, et, à ce
moment-là, le juge peut décider quel est le taux du marché
au moment où il rend jugement, parce que le taux du marché varie
et, le taux du marché, ce n'est pas le taux d'escompte, c'est un taux
qui peut varier.
M. Bélanger: mais je pense que le ministre sait comme moi
que, chaque fois qu'un jugement est rendu, je dirais peut-être dans 95 %
des cas, on accorde l'indemnité additionnelle prévue à
l'article 1078.1 du code civil.
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger: Parce que d'avoir un jugement au taux
légal, comme je vous dis, il y a à peine quelques années,
ce n'était vraiment pas grand-chose, c'était 3 % ou 4 %
d'intérêt, par rapport à 15 % ou 13 %, qui était le
taux d'escompte. Là, moi, je me demande: Est-ce que le juge va avoir la
même possibilité d'accorder l'indemnité additionnelle de
l'article 1078.1...
M. Rémillard: Oui, il a même...
M. Bélanger: ...qui, elle, va...
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger: ...s'appliquer... Pardon...
M. Rémillard: Ça, c'est le plancher, ça.
M. Bélanger: Oui?
M. Rémillard: Ça, c'est le plancher. Et, à
partir de ça, le juge peut décider.
M. Bélanger: II pourra l'accorder, l'article 1078.1?
M. Rémillard: Oui, oui. C'est ce que Me Tan-guay vient de
me confirmer. On peut lui demander si vous voulez.
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: Me Tanguay.
M. Tanguay (Pierre): Si c'est demandé, effectivement, le
juge va en tenir compte et il peut effectivement l'accorder.
M. Bélanger: Alors, évidemment, il faut que ce soit
demandé. Il faut que ce soit toujours demandé. Et, à ce
moment-là, l'indemnité additionnelle de l'article 1078.1 va
s'appliquer automatiquement pour chaque échéance du paiement. On
n'aura pas besoin... Il n'y aura pas de problème à ce
niveau-là, à chaque échéance?
M. Rémillard: Oui, oui.
M. Bélanger: À chaque échéance,
ça va s'appliquer automatiquement?
M. Tanguay (Pierre): Oui, oui.
M. Bélanger: Oui? Il n'y aura pas de problème? Il
n'y a rien qui empêche ça?
M. Rémillard: Absolument pas.
M. Bélanger: Parfait.
La Présidente (Mme Loiselle): Adopté?
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 13 est
adopté. L'article 14.
Loi sur le ministère du Revenu
14. L'article 31 de la Loi sur le ministère du Revenu (L.R.Q.,
chapitre M-31) est modifié: 1 ° par le remplacement du paragraphe b
du troisième alinéa par le suivant: «b) informe ensuite le
ministre responsable de l'application de la loi visée dans le
règlement du montant affecté à la dette existant en vertu
de cette loi»; 2° par la suppression du cinquième
alinéa.
M. Rémillard: Mme la Présidente, cette disposition
est de concordance avec l'article 553.7.1, introduit par le paragraphe 6°
de l'article 18 du présent projet, lequel rend le mécanisme
d'affectation d'un remboursement de sommes dues par le ministre du
Revenu applicable au paiement d'une dette alimentaire.
M. Bélanger; Est-ce que je comprends bien la portée
de cet article en disant qu'on va pouvoir saisir le ministère du Revenu
et demander à ce que le ministère du Revenu, à ce
moment-là, paie directement au créancier le montant d'impôt
qui pourrait être dû par le ministère du Revenu au
débiteur alimentaire, c'est ça?
M. Rémillard: Oui, quand on va étudier l'article
18, évidemment, ça va être plus facile de situer l'article
14 dans sa réelle perspective.
M. Bélanger: J'avoue que ce n'est pas facile à
suivre.
M. Rémillard: Non. C'est ça. Me Tanguay me dit
qu'il faut procéder par ordre, mais depuis tantôt que je lui
dis... J'aurais aimé pouvoir étudier le principe ou la substance
et pouvoir aller ensuite dans ses conséquences.
M. Bélanger: Dans un désordre ordonné, c'est
ça?
M. Rémillard: Dans l'ordre ou dans le désordre,
mais, là, on va dans l'ordre.
Donc, pour répondre à votre question, c'est oui et on va
le voir aussi à l'article 18, en concordance avec l'article 18.
M. Bélanger: En concordance, d'accord, on reviendra
là-dessus à l'article 18, d'accord. Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 14 est
adopté. L'article 15.
Loi sur le régime de rentes du Québec
15. L'article 145 de la Loi sur le régime de rentes du
Québec (L.R.Q., chapitre R-9) est modifié par le remplacement du
premier alinéa par le suivant: «145; Les prestations sont
incessibles et insaisissables, sauf la rente de retraite et la rente
d'invalidité, lesquelles sont réputées être le
salaire du bénéficiaire et sont saisissables à titre de
dette alimentaire conformément au deuxième alinéa de
l'article 553 du Code de procédure civile (L.R.Q., chapitre C-25),
compte tenu des adaptations nécessaires.»
M. Rémillard: Alors, Mme la Présidente, la
disposition a pour objet de rendre saisissables à des fins de perception
de pensions alimentaires et jusqu'à concurrence de 50 % les rentes de
retraite ou d'invalidité versées en vertu de la Loi sur le
régime de rentes du Québec, au même titre que certaines
indemnités de remplacement du revenu versées en vertu d'autres
régimes. Et, là encore, Mme la Présidente, je me permets
de dire que ça répond à une proposition qui a
été faite lors du Sommet de la Justice.
M. Bélanger: J'aimerais comprendre, ici, là, les
différentes rentes, présentement, qui sont payées par la
Régie des rentes du Québec, quelles sont, finalement, celles qui
vont rester insaisissables?
(Consultation)
M. Rémillard: Alors, on me dit que la rente de
décès ne serait pas visée par la disposition. Et je peux
demander à Me Tanguay de nous donner plus d'explications, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Me Tanguay.
M. Tanguay (Pierre): Merci. Il s'agit de viser les rentes qui
sont assimilables à du remplacement de revenu, et c'est ce qui est
visé par 145.
M. Bélanger: Quand on parle de rente de
décès, est-ce que c'est la rente de frais funéraires,
ça, ou si c'est la rente du conjoint survivant?
M. Tanguay (Pierre): Oui.
M. Bélanger: Est-ce qu'elle est saisissable, elle?
M. Tanguay (Pierre): Non, elle n'est pas saisissable. Ce qui est
saisissable, c'est ce qu'on a présentement dans le projet concernant
l'article 145.
M. Bélanger: Bon. Je comprends ou, plutôt, j'essaie
de comprendre, là. Vous avez une personne X qui doit payer une pension
alimentaire. Son conjoint décède. Il a droit à la rente de
conjoint de son conjoint décédé, mais ce montant-là
ne pourra pas être saisi. Ça ne sera pas considéré
comme un revenu?
M. Rémillard: Oui, mais il est
décédé. Le débiteur est
décédé.
M. Bélanger: Oui, mais c'est quand même... il y a
quand même... C'est un montant qui va rentrer tous les mois,
là.
(Consultation)
M. Rémillard: II y a tout le partage du patrimoine,
là-dedans, aussi, quand le conjoint est décédé. Le
conjoint est décédé. Oui, bien, on va juste finir
ce...
(Consultation)
M. Bélanger: Pour essayer d'illustrer mon exemple,
là. Ce n'est pas... Au début, là, je me demandais: Mon
Dieu, est-ce que je viens de dire quelque chose qui ne tient pas debout? Non,
en y repensant, ça a de l'allure.
M. Rémillard: Même si ça ne tient pas debout,
on est capable de faire courir ça ici. Faites-vous en pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bélanger: Alors, à l'impossible nul n'est tenu,
oui. C'est parce que, bon, j'ai une pension alimentaire à payer pour mes
enfants. D'accord? Je me remarie avec une autre personne.
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger: Cette personne décède. Je
comprends qu'elle n'a rien à voir avec mes enfants.
M. Rémillard: Bien. O.K.
M. Bélanger: Mais, suite à son décès,
j'ai une généreuse rente de conjoint survivant. C'est un revenu;
ça rentre dans mon patrimoine. Puis là, moi, j'ai une pension
alimentaire que je ne paie pas.
M. Rémillard: Bien.
M. Bélanger: Alors, à ce moment-là... Puis
c'est moi qui reçoit, à titre de conjoint survivant, là,
cette rente-là, jusqu'à... Alors, à ce moment-là,
moi, je ne pourrai pas...
M. Rémillard: Attends. Je vais prendre un crayon puis un
papier parce qu'il y a une place où je ne vous suis pas. Juste pour
qu'on s'entende. Parce que vous avez un conjoint qui était marié
d'un précédent mariage...
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: ...et qui avait donc une pension à
payer...
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: ...d'un précédent mariage.
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: II se remarie...
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: ...et ce conjoint décède.
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: Alors, à ce moment-là, le
créancier de la pension alimentaire, il est décédé.
Quand il s'est séparé, il s'est séparé... Le
patrimoine a été séparé, etc., etc. (17 h 40)
M. Bélanger: Non, non, le créancier n'est pas
décédé, le créancier de la...
M. Rémillard: Pas le créancier, le débiteur,
dis-je. Le débiteur, je fais mourir la mauvaise personne.
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: C'est le débiteur qui
décède. Alors, le débiteur qui décède, lui,
il y a une pension... Il a une épouse, lui. Elle, elle reçoit de
l'argent en pension, sa part de pension. Si on exigeait que, de cette
part-là, elle soit obligée de payer une pension alimentaire sur
les enfants qu'il aurait eus d'un précédent mariage, je dois dire
que, là, on pénalise la femme qui s'est mariée, qui a
peut-être aussi des enfants et que, à la suite du
décès de son conjoint, elle doit faire vivre ses enfants
aussi.
M. Bélanger: Ah oui! Je n'avais pas pensé à
ça, qu'il aurait pu faire des enfants, lui aussi.
M. Rémillard: Bien oui.
M. Bélanger: Bien oui, bien oui.
Une voix: II est responsable de ces enfants-là.
M. Bélanger: Oui, ça ne tient pas debout.
M. Rémillard: Ah! Ça aurait pu tenir debout, mais
c'est parce que quand les enfants arrivent dans le décor...
M. Bélanger: Oui. M. Rémillard: ... au
deuxième... M. Bélanger: Du deuxième... M.
Rémillard: ...le deuxième...
M. Bélanger: ...c'est là que ça ne tient
plus debout.
M. Rémillard: ...ça vient compliquer les
choses.
M. Bélanger: Oui, oui, oui! D'accord, je viens de
comprendre.
La Présidente (Mme Loiselle): Oui, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Moi, je voudrais comprendre quelque chose,
comprenez-vous. Je n'ai pas la culture, n'est-ce pas, de ce ministère,
alors... Vous nous dites qu'on va comprendre mieux quand on va arriver à
l'article 18, oui. L'article 18, c'est l'article qui va corriger la loi, le
Code de procédure civile. O.K. Là, on est en train de corriger...
À l'article précédent, on a corrigé pour le Revenu,
la loi sur le Revenu. À cet article-ci, on corrige sur la Régie
des rentes. On leur dit que, à l'avenir, ils vont être
obligés d'embarquer dans le processus, à toutes fins
pratiques.
Mais, l'article 18, il va être en vigueur quand? Est-ce que c'est
l'article qui fait partie de la loi 33, la fameuse loi 33 qui n'est pas en
vigueur, qu'on est en train d'amender à l'article 18?
M. Rémillard: Je vais demander à Me Tanguay de
répondre à votre question...
Mme Carrier-Perreault: Oui, j'aimerais ça.
M. Rémillard: Mais, l'article 18, ça va être
le coeur, là. C'est lui...
M. Tanguay (Pierre): Quand vous parlez de 18, vous parlez de
l'affectation des remboursements d'impôt sur le revenu?
Mme Carrier-Perreault: Oui.
M. Tanguay (Pierre): Ce n'est pas relié au système
de gestion de créances et au système informatique qui supporte le
SAPPA, le système automatique, qui est annoncé pour
décembre 1994. C'est simplement tributaire d'organisations
administratives de part et d'autre, Justice et ministère du Revenu, de
façon à ce qu'on puisse rendre applicables ces sommes-là,
de façon à ce qu'on puisse, du côté du Revenu,
procéder à la gestion des affectations et identifier les bons
débiteurs et nous envoyer les sommes.
Il faut aussi, éventuellement, modifier le règlement qui
est pris en vertu de l'article 131 pour faire en sorte que le ministre de la
Justice soit visé aussi dans ce règlement-là. Parce que,
dans le règlement sur l'affectation, il y a aussi le ministère de
la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu, il y a les
prêts et bourses et la Société d'habitation aussi qui
peuvent procéder à des affectations en vertu de l'article 131.
Donc, il faut modifier ce règlement-là pour inclure le percepteur
des pensions alimentaires aussi. Alors, ce n'est pas du tout relié,
comme tel, au système automatique.
Mme Carrier-Perreault: C'est parce que, là, j'ai encore
plus de misère à comprendre. Ça ne m'aide pas, là.
Ce qui arrive, c'est que, pour être suivi pendant un an... votre nouvelle
mesure de 88 comme telle, donc la Régie des rentes, je veux dire, c'est
à tous les mois et tout ça, c'est payé tant par mois,
ça veut dire que ça ne sera pas appliqué automatiquement
sur la fameuse affaire informatique avant 1994, quoique le Vérificateur
parle plus de 1995 dans son rapport.
M. Tanguay (Pierre): Non... M. Rémillard: Non,
c'est 1994.
Mme Carrier-Perreault: En tout cas, il semble que, d'après
le Vérificateur, dans le rapport qui est sorti hier...
M. Rémillard: Oui, mais, moi, je dois vous dire...
Mme Carrier-Perreault: ...il avait des doutes sérieux,
n'est-ce pas, M. le ministre?
M. Rémillard: Non, j'ai vu ça du
Vérificateur, mais je peux vous dire, moi, que c'est en 1994. C'est en
1994 que ça va s'appliquer.
Mme Carrier-Perreault: De toute façon, ça ne
règle pas mon problème pour l'instant.
M. Rémillard: Non, non, mais on va vous relier ça;
je voulais répondre à cette question-là.
La Présidente (Mme Loiselle): Me Tanguay.
M. Tanguay (Pierre): C'est que, à 145, on dit
«lesquelles sont réputées être le salaire»,
donc on procède simplement par 641, saisie de salaire, le
mécanisme qui est là présentement. Donc, ça n'a
rien à voir avec...
Mme Carrier-Perreault: Ça ne...
M. Tanguay (Pierre): On n'en a pas besoin. Dès que la
Régie des rentes sera prête, lorsqu'ils auront terminé
leurs préparatifs administratifs pour pouvoir gérer cette
nouvelle fonction là, on va pouvoir le faire. Nous, on va simplement
utiliser le système de la saisie de salaire, un bref 641 qu'on
appelle.
Mme Carrier-Perreault: Par rapport à votre système
informatique.
M. Tanguay (Pierre) Actuel. Puis, évidemment, dans le
nouveau système, ça sera harmonisé et ça va
embarquer dedans aussi, mais, présentement, on est capable de
gérer des saisies de salaire, et ce qu'on dit, c'est qu'on va
gérer ça via une saisie de salaire parce que c'est
réputé le salaire. D'accord? Alors, on ne ferait pas un bref de
625, qui est une saisie unique qu'on doit recommencer à chaque mois. En
matière de saisie de salaire, on saisit des sommes périodiques.
Comme tout à l'heure, les autres régimes de retraite, on les a
référés à une saisie 641, c'est la même chose
ici, sauf qu'ici c'est dans le cadre de l'article 145 qu'on précise
qu'ils sont réputés être des salaires, donc, on utilise
tout simplement ce qui est prévu présentement et ce qu'on
gère présentement: 641.
(Consultation)
La Présidente (Mme Loiselle): Oui, l'article 15, on est
toujours à l'article 15.
M. Bélanger: Tout à l'heure, Mme la
Présidente, je vous avais parlé de la théorie de la rente
du conjoint survivant. Je pense que le Barreau a fait une demande à
l'effet que toutes les rentes qui proviennent de... Oui, que toutes les sommes
payables par la Régie des rentes soient saisissables.
(Consultation)
M. Rémillard: Parce que le Barreau avait dit verbalement,
pas par écrit, avait demandé que toutes les rentes,
exceptées les allocations familiales, la sécurité du
revenu et l'aide sociale, mais, à part ça, que toutes les autres
rentes soient considérées. On en a vu une tantôt pour le
conjoint survivant et on est arrivé à la conclusion, je pense
assez facilement, qu'on ne peut pas faire ça. On pourrait penser
à une rente, aussi, en vertu de la Loi sur l'aide aux victimes d'actes
criminels. Bon, là aussi, il faut quand même avoir des nuances. Il
y a des rentes qu'on ne peut pas toucher.
M. Bélanger: Bien, oui, mais même si c'est du
remplacement de revenu?
M. Rémillard: Non, ça peut être une
compensation, ça peut être quelqu'un qui a perdu l'usage d'un
membre, c'est vraiment son intégrité physique qui est en cause,
alors, ça c'est autre chose, on ne peut pas aller jusque-là. Il y
avait des recommandations du Barreau, je pense, qui n'étaient pas faites
par écrit et on nous avait dit: Considérez toutes les
possibilités, considérez. On les a considérées et
certaines, je pense, ne sont pas possibles, ce n'est vraiment pas possible.
M. Bélanger: Mais, justement, est-ce qu'il n'aurait pas
été possible, cependant, de faire une règle
générale pour dire que toutes les rentes qui sont finalement des
rentes de remplacement de revenu pourraient, à ce moment-là,
elles, être saisissables? Non, ça n'aurait pas été
possible?
M. Rémillard: Pas avec ça, parce qu'il y a une
perte de revenu. Vous pourriez dire, par exemple, que la rente du conjoint
survivant pourrait être une perte de revenu, en fonction d'une perte de
revenu, parce que le conjoint survivant reçoit de l'argent parce que son
conjoint est décédé et qu'il apportait du revenu. Regardez
d'un bord puis de l'autre, je pense que, ce qu'on a là, c'est ce qui se
fait ailleurs, ça se fait ailleurs.
M. Bélanger: Pour en revenir à l'exemple que je
donnais tout à l'heure, qui était un peu alambiqué,
là. S'il n'y avait pas eu d'enfant du conjoint qui était
décédé, il n'y aurait pas eu de problème, dans le
fond. Le seul problème, c'est qu'il y avait des enfants,
l'hypothèse où il y avait des enfants.
M. Rémillard: Ce n'est pas ça. Même s'il n'y
avait pas d'enfants, là, est-ce que, sur la plan du
principe, on peut pénaliser quelqu'un? Moi, j'aurais des
hésitations, même sans les enfants, j'aurais beaucoup
d'hésitations.
M. Bélanger: Moi, je comprends bien que mon exemple ne
tient pas quand il y a des enfants du conjoint qui est
décédé, c'est évident qu'on n'est pas pour
pénaliser ces enfants-là d'une pension alimentaire que,
finalement, le conjoint décédé n'avait pas à payer.
Je suis entièrement d'accord. Mais, quand il n'y a pas d'enfants,
finalement, ça s'en va directement dans le patrimoine du conjoint
survivant. (17 h 50)
M. Rémillard: Non, attention, c'est parce qu'il y a une
nouvelle conjointe et cette nouvelle conjointe reçoit sa part, et c'est
une diminution. Monsieur avait une rente...
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: ...et, la rente du conjoint, elle diminue.
actuellement, c'est à peu près 60 %.
M. Bélanger: Oui, oui.
M. Rémillard: Puis, des fois même 50 %,
peut-être moins. Alors, ça lui revient. Elle a vécu avec
cette personne-là, et puis ça lui revient. Puis, là, on
viendrait prendre cet argent-là qui lui revient pour vivre. Il faut
qu'elle vive aussi, cette personne-là. Même si elle n'a pas
d'enfants, il faut qu'elle vive, puis ça fait partie de son... Elle a
droit à ça.
M. Bélanger: II faut qu'elle fasse vivre aussi des gens
pour qui elle est responsable, avec une pension alimentaire.
M. Rémillard: Non, mais c'est une dette personnelle. Il
faut faire attention. À un moment donné... Je comprends toutes
les bonnes intentions qu'on a, mais, à un moment donné, cette
personne-là... Quelqu'un qui a refait sa vie puis qui a revécu
avec quelqu'un, moi, je crois que cette personne-là, qui est sa nouvelle
conjointe, a des droits puis qu'on peut difficilement toucher à
ça. Je ne pense pas.
(Consultation)
M. Bélanger: Ça va, Mme la Présidente, quant
à l'article 15.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 15 est
adopté. L'article 16. Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 145, du suivant: «145.1 La Régie
prélève, à même la rente qu'elle verse au
bénéficiaire dont la rente de retraite ou d'invalidité
fait l'objet d'une saisie-arrêt pour dette alimentaire, les frais
prescrits par règlement.»
M. Rémillard: Mme la Présidente, cette disposi-
tion a pour objet de prévoir que les frais de saisie-arrêt seront
à la charge du débiteur alimentaire et qu'ils pourront être
perçus sur les prestations qu'il reçoit à titre de
bénéficiaire du Régime de rentes.
Mme la Présidente, cet article s'inspire de l'article 553.10 du
Code de procédure civile, qui permet au gouvernement d'établir,
par règlement, les frais relatifs à la perception
d'arrérages pouvant être perçus du débiteur
alimentaire.
M. Bélanger: Mme la Présidente, première
remarque, première constatation, ils ne doivent pas être
légion, les gens qui reçoivent une rente d'un régime des
rentes et qui ont, à la fois aussi, à payer une pension
alimentaire. Je ne sais pas s'il y a des statistiques là-dessus. Oui,
mis à part certains cas célèbres, mais je pense que
ça ne doit pas faire légion.
M. Rémillard: Au moment où on se parle, non, c'est
vrai que...
M. Bélanger: Ça ne doit pas tout couvrir la...
M. Rémillard: ...ce n'est pas beaucoup, mais, dans les
prochaines années, peut-être que ça va être beaucoup
plus.
M. Bélanger: Pourquoi? Parce que les gens se marient plus
tard?
M. Rémillard: Les gens vieillissent, se marient plus tard,
et puis, par conséquent, si on regarde les dernières
statistiques, maintenant, les gens ont des enfants beaucoup plus tard qu'il y a
à peine 1Û ans, beaucoup plus tard si on compare à une
dizaine d'années. Alors, ça peut être une disposition qui
va avoir beaucoup plus d'implications dans quelques années.
M. Bélanger: Mme la Présidente, on ne peut pas
être contre la vertu, dans le sens que c'est évident que ça
améliore, ça rend plus de choses saisissables. C'est juste pour
dire... Je veux rien que faire remarquer au ministre que c'est un peu... ce
n'est pas grand-chose qu'on donne de plus.
M. Rémillard: II faut le faire parce qu'au
fédéral ces dispositions-là existent
déjà.
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: Donc, c'est saisissable. Alors, ça
existe au fédéral, ça n'existait pas chez nous. Nous, on
le met maintenant dans le projet de loi. Aujourd'hui, ce n'est pas
légion, mais je crois que ça peut être plus important dans
un avenir peut-être pas très lointain. Et ça a
été demandé, ça nous a été
demandé, ça.
M. Bélanger: Oui, oui. Mais, encore là, il y a
beaucoup de choses qui sont demandées, mais...
M. Rémillard: Ah bien, beaucoup de choses sont
données.
M. Bélanger: Je regarde, ici, le commentaire du Protecteur
du citoyen relativement aux articles 16 et 17.
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger: Et, à la page 3 de sa lettre du 30
novembre, le Protecteur du citoyen mentionne: Les articles 16 et 17 du projet
de loi proposent une modification à la Loi sur le régime de
rentes du Québec afin d'autoriser la Régie à
prélever sur la rente due à un bénéficiaire dont la
rente de retraite ou d'invalidité fait l'objet d'une saisie-arrêt
pour dette alimentaire les frais prescrits par règlement. Dans un
contexte où le débiteur devra généralement des
frais de justice, où, déjà, le percepteur des pensions
alimentaires a droit à certains frais de perception et où tous
les frais prélevés sur une rente diminuent d'autant les sommes
disponibles pour les créanciers alimentaires, le droit ainsi
accordé à la Régie nous semble abusif. Nous ne
reconnaissons aucun précédent à cet égard, et il
n'est pas dans les usages qu'un tiers saisi du secteur public ou du secteur
privé ait droit à des frais lorsqu'il exécute une
saisie-arrêt.
M. Rémillard: Je vais demander à Me Tanguay
de...
La Présidente (Mme Loiselle): Me Tanguay.
M. Rémillard: ...faire un commentaire, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Oui.
M. Tanguay (Pierre): Bien, enfin, je pense qu'il y a
déjà au moins deux précédents dans le Code de
procédure civile: il y a 553.10, et il y a également 659.10, qui
comporte un pouvoir réglementaire, notamment quand on veut gérer
la suspension de saisie de salaire. Il y a le gouvernement
fédéral qui possède également un pouvoir
réglementaire pour tarifer, justement en vertu de C-48.2, la loi sur
l'exécution des ordonnances et des ententes en matière familiale,
dont on se sert, dont les créanciers alimentaires
québécois bénéficient. Il y a le Nouveau-Brunswick
qui, récemment, a adopté une mesure similaire, qui adopte une
certaine tarification. Je pense qu'il y a d'autres provinces qui examinent la
possibilité, aussi, de ne pas faire supporter par l'ensemble des
contribuables les coûts de perception.
M. Bélanger: Mme la Présidente, je comprends que,
des fois, bon, il peut exister, peut-être, certains
précédents, mais je ne pense pas que ça doive
nécessairement non plus nous contraindre, là, de faire la
même chose, là. En toi't cas, je pense que les remarques du
Protecteur du citoyen sont tout à fait pertinentes: est-ce que c'est
vraiment nécessaire de rajouter ces frais-là, de faire diminuer
le montant de la rente d'autant? Est-ce que c'est vraiment nécessaire?
Est-ce que c'est... Pour ce qu'ils vont donner, là, le peu de cas que
ça peut viser, en plus, là, surtout; à moins qu'on ait
beaucoup de sexagénaires...
Une voix: Énerve-toi pas.
La Présidente (Mme Loiselle): Ha, ha, ha!
M. Bélanger: Ha, ha, ha!
Une voix: C'est John qu'il regardait.
M. Bélanger: Non, non, je regardais l'autre à
côté.
M. Rémillard: Oui, c'est évident qu'on demande
à la Régie de gérer, donc, ce système, et, par
conséquent, la Régie veut retrouver des frais; je pense que c'est
facile à comprendre. Par conséquent, il faut qu'on puisse avoir
une disposition comme ça pour le prévoir. On ne peut pas faire
autrement.
M. Bélanger: Sauf que, est-ce qu'on a fait une
évaluation des coûts qu'on compte ainsi récupérer,
là, ou... Parce que, si c'est marginal, pourquoi imposer ça aux
gens, à ce moment-là, qui...
M. Rémillard: À la Régie, ils sont en train
de faire ces études, qu'on me dit Me Tanguay me dit mais,
de toute façon, ils veulent qu'on ait cette disposition-là parce
qu'elle peut être significative un peu plus tard. Maintenant, elle n'est
pas des plus significatives, mais elle pourrait le devenir. Alors, mieux vaut
avoir cette disposition-là dans la loi pour que ce soit clair.
M. Bélanger: Quand vous dites...
M. Rémillard: Alors...
M. Bélanger: ...ils veulent, qui, «ils»
veulent?
M. Rémillard: Bien, au niveau de la Régie...
M. Bélanger: ...la Régie.
M. Rémillard: Bien oui, pour administrer le projet de
loi.
M. Bélanger: Est-ce qu'on a une idée des frais que
ça va représenter? Ça va être quoi?
M. Rémillard: Bien, ça va représenter des
frais, pour eux de... avec tout le système. Il n'y a pas de
précision, exactement, des frais. Alors, ce n'est pas vraiment
significatif; ce n'est pas significatif.
M. Bélanger: Je ne sais pas si...
M. Rémillard: Mais ça doit être là. Le
principe est là, et ça doit être là.
M. Bélanger: Je ne sais pas. Des fois, quand on me dit
ça, que ça ne sera pas très significatif, je n'ai rien
qu'à penser aux frais de timbres judiciaires qui ont été
augmentés d'une façon dramatique. Je reçois terriblement
de correspondance de la part de procureurs...
M. Rémillard: Ah, bien, moi aussi.
M. Bélanger: ...relativement aux frais de timbres
judiciaires pour les inscriptions pour enquête et audition.
M. Rémillard: Moi aussi, moi aussi, et...
M. Bélanger: Alors, vous savez, c'est pour ça que,
quand on regarde des...
M. Rémillard: Oui, et puis les billets...
M. Bélanger: ...quand on me dit que les frais ne sont pas
élevés, les frais ne sont pas gros, bien, je veux bien croire,
là, mais...
M. Rémillard: Ça a remonté
considérablement, comme les billets d'autobus, et comme bien d'autres
choses. Qu'est-ce que vous voulez, on a des choix de société,
à un moment donné.
M. Bélanger: Oui, je comprends, mais 250 $ pour des
billets d'autobus, là, c'est...
M. Rémillard: Oui, oui.
M. Bélanger: ...c'est rendu pas mal cher...
M. Rémillard: C'est ça. Ça coûte cher.
Il y a des choix de société à faire, et en Justice comme
dans d'autres ministères. On ne peut pas avoir les registres qu'on est
en train de construire pour l'application du nouveau Code civil, informatiser
et donner un meilleur service, et, en même temps, être
obligés de payer ça: ce n'est pas possible, on n'a plus d'argent,
il n'y en a pas. On n'en a pas.
La Présidente (Mme Loiselle): Mme la députée
de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, Mme la Présidente. Vous disiez
tantôt qu'il y avait des précédents du côté
des saisies qui étaient déjà faites, là. Au niveau
des coûts, c'est combien?
M. Tanguay (Pierre): À 553.10, la tarification qui est en
vigueur depuis février 1992, je pense que c'est, pour la demande au
percepteur des pensions alimentaires, c'est 69 $ si vous permettez, je
vais simplement le vérifier 68 $, et, quant au bref
d'exécution, c'est 93 $. Si on est obligé de faire un bref, on
charge, en sus du 68 $, le montant de 93 $. C'est un tarif qui est conçu
pour... qui considère le traitement des dossiers du percepteur.
La Présidente (Mme Loiselle): Étant donné
l'heure, est-ce qu'on adopte l'article 16 avant de suspendre les travaux?
M. Bélanger: Oui. Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): Article 16, adopté.
Alors, je suspends les travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 14)
La Présidente (Mme Loiselle): Alors, nous reprenons nos
travaux en ce qui a trait à l'étude détaillée du
projet de loi 131, Loi modifiant le Code de procédure civile et diverses
dispositions législatives. Nous en étions à l'article 17,
que j'appelle. 17. L'article 219 de cette loi, modifié par l'article 82
du chapitre 15 des lois de 1993, est de nouveau modifié par l'addition,
à la fin, du paragraphe suivant: «v) prescrire les frais exigibles
pour l'exécution d'une saisie-arrêt.»
M. Rémillard: Mme la Présidente, cette disposition
a pour objet de permettre à la Régie des rentes du Québec
de prescrire par règlement les frais exigibles pour l'exécution
d'une saisie-arrêt pour dette alimentaire. Elle est de concordance avec
l'article 145.1 de la Loi sur le régime de rentes du Québec
introduit par l'article 16 du présent projet.
M. Bélanger: Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): L'article 17, adopté.
L'article 18. Il y a un amendement.
M. Bélanger: Ah!
Loi modifiant le Code de procédure
civile concernant le recouvrement
de pensions alimentaires
La Présidente (Mme Loiselle): Modifier l'article 18 comme
suit: 1° supprimer, dans les première et deuxième lignes du
deuxième alinéa de l'article 553.6 introduit par le paragraphe
3°, les mots «, après avoir obtenu le consentement du
créancier,»; 2° insérer, dans la quatrième ligne
du deuxième
alinéa de l'article 553.6 introduit par le paragraphe 3° et
avant les mots «En cas», la phrase suivante: «Cette entente
est soumise à l'approbation du créancier.»; 3°
remplacer, dans la cinquième ligne du troisième alinéa de
l'article 553.7.1 introduit par le paragraphe 6° et après le mot
«percepteur», la virgule par «; elle peut être
faite».
M. Rémillard: Mme la Présidente, les amendements
proposés par les paragraphes 1° et 2° ont pour objet de
préciser que l'entente que le percepteur peut conclure avec le
débiteur doit être approuvée par le créancier.
L'amendement proposé par le paragraphe 3° a pour objet de permettre
la signification de l'opposition du débiteur soit par les moyens usuels
dont l'huissier de justice, soit par courrier recommandé ou
certifié, à son choix.
M. Bélanger: Mme la Présidente, je pense que cet
amendement, là, fait suite aux commentaires que j'avais faits lors de
mon discours.
M. Rémillard: C'est ça, oui.
M. Bélanger: C'est-à-dire, la
Fédération des familles monoparentales, justement, nous avait
fait remarquer que, tel que l'article était rédigé,
ça laissait entendre que le consentement du créancier alimentaire
n'était nécessaire que pour permettre au percepteur
d'entreprendre des négociations. Après ça, il n'a plus de
droit de regard sur l'entente. C'est ce qui était...
M. Rémillard: C'est ça.
M. Bélanger: Donc, maintenant, de la façon que je
pense que ça va se faire, c'est qu'il va y avoir une entente et qu'elle
sera non valide tant qu'elle ne sera pas approuvée par le
créancier alimentaire. C'est ça?
M. Rémillard: Exactement. Il faut qu'elle soit
approuvée par le créancier.
M. Bélanger: Et, si elle n'est pas approuvée par le
créancier, à ce moment-là, il n'y aura pas d'entente,
aucune possibilité d'entente. C'est ça?
M. Rémillard: Pas d'entente. L'entente ne peut exister que
dans la mesure où elle est soumise à l'approbation du
créancier.
M. Bélanger: On fait remarquer, ici, dans les commentaires
de la Fédération des familles monoparentales relativement
à cette disposition, qu'il serait souhaitable d'indiquer un
délai... Ça a l'air bizarre» Je pense qu'on va plutôt
disposer de l'amendement avant, puis, dans l'étude de l'article de loi,
on fera ces commentaires-là. Donc, l'amendement est adopté, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): L'amendement à
l'article 18 est adopté?
M. Bélanger: Oui. Adopté.
La Présidente (Mme Loiselle): Est-ce que l'article 18, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Rémillard: Non. Je pense qu'il faut discuter...
M. Bélanger: On va le lire, là. Il est pas mal...
M. Rémillard: On va le lire.
La Présidente (Mme Loiselle): Ha, ha, ha!
J'essayais. Ha, ha, ha! Une fille s'essaie.
M. Rémillard: C'est un essai remarquable, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Loiselle): Merci.
M. Rémillard: Remarquable.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bélanger: Nous sommes alertes.
La Présidente (Mme Loiselle): C'est un test, un petit
test.
M. Rémillard: Tous les membres de cette commission, nous
sommes alertes et nous cherchons le bien commun.
La Présidente (Mme Loiselle): 4e par le
remplacement, dans la première ligne du deuxième alinéa de
l'article 553.6 qu'il introduit et avant le mot «peut», du mot
«II» par les mots «Le débiteur»; 5° par
l'insertion, dans la quatrième ligne du premier alinéa de
l'article 553.7 qu'il introduit et après le mot «peut», du
mot «faire»; 6e par l'insertion, après l'article
553.7 qu'il introduit, du suivant: «553.7.1 Le percepteur des pensions
alimentaires peut également se prévaloir des dispositions de
l'article 31 de la Loi sur le ministère du Revenu (L.R.Q., chapitre
M-31) pour percevoir les arrérages dus au moment de la demande du
créancier ou pour ceux qui se sont accumulés depuis, ainsi que
les frais prévus aux articles 553.10 et 616. Ces montants sont, aux fins
de l'application de l'article 31 de la Loi sur le ministère du Revenu,
réputés des montants dus au gouvernement. «Lorsque le
percepteur se prévaut des dispositions du premier alinéa, il
signifie un avis de ce fait au débiteur par courrier recommandé
ou certifié. «Le débiteur peut, par requête, former
opposition à tout paiement au créancier par suite de
l'application du
présent article, dans les 10 jours de la signification qui lui
est faite de l'avis prévu au deuxième alinéa. Cette
opposition doit être signifiée au créancier et au
percepteur par courrier recommandé ou certifié. Les règles
relatives à l'opposition à une saisie-exécution
s'appliquent, compte tenu des adaptations nécessaires. «Le
percepteur verse au créancier les sommes perçues jusqu'à
concurrence des sommes dues et prélève le montant de ses frais de
perception. S'il y a un résidu, il est remis au débiteur. Lorsque
le débiteur a formé une opposition, le juge exerçant en
son bureau peut, pour des motifs exceptionnels, suspendre la distribution des
sommes perçues.» (20 h 20)
M. Rémillard: Alors, Mme la Présidente, cet article
modifie la loi de 1988 pour apporter quelques modifications d'ordre technique
ainsi que pour prévoir deux nouvelles mesures, soit l'entente sur le
paiement des arrérages avec le débiteur et l'affectation des
remboursements d'impôt du débiteur.
Le paragraphe 1° de cette disposition apporte une modification de
concordance avec l'article 326 de la Loi sur l'application de la réforme
du Code civil qui a modifié l'article 659.3 du Code de procédure
civile, au même effet, puisque dorénavant un jugement
étranger ne s'acquerra plus seulement par dépôt et
enregistrement, également à la suite d'une requête en
reconnaissance et en exécution de jugement.
Le paragraphe 2° modifie l'article 553.6 du Code de procédure
civile afin de supprimer les mots «à échoir». Ces
mots sont inutiles, puisque l'article s'applique nécessairement aux
versements échus et non à échoir.
Le paragraphe 3 e introduit un autre alinéa à
cet article 553.6 et a pour objet de permettre au percepteur des pensions
alimentaires de conclure des ententes avec les débiteurs alimentaires
quant aux modalités de paiement des arrérages de la pension.
Le paragraphe 4° apporte également une précision au
dernier alinéa de l'article 553.6 en raison de l'insertion d'un nouvel
alinéa. Cette précision établit clairement que le droit
d'opposition à une saisie pour un paiement fait au créancier
appartient au débiteur.
Le paragraphe 5° vient préciser, au premier alinéa de
l'article 553.7 du Code de procédure civile, que le percepteur des
pensions alimentaires peut faire procéder à une saisie et qu'il
ne le fait pas lui-même.
Le paragraphe 6° introduit un nouvel article permettant au
percepteur de se prévaloir des dispositions de l'article 31 de la Loi
sur le ministère du Revenu de telle sorte qu'un remboursement de sommes
dues au débiteur alimentaire, par suite de l'application d'une loi
fiscale, puisse être affecté au paiement des arrérages de
la pension alimentaire. Cette disposition donne suite à une proposition
qui a été faite lors du Sommet de la Justice, notamment par la
Fédération des associations des familles monoparentales du
Québec.
M. Bélanger: Mme la Présidente, relativement,
justement, à la Fédération des familles monoparentales, je
regarde ici la réaction de cette association, de cette
fédération relativement à cet article. Il est clair que
l'unique but de cet amendement est de soustraire les mauvais payeurs à
la loi 33 et à sa période de surveillance lorsque le SAPPA sera
en vigueur. Une fois devant le percepteur, les mauvais payeurs
éviteraient le recours à la saisie et se soustrairaient à
la période de surveillance de 12 mois en promettant par écrit de
respecter un échéancier de paiement.
Nous nous permettons, ici, de reproduire les mots de la Chambre des
notaires pour qui cette entente sur le délai et les modalités de
paiement des arrérages de la pension alimentaire ne doit pas avoir pour
but de soustraire les mauvais payeurs à l'application des dispositions
de la Loi modifiant le Code de procédure civile concernant le
recouvrement de pensions alimentaires. L'entente écrite ne doit pas
avoir pour effet de soustraire le mauvais payeur à la période de
surveillance et de perception garantie par le percepteur pour un délai
d'un an. Il faut éviter de multiplier les délais. Si l'entente
écrite n'est pas respectée, le percepteur devrait
immédiatement pouvoir entamer les procédures de perception.
On précise dans le projet de loi que, si le débiteur
manque à ses engagements, alors le percepteur procédera à
la saisie. Loin de voir à réduire les délais, ceux-ci se
décupleront. Il serait également souhaitable d'indiquer le
délai maximal un jour, une semaine ou 10 jours qui doit
s'écouler entre le défaut du débiteur de respecter
l'entente et la caducité de celle-ci. Alors...
M. Rémillard: Oui. Je vais demander à Pierre
Tanguay de faire des commentaires, mais avant vous me permettrez de dire ceci.
Il s'agit d'une mesure pour être plus efficace dans le paiement de la
pension en ce sens que nous déjudiciarisons. On parle souvent qu'on va
trop judiciariser. Bien, là il y a une mesure qui déjudi-ciarise
pour une plus grande efficacité. Et dans quel sens? Eh bien, le
percepteur... Et on n'a pas besoin d'attendre le mois... En fait, quand le
système de perception automatique sera en application, on peut la faire
dès le mois de janvier prochain, cette mesure-là. C'est un
pouvoir que peut avoir le percepteur dès le mois de janvier. Alors, ce
qu'il fait, c'est que, lorsqu'il y a défaut, il peut voir le
débiteur, puis le débiteur, lorsqu'il admet, il dit: Très
bien, je dois cette pension, il y a des arrérages; comment on fait pour
payer ça? Alors, il peut prendre des ententes. Alors, si le
créancier ou la créancière est d'accord, il fait des
ententes pour que la pension soit payée selon certaines
modalités, et ça évite les procédures en cour.
Alors, je crois que ce n'est pas tout à fait compris dans ce
sens-là par la Fédération. Mais je vais demander à
Me Tanguay de nous faire plus de commentaires, si vous voulez.
M. Tanguay (Pierre): II n'y a effectivement aucun lien à
faire avec cette mesure et le système automatique des perceptions de
pensions alimentaires, qui est
prévu pour décembre 1994. L'article le mentionne, on doit
tenir compte uniquement des aspects financiers du débiteur. Et il y a
un parallèle qui existe déjà au niveau du Code de
procédure pénale, au niveau du paiement des amendes: le
percepteur peut convenir d'une telle entente. Dans ce cas-ci, on va chercher le
consentement de la créancière alimentaire. Mais il s'agit de
viser les débiteurs qui admettent devoir le montant des
arrérages, qui disent: Bien, M. le percepteur, moi, bon, j'admets
supposons devoir 500 $, mais je ne suis pas en mesure de vous les payer
dans les 10 jours comme vous me le demandez. Donc, normalement, le percepteur
serait obligé carrément de dire: Bon, bien, O.K., moi, je n'ai
pas le choix, tu n'es pas capable de me payer, je saisis. Alors, pour
éviter la saisie dans ces cas-là et puis peut-être aussi
éventuellement pour diminuer le nombre d'oppositions ou de
requêtes en révision de pension alimentaire, on croit opportun de
faire en sorte que le percepteur puisse, au niveau des arrérages
seulement, négocier des modalités de paiement des
arrérages. Mais il est évident aussi qu'il ne peut pas
négocier sur le montant des versements à échoir.
C'est-à-dire qu'on pourra dire: C'est peut-être 50 $ par semaine
qu'on appliquera sur les arrérages, mais à chaque semaine
ça me prendra en même temps le versement régulier de la
pension alimentaire, par exemple de 100 $, ce qui fait que le montant des
arrérages cesserait d'accroître, qu'il diminuerait, que la pension
alimentaire courante serait payée et qu'on éviterait de recourir
au processus de saisie.
Maintenant, dans le nouveau système de perception, ça
s'intègre également très bien, dans le SAPPA. Pourquoi?
Parce qu'en vertu du SAPPA, à 553.6 de la loi de 1986, le percepteur
envoie un avis au débiteur, qui constitue une indication de paiement
légal à l'effet que le débiteur devra dorénavant,
même s'il n'y a pas de saisie, payer tant les arrérages que les
versements à échoir au percepteur. Puis là on n'est pas
dans un mode de saisie. C'est une indication de paiement légal. Le
débiteur doit tout payer au percepteur. Alors, ce processus-là
peut aussi très bien s'intégrer avec la philosophie du SAPPA.
M. Bélanger: Mais je comprends, Mme la Présidente,
un petit peu la préoccupation des familles monoparentales
là-dedans. C'est qu'on voit dans cette mesure... Je comprends que la
déjudiciarisation sauve de l'argent, désengorge le
système. Ça, je suis tout à fait d'accord avec ça.
Mais ce dont on a peur, c'est que, finalement, cette déjudiciarisation
donne un délai supplémentaire au mauvais payeur. Puis, moi, je
vois très bien le mauvais payeur qui, sentant venir la saisie, dit:
Écoutez, on peut s'entendre. Il s'arrange pour... On peut toujours
s'arranger pour faire traîner un peu les négociations. On prend
une entente, on ne la respecte pas. Alors, ça donne un délai
supplémentaire avant qu'on n'utilise la saisie qui aurait dû
être faite dès le début.
M. Rémillard: Oui. Mais il faut comprendre que, d'abord,
il faut le consentement du créancier, de la créancière,
hein?
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: II faut le consentement. Alors, à un
moment donné, elle a un choix. Ou bien elle dit: Très bien, je
suis le processus et je m'en vais devant les tribunaux, puis on le saisit et
puis on poursuit, tout simplement, ou bien on fait une entente.
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: On donne les deux possibilités.
M. Bélanger: O.K.
M. Rémillard: C'est ça qu'on fait. Parce qu'on a
dit que c'est avec le consentement du créancier ou de la
créancière. Hey! Ça, c'est très clair!
Alors, ce commentaire... Je ne comprends pas leur commentaire ou
peut-être que ça a été fait avant qu'on mette... On
ne l'avait pas mis. On ne l'avait pas mis. Quand ils ont fait ce
commentaire-là, on n'avait pas mis: avec le consentement du
créancier.
M. Bélanger: Vous l'aviez mis, mais vous l'aviez mis
uniquement dans... C'est-à-dire, ça prenait uniquement...
M. Rémillard: Mais sur le principe.
M. Bélanger: ...un consentement avant d'engager les
négociations.
M. Rémillard: Mais pas sur le fond. M. Bélanger:
Pas sur le fond de l'entente. M. Rémillard: Non. Alors,
là, il l'est... M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: ...ce qui veut dire qu'il y a les deux
possibilités qui sont là. Il y a deux possibilités, et le
choix appartiendra au créancier.
M. Bélanger: Maintenant, quant à la remarque
à savoir qu'il serait souhaitable d'indiquer un délai maximal qui
doit s'écouler entre le défaut du débiteur de respecter
l'entente et la caducité de celle-ci, qu'est-ce que...
M. Rémillard: La quoi? Excusez-moi, j'ai manqué
un... (20 h 30)
M. Bélanger: II serait également souhaitable
d'indiquer le délai maximal qui doit s'écouler entre le
défaut du débiteur de respecter l'entente et la caducité
de
celle-ci. Alors, comment est-ce que le ministre réagit à
cette remarque?
M. Rémillard: II faut que le délai soit convenu
avec la créancière. Il ne peut pas être trop long, sans
ça les recours ne seront pas exerçables comme ils devraient
s'exercer. Alors, moi, il me semble que... Mais je vais... Attendez une petite
minute, on va demander des commentaires.
(Consultation)
M. Tanguay (Pierre): Si le délai est trop long, il n'y a
aucun impact et ça ne vaut pas la peine d'adopter une telle mesure.
Alors, il faut, en plus du consentement du créancier, qu'on donne un
délai assez court mais aussi qui tienne compte de la créance
elle-même et puis des circonstances. Mais il ne faut pas oublier que, si
le délai ne convient pas au montant de la créance puis
c'est du cas par cas le système ne fonctionnera pas. Mais il ne
faut pas oublier non plus, par ailleurs, qu'à un moment donné, si
le délai est trop long, on est mieux de saisir, parce qu'on perdrait des
sommes éventuellement si on ne saisissait pas.
M. Bélanger: Mais ici il faut bien se comprendre. On ne
parle pas, là, de modalités de paiement. On parle de délai
de non-respect, c'est-à-dire, si dans les cinq jours il fait
défaut de faire son paiement, à ce moment-là l'entente
devient caduque. C'est plutôt là. Ce n'est pas des
modalités, là. Je peux comprendre que, plus le montant est grand,
plus on va avoir une entente qui peut s'échelonner sur du temps.
M. Tanguay (Pierre): Non, non. S'il y a un défaut...
M. Bélanger: Oui.
M. Tanguay (Pierre): ...O.K., bon, de respecter l'entente, c'est
caduc immédiatement.
M. Bélanger: Ça devient caduc
immédiatement.
M. Tanguay (Pierre): immédiatement. Il n'y a pas de
nuance. Il n'y a pas de nuance.
M. Rémillard: Bien oui. Dès que la dette est
exigible.
M. Tanguay (Pierre): C'est que l'entente ne tient plus
immédiatement.
M. Bélanger: D'accord. Parce que je comprends que si...
Bon, je sais que vous avez écouté, là, les remarques que
j'avais faites lors de mon discours. II est lourd, le système du
percepteur des pensions alimentaires. Il est très lourd. On peut faire
apparaître dans une loi qu'immédiatement ça devient caduc,
qu'immédiate- ment ça bouge. C'est très lourd. S'il y a
une plainte, je pense, qui revient constamment à l'égard du
système de perception des pensions alimentaires, puis je reprends
même le rapport du Vérificateur général qui,
à cet effet-là, est très critique, c'est que c'est
très lourd comme système. Donc, cette entente-là,
même si on dit qu'elle va être caduque immédiatement, le
délai de réponse, là...
M. Rémillard: Oui. Alors, je pense que c'est
important.
M. Bélanger: Je regarde...
M. Rémillard: Me Tanguay me fait un commentaire.
J'aimerais que vous le disiez pour les fins de la commission, Me Tanguay.
M. Tanguay (Pierre): II y a beaucoup de délais qui sont
allégués par les créancières alimentaires, parce
qu'on a aussi des messages directs des créancières, qui discutent
régulièrement avec les percepteurs. Les commentaires que vous
faites aussi sont exacts. Par exemple, les délais de distribution dans
le système de saisie de salaire, bon, effectivement, sont trop longs, et
c'est un irritant qu'on a reconnu, puisqu'il est corrigé aujourd'hui par
le projet de loi 131 et par la loi de 1988. Tout le système qu'on
appelle le système de gestion des créances, c'est ça, le
système informatique qui va supporter le projet de loi 131 pour une part
et la loi de 1988, ce qui fait que tous les irritants administratifs et les
lenteurs, les délais, qui sont le lot de certaines des tâches,
certains des traitements actuels qu'on connaît en perception de pensions
alimentaires, bien, seront nécessairement éliminés, parce
qu'on sera supportés par un système informatique, de la
même manière qu'aux États-Unis ils sont en train de le
faire aussi.
Par exemple, au Massachusetts, ils ont découvert que ce
n'était pas suffisant d'ajouter des ressources humaines pour traiter les
nombreux cas de perception de pensions alimentaires qu'ils ont à
traiter, une situation un peu plus grave que celle qu'on connaît ici.
Alors, ils ont décidé d'informatiser. Tout ce qui est volumineux
et long à faire, bon, sera traité par une machine. Les
surveillances de délais est-ce que le montant est
déposé effectivement? ce n'est pas le percepteur qui va le
voir, c'est la machine qui va lui dire, à un moment donné...
Ça va apparaître à l'écran: dans tel, tel, tel
dossier, l'argent n'est pas rentré. Ce n'est pas la
créancière qui va s'apercevoir que le chèque n'est pas
rentré, c'est la machine.
Alors, tous ces automatismes-là vont être au service du
percepteur. Le percepteur, lui, qu'est-ce qu'on lui laisse dans le
système? C'est de faire les choix intelligents: Est-ce que je fais une
saisie de salaire? Est-ce que je fais une saisie en main tierce selon 625?
Est-ce que je prends un recours en vertu de C-48.2 au niveau du gouvernement
fédéral, etc.? Est-ce qu'il serait opportun de suggérer
qu'une entente, dans ce cas-là, soit
conclue? Alors, tous les gestes intelligents, tous les choix à
faire sont laissés au percepteur.
Par contre, tout ce qui est volumineux... Par exemple, vient le moment
de choisir, justement, le bref d'exécution. Mais le percepteur n'aura
pas besoin de rédiger la formule de bref d'exécution, de faire
les calculs, etc. Il va peser sur un code, par exemple je ne sais pas
quel code y sera, là 641. Il pèse sur le piton, puis
ça s'imprime, puis ça va être calculé. C'est
exactement ça, le système de perception qu'on va avoir, le
support qu'on va donner au percepteur des pensions alimentaires. Actuellement,
on est tributaires, dans le fond, d'êtres humains qui ont une charge de
travail, qui doivent répondre au téléphone,
répondre à la clientèle, etc. Mais tous ces
éléments-là vont être éliminés en
raison des automatismes qu'on va implanter dans le système, donc pour
supporter la législation.
M. Rémillard: Mme la Présidente, j'attire votre
attention sur ce que vient de dire Me Tanguay, parce que c'est un point
très important. Le système informatique, on y travaille depuis
combien d'années? Ça fait quoi? Ça fait trois ans, quatre
ans?
M. Tanguay (Pierre): Oui.
M. Rémillard: Alors, ce n'est pas facile d'avoir un
système informatique qui va répondre aux besoins comme on doit le
faire. Et ce que nous allons avoir... Je suis allé voir ça, on
m'a fait un rapport sur la façon dont on était en train de
programmer l'ordinateur, et c'est très impressionnant. Me Tanguay vient
de nous expliquer un peu ce qui va se passer, et ça va changer, hein, du
tout au tout le travail du percepteur; du tout au tout. Ce n'est pas facile
à mettre en place, mais, quand il va être mis en place, il va
apporter un fonctionnement complètement différent pour le
percepteur.
La Présidente (Mme Loiselle): Mme la députée
des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Merci, Mme la Présidente. Vous
parlez quand le système informatique sera en place. Là, la
dernière date qui a été donnée par le ministre, on
parle de décembre 1994, disons...
M. Rémillard: Peut-être avant. On est prudents,
là. Si vous me permettez, on vise vers septembre, octobre, mais je vais
être prudent. On parle de décembre.
Mme Carrier-Perreault: Oui. Mais là le Vérificateur
semble dire qu'il y a des gros doutes là-dessus.
M. Rémillard: Non.
Mme Carrier-Perreault: C'est écrit dans le rapport, il
s'attend à 1995.
M. Rémillard: Ah! Vous savez, ne prenez pas tout ça
pour du «cash».
Mme Carrier-Perreault: Non? Bien, c'est parce que ça fait
plusieurs fois qu'on...
M. Rémillard: Non, non. On ne sait pas où il a pris
ça. On ne sait pas où il a pris ça.
Mme Carrier-Perreault: Bien, pour vous autres, d'après le
gouvernement, en tout cas, c'est 1994. Moi, ce que je veux...
M. Rémillard: Bien, ce n'est pas juste le ministre. C'est
les fonctionnaires qui sont impliqués, qui ont ça à coeur,
qui nous disent...
Mme Carrier-Perreault: Ces délais-là, finalement,
on va les avoir jusqu'à temps que le système soit en place par
rapport à ce dont on parle pour cette forme de perception là.
M. Rémillard: Oui.
Mme Carrier-Perreault: Alors, ça veut dire que, les
délais, on peut s'attendre à les avoir jusqu'à ce que le
système informatique soit mis en marche.
M. Rémillard: Non. Il y a des choses qui vont être
mises en place immédiatement, dès les prochaines semaines.
Même au mois de janvier on pourrait mettre en place certaines mesures
extrêmement importantes. Puis il y a les mesures administratives qui sont
prises aussi. Me Tanguay peut nous en parler, si vous voulez, aussi.
Mme Carrier-Perreault: Oui. Bien, j'aimerais ça, qu'il
nous en parle.
M. Rémillard: Oui.
Mme Carrier-Perreault: Puis j'aimerais aussi... En même
temps, je vais poser une petite question. Vous êtes soumis à la
loi 198. Est-ce qu'il y aura des coupures aussi à ce niveau-là?
Puisque le travail se fait par des gens, des personnes...
M. Rémillard: Non.
Mme Carrier-Perreault: Normalement, selon la loi 198, il y aurait
des coupures de postes ou, en tout cas, il y aurait des restrictions à
faire, alors...
M. Rémillard: Pas à ce niveau-là.
Mme Carrier-Perreault: Bien, c'est ce que j'ai compris de la loi
198 jusqu'à date. Alors, j'aimerais ça, que vous me donniez des
explications. Est-ce qu'il y a du danger qu'on accentue les délais?
M. Rémillard: Non. Ça, c'est le ministre qui va
vous répondre, puis le ministre vous dit non.
Mme Carrier-Perreault: Pas soumis à la loi 198.
M. Rémillard: Le ministère de la Justice doit
répondre de la loi 198 comme tous les autres ministères, mais de
la façon raisonnable et de la façon qu'il est possible de le
faire. Et, en ce qui regarde les pensions alimentaires, avec le rôle du
percepteur, il n'en est pas question, d'aucune façon.
Mme Carrier-Perreault: Parfait. Puis là j'aimerais avoir
les réponses de M. Tanguay.
M. Rémillard: Oui.
M. Tanguay (Pierre): II y a une mesure importante qu'on n'a pas
vue mais qui va concerner, par exemple, le travailleur autonome, puis
même le travailleur au noir. Vous savez, quand on a affaire à des
individus qui ont un salaire, comme moi, par exemple, ou comme n'importe qui
qui est salarié, le percepteur n'a pas de difficulté L aller
percevoir la pension alimentaire. Il saisit le salaire, c'est 50 % du salaire
brut, et on est payé très rapidement. (20 h 40)
La difficulté se trouve davantage dans le travail que le
percepteur doit faire au niveau de certains individus dont les salaires ne sont
pas saisissables comme les autres, les travailleurs autonomes, les travailleurs
au noir. Alors, on a une disposition comme celle qui est prévue à
651, O.K., qui va viser ces gens-là, pour essayer de percevoir les
pensions alimentaires à l'égard de ces gens-là. Parce
qu'une saisie à la source ou une saisie de salaire à
l'égard de ces gens-là ne s'applique pas.
Mme Carrier-Perreault: Oui, oui.
M. Tanguay (Pierre): Ça ne s'applique pas. Ça,
c'est une mesure très concrète pour améliorer le taux de
perception de pensions alimentaires; même la question de la Régie
des rentes, éventuellement, l'impôt sur le revenu. C'est une
modification importante à apporter qui va améliorer le taux de
récupération du percepteur des pensions alimentaires, qui est
déjà très bon si on le compare à n'importe quelle
province canadienne.
Mme Carrier-Perreault: Ça, là-dessus, mettons que
je n'ai pas les mêmes chiffres que le ministre nous a donnés
hier.
M. Rémillard: On peut les sortir. On a les mêmes
chiffres, on va les sortir ici.
Mme Carrier-Perreault: Mais est-ce que c'est les mêmes
études que vous avez fournies au Protecteur du citoyen?
M. Rémillard: Oui, oui. On est prêts...
Mme Carrier-Perreault: C'est les chiffres de 1986?
M. Rémillard: On est prêts à vous les mettre,
là. Les fonctionnaires sont ici, puis je vais vous dire, il n'y a pas de
cachette là-dedans, hein? On va sortir les chiffres, puis on va les
déposer en commission. Si vous voulez, on va vous donner tout
ça.
Mme Carrier-Perreault: Oui. J'aimerais ça, qu'on les
dépose...
M. Rémillard: Oui, oui.
Mme Carrier-Perreault: ...parce que j'ai vu les données,
moi, dans le rapport du Protecteur du citoyen et, par rapport aux chiffres qui
ont été mentionnés par le ministre, il y avait comme des
écarts. Il y a des bouts que je n'ai pas compris.
M. Rémillard: Moi, je vais vous dire, c'est pour ça
que j'ai suggéré qu'il y ait une commission parlementaire qui
puisse être tenue pour qu'on entende tous les gens qu'on a à
entendre. C'est un sujet qui mérite ça, je pense. Il
mérite ça.
Mme Carrier-Perreault: C'est exact qu'il n'y a pas eu
d'étude de faite sur ce dossier depuis 1986?
M. Rémillard: Ah! Depuis, écoutez, 1987-1988, 1988,
quand je suis arrivé au ministère de la Justice avec la loi de la
perception automatique.
Mme Carrier-Perreault: La loi de perception qui n'est pas...
celle dont vous parlez.
M. Rémillard: SAPPA. C'est ça.
Mme Carrier-Perreault: Ah! Perception, oui.
M. Rémillard: C'est ça, c'est ça. Je pense
que ça s'imposerait qu'on puisse faire le point et qu'on puisse avoir
toutes les informations. Faisons venir les gens de l'Ontario, faisons venir les
percepteurs, faisons venir les gens que la commission décidera de faire
venir, avec tous les chiffres, puis vous verrez. Vous verrez!
Mme Carrier-Perreault: Mais, en attendant, est-ce que c'est
possible que vous déposiez à la commission les derniers chiffres
de 1988?
M. Rémillard: Bien sûr! Bien sûr! On va
déposer tous les... Tout ce qu'on a comme information, on va le
déposer, tout ce qu'on a.
Dans son rapport... J'ai rencontré le Protecteur du citoyen, qui
est venu me voir, et on a discuté. Il m'a présenté son
rapport, on en a discuté. Je crois que son
rapport a bien des bonnes choses. Cette loi, d'ailleurs, reprend
beaucoup d'éléments qu'on trouve dans le rapport du Protecteur du
citoyen. Mais il n'est pas complètement en faveur du système de
l'Ontario, il n'est pas tout à fait en fonction de ça il
faudrait aller plus loin il est en quelque part entre les deux. Mais il
ne prend pas en considération du tout la loi sur la médiation
familiale, il ne prend pas du tout en considération, non plus, la loi
sur la perception automatique qui va être en application à partir,
donc, de l'automne prochain. Et ça, pour moi, c'est déterminant
si on veut avoir le véritable portrait de la situation. C'est
ça.
Mme Carrier-Perreault: Mais c'est parce que, moi personnellement,
j'ai aussi des doutes là-dessus.
M. Rémillard: Ah! O.K.
Mme Carrier-Perreault: Quand vous parlez de perception
automatique, on parle de perception informatisée des mauvais
débiteurs. C'est de ça qu'on parle quand on parle du projet de
loi 33.
M. Rémillard: Écoutez, c'est ça, c'est une
perception automatique à l'endroit des fautifs. Ce n'est peut-être
pas la même perception automatique que vous avez ailleurs, j'en
conviens.
Mme Carrier-Perreault: Non.
M. Rémillard: Ce n'est pas la même chose. On n'est
pas pour se raconter des choses qui n'existent pas; non, ce n'est pas
ça. C'est: quand quelqu'un est en faute, là il y a une perception
automatique. Mais, moi, ce que je vous dis, c'est que, avec toutes les mesures
qui ont été appliquées et avec ce qu'on va voter ici,
à l'Assemblée nationale, je pense que, si on veut vraiment faire
le point et qu'on puisse, comme parlementaires, en dehors de toute question de
partisanerie politique... Ce n'est pas ça! Qu'on ait une commission
parlementaire et qu'on fasse venir toute personne qui peut nous fournir des
informations. On va voir. Moi, selon les chiffres que j'ai, puis qu'on va
déposer en commission parlementaire, le système de l'Ontario, ce
n'est pas la panacée.
Mme Carrier-Perreault: Non. Ça, je le partage.
M. Rémillard: Et puis la ministre elle-même me le
disait. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise de plus que ça? Moi,
je cherche bien le même objectif que vous cherchez et que tous les
membres de la commission cherchent ici aussi. C'est évident.
Alors...
Mme Carrier-Perreault: Les chiffres qu'on a, c'est basé
sur... Quand on parle de 55 % de pensions alimentaires qui sont impayées
ou partiellement payées, on obtient ces chiffres-là uniquement
par rapport aux gens qui déposent aes plaintes chez le percepteur?
M. Rémillard: Regardez, pour ne pas que ça soit moi
qui réponde, le ministre, je vais demander aux fonctionnaires qui nous
fournissent ces chiffres-là de vous les donner et de vous expliquer les
chiffres. Je vais demander à Me Tanguay, qui les connaît bien, de
nous donner des chiffres puis de nous les expliquer, ces
chiffres-là.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Me
Tanguay.
M. Tanguay (Pierre): merci. bon. effectivement, les taux de
paiement volontaire de 45 % et le taux de défaut initial de 55 %... le
taux initial de 55 %, c'est-à-dire avant procédure
d'exécution, au québec, parce que, quand on parle des
procédures de l'ontario, tout le monde est dans le processus
d'exécution, parce qu'il y a l'enregistrement automatique des
ordonnances depuis 1987 et puis...
Mme Carrier-Perreault: Depuis 1992.
M. Tanguay (Pierre): Enregistrement automatique des ordonnances
depuis 1987 et, depuis 1992, retenue à la source. C'est deux choses.
Depuis 1987, toutes les ordonnances alimentaires rendues, en Ontario, sont
intégrées dans le système de perception. Les ordonnances
sont acheminées chez le percepteur; le percepteur envoie un
questionnaire au créancier alimentaire; le créancier alimentaire
complète un questionnaire de 10 pages, le fait parvenir au percepteur.
Ça, ils font ça depuis 1987. Juillet 1987. Donc, qu'il y ait ou
non un défaut, depuis juillet 1987, c'est l'enregistrement automatique
des ordonnances dès qu'elles sont rendues. Il n'y a pas de défaut
là.
Mars 1992, c'est la retenue à la source. Depuis mars 1992, les
ordonnances rendues peuvent faire l'objet d'une retenue à la source, et
le service de perception peut également initier un ordre de retenue
à la source auprès du tiers saisi... pas du tiers saisi, de la
source, de l'employeur; pas uniquement au moment où le tribunal rend sa
décision, mais également en cours de route, le percepteur de
l'Ontario. Et, généralement, le percepteur de l'Ontario ne fera
pas ça s'il y a des sommes qui sont payées dans le dossier ou
s'il y a une saisie de salaire qui est en cours et qui est efficace. Alors, ils
vont faire ça si c'est une nouvelle ordonnance. À moins que
ça soit un travailleur autonome, ils vont normalement l'intégrer
dans le système de retenue à la source.
Alors, au Québec, la différence, c'est que, bon, les deux
fonctions, enregistrement automatique et retenue à la source, sont
supportées par un système informatique. Chez nous, on aura un
système informatique similaire ou un peu plus à jour,
peut-être, qui va jouer le même rôle que le système
ontarien, mais à l'égard des débiteurs fautifs. Mais
encore faut-il qu'il y ait un défaut et une ordonnance alimentaire de
prononcée. Donc, la créancière devra faire une
démarche initiale, continuer à faire sa démarche initiale
et s'adresser au
percepteur. À partir de ce moment-là, le percepteur est en
charge du dossier. Il n'agit pas simplement en qualité de saisissant,
comme c'est le cas présentement. La loi de 1981 fait en sorte que le
percepteur est essentiellement un percepteur d'arrérages, alors que, en
vertu de la nouvelle loi, il perçoit tant les arrérages que les
versements à échoir. Et tout ça sera
mécanisé. Tout le suivi sera mécanisé.
On parlait, à un moment donné, de la période de
surveillance de paiement de 12 mois après le paiement des
arrérages. Bon. Cette période-là, bon, je vous donne un
exemple, on dit qu'elle va donner des bonnes habitudes de paiement aux
débiteurs. Si l'ordonnance alimentaire dit que la pension alimentaire
doit être payée à tous les vendredis donc, c'est
à la semaine, ça le débiteur doit nous payer tous
les vendredis sa pension alimentaire. S'il fait ça pendant six mois, par
exemple, et qu'au sixième mois il ne paie pas, c'est l'ordinateur qui va
dire au percepteur: Tel dossier, il n'a pas payé. Madame ne le saura
même pas encore, là. C'est le percepteur qui va le savoir, comme
en Ontario. Le percepteur va prendre action immédiate. Il va dire: Bon,
je vais percevoir les nouveaux arrérages et, une fois qu'ils vont avoir
été perçus, je les recommence à zéro, mes 12
mois. Je recommence à zéro. Si le débiteur, dans le fond,
n'acquiert pas des bonnes habitudes de paiement, il va rester dans le
système indéfiniment, tant et aussi longtemps qu'il n'aura pas
payé 12 mois de temps, rubis sur l'ongle, 12 mois
consécutifs.
M. Rémillard; Bien oui. Puis, s'il y a un défaut,
il retombe dans le système tout de suite.
M. Tanguay (Pierre): II retombe à zéro. M.
Rémillard: C'est zéro.
Mme Carrier-Perreault: Oui. Je trouve ça bien, je trouve
ça intéressant, mais ça ne répond pas à la
question que je posais.
M. Tanguay (Pierre): Ah! Je m'excuse.
Mme Carrier-Perreault: Ce que je voudrais savoir...
M. Tanguay (Pierre): Oui.
Mme Carrier-Perreault: ...c'est que les 55 % que vous obtenez,
vous les obtenez uniquement par rapport à ceux qui font des plaintes,
là. parce que, compte tenu qu'on n'a pas de dépôt
automatique, vous n'avez pas en filière les jugements pour les pensions
alimentaires. alors, quand vous dites qu'il y a 55 %, là, des gens qui
ne paient pas ou qui paient seulement une partie, vous obtenez ce
chiffre-là seulement par rapport au nombre de gens qui font des plaintes
au percepteur. (20 h 50)
M. Tanguay (Pierre): Tant chez le percepteur que par le biais
d'un avocat, parce que les avocats de pratique privée ont le droit, au
Québec, de faire de la perception de pensions alimentaires. Ou,
plutôt, j'aurais dû dire que le créancier alimentaire a le
droit de s'adresser, à son choix, soit à l'avocat ou au service
gratuit du percepteur. Bon, ça tient compte de l'ensemble des dossiers
de perception de pensions alimentaires, pas simplement de ceux du percepteur
des pensions alimentaires.
Mme Carrier-Perreault: Ceux pour lequels il y a des plaintes
vis-à-vis d'un avocat autre.
M. Tanguay (Pierre): Ça prend toujours un défaut.
On ne peut pas exécuter un jugement par défaut s'il n'y a pas de
défaut. Il faut effectivement que le débiteur soit en
défaut. Puis, un défaut, c'est effectivement le débiteur
qui ne paie rien, c'est le débiteur qui paie partiellement, c'est le
débiteur qui paie en retard. Quelqu'un qui est en retard, qui paie le
lundi au lieu du vendredi, il est en défaut. Techniquement, c'est un
défaut, et on peut exécuter le jugement. même l'individu
qui refuserait de payer l'indexation à compter du 1er janvier... chaque
année, on indexe les pensions alimentaires. il dit: moi, je vais payer
les 100 $, je ne paie pas l'indexation. il est en défaut. alors,
techniquement, c'est tout ça, les défauts. et les 55 %, c'est
avant l'exécution des procédures. donc, une fois qu'on
perçoit, c'est quoi, les résultats? bien, on aboutit à...
là, je ventile les 55 %, il y a les 7 % des gens de qui on recouvre
totalement les pensions, il y en a 24 % en paiement partiel, 14 % qui ne paient
rien; mais, au niveau du partiel et des gens qui ne paient pas du tout, si on
retranche les requêtes en annulation de pension alimentaire, alors on
aboutit à 26,2 % de taux de défaut comparativement à 77 %
en ontario. puis, ça, c'est les chiffres qui tiennent compte du mois
d'octobre 1993 en ontario.
M. Rémillard: Voulez-vous les répéter, ces
chiffres-là, s'il vous plaît? L'Ontario, c'est combien?
M. Tanguay (Pierre): donc, ça ressemble aux chiffres de
1987, dans le fond: 23 % des ordonnances sont payées entièrement
en ontario. j'inclus là-dedans toutes les ordonnances depuis juillet
1987 et toutes les ordonnances de retenues à la source depuis mars. les
retenues à la source, ça représente 35 % du volume total,
des 120 000 ordonnances qu'il y a dans le gros système ontarien; 120 000
ordonnances. il y en a 40 000 et quelques qui concernent les retenues à
la source. alors, globalement, puis, ça, c'est les chiffres de
l'ontario, j'ai 23 % des gens qui paient totalement leur pension alimentaire
puis j'en ai 77 % qui sont en défaut, alors qu'ici c'est 26,2 %. les
deux comparables, c'est 77 %, ontario, taux de défaut; au québec,
c'est 26,2 %, après exécution.
Mme Carrier-Perreault: Après!
M. Tanguay (Pierre): Oui. Ontario... Ils sont toujours en
exécution.
M. Rémillard: Toujours.
M. Tanguay (Pierre): alors, en toute équité, si on
veut se comparer, on va comparer 26,2 % à 77 %, parce qu'on n'a pas le
même genre de système. donc, on va aller, nous, au bout de la
ligne: 26,2 % versus 77 %. si on ventile les 77 %, il y en a 50 % qui paient
zéro cent dans la piastre.
M. Rémillard: Rien.
M. Tanguay (Pierre): sur les 100 %, là, ils ne paient
rien. en ontario, en 1993...
M. Rémillard: 50 % en Ontario...
M. Tanguay (Pierre): ...en octobre 1993...
M. Rémillard: ...ne paient rien avec leur système.
Je voudrais que vous insistiez là-dessus, là, c'est ça,
les chiffres.
M. Tanguay (Pierre): C'est les chiffres que j'ai reçus,
d'octobre, puis probablement les mêmes chiffres que vous avez
reçus des mêmes personnes.
Mme Carrier-Perreault: Non. Moi, je n'avais pas eu les
mêmes.
M. Tanguay (Pierre): Alors, ça, c'est les chiffres
ontariens.
M. Rémillard: Alors que, nous, on a combien par rapport
à ces 50 % là?
M. Tanguay (Pierre): 8,4 %.
M. Rémillard: 8,4%.
Mme Carrier-Perreault: Comment c'est possible qu'il y ait 50 %?
Est-ce qu'ils vous ont donné l'explication, en Ontario, de ça?
Comment c'est possible...
M. Tanguay (Pierre): Ça ressemble beaucoup, madame...
Mme Carrier-Perreault: ...que 50 % ne paient pas?
M. Tanguay (Pierre): ...à la colombie-britannique. ils ont
70 %, je pense, de taux de défaut. je ne me souviens plus, en alberta,
c'est 65 % ou quelque chose du genre. dans les provinces anglophones, comme aux
états unis, je suis obligé de constater, puis je ne sais pas
vraiment pourquoi, que les débiteurs semblent de moins bons payeurs que
les Québécois.
M. Rémillard: Dites-le d'une façon positive: c'est
que les Québécois sont meilleurs payeurs qu'ailleurs, hein?
M. Tanguay (Pierre): Sont meilleurs payeurs. Je m'excuse,
oui.
M. Rémillard: Alors, c'est ça, la
réalité des choses. Puis, moi, je trouve qu'avec ces
chiffres-là... Ça, c'est les chiffres officiels d'un
ministère de la Justice, qui ont été communiqués
par le ministère de la Justice de l'Ontario. C'est ça qu'on a
comme chiffres. Il y a eu quelque part de la désinformation qui s'est
faite. Quelque part. Je ne sais pas où, hein, mais, ça, ces
chiffres-là, ils sont là. Si ces chiffres-là ne sont pas
bons, bien, écoutez, c'est une autre chose.
Mme Carrier-Perreault: C'est parce que ce que je ne comprends
pas, je vais vous le dire, c'est quoi. Je ne sais pas si vous avez
demandé une explication. Eux autres qui ont un système où
automatiquement ils sont capables d'aller chercher directement une retenue
à la source, comment c'est possible d'en échapper 50 % avec
retenue à la source? Ça veut dire que 50 %... Les 50 %, c'est des
travailleurs autonomes, des travailleurs au noir?
M. Tanguay (Pierre): Non, non. Attention! Mme
Carrier-Perreault: C'est ça? M. Rémillard: II y en a
beaucoup.
M. Tanguay (Pierre): II y en a beaucoup. Mais...
Mme Carrier-Perreault: O.K. On en a ici aussi. M. Tanguay
(Pierre): Oui, oui, on en a.
M. Rémillard: Oui, mais, nous, on a une procédure,
là, pour aller contre eux autres. Eux ne l'ont même pas,
ça; nous, on l'a.
Mme Carrier-Perreault: Si on alliait les deux systèmes, ce
serait fantastique.
M. Tanguay (Pierre): on va regarder, si vous voulez, la
ventilation des statistiques de la retenue à la source seulement.
tantôt, quand je vous ai parlé de 23 %-77 %, c'est 100 %, c'est
l'ensemble, incluant les retenues à la source. si je prends seulement
les retenues à la source puis que je regarde les résultats
ontariens en date d'octobre, incluant octobre 1993, ça représente
donc 35 % des 120 000 dossiers. paiement total, il y en a 12 189, pour 29 %;
paiement partiel, 40 %; aucun paiement, zéro cent dans la piastre,
toujours 31 %. ça
veut dire qu'il y en a 71 % qui sont encore en défaut dans un
système de retenue à la source. Vous avez raison de vous
questionner là-dessus. Nous autres aussi, on se pose des questions.
Pourquoi y a-t-il 31 % des individus qui ont une ordonnance de retenue à
la source qui ne paient rien?
M. Rémillard: Bien oui. Ils ne sont pas capables d'aller
chercher l'argent.
M. Tanguay (Pierre): Qui ne paient rien!
M. Rémillard: Mais, moi, j'ai parlé à la
ministre, puis j'ai essayé d'avoir des explications, puis elle m'a dit:
Écoutez, c'est sûr qu'on a un problème avec notre
système. On n'est pas satisfaits de notre système. Elle
dit...
Mme Carrier-Perreault: C'est peut-être leur informatique
qui ne fonctionne pas.
M. Bélanger: Mais ils ont quand même prolongé
le...
M. Rémillard: II y a un problème... Hein?
M. Bélanger: Ils ont quand même prolongé le
système-pilote après un an, alors...
M. Rémillard: Ah! Ils n'ont pas le choix. Ils sont pris,
là. Ils sont pris dans ce système-là, puis eux aussi
veulent le changer.
M. Bélanger: Parce que, là, je pense... M.
Rémillard: C'est ça, la réalité.
M. Bélanger: ...que ce n'est peut-être pas le
principe qui est en jeu, mais l'administration. Ils l'administrent d'une
façon... Si les chiffres que vous me donnez... Moi, je prends pour
acquis les chiffres que vous me donnez, là. Je ne peux pas comprendre
qu'un employeur qui a une ordonnance de prélever, qui... C'est
l'employeur qui ne prélève pas puis qui n'envoie pas. Parce que,
s'il est encore à l'emploi, il a un salaire. Normalement, il devrait
automatiquement prendre le prélèvement à même le
salaire puis l'envoyer. Là, il y a de la délinquance de la part
de l'employeur, puis il y a un manque de surveillance de la part de celui qui
gère le système. Ce n'est pas le système qui est en
défaut.
M. Tanguay (Pierre): Ou le débiteur. Le débiteur a
laissé son emploi...
M. Bélanger: Oui, oui, mais, à ce moment-là,
on débarque du système puis on dit tout simplement: Si
l'employeur n'est plus dans le système, il n'y a plus de
prélèvement automatique. Ça ne marche pas, votre affaire.
Il me semble, là... Je ne le sais pas.
M. Tanguay (Pierre): Bien, je ne sais pas. Moi, mon affaire, je
n'ai pas de problème avec mon affaire.
M. Rémillard: Non, non, mais c'est leur affaire à
eux autres.
M. Bélanger: Ça ne marche pas, vos chiffres. Non,
mais ça ne marche pas, vos chiffres.
M. Rémillard: Non, non!
M. Bélanger: Les chiffres ne marchent pas. Moi, je dis que
les chiffres ne marchent pas.
M. Rémillard: Bien non mais, si les chiffres ne marchent
pas, c'est leur système qui ne marche pas. Leur système ne
fonctionne pas.
M. Bélanger: Moi... Non.
M. Rémillard: Qu'est-ce que vous voulez? Allez voir en
Ontario. Demandez-leur des informations. Ils vont vous le dire, que le
système ne fonctionne pas comme il devrait fonctionner. Ils ne sont pas
contents de leur système. Ils ne sont pas satisfaits.
Je vais vous donner un autre chiffre ici. En Ontario, le système
emploie 350 personnes. Le coût: 25 000 000 $. Et il
récupère annuellement 27000 000 $ pour l'aide sociale. c'est
rendu à 28000 000$? o.k. on va dire 28 000 000$. au québec, le
système actuel emploie 51 personnes, coûte 1 700 000 $, et la
récupération volontaire ou forcée en faveur de l'aide
sociale s'élève à 48 000 000 $, le double qu'en
ontario.
Écoutez bien une minute, là. Ces chiffres-là, ils
sont là. Moi, comme ministre, c'est les chiffres que j'ai. Puis, face
à ces chiffres-là, vous ne pouvez pas arriver à la
conclusion que l'Ontario a un meilleur système que nous. Je vais vous
dire, vous ne pouvez pas arriver à ça. Si on dit que les chiffres
ne sont pas bons, c'est une autre chose. Mais, moi, j'ai tous les
spécialistes puis tous les gens du ministère de la Justice qui
sont là, qui sont allés en Ontario, qui ont fait les
vérifications, qui sont en communication et qui m'arrivent avec ces
chiffres-là.
M. Bélanger: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Oui. Merci, M. le ministre. M.
le député d'Anjou.
M. Bélanger: Oui mais, là, dans les 25 000 000 $,
pour être honnête, je pense qu'aussi il y a le coût
d'implantation du système, là. Ce n'est pas le coût
récurrent.
M. Rémillard: Non, non, non, non, non. C'est le budget
annuel, ça.
M. Bélanger: Oui...
M. Rémillard: II a été implanté il y
a trois ans, ce système-là, trois ou quatre ans.
M. Bélanger: C'était quoi, le coût
d'implantation, à ce moment-là?
M. Rémillard: En 1987?
M. Bélanger: Le coût d'implantation, c'était
quoi, à ce moment-là? Est-ce que vous l'avez? Vous
êtes...
M. Tanguay (Pierre): Je l'ai déjà eu; je ne l'ai
pas en mémoire.
M. Bélanger: Alors, vous êtes absolument certain
qu'il n'y a pas de coût d'implantation dans ces 25 000 000 $ là.
C'est uniquement le budget de fonctionnement. ..
M. Tanguay (Pierre): Oui. Ils ont eu des coûts
d'implantation en 1987, à l'origine, certainement. Mais là je ne
les ai pas en mémoire.
M. Rémillard: Non, mais c'est pour ça que je vous
dis, moi...
M. Bélanger: Bah, écoutez, moi, en tout cas,
je...
M. Rémillard: II faut, à un moment donné,
faire le point. Si vous voulez faire le point là-dessus... Mais, moi,
les chiffres que j'ai m'amènent à une conclusion tout autre que
celles de bien des groupes qui semblent avoir d'autres chiffres. À
quelque part, il va falloir à un moment donné qu'on sache...
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: ...quelle est la situation, puis la
réalité des choses.
M. Bélanger: Bien d'accord.
M. Rémillard: Moi, comme ministre, écoutez, je ne
peux pas faire autrement que de me baser sur les chiffres que j'ai par mon
appareil administratif. Je n'ai pas de raison de croire que ces gens-là
me mentent.
Mme Carrier-Perreault: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Oui. Merci, M. le ministre.
Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière. (21 heures)
Mme Carrier-Perreault: Oui. Merci, M. le Président. Moi
personnellement, je vais vous dire, M. le ministre, je suis persuadée
que ce n'est pas la seule façon de faire, la façon ontarienne. Je
n'ai jamais dit que c'était la panacée, là; je n'ai jamais
pensé qu'il y avait juste une seule solution. Mais, moi, je pense qu'il
y a quand même une question d'efficacité. On a beau avoir des
chiffres, on compare des chiffres, c'est bien intéressant; je trouve
ça important d'avoir des chiffres, mais on n'a pas les mêmes. De
toute évidence, on n'a pas eu les mêmes informations. Mais il y a
une chose qui m'apparaît quand même assez claire, c'est qu'il n'y a
pas un des deux systèmes qui est parfait. Mais il y a peut-être
moyen d'en bonifier un des deux, de le bonifier de façon à ce que
ce soit plus efficace que ça ne l'est présentement.
C'est sûr qu'il y en a, des plaintes, au niveau du percepteur, et
on le sait très bien. On sait aussi qu'il y a des gens qui n'en feront
pas, de plaintes, au percepteur. Il y a des gens qui souffrent de certaines
situations présentement et qui ne pourront pas, pour x raisons, et je
pense que vous le savez aussi bien que moi, là, qui ne peuvent pas
porter plainte auprès du percepteur. Il y a des délais
présentement et, en attendant, toujours dans l'attente de recevoir ces
montants-là, il y du monde qui est pénalisé
présentement.
C'est sûr que, même s'il n'y a pas un système
parfait, je pense qu'il y a lieu de regarder aussi de ce
côté-là. Ça éviterait, même à
ça... Moi, ce que je trouve intéressant dans le système
ontarien, c'est que ça évite d'aller chez le percepteur faire une
plainte. Ça devient un automatisme, en tout cas pour une partie de la
population qui est touchée. Ça ne règle pas tous les
problèmes, ça, j'en conviens, mais il reste que, à partir
du moment où c'est efficace, que ça enlève des contraintes
et des problèmes pour lesquels bien du monde n'ira pas en faire, de
plaintes, bien, je pense que ça vaut la peine de s'y pencher, puis de
s'y pencher sérieusement.
Le Président (M. Lafrance): Alors, M. le ministre.
M. Rémillard: Moi, je comprends ces
préoccupations-là, je sais qu'il y a des femmes qui ne veulent
même pas aller devant le tribunal pour faire fixer leur pension
alimentaire. Qu'est-ce que vous voulez, c'est pour ça qu'on a une
médiation, là, et puis j'espère que cette
médiation-là va apporter les fruits qu'on pense qu'elle va
apporter. J'espère que ça va aider à fixer ça et
à réparer, entre autres, ce problème. Mais, moi, pour ma
part, écoutez, j'ai dit aux groupes qui sont venus me rencontrer
ce n'est pas tout à fait ça qu'ils ont rapporté, par
exemple, mais ce que j'ai dit, et j'avais plein de monde avec moi aussi qui
peuvent en témoigner j'ai dit que j'étais ouvert à
voir tous les systèmes qui pourraient être les plus efficaces.
Mais, selon l'expertise que j'ai de mon ministère, les gens que j'ai
consultés, ma conclusion, c'est que le système que nous allons
avoir, avec le système de perception qui sera en application,
informatisé à l'automne prochain, avec la médiation
familiale, avec ce que nous faisons présentement parce que, de
toute façon, il faudra faire ce
qu'on fait présentement je vais vous dire, on va avoir
probablement le meilleur système au monde.
Selon l'expertise que j'ai là, c'est ça qu'on me dit.
Maintenant, écoutez bien, je n'ai pas la science infuse, moi, puis je
n'ai pas la vérité, puis je n'ai pas cette
prétention-là. Et, s'il y a une commission parlementaire et qu'on
entend tout le monde et que les gens arrivent à une conclusion autre,
bien, je pense qu'on doit poursuivre tous le même objectif et on
l'ajustera, notre système. C'est tout.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre.
Avez-vous un autre commentaire?
Mme Carrier-Perreault: Moi, M. le Président, je n'ai pas
la prétention non plus d'avoir la vérité, pas du tout. Il
n'est pas question de ça du tout, là, mais il reste qu'on est
conscient et on est d'accord que c'est des améliorations au
système. Oui. Et, d'ailleurs, c'est pour ça que mon
collègue d'Anjou le disait, on n'est pas contre, pas du tout. Le projet
de loi, on va voter en faveur. On est prêt à participer, et tout
ça. Il y a amélioration dans votre système, c'est un fait,
mais toute la partie des gens qui, pour une raison ou pour une autre, ne
peuvent pas allor déposer une plainte, ça ne règle pas
leur problème. Qu'il n'y en ait pas, d'automatismes, à ce
niveau-là, ça ne le règle pas du tout. On le sait que, peu
importe que vous ayez un système informatique, on apporte des
améliorations, mais on ne règle pas nécessairement le
problème de ceux qui, pour toutes sortes de raisons, ne peuvent pas
déposer de plainte.
M. Rémillard: Juste peut-être un commentaire
là-dessus...
Mme Carrier-Perreault: La médiation familiale... Je
m'excuse, je voudrais finir là-dessus. La médiation familiale,
telle qu'on l'a présentement, ça veut dire que ça va
être ordonné par un juge. Ça veut dire que, quelque part,
on est rendu devant le tribunal aussi. Moi, pour moi, j'ai aussi de grosses
questions là-dessus et, ça, je pense que j'en ai
déjà parlé. Puisque ce n'est pas le sujet de la
commission, je vais m'arrêter.
M. Rémillard: Non, non. Ce n'est pas le sujet mais, quand
même, c'est relié. Je pense qu'on n'est pas hors d'ordre quand
même en en parlant, dans le sens que je sais que vous êtes
intervenue, je me souviens très bien de vos commentaires. Moi, je vous
dis que j'ai agi comme ministre de la Justice, mais, la médiation, la
conciliation que j'appellerais à ce moment-là avant de
décider de divorcer ou de se séparer, elle est toujours possible.
Elle est offerte par différents organismes, elle est offerte par des
professionnels. C'est toujours possible. Nous, ce qu'on offre avec la
médiation familiale, c'est quand vous avez décidé de dire
que ça ne marche plus, fini, on divorce, on se sépare, ça
ne coûte rien, pas un sou. On a mis ça gratuit, la
médiation, dès le début des procédures. Dès
le début. Vous déposez vos procédures, et le juge dit: la
médiation.
Attendez de voir les résultats. Attendez. Moi, j'ai pris bonne
note de ce que vous avez dit et je retiens. Attendez de voir les applications.
Ça ne prendra pas de temps pour voir l'application de ça.
Ça va prendre six mois, une année au maximum. Vous allez voir
comment le système marche. Vous allez voir si le système marche.
Vous allez voir. Puis, si ça ne marche pas, on changera. Mais, moi, bien
honnêtement, je vais vous dire, selon les expertises que j'ai puis toutes
les consultations... Puis, bon Dieu! ça fait cinq ans qu'on regarde
ça, puis que je consulte, puis que j'essaie de trouver des moyens. Moi,
je peux vous dire, là, que ce que nous faisons avec ce projet de loi,
avec ce qui va être en application à l'automne prochain, c'est le
meilleur système au monde d'une société
démocratique pour la perception des pensions alimentaires. Si ce n'est
pas ça, changeons-le, le système. Mais, moi, selon les
données que j'ai, selon mes experts, c'est ça, la conclusion.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, M. le ministre.
M. le député d'Anjou.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Je pense qu'il
est évident qu'on a des chiffres qui sont tout à fait
irréconciliables, et on pourrait en débattre longtemps, comparer
nos chiffres. De toute façon, nous n'avons pas les moyens dont dispose
le ministre de la Justice, le ministère de la Justice, là, pour
aller chercher ces chiffres-là. Donc, je pense qu'on peut difficilement,
là, commencer des guerres de chiffres. Je pense que ça
démontre l'urgence aussi qu'il faudrait, là je sais qu'on
en a déjà parlé peut-être donner je ne
sais pas de quelle façon ça pourrait se faire un mandat le
plus rapidement possible à la commission d'entendre, d'éclaircir
le débat là-dessus.
Si on fait le débat, qu'on le fasse à partir de points sur
lesquels on pourra s'entendre, à partir de chiffres sur lesquels on
pourra s'entendre, qu'on pourra vérifier. Je pense que, la seule chose,
c'est de faire venir le percepteur et de faire venir un représentant du
ministère de l'Ontario et, à ce moment-là, poser des
questions. Lui-même ou ses représentants nous donneront les
chiffres officiels et, à ce moment-là, on ne pourra pas
contredire, on ne pourra pas faire d'interprétation. On posera toutes
les questions qu'on aura à poser puis, là, à ce
moment-là, on pourra partir le débat sur un bon pied. Mais il
faut le faire rapidement. Il ne faudrait pas faire ça au printemps ou au
mois de juin, là. Il faudrait faire ça rapidement, je pense.
Parce que, là, on vient de soulever le débat avec la
pétition, avec ce projet de loi là. Le débat, là,
il est levé. Les gens en parlent présentement.
Alors, je pense que ça serait le temps, avant que... Vous savez
que, des fois, des débats peuvent partir dans une direction ou dans
l'autre et, à un moment donné, chacun se retranche dans des
positions qui sont à peu près irréconciliables. À
ce moment-là, une des meilleures façons, je pense, de
rectifier le tir ou
d'aligner un débat comme il faut, c'est de justement partir avec
les bons chiffres.
M. Rémillard: Je voudrais... À une commission
parlementaire comme ça, juste pour compléter ce que vous dites,
je pense qu'il devrait y avoir aussi nos informaticiens...
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: ...qui vont venir nous expliquer...
M. Bélanger: Exactement. Le SAPPA...
M. Rémillard: Oui, le SAPPA. ...comment ça va
marcher, cette affaire-là.
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: Qu'est-ce qu'il va y avoir dans ça,
comment ça va marcher, puis ça va être quoi,
l'efficacité de ça? C'est ça. C'est tout simplement
ça. Moi, j'ai passé des heures et des heures dans cette
patente-là, puis ce n'est pas toujours facile, surtout quand on tombe
dans l'informatique. Mais, selon toutes les données que j'ai, c'est un
très bon système et ça mériterait d'être
étudié en commission parlementaire.
M. Bélanger: C'est parce que, M. le Président, ce
qui m'inquiète un peu là-dedans, c'est que, bon, je connais les
dispositions du ministre relativement à ce dossier. Je ne connais pas
quelles vont être les dispositions de son successeur ou...
M. Rémillard: II y a trois...
M. Bélanger: Alors, pour moi, je voudrais que rapidement
on se branche là-dessus puis qu'on enclenche, à ce
moment-là, le processus ou le mandat qui pourrait être
donné à la commission pour faire ça.
M. Rémillard: Oui. M. Bélanger: Hein?
M. Rémillard: II y a soit la commission des institutions
qui peut décider de se donner un mandat...
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: ...soit le ministre de la Justice, mon
successeur, qui peut décider de la faire, et je vais le lui recommander
fortement, soit ma collègue de la Condition féminine qui peut
décider de la faire. Il y a beaucoup de possibilités. Moi, je
vais vous dire, c'est évident qu'après les débats que nous
avons et le problème parce que c'est un problème qu'on
veut solutionner je crois que ça s'impose.
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: Ça s'impose.
M. Bélanger: Tout à fait.
M. Rémillard: Vous me dites: rapidement. Je veux bien,
mais, attention, qu'elle soit bien préparée, qu'on ait des gens
de l'Ontario, qu'on ait des spécialistes. Que ce soit bien
préparé et qu'on fasse le point. Je ne serai pas ministre, mais
je vous promets une chose: je vais être dans la salle puis je vais
écouter, je vais écouter. On va voir qu'est-ce qui va se faire.
On va voir qu'est-ce qui va arriver.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, M. le ministre.
Donc, les...
M. Bélanger: Juste une autre chose.
Le Président (M. Lafrance): Avez-vous d'autres
commentaires, M. le député d'Anjou? (21 h 10)
M. Bélanger: Oui. Tout à l'heure, c'est parce que
j'écoutais Me Tanguay qui expliquait comment allait fonctionner le
système, le SAPPA. C'est vrai que l'ordinateur réagit rapidement,
mais il y a aussi... Je pense que c'est un peu, peut-être, comment
pourrais-je dire, anticiper, là, la souplesse du régime. On peut
très rapidement faire sortir par informatique une procédure de
saisie, mais il reste quand même qu'il faut la signifier, il faut qu'il y
ait toutes les démarches en cours, puis tout ça. Moi, je ne pense
pas que le SAPPA va être si rapide que ça. On peut faire sortir
des formulaires rapidement, on peut avoir une information rapidement quant au
défaut de paiement; ça, ça apparaît rapidement dans
des fichiers, des boutons qui s'allument, puis tout ça, mais c'est la
procédure qui suit, suite à l'émission des
procédures, suite à l'information, qui nous apparaît...
C'est ça qui est lent dans tout ce système-là.
Puis, aussi, il ne faut pas oublier que, le SAPPA, c'est un an. Si,
pendant un an, la personne se conduit en bon garçon ou en bonne fille,
bon, bien, elle est en liberté, il n'y a plus rien; il faut tout
recommencer encore le système et la remettre en surveillance si jamais
elle décide d'être encore délinquante. Alors, moi, c'est
ça qui me chicote un peu dans ce système-là, je vous
l'avoue honnêtement. Sinon, l'informatique, vous n'avez pas besoin de me
convertir, je crois à ça et, mon Dieu, que c'est plaisant et que
ça simplifie bien des choses. Et c'est vrai qu'on peut, avec des
traitements de textes, faire des procédures à des vitesses
incroyables, mais ce n'est pas tout, ça. C'est bien plus
compliqué que ça.
Puis, toujours le problème aussi qui est constaté par le
Protecteur du citoyen, c'est qu'il n'y a aucun service d'enquête, en tout
cas, digne de ce nom, chez le percepteur des pensions alimentaires. Donc, si la
personne change d'adresse, change d'employeur, quant à revérifier
sa solvabilité, bien, à ce moment-là, c'est
toute une partie de... C'est un pique-nique qu'on se paie. Il faut la
plupart du temps que les gens aillent presque se prendre des services de
dépistage pour aider le percepteur. Moi, je me souviens, en pratique
privée, mon bureau, on avait envoyé au percepteur des
informations pour qu'il bouge. Et, même quand il avait des informations,
on attendait des semaines avant que ça bouge.
Alors, c'est pour ça que, l'informatique, ça va aider, je
suis bien d'accord avec vous, et je le souhaite, et j'ai hâte que
ça se fasse, mais le système va rester néanmoins un
système lourd parce qu'il va faire appel à des procédures
judiciaires. Le système judiciaire reste ce qu'il est, et il est lourd.
C'est lourd, faire des saisies de salaires, c'est lourd, faire des
saisies-arrêts. Et c'est pour ça, moi, que le concept... Je ne
suis pas vendu au système ontarien. Moi, je ne suis pas prêt
à aller sur les tribunes et à dire: Là, c'est le
système ontarien que ça nous prend. Moi, c'est le concept.
M. Rémillard: J'ai hâte que vous les entendiez.
M. Bélanger: Moi aussi, j'ai hâte.
M. Rémiûard: J'ai hâte que vous les entendiez.
Vous allez voir qu'ils vont vous expliquer, et vous allez les questionner, et
ils vont vous en parler ouvertement...
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: ...comme ils m'en ont parlé. J'ai
hâte que vous ayez cette information-là. Vous allez voir, ce n'est
pas la panacée. Ce n'est pas la panacée. Peut-être bien
qu'on peut prendre de leur système et en prendre du nôtre...
M. Bélanger: Oui, oui.
M. Rémillard: ...et faire un mixte et avoir quelque chose
de meilleur. Peut-être bien. Peut-être bien.
M. Bélanger: C'est ce qui fait la particularité du
Québec, souvent.
M. Rémillard: Âh! oui.
M. Bélanger: Vous savez, un mélange de
«common law» et de droit civil, hein?
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger: Mais c'est ça. Je ne sais pas si Me
Tanguay réalise ça, là, ce que je lui ai dit à
propos de... Hein? Je ne sais pas s'il réalise que c'est beau,
l'ordinateur, mais il y a des limites à l'ordinateur.
M. Rémillard: Écoutez, on est très conscient
que ça ne se fait pas, tout ça, très facilement, mais, ce
qu'on dit, c'est que le système serait plus léger, plus
fonctionnel que celui que l'Ontario a au moment où nous nous parlons,
selon les données que j'ai de mon ministère, ce qu'on a au moment
où je vous parle. Maintenant, en commission parlementaire, j'ai
hâte que vous ayez cette information-là. J'ai hâte, bien
hâte.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, M. le
ministre.
M. Rémillard: J'ai hâte qu'on s'en reparle
après. Une voix: Je serai là, moi aussi.
Le Président (M. Lafrance): Alors, s'il n'y a pas d'autres
discussions sur l'article 18, est-ce que l'article 18 est adopté tel
qu'amendé?
M. Bélanger: Me Tanguay n'a pas répondu encore. Il
n'a pas réagi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bélanger: II est moins rapide que les ordinateurs.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lafrance): II garde ça pour plus
tard.
M. Tanguay (Pierre): Moi, ça me prend l'autorisation.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lafrance): Soyez bien à l'aise.
Est-ce que vous aimeriez apporter des commentaires additionnels, Me Tanguay?
Allez-y.
M. Tanguay (Pierre): Simplement pour mentionner... On parlait
tantôt de la demande initiale de la créancière, qui est
nécessaire au Québec. Je veux simplement vous rappeler que
l'ordonnance de retenue à la source qui est signifiée doit
être signifiée. Ça prend un certain temps, comme une
procédure de saisie de salaire, par exemple. Et le temps que l'employeur
se revire de bord, si vous me permettez l'expression, et dépose dans le
système SDO, qu'on appelle, de retenue à la source, c'est comme
le système de saisie de salaire, c'est le même délai. Avec
le SAPPA, on aura le délai initial comme en Ontario, initial.
Après, avec la période de surveillance des paiements ou soit
qu'on soit en mode de saisie de salaire vous avez vu les modifications
qui sont proposées ici alors, la périodicité est
accrue, donc ça nous permet, en conséquence, de distribuer plus
souvent.
Ça, on va le faire, c'est là. Puis, quand on parle de la
période de surveillance des paiements, on n'est pas en mode de saisie;
ce n'est pas une procédure, il n'y en
a pas, de procédure. Tantôt on disait que 553.6
créait une indication de paiement légale, mais c'est là,
le débiteur n'a pas le droit de payer la créancière, il
est obligé de payer le percepteur.
Alors, il n'y a pas de procédure judiciaire comme telle dans ce
système-là; ils ne sont pas là, les délais de
signification. On les fait une fois. Et, si le débiteur n'a pas
d'emploi, on ne pourra pas faire de saisie de salaire, on ne pourra pas non
plus faire de retenues à la source, il n'y a pas de source. Ils ont ce
problème-là en Ontario, on l'a ici nous autres aussi. Le
problème de société du travail au noir, on va essayer de
le régler un petit peu avec la disposition qu'on va voir à 651,
mais, s'ils n'ont pas de source de revenu, ils ont les mêmes
problèmes que nous.
M. Bélanger: Est-ce qu'ils ont un système
d'enquête en Ontario?
M. Tanguay (Pierre): Non.
M. Rémillard: Ils n'ont pas de système
d'enquête. Moi, ce que j'ai trouvé le plus difficile, M. le
Président, je vais vous confier quelque chose, ce que j'ai trouvé
le plus difficile, c'est de me faire dire dans les journaux, dans les
éditoriaux que le ministre de la Justice était contre le
système de l'Ontario parce que ça pénalisait les bons
payeurs. Je vais vous dire, celle-là, je l'ai trouvée dure
en...
Une voix: ...
M. Rémillard: Oui, écoutez bien une minute.
Écoutez. Écoutez...
Le Président (M. Lafrance): Alors, Me Tanguay, est-ce que
vous avez terminé vos commentaires? Oui? Merci. Mme la
députée, est-ce que vous voulez ajouter quelque chose sur cet
article?
Mme Carrier-Perreault: Une petite question, tout simplement. Le
ministre nous dit qu'il va nous fournir les chiffres, mais par rapport aux gens
qui ne paient pas ou qui paient en partie leur pension alimentaire; par rapport
au nombre, est-ce qu'on a une idée du nombrede salariés, en
termes de pourcentage?
M. Tanguay (Pierre): Vous parlez du chiffre de l'Ontario?
Mme Carrier-Perreault: Non, ici. Ici.
M. Rémillard: Les travailleurs autonomes, vous voulez
dire?
Mme Carrier-Perreault: Non, je voudrais savoir le nombre de
travailleurs salariés qu'on a qui ne paient pas, en tout ou en partie,
leur pension alimentaire au Québec.
M. Tanguay (Pierre): II faudrait que je vérifie. Je ne
peux pas...
Mme Carrier-Perreault: Est-ce que c'est des chiffres que vous
possédez, que vous avez en main?
M. Tanguay (Pierre): Non. Si on avait des chiffres... On a les
données de l'étude de 1986 au moment où la pension a
été fixée, le taux d'emploi, tant au niveau de la
créancière alimentaire que du débiteur alimentaire. Mais,
au moment où il y a un problème de perception, on n'a pas cette
donnée-là au niveau de la situation d'emploi du débiteur.
Mais il est évident que, s'il a un emploi, on le saisit. S'il a un
emploi, il est saisi. On n'a aucun problème à localiser un
employeur qui travaille au-dessus de la table, aucun problème. Le
problème de localisation au Québec n'est pas celui de l'Ontario.
En Ontario, une des raisons pour lesquelles ils ont décidé de
faire un système de retenue à la source, c'est que leur saisie de
salaire ne fonctionnait pas parce qu'ils ne savaient pas où
travaillaient leurs débiteurs.
Il ne faut pas oublier une chose: au Québec, il y a 58 points de
service, et la créancière rencontre son percepteur. Il y a une
entrevue face à face, et elle communique régulièrement des
renseignements à son percepteur. Ce n'est pas la même situation en
Ontario. Madame, elle ne le voit pas, son percepteur. Elle remplit un
formulaire qui ressemble à un formulaire d'impôt; c'est 10 pages,
le formulaire que madame remplit seule chez elle. Même une fois que
l'ordonnance est enregistrée, ça, ça veut juste dire que,
systématiquement, le greffier de la cour envoie ça au dossier,
puis c'est envoyé chez le percepteur. Mais, le percepteur, ça lui
prend un formulaire complété, en 10 pages, qu'il envoie à
madame, que madame complète, envoie au percepteur; le percepteur trouve
que ce n'est pas très bien complété parce que madame n'a
pas compris les questions. Cela n'arrive pas au Québec parce que le
percepteur est là, puis il est capable de remplir le questionnaire comme
il faut; il sait ce dont il a besoin. Alors, madame, dans le fond, même
en Ontario, est obligée de remplir un questionnaire qui est un peu plus
long, puis ils ont des délais aussi, en Ontario.
M. Rémillard: Mais, juste pour ajouter à ce que dit
Me Tanguay, en Ontario vous me corrigerez je crois qu'ils ont
neuf points de service. Nous, on en a 58.
M. Tanguay (Pierre): Ils en ont huit.
M. Rémillard: Ils en ont huit? Bon, un de moins. Ils en
ont huit. Nous, on en a 58. Ils ont huit points de service, partout sur le
territoire de l'Ontario, et on en a 58. Vous allez voir quand vous allez...
Mme Carrier-Perreault: C'est parce qu'eux autres c'est
automatiquement enregistré après, là.
M. Rémillard: ...les entendre, ce n'est pas la
panacée. Ce n'est pas la panacée.
Mme Carrier-Perreault: bien, en tout cas, si jamais vous
êtes capable de les produire, j'aimerais ça avoir une idée
des pourcentages de gens qui sont salariés et qui font partie des 55 %
qui sont délinquants.
M. Tanguay (Pierre): Ah, il peut y en avoir un certain nombre,
là, mais, s'il est salarié, on réussit à percevoir
les pensions alimentaires. À moins qu'il ne réussisse à
faire réviser sa pension, pour une raison ou pour une autre,
là.
Mme Carrier-Perreault: Est-ce que c'est possible d'avoir ces
pourcentages-là? (21 h 20)
M. Tanguay (Pierre): je ne sais pas s'ils existent, madame. on va
vérifier, mais je ne peux pas vous le garantir. je pense que tout ce
qu'on a, c'est les données qui existaient au moment de la fixation de la
pension alimentaire, lorsque les gens étaient devant le juge ou au
moment où ils ont convenu ensemble que la pension était de tel
montant et qu'il a été entériné par le tribunal,
donc le taux d'attribution des pensions alimentaires dont vous avez
parlé, de 44 %. a ce moment-là, on avait des données dans
l'étude de 1986 sur le taux d'emploi des débiteurs, mais je ne
pense pas qu'on ait en main à l'heure actuelle des données sur la
situation d'emploi des 55 %. je ne peux pas vous le garantir. si on l'a, on le
fera.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, Me Tanguay.
Donc, est-ce que l'article 18 est adopté tel qu'amendé?
Adopté. J'appelle l'article 19.
M. Bélanger: Non, excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Oui.
M. Bélanger: Relativement à l'article 18,
toujours.
Le Président (M. Lafrance): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger: Oui. Relativement à la remarque du
Protecteur du citoyen, dans sa lettre du 30 novembre 1993, à la page 2
de sa lettre, le Protecteur du citoyen mentionne:
Le paragraphe 6° de l'article 18 du projet propose, pour sa part,
une nouvelle disposition, l'article 563.7.1. Cette disposition prévoit
le recours à l'article 31 de la Loi sur le ministère du Revenu
pour la perception non seulement des montants de pension exigibles mais
également des frais de justice et des frais de perception dus au
percepteur. Elle prévoit, en outre, que le percepteur verse au
créancier les sommes perçues jus- qu'à concurrence des
sommes dues et prélève le montant de ses frais de perception.
En principe, selon l'article 553.10, ces frais de perception ne peuvent
être perçus que lorsque tous les arrérages ont
été payés. Or, puisque les frais de justice sont des
sommes dues au créancier mais ne font pas partie des arrérages
dus à celui-ci, on peut s'interroger sur le moment auquel le percepteur
percevra ces frais, particulièrement lorsque les sommes perçues
du débiteur sont insuffisantes à l'acquittement des montants du
créancier alimentaire.
Il nous apparaîtrait donc souhaitable que l'adverbe
«ensuite» soit inséré après le verbe
«prélève» à la deuxième ligne du
dernier alinéa de l'article 553.7.1 proposé.
M. Rémillard: Avec votre permission, M. le
Président, Me Tanguay.
M. Tanguay (Pierre): Merci. Dans le fond, ça ne pose pas
vraiment de problème. Ça, ce sont les frais, à 553.10, les
espèces d'honoraires du percepteur.
M. Bélanger: Oui, c'est ça.
M. Tanguay (Pierre): On n'a pas le droit de les percevoir s'il
reste encore des arrérages dus. Ça, c'est à 553.10. Si on
lit bien 553.10: «Ceux-ci ne peuvent toutefois être perçus
que lorsque tous les arrérages ont été
payés.»
Alors, s'il reste des arrérages, on n'a pas le droit d'aller les
chercher, nos frais. Il n'y a aucun problème avec cette
disposition-là. S'il n'y a pas assez d'argent, ça veut dire,
donc... Si le montant d'affectation de remboursement du revenu n'est pas
suffisant, ça veut dire qu'il y a encore des arrérages, donc je
ne peux pas aller chercher mes frais.
Le Président (M. Lafrance): Merci, Me Tanguay. Est-ce
qu'il y a d'autres commentaires?
M. Bélanger: Non, ça va.
Le Président (M. Lafrance): Alors, l'article 18 est donc
adopté. J'appelle l'article 19, qui se lit comme suit: Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 1, du suivant: 1.1
L'article 589 de ce Code est modifié par le remplacement, dans la
deuxième ligne du deuxième alinéa, de la
référence à l'article «659.3» par la suivante:
«553.7».
M. Rémillard: M. le Président, cette disposition
vise à remplacer le renvoi à l'article 659.3 par un renvoi
à l'article 553.7 puisque, à compter de l'entrée en
vigueur de la Loi modifiant le Code de procédure civile concernant le
recouvrement de pensions alimentaires, 1988, chapitre 56, l'article 659.3 sera
abrogé et remplacé par l'article 553.7.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre.
Commentaires?
M. Bélanger: Adopté. Le Président (M.
Lafrance): Adopté.
Loi sur l'application de la réforme du Code
civil
J'appelle l'article 20, qui se lit comme suit: L'article 312 de la Loi
sur l'application de la réforme du Code civil (1992, chapitre 57) est
modifié...
M. Rémillard: II y a amendement. M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Oui.
M. Rémillard: M. le Président, je m'excuse, il y a
un amendement à cet article.
Le Président (M. Lafrance): Oui, merci, M. le ministre.
Désirez-vous lire l'amendement?
M. Rémillard: Si vous voulez le lire, M. le
Président, on sera honorés.
Le Président (M. Lafrance): Alors, l'amendement à
l'article 20 se lit comme suit: Remplacer, dans les deuxième et
troisième lignes du deuxième alinéa de l'article 599
introduit par le paragraphe 2°, la référence aux articles
«625.2, 640.1 ou 641» par la référence aux articles
«640.1, 641 ou 651.1».
M. Rémillard: M. le Président, cet amendement est
de concordance avec celui apporté à l'article 8 et l'introduction
par l'article 12.1 du projet de loi de l'article 651.1 du Code de
procédure civile.
M. Bélanger: Adopté.
Le Président (M. Lafrance): Alors, l'amendement est donc
adopté. Et, là, l'article 20, je pense qu'on n'a pas le texte de
l'article 20, tel qu'amendé.
M. Rémillard: Tel qu'amendé, on ne l'a pas,
non.
Le Président (M. Lafrance): Non.
M. Rémillard: Alors, il faudrait... On ne l'a pas, 20, tel
qu'amendé. Est-ce qu'on peut le lire, sujet à l'amendement?
Le Président (M. Lafrance): Oui, certainement, M. le
ministre. Alors, je lis donc le texte original de l'article 20 avant
amendement.
L'article ?12 de la Loi sur l'application de la réforme du Code
civil (1992, chapitre 57) est modifié : 1° par le remplacement, dans
les quatrième et cinquième lignes du premier alinéa de
l'article 599 de ce Code, des mots «de salaire pour dette
d'aliments» par les mots «pratiquée en vertu de l'article
641»; 2° par l'insertion, après le premier alinéa de
l'article 599 de ce Code, du suivant: «Malgré le premier
alinéa, la signification de la requête en opposition à une
saisie pratiquée en vertu de l'article 625.2, 640.1 ou 641 pour
l'exécution d'un jugement accordant des aliments ne suspend pas la
distribution des sommes d'argent saisies à moins que, pour des motifs
exceptionnels, un juge exerçant en son bureau n'en ordonne la
suspension.»
M. Rémillard: Alors, M. le Président, cette
disposition modifie l'article 599 qui traite de l'effet suspensif de
l'opposition. Le paragraphe premier de cette disposition a pour objet de
préciser qu'en matière de saisie de salaire autre que celle pour
dette d'aliments le tiers saisi est tenu de continuer de déposer la
partie saisissable des sommes qu'il doit au débiteur et que seule la
distribution des sommes saisies est suspendue lorsqu'il y a opposition à
la saisie.
Le paragraphe deuxième vient préciser que, dans le cas
d'une saisie de salaire pour dette alimentaire, l'opposition ne suspend la
distribution des sommes saisies que dans la mesure où un juge en chambre
en dispose.
Alors, M. le Président, cette disposition répond à
une demande de la Fédération des associations des familles
monoparentales du Québec.
M. Bélanger: M. le Président, je regarde justement
la réaction de l'association des familles monoparentales relativement
à cet article 20, et ce qu'on se demande ici, comme question, c'est
pourquoi puis je me demande un petit peu aussi la même chose
on parle d'un juge exerçant en son bureau. C'est plutôt un
juge en chambre, c'est... Parce qu'il y a un juge en chambre puis un juge en
cour de pratique...
Une voix: Elle vient l'enlever.
M. Bélanger: Ah! Elle vient l'enlever, là.
M. Rémillard: Maintenant, c'est comme ça.
M. Bélanger: Ah! Bon. C'est ça. Excusez-moi,
là. J'étais en train, en même temps, de... D'accord.
Le Président (M. Lafrance): Alors, ça va? Est-ce
qu'il y a d'autres commentaires sur cet article 20 tel qu'amendé?
M. Bélanger: Attendez, je vais me retrouver dans mes
papiers un peu.
Le Président (M. Lafrance): Pardon?
M. Bélanger: Je dis que je vais me retrouver un petit peu
dans mes papiers, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Oui. Il y a beaucoup de
références numériques.
M. Rémillard: C'est un article important, M. le
Président. Pour donner le temps à mon collègue, le
député d'Anjou, de se retrouver dans ses papiers, là, je
dois vous dire que c'est un article important, parce que ça
répond à une situation qui a été, à un
moment donné, bien dans l'actualité. C'est-à-dire qu'il y
a une saisie, et il y a opposition à la saisie parce que la
créance est exigible. C'est-à-dire, la pension n'est pas
payée, il y a opposition et, parce qu'il y a opposition, il n'y a plus
de pension qui est payée jusqu'à temps que le juge statue sur la
pension. Alors, c'était une disposition du Code de procédure
civile. On a dit que c'était une directive du ministère de la
Justice. Ce n'était pas une directive, M. le Président,
c'était simplement d'expliquer au protonotaire ce qui existait dans le
Code. Il n'avait pas le choix, il fallait qu'il fasse ça. Alors,
là, par cette loi, on change ça, et on dit: Même s'il y a
saisie, il faut que la pension continue d'être payée, hormis que
le juge en décide autrement pour des situations qui sont
exceptionnelles.
Alors, c'est un autre exemple de désinformation qu'il y a eu. Et,
à un moment donné, j'ai essayé de faire des interventions
ou de rectifier ça et de dire: Ce n'est pas une directive du
ministère de la Justice qui est la cause de ça, c'est tout
simplement le fait qu'on a dans notre loi une disposition qui exige ça,
puis il faut changer la loi. Et c'est ce qu'on fait aujourd'hui, on change la
loi.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, M. le ministre.
M. le député d'Anjou. (21 h 30)
M. Bélanger: M. le Président, il faut croire qu'il
y avait un juge qui avait été désinformé aussi
parce que j'ai lu le jugement et le jugement parlait aussi d'une directive.
M. Rémillard: Oui, l'avocat qui l'a plaidé a
plaidé ça, puis le juge l'a repris dans son jugement.
M. Bélanger: C'est ça. Le juge...
M. Rémillard: Et puis, à un moment donné,
ça part comme ça, on essaie de rectifier ça, puis on n'est
pas capable. Ça part dans les médias, puis terminé. Mais
là, ce qu'on fait aujourd'hui, comme parlementaires, c'est qu'on change
la loi.
M. Bélanger: Là, j'essaie de comprendre la
portée de l'amendement de 20: Remplacer, dans les deuxième et
troisième lignes ... la référence aux articles
«625.2, 640.1 ou 641» par la référence aux articles
«640.1, 641 ou 651.1». Est-ce que je comprends, par cet
amendement-là, qu'on fait sauter complètement tout le dernier
paragraphe?
M. Rémillard: Non. Me Tanguay va nous l'expliquer. Non,
non.
M. Bélanger: Parce que là, c'est ça, je me
demande de quelle façon on fait sauter un juge exerçant en son
bureau, comment on l'a fait sauter, lui.
M. Tanguay (Pierre): On ne l'a pas fait sauter. M.
Rémillard: Non, non. Regardez bien...
M. Tanguay (Pierre): «...pour des motifs exceptionnels, un
juge exerçant en son bureau n'en ordonne la suspension», c'est
resté là.
M. Bélanger: Bien, ma remarque, c'était ça.
Alors, on ne l'a pas changé.
M. Tanguay (Pierre): Non, non, ça reste là. M.
Bélanger: O.K.
M. Tanguay (Pierre): Tout ce qu'on fait, c'est qu'on
enlève le 625.2...
M. Bélanger: Oui.
M. Tanguay (Pierre): ...dont on a disposé...
M. Bélanger: Oui.
M. Tanguay (Pierre): ...et on le remplace par 651.1. Sauf que
là on va mettre les dispositions dans l'ordre. On va dire: 640.1, 641 ou
651.1, tout simplement.
M. Bélanger: O.K.
M. Tanguay (Pierre): On ne touche à rien d'autre.
M. Bélanger: Donc, un juge exerçant... Ma remarque,
relativement... Moi, j'étais parti sur le fait «un juge
exerçant en son bureau»...
M. Tanguay (Pierre): Oui.
M. Bélanger: Un juge exerçant en son bureau...
M. Tanguay (Pierre): C'est là.
M. Bélanger: ...va toujours...
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger: ...pouvoir dire...
M. Rémillard: Oui.
M. Tanguay (Pierre): Pour des motifs exceptionnels.
M. Rémillard: C'est ça.
M. Bélanger: Oui. C'est justement, ma remarque, on m'a
interrompu pour rien. Ha, ha, ha! On m'a interrompu pour rien parce que,
moi...
M. Rémillard: Parce qu'on vous a mal compris.
M. Bélanger: Oui, on s'est mal compris, voilà.
Parce que je me demandais pourquoi on a marqué un juge en chambre
plutôt qu'un juge en cour de pratique. Parce que, un juge en cour de
pratique, les deux parties sont convoquées, il faut qu'il y ait avis de
présentation et il peut y avoir un débat, tandis que, un juge en
chambre, on peut arriver directement devant le juge et lui demander, à
ce moment-là, un peu comme une injonction provisoire, que ça
soit... Moi, j'aurais préféré un juge en cour de pratique,
sur requête.
M. Rémillard: C'est parce que les parties seront là
aussi.
M. Bélanger: Ce n'est pas... M. Rémillard: Ah
oui, oui.
M. Bélanger: Juge en chambre, ce n'est pas toujours
obligatoire, l'obligation n'est pas...
M. Rémillard: Attendez, je vais demander à Me
Tanguay.
M. Bélanger: D'accord.
M. Rémillard: Je vais laisser Me Tanguay vous l'expliquer,
si vous voulez.
M. Tanguay (Pierre): Pourquoi ce n'est pas en cour de pratique?
Parce qu'une requête en opposition est instruite et jugée
d'urgence, n'est-ce pas? Si c'est en cour de pratique, on va débattre le
fond de l'opposition. On va débattre le fond...
M. Rémillard: C'est ça.
M. Tanguay (Pierre): ...n'est-ce pas? Alors, pour que ça
ait un certain sens, pour que ça aille plus vite que la requête
jugée d'urgence en cour de pratique... Parce que, ça, ça
prend une signification avec un avis de présentation, on doit appeler,
mettre des rôles et réserver une date...
M. Bélanger: Oui.
M. Tanguay (Pierre): ...pour procéder en famille, en
familial, en cour de pratique. Alors, ça, c'est trop loin. En chambre,
tu n'as pas besoin de ça. Alors, pour qu'il y ait un sens à cette
demande-là, il faut absolument que ce soit avec le juge...
M. Bélanger: Oui.
M. Tanguay (Pierre): ...exerçant en son bureau, sinon on
va débattre le fond. On n'aura pas besoin de demander au juge: Est-ce
que vous pouvez surseoir, M. le juge, s'il vous plaît? Le juge va dire:
Je vais entendre votre requête au fond sur l'opposition. Sinon, c'est un
non-sens.
M. Bélanger: Oui, mais, à ce moment-là, il
faudrait au moins prévoir que les parties doivent être
convoquées, entendre les deux parties. Moi, je pense qu'il faut
donner... C'était la critique de la Fédération des
associations des familles monoparentales. C'est qu'elle trouvait que, un juge
exerçant en chambre, ça peut être un juge tout seul qui,
tout simplement sollicité par une partie, décide de rendre
jugement.
M. Rémillard: Non, ce serait contestable. Parce qu'un juge
ne peut pas statuer sur une situation comme celle-là, exceptionnelle,
sans avoir des représentations des parties. Ce n'est pas pensable, je ne
vois pas ça.
M. Bélanger: Mais il peut émettre des injonctions,
justement, sans...
M. Rémillard: Oui, mais, écoutez, je ne vois pas
comment un juge peut en arriver à ça. Parce que, sans ça,
on va tomber dans une procédurite qui ne sera à l'avantage de
personne. Écoutez, il faut avoir une confiance dans le système
judiciaire. Le système judiciaire, on dit: le juge en chambre,
c'est-à-dire le juge en son bureau, selon l'expression qu'on utilise
maintenant. Et il faut comprendre que le juge qui décide que, à
cause de situations exceptionnelles, la pension alimentaire ne doit pas
continuer à être versée parce qu'il y a saisie, c'est que,
donc, il va à rencontre du principe de la loi qui dit que la pension
doit continuer d'être versée. C'est toute une décision
qu'il prend, là. Il faut que les motifs soient exceptionnels.
Pensez-vous qu'il va prendre cette décision-là sans avoir des
représentations? Moi, il me semble que ce n'est pas pensable, ce n'est
pas pensable. C'est quand même... Vous avez été dans la
pratique, vous savez ce que c'est. Là, on va loin.
M. Bélanger: II y a des juges qui émettent des
injonctions sans convoquer les parties.
M. Rémillard: Oui, mais écoutez, pas... Une
injonction...
M. Bélanger: Bien, une injonction, c'est tout au moins
aussi important.
M. Rémillard: Ça dépend dans quoi, ça
dépend dans quoi.
M. Bélanger: Bien, c'est tout aussi important, une
injonction.
M. Rémillard: Ça dépend dans quoi, ça
dépend dans quoi. Moi, j'aimerais ça que vous puissiez me donner
un exemple là-dessus. Moi, je n'ai pas eu une grosse pratique dans ces
domaines-là, mais il me semble que, quand un juge prend une injonction
dans un domaine significatif, je dois vous dire qu'il fait attention, et, en
chambre, il va se faire faire des représentations avant de prendre sa
décision.
M. Bélanger: Parce que, dans le cas d'injonction
provisoire d'urgence, ça peut être émis par un juge en
chambre sans que... Je sais que la majorité des juges vont toujours
préférer, quand c'est possible, appeler l'avocat de la partie
adverse. Moi, je l'ai vu très souvent, là. Le juge, par
conscience professionnelle, il va dire: Écoutez, maître, vous
m'arrivez avec ça en chambre, moi, je vais appeler le confrère
là-dedans pour savoir s'il est au courant et savoir au moins s'il veut
contester. Et il va lui donner le temps qu'il arrive, il va lui dire: Attendez
à cet après-midi. Je l'ai vu très souvent faire.
M. Rémillard: Bien oui.
M. Bélanger: Mais il n'a pas d'obligation de le faire, et
ce ne sont pas tous les juges qui le font.
M. Rémillard: Oui, mais, regardez, la loi dit, comme
principe, que la pension alimentaire doit continuer à être
payée. C'est ça que la loi dit.
M. Bélanger: Oui, oui.
M. Rémillard: Elle dit: hormis situation exceptionnelle.
Donc, c'est une situation humanitaire. Vous avez une pension alimentaire qui
est payée parce qu'il y a des enfants qui doivent manger, parce qu'il y
a une femme qui est là et qui doit vivre. À un moment
donné, le juge va dire: Ce n'est pas grave, vous pouvez arrêter de
payer parce qu'il y a une saisie. Et il va faire ça tout seul en
chambre?
Vous savez, à un moment donné, on a le choix. On tombe
dans l'extrême des procédures, et là on risque de tomber,
comme Me Tanguay vient de le dire, dans le fond, à toutes fins
pratiques, d'une façon peut-être déguisée mais dans
le fond quand même... ou bien on fait quand même confiance, dans ce
domaine-là, au système judiciaire et au juge... Moi, je n'ai pas
d'hésitations à dire qu'il faut laisser ça au niveau du
juge en chambre. C'est une exception.
(Consultation)
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur cet article 20?
M. Bélanger: M. le Président, j'essayais de trouver
un exemple vite, vite. C'est la suspension d'une décision, justement
je sais que ça m'était déjà arrivé
la suspension d'une décision rendue par la Régie du
logement. Un juge de la Cour du Québec, en chambre, peut ordonner la
suspension d'une décision qui va être exécutée, et
ça peut se faire en chambre sans aucun avis, tout simplement en se
présentant devant le juge en chambre et puis il l'ordonne. Ça
peut avoir des conséquences très graves parce que, quand il y a
un bref de saisie qui est émis, c'est l'exécution assez
rapidement.
M. Rémillard: La situation n'est pas la même ici
parce qu'on dit, dans la loi, que ce sont des situations exceptionnelles. Le
juge en chambre... C'est une question humanitaire. Écoutez, moi, je n'ai
pas d'hésitations, je n'ai vraiment pas d'hésitations face
à l'autre choix qu'on aurait de tomber dans la procédure qui va
causer des problèmes. Moi, j'ai confiance dans le système
judiciaire là-dedans. Je n'ai pas d'hésitations, je n'ai vraiment
pas d'hésitations là-dessus.
M. Bélanger: Avec votre permission, M. le
Président, je voudrais savoir... Est-ce que Me Tanguay pourrait me dire
si c'est possible de mettre un avis de présentation ou de donner un avis
avant de se présenter devant le juge en chambre, de mettre une telle
obligation? C'est impossible? Ce serait quand même rapide, un jour
juridique franc d'avis. Ce serait plus rapide qu'une contestation de
l'opposition.
M. Tanguay (Pierre): Oui, sauf que, le principe, c'est le juge
exerçant en son bureau, et, comme garantie, il y a la règle
générale qui dit: II n'y a pas de sursis en matière
alimentaire. On dit, bon, il faut quand même garantir des droits au cas
où, alors on vient limiter, on vient dire carrément «des
motifs exceptionnels». Dans le Code de procédure civile, des
motifs exceptionnels, c'est vraiment exceptionnel, c'est
interprété restrictivement, c'est de l'exception.
M. Bélanger: Pourriez-vous me donner un exemple de ce qui
pourrait constituer un motif exceptionnel?
M. Tanguay (Pierre): Le débiteur qui aurait oublié
de dire au percepteur: Écoute, je suis capable de te faire ta preuve de
paiement. Je dirais: Apporte-moi les chèques endossés, par
exemple. C'est exceptionnel. Je n'en imagine pas des cas d'exception, à
part celui-là, le gars qui aurait entièrement payé.
M. Rémillard: On prétend que je n'ai pas
payé, mais j'ai payé et voici la preuve, voici mes chèques
endossés.
M. Bélanger: C'est le seul?
(21 h 40)
M. Tanguay (Pierre): Non, ce n'est pas le seul, la jurisprudence
va le développer, les juges vont voir à l'interpréter,
mais c'est de l'exception. On voulait que la règle soit le paiement,
mais il fallait garantir jusqu'à un certain point les droits des
débiteurs qui pouvaient invoquer des motifs exceptionnels, quels
seraient-ils. Alors, c'est un terme qui nous a été proposé
à la suggestion du Barreau, «pour motifs exceptionnels».
M. Bélanger: Ah, c'est le Barreau qui vous a
suggéré ça.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, Me Tanguay.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires, M. le député d'Anjou?
M. Bélanger: Non, M. le Président, attendez...
(Consultation)
M. Bélanger: M. le Président, la
Fédération des familles monoparentales suggérait une autre
formulation pour le même article. Je ne sais pas si on a pris
connaissance de ses commentaires relativement à cet article-là.
Eux autres, ils disaient d'enlever tout simplement la notion de juge en chambre
et marquer «un juge peut en ordonner la suspension», et, à
ce moment-là, ça enlèverait, ça donnerait
automatiquement l'obligation, comme on ne mentionne pas un juge dans son
bureau, que c'est un juge... donc l'interprétation vous dit, à ce
moment-là, un juge en cour de pratique. Si je comprends bien, tout
à l'heure, les propos de Me Tanguay, Me Tanguay, lui, trouve que, si on
mettait ça devant un juge en cour de pratique, pour lui ça
enlèverait toute pertinence. Les délais quand même en cour
de pratique sont beaucoup plus rapprochés que les contestations
d'opposition au fond.
M. Tanguay (Pierre): Toutes les oppositions se contestent par
requête avec 599. Le juge, effectivement, signifierait soit dans son
bureau, soit devant le tribunal...
M. Bélanger: Oui.
M. Tanguay (Pierre): ...donc, en cours de pratique, puis tu
débattrais sur le fond.
M. Bélanger: Ah.
M. Rémillard: Je pense... On a regardé tout
ça avec le Barreau et tout le monde, et je pense que la formule... Je
peux comprendre leur préoccupation, mais je pense qu'ils n'ont pas
besoin de s'en faire là-dessus. Je ne pense pas.
M. Bélanger: Alors, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Alors, l'article 20 est donc
adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 21, qui se lit comme
suit: L'article 324 de cette loi est remplacé par le suivant:
«324. L'article 651 de ce Code est modifié: 1 ° par le
remplacement du premier alinéa par les suivants: «651. Le juge
peut, sur requête d'un créancier porteur d'un jugement
exécutoire signifiée au débiteur au moins cinq jours avant
la date fixée pour sa présentation, lui ordonner de
comparaître en personne pour déclarer les revenus de travail qu'il
tire à titre de travailleur autonome ou qui lui sont versés par
un employeur ne résidant pas au Québec et lui enjoindre d'en
déposer au greffe la portion établie suivant les dispositions de
l'article 553. «Les dispositions des articles 641.1, 641.2 et 642
à 647 s'appliquent, compte tenu des adaptations
nécessaires.»; 2° par le remplacement, dans les
première et deuxième lignes du deuxième alinéa, des
mots «le montant de sa rémunération» par les mots
«ses revenus de travail»; 3° par le remplacement, dans les
première et deuxième lignes du troisième alinéa,
des mots «sa rémunération» par les mots «ses
revenus de travail».
M. Rémillard: M. le Président, cette disposition a
pour objet de prévoir qu'une ordonnance de déclarer et de
déposer la portion saisissable des revenus gagnés à titre
de travailleur autonome ou versés par un employeur ne résidant
pas au Québec puisse être émise à l'égard
d'un débiteur pour l'exécution d'un jugement accordant des
aliments de la même manière que les traitements, salaires et gages
d'un employé le sont par voie de saisie-arrêt.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre.
Commentaires?
M. Bélanger: Je regardais la réaction, encore, de
la Fédération des associations des familles monoparentales du
Québec, qui dit, dans ses commentaires du 20 octobre 1993: «La
proposition du ministre a le mérite de se pencher sur les travailleurs
autonomes, qui peuvent se soustraire, actuellement, à la saisie de
salaire. Par contre, nous doutons de son efficacité réelle. Si le
travailleur plaide l'insolvabilité, le percepteur ne se fiera
qu'à sa seule parole et le percepteur fermera le dossier. Il reviendra
à la créancière de prouver la solvabilité du
débiteur. «L'outrage au tribunal s'applique aujourd'hui à
tous les débiteurs qui ne respectent pas une ordonnance alimentaire.
Dans les faits, une telle requête aboutit rarement. Les magistrats
assimilent un emprisonnement pour aliments non versés à un
emprisonnement pour dette civile, ce qui est interdit. La
Fédération des associations des familles monoparentales du
Québec suggère que l'emprisonnement suivant le refus, par le
débiteur,
de se conformer à une ordonnance alimentaire cesse d'être
assimilé à un emprisonnement pour dette civile. Les aliments sont
d'ordre public, ce qui n'est pas le cas pour les dettes civiles.»
Alors, relativement à la première remarque de la
Fédération, c'est que c'est vrai que ça a le mérite
de s'attaquer au problème des travailleurs autonomes, mais, comme le
Protecteur du citoyen l'a constaté, il n'y a pas vraiment de pouvoir
d'enquête, de vrai système d'enquête chez le percepteur des
pensions alimentaires. Donc, la personne qui donne de fausses informations ou
qui omet de donner des déclarations, on a beaucoup de
difficultés, présentement, d'obtenir soit des recherches ou des
vérifications d'insolvabilité par le percepteur des pensions
alimentaires. Donc, c'est un article qui, en soi, est louable, mais on peut...
Moi, en tout cas, je partage un peu la préoccupation de la
Fédération des associations des familles monoparentales du
Québec, à savoir: Est-ce que ça va être vraiment
efficace, ça, cette disposition-là?
M. Rémillard: En tout cas, ça va être
efficace, M. le Président, parce que, à un moment donné,
il y a l'outrage au tribunal. Je vais demander à Me Tanguay de nous
donner plas d'explications.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Me
Tanguay.
M. Tanguay (Pierre): Merci. On compte, évidemment,
à l'égard de cette clientèle... On ne peut pas
prétendre que tous les travailleurs au noir sont des mauvais payeurs...
pas les travailleurs au noir, mais les travailleurs autonomes...
M. Bélanger: Autonomes. Ha, ha, ha!
M. Tanguay (Pierre): Donc, on ne peut pas prétendre qu'ils
sont tous de mauvais payeurs... Et on peut aussi, même, viser certains
travailleurs au noir par cette disposition-là. On compte aussi sur
l'effet dissuasif de l'emprisonnement. Puis ça ne signifie pas que tous
ces gens-là vont aboutir en prison. J'imagine qu'on veut éviter
de les envoyer là, sauf que voici un mécanisme qui nous permet
d'aller les chercher. On ne peut pas saisir le salaire de ces gens-là,
ils n'en ont pas, de salaire, comme tel. Ils s'en paient eux-mêmes.
C'est comme notre fameux chauffeur de taxi, par exemple. Il n'a pas
réellement de patron, il conduit le taxi de son patron, puis il fait sa
ronne, O.K., de telle heure à telle heure. Il a l'argent, il
déduit un certain montant, il le met dans ses poches puis il dit: Tiens,
boss, ça, c'est ton argent. Mais là on va pouvoir l'amener, lui,
en cour, le chauffeur de taxi, pour savoir comment il vit, etc. C'est un moyen
qui va nous permettre d'atteindre cette clientèle-là, par
exemple. Puis ça vise également le travailleur
québécois qui recevrait une rémunération qui
provient soit de l'Ontario ou du Nouveau-Brunswick, des États-Unis, de
n'importe où, et qui réside ici puis qu'on n'est pas capables
d'aller chercher parce qu'on n'est pas capables de saisir. Par exemple, parce
que le débiteur réside au Québec, on n'est pas capables de
le saisir dans un autre pays.
M. Bélanger: Sauf que ça ne me donne pas plus de...
Je ne sais pas si Me Tanguay est d'accord avec moi que les pouvoirs
d'enquête, c'est très limité, présentement, chez le
percepteur des pensions alimentaires. C'est beau d'aller chercher, c'est beau
de le contraindre à venir témoigner en cour, mais, si on ne peut
pas vérifier l'information ou, finalement, contredire ce qui nous est
avancé par la personne, c'est assez embêtant, malgré ces
pouvoirs-là qui nous sont donnés. (21 h 50)
M. Tanguay (Pierre): Oui, il y a des limites, sauf que,
évidemment, cet individu est dans la situation où il se fait
interroger et contre-interroger par un procureur, et il est dans la boîte
des témoins.
M. Bélanger: Pour avoir fait beaucoup de collection
c'était une de mes spécialités quand je pratiquais
je peux vous dire qu'il y en a que ça ne gêne pas
réellement. Les récalcitrants, il faut les prendre avec des
faits, avoir des renseignements précis pour les contredire, il faut
avoir vraiment...
M. Tanguay (Pierre): C'est possible.
M. Bélanger: ...un pouvoir d'enquête pour faire une
cueillette d'informations. Quand on a de l'information pour les contredire...
Nous, on avait des enquêteurs, on avait des agences de dépistage.
Quand la personne nous arrivait en cour, justement parce qu'on lui avait
enjoint, là, de comparaître devant nous, là, et devant le
protonotaire, là, quand elle nous contait, comme on dit, des bobards,
bien là on lui disait: Écoute, tu travailles à tel
endroit, on sait que tu as une voiture immatriculée, telle affaire... On
avait des éléments, mais sans ce pouvoir d'enquête
là, que n'a pas le percepteur des pensions alimentaires, une personne
peut vous raconter un roman savon puis faire des bulles.
M. Rémillard: Écoutez, ça ne réglera
pas tous les problèmes, là.
M. Bélanger: Non, non...
M. Rémillard: Ça ne réglera pas tous les
problèmes. Je pense que ça va régler une bonne partie d'un
gros problème qu'on a actuellement, mais il ne faut pas se raconter des
peurs, penser qu'on va tout régler. Mais je pense qu'on va pouvoir, avec
ça, régler pas mal de problèmes. Ça va créer
aussi, là, un bon climat, je dirais, nouveau pour les travailleurs
autonomes qui se pensaient à l'abri, et qui, là, vont se faire
coincer un peu, un peu, pas mal.
M. Bélanger: Là, ils vont se faire intimider,
peut-être, là, au niveau de se faire contraindre à
venir témoigner, mais je pense que le ministre va être d'accord
avec moi que, si on n'a rien pour pouvoir les contredire...
M. Rémillard: Ah, on a... Oui, on a...
M. Bélanger: Parce que si on n'a pas de service
d'enquête...
M. Rémillard: Non, non, mais on a un service, par exemple,
en ce qui regarde le système d'enquête de la SAAQ, on a ça.
On a plein d'informations dont on va se servir. Un instant, là...
M. Bélanger: Comme?
M. Rémillard: ...ça peut aller assez loin. Et, avec
le fédéral aussi, on a des informations. Parlez-en donc un petit
peu.
M. Tanguay (Pierre): En vertu de C-48.1, par exemple, si on ne
sait pas où travaille un débiteur, ou si on ne sait pas où
il demeure, on peut s'adresser, d'une part, à nos banques de
données, ici, à la SAAQ, au Québec, parce qu'on a un lien
informatique, maintenant, le percepteur avec la SAAQ, pour localiser le
débiteur, savoir s'il a une voiture, etc., et on peut aussi, via le
système fédéral, C-48.1, s'adresser au
fédéral pour obtenir l'adresse du débiteur et l'endroit
où il travaille. Alors, le fédéral nous fournit cette
information-là, et, au besoin, on s'en sert.
M. Bélanger: Sauf que, pour le travailleur autonome qui
n'a pas toujours un employeur ou qui n'a pas toujours...
M. Tanguay (Pierre): Non, mais s'il laisse des traces quelque
part...
M. Bélanger: Oui.
M. Tanguay (Pierre): ...le fédéral nous
renseigne.
M. Rémillard: O.K.
M. Tanguay (Pierre): À partir des fichiers de l'assurance
sociale, ils correspondent avec Bathurst, au Nouveau-Brunswick, qui est la
banque centrale des NAS, etc., et ils nous donnent l'information.
M. Bélanger: Maintenant, j'aimerais que le ministre,
peut-être, puisse me répondre. Suite à la recommandation du
Protecteur du citoyen, qui recommandait, à la 21e recommandation, que
soient établis des services d'enquête qui soient adéquats
et souples et permettent la recherche efficace des débiteurs et
l'établissement de leurs revenus et actifs, ou que le percepteur ait
l'autorité et des budgets qui lui permettent de recourir à des
services privés d'enquête, est-ce que le ministre pense être
en mesure de répondre à cette recommandation du Protecteur du
citoyen?
M. Rémillard: Non, je n'en vois pas la
nécessité pour le moment.
M. Bélanger: Vous n'en voyez pas la
nécessité?
M. Rémillard: Non. On va voir comment tout ça va
s'appliquer, là, et on pourra voir, après, ce qui se passe.
(Consultation)
M. Bélanger: Dans la recommandation 20 du Protecteur du
citoyen, on recommandait que le percepteur des pensions alimentaires soit
autorisé à poursuivre pour outrage au tribunal le débiteur
alimentaire qui se soustrait volontairement à ses obligations à
l'égard des enfants. Est-ce que, par l'amendement, là, qu'on a
apporté à l'article 20, on va avoir le pouvoir, maintenant, de
poursuivre directement, là, pour...
M. Rémillard: Définitivement, pour outrage au
tribunal.
M. Bélanger: Oui?
M. Tanguay (Pierre): Via 651, oui.
M. Bélanger: Oui? Il n'y aura pas de problème? Bon,
parfait. Alors, donc, on a répondu à une recommandation du
Protecteur. Quant à 21, le ministre n'en voit pas, là, la...
M. Rémillard: Non.
M. Bélanger: ...la nécessité
présentement.
M. Rémillard: Non.
Le Président (M. Lafraiice): Alors, s'il n'y a pas
d'autres commentaires, l'article 21 est donc adopté tel quel. J'appelle
maintenant l'article 22, qui se lit comme suit: Les dispositions...
M. Rémillard: II y a un amendement à l'article
22.
Le Président (M. Lafrance): Oui, M. le ministre, c'est
vrai. Alors, je vais lire quand même l'article original. Je pense que
c'est un ajout à la fin de l'article.
M. Rémillard: Oui, c'est ça, oui.
Le Président (M. Lafrance): Alors, l'article
original se lit comme suit: Les dispositions de la présente loi
entreront en vigueur à la date ou aux dates fixées par le
gouvernement. Et l'amendement se lit comme suit: Ajouter, à la fin de
l'article 22, ce qui suit: «, à l'exception de celles des articles
1 à 8, du paragraphe 1° de l'article 11, des articles 12, 12.1, 20
et 21 qui entreront en vigueur le 1er janvier 1994.» Est-ce qu'il y a des
explications, M. le ministre?
M. Rémillard: M. le Président, c'est que les
articles 1 à 8, le paragraphe premier de l'article 11, les articles 12,
12.1, 20 et 21 peuvent être mis en vigueur dès l'entrée en
vigueur de la Loi sur l'application de la réforme du Code civil, soit le
1er janvier 1994. Le reste de l'article 22 sera en application sur
décret, comme c'est habituellement le cas pour tout projet de loi. Mais
on voulait s'assurer... Parce qu'on ne sait pas quand on va terminer, quand
cette loi va être sanctionnée, ça va peut-être
être serré, mais on voulait que dès le 1er janvier, avec le
Code civil, entrent en application ces articles-là.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a des commentaires sur l'amendement ou l'article tel
qu'amendé?
M. Bélanger: M. le Président, j'aimerais
peut-être que le ministre me confirme ou infirme une rumeur que
j'espère que c'est du qu'en-dira-t-on peut-être à
cause d'un certain retard dans la préparation de certains registres,
dans la confection de certains registres, le Code civil, on ne sera
peut-être pas prêts à le mettre en vigueur le 1er janvier
1994. Est-ce que vous êtes confiant que le 1er janvier 1994 va rester
puis...
M. Rémillard: Non seulement suis-je confiant, c'est que je
suis convaincu.
M. Bélanger: Convaincu.
M. Rémillard: II n'y a pas l'ombre d'un doute.
M. Bélanger: Que le 1er janvier 1994...
M. Rémillard: Le 1er janvier, nous pensons faire une
petite cérémonie de célébration à laquelle
vous serez invité, évidemment...
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: ...pour célébrer ce moment
historique de l'application du nouveau Code civil, le 1er janvier. Ces
rumeurs-là circulent depuis deux ans. Depuis deux ans que j'ai dit que
c'était le 1er janvier, ça fait deux ans qu'on entend dire: Ils
ne réussiront pas, ils ne réussiront pas. Mais, je vais vous
dire, on a une gang, à la Justice, extraordinaire. Ça travaille
actuellement d'une façon exceptionnelle pour mettre en application les
trois registres. J'ai M. Ménard, qui fait un travail incroyable avec
toute son équipe, et ce sera en application le 1er janvier.
M. Bélanger: Parfait.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres commentaires sur cet article 22 tel qu'amendé?
Mme Carrier-Perreault: Ceux qui ne seront pas en vigueur, c'est
ceux qu'on retrouve dans la loi 33?
M. Rémillard: C'est ça.
Mme Carrier-Perreault: Ils vont être en vigueur en
même temps, quand l'informatique va être finie.
M. Bélanger: Relativement aussi, justement, à ce
projet de loi 33 là, M. le Président, est-ce que le ministre peut
expliquer comment le Protecteur du citoyen, lui, a eu l'information que
ça ne rentrait pas en vigueur avant la mi-janvier 1995, cette
loi-là?
M. Rémillard: Je n'ai vraiment pas d'idée...
D'ailleurs, il y a...
M. Bélanger: Le Vérificateur général,
pardon. C'est le Vérificateur général qui a
mentionné ça.
M. Rémillard: Oui. Je n'ai pas l'idée. On se
demande d'où ça sort là, qu'est-ce qui se passe. Moi, je
vais vous dire, puis les gens de mon ministère vont vous le confirmer,
pour nous, on n'a jamais pensé à ça. On n'a jamais su
ça. C'est arrivé comme ça. On aurait beaucoup aimé
mieux que le Vérificateur nous parle peut-être un peu plus, comme
j'aurais aimé aussi que le Protecteur du citoyen, avant de faire son
rapport, me parle sur ces pensions alimentaires. J'aurais aimé ça
lui donner un peu les chiffres que j'avais. Il aurait pu les comparer avec les
chiffres que... Il a préféré aller de lui-même puis
ne pas me consulter, ne pas consulter les gens qui, chez nous, étaient
prêts à collaborer avec lui. Bon. Je prends toujours en bonne note
ce que dit le Protecteur du citoyen, mais il me semble que ça aurait
été plus intéressant qu'on puisse, avant qu'il sorte son
rapport, en parler avec lui.
M. Bélanger: Mais je pense qu'au mois de juin
j'étais présent quand le Protecteur du citoyen avait
déposé son rapport annuel, et il nous avait annoncé qu'il
était en train de faire une étude là-dessus.
M. Rémillard: Bien, oui. On leur a offert notre
collaboration.
M. Bélanger: Oui.
M. Rémillard: Vous savez, le ministère de la
Justice est là pour collaborer, hein? On cherche tous le
même objectif.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur cet article 22?
M. Bélanger: Non.
Le Président (M. Lafrance): Non. Alors, l'amendement est
donc adopté et l'article est adopté tel qu'amendé. Je
pense qu'on avait laissé en suspens, M. le ministre, des articles au
début.
M. Rémillard: Oui, et je demanderais une suspension de
quelques minutes, M. le Président, pour qu'on puisse faire le point avec
nos légistes, et on reviendrait tout de suite.
Le Président (M. Lafrance): Alors, les travaux de cette
commission sont donc suspendus pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 22 heures)
(Reprise à 22 h 40)
Code de procédure civile (suite)
Le Président (M. LeSage): La commission des institutions
reprend ses travaux. Je vous rappelle que nous avions laissé en suspens
les articles 1, 2 et 3. M. le ministre, il y a un amendement à l'article
1?
M. Rémillard: Oui, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): II se lit comme suit.
M. Rémillard: Oui, allez-y donc, M. le
Président.
Procédure frivole ou manifestement mal
fondée
Le Président (M. LeSage): Remplacer le paragraphe 4 de
l'article 1 par le suivant: «4. les jugements rendus en vertu de
l'article 75.2». Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Rémillard: M. le Président, le paragraphe 4
proposé vise les jugements rendus en vertu de l'article 75.2
proposé par l'article 2 du présent projet, et la modification en
est une de concordance avec l'amendement proposé à l'article
2.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 1, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Bélanger: Adopté.
Le Président (M. LeSage): À l'article 2, il y a
également un amendement, qui se lit comme suit: Remplacer l'article 2
par le suivant: «75.2 Lorsqu'il rejette, dans le cadre de l'article 75.1,
une action ou une procédure frivole ou manifestement mal fondée,
le tribunal peut, sur demande, la déclarer abusive ou dilatoire. Il peut
alors condamner la partie déboutée à payer des
dommages-intérêts en réparation du préjudice subi
par une autre partie si le montant en est établi. «Lorsque le
montant n'est pas établi au moment du jugement ou lorsqu'il
excède la limite de compétence du tribunal, ce dernier peut
réserver, dans le délai et aux conditions qu'il détermine,
le droit de s'adresser par requête au tribunal compétent pour
réclamer le montant des dommages-intérêts. Cette
requête fait partie du dossier initial.» M. le ministre.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, l'amendement
apporte trois modifications à l'article 75.2 proposé. La
première a pour but de clarifier le champ d'application de cet article.
La référence à l'article 75.1 limite les nouvelles
règles proposées en intégrant les exceptions des motifs
prévus à l'article 165 du Code de procédure civile qui
énumère les moyens préliminaires de
non-recevabilité.
La deuxième modification vise à éviter un
problème de compétence de la cour devant laquelle la demande
initiale est portée. La partie en faveur de qui le jugement est rendu
réclamera les dommages-intérêts à la Cour
supérieure ou à la Cour du Québec selon le montant
réclamé, quel que soit le tribunal qui a déclaré
l'action ou la procédure abusive ou dilatoire.
La troisième modification précise que la requête
pour réclamer les dommages-intérêts, dans les cas où
le montant n'a pas été établi ou excède la
compétence du tribunal, fait partie du dossier initial pour bien marquer
le fait que les parties n'ont pas à recommencer l'instance initiale.
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Anjou, est-ce que l'amendement est adopté?
M. Bélanger: M. le Président, je pense que cet
amendement, finalement, répond un peu à certaines
préoccupations qu'on avait à l'effet qu'on se demandait le
problème qui pourrait être causé si jamais le montant des
dommages qui étaient subis, vu, au fait, que le recours soit dilatoire,
si les montants excédaient la juridiction du juge qui était saisi
de l'instance originale. Alors, à ce moment-là, en
procédant ainsi, on vient de régler ce problème-là,
et je pense que c'est, pour nous, tout à fait satisfaisant. Donc, c'est
adopté.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'amendement à
l'article 2 est adopté. Est-ce que l'article 2, tel qu'amendé,
est adopté?
M. Bélanger: Adopté.
Signification d'une procédure par
télécopieur (suite)
Le Président (M. LeSage): J'appelle donc l'article 3
auquel il y a également un amendement qui se lit comme suit: Ajouter,
à l'article 3 et à la fin du troisième alinéa de
l'article 82.1, ce qui suit: «Si elle refuse ou néglige de le
faire, l'autre partie peut, par requête, demander au juge ou au tribunal
de lui ordonner de lui communiquer l'original dans le délai
imparti.» M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Le
troisième alinéa de l'article 82.1 proposé prévoit
l'obligation pour la partie qui a transmis un document par
télécopieur de communiquer par la suite l'original sur demande de
l'autre partie. La modification a pour but de permettre à cette
dernière d'obtenir une ordonnance afin de forcer l'exécution de
cette obligation.
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 3, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Bélanger: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que le titre du projet de
loi est adopté?
M. Bélanger: Adopté.
M. Rémillard: II faudrait faire...
Le Président (M. LeSage): M. le ministre, est-ce que vous
voulez déposer une motion pour la renumérotation?
M. Rémillard: Oui, voilà. Voilà, M. le
Président, ce que je voulais faire.
Le Président (M. LeSage): Alors, cette motion est
déposée. Est-ce que l'ensemble du projet de loi est
adopté?
M. Bélanger: Adopté.
Conclusions
M. Rémillard: M. le Président... Le
Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Rémillard: ...vous me permettrez de remercier
très sincèrement les membres de cette commission. Nous venons de
faire du bon travail, encore une fois. Et je voudrais remercier d'une
façon toute particulière les gens du ministère de la
Justice qui ont été avec nous ce soir, Me Yves Pleau, Me
Aidé Frenette, Me Francine Lagrenade, qui ont travaillé avec nous
au niveau de la législation, qui ont fait un travail remarquable; Me
Pierre Tanguay, qui a été tout à l'heure avec nous pour la
question des pensions alimentaires, et je crois qu'on sera tous unanimes pour
dire qu'il a été tout à fait exceptionnel de clarté
dans les explications qu'il nous a données et je veux l'en remercier
pour ce qu'il a fait; Me André Dion, de la direction des services
judiciaires; de mon cabinet, Me Julienne Pelletier et Me Sophie Gagnon, M. le
Président. Et, en terminant, je voudrais remercier Me Jean Paquet pour
sa collaboration et sa participation très constructive au nom du Barreau
du Québec.
Alors, M. le Président, nous avons fait du bon travail, et je
crois que c'est un pas dans la bonne direction pour la perception des pensions
alimentaires.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Anjou.
M. Bélanger: M. le Président, je pense qu'il y a
une certaine constatation qu'on doit tirer des travaux de cette commission,
c'est qu'on a une série de chiffres tout à fait... Si on compare
nos chiffres relativement à la perception des pensions alimentaires en
Ontario à ceux du ministère, ils sont tout à fait
irréconciliables. Ça, je pense qu'on en convient. Donc, il y a
une constatation qu'il faut faire, il y en a un de nous deux qui fait de la
désinformation, sans vouloir dire qui.
Alors, je pense que la meilleure des choses, à ce
moment-là, quand on en arrive à une telle situation, puis qu'un
débat aussi important que celui-là se fasse d'une façon
contradictoire comme ça, il faut le plus rapidement possible, je pense,
faire des consultations auprès des gens que nous avons nommés,
c'est-à-dire le percepteur des pensions alimentaires, un
représentant du ministère de la Justice de l'Ontario qui pourrait
nous expliquer le système ontarien avec les vrais chiffres, à ce
moment-là, que nous ne pourrions contester, et aussi une batterie
d'experts. Mais je pense qu'il faut faire ça le plus rapidement
possible. Il y a beaucoup de pression populaire de la part de groupes, en
particulier de la Fédération des associations des familles
monoparentales. Ce sont des gens qui veulent absolument, qui ont besoin d'une
solution, qu'une véritable solution soit apportée à leur
problème de perception de pension alimentaire.
Comme je l'avais mentionné dans mes remarques
préliminaires et lors de mon discours d'adoption du principe, on n'est
pas contre ce projet de loi là parce que ça vient
améliorer ce qui est présent. Donc, on ne peut pas être
contre la vertu, mais, d'un autre côté, nous ne pensons pas que
ça va améliorer le système d'une façon vraiment
extraordinaire. Et je ne partage pas tout à fait l'enthousiasme de Me
Tanguay relativement à l'innovation technologique qui va être
maintenant apportée au nouveau système qui va être
créé de la perception
automatique des pensions alimentaires, le SAPPA. Alors, je pense que
ça va améliorer les choses, mais ça ne sera pas encore, je
pense, ce qui est vraiment adéquat.
Alors, j'ai bien hâte, j'espère qu'on va rapidement en
arriver à une date pour cette consultation-là. Je ne pense pas
que ça va être le ministre qui va le faire, ça va
être son successeur. J'espère qu'il va faire un lobbying intense
auprès de son successeur pour que le plus rapidement possible cette
commission et cette consultation aient lieu, et je pense que ça va
être dans l'intérêt de tout le monde.
Je voudrais remercier ma collègue, la députée de
Terrebonne, qui a été présente tout au long de
l'étude de ce projet de loi, ainsi que ma collègue,
députée des Chutes-de-la-Chaudière, qui a, je pense,
posé des questions tout à fait pertinentes relativement à
ce système, justement, ontarien, aux résultats et aux chiffres,
là, contestés. Je voudrais aussi remercier Me France
Thériault, qui est recherchiste pour l'aile parlementaire de
l'Opposition officielle, qui nous a assistés tout au long de cette
commission.
Je pense, en tout cas, que, somme toute, nous avons fait un très
bon travail. Les échanges ont été constructifs, et je
pense, en tout cas, que c'est tout à fait souhaitable, là, que ce
projet de loi soit adopté. Merci, M. le Président. (22 h 50)
M. Rémillard: Alors, M. le Président, vous me
permettrez de vous remercier, comme président, de par votre
participation à cette commission; remercier l'adjoint parlementaire du
ministre de la Justice, le député de Chapleau; remercier le
député d'Iberville, le député d'Orford, qui ont
été avec nous pour la très grande partie de cette
commission, le député, aussi, de Sherbrooke; et remercier la
députée de Saint-Henri, qui a présidé une partie de
nos travaux. Nous avons beaucoup apprécié sa présidence,
M. le Président, comme nous apprécions la vôtre. Alors, M.
le Président, je vous remercie de vos bons offices.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Alors, le
projet de loi 131, Loi modifiant le Code de procédure civile et diverses
dispositions législatives, est adopté tel qu'amendé. La
commission ayant complété son mandat, j'ajourne donc ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 22 h 52)