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(Douze heures six minutes)
Étude des prévisions budgétaires
du Directeur général des élections pour l'année
financière 1993-1994
Le Président (M. Dauphin): Messieurs, mesdames, le quorum
étant constaté, je déclare donc la séance de la
commission des institutions ouverte. La commission a pour mandat, ce matin, de
procéder à l'étude des prévisions
budgétaires du Directeur général des élections pour
l'année financière 1993-1994. Mme la secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements quant aux membres de la commission?
La Secrétaire: Aucun remplacement, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Alors, nous
souhaitons évidemment la bienvenue au Directeur général
des élections avec ses collaborateurs. Je vais lui demander de nous
présenter officiellement ses collaborateurs. Alors, bienvenue, M. le
Directeur général des élections. Alors, nous avons
jusqu'à 13 heures; il s'agit de partager le temps équitablement
entre les 2 formations politiques. Mais d'abord, on va vous demander de faire
votre présentation adressée aux membres de la commission. M.
Côté.
M. Côté (Charlesbourg): ...pas dépassé
1 heure.
Le Président (M. Dauphin): Comme présentation ou en
tout et partout?
M. Côté (Charlesbourg): Comme
présentation.
Le Président (M. Dauphin): Alors, bienvenue, M.
Côté. À vous la parole.
Exposé du Directeur général des
élections M. Pierre-F. Côté
M. Côté (Pierre-F.): Merci, M. le Président.
M. le ministre, MM. les députés de l'Opposition, mesdames,
messieurs de la commission. Alors, je vais simplement, au départ, vous
dire que c'est avec plaisir que je me retrouve une fois de plus devant vous
pour échanger sur les prévisions budgétaires. À ma
droite, Me Eddy
Giguère, qui est substitut du Directeur général des
élections; à sa droite, Jean-Luc Lemieux, qui est l'adjoint
à la représentation; à ma gauche, M. Yvon Desbiens, qui
est l'adjoint au financement; et est absent pour cause de mission
électorale à l'étranger, M. Jean Jolin, qui est l'adjoint
aux scrutins.
Une voix: Qui?
M. Côté (Pierre-F.): Vous le... Pardon?
M. Chevrette: Jean Charest?
M. Côté (Pierre-F.): Jean Jolin.
M. Chevrette: Ah!
M. Côté (Pierre-F.): Pour collaborer dans ce que
vous avez dit tout à l'heure, M. le Président, j'ai un texte,
mais je vais en lire certains extraits et je vais vous mentionner parce
qu'on vous en remet des copies les pages que je ne lirai pas et dont
vous pourrez prendre connaissance en partie, en particulier, si jamais vous
avez de la difficulté à dormir, ça vous laissera un peu
plus de temps pour échanger.
Les nombreux événements qui ont marqué la
dernière année. Mentionnons le référendum du 26
octobre, l'adoption de la nouvelle carte électorale, la
préparation du rapport sur les listes électorales
informatisées et la tenue du premier stage de formation dans le cadre du
Programme d'appui à la démocratisation.
Alors, vous êtes au courant, évidemment, de la
résolution qui a été adoptée, il y a 1 an
maintenant, concernant les listes électorales informatisées. On a
procédé à une consultation des milieux municipal et
scolaire ainsi que de certains organismes gouvernementaux. Ça avait pour
but de connaître la problématique actuelle de la confection des
listes électorales municipales et scolaires ainsi que les
préoccupations et les attentes des municipalités. On a
envoyé un questionnaire à 1447 municipalités et aux 158
commissions scolaires, ce qui nous a permis de recueillir des renseignements
fort importants, des renseignements factuels. On a eu, de plus, des rencontres
directes, des échanges directs à l'occasion de 5 rencontres de
travail à travers 130 à 175 municipalités et 22
commissions scolaires. L'organisation de ces rencontres s'est faite en
collaboration avec la Fédération des commissions scolaires,
l'Union des municipalités et l'UMRCQ. Ça nous a amenés
à déposer
le rapport que vous connaissez en date du 31 mars. Depuis ce
temps-là, je veux simplement signaler qu'on reçoit de
façon constante des lettres d'appui, en particulier des
résolutions de commissions scolaires et de certaines villes, comme
Québec et Montréal, lettres d'appui à l'égard de ce
projet.
La nouvelle carte électorale. Je vais passer rapidement
là-dessus, parce que vous êtes fort au courant. Vous savez qu'il y
a une nouvelle carte qui va s'appliquer lors du déclenchement de la
prochaine élection. Je vous mentionne que le rapport officiel,
définitif, qui est tiré de ce qui a été
publié dans la Gazette officielle va vous parvenir. Il est
déjà acheminé dans vos bureaux de comté, mais il va
vous parvenir à vos bureaux dans les tout prochains jours. Il n'y a pas
de changement; il n'y a pas de nouveau. C'est simplement la désignation
très officielle et très légale des circonscriptions. (12 h
10)
Alors, je passe par dessus la page 4 en vous disant que c'était
une vue d'ensemble, une vue à vol d'oiseau des activités du
scrutin.
À la page 5, à l'égard du financement des partis
politiques, peut-être juste vous signaler que, présentement...
Parce que le chiffre qui est indiqué là, il y a 14 partis
politiques, ça tient compte de l'an dernier. Mais, présentement,
il y en a 15 parce qu'il y a un nouveau parti politique, qui s'appelle
«Parti j'en peut pus», qui a vu le jour il n'y a pas longtemps.
M. Côté (Charlesbourg): Nous autres non plus.
M. Côté (Pierre-F.): Je passe par-dessus les pages 6
et 7 et j'arrive à la page 8, dans le domaine des scrutins dans le
domaine municipal. À titre d'information, il est peut-être
intéressant de savoir qu'il y a eu 355 municipalités qui ont eu
des élections ou des référendums pendant l'année.
Nous avons répondu à 1280 demandes d'aide provenant des
présidents d'élections, greffiers ou
secrétaires-trésoriers. On a eu, évidemment, des demandes
qui proviennent par téléphone ou par... demandes de documents. Et
nous entretenons une excellente collaboration avec non seulement le
ministère des Affaires municipales, mais également avec les
associations des officiers municipaux, la COMAQ et la CSMQ.
À l'égard du financement des partis politiques, c'est
peut-être intéressant de savoir qu'il y a actuellement 67 partis
politiques municipaux qui sont autorisés. Et ils soumettent assez
régulièrement il n'y a pas de problème majeur
ils soumettent assez régulièrement les... Non seulement
ils soumettent les rapports, mais ils se conforment aux exigences de la
loi.
Dans le domaine municipal, à la page 10, la représentation
des électeurs, il y a 66 municipalités qui divisent leur
territoire en districts électoraux en vue des élections de 1993.
Et on a eu, à cet égard, des activités de
communication.
J'arrive à la page 11, où on fait état juste
pour vous le souligner parce que c'est un autre élément
très positif et fort intéressant de nos activités,
grâce à vous, qui avez modifié la loi en conséquence
de nos activités dans le domaine international. On a poursuivi
nos activités dans ce domaine-là. Je vous rassure tout de suite:
les activités qu'on a poursuivies ou qu'on poursuit, à
l'égard de notre budget, ne représentent rien,
représentent le temps qu'on y consacre, mais il n'y a pas de
déboursés. Et ça, je me conforme à ce qui avait
été exprimé, à ce que vous aviez exprimé
à cet égard: si une mission ou un travail auprès des pays
étrangers entraînait des déboursés, bien, là,
je procédais avec l'accord du gouvernement.
Alors, ce qu'il est intéressant de savoir, c'est que, à la
suite de la suggestion du premier ministre, au Sommet de Chaillot, il y a 2
ans, de créer le PAD, le Programme d'appui à la
démocratisation, on a eu 2 sessions: une au mois de décembre et
la dernière au mois d'avril. Dix pays africains ont été
accueillis, session de formation de 15 jours chacun. La deuxième
semaine, dans chacun des cas, c'a été uniquement dans le domaine
électoral. Et je peux vous dire que les réactions qu'on a de la
part des personnes qui y ont assisté sont absolument
extraordinaires.
Peut-être vous signaler qu'il y a 3 types de missions qu'on peut
remplir. On arrive à 3 catégories, et c'est en accord,
également, cette façon de voir, avec les différentes
instances. Actuellement, tout le monde s'oriente comme ça: les Nations
unies, le ministère des Relations extérieures. Missions
d'exploration, quel est l'état de la situation; missions d'assistance
technique pour aider à la préparation très factuelle d'une
élection; et celles qui ont le plus de panache, mais qui ont
peut-être le moins d'effet en ce qui nous concerne, ce sont les missions
d'observation. Parce que, là, on ne peut que constater ce qui a
été fait.
Et je voudrais aussi ajouter, M. le Président, que j'ai
rencontré, il n'y a pas très longtemps, le président de
l'Assemblée nationale avec qui nous établissons de façon
formelle d'excellentes relations, parce qu'il y a des députés
à qui on demande de participer à des missions. Il a
lui-même une liste de députés qui sont disposés
à le faire. Il y a même des anciens membres de l'Assemblée
nationale. Et là on veut coordonner notre travail dans ce
domaine-là pour voir si telle mission, par exemple, ça vaut la
peine, si c'est intéressant. Parce que ça nous tombe sur la
tête, le système est tel... puis on essaie de policer un peu plus,
mais on n'est pas capable parce que c'est... J'ai eu une rencontre cette
semaine à Ottawa avec le ministère des Relations
extérieures pour étudier en particulier ce
problème-là. Et des demandes nous arrivent toujours pour... Il
faut toujours fournir du personnel pour Favant-veille. Puis, souvent, on a des
demandes dans une même semaine pour plusieurs missions. Alors, c'est un
début de collaborer avec le président de l'Assemblée
nationale pour bien coordonner ces missions.
Je termine par les prévisions budgétaires; c'est à
la page 14. Vous avez des chiffres, puis vous les avez surtout, en particulier,
par les notes explicatives que vous avez reçues concernant les 3
éléments, 1, 2 et 3.
Vous avez également, à la page 16, un estimé de nos
dépenses pour le Directeur général et la Commission et,
évidemment, ce qui s'est passé dans la dernière
année en termes de dépenses qu'on a effectuées.
Alors, là-dessus, M. le Président, je termine. J'aurais pu
facilement prendre le double de ce temps, mais je veux apporter ma
collaboration et je demeure à votre entière disposition pour
toute question que vous jugeriez à propos.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci beaucoup, M.
Côté, pour votre collaboration et votre présentation. Je
vais maintenant reconnaître M. le ministre délégué
à la Réforme électorale. M. le ministre.
Coûts de transport lors de l'élection
partielle de Montmorency
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Très brièvement, j'aurais, en fait, 4 champs
d'excellence dans ma grappe de questions.
La première aurait trait à mon étonnement lorsque
nous avons déposé à l'Assemblée le coût des
élections partielles de Montmorency et d'Anjou, et ça avait
été un peu aussi la réaction de mes collègues,
c'était entre 500 000 $ et 600 000 $ je vous dis ça de
mémoire, parce que je n'ai pas le document entre les mains et, en
particulier sur un item, je ne sais pas si j'erre, mais il me semble qu'il y
avait une différence assez appréciable entre ce qu'avait
coûté l'élection à l'item Transport dans Montmorency
par rapport à Anjou. Et je dois vous dire que ça avait
étonné plusieurs de mes collègues au moment où ces
documents-là avaient été déposés à
l'Assemblée, et on m'avait posé des questions. J'avais promis une
chose, j'avais dit: Quand M. Côté va venir, on va lui poser les
questions. Il va répondre comme un Côté: il va nous dire
toute la vérité.
M. Côté (Pierre-F.): Vous aimeriez que je
procède, M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. (Consultation)
Le Président (M. Dauphin): M. Côté.
M. Côté (Pierre-F.): Alors, M. le ministre, je vais
suivre la demande que vous me faites en étant très honnête,
le plus honnête possible, et je ne suis pas très sûr de vous
donner la réponse totalement satisfaisante, parce qu'il faudrait qu'on
fasse, comme on dit en bon français, le «breakdown» que j'ai
des événements, mais je vais vous donner les explications
suivantes.
D'abord, sur le coût global, les 2 élections partielles
sont sensiblement le même montant. Je pense que la surprise vient dans
l'item Transport, celui que vous avez mentionné tantôt, où,
du côté d'Anjou, on a quelque 80 000 $ et du côté de
Montmorency, quelque 112 000 $. C'est là qu'est la différence
importante. Les explications quitte à fouiller davantage de notre
côté que je vois dans cette différence tiennent en
particulier au fait que l'élection dans Montmorency avait lieu en plein
été, au mois d'août, et ça a entraîné
chez nous une nécessité d'avoir un peu plus de personnel. Alors,
c'est ce qui expliquerait, d'après les informations que je peux vous
donner immédiatement... Évidemment, en ayant un peu plus de
personnel, ça augmente nos contributions: l'employeur, les frais de
déplacement et le renouvellement du personnel temporaire. Alors, il
faudrait que je vérifie de façon plus précise quelle est
la... Quand je vous dis le personnel, là, il faudrait que je revoie la
liste des gens qui étaient là, à cette
époque-là. C'est la première explication qui me vient
à l'esprit, mais je n'ai pas tous les éléments avec moi
pour vous donner le détail de ça. Je m'en excuse.
M. Côté (Charlesbourg): Disons que je peux
comprendre que, s'il y a une élection à Matane par rapport
à Québec, on ait des coûts de transport
élevés, si on a du matériel à acheminer, ainsi de
suite...
M. Côté (Pierre-F.): Je m'excuse, non, je comprends
votre point, c'est que cet item-là ne comprend pas seulement le
transport mais du personnel. C'est la désignation qui...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, je comprends,
là, mais à plus forte raison si c'est Matane: le temps de te
déplacer, ça prend plus de monde.
M. Côté (Pierre-F.): Oui.
(12 h 20)
M. Côté (Charlesbourg): Mais Québec
Montmorency, je dois vous dire que j'ai été assez
étonné, merci, de voir les coûts, comme Montréal, le
bureau de Montréal à Anjou. Et je vous le répète,
là, plusieurs de mes collègues, en ces temps très
difficiles sur le plan budgétaire, ont effectivement trouvé que
c'étaient des chiffres assez élevés et ils souhaitaient
obtenir une bonne ventilation de ces coûts-là, sachant que vous
allez, comme par le passé, les fournir, et je pense qu'on n'a pas de
problème quant à l'accès à l'information. Mais,
à tout le moins, ça prendrait une ventilation un peu plus
détaillée de ces coûts d'élection,
particulièrement à l'item Transport.
Évidemment, comme on est dans un cycle où il y aura une
élection dans Portneuf très bientôt, ça
présage aussi qu'on tirera des leçons, si jamais c'était
trop élevé, et que, comme il y en aura une autre à
Laval-des-Rapides et peut-être une autre dans un autre comté,
éventuellement... Donc, on est dans une situation. .. Et peut-être
pas non plus, je ne veux pas partir de rumeur qui ne serait pas fondée.
Alors, j'aimerais... Si c'était possible de faire parvenir aux membres
de la commission une ventilation de ces dépenses-là.
M. Côté (Pierre-F.): D'accord, M. le ministre.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Orford.
Coûts de publicité lors
d'élections partielles
M. Benoit: Effectivement, il y a le coût de transport.
L'autre coût qui m'a semblé absolument exorbitant, alors que tout
le monde sait qu'il y a une partielle... Pour avoir été faire du
porte en porte dans ces 2 partielles-là, je veux dire, tout le monde
savait qu'il y avait une partielle. Les montants de publicité pour dire
aux gens qu'il y avait une partielle me semblaient tout à fait
démesurés. Je comprends dans une générale, mais,
dans une partielle, alors que dans Montmorency, à tous les coins de rue,
il y avait 5 pancartes grosses comme la voiture, je suis un peu surpris de voir
la quantité d'argent qui a été dépensé en
publicité dans ces 2 comtés-là, de votre part, pour dire
aux gens qu'il y avait une partielle, alors que tout le monde le savait.
Le Président (M. Dauphin): M. Côté.
M. Côté (Pierre-F.): Oui. Je vais attirer votre
attention sur 2 points, M. le député. Quand on fait de la
publicité lors d'une élection partielle, les coûts sont
généralement assez élevés, vous avez raison, parce
qu'on publie dans les journaux locaux ou les journaux... Si on prend l'exemple
d'Anjou, on a été obligé de publier dans les journaux de
Montréal, et, à ce moment-là, ça coûte plus
cher que dans les journaux de Québec. Et on s'efforce de plus en plus
c'est notre intention de rationaliser et de diminuer davantage
ces coûts-là, mais il y a des exigences dans la loi qui font qu'il
y a des informations de base qu'on doit donner. Vous avez raison
également en disant que les gens sont au courant et qu'il y a des
pancartes, mais il y a des informations qui doivent venir du Directeur
général des élections, indépendamment des partis
politiques. Mais je n'ai pas objection à ce que l'on se penche sur cet
item-là et que, éventuellement, on puisse dire: Bon, bien, telle
sorte d'information qu'on fait, qui est surtout sous forme d'avis dans les
journaux et de dépliants ou de communication... Dans des cas comme
ceux-là, évidemment, il n'est pas question de
télévision, mais les coûts de... Seulement qu'un avis dans
le journal La Presse, par exemple, dans le cas d'Anjou, et dans le Le
Journal de Montréal, c'est pratiquement le double de ce qu'on
retrouve dans la région de Québec. Mais qu'on regarde ça
ensemble ou qu'on se dise: Bon, bien, l'information lue, et à cause du
devoir que j'ai d'informer, est-ce qu'il y a des bouts qu'on pourrait laisser
tomber? Est-ce qu'il y a des choses qu'on pourrait laisser passer à
l'occasion d'une élection partielle? Moi, je n'ai pas d'objection
à étudier ça attentivement.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Chevrette: On ne s'était pas concertés. Moi, ce
qui me frappe, c'est quej'ai Portneuf, ici, je pense que j'ai Anjou
on change de publicité à chaque partielle. C'est
dispendieux en maudit, ça! Le recensement, une publicité; la
révision, une publicité, avec un cadre chinois, carte de musique.
C'est sûr que c'est... Il me semble que ça n'a pas besoin
d'être aussi sophistiqué. Je comprends que, au niveau des moyens
de communication, vous vouliez frapper l'imagination du monde par un cahier de
musique et un cadre chinois pour dire que ce n'est pas compliqué, mais
est-ce qu'il n'y aurait pas moyen d'utiliser quelque chose d'assez standard, de
moins dispendieux, dans une conjoncture économique
précisément assez difficile?
M. Côté (Pierre-F.): L'économie qui pourrait
se faire, c'est peut-être dans le nombre et dans la dimension. Par
ailleurs, on est obligé, on se sent obligé en tout cas, de faire
une information, une publicité un peu particulière parce que,
quand on fait une... et particulière avec des attraits comme
ceux-là. Mais l'autre effort qu'on a fait, et on le fait en particulier
dans Portneuf, c'est de simplifier et d'avoir le moins d'expressions
légales possibles, de ne pas reproduire la loi telle quelle. Parce qu'on
a réalisé que, quand on faisait ce qui se faisait jusqu'à
date, comme on faisait ça autrefois, ce n'était pas lu et connu,
parce que les réactions qu'on a viennent à notre centre de
renseignements... Vous savez que notre centre de renseignements fonctionne 7
jours par semaine pendant une élection partielle; il y a des gens
disponibles pour répondre aux questions, et on s'aperçoit que ce
qu'on prend pour acquis comme étant une information de base, très
souvent, les gens ne savent pas à quoi s'en tenir. On réalise
qu'il faudrait peut-être développer d'autres modes d'information
à tous les électeurs.
M. Chevrette: C'est parce que, moi, je trouve, en tout cas, ce
qui me frappe quand je lis un journal remarquez bien, je ne suis pas un
citoyen ordinaire, je suis sensibilisé à la politique
mais, un encart avec «Élection, avis légal», je
trouve que ça fait plutôt commercial, ce genre de publicité
avec un panneau de musique, un cadre chinois. Je trouve que c'est
plutôt... ils vont prendre ça pour une annonce, alors qu'un avis
légal c'est un événement, quelque chose de particulier. Ce
n'est pas une critique destructive que je veux faire, mais ça m'a
sauté aux yeux, et je me suis dit: II faut que j'en parle parce
que...
M. Côté (Pierre-F.): Si vous permettez, M. le
député, on me donne une information supplémentaire que
j'avais oubliée et qui est assez importante, c'est que la nouvelle
publicité, celle qu'on utilise dans Portneuf, fait suite à une
étude et à des tests auprès du public. Et je vais vous
donner des choses qui sont assez surprenantes, à notre avis, qui nous
renversent, c'est qu'il y a des mots que, nous, on utilise et vous aussi de
façon très courante et très facile et qui, très
souvent, ne disent rien
aux gens, ils ne savent pas à quoi c'est... Le mot
«recensement» crée des difficultés. Un autre mot qui
est tout à fait chinois pour un certain nombre de gens, c'est le
«bureau de dépôt». Il va falloir trouver puis
c'est l'effort qu'on essaie de faire des façons d'informer les
gens en vulgarisant encore davantage, si c'est possible, ce qui existe en
droit.
M. Côté (Charlesbourg): Ça, si je comprends,
c'est une étude qualitative qui a été menée et qui,
règle générale, sert à bien positionner les
campagnes publicitaires. Donc, c'est un préalable à une campagne
publicitaire. J'aimerais ça, moi... ça me tenterait d'avoir
ça, si c'était possible, là, l'étude qualitative
qui a pu être faite par une firme et qui peut nous indiquer certaines...
Comme c'est payé avec les deniers publics, ça pourrait être
utile aux partis politiques aussi pour s'arrimer à votre locomotive,
pour faire comprendre le langage électoral.
(Consultation)
Le Président (M. Dauphin): M. Côté.
M. Côté (Pierre-F.): On me rappelle
également, là, que tout ça découle de
prétests qui ont été faits. C'est ceux-là qu'on
pourrait vous fournir à l'occasion... Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): «Focus
group».
M. Côté (Pierre-F.): Oui... à l'occasion du
référendum. Et une des conséquences de ce
prétest-là, c'est que, ce qu'on appelle les avis légaux,
obligatoires, ça passe 10 pieds au-dessus de la tête des gens. Et
c'est l'autre point qu'il faut souligner et qu'il faudrait peut-être
réanalyser à fond. C'est que, dans la loi électorale, il y
a un certain nombre d'avis qui sont obligatoires, mais notre expérience
à date nous révèle qu'on ne peut pas ce qu'on
faisait autrefois publier, par exemple, un avis légal, donner
l'article de la loi. Là, c'est vraiment, au plan des communications, une
dépense qui passait 100 pieds au-dessus de la tête des gens.
Alors, notre effort, c'est à cause de cette analyse qu'on a
faite, là, ce à quoi vous faisiez référence, M. le
ministre, on est arrivé à la conclusion qu'il fallait qu'on
trouve le moyen de... Savez-vous de qui j'ai le plus de difficultés pour
trouver le moyen de simplifier? C'est de la part des avocats. Puis j'en suis
un. Alors, ça devient compliqué parce qu'on se dit: Est-ce qu'on
remplit toutes les exigences quand on vulgarise? Oui, M. le
député.
M. Chevrette: Est-ce que celui qui a fait le «Focus
group» est le même que celui qui a le contrat de
publicité?
M. Côté (Pierre-F.): Oui. C'est Impact Recherche en
information.
M. Chevrette: Un contrat, évidemment.
Le Président (M. Dauphin): Sur le même sujet, M. le
député de Hull. (12 h 30)
M. LeSage: Merci, M. le Président. Bien sûr, M.
Côté, vous avez des avis légaux obligatoires à
publier, sauf que votre publicité pour inciter les gens à aller
voter, à être conscients du bureau de dépôt, à
être conscients qu'il va y avoir un recensement, à être
conscients du processus électoral, si vous publiez dans un journal, peu
importe quelle forme de publicité vous utilisez, ce n'est pas tout le
monde qui achète ce même journal et ce n'est pas tout le monde,
comme le député l'a mentionné tantôt
Joliette... Ils vont peut-être passer par-dessus comme étant une
publicité comme une autre. Si on envoyait, par exemple, avant une
élection ou pendant l'élection on peut peut-être
faire la tentative dans une partielle envoyer un envoi sans adresse,
ça se fait, avec la vulgarisation du processus électoral, pour
faire en sorte que les gens soient conscients de ce qui s'en vient, ce qu'il y
a à faire et quand ils doivent le faire, plutôt que d'utiliser des
journaux qui ne sont pas lus par tout le monde. Et ça ne coûte pas
cher, un envoi sans adresse.
M. Côté (Pierre-F.): Mais c'est ce qu'on fait
présentement. Par exemple, on a une nouvelle technique
j'espère qu'on en a un exemplaire pour l'élection de
Portneuf: le Manuel de l'électeur, qui est obligatoire dans la loi et
doit être remis sans adresse à toutes les résidences. On a
essayé de développer une nouvelle façon pour essayer
d'attirer l'attention des gens si on en a un exemplaire, sinon je vous
en ferai parvenir mais c'est ce qu'on fait présentement. Voici le
Manuel de l'électeur... C'est ça, le Manuel de
l'électeur.
M. LeSage: C'est bon, ça.
M. Côté (Pierre-F.): Et il y a le même concept
que... Vous parliez du chinois tantôt. Je ne sais pas si c'est...
M. LeSage: Ça, c'est envoyé...
M. Côté (Pierre-F.): Ça, chaque
électeur reçoit ça.
M. LeSage: ...à toutes les boîtes postales, à
toutes les portes de Portneuf.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, c'est distribué
à chaque maison. Chaque électeur a ça. Alors, vous avez
les principales informations: la votation, la révision, le vote par
anticipation, l'obligation, les heures de voter et le reste.
Le Président (M. Dauphin): Excusez-moi, si j'ai
bien saisi tantôt, vous allez nous faire parvenir, au
secrétariat de la commission, les résultats des études de
la firme Impact, notamment. C'est ça?
M. Côté (Pierre-F.): Oui. Il y a une étude
qu'on a fait faire, mais, ça, j'apporte des précisions: cette
étude-là a été faite avant le
référendum. Ce n'est pas récent.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Ça va pour cet
élément-là. En nous fournissant aussi des
éléments de réponse aux élections, la ventilation
des dépenses.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, oui. On a pris note de
cette demande, la différence entre les deux. Très bien.
Efforts de réduction des effectifs
M. Côté (Charlesbourg): Deuxième question:
Quels sont les efforts faits par votre organisation pour être à
l'heure des coupures? C'est à peu près tout ce dont on entend
parler de ce temps-là. Je vais la laisser au député de
Joliette parce que c'est sa question.
M. Côté (Pierre-F.): Alors, pour répondre
à votre question, M. le ministre, je dois dire, évidemment, qu'on
est très conscients de la situation. On a reçu les documents du
Conseil du trésor, et je m'entends à merveille avec eux sur le
fait que je ne relève pas du Conseil du trésor. Ceci étant
dit, on trouve que l'objectif qu'ils... que le gouvernement veut atteindre,
finalement, de réduction des effectifs est un objectif pour lequel il
faut qu'on fasse l'impossible pour se conformer. Qu'est-ce qu'on a fait depuis
que ceci nous a été communiqué? Si je ne me trompe pas, je
vous le donne sous réserve, au mois de décembre 1992,
évidemment, nous avons commencé, nous, à nous pencher sur
ce problème-là de façon plus précise en janvier
1993 à cause du référendum, évidemment, et on a
répondu au Conseil du trésor. Comme je dis, notre collaboration
avec le Conseil du trésor, finalement, est assez bonne, même s'il
n'y a pas de relation d'autorité ou de lien direct. On a fait part,
d'abord, qu'on était bien conscients du problème et on a
commencé une analyse de la situation.
Au mois de février 1993, nous avons entrepris une étude
dans l'ensemble de l'institution, pour l'ensemble de mon personnel, poste par
poste, afin de colliger des données le plus précisément
possible pour essayer de voir quelles seraient les décisions qu'on
pourrait prendre. On avait comme objectifs d'actualiser la raison d'être
de chacune des grandes unités administratives, de redéfinir les
champs d'activité de chaque service ou secteur, d'identifier les
tâches essentielles de chaque employé pour essayer de
répondre à cette diminution d'effectifs qui est en cours partout
au gouvernement. On a tenu des rencontres, également, en particulier
avec une douzaine d'employés qui sont susceptibles de prendre leur
retraite parce que ce projet-là s'étale sur une
période de 5 ans, et, d'ici 1997, dans nos effectifs, il y a une
douzaine d'employés qui sont susceptibles de prendre leur retraite
pour en arriver à la constatation qu'il y en aurait 11 en tout
qui pourraient, par voie d'attrition, quitter leur emploi.
Par la suite, au mois d'avril, on a poursuivi notre réflexion et
nos rencontres, parce que je le fais avec mes adjoints et avec le comité
de direction, et là, on s'est posé d'autres questions: Est-ce que
l'on exploite de la façon la plus satisfaisante possible toutes les
ressources qu'on a? Et on s'est penchés également sur le
fonctionnement général de l'institution. Et on a consulté,
à cet égard, encore une fois, des employés et des
gestionnaires. Une des conclusions concrètes, c'est qu'il y a eu un
nouvel organigramme qui a été adopté, en particulier
je l'ai ici j'ai regroupé ce qu'on appelle les services
administratifs: le service financier et le service de... qui étaient
déjà ensemble, mais je les ai regroupés sous la
responsabilité d'un administrateur qui était déjà
dans la boîte. On peut aller le chercher ailleurs. Mais tout ça
dans la perspective où on se lance comme défi que, d'ici un an,
moi je voudrais que l'institution devienne un peu un modèle non
seulement dans cette diminution des effectifs, mais à cause de cette
diminution d'effectifs, la croissance zéro, d'abord, et cette diminution
à venir, on se lance le défi de ce qu'on appelle en France et
dans des livres qui se publient présentement: le fameux big bang
organisational et le travail horizontal; qu'on essaie, si c'est possible,
d'être un modèle de ce genre, d'ici 1 an, dans le
gouvernement.
Cependant, il y a une grosse interrogation qui est reliée
à tout ça. On a fait disparaître certaines unités:
les fonctions formelles de recherche et celles de gestion et de méthode;
on a essayé de regrouper, on va essayer d'accentuer ça. Il y
avait un chef de ces services qui a pris sa retraite cette année ou qui
est sur le point d'aboutir. On le fait disparaître, on le regroupe
autrement. Mais il reste une grosse interrogation à laquelle je n'ai pas
encore trouvé toutes les réponses, c'est que la croissance, la
diminution, la préoccupation qu'on a et ce n'est pas nouveau la
préoccupation du gouvernement, ça date de quelques années
nous amène à constater que, depuis quelques années,
on n'a pas augmenté nos effectifs qui demeurent les mêmes. Et la
difficulté majeure, la grosse question qu'on se pose, c'est: Est-ce
qu'il y a certaines activités qu'on fait qui sont exigées par la
loi, qu'il nous faudra soit diminuer, soit voir disparaître
éventuellement. Alors, là, si jamais j'arrive à des
conditions comme celles-là, je vais certainement me servir, si vous me
permettez l'expression, du comité consultatif ou essayer de voir de
quelle façon on pourrait aller plus loin. Alors, c'est la situation
actuelle.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, ce que je comprends,
c'est que, sur le plan de l'analyse que vous êtes après faire, au
delà du respect, même si vous n'y êtes pas contraint, de
l'objectif zéro de la diminution au cours des prochaines années,
il y a une analyse en profondeur de ce
qui peut être fait, de ce qui peut être
délaissé aussi, en termes de champs d'activité qui,
aujourd'hui, sont toujours là dans la loi comme obligation, mais qui ne
sont peut-être plus avec... qui ne se posent plus comme problèmes
avec la même acuité qu'ils se posaient au moment où
ça vous a été confié. C'est ce que je comprends. Y
a-t-il des exemples qui vous viennent à l'esprit, sans vous rendre
prisonnier de ces exemples?
M. Côté (Pierre-F.): Bon, si vous me permettez,
là, pour donner les bons exemples, je vais consulter parce que ça
s'est produit dernièrement.
(Consultation)
M. Côté (Pierre-F.): Il y a des activités,
par exemple, qu'il faudrait possiblement revoir, mais, quand on touche à
un secteur donné, ça ne veut pas nécessairement dire que
ça permet de libérer un bon nombre d'employés. Mais il y a
des choses qu'il faudrait revoir. Peut-être sur la procédure parce
que ça requiert du temps et du personnel. J'ai mentionné, tout
à l'heure, la recherche, par exemple. On avait une grosse unité
de recherche; présentement, il en reste 2, je pense, sur le nombre de
personnes qu'il y avait là.
Il y a peut-être aussi ce qui ne requiert pas
énormément de personnes, mais il faut quand même le suivre
toute la question du vote hors Québec. Il y avait un
troisième... Il y a l'autre peut-être aussi, ce n'est pas
énormément de monde, mais, le vote des détenus, par
exemple, quand je mentionne ces 2 exemples-là, ce sont quand même
des choses à maintenir, les ententes avec les différentes
prisons, etc. Ce sont des éléments qui nous amènent
à nous interroger et à nous dire: Est-ce qu'on continue de la
même façon ou pas? Est-ce qu'il y a des façons plus
simples? Parce qu'il faut dire que, quand c'a été
institué, c'était dans une perspective d'universalité du
droit de vote, qui demeure toujours, mais on le fait aussi dans des
perspectives de croissance et, à ce moment-là, comme on dit
couramment, on a mis le paquet, enfin, on a mis le personnel requis. Ce sont
des choses qui nous permettraient peut-être, éventuellement, de
revoir. Ce sont des exemples, comme vous avez dit tantôt, sans me mettre
dans une camisole de force, mais il va peut-être falloir revoir point par
point. (12 h 40)
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: La liste permanente. M. Côté
(Pierre-F.): Pardon?
M. Chevrette: La liste... Excusez, sur ça, oui, il n'y a
pas de problème. Je suis docile comme un...
Le Président (M. Dauphin): Sur le même sujet, M. le
député d'Orford.
M. Benoit: Oui, dans vos analyses que vous êtes
après faire, c'est peut-être ma déformation d'homme
d'affaires, mais, moi, quand je vois vos états financiers, c'est
difficile de me convaincre que j'en ai pour mon argent ou que je n'en ai pas
pour mon argent. Et, au moment où vous allez faire vos études,
est-ce que c'est possible de comparer ça avec d'autres organismes
semblables au vôtre soit dans d'autres États américains ou
dans d'autres provinces? Un État comme le Massachusetts, avec 6 000 000
de population, combien, eux, ça leur coûte pour tenir un organisme
comme le vôtre en place? Et si on pouvait le comparer.
Je comprends qu'on a une société distincte et puis on a
toutes sortes de phénomènes de 2 langues et tout ça, je
prendrai tout ça en analyse. Mais je pourrais arriver à dire: Si,
eux, ils opèrent... Finalement, Hydro-Québec, on l'a fait en
commission parlementaire, où on s'est mis à la comparer avec les
«utilities» américains, pour s'apercevoir que les
«utilities» avaient 9 vice-présidents; nous autres, on avait
48 vice-présidents, par exemple. C'était assez simple de leur
dire: Pour moi, vous avez trop de vice-présidents à
Hydro-Québec, la Florida Power opère avec 9. Si vous étiez
capable de me donner... je ne sais pas s'ils ont... ou de déposer
à la commission des «comparatifs» avec d'autres organismes
semblables au vôtre, je finirais par me convaincre qu'on en a vraiment
pour notre argent ou qu'on n'en a pas pour notre argent. Parce que, juste des
chiffres comme ça, ça dit bien ce que ça veut dire. C'est
un commentaire que je passe. C'est ça.
M. Côté (Pierre-F.): Je trouve votre suggestion
excellente, mais, à moins que vous puissiez me fournir des informations
dans ce sens-là, à ma connaissance, il n'existe nulle part
d'institution comme celle du Directeur général des
élections, avec les responsabilités qu'on a. Ce qu'on retrouve,
par exemple, ce sont des responsabilités qui sont dévolues
à des municipalités, des responsabilités qui sont
dévolues à des... Il n'y a pas de commission. C'est
séparé ou c'est différent. Il peut y avoir, par exemple,
des commissions d'éthique, des commissions de lobby, qu'on retrouve aux
États-Unis. La façon de tenir les élections, la
mécanique étant différente... Et même en comparaison
d'institutions ailleurs au Canada; prenons juste un exemple: l'Ontario. On
pourrait peut-être se comparer à ce qui se fait en Ontario, mais
le directeur général des élections en Ontario ne s'occupe
que d'élections provinciales et de rien d'autre. Il ne s'occupe pas du
financement, il ne s'occupe pas des municipalités. Alors, la comparaison
des responsabilités est très difficile. J'apprécierais
beaucoup, si jamais on était capable d'en trouver une, une institution
analogue ou une façon de procéder analogue, je pense que,
là, on pourrait faire des comparaisons fort intéressantes.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député de Joliette.
Listes électorales informatisées
M. Chevrette: Sur la liste électorale informatisée,
on sait que c'est nous qui vous avons donné le mandat. Nous avons vu les
réticences de l'UMQ; nous avons vu, également, tout
dernièrement, la réponse que vous avez faite aux objections.
C'est assez volumineux, merci! Qu'en est-il présentement avec les
Fédérations des commissions scolaires, comme première
question?
M. Côté (Pierre-F.): Je m'excuse. Qu'en est-il
avec...
M. Chevrette: Avec la Fédération des commissions
scolaires?
M. Côté (Pierre-F.): Du côté des
commissions scolaires, je dirais, c'est une approbation, si on peut la
qualifier comme ça, de 150 %. D'abord, la Fédération des
commissions scolaires elle-même nous a écrit... la
présidente a écrit une lettre appuyant le projet, et nous
recevons présentement, ces jours derniers et on a su que
ça va se perpétuer encore dans les prochains jours on
reçoit des résolutions des commissions scolaires. Et,
apparemment, le mot d'ordre a été donné dans les
commissions scolaires pour nous faire parvenir des résolutions
d'approbation. Du côté scolaire, on veut l'établissement
des listes électorales informatisées, on le recherche et on nous
dit qu'on en a besoin. Ça ne crée pas de difficulté. On
n'a pas d'interrogation majeure sur le principe, sur sa réalisation, sur
l'idée des listes électorales informatisées.
M. Chevrette: Mis à part le principe de l'autonomie, entre
guillemets, des municipalités, maintenant, pourriez-vous me dire, en
quelques phrases, quelles sont les objections fondamentales de l'UMQ?
M. Côté (Pierre-F.): M. le Président, je
m'excuse si je ne suis pas toujours la bonne façon de
procéder.
Vous avez fait référence au document. Ce qui se passe avec
l'UMQ, c'est que je vais être bien franc avec vous j'ai
parfois un petit peu de difficulté à les suivre ou à tout
comprendre, parce que, d'une part, on a eu avec eux, lors des consultations,
d'excellentes relations; d'autre part, on sait et je vais citer, par
exemple, le président de l'UMQ, pas plus tard que la semaine
dernière, une conversation que j'avais avec lui que l'ensemble
des municipalités n'ont pas d'objection de principe, elles sont
favorables à un projet comme celui-là. Par ailleurs, ce que je
trouve sage, ce qu'ils ont fait, ce que je trouve bon, c'est qu'ils ont, au
conseil d'administration de l'UMQ, formé un comité d'étude
sur le rapport. Et quand on lit... Ce comité vous avez des textes
ou on pourrait les distribuer quand on lit ce rapport, auquel on a
préparé des éléments de réponse parce que
les échanges vont avoir lieu dans les prochains jours avec ce
comité, on se rend compte que les interrogations qu'on se pose sont des
interrogations de fonctionnement. Il y a une grosse question de fond qui se
pose à l'égard du recensement, mais, le restant, ce sont toutes
des interrogations de modalités, de façons de procéder,
bon: la date du recensement, la nomination des recenseurs, les... Ce sont des
éléments, je veux dire, auxquels, c'est vrai, on ne fournit pas
tous ces détails de réponses à la... la collaboration
à établir avec les municipalités, avec les greffiers, et
le reste, parce que le rapport ne peut pas tout prévoir. Les choses sont
sous-jacentes, dans le rapport. C'est un peu un tour de force, d'ailleurs,
qu'on vous l'ait produit à la date promise, le 31 mars.
Mais on en est rendus là avec les municipalités, dans le
sens que, quand je reviens à ce que j'ai dit tantôt, que je suis
un petit peu surpris, c'est que j'ai multiplié les démarches et
les pressions auprès de l'Union des municipalités pour les
rencontrer n'importe quand, n'importe où, à n'importe quelle
heure. Ils avaient une rencontre, par exemple, du conseil d'administration, le
4 juin, et j'ai beaucoup insisté pour fournir des réponses aux
questions qu'ils se posaient, et là, bien, ça a été
la réponse de ce... Ils ont formé 3 comités. Ils ont
formé un comité d'experts, d'officiers municipaux, qui a fait
rapport à un comité composé d'élus et d'experts
municipaux, qui ont fait rapport au conseil d'administration, ça
revient. Mais ce que m'a dit le président, lors de cette conversation,
le président de l'Union des municipalités, il a dit: Les
municipalités sont d'accord avec ça, pourvu que vous donniez des
réponses, mais il faudrait bien avoir des réponses aux
interrogations qu'on a. Et là je lui ai posé la question, je lui
ai dit: Bon, bien, alors, quand on va rencontrer ce comité-là,
quand vous allez avoir la réponse supposons qu'on s'entend et
qu'on fournit toutes les réponses à vos interrogations
où est la procédure? Vous allez être obligés
d'attendre encore quelques mois avant que ça revienne au conseil. Il a
dit: Non, non. Parce que je voulais lui faire confirmer ce qu'on m'avait dit.
Il a dit: Moi, j'ai l'autorité, dès que c'est
réglé, ça, vous avez le O.K., et ça marche, on
fonctionne.
Alors, c'est ce que m'a raconté le président.
M. Chevrette: Mais est-ce qu'il n'y a pas des réticences?
Moi, je ne sais pas, mais c'est difficile de savoir ce qui se dégage des
rencontres ou des documents. Mais j'ai plutôt l'intuition, moi, que
c'est une intuition que j'ai, et je le dis, là j'ai
plutôt l'intuition qu'ils veulent garder ce privilège de pouvoir
confier des contrats et donner des jobs. Si c'est ça, ça
relèvera de notre parti. Mais est-ce que vous sentez la même chose
que nous autres? Et je vois ça, moi, plutôt au niveau des grosses
agglomérations; je ressens ça, plutôt. Si c'est ça,
l'économie du Québec, ça transcende les petits gestes
partisans d'un maire ou d'un conseil municipal. Si c'est vers ça qu'il
faut aller, on va prendre le taureau... Mais sentez-vous la même chose
que nous autres?
M. Côté (Pierre-F.): Bien, il faut distinguer 2
choses. J'ai parlé de ce rapport-là, qui est très factuel,
très précis; il y a aussi des déclarations publiques qui
ont été rapportées dans les journaux où on sent un
petit peu cette préoccupation. Mais il est clair, par exemple... les
informations qu'on a et les lettres qu'on a, que ça ne se produit pas
dans les 2 grosses villes, à tout le moins Montréal et
Québec. Montréal, par exemple, le maire Doré m'a
déclaré ces jours derniers encore: Nous, on est favorables, et le
plus vite possible, ça va être tant mieux. Même attitude du
côté de Québec.
M. Chevrette: Oui, mais ce sont...
M. Côté (Pierre-F.): Je pense qu'il y a un...
M. Chevrette: ...ce sont plutôt des banlieues, là,
qui...
M. Côté (Pierre-F.): ...il peut y avoir des
interrogations là-dessus. Il y a un problème, certain.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous dirai que j'ai
exactement la même impression. C'est que ça fait bien,
collectivement, de dire qu'on est pour, mais que, individuellement, ça
peut heurter certaines échéances propres à certaines
villes... et qu'on est d'accord, mais au lendemain de la prochaine
élection, avec tout ce que ça comporte comme
possibilités... (12 h 50)
II y a une autre question qui n'est pas répondue, qui ne vous a
pas été posée, mais qui, je pense, est assez importante
dans ce processus. J'ai cru déceler, dans certains échanges avec
les municipalités ou rapports de presse, que l'UMQ serait bien d'accord,
pour peu que ça ne leur coûte pas une cent. Ça, c'est une
autre question qui n'est pas tranchée. Il n'a jamais été
dit que, dans la mesure où on allait vers une liste informatisée
et que le gouvernement investissait dans les systèmes pour faire en
sorte qu'elle soit informatisée et qu'on la rende disponible, il n'y
aurait pas un coût minimal à payer par électeur. Je pense
que c'est la base même du financement du système. Et ce que j'ai
compris... Ça, c'est une question qui, d'après moi, n'est pas
réglée et que le monde municipal, ceux qui se prononcent pour,
c'est oui dans des économies, en autant que l'ensemble du système
soit payé par le gouvernement, dégageant d'autant des
économies. Si les municipalités devaient payer, ce que j'ai
compris et je peux me tromper ce que j'ai compris, c'est que si
on a à payer: Laissez-nous notre jardin, vous n'avez pas d'affaire
dedans. Il me semble que... Je ne sais pas si je traduis mal, là, et ce
n'est pas faire injure à personne que de... Il me semble que c'est
là qu'est le problème. Je ne sais pas si j'ai bien posé
la...
M. Côté (Pierre-F.): Je crois que, si je com- prends
bien votre question, la première partie, quand vous dites qu'il y a
certaines municipalités qui veulent voir s'introduire ce nouveau
système après l'élection, il faut bien être
réaliste. Ce qui s'est passé comme réaction à date,
c'est, en particulier, quelques municipalités qui ont déjà
des élections cet automne et qui ne sont pas concernées parce que
le projet qu'on soumet ne peut s'appliquer qu'en novembre 1994. Alors,
ça me surprend un peu qu'on proteste là-dessus quand ça ne
peut pas les toucher.
La question des coûts, ce qu'il y a dans le rapport, c'est... Il
n'y a pas de recommandation de ma part de charger des frais aux
municipalités, laissant, évidemment, cette décision, je
pense, au gouvernement, enfin, aux députés. Il y a 2 ordres de
coûts. Là, je vais vous donner des chiffres globaux pour essayer
d'être le plus clair possible. La réalisation du projet est de 30
000 000 $, dont 16 000 000 $ pour le recensement. Je prends acte,
évidemment, de la loi que vous avez adoptée hier, qu'il n'y a pas
de recensement, mais dans les 30 000 000 $ sont compris ces 16 000 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): ...un taux
d'efficacité à l'heure assez exceptionnel.
M. Côté (Pierre-F.): C'est ce qu'on m'a dit. Et,
là, la question qui se pose, est-ce qu'une fois que la liste va
être... Parce que le projet a la caractéristique suivante. C'est
que... Vous regardez le tableau 29 dans le rapport, et on réalise que
tous les coûts, pas seulement les... Il n'y a rien qui a
été oublié, là, je veux dire, même du temps
de notre personnel, de l'ameublement, des choses du genre, tous les
coûts. Si le projet était réalisé dans les
délais ou dans la proposition qui est faite, je veux dire qu'au bout de
15 ans il y a des bénéfices de 15 000 000 $, un total de 15 000
000 $.
Une voix: 5 ans.
M. Côté (Pierre-F.): Pardon? Pendant 5 ans. C'est
ça que j'ai dit? Une période de 5 ans. Mais pourquoi est-ce que
c'est présenté de cette façon-là? Et, là, il
arrive... Il y a des bénéfices... Il n'y a rien de chargé
aux municipalités. Il y a des bénéfices pour les
commissions scolaires qui sont au tableau 29 et pour les municipalités.
Il resterait à déterminer, à mon avis, si le gouvernement
ou les députés décidaient de charger quelque chose, est-ce
que, lors de la livraison de la liste à une municipalité, il sera
opportun de se faire rembourser certains coûts? Parce que
l'implantation... Pour ma part, je trouverais difficile de répartir les
coûts d'implantation. Et, là, j'aurais des propositions à
faire, parce que j'ai déjà échangé avec un bon
nombre de municipalités sur cette hypothèse et avec l'Union des
municipalités, leur dire: Bien, écoutez, là, si jamais...
Parce qu'on me posait la question; moi, je ne connaissais pas la
réponse. Mais, si jamais le gouvernement, par exemple, décidait,
ou les députés décidaient de charger un coût
minimal, la réaction était la suivante. C'est qu'elles ne
verraient pas
d'objections majeures, pourvu qu'on ne leur charge pas un coût
supérieur à ce que ça leur coûte
présentement. Alors, on a établi... La proposition qu'on voudrait
vous faire je ne sais si je l'ai avec moi mais une proposition
qu'on voudrait faire, c'est de l'établir par grosseur de
municipalité, à tant la municipalité. Alors, on aurait une
proposition à faire qui tiendrait compte de cette exigence, parce qu'on
ne peut pas charger le même tarif, par exemple, à Montréal
et à une ville beaucoup plus petite. Alors, il y a des solutions dans ce
sens, qui, à mon avis, seraient... Parce qu'il y a encore des
bénéfices pour les municipalités. Ça
représente moins qu'une opération de recensement à chaque
élection municipale.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. Côté.
Juste avant de vous permettre... M. le ministre, si vous permettez. M. le
député de Hull, un commentaire?
M. LeSage: Oui, un commentaire, M. le Président, un peu ce
qui a été dit. Ce que je pense, moi avant de poser une
question je pense que les élus municipaux veulent garder
ça comme chasse gardée pour permettre de donner des petits
«candies» à des recenseurs et à des gars de bureaux
de révision. Et, comme le ministre le disait tantôt, ils sont
prêts à le faire, mais à la prochaine élection. Ils
paient déjà pour le recensement, alors, il faudrait qu'ils
s'attendent à payer pour une liste permanente.
L'autre question que je voulais poser...
M. Côté (Charlesbourg): ...l'expérience de
directeur général de ville.
Simultanéité des élections
municipales et scolaires
M. LeSage: L'expérience de quelque part.
M. Côté, est-ce qu'on pourrait envisager un jour que des
élections se tiennent aux niveaux scolaire et municipal le même
jour? On sauverait de l'argent dans les bureaux, on sauverait de l'argent dans
les avis, on sauverait de l'argent pour les gens qui travaillent dans les
bureaux.
Une voix: Les gens iraient voter.
M. LeSage: on ferait aussi d'une pierre deux coups, et c'est
l'autre coup que je vise le plus, finalement. dans notre démocratie, ce
qui serait l'idéal, c'est que 100 % des gens aillent voter. on sait que,
dans les commissions scolaires, il y a des commissaires qui se font
élire avec 10 %, 12 %, 15 % du scrutin. si les 2 se tenaient le
même jour, et ça se fait dans des états, et ça se
fait probablement, je pense, en ontario, si ça se tenait le même
jour, on aurait une meilleure participation du vote au niveau scolaire, et
ça coûterait, finalement, moins cher. alors, je ne vois pas
pourquoi on ne pourrait pas envisager, au québec, de tenir les scrutins
municipal et scolaire le même jour.
M. Côté (Pierre-F.): Je ferai un commentaire
là-dessus, M. le député, M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Allez-y, M.
Côté.
M. Côté (Pierre-F.): Pour ma part, je trouve
l'idée excellente. La perspective dans laquelle je dois me placer, comme
première réaction, c'est: Est-ce que, techniquement, c'est
faisable? Moi, je crois que oui. Évidemment, c'est une décision
qui relève de vous, de déterminer, à un moment
donné, que ça se tiendra le même jour. Je suis parfaitement
d'accord avec ce que vous avez dit, sur le fait que ça contribuerait
à augmenter la participation aux élections scolaires: ce sont les
mêmes électeurs. Il y aurait un autre avantage, également,
si on a une liste électorale informatisée...
Le Président (M. Dauphin): Alors, il reste 5 minutes
à nos travaux. M. le ministre a une question et M. le
député de Jonquière aussi.
M. Dufour: ...le ministre est d'accord, mais 2 secondes.
Le Président (M. Dauphin): Oui, O.K., allez-y tout de
suite.
M. Dufour: Je pense qu'on part sur une mauvaise
«track» ou sur une mauvaise ligne en disant: On pourrait tout
mettre ça ensemble. Si on part avec le municipal et le scolaire,
pourquoi pas le provincial, pourquoi pas le fédéral? Tant
qu'à en mettre, des élections, ça va coûter moins
cher si on fait ça tout d'une claque. Ce n'est pas ça qu'il faut
retenir. Tant qu'il y aura 2 corps indépendants dans une
municipalité, il faudra bien qu'ils gardent chacun leur façon de
procéder. Moi, je pense qu'on va mêler les gens. Il y a des
avantages, mais, pour moi, les désavantages sont beaucoup plus grands,
à mon point de vue.
Le Président (M. Dauphin): C'est sûr que...
M. Dufour: Bien, je m'excuse, mais je pense... Même si les
gens de l'autre côté ne partagent pas mon opinion, j'en ai vu
quelques-unes, des élections, et j'en ai subi quelques-unes et je sais
un petit peu de quoi je parle. Je ne suis peut-être pas un grand expert,
ce n'est pas un fonctionnaire qui parle, là, c'est un ancien, c'est un
élu depuis 30 ans. C'est dans ce sens-là, avant d'aller sur des
grandes, grandes théories, il faudrait peut-être faire
attention.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Un petit commentaire et
ma dernière question là-dessus parce que je suis
favorable, personnellement. Je ne me considère pas un grand
fonctionnaire, je considère avoir vécu un petit peu
d'organisation politique. Je n'ai jamais été maire, ni conseiller
municipal, ni sur le plan scolaire. Il est indéniable qu'il y aurait, au
niveau de l'exercice de la démocratie, des avantages marqués
à ce que, à tout le moins au niveau municipal et scolaire, on
puisse procéder en même temps au niveau de ces
élections-là, au delà des coûts qu'on pourrait
économiser. Sur le plan de la sensibilisation de l'opinion publique
à l'existence d'un scrutin soit municipal, soit scolaire, moi, je pense
qu'il y aurait certains avantages, mais, évidemment, je respecte votre
point de vue parce qu'il est inspiré par un vécu sur le plan
municipal. Mais, au delà de l'autonomie, on peut tenir 2
élections en même temps sur des domaines aussi divergents que le
scolaire et le municipal, et chacun garde son autonomie, peut faire la campagne
qu'il veut. Dans ce sens-là, je pense qu'il y aurait peut-être des
économies, mais c'est une opinion qui est purement personnelle.
C'est pour ça que j'allais finir avec ça. Quand je vous ai
vu vous étirer sur le fédéral... De toute façon,
avec vos points de vue politiques, vous allez finir par en éliminer un,
à un moment donné, et vous allez pouvoir tenir les 3 en
même temps, au lieu des 4. Alors, vous allez régler ça,
éventuellement. Et, si j'ai compris Lucien, qui vous supporte
très bien, ce serait en 1996.
Ma dernière question... (13 heures)
M. Dufour: ...
Dépenses lors de campagnes électorales
municipales
M. Côté (Charlesbourg): Ma dernière question,
M. le Président. J'ai cru déceler, au cours de l'année, un
certain agacement dites-moi si je me suis trompé de votre
organisation quant au niveau de dépenses pour des campagnes
électorales municipales. Et vous avez, d'ailleurs, je pense,
pointé un certain nombre de villes ou de municipalités du doigt
au cours de l'année. Est-ce qu'il est de votre intention de resserrer
à ce niveau-là, si vous en avez les moyens et quand je
parle de moyens, c'est légal et tous les moyens resserrer la vis
à ce niveau-là pour faire en sorte qu'on ne soit pas dans une
situation qui date d'avant les années soixante mais davantage des
années quatre-vingt-dix et des années 2000, en termes de
contrôle sur le plan des dépenses dans les campagnes
électorales municipales?
Le Président (M. Dauphin): Merci. Juste avant que vous
répondiez, je présume, évidemment, que j'ai le
consentement des membres de la commission de déborder de quelques
minutes l'horaire de nos travaux. Le présumant et le constatant, M.
Côté, à vous de répondre.
M. Côté (Pierre F.): Oui, vous me direz, M. le
ministre, si je suis bien dans le sujet, mais, si je comprends bien
parce que j'ai fait des choses à ce sujet-là, hier c'est
que le phénomène qui se produit, étant donné que
les élections municipales sont à date fixe, il y a certaines
municipalités de la région de Montréal qui cette
année, elles sont un peu plus sages il y a quelques
années, étendaient la période électorale proprement
dite, tout le monde sait que ça va avoir lieu à l'automne, telle
année, et il y a eu des dépenses tout à fait
exagérées. Ce que j'ai fait là-dessus, c'est que j'ai non
seulement attiré l'attention des municipalités concernées,
mais j'ai eu un échange de correspondance avec le ministre des Affaires
municipales à qui j'ai soumis le problème et des solutions qui
concourent tout à fait dans cette ligne de choses à venir, de
modifications à la loi pour éviter appelons ça par
leur nom des orgies à cet égard. Ce sont quelques
municipalités et ce n'est pas pendant la période
électorale proprement dite qu'il y a des excès, parce que,
là, c'est délimité dans la loi, c'est tant par
électeur. Et ça, ça a du bon sens, à mon avis, je
veux dire, les normes sont encore bonnes. C'est ce qu'on fait en dehors, mais
qui est relié directement à l'élection qui s'en vient. Ce
que je dois dire, c'est que je ne veux pas nommer une ville en
particulier, mais c'est parce que... je pense que je vais la nommer, oui, parce
que c'est à son avantage la ville de Laval, par exemple, un des
effets, c'est que la campagne électorale actuelle, ils ont restreint
considérablement ce qu'ils avaient fait il y a 4 ans. Alors, on a
éveillé l'attention des gens qui sont les plus conscients de
ça, et il y a de gros efforts qui sont faits à cet
égard.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Avez-vous
terminé, M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Pour moi, ça irait,
je pense. Pour moi, l'objectif était de resoulever sur le plan public
puisque, normalement, nos travaux sont publics, même si les gens
n'attendent pas à la porte pour une copie donc, de faire en sorte
que, sur le plan de l'opinion publique, on alerte l'opinion publique à
ce genre de situation là qui, je pense, au niveau des dépenses,
relevait davantage de la période d'avant 1960 que de l'esprit qui nous
anime sur le plan électoral depuis les années soixante-dix.
Merci, M. le Président, ainsi que toute votre équipe, et
la meilleure chance possible pour les années futures.
M. Dufour: Juste avant la fin...
Le Président (M. Dauphin): Merci. Peut-être une
dernière question, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. Sur la fin des travaux, il y a eu une remarque,
et je vais la poser sous forme de question, mais on n'est pas obligé de
répondre immédiatement. Est-ce qu'on pourrait envisager, par
exemple, de faire un système qui s'appliquerait au municipal juste
d'une façon partielle? Ça, ça pourrait être
peut-être une piste de réflexion.
Réclamation concernant le
référendum d'octobre 1992
Deuxième: Est-ce qu'on pourrait savoir le chiffre exact de la
réclamation concernant le référendum d'octobre 1992?
M. Côté (Charlesbourg): 26 000 000$ ou 27 000 000
$.
M. Dufour: Est-ce que ce dossier-là semble vouloir
aboutir?
M. Côté (Charlesbourg): Le dossier, oui. D'ailleurs,
le dossier a été échangé au plus haut niveau, et,
comme je l'ai toujours dit, ce n'est pas le ministre actuel qui pouvait
régler ça avec le premier ministre du Canada, c'est davantage de
premier ministre à premier ministre, et de ministre des Finances
à ministre des Finances. Les échanges ont eu lieu un peu partout,
et je partage totalement le point de vue de l'Opposition qu'on n'a pas à
payer 2 fois, et il a été véhiculé de bonne
manière au fédéral, en souhaitant que la réponse
positive sera confirmée très prochainement.
M. Dufour: On vous remercie et on remercie la...
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci beaucoup
messieurs. M. Côté, merci de votre participation à cette
étude. Oui, je l'avais très bien vu. M. Côté, vous
avez un commentaire à faire?
Listes électorales informatisées
(suite)
M. Côté (Pierre F.): Si vous permettez, juste une
dernière réflexion, M. le Président, avec votre accord. Je
voudrais juste souligner que, dans la réalisation éventuelle de
la liste électorale informatisée, il y a une certaine urgence que
des décisions soient prises parce que ça se fait sur une assez
longue période. Alors, si on veut atteindre l'objectif des
élections de l'automne prochain, municipales et scolaires, il y aurait
peut-être la solution de tenir un recensement au mois d'avril. Mais, pour
pouvoir faire ça, si jamais on se dirigeait vers cette
solution-là, il faudrait commencer les travaux dès cet automne.
Donc, il y a une urgence à ce qu'il y ait... J'avais même
pensé à une proposition de résolution qui pourrait
être adoptée par l'Assemblée nationale, mais je ne pense
pas que vous soyez prêts à ça. Mais il va falloir vraiment
voir de quelle façon on pourrait accélérer
l'évolution du dossier si, évidemment, vous tombez d'accord sur
cette réalisation.
Le Président (M. Dauphin): Alors, encore une fois, M.
Côté et vos collaborateurs, merci de votre participation à
notre commission.
Est-ce que la commission approuve les prévisions
budgétaires du Directeur général des élections pour
l'année 1993-1994?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Approuvé. Alors, c'est
ce qui met fin à nos travaux, et je suspends les travaux jusqu'à
15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 5)
(Reprise à 15 h 11)
Examen du rapport annuel 1991-1992 du Protecteur du
citoyen
Le Président (M. Dauphin): Le quorum étant
constaté, je déclare donc la séance de la commission des
institutions ouverte. Je vous rappelle le mandat de cet après-midi, qui
est de procéder à l'audition du Protecteur du citoyen dans le
cadre de l'examen de son rapport annuel 1991-1992 ainsi que la
vérification des engagements financiers contenus dans des listes des
mois d'avril 1991 à avril 1993 inclusivement relevant de sa
compétence. Alors, il y a une période de prévue pour cet
après-midi de... une enveloppe de 3 heures, et je demanderais maintenant
à Mme la secrétaire s'il y a des remplacements quant aux membres
de la commission.
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Beaulne
(Bertrand) par M. Garon (Lévis); M. Boulerice
(Sainte-MarieSaint-Jacques) par Mme Carrier-Perreault
(Chutes-de-la-Chaudière).
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Alors, nous
souhaitons la bienvenue au Protecteur du citoyen, M. Jacoby. Je vais lui
demander tantôt de nous présenter la charmante personne qui
l'accompagne, mais, avant de vous demander de faire votre présentation,
je vais demander à des membres de la commission s'ils ont des remarques
préliminaires à faire avant d'entendre le Protecteur du citoyen.
Avez-vous des remarques? M. le député de Mercier,
peut-être? Ou M. le député de Verdun?
M. Godin: Non. Moi, je laisse la parole aux femmes, quand il y en
a.
M. Gautrin: Bien, je pense, M. le Président, qu'il serait
préférable d'écouter d'abord le Protecteur du citoyen, et
on pourrait réagir. Ou vous voulez faire vos remarques
préliminaires? Est-ce qu'on s'en dispense?
Le Président (M. Dauphin): Le porte-parole officiel, c'est
M. le député de Mercier. Tout comme on
peut écouter le Protecteur et réagir et commenter
après. Comme vous voulez.
M. Godin: Son tour viendra.
Le Président (M. Dauphin): D'accord.
M. Gautrin: Alors, commençons par notre ami, Me
Jacoby.
Le Président (M. Dauphin): Vous voyez que je ne suis pas
rigide quant à la procédure. Alors, Me Jacoby, à vous la
parole. Normalement, c'est 20 minutes, mais on peut être souple, comme
vous le constatez, alors, ça peut être un peu plus long que 20
minutes, prenez le temps qu'il vous faut, et nous vous écoutons
attentivement. Ensuite de ça, on procédera à une
période d'échanges entre les membres de la commission et vous
même.
Exposé du Protecteur du citoyen M. Daniel
Jacoby
M. Jacoby (Daniel): Alors, merci, M. le Président. Je
voulais vous présenter Me Frances Hudon, qui est, au Protecteur du
citoyen, la directrice générale des enquêtes.
Alors, je ne vais pas suivre nécessairement le plan du rapport
annuel que j'ai déposé pour l'année 1991-1992 parce que
ça pourrait être un peu long. Deuxièmement, je vais essayer
d'actualiser certaines données ou certains faits par rapport à
l'année qui vient de s'écouler et pour laquelle nous allons
publier bientôt un autre rapport annuel.
Je voudrais commencer en revenant à un exercice fondamental qui a
été fait par la commission des institutions il y a quelques
années, d'examiner le mandat du Protecteur du citoyen, ses
activités, ses orientations. Et on se rappellera que cette commission a
produit, en novembre 1991, un rapport avec une série de recommandations
qui, dans l'ensemble, ont pour effet de, soit renforcer l'efficacité de
l'organisme Protecteur du citoyen ou encore d'élargir sa
compétence sur des secteurs qui ne sont pas actuellement couverts.
Dans la série de recommandations qui a été
élaborée par la commission, il y a des recommandations que je
qualifierais de nature administrative et qui ne nécessitent pas de
modifications législatives. Il y en a plusieurs, et je voudrais vous
entretenir de certaines d'entre elles. La commission avait remarqué le
peu de connaissances qu'avait la population sur le recours au Protecteur du
citoyen et avait, dans ses recommandations, suggéré que le
Protecteur du citoyen, de concert avec le ministère des Communications
et par d'autres moyens, se fasse plus connaître auprès de
l'ensemble de la population, d'une part, mais aussi, auprès de certaines
clientèles cibles, certaines clientèles particulières.
À cet égard, depuis le rapport de la commission, nous avons, de
notre côté, adopté des mesures qui, je pense, ont pour
effet d'améliorer cette connaissance, cette notoriété de
l'institution. Ce que nous avons fait depuis, suite à vos
recommandations, nous avons organisé un programme de communication avec
des relayeurs à l'échelle du Québec; des relayeurs, en ce
sens que ce sont des agents multiplicateurs d'information qui font que, lorsque
des personnes viennent leur exposer des problèmes, ces relayeurs vont
les référer au Protecteur du citoyen. Je vais vous donner comme
exemples, comme relayeurs, les CLSC à l'échelle du Québec,
les bureaux d'aide juridique, les ACEF, les organismes communautaires de
promotion et de défense des droits, le clergé, les bureaux de
comté des députés et, évidemment,
Communication-Québec, ce qui fait que, dans l'ensemble, ces
organismes-là sont bien au fait de la nature de notre mandat et,
dépendant des plaintes que les gens peuvent leur apporter, ils peuvent
au moins les référer au bureau du Protecteur du citoyen.
Parallèlement à ça, pour des clientèles
particulières, en ce qui touche, par exemple, les populations
autochtones, nous avons établi des communications avec 73 conseils de
bandes, qui reçoivent de l'information sur nos services. Nous avons
aussi entrepris des visites et des tournées dans plusieurs
régions du Québec et rencontré des populations
autochtones.
Pour ce qui est des communautés culturelles et des anglophones du
Québec, nous avons établi des contacts, également, et nous
avons pris l'initiative, depuis 2 ans, par exemple, de traduire nos rapports
annuels, dans leur version intégrale, dans un premier temps, en langue
anglaise. Notre intention, si les ressources nous le permettent, c'est, tant
pour les rapports annuels que pour nos circulaires et nos dépliants, de
les produire dans plusieurs langues. Par ailleurs, nous avons augmenté
le tirage de cette documentation.
Nous avons aussi, depuis le rapport de la commission, été
sollicités pour faire quelque chose comme 35 conférences sur les
services du Protecteur du citoyen dans différents milieux. Nous avons
fait des tournées d'information et nous avons aussi tenu des
statistiques sur le taux de notoriété en rapport avec les
médias. Et ce que nous constatons, c'est que, pour l'année
1991-1992, nous avons eu 259 présences médias et, pour ce qui est
de 1992-1993 mais je vais exclure cette semaine nous avons eu 333
présences médias.
En plus, nous avons développé les chroniques du Protecteur
du citoyen qui sont transmises à des agents multiplicateurs
d'information. À l'interne, nous avons obtenu l'autorisation de 44
ministères et organismes pour que, dans leurs journaux internes, on
explique le rôle du Protecteur du citoyen.
Sur une autre question, nous avons aussi constaté que beaucoup
d'organismes voulaient connaître nos services et qu'il nous était
difficile, faute de ressources, de nous rendre à chaque fois en
région, ce qui fait que nous venons de produire un vidéo sur le
Protecteur du citoyen, vidéo qui sera lancé dans quelque
temps.
Sur une autre recommandation de la commission
qui est intimement reliée aussi à la
notoriété et l'efficacité du Protecteur du citoyen, la
commission a recommandé que nous ayons des services d'accueil dans les
régions. Nous avons fait plusieurs scénarios, 6 scénarios,
qui tiennent compte de l'efficacité et aussi des coûts, et nous
sommes en train, actuellement, de regarder les avantages et les
inconvénients de chacun des scénarios avec l'idée de
proposer éventuellement au gouvernement un plan d'établissement
au niveau des régions. (15 h 20)
Pour ce qui est, maintenant, de tout l'aspect législatif, il est
évident que le Protecteur du citoyen, ne relevant pas d'un ministre,
doit se débrouiller lui-même quand il s'agit de faire avancer un
projet de loi qui est proposé par une commission parlementaire sur
mandat d'initiative. Alors, nous avons fait différentes
démarches. Nous avons, l'été dernier,
préparé un avant-projet de loi qui tient compte, dans l'ensemble,
des recommandations faites par cette commission et nous avons transigé
avec le ministère de la Justice, étant donné que, en vertu
de la loi du ministère de la Justice, il est prévu que les
organismes, les fonctions qui ne relèvent de personne, par le pouvoir
résiduaire, relèvent de la Justice. Donc, ça serait par le
biais de la Justice que ce projet de loi pourrait débloquer. Nous avons
eu plusieurs rencontres avec les autorités du ministère et nous
devrons reprendre ces rencontres dans les prochaines semaines.
Sur une chose qui m'apparaît extrêmement importante et au
sujet de laquelle la commission a eu, effectivement, des préoccupations.
On se rappellera que la commission a entendu 69 organismes lors de ses
audiences publiques, et une question qui revenait très souvent,
c'était l'indépendance financière du Protecteur du
citoyen. La commission a réalisé je ne la citerai pas,
vous le savez plus que moi qu'il y avait comme un conflit apparent
d'intérêts par le fait que le Protecteur du citoyen, qui est une
personne désignée de l'Assemblée nationale, est le seul,
parmi les 3 personnes désignées, à devoir négocier
ses budgets avec le Conseil du trésor, ce qui a fait dire à la
commission que le contrôleur devient le contrôlé. Tous les
Protecteurs du citoyen depuis les origines de l'institution ont mis en relief
la difficulté de vivre dans une situation comme celle-là parce
que, finalement, l'efficacité du Protecteur du citoyen peut être,
d'une certaine manière, mise en cause par les décisions du
Conseil du trésor.
À ce jour, à venir jusqu'à cette année, tout
allait relativement bien en ce sens que le Conseil du trésor avait
compris que le Protecteur du citoyen, comme personne désignée,
avait peut être un statut spécial, qui se traduisait par une plus
grande ouverture de la part du Trésor. Et, malheureusement, cette
année et je pense que c'est important que les membres de cette
commission le sachent le Conseil du trésor,
unilatéralement, sans consultation, a décidé de
réduire les effectifs et les budgets du Protecteur du citoyen. Et c'est
beaucoup. Nous avons eu une compression de 5 effectifs. Sur un petit organisme
comme le nôtre, c'est énorme, et déjà nous avons
beaucoup de difficultés à pouvoir mener nos enquêtes
correctement. Je pense que c'est une situation qui, d'une manière ou
d'une autre, devra être réglée par le Parlement. On a
là une situation où, véritablement, il est
extrêmement difficile, surtout si on n'a pas la possibilité de
discuter avec les autorités du Trésor sur des questions comme
ça, on a une situation où, véritablement, l'effet, c'est
que ça réduit le niveau de service du Protecteur du citoyen et la
qualité de ses services, contrairement à ce qui prévaut
pour le Vérificateur général et le Directeur
général des élections, dont les budgets et
ça, c'est la logique sont étudiés et
approuvés par des commissions parlementaires spécialisées
ou encore par le Bureau de l'Assemblée nationale. Alors, je veux
véritablement éveiller l'attention de la commission sur cet
aspect qu'elle avait elle-même noté dans son rapport de novembre
1991. pour ce qui est maintenant des plaintes, des statistiques, je ne vais pas
vous embêter avec des chiffres, beaucoup de chiffres, tout pour vous dire
que, d'une manière générale, il y a une augmentation
normale des plaintes chez le protecteur du citoyen, une augmentation normale,
une augmentation du nombre des enquêtes. par exemple, pour l'année
qui se termine je saute un peu nous avons initié
près de 12 000 dossiers, ce qui est plus que l'année
dernière. d'une manière générale, ce sont toujours
les mêmes ministères et organismes qui sollicitent de notre part
beaucoup d'énergie en ce sens que, d'une manière
générale, ce sont des organismes où il y a des
décisions, de nombreuses décisions qui sont prises, des
ministères à volume, comme le ministère de la
main-d'oeuvre et de la sécurité du revenu, pour ce qui est de
l'aide sociale, pour la csst, la régie des rentes, le ministère
de la sécurité publique, pour ce qui est des centres de
détention. ce sont, à toutes fins pratiques... ces 6
ministères et organismes sont des fournisseurs, entre guillemets, de
plaintes dans 80 % de nos interventions.
D'une manière générale, ce que l'on peut constater
aussi, c'est que le citoyen n'a pas tort de se plaindre parce que, dans
près de 30 % des affaires que nous traitons, nous arrivons à la
conclusion que le citoyen a été victime d'une erreur, d'un abus,
et nous faisons corriger la situation.
Véritablement, je pense qu'il se produit actuellement un
phénomène nouveau, en ce sens que nous vivons au Québec,
comme dans beaucoup de pays, des problèmes d'appauvrissement de nos
sociétés et on le ressent beaucoup chez nous parce qu'on a une
augmentation très forte des plaintes, par exemple, de la part de la
clientèle de l'aide sociale, comme de la part des personnes
incarcérées, des personnes vulnérables en
général. Le phénomène de la pauvreté est un
phénomène que vous connaissez et ce n'est pas qu'un
phénomène purement économique, c'est un
phénomène auquel sont associés beaucoup d'autres facteurs,
notamment la santé, la détérioration de la santé
mentale très souvent, la polytoxicomanie et d'autres facteurs que l'on
connaît et
que les études de spécialistes révèlent
très clairement.
Par ailleurs, je voudrais vous dire quelques mots sur la qualité
des services gouvernementaux. On se rappelle que le Conseil du trésor,
en avril 1991, a adopté une directive, une politique gouvernementale
concernant l'amélioration de la qualité des services aux
citoyens. Cette politique est un bijou, sur papier. C'est un bijou, en ce sens
que je ne connais pas dans aucun autre pays un document qui est aussi riche
d'espoir et d'attentes pour les citoyens. Même la «Citizen's
Charter» qui a été adoptée en Angleterre
récemment ne va pas aussi loin que cette politique-là. Sauf que,
ce que je peux constater, c'est que, dans les faits, cette politique n'est pas
connue ou très peu connue de la part des fonctionnaires, et je pense
que, même si nous nous en servons régulièrement pour
rappeler aux fonctionnaires qu'ils ont des devoirs et des obligations,
même si ce n'est qu'une politique, ce que nous pouvons constater, c'est
qu'ils ne sont jamais au courant de l'existence de cette politique, d'une part.
Alors, adopter une politique qui s'applique à des fonctionnaires et que
les fonctionnaires ne connaissent pas, moi, je dis que ça ne sert
à rien. En somme, c'est un bijou, cette politique-là, mais on
aurait pu s'en passer d'une certaine manière, puisqu'elle n'a rien
donné. Dans les faits, je n'ai pas vu de changement sur la
qualité des services et la qualité des décisions; et
pourtant, elle est en vigueur depuis plus de 2 ans. (15 h 30)
Par ailleurs, cette politique, contrairement à la
«Citizen's Charter» qui a été adoptée en
Angleterre, ne couvre qu'une infime partie des activités
gouvernementales. Elle ne couvre que le secteur public, c'est-à-dire 50
000 fonctionnaires, alors que le secteur gouvernemental,
décentralisé par le parapublic et le péripublic, couvre
350 000 employés de l'État. Alors, je dois faire un constat
d'échec en ce qui touche la politique, parce que nous ne voyons pas
d'amélioration occasionnée par l'adoption de cette politique du
Conseil du trésor. Et, entre autres choses, cette politique explique aux
ministères qu'il faut, dans le fond, non seulement respecter la loi,
mais traiter les citoyens avec les égards qui leur sont dus. Pour ce
faire, cette politique donne des outils de travail, comme des indicateurs de
performance, des outils de mesure pour permettre à l'administration de
connaître non seulement les attentes des citoyens envers les services
publics, mais également de voir si les services dispensés par les
ministères et organismes sont de qualité. Ce sont des outils
extraordinaires. Je pense que la qualité commence par la question:
Comment sommes-nous évalués par nos clientèles? Ceci n'a
pas été fait.
Cette politique a eu le bonheur de donner ouverture, cependant,
c'est-à-dire de rajouter aux douzaines de fois où je suis
intervenu pour dire qu'il fallait que les ministères et les organismes
du gouvernement soient imputables. Et l'imputabilité prend plusieurs
formes. Une des formes de l'imputabilité, c'est de faire que, lorsqu'un
ministère ou un organisme commet une erreur, pratique un abus, il soit
le premier à devoir reconsidérer sa décision. C'est ce que
j'appelle de l'imputabilité. L'imputabilité, ça s'adresse
aussi aux citoyens, en ce sens que les citoyens doivent aussi faire leurs
propres démarches auprès des ministères avant de
s'adresser à des instances comme la nôtre. Et, heureusement, il
existe maintenant plus de 30 ministères et organismes du gouvernement
qui ont mis sur pied des bureaux de plaintes. Ces bureaux de plaintes sont de
qualité inégale. Il y en a qui sont extrêmement
performants, d'autres qui sont en rodage, d'autres qui ne le sont pas du tout.
Mais, au moins, ils sont là, et il y a une volonté de la part de
l'administration gouvernementale d'établir des bureaux de plaintes. Je
pense que c'est fondamental que ce soit fait. Il faut que ça se
poursuive. Ce qui fait que, dans plusieurs cas, avec cette idée que le
Protecteur du citoyen n'est pas là pour déresponsabiliser les
ministères, mais, au contraire, leur permettre d'être plus
responsables, nous référons des citoyens aux services de plaintes
et nous faisons des vérifications a posteriori pour voir comment les
dossiers ont été traités.
Pour ce qui est, maintenant, des rapports avec les ministères. La
commission des institutions nous avait demandé... Vous nous avez
demandé, en novembre 1992, de vous faire rapport sur les rapports que
nous entretenons avec les ministères et organismes du gouvernement,
ainsi de justifier ou d'expliquer les recommandations qui ne sont pas suivies
ou les dossiers qui tardent à être réglés.
Sur le premier point, la qualité des rapports avec les
ministères et organismes, en termes de collaboration, je peux dire que
je suis satisfait dans l'ensemble. Satisfait dans l'ensemble parce que, dans
nos rapports avec l'administration, on a de la collaboration, tant pour
répondre à nos questions que pour nous fournir les documents.
Ça, c'est la règle générale. Et je pense que,
là-dessus, il est important qu'il y ait cette ouverture d'esprit de la
part des fonctionnaires qui s'inscrive dans ce que j'appelle la transparence de
l'État.
Cependant, j'ai observé une tendance, ces derniers mois, qui
m'inquiète. Traditionnellement, vous savez, lorsque nous faisons
enquête, nous avons besoin de tous les documents qui ont pu servir, d'une
manière ou d'une autre, aux autorités pour rendre une
décision ou poser un geste particulier. Nous avions traditionnellement
accès à l'ensemble des documents de l'administration. Or, je
constate que, d'une manière... la tendance veut que, quand il s'agit des
opinions juridiques du gouvernement, depuis quelques mois, on nous refuse
systématiquement l'accès direct à ces opinions juridiques.
Ce qui fait que nous sommes obligés d'utiliser toutes sortes de moyens
pour tenter d'obtenir les avis juridiques qui ont pu justifier des positions ou
des décisions de l'administration. Ce phénomène
m'apparaît extrêmement grave parce que, en pratique, ça veut
dire qu'on empêche l'institution de faire son travail lorsqu'on ne lui
donne pas les documents nécessaires pour se former une opinion.
Ça veut dire, à toutes fins pratiques, qu'on pourrait penser que
ça puisse entraîner la paralysie de l'institution. Et je pense
qu'il est important que cette
commission soit au courant de ce phénomène, d'autant plus
que la loi sur l'accès aux documents des organismes publics
prévoit que le Protecteur du citoyen et c'est dit en toutes
lettres n'est pas assujetti à cette loi quant aux
immunités ou aux exceptions, dont, notamment, les avis juridiques.
Pour ce qui est des dossiers qui ne sont pas réglés...
Est-ce que vous voulez que je continue ou bien vous préférez me
poser des questions?
Le Président (M. Dauphin): À date, nous avons
écoulé 23 minutes. Alors, j'avais dit une vingtaine de minutes,
mais ça peut être 30, si vous voulez, moi je n'ai pas d'objection,
une trentaine de minutes.
M. Gautrin: ...pour poser des questions.
Le Président (M. Dauphin): Oui, oui. On a suffisamment de
temps pour poser des questions. Il n'y aura pas 3 heures de
présentation.
M. Gautrin: Parce que je connais bien... C'est combien de temps
que vous allez poursuivre?
M. Jacoby: Je peux faire ça en 3 minutes, comme en 3
heures.
M. Gautrin: Comme vous pouvez le faire aussi en 3 heures.
Ça, je le sais.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jacoby: Je peux le faire en 10 minutes.
Le Président (M. Dauphin): Alors, il y a une entente pour
10.
M. Jacoby: Très bien. Merci. Il y a certains dossiers qui
prennent beaucoup de temps à déboucher. Un dossier dont je
parlais dans le rapport annuel de 1991-1992, qui est le dossier de la fermeture
de Schefferville. Ce dossier prend beaucoup de temps à être
traité, mais je pense qu'une solution définitive, négative
ou positive, sera amenée cette année au niveau du
ministère concerné.
Il y a également le dossier de la Commission des valeurs
mobilières du Québec, dans l'affaire Paré, dont je parle
dans le rapport annuel. Ce dossier, je vous le rappelle, avait essuyé un
refus de la part de la Commission des valeurs mobilières. J'avais, en
vertu de la Loi sur le Protecteur du citoyen, demandé que le ministre
intervienne. Le ministre responsable est intervenu dans un premier temps pour
appuyer la Commission des valeurs mobilières. J'ai demandé au
ministre de reconsidérer sa décision et, la semaine
dernière, nous avons eu une rencontre avec les autorités du
ministère pour nous faire dire qu'à ce niveau-là ce
dossier ne débloquerait pas. Ce qui m'amène,
nécessairement, utilisant les pouvoirs qui sont dans la Loi sur le
Protecteur du citoyen, à devoir déposer un rapport spécial
à l'Assemblée nationale sur le dossier de l'affaire
Paré.
Il y a également le dossier qui est un dossier beaucoup plus de
principes qu'un dossier qui implique des considérations
monétaires énormes, c'est le dossier de la succession Marcel
Tremblay, dont j'ai déjà parlé. Ce dossier a l'air,
à première vue, des plus insignifiants, mais c'est un dossier
qui, véritablement, met en relief le manque de compréhension de
certains fonctionnaires dans l'organisation. La succession Marcel Tremblay,
c'est un cas de victime d'acte criminel. La mère a été
tuée, et la succession, qui sont deux jeunes enfants, présente
une réclamation à l'IVAC, qui est appliquée par la CSST.
Et c'a pris plusieurs années avant que le dossier débloque. Et la
Commission de la santé et de la sécurité du travail a
reconnu son tort, mais a dit qu'elle n'était pas autorisée
à payer. Parce que nous avons demandé purement et simplement,
compte tenu du délai déraisonnable reconnu par la Commission,
qu'elle verse les dommages-intérêts. La Commission a dit non. Nous
nous sommes donc adressés au ministre responsable de l'application, qui
est le ministre de la Justice, et le ministère de la Justice refuse de
reconnaître que la loi sur l'IVAC dit clairement que l'application de
cette loi relève du ministre de la Justice. Le dossier est maintenant
rendu au ministère du Travail parce qu'on nous indique que, finalement,
comme la CSST relève du ministère du Travail, ce n'est pas
à la Justice de payer pour les erreurs de la CSST. Je trouve... Voici un
cas, véritablement, où on peut parler d'abus de pouvoir;
ça existe les abus de pouvoir, autant chez nous que dans d'autres
administrations. (15 h 40)
II y a également le rapport spécial de la
Société de l'assurance automobile. Là-dessus, il y avait
plusieurs points et 2 d'entre eux ont été réglés,
d'autres ne sont pas réglés. Et j'ai reçu aujourd'hui,
dans une lettre datée d'hier du ministre des Transports, un refus
catégorique aux derniers éléments de la SAAQ, ce qui va
m'amener aussi à déposer un rapport spécial à
l'Assemblée nationale.
Je voudrais terminer en vous disant que nous sommes en train de
compléter certaines études en rapport avec la Loi sur la
sécurité du revenu, notamment toute la question du partage du
logement le rapport va être prêt dans quelques semaines
ainsi que la problématique de la contribution parentale dont le
rapport va être prêt, également, dans quelques semaines.
Nous avons aussi amorcé une étude sur un phénomène
social absolument catastrophique, qui est la perception des pensions
alimentaires, particulièrement lorsque le débiteur de la pension
alimentaire refuse de verser la pension alimentaire aux enfants. Et nous sommes
en train, donc, d'examiner plusieurs dossiers extrêmement importants.
Dans l'ensemble, donc, je conclus là-dessus, je peux dire qu'en
termes de qualité de services la politique du Conseil du trésor
mal connue n'a pas donné à ce jour d'effets positifs. Je peux
dire qu'il n'y a pas plus
de problèmes que par les années passées, sauf
qu'évidemment je constate un chose, c'est que certains dossiers ont
beaucoup de difficultés à trouver une solution et
particulièrement les dossiers qui impliquent des sommes
monétaires assez considérables.
Je pense, par ailleurs ce qui m'inquiète un peu
que, compte tenu qu'on a commencé à sabrer dans les effectifs du
Protecteur du citoyen, les compressions budgétaires nécessaires
pour gérer le déficit, réduire le déficit vont
certainement on ne peut pas se le cacher et on commence à le voir
un peu entraîner une baisse du niveau et de la qualité des
services dans les administrations.
Alors, de notre côté, le Protecteur du citoyen, dont le
rôle est de contrôler l'administration sur la qualité des
services, lui, il voit ses effectifs réduits, comme tout le monde, au
même titre que tout le monde, alors qu'on sait très bien que, dans
les prochaines années, les citoyens vont se plaindre de plus en plus des
services publics, à tort ou à raison.
Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci beaucoup, Me
Jacoby, pour votre présentation. Je suis prêt à
reconnaître un premier intervenant du côté
ministériel avec M. le député de Verdun.
Autonomie financière de l'institution
M. Gautrin: Merci, M. le Président. M. le Protecteur du
citoyen, moi, j'aurais 3 champs d'intervention à discuter avec vous, 3
champs que vous avez touchés, d'ailleurs, dans votre rapport.
Première question, ce n'était pas seulement dans cet
ordre-là, il y a la question de l'indépendance financière.
Je pense que c'est un point important qu'on doit débattre ici. Dans
votre rapport, vous avez touché à la question de l'incidence de
la pauvreté, c'est-à-dire, je pense qu'il faut annoncer qu'on a
la chance de pouvoir voir quelles sont les mesures qui peuvent être mises
de l'avant ou pas. La troisième chose qu'on aurait peut-être
à discuter avec vous, que moi j'aimerais discuter, c'étaient les
liens entre la qualité des services, la charte des citoyens
britanniques, ou comment on pourrait envisager ou quelles sont les pistes de
solutions ou les pistes de réflexion qu'on peut avoir dans ce
champ-là.
Sur l'indépendance financière du Protecteur du citoyen,
vous vous plaignez de devoir négocier vos budgets avec le Conseil du
trésor. À peu près tout le monde doit le faire à
l'exception du DGE et du Vérificateur général. Qu'est-ce
que vous suggéreriez?
M. Jacoby: Moi, je pense que le Protecteur du citoyen, comme
n'importe quelle institution de l'appareil de l'État, ne peut pas se
permettre de dépenser «en veux-tu, en voilà». Sauf
qu'il m'apparaîtrait beaucoup plus normal de discuter les budgets de
l'institution avec les parlementaires de qui relève cette institution.
Lorsque le Protecteur du citoyen discute avec un haut fonctionnaire du Conseil
du trésor ou un ensemble de hauts fonctionnaires, discute avec des
analystes du Conseil du trésor, c'est tout à fait malsain. Tout
le monde est en conflit d'intérêts. Il est évident que les
fonctionnaires du Trésor sont assujettis au Protecteur du citoyen pour
certains types de dossiers. Je ne dis pas qu'il y a mauvaise foi, sauf que
ça n'a pas de bon sens. Je pense que les seules personnes capables de
poser les bonnes questions au Protecteur du citoyen, ce ne sont pas des
fonctionnaires, ce n'est pas un ministre, en ce qui touche les budgets et
effectifs, ce sont les parlementaires eux-mêmes. Ça va de soi. Et,
moi, ma solution, c'est que je préférerais, soit comme le DGE,
soit comme le Vérificateur général, avoir à
débattre de mes budgets, les justifier, les expliquer, répondre
aux questions, soit au Bureau de l'Assemblée nationale, qui est le
pendant, pour l'Assemblée nationale, du Conseil du trésor, soit
à la commission des institutions, à qui je fais rapport
annuellement. Je pense qu'on ne peut pas poursuivre dans cette voie-là,
et c'est une difficulté majeure. Alors, je pense que, si on croit
à l'utilité, voire la nécessité d'institutions
comme la nôtre, qui sont là pour assister les parlementaires dans
leurs pouvoirs de surveillance des excès de l'Exécutif, tant au
niveau de l'utilisation des budgets qu'au niveau des gestes de
l'administration, je pense qu'il est normal que le Protecteur du citoyen
justifie ses budgets devant le Parlement. Et il est évident que le
Parlement est souverain, et quand la commission parlementaire ou le Bureau aura
dit: Bien, c'est ça pour cette année, ça sera ça
pour cette année. Au moins, on aura pu se parler des vraies choses,
alors qu'il est impossible de parler des vraies choses avec les fonctionnaires
du Conseil du trésor.
J'ai dû, dans ce dossier-là, en appeler à des
autorités supérieures, finalement, ce qui fait que le
président du Conseil du trésor m'a écrit récemment
pour me dire que, si nous avions des difficultés, nous avions toujours
le choix de présenter une demande au Fonds de suppléance. Mais je
pense que, malgré cette ouverture, c'est encore devant des
fonctionnaires que les dossiers vont être traités par des
analystes. Je n'ai rien contre les analystes, mais les analystes, tout ce
qu'ils ont à faire, c'est d'analyser. Ils ne font pas de
différence entre un programme gouvernemental normal et un programme de
l'Assemblée nationale, des personnes désignées. Alors,
finalement, ça serait ça, ma solution.
M. Gautrin: Si vous me permettez... Vous permettez que je
continue les... Oui?
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Verdun, oui.
M. Gautrin: II est clair que vous ne pouvez pas le faire devant
les commissions parlementaires parce que les parlementaires ne peuvent pas
attribuer des montants, des budgets. Donc, ça pourrait, le cas
échéant, être devant le Bureau de l'Assemblée
nationale. Mais, là, vous vous retrouverez dans la même
mécanique.
C'est-à-dire, le Bureau de l'Assemblée nationale n'a pas
nécessairement les analystes pour pouvoir analyser réellement vos
demandes budgétaires. Est-ce que le principe d'enveloppe fermée
ou de choses comme ça serait une possibilité que vous pourriez
envisager?
M. Jacoby: je n'ai pas examiné ça, mais ce que je
peux vous dire, si jamais... voyez-vous, ce qu'on constate au niveau de
l'évolution des plaintes ça, c'est un peu en dents de scie
certaines années, on a une augmentation de plaintes qui frise
l'augmentation des prix à la consommation; d'autres années, c'est
du 15 % ou 20 %, et si nous devons maintenir la même qualité de
services... vous savez, quand le citoyen s'adresse à nous, il ne
s'attend pas à ce qu'on lui donne une réponse dans 3 ans ou dans
2 ans. il veut que ce soit rapide. nos délais moyens, actuellement, sont
de 7 mois. alors, je ne sais pas. ça serait peut-être à
envisager, mais je n'ai pas examiné l'impact d'une proposition comme
celle-là. (15 h 50)
Ce que je peux vous dire, cependant, c'est que le conseiller juridique
qui est le conseiller juridique du Vérificateur général et
du Directeur général des élections à qui j'ai
demandé si on avait besoin de changer la loi pour transférer la
responsabilité à l'Assemblée nationale, Me Tremblay, nous
dit qu'on n'a même pas besoin de changer la loi pour transférer la
responsabilité à l'Assemblée nationale. Me Tremblay nous
dit qu'on n'a même pas besoin de changer la loi.
M. Gautrin: Mais je vous pose une question de directive, M. le
Président. Est-ce qu'on peut parler de tous les sujets ou je passe sur
chacun de mes sujets, les uns après les autres?
Le Président (M. Dauphin): Moi, mon rôle, c'est de
m'assurer qu'il y ait un partage équitable du temps...
M. Gautrin: Équitable, je comprends, après que
monsieur...
Le Président (M. Dauphin): ...assurer une certaine
alternance. Mais ça fait 13 ans que je fais ça, je vais
m'organiser pour être équitable. Vous ne pouvez pas avoir de
crainte là-dessus.
M. Gautrin: Donc, on peut continuer et changer le sujet? C'est
ça?
Le Président (M. Dauphin): Oui, oui. M. Gautrin:
Parfait.
Le Président (M. Dauphin): Mais, juste avant de changer de
sujet...
M. Gautrin: Je voudrais terminer sur celui-là.
Allez-y.
Le Président (M. Dauphin): Oui.
M. Gautrin: Est-ce que vous pourriez nous donner, aux membres de
cette commission, savoir comment, dans les autres pays qui ont des protecteurs
des citoyens, une analyse comment les bureaux du protecteur du citoyen sont
financés? Vous l'avez? Vous pouvez nous le déposer?
M. Jacoby: Non, je n'ai pas ça avec moi, mais je
pourrai...
M. Gautrin: ...nous le déposer à la commission?
M. Jacoby: Oui, je pourrai le transmettre au Secrétariat
de la commission dans les meilleurs délais.
M. Gautrin: Merci. Alors, moi, j'ai terminé sur les
questions financières. J'ai 2 autres sujets à toucher. Est-ce que
je les touche maintenant, ou je passe...
Le Président (M. Dauphin): On fait de l'alternance, mais,
juste avant...
M. Gautrin: On fait l'alternance.
Le Président (M. Dauphin): Mais, juste avant de
reconnaître M. le député d'Anjou... C'est sur le même
sujet, M. le député d'Anjou? Sur l'indépendance
financière, comme le Protecteur du citoyen l'a mentionné
lui-même tantôt, c'est que ça a fait l'objet d'une
recommandation formelle de la commission des institutions, il y a plus de 2
ans. Malheureusement, les conclusions de notre commission n'ont pas
été, évidemment, entérinées, à mon
grand regret, parce que j'ai passé 3 ans là-dessus à temps
plein avec le député de Rouyn-NorandaTémiscamingue
et Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve. Mme la
députée de Terre-bonne était présente, M. le
député d'Iberville. Mais, évidemment, à pas de
tortue sans faire de référence à des campagnes au
leadership fédéral mais, à pas de tortue, on
espère bien, un jour, y accéder. Mais je tiens tout simplement
à souligner que c'était une recommandation unanime que le
Protecteur du citoyen, dorénavant, puisse obtenir ses budgets hors de la
portée du Trésor. Comme le DGE, ce matin. La commission des
institutions a approuvé les prévisions budgétaires du
Directeur général des élections. C'est la commission des
institutions qui les a approuvées, ce matin, suite, évidemment,
à une proposition du Directeur général des
élections. Alors, moi, je considère, et je suis persuadé
que c'est le voeu aussi de tout le monde, que, dorénavant, le Protecteur
puisse obtenir ses budgets, soit des membres de l'Assemblée nationale,
par une membrane qui s'appelle le Bureau de l'Assemblée nationale, un
peu comme fait le Vérificateur général. Alors, au niveau
de l'indépendance financière, ça fait l'objet d'une
recommandation unanime. Sur ce, M. le député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Je pense que le député
de Mercier veut intervenir avant moi.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Ce n'est pas le fait d'être avant vous, c'est le
fait que je suis le plus ancien député ici...
Le Président (M. Dauphin): C'est vrai. M. Godin:
...du côté de l'Opposition. Une voix: Et vous
êtes le porte-parole.
Augmentation du nombre d'enquêtes
M. Godin: M. le Président, j'aimerais demander au
Protecteur du citoyen... Il nous a annoncé tout à l'heure, via sa
Directrice générale des enquêtes, une augmentation de 12
000 enquêtes pour l'année qui se termine. Par rapport à
l'année précédente, quel est le nombre d'enquêtes de
plus, ou en chiffres ou en pourcentage?
M. Jacoby: pour l'année 1991-1992, nous avons
initié 10 319 affaires. pour l'année 1992-1993, nous avons
initié 11 767 affaires, ce qui représente une augmentation, en
termes de dossiers initiés, de l'ordre de 10 %.
M. Godin: Ça répond à ma première
question, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Allez-y, M. le
député de Mercier.
Autonomie de fonctionnement de l'institution
M. Godin: Deuxième question. Est-ce qu'il existe un autre
moyen de garantir votre autonomie, pas seulement financière mais de
fonctionnement, que le régime actuel d'élection par un vote au
Parlement? Le meilleur mode pour assurer votre protection, si je peux
m'expri-mer ainsi... Parce que, moi, je me sens aujourd'hui comme le protecteur
du Protecteur, après avoir lu tout ce que j'ai lu sur les menaces
l'épée de Périclès, comme on disait dans Le
Nouvelliste, à Trois-Rivières l'épée de
Damoclès qui pèse sur vous, j'aimerais savoir si vous avez des
suggestions à faire quant à votre nomination, qui garantirait
peu importe votre rapport, peu importe votre certain acharnement contre
certains ministères votre liberté d'action et
d'enquête. Est-ce que le mode de nomination qui est le vôtre vous
semble bien être le nec plus ultra qui garantit votre autonomie
d'action?
Le Président (M. Dauphin): M. Jacoby.
M. Jacoby: Alors, je vais déborder le cadre de l'affaire
Jacoby pour vous parler en termes d'institution.
Une voix: Y a-t-il eu une affaire Jacoby?
M. Jacoby: Bien, c'est ce qu'on lit dans les journaux. Je pense
que... D'abord, je dois... D faut bien comprendre que l'institution du
Protecteur du citoyen, c'est une institution qui est personnalisée.
C'est un titulaire qui est nommé sur recommandation du premier ministre
et par résolution de l'Assemblée nationale, et c'est tout
à fait la prérogative du premier ministre de décider,
à l'expiration d'un mandat, si oui ou non il renouvelle le mandat du
titulaire ou s'il le remplace. Je pense que c'est tout à fait normal et
légitime. Ce qui est difficile sur un plan institutionnel, c'est lorsque
le titulaire est entre 2 chaises. Extrêmement difficile. Quand je parle
du titulaire, je parle de l'institution parce que ça a un effet dans
l'ensemble de l'institution du Protecteur du citoyen.
Je pense qu'il faudrait prévoir des changements profonds au mode
de nomination et au mandat du Protecteur du citoyen. Je pense qu'il serait plus
normal, d'abord, que le Protecteur du citoyen soit choisi, comme ça se
fait dans plusieurs provinces canadiennes et dans certains pays, soit choisi
suivant un mode transparent de recrutement et de sélection. S'il y a des
personnes qui doivent être nommées d'une manière
transparente et donner la chance à tout le monde, je pense que c'est
bien des institutions comme celle du Vérificateur général
et celle du Protecteur du citoyen. C'est la première chose. Il existe
dans nos lois provinciales, pour des juges, qui sont des gens
indépendants et qui doivent l'être de par leur fonction, un
processus dans la loi de recrutement et de sélection. Ça existe
dans plusieurs provinces. Au départ, il y aurait là une garantie,
une apparence d'impartialité.
La deuxième chose qui m'apparaîtrait plus normale dans
notre système démocratique, c'est que l'initiative de la
nomination ne relève pas du pouvoir exécutif, mais du Parlement
lui-même, comme ça existe dans plusieurs pays et dans plusieurs
provinces canadiennes. Que ça soit une commission de l'Assemblée
nationale qui fasse des recommandations pour la nomination du Protecteur du
citoyen. Ça existe dans plusieurs pays et dans plusieurs provinces. Dans
le fond, je crois que, dans ce domaine-là, il faut un processus qui soit
le plus dépolitisé possible et le plus transparent possible. En
Alberta, par exemple, quand on veut nommer un protecteur du citoyen, c'est une
commission de parlementaires qui lance des avis de concours à
l'échelle canadienne. C'est la commission de parlementaires qui
reçoit les candidatures. C'est la commission de parlementaires qui
s'établit une grille d'évaluation et qui, par la suite, propose,
recommande la nomination au gouvernement. Il est évident que le
processus qui existe là est un processus qui est beaucoup plus
dépolitisé parce que, si le Parlement propose un ou une
candidate, il serait difficile pour le pouvoir exécutif de ne pas suivre
cette
proposition-là, d'autant plus que le processus est assorti de
toute la transparence en termes de sélection et de recrutement. (16
heures)
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Mercier. Je reconnais encore M. le député de Mercier parce qu'il
a un avion à prendre tantôt, là, c'est pour ça qu'on
lui donne toutes les questions qu'il veut, M. le député de
Mercier.
M. Gautrin: Avec plaisir.
M. Godin: Alors, je tiens à souligner le sérieux du
Protecteur actuel quand il nous décrit ce qui se passe ailleurs, et moi,
en ce qui concerne ce point-là, ça répond à toutes
mes questions. Maintenant, je voudrais remettre la parole à la
présidence, qui la distribuera à qui la demande.
Le Président (M. Dauphin): Distribuer la richesse. Juste
avant de reconnaître M. le député de Hull, juste pour le
bénéfice des nouveaux membres de la commission parce que
ce ne sont pas tous des anciens membres de la commission c'est que la
commission des institutions avait également étudié cet
aspect-là. À un moment donné, la commission se demandait:
Est-ce qu'on ne devrait pas exiger les trois quarts ou les quatre
cinquièmes des membres de l'Assemblée nationale? Nous en
étions arrivés à la conclusion qu'un parti politique peut
former la majorité avec plus des quatre cinquièmes des membres de
l'Assemblée nationale. On a songé aussi à la commission
des institutions, qui pourrait, un peu comme un comité sénatorial
américain, là, faire venir ou faire passer les candidats au
crible, leur poser des questions, peut-être pas aussi sucrées que
ce qu'on a vu dernièrement au niveau de l'Attorney General
américain, mais, à tout événement, on a
songé à tout ça et, finalement, ce qu'on s'était
dit aussi c'est que, en pratique, le premier ministre en tout cas, quand
j'étais dans l'Opposition, c'était comme ça propose
des noms à l'Opposition officielle et, de mémoire, si
l'Opposition officielle refuse un nom, la personne n'est pas recommandée
par le premier ministre. En pratique, ce n'est pas écrit dans la loi
habilitante du Protecteur, mais c'est ce qui se produit en pratique.
Une voix: Parce que ça prend le vote aux deux tiers.
Le Président (M. Dauphin): Effectivement, malgré
qu'un parti pourrait avoir plus des deux tiers, comme c'est le cas
actuellement. On pourrait nommer un protecteur, les libéraux, et
l'Opposition officielle forme moins qu'un tiers, sauf que, en pratique, moi, je
n'ai jamais vu ça qu'on nomme une personne à un poste aussi
important que le Protecteur du citoyen sans avoir l'appui de l'Opposition
officielle. Alors, M. le député de Hull.
Perception des pensions alimentaires
M. LeSage: Merci, M. le Président. M. Jacoby, vous
traitez, dans votre rapport annuel à la page 79, des pensions
alimentaires, et vous faites également une recommandation à la
fin de ce petit chapitre à l'effet que la province devrait
légiférer dans le sens que les pensions alimentaires soient
directement déduites à la source du conjoint ou de la conjointe
qui doit payer ou verser la pension alimentaire, et vous faites allusion
également à d'autres provinces qui ont ce
système-là, dont l'Ontario. J'aimerais savoir si vous êtes
au courant s'il existe une entente entre l'Ontario et d'autres provinces,
à savoir, si une personne déménage d'une province à
l'autre, est-ce que le jugement la suit c'est sûr que le jugement
la suit mais est-ce que la perception d'une province à l'autre
peut se faire, et est-ce que vous seriez prêt, également, à
faire une telle recommandation, à savoir que dans une région
frontalière comme l'Outaouais québécois, par exemple, si
une personne déménage de Hull et a un jugement qu'elle doit
respecter à l'effet de verser une pension alimentaire, si le type
déménage en Ontario, dans le moment, est-ce que vous pouvez le
suivre, oui ou non, et, éventuellement, est-ce que vous êtes
prêt à faire une recommandation pour pouvoir le suivre?
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Hull. Juste avant que vous répondiez, Me Jacoby,
je signale aux membres de la commission qu'on peut revenir sur d'anciens
sujets, il n'y a pas de règles strictes, là. Alors, juste pour le
bénéfice des membres, on peut passer d'un sujet à l'autre,
il n'y a rien de rigide. Alors, Me Jacoby, excusez-moi.
M. Jacoby: II existe actuellement une mécanique
fédérale-provinciale qui fait que des ordonnances de pensions
alimentaires rendues dans une province peuvent être
exécutées dans une autre province, de même qu'il existe
certains traités internationaux qui permettent l'exécution
d'ordonnances alimentaires en dehors du Canada. Sauf que la
difficulté... Il y a 2 types de difficultés là-dedans.
D'abord, il y a la difficulté qu'on retrouve même quand on ne sort
pas du Québec, là, pour se sauver de sa pension alimentaire.
C'est que, quand on disparaît sans laisser d'adresse, il est très
difficile de pouvoir «collecter», nécessairement. C'est le
problème qui se pose aussi à l'échelle provinciale comme
à l'échelle canadienne. Si quelqu'un s'en va en
Colombie-Britannique et change d'identité... Alors, ça, il y a
des difficultés.
La deuxième chose, c'est que, malheureusement et je ferai
des recommandations très précises là-dessus dans le
rapport que je vais déposer dans quelque temps le système
de perception des pensions alimentaires interprovincial souffre de
délais bureaucratiques énormes. Et on sait qu'on est en
matière de survie et de besoins essentiels. Et je pense que le
système est trop bureaucratique. Alors, on aura des pistes de
solutions
pour faciliter le traitement de l'exécution des pensions
alimentaires.
M. LeSage: M. le Président, si vous le permettez, un type
qui demeure en Ontario ou qui demeurait en Ontario l'an passé et qui
travaillait pour la General Motors à Oshawa et qui avait à payer
une pension alimentaire, General Motors faisait un chèque à son
épouse et un chèque à lui. Il quitte Oshawa depuis... Il
est au Québec depuis 6 mois. Qu'est-ce qui arrive à la madame qui
estjà-bas? C'est parce que ça va se poser, éventuellement,
si jamais votre recommandation à l'article 79 était suivie par
notre gouvernement... Cette situation pourrait se poser... Qu'est-ce qui arrive
à la madame qui demeurait à Oshawa?
M. Jacoby: Alors, le cas auquel vous référez, c'est
si l'employeur versait la pension alimentaire à l'épouse ou au
créancier, c'est parce qu'on avait pratiqué une saisie
auprès de l'employeur. Mais, si l'employé déménage,
pour pouvoir réaliser cette saisie-là, il faut passer par toute
la mécanique de l'entente interprovinciale. Et c'est là que
ça pose des difficultés.
Par ailleurs, ce que nous n'avons pas au Québec et je
ferai une recommandation précise là-dessus on sait qu'au
ministère... Est-ce que j'ai répondu à votre question?
M. LeSage: Non, continuez, ça va très bien,
là.
Une voix: II est bien content de votre réponse.
Continuez.
M. LeSage: Allez-y, continuez.
M. Jacoby: II existe, depuis plusieurs années, à
Ottawa, pour ce qui est du ministère du Revenu, une loi qui fait en
sorte que, si une personne est créancière d'une somme d'argent du
ministère du Revenu, soit un retour d'impôt ou autre chose, et que
cette personne-là a, par ailleurs, sur elle, une ordonnance de pension
alimentaire qu'elle ne paie pas, quand on transige avec le ministère
fédéral de l'impôt, le ministère
fédéral peut saisir, retenir les sommes et les affecter aux
versements de la pension alimentaire. Au Québec, ceci n'existe pas. Je
pense que ça ne réglera pas tous les problèmes de pensions
alimentaires, mais ça va en régler un certain nombre, à
tout le moins pour ceux et celles qui font des déclarations de revenus.
Parce que, dans le domaine des pensions alimentaires, c'est
véritablement scandaleux ce qui se passe, absolument scandaleux. Je
pense que c'est un problème social extrêmement... un des plus
graves qui existent actuellement chez nous et particulièrement lorsque
ça affecte la pension alimentaire des enfants, parce qu'on voit des
cas... Nous, on n'a pas compétence sur les pensions alimentaires. On l'a
par le biais du ministère de la Justice qui a son système de
perception des pensions alimentaires qui n'est pas efficace, malheureusement,
parce qu'il n'y a pas d'enquêteur dans ce ministère-là pour
la recherche de débiteurs. Dans les palais de justice, il y en avait
autrefois, mais il n'y en a plus. Et, ensuite, les percepteurs n'ont pas assez
de pouvoirs. (16 h 10)
Mais, ce que l'on constate, ce sont des choses absolument incroyables,
incroyables. Des personnes, d'anciens travailleurs autonomes, qui ne paient pas
leur pension alimentaire, qui se promènent avec une voiture de
l'année, qui ont des propriétés qui sont au nom d'autres
personnes, des personnes qui mènent un train de vie absolument
extraordinaire, et des personnes qui, comme elles sont censées
être sans revenus, sont admissibles à l'aide juridique. Elles sont
admissibles à l'aide juridique un programme gouvernemental
tandis que l'autre partie, la mère des enfants, parce qu'elle gagne une
couple de 1000 piastres de plus que ce qui est prévu annuellement en
vertu des barèmes de l'aide juridique, elle n'a pas les moyens de se
payer un avocat. Et si, 10 ans plus tôt, il y a eu un règlement,
par exemple, la cession de la résidence familiale, nous avons des cas
où des femmes sont obligées d'hypothéquer, de
surhypothéquer leur maison et qui ne sont même plus capables de
faire affaire avec un avocat pour représenter leurs
intérêts et les intérêts des enfants. Et ça,
ça se passe en cour à tous les jours. Le rapport que je vais
présenter va montrer ces cas d'horreur. C'est connu dans le milieu. Et
on sait aussi qu'il y a des questions d'éthique professionnelle de la
part de certaines corporations professionnelles dans ce domaine-là. Il y
a tout un problème qui est très, très profond chez nous.
Alors, des drames d'horreur, on en vit comme ça tous les jours. Et il y
a aussi tous les liens entre l'aide sociale et les pensions alimentaires.
Enfin, il y a une foule de problèmes, et je serai très heureux,
éventuellement, de soumettre ce rapport sur la problématique et
sur les solutions à y apporter.
Un exemple très simple: vous savez, en matière de
faillite, là; la loi de faillite, elle présume quoi? Que, pendant
un délai, toutes les transactions que vous avez faites avant la
faillite, toutes ces transactions-là sont réputées
frauduleuses. Une solution qui réglerait une partie des
problèmes, ça serait qu'on prévoit que, lorsqu'il y a
non-paiement de la pension alimentaire ou contestation de la pension
alimentaire, les transactions effectuées dans le temps qui a
précédé soient annulées. Vous savez ce que notre
droit demande, actuellement, pour les faire annuler? Il faut que la femme ou la
mère prenne un avocat pour faire une cause qui est impossible, pour
faire une preuve impossible à faire. Il existe dans notre Code civil une
action qui s'appelle l'action paulienne. Il faudrait prouver que, lorsque le
mari a cédé son commerce pour 1000 $ et autres
considérations, il faudrait prouver qu'il l'a fait dans l'intention de
se soustraire à l'acquittement de ses obligations alimentaires. C'est
une preuve aussi dure à faire que la preuve hors de tout doute
raisonnable en matière criminelle. Alors, nos lois sont là, elles
sont remplies de trous, et elles ne se sont pas adaptées, finalement,
à un
phénomène nouveau, chez nous comme ailleurs dans nos
sociétés occidentales, c'est le phénomème des
ruptures, le phénomène des abandons, phénomène qui
est relativement récent, qui remonte à une
génération, et nos lois n'ont pas suivi. D'où des
situations horribles.
M. LeSage: Alors, M. le Président, à moins qu'un
autre membre...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Hull, je sais que j'ai beaucoup de demandes d'intervention, mais
brièvement.
M. LeSage: Oui. Mais à moins qu'un autre membre veuille
parler, là, de pensions alimentaires...
Le Président (M. Dauphin): Des pensions alimentaires.
Est-ce que vos questions étaient aussi sur les pensions alimentaires? On
pourrait peut-être épuiser ce sujet-là avant d'aborder un
autre sujet.
M. LeSage: O.K. Parfait, merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. le
député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Je vous remercie, M. le
Président. Au niveau des pensions alimentaires, je ne peux qu'abonder
dans le même sens que le Protecteur du citoyen. J'ai pratiqué le
droit pendant près de 10 ans en pratique privée, et,
malheureusement, des cas d'horreur comme ceux que vous nous avez contés,
j'en ai vu plusieurs. Et je pense aussi, de la façon dont vous nous
racontez ça, que vous êtes conscient que la perception automatique
des pensions alimentaires ne pourrait régler à elle seule tous
ces problèmes. J'ai eu à échanger hier en Chambre avec le
ministre de la Justice, relativement aux services ontariens, le système
ontarien qui est en place depuis, je crois, tout près de 1 an
relativement à la perception des pensions alimentaires, qui
prévoit la perception automatique des pensions alimentaires.
Je sais que le ministre de la Justice n'est pas favorable à cette
mesure. Quant à moi, je vous le dis tout de suite, elle
m'apparaît... je suis très favorable à cette mesure quitte
à faire une étude des coûts, quitte à raffiner le
processus. Évidemment, c'est une expérience en cours en Ontario.
Alors, j'aimerais savoir, premièrement, vous, que pensez-vous du
modèle ontarien qui est présentement en place? Est-ce que vous
avez eu connaissance, un peu, des résultats apportés par ce
système ontarien? Et vous faites référence, d'ailleurs,
dans votre rapport de systèmes identiques ou similaires qui existeraient
dans d'autres provinces. Est-ce que vous pourriez peut-être
élaborer sur ce sujet?
Le Président (M. Dauphin): Me Jacoby.
M. Jacoby: Le système que nous avons actuellement est un
système qui était très bon au début, mais on a
trouvé des moyens de contourner ce système-là. Comme
n'importe quel système mis en place, on le contourne. Quand tu ne veux
pas payer, tu trouves un moyen de contourner le système, et, en plus,
bien, avec la réduction des effectifs, au niveau de la perception
alimentaire, l'abandon des enquêteurs, ça affaiblit le
système.
Le système ontarien, d'une manière générale,
nous sommes en train de l'évaluer, c'est un système qui est
analogue à ce qui existe aussi dans d'autres pays. Je ne peux pas vous
donner une opinion immédiate, sauf que mon évaluation
première, c'est qu'il apparaît plus efficace et efficient que le
système que nous avons. Et l'avantage aussi que possède ce
système, et plusieurs États américains ont un
système analogue, c'est qu'il enlève quelque chose de dramatique
dans la perception des pensions alimentaires, c'est qu'il empêche que les
enfants soient pris en otage dans les rapports entre... à cause des
rapports entre les ex-conjoints. Ça, ce sont des cas que l'on constate
continuellement. Moi, je pense en tout cas, sous réserve,
là, je parle plus personnellement, on n'a pas «compute» les
études je pense que le meilleur système, c'est un
système où il y aurait une prise en charge de l'État. Et,
d'après ce qu'on a pu étudier ailleurs, on constate que
l'État ne perd pas d'argent, au contraire. Ça fonctionnerait
relativement bien, si on voulait, au niveau de la récupération,
par le biais de la sécurité du revenu, la loi de l'aide
sociale.
Alors, c'est tout ce que je peux vous dire à ce stade-ci, mais je
suis convaincu qu'un des grands drames dans tout ça c'est la prise en
otage des enfants, entre guillemets, et qui fait que, pendant toute la
durée du conflit, les enfants sont dépersonnalisés, les
enfants ne savent plus de quel bord donner et ces enfants-là sont
marqués jusqu'à leur mort. Et c'est là qu'on voit se
développer la délinquance, c'est là qu'on voit se
développer un tas de phénomènes associés à
la pauvreté.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Oui, je ne sais pas si vous
êtes d'accord avec moi, Me Jacoby, mais, dans la tête de beaucoup
de gens dont, je pense, le ministre de la Justice on assimile le
paiement d'une pension alimentaire au paiement d'une amende, au paiement d'un
genre de punition, un peu, pour certaines personnes et on assimile donc la
perception automatique des pensions alimentaires un peu comme à une
saisie, à une certaine condamnation, et je pense qu'une des avenues,
justement, est de travailler au niveau des mentalités pour comprendre
qu'une pension alimentaire, c'est un droit qui a été
attribué par un juge à une personne qui en est
créancière de cette obligation-là. Je pense qu'il y a
beaucoup à faire à ce niveau-là. Parce que j'ai
remarqué, dans ces différents dossiers là, la personne qui
paie une pension alimentaire, elle, considère un peu que c'est
comme une amende, une punition qu'elle a et elle cherche alors, à
ce moment-là, tous les moyens possibles pour essayer d'éviter son
obligation. Je ne sais pas si vous êtes d'accord avec mon analyse.
M. Jacoby: Oui, plusieurs... Bien, les non-payeurs pensent comme
ça.
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Jacoby: II est évident qu'on a un problème qui
est plus profond que ça, c'est-à-dire qui est plus profond que
tout ce qu'on voit superficiellement. Un problème plus profond, c'est
qu'on n'a pas conscience que non seulement c'est un droit pour l'enfant de
recevoir une pension alimentaire, mais c'est une responsabilité de celui
ou de celle qui l'a mis au monde. Et c'est une responsabilité qui est un
véritable devoir. Alors, il y a des questions d'éducation, mais
l'éducation, ça a des effets à long terme.
Je ne sais pas si on doit faire comme dans certains États
américains, mais, en tout cas, c'est terriblement efficace: de mettre
dans les supermarchés des posters avec le nom de la personne et le
montant dû. Ça, c'est très efficace. Je ne sais pas si
ça résisterait à nos 2 chartes, mais il faut dire que les
chartes n'ont pas été faites non plus pour permettre à des
gens de frauder, et, s'il le fallait, il faudrait faire des clauses
«nonobstant».
Le Président (M. Dauphin): Merci, Me Jacoby. Est-ce qu'il
y a d'autres questions sur les pensions alimentaires?
Mme Pelchat: Là-dessus, Me Jacoby, vous avez
parlé... Tout à l'heure en répondant à la question
de mon collègue, vous avez dit qu'il y avait des questions
d'éthique au niveau des corporations professionnelles. Vous n'avez pas
élaboré. J'aimerais ça que vous élaboriez un peu
pour savoir qu'est-ce que vous vouliez dire là-dedans au niveau de la
perception des pensions alimentaires et tout ça. (16 h 20)
M. Jacoby: Bien, il est certain que, comme dans tous les secteurs
du droit, il y a des spécialistes.
Mme Pelchat: Oui.
M. Jacoby: Alors, il y a des spécialistes en droit aussi
qui ne prennent que ce genre de causes là.
Mme Pelchat: Mais quand vous... J'aimerais ça... Je sais
que vous... Je ne veux pas vous mettre dans l'embarras et faire en sorte que
vous accusiez une profession un peu plus durement par rapport à une
autre, mais vous dites qu'il y a des problèmes d'éthique
c'est ce que vous avez dit, j'ai pris une note d'éthique au
niveau de certaines...
M. Jacoby: Bon.
Mme Pelchat: ...corporations professionnelles... M. Jacoby:
Alors... Mme Pelchat: .. .et...
M. Jacoby: Oui.
Mme Pelchat: ...j'aimerais ça que vous soyez plus
précis.
M. Jacoby: Bon, écoutez. JJ y a... Le problème
d'éthique, par exemple, pour un avocat...
Mme Pelchat: Oui.
M. Jacoby: ...c'est d'utiliser au maximum des procédures
pour gagner du temps. Ça se voit dans ce domaine des pensions
alimentaires, comme ça peut se voir dans d'autres domaines. Il est
certain qu'il y a des règles d'éthique qui existent, mais,
souvent, la pratique, dans certains domaines, est «borderline» en
termes d'éthique. Alors, on constate, par exemple, que, dans le domaine
des pensions alimentaires, les cas qu'on voit tous les jours bien, pas
tous les jours, mais presque des cas d'horreur, au palais de justice de
Québec, de Montréal ou ailleurs, les abus de procédure,
qui, par ailleurs, ces abus de procédure, sont
générés en partie par le mode de
rémunération prévu par la Loi sur l'aide juridique, qui
est un paiement à l'acte, en plus. Alors, on dirait que le
système est tout comme dirait Bossuet poigne ensemble,
pour faire en sorte que des situations comme ça perdurent.
Mme Pelchat: Est-ce que vous n'avez pas constaté aussi un
abus de l'autre côté? Peut-être que ça va vous faire
sourire, mais j'ai eu quelques cas dans mon comté, c'est-à-dire
la personne qui ne remet pas au système de perception alimentaire sa
pension le 1er du mois à 16 heures. Le lendemain, on voit arriver
l'huissier. J'ai eu plusieurs plaintes de ce genre au fait que le
ministère de la Justice et le système de perception alimentaire
étaient très sévères ou presque abusifs. Alors, les
gens avaient vraiment l'impression que c'était la police qui venait
dire: Écoute, là, hier, à 16 heures, ton chèque
n'était pas rentré, un instant! Et ils ont, à chaque fois,
l'impression qu'ils sont saisis. Est-ce qu'il n'y a pas... Parce que j'ai eu
plusieurs plaintes à mon bureau de comté. Est-ce que vous
analysez aussi ce côté, même si on a comme prémisse
de base que le mauvais, c'est celui qui ne paie pas? Mais...
M. Jacoby: Oui, vous avez raison. C'est marginal par rapport
à l'autre phénomène...
Mme Pelchat: Oui.
M. Jacoby: ...mais il existe. Il existe, ce
phénomène. Il est beaucoup plus causé par des questions,
je
dirais, de type psychologique, très souvent, ou encore le refus
d'accepter que l'union ait pu subir une rupture. Et l'humain est ainsi fait
que, dans certains cas, on garde beaucoup d'acrimonie, plus qu'une simple
rivalité, de l'acrimonie qui fait que ça se tire d'un bord comme
de l'autre. Il y a des abus aussi de l'autre côté, mais je dirais
que c'est quand même, ce que l'on peut constater, dans une proportion
moindre.
Mme Pelchat: Oui, mais, moi, je parlais des officiers de
perception alimentaire qui, eux, dans l'exercice de leurs fonctions, ont
peut-être abusé de leur pouvoir. Dans ce sens-là, est-ce
que vous avez eu des plaintes?
M. Jacoby: Est-ce que vous parlez du cas des huissiers ou...
Mme Pelchat: Je ne pourrais pas vous dire exactement parce que je
ne suis pas assez spécialisée, je ne connais pas exactement...
Mais les gens qui nous appellent et qui nous disent: Écoutez, on n'a
pas... La personne n'a pas reçu son chèque. Le bureau des
perceptions nous appelle et, souvent, c'est un délai de la poste ou des
choses comme ça. Est-ce que vous avez eu des plaintes? Est-ce que vous
avez eu à analyser ce genre de dossiers? Parce que c'est...
Particulièrement sur la Rive-Sud, semble-t-il, que c'est... Au palais de
justice de Longueuil, semble-t-il que le bureau de perception est plus
sévère qu'ailleurs, peut-être.
M. Jacoby: Je n'ai pas une connaissance exhaustive de chacun des
cas. Est-ce que vous m'autorisez à demander à Me Hudon de...
Mme Pelchat: Oui.
M. Jacoby: ...répondre à cette question.
Mme Pelchat: Absolument.
Le Président (M. Dauphin): Me Hudon.
Mme Hudon (Frances): On a eu quelques plaintes, mais elles se
sont toutes avérées non fondées. Mais ça nous
ferait plaisir que vous nous référiez ces cas-là. On
pourrait examiner ça.
Mme Pelchat: C'est déjà fait. Mme Hudon:
D'accord.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Sur les
pensions alimentaires, juste avant de vous céder la parole, c'est que
j'ai eu l'occasion de me taper une émission, qui s'appelle «Droit
de parole», avec Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière. Je m'étais porté volontaire. Mme
la députée était là. Et puis... J'espère que
je ne vous vole pas votre question, mais c'était justement par rapport
au système ontarien. Est-ce que le Québec devrait s'harmoniser
avec le système ontarien? Et puis, évidemment, je n'ai pas
trouvé ça facile parce que j'avais des hommes divorcés
d'un bord et des dames, évidemment, qui n'étaient pas
nécessairement du même avis. Ça a même
été assez agressif, par moments, mais, à tout
événement... Moi, ce que je me disais, c'est que, l'homme ou la
femme qui paie bien, je considère qu'on devrait quand même
maintenir le statu quo. Mais aussitôt que l'homme ou la femme ne paie
plus, là, je serais peut-être prêt à embarquer dans
un système ontarien. Moi, je trouvais ça un peu fort qu'on
retienne à la source sur son salaire la pension alimentaire, alors que
c'est un bon payeur ou une bonne payeuse. Alors, ça, c'est mon opinion.
Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: C'est un commentaire.
Le Président (M. Dauphin): C'est un commentaire.
Mme Carrier-Perreault: Effectivement, on a eu l'occasion d'en
discuter ensemble publiquement. Il ne reste pas vraiment beaucoup de questions.
Je pense que le tour a été fait. Vous parliez de saisie, mais,
dans le cas de la loi ontarienne, c'est plutôt vraiment une retenue
à la source, au même titre qu'on fait des retenues pour diverses
autres sources. Chez nous, présentement, c'est une saisie. On
procède...
M. Jacoby: Dans le nouveau système ontarien, oui.
Mme Carrier-Perreault: Le système à plaintes, chez
nous, c'est vraiment une saisie des arrérages, par exemple, et tout
ça. D'ailleurs, à ce sujet-là, je pense que ça
crée aussi un problème, cette question
d'arrérages-là. Vous le disiez vous-même tout à
l'heure qu'il y avait des délais bureaucratiques importants, que
ça n'a presque plus de bon sens. Et ça, j'ai plutôt des
cas, les gens qui m'en parlent pour les cas de comté, ou
autrement, puisque j'ai le dossier de la condition féminine ils
se plaignent beaucoup plus des cas de femmes qui n'ont pas de revenu et qui ont
beaucoup de difficultés à obtenir leur pension. Les cas d'horreur
dont vous parliez.
Moi, je voudrais savoir, M. le Président, vous avez parlé
du rapport et tout ça. Vous avez dit: Éventuellement. Et
ça fait longtemps qu'on l'attend; on en entend parler depuis
longtemps... Plus précisément, ça veut dire à peu
près quand, dans votre esprit «éventuellement»?
M. Jacoby: Le rapport sur les pensions alimentaires?
Mme Carrier-Perreault: Oui, le rapport que vous allez
émettre.
M. Jacoby: Je crois être en mesure de le publier à
la mi-août.
Mme Carrier-Perreault: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, beaucoup. J'ai beaucoup
de demandes d'intervention, mais il faut que je sois équitable. Alors,
évidemment, ça serait peut-être au tour du
député de Verdun, mais Mme la députée de Terrebonne
n'a pas abusé du temps jusqu'à maintenant. Alors, c'est Mme la
députée de Terrebonne, ensuite, M. le député de
Verdun. J'espère que vous ne m'en voudrez pas trop, M. le
député de Verdun.
Mme Caron: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): C'est sa première
intervention.
Avant-projet de loi sur le Protecteur du
citoyen
Mme Caron: Oui, M. le Président a rappelé que nous
avions travaillé ensemble pour le rapport qui a été
déposé en novembre 1991. Dans vos remarques, vous avez, Me
Jacoby, parlé de l'aspect législatif et vous nous avez
informé que vous aviez déposé un avant-projet de loi au
ministère de la Justice, comme il se devait. Est-ce que vous pouvez nous
préciser à quelle date cet avant-projet de loi a
été déposé? Vous avez dit que ça a
été suivi de rencontres. Moi, j'aimerais que vous nous fassiez le
point. Parce que je pense que, tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas
l'adoption d'un projet de loi sur l'aspect législatif de votre mandat,
c'est évident qu'on ne pourra pas donner suite au rapport qui avait
demandé beaucoup de travail et d'efforts et qui avait été
adopté, effectivement, à l'unanimité, donc, que les
membres souhaitaient vraiment voir se réaliser. Alors, qu'est-ce qui
semble poser problème, puisque ça retarde? Est-ce que vous pouvez
nous faire le point davantage là-dessus?
Le Président (M. Dauphin): Me Jacoby.
M. Jacoby: Le rapport de la commission a été
déposé en novembre 1991, et, dès le 24 avril 1992, j'ai eu
l'occasion de rencontrer le secrétaire général du
gouvernement pour savoir qui piloterait éventuellement une loi sur le
Protecteur du citoyen. Serait-ce le premier ministre ou le ministre de la
Justice? Et, finalement, il a été décidé que ce
serait le ministre de la Justice, ce qui fait que, le 14 mai 1992, j'ai eu
l'occasion de rencontrer le sous-ministre de la Justice, et nous avons convenu
que le Protecteur du citoyen prendrait l'initiative de rédiger un
document de travail, un projet de mémoire au Conseil des ministres dans
les prochaines semaines. (16 h 30)
Alors, nous avons travaillé l'été 1992 sur ce
projet de loi. Nous avons transmis l'ensemble du dossier le 2 septembre 1992 au
ministère de la Justice et au secrétaire général du
gouvernement. La première rencontre en comité de travail, avec
des fonctionnaires du ministère, a eu lieu le 17 décembre 1992,
et la deuxième rencontre, le 18 mai 1993.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: Les 2 rencontres que vous avez eues jusqu'à
maintenant, est-ce que ça vous laisse prévoir qu'il pourrait y
avoir, effectivement, le dépôt d'un projet de loi à la
prochaine session ou est-ce que vous pensez que les rencontres, jusqu'à
maintenant, il y a plusieurs points qui posent problème et que ça
pourrait être reporté?
M. Jacoby: II y a plusieurs éléments de
réponse à votre question. La première chose que je peux
vous dire, c'est que, en termes de dynamique, ça ne marche pas. Parce
que, quand vous fonctionnez avec un groupe de fonctionnaires sur un projet de
loi dont le but est d'augmenter l'efficacité des pouvoirs du Protecteur
du citoyen, tel que recommandé par la commission des institutions, de
préciser des ambiguïtés qui mettent en doute notre
compétence, ce n'est pas sain, ça. Ça ne marche pas. Ce
qui fait que c'est très long. C'est très long, et je suis
obligé, à chacune des réunions, de refaire une
leçon de choses pour expliquer que le Protecteur du citoyen n'est pas un
fonctionnaire comme les autres; ce n'est pas le sous-ministre d'un autre
ministère. Quand il s'agit, par exemple, de préciser, dans la
loi, le pouvoir d'enquête systémique, bien, vous comprenez que,
pour des fonctionnaires, ce n'est pas drôle, ça. Alors, je trouve
que ce type de dynamique est malsain. Je pense que, pour travailler un projet
de loi de ce type, il faut qu'il y ait des gens politiques. Je ne dis pas qu'il
ne doit pas y avoir de fonctionnaires. Il devrait y avoir, quand on fait
affaire, par exemple, avec le ministre de la Justice, un représentant de
son cabinet et aussi, parce que ça donne suite à des
recommandations à l'Assemblée nationale, que participent à
cette discussion des députés qui forment la commission des
institutions. Parce que c'est très lourd comme système. Parce
qu'il ne faut jamais oublier que le Protecteur du citoyen n'a pas de ministre
pour faire avancer ses dossiers.
Alors ça, c'est un problème énorme. Il y a une
question de culture organisationnelle. Je peux très bien comprendre la
réaction des fonctionnaires. J'ai été moi-même
sous-ministre de la Justice et fonctionnaire, et je sais très bien que
nous avons notre culture, notre résistance à tout ce qui peut
nous contrôler. Mais, une fois qu'on a dit ça, vous comprenez que,
quand vous faites affaire avec des fonctionnaires pour changer des lois de ce
type-là, bien, on avance à petits pas, pour ne pas dire à
pas feutrés.
La deuxième chose, c'est que, avec les changements récents
au ministère de la Justice parce que le groupe de travail
était présidé par le sous-ministre en titre eh
bien, j'ai l'impression qu'on repart à zéro.
Alors, n'étant pas de tempérament du tout, du tout
pessimiste, je suis néanmoins convaincu que ce projet de loi n'atterrira
pas en Chambre cet automne.
Mme Caron: Est-ce que ce serait faisable, est-ce que ce serait
plausible de penser que ce projet de loi pourrait être traité un
peu de la même façon que d'autres avant-projets de loi qu'on a
étudiés au niveau de certaines commissions? Est-ce que ça
accélérerait le processus si, par exemple, le ministre de la
Justice l'amenait en commission parlementaire et on sait que les projets
de la Justice sont étudiés à la commission des
institutions, donc, les mêmes parlementaires et qu'il pourrait
être étudié directement en commission parlementaire,
puisque vous avez déjà préparé un avant-projet de
loi?
M. Jacoby: Si ce document était présenté
sous forme d'avant-projet de loi, il est certain qu'on sauterait plusieurs
obstacles bureaucratiques et technocratiques et que la commission des
institutions pourrait étudier cet avant-projet de loi, mais il faut
toujours se rappeler qu'un avant-projet de loi est quand même
piloté par un ministre. Mais, ça, c'est tout à fait
normal. Donc, il doit être déposé, mais je pense qu'il faut
trouver... Je n'ai pas la solution. Je peux vous dire que le processus actuel
est très lent.
Mme Caron: Oui, parce que si je pense... Par exemple,
l'avant-projet de loi pour la réforme du Code des professions a
été déposé par le ministre responsable des lois
professionnelles et étudié en commission parlementaire. Nous
avons eu des audiences et le projet de loi va revenir, ensuite, en commission.
Peut-être que ça accélérerait un petit peu, mais il
faudrait qu'il y ait la volonté politique du ministre de la Justice de
le déposer, évidemment. Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Ou bien donc, ça peut
être un député qui le dépose.
M. Gautrin: M. le Président, sur ce sujet-là, puis
je vais revenir sur l'autre après, pourquoi, alors que vous avez
plaidé sur le financement, au début, l'importance de ne pas
être soumis au Conseil du trésor, et vous avez plaidé sur
l'importance de votre autonomie de liens avec l'Assemblée nationale...
Là, maintenant, sur votre projet de loi, vous vous soumettez aux
fourches caudines de l'Exécutif non, c'est important et
pourquoi ne pas faire le lien qu'il pourrait y avoir entre votre projet de loi
et le législatif? Donc, ma question que j'aimerais... dans la poursuite
de Mme la députée de Terrebonne quoique j'ai une autre
question que je veux entrer après c'est: Est-ce que votre projet
de loi implique des dépenses budgétaires ou financières
pour le gouvernement?
M. Jacoby: Dans l'état actuel, oui. Oui.
M. Gautrin: Donc, dans ces conditions-là, mon
hypothèse tombe à l'eau.
Le Président (M. Dauphin): Parce que, sinon... Vous nous
voyez venir?
M. Jacoby: Oui, oui, bien sûr.
Le Président (M. Dauphin): Ça pourrait être
un député...
M. Jacoby: Bien sûr.
Le Président (M. Dauphin): ...comme on l'a vécu
avec la 198, sur l'imputabilité.
M. Jacoby: Oui, c'est ça. Je comprends très bien.
Puis il faut dire que, chez nous, au Québec, la loi existe depuis 1968,
puis elle a été modifiée une fois, en 1987. Puis le
«pattern» qui a été dessiné à
l'époque, c'est que c'a passé par le ministère de la
Justice et puis c'a atterri en Chambre. À l'époque, ça
s'est fait très vite.
M. Gautrin: Toujours sur ce sujet-là parce que vous
me dites que certaines parties de votre loi impliquent des
déboursés est-ce qu'un sous-ensemble de votre loi,
n'impliquant pas de déboursés, pourrait être significatif?
C'est-à-dire, si on amputait votre loi, qui est actuellement un peu
bloquée, si je comprends bien... et je comprends exactement ce que vous
voulez dire par négocier avec les fonctionnaires. C'est donc trivial
comme... surtout lorsqu'on veut les déranger. Si on amputait ce qui a
des effets budgétaires, est-ce que ce serait amputer complètement
le sens de votre loi que vous préparez?
M. Jacoby: II y aurait des éléments très
importants, parce que, dans le fond, ce qui engage, ce qui occasionnerait des
dépenses additionnelles, c'est une extension partielle ou
complète, au sens de la commission, comme elle le suggérait
à l'unanimité. Mais, pour le reste... Quand je pense, par
exemple, à l'autonomie, l'indépendance financière,
ça, ça n'engage pas de coûts. Nous avons dans notre
avant-projet de loi toutes les dispositions pertinentes. Quand il s'agit de
préciser certaines ambiguïtés dans la Loi sur le Protecteur
du citoyen pour renforcer les pouvoirs dans le sens que la commission a
proposé en 1992, je dis que les dépenses significatives... Bon,
il y a des choses très importantes en dehors de l'extension de
compétences. Il y a des choses qui entraînent des dépenses
absolument minimes parce qu'elles seraient absorbées par notre bureau.
La commission a proposé, notamment, le changement d'appellation. Elle a
proposé une série de... Enfin, il y a des choses qui sont,
disons, moins de substance, des choses plus de substance. Et, dans le fond, ce
qui coûterait, ce serait l'extension de compétences.
Le Président (M. Dauphin): Parce que, effectivement, si
vous me permettez, si on pouvait prendre tous les éléments qui
n'engagent pas de dépenses financières ou de crédits,
à ce moment-là, ce serait très facile pour l'automne. Mais
il s'agit d'évaluer ça, stratégiquement parlant.
M. Gautrin: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui. Ensuite, M. le
député de Mercier.
M. Gautrin: Vous permettez? Parce que, là, ce
n'était pas réellement la question que je voulais aborder. Mais
sur cette question-là, vous restez, vous, sur la question de la loi?
Une voix: ...
(16 h 40)
Élaboration d'une charte des citoyens
M. Gautrin: Alors, je voulais, si vous me permettez... Moi, je
veux rentrer sur une dimension que vous avez abordée dans votre rapport.
Vous avez parlé de la politique de qualité de services
gouvernementale faite par le Conseil du trésor, politique qui,
semble-t-il, est inconnue par l'ensemble des fonctionnaires. Vous l'avez
comparée à la charte des citoyens que la Chambre des communes
vient de passer. Alors, je voudrais échanger sur ces concepts-là
et sur la validité ou l'intérêt qu'il y aurait, ici au
Québec, d'aller dans la direction d'une charte des citoyens. Vous
semblez l'avoir écartée dans votre rapport. Pour quelle raison?
Et y aurait-il intérêt de reprendre les éléments de
la politique qui ont été... donc, qui sont de nature
administrative, pour leur donner un caractère législatif? Je
voudrais avoir votre opinion là-dessus.
Le Président (M. Dauphin): Me Jacoby.
M. Jacoby: La charte, la «Citizen's Charter», n'est
pas un document législatif, c'est Une politique, une politique où
il y a eu la volonté politique qu'elle s'applique véritablement,
ce qui fait que les autorités gouvernementales ont
développé des indicateurs de performance pour l'application de
cette politique en Angleterre. Des indicateurs de performance des atteintes
d'objectifs, ne serait-ce que, par exemple, si vous allez chercher le
renouvellement de votre passeport à l'ambassade du «High
Commissioner» à Ottawa, ils ont maintenant un objectif quantitatif
que le passeport doit être délivré dans les S jours
maximum. Je vous donne cet exemple. Ça, ça se fait à
l'échelle de l'Angleterre et des ambassades d'Angleterre. Alors, dans
tous les secteurs publics et parapublics en Angleterre, qu'il s'agisse
d'hôpitaux, d'établissements de la santé, qu'il s'agisse
des chemins de fer, qu'il s'agisse des transports publics, ça s'applique
à tous et à tout ce qui est financé par les taxes des
contribuables. Et, en plus, il y a tout un système de
démérite ou de mérite-démérite, qui a eu
pour objet qui semble, parce que c'est nouveau, on commence seulement
à avoir le résultat de créer une saine
compétition aussi. Évidemment, ce n'est pas que la charte du
citoyen qui va régler tous ces problèmes. Il y a aussi qu'en
Angleterrre on a privatisé, et, dans certains cas, la privatisation a
des effets louables. Mais c'est un ensemble de mesures comme ça. Mais
cette politique, ce n'est qu'une politique, la charte des citoyens en
Angleterre, mais elle semble commencer à donner des
résultats.
Nous, on a ici, au Québec, dans la directive de 1991, un document
qui est encore plus explicite que la «Citizen's Charter», plus
explicite. Et, s'il y avait une reconsidération, par le gouvernement, de
son utilisation, je vous garantis une chose, c'est que... et si on s'inspirait
un peu des modèles qui existent à l'extérieur, on pourrait
en faire quelque chose d'extraordinaire.
M. Gautrin: Plus explicite mais d'application plus
réduite. Le champ d'application, si j'ai compris votre texte, est plus
réduit.
M. Jacoby: Oui.
M. Gautrin: II s'applique strictement à la fonction
publique, ne touche pas le parapublic, d'après ce que j'ai compris.
M. Jacoby: Exactement. Et ça, c'est un problème.
Mais, pour corriger ça.... C'est parce que, vous savez, au
Québec, on vit avec la dichotomie des secteurs publics. Et ça,
c'est absolument incroyable. Quelque chose qui est bon pour 50 000
fonctionnaires, ce n'est pas bon pour 350 000 employés de l'État,
tout ça à cause de la décentralisation. Et,
évidemment, si on veut faire couvrir tout un champ, les réseaux
para et péripublic et les sociétés de la couronne, il faut
une loi.
Le Président (M. Dauphin): Ça va M. le
député de Verdun? Merci Me Jacoby.
M. Gautrin: Nous convergeons.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Je voulais juste ajouter 2 noms à ceux qui sont
ici, M. Garon et puis... Il n'est pas membre, mais je demande qu'il soit..
Le Président (M. Dauphin): Us sont les bienvenus.
M. Gautrin: Je pense qu'il a été nommé comme
remplaçant tout à l'heure et ça fait toujours plaisir de
le rencontrer.
Le Président (M. Dauphin): Ils sont les bienvenus, il n'y
a aucun problème. Même les non-membres peuvent toujours
intervenir, sauf le droit de vote, il y a juste lorsqu'il y a un vote.
M. Garon: J'aurais bien aimé, M. le Président,
venir plus tôt, mais comme on supposait qu'on pouvait être à
plusieurs endroits en même temps, c'est bien difficile.
Une voix: Ça ne marche pas. M. Garon: Ça ne
marche pas.
M. Gautrin: Mais pour des gens qui sont comme Dieu et comme toi,
ça devrait te permettre...
M. Garon: Non, je n'ai pas la prétention du
député d'Argenteuil!
Une voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Ne commencez pas ça!
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. le
député de Mercier, ça va?
M. Godin: Oui, ça va.
Le Président (M. Dauphin): Alors, Mme la
députée...
M. Godin: Si mon idée me revient, je vous le dirai.
Le Président (M. Dauphin): ...de Terrebonne et ensuite Mme
la députée de Vachon.
Aide juridique
Mme Garon: Oui, je vous remercie, M. le Président. Vous
avez mentionné à quelques reprises les problèmes au niveau
de l'aide juridique. Je sais, pour l'avoir lu dans votre rapport annuel, que
vous avez cette préoccupation de l'accessibilité à la
justice. Vous avez même fait certains commentaires concernant le document
qui avait été déposé par le ministre de la Justice
au Sommet de la justice, en février 1992.
Ce matin, en Chambre, le ministre de la Justice a déposé
son document de consultation. Il y aura consultation générale
à compter du 21 septembre et le dépôt des mémoires
pour le 27 août. Évidemment, j'ai l'impression que vous allez
sûrement venir présenter vos recommandations. Est-ce qu'il y a
certaines lignes que vous souhaitez au-delà de ce qui est inscrit
dans le rapport annuel que vous souhaitez tracer tout de suite, les
pistes importantes dont il faut tenir compte au niveau de l'aide juridique?
Le Président (M. Dauphin): Me Jacoby.
M. Jacoby: Je ne peux pas parler du document qui a
été déposé par le ministre de la Justice ce matin.
Je peux parler des hypothèses qui avaient été
présentées au Sommet de la justice, en février 1992,
quoique c'est un peu loin, là.
Je peux vous dire que ce que j'avais pu constater dans les
hypothèses peut-être que tout ça a été
corrigé dans le document c'est que la réforme de l'aide
juridique, elle avait des effets pernicieux, en fait, que les personnes seules,
notamment, se trouvaient pénalisées par la réforme par
rapport à ce qu'elles étaient auparavant.
Il y a aussi, je pense, toute la question de la contribution. Je suis
tout à fait d'accord avec le principe que, à partir d'un certain
niveau de revenu, les citoyens qui, actuellement, ne bénéficient
pas de l'aide juridique puissent contribuer d'une certaine manière. Je
n'étais pas d'accord, à l'époque, avec les niveaux de
contribution quand je tenais compte des seuils de faibles revenus. J'avais
proposé, à l'époque, j'avais fait état au ministre
et à son sous-ministre qu'il faudrait apporter des modifications de ce
côté-là, parce que je pense que notre régime d'aide
juridique est de plus en plus inutilisable. Je pense... Mais il y a aussi toute
la question de savoir que j'étais contre un frais modérateur,
d'autant plus que le système ne s'applique qu'à des personnes
démunies. Je peux comprendre l'impôt-services ou des frais
modérateurs pour certaines personnes qui ont des revenus d'un certain
niveau, mais je ne peux pas accepter que les personnes les plus démunies
de la société soient obligées... C'est comme si, demain
matin, on demandait à un assisté social: Avant d'ouvrir votre
dossier, on va vous demander 50 $. Je ne suis pas d'accord avec ça. Mais
je ne peux pas vous en dire plus, c'est un peu loin dans ma mémoire.
Mme Caron: Est-ce que vous avez reçu des plaintes? Parce
que nous avons eu à questionner en Chambre, à cette session-ci,
concernant particulièrement les mandats d'aide juridique qui
étaient accordés pour des services professionnels à des
notaires. On sait qu'il y a des avocats permanents au niveau de l'aide
juridique, mais qu'il n'y a pas de notaires permanents, ce qui fait qu'on se
retrouvait, compte tenu du fait que les tarifs pour les notaires n'ont pas
été modifiés depuis l'adoption de la Loi sur l'aide
juridique, alors que les tarifs pour les avocats ont été
révisés à 3 reprises. Dans beaucoup de régions,
plusieurs notaires décident qu'ils ne donnent pas ou n'acceptent pas le
mandat, et ils sont libres de ne pas l'accepter. Comme il n'y a pas de
permanents, la Commission des services juridiques n'offre pas, finalement, ce
service-là, et les citoyens, même s'ils ont le mandat, n'arrivent
pas à le faire remplir.
Est-ce que vous avez eu des plaintes? Est-ce que vous avez certaines
recommandations à faire concernant cet aspect particulier?
M. Jacoby: Mme la députée, il y a une petite
difficulté par rapport à votre question. C'est que le Protecteur
du citoyen n'a pas compétence sur l'aide juridique. Je n'ai pas de
compétence d'enquête, et c'est une des recommandations de cette
commission...
Mme Caron: Est-ce que vous avez eu... Parce qu'il y a beaucoup de
sujets pour lesquels vous n'avez pas compétence...
M. Jacoby: Oui.
Mme Caron: ...et vous recevez quand même des plaintes.
Est-ce que vous en aviez reçu? (16 h 50)
M. Jacoby: Je ne peux pas vous répondre. Je sais que nous
avons reçu, concernant l'aide juridique, un certain nombre de plaintes.
On pourra vérifier quel type de plaintes, parce que je n'ai pas ces
détails-là étant donné que je n'ai pas
compétence. Mais nous recevons de nombreuses plaintes sur
l'administration comme telle de la Loi sur l'aide juridique par les bureaux
d'aide juridique.
Une des choses qui nous frappent le plus, c'est le fait que les citoyens
ne sont pas traités de la même manière, suivant qu'ils
présentent leur demande à un bureau d'aide juridique plutôt
qu'à un autre. On n'évalue pas de la même façon les
critères d'admissibilité financière ou les critères
d'admissibilité sur le plan juridique. Il y a des comportements de
bureaux juridiques, aussi, qui nous laissent songeurs, en ce sens qu'on
abandonne, dans certains bureaux d'aide juridique, les causes qui ne sont pas
glorieuses, même si elles touchent les plus démunis, parce que
ça n'a pas suffisamment de prestige. Il existe des bureaux d'aide
juridique au Québec qui refusent systématiquement de
représenter des personnes qui sont sous la loi du malade mental et qui
sont en institution. Je trouve ça absolument extraordinaire que l'on en
arrive à ça dans une société comme la nôtre,
parce qu'il faudrait peut-être comprendre une chose dans notre
société, c'est que même les fous ont des droits. C'est
très important.
Alors, il y a des comportements sur lesquels nous ne pouvons faire
enquête, et je trouve ça dommage parce que le système
d'aide juridique, je peux vous dire une chose, on a un excellent système
en termes que c'est un système qui était, à l'origine,
très généreux et tout ça, mais c'est devenu une
superbureaucratie. Ce système est un État dans l'État. Le
gouvernement n'a même pas le pouvoir de s'ingérer dans les
affaires de l'aide juridique, à cause de l'autonomie des corporations.
C'était très beau pour l'indépendance. Je peux vous dire
une chose, c'est que, à toutes fins pratiques, la commission d'aide
juridique, ses corporations sont plus indépendantes que le Protecteur du
citoyen, de par leur structure.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Ça va, Mme la
députée?
Mme Caron: Peut-être juste une dernière
question.
Le Président (M. Dauphin): D'accord.
Mme Caron: Est-ce que vous avez l'intention de faire certaines
recommandations lors de la consultation générale?
M. Jacoby: Oui, peut-être. Peut-être. Mme Caron:
Nous apprécierions beaucoup. Une voix: C'est une annonce.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Juste avant de
reconnaître Mme la députée de Vachon, M. le
député de Verdun m'a demandé 30 secondes. Alors, 30
secondes.
Élaboration d'une charte des citoyens
(suite)
M. Gautrin: Trente secondes, M. le Protecteur du citoyen, parce
que je pensais qu'on allait rester sur le même sujet. Est-ce que vous
pourriez déposer à cette commission la politique gouvernementale
sur la qualité des services, telle qu'énoncée par le
Conseil du trésor et, si vous l'avez, une copie du «Citizen's
Charter» de l'Angleterre?
M. Jacoby: J'ai ici une copie de la politique du Conseil du
trésor, mais je n'ai pas ici la charte des citoyens.
M. Gautrin: Mais vous pourriez déposer...
M. Jacoby: Je vais transmettre le tout au secrétariat.
M. Gautrin: ...si vous l'avez...
Le Président (M. Dauphin): Le secrétariat de la
commission? D'accord.
M. Gautrin: ...la politique du Conseil du trésor...
M. Jacoby: Ah oui.
M. Gautrin: ...la politique sur la qualité des services.
Est-ce que vous pourriez la déposer?
M. Jacoby: Certainement.
M. Gautrin: Si le président acceptait, bien sûr,
parce que c'est le président qui accepte.
Le Président (M. Dauphin): C'est la présidence qui
autorise les dépôts. Alors, vous avez pris un petit
peu plus que 30 secondes. Mme la députée de Vachon.
Document déposé
M. Gautrin: Est-ce que vous autorisez le dépôt?
Le Président (M. Dauphin): Oui.
Fondement, causes et destination des plaintes
déposées
Mme Pelchat: m. le président, j'aimerais savoir du
protecteur du citoyen, dans ses remarques liminaires, il nous a fait part que,
dans les demandes, enfin, dans les plaintes qu'il recevait des citoyens, il a
remarqué que 30 % des plaintes étaient fondées et que les
enquêtes démontraient que, dans 30 % des cas, il s'agissait
effectivement d'erreurs administratives. moi, ce chiffre-là, je le
trouve énorme, j'ai l'impression que ce n'est pas une politique de
qualité que ça nous prendrait, mais une révision
complète de nos façons de faire. est-ce que vous avez
remarqué une augmentation depuis 5 ou 6 ans ou si ces 30 % là
sont constants, s'il n'y a pas une amélioration ou si ça va en se
détériorant?
M. Jacoby: Là, il faudrait... Là, ce que je vous ai
donné, c'est une moyenne pour l'ensemble des ministères et
organismes. C'est un indicateur, mais qui n'est pas parfait, parce que c'est un
indicateur qui est déformé par les extrêmes. Ce que je veux
dire par là, les 30 %, c'est à l'échelle gouvernementale
et c'est à peu près comme ça depuis plusieurs
années. Ça fluctue autour de 30 %. Mais je pense que, le meilleur
indicateur, c'est de le faire par ministère et organisme, parce que vous
verrez, si on ventile les chiffres comme ça, que, dans certains
ministères, le taux de plaintes fondées n'est que de 20 %; dans
d'autres, il est de 45 %. Et une bonne façon de suivre la qualité
et la performance des ministères en termes de qualité, ce serait
d'y aller par ministère.
Mme Pelchat: D'une manière générale, on
remarque qu'il y a 30 % des plaintes qui sont fondées.
M. Jacoby: Oui.
Mme Pelchat: Et vous avez dit qu'il s'agissait d'erreurs
administratives.
M. Jacoby: Pas seulement d'erreurs administratives. J'ai
donné l'exemple d'erreurs administratives.
Mme Pelchat: Abus de pouvoir.
M. Jacoby: Abus de pouvoir. Il y a les délais aussi.
Ça, ça mange 28 % de nos dossiers.
Mme Pelchat: Les délais, c'est souvent un peu de l'abus de
pouvoir. O.K. Si on le ventile par secteur, par ministère, est-ce qu'il
y a un ministère qui est plus délinquant que les autres? Nous
sommes ici pour observer, étudier votre rapport, et on peut nommer les
choses telles qu'elles sont et identifier les personnes telles qu'elles sont,
les ministères qui sont les plus fautifs. C'est évident que les
ministères à clientèles sont plus visés.
M. Jacoby: Je n'ai malheureusement pas, Mme la
députée, ces chiffres-là avec moi pour 1991-1992, mais ce
que je pourrais faire...
Mme Pelchat: II doit y avoir une tendance qui se maintient,
à moins qu'il y ait des revirements drastiques dans un ministère,
une fois qu'ils ont lu vos rapports... une correction, mais la tendance par
rapport aux années précédentes, si vous n'avez pas les
chiffres exacts?
M. Jacoby: La tendance des années
précédentes, je pense, ça varie, vous savez. Et ça
dépend de tellement de facteurs. Si vous avez une administration en haut
d'une organisation, d'un organisme, qui est ouverte sur le client, ça se
sent dans toute l'organisation.
Mme Pelchat: Je comprends. Mais, dans les faits,
concrètement...
M. Jacoby: Oui.
Mme Pelchat: ...est-ce qu'on peut dire que... Vous avez dit
vous-même qu'il y a des ministères où on retrouve 5 % ou 10
% ou 15 % d'erreurs. Il y en a d'autres où ça peut aller
jusqu'à 45 %. Ce sont ces ministères-là que j'aimerais que
vous osiez identifier ici en commission.
M. Jacoby: cette année, la régie de
l'assurance-maladie du québec, je pense que c'est le plus haut taux de
plaintes fondées, 57 % de plaintes fondées. ensuite, les plus
hauts taux de lésions, actuellement, dans les ministères, en plus
de la ramq: le ministère du revenu, le ministère de
l'enseignement supérieur...
Mme Pelchat: Le plus haut taux de... ?
M. Jacoby: De lésions. Les plaintes fondées,
là.
Mme Pelchat: Oui, oui, d'accord.
M. Jacoby: j'ai donc la ramq qui bat tous les records, à
57 %. c'est-à-dire plus que 1 plainte sur 2 est fondée.
Mme Pelchat: o.k. alors, vous avez fait enquête dans
chacune des plaintes, vous avez interrogé les fonctionnaires et les
administrateurs concernés. à quoi pouvez-vous attribuer un tel
niveau de plaintes? si on prend seulement la ramq, presque 60 % des plaintes
que vous avez eues étaient fondées. est-ce qu'il y a un
problème systémique, j'allais dire endémique,
à la RAMQ? Et est-ce qu'on prend note de vos recommandations pour
s'améliorer d'année en année?
M. Jacoby: Bon. Il y a 2 phénomènes qui expliquent
globalement l'augmentation des plaintes fondées à la RAMQ. D'une
part, il y a eu la mise en oeuvre du système de carte-soleil avec photo.
Nous, ce que l'on constate de l'extérieur, c'est qu'on a vraiment
l'impression que ce système a été mis sur pied sans aucune
planification véritable, d'une part, sur le plan administratif. La
deuxième chose...
Mme Pelchat: je m'excuse, m. jacoby, les 57 %, est-ce que vous
faites référence à votre rapport 1991-1992?
M. Jacoby: Non, non, 1992-1993.
Mme Pelchat: Merci, parce que les photos n'étaient pas
encore en vigueur en 1991-1992.
M. Jacoby: II y a eu, disons, des lacunes au niveau de la mise en
oeuvre du régime de la part de l'administration, d'une part. Une des
raisons pour lesquelles... Ce qu'on pense nous, et ça, c'est
peut-être plus des... pour lesquelles... c'est qu'il faut bien penser
que, autrefois, le régime était un régime automatique et
complètement anonyme. Les cartes-soleil, ça se réglait,
ça, par une enveloppe, et il n'y avait pas de démarche à
faire du côté de la population. (17 heures)
Pour la première fois, la RAMQ, finalement, a adopté un
système où elle réalise qu'elle a des clients, du monde et
pas juste des numéros. Alors, quand on va chercher son renouvellement de
carte ou encore chercher une carte qui a été perdue ou
volée, il y a des démarches. Et ça, ce
ministère-là n'a pas réalisé à quel point on
ne pouvait pas changer des façons de faire sans tenir compte du fait
qu'il y avait des démarches. Autrefois, c'était simple. Bon.
Ça, c'est un phénomène... Quand je dis qu'il y a une
absence de préparation administrative, dans ce sens, je pense qu'on n'a
pas tenu compte de ces faits qu'on avait vraiment affaire à du monde qui
avait des choses à faire. Ça, c'est une chose.
Deuxièmement, un phénomène, c'est que tout
ça, évidemment... Il y a 3 phénomènes. Le
deuxième phénomène, c'est l'encombrement
téléphonique, la carte parlante qui a été mise sur
pied est absolument... Selon les plaintes que nous avons, les gens sont
insatisfaits parce que la carte parlante, elle ne vous parle pas de ce dont
vous voulez entendre parler, en général. Ça, c'est un peu
le problème des cartes parlantes.
Mme Pelchat: O.K. Mais...
M. Jacoby: Et ensuite, il y a...
Mme Pelchat: Je ne veux pas que vous entriez trop... Je voulais
juste... Ce que j'essaie de faire ressortir, c'est...
M. Jacoby: Oui.
Mme Pelchat: ...est-ce que... Quand vous remarquez depuis
plusieurs années que des organismes comme la RAMQ ou d'autres
ministères ont un taux d'erreurs à ce point élevé,
est-ce que vous avez remarqué que ces ministères-là ou ces
organismes-là ont tendance à prendre note de vos commentaires et
à s'améliorer? Parce que, tout à l'heure, vous sembliez
dire qu'il y avait presque une mauvaise foi de la part des fonctionnaires face
aux recommandations ou, en tout cas, à l'ouverture des fonctionnaires
face au Protecteur du citoyen, parce que vous étiez comme un
élément de contrôle pour eux. Mais, est-ce que vous pensez
que vous avez un impact profitable dans ces organismes ou ces
ministères-là, comme, par exemple, la RAMQ, pour faire
améliorer les choses aussi, ou le Protecteur du citoyen n'a que des
voeux pieux à faire et on ne l'écoute pas?
M. Jacoby: Certainement.
Le Président (M. Dauphin): Me Jacoby.
M. Jacoby: Non, non, je ne pense pas avoir taxé les
fonctionnaires. Ce que je dis, c'est que toute organisation a une
résistance naturelle, la culture organisation-nelle. Bon. C'est un
phénomène nouveau à la RAMQ; on vient de l'avoir, ce
phénomène-là. On est en train de traiter mensuellement
plus de plaintes qu'on en traite généralement dans une
année à la RAMQ. Alors, il y a 3 facteurs qui causent ça.
Là, on est en train de regarder ça et on est actuellement avec
les autorités de la RAMQ pour tenter de faire corriger des choses. Mais
c'est un phénomène nouveau, et c'est sûr qu'on ne peut pas
y répondre tout de suite nous-mêmes. Il faut qu'on constate des
problèmes récurrents parce que, si quelqu'un nous
téléphone parce qu'il ne peut pas rejoindre quelqu'un de la RAMQ,
bon, ça arrive une fois, on en a 1 par semaine, bien, ça,
comparé à d'autres secteurs, on se dit: Bon, c'est
peut-être normal, ça. C'est sûr que, quand on appelle chez
le Protecteur du citoyen certains jours, on a bien du mal à avoir la
ligne aussi. Mais il faut qu'il y ait un délai qui s'écoule avant
de voir la récurrence des problématiques, et c'est là
que...
Par exemple, je peux vous dire que ça fonctionne relativement
bien parce qu'on a dénoté ce problème, un des
problèmes qui était l'accès téléphonique
à la Régie du logement, il y a 3 ans. Nous sommes intervenus, et
ça s'est traduit par une amélioration du service. Ils ont
augmenté, ils ont mis plus de personnel à l'accueil, et les
systèmes sont moins engorgés. Us ne sont pas
désengorgés, mais il faut, évidemment... On ne peut pas
réagir sur le coup; on ne veut pas avoir un préjugé en
partant, et dire: Votre système ne marche pas.
Alors, il y a plusieurs facteurs. Il y a aussi le troisième
facteur. Mais enfin, c'est un phénomène...
Cette année, c'est absolument extraordinaire. Je pense que, dans
l'histoire de l'institution, ça, ce n'est jamais arrivé,
là, qu'en l'espace de quelques mois on traite, par mois, plus de
dossiers que dans une année.
Mme Pelchat: Mais, généralement, d'une façon
plus générale, dans l'appareil gouvernemental, vous remarquez
qu'il y a quand même un taux d'erreurs significatif. Je souhaite qu'il y
ait amélioration d'année en année avec les recommandations
du Protecteur du citoyen. Et, si, les membres de cette commission, on peut y
apporter quelque chose, tant mieux, mais je pense que c'est triste de voir
qu'il y a des erreurs à ce point...
M. Godin: Nombreuses.
Mme Pelchat: ...nombreuses merci, M. le
député de Mercier et particulièrement
concentrées dans les ministères à clientèle qui
traitent avec des individus, comme vous dites, et non pas des numéros.
Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Mme la
députée de Vachon. M. le député de Mercier et, tout
de suite après, M. le député de Lévis.
M. Godin: Oui, M. le Président. Je vous remercie. M.
Jacoby, ou est-ce qu'on dit Me Jacoby, ici?
Une voix: Me Jacoby. M. Godin: Me Jacoby.
M. Jacoby: Oh! Maître ou... Je paie ma cotisation, mais je
m'appelle monsieur aussi.
Des voix: Ha, ha, ha!
Communautés culturelles
M. Godin: Alors, Me Jacoby, une question. Est-ce qu'il y a des
plaintes qui sont formulées eu égard à certaines
politiques annoncées avec beaucoup de «pétage» de
bretelles de la part du gouvernement, par exemple l'entrée de
fonctionnaires d'origine autre que pure laine québécoise? Est-ce
qu'il y a eu des plaintes depuis 1 an ou 2, de Québécois ou de
Québécoises qui ne sont pas nés ici et qui se plaignent
que la politique n'est pas appliquée? Et, ça aussi, ça
amène la question de la connaissance de votre institution par la
population...
M. Jacoby: Oui.
M. Godin: ...allophone du Québec.
Le Président (M. Dauphin): Me Jacoby.
M. Jacoby: Sur la question du recrutement de membres de
communautés culturelles, il faut vous dire que, dans ce
domaine-là, il existe la Commission de la fonction publique. On a 2
juridictions, là, et on a l'impression qu'on fait du
dédoublement. Si une personne se plaint de ne pas avoir
été sélectionnée, ça, c'est une chose.
M. Godin: Oui.
M. Jacoby: Si quelqu'un se plaint de l'application de la
politique en général, ça, c'est autre chose. Mais, dans ce
domaine-là, je n'ai pas à juger, moi, de savoir comment on
annonce les mesures gouvernementales...
M. Godin: Non, d'accord.
M. Jacoby: ...mais je peux vous dire une chose: En ce qui nous
concerne, je peux vous donner un exemple, par contre. Chez nous, depuis le mois
de novembre 1991 où on vous avait soumis notre rapport, et vous nous
aviez recommandé d'avoir un programme d'accès à
l'égalité, nous avons commencé à mettre sur pied un
programme d'accès à l'égalité. Et la
problématique se pose particulièrement à notre bureau de
Montréal. Et nous avons beaucoup, beaucoup de difficultés
à recruter des membres de communautés culturelles; on le
constate. Et pourtant, on fait des efforts. On s'est mis en contact avec les
associations et organisations, les organisations leaders dans les
communautés culturelles. On a envoyé des avis de concours
partout, et la réponse, elle n'est pas forte. Ce n'est pas facile, et
c'est tout ce que je peux dire. Je ne suis pas un spécialiste de la
politique d'accès à l'égalité, mais ce que je peux
dire, c'est que, nous, on trouve ça extrêmement difficile d'aller
chercher du monde des communautés culturelles.
M. Godin: Ma deuxième partie, c'était: Est-ce que
les gens de ces communautés-là connaissent votre institution, et
est-ce qu'ils y ont recours ou pas, par ignorance ou par...
M. Jacoby: Alors, à cette réponse-là... M.
Godin: Cette question.
M. Jacoby: ...je ne pourrais pas vous donner de statistiques,
parce que je ne pose pas ce genre de question à nos plaignants;
ça serait contre la Charte. Mais je peux vous dire que nous avons
développé... Nous avons de plus en plus de contacts avec les
communautés culturelles, et on réalise, sans pouvoir vous donner
de chiffres parce que nous n'avons pas le droit de le faire, qu'il y a de plus
en plus de membres de communautés culturelles qui s'adressent à
nous.
M. Godin: Bon.
M. Jacoby: Cependant...
M. Godin: Ça répond à ma question.
M. Jacoby: Cependant, je...
M. Godin: Ça répond à ma question.
Le Président (M. Dauphin): C'est bien. Merci beaucoup.
M. Jacoby: Ça va?
Le Président (M. Dauphin): Ça répond
à la question.
M. Godin: Ça répond à ma question, M.
Jacoby. M. Jacoby: Très bien.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Lévis. (17 h 10)
M. Garon: je voudrais, moi, d'abord, féliciter le
protecteur du citoyen pour l'administration de l'organisme qu'il dirige parce
que, plus les années passent, on a l'impression d'avoir beaucoup plus de
plaintes contre l'administration qu'il y en avait, notamment... moi, je prends
2 organismes, comme député, qui... quand j'ai commencé
comme député, j'avais très peu de plaintes contre ces
organismes-là: la société de l'assurance automobile, qui
s'appelait la régie, à ce moment-là, et la csst.
c'était très rare. aujourd'hui, je dirais que 50 % des gens qui
viennent à mon bureau, c'est pour se plaindre de l'administration de ces
2 organismes-là. on commence aussi à avoir ce qu'on n'avait
jamais avant: concernant la régie de l'assurance-maladie et le
ministère du revenu, de plus en plus. et même la régie des
rentes, ce qui était exceptionnel. j'ai été
estomaqué. depuis 2 ans, on a des plaintes contre la régie des
rentes, alors que c'était à peu près inexistant avant,
dans les bureaux de comté. ou encore les étudiants qui demandent
des bourses, des prêts qui sont refusés; moi, je dois dire que,
dans les cas que j'ai référés au protecteur du citoyen, au
moins 1 cas sur 2 ont eu droit à un prêt ou à une bourse
qu'ils n'auraient pas eu autrement. c'est parfois des cas difficiles.
Le Protecteur du citoyen, à mon avis, joue un rôle
considérable, parce que l'appareil administratif est beaucoup plus
bureaucratique. Plus les années passent, j'ai l'impression que la
machine est de plus en plus bureaucratique. Elle est plus informatisée,
et on a le sentiment, parfois, que c'est la machine qui répond. On
pitonne des choses et la machine dit non, donc c'est non.
Le bureau du Protecteur du citoyen, qui a une expérience plus
grande que les bureaux de députés, parfois peut bien aider les
députés parce que, quand on a des cas et qu'on ne sait pas
vraiment ce qui arrive dans ces cas-là... On a des cas, des fois dans
nos comtés, et on ne sait pas ce qui arrive dans ces cas-là,
alors que, eux, ceux qui traitent ce genre de cas-là, en voient à
la journée et ont souvent beaucoup plus d'expérience, même,
que s'ils avaient été députés pendant plusieurs
années. Parce que, eux, ils sont spécialisés dans ces
domaines-là. Et le bureau du Protecteur du citoyen, moi, je vais vous
dire, de tous les organismes gouvernementaux que je connais, c'est le plus
efficace. Je vous le dis, puisque, souvent, je suis un de ceux
considérés les plus critiques vis-à-vis de
l'administration. M. Elkas me dit tous les jours que je n'ai jamais de
compliments pour les fonctionnaires. Je vais vous dire, en tout cas, que ce
n'est pas toujours vrai, parce que je vais dire que le bureau du Protecteur du
citoyen, à mon avis, est le plus efficace des bureaux qu'il y a au
gouvernement, où les réponses sont les plus rapides et où,
quand quelqu'un vous dit qu'il va vous rappeler, vous n'avez pas besoin de vous
mettre un numéro de rappel pour le rappeler, il vous rappelle. Dans
beaucoup de bureaux, quand ils vous disent qu'ils vont rappeler, ils ne vous
rappellent jamais. On a l'impression qu'ils espèrent que vous allez
rappeler à un moment où ils vont être à leur
dîner, pour ne pas vous reparler. Hein? Pardon?
Une voix: Midi et quart.
M. Garon: Oui. Alors, je pense que ça doit être
dit.
Deuxièmement, je pense que, souvent, les gens voient... Et j'ai
senti ça depuis quelques jours à l'Assemblée nationale,
concernant votre nomination. Je pense que c'est très mal voir le
Protecteur du citoyen qui critique, de le voir comme un ennemi de
l'administration des politiques. Parce que la plupart des cas d'intervention,
ce n'est pas vis-à-vis de l'administration des politiques, c'est
vis-à-vis de l'administration bureaucratique.
Moi, je vais vous dire que, comme ministre... Je vais vous le dire,
parce qu'il n'y a pas beaucoup de gens qui savent ça. Comme ministre,
moi, quand j'étais mal pris... Parce que les gens me disaient: J'ai tel
problème. Ou les députés me donnaient des dossiers, ou
encore j'avais des dossiers moi-même; je demandais à mes
fonctionnaires, au ministère de l'Agriculture... Parfois, j'avais le
sentiment de ne pas être capable de voir clair. Ce que me disaient les
citoyens avait du bon sens...
M. Gautrin: Vous leur suggériez d'aller au Protecteur du
citoyen.
M. Garon: C'est moi-même qui leur suggérais d'aller
au Protecteur du citoyen.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Parce que je disais... Écoutez. Non, mais je
vous le dis franchement, parce que les citoyens me disaient quelque chose qui
avait du bon sens, et les fonctionnaires, ça avait l'air d'avoir du bon
sens aussi, mais j'avais un doute. Je disais: Allez, vous avez
quelqu'un qui va être capable, peut-être, de fouiller plus
votre question. Et on a clarifié beaucoup de cas de cette
façon-là. On prend mal l'organisme quand on pense que
l'organisme... Et comme, moi, je ne pensais pas... J'aurais pu dire: II va
donner une plainte, donc je vais me sentir visé. Moi, je pense que
l'administration publique est au service des citoyens. Et, si, pour une raison
ou pour une autre, il y a des problèmes de personnalité, par
exemple, ça arrive... Ça arrive, des fois, que quelqu'un arrive
devant un fonctionnaire, et ça adonne, peu importe la raison, que les 2
ne peuvent pas se sentir, le bénéficiaire et le fonctionnaire.
Peu importe la raison. Il n'y a pas de coupable. C'est comme dans les divorces;
souvent, il n'y a pas de coupable, ils n'ont pas pu se sentir. Alors, il peut
arriver que quelqu'un a été mal traité sans que... Alors,
là-dessus, je pense que... Avoir un Protecteur du citoyen vigilant, qui
fasse son travail et qui ait le courage de dire les choses, c'est un atout
considérable pour le fonctionnement démocratique d'une
société. Moi, je pense que... Plus le gouvernement se sent
énervé par le Protecteur du citoyen, je me dis: Meilleur il est!
Si le gouvernement se disait, à un moment donné, ou que les gens
de l'administration disaient qu'on a un bon Protecteur du citoyen, je me
méfierais, parce qu'ils se diraient, dans le fond: On peut le mettre
dans notre poche de vis. Puis, ce n'est pas souhaitable.
J'aimerais souvent que le bureau du Vérificateur
général ait la même vigilance que le bureau du Protecteur
du citoyen. Je vous le dis comme je le pense.
M. Gautrin: Moi, je pense que c'est souhaitable.
M. Garon: La vérification générale,
aujourd'hui, je ne suis pas certain que ça rend les mêmes
services. Je suis en train de me demander, même, si c'est encore utile.
Alors, on aura le débat là-dessus à un autre moment.
Société de l'assurance automobile du
Québec
La question que je voudrais vous demander, c'est concernant votre
rapport 1991-1992. Quand vous parlez de la Société de l'assurance
automobile, vous dites à la page 154: «Nous avons
présenté un rapport spécial au nouveau président de
l'organisme afin d'expliquer les manquements de la Société
à sa mission première de service public préoccupé
des intérêts de sa clientèle, et chargé
d'administrer des programmes de portée sociale étendue. Ceci, par
opposition à une entreprise privée dont la conception des
services d'assurances demeure d'abord lucrative.»
Alors, le rapport spécial dont il est question ici, qu'est-ce
qu'il va en arriver? Parce que vous avez indiqué, un peu plus loin, que
ce rapport spécial dénonce «des situations où des
personnes qui ont été victimes d'un accident de la route ne
touchent pas les sommes auxquelles elles devraient avoir droit dans l'esprit de
cette législation sociale». Et vous avez un certain nom- bre de
recommandations concernant la Société de l'assurance automobile.
Qu'est-ce qui en est arrivé depuis ce temps-là?
M. Jacoby: II s'est passé des événements
tout récemment, aujourd'hui. Effectivement, il y avait 5 points que je
considère essentiels et qui me laissent croire que, dans certains
dossiers, la Société se comporte comme une compagnie
d'assurances. On ne peut pas dire que c'est généralisé,
mais il y a des dossiers, comme ça, qui virent tout croche, je ne sais
pas pourquoi. Mais, ceci dit, il y en a 5 là-dessus que nous avons
soumis à la Société. Sur les 5, il y en a 2 qui se sont
réglés, à date.
J'ai reçu aujourd'hui une lettre du ministre responsable pour me
dire qu'il appuyait la position de la Société sur les autres
points, ce qui fait que je dois nécessairement, au nom des citoyens qui
ont déposé des plaintes dans ces dossiers-là, faire un
rapport spécial à l'Assemblée nationale dès son
ouverture, dès sa reprise.
M. Garon: Par rapport à la Société de
l'assurance automobile... Évidemment, je ne sais pas trop comment vous
le demander, mais je vais vous le dire dans mes termes, puis vous pourriez...
Je ne vous demande pas de me répondre dans des termes qui sont les
miens, sauf qu'on a le sentiment que la Société de l'assurance
automobile a le mandat de faire des surplus le plus possible.
Moi, ce qui me frappe, c'est qu'on suppose maintenant des emplois pour
des gens, des emplois inexistants, qui ne peuvent pas exister. Par exemple,
j'ai vu quelqu'un dans mon comté, dont on supposait qu'il pouvait
être gardien d'un terrain de stationnement payant. Le monsieur avait plus
de 60 ans, et il n'y a pas un terrain de stationnement payant que je connaisse
dans mon comté. Il n'y en a pas tant que ça des terrains de
stationnement payants. On lui dit qu'il pourrait être gardien de
ça.
Le député d'Arthabaska me contait qu'on disait que
quelqu'un qui était handicapé pourrait toujours être
classeur de croustilles. Il y a une compagnie de croustilles à Warwick,
près de Victoriaville, sauf que... Je ne me rappelle pas si c'est les
Croustilles Yum Yum... mais qu'est-ce que vous voulez? L'entreprise n'engage
pas nécessairement des gens qui sont handicapés pour classer ses
croustilles.
Puis, il y en avait un autre. Je me rappelle d'un cas à
Rivière-à-Claude, en Gaspésie.
Rivière-à-Claude... Ceux qui vont dans le bout de
Rivière-à-Claude, on disait qu'ils pouvaient toujours être
en charge d'un système d'informatique dans un dépanneur un
guichet? d'un guichet automatique dans un dépanneur ou dans une
caisse, sauf qu'à Rivière-à-Claude... Je pense que,
même en comptant à la main, la personne n'occupe peut-être
bien pas toute sa journée. Alors, qu'est-ce que vous voulez... (17 h
20)
M. Gautrin: Ça fait partie du cachet à cette
place-là!
M. Garon: Alors, il me semble que, quand la Société
fait ça, elle outrepasse, au fond... Et elle a de l'argent en masse dans
sa caisse. Avez-vous le sentiment que, par rapport à ce type... parce
que, ça, ça prend beaucoup d'argent. Quand on suppose un emploi
pour quelqu'un, c'est une façon de ne pas le payer ou de le payer
beaucoup moins, de réduire le montant qu'on doit lui payer. Quand on
voit, en même temps je ne demande pas de porter de jugement
là-dessus, mais... que la caisse a versé, depuis 1986,
plus d'argent au ministre des Finances qu'aux victimes d'accidents, 2 400 000
000 $ au ministre des Finances et 2 280 000 000 $ aux victimes d'accidents,
depuis 1986, bien là, il a fallu qu'elle économise de l'argent
quelque part, alors qu'elle avait l'argent nécessaire pour payer les
victimes d'accidents sans augmenter les primes. Est-ce que vous avez senti,
dans l'administration de la Société de l'assurance automobile,
une plus grande rigidité concernant l'application de la loi?
Le Président (M. Dauphin): Me Jacoby, juste avant que vous
répondiez. Par formalisme, j'autorise le dépôt de la
Politique gouvernementale concernant l'amélioration de la qualité
des services aux citoyens, document que vous nous avez remis tantôt.
Monsieur, vous pouvez en faire la distribution. Me Jacoby, en
réponse.
M. Jacoby: Moi, je ne peux pas porter de jugement sans... Ce que
je peux vous dire, c'est que, quand je regarde mes chiffres de 1991-1992, et
là je viens de sortir mes chiffres de 1992-1993, qui seront dans mon
prochain rapport annuel, on passe de 1184 plaintes en 1991-1992 à 1442
pour l'année qui vient de s'écouler. C'est une augmentation de
près de 18 % des plaintes à la SAAQ. Ça, je peux vous dire
ça. Est-ce que ces plaintes sont fondées ou pas? En tout cas, il
y a une recrudescence, une augmentation de plaintes.
La deuxième chose que je peux vous dire, c'est qu'il est certain
que, dans plusieurs dossiers, soit des dossiers collectifs, qui visent un
ensemble de clientèles, j'ai véritablement le sentiment
bien, je ne peux pas avoir de sentiment comme Protecteur du citoyen; il ne faut
pas que j'aie de coeur j'ai l'impression... En tout cas, ça me
donne l'impression que, dans certains dossiers, la Société de
l'assurance automobile se comporte comme un assureur privé. Mais je ne
peux pas généraliser. Je ne peux même pas vous dire qu'il y
a des tendances. Mais si je compare le programme, un programme social comme
celui de la SAAQ, par rapport à un programme social je dirais
l'application du programme; je ne parle pas du programme lui-même
comme la sécurité du revenu, je peux vous dire qu'à la
sécurité du revenu on a une approche-client beaucoup plus forte
qu'à l'aide sociale. À la CSST, il y a d'autres types de
problèmes.
Moi, j'ai l'impression que nos organismes qui administrent des lois de
type social, et qui ont, finalement, des modes de financement qui leur sont
très particuliers, ont tendance à se comporter parfois je
ne peux pas généraliser, mais quand je vois certains dossiers
un peu comme des organismes qui sont l'État dans l'État.
Ça, c'est propre à ce genre d'organismes. Je peux parler de la
CSST et je peux parler de la SAAQ.
C'est sûr qu'il faut aussi apporter les nuances qui s'imposent, M.
le député, parce que, évidemment, il faut bien penser que
la SAAQ, comme la CSST, rend des centaines de millions de décisions dans
une année. Il va sans dire qu'il faut tenir compte de ce
facteur-là pour ne pas généraliser non plus. Mais je peux
vous dire que, ce que je vois à la SAAQ et je prends strictement
le rapport spécial dans certains dossiers, c'est
véritablement l'attitude d'une compagnie d'assurances, alors qu'on sait
très bien que ces organismes-là avaient été mis sur
pied justement à cause des problèmes causés par les
compagnies d'assurances, en ce sens qu'avant le nouveau régime
d'indemnisation, c'était le régime de responsabilité
civile. Il y avait énormément de problèmes au niveau de la
responsabilité civile, parce que ça coûtait souvent plus
cher de contester une décision de la compagnie d'assurances, qui ne
voulait pas payer, par l'entremise de son client et ainsi de suite. Alors,
ça coûtait très cher, et on voyait qu'une foule de citoyens
perdaient... étaient obligés de renoncer à leurs droits
parce qu'ils faisaient affaire indirectement avec des compagnies d'assurances
privées qui refusaient de payer.
Mais la beauté dans tout ça, c'est qu'on a remplacé
le système par un autre système, qui est une compagnie, une
société d'État, qui administre, selon moi et les termes de
la loi, une loi socio-économique et non pas une loi économique ou
financière. Puis ça, je pense que, parfois, il y a des
administrateurs qui peuvent avoir tendance à l'oublier.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. M. le
député d'Anjou, est-ce que c'est sur le même sujet?
M. Bélanger (Anjou): Non, sur un autre sujet.
Le Président (M. Dauphin): Non? C'est parce que...
Évidemment, il faut vérifier les engagements financiers. Il nous
reste à peine 25 minutes. Ça fait que je veux donner la chance
à tout le monde d'intervenir, tout en respectant, évidemment, le
temps et l'alternance. Là, on a pris à peu près le
même temps, plus ou moins près, jusqu'à date.
M. Garon: Mais il y aurait rien qu'une sous-question que j'aurais
aimé demander.
Le Président (M. Dauphin): Oui, allez-y, M. le
député.
M. Garon: Quel est le nombre de plaintes fondées sur le
nombre de plaintes à la SAAQ? Est-ce qu'il y a eu un changement au cours
des années? Vous avez dit qu'il y a eu une augmentation de 18 %
entre
1991-1992 et 1992-1993, mais le nombre de plaintes fondées?
Mme Hudon: 30 %. c'est encore 30 %, et ça se
maintient.
M. Jacoby: 30 %.
M. Garon: Est-ce que vous avez de la difficulté à
faire admettre à la SAAQ, lorsque vous estimez qu'il y a une erreur ou
que la personne n'a pas été traitée correctement? Est-ce
qu'il y a une réticence, ou s'il y a une bonne volonté ou...
M. Jacoby: Vous savez, quand il s'agit de dossiers qui se
règlent à certains niveaux, des cas individuels, avec des
fonctionnaires ou des professionnels d'un certain niveau, d'une manière
générale, il n'y a pas ni plus ni moins de problèmes que
dans les autres organisations gouvernementales. Mais dès qu'un dossier
prend une allure telle qu'il remet en cause des politiques du conseil
d'administration ou de la haute direction, on dirait que la culture
organisationnelle change, plus elle s'élève dans les cimes, ce
qui fait que des dossiers comme celui des aléas de la vie, qui est une
politique décidée par le conseil d'administration, il est
très difficile de le régler. La preuve, c'est qu'on ne l'a pas
réglé encore, puis même que... Puis, d'autres choses
comme...
Vous savez, une compagnie d'assurances... Je vous donne un exemple. Dans
le dossier spécial, il y a l'exemple des trimotos. Ça n'a l'air
de rien, mais c'est un bel exemple où on voit la différence entre
une compagnie d'assurances et un organisme d'État. Les trimotos. En
1987, la Société a décidé de changer la couverture
d'assurance sur les trimotos, enfin, tous ces véhicules-là. Il y
a eu une publication dans la Gazette officielle. Par la suite, il y a eu
des victimes. Des conducteurs, des propriétaires, des tiers se sont
adressés à la Société pour se faire indemniser. Ils
étaient couverts. La Société leur a répondu: Vous
n'êtes plus couverts. Ah non, on n'est plus couverts? Pourquoi on n'est
plus couverts? Vous n'êtes plus couverts, parce qu'on a changé le
règlement. Il a été publié dans la Gazette, puis ce
n'est plus notre problème. (17 h 30)
Voilà une réalité. Une compagnie d'assurances
privée, quand elle change la couverture de son contractant, elle, elle
va aviser son contractant, son bénéficiaire. Alors, je dirais
que... Même, dans certains cas, c'est pire qu'une compagnie d'assurances
privée. Ça, c'est des choses qui sont même pires que le
secteur privé. On se satisfait par le jeu du légalisme.
Ça, c'est un autre problème dans l'administration, au
Québec comme ailleurs. Le légalisme... On a rempli les
formalités prévues par la loi, mais on oublie derrière
tout ça qu'il y a du monde. On sait très bien que la Gazette
officielle, qui lit ça? Les initiés.
M. Gautrin: Et encore.
M. Jacoby: ...et encore. Des initiés. C'était
déjà un pas dans la bonne direction que d'adopter une loi sur les
textes réglementaires pour au moins obliger la prépublication
d'un règlement pour permettre aux intéressés de se
faire... Mais encore faut-il qu'il y ait des intéressés. Il n'y a
pas d'association véritable qui représente les victimes
d'accidents d'automobile là, il y a un problème
énorme alors qu'on en a au niveau des accidentés du
travail. Eux, ils suivent ça de plus près, leurs affaires.
Alors, qu'est-ce qui arrive? Tout le monde est isolé dans un
système comme ça. Le règlement passe, personne ne le voit,
personne ne peut contester. Je suis sûr que, même à
l'Assemblée nationale, on ne le voit pas, des fois, il y en a tellement.
Bon, ça va comme ça. Et alors, on nous répond
après: Non, la formalité a été remplie, on a
respecté la loi de la justice et tout ça, et vous, cher monsieur
ou chère madame, vous ne serez pas indemnisé, on a changé
le règlement. Ça, j'appelle ça un comportement abusif,
c'est de l'abus d'autorité. On ne peut pas se camoufler
éternellement derrière des prescriptions légales pour ne
pas assumer les responsabilités qui nous sont données en vertu
des lois et qu'on peut se permettre d'oublier, par exemple, des choses aussi
fondamentales que la Loi sur la fonction publique parce que, à ce
que je sache, la Loi sur la fonction publique s'applique à tous les
fonctionnaires qui dit en toutes lettres qu'un fonctionnaire doit, dans
ses décisions et ses attitudes, se comporter dans l'intérêt
public, faire preuve d'impartialité, agir avec compétence,
traiter le citoyen avec les égards qui lui sont dus. Pour moi, un
exemple comme l'exemple des trimotos, on a beau dire qu'on a rempli la
Gazette officielle, pour moi, ça ne fait que du papier. On ne
s'est pas comporté envers une personne avec les égards qui lui
sont dus. Celui qui était assuré pour son trimoto ou son 4 roues,
il a payé, lui, pour ça, c'est un client. Mais un comportement
comme ça démontre que ce ne sont pas des clients.
M. Garon: Quand vous dites, dans votre rapport 1991-1992, un
point...
Le Président (M. Dauphin): Dernière question, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Allez-y, dernière
question.
M. Garon: «l'illégalité de certaines
décisions en vertu desquelles la société a retenu sur le
capital représentatif d'une rente versée à une victime, un
pourcentage de 25 % pour tenir compte des aléas de la vie.»
M. Jacoby: Oui.
M. Garon: quand vous dites «l'illégalité de
certaines décisions» et les «25 % pour les aléas de
la vie»...
M. Jacoby: Oui.
M. Garon: ...comment on fonctionne par rapport à ça
et par rapport à l'entreprise privée pour les aléas de la
vie? Pourquoi ces décisions-là sont-elles illégales?
M. Jacoby: Parce que, dans ces dossiers-là, les
aléas de la vie, il s'agit de dispositions de la loi qui ont permis
à certaines victimes de remplacer, de faire remplacer leur
indemnité de remplacement de revenu par une rente capitalisée. La
Société a établi tout un programme pour ceux qui
désiraient se prévaloir de ce montant-là, d'autant plus
que ça pouvait favoriser, pour des personnes qui souffraient de certains
types d'incapacités, une réinsertion sur le marché du
travail en entrepreneurial, leur permettre d'ouvrir des commerces et ainsi de
suite. Lorsque la Société a mis sur pied ce programme, elle a
décidé de dire: Les aléas de la vie, vous savez, en droit,
ça veut dire quoi? Ça veut dire que, en droit, si vous avez droit
à une rente, c'est calculé sur une base actuarielle
jusqu'à tel âge, mais les aléas de la vie font en sorte
que, en même temps, vous pouvez mourir, vous pouvez être malade,
vous pouvez être ci, vous pouvez disparaître et ainsi de suite. Ce
qui fait que, autrefois, les tribunaux disaient: On va couper un certain
montant dans les compensations dommages-intérêts pour les
aléas de la vie. Bon. La Société a appliqué
ça. Et ce qu'elle a fait, elle l'a appliqué à toutes ces
personnes-là, et, par la suite, il y a eu une contestation devant la
Commission des affaires sociales. La Commission des affaires sociales est
allée dire, dans ce cas particulier et ce n'est pas le Protecteur
du citoyen qui l'a dit que leur méthode actuarielle était
arbitraire et illégale.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Alors, j'ai 3
dernières demandes d'intervention. Ensuite de ça, nous
procéderons à la vérification des engagements financiers
du Protecteur du citoyen. Alors, 3 dernières. Brièvement, pour
que les 3 puissent passer: Verdun, ensuite Anjou...
M. Gautrin: Est-ce que le député d'Anjou devait
partir? Si vous voulez partir, moi je suis prêt à ne pas
respecter... S'il doit partir, je...
M. Bélanger (Anjou): Merci.
Le Président (M. Dauphin): Ensuite, nous terminerons avec
le député de Hull. Donc, Anjou, Verdun et Hull, et, ensuite de
ça, on passe à la vérification des engagements financiers.
M. le député d'Anjou.
Cumul des fonctions de ministre de la Justice et de
Procureur général
M. Bélanger (Anjou): Merci, M. le député de
Verdun. Me Jacoby, je voulais avoir vos impressions relativement à une
déclaration, une réflexion, disons, qui a été
publiée récemment par le ministère de la Justice, par le
ministre de la Justice lui-même, relativement au poste de Procureur
général du Québec. Je ne sais pas si vous avez eu
connaissance que le Procureur général du Québec se
demandait s'il ne serait pas souhaitable de séparer la fonction de
ministre de la Justice de celle de Procureur général du
Québec. Il demandait s'il ne serait pas préférable que le
Procureur général, finalement, soit une personne
indépendante, un genre de fonctionnaire qui serait nommé par
l'Assemblée nationale et qui ne serait pas, à ce
moment-là, membre d'un parti politique. Que pensez-vous à
propos... Quelles seraient vos premières réflexions relativement
à cette position-là?
M. Jacoby: Moi, je pense que, pour avoir... Là, je vais
vous répondre comme Protecteur du citoyen, mais aussi parce que j'ai
été sous-ministre de la Justice et sous-Procureur
général. Je pense que le fait de cumuler la fonction de Procureur
général et de ministre de la Justice empêche de faire avec
efficacité le travail de ministre de la Justice, parce que, ne serait-ce
qu'en matière de réforme, en matière de ci, en
matière de ça, ce que moi j'ai pu constater lorsque
j'étais sous-ministre, c'est que, quand il y a des causes qui sont
devant les tribunaux, tu ne peux pas parler, tu ne peux rien faire. Ça,
je trouve ça malsain pour la démocratie, puis, pour moi, un
poursuivant, celui qui est là pour faire respecter les lois du
Québec, c'est une personne qui, finalement, est un applicateur de loi.
C'est très important, ça aussi, mais ça ne permet pas
à la fonction justice, à mon point de vue, d'être
exploitée au maximum. Et il y a bien des modèles à travers
le monde, il y a bien des modèles. Dans certains cas, c'est vraiment
dissocié, la fonction: avoir un ministre qui joue le rôle de
ministre de la Justice et un ministre qui joue le rôle de Procureur
général. Et là, les choses sont plus claires, même
s'il y a des choses qui se rejoignent. Il y a aussi la possibilité
d'avoir une administration qui est nommée suivant un processus qui fait
d'elle qu'elle est relativement indépendante, mais il ne faudrait pas
qu'elle soit complètement indépendante parce qu'il faut bien
que... Tout le monde doit répondre à quelqu'un ou de quelque
chose, hein?
Il y a différents modèles, et c'est assez amusant ce que
vous me dites là, parce que l'ombudsman de la Colombie-Britannique a
fait une étude sur cette question-là, il y a 2 ans, que j'ai
regardée et que je trouve très intéressante, où on
explique tous les modèles possibles et les problématiques entre
le rôle de ministre de la Justice et de Procureur général.
Moi, je pense que ça mériterait d'être examiné
à fond, cette question-là.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, Me Jacoby.
Merci, M. le député d'Anjou. M. le député de
Verdun.
Rôle du Protecteur du citoyen
M. Gautrin: Merci. M. le Protecteur du citoyen, dans votre
rapport, il y a 2 niveaux d'intervention. Vous faites rapport sur le moment
où vous tâchez de solutionner
des problèmes particuliers ou des plaintes que les citoyens vous
font.
Vous avez un deuxième rôle, et vous l'abordez
légèrement, qui est quand même et je vais le dire
dans des termes l'«éthicien» de la
société québécoise, c'est-à-dire celui qui
est responsable de maintenir un certain nombre de principes d'éthique
fondamentale. Vous le touchez, par exemple, au début de votre rapport,
lorsque vous touchez la pauvreté et où vous signalez, par
exemple, que des mesures gouvernementales, en ce qui touche, par exemple, le
fait que 2 personnes qui reçoivent le bien-être social ne peuvent
pas habiter ensemble, sont pénalisées si elles habitent ensemble.
Dans vos fonctions et dans la manière dont vous voyez vos fonctions,
cette fonction, ce rôle d'être, en quelque sorte, le responsable de
l'éthique face aux politiques gouvernementales, face aux lois que le
gouvernement ou le Parlement passe et de représenter, en quelque sorte,
le citoyen dans ce processus, quelle partie de votre temps ça va prendre
et comment vous concevez de l'exercer, comment vous vous voyez l'exercer dans
les années qui vont venir? C'est une fonction qui m'a l'air aussi
importante que la partie de traiter des plaintes, etc. et sur laquelle, bien
sûr, vous agissez, mais vous agissez, d'après moi, trop rarement
ou pas assez souvent. (17 h 40)
Le Président (M. Dauphin): Me Jacoby.
M. Jacoby: C'est sûr que le Protecteur du citoyen, de par
son mandat, de par la loi, a des fonctions qui se recoupent, des
responsabilités qui se recoupent. D'un côté, il est
là pour régler des cas individuels. Quand on règle un cas
individuel, on se pose 2 questions: L'acte reproché était-il
légal ou pas? Est-ce qu'il était raisonnable dans les
circonstances? Ce qui nous amène toujours quand nous avons le
temps, malheureusement, on n'a pas toujours le temps à nous poser
des questions sur la norme en vertu de laquelle le fonctionnaire applique la
décision et de très bien respecter la norme, la directive, la
politique, le règlement, la loi. Et, de fil en aiguille...
M. Gautrin: ...limité par rapport à la
légalité.
M. Jacoby: Exactement. Ce que nous, nous appelons, dans notre
jargon, au bureau du Protecteur du citoyen, la
«raisonnabilité» et l'opportunité, ce qui rejoint les
valeurs d'éthique parce que, dans le fond, toute la question, c'est des
conflits de valeurs et qu'il faut trouver les valeurs... C'est comme en
bioéthique.
Bon. Alors, ça c'est un rôle que moi et mes
prédécesseurs ont toujours voulu développer, sauf que,
faute de temps et de ressources, on n'a pas pu le faire.
Cependant, chez nous, on a changé nos façons de faire
depuis quelque temps, ce qui nous permet maintenant d'aller plus loin dans ce
rôle-là. Moi, je pense qu'il ne sert à rien qu'un
protecteur du citoyen se limite à régler des cas individuels. Je
pense qu'un protecteur du citoyen doit, comme institution, pour la
défense des droits, utiliser des approches que j'appellerais des
approches systémiques, parce que, dans le fond, vous savez, quand on
reçoit des plaintes et des plaintes et qu'on les règle et qu'on
les règle, mais qu'on... Au point de vue statistique, ça fait
beau, hein? Plainte fondée, plainte fondée, plainte
fondée. Je me dis, par ailleurs, que ça n'a pas de bon sens parce
que, qu'est-ce qu'on fait si on ne fait que ça? Alors, ce que nous
faisons, c'est que nous avons décidé d'une manière plus
systématique d'aller aux sources des problèmes et, bien
sûr, là, c'est là que la difficulté commence. Quand
on identifie les sources de problème, c'est une politique
administrative, un règlement, une loi, là, on touche
véritablement à des décisions prises à des niveaux
plus élevés. Dans certains cas, il n'y a pas de problème
et dans d'autres cas, il y a des problèmes.
Mais, ceci étant dit, moi je pense que le Protecteur du citoyen,
idéalement, devrait disparaître, puis, idéalement, il
devrait voir le moins de plaintes possible, mais, pour ça, il faut
véritablement qu'il développe ce que j'appelle l'approche
préventive. Quand nous intervenons sur des politiques administratives,
sur des projets de loi déposés ou des projets de loi qui ont
été adoptés et on se rend compte à un moment
donné que ça ne marche pas, je pense qu'il faut
véritablement jouer ce rôle-là. Parce que, moi, je sais une
chose, c'est que, dans l'application des lois... Vous savez, la
démocratie n'a pas atteint la bureaucratie. La démocratie
politique, elle existe depuis quelques siècles dans nos
sociétés, sauf une chose, c'est qu'on ne peut pas parler de
démocratie bureaucratique. Je pourrais même dire, sur le plan
institutionnel, qu'il y a de l'antidémocratie, au niveau bureaucratique.
C'est...
M. Gautrin: ...bureaucratie et démocratie.
M. Jacoby: Pour moi, il ne doit pas y en avoir et on peut changer
tout ça très facilement. Je vais vous expliquer une chose. Quand
une loi est adoptée, il y a une responsabilité politique qui est
là, il y a un ministre, des députés qui sont là, il
y a l'Opposition. Tout le monde joue son jeu là-dedans, et on peut la
critiquer, on peut faire ci, on peut faire ça. Le citoyen a encore un
certain contrôle... a un contrôle sur les lois. Bon. Il y a des
distorsions dans tout ça, mais, ça, ça fait partie de la
«game», comme dirait Bossuet.
Au niveau des règlements, les élus ont aussi un certain
contrôle parce que, s'ils avaient le temps de lire la Gazette
officielle... En tout cas... Mais, tout ça, là, ce n'est
qu'une partie de la vie d'une loi. Il n'y a pas un programme gouvernemental qui
n'est pas appliqué autrement que par des décisions de
fonctionnaires qui n'ont de compte à rendre à personne. Et moi,
ce que j'ai pu constater, autant lorsque j'étais dans la fonction
publique qu'aujourd'hui, il faut toujours être très vigilant,
c'est que l'administration a toujours et c'est de bonne foi
tendance à adopter des mesures administratives, des politiques
administratives, des manuels d'opération pour sa propre
commodité. Et, ça, ça transpire dans les
bureaucraties modernes. En d'autres termes, il n'y a plus personne qui a
un contrôle sur l'application d'une loi par le jeu de la
démocratie normale. Qu'est-ce qu'il reste? Il reste les tribunaux, il
reste des institutions comme le Protecteur du citoyen, il reste les bureaux de
députés, mais la vraie vie d'une loi, ça commence par
l'ensemble des directives administratives qui découlent de politiques
administratives, qui elles-mêmes découlent de ce que j'appellerais
l'intention du législateur qu'on interprète souvent comme on
peut. Et puis, après ça, ça descend un peu plus bas avec
des directives d'interprétation, des directives d'application. Ça
descend plus bas avec des manuels d'opération, où, en plus, on ne
permet pas au fonctionnaire de première ligne d'utiliser sa tête.
On lui dit: En cas de doute, adresse-toi à ton boss. Bon. C'est un
système qui est tout poigne ensemble, comme dirait l'autre. C'est un
système sur lequel on n'a aucun contrôle. Les seuls qui peuvent
entrer là-dedans d'une manière systématique pour remettre
en cause des normes administratives et on en trouve souvent des
illégales ou des déraisonnables c'est, à
l'occasion, le Vérificateur général ou le Protecteur du
citoyen, grâce à ses pouvoirs d'enquête.
Parce qu'un homme politique ou une femme politique n'a pas le temps
d'aller étudier tout ça, et c'est normal. Et je pense qu'il y a
des institutions qui permettent ça. Alors, moi, ce que je dis, c'est
que, dans le fond, là, on manque beaucoup de démocratie avec les
bureaucraties. Ce n'est pas seulement au Québec. C'est dans toutes les
bureaucraties modernes, qui ont beaucoup de difficultés à
appliquer les principes de transparence de l'État. La transparence de
l'État, c'est un phénomène absolument fondamental. La
motivation des décisions rendues par l'administration, ça,
ça fait partie de la transparence. Mais encore faut-il que la motivation
soit claire. Dès qu'elle n'est plus claire, ça tombe dans
l'opacité. La consultation. Pourquoi les politiciens consultent-ils du
monde avant de faire des interventions ou faire des projets de loi? Est-ce que
les fonctionnaires, dans une administration, lorsqu'ils élaborent les
politiques administratives pour la mise en oeuvre de la loi, vont consulter les
usagers ou les bénéficiaires pour savoir si, à
première vue, ce n'est pas exagéré? Il y a toutes sortes
de phénomènes qu'on ne trouve pas dans la bureaucratie.
Là, je pourrais parler pendant des semaines.
Le Président (M. Dauphin): C'est extrêmement
intéressant. Malheureusement, nous avons des contraintes de temps. M. le
député de Hull, voulez-vous toujours poser votre question?
M. LeSage: M. le Président, je suggère qu'on
procède aux vérifications, il ne reste que 10 minutes.
Le Président (M. Dauphin): Alors, en parlant de Gazette
officielle, savez-vous ça, M. le député de
Lévis, que l'embouteillage du lait a été
déréglementé? J'ai lu ça hier dans la Gazette
officielle. Il est permis maintenant, au Québec, d'embouteiller le
lait dans des contenants de plastique. Il va être permis,
évidemment, à l'expiration du délai. Mais, à titre
d'exemple, on n'a jamais vu ça nulle part, mais c'était dans la
Gazette.
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Oui.
(17 h 50)
M. Garon: J'aimerais ça, faire une motion. Je ne sais pas
si elle sera secondée par le député de Verdun. C'est que,
3 heures, c'est court pour entendre le Protecteur du citoyen. Et si on pouvait
l'entendre plus longtemps... C'est court, 3 heures. On vote des lois au
Parlement. Je pense que tout le monde est bien intentionné quand il fait
une loi. On ne fait pas une loi, puis qu'on est mal intentionné,
j'imagine! Eux vivent l'application de cette loi, par après.
M. Gautrin: Compte tenu du temps, pouvez-vous faire votre motion
courte?
M. Garon: Bien, moi, je pense que ce serait bon qu'on puisse
parler plus longuement parce que, dans le fond, quand on fait une loi, la
façon de faire une loi, puis d'adopter une loi, puis de critiquer une
loi pour qu'elle soit mieux faite, au fond, on a une grande expérience
à prendre du Protecteur du citoyen qui, lui, vérifie comment elle
est appliquée après. Et il me semble que, 3 heures par
année, c'est trop court pour entendre le Protecteur du citoyen. Moi, je
proposerais qu'on en fasse un voeu de la commission.
Le Président (M. Dauphin): Je comprends très bien
votre point.
M. Gautrin: Si M. le député de Lévis faisait
le voeu suivant: c'est que la commission, après avoir
siégé pendant 3 heures, souhaiterait pouvoir être
convoquée à nouveau pour réentendre, poursuivre la
discussion avec le...
Le Président (M. Dauphin): Protecteur.
M. Gautrin: ...Protecteur du citoyen. Et, si le
député de Lévis faisait cette proposition, ça
ferait me plaisir que... Moi, je...
M. Garon: Faisons-la conjointement.
M. Gautrin: Faisons-la donc conjointement. Est-ce que ça
se fait des propositions conjointes en termes de...
Le Président (M. Dauphin): Oui, oui, la commission peut
proposer des résolutions. Il n'y a rien qui empêche ça.
M. Garon: Conjointement, le député de...
M. Gautrin: Faisons donc conjointement la
proposition qu'on souhaiterait pouvoir continuer cette discussion. Au
terme des 3 heures, nous aurions souhaité...
Le Président (M. Dauphin): On peut même la publier
dans la Gazette officielle, si vous voulez.
M. Gautrin: Non, non, pas pour la publier, mais simplement comme
demande à nos leaders. Que la commission demande aux leaders
d'être convoquée à nouveau pour pouvoir continuer à
échanger avec le Protecteur du citoyen.
Une voix: Mais pas avant le 15 août.
M. Gautrin: Bien ça, les détails, c'est entre... en
fonction des...
Le Président (M. Dauphin): Non, mais c'est... Vous avez un
excellent point, effectivement. Trois heures, c'est court. Étant
donné le nombre de sujets que nous pouvons aborder, le délai est
quand même très court. Alors, sur ce...
M. Gautrin: Est-ce que vous voulez la proposition?
Motion proposant d'entendre à nouveau le
Protecteur du citoyen
Le Président (M. Dauphin): Oui.
M. Gautrin: Est-ce qu'elle est adoptée?
Le Président (M. Dauphin): Oui, elle est receva-ble et
elle est adoptée, je pense, à l'unanimité.
M. Garon: À l'unanimité.
Le Président (M. Dauphin): Alors, il s'agit de transmettre
ce message-là à nos leaders, à nos 2 leaders, les 2
formations politiques...
M. Gautrin: Vous voyez qu'on travaille ensemble.
Le Président (M. Dauphin): ...que, dorénavant...
Vous n'avez pas d'objection, M. le Protecteur du citoyen, de vous entretenir
avec les parlementaires plus longtemps que 3 heures? Je pense que vous appuyez
la motion aussi.
M. Jacoby: Ni l'institution ni le titulaire n'ont
d'objection.
Vérification des engagements financiers du
Protecteur du citoyen
Le Président (M. Dauphin): Alors, sur ce, j'aimerais... Je
crois que vous avez eu la possibilité de regarder les engagements
financiers d'avril 1991 à avril 1993. Est-ce qu'il y a des questions des
membres de cette commission quant aux engagements financiers? Non? Alors, s'il
n'y a pas de question, on va considérer les engagements... Oui, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Recours obligatoire au Conseil du trésor pour
certains virements
Mme Carrier-Perreault: Oui, disons que c'est la première
fois que je vois une note, au niveau des engagements financiers, je suis
dans... En tout cas, je voyais une note, là, par rapport à... Et
il semble qu'il a été nécessaire d'obtenir la permission
du Conseil du trésor pour effectuer un virement de fonds. Comment c'est
possible, ça? C'est parce qu'il n'y avait plus de fonds dans le compte
pour payer le compte de téléphone? Je voudrais comprendre le sens
de cette note-là?
M. Jacoby: De quel engagement financier parlez-vous?
Mme Carrier-Perreault: C'est... Moi, j'ai le troisième
mois 1992.
M. Jacoby: Le 3...
Mme Carrier-Perreault: C'est mai 1992 qui est écrit
dessus.
M. Jacoby: Mars 1992.
M. Gautrin: Ça ne peut pas être mai 1992, il n'y en
a pas.
Mme Carrier-Perreault: Bien, moi, j'ai ça ici,
là.
M. Gautrin: En mars, mars.
Une voix: Mai, c'est parce que, sur le dessus, c'est
marqué mai, mais c'est mars.
Mme Carrier-Perreault: Sur le dessus, c'est marqué mai.
J'essaie de vous dire ce qui est écrit sur le document. C'est inscrit
mai sur le document, mais c'est le troisième mois 1992.
M. Gautrin: C'est manuscrit, ça. Ce n'est pas dans
l'engagement financier.
Mme Carrier-Perreault: Non, c'est ça, mais je veux savoir
comment c'est possible que... C'est la première fois que je vois
ça, c'est pour ça.
M. Jacoby: Oui, les virements de crédits, il faut aller au
Conseil du trésor. C'est parce que, à la fin de l'année,
quand il reste des choses à payer et puis que...
Vous savez, les règles budgétaires font en sorte que, pour
faire des virements dans des supercatégories, là,
c'est-à-dire utiliser l'argent de fonctionnement pour l'argent de
salaire ou réciproquement, il faut passer par le Conseil du
trésor. Alors, il faut se faire autoriser par le Conseil du
trésor pour faire ça.
Mme Carrier-Perreault: Pour des changements d'enveloppe?
M. Jacoby: Non, pour transférer, par exemple, de l'argent
de salaire, à cause des gens qui sont... des postes qui ne sont pas
remplis, il peut rester des surplus à la fin de l'année. En
même temps, on a des dettes à payer, comme la
téléphonie, parce que ça nous coûte plus cher que
prévu, alors, on va au Conseil du trésor pour autoriser le
transfert des 35 000 $, par exemple, qu'il nous reste au niveau des salaires
pour payer nos comptes de téléphonie. Ça, il faut que
j'aille au Trésor pour ça.
Mme Carrier-Perreault: Est-ce qu'il y a un montant limite?
Habituellement, est-ce que vous pouvez... Il faut automatiquement passer par le
Conseil du trésor?
M. Jacoby: Automatiquement. Pour ce qui est des virements de ce
qu'on appelle supercatégories, je suis encore obligé d'aller au
Conseil du trésor. Pour les virements entre catégories, ça
se fait à l'interne.
Une voix: C'est la Loi sur l'administration
financière.
Mme Carrier-Perreault: O.K. Je vous remercie.
M. Gautrin: Est-ce qu'on peut faire une motion, M. le
Président, de vérifier globalement l'ensemble des engagements
financiers?
Le Président (M. Dauphin): C'est ce que je m'en allais
faire, d'ailleurs.
M. Gautrin: Merci.
Avril 1991 à avril 1993
Le Président (M. Dauphin): Alors, s'il n'y a pas d'autre
question, est-ce que les engagements financiers d'avril 1991 à avril
1993 sont considérés comme étant
vérifiés?
Des voix: Vérifié.
Le Président (M. Dauphin): Vérifié. Alors,
en terminant, Me Jacoby, Protecteur du citoyen, on aimerait vous remercier
d'avoir participé à nos travaux d'aujourd'hui.
Considérez-vous comme entendu aux fins du règlement de
l'Assemblée nationale. Et nous vous souhaitons un bel été,
ainsi qu'à vos collaborateurs et collaboratrices.
M. Jacoby: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Alors, la commission des
institutions, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 57)