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(Quinze heures vingt minutes)
Le Président (M. Dauphin): Le quorum étant
constaté, je déclare la séance de la commission des
institutions ouverte. Je vous rappelle le mandat de la commission, qui est de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi 93, Loi
modifiant le Code de procédure civile et la Charte des droits et
libertés de la personne, et de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 87, Loi modifiant la Loi sur l'aide
juridique.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Aucun remplacement, M. le
Président.
Projet de loi 93 Code de procédure
civile
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
Donc, hier soir, lorsque nous avons quitté cette salle, il
restait effectivement à faire l'étude détaillée du
projet de loi 93, plus spécifiquement l'article 5, qui avait
été suspendu. Alors, je crois, M. le ministre, que vous avez
on m'a informé un nouvel amendement concernant cet article
5 du projet de loi 93.
Modification du délai pour rendre jugement
(suite)
M. Rémillard: Alors, M. le Président, nous
aimerions retirer l'amendement déjà proposé et
présenter un nouvel amendement à l'article 5 du projet qui se
lirait comme suit:
À l'article 5 du projet de loi: 1 ° remplacer l'article 465
proposé par le suivant: «465. Dans toute affaire, de quelque
nature qu'elle soit, le jugement doit être rendu dans les six mois de sa
prise en délibéré. Toutefois, le juge en chef peut
prolonger ce délai. «Lorsque le juge saisi d'une affaire fait
défaut de rendre un jugement dans le délai de six mois ou, le cas
échéant, dans le délai tel que prolongé en vertu du
premier alinéa, le juge en chef peut, de lui-même ou sur
requête d'une des parties, dessaisir ce juge dans cette affaire et
ordonner que celle-ci soit confiée à un autre juge ou qu'elle
soit remise au rôle. «Avant de prolonger le délai ou de
dessaisir le juge qui a fait défaut de rendre jugement dans les
délais requis, le juge en chef doit tenir compte des circonstances et de
l'intérêt des parties. «Le juge en chef ou, à sa
demande, le juge en chef associé exerce personnellement les attributions
conférées au juge en chef par le présent article.
«Dans la première semaine de chaque mois, le protonotaire doit
communiquer au juge en chef une liste des affaires de son district, de quelque
nature qu'elles soient, qui sont en délibéré depuis plus
de cinq mois.»; 2° remplacer le deuxième alinéa de
l'article 466 proposé par le suivant: «II doit disposer des
dépens, y compris ceux relatifs à l'enquête et audition
originales, en tenant compte des circonstances et peut, en outre, prendre toute
autre mesure qu'il considère juste et appropriée. Lorsque, pour
l'application du premier alinéa, les notes sténographiques
doivent être traduites, les frais de traduction sont assumés par
le gouvernement à moins que le juge n'en ordonne autrement, notamment
lorsque le recours est manifestement mal fondé, frivole ou
abusif.»
Alors, voilà, M. le Président, l'amendement que nous
proposons pour répondre aux questions que cette commission se posait sur
2 points majeurs. Tout d'abord, dans la question de savoir si le juge en chef,
décidant qu'une cause ayant pris un délibéré trop
long, doit changer de juge et si, à ce moment-là, ça
pourrait se faire sans que on le mentionnait hier les parties
puissent être d'accord avec la décision du juge en chef, bon,
etc., on avait dit hier que c'était théorique, mais, pour plus de
sécurité, M. le Président, nous avons voulu, donc, ajouter
une disposition qui se réfère directement à
l'intérêt des parties.
D'autre part, nous avons enlevé le mot
«exceptionnelles», de dire que le juge en chef pouvait
décider de prolonger le délai de 6 mois dans des circonstances
exceptionnelles. Le mot «exceptionnelles» était
peut-être trop restrictif. Alors, on l'a enlevé, M. le
Président, pour donner plus de latitude en fonction des
intérêts des parties. Ça ne signifie pas que la
règle du 6 mois est atténuée. Loin de là, elle est
toujours là. C'est le principe. Cependant, dans l'intérêt
des parties, il appartiendra au juge en chef de décider s'il donne un
délai prolongé ou s'il demande au juge de se départir de
ce dossier. Quoique, M. le Président, peut-être que je peux me
permettre de vous proposer que l'on puisse régler ce premier aspect,
parler sur ce premier aspect de l'amendement, et, ensuite, on pourrait parler
en ce qui regarde les dépens.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. Merci, M. le
ministre.
Juste avant de reconnaître d'autres membres de la commission, il
nous faut, dans un premier temps, retirer l'amendement d'hier, comme vous
l'avez mentionné, mais ça prend le consentement de tous les
membres de la commission puisqu'il avait été adopté, cet
amendement, hier. Donc, l'amendement est retiré avec le consentement des
membres de la commission.
M. Bélanger (Anjou): Consentement.
Le Président (M. Dauphin): Ça me prend aussi le
consentement des membres de la commission pour rouvrir le 465 de l'article 5
puisque 465 avait été adopté tel qu'amendé. Donc,
j'ai le consentement des membres...
M. Bélanger (Anjou): Consentement. Le Président
(M. Dauphin): ...pour rouvrir 465. Document déposé
Troisièmement, je vais autoriser le dépôt d'un
document qui vient corriger, remplacer le document d'hier concernant
l'état de situation provinciale du nombre de causes prises en
délibéré depuis plus de 180 jours, auquel cas je crois que
tous les membres de la commission ont un exemplaire dudit document qui vient
corriger ou remplacer, plutôt, celui d'hier. Alors, M. le ministre,
merci.
Je crois que monsieur...
M. Rémillard: Me permettez-vous juste une petite
remarque?
Le Président (M. Dauphin): Oui.
M. Rémillard: C'est en fonction du tableau. Parce que,
quand on avait présenté le tableau hier, il y avait eu des
remarques du député d'Anjou. Il a dit: Coudon! Au
SaguenayLac-Saint-Jean, qu'est-ce qui se passe? Moi, j'avais même
pensé à un juge qui était tombé en bas d'une
échelle. Il devait déjà être en congé de
maladie. Peut-être c'est comme ça qu'on peut expliquer, parce que
connaissant la qualité... On s'aperçoit, M. le Président,
que c'était une erreur informatique et que, de fait, c'est 0-0, donc, il
n'y a pas de causes qui ont déposé les 6 mois, malgré les
mésaventures qui sont arrivées à certains juges, qui sont
maintenant au travail et qui sont toujours d'excellents juges, je dois dire.
Alors, je voulais faire cette précision-là...
Le Président (M. Dauphin): D'accord, M. le ministre.
M. Rémillard: ...M. le Président. Très
heureux de constater qu'il y a eu erreur.
Le Président (M. Dauphin): Donc, la réputation de
ce district judiciaire est rétablie. Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Elle n'a jamais été
touchée, mais nos explications n'étaient pas pertinentes
puisqu'il n'y avait pas de problème.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Alors, sur
l'amendement, le nouvel amendement à l'article 5, M. le
député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, je partage la
satisfaction du ministre de considérer qu'il n'y a plus de péril
en la demeure au SaguenayLac-Saint-Jean. Tout va bien. Alors, je
félicite même le juge de s'être rétabli si
rapidement, de ne pas être en retard dans la rédaction de ses
jugements. Cependant, ça met en lumière quelque chose d'encore
plus frappant qu'hier, c'est-à-dire que, finalement, on
légifère le délai de 6 mois maintenant dont on
parle dans tout ce projet de loi pour 57 dossiers de la Cour du
Québec puis 26 dossiers de la Cour supérieure. On applique
maintenant une nouvelle norme dans toutes les cours de juridiction du
Québec pour moins de 100 dossiers, alors que le problème, on le
voit, là, on le voit d'une façon claire, claire, claire, c'est
Montréal, c'est uniquement à peu près Montréal. Le
problème de retard des jugements est à Montréal à
la Cour du Québec et en Cour supérieure. Ça me... Je ne
sais pas...
M. Rémillard: Peut-être qu'on pourrait faire des
nuances, M. le Président, voir d'autres tableaux, dans le sens que c'est
vrai qu'à Montréal, étant donné le grand nombre de
causes, il peut y avoir plus de problèmes. Mais disons que, avant que ce
problème ne fasse surface dans les médias, il y a maintenant
quelques mois, peut-être que la situation pouvait être autre, d'une
certaine façon. Je pense que les juges en chef, depuis maintenant 2 ans,
ont agi d'une façon très efficace, mais ils nous disent: Pour
continuer à agir, on a besoin d'avoir un support législatif, que
le principe soit établi. Il ne s'agit pas simplement de
l'autorité du juge en chef, qui peut varier, mais qu'on se
réfère à une norme établie par le
législateur. Alors, c'est l'objet du projet de loi. Et j'insiste pour
dire, M. le Président, que c'est un projet de loi qui est fait en
relation avec les juges en chef, le Barreau, en fait, avec les principaux
intervenants.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. le député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Merci, M. le Président.
Pour revenir particulièrement au premier amendement qui est
proposé, c'est-à-dire l'amendement apporté à
l'article 465, je pense qu'il rencontre tout à fait les
préoccupations qu'on avait hier. La préoccupation que nous
avions, de part et d'autre, je pense, c'est concernant la décision du
juge en chef de soit donner le dossier à un second juge ou de
procéder à une nouvelle audition. Nous étions
préoccupés par le fait que les parties devaient être
entendues ou au moins que leurs préoccupations soient entendues, parce
que, évidemment, cette décision pouvait avoir des
répercussions pécuniaires assez importantes. Or, quant à
moi, en tout cas, cet amendement me satisfait complètement, et je pense
que je suis disposé à l'adopter.
Maintenant, il y a la deuxième partie. On va faire le
débat sur la deuxième partie.
Le Président (M. Dauphin): Oui, la deuxième
partie de l'amendement. (15 h 30)
M. Rémillard: Alors, M. le Président, quant
à la deuxième partie, il s'agit maintenant de disposer des
dépens. Alors, nous avons dit hier que le juge en chef avait la latitude
pour disposer des dépens en tenant compte des circonstances. On a
ajouté: «et peut, en outre, prendre toute autre mesure qu'il
considère juste et appropriée». Alors, à partir de
ces phrases-là, pour nous, selon l'interprétation des
légistes et de la façon que nous l'avons vu en travaillant ces
textes avec, aussi, les juges en chef et en recevant leurs commentaires,
ça leur donnait toute la latitude pour pouvoir déterminer si,
dans certains cas... Par exemple, tout ce qui regarde les dépens
lorsqu'un dossier change de main au niveau d'un juge et les conséquences
que ça peut avoir au point de vue d'autres auditions
complémentaires, ou si on a besoin d'auditions, ou en ce qui regarde des
notes sténo-graphiques, qui sont nécessaires, on a dit que
c'était couvert par la phrase.
Cependant, cette commission, M. le Président, a mentionné
qu'elle aimerait avoir des précisions quant à certains frais qui
apparaissent comme particulièrement évidents et qui ne peuvent
pas être à la charge des parties qui doivent avoir un nouveau juge
dans leur dossier. C'est comme ça qu'on est arrivés à la
décision de proposer cet amendement à la commission, qui dit que
les notes sténographiques doivent être traduites et les frais de
traduction sont assumés par le gouvernement, à moins que le juge
en ordonne autrement, notamment lorsque le recours est manifestement mal
fondé, frivole ou abusif. C'est dans ce contexte-là, donc, M. le
Président, que nous prévoyons les notes sténographiques.
Tous les autres frais, dépens, sont à la discrétion du
juge en chef, qui établit les circonstances et qui décide,
finalement, comment déterminer les dépens.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. le député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, nous, de
l'Opposition officielle, notre préoccupation par rapport à cette
disposition, c'est évidemment les répercussions
pécuniaires qui pourraient découler de la décision du juge
en chef de soit transférer le dossier à un autre juge ou de faire
en sorte que le jugement soit rendu sur la foi des notes
sténographiques. Pour nous, ce qui est complètement inadmissible,
et qui est inacceptable, c'est que les parties se retrouvent à assumer
des dépens additionnels dus à cette situation. Je ne comprends
pas pourquoi dans l'amendement je me pose la question on a
restreint les notes sténographiques. Pour moi, tous dépens
relatifs à la deuxième audition, ça ne devrait pas
être... La norme, la règle, c'est que ça ne devrait pas
être à la charge des parties. Je suis d'accord qu'on
réserve le droit au juge, quand il constate que c'est abusif, à
ce moment-là, de faire en sorte que les parties paient, mais, pour moi,
tous dépens, pas uniquement les notes sténographiques,
entendons-nous bien...
On pourrait dire que c'est académique, que, en grande partie, ces
dépens, ce seront des notes sténographiques, mais je peux vous
dire, pour l'avoir encore là vécu, que, dans une deuxième
audition, il y a des dépens considérables qui peuvent rentrer en
ligne de compte. On n'a qu'à penser aux témoins experts. Si, lors
d'une deuxième audition, on est obligés d'assigner des
témoins experts, c'est considérable comme frais. Si on est
obligés d'assigner des subpoenas pour des gens à
l'extérieur du Québec ou à l'extérieur de la
province de Québec, qui vont avoir à venir au deuxième
procès, c'est encore des dépens assez exceptionnels. Si on a
plusieurs journées d'audition, encore là, il y a des
dépens additionnels qui viennent se rajouter à ça. Donc,
pour moi, des dépens additionnels, ça ne doit pas être les
parties.
Il ne faut pas oublier que les parties... On pourrait peut-être
avoir la crainte que les parties vont vouloir profiter de cette
situation-là et obtenir une deuxième audition quand
l'opportunité va leur être donnée, mais je ne le crois pas.
Écoutez, quand les parties vont avoir déjà payé une
première fois leurs avocats pour un procès, pensez-vous qu'elles
vont être disposées facilement à payer une deuxième
fois leurs avocats pour refaire un autre procès? Je pense que, quand les
parties vont prendre cette décision-là, ça va être
vraiment dans des cas exceptionnels qu'elles vont prendre cette
décision-là. Déjà, les parties vont contribuer,
à ce moment-là, financièrement. Si elles prennent la
décision de faire un deuxième procès, elles vont payer
leurs avocats en double, carrément. Donc, est-ce que, en plus, on doit
leur mettre des dépens additionnels sur le dos? D'après moi,
c'est inadmissible, surtout quand on regarde le nombre de dossiers qui sont
impliqués. Dans la situation actuelle, c'est moins de 100 dossiers. Avec
cette nouvelle disposition là, ça va probablement diminuer
peut-être à une dizaine ou une vingtaine de dossiers. Donc, une
dizaine ou une vingtaine de dossiers, ça représente quoi les
dépens là-dessus?
Je pense que, comme principe, ça doit être encore une fois
répété: Les dépens occasionnés par une
deuxième audition, comme je le dis ça n'a rien à
voir avec les dépens de la première audition le principe,
ça doit être et tous les dépens, pas uniquement les
notes sténographiques qu'ils soient à la charge du
gouvernement, à moins que le juge ne détermine que le recours est
manifestement mal fondé, frivole ou abusif. Pour moi, je pense que c'est
fondamental, cette distinction-là.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, d'abord, je
dois dire que je participe entièrement aux préoccupations
premières du député d'Anjou, en disant qu'il ne faut pas
que les parties puissent faire les frais d'un défaut d'un juge de rendre
un jugement dans les délais impartis. Alors, au départ, on part
du même principe. Reste à voir comment on l'applique.
Le Protecteur du citoyen nous dit qu'on doit
prévoir le cas de la traduction des notes
sténographi-ques. Il ne va pas plus loin que ça. Pourquoi? Parce
que le danger est toujours présent, M. le Président, que les
parties pourraient se servir, ou une des parties pourrait se servir d'un
nouveau procès pour faire une nouvelle preuve, demander des
compléments ou refaire le procès. La tentation serait tellement
forte qu'on nous dit: À ce moment-là, laissez le juge en chef
l'apprécier. C'est le juge en chef qui apprécie les
circonstances, parce que, comprenons bien, comme on l'a mentionné hier
en commission, que la distribution que nous avions, sans l'amendement qu'on
propose, donnait la latitude au juge en chef de déterminer même la
traduction des notes sténographiques. Il n'y a pas de problème
là-dessus; je pense qu'on s'entend. Là, on voulait quelque chose
de plus spécifique, et, comme le Protecteur du citoyen nous le propose,
on dit: Les notes sténographiques, obligatoirement, ça, ça
doit être traduit, et ce n'est pas aux frais des parties.
En ce qui regarde les autres dépens, on laisse la marge de
manoeuvre au juge en chef selon l'intérêt des parties, parce que
465, qu'on vient d'étudier, s'applique toujours dans le sens que ce sont
les intérêts des parties qui dominent toute la dialectique et la
décision prise par le juge en chef. Or, c'est pour faire en sorte, M. le
Président, qu'un avocat astucieux n'arrive pas à la situation de
dire: C'est très bien, on va demander un nouveau procès ou un
nouveau juge. Là, le nouveau juge, on va aller lui plaider, ensuite,
qu'il faut un complément de preuve, ou que la preuve qui a
été entendue par un témoin expert était visuelle et
qu'il faut la reprendre, ou qu'elle était écrite, mais maintenant
il va falloir ajouter le visuel. On peut penser à un ensemble de
circonstances qui pourraient faire en sorte qu'on pourrait abuser, au niveau
des parties, de cette situation-là.
Or, ce qu'on fait, c'est qu'on permet de faire ce que le
député d'Anjou demande, c'est-à-dire que les parties
n'aient pas à subir aucun déboursé occasionné par
une décision du juge en chef de dessaisir un juge d'une cause et de la
confier à un autre juge. C'est le principe. C'est là et c'est de
l'intérêt des parties. Ça fait partie, donc, du concept
d'intérêt des parties qui guide le juge en chef dans sa prise de
décision. Cependant, on ne veut pas le mettre directement. Le Protecteur
du citoyen ne nous le demande pas. Le Barreau ne le demande pas. Il n'y a pas
de demandes en ce sens-là parce qu'on est conscient qu'il pourrait y
avoir possibilité d'abus.
Alors, ce qu'on propose, finalement, dans cet amendement, M. le
Président, je crois que ça rencontre parfaitement la
préoccupation du député d'Anjou. Je le
répète, je concours à sa préoccupation, comme tous
les membres de cette commission, j'en suis convaincu, mais on considère
que le libellé que nous avons présentement satisfait cette
préoccupation-là.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. le député d'Anjou. (15 h 40)
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, pour les
dépens occasionnés, il y aurait peut-être une avenue qui
pourrait régler notre divergence, si on peut l'appeler ainsi, c'est de
prévoir moi, en tout cas, je serais tout à fait favorable
à un amendement dans ce sens-là que les dépens
relatifs à une deuxième audition soient à la charge de
l'État à moins que le juge n'en décide autrement. Donc, on
donne, à ce moment-là, toute latitude au juge d'en décider
autrement s'il considère que ça ne doit pas être
déchargé par le gouvernement.
Mais, je veux dire, je pense qu'il faut le mettre, que la règle,
c'est que... Il faut que ça soit très clair que les
dépens, tout dépens occasionné lors d'une deuxième
audition, la règle, c'est que ce n'est pas les parties qui doivent les
défrayer, mais on donne, on laisse l'opportunité au juge d'en
décider autrement. On ne met même pas de circonstances
exceptionnelles, on dit: À moins que le juge n'en décide
autrement. Alors, le juge aura, à ce moment-là, toute
liberté de pouvoir en décider autrement.
Pour moi, c'est un principe qui doit être réaffirmé
pour ne pas que ça apparaisse d'aucune façon, même si on le
sait que ce n'est pas notre intention, comme étant une
pénalité qui peut être imposée volontairement ou non
aux parties. Puis, pour moi, les dépens, je le répète, la
règle doit être que les dépens ne sont pas assumés
par les parties, mais on doit quand même laisser une latitude au juge
pour, justement, filtrer les dossiers, soit frivoles, ou toute circonstance
où il pourrait juger, à ce moment-là, que ça doit
être la partie qui a réclamé, justement, cette preuve
supplémentaire dont parle le ministre. À ce moment-là,
cette partie-là pourrait se voir octroyer les dépens
occasionnés par cette preuve supplémentaire.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, alors, M. le Président, on
essaie de voir le meilleur moyen d'en arriver à l'objectif, je pense,
que nous partageons tout le monde, sans aller trop loin non plus, sans causer
de problèmes administratifs, mais respectant le principe que les parties
n'ont pas à supporter les conséquences financières d'une
décision du juge en chef de dessaisir un de ses juges pour confier un
dossier à un autre juge parce qu'il aurait dépassé 6
mois.
Rappelons-nous un petit peu le processus. Pour qu'on prenne une bonne
décision, M. le Président, je pense que ça vaut la peine
de voir comment ça va se passer. Le juge prend sa décision
lorsque... À 5 mois, le protonotaire fait référence au
juge en chef. Là, le juge en chef le vérifie. Arrivent les 6
mois, et, soit de sa décision à lui, le juge en chef
lui-même, soit sur requête des parties, à ce
moment-là, il y a étude du dossier par le juge en chef, qui
étudie le cas. Il l'étudié en fonction d'un principe: les
intérêts des parties. C'est strictement ça qui le
guide.
Dans notre amendement à 465, on a enlevé le mot
«exceptionnelles». Donc, le juge en chef regarde
l'intérêt des parties, ce qui comprend évidemment l'aspect
du droit et ce qui comprend l'aspect matériel en ce qui re-
garde tout élément de coût qui pourrait survenir
à la suite d'une décision du juge en chef. Et là, le juge
en chef, entend, je suppose, les parties pour savoir: Qu'est-ce que vous
aimeriez avoir? Voulez-vous qu'on prenne encore quelque temps ou si vous voulez
qu'on donne ça à un nouveau juge? Ensuite, le juge en chef prend
sa décision en fonction de l'intérêt des parties.
Et là, nous, on dit: En ce qui regarde les dépens
maintenant, qu'est-ce qu'on fait? Moi, il me semble que l'intérêt
des parties est là comme principe pour prédominer toute
décision du juge en chef. Mais on dit d'une façon explicite,
comme le demandait le Protecteur du citoyen, en ce qui regarde la traduction
des notes sténo-graphiques, que c'est évident, ça, ce
n'est pas aux parties à payer. Mais, s'il y avait d'autres frais
occasionnés par un complément de preuve ou par une reprise, pas
une reprise, mais on répète la preuve, on redemande à un
témoin expert de revenir pour différentes raisons, on dit:
Qu'est-ce qui se passe dans un cas comme ça? Le juge en chef a la
latitude de décider que ces frais, par exemple, pourraient être
assumés par l'État. Il a la possibilité de le faire. Par
contre, M. le Président, le danger, si on le met expressément,
c'est que ça serve de moyen à une des parties pour faire des
preuves qu'elles n'ont pas faites dans une première instance, ou des
débuts de preuves commencées en première instance qu'elles
veulent continuer, ou différents mécanismes de plaidoirie qu'on
veut rajouter pour développer les points de vue plaides en
première instance.
Alors, c'est pour ça qu'on nous a dit: Protégez la
discrétion du juge en chef. C'est la recommandation que nous avons des
instances impliquées directement. Protégez la discrétion
du juge en chef. Là, avec l'amendement, on fait un pas de plus. On dit:
Oui, discrétion, qui est totale, à bien des égards, en
fonction de l'intérêt des parties, mais on dit, en ce qui regarde
les notes sténographiques, leur traduction, là, il n'y a pas de
discrétion, c'est marqué comme principe.
Alors, c'est pour ça, M. le Président, que, pour ma part,
jusqu'à preuve du contraire, il me semble que le libellé,
actuellement, correspond à l'objectif que nous poursuivons.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce qu'on pourrait suspendre pour
quelques minutes, M. le Président?
M. Rémillard: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Oui. Alors, nous suspendons
pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 46)
(Reprise à 15 h 49)
M. Bélanger (Anjou): M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Peut-être pour, encore, essayer
de dénouer le noeud. Le ministre m'a assez convaincu quant à la
discrétion dont peut jouir le juge quant aux dépens, à la
fois pour la première instance et la deuxième instance, mais
c'est quand je regarde la première phrase de l'amendement: «II
doit disposer des dépens bon, d'accord y compris ceux
relatifs à l'enquête et audition originales, en tenant compte des
circonstances et peut, en outre, prendre toute autre mesure qu'il
considère juste et appropriée.» Pour moi, ce n'est pas
clair quand on parle de «prendre toute autre mesure», qu'il peut
demander au gouvernement de les assumer. Parce que je ne suis pas sûr,
à moins que ça soit mentionné spécifiquement, que
le juge aurait cette discrétion-là, de demander au gouvernement
de les assumer. Alors, si on pouvait juste dire qu'«en outre»,
ça inclut le fait que le gouvernement peut les assumer, juste pour
m'assurer, justement, que c'est une des mesures que le juge peut avoir en
considération.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre. (15 h 50)
M. Rémillard: M. le Président, les légistes
me disent que c'est la façon de l'écrire pour ne pas tomber dans
l'application de la règle audi alteram partem et, par conséquent,
se retrouver devant des comparutions de l'État et tomber dans un
formalisme qui serait extrêmement lourd et compliqué. Donc, par
conséquent, ce qu'on nous dit, c'est que, ainsi, la discrétion du
juge en chef, elle est là, elle est assurée, et c'est
assuré, mais c'est rédigé de sorte qu'on recherche un
objectif qu'on atteint, avec ce libellé, tout en ne tombant pas dans des
situations, peut-être, plus difficiles sur le plan de la preuve, en
fonction de la responsabilité de l'Etat. Alors, c'est une technique de
rédaction législative. C'est ce qu'on me dit, M. le
Président, comme tel. Et, moi, de la façon... Toutes les
consultations qu'on a faites, on comprend que ça donne la latitude au
juge en chef de décider ce qu'il veut décider.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, je ne sais
pas si quelqu'un pourrait répondre à ma question, à
l'interrogation que j'avais, à savoir: Est-ce que le juge, dans sa
discrétion, a les pouvoirs de décréter que la
deuxième partie des dépens devra être assumée par le
gouvernement? Est-ce que c'est dans la discrétion d'un juge, ça,
de décider ça?
M. Rémillard: Ça peut être dans la
discrétion d'un juge...
M. Bélanger (Anjou): Si ce n'est pas indiqué...
M. Rémillard: ...fondé sur l'intérêt
des parties. C'est-à-dire que, s'il arrive à la conclusion que,
dans l'intérêt d'une partie, il faut qu'il y ait un nouveau
procès, par exemple...
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: ...qu'un juge ne peut pas continuer, il faut
qu'il y ait un nouveau procès parce qu'un juge a dépassé
ses 6 mois, mais qu'on ne voit pas... Peut-être qu'on a pris 3 mois,
à un moment donné, 8 mois, 9 mois, et, après, on
s'aperçoit qu'il ne rendra pas plus jugement parce qu'il est pris, il a
une incapacité quelconque. Alors, on dit: Oui, mais il va falloir
recommencer les éléments de preuve, parce que, là, vous
aviez des preuves avec maquettes, et visuelles, d'ingénieurs, d'experts,
etc., et, par conséquent, il faut reprendre tout ça et ça
va coûter des sous. Bien, le juge va avoir la discrétion de
pouvoir l'apprécier et de déterminer ce qui se passe en fonction
de l'intérêt des parties. Et la phrase qui est là lui
permet de prendre ces mesures.
M. Bélanger (Anjou): Mais est-ce qu'un juge a le pouvoir,
M. le Président, d'engager l'État, de dire: L'État va les
assumer. Parce que, normalement, un juge va dire: Chaque partie paie ses frais
ça, c'est courant ou les frais vont à la
demanderesse, ce qui est la norme quand une partie gagne un procès. Mais
est-ce qu'un juge peut décider: Le gouvernement assumera tous ces frais,
tous ces dépens? Il en a le pouvoir...
M. Rémillard: Oui, il a le pouvoir. On m'assure que...
M. Bélanger (Anjou): ...sans que ce soit
spécifiquement. ..
M. Rémillard: II a le pouvoir dans la mesure où il
mettra en cause l'État. Dans la mesure où il mettra en cause
l'État, il a le pouvoir.
M. Bélanger (Anjou): Où il mettra en cause
l'État, est-ce que vous pouvez être plus précis
là-dedans? Qu'est-ce qu'on entend par mettre en cause l'État? De
quelle façon...
M. Rémillard: Je peux demander à Me Pleau, si vous
le voulez, de nous donner un complément d'information.
Le Président (M. Dauphin): Me Yves Pleau.
M. Pleau (Yves): C'est que mettre en cause l'État... Si le
juge voulait, dans des circonstances exceptionnelles, reconnaître, au
niveau du paiement des dépens, des frais pour l'État, il faudrait
qu'il mette en cause l'État, à cause de la règle audi
alteram partem, pour que l'État se fasse entendre aussi, quand
même.
M. Bélanger (Anjou): On parle d'une procédure assez
lourde et assez exceptionnelle.
M. Pleau: Oui.
M. Rémillard: Si vous me permettez, on parle aussi de cas
exceptionnels. Alors, le processus n'est pas facile parce que c'est un cas
vraiment exceptionnel. Par contre, il est là et il est garanti par le
texte que nous avons. C'est ça qui est intéressant. C'est que
tout est là, tout est compris et tout est garanti.
M. Bélanger (Anjou): Parce que, là, dans le cas des
notes sténographiques, il n'y aura pas tout ce processus de mettre en
cause le gouvernement parce que la disposition prévoit
spécifiquement que le gouvernement va les prendre en charge. Pour les
dépens, mettre en cause le gouvernement chaque fois que le juge pourrait
considérer que les dépens de la deuxième instance
devraient être assumés par l'État, je pense que c'est quand
même... D'accord, c'est un recours qui existe, mais est-il utile?
M. Rémillard: C'est parce que... Ce que je vous disais
tout à l'heure, c'est qu'on nous met en garde.
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: On nous met en garde contre la
possibilité que l'une des parties, finalement, se retrouve à
vouloir refaire le procès une deuxième fois et fasse une preuve
qu'elle na pas faite au départ, plaide qu'elle doit compléter la
preuve, etc. Alors, on nous dit: Laissez le juge en chef apprécier les
circonstances en fonction on a enlevé le mot
«exceptionnelles» de l'intérêt des parties. On
nous dit: Attention, laissez le juge en chef décider. Dans des cas
exceptionnels, le juge en chef pourra mettre en cause l'État. Il
pourrait le faire dans les cas qu'il juge exceptionnels, mais, en ce qui
regarde la traduction des notes sténographiques, ça, c'est une
règle qu'on peut établir parce qu'il n'y a pas de
problème, il n'y a pas d'abus à ce niveau-là. L'abus
arrive lorsque vous parlez de la preuve.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, je voudrais
juste rappeler au ministre qu'il ne faut pas oublier que, en vertu de l'article
466 qu'on a adopté, il faudrait que le juge juge insuffisantes les notes
sténographiques pour permettre un autre moyen de preuve. Donc, il va y
avoir une appréciation qui va se faire au niveau du juge.
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger (Anjou): Donc, je ne crois pas.... En tout
cas, moi, je n'ai pas cette appréhension-là, qu'il y ait une
utilisation abusive de la part des parties de ce processus-là pour
demander un nouveau procès. Premièrement, on regarde le nombre de
causes qui sont en jeu, c'est minime. Je pense que le ministre en conviendra
avec moi. Deuxièmement, quand le juge va décidé si, oui ou
non, il y a notes sténographiques, si on se sert des notes
sténographiques pour le procès, si on permet d'autres preuves ou
on reprend le procès, il va y avoir une appréciation qui va se
faire. Alors, je pense que, justement, il faut faire confiance à nos
juges. Je pense
que le juge va prendre ça en considération. Moi, ce n'est
vraiment pas quelque chose qui me préoccupe.
M. Rémillard: On dit de faire confiance à nos
juges, et c'est exactement ce que nous faisons avec le juge en chef.
On me souligne ici, M. le Président, que, à l'article 466,
on dit bien que le juge en chef peut en tenir compte. N'oublions pas que ce
sont les avocats, les parties qui sont maîtres de la preuve. Alors, ce
sont eux qui peuvent demander au tribunal: Écoutez, en fonction de tel
objectif qu'on veut démontrer, voici la preuve qu'on veut
présenter au tribunal. Dans ce contexte-là, on nous dit: Soyez
prudents, faites attention. C'est comme ça qu'on se retrouve avec le
texte qu'on propose aujourd'hui. La traduction des notes
sténographiques, aucun problème, on le sait, c'est là et
il faut que ce soit assumé. On dit, à ce moment-là: Le
juge va en décider, ça ne sera pas aux frais des parties. Mais,
en ce qui regarde les autres éléments de preuve, dans les cas
exceptionnels le député d'Anjou dit les cas exceptionnels,
il a raison, ce sont des cas exceptionnels situations exceptionnelles,
le juge en chef pourrait décider que c'est l'État qui l'assume en
mettant en cause l'État.
Alors, toutes les possibilités sont là, mais on ne tombe
pas dans le piège de l'établir comme règle avec les
possibilités d'abus qui pourraient s'ensuivre. C'est
l'interprétation que je reçois des légistes. C'est
l'interprétation que nous recevons aussi, même, du Protecteur du
citoyen, qui demandait seulement les notes sténographiques.
M. Bélanger (Anjou): Peut-être que le Protecteur du
citoyen n'était pas allé aussi loin que nous dans sa
réflexion.
M. Rémillard: Ah! peut-être. Peut-être bien.
M. Bélanger (Anjou): Je ne suis pas prêt à... M.
Rémillard: II y a le Barreau aussi. M. Bélanger (Anjou):
Oui.
M. Rémillard: II y a le Barreau. Remarquez qu'on peut
aussi compléter l'étude du Barreau. Ce n'est pas ça que je
veux dire. On n'est pas lié, de toute façon, par ces opinions qui
nous sont communiquées par les organismes professionnels, mais ça
reste que ce sont des références importantes...
M. Bélanger (Anjou): Qui nous sont très utiles.
M. Rémillard: ...très utiles.
M. Bélanger (Anjou): C'est parce que je reviens
encore là-dessus moi, je ne vois pas le risque d'abus, justement,
puisqu'il y a une intervention du juge. Le juge n'est pas obligé de
permettre ce moyen de preuve additionnel. On parle de dépens, là,
on ne parle pas de tous les frais d'avocat, puis on ne parle pas de tous les
frais d'experts, parce que les parties qui vont comme requérir une
preuve supplémentaire vont devoir payer leur expert pour la
journée en cours, vont devoir l'assigner, vont devoir payer leur avocat
pour faire cette preuve-là. Donc, ce n'est pas tout ça qui serait
défrayé par l'État, mais uniquement la partie
dépens, telle que tarifée dans le tarif des honoraires
judiciaires.
M. Rémillard: J'aimerais que Me Pleau m'explique, explique
à la commission, peut-être, un autre aspect, M. le
Président, du problème que nous traitons présentement.
Le Président (M. Dauphin): Me Pleau.
M. Pleau: L'article 466, tel que proposé, en dehors de
l'amendement qu'on a devant nous, le premier paragraphe, on prévoit que
le juge peut, quant à la preuve et du consentement des parties, s'en
tenir à la traduction des notes sténographiques. En principe, en
principe, je dis bien, les parties devraient et le juge devrait procéder
à un nouveau procès en vertu du respect des règles audi
alteram partem. Là, on permet une nuance. On dit: Écoutez, il y a
déjà eu une audition, le juge est en retard ou il y a d'autres
raisons, il est malade, on remet ça au rôle. Si vous êtes
d'accord, servez-vous des notes sténographiques, puis présentez
ça au juge.
Mais les parties ont le choix, dans le fond, avec le juge. Elles
pourraient aussi bien demander au juge: On veut un nouveau procès avec
toutes preuves au complet et, nous, on n'a pas de contrôle sur ça.
Parce que, en principe, la règle audi alteram partem, le meilleur
résultat ou la meilleure application, c'est un nouveau procès
où le juge entend de nouveau la preuve au complet. (16 heures)
M. Rémillard: Et, pour compléter ces commentaires,
M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...on peut facilement imaginer, et le
député d'Anjou le comprendra dans sa pratique, comme le
député de Chapleau le comprendra aussi dans sa pratique... Il a
certainement, évidemment, vécu des situations où on
termine un procès en première instance, puis une des parties,
bien, sa preuve, ça n'a pas tellement bien marché. Nous autres,
ça a mieux marché, ou ça peut être vice versa. Puis
là on se retrouve, à un moment donné, avec un nouveau
procès. On dit: Aïe! Wo! Là, j'ai un nouveau procès.
Là, je vais me reprendre, puis là, ma preuve, je vais la refaire.
J'ai eu l'expérience d'un premier procès, ça n'a pas
marché, alors on va en fait venir un autre.
Vous savez, il y a tout ça à apprécier. Et c'est
pour ça que je me dis, moi: Faisons attention, là. Respectons le
principe, mais faisons donc confiance au juge en chef je reprends les
mots que le député d'Anjou
disait tout à l'heure et laissons-le prendre la
décision. On verra. De toute façon, si jamais on voyait que ce
projet de loi là, dans son application, causait un problème, M.
le Président, je pense que ce ne serait pas bien long qu'on changerait
les dispositions comme telles. Ce n'est pas un projet de loi contentieux dans
le sens qu'il soulève des problèmes d'interprétation
partisane. On sera là, mais faisons donc attention pour ne pas aller
trop loin. Je pense que ça serait plus facile de revenir et de
resserrer, d'une certaine façon, que, pour le moment, de limiter la
discrétion du juge en chef et d'aller trop loin. Moi, ce serait ma
recommandation à la commission, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, M. le
député d'Anjou?
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Alors, le nouvel amendement est
adopté.
Est-ce que l'article 465, tel qu'amendé, est adopté?
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. L'article 466,
tel qu'amendé, est adopté?
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Donc, par
conséquent, l'article 5 est adopté tel qu'amendé.
Est-ce que le titre du projet de loi est adopté?
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. M. le ministre,
je crois que vous avez une petite motion à nous présenter,
puisqu'on a modifié des...
M. Rémillard: Une motion de renumérotation, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que la motion de
renumérotation est adoptée?
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi, tel qu'amendé, est adopté?
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. C'est ce qui
termine l'étude du projet de loi 93.
Il nous reste un dernier projet de loi, le projet de loi 87, Loi
modifiant la Loi sur l'aide juridique. Voulez-vous qu'on suspende 1 ou 2
minutes?
M. Rémillard: Deux minutes, oui.
Le Président (M. Dauphin): Alors, on suspend 2
minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 3)
(Reprise à 16 h 8)
Projet de loi 87
Le Président (M. Dauphin): La commission des institutions
reprend ses travaux. Nous sommes à l'étude
détaillée du projet de loi 87.
M. le ministre, avez-vous des remarques préliminaires?
Remarques préliminaires M. Gil
Rémillard
M. Rémillard: M. le Président, vous me permettrez
tout d'abord de présenter, à ma droite, Me Robert Deshaye, qui
s'occupe particulièrement du dossier, au ministère de la Justice,
de l'aide juridique, et je suis toujours accompagné de Mme Julienne
Pelletier de mon cabinet, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, ce projet de
loi vise essentiellement à modifier la Loi sur l'aide juridique pour
facturer à la Commission des services juridiques les frais judiciaires
et d'enregistrement reliés au traitement des dossiers civils d'aide
juridique, de manière à les rendre partageables avec le
gouvernement fédéral, en vertu du programme RAPC, qui est le
Régime d'assistance publique du Canada, et ce, rétroactivement au
1er janvier 1992. Alors, c'est une entente que nous avons avec le gouvernement
fédéral, M. le Président, que nous mettrons en application
avec ce projet de loi.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre de la
Justice.
Mme la député de Terrebonne, avez-vous des remarques
préliminaires?
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président.
Alors, évidemment, M. le Président, nous questionnerons un
petit peu le ministre, au moment de l'étude article par article, sur
cette application du programme RAPC, et, évidemment, sur certaines
négociations aussi qui étaient en cours. Nous l'avions fait au
moment de l'étude des crédits au niveau de l'immigration. On sait
que, du côté de l'immigration aussi, nous avions certains montants
à récupérer, et nous allons
également questionner le ministre là-dessus.
Mais je m'en voudrais, M. le Président, de ne pas profiter de ces
remarques préliminaires pour rappeler au ministre de la Justice à
quel point la réforme de l'aide juridique est attendue, attendue
maintenant depuis plusieurs années, concernant évidemment la
révision des critères d'admissibilité, et aussi une
réforme qui est attendue par les divers intervenants du
réseau.
En période de questions, ce matin, nous avons soulevé un
autre point outre le seuil d'admissibilité qui est aussi
l'accessibilité, l'accessibilité pour les citoyens et les
citoyennes du Québec qui est de plus en plus difficile, qui est
même impossible dans certaines régions on pense au
Haut-Saint-Maurice présentement lorsque ce sont des mandats qui
touchent principalement les notaires. On sait que, du côté des
professionnels, depuis l'adoption de la loi en 1977, il y a eu 3
révisions de tarif du côté des avocats, et, malgré
ces révisions de tarif et je pense qu'ils avaient parfaitement
raison ils ont démontré à plusieurs reprises que
ces modifications de tarif ne permettaient pas finalement d'entrer
nécessairement dans les frais. (16 h 10)
Par contre, on sait que, du côté des notaires, il n'y a eu
aucune révision de tarif, aucune actualisation depuis 1977. On sait que
l'ex-président de la Chambre des notaires, Me Taschereau, a
rappelé à plusieurs reprises, autant au ministre de la Justice
qu'aux différents ministres... Je me souviens d'avoir vu des
correspondances, au Conseil du trésor, à la ministre de
l'Immigration également, Mme Gagnon-Tremblay, et au ministre Ryan pour
rappeler que le dossier des notaires n'avait pas bougé du tout depuis
1977, paralysé principalement, rappelait Me Taschereau, depuis 1987.
Dans cette correspondance, on pouvait voir aussi que le Conseil du
trésor, en 1990, s'était quelque peu engagé devant
attachés politiques à réviser et à donner
l'autorisation d'entamer des négociations.
On sait que le ministre de la Justice aussi s'était engagé
à régler le dossier. Le sous-ministre de la Justice, à ce
moment-là, en 1991, Me Chamberland, avait même dit que le ministre
de la Justice était quelque peu mal à l'aise avec ce
dossier-là, qu'effectivement il fallait bouger et qu'on tenterait de
régler avant le Sommet de la justice de février 1992. Au Sommet
de la justice, il y a eu, évidemment, à nouveau promesse, de la
part du ministre, de réviser ces tarifs. On sait que, en
décembre, le ministre avait confirmé à la Chambre des
notaires qu'il devait réviser les tarifs, et qu'il attendait
l'autorisation du Conseil du trésor pour entamer ces
négociations. Donc, à ce jour, par contre, à notre
connaissance, il n'a jamais obtenu ce mandat du Conseil du trésor. Donc,
malgré les promesses de 1990, malgré que le problème avait
été reconnu par le président du Conseil du trésor
dès 1990, il n'y aurait toujours pas d'autorisation pour
négocier.
Ce qui est grave, c'est que ces tarifs-là font que, finalement...
Bon, si on se rappelle un petit peu les tarifs, là, c'est 35 $ pour un
testament et 120 $, là, dans le cas d'une hypothèque le
dossier du Haut-Saint-
Maurice, c'était le cas d'une hypothèque. Donc, les
notaires en sont rendus à se dire qu'ils ne font absolument pas leurs
frais, c'est carrément à perte. Dans ma région, j'ai
contacté quelques notaires, et on me dit que, finalement, les rares cas
qu'ils ont accepté de faire, ils ne faisaient même pas de demande
à l'aide juridique, parce que, le coût de remplir les documents,
pour 35 $ pour un testament, ils préféraient le faire
bénévolement et ne pas demander de mandat d'aide juridique. Le
ministre faisait appel aux professionnels, mais les professionnels sont
très patients. C'est quand même depuis 1977. Et,
présentement, l'accessibilité à la justice est
extrêmement limitée, en ce qui concerne les mandats qui touchent
les notaires.
Du côté des seuils d'admissibilité, bien,
évidemment, compte tenu qu'il n'y a pas eu de révision, dans le
cas des familles, depuis 1985, et des personnes seules, depuis 1981, on
comprendra que l'accessibilité, elle est, là aussi,
limitée, à cause du seuil d'admissibilité. Elle est
limitée, aussi, parce que ce seuil-là tient compte de certains
revenus particuliers et que, parfois, les personnes seules ou familles ont des
revenus qui pourraient être considérés comme admissibles.
Parce que le montant comme tel est admissible, sauf que ces revenus provenant,
par exemple, si je pense à une personne qui peut être
retraitée... Si ses revenus proviennent de placements, même si
elle n'a pas un gros montant, elle se retire, par exemple, d'une profession ou
de l'enseignement et elle a un petit montant qu'elle place, et elle vit avec
ses intérêts, qui sont en dessous du seuil d'admissibilité
à l'aide juridique, eh bien, on ne la reconnaîtra pas comme
eligible, même si son montant de revenus est, en fait, en dessous du
seuil d'admissibilité. Donc, on sait qu'il y a vraiment une
réforme, qu'elle est attendue.
À l'étude des crédits, le ministre nous a
déposé l'étude du réseau d'aide juridique de
Raymond, Chabot, Martin, Paré. J'ai pris connaissance du document
très attentivement et je pense que, dans ce document, on exprime
très clairement qu'il y a des mesures à prendre, qu'il y a des
choses à changer au niveau de la gestion comptable, principalement. On
dit que le ministre a, en fait, tous les outils dans les mains, qu'il n'aurait
que de petites modifications très mineures à apporter dans ses
dernières conclusions pour permettre une commission des services
juridiques qui serait beaucoup plus adéquate et qui aurait une meilleure
gestion au niveau des fonds. On se rend compte, aussi, à la lecture de
ce document-là, que, finalement, dans les différents bureaux
régionaux, il n'y a pas un système unique, ce qui ne facilite pas
la gestion. On s'aperçoit aussi que le ministre de la Justice n'arrive
pas à connaître, à prévoir, à avoir un plan
triennal, finalement, sur les coûts du service de l'aide juridique, ce
qui est, de l'avis de ses experts, extrêmement déplorable.
Le ministre nous a également fait mention que son fameux document
de consultation, qui, on le rappellera, devait sortir en 1992... Mon
collègue qui est à ma gauche, le député d'Anjou, en
interpellation, le 20 mars 1992, avait demandé au ministre quand il
devait déposer
son fameux document de consultation, et le ministre nous avait dit qu'il
était en préparation. On a réitéré, le 5
juin 1992, qu'il était à mettre la dernière main à
la pâte pour le document de consultation, qu'on devait en avoir une copie
dans les prochains jours. Ça, c'était le 5 juin 1992. Le 23 juin,
on promettait toujours le document d'information. On disait qu'il devait
être prêt dans les prochaines semaines. Le 11 décembre,
à l'étude des crédits supplémentaires, eh bien,
là, on a rajouté le nouvel élément, on attendait le
fameux document, l'étude du réseau d'aide juridique de Raymond,
Chabot, Martin, Paré. Lors de l'étude des crédits, cette
année, le ministre nous disait que le document n'était pas encore
disponible. Lors de son intervention, ses remarques préliminaires sur le
projet de loi 87, le ministre nous disait que le document de consultation
était prêt, qu'il était maintenant sous étude, et
que nous devrions, là, avoir enfin l'aboutissement de cette
réforme.
Alors, évidemment, nous souhaitons savoir quand le ministre
entend nous déposer, à l'Assemblée nationale,
déposer aussi aux divers intervenants qui sont concernés le
document de consultation, quand il entend tenir la commission parlementaire,
quand il entend tenir des audiences et quand il compte déposer, suite
à ces audiences-là, un projet de loi qui tiendra compte de cette
réforme. Donc, nous aimerions savoir quel est l'échéancier
du ministre à partir d'aujourd'hui, 8 juin 1993, et, dans ce document de
consultation, quels sont les principaux points qu'on doit toucher. Est-ce qu'on
va toucher les seuils d'admissibilité? Est-ce que le ministre entend
toucher d'autres points et donner suite à son engagement de permettre
aussi à la classe moyenne de pouvoir bénéficier des
services d'aide juridique? Alors, M. le Président, c'est un peu dans ce
sens-là que nos questions iront.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Mme la
députée de Terrebonne, pour vos remarques préliminaires.
M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: C'est un projet de loi qui n'est pas
très volumineux, M. le Président. Mme la députée de
Terrebonne a soulevé beaucoup de questions, et, moi, je suis prêt
à en discuter. Finalement, il y a combien d'articles? Il y a 2 articles,
3 articles du projet de loi, donc, avec la permission de la commission, je
pourrais peut-être répondre à certaines interrogations
avant d'aborder l'étude article par article. C'est comme vous voulez.
C'est acceptable, oui?
Le Président (M. Dauphin): Oui. C'est que,
évidemment, c'est l'étude d'un projet de loi, ce n'est pas
l'étude des crédits. Cependant, j'ai voulu être souple dans
l'application du règlement. Vous pouvez peut-être réagir
à certaines interrogations, et, tout de suite après, on appellera
l'article 1.
M. Rémillard: On reconnaît votre main de velours
dans un gant de fer, M. le Président. (16 h 20)
Le Président (M. Dauphin): Ha, ha, ha!
Discussion générale Révision des
critères d'admissibilité
M. Rémillard: Sur la question de l'aide juridique et des
notaires, Mme la députée de Terrebonne m'a posé des
questions en Chambre ce matin. Je dois lui dire que, depuis ce matin, il y a
encore des développements parce que le Conseil du trésor a
finalement accepté le mandat de négociation qu'on lui demandait.
Alors, j'ai rencontré à quelques reprises les notaires dont Me
Taschereau J'ai rencontré aussi la nouvelle présidente de la
Chambre des notaires, Me Louise Bélanger, qui est une notaire de Hull et
qui est maintenant à la tête de la Chambre des notaires. Nous nous
sommes rencontrés à quelques reprises dont, entre autres, sur ce
sujet-là. Nous avons eu l'occasion d'en discuter. Donc, avec le mandat
qui nous arrive maintenant du Conseil du trésor, M. le Président,
nous allons nous asseoir avec les notaires et trouver une solution.
Ce que je veux dire aussi, M. le Président, c'est que nous devons
trouver les meilleurs moyens à notre disposition pour offrir
l'accessibilité à la justice aux plus démunis de la
société, mais tenant compte de la capacité de payer de
l'État. Le Conseil du trésor fait son travail. Il y a un message
qui est passé. Tous les Québécois et
Québécoises et nous, du gouvernement, on doit montrer l'exemple
en rationalisant notre administration et en limitant nos dépenses. Donc,
il ne faut quand même pas, M. le Président, que ces
difficultés que nous avons au niveau de notre budget remettent en cause
certains aspects importants des grands services publics que nous avons, dont,
entre autres, le domaine de la justice. Il n'en est pas question. Ce n'est pas
ça que le gouvernement veut. Il faut qu'on rationalise nos
dépenses, et, quand on pense que l'aide juridique nous coûte un
peu plus de 110 000 000 $ par année, c'est une dépense qui est
considérable.
En réponse aux questions de Mme la députée de
Terrebonne ce matin, j'ai mentionné qu'il fallait aussi que les
professionnels de la justice, comme avocats et notaires, puissent avoir un
sens, peut-être dans certains cas, plus évident de la contribution
sociale, ne pas voir l'aide juridique comme une source de revenus pour assurer
l'existence d'une profession, mais bien voir l'aide juridique comme une
contribution à ceux qui sont les plus démunis dans une
société et qui ont droit à l'accessibilité à
la justice.
J'ai mentionné, M. le Président, et le
député de Chapleau, je pense, est dans la même situation
que moi... D'ailleurs, c'est un dossier et je veux le remercier
que le député de Chapleau mène pour le ministre de la
Justice en son titre d'adjoint parlementaire. C'est le député de
Chapleau qui mène ce dossier de l'aide juridique, avec toutes les
consultations que nous faisons, et je veux le remercier, M. le
Président, pour l'excellent travail qu'il fait. On se rencontre
régulièrement après les consultations qu'il a avec les
différents
groupes et intervenants et on fait le point pour essayer de trouver des
solutions.
Mais, M. le Président, le député de Chapleau et
moi, lorsqu'on a commencé à pratiquer le droit dans notre bureau
d'avocats, dans tous les bureaux d'avocats, on prenait des gens qui n'avaient
pas les moyens de payer, qui venaient parce qu'ils avaient des causes, et on
devait assumer, à ce moment-là, de défendre devant les
tribunaux leurs droits et aussi de les défendre en fonction d'une
situation qui pouvait être la leur, à ce moment-là, en
fonction de la justice. C'était une contribution sociale. ...¦ Je
ne voudrais pas qu'on revienne à cette situa-t'on-là. Je l'ai dit
en Chambre et je le répète. Loin de moi la pensée qu'on
reviendrait à cette situation. Ce n'est pas ça que je dis. Mais
ce que je dis, c'est qu'il doit y avoir un esprit de collaboration et de
contribution sociale. Quand on est rendu qu'on paie à certains bureaux
300 000 $ ou 400 000 $ d'honoraires, bon, on se demande... Écoutez,
c'est beaucoup d'argent. C'est beaucoup d'argent. La contribution sociale,
lorsqu'on parle de l'aide juridique, c'est des gens qui en vivent de l'aide
juridique comme tel. Alors, il y a peut-être un réajustement. Je
voudrais qu'on puisse discuter lors d'une commission parlementaire et qu'on
revoie comment on pourrait trouver des moyens pour diminuer de beaucoup...
Par exemple, dans nos consultations, le député de Chapleau
me disait justement dernièrement, la semaine dernière, que, dans
l'une de ses consultations, les gens de l'Outaouais, de la commission juridique
régionale de l'Outaouais, disaient qu'on pourrait sauver beaucoup
d'argent si on changeait les moyens de preuves d'expertise. Le
député de Chapleau pourra compléter parce qu'il est plus
au courant que moi. Les preuves d'experts devant les tribunaux coûtent
une fortune, et, à l'aide juridique, ça coûte une fortune.
Le député d'Anjou a exercé en utilisant l'aide juridique
dans certains cas et il pourra en témoigner.
Alors, il faut trouver un moyen. Il ne faut quand même pas qu'on
institue 2 systèmes: 1 pour les pauvres et 1 pour les riches. C'est
ça qui est le danger, mais, par conséquent, il faut être
bien conscients que, à un moment donné, l'aide juridique ne peut
pas non plus se référer à des avocats ou des notaires
surtout en ce qui regarde les avocats, parce que c'est du contentieux
qui multiplient des procédures, multiplient des preuves
d'experts, qui coûtent une fortune. C'est incroyable, M. le
Président, ce que ça peut coûter. Je regardais les chiffres
qu'on m'a présentés. Alors, on m'a suggéré
différentes possibilités pour qu'il y ait, par exemple, des
experts accrédités par la Commission des services juridiques qui
seraient à la disposition des parties. Il y a d'autres moyens qu'on
pourrait utiliser pour diminuer les coûts. Donc, là je vous parle
strictement... Je ne vous parle pas des seuils, je ne vous parle pas d'autres
problèmes qu'on peut avoir parce qu'il y a cette étude de Raymond
Chabot en ce qui regarde la responsabilité administrative de la
Commission des services juridiques avec les commissions régionales, je
ne vous parle pas de ça pour le moment, je vous dis strictement de
pouvoir réduire les coûts de l'aide juridique en fonction de ce
qui se fait présentement.
Alors, il faut qu'on prenne des moyens, comme ceux que je viens de
mentionner, en ce qui regarde les experts, les preuves par expert, mais il faut
qu'on change aussi l'approche, la philosophie de l'aide juridique. II faut
qu'il y ait une contribution sociale de la part du professionnel qui accepte un
mandat d'aide juridique. Ça existe, dans certains cas. Il y a des
avocats qui travaillent à 250 $ l'heure et qui vont accepter de
travailler dans certains dossiers à un tarif horaire, évidemment,
de l'aide juridique qui est de beaucoup, beaucoup moindre parce qu'ils croient
dans une cause, ils croient qu'une personne a vraiment des droits, et ils vont
la plaider par conviction.
M. le Président, il faut qu'on puisse rencontrer des gens comme
ça. Je ne vous demande pas que tous les avocats deviennent des
apôtres et aillent se battre pour la veuve et l'orphelin. Il faut qu'ils
gagnent leur vie, il faut qu'ils paient leurs frais de bureau, et on sait
à quel point ça coûte cher. Je suis conscient de ça,
et ce n'est pas ça que je demande, mais je dis tout simplement qu'il va
falloir qu'on donne un coup de barre. Qu'on parle de seuil
d'admissibilité, je veux bien, qu'on parle de conditions
d'admissibilité, très bien, conditions de gestion au niveau de la
décentralisation par les régions, je veux bien parler de
ça, mais je me dis, M. le Président, qu'on ne peut pas continuer
dans la même philosophie des dernières années en
matière d'aide juridique comme dans bien d'autres secteurs de
l'administration publique. Quand on a un service qui est gratuit, souvent, on
voit qu'il y a de l'abus. Dans ce cas-ci, je fais appel à
l'éthique professionnelle des professionnels de la justice, avocats et
notaires, et surtout avocats dans le domaine contentieux, pour pouvoir exercer
leur profession, respectant l'éthique, ne multipliant pas les
procédures, par exemple. (16 h 30)
Je n'élaborerai pas plus là-dessus, M. le
Président, mais les médias ont fait part, à un moment
donné, de certains abus de procédures assez flagrants. Et
ça, ça se passe à différents niveaux. Ça,
ça ne me regarde pas comme ministre de la Justice, d'une certaine
façon. C'est que c'est un cas d'éthique. La corporation du
Barreau est là, le Barreau est là pour y voir, mais ça me
regarde comme ministre de la Justice pour essayer d'offrir un service de la
meilleure qualité possible. Si ça coûte trop cher parce
qu'on multiplie les procédures, et ça m'amène, M. le
Président, à la grande préoccupation que j'ai, c'est le
citoyen à revenus moyens qui, lui, est pris avec ça. À un
moment donné, il se retrouve avec l'aide juridique, donc quelqu'un qui
poursuit une autre personne à revenus moyens, donc il n'a pas l'aide
juridique, mais cette personne a l'aide juridique. Et là commence, M. le
Président, le processus, et ce processus ne coûte rien, pas un sou
à la personne qui a l'aide juridique. Je peux vous dire que ça
peut être toute une fête et que ça peut coûter
extrêmement cher. Quels moyens on peut avoir pour limiter ça?
Quels moyens on
peut trouver pour que ça ne se produise pas?
Je pense, par exemple, à toutes les femmes, M. le
Président, qui peuvent avoir des revenus entre 18 000 $ et 26 000 $ par
année, puis ça, on en a beaucoup. Malheureusement, on travaille
à l'équité salariale, mais ce n'est pas toujours le cas.
Mais peu importe, même, si on parle d'équité salariale, il
y a beaucoup de femmes qui parlent de 18 000 $ à 26 000 $ par
année et qui, en plus, ont 2 enfants à charge. C'est un cas
fréquent. Je vois ça dans les lettres que je reçois. Elles
n'ont pas l'aide juridique, puis elles vont se retrouver dans des situations,
quelquefois, en matière de divorce matrimonial, où leurs droits
sont bafoués parce qu'elles n'ont pas l'aide juridique et que le
conjoint, qui a perdu son travail ou qui a fait en sorte de le perdre, si vous
voulez, lui, a l'aide juridique.
De l'autre côté, M. le Président, j'ai aussi des cas
où vous avez le mari qui gagne 35 000 $, 40 000 $ et puis la femme qui a
l'aide juridique, puis qu'ils sont en divorce, en séparation. Je peux
vous dire que, là aussi, ce n'est pas drôle non plus pour l'autre
conjoint. Il n'y a pas un équilibre qui existe. Il n'y a pas
d'équilibre qui existe. Il faut trouver un moyen pour que ce soit
équilibré. C'est ça que je cherche, M. le
Président. Puis je vais vous dire, ce n'est pas facile. Ce n'est pas
facile, avec les moyens limités que nous avons au niveau de
l'État. Ce n'est pas facile.
Quand allons-nous étudier tout ça? J'ai un document qui
est à l'étude, au Conseil du trésor, et, avec la
dernière rencontre qu'on a fait, le député de Chapleau et
moi, là-dessus, je pense que je veux le retravailler sous certains
aspects, le revoir sous certains aspects. Peut-être que je voudrais le
rendre plus pointu sur des mesures qu'on pourrait utiliser. On a
décidé de le revoir. On va le revoir un peu, le
représenter au Conseil du trésor.
Mais je vais vous dire, M. le Président, s'il y a quelqu'un qui
peut me dire: Moi, j'ai la solution, puis voici la solution, je voudrais bien
que cette personne-là puisse venir nous voir et qu'elle nous donne sa
solution, parce que, moi, je considère que ce n'est pas évident.
Avoir un système d'aide juridique qui est équitable pour le plus
démuni et équitable pour les autres citoyens à revenus
moyens, qu'ils ne soient pas défavorisés, je vais vous dire, M.
le Président, qu'on a tourné des formules, d'un côté
comme de l'autre. À un moment donné, on me dit: Oui, mais les
systèmes d'assurances qui existent, qui sont là de plus en plus,
ils vont fournir des assurances contre des poursuites juridiques. Bien oui,
c'est vrai que ça existe, M. le Président, mais c'est une police
accessoire reliée à une police en dommages-intérêts.
Puis, dans un domaine comme la justice, est-ce qu'on peut dire: Bien, les gens
ont juste à s'assurer, et s'ils ne s'assurent pas tant pis? Est-ce qu'on
doit dire ça? Est-ce qu'on doit en arriver à cette
conclusion-là? Je pense qu'il y a un point d'interrogation, là.
Il y a un point d'interrogation sérieux.
Alors, c'est tout ça, M. le Président, qui est en cause.
Pour ma part, j'ai toujours le même objectif qu'à l'automne, qu'on
ait cette commission parlementaire. Il ne faudrait pas que les gens s'attendent
à ce qu'on ar- rive avec un modèle qu'on va étudier en
commission parlementaire. Je vais faire une proposition, même que
ça ne sera même pas une proposition formelle, ça peut
être quelque chose de référence sur lequel je travaille,
mais il va falloir qu'on aille plus loin que les seuils d'admissibilité.
Il faut qu'on repense l'approche même, la philosophie qui nous guide en
matière d'aide juridique. C'est ça, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre
de la Justice.
M. le député de Chapleau, vouliez-vous ajouter quelque
chose?
M. Kehoe: Je ne veux pas reprendre tous les arguments
avancés par le ministre, mais je pense que, initialement, quand on a
commencé à étudier le dossier du seuil
d'admissibilité, c'était plutôt restreint à
ça, initialement. On a eu beaucoup de pourparlers, c'est-à-dire
des questions, de la pression de l'Opposition, puis ça fait bien des
années qu'on n'a pas regardé ça, le seuil
d'admissibilité. Puis c'est vrai, si on reste avec le seuil
d'admissibilité qu'il y a actuellement, ça ne rencontre pas du
tout les exigences d'aujourd'hui. Il y a très peu de personnes qui sont
couvertes, maintenant, excepté les personnes qui sont presque
complètement sur le BS ou complètement démunies. Lorsqu'on
a commencé à étudier cette question-là, on s'est
vite rendu compte que c'est beaucoup plus que ça, les implications, les
décisions qu'on a à prendre pour refaire complètement le
système d'aide judiciaire qu'on a actuellement.
Comme le ministre a dit, quand on a commencé à pratiquer
le droit, chacun de nous autres, que ce soit le député d'Anjou,
le ministre lui-même, ou moi-même, là, on a tous fait notre
part pour faire de l'aide judiciaire sans être récompensés.
Je pense que c'est aller d'un extrême à l'autre. L'État,
à ce moment-là, ne contribuait pas du tout aux avocats, à
la pratique privée pour faire du bénévolat, si vous
voulez. Maintenant, je pense que c'est l'abus, puis les exagérations
sont là. On voit des bureaux de spécialistes en droit criminel
surtout à Montréal, ou à Québec je ne veux
pas mentionner de nom où il y a vraiment une exagération
majeure, où c'est des remises, puis c'est un avocat qui est dans
à peu près une centaine de causes à la fois, qui court
d'une cour à l'autre pour faire des remises.
Il y a des abus dans le système, à bien des égards,
par bien des bureaux d'avocats. C'est devenu pour eux une source de revenus,
quasiment la seule source de revenus. C'est justement des problèmes
semblables, les spécialistes, les experts... L'usage des experts par des
avocats qui ont des mandats d'aide juridique, là, il y a un abus aussi.
C'est les experts qui chargent beaucoup plus que les avocats gagnent dans une
journée. Quand tu vois des experts qui chargent jusqu'à 500 $,
800 $ par jour, puis ils sont là pour plusieurs jours pour
témoigner, il y a un tas d'abus qui est rentré dans le
système actuel.
On a vu dans le rapport de la RCMP que vous avez mentionné
tantôt, Mme la députée de Terrebonne, les différents
abus dans l'administration elle-même, que
ce soit la corporation locale ou... Il y en a un tas d'affaires qu'il
faut voir dans ça. Quand on commence à gratter... Quand on a
commencé initialement, c'était seulement sur un sujet. Là,
on est rendu à voir dans l'ensemble de l'aide juridique. Je suis
sûr que les consultations qu'on a eues jusqu'à date, que ce soit
avec le Barreau, les chambres de notaires, les autres différents
intervenants intéressés dans le domaine de la justice, nous
démontrent qu'on ne peut pas avoir un consensus bien clair dans
ça. Il n'y a pas de solution magique. Il s'agit de savoir, puis je pense
que la décision prise par le ministre d'avoir une commission
parlementaire par laquelle on peut avoir les idées de tout le monde,
mettre ça tout ensemble, puis venir avec... Je pense que, d'ici à
l'année prochaine, le commencement de l'année prochaine ou
peut-être la fin de cette année, d'avoir un projet de loi, une
réforme complète du système d'aide juridique, tel qu'on a
aujourd'hui, c'est la meilleure approche qu'on puisse espérer avoir.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Chapleau.
Mme la députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président.
M. le Président, c'est bien évident que, dans l'esprit de
l'Opposition, il a toujours été question de réforme. Pour
nous, ce n'était pas uniquement un changement des seuils
d'admissibilité, puisqu'on se parlait déjà depuis quelques
années d'une réforme. Et une réforme doit
évidemment tenir compte de l'ensemble des problèmes. C'est
sûr que ce n'est pas facile, puis ce n'est pas facile de trouver une
solution miracle, d'avoir ce juste équilibre, mais il faut commencer. Si
nous avions pu avoir cette commission parlementaire et ce document de
consultation l'an dernier, bien, nous serions déjà rendus
beaucoup plus loin.
Alors, je pense que nous sommes rendus à l'étape où
il faut que le ministre donne son document de consultation. Il nous dit qu'il
doit le réviser à nouveau, le représenter au Conseil du
trésor. Il devra donc le déposer aux différents
intervenants pour qu'on puisse avoir une commission parlementaire à
l'automne. C'est évident que nous devrons tenir compte aussi, à
ce moment-là, des abus. La loi doit limiter les abus, elle ne doit pas
ouvrir la porte à ces abus. Je pense qu'il faut quand même faire
une différence entre ceux qui ont pu faire des abus et les autres qui
ont donné de loyaux services à coût vraiment très
réduit, autant du côté des avocats que du côté
des notaires. Les notaires, depuis 16 ans, en n'ayant pas eu de changement de
tarif, je ne pense pas qu'il y ait eu beaucoup d'abus et qu'il y a beaucoup de
bureaux de notaires, là, qui n'ont vécu que de l'aide juridique.
Parce que, avec les tarifs qu'il y a là, ce n'est vraiment pas
évident. Il faut dire aussi que le fait qu'il n'y ait pas de notaires
permanents et qu'il y a des avocats permanents, c'est évident que
ça amène une façon d'offrir des services à la
population, une accessibilité qui est bien différente. (16 h
40)
Le ministre nous disait qu'il a obtenu son mandat de négocier
depuis la question de ce matin. Alors, mon Dieu, je devrais poser des questions
au ministre plus souvent, M. le Président, parce que, lorsque je l'ai
questionné sur le poste de vice-président à la Commission
des services juridiques, le lendemain, on lui a trouvé un poste,
après 3 ans. Et puis, ce mandat de négocier, là, qui
était en attente depuis 1990, on a la solution depuis la question de ce
matin. Alors, c'est de bon augure, M. le Président. On va continuer
à questionner le ministre pour l'aider à cheminer auprès
du Conseil du trésor, à obtenir ses mandats.
Ce mandat, est-ce que le ministre peut nous dire un peu ce qu'il y a
dans ce mandat? Est-ce qu'on limite les actes qui sont posés, au niveau
des notaires? Est-ce que vous avez, oui, une petite marge de manoeuvre? Et
est-ce que vous avez certains délais?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Bien, tout
d'abord, je dois dire que oui, des questions en Chambre peuvent aider le
ministre, définitivement. Des questions en Chambre ne sont pas faites
que pour embêter. Les questions en Chambre sont faites pour avoir de
l'information ou même aider le ministre à ce qu'il puisse pousser
certains dossiers. Et, dans ce cas-là, sans qu'il y ait collaboration
indue, il y a concertation en fonction d'objectifs qui sont au-delà de
toutes questions de partisane-rie politique. Alors, ça arrive. Ça
arrive, et tant mieux si ça apporte des résultats.
En ce qui regarde les notaires, tout d'abord, au point de vue chiffres,
pour donner une information, sur 110 000 000$, là, c'est 800 000$
d'honoraires. Bon. Ce n'est pas, comme on dit chez nous, la mer à boire,
mais c'est 800 000 $. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne doit pas payer
correctement un notaire qui accepte un mandat d'aide juridique. Mais je peux
vous dire que ce n'est pas là qu'est le gros bobo. On ne peut pas
reprocher quoi que ce soit aux notaires.
Moi, je demanderais beaucoup plus au Barreau de prendre ses
responsabilités et de pointer du doigt des avocats qui abusent. Il est
temps que le Barreau prenne ses responsabilités. Moi, je voudrais avoir
un Barreau plus axé sur le travail d'un avocat conscient qu'il fait un
travail en fonction d'un service public essentiel dans une
société. Il y a un aspect social qu'on a mis de côté
et il va falloir le retrouver. Je répète que les avocats ne sont
pas tous des apôtres. Je ne veux pas tous en faire des apôtres,
absolument pas, mais ce que je veux, c'est qu'on soit bien conscient que, quand
on parle de l'aide juridique, on ne doit pas trouver là, on ne doit pas
voir, dans l'aide juridique, premièrement, une source de revenus.
C'est malheureusement la situation, actuellement, pour trop d'avocats
qui voient là leur gagne-pain. Et, si ce n'est pas leur gagne-pain
principal, c'est, au moins, des assises pour payer les frais d'administration
du bureau, puis, après ça, le reste, bien, ça
complète. Ce n'est rien de mauvais en soi que de pouvoir être
rému-
néré correctement pour un dossier qu'on a pris pour un
plus démuni de la société. Je ne dis pas que c'est
mauvais, mais je dis que ça peut porter à abus de ne voir que la
notion de profit et non pas la notion de contribution sociale. Par
conséquent, il va falloir revoir d'ailleurs, c'est un des
messages que je vais livrer dans mon discours, au niveau du congrès du
Barreau, que je dois faire vendredi la contribution sociale de l'avocat,
de l'avocate. Pour moi, c'est très important qu'on puisse y
réfléchir.
Alors, dans ce cas-là, M. le Président, la
députée de Terrebonne me dit: Est-ce qu'on peut être au
courant du mandat que vous recevez? C'est un mandat de négociation.
Évidemment, je ne peux pas en parler, mais je peux vous dire qu'il me
semble, de par ce que j'ai reçu, là... Je suis très
satisfait de ce que j'ai. Je pense qu'on peut offrir quelque chose
d'acceptable, de par les discussions que j'ai eues avec les notaires.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Mme Garon: Peut-être une dernière question, M. le
Président, sur l'échéancier. Compte tenu que le ministre
veut faire les audiences à l'automne, quand compte-t-il présenter
son document de consultation aux différents intervenants pour qu'ils
aient le temps de réagir?
M. Rémillard: Alors, c'est pour ça que je voudrais,
au moins que... Il faut que les intervenants aient 3 mois. Et là il y a
le problème de l'été qui arrive. Bon, les gens me disent:
L'été, il y a au moins le mois de juillet où on n'a pas
toujours de disponibilité pour étudier ça.
D'autre part, les avocats de l'aide juridique ont eu leur congrès
dernièrement, il y a 2 semaines, à Montréal, et ça
a apporté une belle réflexion. C'était un très beau
congrès. J'ai eu des commentaires qui me permettent, je pense, de
travailler encore plus le document, de bonifier encore plus le document. Parce
que j'ai été très sensible de voir les avocats de l'aide
juridique conscients des problèmes que nous avons au niveau de la
capacité de l'État de payer, et je retrouve, chez ces avocats,
ces avocates, un désir de collaboration qui m'apparaît
particulièrement utile, dans les circonstances. Alors, on a eu des
suggestions très pratiques, qu'on regarde, le député de
Chapleau et moi, et ça va nous amener, peut-être, à
retoucher un peu le document, mais pas d'une façon significative, et,
dès que cette étape va être franchie au Conseil du
trésor, on va pouvoir ensuite l'envoyer aux parties. Alors, je veux
laisser quand même le temps de l'étudier, ce
document-là.
Mais j'insiste sur un point. On ne pourra pas trouver de solution si
chacun ne prend pas ses responsabilités, ce qui veut dire que le Barreau
doit prendre ses responsabilités. Il y a des abus, qu'ils prennent leurs
responsabilités. Nous, comme gouvernement, on va prendre nos
responsabilités. Je devrais dire, comme parlementaires, on va prendre
nos responsabilités, mais, à un moment donné, je ne vois
pas comment on va trouver une solution si on ne voit dans l'aide juridique
qu'une source de revenus qu'on veut augmenter au maximum, pour avoir les
meilleurs revenus possibles.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Alors, j'appelle l'article 1.
Étude détaillée
M. Rémillard: M. le Président, l'article 1:
La Loi sur l'aide juridique (L.R.Q., chapitre A-14) est modifiée
par l'insertion, après l'article 87.1, du suivant: «87.2 La
Commission assume le coût des déboursés de cour exigibles
par le gouvernement du Québec et des droits qu'un régistrateur
aurait autrement perçus, et dont les bénéficiaires sont
dispensés du paiement en application du paragraphe b du premier
alinéa de l'article 5, à l'exception des honoraires visés
à l'article 8.3 de la Loi favorisant la réforme du cadastre
québécois, édicté par l'article 4 du chapitre 29
des lois de 1992. À la fin de chaque exercice financier, elle verse au
fonds des registres du ministère de la Justice les sommes relatives au
coût des biens et services que ce fonds finance et, au fonds
consolidé du revenu, les autres sommes.»
M. le Président, cette disposition prévoit que la
Commission des services juridiques assumera le coût des
déboursés de cour et des droits qui ne sont pas exigibles des
bénéficiaires de l'aide juridique, exception faite des honoraires
visés par la Loi favorisant la réforme du cadastre
québécois. Elle oblige la Commission à verser ces sommes
au fonds des registres du ministère de la Justice ou au fonds
consolidé du revenu, selon le cas.
M. le Président, en décembre 1991, une entente de principe
a été conclue au niveau des fonctionnaires des 2 gouvernements en
vue de permettre le partage du coût de traitement des dossiers des
bénéficiaires de l'aide juridique par l'appareil judiciaire, et
ce, à partir du 1er janvier 1992. Pour permettre d'inclure ces
coûts à la réclamation, il faut en imputer les
dépenses à la Commission des services juridiques, qui est un
organisme inscrit à l'entente entre le gouvernement du Canada et le
gouvernement du Québec concernant le Régime d'assistance publique
du Canada. L'article 1 du présent projet de loi permettrait d'atteindre
cet objectif.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, M. le Président.
Évidemment, puisque l'entente de principe a eu lieu en
décembre 1991 et que ce sera rétroactif à janvier 1992,
qu'est-ce qui a justifié le délai entre cette entente de principe
et, finalement, la fin des négociations?
M. Rémillard: Alors, je peux demander à Me Deshaye
de répondre à votre question, si vous voulez.
Le Président (M. Dauphin): Me Deshaye. (16 h 50)
M. Deshaye (Robert): Alors, M. le Président, Mme la
députée, le principe du projet de loi, c'est qu'on prend des
dépenses qui étaient assumées par le ministère de
la Justice du Québec au niveau du traitement des * dossiers des
bénéficiaires de l'aide juridique. Alors, quand un
bénéficiaire dépose une demande à la cour, elle est
déposée au greffe, et, à ce moment-là, par le biais
de l'exemption du paiement des droits de greffe, il n'y a pas de frais de
perçus, il n'y a pas de droits de greffe. Alors, il fallait, à
même le plumitif informatisé de la Direction
générale des services judiciaires, trouver une manière de
comptabiliser l'ensemble des procédures déposées pour les
bénéficiaires de l'aide juridique; Ensuite, à même
le système de facturation du ministère, une fois qu'on a
l'ensemble de ces procédures-là, y appliquer un coût. Le
coût en question est basé sur le tarif des droits de greffe et des
frais qui sont chargea-bles de toute personne qui, au Québec,
dépose une procédure.
Alors, ces ajustements informatiques là ont pris un certain
temps, et, comme de raison, chaque fois que le tarif des droits de greffe est
modifié, il faut modifier le système en question. De la
même façon, comme il y a de l'aide juridique civile qui est
fournie par le biais des notaires qui vont procéder à
l'enregistrement de certains actes, il y a donc des honoraires que des
régistrateurs auraient pu percevoir qui ne sont pas touchés par
le fonds des registres. Alors, il a fallu également établir une
méthode pour permettre de facturer l'ensemble de ces
procédures-là et en déterminer le coût pour
transmettre, finalement, la facture à la Commission des services
juridiques.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Au niveau des coûts
qui vont être ainsi récupérés rétroactivement
à janvier 1992, est-ce que vous avez des chiffres à nous
donner?
Le Président (M. Dauphin): Me Deshaye.
M. Deshaye: Alors, M. le Président, Mme la
députée, pour l'exercice financier 1991-1992, comme le projet de
loi ne porte que sur les mois de janvier à mars 1992, une somme globale
de 457 568 $ sera réclamée à la Commission des services
juridiques, dont 62 023 $ pour le fonds des registres et 395 545 $ pour le
ministère des Finances, autrement dit pour les droits de greffe. La
contribution fédérale qui est attendue pour ces 3 mois-là
est de 215 056 $.
Pour l'exercice financier 1992-1993, une somme globale de 2 026 220 $
sera réclamée de la Commission des services juridiques. Cette
somme se divise comme suit: 362 764 $ pour les services que le fonds des
registres a financés et 1 663 456 $ pour le ministère des
Finances du Québec, à qui les droits de greffe sont
versés. La contribution fédérale attendue pour cet exer-
cice est de 954 100 $.
En ce qui concerne l'exercice financier 1993-1994, qui vient à
peine de débuter, là il y a certaines variables qui peuvent
entrer en ligne de compte, mais on attend une contribution
fédérale minimale de 1 100 000$.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Puisque, à cet
article, nous parlons d'entente, est-ce que le ministre peut aussi faire le
point sur l'entente concernant les montants récupérés au
niveau de l'immigration dont nous avions parlé à l'étude
des crédits?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Lors de l'étude des crédits,
M. le Président, on en a parlé. Alors, on sait qu'on a
changé considérablement la procédure, qu'on a
éliminé une étape. Celui qui demande le statut de
réfugié, alors, sa première étape où il
avait droit jadis à l'aide d'un avocat, il ne l'a plus. Alors, c'a
diminué considérablement les coûts, je devrais dire,
vertigineux de l'aide juridique en matière d'immigration. Me Deshaye,
est-ce que vous avez les derniers chiffres? Pourriez-vous me donner les
derniers chiffres?
Le Président (M. Dauphin): Me Deshaye.
M. Deshaye: Voici, au cours de la dernière
vérification que j'ai effectuée à la Commission des
services juridiques, on m'informait qu'il y a tellement peu de mandats, encore,
qui ont été complétés, par rapport à
l'ensemble des mandats qui ont été émis, qu'on ne pouvait
pas, justement, me donner de chiffres quant à l'envergure de la facture,
pour ce qui concerne l'application de la nouvelle loi.
M. Rémillard: II y a quand même une diminution
considérable, M. le Président. Je n'ai peut-être pas les
chiffres devant moi, j'en ai parlé lors des crédits, mais il y a
une diminution considérable, si on compare à l'an dernier et
l'année précédente. Il y a une diminution... Je ne sais
pas si vous avez ces chiffres-là de mémoire, Me Deshaye, mais
ça m'avait paru extrêmement important. Ça a diminué
d'une façon très importante. Et il faut revoir tout le processus
pour essayer de rationaliser encore plus nos dépenses à ce
niveau-là.
(Consultation)
M. Rémillard: Alors, voyez-vous, M. le Président,
on me redonne les notes introductives aux crédits que j'avais
données en ce qui regarde cette question de l'immigration, et je cite,
M. le Président, mes notes: II importe de souligner que le volume de
demandes dans le domaine de l'immigration a connu une baisse de 20 % en
1992-1993. Cette baisse met ainsi fin aux augmentations successives très
importantes observées au cours des
3 années précédentes qui avaient atteint
respectivement 42 %, 43 % et 20 %.
Alors, voilà ce que j'ai dit et ce qu'on peut confirmer.
Maintenant, Me Deshaye me dit qu'on n'a pas encore tout à fait toutes
les statistiques parce qu'on est entre 2 applications de lois.
M. Deshaye: Effectivement, c'est que la loi 55, qui modifiait la
loi sur l'immigration de 1976, a été à nouveau
modifiée par la loi C-86 à compter du 1er février 1993.
Alors, il y a une masse de revendicateurs dont le processus de traitement de la
demande avait débuté avant le 1er février, qui continuent
d'être dans le système, si on veut, d'Emploi et Immigration Canada
et qui là doivent subir, finalement, les jonctions nécessaires
avec la nouvelle loi, de sorte qu'il y a des mandats qui ont été
émis avant le 1er février et de nouveaux mandats qui sont
émis depuis le 1er février. Alors, en ce qui concerne les sommes
relatives à appliquer suivant l'ancienne loi ou la nouvelle loi, c'est
ce que je disais tout à l'heure, je n'ai pu avoir l'information
précise quant à la masse monétaire impliquée.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Caron: On sait, M. le Président, que certaines
provinces avaient déjà signé des ententes avec le
fédéral et avaient déjà
récupéré des montants. Le ministre, au niveau de cette
récupération des montants, principalement au moment de
l'application de la loi C-55, où en est-il dans ses démarches?
Est-ce qu'il va...
M. Rémillard: M. le Président, je dois dire ce que,
au début, on avait demandé. C'était clair, c'est que
ça parte de 1980. On a commencé les négociations comme
ça, et, finalement, on est arrivé, on a dit: Non, ce n'est pas
possible, on ne mettra pas d'effet rétroactif à ce
niveau-là, et on s'est entendu strictement sur 1992. À partir de
là parce qu'on a aussi à négocier différents
autres domaines on est arrivé, dans nos négociations,
à dire: Très bien, c'est équitable à ce
niveau-là. Et c'est le résultat. Pour l'immigration, à
date, au moment où je vous parle, je n'ai pas eu de réponse
définitive encore.
Mme Caron: Vous êtes toujours en négociations. Il
n'y a pas de...
M. Rémillard: Toujours en discussions. (17 heures)
Mme Caron: toujours sur des négociations, mais pas avec le
fédéral cette fois-ci. on sait qu'on avait soulevé aussi,
à l'étude des crédits, que le centre communautaire
juridique de montréal avait profité de la situation un petit peu
complexe de la loi de l'immigration puis avait émis un mémo
à tous les avocats qui acceptaient des mandats d'aide juridique
relativement à des dossiers d'immigration, et le centre avait
modifié, de façon unilatérale, à la baisse de 50 %,
le tarif des avocats de pratique privée qui exécutaient de tels
mandats. On sait que, à ce moment-là, on avait demandé des
rencontres, que l'Association des avocats de pratique privée voulait
rencontrer le ministre. Est-ce qu'il y a eu des rencontres? Est-ce que ce
dossier-là a cheminé depuis l'étude des
crédits?
M. Rémillard: Me Routhier, M. le Président, avec
votre permission, pourrait répondre à cette question.
M. Routhier (Yvon): M. le ministre vient de me promouvoir
maître. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Routhier: Yvon Routhier. Je ne suis pas avocat.
Le Président (M. Dauphin): Peut-être, juste, pour
les fins du Journal des débats...
Mme Caron: Ce n'est pas un défaut, cher monsieur.
M. Rémillard: Non, mais, il n'est pas avocat,
monsieur...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): On vous accepte à la
table quand même, mais, pour le Journal des débats, nom et
qualité.
M. Routhier: Yvon Routhier du ministère de la Justice.
Le Président (M. Dauphin): Excellent, merci.
M. Rémillard: II a beaucoup de qualités, M. le
Président, mais on n'énumérera pas tout...
Le Président (M. Dauphin): On n'en doute pas du tout. Il
lui en manque une, c'est ça que vous voulez dire? Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Routhier: Dans le tarif, parce qu'on parle bien ici d'une
révision du tarif pour les avocats, il y a... Présentement, le
tarif pour les avocats est échu depuis déjà le mois
d'avril 1992. Le Barreau n'a pas encore fait connaître de nouvelles
demandes sur les tarifs. Il y a 2 opportunités qui s'ouvrent au
ministère de la Justice. Premièrement, il peut rouvrir en partie
le tarif qui est présentement en vigueur, c'est-à-dire qui
continue d'être en vigueur, même si l'échéance est
faite. En tout cas, c'est une des voies possibles.
La deuxième voie possible est de renégocier en bloc la
totalité des tarifs, et là-dessus, même si on a une
demande des avocats pour rouvrir le dossier en matière de statut
de réfugié, nous avons peu de données sur la
procédure qui sera faite à la Commission de l'immigration pour
statuer sur la lourdeur et encore plus sur les tarifs à appliquer dans
la nouvelle procédure. Ça fait que, comme ça, on attend un
peu de connaître comment ça va se passer, et, de toute
façon, les choses pourraient aussi être traitées en
arbitrage si les avocats en décident ainsi.
Mme Caron: mais, l'attitude, m. le président, du centre
communautaire juridique de montréal, qui a unilatéralement
coupé à la baisse, de 50 % les tarifs, est-ce que vous avez des
moyens pour la contrer ou si vous devez subir tout simplement?
M. Rémillard: Voulez-vous répondre à cette
question?
M. Routhier: Je peux répondre. Ce que la corporation
régionale de Montréal a fait, c'est que, considérant qu'il
y avait une nouvelle loi sur l'immigration, donc le tarif qui était
négocié devenait inapplicable là-dessus, elle a
utilisé, dans le même règlement, dans la même entente
qu'on a avec le Barreau, l'article 2, qui, lui, spécifie que, lorsqu'il
n'y a pas d'entente spécifique sur des tarifs, ça devient ce
qu'on appelle du non-tarifé. Donc, ça devient aussi arbitrable,
mais, dans la période où c'est arbitrable, il n'y a pas de
décision formelle sur les tarifs qui devront être
appliqués. Ils peuvent appliquer un tarif, appelons-le
intérimaire, et c'est ce qu'ils ont fait. La proposition ne visait que
cela, c'est-à-dire à faciliter administrativement les
procédures, mais ça n'atténuait en rien les demandes que
le Barreau pouvait faire en ce sens. D'accord?
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. Routhier.
Mme Caron: Je vous remercie. Alors, peut-être une
dernière question au ministre, ,, M. le Président, concernant ses
discussions avec le fédéral. Est-ce qu'il peut nous donner un
certain échéancier, ou s'il n'a aucune idée du moment
où il va pouvoir signer cette entente?
M. Rémillard: M. le Président, j'en ai
glissé un mot à M. Blais lorsqu'on a eu la conférence des
ministres de la Justice du Canada, mais c'est M. Valcourt qui est responsable
directement de ce dossier, on le sait. Je lui ai écrit le 28 janvier
on montre la lettre que j'ai écrite le 28 janvier on a eu
l'accusé de réception au mois de février, si ma
mémoire est bonne, mais, depuis ce temps-là, on n'a pas eu
vraiment de contact significatif. J'espère qu'on pourra en avoir et
qu'on puisse régler le dossier, mais je ne peux pas vous donner
d'échéancier à ce moment-ci.
Mme Caron: Qu'est-ce que le ministre a l'intention de faire,
suite à cet accusé de réception? Est-ce qu'il a
l'intention de relancer à nouveau ou...
M. Rémillard: Oui, de relancer à nouveau, et on est
en contact pour que ça puisse évoluer, qu'on trouve une solution,
mais ça ne serait pas vous dire la vérité si je vous
disais que je voyais une solution à très court terme.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, Mme la
députée de Terrebonne?
Mme Caron: Oui, je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
Mme Caron: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 2.
M. Rémillard: L'article 2: L'article 1 a effet depuis le
1er janvier 1992.
Alors, M. le Président, cette disposition vise à permettre
l'application de la mesure prévue au nouvel article 87.2 de la Loi sur
l'aide juridique, édictée à l'article 1, à compter
du 1er janvier 1992.
Le Président (M. Dauphin): Ça va?
Mme Caron: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 3.
M. Rémillard: Article 3: La présente loi entre en
vigueur le (indiquer ici la date de la sanction de la présente loi).
Alors, M. le Président, cette disposition a trait à
l'entrée en vigueur de la présente loi.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Alors, l'article
3 est adopté.
Est-ce que le titre du projet de loi est adopté?
Mme Caron: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
Est-ce que l'ensemble du projet de loi est adopté?
Mme Caron: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
Alors, merci, M. le ministre de la Justice, membres ministériels,
de l'Opposition, personnel de la commission, pour avoir participé
à ces études de ces différents projets de loi. La
commission des institutions, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux
sine die.
M. Rémillard: M. le Président, vous me permettrez
de remercier...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre de la Justice,
juste avant de terminer.
M. Rémillard: ...les membres de cette commission et le
personnel du ministère de la Justice qui m'a accompagné de
même que vous, M. le Président, pour votre présidence, et
Mme la secrétaire, les assistants de Mme la secrétaire, pour
l'excellent travail qu'ils ont fait. Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Mme Caron:
Alors, M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: ...au nom de mon collègue d'Anjou, je pense
bien, et en mon nom personnel, nous allons remercier les membres de la
commission et aussi Me France Thériault, qui nous a assistés tout
au long de ces travaux.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, et nous
ajournons sine die.
(Fin de la séance à 17 h 8)