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(Quinze heures quatorze minutes)
Le Président (M. Dauphin): Le quorum étant
constaté, je déclare donc la séance de la commission des
institutions ouverte, qui a pour mandat de procéder à
l'étude détaillée des projets de loi suivants: le projet
de loi 88, Loi modifiant la Loi sur les substituts du procureur
général; le projet de loi 94, Loi modifiant la Loi sur les
tribunaux judiciaires; le projet de loi 93, Loi modifiant le Code de
procédure civile et la Charte des droits et libertés de la
personne, et le projet de loi 87, Loi modifiant la Loi sur l'aide
juridique.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Bergeron
(Deux-Montagnes) remplace M. Benoît (Orford).
Projet de loi 88
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
Alors, nous souhaitons la bienvenue au ministre de la Justice. Je lui
demanderais, s'il a des remarques préliminaires, de procéder
à ses remarques préliminaires avant d'appeler l'article 1 du
projet de loi 88.
Alors, concernant le projet de loi 88.
Remarques préliminaires M. Gil
Rémillard
M. Rémillard: Je vous remercie, M. le
Président.
M. le Président, me permettez-vous, tout d'abord, de vous
présenter les personnes qui m'accompagnent. J'ai à
côté de moi, à ma gauche, Me Michel Bouchard, qui est
sous-ministre associé aux affaires criminelles, au ministère de
la Justice; à ma droite, Me Jacques Mercier, qui est légiste au
ministère de la Justice; Mme Julienne Pelletier, qui est aussi à
ma gauche, à mon extrême gauche, M. le Président, de mon
cabinet, et Me Daniel Grégoire, qui est tout juste derrière moi,
de la Direction générale des affaires criminelles et
pénales.
J'ai aussi plusieurs personnes du ministère de la Justice qui
m'accompagnent, M. le Président, parce que je veux toujours, comme
ministre de la Justice, qu'on puisse discuter de ces projets de loi
au-delà de toute question de partisanerie politique et avec les
meilleures informations possibles. Alors, je veux pouvoir répondre
à toutes les questions que cette commission pourrait se poser, pour
qu'on puisse prendre les décisions les plus judicieuses en fonction de
ces projets de loi, qui sont essentiellement dans l'objectif de rendre la
justice plus accessible et plus humaine, de la meilleure qualité
possible.
Alors, M. le Président, le premier projet de loi de ces quatre
projets de loi que je présente à cette session-ci, le projet de
loi 88, que nous étudions aujourd'hui, est un projet de loi qui vise
à remplacer les appellations de procureur-chef et de procureur-chef
adjoint par celles de substitut en chef et de substitut en chef adjoint.
C'est un projet de loi qui vise également à remplacer le
mode actuel de nomination des substituts occasionnels, suivant lequel ces
personnes sont nommées par décret du gouvernement par un
processus de nomination ministérielle. C'est un projet aussi, M. le
Président, qui vise à remplacer l'interdiction
générale à tout substitut de se livrer à une
activité politique quelconque par un régime déterminant
les activités politiques auxquelles un substitut peut s'adonner et
celles qui lui sont interdites.
Alors, M. le Président, ce projet de loi a essentiellement pour
objectif de rendre la justice la plus transparente possible. Il s'agit, pour
moi, M. le Président, que je puisse m'assurer, comme ministre de la
Justice, que non seulement la justice est rendue, mais qu'il y a aussi
apparence de justice à tous les niveaux. Parfois, M. le
Président, on peut être sensibles, de ce côté-ci,
comme politiciens, à certains arguments ou à certaines
façons de faire auxquelles la population n'est pas
particulièrement sensible. Mais, parfois, c'est le contraire. Parfois,
pour nous, il y a des choses qui vont de soi, mais, pour la population, c'est
quelque chose qui peut être plus difficile à accepter. Lorsqu'on
parle de justice, lorsqu'on parle des substituts, on parle des
représentants du Procureur général. Donc, ce n'est pas du
ministre de la Justice, mais du Procureur général, ceux qui
décident de poursuivre. Par conséquent, il faut prendre toutes
les mesures possibles pour qu'ils puissent être au-dessus de tout
soupçon de partialité tout en respectant leur droit le plus
fondamental en démocratie, c'est-à-dire de participer aux
débats politiques, mais conservant leur neutralité.
Alors, voilà, M. le Président, l'objectif du projet de loi
que je propose à cette commission, le projet de loi 88, Loi modifiant la
Loi sur les substituts du procureur général.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre de la
Justice, et bienvenue encore une fois à vos collaborateurs et
collaboratrices.
Maintenant, je vais reconnaître M. le député d'Anjou
pour qu'il procède également à ses remarques
préliminaires, toujours sur le projet de loi 88.
M. Pierre Bélanger
M. Bélanger (Anjou): Merci, M. le Président.
Permettez-moi de vous saluer, de saluer les membres de cette commission et les
invités qui accompagnent
M. le ministre. Il me fait plaisir, moi aussi, de participer à
l'étude de ce projet de loi qui va porter sur les dispositions touchant
la Loi sur les substituts du procureur général. Je sais que c'est
un dossier que tient à coeur le ministre. Il a maintes fois vanté
les mérites de ces substituts, et je suis certain que, dans ce projet de
loi, toute cette estime va se retrouver. Nous pourrons, à ce
moment-là, y voir la concrétisation de cette façon de
penser.
Maintenant, j'aimerais, dans un premier temps, avoir des commentaires de
la part du ministre relativement à un article qui est paru en fin de
semaine dans La Presse, qui faisait part d'une déclaration de
l'Association des substituts du Procureur général, qui
constataient certaines contraintes qui leur étaient imposées
suite aux coupures budgétaires qui, on le sait, touchent tous les
ministères, dont le ministère de la Justice. Les substituts,
finalement, craignaient, dénonçaient certaines situations de
crise qui sont à prévoir et qu'ils sentent présentement,
principalement dans 2 villes.
En particulier, dans cet article de La Presse du 5 juin, on
parlait d'un problème à la ville de Trois-Rivières,
où on avait eu un stagiaire à la couronne qui, dans une
journée, avait dû traiter 150 dossiers à lui seul, alors
que, comme on le sait, le stagiaire, il n'est pas encore avocat reconnu par le
Barreau. Donc, on peut facilement imaginer un stage étant de 6
mois que ce stagiaire avait entre 1 à 5 mois, maximum 5 mois et
quelques semaines d'expérience, et on lui a demandé de toucher et
de traiter 150 dossiers. (15 h 20)
On parle, dans cet article, d'une situation encore plus explosive
relativement à la ville de Hull. Là, je lis l'article:
«C'est à Hull que la situation est la plus explosive. C'est
tellement sur le point de sauter que les avocats de la défense et autres
intervenants du monde judiciaire se sont joints aux procureurs de la couronne
pour alerter les autorités gouvernementales.»
Alors, là, je ne pense pas qu'on parle uniquement de craintes
théoriques, je pense que c'est vraiment... C'est une appréhension
qui est partagée par l'ensemble des représentants du
système judiciaire, au moins dans la ville de Hull. Alors, j'aimerais
savoir ce que le ministre... Quels sont les commentaires du ministre
relativement à cet article?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre de la
Justice.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: M. le Président, le
député d'Anjou a bien raison de dire que je considère que
les substituts font un travail remarquable. Partout au Québec, j'ai eu
l'occasion de travailler en étroite collaboration avec les substituts en
chef, pour améliorer la façon dont on peut travailler pour rendre
la justice la plus humaine possible. C'était un objectif que nous
poursuivions tous ensemble. J'ai pu constater ça fait 5 ans que
je suis ministre de la Justice M. le Président, à quel
point les substituts font un excellent travail. J'aime toujours donner, comme
exemple de l'appréciation du travail qui se fait par les substituts, le
nombre de juges qui sont nommés, qui ont été nommés
dans les 5 dernières années et qui viennent des substituts.
Ça démontre fort bien l'expertise et la compétence des
substituts.
Dans ce contexte-là, M. le Président, j'ai pris
connaissance de cet article publié dans le journal La Presse de
samedi dernier, intitulé «Les coupes budgétaires
précipitent la Justice dans le fouillis». Je peux vous dire, M. le
Président, que j'ai considéré cet article comme se
référant à des faits que j'ai fait vérifier et qui
m'apparaissent tout d'abord des faits incomplets et erronés. Incomplets
parce qu'on ne parle pas, M. le Président, dans cet article, de toutes
les mesures qu'on est à mettre en place pour rendre la justice plus
accessible en matière pénale, en matière criminelle et
aussi pour la rendre la plus humaine possible.
Je reviens sur ce qualificatif parce qu'on y travaille beaucoup
présentement; entre autres, lorsqu'on parle des cours municipales. Il
est vrai que nous sommes à travailler, à signer des protocoles
d'entente avec plusieurs municipalités. On en a signé,
jusqu'à présent, je pense, 38 ou 40 M. le sous-ministre me
corrigera on va en signer encore plusieurs dans les prochaines semaines
et les prochains jours. L'objectif, c'est de faire en sorte que les cours
municipales, souvent, qui ont déjà eu ces responsabilités,
puissent les retrouver. Elles auront, à ce moment-là, la
possibilité d'avoir une justice plus près des gens et de
s'occuper de ce qu'on appelle la Partie XXVII du Code criminel, sur poursuite
sommaire. Donc, on va dégager d'autant plus les substituts du Procureur
général.
Autre chose, M. le Président, que ne comprend pas cet article,
c'est la non-judiciarisation, c'est-à-dire faire en sorte que, pour un
premier crime, des crimes, évidemment, de moindre importance par
exemple, un vol à l'étalage, un petit vol à
l'étalage, pour la première fois; une agression simple, pour la
première fois ces crimes pourront être
réglés, avec l'accord de la victime, à l'extérieur
du système judiciaire normal aussi. Dans ce contexte-là,
ça pourra désengager aussi les cours de justice.
Alors, il y a un processus, M. le Président, global, que nous
avons mis en place, qui nous amène de plus en plus à
décentraliser l'administration de la justice et à responsabiliser
le citoyen. On a fait un Sommet de la justice sur le thème «La
justice: une responsabilité à partager». M. le
Président, le juge en chef de la Cour suprême du Canada a dit que
c'était l'événement du siècle en matière
judiciaire au Québec. Ce n'est pas pour rien, c'est parce que tous les
participants ont convenu, à la suite de ces quatre journées et
demie de discussion, à ce forum exceptionnel qu'a été le
Sommet de la justice, qu'il fallait qu'on responsabilise le citoyen, qu'on
fasse en sorte que le citoyen soit conscient de ses devoirs comme de ses
droits.
Par conséquent, M. le Président, ce que ça veut
dire en matière de justice, c'est qu'en matière civile, par
exemple, nous favorisons la médiation, la conciliation,
l'arbitrage. En matière pénale, nous favorisons tous les
mécanismes de possibilité de consultation directement avec la
victime, dans les cas criminels, pour rendre la justice encore plus humaine et
plus accessible à l'ensemble de la population.
Dans ce contexte-là, M. le Président, j'ai eu l'occasion,
par exemple, de faire vérifier, en ce qui regarde la ville de Hull et le
contentieux de Hull, les substituts à Hull. J'y suis allé
à Hull, il y a peut-être quelques mois. J'y suis allé parce
que je vais dans les palais de justice à l'improviste. J'arrive et puis
je vais dans les palais de justice. Je visite les palais de justice, juste pour
vérifier. Je ne joue pas à l'inspecteur qui arrivait à la
dernière minute, mais, quand je suis dans un endroit, puis que j'ai
quelques minutes, à un moment donné, ça se porte bien.
Alors, je vais au palais de justice, puis je vais voir ce qui se passe. Je vais
voir les procureurs, je m'assois. Je suis allé à Chicoutimi, il y
a 2 semaines, où j'ai passé un bon moment avec les substituts, et
j'ai parlé avec eux. D'ailleurs, j'ai appris des choses, puis on va
travailler à améliorer les choses.
J'étais à Hull, il y a quelques mois Hull qui est
ma ville natale et j'ai discuté avec eux. Je connais certains de
leurs problèmes. On a vérifié ce matin, M. le
Président, et je peux vous dire que c'est faux de parler d'une situation
explosive à Hull, complètement faux, complètement faux.
Chacun doit faire ses efforts, c'est évident, parce que le gouvernement
demande à l'ensemble de la population du Québec de faire des
efforts. C'est évident qu'à la Justice, comme dans tous les
autres ministères, on doit faire nos efforts. Nous sommes un
ministère de services. Par conséquent, on doit comprendre qu'on
n'a pas les mêmes contraintes que lorsqu'on est dans un ministère
de production. Mais ce que nous fournissons comme services, nous devons
apprendre à le faire de la façon la plus rationnelle
possible.
Or, M. le Président, le sous-ministre responsable des affaires
civiles et pénales est avec moi. Il peut répondre, il peut
compléter ma réponse si le député d'Anjou a besoin
d'avoir des compléments de réponses plus spécifiques. Pour
ma part, j'ai envoyé aujourd'hui une réponse à cet article
au journal La Presse. Je l'ai envoyée, parce que je ne peux pas me
permettre qu'il y ait des titres comme ça dans les journaux et que
ça touche l'administration de la justice. Pour l'ensemble des citoyens,
peu importent les tendances politiques qu'on peut avoir, les pensées
qu'on peut avoir, il faut que notre système juridique et notre
système judiciaire, notre système de justice, d'une façon
générale, reflète le plus possible notre
société de démocratie et de liberté. Alors, quand
un article comme celui-là, avec un titre comme celui-là,
amène à des conclusions aussi erronées, c'est mon devoir,
comme ministre de la Justice, comme Procureur général, d'y
répondre. C'est ce que j'ai fait. L'article va être envoyé
aujourd'hui, et ça dépend de l'éditeur de décider
quand il le fera paraître, s'il veut le faire paraître.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le minis- tre de la
justice.
M. le député d'Anjou.
Discussion générale
M. Bélanger (Anjou): Merci, M. le Président.
Je peux comprendre le ministre un peu de reprocher le fait que, dans cet
article, on ne fait pas mention de certaines choses qu'il a promises au Sommet
de la justice, mais je pense qu'il faut comprendre aussi que ces choses, comme
quand on parle de déjudiciarisation, quand on parle d'entente avec les
cours municipales, ces choses-là ne sont pas en vigueur encore. En tout
cas, elles ne sont pas en application. Est-ce que ça se fait
présentement?
M. Rémillard: Ah oui! ça se fait
présentement.
M. Bélanger (Anjou): La majorité de ces
choses-là ne se font pas présentement.
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger (Anjou): Elles sont en opération,
appliquées dans des cours, présentement? Il y a eu des transferts
d'effectifs qui se sont faits?
M. Rémillard: Bien oui! Il y a des protocoles d'entente
qui sont signés.
M. Bélanger (Anjou): Oui, qui sont signés, mais
est-ce qu'ils sont effectifs? Est-ce qu'on les voit sur le terrain, en
application?
M. Rémillard: Us sont signés.
M. Bélanger (Anjou): C'est une chose d'avoir des ententes,
c'est une chose d'avoir des négociations.
M. Rémillard: Ah oui!
M. Bélanger (Anjou): Je comprends qu'il y a du travail qui
s'est fait, on en a parlé lors de l'étude des crédits.
M. Rémillard: Alors, c'est fait. C'est fait. Puis,
actuellement, les cours municipales le font parce que le transfert des amendes
ne se faisait pas avant.
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: Là, maintenant, il se fait. Donc, ils
ont les moyens financiers pour administrer leur cour.
M. Bélanger (Anjou): Bon. (15 h 30)
M. Rémillard: Alors, ça se fait. Je pourrais
demander au sous-ministre s'il veut me donner le nombre de protocoles qu'on a
signés à date et qu'on s'ap-
prête à signer. Mais on va en signer et on essaie d'en
signer le plus possible.
M. Bélanger (Anjou): Donc, si je comprends bien, au fur et
à mesure...
M. Rémillard: Une cinquantaine, on est rendu à
une... On m'informe qu'on a une cinquantaine de protocoles de
signés.
M. Bélanger (Anjou): Donc, si je comprends bien, au fur et
à mesure que ces protocoles sont signés, ils s'appliquent dans
les municipalités qui ont adhéré. C'est ça?
M. Rémillard: Ils peuvent... C'est ça.
M. Bélanger (Anjou): Ou est-ce qu'on attend que toutes les
villes aient adhéré avant de l'appliquer?
M. Rémillard: Non, non, non. Au fur et à mesure que
les villes signent le protocole, c'est à elles, ensuite, de prendre les
moyens pour l'appliquer.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que les villes de Hull et
Trois-Rivières ont signé?
M. Rémillard: Oui, Hull est en négociations...
M. Bélanger (Anjou): Donc, Hull, ce n'est pas... M.
Rémillard: ...et Trois-Rivières aussi.
M. Bélanger (Anjou): On n'applique pas présentement
ces 2... On n'applique pas ça, présentement, à Hull,
donc?
M. Rémillard: Alors, on est en train... Il y a des
négociations et des protocoles pour Aylmer, qu'on me dit, et Gatineau
aussi.
M. Bélanger (Anjou): Donc, le ministre admettra avec moi
que...
M. Rémillard: Le député de Chapleau...
M. Bélanger (Anjou): ...présentement, dans Hull,
ces mesures ne sont pas encore appliquées, puisque c'est encore en
négociations. Donc, ça ne s'applique pas encore.
M. Rémillard: Bien, c'est un peu ça, mais à
Hull même... Par contre, c'est signé à Hull, on a un
protocole. La Cour municipale... On a signé avec la Cour municipale de
Hull. On va le faire vérifier.
M. Bélanger (Anjou): D'accord. Est-ce qu'à
Trois-Rivières ça a été signé?
M. Rémillard: À Trois-Rivières? Je vais
deman- der l'information.
M. Bélanger (Anjou): Ça n'a pas été
signé?
M. Rémillard: Alors, je vais demander au sous-ministre, si
vous voulez, de donner des réponses à ces questions bien
techniques.
Le Président (M. Dauphin): Le sous-ministre, M. Michel
Bouchard.
M. Bouchard (Michel): Oui. M. le Président, M. le
député. Vous excuserez mon timbre de voix, là, j'ai une
grippe qui ne veut pas me laisser.
Vous posiez la question pour Trois-Rivières, j'imagine, pour
faire référence au nombre de dossiers dont fait mention La
Presse ce matin. Il faut comprendre qu'il ne s'agit pas de salles, de
dossiers qui sont entendus dans des salles réservées à des
fins d'enquête préliminaire ou de procès au fond. Il s'agit
d'une cour à volume.
M. Bélanger (Anjou): Des comparutions.
M. Bouchard: Une cour à volume, c'est des comparutions et
la cour de pratique. Dans plusieurs des dossiers, il peut s'agir de fixation de
dates. Maintenant, quant à la référence que c'est un
stagiaire, c'est quand même une personne qui est diplômée en
droit, et les stagiaires se voient confier ce genre de tâche.
Manifestement, si ses supérieurs en venaient à la conclusion que
l'individu n'a pas le bagage juridique nécessaire pour traiter des
dossiers compliqués, ces dossiers ne seraient pas
référés au stagiaire. Personnellement, j'ai
été stagiaire et j'ai conduit des salles à volume,
au-dessus de 100 dossiers, et, toujours, ça a été fait...
D'abord, il faut comprendre que le stagiaire prend connaissance des dossiers
bien avant de se présenter dans cette salle. Comme je vous le disais
tout à l'heure, il ne s'agit pas de traiter de sentences au fond, ni de
points de droit excessivement complexes. Il s'agit de fixer des dates,
quelquefois de faire des enquêtes préliminaires sans
témoin.
M. Bélanger (Anjou): Oui, des enquêtes sous caution
aussi?
M. Bouchard: II y a des enquêtes sous caution, mais il faut
comprendre que les enquêtes sous caution, la plupart sont traitées
pour demander à l'individu de se prêter à certaines
conditions de remise en liberté. C'est un travail que le stagiaire est
en mesure d'accomplir sous la supervision d'avocats, et c'est ce qui se passe
dans tous les districts du Québec.
M. Bélanger (Anjou): Mais vous comprendrez, M. le
sous-ministre, que, quand même, dans le cas d'enquêtes sous
caution, il y a déjà eu, dans le passé, des bavures. Je
comprends que l'erreur est humaine. Je ne cherche pas à dire de quelle
façon on aurait pu néces-
sairement éviter ça, mais dans le cas d'une enquête
sous caution, on a déjà eu des gens qui ont été
remis en liberté, tout simplement parce qu'il y avait un trop grand
volume dans cette salle. Ça s'est déjà vu. Alors,
ça s'est déjà vu, ça s'est déjà vu.
C'est déjà... Il y a eu des cas, déjà, de
ça.
M. Bouchard: Mais...
M. Bélanger (Anjou): Alors, moi, c'est ce qui
m'inquiète, parce que, quand même, 150 de volume... J'en conviens
avec vous. Moi aussi, j'ai été stagiaire. J'ai fait du droit
criminel pendant les premières années de ma pratique. Moi,
j'étais de l'autre côté, j'étais à l'aide
juridique. Je faisais ça au niveau de l'aide juridique, et je me
souviens, le volume, le va-et-vient continu dans ces salles à volume,
comme on dit. C'est vrai que certaines choses peuvent prendre 2 ou 3 minutes.
C'est tout simplement «non coupable» avec une date, tout
simplement. Mais 150 dossiers, vous conviendrez avec moi que c'est beaucoup de
dossiers.
M. Bouchard: Oui, mais...
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que vous avez
vérifié si, effectivement, il y a eu 150 dossiers pour une
journée particulière? C'est assez facilement verifiable,
d'après les plumitifs informatisés. Les stagiaires ont des codes
très spéciaux, ça apparaît dans le dossier de...
(Consultation)
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, même si on
peut le vérifier... Quelqu'un qui est stagiaire, évidemment, son
travail doit être vérifié après. Alors, normalement,
celui qui est en charge, dans ces dossiers, ça doit être
vérifié. C'est des cas comme le député d'Anjou
vient de le mentionner.
Maintenant, il y a eu des cas déplorables c'est
très vrai, ça sous caution, comme il y a eu des cas
déplorables lorsqu'on a remis en liberté des gens qui
étaient présumés avoir commis des crimes ou des
infractions. Lorsqu'il y a eu la fameuse décision de la Cour
suprême sur les délais, on s'est aperçu, tout à
coup, qu'on avait peut-être agi trop rapidement, à certains
niveaux, et qu'on avait procédé, au niveau de la magistrature.
Là, c'est devant la Cour d'appel, la Cour suprême, et on verra. La
Cour suprême elle-même a dit: Écoutez, attention! Il faut
prendre cas par cas. Alors, dans ce cas-là, s'il y a eu quelques
maladresses qui ont été faites, M. le Président, ça
a toujours été d'une façon très isolée, et
on agit en conséquence pour que ça ne se produise plus. Quand on
a pu corriger l'erreur, elle a été corrigée. Alors, il
faut voir cette situation en fonction de toutes les mesures qu'on prend pour
rendre la justice plus près des gens. Entre autres, je parle de
non-judiciarisation comme je parle des nouvelles responsabilités des
cours de justice au niveau municipal. Ce sont 2 éléments qui sont
très importants.
Le Président (M. Dauphin): Juste avant, M. le
député de Chapleau m'a demandé la parole,
tantôt.
M. Kehoe: Oui, j'aimerais ça, juste donner un
complément de réponse à ce que le ministre a dit. Durant
25 ans, j'ai pratiqué le droit à Hull. Je suis au courant de la
situation à Hull. Je connais la plupart des avocats de la couronne ainsi
que de la défense. Quand je lis, dans cette lettre... Jean-Paul
Charbonneau a écrit cet article, sans mentionner aucun nom, puis d'aller
jusqu'au point de dire que «le Conseil du trésor et son
président écrit dans un communiqué l'Association
en décrétant arbitrairement des coupures de
postes...» Ce n'est pas vrai, ça. La seule chose qui arrive,
à Hull, c'est un agent de bureau qui n'est pas remplacé.
Ça se peut fort bien qu'elle prenne sa retraite ou qu'elle parte. C'est
un poste, seulement. Il n'y a aucun professionnel qui est coupé,
à Hull. Au complet, il n'y a aucune coupure de professionnel, à
Hull, du tout.
Les procureurs de la défense... Je retourne dans le comté
toutes les fins de semaine, puis je suis en contact constant avec eux. Les
procureurs de la couronne, ils m'appellent souvent concernant certaines
difficultés qu'ils ont. Ils ne m'ont jamais parlé de ces
affaires. Certainement qu'il y a un problème à Hull. Le fait que
c'est tout près d'Ottawa, que les bars puis les différents
endroits où ils vendent la boisson, en Ontario, ferment à minuit,
puis que ça ferme à 3 heures, à Hull... Il y a beaucoup de
problèmes sur la «main» à Hull à cause de
ça. Les gens, les jeunes de l'Ontario viennent à Québec,
puis il y a beaucoup de délits mineurs qui sont commis. C'est vrai qu'il
y a beaucoup plus d'ouvrage, plus de travail, plus de causes parce qu'on est
une ville frontalière, puis que les gens de l'Ontario viennent prendre
de la boisson après minuit. Ça cause beaucoup de
problèmes, ça c'est certain, puis il y a beaucoup de
dossiers.
Mais, comme le ministre a dit, dès que l'affaire sera
réglée, ces causes vont aller toutes devant la Cour municipale.
Puis, c'est en train de se faire, si ce n'est pas fait à l'heure
actuelle. Il y a une cour municipale à Hull, il y a une cour municipale
à Gatineau, il y a une cour municipale à Aylmer, puis à
Buckingham, tout autour. Aussitôt que l'affaire est réglée,
l'entente, puis c'est sur le point de l'être... Moi, le problème,
à Hull... Je pense qu'il y a quelqu'un qui a dit que nous sommes sur un
volcan. L'article au complet, c'est une exagération magistrale, puis la
situation à Hull... Je ne sais pas, à Trois-Rivières, ce
que c'est, mais je sais pertinemment bien qu'à Hull... Je retourne, je
vais au palais de justice sur une base régulière. Comme je vous
dis, j'ai pratiqué le droit là, puis je suis encore membre du
Barreau de Hull. Je suis au fait de la situation à Hull. Puis, ce qui
est décrit dans cet article, comme le ministre l'a dit, c'est totalement
faux.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Chapleau.
M. le député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Oui, merci, M. le
Président.
Tout à l'heure, le ministre a parlé d'une cinquantaine de
municipalités qui avaient signé l'entente. Est-ce que ce serait
possible d'avoir une liste préliminaire de ces municipalités qui
ont adhéré? Je comprends qu'elle est partielle, qu'elle est
à compléter.
Maintenant, j'aimerais juste réagir aux propos, tout à
l'heure, du ministre, à l'effet qu'il y avait une vérification
qui se faisait. C'est vrai qu'il y a un maître de stage, au niveau du
criminel, sauf que le ministre comprendra qu'à partir du moment
où une décision est prise... On peut vérifier, à la
fin de la journée, les décisions qui ont été
prises, mais, des fois, ce n'est pas réparable. Si on a remis en
liberté quelqu'un qu'on n'aurait pas dû remettre en
liberté, on ne peut pas dire: Bon, bien, vous n'auriez pas dû le
remettre en liberté. On va courir après. C'est ce qui
m'inquiète un peu, au niveau du criminel. Pour l'avoir vu, justement,
à quelle vitesse même si ces décisions prennent peu
de temps; ce sont des fois des décisions de routine le stagiaire
doit prendre une décision. C'est assez, des fois, je vous dirais...
Ça fait peur, des fois, surtout dépendamment de
l'expérience qu'a ce jeune procureur. Je comprends qu'on ne peut pas
éviter toutes les bavures. Il y en aura tout le temps, peu importe le
système qu'on peut mettre en place. Mais je pense qu'en mettant une
pression indue à certains endroits ou dans certains secteurs, alors,
à ce moment-là, on met une situation à problèmes.
Alors, moi, ça m'inquiète. Quand je vois 150 dossiers, je trouve
que c'est beaucoup. Alors, je m'attendais à ce qu'une
vérification soit faite, à savoir s'il est arrivé quelque
chose, si, effectivement, il y a eu un jeune stagiaire qui a eu 150 dossiers
dans une journée.
Maintenant, je voulais savoir, par rapport à
Trois-Rivières, est-ce qu'il y a eu une coupure de poste? Est-ce qu'il
va y avoir des coupures de postes de procureur à Trois-Rivières,
ou de stagiaires? (15 h 40)
Le Président (M. Dauphin): M. Bouchard.
M. Bouchard: Effectivement, à Trois-Rivières, il y
a eu une compression, c'est-à-dire un objectif de compression qui a
déjà été rencontré par le départ d'un
procureur de la couronne dans la région de Trois-Rivières. C'est
la question dont vous parliez... Trois-Rivières? Mais il n'y a pas eu de
congédiement d'effectué au niveau des substituts à
Trois-Rivières. L'individu a donné sa démission pour aller
pratiquer en pratique privée, et le poste n'a pas été
comblé, parce que l'objectif de compression pour Trois-Rivières
était d'un poste, à cet endroit.
M. Bélanger (Anjou): Donc, il ne sera pas remplacé.
C'est ça?
M. Bouchard: II ne sera pas remplacé.
M. Bélanger (Anjou): Sur combien de procureurs? Il y a
combien de procureurs, présentement, à Trois-Rivières?
M. Bouchard: II faut comprendre que le substitut en chef de
Trois-Rivières gère également la région de
Shawinigan, où il y a 3 substituts; La Tuque, où il y a 1
substitut; Drummondville, où il y a 2 substituts, et
Trois-Rivières, si mon souvenir est bon, qui est de 9 substituts avec 1
adjoint 10 et le chef 11.
M. Bélanger (Anjou): Celui qui quitte, est-ce qu'il
était affecté à un poste en particulier?
M. Bouchard: II était surtout affecté au traitement
des dossiers de nature pénale, c'est-à-dire les dossier du Code
de la sécurité routière ou des choses du genre. La
réaffectation des tâches est déjà faite à
Trois-Rivières, pour que ces dossiers-là soient traités
par d'autres procureurs.
M. Bélanger (Anjou): Avec votre expérience, Me
Bouchard, est-ce qu'il est courant qu'un stagiaire puisse avoir 150 dossiers
dans une journée?
M. Bouchard: Je l'ai fait, M. le député, dans mon
stage. Comme je vous le dis...
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Bouchard: Vous savez aussi, pour avoir pratiqué, qu'on
se prépare beaucoup plus lorsqu'on est stagiaire que lorsqu'on est un
avocat d'expérience où les dossiers deviennent de la routine.
Dans ce cadre-là, nous pensons que les stagiaires que nous engageons,
qui ont été sélectionnés parmi plusieurs candidates
et candidats, rencontrent les exigences de la fonction, d'une certaine
façon, se préparent bien et reçoivent un appui plus que
satisfaisant de leurs supérieurs. On ne les envoie pas, comme ça,
à l'abattoir, avec 150 dossiers qui pourraient comporter des
difficultés complexes, si je vous fais part de mon
expérience.
M. Bélanger (Anjou): D'accord. Donc, d'après vous,
selon votre expérience toujours, le stagiaire qui aurait accompli 150
dossiers serait un stagiaire quand même pas en début de stage, qui
aurait une certaine expérience.
M. Bouchard: Tous les stages débutent en même temps.
Ils ont débuté leur stage il y a environ 6 à 8 semaines
si ma mémoire est bonne, c'est vers la fin avril, début
mai. Mais, comme je vous le disais, ils reçoivent leurs dossiers
suffisamment à l'avance pour les étudier. Lorsqu'ils voient ou
entrevoient dans les dossiers une certaine difficulté, ils se
réfèrent à leurs supérieurs, mais je vous dis qu'il
est impossible qu'on ait fixé 150 dossiers au fond, dans une salle
d'audience. Vous le savez pour avoir pratiqué.
M. Bélanger (Anjou): Oui, oui. Ça, c'est
sûr.
M. Bouchard: Donc, il y en a probablement 75 à 80 qui sont
des comparutions pour fixer des dates.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...je vais essayer d'avoir plus
d'explications, comme le sous-ministre d'ailleurs, sur les 150, là. Mais
on ne m'a pas... On sait très bien que, physiquement, ce n'est pas
possible. On ne fait pas 150 plaidoiries devant le tribunal dans une
journée, ça ne se fait pas. Alors, il y a des choses
automatiques, sans conséquence, puis on dit: Bien, au 6 janvier ou au 3
décembre, bon, etc.. Si c'est ça, c'est autre chose, M. le
Président.
En matière pénale, strictement en fonction de
l'application de nos lois... J'espère que cet article j'en suis
convaincu, d'ailleurs, M. le Président n'a pas des
considérations qui peuvent se situer au niveau des relations de travail,
c'est-à-dire que je crois que tous les gens qui travaillent, tous les
substituts qui travaillent ont premièrement à coeur
l'administration de la justice, avec tout ce que ça signifie, et qu'il
n'y a pas de relations là avec les négociations concernant les
relations de travail.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député.
M. Bélanger (Anjou): Relativement à Hull, est-ce
que vous pourriez me confirmer l'information que vient de nous donner le
député de Chapleau, à l'effet qu'il y aurait uniquement un
agent de bureau qui ne serait pas remplacé. Aucun procureur ou substitut
ne serait cou-pé?
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger (Anjou): C'est ça?
M. Rémillard: C'est ce que je peux vous confirmer.
M. Bélanger (Anjou): Dans le même article, on fait
référence au fait que la situation qui prévaut
présentement à Hull avait été
dénoncée aux autorités gouvernementales. Est-ce que
ça a été dénoncé soit au
député de Chapleau, au ministre de la Justice ou est-ce
que...
M. Rémillard: J'ai eu l'occasion d'en parler,
évidemment, avec le député de Chapleau, qui est aussi
adjoint parlementaire du ministre de la Justice, et je me suis rendu
directement à Hull. Je suis allé, j'ai rencontré les
procureurs de la couronne. Je me suis assis avec eux, et pendant au moins 1
heure, si ma mémoire est bonne, j'ai discuté avec eux des
différents problèmes qu'ils pouvaient avoir. On a, je pense,
trouvé des solu- tions à plusieurs problèmes et, à
ma connaissance, les principaux problèmes sont résolus. C'est
résolu.
M. Bélanger (Anjou): C'étaient des problèmes
d'effectifs ou des problèmes de volume?
M. Rémillard: II y avait des problèmes d'effectifs,
il y avait des problèmes... Évidemment, à Hull... Le
député de Chapleau, tantôt, disait que Hull est une ville,
donc, sur la séparation je ne veux pas prendre le terme
«frontière»; vous comprendrez, M. le député
à la séparation de l'Ontario et du Québec...
M. Bélanger (Anjou): On comprendra. M.
Rémillard: Vous comprendrez? M. Bélanger (Anjou): On
comprendra.
M. Rémillard: Alors, Québec et Ontario. L'attrait,
aussi, souvent, du gouvernement fédéral, qui paie des salaires
plus élevés que, nous, nous pouvons payer pour nos substituts,
ça aussi, ça fait en sorte que certains de nos substituts ont
décidé de continuer leur carrière du côté
fédéral. À un moment donné, ça a
causé certaines difficultés, mais on a réajusté. On
a fait du recrutement, on a fait du très bon recrutement. Alors,
à partir de là, tous les problèmes sont
réglés.
Il y a un effort à faire à Hull comme il y a un effort
à faire à Trois-Rivières. Il y a une effort à faire
dans toutes les villes du Québec et dans tous les palais de justice du
Québec. C'est ce qu'on va faire.
M. Bélanger (Anjou): Ça, j'en...
M. Rémillard: Certains nous ont suggéré,
à un moment donné, M. le Président, d'aller plus loin. Des
gens nous suggèrent même de faire appel au secteur privé
pour du droit pénal. Revenons, pour le droit pénal, pas le droit
criminel mais le droit pénal, au secteur privé. Faisons des
appels d'offres et voyons des bureaux d'avocats qui veulent faire du droit
pénal.
M. Bélanger (Anjou): Comme pour la médiation aux
petites créances.
M. Rémillard: Ah non! Ça, c'est différent.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Non, non. Là, c'est différent.
La médiation, aux petites créances... Je suis content que le
député d'Anjou soulève cette question-là, et il
sait à quel point je l'ai à coeur. Pour les petites
créances, ce seront des avocats et des notaires à la suite
d'un appel que nous avons fait qui vont être reconnus, qui
acceptent d'être médiateurs. Par conséquent, ils vont faire
une médiation et seront payés 75 $ la médiation, fixe.
M. Bélanger (Anjou): Tarif forfaitaire?
M. Rémillard: Tarif forfaitaire, ouvert aux avocats et aux
notaires.
Pour la médiation familiale, ça sera la même chose,
mais ouvert à tous les médiateurs dûment
accrédités comme tels. Alors, on est en train de faire le
règlement pour que ce soient des accréditations qui conviennent
en fonction de l'Association des médiateurs, des normes du Barreau, de
la Chambre des notaires, etc.
M. Bélanger (Anjou): Quand vous disiez, tout à
l'heure, que, pour Hull, vous aviez eu une rencontre, que vous aviez
trouvé des remèdes à la majorité des
problèmes qui vous avaient été soumis, vous avez
parlé que vous avez fait du recrutement. Donc, je dois comprendre qu'il
y a eu de l'embauche qui a été faite à Hull, pour des
nouveaux postes qui ont été créés comme procureurs
de la couronne?
M. Rémillard: Oui, il y a 1 an. C'est ça, il y a 1
an. Il faut dire qu'il y a 2 substituts qui ont été nommés
juges.
M. Bélanger (Anjou): Ah! c'est bien.
M. Rémillard: Oui, 2 substituts de Hull: M. Chevalier et
Valmont Beaulieu.
M. Bélanger (Anjou): Valmont Beaulieu? Ah bon!
D'accord.
M. Rémillard: Alors, les 2 qui ont été
nommés, ça démontre la grande qualité.
M. Bélanger (Anjou): Ils ont été
remplacés?
M. Rémillard: Un à Hull, M. Chevalier. C'est son
père, le juge Chevalier, qui était de Hull, aussi. Il reste
à Hull.
M. Bélanger (Anjou): Ah bon! D'accord. M.
Rémillard: Ils ont été remplacés, bien
sûr. M. Bélanger (Anjou): Parfait.
M. Rémillard: Mais ils sont irremplaçables! Je veux
dire, il y en a d'autres qui sont venus prendre leurs postes.
M. Bélanger (Anjou): Oui, oui. On apprend, même en
politique, qu'il n'y a personne d'irremplaçable. C'est la
première chose que j'ai apprise.
Maintenant, quand le ministre parlait, tout à l'heure encore, du
Sommet de la justice, il parlait de son intention d'humaniser le plus possible
le processus pénal. Moi, je reviens toujours au commentaire que j'ai
déjà fait, à savoir: Comment humaniser plus avec moins de
monde? Pour moi, humaniser, c'est mettre plus de ressources humaines, surtout
que je pense que vous en conviendrez avec moi, M. le ministre
certaines des dispositions qu'on avait prises pour humaniser davantage le
système, comme le système de poursuites verticales, font appel
à plus de ressources. Justement, on n'est pas capable encore de le
mettre en application à Montréal, parce que ça demanderait
trop de ressources pour pouvoir réellement l'appliquer à
Montréal.
Alors, je me demande comment le ministre va réussir ce tour de
force d'humaniser davantage notre système. Je comprends qu'on va en
envoyer dans des cours municipales. Ça, je comprends ça, qu'on va
déju-diciariser certaines choses et que ça va enlever un peu de
volume. Mais, encore là, je me demande: Comment va-t-on réussir
à humaniser davantage? Surtout, on sait aussi à quel point le
ministre est préoccupé par le traitement des victimes de crimes,
des témoins. On le sait comme quoi les témoins se sentent souvent
trimballés d'un procureur à l'autre, tout au long d'un dossier.
Alors, j'ai beaucoup de difficultés, parce que, justement, il y avait eu
des efforts considérables. Je l'ai dit dans mon discours, lors du
dépôt du projet de loi, qu'il y avait eu des efforts quand
même, je pense qu'il faut les souligner faits pour augmenter les
effectifs à la couronne. Il y avait eu, dans le passé, aussi, des
efforts faits pour améliorer leurs conditions de travail. Puis là
on a l'impression, un petit peu, qu'avec les coupures qui sont imposées
encore par le Conseil du trésor tout ça va être comme
annulé. On retourne à la case départ. Surtout, je pense
à certaines équipes spéciales qu'on avait mises sur pied
pour la lutte contre la drogue, la violence conjugale. (15 h 50)
Alors, toutes ces choses-là... Moi, je me demande comment le
ministre va réussir à garder ces acquis-là! Puis, je pense
que c'était... En tout cas, ça avait été
salué par tous les intervenants, ces mesures-là. Puis, là,
maintenant, avec ces coupures, ces coupures de postes... Puis, tout le monde
était d'accord pour dire que les effectifs qui avaient
été, à ce moment-là, augmentés, ces mesures
qui avaient été prises étaient vraiment essentielles.
Maintenant, je ne sais pas comment on va pouvoir maintenir ces
acquis-là. Le ministre a peut-être une alternative ou une...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, plusieurs commentaires, M. le
Président. Tout d'abord, je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit tout
à l'heure en ce qui regarde les cours municipales et la
non-judiciarisation. Dès que le projet de loi C-90, au
fédéral, va être en application, on va procéder
à la non-judiciarisation. Ça, c'est quand même beaucoup,
beaucoup d'aspects criminels et pénaux qui pourront être
tressés d'une façon non judiciaire. Au départ, c'est donc
considérable.
Autre chose, M. le Président, c'est que, dans le but d'avoir le
traitement le plus humain possible pour les victimes... On sait qu'on applique
où c'est possible de le faire, et on le fait de plus en plus
la poursuite verticale... Je mentionnais que j'étais à
Chicoutimi
dernièrement, et je le vérifiais, là-bas, avec les
substituts, qui me disaient à quel point c'était
intéressant pour les victimes, pour les avocats aussi, pour les
procureurs et pour la défense. Pas juste pour la poursuite, pour la
défense aussi. Alors, ça, c'est un des aspects qui simplifient
beaucoup. Mais ce qui simplifie aussi beaucoup, c'est que, depuis le Sommet de
la justice, il y a le dévoilement de la preuve. Alors, la couronne
dévoile sa preuve, le substitut dévoile toute sa preuve.
Ça, ça aide énormément. Ça limite
considérablement les situations de surprise et les longs procès
qui ont eu lieu, comme on avait auparavant.
En plus, nous sommes actuellement à discuter, comme le
député d'Anjou le sait très bien, toute la question de
l'enquête préliminaire. Devrait-on garder l'enquête
préliminaire ou laisser tomber l'enquête préliminaire? Je
suis allé à Montréal récemment, au palais de
justice. J'avais quelques minutes. Je suis allé m'asseoir dans une salle
d'audience, et c'étaient les enquêtes préliminaires. J'ai
vu ça passer devant moi. J'ai demandé la permission. Je demande
toujours la permission au juge avant, pour ne pas qu'il arrive, tout à
coup, il voit le ministre de la Justice, tout à coup, il dit: Qu'est-ce
qui se passe? Qu'est-ce qui arrive? Je demande la permission au juge. Je vais
là, puis je m'assois bien discrètement à l'arrière.
Je voyais toutes ces enquêtes préliminaires. J'ai parlé
ensuite avec les substituts, qui étaient là ce matin-là,
et avec les juges, qui me disaient: Ah bien! il faut y penser, mais il faut
faire attention quand même, parce que l'enquête préliminaire
fait partie de notre système judiciaire pour garantir les droits des
accusés à une présomption d'innocence.
Par contre, dans certains cas, on se rend compte que ce n'est plus
utile. C'est 2 procès qui se suivent. Souvent, ça ne peut servir
que pour des délais, puis répéter des processus qui
devraient être faits devant le tribunal au moment du procès et non
pas de l'enquête préliminaire, parce que le but de l'enquête
préliminaire, c'est essentiellement de voir la preuve qui devrait
être présentée. Ce n'est pas de se prononcer sur la preuve
elle-même, mais de voir la preuve qui est présentée.
Alors, dans la mesure où on dévoile la preuve, est-ce
qu'on ne pourrait pas laisser tomber ces enquêtes préliminaires,
dans plusieurs cas, en tout cas? C'est ce qui est étudié
présentement, et qui devrait nous amener à prendre des
décisions dans un avenir quand même assez prochain, au
début de l'automne prochain.
Alors, on m'apporte une note, ici, M. le Président, du substitut
en chef de Trois-Rivières: Déplore ce qui est indiqué dans
La Presse. Cent dossiers au stagiaire, c'est une situation normale.
Dossiers simples de comparution. Substitut d'expérience avec... C'est
comme ce qu'on disait. Ça n'ajoute absolument rien à ce qu'on
disait tout à l'heure. C'est strictement, pour en revenir à
Trois-Rivières, un processus qui est beaucoup plus une routine devant le
tribunal que des décisions qui pourraient remettre en cause des droits
des victimes ou des droits des accusés.
Donc, je reviens à la question du député d'Anjou,
M. le Président, pour lui dire que, ce que nous allons mettre, ce que
nous avons déjà mis en place et qui porte fruit, et ce que nous
allons continuer à mettre en place, entre autres, avec la
non-judiciarisation... J'ai toujours cette question, à savoir: Est-ce
que le privé ne pourrait pas s'occuper du pénal? C'est
l'application de nos lois, par exemple, provinciales dans le domaine du Code de
la route. M. le sous-ministre parlait du Code de la route, par exemple. Est-ce
qu'on ne pourrait pas demander...
Une voix: Ils l'ont déjà fait.
M. Rémillard: Ça s'est déjà fait.
Ça s'est déjà fait comme ça. Alors, dans le domaine
strictement... Je ne dis pas dans tous les domaines, je ne dis pas dans le
domaine criminel. Je parle du domaine pénal, et je ne dis pas que la
décision est prise. Je dis bien que c'est quelque chose qu'il faut
envisager, qu'il faut regarder, les avantages, les inconvénients, puis
prendre la bonne décision qui s'impose. Mais est-ce qu'on ne pourrait
pas demander, à un moment donné, à des bureaux d'avocats
de faire des offres et de procéder? Ça serait peut-être
aussi une méthode. Je ne sais pas ce qu'en pense le député
d'Anjou et les membres de cette commission. Ça serait une façon
de voir les choses. Il faut regarder ça aussi.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): J'en conviendrai avec le ministre que
c'est un débat qui est fort intéressant. Je dénote
cependant, encore, cette même philosophie que j'avais trouvée
à l'aide juridique, à savoir que c'est toujours meilleur
marché au privé que d'y aller par la fonction publique, par ses
fonctionnaires qui sont en place, qui sont aussi compétents. Je remarque
que, souvent, on prend pour acquis qu'en sollicitant le privé ça
va être meilleur marché. Puis, j'ai donc hâte de voir les
études qui vont me prouver ça. Je regarde, au niveau de la
médiation... Tout à l'heure, on parlait de la médiation
aux petites créances. Encore là, vous savez, certaines personnes
avancent des chiffres, puis disent qu'on ne peut pas arriver en bas de ce que
ça coûte présentement avec les fonctionnaires qui font le
travail, puis qui ont un taux de réussite de plus de 80 %. Encore
là, je me demande si ça va être un peu comme à
l'aide juridique, c'est-à-dire un vase communicant, dans le sens que ce
qui n'est pas fait par le fonctionnaire, c'est quelqu'un de la pratique
privée qui le fait, mais ça ne coûte pas
nécessairement meilleur marché. En tout cas, je cherche toujours
cette démonstration, parce que, si ça avait été un
remède miracle, peut-être que, bien auparavant, on l'aurait
appliqué.
En tout cas, ça peut être un débat
intéressant, mais il faudra le faire avec des chiffres, avec des
études approfondies pour démontrer réellement quel est le
coût d'un dossier traité dans la fonction publique versus un par
la pratique privée. Moi, j'ai une crainte relativement à
ça, parce que je connais présentement la situation en
pratique privée, chez les avocats, qui est désastreuse
chez les notaires aussi. Je pense que le ministre en conviendra avec
moi, les 2 professions, notariat et barreau, sont en crise. J'ai peur qu'on
profite un peu de cette situation-là, de jeunes avocats qui sont
prêts à prendreje l'ai vu, je l'ai vu de mes yeux vu
n'importe quoi pour n'importe quel prix, pour tout simplement payer les
comptes. Je me demande jusqu'à quel point on ne cherche pas un peu
à profiter de ce marché qui est très déprimé
présentement au niveau de la main-d'oeuvre professionnelle des avocats
et de la Chambre des notaires. Puis, pour le citoyen...
En tout cas, moi, en tant que porte-parole de la Justice, ça
m'inquiète un petit peu de voir le traitement réservé aux
citoyens, le gage de fiabilité qui peut être fait à un tel
système. En tout cas, je pense que ça peut être
intéressant. Moi, je pense que c'est très intéressant
comme débat. Je pense qu'à un moment donné il va falloir
le faire d'une façon concrète, avec des chiffres, avec des
études. Puis, on va peut-être avoir des surprises. Ça va
peut-être coûter meilleur marché dans la fonction publique
que dans le privé. Je ne le sais pas, moi. Mon hypothèse est
peut-être aussi bonne que celle d'un autre, puisqu'on n'a pas de
chiffres, qu'on n'a jamais réellement fait le débat.
Je voudrais savoir, pour le projet de loi C-90, est-ce qu'on a une
idée quand il va être mis en vigueur? À peu près, au
fédéral?
M. Rémillard: Bien, on a étudié... Avant de
prendre la décision, par exemple, en ce qui regarde la médiation
pour les petites créances ou la médiation pour la loi sur la
médiation familiale, on a regardé les chiffres. Il faut faire
attention. Il y a des gens qui vont nous dire: Vous prenez le salaire d'un
fonctionnaire, vous le divisez par un nombre de dossiers, puis vous allez
savoir combien vous coûte un dossier. Ce n'est pas tout à fait
comme ça. Ce n'est pas tout à fait comme ça. Il faut voir,
la gestion, ce que ça signifie; il faut voir les avantages, etc., etc.
(16 heures)
II faut voir aussi ce qui ne se calcule pas toujours d'une façon
instantanée, c'est les avantages de la concurrence. Quand on fait appel
au privé et qu'on fait appel à la concurrence, ça signifie
que vous avez des gens qui vont soumissionner d'une façon plus basse que
l'autre. Là, vous allez me dire: Attention, parce qu'on peut prendre
avantage d'une situation qui est présentement difficile chez les avocats
et notaires pour avoir des gens à très, très, très
bon prix. Oui, peut-être bien, peut-être bien, mais on en est rendu
là. Le problème est que l'État doit vivre selon ses
moyens, et, si on peut aider ces jeunes avocats ou même des seniors
à passer à travers une période difficile, bien, pourquoi
on ne le ferait pas? Si on me dit: Bien, vous allez avoir des avocats de
première année, deuxième année de pratique,
troisième année de pratique, ce n'est pas des gens de beaucoup
d'expérience, oui, mais ces gens-là sont avocats ou ils ne le
sont pas. S'ils sont avocats, il y a une corporation professionnelle qui est
là, corporation pro- fessionnelle qui a juridiction sur la
qualité du travail des avocats comme des notaires.
D'ailleurs, vous parlez de la situation difficile des avocats et des
notaires. Il faut se poser la question: Est-ce qu'il est encore pertinent
d'avoir 2 corporations professionnelles, 1 pour les avocats, 1 pour les
notaires? Est-ce qu'il n'est pas temps qu'on regarde toutes les
possibilités d'associer ces corporations concernant les 2 pratiques,
dans un premier temps? Mais voyons les possibilités qui peuvent
être faites pour associer des avocats et des notaires. C'est incroyable
que des avocats ne puissent pas s'associer à des notaires, et vice
versa, dans un même bureau, par exemple. C'est digne du Moyen Âge,
ça.
M. Bélanger (Anjou): Entièrement d'accord avec vous
sur ce dernier point.
Maintenant, pour la question de la mise en vigueur du projet de loi
C-90, est-ce qu'on a une idée quand ce projet de loi pourra être
passé?
M. Rémillard: J'en ai parlé avec M. Blais, qui me
dit que le mécanisme est en cours, que ça pourrait être
fait avant la fin de la présente session.
M. Bélanger (Anjou): Avant la fin de la présente
session.
M. Rémillard: Ça veut dire que ça pourrait
être... On me donne un chiffre, ici, M. le sous-ministre m'informe. On me
dit: À Sherbrooke, avec l'entrée en vigueur du transfert de
certaines responsabilités à la Cour municipale, 1200 dossiers ont
été traités par la Cour municipale, et ça
correspond à la tâche de 1,5 procureur de la couronne. Ça
commence, ça, 1,5 par année. Alors, c'est là qu'on voit ce
que ça peut apporter. Ce qui est intéressant des cours
municipales, c'est qu'elles siègent, la moitié de leur temps,
après 18 heures.
M. Bélanger (Anjou): Oui, oui.
M. Rémillard: Ça, pour moi, c'est important. Je
veux que la Cour municipale de Montréal puisse siéger aussi
après... Je dois parler au maire Doré, justement, dans quelques
minutes. Je veux lui en parler, que sa cour municipale, à
Montréal, qui a une charte spéciale, comme celles de Laval et de
Québec, puisse siéger le soir; que les gens qui veulent contester
un billet de stationnement...
M. Bélanger (Anjou): Ne perdent pas une
demi-journée de travail.
M. Rémillard: ...ne perdent pas une demi-journée de
travail pour aller contester un billet de stationnement. ça n'a pas
d'allure. quand on est arrivé avec la réforme des cours
municipales et qu'on a dit qu'elles siégeraient 50 % du temps
après 18 heures, on a dit: c'est épouvantable, c'est effrayant,
ce n'est pas possible. on l'a
quasiment imposé. l'opposition était d'accord avec le
gouvernement. on était d'accord, tout le monde à la commission,
pour dire: ii faut qu'elles siègent 50 %... on a eu des protestations.
maintenant, ça va très bien. est-ce qu'on entend des
protestations? absolument pas. ça va très bien.
Pourquoi les cours municipale de Montréal et de Laval ne feraient
pas la même chose? À Québec, de plus en plus, ils le font
parce qu'ils réunissent d'autres cours municipales qui viennent
s'adjoindre à Québec. De la façon que j'ai
négocié, j'ai dit: Très bien, à Québec, vous
allez vous associer d'autres cours autour. Très bien, mais à la
condition que vous respectiez le 50 % ouvert le soir. Alors, c'est comme
ça qu'ils vont, à Québec, ouvrir 50 % du temps le
soir.
M. Bélanger (Anjou): Dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Je semble concevoir que les
différentes avenues, les différentes mesures de
déju-diciarisation provoquent naturellement un désengorge-ment
qui va permettre, si je comprends bien les propos du ministre, de
procéder à des coupures sans affecter la qualité des
services. Je suis un peu perplexe, maintenant, vis-à-vis de la
réaction du ministre, parce que la première fois qu'on en avait
parlé, que la nouvelle était sortie à propos de ces
coupures-là, j'avais senti corrigez-moi si je me trompe
chez vous un genre de résignation. Ça ne faisait pas vraiment
votre affaire, cette coupure-là. Maintenant, vous semblez être
d'avis que, vu comment je pourrais dire les mesures qui ont
été prises pour déjudiciariser et désengorger,
ça se fait tout naturellement. Est-ce que ma perception, qui
était la première, était fausse?
M. Rémillard: Disons que votre impression était
probablement fausse au départ. Ce que je peux vous dire, par contre,
c'est que la récession économique sévère que nous
avons nous pousse peut-être plus rapidement, pour certains aspects,
à faire ce qu'on avait prévu faire, mais dans un laps de temps un
peu plus lointain. On le fait maintenant plus rapidement, on met les efforts
d'une façon plus pressante, mais c'est toutes des choses qu'on avait
décidé de faire depuis un bon bout de temps, déjà
annoncées au Sommet de la justice. Là, il faut prendre une
décision sur l'enquête préliminaire. Ce n'est pas
simplement moi qui suis concerné comme ministre, il faut que le Code
criminel soit changé. Donc, ça prend une loi
fédérale. Il faut faire attention, il ne faut pas mettre en cause
les droits des accusés, mais il faut prendre une décision pour
qu'on arrête d'avoir ces enquêtes préliminaires qui prennent
un temps fou, qui servent à certains avocats pour avoir simplement des
délais et qui ont moins de raison d'être, dans plusieurs cas,
parce qu'on a le dévoilement de la preuve maintenant.
Alors, ça, c'est une décision qui doit être prise.
Moi, je pousse sur le gouvernement fédéral et je dis:
Écoutez, il faut que vous ayez une loi là-dessus. Il faut qu'on
se décide, puis marchez. Ça, c'est important. Alors, dans ce
contexte, disons que la récession économique nous pousse à
agir plus rapidement, dans certains cas, que prévu.
M. Bélanger (Anjou): Où en sommes-nous rendu au
niveau de ces travaux, sur la remise en question d'enquêtes
préliminaires? Est-ce qu'on est sur le point d'en arriver à une
décision, d'arriver à quelque chose, ou si ça peut encore
prendre un certain temps?
M. Rémillard: On a eu la Conférence des ministres
de la justice, dernièrement, et c'est un sujet qui a été
abordé, mais très rapidement, parce que c'était juste une
rencontre de prise de contact. Au mois d'août, il y aura un document, qui
nous est préparé pour la Conférence, sur l'uniformisation
des lois. À Edmonton, on aura une rencontre sur ce sujet, qui devrait
nous amener à prendre une décision...
M. Bélanger (Anjou): Parfait.
M. Rémillard: ...pour qu'il y ait un projet de loi.
M. Bélanger (Anjou): Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Merci, M. le député d'Anjou.
On appelle l'article 1? Alors, j'appelle l'article 1. M. le
ministre.
Étude détaillée Dispositions
générales
M. Rémillard: M. le Président, la Loi sur les
substituts du procureur général est modifiée par
l'insertion, avant l'article 1, de ce qui suit: «Section I, Dispositions
générales». Alors, il s'agit d'une modification de
concordance avec l'article 7 du projet de loi, qui insère une nouvelle
section dans la Loi sur les substituts du procureur général.
Le Président (M. Dauphin): Questions, commentaires?
M. Bélanger (Anjou): Est-ce qu'on peut m'expli-quer
exactement en quoi correspond... Quel est le changement relativement à
la nouvelle disposition par rapport à l'ancienne?
(Consultation)
M. Rémillard: M. le Président, je peux demander
à Me Jacques Mercier, s'il vous plaît, légiste, de
répondre à la question du député d'Anjou.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. Me
Mercier.
M. Mercier (Jacques): À l'article 7, le projet de loi
présente les articles 9.1 jusqu'à 9.10...
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Mercier: ...qui traitent des activités politiques, sous
le titre de la section II. Alors, les articles qui précèdent ces
articles 9.1 et autres, il fallait les regrouper. C'est la nouvelle section I,
Dispositions générales.
M. Bélanger (Anjou): D'accord. Ça va. Le
Président (M. Dauphin): Ça va? M. Bélanger (Anjou):
Oui. Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 2.
Mode de nomination des substituts occasionnels
M. Rémillard: M. le Président, l'article 1 de cette
loi est remplacé par le suivant: «1. Les substituts du Procureur
général sont nommés, conformément à la
présente loi, parmi les avocats autorisés en vertu de la loi
à exercer leur profession au Québec.»
Alors, il s'agit, M. le Président, d'une modification de
concordance résultant de la modification introduite par l'article 3 du
projet de loi. Alors, suivant l'article 3 du projet de loi, les substituts
occasionnels ne seront plus nommés par décret du gouvernement,
mais plutôt par le Procureur général. Selon la loi
actuelle, M. le Président, les substituts occasionnels sont
nommés par décret du gouvernement. Alors, le décret fixe
également leur rémunération.
M. Bélanger (Anjou): Si je comprends bien, cette
disposition va permettre d'engager plus facilement des occasionnels.
M. Rémillard: Oui, d'une façon plus rapide.
M. Bélanger (Anjou): D'une façon plus rapide.
Justement, je regardais, au niveau de... J'en avais parlé lors de mon
discours. Alors qu'on annonce des coupures, j'ai vu qu'en même temps au
mois de mai on annonçait l'embauche de 4 nouveaux substituts
occasionnels. Est-ce qu'on pourrait m'expliquer ça? Est-ce que c'est
pour combler des postes?
M. Rémillard: Oui. Alors, je vais demander à M. le
sous-ministre, M. le Président, de répondre. Il s'agit de combler
des postes, surtout en ce qui regarde les congés de maternité. Je
vais demander à M. le sous-ministre Bouchard de répondre à
la question, avec votre permission, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. Bouchard. (16 h 10)
M. Bouchard: M. le Président, M. le député.
Effectivement, il s'agit de l'embauche d'avocats qui, essentiellement, sont
amenés à remplacer des procureurs permanents qui doivent quitter,
soit pour congé de maternité prolongé ou pour des
congés sans solde. Par exemple, un congé sabbatique, etc.
Malgré les compressions, il faut quand même remplacer ces
gens-là, qui, eux, occupaient des postes permanents. C'est pour que les
districts puissent rencontrer les échéanciers au niveau des
plaidoiries, etc. Donc, il ne s'agit pas d'engager des occasionnels
après avoir congédié des permanents. Il s'agit d'engager,
pour une période limitée, des occasionnels pendant que les
permanents sont en congé sans solde.
M. Bélanger (Anjou): J'ai, devant moi, une directive du 16
mars 1993, qui donne, je pense, des pouvoirs plus grands au sous-ministre pour
embaucher des substituts, ou si c'est pour des mandats particuliers? Est-ce que
je me trompe? Oui, pour des projets spéciaux, projets
spécifiques, et tout ça, là.
M. Rémillard: Oui, dans les cas ad hoc, les projets
spéciaux, le sous-ministre peut agir. Ensuite, ça vient au
ministre, au Procureur général.
M. Bélanger (Anjou): Ça, c'est une nouvelle
directive, je pense? C'est ça?
M. Rémillard: Oui, pour pouvoir agir rapidement.
M. Bélanger (Anjou): Auparavant, les sous-ministres
n'avaient pas cette latitude-là?
M. Rémillard: Non, non.
M. Bélanger (Anjou): Ça devait toujours passer par
le Procureur général?
M. Rémillard: Par le Procureur général.
M. Bélanger (Anjou): Donc, c'est...
M. Rémillard: Ça passe par le Procureur
général, peut-être, après, mais, quand ils doivent
agir rapidement, très rapidement, dans des cas bien spéciaux, ils
peuvent agir directement.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce qu'on pourrait
considérer le groupe de lutte contre la drogue comme étant un de
ces projets spécifiques, ou c'est encore plus spécifique que
ça, là?
M. Rémillard: Du tout, du tout. C'est vraiment... Je vais
demander à M. le sous-ministre de préciser.
Le Président (M. Dauphin): M. Bouchard.
M. Bouchard: M. le député, M. le Président,
il arrive des cas où les procureurs permanents ne peuvent pas occuper
dans un dossier, par apparence de conflit d'intérêts. Alors,
à ce moment-là, nous allons confier un dossier en particulier
à un procureur qui est nommé ad hoc. Pour les fins de ce dossier
uniquement, il agira au nom du Procureur général. Je ne sais pas
si vous...
M. Bélanger (Anjou): Oui, oui. Il va être
pris, en général, dans la pratique privée ou...
M. Bouchard: Effectivement, au tableau de l'ordre.
M. Bélanger (Anjou): ...dans une liste?
M. Bouchard: II sera rémunéré suivant la
réglementation en vigueur, qui est émise au niveau du Conseil du
trésor, à un tarif horaire qui dépend de ses années
d'expérience.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce qu'il y a des listes de
réserve qui sont faites, à la couronne, pour ce genre de choses
là, ou si c'est pris... À chaque fois, il y a un appel
d'offres?
M. Bouchard: On regarde essentiellement il n'y a pas de
liste établie la nature du dossier à être
confié. S'il s'agit d'un dossier qui requiert une expertise
particulière, dans un domaine précis, on va, à ce
moment-là, aller sur le marché des avocats et vérifier,
selon les disponibilités et les compétences de chacun. Il n'y a
pas de liste et on n'a pas à choisir parmi une liste.
M. Bélanger (Anjou): Parfait. Ça va. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'article 2 est
adopté.
J'appelle l'article 3.
M. Rémillard: M. le Président, l'article 5 de cette
loi est modifié: 1° par le remplacement, dans la quatrième
ligne du deuxième alinéa du paragraphe 1, des mots «et aux
autres conditions» par les mots «ainsi qu'aux avantages sociaux et
aux autres conditions de travail»; 2° par le remplacement du
paragraphe 2 par le suivant: «2. Les substituts occasionnels sont
nommés par le Procureur général. L'acte de nomination fixe
leur rémunération, conformément aux règles, normes
et barèmes que le gouvernement peut déterminer par
règlement, sur la recommandation du Procureur général.
«Ce règlement peut également prévoir des
règles, normes et barèmes applicables à la nomination, aux
avantages sociaux et aux autres conditions de travail des substituts
occasionnels.» m. le président, la modification proposée au
paragraphe 1 est de concordance avec la terminologie employée au
paragraphe 2. or, selon le paragraphe 2, les substituts occasionnels seront
dorénavant nommés par le procureur général et non
plus par décret du gouvernement. alors, les règles concernant
leur nomination, leur rémunération, leurs avantages sociaux et
leurs autres conditions de travail seront déterminées par
règlement du gouvernement.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): J'ai été un petit peu
étonné quand j'ai vu, dans le projet de loi, qu'on passait
directement à l'article 5, parce que j'avais entendu dire, par certaines
personnes travaillant à la couronne, qu'on s'attendait à ce que
l'article 4 soit modifié; l'article 4, alinéa a, justement,
relativement à... C'est une certaine réserve qui est faite
à l'effet que certaines poursuites doivent être autorisées
par le Procureur général lui-même et non pas par ses
substituts. On m'a indiqué aussi que le sous-ministre, Me Bouchard,
était lui-même favorable à l'amendement de cet article 4,
afin de donner ce pouvoir-là à ses substituts. Est-ce que je
pourrais savoir pourquoi, finalement, on ne l'a pas modifié, ou est-ce
qu'on a cru bon de le laisser tel quel?
M. Rémillard: Après une analyse plus approfondie,
M. le Président, et consultation approfondie avec nos substituts, nos
substituts en chef, nos substituts en chef adjoints, on est arrivé
à la conclusion qu'une modification législative ne serait pas
adéquate et qu'une délégation administrative aux 35
substituts en chef et adjoints est préférable. Alors, c'est comme
ça qu'on est arrivé à la conclusion qu'il ne fallait pas
toucher à l'article 4, mais je peux demander à M. le
sous-ministre Bouchard d'apporter un complément de réponse, avec
votre permission, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Avec plaisir. M. Bouchard.
M. Bouchard: M. le Président, M. le député,
effectivement, il nous est apparu, après examen des dispositions, que la
délégation administrative pouvait rencontrer les fins que
pourrait rechercher une modification à la loi. De même, cette
délégation administrative permet un meilleur encadrement et un
contrôle sur certaines accusations que le législateur
fédéral a cru bon réserver au seul consentement du
Procureur général. Donc, les substituts en chef, qui
gèrent les 300 et quelques substituts permanents, sont habilités
par délégation administrative à autoriser, au nom du
Procureur général, ces poursuites qui, essentiellement, sont des
poursuites particulières, et dont la fréquence est peu nombreuse,
en fait. Il s'agit d'articles du Code qui sont utilisés, mais de
façon parcimonieuse.
M. Bélanger (Anjou): Comme l'incitation à la haine;
par exemple, un document qui incite à la haine? Je sais, pour l'avoir vu
récemment. C'est un des articles, justement, je pense, où toute
poursuite ne peut être autorisée que par le Procureur
général.
M. Rémillard: Strictement.
M. Bouchard: Une des infractions, effectivement, qui est de
fomenter volontairement la haine l'article 319 du Code criminel
ferait l'objet d'une autorisation, au même titre que la corruption
d'enfant, la nudité. Essentiellement, il s'agit d'infractions qui sont
peu fréquentes mais qui méritent un examen particulier. C'est
pour ça que le législateur fédéral, dans le Code
criminel, a prévu un consentement du Procureur général
avant que les poursuites ne soient intentées.
M. Bélanger (Anjou): Donc, de facto, présentement,
ce n'est pas le Procureur général qui autorise ces poursuites,
c'est le procureur-chef...
M. Bouchard: Par délégation administrative...
M. Bélanger (Anjou): Par délégation
administrative. Ça se fait depuis combien de temps, cette
délégation administrative? Depuis un bout de temps ou...
M. Bouchard: Je pense que c'est à la fin janvier 1993
qu'une délégation administrative a été faite aux
substituts en chef.
M. Bélanger (Anjou): Donc, jusqu'en janvier 1993,
c'était encore le Procureur général lui-même qui
autorisait ces... Non?
M. Rémillard: Non, du tout, pas en pratique.
M. Bélanger (Anjou): Si la délégation se
faisait plus haut?
M. Rémillard: Pas en pratique. En fait, il faut bien
comprendre que le Procureur général apprend par les journaux les
poursuites qui sont prises. Ne viennent sur mon bureau, comme Procureur
général, que les cas exceptionnels qui impliqueraient, par
exemple, des membres de l'Assemblée nationale, des gens avec une
autorité spéciale, qui demandent qu'on puisse analyser certains
aspects particuliers.
M. Bélanger (Anjou): Au niveau diplomatique, des choses
comme ça.
M. Rémillard: Diplomatique, des cas vraiment
exceptionnels, mais j'apprends par les journaux les poursuites qui sont
prises...
M. Bélanger (Anjou): D'accord.
M. Rémillard: ...dans la très, très,
très grande majorité des cas. Quand j'ai des cas plus
particuliers, plus difficiles, ce que j'ai toujours fait, c'est que j'ai
demandé une préenquête par un juge avant de décider
de faire les accusations.
M. Bélanger (Anjou): Parfait. Ça va. Quant à
moi, il n'y a pas de...
Le Président (M. Dauphin): L'article 3 est
adopté.
J'appelle l'article 4.
Modification des appellations
M. Rémillard: M. le Président, l'article 4 se lit
comme suit:
L'article 6 de cette loi est modifié par le remplacement, dans
les deuxième et troisième lignes, des mots
«procureurs-chefs ainsi que des procureurs-chefs adjoints» par les
mots «substituts en chef ainsi que des substituts en chef
adjoints».
Alors, M. le Président, la modification remplace l'appellation de
«procureur-chef» et de «procureur-chef adjoint» par
celle de «substitut en chef» et de «substitut en chef
adjoint». La nouvelle désignation est davantage conforme aux
autres dispositions de la loi et à la pratique actuelle.
M. Bélanger (Anjou): Ça va, quant à moi.
Le Président (M. Dauphin): L'article 4 est
adopté.
J'appelle l'article 5.
M. Rémillard: M. le Président, l'article 5 se lit
comme suit:
L'article 7 de cette loi est modifié par le remplacement, dans la
première ligne, du mot «permanent» par les mots «autre
que celui désigné conformément à l'article
9».
M. le Président, suivant la modification proposée, les
substituts occasionnels devront s'occuper exclusivement du travail et des
devoirs de leur fonction, comme c'est déjà le cas pour les
substituts permanents. Il faut dire peut-être, M. le Président,
que cette obligation se retrouvait déjà dans le règlement
sur les substituts occasionnels. Ce n'était pas dans la loi. Là,
on le met dans la loi.
M. Bélanger (Anjou): Ça va.
Le Président (M. Dauphin): Ça va pour l'article
5.
J'appelle l'article 6. (16 h 20)
M. Rémillard: L'article 8 de cette loi est
abrogé.
M. le Président, l'article 8 de la Loi sur les substituts du
procureur général est abrogé par concordance avec
l'article 7 du projet de loi, qui insère une nouvelle section relative
à l'exercice de certaines activités politi-
ques par les substituts permanents.
M. Bélanger (Anjou): Je dois comprendre, M. le ministre,
que c'est suite au jugement de la Cour suprême dans l'arrêt
Tremblay, je pense. Pardon?
M. Rémillard: La Cour supérieure.
M. Bélanger (Anjou): En Cour supérieure, dans
l'affaire Tremblay c'est ça, hein? qui avait, je crois,
trouvé invalide cette disposition, déclaré
inconstitutionnelle... C'est ça?
M. Rémillard: En très grande partie, oui.
M. Bélanger (Anjou): En très grande partie. C'est
ça. Alors, l'article 8 est remplacé et c'est 9.1 et suivants qui
vont maintenant... D'accord. Ça va.
Le Président (M. Dauphin): Si je comprends bien, l'article
6 est adopté et on vient d'aborder l'article 7. On vient de parler un
peu de l'article 7.
J'appelle l'article 7, qui insère, effectivement, une nouvelle
section. Alors, on va les prendre un par un. On va commencer avec l'article
9.1.
Dispositions relatives à certaines
activités politiques
M. Rémillard: M. le Président, l'article 7 se lit
comme suit:
Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article 9,
de ce qui suit: «Section II, Dispositions relatives à l'exercice
de certaines activités politiques».
Alors, M. le Président, la section II regroupe les nouvelles
dispositions relatives à l'exercice de certaines activités
politiques par les substituts permanents.
Le Président (M. Dauphin): Oui. Article 7, 9.1. Nous
allons les prendre un par un.
M. Rémillard: Alors, l'article 9.1, M. le
Président. «9.1 Un substitut permanent ne peut, tant qu'il
conserve le statut de substitut, se porter candidat à une
élection fédérale, provinciale, municipale ou scolaire.
«Il ne peut non plus être membre d'un parti politique, verser une
contribution à un parti politique, à une instance d'un parti
politique ou à un candidat à une telle élection, ni se
livrer à une autre activité de nature partisane en faveur ou
contre un parti politique ou un candidat à une telle
élection.»
M. le Président, l'article 9.1 reconnaît, à
l'égard des substituts permanents, le principe de
l'incompatibilité de l'engagement politique partisan avec leur statut de
substitut du Procureur général. Il ne peuvent donc se porter
candidats à une élection fédérale, provinciale,
municipale ou scolaire, être membre d'un parti politique, verser une
contribution à un parti politique ou se livrer à une autre
activité de nature partisane.
M. le Président, tout à l'heure, à l'article 9.2,
nous verrons quelles sont les activités politiques qui ne sont pas
considérées de nature partisane.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Je comprends que... Je regardais la
réaction. J'ai eu une lettre du Barreau, une copie d'une lettre du
Barreau qui a été adressée au ministre, suite au
dépôt de ce projet de loi. En tout cas, ce qui semble être
la réaction, même par rapport à certaines personnes qui
travaillent à la couronne, qui m'ont fait part de leur réaction,
c'est que c'est quand même une amélioration. Auparavant,
c'était la destitution pure et simple de quelqu'un qui était
substitut du Procureur général et qui voulait se présenter
comme candidat à une élection scolaire, municipale ou
provinciale. Maintenant, c'est un reclassement. Je dois comprendre, à ce
moment-là, qu'il reste avocat, mais il peut être muté dans
n'importe quel autre département de la fonction publique c'est
ça? mais il ne sera plus procureur...
M. Rémillard: Oui, mais à un même niveau.
M. Bélanger (Anjou): II va rester au ministère de
la Justice ou...
M. Rémillard: Oui. Au ministère de la Justice, et
à un même niveau.
M. Bélanger (Anjou): Au même niveau?
M. Rémillard: C'est ça. Alors, il va être
juriste, même niveau de juriste. Il ne perdra pas de salaire, mais il ne
sera pas procureur.
M. Bélanger (Anjou): D'accord. Maintenant, une autre chose
aussi que j'ai remarquée dans les réactions...
M. Rémillard: Le substitut, excusez-moi.
M. Bélanger (Anjou): C'est ça. Dans les
réactions, suite à ce dépôt de projet de loi, c'est
que tout le monde semble comprendre... Quelqu'un qui se déclare
candidat, c'est juste et équitable qu'il soit reclassé.
Maintenant, quand je regarde, cependant... Je sais que, plus tard, dans 9.2, on
va y aller plus en détail quant aux gestes qui sont
considérés comme des gestes de nature partisane, mais est-ce que
le... Le seul fait de verser une contribution à un parti politique,
d'accord, sans en être membre, est-ce que ça, ça justifie
un reclassement?
M. Rémillard: Moi... Pas...
M. Bélanger (Anjou): Là, je me demande si ce n'est
pas un peu... La sanction, je me demande si la sanction n'est pas un peu
disproportionnée.
M. Rémillard: Alors, il faut bien comprendre que
l'objectif, M. le Président, du projet de loi est de donner au substitut
la situation la plus impartiale possible. Le premier cas, c'est lorsqu'il
décide de se présenter lui-même à un poste
électif. Ça, c'est évident pour tout le monde. Très
bien.
Lorsqu'il fait une contribution. On a un système, M. le
Président, de contribution financière aux programmes politiques,
aux partis politiques, dis-je, dont on peut être fier au Québec.
C'est des contributions qui sont publiques. Par conséquent, même
si vous n'avez pas votre carte d'un parti politique mais que vous contribuez,
vous donnez de l'argent, vous apportez donc votre soutien au parti politique.
Vous êtes de la même idéologie qu'un parti politique, vous
êtes partisan sur le plan politique.
Ce que ça signifie, c'est que, dans bien des poursuites, vous
pourriez être en conflit avec des personnes qui auraient oeuvré
dans un autre secteur que vous. Je ne parle pas simplement de
l'élection, au niveau provincial, des membres de cette Assemblée
nationale, je pense au niveau municipal, je pense au niveau scolaire aussi, M.
le Président. Alors, à un moment donné, vous vous
êtes présenté et vous devez poursuivre ou vous avez
à décider si vous devez poursuivre quelqu'un qui a oeuvré,
oeuvre toujours pour un parti qui est à l'Opposition ou qui est au
pouvoir, ou je ne sais pas trop quoi, mais qui est en conflit, qui pourrait
être en conflit avec le parti auquel vous avez contribué, donc une
possibilité de toucher à l'impartialité du substitut.
Alors, nous sommes arrivés à la conclusion qu'il fallait enlever
cette possibilité.
Il faut dire que j'ai eu beaucoup de lettres d'individus, de personnes
qui sont poursuivies. Des gens m'écrivent et me disent: Le substitut, je
le connais. Son père, c'était un libéral; son père,
c'était un péquiste; son père s'est présenté
maire; sa mère a été conseillère. Il m'a poursuivi
parce que, dans le temps... Vous savez... Bon. Ça, on met ça de
côté. Ce n'est pas ça, c'est de l'exagération. Sans
tomber de ce côté, il reste qu'il faut trouver le juste milieu. Il
me semble, M. le Président, qu'un substitut qui contribue
financièrement à un parti politique sur le plan
provincial, fédéral, municipal ou scolaire par
conséquent, est d'allégeance de ce parti politique, sur le plan
idéologique, du moins, et partisan. Ça peut le mettre dans une
situation difficile par rapport à certaines poursuites qu'il doit
décider de prendre.
M. Bélanger (Anjou): Mais je pense que le ministre
conviendra avec moi que... Comme je vous dis, moi, je n'ai pas de
problème avec le fait que quelqu'un se présente candidat. Je
reviendrai par la suite. J'aurais aimé qu'il y ait quelque chose, qu'il
y ait une disposition qui existe dans le projet de loi relativement à la
réintégration. Ça, c'est une autre chose.
M. Rémillard: On en parlera.
M. Bélanger (Anjou): D'accord. Je pense qu'il n'y a pas de
problème par rapport à ça, mais, par rapport au
financement, le ministre conviendra avec moi que quelqu'un qui veut donner
à un parti... Si j'étais substitut du Procureur
général, mon mari ou ma femme bien, ma femme, pas mon mari
pourrait donner à ma place. Alors, ma femme pourrait donner
à ma place, et, à ce moment-là, je pourrais tout à
fait contourner l'objet de la loi. Puis, vous savez, moi, je me demande
jusqu'à quel point, finalement, on enlève un avantage fiscal aux
substituts. C'est quand même vrai. Beaucoup de gens... Vous savez, s'il
n'y avait pas l'avantage fiscal, bien des gens ne donneraient peut-être
pas à nos partis. Vous seriez étonné, M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, mais, là, écoutez. Moi,
je pense qu'il faut aller au-delà de ça. Si c'est la femme qui
donne, ou si c'est l'homme qui donne et que c'est la femme qui est substitut,
parce qu'il y a des substituts féminins... Il y en a beaucoup de
substituts féminins...
M. Bélanger (Anjou): Voilà!
M. Rémillard: On me dit presque le tiers, et il y en a de
plus en plus. On s'en réjouit. Par conséquent, qu'est-ce que
ça veut dire? Ça veut dire que c'est l'expression, simplement, de
l'autonomie d'une personne. Ce n'est pas parce qu'on vit en couple, d'une
façon mariée ou non mariée, qu'on ne doit pas avoir
d'autonomie, chacun de son côté, au point de vue de liberté
de penser...
M. Bélanger (Anjou): Je comprends.
M. Rémillard: ...et d'agir. Il faut concilier tout
ça pour continuer à vivre ensemble, remarquez.
M. Bélanger (Anjou): Mais, moi, ce que je trouve un petit
peu... Je trouve ça un petit peu... Comment je pourrais dire? Je ne sais
pas, mais c'est tellement illusoire, dans le sens que, même si vous
n'êtes pas en couple, ça peut être votre frère,
ça peut être votre soeur qui va donner pour vous au parti
politique. Ça peut être n'importe qui, à vrai dire. Alors,
je me demande pourquoi mettre une telle disposition. Surtout, vous savez, qu'il
y a des gens qui donnent aux 2 partis. Alors, à ce moment-là,
vous savez que ça ne veut pas dire grand-chose. C'est pour ça que
je me demande... En tout cas, moi, je n'ai pas de difficultés par
rapport à quelqu'un qui se présente comme candidat. Mais, pour le
simple fait de contribuer à un parti politique, je me demande
jusqu'à quel point ce n'est pas un peu démesuré comme
sanction, le reclassement. (16 h 30)
M. Rémillard: Mais, on ne peut pas...
M. Bélanger (Anjou): C'est disproportionné.
M. Rémillard: Oui, mais on ne peut pas aller
jusqu'à dire que la conjointe ou le conjoint ne peuvent pas contribuer.
On ne peut pas aller jusqu'à dire que le «mononcle» et la
«matante», le frère et la soeur, le papa et la maman ne
peuvent pas contribuer. Je pense qu'il n'en est pas question. Mais, lorsqu'on
parle de la personne, du substitut lui-même ou elle-même, je crois
qu'on ne doit pas permettre qu'il y ait une contribution financière de
sa part à un parti politique. Ça vient de la philosophie que
l'objectif de la loi, le substitut, ne doit pas être, politiquement
parlant, partisan. Par conséquent, il y a le grand geste d'être
à l'élection, candidat à l'élection, ça
c'est une chose, mais il y a les gestes de soutien. Tout geste de soutien
public, à mon sens, est quelque chose qui est insouhaitable, qui n'est
pas souhaitable dans le travail d'un substitut du Procureur
général.
Écoutez, il faut comprendre le travail du substitut. Je vous
disais tout à l'heure que, ce qui monte chez le Procureur
général, c'est très peu de cas. On travaille ensemble et
on donne des directives, c'est évident. Je travaille avec les
sous-ministres, je travaille avec les substituts en chef je les ai
rencontrés encore récemment. On travaille sur des directives, des
façons de procéder, mais les cas particuliers ne viennent pas sur
mon bureau, excepté les cas très particuliers, comme je
l'expliquais tout à l'heure. Même, souvent, le substitut en chef
ne voit pas les décisions qui sont prises par les substituts de son
bureau. M. le sous-ministre me corrige si je fais erreur, mais c'est comme
ça que ça se passe. C'est comme ça qu'on l'a
expliqué. Il faut que ça marche comme ça; sans ça,
ça n'aurait pas de bon sens.
Alors, dans ce cas-là, c'est le substitut qui décide,
lorsqu'il reçoit la preuve, de poursuivre ou de ne pas poursuivre. C'est
toute une décision, ça. Alors, devant un tribunal, si vous avez
un juge... Il agit quasiment comme un juge, c'est un juge. Il juge la preuve,
et il décide Je poursuis ou je ne poursuis pas ce qui a
énormément de conséquences dans la vie du citoyen. Quand
vous êtes devant un juge, puis vous dites: Aïe! mon juge, ce
juge-là, il est partial, parce qu'il connaissait mon père ou ma
mère, il était comme ci et il était comme ça, vous
avez une procédure pour faire récuser le juge. Ça existe
dans notre Code de procédure civile. Mais, en ce qui regarde le
substitut, vous n'avez aucune mesure, vous ne pouvez pas le récuser.
À un moment donné, vous vous retrouvez et vous êtes
poursuivi. Alors, il faut qu'il y ait le maximum d'impartialité, le
maximum d'impartialité. Pour moi, ça, c'est un aspect qui est
très important.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Caron: Merci, M. le Président.
Est-ce qu'il y a eu un avis qui a été demandé, ou
est-ce qu'on a consulté le Directeur général des
élections, M. Pierre-F. Côté, pour savoir ce qu'il
considérait comme activité politique qui pouvait être
acceptée ou non? Est-ce qu'on a eu des avis de ce
côté-là, parce qu'on sait qu'au niveau du financement des
partis politi- ques, au niveau des différentes activités, le
Directeur général des élections, finalement, a un
rôle extrêmement important. Est-ce qu'on l'a consulté?
Est-ce qu'on sait ce qu'il pense sur ces activités-là?
M. Rémillard: Non, on ne l'a pas consulté. On ne
l'a pas consulté parce qu'il nous apparaît comme évident...
Ça nous apparaît... Pour moi, ça m'appa-raît... Je
n'ai aucun doute, je n'ai vraiment aucun doute que, quelqu'un qui contribue
à un parti politique, par le fait même, il se met dans une
situation où il peut être vu comme partisan, et sa situation
d'objectivité est remise en cause. Pour moi, ça m'apparaît
vraiment évident. Je n'ai vraiment pas de doute, pas de doute
là-dessus.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Le ministre conviendra avec moi
qu'avant d'être invalidé l'article 8 aussi paraissait
évident. Il n'y avait pas beaucoup de controverse non plus avant
d'invalider cet article-là. Moi, la question que je me pose, c'est
relativement à l'article 2b de la Charte. Est-ce que vous ne pensez pas
que ça pourrait être encore déclaré
inconstitutionnel? Est-ce qu'il y a eu des opinions juridiques qui ont
été demandées là-dessus?
M. Rémillard: Oui, on l'a demandée, l'opinion
juridique. Selon les opinions que nous avons, c'est tout à fait correct.
Ça se justifie fort bien.
M. Bélanger (Anjou): Pour reprendre la question de ma
collègue, la députée de Terrebonne, j'avais eu vent que
Pierre-F. Côté, le Directeur général des
élections, n'était pas favorable à une telle disposition
et qu'il considérait cette disposition comme abusive, relativement
à la limite qui était donnée aux droits
démocratiques d'un citoyen.
M. Rémillard: Excusez-moi, quelqu'un me parlait.
M. Bélanger (Anjou): Ce n'est pas grave. Je disais tout
simplement que j'avais eu vent que Pierre-F. Côté n'était
pas d'accord avec cette disposition. Il jugeait que cette disposition allait
trop loin quant à la limite qui était imposée aux droits
démocratiques d'un citoyen: celui de voter, son droit
d'éligibilité aussi.
M. Rémillard: Je n'ai jamais été mis au
courant de ça.
M. Bélanger (Anjou): Vous n'avez pas eu de...
M. Rémillard: Moi, je n'ai pas été
informé de ça.
M. Bélanger (Anjou): D'accord. Comme je vous ai dit, je
n'ai pas eu de confirmation comme telle, mais on m'avait dit que...
M. Rémillard: Non, je n'ai pas été
informé de ça.
M. Bélanger (Anjou): Non?
M. Rémillard: J'avoue qu'on ne l'a pas consulté
comme tel. Le projet est public, et le Protecteur du citoyen aurait pu envoyer
son avis ou quoi que ce soit. Moi, je ne l'ai pas reçu, en tout cas. Je
ne l'ai pas reçu.
M. Bélanger (Anjou): D'accord.
M. Rémillard: Notre objectif, c'est strictement que... Il
ne faut pas exagérer, non plus. Je ne veux pas tomber dans une... Je ne
veux pas exagérer. Je veux simplement trouver le moyen pour avoir la
situation la plus objective possible. Déjà, on a des substituts
qui ont été actifs dans les partis politiques, et c'est tout
à fait normal. Ce n'est parce qu'on a été dans un parti
politique qu'on ne peut pas...
M. Bélanger (Anjou): Même des juges.
M. Rémillard: Des juges ou n'importe quel... Ce n'est pas
une tare que d'avoir été dans un parti politique, d'avoir fait
partie d'un parti politique et, même, d'avoir été membre de
l'Assemblée législative ou quoi que ce soit. Au contraire,
ça devrait être un avantage, c'est une expérience de vie.
Mais, quand on décide de faire ce travail-là, on le fait, on
coupe tout, tu coupes tes liens. Alors, il s'agirait que quelqu'un qui a
été dans un cabinet politique, par exemple, qui...
M. Bélanger (Anjou): On a eu des exemples. M.
Rémillard: Hein?
M. Bélanger (Anjou): II y a eu des exemples, je pense.
M. Rémillard: Ah oui! Il y en a. Il y en a du
côté péquiste, du côté libéral, puis
ils sont de bons substituts, de part et d'autre.
M. Bélanger (Anjou): Non, non.
M. Rémillard: Je ne vois pas pourquoi ils ne pourraient
pas faire leur travail. Mais, si ces gens-là sont comme substituts et
qu'ils continuent à contribuer à leur parti, je vais vous dire,
c'est tannant, ça. Ça donne prise à des commentaires,
à des difficultés. Tu sais, j'aime mieux... Il me semble que
c'est plus acceptable de dire: Très bien, moi, j'ai été
dans un cabinet politique, j'ai oeuvré en politique activement;
là, j'accepte d'être substitut, je coupe la politique. Parce que
la contribution financière, à ce moment-là, ce n'est pas
coupé ça; c'est de continuer à être là et
d'être attaché à un parti politique. Moi, je vais vous
dire, je trouverais ça difficile qu'ils continuent à contribuer.
Alors, vous ne pouvez pas dire: Parce que certains ont été
impliqués avant, ils ne peuvent plus contribuer quand ils vont
être substituts. Il fallait tracer une ligne. Moi, je crois qu'il faut
laisser tomber toute contribution financière.
M. Bélanger (Anjou): Je cherche à justifier cette
différence-là qu'on fait au niveau de la contribution à un
parti politique, comme quoi c'est tellement important. Justement, la personne a
beau, maintenant, être rendue juge, là, elle est supposée
être impartiale, elle est impartiale. Mais vous serez d'accord avec moi
que quelqu'un qui a oeuvré pendant de nombreuses années pour un
parti politique garde quand même ses convictions.
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger (Anjou): Mis à part certaines
conversions, peut-être spontanées, mais qui ne doivent pas faire
légion.
Alors, c'est pour ça, à ce niveau-là... Je me
demande si on n'est pas un peu plus catholique que le pape.
(Consultation)
M. Rémillard: Ah oui! Il conserve son droit de vote.
M. Bélanger (Anjou): Oui, oui. Le droit de vote, oui,
oui.
M. Rémillard: II conserve son droit de vote.
M. Bélanger (Anjou): Avant, il n'avait pas le droit de
voter. Je le sais.
M. Rémillard: Je fais attention parce qu'il y a
peut-être des causes devant les tribunaux. Je fais attention à ce
que je dis, là, mais il faut voir jusqu'où ça peut aller.
Moi, je peux vous dire, de par l'expérience qu'on a tous eue, peu
importent les partis politiques comme Procureur général,
comme ministre de la Justice, il y a des cas qui ont été
soulevés de par les lettres que nous recevons et, je pense, cette
nécessité de conserver l'impartialité la plus totale,
l'objectivité la plus totale au niveau de l'administration de la
justice, je crois qu'il faut aller jusque-là. Je suis fortement, je suis
profondément convaincu qu'il faut qu'on enlève toute
possibilité de contribuer à un parti politique.
Vous allez me donner le cas, évidemment, d'une personne qui n'a
jamais été active en politique et qui, elle, par exemple, est
pour la souveraineté du Québec, pas péquiste, mais pour la
souveraineté du Québec. Elle voudrait contribuer
financièrement à un parti politique qui prône la
souveraineté. Moi, je pourrais vous dire qu'ils vont contribuer pour les
libéraux, parce qu'ils sont pour un autre objectif des libéraux,
et un autre, au point de vue municipal ou fédéral. Mais ça
ne marche pas de même tout le temps. Ce qui marche, c'est que vous
êtes d'un côté ou vous êtes de l'autre et vous
appartenez à un parti politique.
Mais, qui plus est, il y a tous ces gens qui ont été
actifs politiquement et même très actifs, parce que comme
l'exemple que je vous donnais tout à l'heure impliqués au
niveau d'un cabinet politique, au niveau d'une organisation de comté, et
qui sont procureurs. Ils font de très bons procureurs. Mais, s'ils
continuaient de contribuer, ils entacheraient leur objectivité comme
substituts. Moi, je suis profondément convaincu de ça. De par les
lettres que j'ai, de par l'expérience de mes 5 dernières
années, je suis convaincu de ça. (16 h 40)
M. Bélanger (Anjou): Donc, d'après vous, ça
constituait vraiment un problème, parce que l'ancien article 8
était muet.
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger (Anjou): II ne définissait pas le geste
de faire une contribution comme étant un acte de nature politique. C'est
ça?
M. Rémillard: ...politique partisane. Mais ça,
c'est une politique partisane. Tu sais, c'est public. C'est inscrit aux
contributions.
M. Bélanger (Anjou): Oui, en haut de 100 $.
M. Rémillard: C'est tant mieux. Bien oui, c'est tant
mieux. On va voir tout à l'heure qu'on n'enlève pas la
possibilité d'aller à un rassemblement politique pour être
informé. Là, je trouve qu'on est juste à la limite. On est
juste, juste sur la marge, parce que là, on dit: II y a la
liberté d'information. On ne peut pas priver quelqu'un d'aller à
un rassemblement péquiste, puis d'aller à un rassemblement
libéral, puis de se faire une idée pour voter. Bon, ça se
tient. Mais je vais vous dire, moi, personnellement, je trouve que c'est juste
à la limite, juste à la limite, parce qu'un substitut qui se fait
voir dans une assemblée partisane, à mon sens, c'est... Mais
là, on m'a convaincu qu'on ne pouvait pas aller jusque-là, parce
que c'était la liberté d'information.
Mais je ne vois pas un juge, par exemple, à une assemblée
partisane. On pourrait appliquer le même raisonnement à un juge.
On pourrait dire qu'un juge peut aller, à ce moment-là, à
l'assemblée politique d'un parti ou d'un autre, parce qu'il veut se...
Théoriquement, oui, mais, en pratique, je pense que... Il va
l'écouter à la télévision. On n'est pas tous
à la télévision.
M. Bélanger (Anjou): II n'y aurait pas eu lieu de trouver,
peut-être, une autre sanction, outre le reclassement, dans le cas d'une
contribution à un parti politique? Il n'y aurait pas d'autre
possibilité, une gradation au niveau de la...
M. Rémillard: Si vous me permettez, là...
M. Bélanger (Anjou): Ce que vous voulez finalement, vous,
c'est carrément qu'il n'y en ait pas du tout, parce que, finalement,
avec une telle sanction, je pense qu'il n'y a personne qui va donner 100 $ pour
risquer d'être reclassé dans la fonction publique. Je pense que
c'est carrément ça.
M. Rémillard: Ce n'est pas... Oui, c'est le mot
«sanction». Ce n'est pas une sanction. Ce n'est vraiment pas une
sanction, et il ne faut pas que ce soit perçu comme une sanction. Ce
n'est pas une sanction. C'est strictement un moyen pour vous mettre dans une
situation où vous n'êtes pas en conflit, mais ce n'est pas une
sanction. C'est strictement une évolution de carrière que vous
décidez de vous attribuer. Ce n'est pas une punition, ce n'est pas une
sanction. On ne vous punit pas parce que vous avez fait de la politique.
M. Bélanger (Anjou): Sauf que vous devez comprendre que,
si vous voulez donner à un parti politique, vous allez changer
d'orientation de carrière. Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Vous allez changer d'orientation de
carrière. Bien oui, c'est ça!
M. Bélanger (Anjou): Veux veux pas...
M. Rémillard: Bien oui!
M. Bélanger (Anjou): ...c'est ça.
M. Rémillard: Tu sais, c'est ça. Ils peuvent avoir
une brillante carrière aux plus hauts échelons.
M. Bélanger (Anjou): Que répondriez-vous,
cependant, aux gens qui vous diraient que, bon, on enlève ce droit ou
disons qu'on limite ce droit, cette possibilité disons-le comme
on veut aux juges, mais qu'ils ont certaines, quand même,
compensations financières par rapport aux procureurs, je veux dire, par
rapport aux procureurs ou aux substituts du procureur de la couronne? Alors,
qu'est-ce que vous pourriez répondre, à ce moment-là?
Quelle compensation donnez-vous aux substituts pour ce droit-là, qu'ils
n'ont plus maintenant ou qu'ils ont toujours, mais emportant, finalement, un
changement de vocation de carrière? Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Oui, mais écoutez... De toute
façon, un substitut ne peut pas être substitut et
député en même temps. S'il se présente en politique,
c'est évident. Ensuite, s'il contribue financièrement à un
parti politique, je pense qu'il ne doit pas le faire pour avoir des avantages
financiers non plus.
Par contre, contrairement aux juges, par exemple, un substitut peut
être membre de certains conseils d'administration. Moi, je vais, jusqu'au
niveau des juges, souhaiter que les juges ne fassent pas partie de conseils
d'administration. Il y a eu très peu de juges qui l'ont fait, mais il y
en a qui l'ont fait. On sait que le juge Gold était toujours au conseil
d'administration de la Place des Arts. C'était son choix. Moi, j'ai
toujours trouvé cela une situation difficile. J'ai toujours
trouvé ça
difficile. J'ai un juge, ici, qui est demeuré... Il était
président du conseil du Grand Théâtre au moment où
il a été nommé juge, puis il a continué pendant
quelques mois. Il a démissionné. Je ne trouve pas ça
souhaitable, parce qu'on ne sait jamais quand il peut y avoir des poursuites,
ce qui peut se faire. J'aime mieux que les juges gardent une distance face
à ces conseils d'administration.
Alors, il n'y a rien dans la loi qui le défend, mais les juges
s'imposent eux-mêmes cette façon de procéder, cette
façon de faire. Les substituts, je ne pense pas qu'ils ont besoin
d'aller jusque-là. Il ne faut quand même pas exagérer.
M. Bélanger (Anjou): La première réflexion
que j'ai eue quand j'ai vu cet article-là, c'est que je me demandais si
ça puis, encore là, je vous dis, c'est une idée que
j'ai eue tout simplement n'aurait pas été mieux de
prévoir un genre de mode de récusation? Finalement, ce qui est
important, c'est l'image d'impartialité qui est attribuée aux
substituts du Procureur général. Est-ce que ça n'aurait
pas été possible, plutôt que de mettre quelque chose de si
rigoureux, de si strict... Même si le substitut, lui, ne donne pas
à aucun parti politique, qu'il n'est pas membre d'aucun parti politique,
mais qu'il est étiqueté comme étant un bleu ou un rouge
dans tout le comté, vous savez, je ne suis pas certain que ça va
vraiment satisfaire, en tout cas, la personne qu'on veut satisfaire par ce
projet de loi. Ça n'aurait pas été
préférable de prévoir un genre de mode de
récusation?
M. Rémillard: Écoutez, c'est ça. Le
problème de la récusation... Quand ça se fait pour un
juge, on le plaide devant le juge. Il faut qu'il y ait un cas vraiment clair de
conflit d'intérêts. En ce qui regarde un substitut, le substitut
regarde le dossier, puis, tout à coup, la personne pour laquelle on
décide de porter des accusations parce que, si on n'en porte pas,
il n'y aura pas de problème, c'est si on en porte alors, la
personne dit: Écoutez, le substitut qui me poursuit, lui, cette
personne-là, c'est un rouge, alors que, moi, je suis un bleu, etc., il
faudrait qu'il soit récusé. Permettre la récusation,
à ce niveau-là, ce serait ouvrir la porte à la
récusation dans toutes sortes de choses. Administrative-ment, on ne voit
pas comment ça pourrait être adminis-trable, comment on pourrait
administrer ça. Comment, à chaque fois... Écoutez, il
s'agirait qu'on ouvre la porte à ça... Imaginez-vous! Vous avez
été dans la pratique, je l'ai été aussi. Les
quelques cas j'en ai fait très peu de cas, j'ai fait du droit
professionnel, du droit pénal... S'il faut qu'il y ait de la
récusation pour les substituts, ouf! je vais vous dire, jusqu'où
ça va nous mener? Je ne vois pas comment, administrativement...
C'est une alternative qu'on a regardée. Comme c'est des juges qui
jugent de la preuve ils ne jugent pas du procès, ils jugent de la
preuve est-ce qu'il n'y aurait pas un moyen de récusation? On
s'est aperçu que ce n'était pas facile. Administrativement, ce
n'est pas possible. Puis, ça ne se fait pas ailleurs, hormis... Il y a
des cas, il y a des cas vraiment flagrants où, vraiment, c'est
évident. Bien là, écoutez, c'est le substitut en chef et,
s'il faut, c'est le sous-chef qui prend la décision.
M. Bélanger (Anjou): Par rapport aux autres provinces...
Est-ce que les substituts du Procureur général ont le droit de
contribuer dans d'autres provinces? Est-ce que, vraiment, on fait jurisprudence
à ce titre-là pour nos substituts?
M. Rémillard: Dans le projet de loi... Dans les autres
provinces, souvent, c'est tacite, ce n'est pas explicite. Nous, c'est
explicite, mais je vais demander qu'on me trouve les informations. Je pense
qu'on a toutes les informations ici là-dessus.
(Consultation)
M. Rémillard: En Nouvelle-Ecosse, ils l'ont. Alors, en
Ontario, aucune activité partisane. Je regarde ça... En Alberta,
aussi. Le Nouveau-Brunswick, aussi; Terre-Neuve, aussi. La majorité des
provinces.
M. Bélanger (Anjou): Mais elles ne définissent pas
le fait de donner comme étant un acte de nature partisane. C'est un peu
l'équivalent de l'article 8 qu'on a.
M. Rémillard: Oui, mais tout acte de nature partisane,
ça va plus loin que nous autres. Nous, on laisse quand même... On
a voulu les énumérer parce qu'on a voulu être explicite sur
des choses qui pourraient être considérées comme
partisanes, puis qu'on considère, nous, comme non partisanes. Tout
à l'heure, je vous donnais un exemple, on va l'étudier à
l'article 9.2. Je vous dis que c'est sur le bord. Participer à une
activité, à un rassemblement politique parce qu'on
respecte le droit à l'information, on est juste sur la ligne
bien, dans les provinces anglophones du Canada, c'est quelque chose de
partisan. (16 h 50)
M. Bélanger (Anjou): Ce pourquoi j'ai parlé tout
à l'heure de récusation, c'est parce que je me demandais si elle
n'aurait pas été un mécanisme intéressant pour
pallier un autre problème. Quant à régler un
problème des substituts, aussi bien régler celui-là,
c'est-à-dire le fait que, dans les petites communautés, souvent
en tout cas, peut-être pas souvent, mais, moi, ça m'est
arrivé une couple de fois des gens se sentent un peu comme
persécutés ou, disons, victimes d'un acharnement outre que la
norme vis-à-vis, des fois, de certains individus. Je ne dis pas que
c'est la norme, là, mais je l'ai vécu peut-être une fois en
10 ans, où quelqu'un sentait vraiment que la personne avait une dent
contre lui. Alors, je me demandais si, pour ça, il n'aurait pas
été possible, ce genre de processus là, s'il avait
été encadré d'une façon... Je suis d'accord avec le
ministre qu'il ne faut pas que ça devienne un genre de mouvement, un
moyen dilatoire ou une procédure pour empêcher de tourner en rond,
comme on dit. Mais c'était
pour ça; cette récusation-là, je la trouvais
peut-être intéressante comme idée. Mais, si le ministre me
dit, donc, que, d'après lui, ce n'est pas du tout envisageable comme
recours et que, pour lui, ça ne lui sourit absolument pas d'envisager
l'idée de récusation...
M. Rémillard: L'idée de?
M. Bélanger (Anjou): L'idée de récusation,
le concept de récusation.
M. Rémillard: La récusation, ce n'est pas
l'idée que ça ne me plaît pas, c'est l'idée que ce
n'est pas applicable.
M. Bélanger (Anjou): Par vous, ce n'est pas administrable,
là.
M. Rémillard: Ce n'est pas administrable. Tous mes gens...
Je peux demander au sous-ministre. Parlez-nous donc de ça, M.
Bouchard.
Le Président (M. Dauphin): M. Bouchard.
M. Bouchard: M. le Président, M. le député.
Évidemment, nous avons tenté non, je reprends nous
avons effectivement examiné toute autre alternative que celle de dire:
Bon, l'individu doit être classé ou on ne peut pas lui permettre
de continuer comme procureur de la couronne. Mais il faut comprendre que, dans
certains districts, je n'ai qu'un seul substitut. Le ministère de la
Justice n'a à son emploi qu'un seul substitut du Procureur
général.
Administrativement, demander chaque fois qu'un dossier pourrait faire
l'objet, non pas seulement de la part de ce substitut, d'un examen critique sur
lui-même Est-ce que je suis en conflit d'intérêts ou
pas? mais par apparence de conflit d'intérêts... Toutes les
fois, les individus nous diraient: Est-ce que vous êtes sûr que
cette plainte-là, que vous lui avez permis d'autoriser, il l'a
autorisée sans avoir été biaisé politiquement? Dans
les endroits où j'ai 2 ou 3 substituts, s'il y en a 1 qui choisit
l'option...
Il faut comprendre que, si on permettait un mécanisme qui
permettrait aux procureurs de la couronne d'être membres d'un parti
politique, de s'inscrire, de contribuer ou même d'être candidats
à une élection, c'est qu'on le donnerait à tout le monde,
à l'ensemble des 330 procureurs. Si, dans un district, j'ai 3 substituts
dont 2 sont étiquetés politiquement de partis politiques
opposés ou qui ne partagent pas les mêmes idées, on fait
quoi, administrativement? Est-ce qu'on le donne au troisième qui, lui,
n'a pas sa carte de membre d'un parti? Mais ce troisième-là
est-il l'ami de l'un des deux? Ils peuvent se consulter entre eux.
L'expérience nous dit qu'à chaque fois qu'un individu se
sent persécuté, comme vous l'avez dit, ou harcelé, il y
prête soit des motifs machiavéliques ou encore des motifs
politiques. C'est souvent le cas. Heureusement, on peut, jusqu'à
maintenant, dire et répondre à ces gens-là:
Politiquement, nos procureurs ne sont pas colorés. Ils ne peuvent
pas s'inscrire à un parti politique. Donc, quelles sont les raisons qui
vous font croire que cet individu-là a pris une décision de
nature politique? Ce ne serait pas le cas si les procureurs avaient la
permission d'effectuer des contributions politiques ou même d'assister,
en tant que partisans, à une réunion politique.
Ils peuvent y assister, comme M. le ministre l'a dit tout à
l'heure, pour se faire une idée, parce qu'ils conserveront leur droit de
vote. Ils peuvent aller à une assemblée politique pour se faire
des convictions intimes, mais s'afficher lors d'une assemblée publique
comme partisan d'un parti politique, avec un macaron ou autre, lui serait
défendu, justement pour empêcher les gens qui font l'objet
d'accusation de dire: Bien, j'ai été accusé parce qu'il
fait partie de tel parti politique ou pas. Alors, administrativement, c'est
impensable. Même dans le district de Montréal, où nous
avons 100 procureurs, il suffirait que quelques-uns seulement soient
identifiés politiquement pour que tout le système soit
menacé, parce que les gens prêteraient des intentions politiques
aux procureurs de la couronne chaque fois qu'on prend des décisions
importantes. On poursuit quand même un nombre appréciable de gens
qui sont affiliés à des politiciens, qui sont des connaissances
de politiciens ou qui sont même des politiciens, dans les cas d'abus de
confiance comme, au cours des derniers mois, ça a été le
cas. Il faut que ces études de dossier se fassent par des gens qui n'ont
aucune attache politique, quelle qu'elle soit.
Le Président (M. Dauphin): Ça va? Alors, l'article
9.1 est adopté.
J'appelle le suivant, l'article 9.2.
M. Rémillard: M. le Président, l'article 9.2:
«Ne constitue pas une activité de nature partisane le fait pour un
substitut permanent d'exercer son droit de vote à une élection,
de se porter candidat à une charge publique élective autre que
celles visées à l'article 9.1 ou d'assister à une
assemblée publique de nature politique.»
M. le Président, l'article 9.2 précise que ne constitue
pas une activité de nature partisane pour un substitut permanent le fait
de voter et le fait de se porter candidat à une charge publique
élective autre qu'aux niveaux fédéral, provincial,
municipal ou scolaire, et le fait d'assister à une assemblée
publique politique.
M. le Président, les substituts permanents pourront, par exemple,
être élus membres du conseil d'administration de centres
hospitaliers, d'établissements scolaires ou de corporations
professionnelles, mais les substituts permanents devront faire preuve de
réserve dans la manifestation publique de leur opinion, selon l'article
11 de la Loi sur la fonction publique, qui est toujours, évidemment, en
application dans ces cas-là.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Là, c'est drôle, mais,
quant à être logique, pour moi, le fait d'assister à une
assemblée publique de nature politique, c'est tout aussi partisan, c'est
tout aussi, en tout cas, un geste partisan que le fait de donner à un
parti politique. Je ne le sais pas, là, j'ai... Est-ce que le fait... Si
j'ai bien compris tout à l'heure l'exemple donné par Me Bouchard,
le fait d'assister à une assemblée et d'avoir, on va dire, un
macaron, là, à ce moment-là, ça
constituerait...
M. Rémillard: Là, c'est partisan.
M. Bélanger (Anjou): Donc, il faudrait que le procureur
assiste, mais qu'il n'ait rien sur lui qui puisse l'identifier.
Le Président (M. Dauphin): II peut crier, mais pas de
macaron! Ha, ha, ha!
M. Bélanger (Anjou): II peut crier, mais tant qu'il ne
crie pas... Là, on arrive dans une zone vraiment grise. Est-ce que vous
conviendrez avec moi que c'est vraiment gris comme zone?
M. Rémillard: On arrive à la limite. C'est la
question du droit de vote.
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: Moi, écoutez, je vais vous dire, je
me suis interrogé, puis on en a discuté longuement. C'est de
savoir... Il y a un droit de vote. Donc, au droit de vote, il y a un droit de
s'informer adéquatement.
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: Là, on est arrivé à la
conclusion que... Mettons qu'il y a une réunion publique, qu'on veut
parler d'un débat contradictoire, par exemple M. le sous-ministre
me suggère l'exemple d'un débat contradictoire et qu'on
voudrait pouvoir assister à ce débat contradictoire qui n'est pas
télévisé, puis qui n'est pas radiodiffusé, pour
avoir une meilleure idée pour voter, objectivement, on regarde
ça, puis on dit: Bien, coudon! Oui, c'est vrai, il pourrait y aller.
S'il arrive avec le macaron et puis...
M. Bélanger (Anjou): La banderole.
M. Rémillard: ...la banderole, puis... Alors,
écoutez, à ce niveau-là, il y a quand même un
problème. Mais, si c'est strictement pour participer aux
assemblées en raison de son devoir de voter, par conséquent, on
dit: On devrait le permettre. Mais je suis d'accord avec vous qu'on est
à la limite, hein. On est à la limite. Si on empêchait ce
droit, il me semble que, là, on pourrait aller trop loin. Moi, je
n'avais pas d'hésitation, tantôt, pour la contribution
financière, mais il me semble que, là, si on le décidait,
on risquerait la Cour suprême. On peut demander au sous-ministre de faire
un commentaire.
Le Président (M. Dauphin): M. Bouchard.
M. Bouchard: Merci, M. le Président.
M. le député, notre perception, partagée
évidemment par les juristes qui ont travaillé sur le projet de
loi, au gouvernement, c'est qu'empêcher un individu d'exercer un droit,
d'assister à une assemblée politique publique pour se faire une
idée sur quelle option politique il devrait livrer son vote, le soir des
élections, pourrait constituer une entrave à la liberté
des droits d'un citoyen. C'est pour ça, tout à l'heure, que
j'expliquais que le fait d'y participer... À moins que puis,
encore là, je le dis avec une pointe d'humour on ne soit
convaincu que tous les gens qui assistent aux assemblées politiques sont
déjà convaincus de leur option politique. Moi, j'ose croire que
ces assemblées servent encore à se gagner de nouveaux
adhérents. Si ce n'est pas le cas, on peut s'interroger sur
l'utilité des assemblées politiques. Mais on ne peut pas dire, en
théorie, d'un individu qui assiste à une assemblée
politique, qui est publique, sur invitation d'un parti politique, qu'il a
définitivement décidé que ce serait là l'option
politique qu'il adopterait le soir des élections. Comme on doit laisser
le droit de vote à un substitut, qu'il lui soit permis d'aller se faire
une idée.
Maintenant, comme le soulignait le ministre, il doit respecter son
obligation de réserve. Il ne peut pas se présenter avec la
pancarte et le macaron et même monter sur l'estrade et encourager la
foule en faveur d'un candidat ou d'un autre. On pense que c'est là une
juste mesure qui, si elle n'était pas adoptée, pourrait conduire
la loi, que cette Assemblée pourrait être amenée à
voter, à constituer une entrave, et les tribunaux pourraient juger qu'on
est allé trop loin.
M. Rémillard: Je me souviens de ce cas. C'était
quelqu'un qui avait l'obligation de réserve, en fonction de la Loi sur
la fonction publique, qui faisait du porte à porte avec un candidat et
qui avait plaidé que c'était pour savoir les questions qui
étaient posées au candidat et comment le candidat
répondait aux questions. Ha, ha, ha!
M. Bélanger (Anjou): Ah bon! (17 heures)
M. Rémillard: II y a des situations, comme ça, je
pense bien, qui sont assez faciles à trancher. Mais on est à la
limite. Moi, il me semble qu'on a moins de chances de se tromper puis M.
le sous-ministre vient de parler des opinions juridiques que nous avions au
niveau du ministère de la Justice de le permettre, avec toujours
la Loi sur la fonction publique, l'article 11, qui implique le droit de
réserve, l'obligation de réserve.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Terrebonne. Ensuite, M. le député de Chapleau.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Alors, moi aussi, j'ai
beaucoup de réserve sur cette partie-là, M. le Président.
Je n'avais pas non plus
de réserve concernant la contribution aux partis politiques. Moi
aussi, ça m'apparaît que c'est un geste qui est très clair.
Mais assister à une assemblée publique, c'est encore, pour moi,
plus visible que de verser une contribution, parce qu'une contribution il faut
que les gens fassent des recherches pour aller voir si effectivement la
personne a donné une contribution, puis qu'ils vérifient dans les
livres. Ils vont le voir si la personne a versé plus de 100 $, mais, si
elle a versé moins, ils ne le verront pas. Mais assister à une
assemblée publique de nature politique... Bon, quand il y a un
débat contradictoire et qu'il n'y a pas de macarons, on peut toujours
dire que c'est pour aller s'informer, mais, dans les assemblées
politiques, on ne peut pas se cacher que les gens qui sont dans l'assistance
sont là, que leur opinion est déjà faite et qu'il ne vont
pas là pour aller chercher de l'information. Il vont tout simplement
donner un soutien, un appui et démontrer leur adhésion. Alors,
pour moi, c'est un geste encore plus visible que de verser la contribution,
parce que la contribution, il y a très peu de personnes qui vont aller
vérifier si on la donne, mais assister à une assemblée
publique politique, c'est évident qu'il y a bien des gens qui voient la
personne. Puis, même si elle n'a pas un macaron sur elle, pour eux
autres, elle était là. Elle n'était pas là pour
aller s'informer, elle était là parce qu'elle était
d'accord avec le parti politique en place.
C'est sûr que c'est différent quand on se retrouve dans une
assemblée contradictoire où si on pense, par exemple, au
referendum ce n'est pas lié nécessairement à un
parti politique, parce qu'il y a différentes coalitions qui sont un
petit peu différentes. Mais, pour moi, je pense que c'est une
activité de nature partisane, qui est très, très,
très visible. Je pense, par exemple, aux directeurs des élections
dans nos différents comtés ou à leur personnel,
même, qui n'assistent pas à des assemblées de nature
politique, ni pendant la période électorale ni entre les
périodes électorales. Ils n'assistent pas du tout. Us ne font pas
de contribution financière et n'assistent pas non plus, parce que,
justement, leur présence à une assemblée politique,
même non partisane... Même si on fait une célébration
à un député, qui n'est pas reliée
nécessairement à son parti, mais une manifestation pour
célébrer, par exemple, un 15e anniversaire ou autre, ils
n'assistent pas, parce que leur présence pourrait être
associée à un parti politique.
M. Rémillard: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, je sais que le
député de Chapleau a des commentaires, puis j'ai hâte de
pouvoir les entendre, mais peut-être qu'il me permettra de simplement
faire une intervention là-dessus. Je pense que la députée
de Terrebonne situe le problème et pose aussi toute la difficulté
du problème lorsqu'elle dit: Bien, je comprends que, si une personne
vient pour un débat contradictoire, dans ce cas-là... Voyez-vous,
c'est difficile, on fait toujours des exceptions. On dit: Dans le cas d'un
débat contradictoire, pas dans d'autres.
Dans un cas comme celui-là, moi, il me semble, ce dont il faut
être conscients comme parlementaires, c'est de dire: Si on
décidait de le bannir, de l'enlever, est-ce qu'on ne ferait pas une
erreur, compte tenu qu'il y a des exceptions comme celle dont vous venez de
parler? En plus, il y a toujours la Loi sur la fonction publique, l'article 11.
C'est toujours le droit de réserve qui est là, il ne faut pas
l'oublier. Il n'y a pas juste cette loi-ci. Le fond de scène, si vous
voulez, c'est quand même l'article 11, qui dit qu'il y a un devoir de
réserve. C'est pour ça qu'il faut se garder, je pense, comme
parlementaires, d'aller trop loin. Ça pourrait être plus
dommageable que de ne pas aller assez loin, puisqu'il y a toujours la
possibilité de faire appliquer l'obligation de réserve qui est
là.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Je ne veux pas m'éterniser sur le
problème, mais je pense que le mot «assister» est bien
choisi. Si c'était le mot «participer», ce serait une autre
affaire complètement, mais, avec le mot «assister»... Puis,
comme le ministre l'a dit, il y a l'article 11 de la Loi sur la fonction
publique. Ça restreint, ça met des cadres. On sait exactement ce
que c'est qu'on cherche. «Assister» pour prendre des
renseignements, bien sûr. Puis, c'est limité plus loin, quand on
dit que c'est réservé dans la manifestation. Ils doivent faire
preuve de réserve dans la manifestation publique de leurs opinions. Si
vous assistez sans émettre une opinion... Le fait d'aller recueillir des
informations, moi, personnellement, je ne vois pas de problème, parce
que les substituts du Procureur général, ce sont des personnes
bien renseignées dans le cours normal des affaires. Ils savent ce que
c'est, la loi. Ils n'ont pas besoin d'y aller, mais, s'ils le décident,
pour avoir une meilleure idée de la personnalité du candidat, pas
seulement les rapports dans les médias ou ainsi de suite, je pense
qu'ils devraient avoir le droit d'y assister, mais pas de participer. Le mot
«assister» est bien choisi.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, moi, ce qui
me préoccupe un peu plus relativement à cette question-là,
ce n'est pas nécessairement le choix des mots, parce que le choix des
mots... on peut leur faire dire pas mal n'importe quoi. C'est la gestion de
tout ça, un peu. La même préoccupation, tout à
l'heure, qu'avait le ministre relativement au système de
récusation, moi, je l'ai par rapport à la gestion de ça.
On n'aura pas un système de surveillance de nos substituts du Procureur
général. Je suis certain que ça va prendre un cas assez
frappant ou flagrant pour qu'il y ait action relativement à ça.
Mais, à ce moment-là, comment va-t-on faire la gestion de tout
ça?
Une personne peut applaudir très fort, vraiment être
partisane sans rien avoir sur elle. D'un autre côté,
quelqu'un peut avoir un simple macaron et être très
discret. C'est pour ça. Moi, c'est la gestion de tout ça qui me
préoccupe un peu. Puis, quand même, dans l'ère des
télécommunications où nous vivons, tout ça, il y a
tellement d'autres façons d'obtenir de l'information sur des candidats,
sur des positions constitutionnelles, ou peu importe. Il me semble, en tout
cas, que, si on décide de limiter ce droit-là à
l'information, on le limite d'une façon tellement partielle que je ne
vois ce que ça pourrait changer quant à la
constitutionnalité de la...
M. Rémillard: Pour l'application, ce ne sera pas plus
difficile d'appliquer ça que d'appliquer l'article 11 de la Loi sur la
fonction publique ou d'autres qui auraient le devoir de réserve.
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: C'est une question de situation. Si vous
avez le cas de quelqu'un qui est poursuivi, que son avocat vient dire que le
procureur qui est au dossier est partial, et qu'il l'a vu à
l'assemblée portant un macaron et disant: Vive Bourassa! Vive Bourassa!
Vive Parizeau! Vive Parizeau!
M. Bélanger (Anjou): La commission devient partisane. Ha,
ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Alors, dans ce cas-là, M. le
Président, quitte aux tribunaux à l'apprécier, ce sera aux
tribunaux à l'apprécier. Je ne sais pas si le sous-ministre a
d'autres appréciations.
Moi, M. le Président, je veux bien qu'on soit clair, ici. Je n'ai
pas la prétention d'avoir, dans ce domaine-là, ni dans d'autres
domaines, remarquez, la science infuse. Mais, si tous les membres de la
commission arrivent à la conclusion qu'il faudrait même enlever la
participation à une assemblée partisane, moi, je suis bien
prêt à regarder ça.
M. Kehoe: Mais c'est d'assister, pas de participer.
M. Rémillard: C'est d'assister.
M. Kehoe: Si c'était de participer, là, je serais
réticent beaucoup. Mais le fait d'être là, je ne vois pas
pourquoi un...
M. Rémillard: Je me dis... M. le Président,
peut-être que d'autres membres de la commission veulent s'exprimer.
Le Président (M. Dauphin): Oui, il y a plusieurs
députés qui veulent intervenir.
M. Rémillard: Oui? Ah bon! Je vais laisser les
députés...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Moi, j'aurais une question, M. le Président,
toujours dans l'esprit de se renseigner, comme on dit. Dans le cas d'un
substitut qui est marié, que ce soit son époux ou son
épouse, puis que son époux ou son épouse est partisan d'un
parti politique, elle ou lui n'est pas substitut. À un certain moment,
il arrive une campagne électorale, puis l'époux ou
l'épouse veut s'afficher pour un parti politique, que ce soit en tant
qu'individu ou même sur un balcon. Qu'est-ce qui arrive, à ce
moment-là?
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...l'époux ou l'épouse d'un
substitut est complètement libre de faire toute activité
partisane que lui donne notre système démocratique.
M. Maciocia: Je comprends, M. le ministre, mais admettons que
l'époux ou l'épouse décide de s'afficher sur le balcon,
puis que l'adresse est la même pour les deux. (17 h 10)
M. Rémillard: Ah! Voici, le domicile conjugal, c'est le
domicile de l'époux ou de l'épouse autant que de l'autre. Moi, je
verrais tout simplement la possibilité puis, je me ferai corriger
par le sous-ministre avec plaisir là-dessus... Quand même! Dans la
mesure où c'est l'expression d'un droit démocratique de
l'épouse ou de l'époux, il me semble que, si on met une grande
banderole devant la maison, que c'est une banderole qui est partisane et que
c'est le domicile d'un substitut, ça cause une situation qui est
difficile. Mais, lui, il n'a rien à faire là-dedans. Il faudrait
peut-être qu'il mette une autre banderole pour dire: Je ne suis pas
partisan.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): S'ils utilisent la même
voiture, M. le ministre, et que la voiture a une banderole sur la fenêtre
arrière?
M. Rémillard: Là, ça peut être
différent, parce qu'il faudra faire la distinction s'ils sont tous les
deux dans la voiture. Il peut dire: C'est la voiture de madame, ce n'est pas ma
voiture. Si c'est lui qui conduit la voiture et qu'il est seul dans la voiture,
là, il a des problèmes.
M. Gauvin: On pourrait peut-être ajouter... Dans les
mêmes... Excusez, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
de Montmagny.
M. Gauvin: On pourrait peut-être ajouter, dans
les mêmes circonstances, M. le ministre, que, si la banderole est
sur le balcon et que l'épouse prend un moment de repos à se
bercer en arrière de la banderole, c'est toujours le domicile des
conjoints.
M. Rémillard: Oui. On sait à quel point chez
nous, à Baie-Saint-Paul, on parle de se balanciner sur la galerie,
prendre le frais dans votre beau comté de Montmagny, on sait
à quel point ça peut être agréable, mais... M. le
Président, il y a un devoir de réserve qui est là, et, si
c'est devant une banderole qui est nettement partisane, ce sera au substitut
à l'apprécier, s'il peut se balanciner devant ou derrière
la banderole. C'est des cas d'espèce. Ce que je veux dire, M. le
Président, c'est qu'on pourrait sortir comme ça beaucoup de cas
qui peuvent nous faire sourire, mais qui sont des cas qu'on peut retrouver dans
la réalité des choses.
Moi, je me dis... Je ne voudrais pas qu'on prenne trop de temps
là-dessus, mais je trouve que c'est un point important quand
même... Je me dis que la décision qu'on a à prendre, c'est
ou bien on va jusqu'à empêcher un substitut de participer à
une activité de nature partisane, complètement... Là, on
risque d'aller très loin. Tantôt, le sous-ministre nous disait que
les avis juridiques que nous avons au niveau du ministère de la Justice
nous amènent à croire que la Cour suprême pourrait
considérer qu'on va trop loin pour brimer le droit à
l'information, parce qu'il y a un droit de vote. Ou bien on le laisse comme
c'est dans la loi et on se dit: De toute façon, il y a toujours en toile
de fond l'article 11 de la Loi sur la fonction publique, qui oblige à un
comportement non partisan, un droit de réserve, bonne conscience. Alors,
il me semble, comme parlementaires, que ça devrait nous guider un peu,
pour dire: N'allons pas trop loin, mais, quand même, c'est
protégé par l'article 11.
Le Président (M. Dauphin): Ça va? M.
Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 9.2 est
adopté.
J'appelle l'article 9.3.
M. Rémillard: L'article 9.3: «Le substitut permanent
qui entend se livrer à une activité politique visée
à l'article 9.1 doit en aviser sans délai le sous-procureur
général.»
Alors, M. le Président, cet article 9.3 fait obligation aux
substituts permanents qui veulent se livrer à des activités
politiques qui sont prohibées par l'article 9.1 d'en informer sans
délai le sous-procureur général, c'est-à-dire le
sous-ministre.
M. Bélanger (Anjou): Quelle est la sanction si on n'avise
pas sans délai? Ah! c'est 9.7.
M. Rémillard: Alors, c'est l'article 11, à ce
moment-là, qui s'applique.
M. Bélanger (Anjou): Ah! l'article 11.
M. Rémillard: De la Loi sur la fonction publique.
L'article 11 de la Loi sur la fonction publique.
M. Bélanger (Anjou): D'accord.
M. Rémillard: II y a des sanctions disciplinaires qui
peuvent être sérieuses, comme vous le savez.
M. Bélanger (Anjou): D'accord. Le Président (M.
Dauphin): Ça va? M. Bélanger (Anjou): Ça
va.
Le Président (M. Dauphin): L'article 9.3 est
adopté.
J'appelle l'article 9.4.
M. Rémillard: L'article 9.4: «Le sous-procureur
général attribue à ce substitut permanent, en fonction de
ses aptitudes, un nouveau classement dans une classe d'emploi de la fonction
publique dont les conditions minimales d'admission sont équivalentes
à celles à laquelle il appartient et dont le niveau de traitement
est substantiellement équivalent. «L'attribution d'un nouveau
classement est faite après consultation du substitut
concerné.»
Alors, M. le Président, l'article 9.4 proposé
prévoit que le substitut permanent qui entend se livrer à des
activités politiques se voit attribuer un nouveau classement dans une
classe d'emploi de la fonction publique d'un niveau équivalent à
la classe d'emploi des substituts. Cette disposition préserve le lien
d'emploi du substitut avec la fonction publique.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Je me demandais... Pourquoi a-t-on
prévu cette disposition de reclassement au lieu d'offrir ce qui est
offert souvent dans la fonction publique, c'est-à-dire la
possibilité d'un congé sans solde, sans reclassement, sans qu'on
change de poste, finalement. La personne prend un congé sans solde de 1
an, si elle veut avoir une activité politique pendant 1 an, et,
après, elle peut revenir exactement au même poste qu'elle avait
auparavant. Pourquoi ne pas avoir fait ça plutôt que de
prévoir systématiquement un reclassement?
M. Rémillard: C'est parce que l'objectif, à ce
moment-là, qui est toujours de présenter une image objective,
impartiale de la fonction du substitut... Si vous avez un substitut qui
décide de se présenter comme candidat, de prendre 1 mois et demi,
2 mois de congé sans solde, puis de s'en aller faire campagne; il est
défait, il revient à son poste de substitut
immédiatement,
je vais vous dire que ça cause un problème.
M. Bélanger (Anjou): Mais c'est là que le
système ne fonctionne pas, justement, parce que la personne, elle, qui
était dans un cabinet politique...
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger (Anjou): ...peut devenir substitut. Donc, on
admet qu'elle peut changer sa façon de penser ou qu'elle peut être
impartiale, mais on n'admet pas que la personne qui va faire un geste politique
pendant un bout de temps puisse revenir aussi au même état
d'esprit. Ça ne fonctionne pas, là; ça ne fonctionne
plus.
M. Rémillard: Oui, mais celui ou celle qui a
été dans un cabinet politique...
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: ...ne l'a pas été d'une
façon aussi, je dirais, visible, en première ligne, que celui qui
se retrouve avec sa photo sur les poteaux de téléphone. Ce que je
veux dire, c'est que vous vous retrouvez candidat, à un moment
donné...
M. Bélanger (Anjou): Les anciens députés,
qui sont devenus juges.
M. Rémillard: Bien oui! Mais ils n'ont pas le droit d'en
faire, de la politique, c'est fini.
M. Bélanger (Anjou): Oui, mais...
M. Rémillard: Est-ce qu'il faudrait, à ce
moment-là, qu'on dise que, quand vous avez été substitut
et que vous avez fait de la politique, si vous êtes défait et que
vous revenez, là, vous avez fini de faire de la politique, à
vie?
M. Bélanger (Anjou): Non, ce n'est pas ça que je
dis. Je dis tout simplement: Pourquoi ne pas avoir prévu, dans certains
cas, la possibilité d'un congé sans solde? C'est ça que je
dis.
M. Rémillard: Oui, mais ça ne répond pas
à l'objectif. Voyez-vous, si vous donnez un congé sans solde de 2
mois...
M. Bélanger (Anjou): Ou de 1 an. Ça peut être
de 1 an aussi.
M. Rémillard: Ah! il faudrait dire un minimum. M.
Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: Parce que, ça peut être 2
semaines aussi.
M. Bélanger (Anjou): Oui, oui.
M. Rémillard: Ça peut être une
élection municipale de 2 semaines.
M. Bélanger (Anjou): On pourrait mettre un minimum,
oui.
M. Rémillard: Mais, c'est parce que, si vous avez un
congé sans solde, il reste qu'au bout de la ligne, si vous êtes
défait... Donc, si vous revenez, c'est parce que vous êtes
défait au départ. Alors, vous revenez dans vos postes. Je dis que
vous revenez parce que vous êtes défait... ça
dépend. Si c'est au niveau provincial, c'est du temps plein. Si vous
vous êtes présenté au niveau municipal, ça peut
être du temps partiel. Même si vous avez gagné, vous revenez
dans votre poste. Comprenez-vous ce que je veux dire? Alors, il faudrait,
à ce moment-là, prévoir des congés sans solde
pendant tout le temps du mandat, à tous les niveaux ça,
c'est une chose mais, en plus, si vous êtes défait et que
vous revenez, il faudrait qu'on fasse... C'est parce que vous donnez l'exemple
des juges. Il faudrait qu'on dise qu'à ce moment-là vous n'avez
plus le droit, pour l'avenir, de faire de la politique. Le juge qui est un
ancien député, un ancien ministre, qui revient dans les fonctions
de juge, lui, il n'a plus le droit de faire de politique. Il ne peut plus
demander un congé sans solde. Il est juge, il ne fait plus de politique.
S'il décide de dire: Moi, je ne veux plus être juge, je me
présente une autre fois député, pour revenir, il va
falloir qu'il se représente à un concours. Il va falloir qu'il
démissionne et qu'il revienne.
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: Alors, là, il faudrait... Là,
ce qu'on dit, l'avantage, c'est que la personne ne perd pas son lien avec la
fonction publique. Elle demeure quand même avec le lien de la fonction
publique. C'est un avantage.
M. Bélanger (Anjou): Oui, mais, comme j'en parlais tout
à l'heure, c'est que je n'ai rien vu là-dedans qui garantit une
forme de réintégration de la personne à son poste qu'elle
avait, de procureur, de substitut du procureur. Il n'y a rien
là-dedans.
M. Rémillard: De fait, c'est vrai. Il ne sera pas
procureur.
M. Bélanger (Anjou): II ne pourra plus jamais
être...
M. Rémillard: II ne sera pas procureur. Je vais demander
au sous-ministre de l'expliquer. (17 h 20)
M. Bouchard: II ne peut revenir, à la fin de son
congé sans solde, comme procureur de la couronne. Il revient à
l'emploi de la fonction publique, au statut de son reclassement, qui
précède, lui, le congé sans solde. C'est-à-dire que
la personne sera reclassifiée avant
d'obtenir son congé sans solde. Elle ne peut obtenir son
congé sans solde avant d'être reclassifiée de substitut
à juriste de l'État, par exemple, ou à un poste
équivalent.
Prenons l'hypothèse souscrite par le ministre, tout à
l'heure, où l'individu ne passe pas aux élections. Donc,
après deux mois et demi de congé sans solde, il revient comme
juriste dans la fonction publique, aux mêmes avantages sociaux, au
même salaire et au même statut professionnel qu'un procureur de la
couronne. Il ne peut pas revenir comme procureur de la couronne. Sans
ça, tout le système échafaudé par le projet de loi
n'a plus sa raison d'être. On ne peut pas non plus accorder des
congés sans solde pour des durées de 48 heures, le temps
d'assister à une assemblée politique partisane où il veut
s'afficher avec un macaron. L'individu ne peut pas nous demander 48 heures sans
solde pour monter sur la scène, faire de la politique partisane et
revenir chez nous après. C'est tout le système qui
s'écroulerait, à ce moment-là, de la neutralité
politique qu'on demande aux procureurs. C'est pour ça que l'individu ne
revient pas comme procureur de la couronne.
Vous avez dit «jamais». Ce n'est pas tout à fait
exact. Il pourra, un jour, revenir comme procureur de la couronne s'il fait la
démonstration qu'il n'a pas l'ambition politique de se présenter
à une candidature. À ce moment-là, il pourra être
reclassifié procureur de la couronne, s'il nous démontre qu'il
est capable d'exhiber une neutralité politique ou d'offrir des garanties
de neutralité politique.
M. Bélanger (Anjou): Mais vous ne posez pas la même
exigence pour la personne qui a travaillé dans un cabinet politique et
qui deviendrait substitut du procureur.
M. Bouchard: Bon. Cette personne-là, lorsqu'elle se
présente chez nous, d'abord, doit réussir un examen, un concours,
comme toute autre personne.
M. Bélanger (Anjou): Oui. D'accord.
M. Bouchard: Cette personne-là, si elle ne réussit
pas l'examen, elle ne peut pas être choisie. Si elle se classe, si elle
est déclarée apte à la fonction, cette personne-là,
sa candidature est examinée au même titre que les autres
candidatures. Il est bien sûr qu'avec ces personnes qui ont
été identifiées politiquement dans le passé nous
allons poser des questions beaucoup plus précises. Est-ce que vous avez
l'intention d'occuper le poste de procureur de la couronne jusqu'aux prochaines
élections ou bien si vous avez l'intention de cesser toute
activité politique? Évidemment, si la personne veut
réussir à cette question, elle doit répondre: Non, je n'ai
pas l'intention de... Maintenant, nous prêtons foi à son
engagement. Nous prêtons foi à son témoignage...
M. Bélanger (Anjou): Et rien ne l'empêchera de se
représenter candidat.
M. Bouchard: Effectivement, parce qu'elle ne signe pas un contrat
à vie, mais vous pouvez être assuré d'une chose: si cette
personne voulait faire de la politique après un délai de 3 ans,
nous allons la reclassifier, et la personne conservera son lien avec la
fonction publique. Mais il est loin d'être certain que, 6 ou 7 ans plus
tard, elle pourra réintégrer nos rangs, parce qu'elle nous aura
fait la preuve que, la première fois, elle nous avait dit qu'elle
voulait cesser toute activité politique et que ce n'était pas
exact. C'est une question qui va être examinée chaque fois que la
personne se présente. On ne peut pas faire une règle absolue de
tout ça, mais la personne doit nous satisfaire à l'effet qu'elle
n'a pas d'autre ambition politique pour l'avenir. Ce n'est pas une garantie
qu'elle ne fera jamais de politique.
M. Bélanger (Anjou): Pourquoi ne pas l'avoir mise dans le
projet de loi, la possibilité, justement... Je sais que, pour les
avocats... Quand un avocat fait faillite je prends un exemple il
peut réintégrer la profession s'il fait la preuve qu'il est en
mesure de rencontrer ses obligations, qu'il est rendu solvable. Pourquoi ne pas
avoir prévu, encore là, dans l'article de loi, que le substitut
de la couronne pourrait revenir, mais en faisant la démonstration qu'il
n'a plus l'intention de faire de politique. Pourquoi ne pas avoir prévu
une réintégration, une possibilité de
réintégration?
M. Rémillard: C'est implicite. C'est implicite, dans le
sens qu'il peut toujours se présenter à un concours. Lui, il est
réintégré dans un poste, au même niveau, mais, s'il
y a un concours comme substitut, il va pouvoir se présenter. Dans le
concours, il va expliquer que oui, il a fait de la politique; maintenant, c'est
fini, c'est terminé. Si le jury du concours en arrive à la
conclusion que, selon eux, il est devenu impartial et qu'il n'y a pas de
problème, il pourra retourner dans son travail.
Ce qu'elle fait, la loi, c'est qu'elle dit qu'il va être
reclassé dans un poste équivalent, au niveau d'un juriste, mais
pas dans un poste de procureur. Ça ne veut pas dire qu'il ne redeviendra
pas procureur. Il peut redevenir procureur quelques mois après ou
quelques semaines après. Un poste s'ouvre, il veut appliquer... Ce qu'on
veut, c'est que ce soit un jury qui puisse de nouveau se pencher sur la
situation et décider s'il peut être apte à occuper ces
fonctions en dehors de tout doute raisonnable quant à son
impartialité.
M. Bélanger (Anjou): Moi, je suis vraiment d'avis qu'on
aurait dû prévoir une modalité de
réintégration, c'est-à-dire un test même sans
préciser les modalités de ce test-là pour
prévoir la possibilité, justement, du substitut qui veut
retourner comme substitut après avoir fait un geste... Ça peut
être un geste... Avec la définition qu'on a donnée, ce
n'est pas nécessairement un candidat. Ça peut être
quelqu'un qui a donné 100 $ et qui se retrouve, finalement... Le
ministre me dit qu'il n'est pas barré à vie, mais on comprendra
quand même... Je suis certain que ce ne sera pas évident pour un
substitut de revenir à son poste de substitut
après avoir posé un geste de nature politique. Je suis
certain que ça ne sera pas évident. Soyons réalistes, dans
les faits, on va prendre toutes les mesures nécessaires, alors que la
personne qui, elle, a travaillé dans un cabinet, elle peut avoir fait
carrément un geste, avoir encore accès comme substitut et
même se représenter par la suite.
M. Rémillard: Est-ce que le député d'Anjou
suggère quelque chose comme: «L'attribution d'un nouveau
classement est faite après consultation du substitut
concerné», et d'ajouter quelque chose disant qu'il pourra
retourner dans les fonctions de substitut après avoir passé de
nouveau le concours de substitut, quelque chose comme ça? Je veux juste
voir si, ce qu'il cherche, c'est quelque chose comme ça.
M. Bélanger (Anjou): Oui, moi, ce serait dans ce
sens-là. Pas nécessairement le test d'aptitude, mais à
l'effet qu'il n'a plus l'intention de retourner en politique, quelque chose
comme ça. Moi, ce serait surtout ça.
M. Rémillard: Si on y va par ordre, est-ce que vous
êtes d'accord pour dire que le substitut qui décide de faire de la
politique perd son poste pour l'immédiat, perd son poste de
substitut?
M. Bélanger (Anjou): Oui, oui. Ça, il n'y a pas de
problème.
M. Rémillard: Ça, il n'y a pas de
problème.
M. Bélanger (Anjou): Ça, il n'y a pas de
problème.
M. Rémillard: S'il revient, est-ce que vous êtes
prêt à dire qu'il ne revient pas dans son poste de substitut?
C'est là qu'il faut le décider.
M. Bélanger (Anjou): D'après moi, je pense qu'il
pourrait revenir.
M. Rémillard: C'est différent. Ça,
c'était ma troisième question.
M. Bélanger (Anjou): II pourrait revenir dans son poste,
mais on pourrait, à ce moment-là, préciser les
modalités. On pourrait prévoir, peut-être, un temps
minimum. Ça ne pourrait pas se faire avant x temps, ou il devra,
à ce moment-là, prouver qu'il n'a plus l'intention. Je ne sais
pas exactement, je vous dis ça comme ça, mais je pense qu'il faut
prévoir une possibilité de réintégration pour le
substitut qui voudrait revenir à son poste.
M. Rémillard: La question, c'est que, si on dit que le
substitut, lorsqu'il revient, n'est plus dans son poste, au départ,
là, il n'est plus dans son poste. Il est reclassé au niveau
juriste même chose, il ne perd pas de salaire mais il est
reclassé dans une autre fonction que juriste. Mais, si on ajoutait
on peut le considérer, là qu'il peut revenir dans
son poste de substitut dans la mesure où il démontre, dans le
cadre d'un concours, qu'il n'a plus l'intention de faire de la politique ou
qu'il n'est plus partisan...
M. Bélanger (Anjou): Voilà! Moi, je pense que ce
serait...
M. Rémillard: Qu'il n'a plus l'intention, je pense qu'on
ne devrait pas dire ça.
M. Bélanger (Anjou): Non. On ne peut pas renoncer pour
l'avenir indéfiniment.
M. Rémillard: Non, non, on ne peut pas renoncer, mais
qu'il n'est plus partisan.
M. Bélanger (Anjou): Moi, ce qui me préoccupe
là-dedans, c'est que... Vous savez, le criminel et le pénal,
c'est quand même des choix de carrière qui sont tellement
différents, par rapport à d'autres éléments de la
pratique du droit. Quelqu'un qui fait du droit criminel et qui en a fait
pendant de nombreuses années, ce n'est pas évident de faire du
droit civil et de faire du droit commercial. Alors, je pense que cette
personne-là, il faut qu'elle ait une certaine garantie de pouvoir
revenir au droit pénal, parce que lui imposer, l'envoyer dans un domaine
qui est complètement différent, alors qu'elle a fait pendant 15
ans du droit pénal et du droit criminel, je vois difficilement
comment... Ça peut faire le malheur de bien des gens.
M. Kehoe: C'est lui qui fait le choix d'y aller. Mais allez-vous
lui demander qu'il ne se présente plus jamais?
M- Bélanger (Anjou): Non, pas plus jamais. De la
même façon qu'on ne le demande pas...
Le Président (M. Dauphin): Si vous permettez, Mmes, MM.
les députés, je pense qu'à ce moment-ci je me dois de
faire part d'une communication que j'ai reçue, il y a 5 minutes, du
Directeur général des élections, qui nous demande
les oreilles devaient lui ciller, tantôt de se faire entendre ou
de nous envoyer ses commentaires par écrit sur le projet de loi 88.
Alors, je vous signale qu'en vertu de l'article 244 du règlement
de l'Assemblée nationale, pour entendre quelqu'un comme ça, il
faut que ce soit fait avant le début de l'étude
détaillée. Alors, puisqu'on a déjà engagé
l'étude détaillée, nous ne pouvons pas l'entendre,
à moins que le consentement unanime des membres soit à l'effet
qu'on l'entende. Il nous fait part qu'il aimerait nous faire parvenir ses
commentaires par écrit, dans les plus brefs délais, concernant le
projet de loi 88. Je vais vous en donner des copies, de sa lettre.
M. Rémillard: Moi, M. le Président, ma
réaction là-dessus, d'abord, c'est de dire qu'on est devant
un
projet de loi qui n'est absolument pas partisan par définition.
Par conséquent, peu importe où on est rendu, je pense de
ce côté-ci, en tout cas qu'il n'y aura pas de
difficultés à avoir le consentement, pour qu'on puisse avoir un
projet de loi qui est de la meilleure qualité actuelle possible. Ce qui
veut dire que, moi, je suggère à cette commission, M. le
Président, tout d'abord, qu'on reçoive les commentaires par
écrit du Directeur général des élections et que, si
cette commission juge de l'entendre, elle pourra en décider. Mais peu
importent les articles qu'on a acceptés ou pas acceptés, je ne
voudrais pas que la commission dise que ces articles sont acceptés et
qu'on ne peut plus y revenir. Absolument pas, on pourra y revenir. (17 h
30)
Pour ma part, comme ministre responsable de ce dossier, je n'ai aucun
problème là-dessus. Mais je suggère, M. le
Président, que l'on reçoive par écrit les commentaires du
Directeur, qu'on continue nos travaux et qu'à la lumière de ses
commentaires par écrit, si on veut revenir sur des articles, si on veut
entendre le Directeur, on le fasse.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. De toute
façon, avec le consentement unanime, on peut toujours réouvrir
des articles ultérieurement. Ça, je vous le confirme.
Évidemment, il y a d'autres étapes, aussi du processus
parlementaire la troisième lecture et le rapport des commissions
où on peut toujours intervenir. Mais, si j'ai bien compris le
ministre, il nous dit tout de suite que, suite à ces commentaires
écrits, il y a toujours possibilité de réouvrir les
articles.
M. Bélanger (Anjou): Sauf que je comprends qu'il faudrait
recevoir ces commentaires-là avant d'avoir fini d'étudier le
projet de loi. Il faudrait suspendre l'étude, attendre les commentaires
et reprendre l'étude par la suite ou quoi?
M. Rémillard: Moi, ce que je suggère, M. le
Président, c'est qu'on continue l'étude, article par article, et
qu'on reçoive les commentaires. On va étudier, chacun de notre
côté, les commentaires. On va revenir en commission, puis on va
dire: Écoutez, oups! il y a un argument qui... On peut revenir et
étudier tous les commentaires du Directeur général des
élections et, si la commission décide que c'est mieux d'entendre
le Directeur général des élections, moi, je n'ai aucun
problème avec ça. Mais je trouve qu'on devrait continuer à
faire notre étude du projet de loi.
M. Bélanger (Anjou): Donc, si je comprends bien, M. le
Président, la proposition qui est faite par le ministre, c'est qu'on
continuerait comme prévu, quitte à ce que disons, d'ici la
fin de la semaine la commission se réunisse de nouveau pour
réouvrir l'étude du projet de loi.
M. Rémillard: Moi, ce que je considère, M. le
Président, c'est qu'à la suite de cette communication-là
aucun projet de loi que nous accepterions ici ne le serait
définitivement, tant qu'on n'aura pas vu les commentaires du Directeur
général des élections et qu'on n'en aura pas
disposé. Ce qui ne nous empêchera pas de continuer à
travailler et à faire notre travail de parlementaires.
Le Président (M. Dauphin): Ça vous va? M.
Bélanger (Anjou): Oui.
Le Président (M. Dauphin): La commission est souveraine.
Moi, je suis prêt à...
M. Bélanger (Anjou): Moi, je suis d'accord avec
ça.
Le Président (M. Dauphin): ...obtempérer à
vos suggestions.
M. Bélanger (Anjou): Je suis d'accord avec ça.
Le Président (M. Dauphin): Ça va? Il s'agirait
juste de lui dire qu'il nous envoie ça le plus rapidement possible.
Alors, je m'excuse. L'article 9.4, toujours?
M. Rémillard: Oui.
Le Président (M. Dauphin): Adopté?
M. Bélanger (Anjou): Bien, c'est... Est-ce que le ministre
serait prêt à considérer un amendement, dans le sens qu'on
a parlé, sur la possibilité de...
M. Rémillard: Moi, je suis prêt à avoir un
amendement. J'aimerais peut-être laisser M. le sous-ministre faire un
commentaire. Moi, je suis prêt à voir les possibilités d'un
amendement dans ce sens-là. C'est-à-dire que, si je comprends
bien et le sous-ministre me fera part de ses commentaires qui, je pense,
mettront des bémols à ce que je vais dire moi, ma
perception des choses, c'est qu'on pourrait peut-être mettre plus
clairement, dans l'article 9.4, la possibilité, pour le substitut qui a
décidé de faire de la politique activement, de revenir
éventuellement dans ses fonctions à la suite d'un concours
où il aura démontré qu'il n'est plus partisan. Je vais
laisser M. le sous-ministre...
Le Président (M. Dauphin): M. Bouchard.
M. Bouchard: Merci, M. le Président.
M. le député, rapidement... Évidemment, l'objectif
n'est pas de rendre inhabile à la fonction de procureur de la couronne
tout individu qui l'aurait été un jour et qui aurait
sollicité ou qui se serait vu placé dans une situation où
on aurait dû le reclasser et qu'il aurait dû nous demander un
congé sans solde pour exercer d'autres fonctions que celle de procureur
de la couronne. J'expliquais tout à l'heure qu'il devra revenir proposer
sa candidature, dans le système que nous proposons, au même titre
que tout autre candidat ou candidate.
Les conditions d'admissibilité à la fonction sont,
d'abord, d'être membre du tableau de l'ordre. Donc, il faut s'assurer que
l'individu a conservé durant ses années de vie politique son
statut de membre du Barreau, aussi. On ne peut pas lui garantir dans un projet
de loi qu'il va reprendre son statut de procureur de la couronne si,
entre-temps, pendant sa carrière politique, il n'a pas continué
de remplir les obligations que lui impose le Barreau.
Ainsi, notre idée a été de faire en sorte que
l'individu puisse, en cheminant de la même façon qu'un autre
candidat ou candidate, représenter sa candidature à un poste de
procureur de la couronne, être identifié apte à la
fonction, et, par la suite, recevoir du jury, ce que j'appellerais, moi, une
«sanction», une définition de personne
déclarée apte, et que son nom soit soumis au Procureur
général pour que celui-ci le nomme procureur de la couronne ou
substitut du Procureur général.
Maintenant, si le texte de loi avait avantage à être
modifié pour qu'on précise que le fait, pour quelqu'un,
d'être reclassifié parce qu'il veut faire une carrière
politique ou s'adonner à une activité politique ne lui
enlève pas son droit à jamais de devenir procureur de la
couronne, je pourrais en parler avec le ministre et avec les légistes,
surtout parce que je ne suis pas un spécialiste de la
rédaction des lois et voir ce qu'on pourrait faire à ce
niveau-là. Comme M. Rémillard vous l'a dit, nous sommes ouverts
à cette idée, mais je ne sais pas si elle peut être
concrétisée. Il faudrait voir avec les spécialistes, dont
je ne suis pas.
M. Rémillard: Alors, à l'heure du dîner, M.
le Président, entre 18 heures et 20 heures, où on doit ajourner,
peut-être que nos légistes pourraient regarder ça et voir
si on ne pourrait pas avoir un papillon qu'on pourrait étudier.
Le Président (M. Dauphin): Moi, ça me va. M. le
député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, juste,
peut-être, pour orienter la réflexion qui va se faire pendant
l'heure du souper. La première chose qui m'était venue à
l'esprit, c'était la possibilité d'un congé sans solde,
mais avec une durée minimum, c'est-à-dire si on mettait un
congé sans solde de 1 an à compter de la cessation de
l'activité politique. Vous savez, mettre une durée minimum pour
le congé sans solde. Pour moi, ça aurait été, en
tout cas, une alternative envisageable assez pratique pour ça. Je ne le
sais pas, ce sera à vous de regarder.
M. Rémillard: II y a peut-être un commentaire que me
fait le sous-ministre qui, je pense, s'impose. C'est que, si vous donnez un
congé sans solde, par exemple, de 1 an à quelqu'un qui en a juste
besoin de 1 mois, vous lui donnez une pénalité.
M. Bélanger (Anjou): Oui, là, ça deviendrait
une pénalité.
M. Rémillard: Je vais vous dire, on l'a regardé
d'un bord puis de l'autre, et ce n'est pas facile la question des congés
sans solde. On n'a pas été capable de trouver vraiment une
solution là-dedans. Par contre, si on trouve l'amendement qui vous
permettrait de rencontrer votre objectif et le nôtre, de lui permettre
éventuellement de revenir dans des responsabilités de substitut
dans la mesure où il démontre qu'il n'est plus partisan, à
ce moment-là, peut-être qu'on rencontre les objectifs de tout le
monde.
M. Kehoe: C'est un peu sur ça que je me demande...
Serait-il possible d'exiger de lui une preuve quelconque qu'il n'est plus
partisan? Mettons qu'il a déjà occupé un poste quelconque,
qu'il a déjà été député, ou je ne
sais pas, qu'il a occupé un poste partisan. Après ça,
quand il revient, lui exiger une... De quelle façon, pratiquement, on
peut exiger ça de lui?
Mme Caron: C'est pareil pour le personnel politique. Le personnel
politique a le droit, lui, d'appliquer. C'est juste, dans le fond, pour
respecter ce droit-là, autant pour le personnel politique que pour celui
qui a déjà été substitut, finalement. Celui qui a
été très affiché dans un cabinet a le droit
d'appliquer à ce poste-là. Celui ou celle qui a été
député ou ministre a le droit d'être juge après.
Alors, pourquoi on serait plus sévère, finalement, avec eux
qu'avec les autres qui ont eu des postes très affichés?
M. Rémillard: Mais il y a peut-être un
élément aussi... Vous me permettrez d'ajouter, M. le
Président...
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre.
M. Rémillard: S'il a été en congé
sans solde pendant 1 an, 2 ans ou 3 ans et qu'il veut revenir, il faut un jury
pour voir s'il a encore la capacité, la compétence en fonction
des lois, et tout ça. Alors, c'est pour ça qu'il faut qu'il y ait
un jury. Donc, l'amendement qu'on recherche, peut-être, pourra
répondre aux objectifs que nous avons tous. Alors, laissons nos
légistes travailler pendant que nous mangerons.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. Alors,
l'article 9.4 est suspendu.
J'appelle l'article 9.5, toujours sous l'article 7,
évidemment.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Alors,
l'article 9.5 se lit comme suit: «Le nouveau classement doit être
attribué dans les meilleurs délais afin de permettre à la
personne qui en fait l'objet d'exercer en temps utile les activités
politiques visées à l'article 9.1.»
C'est une disposition qui vise à accélérer le
processus d'attribution du nouveau classement.
M. Bélanger (Anjou): Ça va.
Le Président (M. Dauphin): Ça va. L'article 9.5 est
adopté.
J'appelle le suivant, l'article 9.6.
M. Rémillard: L'article 9.6 se lit comme suit:
«Dès que le nouveau classement lui est attribué, la
personne qui en fait l'objet peut, conformément aux dispositions de la
Loi sur la fonction publique, exercer les activités politiques
visées à l'article 9.1.»
M. le Président, lorsque le nouveau classement lui est
attribué, la personne qui en fait l'objet n'est plus soumise à la
Loi sur les substituts. Elle peut donc demander un congé sans solde,
conformément aux articles 24 et suivants de la Loi sur la fonction
publique.
Le Président (M. Dauphin): Ça va?
M. Bélanger (Anjou): Je voulais savoir... Au niveau des
avocats, justement, de l'État, est-ce qu'il existe des limites ou des
contraintes relativement aux gestes partisans ou aux activités
politiques qu'ils peuvent faire ou...
M. Rémillard: C'est la Loi sur la fonction publique. C'est
l'article 11 qui s'applique.
M. Bélanger (Anjou): C'est la Loi sur la fonction
publique, l'article 11. Droit de réserve, c'est ça?
M. Rémillard: C'est ça.
M. Bélanger (Anjou): Parfait.
Le Président (M. Dauphin): L'article 9.6 est
adopté?
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): J'appelle l'article 9.7.
M. Rémillard: L'article 9.7: «Dès qu'il en
prend connaissance, le sous-procureur général attribue,
conformément aux dispositions de l'article 9.4, un nouveau classement
à tout substitut permanent qui, sans l'en avoir informé, s'est
livré à des activités politiques visées à
l'article 9.1.» (17 h 40)
M. le Président, l'article 9.7 prévoit l'attribution d'un
nouveau classement aux substituts qui se livreront à des
activités politiques prohibées sans en informer le sous-Procureur
général. Ce dernier attribuera le nouveau classement lorsqu'il
prendra connaissance qu'un substitut s'est livré à ces
activités.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, quand on
parle de classement, je voudrais savoir... Est-ce qu'il peut arriver le
problème où il n'y a pas de poste disponible qui correspondrait
aux qualifications de l'avocat? Qu'est-ce qui arrive à ce
moment-là? Est-ce qu'on va assister à ce qu'on appelle, en
anglais, un «bumping»? Est-ce qu'il y aura du
«bumping»? Un sous-procureur qui serait plus
expérimenté qu'un avocat, dans un certain département,
à ce moment-là, il prendrait sa place vu l'ancienneté?
Est-ce qu'il peut arriver ce genre de conflit?
M. Rémillard: C'est une bonne question sur la plan
administratif. M. le Président, je vais demander au sous-ministre, avec
votre permission, d'y répondre.
Le Président (M. Dauphin): M. Bouchard.
M. Bouchard: Merci, M. le Président.
M. le député, évidemment, le souhait, en tant que
responsable de la Direction générale des affaires criminelles et
pénales, que je formule, c'est qu'en période d'élection je
n'aie pas 50 ou 75 individus qui me demandent un congé sans solde suite
à une reclassification, parce que, effectivement, ça poserait de
sérieux problèmes d'avoir à reclassifier tout ce
monde-là.
On pense qu'on est capable d'absorber, à même la Direction
générale absorber étant le terme que j'utilise,
parce que je n'en vois pas de meilleur pour l'instant les individus,
quels qu'ils soient, qui auraient manifesté le désir de s'adonner
à une activité politique qui les oblige à un congé
sans solde, lequel doit être précédé d'une
reclassification, et de les garder à l'emploi de la Direction
générale pour des activités de juriste. Cela leur
permettrait de nous fournir leurs précieux conseils, mais en dehors d'un
statut de substitut du Procureur général.
Alors, si c'est dans un district moins populeux où il y a moins
d'avocats, il est possible de reclassifier quelqu'un comme juriste, par exemple
je vous donne un exemple qui me vient à la tête
comme protonotaire dans un palais de justice ou un statut semblable. Si je
n'avais que 2 ou 3 personnes dans cette situation à chaque
élection, je pourrais, à même les postes qui sont consentis
à la DGACP, les occuper à du travail qui ne les amènerait
pas à prendre des décisions qui sont celles normalement
réservées à un substitut du Procureur
général, du travail de juriste ou l'équivalent.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que je dois comprendre qu'en
vertu de 9.4, dans ce genre de reclassement, on ne garantit pas
nécessairement au substitut du Procureur général le droit
à un poste qui va faire appel à ses connaissances d'avocat?
M. Bouchard: Oui, oui, c'est...
M. Bélanger (Anjou): On pourrait le remettre dans un autre
poste qui...
M. Bouchard: Non, non, non. Ce sera un poste d'avocat...
M. Bélanger (Anjou): Non? Oui, vraiment un poste d'avocat,
de juriste?
M. Bouchard: ...de juriste, où il doit faire appel
à des connaissances d'ordre juridique qu'il a acquises lors de son
Barreau ou lors de son expertise à titre de procureur de la
couronne.
M. Bélanger (Anjou): Ah bon! Ça, c'est
protégé? Oui?
M. Bouchard: Oui, oui, il ne classera pas du courrier.
M. Rémillard: II pourrait se retrouver, par exemple, M. le
Président, dans une situation où il va passer de substitut
à avocat ou avocate dans le contentieux d'un ministère.
Ça, ça serait possible.
Le Président (M. Dauphin): Ça va? M.
Bélanger (Anjou): Oui, oui.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'article 9.7 est
adopté.
J'appelle l'article 9.8.
M. Rémillard: «L'attribution d'un nouveau classement
peut être effectuée par une personne autorisée par
écrit à cette fin par le sous-procureur
général.»
M. le Président, l'article 9.8 prévoit que le
sous-procureur général pourra déléguer l'exercice
de ses fonctions en matière d'attribution d'un nouveau classement aux
fins prévues par le projet de loi. Alors, c'est la capacité,
simplement, du sous-ministre de pouvoir déléguer ses fonctions
pour que ça se fasse le plus rapidement possible, pour permettre au
substitut de prendre sa décision de se lancer en politique.
M. Bélanger (Anjou): Ça va.
Le Président (M. Dauphin): Ça va? L'article 9.8 est
adopté.
J'appelle l'article 9.9.
M. Rémillard: L'article 9.9, M. le Président:
«L'attribution d'un nouveau classement conformément à la
présente section ne peut entraîner une diminution du traitement
régulier ni des avantages sociaux auxquels le substitut permanent avait
jusqu'alors droit.»
C'est une disposition qui vise à préserver les droits du
substitut. L'attribution d'un nouveau classement ne pourra entraîner une
diminution du traitement régulier ni des avantages sociaux auxquels il
avait jusqu'alors droit. Alors, ce n'est pas une sanction, ce n'est pas une
pénalité. C'est juste une réorientation de
carrière, qui peut être temporaire selon l'évolution des
choses.
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Ça va? L'article 9.9 est
adopté.
J'appelle le suivant, l'article 9.10.
M. Rémillard: 9.10, M. le Président: «La
présente section n'a pas pour effet d'écarter l'application des
dispositions de la Loi sur la fonction publique relatives aux normes
d'éthique et de discipline applicables en vertu de cette loi.»
Alors, M. le Président, cette disposition interprétative a
pour objet de maintenir l'application des dispositions de la Loi sur la
fonction publique relatives aux normes d'éthique et de discipline. On en
a parlé beaucoup dans nos derniers commentaires, M. le
Président.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que je dois comprendre par
l'article 9.10 que cette loi-là s'applique en sus de la Loi sur la
fonction publique, c'est-à-dire... C'est ça?
M. Rémillard: C'est que la Loi sur la fonction publique
est la toile de fond, si vous voulez...
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: ...et cette loi spécifique vient
déterminer les précisions sur l'exercice des modalités.
Mais, tout à l'heure, lorsqu'on a parlé, par exemple,
d'activités partisanes, bien, pour ce qui est partisan, on doit se
référer aussi à l'article 11 de la Loi sur la fonction
publique pour déterminer ce qui sera partisan ou pas.
M. Bélanger (Anjou): Nulle part, dans le projet de loi, il
n'a été mention que la Loi sur la fonction publique continuait de
s'appliquer. En tout cas, il n'en est fait mention nulle part. C'est pour
ça que...
M. Rémillard: Mais tous les procureurs de la couronne sont
soumis à la Loi sur la fonction publique, au départ.
M. Bélanger (Anjou): En partant.
M. Rémillard: Oui, oui, ce sont des fonctionnaires qui
sont soumis à la Loi sur la fonction publique, au départ. Alors,
ici, on la considère donc comme la toile de fond, et vous avez un
article qui le précise directement.
M. Bélanger (Anjou): Ça va, adopté.
Le Président (M. Dauphin): Ça va? L'article 9.10
est adopté.
J'appelle l'article 8.
M. Rémillard: L'article 8: Tout substitut permanent qui le
(indiquer ici la date de la sanction de la présente loi) exerce des
activi-
tés politiques visées à l'article 9.1 de la Loi sur
les substituts du procureur général, édicté par
l'article 7 de la présente loi, doit, sans délai, cesser ces
activités et en informer le sous-procureur général ou,
s'il entend les poursuivre, se conformer aux dispositions de la section 2 de
cette loi.
M. le Président, il s'agit d'une disposition transitoire visant
les substituts permanents qui sont engagés dans des activités
politiques lors de l'entrée en vigueur de la loi. L'article 8 leur
permet de préserver leur statut de substitut à la condition de
cesser sans délai leurs activités politiques. S'ils veulent
poursuivre ces activités, ils devront sans délai obtenir un
nouveau classement.
M. Bélanger (Anjou): Qu'est-ce qui arrive...
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): ...dans le cas de quelqu'un qui vient
de donner à un parti politique et puis... Donc, dans l'année
financière, là...
M. Rémillard: II a donné.
M. Bélanger (Anjou): II a donné, oui.
M. Rémillard: Mais il ne donnera plus.
M. Bélanger (Anjou): Ah! il ne donnera plus. Mais il n'a
pas à aviser comme quoi il a donné? Est-ce qu'il va avoir
à aviser qu'il a déjà donné?
M. Rémillard: La loi n'était pas en vigueur. Alors,
ça ne s'applique pas.
M. Bélanger (Anjou): La loi n'était pas en
vigueur.
M. Rémillard: Elle n'est pas rétroactive.
M. Bélanger (Anjou): On ne regardera pas l'année
financière du...
M. Rémillard: Non, non. Ce qui était permis
était permis. Maintenant, c'est pour l'avenir.
M. Bélanger (Anjou): II n'existait absolument aucune
directive relativement à ça, même si la loi, l'article de
loi...
M. Rémillard: La Loi sur la fonction publique, le fameux
article 11, je pense...
Le Président (M. Dauphin): Ça va?
M. Bélanger (Anjou): Oui, ça va. Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 8 est
adopté.
J'appelle l'article 9.
M. Rémillard: Les disposition de la présente loi
entrent en vigueur le (indiquer ici la date de la sanction de la
présente loi), à l'exception de celles de l'article 3 qui
entreront en vigueur à la date fixée par le gouvernement.
M. le Président, cette disposition prévoit que la loi
entrera en vigueur lors de la sanction, sauf l'article 3 qui est relatif
à la nomination des substituts occasionnels.
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 9 est
adopté.
Tout ce qu'il nous reste à adopter, c'est 9.4 de l'article 7, qui
a été suspendu, si je comprends bien. C'est bien ça?
M. Bélanger (Anjou): C'est ça.
Le Président (M. Dauphin): Voulez-vous aborder le projet
de loi 94 ou si vous voulez suspendre jusqu'à 20 heures?
M. Rémillard: On va suspendre.
Le Président (M. Dauphin): Alors, nous suspendons nos
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 49)
(Reprise à 20 h 19)
Projet de loi 94
Le Président (M. Dauphin): La commission des institutions
reprend ses travaux. Nous abordons maintenant le projet de loi 94, Loi
modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires.
M. le ministre, si vous avez quelques remarques à faire avant
d'appeler l'article 1.
Remarques préliminaires M. Gil
Rémillard
M. Rémillard: Oui, M. le Président, très
rapidement. C'est pour vous dire que je suis accompagné des mêmes
personnes qui étaient avec moi pour le précédent projet de
loi. Je dois vous dire que ce projet de loi propose des modifications à
la Loi sur les tribunaux judiciaires, en prévoyant l'adoption d'une
tarification plus élevée pour les personnes morales que pour les
personnes physiques, en matière civile, comme ce sera le cas à la
division des petites créances, suite à l'entrée en vigueur
de la Loi modifiant le Code de procédure civile concernant le
recouvrement des petites créan-
ces projet de loi 50, adopté le 21 décembre 1992.
Alors, voilà, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. (20 h
20)
M. le député d'Anjou, avez-vous des remarques
préliminaires à faire sur ce projet de loi?
M. Pierre Bélanger
M. Bélanger (Anjou): Très brèves, M. le
Président. C'est tout simplement pour dire que je suis
accompagné, pour faire l'étude de ce projet de loi, de la
re-cherchiste de l'aile parlementaire de l'Opposition officielle, Me France
Thériault. C'est un projet de loi qui est assez court. Alors, ce seront
mes brèves remarques préliminaires.
Étude détaillée
Le Président (M. Dauphin): D'accord. M. le ministre,
j'appelle l'article 1 du projet de loi.
M. Rémillard: M. le Président, l'article 224 de la
Loi sur les tribunaux judiciaires (L.R.Q., chapitre T-16), modifié par
l'article 11 du chapitre 20 des lois de 1991, est de nouveau modifié par
l'insertion, dans la deuxième ligne du premier alinéa et
après «tarif,», des mots «prévoir des frais et
des droits différents selon qu'ils sont exigibles d'une personne
physique ou d'une personne morale ou».
M. le Président, cette disposition modifie la Loi sur les
tribunaux judiciaires afin d'autoriser le gouvernement à établir,
en matière civile, des frais judiciaires et des droits de greffe
différents, selon qu'ils sont exigibles d'une personne physique ou d'une
personne morale. Alors, il faut dire, M. le Président, que c'est une
approche semblable qui a été adoptée récemment en
matière de recouvrement des petites créances.
Le Président (M. Dauphin): Questions, commentaires sur
l'article 1?
M. Bélanger (Anjou): Oui, M. le Président. Est-ce
que le ministre a un projet de règlement relativement à la grille
de frais qui va être proposée relativement... Comme aux timbres
judiciaires, la différence qu'il va y avoir pour les personnes morales
et les personnes physiques, est-ce qu'on a une idée, à peu
près?
M. Rémillard: C'est en préparation. On y travaille
présentement. Ce n'est pas encore disponible. On travaille
là-dessus, M. le Président.
M. Bélanger (Anjou): Si je regarde les frais qui ont
été annoncés pour le recouvrement des petites
créances, on peut dire, dans certains cas... Si je regarde pour le
montant d'une créance qui va jusqu'à 1000 $, c'est du simple
presque au double; 1000 $ à 2000 $, c'est une augmentation uniquement de
65 $ à 80 $; plus de 2000 $, c'est de 65 $ à 100 $. Est-ce que je
pourrais savoir quels sont les genres de critères qui servent,
finalement, à évaluer la différence entre le montant
qu'une personne physique et une personne morale doivent payer?
M. Rémillard: D'abord, dans le cas des petites
créances, ça, on se référait aux coûts de
première instance, au niveau de la Cour du Québec, et on essayait
évidemment d'avoir des tarifs moins élevés. Les petites
créances, ça comprend aussi la possibilité d'avoir une
médiation partout, sur tout le territoire du Québec. Alors,
finalement, on vise à ce qu'on autant que faire se peut; je ne
dis pas que c'est le principe qui nous guide dans tous les services
judiciaires, mais autant que faire se peut puisse autofinancer les
services qu'on offre. Alors, dans ce cas-ci, c'est ce qui nous guidait: essayer
de trouver des tarifs acceptables. On compare aussi avec les autres provinces,
si on est dans les normes pour les autres provinces. Alors, c'est à peu
près ce qui nous guide aussi pour les tarifs qui sont établis
à tous les niveaux.
Maintenant, la différence entre le corporatif et le privé.
Une corporation a des moyens que n'a pas une personne pour, par exemple,
déduire de ses impôts les dépenses faites dans un processus
judiciaire. Aussi, normalement, elles ont des moyens. Elles ont un comptable
qui s'occupe déjà de la compagnie, qui peut être mis
à contribution souvent, un avocat même si ce ne sont
pas de grandes corporations. Alors, il y a des possibilités
matérielles que n'ont pas les personnes qui sont seules, qui agissent
individuellement. C'est en fonction de ça qu'on essaie de trouver les
meilleurs tarifs possibles, mais toujours en fonction des services qu'on
offre.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce qu'on a une évaluation
des sommes qu'on cherche à obtenir? Quel est l'objectif financier qui
est visé quant aux sommes à aller chercher par cette modification
des tarifs? Est-ce qu'on a un but: tant de millions pour la première
année, tant de millions pour la deuxième année?
M. Rémillard: Ça dépend de tous les services
qu'on est à mettre en place et ça va dépendre de l'argent
qu'on doit aller chercher. Ça dépend aussi... On est en
discussion avec le Conseil du trésor sur bien des projets afin de voir
comment on peut trouver l'argent nécessaire pour financer ces projets de
développement.
M. Bélanger (Anjou): Je comprends, tout à l'heure,
que le ministre a parlé d'autofinancement. Pour les instances
régulières des tribunaux, est-ce qu'il cherche ou s'il vise
encore l'autofinancement pour...
M. Rémillard: Pas dans l'ensemble des cas... M.
Bélanger (Anjou): Non? C'est ça. Oui?
M. Rémillard: ...ce n'est pas possible. Par exemple, si on
me disait qu'il faut qu'à la Cour du Québec on en arrive, par les
tarifs judiciaires, à faire payer le salaire des juges, les frais de
justice à tous les niveaux, non, parce que la justice est un service
public qui est essentiel. C'est un des 3 grands piliers de la
société au point de vue services publics, avec la santé et
l'éducation. Alors, dans ce contexte-là, on ne peut pas demander
d'autofinancer le service de la justice, ce n'est pas possible. Ce n'est pas
ça qu'on cherche. Mais, dans des services spécifiques...
M. Bélanger (Anjou): Comme les petites
créances.
M. Rémillard: ...comme tels, comme les petites
créances. Une médiation familiale, par exemple. J'ai
insisté pour avoir une médiation et que la médiation soit
offerte gratuitement. On aurait pu dire: Bien, ceux qui veulent avoir de la
médiation vont avoir à la payer. Je ne voulais pas en arriver
à cette conclusion, parce que je voulais qu'il y ait la médiation
dans toutes les causes de séparation et de divorce qui posent
problème. Si tout le monde s'entend, il n'y a pas de difficultés,
il n'y a pas besoin de médiateur. Mais, dès qu'il y a une
difficulté, qu'il y ait une médiation. Par conséquent,
comme c'est demandé par le tribunal, il ne fallait pas que ce soit une
des parties qui paie pour ça ou les 2 parties. Donc, c'est un service
qui coûte cher. Alors, on s'organise pour essayer de trouver des moyens
pour financer un service comme celui-là. Dans ce cas, ça veut
dire qu'on doit faire en sorte que l'argent demandé puisse en arriver
à payer ces services.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, le... Le
Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Bélanger (Anjou): Le ministre en conviendra avec moi,
le problème qu'on a toujours un peu avec les personnes morales, c'est
qu'il y a plusieurs classes de personnes morales. On peut avoir des personnes
morales, comme une compagnie à actionnaire unique, administrateur
unique, où c'est très difficile de faire la différence
entre la personne physique et la personne morale, puisque c'est uniquement une
simple fiction, finalement, la personne morale, puis ça ne change rien
quant aux moyens de l'individu qui est derrière le voile corporatif.
Moi, je me demandais...
On arrive un petit peu au même problème qu'on avait eu,
à un moment donné, quand on avait parlé de l'introduction
de la notion de personne morale pour la loi des petites créances.
À un moment donné, on se disait... Bon, je sais que le ministre
avait décidé, quant à lui, de retenir le critère de
5 employés ou moins pour définir la taille de la personne morale.
Je lui avais fait remarquer, à ce moment-là, qu'on peut avoir des
compagnies qui n'ont aucun employé, puis qui ont des revenus de millions
de dollars, c'est-à-dire des compagnies qui font la gestion
d'immobilier.
Alors, moi, je me demandais... Est-ce que, pour les personnes morales,
ça va être un tarif unique, ou est-ce qu'on pourrait avoir des
classes de tarifs pour les personnes morales? Si on a une multinationale qui
est demanderesse dans une cause, va-t-elle payer le même timbre
judiciaire ou les mêmes frais que l'actionnaire unique, je veux dire, la
compagnie à actionnaire unique?
M. Rémillard: C'est parce qu'il faut faire attention. Vous
avez raison en disant qu'avec certains critères on en arrive parfois
à trouver une différence d'application, qui peut être
énorme, dans certains cas. Mais il n'y a aucun critère qui va
vous assurer que son application va être uniforme et que tous les cas
vont être touchés d'une façon uniforme. Ça ne se
peut pas. Lorsqu'on a dit 5 employés et moins, on aurait pu dire qu'une
petite compagnie c'est 7 et moins. On aurait pu dire que c'est 3 et moins. On
l'a fixé à 5, parce qu'on parle de S dans la loi sur la langue.
On parle de S dans plusieurs lois. Industrie et Commerce établit que les
petites et moyennes entreprises à 5 employés et moins, c'est une
norme qu'on rencontre à tant de pour cent. Je n'ai pas les chiffres
devant moi, mais c'est une norme qu'on rencontre très
régulièrement dans les petites et moyennes entreprises.
Alors, qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire qu'on a
pris 5 employés, mais vous avez raison en disant qu'il peut y avoir une
personne dans une compagnie qui a un chiffre d'affaires beaucoup
supérieur à quelqu'un qui a une compagnie avec 50
employés. Mais c'est quand même des exceptions. Si je commence
à essayer de couvrir toutes les exceptions, le problème, c'est
que la gestion... On pourrait faire, par exemple, un système
d'imposition qui pourrait être en fonction du chiffre d'affaires. Mais
là, ça voudrait dire contrôler le chiffre d'affaires,
vérifier le chiffre d'affaires, demander des déclarations, des
vérifications, l'opposition qu'on pourrait faire sur le chiffre
d'affaires parce que ce n'est pas le bon chiffre d'affaires, etc. C'est que
ça va tellement être lourd comme administration qu'on ne voit pas
comment on pourrait s'en tirer.
Alors, pour nous, le critère le plus simple, c'est de dire
parce qu'il faut avoir l'administration la plus simple, pour qu'on puisse
limiter les frais: Vous êtes incorporé? Bon, très bien.
À ce moment-là, ça coûte un peu plus cher.
D'ailleurs, ce n'est pas énorme. Ce n'est pas énorme comme
coût, ce n'est pas beaucoup, beaucoup plus. C'est plus il y a une
différence mais ce n'est pas significatif au point de causer des
préjudices à l'accessibilité à la justice. Si
c'était au niveau des personnes, ce serait plus inquiétant. Mais,
au niveau des compagnies, coudon, il me semble que c'est plus acceptable. (20 h
30)
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, ce pourquoi
je faisais cette remarque, aussi, c'est un peu parce que... L'argument que
donnait le ministre à propos du fait qu'une personne morale peut
déduire des frais qu'elle a engagés, comme pour faire une
poursuite, c'est aussi vrai pour une personne physique, si ces frais ont
été engagés dans le but de faire un revenu. M.
Rémillard: Un profit.
M. Bélanger (Anjou): Un profit. Ou pour des personnes, des
sociétés civiles non enregistrées. Alors, c'est pour
ça, donc, ce critère-là... Plusieurs personnes physiques
jouissent déjà de cet avantage fiscal. Alors,
c'était...
M. Rémillard: Si le député d'Anjou me le
permet... Comme il vient de le dire, pour la personne privée,
individuelle, c'est strictement en fonction d'un investissement qu'on a voulu
faire. Par conséquent, la perte ou les coûts, vous pouvez les
déduire. En ce qui regarde une personne morale, les possibilités
de déduction sont beaucoup plus grandes ça peut regarder
la gestion de l'entreprise c'est beaucoup plus large comme tel.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que le ministre a une
idée quand ces nouveaux tarifs vont entrer en vigueur, pour les
personnes physiques et les personnes morales?
M. Rémillard: Oui. Il faut que ça entre en vigueur,
M. le Président, pour l'automne prochain? Pour l'automne? Pour octobre,
on me mentionne octobre prochain.
M. Bélanger (Anjou): Allez-vous, par la même
occasion, en profiter pour augmenter les tarifs pour les personnes physiques,
ou s'ils vont rester inchangés?
M. Rémillard: II y a un petit rajustement
prévu.
M. Bélanger (Anjou): Encore là, on n'a pas de
pourcentage, d'approximation?
M. Rémillard: Non, mais comme on l'a déjà
fait, ça ne sera quand même pas très
élevé.
(Consultation)
M. Rémillard: Alors, on m'informe, M. le Président,
que, de fait, la réévaluation au niveau individuel va être
très limitée. Puis, au niveau familial, entre autres, on ne
touche pas à ça.
M. Bélanger (Anjou): Donc, au niveau familial, on ne
touchera pas. Pour les autres, il va y avoir faible majoration.
M. Rémillard: Faible majoration.
M. Bélanger (Anjou): Quand on parle de faible majoration,
est-ce qu'on peut s'engager? En haut de 10 %? En bas de...
M. Rémillard: Je ne pourrais pas vous le dire.
M. Bélanger (Anjou): Vous n'avez pas d'idée?
M. Rémillard: C'est encore en évaluation, c'esi des
hypothèses de travail. Mais ça devrait être faible.
M. Bélanger (Anjou): II me semble que ça ne fait
pas longtemps que ça a été modifié pour les
personnes physiques. La dernière fois...
M. Rémillard: Oui, ça a été
modifié il y a environ, je pense, 6 mois, 8 mois, faiblement. Là,
ça le serait pour permettre l'ensemble des projets. Un petit peu, mais
faiblement.
M. Bélanger (Anjou): Maintenant, je regardais... Je viens
de penser à ça, au niveau des dépens... Finalement, une
personne physique, qui va se voir condamner suite à une demande faite
par une personne morale, va voir son mémoire de frais passablement
augmenter si la personne morale, quant à elle, a payé des frais,
des timbres judiciaires beaucoup plus élevés. Est-ce que vous
avez pensé un peu à cet impact-là?
M. Rémillard: Oui, et c'est le juge qui a la
discrétion. Alors, il sera possible à la personne privée
de plaider qu'elle est condamnée aux dépens, mais
condamnée en fonction d'un prix comparable à ce qu'elle a
payé, aux dépens.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce qu'il va y avoir une
modification particulière à l'article qui prévoit cette
discrétion-là?
M. Rémillard: Actuellement, il y a une discrétion
qui est prévue, et c'est quelque chose qui est étudié.
Mais, présentement, la discrétion est là, dans le projet
de loi.
M. Bélanger (Anjou): Oui, parce que je peux vous dire...
Je ne sais pas si la disposition a changé récemment, mais c'est
assez rare que les juges vont réévaluer les dépens. En
tout cas, ça se voit, mais ça prend des circonstances
assez...
M. Rémillard: Oui, mais ce n'était pas
plaidé. Là, si c'est plaidé, si les gens peuvent le
plaider... Les avocats sont habitués de le plaider.
M. Bélanger (Anjou): Quel article, ça? C'est
dans...
M. Rémillard: L'article 477. Alors, c'est: «La
partie qui succombe supporte les dépens». J'aime beaucoup ces
expressions-là, M. le Président. Quand on va refaire le Code de
procédure civile, c'est une phraséologie qu'on va changer:
«la partie qui succombe»!
M. Bélanger (Anjou): Je constate que cette disposition n'a
pas été modifiée depuis...
M. Rémillard: Longtemps, oui.
M. Bélanger (Anjou): ...en tout cas, depuis le temps que
je la plaidais. Puis, la norme, c'est que les dépens sont tels quels,
sauf motifs qu'on pourrait invoquer.
M. Rémillard: C'est ça, «ou n'en ordonne
autrement».
M. Bélanger (Anjou): Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de
modifier cet article, justement, pour bien faire sentir qu'une partie ne
devrait pas payer plus cher, au niveau des dépens, que si elle
était poursuivie par une personne physique ou quelque chose comme
ça? Ce ne serait pas bon de prévoir un certain paramètre
à ce niveau-là?
Si on ne modifie pas la disposition telle quelle, j'ai bien l'impression
que ça va être assez exceptionnel, le fait que ça va
être plaidé, cette chose-là. Peut-être que, nous, on
pourrait faire un débat d'initié là-dessus, mais je ne
suis pas certain que ça va être vraiment...
M. Rémillard: Moi, je prends bonne note de la remarque du
député d'Anjou, parce que je pense qu'elle est pertinente,
très pertinente. Mes légistes m'assurent que la disposition de
l'article 477 est assez large pour le plaider et demander au tribunal de
décider. Est-ce qu'on laisse la jurisprudence procéder avant de
modifier la loi, parce qu'il y a quand même là «ne les
compense ou n'en ordonne autrement»?
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: Je peux demander à Me Jacques Mercier
de nous donner des commentaires à ce niveau-là. Comment il le
voit, lui, l'article 477?
M. Mercier: Je pense que la jurisprudence pourra
l'interpréter très largement, effectivement, alors que, si on en
fait plutôt presque une règle automatique, ça peut arriver,
en bout de compte, à certains résultats pervers qu'on n'attend
pas. Je pense que, dans ce genre de choses là, c'est mieux qu'on s'en
remette toujours à de la discrétion.
M. Bélanger (Anjou): Oui. Mais... Je pense que oui.
M. Mercier: La discrétion du... C'est le juge qui
tranchera, cas par cas. C'est ce qui est le plus souple après tout,
plutôt que d'en faire une règle automatique dans tous les cas.
M. Bélanger (Anjou): Je comprends, mais, comme je vous le
dis, comme je le faisais remarquer au ministre, c'est que... La norme, c'est
que... À moins, vraiment, qu'il y ait argumentation de la part du
procureur, c'est assez rare vous me corrigerez si vous avez des
statistiques à cet effet-là que le juge va modifier les
dépens. En général, le genre de critères qui sont
retenus par le juge, quand il va modifier les dépens, c'est soit le
comportement des parties... Si on va dire qu'il y a une des parties qui a fait
vraiment des procédures dilatoires, des choses comme ça, à
ce moment-là, il peut décider de sabrer dans les dépens,
ou encore, des fois, quand le montant en capital, qui est en jeu au niveau de
la réclamation, est tellement, à un moment donné, proche
du montant des dépens que, pour ne pas, finalement, enlever tout effet
au jugement, on décide, bon, tout simplement: Écoutez, on va
couper dans les dépens, sinon ça ne sert à rien même
d'avoir fait ce procès-là.
Alors, c'est pour ça que, moi, je suis loin d'être
convaincu même, je suis convaincu du contraire. Les gens ne
penseront pas de plaider cette chose-là. Finalement, cette
disposition-là, c'est qu'on veut obtenir plus d'argent des personnes
morales qui s'adressent aux tribunaux de droit commun. Je ne pense pas qu'on
veuille pénaliser les personnes physiques qui vont être
poursuivies par les personnes morales.
M. Rémillard: Absolument pas.
M. Bélanger (Anjou): Je pense que c'est ça,
l'esprit de la loi.
M. Rémillard: Oui, vous avez raison.
M. Bélanger (Anjou): Hein? C'est d'obtenir plus d'argent
de la part des gens qui en ont, en moyenne, plus, c'est-à-dire les
personnes morales. Alors, moi, je me demande justement si, à ce
niveau-là, on ne devrait pas mettre une protection pour les personnes
physiques, pour ne pas avoir, finalement... Dans des dépens, s'il y a
plusieurs timbres judiciaires et des frais de saisie qui ont été
encourus, il peut y avoir un effet multiplicateur, au niveau des personnes
morales, d'avoir payé plus.
M. Rémillard: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: On essaie de regarder ça des 2
côtés. Faisons le scénario suivant. Si vous avez une
corporation une petite corporation, qui paie donc plus cher que la
personne individuelle que cette corporation-là poursuit et
qu'elle a gain de cause, alors, elle, elle a payé des frais plus chers
que l'individu et elle a gain de cause. Donc, le juge condamne aux
dépens la partie qui a succombé pour prendre les termes du
Code de procédure. Alors, si la compagnie ne récupérait
pas ses droits d'inscription, est-ce que ça ne serait pas de la
pénaliser parce qu'elle a gagné? Elle ne serait pas la
pénalisée, par rapport à la personne qui a perdu, parce
qu'elle a été trouvée en défaut? Alors, il y a
ça aussi à prendre en considération voyez-vous?
si on veut trouver toujours le juste équilibre. (20 h 40)
M. Bélanger (Anjou): Ce n'est pas évident, mais
le ministre conviendra avec moi qu'à un moment donné on
doit choisir qui on pénalise: la personne morale ou la personne
physique.
M. Rémillard: Bien, ce n'est pas
«pénaliser». Oui, mais, regardez bien. Je pense que ce n'est
pas une question de pénaliser. C'est une question, strictement...
Disons, en justice si on regarde les principes de justice on a
des droits et on a des obligations. Il y a quelqu'un qui poursuit, parce qu'il
considère qu'il a des droits et que quelqu'un a manqué à
ses obligations. La personne qui a manqué à ses obligations doit
payer les frais de cour, elle est condamnée aux dépens. Ces
dépens, c'est ce que ça a coûté à la personne
qui a gagné. Si c'est une personne morale, ça lui a
coûté plus cher pour poursuivre, mais elle était dans son
droit. Est-ce que ça n'est pas correct...
M. Bélanger (Anjou): Oui, mais elle jouit d'une
déduction fiscale.
M. Rémillard: ...sur le plan de la justice, qu'elle
récupère? Hein?
M. Bélanger (Anjou): Elle jouit d'une déduction
fiscale, elle, alors que la personne physique, pas nécessairement.
M. Rémillard: Oui, mais sa déduction fiscale,
attendez. Si elle gagne et qu'elle peut récupérer ce qui lui
revient... Vous prenez des exemples de très grosses compagnies. Prenons
aussi des plus petites compagnies.
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: Des plus petites compagnies qui
récupèrent ce qui leur est dû. Écoutez, c'est
ça aussi qu'il faut voir. Est-ce que l'équité, autant que
la justice, ne commande pas que quelqu'un qui perd doit, au moins, payer les
dépens, tel que ça a coûté à la personne qui
a poursuivi et gagné? Ou la personne qui a gagné, pas
nécessairement poursuivi, mais qui a gagné? Il me semble que
c'est équitable. Il me .semble que c'est équitable.
M. Bélanger (Anjou): Mais, encore là, M. le
Président, tout va dépendre des fameux tarifs ou frais qui vont
être accordés aux personnes morales. Encore là, ça
ne sera pas terrible.
M. Rémillard: Ce n'est pas énorme. C'est parce que
c'est une petite différence, et on voulait avoir la possibilité
législative de faire cette différence. Ça nous permet,
pour les individus, quand même, de le garder le plus bas possible, parce
que je ne veux pas que... Je veux qu'on puisse assurer l'accessibilité
au niveau des individus. Ça ne sera pas énorme. Malheureusement,
M. le Président, on n'est pas encore rendu assez loin pour que je puisse
parler ici de ces tarifs, mais ça ne sera pas énorme. En
matière familiale, entre autres, on n'y touche pas, comme tel.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, sauf que le
ministre conviendra avec moi qu'à partir du moment où on va
avoir, comme on le fait présentement, introduit cette distinction entre
personne morale et personne physique, les prochains ou vous-même
ministres de la Justice pourront jouer avec cette notion de personne
morale et personne physique et pourront faire varier aussi cet écart,
peut-être, entre personne morale et personne physique. Alors, c'est pour
ça que je me demandais si ça ne serait pas bon de pouvoir,
justement, mettre un élément de protection pour les personnes
physiques, pour ne pas se retrouver pénalisé avec ça.
Comme je l'ai dit, on ne veut pas pénaliser. Je comprends qu'on ne veut
pas pénaliser. On veut obtenir de la personne qui, en moyenne, a le plus
les moyens de le faire, le plus d'argent possible, sans pour autant limiter son
accès à la justice. Alors, c'est pour ça que je me
demandais si... En tout cas, je sais que, dans plusieurs cas, on limite les
dépens, comme ça, pour certaines personnes, pour ne pas qu'elles
préjudicient, je pense, au niveau des petites créances.
M. Rémillard: Mais il y a toujours l'article 477 qui est
là...
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: ...qui peut être plaidé. Moi,
il me semble que c'est au tribunal, finalement, si vraiment il y a
iniquité, pour des petites sommes...
M. Bélanger (Anjou): Ça, c'est...
M. Rémillard: C'est une petite somme. Dans la très
grande majorité des cas, ça va être une petite somme. Si
c'est une somme, parce que c'est une action en dommages de plusieurs milliers
de dollars, je ne sais pas, des centaines de milliers de dollars, et que la
somme peut être beaucoup plus considérable, je pense que c'est
là que l'article 477 va jouer et qu'on va pouvoir demander au tribunal
d'utiliser sa discrétion. Mais est-ce qu'on doit marquer
expressément, lorsque les dépens sont à la charge d'une
personne, que ces dépens ne doivent pas être en fonction du tarif
payé par la corporation? Je trouve que ce serait difficile d'aller
jusque-là, de mettre ça comme règle. Ça
enlèverait la discrétion.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, la question
que je me posais, c'est: Est-ce que cette distinction va être aussi
appliquée pour tous les autres frais comme je prends un exemple
les frais de sténographe, qui sont de tant de dollars la page?
Est-ce que ces frais de sténographe vont être aussi
différents pour une personne morale que pour une personne physique?
Là, ça peut avoir vraiment un effet multiplicateur, quant aux
dépens, qui peut être considérable, qui peut, après
ça, avoir une influence considérable. Je pense uniquement
à
des notes sténographiques qu'on peut faire faire pour une
journée de procès. Je me souviens, à un moment
donné, j'avais eu une facture de 800 $, 900 $ de frais de
sténographe, pour une journée de procès, pour une
personne. Là, il n'y avait pas de distinction entre une personne
physique et une personne morale. Alors, si on commence à pouvoir mettre
cette distinction-là, personne morale et personne physique, avec des
tarifs différents, on pourrait obtenir un effet multiplicateur, au
niveau des frais, assez important.
M. Rémillard: Non, M. le Président. Non, ça
ne s'applique pas.
M. Bélanger (Anjou): Ça ne s'applique pas? M.
Rémillard: Non.
M. Bélanger (Anjou): Parfait. Ça va être
uniquement relié à ce qu'on appelle les timbres judiciaires?
M. Rémillard: Habituellement, les timbres, maintenant, on
les appelle simplement les droits d'inscription.
M. Bélanger (Anjou): Les droits d'inscription, c'est
ça.
Le Président (M. Dauphin): Adopté? M.
Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 1 est
adopté.
J'appelle l'article 2.
M. Rémillard: La présente loi entre en vigueur le
(indiquer ici la date de la sanction de la présente loi).
Cet article prévoit que la loi entrera en vigueur à la
date de sa sanction.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, M. le
député?
M. Bélanger (Anjou): Juste pour être certain que
j'ai bien compris, au niveau de la tarification. D'ici l'automne, on devrait
avoir tout ça? Ça devrait être en vigueur ou ça
devrait...
M. Rémillard: D'ici octobre.
M. Bélanger (Anjou): D'ici octobre, au plus tard. Parfait.
Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 2 est
adopté.
Est-ce que le titre du projet de loi est adopté?
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
Est-ce que l'ensemble du projet de loi est adopté?
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
J'appelle maintenant le projet de loi suivant, c'est-à-dire le
projet de loi 93, Loi modifiant le Code de procédure civile et la Charte
des droits et libertés de la personne.
M. Rémillard: M. le Président, est-ce que je
pourrais demander un ajournement de quelques minutes? J'aimerais pouvoir
discuter quelques minutes avec les légistes, une dizaine de minutes.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Juste avant de
suspendre, je vais demander au député de Viger de me remplacer
comme président. J'ai une petite intervention à faire en
haut.
M. le député de Viger, l'honorable député de
Viger.
M. Rémillard: C'est comme un médecin qui s'en va
opérer, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Mais on suspend. (Suspension de
la séance à 20 h 47)
(Reprise à 21 h 8)
Projet de loi 93
Le Président (M. Maciocia): La commission reprend ses
travaux. M. le ministre en est aux remarques préliminaires du projet de
loi 93.
Remarques préliminaires M. Gil
Rémillard
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Ce projet de
loi 93, Loi modifiant le Code de procédure civile et la Charte des
droits et libertés de la personne, a pour objectif de modifier le Code
de procédure civile afin de prévoir certaines règles qui
visent à améliorer l'administration de la justice en vue,
premièrement, de réduire les longs délibérés
en matière civile et, deuxièmement, de réduire les
délais à la Cour d'appel. Alors, M. le Président, c'est un
projet de loi qui prévoit aussi d'atténuer la portée de la
règle du huis clos en matière familiale, en permettant la
présence des journalistes. C'est pour favoriser la liberté
d'expression.
Alors, voilà, M. le Président, la situation
générale que je peux donner à ce projet de loi.
Le Président (M. Maciocia): Merci, M. le ministre.
M. le député d'Anjou, avez-vous des remarques
préliminaires?
M. Bélanger (Anjou): Non, M. le Président. On peut
passer directement à l'étude article par article.
Étude détaillée
Le Président (M. Maciocia): Alors, j'appelle l'article
1.
M. le ministre.
Code de procédure civile
Restriction du huis clos en matière
familiale
M. Rémillard: M. le Président, il y aurait un
amendement de proposé au projet de loi.
Le Président (M. Maciocia): Est-ce qu'on pourrait
l'avoir?
M. Rémillard: Je ne sais pas si tout le monde a
l'amendement. Oui? Alors, M. le Président, l'amendement se lit comme
suit:
Remplacer l'article 1 du projet de loi par le suivant: 1. L'article 13
du Code de procédure civile (L.R.Q., chapitre C-25) est modifié
par le remplacement du deuxième alinéa par le suivant:
«Cependant, en matière familiale, les audiences de première
instance se tiennent à huis clos, à moins que, sur demande, le
tribunal n'ordonne, dans l'intérêt de la justice, une audience
publique. Tout journaliste qui prouve sa qualité est admis, sans autre
formalité, aux audiences à huis clos, à moins que le
tribunal ne juge que sa présence cause un préjudice à une
personne dont les intérêts peuvent être touchés par
l'instance. Le présent alinéa s'applique malgré l'article
23 de la Charte des droits et libertés de la personne (L.R.Q., chapitre
C-12).»
Alors, M. le Président, cet amendement est d'ordre technique. Il
a pour objet de préciser la portée de la clause
dérogatoire à l'article 23 de la Charte des droits et
libertés de la personne. C'est, en effet, la totalité du
deuxième alinéa de l'article 13 du Code de procédure
civile, tel que modifié par l'article 1 du projet de loi, qui
s'applique, malgré la règle des audiences publiques prévue
à l'article 23 de la Charte des droits et libertés de la
personne.
M. le Président, l'actuel deuxième alinéa de
l'article 13 du Code de procédure civile prévoit que, en
matière familiale, les audiences de première instance se tiennent
à huis clos, et la modification proposée par l'article 1 du
projet de loi a pour but de permettre aux journalistes d'assister à ces
audiences à huis clos afin de respecter davantage la liberté de
presse. (21 h 10)
Le Président (M. Maciocia): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Je vous remercie, M. le
Président.
Je regardais la lettre qu'a envoyée le Protecteur du citoyen au
ministre de la Justice, le 19 mai dernier, et relativement à cette
modification, à cette disposition, le Protecteur du citoyen
émettait quelques interrogations, les mêmes interrogations,
d'ailleurs, que j'ai reprises dans mon discours, lors du dépôt du
projet de loi. Je comprends que c'est suite à une décision, je
pense, des tribunaux, qui considéraient que c'était une atteinte
au droit de presse ou au droit d'information, qu'on a cru nécessaire de
présenter une telle disposition.
Alors, maintenant, moi, je me demandais jusqu'à quel point il ne
faudrait pas mieux baliser ce droit à l'information. Je sais que, dans
ses remarques préliminaires, dans son discours qu'il avait fait lors du
dépôt du projet de loi, le ministre de la Justice avait dit qu'il
existe présentement des dispositions, dans le Code de procédure
civile, qui limitent le droit de diffusion des renseignements, le droit,
finalement, à la diffusion de l'information que peut faire un
journaliste qui assisterait à une audience en matière familiale.
Ma compréhension de ces dispositions, c'est que c'est uniquement dans
des cas où il y a des mineurs qui sont impliqués. À ce
moment-là, le journaliste se doit de ne pas donner de renseignements qui
pourraient permettre l'identification des parties. Est-ce bien ça ou
est-ce que c'est en général, pour toute cause que vous avez en
matière familiale? C'est ça?
M. Rémillard: C'est en général.
M. Bélanger (Anjou): Ça, c'est l'article, je
pense...
M. Rémillard: On peut s'y référer à
815.4.
M. Bélanger (Anjou): Parce que la rédaction de cet
article n'est pas très heureuse. Si on regarde l'article 815.4:
«Aucune information permettant d'identifier une partie à une
instance ou un enfant dont l'intérêt est en jeu», ce n'est
pas...
M. Rémillard: C'est les deux.
M. Bélanger (Anjou): Ah! il faut à la fois...
M. Rémillard: C'est les deux. C'est
interprété très clairement par la jurisprudence.
M. Bélanger (Anjou): Ah oui? D'accord. M.
Rémillard: C'est les deux.
M. Bélanger (Anjou): D'accord. Donc, à ce
moment-là, on pourrait se demander ce qu'un journaliste pourrait
vraiment rapporter. Uniquement un cas de droit? Il pourrait rapporter un cas de
droit ou...
M. Rémillard: C'est-à-dire qu'il ne parle pas
des
noms des personnes, mais qu'il peut relater le cas. Et il peut
être là pour voir que justice est rendue. Alors, il y a certaines
circonstances, parfois, qui font que des cas de divorce ou de séparation
peuvent attirer l'attention des médias, et, par conséquent, ils
sont soucieux de voir si ça se passe, dans ce cas-là, comme
ça devrait se passer pour tout le monde, par exemple, ou si ça se
passe, dans ce cas-là, pour respecter les droits des enfants. Il y a
plusieurs questions qu'il peut se poser.
Alors, quand c'est à huis clos et qu'on ne permet pas à la
presse de pouvoir être présente, ça peut causer des
difficultés. Des journalistes vont dire: Écoutez, nous, notre
métier, c'est de couvrir, par exemple, les instances judiciaires. Je
comprends que, pour respecter l'intimité de la famille, on n'ait pas
à parler des noms, mais on peut au moins voir comment ce cas-là
va se régler, et si justice est rendue, et s'il y a apparence, aussi, de
justice, dans le sens qu'on peut être présent au moment où
la justice s'applique. Alors, c'est dans ce cas-là. Mais on ne peut pas
parler des noms qui sont en cause.
M. Bélanger (Anjou): Donc, finalement, si je comprends
bien, la préoccupation du Protecteur du citoyen relativement à
cette disposition-là n'est pas réellement bien fondée. Il
n'a pas à s'inquiéter relativement aux informations qui
pourraient être divulguées par un journaliste qui assiste à
une cause en matière familiale.
M. Rémillard: On pourrait être soucieux de ce
problème-là dans bien d'autres cas, mais, à un moment
donné, je pense qu'il faut voir les principes qu'on veut favoriser. Il
faut, je crois, qu'on puisse rendre la justice, qui est publique. Au
départ, la justice est publique. C'est ça qui est le principe: La
justice doit se rendre publiquement. Ça, c'est le principe, c'est la
règle de base. On fait des exceptions, on fait une exception en
matière familiale, et je pense que ça se justifie fort bien. Mais
cette exception, on dit, en ce qui regarde un autre grand principe qui existe
dans notre droit, c'est-à-dire la liberté d'être
informés au niveau des médias, la liberté de presse, qu'on
accepte qu'ils soient présents avec une exception, c'est-à-dire
qu'ils ne doivent pas divulguer un renseignement qui pourrait amener à
l'identification des personnes.
Il peut toujours y avoir, à un moment donné, quelqu'un qui
écrit des choses qui permettent l'identification. Ça s'est
passé et on ne peut pas garantir que ça ne se passera pas. Ce
n'est pas supposé. À ce moment-là, on peut prendre des
procédures, même d'outrage au tribunal. Alors, je ne veux pas dire
que l'inquiétude du Protecteur du citoyen n'est pas une
inquiétude qui se manifeste dans un contexte familial qui est le
nôtre, oui, mais je crois quand même qu'on a pris toutes les
balises nécessaires pour assurer un maximum de
sécurité.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, je crois que
le Protecteur du citoyen aurait préféré qu'on donne un
pouvoir supplémentaire au juge de pouvoir limiter, le cas
échéant, les renseignements qui pourraient être
divulgués ou pas. C'est-à-dire que, à un moment
donné, un juge pourrait, en cours d'instance, dire aux journalistes:
Écoutez, ce que vous venez d'entendre, je ne veux pas que ce soit
rapporté, des choses comme ça. Est-ce que le ministre n'a pas
pensé ou évalué cette possibilité-là?
M. Rémillard: II y a une disposition... À l'article
815.4, le dernier alinéa, on dit: «En outre, le juge peut, dans un
cas particulier, interdire ou restreindre, pour le temps et aux conditions
qu'il estime justes et raisonnables, la publication ou la diffusion
d'informations relatives à une audience du tribunal.» Il me semble
que c'est là.
M. Bélanger (Anjou): Donc, ça existe
déjà. M. Rémillard: Ça existe
déjà. M. Bélanger (Anjou): D'accord.
M. Rémillard: On ne voit pas comment on pourrait mettre
une balise supplémentaire comme telle. Moi, je participe aux
préoccupations du Protecteur du citoyen, mais, là, je pense
que...
M. Bélanger (Anjou): Toutes les balises sont là,
d'après vous.
M. Rémillard: ...toutes les balises sont là.
Le Président (M. Maciocia): Ça va? Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Maciocia): Est-ce que l'article 1, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Maciocia): J'appelle l'article 2.
Hausse du seuil pécuniaire de l'appel de plein
droit
M. Rémillard: Alors, M. le Président, l'article 2
se lit comme suit:
L'article 26 de ce Code, modifié par l'article 176 du chapitre 57
des lois de 1992, est de nouveau modifié: 1° par le remplacement,
dans la troisième ligne du paragraphe 1, du montant de «10 000
$» par le montant de «15 000 $».
Alors, M. le Président, actuellement, le paragraphe 1 de
l'article 26 du Code de procédure civile énonce que les jugements
finals de la Cour supérieure et de la Cour du Québec peuvent
faire l'objet d'un appel de plein droit, sauf dans les causes où la
valeur de l'objet du litige en appel est inférieure à 10 000 $.
Le paragraphe premier de l'article 2 du projet de loi a pour objet
de porter le seuil pécuniaire de l'appel de plein droit de 10 000
$ à 15 000 $, ce qui correspond approximativement à l'indexation
du seuil pécuniaire de l'appel de plein droit fixé en 1982
à 10 000 $ à partir de l'indice annuel des prix à la
consommation depuis cette date jusqu'au 31 décembre 1992. L'indexation
représente, pour cette période, une augmentation de 153 %.
Mentionnons, M. le Président, que, en 1990, 1991 et 1992, le
nombre des appels qui est porté dans les districts d'appel de
Montréal et de Québec et dont la valeur monétaire variait
de 10 000 $ à 15 000 $ représente un peu plus de 5 %,
c'est-à-dire 5,6 % de l'ensemble des causes portées en appel.
Le Président (M. Maciocia): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Merci, M. le Président. le
ministre vient de dire que les jugements qui seraient visés par cette
disposition-là, ça représenterait 5 % des causes en
appel?
M. Rémillard: 5,6 %.
M. Bélanger (Anjou): 5,6 %. parce que le protecteur du
citoyen, dans sa lettre, lui, parlait de 7 % à 8 %
approximativement.
M. Rémillard: Nous, les chiffres, ici, on est bien
placés pour les avoir, c'est 5,6 %. (21 h 20)
M. Bélanger (Anjou): Si je comprends biens... Parce que,
maintenant, la Cour du Québec, la compétence est jusqu'à
15 000 $, c'est ça? À la Cour du Québec, les jugements de
première instance, c'est ça?
M. Rémillard: C'est ça.
M. Bélanger (Anjou): Alors, maintenant, c'est pour faire
en sorte que tous les jugements de la Cour du Québec seront appelables
uniquement sur permission, c'est ça?
M. Rémillard: Exactement.
M. Bélanger (Anjou): Maintenant, je reprends encore
certaines préoccupations du Protecteur du citoyen, qui prend en
considération le fait que, quand même, bon, quand on arrive
à des montants de 10 000 $ à 15 000 $, ce sont des montants qui
ne sont pas négligeables pour un individu ou même pour une petite
compagnie, et là on se demande si vraiment c'est justifié
d'augmenter le montant des jugements ainsi qui vont aller en appel sur
permission d'appeler, surtout que cette permission d'appeler, encore là
je parle pour l'avoir vérifiée, puis je pense que vos
légistes pourront vous le dire ça prend des motifs assez
sérieux pour obtenir une permission d'appeler d'un jugement de la Cour
du Québec. Ce n'est vraiment pas la norme, ça prend des motifs
vraiment sérieux, puis il faut vraiment rencontrer des critères
très spéciaux pour pouvoir obtenir cette permission d'appeler.
est-ce que le ministre a pris en considération le fait que, devant des
tribunaux administratifs, je prends un exemple, la régie du logement, la
csst, la majorité de ces tribunaux administratifs, il y a des appels de
plein droit presque automatiques dans une foule de cas c'est la norme,
en tout cas, l'appel de plein droit et que, maintenant, quand on arrive
devant un tribunal de droit commun pour des montants quand même
jusqu'à 15 000 $, cet appel de plein droit là, finalement, ce que
ça veut dire dans les faits, c'est que ça va arrêter en
première instance dans la très grande majorité des cas?
est-ce que le ministre a pris ça en considération? je comprends
qu'on veut chercher à désengorger la cour d'appel, mais est-ce
qu'il n'aurait pas été meilleur de chercher une autre
façon de désengorger la cour d'appel plutôt que de se
rabattre sur cette... c'est quand même facile, on vient de régler
peut-être 7 %, 5 % ou 8 % des cas dépendamment comment on
évalue le nombre de dossiers, mais est-ce que c'est la bonne
façon, vraiment?
M. Rémillard: deux commentaires, m. le président.
tout d'abord, de porter de 10 000 $ à 15 000 $, c'est strictement une
indexation à partir de 1982. ça, c'est strictement ce que nous
avons subi avec 153 % d'augmentation durant cette période de plus de 11
ans.
Maintenant, en ce qui regarde certains tribunaux administratifs qui font
appel directement à la Cour d'appel, il n'y en a plus beaucoup, M. le
Président. On me donnera la liste, là, mais il y a maintenant une
règle que nous faisons, qu'il n'y a plus d'appel d'un tribunal
administratif directement à la Cour d'appel. Ça va à la
Cour du Québec.
M. Bélanger (Anjou): C'est un appel pareil, c'est une
forme d'appel.
M. Rémillard: C'est un appel, mais c'est à la Cour
du Québec. Pourquoi? Parce que le quasi-judiciaire doit, à un
moment donné, en ce qui regarde un tribunal quasi judiciaire... Je ne
dis pas lorsqu'il s'agit simplement d'un simple conseil ou d'une commission qui
ne serait pas un tribunal. Alors, pour nous, un tribunal, c'est ce qui entend
déjà en appel d'une décision rendue d'une façon
quasi judiciaire. Alors, souvent, dans ces cas spécifiques qui sont
difficiles, accorder un permis, par exemple, en ce qui regarde des
régies qui accordent des permis, on a besoin d'avoir un appel sur le
droit et non pas sur les faits pour s'assurer que le droit est respecté
et protéger les droits de ceux qui se présentent devant le
tribunal quasi judiciaire, le tribunal administratif.
Alors, dans ce cas-ci, on se retrouve devant une cour de justice
où le processus formel est assuré. Le tribunal administratif, le
processus formel d'audi alteram partem, il est respecté, sans cela,
ça serait ultra vires, mais il demeure qu'il n'est pas susceptible
d'être aussi
formel et de présenter, peut-être, l'ensemble des garam
ties qu'on peut retrouver devant une cour normale de justice. On retrouve plus
l'expertise spécifique à un domaine qu'on retrouve le formalisme
de nos cours de justice. Alors, c'est comme ça qu'il peut y avoir un
appel pour le tribunal administratif, alors que, dans ce cas-ci, on limite
à 15 000 $, donc au-delà de la juridiction de la Cour du
Québec.
Le Président (M. Maciocia): M. le
député.
M. Bélanger (Anjou): Oui, M. le Président. Pour les
tribunaux administratifs, justement, l'exemple que j'ai donné tout
à l'heure, c'était la Régie du logement. Automatiquement,
quelqu'un qui obtient jugement de la Régie du logement peut aller en
appel devant la Cour du Québec. Justement, c'est la Cour du
Québec. CSST ou Régie de l'assurance automobile, je pense, ce
sont surtout des appels administratifs. C'est révision et puis...
M. Rémillard: CSST, évidemment, c'est...
M. Bélanger (Anjou): ...jusqu'à la Commission des
affaires sociales, éventuellement.
M. Rémillard: D'une part, mais c'est aussi la CALP.
M. Bélanger (Anjou): La CALP, Commission d'appel en
matière de lésions professionnelles.
M. Rémillard: C'est la CALP, oui.
M. Bélanger (Anjou): Oui, c'est vrai. Ça va.
Le Président (M. Maciocia): Ça va? M. le
ministre.
M. Rémillard: Oui. Alors, l'article 3, M. le
Président.
Le Président (M. Maciocia): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Maciocia): On appelle l'article 3..
M. Rémillard: Alors, M. le Président, l'article 3
se lit comme suit:
L'article 27 de ce Code est modifié par l'insertion, dans la
troisième ligne, après le mot «instance», des mots
«de même que de l'indemnité visée à l'article
1619 du Code civil du Québec».
Alors, M. le Président, l'article 3 du projet de loi a pour objet
de préciser qu'il doit être tenu compte, pour déterminer la
valeur de l'objet du litige en appel, aux fins de l'article 26 du Code de
procédure civile, non seulement des intérêts courus
à la date du jugement en première instance, mais,
également, de l'indemnité additionnelle.
M. le Président, cette disposition consacre une règle
jurisprudentielle, puisque celle-ci a déjà reconnu que la valeur
de l'objet du litige en appel comprenait non seulement des
intérêts, mais, également, les indemnités
additionnelles. Actuellement, l'indemnité additionnelle est
prévue aux articles 1056c et 1078 du Code civil du Bas Canada, qui
seront remplacés par l'article 1619 du Code civil du Québec.
Le Président (M. Maciocia): M. le député.
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Maciocia): Adopté. J'appelle
l'article 4.
M. Rémillard: M. le Président, l'article 4 se lit
comme suit:
L'article 28 de ce Code est abrogé.
Le Président (M. Maciocia): M. le
député.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que le ministre peut nous
expliquer pourquoi l'article 28 de ce Code... Quelle est la motivation qui a
poussé l'annulation de l'article 28?
M. Rémillard: Oui, M. le Président. C'est que
l'article 4 est de concordance avec la modification apportée par le
paragraphe troisième de l'article 2 du projet de loi.
M. Bélanger (Anjou): Ah oui! D'accord.
M. Rémillard: On sait que cet article propose l'abrogation
de l'article 28 du Code de procédure civile.
M. Bélanger (Anjou): D'accord.
M. Maciocia: Est-ce que l'article 4 est adopté?
M. Bélanger (Anjou): Oui. Ça va.
Le Président (M. Maciocia): J'appelle l'article 5.
M. Rémillard: M. le Président, il y a un amendement
à l'article 5. Cet amendement se lirait comme suit, M. le
Président.
Le Président (M. Maciocia): Oui, M. le ministre.
Modification du délai pour rendre
jugement
M. Rémillard: À l'article 5 du projet de loi:
1° remplacer, dans les première et deuxième lignes du
deuxième alinéa de l'article 465 proposé, les mots
«une décision» par les mots «un jugement»;
2° remplacer le troisième alinéa de l'article 465
proposé par le suivant: «Le juge en chef ou, à sa demande,
le juge en chef associé exerce personnellement les attributions
conférées au juge en chef par le présent article.»;
3° remplacer le deuxième alinéa de l'article 466
proposé par le suivant: (21 h 30) «II doit disposer des
dépens, y compris ceux relatifs à l'enquête et audition
originales, en tenant compte des circonstances et peut, en outre, prendre toute
autre mesure qu'il considère juste et appropriée.»
M. Bélanger (Anjou): On m'a expliqué, M. le
Président, que...
Une voix: Est-ce que c'est un vote? Une voix: On va
vérifier.
M. Bélanger (Anjou): On m'a expliqué, M. le
Président, que cette modification s'est avérée
nécessaire à cause de la division administrative qu'il y a entre
le juge en chef et ses juges en chef associés de Montréal et de
Québec. Je pense que c'est ça.
M. Rémillard: Montréal et Québec. Parce
qu'il y a un juge en chef associé à Québec...
M. Bélanger (Anjou): À Québec.
M. Rémillard: ...qui a l'autorité semblable au juge
en chef à Québec, bien qu'il soit toujours sous l'autorité
du juge en chef. Il peut y avoir, donc, une délégation du juge en
chef pour ce genre de responsabilité là, mais le projet de loi
veut bien que ce soit une responsabilité du juge en chef. Alors, c'est
pour ça qu'on mentionne «à sa demande», mais c'est
exercé personnellement par le juge en chef.
Le Président (M. Dauphin): Alors, si vous me permettez, on
va suspendre quelques minutes pour le vote, et nous reviendrons tout de suite.
Alors, on suspend strictement pour la durée du vote.
(Suspension de la séance à 21 h 31)
(Reprise à 21 h 45)
Le Président (M. Dauphin): Nous sommes toujours à
l'article 5 auquel cas on discute d'un amendement, sous l'alinéa
465.
M. Bélanger (Anjou): Je pense que, quant à
l'amendement, on avait fini le débat. Maintenant, on pourrait
peut-être faire le débat sur l'article tel qu'amendé.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'amende- ment est
adopté, c'est ça? Normalement, on dispose de l'amendement en
premier?
M. Bélanger (Anjou): Oui.
Le Président (M. Dauphin): L'amendement est adopté,
si je comprends bien?
M. Bélanger (Anjou): C'est parce que je me demandais si je
faisais le débat sur l'article tel qu'amendé ou pas. Dans
l'amendement qui est proposé, M. le Président, c'est relativement
aux dépens qui vont être accordés suite au... Non, je
préfère faire le débat sur l'article tel qu'amendé.
On va disposer de l'amendement.
Le Président (M. Dauphin): Alors, si je comprends bien, en
adoptant l'amendement, on adopte l'amendement à 466 aussi. C'est
ça? C'est parce qu'on parle de 466 aussi, dans l'amendement.
M. Bélanger (Anjou): Ah oui! C'est là que ça
ne fonctionnera pas. On amende à la fois...
M. Rémillard: Mais vos remarques... M. Bélanger
(Anjou): Oui, oui, d'accord.
M. Rémillard: ...je pense que ça ne pose pas de
problème.
M. Bélanger (Anjou): D'accord. C'est le même
article, de toute façon.
M. Rémillard: Ça peut faire, globalement aussi, pas
de problème.
M. Bélanger (Anjou): Oui, oui. Ça va. Le
Président (M. Dauphin): Ça va? M. Bélanger (Anjou):
Oui, ça va.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 465, tel qu'amendé, est
adopté? Et c'est là-dessus que vous voulez faire le
débat.
M. Bélanger (Anjou): C'est ça, 465...
M. Rémillard: Est-ce que vous devez appeler l'article 5 ou
l'article 465?
Le Président (M. Dauphin): Normalement, on appelle
l'article 5...
M. Rémillard: Oui.
Le Président (M. Dauphin): ...et on appelle aussi les
articles individuellement, par après.
M. Rémillard: Qui sont amendés. Très bien,
M. le Président.
M. Bélanger (Anjou): Oui. Relativement à toute
cette question, je sais que, comme j'en avais fait part dans mes remarques
déjà, et puis je pense que le ministre est tout à fait
d'accord avec moi, il y avait un problème sérieux au niveau des
délais que certains juges prenaient pour rendre jugement. Je pense qu'on
en conviendra tous que ce qui est arrivé, à un moment
donné, c'est que les juges en chef, constatant leur impuissance pour
discipliner leurs juges, en étaient venus, finalement, à la seule
chose qu'ils pouvaient faire, c'était de divulguer ou de laisser couler,
finalement, les noms des juges retardataires et d'y aller par la pression
publique pour faire avancer les choses. On en conviendra tous que cette
façon de procéder n'est rien pour donner du crédit
à notre système judiciaire, et je pense qu'il fallait trouver une
solution à ça.
D'ailleurs, j'ai eu plusieurs personnes qui sont venues à mon
bureau, justement, pour me faire part de cas quand même assez graves,
où on attend, des fois, des jugements pendant des périodes, des
fois, allant de 2 à 3 ans avant d'obtenir justice. Il est arrivé
que, dans certaines occasions, quand, finalement, le jugement a
été rendu, ce jugement ne donnait absolument plus rien pour la
personne qui en était le bénéficiaire puisque le
délai était trop long.
Maintenant, je me demande si... Premièrement, est-ce qu'on a des
statistiques, à savoir combien de juges, à peu près,
délinquants, si vous me permettez l'expression, combien de juges
retardataires pourrait-on avoir, relativement au nombre de juges qu'on a?
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...j'ai un tableau, ici, que je pourrais
déposer à cette commission, et c'est en date du 4 juin 1993. On
dit que, à la Cour du Québec, il y aurait 80 dossiers de plus que
180 jours et, à la Cour supérieure, 28 dossiers. Ça, c'est
en date du 4 juin 1993, donc c'est très, très récent, M.
le Président. Alors, je peux déposer ce tableau: 80 à la
Cour du Québec et 28 à la Cour supérieure.
Document déposé
Le Président (M. Dauphin): Alors, j'autorise le
dépôt de ce tableau, et nous en ferons quelques photocopies pour
les membres, à moins que, M. le député d'Anjou, vous ne
vouliez le voir tout de suite. (21 h 50)
M. Bélanger (Anjou): Oui, s'il vous plaît. Je
constate que, dans la région du SaguenayLac-Saint-Jean, on a,
comme à la Cour du Québec, 23 cas de plus de 180 jours de
délibérés, alors que, pour la région de
Montréal, qui, quand même, je pense, doit avoir pas mal plus de
dossiers, on en a 41. Est-ce qu'on a pu identifier quel était le
problème au SaguenayLac-Saint-Jean par rapport à
Montréal? Comment expliquer ça?
M. Rémillard: Ce sont des cas toujours... Vous savez, dans
ce projet de loi là, je fais toujours bien attention parce que je veux
respecter l'indépendance de la magistrature et la marge de manoeuvre des
juges en chef qui ont la responsabilité de l'administration des cours de
justice. Ce n'est pas la responsabilité du ministre de la Justice.
Alors, je rencontre souvent les juges en chef, soit en tête à
tête, soit à différentes occasions, et, parfois, ils ont
l'amabilité de m'en parler, mais je ne vais pas dans les détails.
Mais j'ai eu l'occasion de me rendre compte, M. le Président, que,
quelquefois, dans des régions, comme je crois que c'est le cas au
SaguenayLac-Saint-Jean, il peut y avoir des incapacités pour
maladie, incapacités des juges d'être sur le banc. Il y a des
décès, aussi et, donc, des remplaçants qui ont pris le
temps de remplacer des juges.
Alors, il peut y avoir des situations comme ça, ce qui
explique... Parce qu'il n'y a pas une région où ils sont plus
lents que d'autres. C'est strictement, à un moment donné, les
circonstances qui peuvent faire que, dans une période de temps, il peut
y avoir quelqu'un... Je sais que, par exemple, au Lac-Saint-Jean, il y a un
juge qui est tombé en bas d'une échelle en changeant un
châssis double. Je sais que, une autre fois, il y a eu autre chose. C'est
malheureux, remarquez. Il s'est rétabli, il est bien rétabli,
maintenant. Je l'ai rencontré, il est bien rétabli, et c'est un
excellent juge, d'ailleurs, mais, pendant qu'il ne peut pas siéger, il
ne peut pas siéger.
M. Bélanger (Anjou): C'est parce que je regarde... En
tout, je pense qu'on a à peu près 80 cas...
M. Rémillard: À la Cour du Québec.
M. Bélanger (Anjou): ...à la Cour du Québec
seulement. Pour la Cour supérieure, on en a 28. C'est ça?
M. Rémillard: Vingt-huit.
M. Bélanger (Anjou): Vingt-huit. D'accord. Parce que,
là, on n'a plus les tableaux devant nous. Est-ce que pour... Par rapport
au nombre total de causes, c'est quand même assez minime, là.
M. Rémillard: C'est minime.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que ça justifiait comme
telle cette médecine...
M. Rémillard: Je l'ai fait avec beaucoup de
réflexion, après discussion avec les juges en chef. Au
départ, je vous avoue que j'aurais aimé que ce soit strictement
les juges en chef qui puissent régler la question sans intervention
législative, mais, après discussion,
on est arrivés à la conclusion que vaudrait mieux qu'on
ait un projet de loi qui se réfère à l'autorité du
juge en chef, mais que le projet de loi soit là puis qu'il
établisse la règle du 6 mois. Alors, c'est à titre
préventif surtout. Mais ce projet de loi là est fait avec
l'accord, le consentement des juges en chef. Je voulais absolument qu'il y ait
cette règle du 6 mois, comme ministre de la Justice. Il aurait pu y
avoir un engagement des juges en chef, mais, avec un texte législatif,
c'est plus clair, c'est plus évident, et ce sera plus facile pour le
juge en chef, aussi, de travailler en conséquence.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, quand j'avais
eu connaissance de ce problème, je dois vous avouer que ma
première réaction avait été de le voir avant tout
comme un problème déontologique. C'est-à-dire que
plutôt que de voir, justement, le ministre suggérer un
délai de 6 mois comme étant la norme, quant à moi, ce qui
vient me confirmer un peu mes premières réactions, c'est que
c'est un nombre infime de dossiers qui représente des problèmes.
D'accord, on en entend parler, et ceux-là qui viennent nous voir sont
souvent des cas qui sont pathétiques, mais ce sont quand même des
cas marginaux par rapport à l'ensemble des dossiers que,
présentement, on a devant nos tribunaux. Alors, je me demandais s'il
n'aurait pas été préférable, justement
même, je pense, que ça aurait peut-être été
moins une intervention de la part du système législatif dans le
système judiciaire de donner plus de pouvoir aux juges en chef
pour pouvoir discipliner uniquement les juges récalcitrants par rapport
à l'imposition d'un délai de 6 mois, comme ça,
étendu à l'ensemble des causes.
M. Rémillard: Oui, M. le Président, quant à
la discipline des juges, avec l'autorité du Conseil de la magistrature,
du juge en chef qui a l'autorité de soumettre certains cas au Conseil de
la magistrature, c'est là que c'est véritablement un domaine qui
relève de la juridiction exclusive des juges en chef, et on n'a pas
à s'immiscer dans ce domaine administratif. Ça pourrait
être considéré comme inconstitutionnel.
M. le Président, avec votre permission, j'aimerais qu'on puisse
entendre les commentaires de Me Madeleine Aube, qui est de la section du droit
constitutionnel au ministère de la Justice, la Direction du droit
constitutionnel, et qui pourrait nous expliquer la marge de manoeuvre que nous
avons sur le strict plan du droit constitutionnel.
Le Président (M. Dauphin): Alors, Me Aube.
Mme Aube (Madeleine): Merci, M. le Président.
J'aimerais souligner d'abord un... Nous avons regardé
jusqu'à quel point on pouvait, finalement, prévoir certaines
sanctions face aux juges retardataires, et ça pose plusieurs
problèmes au niveau constitutionnel, dont le premier en est un de
partage des compétences. Évidemment, on sait que les juges de la
Cour supérieure, en vertu de l'article 96 de la loi constitutionnelle de
1867, relèvent du gouvernement fédéral, et c'est certain
que l'administration de la justice, par contre, est provinciale, mais, quand on
vient parler de sanctions disciplinaires, on touche carrément,
là, à la compétence fédérale sur les juges.
Évidemment, ça vaut pour les juges de la Cour supérieure,
ce que je dis là, ce n'est évidemment pas pour les juges de la
Cour du Québec, qui relèvent de la juridiction provinciale.
Mais, tant pour les juges de la Cour supérieure que les juges de
la Cour du Québec, il demeure un problème de dépendance,
parce que la Cour suprême a reconnu, dans l'arrêt Beauregard, que
l'indépendance d'adjudication était au coeur même de
l'indépendance judiciaire, c'est-à-dire que des mesures, des
sanctions pourraient affecter la liberté des juges d'instruire et de
juger. Et qu'on parle de délais ou qu'on parle de la façon dont
les juges le font, tout ça se retrouve au coeur même de
l'indépendance d'adjudication des juges, ce qui fait que, tant pour les
juges de la Cour supérieure que pour ceux de la Cour du Québec,
on a encore un problème au niveau de l'indépendance
d'adjudication.
Il y a aussi, quand on pensait aux sanctions face à une plainte
au Conseil de la magistrature, un problème sur l'immunité des
juges relative à leur contraignabilité à témoigner
et à aller s'expliquer devant un forum sur, finalement, leur
indépendance d'adjudication, sur les raisons, en fait, du retard, parce
que, si on portait plainte au Conseil de la magistrature, il faudrait qu'ils
viennent expliquer les retards.
Ce sont les 3 problèmes qui avaient été
relevés par notre direction.
M. Bélanger (Anjou): Donc, si je comprends bien, Me Aube,
le problème quant au partage, en tout cas, au niveau constitutionnel,
c'est surtout uniquement relativement à la Cour supérieure.
À la Cour du Québec, il n'y aura pas de problème pour
faire ça.
Mme Aube: Non, mais il demeure le problème...
M. Bélanger (Anjou): Oui, de l'indépendance
d'adjudication.
Mme Aube: ...de l'indépendance d'adjudication.
M. Bélanger (Anjou): Sauf que, quant à moi, imposer
un délai de 6 mois... Ce n'est pas en tout cas, j'aimerais avoir
votre opinion là-dessus un petit peu une interférence
aussi, dans l'indépendance de l'adjudication, de leur imposer un
délai de 6 mois?
Mme Aube: C'est-à-dire que le délai de 6 mois comme
tel, le juge en chef va devoir aviser le juge comme tel. Par contre, on ne
parle pas de sanction directement automatique. C'est là qu'on a un
problème au niveau constitutionnel. Il faut que le juge puisse rendre
des comptes à son juge en chef, mais on ne doit pas s'immiscer
carrément en disant: On doit obliger le juge en chef à porter
plainte, par exemple, au Conseil de la magistrature, on doit obliger le juge en
chef à
prendre certaines mesures, directement s'immiscer, là, dans la
sanction même, dans la discrétion qui appartient au juge en
chef.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que vous n'êtes pas
d'accord avec moi que la façon dont ça va être
interprété par les juges, en général, c'est que
ça va être une pression très forte qui va leur être
imposée de rendre jugement dans les 6 mois, dans les faits, là,
tout ça? Vous ne pensez pas?
Mme Aube: Bien, quand on avait regardé ça au
niveau...
M. Bélanger (Anjou): La façon dont ça va
être perçu par les juges eux-mêmes, les 6 mois, ils vont
sentir une pression, même si, comme vous dites, il n'y a pas
automatiquement sanction. C'est une pression.
Mme Aube: Nous autres, notre mise en garde était beaucoup
sur l'obligation qui doit être faite avec des sanctions, quand ça
arrive au niveau de la sanction disciplinaire. Notre mise en garde était
plus à ce niveau-là. Il est certain que des mesures
législatives inciteront le juge en chef, mais il aura pleinement
discrétion pour décider si, oui ou non, les raisons pour
lesquelles le juge est en retard sont ou non des bonnes raisons. Et là
il n'y aura rien dans la loi qui obligera le juge en chef à prendre des
sanctions.
M. Bélanger (Anjou): Sans pour autant passer par le
Conseil de la magistrature, est-ce qu'il aurait été possible de
donner uniquement des pouvoirs au juge en chef, à lui-même,
relativement à pouvoir discipliner ses propres...
Mme Aube: II doit demeurer une discrétion du juge en chef,
à notre sens.
M. Bélanger (Anjou): Oui.
Mme Aube: C'est de faire par la loi... Parce que, regardez...
M. Bélanger (Anjou): Mais, quand on parle de... Oui.
(22 heures)
Mme Aube: Je pense que je vais reprendre l'extrait de la Cour
suprême sur l'indépendance. La Cour suprême, dans
Beaurégard, dit: Historiquement, ce qui a généralement
été accepté comme l'essentiel du principe de
l'indépendance judiciaire a été la liberté
complète des juges, pris individuellement, d'instruire et de juger les
affaires qui leur sont soumises. Personne de l'extérieur, que ce soit un
gouvernement, un groupe de pression, un particulier ou même un autre juge
ne doit intervenir en fait ou tenter d'intervenir dans la façon dont un
juge mène l'affaire et rend sa décision. Cet
élément essentiel continue d'être au centre du principe de
l'indépendance judiciaire.
C'est certain qu'on a conféré certains pouvoirs au juge en
chef...
M. Bélanger (Anjou): Oui.
Mme Aube: ...mais il a ses limites. On ne pourrait pas, par un
projet de loi, venir dire: Écoutez, il y a telle, telle et telle
sanction et vous devez... enlever l'espèce de discrétion qui
existe présentement... Ça revient au juge en chef.
M. Bélanger (Anjou): Mais ne pensez-vous pas que, quand on
prend un dossier des mains d'un juge et qu'on le donne à un autre juge,
et que cet autre juge rend jugement à la place du premier juge, on
interfère dans la façon de juger du premier juge?
Mme Aube: Là, ce n'est pas là-dessus que portait
notre opinion juridique. Ha, ha, ha! Je ne sais pas si...
M. Bélanger (Anjou): Parce qu'on va arriver à
ça dans le deuxième article, là.
M. Rémillard: Oui, mais attention. Ce que nous dit Me
Aube, c'est que, pour respecter la décision de la Cour suprême, il
faut respecter la discrétion. Alors, le juge, on le verra tantôt
à l'autre article, le juge en chef demeure quand même
l'autorité pour décider s'il demande au juge, s'il arrive
à la conclusion qu'il y a des circonstances qui font que le juge peut
prendre plus de 6 mois, première des choses, si c'a pris plus de 6 mois,
de rendre son jugement le plus tôt possible dans les circonstances ou,
troisièmement, de lui dire: Bien, très bien, j'enlève ce
dossier de vos mains et je le confie à quelqu'un d'autre. Or, il y a la
discrétion qui appartient au juge en chef, et, parce qu'on
protège cette discrétion, on remplit les conditions
établies par la Cour suprême du Canada.
M. Bélanger (Anjou): Moi, tout le problème que je
vois là-dedans, c'est que, dans tout ce projet de loi là, puis,
en tout cas, je regarde par rapport aux contraintes qui nous sont
imposées par la Cour suprême, moi, je ne voudrais pas d'aucune
façon que les parties se retrouvent préjudiciées
puis là je ne dis pas que c'est la faute du juge nécessairement
par le retard indu qu'un juge peut prendre avant le jugement. Je ne vois
rien dans le projet de loi, ou même encore dans les pouvoirs qui
appartiennent au juge en chef, comme pouvoir de pouvoir discipliner ses juges.
Qu'arrive-t-il si un juge, malgré le fait qu'on lui retire d'une
façon régulière ses dossiers parce qu'il prend trop de
temps... Qu'arrive-t-il de ce juge-là? Il n'aura rien, finalement, il
n'y aura aucune sanction, il n'y aura aucune mesure possible? Parce que je ne
pense pas que, en tout cas, ce n'est pas prévu dans la loi... Le fait
pour un juge de retarder fréquemment, est-ce que ça peut
constituer une infraction qui pourrait le rendre passible d'une infraction
devant le Conseil de la magistrature ou quelque chose comme ça? Il n'y a
rien.
M. Rémillard: C'est là qu'on ne pouvait pas
aller.
M. Bélanger (Anjou): On ne peut pas aller plus loin que
ça? Il n'y a rien à faire?
M. Rémillard: Non, selon l'avis que j'ai de la Direction
du droit constitutionnel, et c'est ce que Me Aube vient de nous dire, on
n'aurait pas pu aller aussi loin que de dire: Lorsqu'un juge prend plus de 6
mois sans raison valable, le juge en chef doit faire une plainte au Conseil de
la magistrature. On ne pourrait pas dire ça. Là, ça irait
à rencontre de l'arrêt Beauregard, définitivement. Or, ce
qu'on peut dire simplement, c'est qu'on établit la règle du 6
mois et on donne au juge en chef une responsabilité, mais une
responsabilité basée sur une discrétion en fonction de son
appréciation de chaque cas, et, selon l'avis que nous avons, à ce
moment-là, c'est constitutionnel. Mais la marge de manoeuvre est quand
même assez mince. Ça ne veut pas dire que le juge fautif ne
pourrait pas être contraint à faire face au Conseil de la
magistrature, peut-être bien, mais ça dépendra vraiment du
juge en chef de prendre cette décision-là. Il peut prendre la
décision de lui donner un nouveau délai parce que c'est des
circonstances exceptionnelles ou bien il peut aussi prendre la décision
de lui enlever le dossier carrément et de le confier à un autre
juge. Mais c'est la discrétion, et c'est pour ça que, là,
on respecte, à ce moment-là, la décision Beauregard de la
Cour suprême du Canada.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Juste une question, M. le ministre. Lorsque le juge en
chef confie le dossier à un autre juge, est-ce qu'il faut recommencer...
On ne recommence pas le procès. À ce moment-là, il prend
des notes sténographiques, puis, à partir de là,
là... C'est-à-dire que, pour les parties impliquées, il
n'y aurait pas de frais additionnels d'aucune sorte?
M. Rémillard: II n'y a pas de frais additionnels. On va le
voir tantôt, il y a un article précisément
là-dessus, sur les dépens, par exemple, là, pour ne pas
que les parties soient pénalisées, non plus, par tout ce
processus-là. On va le voir, je pense que c'est l'article suivant, Me
Mercier? C'est l'article suivant.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, je pense que
le ministre vient de dire que le fait, pour un juge, de retarder
fréquemment pourrait, éventuellement, être un motif qui
pourrait amener ce juge-là devant le Conseil de la magistrature. Est-ce
que ça n'aurait pas été bon de le préciser dans le
projet de loi et de dire que le fait, pour un juge, de retarder
fréquemment ou de se faire dessaisir fréquemment de ses dossiers
pourrait constituer une infraction? Ça n'aurait pas été
bon de le mettre?
M. Rémillard: Selon l'opinion juridique que nous avons de
la direction des affaires constitutionnelles, on ne pouvait pas.
M. Bélanger (Anjou): On ne peut pas le faire.
M. Rémillard: On ne peut pas le mettre. Cependant, c'est
implicite, c'est là, ça fait partie de l'administration de la
Cour. Parce que le juge en chef peut toujours, sur une question
d'éthique, s'en remettre au Conseil de la magistrature. Donc, c'est
là, et c'est l'une des façons de faire qui nous protège
face à une attaque sur le plan du respect avec l'arrêt
Beauregard.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, est-ce que le
ministre pourrait nous dire si les juges en chef lui ont fait part que,
d'après eux, cette façon de procéder, cette disposition va
leur permettre de régler les problèmes qu'ils ont
présentement relativement aux délais? Est-ce qu'ils pensent que
ça va être une mesure incitative assez forte pour discipliner
leurs membres?
M. Rémillard: Oui, c'est ça. M. Bélanger
(Anjou): Oui?
M. Rémillard: J'ai vu ça avec eux et, pour eux,
c'est des dispositions qui vont leur permettre de discipliner leurs membres. Au
début, j'avoue, M. le Président, que ça a soulevé
des questions. Quand j'ai exprimé mon intention de
légiférer sur 6 mois, il y a eu des discussions au niveau de la
magistrature, disant: Écoutez, ce n'est pas au ministre à venir
se mêler de nos affaires. Alors, on a discuté et on est
arrivé à la conclusion que ce que nous faisons, c'était en
respect des limites juridictionnelles des uns et des autres, fonctions
executive, législative et judiciaire, et, par conséquent, que ce
qu'on voulait, comme intention du législateur, c'était de leur
donner des possibilités de faire respecter des délais
raisonnables, délais dont ils conviennent, les juges en chef.
M. Bélanger (Anjou): Alors, M. le Président, quant
à moi, tout le problème que je vois dans cette
disposition-là, comme je l'expliquais tout à l'heure, c'est que
je ne vois pas beaucoup de pression sur un juge en particulier. Finalement, le
seul fait, pour un juge, de ne pas rendre jugement pourrait même l'aider,
dans certains cas, quand il est embêté à rendre jugement.
Il n'aurait qu'à attendre tout simplement un certain délai et que
le juge en chef vienne lui retirer le dossier, quand c'est des dossiers qui
l'embarrassent ou dans lesquels il se sent vraiment coincé. Non?
M. Rémillard: En pratique,' M. le Président, je
suis certain que le député d'Anjou, dans sa pratique du droit et
sa connaissance de la magistrature, il va se
rendre compte que, si un juge, par décision du juge en chef,
parce qu'il n'a pas respecté la règle du 6 mois, perd un dossier,
c'est-à-dire qu'on lui enlève la responsabilité d'un
dossier, c'est une sanction qui est très sévère,
très sévère dans le contexte de la magistrature. Si vous
voyez les titres des journaux, à un moment donné, avec: Tel juge
perd la direction d'une cause ou d'un délibéré parce qu'il
n'a pas respecté les 6 mois, je vais vous dire que ce juge-là, il
va trouver ça difficile, comme situation, très difficile,
très difficile. Les juges qui ont été nommés dans
les journaux à la suite de délibérés longs,
très longs, je ne pense pas qu'ils aient considéré
ça comme un hommage qu'on leur rendait.
M. Bélanger (Anjou): Non, je ne le crois pas, moi non
plus. Maintenant, tout à l'heure, Me Aube a donné son opinion sur
l'aspect discrétionnaire, mais j'aurais voulu l'entendre sur
l'ingérence. Est-ce que, d'après elle, le fait d'imposer ou de
parler d'un délai de 6 mois, ça ne constitue pas une
ingérence? Elle avait parlé, tout à l'heure, que, pour
elle, pouvait constituer une ingérence le fait...
M. Rémillard: Avec votre permission, M. le
Président, on peut demander à Me Aube de répondre à
cette question.
Le Président (M. Dauphin): Me Aube.
Mme Aube: Je m'excuse. Est-ce que vous pouvez
répéter votre question? J'étais...
M. Bélanger (Anjou): Oui. Je me demandais si le fait de...
Est-ce que vous avez évalué le cas de savoir... Est-ce que
justement... Je sais que le ministre est très préoccupé
par le fait qu'il ne veut pas que le pouvoir législatif vienne faire
ingérence sur le pouvoir judiciaire, mais est-ce que vous avez une
opinion à l'effet que... Le fait d'imposer un délai de 6 mois,
est-ce que ça ne constitue pas une certaine ingérence?
Mme Aube: Bien, c'est-à-dire que... Ça ne veut pas
dire que le législateur ne pourra jamais, de quelque façon,
encadrer, finalement, tout le processus d'adjudication qui appartient au juge.
Mais ce qui nous inquiétait, au niveau constitutionnel, finalement, ce
n'est pas qu'il y ait des balises, c'est qu'il n'y ait plus de
discrétion, qu'on vienne s'immiscer dans tout le processus judiciaire.
Puis, quand on impose... L'opinion portait sur, finalement, l'imposition de
sanctions, et là on vient, finalement, carrément s'immiscer dans
la liberté d'adjudication des juges. Le juge est redevable devant son
juge en chef. Il n'est pas redevable autrement que par ça, et c'est
là qu'il doit expliquer. Ce qui fait que, fixer un délai, c'est
une balise que l'on met. Ça ne veut pas dire que jamais le
législateur ne pourra donner certains guides, mais il ne peut pas
s'immiscer, et enlever, et créer des obligations, à ce
moment-là. C'est dans ce sens-là. Je ne sais pas si vous
saisissez la nuance. (22 h 10)
M. Bélanger (Anjou): D'accord. Oui, oui. D'accord,
merci.
Je regardais, M. le ministre, les...
Le Président (M. Dauphin): Merci, Me Aube.
M. Bélanger (Anjou): Merci, Me Aube.
M. le Président, je regardais la lettre du Protecteur du citoyen,
qui, lui, préconisait que... Pour lui, le défaut d'un juge de
décider dans le délai imparti ou prolongé par le juge en
chef devrait automatiquement entraîner le dépôt d'une
plainte par ce dernier devant le Conseil de la magistrature. Alors, je dois en
comprendre, en tout cas, de par les échanges qu'on a faits, que
ça serait tout à fait impossible...
M. Rémillard: C'est impossible.
M. Bélanger (Anjou): ...d'après les contraintes
constitutionnelles que nous avons. C'est ça?
M. Rémillard: C'est ça.
M. Bélanger (Anjou): Je vois aussi que le Protecteur du
citoyen avait un peu les mêmes appréhensions, c'est-à-dire
que certains juges encore là, je ne veux prêter aucune
intention à un membre de la magistrature pourraient
peut-être être tentés d'utiliser cette disposition pour,
disons, ne pas avoir à juger des affaires fort complexes dans lesquelles
ils seraient embêtés. Encore là, vous ne partagez pas cette
appréhension.
M. Rémillard: Du tout. Absolument pas. C'est
complètement irréaliste, et il n'y a pas un juge en chef qui la
partage, non plus, cette opinion. C'est complètement
irréaliste.
M. Bélanger (Anjou): Parfait.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'article 465, tel
qu'amendé, est adopté.
On poursuit toujours sur l'amendement avec 466. C'est ça?
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: M. le Président, l'article 466 du
Code de procédure civile, proposé par l'article 5 du projet de
loi, établit certaines règles applicables au juge appelé
à continuer une affaire qui lui a été confiée ou
à entendre une cause remise au rôle. Le premier alinéa de
cette disposition prévoit que celui-ci peut, quant à la preuve,
s'en tenir à la traduction des notes sténographi-ques, s'il
obtient le consentement des parties. Toutefois, même dans ce dernier cas,
le juge pourra rappeler un témoin ou requérir toute autre preuve,
s'il considère que les notes sténographiques sont
insuffisantes.
Enfin, le dernier alinéa de cette disposition permet au juge,
suivant les circonstances, de prendre toute autre mesure qu'il croit juste et
appropriée.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Je comprends que ça a dû
être évalué, ça, par le ministre, cette façon
de procéder, mais j'ai beaucoup de difficultés à
évaluer comment un juge qui n'a pas entendu les témoins, qui n'a
pas vu l'audition de la cause, uniquement sur la foi de la retranscription des
notes sténographiques, pourrait rendre jugement. Je comprends que
ça prend le consentement des parties pour qu'il procède de la
sorte, mais j'ai de la difficulté à imaginer de quelle
façon que, au niveau de la qualité des jugements, c'est
souhaitable, ce genre de procédé là. Il n'y avait aucune
autre alternative, finalement, qui était possible?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Alors, voici, M. le Président. Tout
d'abord, rappelons, M. le Président, qu'il s'agit vraiment de cas
isolés. Ce n'est pas dans beaucoup de cas. Si on prend en
considération le nombre important de jugements, donc de
délibérés par année qui sont pris au Québec
à tous les niveaux en première instance, ce n'est pas beaucoup de
cas qui peuvent dépasser les 6 mois, d'autant plus que ce projet de loi
là, lorsqu'il sera promulgué, imposera la règle. La
règle, elle n'existe pas, présentement. Alors, là, elle va
exister.
Les autres alternatives qu'on aurait eues, M. le Président,
ça serait de dire: lorsqu'un juge se voit enlever un dossier parce qu'il
a dépassé les 6 mois sans justification, à ce
moment-là, on recommence tout à zéro. Ça, c'aurait
été une alternative. Je pense que c'était vraiment trop.
C'était trop parce qu'on ne peut pas, quand même, obliger les
parties à reconvoquer des experts. Souvent, ce sont des causes qui sont
difficiles. C'est parce que, si elle prend tellement de temps dans les
délibérés, on peut présumer qu'il y a des
difficultés quelque part, souvent des batailles d'experts. Il y a des
situations difficiles, donc, obliger à reprendre tout, du début
à la fin, c'est vraiment exagéré comme situation.
L'autre situation, c'était de dire: Le principe, c'est que, sur
la base des notes sténographiques de ce qui a été fait
pendant l'instance, le juge y revient, avec le consentement des parties, en
fonction strictement de ce qui est dans le dossier par notes
sténographiques, et il pourra, à partir de là, faire son
délibéré et rendre jugement.
Maintenant, M. le Président, l'article 466 permet au juge de
rappeler des témoins et de requérir une preuve additionnelle.
Alors, si le juge décide que, sur un point, ce n'est pas clair, qu'il
veut avoir une preuve complémentaire additionnelle, s'il veut avoir un
témoin expert, s'il veut avoir des témoins, des faits, il pourra
faire venir ces témoins sans recommencer l'ensemble. Alors, ce que nous
faisons dans cet article 466, M. le Président, c'est que nous
établissons le principe que, avec le consentement des parties, le juge
reprend le dossier, mais sur la base des notes sténographiques.
Deuxième principe: il peut, à ce moment-là, dans ces
circonstances, demander une preuve additionnelle, il peut demander à des
témoins de venir retémoigner devant lui.
Alors, à partir de là, je pense, M. le Président,
qu'on couvre toutes les circonstances et qu'on respecte l'objectif
d'éviter d'autres délais, parce qu'il ne faut pas
pénaliser non plus les parties avec un délai qui ferait en sorte
qu'on aurait une autre procédure, avec tous les frais que ça
occasionne, donc un délibéré qui pourrait être
encore considérable.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Mme la députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, M. le Président. C'est simplement une
question... Lorsque le ministre nous a présenté l'article 466, il
nous a lu le deuxième alinéa: «II peut également,
suivant les circonstances, prendre toute autre mesure qu'il considère
juste et appropriée», alors qu'on avait déjà
reçu un amendement qui nous disait de remplacer le deuxième
alinéa de l'article 466 par: «II doit disposer des
dépens...» Est-ce qu'on tient compte de l'amendement ou de la
lecture du ministre?
M. Rémillard: Je m'excuse, M. le Président, c'est
peut-être la façon dont on a procédé pour la
discussion. J'ai fait une erreur, et je remercie la députée de
Terrebonne de le soulever. C'est vraiment l'amendement que nous avons
adopté tout à l'heure qui vient changer, donc, cette
disposition.
Mme Caron: Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Mme la
députée et M. le ministre.
D'autres questions? M. le député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, moi, ce qui
me préoccupe dans tout ça, c'est les coûts additionnels qui
vont être inévitablement apportés aux gens, aux parties
impliquées dans un procès. Je me demandais... Est-ce qu'il y a
une possibilité d'intervention des parties? Je comprends que les parties
peuvent faire une requête et demander que le premier juge soit dessaisi
du dossier, mais qu'arriverait-il dans le cas où un juge en chef
décide de convoquer le juge, en tout cas, quant au délai de 6
mois qui est passé, mais que les parties, quant à elles, vu leurs
ressources financières, ne désirent pas qu'il y ait des frais
additionnels qui soient ajoutés et que, ces parties-là, elles
seraient consentantes à, peut-être, attendre encore quelques mois,
mais, de grâce, sans coûts supplémentaires? Est-ce qu'il y a
une possibilité d'intervention des parties, à ce
moment-là...
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger (Anjou): ...pour demander à ce que
le juge puisse toujours conserver le dossier et attendre quelques
mois?
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger (Anjou): Parce que ce n'est pas vraiment
exprimé dans le projet de loi, cette intervention-là, qu'on
pourrait dire. (22 h 20)
M. Rémillard: Là encore, M. le Président, ce
n'est pas exprimé expressément parce qu'on doit respecter la
discrétion du judiciaire, donc des juges en chef, mais il y a 2
discrétions qui permettent d'en arriver au même objectif, au
même résultat, dis-je. Il y a, tout d'abord, la discrétion
en ce qui regarde la décision du juge de dire: Bien, écoutez,
vous avez dépassé les 6 mois. Maintenant, prenez 2 autres mois,
prenez 2 semaines, rendez jugement. Le juge peut faire ça, parce que, la
discrétion, le juge en chef peut faire ça. Alors, il peut y avoir
représentation des parties.
Parce que les parties, maintenant, avec cette loi, les parties vont
calculer les 6 mois. Les parties vont dire: Écoutez, le
délibéré, voici, on a terminé; à partir
d'aujourd'hui, c'est 6 mois. Si, au bout de 6 mois, le jugement n'est pas
rendu, les parties vont dire: Écoutez, on n'a pas de jugement encore.
Qu'est-ce qui se passe? Et là ils peuvent avoir une réponse. Ils
vont s'informer, la cour devra les informer, et l'avocat pourra toujours
plaider, dire: Écoutez, nous, on voudrait que le juge conserve le
dossier, qu'il prenne 3 semaines, qu'il prenne 1 mois.
Mais dans combien de temps va-t-il rendre son jugement? Il peut y avoir,
comme ça, une situation. Il sera libre au juge en chef d'en juger; il
peut voir. Si, manifestement, la cause ne se justifie pas en fonction d'un
délibéré plus long, eh bien, le juge en chef prendra ses
responsabilités. Donc, dans un premier temps, oui, c'est possible, selon
le projet de loi que nous avons, que les parties, de consentement, disent tout
simplement que c'est assez ou qu'elles sont prêtes à donner un
temps un peu plus long. C'est possible.
Deuxièmement, en ce qui regarde les dépens, l'amendement
que nous avons accepté se lit comme suit: «II doit disposer des
dépens, y compris ceux relatifs à l'enquête et audition
originales, en tenant compte des circonstances et peut, en outre, prendre toute
autre mesure qu'il considère juste et appropriée.» Donc, il
y a une latitude au niveau du juge pour apprécier les circonstances et
faire en sorte que des parties ne soient pas pénalisées par ce
qui s'est passé.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président... Le
Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Bélanger (Anjou): ...je pense qu'il serait important
je pense que ce n'est pas prévu, ici, dans le projet de loi, tel
qu'il est présenté que, automatiquement, quand un juge en
chef a à prendre ce genre de décision là, il y ait un avis
qui soit envoyé aux parties afin que ces parties-là soient
avisées que le juge en chef veut intervenir dans le dossier, soit,
à ce moment-là, comme on dit, pour accorder un délai
supplémentaire ou retirer le dossier des mains du juge. Je pense que ce
serait important, parce que, si les parties ne sont pas au courant de toutes
ces choses qui se font, le juge en chef pourrait rendre une décision,
retirer le dossier des mains du juge, alors que les parties auraient voulu,
justement, que le juge de première instance le conserve encore quelques
mois. Comment les parties peuvent-elles être au courant? Je comprends
qu'on peut computer le délai, mais...
M. Rémillard: M. le Président, 2 remarques... Le
Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...parce que, finalement, il y a 2
façons de procéder. On aurait pu procéder dans le sens de
dire 6 mois, puis, après 6 mois, par exemple, le juge en chef avertit
les parties que, le délai étant dépassé, le juge
n'est plus saisi du dossier, hormis représentation des parties, mais
ça ne serait pas constitutionnel. Ce serait aller s'immiscer dans le
processus. Alors, je pense que ce n'est pas ça qu'on veut. Ce qu'on
voudrait, si je comprends le député d'Anjou, c'est que,
dès que les 6 mois... Parce qu'il va y avoir un tableau au niveau du
juge en chef, qui regarde les délibérés. Quand arrive les
6 mois et que le temps est dépassé, qu'on envoie aux parties un
avis comme quoi ça fait 6 mois et, par conséquent, ils pourront
faire des représentations au niveau du juge en chef. Si j'ai bien
compris le député d'Anjou, ce serait un petit peu comme
ça.
M. Bélanger (Anjou): Oui, ou encore, tout simplement,
quand, de son propre chef, le juge en chef décide d'intervenir, qu'il
avise les parties avant de prendre sa décision afin que les parties
puissent faire des représentations.
M. Rémillard: Bon. C'est justement en fonction de
ça que je vais faire le commentaire suivant. J'ai eu à discuter
de ces aspects-là avec les juges en chef, et on m'a expliqué
qu'il va de soi que le juge en chef ne peut pas enlever un dossier aussi
important, rendu à l'étape du jugement après 6 mois de
délibéré, à un juge sans prendre l'avis des parties
parce que la décision va se référer au consentement des
parties. Tout à l'heure, on a vu qu'on peut se référer aux
notes sténographiques. On va se référer à la preuve
déjà établie dans la mesure où il y a consentement
des parties. Et ça, c'est un élément très
important. S'il faut recommencer le jugement, recommencer le processus, dis-je,
du début, là, on ne règle pas le problème des
délais, on vient accumuler des délais. Alors, si le juge en chef
veut s'assurer de toute l'ampleur de la situation, il doit, bien sûr,
consulter les parties.
Alors, M. le Président, nous ne pouvions pas, dans le projet de
loi, d'une façon explicite, aller aussi loin que d'obliger le juge en
chef à avertir les parties
qu'elles fassent des représentations, mais nous savons que, en
pratique, de par le consentement qui est impliqué au niveau de l'article
466, pour utiliser la preuve déjà établie au niveau de
l'instance originale, le juge en chef doit consulter les parties avant de
prendre sa décision.
M. Bélanger (Anjou): Sauf que nulle part dans le projet de
loi il n'est fait mention de cette obligation du juge en chef de consulter les
parties.
M. Rémillard: Non, mais ça existe dans les faits.
Alors, comme ça, on est certains que, au point de vue constitutionnel,
ça va être respecté.
M. Bélanger (Anjou): Dans les faits, vous faites
référence à quoi? Dans la pratique?
M. Rémillard: Dans la pratique. Ce n'est pas possible
qu'un juge en chef prenne une décision d'enlever un dossier à un
juge parce qu'il a dépassé les 6 mois sans avoir consulté
auparavant les parties à ce litige. S'il le faisait sans s'assurer de la
volonté des parties, il pourrait se retrouver devant une situation
où le nouveau juge arriverait dans le dossier et les parties ne
donneraient pas leur consentement à se référer aux notes
sténographiques, ce qui voudrait dire que le nouveau juge devrait
recommencer tout le procès, du début.
Or, l'objectif que nous avons dans le projet de loi, c'est de limiter
les délais, réduire les délais. Non seulement on ne
pourrait pas atteindre l'objectif du projet de loi, mais, deuxièmement,
on occasionnerait des frais considérables, considérables. Et il
n'y a pas un juge en chef... Écoutez, il faut être conscients que
les juges en chef, ce sont des gens qui sont là pour voir aux
intérêts du public à la cour. Il n'y a pas un juge en chef
qui va agir comme ça. Donc, en pratique, c'est ce qui va se passer.
Nous, notre marge de manoeuvre sur le plan constitutionnel, pour reprendre les
termes de Me Aube en fonction de l'arrêt Beauregard, on ne pouvait pas
aller plus loin. Mais ça ne nous inquiète nullement parce que le
juge en chef, en pratique, est obligé de consulter les parties.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, je ne sais
pas si le ministre réalise que son projet de loi, si on le lit, le
nouvel article 465 dit spécifiquement: «...le juge en chef peut,
de lui-même [...] dessaisir ce juge de cette affaire et ordonner que
celle-ci soit confiée à un autre juge ou qu'elle soit remise au
rôle». Nulle part il n'est fait mention d'une obligation d'entendre
les parties, de demander le conseil des parties, alors que partout dans le Code
de procédure civile, normalement, on dit «après avis aux
parties», «après avoir entendu les procureurs» ou
encore «les parties peuvent intervenir par intervention de cette
façon». Là, nulle part.
Et le ministre me dit: Dans les faits, c'est comme ça. Mais, dans
les faits, ça ne s'est jamais vu encore, ce pouvoir-là du juge.
Donc, on ne peut pas vraiment dire que, dans les faits, ça se fait comme
ça. Je comprends, moi aussi, j'ai bien confiance au bon jugement des
juges en chef, mais je pense que ça aurait été rassurant
de donner l'obligation qu'avis doit être donné aux parties avant
de prendre une telle décision.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...quand on fait la comparaison entre ce qui
existe dans le Code de procédure... Et c'est vrai, le
député d'Anjou a raison que, dans certains cas, on dit
«après avoir entendu les parties», etc. C'est normal, c'est
dans une instance judiciaire. Là, ici, ce n'est pas dans le cas d'une
instance judiciaire, c'est dans le cas d'une sanction que le juge en chef doit
prendre. C'est une sanction, c'est de la discipline, et, par conséquent,
l'arrêt Beauregard est là pour établir les
paramètres qui sont les nôtres. Alors, ce n'est pas comparable, ce
n'est pas comparable. Le droit substantif, c'est une chose, et le droit
disciplinaire, c'est autre chose. Le droit disciplinaire doit établir la
distinction entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire. Et
c'est là qu'on doit protéger le juge en chef, dans sa latitude de
décider la sanction et de l'appliquer.
M. le Président, je crois que le député d'Anjou n'a
pas besoin d'être préoccupé sur ce point-là. Ce
n'est pas possible qu'un juge en chef en arrive à la conclusion qu'un
juge doit être dessaisi d'un cas parce qu'il n'a pas rendu jugement
à temps sans avoir consulté les parties. Ce n'est pas possible
dans les faits. C'est évident.
Le Président (M. Dauphin): M. le député. (22
h 30)
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, cette crainte
me vient du fait que, quand le consentement des parties est nécessaire,
on le mentionne d'une façon spécifique. Comme à l'article
466, le consentement des parties est nécessaire si les parties veulent
qu'on s'en tienne uniquement aux notes sténographiques, là...
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger (Anjou): ...mais, à ce
moment-là, le juge est déjà dessaisi. Alors, c'est pour
ça que, moi, je me demandais si... Je comprends tout à fait
l'argumentation du ministre à l'effet qu'on est en matière
disciplinaire, mais, encore là, il y a des procédures qui
existent en droit, comme certains droits de représentation qu'on a
devant le juge en chambre, dans le cas de saisies, en particulier des
procédures de saisies. Ce n'est pas en cours de pratique, il n'y a pas
de plaidoirie comme telle, mais le juge peut, de lui-même, demander
l'avis, appeler le procureur et dire: Écoutez, moi, je suis sur le point
d'autoriser tel genre de saisie...
M. Rémillard: Oui.
M. Bélanger (Anjou): ...et je voudrais vous entendre
avant. Même, ça peut se faire, comme on dit
en bon québécois, à la bonne franquette. Il existe
quand même quelque chose, et ce n'est pas pour autant contraignant. Je
comprends qu'il faut laisser toute latitude au juge en chef, et le but de mon
propos n'est pas de limiter cette latitude, mais c'est de savoir... Moi, je
pense que c'est primordial qu'on s'assure qu'aucune décision ne peut
être prise sans qu'une partie, en tout cas, puisse se faire entendre.
Parce que, moi, je suis certain que, dans bien des cas, les gens,
épuisés après un premier procès et
ça, je l'ai vu combien de fois ne veulent absolument pas rajouter
des frais et qu'ils vont être prêts pourtant, ce n'est pas
pressé à attendre 2, 3 mois ou 4 mois que le jugement soit
rendu, plutôt que d'avoir soit à ce qu'un nouveau juge entende la
cause ou qu'une décision soit prise, comme ça, qui pourrait
rajouter des frais. Alors, c'est pour ça que ça me
préoccupe un peu, parce que les gens ne sauront pas
nécessairement quand le juge en chef va être sur le point
d'intervenir.
M. Rémillard: M. le Président, je veux bien
répondre à la préoccupation du député
d'Anjou, et ce que je lui fais comme commentaire, c'est qu'il m'appa-raît
évident, dans le sens, tout d'abord, premièrement, qu'on ne peut
pas comparer, même dans les cas de saisies, dans les cas il y a
bien des cas de procédure civile qu'on pourrait utiliser dans nos
exemples, comme exemple où le juge entend les parties avant
d'agir... Mais ce n'est pas la même chose. Ici, on est dans un cas
disciplinaire. Il n'y a pas de loi pour nous guider. C'est la première
fois qu'on arrive avec une disposition de ce genre-là. On arrive et
l'arrêt Beauregard nous donne des dispositions.
M. le Président, qu'est-ce qu'il aurait fallu faire? Il aurait
fallu dire que le juge prend sa décision après avoir
consulté les parties et le mettre expressément? Ça
voudrait dire que la discipline exercée par le juge en chef est soumise
à l'approbation des parties. C'est ça que ça voudrait
dire, en pratique. C'est ça que ça voudrait dire. Alors, c'est
ça que l'arrêt Beauregard nous dit qu'on ne peut pas faire. C'est
pour ça que, tantôt, Me Aube est venue plaider devant nous et est
venue nous expliquer que l'arrêt Beauregard ne nous permet pas de faire
ça. Mais, en pratique, ça doit se faire et ça se fera.
Moi, je suis convaincu que jamais une décision d'une cour de justice
jamais, un politicien ne devrait jamais dire ça, remarquez...
Ça serait très difficile pour un juge en chef d'en arriver
à prendre une décision de dessaisir un juge d'un dossier sans
avoir consulté les parties. Imaginez-vous la situation, les parties,
tout à coup, recevant un avis disant: Maintenant, c'est le juge Untel
qui a votre dossier parce que le premier juge n'a pas rendu son jugement
à temps. Et les parties disent: Un instant! On ne veut pas recommencer
ça, là, nous autres, mais on n'est pas prêts à
accepter que les notes sténographiques servent de base. Alors, qu'est-ce
qui arrive? On se retrouve dans une situation qui est préjudiciable,
d'un côté comme de l'autre.
Alors, ce n'est pas ça qui va arriver. La pratique veut que le
juge en chef communique avec les parties.
Ça m'apparaît évident, M. le Président.
Ça m'apparaît vraiment évident. Mettre plus serait
extrêmement dangereux, sur le plan du droit constitutionnel, et n'importe
qui, de toute façon, qui lirait les notes en Chambre, ici, que nous
faisons aujourd'hui, où Me Aube a fait son intervention, pourrait
contester constitutionnellement le projet de loi, avec toutes les
conséquences que ça apporte.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, une autre
disposition avec laquelle je ne me sens pas très à l'aise, c'est
quant au dépens. Pour moi, il est tout à fait... C'est une de mes
préoccupations, finalement, que les gens, les parties se retrouvent avec
des frais supplémentaires ou des dépens supplémentaires
suite, finalement, au retard d'un juge qui, tout le monde en conviendra, ne
leur est en rien attribuable. Je pense que c'est tout à fait
inadmissible que les parties puissent, de quelque façon que ce soit,
subir des frais supplémentaires relativement à ça.
Maintenant, je comprends... On m'a fait part que, de par l'amendement
qui est proposé, on voudrait éviter que, dans le cas où il
y a des procédures dilatoires présentées, ça ne
soit l'État qui supporte les dépens qui seront occasionnés
par le fait qu'un deuxième juge soit intervenu ou ait entendu le
procès. Mais, d'après moi, la façon que devrait être
formulé l'amendement, la règle devrait être que les
dépens, ce ne sont pas les parties qui les supportent, sauf dans des cas
exceptionnels. On pourrait prévoir que, dans des cas exceptionnels,
quand le juge considère qu'il y a mesure dilatoire, à ce
moment-là, donc, il peut imposer à une partie, peut-être,
qu'elle ait à payer ces frais. Je pense que la règle devrait
être que les parties ne doivent pas payer des dépens, ne doivent
pas, d'aucune façon, subir un préjudice. On veut peut-être
régler un engorgement ou un retard dans les jugements, dans la vitesse
de rendre les jugements, mais je pense que puis, là-dessus, je
vais être ferme il ne faut absolument pas que les parties,
d'aucune façon, aient à payer des frais supplémentaires
à cause de ça.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, d'abord je
participe certainement à la préoccupation du député
d'Anjou. Ça a été ma préoccupation, et j'en ai
beaucoup discuté avec tous les gens, les juges en chef. Tout d'abord, la
première des choses, c'est que l'amendement que nous avons
accepté n'empêche évidemment pas le juge de faire supporter
les dépens par l'État.
M. Bélanger (Anjou): Oui, oui.
M. Rémillard: Le juge peut le décider, mais ce sera
cas par cas, c'est possible. Mais faisons des scénarios. Prenons un
scénario dans la pratique, comment ça va se passer. Un juge
dépasse les 6 mois. Le juge en chef le voit et dit: Écoute, tu as
dépassé 6 mois. Qu'est-ce qui se passe? Il va avoir une
explication. Si le juge en chef s'aperçoit qu'il n'y a pas de
circonstances exceptionnelles... De toute façon, les parties vont
aussi
calculer les 6 mois, parce que c'est la règle maintenant. Les
avocats sont au courant de la règle, qu'il va y avoir une loi.
Alors, le juge en chef va avoir à communiquer avec les parties,
parce que les parties vont communiquer certainement, de toute façon,
avec la magistrature, et il y aura une explication. Il y a 2 situations
possibles: Ou bien c'est des circonstances exceptionnelles et le juge en chef
décide, à ce moment-là, qu'il peut y avoir plus de temps
d'accordé pour le délibéré ça, c'est
un premier scénario ou deuxième scénario
le juge dit: Écoutez, il n'y a pas de circonstances
exceptionnelles, et il demande aux parties, à ce moment-là:
Est-ce que vous voulez qu'on vous donne un nouveau procès ou un nouveau
juge? C'est à ça que ça revient, parce que c'est le
consentement des parties.
Alors, les parties disent: Nous, on est consentants, par exemple,
à partir des notes sténographiques. À partir des notes
sténographiques, le nouveau juge qui est saisi regarde le dossier. Tout
à coup, s'il s'aperçoit qu'il a besoin d'une preuve
supplémentaire ou qu'il a besoin qu'un témoin revienne
témoigner, il peut le faire. Là, ça peut occasionner des
frais supplémentaires, mais, dans tous les autres cas, il ne devrait pas
y avoir de frais supplémentaires par le consentement des parties, c'est
les notes sténographiques. S'il n'y a pas consentement des parties et
que, là, il faut recommencer le tout du début, là, il peut
y avoir une augmentation, et le juge, de par l'amendement qu'on a
accepté, a la possibilité de dire que les dépens seront
payés par l'État. C'est la possibilité. Ce n'est pas la
règle, mais c'est la possibilité.
M. Bélanger (Anjou): C'est justement le but de mon propos.
Pour moi, ça devrait être la règle, et l'exception devrait
être, justement, le cas où, pour des circonstances
exceptionnelles, le juge peut, à ce moment-là, l'imputer à
une partie, s'il considère que la procédure est frivole. Ce qu'on
veut, finalement, c'est ça. S'il y a une procédure frivole, et je
suis entièrement d'accord avec ça, ce n'est pas à
l'État de payer pour ça, de payer le retard indu. Mais, ce seront
des exceptions, les procédures frivoles. Parce que, dans la
majorité des cas, ça ne prendra pas 6 mois à un juge pour
se rendre compte qu'une procédure est frivole, vous conviendrez de
ça avec moi, je pense, M. le ministre.
Quand, justement, on en arrive au cas du consentement des parties,
d'accord, le dossier est transféré à un deuxième
juge, qui, à la vue des notes sténographiques, rendra un
jugement, maïs le ministre, je pense, en conviendra avec moi, M. le
Président, que, automatiquement, il va y avoir des frais additionnels,
parce que c'est cher, des notes sténographiques. Je peux vous dire, pour
en avoir payé, une journée de procès, c'est minimum 1000 $
de frais de notes sténographiques, 1000 $. (22 h 40)
M. Rémillard: II y a l'enregistrement maintenant,
remarquez.
M. Bélanger (Anjou): Oui, mais ça dépend
s'il le veut sténographiquement ou s'il veut l'entendre. Ça
dépend comment il voudra le faire, mais, s'il y a un deuxième
procès, même si les dépens, finalement, ne sont pas
adjugés, il va falloir prendre en considération que, de toute
façon, les parties vont repayer leur avocat pour un deuxième
procès. Ça m'étonnerait que l'avocat veuille faire
bénévolement le deuxième procès, donc, de toute
façon, il va y avoir des frais déjà qu'elles vont avoir
à supporter.
Donc, moi, je ne vois absolument pas pourquoi les dépens
devraient tomber sur la tête des parties, qui, de toute façon,
sauf dans les quelques cas frivoles qu'on pourrait avoir, n'avaient rien
à voir avec le délai de plus de 6 mois que le juge a pris pour
rendre jugement. Pour moi, la norme devrait être que les dépens ne
devraient pas être assumés par les parties, sauf exception. Gardez
le pouvoir au juge de dire: Écoutez, moi, je considère que c'est
frivole, et vous allez payer les dépens. Je pense que le juge je
suis entièrement d'accord avec ça doit avoir ce pouvoir,
le pouvoir de décider que ce ne sera pas l'État qui va les payer
et que les parties vont les avoir. D'après moi, ce doit être
l'exception, et la règle doit être que ce n'est pas aux parties de
payer les dépens pour les frais occasionnés.
M. Rémillard: M. le Président, l'amendement que
nous avons, je pense, répond aux interrogations du député
d'Anjou. Lorsqu'on voit l'amendement, qui se lit comme suit: «II doit
disposer des dépens», c'est qu'il dispose des dépens. On ne
dit pas «aux parties», on dit: «II doit disposer des
dépens, y compris ceux relatifs à l'enquête et audition
originales donc pour les 2 en tenant compte des circonstances
alors, il y a donc une discrétion très large et
peut, en outre, prendre toute autre mesure qu'il considère juste et
appropriée.» Donc, c'est vraiment en outre, en plus, «toute
autre mesure qu'il considère juste et appropriée». On a
voulu que ce soit du cas par cas. C'est aux parties à le plaider, mais
c'est au juge à apprécier. S'il voit que c'est simplement une
mesure frivole, il va l'apprécier. S'il considère que c'est une
situation qui est injuste, il va l'apprécier aussi. C'est vraiment faire
confiance aux tribunaux, en respectant leur discrétion.
Moi, il me semble que cet amendement rencontre tous les objectifs qu'on
poursuit. «Il doit disposer des dépens, y compris ceux relatifs
à l'enquête et audition originales, en tenant compte des
circonstances et peut, en outre, prendre toute autre mesure qu'il
considère juste et appropriée.» Il me semble qu'il y a
toute possibilité qui est là. En plus, nous le disons, ici,
à cette commission parlementaire, que l'intention du législateur,
c'est de faire en sorte que, cas par cas, le juge en arrive à
établir des dépens qui peuvent être attribués
à l'État, dans le cas où, manifestement, c'est la
magistrature qui est en cause dans des délais indus, et que, par
conséquent, les parties ne doivent pas être
pénalisées. Ça m'apparaît que l'amendement que nous
avons devant nous répond à ces
considérations-là.
M. Bélanger (Anjou): Quant à moi, je trouve
ça
tout à fait normal que le juge ait le pouvoir de, finalement,
disposer des dépens quant à l'audition originale. Ça, pour
moi, il n'y a pas de problème là-dessus, sauf que je soutiens
encore que, quant aux dépens occasionnés par la deuxième
audition ou encore par le jugement rendu sur la foi des notes
sténographiques, on devrait affirmer que la norme prévoie que ce
ne sont pas les parties qui doivent subir ces nouveaux dépens là.
Pour moi, c'est important. Je comprends qu'on doive faire confiance à
nos tribunaux, mais on a trop vu de fois des dispositions qui partaient d'une
intention louable du législateur et, finalement, suite à
l'interprétation juris-prudentielle qui en a été
donnée, qui sont parties dans des sens complètement
différents. Je pense que, en tant que législateurs, on se doit
de, justement, éviter cette situation-là. On doit donner
l'orientation claire pour, justement, que la jurisprudence aille dans ce
sens-là.
Moi, c'est ma crainte à chaque fois. On peut avoir, nous, les
meilleures intentions, on va dire qu'on est d'accord, mais, une fois que les
tribunaux ont ça entre les mains... C'est un peu comme la Charte. Moi,
je suis convaincu que, si les pères de la Charte canadienne et de la
Charte québécoise des droits et libertés avaient
imaginé dans quel sens ils allaient interpréter ces
dispositions-là... Je pense qu'ils n'auraient jamais pensé que
ça serait allé aussi loin.
M. Rémillard: M. le Président, est-ce que je
pourrais demander qu'on ajourne 5 minutes pour discuter de ce
point-là?
M. Bélanger (Anjou): Oui, il n'y a pas de
problème.
M. Rémillard: Je voudrais juste demander avis à des
experts sur certains cas.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Alors, nous
suspendons pour 5 minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 46)
(Reprise à 22 h 52)
M. Rémillard: Alors, M. le Président, après
consultation avec les légistes et aussi spécialistes de droit
constitutionnel, nous sommes arrivés à la conclusion qu'il
faudrait suspendre cet article, en fonction de 2 problèmes qui ont
été posés, que le député d'Anjou a
posés et que nous avons aussi posés à nos légistes.
Tout d'abord, il ne faudrait pas que les parties... Le grand principe, c'est
qu'il ne faut pas que les parties soient . pénalisées. Il faut
établir la règle du 6 mois pour aider les parties, pas pour les
pénaliser. Alors, si, tout à coup, le juge en chef décide
qu'il doit dessaisir un juge et que ça pénalise les parties
il ne faut pas que ça pénalise les parties les
parties vont dire: Bien, écoutez, nous, on est bien prêts à
prendre 2 mois, 3 mois de plus. Et, dans ce sens-là, moi, à
première vue, le mot «exceptionnelles»...
Parce que, lorsqu'on dit que c'est seulement dans des circonstances
exceptionnelles que le juge en chef peut permettre à un juge de
continuer son délibéré au-delà du 6 mois, le mot
«exceptionnelles» est peut-être un peu fort, M. le
Président. Le mot «exceptionnelles», le juge en chef va
dire: Écoutez, bien, la loi ne me laisse pas de latitude; elle dit
«exceptionnelles». Donc, vous n'avez pas été malade,
la cause n'est pas exceptionnellement difficile, ce n'est pas exceptionnel,
donc je dois appliquer la loi. Je ne voudrais pas qu'on se retrouve dans une
situation comme ça. Je ne vous dis pas nécessairement que le
texte de loi amène cette conclusion-là, mais je vois un danger,
et je voudrais que les légistes le regardent correctement.
Le Président (M. Dauphin): Alors, nous suspendons...
M. Rémillard: Deuxième...
Le Président (M. Dauphin): Ah! excusez-moi.
M. Rémillard: Deuxième aspect, M. le
Président, c'est en ce qui regarde les dépens. Je crois que
l'amendement répond à la question, à savoir qu'il ne
faudrait pas que les parties supportent des dépens qui ne sont pas de
leur faute, parce que le juge a pris trop de temps. Là-dessus, je pense
que tous les membres de cette commission, on a les mêmes objectifs. Je
crois que l'amendement y répondrait, mais je voudrais vraiment qu'on
s'en assure. Alors, donc, pour plus de sûreté, M. le
Président, avec votre permission, on suspendrait cet article pour y
revenir plus tard.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. Alors, nous
suspendons l'article 466, ce qui veut dire, en pratique, que l'adoption de
l'article 5 est suspendue.
J'appelle l'article 6.
Exercice du droit d'appel
M. Rémillard: Alors, M. le Président, l'article 6
se lit comme suit...
Une voix: II y a un amendement.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, il y a un
amendement à l'article 6 du projet de loi, qui modifie l'article 494 du
Code de procédure civile, à l'effet de remplacer, à la fin
du paragraphe 1°, le mot «à» par les mots «au
deuxième alinéa de».
Alors, M. le Président, l'amendement apporte une précision
technique. Les appels sur permission, auxquels le paragraphe 1° de
l'article 6 du projet de loi réfère, sont prévus au
deuxième alinéa de l'article 26. Le premier alinéa de
l'article 26 concerne les appels de plein droit.
M. Bélanger (Anjou): Quant à l'amendement, M.
le Président, il est adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'amendement est
adopté.
M. Bélanger (Anjou): Maintenant, l'article 6, tel
qu'amendé. C'est ça?
Le Président (M. Dauphin): L'article 6, tel
qu'amendé, est adopté aussi?
M. Bélanger (Anjou): Non. Est-ce qu'on pourrait...
Le Président (M. Dauphin): Non?
M. Bélanger (Anjou): Est-ce qu'on pourrait m'expliquer
quelle est la grande nouveauté qui est apportée à
l'article 494?
M. Rémillard: Oui. Alors, M. le Président, on va me
donner l'article tel qu'amendé. Me Mercier, M. le Président,
légiste au ministère de la Justice, pourrait nous donner plus
d'explications sur cet article 6, tel qu'amendé.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. Me
Mercier.
M. Mercier: Le paragraphe 1 ° propose une modification de
stricte concordance, c'est-à-dire que, actuellement, les appels dont on
parle au paragraphe 4° de l'article 26 du Code de procédure civile,
qui sont les appels sur permission, sont prévus plutôt au
deuxième alinéa de l'article 26 proposé. Alors, c'est le
but du paragraphe 1°. On remplace «au paragraphe 4 de» par le
mot «à». Compte tenu de l'amendement dont on a parlé
tantôt, il fallait plutôt lire: par les mots «au
deuxième alinéa de» et non pas «à».
Le paragraphe 2° concerne l'énoncé
détaillé.
M. Bélanger (Anjou): Oui, ça va.
M. Mercier: Le paragraphe 3°, c'est le contenu...
M. Bélanger (Anjou): De l'énoncé
détaillé.
M. Mercier: C'est ça. Quant au paragraphe 4°, c'est
une stricte concordance, compte tenu des nouveaux paragraphes du nouvel article
26 du Code de procédure civile.
M. Bélanger (Anjou): Par l'introduction de cette nouvelle
notion d'énoncé détaillé c'est nouveau,
ça, l'énoncé détaillé...
M. Mercier: Oui.
M. Bélanger (Anjou): ...qu'est-ce qu'on vise à
améliorer? C'est peut-être de mieux résumer, de mieux
ramasser l'argumentation d'une façon concise. C'est ça?
M. Mercier: Présentement, tout ce que les parties doivent
faire, c'est un simple énoncé...
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Mercier: ...très sommaire. Alors, ce qu'on exige
désormais, c'est qu'il y en ait le plus possible. Et ici, ce dont on
parle, il s'agit de l'énoncé détaillé qui va
être contenu dans la requête pour permission. O.K.?
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Mercier: Alors, il faudra qu'on ait le plus de
précision possible...
M. Bélanger (Anjou): D'accord.
M. Mercier: ...sur les différents moyens qu'on entend
faire valoir en appel. En fait, ce que ça vise, c'est que les parties
soient plus prêtes quand...
M. Bélanger (Anjou): Alors, si je comprends bien, c'est
que vous voulez, finalement, faciliter la tâche aux juges pour pouvoir,
justement, évaluer le bien-fondé ou pas des appels.
M. Mercier: Oui, c'est ça. M. Bélanger (Anjou):
C'est ça.
M. Mercier: Pour qu'ils puissent avoir assez de détails
pour décider s'ils permettent...
M. Bélanger (Anjou): Ou non la permission. M. Mercier:
Voilà, c'est ça.
M. Bélanger (Anjou): D'accord, parfait. (23 heures)
M. Mercier: Alors qu'on peut considérer qu'ils n'ont
presque pas d'information actuellement.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: J'avais une question, M. le Président, sur la
quatrième modification. Vous dites: par le remplacement, dans la
deuxième ligne du quatrième alinéa, des mots «des
paragraphes 2 et 7» par les mots «du paragraphe 2». Puis dans
l'article 494, c'est déjà du paragraphe 2.
M. Rémillard: C'est parce que, dans la loi d'application
du Code civil, on a modifié cette loi-là. Alors, l'article 285,
premier paragraphe de la loi d'application du Code civil, que nous avons
étudié ensemble, vient donc modifier le paragraphe 2.
Mme Caron: O.K.
M. Rémillard: Alors, c'est là que se fait la
concordance.
Le Président (M. Dauphin): Ça va? M.
Bélanger (Anjou): Ça va.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'article 6, tel
qu'amendé, est adopté.
J'appelle l'article 7, notamment le premier, 495.1.
M. Rémillard: Oui, il y a un amendement, M. le
Président, à l'article 7 du projet de loi. Cet amendement vise
à remplacer l'article 495.1 proposé par le suivant: «495.1
Sans préjudice du droit d'interjeter appel en la manière et dans
le délai prévus par les articles 494, 495 et 495.2, l'appel d'un
jugement rendu dans une action en garantie ou récursoire doit être
formé, en la manière prévue aux articles 494, 495 et
495.2, dans un délai de 10 jours à compter du dépôt
au greffe du tribunal de première instance du jugement qui autorise
l'appel du jugement dans l'action principale ou de l'inscription en appel du
jugement dans l'action principale.»
Alors, M. le Président, cet amendement remplace l'article 495.1
qui est proposé au projet de loi, suite aux consultations
effectuées auprès du juge en chef de la Cour d'appel et du
Barreau du Québec. Cet article accorde 10 jours additionnels à
compter du dépôt au greffe du tribunal de première instance
du jugement qui autorise l'appel du jugement dans l'action principale ou de
l'inscription en appel du jugement dans l'action principale pour en appeler
d'un jugement rendu dans une action en garantie ou récursoire
liée à une action principale.
Alors, M. le Président, je veux simplement rappeler que l'action
récursoire, c'est une action que le défendeur peut intenter
contre le garant après jugement rendu contre le défendeur dans
l'action principale. Alors, cette poursuite est séparée de
l'action principale, de la première action.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président. Le
Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Bélanger (Anjou): Je me demandais, avant qu'on propose
cet article-là: Qu'arrivait-il, justement, quand... J'ai
déjà eu ce genre de dossier là, surtout, en particulier,
en immobilier dans les actions pour vices cachés, où vous
poursuivez votre vendeur et que votre vendeur poursuit son propre vendeur, qui
poursuit son autre vendeur. Donc, vous avez une action principale et vous avez
des fois 3 ou 4 actions en garantie. Qu'arrivait-il quand, justement, il y
avait appel ou permission d'appeler pour l'action principale? Est-ce que,
automatiquement, les actions en garantie allaient en appel ou il fallait...
Quels étaient les délais pour porter en appel ces actions en
garantie là?
M. Rémillard: L'accessoire suit le principal.
M. Bélanger (Anjou): Bien, c'est ça. C'était
automatique.
M. Rémillard: C'est ça qui était le
principe.
M. Bélanger (Anjou): Alors, maintenant, ça ne sera
plus le principe. C'est ça?
M. Rémillard: Alors, maintenant, le principe, c'est que
vous avez encore 10 jours de plus, mais il doit y avoir aussi...
M. Bélanger (Anjou): Inscription pour ces... M.
Rémillard: L'inscription.
M. Bélanger (Anjou): Sinon, il pourrait arriver le cas
où uniquement l'action principale va être portée en appel
et toutes les actions en garantie ne suivront pas.
M. Rémillard: II se pourrait, mais, en pratique, je pense
qu'on peut concevoir que ceux qui sont appelés en garantie vont avoir,
évidemment, à suivre le principal. Alors, si on condamne le
principal, probablement qu'il y aura, à la suite, la chaîne qui va
s'ensuivre. Mais je vais demander à Me Mercier de compléter ma
réponse.
Le Président (M. Dauphin): Me Mercier.
M. Mercier: C'est qu'on ne change pas les règles en cette
matière. Le seul objectif poursuivi, c'est de consentir 10 jours
additionnels pour porter en appel le recours en garantie. Parce que,
actuellement, si, dans l'action principale, la personne qui en appelle tarde
à l'inscrire en appel, disons, s'il y a 30 jours, par exemple, pour le
faire et elle le fait le vingt-neuvième jour, sur l'appel en garantie,
on risque d'être en dehors du délai pour pouvoir en appeler.
Actuellement, dans un cas comme ça, il faut que les personnes
concernées présentent une requête à un banc de 3
juges, en vertu de l'article 523. Dans la plupart des cas, c'est toujours oui.
Ils consentent toujours, sauf que ça oblige toujours à
présenter une requête à un banc, la signifier, etc., ce qui
entraîne des frais. Et c'est juge en chef de la Cour d'appel qui nous
proposait de dire: Ça va être 10 jours additionnels
automatiquement, ce qui évitera des frais, des procédures
inutiles. Mais, quant au reste, on ne change pas les règles de fond.
M. Bélanger (Anjou): Donc, c'est vraiment, comme vous
dites, un délai additionnel, uniquement pour
bénéficier...
M. Rémillard: Que sont les garanties. M. Mercier:
Oui.
M. Bélanger (Anjou): ...à ceux qui ont des recours
en garantie dans l'action principale.
M. Rémillard: II se peut fort bien que, comme je disais
tout à l'heure, en garantie, ils n'aillent pas en appel, mais c'est
invraisemblable, en pratique.
M. Bélanger (Anjou): Oui, oui. D'accord. Ça va.
Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'amendement est
adopté. Donc, l'article 495.1 est adopté tel
qu'amendé.
J'appelle le suivant, 495.2, toujours à l'article 7.
M. Rémillard: Oui, M. le Président, je lis 495.2:
«L'appel n'est régulièrement formé que si l'appelant
ou son procureur fait signifier à la partie adverse ou à son
procureur et produit au greffe du tribunal, dans les 45 jours suivant le
jugement qui fait l'objet de l'appel ou, s'il s'agit d'un appel sur permission,
dans les 15 jours suivant le jugement qui autorise l'appel, une attestation
écrite par laquelle lui-même ou son procureur certifie avoir
donné mandat à un sténographe de traduire les notes
sténographiques. Le second alinéa de l'article 495 s'applique
à la signification de cette attestation.»
Alors, M. le Président, cet article oblige l'appelant ou son
procureur à produire, dans le délai qui est fixé, une
attestation certifiant qu'il a donné mandat à un
sténographe de traduire les notes sténographiques. M. le
Président, cette attestation a pour but d'éviter que l'appelant
ou son procureur néglige d'obtenir la transcription des notes
sténographiques et retarde ainsi indûment la mise en état
du dossier en appel. L'attestation évitera, de ce fait, les appels
dilatoires. M. le Président, le défaut de produire l'attestation
dans le délai imparti pourra donner ouverture à une requête
pour rejet de l'appel, selon l'article 501 du Code de procédure
civile.
Alors, c'est strictement pour empêcher, M. le Président,
ces inscriptions en appel qui ne sont pas reliées à une
véritable intention d'aller en appel ou bien qui prennent de longs
délais qui retardent le travail de la Cour d'appel.
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'article 495.2,
adopté. Donc, l'article 7 est adopté tel qu'amendé.
J'appelle l'article 8.
M. Rémillard: M. le Président, il y a un amendement
à l'article 8. À l'article 8 du projet de loi, il y a donc un
amendement qui modifie l'article 496 du Code de procédure civile: 1°
remplacer, dans la quatrième ligne du premier alinéa introduit
par le paragraphe 2, les mots «L'inscription en appel» par le mot
«II»; 2° remplacer, dans les troisième et
quatrième lignes du deuxième alinéa introduit par le
paragraphe 2, les mots «de l'énoncé détaillé
des moyens dans le délai additionnel» par les mots «d'un
énoncé supplémentaire dans le délai».
Alors, M. le Président, il s'agit d'un amendement d'ordre tout
à fait technique, qui est présenté par souci de
cohérence avec les modifications qui sont apportées par l'article
6 du projet de loi, et qui modifie l'article 494 du Code de procédure
civile.
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'amendement est
adopté. L'article 8, tel qu'amendé, est adopté.
J'appelle l'article 9. (23 h 10)
M. Rémillard: M. le Président, l'article 9 se lit
comme suit:
Ce Code est modifié par l'insertion, après l'article 496,
du suivant: «496.1 Sauf disposition contraire, toute demande qui doit
être présentée à la Cour doit être
accompagnée d'un avis de la date de sa présentation et la
signification doit en avoir été faite au moins cinq jours
juridiques francs avant cette date, sauf au cas d'urgence où un juge de
la Cour peut abréger le délai.»
Alors, M. le Président, le nouvel article 496.1 proposé
par l'article 9 du projet de loi a pour objet de porter de 1 à 5 jours
francs le délai minimal de signification pour la présentation des
requêtes adressées à un banc de 3 juges de la Cour d'appel.
Il s'agit d'une dérogation à la règle prévue
à l'article 78 du Code de procédure civile qui fixe à 1
jour franc le délai de signification pour la présentation des
demandes au tribunal.
M. le Président, cette modification donne suite à une
demande du juge en chef de la Cour d'appel. Elle vise à donner au juge
et à l'autre partie un délai suffisant afin de leur permettre de
se préparer adéquatement pour l'audition et la requête.
L'article 78 est d'application générale et il régit
actuellement tant la Cour d'appel que la Cour supérieure et la Cour du
Québec. Le délai de 1 jour franc prévu par cette
disposition générale doit continuer à s'appliquer à
la Cour supérieure, à la Cour du Québec et même aux
requêtes qui doivent être présentées à 1 seul
juge de la Cour d'appel. Par ailleurs, la règle générale
prévue à l'article 78 relative à l'obligation faite aux
parties de signifier leur acte de procédure à la partie adverse
continuera de s'appliquer, même devant un banc de 3 juges de la Cour
d'appel, à moins d'une disposition législative contraire.
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'article 496.1,
adopté. Par conséquent, l'article 9 est adopté.
J'appelle l'article 10, auquel cas il y a un amendement.
Une voix: Vous avez un amendement: les articles 9.1 et 9.2.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, il s'agit
d'insérer, après l'article 9 du projet de loi, les articles
suivants: 9.1 l'article 497 de ce code est modifié par l'insertion, dans
la première ligne du premier alinéa, après le mot
«ordonnée», des mots «et ceux où la loi y
pourvoit»; 9.2l'article 500 de ce code est modifié: 1° par le
remplacement, dans la deuxième ligne, de «et 495» par
«495 et 495.2»; 2° par le remplacement, dans la septième
ligne, du mot «sommaire» par le mot
«détaillé».
Alors, M. le Président, l'amendement proposé par l'article
9.1 est de concordance avec la modification introduite à l'article 547
du Code de procédure civile par l'article 13 du projet de loi.
L'amendement proposé par l'article 9.2 est de concordance avec les
modifications introduites au projet de loi concernant l'attestation obligatoire
que doit fournir l'appelant ou son procureur certifiant qu'un mandat à
un sténographe a été donné ainsi que concernant les
dispositions relatives aux énoncés détaillés.
M. Bélanger (Ai\jou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'amendement ajoutant
les articles 9.1 et 9.2 est adopté. J'appelle toujours l'article 10.
M. Rémillard: M. le Président, l'article 503 de ce
Code est modifié par le remplacement, dans la première ligne, des
mots «soixante-quinze» par les mots «cent vingt».
La modification porte de 75 à 120 jours le délai dans
lequel l'appelant doit produire son mémoire au greffe et en signifier
copie à l'intimé. Elle donne suite à une demande du
Barreau et s'inscrit dans le contexte du resserrement des règles
applicables en cas de défaut de produire conformément aux
nouvelles règles. M. le Président, le nouveau délai
procurera à l'appelant le temps nécessaire pour obtenir la
transcription des notes sténographiques et pour rédiger son
mémoire. L'article 11 du projet de loi prévoit un
mécanisme propre à assurer le respect de ce délai.
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 10 est
adopté.
J'appelle l'article 11.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Ce Code est
modifié par l'insertion, après l'article 503, des suivants:
«503.1 Lorsque le mémoire n'est pas signifié et produit,
dans le délai prévu par l'article 503, l'intimé peut
signifier et produire au greffe du tribunal un avis de défaut sommant
l'appelant de produire son mémoire ou de s'adresser, par requête,
dans un délai de 30 jours, à l'un des juges de la Cour d'appel
pour justifier de son retard et demander une prolongation de délai.
«Lorsque l'appelant, après l'expiration du délai de 30
jours de la signification de l'avis de défaut, n'a pas signifié
et produit un mémoire ou n'a pas présenté une demande de
prolongation de délai ou lorsque celle-ci a été
rejetée, le greffier de la Cour d'appel, sur demande verbale de
l'intimé et sur production de la preuve de la signification de l'avis de
défaut, constate le défaut et délivre un certificat
attestant que l'appel est déserté avec dépens.
«503.2 Lorsqu'une demande de prolongation de délai a
été accordée par l'un des juges de la Cour d'appel, que le
délai est expiré sans qu'un autre délai n'ait
été accordé et que l'appelant n'a pas produit son
mémoire dans le délai fixé par le juge, l'intimé
peut faire constater le défaut et obtenir du greffier de la Cour d'appel
un certificat attestant que l'appel est déserté avec
dépens, mais sans qu'il soit nécessaire de signifier un nouvel
avis de défaut. «503.3 Malgré les articles 503.1 et 503.2,
le greffier de la Cour d'appel ne peut délivrer un certificat attestant
que l'appel est déserté, lorsque les parties ou leurs procureurs
ont déposé au greffe du tribunal un consentement signé par
eux et fixant un autre délai pour la production du
mémoire.»
M. le Président, les articles 503.1 et 503.3 prévoient un
mécanisme pour assurer le respect des délais de production du
mémoire de l'appelant. L'article 503.1 précise que, si l'appelant
ne produit pas son mémoire dans les 120 jours de l'inscription en appel,
l'intimé pourra lui signifier un avis de défaut le sommant de
produire le mémoire dans les 30 jours ou de justifier son retard devant
le juge de la Cour d'appel, qui pourra lui accorder une prolongation de
délai. Si la prolongation de délai n'est pas accordée et
que le mémoire n'est pas produit dans les 30 jours, le greffier pourra
constater le défaut et déclarer l'appel déserté
avec dépens contre l'appelant.
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Ça va? Alors, on va les
adopter, si vous me permettez, l'un après l'autre. Alors, l'article
503.1, adopté; l'article 503.2, adopté; l'article 503.3,
adopté. Par conséquent, l'article 11 est adopté.
J'appelle l'article 12.
M. Rémillard: M. le Président, l'article 12 se lit
comme suit: L'article 505 de ce Code est remplacé par le suivant:
«Lorsque l'intimé ne produit pas son mémoire dans les
délais fixés, un juge de la Cour d'appel peut lui accorder, sur
requête, un délai additionnel pour produire le mémoire et
rendre les ordonnances appropriées. «En cas de défaut de
production du mémoire par l'intimé dans le délai
fixé, la Cour peut refuser de l'entendre.»
M. le Président, l'article 505 proposé adapte à
l'intimé les nouvelles règles régissant la production du
mémoire. La disposition prévoit que, lorsque l'intimé
ne
produit pas son mémoire dans les 60 jours de la production du
mémoire de l'appelant, un juge de la Cour d'appel peut lui accorder un
délai additionnel. En cas de défaut de l'intimé de
produire son mémoire dans le délai de 60 jours, ou dans le
délai additionnel fixé par un juge, la Cour d'appel pourra
refuser de l'entendre.
Le Président (M. Dauphin): Ça va? Donc, l'article
12 est adopté.
J'appelle l'article 13.
Exécution provisoire
M. Rémillard: II y a un amendement, M. le
Président, de proposé à l'article 13. À l'article
13 du projet de loi, qui modifie l'article 547 du Code de procédure
civile, il s'agit de remplacer le paragraphe troisième par le suivant:
3° par le remplacement du deuxième alinéa par les suivants:
«De plus, le tribunal peut, sur demande, ordonner l'exécution
provisoire dans les cas d'urgence exceptionnelle ou pour quelque autre raison
spéciale, pour la totalité ou pour une partie seulement du
jugement. «Dans les cas prévus au présent article, le
tribunal peut, sur demande, subordonner l'exécution provisoire à
la constitution d'une caution.»
M. le Président, cet amendement donne suite à une demande
du Protecteur du citoyen. Il a pour objet de permettre au tribunal, sur
demande, de subordonner l'exécution provisoire à la constitution
d'une caution, non seulement lorsque c'est le tribunal qui ordonne
l'exécution provisoire, mais également dans les cas où
l'exécution provisoire a lieu par l'effet de la loi.
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Donc, l'amendement est
adopté. L'article 547 est adopté tel qu'amendé. Par
conséquent, l'article 13 est adopté tel qu'amendé.
J'appelle l'article 14.
M. Rémillard: L'article 550 de ce Code est modifié:
1° par l'ajout, dans la deuxième ligne du premier alinéa,
après le mot «été» des mots «ou qu'elle
a été refusée»; 2° par l'ajout, dans la
quatrième ligne du premier alinéa, après le mot
«ordonnée», des mots «ou que la loi y
pourvoit,».
M. le Président, il s'agit d'une modification de concordance avec
l'article 13 du projet de loi.
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 14 est
adopté.
J'appelle l'article 15. (23 h 20)
Charte des droits et libertés de la
personne
M. Rémillard: M. le Président, le troisième
alinéa de l'article 23 de la Charte des droits et libertés de la
personne (L.R.Q., chapitre C-12) est abrogé.
M. Bélanger (Anjou): Alors, si je comprends bien, cet
amendement maintenant est nécessaire suite à la permission qu'on
donne aux médias d'être présents, aux journalistes
d'être présents lors des huis clos en matière familiale.
C'est ça?
M. Rémillard: M. le Président, c'est que le
troisième alinéa de l'article 23 de la Charte des droits et
libertés de la personne, qui est au même effet que l'actuel second
alinéa de l'article 13 du Code de procédure civile, prescrit
actuellement le huis clos lors des audiences de première instance en
matière familiale. Or, le troisième alinéa de cette
disposition est donc abrogé par l'article 15 du projet de loi afin de
conserver intact dans la Charte le principe de l'audition publique. En effet,
la présence des journalistes aux audiences de première instance
en matière familiale, telle que le prévoit la modification
introduite à l'article 13 du Code de procédure civile par
l'article premier du projet de loi, ne doit pas devenir une règle
générale et supérieure aux autres règles
établies normalement par le législateur. C'est pourquoi il a
été jugé opportun de simplement retirer de la Charte la
règle prévue au troisième alinéa de son article
23.
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 15 est
adopté.
J'appelle l'article 16.
M. Rémillard: M. le Président, il y aurait un
amendement. Il s'agirait d'insérer, après l'article 15, le
suivant: «15.1 Les dispositions des articles 2 à 4 s'appliquent
aux causes pendantes en première instance à la date de leur
entrée en vigueur, mais non aux jugements déjà rendus
à cette date et dont les délais d'appel ne sont pas
expirés.»
Or, M. le Président, il s'agit d'une disposition transitoire qui
prévoit la survie de la loi actuelle quant aux droits d'appel de plein
droit aux causes pendantes dont le jugement a été rendu avant
l'entrée en vigueur du projet de loi mais dont les délais d'appel
ne sont pas expirés. Alors, les nouvelles dispositions relatives au
droit d'appel s'appliqueront aux causes pendantes dont le jugement n'a pas
été rendu lors de l'entrée en vigueur du projet de loi.
C'est exactement comme il a été fait en 1982.
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'amendement
insérant l'article 15.1 est adopté.
J'appelle l'article 16.
M. Rémillard: M. le Président, il y a un amendement
à l'article 16. À l'article 16 du projet de loi, remplacer, dans
la troisième ligne «et 10 à 14» par «9.1
à 14 et 15.1».
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'amendement est adopté.
Donc, l'article 16, tel qu'amendé, est adopté.
C'est ce qui met fin à l'étude de ce projet de loi, en
tenant en ligne de compte, effectivement, que l'article 5 a été
suspendu, plus précisément son deuxième article, l'article
466.
Est-ce que nous abordons le quatrième projet de loi, le projet de
loi 87?
M. Rémillard: M. le Président, il y a 2
possibilités, il y en a même 3: On aborde l'autre projet de loi
je pense que ce n'est pas opportun ou on peut regarder les
substituts avec les commentaires du...
Le Président (M. Dauphin): Directeur général
des élections.
M. Rémillard: ...Directeur général des
élections, si les membres de cette commission ont eu le temps d'en
prendre connaissance, ou bien nous ajournons le tout à une prochaine
fois. Alors, M. le Président, je suis au service de cette commission, et
selon les voeux des membres de cette commission, je suis prêt à
procéder dans l'un ou l'autre des scénarios.
Le Président (M. Dauphin): Alors, si vous me dites que le
projet de loi sur les substituts du Procureur général, qui est le
premier projet de loi, ça n'occasionnerait pas des débats de
plusieurs heures, on pourrait en disposer et l'adopter ce soir.
Malheureusement, je n'ai plus ma feuille, mais...
M. Bélanger (Anjou): 88.
M. Rémillard: 88.
M. Bélanger (Anjou): Je pense qu'on pourrait disposer du
projet de loi.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, je crois
qu'il y aurait consentement des membres de cette commission pour que nous
procédions avec le projet de loi sur les substituts en fonction des
remarques que nous avons eues du Directeur général des
élections.
Projet de loi 88
Dispositions relatives à certaines
activités politiques (suite)
Le Président (M. Dauphin): Exactement. Alors,
effectivement, c'est le projet de loi 88, et nous avions notamment suspendu
l'article 7 à son alinéa 9.4.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, à
l'article 7 du projet de loi... C'est l'article qui est en suspens, c'est
ça? C'est le 7?
M. Bélanger (Anjou): Oui.
Le Président (M. Dauphin): Oui, c'est ça.
M. Bélanger (Anjou): C'est ça.
M. Rémillard: Pour faire suite aux commentaires, notamment
exprimés par le député d'Anjou et d'autres membres de
cette commission, M. le Président, et après discussion avec les
légistes, je pourrais soumettre un amendement qui pourrait se lire comme
suit:
À l'article 7 du projet de loi, ajouter, après l'article
9.10 proposé, l'article suivant: «9.11 Rien dans la
présente section n'empêche la personne à qui un nouveau
classement a été attribué, conformément aux
dispositions de l'un des articles 9.4 ou 9.7 et qui a cessé les
activités politiques visées à l'article 9.1, de poser sa
candidature à un poste de substitut du Procureur
général.»
Alors, on respecte l'objectif du projet de loi, M. le Président,
et on confirme expressément qu'il est toujours possible de revenir dans
un poste de substitut en posant sa candidature et lorsque les membres du jury,
comme dans tous les autres concours, en arrivent à la conclusion que le
candidat n'a pas l'intention... ne peut pas être partisan. Ce n'est pas
une question d'intention. Il n'est plus partisan.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): J'ai un petit peu de
difficultés avec cet amendement dans le sens que je conviens que c'est
un pas dans la direction dans laquelle j'ai fait mes commentaires, mais, comme
tel, poser sa candidature, rien n'empêche la personne de poser sa
candidature. Ça ne veut pas dire qu'elle va être retenue. Poser
une candidature, je peux la poser, moi aussi. Elle va être refusée
parce que je suis député, mais dans le sens... Vous savez, je
voudrais un petit peu plus que ça. Je pense qu'on devrait, pas garantir,
mais prévoir le droit à un substitut de pouvoir revenir, à
condition, cependant, qu'il satisfasse aux conditions. Comprenez-vous? Moi, je
voudrais le voir, à quelque part, ce droit-là. Tout ce que
ça dit, ça, c'est que ça ne doit pas empêcher
quelqu'un de poser sa candidature, mais poser une candidature, ce n'est pas un
gros droit, ça, qu'on lui donne. (23 h 30)
M. Rémillard: Je pense que vous minimisez l'impact de
l'amendement proposé. L'objectif du projet
de loi, c'est de faire en sorte que le substitut ne soit pas partisan et
ne donne pas l'impression d'être partisan. À partir de là,
on dit: Si vous voulez être candidat à une élection, vous
en avertissez le sous-procureur chef et vous êtes reclassé dans un
poste équivalent, mais pas comme substitut, comme juriste. Cependant,
vous pourrez revenir après 1 mois, 2 mois, 3 mois, peu importe. Vous
pouvez revenir lorsqu'un concours est là. Vous vous présentez au
concours, et le jury va vous poser des questions sur cette expérience
politique et les conséquences sur la façon dont vous allez
pouvoir vivre avec ça, comme l'objectivité. Et là, comme
dans tous les concours, le jury va décider.
Sans ça, qu'est-ce que ce serait comme solution? Ce serait lui
donner le droit de redevenir substitut après un laps de temps. Mais vous
ne pouvez pas le faire, ça, après un laps de temps, parce que
dans certains cas ça peut être 1 mois, dans certains cas ça
peut être 2 semaines, dans certains cas ça peut être 1 an.
Vous ne pouvez pas le déterminer. Ça va d'une élection
municipale à une élection fédérale ou provinciale.
Et on ne le met pas au niveau politique. Ce n'est pas le ministre qui
décide, c'est un jury qui est là, dans la fonction publique,
parce qu'il s'agit de fonctionnaires.
M. Bélanger (Anjou): À cet effet-là,
peut-être, est-ce que le ministre...
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Bélanger (Anjou): ...pourrait me faire part de ses
commentaires quant à la suggestion faite par Pierre-F.
Côté, qui, lui, suggère: Au plus tard 2 ans après
l'attribution du nouveau classement, la personne qui en fait l'objet peut
choisir d'être intégrée dans ses fonctions de substitut
permanent avec le classement qu'elle avait avant l'attribution de son nouveau
classement. La réintégration du substitut permanent ne peut
entraîner une diminution du traitement régulier ni des avantages
sociaux auxquels il avait jusqu'alors droit.
M. Rémillard: Tout d'abord, 2 choses. Tout d'abord, en ce
qui regarde les avantages et le rang, le projet de loi les garantit.
M. Bélanger (Anjou): Oui, il le garantit
déjà.
M. Rémillard: Ça, il le garantit, il n'y a pas de
problème là-dedans.
M. Bélanger (Anjou): D'accord.
M. Rémillard: Moi, je crois que notre façon de voir
les choses est plus large et généreuse que ce que dit ici le
Directeur général des élections, parce qu'il dit: au plus
tard dans 2 ans. Nous autres, on ne met pas de date. Ça peut être
dans 3 semaines, dans 1 semaine. Prenez l'exemple de quelqu'un qui se
présente comme échevin dans une élection municipale. J'ai
l'impression que le Directeur général des élections n'a vu
que des élections fédérales ou provinciales, surtout des
élections provinciales. Il n'a pas tenu compte que ça peut
être aussi au niveau municipal ou à tout autre niveau, au niveau
scolaire aussi. Ça peut être pour des activités partisanes,
aussi. Il a fait son raisonnement, que je trouve valable je ne dis pas
que ce n'est pas valable, au contraire strictement dans l'optique
d'élections provinciales, alors que ça ne s'applique pas
seulement dans ce cas-là, ça s'applique dans toute
activité partisane.
M. Bélanger (Anjou): Mais c'est parce que... Je pense que
le ministre conviendra avec moi que, quand on prévoit la
possibilité de repostuler un examen, il n'est pas évident que
l'examen qui pourrait... Premièrement, il n'y en a pas tout le temps des
examens. Ça vient à fréquences, dépendamment des
périodes d'embauché, des conjonctures économiques.
D'après moi, il n'y aura pas beaucoup de concours pendant les prochains
mois, vu les restrictions. Ce n'est pas non plus garanti que ce
concours-là peut être dans le district judiciaire où la
personne travaillera, en plus. Moi, je ne sais pas, si la personne était
procureur de la couronne, je ne sais pas moi, dans la région de Rouyn,
et 2 ans plus tard, elle décide qu'elle veut réintégrer et
il n'y a pas de concours à Rouyn, il n'y a que des concours à
Montréal et à Québec, je ne sais pas...
M. Rémillard: Oui, mais...
M. Bélanger (Anjou): Je comprends que le ministre ne veut
pas vraiment s'engager à favoriser la réintégration de la
personne à partir du moment... Je comprends la préoccupation du
ministre à l'effet qu'on doit voir à ce que la personne remplisse
toujours les conditions au niveau de la compétence, au niveau des
qualifications, et aussi qu'on ait une certaine assurance qu'elle ne veuille
pas faire de la politique. Ça, je suis entièrement d'accord avec
ça. Mais c'est quand même, c'est juste cette façon...
M. Rémillard: Écoutez, ce n'est pas un projet de
loi du ministre. C'est moi qui le pilote, mais je veux dire...
M. Bélanger (Anjou): Oui, oui, je comprends.
M. Rémillard: ...ça nous touche tous à
l'Assemblée nationale et à bien des niveaux. J'essaie de trouver
les meilleures solutions, je vous avoue. Je vois mal comment on peut mettre...
Parce que la seule autre possibilité, ce serait de mettre des dates
fixes, c'est-à-dire après 2 ans, comme dit, par exemple, le
Directeur général des élections. Mais ça, c'est
penser strictement en fonction d'une élection au niveau provincial ou
encore fédéral. Ce n'est pas penser à ce qui peut se
passer au niveau municipal, au niveau scolaire ou encore d'une simple
activité partisane.
Moi, il me semble que c'est la meilleure garantie qu'on peut donner.
Sinon, si on ne veut pas donner cette
garantie-là, que quelqu'un peut se représenter dans un
concours et qu'un jury l'apprécie, comme dans n'importe quel autre
concours, à ce moment-là, il faudrait dire qu'il est
réintégré dans ses fonctions après un certain
temps. Je pense qu'on ne peut pas faire ça. C'est ça, le
problème. On l'a étudié, ça, d'un côté
comme de l'autre. On a pris ça en considération. On a
essayé de trouver une solution. Il n'y en a pas, de solution. La seule
solution, c'est que ça peut... S'il y a un concours qui s'ouvre 1 mois
après, 3 semaines après, et qu'il se représente, je
dirais, 2 semaines après... Il a fait un acte politique. C'est
évident que c'est un acte politique. Il revient et veut se
représenter à un concours. Pourquoi on ne lui permettrait pas de
le faire?
Dans un sens, je considère que, avec l'amendement qu'on apporte,
c'est plus large, c'est plus généreux que ce qu'on proposerait
avec un temps fixe.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président,
peut-être une information...
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): ...par rapport à la
démarche de nos travaux. Puisque c'est le dernier article qu'il nous
reste, et je pense que le ministre était d'accord que nous voulions
peut-être échanger sur les propos contenus dans la lettre du
Directeur général des élections, est-ce qu'on devrait
faire l'échange et, après, adopter l'article? Ou on pourrait
adopter l'article et continuer les échanges uniquement
là-dessus.
M. Rémillard: M. le Président, ce que je vous
suggère, c'est d'adopter l'article. J'ai proposé un
amendement.
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: Si vous voulez, on peut adopter l'article
tel qu'amendé. On discute des commentaires de M. Côté. Tout
article accepté peut être revu.
M. Bélanger (Anjou): Bon, d'accord.
M. Rémillard: Aucun article accepté... Du
consentement des membres de cette commission, M. le Président, on pourra
revenir sur tout article si on juge à propos...
Le Président (M. Dauphin): C'était effectivement
l'entente...
M. Rémillard: .. .de revenir sur un article.
Le Président (M. Dauphin): ...que nous avions prise...
M. Rémillard: C'est ce qu'on avait
décidé.
Le Président (M. Dauphin): ...avant la relâche pour
le dîner. Alors, on peut, si je comprends bien, adopter l'amendement qui
prévoit un ajout, l'article 9.11, à l'article 7 du projet de loi.
Alors, si je comprends bien, l'amendement est adopté, ajoutant l'article
9.11. Si vous me permettez, on avait suspendu 9.4. Nous devrions aussi adopter
l'article 9.4. Alors, l'article 9.4 est adopté. Par conséquent,
l'article 7 est adopté tel qu'amendé. Maintenant, libre à
la discussion, et nous adopterons le projet de loi suite à nos
discussions. Ça va?
M. Bélanger (Anjou): Oui, d'accord. M. le
Président, relativement aux commentaires ou à l'opinion
émise par le Directeur général des élections, je
vois que certaines des préoccupations qui avaient fait l'objet de
débat de notre part au début de l'étude du projet de loi
sont partagées par le Directeur général des
élections, en particulier le fait que le Directeur général
des élections semble être d'avis que le fait d'interdire à
un substitut du Procureur général d'être candidat à
une élection va porter manifestement atteinte à l'article 3 de la
Charte canadienne des droits et libertés. M. Côté
même va plus loin en disant qu'il ne pense pas qu'une telle restriction
serait jugée raisonnable par les tribunaux. Vous avez des opinions
juridiques. Est-ce que vous seriez en mesure de les déposer?
M. Rémillard: Vous savez que ce n'est pas possible de
déposer des opinions juridiques du ministère de la Justice, mais
je peux faire témoigner, par contre... Vous pouvez venir
témoigner, madame? Je peux demander...
M. Bélanger (Anjou): D'accord.
Le Président (M. Dauphin): Me Aube.
M. Rémillard: ...à Me Aube de venir
témoigner. M. le Président, c'est à la lumière de
la décision de la Cour suprême dans l'arrêt Osborne. Nous
sommes convaincus que les mesures proposées dans le projet de loi se
justifient au regard de la Charte, mais je vais demander à Me Aube,
donc, de voir les commentaires.
Le Président (M. Dauphin): Me Aube.
Mme Aube: Oui, effectivement, suite à... Il y a
certainement une atteinte au droit démocratique prévu à
l'article 3 de la Charte canadienne. Par contre, nous sommes d'avis, quant
à nous, que cette atteinte-là pourrait être
justifiée à partir de l'article premier de la Charte canadienne,
puisque la Cour suprême, dans l'arrêt Osborne, a justement
examiné les activités politiques de certains fonctionnaires et,
dans sa décision, a dit que, finalement, on pouvait moduler selon les
fonctions qu'exercent les fonctionnaires. C'est qu'on peut porter atteinte aux
droits démocratiques, mais il fallait moduler ça en fonction du
rôle joué par les fonctionnaires, qui ne pensaient pas qu'il y
aurait une restriction complète pour ce qui est de tous les
fonctionnaires, peu importe
le rang qu'ils occupent. Nous, nous estimons que, étant
donné le rang occupé par les substituts du Procureur
général, c'est une mesure qui est justifiable. (23 h 40)
M. Bélanger (Anjou): D'accord. Maintenant...
M. Rémillard: Donc, vous ne partagez pas... Excusez-moi,
M. le député, juste pour vérifier. Est-ce que vous avez lu
les commentaires du Directeur général?
Mme Aube: Nous sommes d'avis, nous, qu'on aurait de bonnes
chances de justifier l'atteinte.
M. Bélanger (Anjou): De bonnes chances?
Mme Aube: C'est-à-dire de bonnes chances, bien, qu'elles
sont justifiables, mais je ne peux pas présumer de la décision
des tribunaux, là, parce que ça pourrait être soumis aux
tribunaux. Mais, d'après la décision Osborne, la Cour dit
vraiment qu'on peut moduler l'atteinte selon les fonctions occupées.
Puis elle disait qu'on ne devrait pas avoir les mêmes exigences pour
quelqu'un qui occupe un poste d'agent de bureau que pour quelqu'un qui occupe
des hautes fonctions dans la fonction publique. Nous sommes d'avis
qu'être substitut du Procureur général, c'est occuper des
fonctions qui nécessitent une neutralité. Dans ce sens-là,
la preuve... Évidemment, je ne veux pas me substituer à ce que la
Cour suprême pourrait décider. C'est dans ce sens-là que je
dis que pourrait... Nous estimons, effectivement. ..
M. Bélanger (Anjou): D'accord. Mme Aube: ...que ce
serait justifiable.
M. Bélanger (Anjou): Maintenant, M. le Président,
le deuxième point je vous remercie, Me Aube c'est que M.
Côté semblait être d'avis que le fait d'être membre
d'un parti politique ou de verser une contribution à un parti politique
ou à une instance d'un parti politique, que le fait de déclarer
que c'est un geste de nature partisane, d'après Pierre-F.
Côté, cette disposition va à rencontre de la Loi sur la
fonction publique, en particulier l'article 12. Est-ce que vous avez fait une
recherche relativement à ça? Est-ce que vous avez
vérifié ce point-là?
M. Rémillard: Je vais demander à Me Mercier, si
vous voulez, de venir commenter ce dernier point.
M. Mercier: II n'y a rien qui interdit, dans une loi
particulière, de déroger à la Loi sur la fonction
publique.
M. Bélanger (Anjou): II n'y a pas d'ordre public? C'est
ça que vous voulez dire?
M. Mercier: On peut toujours déroger dans une loi
particulière, ce qui est déjà prévu, de toute
façon, dans la Loi sur les substituts, à l'article 5. Alors, la
problématique des activités politiques prévues dans la Loi
sur la fonction publique n'est pas la même que celle qu'on a ici.
L'importance du but que l'on vise aujourd'hui constitue, je pense, ce motif
raisonnable pour déroger aux principes généraux de la Loi
sur la fonction publique, qui n'a pas de valeur prédominante en soi.
C'est une loi normale, ordinaire. Ce n'est pas une charte, ici, là.
M. Bélanger (Anjou): Non, je comprends.
M. Rémillard: M. le Président, c'est que la Loi sur
la fonction publique parle de l'ensemble des fonctionnaires. Or, ici, nous
avons une catégorie de fonctionnaires particuliers visés par une
loi en fonction d'une situation particulière quant à l'exercice
de leurs fonctions. Alors, je ne crois pas que la remarque du Directeur des
élections est pertinente, mais elle ne nous empêche pas, comme
législateurs, de prévoir une situation particulière.
M. Bélanger (Anjou): Maintenant, un dernier point, M. le
Président, que je trouve intéressant dans les interrogations que
se pose Pierre-F. Côté relativement au projet de loi, c'est
relativement au fonctionnement et au déroulement d'une élection,
dans le sens qu'un substitut ne peut pas s'engager dans une activité
politique tant et aussi longtemps qu'on ne lui a pas affecté un nouveau
classement. Alors, il peut arriver des fois qu'une décision de se lancer
en politique se prenne un peu à la dernière minute alors que
l'élection vient d'être déclenchée. Alors, je pense,
à juste titre, que M. Côté nous fait montre qu'il pourrait
arriver... Ou, finalement, si ce classement tarde, la personne pourrait se voir
brimée dans son droit de se porter...
M. Rémillard: C'est très rapide. C'est pour
ça qu'on a insisté... Vous vous souvenez, dans nos discussions,
on avait soulevé ce cas-là, justement. Dans 9.5, on dit:
«dans les meilleurs délais».
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: Voyez-vous, c'est administratif.
Écoutez, le substitut, il téléphone au sous-ministre, puis
il lui dit: Moi, je veux me porter candidat, ou je veux faire telle
activité politique. C'est rapide, c'est rapide. Ce n'est pas un
processus, là, qui est compliqué, devant un juge, c'est quelques
heures, quelques heures. Ce n'est pas compliqué, ça, c'est
quelques heures. Ça peut être même quelques minutes, s'il le
faut. Vous savez, le sous-ministre est là, et il prend une
décision. C'est dans les meilleurs délais. Moi, je ne vois pas
vraiment, là, d'inquiétude à ce niveau-là.
M. Bélanger (Anjou): Donc, si je comprends bien, M. le
Président, c'est que, d'après les commentaires du ministre, en
quelques heures, on peut procéder à
un reclassement de...
M. Rémillard: Ah! bien oui. M. Bélanger (Anjou):
Ah oui?
M. Rémillard: Bien, en ce sens que... Attention,
reclassement, c'est que, dans quelques heures, on dit: II sera reclassé.
Maintenant, à savoir s'il va se retrouver juriste à l'Agriculture
ou juriste ici, c'est fait en consultation. Il faut qu'on lui parle et qu'on
dise ses intérêts, et tout ça.
M. Bélanger (Anjou): Mais ça lui enlèvera
son interdiction de se présenter en politique.
M. Rémillard: C'est ça. Alors, lui, il peut se
lancer en politique.
M. Bélanger (Anjou): Ah! d'accord.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Parmi les remarques du
Directeur général des élections, moi, c'est le point 3 qui
me questionnait. Lorsque le Directeur général des
élections dit: L'article 9.2 va encore plus loin et laisse croire que le
droit de vote est une activité de nature partisane. En effet, comme l'on
précise que l'exercice du droit de vote ne sera pas une activité
de nature partisane pour un substitut, cela implique nécessairement que
le même droit de vote est en fait une activité de nature partisane
pour les autres. Et là, effectivement, moi aussi, je me questionne,
là. D'être obligé d'inscrire que ce n'est pas une
activité de nature partisane, le fait d'exercer son droit de vote...
Est-ce que c'est vraiment nécessaire de l'indiquer dans la série
des activités?
M. Rémillard: Voici, M. le Président... Le
Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: ...le Directeur général des
élections, je crois que, à bon droit, veut être sûr
que tout est conforme à l'esprit de la Loi électorale, et je
reçois ses commentaires avec beaucoup d'intérêt, mais,
là-dessus, il s'agit d'une technique de rédaction
législative. Comme on avait établi une liste pour dire ce qui
était partisan, on voulait s'assurer que certaines choses qui sont
évidentes dans le système électoral ne seront pas
considérées comme partisanes. Alors, on a parlé, à
ce moment-là, du droit de vote. Mais ça ne veut absolument pas
dire que le droit de vote, dans d'autres circonstances, pourrait être
interprété comme un vote partisan, d'aucune façon. Moi,
les légistes, ici, je peux demander à Me Mercier de
compléter ma réponse, mais, pour moi, 9.2 n'est pas normatif mais
interprétatif pour les fins de la présente loi. Mais je peux
demander à Me
Mercier... Me Mercier, est-ce que vous avez quelque chose à
ajouter?
M. Mercier: Non, je pense qu'il n'y a pas d'autre chose à
ajouter que ça. Ça n'a pas de portée, ce n'est pas une
norme qui a une valeur absolue en soi. Ce n'est qu'une simple disposition
interprétative, pour les fins de notre projet de loi, sans plus. Donc,
on ne peut pas lui prêter une portée normative, là, par
rapport à d'autres, je ne pense pas.
M. Rémillard: Ça, c'est...
Mme Caron: Mais...
M. Rémillard: .. .votre conclusion comme
légiste?
M. Mercier: Oui.
Mme Caron: Pourquoi est-ce que vous avez jugé important de
l'ajouter? Ce n'est pas une activité de nature partisane, ça,
d'exercer son droit de vote. Pourquoi est-ce que vous avez jugé bon de
le repréciser?
(Consultation)
M. Rémillard: Alors, le danger, M. le Président,
comme les légistes me le font remarquer, c'est que, à la liste
énoncée à 9.1, les tribunaux puissent interpréter
dans un sens plus large et en arrivent à dire que le droit de vote
pourrait être, à ce moment-là, partisan. On voulait
s'assurer qu'il n'y avait pas d'extension possible. Alors, c'est ce que
j'expliquais tout à l'heure. Comme il y avait une liste
d'établie, on voulait s'assurer que la liste était vraiment
limitative.
Mme Caron: Je vous remercie. M. Bélanger (Anjou):
O.K.
Le Président (M. Dauphin): Pas d'autres commentaires?
Alors, ça va? On va...
M. Bélanger (Anjou): Parfait.
Le Président (M. Dauphin): Je me dois de vous demander
d'adopter les sections du projet de loi. Adopté?
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que le titre du projet
de loi est adopté?
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
Est-ce que l'ensemble du projet de loi, tel qu'amendé, est
adopté? (23 h 50)
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
Donc, le projet de loi 88 a été adopté; le projet
de loi 94 est adopté; le projet de loi 93, nous avons un article en
suspens et nous ferons la prochaine fois, évidemment, le projet de loi
87.
Alors, nous ajournons nos travaux sine die, c'est-à-dire jusqu'au
prochain ordre de la Chambre. Merci beaucoup et bonne nuit.
(Fin de la séance à 23 h 51)