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(Onze heures quarante-quatre minutes)
Le Président (M. Dauphin): Le quorum étant
constaté, je déclare donc la séance de la commission des
institutions ouverte, qui a pour mandat de procéder à des
consultations particulières et de tenir des auditions publiques dans le
cadre de l'étude du projet de loi 84, c'est-à-dire la Loi sur la
Régie des alcools, des courses et des jeux et modifiant diverses
dispositions législatives, et, par la suite, de procéder à
l'étude détaillée dudit projet de loi.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Fradet
(Vimont) est remplacé par M. Bergeron (Deux-Montagnes); M. Hamel
(Sherbrooke) par M. Philibert (Trois-Rivières); M. Boulerice
(Sainte-MarieSaint-Jacques) par M. Baril (Arthabaska) et Mme Caron
(Terrebonne) par M. Filion (Montmorency).
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
Je vous donne donc lecture de l'ordre du jour d'aujourd'hui. Nous
entendrons, dans un premier temps, la Sûreté du Québec,
ensuite Loto-Québec, poursuivant avec la Corporation du loisir
automatique du Québec et, finalement, l'Association de l'amusement du
Québec. Alors, il y a une période de 1 heure de prévue
pour chaque groupe et, évidemment, 20 minutes de présentation et
40 minutes d'échanges, réparties équita-blement entre les
parlementaires et les groupes invités.
M. le ministre.
Organisation des travaux
M. Ryan: Oui, M. le Président. Avant que nous
n'entreprenions le travail de la commission, je voudrais peut-être
clarifier certaines questions quant à la manière dont nous allons
travailler aujourd'hui. J'ai eu l'occasion d'échanger avec le
député de Jonquière juste avant l'inauguration de la
séance et, moi, je voudrais indiquer aux membres de la commission que,
du côté du gouvernement, nous sommes disposés à
faire montre d'une certaine souplesse dans l'aménagement de l'horaire.
Vu la complexité des sujets dont nous seront appelés à
traiter, il se pourrait que le cadre temporel défini par les
autorités établies ne réponde pas complètement aux
besoins d'information, par exemple, des membres de la commission. Je crois que,
de ce point de vue, s'il y a des besoins particuliers en matière de
complément d'information ou de légers dépassements
d'horaire ici ou là, s'il y a consentement des 2 côtés
pour notre part à nous autres, nous visons d'abord la bonne
information des députés nous serons prêts à
prendre la soirée, au moins une partie de la soirée, pour tout
complément d'information qui pourrait être utile.
Il pourrait même arriver, après avoir discuté
certaines choses, qu'on veuille entendre de nouveau, par exemple, un organisme
qui s'est présenté. Bien, si quelqu'un le demandait, nous autres,
on n'aurait pas d'objection à le faire. Je vais demander à ces
organismes de rester disponibles. Je ne sais pas quelle sera la volonté
des députés, mais il peut arriver qu'on ait un besoin de
clarification. Comme on va traiter de domaines assez spécialisés,
où l'information des députés et du ministre n'est pas
toujours illimitée, bien, c'est bon, ayant des personnes ressources
disponibles, qu'on puisse y recourir.
Je voudrais peut-être suggérer tout de suite, dans cette
perspective, que nous ajoutions à la liste des organismes que nous
sommes enclins à vouloir entendre l'Association des directeurs de police
et pompiers du Québec dont le président, M. Audy, qui est le
directeur du service de police de Hull, est présent parmi nous. Si M.
Audy est disposé à passer la journée avec nous, ce que,
personnellement, je souhaite vivement, je pense qu'on pourra l'ajouter à
l'horaire après le quatrième organisme qui est prévu ici,
s'il y a le consentement, encore une fois, des députés. Et je
pense qu'avec ces témoignages nous aurons une matière abondante
qui pourrait être utile pour l'intelligence et l'examen ultérieur
du projet.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. Merci, M. le
ministre.
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Par rapport aux explications données par le
ministre de la Sécurité publique, effectivement, on a
échangé quelque peu et, dans le cadre qui nous est tracé
pour aujourd'hui, on n'a aucune objection à être, je ne dirais pas
conciliants mais collaborateurs, parce que c'est un projet de loi,
effectivement, sur lequel il n'y a pas de ligne de conduite particulière
ni partisane, si ce n'est que c'est pour la meilleure amélioration de ce
projet de loi. Et, en même temps, comme ce n'est pas un ordre de la
Chambre mais plutôt un échange de bons procédés
entre les 2 parties, on n'a aucune objection à ce qu'on soit assez
ouverts concernant l'entente d'autres groupes peut-être
dépasser quelque peu les heures, mais tout le temps en se servant de son
jugement. On sait bien que, si un groupe a parlé 5 minutes ou 10 minutes
on ne rallongera pas nécessairement la session de 1 heure; si c'est 5 ou
10 minutes, on verra bien. Je pense que, d'une façon ou de l'autre,
ça fait assez de fois qu'on travaille ensemble pour accepter ces
échanges de bon voisinage.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. Alors, la
présidence ne sera pas trop rigoureuse quant à l'application de
la motion et du règlement de l'Assemblée nationale. Maintenant,
dans la motion, il n'y avait pas de remarques préliminaires
prévues. M. le ministre, vous n'avez pas de remarques
préliminaires à faire, ou de consentement? Je pourrais être
non rigoureux et en accepter. Si vous n'en avez pas, on va procéder tout
de suite à l'audition de la Sûreté du Québec.
Ça va?
Alors, c'est avec plaisir que nous accueillons, comme premier groupe, la
Sûreté du Québec représentée par son
directeur général, M. Robert Lavigne, qui est accompagné
de M. Claude Quinn, qui est directeur général adjoint aux
enquêtes criminelles et aux supports techniques. Alors, messieurs,
bienvenue et merci d'avoir accepté notre invitation, et je vous
cède la parole pour votre présentation.
Auditions Sûreté du Québec
(SQ)
M. Lavigne (Robert): Merci beaucoup. Comme entrée en
matière, je vais tenter de vous faire une présentation assez
rapide, qu'on pourra compléter par des réponses aux
questions.
En avant-propos. Les secteurs touchés par le projet de loi 84 ont
toujours fait partie des préoccupations majeures de la
Sûreté du Québec. Nous savons que le crime organisé
a depuis longtemps un intérêt marqué pour ces champs
d'activité à la fois rentables et perméables à son
infiltration. Compte tenu de l'expansion des sphères concernées,
la législation nous paraît donc nécessaire et pertinente.
Elle nous semble, de plus, appropriée, autant par son contenu que par
les objectifs visés. (11 h 50)
Introduction. Le but du projet de loi 84. Le projet de loi 84 a pour but
de créer un organisme de contrôle et d'administration unique dans
le domaine des alcools, des courses et des jeux. Il a aussi pour objet de
réglementer, de surveiller, d'établir des normes et des mesures
de contrôle sur les casinos, les loteries électroniques et les
bingos.
Les avantages. La création de la Régie des alcools, des
courses et des jeux présente des avantages indéniables à
plusieurs niveaux. Le projet permet une réglementation précise
pour chacun des secteurs visés. La nouvelle Régie va permettre de
centraliser les décisions et les informations relatives aux domaines
touchés par ce projet de loi. Ce réseau intégré va
notamment favoriser un suivi plus efficace de l'évolution des
phénomènes, des problèmes et des intervenants. Le
rapatriement de ces secteurs sous une même régie au sein du
ministère de la Sécurité publique favorisera une meilleure
collaboration avec les policiers, tel que cela se produit déjà
entre la Régie des permis d'alcool et les forces de l'ordre. Les prises
d'action seront dès lors plus rapides et plus uniformes. De par sa
cohésion et son fonctionnement, la Régie fournira, en somme, des
garanties accrues d'intégrité pour la population ainsi qu'une
meilleure protection contre les abus et les fraudes.
Le débat actuel. Parmi les aspects visés par la loi, la
Sûreté du Québec entend prendre position relativement
à 2 points spécifiques, soit le casino d'État et les
loteries électroniques qu'on appelle communément
vi-déopokers.
Les casinos d'État. Une rétrospective chronologique des
faits nous permet de constater que le point de vue de la Sûreté du
Québec face à l'implantation des casinos d'État s'est
modifié avec les années. On se souviendra que le gouvernement du
Québec a commencé à envisager la mise sur pied de casinos
vers la fin des années soixante-dix. À cette époque, le
modèle américain était utilisé comme seule
référence, et la Sûreté du Québec avait de
fortes réserves face à la venue de ces maisons de jeu sur le
territoire du Québec. Il faut se rappeler que le crime organisé
avait fait main basse sur la majeure partie des établissements de jeu
aux États-Unis et que la maffia exerçait un pouvoir quasi absolu
sur tout ce qui touchait de près ou de loin à ce
marché.
La Sûreté du Québec a mené, en avril 1978,
une étude sur les casinos au Nevada et au Colorado. Dans leur rapport,
les auteurs formulaient les conclusions suivantes: «Notre expertise nous
apprend qu'au Nevada, par exemple, l'absence de contrôle au début
de l'instauration des casinos a fait du crime organisé le maître
d'oeuvre de toute l'industrie. Le soupçon de contrôle qui fut
imposé semble avoir obligé le monde interlope à camoufler
ses véritables généraux derrières d'honnêtes
citoyens. Ce contrôle l'a aussi obligé à diversifier ses
investissements. Les services aux casinos sont devenus sa
prérogative». Fin de la citation.
La Sûreté du Québec craignait donc une
répétition du phénomène ici, d'autant plus que les
barbotes et les maisons de paris de la pègre montréalaise avaient
déjà connu leur heure de gloire dans la métropole. La
Sûreté s'inquiétait également des retombées
négatives de cette activité. Toujours dans le document produit
par la Sûreté en 1978, les auteurs soulignent avoir noté
une augmentation des crimes contre la personne et une augmentation des
infractions à la loi des drogues et de la prostitution suite à
l'implantation des jeux.
Sur ce dernier aspect, le point de vue de la Sûreté du
Québec s'est, par ailleurs, modifié depuis les années
quatre-vingt. Un autre rapport, déposé en décembre 1982 au
comité interministériel sur les casinos et produit après
une visite des casinos de Monaco, de France et d'Allemagne, formule les
constats suivants: «Des différences fondamentales nous obligent
à dissocier totalement le jeu en Europe et le jeu en Amérique.
Ces différences se font plus marquantes au niveau de la philosophie de
l'État, des principes de base de gérance, de la mentalité
populaire des habitués de casino et des mesures présidant
à la sécurité tant interne qu'externe des lieux de
jeu.» L'étude conclut enfin: «Notre expertise nous a
démontré que le casino européen n'est pas source de
problème ou de crime alors que les États-Unis vivent le
phénomène contraire... Nous croyons qu'il est possi-
ble de trouver la solution du juste milieu en équilibrant le
libéralisme de Las Vegas et la sévérité de
Monte-Carlo».
Dans une lettre datée du 26 octobre 1990 et adressée au
sous-ministre du ministère du Tourisme, M. Michel Roy, M. Robert
Therrien, directeur général adjoint des enquêtes
criminelles et des supports techniques à la Sûreté du
Québec, indique qu'il y a possibilité d'exploiter un casino tout
en maintenant l'ordre public et en exerçant un contrôle sur
l'impact social du jeu.
Une autre tournée européenne, en 1992, par un
comité désigné à cette fin, a, de plus, permis
d'arriver aux conclusions suivantes: On y remarque, premièrement, que
l'exploitation est davantage axée sur le divertissement que sur
l'invitation maximale au jeu; on remarque, deuxièmement, qu'il existe un
mécanisme permettant de réduire les problèmes de jeu
compulsif et d'appauvrissement et, troisièmement, que les risques de
criminalité sont minimalisés par des structures de contrôle
rigoureuses et un système de sécurité
sophistiqué.
Le projet de loi 84 répond en tous points aux recommandations
formulées par la Sûreté du Québec en 1990 par
l'entremise du directeur général adjoint aux enquêtes
criminelles et supports techniques, M. Therrien. Le respect des critères
et exigences émis par la Sûreté du Québec fait donc
en sorte que celle-ci appuie le projet de loi 84, tel que proposé,
relativement aux casinos. Il est évident qu'une réglementation
adéquate devra suivre pour confirmer l'esprit de cette loi qui exerce un
contrôle sur les jeux en regard des impacts sur la sécurité
publique.
Les loteries électroniques ou vidéopokers. Historique. Les
appareils vidéopoker ont fait leur apparition sur le marché
québécois en juin 1976, soit 1 mois après que des
amendements au Code criminel aient légalisé l'exploitation
d'appareils donnant en prix des parties gratuites. Il importe d'expliquer que
l'appareil vidéopoker est, à la base, fabriqué de la
même façon qu'une machine à sous. La possession d'un
appareil à sous étant prohibée par l'article 198 du Code
criminel, les mécanismes des machines vidéopoker ont
été modifiés de façon à en faire uniquement
des appareils d'amusement, c'est-à-dire des dispositifs qui ne
permettent aucun prix en argent mais qui remboursent les gains des joueurs par
l'octroi de parties gratuites.
Dès leur première année d'existence, ces machines
ont attiré la faveur du public et se sont avérées
extrêmement payantes pour leurs exploitants. La raison principale de ce
succès est que, dans la très grande majorité des cas, les
tenanciers contournent la loi en monnayant les parties gratuites obtenues des
parieurs. Tel qu'il fallait s'y attendre, les profits facilement gagnés
et abondants générés par les loteries électroniques
ont vite fait d'attirer la convoitise du milieu interlope. Dès 1981, le
crime organisé commence à s'intéresser à
l'industrie, ce qui provoque des guerres de clans parfois sanglantes au niveau
de la distribution des machines. En 1990, on observe que les groupes les plus
importants ont délimité leur territoire, particulièrement
en région urbaine où plusieurs gangs organisés placent
leurs appareils dans des établissements qui leur servent
également de points de vente pour les stupéfiants. En 1991, des
actes d'intimidation et de violence continuent sporadiquement à
être rapportés relativement au placement des machines
vidéopoker. En 1991, on assiste, enfin, au dumping des machines
provenant des provinces maritimes ayant légalisé les loteries
électroniques. Encore une fois, ces appareils sont, en bonne partie,
récupérés par des spécialistes en
contrefaçon ou en contrebande de dispositifs de jeu et sont remis en
opération ailleurs, notamment au Québec. (12 heures)
La situation actuelle. Commençons par l'étendue du
marché. À cause du caractère illicite de ce commerce, nous
ne disposons pas de données exactes pouvant nous permettre
d'établir avec certitude l'envergure de cette industrie. Selon les
estimations policières, il y aurait environ 25 000 machines en
circulation au Québec. Dans un article du journal La Presse, daté
du 16 avril 1993, on cite que M. Gilles Lacaille, vice-président de la
Corporation du loisir automatique du Québec, évalue à 50
000 le nombre de machines en opération au Québec.
Lieux d'exploitation. On retrouve les appareils vidéopoker dans
toutes sortes d'établissements, mais plus particulièrement dans
les débits de boissons, les cafés, les dépanneurs et les
restaurants. Plusieurs de ces endroits sont accessibles aux mineurs.
Problématique. Aspects criminels. Distribution. Les distributeurs
sont des grossistes qui vendent ou louent les appareils vidéopoker aux
tenanciers, et c'est à ce niveau que la concurrence s'avère la
plus féroce parmi les gangs criminels. La plupart de ces derniers
gèrent leurs affaires via des compagnies à numéro qui
opèrent sous diverses raisons sociales. Les membres influents du milieu
interlope occupent une très large part du marché en milieu
urbain. En région, ce sont habituellement des grossistes locaux qui
contrôlent la vente et la location des machines. Toutefois, ces derniers
doivent généralement s'approvisionner de fournisseurs qui sont
eux-mêmes associés au crime organisé des grands
centres.
Aspect social. Les impacts. Comme toutes les autres facettes du jeu, les
loteries électroniques comportent des dangers évidents de
dépendance et des effets graves sur le comportement de certains
individus. Parmi les constats les plus fréquents et les plus importants,
nous pouvons déplorer l'accessibilité des machines aux jeunes.
L'endettement et les problèmes familiaux comptent parmi les
conséquences les plus dénoncées. Pour ne citer que
celle-là, nous avons pu observer que certains bars accordaient des
prêts sur carte de crédit, allant jusqu'à 300 $, pour
inciter les gens à jouer avec les appareils vidéopoker dans
l'établissement. Plusieurs parents et conjoints se sont plaints
également des sommes importantes englouties par leurs proches dans les
loteries vidéo. Ces citoyens ne comprennent pas que ces appareils soient
si accessibles et que leur opération soit si peu contrôlée.
Des études démontrent enfin que la dépendance face aux
loteries électroniques entraîne
l'absentéisme scolaire et professionnel et que
l'omniprésence des appareils rend les joueurs compulsifs
extrêmement vulnérables. Les problèmes judiciaires font
aussi partie des résultantes du jeu puisque la moitié des joueurs
compulsifs se retournent, à un moment ou à un autre, vers le
crime pour obtenir de l'argent.
Opérations policières. À cause de la controverse
juridique qui persiste dans ce domaine et la complexité de la preuve
à établir, les enquêtes policières sont laborieuses
et onéreuses.
Constatations générales. Les récentes perquisitions
nous ont d'abord permis de constater que la marchandise est remplacée
rapidement après les saisies. Nous observons, en second lieu, que les
individus impliqués dans le commerce des vidéopokers s'adonnent
à d'autres formes de trafic ou de contrebande. Selon les
déclarations recueillies lors de saisies, les revenus moyens varient en
fonction du nombre et de l'emplacement des appareils. Nous pouvons parler d'une
moyenne de 600 $ par semaine. Les dernières perquisitions mettent en
évidence des noms et des compagnies affiliées au crime
organisé.
Situation actuelle. Résumé. L'ensemble des constats
effectués relativement au phénomène des vidéopokers
nous démontre que cette industrie n'est à peu près pas
encadrée et fonctionne de façon très
débridée. L'envergure du marché reste difficile à
mesurer et de nombreuses enquêtes nous confirment que le crime
organisé est déjà bien implanté dans cette
sphère d'activité. À l'heure actuelle, les divers
intervenants impliqués dans ce commerce connaissent peu de restrictions
et façonnent le marché selon leur bon vouloir et leurs
intérêts. Le fisc ne perçoit d'ailleurs presque rien des
revenus énormes produits par cette industrie. De plus, il est difficile
pour les autorités d'intervenir dans ce domaine, parce que la
législation qui concerne les appareils vidéopoker est
imprécise et demeure sujette à toutes sortes
d'interprétations. Les tribunaux qui ont été saisis des
causes se rapportant au poker électronique n'ont pas, de leur
côté, ouvert de piste susceptible d'apporter des correctifs
viables à la situation.
Option actuelle. Il existe, à notre avis, 2 façons de
contrecarrer le problème tel qu'il se présente aujourd'hui, soit
l'élimination complète des appareils ou une législation
visant à réglementer plus rigoureusement leur exploitation.
Abolition totale. Il s'agit de la recommandation initiale
formulée par la Sûreté du Québec dans le rapport
présenté au comité interministériel sur les
loteries vidéo le 14 septembre 1991. Bien que la Sûreté du
Québec ait soutenu cette position par le passé, celle-ci nous
paraît moins défendable dans le cadre du débat actuel.
Exploitation légale d'un système de loterie vidéo
au Québec. Nous notons, en tout premier lieu, que la mise en place du
système d'exploitation choisi ne saurait se faire, aux yeux de la
Sûreté, sans que certaines conditions de base ne soient
observées. Ces prérequis sont les suivants: Que les appareils
soient inaccessibles aux mineurs; que les appareils soient situés dans
une aire exclusive à leur exploitation et que la consommation de
boissons alcooliques soit prohibée dans cette section; que des
mécanismes de détection des joueurs compulsifs soient mis sur
pied pour venir en aide à ces derniers; qu'un système central de
contrôle et de gestion soit instauré afin d'empêcher
l'infiltration du crime organisé. L'exploitation légale peut
s'articuler sous 3 formes différentes, à savoir: l'exploitation
de l'État, exclusivement, l'exploitation mixte et l'exploitation par le
privé.
L'exploitation exclusive par l'État. Cette alternative permet un
contrôle absolu par le gouvernement sur tout ce qui touche à
l'opération des appareils. L'État est propriétaire de tous
les équipements et des emplacements. Il assume la gestion
complète de l'industrie. Tel qu'énoncé par l'article 51 du
projet de loi 84, le gouvernement détermine les conditions, les normes,
restrictions ou prohibitions relatives à l'obtention et à la
catégorie des licences ainsi qu'au transport des appareils. Il
détermine la nature, les composantes, les normes de fabrication et le
mode de fonctionnement des appareils, les catégories
d'établissements, le nombre d'appareils, la nature des jeux et leur
déroulement, le mode de paiement des parties, les registres et
états financiers. Il établit les normes relatives à la
publicité, aux programmes éducatifs et au maintien de l'ordre
public.
Le gouvernement pourrait utiliser des infrastructures déjà
existantes telles que Loto-Québec, le Laboratoire de police scientifique
et la Régie des loteries pour implanter et contrôler
l'exploitation de ces appareils. L'expertise de ces organismes dans ce domaine
permettrait, en outre, d'offrir des services de qualité
supérieure en plus de réaliser des économies de temps et
d'argent au niveau de la mise en marché de ces loteries. Au point de vue
de la sécurité publique, cette option nous apparaît
être celle qui est la plus facile à gérer.
Exploitation mixte par l'État et le privé. Il s'agit d'un
système géré par l'État et qui fonctionne à
la façon des terminaux de Loto-Québec, c'est-à-dire que
les appareils sont reliés à un ordinateur central et
appartiennent au gouvernement mais sont installés dans des
établissements appartenant aux tenanciers. Ce genre d'exploitation est
relativement imperméable à l'infiltration du crime
organisé. Comme dans le cas de l'exploitation exclusive par
l'État, le gouvernement pourrait utiliser les organismes qui
relèvent déjà de son autorité, comme
Loto-Québec. Cette solution paraît acceptable moyennant que son
fonctionnement soit soumis à un contrôle serré du
gouvernement. (12 h 10)
Finalement, l'exploitation privée. Cette forme d'opération
implique la participation de 3 intervenants, soit l'État qui gère
l'ordinateur central, le distributeur qui fournit les appareils et l'exploitant
ou propriétaire de l'établissement. Ce système nous
paraît peu sécuritaire, peu rentable et exposé à
l'infiltration du milieu interlope, pour les raisons suivantes. Étant
donné que les administrateurs déclarés des entreprises
sont souvent des hommes de paille utilisés comme façade, il
devient pratiquement impossible de dépister les actionnaires
cachés et/ou réels qui peuvent faire partie du crime
organisé. À cause de la compétition féroce
qui existe entre les propriétaires d'appareils, particulièrement
dans les régions urbaines où les profits sont plus
élevés qu'ailleurs, certains distributeurs sont prêts
à utiliser tous les moyens pour placer leurs machines.
Des enquêtes de profil de comportement seront nécessaires
sur les fabricants d'appareils, les transporteurs, les officiers de compagnies
et leurs employés, les gens d'entretien des appareils et les
représentants des compagnies. Ces enquêtes nécessiteront
une augmentation des effectifs affectés aux mécanismes de
contrôle, ce qui est peu réaliste dans le contexte actuel.
Le milieu interlope va tenter de prendre en main les endroits lucratifs
d'exploitation; des membres du crime organisé pourront, par exemple,
offrir à un exploitant les fonds nécessaires qui lui permettront
d'atteindre les quotas fixés par la réglementation, moyennant que
ce dernier, en échange, accepte de leur servir de prête-nom.
Conclusion. La Sûreté du Québec peut, en
définitive, appuyer une exploitation exclusive par l'État des
loteries vidéo ou une exploitation mixte. À notre avis, ces 2
méthodes donnent des garanties suffisantes de contrôle par rapport
aux impacts sociaux et à la sécurité publique. La
Sûreté du Québec ne peut, par contre, cautionner le
système d'exploitation privé dont le contrôle
échappe presque complètement au gouvernement et qui est, pour
cette raison, quasi impossible à surveiller adéquatement.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci beaucoup, M.
Lavigne, pour votre présentation.
Nous allons maintenant débuter la période
d'échanges entre les parlementaires et vous-même, et je suis
prêt à reconnaître un premier intervenant ou une
première intervenante.
M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Ryan: Alors, M. le Président, j'ai remarqué que
les députés ont écouté avec beaucoup d'attention le
mémoire dont lecture vient de nous être donnée par le
directeur général de la Sûreté du Québec, M.
Robert Lavigne, que j'accueille avec beaucoup de plaisir.
En ma qualité de ministre de la Sécurité publique,
mes principaux conseillers en matière de Sécurité publique
sont les dirigeants des forces policières. Inutile de vous dire que je
travaille en étroite collaboration avec la direction de la
Sûreté du Québec, laquelle apporte au gouvernement une
collaboration loyale et franche, dans un climat que je pense être de
grande liberté. Vous voyez que certains malaises qui ont pu exister il y
a quelques années sont dissipés maintenant. Et je pense qu'une
image quelque peu négative qui a pu être projetée, à
un certain moment, du rôle accompli par la Sûreté dans la
société québécoise a été
corrigée depuis longtemps. Et nous sommes tous en mesure je pense
surtout aux députés qui représentent des circonscriptions
rurales, ici, ou semi-rurales d'apprécier la très haute
qualité du travail accompli au sein de la communauté par cet
organisme de police national qu'est pour nous tous la Sûreté du
Québec. Alors, je suis très heureux que la Sûreté
soit ici ce matin. Je suis heureux également des opinions claires et
nettes qui ont été exprimées, et je pense que nous
conviendrons tous qu'il n'y a pas de fafinage dans les opinions qui nous ont
été communiquées ce matin.
Comme le mémoire de la Sûreté du Québec va
généralement dans le sens des options définies dans le
projet de loi 84, et comme nous avons déjà adopté à
l'unanimité, si mes souvenirs sont bons, le projet 84, au niveau du
principe, nous n'abordons pas nos travaux dans l'esprit de confrontation ou de
relations d'adversaires qui les caractérisent parfois. Nous aimons les 2
genres, M. le Président. Je pense que les parlementaires doivent
être habitués aux 2 genres, capables de travailler dans un genre
et dans l'autre, et je pense qu'aujourd'hui je serais enclin à mettre la
priorité sur le désir d'information des députés.
Les députés sont très intéressés à ce
sujet. Autant du côté ministériel que du côté
de l'Opposition, ils m'ont posé très souvent des questions sur
les intentions du gouvernement. Je pense que vous les voyez se définir,
je dirais, graduellement et rapidement. Et, encore ce matin, vu que nous aurons
la présence de témoins privilégiés aujourd'hui,
à commencer, évidemment, par la Sûreté du
Québec, je voudrais, du côté ministériel, laisser le
plus de chances possibles à nos députés de solliciter les
éclaircissements ou les explications dont ils éprouvent le
besoin. Et, en conséquence, pour le moment, je m'en tiendrai à
ces remarques.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. Merci, M. le
ministre.
Alors, j'ai eu une demande d'intervention de la part du
député de Montmorency. M. le député de
Jonquière, vous...
M. Dufour: Bien, là...
M. Ryan: Je voudrais bien qu'on respecte le temps qui est
accordé à chaque partie; on avait convenu qu'il y aurait 20
minutes du côté gouvernemental.
Le Président (M. Dauphin): Oui, 20, 20. Alors, je
vais...
M. Ryan: Peut-être qu'on est aussi bien de prendre notre
temps pour commencer...
Le Président (M. Dauphin): D'accord, c'est parce que
personne n'avait levé la main, M. le ministre; c'est pour ça.
M. Ryan: ...ça va éviter les calculs mesquins...
Oui, on n'est pas vite, du côté gouvernemental, vous avez raison.
C'est une bonne leçon.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): Alors, là, je constate
que quelqu'un lève la main, mais, M. le minis-
tre, soyez sans crainte, mon intention était d'être
équitable entre les 2 formations, et personne n'avait levé la
main.
M. le député d'Iberville.
M. Lafrance: Oui, merci, M. le Président.
Moi, je remarque, dans votre mémoire, que vous avez mis beaucoup
plus d'efforts dans la deuxième partie qui touche la loterie
électronique. Je remarque aussi que, dans la première partie,
vous avez comparé avec certains pays étrangers en ce qui concerne
les casinos d'État, mais que vous ne faites pas ce
parallèle-là en ce qui concerne les loteries
électroniques. Est-ce que vous avez regardé, est-ce que vous avez
idée comment sont opérées ces fameuses loteries
électroniques là, par exemple aux États-Unis ou dans les
pays européens?
M. Lavigne: Si vous me permettez, je vais répondre
à votre question. J'aimerais juste, par exemple, vous spécifier,
avant la réponse, que M. Quinn, qui est présent ici, travaille
aux enquêtes criminelles depuis de très nombreuses années,
et je vais l'inviter, lui aussi, à participer aux réponses aux
questions. M. Quinn est sans doute plus spécialisé que moi dans
le détail des réponses; c'est pour ça aussi, voulant
être le plus clair possible, que je lui ai demandé de venir.
Maintenant, c'est vrai qu'on a insisté plus sur les loteries
vidéo que sur le casino, parce que le problème majeur au
Québec aujourd'hui, ce qui existe au Québec aujourd'hui, c'est 25
000, ou 20 000, ou 50 000 on ne le sait pas exactement appareils
vidéo qui fonctionnent un peu partout sur le territoire. La police,
même si on veut faire des interventions, on a une preuve
extrêmement difficile à faire. Il faut prouver à 2
reprises, nous autres mêmes, que le propriétaire d'un lieu
donné paie les parties gratuites. C'est-à-dire que c'est long et
c'est onéreux. Avant de pouvoir se les faire payer, il faut que le
joueur que, nous, on envoie, gagne un certain nombre de parties gratuites et,
après ça, qu'il dise au propriétaire: Bien, paye-moi une
partie. Donc, c'est une situation, dans les vidéopokers, où il
n'y a pas de réglementation. Il y a le Code criminel qui s'applique,
mais c'est ça que le Code criminel dit. Donc, c'est extrêmement
difficile à gérer actuellement, et c'est pour ça qu'on a
insisté davantage là-dessus.
L'autre raison et M. Quinn pourra compléter qui me
frappe, c'est que les appareils vidéopoker sont partout, dans tous les
établissements. Ils sont dans les dépanneurs. On voit des jeunes
qui se présentent, des mineurs qui se présentent et qui jouent;
ils commencent déjà à jouer dans ces appareils-là.
Donc, le problème des appareils vidéopoker est extrêmement
aigu ici, au Québec.
L'autre chose que je voudrais peut-être signaler, c'est que, avec
les casinos il y a quelque chose qu'on n'a pas soulevé dans le
mémoire mais qui existe dans la situation actuelle au Québec
on dit: On va ouvrir un casino, mais on ne remarque pas que,
actuellement, il y en a un, casino, d'ouvert au Québec, à
l'année. Il y a plus de 200 jours de casino dans des fêtes
foraines à chaque année au Québec, et ces 200 jours de
casino là, ça représente pratiquement un casino ouvert
à plein temps. Donc, la situation est une situation grave parce que,
là non plus, il n'y a pas de réglementation ou très peu de
réglementation pour contrôler les casinos des fêtes
foraines. (12 h 20)
Concernant la liaison qu'on fait entre le casino genre américain,
le casino genre européen et celui qui pourrait exister ici, à
Montréal, c'est vrai qu'on ne le fait pas au niveau vidéopoker
parce que, aux États-Unis, par exemple, les vidéopokers sont
à l'intérieur des casinos. Et ici, au Québec, s'il y avait
un casino, il y aurait sûrement un très grand nombre d'appareils
vidéopoker à l'intérieur du casino. Les autres endroits
sont similaires. Les endroits qui ont des casinos consentent. Ils ont une
réglementation sévère, et ils consentent aux appareils
vidéopoker à l'intérieur de ces endroits-là, ou ils
les réglementent à d'autres endroits. Mais il y a une
réglementation qui existe.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, M. le
député?
M. Lafrance: Si vous me permettez une question additionnelle, M.
le Président. Avez-vous... On parle des vidéopokers en
opération depuis, quoi, 10 ans, 15 ans, grosso modo, si je me fie aux
années que vous avez mentionnées. Est-ce que vous avez
remarqué une hausse des délits? Est-ce que ça requiert
plus d'effectif, plus d'efforts des policiers depuis? Est-ce que vous avez
remarqué que, graduellement, il y a plus de délits, de crimes
dans ce domaine-là?
Le Président (M. Dauphin): M. Quinn. Oui.
M. Quinn (Claude): Oui. Premièrement, les
vidéopokers, effectivement, ont augmenté en nombre dans les 3, 4
ou 5 dernières années, dû à des situations
juridiques qui sont très, très difficiles. Je vais essayer de
vous résumer ça rapidement.
M. Lavigne disait que c'est difficile de faire la preuve. C'est qu'un
appareil en soi, qui ne monnaye pas de parties gratuites, n'est pas
illégal. Si vous allez dans une arcade et que vous jouez au «Pac
Man», ce n'est pas illégal en soi. Ce qui est illégal,
selon le Code criminel, c'est un appareil qui est destiné au jeu ou un
appareil de jeu. Donc, pour faire la preuve, il faut premièrement faire
une preuve que le propriétaire monnaye les parties. Et je vous dirais,
moi, que, dans les 3 dernières années où j'ai
été responsable de l'enquête sur le crime organisé
et sur l'alcool, la moralité ou le jeu, il n'y a pas un endroit
où on a été faire des causes où on n'a pas
trouvé quelqu'un qui monnayait les parties. Il n'y a aucun endroit
où on est arrivé quelque part et où c'est arrivé
qu'on n'ait pas pu faire de cause parce que la personne ne monnayait pas les
parties. Donc, tout le monde monnaye les parties. Ça devient très
alléchant, ça devient très payant. Donc, c'est pour
ça que le nombre a augmenté également en 1991, lorsque le
Nouveau-Bruns-
wick a légiféré. Le dumping des appareils s'est
fait sur le territoire, une partie sur le territoire du Québec. Donc,
effectivement, il y a...
Une autre manière de faire la preuve à l'intérieur
de ça, c'est de faire une preuve que ces appareils-là sont
destinés au jeu, qu'ils sont des appareils de jeu. Il y a une
première preuve qui a été faite à cet
effet-là par la police de la Communauté urbaine de
Montréal, et qui s'est rendue à la Cour d'appel et à la
Cour suprême. Le problème, c'est que le premier jugement de la
Cour du Québec dit que ces appareils-là suite à une
longue preuve qui a été faite par des spécialistes, qui
démontrait que l'appareil avait tous les critères d'un appareil
de jeu, soit qu'il y a 2 genres de comptabilité à
l'intérieur, un jeu qui se produit rapidement seulement pour le hasard
donc, il n'y a aucun intérêt pour quelqu'un à aller
jouer à l'intérieur de ça s'il n'en retire pas des sous.
Ils ont été trouvés coupables. Ils ont porté la
cause en appel. Mais, par contre, pour les besoins de la cause en appel, on n'a
pas porté en appel le fait que le premier tribunal avait
décidé que c'étaient des appareils de jeu. On est
allé sur un autre point, parce que ces appareils-là avaient
été saisis dans un entrepôt, et on disait que du fait
qu'ils étaient dans un entrepôt ils n'étaient pas
destinés au jeu. Et la Cour d'appel a dit: Non, le fait que ce soit
là, bien, c'est certain qu'à un moment donné ça va
se ramasser au jeu.
Donc, il n'y a aucun jugement qui rende ces appareils-là
illégaux en soi. Il faut qu'à chaque fois on fasse une preuve sur
chacun des appareils. Et on saisit des appareils une journée, et... Je
vous dirais que dernièrement, il y a environ 3 semaines, dans un village
pas loin de Montréal, on a saisi 11 appareils; la personne est
amenée devant le tribunal; elle comparaît et, le lendemain midi,
il y a 9 autres appareils qui sont rendus là. On a refait une cause,
malgré que le juge avait même donné une interdiction de
posséder des appareils pendant que la cause se produisait. Donc, dans le
moment, il n'y a aucune manière efficace pour essayer de contrôler
ce système-là, et on s'arrache les cheveux, nous, depuis
plusieurs années, pour essayer de régler le problème,
parce qu'on n'a aucune espèce de contrôle dessus.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. Quinn, M. le
député d'Iberville.
Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui. Merci, M. le Président.
Je remarque, dans votre mémoire, qu'en 1978 les craintes
appréhendées avaient été relatives à
l'augmentation de crimes contre la personne, à l'augmentation des
infractions à la loi des drogues et de la prostitution suite à
l'implantation des jeux. Parce que votre mémoire est fait en 2 parties,
je vais vous poser 1 ou 2 questions sur la première partie et,
après, j'irai sur l'autre, concernant toujours les casinos.
Et là vous nous dites que la tournée européenne
effectuée en 1992... Bon. Vous donnez certains remèdes qui font
que la Sûreté du Québec peut accepter que ça puisse
s'opérer. Par exemple, vous dites: il y a plus divertissement
qu'invitation maximale au jeu; il existe un mécanisme permettant de
réduire les problèmes de jeu compulsif et d'appauvrissement;
troisièmement, les risques de criminalité sont minimisés
par des structures de contrôle rigoureux et un système de
sécurité sophistiqué. J'imagine que, dans tout ça,
là, le contrôle de la drogue, le contrôle de la
prostitution, ça, c'est compris là-dedans.
Est-ce que vous pourriez me dire de quelle façon la
Sûreté du Québec pourrait operationaliser ces
contrôles-là, et à quel coût? Puis est-ce qu'elle le
fait seule? Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui sont dans la
surveillance?
M. Quinn: M. le député, il faudrait
peut-être, au départ, faire la différence entre... Les
premières tournées, c'était en 1972 aux États-Unis
et en 1978 en Europe. Et, en 1992, le comité est allé aux
mêmes endroits. Il est allé au États-Unis, au Canada
à Winnipeg et en Europe. On a fait exactement les mêmes
constatations, dans le sens que, lorsqu'on va soit à Las Vegas ou
à Atlantic City, c'est l'industrie première de l'endroit, les
casinos. Il y a 12 casinos sur environ 7 à 8, ou peut-être 10 km.
C'est l'industrie locale, le casino. Donc, toute activité qui est
nouvelle dans cette ville-là ne peut pas faire autrement qu'être
reliée au casino comme tel. Alors, autant à Winnipeg qu'en
Espagne où on est allés, en Hollande et en France, c'est des
casinos qui sont situés dans des endroits; ce n'est pas une
agglomération de casinos qui sont... Ce n'est pas l'activité
principale de la place. Donc, dans tous ces autres endroits là, on ne
note aucune hausse de criminalité importante dans la
périphérie, ou reliée aux casinos comme tels.
Des contrôles rigoureux se font à l'intérieur du
casino, se font selon les procédures, se font selon les enquêtes
de comportement sur l'embauche du personnel, selon les surveillances sur les
jeux mêmes, des enquêtes différentes selon que c'est
quelqu'un qui a à faire le service d'hôtellerie ou aussi à
manipuler l'argent; il y a également des enquêtes de comportement
et de profil sur les personnes qui ont des services reliés directement
avec le casino, qui pourraient, de par leur emploi, leur fonction, se lier des
liens à l'intérieur. Parce que, vous savez, avec la tricherie
dans les casinos, un des grands, grands problèmes, c'est lorsqu'il y a
coalition entre le personnel du casino et le client qui veut... C'est
déjà beaucoup plus facile s'il y a une collusion,
c'est-à-dire, entre les 2.
À la Sûreté, pour les casinos, dans le moment, pour
le casino de Montréal, on croit qu'on peut faire une surveillance
adéquate. Concernant le rôle de la Sûreté, ses
membres peuvent être les enquêteurs de la Régie des alcools,
des courses et des jeux: 12 policiers, 2 civils, ce qui veut dire 14 personnes.
Juste pour ajouter une chose à laquelle M. Lemieux me fait penser: la
sécurité interne même du casino, la sécurité
physique, la sécurité de quelqu'un qui serait sur les lieux est
faite par l'exploitant, est à la charge de l'exploitant qui a la
première responsabilité de la surveillance de
l'intégrité du jeu.
M. Dufour: Vous dites que la surveillance... Le
Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Dufour: ...interne se fait par le personnel. La
Sûreté du Québec devient une aide ponctuelle, ou tout le
temps affectée à ces lieux-là?
M. Quinn: Les personnes dont on parle, nous, ce sera un groupe de
chez nous qui sera affecté à plein temps aux casinos et aux jeux.
Ce que je voulais vous dire, c'est qu'il y a 2 genres de sécurité
dans un casino. Il y a la sécurité immédiate sur le
plancher; le transport d'argent et toutes ces choses-là, c'est une
agence de sécurité ou un groupe de sécurité qui est
opéré par l'exploitant. En fin de compte, les membres de la
Sûreté du Québec deviennent les enquêteurs de la
Régie qui, elle, a à assumer le contrôle ou la surveillance
de la réglementation et de la loi qui est appliquée au casino. On
devient donc, à ce moment-là, ses enquêteurs, et c'est
à ce niveau-là qu'on est dans les casinos pour également
enquêter sur les crimes qui sont reliés intrinsèquement au
jeu.
M. La vigne: II va sans dire...
Le Président (M. Dauphin): M. Lavigne. (12 h 30)
M. Lavigne: ...M. Dufour, que le groupe de la Sûreté
qui est dédié aux casinos... En plus de la sécurité
interne, nous, ce qu'on voudrait, c'est un local à l'intérieur du
casino, avec des pouvoirs dans la réglementation, des pouvoirs beaucoup
plus précis sur des moyens d'enquête tels que certaines,
peut-être, perquisitions, ou sortir certaines personnes qui nous semblent
louches, mais aussi des caméras qui seraient dans nos locaux,
situées à l'intérieur du casino, qui nous permettraient de
surveiller des tables précises, et qui sont d'intérêt.
Donc, vous pouvez vous imaginer qu'il y a la sécurité
interne qui, elle, fait une surveillance générale, et, nous, on
est quand même là, on est à l'intérieur, on fait le
travail d'enquête, bien sûr, et de surveillance de la
réglementation via les demandes de l'organisme de contrôle. Mais
on est également sur les lieux, peut-être pas toutes les heures
d'ouverture, mais, quand le besoin s'en fait sentir, on est là et on
surveille les tables problèmes ou les individus problèmes.
M. Dufour: Ce que vous me dites, là, ce n'est pas une
situation problématique; c'est ce qui arriverait. C'est ce que vous
proposez, si le projet de loi est accepté?
M. Lavigne: Oui, nous...
M. Dufour: Votre proposition, c'est que vous ayez un endroit qui
vous soit assigné et où vous pourrez faire ce que vous dites.
Donc, 14 personnes seraient disponibles. Ça veut dire, en tout cas, en
gros, c'est peut-être, probablement, environ 1 500 000 $ à 2 000
000 $ dont on peut parler, facilement.
M. Lavigne: Oui.
M. Dufour: II doit y avoir des faiseurs de papiers dans tout
ça; il doit y avoir quelques secrétaires aussi, pas juste des
policiers.
M. Lavigne: Je n'ai pas le chiffre en tête, M. Dufour, mais
vous n'êtes pas loin de la vérité. C'est près de 1
000 000 $.
M. Dufour: Est-ce que ça va demander aussi le concours
d'autres corps de police?
M. Lavigne: Moi, je pense que je dois répondre oui
à cette question-là, parce que, nous, c'est l'intérieur du
casino qui nous intéresse, et l'intérieur pas seulement du casino
de l'île Notre-Dame mais, s'il y a d'autres casinos au Québec,
l'intérieur de tous les casinos, parce que les joueurs ou les tricheurs
se promènent d'un endroit à l'autre, et c'est pour avoir
l'information globale sur l'ensemble des casinos. Les autres corps... On va
prendre comme l'environnement... S'il y a un vol à main armée,
par exemple, au casino, bien, ce sera la police locale qui... C'est bien
sûr qu'on peut aider; on ne se fermera pas les yeux parce qu'il y a un
vol à main armée, on va aider, mais c'est la police locale qui
devra... S'il y a une augmentation de la prostitution, par exemple, c'est
encore la police locale qui devra intervenir, parce que ça va se faire
à l'extérieur.
M. Dufour: Là, je ne sais pas s'il y aura des partages de
coûts; j'imagine que les autorités municipales auront à se
pencher là-dessus pour voir si ça coûte très cher ou
pas. Dans le contexte de restrictions et de rationalisation, est-ce que vous
prévoyez que ça va se faire à même les effectifs
actuels ou si vous pensez engager des personnes supplémentaires pour
faire ce travail-là, qui est très spécialisé, dans
le fond?
M. Lavigne: Je pensais que ce serait une question que mon
ministre me demanderait.
M. Dufour: Non, non. Moi, je suis juste un critique, je ne suis
pas un ministre.
M. Lavigne: Je vais vous répondre que, pour moi, c'est des
effectifs additionnels, peu importe où les événements se
produisent. Si la loi 145, par exemple on est en train de faire une
étude d'impact dégageait un certain effectif à la
Sûreté, étant donné que la mission peut être
réduite dans certains territoires, bien, on pourrait les affecter
là. Sauf que, d'une façon ou d'une autre, c'est une mission
additionnelle qui va incomber à la Sûreté et
nécessiterait des effectifs.
M. Dufour: Je sais qu'on n'a pas beaucoup de temps qui nous est
alloué. J'aimerais peut-être parler un peu du vidéopoker,
peut-être une question seulement.
M. Lavigne: Là, vous...
M. Dufour: Sur le vidéopoker.
Le Président (M. Dauphin): Voulez-vous la poser tout de
suite, parce que vous pourrez revenir...
M. Dufour: Oui, je vais la poser tout de suite. C'est le
même mémoire...
Le Président (M. Dauphin): ...parce qu'il y a plusieurs
députés qui ont levé la main.
M. Dufour: ...et j'ai mes collègues qui sont anxieux de
poser des questions aussi. Et, comme on sait qu'on va en passer seulement un ce
matin, on aura peut-être la chance d'échanger là-dessus.
Vis-à-vis des vidéo-pokers, il y a 3 façons de
procéder: soit que ça demeure au gouvernement du Québec,
soit partagé, ou complètement à l'extérieur du
système. Moi, j'aimerais savoir de la part du ministre s'il envisage la
troisième solution ou s'il l'exclut immédiatement, parce que,
à ce moment-là, je pense que je ne poserai pas de question sur la
troisième formule si vous avez déjà une indication
à nous donner concernant l'installation de vidéopokers. Est-ce
que ça sera complètement gouvernemental ou si ça va
être partagé, ou ça pourrait être complètement
débridé, complètement en dehors du circuit? Est-ce que
vous avez déjà une idée là-dessus? Parce que c'est
ce qu'ils nous disent: exploitation exclusive de l'État; et là il
y a des moyens de contrôle assez sévères, assez
sérieux. La deuxième, c'est l'exploitation mixte, qui se
contrôle assez bien. Et la troisième possibilité... C'est
pour ça que j'aimerais avoir une indication du ministre, parce que la
façon dont ça a été exprimé, il n'y a pas
moyen de régler. Ça fait que j'imagine que le ministre a
déjà fait son lit un peu là-dessus.
M. Ryan: Pour le moment, nous nous intéressons à la
Sûreté du Québec, M. le Président...
M. Dufour: Oui, mais c'est parce que...
M. Ryan: Je ne veux pas empiéter sur le temps que nous
donnons à nos invités; ça serait bien disgracieux de ma
part.
M. Dufour: C'est parce que, si on pose des questions, par
exemple, sur l'exploitation privée et que vous l'avez exclue
complètement... Si vous ne l'avez pas exclue, on va être
obligé de poser des questions là-dessus et, moi, je trouve qu'on
perd notre temps si ce n'est pas vraiment l'idée. Je pense que c'est
tellement... À 6.2.3, si vous regardez le mémoire: «Cette
forme d'opération implique la participation de 3 intervenants, soit
l'État qui gère l'ordinateur central, le distributeur qui fournit
les appareils et l'exploitant ou propriétaire... Ce système nous
paraît peu sécuritaire, peu rentable, exposé à
l'infiltration du milieu interlope, pour les raisons suivantes». Et
là il nous donne une page de contraintes.
J'imagine que vous avez parlé avec la Sûreté du
Québec. Vous connaissez le mémoire et, déjà, vous
avez certainement une très bonne idée. Moi, je ne sais pas, mais,
en voyant ça, il me semble que cette hypothèse-là, pour
moi, elle est enlevée en partant. Presque. Mais, si vous me dites que
vous l'envisagez pareil, on va la regarder.
M. Ryan: Moi, je parlerai en temps utile.
M. Dufour: Je sais que vous ne voulez pas nous le dire. Moi, en
tout cas, je né poserai pas de question. Vous vivrez avec votre
problème. Bon. Quand vous parlez de la meilleure formule, vous nous
dites...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Jonquière, si vous me permettez, puisque, les 2 groupes, vous avez pris
12 à 13 minutes chacun, à moins que le député de
Viger n'accepte de laisser passer M. le député de Montmorency,
parce que vous avez une autre obligation, je crois...
M. Filion: II y a eu 2 intervenants du côté
ministériel. On serait rendu au deuxième du côté de
l'Opposition, M. le Président. La règle de l'alternance.
M. Maciocia: Non, je pense que le ministre n'est pas intervenu au
début...
M. Filion: Le ministre est intervenu au départ.
Le Président (M. Dauphin): Non, je croyais que vous aviez
une obligation. Vous n'avez pas d'obligation.
Une voix: La façon... On prend 20 minutes si on
veut...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Viger. Après ça, ce sera vous.
M. Maciocia: Merci, M. le Président.
M. Lavigne, sur la question des casinos, vous faites un peu l'historique
de la Sûreté du Québec, si on peut dire, des documents qui
ont été produits à partir de 1990, quand on a
commencé à parler des casinos au Québec. Le premier
document qui a été produit, ça a été en
1978, où on a analysé uniquement les casinos aux
États-Unis: au Nevada et au Colorado. Après, vous avez fait un
autre rapport dont vous parlez, dans les années quatre-vingt. Et,
à la page 4, vous dites: «Un autre rapport déposé en
décembre 1982 au Comité interministériel sur les casinos
et produit après une visite des casinos de Monaco, de France et
d'Allemagne formule les constats suivants: "Des différences
fondamentales nous obligent à dissocier totalement le jeu en Europe
et
le jeu en Amérique. Ces différences se font plus
marquantes au niveau de la philosophie de l'État, des principes de base
de "gérance", de la mentalité populaire des habitués de
casinos et des mesures présidant à la sécurité,
tant interne qu'externe".»
Vous n'êtes pas sans savoir, M. Lavigne, premièrement,
qu'il y a beaucoup de difficultés actuellement. Les casinos, en Europe,
ont beaucoup de difficultés. Il y en a qui sont en train de fermer, et
à cause, justement, probablement, de cette situation que les
restrictions qu'il y a à l'intérieur de ces casinos-là
empêchent ces casinos, justement, d'avoir une certaine je pourrais
dire rentabilité économique. (12 h 40)
J'aimerais avoir votre opinion sur ça, quand vous parlez de la
mentalité populaire des habitués des casinos, on se comprend
bien; on n'est pas en Europe, ici, au Québec et au Canada. Les
habitués des casinos, on sait quelles sont les habitudes de ces
gens-là qui vont au casino aujourd'hui, qui vont à Atlantic City,
qui vont à Las Vegas, qui vont n'importe où où on peut
rentrer de n'importe quelle manière. On peut rentrer en jeans, on peut
rentrer en short, on peut rentrer n'importe comment parce que c'est
l'attraction même du jeu. Et, comme on prévoit avoir plus, si je
peux dire, de congrès ou d'autres organismes qui vont venir au
Québec, probablement attirés par la présence des casinos
à Montréal, j'imagine que ces organismes-là ou ces
groupes-là seront beaucoup plus des États-Unis que d'Europe. Je
n'imagine pas que beaucoup d'organismes ou, disons, de groupes viendront faire
leur meeting ou leur congrès à Montréal. Est-ce que,
d'après vous, ça ne devrait pas prendre un peu plus, si je peux
m'exprimer comme ça... La question de la mentalité populaire des
habitués des casinos, j'imagine qu'à ce moment-là le
casino de Montréal, ça devient quasiment pas rentable
économiquement à cause, justement... Si on met beaucoup de
restrictions, ces gens-là n'iront pas. Ils ne viendront pas au
Québec, à cause, justement, des habitudes.
Et, deuxièmement, est-ce que vous ne pensez pas que les gens...
Et ça, j'imagine que la Sûreté du Québec doit
être évidemment au courant que la très grande
majorité des gens qui vont aller au casino sont des gens de
Montréal ou de la grande région de Montréal plutôt
que des gens qui viennent de l'extérieur. Ces gens-là sont
habitués, justement, à aller dans des casinos comme à
Atlantic City et à Las Vegas. Si je peux dire, même l'État,
au début, peut probablement imposer certaines restrictions, mais avec le
temps on sera sûrement obligé de libéraliser, si je peux
dire, cette situation pour que cet emplacement-là et ce casino-là
soient rentables même économiquement.
Le Président (M. Dauphin): M. Lavigne.
M. Lavigne: Oui, au niveau de la rentabilité du casino, je
dois avouer que la Sûreté du Québec n'a jamais
étudié cette facette-là. Et je crois également
qu'on ne serait pas de bons directeurs de casinos. On n'a pas à regarder
la facette rentabilité. Nous, la facette qu'on a à
étudier, c'est la facette sécurité publique. Je suis
d'accord avec vous que, si on met des restrictions, il est fort possible qu'il
y ait moins de joueurs, mais je crois également, par ce qu'on a vu de
par le monde et même aux États-Unis, que mieux le jeu est
contrôlé d'abord que ça ne devient pas un appareil
extrêmement lourd plus les gens sont secures à
l'intérieur et plus les gens savent qu'ils peuvent s'en aller jouer
quelque part et ne pas se faire littéralement voler, qu'ils vont avoir
une chance de gagner.
Mais on n'a pas regardé la facette, nous, rentabilité, et
on croit que ce serait une erreur de notre part que d'associer la
sécurité et la rentabilité. Je pense que les
opérateurs du casino pourront mieux répondre, ils sont beaucoup
plus qualifiés que nous pour répondre à cette
question-là et pourront vous répondre beaucoup mieux.
M. Maciocia: Mais est-ce que la... Oui.
M. Quinn: Juste peut-être pour compléter la
question, je pense que ce que vous avez soulevé... Il y a un danger
réel si personne ne se préoccupe... Si, pour avoir une plus
grande efficacité, pour aller chercher beaucoup plus d'argent, on a une
tendance à vouloir alléger la réglementation ou
alléger les règles pour que ça devienne tout autre chose
que ce qui a été conçu, je pense qu'il y a un danger
réel là. C'est pour ça qu'on dit qu'une
réglementation et un contrôle serré du gouvernement sont
indispensables.
M. Maciocia: Oui. Mais vous parlez quand même...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Oui, M. le Président, merci.
Mais vous parlez quand même dans votre mémoire de la
mentalité populaire des habitués des casinos. J'imagine que c'est
dans l'intérêt de la Sûreté du Québec de faire
une analyse de cette mentalité des habitués des casinos. Je ne
pense pas que vous parlez ici de la mentalité des habitués des
casinos de France ou d'Allemagne, parce que c'est complètement
différent, la mentalité des habitués des casinos de
France, d'Allemagne ou de Monaco, de celle qu'on vit à Montréal.
Est-ce que la Sûreté du Québec a fait une analyse de ces
habitudes-là, de cette mentalité populaire des habitués
des casinos? Et ma deuxième question, parce que je pense que le temps
presse un peu...
Le Président (M. Dauphin): Brièvement, M. le
député.
M. Maciocia: Oui. À la page 5 de votre mémoire,
vous dites à un certain moment, en bas de la page: «On remarque,
deuxièmement, qu'il existe un mécanisme permettant de
réduire les problèmes de jeu compulsif et
d'appauvrissement».
On sait qu'aux Etats-Unis, et spécialement à Atlantic City
ou dans le Nevada, ou autre, il y a des maisons, justement, de cure pour les
joueurs compulsifs. Quand vous parlez de mécanisme, vous voulez dire
quoi? Un mécanisme permettant de réduire les problèmes de
jeu compulsif. Ou est-ce que vous prévoyez ou est-ce que vous
recommandez au gouvernement, probablement plus tard, d'avoir des maisons comme
celles-là pour des gens, qui puissent... Parce que c'est une
réalité qui nous guette; c'est une réalité qui peut
s'avérer, celle d'avoir des joueurs compulsifs ici, que ce soit à
Montréal ou un peu partout.
Le Président (M. Dauphin): M. Quinn.
M. Quinn: Lorsqu'on a parlé de mentalité populaire
tantôt, ça faisait partie de plusieurs éléments dont
on disait que, selon nous, ils contribuaient à ce qu'il y ait moins de
criminalité autour, et ce n'était pas l'élément
principal. Concernant les joueurs compulsifs ce qu'on a regardé
quand on est allés en Hollande ce qu'on met sur pied, c'est un
peu de la formation pour le personnel du casino pour faire du dépistage,
pour être capable de référer ces personnes-là et non
pas en prendre avantage, parce que vous savez qu'un joueur compulsif qui vient
à tous les soirs... C'est de faire de la formation, faire de la
détection et être capable de le référer aussi
à des organismes. Et le casino je crois bien, en Hollande aussi
a une partie des fonds qu'il donne comme subventions à ces
organismes-là qui s'occupent des joueurs compulsifs.
M. Maciocia: Et vous dites que le casino, même, il pourrait
probablement voir ou s'enquérir de ces joueurs compulsifs là. De
quelle manière il va le faire? Moi, je suis convaincu qu'un joueur
compulsif, il ne dira pas à la direction, il ne dira pas en entrant au
casino qu'il est un joueur compulsif. Il va aller au casino parce qu'il aime
jouer et, probablement, il va sortir après avec toutes sortes de
problèmes. Vous avez des problèmes qui peuvent se relier à
tout ça. C'est quoi, le mécanisme pour contrer cette
possibilité-là des joueurs compulsifs?
M. Quinn: Définitivement par le comportement à
l'intérieur; c'est pour ça que ça prend une formation pour
le personnel. Il y a également la possibilité, dans les casinos
européens, de listes d'exclusion où une personne peut
elle-même s'exclure du casino...
M. Maciocia: Oui.
M. Quinn: ...en disant: Moi, j'ai un problème et, si
jamais je viens... Pour le restant, c'est certain, je suis d'accord avec vous,
M. le député, qu'il n'y a pas personne qui a ça
tatoué dans le front, disant: Moi, je suis un joueur compulsif. Donc,
c'est selon le comportement qui sera observé par le personnel qui sera
formé à cet effet-là.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député de Montmorency.
M. Filion: Merci, M. le Président.
J'aimerais saluer les représentants de la Sûreté du
Québec et les remercier de leur participation. Je pense que c'est
vraiment des gens à qui on doit poser beaucoup de questions, parce
qu'ils ont beaucoup d'information, puis je pense que je vais rapidement aller
à mes questions.
Tout à l'heure, vous avez dit que le monde du crime
organisé était vraiment implanté dans le milieu du
vidéopoker. Pour vous, est-ce que tous les distributeurs de
vidéopokers font partie de ce que vous appelez le crime
organisé?
M. Lavigne: Je suis content que vous le demandiez, parce que je
ne voulais pas laisser planer ça non plus. Non, il y a beaucoup de
distributeurs qui ne sont pas reliés au monde interlope. Sauf que ce
qu'on dit, je crois, c'est que dans les milieux urbains surtout, qui sont les
endroits les plus payants, il y en a beaucoup qui sont reliés au crime
organisé. (12 h 50)
M. Filion: Selon les études que vous faites, c'est quoi,
la proportion de distributeurs que vous considérez corrects, qui
opèrent correctement et ceux que vous considérez dans
l'illégalité ou du monde interlope?
M. Quinn: C'est difficile de répondre sans vouloir donner
de l'information policière. Mais ce qu'on peut juste, certainement,
dire, c'est que ce n'est pas tous les distributeurs de vidéopokers qui
sont reliés au crime organisé. On dit que c'est un champ qui est
très lucratif et qui est très perméable au crime
organisé, comme d'autres domaines le sont aussi. On parle de voitures
volées, on parle de recycleurs d'automobiles; ce n'est pas tous les
recycleurs d'autos qui sont rendus au crime organisé, mais on sait qu'il
y a une large partie qui est à l'intérieur de ça. C'est un
domaine payant pour le crime organisé.
M. Filion: Vous soulevez des alternatives, 3 alternatives
possibles d'organisation du jeu. Dans ces alternatives-là, est-ce que
vous voyez des alternatives où on peut récupérer ce que
j'appelle les distributeurs que vous considérez corrects dans le
système pour qu'ils puissent effectivement continuer leur emploi et
gagner dignement leur vie? Est-ce que vous avez évalué la
possibilité, à travers vos solutions, de récupérer
l'emploi déjà existant dans une industrie qui opère
correctement?
M. Lavigne: C'est que l'industrie, à notre point de vue,
si on parle d'appareils de vidéopoker, l'appareil lui-même, c'est
un appareil conçu pour le jeu et un appareil illégal. Donc, pour
nous, opérer des appareils qui sont de nature illégale, ce n'est
pas une industrie. Dans notre façon de voir l'exploitation du jeu, on a
tenté effectivement de trouver des façons pour que les
honnêtes distributeurs puissent avoir un espace, mais je
dois vous dire que, comme monsieur le disait tantôt, un joueur
compulsif, ce n'est pas écrit dans son front, mais, entre
l'honnête distributeur puis le malhonnête, c'est très
difficile aussi de faire le partage de certaines compagnies. Le problème
de faire le partage aujourd'hui serait une chose, et le problème de le
faire dans 5 ans il y aura peut-être des changements d'ici 5 ans
serait une autre chose aussi. Donc, je crois que c'est notre position:
on exclut définitivement le troisième intervenant.
M. Filion: Est-ce que vous avez discuté avec le milieu des
possibilités d'intégration ou bien si vraiment vous avez fait une
étude fermée au niveau de la Sûreté du
Québec, où vous avez vraiment pris le pouls des gens qui
opèrent dans ce milieu-là actuellement?
M. Quinn: C'est fermé. On a une drôle de position,
vous savez. Les vidéopokers, dans l'état actuel, sont
exploités depuis plusieurs années. Chacun sait que c'est
illégal de monnayer des parties, et tout le monde sait qu'on monnaye les
parties. Ça fait que c'est assez difficile d'essayer de faire une
association, de dire à quelqu'un: Bien, on va aller les voir, on va...
En fin de compte, nous, notre préoccupation, notre mission, c'est la
sécurité publique. Ce qu'on dit, c'est que ce
modèle-là est très perméable à
l'infiltration et incontrôlable au point de vue sécurité
publique ou de l'aspect criminel comme tel. Si on demandait, dans un
système de même: Pourriez-vous nous assurer ou rassurer le
gouvernement que tout se passe bien? moi, je vous dirais: Ça me
prendrait des soldats en grand nombre, et je ne pourrais rien vous garantir.
C'est ça.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Une autre question?
M. Filion: Dans une autre partie de votre mémoire, oui,
à la page 12 du mémoire, vous avez soulevé une phrase qui,
pour moi, attire toujours mon attention et qui est très
d'actualité actuellement: «Le fisc ne perçoit d'ailleurs
presque rien des revenus énormes produits par cette industrie.»
Vous avez fait une étude sur ça, pour énoncer une telle
hypothèse?
M. Quinn: Toutes les parties qui sont monnayées sont
monnayées sous la table. Je n'ai pas poussé mon enquête
plus loin, mais je suis pas mal certain que ces montants-là qui sont
perçus, tout de même, au moins par le joueur, ne sont pas
déclarés au fisc. Et les systèmes de vidéopoker
comme tels, il y a des cadrans à l'intérieur, et tu peux faire
à peu près ce que tu veux avec la comptabilité.
M. Filion: Avez-vous une idée du montant que vous pensez
que le fisc peut perdre, en millions de dollars?
M. Lavigne: C'est un chiffre lancé en l'air, comme
ça; on n'a pas fait d'étude précise là-dessus, mais
on dit que ça rapporte à peu près 600 $ par machine, par
semaine. S'il y en a 25 000, ça fait un très gros montant. Il y a
quelqu'un qui devrait rapporter ces revenus-là à
l'État.
L'autre aspect que je dois vous dire, c'est que les rapports sur les
revenus des entreprises ou des particuliers ne nous sont pas accessibles, mais
nous croyons que ces revenus-là ne sont pas tous rapportés
à l'État. Le montant doit être assez élevé,
mais je ne pourrais pas le spécifier.
M. Filion: Plusieurs centaines de millions, sûrement.
M. Lavigne: Disons assez élevé. Je n'ai pas de
chiffres.
M. Filion: J'aurais une dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Hull, s'il vous plaît. Moi, j'ai, évidemment...
M. Filion: Le temps est-il écoulé?
Le Président (M. Dauphin): On peut passer 24 heures avec
la Sûreté, si vous voulez, mais...
M. Filion: Non, mais j'aurais juste une dernière
question.
Le Président (M. Dauphin): J'essaie d'être le plus
équitable possible. Vous avez 20 minutes de pris de chaque
côté.
M. LeSage: Alors, merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): On va terminer à 13
heures.
M. le député de Hull, et ensuite de Jonquière.
M. LeSage: Alors, brièvement, M. le Président, je
sais que les 2 formations politiques ont accepté d'entendre le chef de
police de Hull. Il sera entendu en fin d'après-midi. J'aurai
sûrement des questions à lui poser, mais j'aimerais
également avoir...
M. Dufour: Pas comme chef de police de Hull... M. LeSage:
Pardon?
M. Dufour: Pas comme chef de police de Hull, comme
président de l'Association des directeurs de police.
M. LeSage: L'individu qui est ici est également chef de
police à Hull, M. le député de Jonquière. C'est
ça qui compte pour moi. J'aimerais quand même poser la question
aux dirigeants de la Sûreté du Québec...
Le Président (M. Dauphin): Ne vous laissez pas distraire.
C'est à vous la parole.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. LeSage: Merci, M. le Président.
La venue de casinos ou même, ce qui est indiqué dans le
projet de loi, l'opération des vidéopokers, est-ce que, selon
vous, ça cause un problème spécial dans une région
frontalière comme l'Outaouais québécois?
M. Lavigne: Une chose est sûre, c'est que la situation
actuelle doit en causer dans la région de l'Outaouais qui est une
très belle région, en passant; j'ai été commandant
de district là, et j'ai bien aimé la situation actuelle
doit causer d'énormes problèmes, parce qu'on a fait
récemment vous l'avez vu dans les journaux; on ne vous fait pas
d'annonce précise sur les opérations policières
avec la collaboration de la police de Hull, les vidéopokers à
Hull. Je serais curieux d'aller voir cet matin ou cet après-midi,
disons, la situation actuelle dans l'Outaouais.
Moi, je pense que la situation actuelle, qui est non
réglementée et ouverte à toute possibilité de
contourner, est plus dangereuse qu'une situation qui est
réglementée. Ça ne veut pas dire que la situation
réglementée, ça va résoudre tous les
problèmes. Si on disait: Est-ce que c'est mieux d'enlever tous les
appareils de jeu au Québec? bien, la Sûreté ne serait pas
en désaccord avec ça. Mais la situation actuelle n'est pas
réglementée, et celle qui est proposée via le projet de
loi, ça fait un certain règlement.
Nous, ce qui nous inquiète et il y a un
député qui a posé la question tantôt c'est
que la réglementation s'amenuise avec les années. Et,
là-dessus, ce qu'on va suggérer au gouvernement, c'est de
demeurer ferme dans ses décisions de réglementation et de
demeurer ferme dans les ressources qu'il va mettre à la disposition de
l'organisme de contrôle ou du corps policier pour essayer de
contrôler, essayer d'enquêter le mieux possible. Mais, si on fait
des règlements et qu'on ne se permet pas de les respecter ou de les
faire respecter, bien, là, la conséquence est très
grande.
M. LeSage: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Hull.
Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Jonquière, en vous signalant que, normalement, nous devrions terminer
à 13 heures, à moins d'un consentement des membres pour
poursuivre après 13 heures.
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Bon. Je crois qu'il y a une certaine difficulté
concernant l'implantation des vidéopokers puisque, contrairement aux
casinos qui sont situés dans un endroit précis, avec des endroits
restreints, et on peut penser que la Sûreté du Québec peut
exercer un contrôle adéquat et très sérieux... Quant
à ce qui concerne les vidéopokers, là, c'est presque la
canne de tomates sur la tablette d'épicerie, ce qui fait qu'il peut y en
avoir partout. Moi, je veux savoir de la Sûreté du Québec:
Qui peut exercer parce qu'on n'a pas les règlements, nous autres,
devant nous, on a un projet de loi qui va exercer la surveillance?
Comment ça va être exercé? Et, si ce n'est pas vous autres,
qui va payer pour ça? Il me semble qu'il y a un certain nombre
d'éléments, et peut-être que le contrôle va
être moins rigoureux que pour les casinos.
M. Lavigne: Nous, on n'a pas non plus la réglementation
à date, là. Ce n'est pas de notre ressort, mais ce qu'on a
suggéré, c'est une réglementation très
serrée qui permettrait un travail beaucoup plus facile à la
Sûreté dans le futur qu'actuellement. On verra bien, ou M. Ryan
peut peut-être élaborer là-dessus. On n'a pas ce
domaine-là, mais, nous, on a suggéré des façons et
on a participé à des discussions où des façons de
réglementer vont être beaucoup plus serrées qu'actuellement
et qui, même, rendraient plus facile le contrôle après
qu'avant.
M. Dufour: Mais, pour nous qui, actuellement, voyons que les
vidéopokers, c'est répandu à la grandeur du territoire, il
n'y a pas... La Sûreté du Québec n'est pas partout. Elle
est partout, mais il y a de la sûreté municipale. Il y a des
conflits de juridictions. C'est à l'intérieur de la
municipalité. Moi, je dis, en tout cas, que j'ai de la difficulté
à imaginer comment ça va se passer. Ce n'est pas un
règlement qui me permet de croire que ça peut se faire
correctement. (13 heures)
M. Quinn: Je peux me permettre de répondre, M. le
député. L'application, un coup la loi passée, de la
réglementation, c'est que les appareils qui ne feront pas partie du
système exploité, peu importe l'exploitation, devront devenir
saisissables à vue et ramenables devant la Régie. À ce
moment-là, ça va faciliter beaucoup le travail. Il va se passer 2
choses, c'est que ceux qui ont des appareils et qui savent qu'ils vont se les
faire saisir, ils vont peut-être avoir une chance de les enlever parce
que, souventefois, quand ils savent qu'une perquisition va se faire, on passe,
ils sont partis, les camions sont passés. Mais ces appareils vont
être saisissables à vue, et ça va être assez facile
de les identifier parce que ce ne sera pas des appareils qui seront
reliés au système comme tel.
L'application va probablement se faire de la même manière
qu'on fait l'application sur les permis d'alcool du Québec, ou ce qui
est fait à la grandeur de la province par différents corps
policiers appuyés, dans plusieurs cas, par la Sûreté du
Québec. Ils vont avoir toute notre collaboration, dans le sens que, dans
le moment, ces opérations-là ne se passent pas parce qu'il y a
impossibilité de les nettoyer tous en même temps dans la rue, par
rapport à l'imbroglio juridique. Mais ce sera assez facile, par la
suite, d'en faire la preuve. Vous savez, quelqu'un nous disait: Bien oui, mais,
des stupéfiants, c'est illégal, et il y en a partout. C'est pas
mal
plus difficile de mettre un appareil vidéopoker dans sa poche
d'en arrière que de mettre une once de coke, ça fait que
ça va être un peu plus facile à saisir.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: II est 13 heures, M. le Président. Ce n'est pas
parce que je manque de questions.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci, M. le
député de Jonquière.
Alors, si j'ai bien compris le ministre tantôt, la
Sûreté demeure avec nous cet après-midi au cas où on
aurait à les convoquer de nouveau. Alors, je vous remercie beaucoup, et
la commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
(Reprise à 15 h 11)
Le Président (M. Dauphin): La commission des institutions
reprend effectivement ses travaux, et je rappelle le mandat de la commission,
qui est de procéder à des consultations particulières et
de tenir des auditions publiques dans le cadre de l'étude du projet de
loi 84, Loi sur la Régie des alcools, des courses et des jeux et
modifiant diverses dispositions législatives, et, par la suite, de
procéder à l'étude détaillée dudit projet de
loi.
C'est avec plaisir maintenant que nous accueillons Loto-Québec,
représentée par son président, M. Michel Crête. Je
vais lui demander tantôt de nous présenter les personnes qui
l'accompagnent à la table des invités. Alors, je vous rappelle
que nous avons une période d'environ 1 heure, mais, tel que
suggéré par les membres de la commission, c'est appliqué
avec souplesse et non pas de façon militaire.
Alors, M. Crête, bienvenue, et à vous la parole.
Société des loteries du Québec
(Loto-Québec)
M. Crête (Michel): À ma gauche, à votre
droite, Mme Lynne Roiter, qui est directrice des services juridiques pour
Loto-Québec; M. Vincent Trudel, qui est président de la
Société des casinos, et M. Claude Trudel, qui est premier
vice-président aux loteries.
M. le Président, bien que Loto-Québec n'ait pas
l'intention de déposer un mémoire formel cet après-midi,
je souhaiterais cependant qu'on puisse avoir l'occasion de vous faire une
courte présentation sur l'évolution du dossier casino de
Montréal, particulièrement au regard de sa mise en place, et nous
aborderons ce dossier sous l'angle du personnel, sous l'angle de la
sécurité, de la construction, toujours en ayant en
arrière-plan l'aspect sécurité, puisque c'est un peu le
sujet de cette commission cet après-midi.
Pour faire cette présentation-là, je demanderais à
notre expert, qui est M. Vincent Trudel, de vous faire le point sur le
sujet.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. Crête. Alors,
M. Trudel, à vous la parole.
M. Trudel (Vincent): M. le Président, comme M. Crête
l'a indiqué, ce qu'on pourrait faire dans les prochaines minutes, c'est
de faire le point sur le dossier casino. Et on le ferait en prenant l'angle et
en le faisant sur quelques volets: le volet construction, le volet embauche, le
volet approvisionnement ainsi que le volet sécurité et,
évidemment, toujours en filigrane, l'aspect sécurité qui
nous motive à l'intérieur de ce dossier.
Je voudrais d'abord rappeler que, suite à la décision du
gouvernement, Loto-Québec a amorcé l'ensemble des travaux qui
concernent le dossier casino, et notamment les travaux d'aménagement et
les travaux de construction, dès le mois de janvier. À l'heure
actuelle, en ce qui concerne ces travaux et c'est surtout les travaux de
construction qui sont critiques en termes d'échéancier
à la lumière de la réalisation de ces travaux, on peut
vous affirmer que, le 1er octobre, le casino de Montréal ouvrira ses
portes, et ce, à l'intérieur des budgets qui avaient
été accordés, c'est-à-dire un budget total de 95
000 000 $.
Si vous le voulez, on pourrait regarder plus précisément
les aspects qui touchent directement la construction. Quand on regarde le
projet et le budget global de 95 000 000 $, il y a 54 900 000 $ qui sont
consacrés directement à la construction du casino de
Montréal. Les éléments, au niveau de la construction du
casino de Montréal, commencent d'abord par le prolongement du pont de la
Concorde, décision qui avait été prise pour faciliter
l'accès sur le site. Le pont de la Concorde, les travaux sont en cours;
il y a déjà un pourcentage, un degré d'avancement
très élevé, et qui nous permet de pouvoir livrer le
prolongement du pont de la Concorde à la mi-juillet.
C'est le même cas en ce qui concerne le stationnement. Comme vous
le savez, on construit à l'heure actuelle un stationnement souterrain
qui permettra de recevoir jusqu'à 1000 voitures à la fois. Ce
stationnement, on a jusqu'à 75 % des travaux de faits le
degré d'avancement et ce stationnement sera livré le 15
juillet. Je rappelle aussi que, dans le projet de construction et c'est
à l'intérieur du montant d'argent qui avait été
octroyé on prévoit avoir des aménagements
extérieurs, et ces aménagements extérieurs permettront de
recouvrir le stationnement. Je vous rappelle que c'est un stationnement
intérieur sur 3 étages, et ce stationnement, une fois que les
travaux seront terminés, sera recouvert d'un jardin, d'un parc, et ce
parc jardin sera aménagé par M. Pierre Bourque, du Jardin
botanique.
Les travaux en ce qui concerne les améliorations locatives
à l'intérieur du casino ont commencé aussi au début
de janvier, sont en cours de réalisation, et le casino sera livré
le 15 septembre. Donc, à partir du 15 septembre, Loto-Québec
ainsi que la filiale, la Société des casinos du Québec,
pourront dès lors amorcer la période de rodage qui permettra,
justement, de se prépa-
rer à recevoir les consommateurs qui viendront en grand nombre de
l'extérieur, aussi, du Québec.
Donc, l'ensemble des travaux de construction suivent leur cours,
à l'intérieur de l'échéancier. Je vous rappelle
qu'à l'heure actuelle il y a près de 450 travailleurs qui
oeuvrent au niveau de la construction, et il y a près de 80
professionnels de toutes sortes, que ce soient les gens de la gestion de
projet, les architectes ainsi que les ingénieurs qui oeuvrent dans ce
projet.
Je rappellerais aussi que, à un moment donné, on a vu dans
les journaux qu'on a procédé à l'enlèvement de
l'amiante. Je vous confirme qu'on a enlevé l'ensemble de l'amiante
à l'intérieur du casino, et on a été en mesure de
le faire avec les budgets et le temps qui nous étaient impartis.
Un autre sujet qui était critique et sur lequel on travaille
constamment, c'est évidemment celui de la sécurité; j'en
parlerai plus loin. Je vous rappelle ici que l'ensemble des intervenants qui
participent à la construction ont subi une enquête, suite à
une entente avec le ministère de la Sécurité publique, par
la Sûreté du Québec. Donc, l'ensemble des intervenants
actuellement dans le projet ainsi que les gens qui seront embauchés ont
fait l'objet et feront l'objet d'enquêtes de la Sûreté du
Québec.
D'ailleurs, en ce qui concerne l'embauche, je vous rappelle que, suite
à la décision du gouvernement, on annonçait dans les
journaux... À la fin de décembre, on faisait paraître une
annonce qui a fait parler d'elle c'était le cas de le dire
à l'époque et on a reçu, suite à cette
annonce, 124 044 c.v. Évidemment, il fallait traiter ces c.v. Notre
objectif, c'est de le faire de telle sorte qu'on assure l'équité
et qu'on le fasse en toute honnêteté avec l'ensemble des gens qui
ont pris la peine de nous envoyer leur formulaire d'application. Ça
s'est fait en 2 volets. Un premier volet: il y avait 33 catégories
d'emplois qui étaient annoncées à la fin de
décembre. Sur l'ensemble de ces catégories d'emplois, il y a 17
catégories d'emplois qui ne nécessitaient pas d'exigences
très spécialisées à ce moment. Et, compte tenu de
l'énorme volume de demandes qu'on avait reçues, on a
décidé de procéder à un tirage au sort sous
vérification de vérificateurs externes, et ça nous a
permis de réduire le nombre à des nombres un peu plus
«manageables», si vous permettez le terme. En ce qui concerne les
16 autres catégories d'emplois, on a procédé à
l'analyse de chacun des c.v. et on va procéder à 5000 entrevues.
Jusqu'à maintenant, on a fait 3025 entrevues; il nous en reste encore
2000 à réaliser. Mais, encore une fois, c'est à
l'intérieur des échéanciers qu'on avait fixés et
qui nous permettent d'ouvrir des le mois d'octobre. (15 h 20)
Je rappellerais aussi qu'il y a une entente qui a été
signée entre Loto-Québec et l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie du Québec en vue de faire la formation des gens, des
employés qui travailleront dans le casino. Donc, l'ensemble des
programmes de formation a été développé; on a
déjà embauché et entraîné les formateurs qui,
eux, auront à entraîner et former aux règles de jeu, aux
paramètres de sécurité qui seront présents et aux
procédures qu'on utilisera à l'intérieur des casinos. On a
d'ailleurs, cette semaine, commencé la formation des croupiers. On a
reçu 317 élèves croupiers il y a 2 semaines, qui ont
amorcé leur période de formation. Ce sont des périodes de
formation qui peuvent durer de 120 à 160 heures pendant les semaines qui
viennent jusqu'à l'ouverture du casino.
Un sujet aussi important en termes d'échéancier et de
sécurité, c'est celui de l'approvisionnement en ce qui concerne
l'ensemble des équipements qu'on utilisera dans le casino. Sur
l'ensemble du budget de 95 000 000 $, il y a 30 000 000 $ qui sont
réservés à l'achat des équipements, que ce soient
les machines à sous, que ce soient les tables, que ce soient les
caméras, tous les outils, tous les équipements de surveillance
qui seront utilisés dans le casino, sans compter le mobilier et tous les
achats qu'on aura à faire. La majorité des appels d'offres ont
déjà été mis de l'avant. En ce qui concerne les
appareils de jeu, un principe qui a été utilisé a
été celui d'utiliser des appareils qui étaient
éprouvés, qui étaient testés, qui étaient
fiables, qui étaient contrôlés, qui étaient
déjà utilisés dans des casinos reconnus, que ce soient des
casinos d'envergure internationale et certains casinos d'État comme
Holland Casino. Et, encore une fois, chacun de ces fournisseurs qui aura un
contrat avec Loto-Québec fera l'objet d'enquête de la part de nos
collègues de la Sûreté du Québec. Plusieurs
équipements, plusieurs achats seront faits ici, au Québec; c'est
une des politiques de Loto-Québec dans le domaine des loteries de
favoriser les achats au Québec.
En ce qui concerne les règlements de jeux, un sujet sur lequel,
je crois, on a élaboré aussi, Loto-Québec sera
prête, dans les prochaines semaines, d'ici la fin de juin, à
déposer un projet de règlement de jeux en ce qui concerne les
jeux qui seront opérés dans le casino d'État.
J'aimerais, si vous le voulez, pendant quelques secondes, vous parler de
la sécurité. La sécurité, en ce qui concerne
Loto-Québec et en ce qui concerne cette nouvelle filiale, la
Société des casinos, ce n'est pas seulement un voeu, ce n'est pas
seulement un souhait, c'est une manière d'opérer. Vous savez que
Loto-Québec est en affaires depuis 23 ans. Je crois que
Loto-Québec a une performance assez intéressante. Ça se
compare... C'est la troisième loterie parmi les 35 loteries en
Amérique du Nord en termes de performance. Et, si Loto-Québec est
là, c'est en grande partie, évidemment, par les produits qu'on
offre mais aussi par l'intégrité, la crédibilité et
la notoriété de l'entreprise. Donc, c'est le même principe
qui va nous animer dans le dossier casino. Ce qu'on veut offrir, c'est un
produit qui soit intègre, qui soit crédible. Parce que ce qui
nous assure des clients pendant plusieurs années, c'est le fait d'offrir
des produits qui vont être opérés de manière
très sécuritaire. Donc, la sécurité,
Loto-Québec et la Société des casinos, comme
opérateurs, ont une responsabilité là-dedans. Et, pour
nous, ce n'est pas seulement des caméras. J'ai expliqué que
c'était une manière d'être
et, cette manière d'être, ça se reflète
d'abord dans le recrutement.
L'ensemble du personnel qui sera recruté pour venir travailler
dans le casino fait l'objet, comme je l'ai expliqué tantôt,
d'analyses très précises, que ce soit au niveau des
critères de sélection, du profil de sélection, et aussi au
niveau des enquêtes. Comme je l'ai déjà mentionné,
chacun des employés qui travaillera dans le casino subira une
enquête par la Sûreté du Québec, et aucune offre
d'emploi ne sera faite sans les résultats de ces enquêtes. Donc,
déjà, la sécurité, ça commence au niveau de
l'embauche.
Ensuite, on parle de la formation. Je vous ai indiqué que
l'ensemble des employés qui travailleront dans le casino, et surtout
ceux qui touchent directement à l'opération des jeux, à
l'opération de la surveillance et de la sécurité, feront
aussi l'objet d'une formation et de sessions de formation très
intensives. Évidemment, ces gens, on va d'abord leur montrer l'a b c du
métier avec des experts, mais ils vont aussi recevoir des formations
précises en matière de sécurité. Et la
sécurité, ça va aussi dans les procédures de
travail, dans l'organisation du travail.
Donc, à l'heure actuelle, on termine la rédaction, je
dirais, de pas loin d'une centaine de procédures différentes qui
permettront à l'ensemble des employés du casino de faire en sorte
qu'on soit efficace, qu'on offre un service à la clientèle, parce
que notre objectif, c'est de faire en sorte qu'on offre un produit
intéressant, un produit divertissant qui attire ici des clients qui
viennent de l'extérieur du Québec, de l'Ontario ou d'ailleurs.
Pour le faire, il faut fonctionner efficacement, il faut offrir un service
à la clientèle. Mais on veut le faire de telle sorte que
ça puisse être opéré de manière très
intègre.
Il y avait une question, ce matin, qui mentionnait: S'il y a trop
d'outils ou de moyens de contrôle ou de sécurité à
l'intérieur d'un casino, est-ce que ça ne réduira pas,
justement, les chances que des gens de l'extérieur du Québec
viennent dans le casino? C'est sûr que ce n'est pas une prison qu'on veut
faire, c'est un lieu divertissant, intéressant. Et il y a moyen, et
ça se fait. Et un des exemples que je donnerais, c'est en Hollande.
Holland Casino est une société d'État qui opère 8
casinos. Ils vont ouvrir un neuvième casino la semaine prochaine. C'est
une société qui opère avec des balises ou des
critères de fonctionnement qui ressemblent, justement, aux
critères qu'on va utiliser. Donc, c'est possible d'offrir un produit
divertissant tout en assurant une intégrité. Et, en même
temps, le client se sent très à l'aise; il se sent à
l'aise quand il sait que l'endroit est sécuritaire. Donc, c'est un
objectif qui nous anime dans l'ensemble des activités qu'on a à
réaliser pour ouvrir le casino.
Je vous ai parlé de la formation qui sera donnée à
l'ensemble des croupiers, des surveillants de jeux, des superviseurs, des
opérateurs; on y tiendra compte aussi de ces principes de
sécurité. Et il y a un point important: il faut aussi parler de
la sécurité physique. On a vu, ce matin, avec la
Sûreté du Québec, l'ensemble des moyens qui sont
utilisés par la Sûreté pour nous aider, justement, à
assurer cette sécurité dans le casino, et l'opérateur a
aussi des moyens, doit aussi utiliser certains moyens. Sans entrer dans les
détails, j'aimerais tout de même vous en mentionner quelques-uns,
d'abord au niveau de la surveillance. La surveillance des activités de
jeux se fait d'abord par des superviseurs, par des gens qui sont sur place et
qui surveillent le jeu. Par la suite, il y a des caméras qui
enregistrent. Il va y avoir 292 caméras à travers le casino, et
ça, les joueurs sont habitués à ça; les joueurs qui
vont dans des casinos d'envergure internationale, que ça soit aux
États-Unis ou en Europe, ils sont habitués à être
filmés. Ils savent qu'ils sont sous surveillance ou sous caméra.
Donc, on aura les mêmes équipements, et des équipements
très sophistiqués. Il y aura aussi l'enregistrement sur
vidéo des activités. Et l'ensemble du casino sera sous
surveillance 24 heures par jour, même si le casino opère 16 heures
par jour.
Je terminerais en parlant d'un sujet qui est celui des joueurs
compulsifs, des mesures qui ont été prises par Loto-Québec
pour réduire, justement, les risques de favoriser la
«compulsivité» chez certains joueurs. Je rappelle d'ailleurs
que, selon certaines études, il y aurait 1,5 % de la population qui
pourrait présenter certains problèmes de cette nature. Surtout
les casinos européens ont identifié, ont mis de l'avant il y a
déjà plusieurs années un certain nombre de mesures qui ont
été mentionnées ce matin par M. Lavigne. J'aimerais tout
de même revenir sur certaines de ces mesures.
Il y a des formulaires, il y a des programmes d'auto-exclusion.
Ça peut paraître un peu naïf à première vue,
dire qu'on va avoir des programmes d'auto-exclusion, mais ce sont des
programmes qui sont très performants dans les casinos européens.
Dans certains cas, il y a jusqu'à 1000 personnes par année qui
adhèrent à ces programmes qui font en sorte que la personne ne
peut plus aller dans le casino par la suite.
Dans le casino de Montréal, il n'y aura pas de crédit. Il
n'y a pas d'alcool dans les zones de jeu, et il y a aussi des programmes
d'aide. Loto-Québec a déjà travaillé, depuis une
dizaine d'années, avec des spécialistes dans le domaine du jeu,
dans le domaine du traitement, ici, à l'Université Laval, et on
va continuer à encourager ces programmes, justement, pour aider les
joueurs qui, éventuellement, présenteraient certains
problèmes. (15 h 30)
Un dernier point qui est important, qui n'est pas le moindre en ce qui
concerne les mesures pour les joueurs compulsifs, c'est celui du
dépistage. Le dépistage, ça commence par l'identification
de certains symptômes et, justement, dans les programmes de formation qui
seront offerts aux employés dans le casino, que ce soit pour les
croupiers, les superviseurs ou les techniciens de surveillance, on va justement
leur montrer comment les identifier. Il y a des experts qui ont
déjà été en mesure d'identifier un certain nombre
de comportements ou de symptômes qui permettent de dire: Oups! Telle
personne peut présenter un risque. Donc, à ce
moment-là, c'est plus facile de pouvoir référer
à partir du moment où on l'a identifiée.
Et un dernier point important: il est bien entendu qu'on ne mettra pas
de l'avant des programmes de publicité agressive comme, dans certains
États américains, on peut en retrouver au niveau du jeu.
En tout cas, en quelques mots, c'est un peu l'état du dossier en
ce qui concerne le casino, disons, les principaux volets qui touchaient le
dossier casino. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. Trudel.
Alors, ça va. Merci de votre présentation, M. Crête, M.
Trudel.
Nous allons maintenant débuter la période
d'échanges en reconnaissant tout d'abord M. le ministre de la
Sécurité publique.
M. Ryan: Merci, M. le Président.
Il me fait plaisir d'accueillir, au nom du gouvernement, les dirigeants
de Loto-Québec. Vous voyez que, du côté ministériel,
on se précipite pour les questions. On craint que le ministre ne prenne
trop de temps. Les ministres sont de plus en plus soumis aux contraintes en
provenance des députés...
Une voix: C'est l'expérience.
M. Ryan: Ha, ha, ha! Je voudrais vous dire que je suis bien
content que vous soyez parmi nous. Vous avez fourni des renseignements
encourageants sur le cheminement du projet de casino. J'aurais peut-être
2 brèves questions à vous poser pour qu'ensuite on puisse
procéder plus largement, comme on l'a fait ce matin. Dans le projet, il
est question de loterie vidéo. Vous n'en avez pas parlé dans
votre présentation. À un moment donné, dans le projet, il
est question, à propos de loterie vidéo, de l'implantation d'un
ordinateur central auquel seraient rattachés tous les appareils de
loterie vidéo qui pourraient être implantés sur le
territoire. Est-ce que vous envisagez qu'il serait possible pour
Loto-Québec d'assurer l'aménagement d'une telle direction
centrale, puis comment verriez-vous le fonctionnement d'un système de
loterie vidéo au Québec, qui répondrait aux besoins de
notre société et à de justes impératifs
d'intégrité et de sécurité publique?
Le Président (M. Dauphin): M. Crête.
M. Crête: À la première partie de la
question, je répondrais oui. Il est possible de mettre en place un
système central de contrôle sur les appareils de type loterie
vidéo. D'ailleurs, au moment où on se parle, déjà,
Loto-Québec opère un système central de contrôle,
non pas sur des loteries vidéo mais sur nos terminaux de vente que vous
connaissez tous j'imagine; vous avez, un jour où l'autre,
acheté un billet de 6/49. Alors, ces terminaux-là sont
reliés sur ligne vivante à un ordinateur central et,
quotidiennement, on fait le décompte de ce qui est survenu sur chacun
des 5500 appareils. Donc, il est possible de faire exactement la même
chose avec des appareils de loterie vidéo. Toutefois, il ne serait
peut-être pas nécessaire d'avoir des lignes qu'on appelle
«lignes vivantes», c'est-à-dire où on enregistrerait
au fur et à mesure que se jouent des parties les résultats de
chacune des parties, parce que ça représenterait un coût
extrêmement onéreux que de mettre de l'avant ce type de
système de contrôle là.
Ce qui est monnaie courante dans le domaine des loteries vidéo,
c'est la mise en place d'un système central relié à chacun
des vidéopokers ou des loteries vidéo. Et, périodiquement,
chaque jour, plus d'une fois par jour, on peut aller chercher toute
l'information qui est contenue. L'appareil lui-même a sa propre
mémoire active et peut nous donner le résumé de tout ce
qui s'est passé depuis le dernier appel à cet appareil-là.
Donc, on est en mesure de vérifier combien d'argent s'est joué,
combien de parties ont été jouées, qu'est-ce qui a
été gagné, s'il y a eu des accès qui se sont faits
sur l'appareil, s'il y a des portes qui ont été ouvertes, ou quoi
que ce soit. Alors, on peut avoir l'entièreté de l'information.
C'est ce qu'on appelle, en langage d'ordinateur, le système «dial
lock» qui nous permet, donc, une fois par jour, d'aller chercher
l'entièreté de l'information là-dessus. C'est ce qu'on
retrouve, de façon générale, dans toutes les organisations
qui opèrent des loteries vidéo. On peut raffiner le
système en y ajoutant des clés supplémentaires qui
permettraient, si un appareil devait être manipulé de façon
frauduleuse, de déclencher un système qui pourrait interrompre
les activités de l'appareil et l'arrêter d'opérer.
Alors, il y a plusieurs modèles qu'on peut regarder, mais
c*èst possible et c'est faisable, et ça peut se faire à
relativement court terme. Ce n'est pas quelque chose qui est très,
très dispendieux à mettre en place.
M. Ryan: Et, une fois l'ordinateur central implanté,
quelle est la meilleure façon d'assurer la jonction avec les
établissements qui exploitent des appareils sur le terrain?
M. Crête: La meilleure façon de... M. Ryan:
D'assurer la liaison.
M. Crête: Bien, moi, là, je vais vous donner le
point de vue d'un organisme dont la mission première est de ramasser de
l'argent pour le gouvernement. Je sais qu'il y a 2 thèses
là-dessus. Il y a une thèse qui veut que l'on opère en
accord avec des distributeurs qu'on appelle «opérateurs» ou
«distributeurs»; il en a été question ce matin. Il y
en a une autre qui veut que l'organisme central, Loto-Québec dans les
circonstances, opère ces appareils-là à titre de
distributeur et, finalement, ces appareils-là sont placés dans
différents endroits de type bars, ou brasseries, ou dépanneurs,
dépendant du type d'établissement que l'on retient.
À notre point de vue, il est clair qu'une gestion directe de
Loto-Québec est beaucoup plus rentable que la gestion via un
opérateur. Je vous dirais que, techni-
quement, ça se comprend de la façon suivante: nos
coûts d'opération, qu'on le veuille ou non, sont, à toutes
fins pratiques, les mêmes que ceux des opérateurs. Alors, je vais
vous donner un exemple: quand on parle d'un coût d'opération pour
nos systèmes de validation de loterie les machines bleues que
vous voyez chez les dépanneurs qui nous coûtent 11 000 $
à l'achat, ces appareils-là nous coûtent annuellement 300 $
d'entretien. J'exclus les lignes de télécommunication, je m'en
tiens strictement à l'entretien de ces appareils-là. Quand
j'applique, somme toute, les mêmes chiffres sur un appareil de loterie
vidéo, je comprends mal qu'on réfère à un tiers
pour l'opérer à notre place ou pour faire cet
entretien-là, lequel tiers accaparerait une partie relativement
importante des revenus. Alors, je ne porte pas de jugement, d'aucune
façon, sur la qualité de ces tiers-là. Je vous dis
simplement que, sur le plan financier, pour Loto-Québec, le meilleur
modèle qui s'offre à nous, ce serait le modèle où
on opérerait directement ces appareils-là, avec une centrale.
Maintenant, il y a quand même place pour le privé dans nos
modes d'opération, et il ne faut pas croire qu'on veut éliminer
tout ce qui est privé, loin de là. Le premier
élément où il y a des gens du privé, c'est
là où l'appareil est placé. S'il est placé dans un
bar, ou un restaurant, ou un dépanneur, ou peu importe le site, il y a
donc des montants d'argent qui sont versés à ce
tenancier-là, au même titre, d'ailleurs, qu'on le fait
déjà actuellement dans le domaine de la loterie.
L'entretien de ces appareils-là ne serait pas fait selon
nous, le modèle qu'on privilégierait par nous mais serait
fait à contrat, avec des firmes spécialisées dans cet
entretien-là, encore une fois au même titre qu'on fait faire
actuellement à contrat l'entretien de nos terminaux de vente. On ne le
fait pas nous-mêmes; on le fait faire par des tiers. C'est un contrat qui
est quand même fort intéressant pour celui qui l'obtient parce
que, dépendant du nombre d'appareils qu'il y a, si on parle d'un montant
de 300 $ par appareil, bien, faites le calcul. Il y a évidemment la
fabrication de l'appareil qui provient du privé, il y a les fournitures
diverses d'équipement nécessaire à l'opération de
tout ça. Mais, sur l'activité jeu comme telle, je crois qu'il y a
un intérêt certain sur le plan financier pour qu'on
l'opère.
M. Ryan: Merci, M. le président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. le député de Hull. Ensuite, je reconnaîtrai un
intervenant de l'Opposition. (15 h 40)
M. LeSage: Merci, M. le Président.
M. Trudel, vous nous avez parlé tantôt de formation de
croupiers. Moi, je n'ai jamais été à Vegas ni à
Atlantic City, mais j'ai quand même vu dans des films, lorsqu'un
croupier, par exemple, perdait trop d'argent, on le changeait. J'ai vécu
aussi, dans l'Outaouais, l'existence d'un casino illégal dans Hull,
alors que le propriétaire se vantait qu'il pouvait battre tout le monde.
Il opère maintenant en Ontario, sous une autre forme, peut-être,
mais, en tout cas, il opère encore, mais pas à Hull. Vous leur
montrez quoi, à vos croupiers?
M. Crête: Les croupiers... Si vous me permettez, je peux
répondre, parce que j'ai quand même transigé...
M. LeSage: Oui, oui, allez-y, M. Crête.
M. Crête: ...sur le dossier assez longuement. Alors,
à l'école des croupiers, nous leur montrons les règles du
jeu que doit suivre un croupier. Or, ça peut vous paraître
peut-être étrange, mais un croupier répond à des
règles très, très strictes en matière de jeu. Un
croupier n'a pas à porter de jugement sur la façon dont il va
jouer sa propre partie de cartes. Prenons un exemple que, probablement, tout le
monde, vous connaissez, mais, s'il y en avait qui ne le connaissaient pas...
Quand un croupier joue au black jack, il joue selon une règle
très stricte qui veut qu'à 16 il est tenu de prendre une carte,
peu importe ce que son vis-à-vis peut avoir dans son jeu; et, à
17, il est également tenu d'arrêter, même si tous les
joueurs devant lui avaient 20. Donc, il n'y a aucune place pour de la
subjectivité de sa part. C'est un exemple simple que je vous donne; il y
a d'autres règles qui sont un petit peu plus complexes. Mais les
règles de base d'un croupier, donc, c'est une personne qui,
mécaniquement, distribue des cartes, ramasse les cartes, compte les
résultats, distribue les lots gagnants ou récupère les
lots perdants.
Alors, pour nous, pour établir notre école de formation,
nous sommes allés chercher ce que Ton a trouvé au Québec
comme croupiers, parce qu'on en a trouvé un certain nombre au
Québec; il y a des gens au Québec qui ont agi, pendant plusieurs
années, dans les casinos forains. On en a recruté de
l'extérieur, on en a recruté, quand je dis de l'extérieur,
principalement de Winnipeg, on en a recruté d'Europe. Ces gens-là
ont été assujettis, dans un premier temps, eux-mêmes
à une formation qui a duré 8 semaines pour, je vous dirais,
presque les amener à oublier ce qu'ils ont pu apprendre, pour refaire un
apprentissage qui soit parfaitement conforme à nos règles du
jeu.
Par la suite, ce sont ces gens-là qui vont agir comme moniteurs
auprès des quelque 330 candidats croupiers que l'on retrouve
actuellement. Et ces mêmes 330 seront assujettis à 120 heures ou
140 heures de cours selon le type de formation qu'ils doivent recevoir, parce
que la formation varie selon qu'on donne le cours sur le black jack, ou sur la
roulette, ou sur la roulette française, ou... Je ne sais pas si
ça répond à votre question, mais c'est de cette
façon-là que ça se fait. Il n'y a pas place à la
tricherie de la part d'un croupier.
M. LeSage: La seule chose qui m'inquiétait, M.
Crête, c'était de savoir: Est-ce que c'est possible, pour un
croupier, peut-être pas de tricher mais de faire en sorte qu'on n'ait pas
de chance contre lui?
M. Crête: Non, ce n'est pas possible. La façon
dont les règles du jeu vont être faites chez nous et
là je présume peut-être de l'acceptation de la commission
de contrôle qui pourra dire si ce n'est pas assez ou si c'est trop, mais
je vous donne quelques exemples pour le jeu de black jack, nous
utilisons 6 jeux, 6 paquets de cartes. Donc, le premier effet d'une utilisation
de 6 paquets de cartes qui sont mêlées, c'est que vous
éliminez à peu près toute possibilité qu'un
compteur de cartes puisse jouer à la table. Le croupier, lui, je vous le
répète, il répond à des impératifs
mécaniques, et les joueurs le savent, ça, que le croupier est
tenu de respecter ces impératifs mécaniques, qu'il n'a pas le
choix. Quand vous me dites que vous avez vu qu'on changeait, à
l'occasion, certains croupiers, il faut comprendre que, dans le domaine du jeu,
l'aspect, je dirais, émotif un peu des joueurs doit être pris en
compte. Il y a des gens qui sont un peu superstitieux. Dans certains
hôtels, il n'y a pas de treizième étage. Alors, un joueur
qui joue contre un croupier, et le hasard fait qu'il perd 5, ou 6, ou 10 fois,
la maison peut, à ce moment-là, changer le croupier. On donne
l'impression qu'un nouveau joueur arrive et, ce soir-là, lui, il
était trop chanceux. Mais celui qui était trop chanceux va aller
à l'autre table à côté, et peut-être faire
perdre des milliers de dollars pour la maison. Ça fait que...
M. LeSage: Alors, merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député.
M. le député de Montmorency. De Jonquière?
Excusez-moi!
M. Dufour: Bon, en fait, vous avez parlé tout à
l'heure des achats au Québec. Comment vous pouvez garantir des achats au
Québec? Moi, je comprends qu'au point de vue de la construction du pont
puis au point de vue des bâtisses, stationnements, etc., ça peut
se faire. Mais, au point de vue des appareils comme tels, il ne doit pas s'en
fabriquer beaucoup au Québec, à ce que je sache.
M. Crête: Alors, vous savez, quand on a donné mandat
à nos ingénieurs, à nos architectes, au départ, on
leur a demandé de privilégier au maximum le recours à des
produits québécois. Et là je parle d'abord de la
construction. Je vous donne des exemples concrets. On peut utiliser du marbre;
ça vient d'Italie. On peut utiliser du granit qui vient du
Québec. Alors, on a demandé de maximiser au possible le recours
à tous les produits québécois dans la construction. Pour
nous, le casino de Montréal se veut un peu une vitrine de ce que le
Québec peut faire, face à des étrangers qui le visiteront.
Donc, au chapitre de la construction, on a vraiment fait tout ce qu'on a pu
pour encourager des firmes québécoises.
Quand nous sommes arrivés dans le domaine des jeux... Et c'est
clair que, si on parle d'appareils à sous, on fait affaire avec 3
compagnies actuellement: les compagnies Universal, qui est japonaise, IGT, qui
est américaine et Bally, qui est également américaine. Il
n'y en a pas, de fabricants québécois. Alors, on peut oublier
ça. Cependant, ces mêmes compagnies là se doivent d'avoir
non seulement un représentant mais une expertise locale pour faire,
jusqu'à un certain point, le suivi et l'entretien de ces
appareils-là, en quelque sorte comme un dépositaire.
Quand on regarde du côté des tables de jeu, une table de
jeu, ça demeure une pièce d'ébénisterie qui peut
être fort belle. Nous avons opté pour avoir, je crois, les plus
belles tables de black jack et les plus belles tables de roulette que vous
aurez jamais vues dans un casino. Elles sont fabriquées à
Boucherville. On a acheté des modèles européens, on a
acheté des modèles anglais et français. Ces
modèles-là ont été étudiés par nos
ébénistes québécois, et on ne peut pas dire qu'il
s'agit de copies mais ils s'en sont inspirés pour établir leur
propre produit. Et nous sommes très fiers du produit fini, parce que
j'ai vu des échantillons.
Les chaises. Ça n'a l'air de rien, mais il y en a 1500, chaises,
dans un casino. Les chaises, non seulement elles sont québécoises
mais le concept et le design ont été faits ici. Parce qu'on a
lancé des concours de design avec l'aide de la SIDAM, la
Société de développement industriel de Montréal, et
toutes les pièces, que ce soient les tables, les chaises de salle
à dîner, les chaises des différentes tables de jeu, les
bancs pour les machines à sous, tout ça, ça aura
été fait par, appelons ça des artisans
québécois, des créateurs québécois. Et, si
le produit est retenu, c'est généralement l'occasion pour
permettre la mise en marché de ces produits-là sur une
échelle, à ce moment-là, qui est plus
élevée. Donc, on fait un peu office d'innovateurs.
Nous avons également opté pour choisir des couturiers
québécois pour confectionner les différents
vêtements que porteront tous les employés parce que, finalement,
tous les employés du casino portent un costume, quels qu'ils soient, que
ce soit le coursier, que ce soit le préposé à l'entretien,
les croupiers, que ce soient les surveillants, les gens au service à la
clientèle. Alors, on a donné un contrat également à
une firme québécoise qui va nous produire
l'entièreté des équipements vestimentaires.
M. Dufour: Je pense que je dois vous arrêter là, M.
Crête. Je ne veux pas être impoli, mais je pense que je comprends
votre philosophie. Mais, moi, c'était au point de vue des appareils. Je
ne doutais pas de la capacité de nos artisans pour la construction ou
pour l'ameublement. À moins que vous n'ayez des choses que vous tenez
absolument à dire... Ça va?
Je voudrais vous demander, au point de vue de la rentabilité d'un
casino, c'est quoi, le seuil de rentabilité? Parce qu'il y a beaucoup
d'argent d'investi, puis le retour sur investissement se fait dans combien
d'années? Est-ce que vous avez fait des calculs par rapport à
ça? (15 h 50)
M. Crête: Dans le cas du casino de Montréal, le
retour sur investissement... L'investissement total du casino devrait
être payé en 2 ans, si vous me parlez en termes de
rentabilité. En 2 ans, on devrait avoir rem-
bourse les 95 000 000 $ qu'aura coûté la mise en place de
ce casino-là. Si je vous donnais des chiffres sur la rentabilité
des casinos... J'hésite toujours à le faire, parce que les
chiffres deviennent tellement démesurés que les gens disent:
Bien, ça n'a quasiment pas de bon sens. Nous, on a retenu comme cible de
ventes pour le casino de Montréal un revenu brut de 112 000 000 $ par
année; de ce revenu brut là, il nous faut déduire nos
frais d'opération et il nous faut déduire également
l'amortissement des différents équipements et l'amortissement des
coûts de construction. Ça nous laisserait, bon an, mal an, un
revenu net ou un dividende potentiel, au gouvernement, de 49 000 000 $.
Maintenant, je vous dis, on a pris 112 000 000 $ comme chiffre. Si je
regarde par rapport à d'autres casinos, qu'est-ce que d'autres casinos
rapportent... Je vais prendre un casino qui est à peu près de
même dimension que le nôtre en termes de nombre de tables et de
nombre d'appareils à sous. C'est le Claridge, à Atlantic City,
qui compte, au lieu de 1250, 1500 machines à sous et 70 tables, donc
quand même assez près de chez nous. Son revenu brut
d'opération, bien qu'il soit en concurrence avec 9 autres casinos
il y en a 10 sur le même «strip» c'est 220 000 000 $
par année. Quand on a fait nos études de rentabilité
parce qu'on en a fait à travers le Québec, le Canada; nous
sommes allés également aux États-Unis on a
procédé à des sondages d'opinion pour savoir quel
était l'intérêt, par exemple, des Américains
à fréquenter un casino qui serait situé à
Montréal, et on leur demandait de répondre sur un continuum de 1
à 10, 10 étant «S'il y a un casino à
Montréal, c'est certain que j'y vais», 1 étant
«Ça se peut que j'y aille». Cette étude-là, si
on ne retient que ceux qui ont répondu 10 vous comprenez,
seulement ceux qui ont dit 10; on élimine les 9, les 8, les 7, et tout
ça si on projette les chiffres qui nous ont été
donnés à ce moment-là et ça, ça avait
été fait dans le nord-est américain, jusqu'à Boston
notre rentabilité, ce ne serait pas 112 000 000$ mais on
parlerait plutôt de 1 000 000 000 $. alors, nous, on a retenu 8 %, on a
pris 8 % du chiffre qui avait été avancé comme
étant le chiffre qui nous servirait de base pour établir notre
rentabilité. au moment où je vous parle, on a eu des gens de
hollande qui sont venus, d'autriche, de france, des états-unis, de las
vegas, de partout; je vous dirais que le commentaire unanime de tout ce
monde-là, sans l'ombre d'une exception, c'est de dire: vous allez avoir
un problème dès la première semaine. c'est trop petit, ce
que vous avez fait; vous ne répondrez pas à la demande. et, quand
je vous dis ça, ça peut sembler être d'un optimisme
délirant mais ça ne l'est pas.
Je vous rappellerais que M. Lavigne, ce matin, a
référé à l'existence de casinos forains,
actuellement, au Québec. Bien, les casinos forains, dans certains cas,
comportent jusqu'à 100 tables de jeu et n'ont pas d'appareils à
sous; et pourtant, les soirs de fin de semaine, vous ne pouvez pas vous
approcher de ces tables de jeu là. Il y a 1 heure ou 2 d'attente avant
d'avoir une place à une table de jeu. On en aura 65. Donc, notre
rentabili- té, moi, ça m'inquiète très peu.
Cependant, ce matin, il y avait un commentaire qui était fait par
rapport aux casinos européens, où, en Europe, on a souvent mis
plusieurs freins à l'admission dans un casino. Un des freins importants,
à mon point de vue, que je déconseillerais fortement pour le
Québec, c'est la possibilité que l'on ait des frais
d'entrée dans un casino. En Europe actuellement, les frais
d'entrée sont de l'ordre de 20 $ dans un casino. C'est un peu difficile
de comprendre. L'objectif d'un casino, c'est d'attirer des gens qui viennent
jouer, puis, dans le fond, s'ils laissent quelques dollars, tant mieux, parce
que c'est avec ça qu'on vit. Mais, s'il faut leur charger, en plus, pour
qu'ils rentrent, c'est un frein très important. Et tous les directeurs
de casinos français que j'ai rencontrés sont unanimes à
dire que ça leur coûte une fortune en pertes de revenus, que ces
droits d'entrée là, assez exceptionnels, qui sont mis de l'avant.
Alors, nous, nous n'aurons pas ce droit d'entrée là.
Puis, d'un autre côté, on dit souvent que le casino de
Montréal sera un casino de type mi-européen et
mi-américain. Il faut bien tenir compte du fait qu'on est en
Amérique, malgré tout. Il ne sera pas situé dans un
environnement concurrentiel comme les fameux casinos de Las Vegas ou d'Atlantic
City. Dans le Nevada, où se situe Las Vegas, il y a 160 casinos qui
opèrent actuellement. Donc, il y a une concurrence féroce de l'un
à l'autre, et chacun se sent l'obligation de mettre de l'avant un
produit qui va attirer chez lui la clientèle qui, autrement, irait chez
le voisin. Et ça, je pense, moi, que c'est très, très
mauvais, cette concurrence-là qui se fait de l'un à l'autre,
parce que c'est cette concurrence-là qui génère une
publicité très agressive qui fait en sorte qu'on paie les gens
pour jouer, on leur donne de l'argent pour les amener à jouer, on forme
nos propres joueurs sur place. Et ça, c'est très provocateur
quand on parle de joueurs compulsifs.
Nous, notre casino, c'est fantastique, il est situé dans un
bassin de population de 3 000 000, puis dans un rayon de 500 km on a 21 000 000
de population; et il n'y en a pas d'autre, casino, dans ce rayon de 500 km, on
est le seul. Alors, on n'a pas besoin de faire cette publicité
agressive. Il nous faut offrir, comme l'a mentionné tout à
l'heure M. Trudel, un produit de qualité, savoir répondre aux
gens, avoir un service à la clientèle correspondant, et ça
devrait bien aller.
M. Dufour: Bien, moi, j'accepte que vous me disiez
qu'actuellement il n'y a pas de concurrence, mais vous savez bien que c'est
comme les postes d'essence: le jour où il y en a un d'installé,
il y en a d'autres qui vont y aller. En tout cas, moi, là, ce n'est pas
le but de mon propos, pas du tout. Que vous ne voyiez pas de concurrence
actuellement, oui, mais je serais surpris que la poule aux oeufs d'or demeure
juste à une place. Ça se promène un peu, ça, assez
rapidement.
Tout à l'heure, on vous a posé la question concernant les
vidéopokers. Vous semblez dire que ça peut s'opérer d'une
autre façon, puis je comprends que vous êtes un petit peu mal
à l'aise d'en parler, parce que
vous n'êtes pas sûr de quelle façon ça va
s'opérationali-ser non plus. Moi, je ne le sais pas, comment ça
va fonctionner. Comment Loto-Québec pourrait, au point de vue, par
exemple, du contrôle pas juste le contrôle des machines mais
le contrôle physique des lieux comment ça pourrait
s'opérationaliser par rapport à vous? On sait, par exemple,
Loto-Québec, un coup que quelqu'un a acheté son billet et qu'il
l'a gratté, il s'en va, bonjour, il s'en va chez lui. Dans une machine
vidéopoker, il se passe autre chose. Est-ce que ça voudrait dire
que vous exerceriez le contrôle? Comment ça pourrait se faire
entre un opérateur et vous, au point de vue, par exemple, du
contrôle de la moralité ou de la bonne tenue des lieux?
M. Crête: Ce n'est pas simple, là, parce que,
évidemment, on ne peut pas penser avoir du personnel partout, à
moins que l'on n'envisage un mode d'opération de ces appareils-là
qui serait fort différent: plutôt que d'avoir un appareil par
établissement, de faire des regroupements d'appareils qu'on appellerait,
à ce moment-là, des salons de jeu. Et, s'il y avait des salons de
jeu, là, on peut penser que dans un salon de jeu on pourrait avoir une
permanence d'employés. Mais, en dehors de ça, je pense qu'il faut
s'en référer au code d'éthique qui nous unit au
distributeur. Un peu au même titre que l'alcool qui est distribué
ou qui est vendu dans un bar ou qui est vendu dans un dépanneur, on ne
peut pas avoir quelqu'un là en permanence pour savoir s'ils en vendent
à des mineurs ou s'il y a des excès qui se font. Maintenant, les
règles du jeu sont connues, et il peut y avoir la suspension de permis,
il peut y avoir arrestations, comme, en ce qui nous concerne, il pourrait y
avoir retrait d'appareils si on constatait qu'il y avait débordements
dans la façon d'opérer l'appareil.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Jonquière.
Alors, vous avez pris le même temps, les 2 formations. Alors, M.
le député d'Iberville et ensuite M. le député de
Montmorency. (16 heures)
M. Lafrance: On sait qu'on associe souvent la venue des casinos
au Québec à un certain impact positif pour le tourisme, et c'est
d'ailleurs, je pense, le ministre du Tourisme qui a amené, du moins,
l'idée d'installer des casinos au Québec. Vous avez parlé
de non-concurrence, donc il y a sûrement un élément
promotionnel. Par contre, moi, je vois l'élément promotionnel
pour, justement, sensibiliser la population aux casinos. Il à aussi un
impact social localement. Qu'est-ce que vous avez comme programme promotionnel
pour l'arrivée des casinos au Québec? À l'étranger
et ici, au Québec?
M. Crête: Bon, ce serait peut-être un peu
prématuré que de vous répondre pour l'étranger,
parce que nous venons de recruter, il y a à peine une dizaine de jours,
une firme qui va nous aider à effectuer notre promotion à
l'étranger. Je vais quand même vous répondre, parce qu'il y
a des clientèles cibles. On a reçu il y a peut-être 1 mois,
1 mois et demi, un groupe de représentants de voyages du nord-est
américain. Nous les avons reçus au casino, dans l'état
où il est, et on leur a présenté le produit, ce qu'on
aurait. Je dois vous dire que ça a été très,
très bien reçu par ces opérateurs-là du nord-est
américain. Ils ont considéré ça comme étant
une alternative fort intéressante à ce qu'ils connaissent
actuellement. Parce que les gens sont un peu fatigués d'aller à
Atlantic City. Atlantic City, c'est une ville où il y a de beaux
casinos, mais c'est une ville qui est à ce point, je dirais,
détériorée à tous points de vue que c'est le genre
d'endroit où vous êtes dans le casino, sinon vous n'êtes
nulle part. Alors, nous allons donc faire une promotion de concert avec le
ministère du Tourisme...
Le Président (M. Dauphin): Si vous me permettez, M.
Crête, nous devons nous excuser auprès de vous. C'est que les
parlementaires sont appelés à un exercice démocratique,
c'est-à-dire à un vote. Alors, nous suspendons ou
peut-être des votes sine die, c'est-à-dire jusqu'à
notre retour.
(Suspension de la séance à 16 h 2)
(Reprise à 17 h 2)
Le Président (M. Dauphin): Messieurs, nous allons
reprendre nos travaux. Il nous restait une dizaine de minutes avec nos amis de
Loto-Québec. C'est M. le député d'Iberville qui avait la
parole, mais, juste avant de lui donner la parole, je crois que... M. le
député d'Iberville venait de poser sa question, mais il n'avait
pas eu le temps de répondre.
Alors, M. le ministre, vous aviez une petite intervention à
faire. M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Ryan: Loto-Québec?
Le Président (M. Dauphin): Non, pour un autre groupe qui
pourrait être entendu.
M. Ryan: Oui, c'est ça. Je voulais juste demander le
consentement de l'Opposition pour que, ce soir, en plus des groupes que nous
avons inscrits sur la liste, nous ajoutions le Service de police de la CUM. Je
m'aperçois qu'il y a des officiers de la direction du Service de police
de la CUM qui sont ici. Si le député consentait à ce que
nous les entendions, nous pourrions prévoir une période ce soir,
toujours dans l'esprit...
M. Dufour: Pas d'objection. D'ailleurs, on l'avait
suggéré.
M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: On l'avait suggéré au début.
M. Ryan: Au tout début, vous l'aviez
suggéré. En tout cas, c'est très bien. Ils sont ici, je
pense qu'on
est aussi bien d'en profiter.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. Alors, il y a
consentement. Si je comprends bien, il y a 2 groupes qui s'ajoutent.
M. Baril: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le
député.
M. Baril: Si on accepte un groupe, est-ce qu'on pourrait entendre
aussi la Société de courses nationales inc.? Ils sont ici. Ils
ont déposé un mémoire au ministre. On pourrait
peut-être accorder un bout de temps à la Société de
courses nationales inc.
M. Ryan: C'est parce que je vais vous dire... Non, je ne peux pas
consentir à ça, parce que les courses, ça, c'est un
problème particulier. Si vous étudiez le projet de loi, elles
sont incluses dans le projet de loi, mais l'application de cette
partie-là du projet de loi sera sujette à une décision du
gouvernement, et on va avoir amplement le temps d'en discuter. S'il y avait une
demi-heure ce soir, ça ne me ferait rien de les entendre, mais je ne
veux pas qu'on reporte ça à un autre jour pour hypothéquer
le programme. Si on a le temps ce soir, ça ne me ferait rien, mais c'est
parce qu'on a l'association des chefs de police de tout le Québec. En
plus, on va avoir la SPCUM, et il y a 1 des 2 associations que nous devions
entendre cet après-midi qui devra être reportée à ce
soir. On peut laisser la porte ouverte, je n'ai pas d'objection. Comment
s'appelle cette société-là?
M. Baril: La Société de courses nationales inc.
M. Ryan: Est-ce que c'est des courses de chevaux ou de
lévriers, ça?
M. Baril: Non, c'est des courses de chiens. M. Ryan: De
lévriers. M. Baril: De lévriers. M. Ryan: De
lévriers. M. Baril: C'est ça.
M. Ryan: Nous connaissons très bien leur point de vue.
M. Baril: Je sais que oui, mais tant qu'ils sont ici
présents...
M. Ryan: Pardon?
M. Baril: Remarquez, je ne veux pas étirer ça d'une
autre journée. Juste s'il y a le temps...
M. Ryan: Oui, oui, si on a du temps. Si on a du temps. On ne peut
pas prendre d'engagement.
M. Baril: ...si on pouvait les entendre une demi-heure, on
comprendrait leur point de vue.
M. Ryan: Je pense que je leur ai dit, d'ailleurs. Je les ai
rencontrés en arrivant ce matin.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. Alors, c'est
noté. Il nous reste une dizaine de minutes. J'ai 3 demandes
d'intervention. À date, le groupe ministériel a utilisé 16
minutes et le groupe de l'Opposition 14 minutes.
Alors, ceci étant dit, M. le député d'Iberville,
brièvement, puisqu'il y a 3 demandes d'intervention et qu'il nous reste
10 minutes.
M. Lafrance: Oui. Je pense que M. Crête avait
répondu à la première partie de ma question, qui touchait
l'aspect promotion internationale, mais, pour ce qui est de promotion ici, au
Québec, est-ce que vous comptez en faire?
M. Crête: Au Québec, la promotion sera
limitée presque exclusivement à une promotion de type commandite.
Pas une publicité traditionnelle mais plutôt... Le casino de
Montréal participe, comme c'est le cas, par exemple, au Grand Prix de
Montréal; nous sommes commanditaires du Grand Prix de Montréal
depuis quelques mois. Et également, dans Montréal et dans la
région avoisinante, nous utiliserons définitivement des feuillets
de renseignements qui seront distribués dans les hôtels, dans les
chambres d'hôtel. Donc, ça se fait ici, mais, évidemment,
ça vise la clientèle touristique, là, jusqu'à un
certain point. Mais on n'envisage pas faire de publicité active sur le
casino pour, en tout cas...
M. Lafrance: Publication... M. Crête: C'est ça. M.
Lafrance: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député d'Iberville.
M. le député de Montmorency.
M. Filion: Merci, M. le Président.
Je vais y aller rapidement avec mes questions. La première, c'est
que vous semblez dire que le fait que le vidéopoker soit
contrôlé par Loto-Québec, ça semble être plus
rentable. C'est ce que j'ai cru comprendre dans votre exposé.
M. Crête: Oui.
M. Filion: Mais, quand vous dites ça, vous regardez
uniquement une grille de coûts de fonctionnement, et vous regardez le bas
de la colonne, et vous dites: Bien, on va laisser plus de profits à
Loto-Québec, donc
c'est plus rentable. Mais est-ce que vous avez évalué
également, dans ce genre de politique là, que vous allez quand
même éliminer des gens qui opèrent déjà dans
un commerce qui est le vidéopoker et que vous risquez de vous retrouver
dans une espèce de marché parallèle où vous avez
déjà 25 000 machines sur le territoire, 25 000? Et vous dites, du
jour au lendemain, à des gens: Ce que vous faisiez avant pour gagner
votre vie, oubliez ça et, nous, on prend le marché; vous vous
tassez. Vous n'avez pas l'impression que dans votre étude de
rentabilité vous devriez considérer la perte de revenus que vous
allez avoir si jamais ces gens-là décidaient de continuer
à opérer en parallèle, comme ça se fait
actuellement avec le contrebande du tabac? Parce que l'incitatif du profit va
demeurer, et vous ne les mettez pas dans le coup, justement, pour leur
permettre de continuer à gagner leur vie. Vous ne pensez pas que votre
étude est un peu biaisée?
M. Crête: Bien, je crois que non, elle n'est pas
biaisée. Peut-être que je me suis mal exprimé ou que j'ai
mal compris votre intervention. Dans notre esprit, il n'est pas question de
retirer ces appareils-là des endroits où ils sont situés,
là j'entends le type d'endroits qui seraient permis en vertu de
la réglementation, si on parle d'un détenteur de permis de vente
de boissons. Alors, ces appareils-là seraient maintenus dans ces
établissements, sous réserve, toujours, de la
réglementation pertinente. Et ce n'était pas d'eux que je parlais
quand j'ai parlé de l'élimination de l'intermédiaire. Je
parlais plutôt de ce qu'on appelle aujourd'hui les distributeurs ou les
opérateurs qui sont ceux qui sont propriétaires de ces
appareils-là et qui voient à leur distribution.
M. Filion: Ces gens-là vont demeurer propriétaires
de 25 000 machines quand même. Alors, ces machines-là vont se
retrouver quelque part sur un territoire. Je veux dire, ils ne les mettront pas
au feu pour le plaisir de les mettre au feu. Si ces gens-là ne se
sentent pas impliqués dans une transaction commerciale où tout le
monde a droit à une «raisonnabilité» de profit,
qu'est-ce que vous pensez qu'ils vont faire avec les machines? Est-ce que vous
allez les payer? Est-ce que vous allez payer une expropriation? Qu'est-ce que
vous allez faire avec ces gens-là?
M. Crête: Je pense que ce n'est pas à nous de
répondre à cette question-là. Je ne veux pas faire le
procès de ces gens-là, du tout, mais il faut se rappeler que ces
appareils-là dont vous parlez sont des appareils qui avaient
été initialement licenciés à titre d'appareils de
jeu. Un appareil de jeu, c'est un appareil qui donne des parties gratuites mais
qui ne donne pas d'argent. Au fil des années, ces appareils-là
ont connu une certaine modification, puis on les a utilisés comme
appareils de jeu. Nous, on pense, en tout cas, que ce que vous évoquez,
ça serait de dire: Avec ce qu'ils ont fait jusqu'à ce jour en
monnayant ces machines-là, ils ont acquis un droit, ce faisant. Puis je
ne partage pas tout à fait votre point de vue là-dessus. (17 h
10)
M. Filion: La question, ce n'est pas qu'ils ont acquis un droit,
c'est qu'il y a une réalité économique sur le territoire.
Ou comme, actuellement, les contrebandiers du tabac, ils n'ont pas de droit
légal, mais il y a une réalité économique. Ils sont
présents et, l'incitatif économique étant présent,
ils sont là. À partir du moment où vous leur coupez
l'incitatif économique, ces gens-là peuvent vouloir continuer
l'opération quand même. Vous ne pensez pas que ça ne serait
pas possible à évaluer pour que ces gens y retrouvent, eux aussi,
leur quote-part de profit, comme vous, vous cherchez le maximum avec
Loto-Québec? Mais tout le monde cherche à gagner un profit.
M. Crête: Je le sais, mais c'est pour ça que je l'ai
mentionné tout à l'heure. Je reviens à notre commentaire.
Moi, je vous ai donné un commentaire d'affaires. Je vous ai dit: Chez
Loto-Québec, on pense que la façon de l'opérer, c'est
celle qu'on propose parce que c'est celle qui nous garantit le plus de revenus.
Et les revenus, comme vous le savez, que l'on tire, sont versés au fonds
consolidé de la province. Je n'ai pas porté de jugement
économique sur le fait de s'associer ou non à d'autres
opérateurs et de réduire d'autant...
M. Filion: Votre comportement est un comportement d'expropriation
déguisée?
M. Crête: Je ne le pense pas. Ça serait de
l'expropriation si j'expropriais des opérateurs qui opèrent des
machines à sous, mais ce n'est pas le cas. Nous, on est mandatés
pour opérer des appareils à sous, et eux des appareils
d'amusement. Il y a une différence fondamentale entre les 2.
M. Filion: Oui, mais la machine du vidéopoker, c'est le
même type de machine?
M. Crête: Oui, mais ce n'est pas le même
objectif.
M. Filion: Non, non, mais c'est de la même machine qu'on
parle. Moi, je vous ai dit simplement que ces gens opéraient le
même type de machine, sauf que, vous, vous la proposez dans un
système où ils n'ont plus leur place dans le système
économique. C'est ce que vous dites.
M. Crête: Bien, ils n'ont plus leur place dans le
système économique d'opération des machines à sous,
effectivement.
M. Filion: Alors, s'ils n'ont plus leur place et qu'ils avaient
leur place, c'est donc une expropriation déguisée que vous
faites.
M. Crête: Mais ils n'avaient pas leur place dans
l'opération de machine à sous.
M. Filion: Non, mais ce n'est pas une machine à sous, je
vous parle d'une machine vidéopoker.
M. Crête: Bien, quand vous dites que ce n'est pas une
machine à sous, j'ai entendu un témoignage, avant nous, de la
Sûreté du Québec qui semble dire que ces appareils
étaient tous opérés comme des machines à sous et,
quand on regarde les revenus qui sont générés, ce n'est
certainement pas des revenus qui sont générés à
partir d'une machine d'amusement.
M. Filion: Non, mais, écoutez, là, les
règles du jeu vont demeurer les mêmes. Là, c'est une
question de terminologie. Vous êtes en train de... J'essaie de
comprendre. Moi, j'ai une machine vidéopoker, et là vous allez la
brancher sur un terminal. C'est la même machine que vous allez
opérer sur le plan du jeu. Oui ou non?
M. Crête: Pas vraiment la même machine, non, parce
que la plupart de ces machines dont vous parlez ne se branchent pas.
M. Filion: Non, non. Oubliez le branchement. C'est le
contrôle que vous allez exercer, là, uniquement sur le type de
machine. Les gens vont jouer de la même façon à un jeu
auquel ils jouaient auparavant dans une machine non branchée. C'est
ça qui est le résultat. Oui ou non?
M. Crête: Bien, en apparence, c'est le même
résultat, sauf que, dans un cas, la machine, elle est prévue
être une machine qui verse de l'argent; dans l'autre cas, la machine est
prévue pour verser des parties gratuites. Donc, c'est une machine
strictement d'amusement. Alors...
M. Filion: Ça, je le comprends.
M. Crête: ...j'ai de la difficulté à vous
suivre là-dessus, parce que...
M. Filion: C'est très simple. C'est que, si, aujourd'hui
pour demain, ces gens-là pouvaient continuer à faire la
distribution des machines branchées et à faire l'entretien,
l'inspection, etc., comme vous le disiez...
M. Crête: Oui.
M. Filion: ...ils opéreraient dans le même genre de
commerce, sauf que, bien sûr, ce serait une machine branchée. Eux,
ils avaient des machines qui n'étaient pas branchées; là,
ça devient des machines branchées. Alors, vous dites aux gens qui
ont des machines qui n'étaient pas branchées: Vous sortez du
circuit et, nous, on s'en vient avec nos machines où vous étiez
et on s'installe pour le même type de jeu dans l'utilisation, l'usage
régulier. Alors, si vous faites ça, vous faites de
l'expropriation de gens qui faisaient le commerce.
Alors, dans cette évaluation de rentabilité, avez- vous
prévu une prime d'expropriation? Avez-vous prévu quelque chose
pour des gens qui avaient des permis, quand même, jusqu'au 31 octobre
1992? De façon légale, ils opéraient avec des permis.
Depuis le 31 octobre 1992, les gens sont devenus de façon
illégale, parce qu'il y a eu, bon, un jugement, etc., puis, bon, la
question d'interprétation... Comme on l'a vu ce matin, ils se retrouvent
dans une situation, un peu, d'illégalité. Mais,
indépendamment de tout ça, vous arrivez, là, vous dites:
Nous, Loto-Québec, on s'installe. Tassez-vous. Bien, au niveau des
distributeurs, c'est ce qu'on me disait, là. Alors, si c'est ça,
vous ne pensez pas que vous allez simplement créer une tension pour
développer un marché parallèle? C'est ce que je vous dis,
et c'est ce que je demande, si vous l'avez évalué dans votre
étude de rentabilité.
M. Crête: On n'a pas évalué de marché
parallèle, parce que je crois que la nouvelle réglementation qui
est mise de l'avant ne prévoit pas l'existence de ce marché
parallèle là. Je pense que ça a été dit de
long en large ce matin...
M. Filion: Parce que...
M. Crête: ...les seuls appareils qui seraient
tolérés, ce seraient les appareils licenciés; et les
appareils licenciés qui seront tolérés sont des appareils
dont la vocation est d'être des appareils de jeu d'argent.
M. Filion: Ça je comprends...
M. Crête: Dans l'autre cas, on parle d'appareils
d'amusement, mais qui ont été utilisés à d'autres
fins que ce pourquoi ces appareils-là avaient été
immatriculés. Alors, dans le fond vous me demandez: Ceux qui auraient
utilisé et je le dis sous toutes réserves, parce que je ne
veux pas me transposer à la cour illégalement ces
appareils-là devraient-ils avoir une compensation du fait que, selon vos
termes, on les exproprie? Je pense qu'il y a plusieurs analogies que vous
pouvez faire avec le commerce d'alcool illicite, comme ça a
été le cas autrefois, avec l'actuel commerce illicite de
cigarettes. La question se pose: Est-ce que le fait de poser un geste
illégal le rend, à long terme, légal et, de ce fait,
crée un droit tel que, lorsque l'État intervient, on se devrait
de les exproprier? Mon point de vue et je ne suis pas avocat, et encore
moins juge je vous le dis: Je ne crois pas. Donc, on n'a pas fait cet
exercice-là.
Cependant, ce que je vous ai mentionné cet après-midi,
c'est que, si Loto-Québec prenait charge de ces appareils-là, de
vidéopoker, nous aurions quand même recours au secteur
privé pour ce qui est, notamment, de l'entretien de ces
appareils-là, comme on le fait déjà actuellement avec nos
appareils de loterie traditionnelle. Alors, il y a quand même place pour
le secteur privé pour opérer dans ce domaine-là, que ce
soit au niveau de la vente des appareils ou au niveau de l'entretien, mais il
n'y a plus place pour participer directement aux
revenus de ces appareils-là. Parce que, dans le fond, ce qui
justifie le versement d'un revenu ou d'un pourcentage...
M. Filion: Non, moi, ce que je veux vous dire, là...
Le Président (M. Dauphin): Dernière question, M. le
député.
M. Filion: Oui, oui, M. le Président, c'est important. Je
pense que les questions se posent, et la question est très pertinente,
M. le Président, pour la simple raison qu'il y a des gens qui, jusqu'au
31 octobre 1992, opéraient légalement sur le territoire
québécois. On s'entend? Et il y a eu un jugement de cour qui rend
l'utilisation des machines plus ou moins correcte. Mais vous vous servez de
cette expertise-là et de ce développement de clientèle
là pour aujourd'hui faire l'opération des machines de
façon, entre guillemets, légale, avec un changement, un projet de
loi qu'on va étudier. Mais vous vous servez de l'expertise qui a
été développée dans le passé, de même
que de la clientèle qui a été développée
dans le passé, et vous dites: Bien, ça ne vaut rien parce que, au
fond, il y a un jugement depuis le 31 octobre qui vient tout bousiller. C'est
ça, votre réflexion?
M. Crête: Mais j'aimerais ça vous entendre quand
vous parlez de l'expertise que ces gens-là ont développée
parce que, la façon dont on va l'opérer, ça n'a rien
à voir avec la façon dont ils l'opéraient. Donc, ce n'est
certainement pas de leur expertise dont on va s'inspirer pour opérer ces
appareils-là.
M. Filion: Ce n'est pas une question d'expertise, c'est une
question de jeu. Les gens jouent pour gagner de l'argent. Qu'ils gagnent sous
une formule x ou une autre formule x, le résultat, c'est de gagner de
l'argent. C'est un jeu de hasard. Alors, le jeu de hasard... Que vous changiez
la mécanique de la règle interne, je comprends, mais les gens ont
été habitués à jouer à un jeu de hasard.
M. Crête: M. le député, je reviens encore.
C'est que vous faites, à mon point de vue, et je m'excuse de vous le
dire comme ça, mais vous faites, je pense, une certaine confusion. Ces
appareils-là étaient des appareils de jeu mais pas des appareils
pour jouer à l'argent. Us ont été, au fil des
années, utilisés de façon illégale. Alors, est-ce
que du fait qu'ils ont été utilisés de façon
illégale ça crée un droit à ces gens-là? Je
ne le crois pas.
M. Filion: Mais, là, vous le légalisez, le
marché. Pouquoi vous les sortez?
Le Président (M. Dauphin): Je m'excuse...
M. Crête: Mais, je vais vous dire, je ne sors pas des gens
qui sont dans le marché légal. Je pense qu'on se comprend mal. Ce
qui devient légal, c'est que, dorénavant, au Québec, il
puisse y avoir des machines à sous. Alors...
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Merci M.
Crête.
M. le ministre. (17 h 20)
M. Ryan: Je voudrais juste faire une remarque. La décision
proprement dite sur la forme que revêtira le système de loterie
vidéo, ça, ça ne relève pas de Loto-Québec.
M. Crête a donné l'opinion de Loto-Québec. Mais les
questions que le député veut poser devraient être
adressées au ministre lorsqu'une décision aura été
prise. S'il veut les adresser avant aussi... Mais c'est de la discussion
proprement politique. Puis on essaie, autant que possible, de ne pas engager un
organisme d'État dans une discussion politique. Je pense c'est les
convenances élémentaires de la Chambre.
M. Filion: Je pense, M. le Président... Ce n'était
pas le but de faire...
M. Ryan: Je sais bien.
M. Filion: ...une discussion politique comme de comprendre son
calcul de rentabilité.
M. Ryan: Oui, mais vous étiez plus loin que la
rentabilité.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci, M. le
ministre.
Alors, je signale à l'Opposition que la présidence a
été très souple. Vous avez pris 10 minutes de plus que le
parti ministériel. Alors, 2 dernières interventions: M. le
député de Chapleau et M. le député de Viger. Le
temps est déjà dépassé depuis 10 minutes.
M. Kehoe: Merci, M. le Président.
M. Crête, tantôt, M. Trudel a parlé de la formation
des croupiers et de la possibilité de venir en aide aux joueurs
compulsifs. C'est un des aspects négatifs de l'implantation d'un casino,
bien sûr. Je me demande si l'expérience vécue ailleurs,
dans d'autres juridictions... Je ne pense pas que des endroits comme Las Vegas
ou Atlantic City aient ça. Ils ont ça, je suppose, en Europe. Et
je me demande comment ça va fonctionner. «C'est-u» le
croupier lui-même qui va tenter d'identifier le joueur compulsif? Et,
à partir de là, comment ça va fonctionner? Qu'est-ce qu'il
va faire? Juste des explications sur comment ça va fonctionner.
M. Crête: Nous, ce que M. Trudel a mentionné tout
à l'heure, c'est que nous allons sensibiliser notre personnel à
l'existence de ce problème-là, qui est un problème
réel, que celui du jeu compulsif. Nous allons mettre en place, dans la
mesure de nos moyens, des moyens pour aider ces joueurs-là. Des moyens,
il y en a
un certain nombre qui ont été mentionnés ce matin.
Il y a la ligne ce qu'on appelle la «hot-line» qui
peut être disponible dans le casino. Parce que, dans le fond, le joueur
compulsif, il est conscient de son problème. C'est peut-être ce
qui le différencie un peu de l'alcoolique qui, plus souvent
qu'autrement, ne prend pas conscience de son problème jusqu'à ce
qu'il arrive à un niveau tellement bas que... Et,
généralement, au moment où il y a la prise de conscience,
c'est le début de la période, je dirais, de rémission.
Alors, nous sensibilisons nos employés à l'existence de ce
problème-là, mais on ne souhaite pas que ce soient eux qui
interviennent auprès d'un joueur et disent: Je pense que tu as un
problème, tu es devenu un joueur compulsif. Ce n'est pas du tout la
façon dont on le ferait. On aura des personnes-ressources au casino, qui
pourraient être plus habilitées à faire ce
travail-là une fois que la personne a été
identifiée, ou on peut l'acheminer vers des ressources externes qui se
spécialisent dans le traitement de ces cas-là, notamment
auprès des associations de joueurs anonymes. Alors, nous allons
travailler étroitement, de concert avec ces différentes
associations de joueurs anonymes, pour qu'elles puissent apporter l'aide
nécessaire à...
M. Kehoe: Mais c'est le joueur lui-même qui doit demander
l'aide, ou «c'est-u» eux autres que vous allez...
M. Crête: Bien, il peut y avoir différentes
façons de le faire, mais, idéalement, quand le joueur sent qu'il
a un problème... Et l'exemple a été donné de la
Hollande où il y a un programme d'exclusion des joueurs. Les programmes
d'exclusion des joueurs sont des programmes demandés par les joueurs
à problèmes. Et, eux, dans un moment permettez-moi
l'expression de lucidité, vont s'adresser au casino et demander
à être exclus pour une période de 1 an ou 2 ans.
M. Kehoe: Ils vont demander à être exclus?
M. Crête: Oui, oui. Et, si je regarde le cas du casino
d'Amsterdam, ce casino-là compte une liste, actuellement, de 1500
joueurs qui se sont eux-mêmes exclus. Mais ce qui est assez
étrange, c'est qu'une fois que le joueur est exclu je pense que
ça illustre bien qu'il y a un problème là il va
souvent tenter de revenir, de différentes façons. Il se fait
teindre les cheveux ou peu importe, parce que cette période-là va
durer 1 mois ou 2, puis, à un moment donné, ça devient
trop fort, il veut revenir. Mais, du fait qu'on a un contrat d'exclusion avec
lui, ça nous autorise à lui interdire l'accès aux lieux;
sinon, ça serait en violation des règles strictes des droits de
l'homme. Mais, de par ce contrat-là qui a une durée de 1 an ou 2,
on peut se permettre son exclusion, à ce moment-là.
M. Kehoe: Puis vous dites que ce système-là
n'existe pas à Las Vegas ou à Atlantic City. Seulement en
Europe?
M. Crête: Ça existe en Europe. En tout cas, on
connaît bien le système de la Hollande, parce qu'on travaille
beaucoup avec eux autres. Ça existe également en Autriche, en
France, en Espagne. Mais, à Las Vegas, j'en ai glissé un mot tout
à l'heure, la raison pour laquelle ça n'existe pas, c'est
qu'à Las Vegas on vise la clientèle contraire. Dans le fond,
à Las Vegas, si on pouvait développer des joueurs compulsifs
partout, on le ferait étant donné le phénomène de
la concurrence qu'il y a là-bas.
M. Kehoe: Quand vous sortez le chiffre de 1,5 % des joueurs qui
sont compulsifs est-ce que c'est des statistiques américaines ou...
Ça provient d'où?
M. Crête: les statistiques minimales et maximales varient
entre 1,5 % et 5 %.
M. Kehoe: Et 5 %?
M. Crête: Je me souviens d'une étude qu'on avait
fait faire dans la région de Québec, où on avait, dans la
région de Québec, découvert que chez les jeunes... C'est
une étude qui a été faite par l'Université Laval,
qu'on a commanditée. Chez les jeunes, il y avait un problème
assez sérieux de développement de joueurs compulsifs qui
était, au dire de l'expert qui avait fait l'étude pour nous,
associé beaucoup à l'existence des fameux vidéopokers
disponibles dans les dépanneurs et un peu partout. Et on remarquait, de
par l'étude de marché qu'on faisait, qu'il y avait une forte
concentration de ces appareils-là à proximité des
écoles. Et il y avait également une forte concentration de
joueurs compulsifs dans la région de Québec.
M. Kehoe: Merci beaucoup, M. Crête.
Le Président (M. Dauphin): On va finir à 17 h 30.
Dernière intervention, M. le député de Viger, et nous
terminerons avec Loto-Québec à 17 h 30, dans 5 minutes.
M. Maciocia: Merci, M. le Président.
M. Crête, vous avez dit tantôt que vous aviez fait une
analyse, plus ou moins, d'un casino comparable à celui de
Montréal en le comparant au Claridge d'Atlan-tic City, plus ou moins,
comme grandeur, et que, d'après vous, votre chiffre de 112 000 000 $
brut par année, c'est même un peu conservateur, d'une certaine
manière, avec, disons, un net de 50 000 000 $ pour le gouvernement, si
j'ai bien compris. Je 'voudrais seulement vous mettre un peu en garde de faire
une comparaison comme celle-là, parce que vous savez très bien
que c'est 2 types de casinos complètement différents. Ce n'est
pas la même clientèle qui va fréquenter le casino de
Montréal et le casino le Claridge d'Atlantic City, on se comprend
très bien, parce que, même dans l'analyse qu'a faite la
Sûreté du Québec, on parle d'un casino de type
européen, pas d'un casino de type américain. Parce que c'est 2
catégories complètement différentes.
Mais je voudrais revenir sur un autre aspect très important,
j'imagine. Est-ce que vous avez fait une analyse du pourcentage des gens qui
vont fréquenter le casino, des gens locaux et des gens qui vont venir de
l'extérieur? Parce qu'on a toujours dit, on a toujours prétendu
puis j'espère que ça va être la
réalité que la majorité des gens qui vont
fréquenter le casino de Montréal, c'est des gens qui vont venir
de l'extérieur. Ce n'est pas mon optique, ce n'est pas ma
prévision. Et, moi, je suis franc avec vous. Et vous me l'avez
démontré tantôt, en disant, justement: Les casinos qu'il y
a actuellement au Québec, il y en a 200 par année, apparemment,
puis ils sont toujours pleins pour motiver, justement, votre
pourcentage, vos 50 000 000 $ que, probablement, le gouvernement va aller
chercher en profits.
Alors, on sait très bien qu'il y a eu toutes sortes de sondages
et des analyses qui ont été faites sur qui fréquente les
casinos. On sait très bien que la très grande majorité des
sondeurs ou des gens qui ont fait des analyses, ils nous disent très
clairement que c'est une classe, je dirais, plutôt moyenne pour ne
pas dire pauvre qui va fréquenter beaucoup plus les casinos que
les gens riches. C'est des gens qui gagnent entre 15 000 $ et 30 000 $ qui
fréquentent beaucoup plus les casinos que des gens qui gagnent 100 000 $
ou plus.
Alors, étant donné que vous avez dit que vous
n'étiez pas d'accord avec un ticket d'entrée ou un prix
d'entrée on parlait de 20 $, ou autre est-ce que vous ne
croyez pas qu'en agissant de cette manière les gens qui vont
fréquenter encore plus le casino de Montréal, ce seront des gens,
justement, avec un revenu modeste et des gens que, probablement, on n'aimerait
pas qu'ils fréquentent, si on peut dire, ces
établissements-là? Parce que vous savez très bien combien
de problèmes ça peut créer dans certaines familles
québécoises, et, particulièrement, vous savez la
pauvreté qu'on a à Montréal actuellement, et
spécialement dans l'est de Montréal et dans le sud-est et le
sud-ouest de Montréal.
M. Crête: Votre question est fort... (17 h 30)
Le Président (M. Dauphin): M. le député,
vous avez pris 4 minutes pour poser votre question. Alors, en
réponse...
M. Maciocia: Oui, oui, j'avais le souci de...
Une voix: C'est ça, le problème. C'est ça,
le problème.
M. Crête: Je vais essayer de répondre en 4 minutes.
La question est fort intéressante et très pertinente. Le
pourcentage de la clientèle locale par rapport au pourcentage de la
clientèle touristique, selon l'évaluation que l'on avait faite,
se situerait entre 75 % à 80 % locale et 20 % à 25 %
touristique.
Vous dites que les casinos attirent une clientèle plutôt
défavorisée. Au moment où on a présenté le
dossier à québec, on avait conduit une étude en profondeur
auprès de joueurs intéressés, disons, auprès de la
population en général pour découvrir que
l'intérêt dans le jeu de casino croît avec le revenu.
contrairement à ce que vous avez dit, le salarié, disons, moyen
ou le bas salarié n'est peu ou pas intéressé à
fréquenter un casino, alors que, quand on arrive à la
clientèle des 55 000 $ et plus, le pourcentage monte en flèche
jusqu'à 75 %. il est de 5 % chez les 15 000 $ et moins et de 75 % chez
les 55 000 $ et plus.
Vous avez évoqué le droit d'entrée, qu'il y en ait
ou qu'il n'y en ait pas, et vous évoquez, à cet effet-là,
les casinos forains. Dans les casinos forains actuellement, il y a un droit
d'entrée de 8 $, et je ne pense pas que ça constitue un frein
pour quelqu'un qui veut vraiment y aller. Nous, cependant, on vise une
clientèle générale et on ne croit pas qu'il y a
intérêt à mettre un droit d'entrée pour entrer au
casino.
Mais je veux quand même corriger, là, votre chiffre, parce
que notre clientèle cible, nous, c'est la clientèle qu'on appelle
moyenne supérieure et supérieure. Ce n'est pas la
clientèle... Par contre, dans le vidéo-poker, il faut bien
l'admettre, la clientèle du vidéopoker est une clientèle
plutôt défavorisée.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Merci, M. le
député.
Merci, M. Crête, MM. Trudel, Me Roiter de votre présence
à nos travaux, d'avoir accepté notre invitation. On vous
souhaite... je pense que vous restez avec nous, je crois, selon l'entente de ce
matin. Et puis...
M. Crête: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. Crête.
M. Crête: J'ajouterais simplement 3 mots pour vous
remercier, d'abord, de nous avoir entendus, de nous avoir donné
l'occasion d'être entendus devant cette commission. Et je profiterais de
l'occasion pour inviter les membres de la commission, si le coeur vous en dit,
à visiter le projet de casino dont nous sommes très fiers. Et on
peut organiser une visite à votre convenance, quand vous le voudrez.
Vous êtes tous les bienvenus.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. L'invitation
est pour les membres de la commission, alors il s'agirait peut-être, si
les députés de la commission sont intéressés, de
communiquer avec Me Ménard, qui est le secrétaire de la
commission, pour essayer de fixer une date éventuelle pour aller visiter
le chantier. On vous remercie. Très bonne idée, très bonne
initiative.
Alors, merci beaucoup encore, et je demanderais dès maintenant
à la Corporation du loisir automatique du Québec de s'avancer
à la table des témoins.
Alors, bonjour, messieurs. Je crois que vous avez été
présents pour les autres groupes. Alors, maximum une vingtaine de
minutes pour votre présentation; ensuite, un échange entre les
parlementaires et vous-mêmes.
M. Simard, qui est président, est-ce que vous voulez nous
présenter les gens qui vous accompagnent et procéder à
votre exposé? Bienvenue à nos travaux.
Corporation du loisir automatique du Québec
(CLAQ)
M. Simard (Daniel): Oui, merci. Je vous présente M.
Gaétan Hébert, secrétaire-trésorier de la
Corporation, Me René Boucher, conseiller juridique, Me Pierre Paquin,
conseiller juridique, et notre spécialiste en communications, M. Claude
Ménard. Je vais passer la parole à M. Ménard, qui va vous
faire la lecture du document tout de suite.
M. Ménard (Claude): M. le Président, M. le
ministre, mesdames, messieurs, les opérateurs d'amusement se
spécialisent dans la location, l'entretien et la gestion d'appareils
vidéo interactifs type Nintendo, Sega, etc. de
vidéopokers et d'appareils plus traditionnels tels que les juke-box,
tables de billard et «shuffle board». L'industrie a
été en mesure de se développer au cours des 50
dernières années principalement à cause de
l'intégrité et de l'excellent service rapide offert 7 jours par
semaine, incluant les soirées et les fins de semaine, par l'ensemble de
ses membres qui ont toujours su répondre aux besoins de leurs
associés: les restaurants, les bars-salons, les cafés, les
dépanneurs, les centres récréatifs, familiaux, etc. Ces
derniers exigent, en retour de l'emplacement loué, des appareils
récents et que l'on remplace régulièrement les plus
anciens tout en assurant un service rapide en cas de bris. de la part des
revenus des opérateurs, ces derniers réinvestissent chaque
année près de 40 % pour l'achat de nouveaux appareils; les 60 %
restants servent à assumer les nombreuses dépenses, les permis de
la régie, les impôts, les assurances, les salaires, les loyers,
les voitures, les camions, et autres, reliés à ce type
d'activité, afin de maintenir un haut niveau de service.
Soulignons que certains opérateurs ont décidé, avec
le temps, d'exploiter leurs propres centres récréatifs familiaux
des arcades afin d'offrir à leurs clients des locaux
propres, appropriés à la pratique de leur loisir, avec des jeux
interactifs où il est agréable de s'amuser sainement en toute
quiétude. Grâce aux revenus des vidéopokers, les
opérateurs d'amusement ont été en mesure, au fil des ans,
d'assainir ou d'éliminer la majorité des endroits peu
recommandables.
Au Québec, et contrairement aux autres provinces, c'est le
gouvernement qui a favorisé l'essor de l'industrie en émettant
des permis pour exploiter légalement les appareils vidéopoker.
Nos membres n'ont aucun dossier judiciaire; ils ont toujours acquitté
leur permis et payé leurs impôts, comme toutes les autres
entreprises. Le projet de loi créant la super-régie ne donne
aucune garantie aux gens qui ont toujours travaillé honnêtement,
acquitté leurs impôts et payé leur permis. La Corporation
du loisir automatique du Québec, au nom de ses membres, demande à
nouveau au gouvernement le droit de pouvoir continuer d'exploiter des appareils
de type vidéopoker ou autres dans le nouveau système de loteries
vidéo, comme ils le font depuis une dizaine d'années, sous la
surveillance de la Régie et avec les permis appropriés. La
Société des alcools n'a pas l'exclusivité absolue de la
vente de tous les produits alcooliques, et Loto-Québec ne vend pas ses
billets dans ses seuls kiosques à elle; elle exploite, en
parallèle, tout un réseau privé de distribution de ses
billets, qu'elle semble trouver profitable. (17 h 40) ii est important que le
gouvernement comprenne qu'il ne pourra pas livrer une concurrence
déloyale au secteur privé en permettant à
loto-québec d'implanter les appareils de jeu dans des
établissements licenciés et en détruisant plus de 50 ans
d'efforts à bâtir l'industrie québécoise de
l'amusement. un sondage par le groupe léger & léger, au moyen
d'entrevues téléphoniques avec un échantillonnage
représentatif de 1000 québécois âgés de plus
de 18 ans et pouvant s'exprimer en français ou en anglais, a
été effectué entre le 18 et le 19 avril dernier. de
façon générale, la pratique voulant que le gouvernement du
québec s'approprie sans compensation un secteur d'activité de
l'entreprise privée est fortement désapprouvée par 67,7 %
des répondants; seulement 17,8 % approuvent cette procédure; 14,1
% ne donnent pas leur opinion et 3 % refusent de répondre. en
contrepartie, 81 % des personnes interrogées pensent que le gouvernement
devrait encourager et appuyer l'entreprise privée plutôt que de
s'impliquer dans le même secteur d'activité; 12,7 % ne jugent pas
l'appui du gouvernement nécessaire; 6,1 % ne donnent pas leur opinion et
moins de 1 % refusent de répondre. la majorité des
répondants jugent que l'entreprise privée devrait continuer
d'exploiter et de gérer la commercialisation des vidéopokers; 44
% disent que l'entreprise privée doit en être responsable; 39,9 %
disent que ce devrait être le gouvernement. la plupart des
répondants sont d'ailleurs en désaccord avec la
possibilité que le gouvernement retire les appareils de jeu existants
pour les remplacer par ses propres appareils de jeu dans des lieux de son
choix; 54 % sont en désaccord avec cette possibilité contre 37,4
% qui sont d'accord.
Quant à l'utilisation des appareils vidéopokers, 68 % ne
les ont jamais essayé, 31 % en ont déjà fait l'utilisation
et 0,2 % ne s'en souviennent plus. Les utilisateurs de ces appareils sont
principalement des hommes francophones entre 25 et 34 ans.
La population québécoise souhaite donc qu'il y ait un
rôle réservé au secteur privé dans l'exploitation
des appareils de vidéoloteries et est contre la pratique voulant que le
gouvernement s'approprie sans compensation un secteur de l'activité
québécoise.
Puisque c'est le gouvernement qui a obligé les opérateurs
à développer en toute légalité ce secteur de
l'industrie en émettant des permis, ce n'est qu'en réglementant
de façon intelligente, avec l'appui de l'industrie de l'amusement, que
le gouvernement pourra augmenter ses revenus. La Corporation du loisir
automatique du Québec réitère au gouvernement la
suggestion contenue
dans plusieurs mémoires, et qui demeure toujours sans
réponse: nous voulons une table de concertation avec tous les
intervenants pour discuter et voir à l'implantation des
différentes modalités qui affecteront l'industrie de l'amusement;
nous désirons être reconnus comme exploitants légitimes des
appareils de vidéoloterie; nous voulons un moratoire sur le nombre de
permis d'opérateur; nous voulons obtenir au moins le même nombre
de permis pour les appareils de vidéoloterie que nous avions pour les
appareils vidéopoker; les emplacements déjà existants
devront être protégés. En fait, ce que la Corporation
désire, c'est un règlement négocié de bonne foi et
dans le respect mutuel des 2 parties.
Rien dans le projet de loi actuel ne stipule le rôle
réservé aux opérateurs pour l'exploitation d'un
système de vidéoloterie. Plusieurs questions sont sans
réponse: De quelle manière le gouvernement entend-il
protéger les droits acquis des opérateurs qui ont exploité
en toute légalité les appareils vidéopoker? Quel sort
réserve-t-on aux appareils vidéopoker actuels? À part le
système de vidéoloterie de Loto-Québec, y aura-t-il un
autre système de vidéoloterie exploité par le secteur
privé? Lequel? Les opérateurs d'amusement qui détenaient
des permis pour les appareils vidéopoker auront-ils le même nombre
de permis? Quels en seront les coûts? Quel est le mécanisme
prévu pour s'assurer que Loto-Québec ne livre pas une concurrence
déloyale avec ses appareils de jeu dans les établissements
où nous desservons présentement une clientèle?
Nous avons des observations, bien sûr, suite à
l'étude approfondie du projet de loi qui viendra régir l'ensemble
de l'industrie, et des modifications que nous vous suggérons afin que ce
dernier devienne un outil de contrôle à la fois souple et
efficace.
L'article 48,2°, a.l: la définition d'«appareil de
loterie vidéo» est trop vague. On doit pouvoir déterminer
de façon plus précise quels sont les appareils inclus dans cette
définition.
L'article 5120.1c: les règles sont-elles déjà
établies à ce sujet? Quelles sont les catégories
prévues? Entend-on établir pareilles catégories, ou le
gouvernement se limitera-t-il aux loteries vidéo exploitées par
eux dans un casino d'État? Et prendre note que la définition de
«casino d'État» inclut tout établissement où
la Société exploitera des appareils de loterie vidéo, de
sorte que le gouvernement pourrait s'assurer l'exclusivité
d'opération de ces appareils tout simplement en ne créant pas de
catégorie.
L'article 51 20.1, avant-dernier alinéa: une
élaboration est nécessaire sur les critères relatifs
à l'âge. N'est-ce pas discriminatoire et surtout contraire aux
bonnes moeurs? À noter qu'il existe un principe juridique selon lequel
un règlement est invalide s'il a pour effet de conférer un
pouvoir discrétionnaire aux fonctionnaires chargés de
l'appliquer, ce qui pourrait être le cas si ces termes ne sont pas
définis.
L'article 53 a pour effet de maintenir en vigueur l'article 34 de
l'ancienne loi, lequel créait l'obligation de détenir une licence
pour tous les appareils d'amusement. Le problème suivant pourrait donc
être soulevé: si les licences de loteries vidéo autres que
celles opérées par la Société ne sont pas
établies avant l'entrée en vigueur du projet de loi 84, cela aura
pour effet de rendre automatiquement illégaux les pokers existants et de
faciliter, par le fait même, de beaucoup leur saisie.
L'article 54 36.1: nous considérons cette disposition
extrêmement dangereuse. En effet, on vient ajouter la possibilité
de s'opposer à une demande de permis au pouvoir déjà
existant des municipalités, en vertu de la Loi sur les cités et
villes, de prohiber les appareils d'amusement et les salles d'amusement sur
leur territoire. Le gouvernement devra comprendre qu'il est illogique de
permettre d'un côté l'existence de l'industrie de l'amusement et
de permettre d'un autre côté aux municipalités de prohiber
purement et simplement ladite industrie, soit par le biais de règlements
de zonage ou par le biais d'opposition systématique.
L'article 54 36.2: il y aurait intérêt à ce
que soit clarifié dès maintenant le cadre dans lequel le ministre
doit intervenir de plein droit suite à une demande de permis et les
normes explicites qui devraient être alors appliquées.
L'article 56 52.1: cet article parle d'autorisation d'exploiter
un système de loterie vidéo par les ministères, organismes
ou mandataires que désigne le gouvernement. C'est à cet article
que le gouvernement devra préciser si les opérateurs actuels
seront considérés comme des mandataires
désignés.
L'article 56 52.10: si on permet aux opérateurs actuels
d'opérer des loteries vidéo, il serait évidemment
intéressant de connaître le plus tôt possible ce que le
gouvernement entend établir comme partage des revenus entre lui,
l'opérateur et le propriétaire de l'emplacement.
L'article 114: pareil article ne devrait pas exister dans une
société démocratique.
En résumé, voici des questions auxquelles nous demandons
une réponse claire et précise au gouvernement. Quel rôle le
gouvernement réserve-t-il aux opérateurs? De quelle
manière le gouvernement entend-il protéger les droits acquis des
opérateurs et de leurs clients qui ont exploité en toute
légalité les appareils vidéopoker? Quel est le
mécanisme de négociation prévu entre le gouvernement et
les opérateurs pour que les établissements ayant des appareils
vidéopoker bénéficient d'un préjugé
favorable? L'amnistie pour les travailleurs au noir, il ne faudrait pas y
penser; je ne crois pas que ce soit souhaitable. Quel sort réserve-t-on
aux appareils vidéopoker actuels?
Le gouvernement veut empêcher les appareils de vidéoloterie
dans les dépanneurs près des zones scolaires pour protéger
les jeunes. Quel sera le périmètre désigné?
Qu'entend-on par «zone scolaire»? L'établissement
prématernel, élémentaire, secondaire ou autre? Comment
protégera-t-on, et pendant combien de temps, le droit de
l'opérateur et de son client qui aimeraient se relocaliser dans un autre
secteur conforme à la nouvelle réglementation? Ceux qui
détenaient des permis pour des appareils vidéopoker auront-il le
même nombre de permis? On a parlé beaucoup de moralité et
de préven-
tion. Pourquoi tolère-t-on que l'on montre à des jeunes
dans le foyer familial, avec la vidéo Vidéotron, la
télévision interactive à jouer au black jack et
à la roulette? Quel est le mécanisme prévu pour s'assurer
que Loto-Québec ne livre pas une concurrence déloyale avec ses
appareils de jeu dans les établissements où nous desservons
présentement une clientèle? Comment le gouvernement entend-il
justifier l'article 114 du projet de loi? Voilà nos questions.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, messieurs, pour
votre présentation. (17 h 50)
Nous débutons maintenant la période d'échanges avec
les parlementaires en reconnaissant, dans un premier temps, M. le ministre de
la Sécurité publique.
M. Ryan: M. Ménard puis MM. les membres de la
délégation de la Corporation du loisir automatique, nous vous
avions dit que nous verrions à entendre votre point de vue à
l'occasion de l'examen du projet de loi. Nous le faisons aujourd'hui de
manière que les députés membres de la commission puissent
entendre votre version des faits, également votre avis concernant les
décisions que nous devons prendre.
Le projet de loi, comme vous l'avez remarqué, est un projet de
loi qui embrasse beaucoup de choses, autant les casinos que les loteries de
toutes sortes, les concours publicitaires, éventuellement les courses
et, à plus forte raison, les loteries vidéo également.
Vous êtes venus nous parler surtout des loteries vidéo cet
après-midi.
Je voudrais vous poser peut-être une question, pour commencer: Les
appareils très nombreux qui, actuellement, versent des sommes d'argent
pour des parties, est-ce que, à votre point de vue, ils opèrent
de manière légale? Vous m'avez dit que vous opériez en
toute légalité, là.
M. Simard: Oui. Si je peux me permettre juste un point sur le
dossier, c'est que la compréhension du problème... N'étant
pas un avocat, de la façon que j'ai compris ça, quand le
gouvernement du Québec, par l'entremise de la Régie, a
émis des permis pour un appareil dont il a eu toutes les données
techniques, toutes les façons de travailler de l'appareil, il a
établi une nouvelle catégorie qui s'appelait la catégorie
A, qui s'appelait le vidéopoker, mon interprétation, en tant que
citoyen, était que je faisais quelque chose d'entièrement
légal. Malheureusement, je ne suis pas avocat. J'ai amené Me
Boucher qui pourrait peut-être vous expliquer ça autrement. C'est
ma compréhension du problème, dans le sens que l'industrie
dépensait 14 000 000 $ par année en permis pour le gouvernement,
et le gouvernement demandait qu'on fournisse les données techniques des
appareils. Donc...
M. Ryan: Est-ce que c'est encore votre conception aujourd'hui,
nonobstant les nombreuses causes qui ont été soumises devant les
tribunaux par le Procureur général et dont plusieurs ont
été tranchées dans le sens que les appareils
étaient opérés illégalement?
M. Simard: Tu peux. Vas-y.
M. Boucher (René): Je pourrais vous dire, M. le ministre,
que le dernier jugement qui a été rendu, c'est par l'honorable
juge Pierre Pinard, le 28 février 1992, donnant raison à notre
client dopérer les appareils avec le permis. Et le juge Pinard, dans
cette cause-là, a cassé, à cause du certiorari qu'on avait
pris, le mandat qui avait permis la saisie de ces appareils-là et a
ordonné la remise à nos clients. Ce jugement-là a
été porté en appel par les procureurs qui oeuvraient pour
la couronne, et le jugement n'a jamais été rendu par la Cour
d'appel. C'est la situation juridique présentement.
Il y a eu également un jugement qui a été rendu par
la Cour municipale, à un moment donné, par le juge Stalker, et il
y a eu un jugement de la Cour d'appel, et il y a eu un jugement de la Cour
suprême refusant d'entendre... Mais jamais, en aucun moment, aucun
jugement n'a déclaré ces appareils-là illégaux. Et
on devra attendre, évidemment, le jugement qui est en appel dans la
cause de 2530-9790 Québec inc. afin qu'on puisse avoir une
décision finale. Pour le moment, en tout cas, le juge Pinard nous a
donné raison.
M. Ryan: Est-ce que vous êtes au courant d'un certain
nombre de causes où de vos membres ont plaidé coupables?
M. Boucher: Vous savez, M. le ministre, il y a beaucoup de gens
qui plaident coupables devant nos tribunaux et qui ne le sont pas
nécessairement. Parce que c'est très long, parce que les gens
n'ont pas d'argent, et il y a bien des raisons. Moi, ça fait 20 ans que
je pratique et, moi, je conseille très souvent à mes clients de
ne pas plaider coupables, sauf que, quand notre client nous dit: Maître,
vous allez plaider coupable, et c'est le mandat que je vous donne, bien, on le
fait. Mais ça n'a rien à voir avec le fait que les personnes
puissent l'être ou non.
M. Ryan: Et vous êtes conseiller de plusieurs
distributeurs, vous, M. Paquin?
M. Boucher: Me Boucher. Je suis Me Boucher.
M. Ryan: Monsieur?
M. Boucher: Me Boucher.
M. Ryan: Et vous êtes conseiller de plusieurs
distributeurs?
M. Boucher: Oui.
M. Ryan: Est-ce qu'il vous est arrivé souvent de donner ce
conseil-là à vos clients, si ce n'est pas indiscret?
M. Boucher: De?
M. Ryan: De plaider coupables.
M. Boucher: Ça ne m'est pas arrivé
nécessairement tous les jours, mais ça m'est déjà
arrivé.
M. Ryan: C'est une réponse d'avocat. M. Boucher:
Mais j'en suis un. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Oui, très bien, c'est correct. Très bien.
Alors, je peux tirer mon interprétation.
Est-ce que vous avez eu connaissance de cas où des causes ont
été instruites devant les tribunaux? Des fois, elles
étaient même en marche; d'autres fois, la personne était
déclarée coupable avant même que ce ne soit fini, et
l'appareil était remplacé par un autre. Avez-vous eu connaissance
de ça?
M. Boucher: Si j'ai eu connaissance...
M. Ryan: Ça nous a été rapporté par
la Sûreté du Québec, ce matin.
M. Boucher: Si la personne, par exemple, qui est accusée
dans un dossier remettait un appareil? C'est ça que vous me demandez,
comme question, M. le ministre?
M. Ryan: Un appareil était saisi...
M. Boucher: Oui.
M. Ryan: .. .plainte portée devant les tribunaux...
M. Boucher: Oui.
M. Ryan: ...puis, des fois, avant même que tout ça
ne soit fini, l'appareil était remplacé par un autre. Puis le
petit jeu recommence.
M. Boucher: Bien, évidemment, si vous plaidez non coupable
à l'accusation, avant que vous ne soyez entendu, ça peut prendre
6 à 8 mois. Ça fait que c'est très possible que
l'opérateur décide de remettre un appareil dans cet
endroit-là. C'est possible.
M. Ryan: Puis, à votre connaissance, qui reste
limitée d'après ce que vous nous avez dit on le comprend
est-ce que les cas où ces appareils servent à verser des
sommes d'argent pour des parties, contrairement à la loi, sont nombreux,
d'après vous, ou si ce sont seulement des petites exceptions ici ou
là?
M. Boucher: Je vais mettre ça en 2 parties. Quand il y
avait des permis sur ces appareils-là et qu'on versait des sommes
d'argent, ce n'était pas contraire à la loi. Selon moi, en vertu
de 207 du Code criminel, le gouvernement l'avait permis. Et c'était une
loterie. Sauf qu'à partir du moment où vous avez
décidé de ne plus émettre de permis vous nous rendez
certainement illégaux, il n'y a aucun doute. Sauf que c'est de la faute
du gouvernement si on est illégaux. Et vous nous aviez mis légaux
pendant 15 ans. Donc, j'appelle ça une expropriation, moi, contrairement
à M. Crête.
M. Ryan: Vous savez que les interprétations sur la
portée des permis qui vous étaient émis divergent beaucoup
du gouvernement à votre groupe. Je ne veux pas juger le passé. Le
gouvernement a décidé de ne plus en émettre, pour des
raisons précises.
M. Boucher: Non, mais c'est suite à votre question, M. le
ministre. C'est que vous m'avez demandé: Est-ce que c'est légal
ou pas?
M. Ryan: Oui, mais...
M. Boucher: Ce que je vous dis, c'est qu'avant...
M. Ryan: Non, non.
M. Boucher: ...que vous ne preniez cette
décision-là, c'était légal.
M. Ryan: Ce n'est pas ça que...
M. Boucher: Le jour où vous prenez la décision de
ne plus émettre de permis, bien, là, ça nous pose un
problème, évidemment.
M. Ryan: M. Paquin, ce n'est pas ça que je vous ai
demandé. Ma question était...
M. Boucher: Je suis Me Boucher.
M. Ryan: Me Boucher, excusez-moi. Est-ce que vous avez eu
connaissance que, de manière très répandue, les appareils
dont vos membres sont les propriétaires servent à des fins
illégales, habituellement, quotidiennement, puis selon toutes les
versions que nous recevons de la police?
M. Boucher: Mais, moi, je vous dis qu'ils ne servent pas à
des fins illégales dans la mesure où il y a des permis sur les
appareils.
M. Ryan: II n'y en a pas.
M. Boucher: Parce que c'est des loteries, à ce
moment-là, permises en vertu de 207, conformément à ce que
nous a dit le juge Pinard le 28 février 1992.
M. Ryan: Et des permis, là, il n'y en a pas eu
d'émis depuis un petit bout de temps.
M. Boucher: Bien, c'est ça que je vous dis. C'est
le gouvernement qui nous a rendu illégaux.
M. Ryan: C'est des permis qui avaient une durée de 1 an,
si mes souvenirs sont bons. Ça veut dire qu'il ne doit pas en rester
beaucoup.
M. Boucher: Mais ce que je dis, c'est que...
M. Ryan: Avez-vous eu connaissance qu'un grand nombre d'appareils
sont entrés au Québec puis ne sont munis d'aucun permis? Il
paraît qu'il en est entré des milliers, là, au cours des 2
dernières années. Qui opère ça?
M. Boucher: M. le ministre, je ne suis pas capable de vous
répondre...
M. Ryan: Non. Mais vous ne savez pas qui opère
ça.
M. Boucher: ...s'il y a des appareils qui sont entrés de
l'extérieur. Moi, je peux vous dire que mes membres ont continué
à opérer leurs appareils. Et, effectivement, je veux dire, ils
opèrent encore au Québec. Il y a un député, tout
à l'heure, qui disait qu'il y avait peut-être environ 20 000
appareils au Québec. Alors, mes membres, évidemment, sont
propriétaires de certains de ces appareils-là et opèrent.
(18 heures)
M. Ryan: Je voudrais adresser ma question, peut-être...
Oui?
Le Président (M. Dauphin): M. Simard. Allez-y.
M. Simard: J'aimerais rajouter quelque chose là-dessus.
Dans le domaine de l'amusement, il faut quand même se rappeler que c'est
un domaine qui est très compétitif. Quand vous demandez s'il y a
beaucoup d'appareils qui sont entrés au Québec sans permis, le
fait que le gouvernement ait aboli les permis, ce qui était le seul
contrôle réel que l'industrie avait, a rendu, par le fait
même, un paquet de personnes qui ont mis des machines un peu partout,
sans contrôle. Les membres de la Corporation du loisir automatique, qui
avaient des permis, n'ont pas le choix de garder leurs machines sur la route,
M. le ministre, parce que, dans les faits, s'ils enlevaient les machines de
vidéopoker à l'heure actuelle, ils perdraient leur
clientèle. Puis c'est une clientèle qui n'a pas juste du
vidéopoker. Les membres de la Corporation opèrent aussi ce
qu'on appelle opérer toute l'industrie en général,
donc les tables de billard, les jeux vidéo, les machines à
boules, bon, l'industrie complète. Donc, le vidéopoker est une
partie de l'industrie. On va l'appeler, pour l'instant peut-être, un mal
nécessaire. On espère que le gouvernement va
légiférer là-dessus puis va régler le
problème une fois pour toutes. Ce qu'on aimerait, c'est d'être
inclus définitivement. Mais ce qu'on aimerait aussi, c'est qu'on profite
du projet de loi 84, qui est un très bel outil, pour
légiférer sur le monde de l'amusement en général,
et qu'on établisse des règles négociées, et qu'on
puisse travailler pour les 20 prochaines années, mais la tête en
paix, autant dans le domaine du vidéopoker, si on est inclus ou non, que
dans le domaine des appareils d'amusement.
M. Ryan: Le vidéopoker, là... M. Simard:
Oui.
M. Ryan: ...quelle proportion du chiffre d'affaires de vos
membres ça peut représenter, par rapport aux autres appareils
d'amusement?
M. Simard: C'est énorme. Je n'ai pas de chiffres exacts
à l'heure actuelle mais, d'après moi, le vidéopoker,
ça peut être à peu près 50 %, 60 % du chiffre
d'affaires. C'est énorme, parce qu'il faut réaliser que, pour un
hôtelier, un bar, un restaurant où le... Ma conception du
problème est que, si vous avez 2 tables dans le restaurant, bien, vous
ne voulez pas nécessairement avoir une table de billard. Par contre, si
un vidéopoker peut entrer là, la personne préfère
avoir un appareil un peu plus petit, un peu plus maniable.
M. Ryan: Combien y a-t-il de membres dans votre association?
M. Simard: On est une vingtaine de membres, 20 à 30
membres.
M. Ryan: Combien ça représente d'appareils,
ça?
M. Simard: Ah! si on figure une moyenne parce qu'on est
des petits opérateurs d'à peu près 100 appareils
par membre, 100, 150 appareils, ou alentour de ça, ça
représente à peu près 2000, 3000 appareils.
M. Ryan: Vous représenteriez seulement à peu
près 2000 appareils sur 25 000, 30 000 qui sont en circulation?
M. Simard: À peu près.
M. Ryan: Pas plus que ça?
M. Simard: Non, pas vraiment.
M. Ryan: Les autres, savez-vous où ils sont?
M. Simard: Vous les voulez... En quel sens? Excusez, je ne
comprends pas votre question.
M. Ryan: Les autres opérateurs?
M. Simard: Les autres opérateurs? On est 2 regroupements
à l'intérieur de l'industrie de l'amusement. Il y a l'Association
de l'amusement du Québec et la Corporation du loisir, et 100 % de
l'industrie est représentée, je crois, dans ces 2
regroupements-là.
M. Ryan: Vous autres, vos membres, vos appareils, est-ce qu'ils
sont installés dans la région de Montréal surtout?
M. Simard: À travers le Québec. M. Ryan:
Pardon?
M. Simard: À travers le Québec, M. le ministre. Si
on parle de représentation, les directeurs de la Corporation, il y en a
un qui est à Sept-îles et il y en a un autre qui est à
Rouyn-Noranda; donc, on essaie d'avoir un échantillonnage, là,
à travers le Québec.
M. Ryan: Mais vous en avez perdu. Vous avez perdu beaucoup de
membres ces derniers temps, je pense, hein?
M. Simard: Oui, on a perdu des directeurs surtout, oui. Par
contre, quand on est arrivés au meeting général annuel, on
avait pris une décision qui était peut-être de
réunir les 2 associations pour n'en former qu'une. Au meeting
général annuel, ça a été refusé par
les membres. Donc, on a fait des élections, et on recommence.
M. Ryan: II y a 1 an, combien est-ce que vous aviez de
membres?
M. Simard: Toujours une trentaine. M. Ryan: Une
trentaine?
M. Simard: La Corporation n'a jamais vraiment...
M. Ryan: O.K..
M. Simard: .. .joué, parce qu'on a...
M. Ryan: O.K.
M. Simard: ...toujours été très,
très, très, très, très sélectifs.
M. Ryan: Maintenant, lorsque la Sûreté nous
déclare, là, comme elle l'a fait ce matin, que de nombreuses
enquêtes nous confirment que le crime organisé est
déjà bien implanté dans cette sphère
d'activité...
M. Simard: Oui.
M. Ryan: ...avez-vous eu connaissance de ça, vous autres,
ou bien donc si c'est complètement...
M. Simard: M. le ministre...
M. Ryan: ...étranger à vos constatations?
M. Simard: Oui, bon. Mon expérience personnelle. J'ai 40
ans, ça fait 25 ans que je suis dans ce do- maine-là. Le
gouvernement du Québec, quand il a créé la Régie
des loteries et qu'il a mis en classe 1 que, si vous aviez un casier
judiciaire, malheureusement, vous ne pouviez pas être opérateur
d'appareils d'amusement,, l'industrie a applaudi des 2 mains. Je ne suis pas,
comme citoyen, capable de vous dire qui c'est qui est quelqu'un de la maffia ou
de la pègre, sauf que, quand je rentre chez un opérateur
d'amusement et que je vois un permis de la province de Québec, bien, je
dois présumer que cette personne-là est honnête. Je n'ai
pas d'autre choix. Malheureusement, je ne suis pas dans la police. Je n'ai pas
les façons de faire ce que vous me demandez de faire, ou de
vérifier ce que vous demandez de vérifier, puisque...
M. Ryan: Alors, vous... Non, non, vous me répondez.
Vous...
M. Simard: Vous comprenez?
M. Ryan: Vous n'avez eu connaissance de rien?
M. Simard: Bien, connaissance de rien... Il y a tellement de
choses qui se disent. Il s'agit juste de se promener dans les rues de
Montréal ou dans les rues de Québec, et je suis sûr que
vous allez avoir connaissance de quelque chose. Sauf que, ce que je vous dis,
c'est que, dans le domaine de l'amusement, je ne pense pas que le domaine de
l'amusement soit un domaine qui est tel qu'il est dépeint dans les
journaux. Je ne le crois pas. Ça fait 25 ans que je suis
là-dedans, et je ne pense pas qu'on puisse me traiter de maffioso ni de
«pégreux». Ce n'est pas mon titre.
M. Ryan: Non. Ce n'est pas mon intention du tout...
Le Président (M. Dauphin): Si vous me permettez, M. le
ministre...
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Dauphin): ...puisqu'il est 18 heures,
est-ce que les membres de la commission désirent poursuivre ou reprendre
à 20 heures?
M. Dufour: C'est parce que je pense que, selon l'agencement du
temps, on serait capables en commençant à 20 heures, par
exemple, pas à 20 h 50, là de continuer les
échanges et on serait capables de passer tous les groupes pareil.
M. Ryan: En tout cas, vous avez les... Si vous ne consentez pas,
ça veut dire qu'on n'a pas le choix.
Le Président (M. Dauphin): Ça va? Alors, nous
reprenons à 20 heures précises, et je demanderais à nos
invités de revenir à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 5)
(Reprise à 20 h 10)
Le Président (M. Dauphin): Mesdames et Messieurs, si vous
le permettez, nous allons reprendre nos travaux, et nous continuons avec la
Corporation du loisir automatique du Québec. Et puis, maintenant, le
groupe ministériel, à date, a pris 15 minutes. On va commencer
avec l'Opposition officielle, et nous continuerons avec les
députés ministériels plus tard.
Alors, M. le député de Jonquière, à vous la
parole.
M. Dufour: Merci, M. le Président. je remarquais, dans
votre présentation, que vous parliez d'un profit de 40 % que vous
réinvestissiez pour de nouvelles machines, puis 60 % avec lesquels vous
payez des salaires, etc. il n'a pas grand place pour des profits
là-dedans. je me demande ce que vous faites dans cette
galère-là.
M. Hébert (Gaétan): Je pense que je peux
répondre à la question. Si on regarde, il y a le terme
«etc.» au bout. Donc, les profits sont à l'intérieur
du «etc.»
M. Dufour: Alors, les profits sont à l'intérieur
des 40 %
M. Hébert: non, non. le texte finit, lorsqu'on
énumère les 60 %, le texte finit par «etc.»,
e-t-c.
M. Dufour: Ah bon! Parce que c'était difficile pour moi de
comprendre qu'est ce qu'ils font dans cette histoire-là.
Vis-à-vis du système tel quel, pour vous autres,
actuellement, on a parlé tantôt, avant souper, de droits acquis
parce que vous payez un permis. Mais ce n'est pas un précédent,
ça. Moi, je vous dis, selon ce que je connais, qu'il y a des endroits,
même dans des municipalités, où ils chargent des taxes ou
un permis. Ça ne légalise pas l'action par le fait même.
C'est que la municipalité collecte la taxe, mais elle ne légalise
pas nécessairement l'action qui est faite par quelqu'un. Et ça,
j'ai vécu ça à quelques reprises dans une
municipalité. Est-ce que vous croyez qu'il y a des différences
par rapport à ce que, moi, je vous dis? Est-ce que vous êtes au
courant que, dans des municipalités, ça se fait? Que les
municipalités vont charger des taxes, des fois, sur des choses, puis
ça ne les a pas légalisées nécessairement? Mais la
municipalité le fait pareil. Est-ce que vous êtes au courant de
ça?
M. Hébert: Ça s'est déjà vu.
M. Paquin (Pierre): Si je peux me permettre, effectivement, je
suis d'accord pour... Je ne pense pas que ce soit la prétention de la
Corporation. Un permis en tant que tel n'a jamais créé de droits
acquis, et ce n'est pas là la prétention de la Corporation. Sauf
que la prétention est la suivante: par l'émission de permis, on a
fait en sorte de créer une industrie qui, pendant plus de 12 ans, s'est
bâtie autour du fait qu'on avait émis des permis. Alors, c'est en
pleine connaisance de cause. Il ne faut pas se leurrer, il faut faire
attention. Il y a une question qui est importante à poser: Qu'est-ce qui
justifie qu'on ait toujours eu des frais pour les permis pour l'amusement en
général? Et là les gens, ici, pourront me reprendre, mais
on chargeait, pour un permis sur, par exemple, une machine à boules
ordinaire, on chargeait, si je ne me trompe 200 $, et, pour un appareil poker,
on a toujours chargé la somme de 750 $.
M. Hébert: Les derniers permis qui ont été
émis, c'était 750 $ pour le poker et c'était 300 $ pour un
appareil d'amusement.
M. Paquin: Alors, le fait que l'on chargeait ce
montant-là, qu'est-ce qu'on peut en conclure, sauf que le gouvernement
était bel et bien au courant de l'utilisation qui était faite de
ces appareils-là? Si ce n'est pas ça, la conclusion, quant
à moi, il n'y a aucune justification qu'on charge beaucoup plus cher
pour ces appareils-là.
Alors, effectivement, ça, ça n'a pas créé
des droits acquis mais ça a fait en sorte qu'on était en mesure
de se considérer autorisés à agir de la sorte par le
gouvernement qui, lui même, a empoché des profits de beaucoup
supérieurs sur ces appareils-là. Et on a créé une
situation. Maintenant, on en a parlé beaucoup tantôt. M. le
ministre a posé des questions. Quant à moi, c'est un
débat, aujourd'hui, qui est un petit peu futile, soit celui de la
légalité de ces appareils-là. Moi, je vous dis: On a
créé un situation qui a perduré. Et tant et aussi
longtemps que ça faisait l'affaire de tout le monde, on l'a
laissée perdurer.
Maintenant, il y a eu des décisions de tribunaux, entre autres de
la Cour d'appel, sauf que je ne suis pas juge, et loin de moi l'intention
d'usurper les pouvoirs des tribunaux; ils auraient éventuellement eu
à se prononcer sur ce problème-là, mais, maintenant,
ça ne sera pas nécessaire. Est-ce que c'était
illégal d'agir ainsi? Est-ce que c'était légal? Quant
à moi, on devrait mettre un terme à ce débat-là. La
seule chose dont on peut être certain à l'heure actuelle, c'est
que le gouvernement a le pouvoir de légaliser ces choses-là.
Alors, quant à moi, c'est un débat, à savoir:
Est-ce que c'était légal, est-ce que c'était
illégal? On se bat devant les tribunaux. La seule chose qu'on peu
conclure, c'est que le gouvernement était bien au courant du fait qu'on
chargeait le triple pour ces permis-là. Et, aujourd'hui, on se rend
compte que le gouvernement a tous les pouvoirs pour légaliser. Alors,
qu'on arrête de faire un débat sur la légalité de
ces appareils-là. Ça, c'était le passé. Maintenant,
qu'on regarde le futur puis qu'on se dise: Bon, bien, comme le gouvernement a
le pouvoir de régulariser la situation, soit, on est bien heureux qu'il
le fasse. Maintenant, notre seul problème, puis ce qu'on se demande,
c'est: Est-ce que, ça, ça justifie le gouvernement de dire: Bon,
bien, je le fais, je légalise mais je légalise seulement pour moi
et j'écarte l'industrie privée?
M. Dufour: Je suis peut-être un peu d'accord qu'on ne
passera pas trop de temps sur la réalité, mais c'est parce que,
avant le souper, ça avait fait l'objet, tout de même, d'un
échange assez vigoureux. Et je regarde votre mémoire puis,
à la fin, vous demandez un certain nombre de questions. Ce qui fait que
ça semble, en tout cas pour un profane comme moi, qu'il n'y a pas eu
beaucoup de négociations avec le ministère à venir
jusqu'à maintenant. Les questions que vous posez, elles semblent sans
réponse. Quel rôle le gouvernement ré-serve-t-il aux
opérateurs? De quelle manière le gouvernement va-t-il
protéger les droits? Quel est le mécanisme des
négociations? Quel sort réserve-t-on aux appareils? Bon, etc. Il
y a une série de questions que vous posez à la fin de votre
mémoire. Est-ce qu'il y a eu des négociations avec le
gouvernement ou avec le ministère, qui vous donnent tout de même
une certaine orientation? Vous arrivez ici, puis... On n'a pas participé
à ça, nous autres. Je ne le sais pas, moi, ce qui s'est
passé.
M. Simard: Je pense qu'il y a eu plusieurs discussions; il y a eu
plusieurs entrevues privées avec plusieurs personnes du gouvernement
comme du parti de l'Opposition. Ce que je comprends n'étant pas
un spécialiste, encore, je vous le répète c'est que
le consensus n'est pas établi au niveau du gouvernement à l'heure
actuelle. Donc, les réponses qu'on demande vont peut-être faire
l'objet d'une étude plus approfondie. C'est pour ça qu'on demande
une table de concertation; c'est parce qu'on veut être consultés.
Mais, effectivement, d'après moi, il n'y a pas eu de réponse,
à l'heure actuelle, du gouvernement.
Mais j'aimerais, en même temps, si je peux me permettre... On
parle depuis 20, 25 minutes de vidéopo-ker, mais, pour la Corporation du
loisir automatique, il y a un fait qui reste, c'est que le vidéopoker,
c'est une entité, mais il y a un tout qui s'appelle le monde de
l'amusement, puis le projet de loi 84, je le répète, est un des
plus beaux outils qui n'a jamais été donné au monde de
l'amusement pour régler les problèmes à long terme. Donc,
il y a un problème de vidéopoker qu'on peut certainement
régler, là, mais on pourrait aussi parler du monde de
l'amusement, je pense. Il y a des problèmes avec certains endroits, des
arcades, puis des appareils.
M. Dufour: Ce matin, la Sûreté du Québec nous
a donné un certain nombre d'éléments, un certain nombre de
problèmes. Ils ont identifié des problèmes. Puis, quand on
lit votre mémoire, il ne semble pas qu'il y ait des problèmes
dans l'industrie. Parce qu'il semble qu'on est vraiment complètement
à côté des problèmes. Vous nous dites: Dans
l'industrie, on est des bons opérateurs, on voudrait participer, puis on
veut marcher. Mais...
M. Simard: Je vais vous répondre d'une façon. Je
n'ai pas lu le mémoire de la Sûreté du Québec. Je
n'étais pas ici pour l'écouter. Malheureusement, on est
arrivés en retard. Ce que je retiens de tout ça, puis ce dont
j'ai parlé un peu avec M. le ministre avant, c'est que l'industrie de
l'amusement est une industrie aussi valable que celle des bars, des restaurants
ou toute autre chose. Puis ce n'est pas à moi de définir qui est
quelqu'un de la pègre ou qui est quelqu'un de la maffia. Si vous pouvez
me nommer des noms, à ce moment-là, on fera un ménage
direct. Par contre, je ne pourrais pas m'attribuer le devoir de le faire. Tout
ce que je peux vous dire, c'est que les membres de la Corporation agissent
d'une façon, en payant leurs impôts, en payant leurs permis. Puis
ça, c'est une clause sine qua non. S'ils ne paient pas de permis
à la Régie, ils ne sont pas admis à la Corporation. Donc,
on tente de le faire, mais on tente de le faire aussi d'une façon
légale. Si je disais, demain matin, à une personne: Tu n'as pas
le droit parce que tu n'as pas une bonne réputation, je pense que la
personne pourrait me donner une injonction ou faire quelque chose. Les
conseillers légaux pourraient peut-être me le dire, là.
Mais, encore une fois, je suis sûr qu'à travers une table
de concertation, si vous avez des suggestions puis vraiment des solutions
à apporter, on est prêts à vous appuyer la-dessus. Il n'y a
aucun problème. Mais ne me demandez pas, à moi, de définir
qui est quelqu'un qui appartient au monde interlope. Malheureusement, je n'ai
pas cette capacité-là. Je ne peux pas aller voir son casier
judiciaire, moi, là.
M. Dufour: Autrement dit, vous ne contrôlez pas la
qualité de vos membres.
M. Simard: Je ne contrôle pas les personnes que je
rencontre dans la rue non plus. Vous comprenez?
M. Dufour: Mais, je ne vous en demande pas tant. (20 h 20)
M. Simard: Je m'assure simplement...
M. Dufour: Je ne vous en demande pas autant que ça,
là.
M. Simard: Je m'assure simplement qu'ils respectent les
règlements.
M. Dufour: Vous êtes un représentant d'une
corporation.
M. Simard: Pardon?
M. Dufour: Vous êtes... Vous parlez au nom d'une
corporation.
M. Simard: C'est ça.
M. Dufour: D'un groupe.
M. Simard: Oui.
M. Dufour: Donc, moi, je suis obligé de prendre
le mémoire et ce que vous dites dessus. À aucun moment je
ne vois que vous vivez certains problèmes. Moi, j'ai été
maire quelques années. Donc, j'ai vu des choses qui se passaient, j'ai
vu des problèmes qui étaient causés. Il y a toutes sortes
de choses qui se passent, là-dedans. Dans votre mémoire, je ne
sens pas que vous vivez certaines difficultés. Mais, comme
président d'une corporation, vous avez des membres qui se joignent
à vous autres. Vous parlez au nom de ces membres-là. Donc, si
vous parlez au nom de ces membres-là, j'imagine que le mémoire
que vous nous présentez, c'est un peu en accord avec tout ce
monde-là.
M. Simard: Oui.
M. Dufour: Bon. Et ça doit refléter aussi une
réalité, et je ne la sens pas nécessairement.
M. Simard: Mais la réalité dont vous me parlez,
c'est ça que j'ai de la misère à centrer pour
répondre à votre question d'une façon la plus
précise possible. J'essaie de vous donner une idée de ce qui se
passe tous les jours, dans la rue. Si on parle de personnes qui agissent de
façon indésirable, ce qui est indésirable pour moi... Dans
le sens qu'un opérateur d'amusement opère seulement du poker,
admettons, puis fasse des propositions, disons, de pourcentage, ce qui n'est
pas bon pour l'industrie, pour moi, c'est indésirable, mais je ne peux
pas aller plus loin que ça.
On a un code de déontologie, la Corporation a appliqué un
code de déontologie depuis le début. Je peux vous en faire la
lecture, si vous le voulez, ou je peux vous le soumettre, et vous le
regarderez. On a essayé de s'assurer que personne et comme on est
tellement petit, c'est relativement facile n'agit, dans la vie de tous
les jours, comme... Si on parle d'un point en particulier, ce qui est
inacceptable pour moi, moralement, c'est que des enfants aient accès
à un vidéopoker. Comprenez-vous? Donc, dans le code de
déontologie, on a spécifié qu'aucun membre de la
Corporation n'avait le droit de laisser des appareils de type vidéopoker
ou des permis de catégorie A, dans le temps, à la disposition des
enfants. C'est une demande qu'on a faite à nos membres. On essaie de le
vérifier, mais ce n'est pas facile, effectivement. Je ne vous le
cacherai pas.
M. Dufour: Mais vos membres ne sont pas soumis à un code
d'éthique?
M. Simard: Bien, on a un code de déontologie qu'ils ont
tous approuvé, oui.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Merci. Alors, je ne suis pas membre de la
commission, mais j'ai compris que vous me donniez l'autorisation. Merci.
Je voudrais demander... Parce que, moi, le volet qui m'intéresse
beaucoup, c'est l'aspect jeunes et aussi tout ce qui peut favoriser, en fin de
compte, l'attraction des jeunes vis-à-vis des arcades. Mais, si j'ai
bien compris, selon certaines expressions, vous appelez ça aussi des
salons familiaux ou...
M. Simard: Oui.
Mme Vermette: ...en tout cas, vous avez changé le terme.
Alors, j'ai l'impression que vous êtes en train de vous substituer
à la famille. Et, souvent, on se pose des questions: Avez-vous
consulté les membres de la famille, s'ils sont en accord avec vous
là-dessus, pour être les substituts? C'est assez particulier,
d'une part.
Moi, ce qui m'inquiète, c'est parce que vous avez marqué
ici, dans votre mémoire, à la page 10, en fait, bon: «Le
gouvernement veut empêcher les appareils de vidéoloterie dans les
dépanneurs et près des zones scolaires», etc. Est-ce que,
vous, vous avez envisagé des moyens de protéger la jeunesse?
Parce que vous avez aussi une fonction morale, dans la société,
comme entrepreneurs. J'imagine que vous avez un rôle social aussi. Et,
pour vous, là, comment avez-vous... Votre partenariat, soit avec le
monde local comme les groupes communautaires, qu'en est-il? Il y a plein de
travailleurs de rue qui sont obligés de rester dans les arcades parce
que c'est là que se «deal» le plus de drogue actuellement,
au niveau des jeunes. C'est là qu'il y a le plus de promiscuité.
Il y a plein de choses qui se passent à ce niveau-là, dans ces
salons familiaux. Je ne sais plus si c'est vaiment la réplique de ce qui
se passe dans nos maisons, mais, en tout cas, il se passe des choses douteuses,
en tout cas, pour le moins, et c'est très coûteux pour notre
société à l'heure actuelle. C'est une augmentation de
surveillance policière, et à tous les niveaux.
M. Simard: Ce qu'on a fait comme représentations depuis la
formation de la Corporation, on a toujours poussé, on a eu des
rencontres pour essayer de relier à un permis d'arcade en salle
d'amusement qui est une arcade. Il y a 2 sortes de salles d'amusement. On ne
peut pas se le cacher, ça. Il y en a des bien tenues et des mal tenues.
Nous autres, ce qu'on essayait de promouvoir au sein de la Corporation, c'est
que le gouvernement devrait donner un permis d'arcade équivalant
à un permis de boisson. Et, si vous me dites que vous avez des preuves
qu'il se vend de la drogue dans telle arcade, bien, ce que je vous demande,
moi, comme père de famille parce que j'ai 2 enfants c'est
de la fermer.
Et on investit des sommes affreuses. On compare un peu aux salons de
billard. Si vous reculez il y a 5 ans, les salons de billard étaient les
endroits les plus mal tenus au Québec. Ils avaient même la plus
mauvaise réputation. Aujourd'hui, des hommes d'affaires investissent des
montants. Parce que je vends des appareils, et je peux vous dire que je vends
des appareils, des simulateurs de vol qu'on vend, qui valent 40 000 $. Le type
installe son arcade, il dépense des fois 200 000 $ pour l'installer, ce
qui est plus que plusieurs petites entreprises dans des municipalités,
et il n'est pas reconnu. Il
veut travailler avec la police et il ne peut pas.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Vermette: Est-ce que vous seriez d'accord, en fait, d'aller
dans le même sens qu'il est proposé par le gouvernement, à
savoir que, pour protéger les jeunes, il y a des zones qui devraient
être considérées, et d'accepter, en fin de compte, ce
territoire-là, déterminé, et de faire en sorte que,
justement, ce seraient des choses à respecter hors de tout doute?
M. Simard: Je peux vous dire que, si ça fait partie d'une
négociation sérieuse, à travers une table de concertation
ou à travers ce que le gouvernement voudra bien nous donner, je n'ai
aucun problème avec ça. Personnellement, j'ai toujours dit... Je
demeure à Saint-Eustache, qui est une municipalité. La
journée où mon enfant de 7 ans va jouer avec un appareil
vidéo, je vous jure que le gars, je vais lui faire assez de plaintes
qu'il ne s'amusera pas.
Le Président (M. Dauphin): M. Ménard, vous vouliez
ajouter quelque chose.
M. Ménard: Oui, j'aimerais juste ajouter, peut-être
pour le bénéfice de Mme la députée, qu'il y a, dans
le code de déontologie, des éléments essentiels. Par
exemple, il y a un élément qu'on demande: tous les
établissements du candidat doivent être bien tenus
interdire la sollicitation, la vente, la consommation de drogues ou autres. Et
sachez que, peut-être que le rapport de police tantôt n'avait pas
été évident, mais la plupart des opérateurs
collaborent et se font un immense plaisir de travailler de concert avec la
police, parce qu'on n'en veut pas; on veut des endroits bien tenus. La seule
façon qu'on a de bien opérer, c'est de tenir des endroits
propres, bien tenus. On leur demande, les moins de 13 ans, d'être
accompagnés d'un adulte; il y a toutes sortes de mécanismes de
prévention qui permettent d'avoir un contrôle sur les lieux. Et,
si vous voulez, je pourrais vous en montrer dans votre circonscription, dans
des endroits extraordinairement bien tenus.
Mme Vermette: Oui, bien, justement, venons-en à ma
circonscription. Ce que j'ai constaté chez nous, en fait, la plupart des
arcades sont là où se tiennent généralement des
jeunes, et ce n'est pas très loin; il y a en a une qui n'est pas
très loin, en fait, de l'école secondaire Gérard-Filion,
ou à côté d'un groupe de jeunes. C'est toujours dans un
arrondissement, là où il y a plus de jeunes, parce que c'est
très attirant pour les jeunes. Donc, j'ai l'impression qu'effectivement
il faut vraiment que ça vienne de plus haut pour donner une tendance
au...
M. Simard: Je ne suis pas en désaccord avec ce que vous
affirmez, sauf que je ne connais pas la situation. Vous êtes dans quel
comté?
Mme Vermette: ...de Longueuil, Marie-Victorin.
M. Simard: Longueuil, O.K. Je sais qu'il y a plusieurs arcades
à Longueuil. Je le sais pertinemment...
Mme Vermette: C'est une pépinière.
M. Simard: Oui, effectivement. Il y a certaines arcades
là-dedans, je sais pertinemment qu'elles sont bien tenues, parce que
c'est certains de mes clients qui les ont, et je sais que ça a
été bien tenu. Et j'ai des clients, membres ou non-membres de la
Corporation, qui font honneur à l'industrie depuis tellement
d'années et qui travaillent sur l'image de l'industrie depuis tellement
d'années que vous ne pouvez même pas vous présenter dans
cette arcade-là avec un jean troué. Mais c'est une autodiscipline
que le gars s'est donnée, parce que personne ne l'a appuyé.
Ce qu'on dit au gouvernement et aux députés: Appuyez-nous,
qu'on s'assoie ensemble, et l'industrie est capable de vous accoter; elle est
capable de respecter ça. Mais, si vous ne donnez pas un permis genre
permis de boisson à une arcade, et vous passez votre vie à me
dire qu'il y a de la drogue dans l'arcade et vous ne faites rien, qu'est-ce que
je peux faire? Je vous le demande sincèrement, parce que je ne le sais
pas. J'ai des enfants, je ne suis pas intéressé qu'ils touchent
à ça non plus, sauf que dites-moi quoi faire.
On a des suggestions qu'on a faites au gouvernement depuis plusieurs
années, et il n'y a rien qui s'en vient. Et on espère que le
projet de loi 84, justement, va clarifier ces situations-là une fois
pour toutes, qu'on ne sera pas poignes dans 5 ans à revenir vous
reparler en commission parlementaire pour dire: Comment ça se fait qu'il
y a encore de la drogue dans l'arcade à telle place? Si l'industrie au
complet fait sa job, si le gouvernement fait sa job, je pense que c'est le
monde du Québec qui va gagner là-dessus.
Mme Vermette: J'ai juste une question à vous poser. C'est
parce que vous avez parlé, bon, en fait, que vous êtes plein de
bonnes intentions, puis je n'en doute pas je n'aurais pas raison d'en
douter mais il y a une autre question qui me vient: Dans votre milieu,
est-ce que ça existe, ça, la protection, chez vous? Non?
Ça n'existe pas?
M. Simard: Dans quel sens, la protection?
Mme Vermette: Bien, je veux dire, comme un genre de... Pour
exploiter certaines choses ou avoir un certain endroit pour exploiter, en fin
de compte, on met une certaine pression de protection pour ne pas avoir trop de
problèmes. (20 h 30)
M. Simard: Vous voulez dire aller chercher une location sur le
bras, qu'on appelle.
Mme Vermette: Bien, je ne sais pas vos termes; je les connais
moins. Ha, ha, ha!
M. Simard: Ha, ha, ha! Écoutez, il y a des...
Moi, personnellement, comme je vous le dis, il n'y a jamais personne qui
est rentré dans mon bureau pour m'intimider. Je suis peut-être
chanceux. S'il y a des rapports, je veux les voir. Je ne vous dis pas que
ça n'existe pas; je vous dis que je me sens bien petit pour
régler ça. Je suis prêt à vous aider, la Corporation
et les membres sont prêts à vous aider, et je suis sûr que
l'industrie en général est prête à vous aider. Mais
je trouve que c'est un faux débat.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci beaucoup. C'est
malheureusement tout le temps qui était alloué à
l'Opposition officielle. Il reste 5 minutes, et M. le député de
Chapleau m'avait demandé pour intervenir.
M. Kehoe: Oui, M. le Président, merci.
Vous avez mentionné que vous n'aviez pas assisté à
la présentation du mémoire par la Sûreté du
Québec, ce matin et cet après-midi. Mais il y a 4 positions
qu'elle prend. J'aimerais ça recevoir vos commentaires. Est-ce que vous
êtes d'accord avec ça? La première, je pense que vous
êtes d'accord avec ça: Que les appareils soient inaccessibles aux
mineurs; ça, je pense que...
M. Simard: Attendez une minute, là! On parle de quels
appareils?
M. Kehoe: Bien, les vidéopokers.
M. Simard: Oui, effectivement, on est pleinement d'accord avec
ça.
M. Kehoe: La deuxième: Que les appareils soient
situés dans une aire exclusive à leur exploitation et que la
consommation de boissons alcooliques soit prohibée dans cette
section.
M. Simard: On parle toujours d'appareils de poker
reliés...
M. Kehoe: Strictement, strictement.
M. Simard: Du nouvel appareil, pas de celui qui est là,
sur le marché; du nouvel appareil relié avec Loto-Québec,
ou quoi que ce soit...
M. Kehoe: C'est ça.
M. Simard: ...avec l'ordinateur central.
M. Kehoe: C'est ça.
M. Simard: Pas de misère à vivre avec
ça.
M. Kehoe: Vous êtes encore d'accord avec ça? Dans un
endroit où il n'y a pas de vente de boissons alcooliques?
M. Simard: Dans ce coin de l'endroit là, oui,
effectivement.
M. Kehoe: Bon, O.K. Que le mécanisme de
détection des joueurs compulsifs soit mis sur pied pour venir en aide
à ces derniers. Ça, c'est un point qui était fait ce matin
par la Sûreté du Québec, de dire: Les mineurs et les plus
démunis, je pense que c'est justement les joueurs compulsifs, là,
actuellement.
M. Simard: II faut faire attention. La Corporation, de son propre
chef, il y a peut-être 6 mois, 1 an tu me corriges si je fais une
erreur a communiqué avec une association qui est sérieuse
et respectée, qui s'appelle les gamblers anonymes. On a demandé
à ces gars-là: Qu'est-ce qu'on peut faire, comme industrie, parce
que les journaux nous disent qu'on détruit vos vies? Moi, je compatis.
Est-ce qu'on pourrait mettre votre numéro de téléphone sur
chacune des machines de la Corporation et, si jamais il y a vraiment un
gambleur anonyme et qu'il est mal pris, qu'il sache où s'adresser? Les
gamblers anonymes nous ont répondu qu'ils n'étaient pas
intéressés. Ils disent: Tu vas avoir un paquet de personnes qui
ont perdu 100 $ ou 50 $, qui vont dire: J'ai un problème. Ce n'est pas
de ça que j'ai besoin. Us disent: II faut que le gars réalise
qu'il a un problème, un peu comme Loto-Québec vous l'expliquait
ce matin: Quand le gars réalise qu'il a un problème, il va
là.
Pour ce qui est des autres, on a un sondage qui nous dit que les
chiffres ne sont pas exactement pareils. Quand on parle des plus démunis
peut-être que Claude peut vous donner des résultats de
sondages on arrive à autre chose. On a payé un sondage
Léger & Léger pour, justement, aller chercher ces
informations-là. Mais, encore une fois, je vous dis qu'on parle
seulement de poker, là.
M. Kehoe: Oui, oui, de vidéopoker. M. Simard:
O.K.
M. Ménard: Si vous me permettez. Il y a 2
éléments, et j'ajouterais, avec les GA, qu'on les appelle, les
gamblers anonymes, c'est la même philosophie de base que les Alcooliques
anonymes. Le principe de base veut que la personne qui, véritablement...
Il faut qu'elle ait touché les bas-fond et qu'elle soit restée
aux bas-fond avant qu'elle ne remonte à la surface et qu'elle ne se
prenne en main. Et la raison pour laquelle ils ont refusé
également qu'on inscrive leur numéro de téléphone,
c'est qu'il y aurait eu trop d'appels de l'entourage de ces gens, et ça
aurait créé une confusion terrible. De la façon qu'on les
aide... Vous avez chacun vos oeuvres de bienfaisance; nous, on a notre oeuvre
de bienfaisance, et c'est la première fois qu'on en parle. Point final
sur celui-là.
Sur les statistiques, tantôt, il y a eu des choses qui ont
été galvaudées. Tantôt, il y a un rapport ou il y a
des éléments qu'on vous a dits, qu'effectivement c'étaient
les plus démunis qui dépensaient le maximum d'argent. Ce n'est
pas vrai.
M. Kehoe: Non, ils sont...
M. Ménard: Le sondage que nous avons fait auprès de
gens m'indique tout autre chose. J'ai les catégories d'âge, les
catégories de moyenne de salaires, et, croyez-moi, c'est loin
d'être la réalité, ce qu'on a avancé plus tôt
en commission parlementaire un autre groupe.
M. Kehoe: Mais les mineurs...
M. Ménard: Ça fait que, moi, je me fie aux
statistiques que j'ai; je ne peux pas vous en dire plus, là. Je veux
dire, c'est ce que j'ai. Si, M. le ministre, vous en voulez, je me ferai un
immense plaisir de vous en envoyer une copie.
M. Kehoe: Moi, je sais pertinemment bien, dans mon comté,
dans la ville de Gatineau, dans des dépanneurs actuellement, des
mineurs, là... C'est plutôt, surtout des mineurs et les personnes
les plus démunies qui jouent au vidéopoker. Et, justement, je ne
sais pas si vous êtes d'accord avec la prétention du
président de Loto-Québec qui nous a dit tantôt que c'est
eux qui ont le plus tendance à devenir des joueurs compulsifs.
M. Simard: Oui. Je suis d'accord avec ça, moi. Puis il y a
quelque chose que j'aimerais rajouter à ça. Je ne connais pas la
situation exacte dans votre comté...
M. Kehoe: C'est de même partout.
M. Simard: ...mais ce qu'on cherche, justement, c'est à
arrêter ces choses-là. Tout à l'heure, on disait qu'il y
avait de la vente de drogue dans les arcades. On demande des situations claires
pour pouvoir justement régler ces problèmes-là, puis qu'on
arrête de penser à tout ça. Quand on parle d'un certain
comté où il peut y avoir des problèmes de
«gambling» avec les jeunes, je suis d'accord avec vous que, si une
personne venait jouer à un vidéopoker... Écoutez, il ne
faut pas se le cacher, c'est la même chose que quand un jeune va chercher
un billet de Loto-Québec. Pour moi, c'est immoral. Donc, si vous
réglez le problème de Loto-Québec avec ses terminaux, on
va peut-être réussir à régler notre problème
nous autres avec. Vous comprenez? Ce n'est pas de la mauvaise foi, ça,
c'est une tentative de contrôle.
Je ne sais pas si vous êtes abonnés à Videoway; tout
le monde me parle de la jeunesse. Videoway, à l'heure actuelle, par
l'entremise de Loto-Québec, développe des jeux, puis...
Vidéotron, Videoway; sinon Videoway, tu ne peux l'avoir.
Vidéotron, Videoway, Loto-Québec développent des jeux:
black jack, roulette, puis tout ça, pour Videoway. Vous pouvez jouer
à l'intérieur de votre maison, puis les enfants qui ont Videowaoy
chez eux s'initient au black jack puis à la roulette. Ce n'est pas nos
machines de poker qui les initient. Vous comprenez?
M. Kehoe: Non, non... Je suis d'accord.
M. Simard: Si on se parle des vraies affaires, je suis d'accord.
L'industrie est de bonne foi, je le répète. L'industrie ne
demande pas mieux que d'être encadrée de la bonne façon,
mais je pense qu'on fait partie de la solution, pas du problème, puis
que, si la solution est négociée de bonne foi, bien, on va
trouver un terrain d'entente pour tout le monde, puis ça va aller bien.
Mais on va régler le problème pour 20 ans, pas pour 2 ans.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. M. le
député de Chapleau...
M. Kehoe: Êtes-vous en négociations actuellement,
encore? Où en sont les négociations avec le gouvernement, dont
vous parlez, là?
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Chapleau? Hou, hou!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le président (M. Dauphin): Je vais accorder une
dernière question à M. le député de Viger.
Très, très brève puisque le temps est terminé
là; 1 minute.
M. Maciocia: Très brève, M. le Président. Je
pense qu'on s'est attardés. On a passé 1 heure, quasiment,
seulement sur le vidéopoker. Est-ce qu'il n'y a pas autre chose qui vous
intéresse? Je pense que dans les centres d'amusement ou autres choses
desquelles vous parlez... Il a beaucoup d'autres items qui concernent ces
centres d'amusement.
M. Simard: Définitivement.
M. Maciocia: Vous n'êtes pas sans savoir, j'imagine... Vous
avez entendu la Sûreté du Québec et d'autres personnes qui
sont intervenues. Il y a la police de Montréal qui va nous entretenir
tantôt. Je pense que le gouvernement doit, d'une manière ou d'une
autre, légiférer sur les vidéopokers. Ça, c'est
clair dans mon esprit. Je pense que tout le monde est d'accord, et vous aussi,
vous êtes d'accord. Mais est-ce qu'on ne pourrait pas toucher au moins
les autres aspects qui vous concernent directement aussi, dans ce
domaine-là, et dans lesquels, probablement... Même si on n'a pas
de vidéopoker, on pourrait quand même essayer d'avoir une certaine
collaboration.
M. Simard: Oui, c'est pour ça qu'on parle toujours d'une
table de concertation. Si je peux me permettre une parenthèse pour
répondre un peu à la question, il n'y a pas de
négociations d'entamées avec le gouvernement. On attend le projet
de loi 84, et on souhaite ardemment que le gouvernement va vraiment s'asseoir
avec les représentants de l'industrie en général, puis les
intervenants, autant policiers que les villes, puis qu'on règle une fois
pour toutes, parce qu'on se retrouve, comme entrepreneurs, dans une situation
qui est... On
oublie le vidéopoker 30 secondes, O.K.? On oublie ça 30
secondes; on va vous parler d'autre chose.
À l'heure actuelle, si vous êtes opérateur
d'amusement, le gouvernement fédéral je ne suis pas
avocat; je demanderais aux 2 experts de me corriger si je me trompe
permet la libre circulation de tout appareil d'amusement. Je ne parle pas de
poker mais d'amusement. Le gouvernement provincial nous vend une vignette pour
chaque appareil d'amusement qui est sur la route. On essaie de louer des salles
d'arcade, les villes les interdisent. On est obligé de payer des frais
d'avocat pour se défendre contre des villes pour continuer à
garder nos business. Bien, c'est ça que j'espère que le projet de
loi 84 va régler pour de bon, que des hommes honnêtes puissent
travailler d'une façon honnête. Point, à la ligne.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci, M. Simard.
En conclusion, M. le ministre.
M. Ryan: Oui, M. Simard, peut-être juste un mot sur le
point que vient de soulever mon collègue. Le projet de loi crée
une régie qui va embrasser dans sa compétence l'ensemble des jeux
de hasard, des permis d'alcool, les courses, les loteries, les appareils
d'amusement également. Les appareils d'amusement sont déjà
visés par la loi de la Régie des loteries; ils sont
déjà couverts là-dedans. Mais, comme vous le dites, il y a
un travail d'examen approfondi à faire pour créer des conditions
où tout le monde se sentira plus à l'aise là-dedans. Soyez
assurés que c'est un des objectifs que la Régie se verra assigner
une fois le projet de loi adopté. Mais il faudrait que nous prenions une
décision sur les vidéopokers. Ça, c'est un problème
particulièrement urgent.
M. Simard: O.K.
M. Ryan: II faudrait que nous tenions compte de toutes les
indications qui nous sont données, mais tout le reste est un domaine
d'activité économique très important sur lequel,
évidemment, selon les intentions du gouvernement à l'heure
actuelle, les choses vont continuer; et peut-être qu'il y aura lieu de
définir certaines normes.
Vous avez parlé des arcades. C'est une source de grande
inquiétude, l'atmosphère qui règne dans les arcades, le
genre de choses dont on entend parler. Moi-même, je ne suis pas une
autorité là-dedans parce que je n'y suis jamais allé, pour
être franc avec vous; mes fonctions ne me le permettaient
guère.
M. Simard: II n'y a pas de permis de boisson. C'est bon.
M. Ryan: Mais soyez assuré que ce volet-là, que
vous avez évoqué à plusieurs reprises aujourd'hui, ne nous
est point indifférent. (20 h 40)
M. Simard: Je vous remercie beaucoup. Si je peux juste me
permettre de rajouter, 30 secondes...
Le Président (M. Dauphin): Oui, allez-y.
M. Simard: Pour ce qui est des arcades, j'aimerais juste dire, je
le répète, que... Il y a des arcades qui se créent au
Québec par des entrepreneurs qui sont sérieux, qui coûtent
des investissements de l'ordre de 350 000 $, 400 000 $, 200 000 $ en
équipement et en décoration, pour faire, justement, des centres
familiaux. Par contre, il y a des arcades qui se créent avec 2 gallons
de peinture et 2 mois de loyer. On est conscient de ça. C'est ça
qu'on ne veut plus. C'est une compétition qui nous est déloyale,
et on est obligé de vivre avec à cause du manque de
réglementation. Loin de vous demander de ne pas vous mêler de nos
affaires, on vous demande de vous en mêler mais de nous impliquer dans
vos décisions. Comme ça, on va être capable de vivre
avec.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. Alors,
messieurs, membres de la Corporation du loisir automatique du Québec,
merci beaucoup d'avoir participé à nos travaux.
M. Simard: Merci beaucoup.
Le Président (M. Dauphin): Je demanderais maintenant
à l'Association de l'amusement du Québec de s'avancer à la
table des invités.
Alors, nous souhaitons la bienvenue à l'Association de
l'amusement du Québec, notamment son président, M. Henley Song.
C'est ça? Alors, si vous voulez bien nous présenter les personnes
qui vous accompagnent et ensuite procéder à la
présentation de votre exposé ou de votre mémoire, pour une
durée maximale de 20 minutes. Ensuite de ça, il y aura une
période d'échanges entre les membres de la commission et
vous-même. À vous la parole.
Association de l'amusement du Québec
M. Song (Henley): Très bien. Parfait. Alors, à ma
droite: M. Jean-Pierre Auclair, administrateur de l'amusement et premier
vice-président de l'Association de l'amusement du Québec; M.
Alain Desrosiers, associé de Samson, Bélair, Deloitte &
Touche. À ma gauche: M. Philippe Audet, administrateur de l'Association
de l'amusement du Québec; M. Pierre Bourgault, administrateur de
l'Association de l'amusement du Québec, et Me Chantai Masse, de
McCarthy, Tétrault, de la firme d'avocats. D'accord?
Tout d'abord, nous tenons à remercier le ministre Claude Ryan
pour son intention de nous faire entendre à cette commission. Merci
également à M. le Président ainsi qu'à chaque
membre de la commission.
L'action de l'industrie. L'Association de l'amusement apprécie
grandement le geste que vient de poser le gouvernement pour légaliser la
vidéoloterie par le dépôt
du projet de loi 84. La situation de vide juridique que vit le secteur
de l'amusement depuis plusieurs mois connaîtra enfin son
dénouement.
L'Association de l'amusement n'a pas ménagé ses efforts
afin de démontrer la bonne volonté qui règne chez nos
membres pour parvenir à travailler comme partenaire avec le
gouvernement. Nous faisons référence au mémoire que nous
avons déposé à la commission parlementaire sur le
financement des services publics afin d'établir clairement la position
de l'industrie de l'amusement. Nous faisons référence: au code de
discipline et de déontologie que nous avons adopté au sein de
l'Association et fait respecter par nos membres; au sondage que nous avons
mené auprès des Québécois pour mesurer leur opinion
à l'égard de la vidéoloterie; au rapport de la firme
Samson, Bélair, Deloitte & Touche sur les aspects financiers de la
décision du gouvernement; aux rencontres avec les intervenants
gouvernementaux concernés par les changements de la
vidéoloterie.
L'Association de l'amusement a fourni beaucoup d'efforts pour unifier la
voie du milieu. Nous travaillons dans une industrie déstabilisée
qui a fait entendre parfois des réaction hétéroclites et
basées sur la nervosité et l'insécurité.
L'Association ne croit pas que les propos les plus vifs et les plus choquants
sont ceux qui peuvent être les plus percutants auprès du
gouvernement. Désormais, l'Association de l'amusement représente
une très grande proportion de l'industrie de l'amusement au
Québec. En effet, les membres de l'exécutif de la Corporation du
loisir automatique ont joint l'Association au mois de mai dernier. L'industrie
et le gouvernement ne peuvent que se réjouir de cette fusion.
Le contexte politique. Le chemin du dialogue que nous avons entrepris
est d'autant plus difficile qu'il est long et qu'il doit renverser les
préjugés qui englobent toute l'industrie de l'amusement.
N'oublions pas que nous sommes avant tout des pères et des mères
de famille, et même des grands-parents qui avons nos
responsabilités familiales en plus de nos responsabilités
d'employeurs. Bon nombre d'exploitants et de commerçants ont
déclaré les revenus qu'ils retiraient de la vidéoloterie.
Dans leur rapport d'impôt sur le revenu, ils ont payé les taxes
sur les biens et équipement.
L'Association propose au gouvernement de vérifier, à titre
d'exemple, les revenus déclarés au cours des 3 dernières
années, sur la base de 1/10 000, c'est-à-dire 10 000 $ de revenus
pour chaque appareil de vidéoloterie appartenant à l'entreprise
privée. Cette vérification comptable serait en mesure de
légitimer le gouvernement dans son processus d'accréditation des
intervenants intermédiaires dans le nouveau système de
vidéoloterie. Encore, le gouvernement pourrait se baser sur le nombre de
permis émis en 1990-1991.
Tout le Québec ressent les effets négatifs du
déficit gouvernemental. La récession ou même la
déflation qui sévit présentement réduit les revenus
du gouvernement. Le message du ministre des Finances lors du dépôt
du budget du 20 mai dernier nous rappelait l'obligation de réduire les
dépenses du gouvernement et de tenter d'augmenter ses revenus. À
l'instar des autres gouvernements nord-américains, le gouvernement du
Québec se montre intéressé par les revenus de la
vidéoloterie parce qu'il s'avère que le jeu représente une
taxe volontaire, attire les dollars touristiques, garde les dollars dans
l'économie locale, contribue en termes de taxes et d'impôt.
L'engouement actuel pour la vidéoloterie s'explique par son pouvoir
d'innovation et par son succès à générer des
revenus nouveaux. Ce qui rend la vidéoloterie vraiment
particulière, c'est que les appareils sont situés principalement
dans des établissements réglementés où l'attraction
principale n'est pas le jeu. Son pouvoir de développement
économique s'en retrouve doublé. l'option publique. soucieuse de
l'opinion publique, l'association de l'amusement a commandé un sondage
de la maison processus marketing afin de mesurer l'opinion des citoyens
à l'égard de la vidéoloterie. il s'agit d'un sondage
téléphonique auprès d'un échantillon
aléatoire de citoyens québécois âgés de 18
ans et plus; 505 entrevues ont été complétées. les
entrevues se sont tenues à partir de montréal, entre le 4 et le 9
avril 1993. le questionnaire était composé de 39 questions. voici
les faits saillants du sondage: un peu plus de la moitié, 56 % des
répondants, connaissent spontanément la vidéoloterie.
entre les 2 solutions, 52 % des citoyens préfèrent le partage des
responsabilités et 30 % favorisent le contrôle complet. cette
étude récente, qui a été menée à la
grandeur du québec, confirme clairement que la population accepte ce
type de taxation volontaire et qu'elle préférerait un mode de
gestion en partenariat plutôt qu'une mainmise exclusive de l'état.
de plus, la corporation du loisir automatique a fait faire un sondage par la
maison léger & léger, qui donne sensiblement les mêmes
résultats.
Les retombées financières. Bureau de la statistique du
Québec. Les membres de l'industrie ont fait faire des études par
le Bureau de la statistique du Québec, selon son modèle
intersectoriel, afin de mesurer l'impact économique réel de
l'industrie. (20 h 50) a. impact économique associé à
l'exploitation d'appareils vidéopoker. pour des dépenses
d'exploitation de 312 600 000$ reliées à la production
d'appareils vidéopoker, l'étude du bsq démontre que ces
dépenses généreraient 6519 emplois en hommes ou
femmes-années de 1993; une masse salariale de 142 685 000 $; une valeur
ajoutée de 254 300 000 $; des revenus, pour le gouvernement, en
impôts sur les salaires et gages, de 12 000 000 $; une contribution
à la parafiscalité québécoise de 13 800 000 $; des
taxes de vente de 2 100 000 $ et des taxes spécifiques de 14 700 000 $.
b. l'impact économique de la production d'appareils vlt. cette
étude est basée sur une hypothèse pour simuler l'impact de
la production d'appareils vlt au québec. l'étude du bsq mesure
l'impact sur l'économie québécoise des dépenses
d'exploitation associées à une production de 36 000 000 $
d'appareils vidéopoker de type vlt en 1994 par production de 7500
appareils: 364 emplois en hommes ou femmes-années de 1993;
une masse salariale de 11 300 000 $; une valeur ajoutée de 21 000
000 $; des revenus, pour le gouvernement du Québec, en impôts sur
les salaires et gages, de 1 300 000 $; une contribution à la
parafiscalité québécoise de 1 100 000 $; des taxes de
vente de 59 000 $ et des taxes spécifiques de 67 000 $.
Deuxièmement, Samson, Bélair, Deloitte & Touche. Tous
ces chiffres ventilés par le Bureau de la statistique du Québec
nous démontrent l'importance des retombées économiques de
l'industrie de l'amusement. Sachant que le gouvernement du Québec
analyse également le scénario de nationalisation de la
vidéoloterie par Loto-Québec, l'industrie a commandé
à la firme Samson, Bélair, Deloitte & Touche une étude
comparative de rentabilité relative à l'opération de la
vidéoloterie selon 2 scénarios: le premier scénario, le
gouvernement du Québec opérant en partenariat avec des
exploitants actuels de l'industrie de la vidéoloterie; deuxième
scénario, le gouvernement du Québec opérant seul. les
conclusions de cette analyse sont éloquentes. avec un revenu
anticipé de 630 $ par appareil-semaine et avec un partage des revenus de
30 % aux tenanciers, 45 % aux opérateurs et 25 % des revenus pour le
gouvernement, le revenu net, pour le gouvernement, est de 3516 $ par appareil,
dans le cas du premier scénario, soit en partenariat avec le
privé, alors qu'il retire 2804 $ dans le cas où le gouvernement
opérerait seul. cette base de calcul par appareil est simple et permet
de projeter les revenus selon le nombre d'appareils permis au québec.
selon une projection de 25 000 appareils au québec, la différence
de revenus pour le gouvernement est de près de 18 000 000 $ lorsqu'il
travaille en partenariat avec le secteur privé. de surcroît, la
comparaison au niveau des frais d'opération nous apporte des chiffres
explicites. le secteur public, opérant seul, doit calculer 5943 $ de
frais par appareil, alors que le secteur privé dépense 4119 $ par
appareil. au bout d'une année, pour 25 000 appareils, l'écart se
situe à 45 612 000 $.
L'option Loto-Québec. Tout le monde au Québec est fier de
l'image d'intégrité de Loto-Québec, et l'Association de
l'amusement aimerait beaucoup travailler dans le giron de ce partenaire.
L'avènement des casinos au Québec constitue un nouveau
défi pour Loto-Québec et représente également un
nouvel élément dans sa gestion, puisque Loto-Québec n'a
pas l'habitude d'administrer des casinos.
En ce qui concerne la vidéoloterie, Loto-Québec aura une
tâche supplémentaire par le contrôle du système
central des appareils, car nous pouvons aisément supposer que ce mandat
lui sera confié. Nous sommes convaincus qu'il serait hasardeux de lui
faire administrer également la gestion intermédiaire des
appareils. Nous connaissons bien cette industrie, et Loto-Québec
s'exposerait à de nombreux problèmes dans un domaine où
elle n'a pas d'expérience concrète. Cette nouvelle
responsabilité lui ferait inévitablement prendre des risques
qu'elle peut éviter puisque le secteur privé est prêt
à les prendre à sa place.
L'Association de l'amusement a fait des choix difficiles en ce qui
concerne ses membres au cours des derniers mois, et elle est maintenant en
mesure de protéger l'industrie de l'infiltration d'indésirables
par son comité de discipline et son code de déontologie. Les
nouveaux pouvoirs qui sont conférés à la
Sûreté du Québec nous rassurent et permettront un meilleur
contrôle dans le milieu. Nous sommes mieux placés que quiconque
pour protéger notre industrie tout en travaillant avec les
autorités désignées.
L'Association de l'amusement prend les devants au niveau des
conséquences sociales en mettant les bases en place pour une fondation
dans le but d'aider les joueurs pathologiques. Nous sommes innovateurs et
proactifs en ce sens et nous sommes disposés à prendre notre part
de responsabilités également en ce qui concerne les effets
négatifs de l'amusement.
L'option tenancier acheteur: Nous avons eu vent d'une option que le
gouvernement considérerait peut-être, soit celle où les
tenanciers des établissements achèteraient les appareils de
vidéoloterie et feraient directement affaire avec Loto-Québec,
quelques contrats devant être éventuellement donnés au
secteur privé. L'Association de l'amusement ne peut pas accepter cette
option, et ce, pour des raisons majeures. Tout d'abord, l'industrie ne veut pas
perdre cet intermédiaire du marché qui est le plus actif et le
plus prometteur au niveau du développement. Il serait inacceptable de
voir le gouvernement s'approprier des aspects payants d'une industrie et de
laisser le secteur privé se débrouiller avec les miettes et les
problèmes. D'autre part, les opérateurs privés, par le
biais de l'Association, sont en mesure d'assurer stabilité et
contrôle dans le marché. Enfin, et ce n'est pas le moindre point,
ce ne seront pas tous les tenanciers qui auront suffisamment d'argent pour
faire l'acquisition d'un appareil, et cela pourrait permettre à ceux qui
ont de l'argent facilement de s'infiltrer.
Il nous paraît plus simple pour le gouvernement de travailler et
de négocier avec quelques centaines d'exploitants plutôt qu'avec
des milliers de tenanciers. En outre, cette option détruirait
carrément l'autre pourcentage de 25 % de l'industrie de l'amusement qui
est supporté par la vidéoloterie, tel que billard, machines
à boules, vidéo, etc. Pour un faible pourcentage de revenus
directs supplémentaires, le gouvernement est-il prêt à
sacrifier des milliers d'emplois et à créer une zone grise telle
qu'elle a été vécue en Nouvelle-Ecosse?
Développement d'un produit québécois. Il y a
déjà des représentations auprès d'intervenants
gouvernementaux afin de promouvoir des appareils fabriqués au
Québec et qui seraient en mesure de rencontrer les normes de
contrôle les plus strictes que le gouvernement voudra imposer. Ces
appareils sont conçus par des entreprises québécoises
dynamiques qui ont travaillé sur d'autres projets importants; de plus,
elles exportent présentement vers les États-Unis. L'Association
de l'amusement est enthousiaste devant les perspectives de développement
de produits québécois dans la vidéoloterie et l'effet
extraordinaire sur l'économie. Nous avons d'ailleurs discuté des
retombées économiques un peu plus haut.
De concert avec les opérateurs privés, c'est une
solution idéale qui va dans l'esprit du gouvernement du
Québec puisque précisément de concert avec l'idée
du ministre Gérald Tremblay qui dit, dans l'Atlas industriel du
Québec: «C'est par esprit d'entreprise, de
créativité, d'imagination et par le goût du risque
calculé que les entrepreneurs et les gens d'affaires, partout dans le
monde, conçoivent, fabriquent et commercialisent des produits
distinctifs de qualité au meilleur coût possible. Nous avons une
occasion unique de bâtir l'avenir en capitalisant sur nos
forces.»
En restant dans l'esprit du produit québécois, nous avons
une question à poser au ministre de la Sécurité publique.
Par quelle commission seront approuvés les appareils de
vidéoloterie au Québec? Le gouvernement se basera-t-il sur les
accréditations accordées par la New Jersey Gaming Commission ou
implantera-t-il ses propres mécanismes de certification au
Québec? (21 heures)
Sur le projet de loi 84, voilà nos commentaires. De façon
très adroite, le projet de loi 84 que vous avez déposé ne
nous fait pas connaître la décision du gouvernement sur la gestion
de la vidéoloterie. L'Association de l'amusement a été
satisfaite de constater que le partenariat avec le secteur privé est
toujours considéré comme une option, et, si nous ne pouvons pas
crier victoire, nous ne pouvons pas non plus nous épancher sur la
défaite. Comptant sur les chances que nous avons de garder une part de
la gestion de la vidéoloterie, nous voulons continuer un dialogue franc
pour faire toute la lumière nécessaire sur ce projet de loi.
La décision que vous prendrez sur les exploitants et
commerçants des vidéoloteries, ce que le ministre de la
Sécurité publique appelle les intervenants intermédiaires,
implique des retombées financières importantes. Puisque le
ministre se montre soucieux de résoudre de manière claire,
cohérente, démocratique et efficace le fameux problème des
vidéopokers, il ne peut pas négliger la vitalité d'une
industrie, les emplois qui en découlent et, surtout, une volonté
ferme du secteur privé de faire partie de cette nouvelle
génération de la vidéoloterie au Québec, et ce,
selon les règles inscrites par le gouvernement.
Nous avons toutefois des commentaires précis à formuler
sur certains articles du projet de loi 84.
L'article 23. Il apparaît très fonctionnel que la
Régie des alcools, des courses et des jeux délivre les licences,
régisse et surveille les vidéoloteries. Les fonctions et pouvoirs
généraux de la Régie décrits à l'article 23
apparaissent complets pour assurer un bon contrôle.
L'article 24. Aux fins de l'exercice de ses fonctions, il est
prévu que la Régie puisse conclure des ententes avec un
gouvernement autre que celui du Québec ou avec un autre organisme ainsi
qu'avec une autre personne pour, notamment, exercer la surveillance des
appareils de vidéoloterie. Nous proposons au gouvernement du
Québec de contracter avec l'Association de l'amusement du Québec
pour jouer ce rôle de surveillance dans ce milieu.
L'article 51. Cette disposition de la loi est très exhaustive et
fait que la Régie pourrait, à toutes fins pratiques,
décider que seule Loto-Québec, par exemple, peut exploiter des
appareils de vidéoloterie ou que ceux-ci ne peuvent être
exploités que dans des locaux contrôlés par
Loto-Québec ou dans des casinos d'État. Cependant, le même
article permet à la Régie d'adopter des règlements qui
permettraient à l'entreprise privée d'exploiter dans des lieux
privés de tels appareils de vidéoloterie. Nous espérons
que ce sera cet aspect qui sera mis en oeuvre par la réglementation.
L'article 20. ld traite de la nature des composantes, des normes de
fabrication et du mode de fonctionnement des appareils de loterie vidéo.
L'Association de l'amusement insiste sur la nécessité
d'encourager les produits et producteurs québécois dans la
nouvelle génération de vidéoloterie au Québec.
L'article 20.1m concerne l'établissement des normes relatives aux
programmes éducatifs en matière de vidéoloterie.
L'Association de l'amusement veut simplement réitérer son
intérêt pour le volet social et éducatif qui est
relié à la vidéoloterie et les initiatives qu'elle prend
à cet égard. Nous apprécions que cet aspect soit
déjà couvert par le projet de loi 84.
L'article 54. Cet article a trait à la publicité d'un avis
de demande de licence dans les journaux pour certaines catégories de
licences pour permettre à toute personne, y inclus une
municipalité, de s'opposer à la demande. Cette procédure
risque de rendre fort complexe la procédure d'obtention d'une licence.
L'Association de l'amusement craint des abus de pouvoir dans ce domaine,
particulièrement au niveau des municipalités qui ont les pouvoirs
de prohiber et de réglementer dans leur territoire les jeux de hasard
avec ou sans pari dans tout hôtel, taverne, restaurant ou boutique sous
licence ou non, et ce, en vertu de l'article 414 de la Loi sur les cités
et villes. Il faudrait que les appareils de vidéoloterie tels que
définis à l'article 48 du projet de loi 84 ne soient pas inclus
dans la définition de la Loi sur les cités et villes. Si le
gouvernement légalise la vidéoloterie, il serait
intéressant que les appareils puissent être étalés
à la grandeur du territoire québécois.
L'article 70. En vertu de cet article, même si les exploitants des
appareils de vidéoloterie sont des entreprises privées, le
gouvernement pourra déterminer: 1° les droits annuels payables
à l'exploitant de loteries vidéo pour relier un appareil de
loterie vidéo à l'ordinateur central; 2° les personnes
auxquelles peuvent être attribuées des sommes provenant de
l'exploitation d'un système de vidéoloterie; 3° les frais de
laboratoire pour la vérification et la certification; 4° les
propositions d'attribution des revenus et les conditions de leur remise.
Nous ne nous objectons pas à ces revenus potentiels pour le
gouvernement, car ils constituent à la fois un moyen de contrôle.
Mais nous demandons au gouvernement de ne pas être trop gourmand pour que
la part qui reste au privé soit suffisamment intéressante pour
que tous et chacun soient intéressés à respecter les
règles établies.
L'article 72. Les amendes pour infractions qui sont proposées
à l'article 72 ne semblent par suffisamment se-
vères. Certains pourront aisément choisir de payer les
amendes et de continuer à gérer leurs opérations de
façon illicite. L'Association recommande que la troisième
récidive soit pénalisée par une perte de permis. Des
sanctions très sévères contribueront à un meilleur
contrôle.
L'article 114. Cette disposition vise à permettre l'entrée
en vigueur des règles le plus rapidement possible sans que le long
processus régulier d'adoption de règles et de règlements
soit suivi. Bien qu'avantageuse à cet égard, cette disposition
crée une situation où l'Association de l'amusement sera
informée des règles une fois qu'elles seront en vigueur. Nous
demandons donc au ministre de la Sécurité publique un engagement
clair à l'effet que ces règles ne soient pas adoptées
avant qu'un projet ne nous soit transmis pour commentaires. L'objectif de
rapidité qui est justifié pour les casinos ne devrait pas nous
empêcher d'être consultés par le ministre. Si le ministre ne
nous donne pas cette garantie, nous nous objectons formellement à
l'article 114 dans sa forme actuelle et demandons qu'une période
minimale de consultation soit accordée après la publication du
projet de règlement dans la Gazette officielle du Québec,
à tout le moins en ce qui concerne les règles relatives
à l'article 20.1 et aux loteries vidéo.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. D'abord, je
tiens à vous féliciter d'avoir respecté parfaitement le
temps qui vous était alloué, exactement 20 minutes.
M. Song: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Même pas 20 minutes et 1
seconde, mais 20 minutes. Deuxièmement, je veux vous féliciter
aussi pour le débit de votre présentation.
Alors, dans un premier temps, j'aimerais reconnaître le ministre
de la Sécurité publique pour débuter cette période
d'échanges avec les membres.
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir d'accueillir,
au nom du gouvernement, la délégation de l'Association de
l'amusement du Québec dont nous avons tous apprécié, je
pense, le mémoire qui vient de nous être communiqué en son
nom.
Je voudrais vous poser peut-être une couple de questions sur
l'Association. Vous en parlez à la page 6, dans le mémoire.
Pouvez-vous nous dire combien de membres l'Association regroupe actuellement?
Et vous dites que des choix difficiles ont dû être faits en ce qui
concerne les membres, au cours des derniers mois. Vous semblez dire que vous
auriez éliminé des indésirables. Pourriez-vous nous donner
des explications sur ces passages que l'on trouve à la page 6 de votre
mémoire?
M. Song: Pour répondre à votre première
question, présentement, je crois, le décompte n'est
peut-être pas fait parce que, dernièrement, suite à
certains événements, le nombre de nos membres a augmenté.
Nous croyons être situés sûrement entre 200 et 300. Mais
là, vous dites: C'est... Le chiffre est vaste. Probablement, on pourrait
peut-être dire entre 250 et 300. Mais le décompte n'est pas fait
à l'heure actuelle.
M. Ryan: Et combien ça représente d'appareils,
ça?
M. Song: Si vous calculez le nombre d'exploitants que nous
représentons, nous représentons probablement au-delà de,
peut-être, 80 % à 90 % de l'ensemble de tous les appareils
d'amusement ou de vidéoloterie.
Maintenant, je sais que je dois répondre aussi à la
deuxième question. Je suis un peu hésitant, parce que c'est vrai
qu'à l'intérieur de notre association nous avons
été obligés de faire certaines, peut-être,
recommandations à certains de nos membres, et ça leur a
sûrement déplu. Je ne peux pas tellement élaborer
là-dessus parce que, présentement, suite à des agissements
de nos membres et des actes que nous avons dû poser, nous avons des...
Moi, je ne suis pas tellement bien pour le dire. Peut-être que
maître pourrait dire ce qui se passe dans ce domaine-là.
M. Ryan: Me Masse.
Le Président (M. Dauphin): Me Masse.
M. Song: Me Masse. Je m'excuse. (21 h 10)
Mme Masse (Chantai): Ce que monsieur essaie de vous dire, c'est
qu'il ne veut pas entrer dans le détail des motifs qui ont fait en sorte
qu'effectivement ils ont posé certains gestes à l'égard de
leurs membres, puisqu'ils sont actuellement poursuivis en termes de
responsabilité pour des dommages, pour libelle diffamatoire, et autres.
Donc, actuellement, ils ne veulent pas répéter ici d'autres
mentions, puisque leurs informations leur provenaient, à ce
moment-là, des journaux. Je leur ai suggéré de ne pas
entrer dans le détail du pourquoi ils avaient posé certains
gestes à l'égard de leurs membres, des membres en question.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Song: J'espère, M. le ministre, que ça suffit
peut-être pour éclairer un peu la situation dans laquelle on vit
présentement.
M. Ryan: II s'agirait d'un réveil un peu tardif,
peut-être? Peut-être motivé par les choses qui s'en
venaient?
M. Song: Je pourrais peut-être plutôt dire que,
depuis... Il faudrait aussi admettre que l'Association, elle est quand
même assez jeune parce qu'elle n'a que 7 ans. À la septième
année, vous avez délégué M. Paquet, ce qui nous a
fait grandement plaisir. Mais je crois que, vu que ça fait la
septième année, et, moi, c'est ma première année
comme président de l'Association... On s'est entouré depuis
quelque temps, je crois,
de gens beaucoup plus compétents qui nous prodiguent de beaucoup
meilleurs conseils, je crois. C'est pourquoi, à l'intérieur de
notre industrie, on peut sûrement faire un bien meilleur travail.
M. Ryan: Maintenant, selon les rapports que nous recevons des
corps de police, la très grande majorité des appareils qui sont
présentement en circulation servent à verser illégalement
des sommes d'argent à des joueurs pour des parties qu'ils auraient
gagnées. Est-ce que vous êtes au courant de ça, vous
autres?
M. Song: Je crois qu'il ne faudrait pas... Remarquez que je vais
essayer de vous répondre, mais je croyais qu'on aurait parlé
plutôt du projet de loi 84 qui nous intéressait beaucoup. Je sais
que le temps, nous, il n'est pas tellement long, on a 20 minutes à peu
près, et certains articles de la loi, si vous nous le permettez... Je
sais que vous avez posé les questions à la Corporation; nous
étions présents. Ils vous ont répondu du mieux qu'ils
pouvaient. Si vous préfériez, j'aimerais ça, si
c'était possible... Si vous me le demandez, je vais essayer de vous
répondre, mais si c'était possible de passer aux articles qui
nous inquiètent surtout, notre industrie et tous nos membres.
M. Ryan: Mais regardez. Il y a des faits, il y a des situations
qui nous inquiètent aussi, puis nous sommes bien obligés de nous
en enquérir pour définir les intentions du gouvernement. Je
comprends, mais là... O.K., je n'insiste pas. Je n'insiste pas, M. Song.
Je comprends. À ce moment-là, je vais vous poser une autre petite
question, puis, ensuite, je vais faire quelques commentaires sur vos
observations au sujet du projet de loi. La dernière question. Vous
parlez de 6519 emplois que procurerait l'industrie. Est-ce que c'est
l'industrie de vidéoloterie ou toute l'industrie des appareils
d'amusement, ça? C'est à la page 4 de votre mémoire.
M. Song: Je vais laisser répondre M. Philippe Audet,
justement, qui a le rapport de statistiques du BSQ. D'accord?
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Dauphin): M. Audet.
M. Audet (Philippe): Oui. Effectivement, les 6500 emplois,
ça concerne tout ce qui est question de vidéopoker et, aussi,
l'amusement. On le décrit à peu près comme suit.
M. Ryan: Est-ce que vous auriez une répartition
peut-être, disons, des emplois qui sont dans le secteur de la
fabrication, des emplois qui sont dans le secteur de la distribution...
M. Audet (Philippe): Oui.
M. Ryan: ...des emplois qui sont dans le secteur de
l'exploitation locale?
M. Audet (philippe): o.k. quand on parle au niveau des emplois
primaires du vidéopoker, on calcule 6519 emplois qui représentent
75 %, puisque l'autre 25 %, c'est des emplois au niveau des machines à
boules, juke-box et autres appareils qu'on a. nous avons des emplois
projetés, justement, de ces emplois dont je viens de parler, de 1407
emplois, ce qui nous donne un total de 7926. par la suite, il y a les emplois
de manufacturiers et de fournisseurs qui représentent environ 300
emplois. nous sommes rendus à un total de 8226 emplois. ça, ces
chiffres-là, ça nous est confirmé par le bsq, le bureau de
la statistique du québec.
Mais, par contre, il y a une autre réalité qui est
là, qui est une réalité des emplois induits, qui sont,
finalement, rattachés à l'industrie de l'amusement. On calcule
8226 emplois, et on en a discuté avec le BSQ, et ils trouvent ça
très raisonnable, mais eux autres peuvent y aller seulement sur une base
sûre et certaine... Donc, on se retrouve avec un nombre d'emplois de 16
500 environ. On pourrait en mettre plus si on essaie d'aller chercher
réellement le marché, mais on va couper une partie pour rester un
petit peu plus réaliste.
M. Ryan: Le chiffre d'affaires approximatif de toute l'industrie,
de combien serait-il?
M. Audet (Philippe): Je m'excuse, je n'ai pas compris.
M. Ryan: Le volume d'affaires? M. Audet (Philippe):
O.K.
M. Ryan: Là, vous donnez toutes sortes de statistiques
à la page 4, mais on n'a pas le volume d'affaires estimé pour
l'ensemble de l'industrie.
M. Audet (Philippe): O.K. Le volume d'affaires est
difficilement... C'est difficile d'aller le chercher. C'est pourquoi on a
entendu depuis 1 an et demi toutes sortes de chiffres, 600 000 000 $, 400 000
000 $. Nous autres, on s'est dit: C'est vrai qu'il y a un chiffre d'affaires
qui peut être là, qui est difficile à estimer, mais il y a
une chose dont je suis certain, ou à peu près, c'est qu'il y a
aussi des dépenses d'exploitation qui accompagnent ça, parce
qu'on n'a jamais parlé, jusqu'à ce jour, de dépenses
d'exploitation et ces dépenses d'exploitation sont de l'ordre de 312 000
000 $.
M. Ryan: 312 000 000 $?
M. Audet (Philippe): Oui, par le Bureau de la statistique, le
BSQ.
M. Ryan: On complétera ça. Je voudrais
peut-être en venir à quelques commentaires sur les observations
que vous faites au sujet du projet de loi. À la page 8, en bas, vous
demandez par quelle commission seraient
approuvés les appareils de vidéoloterie au Québec.
Évidemment, ce serait par la Régie dont il est question. La
Régie dont il est question aurait le pouvoir d'approuver des appareils,
de décerner tous les permis reliés à l'industrie de la
vidéoloterie. Alors, la réponse, c'est la future régie des
permis d'alcool, des jeux et des loteries.
Ensuite, je vais passer à vos commentaires particuliers. Je vais
les prendre un par un. Je vais aller vite.
L'article 23. Pas de commentaires. Nous sommes d'accord.
L'article 24. Là, vous proposez au gouvernement du Québec
de contracter avec l'Association pour jouer un rôle de surveillance dans
le milieu. Je dirais que la question est peut-être un petit peu
prématurée. Je prends note de la suggestion. Tout dépendra
des conclusions que nous retiendrons.
J'en viens à ce point-là qui est le point central de votre
mémoire, puis je comprends votre inquiétude parce que c'est une
des questions de base qui reste à résoudre. En ce qui regarde les
appareils de vidéoloterie au plan local, le gouvernement a
indiqué à plusieurs reprises qu'on va maintenir des exploitants
privés. Il n'est pas question de constituer des succursales publiques
partout à travers le Québec. La base resterait, suivant
l'idée que, moi, je puis me faire actuellement des orientations du
gouvernement, l'exploitant privé. Au sommet de l'appareil, il y aurait
un ordinateur central, une tête centrale, incarnée par un
ordinateur, qui serait sous le contrôle d'un organisme public,
gouvernemental, lequel serait très vraisemblablement Loto-Québec.
Ça, vous dites qu'il n'y a pas de problème là-dessus non
plus.
Entre les deux, faut-il des intermédiaires et lesquels? C'est la
question que vous avez posée. C'est la question qui reste posée.
Vous autres plaidez en faveur d'intermédiaires privés, comme ceux
qui existent actuellement. Vous avez entendu le témoignage de la
Sûreté du Québec ce matin. Nous entendrons d'autres
témoignages de corps de police au cours de la journée. Il y a des
ombres sérieuses qui ont malheureusement assombri le paysage, pas
seulement il y a 10 ans ou 15 ans, mais au cours d'un passé beaucoup
plus récent, et les suggestions des corps de police sont très
insistantes de ce point de vue. Ça, il y a une côte à
monter de ce côté-là. J'aime autant être franc avec
vous, là: on examine ça soigneusement. On est
intéressés à vous entendre avant de tirer des conclusions,
évidemment. Mais je crois pouvoir vous dire que nous envisageons de
tirer des conclusions d'ici la fin de l'été. D'ici la fin de
l'été. Je ne dis pas: À la fin de l'été.
D'ici la fin de l'été. Il y a des choses à examiner
encore, il y a des ajustements qu'on doit examiner soigneusement, mais la
conclusion sera prise à ce moment-là. Si vous avez entendu la
recommandation de Loto-Québec, cet après-midi aussi, lorsque M.
Crête a témoigné, il y a beaucoup de facteurs dont nous
devons tenir compte, mais nous considérons également les opinions
que nous avons données. Je ne veux pas en dire davantage pour l'instant,
parce que ce n'est pas la journée où on tire des conclusions
là-dessus, mais le gouvernement a des raisons très sérieu-
ses de se demander s'il ne faut pas apporter des changements fondamentaux
à ce système.
Le reste, il y a des recommandations particulières dont la
majorité m'apparaissent assez heureuses, fort pertinentes, fort
pertinentes. Je ne veux pas les reprendre toutes, l'une après l'autre,
parce que je ne voudrais pas monopoliser tout le temps, quoique, dans votre
cas, je pense que c'est important qu'on discute franchement.
Vous demandiez, vous vous inquiétez pour l'octroi d'une licence.
On dit qu'il y aura de la publicité, il y aura un avis qui sera
publié. Ça vous inquiète, ça. Ça m'a
étonné parce que je trouvais que c'était une bonne
procédure. C'est la procédure que nous suivons
présentement pour l'octroi des permis de vente d'alcool et nous
envisageons le même genre de procédure pour l'octroi d'autres
permis. S'il s'agit d'un permis de loterie vidéo, par exemple, dans un
bar ou dans un dépanneur, je pense que ce serait bon que la population
locale en soit saisie, qu'elle puisse émettre une réaction.
Peut-être pourriez-vous me dire pourquoi ça vous inquiète.
Il me semblait que c'était une grande amélioration dans les
procédures. (21 h 20)
M. Auclair (Jean-Pierre): Je peux peut-être vous...
Le Président (M. Dauphin): M. Auclair.
M. Auclair: M. le Président, je vais m'adresser au
ministre. Je peux peut-être répondre à votre question. Il
n'y a aucune inquiétude au sujet du fait qu'il doit y avoir publication
de la demande de licence. L'inquiétude était surtout au niveau du
fait qu'il existe maintenant des restrictions au niveau de la Loi sur les
cités et villes qui permettraient aux villes d'empêcher la venue
d'appareils VLT ou de n'importe quel autre appareil à l'intérieur
de ses murs. Alors, c'est là où l'inquiétude était
posée. Ça n'a pas du tout rapport avec... Même, je pense
que c'est une sécurité additionnelle du fait de faire publier la
demande. On n'a aucun problème avec ça.
M. Ryan: Déjà, comme vous le savez, l'octroi des
permis de vente d'alcool se fait de cette manière-là.
Évidemment, la Régie, quand elle décerne un permis, doit
tenir compte de la réglementation municipale, du zonage qui a
été fait, par exemple, ou d'autres restrictions que la
municipalité peut imposer au titre de ses pouvoirs. Mais je ne crois pas
qu'il y aura beaucoup de municipalités qui auront intérêt
à bannir complètement le vidéopoker. Si elles l'avaient
eu, elles l'auraient exercé et, jusqu'à maintenant, il n'y a pas
eu gros d'exercice qui a été fait de ce pouvoir-là. Je ne
pense pas qu'il y ait de danger. Mais, en tout cas, vous n'avez pas d'objection
autre que celle-là.
M. Auclair: Absolument pas.
M. Ryan: Très bien. Très bien. L'article 70. Je
comprends votre souci. Dans l'hypothèse où il reste les
intermédiaires privés, il faudrait qu'ils aient une part
raisonnable. Je pense que ça va de soi. Ça va de soi si
cette hypothèse devait être retenue, il faudrait bien qu'on tienne
compte de ça.
J'apprécie vos commentaires concernant les peines prévues
pour des infractions. Vous avez peut-être raison de signaler que, comme
l'article est libellé actuellement, les amendes peuvent aller de 1 $
jusqu'à 50 000 $, il peut arriver qu'à un moment donné
ça ne veuille pas dire grand-chose. Justement, vous savez
qu'actuellement, si quelqu'un est trouvé coupable d'avoir
exploité illégalement un appareil de vidéoloterie, dans un
grand nombre de cas, comme on l'a signalé cet après-midi, il
plaide coupable. À ce moment-là, d'après ce que je
comprends, l'amende automatique, c'est 600 $. Il trouve que ça
coûte moins cher payer 600 $ sans procès, puis aller installer un
autre appareil le lendemain. Est-ce que vous êtes au courant de ces
pratiques-là, vous? Encouragez-vous ça?
M. Bourgault (Pierre): Bien oui, c'est sûrement des
pratiques, parce que les avocats vont offrir certainement ces
options-là. Alors, ils vont dire, je ne sais pas, dans des cas... Moi,
ça ne m'est pas arrivé, mais on entend parler que c'est une
option.
Au niveau des pénalités, le but de ça... c'est
qu'on parle beaucoup de réglementation, puis ça finit toujours au
même fait. C'est que, s'il n'y a pas de sentence... Qu'on fasse une
réglementation sur une chose, mais il faut quand même qu'elle ait
des dents, sinon on favorise toujours le marchand malhonnête. Puis M.
Lavigne a mentionné ce matin que la majorité des gens de notre
industrie étaient honnêtes. Mais ce qui fait qu'on a mauvaise
image ou que, dans d'autres secteurs, il peut y avoir mauvaise image, c'est
qu'on ne pénalise pas les contrevenants. Puis nous d'ailleurs, on
en avait fait mention à M. Laflamme, peut-être à
l'extrême un peu ce qu'on dit: Première
pénalité, bon, qui est...
Je donne un exemple. Le policier arrive dans un dépanneur; il y a
5 jeunes qui sont en train de gratter des gratteux et on pense, nous
autres, que toute loterie, ça devrait être pour les 18 ans et
plus, point à la ligne, peu importe le genre de loterie. Puis, lorsque
arrive la sentence, il lui fait une sentence, à ce moment-là
qu'on le pénalise sur toute la ligne. S'il a un appareil de loterie
vidéo, qu'on le ferme. S'il a un ordinateur de Lotto 6/49, et ses
gratteux, qu'on mette ça dans une boîte et qu'on le ferme, et
qu'on ferme aussi son frigidaire de bière. Il peut ouvrir pour vendre le
reste, sauf qu'il est pénalisé pour une période de temps,
exemple 7 jours. Au bout de 7 jours, la police va enlever les scellés,
et ça lui coûte 1000 $ d'amende. Parce que nos systèmes
s'autofinancent aussi. Comme ça, on ne se ramassera pas avec le
problème de se faire dire: Oui, mais, là, on n'a pas de budget.
Parce que ça aussi, c'est un autre problème. Alors, les
systèmes qu'on veut proposer s'autofinancent. De cette
façon-là, on pense qu'après la troisième infraction
c'est fini, il n'y en a plus, de permis. Mais, si on agit de la sorte, on va
assainir l'industrie. Puis, moi, je vous garantis que, si vous en domptez un,
vous allez en dompter une gang. Puis je pense, c'est peut-être dur un
peu, mais il faut poser des gestes à un moment donné qui sont
appropriés, pour faire mal aux contrevenants.
M. Ryan: Là, vous autres, les choix, vous m'avez dit
tantôt que vous ne pouviez pas élaborer trop là-dessus.
Vous n'en avez pas exclu expressément... Des membres de votre
association, est-ce que vous en avez expulsé, des membres, au cours des
derniers mois?
M. Auclair: Oui.
M. Ryan: Combien?
M. Auclair: Un en particulier.
M. Ryan: Pardon?
M. Auclair: Un en particulier.
M. Ryan: Un. Puis est-ce que c'est celui-là qui vous
poursuit? Je ne veux pas être indiscret.
M. Auclair: Effectivement, oui.
M. Ryan: Merci. Là, ça va s'en aller devant les
tribunaux pendant un temps... En tout cas.
Le dernier point, l'article 114. Je ne peux pas éviter de
commenter l'article 114, parce que c'est un des plus importants à vos
yeux. Nous avons prévu que les premières règles qui
découleraient du projet de loi s'appliqueraient dès leur
publication, pour des raisons pratiques, parce qu'on ne veut pas qu'il y ait
d'hiatus entre... Une fois que la loi aura été adoptée, il
faut absolument des règles pour la faire fonctionner. Si on devait
attendre la période de 60 jours minimum qui accompagne l'observance
littérale de la Loi sur les règlements, ça risquerait de
créer un vide dangereux. Mais je prends note, cependant, de ce que vous
avez dit. C'est une remarque très importante à laquelle nous ne
sommes pas indifférents. Et peut-être qu'il y aura certaines
règles, peut-être qu'il y en aura d'autres. On verra. Mais, en
tout cas, je vais étudier vos observations avec nos conseillers
juridiques et les conseillers du gouvernement. Je ne ferme pas la porte
à un examen attentif de cette remarque que vous nous avez faite.
Voilà, pour l'essentiel, je pense, les commentaires que j'avais
à vous livrer. On a discuté un petit peu en même temps. Si
vous avez des choses à ajouter, je serais content de les entendre. Je
pense que votre mémoire a présenté clairement votre
position. Il l'a fait avec une dignité que nous apprécions.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Je vais maintenant reconnaître l'Opposition officielle avec le
député de Jonquière.
M. Dufour: oui. à la page 5 de votre mémoire, vous
parlez de 630 $ par appareil/semaine, puis vous parlez qu'il y a des revenus
potentiels de 25 % pour le gouvernement. si je calcule ça, ça
donne 157 $ par semaine, multiplié par 52, ça fait 8168 $, mais
vous donnez un revenu net pour le gouvernement de 3516 $. je ne sais pas si
c'est correct, vos chiffres, ou pas. je ne ferai pas longtemps de débat
là-dessus, mais je veux savoir si j'ai bien compris.
M. Song: Oui. Ça, c'est d'après l'étude de
Samson, Bélair, Deloitte & Touche. Je crois que M. Alain Desrosiers
va pouvoir vous répondre.
M. Desrosiers (Alain): Quand on parle de 630 $ par semaine, c'est
sur un nombre théorique d'appareils de 25 000, au Québec. C'est
pour ça que, quand on parle d'au-dessus de 3516 $, c'est
considérant 25 000 appareils.
M. Dufour: Mais, si vous dites qu'il fait 630 $ par semaine de
revenu anticipé, puis vous donnez un revenu de 25 % au gouvernement,
ça fait 157 $ par semaine, puis il y a 52 semaines dans 1 an.
M. Desrosiers: Non. Regardez, c'est que...
M. Dufour: Donc, à ce moment-là, j'arrive à
8000 $, moi. Vous dites que ça arrive à 3500 $.
M. Desrosiers: Non. Si on prend, par exemple, 630 $ par semaine
par appareil, sur 52 semaines, pour 25 000 appareils, on arrive à un
certain montant, mais, de ça, il y a des montants qui sont versés
aux joueurs, évidemment, et, comme base, c'est 60 % qu'on...
M. Dufour: C'est à même le 25 % que le gouvernement
paierait les commissions, c'est-à-dire les pourcentages...
M. Desrosiers: C'est ça, après. C'est
ça.
M. Dufour: ...de gains.
M. Desrosiers: Ce qui va rester seulement.
M. Dufour: O.K. Moi, j'ai entendu le mémoire de ceux qui
vous ont précédés, puis j'entends le vôtre, et je me
dis: Qu'est-ce qui vous rend si confiant que ça par rapport au
gouvernement, par rapport au ministre? L'autre groupe qui est venu se
présenter a dit: Nous autres, on a peur de se faire exproprier, on a
peur de perdre nos machines. C'est quoi qui vous donne cette confiance? De la
façon que vous présentez votre mémoire, vous semblez... le
ministre a l'air plus... Il échange plus avec vous autres qu'avec le
groupe précédent. Ça, j'ai remarqué ça. Ce
n'est pas le même phénomène: il représente à
peu près 15 %, le groupe précédent; vous en
représentez plus. Je ne sais pas si c'est une question de
mathématiques, là, mais il me semble que... C'est quoi qui fait
que votre position, que ce que vous présentez, ça ne semble pas,
en tout cas, faire problème comme l'autre groupe
précédent? Et, pourtant, vous êtes dans le même
giron.
M. Song: M. Audet va vous répondre à cette
question.
Le Président (M. Dauphin): M. Audet. (21 h 30)
M. Audet (Philippe): Oui, M. le Président. Moi, j'aborde
ce problème-là, on peut aborder le problème de plusieurs
façons. Il y en a une où on s'est mis un petit peu en
difficulté, c'est au niveau juridique, de part et d'autre. Je pense
qu'il y a une manière peut-être nouvelle d'aborder le
problème, pour dire, que le gouvernement devrait adopter avec
l'opérateur, qui est nous autres. Cette démarche-là, je
pense, et on ne se trompe pas, c'est la démarche où on trouve
l'honnêteté dans la démarche. Lorsqu'on parle
d'honnêteté, nous sommes obligés d'avouer ou de
réaliser que les opérateurs, jusqu'à ce jour, ont quand
même transporté l'industrie depuis plusieurs années
jusqu'au moment où on se parle. C'est eux autres qui ont
véhiculé, c'est eux autres qui, depuis 1979, ont payé des
permis. C'est la seule province à avoir payé des permis au
Canada. Au cours des années, comme on a dit tout à l'heure, on a
transporté avec nous autres 16 000 emplois et quelques. On a
transporté des revenus pour nos clients de plusieurs milliers
d'établissements, qui ont besoin de ces machines-là au moment
où on se parle. Nous avons payé des taxes de toutes sortes. Nous
avons, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, des
dépenses d'exploitation de 312 000 000 $ par année. Nous avons
même permis un développement d'un produit québécois.
Et je vous garantis qu'à ce moment-ci le produit québécois
est presque rendu à la fin de son terme pour exploser au Canada, parce
qu'on a fait faire une autre étude qui dit que, d'ici les 2 prochaines
années, le Canada aurait besoin d'environ 100 000 machines qui
représentent un potentiel de 1 000 000 000 $. Nous avons permis, je
pense, à ces exploitants, à ces fabricants, de rendre un produit
à terme. Je pense que, si la volonté politique est là, on
peut aller chercher beaucoup au niveau de la fabrication.
Nous sommes devenus avec le temps, je pense, aussi, des
spécialistes porteurs d'un avenir absolument extraordinaire. Et,
maintenant, l'industrie, après ces années de fonctionnement, est
rendue, je pense, à une ère nouvelle, et, d'ailleurs, c'est
pourquoi, dans cette ère nouvelle, nous acceptons facilement
d'être contrôlés par un ordinateur central, chez
Loto-Québec, par exemple, parce qu'il y a besoin de contrôle pour
les revenus du gouvernement. Dans cette ère nouvelle, il nous est
possible d'injecter plusieurs millions de dollars dans l'achat de ces nouveaux
appareils québécois, et, dans cette ère nouvelle, on
propose également une réglementation très
sévère. Je suis persuadé, pour répondre à
votre question, que les opérateurs dans le domaine, au moment où
on se parle, après plusieurs années d'expérience, sont
ceux qui peuvent être innovateurs et conti-
nuer à créer dans l'industrie de l'amusement.
Voilà les raisons pourquoi je défends la situation des
opérateurs en partenariat avec le gouvernement.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Dufour: Mais ce que vous dites, je trouve que c'est bien
présenté, mais j'écoutais aujourd'hui, ce matin, la
Sûreté du Québec nous dire, et probablement qu'il y a des
chefs de police qui vont nous dire des choses qui vont se ressembler: II y a
des problèmes dans cette industrie-là, c'est difficile à
contrôler. Loto-Québec est venue nous dire, puis dans le
mémoire de la Sûreté: Si c'est le gouvernement qui
opère, c'est beaucoup plus facile à contrôler. Si c'est
Loto-Québec... Il y a une chose qu'on ne peut pas nier dans ce que vous
nous dites: vous avez l'expertise beaucoup plus que Loto-Québec dans ce
domaine-là précis. Ça, c'est clair. Si Loto-Québec
l'opère, ça ne dit pas que ça va diminuer la
qualité de l'opération, ça ne coupera pas du personnel
nécessairement, parce que, quand c'est une entreprise
paragouvernementale, à ce qu'on sache, ça ne coupe pas du
personnel nécessairement. Donc, de ce côté-là, moi,
je suis un petit peu rassuré. Je ne connais pas, non plus, la
réglementation que le ministre veut nous proposer; je ne l'ai pas vue,
je ne sais pas sur quoi il se base. Donc, je trouve que vous avez une confiance
très grande, ou vous faites, en tout cas, un acte de foi assez grand par
rapport à ce qui vous préoccupe. Parce que vous êtes dans
le système. Si, demain matin, ce que vous avez élaboré,
ça ne marche pas, il arrive quoi? Vous reprenez le bâton du
pèlerin puis vous cherchez d'autres choses pour...
M. Audet (philippe): j'ai parti tout à l'heure, j'ai
commencé par puis je le pense réellement le
côté que je viens d'énumérer: si on rentre dans
l'honnêteté, on est obligés d'admettre que l'industrie
actuelle a transporté toute cette chose-là. comment peut-on, si
on parle toujours d'honnêteté, admettre que l'opérateur ne
serait plus là demain matin? et, en plus de ça, nous sommes les
porteurs les plus garants de l'avenir là-dedans. nous l'avons
démontré dans le passé, avec les conditions dans
lesquelles on vivait, et je pense qu'on est prêts à le
démontrer dans le temps futur. et il y a une autre
réalité. il y a une autre réalité dont on doit
prendre conscience. c'est qu'il y a aussi 25 % du marché de tables de
«pool», de juke-box, et ces 25 %, si nous n'avons plus les
appareils, on n'est plus capables d'opérer.
M. Dufour: Vous nous dites que vous êtes porteurs d'avenir.
Donc, je sens que votre organisation est très agressive. Donc, ça
veut dire que vous cherchez à agrandir votre marché. Le
gouvernement peut avoir une philosophie autre, parce qu'il veut aller chercher
les revenus, mais pas nécessairement augmenter l'appât, le
goût du gain ou le goût du jeu à sa population.
Ce qu'on a compris ce matin, il y en a d'autres qui sont venus nous dire
exactement le contraire: On veut installer les casinos, mais on ne veut pas
être agres- sifs dans notre publicité ou dans notre organisation.
Il y a beaucoup d'interrogations que ça suscite, ce que vous nous dites.
Je trouve ça intéressant parce que quelqu'un qui est convaincu,
normalement il est convaincant. Il serait intéressant aussi de voir de
quelle façon vous arrivez à ce processus-là. Encore
là, je me dis: C'est contradictoire avec ce qu'on a entendu dans la
journée. On a un cheminement, je ne sais pas comment on va être
capable d'attacher les morceaux par rapport à ce qui se dit ailleurs.
Puis, comme je ne connais pas les règlements, comme je ne connais pas la
philosophie, actuellement, qui préside, si ce n'est qu'on va avoir une
régie unique pour déterminer tout ça... Je ne sais pas.
Moi, je m'interroge là-dessus, puis je vous interroge en même
temps. Comment vous voyez ça?
Le Président (M. Dauphin): M. Bourgault.
M. Bourgault: Si vous me permettez, je vais aller...
C'était très bien, puis je vais même aller un petit peu
plus loin. Je pense que le gouvernement, actuellement, se retrouve devant 2
situations: devant le modèle de la Nouvelle-Ecosse ou le modèle
du Nouveau-Brunswick. Au Nouveau-Brunswick, je pense, ça va relativement
bien. Au niveau de la Nouvelle-Ecosse, il y a plus d'appareils de zone grise
que d'appareils légaux. La Sûreté du Québec a fait
mention des éléments indésirables. Si vous allez fouiller
en Nouvelle-Ecosse, vous allez vous rendre compte qu'il y a des
éléments indésirables qui sont en très fort
pourcentage et très faible pourcentage dans l'industrie. Ceux que l'on
retrouve en Nouvelle-Ecosse à opérer actuellement, c'est
ceux-là qui en profitent, puis c'est ce qu'on ne veut pas qui arrive.
J'irai plus loin. Loto-Québec mentionnait... le seul point
négatif, c'est qu'eux croyaient, contrairement à Samson,
Bélair, qu'il faut avoir une plus grande part de profit. Est-ce qu'une
société qui fait du profit, cela justifie le gouvernement pour
l'exproprier sans compensation?
Puis je vais revenir à la Nouvelle-Ecosse et au
Nouveau-Brunswick. Si vous me permettez, ils ont eu un meeting annuel
dernièrement, et je vais vous citer, si je peux le trouver, l'honorable
Allan E. Maher, ministre des finances au Nouveau-Brunswick. C'est en anglais,
je m'en excuse. «As I have mentioned, the partnership between your
Association and the Government is proving to be a win-win situation for all
video lotery revenus, help to provide environmental programs throughout the
province and help supplement such a program as health care and education, to
name but a few, from which all New Brunswickers benefit. The Government is
committed to continue collaboration in ensuring a successful program. Your
contribution to a support of the new program today is important and valued by
the Government. Working together, we can continue to ensure a responsible and
successful video lotery program in the province.» (21 h 40)
Là, on a 2 scénarios. Ça, c'est le ministre qui
parle. Ce n'est pas l'Association, ce n'est pas la Corpo-
ration, puis n'est pas la police. C'est le ministre. La police dit: La
majorité des gens là-dedans sont honnêtes.
Loto-Québec dit: On pourrait peut-être aller chercher 15 $, 20 $
de plus. C'est vrai qu'il faudrait sacrifier peut-être 2000, 3000 emplois
dans l'amusement, mais, en tout cas, il faut peser le pour et le contre, il
faut balancer les choses, à un moment donné. Moi, je ne veux pas
opérer dans la zone grise, et la très grande majorité des
gens... vous parliez des gens qui se sont fait expulser, c'est ça qu'on
ne veut plus. On veut de la réglementation. On veut de la
légalité. C'est pour ça qu'on est ici ce soir. On veut
travailler en collaboration avec la Sûreté du Québec, qu'on
a déjà, d'ailleurs, invitée auparavant, et on la
réinvite ce soir parce qu'il y a une réglementation à
écrire, et on veut la réinviter parce que c'est ensemble qu'on va
trouver des solutions. On ne prétend pas détenir la
vérité, toute la vérité, rien que la
vérité, mais c'est aussi vrai sur tous les côtés. On
a une expertise. Ils ont la leur. Vous avez la vôtre. Je pense que, si on
réunit nos efforts, c'est une «win-win situation». Et
ça, je pense que c'est peut-être l'expérience qui parle, le
Nouveau-Brunswick. D'ailleurs, on vient de changer de gouvernement en
Nouvelle-Ecosse et il faut constater que le dernier gouvernement... Le
gouvernement qui vient de prendre le pouvoir a promis de retourner à
l'entreprise privée le secteur des loteries vidéo. Mais, je
réinsiste, tout se passera à la base de réglementation et
de dialogue. Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député de Montmorency.
M. Filion: Merci, M. le Président.
Moi, M. le Président, j'écoutais la Sûreté du
Québec ce matin, qui, dans son mémoire, expliquait que le
marché du vidéopoker remonte à 1976. Alors, ça fait
bientôt 17 ans que ça opère, 17 ans qu'on émet des
permis, 17 ans qu'on connaît un fonctionnement. Tout à l'heure, le
ministre faisait une remarque à l'effet que, bon, vous avez
commencé un peu à faire du ménage dans vos rangs ou
commencé à avoir beaucoup plus de rigueur, et il semblait dire
que c'était une réaction tardive. Moi, j'aimerais vous poser la
question suivante. Vous aviez quand même... Écoutez, on semble
vous faire porter l'odieux de ne pas avoir joué un peu le rôle de
policier à l'intérieur de vos structures, de ce que je peux
comprendre. Mais qu'est-ce qui se passait au niveau de la législation?
C'était quand même la Régie des loteries qui, à
toutes fins pratiques, était chargée de l'administration des
règles en place. La Régie des loteries, face à tout
ça, elle, quel était son rôle? Est-ce qu'elle avait, elle,
un rôle de gardien quelque part?
M. Bourgault: La Régie, de par la loi, est
obligée... Elle ne peut émettre un permis à quelqu'un qui
a un dossier criminel. Alors, c'est bien évident qu'il faut d'abord que
cet intervenant-là commence... Si on nous dit qu'il y a des gens qui
sont des criminels et ont des dossiers criminels, bien, moi, je vous
réponds: Comment ça se fait qu'ils ont des permis?
M. Filion: Moi, j'aurais une question à vous poser. Mais
vous n'aviez pas de communications avec la Régie des loteries? Vous
autres, vous aviez connaissance d'information. Est-ce que vous pouviez la
communiquer pour qu'il se passe des sanctions quelconques? C'était
à qui à intervenir? J'essaie de comprendre comment ça
fonctionnait?
M. Bourgault: Oui. Bien, dès le début, il y a eu
beaucoup de communications, sauf que ça a été assez
difficile. Et j'ai remarqué une chose aussi, c'est que ce qui rend
peut-être le secteur plus difficile, c'est qu'il y a beaucoup de
préjugés et, souvent, ça ferme des portes. Les gens ne
veulent pas prendre ton opinion, ne veulent pas se servir de notre expertise.
On est tous catalogués. Au début de tout ça, les
recommandations de l'Association, à l'époque, étaient de
ne pas aller mettre un permis de catégorie A. En fin de compte, les
problèmes avec lesquels on se retrouve aujourd'hui, ce n'est pas
compliqué, on vous l'avait dit il y a... on l'avait dit au gouvernement
à ce moment-là, il y a 14 ans, sauf que ça n'a pas
été fait pour mal faire. Je ne veux pas vous faire de
blâme. C'est fait, c'est fait. Maintenant, il faut trouver des solutions.
Mais je voudrais qu'aujourd'hui on se serve de notre expertise.
Pour revenir à la Régie, c'est vrai que ça a
toujours été difficile. Peut-être les 2 côtés,
à un moment donné, se sont butés. Je ne voudrais pas
blâmer un plus que l'autre. Il y a eu des recommandations de faites. Mais
c'est sûr qu'un coup que la réglementation est adoptée,
c'est toujours difficile de revenir et refaire une réglementation. C'est
un peu pour ça aussi qu'on demande le 20.1 à l'article 114, pour
ne pas que l'on retombe dans ce panneau-là. Qu'on se serve de notre
expérience. On l'offre, notre expérience.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Filion: Oui, M. le Président. À travers toute
l'expérience ou l'expertise, entre guillemets, que vous avez
développée, vous demeurez convaincus qu'il est possible d'arriver
à créer une réglementation sévère...
M. Bourgault: Absolument.
M. Filion: ...qui permettrait de donner une assurance à la
Sûreté du Québec, par exemple, qui, elle, est
inquiète du contrôle des opérations.
M. Bourgault: M. Filion, M. le député, on a eu des
recommandations du gouvernement et, si vous remarquez, les nôtres sont
beaucoup plus sévères que celles qui, probablement, j'imagine,
ont été proposées par la Sûreté du
Québec. Puis on y va même au-delà de la Sûreté
du Québec. Vous remarquerez, je ne sais pas à quelle page, qu'on
parle de 1/10 000. On y va même au niveau de la sécurité du
fisc. Comme base, là. Ça, je veux le souligner. Parce que, si on
dit: Tant d'appareils au Québec... Qu'on parte avec une base, pour que
les gens honnêtes soient récompensés, ceux qui ont
déclaré
leurs revenus. 1/10 000, ce n'est peut-être pas la
réalité. Peut-être que pour arriver... Je ne sais pas, si
Québec veut 20 000 appareils, la réalité, c'est
peut-être 7300 $. Mais, si on commence avec 1/10 000, on n'arrivera pas
à enlever des appareils. C'est plus facile de dire: Rajoutez-en, que:
Enlevez-en. C'est pour ça qu'on insiste beaucoup pour le bilan. Alors,
vous pouvez voir par 2 choses premièrement, sur les
règlements et, deuxièmement, au niveau du fisc aussi qu'on
est très, très, très sévères.
M. Filion: Je pense qu'au niveau du fisc, le fait d'y aller par
un contrôle «ordiné», ça va aller de soi. Je
pense que ce qui demeure l'inquiétude de la commission, de ce que je
pense qui se dégage, c'est vraiment d'arriver à contrôler
l'opération tant au niveau de l'accessibilité des gens qui vont y
jouer qu'au niveau, en même temps, de la sécurité des
opérateurs, pour ne pas se retrouver à toutes fins pratiques,
dans différentes situations où vous avez une machine qui est
branchée et une machine qui n'est pas branchée. C'est parce que,
si on se retrouvait avec une situation comme celle-là, on revient au
même point de départ. Je pense que l'inquiétude de la
commission, c'est de trouver une réglementation qui va vraiment assurer
des dents. Parce que, si jamais on laissait intervenir l'entreprise
privée en partenariat, il faut vraiment voir, la réglementation,
jusqu'où elle va nous permettre de s'assurer qu'on n'aura pas une double
opération à l'intérieur d'un même
établissement.
M. Bourgault: C'est ça. Disons que, en passant, par
l'entreprise privée, il faut bien comprendre que l'opérateur,
chez son client, s'il voit un appareil de zone grise, évidemment, cet
appareil de zone grise là est au détriment de son compte de
banque. Alors, il a tout intérêt à le rapporter à la
Sûreté du Québec, ce qui n'est peut-être pas le cas
autrement.
M. Filion: Je comprends.
M. Bourgault: Alors, je pense que c'est déjà un bon
contrôle de départ, ça. Si on regarde le Nouveau-Brunswick,
enfin, ils n'ont pas de problème de zone grise, eux. Pas du tout.
M. Filion: Jusqu'à maintenant, est-ce que c'est la
première fois que vous faites part au gouvernement de cette rigueur
d'opération là, puis jusqu'où vous étiez
prêts à aller, ou bien si vous avez a eu la chance de discuter
avec différents intervenants?
M. Bourgault: Bien, on a véhiculé le message avec
des intervenants, comme M. Laflamme, M. Jean-René Marchand, plusieurs
autres intervenants, ainsi que beaucoup de l'Opposition aussi.
M. Filion: J'ai fini, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Très bien. Merci
beaucoup.
Je sais, M. le député de Montmagny-L'Islet, que le temps
est terminé, mais vous m'avez demandé d'être souple, on
peut vous donner le temps d'une question. Je pourrai faire la même chose
avec l'Opposition, si elle en a une. Mais brièvement, très
brièvement.
M. Gauvin: Une courte question. Tantôt, vous avez
mentionné qu'un certain nombre de vos membres avaient été
invités à ne plus faire partie de votre association. Ce n'est pas
tout à fait dans ces termes-là, évincer. Est-ce que c'est
des infractions qui ont été commises à l'égard de
votre code de déontologie? La raison? Une question très directe,
très simple, je pense.
M. Song: Oui. Naturellement, notre code de déontologie, et
notre code de discipline aussi.
M. Gauvin: De discipline. M. Song: Les deux. M. Gauvin:
Donc, vous avez... M. Song: Les deux sont ralliés.
M. Gauvin: Vous avez des moyens de contrôle pour faire
respecter votre code de déontologie dans votre organisation.
M. Song: Oui. Et, si le gouvernement décidait, dans sa
loi, de nous donner encore plus de pouvoirs pour pouvoir mieux encore exercer
nos pouvoirs comme on aimerait le faire, ça va sûrement faire
l'affaire de l'Association et de tous ses membres.
M. Gauvin: Dans votre mémoire, à la page 7, vous
mentionnez, à un moment donné: Notre association serait en mesure
d'assurer stabilité et contrôle dans le marché. Ça
peut s'interpréter de plusieurs façons. Dans le futur, ce serait
ce que vous souhaitez?
M. Song: Si vous voulez répéter, s'il vous
plaît. C'est parce que je cherchais la page. À la page 7, vous me
dites. À quel endroit?
Une voix: 7.
M. Song: Oui.
(21 h 50)
M. Gauvin: Oui, au milieu. La page 7, le paragraphe du centre.
Vous souhaitez... Pardon?
M. Song: La question.
M. Gauvin: Ah! la question? C'est celle-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gauvin: Excusez-moi. C'est qu'à la page 7 vous dites:
Notre association est la mieux placée pour
assurer stabilité et contrôle dans le marché. Dans
le marché à venir? Ou vous l'avez assumé dans le
passé?
M. Song: Je crois que, dans le passé, on l'a fait avec les
moyens que l'on avait. Dans l'avenir, si, autrement dit, on a encore plus de
pouvoirs à l'intérieur de notre association, par l'entremise de
cette loi 84, je crois qu'on va pouvoir faire encore beaucoup mieux.
Le Président (M. Dauphin): Ça va?
M. Gauvin: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
M. Dufour: La question de votre code que vous appliquez, c'est
quoi les recours que vous avez contre vos membres? C'est juste de les expulser
de votre association? Vous leur faites payer l'amende? C'est quoi? Avez-vous du
pouvoir quelque part?
M. Song: Je crois qu'on... Moi, je ne sais pas, je ne suis pas en
loi... Je crois peut-être qu'une association n'a peut-être pas le
droit d'exiger des amendes monétaires, mais je crois que faire
partie...
M. Dufour: Vous parlez d'un code de déontologie, c'est
sérieux, ça.
M. Song: La philosophie, je crois, qu'on a dans l'Association...
Je crois que faire partie d'une association, je crois que c'est un
privilège. Je crois. Si on veut faire partie d'un groupement de
personnes ou d'organismes, je crois que ça devient un privilège,
puis il faut respecter ses règlements, son code, je crois. Et, si, des
fois, on ne s'y soumet pas, malheureusement, bien, je crois que le seul moyen
qu'on peut avoir, je crois, à une association, c'est de le refuser, de
lui demander sa démission carrément.
M. Dufour: Mais ça ne l'empêche pas de
fonctionner.
M. Song: Bien, si... Autrement dit, advenant le cas que nous...
S'il a un permis de la Régie, exemple, pour...
M. Dufour: Dans le cas actuel? Je ne veux pas...
M. Song: Dans le cas actuel, je ne crois pas que ça puisse
l'empêcher de fonctionner.
M. Dufour: O.K. Ça va.
M. Song: On n'a pas les moyens ou les lois à
l'intérieur de notre association pour faire des poursuites judiciaires
ou autres.
M. Dufour: Parfait.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, messieurs,
madame de l'Association de l'amusement du Québec, d'avoir
participé à nos travaux. Bon retour.
Maintenant, avec votre consentement, je vais demander au Service de
police de la Communauté urbaine de Montréal de s'avancer à
la table des invités, et nous suspendons 2 minutes pour ce faire.
(Suspension de la séance à 21 h 52)
(Reprise à 22 heures)
Le Président (M. Dauphin): Messieurs dames, la commission
des institutions reprend ses travaux. C'est avec plaisir maintenant que nous
accueillons le Service de police de la Communauté urbaine de
Montréal représenté par M. Richard Me Ginnis, qui est
directeur de la Division du crime organisé. Je vais lui demander de nous
présenter, effectivement, M. Legros, et son titre, ensuite de
procéder à son exposé. M. Me Ginnis.
Service de police de la Communauté urbaine de
Montréal (SPCUM)
M. Me Ginnis (Richard): M. Legros est le commandant de la section
Moralité et jeu, au SPCUM, chez nous.
Le Président (M. Dauphin): Bienvenue, messieurs.
M. Me Ginnis: M. le Président, membres du comité,
j'en avais au moins pour une heure, mais, avec les limites, je vais sauter
par-dessus certains sujets pour vous permettre un peu plus une discussion
à la fin de mon exposé.
Notre présentation se veut une analyse de la situation actuelle
en matière de jeu sur le territoire de la CUM, plus
particulièrement de l'impact sur la sécurité publique en
ce qui a trait au projet de loi 84, soit la Loi sur la Régie des
alcools, des courses et des jeux et modifiant diverses dispositions
législatives. Nous croyons fermement être en mesure d'intervenir
d'une façon crédible et en toute connaissance de cause dans le
présent dossier, surtout à cause de notre expérience de
nombreuses opérations policières face à l'exploitation
illégale des appareils vidéo depuis le début des
années quatre-vingt, nos nombreuses sources d'information dans ce
milieu, et ce, depuis des années, notre connaissance des
problèmes vécus par d'autres services policiers canadiens et
américains dans ce domaine et notre connaissance de la situation
actuelle dans les 4 provinces maritimes suite à l'implantation de
loteries vidéo légales.
Dans un premier temps, nous traiterons donc de l'historique et de
l'impact sur la sécurité publique des phénomènes
suivants: loteries vidéo, appareils à parties multiples, poker,
«grey area». Au niveau des casinos et des courses, je
répondrai à vos questions, on va sauter
par-dessus ces 2 sujets-là. Dans un deuxième volet, nous
élaborerons sur le projet de loi 84 tel que nous le percevons. En
dernier lieu, nous établirons la position que nous favorisons face
à la réglementation qui suivra ce projet de loi.
Problématique, loteries vidéo. Sur le territoire de la
CUM, le problème majeur relié au jeu est celui des appareils
vidéopoker, et la majorité des plaintes que nous recevons des
citoyens en matière de jeu se rapportent à ces dits appareils.
Malgré les efforts soutenus des dernières années du SPCUM
et les coûts engendrés pour éliminer ces appareils, nous
constatons une augmentation continuelle du nombre d'appareils et une
infiltration forte et grandissante du crime organisé traditionnel dans
cette criminalité.
Historique. Ce genre d'appareils est apparu à Montréal
vers le début des années quatre-vingt, et les distributeurs les
ont implantés dans des arcades de jeu ou dans des centres d'amusement.
Il fut clairement établi que ces appareils étaient
opérés par les commerçants et les distributeurs d'une
façon illégale, et ce, sans exception. En monnayant les parties
gratuites accumulées par les joueurs sur ces appareils, on contrevenait
automatiquement à l'article 201 du Code criminel, à savoir
«tenir maison de jeu», et à l'article 202 du Code criminel,
à savoir «possession de dispositif de jeu».
Face aux profits faramineux réalisés dans ce milieu, on a
vite vu apparaître comme distributeurs de ces appareils des figures
connues du crime organisé traditionnel et aussi de nouveaux
distributeurs de plus en plus nombreux. Malgré les efforts soutenus des
forces de l'ordre, lors de saisies et d'accusations, ces appareils se sont vite
multipliés sur notre territoire, où on les retrouve maintenant
dans toutes sortes de commerces: dépanneurs, arcades, bars,
cafés, tabagies, etc. Ainsi, nous estimons entre 5000 et 6000 appareils
en opération sur notre territoire dans environ 3000 à 4000
commerces.
Aussi, depuis qu'il est de notoriété publique que le
Québec étudie la possibilité de légaliser une
loterie vidéo dans la province, nous notons une activité
fébrile dans le milieu qui a comme résultat une multiplication
des appareils et une guerre entre distributeurs, surtout ceux identifiés
au crime organisé, pour le contrôle de sites où ces
appareils sont actuellement en opération. Enfin, depuis l'annonce de
l'intention du gouvernement d'installer des appareils poker seulement dans les
endroits licenciés, nous sommes informés que des distributeurs du
monde interlope de Montréal installent leurs appareils dans ces dits
endroits en expulsant tout simplement les distributeurs concurrents.
Opérations policières du SPCUM. Depuis le début,
nous croyons que le SPCUM a été un des services policiers des
plus actifs au Canada dans la répression de cette criminalité.
Nos actions dans ce domaine ont été coûteuses en ressources
humaines, physiques et monétaires. Depuis 1984, notre service a
effectué plus de 1000 perquisitions chez des commerçants ou
distributeurs. Nous avons saisi 2300 appareils pour une valeur d'environ 6 900
000 $. Dans ces appareils, nous avons saisi près de 200 000 $.
Suite à une de ces opérations qui a résulté
en des saisies et accusations à la Cour municipale de Montréal,
la couronne, de concert avec nos enquêteurs spécialistes du jeu,
étala une preuve avec comme résultat que l'honorable juge Stalker
statua que la simple possession de ce genre d'appareil était
illégale. La défense en appela à la Cour d'appel du
Québec qui rejeta les motifs de la défense. Enfin, la Cour
suprême du Canada refusa d'entendre l'appel de la défense.
Enfin, nous constatons qu'à chaque fois que nous procédons
à des saisies dans des commerces, nous retrouvons de nouveaux appareils
en opération dans ces endroits quelques jours plus tard, si ce n'est le
même jour.
Profits illégaux. Contrats entre commerçants et
distributeurs. Le fonctionnement décrit ici peut connaître des
variables minimes d'un endroit à l'autre, mais, selon notre
expérience et notre renseignement, nous le savons conforme à la
réalité. Un distributeur peut placer un ou plusieurs appareils
chez un commerçant avec entente que le commerçant paiera les
parties gratuites aux joueurs et que les 2 parties se partageront les profits
nets moitié-moitié. Ces contrats seront toujours verbaux.
Habituellement, il y a entente entre les 2 parties à l'effet que le
distributeur assumera les frais légaux avocat, amende,
confiscation lors d'opérations policières. Le distributeur
s'engage à entretenir, réparer et remplacer
régulièrement les appareils.
Distributeurs. Nos enquêtes nous démontrent que les
compagnies et les individus qui distribuent ou placent ces appareils chez les
commerçants agissent et opèrent leur commerce en contravention
flagrante du Code criminel. N'importe qui peut être distributeur de ces
appareils, et ce milieu est très fortement infiltré par le crime
organisé, ce que plusieurs distributeurs admettent d'eux-mêmes.
Par contre, plusieurs d'entre eux, d'une façon hypocrite, se
prétendent des hommes d'affaires sérieux et honnêtes, alors
que, dans les faits, ce sont des hors-la-loi qui s'enrichissent en
opérant illégalement. Lorsque ceux-ci sont accusés
à la cour, plus souvent qu'autrement la compagnie où un homme de
main plaide coupable dans le but évident de soustraire les vrais
responsables à la justice, leur évitant ainsi un dossier
judiciaire. Certains distributeurs contrôleraient entre 200 et 500
appareils sur notre territoire et certains d'entre eux exercent une certaine
exclusivité dans certains quartiers ou certains commerces ethniques.
Nous notons une grande fébrilité dans le milieu des distributeurs
depuis que ceux-ci savent que le gouvernement étudie la
possibilité de légaliser une loterie vidéo. Or, ceux-ci,
ainsi que leur association à laquelle ils appartiennent, exercent un
fort lobby dans le but de devenir partenaire avec le gouvernement pour
l'exploitation des appareils poker.
Crime organisé. Historiquement, le crime organisé
traditionnel a toujours été impliqué dans toutes les
facettes du jeu illégal. Ceci est d'autant plus vrai dans le
présent dossier. Nous croyons que l'opération illégale de
ces appareils par le crime organisé au Québec leur
fournit la source de revenus la plus importante après le trafic
de stupéfiants. Les revenus extraordinaires servent souvent à ces
caïds à réinvestir dans des entreprises légales pour
pouvoir légitimer leurs revenus non déclarés au fisc.
Une de nos plus grandes inquiétudes dans le présent
dossier est le fait que le crime organisé traditionnel a toujours
été reconnu comme le plus grand spécialiste de corruption
de fonctionnaires. Or, nous savons que certains individus faisant partie de ce
groupe exercent d'énormes pressions auprès des autorités
pour qu'on légalise cette loterie vidéo, mais surtout que cette
législation se fasse en partenariat avec l'entreprise privée. (22
h 10)
Associations. À notre connaissance, il existe 2 associations qui
regroupent la plupart des membres de l'industrie de l'amusement, soit
l'Association de l'amusement du Québec et la Corporation du loisir
automatique du Québec. Ces 2 associations, selon nous, manquent de
crédibilité. Leur principale raison d'être depuis quelque
temps est axée vers l'opération d'appareils illégaux de
type «grey area». Les 2 associations et leurs membres se
prétendent blancs comme neige, alors que, dans les faits, tous et chacun
d'entre eux qui opèrent ou distribuent des appareils de ce type le font
d'une façon illégale. Enfin, il n'en demeure pas moins que tout
individu qui opère une opération illégale sur une base
continue fait partie intégrante de cette criminalité
organisée. Cette criminalité a exigé beaucoup de nos
énergies et de nos ressources depuis plus de 10 ans, en plus de fournir
au crime organisé et à des individus indésirables une
source de revenus mirobolants inespérés. Nous croyons qu'il est
grandement temps que les autorités se penchent sur ce
problème.
Sans vouloir s'approprier toutes les responsabilités, le SPCUM
tient à avoir un droit de regard sur les activités pertinentes
à la sécurité publique sur son territoire. Enfin, le
Service de police de la CUM est parfaitement en mesure d'assurer les
tâches policières requises pour peu qu'on lui en donne les moyens
financiers nécessaires, approximativement 2 300 000 $, coût en
1992.
La Régie des alcools, des courses et des jeux. Le projet de loi
84 visant la création d'une seule régie placée sous le
contrôle du ministre de la Sécurité publique nous
apparaît souhaitable. En effet, nous croyons qu'au fil des années
la Régie des permis d'alcool du Québec a exercé son
rôle de contrôle auprès des endroits licenciés en
assurant le respect de la tranquillité publique, développant
ainsi un ensemble de connaissances et de compétences qui seront, sans
contredit, profitables à la Régie des alcools, des courses et des
jeux. De plus, cette Régie qui sera contrôlée par le
ministre de la Sécurité publique aura sûrement comme
objectif le respect des lois et règlements et, ce qui ne fut pas
toujours le cas dans d'autres régies, ne sera pas perçue comme un
percepteur de taxes ou de fonds publics.
À la lecture du projet de loi 84, nous constatons la
volonté du ministre de vouloir mettre de l'ordre dans le domaine du jeu
au Québec et nous appuyons cette dé- marche. Aussi, nous sommes
persuadés d'avoir été assez explicites dans le
présent mémoire et fait la preuve irréfutable que tous
ceux qui ont distribué et contrôlé ce genre d'appareils
à sous au cours des 10 dernières années ont agi dans
l'illégalité. Plusieurs de ces distributeurs étaient et
sont encore des membres influents du crime organisé ou membres
d'organisations criminelles. Toutefois, il nous apparaît fort important
de souligner au ministre ce que nous considérons comme inquiétant
dans ce projet de loi.
Ainsi, l'article 52.1 de la section 1.1 se lit comme suit: «Le
gouvernement peut autoriser la mise sur pied et l'exploitation, par ceux de ses
ministères, organismes ou mandataires qu'il désigne, de
systèmes de loterie vidéo.» Nous voyons ici la
possibilité d'une affiliation entre le gouvernement et l'entreprise
privée en matière de loterie vidéo. Ce partenariat nous
amène à se poser une seule question: Le gouvernement
envisage-t-il de s'associer avec le crime organisé, maffia, ou avec des
organisations criminelles qui contrôlent depuis des années cette
facette du jeu et de façon illégale?
Rappelons-nous que le Service de police de la CUM a étudié
et présenté différentes options en ce qui a trait à
ce phénomène. Ainsi, la première option visait
l'élimination complète des appareils. Même si cette option
n'était pas irréalisable, il s'agissait d'une tâche
extrêmement difficile et qui demandait plus de ressources de la part de
notre service que celles déjà allouées à ce
dossier, compte tenu de nos priorités et de nos contraintes. La
population, étant déjà habituée à cette
forme de jeu clandestin, continuerait très certainement à vouloir
jouer dans ces appareils, et ce, même s'ils sont défendus. Les
commerçants, les distributeurs et surtout le crime organisé qui
perçoivent actuellement d'énormes sommes d'argent par cette
criminalité continueraient assurément à opérer dans
la clandestinité.
La deuxième option présentée était
l'exploitation directe par l'État. Nous croyons qu'il s'agit de la seule
option valable afin d'éliminer le crime organisé dans ce milieu.
En effet, le contrôle de la distribution et de l'opération de ces
appareils à un organisme gouvernemental comme Loto-Québec
empêchera l'infiltration du crime organisé. En effet,
Loto-Québec a su, au cours des années, garder sa cote de
confiance auprès de la population tout en assurant une grande
transparence.
Enfin, à la troisième option, l'exploitation en
association avec le secteur privé équivaut, selon nous, à
une association avec le crime organisé ou avec des individus qui ont
opéré en marge de nos lois depuis des années. Les
distributeurs et les exploitants de cette industrie se sont enrichis de profits
illégalement obtenus depuis des années et voudraient,
aujourd'hui, être les partenaires privilégiés de
l'État en prétendant même qu'on pourrait se fier sur eux
pour exercer leurs fonctions d'une façon tout à fait honorable et
transparente. Nous n'y croyons absolument pas et nous désirons avertir
les autorités afin qu'elles ne commettent pas la même erreur qui
semble avoir été commise au Nouveau-Brunswick. Il nous
apparaît être très important de s'assurer de la
crédibilité, auprès de la population, de l'or
ganisme qui sera chargé de l'implantation et de l'administration
de cette nouvelle forme de jeu.
En s'assurant de l'exclusivité, le gouvernement augmente ses
revenus de façon substantielle. À titre d'exemple, permettez-nous
de vous citer un extrait du périodique Coin Box, numéro
d'avril 1993, qui dresse un tableau des revenus de 2 provinces canadiennes
opérant une loterie vidéo.
Au Nouveau-Brunswick où ils sont partenaires avec le
privé, pour la période du 1er avril 1992 au 27 février
1993, l'on y retrouve 3156 appareils en opération, pour 22 200 000 $ de
revenus pour le gouvernement. En Nouvelle-Ecosse où c'est Loto
Atlantique et le gouvernement, pour la même période, pour 1759
appareils en opération, le gouvernement y retrouve 47 800 000 $ de
revenus. Quand on parle de 25 000 appareils, vous faites le calcul, vous allez
voir que c'est pas mal d'argent.
À la section 1.2 du projet de loi, l'article 72 se lit comme
suit: L'article 121 de cette loi est modifié par l'ajout de
l'alinéa suivant: «Toutefois, dans le cas d'une infraction aux
articles 52.2, 52.3 ou 52.4 l'amende est d'au plus 50 000 $; en cas d'une
première récidive, elle est d'au plus 75 000 $ et, pour toute
autre récidive, l'amende est d'au plus 100 000 $.» À ce
sujet, nous croyons important d'exiger un minimum d'amende afin de diminuer le
marchandage qui existe actuellement dans certaines cours de justice au niveau
du règlement de certains dossiers de loterie vidéo.
Un autre article de ce projet de loi soulève des questions.
Après avoir étudié ce projet et en avoir constaté
l'importance, il nous apparaît sans doute approprié d'inclure
immédiatement les courses. Ainsi, au chapitre IV, l'article 116 se lit
comme suit: «Les dispositions de la présente loi s'appliquent en
matière de courses à compter de la date ou des dates que
détermine le gouvernement.» Cet article laisse deviner qu'une date
ultérieure pourra être fixée pour l'intégration des
pouvoirs et fonctions de la Commission des courses. L'ampleur de la
réforme et les problèmes soulevés depuis les derniers mois
à ce sujet justifient sûrement une fusion simultanée afin
de mettre de l'ordre dans tous les domaines des jeux.
À l'exception de ces 3 articles, le SPCUM se réjouit de
l'implication gouvernementale en matière de jeu et du désir
d'exclure de ce processus le crime organisé, et nous vous assurons de
notre étroite collaboration afin de mener à bon port cette
entreprise.
Comme vous voyez, M. le Président, je saute des pages.
Comme conclusion, le Service de police de la Communauté urbaine
de Montréal se réjouit de la démarche effectuée par
les autorités en créant, par le projet de loi 84, la Régie
des alcools, des courses et des jeux. Ainsi, cette Régie facilitera la
tâche tant aux citoyens qu'aux différents services de police
à cause de l'intégration de l'ensemble du contrôle des
activités reliées aux alcools, courses et jeux. (22 h 20)
Enfin, nous nous permettons une dernière remarque qui nous
apparaît importante considérant la complémentarité
indispensable entre les fonctions de patrouille et d'enquête et entre les
fonctions de surveillance externe et interne. Nous vous soumettons qu'il n'est
pas souhaitable de faire intervenir un autre service policier sur notre
territoire dans des domaines qui seraient, ailleurs qu'au casino, de notre
juridiction. Il serait également peu efficace de demander à la
Sûreté du Québec de limiter son rôle à celui
d'inspecteur de la Régie et de faire appel au SPCUM pour toute autre
intervention policière. Si nous devions faire exception pour le casino
et confier la surveillance policière à la Sûreté du
Québec, nous devrions aussi songer à lui faire assumer les
services d'ordre et les enquêtes policières au Stade olympique.
Cet établissement est également opéré par une
société d'État, la RIO. Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. Me Ginnis,
pour votre présentation.
Juste avant d'aborder la période d'échanges, je tiens
à m'excuser auprès de l'Opposition, parce que ni le
président ni l'Opposition n'avaient le mémoire. Je crois
comprendre que certains membres de la commission avaient le mémoire.
M. Dufour: Mais, dans l'Opposition, ce n'est pas
nécessaire, on ne sait pas lire dans l'Opposition.
Le Président (M. Dauphin): Mais, ayant été
dans l'Opposition pendant 5 ans, je comprends cette frustration, parce que
ça m'arrivait, à moi aussi. Quand je voyais les
ministériels avoir le mémoire et que je ne l'avais pas...
M. Dufour: Ça «arrivait-u»?
Le Président (M. Dauphin): ...c'était un peu
frustrant. Mais, à tout événement, c'est hors de mon
contrôle...
M. Dufour: Ça ne se peut pas.
Le Président (M. Dauphin): ...mais ce n'est pas la faute
des policiers non plus. À tout événement...
M. Dufour: M. le Président, je mets en doute un peu votre
parole. Ça me surprend que ça arrivait avec l'autre
gouvernement.
Le Président (M. Dauphin): Mais ça arrivait.
Ça arrivait aussi du côté des ministériels, à
l'époque.
M. Dufour: II y a de l'exagération un peu.
Le Président (M. Dauphin): Mais, ceci étant dit,
étant donné que vous êtes des députés
d'expérience, vous pouvez vous débrouiller sans le
mémoire, de toute façon.
M. Dufour: On a bien écouté.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre de la
Sécurité publique.
M. Ryan: M. le Président, en guise de pénitence, je
passerai ma copie au député de Jonquière tout de suite
après mon intervention.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: En fait, j'avais quelques copies que j'ai
distribuées ici. Je pensais que ça se faisait automatiquement de
l'autre côté. J'ai pris une bouchée avec les
représentants du SPCUM et d'autres corps policiers à l'heure du
dîner, et on m'avait remis un certain nombre d'exemplaires. Mais il est
arrivé un défaut. Je pense que c'est moi qui ai la
responsabilité. Je ne voudrais pas qu'on pense que c'est le
secrétariat qui n'a pas eu ces copies-là.
Une voix: Non, non.
M. Ryan: Alors, on va corriger ça.
Une voix: Mais, là, on en a fait faire.
M. Ryan: Et vous savez, quand c'est moi qui suis responsable, il
n'y a jamais besoin d'enquête de police.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): Alors, cette mise au point
étant faite...
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Dauphin): ...M. le ministre.
M. Ryan: Oui, je pense bien que tout le monde est un petit peu
assommé après cette présentation du SPCUM, je pense que
c'est la seule expression qu'on puisse trouver. On se dit: Si tout ça
est vrai, il y a un problème, et on se dit: S'il l'affirme ici, il y a
des grosses chances que ce soit vrai. Vous nous présentez ce
mémoire avec l'approbation de vos supérieurs, j'imagine?
M. Me Ginnis: Oui.
M. Ryan: Que vous saluerez pour moi, demain.
M. Me Ginnis: D'accord.
M. Ryan: Très bien. Vous avez entendu tantôt... vous
avez entendu aujourd'hui les 2 associations dont vous parlez dans votre
mémoire et dont vous nous dites qu'elles manquent, à vos yeux, de
crédibilité. Vous dites ça en termes explicites à
la page 5. Après les avoir entendues, est-ce que votre opinion a
été modifiée?
M. Me Ginnis: Écoutez, pour moi, les gens qui enfreignent
la loi depuis des années ne peuvent pas avoir une
crédibilité.
M. Ryan: Je vais vous poser une question. Vous dites que vous
avez fait de nombreuses perquisitions au cours des dernières
années. Vous en avez fait encore sûrement au cours de la
dernière année. J'entendais dire ce matin, par la
Sûreté du Québec, que c'est très rare qu'ils aillent
faire des vérifications dans un endroit où il y a des
vidéopokers et où les vérifications ne les amènent
pas à conclure qu'il y a effectivement utilisation illégale de
ces appareils-là pour des fins interdites par le Code criminel. Est-ce
que votre expérience va dans le même sens, à vous
autres?
M. Me Ginnis: Oui, M. le ministre.
M. Ryan: Pourriez-vous donner quelques précisions,
peut-être?
M. Me Ginnis: Je vais laisser la parole à Jean Legros, qui
est le commandant, c'est lui qui est en charge des opérations.
Le Président (M. Dauphin): M. Legros.
M. Legros (Jean): Si je comprends bien votre question, vous
voulez savoir de quelle façon c'est opéré dans les
commerces, quoi? Donc, combien de fois?
M. Ryan: Oui. Mais, quand vous allez faire vos enquêtes,
là, disons que... Est-ce que vous allez sur plainte ou en vertu d'un
plan que vous auriez? Comment procédez-vous?
M. Legros: Souvent, la plupart du temps on va sur plainte.
M. Ryan: Sur plainte. Puis est-ce que ça arrive souvent
que ça ne fonctionne pas illégalement, que ça fonctionne
légalement?
M. Legros: Ça fonctionne toujours illégalement. Il
n'y a jamais personne qui va jouer dans ces appareils si on ne monnaye pas les
crédits pour de l'argent. Il n'y a pas personne... Je n'ai jamais vu, en
8 ans de service à la section Moralité, personne jouer dans ces
machines-là si on ne monnaye pas les parties gratuites avec de
l'argent.
M. Ryan: Maintenant, une autre question. Est-ce qu'il est vrai
dans votre cas aussi que, lorsque vous saisissez des appareils, il arrive
souvent que, dès le lendemain ou quelques jours après, ces
appareils-là sont remplacés par d'autres?
M. Legros: Effectivement, c'est remplacé dans les jours
qui suivent. Puis même, des fois, lorsqu'on est après faire une
perquisition chez un commerçant, on
saisit les machines, immédiatement, le commerçant prend le
téléphone, il appelle le distributeur, puis il dit: La police est
sur place, elle est après me saisir mes machines, apportez-m'en
d'autres.
M. Ryan: Est-ce qu'il est arrivé plusieurs causes au cours
des 2 dernières années où la personne chez qui vous avez
trouvé l'appareil a plaidé coupable au lieu de subir un
procès, elle a plaidé coupable, c'est son droit: Je vais plaider
coupable puis qu'après ça vous ayez constaté que le
petit jeu recommençait peu après?
M. Legros: De mémoire, depuis 1984, dans toutes les causes
que nous avons faites à la cour nous avons saisi environ 2300
appareils, nous avons fait plusieurs causes, nous avons déposé
plusieurs plaintes à la cour nous avons fait seulement un
procès à la cour, soit le procès de la compagnie Laniel,
devant le juge Stalker, pour dispositif de jeu. Toutes les autres causes qui
ont été déposées à la cour, tous les
accusés ont plaidé coupables.
M. Ryan: Quand la personne plaide coupable, quelle est l'amende
qui lui est imposée?
M. Legros: À la Cour municipale de Montréal,
l'amende est de 600 $ par machine, et la machine est confisquée.
M. Ryan: Le revenu moyen hebdomadaire d'un appareil, à
combien l'estimez-vous à Montréal?
M. Legros: Ça dépend des endroits. Dans les
endroits propices, disons, comme dans les arcades ou dans les restaurants
près des rues Saint-Laurent et Sainte-Catherine, il y a des appareils
qui vont rapporter jusqu'à 1000 $ par semaine.
M. Ryan: En revenu net ou brut, ça, monsieur?
M. Legros: Ça, c'est le revenu net pour le
commerçant, puis il y a 1000 $ qui vont au propriétaire de
l'appareil.
M. Ryan: Ça veut dire que les 600 $ sont vite
remboursés. C'est une incitation à développer
l'entreprise.
M. Legros: C'est très, très vite. Comme vous pouvez
le constater, c'est très, très vite remboursé.
M. Ryan: Puis vous affirmez dans votre mémoire qu'il y a
des milieux plus ou moins recommandables qui sont associés à
l'exploitation de ces appareils. Pourriez-vous nous donner quelques
précisions là-dessus? Vous autres, vous les connaissez un petit
peu, j'imagine. Ce ne sont pas des étrangers pour vous.
M. Legros: La plupart de ce qu'on appelle la maffia ou le crime
organisé sont impliqués dans la distribution des appareils de
jeu, parce que c'est très, très payant, comme vous avez pu le
constater.
M. Ryan: Vous avez mentionné une chose dans votre
mémoire, que, depuis qu'il est question que le gouvernement intervienne
de manière plus décisive, vous auriez remarqué une
recrudescence d'activités, en particulier du côté des
endroits où il y a des permis de vente d'alcool. Pourriez-vous nous
donner des précisions là-dessus?
M. Legros: C'est parce qu'on a entendu dire, puis le milieu, ce
que j'appelle le milieu du crime organisé a entendu dire que le
gouvernement s'apprêtait à installer des loteries vidéo
dans les endroits licenciés seulement. Depuis ce temps-là, on a
constaté, puis on a eu des plaintes, on a eu des sources d'information
à l'effet que les membres du crime organisé très influents
à Montréal installent leurs machines dans les endroits
licenciés en expulsant des compétiteurs.
M. Ryan: Je trouve une phrase... Oui, ça va?
J'apprécie la brièveté de vos réponses, ça
permet d'avoir des questions plus nombreuses. Ça permet d'avoir des
questions plus nombreuses; je l'apprécie vivement. Vous écrivez
dans vore mémoire, à la page 4: Lorsque certaines personnes sont
accusées à la cour, plus souvent qu'autrement la compagnie ou un
homme de main plaide coupable dans le but évident de soustraire les
vrais responsables de la justice, leur évitant ainsi un dossier
judiciaire. Pourriez-vous préciser ça, peut-être à
la lumière d'expériences concrètes que vous avez faites?
(22 h 30)
M. Legros: Souvent, disons, ou si on fait une compagnie en
particulier, on accuse le commerçant et la compagnie. C'est la compagnie
qui se rend à la cour. Et, tout dernièrement, il y a une des
compagnies qui est arrivée à la cour avec un chèque
visé de 25 000 $, qui a payé l'amende pour tous les
commerçants que nous accusions.
M. Ryan: La compagnie, dans ce cas-là, est-ce que vous
pourriez l'identifier? C'est un fait de cour, c'est public.
M. Legros: C'est parce qu'il y a des causes pendantes encore
à la cour, peut-être que...
M. Ryan: Très bien. On ne veut pas nuire aux causes
pendantes et, d'après nos règlements, nous n'avons pas le droit,
à part de ça, de nous immiscer dans des causes qui sont en
progrès. Espérons que c'est en progrès. J'ai
peut-être employé un mot excessif.
M. Legros: C'est parce que nous avons fait des saisies il y a 2
semaines encore, et il y a des causes qui sont pendantes.
M. Ryan: Très bien. Maintenant, plus loin dans votre
mémoire, M. Me Ginnis, vous faites des commen-
taires sur le projet gouvernemental. J'apprécie les remarques que
vous faites à propos de la Régie des permis d'alcool dont le
président est à ma gauche actuellement, M. Laflamme, M. Ghislain
K.-Laflamme. Je pense qu'une des raisons qui expliquent les bons
résultats que donne la Régie des permis d'alcool du Québec
réside dans le fait qu'elle travaille en collaboration étroite
avec les corps de police constitués...
M. Me Ginnis: Je n'ai pas compris votre question, M. le
ministre.
M. Ryan: Je pense qu'une des raisons qui expliquent les bons
résultats de la Régie des permis d'alcool du Québec
réside dans le fait qu'elle travaille en collaboration
régulière et continuelle avec les corps de police
constitués, est-ce que...
M. Me Ginnis: Définitivement, et nous avons même un
officier de liaison qui, à tous les jours, se rend au bureau de M.
Laflamme.
M. Ryan: Je voudrais féliciter M. Laflamme du compliment
qu'il reçoit de vous. Je m'aperçois que vous avez
été moins généreux à mon endroit.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Ha, ha, ha!
M. Me Ginnis: Ainsi va la vie, M. le ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Alors que vous lui adressez des compliments, vous
m'adressez des questions graves d'implication. Heureusement que les
journalistes ne travaillent pas à cette heure-ci parce qu'on pourrait
avoir une grosse manchette dans la presse demain: Le SPCUM soupçonne le
ministre de la Sécurité publique de vouloir s'associer avec la
maffia.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: ...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Voyez-vous, l'Opposition est déjà
prête à commencer son travail.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Blague à part, ce que je veux vous dire, c'est
que nous sommes très conscients des problèmes qui se posent. Nous
avons voulu que vous soyez avec nous aujourd'hui pour nous donner le
récit de votre expérience. Mais nous n'avons pas voulu prendre de
décision avant d'avoir entendu toutes les parties. Comme nous y oblige
la pratique démocratique de l'institution parlementaire, nous avons
écouté tout ce qui s'est dit, nous avons tout noté, et je
veux vous assurer que le gouvernement n'envisage pas de s'associer avec le
crime organisé, comme le laisserait entendre votre question je
sais que c'est une question qui voulait nous obliger à réagir;
nous réagissons. Et, comme je l'indiquais un petit peu plus tôt,
nous prendrons une décision définitive sur les quelques points
qui restent à régler au cours des prochaines semaines, ça
ne tardera pas. Vous nous apportez une contribution qui est importante dans
notre recherche.
Vous trouvez que l'amende n'est pas suffisante. Dans le texte du projet
de loi, on dit: Une amende pouvant aller jusqu'à un montant maximum de
50 000 $ dans le cas d'une première récidive d'au plus 75 000 $
pour toute autre récidive, pour la deuxième, et... Non, au plus
50 000 $ pour une première offense; en cas d'une première
récidive, maximum de 75 000 $. Il n'y a pas de minimum. C'est ça
qui vous fatigue, je pense, hein?
M. Legros: On aimerait avoir un minimum, M. le ministre.
M. Ryan: Qu'est-ce que pourrait être un minimum
raisonnable, d'après vous?
M. Me Ginnis: 50 % du montant qui est fixé, au maximum.
ça pourrait être...
Une voix: 50 % du?
M. Ryan: Du montant maximum.
M. Me Ginnis: Oui.
Une voix: 25 000 $.
M. Ryan: Alors, vous trouvez que des amendes de 500 $, ça
ne donne rien.
M. Me Ginnis: Ça ne donne absolument rien. Vous en avez la
preuve. Les amendes qui sont données présentement, c'est 600 $,
et l'appareil vaut peut-être 2000$ à 3000$, puis...
M. Ryan: J'espère que nos légistes vous
écoutent. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Très bien. Ensuite, les dispositions en
matière de courses, je prends note de votre observation. Il y a toutes
sortes de complications dans ce dossier-là qui ne permettent
peut-être pas que nous agissions immédiatement, mais ça a
été inscrit dans le projet de loi, fermement, et c'est la
volonté du gouvernement que cette intégration se fasse. Le plus
tôt elle se fera, je pense que le mieux ce sera. Mais nous prenons note
de la suggestion que vous faites à cet égard.
Et ça termine pas mal les observations que j'aurais
à vous formuler. Peut-être une dernière question:
Combien avez-vous de personnes au SPCUM qui s'occupent de ce
secteur-là?
M. Me Ginnis: Écoutez. J'ai 6 policiers, qui ne sont pas
à plein temps sur le jeu. Au SPCUM, ils s'occupent du jeu et de la
moralité. Il faut dire que ce n'est pas beaucoup. C'est pour ça
qu'on marche plutôt sur plainte. Sauf que, dans les autres unités,
c'est là qu'on fait les joints entre le crime organisé, parce
qu'on a beaucoup de projets d'écoute électronique et de
surveillance. On fait le joint avec toutes les différentes
unités.
M. Ryan: Une toute dernière question. Selon vous, est-ce
qu'on peut dire que la très grande majorité des appareils qui
sont présentement en circulation fonctionnent de manière
illégale, les appareils...
M. Me Ginnis: Selon moi, tous les appareils qui sont en
circulation présentement fonctionnent illégalement.
M. Ryan: À combien estimez-vous qu'il y en aurait sur le
territoire de la CUM?
M. Me Ginnis: On est très, très... Vous voyez, avec
un personnel de 6, on ne peut pas... on est très... Comment je vous
dirais ça? On va mettre le moins possible, on parle de 5000 à
6000. Mais il pourrait y en avoir 10 000, 12 000. Je ne suis pas en mesure de
vous préciser davantage.
M. Ryan: Ça peut varier de 5000 à 10 000. M. Me
Ginnis: Oui. M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Maintenant, je vais reconnaître M. le chef... pas le chef, mais le
député de Jonquière.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Le chef de police.
Le Président (M. Dauphin): Le chef de police, c'est
après, ça.
M. Dufour: Vous avez un réquisitoire sûrement
impressionnant. Je pense bien que vous le faites avec une certaine mesure
pareil, parce que vous vivez avec le phénomène et le
problème depuis de nombreuses années. Donc, je n'ai pas à
mettre en doute vos énoncés. Mais seulement, il y a une chose
certaine: on constate que vous arrivez à la conclusion que c'est un mal
qui existe et, le mieux qu'on peut faire, c'est d'essayer de vivre avec, la
façon de vivre avec ça.
M. Me Ginnis: C'est ça.
M. Dufour: C'est un peu ça que vous proposez, et vous y
allez avec certaines recommandations en disant: Pour nous, la seule
façon de procéder, c'est de vous associer avec un organisme qu'on
connaît bien, qui ressemble ou qui s'apparente à
Loto-Québec. C'est un peu ça qu'on peut déceler. Vous ne
semblez pas vouloir accepter ou recommander que les associations existantes ou
des opérateurs privés puissent être dans le marché
facilement. En tout cas, je pense que ça semble assez clair dans ce que
vous dites.
Vous parlez aussi des amendes. Moi, les amendes élevées,
je crois à ça, mais je pense que ce n'est pas une solution.
Ça fait des sociétés tout de même un peu
spéciales. Des amendes de l'amende, comme on voit dans des choses... On
est rendu qu'on essaie de faire une société qui est de plus en
plus réglementée, de plus en plus policée, puis de plus en
plus amendée. Pour moi, il y a une question d'éducation qui entre
en ligne de compte. Vaut mieux prendre des mesures qui, en fait, excluent les
indésirables une fois pour toutes.
Concernant les amendes élevées, ce qu'on voit, c'est que
les gros s'en tirent toujours mieux que les petits. Ça fait, pareil, une
justice, qui n'est pas nécessairement égale et juste, à
mon point de vue en tout cas. Prenez quelqu'un qui fait de l'excès de
vitesse; 200 $ pour quelqu'un qui a un bon salaire, ça ne dérange
pas trop, mais la personne qui n'a pas beaucoup d'argent... elle est aussi
dangereuse que l'autre, ça n'ôte pas le degré. Mais, pour
moi, ce n'est pas une solution parfaite, à mon point de vue. Ça
peut peut-être faire plaisir au gouvernement de mettre les amendes les
plus hautes parce que ça remplit les coffres, mais, d'une façon
ou de l'autre, ça peut développer d'autre chose aussi. Je pense
qu'il y a un danger dans ça. Pour moi, la grosseur des amendes, ce n'est
pas nécessairement une solution. Je la trouve très imparfaite,
puis je ne la trouve pas nécessairement correcte non plus, dans le sens
qu'au point de vue de la logique je ne suis pas capable de défendre
ça trop, trop. Moi, je ne peux pas défendre ça.
Mais vous nous dites que, dans les provinces de l'Atlantique, les
provinces où elles sont associées avec d'autres, ça ne
cause pas de problème, d'après les estimations et les
renseignements que vous avez. Est-ce que c'est des renseignements que vous avez
pris seulement par téléphone, par des contacts, ou si vous
êtes allés voir sur les lieux comment ça fonctionnait,
cette affaire-là?
M. Me Ginnis: C'est M. Jean Legros qui a fait une enquête
sur les lieux. Il va vous en parler.
M. Legros: Je me suis rendu au Nouveau-Brunswick. J'ai
rencontré les spécialistes du jeu du Nouveau-Brunswick de
même que les dirigeants de Loto Atlantique pour m'informer de la
façon qu'ils fonctionnaient. C'est de là que viennent mes
renseignements. (22 h 40)
M. Dufour: Est-ce que vous pensez que le sys-
tème qu'il y a au Nouveau-Brunswick, ou ailleurs, pourrait
être un système applicable ici, au Québec?
M. Legros: Si vous prenez le système du Nouveau-Brunswick,
vous allez avec l'entreprise privée. Et, si vous comparez le
Nouveau-Brunswick au Québec, le crime organisé ne fonctionne
pas... ce n'est pas la même chose au Nouveau-Brunswick qu'au
Québec. Le crime organisé au Nouveau-Brunswick, ça ne se
compare pas avec la province de Québec du tout. C'est plus facile pour
eux, au Nouveau-Brunswick, d'aller avec l'entreprise privée sans trop
que le crime organisé s'infiltre. Ici, au Québec, le crime
organisé, ce n'est pas la même chose. Puis, selon moi, vous ne
pouvez pas participer ou aller avec l'entreprise privée sans que le
crime organisé ne réussisse à s'infiltrer.
M. Dufour: J'avais cru comprendre que ce n'était pas tout
à fait la même chose. C'est sûr que le Nouveau-Brunswick est
pas mal moins populeux, aussi. C'est moins étendu.
M. Legros: Puis le crime organisé ne fonctionne pas de la
même façon là. Puis ce n'est pas les mêmes
éléments qu'on a ici.
M. Dufour: Moi, je pense que vous avez sûrement raison par
rapport à ça.
Vous dites: On pourrait permettre d'extensionner les lieux ou les
endroits où on pourrait opérer des machines vidéopoker,
parce que ça pourrait être une façon plus facile de
contrôler parce que vous enlevez les possibilités de
clandestinité ou autre. Est-ce que vous pouvez un peu élaborer
là-dessus?
M. Legros: Oui, je crois qu'on peut se permettre d'installer des
appareils vidéo dans la plupart des endroits, pas seulement dans les
endroits licenciés. On peut en placer dans les dépanneurs. La
seule chose qui nous préoccupe, c'est de créer une
réglementation assez sévère pour empêcher que des
juvéniles puissent y jouer. Si vous faites une loi avec des dents...
Disons, s'il y a des juvéniles qui sont pris à jouer sur les
appareils et que vous enlevez tout simplement le permis à l'exploitant,
je ne crois pas que le commerçant va laisser jouer des juvéniles.
Puis il y a un autre endroit où je n'aimerais pas voir les appareils
poker ou de loterie vidéo, comme vous appelez, c'est dans les arcades,
parce que les arcades sont fréquentées à 90 % par des 18
ans et moins. Je ne crois pas que ce soit nécessaire d'installer des
appareils poker dans les arcades. Ils ont tellement d'autres appareils qui sont
une source de revenus sans leur installer des appareils poker.
M. Dufour: Dans votre expérience régulière,
le contrôle de l'âge... Quand vous parlez des juvéniles,
c'est 18 ans et moins? Moins de 18 ans?
M. Legros: 18 ans et moins... Moins de 18 ans, excusez-moi.
M. Dufour: Est-ce que vous croyez que ces
règlements-là peuvent être observés facilement pour
le marchand, même dans les bars? On sent que c'est complexe, ça.
Comment quelqu'un pourrait... Un marchand, par exemple, il arrive avec un
problème. À un moment donné, il y a des gens qui sont
bâtis, puis ils ont l'air plus vieux que leur âge, ils font plus
vieux...
M. Legros: Bien, ce problème-là... M. Dufour:
...ou plus vieilles.
M. Legros: Excusez-moi. Ce problème-là, on l'a,
nous aussi, lorsque vient le temps de faire respecter l'âge dans les
endroits licenciés. Il faut se servir de notre expérience pour
essayer d'empêcher les juvéniles de fréquenter les endroits
licenciés. Par contre, c'est évident qu'il y en a qui se
glissent, puis ils nous échappent. Mais la grosse majorité peut
être contrôlée.
M. Me Ginnis: J'ajouterais à ça, si vous permettez.
Si vous prenez un dépanneur, il ne doit pas vendre de boisson, non plus,
aux moins de 18 ans...
M. Dufour: C'est vrai.
M. Me Ginnis: ...au risque d'avoir certaines
pénalités. La majorité des dépanneurs vont faire en
sorte de ne pas avoir de pénalité au niveau de leur permis et ils
vont exiger des cartes d'identité. C'est sûr qu'il s'en glisse,
c'est sûr qu'il y a des jeunes qui ont des fausses cartes. Si on mettait
des vidéos, ce serait la même chose parce que le vidéo...
On a justement rencontré cette semaine des gens qui sont
propriétaires de dépanneurs, et ils font des profits de 3000 $
par semaine. Si on regarde le phénomène de la contrebande de
cigarettes qu'il y a présentement au Québec, bien, ça leur
permet de ne pas fermer les portes. Et je vous assure que, s'il y avait des
vidéos là-dedans et des moins de 18 ans, ils feraient en sorte,
eux autres, d'autodiscipliner les employés eux-mêmes pour ne pas
perdre un revenu de la sorte. Ça fait qu'ils seraient un genre de police
à l'interne. Mais c'est sûr qu'il va s'en passer, des fausses
cartes. Il y a des jeunes de 16, 17 ans qui mesurent 5 pi 6 po, 6 pi, 6 pi 1
po. Ça, on ne peut pas...
M. Dufour: Si vous savez que les amendes sont très
élevées et que vous prenez un mineur qui touche au
vidéopoker, puis les amendes sont élevées, il va falloir
qu'il y ait une gradation à travers tout ça. Être policier,
j'hésiterais un peu, moi, avant de faire observer la loi si je sais que
c'est une amende de quelque mille dollars. Puis ce n'est pas écrit dans
le front, ça, l'âge.
M. Me Ginnis: Oui, mais il reste toujours qu'on peut faire un
genre de preuve de caractère, si ça arrive une fois à
l'occasion, mais si on fait des observations puis, régulièrement,
à tous les jours, ils laissent faire les jeunes, bien,
écoutez...
M. Legros: C'est la même chose que dans les endroits
licenciés. Lorsqu'on fait des vérifications et qu'on
s'aperçoit que le gérant ou le propriétaire du club fait
tout en son possible pour empêcher un danseur nu ou une danseuse nue, une
juvénile d'opérer dans son club, ou qu'il a tout fait en son
possible pour empêcher un juvénile de fréquenter son
établissement, qu'il y a un portier qui vérifie l'âge ou
quoi que ce soit... Nous, on vérifie et on s'aperçoit qu'il y a
10 ou 11 mineurs sur 200 personnes, c'est évident qu'on ne porte pas
d'accusation contre cette personne à la cour. On se sert de notre
discernement.
M. Dufour: Mais on voit pareil qu'il y a une lacune à
quelque part. Les mineurs ne sont pas culpabilisés de la même
façon. À certains moments, c'est le marchand qui va être
pénalisé et le jeune ne l'est pas. Ou bien ça va
être les parents.
M. Legros: Mais, dans le moment, dans les endroits
licenciés, si le jeune est pris dans un endroit licencié, il est
cité devant la cour du bien-être social.
M. Dufour: C'est les parents.
M. Legros: Pas les parents, le jeune.
M. Dufour: S'il a en bas de 18 ans?
M. Legros: S'il a en bas de 18 ans, il reçoit une
sommation et il doit comparaître devant le Tribunal de la jeunesse.
M. Dufour: Ah oui! À vous entendre là-dessus,
ça ne fait pas des enfants forts, parce qu'il y a...
M. Legros: Bien, ça ne fait pas des enfants forts.
Peut-être que si on avise les parents... Et le jeune n'est pas
intéressé à...
M. Dufour: Ah! Ça, c'est une autre affaire. M. Legros:
...avoir des problèmes non plus.
M. Dufour: Ça, c'est une autre affaire. Je crois bien que
les problèmes de vol ou autres par les jeunes, la DPJ ne règle
pas nécessairement les problèmes, parce qu'il y a beaucoup de
choses qui se passent. Il y a des endroits ou des pays qui sont en frais
d'examiner pour voir s'il n'y aurait pas moyen de faire d'autre chose, parce
qu'à un moment donné... En tout cas, on peut...Je ne veux pas
épiloguer plus longtemps là-dessus.
À Montréal, les questions des amendes, c'est la
sûreté municipale, c'est la Communauté urbaine qui applique
la réglementation et qui fait la surveillance. Est-ce que la
Sûreté du Québec, elle est mêlée à vos
opérations concernant, par exemple, les vidéopokers ou les...
M. Legros: La Sûreté du Québec, elle peut
inter- venir sur notre territoire, mais, à ma connaissance, ils
n'interviennent pas sur notre territoire.
M. Dufour: C'est à votre demande s'ils interviennent,
règle générale.
M. Legros: C'est laissé à notre discrétion.
Mais, dans les cas de loterie vidéo, nous intervenons
nous-mêmes.
M. Dufour: Les amendes, est-ce qu'elles sont données
à la Communauté urbaine, à la ville de Montréal,
ou...
M. Legros: Les amendes, c'est collecté par la Cour
municipale de Montréal. La séparation après, je ne peux
pas vous dire.
M. Me Ginnis: Mais je peux vous dire que ça ne revient pas
à la Communauté urbaine de Montréal. C'est la ville de
Montréal qui...
M. Dufour: C'est la ville de Montréal qui retire les
amendes et les garde?
M. Me Ginnis: Oui, les garde.
M. Dufour: Est-ce que vous croyez que la légalisation de
ces appareils-là va amener une augmentation de travail ou si vous pouvez
l'absorber à même les effectifs actuels...
M. Me Ginnis: Non...
M. Dufour: ...les surveillances, la réglementation,
etc?
M. Me Ginnis: Non. Le Service a fait une étude
là-dessus, et ça prend, je pense, une dizaine de policiers de
plus.
M. Legros: Six, je crois.
M. Me Ginnis: Six policiers de plus que ça prendrait
annuellement pour voir un petit peu à...
M. Dufour: Si les amendes étaient un peu plus
élevées, ça pourrait couvrir le coût de ces 6
policiers-là.
M. Me Ginnis: Encore là, si les amendes nous revenaient,
je vous dirais oui, mais ça ne revient pas chez nous.
M. Dufour: Oui, mais il y a une quote-part, tout de même,
de payée par les municipalités, basée sur la population.
La Communauté urbaine, ses fonds, ils viennent de quelque part.
M. Me Ginnis: De la ville, oui.
M. Dufour: Voilà. C'est un peu ça, ils vont
peut-être retrouver leur profit à travers tout ça, puis
leur coût aussi.
Moi, en tout cas, je peux vous dire que votre mémoire me
semble... En tout cas, vous ne faites pas de faux-fuyant dedans. Je pense que
vous y allez correctement et directement. C'est impressionnant, là, pour
nous autres. Moi, je ne sais pas trop, je commence à me poser des
questions. Je ne sais pas si les autres autour de la table font pareil. Il y a
une chose certaine, c'est que, d'un côté, il y a 2 associations
qui nous disent: Ce n'est pas si pire, et on a 2 corps de police qui viennent
nous dire: Ce n'est pas tout à fait comme ça. Ça fait
qu'on ne restera pas sur notre appétit, mais on va toujours au moins
avoir de la matière à réflexion. Je vous remercie pour ma
part.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député.
Est-ce qu'il y a d'autres demandes d'intervention avec le SPCUM? M. le
député de Chapleau.
M. Kehoe: Vous mentionnez à la page 3 de votre rapport
que, depuis 1984, vous avez effectué au-delà de 1000
perquisitions. Vous mentionniez plus tôt que, chaque fois que vous
procédez à des saisies, après quelques jours ou même
la même journée, encore l'opération recommence. Aussi, vous
avez mentionné que, dans la plupart des saisies que vous faites ou des
plaintes que vous déposez, le défendeur plaide coupable. (22 h
50)
M. Me Ginnis: II y a juste une cause où il n'a pas
plaidé coupable.
M. Kehoe: O.K. Juste une cause où il n'a pas plaidé
coupable. Je pose des questions assez évidentes, là. Comment
ça se fait que... Vous dites qu'il y a, quoi, plus de 10 000 de ces
machines dans différents endroits sur le territoire de la CUM, de
Montréal.
M. Me Ginnis: On est très conservateur. On n'a pas tout
perdu.
M. Kehoe: Quelle sorte d'enquête ou quelle sorte de preuve
ça va prendre? Combien de temps ou combien d'enquêteurs? Enfin,
ça semble... Surtout lorsque vous venez juste d'avoir... Mettons que
vous procédez à une saisie et que ça recommence,
l'opération, 2 jours après, se basant sur la preuve que vous
aviez auparavant, vous ne pourriez pas recommencer et déposer une autre
plainte immédiatement?
M. Me Ginnis: Non.
M. Kehoe: II faut recommencer toute l'enquête?
M. Me Ginnis: II faut recommencer l'enquête et il faut
envoyer de nos policiers jouer dans les machines, obtenir des crédits,
aller voir les propriétaires pour se faire payer. C'est comme ça
qu'on fait les causes.
M. Kehoe: Puis c'est la seule manière que vous pouvez le
faire?
M. Me Ginnis: On a tenté une autre manière, mais
elle est aussi coûteuse au niveau d'experts. Mais, M. Legros peut
peut-être vous en parler, de cette façon-là.
M. Kehoe: Mais ce à quoi je veux en venir, le
défendeur ne sait pas que vous n'avez pas toute la preuve, que vous avez
fait toute l'enquête. Vous dites que, excepté dans un cas, ils
plaident tous coupables.
M. Me Ginnis: Je comprends, mais la journée où il
décidera de faire le procès, on n'aura pas de preuve à
offrir. Quand on amène un dossier à la cour, on l'amène
avec la meilleure preuve possible. Dans chacun des dossiers, on se doit de
faire l'enquête comme s'il y avait un plaidoyer de non-culpabilité
et pour lequel on devrait faire le procès.
M. Kehoe: Pourriez-vous nous dire à peu près
combien d'enquêteurs, combien d'heures, combien de temps, combien de
jours, combien de semaines, disons, ça prend pour mener une
enquête et déposer une plainte qui va se tenir en cour?
M. Me Ginnis: Ces détails-là, M. Legros va vous les
donner.
M. Legros: Disons, si vous voulez faire la preuve... On va
prendre pour un commerce, tout simplement. Pour faire la preuve d'un commerce,
il faut aller au moins 3 fois dans le même commerce. O.K.? C'est la
preuve que la couronne demande et c'est la preuve que le juge nous demande
avant de nous signer un mandat de perquisition ou un mandat de saisie. Il faut
envoyer 1 ou 2 enquêteurs, qui va se faire passer pour un joueur, qui va
jouer dans la machine, qui va accumuler la somme des crédits
nécessaires. À des places, ils vont demander 200, 300 ou 400
crédits, ça dépend des endroits. Il faut qu'il obtienne
les crédits nécessaires. Disons que, si c'est 200 crédits,
il obtient 200 crédits, il va se faire payer par le commerçant.
C'est une fois. Il faut qu'il retourne 2 autres fois, parce que ça prend
3 observations différentes à 3 jours différents. Il va
retourner 2 autres fois à 2 jours différents pour observer la
machine. Là, il ne joue pas dedans, parce que c'est dispendieux. Jouer
dans la machine, ça coûte très cher. Les 2 autres fois, il
faut qu'il observe et voie une personne se faire payer des parties.
M. Kehoe: Puis tout ça, ça ne peut pas se faire
dans quelques jours? «C'est-u» des semaines ou des...
M. Legros: C'est ce que je vous dis. À chaque place qu'il
faut faire, il faut aller au moins 3 fois à la même place.
M. Kehoe: Oui, oui.
M. Legros: Si on fait 20 places, il faut aller 60 fois.
M. Kehoe: Et vous n'avez pas assez de policiers, d'agents,
pour...
M. Legros: Bien, on est 4000 et quelques à
Montréal, mais disons qu'on va par priorité. À la section
Moralité, nous sommes 14 en tout, dont 6 sont affectés au jeu.
Lorsque nous faisons des descentes ou quoi que ce soit, nous prenons du
personnel dans d'autres escouades. Par contre, ça prend beaucoup de
temps, beaucoup...
M. Kehoe: Quand vous entreprenez une enquête, vous dites
que... C'est à la demande de qui, normalement?
M. Legros: La plupart du temps, on répond à des
plaintes de citoyens, des mères ou des pères de famille, ou qui
que ce soit qui va se plaindre que ses enfants, ou sa femme, ou son mari
gaspille de l'argent dans tel, tel, tel endroit.
M. Kehoe: Normalement, de votre propre gré, vous n'allez
pas... Il n'y a pas de personnel ou de policiers qui font le tour des
établissements pour faire l'enquête?
M. Legros: II y en a partout, M. le député. Il y en
a partout. C'est facile pour nous de... C'est le manque de personnel qui nous
empêche de les saisir tous, ce n'est pas le manque de preuves.
M. Me Ginnis: On a souvent des dossiers, dans le crime
organisé, on parle de réseau de stupéfiants, et, au
travers de tout ça, étant donné qu'on travaille sur le
crime organisé, on obtient de l'information relativement aux
vidéopokers. À ce moment-là, on donne cette information
à la section Moralité qui va donner suite à
l'opération.
M. Kehoe: Ce que vous dites, effectivement, c'est que vous
êtes certains que tous ces appareils opèrent illégalement,
vous êtes convaincus de ça. Mais ça prend la preuve et la
preuve est difficile à ramasser.
M. Legros: II n'y a pas personne qui va jouer sur ces
appareils-là pour le plaisir de jouer. Si vous jouez avec un «Pac
Man», ça vous prend une certaine habileté, ça prend
de la dextérité, ça prend une certaine habileté
pour arriver à quelque chose. Mais, si vous jouez sur un appareil poker,
il n'y a aucune habileté, il n'y a absolument rien. Vous appuyez sur un
piton, et c'est la machine qui décide de vous donner ce qu'elle
veut.
M. Kehoe: Ce que vous avancez là, ça ne vaut
absolument rien en cour, par exemple. Il faut avoir la preuve.
M. Legros: Ça vaut à la cour, disons, lorsqu'on y
va comme dispositif de jeu. Si un policier est déclaré expert en
jeu, il peut émettre cette opinion-là à la cour, oui.
M. Kehoe: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
Alors, tout le temps dévolu au parti ministériel est
comblé. Maintenant, l'Opposition officielle, il vous reste 7
minutes.
Mme la députée de Marie-Victorin.
Mine Vermette: Moi, j'ai une préoccupation. D'une part, je
suis beaucoup ce qui se passe au niveau de la toxicomanie, de la drogue, et
tout ça, et on me dit qu'actuellement à Montréal... En
tout cas, quand je lis même des livres internationaux comme L'Express,
où on parle que Montréal est une des plaques tournantes, en
fait, le blanchissement de l'argent, il se passe le plus de drogue possible...
Ça me cause vraiment un problème de voir votre mémoire,
parce que vous dites, à la page 5, si j'ai bien lu, qu'après le
trafic des stupéfiants c'est la plus haute source de revenus en
importance, en fait, le vidéopoker.
M. Legros: Oui.
Mme Vermette: On n'est pas capable... Actuellement, le
problème de la drogue fait en sorte qu'il semblerait qu'il manque des
effectifs, en tout cas on n'est pas capables de stopper l'offre et la demande.
On a énormément de problèmes avec ça. On essaie de
trouver toutes sortes de mécanismes et on a encore de la
difficulté à ce niveau-là. Et ça a l'air qu'on est
une passoire. Alors, si vous m'ajoutez ça en plus et qu'on ne sait pas
trop, trop où on s'en va, vous ne me rassurez pas, sûrement pas ce
soir, en tout cas. Moi, je me pose la question, à savoir: Qu'est-ce qui
va se passer?
Vous ajoutez un peu plus loin, à la page 7, que les débits
clandestins vont augmenter. Alors, qu'est-ce que vous voulez insinuer à
ce moment-là, par rapport aux débits clandestins? Sur quoi vous
vous basez pour nous dire que ça va augmenter avec le casino? Puis, le
prêt usuraire, ça, je peux comprendre, parce qu'à un moment
donné... Bon.
Alors, tout ça, ça existe déjà, à
l'heure actuelle, et on sait à quel point le niveau de
criminalité est élevé ici. Alors, ça va ne faire
qu'accentuer le niveau de criminalité. Est-ce que vous êtes
prêts à faire face à toutes ces
éventualités-là, à ces augmentations-là?
M. Me Ginnis: On est prêts à y faire face si on nous
donne des ressources additionnelles et, dans les ressources additionnelles, on
parlait, je pense, entre 6 et 10 policiers de plus pour le district où
le casino va être situé.
(Consultation)
Mme Vermette: Excusez, je n'ai pas...
M. Me Ginnis: On parle d'entre 6 et 10 policiers de plus dans le
district où le casino va être situé.
Mme Vermette: Oui, mais, là, vous allez avoir plus de
policiers, mais ça ne veut pas dire que la criminalité va
être réduite pour autant, par exemple. Ça va tout
simplement... L'activité aussi va augmenter. En fin de compte, c'est une
échelle un peu pyramidale, à un moment donné, ces
activités-là. Il se passe, en tout cas, un effet
d'entraînement centrifuge. Plus ça va, plus il y en a, et il y a
une force là-dedans. Donc, il semblerait qu'actuellement on est le
paradis rêvé du blanchissement de l'argent, en tout cas. Ça
va ne faire qu'accentuer... Tout ce qu'on veut développer, vous
faciliter à développer, ça va ne faire qu'accentuer toutes
ces choses-là.
M. Me Ginnis: Vous voyez, c'est pour ça qu'on vous dit que
l'État gère les vidéopokers, ça va nous
créer un peu moins de problèmes.
Mme Vermette: Ça va.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Mme la
députée.
M. le député d'Arthabaska.
M. Baril: Oui, M. le Président. Je vous dirai que votre
mémoire, sous certains points, m'a quand même
étonné. Je dis: quand même. Vous avez su vous exprimer
très directement. Je ne sais pas, j'aimerais ça si vous pouviez
expliciter davantage votre pensée à la page 5, parce que vous
avez une phrase, on dirait, qui est forte de conséquences, et je la lis.
On dit: «Une de nos plus grandes inquiétudes dans le
présent dossier est le fait que le crime organisé traditionnel a
toujours été reconnu comme le plus grand spécialiste de
corruption de fonctionnaires.» Ça me rend, en tout cas, j'allais
dire, ça me renverse...
Des voix: Ha, ha, ha!
(23 heures)
M. Baril: C'est assez clair. Après ça, à la
page 7, quand vous parlez de corruption, je ne sais pas si, peut-être
pas, vous faites rapport au même dossier. C'est parce qu'à la page
7 vous parlez plutôt des casinos. Mais vous dites encore une autre phrase
qui est lourde de conséquences: «La plus grande menace qui
accompagne l'industrie du casino en Amérique du Nord est, sans
contredit, la corruption, et ce, à tous les niveaux,
particulièrement auprès de la haute direction.» C'est qui,
ça, la haute direction? Du casino?
M. Me Ginnis: Bien, la haute direction de ceux qui vont
gérer le casino. Ils vont tout faire. Écoutez, ils font des
millions et des milliards, puis vous allez leur enlever une source, cette
source-là. Ils vont prendre tous les moyens pour essayer de corrompre
quelqu'un à quelque part pour avoir le fruit du crime.
M. Baril: Et là, lorsque cette loi sera adoptée, ce
sera la nouvelle Régie qui sera créée comment elle
s'appelle? la Régie des.. Voyons, la régie des jeux...Je
vais trouver la page. Bon.
Une voix: Ça va être la haute direction de la
Régie.
M. Baril: La Régie des alcools, la Régie des... En
tout cas, la nouvelle Régie qui sera créée, c'est elle qui
va administrer ça. Est-ce que le danger de corruption va être
à ce niveau-là? Ça va aller jusque-là? Ça
peut aller jusque-là?
M. Me Ginnis: Ça pourrait aller jusque-là, et je
peux vous dire qu'on va avoir un oeil sur la haute direction...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Me Ginnis: ...et sur le crime organisé.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: Un homme averti en vaut deux.
M. Me Ginnis: Voilà!
M. Baril: Je vais revenir à la page 5 quand vous parlez de
la corruption, justement, de fonctionnaires. Est-ce qu'à la page 5 vous
parlez, entre autres, de la section vidéopoker ou si vous incluez aussi
les casinos, comme à la page 7, ou bien si les 2 sont
différenciés?
M. Me Ginnis: C'est les 2 ensemble, ça. M. Baril:
C'est les 2 ensemble. M. Me Ginnis: Oui.
M. Baril: C'est la même situation et des fonctionnaires aux
2 places...
M. Me Ginnis: Exact.
M. Baril: ...qui peuvent être influençables.
M. Me Ginnis: Ils peuvent être influençables et on
va tenter définitivement, le milieu, d'influencer ces 2
niveaux-là.
M. Baril: Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Arthabaska, malheureusement, c'est tout le temps qui nous était
dévolu. Alors, au nom de tous les membres de la commission, nous vous
remercions, M. Me Ginnis et M. Legros, d'avoir participé aux travaux de
cette commission. Nous vous souhaitons un bon retour. Je vous signale que
Montréal a gagné ce soir au hockey.
M. Me Ginnis: C'est encourageant.
Le Président (M. Dauphin): Soyez prêts pour la coupe
Stanley à Montréal.
Je vais demander maintenant à l'Association des directeurs de
police et pompiers du Québec, à son président, M. Audy, de
s'avancer à la barre.
On va suspendre pour 1 minute. On reprend dans 1 minute.
(Suspension de la séance à 23 h 4)
(Reprise à 23 h 10)
Le Président (M. Dauphin): Mesdames, messieurs, nous
allons reprendre nos travaux. Nous accueillons maintenant l'Association des
directeurs de police et pompiers du Québec représentée par
son président, M. Lorrain Audy. M. Audy, allez-y pour votre
présentation. Ensuite de ça, une période d'échanges
s'engagera entre les membres de la commission et vous-même. M. Audy,
à vous la parole.
Association des directeurs de police et pompiers du
Québec
M. Audy (Lorrain): M. le Président, je voudrais commencer
par vous dire et dire aux gens de l'Opposition que je n'ai pas de
mémoire. J'ai de la mémoire, mais je n'ai pas de mémoire
ici ce soir.
Le Président (M. Dauphin): Merci du renseignement.
M. Audy: Mon intervention va être brève. Je vais,
premièrement, vous dire que je représente ici ce soir, non pas le
service de police de Hull, mais bien l'Association des directeurs de police.
Nous avons 162 directeurs de police municipaux qui sont membres de notre
association, ainsi que la Sûreté du Québec et le Service de
police de la CUM.
Depuis 2 ans, nous avons été consultés à 3
occasions par le ministre de la Sécurité publique ainsi que ses
conseillers quant au projet de loi qui est devant nous. Lors de ces
consultations étaient présents également la
Sûreté du Québec et le Service de police de la
Communauté urbaine. Lors des 2 premières séances, nous
avons dit non aux jeux vidéopoker. Nos arguments étaient les
suivants.
Premièrement, le contrôle, dans l'état actuel, est
impossible. La majorité des gens qui opèrent ces appareils le
font illégalement en payant les parties. C'est vrai qu'ils avaient des
vignettes pour opérer des appareils, mais ils devaient donner des
parties et non pas donner de l'argent. Nous nous opposions aux jeux
viéopoker parce que plusieurs de ces endroits-là, où il y
en avait, étaient fréquentés par des mineurs je
pense à vos remarques quant aux arcades, je pense à des
dépanneurs.
Nous nous opposions aussi parce que, durant ces consultations-là,
nous étions dans les 2 pires années, depuis 25 ans, au niveau des
augmentations de la criminalité, de la petite criminalité et de
la criminalité de violence. Je suis ici depuis ce matin et tout ce que
j'ai entendu me confirme que, sûrement, l'installation de ces
jeux-là incitait sûrement des jeunes à la
criminalité pour se payer des parties de poker.
Nous nous objections aussi à cause des coûts
d'opération de nos services policiers municipaux. Nous n'avons pas tous
les ressources de la Sûreté du Québec ou de la CUM. Nous
avions de l'aide de la Sûreté du Québec, mais, à
chaque fois, il fallait y investir de l'argent, du temps supplémentaire,
pour la cour et les opérations.
Nous nous objections aussi à cause de l'immoralité de ces
jeux-là. Immoral dans le sens que nous avons habitué plusieurs de
nos commerçants honnêtes, des propriétaires de
dépanneurs, à contourner la loi, à déjouer la
police. Nous avons des dépanneurs qui étaient très mal
à l'aise à la vue de la police, parce qu'ils se sentaient
coupables de payer des parties. Immoral aussi, parce qu'on habituait des jeunes
au jeu, des jeunes au crime. J'ai entendu les témoignages de la
Sûreté du Québec et de la police de la CUM. Je fais partie
aussi d'autres comités sur le crime organisé et je confirme que
des distributeurs sont reliés au crime organisé.
Également, une autre raison pourquoi nous nous objections
à ces appareils vidéopoker, c'est parce que, comme l'a dit aussi
M. Me Ginnis, M. Lavigne et M. Quinn, c'est que, dans la majorité des
cas, après des descentes, après des saisies, des appareils
revenaient, et dans les jours qui suivaient. À titre d'exemple, au mois
de décembre, nous avons fait une opération dans des bars de la
ville de Hull. Nous avons demandé l'assistance de la Sûreté
du Québec. Ils ont fait des observations pendant un mois de temps.
Après un mois, ces observations-là qui étaient pour des
«pushers», pour des vendeurs de drogue, nous ont donné comme
résultat 28 «pushers» de drogue dans nos bars, mais
également 48 accusations contre des propriétaires qui
opéraient des vidéopokers illégalement. Alors, pendant
qu'on observait pour de la drogue, en même temps, pour ces
policiers-là, ça a été possible de faire ces
arrestations-là.
Par contre, nous avons eu une troisième rencontre le 14 avril de
cette année où on nous a présenté ce projet de loi,
à savoir que l'exploitation de vidéopokers pourrait être
faite par un organisme, une infrastructure qui existe déjà, soit
Loto-Québec, et également la nouvelle Régie qui serait la
Régie des alcools, des courses et des jeux.
Dans le projet de loi, aussi, nous avons vu l'exclusion des mineurs de
ces jeux-là par l'attribution de permis aux endroits licenciés
et, également, comme le recommande la Sûreté du
Québec, dans des appartements de ces endroits licenciés où
on ne sert pas de boisson.
Nous avons vu des amendes plus sévères ou très
sévères. Nous avons constaté aussi que ces
vidéopokers seraient reliés à un ordinateur central. J'ai
été policier
de la Communauté urbaine de Montréal pendant plusieurs
années. J'ai déjà été commandant de la
section Moralité, et, dans des saisies d'appareils vidéopoker,
nous avons retrouvé du trucage de ces appareils-là pour ne pas
payer toutes les parties.
Et, finalement, tant qu'à ne pas pouvoir rien faire pour
éliminer ces appareils, le projet de loi qui nous est donné, nous
sommes en accord avec son contenu. La position de l'Association des directeurs
de police, c'est que l'exploitation soit exclusive par l'État, en
utilisant des infrastructures déjà existantes, telles
Loto-Québec et la Régie.
Nous faisons une autre recommandation aussi: Quand la loi sera en force,
que le gouvernement du Québec investisse une partie, peut-être une
faible partie, de ces revenus-là dans la prévention de la
criminalité. C'est le témoignage que je voulais faire, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. Audy, pour
votre témoignage.
Nous allons maintenant débuter la période
d'échanges en reconnaissant, dans un premier temps, M. le ministre de la
Sécurité publique.
M. Ryan: M. le Président, je pense bien qu'à cette
heure avancée où nous sommes, nous ne sommes pas tenus d'occuper
au complet l'heure qui nous est donnée. Si les députés
pensaient autrement, de notre côté, nous serions prêts aux
accommodements nécessaires. Mais, si les députés
insistent, nous occuperons tout le temps. Puis, en disant ceci, je ne veux pas
du tout minimiser la contribution que nous pouvons recevoir de M. Audy, que
nous sommes très heureux d'accueillir parmi nous. Mais c'est parce qu'on
a dit beaucoup de choses au cours de la journée, puis je pense bien
qu'à un moment donné, quand on a fait le tour d'une question,
c'est très, très utile qu'arrive une corroboration comme celle
qu'apporte M. Audy au nom de l'Association des directeurs de police et pompiers
du Québec. Mais peut-être qu'on n'éprouve pas autant le
besoin d'aller dans des détails. En tout cas, ça, on verra, mais
on est entièrement libres, il n'y a pas de soin.
Je voudrais signaler quelques points qui se dégagent de
l'intervention de M. Audy. Tout d'abord, il a souligné qu'à
plusieurs reprises il m'a été donné de causer de ces
choses avec les représentants des milieux policiers. Dès 1991, je
convoquais à une réunion à mon bureau à
Québec les principaux chefs de police du Québec, y compris des
représentants de l'Association, évidemment. Nous nous sommes
réunis de nouveau en 1992 et de nouveau cette année, il y a
quelques semaines. À chaque fois, l'avis, et le directeur de police l'a
exprimé, par leur association, a été très ferme sur
la question des loteries vidéo. Comme l'a dit M. Audy, au début,
la volonté des chefs de police était l'élimination pure et
simple des loteries vidéo, et on était dans une période
où la prolifération était particulièrement
intensive et où les liens avec une criminalité galopante devaient
être scrutés de près. Je pense que les chefs de police
traduisaient à ce moment-là l'expérience que leur
communiquaient journellement les membres de leurs corps respectifs.
Nous, ça va bien. On peut toujours philosopher autour de ces
choses parce que nous n'avons pas à recueillir les conséquences
ou les manifestations concrètes des situations au jour le jour. Mais
c'est la tâche de la police de faire ça. Et je vais vous dire que
vous nous avez rapporté fidèlement puis avec fermeté les
voeux de vos corps. Je veux souligner également que, chaque fois que
j'ai fait appel à l'Association des directeurs de police, j'ai
reçu une collaboration pratiquement instantanée, toujours
empressée, puis toujours soucieuse du bien général de la
société.
Depuis ce temps-là, comme vous le disiez, M. Audy, votre position
a évolué, parce que, nous autres mêmes, au début,
nous accueillions avec sympathie votre point de vue, mais, après coup,
il faut bien se rendre compte qu'il y a une réalité
également et que les gouvernements ne sont pas là pour dicter les
goûts de la population, mais pour faire en sorte qu'ils puissent
s'exprimer et se satisfaire d'une manière ordonnée. C'est la
population elle-même qui choisit ses valeurs au bout de la ligne, et les
gouvernements, encore une fois, ont la tâche de maintenir la
«convivance» dans des conditions convenables, puis, quand on peut
faire ça, c'est déjà beaucoup. Puis, parmi les conditions
nécessaires d'une bonne coexistence entre les citoyens, il y a,
évidemment, le maintien de la sécurité de l'ordre public.
Il y a un lien direct entre tout le secteur des vidéolote-ries et
l'ordre public. Ce que nous visons dans le projet de loi, ce n'est pas la
suppression, parce qu'il nous apparaît que ce n'est pas la méthode
la plus démocratique, mais l'aménagement mieux ordonné
d'un secteur qui s'est développé dans un climat passablement
anarchi-que au cours des dernières années. (23 h 20)
Alors, j'ai cru comprendre que, dans votre intervention, vous avez dit
que, finalement, une position comme celle que défendaient devant cette
commission la Sûreté du Québec et le SPCUM serait assez
proche de ce que vous seriez enclin à soutenir. J'ai bien pris note de
la position de l'Association, comme vous l'avez définie tantôt,
j'en prends acte, et, comme vous me l'aviez déjà
communiqué, j'en prends acte de nouveau. Et je suis content que nos
collègues puissent en être informés.
Dans votre intervention, vers la fin, vous avez signalé qu'il
serait bon, si jamais Loto-Québec se voit confier un mandat de cette
nature, qu'une partie, peut-être, des recettes puisse être mise de
côté pour soutenir le travail de prévention de la
criminalité. Je veux souligner, M. le Président, que M. Audy est
parmi les plus ardents promoteurs de la prévention de la
criminalité au Québec. Il m'avait sommé il y a à
peu près 1 an, après son élection à la direction de
l'Association, croyant m'intimider, mais étant sûr de
m'influencer, il m'avait sommé de faire quelque chose dans le secteur de
la prévention de la criminalité, secteur qui était
passablement à découvert au ministère de la
Sécurité publique.
Et je vois que le député de l'Acadie est ici. On aurait
dit qu'il avait prédit ce que j'allais dire parce qu'on ne l'a
malheureusement pas vu autant qu'on l'aurait souhaité aujourd'hui. Je
n'ai eu de meilleure pensée que de demander au député de
l'Acadie de présider, au cours des derniers mois, une table ronde sur la
prévention de la criminalité à laquelle, d'ailleurs, a
participé M. Audy, à laquelle ont participé des
représentants des corps de police et de nombreux secteurs de la
société, au cours de la dernière année. Ces jours
derniers, le président, M. Bordeleau, qui a accompli un travail
exceptionnel, m'a remis le texte du rapport. On le rendra public ces jours
prochains, M. Bordeleau, il sera disponible pour tout le monde. La suggestion
de M. Audy, qui est un homme très conséquent avec lui-même,
va dans le sens d'une des recommandations de ce rapport-là. Alors,
peut-être qu'il y aura des joints à trouver, M. le
député de l'Acadie, je ne sais pas, mais, en tout cas, je suis
content que vous ayez soulevé cette idée-là à ce
moment-ci, parce que, sur tous les revenus que le Québec retire du jeu,
il a une responsabilité spéciale quant à leur utilisation.
Et que des ressources soient ménagées pour le travail de
prévention, qui a été trop négligé ces
dernières années, m'apparaît comme une
nécessité qui a été fort pertinemment
soulignée tantôt dans l'intervention de M. Audy.
M. Audy, vous avez dit que vous n'étiez pas ici comme directeur
du service de police de Hull, mais, moi, je considère que vous
êtes ici aussi comme directeur du service de police de Hull. Dans votre
secteur, les vidéopokers créent-ils des problèmes
comparables à ceux dont d'autres corps de police nous ont entretenus
aujourd'hui?
Le Président (M. Dauphin): M. Audy.
M. Audy: Je ne dirais pas qu'on est envahis. Si on fait un peu un
calcul, si on se compare avec la CUM, on en a un peu moins. Dans une ville
comme Hull, actuellement, on a environ 150 appareils vidéopo-ker. Alors,
si je fais des calculs vite, si ça rapporte 500 $ par semaine par
appareil, ça veut dire que, quelque part, les gens de Hull trouvent 3
500 000 $ par année à placer dans ces appareils-là.
M. Ryan: Est-ce qu'il y aurait eu des saisies importantes au
cours des dernières semaines?
M. Audy: Au mois de décembre, au début de
décembre, avec la Sûreté du Québec, nous en avons
saisi 48, je crois.
M. Ryan: Très bien. Puis vous jugez, vous comme
président de l'Association, qu'un réaménagement s'impose
en matière de vidéopokers?
M. Audy: Comme je disais tout à l'heure, M. le ministre,
la situation telle qu'elle est actuellement, pour nous, c'est presque
incontournable sans le projet de loi qu'on a là. On continuera à
avoir du vidéopoker sur le marché. Il va falloir continuer
à jouer à la cachette avec ceux qui les opèrent, essayer
de les prendre en défaut, alors qu'on pourrait tout simplement faire
observer la loi et leur permettre de l'observer s'il y avait cette
loi-là.
M. Ryan: Merci. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. On va essayer de se conformer un peu au voeu du
ministre de la Sécurité publique et de ne pas prendre trop de
temps. Est-ce qu'en Ontario, à Ottawa, il y en a, des
vidéopokers?
M. Audy: Oui, je pourrais vous dire que, ce matin, on a fait
allusion ou le député de Hull a fait allusion à un casino
qui est venu opérer à Hull il y a 2 ans, qu'on a fermé, et
qui opère maintenant dans la ville d'Ottawa, et même qui
opère 3 casinos de ce type-là. Mais, finalement, c'est un casino
où on joue au black jack. Je pense que ça n'a pas tout ce qu'un
casino peut apporter. Alors, je ne fais pas de visites nocturnes à
Ottawa pour voir s'il y a des vidéopokers. Je crois que oui.
M. Dufour: Non, mais, monsieur, moi, je ne veux pas faire
d'enquête sur ce qui se passe en Ontario, mais je dis que, vu que vous
êtes dans une ville frontalière... Il semblerait que les
problèmes que Hull vit ne doivent pas être les problèmes de
Jonquière. On a une proximité, mais c'est avec Chicoutimi.
Ça fait qu'on peut vivre avec ça. Mais là, c'est Ottawa;
vous êtes à côté. Est-ce qu'il y en a des machines
vidéopoker, à votre connaissance? S'il n'y en a pas, dites-moi
qu'il n'y en a pas. Ce n'est pas plus grave que ça.
M. Audy: Je serais fier de vous dire: Je le sais, il y en a. Mais
je suis convaincu qu'il y en a, mais je ne le sais pas.
M. Dufour: Ah bon! O.K.
M. Audy: Je n'ai pas visité les... J'ai 48
établissements licenciés à surveiller à Hull, c'est
assez.
M. Dufour: II y a un point que vous avez soulevé
concernant les coûts que ça pourrait représenter aux
services policiers pour les municipalités. Qu'est-ce qui vous assure
actuellement que les coûts ne seront pas élevés ou qu'il
n'y aura pas des coûts supplémentaires qui vont être...
M. Audy: Dans les discussions qu'on a eues avec la
Sûreté du Québec, lors de nos rencontres, leur
évaluation est que le contrôle, tel que le prévoit la loi,
ne sera pas plus difficile ou, encore, moins difficile qu'il ne l'est
actuellement. Et ce qui m'encourage aussi, c'est
que l'établissement de ces vidéos-là dans des
endroits licenciés tels que les bars, la Sûreté du
Québec peut toujours, quand on a un problème particulier, nous
prêter main forte.
M. Dufour: J'ai perdu, peut-être, la fin de ce que vous
m'avez dit.
M. Audy: Vous m'avez demandé ce qui me rassurait quant
à...
M. Dufour: La fin, là, oui.
M. Audy: Ce que je disais, c'est que, dans les rencontres qu'on a
eues, dans nos discussions avec la Sûreté du Québec, c'est
que, tel que le projet de loi est, l'application de ces lois-là, tant
que nos services policiers municipaux sont concernés, n'est pas plus
difficile que d'appliquer la loi des alcools dans ces
dépanneurs-là quand ils vendent à des mineurs, et
même l'application de la loi sur le tabac, à des mineurs. Pour
nous, il s'agira de vérifications, d'y aller avec des plaintes ou avec
le personnel qu'on a actuellement. On n'a pas envisagé, à aucun
endroit, d'ajouter du personnel dans nos municipalités.
M. Dufour: Comme ça relève du Code criminel, les
questions, la législation concernant les vidéopokers, les
amendes, en principe, retournent au gouvernement. À ce que je sache,
c'est encore la même chose. Ça veut dire qu'à Hull, si vous
arrêtez, s'il y a des amendes de chargées, ça va retourner
au gouvernement.
M. Audy: Si on les accuse en vertu, effectivement, du Code
criminel.
M. Dufour: Mais, selon une certaine volonté qui a
été exprimée, je ne sais pas depuis quel temps, le
ministre des Affaires municipales, qui a 2 chapeaux, il semblait dire qu'il
pourrait y avoir des ententes et que, s'ils sont jugés avec les juges
municipaux, qui sont rendus légaux, ça pourrait retourner aux
municipalités, les amendes. Ça pourrait peut-être
être... Je ne sais pas si le ministre est encore dans les mêmes
intentions, mais ça a été souligné quelque part
dans le temps. En tout cas, on verra ce que ça pourra donner. Moi, je
voudrais vous dire, en tout cas, que vous... Même vous n'avez pas de
mémoire, je pense qu'on le sent quand quelqu'un connaît son
dossier et qu'il connaît aussi les facettes d'un problème
particulier. Je suis convaincu qu'il n'y a pas beaucoup de municipalités
au Québec qui ne vivent pas ces problèmes-là à
quelque part. J'en ai connu chez nous et j'en connais ailleurs. Donc, c'est des
problèmes similaires, et je voudrais vous remercier de votre
témoignage.
M. Audy: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
député de Jonquière.
Juste avant de terminer, M. le député de Viger m'a dit
qu'il avait une question. M. le député de Viger. (23 h 30)
M. Maciocia: Oui, une question très courte. J'aurais voulu
la poser, j'ai oublié de la poser au SPCUM, mais je la pose à
vous, M. Audy. Est-ce que la saisie des machines vidéopoker, j'imagine,
la police de Montréal nous a dit tantôt qu'ils procèdent
plutôt sur plaintes au lieu d'aller dans les endroits, ils l'ont dit
nettement. Est-ce que c'est uniquement parce qu'on paye ces parties qui sont
jouées dans les vidéopokers ou on y va aussi parce qu'il y a des
plaintes des parents à cause qu'il y a des jeunes de moins de 18 ans qui
jouent dans ces machines-là, aux endroits spécifiques?
M. Audy: Je ne répondrai pas pour la Communauté
urbaine...
M. Maciocia: Non, non.
M. Audy: ...quoique ça fait seulement 3 ans que je suis
parti de là, mais je peux vous dire que, dans un cas, on a des plaintes
de citoyens qui ont perdu, des gens qui perdent beaucoup là-dedans, et,
dans plusieurs cas aussi, c'est des parents qui s'inquiètent de ce que
leur enfant va dépenser dans ces endroits-là. Si je le regarde au
niveau de la municipalité où je suis, c'est habituellement le
cas. Il faut dire aussi que, pendant quelques années, à cause des
jugements de la Cour d'appel ou de la Cour suprême qui étaient en
attente, on a été un bon bout de temps sans procéder. Et,
finalement, également parce qu'il faut investir du temps, des
observations et des ressources, une plus petite municipalité va faire
affaire, dans la plupart des cas, avec la Sûreté du
Québec.
M. Maciocia: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Viger.
Oui, Mme la députée de Vachon.
Mme Pelchat: J'aimerais savoir si, à Hull, vous
considérez que l'exploitation des machines est aussi associée au
crime organisé, comme le fait le SPCUM et la Sûreté du
Québec?
M. Audy: Je ne pourrais pas vous dire, madame, je ne serais
même pas en mesure de vous dire... Si j'avais avec moi mon chargé
des enquêtes, il pourrait certainement vous informer, mais je ne pourrais
pas vous dire si des distributeurs qu'on a mentionnés ici, dans des
rapports, sont ceux qui fournissent à Hull. Alors, je m'aventurerais
dans un domaine dangereux.
Mme Pelchat: Merci. Effectivement dangereux, oui.
Le Président (M. Dauphin): Alors, encore une fois, M.
Audy, au nom de tous les membres de la com-
mission, nous vous remercions d'avoir participé à nos
travaux. Nous vous souhaitons un bon retour.
Maintenant, juste avant de terminer, de consentement avec tous les
membres de la commission, nous pourrions entendre la Société de
courses nationales inc. pour un temps équivalant à 15
minutes.
Alors, vous êtes le président?
Société de courses nationales
inc.
M. Boulais (Jacques): Jacques Boulais, président de la
Société de courses nationales. Je suis accompagné de M.
Mario Lemire, vice-président, et de M. Jean-Paul Boulais, un des
conseillers financiers de la Société de courses nationales.
Le Président (M. Dauphin): Bienvenue, mes sieurs.
Allez-y.
M. Boulais: Merci. Considérant que nous avons un temps
limité, je vais essayer d'être relativement expéditif dans
ce que nous aimerions vous communiquer en termes de présentation. Je
vous remercie sincèrement, au nom de notre société, de
nous permettre d'exposer devant cette commission les objectifs de notre
compagnie ainsi que ses retombées économiques et touristiques
majeures pour le Québec.
La Société de courses nationales détient une charte
provinciale depuis mars 1979 lui permettant de faire la promotion,
l'implantation et l'opération d'un cynodrome, c'est-à-dire une
piste de courses de lévriers avec pari mutuel. Si nous ne sommes pas
encore en opération après tant d'années d'efforts, de
persévérance et de ténacité, c'fest que notre
requête visant l'obtention d'un permis d'exploitation est toujours
pendante devant la Commission des courses du Québec et n'a pu encore
faire l'objet d'une audition étant donné la
nécessité préalable d'obtenir des autorités
fédérales un amendement mineur à l'article 204 du Code
criminel du Canada légalisant les courses de lévriers avec pari
mutuel.
À cet effet, nous avons multiplié, selon les
recommandations du gouvernement du Québec, de nombreuses
représentations à Ottawa, plus particulièrement
auprès de tous les ministres fédéraux du Québec qui
possèdent tous un dossier exhaustif concernant notre projet. À la
suite de nos démarches des dernières semaines, le gouvernement
fédéral est disposé à ajouter, après le mot
«chevaux», les 3 petits mots «et de lévriers»
qui manquent à l'article 204 du Code criminel, moyennant l'appui du
Québec.
Il importe ici de bien noter que, dès 1983, ce projet a
reçu l'appui unanime du Conseil des ministres du gouvernement du
Québec et qu'une requête officielle fut déposée
auprès du gouvernement du Canada par le ministre de la Justice du
Québec. De plus, sous l'actuel gouvernement du Québec, tous les
députés et ministres québécois concernés de
même que le premier ministre, M. Robert Bourassa, ont été
sensibilisés au projet et ont manifesté à son endroit le
plus vif intérêt.
Il convient aussi de souligner que le gouvernement actuel du
Québec, qui a créé la toute nouvelle Commission des
courses de chevaux du Québec par l'entremise du projet de loi 89, vient
de la modifier par le projet de loi 6, sanctionné le 21 novembre 1990.
Cette modification remplace le nom de la Commission des courses de chevaux du
Québec par celui de la Commission des courses du Québec. Cette
suppression du mot «chevaux» signifie que la Commission peut
déjà s'impliquer dans d'autres types de courses,
c'est-à-dire les courses de lévriers, et qu'elle a
déjà le mandat de régir, de surveiller toute autre course,
si elle y est autorisée par le gouvernement, et qu'assumant le mandat de
la précédente Régie elle a déjà en main
toute la réglementation des courses de lévriers des États
américains, que nous avions pris soin d'y déposer à la
demande expresse de son président.
Vous savez que l'industrie des courses de lévriers n'est pas un
phénomène nouveau dans le monde des sports, loisirs et
divertissements. Si les courses de chevaux sont reconnues comme le sport des
rois, les courses de lévriers sont reconnues comme le sport des reines.
Nous n'avons donc pas la prétention d'avoir inventé quelque chose
de nouveau. L'Angleterre, reconnue comme capitale mondiale des courses de
chevaux, compte plus de 150 cynodromes sur son territoire, les courses de
lévriers étant au second rang en termes de popularité en
Angleterre. On en trouve également un très grand nombre en
France. Il y en a dans plus de 20 pays au monde, incluant certains pays de
l'Est et même d'Afrique. J'ai inclus au mémoire l'annexe I qui
donne la liste complète de tous les pays au monde où il y a des
courses de lévriers, sauf, exception, le Canada. plus près de
nous, lorsqu'on parle de courses de lévriers, on pense
immédiatement à l'état de* la floride. il est exact
qu'avec ses 18 pistes de courses de lévriers la floride est reconnue
comme la capitale des courses de lévriers aux états-unis. mais il
y a des courses de lévriers dans les états de la
nouvelle-angleterre, tels le vermont, le new hampshire, le rhode island et,
depuis 1935, dans l'état du massachusetts, soit depuis 57 ans, la plus
importante se trouvant à boston, une ville, comme vous le savez,
comparable à montréal. on retrouve aussi des cynodromes dans le
midwest et le sud-ouest américain et, tout récemment, soit en
1989 et 1990, 3 nouveaux états américains ont accueilli ce type
de loisir et divertissement sur leur territoire respectif, soit le kensas, le
wisconsin et l'état du texas.
Pas étonnant que les courses de lévriers soient reconnues
comme étant le sport le plus progressif en Amérique. Elles se
situent aujourd'hui en 6e position quant au nombre de spectateurs, en
comparaison du hockey professionnel qui, lui, n'occupe que la 40e place. Il est
impérieux de signaler ici que la Delaware North Corporation,
propriétaire des Bruins de Boston et de plusieurs pistes de courses et
de chevaux et de lévriers, a obtenu un permis de la Commission des
courses du Vermont pour présenter des courses de lévriers
à St. Albans, au Vermont, à moins de 10 milles de la
frontière du Québec et du comté d'Iberville,
représenté par notre député, M. Yvon Lafrance, et
à seulement
1 heure de route du centre-ville de Montréal où ladite
compagnie projette d'attirer notre clientèle québécoise
dans une proportion de 75 %. Il est clair dans notre esprit, et ça doit
l'être dans le vôtre, que, si ce n'est pas la Société
de courses nationales qui va de l'avant avec son projet, ce sera officiellement
la Delaware North Corporation, déjà propriétaire d'un
terrain de 3 000 000 de pieds carrés situé juste aux portes du
Québec, avec tout ce que cela comporte en termes de pertes d'emplois
pour le Québec et de millions de dollars annuellement au trésor
québécois. Et, s'il y en a ici qui doutent encore de ce que je
viens d'affirmer, je vous rappelle que le cynodrome de St. Albans est à
35 milles plus proche que les épiceries de Plattsburg. J'ai aussi
annexé à ce mémoire la documentation pertinente à
l'émission du permis à la Delaware North Corporation. (23 h
40)
J'affirme également ceci. Loin d'avoir un impact négatif
sur les courses de chevaux, les courses de lévriers en sont le
complément naturel. J'en ai pour preuve que partout où l'on
trouve des cynodromes il y a à proximité des hippodromes
prospères, la promotion de l'un comme de l'autre étant, en bout
de ligne, la promotion des courses avec pari mutuel. La source de la
prospérité mutuelle de ces 2 activités parentes est la
même que celle qui fait se regrouper de nos jours les magasins dans les
centres d'achat, les concessionnaires automobiles dans un secteur
identifié d'une ville, parc automobile, les industries dans un parc
industriel, etc., etc., ce qui se traduit par le respect du principe de la
libre entreprise et de la libre concurrence.
De plus, un rapport présidentiel des États-Unis dans le
domaine du jeu légalisé, le «National Policy toward
Gambling», démontre que moins de 13 % des parieurs aux pistes de
courses de chevaux fréquentent les pistes de courses de lévriers.
À chacun sa clientèle, chaque activité recrute la sienne
propre, tout comme le font le hockey avec le baseball, le football et le
basketball, la boxe, la lutte, les courses de chevaux et les courses de
lévriers.
En dernier lieu, j'affirme ce qui suit. À ceux qui, d'entre vous,
ont pour préoccupation l'intégrité du jeu
légalisé, je rappelle que, dans une course de lévriers,
l'élément humain, c'est-à-dire le conducteur, qui est
souvent le sujet de reproches virulents dans une course de chevaux, n'existe
pas chez nous puisqu'il n'y a tout simplement pas de conducteur. À cet
effet, nous avons annexé une documentation officielle des plus hautes
instances des États-Unis d'Amérique et aussi de l'Europe
confirmant hors de tout doute par le biais de leur commission des courses
l'aspect honnêteté et intégrité à
l'intérieur de l'industrie des courses de lévriers.
Vous connaissez maintenant la nature de notre projet. La course de
lévriers est sûrement le sport le plus sain, le plus honnête
et le plus spectaculaire qui soit, spectaculaire à titre de
divertissement, mais spectaculaire aussi quant à ses retombées
économiques, fiscales et touristiques, sans compter les milliers
d'emplois directs et indirects qu'il créera au Québec, et ce,
sans aucune subvention.
Enfin, nous désirons humblement solliciter par l'entremise de
cette commission l'amendement au projet de loi 84, article 23, alinéa 3,
des mots «et, si le gouvernement l'autorise, toute autre course»
par «courses de chiens», au même titre que les courses de
chevaux.
Je vous remercie de l'attention soutenue de votre part, attention que
j'ai vraiment sentie durant cette présentation. Je vous remercie aussi
de l'appui indispensable que vous apporterez dans nos démarches afin
d'offrir aux Québécois, dans les plus brefs délais
possible, un sain divertissement que l'on retrouve dans plus de 20 pays au
monde à l'exception du Canada.
En termes de conclusion et réflexion, pourquoi défendre
aux lévriers de course ce que l'on permet aux chevaux de course?
Pourquoi maintenir et tolérer un monopole en matière de courses
avec pari mutuel au Québec? Puissions-nous bientôt offrir un sain
divertissement à la population du Québec. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. Boulais,
pour votre présentation au nom de la Société de courses
nationales. Je vais maintenant reconnaître M. le ministre de la
Sécurité publique.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais tout d'abord
féliciter M. Boulais et ces personnes qui l'accompagnent de la
persévérance avec laquelle elles ont suivi nos travaux pendant
toute la journée, persévérance exemplaire que je tiens
à souligner. J'ai un préjugé particulier en faveur de
votre cause parce que, quand j'étais jeune, j'ai vécu au
Lac-Saint-Jean et au Saguenay et j'ai assisté à des courses de
chiens...
Une voix: ...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: C'est effrayant, ça. Ha, ha, ha! Le
député doit être fatigué, M. le Président.
Ha, ha, ha!
Une voix: On retourne en enfance...
M. Ryan: J'ai assisté à des courses de chiens quand
j'étais jeune. C'est un spectacle fort passionnant qui
intéressait beaucoup la population. Je n'oserais vous dire en quelle
année c'était parce que ça me vieillirait aux yeux de
certains de nos collègues plus jeunes.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Dans notre parti, il y en a qui ont des
préjugés, paraît-il, pour ceux qui ont passé un
certain âge canonique, mais je sais que c'est temporaire et
involontaire.
Cela étant dit, je pense qu'il y a de la place pour une
activité comme celle que vous représentez. Dans le projet de loi,
je ne sais pas si vous avez bien noté, à l'article 23, paragraphe
3°, parmi les attributions, les fonctions et pouvoirs de la Régie,
on dit ceci: «régir et surveiller les courses de chevaux,
l'élevage et l'entraîne-
ment de chevaux de course, l'exploitation des salles de paris sur les
courses de chevaux et, si le gouvernement l'autorise, toute autre
course». On a pensé particulièrement à des
activités comme celle que vous défendez en inscrivant cette
mention dans le chapitre qui traite des fonctions et pouvoirs de la
Régie. Maintenant, comme vous le dites, ça demanderait une
modification au Code criminel. Mais, lorsque le gouvernement transférera
à la Régie la responsabilité des courses qui,
actuellement, loge encore du côté d'un autre ministère, ce
sujet sera à l'ordre du jour de la Régie et, si la Régie
fait une recommandation favorable au gouvernement, nous l'écouterons
avec beaucoup d'attention. À ce moment-là, nous serons en mesure
d'instituer les démarches qui pourraient favoriser l'obtention de la
modification au Code criminel qui sera nécessaire. Mais croyez compter
que votre dossier sera examiné avec attention et sympathie et, de ma
part, comme ministre responsable, avec des souvenirs fort agréables.
M. Boulais: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. le député d'Arthabaska, ou de Jonquière,
ou...
M. Dufour: Je voudrais juste faire la remarque que les courses de
lévriers, ça ne ressemble pas aux courses qu'il y avait au
SaguenayLac-Saint-Jean qui étaient des courses attelées.
Les courses dont on parle, les courses de lévriers, ce n'est pas des
courses attelées, c'est des chiens qui courent après quelque
chose qui est une imitation de lièvre ou de lapin, je ne sais pas trop.
Remarquez bien que j'ai assisté... J'en ai vu dans les films. Je n'ai
jamais assisté à ça. Il y a du monde que je connais qui y
a assisté. En fait, je pense que vous avez donné une
réponse aux intervenants. Je ne sais pas s'ils seront satisfaits. Moi,
je n'ai pas de questions particulières. Je suis content que le
député d'Arthabaska prenne la relève.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Arthabaska, en relève.
M. Baril: Oui, M. le Président. C'est une relève
que j'assume avec conviction, confiance. Je vais féliciter, moi aussi,
les intervenants pour leur persévérance et leur
ténacité d'avoir passé la journée ici, oui, mais
depuis 1979 qu'ils ont leur permis, qu'ils sont reconnus, la
Société de courses nationales inc.; ça fait 13 ans qu'ils
se battent pour la même cause. Donc, ça prend beaucoup de
ténacité pour être capables de passer à travers
toutes ces années pour arriver au résultat auquel ils arrivent
aujourd'hui.
Je vais avoir une question bien précise. À partir de
l'ouverture que le ministre a faite, que j'apprécie, d'ailleurs,
beaucoup, mais pour avoir déjà discuté avec vous autres,
pourquoi, vous autres, ça ne vous satisfait pas, le fait que, dans la
loi, ce soit mentionné «toute autre course»? Je me souviens
quand on avait amendé, qu'on avait voté ou discuté de la
loi 6 qui créait la Commission des courses, parce qu'on enlevait le mot
«chevaux» dans le titre. C'était la «Commission des
courses» qu'on avait voté et c'était inscrit aussi que la
Commission des courses pouvait aussi gérer, etc., appliquer des
règlements pour toute autre course. Mais, pour vous autres, ça ne
vous satisfait pas, juste «toute autre course»?
M. Boulais: Bien, voici. À l'époque, si on retourne
dans le contexte du projet de loi 6, en 1990, on avait supprimé le mot
«chevaux»...
M. Baril: C'est ça. (23 h 50)
M. Boulais: ...dans le nom officiel de la Commission des courses
du Québec et, en commission parlementaire, on avait demandé au
ministre de l'époque, Michel Pagé, le pourquoi d'enlever le mot
«chevaux» à l'intérieur de cette Commission. Et le
ministre de répondre, il y a 3 ans, que c'était pour permettre
éventuellement la venue des courses de lévriers au Québec.
Je vous ferai remarquer que c'était en 1990.
De plus, en fait, pour élaborer davantage, nous aimerions porter
à l'attention de M. le ministre le problème crucial que nous
avons à vivre actuellement. A la recommandation du gouvernement du
Québec, nous avons fait de multiples représentations au niveau du
gouvernement fédéral. Nous avons rencontré environ 7
ministres responsables du gouvernement Mulroney afin d'exposer notre situation.
Ils sont très réceptifs et plutôt rapides dans l'agissement
projeté de leur part, en autant qu'ils aient en leur possession un
signal du gouvernement du Québec à l'effet qu'il désire
des courses de lévriers sur son territoire, et on nous promet de
réagir de façon très rapide. À cet effet, 2
ministres fédéraux ont adressé de la correspondance aux
ministres, à leurs homologues provinciaux, et M. le ministre Marcel
Danis, responsable de la vice-présidence du comité juridique
fédéral, est toujours en attente d'une réponse de notre
ministre de la Justice du Québec, M. Gil Rémillard.
Vous savez sans doute, messieurs, que la situation actuelle politique du
gouvernement fédéral, elle est quelque peu bousculée par
des événements électoraux qui auront lieu à
l'automne. Si le gouvernement central reçoit les bonnes intentions du
gouvernement du Québec, disons, en octobre, novembre, nul besoin de
mentionner que nous serons en pleine campagne électorale et que tout le
travail que notre société a mis de l'avant, les efforts, les
énergies avec le gouvernement central seront du même coup
complètement et totalement éliminés, et ce sera
l'éternel recommencement de représentations auprès du
gouvernement d'Ottawa.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
M. Baril: Moi...
Le Président (M. Dauphin): Peut-être une der-
nière question, M. le député d'Arthabaska.
M. Baril: C'est un commentaire parce que je connais assez bien le
problème, je l'ai dit, pour en avoir discuté avec vous autres.
Mais ce qui m'étonne dans tout ça, je comprends vos
démarches, je comprends votre ténacité, mais je crains, et
je vous l'ai déjà dit, que vous allez vous faire organiser par le
gouvernement fédéral. Parce que le gouvernement
fédéral, s'il voulait agir, là, on n'aurait pas besoin de
nos lois et on n'aurait pas besoin d'éclaircissement pour dire: Nous
autres, c'est des courses de chiens. Le fédéral, ses lois sont
supérieures à celles des provinces. Et c'est ça qui me
choque un peu, M. Boulais, d'être obligé, et j'apprécie et
je reconnais l'ouverture que le ministre fait... Espérons que ce
signal-là sera assez clair pour eux autres. Je vais le dire comme je le
pense, quand on vous fait accroire que dans 3 jours on va amender la loi
fédérale, le Code civil, ça, quand on connaît la
procédure parlementaire, je vous dis que 3 jours pour amender le Code
civil, c'est quelque chose, c'est du bacon en démon.
M. Boulais: J'aimerais, M. Baril, si vous me le permettez,
rapidement faire un petit commentaire. Le ministre de l'Agriculture de la
province de Québec nous a signifié clairement d'aller faire notre
job à Ottawa. C'est ce que nous avons fait, et nous avons la
prétention d'avoir fait un travail formidable. En retour, ayant suivi
les recommandations du ministre de l'Agriculture, les gens d'Ottawa nous
informent: On n'amendera pas le Code criminel pour le plaisir d'amender le Code
criminel; nous avons besoin de la représentation d'une demande
officielle du gouvernement concerné. Alors, ayant eu l'occasion de faire
notre travail, on demande au gouvernement du Québec de faire le
sien.
M. Baril: Oui, juste en terminant, M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): En terminant. M. Baril:
En terminant pour le vrai, là. Le Président (M. Dauphin):
Dernier appel.
M. Baril: Je vous félicite pour tout le travail que vous
avez fait. Je ne doute nullement du travail que vous avez fait. Lors de
l'étude article par article de ce même projet de loi, on essaiera
d'en discuter d'une façon peut-être encore plus claire pour voir
à essayer d'envoyer un signal encore plus clair au gouvernement
fédéral pour que, justement, il tienne ses engagements, ses
promesses. Je vous félicite de votre ténacité, et
espérons que vous pourrez arriver à un résultat concret
dans les semaines qui viennent.
M. Boulais: Merci beaucoup.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député.
MM. Boulais et M. Lemire, merci beaucoup de votre participation à
nos travaux. Au nom de tous les membres de la commission, nous vous souhaitons
un bon retour.
La commission ajourne ses travaux sine die, en pratique, jusqu'au
prochain avis de la Chambre.
(Fin de la séance à 23 h 56)