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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Dauphin): Si vous voulez prendre
place.
Le quorum étant constaté, je déclare la
séance de la commission des institutions ouverte, qui a pour mandat de
procéder à une consultation générale et tenir des
auditions publiques sur l'Accord de libre-échange
nord-américain.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui. M. Fradet (Vimont) est remplacé
par Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata) et M. Claveau (Ungava) est
remplacé par M. Léonard (Labelle).
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
Je vais maintenant vous faire lecture de l'ordre du jour. Donc, nous
débuterons avec des remarques préliminaires du ministre des
Affaires internationales et du porte-parole de l'Opposition officielle;
ensuite, nous entendrons l'Association des exportateurs canadiens; poursuivant
avec l'Association des courtiers d'assurances de la province de Québec;
nous aurons une suspension et nous reprendrons cet après-midi,
après les affaires courantes, avec La Confédération des
caisses populaires et d'économie Desjardins du Québec; ensuite,
la Chambre des notaires du Québec; finalement, le Groupe
métropolitain en aménagement et transport et, en soirée,
nous aurons la ville de Montréal.
Est-ce que l'ordre du jour est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté.
Alors, j'invite, dès maintenant, le ministre... D'abord, je
souhaite la bienvenue à tous les membres de la commission, et je demande
maintenant au ministre des Affaires internationales de procéder à
ses remarques préliminaires, en vous signalant qu'il y a une
période de 30 minutes de prévue pour ce faire, dont 15 minutes au
ministre et 15 minutes à l'Opposition, pour les remarques
préliminaires, quitte à être un petit peu souple,
mais...
M. Ciaccia: Je vais faire mon possible pour respecter...
Le Président (M. Dauphin): On se fie à vous, M. le
ministre.
Remarques préliminaires M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci beaucoup, M. le Président.
Alors, M. le Président, chers collègues de
l'Assemblée nationale, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui
devant cette commission sur l'Accord de libre-échange
nord-américain parce que la commission se penche sur un dossier
important pour le commerce international du Québec, et que je suis fier
d'y être associé.
Le but de cette commission est, avant tout, de permettre à la
population et aux différents secteurs industriels et sociaux
concernés de faire connaître au gouvernement leurs avis quant aux
moyens de profiter des possibilités que nous offre l'Accord de
libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. Il
reste aussi des décisions à être prises par le gouvernement
en ce qui concerne la marge de manoeuvre prévue à
l'intérieur de l'entente pour nos industries et nos institutions. C'est
dans cet esprit que je vous invite à nous faire part, au cours des
prochains jours, de vos attentes face à l'ALENA et de toutes les
propositions constructives que vous avez élaborées avec les
groupes que vous représentez, afin que je puisse soumettre au
gouvernement du Québec des recommandations avant son approbation
finale.
Au cours des années cinquante et soixante, peu d'entreprises
vendaient hors de leurs frontières nationales, sauf pour ce qui est de
certaines compagnies qui exploitaient des ressources naturelles sur un
continent et qui les transformaient et les vendaient sur un autre. De
façon générale, les marchés domestiques
étaient ceux à conquérir vers la fin des années
soixante, et, de façon accrue dans les années soixante-dix et
quatre-vingt, la mondialisation des marchés est devenue une
réalité.
Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le commerce
international continue d'augmenter plus vite que la production de chaque pays.
Le volume du commerce international a triplé depuis 20 ans, et les
investissements directs se sont multipliés par huit durant la même
période. Les marchés sont dorénavant mondiaux, et les
marchés domestiques ne sont plus que des segments de marchés
parmi d'autres. Cette évolution s'est faite graduellement, mais a
changé radicalement la nature du commerce à l'échelle
planétaire. La mondialisation s'est d'abord
accélérée dans le commerce des biens, puis, par la suite,
elle a aussi gagné le domaine des services.
Autre fait significatif, l'intensification des échanges,
amenée par l'ouverture des frontières aux produits
importés, a favorisé l'émergence d'entreprises
transna-
tionales et, par voie de conséquence, la multiplication de liens
de plus en plus complexes entre les consommateurs, les fournisseurs et les
producteurs des divers pays de la planète.
La nature même du commerce a changé. On peut souligner,
à titre d'exemple, que certaines pièces d'équipement de
hockey ont été conçues en Suède, financées
au Canada, contiennent des alliages inventés au New Jersey et produits
au Japon, qu'elles sont assemblées à Cleveland pour distribution
en Amérique du Nord, et au Danemark pour distribution en Europe. Alors,
les impacts de ces changements sont considérables sur les entreprises et
sur les travailleurs.
Des transformations aussi profondes ne sont pas simplement la
conséquence de changements politiques ou idéologiques, elles sont
le résultat de percées fondamentales, tant dans le domaine de la
technologie que dans celui de l'économie. Dans les faits, le
développement de l'informatique et l'explosion de l'information dans le
secteur industriel ont joué un rôle plus déterminant que
bien des politiques nationales dans la libéralisation des
échanges. Force nous est donc de constater que les accords de
libre-échange ne sont pas à l'origine du phénomène
de mondialisation, mais qu'ils n'en sont que la conséquence et
l'expression.
Pouvons-nous échapper au libre-échange ou, autrement dit,
à une forme ou à une autre de libéralisation des
échanges? Le choix du repli sur nous-mêmes n'est plus possible. Le
prix serait prohibitif pour les travailleurs et les consommateurs. Aujourd'hui,
il faut se demander: Comment faire pour tirer notre épingle du jeu le
plus adroitement possible dans un contexte de libéralisation des
échanges?
Au cours des 40 dernières années, cette
libéralisation a progressé à l'échelle mondiale,
notamment dans le cadre du GATT. Cependant, un peu partout dans le monde, les
pays dont les économies présentent au moins un minimum de
complémentarité entre elles cherchent à intégrer
leurs activités commerciales et à libéraliser leur
commerce. Le processus d'intégration commerciale ne date pas d'hier, il
a revêtu différentes formes. La Communauté
européenne se transforme maintenant en marché unique
européen au sein duquel est assurée la libre circulation des
biens, des services, des personnes et des capitaux, et où
l'intégration est beaucoup plus que commerciale. L'harmonisation des
politiques économique, fiscale, monétaire et sociale est en voie
d'être atteinte.
L'idée de l'intégration régionale est née de
la volonté des gouvernements d'assurer des débouchés plus
grands à leurs producteurs nationaux. De nombreux pays participent
déjà à une forme ou à une autre d'accord commercial
régional. Quelques étapes importantes de ce processus sont le
traité de Rome, en 1957, qui a mené à la formation de la
Communauté européenne; le marché unique européen,
depuis le 1er janvier 1993. Dans d'autres continents, il y a l'Australie et la
Nouvelle-Zélande; on pense au Mercosur, qui réunit l'Argentine,
le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay; et nous avons aussi l'Association
des nations de l'Asie du Sud-Est.
Quand on voit ce qui se passe dans d'autres parties du monde,
pouvons-nous faire autrement que de ne pas renforcer notre marché
nord-américain par l'ALENA? Ce que l'ALENA nous apporte, c'est
essentiellement deux choses: premièrement, un accès
privilégié au marché mexicain, comparativement aux
entreprises d'autres pays qui ne bénéficieront pas des clauses de
l'ALENA et, deuxièmement, le maintien du Québec comme site
d'investissement pour tout le marché nord-américain. C'est la
zone de libre-échange la plus riche du monde avec 7 000 000 000 000 $ de
produit intérieur brut. La communauté européenne en a 6
000 000 000 000$.
Nous nous sommes gardé une marge de manoeuvre. Nous avons
attaché une importance particulière à se réserver
notre droit de pouvoir intervenir pour atteindre nos objectifs de modernisation
et de développement de notre économie, notamment pour aider les
PME et les industries désavantagées par les facteurs
d'éloignement géographique. Enfin, nos industries culturelles
restent exclues de l'application de l'ALENA, comme elles l'avaient
été de l'ALE.
Certains critiques des accords commerciaux se plaisent à les
pointer du doigt comme étant les grands responsables des maux de
l'économie et demandent à hauts cris des mesures d'adaptation
spécifiques à leurs conséquences
appréhendées.
J'aimerais souligner à cet égard que, dans une
économie diversifiée, les entreprises sont toutes soumises aux
fluctuations des taux de change, des taux d'intérêt, à des
changements technologiques ou à des problèmes de gestion interne
qui forcent l'adaptation et le changement. Autrement dit, l'adaptation
économique est un processus général plutôt que
spécifique. Il a même été accentué sans le
moindre accord de libre-échange par les changements dans la nature du
commerce net international.
Compte tenu de la faible ampleur de nos échanges avec le Mexique
lorsqu'on les compare avec ceux de notre principal partenaire 60 fois
moins et sachant que 70 % des produits mexicains sont importés au
Canada en franchise de douane, il n'y a pas de secteur d'activité au
Québec dont la survie soit véritablement et directement mise en
cause par l'ALENA. Certes, dans le secteur du vêtement, les règles
en vigueur sur l'ALE avec les États-Unis ont été
modifiées. Toutefois, l'Accord prévoit d'importantes protections
en termes de période de transition, de mesures de sauvegarde et
même une augmentation des contingents tarifaires permettant aux
manufacturiers québécois de maintenir leur exportation actuelle
vers les États-Unis ou d'accroître celle-ci, si
l'opportunité de le faire se présentait.
Néanmoins, ceci en fonction des représentations qui nous
seront faites tout autant que selon les analyses économiques du
gouvernement, nous sommes, bien entendu, prêts à réexaminer
les programmes existants
pour assurer et pour s'assurer que les travailleurs et les entreprises
reçoivent l'aide requise pour s'adapter à des changements dans
l'économie, quelle que soit leur provenance. On va sûrement
revenir sur cette question durant nos travaux.
D'autres critiques ou les mêmes, dans certains cas
préviennent la population qu'un accord impliquant le Mexique va
provoquer une fuite d'entreprises québécoises vers ce pays
où les salaires sont moindres que chez nous. Là encore, une dose
de bon sens est requise. Les bas salaires sont un problème mondial qui
n'est pas limité au Mexique et qui n'est pas, non plus,
créé par l'ALENA. Cette réalité existe, par
exemple, en Malaisie, en Thaïlande, en Chine et au Viêt-nam parmi
d'autres. Certaines entreprises ont déjà transféré
des parties de leurs opérations dans ces pays. Ceux qui voulaient
profiter de cette main-d'oeuvre au Mexique pouvaient le faire avant l'Accord de
libre-échange en utilisant les «maquiladoras». Une compagnie
devra aussi tenir compte du fait que la productivité du travailleur
mexicain est bien inférieure à celle des Québécois
et que le taux de roulement du personnel, à tous les trois mois, est de
20 % dans les «maquiladoras». Cependant, nous allons examiner cette
situation lorsqu'elle se produira, que ce soit au Mexique ou ailleurs, et nous
ferons les changements requis à nos programmes pour aider les
travailleurs. (10 h 20)
Le vrai problème que les bas salaires mexicains pourraient causer
à nos travailleurs se présenterait si la libre circulation des
personnes était autorisée entre ces trois pays, comme c'est le
cas, depuis trois mois, dans le marché unique européen. Le
modèle européen d'intégration économique n'est pas
celui qui a été retenu en Amérique du Nord, et on peut
comprendre facilement pourquoi avec cet exemple des salaires mexicains.
En réalité, le Mexique est en concurrence avec tous les
autres pays à bas salaire dans le monde en ce qui a trait à
l'attraction d'investissements. Il n'est pas en concurrence avec le
Québec ou le Maine. On peut même penser que, si le Mexique attire
plus que sa part d'investissements par rapport aux autres pays où la
main-d'oeuvre est abondante, cela aura un impact positif pour l'Amérique
du Nord, puisque l'activité économique globale y sera plus
grande.
Je tiens aussi à souligner que l'ALENA se soucie de la protection
de l'environnement dans une mesure qui n'avait jamais été aussi
manifeste dans d'autres accords commerciaux conclus auparavant de par le monde.
Les trois pays ne devront pas déroger à des normes
environnementales dans le but de conserver ou d'attirer des
investissements.
Ceci étant dit, le gouvernement du Québec approuve
l'ouverture des frontières pour favoriser le commerce parce que nos
entreprises exportent déjà, à l'international et dans le
reste du Canada, environ la moitié de toute leur production de biens et
services. Seulement pour l'international, 285 000 emplois directs et indirects
dépendent des exportations de marchandises. Il est donc normal de
vouloir les accroître et, par voie de conséquence, de chercher
à éliminer les obstacles qui les entravent.
C'est dans cet esprit que nous nous sommes joints à
l'équipe canadienne de négociation, et nous y avons trouvé
le même esprit d'harmonie et de coopération qui avait
marqué notre participation lors des négociations de l'ALE. C'est
aussi à cause de ce climat favorable qu'il nous a été
possible de protéger adéquatement nos intérêts en
obtenant les concessions nécessaires pour permettre à nos
industries de s'adapter aux nouvelles conditions de l'entente. Le contenu de
l'ALENA est le résultat de consultations que nous avons tenues avec tous
les intervenants québécois. Nous serons aussi impliqués
dans les négociations des accords parallèles concernant
l'environnement et les normes de travail en vigueur dans les trois pays. nous
avons appuyé le principe de l'alena dès le début,
même avant les négociations, et, compte tenu des excellentes
relations diplomatiques qui existent entre le canada et les états-unis,
il nous a été possible de faire partie de cette entente à
trois, et cela nous a permis d'avoir de plus grandes concessions de la part du
mexique quant à l'accès à son marché. nous avons
d'abord connu le mexique comme un pays ayant d'importantes réserves de
pétrole, mais dont le revenu per capita était environ 10 % celui
des canadiens. en 1993, la réalité mexicaine est fort
différente. en effet, depuis une dizaine d'années, d'importantes
réformes ont eu lieu au mexique. il y a maintenant un climat de
confiance qui a été instauré par les différentes
mesures qui ont été prises par le gouvernement du mexique.
Avec l'entente de libre-échange, bien qu'elle libéralise
des secteurs de l'activité économique qui n'avaient pas
été abordés par l'ALE, l'ALENA n'est pas et ne sera jamais
une panacée à tous nos maux économiques. Ainsi, les
entreprises et l'État ont et auront encore la responsabilité de
collaborer ensemble pour que les travailleurs déplacés par des
restructurations industrielles reçoivent une formation adéquate
pour combler les postes requis dans les secteurs en croissance de notre
économie. De la même manière, il faut s'assurer que nous
conservions une taxation compétitive.
Face à l'ouverture de 85 000 000 de Mexicaines et de Mexicains
sur le monde, je suis très optimiste quant à la capacité
et à la volonté des entreprises québécoises de
saisir cette occasion des plus intéressantes. Il y a déjà
plusieurs entreprises québécoises présentes au Mexique, il
y a Bombardier par Concarril, il y a Québécor inc. avec GraTicas
Monte Alban S.A., il y a Les Breuvages Nora, il y a Lassonde, un fabricant de
jus, il y a Canam Manac, parmi d'autres. Et il y a beaucoup
d'opportunités pour les entreprises québécoises
reliées aux secteurs d'activité en croissance au Mexique, tels
ceux du transport urbain, des télécommunications, des services
financiers, de l'agro-alimentaire, des produits métalliques, des
services d'ingénierie, le secteur envi-
ronnemental; les produits de haute technologie comme les ordinateurs,
les logiciels et les instruments de contrôle environnementaux.
Afin de permettre à nos entreprises de participer pleinement
à cette évolution et de tirer pleinement profit des
retombées de l'ALENA, j'ai enfin vu à ce que l'on mette en place,
dès maintenant, un plan d'action concret. Après avoir
renforcé ses effectifs et ses compétences au niveau de la
Délégation du Québec à Mexico, le ministère
s'est employé à préparer et à mettre à la
disposition de nos entreprises des programmes et des outils de travail, c'est
le plan d'action Québec-Mexique, que j'ai rendu public au mois de
novembre dernier, et nous aurons sûrement l'occasion d'y revenir au cours
de nos travaux.
Ce qu'il faut faire comprendre, c'est que, l'en-teiite du
libre-échange nord-américain, il y a des mesures de protection;
ce n'est pas une ouverture totale, de dire: Tous les produits mexicains, tous
les produits nord-américains, il y a un «free-for-all». Ce
n'est pas ça du tout. 11 y a des périodes de transition, des
mesures de sauvegarde et il y a un avantage pour nous de tirer avantage sur une
économie en croissance.
Et, pour conclure, M. le Président, je veux souligner que
l'Accord n'est pas un choix que nous avons à faire, il est une
nécessité. L'ALENA nous apporte des possibilités accrues
de nous dépasser. Tl élimine un bon nombre d'obstacles au
commerce et favorise l'accroissement des investissements. C'est à nous
de saisir ces opportunités pour réaliser notre objectif de
maintenir et d'améliorer le niveau de vie de la population
québécoise.
Je vous remercie de votre attention, et je souhaite que les prochains
jours soient l'occasion d'exprimer nos attentes face à l'ALENA et
à la libéralisation des échanges commerciaux. Nous devons
viser rien de moins que l'avenir.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci beaucoup, M. le
ministre, pour vos remarques préliminaires.
Je vais maintenant reconnaître, en contrepartie, M. le
député de Bertrand, pour les remarques préliminaires de
l'Opposition officielle.
M. le député.
M. François Beaulne
M. Beaulne: Merci, M. le Président.
L'appui enthousiaste qu'avait apporté la majorité de la
population du Québec à la signature d'un traité de
libre-échange avec les États-Unis s'est quelque peu refroidi au
cours des deux dernières années. Il faut voir dans le scepticisme
et la perplexité qui ont suivi l'espoir débordant de la fin de la
dernière décennie une déception de la population
canadienne et québécoise à l'endroit des promesses non
tenues, à la fois du gouvernement fédéral et du
gouvernement québécois.
La plupart des économistes s'entendent pour dire qu'il est
difficile de porter un jugement définitif sur les bienfaits ou les
méfaits en soi de l'Accord de libre-échange après trois
ans d'application, particulièrement dans un contexte économique
marqué par une récession importante de l'ensemble des pays
industrialisés à laquelle ni le Canada ni les États-Unis
n'ont échappé. Tenter d'isoler l'effet d'un facteur particulier
dans l'évolution d'une économie moderne est une opération,
pour le moins, téméraire. Ce n'est que la semaine dernière
que Statistique Canada avançait timidement que, depuis la signature du
traité de libre-échange avec les États-Unis, la part
canadienne du marché américain était passée de 1,9
% à 2,6 %; Statistique Canada reconnaissant du même coup les
limites de son étude, précisant que les produits
manufacturés représentaient environ 80 % de toutes les
marchandises exportées aux États-Unis par le Canada. si les
points de vue sont partagés au canada et au québec quant aux
retombées de l'accord de libre-échange, c'est que trois
conditions avaient été identifiées par le défunt
conseil économique du canada pour que nous sortions gagnants de
l'association de libre-échange. d'abord, un dollar canadien qui se
maintienne dans une fourchette variant entre 0,78 $ et 0,81 $ us, pendant les
10 premières années; deuxièmement, des taux
d'intérêt réels de 3 % et, troisièmement, une
croissance économique moyenne d'au moins 3 %. aucune de ces conditions
n'a été respectée pendant les trois premières
années d'application de l'association de libre-échange. pour les
prochaines années, deux de ces conditions seront peut-être
remplies. quant à la troisième, à savoir des taux
d'intérêt réels de 3 %, il est difficile d'entrevoir le
jour où elle sera réalisée. (10 h 30)
II faut cependant se rendre à l'évidence que la
libéralisation des échanges hémisphériques devient
un mouvement incontournable. L'intérêt hémisphérique
des États-Unis en matières économique, politique et
commerciale ne date pas d'hier. Il trouve ses origines dans la doctrine Monroe
et le Manifest Destiny du XIXe siècle.
Les tentatives nord-américaines de libéralisation des
échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis ne sont
pas, elles non plus, nouvelles. Il suffit de rappeler les quelques
élections fédérales du passé, axées sur ce
qu'on appelait, à l'époque, la réciprocité, dont,
en particulier, celle qui entraîna la défaite de Sir Wilfrid
Laurier, en 1911. Paradoxalement, à ce moment-là, c'était
les libéraux qui favorisaient le libre-échange.
L'ALENA s'inscrit dans le mouvement de libéralisation du commerce
amorcé après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce mouvement
devrait se poursuivre encore longtemps, et même
s'accélérer, à mesure que les États-Unis se voient
de plus en plus concurrencés en Asie et en Europe, et que, de leur
côté, les pays latino-américains, coupés des
marchés financiers internationaux suite à leur crise
d'endettement n'ont, à toutes fins pratiques, d'autre option que de
s'inscrire dans le cou-
rant des échanges avec les pays industrialisés du Nord
pour s'assurer d'un développement économique minimal.
C'est pourquoi le Chili, la Colombie et le Venezuela songent aussi
à se joindre à l'ALENA. Dans ce contexte, le Canada et le
Québec pouvaient difficilement se soustraire aux négociations sur
le libre-échange avec le Mexique, sans renforcer outre mesure la
puissance des États-Unis en Amérique. Comme l'ont fait remarquer
plusieurs représentants du monde industriel, une compagnie qui
chercherait à se localiser en Amérique verrait un net avantage
à s'établir aux États-Unis pour profiter de l'accès
aux deux marchés libres de barrières tarifaires: le Canada et le
Mexique.
Il apparaît donc de plus en plus nécessaire de
réduire au minimum la possibilité de détournement du
commerce et des investissements du Canada et du Québec. D'ailleurs,
soyons réalistes, s'exclure des négociations n'aurait pas
empêché le Mexique d'accroître sa
compétitivité face à nos produits. Par contre, cela
pourrait empêcher nos entreprises de profiter des opportunités qui
s'offrent au Mexique et qui permettraient, dans certains cas, la
réalisation d'économies d'échelle.
Il ne faut pas oublier que le Mexique était, jusqu'à
récemment, un des pays les plus protégés au monde. Ce
n'est qu'en 1988 qu'il adhérait au GATT, ouvrant ainsi la porte aux
négociations qui se déroulent présentement.
C'est ce qui explique, en partie, le faible volume de nos
échanges avec ce pays. Sur la base de notre commerce actuel avec le
Mexique, l'élimination des tarifs avec le Canada semble être un
élément dont l'ampleur n'est pas très
élevée. De même, une comparaison du degré de
développement économique du Canada et du Mexique suggère
que le Canada et le Québec n'ont pas trop à craindre. En fait, le
défi que doit relever l'économie québécoise n'est
pas tant de pouvoir compé-titionner avec l'économie mexicaine que
de renforcer sa compétitivité en général, laquelle
s'est détériorée de façon appréciable ces
dernières années.
Le vrai défi n'est pas tant d'envahir le marché mexicain
que de maintenir et de renforcer notre position sur le marché
américain. À cet égard, il serait illusoire de croire que
le Canada et le Québec, en particulier, ont mis en place tous les outils
nécessaires pour sortir vainqueurs de l'association de
libre-échange. En somme, les défis à relever
dépassent celui que pose l'entrée du Mexique dans la zone de
libre-échange nord-américain.
Récemment, le ministre québécois des Affaires
internationales rendait publique une évaluation plutôt
complaisante à l'égard de l'ALENA: «Le Québec et
l'Accord de libre-échange nord-américain». L'étude
ne produit pas de chiffres. On nous dit que des évaluations plus
précises seront disponibles lors de la commission parlementaire qui
débute aujourd'hui.
Ce texte reprend de façon presque intégrale
l'énoncé, publié le printemps dernier par le ministre,
énumérant les conditions requises pour que le Québec donne
son appui à la ratification de l'ALENA par le gouvernement canadien.
Dans ce document intitulé, et je cite: «La Libéralisation
des échanges commerciaux entre le Canada, les États-Unis et le
Mexique: les enjeux dans une perspective québécoise», le
Québec a posé sept conditions devant être observées
pour qu'il accorde son appui à l'ALENA.
Première condition: La mise en oeuvre, au Canada, d'une
éventuelle entente devra se faire en tenant compte du partage actuel des
compétences législatives entre les ordres de gouvernement. Il
n'est pas clair que l'Accord actuel rencontre tout à fait cette
exigence.
Deuxième condition: Le respect intégral des lois,
programmes et politiques qui, dans les domaines de la politique sociale, des
communications, de la langue et de la culture, contribuent à la
spécificité de la société québécoise.
Tout comme dans le cas de l'association de libre-échange, les programmes
sociaux ne font pas partie explicitement du champ d'application de l'ALENA. Le
gouvernement du Québec a donc évacué ce thème de
ses négociations avec le fédéral.
Troisième condition: Le maintien de la marge de manoeuvre
nécessaire au gouvernement pour atteindre ses objectifs de modernisation
et de développement de l'économie du Québec dans toutes
les régions. Sous réserve de la définition que le GATT
donnera «aux subventions acceptables», cette condition semble,
à court terme, respectée.
Quatrième condition: L'obtention de périodes de transition
suffisamment longues et la mise sur pied, au besoin, de mesures d'adaptation
pour les entreprises et les travailleurs dans les secteurs moins
compétitifs. Les secteurs visés sont principalement: l'industrie
du vêtement, le secteur automobile, le commerce des services et
l'industrie du meuble. Le gouvernement du Québec a jugé,
jusqu'ici, insuffisante la contribution fédérale à ces
mesures d'adaptation.
Cinquième condition: La mise en place d'un mécanisme de
règlement des différends et de gestion de l'entente auquel le
Québec désire être associé. Le gouvernement
fédéral n'a pas donné suite, jusqu'ici, à cette
demande ni en ce qui concerne l'association de libre-échange avec les
Etats-Unis ni en ce qui concerne l'ALENA.
Sixième condition: Le maintien d'un statut spécial pour
l'agriculture et les pêcheries. En fait, par rapport à
l'association de libre-échange, dans le contexte de l'ALENA, il n'y a
pas de modification substantielle.
Et, finalement: Le choix du Québec d'approuver ou non l'entente
en fonction de l'évaluation ultime qu'il fera à la lumière
de ses intérêts fondamentaux. Même si cette dernière
condition semble quelque peu illusoire, puisque le Québec, qu'il le
veuille ou non, n'aura d'autre choix que d'emboîter le pas avec la
ratification de l'ALENA par le gouvernement fédéral, il m'a
semblé un peu incohérent d'entendre le ministre déclarer,
hier, par voie de communiqué, que l'Accord actuel respectait
les cinq objectifs que le Québec s'était fixés au
début des négociations, alors que certaines des conditions qu'il
a lui-même posées pour donner son aval à la ratification de
l'ALENA ne sont pas encore respectées.
Je pense, en particulier, à l'ensemble des mesures de transition
et d'adaptation. Ce ne sont pas les 27 000 000$, que le gouvernement
fédéral songe à dépenser durant les quatre
prochaines années pour aider les entreprises canadiennes à tirer
partie des occasions d'affaires que leur offre l'ALENA, ni les quelques
propositions timides mises de l'avant par le ministre dans son plan d'action
Québec-Mexique qui permettront à nos entreprises de concurrencer
les géants américains, japonais, allemands ou français sur
le marché mexicain, comme, d'ailleurs, le souligneront sans doute
quelques intervenants que nous entendrons au cours de cette commission.
Le défi est beaucoup plus de taille et vise la structure
même de notre économie ainsi que notre attitude jusqu'ici plus ou
moins nonchalante en matière de promotion de nos exportations.
Qu'advient-il, par exemple, de la problématique touchant
l'entraînement, la formation, le recyclage de la main-d'oeuvre, secteur
névralgique de notre compétitivité, dont se gargarisent
les politiciens aux niveaux fédéral et provincial, mais qui,
jusqu'ici, n'est demeurée qu'un panier de crabes, qu'une pomme de
discorde, où aucune cohérence et concertation ne pointent
à l'horizon entre les deux paliers de gouvernement?
Et pourtant, dès 1989, M. Jean de Grandpré,
président du Conseil consultatif sur l'adaptation formé par le
gouvernement fédéral afin d'étudier les
possibilités pour les Canadiens de profiter au maximum de l'association
de libre-échange, en faisait une de ses principales recommandations.
Aucune suite sérieuse n'y a été donnée.
S'il faut déplorer le manque de concertation et d'imagination du
gouvernement du Canada et de celui du Québec en matière de
mesures d'adaptation et de transition, il demeure, malgré tout, que
l'ALENA s'avère souhaitable pour le Québec. Sous réserve
de la flexibilité que nous donnera la version finale de l'Accord pour
mettre en place des mesures de transition et d'adaptation nécessaires,
l'ajout du Mexique à l'association de libre-échange nous sera
profitable. Stratégique-ment, il vaut mieux dialoguer à trois ou
à quatre, advenant la souveraineté du Québec, plutôt
qu'en tête-à-tête avec la plus grande puissance mondiale.
Économiquement, le Mexique partage avec le Québec plusieurs
éléments communs: un secteur public important comme moteur de
l'activité économique; un secteur privé en
développement, en partenariat avec l'État, comportant des
contraintes et des exigences semblables à celles du Québec, entre
autres, en matière de subventions, de politiques d'achat
préférentielles, de programmes de soutien et d'aide à
l'exportation; des disparités régionales plus accentuées
que celles du Québec et dont la solution devra passer par une
intervention gouvernemen- tale importante; la nécessité
d'intégrer à la vie économique une population marginale,
représentant environ 25 % de l'ensemble; culturellement, le souci de
préserver son identité hispanique et de faire respecter sa langue
dans ses échanges avec l'étranger. Commercialement, il est
à notre avantage que les États-Unis ne soient pas le seul pays
d'Amérique du Nord à avoir plein accès aux marchés
de ses voisins immédiats. (10 h 40)
Le débat de l'ALENA est d'abord et avant tout celui de la
compétitivité de notre économie sur la scène
internationale. Vouloir ne faire porter le débat que sur les mesures
à prendre pour faire face à la nouvelle concurrence provenant du
Mexique aurait pour effet de minimiser l'importance des défis auxquels
nous sommes confrontés.
Au nombre des éléments qui nous défavorisent au
plan de la compétitivité, il faut retenir la faiblesse de nos
efforts en matière de recherche et de développement, de
même que la confusion et l'incohérence des programmes de formation
professionnelle. Par ailleurs, l'analyse fournie par le gouvernement
québécois apparaît non seulement peu critique, mais,
également, quelque peu superficielle.
C'est pourquoi nous entendons prêter une oreille attentive aux
représentations qui nous seront faites pendant la durée de cette
commission spéciale. Pour nous, la libéralisation des
échanges n'est pas, en soi, une panacée aux maux qui affligent
notre économie, et nous aurions tort de voir dans l'ALENA autre chose
qu'un outil pouvant, dans des conditions adéquates, contribuer à
une création nette d'emplois.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
député de Bertrand, pour vos remarques préliminaires.
Auditions
Nous allons, maintenant, procéder à, évidemment,
écouter et à entendre le premier groupe invité. Je
demanderais à l'Association des exportateurs canadiens Section
Québec, de s'avancer à la table des invités.
Alors, au nom des membres de la commission, j'aimerais souhaiter la
bienvenue à l'Association, qui est représentée par M.
Jean-Claude Villiard, président.
Alors, avant de procéder à votre exposé, je vous
demanderais de nous présenter les personnes qui vous accompagnent,
ensuite de ça, de procéder à votre exposé d'une
durée d'environ 20 minutes, puisque nous avons une heure de
prévue. Alors, 20 minutes pour l'exposé, et le temps sera
partagé également entre le groupe ministériel et le groupe
formant l'Opposition officielle.
Alors, M. Villiard, bienvenue à nos travaux et merci d'avoir
accepté notre invitation.
Association des exportateurs canadiens Section
Québec
M. Villiard (Jean-Claude): Alors, merci beaucoup, M. le
Président.
M. le ministre, Mmes et MM. les députés membres de la
commission des institutions. Nous vous remercions, bien sûr, de cette
invitation à participer à cette commission parlementaire relative
à l'Accord de libre-échange nord-américain. J'aimerais,
comme vous nous l'avez demandé, vous présenter les
représentants de l'Association des exportateurs canadiens Section
Québec, qui ont l'honneur de vous présenter son mémoire et
d'échanger avec vous, le cas échéant, sur ce sujet.
D'abord, nous voulions avoir avec nous M. Richard Gottlieb,
secrétaire du conseil consultatif, ici, pour la section Québec.
Malheureusement, comme tout exportateur, M. Gottlieb veut aussi
développer ses affaires il est en voyage actuellement mais
il nous a délégué deux de ses précieux
collaborateurs.
D'abord, Me Robert Bertrand, à ma droite, qui est avocat et
économiste; qui est associé, comme je le disais, au cabinet
juridique de Gottlieb & Pearson; qui est membre de l'Association, bien
sûr, et qui est un spécialiste des questions de concurrence, de
commerce extérieur et de relations gouvernementales. Alors, Me Bertrand
a été longuement associé aux questions relatives au
commerce extérieur, notamment comme président du Tribunal
antidumping, qui est devenu le Tribunal canadien des importations en 1984 et,
plus tard, donc, vice-président du Tribunal canadien du commerce
extérieur jusqu'en 1992.
À sa droite, vous avez Me Alfredo Moreira, qui est avocat et
également associé au cabinet Gottlieb & Pearson, qui est
spécialisé dans les questions commerciales et d'investissements
avec le monde hispanique. De plus, Me Moreira est fondateur et actuel
président de la Chambre de commerce hispano-canadienne, organisme qui se
consacre à la promotion des relations commerciales entre
l'Amérique latine, l'Espagne et le Canada.
Finalement, à ma gauche, M. Roch Ledoux, qui est
vice-président du bureau régional du Québec de
l'Association des exportateurs canadiens, qui est un
délégué commercial de carrière du gouvernement
fédéral et qui a été en poste dans de nombreux pays
à l'étranger, notamment en Amérique latine.
Alors, M. le Président, quelques mots, peut-être, sur
l'Association des exportateurs avant d'entrer dans le vif du sujet.
C'est une association à but non lucratif, qui représente
environ 1000 entreprises au Canada dont environ 27 % sont du
Québec qui exportent des produits et des services et qui
fournissent des services essentiels aux exportateurs. La section Québec
de l'Association s'est donnée, entre autres, comme mandat d'animer la
scène de l'exportation au Québec en impliquant davantage les
exportateurs québécois dans les activités de l'Association
des exportateurs, tout en facilitant la participation des entreprises
établies au Québec particulièrement les petites et
moyennes entreprises au processus de développement des
marchés d'exportation. Cette Association a été
établie en 1943 donc, il y a 50 ans et elle offre une
gamme complète de services aux exportateurs. Nous nous attachons, bien
sûr, ici, au Québec en particulier, à tout ce qui peut
faire du Québec, et du Canada dans son ensemble, une base
intéressante pour faire des affaires internationales.
Alors, c'est dans cette perspective que nous sommes heureux d'avoir
l'occasion de réagir à votre invitation et, notamment, au contenu
de l'Accord de libre-échange nord-américain.
L'étude que nous avons faite de cet Accord confirme notre
réaction première, à savoir que les négociateurs
ont quand même obtenu d'importantes concessions pour nos exportateurs. Si
nous considérons les grands objectifs de négociation que le
gouvernement canadien s'était fixés que le gouvernement du
Québec aussi s'était fixés nous pouvons dire qu'ils
ont été atteints. Le Canada a grandement amélioré
son accès au marché mexicain tout en préservant
voire même en améliorant, dans certains cas son
accès au marché américain, en vertu de ce qu'on apjpelle
l'ALECUS, ou l'Accord de libre-échange avec les Etats-Unis.
Conséquemment, l'intérêt que présentent le
Canada et le Québec comme bases pour effectuer des investissements ou
faire des affaires a ainsi été préservé et
renforcé par le biais de la proposition de l'ALENA.
M. le Président, nous savons tous que les exportations sont d'une
importance cruciale pour l'économie canadienne et
québécoise et pour l'emploi. Ainsi, en 1992, nos exportations ont
connu un niveau record de 158 000 000 000 $, soit une proportion de 28 % du
produit intérieur brut canadien. Ces exportations sont en hausse de 11,3
% sur 1991, à la faveur d'une dévaluation de 5,2 % de notre
dollar et de la continuation des efforts de pénétration vers les
différents marchés, particulièrement le marché
américain, où nous avons enregistré cette année un
surplus record de 18 000 000 000 $, malgré l'état prolongé
de récession caractérisant l'économie américaine et
l'économie canadienne en cette année 1992.
Parlons maintenant de l'accès au marché du Mexique,
puisque c'est l'une des deux grandes dimensions de l'Accord. Le Mexique est un
marché très prometteur. Cela a été reconnu par
l'intérêt accru que lui porte le milieu d'exportation. À
preuve, la hausse en flèche du nombre des gens d'affaires canadiens et
québécois qui ont visité le Mexique et l'augmentation
d'environ 37 % des exportations du Québec vers le Mexique durant le
premier semestre de 1992, et ce, sans l'Accord de libre-échange. On
observe aussi une augmentation du même ordre pour les exportations
canadiennes au cours de toute l'année 1992, qui atteignaient environ 800
000 000 $. Et quand on parle du nombre de gens d'affaires qui
s'intéressent au Mexique, où on regarde
les chiffres, et puis on s'aperçoit, par exemple, que les gens
qui se sont enregistrés, notamment à l'ambassade canadienne
à Mexico au cours de l'année, c'est 20 fois plus qu'en 1988, ce
qui n'est quand même pas très longtemps. Donc, de 1988 à
1992, il y a 20 fois plus de personnes qui se sont enregistrées comme
étant intéressées à faire des affaires avec le
Mexique, et 2 fois plus par rapport à 1991, montrant déjà
l'intérêt que le marché mexicain représentait,
à ce moment-là, à la faveur du début des
négociations.
Le Mexique s'est rapidement transformé. Son environnement
protectionniste comme on l'a mentionné d'il y a quelques
années a cédé la place à un milieu dynamique,
à forte croissance, et dont le potentiel est encore plus grand. Les taux
de croissance supérieurs à la moyenne que le Mexique a connus,
même avant l'ALENA, impliquent une importante croissance de son pouvoir
d'achat. Grâce à sa croissance économique, le Mexique
pourra améliorer la qualité de vie de toute sa population et
alimentera la demande de toute une gamme de produits et services que le Canada
et le Québec en particulier seront en mesure de lui
fournir.
Nos membres sont compétitifs dans plusieurs secteurs. On a
parlé, notamment, des technologies de l'environnement, qui semblent
prendre de plus en plus de faveur dans la demande mexicaine. Effectivement, nos
membres sont solides dans cette question-là, et pour une foule de
produits manufacturés à haute valeur ajoutée, sans oublier
tout l'éventail des services et c'est important les
services d'experts-conseils, les services financiers.
Grâce à l'ALENA, nous aurons non seulement la même
possibilité de profiter directement de ces débouchés sur
un pied d'égalité avec les États-Unis, mais nous pourrons
aussi bénéficier des exportations américaines vers le
Mexique pour les produits qui incorporent déjà une certaine
teneur canadienne, comme le ministre en a fait mention à travers
certains exemples.
Nos échanges avec le Mexique restent modestes, malgré
l'intérêt comparativement à ceux des exportations
aux États-Unis, par exemple avec, peut-être, 0,5 % de nos
exportations seulement, mais nos exportateurs sont enthousiasmés
à l'idée des perspectives qui s'ouvrent, et ils se sont
déjà mis à élaborer des stratégies
d'optimisation des retombées de l'ALENA dans ce mouvement de suppression
des droits de douanes et de nombreuses restrictions aux exportations que ce
pays a toujours imposées.
La deuxième dimension, c'est la préservation et
l'amélioration de l'accès aux marchés prévus
à l'Accord de libre-échange avec les États-Unis. Alors, en
s'asso-ciant à l'ALENA, le Canada a non seulement maintenu cet
accès au marché américain prévu, mais il a obtenu
d'importantes améliorations. Un grand nombre des améliorations de
l'ALENA, par rapport à l'Accord de libre-échange avec les
États-Unis, se trouvent dans les détails des règles
d'origine régissant les conditions d'admissibilité au traitement
préférentiel et aux arrangements douaniers techniques. Les
avantages sont nombreux. Mentionnons quelques exemples. (10 h 50)
D'abord, les règles d'origine ont été
clarifiées. Sur une base plus technique, on note, entre autres, la
décision de recourir davantage à la classification tarifaire
plutôt qu'au tarif à valeur ajoutée, en vue de
déterminer l'origine des produits à plusieurs intrants. Alors,
nous pourrons recourir plus facilement au système harmonisé
international, qui a été établi par la convention de
Bruxelles de 1988 et, de ce fait, on pourra maintenant recourir à une
jurisprudence étrangère pour l'interprétation et non
être à la merci du développement du droit
américain.
Un autre avantage, c'est l'introduction de la clause qu'on appelle
«de minimis» de 7 %, qui permet à un produit d'obtenir son
certificat d'origine; dans la mesure où son contenu provenant d'un pays
tiers donc, non États-Unis et non mexicain ne
dépasse pas 7 %, le produit peut obtenir son certificat d'origine et
bénéficier, donc, de l'Accord. Il sera possible qu'un produit de
haute valeur ayant une composante de faible valeur d'origine
étrangère indéterminée ou non admissible ait pour
effet d'empêcher toute une cargaison de se voir refuser le traitement
prévu à l'Accord de libre-échange soit avec les
États-Unis ou nord-américain. Alors, ça donne une plus
grande possibilité au manufacturier, soit pour améliorer le
contenu de la qualité de son produit ou encore en réduire le
coût.
Un autre avantage, c'est la remise des droits ce qu'on appelle
les «drawbacks» en termes techniques du métier remise
qui sera donc relative aux échanges CanadaÉtats-Unis
seulement et qui sera prolongée pour une période de deux ans
après la date d'échéance originale du 1er janvier 1994,
malgré l'objection initiale des États-Unis. plusieurs avantages,
aussi, visent d'autres secteurs industriels en particulier. mentionnons, par
exemple, la disposition de l'alena quant à la teneur
nord-américaine, qui est de 50 % dans l'alecus, et qui passera
maintenant à 62,5 % et 60 %, dans certains cas ce qui
devrait favoriser notre secteur industriel de pièces automobiles.
Maintenant, en ce qui concerne les différends, l'ALENA reprend et
reporte les chapites 18 et 19 relatifs aux mécanismes de
règlement des différends qui ont fonctionné au
bénéfice du Canada. Ce fut l'un des grands acquis, nous pensons,
de l'Accord de libre-échange avec les États-Unis. On
bénéficie maintenant de cédules très strictes
c'est-à-dire six mois, par exemple pour le
règlement des différends par le biais de panels binationaux, ce
qui est beaucoup plus court que les délais habituels des cours
américaines.
Nous nous inquiétons du fait qu'il n'y a plus de dispositions,
maintenant, concernant la nécessité de s'entendre avant une
certaine date il y avait cette durée de sept ans dans l'Accord de
libre-échange sur les
droits «antidumping» compensateurs et les subventions.
Maintenant, le présent Accord, l'ALENA III, laisse au GATT le soin de
définir la façon de calculer les subventions domestiques à
l'exportation.
Quelques mots sur l'environnement, aussi, puisque c'est une dimension
importante des discussions qui ont eu lieu en regard de l'Accord de
libre-échange. On dit que la nouvelle administration américaine
désire conclure des ententes parallèles sur des questions
importantes, comme celles des normes de travail et celles, aussi, traitant de
la protection de l'environnement dans le développement
économique. On ne connaît pas, toutefois, encore le contenu de ces
demandes. Le Canada, comme partie prenante de l'ALENA, devra aussi être
des négociations sur le sujet, si c'est le cas.
Nous sommes heureux de constater, d'autre part, que l'OCDE travaille
présentement à l'élaboration de lignes de conduite qui
réduiraient au minimum tous les effets négatifs de la question
environnementale sur les politiques et ententes commerciales. Ces travaux
devraient aider à donner l'orientation essentielle aux équipes de
négociation en ce domaine. Il ne faudrait pas utiliser la politique
commerciale, associée aux questions environnementales, de manière
telle que les exigences environnementales de protection du milieu, en fait,
deviennent des mesures protectionnistes déguisées, en somme, de
nouvelles barrières non tarifaires.
On a eu le cas dans l'industrie du papier ou à l'égard de
la législation américaine sur le papier journal, qui
précisait que le papier importé devrait inclure un pourcentage
minimum de papier recyclé. Alors, dans la mesure où on n'a pas de
rebus suffisants, on est pris dans la situation d'importer du papier rebus pour
faire du papier désencré et rencontrer ces normes. Il y a eu le
cas du homard, aussi dont on connaît bien la situation qui
se voit refuser l'entrée au marché américain, à
moins d'avoir une taille minimum, ce qui n'est pas compatible avec les
conditions du milieu physique canadien. Alors, le marché canadien du
homard en a subi les conséquences de la même façon.
De la même façon, il est impératif qu'à court
terme les entreprises qui compétitionneront sur les trois marchés
nationaux de l'ALENA puissent le faire sur des bases comparables concernant le
respect des contraintes environnementales.
Nous savons que le Mexique veut rattraper le temps perdu au chapitre de
l'environnement, et que des mesures importantes ont déjà
été prises, comme la fermeture d'usines qui ne respectaient pas
les conditions minimums, par le président du Mexique. Nous croyons,
justement, que l'ALENA devra permettre d'activer ce rythme d'ajustement dans ce
domaine en créant, en quelque sorte, des effets d'entraînement
pour élaborer et, surtout, mettre en place des mesures plus
adéquates de protection du milieu. D'ailleurs, ces efforts offriront
à nos entreprises de nombreuses possibilités pour y
développer des programmes de transfert de technologie, et c'est
déjà le cas des entreprises d'ici notamment la mienne
qui ont pu participer à des appels d'offres qui visaient,
justement, à faire des installations pour réduire le
caractère polluant de certaines installations industrielles. C'est le
cas, notamment, avec Pemex, dont l'Accord de libre-échange
nord-américain, au niveau des marchés publics, permettra, encore
une fois, d'agrandir l'ouverture.
Au niveau des investissements un point qui est important
également, il n'y a pas de commerce soutenu sans investissement. La
participation du Canada à l'ALENA nous assure d'un accès
égal aux marchés du Mexique et des États-Unis en
somme, à un marché de plus de 360 000 000 de personnes. Alors, le
Canada, et le Québec en particulier, nous ne serons donc pas
défavorisés comme base à partir de laquelle on pourra
fonctionner et se développer pour desservir l'ensemble de ce
marché de taille.
En outre, comme cela est probable, l'ALENA s'élargira
peut-être pour, éventuellement, accueillir de nouveaux pays de
l'hémisphère occidental. Le Canada, en vertu de la clause
d'accession, ne sera pas isolé comme base à partir de laquelle
tout entrepreneur pourra desservir cette zone de libre-échange. Par
ailleurs, la clause d'accession maintiendra les acquis de l'ALENA.
Du point de vue des investissements, il vaut la peine de souligner que
des investissements bilatéraux dans les économies
américaines et canadiennes ont augmenté de 16 000 000 000 $ entre
1987 et 1991, étant passés de 83 000 000 000$ à 99 000 000
000$. Les investissements américains, au Canada, ont augmenté de
11 000 000 000 $, et ceux du Canada aux Etats-Unis, de 5 000 000 000 $. En
1990, pour la première fois depuis 1973, les investissements directs au
Canada ont été supérieurs aux investissements canadiens
à l'étranger et, en 1991, ces investissements étrangers
directs au Canada ont connu un surplus de 5 100 000 000 $.
On s'est demandé, aussi, et on se demande ce que vaut l'Accord de
libre-échange avec les États-Unis. On se rend compte,
effectivement, que, depuis l'Accord de libre-échange avec les
États-Unis, nos exportations canadiennes vers les États-Unis ont
augmenté, en moyenne, trois fois plus rapidement que nos exportations
mondiales. Les exportations vers les autres régions du monde ont plus ou
moins augmenté, selon le cas, au cours de la même période.
En fait, notre balance commerciale y a été négative, comme
par le passé, à l'égard du reste du monde. En d'autres
termes, notre excédent commercial avec les États-Unis a
financé nos déficits avec le reste du monde. Par exemple, depuis
l'entrée en vigueur de l'Accord de libre-échange avec les
États-Unis, le Canada a obtenu un excédent commercial avec les
États-Unis de 62 000 000 000$, donc de 1989 à 1992, alors qu'au
cours de la même période notre déficit commercial avec le
reste du monde s'élevait à 28 000 000 000 $. On voit donc la
couverture d'un cas vers l'autre.
Bien sûr, les exportateurs canadiens aimeraient réduire
leur dépendance à l'égard du marché
américain,
mais pas au point de perdre du terrain sur les marchés
américains où, sous l'effet du libre-échange, nous avons
un accès assuré à un marché de taille
considérable et nous pouvons réaliser des économies
d'échelle en vue d'accroître la compétitivité de nos
firmes dans ce contexte de globalisation. s'il est vrai qu'une restructuration
pénible se soit produite, on doit remarquer une étude
publiée récemment par l'institut cd. howe, en novembre, sur
l'alecus, qui a examiné les données statistiques sur la
période 1989 à 1991 complètement et qui conclut que le
libre-échange avec les états-unis a favorisé l'expansion
des industries à valeur ajoutée plus élevée,
indispensables à la croissance économique du canada. à
titre d'exemple, le secteur des biens qui a été
libéralisé par l'accord de libre-échange avec les
états-unis, dans ce secteur-là, l'augmentation de nos
exportations a été de l'ordre de 16 %, et dans le sous-secteur
des biens qui n'est pas relié aux ressources, l'augmentation a
été de l'ordre de 34 %. alors, si on regarde dans le reste du
monde, on s'aperçoit que nos exportations dans ce même
sous-secteur ont régressé de 5 % au cours de la même
période, donc de 1989 à 1991.
L'ALENA, donc, nous aidera à préserver et à
élargir cette tendance essentielle au bien-être futur du Canada et
du Québec. L'Association cherchait également à obtenir un
meilleur accès au Mexique. Des tarifs moins élevés et
consolidés ont été obtenus; la réduction ou la
suppression de barrières tarifaires dans d'autres cas. Les règles
d'origine, j'en ai parlé déjà. À notre avis, le
chapitre 5 de l'Accord de libre-échange nord-américain, relatif
aux procédures douanières, sera très utile pour faire
disparaître certaines difficultés éprouvées avec la
mise en place de l'Accord de libre-échange. On y trouve, par exemple,
des dispositions qui assureront que les parties appliquent des
procédures uniformisées en matière de certificat
d'origine, et pour les produits sans certificat d'origine, pas de
libre-échange, bien sûr. Alors, ça permettra
également aux exportateurs d'obtenir des décisions
préalables sur l'origine. On prévoit la mise sur pied d'un groupe
de travail sur les douanes, qui se réunirait au moins quatre fois par
année et qui s'efforcerait d'en arriver à une entente commune sur
les interprétations, l'application et l'administration des
mécanismes supplémentaires permettant de résoudre les
points de divergence. (11 heures)
J'ai mentionné également, avant la question de remise des
droits simplement pour le souligner encore une fois, je passerai plus
rapidement là-dessus mais je ferai remarquer... quand on parle de
cette question, que ces demandes de remboursement de droits ou de
«drawbacks», comme on les appelle en termes techniques, ont
totalisé 380 000 000 $ en 1990-1991 pour les exportateurs, tandis qu'un
montant de 350 000 000 $ était évité sous l'effet des
dispositions du traitement intérieur. Donc, ces choses-là sont
protégées dans la modification qu'on apporte à l'Accord de
libre- échange avec les États-Unis par le biais de l'ALENA.
Maintenant, les marchés publics. Les marchés publics,
c'est important pour les exportateurs dans la mesure où ils s'ouvriront
davantage. On connaît l'importance que les investissements publics
mexicains représentent actuellement: ils sont de l'ordre de 18 000 000
000 $ par année. Ces marchés-là étaient
pratiquement fermés avant. Alors, maintenant, on s'aperçoit que
Pemex, les deux grandes institutions économiques mexicaines qui sont
dans les mains de l'État, Pemex et la Commission fédérale
d'électricité ouvriront graduellement leur marché, de
même qu'au niveau des États-Unis certains organismes importants,
comme le Corps of Engineers, ouvriront également leurs portes pour les
occasions d'affaires.
Bien sûr, l'ALENA n'est peut-être pas un accord parfait,
mais c'est le produit d'une négociation, et, en fait, dans ce cas-ci,
les exportateurs l'appuient fermement. En fait, si c'était possible,
nous aimerions voir au plus tôt, même, la mise en oeuvre
bilatérale avec les États-Unis de certains
éléments, dont la disposition sur la teneur d'origine minimale de
7 % à titre d'élargissement de l'Accord de libre-échange
avec les États-Unis, sans même attendre la date d'entrée en
vigueur de l'ALENA, qui est prévue pour le 1er janvier 1994.
Les retombées commerciales possibles au-delà des
marchés publics. Mentionnons d'abord que les industries culturelles du
Québec, comme les industries culturelles canadiennes, ont
été protégées par l'ALENA, tout comme le
système de gestion de l'offre des produits agricoles. Il y a un tas de
secteurs qui ont été identifiés et qui sont d'ailleurs
repris dans l'étude que le ministère des Affaires internationales
a publiée sur les secteurs qui pourraient être favorisés
par l'ouverture. Le secteur québécois des services sera
avantagé, notamment, par l'Accord, et c'est un des autres grands acquis
de l'ALENA. Par exemple, nos compétences dans des domaines comme ceux de
l'électronique, tant en télécommunications qu'en
informatisation, des services-conseils ou des services financiers, qui sont
reconnus mondialement, si bien que nous sommes en mesure de concurrencer
efficacement dans ces secteurs-là.
D'autres secteurs industriels, également, canadiens et
québécois profiteront des opportunités nouvelles qui se
créeront au Mexique, notamment les produits à valeur
ajoutée, pensons au secteur, non seulement des biens de consommation,
mais à celui des équipements de transport, à celui des
équipements de télécommunications, à celui des
équipements énergétiques, à celui des technologies
de l'environnement, à celui des équipements forestiers et
miniers, à celui des équipements du pétrole et du gaz et
à celui de la métallurgie.
Alors, le Québec, comme vous le savez, s'est doté d'outils
spécifiques pour faciliter la présence d'entrepreneurs
québécois sur ce marché au cours des dernières
années, à la faveur de l'intérêt nouveau que ce
marché-là représentait. Il y a aussi la
Délégation générale du Québec à
Mexico, qui est un acquis fort précieux pour
les entrepreneurs et entreprises du Québec, de toutes sortes,
effectivement, quant à son soutien pour faciliter la
pénétration vers ces marchés-là, et j'ai
mentionné l'intérêt croissant que le marché mexicain
avait représenté en termes d'augmentation du nombre de visites
des entreprises québécoises et canadiennes vers le
marché.
Autre dimension, l'ouverture sur le Mexique facilitera les efforts de
nos exportateurs pour apprivoiser et développer le potentiel du reste du
marché latino-américain, qui connaîtra d'ailleurs une
très forte progression au cours de la présente décennie.
Nous pensons, notamment, au Chili, au Venezuela, à la Colombie, à
l'Argentine et au Brésil, qui, avec le Mexique, représentent un
marché à revenu intermédiaire d'environ 340 000 000 de
consommateurs.
En somme, l'ALENA va sans doute aider à accélérer
le processus de développement de la compétitivité de nos
industries, et c'est, je pense nous pensons à l'Association
la clé du succès dans ce contexte de mondialisation du
commerce.
En conclusion, M. le Président, les ententes commerciales ne
constituent pas de panacée au développement économique des
firmes, elles ne constituent ni une garantie de succès à
l'exportation ni une obligation de le faire. Elles sont cependant, en fait, un
prolongement de la volonté d'ouverture des pays désireux de
s'associer pour inciter le développement économique et favoriser
la consommation. Dans le cas du Mexique, la conclusion de l'ALENA est une suite
logique des efforts entrepris par l'administration du président Salinas
pour moderniser, depuis 1986, l'économie du pays, et, en fait, elle ne
constitue qu'une pièce du train d'importantes mesures qui ont
été prises à cet effet. Pensons à l'accession au
GATT en 1986, à l'abandon des licences d'importation, à la
déréglementation, à la privatisation des
sociétés d'État Bombardier a acquis Concarril, qui
était une entreprise d'État auparavant à la
facilitation des investissements étrangers, à
l'élimination des déficits budgétaires gouvernementaux,
à la renégociation de la dette extérieure, à la
réduction considérable de l'inflation, etc.
Ces ententes commerciales pour revenir là-dessus
constituent aussi un engagement politique à rendre permanentes des
conditions de facilitation des échanges. Ainsi, elles favorisent la
prise de décision des sociétés à s'engager
définitivement et de façons diverses dans leur
internationalisation. C'est dans cette optique que les exportateurs ont
salué la mise en place de l'Accord de libre-échange avec les
États-Unis et qu'ils entrevoient avec optimisme celle de l'Accord de
libre-échange nord-américain.
Les exportateurs souhaiteraient que les incertitudes qui sont apparues
depuis la fin des négociations soient résolues par les trois
gouvernements, et que ces gouvernements préparent donc la
législation appropriée pour la mise en oeuvre de cet Accord de
libre-échange pour la date prévue du 1er janvier 1994. Plusieurs
entreprises font de gros efforts pour améliorer leur
compétitivité et, avec la baisse du dollar canadien en 1992
j'ai mentionné une dévaluation réelle d'environ 5,2
% ça améliore encore nos perspectives d'affaires et
ça nous permettra de pouvoir profiter au maximum de l'alena et, bien
sûr, des améliorations qui sont portées maintenant à
l'accord de libre-échange. une fois que l'alena et les nouvelles mesures
acceptées, possiblement, au gatt seront toutes deux en vigueur, il y
aura sans doute un énorme regain de confiance dans le milieu des
exportations, et les chances d'une relance économique substantielle et
durable supportée par le développement des exportations
deviendront bien réelles.
Nous savons que le ministre des Affaires internationales a
développé un plan d'action Québec-Mexique, regroupant des
mesures précises autour de quatre axes: notamment celui de la formation
et de l'information dont d'ailleurs ce document «Le Québec
et l'Accord de libre-échange nord-américain», qui vient
d'être publié celui de la promotion, également;
celui du support technique et financier; celui des relations institutionnelles
et gouvernementales. Nous avons eu l'occasion d'être consultés au
moment de l'élaboration de ce plan, et nous nous réjouissons du
programme qui est mis de l'avant, à ce moment-ci, par le gouvernement du
Québec. Ces mesures s'ajouteront, bien sûr, à celles qui
sont mises en place, également, par le gouvernement du Canada...
Le Président (M. Dauphin): M. Villiard, je m'excuse...
M. Villiard: Oui.
Le Président (M. Dauphin): ...si vous voulez favoriser les
échanges...
M. Villiard: Oui. Alors, je termine.
Le Président (M. Dauphin): ...il faudrait arrêter la
présentation...
M. Villiard: Je termine.
Le Président (M. Dauphin): ...puisque nous sommes rendus
à 24 minutes, déjà.
M. Villiard: Je termine, et si jamais... simplement, je...
Le Président (M. Dauphin): Je ne veux pas vous bousculer,
mais c'est pour favoriser les échanges, M. Villiard.
Allez-y.
M. Villiard: D'accord. Je termine à l'instant en vous
disant que, si jamais le ministre, le ministère veulent faire une
tournée en région pour favoriser, en fait, la
compréhension et la promotion de cet Accord, nous
nous ferons un plaisir si l'invitation nous est faitede
nous associer à ça. L'Association, d'ailleurs, dans deux
semaines, tiendra deux séminaires sur la question, à Laval et
à Longueuil, les 1er de 2 avril.
Alors, je vous remercie de votre attention, M. le Président, MM.
et Mmes les membres, et nous serons heureux de répondre à vos
questions mes collègues surtout sur des questions plus
techniques qui pourraient faire l'objet de points d'information.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Merci, M. Villiard,
pour votre présentation.
Je vais maintenant reconnaître M. le ministre des Affaires
internationales pour le début de la période d'échange.
M. Ciaccia: bien, je veux remercier l'association des
exportateurs canadiens section québec, et m. villiard pour leur
présentation. je suis heureux de constater que les efforts du
gouvernement du québec -, les efforts que nous avons faits depuis un
certain nombre d'années pour favoriser la libéralisation des
échanges incluant notre appui de l'alena que vous les avez
appréciés et que vous les appuyez, et c'est encore plus important
pour nous, parce que l'appui vient des véritables acteurs dans ce
domaine, les exportateurs de biens et de services dans le domaine
international.
J'ai aussi apprécié l'analyse que vous avez faite des
améliorations qui sont contenues dans l'ALENA, par rapport à
l'ALE. On essaye de sensibiliser le public que, vraiment, l'ALENA est une
amélioration de ce que nous avons déjà. Non seulement nous
avons gardé nos acquis, mais nous les avons augmentés, nous les
avons améliorés. Je crois que votre présentation le
démontre fort bien.
Juste quelques affirmations, en termes d'objectifs et de conditions: le
député de Bertrand avait mentionné tantôt que le
Québec s'était donné des objectifs et des conditions. Il
ne faut pas confondre les deux. On avait cinq objectifs avant de donner notre
approbation sur le contenu de l'ALENA. Les cinq objectifs ont été
remplis. On a complété, oh a accepté ces cinq
objectifs-là. Les autres... Les conditions il y en avait sept
c'était au niveau interne, et une de ces conditions,
c'était la mise en place d'une structure pour la mise en oeuvre de
l'ALENA. C'est la seule condition, présentement, qui, formellement,
n'est pas mise en place. Toutes les autres conditions ont été
remplies. Celle-là, dans les faits, nous avons la collaboration, nous
avons la coordination avec le gouvernement fédéral, mais,
effectivement, ce n'est pas formalisé. (11 h 10)
Vous avez mentionné les effets de l'entente de
libre-échange avec les États-Unis: le surplus canadien.
Effectivement, nous avons augmenté, même au Québec
comme vous l'avez démontré les exportations aux
États-Unis, et en 1992, le solde commercial du Québec
était en surplus de 7 200 000 000 $, ce qui démontre aussi que
l'entente du libre-échange, d'une certaine façon, a
été bénéfique pour nos entreprises.
Je vous remercie pour votre invitation pour faire une tournée en
région. Nos fonctionnaires, représentants du ministère des
Affaires internationales, vont participer avec l'Association des exportateurs
canadiens à un séminaire sur l'ALENA, à Laval, le 16 mars.
Mais, si le temps me le permet, entre les missions économiques pour
promouvoir les investissements, les services et les exportations du
Québec, ça me fera un grand plaisir, parce que j'ai
déjà fait une tournée pour expliquer l'importance, pour
les PME, de s'impliquer dans le domaine des exportations.
Votre Association, qui regroupe plus de 1000 entreprises, dont environ
le quart au Québec, doit sûrement regrouper des
intérêts très différents, selon que les entreprises
qui la composent sont de petite taille ou de grande taille. La question que je
me pose: Vos membres qui sont des PME ont-ils des préoccupations
différentes des autres membres, qui sont de plus grande taille, face
à l'ouverture des marchés et à la concurrence
internationale. Et quelles sont les préoccupations de vos membres, selon
qu'ils sont de gros exportateurs ou des exportateurs occasionnels ou des
exportateurs en termes de petites et moyennes entreprises, par rapport aux
autres plus grandes?
Le Président (M. Dauphin): M. Villiard.
M. Villiard: Oui. En fait, le rôle de l'Association est,
à divers égards, un rôle de promotion des
intérêts, bien sûr, de ses membres. C'est un rôle
aussi de contacts, de «networking», comme on dit, à travers
le milieu de l'exportation, de façon plus générale. C'est
un rôle d'information, aussi, des membres sur l'évolution de la
situation dans les pays vers lesquels on veut travailler, en fait, en
matière de commerce extérieur, et sur les techniques propres
à l'exportation.
Bien sûr, les grandes sociétés ont peut-être
des besoins et des moyens différents de ceux des
sociétés... des petites et moyennes entreprises. Pour donner un
exemple sur la représentativité puisque c'est une
question, je pense, sous-jacente importante dans votre intervention la
moitié de nos revenus, à l'Association, vient des grandes
sociétés, mais la moitié de nos revenus vient des petites
et moyennes entreprises. Donc, vraiment, vous avez un groupe, là-dedans,
assez hétérogène d'intérêts comme tels.
Pour les petites entreprises, la nécessité de recourir,
par exemple, à différentes instances pour faciliter la
pénétration des marchés est différente dans le cas
des grandes entreprises; ça, c'est clair. En termes de suivi, notamment,
les grandes entreprises peuvent se permettre, si elles en font la
priorité, de suivre le marché de façon soutenue... et de
façon... sur le plan financier, sur le plan des efforts humains. La
petite et moyenne entreprise n'a pas ces ressources-là. Donc, l'effort
pour elle de prioriser des marchés devient plus important, et le
support que peuvent lui donner les gouvernements qui
s'intéressent au développement économique par le biais des
exportations devient extrêmement important. Donc, il ne s'agit pas
simplement on a mentionné les visites, tout à l'heure, au
Mexique, par exemple, qui ont augmenté en flèche depuis une
couple d'années, notamment mais il ne s'agit pas d'y aller une
fois, il s'agit d'y aller plusieurs fois. Il s'agit d'être patient,
effectivement, parce qu'il s'agit de trouver, également, des
partenaires, donc, de connaître bien le milieu, de connaître bien
les institutions. Et, à cet égard-là, disons, les services
que la petite et moyenne entreprise requiert de nous requiert, en fait,
surtout des gouvernements qui favorisent le développement des
exportations visent à assurer ce suivi-là, à leur
donner des informations de première qualité pour pouvoir faire,
de façon plus rapide et plus économique, ce qu'elle aurait de la
difficulté, peut-être, à faire seule.
Ça dépend... Pour répondre aussi à une autre
dimension de votre question: Est-ce qu'il y a des préoccupations
différentes par rapport à l'Accord de libre-échange venant
des petites puis des plus grandes? Ça dépend des secteurs. Il y a
des secteurs qui sont peut-être plus difficiles, comme les secteurs du
textile, du vêtement, de la chaussure et ainsi de suite. Ces
gens-là vont peut-être avoir besoin de mesures différentes,
au-delà des questions de commercialisation, pour faire valoir leur
point. Maintenant, je pense, avec les moyens que l'Accord de
libre-échange avec les États-Unis, bien sûr, qui sont
préservés dans l'ALENA, ça demeure... les
mécanismes de règlement des différends demeurent un
élément extrêmement important pour nous pour pouvoir
s'assurer que les différends seront réglés de façon
satisfaisante, non arbitaire et, surtout, de façon rapide.
Je ne sais pas si mes collègues, M. Bertrand ou M. Moreira,
voudraient ajouter là-dessus.
M. Moreira (Alfredo): Peut-être une petite remarque.
En parlant de la différence qui existe entre une grande
entreprise et une PME, en ce qui concerne l'ALENA, c'est que nous avons,
évidemment, gagné l'accès à un marché qui
est un marché nouveau, non seulement un marché nouveau au point
de vue des conditions de marché, mais qui est un marché
culturelle-ment nouveau pour nous.
Le plus grand problème, probablement, des petites et moyennes
entreprises, c'est qu'elles n'ont pas l'habitude de faire affaire avec ce
marché nouveau qu'est le Mexique. Donc, c'est au-delà d'un
problème strictement d'accès à des marchés, c'est
un problème culturel. Donc, ces entreprises qui n'ont pas les moyens de
voyager tous les jours ou d'envoyer un cadre ou un responsable de marketing
à l'étranger, elles ont une difficulté à
pénétrer, à appréhender ce marché, qui est
un marché nouveau, mais qui, cette fois-ci, c'est pour des raisons
culturelles. C'est une nouvelle langue, une nouvelle culture d'affaires. Et
très souvent, les petites et moyennes entreprises, c'est à ces
niveaux-là qu'elles se situent. Conceptuellement, tout le monde peut
s'apercevoir que des nouvelles perspectives commerciales sont à nos
portes, mais, culturellement, il est difficile d'aborder un univers des
affaires qui est totalement différent du cadre habituel dans lequel nous
faisons affaire d'habitude. Donc, je pense que, si on peut essayer d'aider les
petites et moyennes entreprises, c'est de les mettre aussi dans les contextes
culturels dans lesquels elles vont faire affaire en Amérique latine, au
Mexique en particulier.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le ministre.
M. Ciaccia: Alors, dans les programmes d'aide à
l'exportation, lorsqu'on parle des petites et moyennes entreprises, le
ministère des Affaires internationales et le programme APEX, que
certains de vos membres connaissent certainement et qui sera, plus
qu'auparavant, axé vers le Mexique au cours des prochaines
années...
Mais est-ce que votre Association trouve que les programmes actuels
d'aide et de financement que ce soit fédéral, provincial
à l'exportation répondent à vos besoins dans la
perspective de l'ALENA? Est-ce que vous auriez des suggestions à nous
faire pour les améliorer?
Le Président (M. Dauphin): M. Villiard.
M. Villiard: Merci.
Certainement. Le premier point M. Moreira l'a souligné
également il nous faut pouvoir avoir recours à des
spécialistes de ces marchés-là qui connaissent bien les
institutions, qui connaissent bien les coutumes, qui connaissent bien la
culture et ainsi de suite. Et, à travers la Délégation
et, bien sûr, l'ambassade, également nous pouvons
avoir accès, non seulement ici, mais c'est surtout important ici au
Québec, en particulier, au niveau de parler à des conseillers qui
sont en nombre et en qualité suffisants pour nous aider là-dessus
et qui peuvent à la faveur, disons, de séminaires ou de
rencontres au niveau privé, et ainsi de suite nous renseigner
davantage.
Il y a les programmes de soutien financier. Bien sûr, il y a des
limites aux programmes de soutien financier, non seulement en raison des
disponibilités budgétaires gouvernementales d'un
côté comme de l'autre de la rivière Outaouais, mais il y a
aussi le fait que, si jamais on doit augmenter ces programmes d'aide à
la promotion des exportations vous avez parlé du programme APEX
il y aura toujours la possibilité de rendre ce
programme-là remboursable et, par le fait même, d'augmenter,
possiblement, la couverture financière du programme, effectivement.
Alors, si on s'aperçoit comme je pense ça va
être le cas qu'il y aurait un intérêt accru et
soutenu
pour les entreprises du Québec les grandes comme les
petites et les moyennes d'aller vers le Mexique surtout à
l'égard des petites et moyennes vous pourriez peut-être
faire quelque chose là-dessus. Mais je crois que c'est
déjà en marche quant, au moins, à l'augmentation qui est
prévue au niveau du programme.
Le Président (M. Dauphin): Merci.
M. Ciaccia: J'aurais d'autres questions, mais peut-être que
je vais laisser la parole à d'autres de mes collègues, et
peut-être qu'on pourrait revenir si j'ai le temps. (11 h 20)
Le Président (M. Dauphin): Très bien.
Alors, je vais maintenant reconnaître le porte-parole de
l'Opposition, M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Merci, M. le Président. comme on se l'est fait
dire, et d'ailleurs, comme les experts des marchés
latino-américains, asiatiques et autres mais plus
particulièrement latino-américains nous le disent, ce sont
des marchés où il faut semer, plus ou moins à long terme,
pour pouvoir récolter. et d'ailleurs, l'expérience de certaines
entreprises québécoises, comme bg checo, qui ont maintenu,
à mexico, pendant de nombreuses années pendant cinq ans,
si je me rappelle bien des bureaux de représentation sans
véritablement pouvoir récolter grand-chose parce que la crise de
l'endettement s'est développée; de même que la compagnie
bombardier, qui avait obtenu un contrat de prolongement du métro de
mexico pour une valeur de 150 000 000 $; et de même que les soumissions
de la commission de l'énergie atomique du canada pour la création
de réacteurs candu, qui avaient été mis de
côté par le mexique.
Il est une dimension que vous connaissez très bien surtout
par rapport à la grande entreprise, puisque vos membres sont à
peu près 50 % de la grande entreprise qui est la
possibilité d'offrir des paquets de financement adéquats
lorsqu'on présente une soumission, surtout lorsqu'on soumissionne pour
les grands projets.
J'aimerais entendre vos commentaires sur les politiques de financement
des exportations qu'a suivies ia SEE, en particulier, depuis le début
des années quatre-vingt et, plus particulièrement, depuis 1982,
lorsque le Mexique a demandé de renégocier sa dette. On a
parlé tout à l'heure, et c'est un constat, que le niveau des
échanges entre le Québec ou le Canada et le Mexique est
relativement faible par rapport à ce qu'il pourrait être. Il
était beaucoup plus fort que ça à la fin des années
soixante-dix, au début des années quatre-vingt, lorsque le
Mexique était un des principaux emprunteurs sur les marchés
financiers internationaux. Lorsque le Mexique a traversé sa crise de
l'endettement, alors que le gouvernement américain,... bank ou d'autres
intervenants mettaient à la disposition du Mexique des lignes de
crédit de l'ordre de 1 500 000 000 $ ou de 2 000 000 000 $, d'une part,
pour les produits agricoles et, d'autre part, pour les produits
manufacturés, la politique du gouvernement canadien la politique
de la SEE a été de couper les lignes de crédit
commercial de même que les grandes banques canadiennes, qui ont
suivi.
J'aimerais avoir votre opinion quant à l'impact de ces politiques
qui, en rétrospective, peuvent avoir semblé des politiques
à courte vue, si on se place dans le contexte qu'il faut semer pour
récolter, d'une part, et, d'autre part, si ces politiques vous
apparaissent, à l'heure actuelle, compatibles avec les objectifs qu'on
s'est fixés de maximiser ce qu'on peut obtenir de l'Accord de
libre-échange avec le Mexique, sur le plan du financement des
exportations.
M. Villiard: Qui. Je pourrais peut-être... Le
Président (M. Dauphin): M. Villiard.
M. Villiard: Merci.
Effectivement, vous avez mentionné qu'il faut souvent de la
patience et être persévérant dans les efforts qu'on fait
pour pouvoir pénétrer un marché, qu'il y a souvent des
hauts, puis des bas. Évidemment, quand il y a des hauts, on s'en
félicite, quand il y a des bas, on se décourage et puis, on n'y
retourne plus et on fait autre chose ou on reprend le collier. C'est un fait,
et c'est un fait pour tout le monde.
Dans notre cas à nous si je prends le cas de la
société que je représente plus particulièrement
à la fin des années quatre-vingt, nous avions
réalisé un projet de nature environnementale, d'ailleurs, dans
l'État de Sonora, après en avoir perdu un premier, parce que,
à ce moment-là, on n'était pas assez compétitifs
aux yeux du client. Mais on est revenus, on est revenus en force, et on a
réalisé cette grande usine d'acide sulfurique pour réduire
les émissions de soufre dans la partie nord-ouest du Mexique, et c'est
un grand succès à tout point de vue. Et ça a
été financé, d'ailleurs, par la Société pour
l'expansion des exportations, à ce moment-là. On parle de
l'année 1987-1988, à peu près. Si vous regardez
l'évolution des lignes de crédit que la SEE a mis à la
disposition du Mexique depuis les années quatre-vingt-cinq
malheureusement, je n'ai pas sous mes yeux l'évolution pour aller plus
à l'arrière on s'aperçoit, effectivement, qu'il y a
eu une montée en forte progression vers la fin des années
quatre-vingt, à cet égard-là. Alors, de l'année
1985 à 1988, à toutes fins pratiques, les lignes de crédit
et les transactions ne dépassaient pas, à toutes fins pratiques,
10 000 000 $ par année. Par contre, lorsque, pour l'année 1992,
on voit l'évolution et on se rend compte qu'environ 50 000 000 $ sont
disponibles, actuellement, à travers les différentes lignes de
crédit et que les montants similaires avaient été
utilisés.
La SEE, actuellement, est ouverte sur le Mexique,
à toutes fins pratiques, si on considère, par exemple, les
opérations qui sont financées sur garantie souveraine sans
limite. Maintenant, est-ce que ça veut dire que les entreprises
canadiennes ou les entreprises du Québec, en particulier, vont tout
à coup avoir des grands succès sur le marché mexicain?
Ça prend plus que ça. Ça prend des efforts, d'abord, pour
s'orienter en fonction de projets spécifiques je reviendrai
là-dessus mais il faut aussi noter qu'il y a une évolution
considérable qui se fait au Mexique, actuellement, sur les types de
projets qui sont accordés. On a parlé tout à l'heure de
Pemex, on a parlé surtout de la Commission fédérale de
l'électricité. Le Mexique, actuellement, voudrait augmenter sa
production électrique de 29 000 MW à 52 000 MW, d'ici l'an 2002,
donc, d'ici une dizaine d'années. C'est énorme, les efforts qu'il
faut faire pour aller si vite que ça pour réaliser cette
augmentation-là.
Mais, ils vont le faire sous un autre angle, sous l'angle de ce qu'on
appelle en anglais, «BLT», pour «build, lease,
transfer», ou construire, louer et transférer les installations.
C'est une variante de ce qu'on appelle aussi les systèmes
«BOT», pour construire, opérer et transférer des
installations. Alors, plutôt que la Commission fédérale
réalise elle-même, sur base de garantie souveraine, ces
installations-là, maintenant, elle se dit: Je veux privatiser la
construction, la réalisation des projets qui viendront. Je me
réserve l'opération pour des raisons syndicales
d'opération des installations. Maintenant, ils vont aller en
soumissions, si je puis dire, de propositions pour réaliser sur
une base, encore une fois, «BLT» ces
installations-là.
Maintenant, la SEE, à date, est surtout axée sur
prêter sur la base de garantie souveraine. Ici, on n'aura pas besoin de
garantie souveraine telle qu'on l'a traditionnellement. Il faudrait donc que la
SEE s'ajuste et ouvre ses transactions à ce type d'opération
nouvelle et, possiblement, même, puisse faciliter le financement par des
mises d'avoir dans les projets, donc, sur une base d'équité.
Effectivement, il y a une loi qui on le sait dans le
domaine de l'exportation, doit être déposée à la
Chambre des communes, bientôt, sur la modification de la loi de la SEE,
qui lui permettra d'être plus active dans ces choses-là, et on
verra, évidemment, les discussions qui s'ensuivront d'un
côté comme de l'autre de la Chambre, mais nous pensons qu'avant
longtemps la loi de la SEE sera une nouvelle loi. Donc, sera en place une loi
amendée, qui lui permettra, donc, de s'adapter aux conditions
changeantes de ce marché. Ça s'applique également ailleurs
dans le monde; de plus en plus dans le domaine de la production
d'énergie électrique, notre clientèle est changeante. On
ne parle plus nécessairement d'utilités publiques, mais de
promoteurs qui oeuvrent pour le compte d'utilités publiques, mais on est
confiant que la SEE pourra, notamment à l'égard des conditions
économiques changeantes dans le positif pour le Mexique
mais aussi à l'égard des conditions changeantes du marché
comme tel, s'adapter à ses nouvelles préoccupations.
M. Beaulne: Est-ce que vous êtes satisfait, compte tenu des
besoins ou du potentiel que représente le marché mexicain,
enfin... Qu'on entende un intervenant ou l'autre et même, comme on
l'a dit nous-mêmes dans nos discours d'ouverture, ici il y a un
potentiel énorme. Mais ça, ça reste dans le royaume du
possible. Ce n'est pas encore concrétisé, et c'est loin de
l'être.
Maintenant, est-ce que, compte tenu de ce potentiel que tout le monde
dit énorme, d'abord, vous jugez adéquate l'ampleur des lignes de
crédit mises de l'avant par la SEE pour le Mexique, d'une part?
D'autre part, est-ce que vous jugez que les taux qu'offre la SEE sont
compétitifs par rapport à ceux des autres agences internationales
de financement, parce que ça n'a pas toujours été le
cas.
Et, troisièmement, est-ce que vous êtes satisfait de
l'attitude des banques à charte dans ce qu'on appelle le financement
complémentaire de la SEE, puisque la SEE ne finance pas 100 % des
projets, normalement? (11 h 30)
M. Villiard: D'accord. La SEE finance 85 %, au maximum, des
projets. Donc, il faut trouver les 15 % additionnels, qu'ils viennent du client
lui-même ou qu'ils viennent, comme vous le suggérez, de banques
à charte locales ou étrangères, en fait, au Mexique.
Nous sommes satisfaits de la couverture ou nous serions
satisfaits, je dois dire de la couverture actuelle de la SEE,
particulièrement dans la mesure où, à travers la nouvelle
loi, ils vont pouvoir être comment dire? proactifs par
rapport aux conditions changeantes du marché, et ça sera le
cas.
Quant au taux, il y a des grands débats là-dessus. Ce
n'est pas nécessairement à l'égard du Mexique, puisque
ça dépend de la catégorie de pays à ce
moment-là et de la monnaie, et en fonction de la catégorie de
pays et de la monnaie, bien, vous avez des taux qui sont établis, qui
sont valables pour tous les pays, de ce qu'on appelle du consensus, de l'OCDE.
Les pays de l'OCDE qui sont exportateurs doivent donc se conformer à ces
lignes-là.
Il y a deux dimensions à ce que vous mentionnez. Sur les
conditions commerciales complémentaires que la SEE exige de rencontrer,
à savoir, par exemple, la commission d'encours. C'est une commission
donc, un prix, que les exportateurs ont à payer à la SEE pour la
couverture de son propre risque. Ça, d'après ce qu'on voit, la
SEE se situe dans la moyenne des agences de crédit à
l'exportation. Elle n'est pas la moins chère, elle n'est pas la plus
chère non plus. Alors, dans la mesure où elle est dans la
moyenne, c'est compétitif. Ça peut l'être, mais ce n'est
pas plus que ça.
D'autre part, vous avez mentionné les banques à charte.
C'est sûr qu'on a souffert ici, au Canada... Les exportateurs canadiens
ont souffert du peu d'intérêt des banques à charte à
l'égard du support aux exportations,
à l'égard de projets de nature capitale. Ça a
été le cas, à partir du milieu, à peu près,
des années quatre-vingt, où à la défaveur,
justement, de certaines mauvaises expériences que les banques ont eues,
elles ont été obligées de prendre des réserves, et,
de ce fait, la plupart des possibilités qu'elles avaient ont
été considérablement réduites parce que leurs
actionnaires ne voulaient pas que les banques s'embarquent là-dedans en
plus, ou qu'encore le surintendant des banques impose des conditions de mettre
des réserves additionnelles. Dans ce cadre-là, les banques
à charte ont été très peu actives et utiles pour
nous, si je peux dire, sous cet angle de financement de projets à
l'étranger.
D'autre part, ça nous permet d'avoir accès, quand
nqême, à d'autres banques qui ne sont pas nécessairement
des banques à charte de çédule A, quoique, pour le
Mexique, je pense qu'il y aurait un intérêt renouvelé des
banques de revenir sur ce marché-là parce que le marché a
quand même considérablement changé, et les conditions
économiques qu'on rencontre au Mexique, maintenant, sont quand
même sensiblement différentes de ce qu'on connaissait au
début des années quatre-vingt. Donc, on a espoir, quand
même, que ça puisse se faire, d'une part, à l'égard
de la SEE, qui s'ajustera aux conditions changeantes du marché, et des
banques à charte, qui trouveront peut-être leur
intérêt à se réintéresser à ce
marché-là, en particulier.
Le Président (M. Dauphin): M. le député.
M. Beaulne: Du côté de la SDI, de la
Société de développement industriel du Québec,
est-ce que vous voyez un rôle particulier qu'elle pourrait jouer
au-delà de ce qu'elle joue? Il y a un certain temps... Enfin, à
un moment donné, la SDI donnait, elle aussi, une couverture il
faut bien le dire là où la SEE, souvent, ne voulait pas
s'engager. Mais est-ce que vous voyez un rôle particulier pour la SDI
dans le volet promotion des exportations?
M. Vuliard: oui, certainement. et, d'ailleurs, je demanderais
peut-être à m. moreira de compléter là-dessus.
d'ailleurs, il y a un programme qui date à peu. près d'un
an ou deux de la sdi, qui favorise, disons, le vacuum qui se situait
notamment à l'égard des 15 % manquants sur les projets, et on
pense qu'on devrait aller encore plus loin dans ce contexte-là, parce
que... et surtout à l'égard de pays où le québec
veut mettre une priorité, et je pense que le mexique en est un. la sdi
pourrait possiblement compléter, au besoin, les financements sur
lesquels la see pourrait être active. donc, tous les
éléments à risque pourraient déjà être
faits, à ce niveau-là, et la sdi pourrait compléter,
complètement ou en partie du moins, les 15 % qui existent. mais on sait
qu'il y a déjà des démarches qui sont faites dans ce
cadre-là. ça, évidemment, ça vise les projets. je
sais aussi que la sdi est présente dans le domaine de la couverture des
comptes à recevoir, notamment pour les comptes étrangers.
Et j'aimerais peut-être... M. Moreira.
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. Moreira.
M. Moreira: Je voudrais faire simplement une remarque d'ordre
général.
Les lignes de crédit qui sont mises à la disposition de
l'entreprise ont un intérêt fondamental, mais très souvent
dans le cas d'un pays comme le Mexique qui est encore un marché
nouveau on met souvent la charrue avant les boeufs, c'est-à-dire
on a... parfois, on met des lignes de crédit très ouvertes et
très importantes, mais nos entreprises ne savent pas quoi en faire tout
simplement parce qu'elles ne connaissent pas le terrain des affaires. Ça
arrive.
Je me permettrais en deux secondes de raconter une anecdote. J'ai
rencontré, il y a un certain temps, M. Villareal qui est le
président de Nacional Financiera, qui est une banque de
développement, qui a mis une ligne de crédit à la
disposition des... pour favoriser les «joint ventures», par
exemple, avec des entreprises canadiennes et québécoises.
D'ailleurs, l'annonce a été faite ici, au Québec, de
l'ouverture de cette ligne de crédit. Il y a quelque temps, il m'a
demandé: Est-ce que tu connais quelqu'un qui serait
intéressé à ça? J'ai 10 000 000 $ à donner
et je ne sais pas qui veut en prendre, tout simplement.
Les lignes de crédit, c'est quelque chose de très
important, mais les lignes de crédit doivent suivre, j'imagine, les
courants des affaires, dans la mesure où ces courants se créent.
Un des problèmes que nous avons avec le Mexique, c'est qu'il y a des
lignes de crédit qui existent, mais nos petites et moyennes entreprises
ne les utilisent pas tout simplement parce qu'elles ne savent pas quoi en
faire. C'est-à-dire que, pour qu'il y ait des projets d'affaires au
Mexique, il faut connaître le Mexique; il faut savoir quoi en faire,
où utiliser ces... il faut trouver des clients au développement
des affaires. Très souvent, les lignes de crédit, quoique
importantes, ne sont pas utilisées ou sont plus importantes que ce que
nos hommes d'affaires peuvent absorber, tout simplement parce que le
marché n'est pas suffisamment mûr, n'est pas suffisamment
développé. Nous ne savons pas très bien quoi en faire.
C'est une brève remarque que je voulais faire.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Il vous reste environ
une minute.
M. Beaulne: Bon. Une dernière question rapide, la
réponse peut être longue, par contre. Quelles sont les principales
difficultés que vous rencontrez présentement par rapport à
vos concurrents des autres pays industrialisés, ou des
États-Unis, mettons, en particulier, pour percer le marché
mexicain?
M. Villiard: Bien, ça dépendra des secteurs,
évidemment, je ne peux pas répondre pour tous les secteurs
de l'économie canadienne ou québécoise. Dans notre secteur
en particulier, on ne rencontre pas plus de difficultés que d'autres
pays. Évidemment, des succès à l'exportation, c'est projet
par projet, c'est commande par commande et c'est contrat par contrat. On ne
peut pas avoir de conditions générales qui favorisent plus l'un
que l'autre. Si on décide de s'intéresser vraiment à un
projet en particulier et qu'on décide d'être plus concurrentiel
que peuvent l'être, par exemple, nos grands concurrents du Japon... Les
Japonais, évidemment, c'est une grande nation industrialisée,
mais on les bat régulièrement sur les marchés à
l'exportation, mais, aussi, faut-il, par exemple, y mettre les efforts pour
apporter, à l'égard des clientèles, des avantages
comparatifs qui sont évidents.
Alors, je pense qu'à l'égard du Mexique il y a une
difficulté additionnelle, bien sûr, comme Me Morei-ra l'a
mentionné, la dimension culturelle et linguistique malgré
qu'ils peuvent aussi faire affaire en d'autres langues que l'espagnol. Mais une
fois qu'on aura réussi à surmonter ces
difficultés-là et à prendre des mesures pour
s'intéresser vraiment aux projets qui existent et à comment les
obtenir et à mettre les efforts voulus pour montrer les avantages
comparatifs que nous pouvons avoir, et ils sont nombreux d'ailleurs, les
Québécois sont très bien vus là-bas je pense
qu'on n'a pas à se sous-estimer par rapport à nos grands
cou-rurrents internationaux, qu'ils soient américains, britanniques,
japonais ou autres.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. Villiard. Je vais
maintenant reconnaître M. le député de Hull. Il reste cinq
minutes à votre formation politique.
M. LeSage: Merci, M. le Président.
Alors, je serai bref pour laisser, quand même, le temps à
notre ministre de conclure avec nos invités. Vous permettrez quand
même, M. le Président, que je demande à M. Villiard, parce
qu'il nous a entretenus sur la culture qui existait au Mexique et cette
obligation qu'on a de s'adapter à cette culture ou s'habituer à
cette nouvelle culture. Mais à part cette adaptation, on entend souvent
parler dans les milieux des affaires du fonctionnement plus qu'ordinaire des
douanes mexicaines, des lenteurs, de la confusion, de la corruption même,
de la lourdeur des règlements, entre autres.
Moi, j'aimerais savoir si vous avez des suggestions à faire ou
est-ce que ça existe encore? Est-ce qu'il y a eu des
améliorations? Est-ce que vous avez des suggestions à faire,
également, en ce qui concerne les douanes américaines? Comment
ça fonctionne pour quelqu'un qui veut commencer à faire des
affaires avec le Mexique? Est-ce que c'est aussi facile qu'on le laisse
entendre ou est-ce qu'il y a des difficultés? J'aimerais vous entendre
là-dessus.
M. Villiard: C'est intéressant parce qu'un de nos membres
nous faisait parvenir, il y a quelques jours, un rapport. Voici, ce membre est
actif aux Etats-Unis, au Mexique et au Canada. Récemment, ils avaient
l'occasion de réunir leurs principaux responsables, et cette
question-là a été abordée. On mentionnait,
d'ailleurs, un fait en particulier qui est intéressant, à savoir
qu'il y a eu une réorganisation considérable des douanes
mexicaines en vue d'améliorer l'efficacité, justement, des
douanes mexicaines qui s'est opérée il y a quelques mois,
quelques semaines, je ne sais pas, enfin, récemment. Et,
déjà, les résultats sont extrêmement tangibles.
Mais j'étais inquiet de demander à Me Bertrand de venir,
c'est son domaine; je suis content de voir qu'il pourra participer, je lui
demanderais peut-être de compléter certainement là-dessus,
puisqu'il est le spécialiste dans ces questions-là. (11 h 40)
Le Président (M. Dauphin): Me Bertrand.
M. Bertrand (Robert J.): Alors, il n'y a pas de doute que l'ALENA
prévoit l'élimination de barrières non tarifaires. Alors,
les difficultés douanières c'est habituellement des
barrières non tarifaires, si vous voulez ça rend
difficiles les exportations. Les Américains font ça
régulièrement; les Français l'ont fait à tour de
bras contre les produits japonais. C'est un truc qu'on retrouve dans le
commerce international.
L'immense avantage, d'abord, avec l'ALENA, c'est l'élimination de
la standardisation. De là à dire que vous n'en aurez plus jamais,
non. Ça existe encore entre le Canada et les États-Unis en
matière d'exportation du boeuf vivant, par exemple. Quand vous arrivez
dans les environs de Calgary, au sud de Calgary, pour entrer aux
États-Unis, dans le Dakota, les camions s'empilent l'un après
l'autre. Pourquoi? Parce qu'il y a une région locale, à un moment
donné, qui a décidé qu'il en rentrait trop, et ça
prend une consultation, à ce moment-là, au niveau gouvernemental
entre le gouvernement canadien et le gouvernement américain
pour tâcher de mettre de l'ordre là-dedans.
Je pense que ça s'améliore avec l'ALENA comparativement
avec ce que c'était auparavant. La même chose pour le transport,
hein? Vous étiez obligés de faire des changements de camionnage,
etc., à la frontière parce que le transport était
très contrôlé, au Mexique. Ça va se
libéraliser. Donc, ça va faciliter les mouvements.
M. LeSage: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Alors, pour le
mot de la fin, M. le ministre.
M. Ciaccia: M. le Président, je veux remercier...
Le Président (M. Dauphin): Ou la question de la fin.
M. Ciaccia: La question de la fin, c'est plutôt un
commentaire.
Je voudrais remercier l'Association des exportateurs canadiens, M.
Villiard et ceux qui l'accompagnent, pour la présentation de leur
mémoire et aussi pour les réponses qu'ils nous ont fournies.
Et moi, j'ai toujours l'impression qu'il n'y a pas assez de PME au
Québec qui s'occupent des exportations ou qui s'intéressent dans
le commerce international. L'exemple que M. Moreira nous a donné
où il y avait 10 000 000 $ à dépenser, et qu'on ne pouvait
pas trouver l'intervenant québécois je pense, confirme un
peu les chiffres que nous avons en termes de pourcentage de PME qui sont
impliquées dans l'international par rapport à d'autres pays.
Je voudrais travailler avec votre association pour améliorer
notre capacité, non seulement de répondre à ceux qui
veulent s'impliquer dans le commerce international ou faire des exportations,
mais aussi de susciter l'intérêt, d'encourager les exportateurs,
les entreprises à s'intéresser dans l'exportation, et à
identifier quels secteurs, quelles entreprises québécoises
pourraient avoir un plus grand intérêt dans l'activité dans
le commerce international. On a mis sur pied, dernièrement, le Bureau
des investissements étrangers pour répondre à un
problème spécifique d'aller chercher des investissements, de
coordonner nos efforts. Je voudrais, en travaillant avec vous et avec d'autres
intervenants au Québec, améliorer notre capacité
d'identifier et de promouvoir les exportations des entreprises
québécoises, parce que plus on exporte, plus on crée des
emplois. Et si on a cette entente, c'est à nous, maintenant, d'en tirer
avantage, de la mettre en application et de la faire bénéficier
à nos entreprises.
Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Alors, M. Villiard, M. Ledoux, Me Bertrand, Me Moreira, qui
représentez l'Association des exportateurs canadiens Section
Québec, merci beaucoup d'avoir participé à nos travaux et
bon retour.
Je demande maintenant à l'Association des courtiers d'assurances
de la province de Québec de s'avancer à la table des
invités.
(Suspension de la séance à 11 h 45)
(Reprise à 11 h 48)
Association des courtiers d'assurances de la province
de Québec (ACAPQ)
Le Président (M. Dauphin): La commission reprend ses
travaux, et c'est avec plaisir que nous accueillons l'Association des courtiers
d'assurances de la province de Québec, représentée
notamment par M.
Pierre Pelland, président.
Alors, bienvenue à nos travaux. Je demanderais à M.
Pelland de présenter les personnes qui l'accompagnent, ensuite de
ça, de procéder à son exposé. Nous avons une
période d'environ une heure donc, un tiers, un tiers, un tiers
pour écouler ce temps. M. Pelland, bienvenue.
M. Pelland (Pierre): Merci.
M. le Président de la commission des institutions, membres de la
commission, M. le ministre, j'aimerais, effectivement, présenter les
personnes qui m'accompagnent aujourd'hui. À ma droite, M. Jacques Auger,
courtier d'assurances, vice-président de l'Association et
président du comité des communications. À ma gauche, M.
Mario Lebrun, directeur général je crois qu'il est assez
bien connu ici et Mme Suzanne Thomas, directrice des communications et
des relations publiques.
L'Association des courtiers d'assurances de la province de Québec
est heureuse de participer aux délibérations de cette commission
à l'occasion de la consultation générale sur l'Accord de
libre-échange nord-américain.
D'entrée de jeu, nous félicitons le ministre des Affaires
internationales de l'initiative qu'il a eue d'inviter cette commission à
tenir des audiences publiques sur l'ALENA et nous le remercions de nous offrir
l'occasion d'exposer publiquement aujourd'hui un certain nombre de
commentaires, suggestions et recommandations sur cet Accord. Nous lui offrons
notre plus entière collaboration afin de mener à bien et à
terme cet exercice pour ce qui concerne notre champ de compétence, soit
le courtage en assurance de dommages.
Notre organisation, fondée il y a plus de 75 ans, poursuit une
mission de protection du public par la surveillance des activités
professionnelles des courtiers en assurance de dommages et la formation
permanente. Son adhésion est obligatoire pour tous les courtiers
opérant sur le territoire du Québec.
Si nous avons décidé d'intervenir dans le débat,
c'est principalement parce que nous estimons que les 5200 courtiers que nous
représentons contribuent de façon exceptionnelle au
développement économique du Québec. Regroupés dans
un peu plus de 1800 cabinets, ils administrent pour près de 2 800 000
000 $ de primes, dont environ 1 800 000 000 $ dans le seul domaine des lignes
personnelles, c'est-à-dire automobile et habitation.
Ces cabinets constituent le réseau de distribution des produits
d'assurance des assureurs qui ont choisi le courtage pour offrir leurs produits
à la clientèle québécoise.
C'est dire que les courtiers en assurance de dommages s'imposent comme
des intervenants importants aussi bien au niveau économique que sur le
plan social, et ce, dans toutes les régions du Québec.
La globalisation des marchés connaît ses effets sur
l'industrie des services financiers comme sur toute
industrie, et cette tendance devrait non seulement se poursuivre mais
s'intensifier au cours des prochaines années. Les institutions
financières qui disposent d'un capital imposant seront de plus en plus
intéressées à accroître leur part de marché,
notamment par l'acquisition d'institutions locales.
Au Québec, les assureurs et les prestataires de services
financiers, tels les courtiers en assurance de dommages, ne peuvent ignorer ou
feindre d'ignorer cette tendance à l'économie mondiale. Il est
donc impératif que nous nous préparions, que nous nous ajustions
aux nouvelles conditions que l'environnement économique international
nous impose, aussi bien sur les marchés extérieurs que
domestiques.
Si les entreprises étrangères devaient
bénéficier de la libération accrue des marchés
canadiens et québécois, l'inverse est aussi vrai dans la mesure
où nous identifierons et saisirons tout aussi efficacement les
opportunités qui nous sont offertes sur d'autres marchés.
Comme pour l'intégration européenne, l'ALENA devrait, en
ce sens, promouvoir un important mouvement de restructuration des industries et
entraîner une nette augmentation des investissements.
De façon générale, il nous apparaît que
l'Accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le
Mexique offre un encadrement juridique qui devrait favoriser et protéger
les échanges de services financiers entre ces trois pays. (11 h 50)
Bien que s'inscrivant dans la ligne déjà tracée par
l'Accord de libre-échange avec les États-Unis, l'ALENA
paraît offrir un cadre juridique nettement plus complet, puisqu'il a une
portée plus large et qu'il repose sur des principes et des engagements
précis. Cet Accord est, en outre, imprégné d'une
volonté de poursuivre davantage la libéralisation des
marchés financiers, et prévoit un assujettissement à une
procédure de règlement des différends et un régime
favorisant la circulation des gens d'affaires.
Sur le plan de sa portée, l'ALENA contient des dispositions
novatrices devant régir le domaine des services financiers. Des
facteurs, tels la modernisation de l'économie mexicaine, la
privatisation de son secteur bancaire et l'assouplissement des règles de
propriété étrangère, témoignent du fait que
le Mexique devrait, d'ici peu, se doter de services financiers plus modernes.
L'Association des courtiers d'assurances de la province de Québec est
heureuse de ce que l'ALENA comporte un chapitre distinct relatif aux services
financiers et y traite spécifiquement de l'assurance.
En effet, nous sommes favorables à l'élaboration de
règles particulières au secteur des services financiers. Nous
appuyons, en outre, la démarche du gouvernement du Québec visant
le maintien des éléments de la spécificité du
Québec en matière de services financiers, dont, notamment, ses
réglementations prudentielles, ses monopoles d'État et ses
législations visant à conserver le contrôle acquis
d'institutions à charte québécoises.
À sa face même, l'ALENA a donc une portée plus
grande que le chapitre de l'Accord de libre-échange avec les
États-Unis traitant des services financiers, puisqu'il couvre la presque
totalité des services offerts par les institutions financières,
qu'il s'agisse de services bancaires, de l'assurance, des valeurs
mobilières et d'autres services financiers. En outre, l'ALENA couvre non
seulement les mesures relatives aux institutions financières, mais
également les investisseurs et les investissements dans des institutions
financières ainsi que le commerce transfrontière des services
financiers. En ce qui concerne l'industrie de l'assurance, l'ALENA vise donc
aussi bien les assureurs puisqu'ils sont des institutions
financières que les courtiers d'assurances, puisqu'ils sont des
prestataires de services financiers.
Sur le plan des principes, l'ALENA garantit, de façon
générale, la liberté d'établissement et la libre
prestation des services. Nous comprenons ainsi qu'un assureur ou un courtier
d'assurances, par exemple, pourra mener dans tout pays membre de
l'Accord des transactions en matière de services d'assurance. Or,
afin de dissiper tout doute et éviter tout problème
d'interprétation ou d'application, il nous apparaît que le
gouvernement du Québec devrait clarifier le statut véritable des
courtiers d'assurances en regard de cet aspect.
De même, tout comme l'avait fait l'Accord de libre-échange
avec les États-Unis, l'ALENA accorde le traitement national aux
investisseurs et aux institutions financières en matière de
fourniture transfrontière d'un service financier. Cette obligation
s'étend également aux États-Unis et aux provinces. L'ALENA
permet, cependant, de maintenir la législation existante qui serait, par
ailleurs, non conforme. Cette règle d'antériorité, qui
n'est, en définitive, qu'un mécanisme de réserve à
des engagements particuliers, exige, par ailleurs, que les mesures qu'une
partie, un État ou une province désire maintenir soient
notifiées et inscrites sur une liste prévue à cet
effet.
À ce titre, il nous paraît que le gouvernement du
Québec devrait faire savoir dans les plus brefs délais s'il
entend être lié par la clause de traitement national ou s'il
entend 'formuler une réserve pour ce qui concerne l'application de sa
propre législation. Pour notre secteur d'activité de courtage en
assurance de dommages, la Loi sur les intermédiaires de marché,
adoptée en 1989 et en vigueur depuis 1991, prescrit un ensemble de
règles et d'obligations en matière de formation professionnelle
et de conduite professionnelle. Elle prévoit, en outre, certaines
dispositions concernant l'indépendance des courtiers, et qui ont
notamment pour objet, sous réserve de certaines exceptions, d'interdire
l'exercice des activités de courtier en assurance aux
intermédiaires de marché dont plus de 20 % des actions ou des
droits de vote afférents à leurs actions sont détenus par
des institutions financières, des groupes financiers ou des personnes
morales liées à ces institutions ou groupes. Il nous paraît
que le gouvernement du Québec devrait, en ce sens,
assurer la primauté de telles dispositions sur l'ALENA. Eu
égard aux mesures dites prudentielles visant, par exemple, à
protéger les investisseurs, les détenteurs de polices ou les
réclamants, ou encore à maintenir la sécurité et la
solidité des institutions financières ou des fournisseurs de
services, il conviendrait, nous semble-t-il, que lé gouvernement du
Québec fasse connaître ses intentions le plus rapidement possible
afin que l'industrie des assurances puisse réagir en conséquence
et procéder aux ajustements qui s'imposent, s'il en est.
Le progrès réalisé entre l'Accord de
libre-échange avec les États-Unis et la conclusion de l'ALENA
laisse donc préfigurer que l'ALENA devra lui-même être
révisé et amélioré, et ce, à plus ou moins
long terme. Cette nécessaire adaptation et l'engagement à assurer
et poursuivre la libéralisation des services financiers, notamment, est
manifeste par la mise sur pied d'un comité sur les services financiers.
À ce titre, nous suggérons que le gouvernement du Québec
fasse un suivi très serré des travaux se déroulant dans le
cadre de ce comité. En raison du fait que le Québec ne peut
envoyer de représentant à ce comité, nous recommandons la
mise sur pied d'un groupe de travail fédéral-provincial sur les
services financiers permettant aux représentants provinciaux de faire
valoir leur point de vue sur l'évolution des dossiers qui les concernent
tout particulièrement.
À plusieurs égards, nous sommes d'avis que l'ALENA va plus
loin que l'Accord de libre-échange avec les États-Unis en
matière de libéralisation des marchés financiers. Il
convient de saluer la clairvoyance et l'imagination des négociateurs de
ces accords puisque, pour la première fois de l'histoire des relations
économiques internationales, des États ont été en
mesure de développer et de s'entendre sur un cadre juridique global et
novateur devant régir les échanges de services financiers. Ce
résultat constitue un développement et un précédent
importants. Sachant que la globalisation des marchés est un fait et que
le développement des cadres juridiques internationaux dans le domaine de
services financiers est appelé à se poursuivre, l'ALENA
interpelle tous les prestataires de services financiers. Ces derniers vont
devoir s'ajuster et réagir afin d'être en mesure d'affronter la
concurrence aussi bien sur les marchés extérieurs que sur leur
propre marché. Pour ce faire, un certain nombre d'ajustements et de
gestes concrets devront être posés. Ces initiatives devront
d'abord venir de l'industrie, mais aussi des gouvernements, aussi bien
provincial que fédéral. (12 heures)
Nous soumettons respectueusement aux membres de cette commission un
certain nombre de pistes qui pourraient permettre aux prestataires de services
financiers d'être davantage compétitifs aussi bien ici
qu'ailleurs, telles que l'investissement dans le développement et la
formation de la main-d'oeuvre, l'appui aux entreprises
québécoises qui possèdent un avantage comparatif,
l'établissement d'un véritable marché commun des services
financiers entre les provinces canadiennes et la mise en place des
mécanismes de consultation et de concertation. Sur ce dernier point*
nous recommandons que le gouvernement du Québec établisse un
comité ou un groupe de travail sur les services financiers formé
de représentants des secteurs privé et public et dont le mandat
serait de surveiller et d'évaluer la mise en oeuvre de l'ALENA et de
développer des stratégies de positionnement des prestataires de
services financiers québécois sur les marchés
extérieurs, notamment aux États-Unis et au Mexique. À ce
titre, l'Association des courtiers d'assurances de la province de Québec
offre sa collaboration.
Certes, l'ALENA constitue un progrès majeur dans le domaine de la
réglementation des services financiers à l'échelle
internationale. Or, il nous apparaît qu'il n'est lui-même qu'une
étape dans un processus incontournable et irréversible de
libéralisation. Ce développement exigera donc des gouvernements,
assureurs et prestataires de services financiers un effort articulé et
soutenu d'adaptation.
En conclusion, tout comme pour l'Accord de libre-échange avec les
États-Unis, nous souscrivons au principe même d'une
libéralisation des services d'assurance avec les États-Unis et le
Mexique, pour autant que des mesures prudentielles soient prévues et
maintenues. En effet, la volonté de nous inscrire de façon
positive dans un tel processus ne doit pas nous éloigner de notre
préoccupation première d'une protection adéquate des
intérêts du public consommateur de produits et services
financiers.
Nous vous remercions de votre attention et nous sommes maintenant
disponibles afin de répondre aux questions des membres de cette
commission.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci beaucoup, M.
Pelland, pour votre présentation.
Nous allons maintenant débuter la période d'échange
en reconnaissant tout d'abord M. le ministre des Affaires internationales.
M. Ciaccia: Alors, je veux vous remercier pour votre
présentation. Je suis très heureux de voir la position favorable
que vous prenez envers l'ALENA, et je ne peux que saluer votre approche, parce
que je trouve qu'elle est dynamique face à l'ouverture des
marchés. L'ALENA permettra, en effet, aux assureurs
québécois d'accéder au marché mexicain par la
formation de coen-treprises ou l'établissement de filiales et de
profiter de règles équitables et reconnues. Et, comme vous le
souligniez, l'ALENA offre un cadre juridique novateur, qui devra favoriser le
développement de votre industrie.
En ce qui concerne les réserves vous faites certaines
recommandations et exprimez certaines réserves en ce qui concerne
ces réserves et les exceptions aux engagements de l'Accord, vous
recommandez que le Québec fasse savoir s'il entend être lié
par la clause de traitement national je crois que c'est une de vos
re-
commandations ou qu'il fasse connaître ses intentions quant
aux engagements spécifiques. Alors, à ce propos, je pense qu'il
faut comprendre que nous avons deux ans chaque province a deux ans
après l'entrée en vigueur de l'Accord pour formuler des
réserves aux engagements de traitement national et de traitement NPF
pour les mesures qui touchent les services en général. Parce que,
un des buts de notre commission, c'est de voir comment nous allons agir
à l'intérieur des discrétions et des mesures que nous
avons dans l'entente de libre-échange; nous avons certains
délais. Et nous avons aussi... Il faut comprendre aussi que les
provinces auront jusqu'à la date d'entrée en vigueur de l'Accord
pour formuler des réserves quant aux mesures spécifiques aux
services financiers. Le gouvernement du Québec a déjà
entrepris une consultation là-dessus, par le truchement du comité
interministériel sur les services. Et le service juridique du
ministère des Affaires internationales a, de plus, entrepris une
consultation des services juridiques dans l'ensemble des ministères sur
ce sujet. Et, d'ailleurs, des réserves ont déjà
été formulées aux autorités fédérales
dans le cadre des listes d'engagement du Canada au sein de l'«Uruguay
Round». Et, dans ces consultations, nous allons certainement tenir compte
des recommandations que vous nous faites.
Et vous formulez une première recommandation voulant que les
gouvernements canadien et américain négocient des accords
sectoriels dans ces services. En quoi un accord sectoriel spécifique sur
les assurances, par exemple, serait-il souhaitable?
M. Pelland: Je pourrais commencer par préciser que, dans
l'ALENA, on voit qu'on a traité de l'assurance comme telle, mais qu'on
n'a pas traité de la distribution du produit. Donc, il faut se rappeler
que les services financiers, les produits et chacune des divisions ont chacune
leur spécificité, et que de tenter de régler le
problème à l'intérieur d'un cadre général ne
répond pas toujours spécifiquement aux besoins. Donc, un cadre
sectoriel d'application plus pointu permettrait, effectivement, au gouvernement
de trouver des solutions qui sont directement rattachées à nos
problèmes.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le ministre.
M. Ciaccia: En quoi est-il nécessaire de clarifier le
statut des courtiers d'assurances une de vos recommandations car
l'Accord semble associer les services d'assurance aux services financiers, et
les agents d'assurances aux professionnels du secteur des services financiers.
Alors, pourquoi clarifier le statut particulier que vous proposez?
M. Pelland: II faut faire la différence entre les agents
et les courtiers, de première part. Et d'autre part, la loi 134, qui
vient d'être promulguée récemment la Loi sur les
intermédiaires de marché définit quelles sont les
responsabilités, les fonctions de chacun, ainsi que les niveaux de
formation minimums, et je pense qu'il serait important de ne pas niveler par la
base mais de niveler par le haut l'encadrement des gens qui ont à
oeuvrer dans le milieu des services financiers.
Donc, je pense que de préciser exactement quelles sont les
responsabilités de chacun et quelles sont les spécificités
de chacun pour que tout le monde sache où on va et qui a droit de faire
quelle distribution de produit ne serait qu'à l'avantage de chacun.
M. Ciaccia: Quelles sont les opportunités
spécifiques, par exemple, que vous voyez vous avez
mentionné l'ouverture des services financiers mais pour votre
association, qu'est-ce que ça représente, en termes de quelque
chose de concret? Comment allez-vous pouvoir bénéficier
concrètement de cette ouverture de services financiers pour vos
membres?
M. Pelland: Je vais laisser parler M. Auger là-dessus.
Le Président (M. Dauphin): M. Auger.
M. Auger (Jacques A.): Si vous permettez, il faut se placer dans
le contexte même de l'assurance, qui n'est pas un contexte monolithique,
c'est-à-dire que l'assuranee-xonipôîle différents
produits et l'assurance s'adapte aux risques. Alors, on écoutait
tantôt les représentants des exportateurs, qui parlaient surtout
de biens. Alors, dans le domaine des assurances, vous avez des assurances qui
vont suivre les risques de biens et d'entreprises, et vous avez aussi les
assurances qui vont suivre les risques de particuliers.
Alors, pour répondre plus spécifiquement à votre
question, lorsque nous traitons d'opportunités, nous traitons
d'opportunités dans le contexte où les retombées positives
vont venir d'ici plusieurs années. Alors, pendant cette
période-là, les courtiers d'assurances ou les distributeurs de
services financiers au Québec vont évoluer, et on va pouvoir
établir soit directement, soit indirectement des
opérations ou des liens avec des entreprises mexicaines. Aussi, ce qu'on
comprend, c'est que l'économie mexicaine va grandir, le niveau de vie au
Mexique va s'agrandir, ce qui représente aussi des opportunités
pour les assureurs québécois, mais aussi pour les prestataires de
services, les distributeurs.
Alors, c'est surtout dans ce contexte d'une évolution et
d'un accroissement de la richesse au Mexique et aussi de l'évolution des
courtiers d'assurances au Québec, qui vont évoluer aussi au cours
des 5 ou 10 prochaines années où on voit des
opportunités, qui sont là. Définitivement qu'elles seront
là; surtout, ce sera plus facile d'entrer et de s'établir.
M. Ciaccia: Alors, si je comprends bien, au début, vous
allez pouvoir bénéficier de vos services pour ceux qui vont faire
affaire au Mexique: les entre-
prises d'ici, parce qu'ils ont besoin de services d'assurance pour les
risques qu'ils vont prendre les risques d'affaires et en plus de
ça, au fur et à mesure que les activités augmentent, vous
pourriez vous-même, vos membres de votre association soit en
copartenariat, soit en s'établissant aussi vous établir
avec d'autres entreprises du Mexique pour augmenter votre présence et
les services que vous pouvez offrir non seulement pour les entreprises
québécoises, mais aussi au Mexique. (12 h 10)
M. Pelland: Je pense que vous avez très bien
résumé la situation.
M. Ciaccia: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Maintenant, M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Oui. Je vous remercie de vous être
présentés à la commission. J'ai eu l'occasion de
feuilleter le mémoire que vous aviez envoyé, et je dois souligner
qu'une des recommandations que vous faisiez m'apparaissait comme une bonne
idée, en particulier celle de proposer que le gouvernement du
Québec établisse un comité ou un groupe de travail sur les
services financiers, qui serait formé des représentants des
secteurs privé et public, et dont le mandat serait de surveiller et
d'évaluer la mise en oeuvre de l'ALENA. Je pense que c'est une
recommandation qui est intéressante dans la mesure où, comme l'a
mentionné le ministre, par rapport à certaines
préoccupations que vous avez indiquées dans le mémoire, il
y a encore une période de temps qui doit s'écouler avant qu'on
ait une réponse un peu plus définitive. Donc, dans ce
contexte-là, moi, j'ai relevé cette suggestion-là comme
étant tout à fait appropriée, compte tenu de la
période de transition et d'adaptation qu'on va vivre dans la
concrétisation de l'ALENA.
J'aimerais, par contre, vous poser une question un peu plus d'ordre
général. Lorsque vous envisagez l'entrée du Mexique dans
l'Accord de libre-échange comme un potentiel pour vos activités,
est-ce que vous envisagez ça plutôt par rapport aux services que
vous pourriez offrir à votre clientèle québécoise
ou canadienne qui serait appelée à faire des affaires au Mexique
ou par rapport à une prise, d'une part, de marché de l'assurance
au Mexique même?
M. Pelland: je dois vous répondre que, de prime abord,
c'est beaucoup plus dans le sens de votre premier énoncé, servir
notre clientèle qui s'impliquerait sur le marché mexicain, mais
je pense qu'éventuellement le processus naturel des choses va faire en
sorte que, une fois impliqués dans ce marché-là, en
servant notre clientèle, il y a des opportunités d'affaires qui
vont se présenter, qui vont faire que les d^-vx vont se marier
éven- tuellement. Mais dans un premier abord, c'est effectivement plus,
je crois, dans les premiers temps, pour suivre notre clientèle.
M. Beaulne: Bon, alors, pour poursuivre un peu la discussion dans
ce sens-là, si c'est votre objectif premier, comment comptez-vous vous
positionner ou de quelle façon percevez-vous votre rôle par
rapport aux couvertures d'assurance-risques, par exemple, qui sont offertes par
les agences officielles, telle la SEE?
Le Président (M. Dauphin): M. Auger.
M. Auger: Oui. En fait, à titre de courtier d'assurances,
les courtiers d'assurances au Québec qui ont l'occasion de traiter avec
des entreprises exportatrices, effectivement, doivent traiter de ce
sujet-là. Alors, le courtier d'assurances va définitivement
trouver les protections de risques d'exportation, soit en transport, soit en
garantie financière, etc. Ça, c'est... En fait de positionnement,
c'est la disponibilité des produits, et d'identifier les produits
d'assurance qui viennent couvrir toutes ces activités-là.
Où c'est peut-être... Où il y a des éléments,
peut-être, intéressants, pour, peut-être, déborder
votre question, c'est qu'on prévoit que des entreprises mexicaines ou
des entrepreneurs mexicains avec des capacités financières
intéressantes voudront venir au Québec et au Canada
à la source même de certaines productions venir
s'installer. On représente, dans le domaine de l'assurance, un
marché relativement stable, avec des rentabilités
intéressantes. Alors, il y a des possibilités, aussi, qu'il y ait
une attraction de capital sur le Québec.
M. Beaulne: Est-ce que, par rapport au... En termes de coût
par rapport aux assurances-risques que fournit soit la SEE pour les
exportateurs ou les investisseurs canadiens au Mexique ou, vice versa, de la
part des agences semblables qui existent au Mexique pour les investissements
mexicains, ici est-ce que vous pensez pouvoir être
compétitifs, à ce niveau-là, au niveau des coûts de
couverture de ces assurances?
M. Auger: La compétitivité et les coûts... En
fait, la compétitivité, c'est très important;
c'est-à-dire que si les courtiers du Québec, qui doivent couvrir
ces risques-là, ne trouvent pas des assurances à des coûts
moindres que, peut-être, des entreprises mexicaines, et même des
entreprises américaines car il ne faut pas les oublier des
coûts moindres ou même compétitifs, à ce
moment-là, les entreprises québécoises de courtage
d'assurance moyennes et plus grandes ne pourront pas
compétitionner. Alors, le défi se situe dans l'accès aux
produits d'assurance, justement, à des coûts compétitifs.
Là arrive toute la dynamique du courtage, où on doit
commercialiser des protections auprès d'assureurs
spécialisés dans ce domaine-là.
M. Beaulne: Par rapport à vos objectifs ou ce que vous
pensez pouvoir retirer de l'ALENA, de quelle façon voyez-vous, assez
concrètement, les services que pourrait vous offrir le gouvernement du
Québec? Parce que la dimension financière des échanges ou
le secteur financier a sa problématique un peu particulière par
rapport aux manufacturiers ou par rapport aux autres secteurs d'exportation
habituels. Alors, vous, comme secteur financier, qu'est-ce que vous voyez
concrètement comme mesures soit d'appui, de soutien ou de
transition que vous aimeriez voir le gouvernement du Québec
adopter ou le gouvernement fédéral, également,
puisque ça se discute aux deux niveaux, ça?
M. Pelland: Mais j'aimerais vous rappeler principalement que
notre mission en est une de protection du consommateur par la formation
continue de nos membres, l'inspection professionnelle, discipline,
déontologie. Donc, les éléments économiques ne sont
pas négligeables, mais, essentiellement, notre mission en est beaucoup
plus une d'encadrement de nos membres pour bien servir la clientèle, au
niveau de la qualité du service et de la qualité de la prestation
des services. J'entends votre question, mais ce n'est pas notre
préoccupation principale.
M. Beaulne: D'accord.
Est-ce que ma collègue peut poser une question?
Le Président (M. Dauphin): Oui, oui.
M. Beaulne: À l'intérieur de notre enveloppe.
Le Président (M. Dauphin): Dans votre enveloppe, il n'y a
aucun problème.
Alors, Mme la députée de...
Mme Caron: Terrebonne.
Le Président (M. Dauphin): ...Terrebonne, excusez-moi.
Mme Caron: Merci, M. le Président.
Oui, j'aurais deux petites questions à vous poser. Puisque vous
nous avez fait part de l'importance de l'inspection professionnelle, le
système disciplinaire, et tout ça... Vous êtes,
effectivement, une association de professionnels qui ne font pas partie des 41
corporations professionnelles, au Québec, régies par le Code des
professions, que nous sommes en train de réformer; nous travaillons en
commission parlementaire depuis deux semaines.
Lorsque vous dites qu'il faut préciser votre statut de courtier
d'assurances, est-ce que vous auriez des souhaits par rapport à une
corporation professionnelle, ou si vous souhaitez maintenir, plutôt, un
statut d'association avec des règles aussi strictes qu'une corporation
professionnelle?
M. Pelland: D'ailleurs, nous sommes, actuellement,
encadrés par la loi 134, les intermédiaires de marché, en
assurance de dommages, de façon similaire à celle d'une
corporation professionnelle. Notre association a, également,
sensiblement les mêmes attributs que ceux d'une corporation
professionnelle: formation continue, inspection préventive, discipline
avec tribunal quasi judiciaire. Cette loi-là vient d'être
rédigée il y a à peine... 1989, entrée en vigueur
en 1991, donc, on ne vit pas à l'intérieur d'un système
désuet qui mériterait de la révision de l'encadrement des
professionnels, d'être englobé pour être
révisé à travers tout ça. Donc, je parle pour mes
collègues, mais je pense que nous nous trouvons actuellement satisfaits
de l'encadrement actuel, sans se sentir obligés de faire partie de la
révision. (12 h 20)
Mme Caron: Parce que la plupart des associations qui sont venues
en commission, la semaine dernière, elles avaient exactement le
même système; elles avaient la même inspection
professionnelle, sauf qu'elles considéraient qu'au niveau de la
reconnaissance du titre de professionnel ça posait certains
problèmes; cette reconnaissance-là n'était pas acquise
aussi facilement. C'est dans ce sens-là, ma question.
M. Pelland: C'est une question intéressante. Disons que je
ne m'étais pas préparé à discuter de ce
sujet-là, ce matin. Ça me fera plaisir d'y penser et de,
peut-être, vous faire parvenir quelque chose à ce sujet-là,
mais il faudrait que j'y repense un peu à tête reposée.
Mme Caron: Ma deuxième petite question, c'était
concernant la protection du consommateur, puisque j'ai les deux dossiers. Vous
avez parlé, dans votre exposé, dans les recommandations, de
prévoir des mesures pour maintenir la qualité des services
auprès des consommateurs. Ce type de mesures que vous
privilégiez, est-ce que vous pouvez nous le préciser?
M. Pelland: Bien, c'est au niveau de la formation, justement.
Comme je vous disais, la loi 134, actuellement, vient d'établir des
niveaux de formation minimale, qui ont été passablement
rehaussés, considérant ce qui existait
précédemment. Nous apprécierions que le gouvernement,
justement, protège l'encadrement de cette loi 134 là pour exiger
que les intervenants qui viendraient dans le contexte
québécois oeuvrer dans notre milieu aient au moins les
mêmes qualifications reconnues par le gouvernement afin, justement, qu'il
n'y ait pas deux poids deux mesures et que le public soit bien
protégé. C'est dans ce sens-là.
Mme Caron: Je vous remercie beaucoup.
M. Pelland: D'accord.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
Alors, M. le député de Viger.
M. Maciocia: Merci, M. le Président.
J'avais une très petite question à M. Pelland. Est-ce que
l'Association des courtiers d'assurances a fait déjà une analyse
du potentiel, si on peut dire, assurable, ou quelles sont les
possibilités d'un éventuel partenariat entre les
différents bureaux de courtage en assurance, entre le Mexique et le
Québec, si on peut dire, dans ce sens-là? On sait très
bien qu'au début ce seraient plutôt les compagnies d'assurances ou
les assurés qui feraient un peu le marché entre les deux. Mais
les courtiers en soi-même, est-ce que vous avez fait une analyse? Quelles
possibilités il y aurait de partenariat entre les bureaux de courtage au
Mexique et ici au Québec?
Parce que je me pose aussi la question: Est-ce qu'au Mexique les lignes
personnelles sont vraiment... ont la même importance qu'ici au Canada et
au Québec? Moi, je me pose la question parce que dans des pays, un peu,
comme le Mexique ou d'autres pays, d'une certaine manière, un peu plus,
si je peux dire, de niveau de vie un peu plus... moins élevé que
celui qu'on a au Québec ou au Canada, est-ce que ça a la
même importance et on a les mêmes possibilités, les
mêmes ressources de collaboration entre les courtiers qui restent
là-bas et d'autres qui sont ici au Québec, au Canada?
M. Pelland: Comme vous le savez et je l'ai dit tout
à l'heure, je m'excuse de me répéter peut-être
l'Association étant une organisation à caractère de
protection du consommateur et non pas à vocation économique, nous
n'avons malheureusement pas fait le genre d'étude à laquelle vous
faites référence parce que nous avons été beaucoup
plus préoccupés de l'impact sur la population du Québec au
niveau de l'avènement du libre-échange avec les États-Unis
et le Mexique, quoique nous ne pouvons pas ignorer qu'il y aurait certains
avantages pour les courtiers québécois d'étendre leur
champ de pratique. Mais des études spécifiques à cet
effet-là, à ma connaissance... En tout cas, à
l'Association, nous n'en avons pas fait.
M. Maciocia: Est-ce que vous prévoyez en faire parce que
dans l'espace de 5 ou 10 ans, probablement, on aura des possibilités de
partenariat, étant donné qu'il y a un marché quand
même assez grand au Mexique. On ne parle pas des États-Unis parce
que les règles, plus ou moins, sont les mêmes entre le Canada, le
Québec et les États-Unis, mais le Mexique, c'est tout nouveau.
Est-ce que vous prévoyez vraiment de faire une étude dans ce
sens-là, de voir un peu quelles sont les possibilités, parce que
vous représentez quand même cette catégorie qui sont quand
même au-delà de 5000 courtiers qui pratiquent au Québec et
à qui il faudrait, à un certain moment, dire: Voilà les
avantages et voilà probablement les inconvénients qu'il y a pour
avoir un certain partenariat entre le Mexique et le Québec.
M. Auger: Peut-être que je devrais commenter. En fait,
parlant d'étude, effectivement, nous n'avons pas fait d'étude. Ce
qui semble intéressant dans le contexte Québec-Mexique, c'est que
les assureurs comme tels sont habitués à traverser les
frontières, c'est-à-dire les dollars n'ont pas de
frontières.
En ce qui concerne les prestataires de services qui sont les courtiers
d'assurances que nous connaissons, c'est peut-être à ce
niveau-là que les opportunités comme on pourrait le dire
en anglais ou en français vont arriver le plus
concrètement. Si vous me demandiez: Est-ce qu'aujourd'hui les courtiers
du Québec sont prêts à prendre ces
opportunités-là immédiatement? La réponse serait
probablement négative. Sauf que le Québec est en avant de la
parade, si l'on peut dire, au Canada dans l'évolution des services
financiers. Mais, c'est dans ce contexte-là, où les courtiers du
Québec, qui sont novateurs, qui ont dû faire face à des
changements majeurs, récemment, et qui s'attendent encore à des
changements majeurs, vont devoir regarder à l'extérieur. Le
Mexique, de par sa culture, de par le fait qu'il va s'enrichir,
représente un marché fort probablement plus intéressant
pour les courtiers québécois que les États-Unis, qui ont
un contexte social tout à fait différent, lorsqu'on parle de la
commercialisation. Alors, oui, il y a des opportunités. Comment les
quantifier et comment les identifier? Ça, ce n'est pas encore fait.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Alors, maintenant, je
suis prêt à reconnaître un autre intervenant.
M. le ministre.
M. Ciaccia: Juste deux petits points.
Premièrement, je suis entièrement d'accord avec vous quand
vous dites que, dans le contexte social le contexte culturel même
le Québec peut tirer avantage plus qu'une compagnie du Wisconsin
parce que nous avons une approche entre gouvernements, entreprises, une
approche sociale, une approche gouvernementale qui est beaucoup
différente et qui se rapproche plus à la façon et aux
attentes du Mexique. Même quand nous avons fait le plan
Québec-Mexique, le Mexique va faire un plan Canada-Mexique avec un volet
Québec. Alors, pour démontrer l'intérêt particulier
qu'ils ont pour nous et les opportunités que nous avons aussi.
Deux autres petits points. Vous faites la distinction entre agents et
courtiers. Comme vous le savez, l'ALENA ne fait pas cette distinction. C'est un
problème interne que nous avons. L'ALENA parle strictement de services
financiers. Vous recommandez qu'un groupe de travail
fédéral-provincial sur les services financiers soit mis sur pied.
Je ne sais pas si vous le savez, mais nous avons un comité, il existe
déjà un comité fédéral-provincial sur
l'ALENA, auquel participent les représentants québécois du
ministère des Affaires internationales. Ça nous fera grand
plaisir de travail-
1er avec vous à l'intérieur de ce comité. Parce que
vous allez comprendre avec moi que, si on fait des comités sur chaque
sujet, la coordination va devenir très difficile. Ça va
être difficile de coordonner tous les différents problèmes,
mais en ayant un comité sur lequel nous siégeons, ça va
nous faire grand plaisir de vous consulter et de prendre en
considération les représentations que vous nous avez faites.
Parce que vous faites beaucoup de bonnes recommandations.
Alors, on va rester en contact avec vous et on va essayer de travailler
avec vous pour tenir compte de vos représentations au sein du
comité qui a été mis sur pied.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci, M. le
ministre.
Maintenant, au nom de tous les membres de la commission, nous
désirons, évidemment, remercier de leur participation
l'Association des courtiers d'assurances de la province de Québec par
l'entremise de son président, M. Pelland, M. Auger, Mme Thomas et,
évidemment, l'excellent directeur général, M. Mario
Lebrun.
Nous suspendons les travaux jusqu'après les affaires
courantes.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
(Reprise à 15 h 41)
La Confédération des caisses populaires
et d'économie Desjardins du Québec (CCPEDQ)
Le Président (M. Dauphin): La commission des institutions
reprend ses travaux, et c'est avec plaisir que nous recevons maintenant La
Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins du Québec, représentée notamment par M.
D'Amours.
Alors, nous avons une période d'une heure qui nous est
accordée. Ce que je vous suggère, c'est une présentation
d'un maximum de 20 minutes. Ensuite de ça, il y aura une période
d'échange entre les parlementaires et vous-même.
Alors, M. D'Amours, si vous voulez présenter les personnes qui
vous accompagnent et, ensuite, procéder à votre
exposé.
M. D'Amours (AIban): Merci, M. le Président.
Donc, Alban D'Amours, je suis le premier vice-président à
La Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins du Québec. M'accompagnent, à ma gauche, M. Yves
Morency, directeur associé aux affaires stratégiques, et M. Yves
St-Maurice, économiste à la Confédération.
Il me fait donc plaisir, M. le Président, de vous faire part, cet
après-midi, des commentaires du Mouvement des caisses Desjardins
à l'égard de l'Accord de libre-échange
nord-américain. Le Mouvement des cais- ses Desjardins apprécie
l'occasion que votre commission lui fournit d'exprimer son point de vue sur
l'ALENA. Nous comprenons qu'avant d'appuyer formellement l'Accord le
gouvernement désire consulter la population et entendre les divers
points de vue du public. Le document publié par le ministère des
Affaires internationales et intitulé «Le Québec et l'Accord
de libre-échange nord-américain» permet d'ailleurs une
meilleure compréhension des jeux de l'ALENA et facilitera certainement
les débats. Nous regrettons, toutefois, qu'il ait été
rendu public si tard, compte tenu de sa qualité, surtout. Il aurait
été préférable de permettre aux intervenants de
prendre connaissance de ce document avant de finaliser leur mémoire.
Le Mexique, c'est 85 000 000 d'habitants, une population très
jeune, une croissance économique importante, une inflation et une dette
publique mieux contrôlées. Ce pays était autrefois
très fermé. En fait, sa politique de développement
économique consistait, depuis 1940, à remplacer les importations
par la production nationale. Le Mexique avait alors érigé des
obstacles au commerce international ,pour encourager une production nationale
ou intérieure. On y a nationalisé un grand nombre de secteurs
industriels, et l'intervention de l'État s'est installée dans des
domaines d'activité jugés essentiels et stratégiques. Avec
le temps, l'absence de concurrence internationale a encouragé
l'inefficacité économique. Le pays s'est alors retrouvé
près de la faillite, incapable d'honorer le paiement de sa dette
extérieure, et le système de production affichait une faible
productivité, qui ne lui permettait pas d'exporter suffisamment pour
recueillir les devises nécessaires au financement des nombreux besoins
d'investissement. La voie alors suivie par le Mexique n'a pas donné les
résultats escomptés. Il y a une leçon à tirer de
l'expérience mexicaine. La croissance économique et la
création de richesses dans une société passent, avant
tout, par un haut niveau de productivité qui ne peut être atteint
en fermant les frontières à la compétition internationale,
mais plutôt en encourageant une concurrence saine, qui pousse les
entreprises à viser l'excellence et à se dépasser
constamment.
La prospérité du Canada et du Québec dépend,
depuis longtemps et dans une large part, des échanges internationaux.
Près du quart du PIB du Québec dépend du commerce
extérieur. Compte tenu de l'étroitesse de notre marché
intérieur, nous croyons fortement que la prospérité future
du Québec proviendra encore de nos exportations. Notre économie
ne pourra se développer sans les marchés internationaux.
D'ailleurs, la plupart des grands projets d'investissement
réalisés au Québec sont, dans la grande majorité
des cas, faits en fonction des marchés internationaux. Qu'on pense aux
alumine-ries, au matériel de transport, aux produits chimiques, avec
l'annonce, dernièrement, de la venue de la compagnie espagnole Petresa,
à Bécancour, au secteur des pâtes et papiers, aux domaines
pharmaceutique et de l'aérospatial. Tous ces investissements ont
été réalisés
dans une optique de libéralisation accrue des échanges
internationaux. D'ailleurs, toute la politique de développement
économique du ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie,
M. Gérald Tremblay, basée sur le principe des grappes
industrielles et qui, notons-le, avait recueilli l'appui de presque tous
les intervenants économiques repose sur des secteurs clés.
Ces derniers regroupent des entreprises québécoises
compétitives et qui ont une reconnaissance sur la scène mondiale.
Il est donc primordial de s'assurer que nos principaux marchés soient
libres d'entraves au commerce et que les marchés potentiels, dont le
Mexique, nous donnent un meilleur accès.
En poursuivant ce raisonnement, il est clair que le Canada et,
par le fait même, le Québec ne peut se soustraire à
une entente de libre-échange entre les États-Unis et le Mexique.
Il deviendrait un territoire beaucoup moins attrayant pour les investisseurs,
tant canadiens qu'étrangers. Son exclusion ne ferait qu'accroître
la puissance économique et politique des États-Unis en
Amérique du Nord, au détriment du Canada et du Mexique. Le
Mexique deviendrait un concurrent direct à nos produits sur le
marché américain, qui représente le débouché
de près de 75 % de nos exportations. En s'associant à l'Accord,
le Mexique demeure toujours un concurrent direct sur le marché
américain, mais nous avons maintenant la possibilité de devenir
des alliés, des associés et des collaborateurs pour affronter
l'Amérique et le reste du monde plus efficacement.
Déjà, on commence à voir des alliances qui se
développent, et certaines compagnies ont décidé de se
positionner sur le marché mexicain. On pense à Bombardier, qui a
acheté Concarril, une entreprise fabriquant du matériel
ferroviaire, à Mexico. Il y a aussi les Imprimeries
Québécor, qui ont fait l'acquisition d'une imprimerie
spécialisée dans le livre à Querétaro; plus
récemment, Canam Manac a signé une entente avec la compagnie
mexicaine Emcasa pour l'implantation d'une usine de structures et de poutrelles
d'acier, au Mexique. Tout dernièrement, le Mouvement des caisses
Desjardins, par le biais de la Société de développement
international Desjardins, a conclu une entente avec le ministère du
développement social du Mexique pour assister la création de
caisses d'épargne et de crédit, en offrant un appui administratif
et technique à travers des stages de formation de dirigeants et
employés des futures caisses. L'assistance comprendra également
différents services, notamment les services informatiques et de
comptabilité. Ce ne sont là que quelques exemples qui
démontrent l'intérêt des entreprises
québécoises pour le marché mexicain et
l'intérêt des Mexicains pour s'allier des partenaires
économiques québécois.
Le Mouvement Desjardins a encouragé, dès le début,
les pourparlers en vue de la signature de l'ALENA. Une étude,
réalisée en mai 1991 par nos économistes et annexée
à notre mémoire, montrait, à ce moment, qu'il y avait des
avantages à long terme, pour l'économie du Québec, de
s'associer à un tel accord, même si certaines entreprises, qui
évoluent dans des secteurs plus traditionnels, risquaient de
connaître des difficultés. Même si le contenu de l'Accord
s'est précisé depuis le dépôt de cette étude,
il n'invalide en rien les conclusions auxquelles nous étions
arrivés, et notre position demeure toujours la même: nous sommes
en faveur de la signature de l'ALENA.
Évidemment, les intervenants des secteurs qui risquent de subir
certains des contrecoups prévus de l'entrée en vigueur de l'ALENA
dénoncent avec vigueur cet Accord. Mais doit-on sacrifier les
bénéfices que pourrait retirer l'ensemble de la
société au profit de certaines entreprises qui jouissent d'une
protection, laquelle réussit de moins en moins à assurer leur
compétitivité aux importations venant de partout dans le monde.
Nous comprenons leur situation et leur désarroi, et nous croyons que les
gouvernements doivent faire tous les efforts nécessaires pour
atténuer les coûts qu'ils devront absorber. Si une minorité
doit faire les frais de la signature de l'ALENA, on doit leur donner les moyens
et les outils pour participer aux bénéfices futurs.
Une des plus grandes critiques que l'on puisse faire au gouvernement,
par suite de l'entente de libre-échange entre le Canada et les
États-Unis, c'est de ne pas avoir mis en place de réelles mesures
correctives compensatoires pour adoucir les effets négatifs, ni de
mesures incitatives pour développer nos avantages comparatifs. Alors
qu'on devrait avoir mis en place des programmes de transition,
déjà l'adaptation de la main-d'oeuvre, par exemple
il nous semble que nos gouvernements tardent à prendre action à
cet égard. (15 h 50)
De plus, le gouvernement a, entre les mains, plusieurs suggestions pour
stimuler les investissements au Québec, et elles devraient être
mises en place rapidement pour permettre aux entreprises de réagir avant
le 1er janvier 1994. Nous en avons nous-mêmes présenté,
lors de la commission parlementaire sur le financement des services publics au
Québec, qui a eu lieu au début du mois de février.
À titre d'exemple, nous proposions, entre autres, d'élargir
à l'ensemble des biens neufs la possibilité d'amortir à
100 % le coût en capital de ces biens utilisés au Québec,
pour stimuler l'investissement et l'emploi.
Évidemment, compte tenu des faibles échanges commerciaux
qui existent entre le Québec et le Mexique, les entreprises ont une
connaissance très réduite de l'économie mexicaine et des
opportunités d'affaires qui y existent. Cette forte protection que
s'était construite le Mexique en faisait l'un des pays les plus
protégés au monde, et les difficultés d'accès
à ce marché décourageaient les entrepreneurs à
investir temps et argent pour percer ce marché.
Il va de soi qu'une campagne d'information sur les possibilités
d'échanges avec le Mexique, sur sa culture, ses pratiques et ses
règles commerciales s'avère indispensable pour tirer le maximum
de bénéfices de l'ALENA. Nous étions heureux de voir que
la formation
et l'information, de même que la promotion des produits et
services que peut offrir le Québec, constituaient des volets
spécifiques du plan d'action Québec-Mexique. Cela est d'autant
plus important que notre tissu industriel est composé, en forte
proportion, de PME qui n'ont souvent pas les ressources nécessaires pour
réaliser cette démarche par elles-mêmes. Il ne faut pas
croire que, dès l'entrée en vigueur de l'ALENA, les entreprises
québécoises pourront envahir le marché mexicain. Au
contraire, il faudra investir beaucoup de temps et d'efforts dans le
développement des marchés et l'établissement de
réseaux de distribution, et pour assurer l'existence d'un financement
adéquat. Le financement est précisément l'un des obstacles
majeurs au développement des échanges commerciaux entre le
Québec et le Mexique. Les capitaux sont rares, au Mexique, et les pays
qui se sont fait une place sur ce marché ont réussi en offrant
des programmes de financement intéressants, à la fois quant aux
taux d'intérêt et aux délais de paiement.
Les Québécois se sentent de plus en plus concernés
par les problèmes environnementaux non seulement chez eux, mais aussi
dans le monde, car ils comprennent que l'environnement est un problème
qui doit s'analyser dans un contexte planétaire. Le Mexique a des normes
environnementales élevées; c'est dans leurs applications qu'il y
a des failles. Ce point demeure un élément ques-tionnable dans
l'ALENA, car chaque pays a entière discrétion pour établir
le niveau de protection qu'il désire, et cela, peu importe le niveau de
protection environnementale choisi par les deux autres pays. Rien n'assure que
les normes environnementales seront respectées dans les pays signataires
de l'ALENA. Malgré le fait qu'il soit stipulé, dans l'ALENA, que
les pays signataires se sont engagés à ne pas assouplir leurs
normes touchant l'environnement dans le but de protéger ou d'encourager
les investissements, aucun organisme de contrôle du respect des normes
environnementales n'est prévu, et la possibilité d'abus, à
ce niveau, demeure une préoccupation importante pour le Mouvement des
caisses Desjardins.
Finalement, une préoccupation majeure du Mouvement des caisses
Desjardins et de l'ensemble du Québec, nous croyons
était que la volonté et la liberté de chacun des pays de
prendre les dispositions nécessaires pour protéger sa culture
soient mises en place. Les industries culturelles ont été exclues
de l'ALENA, et les droits et obligations prévus à l'Accord de
libre-échange avec les États-Unis s'appliqueront automatiquement
entre le Canada et le Mexique, et même à tout autre pays qui
voudrait se joindre à la zone de libre-échange. L'exclusion des
industries culturelles nous assure un niveau de protection égale
à celle qui existe déjà, permettant le maintien d'un statu
quo qui nous apparaît satisfaisant.
En conclusion, nous pouvons témoigner du fait que l'Accord de
libre-échange nord-américain, tel qu'il nous est
présenté à l'heure actuelle, s'inscrit aisément
dans notre vision à long terme, de l'évolution de
l'économie du Québec, dont la prospérité et la
création d'emplois viendront essentiellement de la croissance de ces
échanges internationaux. En revanche, l'ouverture de l'économie
du Québec sur le monde nous impose une productivité accrue, qui,
tout en demeurant incontournable, ne signifie pas nécessairement plus
d'emplois à court terme. La création de richesses et d'emplois
passera donc par des investissements importants du secteur privé dans la
restructuration de l'économie et des exportations.
Pour faire cela, nous voulons que les entreprises
québécoises bénéficient d'un environnement fiscal
propice à l'investissement pour bénéficier pleinement des
effets potentiels de l'ALENA. L'entrée en vigueur de l'ALENA risque
d'accélérer la restructuration déjà en cours de
notre secteur industriel. Il faut agir immédiatement pour
réallouer nos ressources en fonction de nos objectifs à long
terme, tout en minimisant les coûts qui peuvent survenir à court
terme.
À ce sujet, nous souhaitons vivement que les travaux de cette
commission puissent inciter le gouvernement à mettre en place des
mesures d'adaptation pour les industries menacées. Mais, il ne faut pas
se le cacher, le succès de l'ALENA ne repose pas seulement sur le
gouvernement. Tous les agents économiques devront se concerter, qu'ils
soient travailleurs, syndicats ou entrepreneurs. Il faudra également
penser à créer un climat favorable à l'investissement
ainsi qu'un environnement fiscal et économique concurrentiel et
stimulant.
Finalement, le meilleur atout sur lequel nous pouvons miser est,
assurément, la main-d'oeuvre. Nos avantages comparés, dans le
cadre de l'ALENA, demeurent, à notre avis, la qualité de notre
main-d'oeuvre qualifiée et compétente. C'est la qualité de
notre main-d'oeuvre qui a toujours assuré notre succès sur les
marchés internationaux. Il est important de continuer d'investir dans sa
formation et dans son développement.
Je vous remercie de votre attention. Mes collègues et moi sommes
maintenant disposés à répondre à vos questions.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. D'Amours,
pour votre exposé.
Nous allons maintenant, comme je le mentionnais tantôt,
débuter la période d'échange, et je vais maintenant
reconnaître M. le ministre des Affaires internationales.
M. Ciaccia: Je vous remercie, M. D'Amours et le Mouvement
Desjardins et ses collègues, pour leur présentation et pour leur
mémoire. Je trouve qu'il y a une analyse des différents secteurs
de notre économie, des recommandations que vous faites, et je trouve que
c'est très positif. Vous voulez inciter les entreprises et ceux qui sont
impliqués dans les activités internationales à pouvoir
tirer avantage de cette entente, et l'esprit de cette commission, un des
objectifs, c'est d'écouter les
mémoires, d'écouter les intervenants et obtenir d'eux les
suggestions de comment le gouvernement pourrait faire et travailler avec les
entreprises avec le domaine culturel, aussi, auquel vous avez fait
référence pour pouvoir vraiment faire la promotion des
intérêts de toute notre collectivité.
Vous avez parlé des mesures d'adaptation. À la page 8 de
votre mémoire que vous nous présentez maintenant, vous parlez...
vous avez donné des exemples de certaines mesures pour stimuler les
investissements. Des exemples, recommandations précises. En ce qui
concerne les mesures d'adaptation, le gouvernement du Québec a
déjà mis en place, dans le cadre de l'entente de
libre-échange avec les Américains, des mesures spécifiques
qui sont incorporées à des programmes existants, par exemple,
entre autres, le fonds d'aide aux travailleurs, le Fonds de
développement industriel, le programme de ressources humaines en
entreprise, le crédit d'impôt remboursable à la formation.
Et nous voulons renforcir cette action avec l'ALENA pour aider encore plus nos
industries.
Auriez-vous d'autres suggestions à nous faire quant aux mesures
d'adaptation que le gouvernement ou les gouvernements pourraient mettre en
place dans le caxire de l'ALENA? (16 heures)
M. D'Amours: Vous aurez compris, M. le ministre, que notre
mémoire et les recommandations que nous avons formulées l'ont
été avant que nous ne recevions votre document. Et c'est avec
plaisir que nous avons vu dans votre document beaucoup de suggestions qui
allaient dans le sens de celles que nous nous apprêtions à faire.
Alors, nous avons décidé de les laisser de la façon dont
je viens de vous l'exprimer dans notre mémoire.
Nous mettons beaucoup d'accent, dans ces mesures d'adaptation, sur la
formation de main-d'oeuvre. Il est clair que nous assisterons, avec ces
accords, à des restructurations de plus en plus importantes de notre
industrie. On va voir nos industries basculer de secteurs traditionnels vers
des secteurs à haute technologie, et il est clair que, dans ce
contexte-là, la formation de la main-d'oeuvre est très exigeante,
et on doit s'y mettre le plus tôt possible. Ce que l'on constate,
finalement, c'est plutôt ce que l'on déplore... C'est plutôt
le temps ou le retard qu'on y met. Les volontés y sont, mais c'est les
écueils qui sont nombreux sur la route et qui nous empêchent,
finalement, d'atteindre un objectif que l'on s'est donné.
Donc, la formation, à prime abord, est l'élément le
plus important. Donc, il y a aussi toute cette restructuration, modernisation,
mais dans un contexte de tissu industriel que vous connaissez bien et dont la
majorité des composantes sont des petites et moyennes entreprises. Or,
les petites et moyennes entreprises, dans un contexte nord-américain, ne
disposeront pas rapidement de l'information dont elles ont besoin pour exporter
et envahir ces marchés. La connaissance des nouveaux réseaux de
distribution ou la construction mise en place de réseaux de distribution
à la disposition de ces petites entreprises-là est un
problème monstrueux pour ces entreprises, mais, à mon sens, qui
peut être résolu dans un contexte d'aide, de mesures
gouvernementales qui peuvent faire intervenir aussi tous les intervenants du
milieu. On l'a souligné, et je le répète: II n'est pas,
à notre sens, il n'est pas question que le gouvernement soit seul
responsable de ça, mais qu'il soit... qu'il incite et qu'il aide les
réseaux de distribution en place ici à se déployer
davantage en Amérique du Nord. Voilà un objectif, je pense, mais
qui doit retenir le fait que le tissu industriel est majoritairement
constitué de PME.
Il faut aussi retenir le fait que nous sommes une petite économie
et, dans ce contexte-là de petite économie, nous avons une
capacité limitée de dépenser dans la recherche et le
développement. Nous faisons on le reconnaît tous des
efforts dans plusieurs de nos secteurs industriels, mais il y a, à mon
sens, des gains substantiels à réaliser en faisant les transferts
technologiques. Or, dans le contexte des transferts technologiques, il y a
sûrement des mesures gouvernementales importantes et de support qui
pourraient être déployées pour aider ces
entreprises-là d'ici à se transformer technologiquement et
à meilleur coût.
Et, enfin nous l'avons souligné il y a le
problème de l'environnement. Il y aura une aide, je pense,
particulière, peut-être, à apporter en termes de
connaissances techniques et de connaissance, aussi, de la problématique
environnementale et de l'impact que ça peut avoir sur la concurrence qui
pourra se développer à l'intérieur de cette... en
Amérique du Nord, parce que l'environnement, bien sûr, devient un
paramètre économique, financier, incontournable. Et on pourrait
être tenté, dans certains milieux, de profiter, de traduire
ça en avantages concurrentiels à court terme, mais, dans un
contexte du déploiement de cet Acçord-là, des termes de
l'Accord, je considère qu'on doit être vigilant, et nos
entreprises d'ici ont besoin de mesures pouvant les aider.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Ciaccia: Je vous remercie. Vous avez mentionné dans vos
remarques, vous avez fait référence aux PME. On est limité
dans le temps de la commission, 20 minutes chaque côté. Alors, je
vais essayer d'être bref, et je le sais que vous ne pouvez pas trop
élaborer. Mais un des objectifs que je me suis fixé, c'est
d'essayer d'augmenter le nombre de PME dans le secteur, dans les
activités internationales.
Est-ce que vous auriez des suggestions à nous faire, comment on
pourrait impliquer les PME de plus en plus? Je sais qu'on a des programmes avec
La Confédération des caisses Desjardins en termes de nos
exportations, en termes de nos programmes, et je sais aussi que, dans les
missions économiques, la Caisse était avec moi, la
Société de...
M. D'Amours: De développement international.
M. Ciaccia: ...développement international en plus que la
caisse Desjardins pour des projets bancaires au Viêt-nam, et on peut
travailler ensemble, non seulement pour promouvoir ces activités, mais
on voudrait aussi, si c'est possible, avoir des suggestions de vous, parce que
vous faites affaire avec les PME. Comment pouvons-nous aider, inciter les PME
à s'impliquer dans l'international?
M. D'Amours: II est clair que, une PME dont le marché
local est relativement restreint et qui est une entreprise naissante, son
premier réflexe, c'est de bâtir à partir de son propre
marché. On pense qu'il y a des étapes successives à
franchir. Le plus vite elles sont franchies, mieux ce sera pour cette
entreprise-là.
Parmi les suggestions que l'on fait pour les entreprises d'ici, c'est de
se créer un marché solide ici avant de sauter à
l'étranger. Vous connaissez sans doute les campagnes que le Mouvement
Desjardins fait pour stimuler l'achat de produits québécois
à qualité égale. Donc, renforcer notre marché local
pour un certain nombre de ces entreprises-là.
Pour les autres entreprises, il faut pouvoir les inscrire dans des
réseaux de distribution. Je pense que les grappes industrielles, que
votre gouvernement avait mis de l'avant comme façon de reconnaître
des réseaux, des tissus interindustriels, sont un instrument
d'information que vous pourriez utiliser, non pas pour subventionner des
entreprises, mais bien pour faire comprendre quelles sont les avenues possibles
de ces entreprises. Parce que ce qui est important pour le développement
industriel de petites entreprises qui sont très souvent dans un contexte
interindustriel d'échanges interindustriels, c'est de produire des
produits, finalement, qui vont être utilisés dans d'autres
processus de transformation. Alors, dans ce contexte-là,
évidemment, la connaissance du marché est bien importante. Notre
apport à nous, évidemment, c'est au niveau financement. Il est
clair qu'un projet d'entreprise qui est bien monté obtient beaucoup plus
facilement du financement si on peut établir sa rentabilité. Il
est clair aussi, donc, que les caisses Desjardins, ce qu'elles ont comme
objectif, c'est de supporter financièrement ces entreprises avec des
plans de financement adaptés, mais qui s'appuient, évidemment,
sur un projet rentable.
M. Ciaccia: Mais, en plus du financement, est-ce qu'il y aurait
des choses que nous pourrions faire ou que vous pourriez faire à travers
le réseau des caisses en ce qui concerne cette information, cette aide,
cette incitation pour les PME?
M. D'Amours: On a déjà tenté une
expérience, il y a un an ou deux, au moment où l'Accord de
libre-échange a été signé. On a essayé de
réunir un certain nombre de caisses et d'intervenants donc,
interve- nants du milieu avec les caisses locales pour mieux expliquer
le contexte économique et financier qui se développait autour de
cet Accord de libre-échange. On a constaté que le manque
d'information est la principale difficulté à contourner,
dès le départ. Il y a aussi le fait que ça fait peur,
très souvent. La PME, elle craint, finalement, de s'aventurer sur ce
marché-là parce qu'elle croit les risques financiers trop
élevés.
Il y a une technologie financière très difficile,
finalement, à maîtriser. Je vais simplement aborder la question
des taux de change différents. Il faut, de toute façon, qu'une
PME qui est limitée dans son expertise au niveau des échanges
internationaux s'en remette à des spécialistes financiers pour
passer à travers ces problèmes-là. Il y a des alliances,
il y a des alliances que l'on peut faire. Celle que l'on fait avec le Mexique
et à laquelle vous avez fait référence tout
à l'heure est une belle alliance en ce sens où notre
expertise d'ici nous sert dans ces démarches-là. On va donc
supporter le développement de caisses au Mexique et on va
dépenser quelques centaines de milliers de dollars. C'est un projet qui
voisine le million de dollars, et on sait que ça crée des jobs
ici. Donc, l'activité de cette nature-là crée des jobs, et
la démonstration, aussi, par des exemples comme ça, des
retombées internes est bien importante.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le ministre.
M. Ciaccia: Bien, je vais être avec M. Béland au
cours d'une mission économique que je vais faire au Mexique à la
fin du mois. Ça va me faire grand plaisir de poursuivre cette discussion
avec lui et de voir comment, ensemble, on peut stimuler les PME avec
tous les problèmes que vous avez apportés à notre
attention comment on peut les stimuler pour s'impliquer plus dans
l'international.
Merci.
Le Président (M. Dauphin): Alors, nous passons maintenant
avec M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Merci.
D'abord, permettez-moi de vous féliciter de votre rapport, comme
la série de trois rapports importants que vous avez
présentés à l'Assemblée nationale aux
différentes commissions au cours des différentes études
que nous avons suivies depuis le début du mois, ça
reflète, effectivement, une qualité et une réflexion assez
poussée et, surtout, qui est ouverte aux différents aspects que
soulève l'ALENA. (16 h 10)
En fait, votre mémoire soulève deux préoccupations
importantes: une qui a trait aux questions environnementales et la seconde, qui
est rattachée aux mesures visant à adoucir les impacts
négatifs que pourrait entraîner l'ALENA pour certains secteurs de
l'économie québécoise.
D'abord, un commentaire et puis deux petites questions. Vous avez
soulevé une préoccupation quant à la
nécessité de protéger notre culture. C'est une dimension
intéressante que vous faites ressortir dans votre mémoire. Et
s'il y a un point, à mon avis, où l'entrée ou
l'ajout, si vous voulez du Mexique à l'association de
libre-échange CanadaÉtats-Unis peut nous apporter un
certain réconfort, c'est bien à ce chapitre-là. Parce que,
comme vous le savez, le Mexique tout comme le Québec a
pris des dispositions pour faire en sorte que, dans le cas du Mexique, la
langue espagnole soit respectée par les étrangers dans leurs
échanges avec, tout du moins, le secteur public mexicain. Et, à
ce niveau-là, je pense que en matière d'étiquetage,
en matière de transaction, en matière de rédaction de
contrat je pense que le Québec va pouvoir compter sur un
allié avec le Mexique, ce qui n'était pas tout à fait
aussi évident dans le cas de l'association de libre-échange avec
les États-Unis, où on pouvait, à juste titre, s'interroger
sur certaines incidences linguistiques que ça pourrait avoir pour nous.
Bien là, à mon avis, on trouve un allié, et ça
répond à une de nos préoccupations.
Vous avez soulevé la question de l'environnement. Comme vous le
savez, le président américain s'est réservé la
prérogative de négocier des ententes parallèles avec le
Mexique, entre autres, particulièrement en matière
d'environnement et au niveau des normes de travail. Ce sont également
deux préoccupations importantes qui ont été
soulevées aux États-Unis, entre autres, par les syndicats.
Pensez-vous qu'il y aurait lieu compte tenu de l'importance que vous
attachez à la fois à la formation de la main-d'oeuvre, aux normes
du travail et à la protection de l'environnement d'aller
jusqu'à demander au gouvernement fédéral qu'il
réserve sa position finale ou sa ratification finale de l'entente de
libre-échange avec le Mexique, en attendant de connaître un peu
plus le contenu de ces ententes parallèles que les Américains
s'apprêtent à négocier?
Le Président (M. Dauphin): M. D'Amours.
M. D'Amours: Voilà. La question... Elle est pleine de
conséquences, cette question-là. Allons-nous recommander de
réserver la signature de l'entente jusqu'au moihent d'avoir plus de
précisions sur ces éléments de la protection
environnementale? Déjà, dans l'Accord, les signataires
reconnaissent qu'ils vont faire tout ce qu'il faut pour assurer la protection
de l'environnement. Notre préoccupation, donc, n'est pas de mettre en
doute cet énoncé-là, cette orientation. Notre
préoccupation, c'est au moment de l'application de ça, donc de la
prudence, et de surveiller cette application-là. C'est à cet
égard-là que nous soulevons une inquiétude. Parce que je
n'irais pas jusqu'à recommander au gouvernement de ne pas recommander la
signature de cet Accord jusqu'au moment d'obtenir ces informations-là.
Je n'ai pas de raison de mettre en doute les signataires de l'Accord, en
l'occurrence.
M. Beaulne: Vous nous avez également parlé de
l'importance du financement. Ce matin, on a eu l'Association des exportateurs
qui est venue présenter son point de vue, et on a eu l'occasion
d'aborder, justement, la question du financement, en particulier de la part des
institutions financières. Vous, comme institution financière,
comment voyez-vous votre participation au financement en tant que tel?
Jusqu'ici, ce qu'on appelle le financement complémentaire les 15
% que les institutions financières devaient apporter au financement ou
ajouter au financement de la SEE était avancé, la plupart
du temps, par les six grandes banques à charte et, parfois, par les
banques de catégorie B. Le Mouvement Desjardins était
relativement absent de ce genre d'activités. Compte tenu de l'importance
que le paquet de financement représente dans l'obtention ou la
non-obtention d'un contrat de soumission à l'étranger et
en particulier dans un pays comme le Mexique puis, compte tenu,
également, de l'importance que vous attachez au financement comme
dimension pour augmenter, maximiser nos chances de tirer profit de l'Accord,
êtes-vous prêt, vous, comme mouvement, à vous engager dans
des activités qui étaient réservées ou que
s'étaient appropriées, jusqu'ici, un peu plus, les banques
à charte, entre autres, le financement complémentaire des
activités de financement d'exportation?
M. D'Amours: Oui. Oui, il est clair que, dès le moment
où on affirme notre volonté d'appuyer toute démarche
favorisant le libre-échange, il est clair que les caisses Desjardins
la caisse centrale, en particulier sont disposées à
mettre à la disposition des entreprises ces instruments financiers dont
elles ont besoin et d'occuper de plus en plus ce terrain, ce que nous faisons
depuis un certain nombre de mois, de plus en plus et de mieux en mieux.
M. Beaulne: Mon collègue a une question.
M. D'Amours: Peut-être une précision, ici, M.
Morency.
Une voix: Oui.
M. Morency (Yves): Pour compléter, c'est que, lors du
dernier Accord de libre-échange CanadaÉtats-Unis, nous
avions drôlement été surpris de voir que plusieurs PME
étaient démunies devant les protections que des institutions
financières pouvaient leur offrir, par manque d'information, entre
autres, quand on parlait de lettres de change, lettres de garantie et, encore
là, je pense que ça rejoint les propos qu'on vous tenait tout
à l'heure à l'égard de l'information. Les entreprises se
sentent Un petit peu loin de ces préoccupations-là, souvent,
justement par crainte. Elles paraissent timides, mais ne le sont pas en termes
de qualité de produits et de service, mais elles le sont parce qu'elles
sont plus ou moins bien informées des garanties qu'elles peuvent
obtenir de la part de leurs institutions financières.
Donc, depuis trois ans, dans nos caisses, on a quand même fourni
de l'information sur une base formelle ou informelle à nos
directeurs de caisse pour, justement, permettre à leurs membres
corporatifs de bien connaître les différents instruments
financiers dont ils peuvent disposer. Alors ça, c'est un autre
élément, quand même, important.
M. D'Amours: J'aimerais, M. le Président, peut-être
rajouter dans...
Le Président (M. Dauphin): M. D'Amours.
M. D'Amours: ...dans ce créneau-là de la
discussion, en ce qui a trait au rôle, donc, des institutions
financières du Québec, dans le cadre de l'entente. Nous n'avons
pas traité spécifiquement de cette question dans notre
mémoire. Nous l'avons abordée d'une façon
générale, en disant que nous étions d'accord avec
l'orientation et les termes de l'entente et, parmi ces termes de l'entente,
nous notons tous que l'ALENA élargit et apporte beaucoup plus de
précisions par rapport au champ réservé aux institutions
financières. Donc, le traitement national et celui de la nation la plus
favorisée, donc, s'applique, dorénavant, dans le contexte des
activités des institutions financières. On tient, cependant,
à souligner une chose. Il est clair que, pour nous, il est très
important que le gouvernement du Québec garde sa juridiction sur les
institutions financières du Québec, et il serait... Loin de nous
l'idée, l'éventualité d'un transfert de cette juridiction
vers le gouvernement fédéral, en l'occurrence, ou vers une sorte
de commission internationale pour assurer la surveillance des institutions
financières impliquées dans le cadre de cet Accord. Alors, nous y
tenons comme à la prunelle de nos yeux.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député de Labelle. Ensuite, M. le député de
Sherbrooke.
M. le député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, M. D'Amours,
bonjour... et ses collègues.
Vous avez parlé des mesures d'adaptation, de transition. Vous
n'avez pas mentionné nommément la recherche et
développement bien que, à mon sens, c'est un peu, aussi, en
filigrane. Je pense que pas juste vis-à-vis le Mexique, mais
aussi vis-à-vis les États-Unis il y a besoin de
recherche-développement de façon considérable, et le hic,
aussi, c'est, souvent, qu'on n'arrive pas à la mettre en place, tant en
termes d'organisation, de gestion de la recherche-développement, et que
l'on s'entend mal, aussi, sur les modes de financement. Jusqu'ici, on a
attribué des crédits fiscaux, pour financer la recherche et
développement, aux entreprises. Est-ce que vous considérez que
c'est une mesure efficace, suffisante, que de prendre cette voie ou bien si,
par rapport au libre-échange et compte tenu de la flexibilité
qu'on doit donner aux entreprises, on doit élaborer d'autres
mécanismes? (16 h 20)
M. D'Amours: Vous abordez là une question
extrêmement complexe. La recherche et le développement
supportés par le moyen de la fiscalité, on a vu, depuis quelques
années, l'efficacité relative de cette approche.
M. Léonard: Là, vous êtes poli, ou bien vous
voulez dire que ça n'a pas été efficace beaucoup?
M. D'Amours: Disons que je suis poli. Je pense que le support
à la recherche et développement doit évoluer vers une
aide, peut-être, plus... Les outils fiscaux qu'on développe, si on
veut les rendre efficaces, il faut que la relation, à mon sens, entre
l'entreprise et le chercheur soit immédiate, directe, et qu'il n'y ait
pas une tierce personne. Jusqu'à maintenant... Évidemment, ici,
je tiens à souligner que je ne parlerai pas au nom du Mouvement, parce
que cette question-là, ne l'ayant pas mise en consultation, je ne
pourrais dire si l'ensemble de mes collègues auront le même avis
que moi. Mais, mes expériences passées me démontrent que,
si l'on met une tierce personne donc, on crée un avantage fiscal
à l'individu dans le domaine de la recherche et développement
bien, il y a moins de dollars qui s'en vont directement à la
recherche et développement. Il y a de nouvelles façons de faire,
pour supporter la recherche et le développement, en mettant en relation
l'université ou les chercheurs, en l'occurrence, ou les centres
de recherche directement en contrat avec l'entreprise, et que les
avantages fiscaux qui peuvent être utilisés dans ce
contexte-là soient attribués directement à l'entreprise
qui fait la commande de cette recherche.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Alors,
ça va?
M. Léonard: Oui. Je reviendrai, il me reste du temps?
Le Président (M. Dauphin): Oui. Il vous reste six à
sept minutes.
M. le député de Sherbrooke.
M. Hamel: Merci, M. le Président.
Dans votre texte de présentation, tantôt, vous souligniez,
dans l'expérience du Mexique, qu'il y a une leçon à tirer
de l'expérience mexicaine. «La croissance économique et la
création de richesses dans une société passent, avant
tout, par un haut niveau de productivité qui ne peut être atteint
en fermant les frontières à la compétition internationale,
mais plutôt en encourageant une concurrence saine, qui pousse les
entreprises à viser l'excellence et à se dépasser
constamment.»
Pourriez-vous clarifier les conditions d'accroisse-
ment de productivité et de compétitivité de la
main-d'oeuvre que vous souhaiteriez voir mises en place?
Le Président (M. Dauphin): M. D'Amours.
M. D'Amours: L'accroissement de productivité, il est clair
que, dans un tissu industriel fortement orienté vers la technologie, la
productivité passe, en partie, par l'utilisation de la bonne technologie
et l'importation d'une technologie avancée, ou le développement
d'une technologie, L'importance que prend la recherche et le
développement, dans ce contexte-là, est évidente. Donc,
que notre travailleur soit mieux formé pour travailler avec une
technologie plus performante, et que la gestion de nos entreprises soit faite
d'une façon efficace, il y a là les ingrédients qu'il faut
pour être productif. La productivité, finalement, ça se
voit, d'une certaine façon, ça se lit ou ça se
découvre dans un bas de ligne et dans la capacité, dans le
succès que nous avons à exporter nos produits. Et le
marché des exportations est probablement le test d'acide le plus
éloquent pour faire la démonstration qu'une entreprise est
productive ou qu'elle ne l'est pas. Elle est compétitive ou elle ne
l'est pas. Si on n'arrive pas à exporter nos produits, alors, il y a un
problème de compétitivité.
M. Hamel: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci.
Je suis prêt à reconnaître un autre intervenant.
M. le député de Labelle.
M. Léonard: Je voudrais revenir au financement de la
recherche et développement. On pourrait peut-être même
élargir sur la formation professionnelle, parce que, pour moi, il y a
quand même un problème, là, important. Bon, les
crédits fiscaux, efficacité réduite sinon nulle, il y a eu
des problèmes de contrôle par rapport à ce
mécanisme-là, et la question que je voudrais vous soulever
à vous, qui êtes une institution financière: Est-ce que,
dans des projets de recherche-développement, dans des dossiers comme
ceux-là, les caisses pop, le Mouvement Desjardins, pourraient
s'impliquer dans le financement, et à quelles conditions?
C'est sûr qu'actuellement, sur le plan canadien, lorsqu'on exige
des taux réels d'intérêt de 7 %, ça pose des
problèmes à n'importe quelle entreprise qui veut investir
là-dedans, mais il reste quand même que je crois qu'une des
difficultés de stimuler la recherche-développement, c'est que le
gouvernement est incapable d'évaluer la vraie qualité valeur d'un
projet de recherche-développement; il faut faire appel à de
l'expertise locale, l'expertise financière, et on... Un des intervenants
majeurs là-dedans, c'est quand même les institutions
financières.
Vous, est-ce que vous voyez -- par rapport à
l'élargissement des marchés est-ce que vous voyez une
implication du Mouvement Desjardins dans le finan- cement de la
recherche-développement?
M. D'Amours: Oui. Oui, j'en vois une, mais elle ne doit pas
être en fonction d'une responsabilité particulière de
l'institution financière, au sens où l'institution
financière serait une sorte de maître d'oeuvre dans ce
développement-là.
M. Léonard: Non.
M. D'Amours: Je pense que l'institution financière peut
devenir un support. J'ai déjà travaillé à
l'ingénierie d'une démarche, si vous voulez, permettant à
Desjardins de s'associer au financement de la recherche et du
développement dans un cas bien particulier et j'ai vu toutes les
difficultés que cela comportait, et le premier type de
difficulté, évidemment, c'est celui où on devait... Et les
gouvernements, d'ailleurs, ont modifié leurs politiques fiscales, depuis
quelque temps déjà, à cause de ces
difficultés-là. Mais il m'apparaît que l'entreprise doit
être le porteur du dossier et faire le plan d'affaires de sa recherche et
développement. Là, il y a une petite difficulté pour la
PME qui n'a pas tous les moyens à sa disposition pour faire un plan
d'affaires de son projet de recherche et de développement, et
d'établir la rentabilité éventuelle de ça. C'est
là que les programmes gouvernementaux peuvent être utiles. Et que
cette entreprise-là soit mise en contact avec des groupes de recherche,
ou des centres de recherche, ou des universités, et que là, il y
ait un support financier à l'aide d'un avantage fiscal, il y a
là, peut-être, une nouvelle piste à développer. Il
faut que cette entreprise-là qui ne peut pas supporter toute
seule le risque de ce projet de recherche et de développement il
faut qu'elle soit aidée. L'institution financière, en
arrière de tout ça, elle lorsqu'on a fait la
démonstration financière d'une rentabilité
éventuelle, en alignant tous les éléments d'information
que pourraient mettre à la disposition de l'entreprise les services
gouvernementaux ou les centres de recherche l'institution
financière, elle, peut s'associer au projet, en escomptant une
rentabilité et un retour sur son investissement.
Je ne pense pas que l'institution financière puisse agir
là-dedans à fonds perdus, si l'on veut utiliser une vieille
expression populaire. Alors, il faut qu'il y ait une rentabilité. C'est
les épargnes, finalement, des épargnants qui sont mises à
la disposition et recyclées dans le crédit; dans ce
contexte-là, donc, il faut faire un bon plan d'affaires, et c'est
là que l'information est utile, et que les...
M. Léonard: Nous reste-t-il du temps, encore?
M. D'Amours: ...centres de recherche d'ici et les
universités doivent être mises à contribution.
Le Président (M. Dauphin): II reste quatre minutes.
M. Léonard: Oui, je... Quand vous dites que c'est le
rôle du gouvernement d'aider la PME ou l'entreprise à faire un
plan d'affaires d'un projet de recherche-développement, est-ce que je
peux aller un peu plus loin, et mettre ça sous... questionner cette
approche? Parce qu'au fond l'approche gouvernementale, qui est
nécessairement bureaucratique et je ne le dis pas en termes
négatifs, là, envers les fonctionnaires, quoi que ce soit
se prête mal à l'évaluation de dossiers où le risque
à évaluer est particulièrement important et fait appel
à toutes sortes de compétences dans le décor. Et pourquoi,
sur ce plan-là, les firmes qui font de l'évaluation, ou des
départements dans les institutions financières qui font de
l'évaluation de capital de risque parce que c'en est ne
peuvent pas aussi concevoir le plan d'affaires ou le protocole dans les projets
de recherche-développement? Parce que, si c'est là que le
bât blesse, ça veut dire qu'on doit investir, là... je
comprends, c'est ça que vous dites. Mais est-ce que c'est le
gouvernement qui est le mieux placé pour faire ça, ou bien si
ça devrait être une responsabilité du privé, mais
que les institutions financières jugent après coup, aussi? (16 h
30)
M. D'Amours: Bien, je veux dire... Je me suis peut-être mal
exprimé. Lorsque je dis que le gouvernement doit être de la
partie, non pas pour préparer ce plan d'affaires. Ce plan d'affaires
est...
M. Léonard: Mais, aider. Vous avez dit: Aider l'entreprise
à préparer ce plan d'affaires.
M. D'Amours: Oui. Et, là, il y a de l'information qui est
nécessaire. Il y a aussi un partage du risque qui peut être
nécessaire. Parce que l'entreprise elle-même, la PME, sera-t-elle
capable de se lancer dans cette recherche et développement? J'en
doute.
M. Léonard: II y en avait une, institution, ici, qui
était l'AQVIR. Le gouvernement l'a sabrée. Mais ce serait une
institution de ce type à laquelle vous pensez...
M. D'Amours: Ça pourrait être une institution
semblable, oui. Sauf que je dois dire que, pour la PME, ce qui est plus
intéressant, à mon sens, c'est davantage les transferts
technologiques.
M. Léonard: Oui.
M. D'Amours: Et ces transferts technologiques, ils peuvent
s'opérer dans le cadre de programmes gouvernementaux conçus
à cette fin, et il est plus facile, à ce moment-là, dans
le cadre d'un transfert technologique, de faire un plan d'affaires, puisqu'on a
l'expérience vécue ailleurs, dans d'autres pays ou dans d'autres
économies et, à ce moment-là, on peut rassembler plus
facilement. Et, dans le cas de petites et moyennes entreprises, on met beaucoup
l'accent sur cette notion de transfert technologique. On peut avoir du
clé en main beaucoup plus facilement et faire ce plan-là.
Le Président (M. Dauphin): Alors, merci beaucoup, M.
D'Amours.
Maintenant, je vais reconnaître, pour les cinq dernières
minutes, M. le ministre des Affaires internationales.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
La question de l'environnement... Je pense que c'est la première
fois, vous l'avez reconnu, qu'un accord de libre-échange fait
référence à l'environnement. Il y a certaines obligations,
ça ne va pas aussi loin, évidemment, que plusieurs voudraient ou
désireraient. Mais, juste comme point d'information au
député de Bertrand, ce ne seront pas des ententes
bilatérales qui vont être signées, pour les
négociations auxquelles le président Clinton a pris des
engagements durant sa campagne électorale; ça va être une
entente trilatérale, et les négociations vont commencer
déjà la semaine prochaine.
Mais je suis entièrement d'accord avec vous de dire qu'on
n'approuvera pas l'ALENA si on n'est pas totalement satisfaits des conditions
de l'environnement. Je pense qu'on se ferait plus de tort que de bien, parce
que l'environnement, on est tous... On a des responsabilités et on est
tous en faveur de la protection de l'environnement, mais il y a beaucoup de
problèmes, en termes d'interprétation et d'application. Alors, je
suis entièrement d'accord avec vous. On va faire notre possible pour
s'assurer qu'on ait le plus de clauses contraignantes et raisonnables, mais, de
toute façon, on va approuver, on va être d'accord d'aller de
l'avant avec l'ALENA, sujet à toutes les recommandations qui sortiront
de cette commission.
Vous avez soulevé un autre problème, le problème de
juridiction du Québec sur les institutions financières. Le
Québec et les autres provinces et les autres États
américains ont jusqu'au 1er janvier 1994 pour soustraire de
l'application de l'Accord certaines mesures, lois ou règlements
concernant les services financiers. Les dispositions législatives qui
permettent aux Québécois de conserver le contrôle
d'institutions financières à charte québécoises
seront maintenues. Ça, je peux vous donner cette assurance, de
même que celles qui permettent à un organisme de surveillance
d'utiliser ses pouvoirs discrétionnaires lorsque la viabilité
économique de l'institution financière est en jeu. Alors, un des
buts de cette commission, c'est justement d'avoir la réaction, des
recommandations pour qu'on puisse agir à l'intérieur de l'entente
qui nous donne certains droits. Et, je peux assurer cette commission que la
décision que nous avons prise... que nous voulons maintenir cette
juridiction, et nous allons faire le nécessaire pour soustraire de
l'application de l'Accord ces lois et ces règlements.
Le troisième point, s'il me reste quelques minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, il reste deux
minutes.
M. Ciaccia: La question d'information. Dans notre plan d'action
Québec-Mexique, un des éléments que nous
considérons importants, c'est tout l'aspect de l'information. On est
d'accord avec vous que c'est essentiel, ça manque spécialement,
surtout aux PME. Je voudrais trouver, si c'était possible, une
façon... C'est pour ça que j'ai mentionné, avant: Est-ce
que, par l'entremise... à travers le réseau des caisses, on ne
pourrait pas donner cette information, travailler avec vous pour un programme
d'information aux PME? On veut aller dans les régions, on ne veut pas
limiter cette information, on ne veut pas limiter les PME seulement de
Montréal ou de Québec de faire de l'international.
Je crois qu'il y a des PME à travers le Québec qui, si
elles ont l'information nécessaire, si elles ont l'appui, le support
technique et, dans certains cas, l'appui financier... On pourrait susciter
beaucoup de PME à travers le Québec de s'impliquer dans
l'international.
Alors, peut-être, si on a quelques instants, vous pourriez...
Est-ce que vous pourriez réagir à cet aspect de dire: Est-ce
qu'on peut travailler avec vous pour donner cette information à travers
le réseau des caisses?
Le Président (M. Dauphin): M. D'Amours.
M. D'Amours: Dans cette perspective-là, M. le
Président, vous avez l'assurance que Desjardins, mettant de l'avant
l'idée que l'information est absolument requise pour faire la promotion
de cet Accord et pour en tirer profit, que les caisses Desjardins vont offrir
leur collaboration, et j'en suis convaincu.
M. Ciaccia: ...
M. D'Amours: À travers son réseau, soit sous forme
de distribution de dépliants ou de colloques, à l'occasion.
M. Ciaccia: Alors, au Mexique, je vais pouvoir dire à M.
Béland que vous êtes d'accord.
M. D'Amours: Vous pouvez lui dire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: Merci beaucoup.
Le Président (M. Dauphin): Alors, M. D'Amours, M. Morency,
M. St-Maurice, représentants du Mouvement Desjardins, on vous remercie
d'avoir accepté notre invitation. Merci de votre participation, et bon
retour.
Je demanderais maintenant aux représentants de la Chambre des
notaires du Québec de s'avancer vers la table des témoins.
Alors, c'est avec plaisir que nous recevons maintenant la Chambre des
notaires du Québec représentée, notamment, par Me Jean
Lambert, qui est président du groupe de travail sur le
libre-échange et ex-président de la Chambre et qui est un
habitué des commissions parlementaires. Je lui demanderais de nous
présenter les personnes qui l'accompagnent et, ensuite, de
procéder à son exposé d'une durée d'environ 20
minutes. Et il est habitué. Ensuite de ça, il y aura une
période de libre échange entre les membres de la commission et
les représentants de la Chambre.
Alors, M. Lambert, bienvenue.
Chambre des notaires du Québec
M. Lambert (Jean): Merci, M. le Président.
J'ai le plaisir de vous présenter deux membres du groupe de
travail sur le libre-échange. À ma droite, Me Louise Lortie, qui
est notaire à Repentigny et qui a développé, depuis plus
d'une quinzaine d'années, des relations avec le Mexique. Un petit mot
d'explication pour se comprendre. C'est qu'elle a épousé, il y a
quelques années, un ingénieur qui était venu,
c'est-à-dire un jeune mexicain qui est venu étudier au
Québec, et elle l'a retenu ici, mais il développe beaucoup
d'affaires avec le Mexique. Donc, on comprend que, évidemment, Me Lortie
ait développé de son côté beaucoup de relations avec
des notaires mexicains. Donc, on pourra l'entendre un peu, tantôt, selon
vos questions. (16 h 40)
Et, à ma gauche, le notaire Michel Galipeau, qui oeuvre dans le
secteur du droit commercial; il est un des arbitres au Centre d'arbitrage
commercial national et international du Québec, et il a
développé une entreprise une agence de contacts
commerciaux et, notamment, fait affaire en réseau dans les pays
de l'Europe de l'Est.
Alors, voilà, M. le Président. Maintenant, en saluant les
membres de cette commission, M. le ministre, les membres du parti
ministériel et de l'Opposition, rapidement je vais simplement survoler
le court mémoire que nous avons déposé pour nous donner,
peut-être, un petit peu plus de temps pour répondre aux
questions.
Certainement que, pour la Chambre des notaires, l'extension vers le sud
des limites de l'Accord de libre-échange qui avait déjà
été signé avec les États-Unis constitue pour nous
un développement extrêmement intéressant, parce que dans ce
qu'on pourrait appeler, pour fins de discussion, l'ancien traité
qui est toujours en vigueur, on le sait le fait que le Canada, et
particulièrement le Québec, soit en relation commerciale
privilégiée avec la partie anglo-saxonne de l'Amérique du
Nord, réduisait beaucoup les possibilités du notariat,
puisqu'évidemment en dehors du Québec il n'y a pas
d'équivalent, sauf un peu en Louisiane et à Porto Rico.
Mais l'arrivée du Mexique constitue pour le notariat du
Québec, donc, une nouvelle extrêmement embal-
lante, et c'est pourquoi nous avons souligné dans notre
mémoire que le Québec doit se démarquer de l'attitude que
nous avons relevée du gouvernement fédéral,
c'est-à-dire celle de voir le Mexique comme un concurrent
menaçant, et je crois que, pour le Québec, il nous faut
considérer le Mexique plutôt comme un allié culturel et
commercial de premier ordre. Et, dans ce sens-là, évidemment,
nous avons été heureux de prendre connaissance du plan d'action
Québec-Mexique, mis au point par le ministère de M. Ciaccia.
Alors, rapidement, au début du mémoire, on vous a
donné quelques dates et quelques événements qui prouvent
que la Chambre des notaires s'est intéressée à l'aspect
international, à ses relations internationales, depuis un bon nombre
d'années. Je pourrais dire que peut-être la date la plus marquante
fut celle de 1948 où, avec 11 autres notariats dans le monde, elle a
fondé l'Union internationale du notariat latin, qui compte maintenant
plus d'une cinquantaine de notariats membres; au dernier titre de ceux qui se
sont joints: la Hongrie, la Pologne, la Chine, le Mali, le
Sénégal, au cours des dernières années.
Également, on a occupé, ces dernières
années, jusqu'à tout récemment jusqu'en
décembre dernier pendant trois ans, la présidence de cet
organisme qui, soit dit en passant, a été le premier organisme
international regroupant des professionnels.
Nous avons, au cours de la dernière décennie,
multiplié les initiatives dans le domaine international. Elles sont
mentionnées dans notre mémoire. Je peux peut-être
mentionner au passage l'appui très concret que la Chambre des notaires a
fourni lors de la mise sur pied de la création du Centre d'arbitrage
commercial national et international du Québec.
Également, les relations tout à fait
privilégiées avec le notariat chinois. Nous avons
été les premiers à aller rencontrer les notaires chinois,
et, depuis, ils ont accédé à l'Union internationale, ont
modifié leurs lois ou adopté une facture capitaliste et de
professionnel libéral-indépendant, ce qui était inconnu
encore, il y a 10 ans, en Chine. Nous avons, au cours de cette décennie,
mis au point, pour nos propres fins, un logiciel de gestion d'études
notariales et aussi de production d'actes extrêmement... d'une
très grande envergure, et ce logiciel a intéressé beaucoup
de notariats dans le monde, et on vous l'indique aussi comme étant un
sujet qui a particulièrement coloré nos relations internationales
ces dernières années, puisque... et c'est presque sur le point
d'être signé d'ici quelques semaines, une entente ferme avec le
notariat français, et, au niveau des pays latino-américains, on
vous mentionne dans notre rapport que nous avons fait une présentation
il y a deux ans, pour être précis et plusieurs pays
latino-américains, particulièrement les Mexicains, sont
intéressés par ce genre d'outil.
Le but que la Chambre des notaires poursuit en appuyant l'Accord de
libre-échange, c'est celui de développer des relations
privilégiées avec les notariats des pays signataires afin de
mettre à la disposition des entrepreneurs qui ont pour parc industriel
la planète, donc, pour mettre au profit des entrepreneurs des outils de
sécurité juridique, puisque, évidemment, les relations
internationales disent ce qu'elles sont, les contrats sont aussi
internationaux, avec tous les problèmes juridiques que cela peut
comporter. Le notariat est présent dans plus d'une soixantaine de pays
on parle du notariat organisé et l'institution notariale
a, grosso modo, la même caractéristique dans tous ces pays, et
c'est celle de doter d'une très grande sécurité juridique
toutes les ententes.
Alors, on saisit immédiatement que si les notariats dans le monde
s'entendent, ils peuvent offrir collectivement une très grande
sécurité aux entrepreneurs internationaux. Et c'est donc dans ce
sens-là que vous trouvez dans notre mémoire à la fois des
objectifs généraux, qui sont partagés par les notariats
des trois pays signataires, par exemple, promouvoir le recours à l'acte
notarié authentique vous avez ça à la page 8 du
mémoire comme instrument de sécurité juridique;
promouvoir le statut d'officier public comme garant de multiples attestations
requises dans les transactions internationales; veiller à ce que la
dynamique de l'ALENA ne soit pas préjudiciable au développement
du notariat, ce qu'on avait perçu dans l'Accord de libre-échange
avec les États-Unis; développer des formules juridiques
bilatérales qui vont accélérer la conclusion des contrats
internationaux; situer le notariat québécois comme interlocuteur
juridique privilégié auprès des États signataires;
favoriser la connaissance de base des secteurs du droit des autres pays utile
à la pratique notariale et, aussi, au financement des entreprises
québécoises, par exemple, qui voudront aller s'établir
dans les pays signataires et l'inverse aussi pour les entreprises de ces pays
qui voudront venir s'établir au Québec; établir un canal
de collaboration privilégié entre les organismes professionnels
des trois pays alors, ça, c'est déjà
débuté favoriser la création de réseaux de
correspondants entre les études de notaire des trois pays
ça, c'est le concret, c'est le terrain, c'est le quotidien et,
spécifiquement pour le Québec, nous avons quatre objectifs: tout
d'abord, d'établir un profil minimal de connaissances sur notre droit
que nos partenaires étrangers doivent assimiler; établir les
standards de mobilité ponctuelle... Alors, si en tant que notaire d'une
entreprise québécoise, je veux accompagner mon client lors de ces
démarches, par exemple, au Mexique, eh bien, évidemment, on
voudra être accueilli là-bas, on voudra connaître les
paramètres de notre action, mais c'est aussi la réciproque pour
les notaires mexicains, par exemple, qui voudront accompagner les investisseurs
de leur pays au Québec. Obtenir une information complète sur les
contrôles de l'exercice de la profession dans chacun de ces pays,
question qu'on parle même langage et qu'on soit assuré de mesures
de protection équivalentes d'un pays à l'autre pour les
consommateurs de nos services; et enfin, proposer des solutions pour harmoniser
la
résolution des problèmes juridiques semblables, par
exemple, dans le domaine des sûretés. On sait que notre nouveau
Code civil va reconnaître les sûretés mobilières,
donc, ces garanties qui affectent les biens mobiliers de très grande
valeur qui sont des biens d'entreprises et qui va
reconnaître l'enregistrement, donc, de ces sûretés dans des
pays étrangers, notamment, évidemment, les pays signataires de
l'Accord. (16 h 50)
Alors, donc, ce sont les quatre objectifs précis. Et pour
atteindre ces objectifs, évidemment, vous le voyez dans notre
mémoire, on a proposé à nos partenaires la création
d'un Comité multilatéral de coopération. La
première réunion se tiendra dans quelques semaines, à
l'occasion de la venue d'un groupe de notariat latino-américain à
Montréal, pour une session de travail. Donc, à la toute fin du
mois, dans les tout premiers jours d'avril, donc, il y aura cette
première rencontre. Vous avez un échéancier de travail,
et, évidemment, au moment où on a préparé ce
travail-là, c'était il y a quelques mois. Nous en sommes rendus
au point 4; donc, je venais de le mentionner, tenir la première
réunion du Comité multilatéral de coopération.
Et ça, c'était, évidemment, plus
spécifiquement pour le notariat. Maintenant, si on élargit un
petit peu la perspective, eh bien, on l'a dit un petit peu en entrée de
jeu de notre comparution, nous voulons que le gouvernement du Québec
continue d'affirmer son attachement ou ses liens privilégiés avec
le Mexique. Le Mexique, je le répète, est un allié
culturel et commercial de premier ordre pour le Québec.
Maintenant, on s'est permis quelques commentaires concernant des
données que nous avons prises dans le document préparé par
le ministère, le printemps dernier, entre autres, au niveau des grands
axes de la politique commerciale qu'on retrouve à la page 10 de ce
document, et nous avons suggéré d'identifier nommément ce
point, et ce point est de favoriser l'exportation du «know-how»
québécois, probablement parce que notre expérience
à ce niveau-là qui est limitée, mais qui est quand
même très actuelle nous permet de voir, et on le mentionne
un peu plus loin, que le monde juridique québécois a beaucoup
à offrir aux latino... enfin, à plusieurs pays dans le monde,
mais particulièrement à nos amis latino-américains.
Alors, on le mentionne et on vous mentionne qu'on est un petit peu
étonnés de ne pas voir apparaître ce point-là,
puisque... Et là je citais les paroles de John Naisbitt qui est
un auteur bien connu qui disait que, dans le fond, la balance des
paiements internationaux ne rend pas compte aujourd'hui, vraiment, du flux des
actifs qui se promènent autour de la planète, et il donnait comme
exemple les royautés qu'il recevait du Japon pour la traduction de ses
livres et qui n'étaient absolument pas comptabilisées dans les
statistiques du Federal Bureau ou des États-Unis.
Tout ça pour dire que l'aspect «know-how» est
probablement un domaine dans lequel le Québec a beau- coup à
offrir à ses partenaires commerciaux, particulièrement dans le
monde latino-américain, et là, ça va même
au-delà du Mexique, pour embrasser tout ce monde latino-américain
du sous-continent sud.
On attire également l'attention sur un autre point dans le
document, toujours à la même page, page 10, où on fait
ressortir deux points qui militent en faveur du fait qu'on doive attacher
beaucoup d'importance à ce traité: L'appartenance à une
même zone d'influence géopolitique. Là-dessus, on se permet
peut-être de mettre un point d'interrogation en ce qui concerne le
Mexique. Je ne sais pas si on est si dans cette zone d'influence
géopolitique avant la signature du traité; c'est sûr
qu'après ça sera différent. Proximité d'un immense
marché pour les biens et services québécois, parfait. Mais
on voudrait ajouter le caractère latin de la culture et de plusieurs
institutions du Québec. Et ceux qui ont des expériences
concrètes en Amérique latine vont vous dire que ça,
ça compte beaucoup parce que les latino-américains recherchent
l'efficacité nord-américaine, recherchent ce
«know-how», mais ils sont extrêmement méfiants envers
la culture anglo-saxonne, qu'ils acceptent, bien sûr, comme partout
ailleurs dans le monde, mais auxquels ils offrent une certaine
résistance parce qu'il semble... c'est perçu par eux comme une
certaine menace à leur propre identité. Or, le Québec a
cet avantage d'être un amalgame de la culture anglo-saxonne, mais aussi
ayant conservé un très fort caractère latin. Et c'est pour
nous une carte de visite extrêmement intéressante lorsque nous
nous déplaçons dans ces pays et y faisons affaire.
Le «know-how» juridique québécois, j'en ai dit
un mot tantôt. Vous avez ça à la page 14. Je passe
rapidement, simplement pour attirer l'attention que nous avons beaucoup
à offrir, ne serait-ce... et je donnais à titre d'exemple le
trust comme outil de financement dans le domaine de l'entreprise qui est
inconnu dans les juridictions de droit civil et où, actuellement,
à cause des traités internationaux, autant au sein de la
Communauté économique européenne qu'avec le traité,
maintenant, de libre-échange nord-américain, donc, ces pays de
droit civil veulent importer cette institution de droit anglais, mais
extrêmement souple, extrêmement à point pour le financement
des entreprises. Alors nous, au Québec, figurez-vous qu'on a
déjà civilisé, entre guillemets, le «trust
deed» depuis pas loin d'une centaine d'années. On a ça dans
notre Code civil, et ça ne cause aucun problème. Alors, vous
voyez l'intérêt que, par exemple, ce seul sujet peut créer
dans l'esprit de nos partenaires. Alors, donc, le milieu juridique
québécois est probablement une source d'exportation de
«know-how» extrêmement intéressante par le fait de
cette symbiose, de cet amalgame avec le juridisme anglo-saxon de «common
law» et celui du droit civil romaniste.
L'exercice de la profession notariale, au Québec, et l'ALENA, on
a discuté certains points qui, suite à une consultation qui a
été faite conjointement par les gens du ministère des
Affaires internationales du Québec
et l'Office des professions... Je passe rapidement pour vous dire qu'on
n'avait pas trop de problèmes, sauf sur un point: le principe du
non-établissement, qui ne peut absolument pas être respecté
au niveau de l'exercice de la profession notariale, et je profite de ce moment,
M. le Président, pour vous demander la permission de déposer
à la commission une page qui, malheureusement, manque à l'annexe
C qui complète le mémoire et qui est extraite des annexes de
l'Accord de libre-échange, où on voit ceci: Seuls les Mexicains
de naissance peuvent être autorisés à exercer les fonctions
de notaire public, etc., et on voit dans cette annexe que le Mexique, à
«Élimination progressive», on marque
«néant», c'est-à-dire que le Mexique n'a pas du tout
l'intention de modifier là-dedans, et ça a été
négocié par le Mexique. Alors, c'est dans la même
philosophie que la demande que il faut avoir l'autorisation du
président nous avons formulée dans ce mémoire, que
le gouvernement du Québec nous aide dans notre demande auprès du
gouvernement fédéral pour modifier ces annexes pour,
également, exclure le notariat, l'exercice du notariat comme du principe
du droit du non-établissement, parce que le notariat, dans tous les pays
où il est, est une activité très particulière,
rattachée à la puissance de l'État. Donc, il est
extrêmement important, pour un État, de contrôler
l'activité de ses officiers publics et, aussi, le résultat,
c'est-à-dire tous ses actes notariés. Il est important, à
ce moment-là, par exemple, qu'une hypothèque consentie au
Québec, bien, on puisse retrouver l'original au Québec et non pas
quelque part sur la planète. C'est pourquoi, donc, tout ce qui se greffe
autour des caractéristiques de l'exercice de la profession notariale
exige que, là-dessus, on en fasse une exception à la
mobilité et au droit de non-établissement, ce que, d'ailleurs,
l'article 55 du traité de Rome a fait.
Au niveau du plan d'action du ministre, on a fait des petites
suggestions. J'y glisse rapidement. On suggère, par exemple, qu'il y ait
je comprends la situation financière des gouvernements et,
particulièrement, celle du gouvernement du Québec, qui n'est pas
facile, mais, quand même un crédit d'impôt de 1000 $
pour toute entreprise dont un dirigeant s'inscrirait et suivrait et
compléterait un cours en langue espagnole dans les deux ans de
l'entrée en vigueur du traité de libre-échange. Donc,
c'est une petite mesure pour favoriser l'ouverture d'esprit en maîtrisant
la langue: un petit crédit d'impôt.
Subvention pour les échanges de jeunes diplômés
québécois et mexicains, qui devrait couvrir, en outre, des
disciplines du commerce et de l'administration, celle du droit pour les raisons
qu'on vous a mentionnées tantôt. Je glisse rapidement.
Promotion ou suggestion, en plus du vidéo professionnel
passe-partout c'est un peu ce qu'on a cru voir dans votre plan d'action
il serait important d'avoir des vidéos sectoriels, beaucoup plus
pointus, qui auraient beaucoup plus de portée, et on vous en
suggère un qui engloberait les sciences du droit de l'aménagement
du territoire l'urbanisme, que M. Léonard connaît
très bien et l'administration des affaires. La Chambre des
notaires vous offre sa collaboration pour la tenue de séminaires, au
Mexique du type «Faire affaire au Québec» et
exprime le voeu que le notariat québécois soit présent
dans vos kiosques d'exposition. (17 heures)
Support technique et financier. Le notariat désire
également être présent dans le volet Mexique du programme
d'accueil Acheteurs étrangers. La Chambre des notaires signale que des
membres de la profession notariale sont des spécialistes dans divers
domaines tels que l'achat d'immeubles commerciaux, réglementations
municipale et environnementale, création juridique, financement
d'entreprises, marques de commerce, etc., tous des sujets qui sont
reliés à la réalisation de projets majeurs
d'établissements d'affaires au Québec. Donc, la Chambre invite le
ministère à faire appel à ses compétences.
La Chambre des notaires suggère d'inscrire le droit dans la liste
des sujets d'études, d'analyses et de recherches à être
réalisées au Mexique. La raison pour laquelle je vous parle de
ça, c'est que les Mexicains nous ont dit: Nous, on a un droit de
création de société extrêmement lourd. C'est long,
créer une compagnie au Mexique. On aimerait ça que vous nous
montriez comment faire pour aller plus vite. Une autre idée en
passant.
Relations institutionnelles et gouvernementales. Une exigence de bon
sens, élargir le cadre de l'éventuelle entente d'entraide
judiciaire. On parle d'entraide judiciaire, il me semble que ce serait plus
approprié de parler d'entraide juridique. On va laisser juste la partie
des gants de boxe de côté. Il y a autre chose dans le juridique
que le judiciaire. La Chambre des notaires du Québec invite le
ministère des Affaires internationales du Québec à
associer des notaires fiscalistes au processus d'élaboration des
ententes fiscales Québec-Mexique. Quant au rapprochement d'associations
professionnelles, ça, dans notre cas, c'est déjà fait.
Et, M. le ministre, je termine. Je sais que, même si la bourse du
gouvernement est très serrée, vous m'en voudriez de ne pas
formuler une ou deux demandes. Alors, premièrement, la
Délégation du Québec à Mexico, je vous
suggère d'abord qu'elle soit si ce n'est pas déjà
le cas appelée la «Casa du Québec» ou, enfin,
je ne sais pas si c'est le terme exact en espagnol, mais que ce soit la
«maison du Québec» et que ça devienne notre ruche,
c'est-à-dire que c'est par là que les Québécois qui
vont arriver au Mexique, on trouve une espèce de port d'attache, avec
une foule de services, un genre de forum inversé.
Au niveau de l'assistance technique, on demande aussi que le
gouvernement considère, dans le cadre de développement d'affaires
au Mexique, qu'il y ait un soutien, peut-être un service de traduction de
première ligne, et ceci, pour permettre les premiers contacts.
Après ça, les entreprises devront assumer leurs propres frais.
Mais juste ce petit quelque chose que ça prend
pour allumer la bougie et démarrer des relations fructueuses.
Alors, voilà. M. le Président, je termine ainsi, et nous
sommes disponibles pour répondre à vos questions.
Un mot juste pour dire que la société distincte doit
signifier quelque chose dans l'Accord de libre-échange.
Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Me Lambert, pour votre
exposé.
Nous allons d'abord débuter avec le ministre des Affaires
internationales.
M. Ciaccia: Alors, M. le Président, je veux remercier la
Chambre des notaires pour leur mémoire. Je dois vous dire que, quand
vous avez dit, en dernier, que la société distincte doit
signifier quelque chose, c'est le message qu'on donne, non seulement au
Mexique, c'est le message qu'on donne à Washington, qu'on donne en
Europe, qu'on donne en Asie parce qu'on a une façon de faire les
choses... Ça fait partie du Canada, M. Léonard, la
société distincte.
M. Léonard: Ils n'ont pas l'air d'avoir reconnu
ça.
M. Ciaccia: On n'embarquera pas dans des débats
constitutionnels, on va se placer à l'international et à des
choses positives, comme les suggestions de la Chambre des notaires. Et c'est
une carte de visite, parce que nous avons des institutions que nous avons
développées qui peuvent être utiles pour le Mexique, qui
peuvent être utiles pour l'Europe de l'Est, pour l'Asie. Et, quand vous
parlez du droit civil et des deux cultures, je suis entièrement d'accord
avec vous. Je vous rejoins quand vous parlez que notre système juridique
prend vraiment le meilleur, incorpore le système latin et le
système anglo-saxon. C'est quelque chose que seulement nous avons. Le
Mexique ne l'a pas, les États-Unis ne l'ont pas, l'Angleterre ne Fa pas,
la France ne l'a pas. Nous l'avons. Et je suis entièrement d'accord avec
vous que c'est quelque chose que nous pouvons et devons utiliser.
Quand vous parlez que nous devrons inclure dans notre politique
commerciale, notre politique internationale, cet aspect, je crois que c'est
déjà inclus. Dans le document de politique internationale
«Le Québec et l'interdépendance: le monde pour
horizon», on parle de l'exportation du savoir-faire
québécois. Le savoir-faire québécois inclut
l'aspect juridique, inclut le notariat, inclut tous les éléments
que vous venez de mentionner. Alors, on n'a pas vraiment besoin d'amender notre
politique ou notre document, ça l'inclut. D'ailleurs, dans plusieurs
missions économiques, où le notariat n'était pas reconnu,
des bureaux d'avocats se sont impliqués, et peut-être je pourrais
vous inviter à vous impliquer dans les missions économiques que
nous allons faire en Amérique latine et au Mexique. Vous avez fait
référence au Comité multilatéral de
coopération. Ça m'a fait plaisir de vous avoir supporté
financièrement. Et c'est d'encourager vraiment l'aspect très
positif de votre mémoire, parce que je crois que nous avons quelque
chose d'additionnel à offrir au Mexique, plus que n'importe quel autre
pays, et ce que vous nous mentionnez fait partie de ça.
Juste quelques autres informations. Quand vous parlez du crédit
d'impôt de 1000 $ aux dirigeants des PME pour l'apprentissage de
l'espagnol, ces sommes sont déjà déductibles des revenus
imposables des entreprises.
Vous avez fait référence à la
Délégation générale du Québec à
Mexico. Nous avons déjà augmenté signifi-cativement les
ressources humaines, monétaires et matérielles de la
Délégation, pour mettre en oeuvre notre plan d'action, et dans le
plan d'action, ici, on a... on propose d'établir une entente d'entraide
judiciaire; ça peut être «entraide juridique». Quand
je parle «judiciaire», ça inclut tous les aspects
juridiques, et je vous invite à communiquer avec mon ministère
pour voir comment on pourrait inclure la Chambre des notaires, votre
profession, dans cette entente que nous proposons avec le Mexique. Je suis
certain qu'on va pouvoir inclure beaucoup d'aspects que vous avez
soulevés, et faire ce lien entre votre profession et la profession qui
est pratiquée au Mexique.
Un autre élément que vous avez soulevé, c'est la
question d'une réserve pour le notariat québécois. Vous
avez dit: Pourquoi le Canada... Vous avez déposé l'Accord de
libre-échange avec l'annexe mexicaine, et vous dites: Pourquoi est-ce
que le Canada n'a pas exclu, n'a pas créé une telle
réserve? Pour votre information, les réserves, pour les mesures
provinciales et étatiques en matière de commerce de services,
doivent être déposées dans les deux ans suivant la date de
l'entrée en vigueur de l'ALENA. Autrement dit et c'est ça,
un des buts de cette commission nous avons certaines discrétions,
certaines décisions à prendre à l'intérieur de
l'entente du libre-échange, et une de ces décisions, c'est:
Est-ce que nous allons «antérioriser» la question de
résidence et de citoyenneté? Nous avons deux ans pour
déterminer si oui, le Québec va dire: Pour exercer telle ou telle
profession ce n'est pas limité à la profession de notaire,
ça peut être les avocats, ça peut être d'autres
professions il faut avoir la qualification de résidence et de
citoyenneté. Nous n'avons pas encore pris cette décision, parce
que, au moment où on se parle, on regarde plutôt aux
qualifications et au code, à la Chambre des notaires, qui doit
autoriser; un notaire, avant de pouvoir pratiquer au Québec, doit se
qualifier d'après nos lois. Alors, peut-être que la
citoyenneté, la résidence, ne sera pas nécessaire, parce
qu'il y a toujours ce contrôle que la Chambre des notaires a sur la
pratique de leur profession. Mais on est ouverts, et on est prêts
à discuter ça avec vous, mais on... Prenez votre temps, on a deux
ans pour prendre cette décision.
Il y a beaucoup d'autres sujets qu'on pourrait discuter sur les
différentes recommandations que vous
avez faites. Mais peut-être que, pour le moment, je laisserais au
président, qui avait indiqué un désir parce que lui
aussi a une formation juridique il avait exprimé le désir
de vouloir intervenir au sujet de votre mémoire.
Le Président (M. Dauphin): ...pour réagir avant, Me
Lambert, oui?
M. Lambert: Oui...
Le Président (M. Dauphin): Me Lambert, s'il vous
plaît. (17 h 10)
M. Lambert: M. le Président.
Alors, très brièvement, pour dire que, dans notre
mémoire, au moment où on l'a dirigé, et à la
lumière des documents qu'on a lus, il y a certaines choses qu'on a
senties mais qu'on n'a pas vues d'une façon très précise;
donc, on les a dites. On savait que, effectivement, à la
Délégation du Québec à Mexico, ça
grouillait, bien évidemment. Mais, on a senti le besoin de le dire,
à la fois pour donner, sans doute, un appui très clair au
ministre lorsqu'il aura à discuter de ses crédits alors,
ça, c'était un des buts et on voulait aussi que ça
aille au-delà un peu aussi, parce que, mon Dieu, tout le monde est
temporel, les hommes passent, les gouvernements passent, et tout ça, et
on voulait que ça vise scripta manent étant notre
définition on voulait que certaines choses soient dites et
écrites et demeurent. Alors, voilà pour ça.
Quant à la question de citoyenneté, on en parlera. Je
voudrais simplement vous dire ceci. C'est que le contrôle qu'une
corporation professionnelle peut exercer, elle est obligée de le faire
à l'intérieur des balises de la loi, des chartes, de la
constitution, etc., comme tout le monde. Alors, si ces critères qui,
actuellement, par le travail de l'Office des professions, sont en train de
disparaître dans la réforme qui est sous étude actuellement
la grande réforme des lois professionnelles au Québec
à ce moment-là, la Chambre des notaires ne pourra plus
exiger l'obligation d'être citoyen et domicilié au Québec
pour délivrer le permis d'exercice. Alors, ça devient
extrêmement, dans ce cas-là... Lorsqu'une activité... Parce
que, des fois, on peut exclure des activités. Par exemple, un avocat
d'une autre province peut venir ici, mais on peut l'empêcher d'agir dans
certains domaines, soit la sécurité, ou encore... Les
prérogatives de l'État sont rattachées au geste en
question. Mais, dans le cas du notaire, c'est l'ensemble de son activité
qui participe de cette caractéristique. C'est pourquoi tous les pays qui
connaissent du notariat font cette exclusion, spécifiquement pour le
notariat. Et on se retrouverait, M. le Président, dans la curieuse
situation d'être le seul notariat dans le monde qui n'exigerait pas le
domicile et la citoyenneté, et ça, ça se passe
actuellement. Donc, là-dessus, c'est un peu un appel au ministre...
M. Ciaccia: Ça ferait partie de la société
distincte.
M. Lambert: Oui, c'est ça, mais il y a des fois, la
distinction n'est pas toujours facile à supporter. Alors, c'est pour
ça que, dans le fond, il faudrait peut-être, M. le ministre, que
nous nous rencontrions à brève échéance pour,
peut-être aussi, discuter avec l'Office des professions qui brasse
beaucoup tous ces concepts-là par les temps qui courent, pour que, au
moins, on ait une position claire entre nous, au Québec, et, ensuite,
peut-être après ça, cogner à la porte à
Ottawa pour que ça se fasse. Vous dites qu'on a deux ans, c'est bien
court, mais on va vous aider à...
M. Ciaccia: Vous avez raison que, si le Mexique exige cette
condition... Il ne faut pas être plus catholique que le pape, et dire:
Écoutez, si vous exigez cette condition, pourquoi attendez-vous de nous
qu'on ne l'exige pas. Alors, ça pourrait être un point de
discussion parmi d'autres avec les autorités mexicaines.
M. Lambert: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
Alors, juste avant de me reconnaître, je vais reconnaître
l'Opposition officielle pour débuter son temps de parole.
M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Merci, M. le Président.
D'abord, je tiens à vous féliciter pour l'enthousiasme
avec lequel vous avez présenté votre mémoire. Ça
fait du bien d'entendre des gens qui viennent nous parler de
l'établissement des liens avec le Mexique, à partir de ce qu'on a
en commun. Et ce qu'on a fondamentalement en commun, c'est effectivement
l'appartenance à ce que vous avez décrit, dans votre
mémoire, comme étant ce concept beaucoup plus large de la
latinité. C'est dans ce sens-là comme j'ai eu l'occasion
de le faire remarquer à d'autres groupes qui se sont
présentés ici avant vous où, nous,
Québécois, devons voir, dans l'entrée du Mexique dans
l'Accord de libre-échange avec les États-Unis ou
l'élargissement de cette entente, un partenaire et un appui pour
défendre et pour appuyer entre autres, nos revendications en
matière culturelle et en matière linguistique,
préoccupations auxquelles vous n'avez pas tout à fait
répondu l'Accord de libre-échange avec les
États-Unis.
Votre présentation suscite plus de commentaires qu'elle
n'entraîne de questions parce que, d'abord, c'est très positif,
mais, également, il y a deux choses, deux commentaires,
particulièrement, qui me viennent à l'esprit.
Vous avez parlé de l'exportation du «know-how», qui
découle un peu de notre caractère distinctif. Vous avez
mentionné, en particulier, les services de la Chambre des notaires,
mais, si vous me le permettez, moi,
j'aimerais corroborer cette approche que vous avez à partir de
l'expérience que j'ai eue moi-même, comme vice-président de
la Banque Nationale, responsable de la division d'Amérique latine. Nous
n'avions presque pas de structure, de présence en Amérique
latine, et le fait d'avoir cet élément culturel commun nous a
permis d'avoir une carte de visite et une carte d'entrée que bien
d'autres institutions beaucoup plus fortes que les nôtres n'avaient pas.
Et c'est un peu dans ce sens-là que vous avez apporté ce point,
et je tiens à l'appuyer parce que je l'ai vécu moi-même
dans un autre contexte.
Deuxièmement, je pense que le point que vous soulevez concernant
la clause de réserve, concernant le critère de nationalité
et de domicile, c'est quelque chose qui soulève plusieurs questions. La
première réflexion qui me vient à l'esprit, c'est que,
dans les négociations, finalement, on n'est jamais aussi bien servi que
par soi-même. Et je pense que ça, c'est un point qui l'explicite
de façon tout à fait éloquente.
Je me pose la question comme vous vous la posez sans doute
vous-mêmes: Comment se fait-il que le gouvernement fédéral
n'ait pas songé à introduire cette dimension-là en ce qui
concerne particulièrement le notariat au Québec, sachant
très bien que vous êtes les seuls qui avez un caractère
particulier en Amérique du Nord, mise à part la Louisiane, que
vous avez mentionnée dans votre mémoire, et Porto Rico, qui a un
statut un peu spécial?
Ce qui m'intrigue également, c'est: Comment se fait-il que,
à la lumière de ce que vient de nous dire le ministre et ce que
vous nous avez dit, le Mexique lui-même l'a proposé dans les
négociations initiales. Comment se fait-il que ni le gouvernement
fédéral et, ce qui est encore plus inexplicable, le gouvernement
du Québec lui-même, n'aient même songé
spontanément à introduire cette réserve?
Alors, moi, la question que j'aimerais poser, au fond, c'est bien plus
au ministre qu'à vous. Mais sauf que ce n'est pas le contexte pour le
faire. Mais j'aimerais que vous nous disiez, peut-être avec des exemples
concrets, qu'est-ce que, au niveau des affaires, vous pouvez tirer de
l'association avec le Mexique? Quels sont les types de transactions, par
exemple, où des notaires québécois, en collaboration,
peut-être, avec des notaires mexicains, peuvent retirer de cette
association? Des exemples de transactions et d'interventions
concrètes.
M. Lambert: Oui. Essentiellement, dans le domaine de...
Évidemment, je vais laisser de côté les relations
d'individus qui peuvent se déplacer d'un pays à l'autre, ou
encore tout le volet, par exemple, de l'adoption internationale. Donc, on va
mettre de côté, je pense, les questions qui se rattachent à
ce que j'appellerais les droits plus individuels et patrimoniaux des individus
pour parler plus au niveau des secteurs d'entreprise. Et c'est là, je
pense, que ça peut être extrêmement intéressant pour
les PME québécoises. Par exemple, une
PME québécoise décide d'aller s'établir ou
encore d'établir une entente de «joint venture» avec une PME
mexicaine. Alors, en s'adressant à un notaire québécois
qui, évidemment, est bien au fait de ces questions-là au Mexique,
qui a son correspondant au Mexique, je pense qu'on peut épargner
énormément de temps aux entreprises en question pour conclure
leurs ententes juridiques.
Et, dans le mémoire, on a esquissé je ne sais pas
si on l'a fait d'une façon aussi claire que c'est dans ma tête
la possibilité de mettre au point un protocole de
réciprocité, comme nous allons en signer un, demain, avec la
Chine populaire qui, donc, permettra la préparation et la signature de
documents au Québec qui seront reçus et acceptés dans le
pays d'établissement avec le minimum de tracasseries bureaucratiques.
Alors, ça, c'est extrêmement intéressant, et on pense
même aller plus loin, être capable d'établir la
possibilité de signer des actes authentiques, donc, avec une force
juridique inégalée donc, inconnue, d'ailleurs, dans le
système anglo-saxon simultanément, par exemple, à
Mexico, à Montréal et même à Paris. Ce sont
déjà des choses qui sont en discussion et sur lesquelles on
travaille. Déjà, au niveau de la loi du notariat, il y a deux
semaines, dans une autre commission parlementaire, on a parlé
spécifiquement d'un article de notre loi qui modifie et va donner cette
ouverture, qui va donc correspondre, aussi, à la très grande
ouverture qu'on trouve dans ce domaine-là, avec le nouveau Code civil du
Québec, et, dans ce sens-là, les entreprises des pays
signataires, qui sont extrêmement bien servies, pourront lire rapidement
leur documentation juridique, subir beaucoup moins de tracasseries
administratives, être beaucoup moins sujettes à problèmes,
et donc, à contentieux. (17 h 20)
Or, c'est dans cette veine-là que le notariat du Québec
va, je pense, retirer pour la collectivité québécoise le
plus d'avantages, et la même chose, aussi, pour les notariats des pays
signataires, Porto Rico et Mexique.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président.
Alors, Me Lambert, bienvenue. C'est évident qu'il faut rappeler
l'importance, je pense, au niveau de la citoyenneté et du domicile parce
que c'est non seulement le gouvernement fédéral qui risque de
poser problème, mais les problèmes ne sont pas non seulement dans
deux ans, mais actuellement, parce que la réforme du Code des
professions, elle est actuelle, et c'est dans cette réforme-là
que l'Office des professions suggère de retirer cette clause-là
qui appartenait au niveau de la Chambre des notaires.
Et toute l'argumentation, je pense, est reliée au fait que c'est
une profession qui a un caractère d'officier public. Donc, c'est
ça, la grande différence, et c'est pour ça que ça
justifie le fait de maintenir cette clause-
là. Et l'intervention que le ministre pourrait faire, ce serait
peut-être auprès de son collègue, qui est responsable de
l'application des lois professionnelles, pour s'assurer que l'Office des
professions n'ira pas à rencontre de cet objectif, parce que si on le
change aujourd'hui, dans le Code des professions du Québec, on va avoir
des problèmes après, au niveau de l'Accord.
Vous avez, dans vos objectifs spécifiques, je pense, parlé
de l'information complète pour le contrôle de l'exercice de la
profession dans chacun des pays signataires, en mentionnant que c'était
important pour la protection des consommateurs de services, et je pense que
vous avez parfaitement raison là-dessus. Pour obtenir cette information
complète sur les contrôles de l'exercice, est-ce qu'il y a des
mesures plus particulières auxquelles vous songez ou que vous auriez
besoin d'aide pour pouvoir...
M. Lambert: Besoin d'aide, non, je pense que ça,
là-dessus, ça peut très bien s'établir par les
relations entre les organismes professionnels des pays signataires. Aurons-nous
besoin, peut-être, d'un léger support technique quelconque, je
parlais surtout, par exemple, pour Mexico, à la
Délégation... donc, à la maison du Québec à
Mexico, ça, pour nous, ça serait important qu'on puisse y avoir
accès, mais j'ai compris des propos du ministre que, de toute
façon, on semblait, là... déjà on avait
élargi des activités. L'idée semblait donc être
assez bien reçue.
Je pense que ça, ça serait, dans le moment, le support que
nous attendrions. Par la suite, évidemment, nous aurons peut-être
besoin de modifier certains points dans notre loi pour accorder une
réciprocité à nos partenaires, eux-mêmes s'engageant
de faire les mêmes modifications dans leur législation. Alors,
là, à ce moment-là, il faudra trouver une oreille
attentive auprès du gouvernement du Québec. C'est, dans le fond,
je pense, ce que je pourrais dire en résumé.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup. Mme la
députée.
Mme Caron: Merci, M. le Président.
Dans vos objectifs généraux, le point 3, vous nous dites:
Veiller à ce que la dynamique engendrée par l'ALENA ne soit pas
préjudiciable au développement du notariat. Et vous avez
spécifié, entre parenthèses, que l'Accord de
libre-échange avait soulevé certains problèmes à
cet égard-là. Alors, j'aurais voulu vous entendre un peu plus
là-dessus.
M. Lambert: C'est-à-dire qu'il a soulevé pas
véritablement de problème immédiatement, puisque tout le
secteur des services sauf deux exceptions n'est pas
touché, dans le moment, par l'Accord de libre-échange avec les
États-Unis. Sauf qu'il y a une dynamique claire qui est
créée, et on sait qu'une dynamique, normalement, c'est d'aboutir,
d'avancer et de se déve- lopper. Or, cette dynamique-là est
d'homogénéiser les choses, d'homogénéiser les
secteurs des services. Alors, c'est évident que, dans ce grand tout
anglo-saxon, où seul le Québec a du notariat, c'est clair qu'on
sentait qu'on n'avait pas une bien, bien grosse chaise et qu'on risquait de
passer dans la machine. Et, notamment, au niveau des actes ou des actes
spécifiques de l'intervention juridique, où on exige une
formalité qui est beaucoup plus contraignante que ce qu'on trouve dans
la formule anglo-saxonne, mais qui est compensée par une grande
sécurité juridique, une absence de contentieux, ou, du moins, une
diminution des chances de contentieux, et, ici au Québec, pour se
rattacher un peu aux considérations que vous mentionniez tantôt,
le fait que ces contrats-là ne se perdent pas. On peut vous sortir
je voyais Papineau son contrat de mariage. C'est conservé.
On a des actes des premiers temps de la colonie. On peut voir ce qui se
passait. Mais d'une façon beaucoup plus près, vous, vous avez
signé un acte, une entreprise a signé un document notarié,
il y a 15 ou 20 ans, on le retrouve en dedans de quelques heures, tout au plus,
et ça, on ne retrouve pas cet équivalent-là dans le monde
anglo-saxon, parce que la conservation officielle des documents juridiques,
ça n'existe pas. C'est laissé entièrement libre aux
cabinets juridiques. Alors, face à une dynamique qui nous est
très étrangère et on ne nie pas, évidemment,
l'évidence du nombre que constitue l'immense machine américaine
c'était clair qu'on voyait là une dynamique qui risquait,
M. le Président, de nous être préjudiciable.
Avec l'arrivée du Mexique, là il y a un contrepoids qui se
fait. Le Mexique est un joueur très important. Le notariat est
absolument très, très impliqué. D'ailleurs, ils ont
été impliqués dans les négociations, très,
très près de M. Bush, et je pense qu'à ce
moment-là, pour nous, c'est extrêmement intéressant, parce
que là, on se sent beaucoup moins seuls. C'est pour ça que c'est
dans ce sens-là que l'ALENA, pour nous, c'est un événement
extrêmement emballant.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
Si vous me permettez, je vais me reconnaître pour une question. Le
ministre aussi a d'autres questions, ça, je le sais.
Moi aussi, tout d'abord, j'aimerais vous féliciter pour la
qualité de votre mémoire, mémoire intéressant,
agréable à lire. Ce n'est pas le jeu du hasard. On parlait de
distinction tantôt, de société distincte. On sait que, ce
qui est prévu pour la réforme du Code civil, la mise en vigueur,
c'est le 1er janvier 1994, la même date que ce qui est prévu pour
l'ALENA. On ne sait jamais, peut-être que Me Lortie va faire la
première, en termes de sûretés mobilières, avec une
transaction mexicaine. On ne sait jamais.
À tout événement, moi, j'aimerais vous entendre
parler davantage sur le fameux Comité multilatéral, là, de
coopération, dont vous parlez, je crois, à la page 10
de votre mémoire. Vous nous avez indiqué tantôt, Me
Lambert, que dans l'échéancier prévu, en avril, il y aura
tenue réelle, effective, là, d'une rencontre pour tout le groupe.
Maintenant, vous parlez de déterminer, avec les partenaires, des
priorités par le Comité multilatéral de
coopération. Est-ce que vous pourriez expliciter davantage
là-dessus? Est-ce que vous avez établi ces
priorités-là?
M. Lambert: Pour nous, la priorité, c'est d'obtenir un
protocole de réciprocité comme nous venons d'en conclure un avec
le notariat de la République populaire de Chine, c'est-à-dire,
donc, c'est un service que les notaires de chaque pays pourront offrir aux
entreprises des pays signataires, c'est-à-dire de pouvoir
conférer la certitude et l'authenticité à une foule de
déclarations et d'attestations qui sont requises par les États
pour permettre l'établissement d'une entreprise étrangère
sur son sol. Alors, avec ce type d'accord, donc, on pourra rapidement permettre
aux entreprises québécoises de pouvoir faire affaire rapidement,
avec un minimum de tracasseries bureaucratiques, au Mexique. Donc, ça,
c'est vraiment notre priorité, mais, au-delà de ça, il y a
à établir entre nous et là, je reviens à ce
que j'appelle les objectifs spécifiques au notariat, qui est de se
connaître beaucoup mieux au niveau des connaissances du droit...
Alors, donc, nous allons avoir des séances d'information, ils
vont nous informer sur le droit mexicain pertinent aux services qu'on peut
avoir à rendre ici, et nous, nous allons faire la réciproque. Par
ailleurs, nous allons travailler avec eux pour moderniser, entre guillemets, si
vous me permettez, leur droit des sociétés pour qu'ils puissent,
donc, être beaucoup plus performants là-dedans. Alors, ça,
ça fait partie, aussi, des actions à très court terme que
nous allons mener.
Évidemment, est-ce que la mobilité complète pourra
être, un jour, envisageable, possible? Mais ça, je vois ça
plutôt dans une optique de moyen et de long terme. Par ailleurs, la
signature simultanée d'actes authentiques dans une pluralité de
lieux, par exemple, Montréal, Mexico, ça aussi, c'est un
objectif, mais on réalise, comme ça va impliquer des
modifications législatives, que ça, l'échéancier
sera plus loin. Mais, en gros, là, ce sont les premiers objectifs que
nous nous sommes fixés.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
Combien de temps qu'il nous reste? Cinq minutes.
M. le ministre. (17 h 30)
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais clarifier un plan
qui a été soulevé par M. Lambert, qui a été
repris par le député de Bertrand et la députée de
Terre-bonne, et je crois que le député de Bertrand est
arrivé trop vite à certaines conclusions sur toute la question de
réserve, de la citoyenneté et de la résidence. Vous faites
un reproche au gouvernement fédéral de ne pas l'avoir inclus dans
l'Accord de libre-échange.
Pour votre information, ce n'est pas dans la juridiction du gouvernement
fédéral de prendre ces décisions pour nous. Ce matin, vous
nous reprochiez qu'on ne respectait pas les juridictions
fédérales-provinciales dans l'entente. On les respecte, et, par
respect de cette juridiction, le gouvernement fédéral ne pouvait
pas inclure dans l'Accord que la résidence et la citoyenneté
seraient maintenues. C'est pour ça qu'on a deux ans pour,
nous-mêmes, prendre les décisions sur les sujets de notre
juridiction.
Le gouvernement mexicain, oui, il l'a inclus parce que c'est dans la
juridiction du gouvernement mexicain de prendre cette décision, mais ce
n'est pas dans la juridiction... Oui, c'est dans la juridiction du gouvernement
fédéral mexicain de prendre cette décision, mais ça
ne l'est pas dans la juridiction du gouvernement fédéral
canadien.
Autrement dit, le gouvernement fédéral respecte notre
société distincte. Il la respecte. Et ce n'est pas seulement dans
ce cas-ci. Il y a plusieurs autres cas où nous avons les deux
années pour prendre ces décisions.
Maintenant, c'est une question de traitement national. Ce n'est pas une
question d'homogénéité. C'est parce que ce n'est pas une
entente comme le cas du marché européen, marché unique
où il y a la mobilité, il y a tout le... Ici, c'est une question
de traitement étranger, comme on traite nos nationaux à nous
nous-mêmes. Alors, c'est quelque chose que nous devons examiner si on n'a
pas cet avantage ou cette condition; si cette condition est prise et incluse
par le gouvernement mexicain, on va discuter avec vous et on va voir quelle
décision nous allons prendre. Mais c'est une question que c'est dans
notre juridiction à nous de prendre cette décision et ce n'est
pas au gouvernement fédéral de le faire. Et vous auriez
été les premiers à critiquer le gouvernement
fédéral s'il avait pris la décision pour nous.
Alors, je sais que vous êtes toujours anxieux de critiquer le
fédéral, mais essayez d'être un peu réalistes et
objectifs...
M. Léonard: Et vous, qu'est-ce que vous avez fait?
M. Ciaccia: ...un peu dans la façon où l'entente a
été négociée et...
Une voix: Hein? qu'est-ce qu'il a fait, lui?
M. Ciaccia: C'est malheureux qu'il faille vous impliquer. On ne
veut pas vous impliquer dans nos querelles internes. Je voulais juste... Et
normalement, je dois dire, le député de Bertrand est beaucoup
plus positif que ça. Peut-être que c'est tard dans la
journée. On a commencé de bonne heure ce matin. Alors, c'est la
fatigue qui le prend. Je voulais juste clarifier ce point pour expliquer
pourquoi c'est à nous de prendre la
décision et pourquoi le gouvernement fédéral ne l'a
pas prise.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. Ciaccia: Et l'Office des professions... Vous faites
référence à l'Office des professions. L'Office des
professions est dans notre comité technique sur la mise en oeuvre de
l'entente, et ils sont en communication directe avec la direction des
politiques commerciales au ministère pour la mise en oeuvre. Alors, il
n'y aura pas de problème de communication.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Caron: Le problème, c'est que, effectivement,
actuellement, les notaires ont cette protection dans leur loi...
M. Ciaccia: Ils l'ont...
Mme Caron: ...sauf que l'Office veut l'enlever dans la
réforme du Code des professions. C'est pour ça que je vous dis de
parler au ministre voisin.
Une voix: Parlez à votre collègue.
Renseignez-vous.
M. Ciaccia: Ça, c'est quelque chose qu'on va discuter.
M. Gautrin: Pas du tout. C'est un avant-projet de loi.
Mme Caron: Non, non. La loi des notaires... Une voix: On
va se parler. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Voyons! On comprend ce qu'est qu'un avant-projet de
loi.
M. Ciaccia: On va consulter. On va se parler. Merci beaucoup.
Le Président (M. Dauphin): C'est moi qui vous remercie, M.
le ministre.
Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Bertrand, auquel il reste... cinq minutes à votre formation
politique.
M. Beaulne: Merci, M. le Président.
Je ne voudrais pas entraîner nos invités dans un
débat constitutionnel des deux côtés de la table, ici, sauf
que je pense que, moi aussi, j'ai des précisions à apporter suite
aux commentaires du ministre, dans le sens où il n'est pas question de
blâmer le gouvernement fédéral pour ne pas l'avoir inclus
automatiquement dans l'entente. La question qu'on se pose, c'est que, bien
sûr, si ce n'est pas dans sa juridiction de le faire, la moindre chose,
c'est qu'il consulte ceux dont c'est la juridiction. Alors, dans ce
cas-là, on peut se poser la question, puis vous retourner la balle
à vous. Comment ça se fait que vous, vous ne l'avez pas inclus ou
comment ça se fait que vous n'avez pas consulté les principaux
intéressés, à savoir si ça les avait
intéressés, d'autant plus que vous saviez que le Mexique l'avait
demandé, parce que si vous ne saviez pas que le Mexique l'avait
demandé, il y a quelque chose qui ne circule pas dans les informations
entre vous et le fédéral. Alors, je pense que... Je veux bien
donner l'absolution au gouvernement fédéral dans cette
question-là, mais alors, il faut que quelqu'un porte la
responsabilité...
Une voix: ...
M. Beaulne: ...de ne pas avoir fait un travail complet dans cette
histoire-là. Et ma question s'adresse à nos amis de la Chambre
des notaires.
Souhaiteriez-vous, avant de quitter cette salle, que le ministre
s'engage à faire introduire cette clause de réserve dans les deux
années qui suivent et qui permettent de le faire?
Le Président (M. Dauphin): Me Lambert, brièvement,
puisqu'il restait 40 secondes...
M. Lambert: Définitivement, pages 16 et 17, c'est la
demande formelle que nous faisons au ministre.
Une voix: Eh bien!
M. Ciaccia: Si vous avez donné l'absolution au
gouvernement fédéral, il va falloir que vous donniez
l'absolution, aussi, à nous, pas qu'on en a besoin. Si cette clause est
là pour deux ans, c'est parce que nous l'avons demandée. On veut
prendre le temps pour prendre les décisions en consultation. On ne
voulait pas prendre cette décision immédiatement avant le 1er
janvier, avant la mise en vigueur. On s'est donné deux ans pour prendre
non seulement cette décision, mais plusieurs autres décisions, et
nous allons le faire en consultation avec ceux qui sont impliqués, et
ces clauses-là ont été incluses à la demande du
gouvernement du Québec pour avoir notre entière protection de nos
juridictions et pour nous donner le temps que nous jugeons nécessaire
pour consulter et prendre les décisions qui s'imposent non seulement
dans ce domaine-ci, mais dans plusieurs autres.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
En terminant, M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Mais alors, comment expliquez-vous votre commentaire
de tout à l'heure, à savoir que vous aviez l'air plutôt
surpris lorsque les membres de la Chambre des notaires ont dit que le Mexique
l'avait fait inscrire et l'avait demandé. Vous aviez l'air surpris parce
que vous avez ajouté, à ce moment-là: Bien, si c'est le
cas pour le Mexique, il y a pas mal de possibilités que ce soit le cas
pour nous aussi.
M. Ciaccia: On veut se donner deux ans. Une voix: II
n'était pas au courant.
M. Beaulne: Mais vous n'aviez pas l'air au courant.
M. Ciaccia: Ce n'est pas une question de surprise; c'est une
question de deux ans, c'est une annexe, et ces annexes-là peuvent
être modifiées. Le Mexique pourrait changer cette condition. C'est
entièrement dans leur pouvoir de le faire, et nous allons examiner
toutes les circonstances qui entourent la décision à prendre et
nous la prendrons en temps et lieu.
Le Président (M. Dauphin): Alors...
M. Beaulne: Oui, mais en ce qui nous concerne, vous pouvez
compter sur notre appui pour veiller à ce que ce soit inscrit.
Le Président (M. Dauphin): C'est malheureusement tout le
temps qui nous était alloué.
Alors, Me Lambert, Me Galipeau, Me Lortie, merci d'avoir accepté
notre invitation et merci de votre participation.
Le mot de la fin, deux secondes, Me Lambert.
M. Lambert: Bon. Alors, ça va être un peu plus que
deux secondes simplement pour dire, M. le Président, que je suis
très heureux de voir que et le parti ministériel et l'Opposition
vont donc s'entendre très bien pour qu'on fasse aboutir ce
point-là. C'est ce que nous demandions. Nous en serions très
satisfaits.
Et je tiens à remercier, en terminant, le ministère de M.
Ciaccia pour l'aide concrète. Elle n'est pas énorme, mais elle
était symbolique et elle est très appréciée pour
nous permettre de démarrer ce comité international.
Merci. (17 h 40)
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
Je demanderais maintenant au Groupe métropolitain en
aménagement et transport de s'avancer à la table des
invités.
On commence.
Alors, c'est avec plaisir que nous accueillons maintenant le Groupe
métropolitain en aménagement et transport,
représenté par son président, M. Normand
Nadeau, ainsi que Louis-Marie Pilote, qui est vice-président
à l'administration, tout juste à sa gauche.
Alors, nous avons une période d'une heure qui nous est
réservée, donc, le tiers du temps pour votre exposé, si
nécessaire; ensuite de ça, il y aura une période
d'échange entre les parlementaires et vous-mêmes.
Alors, M. Nadeau, à vous la parole.
Groupe métropolitain en aménagement et
transport (GMAT ltée)
M. Nadeau (Normand): D'abord, j'aimerais remercier M. le
Président, M. le ministre, Madame, Messieurs, de nous recevoir, une
petite compagnie, une PME québécoise, qui, depuis un certain
nombre d'années, s'est «mexicanisée»,
c'est-à-dire qu'on a des associés mexicains, ici à
Montréal, on a des associés mexicains là-bas, on a notre
propre entreprise au Mexique; et on essaie, avec tout le jeu de la concurrence,
de faire des affaires, c'est-à-dire que... ce beau
«mariposa», qu'on vous a mis sur notre couverture, nous apporte des
dollars, au Québec et aux PME québécoises.
Alors, notre mémoire est quand même assez bref. Le contexte
du traité, je pense que vous le connaissez aussi bien que moi, et on ne
reviendra pas sur cet aspect-là. J'aimerais surtout attirer l'attention
sur les créneaux d'exportation. Notre entreprise, depuis plus d'un an, a
reçu un mandat du gouvernement mexicain de faire et de mettre en place
un programme de développement des villes moyennes du Mexique. Ce
programme-là est déjà presque à sa phase finale, et
ça nous a permis d'explorer quels seraient les éléments,
quelles seraient les infrastructures nécessaires, quels sont les besoins
des villes mexicaines, mises à part Mexico et Monterrey. Et c'est
ça qu'on aimerait vous livrer, et vous donner certaines pistes aux
entreprises québécoises qui espèrent décrocher des
marchés au Mexique.
Alors, un des secteurs, actuellement, qui est le plus en demande, c'est
la modernisation des services municipaux, et on peut faire une analogie, je
pense, sans être négatifs, on se retrouve à peu près
dans les années soixante, au Mexique, par rapport au Québec. Les
services municipaux n'ont pas été développés parce
que les municipalités n'avaient pas le pouvoir de les développer,
c'est-à-dire que non seulement ils n'avaient pas d'argent, mais ils
n'avaient pas les structures institutionnelles pour les développer. Et
je pense que les firmes québécoises qui ont pris naissance
à partir des années soixante ont excellé dans le domaine
du génie-conseil, c'est-à-dire qu'on a vu une
prolifération d'entreprises québécoises dans le
génie-conseil, et ici, ça s'est développé
pratiquement à partir de ces firmes de génie-conseil
là.
Deuxième créneau, ce sont les besoins en infrastructures.
Dans plusieurs villes, l'alimentation en eau potable est déficiente,
l'assainissement des eaux usées, le traitement des déchets, les
équipements de transport, les équipements de communication.
Troisième grand créneau, ce sont les services financiers,
qui, à notre avis, nous semblent les plus prometteurs, actuellement, au
Mexique. Dû à la privatisation des banques, je pense que les
banques canadiennes, les banques québécoises ont un paradis
devant elles, évidemment, si elles interviennent à temps pour
prendre leur part de marché.
D'autre part, il faut faire part de certains enjeux. Le premier enjeu
majeur, c'est la concurrence avec les firmes mexicaines, et on peut dire que
l'ingénierie traditionnelle, telle que pratiquée ici au
Québec, n'est pas exportable en soi, à cause des coûts
exorbitants. Mise à part la productivité, les coûts sont
pratiquement la moitié de ce que nous autres, ici, on peut facturer
à nos clients canadiens, de sorte que les firmes
québécoises qui sauront créer des alliances ou des
consortiums avec des firmes mexicaines pourront, éventuellement, capter
les marchés, mais ce n'est pas dans le domaine de l'ingénierie
traditionnelle, c'est plutôt dans des services très
spécialisés d'ingénierie.
Deuxième enjeu, c'est que, ici, on a développé
pratiquement l'ingénierie comme étant un service en soi, qui
pouvait être proposé comme un service unique, alors que,
là-bas, il faut absolument associer non seulement les services
d'ingénierie, il faut associer les services financiers pour assurer
l'implantation des projets. Alors, non seulement il faut fournir
l'ingénierie, il faut également fournir le financement ou le
trouver sur des marchés internationaux ou sur des marchés
nationaux.
Troisième enjeu majeur, c'est le processus de sélection
des firmes. Jusqu'à maintenant, nous avons été
impliqués d'assez près dans des choix de sélection de
firmes, mais pour représenter le gouvernement mexicain, et, là,
le processus, je pense, dans l'avenir, demande amélioration. Il est
très difficile et très tortueux, le processus actuel, et il va
demander beaucoup d'ajustements, en termes de compétition au niveau
international.
Quatrième enjeu, qui est tout à fait surmontable, c'est la
langue. Beaucoup d'entreprises québécoises, actuellement, n'ont
pas de difficulté et n'espèrent avoir aucune subvention pour
faire ça. On fait ça régulièrement, maintenant. La
plupart des membres parlent espagnol, on fait nos textes en espagnol, nos
traitements de texte sont en espagnol, nos logiciels d'ingénierie sont
en espagnol. Alors, ça, c'est surmontable dans le court terme.
Cinquième enjeu, c'est les systèmes bancaires canadiens.
Actuellement, il est très difficile, au niveau bancaire, de faire des
transactions, par exemple, d'une caisse populaire, de la Banque Royale, de la
Banque de Nouvelle-Ecosse à notre banque là-bas. C'est des mois
d'attente pour faire des transferts. Alors, la difficulté, actuellement,
elle est là. On n'a pas des traites bancaires faciles avec les banques
mexicaines.
Maintenant, les stratégies commerciales. Que faut-il faire? Le
Mexique est dans une phase de privatisation, pratiquement tous les services
municipaux: on a des villes, actuellement, dont l'eau potable, le service
d'ali- mentation d'eau est privé; l'assainissement de l'eau est
privé; la cueillette des déchets, l'incinération des
déchets, l'entretien des feux de circulation, le service de circulation
est privé. Et ça, ça demande une adaptation aux firmes
québécoises qui désirent soumissionner et obtenir des
marchés.
De plus, il faut, comme on disait tantôt, proposer aux Mexicains
des projets intégrés. Donc, il va falloir qu'on amène avec
nous un financement pour obtenir les marchés, compte tenu que la plupart
de ces services-là vont être donnés en concession,
c'est-à-dire que l'entrepreneur va soumettre un prix pour construire
l'usine, l'exploiter et être rémunéré selon la
qualité de l'eau qu'il va fournir à la ville. (17 h 50)
Les stratégies gouvernementales. Maintenant, je pense que le
Québec, par sa maison du Québec à Mexico, peut coordonner,
peut faciliter les rencontres avec les autorités mexicaines. Ça,
c'est son premier rôle. Son deuxième rôle j'ai
d'ailleurs eu des rencontres avec M. Caron à ce sujet-là
c'est que, si les entreprises québécoises qui, par exemple,
fabriquent des équipements et espèrent les exporter, il va
falloir qu'en plus elles apportent avec elles le financement, et bien
au-delà des lignes de crédit de la SEE, qui sont uniquement pour
la fourniture de l'équipement. Ce qui veut dire que le gouvernement du
Québec, s'il désire s'impliquer, nous croyons qu'il devrait
stimuler une certaine concertation parmi les banques québécoises
et là, je veux parler des caisses populaires, fonds de
solidarité qui peuvent non seulement aider les entreprises, ici,
en termes de excusez le mot «cash flow» ou de
gestion, de fabrication, mais, également, investir dans ce genre de
concession là, que des firmes québécoises vont devoir
exploiter pendant une période de 10 ou 15 ans. Et c'est très
rentable. Les études financières... Il y a des risques, mais
c'est une opération bancable, financière et intéressante
au niveau économique.
D'autre part et c'est le dernier item je pense qu'il faut
applaudir notre ministre qui a appuyé le traité de l'ALENA. Je
pense qu'il ouvre, pour les Québécois, un marché potentiel
énorme, évidemment, avec toutes ces contraintes mexicaines. Mais
nous pouvons y tirer des avantages.
Et le dernier mot, c'est que je pense que nous n'avons pas beaucoup de
temps. Si on ne gagne pas des marchés importants dans les deux
prochaines années, je doute qu'on puisse le faire après. Alors,
c'est un peu le message que je voulais transmettre.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. Nadeau, pour
votre exposé.
Je vais maintenant reconnaître M. le ministre des Affaires
internationales.
M. Ciaccia: Merci, M. Nadeau, pour votre présentation. Je
suis vraiment heureux de voir qu'une PME québécoise s'est
déjà impliquée et travaille au Mexique.
On essaie de tout notre possible d'accroître le nombre des PME
à l'international. Et je me réjouis de voir que vous êtes
déjà présents et que vous reconnaissez l'importance et les
possibilités d'opportunité dans le marché mexicain. Je
suis entièrement d'accord avec vous.
L'ALENA, je crois, vient confirmer la possibilité d'effectuer des
affaires avec succès si l'entreprise a développé une
stratégie dynamique comme vous semblez l'avoir fait pour
élargir son marché. Alors, je vous remercie pour votre
mémoire et votre présence ici. Et je pense que vous donnez aussi
un exemple de l'exportation du savoir-faire québécois. Vous avez
soulevé beaucoup de problèmes, et on va y revenir. Mais quand
vous parlez des créneaux que vous avez identifiés et dans
lesquels vous travaillez par exemple, surtout la question des
municipalités et des services aux municipalités je crois
que ça confirme que, au Québec, on a développé des
façons de faire les choses, des expertises qui, évidemment, ne
sont pas utilisables seulement à l'intérieur du Québec,
mais peuvent être exportées. Ce ne sont pas seulement des
produits, mais c'est le savoir-faire, et je pense que l'exemple de vos
activités nous démontre que c'est éminemment
exportable.
Vous avez mentionné deux points sur la question que
l'ingénierie traditionnelle des Québécois n'est pas du
tout compétitive. Est-ce que c'est strictement la structure des
coûts ou est-ce qu'il y a d'autres éléments?
Le Président (M. Dauphin): M. Nadeau.
M. Nadeau: Je pense que c'est surtout la structure des
coûts. Alors, nous, actuellement, lorsqu'il s'agit de l'ingénierie
d'exécution traditionnelle, on la fait faire pratiquement au Mexique.
Alors, il ne faut pas penser que ça va créer des emplois ici, si
on veut être compétitifs. Alors, il y a certains
éléments d'ingénierie traditionnelle qu'il faut faire
exécuter là-bas pour être compétitifs.
M. Ciaccia: Mais est-ce que ce sont certains types
d'ingénierie? Parce que... Par exemple, j'ai fait une mission
économique en Chine. Et il y a des firmes québécoises qui
décrochent des contrats intéressants pour des projets en Chine.
Je sais que c'est un autre marché, mais c'est plutôt dans
l'hydroélectricité et des projets plus majeurs, peut-être.
Est-ce que c'est le créneau de l'ingénierie ou si c'est en
général?
M. Nadeau: En général, si on peut les
énumérer, là...
M. Ciaccia: Oui.
M. Nadeau: ...les champs, lorsqu'il s'agit, par exemple, de
calculs de structures, on n'est pas compétitifs du tout au niveau de...
C'est sûr qu'en termes de productivité on peut en revenir
pratiquement pas loin du coût total, mais on n'est pas
compétitifs. Par exemple, le calcul des routes ou des infrastructures
routières, on n'est pas compétitifs parce que, eux, les salaires
horaires sont beaucoup moindres qu'ici pour des qualifications à peu
près semblables.
C'est sûr que la productivité, des fois, on dit: Bien, ils
sont un petit peu moins productifs que nous, mais il reste que le coût
total est moindre là-bas.
M. Ciaccia: Alors, si...
M. Nadeau: Alors, ce qu'on fait habituellement, nous, c'est que
tout ce qui est très haute technologie ou de procédé
d'ingénierie ou de grandes qualifications, on fait une équipe qui
peut être 30 % canadienne ou 30 % québécoise et 70 %
mexicaine ou quelquefois l'inverse pour arriver à
être compétitifs.
M. Ciaccia: Alors, peut-être que l'ingénierie
québécoise est exportable et ne rencontre pas ce
problème-là quand il y a de la technologie ou des...
M. Nadeau: ...des procédés.
M. Ciaccia: ...des procédés dans lesquels, eux,
peuvent faire une contribution que l'ingénieur local ne peut pas.
M. Nadeau: C'est ça. Par exemple, dans le domaine de
l'assainissement des eaux, les firmes sans les nommer, là
qu'on a ici au Québec elles ne sont pas nombreuses
compétitionnent très bien, et, même, on peut vendre plus
cher que ce qu'on vendrait ici au Canada. Lorsqu'il s'agit de haute
technologie, on est très compétitifs avec les Américains
ou les Européens.
M. Ciaccia: Vous avez fait référence, aussi, aux
systèmes bancaires où vous semblez avoir des problèmes en
termes de financement et en termes de la relation entre les banques canadiennes
et les banques mexicaines. Je pense que c'est exactement pour cette raison que
l'entente du libre-échange prévoit, contient des
dispositions...
M. Nadeau: C'est ça.
M. Ciaccia: ...où nos institutions vont pouvoir... il y a
une plus grande ouverture...
M. Nadeau: C'est ça.
M. Ciaccia: ...et en faisant ça, peut-être que
ça va en venir à modifier les pratiques actuelles et permettre
aux institutions mexicaines de donner le même service que nos
institutions donnent, ici. Mais quand vous mentionnez... Vous semblez proposer
que les gouvernements s'engagent, via nos institutions financières, pour
soutenir les entreprises et vous mentionnez la Caisse de dépôt ou
le Fonds de solidarité. Est-ce que vous croyez
bien que c'est vraiment le rôle d'une caisse de dépôt
ou d'un fonds de solidarité de s'engager dans de tels projets?
M. Nadeau: alors, le développement... un des projets qui,
actuellement, est en signature finale au ministère des finances
mexicain, c'est la création d'un fonds d'investissement pour les
infrastructures municipales. ce fonds-là, actuellement, va être
détenu à 30 % par la banque banobras, au mexique, et 70 % par des
banques mexicaines, qui vont acheter comme des obligations ou ce qu'on
peut appeler des bons du trésor, ou cette forme-là.
Maintenant, dans les négociations, dans ce fonds-là, parce
que nous on agit comme leurs directeurs techniques, souvent il est mention...
parce qu'on essaie, on dit: Regardez, il y a cette entreprise-là qui
vient du Québec, qui peut fournir cet équipement-là. Les
banques mexicaines disent: Vous ne pensez pas qu'il y aurait des banques
canadiennes qui pourraient investir dans notre fonds, acheter des parts dans
notre fonds? Et c'est là qu'on en a parlé, nous, aux caisses
Desjardins, on en a parlé au Fonds de solidarité. On dit:
Seriez-vous intéressés à investir comme actionnaires d'un
fonds qui a des taux d'intérêt très intéressants,
qui peut aller jusqu'à 17 %, 18 % d'intérêt, et c'est
sûr qu'il y a peut-être un plus grand risque qu'ici, il faut
admettre qu'il y en a un. Par contre, pour légitimer l'entrée de
fournisseurs québécois, je pense que ça aiderait que les
caisses ou les banques québécoises investissent dans ces
fonds-là, comme font les banques allemandes, comme font les autres
banques des autres pays.
M. Ciaccia: Quelle a été la réaction des
institutions québécoises? (18 heures)
M. Nadeau: Jusqu'à maintenant, je les ai
rencontrées à quelques reprises, d'ailleurs, avec l'aide de votre
ministère, et on dit que je suis très loin en avant d'eux,
c'est-à-dire qu'ils vont suivre derrière; et vous allez voir
prochainement, probablement dans votre prochaine mission, je pense qu'on va
probablement se rencontrer.
Les banques mexicaines ont beaucoup évolué. Nous,
ça fait pratiquement lorsque nous étions au Bureau de
transport métropolitain ça fait 15 ans qu'on va au Mexique
et on voit l'évolution, et ce n'est pas à rejeter qu'un jour il y
aura des banques ou des caisses populaires qui investiront dans ces
fonds-là, parce que comme tout fonds financier, il y a de l'argent
à faire, et lorsque ça peut supporter, par exemple, une
entreprise qui va fournir des équipements dans lesquels la caisse
populaire est également actionnaire, je pense qu'on combine deux
éléments, parce que, ce qui manque actuellement au Mexique, c'est
les fonds financiers, c'est le financement.
M. Ciaccia: De plus en plus, c'est un problème dans toutes
les activités internationales, que ce soit l'exportation, que ce soit
des projets, tout l'aspect de financement, et je crois qu'il va falloir... Et
j'ai l'impression aussi que, dans plusieurs cas, on n'est pas
compétitifs avec d'autres pays. D'autres pays ont des méthodes de
financement qui sont beaucoup plus compétitives que les nôtres.
Alors, je pense qu'il va falloir qu'on porte une attention très
spéciale, et qu'on peut explorer avec vous les différentes
institutions québécoises, parce qu'il y a aussi la
Société de développement industriel qui a un certain
aspect de leurs opérations pour aider les exportations avec d'autres
formes de garantie avec les banques, d'autres institutions financières.
Alors, ça me fera plaisir d'explorer ça avec vous, parce que
c'est un élément clé; si on veut avoir une présence
de nos entreprises, de vendre nos produits, de faire des projets, il va falloir
absolument qu'on trouve une solution avec... pour la question du
financement.
M. Nadeau: Dans les simulations financières qu'on a faites
pour Banobras, qui est la banque de développement mexicaine, on a fait
différentes simulations, et on voit que, dans ce
régime-là, où on va privatiser ces services municipaux,
là, il faudra investir jusqu'à 30 % de la valeur du service,
c'est-à-dire de l'infrastructure. Alors, si une compagnie canadienne
désire, par exemple, vendre un incinérateur de 30 000 000 $, il
faut qu'elle espère ou il faut qu'elle pense à investir
jusqu'à 10 000 000 $, qui vont lui rapporter beaucoup. C'est un
très bon investissement. D'ailleurs, si vous lisez un peu les journaux
mexicains, actuellement, les fonds d'investissement peuvent rapporter
jusqu'à 30 % de rendement.
M. Ciaccia: Je pense que la SDI va être avec moi sur cette
mission, et un des buts, c'est exactement, précisément,
d'explorer... Je pense que c'est une question d'arriver à des formules,
de faire un coût-bénéfices, de voir quand on va investir 10
000 000 $, quel sera le retour, non seulement sur le 10 000 000 $, mais pour la
vente des équipements ici et la création d'emplois. Il faut
mettre le tout ensemble, pas juste le taux d'intérêt, et c'est de
cette façon-là que nous, comme gouvernement, devons examiner le
problème de financement.
Merci, pour le moment.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Merci.
Je tiens à vous féliciter d'être venu nous apporter
votre témoignage d'une petite entreprise véritablement active sur
le terrain. Jusqu'ici et d'ailleurs, quand on regarde la liste des
autres mémoires qui nous sont présentés ce sont les
groupes bien organisés, bien structurés qu'on revoit dans la
plupart des commissions, qui viennent nous livrer leurs réflexions, mais
je pense que vous apportez un éclairage beaucoup plus cru sur la
réa-
lité à laquelle nous aurons à faire face au Mexique
par rapport, je dirais, au portrait plutôt rose bonbon que plusieurs
viennent nous présenter, comme s'il s'agissait de la nouvelle poule aux
oeufs d'or dont les bénéfices allaient nous tomber du ciel tout
seuls.
J'ai particulièrement apprécié le fait que vous
nous fassiez part de votre expérience sur le terrain, vos efforts pour
obtenir des contrats au Mexique et, dans ce sens, je pense bien que vous vous
inscrivez dans le groupe de ces petites PME québécoises que le
ministre voudrait voir gonfler. D'ailleurs, il l'a dit à plusieurs
reprises. Bien là, on en a un exemple, et je pense que ça vaut la
peine d'écouter leur point de vue et de les encourager dans leurs
projets futurs.
Ceci étant dit, j'aurais quelques questions assez précises
à vous poser, surtout en relation avec votre expérience. Lorsque
l'Association des exportateurs est venue nous livrer leurs réflexions,
j'ai soulevé la question de ce qui m'était apparu, à
l'époque, une politique à courte vue de la SEE et des
institutions bancaires canadiennes qui avaient coupé les lignes de
crédit et, à toutes fins pratiques, les relations
financières avec le Mexique dans le contexte de la restructuration de la
dette mexicaine, alors que d'autres pays, comme les États-Unis, le
Japon, la France ou l'Allemagne, ne l'avaient pas fait.
Compte tenu également du vieux dicton qui veut qu'on
développe une relation, un peu, d'affectivité, si vous voulez,
avec ceux qui nous ont soutenus dans les temps difficiles et qu'on leur renvoie
l'ascenseur lorsque les moments de prospérité arrivent,
pensez-vous que l'attitude qu'a eue le gouvernement canadien, en particulier la
SEE et les institutions bancaires canadiennes au début des années
quatre-vingt, lorsque le Mexique traversait sa véritable crise
d'endettement, pensez-vous que ça a laissé des séquelles,
dans le sens où, comme institution québécoise ou
canadienne, vous trouvez-vous un peu défavorisés par rapport
à des institutions françaises, allemandes, japonaises ou
américaines, dont les institutions financières et les agences de
financement officielles ont maintenu des liens avec le Mexique pendant la
période difficile?
M. Nadeau: Non. Moi, je ne crois pas du tout. Qu'est-ce que vous
voulez? C'était un contexte qui était probablement international.
Je ne sais pas si les autres pays ont coupé ou non. Ce qu'on peut dire
aujourd'hui, c'est qu'il existe des lignes de crédit quand même
assez importantes du Canada auxquelles, nous, on fait appel
régulièrement. Il y a un mois, on a fait appel à une
très importante. Et moi, je pense qu'il... C'est sûr qu'on peut
essayer de se souvenir des choses dans le passé, mais je ne pense pas,
non.
M. Beaulne: Bon maintenant, quand vous avez effectué vos
démarches sur le marché mexicain, quel type d'appui avez-vous
reçu de la part des gouvernements fédéral et
québécois, d'une part, et quel type d'aide auriez-vous
souhaité recevoir et qui vous aurait aidés davantage par rapport
à vos concurrents ou par rapport aux problèmes... ou aux
contraintes que vous nous avez indiquées tout à l'heure?
M. Nadeau: En fait, ce sont les mêmes programmes auxquels
tout le monde a accès. Jusqu'à maintenant, nous, on n'a pas eu de
programme du Québec auquel on a eu accès parce que les
délais étaient toujours trop courts et on ne pouvait pas se
prévaloir de ce programme-là.
Maintenant, de la part d'Ottawa, on a eu un appui important dans le
développement de ces marchés-là. J'ai deux histoires dans
notre entreprise parce qu'autrefois nous étions au Bureau de transport
métropolitain et on avait essayé de développer ces
marchés-là. Maintenant, on axe beaucoup par le contact direct.
C'est que, nous, on a une associée mexicaine qui vit ici depuis trois
ans, et, maintenant, on va directement à travers l'appareil
gouvernemental mexicain. (18 h 10)
La maison du Québec nous donne beaucoup d'appui dans
l'information qu'on aimerait avoir. Je pense que c'est dans ce sens-là
que ça peut nous aider. Je ne pense pas que les entreprises
québécoises veuillent de l'argent du Québec, je ne pense
pas. Dans mes collègues on se connaît bien on
préfère avoir de l'information plutôt que de l'argent ou
faire des programmes d'appui ou je ne sais pas trop.
M. Beaulne: Vous avez parlé dans votre mémoire de
la nécessité de financer directement les entreprises
québécoises impliquées dans la réalisation des
services sous forme de concessions nécessitant un montage financier
complet. Qu'est-ce que vous entendez par un montage financier complet? Et puis,
pour faire suite, un peu, aux réponses que vous avez données au
ministre tout à l'heure, de quelle façon voyez-vous la SDI jouer
un rôle plus efficace ou plus pertinent dans ce domaine-là?
M. Nadeau: Je peux peut-être procéder avec un
exemple. Dans plusieurs villes, on demande actuellement de construire des
usines d'épuration dont le coût varie de 30 000 000 $ à 50
000 000 $. Et l'entreprise qui va décrocher le marché, il faut
qu'elle propose la construction, le financement, la fourniture des
équipements et l'opération pendant 10, 12 ans. Alors, il faut
faire un montage financier de ce paquet-là qu'on propose à la
ville ou à l'État mexicain. On a approché des entreprises
québécoises qui peuvent fournir des équipements,
peut-être, pour un montant de 12 000 000 $ à 15 000 000 $ ou 18
000 000 $, et, évidemment, ils ne sont pas payés le mois
d'après. Donc, c'est là que le financement temporaire, via la
SDI, peut les aider. Parce que ce ne sont pas des petits projets. La plupart,
ce sont des projets qui varient entre 30 000 000 $, 40 000 000 $, 50 000 000 $.
Et c'est là que le financement temporaire peut aider les entreprises et
c'est là
aussi que, si la Caisse de dépôt veut investir dans la
petite société québécoise qui va fabriquer
l'équipement, bien, elle va lui rendre un coup de pouce. C'est que la
petite entreprise ne peut pas mobiliser 18 000 000 $ au Mexique. Elle ne peut
pas, actuellement, faire ça.
M. Beaulne: Quand vous dites...
M. Nadeau: Et c'est là qu'on est limité parce qu'on
n'a pas de banque qui pourrait appuyer directement cette entreprise-là
venant du Québec.
M. Beaulne: Quand vous dites qu'il faut agir rapidement pour ne
pas se faire damer le pion, pour utiliser votre expression, comment est-ce
que... qu'est-ce que c'est que vous entendez par «agir rapidement»
dans votre... C'est quoi, l'échéancier que vous envisagez?
M. Nadeau: Nous, parmi nos collègues, là, on pense
qu'il y a deux ans. C'est qu'actuellement le Mexique est couru par tous les
pays. Chacun arrive un peu avec sa formule de financement. Actuellement, le
Canada, le Québec, on a, je pense, une ouverture, parce qu'on
était des gens qui étaient plus près d'eux, mais,
finalement, le prix ou la concurrence va faire en sorte qu'il va falloir qu'on
leur propose, dans l'immédiat... On ne pourra pas attendre, parce que
ça se développe à un rythme foudroyant. Les États,
maintenant, veulent se doter de systèmes d'eau, veulent se doter... Et
ils n'attendront pas indéfiniment. C'est qu'il y a des pays qui
arrivent, puis ils financent directement.
M. Beaulne: Mais est-ce que vous parlez d'un laps de temps d'un
an, deux ans, trois ans?
M. Nadeau: Non, non. Moi, je parle de deux, trois ans, mais pas
plus que ça.
M. Beaulne: Deux, trois ans. Bon, mon collègue aurait une
question.
M. Léonard: Oui. J'écoutais ce que vous disiez tout
à l'heure, en particulier, que vous attendiez plutôt de
l'information du gouvernement du Québec plutôt que de l'aide, puis
que, dans toute hypothèse, chaque fois que vous faites appel à un
programme, les délais sont trop courts, vous ne pouvez pas en
bénéficier.
J'espère qu'on écoute ça, de l'autre
côté, parce que ça me paraît drôlement
important. Ce qu'il vous a dit... Le ministre ne m'a pas entendu non plus, puis
il n'a pas écouté, tout à l'heure, ce qu'il a dit. C'est
qu'il a raté... il compte surtout sur de l'information, parce que tous
les programmes auxquels ils ont fait appel, au gouvernement du Québec,
les délais en étaient trop courts, et puis, ils n'ont pas pu en
bénéficier. Donc, ce n'est pas de votre côté qu'ils
attendent de sauver. Alors, il faudrait que...
M. Nadeau: Maintenant, c'est peut-être que, nous, on n'a
pas planifié assez longuement d'avance.
M. Léonard: Ah! Et...
M. Nadeau: C'est que la compétition fait en sorte qu'on a
très peu de temps pour répondre aux appels d'offres.
M. Léonard: C'est ce que je pense aussi, surtout sur le
plan international. moi, je voudrais revenir sur la question du financement. on
sait que le mexique, qui est parti d'une situation financière
très difficile, l'a rétablie. je cite les chiffres du document
à la page 6, et ça, c'est révélateur, puis quand je
pense à la situation du canada, il y a peut-être comme quelques
messages là-dessus. dette publique totale, intérieure,
extérieure, elle était à 54,9 % du pib en 1990, et puis,
en 1993, aujourd'hui ou... disons 1993, c'est réduit à 30,7 %. de
54,9 % à 34,7 %, l'intérieure est passée... la dette
intérieure est passée de 22,9 % à 9,1 % et
l'extérieure de 32 % à 21,6 %, puis on estime qu'en 1996 ce sera:
total 18,3 % du pib et intérieure, elle sera de 0,9 % du pib,
extérieure, de 17,4 %. c'est quelque chose qu'on peut qualifier d'un
rétablissement fulgurant.
M. Ciaccia: Ils n'ont pas de problèmes constitutionnels,
eux autres. Ils peuvent s'occuper de l'économie.
M. Léonard: Oui, mais justement. C'est exactement. ..
comme vous ne le réglez pas, puis que vous êtes incapables de le
régler, voilà le coût, voilà le coût
réel...
M. Ciaccia: Ah! Vous nous aidez...
M. Léonard: ...du taponnage constitutionnel.
M. Ciaccia: ...vous nous aidez grandement!
M. Léonard: Ceci étant dit, quand vous
référez au problème de financement à l'interne,
à mon sens, le crédit va être beaucoup plus facile au
Mexique, dans les années qui viennent, que maintenant. Vous avez
parlé, tout à l'heure, d'un taux de 15 %, 20 %; là, je ne
sais pas les... connais pas actuellement les taux d'inflation. Je sais qu'il y
a eu un moment où les taux d'inflation au Mexique étaient
considérables. Lesquels ils sont maintenant? Je sais qu'il y a deux ans,
c'était à peu près de l'ordre, encore, de 15 %. Est-ce
que, quand vous... Est-ce que vous parlez d'un taux d'intérêt
réel quand vous parlez de taux de rendement de 17 %?
M. Nadeau: Non, je... ce n'est pas réel.
M. Léonard: C'est... c'est le taux... le taux...
M. Nadeau: C'est le taux, actuellement...
M. Léonard: ...le taux courant, le taux courant,
M. Nadeau: ...le taux qui est prêté aux
états, là, ça fait 18 %, 20 %. maintenant, il y a
l'inflation, là.
M. Léonard: Oui, O.K. Correct.
Sur le plan municipal, est-ce que le Mexique s'est donné un
programme ou un plan par exemple, en environnement
d'assainissement des eaux municipales? Peut-être qu'il se l'est
donné officiellement, publiquement, mais est-ce qu'il est suivi, de
façon concrète, par les municipalités, puis est-ce qu'il y
a des choses concrètes là-dedans qui fonctionnent?
M. Nadeau: Bon.
M. Léonard: Parce que c'est quand même un des
problèmes importants du Mexique, actuellement.
M, Nadeau: Oui. Alors, c'est justement le gros mandat que, nous,
nous avons, là, depuis un an, c'est faire la structure d'appui à
ce programme-là de développement des villes moyennes; et,
jusqu'à maintenant, c'a donné naissance, au mois d'octobre, au
programme «des 100 villes». Alors, ils ont lancé le
programme qui va financer certaines infrastructures jusqu'à 50 % de leur
montant, des structures visant l'assainissement, majoritairement, visant... Il
y a un autre programme, qui est les habitations à prix modique.
Maintenant, les besoins sont tellement grands. Je peux vous donner
l'exemple du projet-pilote parce que c'est à partir de ça qu'on a
dosé les autres États. Dans un État, par exemple, une
ville comme Montréal qui fait 1 000 000 et quelque chose,
là, 1 200 000, 1 100 000 a un budget annuel de 60 000 000 $.
Alors, les besoins sont tellement grands par rapport aux revenus que la ville
a, c'est qu'elle ne peut pas se permettre de construire aucune, absolument
aucune infrastructure; et dans le programme, actuellement, qu'on débute
avec eux -- c'est l'implantation de cadastres fiscaux pour permettre aux villes
de récupérer de l'argent, à partir des taxes municipales,
pour qu'elles puissent financer ces infrastructures-là on va
jusqu'à quintupler les revenus des villes.
M, Léonard: Ça, ça veut dire qu'il y a de
l'économie souterraine.
M. Nadeau: II y a de l'économie... c'est-à-dire
qu'il y avait des gens qui ne payaient absolument aucune taxe, mais qui veulent
des services actuellement, et là, ils sont en train de mettre en place
un programme de récupération de taxes à l'intérieur
de chacune des villes, et c'est à partir de ces revenus-là,
maintenant, qu'ils vont pouvoir construire des infrastructures.
M. Léonard: En tout cas, si vous réussissez, il
faudrait donner la recette au ministère du Revenu du Québec,
là, parce qu'ils ont des problèmes avec la contrebande de
cigarettes. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): Ça va?
Je vais maintenant reconnaître Mme la députée de
Kamouraska-Témiscouata.
Mme Dionne: Oui, merci, M. le Président.
M. Nadeau, vous avez parlé beaucoup de ce qui se fait au Mexique
et du financement, et des besoins de financement, et je me demandais à
quel point, à un certain moment donné, la Banque mondiale et la
Banque interaméricaine finançaient ce genre de projets là,
là, qui étaient municipaux, tout ça; et est-ce que c'est
pour dire que, maintenant, ces deux banques-là, à tout le moins,
ne financent plus du tout, et que c'est pour ça que le Mexique est
obligé de retourner vers des sources plus privées, si on
veut?
M. Nadeau: Bon. Alors, il existe toujours les programmes Banque
mondiale, ou multilatérale, où, par exemple, il y a un programme
dans le domaine de l'environnement qui fait 300 000 000 $, au Mexique,
financé par la Banque mondiale. Mais les besoins sont tellement grands.
Je peux vous dire que, dans un État l'État-pilote
les besoins sont de 200 000 000$, juste un État: il y en a 30,
États; et là, c'est un petit État. Dans certains
États, ça va faire 400 000 000 $ de besoins à court terme,
là.
Mme Dionne: O.K.
M. Nadeau: Alors, c'est sûr que ce programme-là
existe toujours, de la Banque mondiale, de la Banque interaméricaine;
mais les besoins, dans l'immédiat, sont beaucoup, beaucoup plus grands
que ça, et il y a un désir politique de le faire.
Mme Dionne: O.K. Parce que dans ces projets-là, avec les
différentes banques, les firmes québécoises et canadiennes
pouvaient soumissionner, mais...
M. Nadeau: C'est ça.
Mme Dionne: ...directement avec les banques, alors la
compétition était moins féroce, aussi, qu'elle ne l'est
présentement avec...
M. Nadeau: Je ne dirais pas ça. On a de la
compétition. J'en ai un, projet, avec la Banque mondiale, justement au
Mexique, depuis un an, et puis, on n'a pas eu le contrat encore. Ha, ha,
ha!
Mme Dionne: O.K. Donc...
M. Nadeau: Donc, la compétition est aussi forte...
Mme Dionne: ...que le... O.K.
M. Nadeau: Moi, je pense que l'avantage que, maintenant, les
formules de financement où on apporte le financement, c'est que c'est
donné, pratiquement, comme un contrat privé. On ne fait pas
d'appel d'offres sur ça.
Mme Dionne: O.K.
M. Nadeau: Vous arrivez avec votre projet, et si le coût
unitaire de l'eau qui est fournie au bout, pour laquelle la municipalité
va payer, est le plus bas, ils vous donnent immédiatement le contrat,
sans autre...
Mme Dionne: O.K. Sans... M. Nadeau: Sans appel d'offres.
Mme Dionne: Sans appel d'offres.
M. Nadeau: Mais il faut avoir des prix compétitifs. Il
faut que le coût unitaire au mètre cube soit
intéressant.
Mme Dionne: Soit le meilleur. M. Nadeau:
Compétitif, oui.
Mme Dionne: Vous dites aussi, dans votre mémoire, qu'il ne
faut pas oublier que le Mexique dirige 60 % de ses...
M. Nadeau: Oui.
Mme Dionne: ...achats aux États-Unis. Quand vous dites
«dirige», là, c'est plus que
«achète»?
M. Nadeau: Oui.
Mme Dionne: Est-ce que vous voulez vraiment dire
«diriger»?
M. Nadeau: Bien, c'est... On voit, à l'intérieur de
l'appareil gouvernemental, qu'ils ont... pas un biais, là, mais une
faveur naturelle vers les États-Unis, particulièrement si on est
plus vers le nord du Mexique.
Mme Dionne: D'accord.
M. Nadeau: Alors, les administrateurs ont une tendance tout
à fait naturelle d'aller faire leur «shopping» à
Houston ou à San Diego...
Mme Dionne: O.K.
(18 h 20)
M. Nadeau: ...et puis, acheter tout ce qu'ils peuvent avoir chez
les Américains.
Mme Dionne: O.K. Alors, comme ça, pour les entreprises
québécoises, peut-être le marché du sud ou... Est-ce
qu'il y a certains secteurs où on pourrait vraiment
compétitionner avec...?
M. Nadeau: Moi, je pense qu'actuellement le secteur qu'on a
identifié là, nous...
Mme Dionne: Oui.
M. Nadeau: ...les services municipaux. C'est-à-dire tous
les équipements municipaux reliés à l'assainissement de
l'eau, on est très compétitifs. Nous, on a fait des prix
là...
Mme Dionne: O.K.
M. Nadeau: ...par rapport à d'autres firmes
américaines, on est très, très compétitifs.
Mme Dionne: O.K.
M. Nadeau: Actuellement, par exemple, il y a une compagnie, ici,
de Québec, qui fabrique des incinérateurs à haute
technologie, très compétitifs, très, très
compétitifs.
Mme Dionne: O.K.
M. Nadeau: On a un créneau, là, quelque part.
Mme Dionne: On a créneau, en tout cas dans ce
domaine-là?
M. Nadeau: Oui.
Mme Dionne: O.K. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Mme la
députée.
Est-ce qu'il y a d'autres demandes d'intervention? Ça va?
Alors, encore une fois, au nom de tous les membres de la commission, M.
Nadeau, M. Pilote, on vous remercie beaucoup d'avoir accepté notre
invitation. Merci de votre participation, et bon retour.
M. Nadeau: Bien, on vous remercie, en retour, de nous avoir
écoutés. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Alors, la commission ajourne
ses travaux, suspend, dis-je, ses travaux, jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 25)
(Reprise à 20 h 8)
Le Président (M. Dauphin): La commission permanente des
institutions reprend ses travaux.
Je vous rappelle le mandat, qui est de procéder à une
consultation générale et tenir des auditions publiques sur
l'Accord de libre-échange nord-américain.
C'est avec plaisir que nous accueillons maintenant la ville de
Montréal, représentée par M. Limonchik, qui est
président de la Commission permanente du Conseil sur le
développement économique.
Alors, je vais vous demander de nous présenter les membres qui
vous accompagnent. Alors, nous avons environ 45 minutes pour la session de ce
soir, c'est-à-dire une quinzaine de minutes pour la présentation
et 30 minutes d'échange entre les membres de la commission et
vous-mêmes.
Alors, bienvenue, M. Limonchik, et à vous la parole.
Ville de Montréal
M. Limonchik (Abe): Merci.
D'abord, je dois vous présenter les gens qui m'accompagnent:
à l'extrême gauche, Roger Verreault, qui est conseiller
économique à la CIDEM, et, à ma gauche immédiate,
Nicolas Roy, assistant directeur de la CIDEM, Commission d'initiative et de
développement économique de Montréal.
Mesdames, messieurs les députés, la ville de
Montréal est très heureuse de pouvoir exprimer ses vues quant
à la conclusion d'un accord de libre-échange entre le Canada, les
États-Unis et le Mexique. (20 h 10)
Le mémoire que présente aujourd'hui la ville à la
commission des institutions de l'Assemblée nationale porte
principalement sur l'industrie de l'habillement. Le choix de limiter nos propos
à ce seul secteur d'activité s'explique par le traitement
particulier qui lui est accordé. Pour la principale industrie
manufacturière de l'économie de Montréal, l'ALENA risque
de compromettre son développement en instaurant des règles
d'origine encore plus restrictives que celles qui prévalent,
actuellement, dans l'Accord de libre-échange avec les États-Unis.
Rappelons, à ce sujet, que, lors des négociations, au printemps
dernier, la ville, conjointement avec l'industrie du vêtement, et en
support au gouvernement du Québec, demandait au gouvernement du Canada
de sérieux ajustements aux propositions américaines portant sur
ce secteur d'activité. D'ailleurs, la collaboration avec le gouvernement
du Québec était excellente, lors de ces débats.
Essentiellement, cette demande visait à assouplir les règles
d'origine proposées sur les fils, fibres et tissus et établir des
contingents tarifaires qui permettent de maintenir ou améliorer le
niveau des exportations de nos entreprises. L'entente, qui était
signée par les trois pays, montre clairement que les États-Unis
sont demeurés, quand même, intraitables à bien des
égards.
Il est sans doute bon de rappeler quelques faits afin de mieux cerner
l'impact, éventuellement, de l'ALENA sur cette industrie. L'industrie du
vêtement est le principal employeur manufacturier à
Montréal, en 1992, avec plus de 32 % de l'emploi du secteur de la
fabrication. Cette industrie est également fortement concentrée
sur le territoire de la ville, puisqu'on y retrouve plus de 28 000 emplois,
actuellement, sur un total de 54 000 emplois au Québec. Depuis quelques
années, elle enregistre, toutefois, des pertes d'emplois
évaluées à 10 000 au Québec, entre 1988 et 1992,
dont près de 8000 uniquement à Montréal. Ces
difficultés se manifestent également un peu partout au Canada.
Depuis 1990, la valeur des livraisons canadiennes de vêtements chute.
C'est au Québec que l'on enregistre la baisse la plus forte. La
récession de 1990 et l'instauration de la TPS et de la TVQ, en 1991, ne
sont certainement pas étrangères à ces résultats.
Rappelons que la plupart des vêtements n'étaient pas assujettis
aux anciennes taxes de vente fédérale et du Québec et que
l'introduction des deux nouvelles taxes a provoqué une hausse
instantanée de plus de 15 % des prix des vêtements, alors que
sévissait la récession.
Au Québec, ces difficultés auraient été
encore plus importantes n'eût été de la progression des
exportations vers les États-Unis de 104 % entre 1988 et 1991.
Comparativement, les ventes de l'industrie canadienne du vêtement sur le
marché américain n'ont augmenté que de 60 %. Pendant la
même période, il est intéressant de noter que l'ensemble de
l'industrie manufacturière québécoise enregistrait une
augmentation de 7 % de ses exportations.
La performance des entreprises québécoises sur le
marché américain est attribuable, entre autres, à
l'utilisation de tissus européens et asiatiques pour la confection de
vêtements de qualité aux couleurs et aux motifs originaux.
L'avenue de l'industrie passe, d'ailleurs comme plusieurs l'ont
déjà identifié par la production de vêtements
mode. Dans le cadre de l'entente actuelle, ces vêtements ne peuvent
être exportés aux États-Unis que s'ils transitent par des
contingentements tarifaires en raison de la règle de la double
transformation. la performance de l'industrie québécoise sur le
marché américain est également le résultat des
efforts consentis pour améliorer la productivité. entre 1986 et
1990, par exemple, les gains de productivité de l'industrie du
vêtement au québec ont atteint 36,6 %, ont surpassé ceux
réalisés dans les secteurs manufacturiers
québécois, en général, de 27,8 %, et canadiens de
18,4 %, et sont demeurés supérieurs à ceux de l'industrie
canadienne du vêtement, dans son ensemble, de 31,6 %. donc, il est
évident que l'industrie montréalaise du vêtement est en
mesure de s'adapter aux conditions de nouveaux environnements
économiques. cependant, ces nouvelles règles d'origine de l'alena
pourraient compromettre ces excellentes réalisations depuis quelques
an-
nées.
Les vêtements fabriqués au Canada devront être
originaires d'un des pays signataires, afin qu'ils soient éligibles aux
tarifs réduits. Avec cette nouvelle disposition appelée la
règle de la triple transformation les vêtements qui
rencontrent présentement la double règle de transformation, mais
dont les fils ou fibres proviennent d'outre-mer, ne seront plus
éligibles au traitement préférentiel. Sous l'ALENA, les
entreprises devront donc recourir aux contingents tarifaires pour exporter des
produits présentement soumis aux tarifs réduits, contribuant
ainsi à les épuiser plus rapidement qu'auparavant.
Afin de compenser les effets de cette règle plus restrictive,
l'entente prévoit une augmentation des contingents tarifaires. Pour les
lainages, le niveau de base du contingent est augmenté de 1 % par
rapport à celui de l'ALE, et il progressera de 1 % par an au cours des
cinq années suivant l'entrée en vigueur de l'Accord.
Dans le cas des vêtements non laineux, le contingent de base est
presque doublé. Il serait augmenté de 2 % par année
pendant cinq ans.
Contrairement à ce qui a été avancé par le
gouvernement du Canada, ces augmentations pourraient s'avérer
insuffisantes pour compenser l'impact des règles d'origine de l'ALENA.
En plus de la règle de la triple transformation, des dispositions
supplémentaires forceront les entreprises à recourir encore plus
fréquemment aux contingents pour exporter les produits actuellement
éligibles au traitement préférentiel. Cela est
particulièrement vrai pour les vêtements en laine.
Contrairement à ce qui prévaut sous l'ALE, les doublures
visibles seront prises en compte dans la détermination de l'origine des
vêtements. Ceux dont les doublures comprennent des fibres provenant de
l'extérieur de la zone du libre-échange ne se qualifieront donc
plus pour le traitement préférentiel et ne pourront être
exportés que grâce aux contingents tarifaires. l'incorporation et
l'entente d'une nouvelle définition servant à classer les
vêtements aura un effet similaire sur les contingents des lainages.
présentement, un vêtement est classé dans la
catégorie lainage si la laine constitue sa principale composante, sur la
base du poids. avec l'alena, des vêtements pouvant contenir aussi peu que
23 % de laine en poids seront considérés comme des lainages.
l'effet de ce changement de catégorie sera d'épuiser plus
rapidement les contingents des vêtements en laine. rappelons toutefois
que le contingent des lainages est le plus faible des deux contingents de
vêtements, qu'il est présentement utilisé à plus de
60 %, que son niveau de base est pratiquement demeuré inchangé et
que sa progression sera marginale au cours des cinq années suivant
l'entrée en vigueur de l'entente.
Notons que c'est dans ce secteur d'activité que les entreprises
québécoises ont connu le plus grand succès, sur le
marché américain. L'apparente ouverture, donc, qui a
été donnée à l'industrie par l'augmentation des
contingents pourrait donc s'avérer insuffisante pour assurer une
véritable progression des exportations canadiennes.
Pour l'industrie montréalaise du vêtement, grande
consommatrice de tissus étrangers, ces restrictions sont
particulièrement préoccupantes. Elles pourraient toutefois le
devenir encore plus dans un avenir rapproché avec l'épuisement
des contingents tarifaires. La performance des entreprises de l'Ontario et de
la Colombie-Britannique au cours de la dernière année constitue,
à cet égard, un enjeu important pour notre industrie. avec des
augmentations de leurs ventes sur le marché américain de 141 % et
de 60 % respectivement, au cours des trois premiers trimestres de 1992, ces
deux provinces sont parvenues à faire diminuer la part du québec
dans les exportations canadiennes de vêtements aux états-unis de
62 % à près de 51 %. advenant que ces exportations contribuent
avec les nouvelles règles de l'alena à
l'épuisement des contingents, cela signifie que ces deux provinces se
positionnent favorablement pour l'obtention d'une part importante des futurs
contingents.
Il nous apparaît important que cette question soit analysée
le plus rapidement possible afin, si nécessaire, de prendre des mesures
appropriées pour que les entreprises québécoises
conservent, tout au moins, leur part actuelle du marché. (20 h 20)
Outre ces problèmes, il faut noter la possibilité de
concurrence accrue sur le marché canadien, de la part de l'industrie
mexicaine. Sa matérialisation dépendrait essentiellement de
l'attitude des Américains à utiliser la main-d'oeuvre bon
marché mexicaine pour lui faire réaliser une partie de la
production de vêtements de moyen et de haut de gamme. À cela
s'ajoute également l'incertitude que risque de provoquer la mise en
place d'un processus de révision des règles d'origine et des
contingents tarifaires. Il est présentement impossible de
déterminer si les règles d'origine seront
libéralisées ou renforcées, si les contingents tarifaires
seront augmentés ou diminués après 1998, et si les
modifications aux règles d'origine, pour tenir compte de la
disponibilité des approvisionnements, seront favorables à
l'industrie canadienne. Il apparaît clairement que les
négociations qui auront lieu sur ces mêmes questions devront
être l'objet d'une attention particulière de la part du
gouvernement du Québec. L'avenir de notre industrie du vêtement en
dépend. D'autre part, l'industrie se montre décidée
à prendre les moyens nécessaires pour s'adapter et profiter de
cette nouvelle entente. Elle considère, à cet égard,
qu'elle doit revoir ses stratégies commerciales et améliorer ses
techniques de production. Cette attitude très positive nous semble
devoir être appuyée par les gouvernements du Québec et du
Canada, afin de leur permettre de relever ce défi.
Maintenant, en ce qui touche la ville de Montréal.
L'administration de Montréal travaille déjà, depuis
plusieurs années, à la consolidation de l'industrie de la mode.
C'est dans ce contexte que la ville de Montréal a
amorcé, en 1991, un plan quinquennal d'action qu'on appelle
«Montréal Top Mode». Ce plan est destiné à
supporter les manufacturiers, les commerçants, les associations, les
écoles et tout autre regroupement de gens de la mode cherchant à
se faire connaître ici, comme à l'étranger. Cette campagne
a permis à Montréal de se hisser parmi les grandes capitales de
la mode et a contribué à mettre en place les bases
nécessaires pour assurer un nouvel essor chez ceux qui font la mode.
Donc, chez nous, nous avons investi, depuis 1991, près de 6 000 000 $
pour aider à consolider cette industrie, et je vous assure que des
actions supplémentaires sont quand même toutefois
nécessaires pour assurer le développement de cette industrie,
dans le contexte de l'adoption de l'ALENA.
En incitant fortement les entreprises à utiliser les fibres et
tissus d'origine nord-américaine, l'entente proposée risque de
faire disparaître l'une des particularités qui différencie
notre industrie. Bien que cela puisse s'avérer profitable pour certaines
entreprises, l'approvisionnement en fibres ou en tissus américains ne
nous apparaît pas comme une stratégie très viable à
long terme. Avec des coûts de production plus élevés, il
sera, en effet, difficile pour les entreprises québécoises de
concurrencer les firmes américaines, si elles utilisent les mêmes
tissus.
Donc, afin d'accroître la disponibilité des tissus à
prix concurrentiels, nous proposons que le gouvernement du Québec incite
le gouvernement du Canada à considérer la demande de l'industrie
d'abolir les tarifs douaniers sur des produits textiles non disponibles au
Canada. La ville aussi recommande donc, tout au moins, que soient
harmonisés les tarifs douaniers canadiens et américains afin
d'assurer à l'industrie des conditions équitables pour
concurrencer les produits fabriqués par les entreprises
américaines.
Aussi, la ville de Montréal recommande de poursuivre les
négociations dans le cadre de l'ALENA, afin qu'un nombre accru de tissus
et fils soit inscrit sur la liste des tissus et fils faisant l'objet de
difficultés d'approvisionnement. Dans l'optique d'accroître la
diversité des tissus disponibles répondant aux critères
des nouvelles règles d'origine, la ville soutient le projet d'expansion
du Centre d'impression textile visant à produire en série de
petits métrages de tissus exclusifs, destinés au secteur de la
mode, de l'ameublement et de la décoration intérieure. À
cet égard, elle souhaite que le gouvernement du Québec s'implique
dans ce projet, et que des efforts soient déployés pour favoriser
l'émergence de ce type de production au Québec.
Comme nous l'avons souligné précédemment, les
contingents tarifaires des règles d'origine feront l'objet de
négociations, de renégociations au cours des années
suivant l'entrée en vigueur de l'entente. À cet égard, la
ville recommande au gouvernement du Québec d'inciter le gouvernement du
Canada à adopter une attitude ferme en faveur de la
libéralisation des règles d'origine et de l'accroissement des
contingents tarifaires.
Dans un tout autre champ d'action, la ville de Montréal
considère important de favoriser l'émergence d'une industrie
encore plus dynamique et plus compétitive, qui saurait d'elle-même
s'adapter aux conditions changeantes des économies modernes. Pour cela,
elle privilégie plusieurs avenues. Afin de permettre aux entreprises de
mieux différencier leurs produits, la ville de Montréal
recommande de favoriser une plus grande intégration du design dans les
pratiques de l'industrie par l'instauration de mesures fiscales ou
d'autre nature adaptées à cette industrie.
Afin d'assurer une relève de la gestion dans le secteur du
vêtement et d'accroître l'utilisation du design dans les
entreprises, la ville recommande au gouvernement du Québec d'approuver
la demande de l'UQAM l'Université du Québec
d'implanter un cours universitaire en gestion et design de la mode. Ce
programme permettra la mise en commun de l'expérience du collège
Lasalle, dans le domaine de la mode, et l'expertise de l'UQAM, en ce qui
concerne la formation de base du niveau universitaire, notamment en design et
en sciences de la gestion. J'ajoute là-dessus qu'à Toronto,
effectivement, ils donnent des cours jusqu'au niveau de la maîtrise dans
le secteur de la mode.
Afin d'accélérer des investissements nécessaires
à la modernisation et à l'introduction de nouvelles technologies
dans les entreprises, la ville de Montréal recommande
l'établissement de mesures fiscales adaptées à une
industrie où les petites et les moyennes entreprises sont très
présentes.
Afin d'accroître la formation de la main-d'oeuvre dans ce secteur
d'activité, la ville recommande aussi de revoir les critères des
programmes dans le but de les améliorer, s'il y a lieu.
Signalons, en terminant, que ces mesures favoriseront également
le développement du secteur de la fourrure, qui connaît des
difficultés depuis quelques années, mais qui semble vouloir se
reprendre en main, d'après nos informations
Donc, Mmes et MM. les députés, je vous remercie, au nom de
la ville de Montréal et en mon nom, de m'avoir entendu si
patiemment.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. Limonchik,
pour votre présentation.
Nous allons maintenant débuter la période d'échange
en reconnaissant d'abord le ministre des Affaires internationales.
M. le ministre. (20 h 30)
M. Ciaccia: Merci beaucoup, M. le Président.
Je veux remercier M. Limonchik pour sa présentation et pour
porter à notre attention certains aspects de l'industrie du
vêtement.
Je vais être très bref dans certaines des remarques parce
qu'on n'a pas beaucoup de temps, et je voudrais que mes collègues aient
l'opportunité, aussi, d'intervenir.
Vous parlez des exportations qui compensent partiellement l'effondrement
du marché intérieur. Avec l'entente du libre-échange avec
les États-Unis, les exportations aux États-Unis étaient de
169 000 000 $, au début. L'année dernière, les premiers
neuf mois, elles ont été de 412 000 000 $. Alors, vraiment, quand
vous regardez l'effondrement du marché, c'est l'entente du
libre-échange qui a permis à l'industrie de survivre parce que
ça a donné un accès plus ouvert au marché
américain.
Nous croyons que nous avons maintenu et même augmenté cet
accès. Premièrement, je suis très sympathique à
votre souci de vouloir aider et protéger l'industrie du vêtement.
On a les mêmes objectifs. Et les positions qu'on a prises avec le
gouvernement fédéral étaient vraiment dans ce
but-là. On va revenir à quelques-unes des recommandations pour
vous montrer qu'on appuie ces positions-là, et on espère que le
gouvernement fédéral va accéder à ces demandes,
spécialement dans la réduction des tarifs pour des tissus non
produits au Canada.
Mais juste pour vous donner un exemple que nous croyons que nous avons
non seulement maintenu, mais augmenté l'accès, je vais vous
donner quelques chiffres. Les vêtements de coton de fabrique
synthétique, sur l'entente du libre-échange, le quota est de 42
000 000 m2, et, ce quota-là, on l'utilise, en 1991, à
27 %. Ce que nous avons demandé et que nous avons obtenu dans l'ALENA,
c'est que ce quota de 42 000 000 m2, qui est utilisé
présentement à l'annexe 7, est augmenté à 80 000
000 m2. Alors, on double, plus 2 % de croissance par année...
Alors... Pardon? Alors, il y a beaucoup de marge pour une augmentation
considérable. Les tissus et articles confectionnés en coton ou en
fibres synthétiques ça, c'est les textiles sur
l'ALENA sont 25 000 000 m2. Ils sont utilisés à 81 %.
Alors, ça nous met un peu près du quota total. On l'a fait
augmenter à 65 000 000 m2.
Les vêtements en laine ça, c'est le point le plus
névralgique, là c'est 5 000 000 m2. Mais en
1991, ils n'étaient utilisés qu'à 51 %. Je pense qu'il y a
eu une augmentation, depuis 1991. Ça veut dire qu'un peu plus que la
moitié du quota est utilisé. Le nouveau quota est un peu,
légèrement au-dessus, 5 067 000 m2, plus 1 % de
croissance.
Maintenant, tous ces quotas-là, nous croyons, devraient avoir...
il y a beaucoup de marge d'expansion, mais dans cinq ans, ils vont être
révisés. Non seulement ils vont être révisés,
mais ils vont être révisés à la hausse. Ça,
l'entente prévoit ça. Alors, même s'il y a la triple
transformation qui est plus contraignante, nous croyons et nous allons
examiner avec l'industrie aussi que les quotas tarifaires qui ont
été obtenus vont permettre de continuer l'accès au
marché américain et non seulement de continuer l'accès
existant, mais permettre une expansion si l'industrie peut tirer avantage des
conditions du marché.
La crainte du marché mexicain du travail qui soit fait au
Mexique, puis exporté aux États-Unis je pense que cette
crainte-là n'existe pas parce que les quotas du Mexique sont très
bas, ils ne sont pas 1 500 000 m3, comparé à plus que
5 000 000 pour le Canada. Alors, je pense que même l'industrie ne
craignait pas d'après les représentations qu'ils nous ont
faites cet aspect de crainte... que les salaires moindres au Mexique
poseraient un problème parce qu'il y a des quotas qui seraient assez
sévères.
De toute façon, nous allons examiner tout cet aspect des
représentations, des recommandations que vous nous avez faites.
Peut-être que je pourrais y revenir, mais je vais permettre à mon
collègue de pouvoir...
Une voix: ...
M. Ciaccia: Pardon?
M. Léonard: Est-ce que le ministre accepterait de
déposer son document? D'abord, il...
Une voix: II est dans le document 33. Une voix:
...document public.
Le Président (M. Dauphin): II est dans le programme.
M. Léonard: Page 33? Ah bon! ...public. O.K. Ah, il va
rectifier parce qu'il a parlé de mètres cubes, je suppose qu'il
voulait dire des mètres carrés. Oui, oui.
M. Ciaccia: Mètres carrés. Excusez-moi. Oui.
Mètres carrés.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: Des vêtements un peu spéciaux.
Mètres carrés.
Une voix: Des vêtements cubiques.
M. Ciaccia: C'est parce qu'on est... C'est une
déformation. En énergie, on parlait de mètres cubes.
Une voix: Qu'est-ce qu'il a dit?
M. Ciaccia: Alors, grosso modo, je crois qu'il y a de la marge
pour l'expansion de l'industrie. On voulait s'assurer de ça. Les
recommandations, même pour votre Centre d'impression textile que vous
avez créé à Montréal, qui vient sous la
responsabilité du MICT, l'ALENA va l'aider, parce que, si on n'avait pas
l'ALENA, les quotas étaient presque terminés. Avec l'ALENA, ils
ont été augmentés considérablement. Ça va
aider le Centre.
Les autres recommandations, nous allons les
étudier et, s'il nous reste du temps, peut-être que je
pourrais revenir, mais je voudrais laisser la parole à mon
collègue, qui aurait peut-être quelques questions et quelques
commentaires.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Voulez-vous réagir à ça ou... M. le
député...
M. Limonchik: Oui.
Le Président (M. Dauphin): ...avant de reconnaître
M. le député de Verdun.
M. Gautrin: Je n'ai pas entendu.
M. Limonchik: Bien, ça dépend de votre
fonctionnement, là.
Une voix: Oui, oui. Si vous avez des commentaires.
M. Limonchik: Oui. Donc, effectivement, je suis très...
Les chiffres que vous avez donnés, effectivement, nous donnent une
marge, mais je crois, il est essentiel de procéder sur les deux fronts.
Moi... Nous trouvons que c'est... Peut-être la meilleure façon,
c'est de trouver des actions... à consolider les marchés que nous
avons. Ça serait très dangereux de ne concentrer que sur
l'exportation. Nous avons le marché québécois, nous avons
le marché ontarien, qui est très important pour notre industrie.
Donc, l'effondrement de l'économie de la région torontoise ne
nous a pas aidés. Chaque fois qu'un travailleur, dans l'automobile, en
Ontario, perd son emploi, c'est moins d'exportation pour notre industrie
montréalaise et québécoise; donc, pour nous, c'est aussi
important de continuer à exporter vers nos marchés canadiens et,
aussi, exporter vers les États-Unis. Donc, notre approche, c'est de
consolider ce que nous avons et pousser les exportations que vous
proposiez.
Mais il y a quelque chose qui est nouveau dans le portrait, c'est
l'émergence, en Colombie-Britannique et on n'a pas encore fait
l'étude, peut-être qu'on pourrait collaborer là-dessus
des investissements asiatiques dans cette industrie-là et qui
pourraient contrer à cause de la force des Chinois, dans cette
industrie-là, qui vont s'implanter en Colombie-Britannique qui
pourraient nous concurrencer sur ces marchés-là. Et on voit
déjà que la part du marché des Colombiens et des gens de
l'Ontario commence à gruger sur notre force. Nos exportations sont
passées de 60 % et quelque à 50 %, en à peine deux ans.
Donc, il y a certains dangers, certaines concurrences qui nous guettent, et,
comme on le dit dans le mémoire, il va falloir qu'on suive ça
attentivement.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le ministre.
M. Ciaccia: Oui, je suis d'accord avec vous. Quand vous parlez du
marché canadien, c'est le ministère de l'Industrie et du
Commerce, avec qui on va travailler, qui est responsable pour ça. Le
sujet principal, ma responsabilité principale, c'est de m'assurer que,
dans l'ALENA, l'accès au marché américain est
protégé et augmenté...
M. Limonchik: Ça va très bien.
M. Ciaccia: ...et je crois que nous l'avons fait, mais les autres
mesures, je suis d'accord avec vous... et spécialement si, avec les
nouvelles règles d'investissement dans l'ALENA, ça peut nous
aider à les attirer ici, il va aussi falloir qu'on soit aussi
compétitifs dans la fiscalité. Mais, tout cet ensemble de
mesures, on va pouvoir travailler ensemble, avec vous, avec l'industrie.
Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre.
Si vous me permettez, étant donné qu'il y a
déjà un 10 minutes de pris, je vais alterner avec le porte-parole
de l'Opposition, M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Merci, M. le Président.
D'abord, je tiens à féliciter la ville de Montréal
de s'intéresser aussi activement à trouver des moyens de
protéger certains emplois dans un contexte difficile que vit la ville et
pour lequel, jusqu'ici, il ne semble pas y avoir de solution à court
terme.
Ceci étant dit, je pense qu'il faut être suffisamment
réaliste pour accepter, jusqu'à un certain point, que l'industrie
de l'habillement, telle qu'on l'a connue traditionnellement, devra s'ajuster,
tôt ou tard, aux réalités de la libéralisation des
marchés nord-américains et, éventuellement il ne
faut pas se leurrer étendus à l'ensemble de
l'hémisphère américain.
Dans ce contexte-là, il me semble que je ne suis pas un
expert dans le domaine peut-être qu'une des avenues pour
sauvegarder un certain nombre d'emplois et, probablement, en créer
d'autres, mais les transférer dans des domaines plus axés vers la
transformation et la création, c'est, effectivement, dans le domaine de
la mode, qui était un secteur, d'ailleurs, que mettait de l'avant le
rapport Picard, il y a plusieurs années.
À cet effet, il est évident que des mesures de transition,
des mesures, en particulier, de recyclage d'une certaine partie de la
main-d'oeuvre qui, à l'heure actuelle, est utilisée comme
main-d'oeuvre assez rudimentaire devra être orientée, peu
à peu et progressivement, vers d'autres secteurs. Comment voyez-vous la
possibilité et de quelle façon voyez-vous des mesures de
transition, mise à part l'élimination de certains tarifs que vous
préconisez, qui est peut-être souhaitable, mais qui n'est
peut-être pas aussi réalisable qu'on le souhaiterait, compte tenu
de la force et du poids qu'on exerce dans ces négociations-là.
Bon. Compte tenu du
fait qu'il n'est peut-être pas possible d'obtenir les
réductions tarifaires, dans la mesure où vous les
préconisez dans le rapport, comment, d'après vous, peut-on
aborder toute la question du recyclage de la main-d'oeuvre,
présentement, qui est dans le secteur de l'habillement, et qui pourrait
évoluer vers des fonctions beaucoup plus créatives qu'elles ne le
sont, à l'heure actuelle? (20 h 40)
M. Limonchik: Bon. Premièrement, je vais être
très... et d'ailleurs, j'ai apporté quelques copies du rapport de
la Commission permanente de la ville, qui a fait une étude, une
consultation très exhaustive sur cette question. Ce qui nous a
étonnés, c'est la force de cette industrie. Ce qui est mal connu
c'était mal connu, malheureusement on a tout
concentré sur des petites et micro-entreprises, qui existent par des
centaines, qui ouvrent et qui ferment, mais qu'on n'a jamais gardé les
150 entreprises, 25 000 emplois, qui sont ultra-modernes. Et je vous rappelle
que Peerless Clothing, avec l'appui du gouvernement du Québec et la
ville, vient de rajouter 350 emplois en pleine crise, pour être...
où cette même Peerless a 1700 travailleurs. Cette
industrie-là est parmi les plus modernes, maintenant, et je parle des
grosses et des moyennes entreprises; elles sont très puissantes,
très modernes, et perdent... et elles sont bien capitalisées.
Maintenant, je suis d'accord avec vous, nous avons, à la ville,
proposé un certain nombre de mesures pour aider un certain nombre
d'entreprises qui, avec un appui, pourraient aussi devenir exportatrices. Mais,
comme on a dit dans le mémoire, cette industrie réussit mieux que
toute autre industrie dans le domaine des exportations; 104 %, depuis que
l'entente est rentrée, et les autres industries
québécoises, que de 7 %. Donc, je trouve que la performance...
Mais il faut aller beaucoup plus loin, il y a des milliers de travailleurs. Ce
que la commission de la ville a constaté aussi: il y a très peu
comme vous dites de ressources allouées au recyclage de
cette main-d'oeuvre, très peu de ressources. Par rapport à
d'autres industries, c'est vraiment des miettes, et, comme vous dites, si on
pouvait trouver des moyens de renforcer ça, je pense qu'il ne sera pas
nécessaire de les envoyer, peut-être, dans d'autres industries,
mais de rester dans la même industrie, aller plus loin, rajouter une...
aller vers la mode, aider notre industrie à progresser vers le haut de
gamme, où il y a un avenir, là, dans le domaine de l'exportation.
Je ne sais pas si je vous... j'ai répondu.
M. Beaulne: Oui, oui.
Le Président (M. Dauphin): Merci. M. le
député de Bertrand.
M. Beaulne: Est-ce que j'ai encore du temps? J'ai une autre
question. Vous avez mentionné dans votre mémoire que ce qui
posait problème, entre autres, c'était le fait que, même en
vous approvisionnant, même en approvisionnant l'industrie à partir
de fibres nord-américaines, malgré tout, ça poserait un
problème de compétitivité à l'industrie de
l'habillement à Montréal. Est-ce que cette faiblesse dans la
compétitivité... elle est attribuable à quoi? Est-ce
qu'elle est attribuable au fait que les fibres en présumant,
évidemment, qu'elles sont disponibles en provenance de
l'Amérique du Nord, des États-Unis en particulier, est-ce que
c'est parce que ces fibres-là sont disponibles à des prix
tellement plus dispendieux que des fibres semblables qui peuvent être
importées de l'extérieur, ou est-ce qu'il y a un autre
élément qui rend l'industrie moins compétitive?
M. Limonchik: Bien, je... Bon, il y a une question. ..
M. Beaulne: Surtout par rapport, surtout... C'est parce que je
relève cette question-là surtout par rapport à ce que vous
avez dit tout à l'heure, où il y avait 150 entreprises qui
étaient modernes et très opérationnelles...
M. Limonchik: ...et performantes. M. Beaulne: ...et
performantes.
M. Limonchik: Oui, ça, vous allez au fond de notre
mémoire, à savoir, effectivement, il y a une question de
coûts de production, mais, apparemment, les salaires diminuent par
rapport à la... comme proportion de l'ensemble des coûts de
production, qui est un très bon signe, dans le sens que cette industrie
est dynamique en termes d'introduction de technologies nouvelles, mais il reste
ces tissus-là.
M. le ministre a dit que, effectivement, nous avons une marge
très large pour continuer de progresser dans ce sens-là, mais,
quand même, nous croyons qu'il faut prendre des mesures pour essayer de
trouver des façons de l'approvisionner, notre industrie. Pour aller vers
le haut de gamme, ça nous prend des tissus très distinc-tifs, de
haute qualité, et notre industrie du textile n'est pas en mesure de
satisfaire cette industrie en croissance. C'est un petit peu le dilemme. C'est
possible avec... Il y a des pourparlers qui se font avec des firmes italiennes.
C'est possible d'aller chercher, peut-être, ailleurs. Il y a une mesure
qui débute dans ce Centre d'impression textile, qui est importante. Mais
il faut la poursuivre.
Mais vous allez, effectivement, au coeur du problème. Nous avons
une industrie qui est dynamique, c'est 150 compagnies qui progressent, comme le
ministre l'a constaté. Elles ont réalisé et elles ont
répondu au défi posé par l'entente avec les
Américains, mais, pour aller plus loin, il faut qu'on y travaille pour
régler ce genre de problèmes.
M. Beaulne: Une dernière petite question. Dans vos
recommandations, vous demandez que le gouvernement du Québec approuve la
demande de l'UQAM
d'implanter un cours en gestion de design de la mode. Pourquoi avez-vous
jugé nécessaire d'introduire cette recommandation-là?
Est-ce que le dossier traîne un peu trop, selon votre goût?
M. Limonchik: Non, je n'ai aucune idée si ça
traîne ou pas. C'est un constat qu'on a fait. Quand on a fait
l'étude de l'industrie, on est allés à Toronto, et
c'était à l'époque où Toronto avait
décidé de poser un «challenge» très direct, il
y a à peu près trois, quatre ans. La ville de Toronto a mis
ça comme une priorité dans son plan d'action économique.
Et on s'est réveillés, ensemble, avec l'industrie, la ville de
Montréal, qui n'était à peu près jamais
impliquée dans ça les budgets de la ville de
Montréal étaient à peine de 20 000 $ ou 30 000 $ dans
cette industrie qui était la base de notre économie. Là,
on a multiplié ça par 10, 15, 20, comme je l'ai mentionné
tantôt. Mais, on a constaté aussi qu'à Toronto ils
étaient rendus à offrir des cours au niveau universitaire, aussi
à un niveau... je pense qu'ils offrent déjà la
maîtrise. Et, nous, on pataugeait au niveau collégial. Donc, c'est
dans ce sens-là... Apparemment qu'il y a un projet de faire arrimer
l'UQAM avec le collège Lasalle, mais c'est un projet qui urge, face
à ce défi-là.
M. Beaulne: Merci.
Le Président (M. Dauphin): Maintenant, je vais
reconnaître M. le député de Verdun.
M. Gautrin: Merci, M. le Président.
Moi, je vais essayer... D'abord, je tiens à vous remercier
d'avoir porté à l'attention de la commission et du public
l'importance de l'industrie textile. Je pense qu'on a été
convaincus, on a été convaincus, dans tous ceux qui ont
réfléchi, par exemple, sur la question de la souveraineté
du Québec, à quel point l'industrie textile aurait
été en danger dans ce cas-là. Mais on va pouvoir
continuer, une fois que vous avez soulevé ce point-là.
Je comprends bien que ce n'est pas la seule industrie à
Montréal, et il y en a d'autres, secteurs. Les autres secteurs, pour la
ville, vous pensez que l'Accord de libre-échange nord-américain
ne poserait pas de problème?
M. Limonchik: Non. Je peux vous dire que la deuxième
industrie, qui a maintenant dépassé... qui est en deuxième
place, l'imprimerie, ça aussi, c'est une industrie à peu
près inconnue par les économistes au Québec. Mais, je peux
vous dire que l'industrie de l'imprimerie, c'est la seule qui est en croissance
plus rapide que cette même industrie dans la région
torontoise.
M. Gautrin: Elle n'est pas en danger par l'ALENA? (20 h 50)
M. Limonchik: Non. On n'a pas pu identifier un danger.
M. Gautrin: Je vais revenir sur...
M. Limonchik: C'est le deuxième. Et les industries qui
touchent l'informatique et la production du «software», il nous
semble qu'elles sont en bonne posture.
M. Gautrin: Je suis d'accord avec vous.
Je vais donc revenir, maintenant, pour bien comprendre le
problème que vous soulevez. Vous soulevez, à l'heure actuelle...
On a changé les règles entre l'Accord de libre-échange et
l'Accord de libre-échange nord-américain: ALE et ALENA. On change
les règles de produits d'origine. Avant, on avait une
nécessité de double transformation, c'est-à-dire que deux
des activités devaient être faites dans la zone. Maintenant, ce
sont les trois, c'est-à-dire le fil, la coupe...
M. Limonchik: Le fil, la fibre et le tissu.
M. Gautrin: C'est ça. Merci. Elles doivent être
faites dans la zone. Pour protéger, par rapport à ça, on a
établi un certain nombre de quotas.
M. Limonchik: Oui.
M. Gautrin: Ma première question, c'est la suivante: les
quotas dans l'ALE il y avait déjà des quotas à
l'intérieur de l'ALE c'était 42 000 000 m2,
pour le coton, et 5 016 000 m2, pour...
M. Limonchik: ...le lainage.
M. Gautrin: ...les vêtements en laine, les lainages.
M. Limonchik: Oui.
M. Gautrin: Bon. Combien... Et là, le ministre l'a
établi tout à l'heure... Cette part des quotas était
très peu utilisée, était utilisée à peu
près à moitié, dans les lainages, et à peu
près à 27 %, dans les cotons. Mais ça, c'était sur
la base d'une double transformation. Si on prenait l'hypothèse de la
triple transformation, quelle part des quotas compte tenu des
exportations que vous avez faites dans le cadre de l'ALE vers les
États-Unis vous auriez utilisée? Est-ce que vous le savez
ou pas?
M. Limonchik: Oui. Donc, je... Tu sais, on n'a pas fait
des...
M. Gautrin: Oui.
M. Limonchik: C'est très difficile de faire des
prévisions, mais nous croyons que, dans le lainage...
Même le ministre a dit, dans ses propos, qu'il pourrait
possiblement avoir... On pourrait peut-être atteindre ces quotas à
l'avenir, et...
M. Gautrin: Excusez-moi, M. Limonchik. Ce n'est pas ça, ma
question. Ma question, c'est: Dans les exportations... Prenons l'année
type qu'on connaît, 1991, par exemple, ou 1992.
M. Limonchik: Oui.
M. Gautrin: Dans l'année 1991 ou 1992, il y a un certain
nombre d'exportations que vous avez faites vers les États-Unis. Une
partie de ces exportations a dû prendre parce que sur la base de
la double transformation a dû utiliser une partie du quota.
Une voix: ...
M. Gautrin: Vous avez utilisé 51 % du quota. Quel
pourcentage du quota auriez-vous utilisé sur une hypothèse de
triple transformation?
M. Limonchik: Ça, on ne peut pas répondre à
ça. Tout ce qu'on a...
M. Gautrin: Pas du tout. Ce n'est pas du tout
hypothétique, c'est strictement... Ce n'est aucunement une question
hypothétique. C'est une question que vous avez tout de suite comme
réponse. Parce que quand vous avez exporté, vous savez... Les
produits que vous avez exportés étaient sur double transformation
ou simple ou double ou triple. Si vous aviez imposé la triple
transformation, quelle part du quota vous auriez utilisée?
M. Limonchik: Bien, on ne peut pas répondre
là-dessus, sauf d'après...
M. Gautrin: Ce n'est pas hypothétique du tout.
M. Limonchik: ...l'étude du document du gouvernement du
Québec. En 199?., je vois ici: Le taux d'utilisation des contingents
canadiens atteint 75 %, déjà. Donc, effectivement, si on a des
compagnies comme Peerless, qui continuent de faire une progression...
D'ailleurs le New York Times a fait une pleine page, sur la page
économique. Ils ont atteint 100 000 000 $ d'exportations,
déjà, avec seulement des habits haut de gamme. Donc...
M. Gautrin: ...au bénéfice de votre industrie et la
qualité de votre industrie.
M. Limonchik: Oui, effectivement. Ils ont rajouté 300
emplois...
M. Gautrin: Ça, je suis d'accord...
M. Limonchik: ...dernièrement.
M. Gautrin: ...et c'est pour ça que l'Accord de
libre-échange a été important pour vous.
Si je reviens, maintenant, sur l'autre élément. Le fait
qu'il y a un principe de triple transformation, est-ce que ça ne va pas
aider l'industrie textile, à ce moment-là, dans la zone et amener
l'industrie textile à produire les tissus dont vous avez besoin? Je
comprends que vous ne les avez pas maintenant, mais forcer l'industrie textile
à produire les tissus dont vous avez besoin?
M. Limonchik: Bien, justement, c'était toujours un
problème que, d'après l'industrie, les fabricants de textile,
chez nous, ils ont trouvé que, même avec la progression, le
marché, la demande de nos fabricants n'est pas suffisante pour justifier
la production de ces tissus extrêmement intéressants, qui nous
viennent de l'Italie et de la Chine...
M. Gautrin: Mais si...
M. Limonchik: ...mais ils ne sont pas prêts, encore,
à embarquer là-dedans.
M. Gautrin: Mais si on...
Le Président (M. Dauphin): Merci. C'est que le temps est
expiré pour la formation ministérielle.
M. Gautrin: O.K. Le temps est écoulé. Mais je tiens
quand même à vous remercier de l'information sur les textiles.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Verdun.
Il ne nous reste que quatre minutes, que nous allons accorder au
député de Labelle, comprenant question et réponse.
M. Léonard: Alors, merci, M. le Président. Merci,
M. le Président, oui.
J'écoutais le député de Verdun, j'avais
l'impression qu'il voulait se racheter d'autres commissions ou d'autres
travaux, mais ça m'a rappelé son intervention, ses
remarques du début les discussions que nous avons eues sur la
commission sur la souveraineté. Je vois qu'il n'a rien changé de
son opinion, mais je vais quand même dire une chose...
Une voix: ...
M. Léonard: Oui, oui. Attendez un peu. Attendez un
peu.
Une voix: ...
M. Léonard: Le député n'a pas la parole. M.
le Président...
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Labelle, c'est à vous la parole.
M. Léonard; Je voudrais dire que, ce que nous cherchons
quand nous visons, nous, la souveraineté du Québec, c'est un peu
l'air du grand large et non pas d'être enfermés...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard:... dans le Canada, à supplier le Canada
d'intervenir et de faire des choses, comme, d'ailleurs, les recommandations de
la ville de Montréal le font, présentement. Inciter:..
Ils demandent au gouvernement du Québec d'inciter le gouvernement du
Canada ha, ha, ha! à faire tputes sortes de choses.
M. Gautrin: Et l'Accord multifibres?
M. Léonard: Ceci étant dit, M. le Président,
je considère toujours que c'est mieux de régler nos propres
affaires nous-mêmes que de demander aux autres de les régler pour
soi. D'autre part, je pense que dans l'accord du libre-échange
Québec, Canada, Mexique, États-Unis, nous serons quatre et non
pas trois, ça va aller mieux, d'ailleurs, par rapport à un
très gros partenaire que sont les États-Unis. Ça va
être beaucoup mieux. Je voudrais convaincre le député de
Verdun d'une telle chose, mais c'est quelqu'un qui est dur de comprenure. Je
voudrais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Je voudrais... Je voudrais...
Une voix:...
M. Léonard: C'est parce qu'il y a plein de monde qui parle
devant moi, puis vous pouvez les prendre tous ensemble, mais vous voyez...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard:... que ça s'agite beaucoup. Je voudrais
quand même vous poser une question, une question sur l'identification des
produits du textile.
Est-ce que vous jugez qu'il y a lieu d'introduire des données
particulières sur l'identification des produits? Est-ce que ça
nous aiderait?
M. Limonchik: Oui.
M. Léonard: Est-ce que vous trouvez que les dispositions
de l'Accord sont suffisantes pour nous, là-dedans?
M. Limonchik: Bon. Comme j'ai mentionné, la ville de
Montréal, essentiellement, son rôle était, justement,
d'aider les manufacturiers à trouver une façon d'identifier
nos... Mais je peux vous dire, il y a un débat très
mouvementé dans cette industrie-là. S'il faut que ça soit
identifié Montréal ou c'est Québec, c'est... Il y a un
débat qui se fait. Il y a des partisans de... Tu sais, des gens disent
que, bon, c'est Montréal, l'industrie est là, donc, on devrait
l'identifier directement à Montréal à cause du flair des
Montréalais, puis... je n'ai pas besoin d'enchaîner
là-dessus. D'autre part, des gens disent: Par contre, l'industrie
dépasse les murs de la ville de Montréal ou même la
région de Montréal. Il y a du vêtement partout, au
Québec. Donc, ce serait logique d'avoir l'identification Québec.
Mais, de toute façon, le débat à régler: il va
falloir qu'il y ait une identification très claire, soit
Montréal, soit Québec. Donc...
M. Léonard: En tout cas, les Mexicains vont savoir
où c'est, Québec ou Montréal.
M. Limonchik: Bien...
M. Léonard: Les libéraux, moins, mais ça ne
fait rien.
M. Limonchik: Bien, pas de problème, que ce soit l'un ou
l'autre, là.
Une voix: Très bien.
M. Gautrin: Au contraire, les libéraux s'occupent du
Québec...
M. Limonchik: Et...
M. Gautrin;... sérieusement.
M. Léonard: Ha, ha, ha! On voit ça, avec le
chômage que vous nous avez laissé. Merci. Merci beaucoup.
M. Gautrin: Ah! Justement, s'il...
Une voix: Demandez ça aux gens de la ville de
Montréal.
Le Président (M. Dauphin): Et c'est ce qui clot notre
journée.
Alors, au nom de tous les membres de la commission, M. Limonchik, M.
Roy, M. Verreault, on remercie la ville de Montréal d'avoir
participé à nos travaux, d'avoir accepté notre invitation.
Nous vous souhaitons un bon retour.
Nous ajournons nos travaux à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 21 heures)