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(Quinze heures quinze minutes)
Le Président (M. Dauphin): Mesdames et messieurs, le
quorum étant constaté, je déclare donc la séance de
la commission des institutions ouverte. Je vous rappelle le mandat de la
commission qui est de poursuivre l'étude détaillée du
projet de loi 14, Loi modifiant le Code de procédure civile concernant
la médiation familiale.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui. M. Hamel (Sherbrooke) est
remplacé par M. Houde (Berthier) et M. Claveau (Ungava) est
remplacé par Mme Carrier-Perreault (Chutes-de-la-Chaudière).
Procédure de recours à la
médiation (suite)
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup.
Alors, j'en conclus que nous étions à l'article 2 du
projet de loi, plus particulièrement à des amendements à
l'article 2. Vous aviez adopté les paragraphes 1° à 6° et
nous sommes maintenant au paragraphe 7° de l'amendement. Alors, je vais
reconnaître M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: Je vous remercie, M. le Président.
C'est bien ça. 7° insérer, dans la deuxième ligne de
l'article 815.2.2, et après le nombre 815.2.1, les mots, «ou
à l'expiration du délai de 20 jours si les parties n'ont pas
entrepris le processus de médiation».
M. le Président, cet amendement vise à s'assurer que le
rapport du médiateur puisse être produit au greffe du tribunal et
transmis aux parties, ou à leurs procureurs, à l'expiration du
délai de 20 jours si les parties n'ont pas entrepris le processus de
médiation. Alors, c'est à toutes fins pratiques une concordance,
évidemment, avec le sixième amendement.
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Harel: Évidemment, les parties peuvent ne pas avoir
entrepris le processus de médiation pour d'autres raisons que des
mauvaises raisons. Et, par l'amendement qui est introduit, on ne qualifie pas,
finalement, si, nonobstant des motifs, il faut mettre fin évidemment
à la médiation tout simplement parce que le délai de 20
jours est écoulé. Parce qu'il pourrait très bien se
présenter, disons, que le délai de 20 jours n'a pas vu les
parties entreprendre le processus de médiation pour d'autres raisons que
des raisons de refus de la médiation de l'une ou l'autre des deux
parties.
M. Rémillard: Oui, mais, là, il y a deux
possibilités de médiation, comme on se rappelle bien. La
première, c'est volontaire. C'est parce que tous les deux ils ont dit:
Très bien, on s'en va en médiation, et ça c'est
strictement volontaire. Ou bien c'est obligatoire, et il y a eu l'ordonnance du
juge. Alors, s'il y a eu l'ordonnance du juge, par le fait même, le
processus est enclenché. S'ils ne l'ont pas faite, cette
médiation, vous me dites que ce n'est peut-être pas de leur faute
comme telle, mais, à ce moment-là, il faudrait qu'ils reviennent
devant le juge, qu'ils demandent au juge de revenir devant le juge. Comme II y
a une ordonnance, il faut qu'ils respectent l'ordonnance. Il faudrait qu'ils
reviennent devant le juge et qu'ils expliquent pourquoi il n'y a pas eu de
médiation, qu'ils n'ont pas terminé ou ce qui s'est passé.
Il faudrait qu'ils l'expliquent au juge.
Mme Harel: Là, j'ai l'impression qu'on est en train de
judiciariser le processus. Par exemple, s'il s'avérait que l'une des
parties soit à l'extérieur? Par exemple, les congés de la
fonction publique sont d'un mois après deux ans, alors ça
correspond à peu près à 20 jours ou presque, enfin. Si une
des parties est à l'extérieur pour un congé, une vacance
ou une maladie, enfin quels que soient les motifs, ils vont devoir repasser
devant le juge. C'est ça que je comprends.
M. Rémillard: Non, regardez bien. Le juge dit: Vous allez
en médiation. Alors, à ce moment-là, ils s'en vont
immédiatement au Service, et, au Service, on fixe une date de
médiation. Alors, on tient compte des agendas ou des contraintes. Mais
on a voulu mettre des balises parce que, s'il n'y avait pas une balise, on
dirait: Bien, écoutez cette médiation-là, ça fait
traîner les causes, ça va donner quoi? Personne n'est
obligé de faire un rapport dans un délai donné. Le juge
peut faire retarder la cause.
Alors, ce n'est pas judiciariser que de mettre des balises pour obliger
à une obligation de résultats. Je pense que vous-même, Mme
la députée, hier, vous avez souligné le fait qu'il y avait
des obligations de résultats. Ce n'est quand même pas mauvais
ça, qu'il y ait une obligation de résultats dans un domaine aussi
important que la médiation. Mais ça ne veut pas dire que... Si
les gens ont des contraintes qui les empêchent de respecter
l'échéancier, bien, à ce moment-là,
ils peuvent aller faire une requête au juge en chambre et puis ce
n'est pas compliqué tellement, ou ils le demandent. Mais qu'il y ait un
contrôle. Il faut qu'il y ait un contrôle.
Mme Harel: Ça, c'est indépendamment du fait qu'il y
a consentement des parties ou que ce soit imposé par le juge, qu'une
telle disposition prend effet. C'est ce que je comprends. Donc, même s'il
y a consentement des parties pour demander la médiation avant le
jugement...
M. Rémillard: C'est quand... Excusez-moi.
Mme Harel: Allez-y. (15 h 20)
M. Rémillard: Ça, c'est quand c'est fait par une
ordonnance. Quand c'est volontaire, c'est autre chose. Si c'est volontaire des
deux parties, alors les deux parties s'entendent, c'est volontaire. Ici, c'est
strictement à l'article 815.2.1. Alors, à l'article 815.2.1, on
se rappelle, c'est l'ordonnance, c'est l'obligation.
Mme Harel: Vous nous indiquiez, hier, que vous entendiez mettre
en place le service de médiation familiale de la cour supérieure
pour septembre prochain. d'ailleurs, à l'article 815.2.1, on voit
l'expression «service de médiation familiale de la cour
supérieure». donc, ce sera là, maintenant, un nouveau
service.
M. Rémillard: Ce sera un nouveau service, oui.
Mme Harel: Où sera-t-il logé, ce Service de
médiation familiale de la Cour supérieure?
M. Rémillard: Je ne peux pas vous dire, évidemment,
maintenant. Ce sera dans tous les districts. Alors, dans tous les palais de
justice, il y aura une possibilité d'avoir recours à cette
médiation. Je ne peux pas vous dire les lieux physiques où
ça va se situer exactement, mais dans tous les palais de justice. Et, si
ce n'est pas directement dans le palais de justice, parce qu'il y a un manque
d'espace, de place, bien, ça va être dans un endroit connexe,
très près, et on va donner l'information.
Mme Harel: Vous nous indiquiez donc votre intention d'offrir le
service, nous disiez-vous hier, dès le début de septembre. C'est
bien le cas?
M. Rémillard: C'est ce que nous prévoyons, si tout
va bien.
Mme Harel: Dans ce contexte-là, étant donné
que le milieu concerné a, d'une certaine façon, je crois, obtenu
l'engagement du ministre qu'il mettrait sur pied un comité aviseur pour
voir à l'implantation du Service de médiation...
C'est bien le cas? Excusez-moi, pas «aviseur», me dit-on,
mais «consultatif».
M. Rémillard: Consultatif. C'est un comité
consultatif. C'est un comité qui va évaluer le Service et
proposer, par des recommandations, des choses susceptibles d'améliorer
le Service.
Mme Harel: Alors, ce comité consultatif sera mis sur pied
à l'initiative du ministre de la Justice. De qui sera-t-il
composé?
M. Rémillard: Ça va être fait en
collaboration avec le ministre responsable de la Santé et des Services
sociaux. On va se référer à des intervenants directement
impliqués, mais la composition n'est pas arrêtée
encore.
Mme Harel: quand entendez-vous mettre sur pied ce comité
consultatif? est-ce que c'est un comité consultatif conjoint avec le
ministère de la santé et des services sociaux?
M. Rémillard: On va travailler avec eux. Est-ce que
ça va être conjoint? Ça reste à déterminer
parce que, ici, comme je vous le dis, c'est du judiciaire. Maintenant, vous
savez que ce projet de loi a été quand même l'objet de
beaucoup de discussions et de négociations au niveau des fonctionnaires
du ministère de la Justice et de la Santé et des Services sociaux
pour pouvoir s'arrimer et déterminer ce que nous pouvions faire. Alors,
dans ce contexte-là, pour que ça puisse servir, il est
évident que le ministère de la Santé et des Services
sociaux devra être impliqué au premier niveau. Maintenant, de
quelle façon tout ça va fonctionner, on va voir ça dans
les prochaines semaines, les prochains mois.
Mme Harel: Alors, si je comprends bien, la composition n'est pas
arrêtée, mais l'intention de mettre sur pied un tel comité
consultatif...
M. Rémillard: C'est là.
Mme Harel: La décision est prise?
M. Rémillard: Oui
Mme Harel: La décision est prise. Vous allez me permettre
une question: Pourquoi ne pas procéder à la mise sur pied d'un
tel comité et à l'évaluation des besoins et des ressources
à mettre à la disposition d'un tel Service de médiation de
la Cour supérieure avant d'adopter la loi?
M. Rémillard: On l'a fait. Ce n'était pas formel,
comme ça, ce n'était pas dans le projet de loi, mais il y avait
un petit comité qui a fait l'évaluation des deux
expériences-pilotes, et ça a abouti à ce projet de loi. Ce
projet de loi est le
résultat de deux expériences-pilotes, comme vous le savez,
à Québec et à Montréal, est le résultat des
recommandations que nous avons reçues d'un petit groupe de personnes
impliquées qui nous ont fait des recommandations.
Mme Harel: Je comprends que, déjà, l'Office des
professions vous aurait demandé de faire partie de ce comité
consultatif.
M. Rémillard: Moi, ce que j'ai compris de l'Office des
professions, c'est qu'ils aimeraient qu'on les consulte sur la
réglementation pour l'accréditation des médiateurs. Alors,
ils aimeraient être consultés. Je trouve que c'est une bonne chose
qu'ils puissent être consultés.
Mme Harel: Et l'Association des centres de services sociaux
aurait déjà demandé et obtenu, semble-t-il, de faire
partie de ce comité consultatif.
M. Rémillard: Normalement, ils devraient se retrouver sur
un tel comité, parce qu'il faut voir la médiation, pas simplement
au niveau que nous la voyons ici, dans le contexte judiciaire, mais on peut la
voir aussi à un autre niveau, préjudiciaire, ou même pas
judiciaire du tout, parce qu'il n'y a pas d'instance judiciaire qui est
enclenchée et que la médiation a bien réussie. Alors, dans
ce contexte-là, j'aimerais avoir, de fait, des gens
représentatifs des groupes sociaux.
Mme Harel: Je pense avoir mai compris. Quand vous parliez de
non-judiciaire, vous ne parliez pas, évidemment, du contexte du projet
de loi.
M. Rémillard: Non. Je vous disais qu'au-delà du
projet de loi il doit exister quand même une autre dimension.
Mme Harel: Le ministre avait raison de dire qu'il y a longtemps
qu'il y a des échanges entre son ministère et celui de la
Santé et des Services sociaux sur ce dossier de la médiation
familiale. J'ai retrouvé, dans mes dossiers de députée,
qui était à l'époque porte-parole de l'Opposition en
matière de la famille, une copie d'une lettre signée par quatre
organismes importants au Québec, soit: la Fédération des
associations de familles monoparentales, la Fédération des unions
de familles, l'Association des centres de services sociaux du Québec,
qui était envoyée au premier ministre du Québec en
février 1989, laquelle lettre portait sur l'implantation des services de
médiation à la famille dans l'ensemble des régions
administratives du Québec.
On y faisait une rétrospective, et j'y retrouve l'information
suivante, à savoir que, le 24 août 1987, le ministre
délégué à la Santé et aux Services sociaux,
M. Robert Dutil, soumettait un mémoire au Conseil des ministres
recommandant l'expansion des services de médiation à la famille
dans les régions autres que Montréal et Québec où
de tels services avaient été instaurés respectivement en
1981 et en 1984 par le ministère de la Santé et des Services
sociaux, en collaboration avec le ministère de la Justice. Et là
on fait état de nombreuses rencontres qui eurent lieu entre des
technocrates des ministères concernés, sans pour autant
déboucher sur des recommandations communes. «Au contraire,
ajoute-t-on, le ministère de la Justice remet en cause l'appartenance de
ce programme de médiation à la famille à la mission du
ministère de la Santé et des Services sociaux et revendique
l'expansion des services de médiation par le ministère de la
Justice et l'intégration à la direction générale
des services juridiques.» Et là on fait état de rencontres
entre les ministres concernés, soit: Mme Lavoie-Roux, alors ministre de
la Santé et des Services sociaux; Mme Gagnon, qui était à
l'époque ministre déléguée à la Condition
féminine et à la Famille, de même que M. Marx à la
Justice; M. Rémillard. À quel titre était-ce?
M. Rémillard: Par intérêt.
Mme Harel: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Intérêt au dossier.
Mme Harel: Et M. Dutil, sans qu'une entente n'ait pu intervenir.
Et ajoutait cette lettre: «En raison des différends
interministériels qui perdurent, il est inadmissible de priver ainsi des
enfants et des parents qui ont droit, eux aussi, en dehors de Montréal
et de Québec, de bénéficier de services de
médiation de qualité. Et, pourtant, au cours des deux derniers
exercices financiers, même si les sommes requises pour l'expansion de ces
services étaient consenties par le Conseil du trésor, les
services en région n'ont pu être développés, au
grand détriment de la population visée.»
L'essentiel de ce qui est rappelé dans cette lettre... Je termine
là-dessus, M. le Président, l'essentiel étant ceci. Je
termine par la conclusion qui était apportée par ces organismes,
qui est la suivante: «II nous apparaît que l'expansion des services
de médiation à la famille devrait être confiée par
le ministère de la Santé et des Services sociaux, à
l'instar de ce qui existe à Montréal et à Québec,
aux centres de services sociaux.» (15 h 30)
Alors, je comprends que c'est une décision contraire qui,
finalement, a prévalu, après bien des tergiversations, bien des
années. Je me rappelle avoir interrogé, d'ailleurs, Mme
Lavoie-Roux, lors de ses crédits, sur ces questions en 1987 et 1988.
Elle annonçait toujours une décision imminente.
(Consultation)
Mme Harel: Dans le dossier, j'ai aussi d'autres lettres, dont
celle de l'Association des centres de services sociaux, cette fois, en 1988,
qui fait état d'études sur les services requis et qui conclut
simplement ceci: «On sait que le ministère de la Santé et
des Services sociaux favorise l'implantation des services de médiation
à la famille dans l'ensemble des régions administratives du
Québec et qu'une demande de budget additionnel de près de 1 000
000 $ a été soumise au Conseil du trésor en août
dernier. «Il est important, par ailleurs, de souligner - c'est toujours
dans la lettre adressée à Mme Lavoie-Roux, datée du 22
juin 1988 par l'Association des centres de services sociaux, et je poursuis -
que le Barreau du Québec exerce présentement de fortes pressions
auprès du ministère de la Justice pour que cette
responsabilité soit rapatriée audit ministère et
assumée désormais par des avocats, qui prétendent avoir
l'expertise requise. Des discussions seraient encore en cours entre les
ministères concernés afin de statuer sur la responsabilité
ministérielle à l'égard de ce programme de
médiation familiale.»
Je comprends donc que, finalement, c'est le ministère de la
Justice qui a gagné.
M. Rémillard: II n'y a pas eu de gagnant, il n'y a pas eu
de perdant, M. le Président.
Mme Harel: Comme au référendum, ça!
M. Rémillard: II y a des idées fixes, à un
moment donné.
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve fait
référence à 1987. Bon. On pourrait remonter plus loin que
ça. Je pense que c'est en 1981-1982 qu'on a commencé a y penser,
au moment de l'étude des avant-projets de loi. On a eu des
réunions; j'ai trouvé des documents où on faisait des
rencontres au niveau interministériel pour essayer de trouver une
solution à cette situation-là.
Je veux dire, M. le Président, que, si nous en sommes
arrivés à cette solution que nous présentons aujourd'hui
avec le projet de loi, c'est grâce à cette grande concertation que
nous avons avec le ministère de la Santé et des Services sociaux
et à l'efficacité légendaire de mon collègue, le
ministre responsable de ce ministère, qui a donc travaillé avec
moi pour qu'on puisse en arriver à ce premier résultat. Si je
n'avais pas eu sa collaboration, M. le Président, et son
efficacité, c'est évident que, sans le ministre de la
Santé et des Services sociaux, on n'aurait pas pu arriver à cette
solution-là. Ça a été laborieux, ça a
été difficile, mais c'est d'autant plus intéressant de
voir le projet de loi que nous avons maintenant.
Quand je dis que ça a été laborieux, que ça
a été difficile, je ne voudrais pas qu'on me comprenne mal. C'est
parce que, quand il y a plusieurs ministères impliqués, c'est
toujours important qu'on trouve la meilleure voie pour être le plus
efficace possible. Il y avait beaucoup d'appareils administratifs qui
étaient sensibles à cette question.
Mme Harel: Est-ce que le ministre est d'avis qu'un service de
médiation familiale est essentiellement de nature psychosociale?
M. Rémillard: II y a du psychosocial, oui. Il y a
même du social dans la mesure où on comprend du culturel; il y a
l'aspect culturel aussi là-dedans. Et puis, il y a du juridique. Mais,
quand vous citiez tout à l'heure un passage où on disait que les
avocats voulaient que ce soit exclusivement des avocats qui soient
médiateurs, moi, je n'ai pas eu de représentation, à ma
connaissance. Il me semble que je n'ai pas eu de représentation aussi
catégorique.
Mme Harel: J'ai l'impression qu'il y a eu une évolution
avec la mise en place d'un organisme conjoint des psychologues et du
Barreau.
M. Rémillard: Ça se peut. Je sais qu'il y a une
très bonne relation entre les psychologues et le Barreau,
peut-être, et la Chambre des notaires a été
impliquée aussi. On me le souligne. Alors, tout ce que nous avons dans
le projet de loi, ici, c'est que ça ne sera pas simplement des avocats;
ça va être des gens qui ont une formation adéquate, des
gens qui travaillent dans le domaine psychosocial.
Mme Harel: Mais le ministre reconnaît-il que c'est
complémentaire au processus judiciaire?
M. Rémillard: C'est complémentaire.
Mme Harel: Et que, en fait, c'est d'abord pour répondre
à des besoins psychosociaux dans une situation de conflit familial ou
conjugal?
M. Rémillard: Psychosociaux et de juridisme. Mais c'est
psychosocial, oui, dans le sens où il s'agit de trouver des terrains
d'entente, et c'est un sujet qui est hautement émotif, comme on le sait,
se séparer. Donc, par conséquent, le psychosocial joue un
rôle très important, et je pense qu'on a toujours en tête
les enfants. On en a parlé à plusieurs reprises dans notre
étude hier et on sait que dans le projet de loi même on s'y
réfère en disant que le juge doit prendre des décisions en
fonction des meilleurs intérêts de l'enfant. Alors, dans ce
contexte-là, le psychosocial, certainement, est très, très
présent.
Mme Harel: Est-ce que, finalement, la balance n'aurait pas
penché en faveur de la Justice parce qu'il était le seul à
pouvoir autofinancer,
par l'augmentation des tarifs judiciaires, le processus de
médiation, ce que le ministère de la santé et des services
sociaux ne pouvait pas mettre dans la balance?
M. Rémillard: Non, parce que, au niveau du
ministère de la Santé et des Services sociaux, il aurait pu
simplement mettre des frais aussi pour le Service. Il aurait pu le faire,
mettre des frais. Il n'y avait rien qui l'empêchait d'établir des
frais. Je ne pense pas que c'était la raison. La raison, c'est qu'on a
dit, dans un premier temps: II y a une expérience-pilote qui existe;
commençons au niveau du processus judiciaire, et il y aura ensuite
d'autres étapes qui seront faites. Au niveau de l'étape
judiciaire, il y a une action à compléter le plus tôt
possible, parce qu'il y a une situation qui doit être corrigée.
C'est ça qui a été l'objectif qui nous a fait prendre les
décisions qui ont été prises, finalement.
Mme Harel: Mais il n'y a pas, finalement, un danger qu'en
maintenant en parallèle le service d'expertise tel qu'existant seulement
à Montréal et Québec - dans les autres districts, les
Québécois ne pourront pas bénéficier des
mêmes services qu'à Montréal et Québec - en
maintenant en parallèle le service de médiation familiale de la
Cour supérieure avec l'expertise psychosociale, que, finalement, on en
vienne à considérer qu'il y a deux types de médiation?
Le Président (M. Dauphin): Alors, si vous me permettez...
Oui, M. le député.
M. Lafrance: M. le Président, est-ce que ce serait
possible de suspendre? Il est possible que notre présence soit requise
pour un vote.
Le Président (M. Dauphin): Oui. On m'a avisé qu'il
y avait un vote et, selon l'article 224 du règlement, ça
interrompt nos travaux.
Nous allons suspendre quelques minutes, le temps de permettre aux
députés d'aller voter, et nous revenons tout de suite
après.
(Suspension de la séance à 15 h 39)
(Reprise à 16 h 1)
Le Président (M. Dauphin): Messieurs, mesdames, nous
allons reprendre nos travaux. Nous étions toujours à l'amendement
à l'article 2, plus particulièrement à son paragraphe
7°. Et, de mémoire, c'est Mme la députée de
Hochelaga-Mai-sonneuve qui avait la parole.
Mme Harel: M. le Président, j'ai ici en main le
mémoire présenté... C'est-à-dire que ce n'est pas
le mémoire présenté au Conseil des ministres, il s'agit
plutôt d'un document de consultation daté du 30 avril 1992,
s'intitulant «Le développe- ment de la médiation en
matière familiale», qui accompagnait le mémoire
présenté au Conseil des ministres sur la médiation
familiale. On y retrouve des scénarios de financement et, dans ces
scénarios de financement, on y retrouve trois hypothèses: soit
une hausse des tarifs des frais judiciaires en matière civile;
possiblement, l'introduction d'un droit de greffe pour deux procédures
liées aux matières familiales et, troisièmement, une
réaffectation du budget actuel pour les services de médiation
offerts à Montréal et à Québec.
Je comprends qu'en ce qui concerne cette troisième
hypothèse, à savoir la réaffectation du budget actuel pour
les services de médiation offerts à Montréal et à
Québec, elle est écartée étant donné le
maintien intégral... Je comprends que c'est le maintien intégral
des services offerts à Québec et à Montréal. Est-ce
que c'est bien le cas, M. le ministre?
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Le document
auquel se réfère Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, c'est le document qu'on a utilisé comme document
de consultation auprès des organismes, qu'on a envoyé un peu
partout pour avoir des commentaires. Alors, j'ai reçu des commentaires
et je continue toujours à en recevoir. Au sujet du mode de financement,
les deux possibilités sont là, et peut-être d'autres aussi,
et je n'ai pas encore pris de décision. Je vais aussi en discuter avec
le Conseil du trésor, évidemment. Alors, les décisions ne
sont pas encore prises d'une façon finale, définitive.
Mme Harel: Je comprends donc que vous envisagez l'introduction de
nouveaux tarifs qui n'existaient pas jusqu'à maintenant en
matière familiale, soit l'inscription pour enquête et audition au
coût de 75 $, soit la requête en modification, donc, à ce
moment-là, en garde, j'imagine, ou en pension alimentaire, pour un
montant de 75 $ la requête.
M. Rémillard: Ça peut être une
possibilité, que ça puisse viser des requêtes qui sont
contestées. Ça peut aussi majorer l'ensemble des
procédures. Ça aussi, c'est une possibilité. Il y a
diverses possibilités que nous étudions présentement.
Mme Harel: Quel est le pourcentage des mandats? Hier, vous nous
pariiez de 7000 causes environ. C'est bien le cas?
M. Rémillard: De 6500 à 7000.
Mme Harel: De 6500 à 7000. Quel est le pourcentage de ces
causes qui, selon vous, pourraient être examinées par un
médiateur privé?
M. Rémillard: Un médiateur privé? Qu'est-ce
que vous voulez dire par «privé»?
Mme Harel: Enfin, quel est le pourcentage qui pourrait être
confié à un médiateur privé?
M. Rémillard: À l'extérieur, qu'on pourrait
payer à l'extérieur?
Mme Harel: Que les parties paieraient elles-mêmes.
M. Rémillard: Là, il y a deux choses dans votre
question. Il y a des médiateurs privés, qu'on appelle,
c'est-à-dire qui ne sont pas des fonctionnaires. Il y en a sur la liste
aussi. Alors, ça, c'est une chose.
Mme Harel: C'est vrai. Parlons plutôt de médiateurs
accrédités du secteur privé.
M. Rémillard: Accrédités de
l'extérieur. Alors, là, à ce moment-là, dès
qu'ils choisissent quelqu'un qui n'est pas sur la liste, c'est aux frais des
parties. Quel est le volume que ça peut représenter? Je vais vous
dire... On m'informe qu'il n'y a pas de chiffres. On ne peut pas évaluer
ça comme tel. On ne peut pas évaluer ça. On voulait
laisser simplement la possibilité. Comme la médiation, c'est
souvent une question de confiance, on a dit: On va avoir une liste, on va
établir cette liste avec les critères, les éléments
de composition qu'on retrouvera dans un règlement, qu'on va
établir à la suite de consultations qu'on va tenir, et, si
quelqu'un dit: Bien moi, dans cette liste-là, je n'ai pas quelqu'un en
qui j'ai confiance, mais je connais quelqu'un d'autre en qui j'ai confiance,
j'aimerais qu'il soit médiateur, il pourra se référer
à cette personne-là. À ce moment-là, il doit payer
pour ça.
Mme Harel: Alors, étant donné que vous nous dites
ne pas pouvoir établir la proportion des mandats des 7000 causes qui
seraient confiés à un médiateur du secteur privé,
vous prévoyez donc offrir un service qui couvrirait les 7000 causes.
C'est ça que vous nous dites?
M. Rémillard: Attendez. J'ai perdu peut-être des
petits bouts, là.
Mme Harel: Est-ce que j'ai bien compris que vous n'avez pas
prévu, sur les 7000 causes, qu'il y en ait qui soient confiées...
Vous le prévoyez, mais de façon hypothétique. Vous n'avez
pas un pourcentage prévisible de causes qui seraient confiées
à des médiateurs accrédités du secteur
privé.
M. Rémillard: Ça dépend ce que vous
entendez. Il peut y en avoir du secteur privé, mais ils sont dans la
liste. Ça, vous ne vous référez pas à
ça.
Mme Harel: Accrédités. Utilisons le mot
«accrédités».
M. Rémillard: Alors, accrédités dans la
liste...
Mme Harel: Du secteur privé.
M. Rémillard: ...ça ne pose pas de problème.
Ils sont dans le secteur privé, ils sont accrédités dans
la liste et ça ne pose pas de difficultés. Et puis là,
ensuite, il y a des gens qui sont affiliés; on m'informe qu'il y a des
gens qui sont affiliés au Service.
Mme Harel: Alors, je repose ma question. M. Rémillard:
Oui.
Mme Harel: des 7000 causes, est-ce que je comprends que vous nous
dites que vous n'avez pas prévu un pourcentage de causes qui seraient
confiées?
M. Rémillard: Non. On me parle ici - j'hésite
toujours à citer ces chiffres-là parce que... - de 30 %. On se
réfère à du 30 % se référant à du
privé.
Mme Harel: Hier, vous nous parliez de 37 effectifs
supplémentaires: 30 professionnels environ, 17 employés de
soutien. Combien, sur ces 47 effectifs nouveaux, seraient à temps
partiel et à temps plein?
M. Rémillard: Combien sur 37, vous dites? Mme Harel:
Sur les 47, au total.
M. Rémillard: Sur les 47. Alors, premièrement, on
m'informe que c'est 47, et tout du temps plein.
Mme Harel: Temps plein.
M. Rémillard: Alors, il n'y a pas de temps partiel
là. Où j'ai dit qu'on n'avait pas de chiffres tantôt, c'est
en ce qui regarde le libre choix, quand ils vont décider tout simplement
de dire: II n'y a personne d'accrédité sur la liste qui fait
notre affaire, on va aller au libre choix. Ça on n'a pas de chiffres.
Ça va arriver, mais on ne sait pas. C'est difficile d'évaluer. On
a un point d'interrogation à ce niveau-là. De toute façon,
ça va être aux frais des parties, dans ce cas-là.
Mme Harel: C'est donc dire que vous aviez quand même
prévu que la médiation puisse être dispensée soit
par un médiateur agissant à temps partiel, soit par un
médiateur agissant sur une
base itinérante dans les districts où le volume des
dossiers ne justifierait pas un médiateur permanent du Service.
M. Rémillard: Ça va dépendre,
évidemment, du volume qu'on va trouver dans les différents
endroits, pour offrir les services. Alors, selon le volume, on pourra offrir
les disponibilités pour l'accès aux services. On verra comment
les choses vont se présenter.
Mme Harel: Mais, est-ce qu'on comprend que les 47 postes, eux,
sont à plein temps?
M. Rémillard: Les 47 postes sont à plein temps,
définitivement.
Mme Harel: Et, s'il y a des médiateurs à temps
partiel, il n'en sera pas pour autant réduit le nombre de ressources
mises à la disposition du Service de médiation de la Cour
supérieure?
M. Rémillard: À temps partiel. Qu'est-ce que vous
voulez dire par «à temps partiel»?
Mme Harel: d'un côté, vous nous dites: oui, il va y
en avoir à temps partiel; de l'autre côté, vous dites que
ça va n'être que des postes permanents.
M. Rémillard: Oui, oui, bon, je comprends, à temps
partiel dans ce sens-là, oui, mais pour assurer un meilleur service,
pour pouvoir aller dans des endroits, peut-être, où il n'y a pas
un volume qui justifie du plein temps, où ils pourront être plus
itinérants, si vous me permettez l'expression.
Mme Harel: Alors, abordons, si vous le voulez,
l'accréditation des médiateurs.
M. Rémillard: Oui.
(16 h 10)
Mme Harel: Dans le document de consultation que vous avez mis en
circulation, et qui accompagnait le mémoire au Conseil des ministres, on
disait ceci: Que le ministère de la Santé et des Services sociaux
et le ministère de la Justice soient partenaires dans
l'élaboration du règlement qui balisera l'accréditation
des médiateurs. Alors, quel est actuellement le processus en cours pour
la rédaction du règlement?
M. Rémillard: On est toujours en consultation
auprès des intervenants. Tout à l'heure, M. le Président,
Mme la députée s'est référée à une
demande de l'Office des professions qui aimerait être impliqué,
aussi les psychologues, le comité interprofessionnel, le Barreau, les
notaires, la Chambre des notaires - il y a quand même plusieurs
intervenants - la fédération des médiateurs. Il y a
plusieurs intervenants qui sont là, et on est toujours dans une phase de
consulta- tion pour établir les critères qui vont nous amener
à établir cette liste.
Mme Harel: Je comprends, par ailleurs, que vous mettez sur le
même pied, soit l'Office des professions ou d'autres organismes, que le
ministère de la Santé et des Services sociaux, où il
était pourtant dit qu'il allait être un partenaire dans
l'élaboration du règlement.
M. Rémillard: Ah! il est un partenaire
privilégié.
Mme Harel: Je vois, d'ailleurs, que le comité consultatif
sur la médiation familiale, pour l'évaluation et le suivi du
Service de médiation familiale, était déjà
prévu dans les décisions du Conseil des ministres. En fait, c'est
la décision...
M. Rémillard: Vous avez la décision?
Mme Harel: C'est ça.
M. Rémillard: Mais vous êtes bien
informée!
Mme Harel: C'est pratique.
Une voix: On est toujours bien informés!
M. Rémillard: Aïe, aïe, aïe!
Mme Harel: donc, le médiateur accrédité
devra-t-il appartenir à une profession reconnue par l'office des
professions? à une corporation, en fait?
M. Rémillard: Pas au moment où on se parle. Je ne
pourrais pas prendre une décision et dire qu'il faudrait absolument que
ce soit une profession reconnue, soit à titre réservé soit
à titre exclusif, par l'Office des professions. Il faut voir ça
et II faut penser à ça. Moi, ce qui me guide, c'est d'offrir le
meilleur service, la meilleure qualité possible, non pas éliminer
des gens qui seraient compétents pour faire ce travail de
médiateur parce qu'ils ne sont pas membres d'une corporation
professionnelle reconnue par l'Office des professions. Alors, je n'ai pas
encore vraiment pris une décision à ce niveau-là, mais je
vais être très prudent; très prudent.
Mme Harel: Je comprends qu'il y a des discussions qui se
poursuivent sur cette question-là, c'est ce que vous nous mentionniez
tantôt.
M. Rémillard: Oui, une phase active de discussion.
Mme Harel: Qui consultez-vous présentement
là-dessus?
M. Rémillard: Bien, présentement, ça se
passe beaucoup au niveau des membres du comité
interprofessionnel, le comité interprofessionnel qui est
l'organisme qui représente les différentes corporations
professionnelles, et puis il y a l'AMFQ qui est là.
Mme Harel: Quelles corporations sont membres de ce comité
interprofessionnel?
M. Rémillard: Le Barreau est là, les notaires sont
là, les travailleurs sociaux, les psychologues sont là et
l'Association de médiation familiale est aussi
représentée, ce qui veut dire qu'à ce comité il y a
possibilité d'avoir passablement tout le monde. Je ne dirais pas tout le
monde, mais passablement tout le monde.
Mme Harel: Je comprends que ce sont des organismes qui sont des
corporations.
M. Rémillard: Ça, c'est strictement au niveau des
corporations. C'est pour ça que je vous dis que... Et on a ajouté
à ces corporations l'association des médiateurs. Alors,
l'association des médiateurs, évidemment, ne fait pas partie de
l'Office des professions, parce que médiateur, ce n'est pas une
profession, donc, parce que les médiateurs ne sont pas reconnus comme
des professionnels au sens du Code des professions. Ce sont des professionnels
au sens de la qualité du service, peut-être, mais ils n'ont pas de
titre réservé ou de pratique réservée, ils ne sont
pas réglementés.
Mme Harel: Le centre international, ici même, à
Québec, est-il intéressé par le développement de la
médiation?
M. Rémillard: Le centre international d'arbitrage?
Mme Harel: D'arbitrage.
M. Rémillard: C'est du commercial.
Mme Harel: C'est du commercial.
M. Rémillard: Parce que leur titre, c'est centre
international d'arbitrage commercial. Alors, il faudrait qu'il y ait des
aspects d'ordre commercial, c'est-à-dire qu'on considère une
famille comme un commerce, à toutes fins pratiques, qu'il y ait des
échanges, de bons échanges commerciaux.
Mme Harel: Ça peut être utile, parfois, pour le
partage du patrimoine.
M. Rémillard: C'est ça que j'avais en
tête.
Le Président (M. Dauphin): Oui, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Je vous remercie, M. le Président.
J'écoute ça depuis hier, j'entends beaucoup de choses. Je
voudrais être sûre que c'est très clair, que j'ai bien
compris ce qui se passe. J'ai entendu ma collègue donner des
détails, en fait, que, moi, je ne connaissais pas, qui datent d'avant
mon arrivée ici. Alors, moi, ce que je comprends à venir
jusqu'à date, c'est que les services de médiation à
Montréal et à Québec, tels qu'ils sont, tels qu'ils
étaient et tel que ça existe présentement, vont continuer
d'exister; que ce projet de loi crée, à toutes fins pratiques, un
nouveau service, le Service de médiation familiale de la Cour
supérieure. Est-ce que je comprends bien la nature même du projet
de loi?
Une voix: Oui, oui.
Mme Carrier-Perreault: C'est ça? On va garder les deux
pour Montréal et Québec; il y aura un service de médiation
familiale de la Cour supérieure à Montréal et à
Québec et il y aura le Service de médiation psychosociale qu'on
connaît présentement.
M. Rémillard: Dans une perspective, évidemment,
déterminée par la loi maintenant; la loi est là. Je pense
que c'est Mme la députée de Groulx, hier, qui l'a expliqué
dans ses mots, d'une façon tellement intéressante et claire. Elle
a dit: Je comprends que la loi s'applique lorsque les gens ont
décidé de divorcer ou de se séparer; c'est lorsque la
décision est prise.
Mme Carrier-Perreault: Oui. C'est un nouveau service.
M. Rémillard: C'est ça. À partir de
là, vous avez un nouveau service, et c'est l'enclenchement du processus
judiciaire. Alors, la loi se situe dans ce contexte-là.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée,
aviez-vous terminé?
Mme Carrier-Perreault: Bon! Ce que vous me dites, c'est que
ça continue, sauf que ça va être décidé un
peu qui va consulter, par rapport à ce qu'on est en train de voter.
M. Rémillard: Ça va être en fonction de la
loi.
Mme Carrier-Perreault: Ça va être en fonction de
ça...
M. Rémillard: C'est ça.
Mme Carrier-Perreault: ...les deux services qui sont existants
à Montréal et à Québec.
M. Rémillard: Ça va être en fonction de la
loi.
Mme Carrier-Perreault: Bon! Il y a comme un glissement, dans ce
que je comprends, par exemple; il y a un écart entre ce qui était
demandé, ce qui était proposé et ce qui était dans
le plan d'action, si on veut, de la ministre en matière de politique
familiale. Ce qu'on demandait, c'était vraiment préventif, et
là on se ramasse avec un organisme qui va donner un service, en fait,
quand ça va être rendu devant la Cour. C'est à ça
qu'on se ramasse.
M. Rémillard: Oui, vous avez raison.
Mme Carrier-Perreault: O.K. Je voulais être bien sûre
d'avoir bien compris.
M. Rémillard: On ne fait pas de la médiation avant,
on la fait quand le judiciaire est impliqué.
Mme Carrier-Perreault: Vous savez, les groupes qui militent en
matière de famille sont vraiment en désaccord. Ils ont des
problèmes à accepter cette solution qu'ils jugent tout à
fait...
M. Rémillard: Si vous me permettez, je dirais que
plusieurs groupes voudraient avoir quelque chose de plus complet. Ils ne sont
pas en désaccord avec ce projet de loi, mais ils considèrent
qu'il faudrait aller plus loin. C'est ça qu'ils nous disent. Moi, le
message, je le reçois très bien, et je dis que,
déjà, on fait un grand pas, ici, dans un domaine où il
fallait agir au plus vite, parce qu'il se passait des choses qui sont
difficiles. D'abord, le processus judiciaire est enclenché et, parce que
le processus judiciaire est enclenché, il y a des conséquences
difficiles qui s'appliquent, entre autres - je vous en donne deux exemples - en
ce qui regarde les enfants, lorsqu'on oblige à faire témoigner
les enfants et, l'autre chose, la violence conjugale. C'est une source de
violence conjugale aussi, des séparations et des divorces mal faits,
selon toutes les statistiques que nous avons à la suite des causes de
violence conjugale. Alors, on agit dans le domaine judiciaire.
Si vous me dites: Oui, mais ce n'est pas complet, je vous dis: Oui,
c'est vrai, vous avez raison. C'est tout le préventif, lui, qui devra
être mis en place et complété. Mon collègue, le
ministre de la Santé et des Services sociaux, et ma collègue de
la Condition féminine y travaillent présentement; eux, ils y
travaillent. Alors, c'est deux choses. Mais, ici, nous parlons d'un processus
qui est essentiel et qui est lourd de conséquences, et qui est au niveau
du processus judiciaire. Je ne sais pas si je m'exprime clairement. (16 h
20)
Mme Carrier-Perreault: Oui, sauf que ça m'inquiète
quand même, M. le Président. Je trouve qu'à partir du
moment où le gouvernement se... On va se dire les mots comme on les
pense. À partir du moment où on se donne bonne bouche et qu'on
dit: On a mis sur pied un système, un service, on a donné un
service en termes de médiation familiale à la Cour
supérieure, bien sûr, dans le processus qu'on est en train de
discuter, moi, je trouve ça inquiétant parce que je me dis:
Est-ce qu'on va retarder beaucoup le reste?
J'ai pu comprendre, avec les propos de ma collègue tout à
l'heure, que ça dure et ça perdure, le débat qui entoure
la possibilité de mise sur pied de ce Service-là. On se rend
compte, on arrive, deux ans, trois ans plus tard, avec encore un
élément... Bien sûr, je ne peux pas dire que c'est mauvais,
ce que le ministre est en train de faire. Je ne peux pas dire ça. ce
n'est vraiment pas ça, le but de mon propos, sauf que je me dis: On
arrive avec une solution qui n'est pas la solution que tout le monde avait
envisagée au départ. Je voyais ce matin que c'est la
Fédération des ACEF, justement - je suis persuadée que le
ministre en a pris connaissance; j'imagine, en tout cas, qu'il a reçu le
même communiqué - qui s'est exprimée encore ce matin, qui
disait que, justement, elle voyait que ça allait à rencontre
même des objectifs de déjudiciarisation qui étaient
poursuivis par le ministre.
Compte tenu des discussions que vous avez eues, c'est évident que
ces gens-là, depuis le temps qu'ils en discutent avec le gouvernement,
depuis le temps qu'ils négocient, à toutes fins pratiques, la
mise sur pied de ce Service-là, d'étendre le Service de
médiation dans toutes les régions du Québec -
écoutez, ça fait quand même un bout - c'est bien
évident qu'ils s'attendaient à quelque chose de plus large. C'est
pour ça, c'est dans ce sens-là qu'ils disent qu'ils veulent
même proposer un amendement au projet de loi. Eux autres, ils disent
«qu'un service de médiation familiale, qui interviendrait avant
même d'entreprendre les procédures juridiques, soit rendu
disponible aux couples qui en feront la demande». On revient à la
demande initiale des groupes, à ce qu'ils ont toujours
désiré et à l'ensemble des négociations qui ont eu
lieu avec l'ensemble des ministères concernés. Ça ne
règle pas, à toutes fins pratiques, le problème.
M. Rémillard: Oui. Moi, je comprends très bien
votre préoccupation qu'un tel service de médiation, un service de
médiation, je dirais, et de conciliation puisse être offert avant
que des couples en arrivent à la conclusion qu'ils doivent se
séparer ou divorcer. C'est de ça que vous parlez, si je comprends
bien. Alors, dans ce contexte-là, vous savez qu'il est toujours possible
pour quelqu'un... Un couple veut se séparer aujourd'hui et dit:
Écoutez, on va se prendre un médiateur. Ça, c'est toujours
possible. On va se prendre un conciliateur. C'est toujours possible, ça.
Il y a ce service-là qui est offert présente-
ment. Il y a une association des médiateurs qui existe; il y a
différents intervenants. Même on n'a pas besoin d'avoir quelqu'un
qui est formellement accrédité. Vous avez confiance en quelqu'un;
vous le prenez. Il y a une médiation qui s'établit, ça
va.
Ce qu'il faut comprendre, c'est que, lorsque vous décidez qu'il
n'y a plus rien à faire, que vous avez décidé de vous
séparer, vous avez décidé de divorcer, vous devez aller
devant le juge, c'est obligatoire. Même si vous le faites à
l'amiable. Vous pouvez le faire à l'amiable et vous n'avez besoin de
personne; c'est possible de faire un divorce à l'amiable et vous n'avez
pas besoin d'avocat ou quoi que ce soit, mais, même à ça,
le juge doit le voir. C'est à ce niveau-là, nous, qu'on
intervient.
Ce que je vous disais tout à l'heure - et je vous le
répète - c'est que mon collègue, le ministre de la
Santé et des Services sociaux, ma collègue de la Condition
féminine travaillent ensemble à voir tout le système de
médiation et de conciliation qui est donné d'une façon
préventive. Ça, c'est ce qu'ils font présentement. Moi,
j'arrive avec cette étape. Vous, vous me dites: Oui, mais là,
attention! Vous arrivez avec cette étape-là et on va dire: On l'a
faite, la médiation, on n'a pas besoin d'en faire d'autre.
Présentement, c'est déjà en cours. C'est
déjà là, le travail se fait et les rencontres - j'ai
déjà même assisté à une rencontre qui a
existé jusqu'à présent pour pouvoir arrimer ce projet de
loi à ce qui peut se faire à un autre domaine - et ma
collègue de la Condition féminime est particulièrement
sensible à cette dimension-là.
Ce que je peux vous dire, c'est qu'il fallait agir et, ici, c'est le
plus urgent, le plus sensible aussi en ce qui regarde le droit des enfants, le
droit des femmes. Je vous ai parlé de la violence conjugale et je ne
voudrais pas qu'on minimise l'impact de ce projet de loi sur la
prévention de la violence conjugale. De par les cas de violence
conjugale - parce qu'on sait que, depuis maintenant au moins cinq ans, on est
très actif, et ça va d'une très bonne façon, c'est
efficace; on a encore du travail à faire, mais c'est efficace - quand on
étudie des cas de violence conjugale, en très grande partie,
ça vient d'une séparation, ça vient d'un divorce qui a
été dur, qui a été laborieux, qui a laissé
des traces chez l'un ou l'autre, habituellement chez le monsieur qui, à
un moment donné, décide de se venger.
Alors, si on peut avoir au moins cette médiation-là pour
déjudiciariser... Parce que ce qu'on fait, on déjudiciarise. Vous
êtes devant le juge, vous êtes rendus devant le juge, et le juge
dit: Bien, écoutez, prenez donc quelqu'un en qui vous avez confiance.
Réglez donc ça. Alors, on déjudiciarise le processus et,
à ce moment-là, je pense qu'on améliore
considérablement et le sort des femmes et le sort des enfants, en
particulier.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Je vous remercie M. le
Président. J'aimerais aborder un aspect de l'article 815.2.1 où
je considère que peut-être un amendement ou en tout cas une
modification pourrait être apportée d'une façon assez
simple et puis pourrait répondre à certaines
inégalités qu'on rencontre présentement.
C'est le deuxième paragraphe du 815.2.1 qui mentionne que
«dans le cas où le tribunal réfère à un
médiateur choisi par les parties, celles-ci sont tenues au paiement des
honoraires de ce médiateur; elles défraient ces honoraires dans
une proportion égale, à moins que le tribunal ne détermine
une proportion différente».
Il y a une réalité qui existe présentement,
à savoir que, dans la majorité des cas, dans la très
grande majorité des cas, disons, le conjoint masculin a des revenus
beaucoup supérieurs au conjoint féminin. Et je peux dire que
c'est vraiment une proportion assez flagrante. Je me demande si ça ne
serait pas possible d'indiquer dans cet article, justement pour pallier
à cette inéquité, inégalité, tout simplement
que ça serait au prorata des revenus. Je comprends que le tribunal a
cette discrétion de pouvoir, s'il juge justement que cet aspect est
frappant à ses yeux et qu'il veut tenter de pallier à cette
inégalité, il peut déjà déterminer des
proportions différentes. Mais je pense que ça serait important de
l'indiquer, que ça soit au prorata. Ça serait assez simple, je
crois, pour un juge, uniquement par l'état des revenus et
dépenses qui est presque toujours fourni lors d'une préparation
d'une requête en divorce, de déterminer grosso modo la
disparité des revenus des deux conjoints.
Donc, je pense que ça ne coûterait rien, ce genre de
modification, puis je pense que ça répondrait, ça
réparerait une certaine inéquité qui peut exister. Et
qu'on ne fasse pas de différence entre conjoint mâle, masculin et
féminin. Ça peut arriver, avec la réalité ,flue de
plus en plus de femmes sont sur le marché du travail, que ce soit le
conjoint masculin qui fasse moins d'argent. Mais je pense que ça devrait
être au prorata des revenus respectifs. Je pense que ça serait
simple de faire un amendement dans cette forme-là.
M. Rémillard: Ces considérations, M. le
Président, dont vient de nous faire part le député
d'Anjou, nous les avons eues lorsqu'on a rédigé ce
deuxième alinéa. Et c'est pour ça qu'on s'est dit: De
quelle façon peut-on donner au tribunal, au juge, une discrétion
qui pourrait l'amener à prendre en considération les revenus ou
d'autres éléments qu'il aurait à prendre en
considération? Pensons que souvent, dans ces cas, il y a une des
parties, et c'est souvent la femme, qui a l'aide juridique, par exemple. Je
pense que le député d'Anjou en sait quelque
chose. Alors, dans ces cas-là, moi, j'ai l'impression quand
même que c'est le juge qui est le mieux placé pour
apprécier. Et la phrase, ici, c'est «elles défraient ces
honoraires», donc les parties, «dans une proportion
égale». Ça c'est le principe. On ne peut pas
présumer au départ, on ne peut pas faire une présomption
au départ qu'il y a une partie qui est défavorisée par
rapport à l'autre. On dit: Bon, deux parties viennent, et la
présomption, c'est de dire que la justice, elle est juste et
équitable; alors, les gens qui sont là doivent avoir justice qui
est rendue d'une façon aussi juste et équitable. (16 h 30)
Alors, le principe, c'est «elles défraient ces honoraires
dans une proportion égale». Mais ensuite on dit «à
moins que le tribunal ne détermine une proportion
différente». Et, là, le juge a toute la latitude pour
déterminer la proportion différente. Il peut dire qu'il
enlève complètement les frais des honoraires à l'une des
parties. Il décide d'en établir le lien à un tiers, deux
tiers. Il peut penser à beaucoup de façons de faire cet
accommodement, selon ce qu'il a pu vérifier. Que ce soit en fonction,
par exemple, des revenus, c'est une norme que le juge peut suivre. Mais est-ce
qu'il faudrait le mettre expressément dans le texte de loi?
Jusqu'à présent, je ne connais pas de texte de loi qui se
réfère directement à ce critère-là, pour
dire. Parce qu'on parle ici d'un domaine particulièrement sensible, le
droit familial, mais on peut aborder aussi d'autres sujets où on
pourrait être porté à utiliser une règle comme
ça. Mais, ce qu'on dit, c'est que c'est toujours le juge qui a toujours
la discrétion de déterminer les frais et, cette
discrétion-là, on la confirme par ce deuxième
alinéa de 815.2.1.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Je comprends très bien
l'argument de M. le ministre et je pense que je suis très sensible
à cette argumentation-là. C'est toujours quand même assez
délicat de mettre des nouveaux principes dans des projets de loi.
Cependant, je pense qu'il serait très facile, tout simplement, de
renverser un peu le fardeau, la tendance, en disant tout simplement que les
honoraires doivent être défrayés au prorata des revenus,
mais tout en laissant la discrétion au tribunal de les répartir
autrement. Donc, le principe, ce serait au prorata, mais on garde, on conserve
au tribunal la discrétion de pouvoir en déterminer une proportion
différente. Mais le principe resterait. C'est-à-dire, c'est au
prorata, mais le tribunal, justement, à la vue de certains facteurs
exceptionnels, qu'il considère exceptionnels ou, en tout cas, des
facteurs de circonstance, pourrait, à ce moment-là, soit les
mettre à égalité, les mettre à 100 %, mais, en tout
cas, il garderait sa discrétion.
Mais je pense que le principe du prorata... Surtout qu'en matière
matrimoniale on est quand même dans un cas particulier où il
existe des états des revenus et dépenses dans tous les dossiers,
à peu près. Et ça donnerait aussi la possibilité
justement, peut-être... en tout cas, plus de latitude, peut-être,
à la personne qui est représentée par l'aide juridique de
pouvoir choisir un médiateur privé. En tout cas, je pense que
ça donnerait plus de latitude aux parties, et ça mettrait comme
principe que c'est au prorata des revenus, tout en laissant la
discrétion au juge.
M. Rémillard: M. le Président, si je comprends bien
ce que le député d'Anjou nous suggère, ce serait que le
principe serait qu'«eiles défraient ces honoraires en proportion
de leurs revenus». Mettons qu'on parte de ce principe-là. Il y a
un premier problème. Le premier problème, c'est une question de
preuve. Les légistes me disent: Attention! il y a un problème de
preuve. Il faudra déterminer les revenus. Or, les revenus, c'est les
revenus d'un salaire, oui, mais c'est aussi tous les revenus qui peuvent
être compris dans un patrimoine, en fonction de ce que peut
posséder une personne. Alors, il y a une question de preuve qui est
difficile, qui mériterait... Ça peut alourdir encore plus les
procédures. Puis, là, vous allez dire: Dites-moi combien vous
gagnez. Là, ça peut être contesté, dans le processus
judiciaire.
Alors, voyez-vous, il y a des grands risques quand même -
malgré, peut-être, l'objectif louable que ça
représente - de se retrouver devant un processus judiciaire alourdi, qui
pourrait même être considérablement alourdi à cause
de ce principe-là, alors que, présentement, tel que
rédigé, ça permet de se référer à ce
principe. Ça permet de s'y référer. Le juge peut le
prendre en considération, mais, comme ce n'est pas le principe et comme
ce n'est pas la considération qui pourrait être unique et simple,
les éléments autres peuvent venir circonscrire le principe. C'est
plus facile d'application et ça ne fait pas appel à un
élément de preuve qui pourrait être, comme je l'ai dit
tantôt, difficile.
Alors, M. le Président, en conclusion, je crois qu'il faut que
l'on puisse se référer à la discrétion du tribunal,
et il me semble que le libellé que nous avons ici est plus souple pour
respecter cette discrétion.
Le Président (M. Dauphin): Merci. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, sur le même sujet, je
comprends que le ministre veuille un terme peut-être plus large que celui
de «revenu» pour faire valoir, finalement, la capacité
financière des parties, mais il est évident que ce serait injuste
et inéquitable de présumer que les parties sont dans un
état d'égalité entre elles.
C'est ce qui est présumé ici. La règle, c'est que
les parties sont en état d'égalité, et l'exception, c'est
que le tribunal peut en décider autrement. Et, justement pour les
raisons qu'il a invoquées, c'est-à-dire le fait que le tribunal
peut être appelé à juger que ça peut être un
test qui alourdit le processus, alors il va être incité à
utiliser la règle plutôt que l'exception, c'est-à-dire
plutôt que de faire passer le test pour déterminer une proportion
différente des honoraires à être défrayés par
chacune des parties.
Alors, moi, M. le Président, je crois au contraire que la
règle elle-même, et non pas l'exception à la règle,
devrait être que, dans les cas où le tribunal rend une
ordonnance... Dans le cas présent, à l'article 815.2.1, ce n'est
pas de consentement des parties, c'est obligatoire. La médiation a lieu
de façon obligatoire, parce que le tribunal rend une ordonnance.
À partir de ce moment-là, il me semble, M. le Président,
que la règle doit être, si les parties choisissent un
médiateur autre que celui qui se retrouve sur la liste des
médiateurs accrédités, alors, à partir de ce
moment-là, que les honoraires soient défrayés dans la
proportion égale à la capacité financière des
parties. Sinon, M. le Président, est-ce que je dois comprendre qu'une
seule partie pourrait imposer à l'autre un médiateur? Il faut que
les deux parties en conviennent. Si l'une d'entre elles n'opte pas pour un
médiateur en dehors de la liste accréditée, donc un
médiateur aux frais des parties, si une seule des parties est en
désaccord, à ce moment-là, on retourne à la
liste.
M. Rémillard: II faut vraiment que, quand on dit
«à leur demande», ce soit vraiment... C'est le principe de
la médiation, d'ailleurs. Si vous n'êtes pas d'accord, si vous
n'acceptez pas le médiateur au départ, ça part mal.
Mme Harel: Bien sûr.
M. Rémillard: Ils ne s'entendent pas.
Mme Harel: II faut dire que ça vaut mieux, étant
donné que tout ça n'est pas, finalement, juste parler pour
parler. Parce que, au bout de la ligne, encore faut-il qu'elles acceptent le
processus de médiation et qu'elles y participent. Autrement, même
s'il y a eu une ordonnance de rendue, ça peut se retrouver, 20 jours
après, devant le juge pour constater l'échec de la
médiation qui n'aura pas eu lieu.
M. Rémillard: De là... Si vous me permettez, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: De là l'intérêt d'avoir
ces 20 jours dont on a parlé tout à l'heure.
Mme Harel: Est-ce qu'il ne serait pas mieux de renverser la
présomption de la règle, en disant: Les parties défraient
les honoraires dans une proportion égale à leur capacité
financière, à moins que le tribunal ne détermine une
proportion différente, c'est-à-dire de laisser la
discrétion au tribunal?
M. Rémillard: Voulez-vous répéter?
Excusez-moi!
Mme Harel: «Elles défraient ces honoraires dans une
proportion égale à leur capacité financière,
à moins que le tribunal ne détermine une proportion
différente.» (16 h 40)
M. Rémillard: Le problème que ça pose, ce
que les légistes me disent ici, c'est tout le processus de la preuve de
la détermination des salaires, de la capacité financière.
Alors, ce n'est pas simplement le salaire, mais c'est la capacité
financière, les biens qui sont détenus, etc. Alors, la formule,
ici, laisse cette souplesse. Elle part du principe d'une proportion
égaie mais laisse la souplesse au tribunal de déterminer d'une
façon différente, ce qui veut dire qu'une partie peut fort bien
dire: Écoutez, moi, je n'ai pas les moyens. Et là c'est plus
facile en partant de ce principe que si on doit, au départ,
établir les capacités de payer des uns et des autres. Ça
va alourdir le processus encore plus. Ça va judicia-riser le principe
encore plus.
(Consultation)
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, j'aurais un
amendement à proposer à l'article 815.2.1.
Le Président (M. Dauphin): Un instant, M. le
député d'Anjou. Ce n'est pas un sous-amendement que vous voulez
proposer, c'est un amendement?
M. Bélanger (Anjou): C'est un amendement.
Le Président (M. Dauphin): II faudrait disposer de
celui-là...
M. Bélanger (Anjou): Parfait!
Le Président (M. Dauphin): ...ensuite de ça,
procéder avec le vôtre.
M. Bélanger (Anjou): Je vous remercie.
M. Rémillard: Alors, vous voulez disposer de l'amendement
7?
Le Président (M. Dauphin): Le paragraphe 7°, c'est
ça Évidemment, on parle d'un seul amendement avec les
différents paragraphes. Je crois qu'hier soir vous les avez
adoptés un par
un, chacun des paragraphes. Alors, le paragraphe 7°?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle le
paragraphe 8°.
M. Rémillard: Remplacer, dans la troisième ligne de
l'article 815.2.2, le mot «de» par les mots «relatif
à».
Alors, M. le Président, c'est un amendement qui a pour effet
d'élargir la notion de rapport de médiation afin qu'elle
comprenne les cas où il n'y a pas eu de médiation. C'est une
modification de concordance.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que le paragraphe 8°
est adopte?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle le
paragraphe 9°.
M. Rémillard: Insérer, après l'article
815.2.2, l'article suivant: «815.2.3 Lorsqu'il statue sur l'entente, le
tribunal vérifie notamment si elle préserve suffisamment
l'intérêt des enfants et s'assure du consentement des parties et
qu'aucune d'elles n'a été l'objet de contraintes indues.
«Il peut à ces fins convoquer et entendre les parties même
séparément, en présence, le cas échéant, de
leurs procureurs.»
Alors, M. le Président, cet amendement prévoit que le
tribunal, lorsqu'il statue sur l'entente, s'assure du consentement des parties
et qu'il n'y a pas eu de pression indue. C'est une demande du Conseil du statut
de la femme.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, j'aimerais reprendre la
question que je formulais au moment de l'interruption de nos travaux pour le
vote à l'Assemblée, c'est-à-dire que je demandais au
ministre s'il fallait comprendre qu'avec le maintien, tel qu'annoncé, du
Service d'expertise psychosociale à Québec et à
Montréal, en parallèle avec le nouveau Service de
médiation familiale de la Cour supérieure, le Service d'expertise
psychosociale se verra confier le modèle de médiation globale qui
comprend tous les aspects suivants: la garde, l'accès à la
pension alimentaire, le partage des biens, en comparaison avec la
médiation partielle qui, elle, se limite plus à des questions
strictement juridiques, comme la garde légale ou les droits de visite?
Alors, est-ce que le Service de médiation familiale de la Cour
supérieure va procéder à une médiation globale ou
à une médiation partielle?
M. Rémillard: Le cas échéant, à une
médiation globale, mais il faut comprendre que les services qui sont
à Québec et à Montréal vont se situer maintenant
dans le cadre de cette loi, en fonction de cette loi.
Mme Harel: Ils seront complémentaires à cette loi,
disiez-vous.
M. Rémillard: Alors, ils pourront être...
Mme Harel: Est-ce qu'ils le seront, complémentaires?
M. Rémillard: On verra comment on pourra ajuster tout
ça, mais ça devrait être, évidemment, en fonction de
cette loi qui est là. C'est la loi qui va s'imposer. Alors, on me dit
qu'on ne touche pas au Service d'expertise psychosociale.
Mme Harel: Pouvez-vous nous indiquer la différence entre
le Service d'expertise psychosociale qui va maintenir son service et le Service
de médiation familiale, tel que proposé dans la loi?
M. Rémillard: avec votre permission, m. le
président, je vais demander à notre expert de nous expliquer
cette distinction et comment on va situer ces
éléments-là.
Le Président (M. Dauphin): Si vous permettez, pour le
Journal des débats, juste nom et qualité. Je sais que vous
avez beaucoup de qualités. Pour le Journal des débats,
s'il vous plaît.
M. Tanguay (Pierre): Pierre Tanguay. Je suis avocat au
ministère de la Justice. Merci. Les services d'expertise psychosociale
concernent une clientèle un peu différente. Il s'agit d'une
ordonnance du tribunal pour obtenir une expertise psychosociale sur une
question portant sur la garde ou les droits d'accès, par exemple. Ces
services ne sont pas touchés par le projet de loi 14. L'expert va faire
une recommandation au juge qui a ordonné l'expertise, dans un rapport
d'expertise psychosociale. Donc, il fait une recommandation au juge pour dire:
Je recommande, après avoir fait enquête dans le milieu de vie de
l'enfant. Par exemple, il peut discuter avec les parents, avec les voisins,
avec les grands-parents et faire une recommandation au juge en lui disant, par
exemple: L'enfant devrait être confié à la mère ou
au père ou à une tierce personne. Bon, ça, c'est le
Service d'expertise psychosociale, et c'est sur recommandation. Le rapport est
transmis au juge qui l'a ordonné. Et c'est pour l'aider à prendre
une décision, dans des cas difficiles, sur la garde ou les droits
d'accès, normalement, quand il y a des problèmes particuliers
dans un cas. Et, ça, ce sont les CSS
qui dispensent ces services-là. À Montréal et
Québec, c'est centralisé dans les palais de justice, mais il s'en
dispense aussi dans tous les autres districts judiciaires de la province, des
services d'expertise psychosociale, via les CSS. Ça, c'est une
chose.
Et, par ailleurs, à Montréal, il y a deux services
très distincts, celui d'expertise psychosociale et celui de
médiation familiale. Il y a aussi une équipe de médiateurs
qui ne sont pas des experts de l'expertise psychosociale, donc des
médiateurs qui font autre chose, qui font de la médiation
familiale au CSSMM de Montréal, par exemple, ou au CSS de
Québec.
Mme Harel: Et ceux qui sont au palais de justice font partie du
Service de médiation familiale?
M. Tanguay: Oui.
Mme Harel: Donc, c'est ce Service-là qui
disparaît.
M. Tanguay: Le service de...
Mme Harel: Vous nous dites qu'il y a deux services actuellement
en opération: un service d'expertise psychosociale sur tout le
territoire du Québec et le Service de médiation familiale
à Québec et à Montréal.
M. Tanguay: Oui.
Mme Harel: Ce qui demeure, c'est le Service d'expertise
psychosociale. Et qu'arrive-t-il du Service de médiation familiale
actuellement en opération à Montréal et à
Québec?
M. Tanguay: Comme l'indiquait hier le ministre, les effectifs du
CSS à Montréal et à Québec demeurent en place.
S'ajouteront aux médiateurs du CSSMM, par exemple, ou aux ressources du
CSS de Québec, qui est situé au deuxième étage au
palais de justice de Québec, des effectifs du ministère de la
Justice pour compléter et faire une équipe
multidisciplinai-re.
Mme Harel: Mais, ça, ce n'est pas de l'expertise
psychosociale.
M. Tanguay: Non. Nous ne ferons pas d'expertise...
Mme Harel: Est-ce que c'est des personnes qui travaillent
actuellement, par exemple, à Montréal?
M. Tanguay: Qui font de la médiation.
Mme Harel: J'ai eu l'occasion de visiter le Service aux palais de
justice à Québec et à
Montréal. Ces personnes-là vont rester en place - le
Service qui fait de la médiation.
M. Tanguay: Ces personnes-là, les ressources du CSS vont
rester en place. Elles doivent, avec nous, implanter le Service de
médiation découlant du projet de loi 14, et on doit le faire
ensemble.
Mme Harel: Elles vont relever du Service de médiation
familiale de la Cour supérieure; elles vont maintenant relever du
ministère de la Justice.
M. Tanguay: Non, c'est-à-dire - et ça doit
être discuté dans les protocoles d'entente - que nous implantons
conjointement: les CSS fournissent les professionnels des sciences du
comportement, psychologues ou travailleurs sociaux; nous fournissons les
professionnels du droit, notaires, avocats. Nous travaillons en équipes
multidisciplinaires. Donc, je le dis: À Montréal, on ajoute des
professionnels du droit à l'équipe de professionnels des sciences
du comportement qui sont là présentement. Il y a, à
Montréal, actuellement, un avocat-conseil; à Québec, il
n'y a pas d'avocat-conseil. D'ailleurs, ils font de la médiation
partielle. À Montréal, on fait de la médiation globale, et
c'est le type de médiation qui va être répandu partout.
Évidemment, si le besoin n'est pas, pour un cas particulier, de faire de
la médiation sur tous les aspects mais simplement sur le partage du
patrimoine, à ce moment-là, ce sera uniquement une
médiation partielle, si c'est ça le besoin. Mais, si le besoin du
couple est de négocier tous les aspects de la rupture, alors c'est
à ce moment-là qu'on fera de la médiation globale.
Ça pourra porter sur une, deux, trois ou quatre questions.
Mme Harel: Alors, combien de personnes s'ajouteront à
Montréal, qui seront des notaires et des avocats?
M. Tanguay: En tout, je dirais une douzaine, 10 ou 12 en tout,
là, sous toutes réserves. Par contre, la ventilation, au
total...
Mme Harel: je vous rappelle qu'actuellement, à
montréal, le juge en chef adjoint de la cour supérieure a fait
part de ses doléances du fait que...
M. Rémillard: Pour le psychosocial. Pour
l'évaluation psychosociale. Ce n'est pas la même chose.
M. Tanguay: Un service distinct.
M. Rémillard: C'est un service qui est vraiment distinct.
Ça ne veut pas dire qu'on ne doit pas s'en préoccuper, remarquez.
(16 h 50)
Mme Harel: Non, mais ça relève du ministre de la
Santé et des Services sociaux. Et, dans les décisions qui
semblent avoir été prises au Conseil des ministres, on retrouve
notamment la suivante: Que les cas présentant un volet psychosocial
prédominant et impliquant des enfants mineurs soient confiés
à des professionnels des sciences du comportement. Est-ce que c'est
retenu effectivement, ça, cette recommandation qui était contenue
dans le mémoire du ministre de la Justice?
M. Rémillard: Avec votre permission, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Me Tanguay.
M. Tanguay: Merci. Ce qu'il faut comprendre, c'est que les
médiateurs sont tous qualifiés pour faire une médiation
globale. Comme à Montréal, les gens font une médiation
globale qui porte sur la garde, les droits de visite et de sortie, la pension
alimentaire et le partage des biens.
Ce sera la même chose pour les professionnels du droit qui devront
être accrédités pour faire de la médiation globale.
Ça n'empêche pas que, dans des cas particuliers - on parle de
problèmes psychosociaux - on pourra référer aux
professionnels qui seraient les plus compétents, à ce
moment-là, pour régler ce conflit-là qu'il pourrait y
avoir au niveau psychosocial. Et ce pourrait très bien être les
professionnels des sciences du comportement qui sont plus à l'aise dans
ces cas-là. Voilà!
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: L'amendement qui est introduit au paragraphe 9°,
je crois, reprend essentiellement ce qu'on retrouvait, dans le projet de loi,
au premier alinéa de 815.2.1.
M. Rémillard: M. le Président, peut-être que
la députée de Hochelaga-Maisonneuve fait référence
au quatrième paragraphe ou... C'est un corollaire, à toutes fins
pratiques, parce que...
Mme Harel: Oui, c'est ça.
M. Rémillard: ...au début, et ensuite lorsqu'ils
reviennent, à la demande du Conseil du statut de la femme, on fait en
sorte que le juge puisse vérifier s'il y a le consentement des parties
et si les parties ont leur intérêt, etc.
Mme Harel: Ça va. Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Alors, le paragraphe 9° est
adopté. Juste avant d'adopter l'article 2 dans son entier, tel
qu'amendé, on va disposer de l'amendement de M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Je vous remercie, M. le
Président. Alors, mon amendement se lit comme suit, à l'article
2: L'article 815.2.1, tel qu'introduit par l'article 2, est modifié,
à la troisième ligne du deuxième alinéa, par
l'ajout, après le mot «égale», des mots
«à la capacité financière des parties».
Alors, est-ce que mon amendement est jugé recevable?
Le Président (M. Dauphin): C'est recevable,
effectivement.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, cet...
M. Rémillard: Pourriez-vous lire, M. le
député d'Anjou, l'alinéa tel qu'il se lirait avec votre
amendement?
M. Bélanger (Anjou): II se lirait alors ainsi, au
deuxième paragraphe de 815.2.1. C'est: «...elles défraient
ces honoraires dans une proportion égale - et on rajoute - à la
capacité financière des parties, à moins que le tribunal
ne détermine une proportion différente.»
La portée de mon amendement est justement pour refléter un
peu l'échange qu'il y a eu entre le ministre, ma collègue de
Hochelaga-Maisonneuve et moi-même à l'effet qu'il existe une
réalité où, souvent, très souvent ou même
presque tout le temps, il existe une disparité très grande entre
les revenus respectifs des conjoints.
Je crois que cet amendement répond à un besoin et, de
plus, qu'il ne remet pas en question la discrétion judiciaire qui existe
pour le juge de pouvoir déterminer, s'il voit qu'il y a des
circonstances particulières dans le cas, des proportions
différentes que celles du principe. Mais je pense que le principe ne
devrait pas être à parts égales quant au partage des
honoraires du médiateur choisi par les parties; il devrait être
plutôt en proportion de la capacité financière des
parties.
Je sais que M. le juge... M. le ministre, pardon.
M. Rémillard: Attention, là!
M. Bélanger (Anjou): Je ne voudrais pas faire
d'anticipation.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): Déformation.
M. Bélanger (Anjou): C'est ça, déformation,
peut-être anticipation aussi, on ne sait jamais.
Alors, M. le Président, je ne crois pas que ça poserait un
problème de preuve insurmontable.
En effet, dans pratiquement tous les dossiers matrimoniaux, il existe
des états des revenus et dépenses qui sont annexés aux
différentes déclarations, aux requêtes et qui
permettraient, d'une façon rapide, je pense, pour le juge, de
déterminer approximativement la capacité financière des
parties. Et il pourrait très facilement, je pense, déterminer
40-60, 55-45 ou... Et je ne pense pas que ça prêterait
réellement à des litiges insurmontables. Je pense que ça
répondrait à une préoccupation, à un
déséquilibre qui existe présentement dans la
capacité financière des parties. Et ce n'est pas parce que ce
n'est pas courant comme façon de légiférer que c'est une
façon qu'il ne faut pas qu'on aborde, au contraire. Il faut, dans le
droit, être aussi un peu avant-gardiste et faire preuve d'innovation. Et
c'est dans cet esprit que je soumets mon amendement.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député d'Anjou. M. le ministre, voulez-vous intervenir sur
l'amendement?
M. Rémillard: Oui, si vous voulez, M. le Président.
Alors, je pense que le député d'Anjou a raison dans le sens qu'il
ne faut pas se dire que, parce que ça n'est pas fait ailleurs, on n'est
pas capable de le faire ici. Ça, au départ, je suis parfaitement
d'accord avec lui. Il s'agit de voir ce qui serait le mieux. Je pense qu'on
partage à peu près le même point de vue. Ma
préoccupation - et c'est la préoccupation des légistes ici
- c'est d'introduire la notion de capacité financière des
parties, et c'est ça qui est difficile. Capacité
financière des parties, là, souvent, vous êtes dans des cas
de patrimoine familial; il y a... Alors, on m'informe qu'il y aurait beaucoup
de difficultés, qu'il peut y avoir des éléments de preuve,
que ça peut alourdir considérablement le processus.
Alors, là, Me Tanguay me suggère, me dit: Pourquoi on ne
mettrait pas «dans la proportion que détermine le tribunal»?
Au lieu de prendre le principe de la proportion égale, si c'est ce
principe qui vous cause difficulté, on pourrait laisser tomber le
principe et on pourrait dire: «...dans la proportion que détermine
le tribunal», et laisser au tribunal l'entière discrétion.
Ma seule crainte, moi, c'est de créer un fardeau de preuve, donc
d'alourdir le processus judiciaire.
(Consultation)
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, si le
ministre en faisait une proposition formelle, là, de cet amendement, je
crois que je serais très disposé, à ce moment-là,
à...
Le Président (M. Dauphin): À retirer votre
amendement.
M. Bélanger (Anjou): Oui, à retirer mon amendement
et peut-être, à ce moment-là, à procéder avec
l'amendement du ministre.
M. Rémillard: Très bien, M. le Président,
j'en fais donc un amendement. Alors, il y aurait un amendement qu'on
déposerait à l'article 815.2.1, et le deuxième
alinéa se lirait comme suit: «dans le cas où le tribunal
réfère à un médiateur choisi par les parties,
celles-ci sont tenues au paiement des honoraires de ce médiateur; elles
défraient ces honoraires dans la proportion que détermine le
tribunal.»
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Tout ce dont j'aurais
besoin, c'est d'un écrit à cet effet.
M. Rémillard: Vous voulez vraiment un écrit, M. le
Président?
Le Président (M. Dauphin): S'il vous plaît. M.
Rémillard: Vous l'aurez.
Le Président (M. Dauphin): C'est du formalisme, mais
nécessaire.
M. Rémillard: Nos légistes sont en train
d'écrire tout ça. (17 heures)
Mme Harel: On dit que notre secrétaire de la commission a
veillé très tard, la nuit passée.
M. Rémillard: Oui Ho!
Le Président (M. Dauphin): Jusqu'à 4 h 30,
jusqu'à 4 heures du matin.
M. Rémillard: Ah! Je...
Mme Harel: Avec un de ses collègues, avec un
collègue qui l'a assistée, qui lui a prêté main
forte.
M. Rémillard: On comprend qu'on leur a donné un peu
de travail avec ce que nous avons fait hier soir; on s'excuse de leur causer
tous ces inconvénients.
Le Président (M. Dauphin): Ils font bien ça. M.
Rémillard: Alors, voilà, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Alors, effectivement...
Mme Harel: Pendant que l'amendement se rédige, M. le
Président, j'aurais une question. À 815.2.2, on fait état
du rapport que le médiateur
va produire au greffe du tribunal, transmettre aux parties, transmettre
aux procureurs - en fait, c'est du rapport de la médiation dont il est
question - et on y lit ceci: «Ce rapport fait état de la
présence des parties et des questions sur lesquelles il y a eu entente;
il ne doit contenir aucune autre information.»
Alors, qu'est-ce qui arrive s'il n'y a pas eu d'entente? À part
la présence des parties, qu'est-ce que le rapport contiendrait?
Même pas les dates des rencontres ou l'absence de l'une ou l'autre des
parties aux rencontres? Rien?
M. Rémillard: Alors, il y a toujours ces 20 jours.
Souvenons-nous qu'il y a toujours les 20 jours. Alors, s'ils n'ont pas pu
s'entendre dans cet espace de temps, il y a rapport au juge, et le
médiateur doit dire: Écoutez, ils ne se sont pas entendus.
Là, c'est l'instance judiciaire, c'est le juge qui devra trancher. Le
médiateur ne peut pas obliger des parties à s'entendre, mais il
doit strictement donner lieu, dans son rapport, aux questions où il y a
eu entente. Il ne peut pas donner sa propre opinion au juge parce que,
là, ce serait ce qu'on appelle de la médiation ouverte, ce ne
serait pas de la médiation fermée. De la médiation
fermée, c'est strictement en fonction de la volonté des parties;
ce n'est pas du tout se référer à ce que le
médiateur peut penser, lui, de par la connaissance qu'il peut avoir de
l'état de la situation de ses clients.
Mme Harel: Mais je comprends, à ce moment-là, M. le
Président, que le dépôt du rapport peut se faire aussi
après la période de 90 jours au cours de laquelle il y a eu
médiation et peut-être même une prolongation du
délai, au consentement express des parties. Alors, par exemple, advenant
qu'il y ait eu trois, quatre ou cinq mois de médiation et que,
finalement... Enfin, au moins trois mois puisqu'il y a déjà un
délai de 90 jours. Et on dit que l'instruction peut être
«poursuivie, à moins que les parties ne consentent
expressément à une prolongation - de la médiation - pour
une période déterminée par le tribunal». Donc, le
tribunal pourrait décider qu'il y a une prolongation de 90 jours ou de
30 jours. En fait, quoi qu'il en soit, mettons au minimum un autre mois, donc
c'est un total de quatre mois. Finalement, le médiateur revient, remet
son rapport. Il dit simplement, il énonce simplement la présence
des parties, sans rien d'autre, s'il n'y a pas eu d'entente.
M. Rémillard: Le problème...
Mme Harel: Même pas, s'il y a eu une entente partielle
ou...
M. Rémillard: Ah oui! Les questions sur lesquelles il y a
eu entente...
Mme Harel: D'accord.
M. Rémillard: ...donc ça peut être des
questions partielles. Le problème que ça pose, c'est que le
médiateur ne doit pas dire des choses qui pourraient servir de preuve et
aller à rencontre d'une des parties. Alors, c'est pour ça qu'on
appelle ça une médiation fermée. Sans ça, il n'y
aurait plus de confiance. Lorsque les gens vont se rencontrer devant le
médiateur, ils vont faire attention: Aïe! il va aller
répéter ça au juge après. Alors, là, tout le
système est bousillé.
Mme Harel: Et, si les parties se sont entendues, que le
médiateur produit et transmet aux parties et aux procureurs des parties
le rapport de la médiation, est-ce que c'est le rapport qui va
être entériné par le juge ou si les avocats vont devoir
rédiger, sous une forme d'entente, le rapport de médiation?
M. Rémillard: Le rapport est une chose; il est
présenté au juge, le juge peut le questionner, questionner les
parties, etc. Mais, à partir du rapport, ensuite, on fait une entente.
Mais le rapport n'est pas nécessairement l'entente. À partir du
rapport, il y a l'entente qui est faite.
Mme Harel: ça veut donc dire que les procureurs des
parties se remettent à jouer dans le rapport, même étant
capables de négocier dans la rédaction de l'entente.
M. Rémillard: «Jouer», c'est beaucoup dire,
mais vous comprenez qu'on est dans un processus judiciaire. Alors, il y a quand
même des éléments juridiques qui entrent en ligne de
compte. Or, le médiateur, qui n'est pas nécessairement un avocat
ou un notaire, doit faire son rapport. C'est un rapport qui porte sur les
points d'entente, comme le stipule l'article 815.2.2, mais l'entente
elle-même, qui sera sanctionnée par le juge, qui sera la
décision rendue par le tribunal, elle doit être sous une forme
juridique, donc, par le fait même, exécutoire.
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: ...je prenais connaissance cet après-midi du
communique de presse que la Fédération des ACEF faisait
paraître dans le Telbec sur l'accessibilité à la
médiation familiale avant toute procédure juridique. Et je
comprends que, fondamentalement, ce qui distingue le scénario choisi par
le gouvernement de celui que l'on retrouve, par exemple, dans l'avis du Conseil
de la famille, ou dans la position de la Fédération des ACEF, ou
dans la position de l'Opposition officielle, c'est d'abord, je dirais, un point
de vue philosophique, à savoir que les situations de séparation
ou de divorce sont d'ordre social
avant d'être d'ordre juridique. Et, comme on le voit maintenant
avec tout le dispositif mis en place, c'est essentiellement d'abord
considéré comme des situations juridiques, et la médiation
ne vient que faciliter, accélérer ou favoriser le processus
juridique. Donc, le rapport de médiation - n'oubliez pas que ça
signifie que, s'il y a eu rapport, c'est qu'il y a eu possiblement entente
entre les parties - ne tiendra pas lieu de consentement entre les parties.
Elles vont devoir recourir à un procureur, continuer de recourir
à un procureur pour qu'il y ait rédaction d'une entente, etc.
Alors, on voit qu'il y a le maintien de la judiciarisation.
M. Rémillard: Écoutez, il y a quand même un
minimum, je pense, de respect qu'on doit au processus judiciaire, dans le sens
que, si les parties ont des avocats d'impliqués, il faut bien que ces
avocats puissent jouer, faire valoir leur travail, leur compétence. Dire
qu'on va judiciari-ser, je ne crois pas. Au contraire, il y a la
médiation. Il y a médiation dans la mesure où le
médiateur n'est pas nécessairement un avocat ou un notaire. Et il
faudrait quand même être conscient que, pour que ce soit
exécutoire, que ça puisse revenir devant le juge et que ça
soit exécutoire, qu'il soit décidé en conséquence,
il fallait qu'il y ait un processus plus juridique. Alors, c'est comme
ça qu'on est arrivé à cette situation-là. S'il y a
eu entente, comme on le souligne, M. le Président, c'est parce qu'il n'y
a pas de problème.
Mme Harel: Le rapport fait état d'une entente, mais, pour
qu'il y ait entente, il faut que les procureurs en rédigent une.
M. Rémillard: Mais le médiateur, ce n'est pas son
travail dans un processus comme ça, judiciaire, de rédiger une
entente qui serait exécutoire. Il faut que le juge puisse être
sensibilisé à la question, donc il reçoit le rapport, et,
ensuite, c'est une affaire de pas grand-chose. Ce n'est pas compliqué de
mettre ça dans une entente, et c'est réglé.
Mme Harel: S'il y avait discordance entre le rapport qui fait
état des questions sur lesquelles il y a eu entente et, finalement,
l'entente telle que rédigée par les procureurs, qu'est-ce qui
prime?
M. Rémillard: Écoutez, premièrement, c'est
un genre de contrat, une entente. Donc, par le fait même, la
volonté des parties est quand même la règle
générale. Deuxièmement, le juge est là. Lorsqu'il
va rendre son jugement - parce qu'il y a un jugement au bout de la ligne - le
juge va se référer à l'entente qui exprime la
volonté des parties. C'est ça qui va faire foi de la bonne
compréhension, de la bonne volonté des parties. (17 h 10)
Le Président (M. Dauphin): Ça va? Alors, si vous me
permettez de faire lecture du sous-amendement à l'amendement, qui se
lirait comme suit: Insérer, dans l'amendement proposé à
l'article 2 et après le paragraphe 4°, le suivant: 4.1 Remplacer,
dans les troisième et quatrième lignes du deuxième
alinéa de l'article 815.2.1, les mots «une proportion
égale, à moins que le tribunal ne détermine une proportion
différente», par les mots «la proportion que
détermine le tribunal».
Ça va?
M. Rémillard: Très bien, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Alors, le sous-amendement est
adopté. Est-ce que l'amendement amendé est adopté?
Adopté.
Mme Harel: L'amendement amendé étant le...
Le Président (M. Dauphin): À cause du
sous-amendement.
Mme Harel: Quel paragraphe? Oui.
Le Président (M. Dauphin): Alors, l'article 2, tel
qu'amendé...
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): ...est adopté sur
division. J'appelle l'article 3.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, c'est un
article qui établit la confidentialité de la médiation
ordonnée par le tribunal.
Mme Harel: Le terme «réconciliateur», c'est la
première fois qu'on le voit apparaître dans le Code. On dit:
«...et que les parties et le réconciliateur, le conciliateur ou le
médiateur, selon le cas, y consentent.»
M. Rémillard: Alors, c'est un beau mot qui existe dans le
dictionnaire, pas dans le dictionnaire québécois mais dans le
vrai dictionnaire.
Mme Harel: Le réconciliateur, c'est celui qui concilie
pour une deuxième fois?
M. Rémillard: II fait de la réconciliation.
Mme Harel: II réconcilie. La réconciliation,
ça veut dire que les parties reprennent vie commune?
M. Rémillard: C'est ça. Mme Harel:
Adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 3 est adopté.
J'appelle l'article 4, avec amendement.
M. le ministre.
Réglementation
M. Rémillard: Oui, M. le Président, un premier
amendement: Ajouter, à la fin de l'article 827.2, la phrase suivante:
«Le gouvernement désigne les personnes, organismes ou associations
pouvant accréditer un médiateur.»
Alors, c'est un amendement, M. le Président, qui vise à
prévoir que la désignation des personnes, organismes et
associations pouvant accréditer un médiateur sera faite par
décret du gouvernement.
Mme Harel: Alors, à l'article 4, M. le Président,
ça m'apparait vraiment excessif, en fait, que le service de
médiation effectué préalablement à des
procédures en matière familiale ne soit pas offert par
l'État mais que, par ailleurs, il vienne le réglementer. Parce
que, ce que le projet de loi 14 offre, c'est définitivement une
médiation pendant des procédures en matière familiale.
Là, je comprends très bien que le projet de loi 14
introduit la médiation pendant des procédures en matière
familiale et réglemente son Service de médiation familiale de la
Cour supérieure, mais que, à l'occasion du projet de loi 14, qui
crée, dans le fond, un service de médiation familiale à la
Cour supérieure, on introduit un processus beaucoup plus large, qui est
celui de la médiation préalablement à des
procédures en matière familiale.
Depuis le début, le ministre nous dit que ce n'est pas de
ça qu'il est question: Moi, ce que j'offre, c'est un service de
médiation pendant les procédures en matière familiale, et
pas avant. Et j'ai noté à plusieurs reprises qu'il disait: Avant
que les gens ne décident de se séparer ou de divorcer, ce n'est
pas de ma compétence ou de ma responsabilité, comme ministre de
la Justice, mais, évidemment, ça concerne aussi mes
collègues, etc. Alors, pourquoi, maintenant, vient-il réglementer
la médiation effectuée préalablement à des
procédures en matière familiale?
M. Rémillard: Alors, toujours en relation avec le
judiciaire, vous avez deux situations qui peuvent se produire: ou bien c'est
avant d'entamer des processus judiciaires qu'ils ont fait une médiation,
qu'il y a eu un rapport, et tout et tout...
Mme Harel: Mais, ça, ça ne concerne pas le ministre
de la Justice.
M. Rémillard: Non, mais ils peuvent arriver en cour et
puis ils peuvent entamer quand même un processus judiciaire avec ce
document-là. Ils peuvent le prendre, le document, l'entente qu'ils
auraient pu faire, et puis ils peuvent vouloir le déposer dans leur
processus judiciaire. C'est pour faciliter les choses, aussi. C'est une
possibilité, ça.
Ou bien, l'autre possibilité, c'est qu'ils choisissent, donc, un
médiateur qui est à l'extérieur de la liste établie
par le gouvernement. Dans ce cas-là, c'est eux qui paient les frais.
Mais cette personne doit être accréditée aussi. Tout
ça est fait dans le but que, lorsque le rapport revient devant le
tribunal, ce rapport soit basé sur une compétence et qu'il ait
donc force de document qui puisse servir au juge de référence
pour établir son jugement.
Mme Harel: Mais, M. le ministre, moi, je suis favorable à
l'accréditation des médiateurs.
M. Rémillard: Bien, c'est ça qu'on fait.
Mme Harel: Mais je suis favorable à l'accréditation
des médiateurs dans le cadre du projet de loi 14. C'est-à-dire
que je suis favorable à l'accréditation des médiateurs qui
vont agir, comme le ministre le dit et le répète depuis le
début, dans le cadre d'une instruction, d'une demande contestée,
agir dans le cadre d'une procédure en matière familiale.
Là, ce n'est pas peu de chose. C'est le ministre de la Justice qui dit
à tout le monde: Voilà, si vous voulez la médiation avant
de décider de vous séparer, alors il va falloir que vous
choisissiez un médiateur que je vais accréditer. Franchement, je
trouve ça fort en chocolat!
M. Rémillard: Simplement, c'est pour qu'on puisse en
arriver... Puis, là, vous me corrigerez si j'interprète mal la
situation. Regardez bien. Si on veut en arriver à ce que, dans le
processus judiciaire, le rapport de médiation puisse être
considéré par le juge et serve, donc, pour son jugement, pour sa
décision...
Une voix: L'entente.
M. Rémillard: ...pour l'entente comme telle... Alors, il
se peut fort bien qu'avant d'avoir engagé les processus judiciaires les
parties soient allées voir un médiateur. Et là elles ont
décidé, elles ont dit: Écoute, nous, si on divorce, voici
comment va se faire la distribution du patrimoine, ou la garde des enfants, ou
la pension, etc. Ils peuvent avoir fait ça avant, en étant
allés voir un médiateur. Ça existe déjà, le
service. Ils peuvent le faire. Mais, nous, ce dont on veut s'assurer, c'est que
ce qu'ils vont faire là va être de qualité pour que le juge
puisse quand même dire: Écoutez, oui, c'est vrai. De consentement
tous les deux, vous me déposez cette entente-là. Et l'entente, je
vais pouvoir m'y référer pour établir mon jugement. Est-ce
que je me trompe? C'est ça?
Une voix: Oui.
M. Rémillard: Jusqu'à présent, c'est
ça? Une voix: Oui.
Mme Harel: Je crois que je partage le point de vue du ministre
dans la mesure où c'est dans une procédure judiciaire. Mais,
là, il lance son filet, puis il couvre bien plus large que ça.
S'il me dit: Moi, là, mon filet, je veux aller chercher... C'est
peut-être un mauvais... C'est une analogie qui est
déplacée, parce que le mot «poisson» est un mot
déprécié. Ce n'est pas à ça que je veux
faire allusion. En fait...
M. Rémillard: II cause tellement de problèmes qu'il
n'y en a plus. Il n'y a plus de morues.
Mme Harel: Oui, absolument! Mais, là, il lance son filet
pas simplement pour atteindre un objectif qui peut être légitime,
c'est-à-dire celui où, dans une procédure judiciaire, pour
qu'un rapport de médiation soit considéré, il faut qu'il
l'ait été par un médiateur accrédité. Mais,
tel que libellé, ce n'est pas ça que ça dit. Ça ne
dit pas que, pour être utilisée dans le cadre d'une
procédure judiciaire, toute médiation effectuée
préalablement ou pendant doit l'être par un médiateur
accrédité. Ça ne dit pas que c'est pour être
utilisé dans une procédure judiciaire. Ça, ça veut
dire, M. le ministre, tel que rédigé, que n'importe quelle
médiation, qu'elle se rende ou pas devant un tribunal, n'importe quelle
médiation doit être faite par un médiateur
accrédité. C'est ça que ça dit, tel que
rédigé.
M. Rémillard: Non, non...
Mme Harel: Je sens que ce n'est pas ça, votre
intention.
M. Rémillard: Oui, oui, mais regardez bien...
Mme Harel: Mais il n'est pas rédigé pour convenir
à ce que vous voulez faire. (17 h 20)
M. Rémillard: Oui. Ici, on est en matière
familiale, dans des cas de rupture, séparation ou divorce. Dans ce
contexte-là, tout ce qui peut regarder les éléments...
Qu'est-ce que c'est, les éléments? Alors, c'est garde, c'est
accès et puis pension, partage de biens. Alors, ces quatre
éléments-là, c'est là-dessus que porte la
médiation. Alors, on ne touche pas les médiateurs. Ceux qui
veulent aller voir quelqu'un, autre chose ou n'importe qui qu'ils peuvent aller
voir, ils peuvent aller le voir, mais, nous, ce que nous disons... Et,
là-dessus, au Sommet, il y avait quand même un consensus. Je ne me
souviens pas d'avoir entendu quelqu'un, un point discordant là-dessus.
Les gens disaient: Écoutez, il faut quand même. . Ce n'est pas
n'importe qui qui se déclare médiateur, qui met une annonce et
qui, finalement, décide de faire de la conciliation et peut venir
bousiller tout ça.
Alors, ce qu'on veut, on dit: Dans la mesure où vous
décidez de vous séparer, vous avez vu un médiateur avant
d'enclencher le processus, mais vous voulez que ce rapport, que l'entente
puisse servir dans le processus judiciaire, on veut que ce soit un
médiateur accrédité. C'est tout simplement ça.
Mme Harel: Alors, vous ajoutez un élément qui ne se
retrouve pas là. Vous ajoutez l'élément suivant: vous
voulez que le rapport puisse servir dans le processus judiciaire.
M. Rémillard: Bien oui!
Mme Harel: Mais ce n'est pas ça. Lisez-le!
M. Rémillard: De l'entente.
Mme Harel: Le rapport, l'entente, ça m'est égal. En
fait, c'est un rapport.
M. Rémillard: On m'a corrigé, là. Ça
fait que je me suis corrigé.
Mme Harel: C'est un rapport, c'est ça? C'est un rapport
sur les ententes.
M. Rémillard: C'est un rapport qui arrive à une
entente. Alors, c'est l'entente.
Mme Harel: Cependant, tel que rédigé, ce n'est pas
de ça qu'il s'agit. Essayez de faire abstraction de ce que vous voulez
atteindre comme objectif, simplement pour en prendre connaissance comme si
c'était un article vierge, là.
M. Rémillard: On va le relire.
Mme Harel: «Toute médiation effectuée
préalablement à des procédures en matière familiale
ou pendant de telles procédures doit l'être par un
médiateur accrédité.» Ça ne dit pas que c'est
pour les fins de l'application de la présente loi.
M. Rémillard: Oui, mais on est là. On est dans la
section familiale. Je vais demander, peut-être, à notre
légiste, si vous voulez, si vous me permettez, de faire des commentaires
à ce niveau-là.
Le Président (M. Dauphin): Me Tanguay
M. Tanguay: Je vous remercie. Alors, l'article 4, où on
introduit 827.2 et 827.3, est placé à la fin du titre IV, au
chapitre VIII et intitulé «Dispositions diverses». On est
carrément dans les matières familiales du Code de
procédure civile. Ça ne s'applique qu'aux matières
familiales. Ça ne peut pas s'appliquer à d'autres objets qu'une
discussion sur garde, accès,
pension, partage dans le cas d'une rupture. Alors, c'est vraiment
limité à un divorce ou à une séparation de corps ou
une séparation de fait entre personnes qui auraient des enfants, qui
veulent régler garde, accès, pension, pour les gens en
séparation de fait. C'est vraiment une rupture d'un couple qui veut
régler garde, accès, pension, partage.
Si des gens veulent faire, par ailleurs, de la médiation portant
sur autre chose, un problème purement civil, ils pourront faire de la
médiation sur un problème purement civil ou de la conciliation,
par ailleurs, et il s'en fait dans d'autres domaines. Mais ça n'affecte
que les cas de divorce, de rupture et des mesures accessoires.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Moi, la question que je me pose, M.
le Président, c'est, si quelqu'un décide de s'annoncer comme
médiateur ou médiatrice, tout simplement, comme ça, dans
les pages jaunes, puis il annonce qu'il fait de la médiation en
matière familiale, mais pas nécessairement dans le but,
finalement, d'arriver à une procédure, tout simplement il
s'annonce comme médiateur, quelqu'un qui s'improvise, qui n'a aucune
formation particulière, moi, je me demande: Est-ce que les dispositions
de cette loi-là vont s'appliquer à lui? Est-ce qu'il pourrait y
avoir un recours parce que cette personne-la n'est pas un médiateur
désigné au sens de la loi, même si son rapport n'est pas
utilisé dans les procédures matrimoniales? Elle fait de la
médiation familiale, là. Elle va rencontrer des gens qui ont des
problèmes de couple. Elle va essayer de les réconcilier. Elle va
essayer même de leur faire signer peut-être une entente, un
document d'entente. Est-ce que ça va lui créer une obligation,
finalement, d'être accréditée?
M. Rémillard: Si son document, si le résultat n'est
pas utilisé en cour... Pour qu'il soit utilisé dans le processus
judiciaire, il faut qu'il soit accrédité. S'il veut faire de la
conciliation, II peut bien faire de la conciliation. S'il réussit
à ce que les parties décident de reprendre la vie commune, bien,
coudon, c'est fait. Si, par contre, son document doit servir dans le cadre du
processus pour enclencher la séparation ou le divorce, là, il
doit être accrédité.
Mme Harel: Ce n'est pas ça que ça dit.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, moi, ce qui
me chicote dans tout ça, c'est qu'il y a des gens qui vont utiliser
l'expression «médiateur» pour s'annoncer, et le public, je
ne suis pas certain qu'il va comprendre que tout le monde peut s'appeler
médiateur, mais qu'il existe des médiateurs
accrédités par le ministre de la
Justice pour des fins de médiation dans le cadre de l'application
de la loi. Il y a des gens qui vont s'annoncer comme médiateurs. Il y a
des gens qui vont payer pour des médiateurs. Dans certains cas, ils vont
penser qu'ils ont affaire à un médiateur qui va pouvoir,
après ça, leur servir lors d'une... Moi, c'est ça. Le
principe que j'ai, c'est soit qu'on légifère ou qu'on
décide de réglementer carrément la médiation, mais
d'une façon convenable, c'est-à-dire soit par des corporations,
soit par quelque chose qui a de l'allure, ou encore, je ne sais pas, qu'on ne
légifère pas. Mais qu'on le fasse d'une façon claire. Moi,
je trouve que ce n'est pas clair, la façon dont c'est, et c'est un peu,
en tout cas, abusif.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Rémillard: Voyez-vous, M. le Président, le
député d'Anjou soulève évidemment, il le sait, un
très gros problème, dans le sens de: Est-ce qu'on devrait faire
en sorte que médiateur soit une profession sous la gouverne de l'Office
des professions, c'est-à-dire du Code des professions, soit par titre
réservé, soit par pratique réservée? Et, ça,
c'est toute une question.
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: Et je ne pense pas que, dans ce projet de
loi là, on puisse répondre à cette question-là.
Alors, au départ, on ne peut pas dire: Toute personne qui veut
s'annoncer médiateur devra faire partie de la corporation
professionnelle, ou de la fédération, ou de l'association des
médiateurs en matière familiale, ou je ne sais trop quoi.
Ça, ce serait vraiment établir une corporation fermée ou
un titre réservé, et ça demande tout un débat. Je
ne dis pas qu'on ne fera pas ce débat-là éventuellement,
mais je pense que ce n'est pas le lieu ni le moment. Mais, nous, notre
préoccupation, c'était que, lorsque arrive le processus
judiciaire, la personne qui agit comme médiateur le fasse d'une
façon compétente, en fonction des règles qui sont
respectées dans ce processus, normalement, et que ça puisse
servir au juge pour se référor et établir son jugement. Je
vous comprends bien de poser la question, mais, ce que je vous dis, c'est que,
ici, on ne pourra pas régler le problème. C'est impossible.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Peut-être est-ce le mot
«préalablement» qui fait difficulté, parce que je
comprends que l'intention du ministre, c'est de faire en sorte que toute
médiation qui est effectuée en vue d'une procédure en
matière familiale ou pendant une telle procédure le soit par un
médiateur accrédité.
M. Rémillard: C'est ça.
Mme Harel: Et je cherche présentement dans le dictionnaire
le sens du mot «préalablement», parce que j'ai l'impression
que le mot «préalablement» est utilisé de
façon inadéquate. Mais je peux avoir tort, là.
M. Rémillard: Écoutez, s'il y a quelque chose de
mieux, je suis bien prêt à regarder ça, mais, avec
«préalablement», ce qu'on veut dire, c'est...
Mme Harel: Non. Ça veut dire «de manière
préalable, au préalable».
M. Rémillard: Au préalable.
Mme Harel: Auparavant. Alors, donc, «avant de».
M. Rémillard: Avant l'instance.
Mme Harel: Oui, mais ça veut dire toute médiation
effectuée avant qu'il y ait des procédures en matière
familiale. Parce qu'on prend pour acquis qu'ensuite ce seront des
procédures judiciaires. Mais «on prend pour acquis», c'est
une pure construction de l'esprit. Ce n'est pas évident que
«préalablement à des procédures en matière
familiale», ça signifie... En fait, la question qui est
posée, c'est: Est-ce qu'un sexologue, par exemple - parce qu'il y a eu
beaucoup de représentations des sexologues qui pensent, je ne sais si
c'est à tort ou à raison, être écartés de
l'accréditation comme médiateurs étant donné...
Vous n'en avez jamais entendu parler?
M. Rémillard: Non.
Mme Harel: Ça ne devrait pas tarder. Alors, vous penserez
à nous quand vous en entendrez parler, parce que je pense qu'ils sont en
campagne présentement, si je ne me trompe pas. Moi, je ne plaide pas
pour un groupe plutôt que pour un autre, je dis simplement: Prenons le
cas, par exemple, des sexologues membres de la corporation des sexologues,
spécialistes en sexologie qui ne font pas partie du comité
interprofessionnel dont parlait le ministre tantôt.
M. Rémillard: C'est un titre réservé,
sexologue? Je ne crois pas, non.
Mme Harel: ils n'ont pas de corporation. ce sont des
associations. ce sont des diplômés de l'université, mais
ils n'ont pas encore de corporation. par exemple, le...
M. Rémillard: On pourrait avoir une demande
Écoute»?, s'ils nous font uno demande, on va voir les
critères, on va consulter, on va prendre tous les éléments
pour faire le règlement. Je pense que c'est faux de... S'ils disent
qu'ils sont mis à l'écart, ils ne sont pas mis à
l'écart. On va voir l'intervention. Le principe, c'est d'avoir des gens
compétents, et on va établir un consensus parmi les intervenants,
puis avoir des gens compétents. C'est tout simplement ça.
Mme Harel: Ça va, je pense. Adopté. (17 h 30)
Le Président (M. Dauphin): Alors, le premier paragraphe
est adopté.
M. Rémillard: M. le Président, deuxièmement,
remplacer, dans les troisième et quatrième lignes du premier
alinéa de l'article 827.3, les mots «désigner les
personnes, organismes ou associations pouvant accréditer un
médiateur» par les mots «déterminer les règles
et obligations auxquelles doivent se conformer les personnes, organismes ou
associations pouvant accréditer un médiateur.»
Mme Harel: Le règlement va déterminer les
règles et obligations des personnes, organismes ou associations pouvant
accréditer un médiateur. Et je comprends, donc, qu'il faudra
aussi un règlement pour désigner les personnes, organismes ou
associations pouvant accréditer un médiateur.
M. Rémillard: Alors, ça va être par
décret qu'on va les désigner.
Mme Harel: Ça ne sera pas par règlement?
M. Rémillard: II va y avoir un règlement, et puis
ensuite, par décret, on les désignera. C'est ça?
Mme Harel: Pourquoi par décret plutôt que par
règlement?
Mme Villeneuve (Ginette): Ginette Villeneuve, du ministère
de la Justice. Il va y avoir un décret qui va, évidemment,
désigner les organismes accréditeurs et, par la suite, dans leurs
fonctions d'accréditation, ils vont devoir satisfaire à des
règles qui vont être déterminées par
règlement, parce que c'est de nature... Pourquoi par décret?
C'est parce que c'est de la nature d'un décret, ce n'est pas de la
nature d'un règlement.
Mme Harel: La désignation? M. Rémillard: La
désignation. Mme Villeneuve: Oui, oui.
Mme Harel: Et quand le ministre entend-il procéder
à l'adoption de ce décret? C'est un décret du
gouvernement, n'est ce pas, ce n'est pas un décret du ministre?
Mme Villeneuve: C'est un décret du gouvernement.
M. Rémillard: Comme je vous le mentionnais tout à
l'heure, on est en consultation. On va terminer cette consultation dans le
courant du printemps, probablement.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. Donc,
l'amendement est adopté. Est-ce que l'article 4, tel qu'amendé,
est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Adopté. J'appelle
l'article 5.
M. Rémillard: C'est un article qui vise à pourvoir
au financement de l'implantation du programme, M. le Président.
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: ...si le ministre me le permet, là, à
l'article 4, mais à 827.4, il y a là une disposition qui dit:
«Le ministre de la Justice détermine, s'il y a lieu, par
arrêté, à quelles autres fins que celles visées
à l'article 815.2.1 peut être utilisé, conformément
aux conditions qu'il détermine, le Service de médiation familiale
de la Cour supérieure.»
C'est là une disposition qui a été
extrêmement invoquée, à la fois par le Barreau, dans la
lettre que le ministre a citée à l'ouverture de nos travaux, par
le Conseil du statut de la femme, par l'Association des centres de services
sociaux, pour plaider... Et je voudrais retrouver, entre autres, la lettre du
Conseil du statut de la femme que le ministre a déposée à
l'ouverture de nos travaux et dans laquelle on souhaite que le ministre puisse
préciser la portée de l'article 827.4.
Alors, dans la lettre datée du 9 décembre, du Conseil du
statut de la femme, on dit ceci: «Le projet de loi prévoit
d'ailleurs, à l'article 827.4, la possibilité d'étendre
l'accès au Service de médiation à d'autres
clientèles. C'est dans cet esprit que nous suggérons que votre
ministère procède à l'identification et à
l'évaluation des moyens permettant d'étendre l'accès au
Service de médiation aux personnes désirant y recourir sans
qu'elles n'aient à s'inscrire dans un processus de contestation,
lorsqu'elles n'ont pas les capacités financières de recourir
à un médiateur privé. Cette recommandation s'inscrit,
d'ailleurs, dans le même esprit que celle qui a été
adoptée par la table de travail traitant des modes alternatifs de
règlement des conflits, lors des travaux préparatoires du Sommet
de la justice, quant à la mise en place de mécanismes permettant
l'accessibilité pour une clientèle
défavorisée.»
Alors, en introduisant 827.4, qu'est-ce que le ministre a en tête,
là?
M. Rémillard: Ce que j'ai en tête, M. le
Président, c'est de pouvoir, à un moment donné, recevoir
l'évaluation des recommandations du comité qui va être
formé - le comité d'évaluation de l'expérience,
donc de l'application de la loi - et, à partir de ces recommandations,
de pouvoir agir pour améliorer le Service. Alors, il y a une ouverture
qui est là, avec cet article 827.4, et je pourrai apprécier selon
ce que le comité pourra me recommander.
Mme Harel: Alors, l'article 5, adopté.
Le Président (M. Dauphin): L'article 5, adopté.
J'appelle l'article 6, auquel il y a un amendement.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. L'amendement se
lit comme suit: Ajouter, à la fin de l'article, les mots «à
l'exception de l'article 4, dans la mesure où il édicté la
deuxième phrase de l'article 827.2 et de l'article 827.3 du Code de
procédure civile qui entrera en vigueur le (indiquer ici la date de la
sanction de la présente loi)».
Alors, M. le Président, c'est un amendement qui permet que les
organismes accréditeurs puissent être désignés et
les règlements prépubliés dès la sanction de la
loi.
Le Président (M. Dauphin): Mme la
députée.
Mme Harel: Alors, quand le ministre prévoit-il sanctionner
la présente loi, la sanction de la présente loi?
M. Rémillard: Sanctionner, oui. Sanctionner,
présentement, vendredi.
Mme Harel: Et la mise en vigueur sera immédiate?
M. Rémillard: De ces dispositions pour le pouvoir
réglementaire, pour qu'on puisse avoir le pouvoir réglementaire
pour aller plus rapidement, pour avoir les normes, pour avoir les
critères à la suite de la consultation qu'on fait, pour pouvoir
mettre en application la loi.
Mme Harel: Vous savez, encore ce matin, M. le Président,
je recevais un téléphone d'une concitoyenne de Québec qui
me racontait ses démêlés avec le percepteur de la pension
alimentaire et ses difficultés pour obtenir que lui soit versée
la pension alimentaire qui, pourtant, lui a déjà
été accordée par jugement, et qui déplorait
l'absence d'une perception automatique des pensions alimentaires. Et
ça me rappelait que ce n'est pas parce qu'une loi est adoptée et
sanctionnée que, pour autant, elle est mise en vigueur, parce que la loi
sur la perception automatique des pensions alimentaires, elle a
été adoptée il y a déjà quatre ans, et je me
rappelle la hâte, la fébrilité avec laquelle elle avait
été adoptée dans une fin de session. Et, pourtant, elle
n'est pas encore mise en vigueur.
Alors, il me semble, M. le Président, que, compte tenu des
circonstances, là... Je pense, entre autres, au rapport annuel du
Protecteur du citoyen, aux pages 79 et suivantes qui portent, entre autres, sur
la perception des pensions alimentaires et qui s'intitulent: «Nous
suggérons d'en finir avec les demi-mesures». Ai-je besoin, au
moment où nous allons clôturer nos travaux sur la médiation
familiale, de rappeler que le Protecteur du citoyen suggère plutôt
de favoriser des terrains d'entente et considère qu'«il serait
plus normal et cohérent que la médiation familiale gratuite soit
disponible avant que le débat ne se rende devant les tribunaux et ne se
radicalise, plutôt qu'après»? Alors, je vois que notre
position est partagée. Le Protecteur dit, d'ailleurs: «Accorder la
gratuité des services aux seules personnes qui vivent des conflits
majeurs revient à imposer des frais aux seules personnes qui font
l'effort de trouver un terrain d'entente par elles-mêmes.» La
lecture du 22e rapport annuel est tout à fait édifiante, en tout
cas dans bien des secteurs.
Est ce que je comprends qu'il serait approprié, à ce
moment-ci de nos travaux, que le ministre puisse nous indiquer quand il entend
mettre en vigueur les dispositions qu'il nous fait maintenant adopter? (17 h
40)
M. Rémillard: Je mets en vigueur, comme l'article 6 le
dit, les pouvoirs réglementaires pour que nous puissions procéder
à ce qui est nécessaire pour mettre en application la loi et,
normalement, je vous ai mentionné qu'au début de l'automne
prochain tout devrait être en application.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): L'amendement est adopté
sur division. Est-ce que l'article 6, tel qu'amendé, est
adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Dauphin): Sur division. Est-ce que le
titre du projet de loi est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi, tel qu'amendé, est adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (m. dauphin): alors, nous ajournons nos
travaux sine die, tout en mentionnant que la commission a accompli son mandat.
merci beaucoup.
(Fin de la séance à 17 h 41)