Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures quarante-quatre minutes)
Le Président (M. LeSage): Je déclare la
séance de la commission des institutions ouverte et je vous rappelle
notre mandat, soit celui de poursuivre l'étude détaillée
du projet de loi 38, Loi sur l'application de la réforme du Code civil.
Est-ce qu'il y a des remplacements, Mme la secrétaire?
La Secrétaire: Et le projet de loi 50.
Le Président (M. LeSage): Et on m'informe également
que nous avons à l'ordre du jour le projet de loi 50.
La Secrétaire: les remplacements. il y a m. dauphin
(marquette) qui est remplacé par m. beaudin (gaspé) et m. beaulne
(bertrand) qui est remplacé par m. holden (westmount).
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la secrétaire.
M. le ministre.
Projet de loi 38
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Me
permettez-vous, tout d'abord, de souligner que nous avons, ce matin, le plaisir
d'avoir le député d'Iberville qui a été le
président de notre sous-commission pendant cinq mois, dans cette salle?
Alors, je veux saluer sa présence, lui dire avec quel plaisir on
l'accueille. Oui, si on avait le droit de faire une ovation debout, on le
ferait, M. le Président...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: ...avec beaucoup de plaisir. Alors, on
l'accueille avec beaucoup de plaisir, M. le Président, le
député d'Iberville, de même que M. le professeur Jeffrey
Talpis qui se joint à nous, ce matin, pour la Chambre des notaires, et
qui était avec nous aussi durant nos cinq mois de travaux sur le Code
civil.
M. le Président, nous avons aussi avec nous tous les responsables
de la Direction de l'enregistrement des trois registres que nous créons
avec le Code civil, sous la direction de M. Clément Ménard,
sous-ministre associé. Les responsables du registre mobilier, du
registre foncier, du registre de l'état civil sont avec nous, de
même que de la rénovation cadastrale qui, comme vous le savez, M.
le Président, dépend du ministère de l'Énergie et
des Ressources, mais nous avons M. Morneau et M. Harvey qui sont avec nous et
qui pourront aussi participer à nos travaux.
Donc, ça répond, je crois, M. le Président, au voeu
des membres de cette commission que de pouvoir avoir des Informations sur ces
registres, trois nouveaux registres créés par le nouveau Code
civil, et ces gens sont donc à notre disposition pour répondre
à nos questions.
Organisation des travaux
M. le Président, reste à déterminer la façon
que l'on peut procéder. Est-ce que je peux proposer, M. le
Président, et Je suis évidemment ouvert à toute discussion
a ce sujet-là... je pourrais peut-être vous proposer que nous
débutions par le registre mobilier. Nous pourrions entendre
brièvement Mme Suzanne Plamondon, Me Plamondon, qui est la
chargée de projet, qui pourrait nous faire, donc, le point sur ce
registre depuis qu'il a été adopté dans le projet de loi
du Code civil; ensuite, nous pourrions aborder le registre de l'état
civil avec Me Guy Lavigne et, dans un troisième temps, le registre
foncier avec Me Laurette Laurin et M. Morneau pourrait nous parler aussi de la
rénovation cadastrale avec M. Harvey. Alors, je propose de
procéder dans cet ordre, hormis qu'il y ait des objections, M. le
Président. Alors, voulez-vous, M. le Président, si c'était
accepté... Est-ce que je considère que c'est une façon de
procéder qui est acceptable par les membres de la commission?
Le Président (M. LeSage): C'est ça. M.
Rémillard: Très bien, M. le Président,
Le Président (m. lesage): ii semble y avoir consensus pour
cette façon de procéder. m. le ministre, vous voulez qu'on
entende en premier lieu mme plamondon, si je comprends bien?
M. Rémillard: Oui, je demanderais à Me Suzanne
Plamondon de venir brièvement nous présenter l'état de la
situation en ce qui regarde le registre mobilier et de répondre ensuite
aux questions des membres de la commission.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Me
Plamondon, si vous voulez vous identifier pour les fins du Journal des
débats.
Discussion sur l'implantation des registres
Registre des droits personnels et réels
mobiliers
Mme Potvin-Plamondon (Suzanne): Mon nom est Me Suzanne
Potvin-Plamondon, je suis responsable et chargée de projet
ministériel pour
le registre des droits personnels et réels mobiliers.
Le Président (M. LeSage): Merci. La parole est à
vous, Me Plamondon.
Mme Potvin-Plamondon: Dans un premier temps, je pourrais
peut-être faire le point, à savoir où on en est rendus dans
les travaux, et, ensuite, vous parler de la stratégie d'implantation du
registre.
En ce qui concerne les travaux, l'an dernier, à cette
période-ci, nous débutions la conception administrative, qui est
maintenant terminée depuis le mois de mai dernier, qui comportait
différents biens livrables, un premier bien livrable qui était
l'étude des besoins de la clientèle externe, le bilan de la
situation actuelle, les orientations du nouveau système et, bien
sûr, les alternatives de concrétisation.
Parallèlement aux travaux de la conception du système
informatique, différents travaux d'ordre organisationnel ont
été faits, entre autres un plan d'effectifs, un plan
d'organisation administrative et un rapport sur les besoins en
aménagement. Ensuite, sur le plan technologique, la conception
administrative recommandait de faire des études additionnelles sur
certaines technologies de pointe, entre autres la reconnaissance optique de
caractères et l'EDI, études qui sont en partie maintenant faites
ou qui commencent, si je pense à celles de l'EDI. (11 h 50)
Mme Harel:...
Mme Potvin-Plamondon: L'échange électronique de
données informatisées.
Mme Harel: Vous l'appelez... Mme Potvin-Plamondon: EDI.
Mme Harel: EDI.
Mme Potvin-Plamondon: Afin d'entreprendre la seconde étape
du développement du système informatique, il y a une série
d'études préparatoires à l'architecture fonctionnelle, qui
est la prochaine étape de développement, qui ont
été faites au cours de l'été, et ces études
avaient pour but de définir l'ensemble de ce qu'on appelle les intrants,
donc toutes les données qui vont rentrer dans le système, et tous
les extrants du système, donc tout ce qui sera accessible, si vous
voulez, soit à la consultation interne ou externe. Alors, on en est
maintenant à l'étude de l'architecture fonctionnelle qui
permettra de définir avec une très grande précision toutes
les fonctions du registre et qui déterminera, entre autres, comment les
informations seront reçues, validées, traitées,
conservées, retracées et diffusées par le système.
Ensuite, nous entamerons ce qu'on appelle l'étape, finalement, des
dossiers organiques, toute la logique de la programmation pour, enfin, arriver
à la programmation, vers la fin du printemps. Ce sont les principaux
travaux.
Maintenant, quant à l'implantation du registre, le registre sera
implanté en deux phases: une phase en décembre 1993, qui est la
première, et l'autre phase, en avril 1995. Nous avons
considéré que cette façon de fonctionner était plus
prudente, parce que la solution technologique recommandée au niveau du
registre des droits personnels et réels mobiliers est d'abord et avant
tout une solution d'échange électronique de données, et,
avant d'implanter une telle solution, il y a beaucoup de travaux qui doivent
être faits avec les clientèles qui communiqueront par ce moyen
avec le bureau de la publicité. Il y a énormément de
choses, là, à vérifier avec les clients.
Dans un premier temps, on a considéré que l'implantation
du registre pour 1993 serait la solution papier, parce que, de toute
façon, même si la solution technologique long terme est l'EDI, on
sait que ça se fait progressivement et qu'on aura toujours des droits
qui seront présentés sous forme papier. Alors, dans un premier
temps, il faut développer cette solution pour arriver à
développer, par la suite, l'EDI. Ainsi, la phase I sera essentiellement
une phase qui permettra le rodage, finalement, du système
informatisé et l'implantation de ses fonctions de base, tout en
amorçant une implantation progressive auprès des
clientèles des différentes technologies.
Alors, dans la phase I, sur le plan juridique, les droits qui devront
être publiés au registre des droits personnels et réels
mobiliers sont, en grande partie, les droits actuels qui seront
transformés en hypothèques mobilières, les droits
personnels et les nouvelles hypothèques mobilières qui pourraient
être créées, finalement, en vertu des marges de
crédit émises par les entreprises. On se souvient qu'en vertu du
Code civil, dans un premier temps, le registre n'enregistrera que les droits
consentis par l'entreprise. Puis, cette stratégie, finalement,
l'implantation graduelle, a l'avantage de nous permettre d'absorber, dès
la première année d'implantation, tous les droits transitoires,
donc les droits qui doivent être renouvelés, les droits qui sont
actuellement publiés dans les registres et qui doivent être
renouvelés au registre des droits personnels et réels mobiliers.
Voilà, ça, c'est pour la phase I.
Maintenant, la phase II. La phase II concernera les autres
sûretés mobilières qui seront consenties par les
entreprises et dont le nouveau Code civil impose la formalité de la
publicité pour l'opposabilité aux tiers, tels le
crédit-bail, la vente à tempérament, la vente
conditionnelle. Elle concernera aussi l'hypothèque mobilière
consentie par le particulier, lorsque cette loi sera adoptée.
Alors, pour cette deuxième phase, les
fonctions informatiques qui n'ont pas été
développées en phase I le seront. Il s'agit principalement des
rapports de gestion et de certaines validations qui, à ce stade-ci de
notre réflexion, on pense, pourraient faire l'objet d'une
informatisation. Alors, ça fait à peu près le tour de la
question.
Le Président (M. LeSage): Merci, Me Plamondon. Est-ce
qu'il y a des commentaires ou questions?
Mme Harel: Alors, si je comprends, M. le Président, nous
allons échanger avec Me Potvin-Plamondon. D'ailleurs, j'en profite pour
la saluer. Nous allons donc échanger immédiatement sur
l'ensemble. Je souhaiterais, par ailleurs, que nous ayons peut-être une
vue d'ensemble puis que nous puissions revenir.
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: À moins que mes collègues aient
immédiatement des questions.
M. Holden: Je me demandais...
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Westmount.
M. Holden: ...s'il existe un tableau, une structure ou quelque
chose de...
Mme Harel: Un organigramme.
M. Holden: Un organigramme qu'on peut avoir. Vous avez
parlé d'études, je ne sais pas si on va avoir accès
à ces études.
M. Rémillard: Toute étude qui peut être utile
pour la commission, on est bien prêt à la déposer.
M. Holden: Madame a parlé de deux études, je crois,
une sur l'administration et une autre sur le fonctionnement, si j'ai bien
compris.
M. Rémillard: Des études bien administratives. Si
vous croyez, à un moment donné qu'il faut ces
études-là, il s'agirait de les trouver et de les faire
venir...
M. Holden: je ne sais pas, m. le président, si c'est le
temps de savoir exactement tous les détails de l'opération. si on
est pour aller dans chaque...
M. Rémillard: Peut-être qu'on peut revenir à
la suggestion de Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve, qui
nous suggérait plutôt de passer immédiatement à un
autre registre, de faire les trois ou les quatre. Ça nous donnerait une
vue d'ensemble et ça nous permettrait peut-être ensuite de pouvoir
poser des questions, quitte à, quand on pose une question pointue sur un
côté, faire venir la personne concernée.
M. Holden: Si on les avait tous et on pouvait demander des
questions à tout le monde.
M. Rémillard: Tout le monde est ici.
Mme Harel: Peut-être simplement une question d'information,
concernant le calendrier. Est-ce qu'il y a un calendrier d'implantation qui
pourrait être déposé devant la commission?
M. Rémillard: Est-ce que vous avez un... Vous avez vos
deux phases, les deux phases.
Mme Harel: Oui. Alors, est-ce que ça fait partie d'un
calendrier, ça? Parce que les phases sont indiquées quant
à leur résultat final, mais, quant à leur
opérationalisation... Vous voyez, en fait, c'est le calendrier
d'opérationalisation.
M. Rémillard: Oui, on peut faire ça, je pense, ce
que vous avez montré là, le processus de planification, et tout
ça.
Mme Harel: Parce que vous parliez tantôt d'une conception
administrative terminée depuis mai. C'est bien le cas? J'ai bien
compris, en fait. C'est parce que j'ai pris des notes très vite,
évidemment. Alors, je comprends que la conception administrative est
terminée...
Mme Potvin-Plamondon: Oui. Mme Harel: ...depuis mai
passé. Mme Potvin-Plamondon: Oui.
Mme Harel: Donc, la conception administrative étant
terminée, les étapes qui sont franchies, ce sont des
étapes d'opérationalisation de ce qui a déjà
été retenu, évidemment, comme système. C'est
ça qu'il faut comprendre.
M. Rémillard: ...attendre quelques décisions encore
au point de vue fonctionnel, ce que j'ai compris, Me Plamondon, c'est
ça, au point de vue fonctionnel. Il y a peut-être du point de vue
technique, les gens des banques, les relations d'informatique, peut-être
certains petits éléments encore à préciser. Mais,
au point de vue administratif, les plans sont là. Parce que tout doit
être en place, évidemment, pour le début de l'application
du droit nouveau.
Mme Harel: Mais qu'est-ce que c'est qu'il y a encore à
décider sur le plan fonctionnel?
Mme Potvin-Plamondon: Comme je disais tout à l'heure, nous
sommes à l'étape de l'architecture fonctionnelle.
Mme Harel: Ah! c'est ça.
Mme Potvin-Plamondon: D'accord? Alors, en termes de...
Mme Harel: II y a tout un nouveau vocabulaire, hein, là,
architecture fonctionnelle...
Mme Potvin-Plamondon: C'est un langage informatique, si vous
voulez.
M. Holden: Ça veut dire quoi au juste?
Mme Potvin-Plamondon: L'architecture fonctionnelle, c'est
ça, le mot «fonctionnelle» le dit, c'est qu'on prend chaque
fonction qui a été identifiée pour, finalement, le
système, les fonctions qui se retrouvent dans le Code civil,
certainement, et on les détaille, les fonctions, pour voir comment
chaque droit, finalement, va être soumis dans le système. Donc,
tout ce qui rentre dans le système, comment ça va être
traité, donc les liens entre les droits. Si on parle de notification,
par exemple, on sait qu'il y a des droits qui déclenchent des
notifications, donc il faut que les modèles de traitement
reflètent cette obligation-là. Alors, on prend chaque fonction du
système comme ça et on détaille. Ensuite, on fait ce qu'on
appelle les dossiers fonctionnels, qui vont jusqu'à un niveau de
précision très, très grand, pour permettre, ensuite, la
programmation du système. (12 heures)
Mme Harel: Quand prévoyez-vous la programmation du
système?
Mme Potvin-Plamondon: La programmation du système, si je
regarde mon calendrier...
Mme Harel: Vous nous avez donné quelques phases à
partir de la conception administrative, justement l'architecture fonctionnelle.
Après, vous avez parlé de dossiers organiques.
Mme Potvin-Plamondon: C'est ça.
Mme Harel: Ensuite, vous avez parlé de programmation.
Mme Potvin-Plamondon: Je peux vous donner toutes les dates...
Mme Harel: D'accord, très bien.
Mme Potvin-Plamondon: ...si c'est ça que vous voulez.
Mme Harel: Oui, très bien.
Mme Potvin-Plamondon: alors, voyez-vous, on entreprend
l'architecture fonctionnelle, on commence au début décembre pour
terminer à la fin février, donc trois mois. on commence les
dossiers fonctionnels le 1er mars pour terminer le 1er mai.
Mme Harel: Excusez-moi, Me Plamondon...
M. Holden: Fonctionnels, mars à mai, 1er mars au 1 er
mai.
Mme Harel: 1er mars à mai, il s'agirait des dossiers
organiques?
Mme Potvin-Plamondon: Non, l'architecture fonctionnelle...
Mme Harel: Oui.
Mme Potvin-Plamondon: ...1er décembre...
Mme Harel: À la fin février.
Mme Potvin-Plamondon: ...au 1er mars.
Mme Harel: Au 1er mars. D'accord, fin février.
Mme Potvin-Plamondon: Du 1er mars au 1er mai, les dossiers
fonctionnels.
Mme Harel: D'accord.
Mme Potvin-Plamondon: 1er mai au 1er juillet, dossiers
organiques. et, parallèlement, on commence la programmation à
compter du 1er juin jusqu'au 1er novembre.
Mme Harel: Je sais bien que l'exercice qu'on va faire toute la
journée, ce n'est pas un exercice simple, d'une certaine façon,
parce que, en tant que parlementaires, nous sommes des
généralistes, alors vous comprendrez que ce n'est pas nous qui
pouvons nécessairement apprécier si... Peut-être,
écoutez, je vois le député de Verdun...
M. Holden: Le professeur.
Mme Harel: ...professeur de mathématiques, et
peut-être sera-t-il, lui, en mesure...
M. Gautrin: Moi, je ne comprends pas, mais j'aime comprendre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: ...d'apprécier si tout cela est raisonnable
dans le temps. Évidemment, le ministre pourra nous dire qu'à la
fin les sceptiques seront confondus. Cependant, il est important que, dans
notre démarche, on vous signale immédiatement que c'est, je
crois, un sentiment extrêmement répandu, celui qui consiste
à penser que ce sont là, finalement, des supports informatiques
extrêmement sophistiqués et que l'en-
semble de la réforme, l'application de la réforme
dépend en très grande partie de l'opérationalisa-tion de
l'informatique. C'est comme si, à ce niveau-là, il y avait peu,
comment dirais-je, de confiance, en tout cas, répandue sur la
capacité d'y arriver dans les calendriers prévus.
Alors, là, d'une certaine façon, ce qui est important pour
nous, c'est de recevoir ce que vous nous dites. Nous, en fait, je ne pense pas
qu'on soit en mesure de contredire ce que vous nous dites. En fait, la
journée va consister à vous poser des questions et à
recevoir l'information. Évidemment, on souhaite que d'autres que nous
puissent, dans les jours et les semaines qui viennent, l'évaluer
à sa juste mesure. On aura sûrement des forums parlementaires au
moment des crédits notamment, au printemps prochain, et notamment au
moment des engagements financiers pour apprécier mieux tout cela. Alors,
là, finalement, c'est d'aller chercher le plus d'informations possible,
on vous le dit bien sincèrement, parce que, dans le fond, on souhaite,
nous aussi, n'est-ce pas, que le système se mette en place pour que
l'implantation soit réussie dans les délais prévus. Alors,
il faut comprendre notre démarche comme en étant une qui
s'inscrit dans un processus où nous collaborons, finalement, à
offrir aux Québécois un nouveau Code civil, pas seulement sur
papier, mais dans la réalité. Ça, c'est bien
évident. Mais, là, il y a des choses qu'on va vous demander,
comme, par exemple, c'est quoi la différence entre les dossiers
fonctionnels et les dossiers organiques, vous savez, parce que ce n'est pas
vraiment évident. Je ne sais pas si mes collègues...
M. Rémillard: Là-dessus, M. le Président, si
vous me permettez. On a dit que le Code civil sera en application, donc, le 1er
janvier 1994. Il va l'être. Il y a des sceptiques peut-être, il y
en aura toujours des sceptiques, mais il y en avait beaucoup, beaucoup,
beaucoup de sceptiques qui ne pensaient pas qu'on pouvait faire la
réforme du Code civil. Je vous ai lu des extraits des découpures
de presse lorsqu'on a débuté nos travaux parlementaires à
cette commission, et on nous disait: Jamais, ils ne feront ça; ils ne
seront jamais capables de faire la réforme du Code civil; c'est une
tâche colossale, etc., etc. Et on ajoutait des petites choses que j'ai
déjà entendues: Le ministre a trop de dossiers; il ne passera pas
à travers. On a tous passé à travers et on a fait quelque
chose de très bien.
Une voix:...
M. Rémillard: alors, à partir de là, m. le
président... quoique je n'ai pas compris la remarque du
député de westmount... on y reviendra.
Mme Harel: Justement, c'est pour vous donner plus de temps
à la Justice que, finale- ment, on a travaillé si fort pour le
non au référendum.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Holden: C'était plus délicatement fait.
M. Rémillard: Vous avez voulu m'aider, M. le
Président, mais je pourrais dire que le non n'est qu'une étape et
qu'il y aura une autre étape qui, celle-là, sera
décisive.
Mme Harel: Qui sera un oui, vous voulez dire?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Holden: Oui, mais le Code sera...
M. Rémillard: Et vous verrez. Vous verrez. Et, là
encore, les sceptiques seront confondus.
M. Holden: Le Code sera en vigueur à ce moment-là,
j'espère.
M. Rémillard: Ah! bien là, ça ne
dépend pas de nous. On verra. Mais il y aura une deuxième manche.
Le référendum n'était qu'une première manche.
Mme Harel: Le troisième, vous voulez dire.
M. Rémillard: II y aura une deuxième manche.
Mme Harel: Le troisième.
M. Rémillard: II y aura une deuxième manche. M. le
Président, c'est une parenthèse. C'est gentil de ne pas nous
rappeler à l'ordre quand on parle de ce sujet, de toute
façon.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: C'est gentil de votre part.
Mme Harel: Là, c'était juste comme au tennis,
c'était avantage contre. La partie viendra plus tard.
M. Rémillard: On reviendra à
l'égalité, vous voulez dire?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, je pense que
la démarche de l'Opposition est très saine et souhaitable dans le
sens qu'il faut, tous les membres, pas simplement de l'Opposition, mais aussi
les membres de cette commission, s'assurer que les registres qui ont un
rôle
extrêmement important à jouer dans l'application du nouveau
droit seront bien en place et offriront un service de bonne qualité. Je
pense que c'est les questions qui sont présentes à notre esprit
au moment où nous entamons, donc, l'étude. Je me permets de
revenir sur la suggestion de la députée de Hochelaga-Maisonneuve,
lorsqu'elle nous disait que ce serait bon d'avoir une vue d'ensemble, de
demander peut-être maintenant à Me Lavigne...
Mme Harel: Si vous me permettez... M. Rémillard:
Oui.
Mme Harel: ...peut-être simplement revenir sur les
données techniques. Par exemple, vous nous parliez des dossiers
fonctionnels, des dossiers organiques. Au moins, préciser les termes, de
quoi il s'agit.
M. Rémillard: Oui.
Le Président (M. LeSage): Me Plamondon.
Mme Potvin-Plamondon: Comme je le disais, les dossiers
fonctionnels, c'est chacune des fonctions du système qui est
précisée jusque dans les moindres détails, chacune des
fonctions, donc la fonction réception des documents, la fonction saisie
de l'information, la fonction inscription, la fonction mise à jour du
registre, conservation, etc. Alors, ce sont les dossiers fonctionnels qui sont
précédés de l'architecture, comme je vous le disais. Les
dossiers organiques, c'est, finalement, la logique des programmes,
c'est-à-dire comment les programmes vont interagir les uns par rapport
aux autres, donc c'est l'aspect logique de la programmation, alors que la
programmation, c'est l'aspect physique, donc on programme physiquement
l'information.
Mme Harel: Et tous les contrats sont donnés actuellement
dans les phases que vous nous avez expliquées: la phase architecture
fonctionnelle, la phase dossiers fonctionnels, dossiers organiques et
programmation, parce qu'il y a cinq mois seulement, du 1er juin au 1er
novembre, pour la programmation? Et les contrats sont déjà
donnés?
Mme Potvin-Plamondon: Actuellement, il faut dire que la
période dont on dispose pour faire tout ça, ce n'est pas une
période maximale. Cependant, c'est une période normale, si je
puis dire, pour ce qu'on a à faire. Parce que, quand je disais qu'on
implantait en deux phases, le système a été
découpé aussi en deux phases. La première phase est de
3000 jours-personnes et la deuxième phase est de 2000 jours-personnes.
Donc, ça constitue un temps dans lequel on peut valablement le faire. Il
n'y a pas de problème là-dessus.
M. Holden: Est-ce que vous engagez...
Mme Harel: Je reprends ma question: Est-ce que les contrats ont
été donnas?
Mme Potvin-Plamondon: Oui, les contrats ont été
donnés. (12 h 10)
Mme Harel: Donc, des contrats pour l'ensemble de ce qui est la
conception administrative des phases que vous venez de nous relater.
Mme Potvin-Plamondon: Nous, ce qu'on appelle l'ensemble de la
phase I.
M. Holden: Et ce sont les gens...
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Westmount.
M. Holden: ...des experts en programmation qui viennent...
Une voix: De l'extérieur.
M. Holden: ...avec l'expérience dans le domaine - comment
est-ce qu'on dit «computerize»...
Une voix: L'informatique.
M. Holden: Oui, l'informatique d'un code civil ou juste le droit
en général?
Mme Potvin-Plamondon: Bon La façon dont ça
fonctionne, les consultants externes qui vont réaliser le système
le réalisent en collaboration avec des équipes internes. Il y a
ce qu'on appelle l'équipe des utilisateurs, qui est l'équipe de
projet, donc l'équipe du projet mobilier, dont les
responsabilités principales consistent à livrer les besoins et
à valider constamment les travaux qui sont faits par la firme
externe.
Maintenant, nous sommes secondés dans notre travail par des
ressources internes du ministère de la Justice, de la Direction des
systèmes informatiques, qui ont l'expertise nécessaire pour ce
qu'on appelle gérer tous les contrats qui sont donnés à
des firmes externes et l'expérience nécessaire aussi dans la
réalisation de ces systèmes-là.
Mme Harel: Les budgets, ce sont des budgets qui... Vous entrez
dans les budgets qui ont été alloués. Vous n'avez pas eu
besoin de retourner au Conseil du trésor.
Mme Potvin-Plamondon: Non.
M. Rémillard: Bien, il faut, évidemment, aller au
Conseil du trésor, normalement, pour avoir les autorisations. C'est la
procédure normale de faire.
Mme Harel: II n'y a pas de... M. Rémillard: Pas de
problème. Mme Harel: ...difficultés. M.
Rémillard: Pas de difficultés.
Mme Harel: L'ensemble des... Il n'y a pas eu de gel...
M. Rémillard: Non.
Mme Harel: ...ou de diminution.
M. Rémillard: Non.
Mme Harel: Parce que vous pouvez nous parler de vos
problèmes aussi, hein, si on peut vous aider.
M. Rémillard: Oui, mais, à ce niveau-là...
Je peux vous en parler lorsqu'il va y en avoir.
Mme Harel: Tout va bien, alors.
M. Rémillard: Mais, à ce niveau-là,
ça fait partie des décisions du Conseil des ministres et des
ministres de mettre en application un nouveau code civil. Alors, c'est
là, et on n'a pas de problème à ce niveau-là.
Mme Harel: Alors, on reviendra sur les contenus à
l'égard surtout de la première phase, ce que vous appeliez
l'implantation sur papier. On y reviendra tantôt, si vous voulez.
M. Rémillard: Est-ce qu'on peut appeler, M. le
Président, Me Guy Lavigne...
Le Président (M. LeSage): Oui. Merci, Me Plamondon.
Mme Harel: Merci, Mme Plamondon.
M. Rémillard: ...directeur de l'état civil, et je
voudrais remercier Mme Plamondon.
Le Président (M. LeSage): Me Lavigne, si vous voulez bien
vous identifier pour les fins de l'enregistrement du Journal des
débats.
Registre de l'état civil
M. Lavigne (Guy): Guy Lavigne, directeur de l'état civil,
ministère de la Justice.
Le Président (M. LeSage): La parole est à vous, Me
Lavigne.
M. Lavigne: La Direction de l'état civil, à ce
moment-ci, est rendue à une étape particulière dans le
cadre de l'implantation de la réforme de la gestion de l'état
civil, étape particulière parce que nous sommes, à ce
moment précis, à une phase qui nous permet de mettre en pratique
une somme de travail qui a été exécutée depuis plus
d'une année.
En matière informatique, le système de gestion
informatique du registre de l'état civil a été
complété, il est maintenant disponible depuis un mois, et nous
sommes à l'utiliser pour effectuer une période de rodage et des
essais, sur l'utilisation de ce système, et aussi pour
récupérer une partie de l'information qui était disponible
relativement à l'identité des personnes au niveau du registre de
la population qui était au Bureau de la statistique, dont on avait fait
état lors de la dernière commission parlementaire.
Au niveau de l'organisation même de la Direction de l'état
civil, le tiers à peu près des effectifs sont en place et
oeuvrent à cette récupération d'informations et, aussi, ce
personnel-là est à finaliser le développement d'outils de
travail au niveau de la formation des futurs employés et aussi de guides
et d'outils qui seront utilisés par les intervenants ou interlocuteurs
en matière d'état civil, que ce soit dans le réseau de la
santé ou dans le domaine religieux concernant les mariages.
La plupart de ces outils-là ont été
déjà complétés. La rédaction en est
finalisée et même, pour la plupart, les traductions ont
déjà été faites pour permettre à nos
citoyens de langue anglaise d'être en mesure de comprendre et de
participer à l'élaboration de cette transformation importante au
niveau de l'état civil.
Au niveau des outils de travail comme tels, tous les formulaires ont
été développés, requis pour supporter l'information
nécessaire à la rédaction des actes d'état civil.
Au niveau de la publicité, des démarches ont été
faites auprès des interlocuteurs qui seront directement associés.
Je parlais tantôt du réseau de la santé et du réseau
religieux, municipal aussi. Plusieurs rencontres ont été tenues
avec des représentants de ces organisations-là pour faire
état de leur éventuelle participation et aussi de leurs futures
obligations. Et, au moment où on se parle, on est à roder
là aussi, avec la collaboration du réseau hospitalier et des
sociétés religieuses, les outils que nous avons
développés.
On est en mesure de vous informer aujourd'hui que, d'ici l'entrée
en vigueur du Code, comme le mentionnait le ministre tout à l'heure,
d'ici le 1er janvier 1994, l'ensemble de l'organisation de l'état civil
sera en place. De façon générale, elle sera fonctionnelle
à compter du 1er septembre 1993. Pour arriver à cette date,
à compter de février 1993, une deuxième partie de
l'organisation s'installera et, à compter de juin, la troisième
partie viendra compléter l'ensemble de l'organisation, ce qui nous
permettra, pendant les quatre derniers mois de l'année 1993, de
procéder à la finalisation de nos outils de travail pour
être en mesure, à compter de janvier 1993,
de supporter l'ensemble de la gestion de l'état civil du
Québec.
Une voix: Janvier 1994.
M. La vigne: Janvier 1994. Excusez-moi. J'ai brossé
rapidement le tableau concernant la situation du registre de l'état
civil.
Le Président (M. LeSage): Merci, Me Lavigne. Mme la
députée de Hochelaga-Maison-neuve.
Mme Harel: alors, il me fait plaisir de saluer me lavigne.
peut-être demander au ministre s'il est possible que nous puissions, en
commission parlementaire, avoir la primeur de ces instruments qui ont
été préparés, guides et outils, pour les milieux
hospitaliers, les milieux religieux et les municipalités.
M. Rémillard: Oui, on m'informe qu'au fur et à
mesure de nos travaux on pourrait les déposer.
Mme Harel: Au fur et à mesure de nos travaux, vous voulez
dire durant la présente session? Parce qu'on nous parle...
M. Rémillard: Ce n'est pas tout finalisé, hein? Ce
n'est pas tout prêt.
Mme Harel: Non, mais ceux... On nous parle des guides et outils
qui le sont, même en langue anglaise et pas seulement en
français?
M. Rémillard: Écoutez, je pourrais faire le point
avec Me Lavigne et tout ce qui est finalisé, qu'on peut déposer
pour la commission, on va le faire.
Mme Harel: Donc, je comprends qu'il y a une période de
rodage présentement puis, à partir du registre de la population,
il y a déjà des entrées qui se font. C'est bien le cas?
Donc, le support informatique, il est là. C'est ça?
M. Lavigne: C'est bien ça, oui, effectivement.
Mme Harel: II est, donc, à Montréal ou à
Québec? Rappelez-moi où se fait principalement...
M. Lavigne: Le système informatique du ministère de
la Justice est localisé à Montréal. Par contre, à
cause des facilités qui existent au niveau de support informatique, nous
l'utilisons de Québec où sont nos installations.
Mme Harel: Et la deuxième phase se fera de Montréal
ou de Québec?
M. Lavigne: Comme on l'avait mentionné l'an dernier, les
bureaux de la Direction de l'état civil seront et à Québec
et à Montréal, aux deux endroits.
Mme Harel: Aux deux endroits. Et les entrées dans le
système, ça se fait à Québec?
M. Lavigne: Pour tous les nouveaux actes, ce sera à
Québec, effectivement, oui.
Mme Harel: pour tous les nouveaux actes. alors, l'ensemble des
régions va faire parvenir les actes à québec. c'est
ça qu'il faut comprendre?
M. Lavigne: C'est bien ça.
Mme Harel: Et à quoi sert Montréal, à ce
moment-là, dans cette dynamique-là?
M. Lavigne: Le bureau de Montréal va servir à deux
fins, de façon principale. Au niveau des services à la
population, il y aura là aussi, comme à Québec, un
comptoir de service pour permettre aux gens de venir s'adresser directement
à la Direction de l'état civil. À Montréal, on
retrouvera aussi une partie des registres manuscrits de l'état civil qui
ont été tenus avant l'entrée en vigueur de la
réforme de l'état civil et avant l'entrée en vigueur du
Code civil, qui seront regroupés à Montréal et à
Québec en partie, comme on l'avait mentionné l'année
dernière, afin de pouvoir y puiser l'information nécessaire pour
émettre les copies ou certificats d'actes d'état civil
relativement aux personnes dont l'information qui les concerne est contenue
dans ces registres-là.
Évidemment, toutes les demandes de publicité vont nous
parvenir aussi à Québec et à Montréal, et c'est
pour pouvoir répondre facilement à la population qu'on a
localisé ces registres-là, comme je l'avais déjà
mentionné, pour pouvoir faire les validations nécessaires.
Mme Harel: II y aura une partie des documents manuscrits à
Québec et une partie à Montréal.
M. Lavigne: L'autre à Montréal... Une à
Québec et une à Montréal, comme vous le dites, oui.
Mme Harel: Une partie des documents.
M. Lavigne: tous les documents sont séparés,
distingués, québec et montréal. mais l'ensemble des
documents sera et à québec et à montréal.
Mme Harel: Donc, il y aura possiblement à se
déplacer à Québec pour certains documents et à
Montréal pour d'autres documents. (12 h 20)
M. La vigne: Pas nécessairement, madame. Ça se
fera...
Mme Harel: Pour les documents manuscrits.
M. La vigne: Pas nécessairement. Les vérifications
se feront par nos employés, sur place, et ils pourront faire des
entrées informatiques indifféremment à Québec ou
à Montréal, tout dépendant de la localisation des
informations.
Mme Harel: Vous parliez des comptoirs de service. Il y aura
combien de comptoirs de service à travers le Québec?
M. Lavigne: II y en a deux. Il y en a à Québec et
à Montréal.
Mme Harel: Bon. On aura sûrement l'occasion de revenir sur
la façon dont vous entendez distribuer, c'est-à-dire rendre
accessible le service à travers le Québec. C'est là un
aspect important. On pourra y revenir vraisemblablement cet après-midi.
Peut-être simplement vérifier avec vous s'il est exact que c'est
à la pièce que se feront les entrées dans le registre,
à savoir que c'est au moment où il y a soit un acte de naissance,
soit la signification d'une copie de jugement de divorce ou soit un acte de
décès, c'est à ce moment-là seulement que se
ferait, finalement, l'entrée dans le nouveau registre. Il n'y aurait
pas, contrairement, je crois, à ce qu'on nous avait donné comme
information, un registre qui, au fur et... Ce registre va, au fur et à
mesure seulement, entrer les dossiers déjà existants. C'est le
cas?
M. Lavigne: C'est le cas, oui.
Mme Harel: Alors, il est possible que, si aucun
événement ne surgit, nouveau, c'est-à-dire s'il n'y a pas
de jugement de divorce, l'acte de naissance ayant été
déjà enregistré avant l'implantation du nouveau
système, ce soit juste au moment du décès - c'est bien le
cas? - qu'il y ait l'entrée dans le nouveau registre?
M. Lavigne: Concernant la personne visée, effectivement,
à moins qu'elle vienne nous demander un extrait, une copie ou un
certificat qui la concerne. À ce moment-là, on
récupère l'information manuscrite pour la verser sur la partie
informatisée.
Mme Harel: Par exemple, une personne a besoin d'un extrait de
naissance. Ça se fait toujours assez rapidement. Les gens ne sont pas
tous comme nous, obligés d'avoir des agendas en se programmant longtemps
d'avance. Alors, très souvent, ils se présentent pour avoir un
extrait de naissance, parce que c'est requis dans l'immédiat, pour
obtenir soit une inscription dans une école ou un emploi, etc. Est-ce
que je comprends qu'à ce moment-là il y aura vraiment une
célérité dans la possibilité d'obtenir cet extrait
d'acte de naissance, ou bien il faudra donc que vous entriez toutes les
informations avant même de transmettre l'extrait de naissance? C'est
ça que je comprends.
M. Lavigne: C'est exact, ce que vous mentionnez. Peut-être,
rapidement, vous indiquer la façon dont ça va se faire. De par la
concentration des registres manuscrits à Québec et à
Montréal, avec les ressources qui seront sur place, lorsque des
informations nous seront demandées concernant les personnes, nous aurons
en main l'information requise pour pouvoir valider et confirmer l'acte qui est
visé. Nous aurons la possibilité... Je suis en mesure de vous
dire aujourd'hui qu'à l'intérieur d'un délai de 24 heures
nous sommes en mesure de répondre aux demandes qui nous sont
fournies.
Mme Harel: Et vous évaluez ces demandes à un volume
de combien par jour?
M. Lavigne: II peut varier de l'ordre... Ce qu'on anticipe au
moment où on se parle, c'est de l'ordre d'environ 2000 demandes par
jour, en moyenne. Évidemment, il y aura des périodes de
l'année où ce sera plus élevé et d'autres
moins.
Mme Harel: Et vous avez pu préparer ces estimations, ces
prévisions à partir des données qui vous venaient de
l'enregistrement actuel?
M. Lavigne: Nous avons fait des projections. Ces projections ont
été établies à partir d'informations connues, en
bonne partie, et aussi après vérification avec d'autres
organisations similaires au Canada, dans d'autres provinces, avec des volumes
correspondants, pour pouvoir confirmer nos projections. Et, effectivement, on
est en mesure de dire qu'annuellement on devrait avoir de l'ordre de 450 000
à 500 000 demandes au moins, minimum, en matière seulement de
demandes d'extraits, de copies ou de certificats.
Mme Harel: En matière d'extraits, de copies ou de
certificats et non pas, par exemple, en matière de... Quels seraient les
autres?
M. Lavigne: Les enregistrements. Mme Harel: Les
enregistrements. M. Lavigne: Les inscriptions.
Mme Harel: Et là vous évaluez à combien,
à ce moment-là, les inscriptions?
M. Lavigne: Environ 180 000: 100 000 naissances, 50 000
décès et environ 30 000, 35 000 mariages.
Mme Harel: 30 000 à 35 000 mariages. Est-ce que ça
a diminué, les mariages?
M. Lavigne: Ça diminue, effectivement.
Mme Harel: Oui?
M. Lavigne: Malgré que, depuis les deux...
Mme Harel: Est-ce que vous pensez que le partage du patrimoine
familial y est pour quelque chose?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lavigne: Je ne suis pas en mesure de vous répondre
là-dessus.
Mme Harel: Non. Je retire ma question. Je ne suis pas sûre
que je vais avoir la réponse.
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Juste pour bien comprendre le nouveau
fonctionnement du registre de l'état civil. Présentement, quand
quelqu'un veut avoir une copie conforme de son certificat, c'est une photocopie
du document original qui est déposé soit dans la paroisse ou
quelque chose comme ça. Maintenant, la façon que je comprends que
ça va fonctionner, c'est que ça va être un certificat
informatisé qui va être remis à la personne. Elle n'aura
plus de photocopie de son document original qui...
M. Lavigne: C'est exact.
M. Bélanger (Anjou): Et, si la personne veut vraiment
avoir une copie de ce document-là original qui se trouve soit à
Québec ou à Montréal, est-ce qu'elle va pouvoir quand
même avoir une copie de ce document-là, sans avoir le certificat
officiel?
M. Lavigne: Le Code civil du Québec prévoit trois
façons d'émettre des informations concernant l'état civil
d'une personne. Le certificat qui traite d'informations relativement... qui
sont moins complètes que l'acte lui-même. Il y a une autre
possibilité qui s'appelle la copie, où on retrouve la
reproduction du contenu de l'acte. Il n'est pas prévu dans le Code civil
qu'il y ait une photocopie des actes d'état civil.
M. Bélanger (Anjou): Parce que...
M. Lavigne: Comme ça se fait actuellement.
M. Bélanger (Anjou): D'accord. Moi, j'ai
déjà connu des cas où il y avait des contestations, des
fois, de documents originaux, soit qu'ils étaient illisibles, mal
écrits, quant à savoir ce qui était contenu dans l'acte.
Alors, je me demande si ce ne serait pas bon de prévoir une
possibilité quand même, en cas de contestation ou d'incertitude,
d'avoir une copie de ce document authentique. Ça peut arriver un cas
sur... Je comprends, un cas peut-être sur des milliers, mais je trouve
ça quand même un peu bizarre qu'on n'ait pas prévu cette
possibilité-là, d'obtenir une copie authentique du document
original.
M. Lavigne: Je dois vous mentionner que les documents qui seront
émis par le directeur de l'état civil sont des documents
authentiques, que ce soit un certificat ou la copie.
M. Bélanger (Anjou): Oui, je comprends.
M. Lavigne: Par contre, s'il s'avérait qu'il y avait des
difficultés relativement à des informations contenues sur le
document original, il est toujours possible de consulter les documents. Le Code
le prévoit.
M. Bélanger (Anjou): La personne elle-même pourra
consulter à ce moment-là l'original du document qui est dans vos
voûtes ou...
M. Lavigne: Ce serait possible, effectivement. Ce serait
possible. C'est prévu. Les dispositions sont mentionnées à
l'article, je crois, 150 du Code.
M. Bélanger (Anjou): Ah bon! D'accord.
Mme Harel: En se déplaçant à ce
moment-là...
M. Bélanger (Anjou): À Québec.
Mme Harel: ...soit à Montréal ou à
Québec.
M. Lavigne: Ou par procuration, il serait probablement possible
de donner des informations qui sont contenues, de la façon dont vous le
mentionnez, effectivement.
M. Bélanger (Anjou): Je vois peut-être des
problèmes où il n'y en a pas là. Peut-être que tout
a été prévu. Est-ce qu'il pourrait y avoir une
possibilité de fraude, ou de production, ou d'émission de faux
documents de naissance par ce genre de réseau informatique, s'il y avait
des employés malhonnêtes ou quelque chose comme ça? Est-ce
que c'est possible ou si ce système est à l'épreuve de
toute malhonnêteté?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bélanger (Anjou): C'est une question, je comprends, un
peu...
M. Lavigne: Oui, c'est sûr...
M. Bélanger (Anjou): II n'y a aucun système qui est
à l'épreuve de la malhonnêteté, mais est-ce que vous
avez quand même prévu des scénarios, des choses ou...
M. Lavigne: Au niveau de la gestion du registre de l'état
civil, on s'est assurés, lors du développement du système
informatique, d'avoir des règles de sécurité telles
qu'elles permettent d'éviter la fraude. On ne peut pas dire qu'on est
à l'abri de toute falsification, bien entendu. Par contre, le
système qui est en place, avec les particularités qui ont
été introduites dans notre système informatique, nous
serons toujours en mesure de savoir qui a utilisé le système
informatique.
M. Bélanger (Anjou): Ah! D'accord.
M. Lavigne: Alors, le système ne pourra pas être
utilisé par d'autres personnes que les employés de la Direction
de l'état civil et avec des mots de passe particuliers,
spécifiques.
M. Bélanger (Anjou): Des numéros de validation,
d'autorisation.
M. Lavigne: Exact.
M. Bélanger (Anjou): D'accord.
M. Lavigne: À chaque personne.
M. Bélanger (Anjou): Donc, à ce moment-là,
on pourrait, en interceptant un faux document, savoir exactement de quel bureau
il provient, même, à la limite, quel employé aurait
autorisé ce document-là.
M. Lavigne: On ne pourrait pas nécessairement dire
l'employé directement, mais on pourrait dire à quel moment, avec
quel mot de passe ça s'est fait.
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Lavigne: Évidemment, l'employé est responsable
de son mot de passe, mais...
M. Bélanger (Anjou): Oui, oui, je comprends.
M. Lavigne: ...en principe, on serait capable d'identifier la
personne et le moment précis où ça s'est fait.
M. Bélanger (Anjou): Parfait. (12 h 30)
Mme Harel: Vous parliez tantôt de points de service.
Combien avez-vous prévu de points de service ici, enfin, à
travers le Québec?
M. Lavigne: Au moment où on se parle, il est prévu,
dans le cadre de la mise en place de la réforme de l'état civil,
dans un premier temps, de centraliser les activités de la Direction de
l'état civil à Québec et à Montréal. Il est
aussi prévu, dans le cadre de notre mandat, d'évaluer la
déconcentration des activités de la Direction de l'état
civil à relativement court terme, d'ici quelques années,
après s'être assuré de cette transition en termes de
validation et en termes de fonctionnement aussi.
M. Rémillard: Peut-être que vous pourriez donner de
l'information Me Lavigne sur les systèmes qu'on met en place, de
communication entre le citoyen et l'endroit, parce que le système va
être très rapide, comme vous l'avez mentionné tout à
l'heure. Dans 24 heures, l'information va être là. Donc, le
système va être plus sûr, plus efficace, plus accessible que
maintenant, avec le 1-800, entre autres. Vous pourriez peut-être nous
parler de ça.
M. Lavigne: On s'est donné aussi, comme M. le ministre le
mentionne, des outils pour permettre à la population d'avoir un
accès rapide et facile à la Direction de l'état civil.
Nous allons mettre en place une ligne téléphonique gratuite, sans
frais, une ligne 1-800, qui permettra à l'ensemble des citoyens sur le
territoire du Québec d'avoir accès à la Direction de
l'état civil sur une base de 16 heures par jour, 7 jours par semaine.
Chaque citoyen pourra être en contact avec un employé de la
Direction de l'état civil pour avoir des renseignements soit sur les
inscriptions à faire ou sur des informations les concernant directement
pour des dossiers déjà enregistrés ou déjà
inscrits au registre. Ils pourront aussi demander, même par ce
système-là, rémission de certificats, directement, par
téléphone.
M. Rémillard: Oui, c'est un élément
important et je me permets de souligner une petite constatation qu'on a faite
dans nos travaux. On a constaté que plus de 65 % des citoyens ne
demeurent plus près de l'endroit ou à l'endroit où ils ont
été enregistrés comme état civil. Donc, pour avoir
accès, il faut qu'ils se déplacent. Or, le système,
à ce niveau-là, va être plus accessible dans la
façon dont il a été pensé.
M. Lavigne: Beaucoup plus accessible, parce que c'est une des
contraintes que le système actuel, comme M. le ministre le mentionne,
présente. C'est que les personnes ayant migré beaucoup au
Québec, s'étant déplacées, les informations les
concernant sont toujours demeurées à l'endroit où
l'événement s'est produit, ce qui fait que ça crée
beaucoup de contraintes. C'est le principal avantage du nouveau système
qui permettra, à un seul endroit, d'obtenir l'ensemble des informations,
peu importe où on se trouve.
Mme Harel: Est-ce que je dois comprendre qu'il pourrait y avoir
une demande d'émission par téléphone et d'inscription par
téléphone également?
M. Lavigne: Pas d'inscriptions, pas d'inscriptions, seulement des
émissions.
Mme Harel: Alors, comment procéderez-vous à
l'inscription?
M. Lavigne: Oui, je vais vous expliquer. Un bref rappel, c'est
important de le mentionner, des dispositions du Code à cet effet.
Prenons l'exemple de la naissance. À la naissance, le Code
prévoit qu'il y a deux gestes qui doivent être posés.
L'accoucheur doit dresser un constat de naissance au moment où
l'événement se produit - ce constat doit indiquer de façon
très claire le nom de la femme, son domicile, le sexe de l'enfant, le
lieu, la date et l'heure de la naissance de l'enfant - et il doit faire
parvenir ce document au Directeur de l'état civil sans délai.
Donc, ça, c'est un premier geste. En même temps, il doit remettre,
l'accoucheur, aux personnes qui sont chargées de faire une
déclaration, une copie de ce constat de naissance pour leur permettre de
compléter la déclaration de naissance que ces parents-là,
les personnes concernées, devront acheminer, elles aussi, au directeur
de l'état civil.
Ce que nous avons fait, au moment où on se parle, sur le plan
fonctionnel, pour donner au niveau administratif plus de facilité pour
ce faire, nous avons rencontré, à plusieurs reprises, les
représentants du réseau hospitalier. Suivant nos informations,
plus de 99 % des naissances se produisent en milieu hospitalier. Sur 98 000
naissances, il n'y en a eu que 200 qui ne se sont pas produites dans un milieu
hospitalier, puis les dames s'y acheminaient, à toutes fins pratiques.
Nous avons rencontré ces responsables et nous avons discuté avec
ces personnes-là comment on pourrait faciliter, pour le citoyen, la
façon de faire la déclaration au moment où
l'événement se produit. Nous avons privilégié cette
approche-là après avoir vérifié dans les autres
provinces aussi quel était le meilleur mode, le mode le plus facilitant
pour la déclaration, et on nous a indiqué qu'il s'agissait du
moment où l'événement se produisait Nous sommes, au moment
où on se parle, à valider avec des centres hospitaliers cette
façon de faire pour permettre aux parents, dès le moment de
l'événement, c'est-à-dire l'accouchement, la naissance de
l'enfant, de faire à l'hôpital tous les gestes les concernant.
Au niveau hospitalier, les déclarations seraient, en grande
partie, complétées à ce moment-là, avec
l'assistance et le support du milieu hospitalier auprès des parents, et
elles seraient acheminées directement de l'hôpital - peu importe
où il se trouve sur le territoire du Québec - au directeur de
l'état civil.
Grosso modo, c'est ce qui se passe au niveau des naissances.
Au niveau des marges, évidemment, ce sont les
célébrants de mariage qui vont faire parvenir directement au
directeur de l'état civil les déclarations de mariage. Concernant
les décès, nous sommes à finaliser aussi, sur le plan
administratif, avec les directeurs de funérailles un processus analogue,
si on veut.
Mme Harel: Dans la mesure où il y aurait augmentation du
nombre des naissances avec l'aide d'une sage-femme à la maison, comment
est prévu le système d'enregistrement quand la naissance a lieu
à la maison?
M. Lavigne: Je voudrais... Sous peine de... Je ne voudrais pas me
tromper, mais... On pourrait vérifier, mais on me dit, après
vérification aussi, que les accouchements à être faits par
des sages-femmes, ce projet-pilote n'est pas encore fonctionnel et, lorsqu'il
le sera, il ne le sera qu'en milieu hospitalier, pendant une période
à définir...
Mme Harel: En fait, vous avez la même réponse
que...
M. Lavigne: ...et sous supervision médicale.
Mme Harel: ...la ministre de l'Éducation qui dit que
l'école est obligatoire jusqu'à 16 ans et donc qu'il n'y a pas de
décrocheurs avant 16 ans, mais... Là, vous me dites: Le
projet-pilote prévoit les naissances avec la collaboration de
sages-femmes seulement en milieu hospitalier. Mais pour ces 200 naissances,
qu'est-ce qui est prévu comme système?
M. Lavigne: Nous avons vérifié pour ces 200
cas-là. Ce sont, la plupart du temps, des personnes qui soit se
dirigeaient à l'hôpital ou, quelques cas, accouchaient à la
maison. Et, après vérification, nous avons constaté
qu'elles étaient, de toute façon, comment je pourrais vous
l'exprimer, déjà inscrites, si on veut, dans le processus de la
santé via le réseau des CLSC, et nous avons l'information par ce
réseau-là aussi.
Mme Harel: C'est-à-dire que vous allez avoir une entente
avec le réseau des CLSC à cet effet-là?
M. Lavigne: Exact. C'est ce qu'on fait, oui.
Mme Harel: Mon Dieu! s'il y en a juste 200, j'ai l'impression de
toutes les connaître parce que... Il y en a si peu, ça
m'étonne.
M. Lavigne: Oui.
Mme Harel: J'ai l'impression que ce n'est que de cette
façon-là de plus en plus que l'on
accouche maintenant, mais, enfin...
M. Lavigne: Ça a été notre surprise aussi,
madame.
Mme Harel: Vous disiez tantôt: En 24 heures, il sera
possible d'obtenir l'émission d'une copie - c'est bien le cas? - d'un
acte de l'état civil. En 24 heures?
M. Lavigne: Un extrait du registre.
Mme Harel: Un extrait. Oui, c'est ça, l'émission
d'un extrait.
M. Lavigne: Certificat, copie ou attestation, suivant les trois
modèles prévus par le Code.
Mme Harel: Alors, cette émission-là se fera par la
poste? Comment sera prévue la transmission?
M. Lavigne: Le document sera produit par le système
informatique et acheminé au citoyen directement par la poste.
Mme Harel: Les 24 heures, c'est pour la production.
M. Lavigne: Exact.
Mme Harel: Ensuite, il y a les délais de transmission par
la poste.
M. Lavigne: Les délais de transmission qu'on peut
connaître.
Mme Harel: vous évaluez à une durée de
combien, le délai entre la demande téléphonique, par
exemple, par voie téléphonique, et, ensuite, la
réception?
M. Lavigne: Ce qu'on vous mentionne, c'est que, dès que
nous aurons en main la demande, que ce soit par voie
téléphonique, ou par une demande qui nous est parvenue par
courrier, ou directement au comptoir, à l'intérieur de 24 heures
nous l'aurons traitée et elle sera soit remise à la personne qui
pourra revenir au comptoir, à Québec ou à Montréal,
ou acheminée directement par la poste, ou envoyée par tout
autre...
Mme Harel: Alors, vous avez l'air de considérer que tout
est sous contrôle à ce niveau-là.
M. Lavigne: Je le crois.
Mme Harel: Donc, vous nous dites déjà: II y a une
partie du système en opération, la première phase, il y a
le tiers des effectifs qui sont en place; ensuite, pour la deuxième
phase, il y aura un autre tiers des effectifs qui s'installeront. Alors, je
comprends qu'il y a de l'embauche à ce niveau-là.
M. Lavigne: Actuellement, il y aura une certaine forme
d'engagement, évidemment, de nouveaux employés, mais aussi la
récupération des employés qui, actuellement, oeuvrent en
matière de l'état civil déjà au ministère de
la Justice...
Mme Harel: Alors, cette deuxième...
M. Lavigne: ...qui seront transférés à nos
services, graduellement.
Mme Harel: Et cette deuxième phase, elle débute
à quel moment, déjà? (12 h 40)
M. Lavigne: Je mentionnais tout à l'heure qu'à
compter du 1er février on devrait être en mesure d'avoir dans nos
locaux le deuxième tiers, si on veut, de nos effectifs. Ce
deuxième tiers est composé d'une partie d'effectifs qui oeuvrent
déjà en matière d'état civil au ministère de
la Justice.
Mme Harel: Et elle consiste en quoi, déjà, cette
deuxième phase, précisément?
M. Lavigne: C'est une deuxième étape, tout
simplement, où les personnes viennent rejoindre l'équipe qui est
déjà en place pour pouvoir accélérer le processus
de récupération et aussi faciliter la formation et la
finalisation de nos documents de travail.
Mme Harel: Et vous disiez que c'est en juin que, finalement,
l'ensemble des effectifs sera en place.
M. Lavigne: Exact.
Mme Harel: Puis, c'est en septembre - c'est bien le cas? - que le
système est parfaitement implanté.
M. Lavigne: Devrait être fonctionnel, et nous nous
réservons les quatre derniers mois, de septembre à la fin
décembre, pour pouvoir vraiment finaliser tous les petits
détails, si on veut.
Mme Harel: Donc, vous considérez que la gestion de la
réforme est maintenant... Finalement, cette gestion-là vous
permet d'avoir une vue d'ensemble et de franchir toutes les étapes qui
viennent de façon certaine. C'est bien le cas?
M. Lavigne: C'est bien le cas.
Mme Harel: Est-ce qu'il y a une réglemen-
tation qui, maintenant, est prête et qui accompagne, justement,
cette implantation que vous prévoyez fonctionnelle pour septembre?
M. Lavigne: II y a une réglementation. En matière
d'état civil, elle est relativement restreinte, cette forme de
réglementation. Elle est prévue d'ordre général
pour pouvoir faire certaines adaptations ou certains ajustements sur des
informations contenues ou à contenir sur les constats ou les
déclarations. On doit ajouter certaines informations qui ne sont pas
prévues aux dispositions du Code civil. C'est en vertu de cette
réglementation-là qu'on peut, comme il est prévu à
l'article 151, y ajouter certains éléments, et ce sera le cadre
de notre réglementation.
Mme Harel: Et, à l'égard de tout l'aspect de la
sécurité du système et de sa confidentialité, de
l'accessibilité au système, comme nous en avions parlé
d'ailleurs l'année passée, qu'est-ce qui est prévu au
niveau de la réglementation?
M. Lavigne: La réglementation n'y pourvoit pas parce que,
déjà, les dispositions du Code y pourvoient à l'article,
si je ne me trompe pas, 150, où on y mentionne que la consultation est
permise par le directeur de l'état civil et aux conditions qu'il
détermine, et c'est la responsabilité du directeur de
l'état civil lui-même d'élaborer ces
règles-là.
Mme Harel: Est-ce qu'elles le sont, élaborées?
M. Lavigne: Nous sommes à étudier et même
à discuter de certaines normes à cet effet, madame.
Mme Harel: Alors, ça veut dire qu'il y a quelques
imperfections, n'est-ce pas, dans le Code, on s'en rend compte maintenant. On
se rend compte que c'est possible que ça en soit une...
Une voix:...
Mme Harel: Cette imperfection? J'ai entendu
«perfection», non.
M. Rémillard: Je parle toujours en termes de
perfection.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Oui.
M. Rémillard: Mais vous pouvez...
Mme Harel: Je crois comprendre qu'on a pu faire un travail
perfectible. Donc, en regard, par exemple, de toutes les représentations
faites par les sociétés de généalogie, par les
sociétés d'histoire, c'est au directeur de l'état civil
seul à décider des modalités d'accès au
registre.
M. Lavigne: Si vous permettez, madame, j'ai perdu le début
de votre question.
Mme Harel: Oui, certainement. En regard de toutes les
représentations faites par les sociétés de
généalogie, les sociétés d'histoire, les
mémoires qui ont été déposés, les
échanges que nous avons pu avoir ici, je comprends donc que
l'entière responsabilité de déterminer les
modalités d'accès au registre, cette entière
responsabilité repose sur le directeur de l'état civil.
M. Lavigne: Au niveau de la consultation.
Mme Harel: Oui, c'est ça, au niveau de la
consultation.
M. Lavigne: Exact, oui.
M. Rémillard: C'est le directeur qui pourra
établir, en fait, ces critères pour respecter, comme on l'avait
mentionné aussi à plusieurs reprises... D'une part, il y a
peut-être un désir de pouvoir être informés pour ceux
qui veulent établir, par exemple, l'arbre généalogique,
mais, d'autre part, il y a aussi le devoir que nous avons de protéger la
vie privée. Alors, on a pensé que ce serait le directeur, qui est
une personne, donc, complètement à l'extérieur et qui sera
à même d'établir ces critères pour pouvoir
déterminer qui peut directement les consulter et à quelles
conditions.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je vais rester sur ce
sujet-là parce que j'avais des questions là-dessus aussi.
Ça veut dire que, finalement, les sociétés de
généalogie qui sont en région se trouvent pratiquement
devant l'impossibilité d'avoir accès, puisqu'il n'y a que deux
points de service, Québec et Montréal.
M. Lavigne: J'ai eu l'occasion, madame, de rencontrer à
plusieurs reprises les représentants de ces fédérations de
chercheurs, que ce soit en matière de généalogie,
d'histoire ou scientifique, en génétique, et le besoin qu'ils
nous ont exprimé - et je pense qu'on est en mesure vraiment de partager,
en termes de problématique - pourra être répondu de
façon adéquate lorsque nous serons en mesure - et nous avons
déjà exprimé notre intention à cet effet - de leur
fournir certains outils de travail qui n'existent pas actuellement, parce qu'il
n'y a pas de disponibilité en termes d'information, mais que nous
aurons, pour leur faciliter la recherche et pouvoir obtenir encore plus
rapidement qu'ils les obtiennent actuellement les informations pour
leur permettre d'atteindre les objectifs qu'ils désirent. On va
leur fournir des index administratifs qui vont leur permettre de repérer
facilement des informations qu'ils désireront obtenir, et, pour ces
informations particulières, à ce moment-là, ils pourront
s'adresser à nous, et nous serons en mesure de leur fournir
l'information qu'ils requièrent.
Mme Caron: Ces outils que vous entendez fournir, est-ce que vous
comptez pouvoir offrir ces services-là au moment de l'implantation, au
moment de la mise en opération?
M. La vigne: Oui, madame, ce sera en place à ce
moment-là.
Mme Caron: L'an dernier, vous nous aviez confirmé une
ligne téléphonique sans frais. Vous rappelez que ce sera toujours
ça. Au niveau des coûts - parce qu'on avait parlé aussi de
certaines évaluations pour les citoyens et citoyennes qui feraient appel
à vos services - donc, au niveau des coûts, est-ce que vous
maintenez les propositions de l'an dernier ou si vos évaluations sont
différentes maintenant?
M. Lavigne: Oui, généralement, on est en mesure de
confirmer ce que nous avancions l'an dernier. Par contre, on n'est pas en
mesure de déterminer de façon très précise, de
façon exacte, au moment où on se parle, ce qu'il en est, parce
que, évidemment, nous n'avons pas encore la connaissance de l'ensemble
de nos coûts d'opération pour établir exactement le
coût. Mais on maintient le même ordre de grandeur que l'an dernier,
effectivement.
Le Président (M. LeSage): Ça va, Mme la
députée?
Mme Caron: Je vous remercie.
Le Président (M. LeSage): Je cède maintenant la
parole au député d'Anjou.
Mme Harel: M. le Président... Oui, très bien.
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Juste au niveau des directives qui
vont être données au directeur quant à
l'accessibilité des registres. Est-ce qu'il y a certaines mesures qui
sont prises pour éviter que des gens, que n'importe qui puisse avoir
accès au registre ou aux état civils de n'importe qui, ou si, au
contraire, là-dessus, il va y avoir une grande discrétion? Parce
qu'à partir du moment où ça peut se faire par
téléphone, n'importe qui peut appeler, et, moi, je pourrais avoir
le certificat de naissance du ministre de la Justice. Est-ce que certaines
dispositions sont prises relativement à ça?
M. Lavigne: Oui, effectivement, on les retrouve
déjà au Code civil, et...
M. Bélanger (Anjou): Oui, des sanctions ou...
M. Lavigne: Non, pas des sanctions...
M. Bélanger (Anjou): ...un des principes de la loi...
M. Lavigne: II y a trois types, il y a trois façons
distinctes de pouvoir avoir accès à cette information-là.
L'information la plus couramment utilisée est celle de permettre
à une personne de s'identifier, et ce sera d'avoir un certificat, un
certificat qui fera état des éléments qui concernent
directement la personne: son nom, ses prénoms, lieu, date de naissance.
Cette information-là est une information qui est accessible à
toute personne, qui est en mesure de pouvoir l'obtenir peu importe qu'elle la
concerne ou pas. En ce qui a trait à la copie qui est la reproduction de
l'acte lui-même, où on retrouve la filiation, c'est-à-dire
les père, mère, et autres annotations que le Code prévoit,
ces informations-là, il y a un article du Code qui prévoit
qu'elles ne seront disponibles qu'aux personnes mentionnées à
l'acte ou à celles qui justifient de leur intérêt. Donc,
par voie téléphonique, on est en mesure, déjà, de
vous mentionner qu'on ne voudra pas... nous, on ne permettra pas de traiter un
dossier par téléphone, pour les copies. On voudra avoir un
document où on va nous justifier l'intérêt en question pour
comprendre pourquoi la personne veut avoir la copie de l'acte.
M. Bélanger (Anjou): Donc, je comprends que, pour toute
copie de l'acte en soi, la personne, peu importe d'où elle vient, va
être obligée de se déplacer soit à Québec ou
à Montréal.
M. Lavigne: Pas nécessairement.
M. Bélanger (Anjou): Ça ne pourra pas se faire par
téléphone.
M. Lavigne: Elle n'a qu'à nous fournir les informations
qui vont nous permettre de déterminer le motif...
M. Bélanger (Anjou): L'intérêt.
M. Lavigne: L'intérêt, tout simplement.
M. Bélanger (Anjou): Ça pourra se faire par
téléphone?
M. Lavigne: Bien, ça peut se faire par écrit.
M. Bélanger (Anjou): Ah! par écrit?
M. Lavigne: On voudra avoir des écrits. Par
téléphone, vous savez, c'est difficile de vérifier
l'identité de la personne au bout de la ligne. On va demander une
confirmation écrite, ça, c'est sûr.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que l'envoi des certificats ou
des copies pourra se faire à des boites postales non identifiées
ou...
M. Lavigne: L'émission? (12 h 50)
M. Bélanger (Anjou): L'envoi. Une fois que la personne a
passé une commande téléphonique, est-ce que ça
pourrait se faire à une boite postale non identifiée, ou à
un casier postal, ou n'importe quoi?
M. Lavigne: il n'y a pas de problème.
M. Bélanger (Anjou): II n'y aura pas de
problème?
M. Lavigne: Non. Pour le certificat, évidemment.
M. Bélanger (Anjou): D'accord.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Je reprends la question de mon collègue. Dans
la mesure où c'est par téléphone, en utilisant la ligne
1-800, que peut se demander l'émission du certificat, donc quelqu'un
pourrait le demander pour quelqu'un d'autre.
M. Lavigne: C'est le cas. C'est le cas actuellement, et ça
continuera d'être le cas, parce que le certificat est une information qui
est publique. C'est le seul outil qu'une personne a pour pouvoir prouver qui
elle est.
Mme Harel: Elle-même. Et, à ce
moment-là...
M. Lavigne: Et pour les autres aussi.
Mme Harel: Présentement, on peut demander, par exemple, le
certificat de divorce, on peut demander le certificat de mariage ou le
certificat de décès de quelqu'un d'autre que soi-même.
C'est ça que vous nous dites?
M. Lavigne: C'est bien le cas. En ce qui concerne le certificat,
la notion est différente. C'est là la distinction importante par
rapport à ce qui existe actuellement au niveau de la réforme.
C'est que le certificat contient moins d'informations que la copie, alors
qu'actuellement ce que nous émettons, à toutes fins pratiques, ce
ne sont que des copies, alors qu'avec la réforme, l'émission qui
est généralisée aujourd'hui, celle qui sera
généralisée, 3cra celle du certificat où les
informations seront beaucoup moins détaillées, si on veut.
Mme Harel: II y avait, l'an passé, en novembre 1991 - vous
voyez, on a toujours l'impression que le temps file... Finalement, vous nous
disiez: II y a des registres de l'état civil dans 42, enfin, 43 points
de service du ministère de la Justice. Et, dans ces 42 points de
service, il y a des personnes qui sont affectées à la gestion de
ces registres de l'état civil. Alors, qu'arrive-t-il à ces points
de service dans les régions et aux personnes qui étaient
affectées au registre de l'état civil?
M. Lavigne: Oui. Dans ces 42 points de service, je dois vous
mentionner qu'à Québec et à Montréal c'est les deux
seuls points où il y a d'affectés à ces dossiers des
employés sur une base permanente. Pour tous les autres points de
service, les employés qui y travaillent travaillent à temps
partiel, ils ne sont pas à temps complet, c'est-à-dire que
ça fait partie de leurs tâches, mais ils sont affectés
à d'autres types de tâches au niveau du palais de justice.
Certains de ces employés, évidemment, travaillent
très peu de temps dans ces dossiers-là. Je peux vous donner un
exemple. Par exemple, dans le district judiciaire de Montmagny,
l'employé qui travaille en matière d'état civil n'y
travaille que le vendredi après-midi. C'est un cas bien précis.
Il n'y a pas suffisamment de volume pour justifier l'affectation à temps
complet de l'employé, ce qui fait qu'en ce qui a trait aux autres points
de service, évidemment, comme il n'y a pas déjà
d'employés à temps complet, il n'y a personne qui sera
directement affecté.
Mme Harel: Si je comprends bien, en fait, ce sont les personnes
qui sont nées après 1960 qui pourront bénéficier de
leur inscription immédiate au registre. Celles qui sont nées
avant 1960 auraient à faire soit une demande de certificat ou encore
à vivre, disons, un divorce dont la signification sera
enregistrée, et le décès. C'est ça? C'est bien le
cas?
M. Lavigne: Ce n'est pas nécessairement le cas. Il
faudrait probablement que j'apporte certaines précisions. Actuellement,
ce que nous faisons, c'est que nous récupérons des informations
relativement aux citoyens québécois à partir du registre
de la population. C'est ce que nous sommes à informatiser. Et c'est
là que je vais faire la différence, la nuance pour les
années soixante.
Nous avons récupéré du Bureau de la statistique des
fichiers informatiques servant à des fins démographiques pour
pouvoir récupérer les informations nominatives qui sont
similaires à
celles qui nous concernent. Nous avons récupéré ces
fichiers et nous validons directement dans les registres toutes les naissances
de 1963 jusqu'à la date d'entrée en vigueur de la réforme
du Code civil. Pour les naissances survenues avant 1963, de 1962,
évidemment, jusqu'à 1901, années où nous avons des
registres en dépôt, les informations concernant ces
personnes-là seront traitées aussi par le système
informatique, mais qu'à la demande, nous ne le faisons pas de
façon systématique, alors que, pour les naissances à
partir de 1963, nous le faisons indistinctement. C'est une saisie massive que
nous faisons au moment où on se parle, sans attendre que des citoyens
nous fassent ces demandes-là, pour que ce soit plus fonctionnel au
moment de l'entrée en vigueur de la réforme, ce qui permettra,
à compter de janvier 1994, pour toutes les personnes dont les
renseignements auront été traités depuis 1963, d'avoir un
accès quasi instantané, si on veut, un traitement comme
ça.
Mme Harel: alors, celles-là pourront
bénéficier de ce traitement quasi instantané parce qu'il y
aura eu, comme vous dites, saisie massive.
M. Lavlgne: Oui.
Mme Harel: Tandis que, pour celles nées avant 1963, ce
serait sur demande seulement.
M. Lavigne: Oui.
Mme Harel: Qu'est-ce qui vous a amené â prendre
cette décision-là? Parce qu'à l'origine, si ma
mémoire est bonne, l'an dernier, c'était, finalement, l'ensemble,
n'est-ce pas, des personnes nées depuis 90 ans.
M. Lavigne: Au Québec, dans les palais de justice, nous
avons en notre possession tous les registres de l'état civil de 1901
à aujourd'hui. Relativement aux personnes concernées par ces
registres-là, nous avons des données informatisées qui
viennent du registre de la population, mais qu'à compter de 1926,
c'est-à-dire que, de 1901 à 1925 inclusivement, il n'y a aucune
donnée informatisée qui existe au Québec. Depuis 1926,
toutes les informations qui traitent de ces personnes-là ont
été informatisées à des fins démographiques.
Nous avons récupéré celles d'à partir 1963
seulement parce que celles qui sont entre 1926 et 1962 ne sont pas suffisamment
complètes pour que ça vaille la peine, sur le plan des
coûts aussi, de les récupérer.
Nous avons choisi 1963 à aujourd'hui pour des raisons aussi bien
fonctionnelles. Ce sont les personnes qui sont aussi les plus susceptibles de
nous demander des extraits de naissance rapidement et ce sont celles qui sont
susceptibles aussi, de plus, de se marier. Donc, ayant déjà
été connues sur le plan informatique au niveau de leur naissance,
le traitement de l'acte de mariage après l'entrée en vigueur de
la réforme se fera très rapidement aussi, fonctionnellement
parlant. Et.
Mme Harel: Mais c'est, par ailleurs, celles qui sont le moins
susceptibles de décéder. Non?
M. Lavigne: Exact, ce qui fait qu'on ne saisit pas de
décès avant 1999. On ne va saisir les actes de
décès qu'à partir de 1991, parce qu'ils ne sont pas
utilisés, à toutes fins pratiques. On a vérifié. On
saisira des mariages... Nous n'allons vérifier les mariages qu'à
compter de 1980, parce que ce sont les personnes qui sont le plus susceptibles
de divorcer.
Une voix: C'est encore drôle; Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Lavigne: Suivant les statistiques, bien entendu.
Peut-être une dernière information à ce moment-ci.
Il est important de mentionner que ces données représentent 17
000 000 d'actes différents depuis 1901 et, à compter de 1926,
tout près de 11 000 000. Ce que nous faisons actuellement, c'est que
nous serons en mesure de récupérer l'équivalent d'environ
4 000 000 d'actes pour l'entrée en vigueur de la réforme. Si nous
avons le temps, nous l'espérons, nous avons aussi la possibilité
de saisir des informations de 1926 à 1935, parce que ces
personnes-là, cette...
Mme Harel: Cette classe d'âge.
M. Lavigne: ... plage d'âge là concerne des
personnes qui viennent à la retraite ou qui vont obtenir une pension et
qui seront susceptibles d'avoir des informations.
Mme Harel: Besoin d'un certificat... M. Lavigne:
Exact.
Mme Harel:... pour la Régie des rentes... M. Lavigne:
Voilà.
Mme Harel:... et pour leur régime de pension.
M. Lavigne: Voilà.
Mme Harel: Alors, est-ce que c'est parce que le logiciel, en
fait.... L'information qui circule, c'est que, le logiciel n'étant pas
suffisamment sophistiqué, vous auriez décidé de
procéder de cette façon étant donné que, de l'autre
façon, il vous fallait entrer presque 17 000 000 d'actes, comme vous le
mentionniez tantôt, tandis que, là, vous en entrez 4 000 000,
vraisemblablement des actes qui seront sur demande. Alors, ultimement,
vous n'aurez jamais à entrer dans l'ensemble du registre tous les
dossiers manuscrits qui, eux, pourront, à tous les ans, année
après année, rejoindre les dossiers qui sont conservés
à Montréal, je pense... à Montréal et à
Québec...
M. La vigne: Aux deux places, oui. Mme Harel: ...les deux
places, oui.
M. Lavigne: Je veux tout de suite préciser que le
système informatique qui est en place répond, et de loin,
à tous les besoins que la loi nous commande.
Mme Harel: On pourrait avoir une explosion démographique
puis vous seriez capable de le prendre.
M. Lavigne: Avec plaisir! On va saisir avec plaisir.
Mme Harel: Ah bon! (13 heures)
M. Lavigne: La raison pour laquelle le choix a été
fait, c'est lié à des raisons bien simples. C'est une question de
temps et c'est une question d'argent, en termes de disponibilité. Il y a
eu une évaluation qui a été faite il y a une douzaine
d'années, au moment des premières dispositions
législatives en matière d'état civil, qui a
récupéré les naissances et tous les registres depuis 1901.
À ce moment-là - évidemment, il y a 12 ans de moins de
registres - ça représentait au-delà de 25 000 000 $ de
coûts, ce qu'on ne peut pas se permettre. C'est pour ça qu'on y va
de façon ponctuelle, avec des zones bien précises, pour pouvoir
répondre. Mais, graduellement, on devrait, d'ici 10 ans,
récupérer l'ensemble des données.
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Iberville.
Mme Harel: Je pense que le temps imparti à la
commission...
M. Lafrance: Oui, très rapidement, parce que je
réalise...
Mme Harel: Oui, certainement, je ne veux surtout pas enlever la
parole au député d'Iberville.
M. Lafrance: Une petite question très rapidement, je
réalise que le temps est écoulé. Mais, quand même,
j'aimerais savoir s'il y a un lien interministériel qui a
été prévu entre le registre de l'état civil et
peut-être certains autres ministères. Je pense principalement au
ministère de la Santé et des Services sociaux pour
l'émission des fameuses cartes d'assurance-maladie. Je mentionne
ça parce que, dans mon comté, cette année, j'ai eu le cas
d'une personne qui est venue me sensibiliser au fait que sa mère, qui
est décédée depuis un an, avait reçu par la poste
sa carte d'assurance-maladie. Alors, est-ce qu'il y a un lien qui est
prévu pour éviter que des choses semblables se produisent dans le
futur?
M. Lavigne: Au niveau des règles de sécurité
que nous avons établies, je dois vous mentionner qu'il n'y a, et de
façon très consciente, aucun lien qui a été
prévu concernant d'autres ordinateurs en relation avec les banques de
données que nous aurons chez nous. La banque de données du
registre de l'état civil est une banque fermée qui ne sera pas
accessible par des liens informatiques externes au ministère de la
Justice. Par contre, pour répondre de façon particulière
à votre question, nous avons déjà rencontré les
représentants de la Régie de l'assurance-maladie, des
représentants de la Régie des rentes, du ministère des
Affaires sociales aussi, et il sera possible, ponctuellement, à leur
demande, de traiter des informations qu'ils nous soumettront à
même notre système informatique pour, justement, valider des
listes d'informations ou de données qu'ils pourront nous soumettre.
M. Lafrance: Merci
M. Lavigne: Les facilités sont déjà en place
pour ça.
Le Président (m. lesage): compte tenu de l'heure, je
suspends les travaux de cette commission, lesquels reprendront à compter
de 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 3)
(Reprise à 15 h 15)
Le Président (m. lesage): à l'ordre, s'il vous
plaît! la commission des institutions reprend ses travaux. je vous
rappelle le mandat de la commission, qui est de poursuivre l'étude
détaillée du projet de loi 38, loi sur l'application de la
réforme du code civil.
M. le ministre.
M. Rémillard: M le Président, nous avons donc
terminé... En fait, je ne sais pas si je peux dire que nous avons
terminé avec l'état civil. Si c'était le cas, nous
pourrions aborder maintenant le registre foncier avec Mme Laurin, et aussi
demander à M. Morneau, le sous-ministre associé au
ministère de l'Énergie et des Ressources, de venir nous parler,
donc, du registre foncier. Est-ce que je comprends qu'on pourrait demander
à Mme Laurin de venir nous parler du registre
foncier et qu'on pourrait profiter de l'occasion aussi pour entendre M.
Morneau sur le registre cadastral, la rénovation cadastrale?
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, vous vouliez intervenir?
Mme Harel: M. le Président, je crois comprendre que nous
n'en avons pas terminé avec Me Lavigne. Ceci étant dit, nous y
reviendrons par la suite. Alors, nous serions disposés, je pense, tout
à fait, à examiner toute la question relative au registre foncier
et à la rénovation cadastrale, mais nous aurons à revenir,
par la suite, autant sur le registre des droits personnels et réels
mobiliers que sur le registre d'état civil.
M. Rémillard: M. le Président, ces gens demeurent
ici en disponibilité. Quand nous aurons besoin d'eux, on voit avec
quelle compétence ils répondent à nos questions, alors ils
seront là pour répondre à nos questions.
On peut accueillir, M. le Président, Mme Laurin...
Mme Harel: C'est Mme Laurin.
M. Rémillard: ...concernant le registre foncier.
Mme Harel: D'accord. Bonjour. Mme Laurin (Laurette):
Bonjour.
M. Rémillard: Et j'ai M. Morneau, donc, qui est ici
à ma droite, sous-ministre associé aux terres au ministère
de l'Énergie et des Ressources.
Le Président
(m. lesage): alors, me laurin, si vous
pouviez vous identifier pour les fins d'enregistrement du journal des
débats, s'il vous plaît!
Registre foncier et Fonds de la réforme du
cadastre
Mme Laurin: Oui, Laurette Laurin, je suis chargée de
projet ministériel au ministère de la Justice et responsable du
registre foncier.
Le Président (M. LeSage): Je pourrais demander
également à Me Morneau de s'identifier pour les mêmes
fins.
M. Morneau (Guy): Mon nom est Guy Morneau, sous-ministre
associé au ministère de l'Énergie et des Ressources.
Le Président (M. LeSage): Merci. Me Laurin, on vous
écoute.
Mme Laurin: Alors, selon ce qui est prévu au projet de loi
38, l'implantation de la réforme du droit de la publicité
foncière va se faire en deux phases. Une première phase va
débuter dès la mise en vigueur du Code civil, en janvier 1994, et
va consister à introduire un système intérimaire de droit,
un système qui va permettre l'application immédiate d'une partie
du nouveau droit en utilisant les registres existants, c'est-à-dire
l'index aux' immeubles, également le registre minier, mais qui va porter
un nouveau nom, qui va s'appeler le registre des droits réels
d'exploitation des ressources de l'État, et en ajoutant un nouveau
registre, le registre des immeubles situés en territoire non
cadastré, qui, jusque-là, étaient enregistrés
à l'index aux noms. Ce registre foncier intérimaire, si on peut
se permettre de l'appeler ainsi, permet d'appliquer les modalités du
nouveau droit, ce qui veut dire que, dès janvier 1994, on instaure un
système d'inscription de droits fondé sur des réquisitions
d'inscription et non plus un système d'enregistrement de documents tel
qu'on le connaît actuellement.
Les attestations des réquisitions, les attestations par des
professionnels vont donc être requises. Il y aura des bordereaux de
présentation qui vont remplacer le livre de présentation, ce
fameux bordereau que l'officier de la publicité va remettre quand
quelqu'un va requérir une Inscription. Des nouveaux droits vont
pouvoir être publiés dès janvier 1994, il y a
déjà élargissement du domaine, et la radiation va
également s'effectuer par la présentation d'une
réquisition d'inscription attestée.
En fait, dès l'entrée en vigueur du nouveau Code civil, le
système de droit intérimaire va permettre d'appliquer les
nouvelles modalités du droit dans tous les bureaux de la
publicité foncière du Québec. Ce qui est suspendu, ce qui
n'entre pas en vigueur en janvier 1994, ce sont les effets nouveaux liés
au caractère de fiabilité du registre foncier. Les effets actuels
de la publicité sont reconduits, donc les effets qu'on connaît,
l'opposabilité au tiers et la détermination du rang. Mais les
effets qui sont liés au nouveau mécanisme du report de droits et
au contrôle de l'effet relatif, c'est-à-dire la
vérification du titre du dernier propriétaire par l'officier de
la publicité, comme ces deux mécanismes-là sont suspendus,
les effets qui découlent de ces mécanismes-là sont
suspendus également. Par exemple, ne s'appliquera pas en janvier 1994 la
présomption absolue d'existence du droit de propriété
après 10 ans, quand il n'y a pas eu de contestation. Ne s'appliquera pas
non plus la présomption absolue de connaissance des droits
publiés, pas plus que le maintien des droits du tiers de bonne foi qui
s'est fié aux inscriptions du registre. (15 h 20)
Ces nouveaux effets sont suspendus en janvier 1994 en raison de
l'état actuel du
cadastre qui n'assure pas une assiette fiable du droit de
propriété à cause des lacunes associées aux parties
de lot et aux anomalies cadastrales qu'on retrouve également sur des
lots complets et, également aussi, par ailleurs, à cause du
coût pour les citoyens qui pourrait résulter d'une application des
effets du nouveau droit immédiatement sur le cadastre actuel.
En janvier 1994 donc, le registre foncier intérimaire va
être tenu dans les 73 bureaux de la publicité foncière.
Pour les bureaux de Laval et de Montréal, qui bénéficient
déjà d'un support informatique, on va donc apporter les
modifications nécessaires au système informatique actuel pour
permettre aux nouvelles modalités de pouvoir s'appliquer. Pour les 71
bureaux, les autres, qui sont manuels, on va apporter les ajustements requis
dans les procédures pour que ça puisse être applicable.
Côté échéancier d'implantation de cette phase
I, les études d'impact du droit intérimaire sont en voie
d'être complétées. La révision du répertoire
des procédures est déjà commencée et la
consultation de la clientèle - il y a déjà eu des
approches - va débuter véritablement en janvier 1993. Il y a la
conception des nouveaux formulaires. Il va falloir aussi réviser les
cheminements opérationnels dans les bureaux, et tout ça va
commencer dès que la loi d'application va être adoptée.
Les ajustements au système informatique de Laval et de
Montréal. Il y a déjà, dans les études d'impact
qu'on a faites, une identification des principales modifications qui pourraient
être apportées et, donc, on va pouvoir vraiment apporter les
modifications requises et commencer les travaux dans ce sens-là
dès la fin de janvier 1993.
Quant à l'acquisition des ressources nécessaires pour
l'implantation, elle devrait pouvoir se faire sans problème dès
le mois de mai 1993; la formation du personnel et l'information à la
clientèle vont donc suivre et pouvoir se faire à compter de
septembre 1993. Ce qui veut dire qu'en décembre 1993 tout va être
mis en place et on va donc être prêts pour assurer l'implantation
du registre foncier intérimaire en janvier 1994.
Quant à la phase II d'implantation maintenant, celle qui va
permettre de mettre en vigueur tous les effets qu'on aura ainsi suspendus et
donc d'instaurer le véritable registre foncier intégral, si je
peux dire, elle va pouvoir débuter, cette phase II, dès la mise
en place du modèle organisationnel et technologique requis. On vise 1996
à cause aussi du lien avec la rénovation cadastrale, à
cause des difficultés liées aux problèmes des anomalies
cadastrales et des parties de lot. Ça veut donc dire que le
véritable registre foncier ne sera opérationnel que dans les
territoires rénovés. Autrement dit, le véritable registre
foncier va être introduit graduellement au fur et à mesure de la
rénovation cadastrale.
A compter de 1996, donc, quand un territoire est rénové,
techniquement, il pourra y avoir publication dans les journaux, tel que c'est
prévu à la loi, par ic ministre de la Justice, d'un avis qui
vient dire: Voici, dans ce territoire-là donné, le registre
foncier intégral est opérationnel. Ça signifie donc
qu'à compter de 1996 on aura à vivre avec deux systèmes de
droit: le droit intérimaire qui va s'appliquer en territoire non
rénové et le nouveau droit, le Code civil intégralement,
qui va s'appliquer en territoire rénové. Comme
l'échéancier de la rénovation cadastrale, annoncé
par la ministre de l'Énergie et des Ressources, c'est prévu aller
jusqu'à l'an 2006, ça veut donc dire que le droit
intérimaire pourrait s'appliquer pendant 15 ans, mais sur un territoire
de plus en plus restreint au fur et à mesure que la rénovation
progresse.
En ce qui a trait aux travaux du projet foncier pour cette phase II, on
en est présentement à compléter les études
préliminaires, et les travaux en vue de la conception administrative
pourront débuter dès janvier 1993 en parallèle avec les
autres activités liées à la phase I. On a dû, bien
sûr, «prioriser» les travaux nécessaires à la
phase I aussitôt que l'orientation ministérielle de lier la
réforme et la rénovation s'est faite, et ce n'est qu'à
l'issue de la conception administrative de la phase II qu'on sera en mesure de
présenter une planification plus détaillée en ce qui a
trait au calendrier des travaux nécessaires pour l'implantation de la
phase II. J'ai fait le tour.
M. Rémillard: Merci, madame. M. le Président, s'il
y a des questions.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre. Vous avez des
Interventions, du côté de l'Opposition?
M. Rémillard: Excusez-moi, on me souligne... Mme la
sous-ministre me souligne qu'il serait peut-être intéressant que
M. Morneau puisse immédiatement, lui aussi, nous faire son
exposé. On me dit qu'il y a des éléments qui peuvent
être compris d'une façon complémentaire. Alors, avec votre
permission et celle de cette commission, M. le Président, on pourrait
demander à M. Morneau de nous faire aussi son exposé
immédiatement.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Alors, M.
Morneau, la parole est à vous.
M. Morneau: Merci beaucoup. Aborder le problème ou le
dossier de la rénovation cadastrale rapidement et succinctement,
ça relève quasiment du défi. C'est souvent
problématique, difficile et aride d'accès quand on parle de
cadastre. Je vais essayer de parler d'orientations générales et
essayer de donner les grandes
orientations et je serai peut-être à ce moment-là
très heureux de répondre aux questions additionnelles, si jamais
ma présentation ou même des interrogations que vous avez
pourraient être soutenues.
On a un cadastre qui date de 1866, ici, au Québec. Globalement,
ça s'est fait pendant les 30 premières années, entre 1866
et 1896. Au départ, il y avait 700 000 lots originaires. Depuis ce
temps-là, il s'est accumulé 330 000 plans parcellaires qui
venaient modifier les plans originaux. On en reçoit continuellement,
environ 60 000 par année. Donc, on n'a pas, au moment où on se
parle, une image globale du morcellement foncier privé au Québec,
pas de plan complet. Quelle est la situation précise en 1992, quand on
dit qu'on n'a pas une image globale? Il existerait, selon les analyses et les
études qu'on a pu faire, 850 000 parties de lots. Ça,
c'est-à-dire des transactions de vente qui se font sur des parties d'un
lot originaire ou d'un lot complet. Parmi les lots qu'on a actuellement au
cadastre, il y en aurait tout près de 750 000 qui seraient en
anomalie.
Qu'est-ce qu'une anomalie? C'est des erreurs de mesure entre le titre et
l'occupation. On sait qu'on a varié du pied français au pied
anglais. Il y a des erreurs de concordance des fois avec le livre de renvoi. Il
y a des erreurs dans le système de mesure. Il y a des erreurs de
représentation. Souvent, le lot est représenté en ligne
droite par rapport à la rue alors que, effectivement, il est oblique. Il
y a des décalages de numéros de lots, des fois. Il y a des
chevauchements de lots. Du fait qu'on n'a pas une image complète on
dépose des parcelles; ça peut arriver que des fois une partie de
lot empiète sur une autre. Il y a des espaces non subdivisés
entre des lots originaires et il y a des lots montrés au cadastre
inexistants sur le terrain.
C'est la réalité du cadastre telle qu'on la vit, telle
qu'elle existe en 1992. L'État s'était attaqué à
cette problématique-là en 1985 en mettant sur pied le programme
de la rénovation cadastrale. À l'époque, ce programme
devait s'échelonner sur 10 années, coûter 84 000 000 $ et
refaire une image complète du morcellement foncier privé au
Québec. Dès le début des travaux, on s'est buté
à certains problèmes de fonctionnement qui ont fait que,
finalement, les objectifs qu'on poursuivait en 1985 ont été
difficilement atteints. D'abord, il y avait, je pense, un problème au
niveau de l'évaluation des coûts. Il y avait également un
problème majeur au niveau de l'organisation qui était en mesure
de supporter la rénovation cadastrale. Il y avait aussi un produit qui
n'était pas clairement défini: Qu'est-ce que le cadastre? Il y
avait également, je pense, l'absence d'un système d'information
capable de supporter la rénovation cadastrale. Et il y avait aussi,
comme on le sait, dans l'air la révision en profondeur du Code civil qui
se discutait et on parlait de changer un peu la finalité, l'objectif du
cadastre.
On s'est lancé dans une réévaluation
complète du programme de rénovation cadastrale au cours des trois
dernières années dans le but d'intégrer les
préoccupations du ministère de la Justice au niveau de la
réforme du Code civil. On a fait des ententes avec l'Ordre des
arpenteurs-géomètres sur les processus de réalisation
technique: Comment on fait ça, une rénovation cadastrale, pour
qu'elle soit suffisamment de qualité pour être capable de
supporter les présomptions d'exactitude qu'on voulait introduire dans le
Code civil? On a revu tous les scénarios de financement, tous les
principes organisation-nels d'une entité administrative capable de
supporter un programme de cette ampleur-là et surtout de s'attaquer
aussi au développement des systèmes d'information qui sont
capables de supporter, de publiciser et de diffuser l'information cadastrale.
Parce qu'on sait très bien qu'aujourd'hui, diffuser des cartes, ce n'est
pas très pratique, ce n'est pas très facile et surtout pas
très, très performant. (15 h 30)
Alors, quand on est arrivé avec le dossier de la relance de la
réforme du cadastre, on a eu une question à se poser, je pense,
collectivement, au niveau de l'appareil gouvernemental en disant: Quel est le
meilleur moyen de s'assurer d'avoir une image complète et à jour
du cadastre? Dans un premier temps, il y avait la thèse de la
subdivision obligatoire, en disant: Dorénavant, quiconque veut
enregistrer une transaction devra faire immatriculer au cadastre son lot.
L'inconvénient un peu avec cette solution-là, c'est qu'elle
était fort coûteuse, comme on l'a dit, pour l'ensemble des
citoyens. Les 850 000 propriétaires qui sont sur des parties de lots
auraient dû débourser des sommes variant entre 1000 $ et 2500 $,
3000 $, en moyenne 2000 $, pour cadastrer les 850 000 parties de lot. Et les
750 000 lots qui sont en anomalie auraient nécessité aussi des
corrections cadastrales et possiblement des corrections de titres, avec des
recours devant les tribunaux pour avoir une concordance entre le titre,
l'occupation et le cadastre.
Or, face à cette réalité-là, et avec les
résultats de l'évaluation qu'on avait entre les mains, le
gouvernement a décidé, effectivement, d'y aller, pour s'assurer
qu'on ait une image complète et à jour du morcellement foncier,
avec une relance du programme de la rénovation cadastrale. Alors, le
programme en question a été approuvé par le gouvernement
au mois de mai. Il y a eu un projet de loi qui a été
déposé au mois de juin à l'Assemblée nationale et
qui a été adopté le 22 ou le 23 juin, qui apportait
certaines modifications sur la correction de la loi favorisant la
réforme pour permettre la conciliation entre le titre, l'occupation et
le cadastre, ce qui manquait au produit de 1985, et, finalement, l'État
a décidé d'amorcer la relance du Programme de la réforme
cadastrale. C'est un programme qui devrait coûter 508 000 000 $, en
dollars de 1992, échelonné, comme on l'a dit, sur les 14
prochaines années.
L'évaluation qu'on a faite, je pense, conjointement avec les
différents ministères impliqués, c'était la formule
qui était la plus opérationnelle rapidement, pour faire en sorte
de mettre en vigueur le plus rapidement possible les dispositions du nouveau
Code civil de la façon la moins coûteuse pour les citoyens, 2 000
000 000 $ à certains... Comme je vous l'ai dit, 850 000 lots à
2000 $ chaque, ça chiffre à 1 700 000 000 $ que les citoyens
auraient dû débourser. Si on prend les 750 000 anomalies à
corriger, minimalement on évaluait à 300 $ chacune les
corrections à apporter, sans compter les problèmes de limites et
de lignes qui pouvaient ouvrir à du bornage.
Alors, c'a été pour ces motifs-là, compte tenu des
enjeux sur l'intérêt public, compte tenu de l'enjeu
également pour les citoyens, compte tenu de l'urgence et de la
rapidité - on voulait voir entrer en vigueur le nouveau Code civil qui
prévoit que le cadastre a une présomption d'exactitude et qui
permet d'avoir des garanties absolues sur les droits qui subsistent si,
après 10 ans, ils ne sont pas contestés et puis d'interdire ou
d'arrêter toute prescription dès que c'est publicise. La formule
qui a été proposée, c'était celle d'arrimer
l'implantation du nouveau Code civil, du moins dans ses parties qui traitent de
la publicité foncière, avec le programme de la rénovation
cadastrale.
Certains pourraient s'inquiéter, comme on l'a dit, que ça
puisse prendre tant de temps, 14 ans, pour réaliser le programme, mais,
selon les échéanciers qu'on a pu discuter et produire avec le
ministère de la Justice, dans la planification des travaux, on pourrait,
si tout se passe comme c'a été prévu et planifié,
au tournant de l'an 2000, avoir tout près de 50 % des lots
rénovés au Québec pour 60 % de la population. Et, à
tous les ans après, postérieurs, on rajoute 10 %. Donc, comme on
l'a dit, dès 2001, 2002, 2003, on aurait pratiquement 70 %, 75 %, 80 %
de la population qui seraient sous le régime complet et parfaitement
intégré, celui qui est prévu dans le Code civil.
C'est la formule, je pense, qui est la plus avantageuse, comme je l'ai
dit, pour l'ensemble des citoyens et afin de permettre une intégration,
j'allais dire, sans heurts, cohérente, harmonieuse, parce qu'en
même temps tout le monde, dans un territoire donné, va
bénéficier des nouvelles dispositions du Code civil.
Je sais que c'est vite dit, vite fait de vous présenter
très rapidement le dossier et c'est pour ça que je suis
très ouvert si vous avez des questions ou des points d'information
additionnelle qui seraient souhaitables pour vous permettre d'éclairer
ou de comprendre un peu mieux la problématique de ce dossier-là
et de l'arrimage qui a été fait, je pense, avec le Code civil en
termes de mesures transitoires.
Le Président (M. LeSage): Merci, Me Morneau. Mme la
députée de Hochelaga-Maison-neuve.
Mme Harel: Oui, je vous remercie, M. le Président.
Permettez-moi d'abord de saluer Me Laurin, dit-on - oui? - et Me Morneau. Non?
M. Morneau. Ha, ha, ha!
M. Morneau: M. Morneau tout court. Une voix: Pas
d'insulte!
Mme Harel: Comme le disait Michel Char-trand souvent: J'ai bien
des défauts, mais pas celui-là.
Ceci dit, je vous remercie de votre présentation. Je retrouvais,
dans le dossier de l'Opposition en matière de réforme du
cadastre, une question que nous avions déposée au feuilleton il y
a déjà presque, je crois, deux ans de ça. J'étais
quand même contente de penser que nous y trouverions réponse cet
après-midi. C'est là une question qui est restée en
suspens. Je vais vous en faire lecture, si vous voulez. Tantôt, je vous
ferai d'ailleurs peut-être une distribution de ladite question. Je ne
sais pas, peut-être n'étiez-vous même pas sous-ministre il y
a deux ans.
M. Morneau: J'étais là.
Mme Harel: Vous étiez là. Alors, ça disait
ceci: Relativement à la réforme du cadastre, depuis
l'entrée en vigueur de la Loi favorisant la réforme du cadastre
québécois premièrement, le bilan des travaux
réalisés dans le cadre de la réforme du cadastre par
division d'enregistrement, le nombre de lots et les territoires ayant fait
l'objet d'un plan de rénovation cadastrale; deuxièmement,
l'échéancier détaillé des travaux à venir;
troisièmement, pour chacune des années: a) le pourcentage
autorisé et les sommes provenant des droits et honoraires perçus
en vertu de la Loi sur les bureaux d'enregistrement et de la Loi sur les
timbres judiciaires et qui ont été versées au Fonds de la
réforme du cadastre québécois; b) les sommes provenant du
Fonds de la réforme du cadastre affectées à la
rénovation cadastrale; c) les crédits votés pour la
réforme du cadastre; quatrièmement, le coût de la
réforme du cadastre et, cinquièmement, le nom et l'adresse des
firmes privées, des bureaux de professionnels ayant obtenu des contrats
dans le cadre de la réforme du cadastre, en précisant la date, la
durée et le montant de ces contrats, l'objet des contrats, le processus
de sélection de ces firmes ou bureaux de professionnels.
Voilà!
C'est le genre de question, n'est-ce pas, que l'on pose au feuilleton
parce que ce n'est pas exactement le genre de question pour la période
de questions. Cependant, c'est tout à fait le genre de question que la
procédure du feuilleton permet, parce que c'est le genre de ques-
tion précise qui nous amène à avoir un portrait,
à un moment donné, de l'état de la situation. Vous ayant
avec nous cet après-midi, je ne présume pas que vous puissiez
répondre à toutes ces questions, mais je ferai peut-être
dépôt, finalement, de cette question au feuilleton, quitte
à la réinscrire encore à la présente session, en
espérant, cette fois, obtenir des réponses aux questions.
M. Rémillard: M. le Président, je comprends bien
que, finalement, les questions, aujourd'hui, portent en fonction du nouveau
Code civil. Donc, pour avoir un portrait le plus complet possible, on a le
plaisir d'avoir M. Morneau, qui est avec nous, pour nous parler du cadastre. Je
comprends que les questions vont se situer dans ce cadre de nos
études.
Mme Harel: Oui, effectivement, mais, comme M. Morneau l'a si bien
dit lui-même, étant donné l'ajustement de toute la
réforme cadastrale, je crois avoir compris et même pris comme
note, en fait, qu'il s'agit d'une relance du programme de rénovation
cadastrale à partir de l'ajustement au nouveau Code civil, donc à
partir des besoins, je dois comprendre, qui sont identifiés par le
ministère de la Justice.
M. Rémillard: D'une certaine façon, oui. Par
contre, je ne suis pas le ministre responsable de ce dossier. Alors, je ne peux
pas répondre au nom de la ministre responsable de ce dossier pour bien
des questions organisationnelles ou fonctionnelles. Je réponds en ce qui
regarde les relations qu'il y a entre ce que Mme Laurin vient de nous donner
comme explication sur le registre foncier et les relations qu'il peut y avoir
avec la rénovation cadastrale en fonction du nouveau droit civil. Je
n'ai pas le mandat de répondre pour la ministre. (15 h 40)
M. Morneau: Je voudrais juste ajouter un complément pour
Mme Harel. Les questions que vous venez d'adresser, à ma connaissance,
ont été répondues et transmises, mais je vais faire une
vérification cet après-midi.
Mme Harel: Parfait.
M. Morneau: Je me souviens très bien d'avoir envoyé
la caisse de documents auxquels les questions référaient.
Mme Harel: C'est vrai? Bon. Alors...
M. Rémillard: Est-ce que vous venez de dire que
l'Opposition aurait déjà reçu...
M. Morneau: À ma connaissance, je crois que oui.
M. Rémillard: ...réponse à ses
questions?
Mme Harel: Alors, il faudrait peut-être m'indiquer si c'est
le cas. De toute façon, vous me dites que vous allez pouvoir faire la
vérification.
M. Morneau: Oui, je vais faire la vérification.
Mme Harel: Alors, si c'est le cas, avec plaisir, à ce
moment-là, j'en prendrai connaissance; ça ne m'a pas
été communiqué à moi, mais c'est avec plaisir, de
toute façon, que j'en prendrai connaissance. Si je comprends bien, c'est
vous-même qui auriez répondu à ces questions au
feuilleton?
M. Morneau: Oui.
Mme Harel: Alors, quand on parle du Fonds de la réforme du
cadastre québécois, ce Fonds de la réforme du cadastre
québécois, il est... Oui, c'est ça, en fait. Je comprends
que le député de Westmount me suggère que certainement, si
vous pouvez confirmer que c'a été répondu, vous pourriez
déposer, à ce moment-là, pour les fins de nos
travaux...
M. Holden: Et la question et la réponse.
Mme Harel: Et la réponse. C'est bien le cas? D'accord.
M. Morneau: Sûrement. S'il est déjà
déposé, on va sûrement trouver la caisse qu'on a dû
garder en double chez nous.
Mme Harel: Alors, le Fonds de la réforme du cadastre, il
est financé à même les sommes provenant des droits et
honoraires perçus en vertu de la Loi sur les bureaux d'enregistrement et
de la Loi sur les timbres judiciaires. Ce Fonds de la réforme du
cadastre québécois, est-ce que je comprends qu'il relève
cependant du ministre de la Justice?
M. Rémillard: Ce sont deux choses différentes.
Ça relève d'Énergie et Ressources.
Mme Harel: Et la réglementation qui établit le
tarif à être versé en matière de timbres judiciaires
et d'enregistrement pour les fins de ce Fonds de la réforme du
cadastre?
M. Rémillard: Alors, ça vient aussi
d'Énergie et Ressources, et nous on est «collecteurs». On
perçoit. J'ai dit «collecte», mais c'est un mauvais terme.
On perçoit, comme le dit M. le sous-ministre. Alors, on perçoit.
Nous ne sommes que les percepteurs dans ce dossier.
Mme Harel: Et donc, le tarif qui est actuellement en vigueur,
est-ce que, compte tenu de cette relance du programme de rénovation
cadastrale pour les 15 prochaines années, qui totalisera 508 000
000 $, vous entendez maintenir le tarif? À quel rythme entendez-vous
l'ajuster, quelle est la politique à cet égard?
M. Morneau: Quand on a déposé le projet de
loi au mois de juin, on avait discuté avec les membres de la commission
parlementaire sur tout l'aspect du financement. Juste pour rappeler en gros,
les grandes lignes, c'est que, effectivement, le Fonds de la réforme du
cadastre existe et est sous la juridiction du ministère de
l'Énergie et des Ressources. Actuellement, il est alimenté par
une partie des sommes qui sont perçues par les bureaux d'enregistrement.
À compter du 1er janvier 1993, il y a une nouvelle tarification pour
financer la réforme du cadastre qui va entrer en vigueur et qui va fixer
un tarif de 28 $ additionnels sur toutes les transactions qui se feront
à ce moment-là et qui seront enregistrées au bureau
d'enregistrement.
En plus des sommes qui sont perçues par le ministère de la
Justice, quand un arpenteur-géomètre dépose pour un
propriétaire un plan de subdivision cadastrale au ministère, il y
a une tarification qui est prévue pour recevoir, contrôler et
officialiser ces documents-là. Et troisième volet qui vient
financer le Fonds de la réforme du cadastre, c'est la vente des produits
issue de la rénovation cadastrale. Par exemple, quand on diffuse des
cartes cadastrales, quand on diffuse des fichiers de localisation, il y a une
tarification pour quiconque veut en bénéficier, et ça
ça compte pour 1 %. La tarification pour les frais d'enregistrement
cadastral, c'est 5 %, et l'excédent vient en grande partie, et
totalement, des sommes perçues à même les bureaux
d'enregistrement.
Mme Harel: Alors, on comprend que c'est avec ce scénario
de financement auquel vous avez fait allusion tantôt que vous pensez
pouvoir financer le programme de rénovation cadastrale?
M. Morneau: Oui.
Mme Harel: Donc, un tarif de 28 $ qui serait uniformément
appliqué sur les actes enregistrés, à partir du 1er
janvier prochain...
M. Morneau: 1993. Mme Harel: ...plus...
M. Morneau: La tarification qu'on charge pour l'enregistrement
des plans de subdivision.
Mme Harel: Déjà en vigueur. Ça, il n'y a pas
de hausse prévisible.
M. Morneau: II y en a des hausses prévisibles en 1993. On
les a discutées et annoncées aussi dans cette
commission-là, et, normalement, le tarif est en révision, mais il
devrait, dans l'essence, doubler.
Mme Harel: Alors, vous considérez qu'avec ce
scénario-là il y a une garantie de financement du montant que
vous évaluez à 508 000 000 $, en dollars 1992?
M. Morneau: Exactement!
Mme Harel: Je ne sais pas si vous avez d'autres questions, moi,
j'en aurais une concernant les arpenteurs-géomètres. Je comprends
que vous êtes en relation étroite avec les
arpenteurs-géomètres. J'imagine qu'à l'Énergie et
Ressources vous avez à peu près le type de relation avec les
arpenteurs-géomètres que le ministère de la Justice
entretient avec les corporations professionnelles que sont le Barreau et le
notariat. Les arpenteurs-géomètres ont fait connaître
dernièrement, dans un mémoire qu'ils ont remis aux membres de
cette commission, leur point de vue sur la rénovation cadastrale telle
qu'adoptée dans le Code civil. J'imagine que vous avez pu prendre
connaissance de ce mémoire.
M. Morneau: Vous parlez, non pas de l'Ordre, mais de la
Fédération.
Mme Harel: Non, c'est la Fédération. M. Morneau:
O.K., d'accord.
Mme Harel: Mais nous avons reçu, je crois, au début
de cette semaine, une lettre de l'Ordre des arpenteurs-géomètres
du Québec, en appui à la Fédération. Je ne sais pas
si vous en avez pris connaissance.
M. Morneau: Non.
Mme Harel: Si vous voulez, tantôt on pourra en faire
distribuer copie. J'imagine, M. le ministre de la Justice, que vous avez
dû recevoir cette lettre, en appui au mémoire de la
Fédération des arpenteurs-géomètres, de l'Ordre des
arpenteurs-géomètres.
En fait, L'Ordre disait ceci: Le 16 novembre 1992, la
Fédération des arpenteurs-géomètres vous faisait
parvenir un mémoire concernant la mise en vigueur immédiate de la
subdivision obligatoire. À la lecture de ce mémoire, vous avez
été en mesure de constater qu'il ne détruit en rien le
Programme de réforme cadastrale mais que, bien au contraire, il tente
simplement de le faciliter. L'Ordre des arpenteurs-géomètres du
Québec, par une résolution de son bureau de direction, appuie
cette démarche de la Fédération.
Donc, vous avez pu prendre connaissance du mémoire de la
Fédération.
M. Morneau: Oui.
Mme Harel: Dans lequel mémoire, en fait, la
Fédération prétend que ce qui a été retenu
par le législateur à l'unanimité, puisque le Code a
été adopté à l'unanimité, sous l'apparence
de coûter moins cher, coûterait plus cher aux contribuables. Je ne
sais pas quel est votre point de vue.
M. Morneau: D'entrée de jeu, je vous dirais que je la
rencontre demain, la Fédération, pour discuter de ce
mémoire-là. J'ai rencontré hier le président de
l'Ordre des arpenteurs-géomètres. J'ai discuté
sommairement avec lui de ce mémoire-là et il m'a fait comprendre
que c'était le dossier de la Fédération et non pas le
dossier de l'Ordre, mais qu'il avait dû envoyer, transmettre le
mémoire ou la lettre que vous avez. En gros, ce que j'ai retenu de
la...
Mme Harel: Vous voulez dire, par «qu'il avait
dû»... Il n'a pas été obligé de signer,
j'imagine. Ha, ha, ha!
M. Morneau: Disons que je pense qu'il m'a dit qu'il ne partageait
pas toutes les conclusions qui étaient là, mais, comme ils sont
démocratiques, il respecte ce que le monde, les directeurs du
comité de direction ont fait.
Mme Harel: D'accord.
M. Morneau: Ça, je comprends ça aisément. Ce
que je comprends de la Fédération, c'est qu'ils nous disent:
Pourquoi on n'introduirait pas la subdivision obligatoire de façon
à freiner la détérioration du cadastre observée,
que je vous ai décrite rapidement, et à réduire
éventuellement les coûts de la réforme?
C'est un peu le même genre de problème qu'on a eu à
se poser quand on a décidé quel était le meilleur moyen
pour faire pénétrer ou entrer les nouvelles dispositions du Code
civil le plus rapidement possible, le plus efficacement possible et sans le
moindre coût pour les citoyens, autant que possible.
Le problème qu'on y voit dans la proposition de la subdivision
obligatoire, c'est les chiffres dont je vous parlais tantôt, où il
y a 850 000 propriétaires qui, avant de transiger, vont devoir faire
cadastrer. Ça peut varier entre 1000 $ et 3000 $; en moyenne 2000 $.
Pour avoir quoi? Un régime de droit transitoire qui ne donne pas plus de
garantie sur le caractère absolu des droits encore publicises et
l'interruption de la prescription. On ne l'aurait pas plus parce qu'il
faudrait, à ce moment-là, mettre en vigueur le Code civil
intégralement, dans toutes ses composantes.
On me dit aussi que ça permettrait de réduire les
coûts de la réforme du cadastre. Pourquoi demander à
certains citoyens de devoir défrayer un coût? En plus, quand ils
vont transiger, ils vont devoir défrayer un autre coût qui est
celui qu'on va charger dès qu'on fait une transaction pour financer
l'ensemble de la réforme du cadastre, pour avoir des droits qui ne sont
pas nécessairement meilleurs ou plus grands tant qu'on n'aura pas mis en
vigueur intégralement le nouveau Code civil. C'étaient ces
motifs-là qui, je pense, à première vue, laissent croire
que ce n'est pas évident qu'effectivement c'est avantageux pour un
citoyen de se faire cadastrer, surtout quand on compte les coûts. (15 h
50)
Est-ce que ça va sauver de l'argent, la réforme du
cadastre? Nous, on dit: La subdivision actuelle n'est pas interdite. Si un
citoyen veut le faire, il le fait. Il n'y a aucun problème
là-dessus. On dit également... Comment je pourrais vous expliquer
ça simplement? Quand un citoyen va faire sa subdivision cadastrale, il
ne sera pas obligé de cadastrer le résidu. Alors, si on veut
éviter la détérioration, je ne comprends pas, parce que
prenons un lot originaire. Vous êtes propriétaire d'un lot et vous
décidez d'en vendre une partie. Là, si je comprends bien la
demande de la Fédération, on devrait cadastrer la partie qu'on
vend et ne pas cadastrer la partie qui reste. Alors, moi, je ne vois pas
qu'est-ce qu'il y a eu comme amélioration: On fait un lot de plus qui
est cadastré, mais on en crée un autre qui est moins
cadastré parce qu'il n'est pas subdivisé lui non plus. Alors,
l'avantage d'éviter la détérioration, on ne le voit
pas.
Quant à l'économie de la rénovation cadastrale...
Un citoyen paie 1000 $, mettons, mini-malement, parce qu'il ne cadastre pas le
résidu. En rénovation cadastrale, nous, on a
évalué, compte tenu de l'effet d'échelle et de volume et
de l'ampleur des contrats qu'on donne, être capables de rénover
ces parties de lots pour à peu près 150 $. Alors, on dit: Je ne
comprends pas, moi, qu'on force un citoyen à payer tout de suite 1000 $
et même 2000 $ et que d'un autre côté, on lui demande
également de payer, quand il fera une transaction, pour financer
l'ensemble de la réforme du cadastre. Le choix que l'État a fait,
c'était de dire: On va faire une opération globale, mais on va la
faire, à ce moment-là, le plus rapidement et selon les
règles de l'art, desquelles on a convenu avec l'Ordre des arpenteurs qui
reconnaît que c'est un mode de réalisation technique tout à
fait approprié et qui n'a pas d'écart entre le produit, qu'il
soit de la rénovation cadastrale ou qu'il soit de la subdivision, qu'un
arpenteur peut initier chez nous.
C'est, en gros, les arguments que j'ai l'intention de faire valoir
demain quand je les rencontrerai. À ma connaissance, je pense que je
peux vous dire que l'Ordre partage ce point de vue. J'espère que demain
soir la Fédération partagera également ce point de vue
là.
Mme Harel: Je vous remercie beaucoup de votre effort de
vulgarisation. J'ai compris.
M. Morneau: Ah bon! Ça m'étonne.
M. Holden: Ce qu'il demande, c'est: Est-ce qu'ils vont comprendre
demain?
M. Morneau: Je pense que oui. Je pense que oui.
Mme Harel: Mais ça, c'est autre chose. En fait, ce n'est
pas tellement ce qu'ils vont comprendre, c'est est-ce qu'ils vont accepter,
n'est-ce pas? Alors ça, c'est autre chose. Parce qu'il peut y avoir
aussi des points de vue différents. La question qui m'est venue, c'est:
Est-ce que la détérioration serait telle que ce serait
impensable, par exemple, d'envisager de procéder à cette
véritable rénovation intégrale à un moment
donné seulement, mettons dans 15 ans, plutôt que de le faire en
faisant subsister plutôt... Il va y avoir en même temps deux
régimes? Pourquoi ne pas avoir attendu, d'une certaine façon, et
l'avoir fait en même temps?
M. Morneau: C'est parce qu'on pense qu'il est plus facile de
faire entrer en vigueur un régime de droit dans un secteur donné,
dans une municipalité, dans une MRC quand la rénovation a
été faite et de faire bénéficier le plus rapidement
possible ses citoyens des avantages qui découlent du nouveau Code civil,
à savoir la garantie absolue sur les droits lorsqu'ils ne sont pas
contestés après 10 ans et aussi d'interrompre la prescription
dès la publicité. Alors, que ces deux
bénéfices-là, qui sont importants pour les citoyens, se
traduisent le plus rapidement possible, je pense, et ils souhaitent en
bénéficier le plus rapidement possible. Mais on ne peut pas le
faire, je pense, logiquement, si on n'est pas capables de donner des garanties
quant à la capacité qu'a le cadastre de supporter le
caractère présumé exact qu'il a. Et avec les chiffres que
je vous donnais tantôt, 850 000 parties de lot et 750 000 anomalies, il
serait téméraire, à tout le moins, de décider
demain matin de rendre ces cadastres-là officiels et capables de
supporter une présomption d'exactitude.
Mme Harel: Si vous me permettez, M. le Président, sans
faire mienne pour autant l'argumentation qui est développée dans
le mémoire de la Fédération des
arpenteurs-géomètres, que nous on n'aura pas l'occasion de
rencontrer demain soir, mais qu'on aura peut-être l'occasion de
rencontrer à d'autres moments, j'en conviens, pour connaître...
C'est plutôt M. Morneau qu'on ne pourra pas revoir, en fait, en
commission parlementaire. Alors, peut-être vous demander les
réactions que vous avez à l'argumentation qui est
développée, par exemple, à l'avantage, dit-on, des
propriétaires, ou au désavantage des propriétaires, et
à porter, selon la Fédération, au désavantage des
propriétaires à l'égard du droit actuel serait le fait
que, après une réforme cadastrale, le propriétaire aura
à subir des coûts supplémentaires. Le certificat de
localisation sera souvent à refaire, des corrections He lots seront
obligatoires et des bornages devront être effectués. La
subdivision obligatoire effectuée immédiatement éviterait
les non-concordances entre les titres, le cadastre et l'occupation.
On dit ceci: La subdivision obligatoire permettrait de clarifier
l'assiette du droit de propriété et faciliterait le rapport
d'actualisation des droits que le notaire doit effectuer après
l'application du nouveau code. N'est-ce pas? Et on ajoute: Souvent, lors des
transactions immobilières, les notaires demandent des descriptions
techniques du terrain qui fait l'objet de la transaction. La subdivision
obligatoire éviterait ce double emploi et sauverait des frais au
propriétaire.
Ils ajoutent également... Vous en avez pris connaissance,
j'imagine.
M. Morneau: Oui, j'ai lu ça.
Mme Harel: Ils ajoutent: La subdivision est souvent
accompagnée d'un piquetage ou d'un certificat de localisation. Cette
situation de fait, de pair avec un contexte de libre concurrence sur les prix,
fait en sorte que les coûts de la subdivision sont
considérablement réduits. Moi, je ne suis pas
nécessairement en mesure d'apprécier, et puis je n'ai pas eu
encore l'occasion de les rencontrer, sauf que je me promets bien de le faire.
Quand ils développent leur argumentation, ce qu'ils développent,
finalement, c'est l'idée que, si une campagne d'information
adéquate était lancée pour informer les gens des avantages
du nouveau Code, il y aurait définitivement plusieurs
propriétaires qui procéderaient d'avance à la subdivision
de parties de lot qu'éventuellement ils vendraient.
M. Morneau: Moi, je serais prêt à vous rencontrer,
Mme Harel, et à prendre, point par point, chacun des arguments qui sont
avancés là et à vous donner le point de vue du
ministère à votre convenance. Et je pense que, comme je vous le
dis, j'aurai l'occasion d'échanger avec eux demain. Je suis convaincu
qu'on peut faire le tour très rapidement. Je ne voudrais pas ennuyer les
membres de la commission parce qu'il y a beaucoup de ces points-là qui
sont très techniques et j'aimerais bien qu'on puisse en discuter dans un
forum approprié pour permettre une compréhension, je pense, juste
et raisonnable.
Mme Harel: Vous savez, en fait, une commission parlementaire,
ça reste le forum approprié, d'une certaine façon, dans la
mesure où on recevrait, par exemple, la Fédération qui
s'expliquerait et puis..
M. Morneau: Je suis d'accord.
Mme Harel: ...dans une certaine mesure... En fait, le test pour
siéger dans ce Parlement, ce n'est pas nécessairement de pouvoir
être un spécialiste dans tout, c'est de pouvoir avoir du jugement
ou essayer d'en avoir un peu dans tout.
Ceci dit, on reprend donc, de toute façon, ce qui est en vigueur.
Et ce qui est en vigueur, c'est la relance du programme de rénovation
cadastrale tel qu'il est opérationnalisé, là,
présentement. Tantôt, vous parliez de problèmes à
régler au niveau des coûts, au niveau de l'organisation, au niveau
de l'informatique. Si je comprends bien, au niveau des coûts, vous avez
élaboré un scénario de financement. Au niveau de
l'organisation...
M. Morneau: On est à mettre en place effectivement, les
décisions sont prises au Conseil du trésor. La structure est
à s'élaborer. Le contrat ou les systèmes sont en instance
d'appel d'offres pour être développés d'ici les 30
prochains mois. En principe, on va pouvoir avoir les premières
livraisons d'ici 18 mois pour amorcer les rénovations cadastrales
dès le printemps 1994, si ma mémoire est fidèle. Et,
déjà là, il y a des premières rénovations
qui vont s'inscrire dans le nouveau processus et avec le nouveau cadre
juridique qui a été proposé, suite à la loi du mois
de juin 1992 qui a été votée, qui va permettre de
régulariser beaucoup d'anomalies entre titres, occupation et cadastre,
et ce, sans frais pour les citoyens, hormis dès qu'ils transigent.
Mme Harel: Alors, ça veut dire que vous le prévoyez
dès 1994, dites-vous?
M. Morneau: Dès 1993-1994. Normalement, si ma
mémoire est fidèle, au printemps 1994, les premiers mandats de
rénovation cadastrale vont être octroyés et, après
ça, en principe, on devrait trouver un rythme de croisière,
après deux ou trois ans, où on rénoverait environ 360 000
lots pour faire en sorte de respecter l'échéancier de
rénover les 3 300 000 lots qu'il y a au Québec.
Mme Harel: Vous parliez également de problèmes au
niveau de l'informatique.
M. Morneau: Je ne parlais pas de problèmes...
Mme Harel: Non.
M. Morneau: ...j'ai dit qu'à l'époque, une des
causes des échecs...
Mme Harel: Que vous avez corrigées.
M. Morneau: ...de la difficulté, c'est que, effectivement,
on ne disposait pas de système capable de supporter la rénovation
cadastrale. On est à élaborer. On a fait des cahiers, on a fait
les conceptions administratives, eu les autorisations du Conseil du
trésor. Depuis le mois de juin, on a fait un contrat
d'intégration de services qui a été publié le 10
juillet et qui a été déposé. Les soumissionnaires
reçus le 5 octobre, on est en phase d'évaluation. La
décision devrait se prendre dans les jours ou les semaines qui suivent
et les contractants commencer en janvier.
Mme Harel: Et le Conseil du trésor n'a rien gelé de
ces soumissions-là. (16 heures)
M. Morneau: C'était tellement reconnu que c'était
un dossier hautement prioritaire pour l'ensemble des citoyens.
Mme Harel: Et, dites-moi, est-ce qu'il y a d'autres
sociétés qui se sont offert un programme de rénovation
intégral comme celui que vous envisagez?
M. Morneau: Je n'ai pas la connaissance de l'ensemble des
sociétés et, à ma connaissance, je ne peux pas vous dire
si, effectivement, II y en a beaucoup, mais je sais que tous travaillent
à moderniser, entre guillemets, cette infrastructure qu'est le cadastre,
qui est essentielle à la publicité foncière. En Ontario,
ils ont fait des investissements massifs pour moderniser le support
administratif pour diffuser l'information cadastrale, donc version
numérique des plans cadastraux, accès direct aux citoyens et aux
professionnels, que ce soit l'arpenteur ou le notaire, pour avoir accès
à ces fichiers ou à cette information par modem ou ligne
électronique.
Mais la problématique cadastrale n'est pas la même d'un
pays à l'autre. L'origine et la finalité ne sont pas les
mêmes. On a un régime ici, au Québec, suffisamment
particulier. C'est un peu une caractéristique d'une
société distincte par ce qu'on met dans... Lorsqu'on parlait de
Code civil, on est vraiment sous un régime particulier et, à mon
humble point de vue, je peux vous avouer que ce système-là fait
l'envie ailleurs dans le monde. Si vous saviez toutes les
délégations qui viennent nous voir pour s'inspirer de la
tradition et du modèle du cadastre québécois et du droit
qui y est accroché. Et je peux vous garantir que, je pense...
Mme Harel: Malgré les anomalies.
M. Morneau: Mais ça n'a rien à voir avec le
système. Pourquoi il y a des anomalies? C'est bien évident que,
quand vous avez fait un relevé de terrain en 1866 et que vous mesuriez
avec...
Mme Harel: Avec une ficelle?
M. Morneau: ...trois chaînes ou une chaîne et que
c'était à l'ombre de la roche ou bien... On
ne pouvait pas prétendre avoir un degré de
précision que la technologie d'aujourd'hui nous permet, d'une part.
D'autre part, pourquoi on parle de 850 000 parties de lots? C'est qu'on a
permis, comme État, de faire des transactions sur des parties de lots.
Au départ, lorsqu'on a voté la loi du cadastre en 1866, ce
n'était pas prévu, on ne pouvait pas. Mais, à cause des
coûts, à cause des problèmes de disponibilité des
ressources pour faire les travaux, souvent, l'État était
obligé de dire: Eh bien! ce n'est peut-être pas réaliste.
Alors, on a accepté graduellement. Et, ce faisant, l'image cadastrale
qui était bonne au début s'est lentement
détériorée. On est tous un peu victimes de cette
réalité-là, et c'est ça qu'il faut corriger
aujourd'hui. Et on le fait, je pense, de la façon la plus efficace
possible.
Mme Harel: Alors, je vous remercie, M. Morneau. Je crois
comprendre que mon collègue, le député d'Anjou, aurait
également des questions.
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Merci, M. le Président.
J'aimerais peut-être, si vous voulez, reprendre l'explication à
propos du financement de la réforme du cadastre, comment ce financement
va se faire. Si j'ai bien compris votre exposé tout à l'heure,
vous nous faisiez part qu'il y a présentement un fonds accumulé
au ministère de l'Énergie et des Ressources. Est-ce qu'il existe
un fonds, présentement?
M. Morneau: quand on a créé la loi favorisant la
réforme du cadastre québécois en 1985, on a
créé le fonds de la réforme du cadastre.
M. Bélanger (Anjou): Oui, d'accord.
M. Morneau: Ce Fonds-là, à l'origine, se
finançait par trois sources: le gouvernement mettait une partie de ses
budgets réguliers pour financer; le ministère de la Justice
percevait une partie à même ses honoraires, versait ça au
Fonds de la réforme; la vente des produits et l'enregistrement
cadastral, qui était une perception de frais lorsqu'un arpenteur
déposait un plan de subdivision au cadastre. L'ensemble de ces
sommes-là constituait ce qu'on appelait le Fonds...
M. Bélanger (Anjou): D'accord.
M. Morneau: ...et devait financer les 84 000 000 $ que devait
coûter la rénovation et durer 10 ans. Je vous ai dit que, quand on
fait un portrait a posteriori, on constate que, effectivement, il y a eu de
sérieux problèmes de conception, ou d'imagination, ou de mise en
opération: un manque, comme je vous ai dit, de système
d'information pour supporter, un produit pas tout à fait adéqu?t
et un cadre juridique, non plus, non approprié parce qu'on ne pouvait
pas, lorsqu'on détectait une anomalie...
M. Bélanger (Anjou): Oui, d'accord.
M. Morneau: ...entre l'occupation et le cadastre, la corriger
sans corriger le titre. Alors, on était dans l'incapacité
chronique d'agir.
Alors, pour tous ces motifs-là, ça a amené la
rénovation que je vous dis. Le nouveau scénario de financement
qui a été adopté par le gouvernement prévoit trois
sources de financement: l'enregistrement cadastral reste toujours là;
les sommes qui sont actuellement perçues restent toujours là et,
éventuellement, vont tomber sous la juridiction totale du
ministère parce que, le jour où on va réviser la
tarification aux bureaux d'enregistrement, on va synchroniser les deux
tarifications pour récupérer la partie qui était
déjà perçue par le ministère de la Justice pour
l'intégrer à celle qu'on a mise en vigueur au 1er janvier
1993.
M. Bélanger (Anjou): Et là, présentement,
dans ce Fonds, la somme d'argent est de combien?
M. Morneau: Présentement, on est le 3 décembre, je
peux vous dire...
M. Bélanger (Anjou): À peu près, à
peu près, 80...
M. Morneau: ...que la première... Actuellement, le Fonds,
il doit avoir, en termes de marge, 1 000 000 $, 1 500 000 $. Mais il n'est pas
démarré, entre guillemets, parce que le programme vient
d'être décidé. Les premières entrées de fonds
vont se faire en janvier 1993 dans la perception qui va s'amorcer aux bureaux
d'enregistrement.
M. Bélanger (Anjou): d'accord. pour ma
compréhension, j'aimerais savoir, est-ce que les immeubles qui vont
pouvoir être immatriculés dès l'entrée en vigueur du
nouveau code civil vont pouvoir immédiatement avoir accès au
registre?
M. Morneau: Ils vont tomber sous le registre transitoire, comme
vous l'a expliqué Me...
M. Bélanger (Anjou): Oui, c'est ça. Est-ce qu'ils
vont pouvoir immédiatement avoir accès à ça?
M. Morneau: Dès que vous faites du cadastre actuellement,
l'arpenteur dépose un plan. Le propriétaire dit: Voici, c'est ma
propriété. L'arpenteur va faire le cadastre, dépose son
plan.
Dès qu'il est officialisé au ministère de
l'Énergie et des Ressources, une copie du plan est envoyée au
bureau d'enregistrement qui, à ce moment-là, ouvre un index des
immeubles et enregistre tous les droits et documents relatifs à cet
immeuble-là. C'est la procédure normale. Ce que Maître a
expliqué tout à l'heure, c'est que, ça, ça va
continuer et ça va se perpétuer jusqu'à ce qu'on arrive en
territoire rénové. Lorsque, à un moment donné, on
va rénover ce territoire-là, possiblement que, quelques heures
après rénovation, on pourrait instituer officiellement la
création du registre foncier, tel qu'il est prévu dans la loi sur
le Code civil, avec tous les bénéfices entiers, à savoir
garantie que, dès que quelqu'un... Il y aurait report de droit
automatiquement dès qu'une transaction se ferait. À partir de ce
moment-là, tous les droits enregistrés, s'ils ne sont pas
contestés après 10 ans, vont devenir absolus. Et,
troisièmement, à partir du moment où vous publicisez, en
vertu de ce régime-là, il n'y aura pas de prescription possible,
donc plus de possibilité d'acquérir des terrains par simple
occupation. C'est ça, le gros bénéfice.
M. Bélanger (Anjou): Je vous remercie.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Est-ce que vous avez
déterminé un ordre pour les territoires qui vont être
rénovés? Avez-vous déterminé à l'avance un
certain ordre, et quels critères vous ont fait faire un choix?
M. Morneau: On est actuellement en train de planifier
provincialement les territoires où on veut intervenir. En l'occurrence,
notre client, le ministère de la Justice, a un mot à dire dans
les secteurs qu'il privilégie. Objectivement, je pense que, ce qui va
être poursuivi, c'est les secteurs où il y a possiblement le plus
de personnel ou le plus de citoyens ou de propriétaires qui pourraient
en bénéficier, mais il y a des considérations, j'allais
dire, un peu d'ordre technique aussi. On ne peut pas tout concentrer à
une place, parce que l'expertise professionnelle n'est pas disponible dans une
seule place. On ne peut pas mobiliser les 800 ou les 900
arpenteurs-géomètres disponibles et leur dire: Vous allez
travailler dans la région de Montréal peut-être demain
matin. Il va falloir, je pense, répartir la rénovation cadastrale
un peu partout au Québec entre les parties de lots et les anomalies et
les places où il y a le plus de citoyens. Et c'est un travail qu'on a
commencé à amorcer dans le cadre d'un comité conjoint avec
le ministère de la Justice, dont l'objectif est d'arriver au printemps
avec une planification provinciale et, à partir de là, de
commencer des discussions au niveau régional avec les MRC et les
municipalités pour les prévenir que l'an 1, l'an 2, l'an 3 de la
rénovation cadastrale devrait se faire dans leur secteur. On commence
les travaux d'infrastructure nécessaires, c'est-à-dire la pose de
points de repère géodésiques, la cartographie, les
infrastructures dont on a de besoin pour faire la rénovation
cadastrale.
Mme Caron: Votre programmation devrait être prête au
printemps?
M. Morneau: Normalement, les objectifs qu'on poursuit
mutuellement, c'est d'arriver avec une planification provinciale quelque part,
comme vous dites, d'ici au printemps.
Mme Caron: Et, parmi les critères, bon, vous avez
soulevé certains points comme le nombre de citoyens et de citoyennes qui
pourraient en profiter, mais est-ce que vous avez une liste de critères
bien définis?
M. Morneau: C'est justement l'objet, je pense, des travaux de ce
comité-là, d'établir les critères du
ministère de la Justice avec les contraintes qu'on a déjà
aussi. Le ministère de l'Énergie et des Ressources a
déjà signé avec 350 municipalités des ententes pour
procéder à la rénovation cadastrale. Alors, on va essayer
de prendre en compte les engagements qu'on avait, les priorités du
ministère de la Justice et, je pense, aussi la capacité
d'intervention sur l'ensemble du territoire pour s'assurer qu'on fasse le plus
efficacement possible, le plus rapidement possible.
Mme Caron: Est-ce que, du côté du ministère
de la Justice, on s'est donné une date limite pour présenter les
critères et vos priorités?
M. Rémillard: En fait, il y a deux comités. Il y a
le comité de direction qui est présidé par le MER, qui se
réunit annuellement. Alors, ce comité, est-ce qu'il s'est
déjà réuni, ce comité-là? Pas
celui-là. Ce n'est pas lui, alors que l'autre s'est déjà
réuni. L'autre comité, c'est un comité de coordination
situé à un autre niveau et qui est composé de la
directrice générale du cadastre, du directeur de la
rénovation cadastrale, du directeur de l'enregistrement cadastral, du
MJQ. Et il s'est déjà réuni. Maintenant, c'est M. Harvey,
qui est ici, qui... Si vous voulez que M. Harvey réponde à vos
questions, il peut répondre à vos questions. (16 h 10)
Mme Caron: Oui. M. Harvey, est-ce que vous avez
déterminé les critères qui vont guider vos
priorités ou est-ce que vous avez déterminé le calendrier
où vous devriez déposer ces critères?
M. Harvey (Gilles): Lors de cette rencontre...
Le Président (M. LeSage): M. Harvey, si vous voulez bien
vous identifier pour les fins d'enregistrement du Journal des
débats.
M. Harvey: Gilles Harvey, directeur du secteur d'enregistrement,
secteur est.
Le Président (M. LeSage): Alors, la parole est à
vous, M. Harvey.
M. Harvey: Lors de cette rencontre, nous avons effectivement
élaboré les critères d'intervention mis de l'avant par le
ministère de la Justice. Ces trois critères d'intervention sont
les suivants: le premier, c'est une application la plus rapide possible du
nouveau droit au plus large éventail possible de la population. Donc, on
veut que le nouveau droit s'applique rapidement au plus grand nombre possible
de citoyens, premier critère. Deuxième critère, une
intervention au niveau des parties de lots, parce qu'on sait que, chez nous,
ça crée des problèmes importants au niveau de
l'application du droit; donc, une intervention rapide au niveau des parties de
lots. Et le troisième, bien sûr, une intervention au niveau des
anomalies cadastrales. Ce sont les trois critères qui ont
été mis de l'avant lors de cette rencontre-là. Par la
suite, on va, à partir de ces critères-là, élaborer
des scénarios d'application dont on va évaluer les impacts pour
voir si vraiment on rencontre les besoins et les objectifs qui ont
été fixés. Est-ce que ça répond à
votre question?
Mme Caron: Est-ce que vous vous êtes donné une date
limite pour faire votre choix de scénarios?
M. Harvey: Nous devons nous rencontrer de nouveau en début
d'année 1993. Donc, au début de janvier, on fait le point
là-dessus; les gens du ministère de l'Énergie et des
Ressources auront eu le temps à ce moment-là d'appliquer les
critères à des scénarios concrets d'implantation. Bon.
Est-ce qu'on va commencer, par exemple, par Montréal, Sherbrooke,
Chicoutimi, Laval? Et là, à partir de ça, on va pouvoir
évaluer certains impacts. Mais il fallait au départ
établir ces critères-là d'intervention, ce qui a
été fait. On va donner la suite en début
d'année.
Mme Caron: Mais je reviens... M. Harvey: Oui.
Mme Caron: ...au moment où vous aurez ces scénarios
et que vous aurez évalué les impacts, vous êtes-vous
donné une date limite pour choisir un de ces scénarios?
M. Harvey: Bien, je comprends mal votre...
Mme Caron: Vous allez avoir plusieurs scénarios...
M. Harvey: ...question, parce que, si on donne une limite, c'est
que...
Mme Caron: ...vous allez avoir à évaluer les
impacts des différents choix qui vont être proposés.
M. Harvey: C'est qu'on ne s'est pas donné de date parce
que, normalement, ça devrait se faire très rapidement. On va
avoir les scénarios dont on va évaluer les impacts rapidement
pour voir si, effectivement, ça répond aux besoins, oui ou non,
et dire: Bien oui, ça répond aux besoins, et on va y aller de
telle façon plutôt que de telle autre. Sauf qu'on ne s'est pas
dit: Bien, écoute, il faudrait qu'au 15 janvier ce soit
décidé. C'est au moment de la prochaine rencontre.
Mme Caron: Mais, vous, vous en avez besoin pour le printemps.
M. Morneau: On a, dans nos scénarios, prévu une
architecture ou une planification provinciale pour le printemps, si on veut
être capables de commencer les rénovations cadastrales au
printemps 1994, parce qu'il faut faire de la géodésie, il faut
faire de la carte avant de faire de la rénovation cadastrale. Mais, ceci
dit, concernant les rénovations dont on parle en 1993-1994, il existe
déjà des territoires pour lesquels il y a de la carte, il y a des
points géodésiques déjà installés, qu'on
pourrait travailler, si c'est ça l'objectif et le voeu souhaité
par le ministère de la Justice. Mais il n'y a pas de problème, a
priori, à anticiper qu'on puisse avoir au printemps un ordre de grandeur
et une cible, une planification provinciale des territoires qu'on veut faire.
Il n'y a aucun problème à envisager ça. Je sais qu'ils
travaillent actuellement, chez nous, à proposer des
scénarios.
Mme Caron: Ça répond parfaitement. Je vous
remercie.
M. Morneau: Je vous en prie.
Le Président (M. LeSage): Merci. M. le
député de Westmount.
M. Holden: Merci, M. le Président. M. Morneau, l'an
dernier, quand on parlait du Code civil, le 20 novembre, en fait, 1991, le
ministre avait dit, et je cite: «Le projet de loi 125 s'applique sans
aucune relation avec le projet de rénovation cadastrale...» Et il
a continué: «...mais 125 - notre projet de loi que nous
étudions dans cette commission - n'est pas soumis dans son application
à la rénovation cadastrale telle que prévue à
Énergie et Ressources». Entre-temps, si j'ai bien compris, c'est
le ministre ou le minis-
tère de la Justice qui a changé d'avis. En tout cas, vous
êtes entré en jeu et, maintenant, si j'ai bien compris ce que vous
venez de nous dire, c'est vous et votre ministère qui vous occupez
presque totalement de l'application du nouveau Code pour ce qui est du registre
cadastral.
M. Rémillard: Si vous permettez, M. le Président,
en fait, ce qui s'est passé dans ce dossier-là, c'est qu'il y a
eu plusieurs rencontres entre les deux ministères. Et, moi, lors de mes
rencontres avec ma collègue, la ministre de l'Énergie et des
Ressources, on s'est rendu compte qu'on devait s'arrimer, les
ministères. Et chacun a ses domaines de compétence, alors...
M. Holden: Ce n'est pas un blâme que je faisais.
M. Rémillard: Non, non, mais je veux expliquer un petit
peu le cheminement, ce qui est arrivé. Je ne prends jamais les
commentaires du député de Westmount comme un blâme, je sais
qu'il ne va pas jusque-là. Mais, dans ce contexte-là,
c'était tout simplement parce qu'on a réalisé, finalement,
que l'expertise qu'ils avaient... Ils étalent sur le terrain, et il
fallait s'arrimer tous les deux avec les deux comités qu'on a
créés. Le processus a donc été enclenché
à ce niveau.
M. Holden: C'est tout à fait compréhensible. Et,
chez vous, le travail est amorcé. Vous êtes combien à
travailler? Est-ce que vous travaillez à temps plein, vous-même,
là-dessus, ou vous avez d'autres responsabilités?
M. Morneau: J'ai malheureusement beaucoup d'autres
responsabilités mais je peux vous garantir que l'organisation qu'on est
à mettre en place à la Direction générale du
cadastre, actuellement, elle doit être à 125 personnes...
M. Holden: Combien?
M. Morneau: 125 personnes. Mais, en phase de croissance,
lorsqu'on fera effectivement 360 000 autres rénovations par
année, elle va monter à peu près à 185 à 200
personnes. Et, après la rénovation, elle devrait redescendre aux
alentours de 55 à 60 personnes, à peu près le nombre de
personnes qu'il y avait avant les travaux sur la rénovation cadastrale.
Pourquoi on peut faire ça avec ces effectifs quand même
réduits? C'est les systèmes d'information et tout le processus de
planification, de gestion et de contrôle qui ont été
largement informatisés, ce dont on ne disposait pas avant.
M. Holden: Et vous avez mentionné l'Ontario qui travaille
aussi. Sans doute, vous avez l'occasion de parler à vos vis-à-vis
en Ontario.
Avec leur système, le Torrens - qui date de je ne sais pas quand,
bien des années - au point de vue principe, on arrive à une
garantie des titres comme le système Torrens en a créé une
depuis longtemps, grosso modo, dans notre loi, n'est-ce pas?
M. Morneau: C'est parce que la garantie des droits, c'est une
chose et la garantie de l'assiette sur laquelle reposent ces droits, c'est une
autre chose. Dans le système Torrens, ce que j'en comprends, en Ontario,
il a été amorcé à un certain moment donné,
le système. Et quelqu'un qui fait une transaction enregistre, à
peu près comme chez nous, mais après 30 ans, à un certain
moment donné, l'État décide de prendre sur sa
responsabilité de garantir que les limites de la propriété
d'un citoyen sont incontestables et incontournables, ce que notre régime
de droit ne garantit pas. Notre régime de droit garantit une garantie
absolue sur les titres, mais l'assiette du droit reste du ressort, de la
juridiction et de la responsabilité des propriétaires.
L'Etat s'est toujours dit, au Québec, depuis 1860: On
n'intervient pas dans les chicanes de clôtures. C'est aux
propriétaires de régler ça. Il y a un mécanisme qui
est prévu à cet effet-là, qui s'appelle le bornage. Si
quelqu'un veut avoir une garantie absolue, à savoir que sa ligne de
terrain ou sa limite avec son voisin est incontestable, c'est-à-dire
qu'il est sûr d'être chez lui, il y a un seul recours qu'il doit
prendre, c'est d'aller en bornage avec son voisin. Mais, s'il se contente d'une
limite convenue et d'une information pour publicité, ça ne lui
coûte pas cher et il a des droits qui sont aussi valables. C'est
l'approche qui fait souvent l'envie, je pense... Parce que ça
coûte cher, administrer un régime de droit ou un régime
juridique où l'État garantit et le titre, et le contenu, et la
superficie sur lesquels ce droit-là s'applique.
M. Holden: Est-ce que ça coûte plus cher que le
système en Ontario?
M. Morneau: Le système en Ontario coûte très
cher. Comme en France, aujourd'hui, si vous voulez faire du cadastre, ça
peut vous coûter très cher, effectivement, faire du cadastre, et
c'est très long parce qu'il faut vraiment faire des vérifications
exhaustives pour voir s'il n'y a pas d'empiétement, pour voir s'il n'y a
pas de problème de mesurage, s'il n'y a pas des cas de
centimètres, parce qu'on met une garantie, à ce moment-là,
sur la limite de la propriété. Et c'est inattaquable. En Ontario,
quand il y a une contestation, par exemple, sur un droit de
propriété et sur les limites qui en découlent, si jamais
il y a un règlement, c'est l'État qui défraie ça
pour régler et dédommager les individus, alors qu'ici, au
Québec, les citoyens sont absolus là-dedans. On leur propose,
dans le nouveau Code civil, des droits absolus, une
garantie et, ça, je pense que c'est une plus-value par rapport
aux situations qu'on a vécues depuis 1860 parce que, avant, comme on l'a
dit, c'était un système de publicité de documents, et
c'était tout. Et là, aujourd'hui, on dit: On va enclencher un
mécanisme de report des droits qui va vérifier l'histoire. Depuis
que ce titre-là a été émis, quels sont les droits
qui subsistent? À partir de ce moment-là, on va les publiciser,
et les droits incertains, on va avoir une mécanique pour les atteindre,
et les droits pas sûrs, on va avoir une mécanique pour les
clarifier. Mais si, après 10 ans, personne ne conteste le registre des
droits, c'est inattaquable. Il n'y en a plus d'autres qui sont invoqués.
(16 h 20)
M. Holden: M. Morneau, vous n'avez pas à me convaincre de
la valeur de notre nouveau Code.
Mme Harel: Vous parlez comme un avocat, M. Morneau.
M. Holden: Oui, et très bien. M. Kehoe: Même
meilleur.
M. Morneau: Je ne voudrais pas faire une insulte aux avocats.
M. Holden: Non, mais... M. Kehoe: Même mieux. M.
Rémillard: Même comme un notaire.
M. Holden: ...vous comprenez pourquoi les notaires et les gens
dans l'immobilier ont hâte que ce système soit en vigueur en tout
et partout. Votre équipe en est très consciente, et vous regardez
la situation. Là, j'ai entendu les dates de 2004, de 2005; je me demande
si... J'espère que vous n'allez pas prendre votre retraite avant que ce
soit terminé. Mais il n'y a pas moyen de donner un coup pour que
ça soit fait avant?
M. Morneau: Je vous le dis, M. le député, 3 300 000
lots à la grandeur du Québec, ce n'est pas une petite affaire. On
a 800 ou 900 professionnels, arpenteurs-géomètres qui sont les
seuls capables de faire l'analyse foncière pour donner une opinion sur
le morcellement foncier. Il y a une limite à la capacité,
j'allais dire d'intervention des gens...
M. Holden: Excusez-moi, mais c'est peut-être un domaine
dans lequel on devrait dire à nos jeunes d'étudier.
Mme Harel: Oui, c'est vrai, ça. C'est une bonne
idée.
M. Morneau: Oui, d'ailleurs, on leur dit. Et, hier,
j'étais...
M. Holden: J'ai trois enfants et...
M. Morneau: Dites-leur. Dites-leur, M. Holden. Hier,
j'étais justement à l'Université Laval pour signer un
protocole avec le ministère de l'Énergie et des Ressources et
l'Université Laval pour favoriser la formation et favoriser le recyclage
et même la formation permanente des nouveaux ou des anciens arpenteurs
pour s'adapter à ces nouvelles réalités-là.
M. Holden: Même avec tout ça, c'est difficile
de...
M. Morneau: C'est parce qu'on ne peut pas mobiliser ou
nationaliser les arpenteurs-géomètres pour travailler rien que
pour l'État. Il y a d'autres besoins aussi dans la
société, qui s'appellent, par exemple, des industriels qui
veulent bâtir, des constructeurs qui veulent sortir dehors. C'est le
ratio équilibre-coût. Il y a une limite aussi, comme je vous le
dis, à... C'est des problèmes assez lourds, et faire de l'analyse
foncière dans un territoire donné, prendre en
considération l'ensemble des droits qui existent, prendre connaissance
de l'information cadastrale qui est disponible, faire les relevés de
terrain et se faire une opinion, en toute âme et conscience, qui soit
conforme aux pratiques et aux règles de l'art, ce n'est pas une
opération qu'on peut accélérer à outrance. Je pense
qu'il y a un mûrissement.
Et aussi, dans la mécanique de rénovation - je vais
terminer là-dessus - c'est prévu que les citoyens sont
informés qu'on va faire de la rénovation dans leur territoire.
C'est prévu, des rencontres avec l'Ordre des arpenteurs, avec
l'arpenteur mandaté par le ministère pour procéder
à ça, pour échanger avec les documents qu'ils ont en main.
C'est prévu, une consultation publique quand l'arpenteur dépose
sa proposition de plan de rénovation. Il y a une consultation publique
pour que tous les citoyens viennent voir quel est le traitement que l'arpenteur
a fait de leur droit de propriété, s'il est conforme. Tous
ceux-là qui auront une différence par rapport à avant vont
être avisés et rencontrés personnellement. C'est beaucoup
d'information aussi. Ce n'est pas rien que la rénovation.
On a déjà eu des discussions assez étroites avec la
Chambre des notaires, et ils disent: Oui, c'est important de le faire, mais
c'est important de le faire correctement également. C'est important
d'informer, et je pense qu'il faut faire le maximum.
M. Holden: C'est le juste équilibre, comme on dit,
n'est-ce pas?
M. Morneau: C'était, je pense,
l'«optimalité» qu'on a visée.
M. Holden: M. Morneau, pour conclure, je ne sais pas si vous avez
déjà répondu mais, globalement, pas à la cent, mais
qu'est-ce que ça va coûter, tout ça, d'ici l'année
2004?
M. Morneau: 508 000 000 $. M. Holden: 500 000 000
$.
M. Morneau: 508 000 000 $ en dollars de 1992.
M. Holden: 508 000 000 $, en dollars canadiens. Dollars
québécois...
M. Morneau: Dollars québécois 1992. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Rémillard: J'espère que, par ces mots, M. le
Président, on ne va pas comprendre que le député de
Westmount est dissident dans son parti.
M. Holden: Non, non. J'ai accepté la politique de ma
nouvelle formation politique canadienne.
M. Rémillard: Parce que c'est une monnaie canadienne.
M. Holden: Canadienne.
Mme Harel: II a même lu le programme.
M. Holden: J'ai lu le programme.
M. Rémillard: II a lu le programme avant?
M. Kehoe: Certain? As-tu compris, par exemple?
M. Holden: Ah! C'est un programme fantastique.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Holden: Merci, M. Morneau.
Mme Harel: M. Morneau, permettez-moi... M. le Président,
permettez-moi peut-être une dernière question à M. Morneau.
Jusqu'à maintenant, il s'en est fait de la rénovation
cadastrale...
M. Morneau: Oui.
Mme Harel: ...au sens où vous nous la
présentez?
M. Morneau: Selon le programme de 1985. Mme Harel: Selon
le programme... M. Morneau: De 1985.
Mme Harel: De 1985. Alors, je comprends qu'il y a une relance du
programme. Donc, le programme a débuté en 1985; il a
été, disons, mis de côté pendant une certain temps.
Est-ce que c'est ça qu'il faut comprendre?
M. Morneau: C'est-à-dire qu'il y a eu des
rénovations, il y a 168 000 lots qui ont été
rénovés à date, et il y a eu un programme de cartographie
dans 350 municipalités. Il y a eu l'implantation de points
géodésiques, qui sont des préalables à la
rénovation cadastrale, dans ces 350 municipalités-là. Il y
a eu un moratoire depuis 1990 parce qu'on était à
réévaluer l'ensemble de ce programme-là et on était
en discussions étroites avec le ministère de la Justice, en
disant: Bien, si on retient l'autre hypothèse de mettre fin à la
rénovation cadastrale et de faire porter sur le citoyen la subdivision
obligatoire, par exemple, et, à ce moment-là, de lui mettre la
responsabilité entre les mains, bien, il n'aurait pas été
intelligent, je pense, de continuer à dépenser les sous des
contribuables. Alors, l'approche qui a été prise, ça a
été effectivement de réévaluer, et la
décision a été rendue au mois de juin.
Mme Harel: les 168 000 lots, là, qui ont fait l'objet de
la rénovation, vont-ils pouvoir immédiatement
bénéficier des avantages de la publicité?
M. Morneau: Non, parce qu'il va probablement falloir les
redéposer, ces lots-là, en fonction de la nouvelle loi, pour
être certain qu'il va y avoir une redésignation, une
renumérotation et être certain qu'on soit capable, comme je vous
le dis, de... Et il faut dire que c'est des secteurs, à des places
où on est allés... Parce que, au moment où on a fait la
rénovation en 1985, on allait à la demande et, à la
demande, c'étaient les municipalités. Alors, des fois un
quartier, des fois on a fait les trois quarts d'une municipalité,
d'autres fois on est allés à une autre place, ce qui a fait que
les coûts ont monté parce qu'on a été appelés
à s'éparpiller un peu partout à travers la province, et ce
n'était pas évident.
Et il y a des situations où on avait des problématiques
foncières qu'on ne pouvait pas régler. Par exemple, quand je vous
dis que quelqu'un a un titre de propriété sur le lot 52 et qu'il
occupe le lot 56, j'arrive en rénovation, je peux bien voir
qu'effectivement il occupe le lot 56, mais il a un titre sur le lot 52. Alors,
qu'est-ce qu'on fait? On ne le dépose pas à la rénovation
cadastrale parce que, le lendemain, le
propriétaire sera en sérieuse difficulté
vis-à-vis de sa banque. Alors, il faut trouver le moyen de corriger
ça. C'est ce que le programme rénové nous offre.
M. Rémillard: ...sa bâtisse sur le lot 52. Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Morneau: D'après la Chambre des notaires, ça ne
se fait pas aussi vite que ça.
Mme Harel: Mais est-ce que la Chambre des notaires, justement, ne
recommandait pas, lorsqu'il y avait des secteurs ou des quartiers... Sans qu'on
attende que l'ensemble de toute - je crois comprendre - une circonscription
soit rénovée, est-ce que la Chambre des notaires ne recommandait
pas que les gens puissent immédiatement bénéficier des
avantages de la publicité?
M. Morneau: À l'époque, je ne pense pas parce que,
à la rencontre qu'on a eue avec la Chambre des notaires, où on a
parlé du programme de rénovation cadastrale, on a eu la chance
d'exposer les tenants et aboutissants - pour parler en langage
d'arpenteur-géomètre, là - du nouveau programme, et la
Chambre s'est montrée satisfaite et a appuyé le programme, y
inclus la tarification de 28 $ pour le 1er janvier, parce que, effectivement,
il concordait avec le besoin qui était là, qui était
criant, et qu'il était attendu de tout le monde. C'est rendu qu'on ne
peut plus s'y retrouver quand on fait une transaction. Imaginez-vous, il y a
des villages entiers qui sont bâtis sur un lot originaire! Alors, essayer
de trouver l'origine de la transaction et comment elle s'est comportée
dans la nuit des temps dans les 42 index de l'immeuble que comporte ce
numéro de lot, ça fait comme problématique. Alors, je
pense qu'ils ont été bien conscientisés aux
bénéfices ou à l'intérêt du projet de loi
qu'on a déposé, et ils étaient d'accord, je pense. Et on a
expliqué en long et en large le programme de réforme, et ils
étaient également d'accord.
Quand à l'entrée en vigueur de ces mesures transitoires,
nous, on n'a pas eu comme tels d'échanges. Je pense que c'est plus la
responsabilité... Et des discussions ont eu cours entre le
ministère de la Justice et la Chambre des notaires, mais je suis
convaincu qu'ils comprennent la décision gouvernementale d'y aller avec
un arrimage le plus parfait et le plus intègre possible avec la
rénovation cadastrale.
Mme Harel: Ça veut donc dire qu'avec le système
intérimaire de droit, à la différence du système
intégral, il pourrait y avoir des secteurs ou des quartiers qui auraient
fait l'objet de la rénovation cadastrale et qui ne pourront pas
bénéficier - c'est bien le cas, là - des avantages de la
loi?
M. Morneau: Ma!<_3d_ _impc3a9_ratifs="" pourrait="" _qu27_au="" _c3a0_="" _redc3a9_poser="" _rc3a9_novation="" des="" moment...="" _moment-lc3a0_2c_="" _principe2c_="" nouvelle="" _c2ab_priorisationc2bb_="" juste="" ait="" dont="" loi="" partir="" mise="" registre="" foncier="" _lic3a9_s="" _l27_intrant="" _et2c_="" foncier...="" si="" _qu27_on="" parlait="" _l27_c3a9_gide="" parce="" du="" se="" _critc3a8_res="" je="" _c27_est="" ne="" le="" cadastrale.="" que="" vigueur="" de="" la="" _ministc3a8_re="" _soupc3a7_onne="" est="" _tantc3b4_t2c_="" non="" ces="" _ramc3a8_ne="" justice="" cadastrales="" les="" convienne="" ce="" _d27_un="" il="" _trc3a8_s="" bien="" dans="" pas="" sous="" organisationnels="" _prc3aa_ts="" on="" plus="" voudrais="" _rc3a9_novations="" en="" implanter="" y="">
Mme Harel: Alors, merci, M. Morneau. Ça nous permet,
d'ailleurs, de faire la transition avec Me Laurin, concernant le registre. Elle
peut peut-être...
M. Morneau: Je vais aller vérifier.
Mme Harel: Oui, c'est ça, allez vérifier. Je serais
heureuse de faire amende honorable, et puis on déposera votre
réponse ici. Ha, ha, ha! Nous vous remercions beaucoup. (16 h 30)
Concernant l'opérationalisation du registre foncier, vous
décriviez les diverses étapes qui seront franchies à
partir de maintenant jusqu'en 1996, nous disiez-vous. Le véritable
registre foncier intégral, vous le prévoyez pour janvier 1996, je
crois?
Mme Laurin: Pour l'année 1996. On n'a pas mis de mois
encore. Pour 1996.
Mme Harel: Vous nous parliez de 73 bureaux de publicité
foncière; deux d'entre eux, Montréal et Laval, sont
informatisés. Vous avez parlé d'ajustements aux systèmes
informatiques de Laval et Montréal. Vous nous avez parlé de 71
bureaux qui, eux, sont manuels, et vous n'avez pas parlé
d'informatisation de ces bureaux.
Mme Laurin: Pas en droit intérimaire pour décembre
1993, janvier 1994. Le droit intérimaire qui va être mis en place
dans les bureaux manuels, ça va être sur le même support. On
va faire les ajustements nécessaires et, parallèlement à
cette implantation du droit intérimaire, vont se poursuivre les travaux
en vue de développer un nouveau modèle organisationnel et
technologique et, donc, un nouveau système informatique qui va
être en mesure de supporter le Code civil intégralement, donc la
réforme de la publicité foncière intégrale.
Mme Harel: Alors, c'est donc dire qu'au départ il n'y a
pas de fonds importants qui sont consentis au support informatique du registre
foncier
Mme Laurin: Pour le droit intérimaire, en janvier 1994, ce
ne sont que des modifications informatiques mineures aux systèmes
informatiques de Laval et de Montréal.
Mme Harel: Donc, il n'y a pas eu de soumissions publiques, par
exemple, pour octroyer des contrats? Il n'y a pas encore eu de conception
administrative du système à l'égard du régime
foncier?
M. Rémillard: Au point de vue informatique, si vous voulez
avoir plus d'information, peut-être que Mme Shum-Tim pourrait venir dire
quelques mots.
Mme Shum-Tim (Georgine): M. le Président...
Le Président (M. LeSage): Si vous voulez vous identifier
parce que, pour le Journal des débats, c'est important.
Mme Shum-Tim: Georgine Shum-Tim, Direction des systèmes
informatiques, ministère de la Justice. Pour répondre à
votre question sur les investissements qui doivent être faits en
matière informatique pour le registre foncier, comme disait Me Laurin
tout à l'heure, dans un premier temps, pour implanter la phase I du
registre foncier, en fait, c'est des modifications qui doivent être
apportées au système actuel. Et, évidemment, il y a deux
bureaux en ce moment qui sont informatisés, c'est le bureau de
Montréal et le bureau de Laval. Et les efforts qui sont prévus
pour modifier le système existant sont de l'ordre de 700
jours-personnes. Donc, ça va nécessiter un montant entre 200 000
$ à 300 000 $. Ça, c'est uniquement pour l'entretien du
système actuel afin de permettre l'implantation de la phase I.
Mme Harel: Vous vous trouvez à être responsable de
l'ensemble, si j'ai bien compris, de la direction de l'informatique du
ministère de la Justice. C'est bien le cas, ou c'est simplement en
fonction du registre foncier?
Mme Shum-Tim: C'est-à-dire que je suis
représentante de la Direction des systèmes informatiques, et je
me trouve à être la chargée de projet du côté
informatique pour le registre mobilier. Cependant, si je peux apporter ma
contribution pour les réponses ou les questions que vous avez sur le
plan informatique, bien, je vais essayer de faire mon possible. Mais, pour
l'instant, je veux dire, mes responsabilités se limitent comme
chargée de projet pour le registre mobilier.
Mme Harel: Et qui est chargé de projet pour le registre
foncier?
Mme Shum-Tim: Pour l'entretien du système, les
modifications...
Mme Harel: Pour l'implantation du système, il y aura une
conception...
Mme Shum-Tim: Administrative.
Mme Harel: ...administrative d'un système pour le registre
foncier.
Mme Shum-Tim: Pour la phase II du registre foncier, en fait, ce
qui est prévu, c'est qu'il y ait une conception administrative qui
débute après les fêtes, donc probablement au début
de l'année prochaine. À ce moment-là, il y aura une
conception administrative qui sera faite et, ensuite de ça, par la
suite, il y aura un développement du système informatique. Donc,
les mêmes étapes qui ont été mentionnées ce
matin pour le registre mobilier, c'est-à-dire l'architecture
fonctionnelle, l'analyse fonctionnelle, les analyses organiques, et la
programmation et l'implantation du système informatique. Et tout
ça, finalement, comme disait Me Laurin tout à l'heure, devrait
être disponible au cours de l'année 1996.
Mme Harel: Alors, en fait, les problèmes ne sont pas
encore connus parce qu'ils n'ont pas pu se faire connaître, tous les
problèmes d'implantation d'un système, si je comprends bien. Ce
sera finalement dans les mois qui viennent, au moment où vont
s'élaborer ce que vous appelez l'architecture fonctionnelle, et les
dossiers fonctionnels, et les dossiers organiques et la programmation. Parce
qu'il n'y a pas encore eu de conception administrative, c'est ça qu'il
faut comprendre.
Mme Shum-Tim: C'est ça, exactement.
Mme Harel: Alors, je vous remercie beaucoup.
Mme Shum-Tim: Merci.
Le Président (M. LeSage): Merci, madame.
Mme Harel: Est-ce que Mme Laurin est revenue?
M. Bélanger (Anjou): J'aurais eu une question à
poser à madame.
Mme Harel: Ah! Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Je vous remercie, M. le
Président.
Si je comprends bien, madame, vous nous dites que les 200 000 $ à
300 000 $ qui vont être dépensés, c'est uniquement par
rapport aux systèmes actuels de Montréal et de Laval?
Mme Shum-Tim: Oui, c'est ça.
M. Bélanger (Anjou): et, présentement, vous n'avez
pas encore mis au point le modèle informatique nécessaire pour
intégrer tout le québec. c'est ça? est-ce qu'il existe, le
modèle informatique ou...
Mme Shum-Tim: Pour la phase II? M. Bélanger (Anjou):
Oui.
Mme Shum-Tim: O.K. Il y a des études
préalables...
M. Bélanger (Anjou): Oui.
Mme Shum-Tim: ...qui ont été faites. Parce que,
avant de débuter une conception administrative, il y a toujours des
études préalables qui doivent être faites pour, dans un
premier temps, finalement, bien comprendre les modifications qui sont
apportées par la réforme du Code civil. Donc, sur ces
études-là, Me Laurin pourrait donner plus de détails, mais
il y a déjà des études préalables qui ont
été faites pour voir comment les modifications sur le plan
législatif vont se traduire sur le plan opérationnel. Ça,
ce sont des travaux qui ont été faits. Il y a les cheminements
légaux et il y a aussi la révision du processus
opérationnel qui sont déjà enclenchés et puis,
ça, ce sont des études qui sont préalables. Et là
on serait prêts, sous peu, à commencer, finalement, les travaux
relatifs à la conception administrative.
Il faut comprendre que, quand on fait une conception administrative, ce
qui est bien important, c'est d'abord de préciser le processus
opérationnel et, une fois que le processus opérationnel est
stabilisé, c'est à ce moment-là que les choix
technologiques peuvent se faire. C'est uniquement de cette
façon-là qu'on garantit que les choix technologiques vont
supporter les choix organisationnels, et non l'inverse. Il ne faudrait pas que
ce soit la technologie qui dicte les façons de faire. Il faut que les
processus organisationnels soient d'abord, dans un premier temps, bien
stabilisés, qu'il y ait une réflexion de faite à ce
niveau-là. Et, une fois que, ça, c'est fait, à ce
moment-là, on enclenche les travaux par rapport à la conception
administrative. Et, au cours des travaux de conception administrative,
là, finalement, il sera question de faire un état de la situation
actuelle. Il sera également question de voir les modifications par
rapport au processus opérationnel actuel et, par la suite, on
déterminera des orientations sur les plans organisationnel, fonctionnel
et technologi- que. Et, une fois que ces orientations-là seront
précisées, à ce moment-là il y aurait donc
différentes alternatives de concrétisation et évaluation
des coûts pour chacun des scénarios et, par la suite, il y aurait
une recommandation. (16 h 40)
M. Bélanger (Anjou): À votre connaissance, les
études préalables ont été entreprises quand?
À quelle date ont-elles été entreprises? Mme Laurin, je
pense, pourrait mieux répondre, c'est ça?
M. Rémillard: À ce moment-là, ça
serait peut-être...
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: ...Mme Laurin, si vous permettez,
monsieur...
M. Bélanger (Anjou): D'accord. Il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. LeSage): Vous avez terminé avec
madame?
M. Bélanger (Anjou): Oui. Je vous remercie, madame.
Le Président (M. LeSage): Merci, madame.
Mme Laurin: Les études préalables, en fait, ont
débuté... Bien, il y a eu l'adoption du Code civil et, suite
à la stabilisation de ce cadre juridique là, il y a donc eu une
révision des cheminements opérationnels des bureaux
d'enregistrement - qui vont être les bureaux de la publicité
foncière - qui a été faite pour essayer de voir fonction
par fonction comment ça pouvait se traduire. J'ai ici la liste de toutes
les études qui ont été faites en vue de se préparer
pour une conception administrative. Mais, comme je le disais tout à
l'heure, à partir du moment où l'orientation ministérielle
a été prise d'arrimer la rénovation cadastrale et
là réforme, on a «priorisé» les travaux en vue
du droit intérimaire qui est applicable avant, dans le temps, et donc on
a poursuivi en parallèle les travaux en vue de la conception
administrative. Mais on est en mesure de pouvoir commencer ces
travaux-là en janvier.
M. Bélanger (Anjou): mais est-ce que ça fait
plusieurs mois que ces études ont été entreprises? en
termes de mois, d'années ou quoi?
Mme Laurin: On les a commencées dès l'adoption du
Code civil, au mois de janvier.
M. Bélanger (Anjou): Au mois de janvier. Mme Laurin:
Les études ont commencé, oui.
M. Bélanger (Anjou): En janvier.
Mme Laurin: Oui, les études ont commencé en
janvier.
M. Bélanger (Anjou): Ah bon! D'accord. Merci.
Le Président (M. LeSage): Merci, Me Laurin. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. J'apprécierais
beaucoup, Mme Laurin, si vous nous précisiez, à l'égard de
ce que vous appelez la phase intérimaire...
Mme Laurin: Oui.
Mme Harel: ...le registre intérimaire, ce qu'il y a de
nouveau dans cette phase-là au regard de la pratique actuelle.
Mme Laurin: Oui. Alors, ce qu'il y a de nouveau - en fait, je
reprends un peu ce que je disais tout à l'heure - c'est que, quand un
praticien, quand un notaire, par exemple, va se présenter dans un bureau
de la publicité foncière, plutôt que d'avoir à
simplement déposer son acte pour enregistrement, il va devoir
déposer ce qu'on appelle une réquisition d'inscription, une
réquisition d'inscription qui va indiquer chacun des droits, et cette
réquisition d'inscription là devra être attestée. Il
y a des modalités particulières. Si vous voulez aller plus dans
le contenu, j'ai avec moi le responsable du service juridique qui pourrait vous
donner tout le détail. Si je vous résume en gros, c'est
ça. Donc, réquisition d'inscription avec attestation. Et, au
moment où le notaire présente cette réquisition
d'inscription et son attestation, l'officier de la publicité va lui
remettre, à ce moment-là, un bordereau de présentation qui
va indiquer la date, l'heure, la minute, et c'est à partir de ce
document-là qu'on peut déterminer le rang. Il y a des
modalités particulières pour la réquisition d'inscription.
Ça peut être soit l'acte, un extrait d'acte ou encore un sommaire
qui peut être produit et, dans des cas prévus par la loi, un avis.
En gros, quant aux nouvelles modalités, si je veux les résumer
très succinctement, c'est comme ça qu'elles se présentent.
On peut aller plus dans le détail, si vous voulez. Le responsable du
service juridique est ici pour vous donner ce portrait plus global, plus
détaillé, si vous en avez besoin.
Mme Harel: Mais est-ce qu'il y a des effets nouveaux de la loi
qui sont appliqués?
Mme Laurin: En termes d'effets nouveaux, il y a l'article 2944,
la présomption d'existence des droits inscrits, la présomption
simple. Mais la présomption d'existence d'un droit de
propriété, la présomption absolue après 10 ans,
ça, ce n'est pas applicable. Ce qui est applicable également en
matière d'effets, bien, vous avez les effets habituels
d'opposabilité et de détermination qui ne sont pas nouveaux et
vous avez également l'article 2943, la présomption simple de
connaissance, qui sera applicable en droit transitoire, mais pas la
présomption absolue.
Mme Harel: Alors, je comprends donc qu'il y aura finalement une
gestion manuelle de toutes ces attestations, et les praticiens devront donc
transformer leur pratique en fonction du nouveau droit. Mais, par ailleurs, ils
n'auront pas les effets qui découlent du nouveau droit.
Mme Laurin: Si vous me permettez, c'est justement pour assurer
une transition harmonieuse. Plutôt que d'arriver et d'avoir à
appliquer immédiatement toutes les nouvelles façons de faire, ce
droit intérimaire là va permettre de commencer à
travailler avec les nouvelles modalités du droit. Ce seront les
mêmes modalités dans tous les bureaux, ce qui facilitera la
tâche des notaires, des praticiens.
Mme Harel: Et quand est-ce que ce sera informatisé?
Mme Laurin: On prévoit que le modèle
organisationnel et technologique, le nouveau système informatique
pourrait être disponible en 1996. On vous expliquait tout à
l'heure comment fonctionnait le développement d'un système
informatique. Il y a donc l'étape de la conception administrative, des
approbations au Conseil du trésor qui prend un an; il y a ensuite
l'étape des études détaillées, des
réalisations et des essais techniques qui prend deux ans. Donc, c'est ce
pourquoi on arrive à un délai de trois ans et qu'on peut dire que
le modèle organisationnel et technologique va être prêt en
1996.
Mme Harel: Là, je pose la question au ministre. Ça
reste quand même hypothétique. On comprend donc, au moment
où on se parle, où on examine la loi d'application, qu'il n'y a
encore aucune autorisation de crédits qui émane du Conseil du
trésor.
M. Rémillard: Bien, il y a le Fonds des registres qui est
toujours là. Je vais peut-être demander à M. Ménard
de répondre.
Mme Harel: C'est vrai. Le Fonds des registres...
M. Rémillard: Le Fonds des registres est toujours
là.
Mme Harel: ...je voulais y venir, justement. Ça tombe
bien.
M. Rémillard: Alors, vous voyez, je suis ici pour faire
les transitions.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Bon, on me dit que Jean Gauvin est ici
aussi, qui est responsable, qu'on a entendu; il y a le directeur du Fonds des
registres qu'on peut entendre aussi.
Le Président (M. LeSage): M. Gauvin, si vous voulez bien
vous identifier, pour les fins du...
M. Gauvin (Jean): Jean Gauvin, directeur pour les registres du
ministère de la Justice.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. Gauvin. La parole est
à vous.
Mme Harel: Bonjour.
M. Gauvin (Jean): Bonjour, madame. Tel que prévu par la
loi constituant le Fonds des registres, le Fonds des registres est en vigueur
depuis le 1er janvier 1992. Il a comme objectif de financer l'ensemble des
opérations de l'enregistrement et également de financer
l'ensemble du développement lié à la réforme du
Code civil. Alors, pour chacun des registres qui sont à l'étude
aujourd'hui, qui sont en développement, le Fonds doit assurer le
financement du développement, mais pas de la rénovation
cadastrale, naturellement. Est-ce que vous...
Mme Harel: On vous suit, on vous suit. Je cherchais si je n'avais
pas déposé une question au feuilleton, concernant le Fonds des
registres.
M. Gauvin (Jean): Alors, le Fonds des registres est en vigueur
depuis le 1er janvier. Sa première année financière de
trois mois est terminée et, suite à la vérification des
états financiers, naturellement, il y a un surplus de 4 400 000 $ qui
s'est dégagé de l'opération du Fonds après trois
mois. Pour la prochaine année, 1992-1993, naturellement, sur la base des
mêmes prévisions de revenus, on est en mesure d'assumer à
la fois les dépenses d'opération et les dépenses
d'immobilisation que l'on retrouve dans le développement. Alors, on
satisfait à tous les besoins financiers tout en prévoyant
également un surplus à la fin de l'année.
Naturellement, le Fonds est financé tout d'abord par la
tarification qui est déjà en place depuis octobre 1991, par les
surplus qu'il dégage à la fin de chaque année
financière. Et il y a deux autres modalités de financement qu'on
n'a pas eu à utiliser encore jusqu'à maintenant: via un emprunt
au fonds de suppléance du gouvernement, on a une marge de crédit
de 2 000 000 $ qu'on n'a pas utilisée, en plus du fonds des
investissements du ministère des Finances qu'on pourrait utiliser pour
nos besoins financiers en immobilisations. Et, à ce moment-ci, on n'a
rien utilisé de ça.
Mme Harel: Concernant la tarification, y a-t-il des modifications
qui doivent prendre effet bientôt, comme ce sera le cas pour le fonds de
rénovation cadastrale? (16 h 50)
M. Gauvin (Jean): Actuellement, il y a un tarif qui a
été modifié au niveau de l'enregistrement officiel, qui
entre en vigueur en janvier 1993. Pour nous, c'est un volet qui peut
représenter à peu près 100 000 $ par année par
rapport à l'ensemble des revenus du Fonds, qui sont de l'ordre de 51 000
000 $ par année. Alors, c'est peu significatif dans l'ensemble du
Fonds.
Le 1er janvier 1993, on met en place tout le système de
perception pour la rénovation cadastrale, c'est-à-dire qu'on a un
système de perception en vigueur depuis janvier 1992 à travers
nos 73 bureaux, et c'est ce système-là qu'on modifie pour aller
puiser les 28 $ par enregistrement foncier à partir de janvier 1993 et
garantir également là les ristournes au ministère de
l'Énergie et des Ressources au fonds de rénovation cadastrale.
Donc, ce sont les deux seules choses sur le plan tarifaire.
Dans l'avenir, naturellement, il faut revoir la structure tarifaire
parce que nos nouveaux développements créent de nouveaux
registres, créent également de nouveaux services qui ne sont pas
tarifés à ce moment-ci. Donc, il faut revoir l'ensemble de la
tarification pour s'assurer que le Fonds a toujours les crédits
suffisants pour financer ses opérations. Ce ne sont pas
nécessairement des augmentations qu'on doit voir, c'est plutôt une
restructuration, une révision complète des services que l'on va
rendre par rapport à ce que l'on rend déjà, etc.
Mme Harel: M. le Président... Excusez-moi. Voulez-vous
poursuivre? Je vais...
M. Gauvin (Jean): Ça va, madame.
Mme Harel: Parce que, si vous voulez faire votre exposé,
on peut réserver nos questions pour la fin, si vous le
préférez.
M. Rémillard: Je pense que c'était terminé.
C'était juste pour répondre à vos questions.
Mme Harel: C'était terminé. Très bien.
Alors, l'an dernier, je crois me rappeler qu'au moment où nous
examinions cette question - ou c'était peut-être lors des
crédits - le ministre nous avait indiqué que les Fonds
étaient autosuffisants, que le Fonds était, en termes de
financement, autosuffisant, sauf pour la rénovation cadastrale, et que,
donc, il allait y avoir - et il l'avait annoncé, à ce
niveau-là - une discussion avec la Chambre des notaires en vue d'une
nou-
velle tarification, ce qui nous est confirmé aujourd'hui. Mais on
nous avait pourtant dit qu'au niveau du financement le Fonds des registres
était autosuffisant pour financer les développements futurs.
Est-ce que c'est le cas?
M. Gauvin (Jean): Absolument, madame. Naturellement, on doit
considérer que, lors de la mise en oeuvre de chacun des nouveaux
registres, on arrive avec de nouvelles obligations, on arrive avec de nouveaux
services, et des nouveaux services qui devront être tarifés
également. Donc, actuellement, sur la base de ce que l'on a comme
organisation, avec le développement, on est en mesure de financer
l'ensemble de nos besoins, que ce soient des besoins d'opération ou de
développement.
Mme Harel: Bon. Parlons de nouveaux services. Le Fonds des
registres s'occupe donc du registre de l'état civil, du registre des
droits réels et personnels mobiliers et de quel autre registre?
M. Gauvin (Jean): Du registre foncier. Mme Harel: Du
registre foncier.
M. Rémillard: Les trois registres du Code civil.
Mme Harel: Par exemple, à l'égard du registre de
l'état civil, est-ce qu'il va y avoir des nouveaux services?
M. Gauvin (Jean): Bien, c'est l'ensemble des services qui seront
déterminés dans le cadre de la réforme que l'on doit
revoir systématiquement.
Mme Harel: Mais, est-ce qu'il y aura une offre de nouveaux
services?
M. Rémillard: Qu'est-ce que vous voulez dire par
là?
Mme Harel: Bien, c'est parce qu'on nous parle d'une nouvelle
tarification étant donné qu'avec les nouveaux registres il y a
des nouveaux services.
M. Rémillard: Nouveaux services. Par exemple, on a
parlé ce matin du registre de l'état civil et de la
possibilité que nous donnons de communiquer, partout sur le territoire
du Québec, avec une ligne 1-800, par exemple, directement, de recevoir
des copies des attestations aussi par la poste dans 24 heures. Les services,
bien, c'est des nouveaux services. Maintenant, on n'a pas pris de
décision encore quant à la tarification. On n'a pas encore
établi tous les coûts de ça parce que le processus
administratif n'est pas terminé. Alors, quand le processus administratif
va être terminé, je serai en mesure de dire que ça va
être très équitable et se situer, comme je l'avais dit
lorsqu'on a étudié le projet de loi, et aux crédits aussi,
dans une proportion qui est très, très, très
acceptable.
Mme Harel: j'apprécie l'engagement du ministre, mais,
évidemment, nous attendrons de connaître la tarification qui sera
publiée dans la gazette officielle.
M. Rémillard: Oui, oui. C'est ça, oui.
Mme Harel: Je comprends. C'est prévu pour quand?
M. Rémillard: Bien, là, il faut terminer le plan
administratif et tout.
M. Gauvin (Jean): On a encore des analyses à effectuer,
compte tenu des études qui se font dans chacun des projets, et
probablement qu'au début de l'année 1993 on aura des idées
sur...
M. Rémillard: Pour le printemps. M. Gauvin (Jean):
Au printemps.
M. Rémillard: Je pense que c'est là, au printemps.
On m'informe que, normalement, on devrait, au printemps prochain, être en
mesure de pouvoir établir cette tarification et aller en
prépublication.
Mme Harel: Alors, sur le Fonds des registres, je ne sais pas si
mes collègues ont d'autres questions.
M. Rémillard: Est-ce qu'on peut peut-être prendre...
M. le Président, si on prenait un petit cinq minutes pause-santé,
ça ne serait pas, des fois...
Mme Harel: Ah oui! C'est une bonne idée, ça.
Le Président (M. LeSage): La meilleure suggestion de cet
après-midi.
M. Rémillard: II n'y avait aucune relation entre...
Mme Harel: Ah! Que c'est une bonne idée, ça.
Le Président (M. LeSage): Alors, je suspends les travaux
de la commission pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 56)
(Reprise à 17 h 24)
Le Président (M. LeSage): S'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. M. le ministre, vous avez des
commentaires, ou Mme la députée.
M. Rémillard: On est de retour en pleine santé, M.
le Président, après cette pause.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Maison-neuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Alors, M. le
Président, au moment où nous abordions la question du Fonds des
registres, je crois comprendre qu'on nous a indiqué que l'ensemble des
surplus qui étaient générés par le Fonds
étaient consacrés au développement des registres
eux-mêmes. C'est bien le cas, hein? Ah oui! Effectivement, M. le
Président, plus précisément, je crois comprendre qu'on
nous a indiqué que les surplus générés,
plutôt, par le Fonds, faisaient partie des sources de financement du
Fonds des registres. C'est bien le cas?
M. Gauvin (Jean): Si vous me permettez une explication, c'est que
le Fonds est constitué des revenus provenant des tarifs qui sont
déjà en vigueur. Et, à l'aide de ces tarifs-là,
naturellement, on finance les opérations de l'enregistrement actuel,
avec les 73 bureaux, et tous les développements au niveau des registres
qui sont couverts dans la réforme du Code civil. Une fols qu'on a
identifié tous ces besoins financiers là, la différence
entre nos revenus et nos besoins devient un surplus, et ce surplus-là
reste dans le Fonds.
Mme Harel: Bon. Alors, je suis contente qu'on puisse en parler,
parce que ça avait été trop hâtivement abordé
au moment de l'étude des crédits. La loi elle-même qui
modifie diverses dispositions législatives concernant la constitution du
Fonds des registres du ministère de la Justice, la loi elle-même
prévoit, à l'article 32.7, et je lis: «Les surplus
accumulés par le fonds spécial sont versés au fonds
consolidé du revenu aux dates et dans la mesure que détermine le
gouvernement.» Alors, faut-il comprendre qu'en ce qui concerne le Fonds
des registres les surplus sont laissés à l'administration du
Fonds, ils ne sont pas versés au fonds consolidé du revenu?
M. Rémillard: Étant donné, M. le
Président, la mise en place de tous ces registres, on nous avait
suggéré - suggestion qui est particulièrement
intéressante, qu'on a trouvée - de créer ce Fonds. Alors,
ce Fonds, comme Me Gauvin nous l'a expliqué, est constitué des
sommes d'argent que nous cotisons pour rendre ce service. Alors, c'est de
l'argent qui reste au ministère de la Justice au niveau de nos
crédits et c'est de l'argent qui est utilisé à
l'intérieur de notre développement pour nos trois registres.
Mme Harel: Alors comment comprendre que, dans le discours du
budget prononcé par le ministre des Finances au mois d'avril dernier, on
pouvait lire ceci: «Récupération des surplus des fonds
spéciaux.» Et je cite, là: «Au cours des
dernières années, le gouvernement a mis en place des fonds
spéciaux qui constituent des entités comptables
particulières. Dans une démarche de rationalisation
inspirée des pratiques utilisées dans le secteur privé,
ces entités sont imputables de leurs revenus et dépenses,
à titre de centres de coûts pour des services internes au
gouvernement ou de responsables d'activités commerciales
effectuées à même les opérations de certains
ministères. «Cette pratique s'est révélée
bénéfique car, en plus de rationaliser certaines
activités, les fonds spéciaux ont pu réaliser des surplus
qui pourront être réaffectés au financement de l'ensemble
des programmes gouvernementaux. En 1992-1993, les surplus des fonds
spéciaux qui seront ainsi récupérés
représentent 25 000 000 $.»
M. Rémillard: Alors, je vais laisser Me Gauvin...
M. Gauvin (Jean): Si vous permettez, madame, dans les 25 000 000
$ prévus dans le budget de M. Levesque - je ne peux répondre pour
M. Levesque - il n'y avait rien de prévu pour le Fonds des registres
parce qu'on parle des fonds, des surplus accumulés au 31 mars 1992. Les
états financiers n'étaient pas produits à ce
moment-là et on n'avait que trois mois d'opération. Aussi, il
faut bien dire qu'un des objectifs en créant le Fonds, c'est d'assurer
le financement de la réforme. Or, comme les interlocuteurs savent tous
les investissements que l'on doit faire pour mettre en place la réforme
du Code civil, naturellement, avant de s'approprier de l'argent du Fonds, on va
pouvoir s'entendre avec eux sur les besoins que l'on a à satisfaire.
Mme Harel: Est-ce que vous avez débuté les
pourparlers à cet effet? Parce que, cette année,
vraisemblablement, vous devriez être soumis à cette mesure qui,
d'ailleurs, est une des dispositions de la loi créant le Fonds des
registres du ministère de la Justice. Cette disposition, je le rappelle,
consiste à verser au fonds consolidé du revenu les surplus
accumulés. Alors, je comprends que vous pensez qu'il serait
nécessaire de les garder pour poursuivre le développement, mais
la loi, elle, prévoit que vous les versiez au fonds consolidé du
revenu.
M. Gauvin (jean): mais ce qui va être versé dans les
25 000 000 $, ce sont les surplus accumulés au 31 mars 1992 pour les
différents fonds qui ont été identifiés par le
gouvernement,
et le Fonds des registres n'était pas couvert par ça.
Mme Harel: Oui, j'ai bien compris. Ça, c'était pour
le budget de 1992. Mais, vous savez... (17 h 30)
M. Gauvin (Jean): 1992-1993.
Mme Harel: 1993, voilà!
M. Gauvin (Jean): D'accord.
Mme Harel: Jusqu'au 1er avril. Mais, vraisemblablement, il faut
prévoir que, si cette mesure est apparue au budget de 1992-1993 dans le
discours du ministre des Finances, elle apparaîtra à nouveau dans
le discours du ministre des Finances qu'il prononcera en avril prochain. Par
exemple, je pense à cette ponction a la commission des accidents
d'automobile qui a été faite il y a maintenant presque cinq, six
ans, qui devait être un précédent et qui a
été répétée à peu près chaque
année. Alors, il faut déjà prévoir qu'il y aura
vraisemblement récidive. S'il y a de l'argent quelque part, le ministre
des Finances a plutôt tendance à mettre la main dessus, comme on
dit, surtout quand la loi prévoit que le surplus sera versé.
M. Rémillard: Oui, mais c'est des dispositions,
évidemment, qu'on trouve dans bien d'autres lois. Dans ce cas concret
que nous avons avec les registres, le Conseil du trésor et le
ministère des Finances, évidemment, sont particulièrement
au courant des sommes dont on doit disposer pour mettre en place tous ces
registres. Alors, c'est un travail qu'on a fait en étroite collaboration
avec le Conseil du trésor. Je dois vous dire que je me suis même
rendu au Conseil du trésor. J'y suis allé avec tous les gens
concernés, au Conseil du trésor. C'est mardi dernier qu'on a
été au Conseil du trésor. Alors, on est allés
encore au Conseil du trésor mardi.
Mme Harel: Dans un esprit de franche camaraderie.
M. Rémillard: Dans un esprit de très franche et
directe camaraderie et de compréhension de la part de mes
collègues. Et, dans ce contexte-là, nous, ce que nous avons,
c'est l'accord du Conseil du trésor, du gouvernement respectant les
décisions du Conseil des ministres avec ce processus qui est
d'enclencher la mise en oeuvre des trois registres. Alors, c'est dans ce
contexte qu'on a besoin des sommes d'argent. Par conséquent, les
discussions sont en cours. C'est en fonction de pouvoir autofinancer ces
services...
Mme Harel: Alors, on doit comprendre que vraisemblablement, si
une telle mesure apparaît de nouveau dans le discours sur le budget, les
fonds du ministère de la Justice en seront exonérés?
M. Rémillard: En fait, nous en sommes à discuter.
Notre objectif, c'est l'autofinancement qui est là. On a besoin de
sommes d'argent importantes, évidemment, pour pouvoir mettre tout
ça en place.
Mme Harel: Oui, mais là on parle de surplus.
M. Rémillard: On parle de surplus dans le contexte actuel
pour une année financière, mais on parle de dépenses dans
l'année qui va suivre. Donc, il y a un équilibre
budgétaire qui ne doit pas se situer en fonction d'une seule
année budgétaire, mais dans un contexte global pour avoir des
résultats précis et en vue des objectifs pointus que nous
recherchons.
Mme Harel: J'espère ne pas avoir à vous citer au
moment des crédits, quand nous examinerons...
M. Rémillard: J'ai fait ma phrase en conséquence.
Je vous connais, je vous connais.
Mme Harel: Moi ou un de mes collègues, en fait. Quant au
Fonds des registres, je ne sais pas si des collègues auraient d'autres
questions.
Le Président (M. LeSage): Alors, ça va, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: Sur le Fonds des registres, je vous remercie.
Le Président (M. LeSage): Alors, merci, Me Gauvin. Il y a
d'autres commentaires.
Mme Harel: Alors, nous reprendrions... Oui, c'est ça.
Le Président (M. LeSage): Avec Me Laurin. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui. M. le Président, j'avais
préparé des questions qui me semblaient évidentes
là, au moment où nous décidions de suspendre nos travaux.
Je me rends compte que peut-être des collègues auraient des
questions concernant le registre foncier intégral. Oui, il y en aurait
une, en fait. Je voudrais revenir. Tantôt, vous disiez donc qu'il y
aurait réquisition d'inscription, que tout ça, sauf pour
Montréal et Laval, continue à se faire de façon manuelle,
donc qu'il y a finalement des nouvelles règles de pratique?
Mme Laurin: Oui, de nouvelles règles de
procédure.
Mme Harel: De nouvelles règles de procédure pour la
communauté juridique. Il doit donc y avoir une réglementation,
puisque tout cela sera en vigueur à partir, disiez-vous, de janvier
1994. C'est bien le cas?
Mme Laurin: C'est la date prévue pour le droit
intérimaire, oui.
Mme Harel: donc, à partir de janvier 1994, il y aura la
réquisition d'inscription qui sera nécessaire. la
réglementation à cet égard sera prête à quel
moment?
Mme Laurin: II y a déjà des travaux qui ont
commencé à se faire en vue de cette réglementation, du
règlement provisoire. C'est un document de travail qui n'a pas encore
franchi toutes les étapes. À ce moment-ci, ce qu'on pourrait dire
qu'on pourrait retrouver dans ce règlement provisoire, ce serait tout ce
qui concerne justement l'organisation matérielle des bureaux:
énumérer les registres qui vont s'appliquer, le contenu de ces
registres, la description du bordereau de présentation, par exemple,
également, en ce qui a trait aux réquisitions d'inscription, les
modalités de présentation, le nombre de copies qui seraient
requises, en fait un peu la cuisine de comment tout ça va s'articuler.
Il va y avoir aussi, bien sûr, de la réglementation concernant les
inscriptions, les inscriptions que l'officier de la publicité aura
à faire aux registres, quant au contenu, comment on va procéder
pour faire une inscription distincte pour chaque droit, la façon de
faire les radiations, parce qu'en droit intérimaire on va devoir
continuer les inscriptions en marge.
En fait, c'est un règlement d'application sans orientation
particulière, uniquement pour indiquer comment, dans le concret,
ça se traduit et comment ça va fonctionner.
Mme Harel: C'est à ça, habituellement, que sert un
règlement. Mais il y aura toujours les inscriptions en marge?
Mme Laurin: Dans la phase I, uniquement pour le droit
intérimaire, parce qu'on ne disposera pas du véritable registre
foncier qui permet, pour chaque inscription, d'aller appliquer directement la
radiation. Donc, il faut continuer, en droit intérimaire, d'aller faire
les mentions en marge.
Mme Harel: donc, il y aura à la fois toutes les mentions
en marge, c'est-à-dire tout ce qui existe présentement, plus la
façon de procéder du nouveau droit, sans les effets du nouveau
droit. c'est ça, en fait?
Mme Laurin: C'est ça. En fait, c'est les modalités
du nouveau droit, telles qu'elles sont prévues au Code civil.
Mme Harel: Plus la façon de pratiquer de l'ancien
droit.
Mme Laurin: On maintient certaines... Oui, pour faire le pont et,
ensuite, en phase II, il y aura un autre règlement qui s'appliquera pour
le registre foncier intégral.
Mme Harel: Quand est-ce que le règlement doit être
prêt?
Mme Laurin: Après les fêtes. Les travaux sont
déjà commencés. Après les fêtes, le
règlement devrait être...
Mme Harel: Ah! c'est suffisamment avancé pour
prévoir que cela sera publié au début de l'hiver?
Mme Laurin: II faut bien comprendre que, dans les travaux au
sujet de la réglementation, il y a des propositions qui sont faites. Il
faut faire les études d'impact, voir si, ça, c'est vraiment
applicable. Par exemple, on parlait des modifications informatiques aux
systèmes de Laval et de Montréal. Il faut voir si une disposition
réglementaire est susceptible de venir bouleverser à ce point le
système informatique qu'on ne puisse pas apporter les modifications
informatiques requises et, donc, ajuster en conséquence, en respectant
l'esprit de la loi.
Mme Harel: Alors... Excusez-moi!
M. Rémillard: Je veux simplement vous préciser
que... Je viens de parler avec M. le sous-ministre, et ce qu'on prévoit,
comme je le disais tout à l'heure pour l'autre règlement, c'est
aller en prépublication quelque part au printemps. Exactement quand,
ça va dépendre..
Mme Harel: Mais de façon certaine, puisque tout
système se met en place en janvier 1994, il faut comprendre qu'à
la fin de la session prochaine le règlement sera connu. Est-ce que c'est
le cas?
M. Rémillard: C'est le cas. C'est pour ça qu'il
fallait faire cette loi d'application maintenant, c'est-à-dire avant
l'ajournement des fêtes, pour que toute cette réglementation
puisse se faire et qu'elle soit publiée à temps pour qu'on puisse
procéder, respecter notre échéancier.
Mme Harel: Et l'échéancier, c'est, j'imagine, au
plus tard, au début de l'été?
M. Rémillard: C'est ça.
Mme Harel: Je ne voudrais pas le dire, moi, mais je voudrais
l'entendre. Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Oui. Bien, l'échéancier...
Je
dis toujours ('«échéancier». Notre
échéancier, le poteau d'arrivée, c'est le 1er janvier pour
l'application du Code civil. C'est là qu'on va arriver. Pour arriver,
disons, à notre échéancier, il faut que notre
réglementation puisse être en prépublication quelque part
au mois d'avril à peu près. C'est à peu près
ça. Alors, on y travaille. Après les fêtes, on va... dans
les règlements. On arrive dans les règlements. On va avoir une
meilleure idée, aussi, de tout ce qui regarde le système
administratif. On y arrive. (17 h 40)
M. Holden: C'est une course de chevaux.
M. Rémillard: C'est une course. Je me permets de souligner
la qualité du travail qui se fait. Vous pouvez le vérifier par
les gens, nos experts qui viennent témoigner, les fonctionnaires, mais,
du côté du ministère de la Justice, la qualité du
travail est exceptionnelle. On demande à ces gens de travailler,
vraiment, extrêmement fort pour respecter ce délai du 1er
janvier.
M. Holden: On apprécie, je crois.
M. Rémillard: M. le sous-ministre est là et me dit:
On va le faire. Je l'apprécie parce que ça me rappelle les
discussions qu'on a eues quand j'ai dit: Ça va être le 1er
janvier, et les réactions que vous avez eues à ce
moment-là. Tout le monde ensemble, on est en train d'y arriver, et on va
y arriver.
Mme Harel: Mais, à l'origine, est-ce que ça ne
devait pas être le 1 er janvier 1993?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Je dois vous dire que j'ai peut-être,
à un moment donné, laissé tomber la date de 1993 dans des
petits groupes pour ensuite en arriver à 1994, ce qui n'est
déjà pas si mal.
Mme Harel: Alors, je vous remercie beaucoup, Mme Laurin.
Madame... Excusez-moi.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Vous avez parlé,
Me Laurin, dans votre exposé, d'information à la clientèle
pour le mois de septembre 1993. Est-ce que, dans votre plan d'information,
l'information passerait uniquement dans les 73 bureaux des registres actuels ou
si cette information-là pourrait passer aussi dans les bureaux des
professionnels?
Mme Laurin: Là-dessus, il y a une campagne d'information,
pour l'ensemble de la réforme, qui va se faire par la Direction des
communications.
D'ailleurs, on a commencé les contacts avec la Direction des
communications pour voir, justement, quel allait être le plan de
communication en regard du registre foncier, particulièrement. Il y a,
bien sûr, la clientèle des notaires qu'on peut rejoindre dans les
bureaux de la publicité foncière. Il y a également via la
Chambre des notaires. En fait, au moment où on se parle, le plan de
communication n'est pas arrêté, mais tout est prévu dans ce
sens-là pour une diffusion la plus large possible.
Mme Caron: Et, dans votre plan, est-ce que vous prévoyez
informer aussi les citoyens et les citoyennes?
Mme Laurin: Oui, bien sûr. Et même, pour les
notaires, si vous me permettez, je disais que, pour les bureaux, on allait
réviser les procédures. Donc, il y aura révision du
répertoire des procédures d'enregistrement. On a l'intention de
mettre un manuel à la disposition des notaires, de la Chambre des
notaires qui pourrait diffuser ce manuel-là pour que les notaires
puissent vraiment avoir une Idée claire de ce que représente le
droit intérimaire.
Mme Caron: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Westmount.
(Consultation)
M. Holden: M. le Président, j'ai compris qu'on travaille
sur les règlements pour une courte période de temps, n'est-ce
pas? Ils vont s'appliquer pour une courte période de temps?
M. Rémillard: Encore. On travaille encore sur les
règlements.
M. Holden: Oui, et...
Mme Harel: Ça veut dire qu'il va y avoir un
règlement pour la phase intérimaire et un règlement pour
la phase intégrale.
M. Holden: Oui. Et la phase intérimaire, c'est deux
ans?
Mme Laurin: La phase intérimaire, la phase I...
Excusez-moi.
M. Rémillard: Oui, pour la phase I, tant que la
réforme cadastrale n'est pas terminée.
Mme Laurin: C'est ça.
M. Rémillard: C'est ça?
M. Holden: Alors, ça dure jusqu'en 2006?
Mme Laurin: Oui, mais, comme je le disais, sur un nombre de plus
en plus restreint de territoires. D'ailleurs, comme le disait M. Mor-neau,
dès l'an 2000, il y a 50 % des lots qui seront rénovés et
60 % de la population pourront bénéficier du nouveau droit.
M. Rémillard: C'est toute une opération, M. le
Président. Je ne sais pas si on se rend compte, comme parlementaires, de
l'envergure de la tâche, de la logistique derrière tout
ça.
M. Holden: Ce qui m'a impressionné, c'est les 508 000 000
$.
Mme Harel: En dollars de 1992. M. Holden: Oui.
Mme Harel: Alors, je vous remercie, en tout cas, Mme Laurin. Je
souhaiterais, M. le ministre... Je ne sais pas comment vous entendez
procéder, mais nous pourrions libérer certainement, je crois, les
responsables des registres fonciers et de la rénovation cadastrale. Par
ailleurs, nous aurions encore des questions à poser à Me
Plamondon et à Me Lavigne. Alors, à moins de le faire
immédiatement, quitte à consentir à déborder un
peu, nous pourrions ensuite les libérer ou revenir à 20 heures.
Je ne sais pas ce que vous préférez. Ah! Excusez-moi, il y a un
causus à 18 heures.
M. Rémillard: Oui, mais, si ça se rendait
jusqu'à 18 h 15, ce ne serait pas suffisant?
Une voix: On a besoin de la salle. Mme Harel: Je crois que
c'est ici. M. Holden: On a un caucus ici. M. Rémillard:
Ah!
Le Président (M. LeSage): Vous avez un caucus ici à
18 heures?
Mme Harel: Oui.
M. Rémillard: Alors, on va procéder quand
même.
Mme Harel: Et on reçoit le sous-ministre des Transports,
vous voyez!
M. Rémillard: Bon! Bon! Bon!
Mme Harel: Sur les mauvaises nouvelles qu'il a à annoncer
aux ouvriers de son ministère.
M. Kehoe: On a une rencontre à 18 heures, nous autres
aussi. On a une rencontre avec le ministre des transports à 18
heures.
Une voix: Oui, nous autres aussi!
M. Kehoe: Oui.
Mme Harel: Le ministre?
M. Holden: Ah! Ah!
M. Kehoe: Oui! C'est encore pire.
Une voix: Deux poids, deux mesures.
M. Rémillard: On a presque 15 minutes...
Mme Harel: Oui, c'est ça.
M. Rémillard: ...alors on peut y aller. Alors, Mme
Plamondon et...
Le Président (M. LeSage): M. Lavigne.
M. Rémillard: ...M. Lavigne, dis-je. Alors, Mme Plamondon
et M. Lavigne, vous avez 15 minutes. Mme Plamondon, on vous attend. C'est
ça? Vous voulez avoir Mme Plamondon.
Registre des droits personnels et réels
mobiliers (suite)
Le Président (M. LeSage): Alors, nous avons maintenant
avec nous Mme Plamondon...
Mme Harel: Que nous retrouvons avec plaisir.
Le Président (M. LeSage): ...que nous retrouvons, oui.
Alors, je cède la parole à Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, M. le Président, Me Plamondon peut-elle
nous indiquer les projections d'inscriptions qui sont faites dans le registre
des droits personnels et réels mobiliers? Est-ce que, disons, à
chaque jour, vous avez fait des prévisions d'entrées,
annuellement également?
Mme Potvin-Plamondon: Alors, vous voulez connaître les
volumes d'activité qui sont prévus en phase I. Il y a des
évaluations qui ont été faites, comme je le disais.
À la phase I, on va retrouver principalement les droits actuellement
publiés et qui sont transformés en hypothèques
mobilières, ainsi que les droits personnels. Ces enregistrements sont
évalués à 225 000 annuellement, ce qui est un volume
récurrent, et les renouvellements sont évalués à
180 000 pour la période de la phase I, ce qui donne un volume total de
905 000.
Mme Harel: Donc, 905 000 annuellement. D'autre part, à
partir d'avril 1995, c'est-à-dire qu'à partir, nous
disiez-vous... La phase I, c'est une phase qui dure jusqu'à quand
déjà?
Mme Potvin-Plamondon: Jusqu'en avril 1995.
Mme Harel: Par la suite, est-ce que vous avez des projections de
volume aussi?
Mme Potvin-Plamondon: L'étude sur les besoins de la
clientèle externe a été faite au début de
l'année dernière et nous avons, à ce moment-là,
ramassé, finalement, de la part des principales clientèles, les
estimés de volume qu'ils prévoyaient devoir enregistrer avec le
projet de loi 125, à l'époque. Oui, on a obtenu des projections
de volume quant à la phase II. Cependant, je dois dire que ces
projections de volume ne sont pas complètes au moment où on se
parle. Il faudrait élargir l'échantillonnage. On est à
travailler, actuellement, sur un autre sondage pour la phase II où on va
avoir un échantillonnage beaucoup plus large, surtout par rapport aux
entreprises qui font du crédit-bail, où on a des données
absolument incomplètes au moment où on se parle. (17 h 50)
Cependant, ce qui est certain, c'est qu'en phase II, en ce qui concerne
l'entreprise, on devrait retrouver un volume additionnel d'environ 866 000
transactions-année qui sont surtout rattachées au droit qu'on va
publier en phase II, comme les ventes à tempérament, les ventes
conditionnelles, dont le gros volume se retrouve dans le domaine de
l'automobile.
Mme Harel: Est-ce que, dans ces 866 000
transactions-année, se retrouve le volume projeté pour
l'hypothèque mobilière sans dépossession?
Mme Potvin-Plamondon: Non.
Mme Harel: Ah bon! Est-ce que vous travaillez sur une projection
de volume pour l'hypothèque mobilière sans
dépossession?
Mme Potvin-Plamondon: Pas encore. Nous attendons de
connaître les orientations de la loi car le volume est directement
relié à l'assiette de l'hypothèque.
Mme Harel: Vous nous parliez de l'implantation papier graduelle.
C'est finalement la phase qui débutait en décembre 1993. Donc,
c'est la première phase du registre. C'est bien ça? Alors,
pouvez-vous nous en parler?
Mme Potvin-Plamondon: Comme je le disais ce matin, la solution
technologique qui est préconisée par la conception administrative
est finalement divisée en deux volets. Il y a d'abord la solution
technologique échange de documents informatisés pour laquelle,
selon les données qu'on a recueillies auprès des
clientèles, environ 70 % des clients seraient prêts à
transmettre par voie d'échange de données informatisées.
Pour le reste de la clientèle, la solution technologique consiste en une
solution des plus traditionnelles, finalement, qui est la solution de
présentation sur support papier avec saisie manuelle des informations
sur clavier.
Mme Harel: Quand vous parlez d'échange de données
informatisées pour 70 % de la clientèle, ça se ferait par
un modem ou... Qu'est-ce que ça signifie?
Mme Potvin-Plamondon: Bon, l'EDI, le modem, c'est assez
semblable. La différence qu'on peut donner, c'est qu'au niveau de l'EDI
ies transactions - parce qu'on appelle ça des transactions quand les
informations... on appelle ça des transactions - sont reconnues sur le
plan international. Jusqu'à ce moment-là, finalement, il y a des
démarches à faire pour arriver à ça et,
jusqu'à ce moment-là, ce qu'on fait entretemps, c'est le modem
qui représente les mêmes étapes exactement. C'est à
peu près la même chose, sauf que les transactions ne sont pas
reconnues sur le plan international. Et l'EDI prévoit...
Mme Harel: Échange électronique de données
informatisées. C'est ça, EDI?
Mme Potvin-Plamondon: Oui. Mme Harel: EDI? EEDI, c'est
ça? Mme Potvin-Plamondon: EDI. Mme Harel: D'accord.
M. Rémillard: C'est comme le modem, que vous dites?
Mme Potvin-Plamondon: Oui.
Mme Harel: Et ça, ce serait donc reconnu sur le plan
international, c'est-à-dire que les transactions qui seraient
effectuées à partir de cet échange électronique de
données informatisées, ce serait reconnu sur le plan
international, ce que ne serait pas le modem. C'est ça?
Mme Potvin-Plamondon: C'est ça. C'est qu'avec l'EDI,
finalement, ça revêt toutes les caractéristiques des normes
internationales et ça représente certains avantages pour certains
clients qui ont déjà les logiciels EDI. Mais ce ne sont pas tous
les clients qui ont des logiciels EDI.
Mme Harel: Le système EDI, vous nous avez signalé
qu'il allait être implanté? Qu'il allait être en usage
dès décembre 1993?
Mme Potvin-Plamondon: Non. Ce qui va être en usage en
décembre 1993, c'est la solution papier. Maintenant, on a mis sur pied
deux
projets-pilotes.
Mme Harel: La solution papier, c'est l'échange de
données informatisées?
Mme Potvin-Plamondon: Non. La solution papier, c'est la solution
traditionnelle, le formulaire traditionnel, un écrit, finalement, qui
est produit.
Mme Harel: Donc, rien ne va être informatisé
à ce moment-là, en décembre 1993.
Mme Potvin-Plamondon: Mais, quand on dit papier, c'est la
façon dont le client va transiger avec le bureau. Une fois
arrivées au bureau, les opérations vont être
complètement informatisées. Mais le mode...
Mme Harel: Mais le client, c'est par fax qu'il va pouvoir
transmettre?
Mme Potvin-Plamondon: ii va pouvoir transmettre de
différentes façons: soit en se présentant au bureau, au
comptoir, soit par le courrier ou... on est en train d'évaluer la
possibilité d'installer des télécopieurs dans les 20
bureaux actuellement informatisés pour les cessions de biens en
stock.
Mme Harel: Mais il y a quoi de nouveau par rapport à ce
qui se passe maintenant? Bien, c'est que, Mme Plamondon, c'était
tellement complexe tantôt, je n'arrivais pas à me faire une
idée simple de la chose. Mais, si je comprends bien, de décembre
1993 jusqu'en avril 1995, c'est la bonne vieille pratique habituelle qui se
poursuit.
Mme Potvin-Plamondon: II y a la solution papier, c'est ça.
Il y a l'informatisation du registre et, comme je disais, comme mode de
transmission de l'information, on met sur pied deux projets-pilotes
actuellement, justement pour développer les modes de transmission
électroniques. D'accord? Il y aura les rubans magnétiques, la
disquette et le modem qui vont être implantés progressivement au
cours de la phase I, alors, la disquette au mois de mars 1994 et le modem au
mois de juin 1994.
(Consultation)
Mme Harel: Dans la présentation tantôt que vous
faisiez sur la première phase, l'implantation papier, vous nous avez
parlé d'échange de données informatisées. Mais, si
je comprends bien, ça, ce n'est pas au départ en décembre
1993. Ce serait vraisemblablement en cours de route, en juin 1994 et en mars
1994.
Mme Potvin-Plamondon: C'est ça. Mais, comme l'EDI, la
disquette, et tout ça, c'est une manière de présenter
l'information au bureau de la publicité.
Mme Harel: Oui.
Mme Potvin-Plamondon: C'est juste ça.
Mme Harel: Et la deuxième façon, vous disiez, c'est
une présentation sur support papier. C'était tellement joli, la
manière dont vous nous disiez les choses. J'aimerais ça juste que
vous la repreniez, la deuxième façon de présenter, la
première étant l'échange de données
informatisées et la deuxième, vous disiez?
Mme Potvin-Plamondon: Je disais que c'était une solution
technologique des plus traditionnelles.
Mme Harel: Je ne pensais pas que c'était technologique,
mais, en fait... D'aller porter soi-même ses... Ha, ha, ha! D'accord.
Mme Potvin-Plamondon: Ce qui est traditionnel...
Mme Harel: Oui.
Mme Potvin-Plamondon: ...c'est la saisie manuelle sur
clavier.
Mme Harel: D'accord.
Mme Potvin-Plamondon: ce n'est pas d'aller porter le papier
soi-même au bureau de la publicité, mais bien de faire la saisie
des informations sur clavier.
Mme Harel: D'accord.
Mme Potvin-Plamondon: Sur écran cathodique.
Mme Harel: D'accord. C'est ce qui se fait
présentement.
Mme Potvin-Plamondon: Ce qui se fait présentement... Le
registre des droits personnels et réels mobiliers est un nouveau
registre. Actuellement, les droits sont publiés dans les 73 divisions
d'enregistrement.
Mme Harel: Mais il y a une saisie manuelle sur clavier et il y a
une présentation sur support papier, n'est-ce pas?
Présentement...
M. Rémillard: Le clavier est en communication directement
avec le papier.
Mme Harel: ...pour y être allée quelquefois,
rarement, il me semble que c'est la présentation sur support papier avec
une saisie manuelle sur clavier. Non?
M. Rémillard: La saisie manuelle sur clavier
précède, évidemment, le papier.
Mme Harel: Non, non, non.
M. Rémillard: Oui, mais oui! Vous saisissez le
clavier...
Mme Harel: ii faut que vous alliez faire votre
présentation sur support papier, après quoi il y a la saisie du
support papier, une saisie manuelle sur clavier.
M. Rémillard: Sur clavier?
M. Holden: On est payé à la tâche.
M. Rémillard: C'est vrai, vous avez raison. D'accord.
Mme Harel: II y a saisie manuelle sur clavier,
présentement?
Mme Potvin-Plamondon: Actuellement, il n'y a pas de registre
mobilier. Il n'y a pas de registre des droits personnels et réels
mobiliers. C'est confondu avec les enregistrements fonciers et il n'y a que
deux bureaux qui sont informatisés, Montréal et Laval, et que 20
bureaux pour le régime des cessions de biens en stock. Tout est
complètement nouveau, là.
Mme Harel: Ah! C'est trompeur. Sauf pour Montréal et
Laval.
Mme Potvin-Plamondon: Pour Montréal et Laval, c'est
nouveau aussi parce que c'est un régime complètement
différent. On se retrouve dans un régime d'inscription de droits,
par rapport à la situation actuelle où on est dans un
régime d'inscription de documents, et avec tous les attributs finalement
du nouveau droit.
Mme Harel: Alors, tous les bureaux seront donc
informatisés maintenant pour que, dès décembre 1993, il y
ait cette saisie manuelle sur clavier, ce qui était le cas seulement
à Montréal et à Québec. C'est ça que je
comprends? (18 heures)
Mme Potvin-Plamondon: Non. Je pense que je vais revenir un petit
peu par rapport à ce qui a été dit l'année
dernière. Le nouveau Code civil, finalement, opère une
révision complète de tout le régime de publicité
des droits personnels et réels mobiliers. Actuellement, les droits sont
enregistrés, comme je vous le disais, dans les 73 divisions
d'enregistrement, excepté pour les cessions de biens en stock, où
on a 20 bureaux informatisés. Mais, pour les autres sûretés
mobilières, c'est réparti sur tout le territoire de la province
de Québec, ce qui pose d'énormes problèmes au niveau du
repérage des garanties pour les créanciers et, aussi, de
l'opposabilité des droits à l'effet de connaître le rang
des droits, etc. Alors, ce qui est préconisé dans le Code civil,
c'est un registre, un nouveau registre complètement, entièrement
centralisé...
Mme Harel: D'accord C'est gentil de nous refaire tout
l'historique. Mais, en regard de l'opérationalisation en décembre
1993, vous nous parliez tantôt de la présentation sur support
papier; ça va se faire en décembre 1993. La saisie manuelle sur
clavier va se faire en décembre 1993. Est-ce que ça va se faire
dans les 73 bureaux d'enregistrement?
Mme Potvin-Plamondon: Non. La décision qui a
été prise, c'est une solution centralisée pour la phase I,
complètement centralisée. La présentation de tous les
documents, qu'elle se fasse à partir du support papier, à partir
de la disquette, à partir d'un ruban magnétique ou à
partir d'un modem, tout sera présenté au bureau de la
publicité, à un bureau central ou qui sera responsable du
registre central des droits personnels et réels mobiliers.
Mme Harel: Ça veut donc dire... Prenons le cas
précis de quelqu'un de Jonquière qui va au bureau
d'enregistrement à Jonquière. Il présente sur support
papier ce qu'il a à faire enregistrer. Ça s'en va où,
ça?
Mme Potvin-Plamondon: À ce moment-là, il y a une
cueillette quotidienne qui va se faire du courrier qui est déposé
dans les bureaux d'enregistrement foncier pour l'apporter à
Montréal.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que ça
complète, Mme la députée de Hochelaga-Maison-neuve?
Mme Harel: C'est évident, M. le Président, qu'on
nous avait toujours dit qu'il y avait un registre, c'est bien sûr. Mais
il avait toujours été convenu que l'entrée se faisait
décentralisée à travers tout le Québec.
M. Rémillard: II y a des raisons pour que... Vous dites
quoi? Excusez-moi, je...
Mme Harel: Je me rappelle même avoir posé des
questions sur l'informatisation des bureaux régionaux, des bureaux
d'enregistrement. Alors, si je comprends bien, il n'y aura plus
d'enregistrement. L'entrée va se faire à Montréal
seulement.
M. Rémillard: Dans une première phase.
Mme Potvin-Plamondon: C'est ça, dans une première
phase. À la phase II, nous allons réévaluer
complètement, finalement, la possibilité de décentraliser
l'inscription, d'accord? à la lumière de l'expérience de
la phase I. Les
données qu'on a actuellement, qui nous ont permis de prendre
cette orientation pour la phase I, c'est, d'une part, parce qu'on traite
majoritairement en phase I le droit transitoire, donc qui est le plus gros du
volume, 680 000 transactions. On considère que c'est beaucoup plus
prudent d'avoir une solution centralisée pour traiter les
renouvellements de droits, et aussi parce qu'on travaille... les informations,
toute l'information qu'on a ramassée jusqu'à date nous indique
que, oui, il faut décentraliser l'inscription des droits, mais c'est
chez le client qu'il faut décentraliser cette inscription et non pas
dans les bureaux fonciers. À la lumière de l'expérience de
la phase I et de l'implantation progressive des projets de transmission par
disquette, par...
Mme Harel: Modem.
Mme Potvin-Plamondon: ...modem, nous allons
réévaluer à ce moment-là si on a besoin d'une
décentralisation dans les bureaux fonciers ou non.
M. Rémillard: Je peux me permettre d'ajouter que c'est
seulement un an et demi, la phase, la première phase. Alors, un an et
demi; donc, on procède de cette façon-là pour être
le plus efficace possible puis évaluer toutes les données.
À partir de là, ensuite, on donnerait le service le plus direct
possible, parce qu'il irait directement chez les clients, c'est les clients,
directement, qui seraient en relation avec la banque de données.
Mme Harel: Ça, c'est vraiment nouveau. C'est
évident, là... On a un peu tout relu les échanges que nous
avions eus en commission parlementaire l'an dernier et c'est évident
que, en réponse à des questions posées par des
collègues régionaux - je pense, entre autres, à la
députée de Chicoutimi et autres - on avait bien assuré
qu'il allait y avoir décentralisation et qu'il allait y avoir
informatisation. Bon. Que ce soit en phases successives, je peux le comprendre,
mais que maintenant on nous parle de réévaluer l'inscription pour
éventuellement décider que ça n'a plus
nécessairement lieu dans un bureau d'enregistrement... Ça
pourrait avoir lieu directement, donc, du client à
Montréal...
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: ...sans qu'il y ait des bureaux d'enregistrement.
M. Rémillard: C'est ça qui est à
évaluer. Mme Harel: Ça, c'est nouveau.
M. Rémillard: Si vous me permettez, c'est ça qui
est à évaluer. Non. C'est que, présentement, la
décision qui est arrêtée... Dans un premier temps, on ne
pouvait pas faire autrement que de dire: Prenons une première phase et
faisons-le d'une façon cantralisée. Quand on a eu nos
échanges, on avait expliqué qu'on était en train
d'évaluer, au point de vue technique, quelle était la meilleure
façon de procéder. C'est évident que, comme le disait Mme
Plamondon tout à l'heure, je le répète, il faut
décentraliser. Ça ne restera pas comme ça, c'est
évident. Maintenant, de quelle façon on le décentralise
pour que ce soit le plus efficace possible? Alors, dans ce contexte-là,
pour nous, la première façon de décentraliser et que ce
soit efficace, c'est d'aller directement chez le client. Alors, chez le client
direct par voie de modem, c'est quelque chose, pour nous, qui s'impose.
On doit aussi évaluer, dans ce contexte-là, comment vont
se situer les bureaux d'enregistrement comme tels, parce qu'ils sont toujours
là, ils existent toujours, ces bureaux d'enregistrement là. Le
système qu'on est en train de monter va être un système qui
sera très accessible, qui sera sûr et qui aura un accès
plus direct, tel qu'on peut l'imaginer.
Mme Harel: Je crois comprendre qu'il nous faut maintenant
quitter, mais c'est certain que nous aurions à... Nous devrons reprendre
cet échange, notamment sur la question de savoir qui est client.
Ça dépend, évidemment, de qui on désigne comme
client. Ça veut donc dire qu'on écarte, par exemple,
l'hypothèque mobilière sans dépossession.
M. Rémillard: Non, absolument pas. Mme Harel: On en
rediscutera.
M. Rémillard: regardez, simplement pour les
possibilités de travailler de la façon la plus efficace possible,
est-ce que je comprends qu'à part le registre, mme plamondon...
Mme Harel: Et Me Lavigne. M. Rémillard: Pardon?
Mme Harel: Et Me Lavigne.
M. Rémillard: Et Me Lavigne. Pour les autres, on a
terminé?
Mme Harel: Oui.
M. Rémillard: Alors, c'est terminé.
Mme Harel: Ça nous permet de les remercier de leur
excellente contribution à nos travaux.
M. Rémillard: On reprendra. Ce n'est pas ce soir Ce soir,
on fait 50? C'est ça qui a été appelé?
Mme Harel: Nous pouvons en disposer comme nous le souhaitons.
M. Rémillard: Oui? Bon! Alors, c'est tout simplement parce
qu'on a tellement de travail à faire pour ces gens-là que, si on
peut procéder, peut-être continuer un petit peu, commencer, si
c'était possible, avec vous, Mme Plamondon, M. Lavigne, on pourrait
peut-être terminer et, ensuite, on continuerait sur 50?
Mme Harel: C'est ça. Mon collègue d'Anjou est
d'accord.
M. Rémillard: Pas de problème? Tout le monde est
d'accord, M. le Président?
Le Président (M. LeSage): Tout le monde est heureux, M. le
ministre. Alors, compte tenu dé l'heure, je suspends les travaux de
cette commission jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 9)
(Reprise à 20 h 11)
Le Président (M. LeSage): La commission des institutions
reprend ses travaux. Je vous rappelle le mandat de la commission. Nous en
sommes toujours à l'étude du projet de loi 38, Loi sur
l'application de la réforme du Code civil. M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président, nous avions
donc convenu, quand nous avons tout à l'heure suspendu nos travaux, de
revenir pour terminer l'étude des registres. C'était Mme
Plamondon qui nous parlait donc du registre mobilier. Est-ce qu'on doit
demander à Mme Plamondon de revenir ou si c'est M. Lavigne qu'on veut
avoir?
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Peut-être, M. le ministre, pourrions-nous
terminer avec Mme Plamondon...
M. Rémillard: Avec Mme Plamondon, oui.
Mme Harel: ...et puis la libérer par la suite, si elle
souhaite quitter notre assemblée.
M. Rémillard: Oui. Alors, M. le Président, avec
votre permission, je demanderais à Mme Plamondon de venir s'asseoir
à la table pour continuer à répondre aux questions de
l'Opposition.
Le Président (M. LeSage): Très bien, M. le
ministre. Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve, nous avons
avec nous Me Plamondon.
Mme Harel: Oui. Alors nous en étions à la
décentralisation ou à la centralisation de l'inscription dans le
registre des droits personnels. Et je vous signalais, je crois, à la fin
de nos travaux, que cela nous apparaissait être nouveau, en fait,
d'apprendre maintenant qu'il était possible d'envisager, du
côté du gouvernement, de ne pas décentraliser dans les
bureaux d'enregistrement l'inscription au registre. Alors, je crois que
l'Intervention qui a été la dernière était celle du
ministre, ou de la sous-ministre peut-être, à l'effet qu'il y
avait un projet de relation plus directe avec le client. Et la question que je
me promettais de poser à Me Plamondon, à la rentrée de nos
travaux, était celle de savoir qui étaient les clients
identifiés comme ceux allant utiliser les services d'enregistrement.
Mme Potvin-Plamondon: Alors, les principaux clients qui ont fait
l'objet du sondage couvraient, finalement, tous les intervenants
concernés, à l'époque, par le projet de loi 125. On sait
maintenant, avec le nouveau Code civil, qu'il s'agit de l'entreprise et,
à cet effet, nous avons classifié les différentes
clientèles en secteurs. Alors, on a d'abord le secteur finances, qui
regroupe finalement toutes les banques et les trusts; ensuite, on a le secteur
de l'automobile et du nautisme, le secteur de l'agriculture, le secteur
juridique, le secteur gouvernemental et, enfin, le secteur de la
consommation.
Mme Harel: Quand vous parlez du secteur de la consommation, vous
faites référence à qui, exactement?
Mme Potvin-Plamondon: Au simple citoyen, au consommateur.
Mme Harel: Et comment, à ce moment-là, pourrait se
faire l'enregistrement avec le simple citoyen, le consommateur?
Mme Potvin-Plamondon: Le simple citoyen n'est pas visé par
la phase I en ce qui concerne les sûretés mobilières. Il
est visé, par contre, pour les droits personnels. Alors,
l'enregistrement... En ce qui concerne les droits personnels, qui sont les
droits susceptibles de publicité en phase I, ils vont suivre finalement
les modes tels qu'établis pour l'entreprise aussi et, finalement, il y a
différentes façons, il y a différents modes de
réception. Si je donnais un exemple, ce serait peut-être plus
clair. Si on pense, par exemple, à quelqu'un qui demeure - je ne sais
pas, moi - à Chicoutimi et qui voudrait enregistrer, par exemple, une
sûreté mobilière ou un droit personnel, il aura, en phase
I, différentes façons de le faire: d'abord par le mode courrier
qui est, finalement, le mode le plus utilisé en droit actuel en ce qui
concerne les sûretés mobilières. On a fait des
relevés statistiques et près de 80 % des sûretés
mobilières actuelles sont produites dans
les bureaux d'enregistrement sous forme courrier. Alors, il y aurait
cette façon-là.
Ensuite, il y aurait la possibilité, si c'est une entreprise,
j'imagine, de procéder par disquette, ou par ruban magnétique, ou
par modem, si elle choisit ce mode. Alors, ce sont des modes de
réception de l'information au bureau central. Elle pourrait aussi se
présenter dans son bureau d'enregistrement. On a 20 bureaux actuellement
informatisés pour les cessions de biens en stock. On entend maintenir,
en phase I, le même réseau pour la personne qui voudrait aller
déposer des documents à ce bureau et il y aura une collecte
quotidienne du courrier qui se fera pour apporter les documents à
Montréal. On étudie aussi la possibilité d'utiliser le
télécopieur à partir de ces mêmes bureaux,
c'est-à-dire que la personne pourrait se présenter, par exemple,
au bureau de Trois-Rivières et les préposés, au bureau de
Trois-Rivières, pourraient percevoir les honoraires et expédier
au bureau central les documents pour traitement et inscription.
Mme Harel: Alors, ces 20 bureaux qui sont enregistrés,
comment sont-ils répartis sur le territoire du Québec? Par
exemple, est-ce qu'il y a un de ces bureaux sur la Côte-Nord?
Mme Potvin-Plamondon: Pour la répartition
géographique, c'est dans les principales villes. Je pourrais vous donner
les bureaux exacts, si c'est ça que vous voulez savoir, la
répartition géographique.
Mme Harel: Peut-être la déposer, si vous voulez, en
commission. On pourra la consulter, mais, par exemple, juste pour
vérifier si, dans des régions éloignées comme la
Côte-Nord ou l'Abitibi, il y a un bureau.
Mme Potvin-Plamondon: On a un bureau dans la Beauce, un bureau
à Beauharnois, Chambly, Chicoutimi, Drummond, Hull, Joliette, Laval,
Lévis, Montréal, évidemment, Québec, Rimouski,
Rouyn-Noranda, Saguenay, Shefford, Sherbrooke, Saint-Hyacinthe, Saint-Jean,
Terrebonne, Trois-Rivières. Donc, les principaux...
Mme Harel: C'est vraiment dans la très grande
région de Montréal principalement.
Mme Potvin-Plamondon: Oui, parce que... Au début des
cessions de biens en stock, tous les bureaux étaient reliés en
réseau. Tous les bureaux de la province étaient reliés en
réseau, soit par voie de fax... Il y avait ces 20 bureaux-là qui
étaient informatisés où on pouvait faire l'inscription;
les autres bureaux étaient reliés à ce réseau par
voie de fax. Finalement, les fax ont été abandonnés parce
que, après un certain nombre de mois d'opération, on s'est
aperçu qu'il n'y avait absolument pas de volume du tout, du tout, du
tout. Donc, ça ne justifiait même pas les coûts de fax.
Alors, le réseau des autres bureaux a été abandonné
pour ne garder que ces 20 bureaux des cessions de biens en stock et on peut
voir, à travers ce réseau, qu'il y en a qui sont à
très, très faible volume. Montréal, l'île,
représente 38 % du volume d'activités. Si on prend
Montréal et les régions avoisinantes, c'est au-dessus de 50 %.
L'autre région où il y a un volume d'activités
substantielles, si on peut dire, mais beaucoup moindre que Montréal
évidemment, c'est Québec. Quant aux autres, ce sont des volumes
d'activités très, très, très réduits et
ça confirme, finalement...
Mme Harel: Ça confirme que le Québec des
régions se porte mal.
Mme Potvin-Plamondon: Ce n'est pas tout à fait ce que je
voulais dire. Ça confirme, en matières commerciales, finalement,
la pratique des clients qui est à l'effet que ces clients-là ne
veulent pas se déplacer. Ils veulent transiger à partir de leur
propre bureau.
Mme Harel: Alors, à ce moment-là, vous envisageriez
un mode d'inscription qui pourrait se faire par courrier pour les particuliers
et par échange de données informatisées pour les autres.
C'est ça qu'on comprend9
Mme Potvin-Plamondon: C'est-à-dire que le particulier,
comme je disais, au sens du consommateur, ne sera visé qu'en phase II
quant aux sûretés mobilières.
Mme Harel: Mais pour les droits personnels?
Mme Potvin-Plamondon: Pour les droits personnels, oui, la
plupart. De toute façon, ces droits, en termes de date, heure, minute de
présentation, ça n'a pas la même connotation qu'une
sûreté. Il n'y a pas de rang. Le but de la publicité, c'est
un but d'information face aux tiers quant à l'état, à la
capacité d'une personne physique, ou quant à son régime
matrimonial, ou des choses comme ça. Ce n'est pas du tout le même
but visé qu'en matière de sûretés.
Mme Harel: et comment peut-on obtenir... comment serait obtenue,
à ce moment-là, l'information du contribuable sur l'existence
d'une sûreté?
Mme Potvin-Plamondon: Je pense que je ne comprends pas bien votre
question.
Mme Harel: C'est-à-dire que l'inscription se ferait par
courrier.
Mme Potvin-Plamondon: Elle pourrait se faire par courrier. Elle
pourrait se faire en personne (20 h 20)
Mme Harel: Et comment pourrait être obtenue, par exemple,
l'information sur l'existence, le certificat?
Mme Potvin-Plamondon: Un état certifié des droits,
vous voulez dire?
Mme Harel: Oui.
Mme Potvin-Plamondon: À ce moment-là, il fait une
demande d'état certifié et l'état certifié est
produit par le bureau.
Mme Harel: Comment la demande va être gérée?
Est-ce que c'est par téléphone? Est-ce que c'est le 1-800?
Mme Potvin-Plamondon: Oui.
Mme Harel: Vous n'aurez pas le même 1-800 que pour le
registre de l'état civil.
Mme Potvin-Plamondon: Oui. On a une consultation
téléphonique qui est prévue, un numéro 1 -800.
Mme Harel: Un autre numéro 1-800 ou le même que le
registre de l'état civil?
Mme Potvin-Plamondon: C'est un numéro différent de
celui de l'état civil, naturellement. Ce n'est pas le même
bureau.
Mme Harel: Et c'est les mêmes heures? Qu'est-ce que c'est,
le service? À l'état civil, on a dit: 7 jours par semaine, 16
heures par jour.
Mme Potvin-Plamondon: Actuellement, nous sommes en consultation
avec nos clients justement pour déterminer les plages d'heures qui
seraient utiles pour eux. Il peut y avoir des heures différentes pour
l'inscription des droits et pour la consultation. Et nos orientations ne sont
pas définitivement arrêtées quant à ça.
Mme Harel: La phase I, c'est l'an prochain, ça. C'est bien
ça?
Mme Potvin-Plamondon: À compter de janvier 1994.
Mme Harel: C'est ça. C'est l'an prochain, en fait.
Non?
Une voix: Bientôt.
Mme Harel: Bientôt, en fait. Donc, vous nous dites que
l'état certifié, ce sera sur demande. Et quels sont les
délais que vous prévoyez pour émettre cet état
certifié?
Mme Potvin-Plamondon: Le jour de la demande.
Mme Harel: Le jour même? Donc, en moins de 24 heures.
Mme Potvin-Plamondon: Oui.
Mme Harel: Et ce sera transmis sous quel mode?
Mme Potvin-Plamondon: Quelqu'un qui fait une demande
d'état certifié... Bon. Dans la phase I, la plupart des demandes
seront faites au téléphone. À ce moment-là, on
donne l'information par téléphone et l'information est
confirmée par le relevé certifié des droits qui est
expédié par la poste.
Mme Harel: D'accord.
Mme Potvin-Plamondon: Ou bien, la demande est faite sur papier et
elle est traitée le jour même et expédiée par la
poste.
Mme Harel: Et comment vous vérifiez... Excusez-moi. Vous
me parliez d'une réglementation, je crois, qui est déjà en
rédaction... Qui est sous rédaction ou qui est déjà
terminée? Je ne me rappelle plus.
Mme Potvin-Plamondon: Non. Je n'ai pas parlé de
réglementation. Actuellement, on en est, finalement, à une
ébauche de réglementation, si vous voulez. Ce n'est pas du tout
en forme. Et, comme je l'expliquais ce matin, avec l'architecture
fonctionnelle, ce n'est vraiment qu'après toutes ces études qu'on
va pouvoir faire un règlement définitif. Donc...
Mme Harel: Vous le prévoyez pour quand?
Mme Potvin-Plamondon: Le règlement? On devrait avoir
terminé, finalement, toutes les orientations, de manière
précise, à la fin février, pour que le règlement
puisse suivre le processus normal à compter d'avril.
Mme Harel: Je crois me rappeler que c'est en matière de
droits personnels et réels mobiliers qu'il avait été
discuté d'une consultation parlementaire sur la réglementation.
C'était, évidemment, dans l'optique, par ailleurs, de
l'hypothèque mobilière sans dépossession, en voulant
s'assurer de règles de confidentialité quant aux renseignements
qui pourraient se retrouver dans le registre. Alors, je comprends que
l'hypothèque mobilière sans dépossession étant
reportée...
M. Rémillard: C'est ça. L'accessoire suit le
principal.
Mme Harel: Ha, ha, ha! Je n'ose pas qualifier le report. Pour des
temps indéfinis ou...
M. Rémillard: L'hypothèque mobilière, on
va
avoir... On avait parlé d'une commission parlementaire ou d'un
moyen de consultation. Alors, c'est ce qu'on va faire. À ce
moment-là, je pense que ça serait le lieu pour étudier le
projet de réglementation.
Mme Harel: M. le ministre, il va me rester... Je ne sais pas si
mes collègues ont d'autres questions. Moi, je voudrais en profiter pour
souhaiter bonne chance à Me Plamondon. Parce que je sens que le compte
à rebours est définitivement commencé pour ce registre.
Ça ne m'apparaît pas aussi évident pour le registre
foncier. Parce que, finalement, l'échéancier est reporté
quelque peu, puisqu'il y aura un registre intégral beaucoup plus tard.
Alors, la pression va être moins forte, en tout cas, disons-le. Le fait
est, de toute façon, qu'elle l'est, parce que les contrats ne sont pas
donnés, la conception administrative n'est ni complétée ni
entreprise. Donc, il faut qu'il y ait une pression moins forte quelque part, ce
qui n'est pas le cas pour le registre dont s'occupe Me Plamondon. Alors, je lui
souhaite, à elle et à son équipe, bien sincèrement,
bonne chance.
Mme Potvin-Plamondon: Je vous remercie.
M. Rémillard: Tous nos meilleurs voeux. Je peux vous dire
que, comme ministre, je suis ça très, très attentivement.
Et, moi, je ne peux que souligner le travail exceptionnel qui se fait. On
arrivera à temps. Je pense que tout sera en place et le service sera
aussi d'une très grande qualité. Il restera peut-être des
petits ajustements pour l'améliorer encore, et ce sera toujours possible
de le faire, mais, le 1er janvier, comme me le dit M. le sous-ministre
Ménard, la marchandise sera livrée.
Le Président (M. LeSage): Merci, Me Plamondon pour votre
participation à nos travaux. Je crois qu'il y avait une autre personne
avec laquelle vous vouliez vous entretenir.
Mme Harel: Certainement, c'est Me Lavigne.
Le Président
(m. lesage): me lavigne. alors, me
lavigne se joint à nouveau à nos travaux. mme la
députée de hochelaga-maison-neuve.
Registre de l'état civil (suite)
Mme Harel: Bienvenue à nouveau, Me Lavigne. À
l'article 366 du Code civil, on retrouve la disposition sur la
compétence des célébrants pour célébrer les
mariages. On dit donc: «Sont des célébrants
compétents pour célébrer les mariages, les greffiers et
greffiers-adjoints de la Cour supérieure désignés par le
ministre de la Justice. «Le sont aussi les ministres du culte
habilités à le faire par la société religieuse
à laquelle ils appartiennent, pourvu qu'ils résident au
Québec et que le ressort dans lequel ils exercent leur ministère
soit situé en tout ou en partie au Québec, que l'existence, les
rites et les cérémonies de leur confession aient un
caractère permanent et qu'ils soient autorisés par le
ministre.»
Quelle sera la procédure qui sera mise en place pour qu'une telle
autorisation puisse avoir lieu? (20 h 30)
M. Rémillard: M. le Président, M. Lavigne pourra
nous répondre, mais on peut dire immédiatement qu'il y a des
critères qui sont déjà dans l'article 366, fondés,
entre autres, sur le caractère permanent de la pratique des religions.
Mais il y a une série de critères que M. Lavigne pourra nous
énoncer et nous mentionner quelle est l'application de ces
critères présentement, ce qui va changer ou comment on va pouvoir
transposer ça au niveau du nouveau registre.
M. Lavigne: Avant de vous donner les explications concernant les
dispositions de 366, je pense qu'il est important de dresser rapidement une
toile de fond. Actuellement, sur le territoire du Québec, il y a
près de 7500 personnes qui sont des célébrants
autorisés à célébrer des mariages en vertu de
dispositions qui existent dans le droit actuel au niveau du Code civil du
Québec - la partie concernant les mariages - autorisés parce que,
pour pouvoir célébrer le mariage, ils ont été
autorisés à tenir des registres de l'état civil.
C'était la qualification requise, et c'est toujours la qualification
requise par le droit actuel pour pouvoir célébrer un mariage,
soit tenir un registre de l'état civil.
Mme Harel: Est-ce que la majorité est de confession
religieuse chrétienne?
M. Lavigne: Ce n'est pas facile, vous allez comprendre. Le Code
civil du Bas Canada prévoit qu'il y a trois grandes religions qui sont
autorisées à tenir des registres de l'état civil:
l'Église catholique romaine, l'Église unie et l'Église
anglicane. Ces trois communautés religieuses ont été
autorisées, nommément, dans le Code, en 1866. Se sont
ajoutées, au fur et à mesure des années,
différentes communautés religieuses, jusqu'au début des
années soixante-dix, où il y a eu une loi particulière qui
pouvait permettre la tenue de tels registres par décret.
À ce jour, il y a, en plus de ces trois grandes
communautés religieuses, tout près de 400 communautés
religieuses différentes sur le territoire du Québec qui sont
autorisées légalement à tenir des registres de
l'état civil. Par voie de conséquence, les prêtres ou, du
moins, les pasteurs, les ministres du culte faisant partie de ces
communautés religieuses sont d'office autorisés à
célébrer les mariages.
Une voix:...
Une voix: Ah oui! Ah oui! Ha, ha, ha!
Une voix: ...pensé à ça...
Une voix: On a tous pensé la même chose!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lavigne: Ce qu'on fait actuellement - et je vais venir
à 366 - nous sommes à finaliser, avec la collaboration de ces
communautés religieuses, l'inventaire le plus exhaustif possible de
toutes les personnes qui sont actuellement habilitées à
célébrer des mariages, afin de reconduire cette habilitation,
parce que l'étant déjà, dans le cadre du droit nouveau.
Donc, on peut prendre pour acquis que les personnes qui, actuellement, sont
autorisées à tenir des registres vont conserver ce droit et
seront reconduites dans l'exercice de ce droit à compter de
l'entrée en vigueur de la réforme de l'état civil.
Une voix:...
M. Lavigne: Non pas autorisées à tenir des
registres, à célébrer des mariages. Excusez-moi.
Merci.
Donc, en vertu de 366, ces personnes ayant déjà
été autorisées seront, sur les recommandations que nous
ferons, autorisées par le ministre à célébrer ou
à continuer de célébrer des mariages. Les dispositions
très précises qu'on voit à l'article 366 vont s'appliquer
de façon particulière pour de nouvelles communautés
religieuses qui pourraient requérir de telles permissions pour
célébrer des mariages pour leurs célébrants. Et les
critères que vous retrouvez à l'article 366 sont, à toutes
fins pratiques, ceux qui, actuellement, sont utilisés afin
d'apprécier des demandes qui sont faites, au moment où on se
parle, auprès du ministre de la Justice pour autoriser de telles tenues
de registre de l'état civil, d'où la célébration
des mariages. Je ne sais pas si je réponds...
Mme Harel: Oui, certainement. Alors, il faut comprendre qu'en
pratique les ministres du culte qui sont habilités maintenant vont
rester à peu près ceux qui seront habilités?
M. Lavigne: En autant que les communautés religieuses qui
les représentent nous les confirment.
Mme Harel: Mais, à savoir, pour de nouvelles
communautés religieuses... Je me rappelle avoir reçu une
communauté qui voulait que je fasse des représentations parce
qu'elle voulait faire reconnaître sa communauté pour pouvoir
pratiquer le rite du mariage. Alors, j'imagine qu'il doit y avoir des demandes
constamment, et qu'elles doivent être nombreuses. Alors, les
communautés qui, dans le passé, ne s'étaient pas fait
reconnaître comme habilitées à le faire, ne le seraient pas
plus selon les nouveaux critères? C'est ce que je comprends.
M. Lavigne: II y a eu beaucoup de demandes. Il y en a
régulièrement, des demandes, mais il n'y en a pas
énormément qui sont en attente. Régulièrement, des
communautés religieuses sont autorisées, par le ministre,
à tenir des registres afin de pouvoir permettre à leurs ministres
de célébrer des mariages. Au moment où on se parle, il y a
peut-être au maximum une dizaines de demandes en attente, là, qui
sont en voie de traitement, pas plus. Il n'y en a pas plus.
M. Rémillard: Le critère de permanence, M. le
Président, a évidemment beaucoup de signification. Alors,
ça signifie au point de vue temps, au point de vue aussi du nombre de
membres. Il y a beaucoup de critères objectifs qui font que beaucoup de
demandes sont mises de côté, tout simplement.
Mme Harel: Comment est-ce que vous appréciez la permanence
d'une société religieuse? Quel est le critère pour
établir la permanence? En termes de décennies, en termes de
siècles, en termes de...
M. Lavigne: En termes d'organisation, en termes de
stabilité, en termes de présence sur le territoire. C'est
très subjectif, bien entendu, mais il y a quand même des
éléments de référence qui nous permettent
d'apprécier objectivement, à tout le moins.
Mme Harel: Alors, je vous remercie. Vous avez parlé ce
matin, ou cet après-midi plutôt, Me Lavigne, d'un délai de
24 heures pour l'émission d'un certificat. Alors, je voulais
vérifier avec vous si c'était pour ceux qui étaient
nés après 1963 ou avant 1963?
M. Lavigne: Pour toutes les personnes qui vont s'adresser
à la direction de l'état civil.
Mme Harel: Et vous avez parlé, en distinguant bien, du
certificat et non pas de la copie. Et vous avez dit: En signalant le 1-800, on
peut obtenir le certificat, et puis il n'y a pas de difficultés,
à ce moment-là, que la confidentialité.... Ce sont
là des documents publics. Ce qui est le cas pour le certificat, mais ce
n'est pas pour la copie.
M. Lavigne: Exact.
Mme Harel: Alors, comment va se faire la demande de la copie et
comment va se transmettre la copie?
M. Lavigne: Les personnes qui s'adresseront à nous en
faisant une demande pour une copie, on les informera des règles du jeu,
à toutes fins pratiques, en leur demandant les motifs et aussi
l'intérêt d'une telle demande, et on va leur demander de nous
faire parvenir par écrit de tels motifs et de telles demandes pour que
nous puissions les apprécier directement, quitte à recommuniquer
avec les gens si c'était nécessaire par après.
Mme Harel: Est-ce que vous avez évalué à
combien... C'est difficile de faire des prévisions à ce
sujet-là, mais est-ce que vous avez pu estimer quel sera le volume de
copies qui pourrait vous être demandé?
M. Lavigne: On en a fait une projection, mais elle est
très aléatoire bien entendu. C'est une notion qui n'existe pas
chez nous actuellement sur le territoire du Québec, mais on en a fait
une projection qui serait de l'ordre d'environ 10 à 15 % de notre volume
d'activités.
Mme Harel: Et elles devront être traitées par
téléphone également, ou vous dites par courrier,
obligatoirement?
M. Lavigne: On va être en mesure de traiter par
téléphone dans un premier temps, mais il faudra que les personnes
nous confirment par écrit leur intérêt ou, du moins, les
motifs pour obtenir une telle copie. Vous savez que les dispositions qui sont
prévues au Code requièrent une telle vérification, parce
que le Code indique bien que seules les personnes mentionnées à
l'acte ou celles qui justifient leur intérêt peuvent avoir copie
de cet acte. Et il va falloir s'assurer qu'elles sont soit des persones
mentionnées à l'acte, ou qu'elles justifient un certain
intérêt. Et, de cette façon-là, par
téléphone, vous comprendrez facilement que c'est difficile de
s'assurer d'une telle information. Avec un document écrit, c'est plus
facile.
Mme Harel: Mais vous pensez que, par écrit, elles
pourraient satisfaire le fait de s'assurer de leur intérêt?
M. Lavigne: Dans un premier temps sûrement, au niveau
qu'elles soient mentionnées à l'acte ou d'un
intérêt. Je donne un cas bien particulier: par exemple, je
désirerais obtenir la copie de l'acte de naissance de mon père.
N'étant pas mentionné à l'acte, il faudrait que j'indique
qu'il s'agit de l'acte de naissance de mon père, en indiquant...
Évidemment, avec mon acte de naissance et la paternité
étant déjà présente, c'est facile à obtenir.
Ce ne sera pas complexe. C'est un exemple que je vous donne. Évidemment,
si la demande nous est faite par procuration au niveau d'un procureur ou d'une
personne qui, par procuration, effectivement, nous demande une telle
information, on sera en mesure de l'émettre. (20 h 40)
Mme Harel: Et si c'était un conjoint?
M. Lavigne: Ça peut être un intérêt
justifiant la demande, effectivement.
Mme Harel: Et un ex-conjoint?
M. Lavigne: normalement, il ne devrait pas y avoir de
difficultés à ce que je vois, à première vue. non,
il ne devrait pas y avoir de problème.
Mme Harel: Et il y aura une réglementation, je crois,
concernant...
M. Lavigne: Pas à ce sujet-là.
Mme Harel: Non? Ah non! C'est vrai, c'est vous qui décidez
de tout!
M. Lavigne: Madame! De tout? Si vous saviez, si peu! Ha, ha,
ha!
Mme Harel: Et, à ce moment-là, est-ce qu'il y aura
des procédures clairement établies, connues, qui pourront
être diffusées à cet égard?
M. Lavigne: C'est le genre d'informations qui seront
effectivement connues et diffusées à la population et qui seront
aussi accessibles par voie téléphonique. Ça fait que,
déjà, il y aura des informations qui seront accessibles par le
réseau téléphonique.
M. Rémillard: Évidemment, M. le Président,
on peut souligner que, de par cette discrétion, le directeur devra
l'exercer en fonction de normes qu'il devra faire connaître. Si le
directeur n'était pas norme dans ses décisions, il serait
attaquable.
M. Lavigne: Et révisable aussi. M. Rémillard:
Et révisable en plus.
M. Lavigne: Comme il est prévu, d'ailleurs, au Code, parce
que les décisions...
Mme Harel: Échangeable. Ha, ha, ha! M. Lavigne: Et
échangeable.
M. Rémillard: Non, vous allez trop loin! Vous allez trop
loin!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lavigne: Je pense que, peut-être pour compléter,
il est tout de même important de mentionner qu'il y a aussi une
disposition au
Code civil qui prévoit, à l'article 141, que toutes les
décisions du directeur de l'état civil peuvent être
révisées par les tribunaux. À ce moment-là,
ça apporte, je crois, un cautionnement suffisant.
Mme Harel: Lors des échanges que nous avons eus sur toute
cette question au moment de l'examen du projet de Code civil, le ministre, je
crois, s'était engagé à conclure des ententes
particulières avec des organismes, en fait, par le biais du directeur de
l'état civil, afin de favoriser l'accès aux informations
contenues dans les actes de l'état civil quant aux données
à caractère non personnel. Et vous aviez mentionné - je
crois qu'on peut le retrouver, d'ailleurs, dans le Journal des débats
- la tenue d'audiences publiques, au printemps passé, relativement
aux règlements d'application quant à la tenue, à la
consultation desdits registres. Et c'est ce qui sans doute m'avait induite en
erreur. C'est qu'on parlait de...
On a parlé, finalement, de règlements d'application, et je
crois qu'on a erré, en fait, quelque part, parce que c'est finalement
effectivement le directeur qui établit les normes. Mais, quoi qu'il en
soit, je comprends donc qu'il a dû y avoir certainement des rencontres
qui ont suivi avec la Fédération québécoise des
sociétés de généalogie et autres organismes qui
avaient fait des représentations. Alors, je comprends, Me Lavigne, que
vous aviez prévu confirmer par lettre, aux différentes
fédérations concernées, les modalités
d'accès. Et je crois que cet automne - plus précisément,
cet automne - devait se tenir une série de rencontres, une sorte de
consultation sur ces modalités d'accès, pour donner lieu à
une sorte de protocole d'entente. Alors, j'aimerais savoir peut-être
où c'en est, présentement.
M. Rémillard: M. Lavigne, vous aviez un petit peu
abordé ce sujet dans vos...
M. Lavigne: Oui, effectivement.
M. Rémillard: Vous pouvez peut-être nous donner plus
d'informations.
M. Lavigne: Oui, si vous permettez. Effectivement, nous avons
tenu plusieurs rencontres avec les représentants des
sociétés de généalogie, sociétés
d'histoire, la Fédération des familles-souches
québécoises et aussi le groupe SOREP qui est un groupe de
chercheurs universitaires de quatre universités de Chicoutimi. Et nous
avons eu l'occasion de discuter de toutes ces modalités concernant
l'accessibilité et aussi la possibilité d'obtenir
différentes facilités pour leur permettre de continuer leur
objectif de recherche.
Tout d'abord, il est important de préciser que la première
inquiétude qui avait été soulevée par ces
groupements était de définir s'ils rencontraient la notion
d'intérêt qui est prévue à l'article du Code.
Déjà, au printemps dernier, j'ai été en mesure de
confirmer, auprès de ces différents représentants, que la
recherche, que ce soit en matière généalogique, en
matière historique ou scientifique, rencontrait cette notion
d'intérêt justifiée à mes yeux.
Dans un second temps - vous venez d'y faire référence - on
a aussi avancé le fait qu'on voulait discuter avec ces
représentants de modalités particulières, en termes
d'accessibilité, ce que nous avons fait effectivement. Nous avons tenu
des rencontres cet automne et encore tout récemment, où nous
avons eu l'occasion d'échanger sur ces types de modalités. Et,
à partir de documents de travail, actuellement, les
fédérations sont en réflexion auprès de leurs
membres, afin de discuter de ces différentes modalités que nous
avons déjà discutées entre nous et afin de
préserver, de façon particulière, l'information qui
pourrait être recueillie dans le registre de l'état civil, afin
d'assurer la sécurité de la vie privée des gens.
Mme Harel: Avez-vous envisagé des coûts
administratifs pour donner ouverture à une consultation?
M. Lavigne: Nous avons discuté aussi avec ces
représentants-là de coûts à venir. Nous sommes
actuellement à discuter de ces modalités en termes de
tarification. Nous attendons un retour de leur part quant à leurs
besoins, qu'ils devront nous exprimer de façon très
précise, pour que nous soyons capables de mesurer les efforts de
recherche que ça va requérir chez nous, pour être en mesure
d'établir une tarification. Mais, d'ores et déjà, nous
leur avons signifié qu'il y aurait, à leur niveau, une
tarification particulière qui est due au fait qu'il n'ont pas
nécessairement besoin de documents authentiques.
Mme Harel: J'ai ici, d'ailleurs, un compte rendu d'une rencontre
avec le directeur de l'état civil. Et je lis, notamment: Toutes ces
rencontres se sont déroulées dans un climat de confiance
grandissant et ont donné lieu à une meilleure
compréhension des besoins et aussi des exigences des deux parties. Vous
voyez, ça va mieux que ça n'allait l'an passé.
M. Lavigne: De notre côté, ça allait bien,
vous savez. Il faut se comprendre mutuellement pour pouvoir mieux saisir la
portée des demandes.
Mme Harel: Remarquez que ça, c'était en date du 18
mars. Il y a eu une autre rencontre en septembre.
M. Lavigne: Oui, on en a eu plusieurs depuis cette... Vous dites
au mois de mars; on en a eu plusieurs depuis cette période.
Mme Harel: Quand prévoyez-vous que le protocole d'entente
sera signé?
M. Lavigne: On doit se revoir, à la fin janvier, pour
discuter de façon très particulière des besoins qu'ils
nous auront présentés. Il faut qu'ils spécifient de
façon particulière leurs besoins. Et, à ce
moment-là, on sera en mesure de finaliser nos discussions au niveau des
modalités. Je dois vous mentionner qu'on a déjà quand
même avancé là-dessus au niveau de la sauvegarde des
renseignements qui seront éventuellement communiqués.
Mme Harel: Parce que, là, c'est le 1er janvier de cette
année, c'est bien ça?
M. Lavigne: 1994.
Mme Harel: c'est pour septembre prochain qu'il y aura... en 1993,
déjà... il me semble que vous nous avez dit ça cet
après-midi. il n'y a pas déjà une phase, là, qui va
permettre d'avoir...
M. Lavigne: On va leur fournir, avant l'entrée en vigueur
de la réforme de l'état civil, des informations qui vont leur
permettre de faciliter la recherche. Et je veux parler d'un index nominatif qui
est tiré du registre de la population et qui leur permettra de faciliter
justement cette recherche nominative pour leur permettre de nous indiquer
précisément des besoins, qui va leur éviter d'avoir des
coûts peut-être plus importants. Ce n'était pas le cas.
Parce que, en matière de recherche actuellement, la
problématique que les généalogistes vivent c'est que,
comme il n'y a pas d'information centralisée en matière
d'état civil au Québec, la plupart des recherches se font
à tâtons. Alors qu'avec l'informatisation que nous mettons en
place, évidemment, en ayant une information centralisée sur
support informatique, l'information devient beaucoup plus facilement accessible
en termes de recherches. Elle peut plus rapidement cibler le besoin de
recherche, d'où, évidemment, une récupération
très importante au niveau du temps de recherche. Ça va diminuer
beaucoup leur temps de recherche. (20 h 50)
Mme Harel: Alors, vous parliez de coûts, tantôt.
Où en est rendue la politique de tarification pour obtenir un
certificat, par exemple, un extrait de naissance, ce qui est, finalement, un
acte essentiel à bien d'autres activités dans notre
société? Je pose la question au ministre? Oui.
M. Rémillard: C'est Mme la sous-ministre qui est
responsable de ma distraction.
Mme Harel: Ça concerne la tarification du registre de
l'état civil. On en avait beaucoup parlé aussi et, étant
donné que vous deviez, je pense, sur ça, fair°
connaître l'intention du gouvernement assez prochainement...
M. Rémillard: Je dois vous donner les même
réponses que pour ce qui regarde le foncier immobilier. Il y a encore
à procéder à des aménagements administratifs.
Alors, ça va aller probablement au printemps pour vraiment avoir
l'évaluation de tout le système, pour qu'on puisse ensuite
ajuster les tarifs. Mais l'idée qu'on a présentement, c'est
quelque chose de très raisonnable.
Mme Harel: Est-ce qu'il y a seulement un support informatique
pour le registre? Il n'avait pas été question d'une sorte de
registre de sécurité? Où est-ce que ça en est
rendu, ça?
M. Lavigne: C'est déjà en place. La banque
d'informations du registre de l'état civil est supportée par
l'ordinateur central du ministère de la Justice. Cette banque
d'informations est sécurisée, si on veut, par des copies qui sont
prises quotidiennement. Il y en a même deux versions, chaque jour, des
copies de sécurité qui sont prises et mises à jour,
à chacune des journées.
Mme Harel: Et où sont-elles conservées, ces copies
de sécurité?
M. Lavigne: Je ne peux même pas vous le dire. On ne le sait
pas. C'est tellement sécuritaire, madame, qu'on ne veut pas nous le
dire.
Mme Harel: C'est excellent. On aura des successeurs qui
retrouveront ça un bon jour.
M. Lavigne: Ça évite la fraude. Les informaticiens
le savent. Il serait peut-être bon de vous donner l'information,
peut-être un peu plus pour expliquer ce que je vous mentionne. On ne le
sait pas. C'est dans les règles de sécurité, pour
éviter justement qu'il y ait manipulation de ces banques de
données. On me donne l'information que le ministère des
Communications est en relève au système, actuellement, en termes
de services essentiels ou au niveau du support informatique.
Mme Harel: Vous n'avez pas passé de contrat avec
Équifax? Ha, ha, ha!
M. Lavigne: Je ne croirais pas. Je n'en ai pas entendu
parler.
Mme Harel: Plus sérieusement. De quelle sorte de support
informatique s'agit-il? C'est microfiches? Qu'est-ce que c'est comme...
M. Lavigne: Le support informatique?
Mme Harel: Oui.
M. La vigne: Le support informatique, écoutez, il faut
expliquer les modalités de l'ordinateur central du ministère.
Mme Harel: De sécurité. Le support informatique de
sécurité.
M. La vigne: C'est parce que notre système
informatique...
Mme Harel: C'est sur bobines?
M. Lavigne: ...est basé... C'est une banque d'informations
qui est sur système de gestion de base de données. Je vais
laisser répondre...
M. Rémillard: Mme Shum-Tïm, M. le Président,
pourrait répondre à ces questions.
Le Président (M. LeSage): Mme Shum-Tim, on vous
écoute.
Mme Shum-Tim: M. le Président, comme disait Me Lavigne
tout à l'heure, le registre de l'état civil est une application
qui réside sur une plate-forme centrale et qui fonctionne avec
l'ordinateur central du ministère de la Justice. C'est la plate-forme
qui présente les mécanismes de sécurité qui sont
les plus fiables et qu'on retrouve en matière informatique. Donc,
concernant la protection des données, concernant également la
restauration des données en cas de panne de courant ou en cas de
sinistre grave, il y a des mécanismes qui sont en place. Au niveau de la
protection des données, on est conforme à la norme
gouvernementale en matière de sécurité de données
qui existe, qui est la norme NIGQ-02. Ça, c'est en termes de
sécurité des données.
Maintenant, il a également été mentionné
qu'en termes de relève, étant donné que le registre de
l'état civil, c'est un registre considéré comme un
système essentiel, alors tous les systèmes
considérés comme essentiels et, finalement, qui opèrent,
qui sont opérés avec l'ordinateur central du ministère de
la Justice doivent régulièrement - je crois que c'est à
une fréquence de deux fois par année - subir des tests de
relève et, habituellement, c'est le ministère des Communications,
par le biais de la Direction générale informatique qui sert de
site de relève pour les systèmes informatiques
opérationnels du ministère de la Justice.
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme Shum-Tim, Me Lavigne.
Vous avez d'autres questions, Mme la députée de
Hochelaga-Maison-neuve, pour Me Lavigne.
Mme Harel: Oui. Alors, M. le Président, une
dernière question. Je comprends que le ministre nous annonce pour le
printemps prochain - c'est bien le cas, là? - la tarification à
l'égard du registre de l'état civil. C'est ça?
M. Rémillard: Oui, c'est en préparation. Alors, la
préparation se fait tout au long du printemps. Une hirondelle ne fait
pas le printemps, mais il reste quand même qu'il devrait y avoir la
réglementation et la tarification quelque part vers la fin du printemps.
C'est-à-dire, ce qu'il me faut, c'est toutes les données
administratives pour faire l'évaluation du service et qu'en fonction de
cette évaluation-là on puisse déterminer le tarif pour
s'autofinancer. Alors, c'est des questions strictement de données
matérielles, si vous voulez.
Mme Harel: On pariait de 2000 demandes par jour. C'est bien
ça?
M. Lavigne: Environ.
Mme Harel: Ensuite, 1000 inscriptions à la naissance, 50
000 au décès, et 30 000 à 35 000 mariages,
dépendamment. Et puis vous parliez de projections de combien de... 2000
demandes par jour, il s'agissait là d'une anticipation de demandes de
certificats, c'est ça?
M. Lavigne: Exact, des demandes de services, que ce soit
certificats, copies ou attestations.
Mme Harel: Dans l'ensemble, alors?
M. Lavigne: Dans l'ensemble.
Mme Harel: Tous services confondus.
M. Lavigne: Oui. C'est de l'ordre d'environ 500 000 par
année. Minimum, là; c'est un plancher, pour nous.
Mme Harel: M. le ministre, est-ce que vous avez l'intention
d'autofinancer le service?
M. Rémillard: Oui, oui, oui, c'est une intention. Une
intention louable, vous allez en convenir.
Mme Harel: Et présentement, le service, vous avez sans
doute fait des études sur les coûts actuellement en vigueur pour
obtenir un certificat, un extrait de naissance. Ça peut varier,
j'imagine, mais il y a une réglementation à cet effet?
M. Lavigne: Actuellement, oui. Au ministère de la Justice,
pour la partie des registres, évidemment, qui sont sur le territoire du
Québec, que nous détenons en vertu du Code civil via nos
protonotaires, il y a effectivement une tarification qui est prévue. Par
contre, pour les registres qui sont tenus par les actuelles...
Mme Harel: Ministres du culte.
M. Lavigne: ...personnes autorisées, ministres du culte,
ou greffiers, ou secrétaires-trésoriers de municipalités,
il n'y a pas de tarification qui est prévue pour ces
personnes-là.
Mme Harel: Et, dans l'actuelle tarification, qui est du ressort
du ministère de la Justice, est-ce que c'est une tarification qui permet
d'autofinancer le service?
M. Rémillard: C'est difficile. D'une part, il y en a que
ce n'est pas tarifé, parce qu'ils sont ministres du culte; d'autre part,
au ministère de la Justice, bon, à certains niveaux, c'est vrai
que c'est tarifé, mais c'est difficile, à cause de la provenance
de diverses sources, de pouvoir établir ces critères-là.
Mais là, ce qu'il va falloir faire quand toutes les données
administratives vont nous être données, on pourra faire le bilan
et savoir combien ça coûte, et, ensuite, voir, donc, comment on
pourrait fixer les tarifs. (21 heures)
Mme Harel: Alors, on aura sûrement l'occasion de revenir
sur cette question des tarifs. Le tarif, je crois, pour un mariage, est de 127
$?
M. Lavigne: Pour la célébration du mariage.
Mme Harel: Pour la célébration. Oui, c'est vrai.
Vous avez raison. Et ce n'est payable ni par chèque ni avec carte.
M. Lavigne: Au ministère de la Justice. Je ne suis pas en
mesure de vous répondre, madame.
Mme Harel: Le chef de l'Opposition s'en est plaint à
moi-même, d'ailleurs, parce qu'il a dû essuyer, évidemment,
les difficultés d'un système qui ferme à 16 h 30, qui
n'accepte ni les chèques ni les cartes et qui exige les paiements
comptants. Alors, j'ai l'impression que notre système n'est pas tout
à fait adapté au monde moderne. C'est possible?
M. Lavigne: II est en évolution, comme vous pouvez le
voir.
Le Président
(m. lesage): est-ce qu'il y a d'autres
questions pour me lavigne? ça va? alors, merci, me lavigne, pour votre
participation à nos travaux.
Mme Harel: Me Lavigne, nous vous remercions.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, je crois que
nous terminons, avec ces questions que nous avons posées à Me
Lavigne, notre étude des trois registres qui sont créés
par le Code civil.
Nous sommes donc prêts à recommencer l'étude du
projet de loi 38, mais nous avions pensé, M. le Président, que
nous pouvions, à ce moment-là, passer à un autre prcj?t de
loi qui est le projet de loi 50 sur les petites créances, pour permettre
à nos légistes, à nos experts, de pouvoir faire quelques
réunions de travail. Alors, pendant ce temps-là, nous, nous
allons continuer sur un autre projet de loi, le projet de loi 50 sur les
petites créances. Alors, est-ce que c'est bien ce qui a
été convenu?
Le Président (M. LeSage): Ça va avec l'Opposition?
Alors, dans ce cas-là, je suspends temporairement les travaux pour
permettre aux gens de se déplacer et de repartir la commission dans
quelques instants.
(Suspension de la séance à 21 h 3)
(Reprise à 21 h 33)
Projet de loi 50
Le Président (M. LeSage): S'il vous plaît! La
commission des institutions reprend ses travaux. Le but, le mandat qu'on s'est
donné, sur lequel on a convenu, serait de poursuivre l'étude
détaillée du projet de loi 50, Loi modifiant le Code de
procédure civile concernant le recouvrement des petites créances.
Lorsque nous avions débuté les travaux, soit l'étude de ce
projet de loi, nous en étions toujours à l'article 1.
M. le député d'Anjou.
Étude détaillée Application
(suite)
M. Bélanger (Anjou): Merci, M. le Président. Oui,
évidemment, nous avions commencé à parler à propos
de l'article 1 et surtout à propos du fait que cet article, finalement,
contient toutes les dispositions fondamentales qui ont nécessité
cette réforme de la Cour des petites créances,
c'est-à-dire de faire porter de 1000 $ à 3000 $ la valeur des
créances qui pourront être portées devant cette Cour.
Je vous avais, à ce moment-là, fait part de mes
réserves quant aux critères qui étaient retenus pour
déterminer si une personne morale était eligible ou non à
se prévaloir de ce livre du Code civil. Quant à moi,
malgré que j'avais peut-être, à l'ouverture de cette
commission, une certaine ouverture vis-à-vis du fait que, maintenant,
les personnes morales pourront être admissibles, je dois avouer qu'au fur
et à mesure que les échanges se sont engagés à
propos de cette question - surtout suite aux propos de ma collègue de
Terrebonne qui me faisait part de la crainte ressentie par les ACEF quant
à l'ouverture, maintenant, qu'on fait aux personnes
morales - je dois admettre que je suis, quant à moi, en
réflexion quant à savoir si c'est vraiment souhaitable d'ouvrir
la Cour des petites créances aux personnes morales. Évidemment,
la crainte qui est la plus ressentie, c'est le fait que, finalement, la Cour
des petites créances devienne un genre de bureau de perception pour les
corporations ou les personnes morales. Cette crainte-là s'est
concrétisée dans les autres provinces canadiennes où,
justement, dans toutes les autres provinces canadiennes, on accepte les
personnes morales.
Il faut reconnaître quelque chose, peu importent les tarifs ou les
frais judiciaires qui vont pouvoir être imposés en vertu de la
nouvelle réforme, il reste que la Cour des petites créances
coûte cher à l'État. Elle coûte cher. Et, maintenant,
des personnes morales, des compagnies à but lucratif vont pouvoir
profiter d'un financement de leurs services de recouvrement de la dette. Alors,
quand même, ça fait poser des questions. Et on peut se demander
jusqu'à quel point il n'y aura pas des abus dans ce sens-là. Je
lisais, d'ailleurs, que, dans certaines provinces, on limite môme les
jours où les personnes morales peuvent présenter des
requêtes, où, justement, les auditions pour les personnes morales
peuvent avoir lieu. Je pense que ça prouve justement un peu cet
engorgement qui peut arriver.
Et puis, aussi, ce qui me fait le plus peur, c'est le contrôle
qu'on va pouvoir exercer, à savoir est-ce que ces personnes morales ont
vraiment la taille ou le volume nécessaire pour pouvoir être
éligibles? On a pris ici, on a retenu comme critère le fait
qu'elle comptait sous son contrôle ou sa direction au plus cinq personnes
liées à elle par contrat de travail. Alors, évidemment,
quand on parle «liées à elle par contrat de travail»,
on parle de contrat de travail déclaré. Qu'est-ce qui arrive si
c'est une entreprise qui a beaucoup d'employés qui travaillent au noir,
non déclarés? Si cette entreprise a beaucoup de personnes qui
travaillent uniquement à temps partiel, donc, encore là, les
vérifications sont très compliquées.
Et, on revient aussi à la question de l'affidavit ou de la
déclaration de la compagnie qui déclare tout simplement: J'ai
moins de cinq employés à mon emploi, et, illico, on devient
exigible. Et, à ce moment-là, c'est à la personne physique
d'essayer de faire la preuve du contraire. Alors, moi, je trouve ça
dangereux. Surtout que j'ai pris connaissance, tout récemment, d'une
lettre envoyée par le Barreau du Québec, le cabinet du
bâtonnier, une lettre du 2 décembre 1992 - je ne sais pas si le
ministre en a pris connaissance. Je constate que le Barreau ressent les
mêmes réserves quant à la venue maintenant des personnes
morales et je serais porté à partager la position du Barreau sur
cette question, à savoir que j'aurais beaucoup moins de réticence
à accepter qu'une corporation de type familial ou à
propriétaire unique puisse être admissible à titre de
personne morale, à se porter créancière ou
requérante en vertu de la Cour des petites créances. Je serais
porté à être plus sympathique à cette approche,
parce que, à ce moment-là, quand on parle de compagnie familiale,
moi, ma définition d'une compagnie familiale, c'est une compagnie
où les principaux actionnaires ont des liens de parenté entre
eux, tout simplement. Ou encore, propriétaire unique, c'est tout
simplement un seul actionnaire de la compagnie avec les actions votantes.
À ce moment-là, on peut comprendre facilement que l'incorporation
ou le fait d'être une société morale n'est qu'une fiction
juridique si la personne physique ne s'est incorporée que pour des
raisons fiscales, que pour des raisons légales. Mais il reste quand
même qu'on peut identifier un groupe de personnes derrière la
personne morale, et je pense que ça correspondrait plus à
l'esprit.
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Anjou, si vous me permettez...
M. Bélanger (Anjou): Oui.
Le Président (M. LeSage): ...j'aimerais vous signaler que
le temps qui vous est alloué pour cette intervention sur l'article 1 est
écoulé. Je vous demanderais de conclure, s'il vous
plaît.
M. Bélanger (Anjou): Ah! D'accord. Je vous remercie.
M. Rémillard: II a notre permission, M. le
Président, pour continuer.
Le Président (M. LeSage): Parfait. Alors, vous avez la
permission de continuer, M. le député d'Anjou. (21 h 40)
M. Bélanger (Anjou): Alors, justement, ce que je disais
à propos du caractère familial de l'entreprise, je pense que
ça répondrait plus à l'esprit parce que ça me fait
vraiment peur de voir l'ouverture qu'on va créer et aussi la perte de
contrôle qu'on pourrait avoir sur la Cour des petites créances,
suite... Juste le fait de la porter de 1000 $ à 3000 $ sur les personnes
physiques, je pense qu'on a sous-estimé l'impact que ça va avoir
sur le nombre de dossiers qui vont s'ouvrir devant la Cour des petites
créances. C'est pourquoi je pense qu'il faut vraiment chercher à
limiter, si vraiment on pense que c'est nécessaire et essentiel d'ouvrir
la Cour des petites créances aux personnes morales. Il faut vraiment, je
pense, les limiter, ces personnes morales là, qu'on se rapproche
vraiment de l'intention du législateur lors de la création de la
Cour des petites créances. C'était pour le petit, l'individu, la
famille, un peu. C'était pour ça. Alors, en tout cas, telles sont
mes réserves.
Je ne pense pas qu'il soit souhaitable, en tout cas, de permettre
l'ouverture de la Cour des petites créances aux personnes morales selon
les conditions qui sont exprimées ici, c'est-à-dire le fait
d'avoir cinq employés sous sa direction ou son contrôle.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui. M. le Président, il y a
évidemment beaucoup de choses dans les commentaires du
député d'Anjou, des remarques qui sont intéressantes dans
le sens qu'elles nous permettent de faire le point sur ce projet de loi et nous
permettent d'expliquer, d'une façon encore plus explicite - si vous me
permettez - certains points qui sont essentiels dans ce projet de loi. Tout
d'abord, le fait que nous décidions d'augmenter de 1000 $ à 3000
$ le seuil d'accès aux petites créances, je crois que ça,
ça ne soulève pas de difficultés. Le Barreau, tout le
monde est d'accord là-dessus, il n'y a aucune difficulté à
ce niveau-là.
Où il y a plus d'interrogations, M. le Président, c'est
lorsque nous parlons des personnes morales. À partir de là,
voyons comment nous en sommes arrivés, donc, à prendre cette
décision de permettre aux personnes morales de pouvoir avoir
accès aux petites créances. M. le Président, le
député d'Anjou se référait aux expériences
faites dans les autres provinces, mais je voudrais simplement lui mentionner
que, dans les autres provinces, plusieurs provinces ont 5000 $ et même 10
000 $ de seuil d'admissibilité. Mais, attention - je l'ai
mentionné lors du début de nos travaux, je le mentionne de
nouveau - dans les autres provinces, premièrement, il y a le droit
à l'avocat. Et ça, c'est un élément très
important. Or, c'est difficile de comparer les petites créances au
Québec avec les petites créances dans les autres provinces
puisque, nous, une des caractéristiques premières, c'est qu'on
n'a pas le droit à l'avocat. Et c'est là aussi une lumière
jaune qui est là pour nous en disant: Attention! On peut monter, bien
sûr, le seuil d'admissibilité aux petites créances, mais il
y a un niveau qu'on doit respecter parce qu'il faut être conscient que,
lorsque les enjeux sont trop élevés, il y a des droits qui
doivent être respectés, M. le Président, et ces droits,
ça signifie que des professionnels du droit, qui sont là pour
aider les personnes qui veulent revendiquer des droits ou qui ont à se
défendre, alors c'est des avocats. On est tous d'accord - on n'y revient
pas, bien sûr - pour les 3000 $, ça ne pose pas de
difficultés. Mais, il faut bien comprendre que, quand on compare avec
les autres provinces, elles ont des avocats alors que nous, nous n'en avons
pas.
Deuxièmement, dans les autres provinces, il y a un droit d'appel.
Il y a un appel Nous, on n'a pas d'appel. C'est un jugement qui est final.
Alors, c'est donc une philosophie, une approche qui est vraiment unique que
nous avons au Québec. Dans ce contexte-là, on dit: On va
permettre aussi à des personnes morales d'avoir accès aux petites
créances. Évidemment, dès qu'on prend le terme
«personne morale», les gens pensent à
«compagnie». Donc, une compagnie c'est quelque chose de très
compliqué, complexe, avec des parts, des actions, etc. Mais, M. le
Président, regardons bien la réalité des choses. Les
compagnies, avec cinq employés et moins, qui seront visées par ce
projet de loi, c'est des compagnies... le député d'Anjou se
référait et disait «une compagnie familiale».
Même si ce n'est pas marqué expressément dans le projet de
loi, vous allez trouver très souvent, M. le Président, des
compagnies familiales, des petites compagnies qui vont avoir, donc,
accès aux petites créances. Je pense à l'épicerie
du coin, je pense au garagiste, je pense à toutes ces entreprises qui
sont des compagnies parce qu'elles ont décidé de s'incorporer par
protection légale, par avantages de différentes façons que
la compagnie peut se procurer. Mais, M. le Président, il faut se
souvenir que, présentement, quelqu'un qui est inscrit et
enregistré, dont la marque de commerce est enregistrée, il a
droit aux petites créances présentement. Parce qu'il est
enregistré, il a droit aux petites créances et parce qu'il est
incorporé, il n'aurait pas droit aux petites créances, et
ça, c'est la réalité des choses. Un commerce,
présentement, qui a 10 employés, qui en a 20, mais qui est
enregistré, lui, il pourrait aller aux petites créances. Est-ce
que je me trompe? C'est ça. Alors que, s'il est incorporé, il ne
pourrait pas y aller. Il faut penser à ça aussi, la
réalité des choses. Alors, on dit: Cinq employés. La
question, évidemment, c'est de savoir... Là, il y a toute une
question de preuve. Le député d'Anjou avait questionné. Il
disait: Oui, mais comment on va faire pour déterminer ces cinq
employés? Le contrat de travail, qu'est-ce que ça peut
signifier?
M. le Président, on s'est référé, pour
déterminer les cinq employés... Tout d'abord, le terme
«cinq», j'y reviens rapidement, et pourquoi cinq, pourquoi pas
huit, pourquoi pas trois, pourquoi pas deux. Parce que, dans le droit et dans
la pratique au niveau administratif et au niveau législatif, cinq
employés, ça se réfère à une petite
entreprise. Donc, on se réfère à cinq employés. Et
on dit: Comment pourra-t-on démontrer qu'une entreprise n'a que cinq
employés? On s'est référé, M. le Président,
comme élément de preuve, à un document qui fait partie de
notre droit, qui fait partie intégrante de notre droit, et c'est
l'affidavit. L'affidavit, c'est le document assermenté qui a des
conséquences juridiques. Si on fait un faux affidavit, il y a des
conséquences sérieuses attachées au bout de ça.
Vous pouvez être poursuivi, outrage au tribunal, ou faux, ou, si vous
voulez, bien d'autres choses, mais vous avez des conséquences
extrêmement sérieuses. Alors, on prend l'affidavit.
La question, c'était de savoir... Oui, mais si ['affidavit est
contesté. M. le Président, si l'affidavit est contesté...
C'est-à-dire que le créancier, qui est une entreprise, fait son
affidavit disant qu'il n'a pas plus que cinq employés en tout temps,
même un occasionnel. Le député d'Anjou disait: Oui, mais,
si c'est occasionnel, c'est difficile à vérifier. Écoutez,
difficile à vérifier, il y a quand même une chose. C'est
que, si c'est contesté, si le débiteur dit: Moi, je
considère que le créancier, qui est une compagnie, a plus que
cinq employés parce qu'il emploie trois personnes l'été
pour faire telle ou telle chose, M. le Président, le juge, de par la loi
sur les petites créances, a cette responsabilité, il est
maître de l'audience, et le juge, à ce moment-là, va dire:
Très bien, c'est contesté. Est-ce que vous pouvez me
démontrer que vous n'avez que cinq employés? Et là il y a
des preuves objectives qui existent. La preuve objective, c'est au
ministère du Revenu. Vous devez, évidemment, rendre compte
à bien des égards, au point de vue de sécurité du
revenu, au point de vue de tous les autres processus que vous devez suivre au
point de vue administratif. Vous avez une liste de paie. Ça existe
ça. Pardon? Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Déductions à la
source.
M. Rémillard: Déductions à la source,
exactement. Vous avez parfaitement raison, les déductions à la
source. Donc, vous avez un document qui est là, et qui fait partie des
documents officiels d'une compagnie, et qui pourrait être
déposé en cour. Le juge n'a qu'à le demander.
Tout à l'heure, M. le Président, avec mes gens, on
discutait de la possibilité à savoir si on devrait mettre, dans
le projet de loi, le fait que, si l'affidavit est contesté, le fardeau
de la preuve reviendra au créancier, qu'il lui faudra démontrer
qu'il a vraiment cinq employés. On s'est interrogés. Au
départ, je trouvais ça intéressant. J'ai dit: Bon, coudon,
peut-être que c'est une possibilité, et, finalement, j'avais
beaucoup d'hésitations et je vais l'expliquer à cette commission,
M. le Président. J'avais des hésitations parce que je me suis
dit: Si on fait ça, d'une certaine façon, on remet en cause la
nature même de l'affidavit et sa signification dans notre droit, parce
que la preuve qu'il y a cinq employés, c'est l'affidavit
assermenté. Si l'affidavit est contesté, le juge est
maître, à ce moment-là, de l'audience et de la preuve et
c'est lui qui va déterminer comment devra se faire la
détermination de la vérité en fonction de cet affidavit.
Alors, j'avais beaucoup d'hésitations, M. le Président, parce que
je me suis dit: À toutes fins pratiques, on n'a pas besoin de marquer
dans la loi que le fardeau de la preuve est au niveau du créancier,
c'est-à-dire de la compagnie parce que, de fait, c'est la
réalité. Si on disait que c'était la compagnie qui avait
le fardeau de la preuve, d'une certaine façon, ça reviendrait
à présumer que la compagnie peut faire un affidavit
erroné. Et, donc, ça m'apparaît un petit peu difficile
à accepter dans notre droit. Alors, on en a discuté. Les
légistes étaient avec moi, l'adjoint au ministre de la Justice,
le député de Chapleau était là aussi, et,
finalement, on est arrivés à la conclusion que, bon, c'est
certainement discutable, mais que ça nous pose des difficultés.
(21 h 50)
Alors, ce que je veux dire, M. le Président, c'est que, lorsque
le député d'Anjou nous dit: J'hésite, j'hésite pour
que des compagnies puissent avoir accès aux petites créances, son
hésitation vient du fait qu'il considère que ce serait difficile
de vérifier les cinq employés. J'ai donné les arguments.
Nous, nous croyons que ce n'est pas difficile, qu'il y a des documents qui sont
la qui font partie de la vie juridique d'une compagnie et qui pourront
être mis en preuve et être déterminants. Et, si c'est une
fausse déclaration, si vraiment il y a une fausse déclaration,
à ce moment-là, ça signifie que la cause est perdue,
qu'ils ont perdu leur cause. Et, M. le Président, quand on dit
«cinq employés», le terme est très restrictif dans le
sens - j'ai eu l'occasion de l'expriquer mais j'y reviens - que c'est cinq
employés en tout temps. Donc, s'il y a un employé qui a
travaillé pendant une semaine, il fait partie du nombre des cinq. Et
ça, le projet de loi, là-dessus, est très clair.
Ensuite, le député d'Anjou nous dit qu'on va
peut-être engorger les cours. On a fait des études, je les ai
mentionnées, ces études, lorsque nous avons discuté
ensemble la dernière fois. Je pense même que j'ai
déposé le document. J'ai déposé le document, oui,
avec ces études-là. Écoutez, on n'a pas de boule de
cristal, il peut y avoir un engouement extraordinaire pour les petites
créances, mais, selon toutes les études que nous avons faites
avec la Justice, le Trésor, les Finances, c'est des spécialistes
qui font comme ça des évaluations de clientèles, et puis,
M. le Président, il y a peut-être une marge d'erreur, oui, mais
pas assez significative pour dire qu'on était complètement en
dehors de la «track», si vous me permettez l'expression. Alors, je
crois que, dans ce contexte-là, M. le Président, tous les
éléments sont là pour nous permettre d'ajouter les petites
entreprises au niveau des petites créances, et les interrogations du
député d'Anjou, moi, je crois qu'elles ont réponse dans le
projet de loi.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Eh bien, moi, M. le
Président, je pense que c'est assez clair, je n'ai pas d'interrogations,
je n'ai
pas d'hésitations, je suis parfairement contre cette
mesure-là. Et qu'on soit contre parce qu'on est consommateur, on peut se
dire: Bon, c'est normal que le consommateur ait toujours plus de
résistance, mais, lorsque je lis la lettre du bâtonnier, qui
connaît très bien la procédure par affidavit, qui a des
compétences dans ce domaine-là et qui nous dit, dans son document
du 2 décembre, que la preuve du nombre d'employés de
créanciers par affidavit seulement, ce n'est pas une preuve exigeante,
c'est une lacune qui risque de permettre à des entreprises non
admissibles d'avoir accès à la Cour des petites créances,
d'engorger le tribunal et d'entraîner des coûts non
désirés... Et il nous dit aussi: «Nous trouvons
équitable de permettre aux corporations à propriétaire
unique ou de type familial de déposer une réclamation à la
Cours des petites créances. Toutefois, en ouvrant la porte aux personnes
morales, le gouvernement doit faire preuve d'une grande prudence afin
d'éviter que cette instance ne devienne une agence de perception
payée à même les fonds publics.» Et, plus loin, il
parle d'engorgement.
Au niveau de l'engorgement, justement, le document que le ministre nous
a déposé est très clair: 33 620 nouveaux dossiers ouverts,
dont 6374 reliés à l'augmentation de la juridiction
monétaire et 27 246 reliés à l'accession de certaines
personnes morales aux petites créances. Donc, plus de 80 % des nouveaux
dossiers vont être ouverts parce qu'on ouvre aux personnes morales. Moi,
je veux bien qu'on se réfère aux autres provinces, mais on ne s'y
réfère pas toujours, par exemple. On peut prendre l'exemple du
célèbre dossier que je traite depuis plus de 3 ans, la vente
itinérante des préarrangements funéraires, où
toutes les provinces en ont décrété l'abolition, mais le
Québec, malgré pétitions en preuve, n'en a toujours pas
décrété l'abolition. On peut penser à mon autre
vis-à-vis, le dossier des comptables généraux
licenciés, où, dans les autres provinces, ils ont le droit
à la vérification, mais, au Québec, on n'a pas encore
jugé bon de la leur accorder.
Mais là, ça semble devenir très bon quand il s'agit
d'ouvrir ici aux entreprises. J'ai pris le temps de relire le rapport
Macdonald, qui est extrêmement instructif là-dessus, qui nous dit
que l'expérience américaine, qui n'est pas la même partout
dans tous les États - il y a des États où ce n'est pas
ouvert du tout aux petites entreprises, d'autres où c'est ouvert avec
restrictions et d'autres où on a carrément ouvert - eh bien, on a
démontré que c'était devenu un moyen bien commode, peu
coûteux, pour aller recouvrer des comptes. Dans le rapport Macdonald, on
dit donc que c'est pour parer à ces abus-là que le Québec,
qui avait vu - le législateur québécois - les erreurs qui
se passaient ailleurs, avait décidé de ne pas ouvrir aux
personnes morales. Souvent, le Québec, on est porté à
vouloir imiter, mais imiter une fois que les autres ont prouvé que ce
n'était pas efficace... Là, on décide qu'on veut faire la
même chose nous autres aussi après, pour s'accommoder, alors qu'il
faudrait peut-être être jn petit peu plus restrictif
là-dessus. Et le rapport Macdonald nous dit toujours que les motifs qui
ont justifié l'exclusion des personnes morales au moment de
l'entrée en vigueur de la loi sur les petites créances
apparaissent toujours fondés en 1991, et ses recommandations
étaient à cet effet-là. Il disait: On pourrait
peut-être, par exemple, considérer les corporations, les petites
corporations à propriétaire unique ou de type familial, si on
veut ouvrir un peu, mais non ouvrir aux personnes morales.
Dans les États où on a décidé de mettre
certaines restrictions, on a, par exemple, décidé de limiter le
nombre de causes qu'une personne morale pouvait intenter dans une année,
par exemple; on a parfois mis des conditions concernant les corporations,
concernant la conduite de certaines corporations. On a essayé de mettre
des balises dans certains États, puisque c'était devenu
carrément des agences de perception.
Vous savez, M. le Président, on a vraiment tous les
éléments devant nous pour essayer de réfléchir
à ne pas tomber dans le même piège où on est
tombé ailleurs. Moi, je m'explique difficilement qu'on décide,
malgré les preuves qu'on a, d'embarquer dans un système où
on nous démontre qu'ailleurs ça pose de sérieux
problèmes. Et il ne faut pas penser que les entreprises n'ont pas
trouvé de moyens de contourner. Je parlais, cet après-midi, avec
une dame qui me faisait des représentations pour une petite entreprise,
un salon de coiffure, où la coiffeuse disait: Bon, j'ai plus de
personnel que cinq personnes au moment de la période des fêtes,
mais, de toute façon, ce n'est pas très grave, parce que, lorsque
j'ai des problèmes pour les chèques avec les clientes, eh bien,
ce que je fais maintenant, pour avoir accès aux petites créances,
tout simplement, je fais faire le chèque au nom de la coiffeuse, au nom
personnel de la coiffeuse, et non au nom du salon, et puis je vais à la
Cour des petites créances pour réclamer. Alors, il ne faut pas
penser que les petites entreprises ne se sont pas donné des moyens, et
la preuve, ma collègue de Hochelaga-Maisonneuve nous l'avait
donnée, le rapport Macdonald nous dit qu'effectivement, à l'heure
même où on n'ouvre pas aux petites entreprises, 70 % des dossiers,
ce sont des professionnels qui vont réclamer des comptes. Alors,
pourquoi ouvrir davantage? Je trouve ça extrêmement
inquiétant, et les chiffres du ministre, le rapport qu'il nous a
donné, 80 % des nouveaux dossiers qui vont vraiment venir de l'accession
des personnes morales aux petites créances, je pense que ça
devrait être un des éléments qui pourraient au moins nous
retenir.
Alors, M. le Président, mon temps est déjà
écoulé. Alors, c'étaient les principales remarques
que je voulais faire. Je vous remercie.
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. M. le ministre. (22 heures)
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Tout d'abord,
en ce qui regarde l'exemple de la coiffeuse ou du coiffeur, ]e ne crois pas
qu'on doive interpréter les propos de Mme la députée de
Terrebonne comme voulant encourager ces pratiques. Ce n'est pas ça
qu'elle dit, ce n'est pas ça qu'elle dit, on le comprend bien. Mais elle
constate quand même que les commerçants, les petits
commerçants sont obligés de faire toutes sortes de ces
pirouettes-là pour pouvoir récupérer de l'argent qui
normalement leur est dû. Est-ce qu'il n'y a pas là, justement,
dans son exemple, une belle démonstration, une démonstration
très éloquente que la petite entreprise, le salon de coiffure,
pour prendre l'exemple qu'elle nous a donné, que ces gens-là, ils
ont le droit, ils ont le droit eux aussi d'aller chercher leur argent qui leur
est dû et sans avoir à dépenser et attendre tout le
processus formel d'un tribunal? Pourquoi ces gens-là seraient
obligés de faire ces pirouettes, que je ne me permets pas de qualifier,
comme ministre de la Justice? Pourquoi ils sont obligés de faire toutes
ces choses-là pour essayer d'aller chercher quelque chose qui leur est
dû?
Je reviens toujours à cette perception que, dès qu'on
mentionne le mot compagnie, on pense tout de suite à la grosse
internationale, grosse firme internationale ou je ne sais trop quoi. Mais ce
n'est pas des gros méchants, là. Il y a des gens qui ont des
petites compagnies de cinq employés et moins, parce que c'est la petite
compagnie, et puis qui ont une créance. Ils ont gagné, ils ont
gagné cette créance parce qu'ils ont rendu un service, que ce
soit la coiffeuse, comme le disait la députée de Terrebonne, ou
que ce soit le mécanicien, que ce soit le boulanger ou peu importe, mais
c'est à eux cet argent-là parce qu'ils ont travaillé pour.
Ils ont rendu un service. Et il y a combien de créanciers actuellement,
c'est-à-dire de consommateurs qui actuellement vont dire: Bien,
écoute, je lui dois 1500 $, je lui dois 2000 $, qu'il me poursuive pour
2000 $ à la Cour, on va voir comment ça va lui coûter? Ils
savent très bien que, poursuivre pour 2000 $, ça peut leur
coûter, de frais, à peu près 3000 $ et plus.
Alors, M. le Président, moi, je reviens toujours à cette
expression du juste équilibre. Il n'y a pas de mauvais consommateurs et
puis de bons commerçants, pas plus que de mauvais commerçants et
de bons consommateurs.
Mme Caron: Je n'aime pas entendre ça de la part du
responsable de la protection du consommateur.
M. Rémillard: Oui, mais je vous le dis quand même.
Je sais bien, on n'a pas le même point de vue là-dessus et je
respecte votre point de vue, mais je vous dis, moi aussi, je l'ai autant
là, cette perception-là, que, vous, vous pouvez avoir la
vôtre, je sais, aussi, en pleine conviction. Mais, moi, je ne peux pas
accepter qu'on voit le consommateur comme le bon et le commerçant comme
le mauvais. Je considère que les deux doivent avoir, dans une
société, des relations qui sont justes, qui sont
équitables, qui sont équilibrées. Et il y a quelquefois un
équilibre à établir parce que quelquefois il y a une
situation de faiblesse qui caractérise une partie plutôt que
l'autre. J'en conviens. Mais je ne peux pas dire qu'il y a... Je suis le
ministre responsable de la protection du consommateur, et très souvent
le consommateur est dans une situation de faiblesse par rapport au
commerçant, j'en conviens, et c'est pour ça qu'il y a une loi
pour le protéger. Mais cette loi-là n'a pas comme
mentalité de dire que les commerçants sont des mauvais
commerçants et que le consommateur, c'est un bon consommateur.
Alors, c'est tout simplement ce que je veux dire et transposer ça
dans le projet de loi que vous avez ici. Et c'est exactement la même
philosophie, c'est-à-dire que vous avez des commerçants avec cinq
employés, cinq employés en tout temps. On nous dit: On devrait se
limiter à une entreprise de famille. Mais comment définir une
entreprise de famille et un propriétaire unique? Là encore, c'est
extrêmement difficile. Prenons toujours votre exemple des salons de
coiffure. Vous parlez de coiffeuses. Si c'est deux ou trois dames qui sont
ensemble, et qui ont formé une compagnie, et qui ont un salon de
coiffure, pourquoi on les empêcherait d'avoir recours aux petites
créances? Vous savez, le juge est là. Ce n'est pas parce que la
compagnie se présente devant le juge qu'elle a automatiquement raison.
La compagnie se présente devant le juge. Vous avez mentionné
quelque chose qui m'apparaît très important quand vous avez dit,
en vous référant à l'exemple américain, qu'ils ont
peur que ce soit des maisons de perception, pas des maisons, mais...
Mme Caron: Des agences.
M. Rémillard: ...des agences de perception.
Mme Caron: Mais ils se sont aperçus que ça devenait
des agences.
M. Rémillard: Mais nous, il n'y a pas ce danger-là,
parce que c'est un administrateur de la compagnie qui doit représenter
la compagnie. On n'a pas ce danger-là. Et, aux États-Unis -
là vous citez le rapport Macdonald - là encore, il y a la
représentation par avocat. Alors, il faut tenir compte de ça
aussi. Nous ici, on n'a pas d'avocats. Vous avez une compagnie de cinq
employés et vous avez l'administrateur qui est là,
qui va représenter la compagnie, qui va être un
administrateur de la compagnie et qui est à l'emploi uniquement de cette
compagnie-là. Alors, comment voulez-vous qu'on parle, à ce
moment-là, d'agence de perception? On ne peut parler d'agence de
perception.
Quant aux chiffres - je termine là-dessus - que vous citez du
document que j'ai déposé, attention, il faut comprendre que les
causes qui sont présentement devant la Cour du Québec - entre
1000 et 3000 - elles n'iront plus à la Cour du Québec, elles vont
être aux petites créances. N'oubliez pas aussi la
médiation. N'oubliez pas que la médiation, on va même
mettre en place des mécanismes pour l'accentuer. Et la médiation,
ça va très bien aux petites créances, très,
très bien. On va l'étendre. Maintenant, vous savez qu'elle est
limitée. Mais on va l'étendre partout sur le territoire du
Québec. Et ça, ça fait toute la différence aussi.
Toujours cet esprit de médiation, de conciliation qu'on établit
dans tous les projets de loi où on peut l'établir.
Alors, regardez tout ça ensemble. Parce que, finalement, vous
cherchez le même objectif que moi, comme tous les membres de la
commission ici, qu'on ait une situation de justice, d'équité.
Comment peut-on refuser, donc, a une petite compagnie de cinq employés
et moins en tout temps d'avoir le droit d'aller chercher son dû? C'est
ça, là. C'est son dû. C'est le juge qui va décider
son dû.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. M. le
député de Chapleau.
M. Kehoe: Oui, M. le Président. Je ne reprendrai pas tous
les arguments avancés par le ministre. Mais il y a juste deux points que
je veux faire. Cinq employés ou moins, c'est une très petite
entreprise. Ce n'est pas une PME, une petite et moyenne entreprise, c'est une
TPE, très petite entreprise. Quand on parle des employés à
temps plein ou à temps partiel... Dans un dépanneur, de nos
jours, combien y a-t-il d'employés? Ils sont ouverts quasiment 16
heures, 17 heures ou 20 heures ou 24 heures - ça va l'être avant
longtemps. Que ce soit un garagiste, est-ce qu'il y a des garages qui ont moins
de cinq employés à temps partiel, temps plein? Moi, je me dis
qu'on est en train de faire une réforme du Code civii, une
réforme de la loi. La loi est toujours en évolution. Il faut
élargir. Il faut la moderniser un peu plus.
Vous avez parlé des autres provinces, de ne pas faire les
mêmes erreurs que les autres provinces, les mêmes erreurs que les
États-Unis. Mais je pense que le ministre a expliqué pour des
raisons... Il n'y a pas d'avocat, il n'y a pas d'appel, pour différentes
raisons. C'est restreint. Il y a des critères très
sévères. Je trouve que le député d'Anjou, quand il
a parlé de corporations de famille, c'est exactement ce que c'est. Quand
vous parlez de cinq employés et moins, c'est le dépanneur, c'est
le garagiste, c'est la coiffeuse, c'est quelque chose de très petit.
Ça, c'est le premier point. Et, personnellement, je trouve qu'on n'ouvre
pas grand la porte à des multinationales, rien de ça, même
pas à des PME. Ce sont des très petites entreprises.
La deuxième chose, c'est la question de l'affidavit. Moi, dans
l'actualité, j'ai pratiqué le droit pendant bien des
années. Mettons, à un moment donné, qu'il y a une
contestation sur la question: Combien d'employés y a-t-il? Le juge pose
la question à l'administrateur de la compagnie: Vous savez, vous
êtes assermenté. Vous savez l'importance d'un affidavit. Sur la
Bible, vous avez juré que vous alliez dire la vérité.
N'oubliez pas, ce gars-là, ce n'est pas un crimine! qui s'en va en cour,
c'est un garagiste, un dépanneur, n'importe quoi. C'est un gars bien
ordinaire qui s'en va là. Quand le juge va lui dire la gravité de
conter, sous serment, un faux serment, de dire qu'il a deux employés
alors qu'en réalité il en a sept, je ne pense pas qu'il sera
prêt à faire ça. D'après moi, l'affidavit, c'est
suffisant. La menace. Quand le juge va dire: II y a des conséquences
sérieuses qui peuvent s'enchaîner si vous ne dites pas la
vérité. Sur cette question-là, sur la question
d'affidavit, je suis persuadé, d'après l'expérience que
j'ai vécue dans le passé, que le contribuable, le
commerçant qui a pris l'action, qui est devant le juge, avec bien du
monde dans la salle, quand le juge va lui expliquer la conséquence de
conter un mensonge, je pense qu'à ce moment-là on peut oublier la
nécessité de mettre autre chose que l'affidavit. Mes
commentaires, M. le Président. (22 h 10)
Le Président (M. LeSage): Merci, M le député
de Chapleau. Est-ce que l'article 1 est adopté?
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, je vous
demanderais de voter alinéa par alinéa.
Le Président (M. LeSage): Très bien. Est-ce que le
premier paragraphe de l'article 1 est adopté?
M. Bélanger (Anjou): C'est-à-dire l'article 1a...
Vous voulez dire l'article 1?
Le Président (M. LeSage): L'article 1, oui M.
Bélanger (Anjou): L'article 1 est adopté.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que le premier
alinéa de l'article 1 est adopté?
M. Bélanger (Anjou): Oui, il est adopté.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que le deuxième
alinéa de l'article 1 est adopté?
M. Bélanger (Anjou): Sur division.
Le Président (M. LeSage): Sur division? Très bien.
Est-ce que le troisième alinéa de l'article 1 est
adopté?
M. Bélanger (Anjou): Le troisième? On est rendu au
troisième?
Le Président (M. LeSage): Le troisième. M.
Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. LeSage): Adopté. Est-ce que le
quatrième alinéa de l'article 1 est adopté?
M. Bélanger (Anjou): Surdivision.
Le Président (M. LeSage): Sur division. Alors, l'article
1, dans son ensemble, est adopté sur division. J'appelle donc l'article
2.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, je vous
demanderais qu'on procède paragraphe par paragraphe quant à
l'article 2.
Le Président (M. LeSage): Très bien. Alors, M. le
ministre, j'ai appelé l'article 2, premier paragraphe. M. le
ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. L'article 2 se
lit comme suit: 2. L'article 956 de ce Code est remplacé par le suivant:
«956. Une personne physique qui ne pourrait se prévaloir du
présent livre comme créancier et qui est assignée, suivant
ce livre, comme débiteur doit agir elle-même ou n'être
représentée que par une personne liée à elle par
contrat de travail. «Une personne morale qui se prévaut du
présent livre comme créancier ou qui, suivant ce livre, est
assignée comme débiteur doit n'être
représentée que par un administrateur, un dirigeant ou une
personne liée à elle par contrat de travail.»
M. Bélanger (Anjou): M. le Président?
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Je vous remercie, M. le
Président. Je remarque le changement par rapport à l'article 956
précédent, de l'ancienne loi. On reprenait, à
l'époque, l'expression «employée à son seul
service».
M. Rémillard: Ah oui!
M. Bélanger (Anjou): Maintenant, on parie d'«une
personne liée à elle par contrat de travail». Alors, quand
j'ai vu cet article, je me suis immédiatement posé la question,
à savoir pourquoi ce changement alors qu'«employée à
son seul service», il me semblait que c'était quand même
assez clair. Je vous avoue que la crainte que ça suscite chez moi, c'est
un phénomène que j'ai pu constater dans la pratique du droit,
c'est au niveau de la CSST. Il y a beaucoup de gens qui se font, comme
spécialité, de représenter des personnes devant les
tribunaux administratifs et qui ne sont pas des avocats. Alors, j'ai peur qu'en
prenant cette expression, «par contrat de travail» au lieu
d'«une personne employée à son seul service», on
pourra avoir des gens qui pourraient, d'une façon temporaire, être
à l'emploi de plusieurs compagnies, c'est-à-dire...
Bon, moi, si je prenais mon exemple, Pierre Bélanger. Je ne suis
pas avocat, je me retrouve un peu comme un spécialiste des
créances. Alors, j'offre mes services à plusieurs petites
compagnies ou à plusieurs individus, même des
sociétés civiles, en leur disant tout simplement: Écoutez,
moi, je peux, moyennant rémunération, vous représenter et
m'occuper de faire vos représentations devant la Cour des petites
créances. Je n'ai plus l'obligation d'être employé au seul
service de cette compagnie.
Je comprends qu'il pouvait arriver, selon l'ancienne loi, que la petite
société civile ait un avocat à son emploi, mais,
maintenant, ce dont j'ai peur, c'est que, comme «contrat de
travail» est une expression qui est très vaste, on ouvre la porte
à ce phénomène. Et, si je regarde dans le nouveau Code
civil... Je suppose que cette nouvelle expression «contrat de
travail», c'est pour la mettre conforme à la nouvelle expression
«contrat de travail» qui va être incluse dans notre nouveau
Code civil. Alors, si je remarque, «contrat de travail», c'est
à l'article...
Une voix: 2085.
M. Bélanger (Anjou): Pardon?
Une voix: 2085.
M. Bélanger (Anjou): 2085? Merci. «Le contrat de
travail est celui par lequel une personne, le salarié, s'oblige, pour un
temps limité et moyennant rémunération, à effectuer
un travail sous la direction ou le contrôle d'une autre personne,
l'employeur.» À 2086: «Le contrat de travail est à
durée déterminée ou indéterminée.» Je
regardais les propos qui avaient été échangés l'an
dernier lors de l'étude du projet de loi 125, justement, entre ma
collègue, la députée de Hochelaga-Maisonneuve et le
ministre. Elle aussi se posait des interrogations relativement à cette
nouvelle notion de contrat de travail. À ce moment-là, on avait
parié que le contrat de travail, la définition qui avait
été retenue mettait en relief les trois éléments
caractéristiques, c'est-à-dire travail pour autrui,
rémunération, tout en consacrant le caractère
essentiellement temporaire de ce contrat.
Quant à moi, ce que je retiens de cette nouvelle
interprétation, c'est que la nouvelle notion de contrat de travail
pourra vraiment être un contrat de travail ponctuel, c'est-à-dire
uniquement pour une occasion spéciale donnée, donc qui pourrait -
en tout cas, je me pose la question - peut-être donner ouverture à
la naissance ou à la création de genres de paralé-gaux, de
personnes n'ayant pas de statut d'avocat et qui pourraient représenter
des personnes physiques. Puis, on va le voir dans le deuxième
paragraphe, elles pourraient aussi représenter des personnes
morales.
Alors, pour moi, ça représente quand même un certain
risque. Et je me demande si c'est souhaitable d'ouvrir, encore là, cette
porte. Je ne pense pas que c'était... Je suis certain même que ce
n'était pas l'intention du ministre en mettant cette disposition, mais
je me demande... En tout cas, il pourrait peut-être répondre
à mes interrogations sur ce sujet-là.
M. Rémillard: M. le Président, après avoir
écouté les propos du député d'Anjou, je pense qu'il
se pose des interrogations très valables. On peut faire des
interprétations, puis je pourrai lui donner l'interprétation que
2085, évidemment, c'est un contrat de travail qui est limité dans
le temps, alors que, nous, on parle de 12 mois. Mais, peu importe. Je pense
qu'il a raison essentiellement sur une chose. C'est que ça peut porter
peut-être à discussion. Il vaudrait mieux le mettre plus clair,
parce que le député d'Anjou disait que ce n'était pas
l'intention du ministre de permettre que des gens se spécialisent dans
la collection, puis il a parfaitement raison. À partir de ça, on
pourrait faire un amendement, M. le Président, un petit papillon que je
pourrais proposer pour que ça puisse correspondre plus à
l'intention, je pense, que nous avons de ce côté-ci et, je crois,
aux propos que j'ai entendus du député d'Anjou. Alors, je
pourrais vous déposer, si vous voulez, ce projet d'amendement, et je
pourrais le lire, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Oui, allez-y, M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Rémillard: Alors, à l'article 956 introduit par
l'article 2 du projet de loi: 1° insérer dans la quatrième
ligne du premier alinéa, après le mot «personne», les
mots suivants: «à son seul service et»; 2° remplacer les
deux dernières lignes du deuxième alinéa par les
suivantes: «n'être représentée que par l'un de ses
administrateurs, l'un de ses dirigeants ou par une personne à son seul
service et liée à elle par contrat de travail».
M. le Président, il s'agit donc d'un amendement à cet
article 2 qui vient préciser davantage la règle de la
représentation des personnes morales.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'amendement est
déposé. M. le député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, comme on a
décidé d'y aller article par article... Finalement, cet article
vise les deux paragraphes... Je veux dire, on y allait paragraphe par
paragraphe, et cet amendement vise à amender les deux paragraphes de
l'article en même temps. Est-ce qu'on pourrait peut-être... Est-ce
que c'est possible - je vous demande la question - de scinder l'amendement pour
étudier uniquement l'amendement qui va porter sur le premier paragraphe?
Est-ce que c'est possible?
M. Rémillard: Je l'ai...
M. Bélanger (Anjou): parce qu'on va discuter... j'ai
d'autres motifs de réserve par rapport au deuxième paragraphe et
puis je me demandais si c'était possible.
M. Rémillard: Ce qu'on peut faire... M. le
Président, j'ai déposé cet amendement. À partir de
là, on peut faire notre discussion paragraphe par paragraphe.
M. Bélanger (Anjou): D'accord.
M. Rémillard: Vous pouvez appeler paragraphe par
paragraphe. Mais disons que j'ai déposé l'ensemble de
l'amendement, puis on verra, selon vos commentaires sur les deux paragraphes,
comment on peut réagir. (22 h 20)
Le Président (M. LeSage): On peut même, si vous le
désirez, M. le député d'Anjou, discuter du premier
paragraphe, le laisser en suspens, aller au deuxième paragraphe, puis
revenir pour adopter le premier, le deuxième et l'article en son
entier.
M. Bélanger (Anjou): Quant à moi, M. le
Président, cet amendement répond à mes attentes
relativement aux inquiétudes que je me posais quant au premier
paragraphe. Je pense que, relativement, le premier paragraphe, en tout cas pour
moi, ça le rend acceptable et ça évite la question ou
peut-être l'avènement d'une nouvelle génération de
paralégaux qui pourraient essayer de faire des présentations
devant la Cour des petites créances. Alors, quant à moi, en tout
cas, ça répond à mes inquiétudes pour le premier
paragraphe.
Le Président (M. LeSage): Très bien, M. le
député d'Anjou. Mme la députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Le ministre nous a dit
que les commentaires de mon collègue d'Anjou démontraient que,
finalement, ce
qu'il souhaitait, ce n'était pas dans l'esprit du
législateur, ce que vous aviez là. J'aurais aimé entendre
vos commentaires, justement, sur les modifications que vous vouliez apporter
à cet article et, peut-être, nous informer aussi pourquoi vous
avez jugé bon de remplacer «par un employé à son
seul service» par «une personne à son seul
service»?
M. Rémillard: Je comprends donc, M. le Président,
que maintenant nous discutons le deuxième paragraphe?
Mme Caron: On est toujours sur le premier, M. le ministre.
M. Rémillard: On est toujours sur le premier? Oui? Alors,
donc, en ce qui regarde... On m'informe ici que c'est juste au point de vue de
techniques de rédaction législative. Si on a utilisé le
mot «personne» au lieu du mot «employé», c'est
que le mot «employé» est plus restrictif. Le mot
«employé», par exemple, n'inclut pas les ouvriers, en
techniques de législation et selon l'interprétation
législative. C'est ce qu'on me communique à l'instant. Alors, le
mot «personne» est un terme qui emploie, donc, toute
catégorie de personnes, qui, donc, est plus large que le terme
«employé», tel qu'utilisé dans la loi.
Mme Caron: Bien clairement, est-ce à dire qu'une personne
physique pourrait engager un avocat?
M. Rémillard: Si cette personne est liée par
contrat de travail. Ça revient toujours à ce qu'on disait tout
à l'heure qu'une personne physique, ça peut vouloir dire, par
exemple, quelqu'un qui a une entreprise enregistrée, qui n'est pas une
entreprise incorporée.
Mme Caron: Mais, au niveau même de la rédaction, je
vous avoue, M. le Président, que j'ai un problème, parce que
j'essaie de relier les deux paragraphes. Dans le texte actuel, nous avions
«que par un employé à son seul service et, s'il s'agit
d'une personne morale». Bon. O.K. Lorsqu'on se retrouve dans le texte
proposé «n'être représentée que par une
personne à son seul service et», et puis là on arrive avec
l'autre paragraphe qui enchaîne on ne sait pas trop comment, parce qu'il
n'a pas «s'il s'agit», là: «Une personne morale qui se
prévaut du présent livre». En tout cas, il y a un
problème, là, au niveau de la rédaction. Ça
m'apparaît évident, là.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que vous êtes
toujours au premier paragraphe, Mme la députée de Terrebonne?
Mme Caron: Oui.
M. Rémillard: oui, oui, toujours au même paragraphe,
parce que j'ai de la difficulté - excusez-moi - à vous suivre,
mais il n'y a pas de problème de relation.
Mme Caron: Ça fait partie des petites coquilles. On se
retrouve un petit peu comme au moment du Code civil. Si vous regardez le texte
actuel, lorsque vous faites la lecture, vous n'avez qu'un seul paragraphe.
Lorsqu'on parle de la personne physique, vous avez, à la fin, lorsqu'on
parle de la personne physique «agir elle-même ou n'être
représentée que par un employé à son seul service
et, s'il s'agit d'une personne morale, doit n'être
représentée que par un employé à son seul
service».
Lorsque vous arrivez dans le texte que vous nous proposez, tel
qu'amendé, vous nous dites, premier paragraphe: «Une personne
physique qui ne pourrait se prévaloir du présent livre comme
créancier et qui est assignée, suivant ce livre, comme
débiteur doit agir elle-même ou n'être
représentée que par une personne à son seul service
et». Je ne sais pas trop ce qu'il fait là, parce que, là,
on arrive au deuxième paragraphe...
M. Rémillard: «Et liée à elle par
contrat de travail».
Mme Caron: Vous le rajoutez aussi?
M. Rémillard: Ah oui! Ce n'est pas toujours facile de lire
ces amendements, M. le Président, puis de les transposer dans le
texte.
Mme Caron: donc, c'est ouvrir la porte... si on revient au fond,
c'est ouvrir la porte à ce qu'une personne physique puisse engager un
avocat.
M. Rémillard: Non, non. Mais ça, écoutez....
Absolument pas, du tout, du tout, du tout, absolument pas. C'est strictement si
une personne physique a à son emploi quelqu'un qui a une formation
juridique. Oui, mais qui est à son emploi et, en plus, qui est
liée à son seul service.
Mme Caron: Pourquoi mettez-vous les deux conditions?
M. Rémillard: Bien, pour éviter, justement, qu'il y
ait des gens, pas nécessairement des avocats, qui pourraient se
retrouver avec des contrats de services de deux, trois ou quatre personnes ou
compagnies et faire ce métier-là. Tantôt, vous parliez des
agences de collection. Bien, ça serait ça, un danger.
Comprenez-vous ce que je veux dire?
Mme Caron: Quand on parlait d'agences de collection...
Peut-être qu'on pourrait en profiter
pour réexpliquer. On l'avait dit l'autre soir, mais on pourrait
le rappeler. Ce n'est pas qu'on pense que les agences de collection vont
accompagner les personnes, c'était dans le sens de dire: La Cour des
petites créances ne doit pas devenir elle-même une agence de
perception.
M. Rémillard: Oui, d'accord.
Mme Caron: C'était dans cette optique-là.
M. Rémillard: Mais il y a aussi... Je pense bien que le
député d'Anjou et vous, tantôt...
Mme Caron: Cet article-là, là, on disait: II y a un
risque, effectivement.
M. Rémillard: II y a un risque, c'est ça,
exactement. Alors, je vous dis que, pour mettre les choses très claires
et que vous n'ayez plus de doute quant à cette
possibilité-là, on met: «à son seul service».
Donc, il n'y a pas de possibilité pour qu'une même personne soit
à l'emploi de quelque compagnie et gagne sa vie, finalement, à se
retrouver aux petites créances pour plaider des causes.
Mme Caron: Ça va pour ce paragraphe-là, M. le
Président.
Le Président (M. LeSage): Alors, vous ne vouliez pas
procéder à son adoption tout de suite. Vous vouliez, je pense, M.
le député d'Anjou, que l'on procède à
l'étude du paragraphe 2° avant de l'adopter.
M. Bélanger (Anjou): C'est ça.
Le Président (M. LeSage): Alors, le paragraphe 2°. M.
le ministre.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. LeSage): II faudrait peut-être le
lire, M. le ministre, en tenant compte de l'amendement qui a été
proposé.
M. Rémillard: Alors, attendez, parce qu'on ne m'a pas
préparé le texte comme on le prépare habituellement.
Alors: «Une personne morale qui se prévaut du présent livre
comme créancier ou qui, suivant ce livre, est assignée comme
débiteur doit n'être représentée que par l'un de ses
administrateurs, l'un de ses dirigeants ou par une personne à son seul
service et liée à elle par contrat de travail.»
Une voix: Parfait.
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Merci, M. le Président.
Alors, vous comprendrez que, puisque, dans le premier article, on a
voté contre le fait que les personnes morales soient maintenant incluses
dans la loi sur les petites créances, pour les mêmes motifs, nous
allons voter contre ce deuxième paragraphe. Cependant...
M. Rémillard: Vous voyez, si vous aviez voté en
faveur, vous auriez pu voter en faveur cette fois-ci. Ha, ha, ha!
M. Bélanger (Anjou): Malheureusement, il y a des choses,
des logiques implacables comme ça qui nous hantent et qui nous suivent.
Mais j'ai d'autres réticences relativement à ça. C'est que
ma pratique du droit m'a fait constater que de nombreux administrateurs, de
très nombreux administrateurs ou dirigeants de compagnies sont avocats.
Mais, alors là, ce n'est vraiment pas l'exception, c'est presque la
norme. Je dirais que la majorité des compagnies ont au moins un avocat,
même les petites compagnies, qui est soit un dirigeant ou un
administrateur. (22 h 30)
Alors mol, ce que je vois d'une façon très claire,
là-dedans... Là, à ce moment-là, c'est pour les
personnes morales qui sont nouvellement admises dans la loi sur les petites
créances, à la Cour des petites créances. Là, je
vois réellement l'ouverture de la représentation par avocat pour
elles, alors qu'on vient, dans le premier paragraphe, de cimenter, d'une
façon non pas hermétique mais quand même, de faire en
sorte, dans la plupart des cas, qu'il n'y ait pas de représen tation par
avocat, le moins possible, chez les personnes physiques.
Mais, chez les personnes morales, on va, je pense, en tout cas, dans les
faits, dans la réalité concrète, se retrouver, plus
souvent qu'autrement, avec un avocat qui va représenter la personne
morale, un avocat tout simplement membre du conseil d'administration, ou
dirigeant de la compagnie, ou directeur de la compagnie. Et, à ce
moment-là, le déséquilibre qu'on ne voulait pas mettre
dans la loi sur les petites créances, à la Cour des petites
créances, on va le mettre d'une façon indirecte,
c'est-à-dire que la personne physique, elle, va être toute seule
et la compagnie, même petite - j'entendais le député de
Chapleau parler de TPE, de très petite entreprise - va se retrouver,
quant à elle, représentée par avocat. Ça, je trouve
que ce n'est pas acceptable. Je ne trouve pas que c'est acceptable.
Dans le rapport Macdonald, je trouvais une recommandation qui me semble
juste, c'est-à-dire de demander que la personne qui puisse
représenter la personne morale, devant la Cour des petites
créances, ait un intérêt, un lien de
propriété. Alors, à ce moment-là, on revient plus
à la notion d'actionnaire et, pour que cet actionnaire ait un lien, un
intérêt direct, on pourrait parler d'actionnaire majoritaire de
la
compagnie. Alors, à ce moment-là, seulement cette
personne, ce propriétaire, finalement, de la petite compagnie, de la
TPE, uniquement cet actionnaire aurait le droit de représenter la
compagnie. Moi, je pense que ce serait souhaitable, dans l'esprit de cette
loi.
M. Rémillard: Je ne vois pas, M. le Président,
comment le député d'Anjou peut arriver à ces conclusions.
Le même raisonnement que nous avons fait pour les personnes physiques
s'applique, évidemment, au niveau des personnes morales, dans le sens
que nous disons que la personne qui représente cette personne morale
devant les petites créances est à son seul service et liée
à elle par contrat de travail. Donc, comment pouvez-vous en arriver
à la conclusion que ce soit, par exemple, un avocat, parce que la
plupart des compagnies ont un avocat sur leur conseil d'administration?
Écoutez, j'ai beaucoup de considération pour les membres de ma
profession, mais de là à croire qu'une compagnie avec cinq
employés - imaginez-vous, cinq employés -dans la perspective de
cinq employés qui est utilisée dans la loi... Je reviens toujours
sur le fait que cinq employés, c'est l'employé qui a
travaillé une semaine, même une journée, même un
avant-midi, qui a été rémunéré, qui a eu un
contrat de travail, donc il fait partie des 5 dans les 12 mois. Et vous allez
me dire qu'il ne faut quand même pas... Je vous entendais parler et je
voyais un petit peu le conseil d'administration, avec la belle table en
chêne, autour, des grandes boiseries, et le feu au bout de la
pièce, et les cigares qui s'allument. Ce n'est pas tout à fait
ça, là.
Vous avez des exemples que vous allez me citer. Je reviens toujours
à l'exemple particulièrement éloquent de la
députée de Terrebonne, et on sait à quel point elle va
choisir le bon exemple. Encore une fois, elle a été choisir le
bon exemple: la coiffeuse, le salon de coiffure. Comment peut-on imaginer que
toutes ces compagnies de cinq employés et moins - écoutez, cinq
employés et moins, ce n'est pas beaucoup, ça, cinq
employés - vont avoir des conseils d'administration et, sur ces conseils
d'administration, pour la très grande majorité, des avocats?
Écoutez, je ne vous suis pas. Je ne pense pas qu'on puisse arriver
à cette conclusion.
En plus, à un moment donné, on a dit que ça peut
aussi être des gens qui se spécialisent, qui vont d'une compagnie
à l'autre, qui sont des administrateurs pour une compagnie et
administrateurs pour une autre compagnie, puis à chaque fois qu'ils sont
devant les petites créances, évidemment, c'est cet
avocat-là, qui est administrateur de deux ou trois compagnies, qu'ils
envoient là. Mais là, on dit, à la suite des discussions
qu'on a eues tantôt: «à son seul service». Il ne peut
pas travailler pour un autre.
Alors, un avocat - et on a assez de considération pour nos
professions pour avoir à peu près une perspective du salaire que
demande un avocat - au seul service d'une entreprise qui a cinq
employés, qui est sur le conseil d'administration, vous allez me dire
que ça se retrouve... Je ne dis pas que ça ne se retrouve pas,
mais je vous dis que ce n'est pas la règle générale.
Très, très, très loin de ça.
Qu'est-ce qui se passe dans les corporations qui sont sans but lucratif,
par exemple? Là, il n'y a pas d'actionnaires, dans ce cas-là.
Quand on dit: Le principal actionnaire... Mais le principal actionnaire,
ça va évidemment en fonction d'un type de corporation. Mais les
corporations qui sont sans but lucratif, si on se fiait au capital-actions pour
déterminer qui peut venir devant les petites créances, là,
vous auriez une lacune majeure.
Alors, voyez-vous, quand vous tournez ça d'un bord puis de
l'autre, vous voyez le texte avec l'amendement qu'on vient d'apporter,
«à son seul service et liée à elle par contrat de
travail», moi, il me semble que ça répond à vos
objections.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. M. le Président,
en maintenant évidemment que, par cohérence et concordance...
C'est évident que je suis contre le deuxième paragraphe à
cause de la personne morale, mais uniquement au niveau du texte. Moi, je n'ai
pas à l'esprit de voir une compagnie de cinq employés et moins
qui a un avocat sur son conseil d'administration ou un des dirigeants du salon
de coiffure ou du garage qui est avocat, mais, le danger, je le vois et c'est
dans vos propres propos que je l'ai vu: «Une personne à son seul
service et liée à elle par contrat de travail». Et vous
nous avez bien expliqué, dans votre exemple, qu'il faut calculer tous
les employés - cinq au moins - qui ont travaillé durant
l'année, à temps plein ou à temps partiel, et même
s'ils ont travaillé seulement pour une journée. Alors, une
compagnie, un salon de coiffure, un garagiste pourraient engager pour une
journée... Une compagnie qui a trois employés pourrait engager un
avocat pour une journée, ce qui lui en fait quatre pour cette
journée-là, et se faire représenter sans problème.
C'est une personne à son seul service, cette journée-là,
et liée à elle par contrat de travail.
M. Rémillard: Mais, ce qu'on explique, c'est... Je pense
que, là encore... Évidemment, quand vous partez du principe que,
dès qu'on parle d'une corporation, vous êtes contre... À
partir de là, je n'ai pas...
Mme Caron: Mais, indépendamment de ça, votre texte
même, là...
M. Rémillard: Oui.
Mme Caron: Et c'est vraiment par vos propres paroles que j'ai vu
la possibilité, lorsque vous nous avez reprécisé que,
finalement, il faut compter parmi les employés toute personne qui se
retrouverait, même pour une journée, là...
M. Rémillard: Mais à son seul service.
Mme Garon: Oui. Bien, pour une journée, il n'y a pas de
problème.
M. Rémillard: Alors, elle travaille une journée.
Mais elle ne peut pas travailler pour quelqu'un d'autre.
Mme Caron: Mais pour une journée...
M. Rémillard: Non, mais ce que je veux dire... Regardez
bien. Ce que ça veut dire, là, c'est qu'elle travaille une
journée dans 12 mois pour une compagnie, mais elle ne peut pas
travailler, dans les autres 12 mois, une autre journée pour une autre
compagnie.
Mme Caron: Bien non!
M. Rémillard: alors, si c'est vraiment ça,
écoutez, ça veut dire que cette personne-là, qui a
travaillé une journée ou six heures ou je ne sais trop quoi, ne
gagnera pas un gros salaire...
Mme Caron: Liée à son seul service et liée
par un contrat de travail.
M. Rémillard: Bien oui, mais qu'est-ce que ça peut
changer? Pensez-vous deux minutes, là, qu'un scénario comme
ça peut être possible? Entre vous et moi, là? On ne
répétera pas ça.
Mme Caron: Bien, certainement.
M. Rémillard: Voyons donc! Comment on peut arriver
à ça? On ne peut pas arriver à ça.
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Anjou.
(22 h 40)
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, tout à
l'heure, le ministre de la Justice a ouvert une porte qu'il n'aurait
peut-être pas dû ouvrir quand il a parlé des corporations
sans but lucratif. C'est vrai, je me demande pourquoi les corporations sans but
lucratif ne seraient pas admissibles à la Cour des petites
créances. Après tout, bon, le ministre est responsable de
l'application de la Loi sur l'aide juridique. Elles le sont?
M. Rémillard: Non, mais elles le sont. M.
Bélanger (Anjou): Elles le sont? M. Rémillard: Ah
oui!
M. Bélanger (Anjou): Alors, à ce
moment-là...
M. Rémillard: Vos nropos m'ont...
M. Bélanger (Anjou): Ah bon, d'accord.
M. Rémillard: ...fait monter... Oh!
M. Bélanger (Anjou): Elles le sont? Parfait!
M. Rémillard: Voyant de quelle façon...
M. Bélanger (Anjou): Alors, excusez-moi, c'est mon erreur.
Je pensais que...
M. Rémillard: ...minutieuse vous étudiez le projet
de loi, je me suis dit: Ouf! Quelle porte que j'ai ouverte là! Mais non,
mais non.
M. Bélanger (Anjou): Parfait, parfait. Maintenant, je vais
revenir uniquement sur un point. Quand le ministre parlait de compagnies,
petites compagnies - c'était touchant de voir la petite compagnie faible
et très économiquement défavorisée, c'était
vraiment touchant de voir ça - il a oublié cependant une petite
compagnie qui n'a pas d'employés, qui peut avoir uniquement trois,
quatre membres de son conseil d'administration et avoir des actifs qui
dépassent plusieurs fois nos salaires annuels. C'est les compagnies
immobilières, et Dieu sait, dans ma pratique, j'en ai rencontré
des compagnies qui n'ont aucun employé, et elles ont des portefeuilles
en valeurs immobilières, en valeurs d'hypothèques et de
propriétés qui sont considérables. Alors, ces
compagnies-là, je peux vous dire, elles ont toutes, à peu
près sans exception, des avocats sur leur conseil d'administration, et
ces compagnies-là, c'est loin d'être des cas isolés.
Alors, vous savez, quand je donnais tout à l'heure mon exemple
d'ouverture qu'on donnait pour les administrateurs ou les dirigeants de ces
compagnies-là, vous conviendrez avec moi, M. le ministre, que ces
compagnies-là existent, qu'elles sont nombreuses, qu'elles n'ont pas
d'employés, qu'elles vont maintenant avoir droit à l'aide
juridique et qu'elles ont des actifs dont plusieurs dépassent - au
niveau uniquement des actifs, non pas des revenus - les millions, le million,
tout au moins. Vous savez qu'à Montréal ça ne prend pas
beaucoup d'immeubles pour dépasser le million. Alors, vous savez, ce
n'est pas si théorique que ça, le cas que je vous donnais. Ce
n'est pas juste la petite compagnie, là, de...
M. Rémillard: Donnez-moi un cas, là, d'une
entreprise qui contrôlerait des millions et qui n'a pas à son
emploi des employés, qui n'a pas d'employés, qui n'a pas un ou
une secrétaire, qui n'a pas un ou une comptable, qui n'a pas un ou
une...
M. Bélanger (Anjou): J'en connais plusieurs, et je suis
certain que vous en connaissez plusieurs.
M. Rémillard: Oh! écoutez...
M. Bélanger (Anjou): Mais, M. le ministre, vous prenez
tout simplement une personne qui est propriétaire de deux ou trois
immeubles à cinq logements dans la région de Montréal; un
immeuble à cinq logements, ça ne va pas chercher en bas du 300
000 $, 400 000 $. Alors, elle a, en partant, des actifs qui vont
dépasser le million de dollars, et ces gens-là, très
souvent, font eux-mêmes la collection de leurs loyers, font
eux-mêmes la comptabilité. Ils vont avoir un comptable et, une
fois par année, ils vont aller porter les états financiers chez
ce comptable. Et ils ont une corporation, et puis...
M. Rémillard: Moi, je suis convaincu que... Allez voir les
livres de ces gens-là et vous allez voir qu'ils paient des salaires
à quelqu'un, ou bien ils se paient un salaire à eux autres, ils
le paient à leur enfant, leur femme, leur employé, n'importe
qui...
M. Bélanger (Anjou): À leur femme, oui.
M. Rémillard: Peu importe, peu importe. Tout ça est
permis. Pourquoi pas? Ce n'est pas illégal. Mais ce que je vous dis,
c'est qu'il y a des employés quelque part.
M. Bélanger (Anjou): Mais est-ce que le ministre comprend
qu'il ouvre la porte a ces compagnies-là, qui sont loin d'être des
petites compagnies qui font pitié ou qui sont...
M. Rémillard: Oh, mais écoutez, là, vous
soulevez un cas. Il faudrait avoir les cas...
M. Bélanger (Anjou): Ce n'est pas un cas isolé, M.
le ministre.
M. Rémillard: Oui, mais mettons qu'il y a une petite
entreprise, mettons une entreprise qui a, par exemple, des biens de 1 000 000
$. Ce n'est pas énorme, aujourd'hui, 1 000 000 $, hein? Un bloc de 40
logements bien modestes, et puis c'est 1 000 000 $, facilement, hein?
M. Bélanger (Anjou): Oui, oui. Oui.
M. Rémillard: Bon. Alors, écoutez, pourquoi un
propriétaire d'un tel bloc à appartements, qui est régi
par la Régie des loyers, etc., s'il a une créance a percevoir, ne
pourrait pas aller... Bon, alors je retire tout ce que je viens de faire,
là. Mme Pelletier vient de me dire que je ne suis pas tout à fait
dans la vérité. Elle ne me dirait pas que je suis dans l'erreur,
quand même, mais pas tout à fait... Parce que l'article 954 dit:
«Toutefois, le présent livre ne s'applique pas aux demandes
résiliantes du bail d'un logement ou d'un terrain visé.»
Alors, donc, votre exemple aussi tient moins bien parce que dans tout le
domaine immobilier... Mais ça vaudrait...
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: Mettons qu'on ne parle pas des loyers.
M. Bélanger (Anjou): Voilà.
M. Rémillard: On peut parler quand même de
l'administration d'autre chose, quelqu'un qui a fait couper le gazon, qui a
fait faire des travaux à son bloc, ou quelque chose comme ça.
Mais prenez-le d'un côté ou de l'autre, vous arrivez au même
résultat. Il va y avoir certainement des employés quelque part,
mais peu importe le montant du capital-actions, l'entreprise elle-même...
Écoutez, quand vous avez trois, quatre, cinq employés, maximum,
il y a des limites que vous pouvez contrôler, comme capital-actions, et
aussi comme possibilité de gestion. Voyons donc! Comment vouliez-vous
arriver à une autre conclusion?
M. Bélanger (Anjou): M. le Président...
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): ...je voulais juste faire
réaliser au ministre que, par le critère qu'il a retenu, de cinq
employés, il y avait des réalités économiques et
des réalités au niveau de la grosseur des compagnies. Je voulais
montrer l'imperfection de ce critère-là, de cinq employés,
qui n'est pas nécessairement représentatif de la force
financière d'une compagnie.
M. Rémillard: Moi, je peux vous dire que ce n'est pas le
critère parfait parce qu'il n'y en a pas de critère parfait. En
auriez-vous un, critère parfait? Votre critère familial, tout
à l'heure, n'est pas plus parfait. Le critère du principal
actionnaire, ce n'est pas plus parfait. On a parlé de ceux sans
capital-actions. Vous savez, à un moment donné, il faut trouver
la référence qui nous paraît la plus objective, la plus
sûre, la plus certaine. Et je vous ai dit tout à l'heure pourquoi
on avait pris cinq employés. Parce que, dans notre pratique, au niveau
de l'Industrie et du commerce, au niveau linguistique, aussi, à bien des
niveaux, on se réfère à cinq employés. Alors, c'est
dans ce contexte-là qu'on se réfère à cinq
employés pour décrire une petite entreprise. Mais je suis
d'accord avec vous que ce n'est pas un critère qui est parfait. Ce n'est
pas un critère qui est parfait.
Vous me soulignez des points qui, à mon sens... Moi, ça ne
me pose pas de difficultés
majeures. Il y aura toujours l'exception qui nous apparaîtra
à un moment donné, mais ça sera une exception, parce que
la très, très grande majorité que nous allons viser par ce
critère de cinq employés et avec les restrictions qu'on met nous
permet de croire qu'on atteint les objectifs de la loi. Mais je suis certain
qu'il va y avoir, à un moment donné, une exception, quelqu'un qui
réussit à passer. C'est pareil comme quand vous faites une loi de
fiscalité, c'est la meilleure loi possible et oups! à un moment
donné, il y a un petit bout où ils peuvent se faufiler. Alors, il
faut essayer de trouver le meilleur critère et, selon toutes les
études qu'on a faites, toutes les références auxquelles on
a eu accès, c'est celui de cinq employés.
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député d'Anjou?
M. Bélanger (Anjou): Ça va, M. le
Président.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que le premier
alinéa de l'amendement est adopté?
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que le deuxième
alinéa de l'amendement est adopté?
M. Bélanger (Anjou): Sur division.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'amendement est
adopté en son entier?
M. Bélanger (Anjou): Sur division.
Le Président (M. LeSage): alors, l'amendement est
adopté sur division. est-ce que le premier paragraphe de l'article 2,
tel qu'amendé, est adopté?
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que le deuxième
paragraphe de l'article 2, tel qu'amendé, est adopté?
M. Bélanger (Anjou): Sur division.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'ensemble de
l'article 2 est adopté?
M. Bélanger (Anjou): Surdivision.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 2 est
adopté sur division. J'appelle donc l'article 3.
M. Rémillard: M. le Président, l'article 3:
L'article 957.1 de ce Code est modifié par le remplacement, partout
où il apparaît, du nombre «1000» par le nombre
«3000».
Le Président (M. LeSage): M le député
d'Anjou.
M. Rémillard: Question de concordance, M. le
Président.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, je voudrais
juste revenir sur une question que j'avais un peu entreprise hier. C'est
à propos de la règle de preuve. Moi, il y a quelque chose qui
m'embête un peu. Vous savez, quand on a regardé... En vertu du
nouveau Code, maintenant, dépendamment que la créance va
être en bas de 1500 $ ou en haut de 1500 $, ce ne seront pas les
mêmes règles de preuve qui vont s'appliquer. Alors,
évidemment, je suis toujours pour le principe de passer de 1000 $
à 3000 $.
Maintenant, cependant, j'aimerais peut-être faire comprendre au
ministre le problème que ça peut poser, ce régime mixte de
preuves qui va apparaître maintenant devant la Cour des petites
créances. Et je me demandais - c'est une suggestion que je fais - s'il
n'était pas possible de mettre, dans cette loi, une disposition
semblable à celle qui existe présentement dans la Loi sur la
Régie du logement qui permet au régisseur d'accepter tout moyen
de preuve qui lui paraît raisonnable. C'est à la discrétion
du régisseur. Il n'est pas obligé d'accepter un moyen de preuve
qui lui est fourni, telle une preuve testimoniale à rencontre d'un
écrit, qui normalement serait non admissible, du moins en vertu de
l'ancien Code.
Je pense que ça faciliterait les choses, parce qu'il faut bien
comprendre quelque chose. C'est que la personne physique qui va se retrouver
devant la Cour des petites créances ne peut pas avoir en tête
toutes les notions de preuve que nous connaissons. Et, si elle découvre,
rendu à l'audition, qu'elle n'a jamais eu vraiment des bases solides de
preuve, qu'elle n'a jamais eu même quelque chose de valable en droit, au
niveau de la suffisance de preuve, et qu'elle apprend à l'audition que
ça lui aurait pris un écrit absolument pour pouvoir faire une
demande, moi, je pense que ça peut poser certains problèmes. (22
h 50)
Je peux vous dire, pour l'avoir expérimenté devant la
Régie du logement, que c'est une disposition qui est très
pratique. Le régisseur, dans sa discrétion, détermine si
oui ou non il va admettre le procédé de preuve, qui peut
être, des fois, une photocopie, qui peut être une preuve par
affidavit, n'importe quoi. Si c'est dans l'intérêt et si c'est
dans l'administration de la preuve, c'est-à-dire pour faire en sorte que
ça avance plus rapidement, à ce moment-là, il peut
l'admettre. Je pense que ça serait quelque chose qui aiderait dans
l'administration de la preuve, qui permettrait aussi d'aller plus vite dans
certaines causes. Et je pense que ça se verrait très bien dans
toute la philosophie et dans tout l'esprit de cette loi sur les petites
créances.
M. Rémillard: M. le Président, là encore, je
crois que le député d'Anjou met le doigt sur un sujet très
important. Il a raison de se questionner. Il nous fait une suggestion. Le
député de Chapleau, et moi, et les légistes, on a
discuté de ce sujet-là. Il faut comprendre qu'on décide de
passer de 1000 $ à 3000 $. Donc, au départ, 3000 $, ça
signifie quand même une créance qui est importante. Donc, il faut
avoir à l'esprit le respect des droits de l'un et de l'autre,
créancier et débiteur, en fonction des moyens de preuve. Le
nouveau Code civil, comme le député d'Anjou le mentionnait, va
faire passer de 1000 $ à 1500 $ le seuil pour la preuve testimoniale.
Une question qu'on pourrait se poser: Est-ce que, nous, on devrait faire passer
ce seuil à 3000 $, par exemple, directement? C'est-à-dire qu'on
irait jusqu'à 3000 $ au lieu que ce soit 1500 $, à la Cour du
Québec; nous, 3000 $, pas de problème, c'est la preuve
testimoniale. j'hésite, m. le président, parce que je
considère que... si, dans le code civil, on met 1500 $ parce qu'on veut
qu'il y ait une équité dans les règles de preuve et que
là on se retrouve devant les petites créances à 3000 $, il
n'y a pas d'avocat, est-ce qu'on va laisser tomber quand même cette
règle qui a pour but de protéger l'équité? je suis
quand même sceptique. bon. alors, si on met de côté cette
solution et qu'on dit: l'autre solution possible, envisageable, c'est de dire
qu'on va suivre, par exemple, le code civil qui est normal, est-ce qu'on doit
suivre le code civil, c'est-à-dire mettre immédiatement dans la
loi que c'est 1500 $? on pourrait faire ça. donc, on vient devancer le
code civil, qui n'est pas encore en application, pour, à toutes fins
pratiques, à peu près six mois. parce que le temps de mettre
ça en application, on sauverait six mois par rapport à
l'application, au 1er janvier 1994, du code civil. ça ne vaudrait pas
vraiment la peine. il faudrait le laissera 1500 $.
Et l'autre suggestion que nous fait le député d'Anjou,
c'est de dire que le juge peut être libre de la preuve. Moi, je suis bien
prêt à y réfléchir, M. le Président. J'avoue
que j'aimerais mieux, à ce moment-là, suspendre cet article pour
y réfléchir, parce que je pense que c'est une suggestion qui
mérite réflexion. La seule chose que je dirais à ce
moment-ci, c'est toujours cette préoccupation de laisser au juge toute
la latitude. C'est conforme à l'article 976 où on dit que
«le juge, qui procède lui-même à l'interrogatoire,
apporte à chacun un secours équitable et impartial, de
façon à faire apparaître le droit et à en assurer la
sanction», et, bien sûr, selon 973, que «le juge doit suivre
les règles de la preuve et il en instruit sommairement les parties; il
procède suivant la procédure qui lui paraît la mieux
appropriée».
Alors, la question qu'il faut se poser, M. le Président, c'est:
Est-ce que c'est plus équitable - parce qu'on parle de 3000 $, je parle
toujours de la possibilité de 3000 $ - de laisser tomber, donc, ces
règles de preuve et que ce serait plus favorable pour que la justice
soit rendue entre ces personnes devant le juge? À ce moment-ci, M. le
Président, j'aimerais mieux suspendre cet article. Je vous avoue que je
ne serais pas prêt à répondre à ça ce
soir.
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Juste comme élément de
réflexion que je pourrais donner à M. le ministre, c'est le fait
que, devant la Loi sur la Régie du logement, les causes qui sont en jeu
dépassent souvent les 3000 $, 4000 $, 5000 $, au point de vue
réclamation de loyers. Le juge, évidemment, doit toujours,
même dans sa discrétion, avoir beaucoup de réserve quant au
fait d'admettre des moyens de preuve qui pourraient être refusés
autrement, mais c'est fait d'une façon quand même assez courante
et, comme je vous dis, pour des montants qui dépassent, qui vont
atteindre des fois jusqu'à 10 000 $.
M. Rémillard: Je trouve ça intéressant, M.
le Président, comme suggestion. Alors, avec la permission de la
commission, j'aimerais qu'on puisse suspendre cet article.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 3 est
suspendu.
J'appelle donc l'article 4. M. le ministre.
Procédure
M. Rémillard: M. le Président, article 4. L'article
958.1 de ce Code est modifié par le remplacement de la dernière
phrase du premier alinéa par ce qui suit: «Lorsque le
créancier est une personne morale, la requête doit indiquer
également qu'en tout temps au cours de la période de 12 mois qui
précède la demande il comptait sous sa direction ou son
contrôle au plus 5 personnes liées à lui par contrat de
travail. «La requête est signée par le créancier ou
son mandataire et doit être appuyée d'un affidavit
établissant la véracité des faits et l'exigibilité
de la créance.»
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Merci, M. le Président. Je ne
reprendrai pas tout le débat que j'ai fait à propos du
critère qui a été retenu ni tout le débat qu'on a
fait l'autre fois à propos de l'affidavit. Je dirais tout simplement
que, quant à moi, exiger de la personne physique, de M. et Mme
Tout-le-Monde, la connaissance des moyens pour citer quelqu'un à outrage
au tribunal, pour poursuivre quelqu'un relativement à la
fausseté
d'un affidavit ou des faussetés d'allégations, je pense
que c'est beaucoup trop exiger de la part du système ou du citoyen
moyen. Quand je vois qu'un simple affidavit... Je comprends légalement
toute la portée d'un affidavit. Un affidavit, c'est notre honneur. C'est
un serment qu'on porte . quand on signe un affidavit, mais, malheureusement,
l'expérience m'a permis de constater que certaines personnes ne se
formalisent pas trop quand elles signent des affidavits et elles peuvent mettre
pas mal n'importe quoi dans ces affidavits-là.
Donc, quant à moi, le fait qu'il y ait un affidavit tout
simplement et que cet affidavit soit un peu comme une preuve prima facie de
l'éligibilité de la personne morale à se porter
requérante devant la Cour des petites créances, quant à
moi, c'est tout à fait insuffisant et ça va opérer un
renversement du fardeau de la preuve. Le fardeau de la preuve va être
maintenant sur le côté de la personne physique pour essayer de
prouver ou essayer d'avoir des indices et des doutes. Parce que ce n'est pas
évident, je veux dire, une personne peut avoir 10 employés, 15
employés ou 5 employés. Pour la personne qui est poursuivie,
à savoir si on a connaissance de la gestion interne de la compagnie ou
de sa liste de paie... À partir du moment où la compagnie ou son
dirigeant dit: Oui, monsieur, oui, M. le juge, j'ai 5 employés, bon, la
personne physique va se retrouver assez démunie vis-à-vis de tout
ça. Il va falloir dire: Bon, si la compagnie le dit, c'est vrai. Quant
à moi, c'est tout à fait insuffisant. Ça ouvre une porte.
Je comprends l'intention du ministre, qui, quant à lui, veut limiter la
porte qui est ouverte, mais, malheureusement, l'intention du législateur
est souvent dépassée par les faits et par les combines aussi qui
se développent autour de certaines manoeuvres. (23 heures)
Alors, quant à moi, c'est loin de créer un juste
équilibre dans tout ça. Je ne vois pas où est
l'équilibre et, quant à moi... J'ai parlé hier de la
nécessité d'essayer de mettre des sanctions, une
épée de Damoclès qui pourrait faire penser deux fois
à la personne signataire de l'affidavit de signer un affidavit qu'elle
sait faux, parce que toutes les poursuites dont on pourrait parler,
relativement à un affidavit, toutes ces poursuites nécessitent
une intention malicieuse de frauder et ne couvrent pas la simple omission ou
négligence, disons, dans le fait de compléter cet affidavit. Et
je voudrais, je pense qu'il serait souhaitable que la compagnie ou que le
dirigeant de compagnie, quand il signe cet affidavit-là, en plus d'avoir
les sanctions régulières ou normales qui constituent le fait de
signer un affidavit incomplet, qu'il y ait une sanction immédiate quant
au jugement ou à l'instance qui est maintenant ouverte devant la Cour
des petites créances. Je pense que ça serait important.
Évidemment, ça demanderait l'ajout de plusieurs... d'au
moins, quant à moi, d'après moi, deux articles ou deux clauses,
c'est-à-dire qu'il y aurait une sanction à l'effet que, quant
à moi, le jugement obtenu deviendrait nul. Mais aussi, il faudrait
rajouter une disposition à l'effet que, bon, évidemment, la
personne physique, qui se rend compte que la compagnie a signé un faux
affidavit, devrait s'adresser, par requête, au juge pour pouvoir aussi
mettre en branle ce procédé.
Je comprends que ça pourrait demander une modification de deux ou
trois articles, mais je pense que ça serait nécessaire dans le
but de rassurer les personnes qui voient, maintenant, rentrer dans le
système de la Cour des petites créances des personnes morales
qui, en tout cas, si on se met du côté des consommateurs et du
côté des personnes physiques, sont loin d'être les
bienvenues. Peut-être que, si on se met du côté de
l'économie, comme semble se mettre de ce côté le ministre,
on peut peut-être dire que c'est souhaitable de mettre les petites
compagnies dans le système, les petites personnes morales dans le
système de la Cour des petites créances. Mais je pense qu'il faut
rassurer les gens pour être certains que les personnes morales, on
n'ouvrira pas la porte beaucoup plus grande qu'on ne l'aurait voulu. Puis,
uniquement le fait qu'il y ait un affidavit et que cet affidavit
établisse l'éligibilité de la compagnie, quant à
moi, c'est tout à fait insuffisant. Je pense qu'il y aurait lieu de
regarder d'autres avenues.
J'ai parlé aussi de la possibilité, peut-être,
d'obtenir un certificat à la Commission des normes du travail, puisque
toute compagnie doit remplir, à chaque année, une
déclaration à la Commission des normes du travail où elle
déclare son nombre d'employés. Alors, ça pourrait... Et
c'est informatisé. À ma connaissance personnelle, ces registres
sont informatisés. Donc, ça pourrait assez facilement, il me
semble... on pourrait obtenir un certificat ou un document, le plus simple
possible, établissant, en effet, que telle compagnie est une compagnie
qui détient moins de cinq employés. À ce moment-là,
ça serait, en tout cas, il me semble, beaucoup plus efficace qu'un
simple affidavit. Cet affidavit-là, sans dents, sans sanction qui lui
est attribué quant aux manquements, lors de la signature, bien, c'est
vide, c'est vide.
M. Rémillard: Alors, M. le Président. Au
départ...
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Rémillard: ...je dois dire, au départ, au
député d'Anjou que je ne me situe pas au niveau de
l'économie comme je me situe strictement au niveau de la justice. La
justice est économique comme elle est sociale, comme elle est
culturelle, comme elle est dans toutes les activités que nous avons dans
une société organisée comme la nôtre.
En conséquence, je comprends de son
intervention qu'il nous dit que l'affidavit, qui fait partie de notre
droit, n'est pas une garantie. C'est évident, M. le Président,
qu'on peut toujours, même si c'est assermenté, si l'affidavit,
donc, est gage de vérité, par définition, on peut toujours
se retrouver avec un affidavit qui est un faux affidavit. Quelqu'un peut avoir
fait un faux serment et peut faire un faux affidavit. C'est évident.
Mais notre système juridique est basé sur l'affidavit comme
étant l'instrument qui dégage la vérité, qui
confirme la vérité. Ça fait partie de notre droit.
Alors, à partir de là, deux remarques, M. le
Président. Tout d'abord, il ne faut pas oublier que ces causes de
petites créances ont lieu dans une petite pièce. C'est une petite
pièce où vous avez le juge, et vous avez, juste en face, le
créancier, le débiteur, les parties, en fait, les parties qui
sont devant le juge. Il y a un bureau, et puis le juge est là. C'est
très intime, au départ. Alors, il ne faut pas s'imaginer les
petites créances comme une cour avec le juge qui siège et puis
les parties en bas. Elles sont très, très liées. Le juge a
comme responsabilité, de par la loi - j'ai lu tantôt les articles
- de faire en sorte que le droit soit respecté, en respect avec toutes
les règles d'équité et de justice.
Alors, l'article, là-dessus, que j'ai cité tout à
l'heure, M. le Président, 976: «Le juge, qui procède
lui-même à l'interrogatoire, apporte à chacun un secours
équitable et impartial de façon à faire apparaître
le droit et à en assurer la sanction.»
Alors, il y a tous ces éléments-là. Si je comprends
bien l'intervention du député d'Anjou, il voudrait qu'on laisse
tomber l'affidavit, qu'il n'y ait pas d'affidavit et qu'on se
réfère plutôt à une norme qui serait, par exemple,
un certificat de la Commission des normes, je pense. Est-ce que je
l'interprète bien? C'est ça, oui? Il n'y aurait pas d'affidavit,
selon votre interprétation. Il y aurait un certificat de la Commission
des normes.
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: Ça vient, à ce
moment-là, d'un organisme de l'extérieur. Normalement, toute
entreprise devrait être inscrite à ce niveau-là. Mais, tout
à l'heure, le député d'Anjou disait qu'il y a
peut-être des entreprises qui n'ont pas ces employés, mais peu
importe. L'affidavit fait partie du droit, fait partie de notre droit. Pourquoi
ne pourrait-on pas se référer à l'affidavit et, tout
à l'heure, qu'on ne pourrait pas aussi faire en sorte que le juge soit
maître de la preuve, à ce moment-là? Si c'est
contesté, qu'est-ce que le juge va faire? Le juge va dire: Est-ce que
c'est vrai que vous avez plus que cinq employés? Votre affidavit n'est
pas bon? Et le juge pourrait, à ce moment-là, exiger le
certificat de la Commission des normes. Ça, il peut le faire. Pourquoi
pas?
Une voix: ...en cours d'instance.
M. Rémillard: II peut, en cours d'instance. Pourquoi pas?
Parce qu'à ce moment-là vous respectez le principe de notre droit
de l'affidavit et vous faites confiance... Parce que, finalement, notre droit
est basé sur la confiance, aussi. On ne suit pas un droit de
méfiance, mais un droit de confiance. Si on trahit cette confiance, on a
un prix à payer.
Vous disiez, tout à l'heure: Oui, mais s'il y avait une
épée de Damoclès, si on mentionnait... Mais
l'épée de Damoclès, elle est dans notre droit.
Imaginez-vous, si le juge se rend compte que l'affidavit est faux, le
créancier vient de perdre sa cause. Est-ce que ce n'est pas ça,
l'épée de Damoclès? Alors, dire qu'il y a un affidavit et
qu'en plus, s'il est contesté, on met des règles
particulières, à mon sens, c'est aller à rencontre du
droit tel que nous l'avons dans sa conception, dans sa perspective,
c'est-à-dire que l'affidavit est gage de vérité et,
jusqu'à preuve u contraire, témoigne de la vérité.
Alors, s'il est contesté, le juge y verra.
Je reviens toujours, M. le Président, en terminant, quand
même, qu'on doit voir la Cour des petites créances dans un lieu
très intime, dans un local qui est quand même, lui aussi, pas un
très grand local. Donc, il y a une atmosphère qui est là,
susceptible d'amener le juge à jouer le rôle que lui donne la loi
de par l'article, entre autres, 976.
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, je pourrais
peut-être suivre un peu le raisonnement du ministre s'il y avait un
article qui oblige, comme première étape pour le juge, la
première des choses serait de vérifier
l'éligibilité de la compagnie. C'est-à-dire tout de suite,
dès le début de l'audience, dire: Le juge doit s'enquérir
de l'éligibilité de la compagnie en posant des questions
directement au directeur. Alors, à ce moment-là, je pourrais
peut-être, mais c'est loin d'être systématique, en tout cas,
de par la lecture de la loi, c'est loin d'être systématique de
penser que le juge, ça va être sa démarche normale de
s'enquérir de l'éligibilité de la compagnie à la
Cour des petites créances. C'est loin d'être certain que la
majorité des juges vont se comporter ainsi. Ils vont se comporter comme
ils vont le juger nécessaire, alors qu'on aurait pu peut-être
prévoir cette formalité que, la première des choses, le
juge doit s'enquérir de l'éligibilité de la personne
morale ou à se prévaloir de ce livre du Code civil. Alors,
peut-être... En tout cas, ça aurait été une chose,
je pense, qui aurait peut-être été souhaitable.
Maintenant, quant à l'argument des compa-
gnies qui n'ont pas d'employés, j'aimerais soumettre au juge...
à M. le ministre que même une compagnie qui n'a pas
d'employés doit annuellement remplir un rapport à la Commission
des normes du travail.
M. Rémillard: Oui. J'ai vu ça, tout à
l'heure, que vous mentionniez... C'est pour ça que je ne vous suis pas,
là-dessus.
M. Bélanger (Anjou): Alors, je peux vous dire... Pour
avoir été administrateur d'une très petite
compagnie...
M. Rémillard: Moins de cinq? (23 h 10)
M. Bélanger (Anjou): ...je peux vous dire que j'ai eu
à remplir annuellement ces rapports.
Puis, quant à l'autre argument pour l'affi-davit, c'est vrai que
notre système de droit est beaucoup basé sur l'affidavit et sur
la bonne foi des gens, sauf que, dans notre système régulier,
c'est-à-dire qui n'est pas devant la Cour des petites créances,
premièrement, il y a des avocats. Certains diront: Oui, ce serait
préférable qu'il n'y en ait pas, des fois, mais i! y a des
avocats, et un avocat qui va bien faire son travail, quand il pense que
l'affidavit est douteux, il va tout de suite faire un interrogatoire sur
l'affidavit, avant que le procès aille plus loin. Il pourra, suite
à un interrogatoire serré sur l'affidavit, ébranler les
prétentions et la crédibilité de la personne qui se porte
requérante ou demandeur, ou qui est signataire de l'affidavit. Tandis
que, là, M. et Mme Tout-le-Monde qui vont se retrouver devant la cour,
ils ne pourront pas faire un interrogatoire sur affidavit. Ils vont arriver
là - vous savez comment c'est - la journée même, tout
énervés, puis, bon, ils vont s'en remettre au juge.
Donc, tout ce processus qu'on a, dans un système régulier,
de vérifier la véracité des affidavits, ça
n'existera pas dans la Cour des petites créances. Alors, c'est pour
ça que j'ai certaines appréhensions, certaines craintes.
M. Rémillard: Si on n'avait pas l'affidavit, à ce
moment-là, votre processus pourrait être intéressant dans
le sens qu'on dirait: Pour avoir accès aux petites créances, il
faut avoir cinq employés ou moins. Vous faites donc une intervention.
Vous allez aux petites créances, vous êtes une compagnie, vous
dites: Voici, moi, j'ai moins de cinq employés. Là, vous n'avez
pas l'affidavit; il faut donc un élément de preuve. Et là
on pourrait dire que le juge peut exiger, à ce moment-là, un
élément de preuve. Je le comprendrais très bien. Non pas
«peut», mais «doit» exiger un élément de
preuve. Je pense que c'était vos paroles, «doit exiger». Et
là je le comprendrais parce qu'il n'y a pas, au départ, cette
preuve au dossier. Donc, il l'exige.
Mais, dans la mesure où on se réfère à un
affidavit qui, comme je l'ai dit tout à l'heure, je le
répète, atteste de la vérité de la
déclaration, si on veut suivre l'esprit de notre droit et respecter
notre droit, on rie ^.Qut pas, à ce moment-là, dire:
Très bien, vous devez mettre un affidavit dans votre requête pour
aller aux petites créances et, en plus de ça, on va obliger le
juge à vérifier si vous avez dit la vérité. Il y a
quelque chose comme...
J'ai de la difficulté, là, moi, à voir dans notre
droit... Parce que, si on exige un affidavit, il faut présumer qu'on ait
dit la vérité. Et cette présomption-là, elle peut
être renversée par le juge qui va tout simplement dire... et
ça peut être initié par le juge lui-même, bien
sûr, mais ça peut être initié par le
créancier, par l'autre partie qui va dire: Ecoutez, moi, je les connais,
puis Ils ont six ou sept employés. Le juge va dire: Ah oui! Vous avez
six ou sept employés, là, vous? Pouvez-vous me démontrer
que vous avez juste cinq employés? Donnez-moi votre certificat de la
Commission des normes, donnez-moi une autre preuve. Mais le juge est là
pour ça.
Mais, simplement, ce que je voudrais dire, M. le Président, c'est
que je vois mal comment on peut exiger, d'une part, l'affidavit et, d'autre
part, exiger du juge qu'il fasse la preuve que l'affidavit est vrai, parce que,
par définition, un affidavit, c'est vrai, sauf preuve du contraire.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Je ne veux pas revenir sur les arguments, mais un point
que je veux faire, là, je pense que, lorsque le requérant signe
devant le greffier un affidavit, qu'il a cinq employés ou moins,
à ce moment-là, là, il peut y avoir des doutes. Tu sais,
admettons que, dans le cours normal des affaires et dans notre système
de droit, quand on signe un affidavit, c'est vrai, mais même on laisse
porter l'affaire, puis on va dire, à ce moment-là: II prend des
chances, puis il va le signer.
Rendu devant le juge, rendu en cour, là, puis quand le juge va
poser des questions, moi, je suis absolument persuadé que cette
personne-là, qui, encore une fois, là, n'est pas un criminel,
c'est un citoyen ordinaire, ne toffera pas la route devant le juge. Il va
craquer, puis il va dire la vérité, là. Ça, c'est
sûr et certain. Non, non, non. Rendu là, là, quand il va
savoir les conséquences de son acte, maintenir, après avoir mis
sa main sur la Bible, ne pas dire la vérité, wo, les moteurs!
C'est mon opinion. Je respecte la vôtre. C'est ça.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Ce que nous dit le
député de Chapleau est probablement vrai, sauf qu'il n'y a rien
qui nous garantisse
que le juge va effectivement poser ces questions, que le juge va
effectivement rappeler à quel point c'est important, l'affidavit, puis
à quel point c'était important de dire la vérité,
puis poser des questions là-dessus. Ça, il n'y a rien qui nous
garantit ça, et moi, quand je lis la lettre du bâtonnier, qui nous
dit qu'un affidavit... Nous sommes d'avis que cette preuve n'est guère
exigeante, que c'est une lacune qui risque de permettre à des
entreprises non admissibles d'avoir accès à la Cour des petites
créances. Bien, je pense que c'est quand même un avis qu'on ne
peut pas rejeter, de prime abord.
M. Rémillard: M'accorderez-vous, juste là-dessus...
La remarque du bâtonnier, s'il a écrit ça comme ça,
là...
Mme Caron: C'est exactement écrit comme ça.
M. Rémillard: Oui. Moi, je vais vous dire que, comme
ministre de la Justice, j'apporte des nuances.
Mme Caron: Mais le texte est textuel. M. Rémillard:
Oui, mais...
Mme Caron: Vous l'avez sûrement reçu, M. le
ministre.
M. Rémillard: ...je ne suis vraiment... Oui, mais je ne
suis vraiment pas d'accord avec ça.
Mme Caron: La preuve du nombre d'employés du
créancier se fera par affidavit seulement. Nous sommes d'avis que cette
preuve n'est guère exigeante. Cette lacune risque de permettre à
des entreprises non admissibles d'avoir accès à la Cours des
petites créances, d'engorger le tribunal et d'entraîner des
coûts non désirés. Et autant ce n'est pas évident
que le juge va nécessairement poser les questions, autant c'est loin
d'être évident que la personne physique va penser à
demander au juge de poser les questions pour savoir si le nombre
d'employés était bien de cinq ou moins.
Lorsque le ministre nous dit: Bon, la personne physique peut dire: Oui,
je le connais, M. le juge, je sais qu'il a au moins six ou sept
employés, je vous avoue qu'au nombre de petites entreprises qui existent
maintenant, dans chacun de nos comtés respectifs, au nombre
d'entreprises qu'il y a, au nombre de commerces qu'il y a, je ne connais pas
beaucoup de consommateurs qui sont capables de dire à un juge le nombre
d'employés dans un commerce, puis ce n'est pas connaître seulement
le nombre au moment où ils ont fait leur transaction, mais de savoir le
nombre d'employés que le propriétaire a eus en tout temps, au
cours de la période des 12 mois qui ont précédé sa
demande. Je pense que c'est un petit peu difficile d'exiger ça de la
personne physique, qu'elle porte ce fardeau de la preuve.
Le ministre nous a dit tantôt, au début, dans ses remarques
préliminaires, qu'il avait pensé, durant un certain temps,
à inverser le fardeau de la preuve, c'est-à-dire à
demander à l'entreprise de prouver, et je pense que ça, c'est
beaucoup plus facile, parce que l'entreprise, normalement, devrait être
en mesure, soit de le prouver par un certificat des normes du travail, soit de
le prouver par sa liste de paie, ou de le prouver par... elle a en main les
moyens pour prouver ce qu'elle avance, alors que le consommateur est
très, très mal placé pour savoir combien d'employés
vous avez eus dans les 12 mois qui ont précédé la demande
de votre requête, là. Je pense que c'est trop exiger.
L'article 976 nous assure que le juge va faire un travail
équitable. Mais faire un travail équitable, ça ne veut pas
' nécessairement dire l'obliger à poser les questions sur
l'affidavit, puisque le ministre lui-même nous le dit que l'affidavit
devrait être une preuve en soit. Donc, les juges ont probablement cette
pensée et vont probablement le considérer comme une preuve en
soi.
M. Rémillard: Est-ce que je comprends les propos de Mme la
députée de Terrebonne et du député d'Anjou en
disant que, si on avait une clause qui disait - j'essaie de penser tout haut,
là, toujours bien franchement, comme on le fait habituellement en
commission parlementaire -que, dans les cas où l'une des parties
conteste l'affidavit, c'est-à-dire que le débiteur conteste
l'affidavit - pas nécessairement le débiteur, ça peut
être le créancier - l'une des parties conteste l'affidavit -
principalement, mais pas tout le temps - le juge doit en exiger une preuve de
la part de la corporation...
M. Bélanger (Anjou): Si on...
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, c'est un peu
le sens de l'interrogation que j'avais soulevée. Mais, quant à
moi, plutôt que de mettre ça en cas de contestation de
l'affidavit, moi, je le mettrais comme prérequis au dépôt
de la demande. Si on avait une preuve, c'est-à-dire genre un certificat
qui serait déposé en même temps, ça éviterait
ça, parce que, moi, ce dont j'ai peur, c'est que, finalement, pour la
personne physique, parce qu'il faut quand même qu'il y ait des personnes
physiques aussi qui profitent du système, comme il y a toutes sortes de
gens qui profitent du système, malheureusement, j'aurais peur que
ça devienne un moyen de défense, aussi, pour une personne
physique, de dire tout simplement: Je conteste l'affidavit. Alors, à ce
moment-là, la petite personne morale
se retrouverait prise au dépourvu si elle n'a pas apporté
avec elle un certificat, qu'on ne lui a pas imposé ou qu'on ne lui a pas
exigé dès le début. (23 h 20)
Alors, ça pourrait demander, imposer des remises ou ça
pourrait, en tout cas, je pense, peut-être poser certains
problèmes. C'est pour ça que je le voyais, moi, dès le
début, exiger le certificat. Je ne pense pas que ce serait
compliqué. Je ne pense pas que ce serait coûteux. Puis, pour une
personne morale qui, auparavant, n'avait même pas accès à
la Cour des petites créances, maintenant, si on lui impose ce petit
fardeau là d'avoir à aller se procurer un certificat à la
Commission des normes du travail, je he pense pas que c'est exhaustif... je
veux dire que c'est excessif. En tout cas, ça éviterait cette
chose-là parce que, si ça arrive à l'audition... Moi, je
trouve ça dangereux si ça arrive à l'audition, parce qu'on
peut se retrouver pris au dépourvu.
M. Rémillard: Remarquez que, moi, ce que je ne voudrais
pas, c'est d'abord mettre en cause le principe de l'affidavit. Ça, je ne
veux pas remettre ça en cause parce que, comme ministre de la Justice,
il reste quand même que nos lois ou tout ce qui se réfère
à l'affidavit, c'est une attestation de vérité. C'est
comme ça. Et il y a des moyens pour le contester, l'affidavit. Ceux qui
ont dit une fausseté en paient le prix. Ça, je veux qu'on
respecte ça comme principe de droit.
L'autre chose, je ne voudrais pas qu'on parle pour ne rien dire non
plus, parce que ça fait de la confusion, et, finalement, ça porte
à interprétation, et ça cause des difficultés.
J'essaie de voir qu'est-ce que... si, vraiment, il y a une lacune à
combler. Je regarde l'article 4. On lit ceci: «Lorsque le
créancier est une personne morale, la requête doit indiquer
également qu'en tout temps au cours de la période de 12 mois qui
précède la demande, il comptait sous sa direction ou son
contrôle au plus 5 personnes liées à lui par contrat de
travail.»
Donc, au départ, dans sa requête, il doit attester. Et
l'attestation, ensuite, est faite par affidavit. Donc, si l'affidavit est
contesté, ça demeure à lui à démontrer qu'il
a dit la vérité. Est-ce qu'on a besoin, en plus, d'avoir une
disposition pour que cet affidavit, dans le cas où il serait
contesté, d'abord, puisse être vérifié à
chaque fois - parce que c'était ça qu'on discutait tout à
l'heure - et ensuite puisse être contesté, et, à ce
moment-là, s'assurer que le fardeau est vraiment du côté,
en très grande majorité des cas, du créancier?
Moi, pour ma part, je regarde ça, je me dis: II faut quand
même suivre le processus normal du droit et respecter toujours le
principe de l'affidavit. Est-ce qu'on doit avoir un article qui stipule que le
juge doit, dans chacun des cas, vérifier la véracité de
l'affidavit? Est-ce que c'était ça, finalement, que vous
demandiez, que le juge vérifie la véracité de
l'affidavit?
M. Bélanger (Anjou): Tout simplement qu'il pose des
questions sur... La première des choses, c'est qu'il doit interroger le
requérant ou le débiteur sur cette chose-là. Il doit le
vérifier, oui.
Mme Caron: Parce que ce n'est pas évident que la personne
physique va demander au juge de les poser, ces questions-là.
Une voix: Mais le juge est là pour ça.
Mme Caron: On ferait le tour de la table... Est-ce que vous savez
combien votre nettoyeur a eu d'employés au cours des 12 derniers mois,
en tout temps, là? Est-ce qu'il y a quelqu'un autour de la table qui le
sait? Puis, pourtant, on y va régulièrement. Est-ce qu'on sait,
notre dépanneur, combien il a engagé d'employés en tout
temps au cours des 12 derniers mois?
M. Rémillard: Mais comment on peut formuler ça?
C'est que j'essaie de penser comment on peut formuler ça. On ne peut
quand même pas dire que le juge doit vérifier si les
allégations à l'effet que la corporation a employé moins
de 5 employés dans les derniers 12 mois sont véridiques. On ne
peut pas mettre ça. On ne peut pas mettre ça parce qu'il y a un
affidavit. Ça m'apparaît un peu difficile de mettre quelque chose
comme ça.
À la demande d'une des parties, le juge peut exiger ou exige des
preuves quant à l'emploi de 5 employés dans les derniers 12 mois.
Quand vous regardez ça, en pratique, c'est quoi... Je regarde les
commentaires du Barreau, puis je trouve ça un peu difficile comme
commentaire parce que... Il faut faire attention aussi, comme
législateur, à ce qu'on met comme principe de droit. Je suis bien
conscient, si vous voyez le problème qui est là, mais comment on
peut le... Moi, je ne le vois pas, nécessairement, ce
problème-là. Je suis bien prêt à prendre en
considération le problème que vous y voyez, et puis si ça
peut améliorer le projet de loi. J'essaye de voir comment... qu'est-ce
qu'on peut faire, là. Je trouve ça difficile.
Le Président (M. LeSage): M le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, est-ce que je
dois comprendre que ma suggestion qui, quant à moi, est la plus simple,
c'est la question du certificat de la Commission des normes du travail, est-ce
que je dois comprendre que cette suggestion, pour le ministre, en tout cas, ce
n'est pas concevable ou ce n'est pas pratique comme suggestion?
M. Rémillard: Bon. Alors, on peut le véri-
fier. On peut le suspendre, cet article-là aussi. Si vous voulez,
je vais la vérifier, votre suggestion, encore, parce qu'il y a des
questions à poser. Est-ce que c'est toujours à date? Est-ce que
ça doit lier le tribunal? Est-ce que... Bon. Puis il y a toutes sortes
d'accès à l'information. Bon, enfin, il y a toutes sortes de
choses à vérifier. On va les vérifier. On va regarder
ça. On va regarder.
M. Bélanger (Anjou): C'est public, ça.
M. Rémillard: Normalement, l'accès est public.
M. Bélanger (Anjou): Mais c'est public, quant à
moi, les informations qui sont à la Commission des normes du
travail...
M. Rémillard: On va tout vérifier...
M. Bélanger (Anjou): ...sur le nombre
d'employés.
M. Rémillard: ...si c'est public ou pas. On va
vérifier tout ça.
M. Bélanger (Anjou): D'accord.
M. Rémillard: On va vérifier tout ça. On va
vérifier. M. le Président, donc on va suspendre cet article pour
vérification.
M. le Président, on vous accueille avec plaisir.
Le Président (M. Hamel): Alors, l'article 4 est suspendu.
Merci, M. le ministre. Nous allons procéder à l'article
suivant.
M. Bélanger (Anjou): m. le président, je pense
qu'on avait suspendu l'article 3, qui est à peu près au
même effet, de porter de 1000 $ à 3000 $.
M. Rémillard: Article 3.
M. Bélanger (Anjou): À propos de la question de
preuve.
M. Rémillard: 1000 $ à 3000 $, mais ça,
c'est une question de concordance, je pense, hein? C'est juste de la
concordance. Je pense que 3, ce n'était pas la question de preuve.
L'article 3, c'est juste de la concordance. On avait suspendu...
M. Bélanger (Anjou): C'est lequel qu'on a suspendu? C'est
2? Ah! excusez-moi, c'est l'article 2. M. le Président, c'est l'article
3?
M. Rémillard: Pour la régie des loyers.
M. Bélanger (Anjou): Oui, la question de la preuve, du
régime mixte de preuve.
M. Rémillard: On avait suspendu quel article pour
ça?
M. Bélanger (Anjou): L'article 3. Une voix:
L'article 3.
M. Rémillard: Ah oui! Oui, oui. Je me demande si c'est
vraiment l'article 3 qu'il faut suspendre pour ça, là, ou on
devrait suspendre pour étudier ce problème-là.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: L'article 3, c'est de la concordance. Mais
la question de la preuve, elle se retrouve à quel article? À
l'article 4. Alors, ce serait 4 qu'on me dit que, pour étudier le
problème, ce serait 4, la question de la preuve.
M. Bélanger (Anjou): Sauf que 4 a été
adopté.
M. Rémillard: Bof! Pas grave! Non, on le suspend.
M. Bélanger (Anjou): On vient de le suspendre.
Excusez-moi.
Le Président (M. Hamel): Nous sommes toujours en
état de suspension.
M. Bélanger (Anjou): Oui, oui. Parfait, excusez-moi. Vous
avez raison.
M. Rémillard: Alors, on pourrait adopter... Je propose
à la commission, M. le Président, d'adopter 3...
Le Président (M. Hamel): Très bien. M.
Rémillard: ...et de suspendre 4. Le Président (M. Hamel):
Ça va? M. Bélanger (Anjou): Parfait.
M. Rémillard: Et on s'entend sur 4: on le suspend; il y a
deux choses qu'on veut vérifier, là.
M. Bélanger (Anjou): Parfait.
M. Rémillard: On veut vérifier les questions de
preuve...
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: ...puis la question aussi reliée
à l'affidavit.
M. Bélanger (Anjou): Parfait. On s'entend.
Le Président (M. Hamel): Donc, l'article 3 est
adopté, et nous suspendons l'article 4.
M. Rémillard: Voilà!
M. Bélanger (Anjou): Voilà!
Le Président (M. Hamel): C'est clair?
M. Bélanger (Anjou): Très clair.
Le Président (M. Hamel): Allez-y, mon cher
collègue.
M. Rémillard: M. le Président, vous avez fait une
brillante présidence.
M. Bélanger (Anjou): Intervention.
Le Président (M. LeSage): Alors, j'appelle l'article 5. M.
le ministre.
Du référé
M. Rémillard: Oui, M. le Président, l'article 5:
L'article 983 de ce Code est modifié par le remplacement, dans la
deuxième ligne du premier alinéa, du nombre «1000»
par le nombre «3000».
C'est une question aussi de concordance.
Le Président (M. LeSage): M le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Quant à moi, M. le
Président, je n'ai pas réellement de commentaires à faire
sur cet article.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Bélanger (Anjou): II est adopté.
Le Président (M. LeSage): Adopté. J'appelle donc
l'article 6. M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Article 6:
L'article 984 de ce Code est modifié par le remplacement du
deuxième alinéa par le suivant: «La demande, lorsqu'elle
est formulée par une personne morale, doit notamment indiquer qu'en tout
temps au cours de la période de 12 mois qui précède la
demande, elle comptait sous sa direction ou sous son contrôle au plus 5
personnes liées à elle par contrat de travail. Cette demande doit
être appuyée d'un affidavit établissant la
véracité de ce fait.»
M. Bélanger (Anjou): M. le Président...
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): ...je crois que 6, normalement,
devrait subir le même sort que l'article 4, c'est-à-dire
être suspendu. c'est la même question d'affidavit.
Une voix: Ce n'est pas un affidavit.
M. Rémillard: Oui, oui.
M. Bélanger (Anjou): Oui, c'est ça.
M. Rémillard: On me confirme qu'on va suspendre 6
aussi.
M. Bélanger (Anjou): O.K. C'est le même
débat.
M. Rémillard: Même débat, oui.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 6 est suspendu.
J'appelle donc l'article 7. M. le ministre.
M. Rémillard: Article 7: Ce Code est modifié par
l'insertion, après l'article 984, du suivant: (23 h 30) «984.1 La
cause n'est continuée suivant les dispositions du présent livre
que si le débiteur qui entend contester le bien-fondé de la
réclamation du créancier dépose avec sa demande,
auprès du greffier du tribunal d'où émane le bref, les
mêmes frais judiciaires que ceux visés à l'article 989.1.
Toutefois, si la demande est refusée, ces frais sont remboursés
au débi teur. «Si la demande est acceptée, le dossier est
alors transmis sans délai au greffier chargé de l'application du
présent livre.»
M. le Président, peut-être que je pourrais lire les
commentaires qui pourraient éclairer, si vous me permettez.
Le Président (M. LeSage): Allez, M. le ministre.
M. Rémillard: Je lis donc ces commentaires, M. le
Président. Les modifications proposées par cette disposition sont
de concordance avec le nouvel article 989.1 proposé par l'article 11 du
projet de loi, qui prévoit des frais de contestation de la requête
introductive d'instance en division des petites créances de la Cour du
Québec. Ainsi, suivant le premier alinéa du nouvel article 984.1,
le débiteur qui manifestera l'intention de contester l'action avant que
l'affaire soit référée en division des petites
créances devra alors payer les mêmes frais de contestation que
ceux payables en division des petites créances. Notons toutefois que ces
frais de contestation seront remboursés au débiteur si la demande
de référé est refusée. Finalement, le second
alinéa du nouvel article 984.1 précise la règle applicable
lorsque la demande de référé est accep-
tée.
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Merci, M. le Président. Je me
demande si je dois comprendre de cette disposition que, pour ce qui est du
référé, le référé n'est encore ouvert
que dans le cas de contestation de réclamation. C'est-à-dire que
si, pour une raison ou pour une autre, une personne ne conteste pas la
réclamation, elle ne pourra pas faire en sorte que sa cause soit
référée à la Cour des petites créances.
Quant à moi, l'intérêt est plus que théorique parce
que les dépens, c'est-à-dire les frais judiciaires en cas de
perte, en cas de gain de cause de la part du demandeur, ne sont pas les
mêmes devant le tribunal ordinaire ou devant le tribunal des petites
créances, en tout cas, jusqu'à maintenant. Les nouveaux frais qui
vont être imposés à la Cour des petites créances, je
ne sais pas si ces frais vont se rapprocher de ceux des instances ordinaires.
Mais ce que je constate, c'est que, encore, le référé
n'est ouvert qu'en cas de contestation.
La première question que je demanderais au ministre, c'est de
savoir: Est-ce qu'il ne pense pas que le référé devrait
être disponible pour les gens, pour les personnes qui, bien que ne
contestant pas le bien-fondé de la demande, sont en droit de demander au
moins que les frais qui leur sont imputés soient ceux imposés par
la Cour des petites créances et non pas ceux des cours
régulières, qui sont plus élevés? Les dépens
sont beaucoup plus élevés.
Je vois qu'on est en train de sortir des chiffres. Peut-être qu'on
pourrait me sortir les chiffres des nouveaux frais qui vont d'ailleurs
être imposés et qui n'étaient pas imposés
auparavant?
M. Rémillard: Ce n'est pas encore fait, ça.
M. Bélanger (Anjou): Ce n'est pas encore fait?
M. Rémillard: Non.
M. Bélanger (Anjou): Parce que, là, j'ai
constaté, dans le projet de loi, qu'il y avait des frais qui
apparaissaient maintenant, comme au niveau de la contestation, au niveau de
l'exécution. Puis, ça serait peut-être important d'en avoir
une idée de l'étendue.
(Consultation)
M. Rémillard: Je regarde ça, M. le
Président, on n'a pas encore eu l'occasion de finaliser le projet de
tarification des frais judiciaires aux petites créances. Reste encore
des discussions à avoir, des discussions à avoir, bien sûr,
avec le Conseil du trésor, mais ça m'apparaît
évident que les frais aux petites créances ne doivent pas
être plus élevés que d'aller à la Cour du
Québec, session ordinaire comme telle.
M. Bélanger (Anjou): Je trouve ça un petit peu
embêtant, M. le Président, de ne pas avoir au moins une
idée de ces frais-là, parce que, quand même, tout l'attrait
de la Cour des petites créances, c'est son accessibilité, je
pense, c'est le maillon le plus élémentaire,
l'accessibilité du justiciable envers le système judiciaire.
Donc, si on n'a aucune idée des frais qui vont être
imposés, en tout cas, ça peut nous enlever...
M. Rémillard: Mais ça va être moins. Je vous
donne...
M. Bélanger (Anjou): Ça nous enlève une
perception.
M. Rémillard: Oui, bien, je vous dis que ça va
être moindre que la Cour du Québec, évidemment.
M. Bélanger (Anjou): Mais combien moindre?
M. Rémillard: Je vous dis... Bien oui, c'est ça
évoluer. C'est parce que le principe, c'est toujours de s'autofinancer.
Ça peut être... Il faut s'autofinancer, mais vous avez
mentionné à quelques reprises que, de fait, on va avoir beaucoup
de causes, étant donné qu'on passe à 3000 $. Alors,
ça va nous permettre peut-être d'ajuster à la baisse...
M. Bélanger (Anjou): Donc, je dois...
M. Rémillard: ...la tarification, parce qu'on avait
pensé à une tarification. Au moment du Sommet, j'avais
pensé à une tarification. Je ne l'avais pas pensée. En
fait, c'est les techniciens qui l'ont proposée, et ce n'était pas
celle qui doit s'appliquer. Alors, on est en train de la refaire
complètement.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que je dois comprendre, de la
réponse du ministre, que les frais imposés vont viser
l'autofinancement du système de la Cour des petites créances?
M. Rémillard: On peut essayer de...
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que vous pensez que...
M. Rémillard: ...viser... C'est un principe auquel on doit
se référer...
M. Bélanger (Anjou): Tendre.
M. Rémillard: ...autant que faire se peut.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que c'est une commande que
vous avez eue du Conseil du trésor?
M. Rémillard: C'est une commande que j'essaie de suivre
comme gestionnaire, comme ministre, c'est-à-dire, lorsqu'on livre un
service, d'essayer autant que possible de pouvoir l'autofinancer. Il y a des
services qui ne peuvent pas s'autofinancer. Prenez, par exemple, le service qui
vous est bien à coeur de l'aide juridique. On ne peut pas financer
l'aide juridique. Ce n'est pas possible. Par contre, dans d'autres domaines,
c'est un objectif qu'on peut avoir en tête, puis tendre à avoir un
autofinancement. On a parlé, avant d'étudier ce projet de loi, de
toute la loi d'application du Code civil, avec les registres. C'est le principe
qui nous guide aussi, comme on en a discuté pendant plusieurs heures
dans les derniers jours.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que le ministre a des chiffres
ou des statistiques à savoir combien, en moyenne, coûte une cause
à la Cour des petites créances? Ça me donnerait
peut-être une idée du montant vers lequel on pourrait tendre.
M. Rémillard: On a ici... Ça coûte... Il faut
voir le nombre de causes qu'on a comme tel et combien coûte les petites
créances d'une façon générale, le nombre de juges
assignés, les personnes, etc., etc. Alors, il y a des gens qui font de
ces analyses au Conseil du trésor et aux Finances et qui discutent avec
nous, ensuite, de quelle façon on peut procéder pour respecter la
capacité de payer de l'État.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce qu'on a aussi
procédé à l'évaluation du fait que, maintenant que
les montants vont être plus élevés devant la Cour des
petites créances et, probablement... Alors, là, je ne suis pas un
expert, mais j'émets l'hypothèse que, probablement, les causes
seront plus complexes, donc plus longues aussi, puisque les montants en jeu
vont être plus élevés, et que ça pourrait...
M. Rémillard: On nous dit, finalement, que ce ne sera pas
tellement plus long, plus complexe. De par les analyses de situations qui ont
été faites, les consultations auprès de la magistrature,
non, il n'y aurait pas vraiment de changement significatif quant au temps
exigé pour les causes. 1000 $ ou 3000 $, la preuve et les
éléments juridiques en cause, et le problème à
régler, dans la très, très grande majorité des cas,
ne posent pas plus de difficultés. (23 h 40)
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que le ministre a une
idée à quelle époque ou à quelle date on pourra
avoir les règlements ou qu'on va avoir les tarifs qui sont... Quand
seront-ils prêts?
M. Rémillard: Oui, on va essayer. Il faudrait
procéder, je pense, dès l'adoption de la loi, pour... Il faudrait
prépublier à ce moment-là, dès que la loi va
être adoptée.
M. Bélanger (Anjou): Quant à l'ouverture du
référé à des personnes qui ne contestent pas, donc
qui, quant à moi, n'embourbent pas le système ou ne le bloquent
pas mais, tout simplement, veulent qu'elles n'aient pas à payer plus que
ce qu'elles ont à payer, c'est-à-dire normalement les frais de
petites créances, les dépens des petites créances, est-ce
que le ministre est ouvert à permettre, justement, aux personnes qui ne
contestent pas au moins de faire référer à la Cour des
petites créances pour que le jugement par défaut qui sera
octroyé n'octroie que des dépens de Cour des petites
créances et non pas des dépens de cour
régulière?
M. Rémillard: Bien, ici, la condition, c'est qu'il faut
qu'il ait intention de contester.
M. Bélanger (Anjou): Oui, mais, justement, c'est ce que je
conteste. C'est que je trouve un peu injuste qu'une personne qui ne conteste
pas, qui sait qu'elle doit cet argent... Mais ce n'est pas parce qu'elle doit
cet argent qu'elle doit payer des dépens ou des frais judiciaires plus
élevés, parce que la compagnie qui poursuit, finalement, cet
individu-là, c'est une grosse compagnie qui, elle, n'est pas eligible
normalement à la Cour des petites créances. Voyez-vous, c'est ce
déséquilibre que je ne comprends pas, dont je ne vois pas la
justification.
M. Rémillard: Juste pour essayer de comprendre, là,
si la compagnie, évidemment, est condamnée, c'est-à-dire
qu'elle perd sa cause, le juge décide des dépens.
M. Bélanger (Anjou): Oui, qui sont automatiques,
tarifés, qui sont tarifés.
M. Rémillard: Ils sont automatiques, puis c'est
tarifé, puis c'est là. Alors, il va dire: Écoutez, je vous
condamne aux dépens.
M. Bélanger (Anjou): Oui, qui sont plus
élevés si ces dépens sont ceux de cour
régulière que de Cour des petites créances.
M. Rémillard: Qu'aux petites créances. M.
Bélanger (Anjou): Mais si...
M. Rémillard: II a perdu. Alors, vous voulez dire, lui,
qu'il ne veut pas contester parce qu'il dit: Moi, je plaide coupable?
M. Bélanger (Anjou): Voilà! M. Rémillard:
C'est correct?
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Rémillard: puis il se retrouve là. alors, est-ce
qu'il pourrait, tout en plaidant coupable, dire: je veux me
référer aux petites créances, pour payer le tarif des
petites créances?
M. Bélanger (Anjou): Les dépens, oui, les
dépens...
M. Rémillard: Les dépens...
M. Bélanger (Anjou): ...ça serait normal.
M. Rémillard: Mes légistes me disent que c'est un
procédé dilatoire.
M. Bélanger (Anjou): Mais ce n'est pas fait dans le but de
retarder du tout. Un procédé dilatoire a pour but de retarder une
procédure indûment. Ce n'est pas le cas, là. C'est tout
simplement que justice soit rendue, c'est-à-dire cette
personne-là, si elle avait contesté, parce qu'elle pourrait
contester frivolement, d'une façon frivole, la réclamation devant
la Cour des petites créances, ça ne lui coûterait pas
beaucoup plus cher, et puis elle gagnerait encore plus de temps, parce qu'un
jugement par défaut arrive beaucoup plus rapidement qu'un jugement
contesté.
Alors, la personne, tout simplement, ce qu'elle veut, elle dit: Moi, je
ne veux pas contester parce que c'est vrai, je le dois, cet argent-là,
sauf que je ne veux pas payer plus que ce que je dois réellement. Ce que
je dois, c'est le montant, les intérêts, mais les dépens de
la Cour des petites créances et non pas les dépens d'une cour
régulière. Je ne vois pas pourquoi j'aurais à payer plus
de dépens. C'est vrai, je le dois, l'argent, je ne veux pas le
contester, mais je ne veux pas que les dépens qui me soient
octroyés soient plus que ceux auxquels normalement j'aurais droit.
Je pense que c'est normal. Ce n'est pas injuste. Ce n'est pas une
procédure dilatoire du tout. Au contraire, il ne retarde pas le
procédé. Il se laisse condamner. Il peut avoir plusieurs raisons
pour ne pas vouloir se défendre, c'est-à-dire reconnaître
qu'il doit cette somme, mais...
M. Rémillard: II a été emmené en
Cour... régulier, processus régulier, et...
M. Bélanger (Anjou): Du fait de...
M. Rémillard: ...c'était le processus qui
était, à ce moment-là, le processus qui s'imposait, et il
déclare, il dit: Oui, très bien, je vais payer. Et pourquoi,
à ce moment-là, on lui dirait: Très bien, mais vous allez
pouvoir prendre avantage du fait que, maintenant, il y a une loi des petites
créances, puis vous pourriez être aux petites créances?
M. Bélanger (Anjou): Mais il y a droit, à cette
Cour des petites créances, qu'il soit un débiteur, comme on dit,
coupable.. Mais malgré qu'il n'y a pas de coupable dans le droit civil,
il est un débiteur. Il peut tout simplement avoir une incapacité
de payer due à sa situation financière, pas de mauvaise foi. Il
ne se défend pas parce qu'il n'a pas d'argent, et puis... mais il ne
veut pas, puis, bon, une fois que les mesures d'exécution arriveront, II
paiera, mais il ne veut pas payer des mesures d'exécution qui sont
celles du système régulier, parce que la seule raison pourquoi il
a été poursuivi devant un tribunal ordinaire, c'est que le
créancier n'était pas eligible à la Cour des petites
créances. Sinon, il aurait été poursuivi devant la Cour
des petites créances si la personne qui le poursuivait était une
personne physique.
M. Rémillard: Je vais demander à M. Flset, le
légiste, peut-être de nous apporter, M. le Président, avec
votre permission, des éclaircissements, des commentaires.
Le Président (m. lesage): m. flset, si vous voulez bien
vous identifier pour les fins d'enregistrement du journal des débats,
s'il vous plaît.
M. Fiset (Jacques): Jacques Fiset, du ministère de la
Justice. Il faut aussi tenir compte, en ce qui regarde le
référé, qu'il a toujours été dans
l'intention, toujours à l'intérieur de la loi, que la demande de
référé soit toujours présentée lorsque le
débiteur a l'intention de contester, li ne faut pas perdre de vue ni
oublier que, lorsqu'on est à la Cour du Québec, chambre civile,
la procédure est différente, et l'individu, le débiteur,
doit présenter une comparution, puis, par la suite, doit
présenter son plaidoyer. C'est un fait. Cependant, compte tenu que la
procédure est simplifiée au niveau des petites créances,
il a toujours été reconnu que, lorsqu'un individu avait
l'intention de contester, à ce moment-là, il pouvait demander un
référé au niveau de la Cour des petites
créances.
Je comprends très bien que, dans les propos que vous tenez, c'est
dans le but de récupérer peut-être certaines sommes
d'argent, compte tenu que c'est moins dispendieux au niveau de la Cour des
petites créances qu'à la Cour du Québec. Cependant, dans
l'ensemble - puis je reviens un peu sur les propos de M. le ministre - ce n'est
pas comme tel une mesure dilatoire, mais c'est un procédé qui va
dans la foulée d'une procédure dilatoire, dans le sens de gagner
du temps, de récupérer des montants d'argent, alors que
l'individu n'a vraiment pas l'Intention de contester la procédure.
Pourquoi ne pas régler son problème immédiatement à
la Cour du Québec
avec une entente hors-cour? Ce n'est pas une échappatoire, la
Cour des petites créances, à ce moment-là.
Le Président (M. LeSage): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, je n'essaie
pas, comment dire, de justifier le fait que la Cour des petites créances
pourrait être une échappatoire. C'est que j'essaie juste de faire
réaliser peut-être au ministre l'injustice qui est
créée, dans le sens que, si vous avez une personne physique qui a
poursuivi ce même individu pour la même somme, disons 10 000 $...
non pas 10 000 $. Il faut qu'il soit eligible à la Cour des petites
créances. Mettons 2500 $, d'accord? Une personne physique poursuit cet
individu X à la Cour des petites créances pour 2500 $.
Automatiquement, si la personne ne se défend pas et se laisse condamner
pour 2500 $, elle va avoir des dépens de petites créances. Si
c'est une grosse compagnie qui poursuit le même individu X pour la
même somme de 2500 $, si ce même individu X ne se défend
pas, eh bien, à ce moment-là, ça va être la Cour du
Québec, division régulière, qui va prononcer la
condamnation. Puis ça va être pour le même montant, la
même chose, ça pourrait être le même contrat, mais les
dépens vont être beaucoup plus élevés, tout
simplement parce que le créancier qui s'est porté demandeur
n'était pas eligible à la Cour des petites créances.
Une voix: Parce qu'il n'était pas eligible, là.
M. Rémillard: II n'était pas eligible. Il
n'était pas eligible.
M. Bélanger (Anjou): Le créancier? M.
Rémillard: Oui.
M. Bélanger (Anjou): À cause de la qualité
du créancier, le débiteur X se retrouve avec des dépens
différents.
M. Rémillard: Oui, mais ça, je pense que ça
se comprend assez bien, parce qu'il y a une des parties... On le sait, quand
vous êtes poursuivis par une compagnie qui n'est pas eligible aux petites
créances, puis qu'on vous poursuit à la Cour du Québec,
même quand la loi va être en application... Parce qu'il y a deux
situations qui peuvent se produire, la loi n'est pas encore en application.
Présentement, donc, une cause...
Mettons que vous êtes poursuivi devant la Cour du Québec
pour 2500 $ par une compagnie qui a moins de 5 employés, et puis la loi
rentre en application. Alors, vous dites: Un instant, la loi rentre en
application. À ce moment-là, je demande de me
référer à la Cour des petites créances. Là,
je pense bien que vous allez aux petites créances. Mais si, par contre,
vous êtes poursuivi pas une compagnie qui a 15 employés, qui n'est
pas eligible aux petites créances, ça, vous devez le savoir,
puis, à ce moment-là, ce litige-là se passe au niveau de
la Cour du Québec, session régulière. Vous ne pouvez pas,
parce que vous voulez plaider coupable et que, vous, vous seriez eligible aux
petites créances, exiger de payer le tarif qui se situe au niveau des
petites créances, parce que tous les frais et tout se situent au niveau
d'une cour qui est la cour régulière. C'est ça qui est la
base. Les petites créances, ça coûte moins cher parce que
vous n'avez pas d'avocat, vous avez moins de local, vous avez moins de choses,
moins de dépenses. (23 h 50)
Alors, c'est le principe. Donc, si vous allez là, parce que les
deux parties sont susceptibles d'être aux petites créances, donc
vous avez moins cher. Et, si vous êtes poursuivi en session
régulière et que l'une des parties n'a pas le droit aux petites
créances, vous êtes dans un processus qui coûte plus cher.
Donc, si vous êtes coupable, vous payez plus cher. Pourtant, c'est
logique. C'est logique.
M. Bélanger (Anjou): Ah! pour être logique, c'est
logique. Pour être juste, c'est une autre chose.
M. Rémillard: Ah! Ah!
M. Bélanger (Anjou): Mais pour être logique, c'est
logique.
M. Rémillard: Bon! La logique est juste.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
M. Bélanger (Anjou): m. le président, vu qu'on n'a
pas de frais, aucun règlement qui nous dit combien vont coûter les
frais judiciaires, ça va être sur division.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 7 est
adopté sur division. J'appelle l'article 8. M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, article 8: L'article
985 de ce Code est modifié par le remplacement des points... dans les
troisième et quatrième lignes, des mots... Ah! On me dit...
Excusez-moi, M. le Président. Vous me permettrez de retirer mes paroles.
On vient de m'an-noncer qu'il y a un amendement. Alors, je vais lire
l'amendement, si vous me permettez, M. le Président. On le distribue
à l'instant même.
Remplacer l'article 8 du projet de loi par le suivant: 8. L'article 985
de ce Code est modifié par le remplacement des trois dernières
lignes par ce qui suit: «agir lui-même ou n'être
repré-
sente que par une personne à son seul service et liée
à lui par contrat de travail et, s'il s'agit d'une personne morale, doit
n'être représenté que par l'un de ses administrateurs, l'un
de ses dirigeants ou par une seule personne à son seul service et
liée à lui par contrat de travail».
Alors, M. le Président, il s'agit d'un amendement qui, à
toutes fins pratiques, est de concordance avec celui que nous avons introduit
à l'article 2 du projet de loi.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'amendement à
l'article 8 est adopté?
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, pour les
mêmes raisons que, tout à l'heure, on était contre
l'ouverture qui était donnée au niveau de la
représentation aux personnes morales, nous allons voter contre cet
amendement. Nous n'avons pas de représentations à faire.
Le Président (M. LeSage): Alors, c'est sur division?
M. Bélanger (Anjou): Sur division.
Le Président (M. LeSage): L'amendement est adopté
sur division. Est-ce que l'article 8, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Bélanger (Anjou): Surdivision.
Le Président (M. LeSage): L'article 8, tel
qu'amendé, est adopté sur division. J'appelle donc l'article 9.
M. le ministre.
Frais adjugés par jugement
M. Rémillard: M. le Président, l'article 9:
L'intitulé du titre VII du livre VIII de ce Code est remplacé par
le suivant: «Les frais adjugés par jugement.»
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 9 est
adopté?
M. Bélanger (Anjou): Je comprends maintenant que c'est
tout simplement pour faire concorder le nouveau titre avec la nouvelle
réalité réglementaire qui s'en vient, les nouveaux tarifs,
c'est ça?
M. Rémillard: C'est ça, oui.
M. Bélanger (Anjou): Je n'ai pas de commentaires.
Le Président (M. LeSage): Adopté?
M. Bélanger (Anjou): Adopté.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 9 est
adopté. J'appelle l'article 10. M. le ministre.
M. Rémillard: Article 10: L'article 989 de ce Code est
remplacé par le suivant: «989. Le créancier d'une petite
créance doit déposer entre les mains du greffier ou transmettre
avec sa requête, les frais judiciaires établis par
règlement du gouvernement. «Si l'introduction de la demande est
rejetée, la somme transmise ou déposée avec la
requête est remboursée au créancier.»
M. le Président, comme commentaire, je ferais ceci. C'est que la
principale modification qui est proposée par cette disposition a pour
objet de supprimer le montant des frais relatifs à la
présentation de la requête introductive d'instance actuellement
prévue à l'article 989 du Code de procédure civile. Le
nouvel article 989 proposé par le projet de loi prévoit
plutôt que les frais judiciaires en cette matière seront
établis par règlement du gouvernement.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Oui, M. le Président, merci.
Quand j'avais lu cet article pour la première fois, j'avais
été frappé de voir que, pour les prestataires d'aide
sociale, la disposition qui prévoyait qu'ils ne payaient pas de montant
n'était plus là, sauf que j'ai constaté plus loin, dans un
autre article, qu'elle est ajoutée. Maintenant, il faut comprendre que
cet article-là va rajouter des nouveaux frais, c'est-à-dire des
frais quand on... maintenant... C'est-à-dire avant, les frais
étaient de 25 $, c'est ça, ou 15 $. Donc, ces nouveaux frais vont
être à confirmer. Encore là, on ne connaît pas les
montants des frais. M. le ministre n'a même pas un tableau
préliminaire qu'il pourrait nous soumettre ou un ordre de grandeur des
frais introductifs d'instance?
M. Rémillard: Pas encore.
M. Bélanger (Anjou): Pas encore.
M. Rémillard: Pas encore. On y travaille.
M. Bélanger (Anjou): pas de critère non plus.
est-ce que ça va aller par tranches de 500 $ de la créance?
est-ce que ça va être modulé?
M. Rémillard: Non. Ce n'est pas tout à fait...
M. Bélanger (Anjou): Est-ce qu'on pourrait au moins avoir
une idée des hypothèses de travail qui sont présentement
envisagées?
M. Rémillard: Non, parce qu'on les a changées, M.
le Président. Il y a au moins une hypothèse que je vous dis,
c'est que ça ne
coûtera certainement pas plus cher aller aux petites
créances qu'aller à la session régulière...
M. Bélanger (Anjou): Ah! C'est déjà
bien!
M. Rémillard: ...au départ.
M. Bélanger (Anjou): On suit l'esprit.
M. Rémillard: Mais je peux vous dire que, juste en suivant
ça, il a fallu changer certaines choses. Alors, à partir de
là, j'ai demandé qu'on change, et on a des consultations, mais on
n'est pas encore allé au Conseil du trésor avec ça. Alors,
je veux bien respecter le processus administratif du gouvernement. Alors, avant
de le discuter publiquement, il faut que j'aie le consentement du Conseil du
trésor.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce qu'on a une idée,
aussi, si ces frais seront indexés annuellement? Est-ce qu'il va y avoir
un processus de révision ou d'indexation de ces frais, annuellement, un
peu comme on fait pour certains permis ou pour certains droits?
M. Rémillard: Pas plus que pour les cours
régulières.
M. Bélanger (Anjou): Pas plus que pour les cours
régulières.
M. Rémillard: Non. On pourra... Parce que ça
dépend toujours, aussi, du nombre de causes, hein? Tout à coup,
on a beaucoup de causes, on en a moins, ça peut être à la
baisse, ça peut être un petit peu à la hausse. En fait, le
législateur doit... le gouvernement, dis-je, doit le vérifier en
fonction, donc, de l'utilisation du service.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée
Terrebonne.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Alors, M. le
Président, je pense qu'il faut quand même, au niveau des frais,
que le ministre nous assure que les six principes de base qui avaient permis
l'élaboration de la création de la Cour des petites
créances vont être maintenus, surtout le premier principe, qui est
de rendre la justice plus accessible aux citoyens, et le cinquième
principe, qui est de procurer une justice peu coûteuse. Alors, est-ce que
le ministre peut nous garantir que ces principes vont être maintenus?
Puisqu'on parle de frais et que le ministre nous a beaucoup parlé
de la médiation, est-ce qu'on a aussi commencé à
élaborer les tableaux pour des frais, au niveau de la médiation,
puisque, selon le ministre, au niveau des nombreux nouveaux dossiers, beaucoup
se régleront par médiation?
M. Rémillard: La médiation est comprise. C'est un
service tout compris.
Mme Caron: Tout compris?
M. Rémillard: Tout compris. Alors, c'est...
Mme Caron: Est-ce plus dispendieux, moins dispendieux? Non?
M. Rémillard: Non, non...
Mme Caron: Peu importent les étapes.
M. Rémillard: ...c'est compris. La médiation va
être obligatoire partout, sur tout le territoire du Québec.
Mme Caron: Et est-ce qu'on va maintenir les principes?
M. Rémillard: En fait, obligatoire, ce n'est pas ce que je
veux dire.
Une voix: ...Elle va être obligatoire?
M. Rémillard: Je veux dire, elle va être
offerte.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: dans ' le sens que c'est... l'obligation,
c'est qu'elle est partout sur le territoire du québec, mais elle est
offerte à tout le monde.
Mme Caron: Est-ce que vous allez maintenir les principes qui
avaient été élaborés?
M. Rémillard: ah! les principes qui sont ceux... c'est les
principes qui me guident comme ministre de la justice, dans toute mon action
comme ministre de la justice.
Mme Caron: Accessibilité et justice peu
coûteuse.
M. Rémillard: C'est ça.
Mme Caron: II faudrait peut-être réviser certains
éléments.
M. Rémillard: Voyons donc! Au contraire!
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
M. Bélanger (Anjou): Vu le fait qu'on n'a pas de
règlements, ça va être sur division.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 10 est
adopté sur division. J'appelle l'article...
Une voix: Minuit.
Le Président (M. LeSage): Je n'appelle plus rien.
Une voix: L'article minuit. M. Rémillard: L'article
minuit.
Le Président (M. LeSage): Compte tenu de l'heure,
j'ajourne les travaux de cette commission sine die.
(Fin de la séance à 23 h 59)