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(Vingt heures cinq minutes)
Le Président (M. Gauvin): Je constate le quorum et je
déclare la séance de la commission des institutions ouverte.
Est-ce qu'il y a des... Je vais vous rappeler le mandat, excusez-moi. Le mandat
est de procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 13, Loi modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires et
prévoyant diverses dispositions concernant l'établissement du
district judiciaire de Laval. Est-ce que nous avons des remplacements, M. le
secrétaire?
Projet de loi 13
Le Secrétaire: Aucun.
Le Président (M. Gauvin): Merci. Est-ce que M. le ministre
a des remarques préliminaires?
Remarques préliminaires M. Gil
Rémillard
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Je
comprends donc que, dans le courant de cette soirée, nous avons trois
projets de loi à étudier, dont deux qui ne devraient pas poser de
difficultés majeures, sur le plan de la discussion, et un
troisième qui peut soulever des discussions. Donc, je serai très
bref dans mes remarques pour les deux premiers projets, pour laisser le plus de
temps possible pour le dernier projet qui mérite discussion, j'en
conviens.
Alors, M. le Président, vous me permettrez de présenter
les gens qui m'accompagnent. Tout d'abord, à ma droite, des affaires
législatives, M. Jacques Mercier et M. André Bisaillon; des
services judiciaires, Mme Fabienne Coulombe, M. Pierre Proulx et M. Yves Pleau,
qui est ici. Me Julienne Pelletier, de mon cabinet, m'accompagne aussi, M. le
Président.
Alors, M. le Président, très brièvement, donc,
concernant ce projet de loi modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires,
c'est un projet de loi qui, essentiellement, donne suite à une demande
formulée par le conseil de bande de la communauté algonquine du
Grand-Lac-Victoria et qui vise à assujettir une partie du territoire
occupé par cette communauté à la juridiction concurrente
du district judiciaire d'Abitibi.
Il y a aussi un deuxième volet, M. le Président, dans
cette loi, qui donne suite à une demande formulée par le conseil
de bande d'Obedjiwan, visant a assujettir le territoire de la communauté
Attikamek-Obedjiwan à la juridiction du district judiciaire de
Saint-Maurice au lieu de celui de Roberval.
Et un troisième et dernier volet, M. le Président, vise
à permettre l'entrée en vigueur du district judiciaire de Laval,
dont la construction du palais de justice devrait être terminée
d'ici à la fin de l'été prochain.
Je m'en tiendrai à cela comme remarques préliminaires.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre.
J'inviterais Mme la députée de Hochela-ga-Maisonneuve, si jamais
vous aviez des remarques préliminaires.
Mme Louise Harel
Mme Harel: M. le Président, je voudrais également
profiter de cette occasion pour présenter aux membres de cette
commission et à vous-même Me France Thériault, qui est
recher-chiste pour l'Opposition sur les dossiers de la justice, et vous me
voyez, avec plaisir, accompagnée de ma collègue, Mme la
députée de Terrebonne.
Alors, M. le Président, j'ai eu l'occasion, lors du débat
de deuxième lecture, de faire connaître la position de
l'Opposition qui a consisté à voter en faveur du projet de loi
13. Nous avions fait quelques vérifications, M. le Président.
J'avais moi-même communiqué avec des personnalités
juridiques de la région en cause. Je comprends, notamment en ce qui
concerne la région couverte par le Grand-Lac-Victoria, que c'est
à la satisfaction générale que la modification est
introduite et que ça va faciliter la vie des personnes qui avaient
à se déplacer pendant de nombreuses heures pour requérir
les services judiciaires et qui auront maintenant simplement à se
présenter, je pense, au tribunal d'Amos. C'est bien le cas?
Une voix: À Val-d'Or. (20 h 10)
Mme Harel: À Val-d'Or, excusez-moi. Alors, c'est donc
à la satisfaction des personnes en cause que ces modifications-là
nous semblent apportées. Concernant le district de Laval, je comprends
qu'il y aura des amendements qui viendront améliorer la rédaction
des dispositions qui nous sont proposées. J'avais fait mention, lors du
débat de deuxième lecture, du souhait de l'Opposition de
connaître les mesures que le ministre entendait adopter pour
remédier à la situation qui prévalait dans le district de
Lon-gueuil. Je sais que ça ne fait pas l'objet du projet de loi, M. le
Président, mais, par ailleurs, connaissant l'intérêt du
ministre à ne pas laisser perdurer des situations qui finissent par
être de véritables dénis de justice... Je pense, entre
autres, à Longueuil, avec des délais qui atteignent des
sommets... De mémoire, je crois qu'il s'agit, pour les causes urgentes,
d'un délai de 23 mois et, pour les causes ordinaires ou normales, je
pense que c'est un délai de 39 mois. Ça a été
soulevé par le bâtonnier, il y a deux semaines maintenant. Je sais
que des représentations ont été faites auprès du
ministre de la Justice pour remédier à cette situation. Alors, je
souhaitais qu'on puisse aussi connaître l'intervention que le ministre
entendait faire au moment où nous sommes à discuter cette
question des tribunaux judiciaires. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Merci, Mme la
députée. S'il n'y a pas d'autre membre de cette commission...
Excusez-moi. Mme la députée de Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. J'interviendrai
très brièvement parce que, lorsque j'ai pris connaissance de ce
projet de loi, ça a suscité quelques interrogations. Je me suis
souvenue principalement d'un article de presse qui avait fait état d'un
possible transfert entre le district de Saint-Jérôme et le nouveau
district de Laval. Comme ce sont deux régions très près de
mon comté, M. le Président, les journaux en avaient fait
état aussi, à ce moment-là, dans ma région. Il y
avait une certaine inquiétude du côté de
Saint-Jérôme, face à ce transfert au district de Laval.
Donc, c'est évident que, lorsque nous arriverons à cette partie
du projet de loi, j'aurai certaines questions à poser au ministre.
Plus précisément au niveau du comté de Terrebonne
comme tel, on sait que les citoyens et les citoyennes de la MRC des Moulins
font directement affaire avec la région de Laval, la plupart du temps.
Ils s'étaient même opposés au moment de la nouvelle
division administrative des régions, c'est-à-dire la
région de Lanaudière, distincte de la région des
Laurentides. Cela avait soulevé tout un tollé du
côté des citoyens et citoyennes de la MRC des Moulins. Donc, par
rapport à la justice comme telle, aux tribunaux judiciaires, il est
évident que les mêmes questions vont se poser chez nous par
rapport au palais de justice de Laval. Alors, j'aimerais entendre tantôt
le ministre sur ce sujet-là.
L'autre élément que je voudrais soulever, M. le
Président, c'est que, devant les demandes du conseil de bande, ça
m'a rappelé une demande que j'avais présentée au ministre,
suite à une visite l'automne dernier, en novembre, plus
précisément, aux Îles-de-la-Madeleine. À ce
moment-là, dans le cadre d'une tournée des corporations
professionnelles, j'avais rencontré un avocat qui faisait des causes
d'aide juridique et qui était situé aux
Îles-de-la-Madeleine. On me disait que le principal problème
là-bas était que les causes n'étaient entendues,
finalement, qu'une fois par année, c'est-à-dire à la
période estivale. On m'avait demandé d'intervenir auprès
du ministre de la Justice pour voir s'il comptait apporter une solution
à ce problème réel, vécu par les citoyens des
Îles-de-la-Madeleine. On sait que c'est quand même une
région qui est très isolée. Les moyens de transport sont
quand même limités. La période d'hiver, il ne se passe
rien. Donc, au niveau des causes, le fait de les entendre seulement une fois
par année, ça posait certains problèmes.
J'en avais fait part au ministre, par lettre, à ce
moment-là. Je lui en avais fait part aussi lors de nos discussions...
C'était la période où nous travaillions sur la
réforme du Code civil. Donc, j'avais questionné le ministre
là-dessus. J'avoue que je ne sais pas si on songe à apporter une
solution. L'argument majeur qu'on m'avait présenté, c'est que...
En fait, on ne souhaitait pas se rendre à une autre période de
l'année que l'été, aux Îles-de-la-Madeleine, parce
que c'était une période où le climat est plus
intéressant, où c'est plus agréable. Moi, je veux bien
qu'on facilite la vie des personnes qui ont à juger les causes, mais,
quand même, je pense que ce sont les citoyens et les citoyennes des
Îles-de-la-Madeleine qui devraient avoir priorité plutôt que
les conditions de travail de ceux qui ont à étudier les causes.
Alors, j'aimerais ça si le ministre de la Justice pouvait nous donner un
petit peu son avis là-dessus, voir s'il y a certaines solutions qui ont
été envisagées.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre, est-ce que vous
aimeriez réagir aux commentaires de Mme la députée de
Terrebonne?
M. Rémillard: Je crois que Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve avait aussi des interrogations. Donc, M. le
Président, si je peux me permettre, il y aurait deux
possibilités: ou bien on répond immédiatement aux
interrogations de Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve et de
Mme la députée de Terrebonne, ou bien on passe le projet et, au
fur et à mesure, on répond aux questions. Alors, je suis bien
prêt à prendre l'une ou l'autre, à votre convenance, M. le
Président. Et ensuite on adopte en bloc, comme vous voulez.
Le Président (M. Gauvin): Comme président, je vais
m'adapter à la formule que vous allez retenir ensemble. Est-ce qu'on
devrait...
Mme Caron: Par rapport aux Îles-de-la-Madeleine, comme on
ne retrouve pas nécessairement le sujet précisément dans
le texte de loi, ce serait peut-être préférable de s'en
parler avant. Pour ce qui est de Laval, évidemment, on le retrouvera
dans le texte.
M. Rémillard: On peut faire toutes les questions qui
viennent de se poser. Ce sera
d'autant plus facile après. À ce moment-là, si vous
le permettez, je pourrais peut-être commencer avec toute la question des
délais et de Longueuil. Je pense que vous voulez qu'on parle un petit
peu de ça. Ensuite, est-ce que vous aviez une autre question? Je ne sais
pas, M. le Président, si Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve avait... Je pense que c'est la question plus
particulière qu'elle me posait sur Longueuil. Mme la
députée de Terrebonne m'a posé deux questions. Elle me
posait une question en ce qui regarde, donc, le district de
Saint-Jérôme par rapport à Laval, la situation de
Terrebonne dans tout ça, et elle me posait la question au sujet des
Îles-de-la-Madeleine. Est-ce que je résume correctement, M. le
Président?
Le Président (M. Gauvin): Je pense que oui. On vous
indique que oui.
M. Rémillard: Bon. Alors, si on parle des délais,
M. le Président, brièvement, c'est une des grandes
préoccupations que nous avons. Depuis quatre ans bientôt que je
suis ministre de la Justice, pour moi, ça a toujours été
un défi de rendre, donc, cette justice accessible. Quand on parle
d'accessibilité, le délai, c'est un élément
important.
En matière pénale et criminelle, même dans la
fameuse affaire Askov où la Cour suprême a établi des
éléments de référence pour avoir un délai
raisonnable... Dans son jugement, donc, de l'arrêt Askov, rendu en
octobre 1990, la Cour suprême avait dit que la question était
quand même exemplaire et qu'on avait aussi de l'amélioration
à faire. En matière criminelle et pénale, je peux vous
dire, M. le Président, que, maintenant, nous n'avons aucun
problème que, vraiment, on rencontre très bien les délais
raisonnables et que ça va très bien. D'ailleurs, la province de
Québec est peut-être considérée comme un exemple
à suivre pour toutes les autres provinces canadiennes.
Dans te domaine civil, il y a des nuances. Il y a encore du travail
à faire. Ça s'est amélioré grandement. Pour que
ça s'améliore, M. le Président, en particulier, ce que
nous avons fait, c'est qu'on a créé un groupe de travail au sein
du ministère de la Justice, le groupe Gauvin, présidé par
Me Jean Gauvin, du ministère de la Justice, qui a travaillé en
étroite collaboration avec la magistrature et avec le Barreau au niveau
de tous les districts judiciaires pour faire le point et voir de quelle
façon on peut trouver les meilleures solutions pour restreindre ces
délais en matière civile.
M. le Président, bien sûr, on peut arriver à la
conclusion très rapidement qu'il faudrait nommer de nouveaux juges. Je
ne dis pas qu'il ne faudrait pas d'autres juges, mais ce que je dis, c'est que
ce n'est pas la seule solution. Il y a aussi des questions administratives
importantes à régler. Dans certains cas, on s'est aperçu,
par exemple, que des causes avaient été remises et les gens
obligés de retourner chez eux parce qu'on disait qu'il n'y avait pas de
salle alors qu'il y avait des salles de libres. Ça s'est passé,
entre autres, au palais de justice de Joliette. (20 h 20)
On m'a rapporté aussi d'autres cas assez difficiles à
comprendre sur le plan administratif. Finalement, personne n'est fautif, parce
que l'administration est ainsi faite. Il y a l'indépendance judiciaire,
il y a l'administration du ministère de la Justice, il y a les avocats
qui sont impliqués dans le dossier. Il était donc urgent
d'établir une coordination de tout ça, et c'est ce qu'on a fait.
On a des résultats, actuellement, particulièrement
intéressants partout. Il y a, de fait, un problème, je le
reconnais, à Longueuil, où les délais sont encore trop
longs. Le comité Gauvin a effectivement constaté qu'il y avait
des problèmes de délai à Longueuil. On m'en a fait
rapport. Je dois avoir des rencontres encore plus particulières avec la
magistrature et avec le Barreau dans les prochains jours. Mais je peux dire que
des rencontres ont déjà eu lieu, très récemment,
d'ailleurs, avec les différents intervenants du milieu, donc
magistrature, Barreau local, intervenants des services judiciaires, avocats de
la défense, pour essayer de trouver des solutions à ce
problème. Je crois que, sur le plan administratif, nous allons avoir une
solution qui pourra aider beaucoup. Maintenant, j'ai besoin de la collaboration
de la magistrature qui devra aussi travailler avec nous. On l'a toujours, cette
collaboration, mais d'une façon plus particulière pour
régler le cas de Longueuil. Nous en avons pour au moins six mois
à avoir une action ponctuelle et accélérée, je
dirais, dans le dossier de Longueuil et c'est ce que je suis en train de mettre
en place.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre. Est-ce
que ça complète? Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Dans la lettre que le
bâtonnier adressait au ministre de la Justice, le bâtonnier de
Longueuil, plus précisément, il indiquait une solution qu'il
transmettait au ministre pour tenter de remédier à ce
problème de délai déraisonnable. Est-ce que cette solution
a été examinée, a été étudiée
par le ministre? Est-ce qu'il pense donner suite à cette solution
proposée par le bâtonnier de Longueuil?
M. Rémillard: II n'y avait pas seulement une solution. Si
je comprends bien, il y avait, en fait, une solution qui comprenait
différentes possibilités. C'est une solution qu'on peut
envisager, mais j'ai besoin de la collaboration de la magistrature pour cet
endroit spécifique et j'ai besoin aussi de la collaboration du Barreau.
C'est ce que nous discutons.
Mme Harel: II s'agissait, en fait, de retirer un juge d'un
district judiciaire pour le transférer au district judiciaire de
Longueuil.
M. Rémillard: Entre autres mesures, c'était une
possibilité.
Mme Harel: Mais est-ce que c'est de ça dont le ministre
parle?
M. Rémillard: nous sommes à en discuter. c'est
ça que je discute. je discute, entre autres, de cette possibilité
avec la magistrature et avec le sarreau impliqué.
Mme Harel: Quand pensez-vous...
M. Rémillard: En plus de mesures administratives aussi
ponctuelles.
Mme Harel: Quand pensez-vous pouvoir présenter une
proposition aux personnes concernées dans le district judiciaire?
M. Rémillard: J'ai d'autres rencontres de prévues
dans les prochains jours. J'aimerais bien, dans les trois prochaines semaines,
être capable d'apporter des éléments de réponse.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
complète...
Mme Harel: Ça va. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): ...les réponses? Il n'y a
pas d'autre membre de la commission qui aimerait intervenir à ce
moment-ci. Donc, si les membres sont d'accord, on pourrait appeler l'article 1
du projet de loi 13.
M. Rémillard: Voulez-vous, M. le Président, que je
réponde aussi aux questions de Mme la députée de
Terrebonne?
Le Président (M. Gauvin): Volontiers. Je pensais que
c'était déjà fait. Ça m'avait
échappé.
M. Rémillard: M. le Président, pour vous le
rappeler, Mme la députée de Terrebonne me posait donc deux
questions importantes. À la première, en ce qui regarde la
situation que vont connaître et Saint-Jérôme et Laval par
rapport à ce qui regarde Terrebonne, je dois lui dire qu'on n'a pas
changé les attributions du district judiciaire de
Saint-Jérôme. Donc, au départ, on a décidé
que le district de Saint-Jérôme demeurerait comme il est, sans
changer ses attributions. Laval va déjà avoir assez de
responsabilités, même beaucoup de responsabilités. La venue
du district de Laval facilitera l'accessibilité à la justice pour
les gens du district, mais, en ce qui regarde Saint-Jérôme, il n'y
a aucune responsabilité qui incombait à Saint-Jérôme
qui serait affectée. Est-ce que ça répond à votre
premier volet? Oui.
Mme Caron: m. le président, on nous disait qu'au palais de
justice de montréal il y avait environ 1400 causes qui relevaient
d'offenses criminelles commises à laval.
M. Rémillard: J'ai de la difficulté à vous
comprendre.
Mme Caron: On nous disait qu'au palais de justice de
Montréal...
M. Rémillard: Oui.
Mme Caron: ...on entendait annuellement 1400 causes en provenance
de Laval, finalement, et que la construction prévue du palais de Justice
permettait d'entendre plus de causes. C'était pour ça qu'il y
avait eu une interrogation du côté de Saint-Jérôme.
On sait que, parmi les 8000 causes qui sont entendues à
Saint-Jérôme, il y en a environ la moitié qui proviennent
de municipalités comme Terrebonne, Bois-des-Filion, Lorraine,
Rosemère, Saint-Eustache. Selon les chiffres que vous avez, on avait
aussi souligné l'engorgement au niveau de Saint-Jérôme. On
avait pensé, à un certain moment, que la construction du palais
de justice de Laval permettrait de désengorger un peu du
côté de Saint-Jérôme, à moins qu'on ne
maintienne la proposition qui était faite par Saint-Jérôme
même, c'est-à-dire la rénovation et l'agrandissement de
Saint-Jérôme comme tel.
M. Rémillard: Vous savez que, tout d'abord, du
côté de Saint-Jérôme, on a fait des
aménagements qui devront être complétés, bien
sûr, mais qui, pour le moment, nous permettent de faire face à la
situation. Il faut comprendre que, s'il y a eu engorgement à
Saint-Jérôme, en très grande partie c'est dû à
des procès exceptionnels qui ont eu lieu, qui ont amené,
évidemment, beaucoup de monde et qui ont accaparé beaucoup de
salles et beaucoup l'activité. Ces procès terminés, il y a
un rythme beaucoup plus normal qui peut quand même reprendre son cours.
Aussi, la situation de Saint-Jérôme est en fonction beaucoup, au
niveau criminel et pénal, de ce qui se passe à l'aéroport
de Mirabel. Toutes les causes des saisies de drogue, etc., qui arrivent donc
à Saint-Jérôme sont en très grande partie
reliées à l'aéroport de Mirabel. Vous me dites qu'il y
a... 1600 causes, vous me dites?
Mme Caron: On nous parlait de 1400.
M. Rémillard: 1400. Moi, je n'ai pas exactement ces
chiffres, au criminel et au civil, là, je ne les ai pas devant moi. Il
faudrait peut-être que je les fasse venir. Mais le district de Laval, je
regarde ici, 5345 dossiers au civil, 2560 au
criminel. Alors, ça fait beaucoup de... Il va y avoir beaucoup de
responsabilités à Laval seulement dans le cadre du district de
Laval.
Mme Caron: Vous disiez tantôt, M. le ministre, que les
aménagements seraient complétés. Est-ce qu'on a des
délais? Est-ce qu'on a une date? Comme vous le rappeliez si bien,
finalement, les causes reliées au fait que c'est tout près de
Mirabel, ça va demeurer, ce n'est pas temporaire, là, c'est en
permanence. Est-ce que vous avez la date pour l'aménagement?
M. Rémillard: Saint-Jérôme est une
priorité dans nos plans d'aménagement de palais de justice. Comme
je vous l'ai dit, il y a des mesures qui ont été prises et qui
nous permettent quand même de faire face à la situation, mais
c'est des plans de priorité et ça a déjà
été annoncé. Oisons que, d'ici à un an, on devrait
être dans le processus pour Saint-Jérôme, comme pour
Valleyfield, comme pour Cowansville, il y a Trois-Rivières aussi. Ce
sont des palais de justice qui doivent être revus, corrigés,
améliorés ou reconstruits en fonction maintenant de la nouvelle
situation.
Le Président (M. Gauvin): Ceci complète la
première question. La deuxième...
Mme Caron: Oui, M. le Président. Ça m'apparaissait
important parce que...
Le Président (M. Gauvin): Oui, oui.
Mme Caron:... il y a effectivement les quatre villes de mon
comté actuel qui sont touchées par ce district.
Le Président (M. Gauvin): La deuxième question, Mme
la députée de Terrebonne, était la situation aux
Îles-de-la-Madeleine? C'était ça?
Mme Caron: Oui, M. le Président. (20 h 30)
M. Rémillard: M. le Président, il faudrait que je
prenne avis de cette question parce que je n'ai pas les informations que je
voudrais avoir. Je ne voudrais pas induire cette commission en erreur, donner
des choses qui ne sont pas exactes, ce n'est pas mon habitude. Il faudrait que
je prenne avis parce que je vois qu'on ne me donne pas les informations dont
j'aurais besoin.
Mme Caron: Oui, ça me convient, M. le
Président.
Le Président (M. Gauvin): Donc, on retient, M. le
ministre, que, si vous avez la chance de revenir pour ajouter à
l'information au sujet des Îles-de-la-Madeleine... Je reviens à ma
question de tantôt: Est-ce qu'on est prêt à aborder
l'article 1 du projet de loi 13?
Mme Harel: M. le Président, je ne sais trop, mais j'ai
l'impression qu'on n'a pas la clarté habituelle dans la salle.
Une voix: II doit y avoir des nuages...
Mme Harel: C'est peut-être ça. Je ne sais pas, j'ai
l'impression que ça fait un peu sombre, ça fait intime,
mais...
M. Rémillard: Nous sommes la lumière. Le
Président (M. Gauvin): Et si jamais...
Une voix: Votre vue baisse, Mme la députée.
Mme Harel: Oui, je me demandais si c'était ma vue qui
baissait.
Le Président (m.
gauvin): si jamais on demandait
de l'éclairage additionnel... ça ajoute à la chaleur, je
pense. assez souvent, on s'en plaint.
Mme Harel: D'accord. Mais, ce soir, ça ne nous
embarrasserait pas.
Le Président (M. Gauvin): Non?
Mme Harel: Étant donné qu'on est dans la
dernière semaine du dernier mois de la session, le dernier lundi...
Le Président (M. Gauvin): Vous seriez d'accord pour
ajouter un peu de chaleur.
Mme Harel: Non. Peut-être un peu de lumière.
Le Président (M. Gauvin): On va faire vérifier
ça, Mme la députée.
Mme Harel: D'accord.
Une voix: Je suis convaincu que ça va faciliter
l'étude du projet de loi.
Le Président (M. Gauvin): Et je reviens. J'appelle
l'article 1.
Mme Harel: En vieillissant, la vue baisse. M.
Rémillard: Oui. M. le Président... Mme Harel: Un
éclairage soutenu.
M. Rémillard:... je ne sais pas si vous me permettez, mais
est-ce qu'il est nécessaire qu'on passe article par article, de lire
tous ces articles ou si, étant donné l'aspect très
technique du
projet de loi, il y aurait possibilité de s'entendre pour
procéder d'une façon plus globale?
Le Président (M. Gauvin): Si les membres de la
commission...
Mme Harel: Consentement.
Le Président (M. Gauvin): ...consentement à ce que
vous...
Mme Harel: Consentement.
Étude détaillée
Établissement d'une juridiction concurrente des
tribunaux dans certains districts judiciaires
Le Président (M. Gauvin): Je vous permets peut-être
de le commenter, l'article 1, expliquer brièvement ou, tout simplement,
si on est prêt à l'adopter. Est-ce qu'on est prêt à
adopter l'article 1?
Mme Harel: C'est-à-dire qu'on va peut-être poser des
questions, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Oui, O.K.
Mme Harel: mais on consent à ce qu'il n'y ait pas de
lecture de cet article. me thériault m'a préparé un
très joli plan en couleur des différents...
Le Président (M. Gauvin): Districts.
Mme Harel: ...cantons concernés, oui, les cantons qui sont
touchés. Il s'agit donc, doit-on comprendre à l'article 1, de
créer des juridictions concurrentes. Est-ce que c'est bien le cas?
M. Rémillard: Oui, M. le Président. De fait,
les paragraphes 1° et 2° de l'article 1 prévoient
l'établissement d'une juridiction concurrente des tribunaux
siégeant dans les districts judiciaires d'Abitibi, de Pontiac, de
Rouyn-Noranda et de Témiscamingue sur certains cantons situés
dans les districts de Pontiac, de Rouyn-Noranda et de Témiscamingue
où vit principalement la communauté algonquine du
Grand-Lac-Victoria.
Mme Harel: On comprend que ces juridictions concurrentes ne sont
pas un précédent. En l'occurrence, la disposition qui a
été présentée s'ajoute à un certain nombre
d'autres dispositions qui ont le même effet. C'est ça qu'il faut
comprendre?
M. Rémillard: C'est ça. Oui, c'est ça, M. le
Président. Évidemment, ces dispositions font suite à une
demande formulée par le conseil de bande de la communauté du
Grand-Lac-Victoria. Comme, je crois, Mme la députée de
Hochelaga-Maison- neuve le mentionnait dès le départ, ce sont des
mesures qui ont reçu l'aval du Barreau de l'Abitibi-Témiscamingue
et du Barreau de Hull, pour le district de Pontiac, et aussi des substituts du
Procureur général. Je dois dire aussi que le centre communautaire
juridique du Nord-Ouest, la division régionale concernée, la
Sûreté du Québec, les municipalités
régionales de comté de Pontiac et de Témiscamingue ont
tous et toutes été consultés et tout le monde est
d'accord.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, est-ce que vous avez d'autres questions en rapport avec
d'autres paragraphes de l'article 1?
Mme Harel: Est-ce que la Direction de la protection de la
jeunesse offre actuellement ses services dans le Témiscamingue?
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que votre question a des
relations avec l'article 1?
Mme Harel: Non. M. le Président, je comprends qu'il y a
des services à Val-d'Or, qu'il y a des services à Ville-Marie.
Les services de Val-d'Or étaient déjà offerts à la
population de l'Abitibi et les services de Ville-Marie étaient
déjà offerts à la population du Témiscamingue. Ce
qu'introduit le projet de loi 13, à l'article 1, c'est notamment pour la
population du Grand-Lac-Victoria le choix des services, soit ceux de Val-d'Or,
soit ceux de Ville-Marie. C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Rémillard: C'est ça, à toutes fins
pratiques.
Mme Harel: Est-ce qu'il y a autre chose? M. Rémillard:
Non.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
répond à votre questionnement au sujet de l'article 1 et ses
paragraphes?
Mme Harel: L'article 1. Alors, y a-t-il autre chose dans
l'article 1 que cette juridiction concurrente et la description des territoires
sur lesquels la juridiction concurrente s'exerce?
M. Rémillard: C'est tout. Mme Harel: C'est
ça. Adopté.
Le Président (M. Gauvin): l'article 1, le paragraphe
concernant... est-ce qu'on doit le préciser? l'article 1 dans son
ensemble est adopté. j'appelle donc l'article 2. m. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, qu'est-ce que je
dois comprendre? Tantôt, je vous ai posé la
question. Je comprends que je lis l'article, je lis mes commentaires
article par article? Comment voulez-vous procéder?
Mme Harel: Usez les commentaires. M. Rémillard: Je
lis les commentaires?
Le Président (M. Gauvin): Je vous avais dispensé de
le lire dans son ensemble et on souhaitait vous permettre de faire certains
commentaires.
Mme Harel: Pour en comprendre le sens.
Établissement du district judiciaire de
Laval
M. Rémillard: O.K. Alors, je lirai les commentaires. Donc,
M. le Président, l'article 2, dans son premier alinéa,
prévoit la continuation d'office, devant la division des petites
créances de la Cour du Québec siégeant dans le district de
Laval, des causes intentées avant la date d'établissement du
district judiciaire de Laval, devant la même juridiction siégeant
actuellement à la ville de Laval, district judiciaire de
Montréal.
Le deuxième alinéa prévoit également que
l'exécution forcée des jugements rendus avant la date
d'établissement du district judiciaire de Laval, devant la division des
petites créances de la Cour du Québe siégeant actuellement
dans la ville de Laval, district de Montréal, sera faite ou poursuivie,
à compter de cette date, devant la même juridiction dans le
district judiciaire de Laval.
Alors, voilà, M. le Président, en ce qui regarde l'article
2.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Je comprends que les articles 2, 3, 4, 5 et 6 ont pour
objet des mesures transitoires.
M. Rémillard: Essentiellement.
Mme Harel: Essentiellement. Et ça, c'est de manière
à ce que, là où il y avait déjà une
compétence exercée par certaines cours, l'établissement du
nouveau district judiciaire ne fasse pas perdre la compétence. C'est
ça qu'il faut comprendre?
M. Rémillard: C'est ça qu'il faut comprendre, dans
le sens qu'il y avait déjà, au niveau de Laval, M. le
Président, des services offerts, mais comme faisant partie du district
de Montréal. C'était à Laval, comme par exemple, la Cour
des petites créances. Là, ce qu'on dit, c'est que, même si
c'est dans le district de Montréal et c'est inscrit à Laval,
ça va continuer d'être à
Laval, mais ça devient district de Laval. D'autres mesures aussi
ont été établies pour qu'il y ait donc passation des
pouvoirs, si vous voulez, d'un district à l'autre.
Le Président (M. Gauvin): Mme la
députée.
Mme Harel: Est-ce qu'il faut comprendre, M. le Président,
que les consultations ont été faites auprès du Barreau de
Laval, auprès de la magistrature et auprès de toutes les
instances judiciaires concernées?
M. Rémillard: Toutes ces dispositions sont faites avec le
consentement de tous les intervenants sans exception. Alors, ils ont
été consultés. Le Barreau, la magistrature, les
différents intervenants municipaux, tout le monde est d'accord avec ce
que nous présentons aujourd'hui. On ne m'a pas informé du
contraire, en tout cas. (20 h 40)
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre. Mme la
députée.
Mme Harel: Ça me va, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
complète l'article 2 au niveau du questionnement? Donc, l'article 2 est
adopté.
M. Rémillard: On a parlé aussi de 3, 4, 5 et 6,
mais je peux les aborder article par article, comme vous voulez.
Le Président (M. Gauvin): Je vais les appeler article par
article. Donc, j'appelle l'article 3, M. le ministre. Est-ce que vous avez des
commentaires additionnels?
M. Rémillard: Cette disposition transitoire est de la
même nature que celle prévue au premier alinéa de l'article
2, mais elle est applicable aux instances en protection de la jeunesse
portées devant la chambre de la jeunesse de la Cour du
Québec.
Le Président (M. Gauvin): Mme la
députée.
Mme Harel: Donc, c'est au même effet, mais, cette fois, en
regard de la Loi sur la protection de la jeunesse.
M. Rémillard: Voilà.
Le Président (M. Gauvin): L'article 3 est
adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Adopté. M. le ministre,
j'appelle l'article 4. Est-ce que vous avez des commentaires?
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Cette
disposition transitoire permettra le transfert de Montréal à
Laval des causes civiles intentées devant la Cour supérieure ou
la Cour du Québec du district judiciaire de Montréal avant la
date d'établissement du district judiciaire de Montréal.
Le Président (m.
gauvin): c'est
l'inconvénient qu'on doit subir pour avoir de la lumière
additionnelle. oui, m. le ministre. mme la députée.
Mme Harel: Donc, il s'agit là d'une disposition au
même effet en matière civile devant la Cour supérieure ou
la Cour du Québec du district judiciaire de Montréal. C'est donc
dire que les causes qui auraient été pendantes au moment de
rétablissement continuent d'être de la compétence de ces
cours de Montréal. C'est ça qu'il faut comprendre?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, mais il y a un transfert de
Montréal à Laval des causes civiles qui sont intentées
devant la Cour supérieure ou la Cour du Québec du district
judiciaire de Montréal...
Mme Harel: Ah!
M. Rémillard: ...avant la date de l'établissement
du district judiciaire de Laval.
Mme Harel: Donc, ce sont les causes en attente, avant qu'elles ne
soient inscrites sur un rôle d'audiences.
M. Rémillard: C'est ça, et c'est à la
demande des parties. C'est vraiment...
Mme Harel: Ça peut être à la requête
d'une seule partie?
M. Rémillard: Oui, mais ça peut être... Il
faut que ce soit en accord avec les deux parties.
Mme Harel: Ah!
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
Mme Harel: On dit que cette requête est signifiée
à toutes les parties. Donc, une seule partie peut avoir produit la
requête; elle la signifie à toutes les autres et, à ce
moment-là, en cas de contestation, c'est au juge en chef de la cour
compétente à prendre la décision, la cour
compétente étant...
M. Rémillard: Soit la Cour du Québec, soit la Cour
supérieure...
Mme Harel: De Montréal.
M. Rémillard: ...de Montréal. Alors, c'est inscrit
dans les cours de Montréal et, là, il y a une requête de
l'une des parties pour que ce soit entendu dans le nouveau district de Laval.
S'il n'y a pas objection, ça ne pose pas de problème, mais s'il y
avait objection, selon l'intérêt des parties, c'est le juge en
chef qui décide.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
Mme Harel: Adopté.
M. Gauvin: Adopté. J'appelle l'article 5. M. le ministre,
est-ce que vous avez des commentaires?
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Le premier
alinéa prévoit la continuation d'office, devant la chambre
criminelle et pénale ou la chambre de la jeunesse de la Cour du
Québec siégeant dans le district de Laval, des poursuites
pénales provinciales intentées avant la date
d'établissement du district judiciaire de Laval, devant l'une de ces
chambres de la Cour du Québec siégeant actuellement à la
ville de Laval, district judiciaire de Montréal.
Le deuxième alinéa prévoit également que
l'exécution des jugements rendus par ces instances avant la date
d'établissement du district judiciaire de Laval, en cette
matière, devant la chambre criminelle et pénale ou la chambre de
la jeunesse de la Cour du Québec siégeant à Laval,
district de Montréal, sera faite ou poursuivie, à compter de
cette date, par le percepteur désigné pour le district judiciaire
de Laval, article 322.1 du Code de procédure pénale.
Mme Harel: Là, c'est un peu différent parce qu'il y
avait déjà une chambre criminelle et pénale et une chambre
de la jeunesse de la Cour du Québec qui siégeaient dans la ville
de Laval. Alors, ça reste, finalement... Faut-il comprendre que la seule
différence, c'est qu'il s'agit maintenant du district judiciaire de
Laval plutôt que du district judiciaire de Montréal, mais c'est la
même chambre criminelle et pénale et c'est la même chambre
de la jeunesse qui siégeaient déjà à Laval?
M. Rémillard: Exactement.
Mme Harel: Donc, il n'y a pas les mêmes changements que
pour les causes civiles.
M. Rémillard: C'est ça.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
complète l'information à l'article 5?
Mme Harel: Pour ce qui est de l'exécution des jugements,
ce sera donc le percepteur désigné pour le district judiciaire de
Laval plutôt
que le percepteur du district judiciaire de Montréal qui va
procéder à l'exécution forcée.
M. Rémillard: Voilà.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre, on vous invite
à nous présenter les commentaires au sujet de l'article 6.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, cette
disposition transitoire est de la même nature que celle prévue au
premier alinéa de l'article 5, mais applicable aux poursuites en
matière criminelle et statutaire fédérale intentées
devant la chambre de la jeunesse de la Cour du Québec contre les jeunes
contrevenants.
Mme Harel: De toute façon, c'est la même chambre,
dans la même ville. Donc, c'est la même juridiction, mais ça
devient un district judiciaire de Laval, simplement, par un effet... une simple
formalité sur papier. C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Rémillard: Exactement.
Le Président (M. Gauvin): L'article 6 étant
adopté...
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): ...j'appelle l'article 7, M. le
ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Cette
disposition transitoire a pour objet de confirmer le maintien de la
compétence de la Cour supérieure et de la chambre criminelle et
pénale de la Cour du Québec du district judiciaire de
Montréal sur les poursuites intentées avant
l'établissement du district judiciaire de Laval pour des infractions
commises à l'égard d'une disposition du Code criminel ou d'une
autre loi fédérale. Ces poursuites originant de la ville de
Laval, district de Montréal, et intentées à
Montréal contre des adultes avant la création du district
judiciaire de Laval seront donc continuées dans le district judiciaire
de Montréal.
Mme Harel: II y a un amendement, je pense, à cet article
7.
M. Rémillard: Ce n'est pas à cet article. Je pense
que c'est au suivant.
Mme Harel: Ah!
Mme Caron: Est-ce que ça ajoutait 7.1, 7.2, 7.3? C'est
ça?
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: Je comprends donc qu'en vertu de l'article 7 les juges
de la Cour supérieure ou ceux de la chambre criminelle et pénale
de la Cour du Québec qui siègent à Montréal, dans
le district judiciaire de Montréal, malgré l'établissement
du district judiciaire de Laval, ces juges ne perdent pas compétence si
les poursuites ont été intentées avant
l'établissement du district judiciaire de Laval. Donc, il n'y aura pas
de transfert. C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Rémillard: II ne devrait pas y avoir de transfert.
Mme Harel: Montréal va liquider ce qu'on pourrait appeler
le «backlog» des poursuites intentées avant
l'établissement du district judiciaire de Laval en matière de
chambre criminelle et pénale de la Cour du Québec.
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: Si c'est une infraction à une disposition du
Code criminel. Sinon, si c'est la Cour supérieure pour des causes
civiles, une des parties va pouvoir transférer dans le district
judiciaire de Laval. Mais, pour les infractions au Code criminel, ça va
rester dans le district judiciaire de Montréal.
M. Rémillard: Oui, à cause de l'article 470 du Code
criminel qui prévoit qu'il peut être ordonné au
prévenu d'être jugé devant tout autre tribunal dont la
juridiction a été, par autorisation légitime,
transférée à ce tribunal. Donc, la mesure transitoire que
nous proposons aurait, par conséquent, pour effet de confirmer
l'existence d'une telle autorisation légitime et éviterait de
s'en remettre aux ordonnances de transfert ponctuel du district judiciaire de
Laval.
Mme Harel: Ça veut dire quoi? Est-ce que ça va
être jugé à Montréal ou à Laval?
M. Rémillard: À Montréal. Ça reste
à Montréal.
Mme Harel: Ça ne le sera pas à Laval.
M. Rémillard: Ça ne sera pas à Laval, au
niveau criminel.
Mme Harel: si vous n'aviez pas eu la disposition 7, les
dispositions du code criminel auraient permis de faire le transfert ad hoc,
là, à la pièce.
M. Rémillard: Exactement.
Mme Harel: Et tout va rester à Montréal. M.
Rémillard: Oui. Mme Harel: Pourquoi?
M. Rémillard: Ces causes criminelles... Parce que c'est
déjà entamé. Un instant, s'il vous plaît.
(Consultation)
M. Rémillard: Alors, il y a donc le pouvoir
d'enquête criminelle et, déjà, les causes qui sont
entamées, les procédures qui sont déjà
débutées à Montréal... Pour ne pas causer
préjudice aux parties ou quoi que ce soit, il vaut mieux continuer dans
le district.
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. Gauvin): Ça va pour l'article
7?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): L'article 7 est adopté.
Je crois comprendre, M. le ministre, que vous avez un amendement qui aurait
pour effet d'ajouter les articles 7.1, 7.2 et 7.3. Est-ce que nous avons
raison?
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Tout d'abord,
un amendement qui ajouterait l'article 7.1. L'amendement proposé par
l'article 7.1 a pour objet de confirmer le maintien de la compétence de
la Cour municipale de Laval sur les causes pendantes devant cette Cour au
moment de l'établissement du district judiciaire de Laval.
Quant à l'article 7.2, l'amendement proposé par l'article
7.2 prévoit que, dans la mesure où la poursuite aurait pu
être intentée dans le district judiciaire de Laval, si ce district
avait alors été créé, les poursuites pénales
et criminelles relatives à des infractions commises avant la
création de ce district pourront être intentées dans le
district judiciaire de Laval devant la Cour supérieure, la Cour du
Québec ou la Cour municipale de Laval, suivant leur attribution
respective.
L'article 7.3, l'amendement que nous proposons prévoit que les
commissaires à l'asser-mentation nommés pour le district
judiciaire de Montréal avant l'établissement du district de Laval
seront également compétents dans le district de Laval à
compter de l'établissement de ce district et jusqu'à l'expiration
de leur commission.
Le Président (M. Gauvin): Donc, j'invite les membres de la
commission à adopter d'abord l'article 7.1. (20 h 50)
Mme Harel: Concernant l'article 7.1 justement, M. le
Président, est-ce que l'amendement introduit une modification quelconque
à la compétence de la Cour municipale de Laval? En quoi le
nouveau district judiciaire obligeait-il un amendement semblable?
M. Rémillard: D'abord, je dois dire que c'est un
amendement qui fait suite à des demandes du juge en chef de la Cour
municipale de Laval et du Barreau de Laval. Donc, il s'agit de confirmer le
maintien de la compétence de la Cour municipale de Laval. C'est des
causes qui sont pendantes devant cette Cour au moment de l'établissement
du district judiciaire de Laval. On avait besoin d'une confirmation pour qu'il
n'y ait pas interprétation de l'article 7 qui pourrait nous arriver
à faire passer des causes qui étaient inscrites à Laval,
mais qui auraient continué dans Montréal. Alors, on voulait une
disposition spécifique, précise pour établir l'intention
du législateur. Alors, c'est ce que nous avons consenti à mettre
dans la loi.
Mme Harel: Donc, les causes déjà intentées
à Laval restent à Laval, si elles sont devant la Cour
municipale.
M. Rémillard: C'est ça.
Mme Harel: Y compris celles qui ont à voir avec une
infraction au Code criminel?
M. Rémillard: C'est ça, exactement.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 7.1 est
adopté?
Mme Harel: M. le Président... Le Président (M.
Gauvin): Oui.
Mme Harel: ...quelle belle occasion pour demander au ministre ce
qui a bien pu se passer pour que, dans les nominations de juges municipaux, il
s'éloigne tellement de l'esprit qu'il manifestait au sommet quant aux
nominations de femmes juges!
M. Rémillard: Ah oui?
Mme Harel: Je regardais les nominations à la magistrature,
au niveau des cours municipales. Sur les 15 nominations qu'il a faites... Le
communiqué de presse s'intitule: Le ministre de la Justice et Procureur
général du Québec, M. Gil Rémillard, annonce les
nominations suivantes... Et là, vous annoncez 15 nominations pour
l'extraordinaire présence d'une seule femme parmi les
nominés.
M. Rémillard: II faudrait vérifier combien avaient
été retenus, s'il y avait des femmes qui
avaient été retenues. Vous savez qu'on suit maintenant,
pour la nomination de ces juges municipaux, le même processus que pour
les juges de la Cour du Québec. Alors, combien de femmes se sont
présentées au concours? Si vous le permettez, je pourrais sortir
ces chiffres-là.
Mme Harel: Ah oui! Certainement. M. Rémillard:
Combien... Mme Harel: Absolument.
M. Rémillard: ...se sont présentées au
concours? Combien étaient donc susceptibles d'être nommées?
Je peux vous dire que je suis très, très attentif à cet
aspect. D'ailleurs, j'ai eu l'occasion de faire passablement de nominations
depuis... toujours très conscient.
Mme Harel: Combien de nominations depuis le sommet avez-vous
faites?
M. Rémillard: II faudrait que je vérifie tout
ça. Je pourrais vérifier tout ça. Je n'ai pas ça
devant moi. Je ne croyais pas que vous m'apporteriez une question surprise,
mais je pourrais avoir des statistiques, si vous voulez. Là-dessus,
qu'est-ce que vous voulez, c'est toujours le même problème: s'il
n'y a pas de femmes qui se présentent au concours, ça cause des
problèmes.
Mme Harel: À notre connaissance, vous avez fait 2
nominations de juges à la Cour du Québec dont 2 hommes et 15
nominations de juges à la Cour municipale dont 1 femme. Alors, c'est
finalement, depuis le sommet, le résultat concret de toutes ces
discussions qui ont eu lieu. Moi, M. le ministre, je peux vous remettre des
noms de femmes qui ont passé des concours, qui sont compétentes
à la connaissance de toute la communauté juridique, et qui
attendent des nominations.
M. Rémillard: Mais...
Mme Harel: Vous en connaissez comme moi, d'ailleurs.
M. Rémillard: ah! j'en connais... je connais des femmes
qui seraient compétentes à se présenter à des
concours et qui ne se présentent pas.
Mme Harel: Et qui se sont présentées. Moi, je peux
vous en...
M. Rémillard: Ah! Peut-être jadis...
Mme Harel: Je peux vous en présenter qui se sont
présentées.
M. Rémillard: Ça existe pour un an. Ça
existe pour un an. Après un an, elles n'existent plus. C'est qu'il y a
un an d'existence dans ce qu'ils appellent les banques et, ensuite, elles
n'existent plus. Alors, depuis un an, on a nommé beaucoup de femmes.
D'ailleurs, je pourrais sortir les statistiques. Mme Pelletier va se faire un
plaisir de sortir toutes ces statistiques-là. Habituellement, elle a
toujours avec elle ces statistiques-là. Je ne comprends pas ce soir
qu'est-ce qui est arrivé. Certainement que c'est le dîner qui
s'est prolongé. Je ne sais pas, M. le Président, mais,
habituellement, elle a toutes ces statistiques, Mme Pelletier. Mais elle va les
avoir. Vous allez voir qu'il y a eu beaucoup, beaucoup de nominations qui ont
été faites de femmes.
Mme Harel: Mais, au niveau des juges de la Cour municipale, les
nominations qui sont intervenues le 3 juin, en fait, font apparaître la
nomination d'une seule femme, Mme Manon Bourbonnais, à la Cour
municipale de Dorion. Les 14 autres nominations le sont, finalement, d'avocats.
Alors...
M. Rémillard: Savez-vous, je serais curieux de savoir
combien de femmes - avant ces nominations, même sous l'ancien
système - étaient juges municipaux... étaient juges
municipales, dis-je. Je serais curieux de voir ça. Pas beaucoup. Ce
n'est pas une fonction qui était bien recherchée par les femmes,
juge municipale. Alors, ça vaudrait la peine de regarder ça.
Ça vaudrait la peine de regarder ça.
Mme Harel: Et de regarder de près le comité de
sélection, n'est-ce pas?
M. Rémillard: Oui, mais ça, je fais...
Mme Harel: Vous vous rappelez la recommandation du Conseil du
statut de la femme que vous avez écartée, au sommet, quant
à la composition du comité de sélection. Le Conseil du
statut recommandait une composition de cinq membres, plutôt que trois
membres...
M. Rémillard: Ah oui!
Mme Harel: ...avec la présence de trois femmes. Ce n'est
pas difficile de trouver des femmes compétentes. Ce n'est pas ça
qu'il faut invoquer, à ce moment-ci, dans l'histoire de notre
société!
M. Rémillard: II faut voir, M. le Président,
pourquoi... Quand on dit: Le ministre de la Justice a écarté...
il faut dire que les principaux intervenants dans le processus de
sélection l'ont écartée. Ils ne voulaient pas, parce que
c'était trop compliqué et trop lourd. Il y a souvent de la
difficulté à s'entendre avec trois intervenants. En mettre cinq,
on me l'avait décommandé
fortement. Pourquoi on l'a fait? Parce qu'on considérait que ce
serait très, très complexe.
Cependant, il faut comprendre que les trois membres qui sont
là... vous avez le bâtonnier. Il y a eu des
bétonnières. N'oublions pas qu'il y a un an...
Mme Harel: II y a eu une bétonnière.
M. Rémillard: Oui, mais il y a un an il y avait une
bétonnière du Québec, il y avait une
bétonnière à Québec. Il y avait une
bétonnière aussi dans un autre district,
Saint-Jérôme. Présentement, il y en a aussi dans certains
districts. Donc, de plus en plus il y a des fs.ornes qui sont dans des postes
de bâtonnat. Donc, au départ... Ensuite, chez les magistrats
aussi, il y a des femmes, parce que la magistrature, au niveau des juges
associés, est présente. Donc, on les retrouve là. Moi, je
me réserve toujours la discrétion, comme ministre, de nommer
quelqu'un du public. Quand je vois qu'il n'y a pas de femme, de prendre une
femme.
Alors, quand on regarde dans la réalité, c'est quand
même... Regardons surtout dans les deux dernières années.
Il y a des résultats qui sont quand même en
amélioration.
Mme Harel: Quand vous nous transmettrez l'information quant au
nombre de candidatures féminines à ces postes de juges municipaux
récemment nommés, en même temps, nous souhaiterions
connaître la composition du comité de sélection. C'est
quand même...
M. Rémillard: O.K., oui, oui. (21 heures)
Mme Harel: ...inquiétant de constater qu'à ce
moment-ci de l'année, où il y a eu un brassage avec le sommet,
admettons-le, où il y a eu une ouverture d'esprit avec l'engagement de
créer, je pense, un comité pour examiner toute cette question
de... Comment l'appelait-on, non pas de la discrimination, mais du sexisme dans
toute la profession, n'est-ce pas? Alors, ce comité, qui est
censé être mis sur pied, au moment où il y a une ouverture
d'esprit, que l'on constate la nomination de 14 hommes sur les 15 juges
nommés, il y a là, finalement, une inquiétude qui est
assez légitime.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
complète le débat, au niveau... Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: Oui, juste une petite information sur le même
sujet, que j'aimerais avoir. Le ministre semble relier ça au fait que
les femmes ne posent pas leur candidature, et, au niveau de la banque qu'on
constitue, il nous disait que c'était pour un an. Moi, j'aimerais qu'on
vérifie, parce que c'est possible que les femmes posent leur
candidature, la banque, que ça reste là pour un an et, comme
elles n'obtiennent pas de poste, qu'elles décident de ne plus poser leur
candidature parce que, justement, elles n'obtiennent jamais de poste. Est-ce
qu'on peut essayer de vérifier au niveau des demandes qui ont
déjà été posées, de femmes, qui, finalement
n'ont jamais obtenu...
M. Rémillard: II y a des limites, quand même. C'est
assez compliqué, parce qu'à un moment donné, tout
ça disparaît quand c'est fini, les banques. Mais ce que je peux
vous dire, c'est que, par exemple, il y a des cours, comme la cour de la
Chambre de la jeunesse, où je n'ai pas de problème à
nommer des femmes, aucun problème. En ce qui regarde le domaine criminel
et pénal: problème; civil: amélioration
considérable. Mais, c'est ça, la situation. En matière
pénale et criminelle, je dois dire que s'il n'y a pas de candidates, il
n'y a pas de candidates, parce qu'il n'y a pas beaucoup de femmes qui
pratiquent dans ce domaine. Alors, moi, j'ai mentionné mon intention de
faire le plus possible de nominations de femmes à la magistrature pour
faire l'équilibre. Mais encore, on ne les nomme pas parce qu'elles sont
femmes, on les nomme parce qu'elles sont compétentes et qu'elles sont
dans le concours. Il faut encore qu'elles se présentent au concours.
Mme Harel: Quand je pense à la nomination du dernier juge
à la Cour du Québec, à la Chambre de l'expropriation, on
m'a informé que des femmes avaient posé leur candidature.
M. Rémillard: Moi, ce que je peux...
Mme Harel: Et des femmes, m'avait-on dit, compétentes.
M. Rémillard: Moi, je peux vous dire qu'il y a deux
étapes. Il y a le dépôt de candidatures et il y a liste
donnée au ministre de la Justice. Finalement, la discrétion qui
appartient au ministre de la Justice pour soumettre au Conseil des ministres
une recommandation, elle est bien limitée. Les gens pensent que le
ministre de la Justice va nommer. Absolument pas. Moi, je suggère au
Conseil des ministres un nom. Alors, souvent, c'est une liste. Ça peut
être deux, ça peut être trois. Mais, en plus, il y a des
comités qui vont me dire, par exemple: Telle personne se détache
considérablement de tous les autres candidats; par conséquent, on
vous la recommande fortement. Nous, on fait des vérifications. Est-ce
que ces personnes-là, au Barreau, ont des dossiers? Ce qui se passe chez
le système policier. En fait, est-ce que ces gens-là ont des
problèmes de justice? Bon, on vérifie et, ensuite, ça suit
le processus. Alors, même si vous me dites qu'il y a des gens à la
Chambre de l'expropriation, des femmes qui ont fait application, je ne suis pas
autorisé à vous parler de la liste qui
m'est soumise. C'est confidentiel.
Mme Harel: Je comprends parfaitement que le renseignement nominal
soit confidentiel. Mais, ceci dit, est-ce que le ministre vient de nous dire,
ici, devant cette commission, que, quant à la liste qui lui a
été soumise par le comité de sélection pour la
nomination du dernier juge à la Cour du Québec, Chambre de
l'expropriation, que cette liste ne comprenait pas de femmes?
M. Rémillard: Je ne suis pas capable. Je ne peux pas vous
dire ça, je n'ai pas le droit de vous le dire.
Mme Harel: C'est-à-dire que vous ne pouvez pas me
transmettre le renseignement nominal, mais si je vais devant la Commission
d'accès à l'information, vous allez être obligé de
me donner l'information que je vous demande?
M. Rémillard: Écoutez, tout simplement, c'est que,
vous comme moi, on a tout intérêt, tant qu'on aura ce
système, à le respecter. Voici, si je répondais à
votre question, vous pouvez connaître des femmes qui se sont
présentées. C'est souvent le problème que j'ai. Les femmes
vont se présenter, ou n'importe qui - pas simplement une femme ou un
homme - se présente donc devant le jury composé de trois
personnes: le juge en chef ou un de ses délégués, le
bâtonnier ou la bétonnière, puis une personne du public.
Les gens se connaissent souvent parce qu'on n'est quand même pas si
nombreux que ça au Québec et au Barreau. Alors, les gens ne
diront pas: Tu n'as pas passé le concours, etc. Moi, j'arrive avec,
donc, une liste. Peut-être que tout le monde pense qu'ils sont sur la
liste, mais ce n'est pas le cas. On doit respecter cette
confidentialité. Il faut qu'on respecte la confidentialité de la
liste qui arrive chez le ministre de la Justice. Sinon, il faudrait changer
l'ensemble du système.
Mme Harel: M. le Président, on va, de toute façon,
poursuivre l'étude du projet de loi qui est devant nous, mais je veux
simplement signaler au ministre que, pour les fins de l'intérêt
général dans ce dossier, nous allons, en bonne et due forme, lui
transmettre une demande d'information quant au nombre de personnes et au sexe
des personnes soumises par le comité de sélection. Nous irons
devant la Commission d'accès à l'information. Ça nous
permettra, M. le Président, de vérifier, si tant est, et je crois
que c'est là un élément indispensable si nous voulons
faire progresser l'équité dans le milieu juridique. C'est,
à mon point de vue, reprehensible que nous ayons une
sous-représentation des femmes. On devrait déployer des moyens
importants pour y remédier.
M. Rémillard: Je comprends très bien, M. le
Président, l'objectif de Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. C'est son droit de procéder ainsi, et je le
respecte. Cependant, je me permettrais de faire un commentaire. Si elle
procède de cette façon-là, et si elle avait l'information,
ça voudrait dire que, s'il y a des femmes qui se sont
présentées à Québec, Chambre de l'expropriation, et
qu'on dit qu'il n'y pas de femmes qui ont été retenues, c'est
donc dire... Ça, ça se sait, tout le monde le sait. Donc, les
gens vont dire: Ah oui! Unetelle s'est présentée, mais elle a
raté le concours. C'est ce qu'on veut éviter. On ne veut pas
qu'il y ait de catégories. Ah! elle n'a pas été assez
bonne pour être juge! C'est pour la réputation des gens. Souvent,
on peut rater un concours et ce n'est pas parce qu'on n'est pas
compétent. Peut-être que sur un point, ça n'a pas
été. C'est la perception d'un comité de trois personnes.
Alors, il faut faire bien attention avec un objectif qui est louable, qui est
légitime, de bien être conscient des conséquences que
ça peut apporter pour certaines personnes. Peut-être qu'il n'y en
a pas beaucoup, de femmes, je ne sais pas. Je ne le sais pas, mais je vous dis,
et je fais un scénario: Peut-être qu'il n'y en a pas beaucoup, et
c'est d'autant plus dangereux quant aux dommages qu'on pourrait faire.
Mme Harel: ...demandé si les renseignements nominatifs
étaient transmis. Mais, dans la mesure où c'est
générique, c'est-à-dire le sexe des candidats, ça
pourrait être l'âge aussi, malgré qu'il faille dix
années de pratique pour avoir simplement le droit de poser sa
candidature. Mais, étant donné que ce sont des renseignements
génériques, je pense que le problème ne se poserait pas,
dans la mesure où l'information concernant la candidature d'une personne
plutôt que d'une autre ne serait pas transmise.
M. Rémillard: Je confirme que c'est le droit de la
députée de demander cette question-là. Je me permettrai
tout simplement de lui dire que, même s'il n'y a pas de renseignements
nominatifs, vous savez, à Québec - et ça se sait fort bien
- qui se présente à un concours de juge ou qui ne se
présente pas. Écoutez, on ne se fera pas de cachette, là.
Il y a 15 000, avocats, oui, dans tout le Québec, mais, à un
moment donné, à Québec, les gens disent: Écoute,
telle personne s'est présentée au concours de l'expropriation. Au
moins, les gens peuvent tous penser qu'ils étaient sur la liste soumise
au ministre. Puis, là, bien, c'est...
Mme Harel: Pour des raisons politiques. Ils ne sont pas assez
partisans.
M. Rémillard: Ils peuvent penser... Qu'est-ce que vous
voulez? Mais, moi, ne pensez pas que je ne serais pas tenté, des fois,
de leur dire: Bien, écoutez, c'est de valeur, vous n'étiez
pas
sur la liste. J'aimerais bien ça pouvoir le dire, ça
m'arrangerait assez souvent, mais il ne faut pas faire ça. Il ne faut
pas faire ça parce que, là, on détruit tout le
système. Si on veut détruire tout le système, en penser un
autre, bon. S'il y a un meilleur système, je suis bien prêt
à m'asseoir, puis à essayer de trouver un meilleur
système. Mais tant qu'on fonctionne dans ce système-là,
moi, tout ce que je me permets de vous dire: Attention! Faisons attention pour
ne pas qu'avec des objectifs nobles et légitimes on cause des
dégâts. C'est tout simplement ça que je me permets de vous
dire.
Le Président (M. Gauvin): Ça complète les
échanges au niveau de l'article 7. 1.
Mme Harel: Adopté. (21 h 10)
Le Président (M. Gauvin): 7. 1 est adopté.
J'appelle 7. 2. M. le ministre l'a présenté avec commentaires.
Est-ce qu'il y a d'autres questions au sujet de l'article 7. 2?
Mme Harel: II faut comprendre que, lorsque la poursuite n'a pas
été intentée, ça s'en va à Laval. Si elle a
déjà été intentée, ça reste à
Montréal. C'est ça?
M. Rémillard: Voilà.
Le Président (M. Gauvin): L'article 7. 2 est
adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): J'appelle l'article 7. 3.,
toujours au niveau des amendements. M. le ministre l'avait aussi
présenté avec commentaires.
Mme Harel: C'est essentiellement la compétence des
commissaires à l'assermentation. Il faut donc comprendre que les actuels
commissaires à l'assermentation sont nommés dans le district
judiciaire de Montréal. Là, ils deviennent nommés à
la fois pour Montréal et Laval. C'est ça? Jusqu'à la fin
de leur mandat. Adopté.
Le Président (M. Gauvin): L'article 7. 3 est
adopté. J'appelle l'article 8. Je pense que c'est ce qu'on retrouve dans
la plupart des projets de loi, dans tous les projets de loi. M. le
ministre.
M. Rémillard: C'est ça, M. le Président.
C'est concernant l'entrée en vigueur de la loi à la date ou aux
dates fixées par le gouvernement.
Mme Harel: Quand avez-vous l'intention d'adopter le projet de
loi?
M. Rémillard: Ça devrait essayer de coïncider
avec le commencement des activités judiciaires au palais de justice de
Laval, c'est-à- dire début septembre 1992. On doit faire
l'ouverture du palais de justice et du district judiciaire de Laval au
début de septembre. Donc, par le fait même, la loi sera en
application à ce moment-là.
Mme Harel: L'Ouverture officielle? M. Rémillard:
Oui.
Mme Harel: Peut-on espérer être invitées, Mme
la députée de Terrebonne et moi-même?
M. Rémillard: Dans ces activités-là, vous
êtes toujours invitées.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que le titre du projet de
loi est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi tel qu'amendé est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'on doit
présenter une motion de renumérotation? Excusez.
M. Rémillard: M. le Président, on me donne une
réponse pour les Îles-de-la-Madeleine.
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le ministre.
M. Rémillard: On me donne une réponse, mais on...
Je vais vous dire... Alors, le problème n'est pas réglé.
C'est le personnel de Percé qui va aller... Avec la permission de la
commission, Mme Pelletier pourrait expliquer ça, M. le
Président.
Le Président (M. Gauvin): Mme Pelletier, avec le
consentement de M. le ministre, pour un complément d'information.
Mme Pelletier (Julienne): C'est qu'actuellement les services
judiciaires qui sont dispensés aux Îles-de-la-Madeleine peuvent
compter sur la collaboration des effectifs de Percé, compte tenu que le
volume de causes est beaucoup plus élevé à Percé,
c'est que les services judiciaires sont plus nombreux, si on peut dire, sont
davantage établis à Percé qu'aux
Îles-de-la-Madeleine. Alors, ils font la navette, dans les cas de besoin,
aux Îles-de-la-Madeleine. C'est une question qui est actuellement sous
étude au ministère: Comment assurer aux
Îles-de-la-Madeleine une permanence et des services peut-être plus
adaptés aux besoins? Mais, pour le moment, c'est à ce
niveau-là qu'on est en train d'analyser au
ministère comment répondre à ces besoins-là.
On est en train de regarder ça, parce que Percé était
quand même un point assez névralgique, compte tenu de la
quantité des dossiers. C'est ce qu'on m'a...
Mme Harel: II y a un beau palais de justice aussi à
Percé. Mais, ceci dit, les juges... Il y a combien de juges municipaux
aux Îles-de-la-Madeleine?
Mme Pelletier: De juges municipaux? Je ne crois pas qu'il y ait
des juges municipaux aux Îles-de-la-Madeleine. Non.
Mme Harel: Est-ce qu'il y a une cour municipale? Non?
M. Rémillard: Mais il y a une demande. Il y avait une
demande.
Mme Harel: Parce qu'il serait possible, par exemple,
d'élargir la compétence des juges municipaux pour leur permettre
d'être sur place, d'être résidents. Il doit y avoir un
avocat aux Îles-de-la-Madeleine?
M. Rémillard: Oui. Il y a peut-être un avocat, mais
ce n'est pas si simple que ça. Je suis allé aux
Îles-de-la-Madeleine, je suis allé voir ça, consulter les
gens, essayer de trouver une solution. Une des solutions possibles, c'est au
niveau des cours municipales, mais il y a un petit problème technique.
Peut-être qu'on pourrait vérifier à qui il se pose? Je
pourrais apporter un complément d'information, aussi, à un moment
donné, mais il y a un problème technique pour la Cour
municipale.
Mme Caron: dans les vérifications, m. le président.
effectivement, le personnel de percé se déplace, mais est-ce que
vous avez pu vérifier si c'est toujours à la même
période de l'année?
M. Rémillard: ah! je pourrais vérifier si c'est
dans la période du homard, si c'est dans la période des
blanchons, ou si c'est dans la période «autre».
Mme Harel: II me semble que, l'été, c'est à
la période du homard! Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gauvin): Je crois comprendre, M. le
ministre, que vous allez ajouter un complément d'information.
M. Rémillard: Je m'aperçois, M. le
Président, qu'il y aura donc un complément d'information.
Mme Harel: Je serais bien intéressée à
savoir ce qui fait obstacle à la nomination d'un juge municipal.
(Consultation)
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que vous voulez
présenter une motion de renumérotation, M. le ministre?
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Compte tenu des
amendements apportés au projet de loi 13, je fais motion pour que les
articles de ce projet soient renumérotés.
Le Président (M. Gauvin): Merci. Donc, c'est ce qui
complète le mandat de la commission pour l'étude du projet de loi
13. La commission suspend temporairement ses travaux pour une minute ou
deux.
(Suspension de la séance à 21 h 16)
(Reprise à 21 h 20)
Projet de loi 34
Le Président (M. Gauvin): La commission reprend ses
travaux dans le cadre du projet de loi 34, Loi modifiant la Loi concernant un
jugement rendu par la Cour suprême du Canada le 13 décembre 1979
sur la langue de la législation et de la justice au Québec.
M. le ministre, avez-vous des remarques préliminaires?
Remarques préliminaires M. Gil
Rémillard
M. Rémillard: M. le Président, d'abord, vous me
permettrez de vous présenter, à ma droite, Me Judith Sauvé
du service juridique du ministère de la Justice et des affaires
législatives. Nous avons Me Monique Ducharme qui est ici, aussi des
affaires législatives. J'ai toujours avec moi Mme Julienne Pelletier, de
mon cabinet, qui m'accompagne.
Alors, M. le Président, ce projet de loi s'inscrit à la
suite de la décision rendue par la Cour suprême du Canada, le 27
février dernier, dans l'affaire concernant la fusion de Rouyn-Noranda.
Dans cette affaire, la Cour concluait que certains actes du ministre des
Affaires municipales et du gouvernement, qui avaient amené à la
fusion de Rouyn-Noranda, étaient nuls et inopérants, ceux-ci
n'ayant pas été adoptés et publiés en
français et en anglais, alors qu'ils auraient dû l'être vu
leur nature législative. La Cour maintenait toutefois la validité
de ces actes pour un délai d'un an, délai que la Cour accordait
à l'Assemblée nationale pour remédier à la
situation.
L'analyse de ce jugement et de ceux déjà rendus par la
Cour suprême, quant à la langue de la législation, nous
aura permis d'évaluer sa
portée à l'égard d'autres actes du gouvernement, de
même nature, qui n'ont été adoptés et publiés
qu'en français. Le projet de loi modifiant la Loi concernant un jugement
rendu par la Cour suprême du Canada le 13 décembre 1979 sur la
langue de la législation et de la justice au Québec
prévoit donc un amendement permettant non seulement de
régulariser la situation de Rouyn-Noranda, mais également la
réadoption avec effet rétroactif d'autres actes de même
nature, tels ceux de fusion municipale.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Maison-neuve, avez-vous des remarques?
Mme Louise Harel
Mme Harel: Oui, M. le Président.
M. le Président, je comprends que le jugement rendu par la Cour
suprême, le 27 février dernier, dans l'affaire du Procureur
général du Québec contre Albert Sinclair et autres
nécessite une intervention législative. La question que je me
pose, depuis l'adoption en deuxième lecture du projet de loi 34, c'est
de savoir si nous allons voter en faveur ou contre, au moment de la
troisième lecture, et je vais m'expliquer, M. le Président.
Le principe d'un projet de loi comme celui qui est introduit pour
régulariser la situation créée par un jugement intervenu
en février dernier a pour effet d'invalider la fusion de Rouyn-Noranda,
des villes de Rouyn et de Noranda. Donc, il y a le principe d'une intervention
législative, ça s'impose, mais la nature de celle qui est
proposée dans le projet de loi 34, ça, ça me semble moins
évident. Je vais m'expliquer, M. le Président. C'est que,
finalement, il me semble que le projet de loi 34 en donne plus que ce que la
Cour suprême n'en demandait. Dans l'affaire Sinclair, le jugement de la
Cour suprême porte sur les décrets. Ce que le projet de loi 34
fait, c'est qu'il élargit, à l'ensemble des actes
législatifs, la décision concernant le bilinguisme de la Justice.
Je me suis demandé pourquoi élargir à ce point-là
le champ d'application de l'article 133. Il y a eu des jugements intervenus
dans le passé, auxquels on petf se référer, je pense. On
peut les appeler «Blaikie 1, Blaikie 2», lesquels jugements de la
Cour suprême sont venus invalider des dispositions de la loi 101, en
regard de l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de
1867. Cependant, quand la Cour suprême a rendu ses décisions, elle
a d'abord décidé que les règlements du gouvernement
étaient assujettis aux prescriptions de l'article 133, et elle a
défini ce dont il s'agissait quand on parlait de règlements du
gouvernement, à savoir que le critère retenu était celui
du contrôle gouvernemental et qu'à partir du moment où il y
avait contrôle gouvernemental il y avait assujettissement à
l'article 133, lorsque les règlements requéraient l'approbation
du gouvernement, d'un ministre ou d'un groupe de ministres. A contrario,
lorsque les règlements n'étaient pas soumis à cette
approbation, ils ne l'étaient pas plus à l'article 133.
Je constate que, dans le jugement qu'on pourrait appeler, cette fois,
«Blaikie 2», je crois que c'était en 1991 - excusez-moi - en
1981, la décision de la Cour suprême avait ouvert la porte
à l'affaire de Rouyn-Noranda en utilisant l'expression «mesure
législative». Mais, spécifiquement, dans l'affaire qui
concerne la fusion de Rouyn-Noranda, qui est le jugement concernant l'affaire
Sinclair comme telle, c'est de décret dont il est question. Là,
c'est comme si, en introduisant le projet de loi 34, on faisait de la
législation préventive. On vient élargir l'assiette de la
loi actuelle en ajoutant les mots «et d'autres actes de nature
législative». Alors, ça, ça peut être
très très large. Ça peut couvrir tant les
règlements - donc, déjà assujettis - que les
décrets qui le sont depuis le jugement de février, et ça
peut couvrir les ordonnances, les proclamations, les arrêtés, les
formules, les tarifs, les lettres patentes, les commissions, les mandats, les
instructions, les directives. On me dit qu'il peut y avoir une diversification
très importante de l'exercice de la législation
déléguée et les mots utilisés dans le projet de loi
34, soit ceux «et d'autres actes de nature législative»,
finalement, c'est comme une façon d'élargir, de donner une
portée très générale à l'article 133. Alors,
est-ce que c'est ce que recherche le gouvernement, élargir,
au-delà même de ce qu'en avait décidé la Cour
suprême, la portée de l'article 133? Je comprends que la Cour
suprême avait déjà décidé en ce qui
concernait les règlements et les décrets et là, avec le
projet de loi 133, qui se veut une loi remédiatrice, on vient quasiment
en faire une loi préventive. Sinon, qu'on m'indique quels sont les
autres actes de nature législative qui vont être soumis à
133, qu'on veut couvrir par l'expression «d'autres actes de nature
législative».
M. Rémillard: Oui, M. le Président. L'article 133
de la Constitution de 1867 établit un bilinguisme au niveau des
institutions législatives de l'Assemblée nationale. Tout d'abord,
un député peut se lever et parler dans sa langue, soit le
français, l'anglais; c'est une garantie de 133. Il y a aussi que les
textes législatifs doivent être traduits dans les deux langues. On
s'est posé la question, à savoir qu'est-ce que ça voulait
dire, des textes législatifs, qu'est-ce qui était un texte
législatif et qu'est-ce qui ne l'était pas. À partir de
là, il y a eu les affaires Blaikie - Blaikie 1, Blaikie 2 - en 1979 et
en 1981; ensuite, les affaires du Manitoba - Manitoba 1, Manitoba 2 - aussi;
finalement, on se retrouve avec une décision de février dernier,
dans l'affaire Sinclair. (21 h 30)
M. le Président, il n'est pas de notre intention d'élargir
la portée de l'article 133, mais bien de nous conformer aux
différents éléments de compréhension que la Cour
suprême nous a donnés pour comprendre la portée de 133.
Dans le sens que, lorsque Mme la députée de
Hochela-ga-Maisonneuve nous dit: C'est une loi de prévention, je dirais:
Oui, c'est une loi de prévention dans le sens qu'on aurait pu simplement
se limiter. Le choix que j'avais, comme ministre, c'était de dire: On se
limite strictement au cas de Rouyn-Noranda parce que la Cour suprême nous
a donné un délai. La Cour suprême nous a donné un an
de délai pour traduire. Donc, cette décision gouvernementale de
traduire dans la langue anglaise pour se conformer à l'article 133, on
aurait pu se fier strictement à Rouyn-Noranda, mais on sait qu'il y a
d'autres décrets, d'autres dispositions émanant du Conseil des
ministres qui pourraient aussi être contestées. Par
conséquent, ça ne réglerait pas les problèmes.
Donc, on s'est dit, par respect pour le justiciable, par respect pour
l'appareil gouvernemental, par respect pour l'administration de la justice,
mieux vaut prendre les devants, d'une certaine façon, prendre des
critères qui sont établis par la Cour suprême et les mettre
dans le texte de loi, parce que, sans ça, on va se retrouver, M. le
Président, avec des contestations qui amènent les gens jusqu'en
Cour suprême, ce qui coûte des milliers de dollars, qui peuvent
même en arriver à stopper et à arrêter des
procédures très importantes pour l'avenir de la
société. C'est des frais, c'est une perte de temps, c'est une
perte d'énergie, c'est une perte d'argent. Il me semble que notre
devoir, comme gouvernement, comme ministre de la Justice et Procureur
général, c'est de nous conformer aux décisions de la Cour
suprême, et de faire en sorte que ça cause le moins
d'inconvénients possible aux citoyens et aux citoyennes.
Alors, le problème, M. le Président, c'est que, suite
à cette décision dans l'affaire Sinclair, l'expression
«actes de nature législative» est apparue comme étant
générique, et cette expression s'applique à tous les actes
répondant aux critères énoncés par la Cour
suprême, peu importe leur dénomination. Alors, que ce soient des
décrets, que ce soient des lettres patentes, que ce soient des
ordonnances, des proclamations, des directives, peu importe comment on les
appelle, il demeure que, si elles répondent aux différents
éléments de la Cour suprême, critères
énoncés par la Cour suprême, ce seront des actes qui
devront être traduits en langue anglaise. Alors, la Cour suprême
nous dit qu'un acte est de nature législative lorsqu'il doit être,
en vertu de la loi, adopté ou approuvé par le gouvernement, un
ministre ou un groupe de ministres, lorsqu'il édicté une
règle de conduite, une norme, lorsqu'il a force de loi, lorsqu'il
s'applique à un nombre indéterminé de personnes. Ces
critères ne sont pas cumulatifs. Un seul de ces éléments
fait que c'est un acte législatif, et qui doit être traduit, par
conséquent. De plus, quand un acte s'inscrit dans une série
d'actes dont l'effet net est lui-même de nature législative, il
devient un acte de nature législative.
C'est donc dire, M. le Président, que ces critères nous
ont amenés à faire cette législation. Je crois qu'il
n'aurait pas été responsable, pour nous, de se limiter à
Rouyn-Noranda, mais il fallait établir les barèmes pour qualifier
les autres actes et voir à leur traduction en langue anglaise. Mais ce
n'est pas l'intention du gouvernement d'élargir la portée de 133,
absolument pas.
Le Président (M. Gauvin): Mme la
députée.
Mme Harel: M. le Président, pour l'avenir, là,
comment le ministre entend-il procéder, et quelle proposition a-t-il
faite à son gouvernement? Je comprends qu'avec le projet de loi 34, en
fait, il s'agit, là, de remédier à des actes de nature
législative pour le passé, hein? Ce que l'on fait, c'est qu'on
introduit une disposition qui permet à l'autorité
compétente de remplacer un acte de nature législative qui devait
être publié en français et en anglais, et qui ne l'a pas
été, par un texte qui le reproduit dans les deux langues, sans
modifications. Finalement, les actes ainsi reproduits peuvent avoir effet
depuis la même date que celle prévue pour ceux qu'ils remplacent.
Est-ce que ça signifie que le ministre va doter le gouvernement d'un
service de traduction? Est-ce qu'il y a des propositions qui ont
été faites pour l'avenir dans ce sens-là?
Puisque l'ensemble, tous les actes de nature législative - et je
remercie le ministre d'avoir rappelé les critères qui ont
été utilisés par la Cour suprême pour définir
ce qu'est un acte de nature législative. On voit bien l'étendue
générale, la portée, finalement, très large, de
cette définition. Alors, dorénavant, ça signifie que les
décisions, par exemple, du Conseil des ministres, les décrets du
Conseil du trésor, l'ensemble des directives, la tarification, la
Gazette officielle du Québec, etc., tout ça va
n'être rendu valide que si la publication en est faite. C'est ça
qu'il faut comprendre?
M. Rémillard: Ce qu'il faut comprendre, c'est que, quand,
rétroactivement, on a les normes, comme vous venez de le mentionner,
pour l'avenir, il va falloir apprécier chaque acte qu'on va faire en
fonction des critères énoncés par la Cour suprême,
et décider, à ce moment-là, de les traduire en langue
anglaise. Il existe déjà des services de traduction au
ministère de la Justice, au niveau de la législation, comme vous
le savez. Il existe déjà des services de traduction en langue
anglaise. Maintenant, s'il faut avoir d'autres traducteurs, il va falloir les
impliquer. Mais il ne faut quand même pas exagérer non
plus la portée, mais voir qu'il faut prévenir. Mieux vaut
prévenir que d'avoir des contestations qui vont jusqu'en Cour
suprême, qui coûtent tellement d'argent et causent tellement
d'embêtements à tout le monde.
Mme Harel: Mais, à ce moment-là, M. le ministre,
faut-il comprendre qu'étant donné que ce sont des actes de nature
législative... Tantôt, vous nous citiez les critères qui ne
sont pas conjonctifs là, un seul de ces critères, nous
disiez-vous, suffit. Alors, il suffit que ce soit soumis à l'approbation
d'un ministre et non pas à l'approbation du gouvernement ou du Conseil
des ministres. L'approbation d'un ministre suffit pour iimoduire l'application
de l'article 133.
M. Rémillard: Dans la mesure où il
édicté une règle de conduite ou une norme. Il faut faire
attention. C'est une décision d'un ministre, approuvée par un
ministre, mais qui implique une obligation de conduite. Alors, c'est une norme
pour la façon dont vous devez vous conduire, la façon de
procéder et de faire qui est quasi judiciaire. Ça n'arrive pas
dans tous les cas.
Mme Harel: C'est normatif. Ce n'est pas quasi judiciaire.
M. Rémillard: C'est normatif dans le sens qu'il y a
l'exercice d'un quasi judiciaire, d'un pouvoir discrétionnaire, souvent,
qui peut être relié, pas immanquablement, mais, souvent, peu
importe. Il reste quand même qu'il ne s'agit pas simplement d'un geste
ministériel, d'une décision prise par un ministre. C'est une
décision qui implique une norme de conduite, qui implique une norme, une
conduite, qui a force de loi.
Mme Harel: Un tarif, par exemple?
M. Rémillard: Ce serait difficile pour moi de prendre des
cas particuliers, l'un après l'autre.
Mme Harel: Une directive, une directive ministérielle?
M. Rémillard: Alors, une directive ministérielle
devrait être analysée dans un cas - je ne peux pas vous donner
d'opinion juridique, comme vous le savez, mais il faudrait l'étudier. Si
ça a force de loi, si elle implique une norme de conduite, etc., il
faudrait la vérifier.
Mme Harel: L'inverse peut être vrai aussi. Au contraire,
ça peut multiplier les recours devant les tribunaux, pour le motif de
faire invalider telle directive, tel tarif, telle règle de
procédure qui n'aurait pas été traduite.
M. Rémillard: Mais c'est pour ça.
Mme Harel: Pensez, par exemple, au domai- ne de la
sécurité du revenu et dites-vous qu'annuellement il se publie
pour l'équivalent de presque un pied, si ce n'est pas plus, de
directives et de procédures diverses qui assujettissent à
l'application de la loi. Donc, dans la mesure où il n'y aurait pas eu
traduction, ça pourrait donner ouverture à une contestation.
C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Rémillard: Écoutez, je ne me prononcerai pas sur
le fond, M. le Président, mais ce qu'on veut, c'est être quand
même très prudents. On veut éviter des contestations, on
veut éviter de se retrouver devant la Cour suprême puis on aime
mieux voir toutes ces directives bien suivies, en fonction des critères
énoncés par la Cour suprême.
Mme Harel: attendez, là. m. le président, ça
n'empêchera pas la multiplicité des recours, au contraire.
ça dit simplement au gouvernement qu'il doit traduire.
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: Mais, dans la mesure où il n'y a pas
d'organisme central qui décide ce qu'il faut traduire ou pas, c'est un
service de traduction qui est offert au ministère de la Justice, nous
dites-vous. Les ministères ne sont pas tenus, les ministres, les
cabinets ministériels ou sous-ministériels, au moment de la
publication des directives, tarifs ou autres, d'utiliser ce service-là.
Il n'y aura pas... Je comprends bien que ce projet de loi là ne
s'accompagne pas d'un dispositif qui permettrait au gouvernement d'en
contrôler l'application.
M. Rémillard: Non. Voici, M. le Président, c'est
que le Conseil exécutif qui existe pour coordonner toute l'action du
gouvernement est là. Alors, quand il arrive des directives... D'abord,
quand il arrive... que ce soient des ordonnances, des directives ou peu
importe, tout ça passe par un canal qui aboutit au Conseil
exécutif, qui doit avoir passé par un des cinq comités du
Conseil exécutif, à bien des niveaux. Je ne dis pas
ponctuellement, d'une façon très très précise et
pointue, mais il y a une organisation gouvernementale qui est là et qui
fait que, dans la mesure où ces critères sont rencontrés,
il va falloir traduire.
Mme Harel: Mais tout ne passe pas au Conseil exécutif?
M. Rémillard: Mais le Conseil exécutif...
Mme Harel: Ne passe au Conseil exécutif que ce qui fait
l'objet d'une ordonnance du Conseil exécutif, d'un décret du
Conseil exécutif. Les directives ministérielles... (21 h 40)
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: ...ne passent pas nécessairement au Conseil
exécutif.
M. Rémillard: Elles sont informées, vont au Conseil
exécutif pour information.
Mme Harel: Dans la mesure où elles sont publiées
dans la Gazette.
M. Rémillard: Même pas. D'une façon
générale, le Conseil exécutif a une information de tout ce
qui se passe dans l'appareil gouvernemental. C'est ce que je sais, en tout cas,
et je le sais de... Je peux vous dire qu'ils sont bien informés, ils
sont très bien informés.
Mme Harel: C'est-à-dire que le Conseil exécutif n'a
pas le mandat de vérifier les directives ministérielles en
matière de terres et forêts ou en matière de
sécurité du revenu, quant à l'interprétation qui en
est faite sur le plan des règles et procédures.
M. Rémillard: Le Conseil exécutif, d'une
façon générale, est informé de tout ce qui se passe
au niveau normes impliquant un comportement, parce qu'il s'agit d'une voie de
législation. D'ailleurs, la décision de la Cour suprême est
en fonction de ça. Il y aura donc, à la suite de cette
décision de la Cour suprême, ces balises qui doivent être
respectées et qui amèneront des décisions, à
savoir: Est-ce qu'on doit traduire ou ne pas traduire?
Mme Harel: Mais est-ce que le Conseil exécutif est
équipé pour traduire?
M. Rémillard: II l'est ou il va l'être, mais il va
prendre ses responsabilités. Ça peut être des contrats.
Mme Harel: C'est-à-dire qu'on adopte ce projet de loi
là, qui va être mis en vigueur, sans qu'on sache si, en
conséquence, le service va être offert.
M. Rémillard: Bien, écoutez, c'est comme n'importe
quel projet de loi. Lorsqu'un projet de loi est nommé, il faut ensuite
que le gouvernement prenne les moyens pour l'appliquer.
Mme Harel: Oui, parce que, M. le Président, je vous assure
que c'est bien différent d'adopter un projet de loi, je le
répète encore une fois, pour procéder au moyen d'une
législation ad hoc, pour faire face aux problèmes qui
étaient soulevés suite au jugement de la Cour suprême
concernant la fusion de Rouyn-Noranda. Je pense que c'est raisonnable d'adopter
une législation pour régler cette situation-là ou des
situations semblables qui se seraient produites dans des cas de fusion. C'est
une hypothèse, c'est un scénario avec lequel l'Opposition se sent
à l'aise, mais de prendre prétexte de cette situation produite
suite au jugement de la Cour suprême pour, cette fois, adopter une
législation de portée générale, là, il y a
un pas qu'on n'a pas l'intention de franchir, en tout cas, au niveau de la
troisième lecture, M. le Président.
M. Rémillard: Mais, M. le Président, c'est
simplement pour, quand même, bien faire comprendre qu'il est dans
l'intérêt de tout le monde, que ce soit ceux qui sont soumis
à des directives de la sécurité du revenu ou ceux d'autres
niveaux, qu'on puisse avoir des balises qui nous permettent donc de
procéder d'une façon générale, pour ne pas qu'il se
mette à y avoir contestation d'un côté et de l'autre.
Alors, je pense qu'on agit dans l'intérêt public, M. le
Président.
Le Président (M. Gauvin): Ça complète les
remarques préliminaires.
Mme Harel: Juste une dernière chose, M. le
Président, qui nous apparaît vraiment importante. On me fait
valoir que l'article 133 de la loi constitutionnelle de 1867 n'est pas soumis
à la formule d'amendement 7 provinces sur 10, représentant 50 %
de la population, et que l'article 133 pourrait être amendé, du
consentement du fédéral et du Québec seulement. Donc, des
discussions pourraient être amorcées en ce sens-là avec le
fédéral pour, par exemple, envisager de limiter ou de
réduire la portée d'application de la loi 133.
Je crois, M. le Président - je peux me tromper, ça, c'est
évident - qu'on n'est pas dans un domaine de la nature des
mathématiques, où on peut dire que deux plus deux font quatre,
puis qu'on en est certain, mais je crois qu'il est possible que, pour des bons
motifs, le ministre soit en train de proposer une législation qui va
vraiment créer des graves problèmes et que, sous prétexte
d'amener de l'ordre, ça crée du désordre, pour le motif
qu'en n'étant pas en mesure de s'assurer que tous les actes de nature
législative vont vraiment être traduits et que tous ces actes de
nature législative vont vraiment être bilingues, en n'étant
pas en mesure de garantir ça, le ministre n'est pas en mesure de le
faire, je suis convaincue. Je ne lui demanderais même pas parce que ce
n'est pas comme ministre de la Justice qu'il peut s'assurer que ses
collègues vont le faire.
C'est finalement un autre dispositif qui pourrait exister, qui le
garantirait, ce qui n'existe pas. Moi, je pense vraiment que ça peut
donner ouverture à beaucoup de contestation, beaucoup de contestation.
Il suffira qu'il y ait une directive, par exemple, déterminant la
façon dont le règlement sur l'utilisation des taxis pour les
personnes assistées sociales sera envoyé dans les 133 centres
Travail-Québec, et que cette
directive sur l'interprétation qui doit être faite quant
à l'application n'ait pas été traduite, pour qu'elle donne
lieu à une contestation.
M. Rémillard: Non. M. le Président, tout d'abord,
il y a des légistes du ministère de la Justice dans tous les
ministères, qui sont là, puis qui vont voir à ce que ces
normes soient respectées. Il faut bien comprendra ça. Il y a une
organisation de l'État qui est en place.
Mme Harel: II y a un contentieux.
M. Rémillard: Alors, il y a un contentieux dans chacun des
ministères.
Mme Harel: Ce ne sont pas des légistes. En fait, c'est un
contentieux.
M. Rémillard: Mais c'est un contentieux, ce sont des
avocats. Ce sont des gens qui sont formés à la technique
législative, aussi bien... Ah oui! Bien oui! Parce que ça fait
partie de leur travail.
Mme Harel: Oui oui.
M. Rémillard: II y a le Bureau des règlements, il y
a aussi le Bureau des lois, mais, en dehors de tout ça, s'il y a des
normes, des ordonnances, ça, ça passe au Bureau des
règlements. Mais, d'une façon générale, il y a une
formation spécifique aux avocats dans chaque ministère. Non, je
ne crois pas, M. le Président, qu'on puisse dire qu'on vient compliquer
les choses. Je pense qu'au contraire... Vous savez, c'est un projet de loi qui
a été fait après consultation du ministère de la
Justice, au niveau de nos légistes qui voient les meilleures solutions
à apporter. Le seul objectif que j'ai, comme ministre de la Justice,
c'est d'assurer une sécurité juridique. Je ne veux pas qu'on se
retrouve dans une insécurité qui va nous amener à ce qu'il
y ait des contestations qui nous arrivent de partout et que, là, on
trouve une nouvelle piste pour se retrouver jusqu'en Cour suprême avec
toutes sortes de textes.
Alors, moi, comme ministre de la Justice, comme Procureur
général, M. le Président, je dois faire en sorte qu'il y
ait cette sécurité juridique qu'on va atteindre de cette
façon-là. Tous les légistes, le comité de
légistes qui a été consulté, le comité
constitutionnel aussi, sous la direction de Me Jean-K. Samson, tous ces gens et
Mme Morency, qui est sous-ministre associée à la
législation, me présentent ce projet de loi comme étant
celui qui va nous assurer cette sécurité juridique. C'est
strictement technique. Il n'y a pas d'option politique avec un grand
«p» ou un petit «p» là-dedans, là. Mais
c'est qu'on puisse assurer que nous allons nous conformer à la
décision de la Cour suprême, essentiellement.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le... Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. (21 h 50)
Mme Harel: M. le Président, je ne veux pas du tout faire
de procès d'intention. Si c'est apparu comme tel, je m'en excuse, ce
n'est pas un procès d'intention à l'égard des
légistes qui ont rédigé le projet de loi 34, c'est tout
simplement que, pour atteindre une telle sécurité juridique dont
parle le ministre, il faudra s'assurer que tous les actes possibles, quels
qu'ils soient, de nature législative, soient traduits. M. le
Président, je dois dire que c'est tout un contrat.
M. Rémillard: Mais on n'a pas le choix. C'est ça,
M. le Président, c'est qu'on n'a pas le choix. À partir de
là, il faut comprendre qu'au niveau de chacun des ministères, il
y a des juristes, il y a des avocats qui sont là, qui vont donner leur
avis et qui vont dire: Selon les critères de la Cour suprême, tel
acte doit être traduit, tel autre ne doit pas être traduit. C'est
comme ça qu'on va fonctionner, parce qu'on n'a pas le choix.
Mme Harel: Vous auriez pu entamer des discussions avec le
fédéral, sur la portée de l'article 133.
M. Rémillard: Ça, 133, j'attends une copie de la
Constitution.
Mme Harel: Vous êtes le spécialiste.
M. Rémillard: vous vous référez strictement
à l'article 43, mais il y a l'article 41 aussi qui nécessite
l'unanimité, qui est en cause. il n'y a pas simplement l'article 43 de
la constitution de 1982. alors, j'attends un texte qui va avoir les mots
exacts. mais, non, ce n'est pas si simple que ça. si c'était
simple, on l'aurait réglé, je peux vous avouer.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre.
Mme Harel: Est-ce qu'il y a des choses qui sont simples à
régler avec le fédéral?
M. Rémillard: Même si on était souverain, ce
serait dans une souveraineté partagée, obligatoirement, et la
complication nous arriverait aussi. Il n'y a rien de simple lorsqu'on doit
vivre au niveau des États ou au niveau des individus avec les
autres.
Mme Harel: Mais la Constitution ne nous serait pas
imposée, sous contrainte, sans qu'on ne l'ait signée.
M. Rémillard: Je dois dire qu'elle ne nous serait pas
imposée, mais les éléments...
Mme Harel: Parce qu'elle s'applique. La Constitution de 1982
s'applique, même si on ne l'a jamais signée?
M. Rémillard: Oui.
Le Président (m. gauvin): est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui aimeraient faire des remarques
préliminaires? mme la députée de terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je n'avais pas eu la
chance d'examiner très attentivement le projet de loi 34. J'avoue que
les commentaires de ma collègue de Hochelaga-Maisonneuve me suscitent
beaucoup d'interrogations. Ce que j'avais comme information, c'est qu'au niveau
de l'article 133 on nous parlait de textes de nature législative.
Finalement, le projet de loi 34 étend la portée à tous les
actes de nature législative. J'avoue que j'ai eu la même
interrogation à l'effet que, si on étend, il faut vraiment
être en mesure de livrer la marchandise. Sinon, on ouvre la porte
à une série de conflits, et ça m'inquiète un petit
peu. Le ministre nous dit que c'est la meilleure solution. Lorsqu'on nous fait
part que, peut-être, on pourrait avoir entente avec le
fédéral pour modifier cet article 133, ce serait peut-être
une solution préférable.
Lorsque j'ai examiné le contenu du jugement qui a
été rendu le 6 avril 1981, dans l'affaire Blaikie 2, la cour
avait distingué trois catégories de règlements: les
règlements adoptés par le gouvernement, les règlements
adoptés par des organismes municipaux et scolaires et une
troisième catégorie de règlements pour les autres
organismes publics. On avait statue là-dessus. On avait
précisé que les règlements des organismes scolaires ou
municipaux étaient exclus de l'article 133, à moins qu'on ne
spécifie qu'il faut une autorisation, pour certains des
règlements, au niveau municipal ou scolaire, par le gouvernement du
Québec. Pour ce qui a trait aux autres règlements, on avait
retenu un critère. Celui-là, j'avoue que j'avais eu la chance de
vérifier un petit peu là-dessus, lors de ma tournée avec
les corporations professionnelles. Le critère qu'on avait retenu, c'est
le contrôle gouvernemental. Donc, lorsque les règlements
requéraient l'approbation du gouvernement, d'un ministre ou d'un groupe
de ministres, c'était soumis à l'article 133. Lorsqu'il n'y avait
pas approbation nécessaire du gouvernement, d'un ministre ou d'un groupe
de ministres, on n'était pas soumis à l'approbation de l'article
133. Je pense que c'est ce critère qui a fait que les différentes
corporations professionnelles qui avaient adopté des règlements,
au début des années quatre-vingt, 1982 plus
particulièrement, si ma mémoire est bonne, se sont vues dans
l'obligation de refaire complètement ces règlements puisque ces
règlements n'avaient pas été adoptés, n'avaient pas
été écrits dans les deux langues, simplement en
français. Est-ce que c'est pour répondre à cette
obligation-là que ça avait été
présenté?
M. Rémillard: Je ne pourrais pas vous dire, directement,
mais il a fallu, évidemment, traduire en fonction de 133. Dans la mesure
où c'est un acte législatif, il faut traduire. Alors,
probablement, dans la mesure où on est arrivé à la
conclusion que c'était un acte législatif, par le fait
même, il fallait traduire dans les deux langues.
Mme Caron: Tous les règlements des corporations
professionnelles devant être approuvés par l'Office des
professions et par le ministre responsable de l'application des lois
professionnelles, automatiquement, elles se retrouvaient soumises à ce
critère. Avec le projet de loi 34, lorsqu'il y aura des
règlements d'organismes municipaux, scolaires ou d'autres organismes
publics, par exemple, les corporations professionnelles, s'il y a une
réforme, et que le ministre allège la structure, comme il l'a
laissé entendre, c'est-à-dire que les corporations
professionnelles pourraient décréter certaines directives sans
l'approbation du ministre, est-ce qu'à ce moment-là, ce serait
soumis au même article?
M. Rémillard: II faudrait regarder en fonction des
critères de la Cour suprême et le voir spécifiquement. Je
ne pourrais pas vous répondre cas par cas, ce n'est pas possible, mais
il faudrait regarder. C'est pour ça qu'on fait faire le projet de loi.
C'est ça qui est la sécurité.
Mme Caron: oui, mais est-ce que vous maintenez l'obligation que,
pour les autres organismes, c'est seulement s'il faut l'approbation du
ministre, de plusieurs ministres ou du gouvernement?
M. Rémillard: Oui, et pour ce qui implique une norme de
conduite. Il faut que ça implique une norme de conduite.
Mme Caron: Parce qu'un règlement, au niveau des
corporations professionnelles...
M. Rémillard: C'est ça.
Mme Caron: ...ça implique une norme de conduite...
M. Rémillard: C'est pour ça que je ne peux pas vous
donner d'opinion sur un cas en particulier, les normes sont là.
Qu'est-ce que vous voulez, on fait juste prendre les normes de la Cour
suprême. Avez-vous regardé?
Mme Harel: Oui, c'est intéressant. M. Rémillard:
Oui, puis?
Mme Harel: En fait, c'est tiré du «Droit
constitutionnel», deuxième édition...
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: ...de Henri Brun et Guy Tremblay, à la page
223, et ça porte sur l'article 43. Je vous lis ceci: «L'article 43
de la Loi constitutionnelle de 1982 énonce que les dispositions de la
Constitution du Canada applicables à certaines provinces seulement ne
peuvent être modifiées que par résolutions du Sénat,
de la Chambre des communes et de l'Assemblée législative de
chaque province concernée. La portée de ce troisième
pouvoir constituant est loin d'être évidente, mais il faut tenir
pour acquis qu'il ne permet aucunement à une province de se
définir de gré à gré avec le fédéral
une sorte de statut particulier: le texte ne vise que les dispositions
existantes de la Constitution du Canada et il n'est pas nécessaire
d'aller au-delà de cela pour lui donner son sens.»
Donc, 43 s'applique à certaines dispositions existantes, et on
nous donne des exemples. «Pour aider à comprendre ce qu'il
signifie, l'article 43 donne deux exemples. Il dit gouverner les changements de
tracés des frontières interprovinciales et le bilinguisme dans
les provinces.» Il donne l'exemple pour les changements de tracés
des frontières et, en ce qui regarde le bilinguisme provincial,
l'article 43 vise l'article 133 de la Loi constitutionnelle de 1867 pour le
Québec. Donc, 133 est un exemple de l'application de l'amendement par le
fédéral et chaque province concernée, permis par l'article
43.
M. Rémillard: Ce n'est pas si évident que ça
parce que nos éminents...
Mme Harel: Je me fie à votre interprétation,
là.
M. Rémillard: Mes éminents collègues - parce
que je suis toujours un professeur en congé sans solde, vous
remarquerez, mais un profssseur de droit. Donc, ce sont mes collègues,
Brun et Tremblay, d'éminents constitutionnalistes - qui expriment donc,
au départ, comme vous l'avez lu, des réserves.
Le problème que ça soulève, c'est ceci. Dans
l'article 41, vous avez donc les sujets qui doivent être changés
à l'unanimité, et dans cet article 41, ça inclut aussi
l'utilisation de la langue française ou anglaise, sous réserve de
l'article 43. Or, l'article 43 mentionne que c'est des dispositions qui sont
spécifiques seulement à une province. L'article 133 se retrouve
aussi au Manitoba, donc, ce ne serait pas spécifique au Québec.
Alors, là, il y a des discussions d'au- teurs. Je ne donnerai pas
d'opinion juridique, M. le Président, on se comprend bien. Je suis sur
le bord, là, je pense, hein? C'est-à-dire... (22 heures)
Mme Harel: Juste une seconde, M. le Président.
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: C'est intéressant parce que l'article 133 ne
s'applique que pour le Québec. On fait référence à
l'article 23 de la Loi de 1870 sur le Manitoba. Et dans, si vous voulez, le
dispositif général, on parle d'un amendement par le
fédéral et chaque province concernée; ensuite, on parle
d'un amendement à l'unanimité du fédéral et des
provinces, et d'un amendement par le fédéral et cette province.
Et on ne fait référence à l'article 133 que dans le cadre
de l'amendement par le fédéral et chaque province
concernée dans le cadre de l'application de l'article 43.
M. Rémillard: Cependant, M. le Président, sans
donner d'avis juridique, je dois dire que l'article 133 qui a été
fait en 1867... Par la suite, le Manitoba est venu se joindre, plus tard, comme
on le sait, et ils ont eu l'article 23 de leur Constitution d'entrée
dans la Fédération canadienne qui était, d'une
façon générale, de la même teneur. Alors, dans ce
contexte-là, il y a des discussions qui ont lieu entre les juristes.
Sans donner d'opinion juridique, M. le Président, ce que je pourrais
conclure, avec mes collègues Brun et Tremblay, c'est que c'est une
disposition qui est loin d'être sûre et certaine dans son
application.
Mme Harel: M. le Président, je ne voudrais pas, là,
que des collègues savants, les savants collègues du ministre de
la Justice aient l'impression que je les ai mal cités, si tant est que
c'est la conclusion à laquelle en arrive le ministre suite à la
lecture que j'en ai faite. Parce que je ne voudrais pas être, d'aucune
façon, partie prenante à cette conclusion-là. Je ne pense
pas que c'est à cette conclusion qu'en arrivent les professeurs Brun et
Tremblay.
Le Président (M. Gauvin): C'est justement le danger que je
voulais vous faire remarquer et dans lequel on est embarqués au niveau
de ce débat. Donc, il faudrait éviter de poser des questions pour
inviter le ministre à émettre des avis professionnels ou
juridiques.
M. Rémillard: Et au ministre d'éviter de
répondre à ces questions. Je vous ai compris, M. le
Président.
Le Président (M. Gauvin): J'aimerais qu'on se reporte
plutôt au projet de loi 34. Je pense qu'il y a plusieurs questions, pour
éclairer les
membres de la commission, qui sont acceptables. Mais, autant que
possible, revenir dans le cadre du projet de loi 34.
M. Rémillard: C'est qu'on me soulève des questions
tellement passionnantes de droit constitutionnel que j'ai de la
difficulté à me retenir. Je m'en excuse, je ne le ferai plus, M.
le Président.
Mme Harel: C'est que, M. le Président, la question est de
savoir si c'est par la voie législative, comme celle qui nous est
proposée, qu'il était le plus judicieux de procéder ou par
la voie de la négociation pour obtenir un amendement de concert avec le
fédéral et le Québec qui est concerné.
Le Président (M. Gauvin): Donc, est-ce que ça
complète les remarques préliminaires, M. le ministre, Mme la
députée, membres de la commission? Je vous questionnais, à
savoir si ça complétait les remarques préliminaires, ou si
vous avez des choses à ajouter, M. le ministre.
Mme Harel: Merci.
M. Rémillard: Je n'ai rien à ajouter, M. le
Président.
Étude détaillée
Le Président (M. Gauvin): est-ce que les membres de la
commission sont prêts à prendre connaissance de l'article 1? donc,
j'appelle l'article 1, m. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, le nouveau titre
remplace la référence au seul arrêt du 13 décembre
1979 par la référence à plusieurs jugements de la Cour
suprême. Par ailleurs, l'expression «actes de nature
législative» est ajoutée.
Le Président (M. Gauvin): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, étant donné que
le projet de loi ne compte que quatre articles et étant donné la
portée qu'il peut avoir, je vous demanderais d'en faire lecture article
par article.
Le Président (M. Gauvin): On vous invite, M. le ministre,
avec votre accord, à nous présenter les quatre articles, comme
suggéré...
Mme Harel: C'est-à-dire, faire la lecture des articles
avant que nous les examinions.
Le Président (M. Gauvin): Oui, c'est ça.
M. Rémillard: Alors, donc, je reprends, M. le
Président.
Le Président (M. Gauvin): Présentez à la
commission les quatre articles, ensuite on pourra revenir à l'article 1
pour échanger.
M. Rémillard: M. le Président, l'article 1 se lit
comme suit: Le titre de la Loi concernant un jugement rendu par la Cour
suprême du Canada le 13 décembre 1979 sur la langue de la
législation et de la justice au Québec, (L.R.Q., chapitre J-1.1),
est remplacé par le suivant: - et je cite - «Loi concernant des
jugements rendus par la Cour suprême du Canada sur la langue des lois et
d'autres actes de nature législative».
Suivent, M. le Président, les commentaires que j'ai lus tout
à l'heure.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que vous avez certains
questionnements, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve, au
sujet de l'article 1?
Mme Harel: Alors, je comprends donc que c'est à cet
article qu'on retrouve l'élargissement de l'application de la
portée du bilinguisme, en fait, puisque la Loi concernant un jugement
rendu par la Cour suprême du Canada le 13 décembre 1979 sur la
langue de la législation et de la justice au Québec contenait la
définition sur la langue de la législation et de la justice. Et
là, avec le projet de loi 34, on lirait «sur la langue des lois et
d'autres actes de nature législative». Alors, nous allons voter
sur division sur cet article.
Le Président (M. Gauvin): Alors, l'article... Mme
Harel: M. le Président...
Le Président (M. Gauvin): Oui. Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Lorsque nous avons
abordé les remarques préliminaires tantôt, le ministre
semblait limiter ma question à un point précis et ne voulait pas
se prononcer sur un cas en particulier. Mais je pense que ce n'est pas un cas
en particulier, parce qu'on va se retrouver avec le problème, puis
très bientôt, au niveau des corporations professionnelles. La
réforme va amener un allégement, un assouplissement et des
décisions, des règlements qui vont être adoptés par
les corporations professionnelles sans l'autorisation ou l'approbation du
ministre ou de l'Office des professions. Je m'inquiète, à savoir
si ces règlements-là devront être couverts, si on va les
considérer comme des actes de nature législative. Et ce n'est pas
un cas en particulier, là; nous allons nous retrouver avec plusieurs
règlements qui vont être adoptés par les 41 corporations
professionnelles qui existent au Québec. La réforme est faite
dans ce but,
justement, d'alléger la structure, de permettre
d'améliorer aussi... de diminuer la bureaucratie, la lenteur
administrative - on sait à quel point c'est long, les demandes qui sont
présentées au niveau de l'Office des professions - et le ministre
s'est engagé à assouplir ces règlements. Donc, une partie
des règlements ne seront plus soumis à l'approbation du ministre
ou de l'Office. Donc, est-ce qu'ils seront considérés comme des
actes de nature législative quand même? Et est-ce qu'ils devront
être, eux aussi, traduits? À ce moment-là, puisque
ça ne relèvera pas du ministère ni de l'Office des
professions, ce sera à la charge, aux frais des corporations
professionnelles, ce qui signifie des coûts additionnels. J'avoue que je
me pose sérieusement la question, puisque nous devrions avoir
l'avant-projet de loi d'ici à la fin de la semaine.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président.
Déjà, les corporations professionnelles traduisent leurs
règlements - ça existe déjà - et elles sont
toujours soumises, elles vont toujours demeurer soumises à la Loi sur
les règlements. Par conséquent, sans donner d'opinion juridique,
on ne voit pas de changement.
Mme Caron: Les corporations professionnelles ont
été obligées de le faire suite au jugement qui avait
été rendu, parce qu'on a considéré qu'elles
faisaient partie, comme on le citait tantôt, d'un organisme qui
était sous le contrôle gouvernemental. Mais, si le ministre
décide d'alléger la structure et que certains règlements
ne seront plus sous son approbation, est-ce que ça maintient
l'obligation?
M. Rémillard: M. le Président, je peux simplement
parler pour la situation qui existe maintenant. Je ne pourrais pas parler pour
la situation qui pourrait éventuellement exister. Mais la loi n'est pas
encore faite. Et je ne pourrais pas donner d'opinion juridique. On verra quand
ça va se présenter.
Mme Caron: C'est supposé être une loi de
prévention, le ministre l'a dit lui-même au début de ses
remarques préliminaires. Comme on sait qu'il y a un dépôt
imminent, je pense que c'est de la prévention à très,
très court terme.
M. Rémillard: M. le Président, la loi est là
pour encadrer toutes ces actions et, au fur et à mesure, les
légistes et, en plus, les conseillers juridiques dans tous les
ministères et les corporations professionnelles sont là pour y
veiller. Alors, on va voir à tout ça. Ils sont soumis à la
loi...
Le Président (M. Gauvin): Ce que j'ai retenu, c'est que
les membres de la commission étaient disposés à adopter
l'article 1 sur division. (22 h 10)
Mme Harel: M. le Président, lorsqu'il y a une
délégation de pouvoirs, par exemple, comme c'est le cas avec le
Collège des médecins qui détient, je crois, notamment,
même le pouvoir de poursuivre, ce qui est très exceptionnel, le
pouvoir en vertu d'un dispositif... Je me rappelle le cas de ce biologiste de
Sherbrooke, Naessens, qui a été l'objet d'une poursuite du
Collège des médecins. C'est vraiment très exceptionnel.
Alors, ça signifie donc que le Collège des médecins a, par
délégation, des pouvoirs de la nature d'un pouvoir normatif,
évidemment, et serait donc assujetti à l'obligation de
traduction.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, là encore,
sans donner d'opinion juridique, ce sera des cas qui seront
étudiés par les légistes. Simplement, ce que je peux dire
là-dessus, on sait que les corporations professionnelles ont la
possibilité de faire respecter leurs règlements, mais leurs
règlements qui déterminent la pratique. Quand c'est une pratique
illégale, la Corporation des médecins peut poursuivre pour
pratique illégale. Mais déterminer quand c'est une pratique
légale ou illégale, ça peut correspondre soit à une
loi, soit à un règlement, et ça, c'est soumis à
l'article 133. Par conséquent, il en découle les
conséquences qu'on connaît.
Le Président (M. Gauvin): J'appelle à nouveau
l'article 1. Est-ce qu'il est adopté sur division?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre, j'appelle
l'article 2.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. L'article 2 se
lit comme suit: Le préambule de cette loi est modifié par
l'addition, après le troisième alinéa, du suivant:
«Considérant que cette même cour a, dans deux autres
jugements, soit ceux rendus le 6 avril 1981 dans la cause du Procureur
général de la province de Québec c. Peter Blaikie et
autres et le 27 février 1992 dans la cause du Procureur
général du Québec c. Albert Sinclair et autres,
précisé la portée de l'article 133 de la Loi
constitutionnelle de 1867 en ce qui concerne certains textes d'application des
lois».
M. le Président, le préambule est modifié afin
d'ajouter un nouvel alinéa qui vient préciser à quel
jugement, outre celui du 13 décembre 1979, le titre fait
référence. Ces deux arrêts sont Blaikie 2 et Sinclair dans
l'affaire Rouyn-Noranda.
Mme Harel: Pourquoi y a-t-il nécessité d'un
préambule, M. le Président?
M. Rémillard: Parce qu'on faisait les lois, à ce
moment-là, avec des préambules. C'était une technique
législative. Maintenant, on n'en fait plus, de préambules. Moi,
je vous avoue quand même que les préambules, je trouve ça
intéressant. Mais, à un moment donné, il est arrivé
des techniques législatives et on a dit: On ne fait plus de
préambules aux lois. Une loi commence par son article 1; elle se termine
par son dernier article. Mais, dans les années soixante-dix, on faisait
des préambules aux lois. C'était pour exprimer l'intention du
législateur. C'étaient des questions de technique de
législation.
Mme Harel: Et pourquoi l'a-t-on maintenu, en l'occurrence
là, puisqu'on aurait pu le faire disparaître à l'occasion
de la révision de la loi?
M. Rémillard: Oui. C'est parce que ça nous permet
dans certaines lois, comme dans celle-ci, par exemple, de bien voir l'intention
du législateur. Par exemple, il y a des projets de loi que, Mme la
députée me permettra de souligner, on vient de faire et qui
ont... On fête aujourd'hui le premier anniversaire de la loi 150. La loi
150 a un préambule.
Mme Harel: C'est juste.
M. Rémillard: Un long préambule.
Mme Harel: En parlant, justement, d'intention du
législateur, est-ce que le ministre a toujours l'intention de
déposer les commentaires de la réforme du Code civil avant que
nous terminions la présente session?
M. Rémillard: J'ai vérifié ça avec
mes juristes, et il y a encore du travail, beaucoup trop de travail à
faire. Je pense que ça va aller à l'automne. Je ne voudrais pas
brusquer les choses. Je crois que ça va aller à l'automne, parce
qu'il y a de la consultation avec les experts à faire. Ça demande
beaucoup de travail. Alors, probablement que ça va aller plus à
l'automne.
Mme Harel: C'est donc dire que la consultation, par exemple, avec
l'Opposition se tiendrait à l'automne.
M. Rémillard: non. on commence ces jours-ci, pendant
l'été. je croyais qu'on avait pris contact avec votre bureau.
peut-être que ça n'a pas encore été fait.
Mme Harel: C'est-à-dire qu'on pensait que ça se
ferait après qu'il y eut eu dépôt. Là, vous nous
dites...
M. Rémillard: J'aimerais mieux le faire avant. Lorsqu'on
le déposera, c'est parce qu'on sera tous arrivés à la
conclusion que c'est vraiment les commentaires qu'on veut déposer.
Alors, dans les prochains jours.
Mme Harel: On me dit qu'il y a un document de travail qui circule
dans les milieux juridiques et portant sur la loi d'application. Est-ce qu'il y
a déjà des consultations qui ont débuté sur la loi
d'application et la révision du Code de procédure civile?
M. Rémillard: Non, pas officiellement, mais on a...
(Consultation)
M. Rémillard: Alors, il y a eu, de fait, un avant-projet
qui a été soumis au Barreau et à la Chambre des notaires,
je crois. Maintenant, l'intention qu'on aurait serait de déposer un
avant-projet... un projet, pas un avant-projet mais un projet, avant la fin de
la session et, ensuite, avant de procéder article par article, on fera
une commission parlementaire, et ça pourra être
étudié.
Mme Harel: Le dépôt d'un avant-projet de loi
d'application...
M. Rémillard: On essaie de le faire, si on va pouvoir le
réaliser. On essaie de le faire. Si je ne pouvais pas le faire, je vous
enverrai copie du...
Mme Harel: Du document. M. Rémillard: Avec les
experts.
Mme Harel: Concernant la réforme des tribunaux
administratifs, avez-vous toujours l'intention de la déposer d'ici la
fin de la présente session?
M. Rémillard: Excusez-moi, c'est parce qu'on me
parle...
Mme Harel: La réforme des tribunaux administratifs,
avez-vous toujours l'intention de la déposer d'ici à la fin de la
présente session?
M. Rémillard: Oui, ça fait beaucoup de choses
à faire d'ici à la fin de la présente session. C'est un
petit peu difficile, mais j'aimerais que tout ce qui implique du travail
pendant l'été puisse au moins être déposé.
Alors, ça veut dire, entre autres, les commentaires. Les commentaires,
il faut qu'on travaille pendant tout l'été. Alors, les mandats
pour les experts de l'Opposition, entre autres, doivent être faits dans
les prochains jours. Peut-être qu'on ne les déposera pas.
Probablement qu'on ne les déposera pas, ça va aller à
l'automne...
Mme Harel: Oui.
M. Rémillard: ...mais, tout l'été, on va
travailler là-dessus. Ensuite, en ce qui regarde la loi d'application,
ce serait peut-être mieux de prendre aussi le moyen de faire des
consultations et d'arriver à l'automne avec tout de suite une commission
parlementaire et entendre... La loi d'application mérite, je pense,
qu'on entende aussi les principaux intervenants, ce qui veut dire que ça
pourrait demander aussi un certain travail. Alors, c'est ça qu'on est en
train de voir.
Mme Harel: Et les tribunaux administratifs.
M. Rémillard: Les tribunaux administratifs, c'est toujours
en bonne discussion. Je viens d'avoir encore une autre discussion avec les
interventants. Ce n'est toujours pas facile, mais les principes ont
été acceptés par le Conseil des ministres. Alors, je
continue à y travailler ardemment.
Mme Harel: Donc, il n'y a pas d'engagement à ce qu'il y
ait dépôt avant la fin de la session.
M. Rémillard: II y a un engagement à
procéder le plus rapidement possible.
Mme Harel: Je me garde la question pour jeudi, à la
période de questions.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Je crois que c'est une très bonne
question.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article...
Mme Caron: M. le Président, puisque nous sommes à
l'information sur les travaux, est-ce que le ministre a l'intention d'appeler
le projet de loi 11 qui n'a toujours pas été appelé?
M. Rémillard: C'est quoi, 11?
Mme Harel: Sur la protection du consommateur.
Mme Caron: L'engagement volontaire.
M. Rémillard: Ah! l'engagement volontaire. Mais oui! On a
eu un petit problème. On a eu un petit problème au point de vue
organisation des travaux, je pense. J'aimerais bien pouvoir l'appeler, mais on
me dit qu'on avait des problèmes à ce niveau-là. On est
prêt. Je suis prêt à ce niveau-là. Je ne sais pas
s'il y avait des problèmes du côté de l'Opposition? Je
pense qu'il n'y avait pas de difficulté.
Mme Caron: II y avait certains problèmes, oui,
effectivement.
M. Rémillard: Oui? mais pas des choses majeures.
Mme Caron: Ça ne répondait absolument pas à
la demande de l'Opposition, le ministre le sait très bien. Et, du
côté de la loi 133 qui a été adoptée l'an
dernier, il y a bientôt un an - il n'y a pas seulement la loi 150 qui a
été adoptée l'an dernier - il n'y a toujours pas de mise
en vigueur.
M. Rémillard: C'est quoi, 133?
Mme Caron: La location des biens à long terme.
M. Rémillard: Excusez-moi. 133, on parle de l'article 133,
de la loi 133... Vous savez...
Mme Caron: La location. M. Rémillard: Pardon?
Mme Caron: La location.
M. Rémillard: Ah! c'était la location? C'est des
questions de technique qui nous amènent à retarder un petit peu.
Mais, dès que, matériellement, ça va être possible,
on va le faire.
Mme Caron: Ça fait un an, hein? M. Rémillard:
Oui.
Le Président
(M. Gauvin): mme la
député de terrebonne et m. le ministre, on aurait avantage aussi
à revenir à l'article 2. je ne voudrais pas me faire
pressant.
M. Rémillard: Vous avez raison. Je sais que vous ne voulez
pas nous presser, M. le Président; nous ne sommes pas de vulgaires
citrons. Mais il reste quand même que les questions étaient
importantes, et c'est une question de technicalité pour l'application,
qui n'est pas encore au point.
Mme Caron: O.K. Merci.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
Mme Harel: Attendez, M. le Président. Est-ce qu'on a lu
l'article... C'est le préambule, oui. Oui.
Le Président (M. Gauvin): Adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): J'appelle l'article
3, M. le ministre. (22 h 20)
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Les articles 2
et 3 de cette loi sont remplacés par les suivants: «2. Le
gouvernement peut, par un ou plusieurs règlements, remplacer par
référence générale, sans modification, tous les
règlements et les autres actes de nature législative dont le
texte français et la version anglaise ont été
publiés à la Gazette officielle du Québec. Chaque
acte auquel un tel règlement réfère demeure
néanmoins un acte de l'autorité habilitée à le
prendre, à le délivrer ou à le publier, selon ce que
prévoit la loi qui l'autorise. «Un règlement pris en vertu
du premier alinéa n'est pas assujetti à la Loi sur les
règlements (L.R.Q., chapitre R-18.1). Il entre en vigueur le jour de sa
publication à la Gazette officielle du Québec, mais
chacune des dispositions des actes auxquels il réfère a effet
à la même date que celle prévue pour la disposition
correspondante des actes remplacés.»
M. le Président, la modification essentielle de cet article
réside dans l'ajout de l'expression «actes de nature
législative». Les autres modifications visent l'harmonisation du
texte ainsi que son actualisation comme, par exemple, la
référence à la Loi sur les règlements qui fut
adoptée en 1986.
Mme Harel: La portée de cet article-là, M. le
Président, c'est donc de faire en sorte que le gouvernement n'ait pas
besoin de publier le texte au complet, mais simplement d'en faire
référence dans la Gazette officielle pour qu'il tienne
lieu de publication. C'est ça que je comprends? Nous aurions voté
en faveur de cette disposition si elle n'avait pas été aussi
large, et c'est vraiment l'ajout des mots «autres actes de nature
législative» qui va nous amener à voter sur division cet
article.
Le Président (M. Lafrance): Donc, adopté sur
division. J'appelle l'article 4.
M. Rémillard: «La présente loi entre en
vigueur le.»
Alors, M. le Président, cette loi doit entrer en vigueur le jour
de sa sanction.
Mme Harel: M. le Président, je pense que...
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Nous nous demandions si l'article 3 avait bien
été adopté, l'article 3 du projet de loi 34 qui se
réfère aux articles 2 et 3 de la loi qui est
révisée, et je comprends que oui.
Le Président (M. Lafrance): C'est exact. Je pense que M.
le ministre avait lu les deux paragraphes. Non?
M. Rémillard: Ah! Si Mme la députée de
Terrebonne dit que je ne l'ai pas lu, c'est que je ne l'ai pas lu, M. le
Président, parce que je vous vois à la présidence, je vois
Mme la députée de Terrebonne, et que de souvenirs!
Le Président (M. Lafrance): Ça vous rappelle des
souvenirs.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: Que de souvenirs! Alors, je vais le lire. Je
ne prendrai pas de chances.
Le Président (M. Lafrance): Nous allons donc rouvrir
l'article 3.
M. Rémillard: «Dans le cas d'un règlement ou
d'un autre acte de nature législative, qui devait être
publié en français et en anglais et ne l'a pas été,
l'autorité habilitée à le prendre, à le
délivrer ou à le publier, suivant le cas, peut le remplacer par
un texte qui le reproduit, sans modification, cette fois en français et
en anglais. Une fois le texte publié à la Gazette officielle
du Québec, chacune de ses dispositions peut avoir effet à la
même date que celle prévue pour la disposition correspondante de
l'acte remplacé. «Malgré toute disposition contraire, nul
affichage, avis, prépublication, approbation ou consultation n'est
requis.»
M. le Président, tout comme à l'article 2, la modification
essentielle de cet article réside dans l'ajout de l'expression
«acte de nature législative». Les autres modifications
visent l'harmonisation du texte ainsi que son actualisation.
Mme Harel: II faut comprendre que ça ne vaut pas que pour
le passé, cette disposition-là. Elle vaut pour l'avenir
également. Dorénavant, s'il y avait contestation du fait qu'un
règlement ou un autre acte de nature législative, qui devait
être publié, qui devait être traduit, ne l'ait pas
été, il suffira d'utiliser ce paragraphe pour publier la
référence dans la Gazette officielle pour pouvoir, ainsi,
rendre valide le texte. C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Rémillard: dans l'avenir, il faut le reprendre. dans le
passé, c'est une mesure rétroactive. mais, dans le futur, il faut
le reprendre.
Mme Harel: II faudra qu'il soit traduit dans les deux
langues.
M. Rémillard: Dans les deux langues.
Mme Harel: Pour des règlements qui seront adoptés
à partir de la mise en vigueur.
M. Rémillard: C'est ça, de la loi.
Mme Harel: Mais, pour les règlements adoptés
antérieurement, s'ils font l'objet d'une contestation? C'est ça
qu'il faut comprendre.
M. Rémillard: II faut les reprendre.
Mme Harel: ii faut les reprendre. s'ils ne font pas l'objet d'une
contestation, vous n'allez pas tous les référer dans la
gazette officielle?
M. Rémillard: Pas nécessairement.
Mme Harel: Quand vous dites «peut le remplacer par un texte
qui le reproduit, sans modification, cette fois en français et en
anglais», ce n'est pas la technique de la référence, parce
que, en fait, dans le paragraphe 2, il suffisait, non pas de publier le texte
au complet, mais seulement d'en faire une référence
spécifique. C'est ça que j'avais compris. Tandis qu'avec le
paragraphe 3, vous le publiez au complet dans la traduction.
M. Rémillard: Avec le «peut».
Le Président (M. Lafrance): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur cet article 3?
Mme Harel: C'est toujours sur division.
Le Président (M. Lafrance): C'est sur division. Alors,
l'article 3 est donc adopté sur division. J'appelle l'article 4.
M. Rémillard: m. le président, je l'ai lu tout
à l'heure, l'article 4. c'est la mise en application de la loi, qui
entrera en vigueur au moment de la sanction de la loi.
Le Président (M. Lafrance): S'il n'y a pas d'autres
commentaires, l'article 4 est adopté.
J'appelle donc le titre du projet de loi. Le titre du projet de loi est
donc adopté.
Mme Harel: M. le Président. Le Président (M.
Lafrance): Oui.
Mme Harel: Le titre du projet de loi, c'est donc «Loi
modifiant la Loi concernant un jugement rendu par la Cour suprême du
Canada le 13 décembre 1979 sur la langue de la législation et de
la justice au Québec...
Le Président (M. Lafrance): C'est exact. Mme
Harel:... ou tel que modifié?
Le Président (M. Lafrance): Est-ce qu'on l'a
modifié?
Une voix: Tel que modifié. On l'a modifié à
l'article 1.
M. Rémillard: Non, c'est comme ça...
Mme Harel: II a été modifié à
l'article 1, le titre. Alors, si c'est le titre tel que modifié, ce sera
sur division.
Le Président (M. Lafrance): On m'informe que c'est le
titre de la loi refondue qui a été changé et non pas le
titre de l'actuel projet de loi 34.
Mme Harel: Donc, le projet de loi 34 reste avec un titre
différent de la loi qui est refondue.
M. Rémillard: C'est ça.
Le Président (M. Lafrance): C'est exact.
Mme Harel: Bon. Alors, tel que libellé, le projet de loi
34 nous convient. On va voter en faveur.
Le Président (M. Lafrance): D'accord. Alors, le titre du
projet de loi 34 est donc adopté. Je mets donc aux voix l'ensemble du
projet de loi, le projet de loi 34...
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Lafrance):... qui est donc adopté
sur division.
Le Président (M. Gauvin): Nous allons suspendre nos
travaux pour une minute ou deux et revenir au prochain projet de loi.
M. Rémillard: m. le président, peut-être
qu'on aurait besoin de... j'aurais des amendements que j'aimerais
peut-être discuter informel-lement. est-ce qu'il y a possibilité
de bénéficier de 5 à 10 minutes?
Le Président (M. Gauvin): Oui. On vous accorde 5 à
10 minutes, dans les faits. On reviendra avec le projet de loi 14.
(Suspension de la séance à 22 h 29)
(Reprise à 22 h 46)
Projet de loi 14
Le Président (M. Gauvin): La commission reprend
effectivement ses travaux. Le mandat, à ce moment-ci, est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 14, Loi modifiant le Code de procédure civile concernant la
médiation familiale. J'inviterais M. le ministre, si vous avez des
remarques préliminaires au projet de loi 14.
Remarques préliminaires M. Gil
Rémillard
M. Rémillard: Alors, M. le Président, le
projet de loi 14 prévoit des modifications au Code de procédure
civile de manière à permettre au tribunal d'ordonner, à
tout moment de l'instruction d'une demande, l'ajournement de l'instruction et
le renvoi des parties au Service de médiation ou à un
médiateur accrédité. Le type de médiation
proposé porterait sur les questions de garde des enfants, des droits de
visite et de sortie, de fixation de la pension alimentaire ou de partage du
patrimoine familial. Le Service pourrait être offert aux couples
mariés avec ou sans enfants ou aux couples non mariés avec
enfants. La médiation familiale serait de type fermé,
c'est-à-dire que le médiateur, dans son rapport à la cour,
ne fera pas état des discussions tenues lors des séances de
médiation, respectant ainsi la confidentialité des discussions.
Ce projet de loi s'inscrit dans le cadre d'un engagement pris lors du Sommet de
la justice à l'effet d'implanter les services de médiation
familiale sur l'ensemble du territoire du Québec. Voilà, M. le
Président.
Le Président (M. Gauvin): merci, M. le ministre. Mme la
députée de hochelaga-maisonneuve, toujours au niveau des
remarques préliminaires.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Je vous remercie, M. le Président. Depuis
le débat en deuxième lecture, bien des groupes ont fait
connaître leur point de vue, M. le Président, sur le projet de loi
14, et je souhaiterais, ce soir, que nous puissions examiner de plus
près ce que la Fédération des associations des familles
monoparentales du Québec, la Fédération des unions de
familles, l'Organisation pour la sauvegarde des droits des enfants,
l'Association des centres de services sociaux du Québec et la Chambre
des notaires du Québec ont fait connaître comme position commune
et publique dans le courant de la semaine passée. Le ministre a
certainement pris connaissance de la position diffusée le 10 juin et qui
portait le titre suivant: «Le projet de loi sur la médiation
familiale ne répond pas aux besoins des couples voulant mettre fin
à leur union.» L'ensemble des organismes que je viens de citer, M.
le Président, par l'intermédiaire de leur président ou
présidente, ont fait connaître une position commune, position
manifestant une inquiétude, et je les cite.
«Le projet de loi 14 sur la médiation
familiale nous inquiète grandement, car il ne répond pas aux
besoins et aux attentes des couples québécois voulant mettre fin
à leur union.» La coalition ajoute: «Nous estimons toutefois
que le projet de loi 14 vise à régler exclusivement des
problèmes administratifs du système judiciaire. Nous
reconnaissons, disent-ils, les aspects positifs du processus de
médiation familiale global et multidisciplinaire proposé dans le
projet de loi du ministre Rémillard. Par contre, nous sommes d'avis
qu'il est beaucoup plus important d'encourager la médiation volontaire,
c'est-à-dire celle que choisissent les couples avant de s'engager dans
des procédures judiciaires. La rupture des liens conjugaux s'effectue
bien souvent dans une dynamique conflictuelle. Les questions de garde, de droit
de visite, de pension alimentaire, de partage de biens demeurent et demeureront
toujours litigieuses, pour ne pas dire dramatiques, d'où l'importance
d'une médiation familiale globale gratuite et disponible à
l'ensemble du Québec dès la rupture du couple.» (22 h
50)
Et, à l'égard des dispositions qui sont
spécifiquement proposées dans le projet de loi 14, la coalition
réagit comme ceci: «Nous considérons que des services de
médiation qui seraient offerts seulement aux parties
référées sur ordonnance du tribunal dans une cause
contestée ne respecteraient aucunement l'esprit et l'orientation
stratégique du deuxième plan sur la politique familiale du
gouvernement en matière de prévention.»
Alors, cette position qui a fait l'objet de
communiqué de presse et qui a fait l'objet de publication dans les
médias, le ministre a certainement pris connaissance des titres
publiés la semaine dernière, et j'en cite quelques-uns:
«Médiation familiale: tollé contre le projet de loi
14»; «Divorce: projet de loi contesté». Cette position
venait, dans le fond, s'ajouter à celle déjà connue un peu
plus tôt, dans les jours qui avaient précédé, soit
du Comité Action famille de Sherbrooke, qui, dans une lettre
adressée au ministre de la Justice, faisait valoir qu'il fallait
éviter de situer les services de médiation dans un contexte
adversaire et qu'il était inacceptable, et je cite, «que
l'accessibilité aux services gratuits de médiation doive
nécessiter une ordonnance du tribunal.»
M. le Président, finalement, les voix qui se sont
élevées dans la société québécoise
suite à l'examen, en deuxième lecture, du projet de loi 14 ont
été des voix qui ont réclamé des modifications
majeures, à défaut de quoi je crois que les parties
préfèrent que le projet de loi ne soit pas adopté. J'ai
pris connaissance de l'ensemble des interventions qui ont été
soumises au ministre de la Justice, notamment de l'Association des centres de
services sociaux du Québec qui, déjà, il y a deux mois,
avait fait connaître au ministre Rémillard ainsi qu'à ses
collègues, la ministre déléguée à la
Condition féminine et le ministre de la Santé et des Services
sociaux, son point de vue. Et le point de vue de l'Association des centres de
services sociaux, rédigé par son
président, M. Denis Plamondon, est à l'effet qu'il aurait
été préférable, et je cite, «que les services
de médiation à la famille soient également offerts
à des parents avec enfants, sur une base volontaire, et qui auraient pu
être référés soit par un CLSC ou soit par la
Protection de la jeunesse.» Le Centre de services sociaux de
Montréal, et de l'ensemble du Québec - enfin, il s'agit de
l'Association des centres de services sociaux du Québec -
considère néfaste - en fait, je ne pense pas trahir leur position
- d'offrir aux couples en instance de rupture... de n'offrir qu'à ceux
qui ont enregistré leur désaccord devant un juge et qui seront
référés par le tribunal... Et le point de vue des services
sociaux, c'est que les services de médiation, connaissant des taux de
succès impressionnants, compte tenu du degré de
détérioration au niveau du couple et de la relation
parent-enfant, c'est que ce Service de médiation puisse être
offert sur une base volontaire.
J'avais pris connaissance également de la position de la
Corporation professionnelle des travailleurs sociaux du Québec, qui, au
début du mois de juin, avait fait parvenir au sous-ministre de la
Justice le point de vue de la Corporation professionnelle. Je sais que ma
collègue en parlera. Je veux simplement me référer
à leur proposition. Je crois me rappeler que la Corporation souhaitait
un amendement au projet de loi pour qu'on y introduise une
«priorisation» pour les références du tribunal et non
l'exclusion du Service de médiation qu'aux cas d'ordonnance du tribunal.
C'est, finalement, une sorte de renversement, tout en laissant, malgré
tout, l'initiative au ministre d'allouer les budgets ou d'obtenir les budgets
nécessaires à un élargissement du Service de
médiation.
Je sais que, dans le projet de loi - on aura l'occasion d'y revenir lors
de l'étude article par article - «le ministre de la Justice
détermine, s'il y a lieu, par arrêté, à quelles
autres fins que celles visées à l'article 815.2.1 peut être
utilisé le Service de médiation de la Cour
supérieure». C'est donc une ouverture, sur papier du moins,
à un élargissement du Service de médiation, un
élargissement autre que simplement aux ordonnances. C'est ce que je
comprends; on verra quand on fera l'examen article par article.
Donc, il y a déjà, dans le projet de loi 14, les
éléments qui pourraient permettre au ministre de donner
satisfaction aux arguments fondés, je pense, par des personnes en
autorité, dans le sens que ce sont des personnes qui représentent
presque un point de vue d'experts, un point de vue d'experts des relations
familiales. Ce ne sont peut-être pas des professionnels - je pense
à la Fédération des unions de familles ou à la
Fédération des associations des familles monoparentales - mais ce
sont certainement des experts dans le domaine de la famille.
Je retrouvais le souhait formulé par divers organismes de
l'accessibilité à ces services aux couples dont la cause n'est
pas contestée et qui désirent volontairement y
référer. Compte tenu du réalisme dont font preuve bon
nombre de ces organismes, ils prenaient soin d'ajouter que, selon la
disponibilité du personnel, il serait possible d'établir une
«priorisation» des clientèles volontaires, et divers
scénarios ont été proposés.
Je crois d'ailleurs, si je peux le retrouver, M. le Président, il
y a une formule qui m'ap-paraissait fort intéressante. J'aurai
sûrement l'occasion d'y revenir. Oui, c'est bien ça. On retrouve,
d'ailleurs, cette formule dans le point de vue de la Corporation
professionnelle des travailleurs sociaux du Québec. M. le
Président, je lis la lettre qu'ils faisaient parvenir au sous-ministre
de la Justice: «Afin de pallier partiellement aux impacts d'une telle
orientation, la Corporation propose un amendement à l'effet que la
priorité soit donnée aux références venant du
tribunal. Ainsi formulé, le projet de loi ouvrirait la
possibilité d'offrir également des services de médiation
à une clientèle volontaire et de poursuivre le travail
préventif qui se fait à Montréal depuis 1981 et à
Québec depuis 1984.» En d'autres termes, on pourrait
prévoir qu'il y ait priorité aux références du
tribunal, mais que cette priorité aux références du
tribunal n'empêche pas d'ouvrir la possibilité d'un service de
médiation à une clientèle volontaire. (23 heures)
M. le Président, finalement, là où il y a vraiment
un blocage complet, c'est dans le cadre d'un scénario où la
médiation est exclusivement offerte dans les cas des causes
contestées seulement suite à une ordonnance du tribunal. Je sais
qu'il y a toutes sortes d'écoles de pensée, mais, quoi qu'il en
soit, on ne peut pas complètement écarter du revers de la main
celle des experts qui nous disent, preuve à l'appui, que les meilleurs
résultats sont obtenus dès la rupture et avant même qu'il y
ait contestation. On nous dit: «Toutes les preuves - je cite - sont
faites que la médiation familiale entreprise dès la rupture a un
taux de réussite élevé, favorise la diminution des
conflits, prévient la détérioration de la santé
mentale des enfants et des adultes impliqués, diminue signi-ficativement
les recours subséquents aux tribunaux. La Corporation professionnelle
des travailleurs sociaux du Québec ajoute ceci: «La Corporation
s'interroge sérieusement sur le choix fait par le ministre de n'ouvrir
les services de médiation qu'au moment où les situations
conjugales et familiales sont extrêmement
détériorées et où les chances de réussite de
la médiation sont, par le fait même, de beaucoup
diminuées.»
Quand on parie de chances de réussite de médiation, soyez
convaincu, M. le Président, qu'on ne confond pas avec la conciliation.
Les chances de réussite de la médiation ne consistent pas
à faire réconcilier le couple. Les chances de
réussite de la médiation consistent justement à
permettre aux parents, d'une part, de rester une famille malgré la
désunion du couple. Ça peut avoir l'air paradoxal, mais...
D'abord, la première chose qui importe, M. le Président, c'est
que les parents n'obligent pas les enfants à divorcer de l'autre parent.
Ensuite, ce qui importe, c'est que l'un ou l'autre des parents ne fasse pas
payer à l'enfant qui reste avec le parent adverse le sacrifice de la
séparation.
Alors, on aura l'occasion d'y revenir. Évidemment, il y a un
organisme qui sollicite énormément, actuellement, l'intervention
de l'opinion publique. C'est l'Organisation pour la sauvegarde des droits des
enfants qui organise d'ailleurs, pour l'automne prochain, un très
important colloque international. Cette Organisation pour la sauvegarde des
droits des enfants a communiqué avec le ministre, a communiqué
avec l'Opposition, m'a envoyé un dossier complet de résolutions
adoptées dans le cadre d'un congrès international qui s'est tenu
ici, à Montréal, suite à quoi, me dit-on, des
résolutions ont été adoptées par le conseil
général du Parti libéral. Ces résolutions, qui font
maintenant partie du programme du Parti libéral - nous aurons l'occasion
d'y revenir, M. le Président - vont dans le sens d'un service de
médiation qui soit offert non pas exclusivement mais également
sur une base volontaire. Mais on y reviendra.
L'Organisation pour la sauvegarde des droits des enfants fait valoir
l'expérience menée dans les provinces canadiennes qui ont
introduit un système de référence à la
médiation. Entre autres, on nous parle du Manitoba où, nous
dit-on, 65 % des causes sont résolues en première instance devant
le médiateur. On nous fait valoir également des changements
très importants qui sont survenus en Ontario, où on retrouve des
cours spécialisées avec des juges et avec un système de
référence obligatoire à la médiation.
On sait les conséquences extrêmement importantes pour la
société du phénomène des familles monoparentales,
du phénomène de la désunion et peut-être plus encore
de la détérioration qui se produit lors des désunions, M.
le Président. Qu'il soit juste nécessaire, à ce moment-ci,
de citer que huit des enfants cités devant le Tribunal de la jeunesse
proviennent de familles éclatées. Ça a une extrême
conséquence, ça a été étudié. Encore
dernièrement, une étude réalisée par la
fédération des familles monoparentales, assistée par des
chercheurs universitaires, a démontré que des problèmes de
comportement à l'adolescence, une partie des problèmes de
décrochage scolaire, des problèmes graves qui, finalement,
nécessitent un investissement important des fonds publics sont des
séquelles de ces ruptures, de ces séparations qui ont mal
tourné. Je souhaiterais également que le ministre ait pris
connaissance du point de vue du Conseil du statut de la femme, contenu dans un
avis intitulé «Commentaires du Conseil du statut de la femme en
regard du projet de loi 14, Loi modifiant le Code de procédure civile
concernant la médiation familiale.»
Dans cet avis daté du 8 juin 1992, donc d'il y a une semaine, on
peut y lire ceci: Nous aurions préféré que les
règles actuelles soient maintenues et que soient plutôt
accentuées les mesures incitant les justiciables à recourir
à la médiation. Le principal objectif, ajoute le Conseil du
statut de la femme, de la médiation et son principal avantage visent
à faire en sorte que les parties en arrivent à décider
elles-mêmes des arrangements relatifs à leur rupture dans le but,
notamment, de favoriser le maintien d'un climat plus harmonieux entre les
parties et un plus grand respect des ententes fixées.
Le climat dans lequel s'inscrit la médiation entre les parties
constitue un élément important quant à son
efficacité. Et on y lit ceci: L'accessibilité gratuite au Service
de médiation familiale réduite dans le cadre d'une
procédure judiciaire présente un moindre mal, dans la mesure
où le Service de médiation est considéré comme un
service complémentaire au tribunal. Que, par ailleurs, les
procédures doivent être contestées nous semble une
condition qui porte atteinte au respect de la volonté exprimée
par les parties qui souhaiteraient, dès le début des
procédures, se donner les moyens de régler harmonieusement les
circonstances entourant la rupture de leur union.
Cette orientation est susceptible de porter atteinte à
l'efficacité d'une médiation réussie puisqu'elle vient
restreindre l'accès au service aux parties qui sont déjà
inscrites dans une relation conflictuelle. Il faut donc que chaque partie ait
déjà un avocat et que, par avocat interposé, la cause ait
été contestée pour avoir droit au Service de
médiation... Vous me faites signe, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): C'est-à-dire que le temps
qui vous était alloué, les 20 minutes qui vous étaient
allouées pour les remarques préliminaires sont en voie
d'être dépassées. Je vous laissais aller pour conclure.
Mme Harel: Je vous remercie, M. le Président. Alors, je
vais conclure sur la nécessité de faire un examen approfondi et
attentif du projet de loi 14.
Le Président (M. Gauvin): Merci, Mme la
députée. Mme la députée de Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Puisque le temps de ma
collègue est écoulé, je vais prendre la relève pour
continuer les différents arguments. Ce qui me pose le plus de
problèmes, M. le Président, sur ce projet de loi, c'est
l'article 1 et l'article 2. Le développement de la
médiation familiale en soi, c'est évident que personne ne peut
être contre la vertu. C'est une méthode qui a fait ses preuves
lorsqu'elle était employée d'une manière volontaire.
Au niveau de ses remarques préliminaires sur le projet de loi 13,
en tout début de séance, le ministre a insisté, vous vous
en souviendrez, sur l'importance des délais par rapport aux tribunaux
judiciaires. Je pense que le dossier de la médiation familiale est un
dossier qui est au coeur de ce problème de délais que nous vivons
tous. On doit s'assurer que le projet de loi que nous étudions puisse
venir améliorer ces délais qu'on doit subir à l'heure
actuelle.
Je suis repartie de la définition même que le ministre
utilise par rapport à la médiation familiale. Il nous dit: C'est
une méthode de résolution des conflits qui permet aux couples qui
ont intenté des procédures judiciaires l'un contre l'autre de
régler à l'amiable et sur une voie parallèle à la
voie judiciaire dans laquelle ils se sont engagés les problèmes
découlant de leur décision de se séparer ou de divorcer,
en évitant les confrontations devant le tribunal. (23 h 10)
J'ai un problème avec cette définition-là. Le
ministre la pose uniquement lorsque le couple a déjà
intenté des procédures judiciaires l'un contre l'autre. En soi,
de la médiation, c'est pour conduire à une entente. Une entente,
pour avoir des chances de succès, il faut que ça se fasse
principalement avant qu'on ait commencé à s'entre-déchirer
devant les tribunaux. Je suis convaincue que les députés qu'on a
autour de la table ont rencontré régulièrement dans les
bureaux de comté, à tous les lundis, des citoyens et des
citoyennes qui ont vécu un divorce, qui ont eu des difficultés et
qui avouent que les difficultés ont été
décuplées parce qu'ils se sont retrouvés devant les
tribunaux, qu'effectivement les forces se sont cristallisées et qu'ils
ont dû, par le système judiciaire lui-même, faire des choix
qu'ils n'auraient peut-être pas fait s'ils avaient pu se parler
avant.
Donc, je me dis qu'au niveau de la médiation familiale, si on
veut vraiment réduire les délais, si on veut vraiment obtenir une
réussite par rapport à ça, il faut se donner toutes les
chances de réussite. Donc, que cette médiation familiale soit
volontaire et qu'on puisse ouvrir à la clientèle volontaire. C'a
été demandé par les différents groupes. C'a
été demandé par le Conseil du statut de la femme, par les
différentes corporations professionnelles et ça m'apparaft le
principe même, la base même de toute médiation familiale. Le
projet de loi qu'on a devant nous, c'est loin de me rassurer sur les effets de
la diminution au niveau des causes en justice. On va devoir déposer
quand même, M. le Président.
Si on regarde les dossiers qui ont été traités par
le Service de médiation de Montréal, si je regarde les
années 1987 à 1992, on parle, grosso modo, d'autour de 500
dossiers qui ont été étudiés. C'est quand
même un nombre appréciable. C'étaient des demandes qui
avaient été faites volontairement. Il y a eu aussi des cas qui
ont été référés. Le pourcentage de cas
référés par des juges, on parle seulement de 21 %,
à ce moment-là, alors que 75 % ont été
référés par d'autres.
Si on regarde le nombre de couples qui divorcent chaque année au
Québec, on parle d'un projet de loi qui touche plusieurs personnes. On
parle de 15 000 couples qui divorcent chaque année au Québec. En
1990, le chiffre, c'est 15 000 couples. Donc, ça touche une grande
partie de notre population. On sait que 10 % des causes en matière
familiale sont contestées et que ces 10 % là occupent 80 % du
temps des juges en cour, 80 % du temps des juges en cour. Donc, il m'apparaft
capital que les articles qu'on va voter, ça vienne régler ce
problème-là. C'est un problème extrêmement
important.
Bien sûr, j'ai examiné de très près les
recommandations des différentes corporations professionnelles puisque
c'est un dossier qui les touche directement. Puisque je suis porte-parole de ce
dossier pour l'Opposition officielle, j'ai donc regardé de plus
près. On sait que la Chambre des notaires fait partie de la coalition
qui s'oppose à certains articles qui sont actuellement dans le projet de
loi 14 que nous étudions. On sait aussi que l'Association des
thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec a clairement
dénoncé le projet de loi et a même mis en doute le projet
de loi tel que déposé.
J'ai rencontré, il y a quelques mois, l'Association des
thérapeutes conjugaux et familiaux. Ils m'avaient fait part, à ce
moment-là, de leurs inquiétudes. On sait que ce n'est pas encore
une corporation professionnelle, M. le Président. C'est vraiment une
association. Ils ont déposé une demande auprès de l'Office
des professions pour être reconnus comme corporation professionnelle
parce qu'ils sont convaincus qu'ils ont un champ d'exercice particulier. Ils
ont soulevé de nombreuses interrogations concernant la formation des
personnes aptes à offrir ces services de médiation familiale. J'y
reviendrai plus tard au niveau de la formation, M. le Président.
Donc, il y a la Chambre des notaires qui a émis des restrictions
par la coalition, l'Association des thérapeutes conjugaux et familiaux
du Québec aussi. Ma collègue de Hochelaga-Maison-neuve vous a
fait part de certaines remarques concernant la Corporation professionnelle des
travailleurs sociaux du Québec. On sait que cette corporation souhaite
l'ouverture du côté des clientèles volontaires parce que ce
sont des personnes qui sont directement concernées. On sait que leur
rôle... Ils exercent déjà un rôle de
médiation, souvent, au niveau de différents conflits,
indépendamment du divorce ou des séparations, du
côté des conflits que vivent
régulièrement nos jeunes.
Vous avez aussi la Corporation professionnelle des
psychologues qui a émis des avis et, évidemment, le Barreau qui
est directement concerné puisque c'a une incidence directe, je dirais,
sur le travail des avocats et des avocates du Québec. On sait que le
ministre de la Santé et des Services sociaux a déposé sa
politique de santé et bien-être. Ça m'apparaissait un
élément important que cette médiation familiale
relève également du ministère de la Santé et des
Services sociaux parce qu'on sait que les incidences premières au niveau
des séparations et des divorces au Québec, on les retrouve au
niveau de la santé et des services sociaux. C'est évident qu'au
niveau de nos coûts de santé, au niveau des problèmes
vécus par les jeunes, autant au niveau du décrochage scolaire, au
niveau de l'éducation que du côté de la toxicomanie, que du
côté des différents services sociaux qu'on doit... les
centres d'accueil, on a des coûts économiques extrêmement
Importants. Donc, si on veut diminuer les coûts du côté de
la santé, si on veut aussi diminuer les coûts au niveau de notre
appareil de la justice, je pense qu'il faut qu'on s'assure que le projet de loi
qu'on va voter vienne répondre à ces problèmes-là
directement.
On sait que - et je pense que le Sommet de la justice l'a
démontré aussi - les services juridiques sont de moins en moins
accessibles. C'est évident non seulement au niveau de la classe la plus
défavorisée - on sait qu'au niveau de l'aide juridique on a
encore de nombreux problèmes, que tout n'est pas réglé -
mais au niveau de la classe moyenne. Je pense que c'est cette catégorie
de Québécois et de Québécoises qui est la plus
pénalisée, présentement, par notre système
judiciaire. Ce sont ceux et celles qui, au moment des séparations, au
moment des divorces, n'ont pas toujours les moyens de s'offrir les services des
avocats et des avocates et qui, automatiquement, doivent subir les
décisions.
À ce sujet-là, M. le Président, je
pense que le ministre lui-même, dans le document qu'il avait
déposé, son document de consultation, le 30 avril 1992, avait
noté que la clientèle qui avait utilisé les services
publics de médiation, c'est la clientèle qui provenait de la
classe moyenne et que, dans la plupart des cas, elle avait carrément
décidé d'utiliser le recours à la médiation parce
qu'elle n'avait pas les moyens de s'offrir les services juridiques. À ce
chapitre, ma collègue de Hochelaga-Maisonneuve avait commencé
à vous faire part des différentes revendications du Conseil du
statut de la femme. Parmi les inquiétudes qui étaient
soulevées par le Conseil du statut de la femme dans ses commentaires
concernant le projet de loi 14, c'était effectivement un des points: les
services gratuits. Le Conseil du statut de la femme soulevait une profonde
inquiétude à l'effet que presque automatiquement les femmes se
retrouvaient sans choix par rapport à la médiation familiale,
c'est-à-dire que dans la plupart des cas, n'ayant pas les moyens de se
payer les services juridiques, elles devaient automatiquement se tourner vers
les services gratuits de la médiation familiale, et parfois contre leur
bien-être à elles. C'était une obligation, elles n'avaient
vraiment pas le choix.
Je pense que c'est pour cette raison qu'elles ont
demandé certaines modifications. Elles ont demandé de s'assurer
que les deux parties soient parfaitement d'accord pour la médiation
familiale et qu'aucune des deux parties ne subisse de contraintes. On sait
que... Même au niveau du patrimoine familial, on l'a vécu, on le
sait très bien, combien de femmes, au Québec, ont subi certaines
pressions, certaines contraintes pour qu'elles renoncent aux droits que la Loi
sur le patrimoine familial leur accordait, la loi 146. Le Conseil du statut de
la femme fait donc la même mise en garde: Est-ce qu'on va s'assurer que
les Québécoises n'aient pas subi de contraintes pour se retrouver
au Service de médiation familiale? C'est un élément qui
m'apparaft extrêmement important et il faudrait que...
Il y a deux propositions d'amendement qui ont
été présentées, et je vais me permettre d'en lire
une: On propose l'ajout, à l'article 815.2.1, d'un alinéa qui se
lirait ainsi: «Lorsque le tribunal évalue l'opportunité de
référer les parties au Service de médiation, il doit tenir
compte de la volonté des parties et des circonstances
particulières à chaque cas, notamment l'équilibre des
forces en présence.» C'est cet équilibre des forces, je
pense... C'est l'inquiétude qu'on voulait présenter, suite
à ce qu'on a vécu au cours des dernières années par
rapport au patrimoine familial. (23 h 20)
L'autre recommandation qui était faite dans le
mémoire, à la page 6, c'était l'ajout, à l'article
815.2.2, du paragraphe suivant: «Lorsqu'il y a entente, le juge saisi du
dossier s'assure qu'elle est conforme à la volonté des parties et
qu'aucune d'elles n'a été l'objet de contraintes indues.»
Ce sont vraiment ces deux articles, ces deux amendements qui ont
été proposés qui viennent exprimer le mieux, je pense, les
craintes du Conseil du statut de la femme par rapport au projet de loi 14 que
nous avons devant nous, M. le Président.
Je vous ai fait mention tantôt que je reviendrais sur
l'importance de la formation, et là, je pense que c'est capital. Dans le
même document que le ministre a présenté pour consultation
sur le développement de la médiation en matière familiale,
le 30 avril 1992, il y a une partie qu'on retrouve; c'est le point 2, les lois
existantes, 2.2, la réglementation de la pratique. Le ministre nous dit:
«L'article 9 de la loi de 1985 sur le divorce oblige l'avocat à
renseigner son client sur les services de médiation qu'il connaît.
Or, que ce soit dans le secteur public ou privé, de tels services ne
sont pas encore
disponibles partout en province - c'est une réalité. Pour
suffire à une telle demande, il faudra notamment que plusieurs
médiateurs soient formés et que les services de médiation
s'installent en conséquence. La médiation n'est pas
réglementée au Québec. N'importe qui peut s'afficher
à titre de médiateur et pratiquer la médiation sans
qualifications préalables, sans être soumis à des
règles d'éthique et à des standards de pratique en
médiation. Cependant, les membres des corporations professionnelles qui
pratiquent la médiation peuvent garantir à l'heure actuelle que
des services de qualité sont dispensés au public. À cet
égard, des organismes et des corporations professionnelles ont entrepris
d'encadrer les services de médiation dispensés par leurs membres.
La médiation se développe présentement dans un contexte
d'autoréglementation où l'État ne devrait intervenir que
dans la mesure où le public aurait besoin d'être
protégé.»
Je vous avoue que je ne suis pas parfaitement convaincue que le public
soit véritablement protégé, à l'heure actuelle. Le
ministre le dit lui-même: Présentement, ce n'est pas
réglementé. N'importe qui peut s'afficher à titre de
médiateur. Lorsque j'ai parlé avec l'Association des
thérapeutes conjugaux et familiaux, on me disait que, du
côté des psychologues, très peu de psychologues au niveau
pratique ont travaillé au niveau de la médiation. C'est vraiment
un nombre infime. Et, aussi, très peu de psychologues sont
intéressés à travailler a ce niveau-là. Donc, je
pense qu'il y a lieu de s'assurer de la formation.
Dans le même document, on voyait aussi que le ministre faisait
référence à la formation que le Barreau souhaitait. On
nous a fait part qu'on souhaitait une formation du côté du Barreau
pour que les avocats soient aptes à travailler à ce niveau de
médiation. J'aimerais connaître la teneur du cours. Combien
d'heures sont consacrées pour qu'un avocat soit reconnu au niveau de la
médiation? Même chose du côté des psychologues.
Est-ce qu'il y a des balises à l'heure actuelle? Non, aucunement. Ce
n'est pas évident, à ce moment-là, que le public est
véritablement protégé.
La médiation familiale en soi, bile est bonne. C'est un principe
qui est valable. C'est un principe qui, si on s'assure de certaines balises,
doit donner des résultats, mais des résultats, il est bon de le
rappeler, qui nécessitent une entente. C'est évident que, lorsque
des parties se sont assises à une même table, ont
négocié ensemble, avec un médiateur, puis je le rappelle,
cette entente-là, le climat le plus favorable, c'est avant qu'il y ait
des procédures judiciaires et non après. Si les parties
s'entendent, négocient, signent une entente, le taux de réussite
après, le succès, c'est évident qu'il est meilleur puisque
les deux parties se sont entendues sur les droits de visite, sur la pension
alimentaire, sur le partage du patrimoine familial, etc. C'est évident
qu'on va respecter les ententes bien davantage s'il y a eu médiation que
si la cour a imposé un règlement. C'est évident que, si la
cour impose un règlement, le taux de réussite est beaucoup plus
difficile. On sait à quel point c'est difficile d'obtenir les pensions
alimentaires. Régulièrement, les conjoints se plaignent de cet
état de fait qu'ils ne reçoivent pas leur pension alimentaire.
Régulièrement, là aussi, il y a des demandes qui se
retrouvent au niveau du ministère de la Justice. Il m'apparatt
évident que la médiation familiale permet, puisqu'il y a entente
des deux parties, que les ententes soient respectées.
Donc, M. le Président, je pense qu'au niveau des articles 1 et
2... Ce sont les deux articles qui posent problème, vous en conviendrez.
L'article 1 nous dit de modifier l'article 815.2 en disant: «À
tout moment avant le jugement et avec le consentement des parties, le tribunal
peut, pour une période qu'il détermine, ajourner l'instruction de
la demande en vue de favoriser soit la réconciliation, soit la
conciliation des parties, notamment, par la médiation.» Quand on
est rendu à cette étape-là, il est déjà trop
tard pour une grande partie de la population. Il faut absolument qu'on ouvre au
niveau de la clientèle volontaire; sinon, on vient carrément
réduire le taux de réussite possible. Est-ce qu'on veut vraiment
désengorger ou non? Est-ce qu'on veut vraiment que 80 % du temps des
juges qui est pris au niveau des affaires familiales soit réduit ou non?
C'est ça, la véritable question. Si on ne veut vraiment pas que
ce soit réduit, c'est en décidant qu'on n'ouvre pas la porte du
côté des clientèles volontaires. Je pense que c'est
ça que le projet de loi nous apporte présentement.
C'est la même chose pour l'article 2, M. le Président, qui
vient exactement nous dire: «À tout moment de l'instruction d'une
demande contestée...» Dès que la demande est
contestée... C'est très difficile de se parler de
médiation lorsque la contestation est déjà
installée.
M. le Président, vous me faites signe que mon temps est
écoulé. Alors, M. le Président, je pense que nous devrons
demander au ministre de nous déposer certains amendements qui
répondent aux demandes qui ont été faites par les
différents organismes et nous assurer que les propositions d'amendement
qui ont été déposées, par exemple par le Conseil du
statut de la femme, puissent être insérées dans le projet
de loi 14 que nous étudions.
Le Président (M. Gauvin): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. Est-ce qu'il y a d'autres membres de la
commission qui aimeraient faire des remarques préliminaires? Est-ce que
j'ai entendu «non»? Il n'y a personne qui se propose?
Nous sommes à la période des motions
préliminaires.
Motion proposant d'entendre le Conseil du statut de la
femme
Mme Harel: Voilà, M. le Président. J'aurais la
motion suivante à présenter: «II est proposé qu'en
vertu de l'article 244 de nos Règles de procédure la commission
permanente des institutions tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 14, Loi modifiant le Code de
procédure civile concernant la médiation familiale, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende le Conseil du statut de la
femme.»
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'on peut en avoir une
copie, s'il vous plaît?
Mme Harel: Sur la recevabilité...
Le Président (M. Gauvin): Oui, si vous voulez
débattre sur la recevabilité.
Mme Harel: Je crois, M. le Président, que sa
recevabilité s'impose d'elle-même.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que vous avez
exprimé l'intention de débattre sur la recevabilité?
Mme Harel: Non, pas vraiment. (23 h 30)
Le Président (M. Gauvin): Donc, la motion est recevable.
Nous allons permettre aux parties de débattre... Je pense qu'il y a 30
minutes qui sont allouées aux membres... L'article 209 prévoit
que l'auteur d'une motion a 30 minutes à sa disposition.
Mme Harel: Je n'en demandais pas tant, M. le
Président.
Le Président (M. Gauvin): Vous n'êtes pas tenue de
prendre 30 minutes. J'aurais dû le présenter autrement, un maximum
de 30 minutes, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Dans les commentaires
que le Conseil du statut de la femme émettait en regard du projet de loi
14, on retrouve la conclusion suivante, M. le Président: «La
volonté manifestée par le ministre de la Justice de
répondre rapidement à des demandes répétées
en matière d'humanisation du processus judiciaire en matière
matrimoniale se doit d'être soulignée et appréciée.
Il importe toutefois de ne pas sacrifier à cette
célérité les véritables objectifs poursuivis par la
mesure et de s'assurer que les modifications proposées répondent
véritablement aux besoins de l'ensemble des justiciables.»
M. le Président, je trouvais tout à fait appropriée
cette conclusion du Conseil du statut de la femme concernant le projet de loi
14. Ce que je souhaite, c'est que nous puissions les entendre, notamment sur
une question qui me préoccupe et qui est la suivante: Faut-il
procéder à l'adoption du projet de loi 14 tel que libellé,
si aucun amendement n'est introduit permettant notamment - et je le
répète - de prioriser les ordonnances du tribunal quant au
Service de médiation tout en ouvrant la possibilité à une
demande volontaire de service? Si tant est qu'aucun amendement ne soit
introduit, vaut-il mieux, M. le Président, le statu quo? Exactement,
vaut-il mieux le statu quo, quitte à convaincre l'opinion publique, le
ministre et son gouvernement de la nécessité d'un service plus
adéquat ou, à défaut d'amendement, vaut-il mieux adopter
le projet de loi, même imparfait et même insatisfaisant? C'est une
question à laquelle j'ai, moi, de la difficulté à
répondre à ce moment-ci. Finalement, c'est une question que je
souhaiterais vraiment pouvoir poser au Conseil du statut de la femme.
Dans cet avis qui est bien balancé, je ne sais pas si le ministre
a pris connaissance, aux pages 2 et suivantes, des commentaires du Conseil, des
points d'accord, c'est-à-dire de ceux qui sont considérés
par le Conseil du statut comme étant positifs. On les retrouve aux pages
2 et suivantes, ces points d'accord du Conseil. C'est intéressant parce
que ce n'est pas à négliger non plus. On y lit ceci, M. le
Président. En toute objectivité, le Conseil nous dit ceci:
«Le projet de loi a pour effet de reconnaître la médiation
familiale comme moyen visant à faciliter le règlement des
conflits de nature familiale. Il permettra l'implantation de services de
médiation familiale dans l'ensemble des districts judiciaires du
Québec et étendra l'accès à de tels services aux
justiciables, quel que soit leur lieu de résidence. Il permettra la
médiation sur tous les aspects de la rupture, garde d'enfants, aliments,
dus au conjoint ou aux enfants, patrimoine familial et autres droits
patrimoniaux résultant du mariage. Il prévoit des délais
quant à l'ajournement de l'instruction et au début de la
médiation, permettant ainsi d'éviter que les procédures
judiciaires ne soient inutilement prolongées ou retardées. Il
assure la sauvegarde des droits des parties pendant le processus de
médiation. Il assure la confidentialité des entrevues,
protégeant les droits des parties qui ont participé à un
processus de médiation, de réconciliation ou de conciliation et,
finalement, il vise à assurer la compétence des
médiateurs.»
Alors, ça, dans la balance, ce n'est quand même pas
indifférent. Mais le Conseil ajoute les points de désaccord
suivants: «L'accès au Service de médiation familiale et le
caractère obligatoire... Je ne lirai pas l'ensemble de ce qui est dit,
simplement qu'il me suffise de citer la conclusion que le Conseil apporte et
qui est la suivante: Le projet de loi a donc comme conséquences:
«1° de restreindre l'accès au Service de
médiation, puisque seuls les couples ayant intenté une demande
contestée pourront y accéder; «2° de permettre au juge
de référer les parties sans leur consentement. «Le Conseil
du statut de la femme a recommandé que le recours à la
médiation s'inscrive dans le respect des droits et de la volonté
des parties. Dans ce sens, le Conseil du statut déplore le fait que
l'accessibilité au Service de médiation familiale de la Cour
supérieure soit réservée aux parties dans le cadre d'une
procédure judiciaire contestée et à la suite d'une
ordonnance du tribunal.»
Alors, il y a d'autres points de désaccord, M. le
Président. Mentionnons le caractère obligatoire. L'argument
invoqué par le Conseil est à l'effet que, la médiation
étant une mesure visant à humaniser le processus de rupture de
l'union, il serait opportun de tenir compte de la volonté des parties et
des circonstances particulières à chaque cas. Le Conseil fait
évidemment référence au contexte de violence conjugale, en
spécifiant, évidemment, que, dans de telles circonstances,
ça pourrait être un facteur suffisant pour justifier le refus de
l'une ou l'autre des parties. On ne peut pas imaginer de la médiation
entre des parties, M. le Président, qui seraient complètement en
désaccord et qui auraient vu l'une d'entre elles être victime de
violence de la pat* de l'autre partie.
Comme autre point de désaccord, M. le Président, il y a la
question du suivi du dossier et du rapport de la médiation, de la
durée de la médiation. Il leur semble que, tel que
libellé, le processus peut contribuer à allonger inutilement la
procédure.
Il y a aussi, comme point de désaccord, l'encadrement de la
profession de médiateur de manière à ce qu'il soit
clairement établi que le service de médiation est dispensé
dans une optique multidisciplinaire. Cependant, la grande question qui,
finalement, n'est pas répondue dans cet avis, c'est: Compte tenu de ces
points d'accord et de désaccord, ultimement, dans la mesure où
aucun amendement ne serait apporté par le ministre, faut-il
procéder à l'adoption telle quelle du projet de loi ou est-il
préférable de reporter à une date ultérieure la
mise en place, de toute façon, d'un service qui n'était pas
prévu avant le printemps 1993? En fait, il n'y a pas urgence en la
demeure. Ce n'est pas comme si ce Service de médiation attendait
l'adoption de la loi pour être offert à nos concitoyens dans les
districts judiciaires du Québec. Il n'était pas prévu, de
toute façon, avant avril 1993, donc avant le budget de l'an prochain,
qu'un tel service puisse voir le jour. Alors, il n'y a pas
nécessairement péril, si tant est qu'on procède à
un examen plus attentif auprès du Conseil du statut de la femme et
auprès, également, de la coalition. (23 h 40)
Je n'ai vraiment pas l'intention de déposer une motion, M. le
Président, pour entendre chacun des groupes qui, durant la semaine qui
vient de s'écouler, se sont prononcés contre le Service de
médiation dans le cadre d'une contestation. Mais il s'agit d'organismes
qui sont extrêmement favorables à la médiation familiale.
Ai-je besoin de vous dire que ce sont les mêmes organismes qui, dans
notre société, ont réclamé l'introduction d'un tel
service, qui ont fait connaître l'importance de l'offrir à la
population? Cependant, M. le Président, je m'inquiète, et j'aurai
sans doute l'occasion d'y revenir, après avoir attentivement pris
connaissance du mémoire présenté au Conseil des ministres
conjointement par le ministre de la Justice et Procureur général,
le ministre de la Santé et des Services sociaux et la ministre
déléguée à la Condition féminine et ministre
responsable de la Famille, le 31 janvier dernier, portant sur le
développement de la médiation en matière familiale. Je
m'inquiète du fait que le scénario retenu de tous ceux qui
étaient envisagés soit, finalement, celui qui semble faire la
meilleure place aux services privés. Je me suis demandé si le
facteur le plus important qui avait été déterminant dans
le choix du gouvernement, ça n'a pas été, finalement,
celui d'offrir au secteur privé d'entrer en compétition avec le
secteur public. Ça m'apparaît être un facteur
extrêmement important.
Par rapport aux autres scénarios, évidemment,
celui-là, c'est celui qui coûte le moins cher, à
première vue. Je pense qu'il est de l'ordre de 4 000 000 $, mais il est
entièrement financé par des augmentations de tarifs que l'on
retrouve à la page 76 du mémoire, augmentation soit du droit de
greffe pour les procédures liées aux matières familiales.
Cette augmentation annuelle est de l'ordre de 3 242 500 $. C'est le tarif des
frais judiciaires en matière civile. Donc, ça apporterait des
revenus supplémentaires de 3 242 500 $.
Par ailleurs, l'inscription pour enquête et audition en
matière familiale, le tarif serait de 75 $, pour un revenu annuel de 130
500 $. Donc, il y aura maintenant des frais de 75 $ pour enquête et
audition. Il faut comprendre qu'une partie de ce montant va être tout
simplement transférée à la Main-d'oeuvre,
Sécurité du revenu et Formation professionnelle parce que 40 %
des divorces le sont par des avocats de l'aide juridique qui ont
essentiellement les causes générées par l'actuelle loi 37
qui fait obligation d'épuiser tous les recours avant d'obtenir l'aide de
l'État. Alors, il faut comprendre que, depuis l'adoption de la loi 37,
depuis son application, il y a eu une recrudescence des procédures
judiciaires en matière familiale. On a vraiment judiciarisé sans
le rechercher consciemment, mais l'effet que ça a eu, c'est une
judiciarisation très, très importante puisqu'il n'y a pas d'aide
de dernier recours. Il n'y a donc pas d'aide sociale sans que la personne qui
est en demande ait
épuisé tous les recours.
Parmi les recours qu'on prétend qu'elle a, il y a
évidemment la demande de pension alimentaire. Même si c'est ex
parte, même si le conjoint est évanoui, même si on ne le
retrouve plus, il y a obligation qui est faite d'intenter une telle demande de
pension alimentaire, donc de recourir soit à une séparation ou
à un divorce, donc à une procédure, de toute façon.
Je comprends que, dorénavant, les tarifs introduits en matière
familiale feront porter à un coût de 75 $ l'inscription pour
enquête et audition.
En prenant connaissance de ces tarifs, moi, je me suis dit,
finalement, qu'étant donné que le projet de loi 14 prévoit
qu'au niveau de la conférence préparatoire il est
déjà possible au juge de référer par une ordonnance
à un médiateur et que ce service est gratuit, dès qu'il y
a la conférence préparatoire, il pourrait être
envisagé, par exemple, pour un couple de procéder à une
inscription au coût de 75 $ pour avoir droit ensuite à un service
de médiation gratuit. Cependant, il faudra encore que les parties
s'entendent. Alors, il faudrait que ce soit déjà en voie, si vous
voulez, M. le Président, de bonne entente pour que les parties
conviennent entre elles d'inscrire leur cause pour pouvoir... Une seule des
parties, remarquez, pourrait de toute façon... Il ne serait pas
nécessaire que ce soit par entente mutuelle. Une des parties qui fait
une requête en séparation ou en divorce, qui inscrit sa cause et
qui poursuit pour enquête et audition pourrait, à ce
moment-là, déclencher un processus qui lui permettrait d'avoir un
service gratuit. C'est là que la difficulté se
présente.
Moi, j'ai compris que, dans la problématique qui est
développée tout au long du mémoire déposé
par le ministre de la Justice, on insiste beaucoup sur le temps de la Cour
supérieure qui est utilisé dans les causes contestées en
matière familiale. On insiste et je pense qu'on a raison d'insister sur
cette réalité, qui apparaît assez incontournable, de 10 %
des causes contestées en matière familiale qui viennent occuper
80 % du temps de la Cour supérieure. Finalement, on introduit la
médiation familiale comme un moyen administratif de trouver une solution
à l'engorgement du processus judiciaire. Remarquez que ça
peut-être une façon de voir les choses dans une optique
technocratique, pourquoi pas? Sauf que c'est un certain détournement de
ce qu'est la médiation. C'est comme si la médiation allait servir
essentiellement à régler les problèmes administratifs du
système judiciaire. C'est comme si, en le faisant, dans un sens, on
dépréciait ce qu'elle pouvait offrir de plus aux couples du
Québec. L'optique dans laquelle le Service de médiation est
offert, une fois terminée la lecture du mémoire au Conseil des
ministres, on se rend compte que c'est vraiment l'optique d'un règlement
des problèmes administratifs du système judiciaire. Finalement,
je trouve ça extrêmement regrettable qu'on ait restreint le
service de médiation familiale à cet objectif trop étroit.
(23 h 50)
Vous voyez, à la page 66 du mémoire, on y lit
ceci: «Les causes contestées, bien que ne représentant que
10 % du volume total des causes entendues, occupent à elles seules 86 %
du temps total d'audiences à la cour. Il appert donc que la
clientèle ayant un besoin urgent de recourir à la
médiation se situe dans le système des clauses
contestées.» Ce n'est pas du tout là une conclusion qui
s'impose, la constatation que 10 % du volume total des causes entendues occupe
86 % du temps total. Un besoin urgent de recourir à la médiation,
M. le Président, ne vaut pas que pour les personnes qui contestent
devant le tribunal. Le besoin de recourir à la médiation vaut
tout autant pour celles qui n'y recourent pas parce qu'elles n'ont pas les
moyens. Mais ça ne signifie pas du tout qu'il y a entente entre les
parties ou qu'il y a pour autant un règlement harmonieux. Pas du tout!
Il y a un très grand nombre, finalement, de couples qui n'ont tout
simplement pas les moyens, soit parce qu'ils ne sont pas admissibles à
l'aide juridique, d'une part, puis, d'autre part, parce qu'ils n'ont pas les
moyens de se payer ce que le juge en chef de la Cour suprême appelait
«un club privé».
La justice est devenue un club privé, M. le
Président. Il faut voir ce que ça peut finalement coûter de
simplement faire valoir ses droits et combien il arrive fréquemment de
rencontrer - ça doit être votre cas également dans votre
bureau de comté - des femmes, notamment, qui viennent vous rencontrer et
qui vous disent que, finalement, elles ont laissé tomber parce que
ça demandait une énergie et des moyens qu'elles n'avaient pas.
Dans ce sens-là, le besoin de recourir à la médiation,
c'est un besoin qui, avant d'être celui simplement de... Ce n'est pas que
le système judiciaire qui a des problèmes d'engorgement... Le
besoin de recourir à la médiation, c'est, finalement, le besoin
d'une société qui constate que 60 % des mariages se terminent par
un divorce. C'est la réalité d'une progression vertigineuse du
nombre de divorces. Ce qui est étonnant, M. le Président, c'est
que cette progression ne vient pas simplement des premiers mariages, mais
surtout des seconds mariages. Ce sont les seconds mariages qui provoquent le
plus grand nombre de divorces. On divorce plus après un second mariage
qu'après un premier mariage. C'est quand même un
phénomène, n'est-ce pas?
Alors, tout ça... évidemment, on se divorce
après un premier mariage pour pouvoir en faire un second, mais on se
divorce encore plus vite d'un second mariage.
Je termine là-dessus, M. le Président, en
vous disant simplement que le Conseil du statut de la femme, qui est
réputé pour son expertise en ces matières, pourrait
certainement nous donner un éclairage qui nous permettrait de
répondre, en tout cas, à cette question importante pour
l'opposition qui est la suivante: vaut-il mieux un projet de loi imparfait ou
poursuivre la discussion pour en arriver à un projet de loi qui soit
plus adapté à la réalité des difficultés des
familles d'aujourd'hui? je vous remercie.
Le Président (M. Gauvin): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Vous vous rappelez la motion?
«Il est proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos Règles
de procédure - oui, je vous reviens - la commission permanente des
institutions tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 14, Loi modifiant le Code de
procédure civile concernant la médiation familiale, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende le Conseil du statut de la
femme.»
D'autres membres voulaient se faire entendre, dont Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Pour un maximum de 10
minutes.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Ah! Je vais prendre 10
minutes, M. le Président. Si on n'a pas teminé - il reste 5
minutes - je poursuivrai à la prochaine séance, M. le
Président.
Le Président (M. Gauvin): La parole est à vous, Mme
la députée.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Alors, ma collègue a bien posé la
question, je pense. Dans le mémoire du Conseil du statut de la femme -
et c'est pour ça qu'il serait intéressant de les entendre - elles
ont bien précisé dans leur conclusion qu'il ne faut pas sacrifier
à la célérité les véritables objectifs
poursuivis par le... Je pense que c'est ça, la véritable
question. Elles ont également mentionné qu'elles
déploraient les très courts délais ayant entouré le
dépôt et l'adoption de ce projet de loi. Je vais me permettre de
citer cette partie... C'est pour ça que ce serait important de les
entendre, parce qu'elles n'ont pas eu le temps de faire toutes les analyses.
Depuis le moment où elles ont déposé ce mémoire, le
8 juin, peut-être qu'elles ont eu le temps de poursuivre leurs
études et ce serait peut-être intéressant de voir leur
conclusion là-dessus.
Elles nous disaient: «Le Conseil du statut de la femme
déplore les très courts délais ayant entouré le
dépôt et l'adoption du projet de loi, limitant
considérablement le temps de réaction et la réflexion
nécessaire à la production de commentaires. Bien que ce projet
ait été annoncé préalablement dans le cadre du
Sommet de la justice, l'articulation dans un projet de loi de la proposition
nécessite des analyses plus précises.» M. le
Président, il est évident que le Conseil du statut de la femme se
sent directement concerné par le projet de loi de la médiation
familiale. Ça m'apparaît extrêmement clair et c'est pour
ça que ce serait normal de les entendre.
M. le Président, il y a certains points du projet de loi
où elles auraient pu nous apporter ou elles pourraient nous apporter
certains éclaircissements. Lorsque je lisais, tantôt, l'article 2
et que je regardais le deuxième paragraphe de la modification de
l'article 815.2.1, on dit: «Dans le cas où le tribunal
réfère à un médiateur choisi par les parties,
celles-ci sont tenues au paiement des honoraires de ce médiateur; elles
défraient ces honoraires dans une proportion égale, à
moins que le tribunal ne détermine une proportion
différente.» Alors, c'est évident qu'il y a des incidences
financières extrêmement importantes. Je pense que, sur ce point
précis, le Conseil du statut de la femme a sûrement certaines
recommandations à nous faire.
Il y avait un autre point, M. le Président, qui a trait à
la formation. Dans le mémoire du Conseil du statut de la femme, on nous
faisait mention que les préoccupations des femmes étaient de plus
en plus nombreuses relativement à la médiation familiale et
à son impact sur leurs conditions de vie. Elles insistaient beaucoup sur
la nécessité de la formation des médiateurs aux
problématiques des femmes, parce que c'est une autre
réalité. On peut être un médiateur. On peut avoir
une certaine formation, mais il ne faut pas oublier le point au niveau de la
violence conjugale aussi. Donc, il faut que la formation des médiateurs
tienne compte de cette problématique particulière des femmes et
il fallait en faire une condition préalable essentielle à la
reconnaissance de médiateurs accrédités. Ce qui
m'amène à l'article 4 du projet de loi.
Dans la modification de l'article 827.3, c'est bien indiqué:
«Le gouvernement peut, par règlement, établir les
conditions auxquelles un médiateur doit satisfaire pour être
accrédité et désigner les personnes, organismes ou
associations pouvant accréditer un médiateur.» C'est
exactement à cet article que le Conseil du statut de la femme faisait
référence. On souhaitait que, dans ce règlement du
gouvernement, on fasse une condition préalable essentielle à la
reconnaissance d'un médiateur accrédité cette connaissance
de la problématique vécue par les femmes. Cet article du projet
de loi où le gouvernement peut, par règlement, ça
m'amène, M. le Président, à déplorer à
nouveau qu'on se retrouve régulièrement, dans presque toutes les
législations, particulièrement à cette session-ci, avec
des articles où le gouvernement va légiférer par
règlement.
Donc, l'Opposition officielle ne peut aucunement se prononcer, n'a
aucune idée de ce que
le législateur va faire, va mettre dans ce règlement. On
sait que c'est le règlement qui, finalement, gère la pratique
d'une loi. Et on écarte systématiquement l'Opposition. On a
toujours des articles par règlement. La semaine dernière, je
déplorais sur le projet de loi 23 qui vient régler et qui
souhaite régler la querelle des deux laits. Sur un projet de loi de 26
articles, on se retrouve avec 12 articles où le gouvernement
légifère par règlement et même, dans un seul
article, deux paragraphes par règlement, M. le Président. Alors,
sur ce point précis, je pense que le Conseil du statut de la femme
aurait souhaité être entendu.
M. le Président, on semble me dire que mes 5 premières
minutes sont écoulées. Donc, je vous dis que je poursuivrai
à la prochaine séance, à moins qu'on ne continue.
Le Président (M. Gauvin): C'est ça. La
commission...
Mme Harel: Ajourne.
Le Président (M. Gauvin): ...ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à minuit)