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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. LeSage): Le quorum étant
constaté, je déclare la séance de la commission des
institutions ouverte. Je vous rappelle le mandat de cette commission qui est de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi 406, soit la
Loi sur l'Institut québécois de réforme du droit. Est-ce
qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui. M. Hamel (Sherbrooke) est
remplacé par M. Lafrenière (Gatineau), M. Lafrance (Iberville)
est remplacé par M. Khelfa (Richelieu) et M. Beaulne (Bertrand) est
remplacé par M. Bélanger (Anjou).
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le secrétaire.
M. le ministre, je sais que, lorsque nous avions débuté ce projet
de loi en décembre dernier, vous aviez fait quelques remarques
préliminaires, de même que le porte-parole de l'Opposition, mais
est-ce que vous avez encore des remarques préliminaires à faire?
M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Gil
Rémillard
M. Rémillard: M. le Président, ma première
remarque préliminaire serait certainement de dire à quel point je
me trouve heureux d'être dans cette salle, dans ce salon rouge ou salon
du Conseil législatif, pour discuter d'un projet de loi aussi important,
alors qu'il doit y avoir quelqu'un qui considère que, de fait, ce projet
de loi est très important, et je trouve que les lieux se prêtent
bien à la discussion que nous allons avoir.
M. le Président, je voudrais aussi vous présenter
peut-être les gens qui sont avec moi et qui pourront m'assister dans les
discussions qu'on pourrait avoir. Mon objectif, c'est toujours d'avoir des gens
du ministère de la Justice qui sont très compétents et qui
peuvent répondre parfois à des considérations techniques.
À la Justice, nous n'avons pas de considérations politiques, mais
des considérations essentiellement en fonction du respect de ce juste
équilibre qu'on recherche toujours, M. le Président. Alors, je
voudrais vous présenter Me Graham Hay, qui est du Bureau des lois au
ministère de la Justice, et M. Yves Pleau, qui est avec nous ici; Me
Pleau est notaire et est du bureau du sous-ministre. Il y a Mme Julienne
Pelletier aussi, de mon cabinet, qui m'accompagne, M. le Président.
M. le Président, peut-être rapidement, si vous me le
permettez, je pourrais faire quelques notes d'introduction pour rappeler que,
le 14 novembre dernier, je présentais devant l'Assemblée
nationale le projet de loi 406, intitulé Loi sur l'Institut
québécois de réforme du droit. Le 3 décembre, avait
lieu l'adoption de principe de ce projet de loi, lequel était
appelé devant la commission des institutions le 18 décembre. Lors
de la séance de la commission, les membres convenaient d'ajourner les
travaux à une prochaine séance de manière à laisser
un temps de réflexion afin d'évaluer s'il y avait matière
à amendement eu égard aux remarques formulées par
l'Opposition officielle dans le cadre de l'adoption de principe et aussi en
fonction des commentaires que pourraient avoir les principaux
intéressés au dossier, en particulier les corporations
professionnelles.
Ces remarques portaient essentiellement, donc, sur des modalités
de nomination des membres ou sur l'approbation par le ministre des programmes
de recherches que l'Institut pourrait entreprendre. Nous avons fait des
consultations et nous en sommes arrivés à la conclusion que nous
pourrions envisager, dans le cadre de nos travaux, un amendement aux
modalités de nomination des membres de façon à
prévoir une consultation qui serait préalable des milieux
intéressés, pour impliquer les milieux
intéressés.
Par ailleurs, M. le Président, il m'apparaît difficile de
soustraire les programmes de recherches du droit de regard du ministre
responsable de l'application de la loi compte tenu des particularités
qui distinguent cet Institut des autres organismes publics de recherche et de
conseil. La saine gestion des fonds publics, ainsi que l'adéquation
entre les programmes de recherches qui pourront être entrepris et les
besoins réels des citoyens et citoyennes du Québec d'effectuer
diverses recherches le demandent. En effet, M. le Président, cet
Institut devrait être composé de plusieurs membres à temps
plein et à temps partiel rémunérés par
l'État, et ce, contrairement aux autres organismes de recherche et de
conseil où l'on retrouve seulement un président occupant une
fonction à temps plein et rémunérée.
Par ailleurs, l'Institut sera essentiellement un organisme de recherche
fondamentale et ce sont les membres qui auront à mener eux-mêmes
leurs propres recherches et consultations, même si une équipe de
soutien leur est prévue. Ce sont eux, en effet, qui auront à
délivrer des rapports à partir de leur expertise et non pas
seulement à donner des avis ou des conseils.
L'approbation des programmes par le ministre vise, enfin, à
répondre à un souci d'efficacité. Comme nous l'avons vu
dans le cadre des travaux sur le Code civil du Québec, certaines
questions importantes pour la société devront
être confiées à l'Institut.
Référons-nous, par exemple, à des sujets que nous avons
abordés lors de nos travaux sur le Code civil comme, par exemple,
l'euthanasie, la propriété des embryons, l'assurance collective
de biens et d'autres sujets, M. le Président, auxquels on pourra se
référer.
Au fur et à mesure des années, d'autres sujets, bien
sûr, tout aussi importants pourront s'y ajouter de par l'évolution
de notre société. C'est alors que cette mesure de contrôle
permettra au ministre de s'assurer que les travaux auxquels il donnera
priorité n'auront pas pour effet de suspendre la réalisation
d'autres travaux ayant nécessité des ressources importantes et
qui, autrement, n'auraient pas été entrepris. (10 h 20)
En terminant, M. le Président, je retiens des propos de Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve l'appui de l'Opposition
officielle quant à l'opportunité de créer l'Institut
québécois de réforme du droit. J'entends donc, d'ailleurs,
dans les mois qui suivront, mettre les énergies nécessaires
à la mise en oeuvre du projet de loi si la collaboration de l'Opposition
m'est acquise pour en permettre l'adoption d'ici la fin de la session et que
cet Institut puisse procéder le plus rapidement possible aux
études qu'il doit faire pour, entre autres, compléter nos travaux
sur la réforme du Code civil. Merci, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneu-ve, vous avez des remarques
préliminaires?
Mme Harel: Oui. Merci, M. le Président. Le
Président (M. LeSage): À vous la parole. Mme Louise
Harel
Mme Harel: M. le Président, je suis également
heureuse de me retrouver ce matin à reprendre les travaux où nous
les avions laissés à la fin de la session de l'automne dernier.
Je félicite le ministre de donner suite à son engagement. Il se
rappellera certainement, M. le Président, que pour l'Opposition ce
nouvel organisme était une condition sine qua non pour procéder,
comme nous l'avons fait, donc assez rapidement l'automne dernier, à la
réforme du Code civil. Nous l'avions dit à plusieurs reprises.
Évidemment, ce n'est pas là une nouvelle nouvelle pour le
ministre, mais dès juin dernier, au moment de l'examen en
deuxième lecture du projet de loi 125, nous avions dit au ministre qu'il
était important de ne pas aborder l'examen de la réforme du Code
civil en nous imposant comme parlementaires le fardeau de penser aux
générations à venir, donc, un fardeau qui nous amenait
à nous établir une ligne d'horizon trop lointaine, mais qu'il
fallait aborder cette réforme du Code civil en fonction des gens
d'aujourd'hui et qu'à cet effet il s'imposait qu'il y ait la mise en
place d'un institut, d'un organisme qui allait poursuivre de manière
à bien être au fait de l'évolution de la
société et à modifier le Code civil en conséquence,
de façon à ce que plus jamais, en fait, on ne conçoive le
Code civil comme des papiers de famille à mettre dans un écrin
bien loin de la réalité de tous les jours, mais comme un
instrument moderne qui est en évolution constante. Et, d'autant plus,
évidemment, qu'avec la mise en vigueur du nouveau Code il y aura
certainement de nombreuses interprétations juridiques et judicia;res. li
nous faudra, en conséquence, certainement ajuster le dispositif de
manière à ce que l'intenticn du législateur soit
continuellement retrouvée, finalement, au fur et à mesure que le
Code évoluera. Et, c'est donc avec bonheur, je le dis, que nous entamons
les travaux d'aujourd'hui.
J'aurais souhaité que nous ayons encore plus de travail
parlementaire à l'occasion de cette fin de session. J'avais pensé
que nous pourrions également donner suite à l'engagement du
ministre d'adopter avant la fin de la session la réforme des tribunaux
administratifs. Le ministre nous dit qu'il entend déposer le projet de
loi, mais je comprends qu'il ne s'agira pas d'un dépôt pour
adoption. D'autre part, j'avais aussi pensé que nous donnerions suite
à l'engagement du ministre de procéder à la consultation
et à l'examen de la question de l'hypothèque mobilière. Je
ne sais pas à quel moment le ministre entend déposer son projet
de loi à cet effet et quand il entend consulter, comme il l'avait
déjà annoncé. Nous aurons certainement des informations
à ce sujet.
Alors, quant au projet de loi qui est devant nous, le projet de loi 406,
bon, c'est avec un esprit d'ouverture, M. le Président, que nous allons
procéder à son examen. Évidemment, nous souhaitons que
l'Institut ait le plus d'autonomie possible. C'est relatif, évidemment,
à la responsabilité ministérielle. Nous l'aurions
souhaité indépendant et autonome le plus possible. Nous avions
même envisagé, au moment de l'étude en deuxième
lecture, de faire relever directement de l'Assemblée nationale, par
exemple, comme le Protecteur du citoyen, l'Institut qui allait être
créé.
Nous pouvons envisager autre chose. M. le ministre vient de nous
indiquer qu'il n'entendait pas poursuivre dans cette direction, mais sans doute
pouvons-nous échanger et je compte, évidemment, sur son ouverture
d'esprit pour examiner s'il n'y aurait pas lieu de garantir à l'Institut
le plus d'autonomie possible, notamment en regard des programmes de recherches
qu'il pourra décider d'entreprendre. Faut-il que ce soient exclusivement
des programmes approuvés par le ministre? On pourra revenir
là-dessus. Également, M. le Président, un aspect qui me
semble extrêmement important est le fait que les
documents produits par l'Institut, à la suite de toutes ces
études et de ces recherches, soient considérés comme des
documents publics, que ça fasse partie du patrimoine, finalement, et
qu'il n'y ait pas le sceau de la confidentialité qui retire du
débat public ce qui sera le résultat de toutes ces recherches. Je
vous remercie.
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Pour des remarques
préliminaires également, je présume, M. le
député de Chapleau, vous aviez demandé la parole.
M. John J. Kehoe
M. Kehoe: Oui, M. le Président. Seulement un mot pour
répéter ce que la porte-parole de l'Opposition a dit pour
féliciter le ministre pour son initiative ce matin et noter l'ouverture
d'esprit de la porte-parole de l'Opposition. Le 16 décembre
passé, nous avons adopté le projet de loi «120», la
réforme du Code civil. Ça a pris 35 ans pour le faire. Ça
a pris énormément de temps et des interventions d'experts, des
études profondes, enfin tout. Je pense que ceux et celles qui ont
participé à l'étude article par article ont vu sans
équivoque qu'il y avait une nécessité pour un organisme
quelconque d'assurer l'évolution continuelle de cette loi-là.
Comme la porte-parole de l'Opposition l'a dit - excusez-moi, c'est le projet de
loi 125 et c'était le 18 décembre - on a vu la
nécessité de continuer révolution qui est
déjà commencée. Le Code civil, jusqu'à ce qu'on ait
adopté le projet de loi 125, on a toujours eu des avocats, des
pratiquants qui ont pensé que c'était un document écrit
dans le béton, que c'était inchangeable. Ça a pris 35 ans
pour le faire. Et je suis sûr qu'avec l'Institut qu'on va créer
aujourd'hui avec l'adoption de la présente loi ça va faire en
sorte que les changements, les sujets qu'on a abordés et qu'on a
discutés lors de la réforme et pour lesquels on n'était
pas absolument certains de quel côté on devait pencher... Il y
avait certains de ces sujets-là où ça va prendre plus
d'études, et c'est ça qu'on va faire avec l'Institut qui sera
créé avec cette loi-là.
Tout ça pour dire que je pense que c'était une
nécessité, le fait qu'on va procéder à son adoption
d'ici la fin de la session, en préparation justement de la loi qui s'en
vient, la loi de mise en vigueur du nouveau Code qui va commencer,
espérons, en 1993, mais à l'automne on va étudier l'autre
partie de la réforme, le Code de procédure. Donc, je pense que
ça tombe pile qu'on procède immédiatement à
l'adoption ou à l'étude des différents articles dans le
but d'assurer que cette loi 406 soit adoptée d'ici la fin de la session.
Merci.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le
député de Chapleau. Alors, s'il n'y a pas d'autres remarques
préliminaires, est-ce qu'il y a des motions préliminaires visant
les travaux de cette commission? Alors, j'appelle l'article 1 du projet de loi.
M. le ministre. (10 h 30)
Étude détaillée Constitution et
mission
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Cet article 1
crée l'Institut québécois de réforme du droit et la
dénomination «Institut» permet de mieux marquer la
spécificité des travaux de l'organisme par rapport aux travaux
gouvernementaux, son autonomie structurelle, sa vocation de recherche et
d'animation et son caractère multidisciplinaire. Cette
dénomination permet d'éviter qu'on confonde l'Institut avec
plusieurs organismes d'enquête et de promotion des droits qui sont
appelés commissions.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. LeSage): J'appelle l'article 2. M. le
ministre.
M. Rémillard: M. le Président, cet article confie
à l'Institut sa mission qui est celle de soumettre au ministre de la
Justice des propositions de réforme et de développement du droit.
Ces propositions pourront, entre autres, porter sur, premièrement,
l'adaptation du système juridique aux besoins de la
société, deuxièmement, sur la simplification, la
codification et l'harmonisation des règles de droit ou encore,
troisièmement, sur l'humanisation des institutions liées à
l'administration de la justice.
M. le Président, les organismes de réforme du droit ont,
en effet, pour mission de revoir les différentes composantes du droit
que sont le droit législatif, jurisprudentiel, substantif ou, encore,
procédural.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, il s'agit donc, à
l'article 2, du mandat, en fait, qui est alloué à l'Institut et
je suis surprise de constater le caractère restrictif de ce mandat. Il
s'agit de soumettre au ministre des propositions de réforme. Je me
demande si cette disposition se retrouve dans les autres instituts, conseils
qui pourraient nous inspirer à l'occasion de l'examen du projet de loi
406. Alors, j'ai apporté avec moi la loi constitutive de l'Institut
québécois de recherche sur la culture, sur le Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration et sur le Conseil de la
famille. En fait, c'est la
mission. Je retrouve une disposition, par exemple, à l'Institut
québécois de recherche sur la culture. Attendez. Je ne retrouve
pas une disposition semblable qui soit aussi limitative.
M. Rémillard: Je ne sais pas. Je ne vois pas, là,
comment ça pourrait être limitatif. Comment le voyez-vous
limitatif? Parce qu'on ne veut pas qu'il soit limitatif. On veut simplement
qu'il reste quand même dans les cadres du fonctionnement normal d'un tel
institut, en fonction de l'évolution du droit. Quel pourrait être
le problème?
Mme Harel: En fait, c'est le mot «principalement» qui
pourrait être ajouté, comme c'est le cas, par exemple, dans la Loi
sur le Conseil de la famille qui a été adoptée,
dernièrement, en mars 1989. On retrouve, à l'article 14 portant
sur la responsabilité du Conseil: «Le Conseil a principalement
pour fonction de conseiller le ministre sur toute question
d'intérêt familial». Vous voyez, c'est que décrire la
mission comme étant exclusivement celle de soumettre au ministre des
propositions, il me semble que ça restreint la responsabilité de
l'Institut. Pourtant, on va retrouver, je pense, aux articles
subséquents le pouvoir qu'a l'Institut de procéder de sa propre
initiative, je crois, à des recherches.
M. Rémillard: M. le Président, il y a deux choses
dans l'article 2. La première des choses, c'est qu'on parle du mandat de
l'Institut et son mandat, c'est de soumettre au ministre, donc, de
déposer auprès du ministre des propositions de réforme et
de développement du droit. Ça, c'est la première partie.
On ne l'a pas fait en fonction du gouvernement, on l'a fait en fonction du
ministre de la Justice puisqu'il s'agit d'un institut qui est directement
relié aux fonctions du ministre de la Justice. Ça, je pense bien
que ça ne cause pas de difficultés à ce
niveau-là.
La deuxième partie, qui se réfère à des
balises, à des références du mandat, débute par un
«notamment». Donc, ce que ça signifie, évidemment,
c'est que ce n'est pas limitatif. En fonction de la règle ejusdem
generis, ça signifierait donc que d'autres balises pourraient s'ajouter,
mais du même genre que celles énumé-rées. On ne peut
pas faire faire une étude, par exemple, sur la cueillette des fraises
à l'île d'Orléans par l'Institut, ça se comprend
aisément. Dans le même genre que les balises
énumérées, donc, «notamment par l'adaptation du
système juridique aux besoins de la société -
première des choses, première balise - par la simplification, la
codification et l'harmonisation des règles de droit - deuxième
balise - et par l'humanisation des institutions liées à
l'administration de la justice», troisième balise, mais ce n'est
pas limitatif. Le «notamment» est là pour suggérer
qu'on peut aller aussi en fonction d'autres paramètres, mais toujours du
même genre. Alors, je ne vois pas où on pourrait se limiter.
Mme Harel: Le «notamment» fait
référence aux diverses propositions de réforme et de
développement, élargit finalement le cadre de ces propositions
qui pourraient être faites par l'Institut au ministre. Il s'agit d'autre
chose quand je propose au ministre d'introduire que la mission de l'Institut
soit principalement de lui soumettre des propositions. Je comprends que ces
propositions puissent porter notamment sur bien d'autres choses que sur ce qui
est écrit à l'article 2. Par ailleurs, même si cr-s
propositions portent sur autre chose, il s'agit essentiellement et
exclusivement, tel que c'est écrit là, de soumettre au ministre
des propositions. La question est de savoir si ça peut être autre
chose. Je donnais l'exemple du Conseil de la famille. Le Conseil de la famille,
c'est évident qu'il est à la ministre
déléguée à la Famille ce que l'Institut
québécois de réforme du droit est au ministre de la
Justice. Mais, pourtant, le 1er mars 1989, lors de l'adoption de la loi
constituant le Conseil de la famille, le législateur a
préféré confier au Conseil une responsabilité,
évidemment, qui est celle de conseiller le ministre, mais qui est
principalement celle de conseiller le ministre. Alors, ça peut aussi
ouvrir à d'autres responsabilités.
Indépendamment de l'article 2, peut-être que c'est à
ce moment-ci qu'on peut échanger et connaître la position du
ministre sur cette question de l'autorisation qui dans le projet de loi 406 est
requise pour que l'Institut procède à tout programme de
recherches. Je comprends que le projet de loi 406 prévoit ou exige, en
fait, l'approbation par le ministre des programmes de recherches que l'Institut
se propose d'entreprendre. (10 h 40)
J'avais eu l'occasion, lors de l'examen en deuxième lecture, de
signaler au ministre que ça laissait beaucoup moins d'autonomie à
l'Institut que l'autonomie qui était laissée actuellement
à tous les comités consultatifs, comme le Conseil de la famille,
le Conseil des communautés culturelles et de l'immigration, l'Institut
québécois de recherche sur la culture, le Conseil du statut de la
femme. En fait, tous les conseils actuellement peuvent entreprendre de leur
propre initiative, mais, évidemment, doivent entreprendre les recherches
qui sont demandées par le ministre responsable. Alors, les conseils
doivent se saisir en priorité des demandes d'études que le
ministre responsable peut faire, mais, en dehors de ces mandats, l'initiative
est quand même possible, sur papier du moins en fait, parce que, si les
ministres responsables multiplient les demandes d'études ou les demandes
d'avis, c'est évident que les conseils sont tenus en priorité de
les leur fournir, mais, le cas échéant, il reste que les conseils
quand même ont, je pense, l'initiative aussi. Et ce n'est pas le cas avec
le
projet de loi 406. Je comprends que l'Institut est tenu de soumettre les
programmes de recherches qu'il se propose d'entreprendre. Pourquoi?
M. Rémillard: Oui, bien, c'est une question... On a
regardé un peu ce qui se faisait dans les autres domaines connexes et
aussi au niveau fédéral ce qui se faisait, on doit le dire
maintenant, parce que ça n'existe plus, la Commission de réforme
du droit, ce qui ne nous a pas empêchés, nous, de procéder
avec notre projet de loi.
Mme Harel: Vous n'en êtes qu'encore plus
félicités.
M. Rémillard: Bon. Mais, je crois que, d'une part, il
faut, de fait, avoir comme objectif l'autonomie de l'Institut. D'autre part, il
faut aussi avoir à l'esprit le besoin du gouvernement, avec un grand G,
de pouvoir procéder à des études pour faire avancer les
dossiers gouvernementaux avec un grand G. Ce que je veux dire, prenons toujours
l'exemple classique qu'on a, bien sûr, à l'esprit, c'est le Code
civil. Simplement, les sujets qu'ils auront à étudier, que nous
avons décidé... À l'unanimité, lors de notre
étude, tous les membres de cette commission, qui ont
étudié en sous-commission le nouveau Code civil, sont
arrivés donc à la conclusion que, sur certains sujets qui ne sont
pas faciles à préciser pour l'adaptation justement à
révolution de notre société, de notre droit, il va falloir
que l'Institut puisse se pencher sur ces choses-là, sur ces
cas-là, sur ces nouvelles dimensions de notre droit.
Alors, comment donc protéger, d'une part, l'autonomie de
l'Institut, d'autre part que les réalisations se fassent, que le
gouvernement puisse bénéficier de l'apport de l'Institut et aussi
qu'il y ait quand même une gestion des fonds publics, parce que le
ministre est responsable de la gestion des fonds publics comme tels? Alors, on
peut imaginer beaucoup de scénarios, mais si l'Institut décide de
partir de par lui-même, en fonction de différents sujets
d'étude... Parce qu'il peut y avoir une multitude de sujets
d'étude pour un tel Institut étant donné
l'évolution phénoménale de notre société
dans tellement de sujets de droit. Et, dans ce cas-là, toutes les
ressources de l'Institut peuvent être accaparées par ces
programmes déterminés par l'Institut et il ne resterait plus de
possibilité, même si le ministre le voulait, de donner suite, par
exemple, à des décisions d'une commission parlementaire qui
aurait décidé de confier des mandats, si ce n'est que l'Institut
dirait: Bon, bien, très bien, mais donnez-nous d'autres ressources,
donnez-nous plus de budget.
Alors, il y a là un équilibre à faire. Et, moi, je
me réfère toujours aux travaux qu'on doit faire en matière
de justice au niveau des commissions parlementaires, et on doit favoriser,
à mon sens, beaucoup le travail en commission parlementaire lorsqu'on
parle de justice. Ça devient, à ce moment-là,
peut-être une situation qui pourrait être difficile.
D'autre part, je me permets d'attirer votre attention, M. le
Président, sur l'article 17 qui dit: «Le ministre dépose
devant l'Assemblée nationale les programmes de recherches, les rapports
de recherches et les rapports d'activités de l'Institut dans les quinze
jours de leur approbation s'il s'agit des programmes de recherches ou de leur
remise s'il s'agit des rapports. Si l'Assemblée ne siège pas, ils
sont déposés dans les quinze jours de la reprise de ses
travaux.»
Alors, tout à l'heure, on aura à discuter probablement en
fonction d'un commentaire que Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve a fait dans ses remarques préliminaires,
commentaire très juste à l'effet qu'il faut que ces documents
soient publics. Bon, très bien, on pourra en discuter tout à
l'heure. Mais ce que je veux dire, c'est que tout le processus est fait en
fonction qu'on puisse respecter aussi le processus parlementaire, la
volonté parlementaire et la volonté gouvernementale qui est
issue, finalement, du Parlement. Et, dans un domaine comme la justice, il faut
quand même être conscient qu'on ne peut pas partir tous azimuts.
J'ai bien confiance dans un tel institut et les gens qui vont le composer. Bien
sûr, on va les choisir judicieusement, après consultation des gens
du milieu, selon l'amendement que je vais proposer. Mais il faut quand
même qu'on ait des garanties qu'on va pouvoir aussi faire le travail
qu'on doit faire pour réaliser les programmes gouvernementaux que nous
avons.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, je pense qu'il est opportun
à ce moment-ci de poursuivre cet échange qui, en fait, affecte
plusieurs dispositions que nous verrons par la suite, puisque, qu'il s'agisse
de l'article 2 ou des suivants, c'est évident que c'est de la mission de
l'Institut que nous parlons maintenant. Et je dis au ministre, lui qui est
perpétuellement à la recherche d'un juste équilibre, qu'il
y a un déséquilibre au chapitre 1, et, ce
déséquilibre, il a la possibilité de le corriger et
d'y remédier maintenant. Je comprends son point de vue, et je le
partage, à l'effet qu'il doit y avoir priorité aux demandes
d'avis et de recherches du ministre et du législateur, mais c'est
déjà prévu au deuxième paragraphe de l'article 4.
On y lit: «II - l'Institut - donne suite en priorité aux demandes
d'avis ou de recherches que lui adresse le ministre». Mais c'est autre
chose dont il s'agit, là. Il s'agit de savoir si l'Institut va
être entièrement soumis à l'approbation du ministre pour
ses programmes de recherches, en dehors, évidemment, des
priorités ou des demandes d'avis
et de recherches qui peuvent lui être adressées par le
ministre. Ça n'a rien à voir avec la responsabilité et la
gestion des fonds publics.
Ses collègues ministres ont trouvé des réponses
différentes de celle qu'il apporte avec le projet de loi 406, et je les
considère comme tout autant responsables et soucieux de la bonne gestion
des fonds publics. La ministre déléguée à la
Famille, lors de l'adoption du Conseil de la famille, en 1989, finalement, a
préféré permettre au Conseil de la famille, après
consultation du ministre concerné, d'«effectuer ou faire effectuer
les études et les recherches qu'il juge utiles ou nécessaires
à l'exercice de ses fonctions.» Alors, c'est une formule
mitoyenne, en fait. Je comparais la formule des pouvoirs conférés
au Conseil, à l'article 15 du Conseil de la famille, aux autres
formules, par exemple, l'article 14 de la Loi sur le Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration ou l'article 21 de la Loi
sur l'Institut québécois de recherche sur la culture. Et ce n'est
même pas ce que je propose au ministre, parce que, dans la Loi sur
l'Institut québécois de recherche sur la culture, là,
c'est la pleine autonomie qui est octroyée à l'Institut
québécois de recherche sur la culture, qui est une corporation au
sens du Code civil, avec tous les pouvoirs généraux
conférés à une telle corporation. Et, à l'article
21, on prévoit même que l'Institut peut «concevoir et
réaliser les plans et les programmes de recherche nécessaires
pour mieux comprendre les transformations de la culture au
Québec», de sa propre initiative. Je ne le lui donne pas en
modèle parce que, finalement, c'est là une législation
adoptée par le gouvernement précédent, mais ça
donne l'indication de ce qu'il nous semble, nous, devoir conférer comme
marge de manoeuvre à un organisme que l'on veut à l'avant-garde,
d'une certaine façon, de ce qu'on peut faire dans un ministère ou
de ce qu'on peut faire dans un appareil gouvernemental. (10 h 50)
Je veux également donner comme exemple la Loi sur le Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration et je dois dire au ministre
que, pendant le très court laps de temps où j'ai
été ministre - je crois que c'était 63 jours - un de mes
sujets de réjouissance, ça a été de faire adopter
cette Loi sur le Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration. Et je me rappelle les débats acrimonieux qu'il a fallu
soutenir dans les comités ministériels de tout acabit qui ne
voulaient pas entendre qu'un conseil puisse avoir des pouvoirs d'autonomie qui
le dégagent, dans le fond, du contrôle de l'appareil. Ce n'est pas
tant le ministre qui se donne un contrôle avec le projet de loi 406.
C'est, finalement, beaucoup plus l'appareil lui-même qui se donne un
contrôle par rapport aux travaux de l'Institut. Je me rappelle - je ne
pourrai jamais les oublier - à quel point l'appareil des hauts
fonctionnaires était non pas réticent, mais hostile et
résistait au fait qu'on puisse attribuer un pouvoir, une pleine
autonomie comme c'était proposé. Et je me rappelle avoir vraiment
gagné de haute lutte que des dispositions, comme celles qu'on retrouve
encore à l'article 14 du Conseil des communautés culturelles et
de l'immigration, laissent pleine autonomie au Conseil pour «effectuer ou
faire effectuer les études et recherches qu'il juge utiles ou
nécessaires à l'exercice de sa fonction».
Mais, encore là, ce n'est même pas ça que je propose
au ministre. Ce que je lui propose, c'est de s'inspirer de la loi
adoptée par son gouvernement créant le Conseil de la famille et
de permettre que l'Institut, après avoir consulté le ministre,
n'est-ce pas, effectue ou fasse effectuer les études et recherches qu'il
juge utiles ou nécessaires à l'exercice de ses fonctions, tout en
maintenant, évidemment, le deuxième paragraphe de l'article 4
où il est dit que l'Institut «donne suite en priorité aux
demandes d'avis ou de recherches que lui adresse le ministre». Ça
donne, dans le fond, au ministre, à mon point de vue, le pouvoir de
gestion qu'il lui faut, parce que, dépendamment du budget, n'est-ce pas,
qui est attribué à l'Institut à chaque année et
étant donné le fait qu'il peut, en priorité, faire des
demandes d'avis et de recherches, c'est évident que ça
réduit tout autant la marge de manoeuvre de l'Institut qui doit
procéder en priorité à ces avis et recherches
demandés par le ministre avant de procéder à d'autres
types de recherches. Mais ça laisse malgré tout - ça
laisse malgré tout - une marge de manoeuvre, aussi réduite
puisse-t-elle être, qui permet à l'Institut de se dégager
de la trop forte emprise parfois de l'appareil gouvernemental. Je ne parle pas
du ministre lui-même. Lui-même sait, comme je le sais, comme tous
les parlementaires de cette commission le savent, qu'une fonction de
législateur, c'est, par définition, temporaire, mais que
l'appareil gouvernemental est, par définition, permanent.
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. D'abord,
je voudrais bien dire à Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve que je vais me référer aux lois, peu
importe si elles ont été adoptées par un
précédent gouvernement ou par notre gouvernement; ce n'est pas un
critère pour moi. Ce qui est le critère, c'est d'avoir le
meilleur institut possible, au départ. Alors, si elle a des textes qui
peuvent nous aider, si ces textes viennent d'un projet de loi qu'elle a fait
adopter lorsqu'elle était ministre, je n'ai aucune objection, M. le
Président. Mon objectif, c'est strictement qu'on puisse trouver le
meilleur mécanisme possible: d'une part, protéger l'autonomie,
d'autre part, bien sûr, assurer que l'Institut puisse accomplir la
mission qu'il doit avoir. Moi, ce que je voudrais éviter, c'est qu'on se
retrouve dans une situation - je l'expliquais un peu tout à
l'heure brièvement - où tout à coup l'Institut
décide de faire une grande recherche sur l'évolution - je ne sais
pas trop - des technologies dans le domaine de la bioéthique et en
fonction de la manipulation des gènes et des conséquences sur le
respect de la vie privée - je ne sais pas trop quoi - et qu'il mette
toutes ses ressources là-dedans. Tout à coup, on
s'aperçoit qu'il a décidé de faire ça et que,
là, il n'y a plus de place pour des études que nécessitent
des volontés parlementaires, gouvernementales. C'est ça que je
veux éviter. D'une part, je suis bien d'accord de dire: Oui,
l'autonomie, mais pas tous azimuts. Il faut qu'elle soit encadrée.
Alors, c'est quoi, le juste équilibre? Si on se réfère
à l'article 4, si on regarde l'article 4, je comprends la position de
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve, M. le Président,
quand elle dit: Bon, très bien, au deuxième alinéa de
l'article 4, ça, ça va. Est-ce que je comprends bien? C'est
ça?
Mme Harel: Oui, tout à fait.
M. Rémillard: Oui. Alors, c'est le premier alinéa
qui est trop restreint en ce sens que ce premier alinéa, M. le
Président, dit: «L'Institut soumet à l'approbation du
ministre les programmes de recherches qu'il se propose d'entreprendre.»
Quelle formule pourrait-on trouver pour éviter ce que je viens de dire
tout en donnant plus d'autonomie? Si on trouve une formule, je veux bien, M. le
Président, mais on pourrait peut-être, si on disait: L'Institut...
Je fais simplement...
Mme Harel: Soumet à la consultation du ministre.
M. Rémillard: Oui, bien, c'est ça. J'ai
écrit ici: L'Institut consulte le ministre quant aux programmes de
recherches qu'il se propose d'entreprendre. Il faudrait que je consulte les
légistes qui sont avec nous...
Mme Harel: C'est ça.
M. Rémillard: ...pour ne pas faire de gaffe.
Mme Harel: Vous pourriez les consulter et revenir cet
après-midi.
M. Rémillard: On peut revenir. Oui, on peut faire
ça, mais on peut prendre aussi quelques minutes et voir s'il n'y aurait
pas d'autres choses qu'on peut voir. Il faudrait voir. Alors, regardons
simplement entre nous cette possibilité, ce que ça donnerait. Ce
ne sera pas la formulation exacte, mais on dit simplement: L'Institut consulte
le ministre quant aux programmes de recherches qu'il se propose
d'entreprendre.
Mme Harel: Alors, en consultant le minis- tre...
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: ...s'il s'engage dans des programmes qui demandent,
finalement, des fonds considérables mais qu'à tout moment le
ministre peut, en priorité, mettre fin à cela, en fait,
l'Institut devra y mettre fin pour donner priorité aux demandes d'avis
ou de recherches que le ministre fait.
M. Rémillard: Est-ce que c'est évident,
d'après vous, ce que vous me dites? Est-ce que c'est évident, si
on mettait ça: L'Institut consulte le ministre? Peut-être que ce
n'est pas aussi évident. Regardons un scénario. Alors, le
ministre reçoit, par exemple, une lettre de l'Institut. Ça
pourrait se passer comme ça. On dit: M. le ministre, l'Institut,
conformément à l'article 4 de la loi, vous informe et vous
consulte quant à la programmation qu'il entend prendre et il
énumère la programmation. Quelle possibilité, donc, le
ministre a-t-il? Il est simplement consulté. Il n'est pas
consulté pour approbation, il est simplement consulté. Alors,
là, le ministre peut faire des commentaires. L'Institut n'est pas
obligé de les retenir et là le ministre a, bien sûr, le
deuxième alinéa qui dit: «II donne suite en priorité
aux demandes d'avis ou de recherches que lui adresse le ministre». Donc,
il peut, à tout moment, arriver avec ses demandes et ça lui donne
priorité. À ce moment-là, ça dit qu'un programme,
tout à coup, est arrêté, que les ressources engagées
sont arrêtées et là tout le monde se met sur l'autre.
Mme Harel: La lettre que vous recevez, quand vous la recevez,
évidemment, votre appareil en fait l'examen et vous recommande,
finalement, de faire un accusé de réception ou, tout simplement,
de demander à l'Institut de procéder à d'autres types de
recherches ou à un avis sur un autre sujet puisque, lorsque l'Institut
consulte le ministre, la réponse peut être juste un accusé
de réception: Parfait, vous y allez! Ou la réponse peut
être: Nous vous demandons de procéder à telle et telle
autre recherche.
M. Rémillard: Écoutez, je pourrais consulter les
légistes sur le mot «consulter».
Mme Harel: Oui, allez. C'est ça.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, si vous me
permettez...
Mme Harel: Tout à fait. Je les réfère
à l'article 15 des pouvoirs du Conseil de la famille.
M. Rémillard: Oui, j'ai ça devant moi, ici. On
l'avait. C'est parce qu'il y a un ensemble de dispositions. Alors, il ne faut
pas que ce soit
isolé non plus.
Mme Harel: Non.
M. Rémillard: II faut voir les conséquences d'une
par rapport à l'autre...
Mme Harel: Oui. (11 heures)
M. Rémillard: ...alors qu'ici on a juste deux
alinéas. Mais, si vous me permettez, M. le Président, je pourrais
demander aux légistes de regarder ça attentivement ou bien si
vous voulez qu'on suspende pour quelques minutes, puis je peux revenir.
Le Président (M. LeSage): Moi, c'est ce que j'allais
suggérer, M. le ministre. Je vous rappelle d'abord qu'on est à
l'article 2. Nous discutons présentement d'un amendement à
l'article 4. Je n'ai pas d'objection à ça. Mais si l'amendement
à l'article 4 pouvait être rédigé et faire en sorte
que l'on puisse procéder avec l'article 2 et les suivants, avec l'accord
de l'Opposition, je serais pour qu'on suspende quelques instants et qu'on
prépare cet amendement qui pourrait rencontrer l'approbation de tous les
membres de la com-misision.
M. Rémillard: On aura besoin d'une vingtaine de
minutes.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que vous êtes
d'accord avec cette suspension, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: M. le Président, il y a 20 articles dans ce
projet de loi. Si nous pouvions procéder à l'examen de ces
articles ce matin en indiquant, du côté de l'Opposition, des
questions comme celles soulevées concernant les pouvoirs, au fur et
à mesure le ministre en prendrait note et cet après-midi nous
reviendrions avec des amendements et nous procéderions à
l'adoption de ces amendements, nous procéderions à des votes, si
vous voulez, de manière à compléter... Notre intention,
c'est de compléter le travail, mais j'ai l'impression que ça
pourrait permettre d'avoir une vue d'ensemble.
M. Rémillard: Oui, c'est une...
Mme Harel: Au bout du compte, M. le Président, on va tous
être gagnants.
M. Rémillard: Écoutez, M. le Président, on
poursuit essentiellement le même objectif. Alors, moi, je trouve que
c'est intéressant, la façon dont on nous suggère de
procéder. On peut regarder ça de près. Je comprends donc
que cet après-midi toutes nos études seraient
terminées.
Mme Harel: Pour la bonne raison que, si, par exemple, c'est plus
à l'article 3 qu'il faut introduire la modification concernant la
consultation... Il est possible qu'à la lumière des exigences de
la rédaction le ministre décide que ce n'est pas à
l'article 4, mais à l'article 3. Il n'est pas impossible que ce soit
à l'article 3. Alors, là, si on procède de manière
trop restrictive, j'ai l'impression qu'on va s'enfarger.
M. Rémillard: M. le Président, il ne faut surtout
pas s'enfarger.
Le Président (M. LeSage): Surtout pas. Alors, votre
suggestion, est-ce que vous voulez procéder avec des suspensions article
par article au fur et à mesure qu'ils sont appelés et traiter,
disposer de quelques-uns cet avant-midi? C'est ce que vous suggérez?
Mme Harel: Voilà. Par exemple, M. le Président,
nous sommes à l'article 2. Dépendam-ment si le ministre donne
suite à un amendement à l'article 3 ou 4 concernant le fait que
l'Institut puisse entreprendre des recherches après consultation,
à l'article 2, on pourrait à ce moment-là introduire,
après les mots «L'institut a pour mission», le mot
«principalement».
M. Rémillard: M. le Président, prenons pour acquis,
avec les réserves que je fais de consulter les légistes, de voir
les interrelations, qu'à l'article 4 nous allons étudier
très, très sérieusement une formulation qui pourrait
être semblable à: L'Institut consulte le ministre quant aux
programmes de recherches qu'il se propose d'entreprendre. Partons de ça,
si vous voulez.
Comme je l'ai annoncé tantôt dans mes notes
préliminaires, en ce qui regarde la nomination des membres, je veux
dire: après consultation des milieux impliqués. Alors, donc, ces
deux choses-là on peut s'y référer. Là, on se
retrouve à l'article 2 et on dit: «L'Institut a pour mission de
soumettre au ministre». Là, si je comprends bien, Mme la
députée voudrait qu'on dise: L'Institut a principalement pour
mission - c'est ça? - de soumettre au ministre...
Mme Harel: Hum, hum!
M. Rémillard: ...des propositions de réforme et de
développement du droit». Bon. Là, il faut voir aussi
l'implication de ça. Ce que veut dire principalement, c'est donc qu'en
accessoire elle peut faire d'autres choses et là quelle porte on ouvre?
Dans les exemples que vous me donniez tout à l'heure, je pense que vous
vous êtes référée, Mme la
députée...
Mme Harel: Toujours au Conseil de la famille.
M. Rémillard: ...au Conseil de la famille. Alors, on peut
regarder au Conseil de la famille
ce qu'il y a. Oui. Alors, dans le Conseil de la famille, on dit à
l'article 13: «Le Conseil a pour fonction de conseiller le ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration sur toute question relative
aux communautés culturelles et à l'immigration.» On ne
trouve pas le «prince-paiement» ou quoi que ce soit.
Mme Harel: Le Conseil de la famille... M. Rémillard:
Oui, excusez-moi. Mme Harel: ...à l'article 14.
M. Rémillard: Vous m'avez donné une mauvaise loi,
bon, c'est-à-dire une bonne loi, mais pas la bonne.
Mme Harel: Ha, ha, ha!
Une voix: Mais c'est une bonne loi!
Mme Harel: Est-ce que c'est la Loi sur le Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration?
M. Rémillard: Oui, oui, c'est ça. Elles sont assez
semblables. Alors, en ce qui regarde 14, donc, du Conseil de la famille
là, on lit: «Le Conseil a principalement pour fonction de
conseiller le ministre sur toute question d'intérêt
familial.» Et, ensuite, à l'article 15: «Dans l'exercice de
ses fonctions, le Conseil peut...» Et là, il y a quatre
enumerations qui sont limitatives, par exemple, alors que, nous, on a un
«notamment».
Là encore, M. le Président, il faudrait regarder avec les
légistes l'implication que ça peut donner et voir, en fonction
donc du «notamment», quel équilibre il peut y avoir entre le
«notamment» et un «principalement».
M. le Président, me permettriez-vous, avec l'approbation de
l'Opposition...
Mme Harel: Oui, oui.
M. Rémillard: ...de demander au légiste, M. Hay, de
nous faire des commentaires?
Le Président (M. LeSage): M. Hay, la parole est à
vous.
M. Hay (Graham): Merci, M. le Président. Enfin, c'est
toujours que les articles, bien sûr, se lisent un par rapport aux autres.
Je vois la préoccupation de Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. Je peux peut-être aussi attirer son attention sur
l'article 3, où il y a une forme de concordance, où on indique
aussi les autres pouvoirs que l'Institut peut exercer. Bien sûr, c'est
dans l'accomplissement de sa mission qui est de formuler des principes, des
propositions de réforme au ministre, mais on voit quand même qu'il
y a un rôle plus général aussi qui peut être la
promotion de la collaboration et de la concertation des chercheurs, d'examiner
des propositions de réforme d'autres personnes. Alors, on voit qu'il y a
quand même quelque chose d'accessoire. Mais, il est juste que la
structure du texte est orientée vers des propostions de réforme
du droit.
Mme Harel: Vous savez, M. le Président, lorsqu'on regarde,
à l'article 15 du Conseil de la famille, les pouvoirs
conférés, on se rend compte qu'il n'y a finalement qu'un seul de
ces pouvoirs qui ne se rapporte pas au ministre responsable, c'est le
quatrième paragraphe qui dit: «fournir de l'information au public
sur toute question d'intérêt familial». Et, c'est sans doute
ce qui a amené, j'imagine, le «principalement» puisqu'on
donne au Conseil de la famille la fonction de conseiller le ministre sur toute
question d'intérêt familial principalement, mais aussi on lui
donne le pouvoir de «fournir de l'information au public sur toute
question d'intérêt familial».
Est-ce que je me trompe de penser que, finalement, si on regarde les
pouvoirs, tous les autres pouvoirs sont en rapport avec le ministre au niveau
du Conseil de la famille? C'est peut-être la structure. C'est, pour moi,
moins important là, ce «principalement», que ne l'est,
à l'article 4, la consultation plutôt que l'approbation stricte.
C'est moins important. Je le dis tout de suite au ministre, là: Je n'en
ferai une question de principe là. Mais, c'est peut-être dans -
comment on dit? - le dispositif général là du projet de
loi. Parce qu'on voit quand même, dans ce dispositif, à l'article
3, le pouvoir qu'a l'Institut de tenir des colloques, des réunions
d'information et de consultation, d'«examiner les propositions de
réforme présentées par les personnes et les organismes
intéressés», donc de tenir des audiences publiques etc., de
«publier des études ou participer à leur
publication».
Mais, tout ça, évidemment, c'est dans l'accomplissement de
sa mission exclusive de faire des propositions de réforme et de
développement. Est-ce que c'est limitatif au point où ça
pourrait empêcher, par exemple, l'Institut de publier des études
sur d'autres sujets? (11 h 10)
M. Rémillard: M. le Président, d'abord, je crois
que la remarque de Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve
là est juste, dans le sens où il faut faire attention, dans les
comparaisons qu'on prend dans d'autres lois, de bien voir les autres
dispositions de la loi aussi, et la rédaction que nous avons suivie ici
peut être différente. Alors, bien sûr qu'il faut faire les
concordances et elle a raison de mentionner que l'article 4 est
déterminant lorsqu'on veut parler des fonctions du mandat. Mais, M. le
Président, aussi il faut se référer à l'article 3
et voir que l'Institut, d'une part, a un mandat d'informer, de consulter et de
fournir des avis, oui, au ministre, au gouverne-
ment, mais a aussi un rôle d'animation, et c'est très
juste, comme Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve le
mentionnait, à l'article 3, paragraphe 3°: «tenir des
colloques et des réunions d'information ou de consultation», et
même «publier des études ou participer à leur
publication». Ça va assez loin. Alors, il me semble que, si on
arrivait avec un amendement sur 4, premier alinéa, on rencontre tous les
objectifs sans avoir à toucher l'article 2.
Mme Harel: Moi, ce que je vous proposerais, cependant,
étant donné que nous avons fait le débat sur les articles
2 et 3, ce serait, malgré tout, de les suspendre jusqu'à ce que
nous puissions examiner 4, et nous procéderons alors à l'adoption
de ces trois articles à ce moment-là.
Le Président (M. LeSage): Est-ce qu'on est d'accord
à suspendre les articles 2 et 3?
M. Rémillard: Oui. M. le Président, je veux aussi
dire, si vous me permettez, que, même si on acceptait un article et qu'on
voulait le rappeler, je veux bien dire aussi à tous les membres de cette
commission que, moi, je ne m'objecterais pas. Je ne voudrais pas qu'on
considère... Ça a toujours été ce qu'on a fait.
Quand on accepte un article et que, tout à coup, de bonne foi, on trouve
un problème, on y revient.
Le Président (M. LeSage): D'accord.
Mme Harel: Alors, on pourrait, à ce moment-là,
adopter les articles 2 et 3, M. le Président, et donc garder en suspens
l'article 4 jusqu'à ce que ayons procédé à l'examen
de - j'espère - la proposition d'amendement du ministre.
Le Président (M. LeSage): Ce que vous me dites, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, vous êtes d'accord
à adopter ce matin les articles 2 et 3.
Mme Harel: Oui. Compte tenu de ce que le ministre vient de nous
dire.
Le Président (M. LeSage): Alors, est-ce que l'article 2
est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. LeSage): L'article 4...
Mme Harel: Est en suspens
Le Président (M. LeSage): ...serait en suspens, suspendu.
J'appelle donc l'article 5.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Cet article
prévoit que l'Institut doit, à la demande du ministre, lui rendre
compte de l'état de ses travaux. M. le Président, ce droit de
regard du ministre découle de sa responsabilité devant
l'Assemblée nationale. On retrouve un tel pouvoir dans toutes les
provinces qui ont déjà de tels instituts et dans d'autres
législations aue nous avons ici.
Le Président (M. LeSage): Vous avez des remarques, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve? L'article 5 est donc
adopté. J'appelle l'article 6.
M. Rémillard: M. le Président, cet article vise
à assurer à l'Institut la collaboration des divers
ministères et organismes publics. Alors, comme l'Institut est
extérieur à l'appareil ministériel en
général et aux organismes publics, il y a lieu d'assurer une
coopération entre ceux-ci afin que les rapports de l'Institut
reflètent le mieux la situation étudiée. Il est bien
entendu, M. le Président, que les renseignements fournis le seront en
application de la loi sur l'accès à l'information relative
à la protection du caractère confidentiel de certaines
données.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 6 est
adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. LeSage): J'appelle donc l'article 7. M.
le ministre.
Fonctionnement
M. Rémillard: M. le Président, cet article fixe le
siège de l'Institut sur le territoire de la Communauté urbaine de
Québec.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
Mme Harel: Ha, ha, ha! Adopté.
Le Président (M. LeSage): J'appelle donc l'article 8.
M. Rémillard: M. le Président, j'aurais une
proposition d'amendement pour cet article 8.
Le Président (M. LeSage): Oui, M. le ministre. Il y a un
amendement qui a été déposé pour ajouter, à
la fin du troisième alinéa, la phrase suivante: «Ces
personnes sont choisies après consultation des milieux
intéressés».
M. Rémillard: Ah! Oui, M. le Président. En fait,
cet amendement a pour but de prévoir la consultation des milieux
intéressés lors du processus de nomination des membres de
l'Institut.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'amendement à
l'article 8 est adopté?
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. LeSage): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: ...qu'est-ce que le ministre entend par l'expression
«les milieux intéressés»?
M. Rémillard: Les milieux intéressés, bien
sûr, au point de vue juridique, dans un premier temps,
c'est-à-dire les corporations professionnelles qui sont directement
impliquées, les facultés de droit sont impliquées, la
magistrature, évidemment, est impliquée. Aussi, probablement,
s'il y avait des sujets qui devenaient particulièrement importants, je
crois qu'on pourrait consulter d'autres milieux d'une façon plus
spécifique. Par exemple, évidemment, lorsqu'on parle de
bioéthique, on peut parler de l'apport des biologistes ou des
médecins; lorsqu'on parle de différents sujets qu'on pourrait
bien énumé-rer, M. le Président, on peut peut-être
se référer, à ce moment-là, à des gens qui
ont une expertise en particulier, qui peuvent être nommés à
l'Institut. Alors, ce n'est pas limitatif, mais, bien sûr,
principalement, ça vise le domaine juridique puisque c'est la principale
fonction de l'Institut.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, vous avez des remarques?
Mme Harel: M. le Président, au moment de l'examen en
deuxième lecture du projet de loi 406, nous avions insisté sur
l'absence de consultation que nous déplorions, en fait, avant de
procéder à la nomination des membres de l'Institut. Nous avions
insisté sur le fait que la composition d'un organisme, dont le mandat
consiste, justement, à conseiller le ministre, doit, évidemment,
être la plus représentative possible des milieux concernés.
C'est, de toute façon, cette consultation qui peut ensuite accorder la
crédibilité nécessaire auprès des gens du milieu et
auprès de la population. On sait que la mise en place d'un organisme
comme celui-là, ça repose beaucoup sur la
crédibilité des personnes qui, au départ, en feront le
renom. Ça, c'est bien certain. C'est évident que ça ne
doit pas devenir un sénat, en fait. Il y a toujours un danger à
ce que ce soit un endroit où on retrouve des personnes - quel que soit
le gouvernement en place, indépendamment de ça - dont le gouver-
nement veut, d'une certaine façon, écarter la présence
jugée embarrassante. Il faut qu'au départ ça puisse
être un organisme qui ait toutes les apparences d'être
dégagé de ces contraintes-là. Alors, j'apprécie
l'amendement à sa juste valeur et je pense qu'il était
souhaitable qu'il soit introduit. De toute façon, je pense que, dans la
plupart des conseils ou instituts, le gouvernement devait consulter les milieux
intéressés. Alors, je comprends qu'il n'est pas nécessaire
de le définir, mais si un milieu se prétendant
intéressé n'était pas consulté, il pourrait,
à ce moment-là, faire valoir son point de vue auprès du
ministre. C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Rémillard: C'est comme ça, selon la formule qui
est utilisée. Ce n'est pas une formule qui est originale, elle est
utilisée dans bien des projets de loi, et ça peut se passer comme
ça.
Mme Harel: C'est ça. Je l'ai retrouvée, de toute
façon, dans bon nombre de projets de loi. On retrouve la même
formule à l'Institut québécois de recherche sur la
culture, de même qu'au Conseil de la famille où on dit, par
ailleurs: solliciter l'avis des associations. Le ministre a
préféré dans l'amendement, je pense, introduire...
M. Rémillard: Consultation. Mme Harel:
...consulter.
M. Rémillard: Oui. C'est la formule qu'on prend maintenant
au point de vue technique de législation.
Mme Harel: D'accord.
M. Rémillard: On prend «après
consultation».
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'amendement à
l'article 8 est adopté?
Mme Harel: Une dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. LeSage): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: La consultation est à l'effet de demander
à ces différents milieux qui ont été
énumérés par le ministre de soumettre des noms?
M. Rémillard: Elle peut être à deux niveaux.
On peut consulter sur une liste déjà faite des noms. Elle peut
demander des noms. C'est libre. Les deux possibilités sont là.
(11 h 20)
Mme Harel: Quand est-ce que le ministre espère mettre en
place l'Institut et procéder aux nominations?
M. Rémillard: Je disais dans mes notes
préliminaires que j'aimerais bien que l'Institut puisse dès
l'automne prochain être en activité. Alors, ce qui veut dire qu'il
ne faudrait pas retarder; dès que le projet de loi va être
sanctionné...
Mme Harel: Donc, cet été, le ministre...
M. Rémillard: ...bien, j'aimerais bien qu'on puisse
procéder...
Mme Harel: À la consultation cet été? M.
Rémillard: ...à la consultation.
Mme Harel: Le ministre n'entend pas consulter l'Opposition? Il ne
considère pas que c'est un milieu intéressé?
M. Rémillard: Moi, je crois que oui, dans un... Comme
ça, je crois que oui. Oui. Je vais me faire un plaisir de consulter
l'Opposition.
Mme Harel: Très bien, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): L'amendement à l'article
8 est adopté. Est-ce que l'article 8, tel qu'amendé, est
adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. LeSage): L'article 8, tel
qu'amendé, étant adopté, j'appelle l'article 9. M. le
ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Cet
article est l'usuel et permet la prolongation du mandat des membres de
l'Institut.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 9 est
adopté?
Mme Harel: Est-ce que c'est un article qui est vraiment usuel?
Est-ce qu'on le retrouve dans d'autres lois constituant des conseils ou des
régies?
M. Rémillard: oui. on le retrouve, m. le président,
dans beaucoup d'autres instituts, commissions, conseils, dans le sens qu'on
puisse établir une continuité.
Le Président (M. LeSage): Ça va, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve? Alors, l'article 9 étant
adopté, j'appelle l'article 10.
M. Rémillard: M. le Président, cet article confie
au gouvernement la détermination de la rémunération, des
avantages sociaux et des autres conditions de travail des membres de
l'Institut.
Mme Harel: Alors, est-ce qu'il faut comprendre que, dans les
crédits qui sont examinés par la commission parlementaire des
institutions à chaque année, nous retrouverons donc les budgets
alloués à l'Institut?
M. Rémillard: M. le Président, ça veut dire
que l'an prochain, lorsque je soutiendrai mes crédits, je serai
accompagné d'une personne de plus, qui sera le président de
l'Institut.
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. LeSage): L'article 10 étant
adopté, j'appelle l'article 11.
M. Rémillard: M. le Président, cet article
prévoit que le président assure la direction de l'Institut et
qu'en cas d'empêchement ou de vacance de son poste la présidence
est assumée par le vice-président.
Le Président (M. LeSage): Ça va, Mme la
députée?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. LeSage): L'article 11 étant
adopté, j'appelle l'article 12.
M. Rémillard: m. le président, cet article
prévoit que le personnel affecté au soutien de l'institut sera
nommé conformément à la loi sur la fonction publique.
Le Président (M. LeSage): L'article 12 est adopté.
J'appelle l'article 13.
M. Rémillard: M. le Président, cet article
prévoit des règles minimales relatives aux
délibérations de l'Institut.
Le Président (M. LeSage): Ça va pour l'article
13?
Mme Harel: Donc, «le quorum aux réunions de
l'Institut est de trois membres, dont le président», sur un total
de cinq à neuf membres.
M. Rémillard: C'est ça, oui.
Mme Harel: Alors, au départ, quelle est l'intention du
ministre quant à la composition?
M. Rémillard: Cinq membres au départ.
Mme Harel: Et le quorum reste donc à trois membres lors
même que l'Institut est composé de neuf?
M. Rémillard: À trois, oui. Mais je ne vois pas
comment on peut baisser en bas de trois.
Mme Harel: Certainement pas, mais ne faut-il pas hausser lorsque
le nombre de membres augmente à neuf?
M. Rémillard: Trois sur neuf, un tiers, des fois il ne
faut pas empêcher non plus qu'il y ait un bon fonctionnement. C'est les
règles usuelles qu'on retrouve dans l'ensemble de la législation.
Ce n'est rien de spécifique. C'est à peu près les
règles que l'on retrouve de façon générale.
Mme Harel: Tout ça va bien quand ça va bien. Je
pense à la commission fédérale sur les nouvelles
technologies qui est présidée par une dame...
M. Rémillard: Quelle?
Mme Harel: Je pense à la commission fédérale
sur les nouvelles technologies...
M. Rémillard: Ah oui!
Mme Harel: ...présidée par une dame et non pas les
décisions, mais les convocations de cette commission ont fait l'objet de
controverses judiciaires. J'imagine que le ministre va avoir la main plus
heureuse quant à la nomination de la présidence. Ha, ha, ha!
Est-ce que le ministre peut nous indiquer s'il entend faire jouer la
règle de la représentativité féminine
également quant à la composition de l'Institut?
M. Rémillard: M. le Président, ça
m'apparaît assez évident que, dans un Institut qui a pour mandat
l'adaptation du droit à la réalité de la
société et à son évolution, il doit y avoir donc
représentativité, bien sûr, au niveau des deux sexes. Mais,
les gens sont nommés en fonction de leur compétence, c'est le
critère. Et je sais qu'il y a des gens compétents chez les hommes
et chez les femmes.
Mme Harel: Espérons que le ministre saura, à
l'égard de ce nouvel Institut, là, refléter l'engagement
qu'il prenait au Sommet de procéder à une meilleure
représentation des femmes au sein de la communauté.
M. Rémillard: ii y a certainement plusieurs hommes
juristes qui peuvent avoir ce poste de président, et il y a plusieurs
femmes juristes aussi.
Le Président (M. LeSage): Alors, ça va pour
l'article 13, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: Oui, adopté.
Le Président (M. LeSage): L'article 13 étant
adopté, j'appelle l'article 14. M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, cet article a trait
au pouvoir de l'Institut d'établir son règlement de régie
interne.
Le Président (M. LeSage): Ça va, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. LeSage): J'appelle donc l'article 15.
M. Rémillard: M. le Président, cet article
détermine que l'exercice financier de l'Institut est le même que
celui du gouvernement.
Le Président (M. LeSage): Ça va, Mme la
députée?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. LeSage): L'article 15 étant
adopté, j'appelle l'article 16. M. le ministre.
M. Rémillard: Cet article fait obligation à
l'Institut de soumettre au ministre un rapport annuel de ses
activités.
Mme Harel: Alors, là, M. le Président, l'article
16, adopté.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 16 étant
adopté, j'appelle l'article 17.
M. Rémillard: M. le Président, cet article
prévoit le dépôt devant l'Assemblée nationale des
programmes de recherches de l'Institut, de ses rapports d'activités, de
ses rapports de recherches, ce qui inclut les propositions de réforme et
de développement du droit qu'il préconisera.
Mme Harel: Là, M. le Président, je dois dire que
ça fait problème. Ce qui fait problème, évidemment,
ce sont les mots «dans les quinze jours de leur approbation», pour
la raison suivante, c'est que ces rapports, programmes de recherches, et autres
rapports d'activités de l'Institut, dans un délai raisonnable -
on retrouve habituellement 60 jours - devraient être rendus publics.
M. Rémillard: oui, mais il va falloir faire une
concordance ici avec 4 là. alors, on n'a plus l'approbation dans 4;
alors, on va faire la concordance.
Le Président (M. LeSage): Alors, étant donné
que c'est en relation avec l'article 4, est-ce qu'on pourrait suspendre
l'article 17?
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: Oui, et ça m'apparaît important,
m. le président, parce que, de toute façon, sinon c'est
encourager les fuites et puis les rumeurs. tout ça doit se jouer de
manière plus transparente.
M. Rémillard: Oui, il faut quand même penser
à nos journalistes qui doivent gagner aussi leur vie.
Mme Harel: Ha, ha, ha! Il y a des fonds publics en cause et puis
je comprends qu'un ministre, quel qu'il soit, quel que soit le gouvernement, a
besoin d'un temps relativement long, 60 jours là, pour se faire une
tête et puis réagir. Mais, ceci dit, une fois que ces
études sont complétées, elles devraient faire partie du
domaine public.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, de toute
façon, comme on se propose de faire un amendement en fonction de
l'approbation à l'article 4, on ferait un amendement de concordance ici
à 17.
Le Président (M. LeSage): D'accord. Donc, je suspends
l'étude de l'article 17. J'appelle l'article 18. M. le ministre.
Dispositions diverses
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Cet
article pourvoit au financement du premier exercice de l'Institut.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 18 étant
adopté, j'appelle l'article...
Mme Harel: Quelles sont les sommes? Excusez-moi, M. le
Président!
Le Président (M. LeSage): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Quel est le budget là que le ministre entend
allouer à l'Institut pour sa première année
d'existence?
M. Rémillard: Hum! Je ne pourrais pas le préciser
ce matin, mais j'espère que ce sera des sommes qui seront suffisantes
pour accomplir les premières responsabilités, et les
premières responsabilités qui vont venir à cet Institut
sont celles que nous avons déterminées ensemble à la
commission parlementaire.
Mme Harel: Mais, est-ce à dire que vous êtes
allé au Conseil des ministres pour obtenir...
M. Rémillard: Oui.
(11 h 30)
Mme Harel: ...qu'on puisse procéder à l'adoption du
projet de loi sans que le Conseil du trésor et le Conseil des ministres
aient été saisis du coût afférent à la
création de cet Institut?
M. Rémillard: Vous connaissez mes habitudes. Je vais
toujours devant mes collègues du Conseil des ministres. Donc, avant,
j'ai procédé, au niveau des comités du Conseil des
ministres, incluant le Conseil du trésor et COMPACS. J'ai donc les
assurances d'avoir les sommes nécessaires.
Mme Harel: Que vous évaluez à combien?
M. Rémillard: Si vous me permettez, je ne les
évaluerai pas de façon précise, ce matin, mais je peux
vous dire quand même que c'est cinq membres qu'on nommera. Je veux que
cet Institut ait les moyens d'accomplir ses responsabilités.
Le Président (M. LeSage): Alors, est-ce que l'article 18
est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. LeSage): J'appelle donc l'article 19. M.
le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, cet article confie
au ministre de la Justice l'application de la loi.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. LeSage): L'article 19 étant
adopté, j'appelle l'article 20.
M. Rémillard: Cet article a trait à l'entrée
en vigueur de la loi.
Mme Harel: À l'article 20, «à la date
fixée par le gouvernemen», vous avez une date
arrêtée?
M. Rémillard: Le plus tôt possible. Il y a les
questions administratives. Il faut toujours vérifier au point de vue
administratif, mais ça ne devrait pas présenter... Mon objectif,
c'est que cette loi puisse permettre à l'Institut d'être au
travail le plus tôt possible, selon les exigences administratives.
Le Président (M. LeSage): II y a deux articles qui ont
été suspendus, Mme et MM. les membres de la commission. Je
suggère donc de suspendre les travaux pour les reprendre après
les affaires courantes cet après-midi.
M. Rémillard: ii y a deux possibilités, m. le
président. ou bien on prend 20 minutes et je vais, avec les
légistes, étudier des amendements et nous revenons, ou bien nous
revenons cet après-midi.
Le Président (M. LeSage): Alors, j'accepte cette
suggestion. Je suspends les travaux temporairement pour une période de
20 minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 33)
(Reprise à 12 h 13)
Le Président (M. LeSage): La commission reprend ses
travaux. Nous avions laissé les articles 4 et 17 en suspens. J'appelle
donc l'article 4. M. le ministre, vous avez un amendement.
Articles en suspens
M. Rémillard: Oui, M. le Président. L'amendement
serait de remplacer, au premier alinéa, les mots «soumet à
l'approbation du ministre» par «consulte le ministre
sur».
M. le Président, l'objet de cet amendement est de soustraire le
programme de l'Institut à l'approbation formelle du ministre, mais de
maintenir l'obligation de consulter le ministre quant au contenu du
programme.
Le Président (M. LeSage): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'amendement à
l'article 4 est adopté. Est-ce que l'article 4 tel qu'amendé est
adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. LeSage): J'appelle donc l'article 17. M.
le ministre, vous avez également un amendement.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Il
s'agit de remplacer les mots «quinze jours de leur approbation s'il
s'agit des programmes de recherches ou de leur remise s'il s'agit des
rapports» par «soixante jours où il les a
reçus».
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'amendement à
l'article 17 est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 17 tel
qu'amendé est adopté?
Mme Harel: Adopté. Juste avant de terminer, M. le
Président...
Le Président (M. LeSage): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: ...je saisirais l'occasion pour demander au ministre
où en est rendu le dossier du groupe de travail interministériel
sur les conjoints de fait. Ce groupe de travail devait, si ma mémoire
est bonne, remettre copie de son rapport, je crois, au printemps, là. Il
avait été prévu qu'il en soit ainsi. Parce qu'il y a,
finalement, une multiplication de décisions de cours, de tribunaux
présentement. Je sais qu'il y a même une cause portée
devant la Cour suprême là concernant des conjoints de même
sexe. Alors...
M. Rémillard: M. le Président, oui, en effet, il y
a une décision de la Cour suprême qui doit être rendue ce
matin - elle devrait être rendue, normalement c'est vers 11 h 30, midi -
en ce qui regarde les conjoints de même sexe. Alors, c'est une
décision qui peut être importante, M. le Président. On va
lire attentivement ce jugement.
Maintenant, l'échéancier était en juin. Donc, nous
sommes en mai; normalement, ça devrait arriver en juin. C'est un sujet
qui est toujours très difficile. Et, je me demande si, de fait, il ne
faudrait pas se référer à l'Institut à un moment
donné sur certains aspects. On verra le résultat du
comité, qui devrait nous arriver en juin.
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. LeSage): Merci. Est-ce que
l'intitulé et les chapitres sont adoptés?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que le titre du projet de
loi est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que vous avez des
remarques pour terminer les travaux, M. le ministre?
M. Rémillard: Alors, M. le Président, je voudrais
remercier les membres de cette commission qui ont participé à nos
travaux, les membres de l'Opposition, vous-même, M. le Président,
qui avez présidé nos travaux avec tellement d'habileté et
de compétence, Me Hay, Me Pleau et Mme Pelletier qui m'accompagnent et
qui ont donc permis qu'on présente un projet le plus susceptible de
faire progresser le droit au Québec. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, M. le Président, je m'associe aux
remerciements du ministre à l'égard des membres du
ministère de la Justice qui ont travaillé à la
préparation du projet de loi 406. J'en profite pour remédier
à une omission; ce matin, je ne vous avais pas présenté Me
France Thériault qui m'accompagne et qui est attachée à
tous ces dossiers de la justice.
M. le Président, on aura l'occasion certainement lors du discours
de troisième lecture de le redire, mais je crois que la
société québécoise s'enrichit, avec la
création de cet Institut, d'un organisme qui va lui permettre d'ajuster
son droit à son évolution. Je crois que c'est là une
excellente chose. Je vous remercie.
Le Président (M. LeSage): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. La commission ayant
complété son mandat, j'ajourne donc ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 18)