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(Quinze heures trente et une minutes)
Le Président (M. Dauphin): Le quorum étant
constaté, je déclare donc ouverte la séance de la
commission des institutions qui a pour mandat, cet après-midi, de
procéder à l'étude du rapport préliminaire sur la
délimitation des circonscriptions électorales et d'entendre,
à cette fin, la Commission de la représentation électorale
du Québec.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui. M. Fradet (Vimont) est remplacé
par Mme Hovington (Matane); M. Hamel (Sherbrooke) par Mme Bégin
(Bellechasse); M. LeSage (Hull) par M. Lafrenière (Gatineau); et M.
Maciocia (Viger) par M. Chagnon (Saint-Louis).
M. Chevrette: M. le Président, moi, je ne suis en
remplacement de personne.
Le Président (M. Dauphin): M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Comme la motion de la Chambre dit que tous les
députés peuvent venir s'exprimer, je n'ai pas senti le besoin de
vous donner le remplacement à titre officiel.
Le Président (M. Dauphin): Exactement.
M. Côté (Charlesbourg): Conformément à
l'article 25 de la loi aussi.
M. Chevrette: L'article 25 de la loi aussi.
Le Président (M. Dauphin): De la Loi électorale.
D'accord. Alors, M. Pierre-F. Côté, nous vous souhaitons la
bienvenue. Quant au déroulement de nos travaux, effectivement, nous
allons être très souples. Les députés peuvent
intervenir, comme vient de le mentionner le ministre, en vertu de l'article 25
de la Loi électorale. Alors, je crois avoir décelé que
vous avez un exposé à faire. Ensuite, je demanderai, notamment au
ministre et au leader de l'Opposition, d'intervenir, et aux autres
députés. Alors, bienvenue. Si vous voulez d'abord nous
présenter les personnes qui vous accompagnent et procéder
à votre exposé.
Audition Commission de la représentation
électorale
M. Côté (Pierre-F.): Merci, M. le Président.
Alors, à ma droite, c'est le commissaire Guy
Bourassa, qui est professeur à l'Université de
Montréal; à ma gauche, M. Marc-André Lessard, professeur
à l'Université Laval, et, à côté de M.
Lessard, c'est Me Eddy Giguère, qui est le secrétaire de la
Commission.
Je ne voudrais pas prendre trop de temps de cette présente
commission. Il y a un texte qui va vous être distribué. C'est un
texte qui est intitulé «Rappel des
événements». C'est un bref rappel historique. Je ne
m'étendrai pas trop sur cet aspect parce que tout le monde sait, je
pense, ce qui s'est passé le 19 décembre 1989, le 5 avril 1990,
les remises qui ont été faites, le rapport préliminaire
qu'on étudie aujourd'hui, qui date du 24 septembre 1990, et les reports
des travaux relatifs aux audiences qui ont eu lieu le 14 décembre 1990
et le 20 juin 1991, le jugement de la Cour suprême et, finalement, les
audiences publiques.
Je voudrais vous donner des informations sur la suite des
événements, sur ce qui s'est passé depuis que vous avez
amendé la Loi électorale. On a eu comme instructions,
évidemment, par conséquent, de continuer nos audiences qui
avaient débuté seulement dans deux endroits à l'automne
1990 et qui ont repris - alors, là aussi, on va vous remettre des
tableaux, pour votre information - le 28 novembre 1991 à Vic-toriaville
pour se terminer le 19 février 1992 à Québec. À
titre d'information, j'aimerais vous signaler - et vous allez le voir sur ce
tableau -que nous avons parcouru pas mal de kilomètres, près de
6000 kilomètres. On a eu des interventions au nombre de 261. Vous avez
des colonnes: le nombre de maires et de conseillers, les députés.
51 députés se sont présentés devant nous. Ça
donne un tableau du travail qui a été fait pendant cette
période. En plus des 261 mémoires qui ont été
déposés lors des audiences publiques, 484 documents de
différente nature ont été reçus à nos
bureaux, soit une lettre, soit un mémoire, soit une résolution
d'une municipalité. Autre information pertinente qui vous
démontre l'ampleur de la tâche qu'on a à accomplir, on a
4005 pages de notes sténotypées à analyser et à
décortiquer. Alors, c'est le travail que nous faisons
présentement.
Ce que je voudrais vous signaler, c'est peut-être de vous lire une
ou deux pages de cette partie du texte qui vous a été remis sur
les audiences et la façon dont on les a tenues. Évidemment,
ça se tenait sur la base du rapport préliminaire de 1990, et je
viens de vous donner les chiffres. On a parcouru les quatre coins de la
province. On a rencontré 51 députés, 40
représentants de partis politiques, 73 maires, 27 groupes
d'intérêt économique, 18 groupes sociaux, 16
préfets et 23 citoyens à titre personnel. On a
calculé que 1550 personnes étaient présentes aux
audiences, au total. On a atteint certains sommets, comme à
Montréal, et l'autre plus gros sommet, ça a été
à Orford et à Bellechasse.
Ce que je voudrais vous signaler, c'est peut-être le
caractère un peu particulier de ces audiences et la façon dont
nous les avons tenues. J'avance la balise suivante, si je peux m'en permettre
une, à l'égard d'autres commissions analogues qui pourraient
peut-être s'inspirer de notre façon de procéder, qu'on a
trouvée fort efficace et qui est très simple. C'est que l'ordre
des intervenants, d'abord, était fixé selon leur ordre
d'inscription. Les intervenants pouvaient s'inscrire lors de la tenue
même des audiences, le soir même ou l'après-midi. Il n'y
avait pas d'obligation de préparer un mémoire au préalable
et de le faire parvenir au secrétariat en 10 copies. Il n'y avait pas de
limite de temps pour les intervenants sauf que, parfois, on leur
suggérait d'être plus brefs que longs. On a écouté
toutes les représentations qui nous ont été faites, je
pense, avec beaucoup de patience. On avait tout notre personnel à notre
disposition pour fournir toutes les informations pertinentes.
C'est un déroulement d'audiences publiques que, je pense, on a
déjà pratiqué dans le passé, mais qui a plu
beaucoup aux gens qui sont venus nous voir et qui a amené des gens qui
étaient dans les différentes salles où on a
siégé à s'exprimer et qui n'avaient pas prévu au
préalable le faire. Mais, selon la façon simple et, je dirais,
cordiale et sans formalisme de procéder, ça a permis, finalement,
à tout le monde de procéder. Il y a peut-être - j'ai eu une
petite remarque ce midi - certains endroits où on a bousculé un
peu les gens en termes de temps, surtout quand on avait 38 ou 40 intervenants
dans une soirée, ou dans un après-midi et une soirée. Il y
a peut-être ce point-la, à un moment donné, où on a
dit aux gens de commencer plutôt par leur conclusion que par leur
exposé, parce que, souvent, c'étaient des
répétitions de ce qui précédait.
Mais je voudrais souligner cet aspect des audiences publiques pour bien
insister sur le point suivant. C'est que, dans le processus de la
délimitation de la carte électorale, il est prévu
plusieurs étapes: le rapport sommaire, le rapport préliminaire,
les audiences publiques, le dépôt et le débat de cinq
heures à l'Assemblée nationale. Pour nous, chacune de ces
étapes a une très grande valeur et une qui en a beaucoup, et on
le verra, on pourra me reconvoquer si jamais ce que je vais dire... je me
dédis, mais une qui en a beaucoup pour nous, c'est quand même les
audiences publiques.
Vous savez, on part de l'idée suivante. C'est que nous
possédons une connaissance du territoire et nos spécialistes en
possèdent une. Mais il n'y a rien comme les gens qui vivent dans un
endroit donné, bien déterminé, pour nous dire leur point
de vue, leur «feeling», leur opinion. Évidemment, on ne peut
pas donner satisfaction à tout le monde, ça va de soi, parce que
j'ai mentionné à plusieurs reprises, lors de ces audiences, que
la plupart des intervenants souffraient du syndrome du «pas dans ma
cour». Alors, évidemment, si on suit ce raisonnement jusqu'au
bout, «pas dans ma cour», on n'en fera pas de changement à
la carte. Ce qu'on essaie de faire présentement, c'est les travaux de la
Commission où on essaie de trouver les meilleures solutions possible
dans le contexte et selon les responsabilités qu'on a.
Autre chose que je voudrais mentionner, qui va peut-être revenir
dans vos exposés ou vos interventions, c'est deux points
différents. Le premier, c'est la notion de représentation
effective. S'il y a lieu, lors des échanges je pourrai revenir sur cette
notion, notre compréhension de cette notion qui est dans la loi et qui
fait suite au jugement de la Cour suprême. Mais il y a un
élément qu'il ne faut pas perdre de vue là-dessus, c'est
que, si jamais - c'est une expression qu'emploie le juge dans le jugement - il
y avait une difficulté avec la carte, on pourrait difficilement invoquer
- là, c'est une opinion assez libre que je donne, qui pourrait
être discutée par bien des juristes, mais c'est mon opinion - que
dans un coin du Québec on n'a pas respecté la
représentation effective. Ce qui est important, c'est de la respecter
dans l'ensemble. Le juge dit que c'est l'ensemble de la carte qui doit
être analysé, étudié pour voir si, dans l'ensemble,
cette notion très importante de représentation effective est
respectée.
L'autre point sur lequel j'aimerais attirer votre attention, c'est que
vous savez qu'en vertu du rapport préliminaire nous proposons la
création de 6 nouvelles circonscriptions électorales, par
conséquent la fusion de 12 autres. C'est dans le rapport
préliminaire. On verra si ce sera dans le rapport final ou pas. C'est
là les objets de nos rencontres. Cependant, il y a un petit point qui
reste à déterminer, et je fais appel à votre collaboration
là-dessus. Procédons par l'hypothèse qu'on crée de
nouvelles circonscriptions électorales. Si on en crée des
nouvelles, il faut avoir des désignations. Ce qu'on a pris comme
attitude pour la désignation, on le dit dans notre rapport
préliminaire, c'est qu'on fait appel aux gens des différents
coins, ou qui sont affectés, pour nous faire des suggestions de
dénomination. La loi dit que c'est la Commission qui nomme les
circonscriptions électorales avec consultation de la Commission de
toponymie. Alors, si on a des suggestions qui nous parviennent... Il y a
certains coins dans la province, je vous le dis, dans certains cas on n'en a eu
aucune, aucune suggestion. Peut-être que les gens prennent pour acquis
qu'il n'y aura pas de changement, mais je pense qu'il faudrait peut-être
se dire qu'il y en aura peut-être quelques-uns quelque part, à
tout le moins. Si ce n'est
pas les 6 et les 12, ce ne sera pas 7 nouvelles circonscriptions, mais
on verra ce que ça donnera dans le rapport final. Mais il va falloir se
pencher, à un moment donné, sur ce problème-là qui
n'est pas considérable. Mais ce à quoi on tient, c'est de pouvoir
désigner des nouvelles circonscriptions selon, je dirais, le goût
des gens qui peut être basé sur des facteurs historiques,
artistiques, économiques, peu importe, mais qui correspondent à
quelque chose dans la tête des électeurs concernés.
Alors, là-dessus, M. le Président, j'ai terminé mon
exposé. Si vous me donnez encore deux minutes, je vais demander
peut-être à... ou bien on peut le faire par les échanges,
mais on s'était partagé la tâche de la façon
suivante, nos trois collègues... M. Bourassa voulait peut-être
traiter - mais, comme je le dis, on pourrait le faire à l'occasion des
échanges - de la notion de région, en particulier dans la grande
région de Montréal, ce que signifie la région, et M.
Lessard pourrait aussi, s'il y a des questions dans ce sens-là,
répondre à des positions qui ont été prises
très fréquemment à l'occasion des audiences publiques, en
relation avec un sentiment d'appartenance, toutes les divisions administratives
qu'on retrouve au Québec. Alors, il y a des réflexions qui
pourraient vous être soumises, lors des échanges, par les deux
commissaires, mes deux collègues. (15 h 40)
Le Président (M. Dauphin): D'accord, M. Côté.
Alors, M. Bourassa, allez-y.
M. Bourassa (Guy): Quelques commentaires très
généraux sur la notion de région, comme vient de le dire
M. Côté, M. le Président, et surtout en ce qui concerne la
région de Montréal. C'est évidemment, dans le rapport
préliminaire, cette région-là qui est la plus
touchée par les fusions de circonscriptions et les ajouts. Je pense
qu'il y a deux ou trois remarques que j'aimerais faire de manière
très globale et peut-être qu'on pourra y revenir dans les
échanges.
D'une part, il est bien écrit dans le rapport préliminaire
que nous devons avoir une vision globale de la représentation au
Québec quand nous faisons cette étude de la carte
électorale et que la région de Montréal pose
problème dans la mesure où, présentement, il y a
déjà un certain nombre de circonscriptions qui sont au-dessus de
la moyenne de 25 % permise par la loi. Au moins une demi-douzaine d'autres
seront bientôt au-dessus de cette moyenne et d'autres seront en bas de la
moyenne. Il y a donc, si vous voulez, dans la région de Montréal,
quelque chose qui se passe au centre de cette région-là, de
l'île de Montréal plus particulièrement, et quelque chose
qui se passe sur la rive nord et sur la rive sud.
Alors, évidemment, nous devons, dans ces ajustements de la carte
électorale, tenir compte de ces phénomènes et là se
pose tout le problème, qu'on peut discuter bien longuement: Qu'est- ce
que c'est que la région de Montréal? Je pense que les accords ne
sont pas totaux sur ce point-la. J'en prends pour preuve le document qui a
été déposé par le Comité ministériel
de développement du Grand Montréal qui s'interroge sur ce que
c'est que le Grand Montréal. Je pense que le ministre des Affaires
municipales a le projet d'instituer une commission d'enquête pour
discuter de ces problèmes. Il y a eu plusieurs intervenants, je crois,
qui vont dans ce sens-là, qui s'interrogent. Mais, pour notre propos,
nous considérons que le poids politique de la région de
Montréal doit donc être perçu dans une perspective
plutôt vaste et non pas seulement limité à IHe de
Montréal et, dans ce sens-là aussi, je pense qu'il faut rappeler
le témoignage du président même de la Communauté
urbaine de Montréal qui nous a dit qu'à ses yeux il fallait voir
avec une perspective aussi de cette envergure.
Tout ceci pour vous dire qu'il nous paraît essentiel de concilier
deux choses qui sont très difficiles à concilier, tenir compte du
rôle central de l'île de Montréal dans cette
région-là, mais aussi du développement
phénoménal de la périphérie. Il s'ajoute,
avons-nous calculé, à peu près l'équivalent d'une
circonscription tous les quatre ans sur la rive nord de Montréal; le
phénomène est moindre, mais il est quand même aussi
très important sur la rive sud. Alors, il faut en arriver à un
équilibre qui tienne compte de tous ces phénomènes, en
assurant, et c'est ma dernière remarque générale, que
Montréal n'est ni surreprésentée par rapport au reste du
Québec - on revient à la vision globale dont je pariais au
départ - donc ni surreprésentée, ni non plus
sous-représentée. Je pense que ce que vous avez dans le rapport
préliminaire que nous avons déposé est une voie de
solution valable dans ce sens-là. Là, il faudrait peut-être
le reprendre sur des points précis, mais je pense que c'est un principe
qu'il faut poser pour la région de Montréal dans son contexte le
plus global. Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. Bourassa et
M. Côté. Avant de reconnaître...
M. Côté (Pierre-F.): M. le Président... Le
Président (M. Dauphin): Oui, M. Côté.
M. Côté (Pierre-F.): ...est-ce qu'on pourrait
demander à M. Lessard juste des brèves remarques sur les
régions, sur le sentiment d'appartenance et les régions?
Le Président (M. Dauphin): M. Lessard.
M. Lessard (Marc-André): Dans les régions, on a
beaucoup entendu parier de sentiment d'appartenance. Evidemment, je n'essaierai
pas de vous résumer tout ce qu'on met sous cette appel-
lation-là, mais je peux indiquer ce à quoi on la relie ou
comment on la traduit dans la réalité locale.
Le premier élément, c'est
l'homogénéité de la population. Est-ce que les gens qui
habitent tel ou tel territoire se ressemblent, sont de même niveau
socio-économique, sont de même origine, ont la même
histoire, etc.? Par ailleurs, on évoque souvent, on lie souvent
l'appartenance à des structures. Par exemple, on invoque de plus en plus
les MRC. C'est souvent ambigu parce que, dans certains cas, des gens voudraient
qu'une MRC soit une circonscription ou que, de toute façon, une MRC ne
soit jamais partagée entre deux circonscriptions. Dans d'autres cas, les
gens qui vivent dans une circonscription qui partage les MRC ne voudraient pas
qu'on y touche. Autrement dit, la réaction aux MRC est présente
presque partout, mais elle ne va pas toujours dans le même sens. Parfois,
on veut garder l'unité; parfois, on aime mieux garder la division.
On invoque aussi et de plus en plus - de plus en plus, parce qu'il
s'agit de la troisième carte à laquelle je participe - les
régions administratives. Parce que toutes sortes d'activités
administratives de divers organismes gouvernementaux sont circonscrites dans
les régions, les gens voudraient que les circonscriptions
électorales respectent les régions administratives. On va
invoquer aussi certaines situations particulières. Par exemple, dans des
endroits, il y a des ententes intermunicipales d'échange de services.
Alors, on ne trouve pas très intéressant qu'on vienne partager
entre deux circonscriptions deux municipalités qui ont des ententes
intermunicipales de services. On va invoquer aussi d'autres subdivisions comme
les subdivisions scolaires et les subdivisions de la santé, le
territoire des CLSC, par exemple. On va invoquer des choses plus
éloignées de l'administration publique comme Bell
téléphone, avoir une circonscription qui couvre deux territoires
de Bell téléphone, ce qui fait qu'une partie de la population,
nous dit-on, doit payer des interurbains pour rejoindre des
députés.
Ceci pour vous dire que, dans ce qu'on appelle le sentiment
d'appartenance, il y a des choses très concrètes qui prennent de
plus en plus d'importance, nous semble-t-il, et que la Commission doit
considérer, a dû considérer. Mais, dans aucun des cas, la
Commission ne peut se donner un principe rigide de respect ou de non-respect de
tel ou tel type de délimitation, tout simplement parce que les normes
qui lui sont imposées par la Loi électorale font que c'est
impossible de toujours respecter telle ou telle subdivision. Dans tous les cas
où il est possible de satisfaire les demandes des gens en regard
d'éléments que je viens de mentionner, la Commission s'est
efforcée de le faire.
Alors, en gros, ça résume ce sur quoi ont porté les
plus importantes argumentations en regard de la carte. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. Lessard.
Donc, avant de reconnaître les différents députés,
je vais demander au ministre délégué à la
Réforme électorale ainsi qu'au leader de l'Opposition de faire
quelques remarques préliminaires, s'ils en ont. (15 h 50)
Remarques préliminaires
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Très
brièvement, M. le Président. Comme vous pourrez le constater, ce
n'est pas pour vous parler de la région de Québec, mais davantage
pour dire que nous en sommes à un processus ultime de consultation
à ce moment-ci, des députés, qui était auparavant
le seul moment de consultation de la deputation au moment où la
tournée de toutes les régions du Québec était
effectuée, qu'on est dans une circonstance où il y a
déjà eu au préalable la possibilité pour les
députés de s'exprimer dans un bloc monolithique, si on peut dire,
uniquement en ce qui concerne les députés dans chacune des
régions du Québec, et qu'on en est aujourd'hui à l'ultime
démarche où les parlementaires peuvent exprimer un dernier point
de vue avant même que la Commission s'acquitte de sa tâche et
tranche. Parce que, inévitablement, lorsque des principes comme ceux que
vous avez évoqués tantôt s'affrontent, régions par
rapport à centres très urbanisés, dépeuplement
d'une ville par rapport à peuplement de la ceinture, au sentiment
d'appartenance des régions du Québec avec toutes les limites
administratives qu'on peut imaginer... J'entendais tantôt CLSC, ce serait
facile de dire qu'il y a 158 circonscriptions au Québec, sur les
territoires des CLSC, ce serait extraordinaire. Mais, évidemment, ce
n'est pas ce que le législateur a voulu, il a dit 125.
C'est le premier exercice qui est difficile, parce que tout est
fermé. Il y a un plafond, alors qu'auparavant on était dans une
situation où on pouvait toujours jouer avec quelques circonscriptions
additionnelles. Moi, je suis arrivé au Parlement, nous étions 102
- je me demande même si je n'avais pas été élu le
102e, c'est-à-dire celui qui était le 102, c'est ça qu'on
disait toujours - 110 par la suite, 122 et 125. Donc, ce n'est pas pour dire
que j'ai une longue carrière, mais tout simplement pour dire qu'il y a
eu une évolution quand même assez importante et qu'à 125
circonscriptions, normalement on devrait être capables de bien
représenter le Québec, en tenant compte, bien sûr, de la
représentation effective, ce qui est neuf et qui a passé le test
des tribunaux et dont vous avez à faire l'application, et ce n'est pas
toujours une tâche facile.
Évidemment, j'ai invité les collègues à
venir exprimer leur point de vue très librement puisque, dans certains
cas, il s'agit d'un atta-
chement à un milieu. On peut parier de Belle-chasse très
facilement, qui s'est déjà vu amputer de Dorchester, et vous avez
très certainement entendu parier de ça au moment où vous
avez fait le tour, de la même manière que Matane - je ne peux pas
renier mes origines - qui était Gaspé-Nord auparavant, qui est
disparu, se verrait, aujourd'hui, selon les propositions qui sont là,
à nouveau disparaître. Donc, il y a des phénomènes
comme ça où l'attachement fait appel à un certain nombre
de choses.
Quant à moi, M. le Président, j'ai une totale confiance en
la Commission et j'anticipe déjà, j'allais dire, le plaisir du
dernier débat, qui suivra le dépôt aux alentours du mois de
juin, qui, lui, mettra un terme final à cet exercice qui dure
déjà depuis un certain temps et qui nous permettra d'avoir une
carte pour les huit prochaines années. Vous n'avez pas une tâche
facile, mais je suis pleinement convaincu qu'elle sera faite au meilleur de
votre connaissance et de votre jugement. C'est aux députés,
à ce moment-ci, in extremis, de faire valoir les points de vue qu'ils
veulent faire valoir, tant pour leur circonscription que pour d'autres sortes
de motifs. Demain, il sera trop tard. C'est aujourd'hui ou maintenant. Et je
suis très heureux que ça puisse se faire.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre.
M. le leader de l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Il y aura peu de
collègues cet après-midi de mon côté, puisqu'ils ont
eu l'opportunité de se présenter, pour la majorité,
à au moins deux occasions devant vous, soit lors des consultations au
Hilton, à Québec, ou encore dans leur propre région
respective, de sorte qu'il n'y en aura que quelques-uns à venir
s'exprimer pour être convaincus qu'ils auront été bien
compris.
J'écoutais le président de la réforme nous dire
tantôt qu'il avait pu observer le syndrome du «pas dans ma
cour». Je vous avoue que la première option lancée, avec
103 comtés touchés, a sans doute contribué à
créer le syndrome un peu plus fort, mais je pense qu'avec l'amendement
législatif qui parle de représentation effective, mais qui
maintient le poids du vote, qui conserve le principe fondamental de
l'égalité du poids du vote... À mon point de vue, c'est
vrai que vous n'avez pas un travail facile, mais ce travail-là doit se
faire, puis il doit se faire en dehors des élus. On n'a pas le choix, on
sait ce que ça a donné dans le passé, laisser des cartes
électorales à la discussion des députés, ça
a conduit à des aberrations. Et moi, je pense que tous les arguments
sont bons quand on veut plaider, bien sûr, en faveur de son comté.
Moi-même, je ne sais pas si je serai touché, mais je m'y attends.
Je verrai. Je vais essayer de vous convaincre moi-même en temps et lieu.
Je vais peut-être vous en pousser une petite tantôt. Mais, ceci
dit, je comprends que vous avez l'autorité ultime et je me rendrai
à votre décision.
Je retiens que, malgré toute l'argumentation qu'il peut y avoir,
de qui que ce soit, je pense que, fondamentalement, on doit se baser sur des
situations de fait, autant pour les communautés naturelles que pour le
poids du vote. C'est bien évident que, dans certains coins, ça
peut faire extrêmement mal, mais, d'autre part, dans certains coins, il y
a des circonscriptions électorales qui sont rendues à 55 000, 60
000 électeurs, qui n'ont pas nécessairement, dans ces
coins-là, les services gouvernementaux, et qui sont donc le tampon entre
toute la population et l'État. Ça aussi, c'est un facteur dont il
faut tenir compte dans le jugement final à porter sur les propositions
que vous aurez à faire.
Donc, en ce qui me concerne, moi, je me fie au jugement de la
Commission. Vous avez eu énormément de mémoires, comme on
peut voir. Je pense que vous aurez compris qu'il y en a qui sont sensibles
à l'article 16 de la loi actuelle. Il y en a d'autres, des élus
municipaux, qui pensent qu'on doit calquer ça sur les structures
municipales, alors que je sais bien qu'en bout de course ça peut
arriver, dans certains cas, par coïncidence, mais que c'est impossible
pour d'autres motifs. Il y en a d'autres qui vont invoquer les régions.
Bien oui, mais on n'invente pas les populations des régions. S'ils n'ont
pas des régions qui cadrent avec la norme permissible, il faut bien
s'organiser pour que les gens soient représentés
adéquatement. Ce n'est pas une question d'évaluation de
structures intermédiaires, ça; c'est une question
d'évaluation du poids du vote et de la capacité de la personne de
représenter le plus adéquatement un certain nombre
d'électeurs, basée sur une norme qui est admise depuis fort
longtemps et qui, elle, n'a pas été remise en cause, sauf par
quelques personnes.
La contrainte du 125, comme le disait le ministre tantôt, bien, le
législateur a fait son lit là-dessus. Ce n'est plus discutable,
d'après ce que j'ai compris. Mais, encore là, si on prenait les
CLSC, vous auriez des députés, dans un CLSC, qui
représenteraient des disproportions de population par rapport à
d'autres CLSC qui sont infimes. Je veux dire, on ne peut pas prendre les normes
qui ont créé une structure à partir de contraintes,
prendre ces mêmes normes-là et les appliquer à un
régime électoral. Le régime électoral, il peut
avoir beaucoup de défauts, mais je pense qu'à l'usage on a
démontré que c'était quelque chose de valable, et j'en
suis personnellement fier.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le leader de
l'Opposition. Nous allons maintenant débuter la période
d'intervention des parlementaires, des députés. Je vais
reconnaître
une première intervenante en la personne de Mme la
députée de Bellechasse.
Interventions des députés Mme Louise
Bégin
Mme Bégin: Merci, M. le Président. MM. les
commissaires, je suis très heureuse de vous accueillir aujourd'hui,
d'autant plus que j'ai apprécié le commentaire de M.
Côté lorsqu'il a dit qu'il prendrait en considération
l'importance des réunions publiques. Or, si je lis votre document,
Bellechasse est en premier lieu. Donc, c'est un bon signe pour moi. On est
à 569 d'assistance. Tantôt, je vous ai écouté
lorsque vous avez dit: Les gens nous ont toujours dit: Pas dans notre cour. Je
voudrais vous dire que Bellechasse a déjà été
affecté lorsque vous avez affecté le comté de Dorchester
en 1973 et que vous l'avez fait disparaître au profit de deux autres
comtés qui étaient une partie de Beauce-Nord et de Beauce-Sud et
une autre de Bellechasse.
Je vous dirai à ce niveau-là, M. Côté, qu'on
a déjà, nous, accepté une fois un «pas dans notre
cour» et qu'on ne voudrait pas, cette fois-ci, avoir un «pas dans
notre cour». Je vais vous dire que je suis très sensible à
ce dossier-là, d'autant plus que ma population... Encore cet
après-midi, je devrai entrer en communication avec la radio, qui vient
d'entrer en ondes, le 27 mars dernier, et le sujet qu'on abordera, c'est la
circonscription électorale. C'est tout simplement pour vous dire que
dans Bellechasse c'est très pointu ce sujet-là. Les gens, je
pense, vous l'ont très bien fait sentir lorsque vous êtes venu
dans notre comté le 4 février dernier. Je voudrais seulement vous
rappeler que, pour nous, c'est très important. On a déjà
subi une réforme. On ne serait pas capables, je pense, d'en prendre une
deuxième en si peu de temps. Il faut se souvenir que la dernière
qui nous a affectés remonte seulement à 20 ans et que les gens
commencent tout juste à travailler ensemble. Il ne faudrait pas revenir
là-dessus. C'est le message que les gens me font. Malgré que je
sois allée vous le dire le 12 décembre, je pense, comme on dit en
droit: Trop fort ne casse pas. Donc, c'est pour ça que, ce matin, encore
une fois, je tiens à vous le dire: S'il vous plaît, faites
attention à mon comté, parce que c'est très, très
pointu. Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Mme la
députée. Ça va? M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, pour faire suite aux propos
de Mme la députée de Bellechasse, moi aussi, j'ai reçu
énormément de délégations, vous le comprendrez.
Parce qu'il y a deux formations politiques dans Bellechasse. Je pense que, sur
ce point précis, il y avait une unanimité qu'on retrouve rarement
ailleurs. C'était pour souligner que, moi aussi, j'avais eu des
représentations en ce sens et, si trop fort ne casse pas, je dois vous
avouer que les miens appuient les propos de madame.
Mme Bégin: Je suis très heureuse de vous
entendre.
M. Côté (Charlesbourg): Ce qu'on peut au moins dire,
c'est...
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): ...que Lachance est de votre
bord.
Mme Bégin: Pour une fois. Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: C'est vrai, c'est... (16 heures)
Le Président (M. Dauphin): L'ancien candidat. Merci, M. le
leader de l'Opposition. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Hull.
M. Robert LeSage
M. LeSage: Merci, M. le Président. Bienvenue, M.
Côté ainsi que vos collègues, à notre commission. Je
trouve importante l'opportunité qui nous est offerte aujourd'hui de
revendiquer certaines choses dont nous sommes conscients et de tenter de
changer des modifications qui pourraient être apportées dans
l'Outaouais québécois.
Pour ma part, le syndrome du «pas dans ma cour», ça
ne m'affecte pas parce que toutes les propositions qui ont été
avancées ne touchent pas mon comté. J'en suis très
heureux. Cependant, étant neutre, le caucus des députés de
l'Outaouais m'a mandaté pour faire certaines revendications. Votre
proposition faisait en sorte qu'on déplaçait certaines personnes
des comtés de Gatineau et Chapleau. Certaines municipalités, deux
municipalités vous ont proposé, si ma mémoire est
fidèle, de créer un deuxième comté avec le
comté de Chapleau. Moi, je pense que ce serait déplacer le
problème de la même façon que vous le proposiez
vous-même dans votre rapport. Si vous prenez le comté de Chapleau,
en tentant de le diviser en deux, vous allez aller chercher encore du rural, on
touche à l'homogénéité de la population
électorale du nouveau comté.
Ce que les députés de l'Outaouais aimeraient, ce serait le
statu quo, bien sûr. Par contre, on serait prêts à accepter
la proposition que vous avez faite, le changement mineur au sud du comté
de Gatineau.
Le Président (M. Dauphin): Ça va, M. le
député de Hull?
M. LeSage: Merci, M. le Président.
Le Président (m. dauphin): alors, je vais maintenant
reconnaître, à moins qu'il n'y ait des questions de l'opposition,
m. le député de richelieu.
M. Albert Khelfa
M. Khelfa: Merci, M. le Président. M. Côté,
je suis très heureux de savoir, dans un premier temps, que votre
proposition ne touche pas mon comté, le comté de Richelieu. Par
contre, il y a d'autres propositions venant d'autres comtés qui
proposent un changement. J'aimerais vous dire, comme député du
comté de Richelieu, que c'est pour moi un devoir de défendre avec
fierté l'intégrité territoriale du comté de
Richelieu devant la Commission de la représentation. Ils vous ont
envoyé une lettre en ce sens. Je peux vous dire que le territoire du
comté de Richelieu est représenté par une
réalité quotidienne. Si vous acquiescez à la proposition
venant d'un autre comté, qui enlève la ville de Tracy du
comté de Richelieu, vous enlevez automatiquement la partie la plus
industrielle et la plus vitale, économiquement, du comté. Si vous
me permettez, je tiens à vous rappeler que les citoyens et les
citoyennes de Tracy sont des Richelois et des Richeloises à part
entière.
Depuis la définition originale de notre circonscription, nous
avons relevé l'ensemble des défis, depuis le début. Nous
continuons à relever des défis aujourd'hui et j'espère et
je suis assuré que nous allons relever les défis de l'ensemble
comme territoire total. Nous avons récolté déjà
tous ensemble le fruit de nos actions concertées et nous allons
poursuivre dans cette voie à l'avenir.
J'aimerais vous souligner, M. le Président, que j'espère
et je souhaite, au nom de mes citoyens et citoyennes du comté de
Richelieu, que le comté demeure total, comme vous l'avez proposé
dans votre proposition. Je me suis permis d'ajouter un principe, pour
réflexion, sur le découpage futur, si jamais un jour on peut y
penser, c'est un principe qui veut un comté une MRC, et j'espère
que vous avez eu le temps d'y jeter un coup d'oeil, ça pourra être
intéressant a réfléchir dans le futur. Mais, pour le
moment, mon intervention se veut dans le sens de ne pas toucher au comté
de Richelieu, tel qu'il est proposé dans votre proposition initiale.
Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député. Je vais maintenant reconnaître M. le
député d'Orford.
M. Robert Benoit
M. Benoit: M. le Président, merci. D'abord, je veux vous
remercier, MM. les commissaires et M. le président. Je pense que vous
avez été vraiment à l'écoute. En tout cas, dans le
comté d'Orford, vous avez écouté un mémoire de 60
pages à l'hôtel, vous avez écouté un autre
mémoire de 20 pages quand vous étiez dans Orford, et vous nous
réécoutez aujourd'hui. Alors, là-dessus, on ne pourra pas
vous dire que vous n'avez pas écouté. On verra ce que ça
donne en bout de ligne, mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: J'espère qu'ils ont compris.
M. Côté (Charlesbourg): Ça, c'est
entendu.
M. Benoit: Au niveau de l'écoute, je n'ai rien à
reprocher à l'heure actuelle.
Une voix: Après, il va être trop tard. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Benoit: Là-dessus, je vous remercie et je vous
félicite.
Le Président (M. Dauphin): Vous avez la parole, M. le
député d'Orford.
M. Benoit: Très bien, merci. Je veux d'abord vous rappeler
que partout dans l'Estrie, quand vous êtes venus, autant les
éditorialistes chez nous, à peu près tous les journaux,
que le peuple qui est venu vous rencontrer, les influenceurs vous ont dit que
Richmond, c'était un comté important et qu'ils ne voulaient pas
le voir disparaître. C'est un comté qui a des difficultés
économiques. Je pense que le député de Richmond va vous
adresser la parole tantôt, mais je veux corroborer ce que les gens,
partout dans le milieu, ont dit sur Richmond.
Un dernier mot sur mon propre comté, celui d'Orford. Quand vous
êtes venus, je vous ai demandé de poser une question à tous
les intervenants: Combien de fois dans votre vie êtes-vous allé
à Mégantic-Compton et combien de fois êtes-vous allé
à Magog et à Rock Forest? Je vous rappellerai les
réponses. Quand vous avez posé la question, entre autres, au
maire de Coaticook, il vous a dit: Si je me rappelle bien, je suis allé
une fois à Mégantic à l'âge de trois ans. Et il y en
a un autre, je pense, qui nous a dit qu'il s'était trompé de bord
en autobus et qu'il s'était ramassé à
Mégantic-Compton. Alors, Coaticook, ça a été clair
quand vous êtes venus chez nous, les gens vous l'ont dit:
Mégantic, c'est très loin de chez nous, c'est même
très très loin de chez nous, alors que Magog et Rock Forest
faisaient une entité. J'espère que vous avez compris ça et
je vous en remercie.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député d'Orford. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Verdun.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: Merci, M. le Président. J'interviens, non pas
en mon nom, mais au nom du caucus des députés de l'ouest de
Montréal.
M. le président, je comprends l'intervention de votre
collègue, M. Bourassa, lorsqu'il parlait de la volonté de
considérer la grande région de Montréal. Premier
élément d'argumentation - parce qu'on va aller vite, on ne va pas
plaider longtemps - il y a quand même une différence
d'homogénéité, si je reprends le concept
d'homogénéité qui a été pris par l'autre
commissaire, entre l'île de Montréal, en termes de population et
en termes de source de population, et la couronne de Montréal. On
pourrait assez facilement voir les caractéristiques sociologiques entre
les deux éléments. Cela plaide quand même à ne pas
considérer toute la grande région, mais bien à
considérer dans la région de Montréal deux ou trois
régions, tel que c'est sur le plan administratif. Premier argument.
Deuxième argument, c'est des arguments strictement
numériques. Si on reprend rénumération de 1989, il y a 1
174 210 électeurs sur l'île de Montréal, divisée en
33 comtés, qui existent actuellement, ça fait en moyenne 35 582
électeurs par comté, ce qui est légèrement en
dessous de la moyenne provinciale de 37 363 électeurs par comté.
Nous en sommes conscients. Il y a une variable que nous voulions mettre de
l'avant, et je pense que mon collègue de Saint-Louis sera en mesure de
la faire valoir mieux que moi, le nombre d'électeurs, d'après
nous, sur l'île de Montréal en 1989 a été grandement
sous-évalué: sous-évalué à cause de la
manière dont l'énumération s'est faite,
premièrement; deuxièmement, sous-évalué parce
qu'une enumeration s'est faite au mois d'août où une partie de la
population de Montréal se trouve en dehors de l'île; et,
troisièmement, sous-évalué parce qu'elle ne tenait pas
compte des populations étudiantes qui résident sur l'île de
Montréal en période scolaire. Donc, sous-évaluation,
d'après nous, du nombre d'électeurs sur IHe de Montréal,
ce qui peut justifier ce nombre en dessous de la moyenne.
Troisième argument maintenant. Si je reprends la diminution dans
votre projet de carte électorale, vous amenez l'île de
Montréal à 30 comtés, ce qui revient à 39 140
électeurs par comté, c'est-à-dire, quand même,
au-dessus de la moyenne provinciale.
Maintenant, je vais vous faire valoir un autre élément. On
constitue actuellement une carte électorale non pas pour aujourd'hui,
mais quand même dans une projection sur les huit prochaines
années, donc il y a un élément de prospective qu'il faut
avoir en tête. L'argument que je vais avoir sur l'élément
de prospective va toucher les populations immigrantes. On peut évaluer,
si je me fie aux entrées en termes d'immigration depuis 1988 ou 1989,
à à peu près 85 000, pour la prochaine élection, le
nombre d'immigrants qui n'avaient pas le droit de vote en 1989 et qui vont
obtenir le droit de vote si on accepte le principe que, normalement, au bout de
trois ans de statut de résident permanent, un immigrant devient donc un
électeur. Ils ont trois à quatre ans. Donc, j'ai fait seulement
une translation du nombre d'immigrants non citoyens; je l'ai translaté
pour obtenir, en augmentation, un nombre d'électeurs de 85 000. Si je
répartis ce nombre d'électeurs de 85 000 sans toucher aux
phénomènes d'immigration, le nombre moyen d'électeurs sur
l'île de Montréal avec 33 comtés va se trouver à 37
972, c'est-à-dire au-dessus de la moyenne provinciale, et, avec 30
comtés, la moyenne par comté de Montréal va être
à 41 940, c'est-à-dire réellement bien au-dessus de la
moyenne provinciale. Ça, c'est un élément dont je voudrais
tenir compte, c'est-à-dire que, premièrement, le nombre
d'électeurs a été sous-évalué en 1989 et,
deuxièmement, le phénomène d'immigration va nous amener
une augmentation du nombre d'électeurs. (16 h 10)
Autre élément, et ça va être le dernier point
que je vais dire. Je vous en avais parlé quand j'étais venu; je
n'avais pas les informations, j'ai fini par les obtenir. Je les ai sous forme
de fax, je voudrais quand même vous les donner, mais je vous
suggère néanmoins, parce que vous pouvez les obtenir de la
même manière, de vous procurer les documents de la
Société canadienne d'hypothèques et de logement
fédérale qui fait les prévisions des mises en chantier.
Dans les prévisions de mises en chantier - encore là, on est en
train de parler non pas strictement pour une année, mais on est en train
de projeter pour les années qui vont venir - il semblerait que le taux
d'augmentation des mises en chantier sur l'île de Montréal ait
été de 33 % en 1992, tandis que, sur la couronne nord, il ait
été stable et, sur la couronne sud, il ait été
seulement de 16 %. Donc, je vous demanderais de bien retenir ces trois
chiffres-là: augmentation de 33 % des mises en chantier sur l'île
de Montréal, augmentation de 16 % des mises en chantier dans la couronne
sud et non-augmentation dans la couronne nord. Mon document, si vous pouvez
l'avoir, c'est les lettres de la Société canadienne
d'hypothèques et de logement. Je ne voudrais pas vous donner les fax
parce qu'ils sont assez mauvais, mais vous pouvez facilement vous procurer ces
documents. Ça s'appelle «Prévisions pour les constructeurs
de IHe de Montréal pour 1992».
Donc, en terminant, M. le Président, parce qu'il faut être
court, nous pensons qu'il est injuste à l'heure actuelle,
premièrement, à cause des critères
d'homogénéité; deuxièmement, parce que le nombre
d'électeurs a été sous-évalué;
troisièmement, parce qu'on n'a pas tenu compte d'une prévision du
nombre des immigrants sur l'île de Montréal; quatrièmement,
parce que, en termes de planification, de notre perception de
ce que va être la région métropolitaine dans les
trois à quatre années qui vont venir où la croissance de
la couronne, d'après moi, doit être stabilisée et, à
nouveau, une croissance de 111e de Montréal, nous pensons qu'il est
injuste de couper trois comtés sur 111e de Montréal. Et nous vous
suggérons fortement de ne pas couper ces trois comtés sur I He de
Montréal. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
député de Verdun pour votre plaidoirie. Maintenant, dans la
même veine, M. le député de Saint-Louis. Ensuite, ce sera
au député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: Merci, M. le Président. Une question,
peut-être, à M. le président et Directeur
général des élections. N'avez-vous pas reçu, M. le
Directeur général, une résolution de la CUM? Je regarde
votre tableau et il n'y a pas de résolution de Montréal.
M. Côté (Pierre-F.): On a eu plus qu'une
résolution, on a un mémoire de la CUM. C'est M. le
président de la CUM qui s'est présenté devant nous.
M. Chagnon: C'est parce que j'ai eu... M. Côté
(Pierre-F.): Il n'est pas là-dessus?
M. Chagnon: II n'est pas là. Zéro.
Résolution, zéro.
M. Côté (Pierre-F.): C'est peut-être
entré dans les... Ça dépend des tableaux que vous
avez.
M. Chagnon: J'ai un tableau du 31 mars 1992. Ça ne doit
pas être bien vieux, ça. J'étais surpris parce que je sais
que la CUM... Ils m'ont demande de les aider, d'ailleurs. Ils m'ont
demandé de connaître un peu c'était quoi, la
problématique. J'ai pensé qu'ils avaient fait une
résolution et je suis surpris de constater qu'on ne la retrouve pas dans
I'enumeration des résolutions concernant les représentations qui
vous ont été faites.
M. Côté (Pierre-F.): Là, c'est une question
de classification. Je vous donne l'indication. On me dit où ça a
été classé...
M. Chagnon: Alors, on s'entend pour dire que ça
existe.
M. Côté (Pierre-F.): Ah! définitivement.
M. Chagnon: Bon.
M. Côté (Pierre-F.): Et vous l'avez à la page
2 du grand tableau 8 1/2" x 14". Sous la rubrique «institutions,
hôpitaux, commissions scolaires», il y a le chiffre 1, c'est celui
du mémoire de la Communauté urbaine de Montréal.
M. Chagnon: Parfait. Merci beaucoup.
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Je voudrais faire miens les propos de mon
prédécesseur, le député de Verdun, d'une part, et,
deuxièmement, rappeler à M. le Directeur général
des élections ainsi qu'aux commissaires du bureau du Directeur
général des élections qu'en 1988, vous vous souviendrez,
on s'était rencontrés, qu'on avait discuté d'un changement
de la carte électorale et que j'avais plaidé pendant presque
trois quarts d'heure, acétates, enfin, tout ce qu'on avait pu avoir
comme services techniques était avec nous, en haut, au salon rouge.
Je vous disais que, dans le comté de Saint-Louis,
c'est-à-dire dans le centre-ville de Montréal, on avait, à
ce moment-là, 37 000 portes résidentielles. Le comté de
Saint-Louis, c'est un comté où il y a beaucoup de bureaux; alors,
il faut exclure, évidemment, toutes les portes de type commercial et
autres. On avait, selon Postes Canada, dans le répertoire des codes
postaux couvrant le comté de Saint-Louis, 37 000 portes à
l'époque. On a quand même rajouté au comté de
Saint-Louis 7000 électeurs venant du comté de Saint-Jacques,
à la suite de la décision que vous avez prise, et, quand on a
fait le recensement en 1989, oh! surprise, on est arrivé avec 32 000
électeurs. Le fond du problème, ce pourquoi je plaidais en 1988
et que je continue de plaider en 1992, c'est que, tant et aussi longtemps - et
ça, ce n'est peut-être pas votre faute, je comprends ça -
que vous utilisez comme critère le recensement, on ne peut pas faire
autrement à Montréal, et plus spécifiquement dans le
centre-ville de Montréal, que de se tromper.
Je vous rappelais, en 1988, selon l'expérience qu'on avait
vécue en 1985, et ça a été la même chose en
1989, dans le comté de Saint-Louis, que 10 % de l'ensemble de
l'électorat est venu s'inscrire à la période de
révision. Vous ne verrez ça nulle part ailleurs dans la province.
Pourquoi? Parce qu'on n'est tout simplement pas capable de rejoindre les gens
par le modèle classique du recensement tel qu'on le connaît. Et,
selon moi, je le dis en obiter dictum, tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas
une carte d'électeur, on ne sera pas capable de faire un recensement
relativement intelligent dans le centre-ville de Montréal.
Je vous donne des exemples. Vous connaissez Montréal; vous
connaissez la Place de la cité, il y a au-delà de 1400
appartements dans ce secteur-là, et il y en a 550 et quelques qui
étaient inscrits sur les listes électorales la
dernière fois. Des pans entiers de rue, sur Peel, non inscrits.
Et, évidemment, ça a eu des effets importants sur la
révision. Mais ce n'est pas tout le monde qui est allé de son
propre chef se faire réviser, évidemment. C'est la petite
minorité de gens oubliés au moment du recensement qui est
allée se faire réviser. Et, si on tient compte de la population
qui existe et qui vit dans le centre-ville de Montréal et sur laquelle
vous fondez, puis je ne peux pas vous blâmer, mais sur laquelle vous
fondez vos statistiques pour faire vos découpages électoraux,
votre prémisse étant fausse au départ, vos
découpages qui vont suivre par la suite risquent aussi de fausser
l'ensemble de vos découpages sur tout le territoire de ITle de
Montréal.
C'est bien entendu que si on a au-delà de 40 000 portes
résidentielles, des gens qui reçoivent un compte
d'Hydro-Québec, il y a des grosses chances qu'on ait plus que 32 000 ou
35 000 électeurs après révision. Même si on avait 10
% de gens qui étaient immigrants non reçus citoyens canadiens, il
y aurait encore quand même, vivant sur ce territoire-là, au-dessus
de 50 000 électeurs, à tout le moins de personnes ayant la
capacité d'être électeurs, ayant plus de 18 ans. les
statistiques du bureau de la statistique du québec et les statistiques
de statistique canada établissent que le centre-ville de montréal
est le comté le plus âgé au québec, et ces
chiffres-là datent du recensement de 1986 de statistique canada; 94,6 %
des gens ont plus de 18 ans sur le territoire de ce qu'est le comté de
saint-louis. alors, on peut s'imaginer, on peut faire le raisonnement suivant,
c'est qu'au nombre de portes qu'il y a dans le comté, si 94 % des gens
ont plus de 18 ans, ce n'est pas vrai qu'il y a 35 000 électeurs
potentiels dans ce comté-là. ça ne se peut pas, c'est
mathématiquement impossible. et, à l'époque, le
député de saint-jacques, m. boulerice, et l'ancien
député de sainte-marie, michel laporte, vous avaient aussi
parlé de ça. je dois avouer que, si l'écoute y avait
été... les résultats, ou du moins la compréhension
de la problématique très, très, très
particulière au centre-ville de montréal nous a semblé, en
tout cas, être un peu moins bien comprise dans les résultats des
décisions qui ont été prises par la suite.
J'ajouterai qu'à ce moment-là, en 1988, évidemment,
en raison des déplacements de circonscriptions... le
député de Saint-Jacques, puisque j'héritais de 7000
électeurs de son comté, il y a une partie de ces électeurs
qui étaient rattachés au député de Saint-Jacques
qui sont maintenant rattachés au député de Saint-Louis,
mais qui sont toujours dans une espèce de flottement. Ils sont toujours
dans une espèce de flottement entre chacune des élections;
souvent, ils sont dans des zones flottantes. Une année, pour deux ans ou
pour deux élections, ils sont dans un comté et, ensuite, ils sont
dans un autre comté. Alors, ils ne peuvent jamais se réclamer...
ils ne savent jamais dans quel comté ils sont, dans le fond.
Par suite de cet ajout de 7000 électeurs, aujourd'hui on leur
dit: Là, vous allez encore changer de comté. À ce
moment-là, en 1988, je vous rappellerai très amicalement que vous
nous aviez dit: On va changer la carte, mais c'est pour au moins deux
élections. Vous nous dites la même chose aujourd'hui. Je ne peux
pas présumer de ce qui va arriver dans deux ans, trois ans ou quatre
ans, mais, bon Dieu! les gens qui changent de comté comme ça,
d'un bout à l'autre, à tous les trois ans ou quatre ans
maintenant, sont en droit de se demander jusqu'à quel point on les prend
au sérieux.
Bref, M. le Président, je souhaite effectivement, comme l'a
souligné mon précédesseur, qu'on conserve à
Montréal... Peut-être qu'il faut changer des données, les
territoires, les délimitations, dis-je, des circonscriptions
électorales, mais conserver le nombre de 33 sièges sur
l'île de Montréal parce qu'ils représentent vraiment une
population qui existe et qui vit à Montréal, puis qui se
développe à Montréal. Merci, M. le Président. (16 h
20)
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
député de Saint-Louis. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Oui, M. le Président, je suis d'autant plus
heureux d'intervenir que le ministre responsable est présent. Comme on
sait que c'est un ministre qui veut le bien de Montréal et, si on le
laisse faire, il l'aura bientôt d'ailleurs...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Voulez-vous ouvrir un autre
dossier?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Vous risquez peut-être
de vous ramasser à l'Hôtel-Dieu.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Des menaces, M. le Président! Des
menaces!
Une voix: Tu es déjà handicapé. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Je trouve que je suis déjà
handicapé comme cela.
Le Président (M. Dauphin): M. le député
de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, à vous la parole.
M. Boulerice: M. le Président, je m'adresse à M.
Côté et à ses collègues. Je fais effectivement miens
les propos du député de Verdun et, très assurément,
les propos du député de Saint-Louis qui a été, avec
moi et, d'ailleurs, avec notre ancien collègue, le député
de Sainte-Marie, M. Laporte, floué, M. le Président. Je suis
obligé de vous le dire, floué, puisque le 2 février 1988,
vous disiez, et je vais vous citer: «II ne faudra pas perdre de vue que
le travail qu'on a fait est dans une perspective de huit ans.» Vous
ajoutiez un peu plus loin: «...d'établir une carte de
circonscriptions électorales qui ne devrait pas subir de changements
majeurs après les prochaines élections
générales.»
Voilà que nous nous retrouvons, même pas huit ans
après, mais tout juste quatre ans, et trois ans puisque vous nous l'avez
annoncé quand même l'an dernier, c'est-à-dire en 1991, avec
exactement la même situation. On se retrouve dans une espèce de
jeu de dominos où les dindons de la farce sont les électeurs et
les électrices comme tels et, forcément, les
députés qui sont, je pense, je vais employer le mot
américain, «dedicated» à leur métier de
représentant.
On a parlé d'appartenance. Moi, je vous rappellerai que
Sainte-Marie a une vieille appartenance - elle est bicentenaire, elle aussi; la
circonscription date de 1792, la plus ancienne au Québec - Saint-Jacques
également. Nous étions opposés, à l'époque,
mon collègue et ami, je dois le dire, M. Laporte, puisque nous perdions
une circonscription à Montréal. Et on n'aura pas peur des mots,
on perdait une circonscription dans la partie très francophone de
ITIe de Montréal, et ça, nous n'y étions absolument
pas intéressés. Sauf que, dans les discussions, on se disait:
Bon, oui, mais ça va donner quand même, une meilleure
homogénéité si ça devait passer à cette
notion de centre-sud et de Plateau-Mont-Royal. Résultat, bon, contre
mauvaise fortune bon coeur, vous avez décidé de jumeler les deux
circonscriptions. On a créé une situation qui était sans
précédent au Québec, où deux députés
ont dû s'affronter pour conserver le titre de député dans
cette circonscription électorale, ce qui n'était pas la chose la
plus agréable à vivre comme telle, puisque, au-delà des
démarcations d'ordre politique, il y a quand même un certain
compagnonnage entre les parlementaires et je pense que c'est bon que cela
existe. Bon, un a gagné. Je ne dirai pas que l'autre a été
défait. Je dirai que l'un a gagné. L'autre avait fait un travail.
Bon, voilà. On se retrouve maintenant avec une circonscription,
Sainte-Marie-Saint-Jacques, et, au même titre d'ailleurs,
Hochelaga-Maisonneuve - parce que je parie, M. Côté, au nom des
députés du Parti québécois de Montréal -
qui, elle aussi, retrouvait ses limites naturelles, puisque c'est une autre
très très très vieille entité à
Montréal, avec des barrières physiques, d'ailleurs, très
évidentes qui la marquent du centre-sud, donc de Sainte-Marie.
Quand je vous disais que, si les députés sont un peu les
dindons de la farce, ce sont les électeurs qui sont les dindons de la
farce. Il y a un nombre de 7000 électeurs à qui je disais: Au
revoir et merci! Et le député de Saint-Louis leur disait: Bonjour
et bienvenue! Et là, aujourd'hui, le député de Saint-Louis
va leur dire: Au revoir et merci! Et moi, pour essayer d'en faire un peu
d'humour - parce que je vous avoue que c'est triste à en pleurer, j'ai
l'impression que je vais vivre cette série américaine
«Welcome back Kotter» - je vais me retourner vers eux et je vais
dire: Heureux de vous revoir! Par contre, je vais me retourner vers l'est
où des gens ont perdu la circonscription propre qui était la leur
pour se retrouver avec un autre député et je vais leur dire:
Voyez-vous? on a tenté de créer des liens ensemble; je pense
qu'on a réussi; j'en suis très content; au revoir et bonne
chance! et, comme on dit dans les films d'amour, ne cherchez plus à me
revoir! Ils vont s'en aller dans une autre circonscription qui est celle de
Hoche-laga-Maisonneuve, qui va briser, d'ailleurs, les limites
géographiques très apparentes qui existent. Et ça va
être le cas de ma collègue, ou de n'importe quel
député éventuel dans cette circonscription, qui va dire:
Eh bien! bienvenue chez nous! et qui, en contrepartie, est peut-être
obligée de faire la même chose, se retourner encore un peu plus
vers l'est et dire à des gens: Eh bien! je ne vous connaissais pas,
mais, maintenant, je suis très heureuse de vous rencontrer. Mais
ça va durer combien de temps?
M. Côté, je vais le répéter,
Sainte-Marie-Saint-Jacques, 40 679 électeurs actuellement. Nous avons
fait augmenter le nombre, les deux organisations électorales,
après un recensement en catastrophe, dans des conditions
épouvantables, et je partage les propos du député de
Verdun et de celui de Saint-Louis, nous l'avons fait dans des situations
catastrophiques avec la difficulté... Vous savez, ce n'est pas reconnu
dans le Code des professions le métier d'énumé-rateur ou
de recenseur. Donc, c'est difficile quand même. Ce sont des gens qui le
font, je dirais, presque bénévolement parce que le montant que
ça rapporte, ce n'est pas le Pérou. Alors, c'est des gens qui le
font, mais qui le font avec les ressources et les disponibilités qu'ils
ont. Je pourrais même, d'ailleurs, vous amener dans certaines rues, et
gagez le montant que vous voudrez qu'entre la rue La Fontaine et la rue Ontario
vous allez oublier au moins six adresses civiques parce que, comme vous n'avez
pas une connaissance intime de cette circonscription, vous allez passer tout
droit. Il y a le phénomène, chez nous, des portes cochères
et, si vous entrez à l'arrière, il y a déjà une
autre résidence qui a été construite. Je ne ferai pas le
rappel historique et sociologique de cela, mais ça existe et c'est une
réalité. L'organisation de mon
collègue Laporte à l'époque et la mienne ont fait
en sorte qu'on a ajouté au-delà de 3000 électeurs. Si on
avait eu plus de temps, je suis persuadé qu'on aurait pu vous ajouter
encore 2000 nouveaux électeurs. Si on avait eu plus de temps. Mais le
facteur temps était très réduit au moment de la
dernière élection.
Donc, là vous me dites: Ça sera pour huit ans. Moi, je
vous crois. Je vous crois. Vous connaissant, je vous crois. J'ai presque le
goût d'être méchant et de dire: Vous connaissant maintenant,
je ne vous croirai plus. Je vous crois, mais je m'aperçois que votre
argumentaire qui était: Vous n'êtes pas suffisamment nombreux...
Donc, vous nous ramenez à 4679 en vertu des efforts qu'on a faits, mais
le nombre est beaucoup plus important et la notion de nouvelle
citoyenneté va jouer énormément. Là, vous ramenez
cette circonscription à 38 216 électeurs. Donc, vous m'avez
fusionné, vous nous avez fusionnés pour qu'on soit plus nombreux,
et là, dans la réforme, vous nous diminuez de 2463
précisément. Mais à quel prix le faites-vous? À
quel prix le faites-vous? (16 h 30)
Je vais vous le répéter. Alors, vous retranchez tout ce
qui est de la voie du Canadien Pacifique à la rue Frontenac, 2463
électeurs... Je m'excuse, 5189 électeurs. De la rue Rachel
à l'avenue du Mont-Royal, parce que le Plateau-Mont-Royal,
traditionnellement, a été divisé en deux... Maintenant,
nous aurons un deux tiers Plateau et un tiers Plateau. Le Plateau commence
à la rue Sherbrooke. Alors, on conserve la notion de demi-Plateau, mais
on n'ira pas à un deux tiers Plateau puis à un tiers Plateau. Le
Plateau commence à la rue Sherbrooke. Là, vous dites: Bien, il y
aura un tiers Plateau. Alors, ce tiers Plateau fait que vous allez retrancher
8756 électeurs.
À l'ouest de la rue Saint-Hubert au boulevard Saint-Laurent, les
gens qui avaient accueilli mon collègue de Saint-Louis, à qui il
devra dire: Adieu! tantôt et, moi, je vais leur dire: Heureux de vous
revoir! pour une grande majorité, d'autres seront des gens que je ne
connaissais pas, vous en ajoutez 11 482. Alors, pour ces fameux 2463,
savez-vous combien il y en a qui vont jouer aux dominos, à la chaise
d'électeur? 25 379. entre nous, est-ce que c'est nécessaire, pour
diminuer, d'en faire basculer presque 26 000, quand vous insistez sur la notion
d'appartenance et quand on parle aussi d'égalité
d'électeurs? moi, j'interprète le mot
«égalité», pas uniquement parce qu'on est un peu
identique en termes de nombre, quoique je vous l'ai dit et je vous le
répète, que, moi, j'en aie 60 000, je ne me sens pas investi de
plus de pouvoirs que celui qui en a 40 000. le député des
îles-de-la-madeleine, pour moi, a autant de pouvoirs et de poids
politique, même s'il en a 25 000, que moi qui en aurais 40 000. c'est
d'abord son intelligence et son travail qui comptent. alors, je pense qu'il ne
faut quand même pas devenir fou avec les écarts qui peuvent
exister. Égalité d'électeurs, pour moi, signifie
également égalité dans le traitement. Alors que dans
l'ensemble on subit une certaine sécurité, une certaine
stabilité, chez nous, nous sommes continuellement bousculés, et
continuellement bousculés, je vous le répète, à
cause de prémisses qui, à mon point de vue, sont fausses.
Notre collègue de Verdun vous a fait part d'études faites
au niveau de l'habitation. Lundi dernier, je recevais une équipe
d'Hydro-Québec, qui fart quand même des prévisions -
ça fait des prévisions, Hydro-Québec - qui venait me
proposer, et ils iront voir, d'ailleurs, dans quelques jours, mon
collègue, le député de Saint-Louis...
M. Chagnon: Lundi matin.
M. Boulerice: ...lundi matin, le persuader d'ajouter un autre
poste de distribution électrique - un nom, d'ailleurs, qui va faire
plaisir à tous, le poste René-Lévesque - parce qu'il y
aura une augmentation de la demande. Et sur l'augmentation de la demande, en
les questionnant, leur réponse n'était pas uniquement le
développement industriel ou commercial, elle était en fonction
également de la demande domestique, donc en fonction des projets
d'habitation dans cette circonscription. Rappelez-vous, M. Côté,
lorsqu'on s'est rencontrés la première fois dans l'ancienne
circonscription de Saint-Jacques, maintenant circonscription de Saint-Louis, au
Holiday Inn sur la rue Sherbrooke au coin de Berri, je vous avais fait mention
du projet Faubourg-Québec dont la mise en chantier est imminente et qui
représente 3500 personnes qui s'ajoutent. Et rappelez-vous
également le nombre de constructions nouvelles que j'inaugure
régulièrement à titre de député. Entre votre
dernier passage et notre rencontre d'aujourd'hui, nous avons inauguré
une résidence qui loge maintenant 300 personnes, qui est
Résidence Parthenais. C'est 300 personnes qui sont arrivées. Et
ça ne fera qu'augmenter.
Je pense que, s'il y a certains ou s'il y a eu certains départs,
disons, d'un centre-ville de Montréal, vous présumez qu'il n'y
aura pas de retour et qu'à la fois l'administration municipale et le
gouvernement du Québec dans ses politiques n'établiront aucune
mesure visant à un mouvement de population, à un retour vers les
centres-villes, d'où la nécessité, d'ailleurs, du maintien
de l'Hôtel-Dieu à Montréal, mais c'est un autre sujet que
j'aborderai avec le ministre tantôt. Je m'amuse à être un
peu délibérément provocant envers lui, en toute
amitié.
Alors, vous allez comprendre que, si les députés sont
exaspérés, la population de ces circonscriptions, et je parie
autant au nom de Mercier, de Hochelaga-Maisonneuve, de
Sainte-Marie-Saint-Jacques que de Saint-Louis, comme
mon collègue parle autant de ma population qu'il parle de la
sienne, ces gens-là commencent à être un peu
excédés de ne pas savoir où ils sont, alors que, je vous
le répète, s'il y a des unités d'appartenance, ce n'est
pas aussi coulé dans le béton, ce sentiment d'appartenance, en
milieu urbain, parce que, quelquefois, une frontière peut être
arbitraire. C'est bien difficile, M. Côté, d'expliquer à
des gens que, parce qu'ils sont sur le côté ouest de la rue
Saint-Hubert - il y a au maximum 30 ou 40 mètres entre les deux - ils
sont avec M. Chagnon, ils ne sont pas avec moi. C'est difficile de leur
expliquer cela. Alors, si on s'amuse à modifier les frontières
régulièrement, mais quel sentiment d'appartenance avons-nous
créé dans une communauté qui est très urbaine? Et
on connaît la difficulté, effectivement, en milieu urbain, de
provoquer des sentiments d'appartenance auprès des gens, puisqu'il y a
quand même des mobilités.
Alors, moi, je vous dis: Cessons de toucher à la carte
électorale. S'il y a un cas où il y a une augmentation de
clientèle, je pense que tous les députés sont prêts
à l'affronter, cette augmentation de clientèle. Il s'agira tout
simplement d'avoir peut-être un peu plus de ressources matérielles
et humaines pour y faire face. Mais continuons à se garder des
unités qui signifient quelque chose et à poursuivre le travail
qui a été fait, et non pas être obligés de reprendre
complètement à zéro. Là, je vais reprendre avec un
nouveau CLSC. Je vais reprendre avec une nouvelle corporation de
développement économique. Je vais reprendre avec une nouvelle
caserne de police, puisqu'il y a des relations qui existent au niveau de la
sécurité publique. Tout est continuellement à refaire.
Une voix: Deux CLSC.
M. Boulerice: Deux CLSC. Je vais aller à trois, trois
CLSC. Surmultiplication!
Une voix: Si vous êtes élu. M. Boulerice:
Pardon? Une voix: Si vous êtes élu.
M. Boulerice: Ça me fera plaisir de vous déposer le
sondage interne que nous avons fait faire il y a un mois, monsieur, et
j'accueillerai le vôtre, d'ailleurs, si vous voulez bien me le
donner.
Pour conclure là-dessus, M. le Président, moi, je dis: II
faut cesser ce jeu à Montréal, surtout qu'il y avait une promesse
que, chez nous, on n'y touchait pas, puisque les modifications qui avaient
été faites étaient en profondeur, et je pense qu'elles
étaient en profondeur. Mais là, M. Côté, les
modifications que vous apportez vont beaucoup plus loin que les
modifications... Elles ne touchaient pas l'individu comme tel. En
définitive, on a créé une certaine
homogénéité, mais là vous la brisez et,
après ça, vous faites un transbordement qui, à mon point
de vue - je ne veux pas que le mot soit insultant pour vous - n'a vraiment pas
d'allure. Déplacer 25 379 électeurs pour me diminuer de 2000,
dans le cas de ma circonscription, alors que vous disiez que je n'en avais pas
assez il y a quatre ans, je vous avoue, c'est le cas de le dire, dans mon cas
je ne sais plus à quel saint me vouer. Est-ce à Saint-Jacques,
à Sainte-Marie ou à Saint-Louis? Je ne sais vraiment plus
à quel saint me vouer. Je continue à le dire...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: J'essaie de faire un peu d'humour pour ne pas me
fâcher, me choquer, m'emporter et peut-être déborder et
être disgracieux. Mais le sentiment que j'exprime est celui des gens de
ma circonscription que je rencontre depuis l'annonce de cette réforme et
qui me disent spontanément: Pas encore! Pas encore! (16 h 40)
Le Président (M. Dauphin): M. le député,
sans vous fâcher, en conclusion, s'il vous plaît.
M. Boulerice: C'est: Non merci, à cette
réforme.
M. Côté (Charlesbourg): Vous commencez à vous
pratiquer pour l'automne?
M. Boulerice: Pardon? Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Mme la
députée de Matane. Ensuite, ce sera M. le député de
Richmond.
Mme Claire-Hélène Hovington
Mme Hovington: Merci, M. le Président. J'ai eu l'occasion,
à plusieurs reprises, de faire valoir mon point de vue devant le
président de la Commission de la représentation électorale
et devant MM. les commissaires. Alors, je ne voudrais pas reprendre ici tous
les arguments qui ont été soulevés lors de notre rencontre
ici, à Québec, et plus récemment à Matane quand
vous avez reçu les mémoires de toute la grande région
Bas-Saint-Laurent et Gaspésie. Vous savez, j'ai été dans
l'enseignement pendant quelques années et un outil pédagogique
important était de répéter, de répéter et de
répéter. Mes parents disaient: II faut toujours cogner sur le
même clou pour que ça rentre, des fois.
Je vous disais que mon livre de chevet, c'était le jugement rendu
par la Cour suprême dans la cause de la Saskatchewan, là où
le juge McLachlin écrivait à la page 16 - et permettez-
moi de vous en relire un petit bout parce que ça répond
tellement bien aux attentes et aux inquiétudes, et c'est ce qui va vous
donner une marge de manoeuvre, je crois bien, pour ne pas amputer la
région de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent d'un comté,
comme c'était le cas en 1990. Alors, le juge McLachlin écrit,
à la page 16 de son jugement: «La réalité pratique
de la vie veut que la représentation effective et la bonne
administration dans ce pays obligent ceux qui sont chargés de fixer les
limites des circonscriptions électorales à tenir parfois compte
d'autres facteurs que la parité du nombre des électeurs, tels les
conditions géographiques et les intérêts de la
collectivité. La difficulté qu'il y a à représenter
de vastes territoires à faible densité de population - et c'est
le cas de la grande région de la Gaspésie - par exemple, peut
dicter un nombre d'électeurs quelque peu inférieur dans ces
districts. En insistant sur la parité des nombres, on pourrait priver
des citoyens ayant des intérêts distincts d'une voix effective au
sein du processus législatif aussi bien que d'une aide réelle de
la part de leur représentant dans le rôle d'ombudsman. Ce n'est
là qu'un des nombreux facteurs susceptibles de commander une
dérogation à la règle "une personne, une voix" dans
l'intérêt d'une représentation effective.» Je vous
avouerai que ce bout de jugement de la page 16 répond
énormément à la situation présentement en
Gaspésie, avec le comté de Matane.
Vous savez, M. le Président, il est important que les
électeurs soient près de leurs députés et que les
députés soient près de leurs électeurs, et vous
savez que, dans un comté rural, la situation est très
différente d'un comté urbain. Le comté urbain compte
beaucoup de bureaux gouvernementaux où le citoyen peut aller prendre des
renseignements, où le citoyen peut se rendre à n'importe quelle
heure du jour, tandis que, dans nos comtés ruraux à vastes
territoires, les bureaux gouvernementaux ne sont pas légion. Alors, le
bureau du député devient le guichet unique où le citoyen
peut aller faire ses représentations - et ils y viennent pour obtenir de
l'assistance, ils y viennent pour se faire guider dans le cheminement d'un
dossier précis au sein de l'appareil gouvernemental, pour avoir des
conseils de toute nature - contrairement à ce que l'on observe dans un
comté urbain où le citoyen peut aller frapper à
différentes portes pour avoir les mêmes renseignements.
Avec la réforme que vous proposez qui associe la partie ouest de
la circonscription de Matane à Matapédia, imaginez,
Petite-Matane, qui est à peine à six kilomètres de la
ville de Matane, ferait partie du comté de Gaspé, avec
Sainte-Félicité, Grosses-Roches, toute la partie est du
comté de Matane serait dans Gaspé, et la ville de Matane irait
complètement dans le comté de Matapédia. Alors, où
est le sentiment d'appartenance des gens de Petite-Matane à la ville
de
Gaspé, où les centres d'intérêt ne sont pas
les mêmes, absolument pas? Imaginez le pauvre député qui
aurait à parcourir d'aussi vastes territoires. Je ne voudrais pas
être ce député-là à ce moment-là. Ce
serait plus court pour un électeur de Petite-Matane de venir rencontrer
son député à Québec que d'aller le rencontrer dans
son bureau de Gaspé. Ce serait incroyable, ce serait insensé.
Alors, moi, ce que je vous dis, ce serait une situation aberrante pour un
député qui aurait à se promener dans ces immenses
territoires. Il en résulterait des heures et des heures de voiture, il
en résulterait vraiment un manque de services que le
député pourrait rendre à ses citoyens dans son rôle
d'ombudsman, et ce serait une incompréhensibilité de la part des
électeurs et de la part du député. Ce serait aberrant que
de se retrouver dans une situation comme celle-là.
Le caucus du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie s'était
prononcé, lors de votre venue à Matane et à Rimouski, pour
le statu quo, tel qu'il existe actuellement, pour protéger le sentiment
d'appartenance à l'histoire, à la géographie que l'on
retrouve dans ces vastes territoires. Je réitère aujourd'hui la
position du caucus et la position de tous les intervenants qui vous ont
présenté des mémoires lors de votre passage à
Matane: le statu quo dans le nombre de comtés et le statu quo aussi sur
les frontières et les limites des comtés actuels pour
préserver cet équilibre et ce sentiment d'appartenance qu'on a
développés avec les années, au niveau des MRC, avec les
sommets économiques où on a assisté à une
concertation extrêmement importante entre les municipalités et
avec les MRC. Alors, il ne faudrait pas briser cet équilibre
précaire qu'on a réussi à amener avec les
années.
Je vous ferai remarquer aussi, en terminant, M. le Président, que
de 1986 à 1988 il y a eu quand même une augmentation de 400
personnes et vous voulez retrancher deux comtés quand il y a une
augmentation de la population, et ça, c'est à considérer.
La Gaspésie n'a pas les moyens de se priver et de perdre un
député, de perdre une voix à l'Assemblée nationale
en perdant un député. Nous n'avons pas les moyens de perdre le
poids politique qu'on a actuellement au niveau des sept comtés de la
Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent. Alors, je vous demande le statu quo.
Je réitère le grand consensus qu'il y a eu dans la grande
région du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, le statu quo au
niveau du nombre des comtés. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Mme la
députée de Matane. Je vais maintenant reconnaître M. le
député-ministre de Richmond. Ensuite, ce sera M. le
député d'Iberville.
M. Yvon Vallières M. Vallières: Je vous remercie,
M. le
Président. MM. les membres de la Commission de la
représentation électorale, d'abord, je veux vous indiquer que je
vais être beaucoup plus court que lors de votre visite à Asbestos
où vous avez fait preuve de beaucoup de patience et d'écoute,
autant à l'endroit de celui qui vous parle que de ceux qui m'ont
précédé ou suivi, au cours d'une soirée très
active, très intéressante, mais aussi très longue, il faut
bien l'admettre.
Je veux également vous indiquer que je n'ai pas l'intention
aujourd'hui de vous apporter des faits nouveaux. Je voulais tout simplement que
vous sachiez ou, à tout le moins, que vous n'interprétiez pas une
absence qui aurait pu se manifester de ma part comme étant de
l'indifférence à l'endroit de cette prochaine carte
électorale. Un peu comme ma collègue qui m'a
précédé, c'est peut-être par déformation
comme ex-enseignant. Je me suis dit: Bien, pourquoi ne pas aller donner le
dernier petit coup de barre qui, peut-être, fera en sorte que le
président et ses commissaires tiendront compte des différents
arguments qu'ils ont pu entendre quand ils se sont présentés dans
notre région?
Évidemment, il est difficile, quand on est député
d'une circonscription électorale comme celle de Richmond, d'accepter
qu'on vienne, à l'intérieur d'une carte, rayer quelque 100 ans
d'histoire. Alors, je veux le réitérer ici aujourd'hui. Je
continue de croire également que l'introduction de cette nouvelle
dimension qui est la considération du critère de la
représentation effective devrait, à mon avis, vous permettre de
trouver une solution à la situation qu'on connaît actuellement en
Estrie et dans les Bois-Francs. Je veux également vous rappeler l'appui
de l'ensemble des comtés voisins du comté de Richmond pour le
maintien intégral du comté de Richmond, indépendamment des
allégeances politiques de leurs représentants. C'est un
événement rare, quand on sait que je suis entouré des
comtés de Johnson, d'Arthabaska, de Frontenac, de Drummond, que tous les
intervenants, toute la deputation demande le maintien intégral de la
circonscription de Richmond.
Je veux également, M. le Président, insister sur le fait
que, depuis maintenant plus de 100 ans, le comté de Richmond a
été l'objet de plusieurs modifications lors des refontes de 1909,
1922, 1935, 1941, 1943, 1964, 1972, 1980, 1985, 1987 et maintenant. Et tout
ça, avec la dernière de 1987 qui nous permet quand même de
respecter l'écart permis par la loi, puisque la dernière carte
électorale pour le comté de Richmond, remontant à 1987,
permettait un écart de moins 14,5 % par rapport à la moyenne
d'électeurs admissibles. Vous comprendrez que les électeurs du
comté de Richmond ont bien hâte qu'il arrive quelque chose et
qu'une fois pour toutes ça dure au moins pour quelques élections,
cette carte électorale que vous mettrez de l'avant au cours des
prochains mois.
Alors, M. le Président, je veux ici, aujour- d'hui, renouveler la
confiance que j'ai à l'endroit de la Commission, mais aussi l'assurer de
ma plus entière collaboration à trouver les meilleures solutions
possible aux problèmes, pour ne pas dire aux défis qui
l'attendent et auxquels nous convie l'élaboration de cette carte
électorale. Je sais que ce ne sera pas facile. Je posais la question
aujourd'hui à quelques collègues: Avec le maintien des 125
circonscriptions, donc sans ajout de nouvelles circonscriptions, comment le
Directeur général des élections pourrait-il arriver
à proposer une carte qui tienne compte des intérêts de tous
et de toutes, et plus particulièrement des politiciens qui sont
directement visés? (16 h 50)
Alors, je veux également, aujourd'hui, souhaiter à ceux
qui auront à confectionner cette nouvelle carte toute la patience et
également tout le doigté requis au cours des prochains jours, des
prochaines semaines afin de nous assurer d'une carte la plus
représentative possible et qui tienne compte des intérêts
de tous ceux et celles qui se sont donné le trouble, comme vous le
savez, en région, d'aller vous présenter, et même dans
certains cas, je me souviens à Asbestos, de vous proposer des avenues,
et ont fait preuve d'innovation, d'imagination afin de vous aider dans ce
travail. Je voudrais que vous voyiez ma présence ici comme étant
une contribution active à la solution que vous recherchez dans cette
nouvelle carte. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
député de Richmond. Je vais maintenant reconnaître M. le
député d'Anjou, si vous me permettez, M. le député
d'Iberville, pour respecter l'alternance un peu. Ensuite, je reviendrai avec M.
le député d'Iberville. M. le député d'Anjou.
M. Pierre Bélanger
M. Bélanger (Anjou): Je vous remercie, M. le
Président. M. Côté, je ne veux pas nécessairement
vous parler du comté d'Anjou quant à la réforme de la
carte électorale, quoique mon comté va être touché,
mais les changements qui vont être proposés dans mon comté,
je ne pense pas que ça va avoir des répercussions dramatiques sur
le comté d'Anjou, et on va pouvoir s'en accommoder. Mais ce que je
semble, en tout cas, constater, c'est qu'il y a un consensus quant à
certaines modifications pour certains comtés, autant d'un
côté de la Chambre que de l'autre. Je comprends que la Commission
doit respecter, doit suivre les directives qui lui sont imposées par la
loi, mais il me semble que, peut-être, cette loi ne correspond pas aux
besoins de notre système électoral. Je me demande si, en tant que
députés, nous ne devrions pas modifier cette loi et vous donner
des règles plus souples, justement
pour permettre certains accommodements. Alors, c'est la question que je
me pose et que je vous pose aussi.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député d'Anjou. Je vais maintenant reconnaître M. le
député d'Iberville.
M. Yvon Lafrance
M. Lafrance: Merci, M. le Président. M. le Directeur
général des élections, MM. les commissaires, je
représente une région qui s'étend à partir du
Haut-Richelieu, qui touche un peu l'Estrie et qui touche un peu la
région maskou-taine, de Saint-Hyacinthe. Je représente 28
municipalités. Vous connaissez d'ailleurs ma position, puisque je vous
ai rencontrés au mois de décembre ici, à Québec, et
j'étais également présent lorsque vous êtes venu
à Saint-Jean au mois de janvier.
Je ne veux pas entrer dans tous les détails que j'ai
présentés dans mon mémoire, mais j'aimerais tout
simplement vous dire que la situation dans un milieu rural, comme je le suis,
est très difficile pour un député. Il y a quatre MRC qui
touchent au comté d'Iberville. Il y a six commissions scolaires qui
touchent au comté d'Iberville. Il y a trois districts de voirie qui
touchent au comté d'Iberville. Il y a quatre comtés
fédéraux. Et, pour compliquer la chose, il y a même des
comtés fédéraux qui ont le même nom que les
comtés provinciaux. Par exemple, Brome-Missisquoi; on a la MRC de
Brome-Missisquoi, on a le comté de Brome-Missisquoi au provincial et on
a le comté de Brome-Missisquoi au fédéral et les
frontières ne coïncident pas, sont évidemment
différentes. Alors, c'est très très difficile, et la
population s'y perd en plus.
Je vous supplie de tenir compte - et vous l'avez mentionné, M.
Côté, au début de votre présentation - de ces
structures administratives qui deviennent de plus en plus importantes aussi,
alors qu'on parle de développement régional, qu'on parle de
concertation régionale, et qu'on voit M. Picotte qui est en train
d'arriver avec une nouvelle politique qui force les gens à se regrouper
pour faire connaître leurs besoins. Et tout ça, évidemment,
ça tourne autour de l'identité, des affinités
régionales. Je vous supplie de tenir compte de ces structures
administratives, de ces affinités régionales et aussi du
côté historique.
Vous avez vu la réaction dans le comté d'Iberville. La
population n'accepterait pas de se voir amputée de son chef-lieu,
historiquement, qu'est la ville d'Iberville et aussi de la paroisse
environnante de Saint-Athanase, puisque le reste du comté d'Iberville
serait complètement décousu au point de vue des affinités,
encore plus qu'il ne l'est présentement. La situation serait encore pire
en touchant chacun des points que je vous ai mentionnés. Je voulais tout
simplement vous réitérer l'importance. Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député d'Iberville. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Réal Gauvin
M. Gauvin: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
saluer M. Côté, M. Bourassa, M. Lessard, M. Giguère.
Évidemment, je vais être assez bref parce que j'ai comme
l'impression, et c'est peut-être la même chose pour vous autres,
que beaucoup de choses ont été dites, pour ne pas dire
qu'à peu près tout a été dit, mais c'est question
de se rappeler les points importants pour chacune de nos régions.
Suite à l'audition qu'on a vécue à Saint-Michel de
Bellechasse, où les gens de mon comté étaient
présents, je pense, en assez grand nombre, spécialement la MRC de
L'Islet, suite à cette rencontre-là, moi, j'en suis sorti assez
satisfait, pour ne pas vous dire satisfait, parce que j'ai remarqué que
vous-même et tout votre groupe aviez été très
attentifs à ce qui avait été dit là au niveau de la
problématique du comté de Montmagny-L'Islet, et ça a une
répercussion, évidemment, sur le comté de Bellechasse. Je
vous en remercie, j'ai apprécié l'attention que vous avez
portée à tous ces groupes-là et c'est ce qui s'est
dégagé. Ils m'en ont fait part. Vous avez fait mention
tantôt que vous avez reçu beaucoup de mémoires et ces
gens-là, justement, s'attendaient à ce que vous ayiez, suite
à ça, un peu de mémoire, finalement. Ce sont les
commentaires qui me sont faits, d'une part.
On a parlé de région d'appartenance, de région
administrative. Je suis un de ceux qui vous ont fait part de l'importance -
c'est ce que les gens me disaient et, personnellement, j'y crois - de tenter de
garder un certain nombre de comtés à l'intérieur d'une
région administrative, des comtés qui trouvaient
déjà assez de facilité à travailler ensemble, et on
a fait allusion à l'expérience que nous avons vécue dans
cette nouvelle région, Chaudière-Appalaches, suite à un
sommet économique qu'on vient de vivre. C'est une nouvelle
région. Quelques mois après l'identification de cette nouvelle
région, les gens ont appris à travailler ensemble; ils ont
développé des structures.
Je voudrais aussi vous rappeler - et j'en avais fait allusion - que
j'avais eu la chance, aussi je vous en remercie, d'échanger avec vous
tout près de 30 minutes au cours du mois de décembre, et on avait
fait allusion à l'expérience que la MRC de L'Islet avait
déjà vécue, soit d'appartenir, pour quelques
années, au niveau des circonscriptions fédérales, avec la
partie de Kamouraska, à la région du Bas-Saint-Laurent. C'est
toujours délicat, mais c'est des régions qui s'entendent bien
ensemble. Mais, sur le plan électoral, ça n'avait pas
été facile à vivre. Il y
avait même eu, je pense, un certain nombre de personnes qui
avaient boudé pour quelques années l'activité
électorale. Quelques années, ou peut-être une, je ne
voudrais pas exagérer à ce niveau-là. Donc, c'est tout
ça que je voulais essayer de vous rappeler.
Ce sur quoi j'insistais et je disais: S'il y avait lieu de garder au
niveau de la région Chaudière-Appalaches les huit comtés
qu'on connaît au niveau du nombre... Évidemment, je sais que, pour
vous et votre groupe, ce n'est pas un travail qui est très facile, on
doit le reconnaître, la population le reconnaît, et on dit,
à ce moment-là, évidemment, que, si vous voulez prendre
une certaine flexibilité au niveau des frontières de chacun des
comtés, c'est tout à fait normal. J'avais dit, à ce
moment-là, que ce n'est pas deux, trois, quatre municipalités de
plus ou de moins qui font réagir les gens tant que ça.
Évidemment, c'est toujours la municipalité concernée qui a
une certaine réaction, mais sur le plan de l'ensemble. Je veux aussi
vous rappeler que le comté de Montmagny-L'Islet compte au-delà de
30 000 électeurs depuis quelques années. Les statistiques ne nous
démontrent pas qu'il devrait venir en bas de ça. Mais c'est une
remarque qui en vaut bien d'autres, j'imagine, et plusieurs
députés l'ont fait ressortir aujourd'hui.
Tout ça pour vous dire que, quand elle est sortie de l'audition
à Saint-Michel de Bellechas-se, la population du comté que je
représente était assez confiante - et je vous le
répète, je me répète - à cause de votre
attention, de l'attention que vous aviez semblé porter aux arguments
qu'elle avait développés. Je l'étais moi-même, assez
confiant, et j'en ai profité aujourd'hui, M. le président, pour
venir vous saluer et vous dire qu'on reste confiant.
Une voix: Renouveler la confiance. Des voix: Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
député de Montmagny-L'Islet pour votre intervention. Avant
d'aborder les remarques finales, j'ai deux dernières demandes
d'intervention, dont celle de M. le député de l'Acadie, et nous
terminerons en beauté avec Mme la députée de Bourget. M.
le député de l'Acadie.
M. Yvan Bordeleau
M. Bordeleau: Merci, M. le Président. Alors, encore une
fois, je voudrais me joindre à mes collègues, au fond, pour vous
féliciter, M. le Directeur général et MM. les
commissaires, pour la disponibilité et l'attention dont vous avez fait
part à l'égard de l'ensemble des représentations qui ont
été faites devant la Commission. J'ai moi-même eu
l'occasion de présenter un mémoire au moment où vous
étiez à Québec. Et un peu dans le même sens que mes
collègues, je pense que je veux aussi peut-être
répéter certains éléments, les porter encore une
dernière fois à votre attention. (17 heures)
Je vais centrer mon intervention plus sur le problème que la
proposition que vous aviez faite posait pour les comtés du nord de
Montréal. Je veux vous rappeler que je vous avais mentionné, lors
de la rencontre, qu'il y avait, dans les comtés du nord de
Montréal, un déplacement des limites de l'est vers l'ouest qui
touchait à peu près tous les comtés de la bande nord de
IHe de Montréal. Juste pour être plus concret, LaFon-taine a
actuellement un écart de plus 3,18 %; Sauvé a un écart de
moins 5,87 %; Bourassa a un écart de moins 8,67 %; Crémazie a un
écart de 4,22 %; Acadie a un écart de 7,99 %; Saint-Laurent a un
écart de 9,13 %; Robert-Baldwin, plus 0,51 %; et Nelligan, 26,56 %. Ce
que vous proposiez à ce niveau-là, c'est que le
déplacement des limites affectait toute une série de
comtés, notamment sept de ces huit-là, parce que je pense que,
pour Nelligan, il y a un problème réel qui est là, mais
sept de ces comtés-là sont affectés dans leurs limites sur
les deux côtés, sur le côté est et sur le
côté ouest.
L'effet que ça a - et je rejoins peut-être mon
collègue de Sainte-Marie-Saint-Jacques qui, tout à l'heure,
mentionnait le nombre de personnes qui étaient déplacées -
ça veut dire que, pour régler des problèmes, dont je suis
conscient, qui existent à Montréal, et les problèmes qui
existent à Montréal, je pense qu'ils se situent dans cinq
circonscriptions de façon plus précise, c'est-à-dire dans
Nelligan, dans Jacques-Cartier, dans Mont-Royal, dans Verdun et dans Gouin,
où il y a un écart de plus ou moins 20 %... Je pense que, dans la
loi, on permet, au fond, d'aller jusqu'à la limite de 25 %, en plus ou
en moins. Dans ces cinq comtés, Nelligan, Jacques-Cartier, Mont-Royal,
Verdun et Gouin, disons qu'on va se donner une marge un peu plus large, c'est
plus ou moins 20 %. Alors, effectivement, c'est peut-être des zones
où la Commission doit chercher des solutions. Mais, pour régler
ces cinq problèmes-là, vous affectez plusieurs comtés,
notamment tous les comtés de la bande nord de Montréal, et le
résultat de tout ça, concrètement, c'est que 48 945
électeurs dans les comtés dont j'ai parlé sont
déplacés de circonscriptions, 48 945 électeurs, pour
régler des problèmes qui n'en sont pas quand on regarde ces
comtés-là de façon plus précise,
c'est-à-dire que c'est des comtés qui se situent, en plus ou en
moins, en bas de 10 %.
L'effet que ça a, en bout de ligne, après avoir fait toute
cette opération de déracinement de 45 000 électeurs, 48
945 électeurs exactement, c'est qu'on va revenir à une situation
où il y aurait, dans la proposition que vous aviez faite, quatre
comtés qui se trouvent à peu près dans une position
identique ou même pire que celle qui existe actuellement. LaFontaine
aurait 9,7 %
d'électeurs de plus; Sauvé en aurait 10,6 %; Saint-Laurent
en aurait 8,7 %; et Robert-Baldwin en aurait 14,8 %. Il me semble qu'il y a
beaucoup de déplacements ici pour des résultats, quand
même, qui sont relativement, disons, discutables. Je conçois
toujours que vous avez des problèmes avec un certain nombre de
circonscriptions, mais ce que je vous avais mentionné à ce
moment-là, c'était d'essayer de voir s'il n'y avait pas moyen
d'éviter un effet de domino. Quand on recherche plus une
égalité mathématique, bien, évidemment... Tous les
comtés, à part Robert-Baldwin, ce sont des comtés qui se
situent à plus ou moins 10 %; il ne me semble pas que ce soient des
comtés problèmes, et on va affecter 48 000 électeurs dans
ces comtés-là, on va les déplacer de circonscriptions.
L'autre élément que je vous avais mentionné et sur
lequel je veux revenir aussi, c'est toute la difficulté, à
Montréal, de créer une espèce de solidarité ou de
sentiment d'appartenance à cause du caractère anonyme des grandes
villes. On travaille à déterminer, à l'intérieur de
ces circonscriptions-là, certains liens qui font que les concitoyens
peuvent s'identifier à leur gouvernement provincial. Alors, ça
prend des années pour créer une dynamique qui est acceptable, et
là on va changer la dynamique, au fond, pour tous les comtés de
la bande nord de Montréal, 48 000 électeurs vont se retrouver
déplacés. Et, à Montréal, c'est fragile, les gens
ont de la misère à savoir dans quel comté ils sont, parce
qu'il y a le fédéral, il y a le provincial, il y a le municipal;
alors, là, ils viennent complètement perdus. Là, il y a 48
945 électeurs qui seront plus perdus dans des comtés, au fond,
où il n'y avait pas de problème majeur.
Je voulais tout simplement porter cela à votre attention, encore
une fois, M. le Directeur et MM. les commissaires. Je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le
député de l'Acadie. Je vais maintenant reconnaître Mme la
députée de Bourget.
Mme Huguette Boucher Bacon
Mme Boucher Bacon: Merci beaucoup, M. le Président. MM.
les membres représentant la Commission de la représentation
électorale du Québec, je voudrais vous souligner deux faits
nouveaux, puisque je ne reprendrai pas tout ce qui a été dit pour
Montréal, mais spécifiquement pour mon comté, dans
l'espoir que vous gardiez 33 comtés, et c'est l'objet de mes
complaintes.
La première représentation que je voulais vous faire,
c'est que la base militaire devait disparaître ou, du moins, il
était question qu'elle change d'orientation. Alors, comme vous avez pu
le constater, le fédéral vient d'investir 165 000 000 $ pour
relancer l'économie de l'est de Montréal et amener à
nouveau des gens qui vont venir travailler, c'est au point de vue
économique, mais qui vont venir se reloger dans l'est de
Montréal. Je ne vous dirai pas que je les aurai tous, mais bien
égoïstement je vous dirai: J'espère tous les avoir. Ils vont
se loger dans l'est de Montréal, ce qui va avoir un impact grandissant
au point de vue du nombre d'électeurs.
Le deuxième fait que j'ai à vous apporter, c'est que le
journal de mon quartier a donné, comme balise, vos coordonnées
pour les nouveaux électeurs, et j'ai reçu une avalanche de
téléphones me disant: Bon, nous, on a déjà
été dans votre comté; on a été dans le
comté de Mme Harel à une élection; on est revenus dans
votre comté et, encore là, on va rebouger. Et, de l'autre
côté, ça a été similaire. Ayant
rencontré aussi les deux tables de quartier en santé, les tables
communautaires, il y a Mercier-Est et il y a Mercier-Ouest, il y a vraiment une
réalité... Parce que, si on se fie à l'est qui est
situé entre les frontières du comté de M. Bourdon,
Pointe-aux-Trembles, et chez nous, c'est que ces gens-là, puis quand on
parle de caractère régional, les régionalistes... Il n'y a
pas si longtemps, il y a peut-être une quarantaine d'années, moi,
pour l'avoir vécu et vu de mes yeux, à une certaine
délimitation on trouvait encore des fermes. Alors, ces gens-là
ont gardé spécifiquement une mentalité de village et le
village Champlain est la limite chez nous, où ça pourrait rester
dans Bourget après. À cause de la 25 et de ce qui en
découle, les gens n'ont aucune appartenance chez nous. Ils vont venir
parce qu'ils sont obligés de venir aux rencontres qu'on fait ou aux
tables de concertation, mais il n'y a pas d'homogénéité
qui se fait, il n'y a pas de ralliement fort qui se veut. Alors, j'avais fait
les représentations que vous avez dans le mémoire: Où sont
les vraies délimitations pour que les gens se retrouvent?
L'autre point que j'aimerais apporter, c'est le caractère humain,
et je pense que je vous l'avais souligné, c'est qu'on a tendance
à garder toujours les pauvres avec les pauvres et de bouger de l'ouest
à l'est, ou vice versa, alors que, dans mon cas, j'aimerais qu'il y ait
une partie, comme je vous l'expliquais, qui bouge du sud au nord, ce qui
apporterait un caractère beaucoup plus humanitaire.
Ce que M. Gautrin vous a souligné, je pense que je l'avais fait,
moi, avec les chiffres de la Société d'habitation du
Québec, le nombre des nouvelles mises en chantier, les données
que je vous avais chiffrées et que vous pouvez avoir, et, avec ce que M.
Gautrin vous a conseillé, je pense que vous allez voir que la
réalité est là et que les jeunes familles s'en viennent
aussi dans Bourget, ce que vous n'aviez pas dans vos anciennes
données.
Mes trois points forts, c'est la base militaire, ensuite, c'est le
côté pauvreté; élargir d'une façon sud-nord
au lieu de ouest-est, pour ne pas garder toujours les mêmes poches de
pau-
vreté dans les mêmes comtés et ne pas toujours aller
frapper aux portes des ministres pour avoir un peu plus parce qu'ils sont
pauvres. Alors, si on élargit, bien, on donne le problème aussi
un peu aux autres; ce n'est pas toujours les mêmes qui reviennent
à répétition. Enfin, les nouveaux chiffres sur
l'habitation qui sont là. C'est mes trois points forts. Je vous remercie
beaucoup. (17 h 10)
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, Mme la
députée de Bourget. Nous allons maintenant procéder aux
remarques finales. La coutume veut que l'Opposition officielle débute
les remarques finales; ensuite, je reconnaîtrai M. le ministre. M. le
leader de l'Opposition.
Remarques finales M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, en tant que critique de
l'Opposition et porte-parole dans ce dossier, je vous dirai que c'est normal
que chacun des députés s'exprime, mais j'ai des remarques
à faire quand même qui vont se placer au-dessus des
doléances des députés.
C'est l'Assemblée nationale du Québec qui a voulu que la
loi soit amendée. C'est l'Assemblée nationale du Québec
qui a dit que c'était huit ans dorénavant. C'est
l'Assemblée nationale du Québec qui a maintenu les 125
comtés et c'est l'Assemblée nationale du Québec qui a
fixé des balises pour établir les circonscriptions
électorales. J'ai senti beaucoup de remarques qui s'adressaient à
vous autres et qui auraient dû être retournées vers
l'Assemblée nationale du Québec et, depuis bon nombre
d'années, il faut le dire - ça a commencé avec nous et
ça se continue avec le Parti libéral - on agit par consensus au
niveau de la réforme électorale. Les deux partis sont d'accord,
on modifie la loi. Et les modifications qui ont été
apportées à la loi l'ont été à
l'unanimité de l'Assemblée nationale. Moi, je dois dire ça
quand même pour être cohérent et conséquent avec le
travail qu'on fait. Je n'essaierai pas de transposer la responsabilité
à la Commission de la représentation électorale qui, elle,
se doit d'exécuter les volontés de l'Assemblée nationale,
et ça, je tiens à le dire parce qu'on l'oublie trop facilement
dans nos débats. Je pense que, comme politiciens responsables, on doit
être capables d'assumer nos propres décisions.
Ceci ne veut pas dire, bien sûr, qu'on ne doit pas tenir compte
des arguments de raison qui sont donnés, des arguments de bon sens qui
peuvent être donnés et qui vont vous aider à faire votre
travail. J'espère que ceux qui seront les plus marquants seront retenus,
bien sûr, mais sans perdre l'objectif fondamental de la loi qui est de
répartir les circonscriptions électorales en fonction de la
valeur du vote et de la représentativité réelle;
ça, c'est deux contraintes que vous avez, l'article 16, en plus des
affinités naturelles.
Je suis député depuis 16 ans et, moi aussi, on m'a
enlevé 7 paroisses de mon comté à un moment donné;
j'ai été obligé de leur dire: Au revoir! Puis probablement
que vous allez toucher encore à ma circonscription électorale,
puis ça va me faire de quoi et ça va faire de quoi aux gens qui
sont habitués de travailler puis qui ont développé une
relation normale avec le député. Mais, s'il fallait tenir compte,
dépendant des secteurs, soit du secteur de la santé, soit du
secteur de l'éducation, soit du secteur des MRC, de toute la foule de
secteurs qu'on a entendus... J'ai même assisté à ça;
je sais quels sont les balises et les critères qu'on donne. Je pense
que, comme député, ce n'est pas facile. Je sais bien qu'il y a
des députés qui sont même obligés de
démontrer à leur population qu'ils ne veulent pas qu'ils
quittent. C'est normal, ça, sur le plan humain. Mais il faut se rappeler
que l'Assemblée nationale du Québec a voulu, objectivement,
enlever toute partisanerie dans l'élaboration des circonscriptions
électorales pour ne pas se retrouver avec des comtés
taillés sur mesure, indépendamment du député. Moi,
je sais que le ministre partage mon point de vue là-dessus; dans des
vagues nationales, quel que soit le parti au pouvoir, on sait très bien
ce qui arrive avec les découpages: ça joue si peu que pas. Donc,
il faut quand même donner, je pense, une latitude certaine pour essayer
de réaliser les objectifs de la loi. Ça, c'est fondamental, quant
à moi, et ça doit primer.
Je comprends que ça peut nous faire mal, mais les objectifs, je
pense, n'ont jamais été contestés depuis au moins 15 ans,
et ces objectifs-là, nous y croyons fondamentalement, en ce qui me
regarde. Non seulement j'y crois, mais j'ai pris la peine et la
précaution de faire reconfirmer que nous étions d'accord avec ces
objectifs, sinon nous aurions demandé au ministre, lorsqu'on s'est
penchés sur l'étude de la loi... nous nous serions
repenchés sur les objectifs, nous vous aurions ajouté des balises
et nous aurions fixé d'autres paramètres, ce qui n'a pas
été le cas. Les deux seuls critères qui ont
été introduits, d'abord, ça a été le
jugement de la Cour suprême à la suite du jugement de la
Saskatchewan, et l'autre critère, c'est le délai de huit ans.
Donc, je ne crois pas que vous ayez posé des gestes en dehors de cela,
mais j'ose espérer, bien sûr, que tous les arguments de bon sens
seront retenus.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député de Joliette et leader de l'Opposition. Maintenant, M. le
ministre délégué à la Réforme
électorale.
M. Marc-Yvan Côté M. Côté (Charlesbourg):
M. le Président,
avant de faire un petit commentaire un peu plus général,
vous me permettrez sans doute de me faire le porte-parole de la
vice-première ministre pour rappeler à votre bon souvenir sa
lettre du 27 février 1992, particulièrement le deuxième et
dernier paragraphe de la première page, qui avait pour but premier de
faire en sorte qu'on n'isole pas une communauté, en particulier la
communauté portugaise de la ville de Laval, dans un redécoupage
électoral, et c'était un souhait qu'elle souhaitait me voir
à nouveau exprimer devant vous aujourd'hui et porter à votre
attention, sachant que vous allez examiner tout ce qui a pu se dire ici et qui
peut être d'intérêt pour vous inspirer quant aux conclusions
finales.
M. le Président, au risque de me faire dire, demain et dans les
jours subséquents, «encore une complicité du
député de Joliette et du député de
Charlesbourg», vous pouvez faire bis les propos de mon collègue de
Joliette parce qu'ils s'inscrivent exactement dans le processus normal,
légitime que nous avons suivi, les deux formations politiques, et
même les trois, sur le plan d'un travail que nous avons fait avec la
Commission dans le but de tenter de clarifier certains critères pour
dire à la Commission: Vous avez la totale liberté à partir
d'un certain nombre de critères que nous avons ajoutés, comme le
disait mon collègue de Joliette, celui de la représentation
effective. Au-delà de ça, on a dit: C'est fini, c'est aux huit
ans, et voilà, avec le nombre de 125 qui demeure.
C'est à l'intérieur de cela que vous avez, je dirais
même, la pénible tâche, parce que ce n'est pas une
tâche qui est facile, de tenter de trouver des convergences et le juste
milieu entre des principes qui, à l'occasion, peuvent s'opposer sur le
plan de l'application d'une carte électorale, malgré les
arguments des uns et des autres. Et, dans ce sens-là, moi, je fais une
totale confiance à la Commission. Le processus va se poursuivre et je
vous souhaite bonne chance à travers toutes ces volontés
exprimées et qui viennent du fond du coeur - dans tous les cas, du fond
du coeur - d'un vécu, d'une réalité terrain.
Évidemment, la population au Québec évolue; elle se
transporte sur le territoire et, évidemment, ça aussi, quand on
veut un principe de «un homme, un vote» le plus
équitablement possible, il est clair qu'il faut, à l'occasion,
bouger là où les gens bougent.
C'est aux leaders des différents gouvernements de faire en sorte
qu'on rassemble des conditions pour maintenir dans les centres-villes un
certain nombre de personnes et de faire en sorte aussi que, sur le plan du
recensement, on sera peut-être un petit peu plus efficaces. Ça
aussi, c'est un défi pour nous, au cours des prochaines années,
de s'assurer que, n'ayant pas touché à la loi pour remplacer
«électeurs» par «population»... c'est à
nous à faire la démonstration très concrète sur le
terrain qu'on a les gens qu'il faut pour aller recenser les électeurs et
faire en sorte qu'il n'y ait pas d'écart entre la population et le
nombre d'électeurs, autre que par ceux qui n'ont pas le droit de vote,
évidemment, et qu'à ce moment-là on se rapproche davantage
de la réalité terrain, avec toutes les complications que
ça peut imposer. Et vous nous direz très certainement que la
qualité du recensement dépend de la qualité des recenseurs
que vous fournissez, et Dieu sait que c'est aux formations politiques que vous
faites appel pour vous les fournir. Ça aussi, c'est une
vérité très terrain qu'il faut comprendre et avec laquelle
on doit vivre.
Donc, on vous souhaite la meilleure des chances et, évidemment,
on verra le résultat lorsque votre rapport sera définitif et
déposé à l'Assemblée. Évidemment, ce sera,
de ce que j'ai compris, en juin, au mois de juin que ce rapport-là sera
déposé. Alors, merci beaucoup et bonne chance.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre.
Voulez-vous ajouter quelque chose? Ça va.
Une voix: Merci.
Une voix: Merci, messieurs.
Le Président (M. Dauphin): Alors, la commission, ayant
accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die. Merci, encore une fois, M.
Côté, M. Lessard, M. Bourassa ainsi que Me Giguère.
(Fin de la séance à 17 h 20)