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(Quatorze heures vingt-huit minutes)
Le Président (M. Gauvin): Je déclare la commission
des institutions ouverte après avoir constaté le quorum. Je
demande: Est-ce qu'il y a des remplacements, Mme la secrétaire?
La Secrétaire: II y a un remplacement, M. le
Président. M. Maciocia, (Viger) est remplacé par M. Khelfa
(Richelieu).
Le Président (M. Gauvin): Merci. Le mandat de la
commission est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 406, Loi sur l'Institut
québécois de réforme du droit. Je ne sais pas si M. le
ministre a des commentaires de présentation à ce projet de loi.
M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Gil
Rémillard
M. Rémillard: Oui. Tout d'abord, M. le Président,
ça me fait plaisir de travailler sous votre présidence. C'est la
première fois que j'ai ce plaisir et je voudrais le souligner. Je
voudrais vous dire aussi qu'aujourd'hui nous avons adopté le nouveau
Code civil du Québec. L'Assemblée nationale vient donc de voter
en dernière lecture et le lieutenant-gouverneur vient de sanctionner ce
projet de loi historique pour le Québec. Nous avions convenu pendant nos
discussions dans ces derniers mois, en étudiant article par article les
quelque 3144 articles que comprenait le projet de loi - il en comprendra un peu
plus dans sa forme finale - de créer un institut québécois
de réforme du droit, c'est-à-dire qu'on se rendait compte que,
sur plusieurs questions, de grandes questions de société, je
dirais, nous devions continuer à en discuter pour pouvoir établir
des consensus.
Pendant tous nos travaux de réforme du Code civil, M. le
Président, nous avons recherché, avant tout, à mettre de
côté nos préjugés ou toute autre
considération pour nous référer essentiellement à
ce que nous croyons être, à ce que nous sommes persuadés
que sont les consensus dans la société québécoise.
Et nous y sommes arrivés puisque ce Code civil, nous l'avons fait avec
l'aide d'experts, avec l'aide de juristes, mais aussi en écoutant la
population, en écoutant les groupes d'intervention minutieusement, ce
qui veut dire que nous avons vraiment un Code civil qui reflète ces
consensus dans la société québécoise. Et je
mentionnais tout à l'heure, il y a quelques instants, à quel
point ce Code civil était à l'image du Québec, un code
qui, avant tout, est au signe de la tolérance, de l'ouverture, comme
nous le sommes comme peuple, comme société.
Et, M. le Président, c'est dans ce contexte-là que nous en
sommes arrivés à dire qu'il fallait qu'on puisse créer un
tel institut qui nous permettrait de faire le point sur l'évolution de
notre droit en concordance avec l'évolution de notre
société. De grandes questions qui devront être
abordées par l'Institut comme, par exemple, la situation juridique des
conjoints de fait ou toutes les questions de bioéthique en .ce qui
regarde des nouvelles méthodes de conception, de reproduction ou bien
d'autres questions que nous pouvons aborder, M. le Président, nous
amènent à croire que cet Institut aurait un rôle
fondamental à jouer pour permettre que ce Code civil puisse, au fur et
à mesure de l'évolution de notre société,
refléter vraiment dans sa réalité juridique la
réalité québécoise.
Il a fallu près de 55 ans pour réformer le Code civil du
Québec et nous nous rendons compte qu'un tel institut est
nécessaire. C'est dans ce contexte, M. le Président, que j'ai
présenté, au mois de novembre dernier, ce projet de loi, Loi sur
l'Institut québécois de réforme du droit, pour que nous
puissions avoir un tel institut et que nous puissions avoir cet instrument
qu'on peut qualifier de privilégié pour adapter notre droit
à l'évolution de notre société.
À la suite de son dépôt en Chambre, nous avons
reçu plusieurs interventions; la Chambre des notaires, les avocats et
aussi d'autres intervenants directement impliqués en matière
juridique nous ont fart valoir leurs commentaires. On sait aussi que
l'Opposition officielle a fait valoir ses commentaires quant à la
nomination des membres du conseil d'administration de cet Institut, quant aussi
à la latitude de l'Institut face à ses programmes d'étude,
au rôle que nous devons jouer dans tout ce programme.
Report de l'étude détaillée
à la reprise de la session
M. le Président, tous ces commentaires qui nous sont
arrivés, de beaucoup d'intervenants, nous portent à croire qu'il
serait peut-être plus sage de pouvoir reporter l'étude article par
article de cette loi au printemps pour que nous puissions prendre en
considération les commentaires qui nous sont faits et en arriver, pour
cette loi, à un consensus qui serait le plus significatif possible dans
la foulée de ce que nous avons fait pour le Code civil, puisque je
considère que ce projet de loi est dans la même foulée que
les travaux que nous avons faits pour le Code civil.
C'est donc en considération de ces propos, M. le
Président, que j'en arrive à la conclusion qu'il faudrait,
à mon sens, attendre à la reprise de la session au printemps pour
pouvoir étudier article par article ce projet de loi et voir de quelle
façon nous pourrions aborder ce projet de loi.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre.
Maintenant, je passe la parole à Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve pour sa déclaration d'ouverture, s'il y a
lieu.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Peut-être la
question à laquelle le ministre doit répondre maintenant, c'est
celle de savoir s'il entend déposer le même projet de loi à
l'ouverture de la session au printemps prochain, s'il entend revenir avec le
même projet de loi ou s'il entend déposer un nouveau projet de
loi.
M. Rémillard: J'entends revenir avec le même projet
de loi. Cependant, avec des possibilités d'amendements. Essentiellement,
le projet que nous avons est en fonction des objectifs que nous recherchons.
Reste à voir quelles modalités nous pourrons adopter pour le
rendre susceptible d'atteindre le consensus que nous recherchons.
Mme Harel: Je comprends que l'exercice financier débute le
1er avril. Faut-il comprendre que, dans les crédits que le
président du Conseil du trésor va déposer normalement
autour de fin février, mars, il y aurait déjà les
crédits pour permettre l'implantation de l'Institut et sa mise en
vigueur dès la présente année financière?
M. Rémillard: II y a eu une décision du Conseil des
ministres concernant cet Institut. Cette décision du Conseil des
ministres se réfère à une décision du Conseil du
trésor et, par conséquent, je suis assuré des fonds
nécessaires pour la mise en oeuvre d'un tel institut. Je ne crois pas
qu'un délai de quelques mois puisse mettre, ni de proche ni de loin, en
cause ces considérations d'ordre financier acceptées
déjà par le Conseil du trésor et acceptées, je
dirais, en tout premier lieu, par le Conseil des ministres quand j'ai
présenté ce projet de loi.
Le Président (M. Gauvin): Mme la
députée.
Mme Harel: M. le Président, remarquez qu'à ce
moment-ci de la session, à la toute fin de nos travaux, c'est assez
raisonnable que d'envisager de discuter de façon plus approfondie du
mandat de l'Institut, des modalités de sa composition lors de notre
session du printemps prochain, dans la mesure où il n'y a pas de retard
apporté à la mise en place de l'Institut ou à la
nomination de ses membres.
Moi, je dois vous dire, M. le Président, vous le savez, je suis
très, très partisane de la création de cet Institut
québécois de réforme du droit. Le ministre le sait depuis
longtemps. C'est parce que cet Institut nous avait été promis
qu'on a pu travailler de la façon dont on l'a fait en sous-commission en
ayant comme ligne d'horizon, je dirais, nos concitoyens d'aujourd'hui et non
pas en travaillant pour la postérité dans 40 ans, avec le fardeau
de décider si le droit que l'on modifiait l'était pour bien des
générations. Vous comprendrez que le fait d'avoir cette assurance
du ministre que l'Institut viendrait immédiatement assurer les
lendemains de la révision du Code, dans le sens non seulement où
nous avons renvoyé des sujets qui nous apparaissaient devoir
nécessiter un examen plus approfondi et des sujets sur lesquels nous
n'en arrivions pas à dégager un consensus... Mais - remarquez que
ça ne se fera pas tout de suite - il va falloir aussi ajuster
certainement au fur et à mesure de l'interprétation qu'en feront
les tribunaux notre droit civil à l'idée que s'en faisait le
législateur avant que le tribunal vienne apprécier ces nouvelles
dispositions.
Cela dit, le ministre a raison de croire qu'il n'y a pas péril en
la demeure étant donné que la mise en vigueur du nouveau Code, de
toute façon, n'est pas prévue avant vraisemblablement le 1er
janvier 1994 si on prend en considération la loi d'application, plus la
mise en place des systèmes informatisés à l'automne 1993.
Donc, on ne peut pas appréhender de décisions des tribunaux qui
viendraient interférer sur les principes qui ont été
introduits dans notre nouveau droit. D'autre part, il serait sans doute
intéressant que le nouvel institut puisse coexister avec la mise en
place des nouveaux registres pour qu'il puisse, au fur et à mesure,
certainement en suivre l'évolution
Moi, je pense que tout ça est raisonnable dans la mesure
où, encore une fois, le ministre nous donne l'assurance que, sans
tarder, dès le début de la session du printemps, le projet de loi
406 sera à nouveau appelé et qu'il pourra déposer ses
amendements sur lesquels peut-être on pourra à ce moment-là
faire consensus.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, je confirme ce que
j'ai dit, c'est vraiment mon intention.
Le Président (M. Gauvin): Donc, suite à la
proposition de M. le ministre et avec l'approbation des membres de la
commission, on se voit dans l'obligation de suspendre le débat article
par article du projet de loi 406.
Mme Harel: Merci, M. le Président.
M. Rémillard: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Donc, la commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 14 h 39)