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(Neuf heures trente-huit minutes)
Le Président (M. Marcil): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons reprendre nos travaux, tout en rappelant le mandat de la
commission, qui est de procéder à l'étude du rapport
préliminaire de la Commission de la représentation
électorale et, à cette fin, d'entendre la Commission de la
représentation électorale.
Nous sommes maintenant à entendre les députés
représentant l'est de Montréal. En premier lieu, juste avant de
donner la parole aux députés, j'aimerais recevoir le Directeur
général des élections, M. Côté.
Dépôt d'un document intitulé
Projection 1989
M. Côté (Pierre-F.): Merci, M. le Président.
Une très brève intervention pour souligner qu'il y a un document
que je vais demander qu'on remette au secrétariat pour qu'il soit
distribué à tous les députés. C'est un document
d'information. C'est la projection des électeurs sur la base de
1976-1985 et 1981-1985 pour toutes les circonscriptions électorales du
Québec. Cela peut fournir des informations intéressantes à
messieurs et mesdames les membres de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le directeur
général. Nous allons donc recevoir votre document comme
dépôt et nous allons le faire distribuer à tous les
députés de cette assemblée.
Oui, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Je veux juste comprendre de quoi on parle. Des
projections, comment cela peut-il être des projections alors que ce sont
des choses qui concernent le passé, 1976-1985, 1981-1985? En quoi cela
peut-il être des projections de nombres?
M. Côté (Pierre-F.): Je m'excuse. Ce sont des
projections jusqu'en 1989, je n'ai pas été assez clair.
M. Rochefort: Pardon?
M. Côté (Pierre-F.): Ce sont des projections
jusqu'en 1989.
M. Rochefort: Ah!
M. Côté (Pierre-F.): Je m'excuse, je n'ai pas
été assez clair, vous avez raison.
M. Rochefort: Là, je comprends.
M. Côté (Pierre-F.): Il y a deux bases. Il y a la
base de 1976-1985 et 1981-1985 pour nous donner jusqu'en 1989.
Le Président (M. Marcil): Donc, nous allons distribuer le
document.
Je vais reconnaître le député de la circonscription
électorale de Saint-Louis.
Interventions des députés de la partie
est de Montréal (suite)
M. Chagnon: Merci, M. le Président. Peut-être me
permettrez-vous de remettre aux commissaires quelques dossiers.
Le Président (M. Marcil): Vous êtes combien? Vous
êtes quatre?
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: M. le Président, je tiens à vous
remercier, vous et les membres de cette commission, d'avoir bien voulu
m'entendre ce matin. Je m'excuse pour le contretemps d'hier. Semble-t-il qu'on
m'a cherché dans le milieu de l'après-midi ou vers 17 heures. On
m'avait pourtant bien signalé que je devais être ici entre 20
heures et 22 heures et faire la présentation qui, comme vous l'avez
remarqué, prend un caractère un peu plus audiovisuel que ce que
vous avez vu hier. Par contre, l'éclairage ambiant est autre que si la
présentation avait été à 20 heures, hier soir. Vous
le comprendrez, M. le Président.
M, le Président, te Directeur général des
élections, qui est aussi responsable de la réforme de la carte
électorale, ainsi que les commissaires membres de cette commission, nous
ont soumis un rapport préliminaire sur la délimitation des
circonscriptions électorales au mois de septembre. Dans ce rapport, nous
trouvons, premièrement, la méthodologie qui a servi de balise aux
travaux de la Commission de la représentation électorale. Si on
regarde le dossier sur l'île de Montréal uniquement, on peut
comprendre les difficultés que pouvaient avoir les membres de la
commission à faire le découpage. C'est un casse-tête
sérieux, je puis vous l'affirmer, après avoir travaillé
sur des grilles mathématiques et des chiffres, plus
particulièrement pour la région de l'est, et je vous expliquerai
pourquoi. C'est un casse-tête sérieux et c'est tout à
l'honneur de la commission d'avoir pu présenter un rapport unanime de
ses membres, d'abord. Ensuite, je tiens aussi à féliciter les
membres de la commission pour l'exercice de consultation qu'ils ont mené
cet automne, particulièrement à la fin de l'automne, tant
à Montréal qu'ailleurs en régions, au Québec.
Concernant l'île de Montréal, on remarque une chose. On
remarque que la première vague du nouveau découpage de l'ouest de
la ville de Montréal - je parle, évidemment, de
l'extrémité ouest de ta ville - voit ses ondes de choc se
terminer dans le comté de Sainte-Anne. En effet, les limites
géographiques électorales des comtés à l'est du
comté de Sainte-Anne et à l'ouest du comté de Saint-Louis,
les comtés de Westmount, d'Outremont et de Mercier, n'étant pas
touchées, les ondes de choc des modifications à la carte
électorale de l'ouest s'arrêtent donc au comté de
Sainte-Anne.
La deuxième vague, celle qui part du centre-ville de
Montréal et qui se rend jusqu'à l'extrémité est de
la ville de Montréal, part donc du comté de Saint-Louis et l'onde
de choc se répercute, selon la théorie des dominos,
jusqu'à l'extrémité est de la ville de
Montréal.
M. le Président, je me réfère à la
méthodologie utilisée par les membres de la Commission de la
représentation électorale. On retrouve le plan
méthodologique dans les notes préliminaires du rapport sur la
délimitation qu'on nous a fourni au mois de septembre 1987. En page 8,
nous pouvons y lire ceci: "La proposition de délimitation des
circonscriptions électorales présentée cette année
se fonde sur l'évaluation de la carte électorale de 1985,
à la lumière des données de la liste électorale
confectionnée au mois d'octobre 1985." On remarquera qu'effectivement
tous les chiffres correspondent aux différents recensements qui ont
été faits dans les comtés depuis 1975-1976 jusqu'à
1985 et on tire la grille qui est derrière mol et qui correspond
à l'organisation méthodologique du rapport.
Lorsque j'avais lu ces phrases au mois de septembre, je m'étais
posé quelques questions. Je me disais: Dans le comté de
Saint-Louis, lors de la dernière élection, il y avait 28 000
électeurs quand je suis arrivé comme candidat. Le Directeur
général des élections se souviendra probablement que je
suis arrivé comme candidat une semaine et demie après
l'émission du bref électoral, donc à peu près
à la veille de la période de révision. J'avais
causé bien involontairement, je l'avoue, des maux de tête au
Directeur général des élections à ce
moment-là. Quand je suis arrivé, le recensement avait
été fait et la révision commençait.
Alors, le directeur d'élection local m'a remis des listes
électorales qui comprenaient environ 28 000 électeurs et,
après le recensement, je passais à environ 31 000
électeurs. Donc, au départ, le recensement dans le comté
de Saint-Louis nous a permis de voir augmenter le nombre d'électeurs
d'au-delà de 2000.
Fait surprenant, quand on se promenait partout dans ce
comté-là pendant l'élection, des tas de gens nous
disaient: On n'est pas inscrits sur la liste. On n'est pas passé chez
nous, etc. Un discours que probablement tous les candidats entendent, mais je
vous avoue que, chez nous, c'était particulièrement frappant, le
nombre de fois où on se faisait dire cela. Toutefois, il est
intéressant de noter que les caractéristiques du comté de
Saint-Louis, qui sont incluses dans un document que le Directeur
général des élections a déjà fait parvenir
probablement aux députés et à la bibliothèque de
l'Assemblée nationale et qui correspondent aux réalités
démographiques et sociologiques des comtés, nous en disent un peu
plus long sur le caractère du comté de Saint-Louis, qui est un
comté extrêmement urbain et où la densité de la
population est probablement une des plus fortes, sinon la plus forte au Canada
selon ce qu'on a pu trouver avec une petite partie de la région de
Vancouver-Ouest. Il est certainement très difficile de faire un
recensement dans le comté de Saint-Louis qui tienne compte et qui puisse
faire en sorte de retrouver tous les électeurs.
Alors, on s'est mis à regarder si effectivement la liste
électorale confectionnée au mois d'octobre correspondait à
une réalité sociologique du nombre d'électeurs dans te
comté et on est arrivés à des résultats très
étonnants. Si vous le voulez bien, je vais vous présenter
quelques paramètres. On s'aperçoit, dans le document fourni par
le Directeur général des élections qu'à la suite
des recensements électoraux le Directeur général des
élections tire la conclusion que, dans la périphérie de
Montréal et la périphérie de Québec, il y a une
augmentation substantielle d'électeurs et que, dans le centre-ville de
Montréal, il y a une baisse aussi substantielle d'électeurs. Je
dois avouer qu'il y a une certaine réalité en ce sens qu'il y a
eu une baisse d'électeurs et une migration de la population du
centre-ville de Montréal vers les banlieues ou vers les régions
plus rurales.
On constatera que dans le comté de Saint-Louis, la population
totale, selon le recensement de 1971, était d'au-delà de 60 000
personnes. On passe à peu près à 58 000, en 1976, à
53 000, en 1981, et on s'aperçoit - chose étonnante - que la
courbe remonte: en 1986, nous revenons à environ 57 000 citoyens
résidant dans le comté. Cette courbe, vous ne la retrouverez pas
dans les comtés situés à l'est du comté de
Saint-Louis. La courbe remontante, vous ne la retrouverez pas dans le
comté de Saint-Jacques, ni dans le comté de Sainte-Marie, ni dans
le comté de Maisonneuve. Je vais vous présenter Sainte-Marie et
Saint-Jacques, qui sont les comtés touchés Immédiatement
après le comté de Saint-Louis. Vous serez à même de
constater qu'il y a effectivement des modifications substantielles dans les
strates de population pour le centre-ville.
Si on regarde, par exemple, la population de 18 ans et plus, vous avez
remarqué, puisque c'est un document que vous nous avez fourni, qu'au
recensement de 1981 le comté de Saint-Louis était le comté
le plus âgé au Québec. Effectivement, 89,1 % de la
population avaient plus de 18 ans. Ce tableau nous indique la population de 18
ans et plus dans le comté. On s'aperçoit qu'il y
a effectivement une baisse normale par rapport au tableau
précédent et un plafonnement à partir de 1981.
Les résultats de 1986 ne sont pas encore connus. On peut sortir
le chiffre approximatif de la population générale de 1986 selon
les données de Statistique Canada, mais on n'a pas les paramètres
divisés par courbe d'âge; ils ne sont pas encore sortis. Compte
tenu de l'information qu'on a au tableau précédent, on peut
s'imaginer que la population s'accroît en 1986 par rapport à la
situation de 1961, qui est stabilisée entre 1976 et 1981.
J'indique encore une fois, contrairement à la
démonstration que vous nous faites... Remarquez que je ne vous en veux
pas, c'est un travail de bénédictin, ce qui a été
fait ici. Évidemment, la commande que l'on passe à un Directeur
général des élections, c'est bien plus de regarder le
dossier sous l'angle macroscopique que sous l'angle microscopique comme on Ta
fait, n'en déplaise au député de Frontenac.
J'ai ici le nombre d'électeurs selon les recensements
effectués au cours des années: en 1970, 1973, 1976, 1981 et 1985.
Vous remarquerez que c'est un peu surprenant. En 1970, on avait 28 168
électeurs inscrits et 37 000, trois ans plus tard, dans le même
comté. On baisse à 31 000, en 1976, on remonte à 33 000,
en 1981, et on finit à 31 548, en 1986. Il me semble qu'il n'y a pas de
relation entre les courbes démographiques du comté et les
différents recensements depuis 1971. C'est assez curieux. C'est un fait
qu'on est obligé de constater. On s'aperçoit, toutefois, que,
lorsqu'on regarde le nombre de portes dans le comté, si on l'applique
l'un sur l'autre, il ne varie presque pas surtout pour les dernières
années entre 1984 et 1987. On peut vous dire que, dans le comté
de Saint-Louis, on avait, en 1984, 37 030 portes, en 1985, on en avait 37 070
et on en a 35 939, en 1987. Effectivement, le service de Postes Canada n'a pas
retenu les chiffres de 1986 parce que, semble-t-il, il n'y avait pas tellement
de changements. On remarque qu'il y a une certaine stabilité pour les
trois dernières années quant au nombre de portes. Le cas des
portes est assez particulier parce qu'on se retrouve avec 36 000 portes et 31
000 électeurs. C'est le seul comté où il y a une
différence entre le nombre de portes et le nombre d'électeurs.
Quand je parle de portes, évidemment, le comté de Saint-Louis
étant ce qu'il est, je parle de portes résidentielles; je ne
parle pas de portes commerciales, mais de portes résidentielles.
Tous ces chiffres que je vous ai donnés sont faits à
partir du découpage du comté actuel de Saint-Louis. Il y a donc
eu des modifications dans le passé. Évidemment, c'est aussi un
travail de bénédictin de ramener rue sur rue, porte sur porte,
les statistiques que je vous présente. En 1980, le comté de
Saint-Louis avait remis au comté de Saint-Jacques près de 6500
voix; il en avait repris de Sainte-Anne à peu près le même
nombre. Alors, il fallait, évidemment, tenir compte de ce
particularisme
La conclusion qu'on peut tirer de ces chiffres, c'est qu'il est
très difficile de faire un recensement dans un comté comme
celui-là. On pourrait facilement penser qu'environ 40 000
électeurs y résident déjà. Même en
considérant que, dans nos 35 000 portes, il puisse y avoir des
non-Canadiens - c'est le cas d'un comté du centre-ville - la moyenne
pourrait être au maximum de 10 %, mais, même en enlevant 15 % ou 18
% et en ramenant le nombre de nos portes à 30 000, on peut être
assuré d'une chose: les facteurs de pondération de la
démographie dans le centre-ville de Montréal nous disent qu'il y
a entre 1,3 % et 1,5 % personne par porte. Même en prenant le
paramètre le plus bas, 1,3 %, on se retrouve encore avec 40 000
électeurs, dans la situation actuelle. Il est évident que, s'il y
en a eu environ 2000 qui se sont inscrits lors de la dernière campagne
électorale, je n'ai pas la prétention de penser que c'est
à cause de ma candidature. C'est un phénomène, c'est le
chiffre le plus élevé au Québec: 8 % de modifications
à la révision après le recensement, 8 % de la liste
électorale révisés en 1985. C'est la plus haute
réévaluation faite dans tout le Québec. La moyenne du
Québec est de 2 %, un peu moins de 2 %, 1,92 %. Dans le comté de
Saint-Louis, c'est un peu plus de quatre fois plus. C'est un
phénomène intéressant parce que 8 %, c'est
énorme.
On peut aussi s'imaginer que, si au-delà de 2000 citoyens se sont
présentés à la révision pour faire inscrire leur
nom sur les listes électorales, il y en a aussi un joyeux paquet qui a
dû ne pas le faire. Ce n'est pas évident que la première
chose à laquelle vous pensez, le matin, entre le recensement et la
révision, c'est d'aller vous inscrire sur la liste électorale;
sauf que les citoyens ne prendraient pas trois semaines avant de communiquer
avec Postes Canada pour faire savoir qu'ils n'ont pas reçu de
courrier.
On remarque, en page 10 du rapport méthodologique du directeur
général, que le commissaire nous dit ceci: "Entre autres, la
commission croit qu'il faut toucher le moins de personnes et de
circonscriptions possible et éviter les modifications qui risqueraient
d'être trop rapidement remises en question. L'approche de la commission
se situe aussi dans une perspective de la plus longue durée possible
d'une même carte électorale, en raison des dispositions de
l'article 25 de la Loi sur la représentation électorale, tel que
modifiée, qui prévoient qu'après chaque élection
générale la Commission de la représentation doit faire la
preuve de la nécessité d'une nouvelle délimitation."
Je pense que le découpage proposé obligerait rapidement
les membres de la commission, immédiatement après la prochaine
élection générale, à revoir les comtés du
centre-ville: le comté de Saint-Louis, à tout le moins - j'en
suis fermement convaincu - et aussi probablement le futur comté de
Lacoste.
(10 heures)
Les mêmes statistiques que celles que Je vous présentais,
concernant le comté de Saint-Jacques. Je vais essayer d'éviter de
les mélanger.
On s'aperçoit, dans le comté de Saint-Jacques, qu'il y a
eu, dans la population des 18 ans et plus, une diminution entre 1971 et 1931.
On s'aperçoit que fa population totale du comté de Saint-Jacques
diminue, mais à un rythme moins grand si on juxtapose les deux... Il y
en a un à l'envers et l'autre à l'endroit.
Une voix: On te l'a dit que tu n'étais pas un
pédagogue; tu étais commissaire de Chambly.
M. Chagnon: C'est toute la différence au monde. On
s'aperçoit qu'il y a une corrélation pas tout à fait
évidente entre le nombre de personnes qui ont résidé dans
Saint-Jacques entre 1971 et 1986. Il y a une baisse. On s'aperçoit, avec
une certaine évidence, qu'entre 1981 et 1986 non seulement le niveau de
la baisse tend à diminuer, mais on aurait certainement la
possibilité de constater - et on le verra un peu plus tard par le biais
des nouvelles constructions - qu'il y a au moins un plafond, sinon une reprise,
même dans Saint-Jacques.
Si je compare Saint-Jacques et Sainte-Marie sur le plan de la population
totale, dans Sainte-Marie, ta population a eu plutôt tendance à
décroître jusqu'en 1986. On peut penser que son plateau est
à peu près aussi atteint, mais on ne voit pas
nécessairement de signe de reprise pour un accroissement, par exemple,
de la construction domiciliaire qui amènerait un nombre
d'électeurs ou un nombre de citoyens beaucoup plus grand pour tes trois
ou quatre années à venir par rapport à la situation de
1988. Le plateau semble être à peu près atteint,
contrairement à Saint-Jacques où il y a une légère
reprise.
Si on le compare, encore une fois, avec Saint-Louis, dans le cas de
Saint-Louis, il est évident que la reprise est faite et elle va en
s'accroissant dans les années 1987, 1988, 1989, 1990. Je vous montrerai
non seulement le nombre de permis de construction, mais le nombre de nouvelles
unités de logement ouvertes en 1986-1987 dans ces territoires.
Dans le comté de Saint-Jacques, le nombre d'électeurs,
quant à lui, reste relativement stable année après
année: de 1970 à 1973, on a à peu près toujours de
32 000 à 33 000 électeurs, une stabilité du nombre
d'électeurs qui ne correspond pas, encore une fois, avec la courbe de la
population que je vous montrais tout à l'heure. Il y a probablement
aussi des difficultés de recensement dans un comté comme
celui-là pour des raisons que, j'imagine, le député du
comté pourra vous expliquer davantage que je ne saurais le faire.
Le nombre de portes tend à diminuer légèrement dans
Saint-Jacques. Encore une fois, on s'aperçoit que la courbe a atteint
son plafond et il y a une certaine reprise dans Saint-Jacques, dans le
Saint-Jacques qu'on connaît.
Dans Sainte-Marie, le nombre d'électeurs a diminué et cela
est assez évident. En 1970, 1973, 1976, 1981 et 1985, il y a eu une
baisse relativement constante pas énorme, mais constante. La courbe se
dessine relativement bien.
Dans Sainte-Marie, la population des 18 ans et plus a aussi
décru. Je pense que la conclusion tirée par les membres de la
commission, à savoir que le centre-ville, les centres urbains se
vidaient, pourrait probablement être plus appropriée pour le
comté de Sainte-Marie qu'elle ne l'est certainement pour Saint-Louis et
aussi pour Saint-Jacques. Effectivement, là, la courbe vous donne
raison, sauf qu'on peut avoir la conviction qu'en 1985-1986 on a une reprise de
la construction qui permet de voir un plafond à ce problème de
décroissance démographique.
Pour revenir à Saint-Louis, en deux mots, je dis ceci: Les
données qui nous sont fournies par le recensement de 1985, celui de 1980
ceux de 1976, 1973 et 1971 nous montrent des dents de scie absolument
spectaculaires dans le nombre d'électeurs dans le comté. Est-ce
bien l'outil qu'il nous faut prendre pour vérifier le nombre
d'électeurs et le nombre de personnes qui vivent dans fe comté?
Si on remarque que la population globale totale a été, dans
Saint-Louis, de 63 409, a baissé à 56 000 en 1976, à 51
000 en 1981 et reprend à 54 700 en 1986, la reprise me paraît
assez évidente. Encore une fois, ne perdons pas de vue le fait que 90 %
de la population a 18 ans et plus.
Je pose franchement la question: Le recensement dans le comté de
Saint-Louis peut-il être la source d'un redécoupage
électoral? La conclusion que j'en tire, c'est non. Je n'impute pas de
faute à quiconque. Je connais ta difficulté de pouvoir tenter de
faire un recensement dans le centre-ville. Les gens habitent
généralement dans des immeubles où il y a 200, 300
logements. C'est très difficile de faire du recensement dans ces
conditions. Les gens entrent, sortent. C'est effectivement un problème.
On remarquera - je le resignale - que pour la population
générale, la population des 18 ans et plus, le nombre de portes
ne correspond aucunement aux résultats des recensements non seulement de
1985, mais aussi des années antérieures.
J'ajouterai qu'il y a une reprise économique et un retour
à fa ville qui se vérifient à l'oeil quand on marche dans
Montréal, mais qui se vérifient bien aussi sur le plan des
nouvelles constructions et des nouveaux logements qu'on peut retrouver dans le
comté de Saint-Louis pour les années 1986-1987. Vous remarquerez
la courbe: en 1983, 244 unités nouvelles; en 1984, 62; en 1985, 175; en
1986, 620; En 1987, 467. Et, pour 1988-1989, il me plaît de signaler
qu'il y a des projets d'envergure qui sont déjà en chantier. Je
pense au projet Overdale que les gens de Montréal ont connu, dont ils
ont entendu parler, c'est 650 unités de condominium. Un projet de 150
000 000 $, en plein coeur du comté.
Le projet du complexe Peel, 450 unités de condominium, au coin de
Saint-Antoine et Peel; le projet Tropique Nord, 222 unités de
condominium; le Mont-Saint-Louis, 100 unités de condominium; le projet
des Sulpiciens, 225 unités de condominium. Là, je demeure
toujours dans les limites du comté de Saint-Louis actuel. Il y a des
gens qui entrent en 1988 dans leur condominium et qui ne sont pas dans les
chiffres que vous voyez là parce que ce sont des gens qui sont
entrés, des unités qui sont ouvertes. Je n'ai pas vu vos chiffres
de ce matin, M. le Président, mais dans les prévisions du nombre
d'électeurs pour 1989 pour les circonscriptions proposées, je
remarque que, pour le comté de Saint-Louis, vous prévoyez une
augmentation de 1,6 % par rapport au recensement de 1985. N'oubliez pas les
commentaires et, du moins, les mises en garde que je vous faisais à
l'égard du recensement de 1985. On prévoit 1,6 % d'augmentation
pour 1989. Moi, je vous dis que votre 1,6 % pour 1989 est arrivé en
1986. En 1987, il est donc défoncé et, en 1988, 1989 et 1990,
vous allez être défoncé, c'est clair, c'est évident.
La courbe que vous avez effectuée, c'est une courbe médiane entre
les recensements de 1976, 1980 et 1985. Ce n'est pas bête comme
idée. Cela peut peut-être marcher dans bien des secteurs au
Québec, mais cela ne fonctionne pas dans Saint-Louis. On remarquera que,
dans les comtés de Saint-Jacques et de Sainte-Marie, il y a aussi une
reprise.
M. le Président, vous allez certainement m'accorder deux minutes
supplémentaires.
Le Président (M. Marcil): Oui, je serais prêt
à le faire, sauf que vous avez déjà utilisé tout
près de 40 minutes.
M. Chagnon: Dans le comté de Sainte-Marie, on
s'aperçoit qu'il y aussi une reprise de la construction. Ce sont des
unités de logement qui viennent d'être rouvertes: 213 en 1986; 256
en 1984. Même chose dans le comté de Saint-Jacques. Saint-Jacques
connaît une reprise de la construction domiciliaire qui est moins
importante que Saint-Louis; il y a donc des citoyens qui reviennent à
Montréal.
En conclusion, M. le Président, compte tenu de ce que je disais
à l'égard du travail qui a été fait, à
savoir partir du comté de Saint-Louis et refaire la carte pour l'est de
Montréal, je pense qu'il va falloir regarder davantage la situation
telle qu'elle existe dans Saint-Louis avant de se servir des données que
vous avez effectuées et du redécoupage que vous avez fait
à partir du comté de Saint-Louis pour l'est. Sans cela, vous
allez arriver avec un problème qui contredirait votre démarche,
c'est-à-dire qu'à très court terme et probablement pour
l'élection prochaine le comté de Saint-Louis pourrait avoir
dépassé le nombre d'électeurs que la loi vous permet
d'avoir. Dans le cas de Saint-Jacques ou du futur comté de Lacoste, il
me paraît évident - si ce n'est pas à la prochaine
élection, ce sera sûrement a la suivante - qu'il y aura plus
d'électeurs que la loi ne le prévoit.
Je ne peux pas vous dire à quel endroit il faut arrêter
votre ligne. Je comprends la problématique que vous avez, mais à
partir de Saint-Louis vers l'est, il y a des artères qui sont
généralement considérées comme des artères
qui - et là, on tombe dans un domaine plus arbitraire, moins chiffrable,
moins quantifiable -divisent vraiment Montréal. La rue Saint-Laurent en
est une, la rue Saint-Denis en est une autre, mais certainement pas la rue
Saint-Hubert, comme vous le proposez dans le cas du découpage entre
Saint-Louis et Lacoste. La rue Saint-Hubert pose le problème de couper
en deux un territoire qui a une grande particularité à
Montréal, un quartier où les gens se reconnaissent bien et qui
s'appelle le Plateau-Mont-Royal. C'est une réalité de la vie,
c'est plus arbitraire, c'est moins quantifiable, c'est plus sentimental, mais
il n'en demeure pas moins que c'est une réalité sociologique.
Peut-être avez-vous des questions, M. le Président ou
d'autres membres.
Le Président (M. Marcil): Si vous le voulez, M. le
député de Saint-Louis, nous allons entendre immédiatement
le député de Saint-Jacques. Ensuite, à ta fin des
exposés qui concernent l'est de Montréal, on pourra
procéder à une période de questions, s'il y a lieu.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Si j'ai bien compris, M. le Président, je
pense que vous ne souhaitez pas que j'aille dans une étude statistique,
comme l'a fait avec beaucoup d'éloquence, d'ailleurs, mon
collègue, le député de Saint-Louis. La différence,
c'est qu'il y a quelques années c'est moi qui lui présentais tes
graphiques et c'est lui qui les acceptait au Conseil des commissaires. (10 h
15)
M. Côté, la dernière fois où on s'est
penché sur une carte électorale, c'était il y a quatre
ans, je crois et, à ce moment-là, nous étions d'accord sur
la carte qu'on regardait. Malheureusement, aujourd'hui, je suis obligé
de diverger un peu d'opinion avec celle que vous me présentez. Il n'en
tient qu'à vous de m'en soumettre peut-être une troisième
bientôt pour qu'on reprenne la même unanimité qu'on avait il
y a quatre ans.
M. le directeur général, messieurs les commissaires, je
pense que le mémoire que vous avez déposé en septembre
1987, hors de tout doute - on le voit, d'ailleurs, par la présence de
nombreux députés ici - a eu un effet certain. Il a
également eu un effet dans les journaux locaux, c'est-à-dire ceux
qui couvrent les circonscriptions électorales de Saint-Jacques et de
Sainte-Marie. On pourra, d'ailleurs, vous en donner des copies si cela vous
intéresse. Il a eu
un écho au sein d'organismes du centre-sud, dont te CDEC, qui
n'est pas le moindre, t'Écomusée de la maison du fier-monde qui,
je crois, est allé vous rencontrer lorsque vous avez tenu des audiences
à Montréal. Cela a semé une certaine inquiétude,
à la lecture de leur mémoire, parmi ces intervenants
socio-économiques qui se posaient la question: pourquoi de tels
changements?
J'aurais deux remarques à faire sur votre proposition de fusion
de deux comtés et de création d'un comté nouveau. Comme on
dit, c'est avec du vieux qu'on fait du neuf, la chanson de Brel le prouve. Le
comté de Lacoste serait le plus populeux de l'île de
Montréal et, donc, le cinquième au Québec. Dans toute mon
intervention, je ferai abstraction de chiffres et de statistiques. Il y a un
principe qui va me guider dans l'intervention que je vais faire, c'est te
sentiment d'appartenance. Je pense que vous devez admettre que, dans une grande
ville, dans une métropole, il est plus difficile qu'ailleurs de
s'Identifier à un quartier, ce qu'on a réussi à faire dans
la circonscription de Saint-Jacques au fil des années, avec les notions
de Plateau-Mont-Royal et de centre-sud. Au fil des années, il y a eu des
frontières naturelles qui se sont édifiées et des rues
sont partie intégrante d'un quartier et de sa vie. Je pense que vous
devez absolument en tenir compte.
Par exemple, la rue Saint-Denis - mon collègue, le
député de Saint-Louis, vient d'y faire allusion - fait partie
d'un quartier, comme la rue Saint-Hubert. La rue Saint-Denis est devenue,
depuis le début des années soixante-dix - c'était,
d'ailleurs, la première modification à la carte de Saint-Jacques
à cette époque - l'artère du quartier latin. Regardons les
choses en face, c'est l'axe principal - si je ne dérange pas mes
collègues de Notre-Dame-de-Grâce et de Saint-Louis - de la partie
francophone du centre-ville de Montréal. Donc, elle fait partie d'un
arrondissement naturel qu'on ne peut pas briser et qu'on ne doit pas briser. La
rue Saint-Denis, je regrette, n'a rien à voir avec le centre-ville, n'a
rien à voir avec le comté de Saint-Louis tel qu'on le
connaît. Saint-Louis est un comté à 38 % francophone,
Saint-Jacques est un comté à 86 % francophone. Donc, la rue
Saint-Denis doit rester dans un comté identifié largement
à la communauté francophone et non pas aller rejoindre le
centre-ville que j'identifie comme le "downtown". Saint-Denis a plus en commun
avec Saint-Hubert, avec Amherst, avec De Lorimier, Frontenac ou même
Iberville qu'avec Peel, Atwater, etc.
Il s'agit d'un bloc d'environ 7800, 8000 électeurs, mais c'est
une population à laquelle je suis attaché et qui, naturellement,
je vous le répète, est liée au quartier latin, au
Plateau-Mont-Royal, au centre-sud, pour ce qui est de fa partie en bas de
Sherbrooke. Il y a une dynamique locale qui s'est créée à
ce niveau depuis des années, un sentiment d'appartenance. Je pense que
le message que je vous livre est très clair: la limite ouest du
comté de Saint-Jacques doit rester intacte, c'est-à-dire
Sanguinet et Lavai, de façon que l'artère principale, l'axe du
centre-ville francophone de Montréal, qui est la rue Saint-Denis, reste
dans le quartier latin, identifié, justement, à cette partie de
Montréal. Sinon, on risque de soulever un autre problème aussi
qui est la qualité et la quantité de la représentation des
francophones à Montréal. Je pense qu'on touche, à ce
moment-là, à un problème extrêmement délicat
et très sensible.
Il y a le nom. Nonobstant le respect que j'ai pour ta famille Lacoste,
nonobstant l'extraordinaire réalisation de Mme de Gaspé
Beau-bien, je dois dire que le nom de Lacoste ne colle pas à la
réalité historique et géographique du comté. Il
faut l'abandonner. Les gens doivent pouvoir s'identifier à un nom qui
correspond à la vie du quartier, soit à cause de la force de la
tradition ou bien de sa signification autant dans l'espace que dans le
temps.
Vous avez émis l'hypothèse, hier, d'honorer la
mémoire de deux premiers ministres du Québec, M. Lesage et M.
Lévesque, ce à quoi |e corresponds. Mais, en toute
honnêteté, là aussi, au-delà de toute l'affection
que j'avais et que l'ai encore pour M. Lévesque et l'immense respect que
j'ai pour M. Lesage qui est le père de la Révolution tranquille,
déjà, si on tentait d'appliquer ces deux noms à la
délimitation géographique à laquelle j'appartiens, ils
auraient, malheureusement, aucune consonance, absolument aucune. On est, dans
Saint-Jacques, dans un quartier où l'identification s'est faite au fil
des années et est très vive. C'est la raison pour laquelle on a
célébré, cette année, le 75e anniversaire de
Sainte-Catherine-d'Alexandrie et, dans le centre-sud, on parle de
Sainte-Catherine d'Alexandrie. Comme, sur le plateau, on vient de fêter
à la fois le 100e anniversaire de Saint-Louis-de-France, et les gens
s'identifient à cela également, et le 100e de
l'Immaculée-Conception au coin de Papineau et Rachel.
II y a un sentiment d'appartenance très fort et qui ne peut pas
être brisé par l'appellation qu'on voudrait bien donner à
une circonscription. C'est un fait qu'on est - et mon collègue de Gouin
avait donné l'exemple - la seule circonscription... Habituellement,
ailleurs, notamment en Europe et surtout aux États-Unis aussi, les
dénominations sont faites à partir d'unités
géographiques. Aux États-Unis, cela peut peut-être,
à un moment donné, manquer de poésie, quand on est
"congressman" du 8° district de Manhattan, mais, par contre, on peut
être député de Seine-Saint-Denis à
l'Assemblée nationale ou des Bouches-du-Rhône, qui sont des
entités géographiques qui peuvent être aussi des
composés avec des traits d'union et ce n'est gênant pour
personne.
Saint-Jacques, c'est un vieux nom, M. Côté. Et, comme je le
disais, c'est comme un bon vin, c'est une appellation d'origine
contrôlée. On ne
peut pas retirer cela du comptoir, si on veut faire une image, et dire
qu'on va remplacer cela par une nouvelle cuvée. Cela ne se vendra pas et
les gens vont se sentir dépossédés. J'aurais
peut-être le goût d'aller vers l'humour et de vous rappeller la
vieille bataille du Coke nouveau et du Coke classique. Vous avez vu,
finalement, qui a gagné. Les traditions sont très fortes. Elles
ont souvent plus de force que les lois. Et cela veut dire quelque chose, car,
encore là, Saint-Jacques, c'est une paroisse extrêmement
importante.
Mon collègue, le député de Saint-Louis, vous a
parlé de la faible inscription sur les listes électorales. Le
phénomène est également vécu chez nous. Et je pense
que Je n'ai pas à vous faire là-dessus de leçon de
statistiques puisque vous êtes là depuis fort longtemps. Vous
savez aussi bien que moi que, traditionnellement, à un scrutin dans la
circonscription de Saint-Jacques, la moyenne de participation était
toujours de 10 % inférieure à la moyenne de participation
nationale.
Comme mon collègue de Saint-Louis, je n'aurai pas la
prétention de vous dire que c'était relié à ma
candidature, mais je pense que les partis politiques qui étaient
présents à l'élection de 1985 ont sans doute fait des
efforts supplémentaires pour inciter à une participation plus
forte. Ou bien c'est l'effet contraire, c'est le reste de ta province qui s'est
affaissé. Il y a toujours eu une participation beaucoup moins grande au
scrutin, dans une circonscription comme Saint-Jacques, que la moyenne
nationale. C'est, quand même, significatif. S'il y a une participation
inférieure, il y a aussi une inscription qui est nettement
inférieure aux autres.
J'aurais presque le goût de vous laisser le défi:
Donnez-moi donc, donnons-nous donc - allons le faire ensemble - un
véritable recensement dans Saint-Jacques. Je vis, depuis 1970, le
phénomène du recensement dans Saint-Jacques, à cause du
nombre de chambreurs et à cause de la présence d'une colonie. On
ne se le cachera pas; tout le monde sait que c'est un peu, Saint-Jacques, le
pied-à-terre de la communauté culturelle à
Montréal, une population qui est itinérante, dans un certain
sens. Donc, cette population n'est pas nécessairement là et aussi
c'est une population étudiante. Il y a des institutions d'enseignement
prestigieuses attirant des étudiants, telles que l'UQAM, le
collège du Vieux-Montréal qui, géographiquement, est
peut-être situé dans le comté de Saint-Louis, mais dont les
étudiants habitent dans Saint-Jacques, l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie. C'est une population qui, forcément, n'est pas
nécessairement là au moment où l'inscription se fait et on
sait dans quelles conditions elle se fait. On est encore dans un comté
où, vous savez, il y a des portes cochères et, si le recenseur
n'est pas aguerri, il n'entrera pas par la porte cochère. Il y a des
résidences en arrière des premières résidences, un
phénomène, d'ailleurs, d'aménage- ment urbain unique dans
le comté de Saint-Jacques et, sans aucun doute, pour une partie
également, dans le comté de Sainte-Marie. Donc, le nombre
d'électeurs dans le comté de Saint-Jacques est
sous-évalué actuellement en fonction de la représentation
que vous faites.
La marge de manoeuvre de 2346 électeurs que vous laissez est
extrêmement faible et c'est encore plus faible dans l'hypothèse
des 125 comtés. C'est presque un risque, pour employer un mauvais mot,
de "burst", d'éclatement, si ce n'est pas à la prochaine
élection, ce sera tout de suite après, ce qui entraînera
une autre modification, donc une négation de ce sentiment d'appartenance
qu'il est extrêmement difficile de créer dans un milieu urbain,
mais pour lequel on réussit, quand même assez bien dans certains
secteurs.
Je partage l'opinion de mon collègue de Saint-Louis sur les
effets imprévisibles du retour à la ville dans Saint-Jacques et
le centre-ville, tant pour ce qui est des projets d'habitation comme tels que
des projets de rénovation. J'aurais le goût, M. le directeur
général, de vous inviter à une visite "pedibus jambisque"
- puisque mon père me disait toujours que la géographie, cela
s'apprend d'abord par les pieds et non pas par la tête - pour faire une
tournée et voir le nombre incroyable de constructions qui se font dans
le comté de Saint-Jacques et également dans le comté de
Saint-Louis. Je suis en mesure de le voir précisément dans cette
tournée à pied que l'on fait facilement. Ce sont des projets,
quand même, majeurs. Je vais vous donner un exemple qui saute aux yeux,
ce n'est pas la transformation en copropriété d'un triplex, mais
qui stabilise la population et ne t'augmente pas. Au coin d'Amherst et
Notre-Dame, avant de se rendre à la brasserie Molson - ce n'est pas pour
faire de la publicité, mais pour se situer localement - il y avait, si
vous vous le rappelez, une espèce d'entrepôt horrible. Eh bien, il
y aura tout près de 200 logements, me dit-on, bientôt
là-dedans. À moins que je n'aie rêvé, j'ai
passé mon été à inaugurer des coopératives
d'habitation, très souvent avec mon collègue de Sainte-Marie qui
représentait le ministre responsable de l'Habitation, et aussi des
maisons dites de chambres, à des endroits où, je vous en informe,
il n'y avait rien, où il restait une bâtisse mais qui était
inoccupée depuis des années. (10 h 30)
J'ai très longtemps observé le phénomène de
retour à la ville, à New York notamment, pour ce qui est du tout
Manhattan, je pense que vous êtes très au courant. J'ai
étudié aussi le phénomène de façon
très attentive pour ce qui est de Paris, avec le Marais, les Halles, la
place des Vosges. Je l'ai fait très attentivement aussi pour Amsterdam
avec ce fameux quartier qui s'appelle Jordan. Autant, à bien des
égards, d'ailleurs, la place des Vosges et le Marais ressemblent
à Saint-Jacques, autant Jordan a une certaine parenté
également. Le retour des "yuppies" - on
ne dit pas cela méchamment, je suis de la
génération des "yuppies", "hippie" en 1970, mais "Young Urban
Professional" en 1988 - va, un jour, effectivement, se stabiliser, mais il est
encore en croissance et il va l'être pour un bon bout de temps. Donc, on
risque, avec la modification que vous apportez vers l'est, peut-être de
dépasser la marge,
Un autre point, c'est la réponse aux attentes d'une
clientèle qui, malheureusement, à bien des égards, dans de
nombreux coins, est encore défavorisée, avec un revenu
très bas, avec une scolarisation très basse. Le plus grand nombre
de familles monoparentales se retrouve dans cette partie-là de
Montréal. Sans faire Injure à aucun de mes collègues des
autres circonscriptions, je serais peut-être tenté de vous dire
que, dans Saint-Jacques, 200 nouveaux cas, 200 nouvelles personnes sont
peut-être quelquefois beaucoup plus lourdes à assumer pour te
député que 1500 dans la ville de Mont-Royal ou celle de Westmount
à cause des écarts socio-économiques incroyables qui
peuvent exister parce qu'il y a une population qui exige
énormément de la part du député. On s'est
déjà amusé à faire ta blague, mon collègue
de Sainte-Marie et moi, que nous, on devrait être équipés
d'une "castonguette" et être rémunérés à
l'acte. Je ne veux pas rouvrir te débat sur le salaire des
députés, mais c'était pour vous souligner la preuve de
l'exigence, compte tenu des données socio-économiques, qu'il peut
y avoir.
Je vous vois avec cette carte, je vous vois avec l'exercice que vous
devez faire, M. le directeur général, messieurs les commissaires.
Je revoyais mon collègue, le député de Saint-Louis. Avant
que nous soyons mutuellement en politique, dans des partis adverses et des
circonscriptions voisines, nous étions tous deux à une commission
scolaire. M. Chagnon en était le président et moi, j'avais
à assumer un peu l'équivalent de vos fonctions au niveau
scolaire. J'avais à faire la répartition des élèves
en fonction des édifices, forcément, qu'on avait, donc
l'équivalent des sièges qui vous sont permissibles, parce que je
ne pouvais pas construire d'un coup de baguette magique une école
polyvalente où je le voulais.
Aux premiers exercices, je me suis très rapidement aperçu
que si je n'adoptais que l'attitude arithmétique, je n'y arriverais pas,
que je devais composer, que c'était la réalité même
des choses et que je ne pouvais pas échapper à certaines
données. Par exemple - je vais prendre M. Chagnon à
témoin, M. le député de Saint-Louis - Greenfield Park,
c'était impensable de mettre cela avec Longueuil, il fallait que ce soit
avec Saint-Lambert. Lemoyne, vous ne pouviez pas mettre cela avec Greenfield
Park, M. Côté, mais cela "fitait bien, comme on dit en bon
québécois, avec Longueuil. Par contre, l'exemple était
toujours là, 200 élèves de l'ancien Jacques-Cartier
à Longueuil, c'était souvent plus lourd que 800 de Saint-Bruno.
Et, par contre, on arrivait à d'autres choses où les
élèves de
Sainte-Julie nord s'en allaient étudier à Boucher-ville au
secondaire et ceux de l'autre côté de la rue, de Sainte-Julie sud,
eux, s'en allaient à Saint-Bruno. Le problème n'est toujours pas
réglé. Le ministre de l'Éducation est pris avec cela et
moi, dans une tournée qu'on a faite l'automne dernier, dont vous avez
entendu parler, on m'a questionné en tant que - entre guillemets -
'ancien spécialiste de la démographie scolaire sur la rive
sud".
Donc, ce sont des éléments dont il faut tenir compte et
qui ne sont pas négligeables. Je ne pense pas que ce soit uniquement le
député à la défense de son fief, mais je pense que,
si on a décidé d'entrer en politique et d'aller dans certaines
circonscriptions, c'est bien parce qu'on les connaissait et qu'on se sentait
très à l'aise. Je pense que si, au départ, on a franchi
les Investitures de nos partis respectifs, après l'élection,
c'est parce que les citoyens et les militants ont reconnu des choses, notamment
la connaissance intime des réalités des circonscriptions. Je ne
pense pas que ce soit, même si on a employé le mot, le geste
bêtement égoïste d'un député qui crierait, un
peu à la Duplessis des années cinquante: Ne touchez pas à
mon butin! Il s'agit de vous sensibiliser à des données que,
malheureusement, il n'est peut-être pas possible d'assimiler
complètement, puisque vous ne pouvez pas être
perpétuellement en visite à pied dans Saint-Jacques ou dans
n'importe quelle autre circonscription du Québec, même si vous y
venez souvent.
M. le Président, cela résume ma pensée. Je ne peux
pas être contre une réforme de la carte électorale.
Le Président (M. Marcil): Veuillez conclure.
M. Boulerice: Oui, Je conclus, effectivement, c'est ce que je
disais. Je ne peux pas être contre. Ce sera un "oui, mais". Et. dans le
"oui, mais", je vous répète qu'il est Impensable et totalement
inacceptable, non pas pour le député, mais pour la population,
qui a réagi, d'ailleurs, et qui me l'a fait savoir, d'enlever la rue
Saint-Denis et de la mettre dans une réalité
socio-économico-culturelle autre que celle dans laquelle elle est
actuellement. J'ai de très sérieuses et de très grandes
réserves quant aux modifications du côté de l'est, en
termes de nombre d'électeurs. Comme |e vous l'ai dit, ce nombre pourrait
risquer de changer de nouveau quand, depuis des années, on a
établi l'appartenance.
Vous me permettrez d'ajouter une dernière chose. Je vais faire
allusion à cette première carte qu'on étudiait il y a
quatre ans. Dans l'argumentation, on parlait de la tradition de la relation, de
l'identification que la population avait envers le député et des
liens que le député avait envers les citoyens. Cela est né
de l'appartenance à une entité, à un territoire, à
une géographie et, finalement, à quelqu'un qui l'incarne pour une
période X dans l'institution
principale qu'est l'Assemblée nationale. Je vous laisse sur ces
commentaires, M. le directeur général et Messieurs les
commissaires.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Saint-Jacques. Je désire vous rappeler que nous
avions déterminé environ une vingtaine de minutes par
député. Essayez de faire en sorte de respecter ce temps. Je vais
maintenant reconnaître le député de Laporte.
Une voix: De Sainte-Marie.
Le Président (M. Marcil): Excusez-moi! Le
député de Sainte-Marie, M. Laporte.
M. Michel Laporte
M. Laporte: Merci, M. le Président. Certes, mes propos
s'ajoutent à ceux brillamment évoqués, tantôt, par
le député de Saint-Louis. Bien que les données
statistiques soient arides, à la fois à énoncer et
à assimiler, je pense qu'il donnait un portrait global de fa situation
de trois comtés en particulier. Mon propos s'ajoutera sûrement
aussi à celui du député de Saint-Jacques concernant ce
sujet particulièrement.
Je crois que vous avez entre les mains le document dont je vais faire
lecture. Je vais essayer de m'en tenir à ce document et d'être le
plus succinct possible.
Je vous remercie de l'occasion qui m'est offerte de livrer mes
observations sur cette avant-dernière étape qui étudie le
rapport préliminaire sur la délimitation des circonscriptions
électorales présenté par la commission. J'ai pu assister,
ie 7 décembre dernier, à Montréal, à la tenue des
séances publiques de la commission et je peux confirmer que, d'apparence
anodine, le travail préliminaire effectué par les commissaires
est, en soi, un défi. Il le sera encore plus à l'étape
ultérieure. Mon exposé se veut le plus succinct possible en
traçant, d'une part, les observations et les interrogations et, d'autre
part, en envigeant de nouvelles avenues à explorer.
Je commencerai en soulignant que le comté de Sainte-Marie,
suivant la proposition énoncée dans le rapport, subirait de
substantielles modifications, étant fusionné avec le comté
de Saint-Jacques - dépendant où l'on se situe, on pourrait dire
que Saint-Jacques est fusionné avec le comté de Sainte-Maire,
mais peu importe, je pense que c'est l'image qui est importante - sous le
patronyme de Lacoste. Des 33 comtés que compte l'île de
Montréal, Sainte-Marie est celui qui a le plus petit nombre
d'électeurs. Force nous est de constater que des modifications
s'imposaient pour un meilleur équilibre, et je suis d'accord. Faisant
abstraction du nombre moyen d'électeurs imposé par la loi, on
compte sur l'île de Montréal une moyenne de 37 014
électeurs pour les 33 comtés; au moins dix comtés non
touchés par la réforme se retrouvent en deçà de ce
chiffre. Le comté de Lacoste compterait, pour sa part, 43 789
électeurs. Du comté de Sainte-Marie, on conserve 19 124
électeurs pour Lacoste. On reçoit 24 665 de Saint-Jacques. Le
comté transfère 9591 électeurs au comté de
Maisonneuve et Saint-Jacques en transfère 7809 au comté de
Saint-Louis, pour un total d'électeurs touchés de 61 189.
Pour atteindre l'objectif poursuivi par la loi en fonction des divers
critères, les quatre comtés pris en exemple tout au long de cet
exposé - Sainte-Marie, Saint-Jacques, Saint-Louis et Maisonneuve - ont
besoin d'un total maximum de 20 143 électeurs pour satisfaire les
exigences de la moyenne d'électeurs sur l'île. Ce à quoi je
fais référence, c'est l'ajout pour atteindre le nombre moyen que
j'indiquais tantôt de 37 014 électeurs, la moyenne sur
l'île. Je l'indiquais, je fais abstraction de la loi. Je prenais une
moyenne pour l'île. Pour atteindre cela, chacun des comtés a
besoin du total des quatre, soit 20 143 électeurs.
En d'autres termes, pour 33 % de la population à être
atteinte, 67 % en théorie n'auraient pas dû être
touchés. Cartésien, diront certains, mais mathématiquement
logique. Se pourfendre en de multiples dialectes sur l'expression d'un
aperçu globalisant d'une division territoriale harmonisée, j'en
suis, selon les critères énoncés à chaque
séance qu'a tenue la Commisssion de la représentation
électorale et que nous retrouvons à l'article 3 de la loi. Mais
l'évocation chiffrée se voulait la prémisse de cette
intervention qu'il nous faudrait garder en mémoire.
Je suis de l'avis de M. Serge Noël, du PQ de Terrebonne, qui
mentionnait aux audiences de la commission, le 17 novembre 1987: "C'est de
déranger le moins de monde possible." Et, de renchérir, le 7
décembre 1987, Mme Cathy Sarry, vice-présidente de l'Association
libérale de Marguerite-Bourgeoys: "li faut éviter la confusion
chez les électeurs, lorsqu'il y a modification à la carte
électorale, et minimiser des réactions en chaîne." Enfin,
vous-même M. Côté, vous indiquez qu'il faut "trouver une
solution sans trop casser d'assiettes." Effectivement, il y a beaucoup
d'assiettes et je serais porté à dire que, parfois, avec le
modernisme, on utilise beaucoup des assiettes qui sont moins fragiles que
celles que l'on possédait anciennement.
Les membres de la Commission de la représentation
électorale ont bien situé ce cadre légal de leur mandat en
dévoilant, à chaque séance publique, les deux principaux
critères sur lesquels la proposition actuelle est basée et vers
quoi les intervenants devront s'orienter. Principalement, le premier
critère contient ce qui a été exposé tantôt
par le député de Saint-Jacques: le sentiment d'appartenance, la
géographie, révolution démographique et la densité
de la population. Le deuxième critère, le critère
numérique, est considéré comme privilégié.
Vous l'aviez mentionné de façon très claire et
très
précise.
Bien qu'à l'intérieur de chacun de ces critères et
sous-critères nous puissions en développer une multitude -
historique des noms des régions, liens de communication, pôles de
développement, traits culturels, etc. - il appartient avant tout
à chacun de nous de considérer l'ensemble de cette question sous
l'angle de l'électeur - je parle de l'électeur moyen et ordinaire
- et de voir ce que cela peut provoquer en réaction. Comme on le sait,
bien souvent lorsqu'une situation n'est pas produite, tant et aussi longtemps
que cette situation n'est pas produite, cela ne suscite pas un tollé de
protestations, mais quand cela arrive, c'est peut-être une autre paire de
manches. J'y reviendrai.
Je n'apprendrai rien à personne en disant que, dans ce
sens-là, la réforme de la carte, de manière
générale, en tout cas pour ce qui est de mon secteur en
particulier, on en a entendu parler, mais pas pour soulever des passions, sauf
en ce qui a trait au nom de Lacoste. Cela a été bien
exprimé. Ce n'est pas discuté, je pense bien, le matin dans les
autobus. La dernière fois que j'ai utilisé le métro, il y
a deux semaines, on ne m'a pas parlé de la réforme de la carte
électorale. Lorsque ce sera sanctionné et dit et que cela
touchera directement les gens, on va peut-être en entendre parler. Mais
c'est une réalité avec laquelle nous avons à combiner
continuellement.
Existe-t-il une explication? Peut-être bien. Malgré tout le
processus fortement démocratique et les énergies
déployées par les personnes responsables de leur équipe,
il demeure, selon mon interprétation, que les décisions qui
seront prises devront affecter le moins possible d'électeurs afin
d'éviter des mécontentements et, ainsi, nous favoriserons
l'inscription pour une votation la plus large possible de la population.
Pour votre bénéfice, il y a des tableaux qui ont
été retransmis. Si la commission veut les voir, il me fera
plaisir de les lui transmettre. Vous trouverez un tableau retraçant la
population, les groupes d'âge, la langue maternelle, le nombre d'enfants,
la mobilité, la scolarité, les revenus, ta population
électorale, le type d'habitation, le nombre de personnes au
kilomètre carré, ainsi qu'une remarque concernant
l'homogénéité des comtés de Sainte-Marie,
Saint-Jacques, Saint-Louis et Maisonneuve puisés à travers les
dossiers socio-économiques émis par la Direction
générale des élections, en 1985, et de Statistique Canada.
(10 h 45)
À la lumière de ces tableaux il se dégage
clairement que, depuis 1971, chacun des quatre comtés y apparaissant a
subi des pertes démographiques de 14 183, 22 442, 12 382 et 20 739
respectivement.
Nous constatons, toutefois - et il nous est permis de le croire - que la
décroissance, aussi paradoxal que cela puisse paraître quant
à l'expression, va en diminuant. Au fil des ans une stagnation devrait
s'ensuivre. Un relevé des permis de construction émis par la
ville de Montréal dans Sainte-Marie, de 1983 à 1987, fait
état d'un bond de 82 à 256 permis, comme cela a été
démontré tantôt par le député de
Saint-Louis.
Dans Saint-Jacques, pour la même période, il s'est
délivré 88 permis, en 1983, et 247 permis, en 1987,
l'année record étant 1986, avec 349 permis. Saint-Louis, pour sa
part, compte 1075 permis émis ces deux dernières années
seulement.
Est-ce significatif? Tout dépendra de la projection et de
l'attention que nous y apporterons. Une chose doit cependant retenir notre
attention, ce ne sont pas des chiffres négatifs. Nous aurons l'occasion
d'y revenir un peu plus loin.
Toujours selon le tableau comparatif des quatre comtés, bien que
les écarts ne soient pas considérables, le comté de
Saint-Louis se distingue plus particulièrement des trois autres et, bien
sûr, du comté de Saint-Jacques. On l'a expliqué
tantôt au plan géographique par rapport aux rues Saint-Denis et
Saint-Hubert et on pourrait même parler de Saint-Laurent. Cela montre que
ces distinctions sont importantes à retenir.
On s'aperçoit que, quant aux groupes d'âge, à la
langue, au nombre d'enfants, à la mobilité et à la
scolarité, à l'année de construction des logements et aux
emplois, les comtés de Maison-neuve et de Sainte-Marie se suivent de
très très près. Assurément, le comté de
Saint-Jacques n'est pas loin, mais, en chiffres clairs, lorsqu'on regarde les
tableaux comparatifs et les pourcentages, on retrouve plus de similitudes de
cette façon-là entre Maisonneuve et Sainte-Marie, bien que les
écarts ne soient parfois que de 3 % ou 4 %, ce qui n'est quand
même pas énorme, mais c'est ce qu'il nous a été
permis de constater.
Ces données statistiques démontrent les interrelations
entre les comtés et les possibilités d'explosion dans un sens
comme dans l'autre. La configuration géographique de ces comtés
en a incité plusieurs à des réflexions. Il y a
actuellement dans le comté de Sainte-Marie ce qu'on appelle la voie
ferrée du Canadien Pacifique, qui traverse le comté et qui fait
la distinction entre le comté de Sainte-Marie au fédéral
et le comté d'Hochelaga-Maisonneuve aussi au fédéral.
Donc, il y a, justement, beaucoup d'interrogations sur cette
configuration géographique pour savoir ce que comportait cette voie
ferrée, si elle constituait une barrière géographique qui
permettait, justement, d'affirmer qu'à l'est ou à l'ouest de
cette voie il n'y avait pas d'homogénéité.
Ce qui nous revenait souvent était de l'ordre suivant: les rues
De Lorimler, Papineau, Saint-Laurent, Pie-IX, Rachel, Sherbrooke et Ontario
constituent-elles des obstacles géographiques démarquant leur
population? Il n'est certes pas facile d'y répondre en quelques phrases.
On doit, cependant, mentionner qu'une
paroisse, une école, un centre de loisir tiennent souvent lieu de
repères pour des activités ou des regroupements. Ce sont ces
types de repères que j'invite à regarder de plus près.
On a évoqué tantôt - et on pourrait faire le
même type de discussion - que, dans le comté de Sainte-Marie, des
revendications ont été faites concernant une école ou un
territoire déterminé. Ce n'était pas en fonction de dire
que cela appartenait à un milieu particulier. Ce que je veux exprimer
par là, c'est que des regroupements se font beaucoup - et je pense que
cela a été exprimé d'une certaine façon aussi par
le député de Saint-Jacques - à partir de cette forme
d'entité: regroupements de centres de loisir et de paroisses de
façon générale. Il demeure contrairement à beaucoup
d'appréhensions ou de perceptions qu'on a des milieux urbains, que ces
identifications-là au sud de Montréal sont encore fortement
ancrées sur ce sentiment d'appartenance à un milieu plus
défini de type paroissial. Lorsqu'on amène plusieurs personnes -
et on peut même vous inviter à ce titre-là - que ce soit
des ministres ou d'autres personnalités, dans ces types de
comtés-là, elles demeurent toujours surprises de cette forme
d'homogénéité paroissiale.
D'entrée de jeu, je mentionnais qu'au-delà de 60 000
électeurs seraient touchés si la proposition de la Commission de
la représentation électorale était retenue pour une
population maximale visée de 20 000. N'y aurait-il pas lieu de regarder
les débordements des comtés actuels comme solution moins
radicale?
Le nombre de logements en voie de construction, tel que mentionné
précédemment, nous permettrait-il d'envisager que Saint-Jacques
se rende - et c'est une suggestion - jusqu'à la rue Saint-Laurent, que
Saint-Louis demeure comme il est actuellement, moins cette partie de
Saint-Laurent? Le comté de Sainte-Marie pourrait déborder
facilement, compte tenu des propositions qui ont été
avancées, jusqu'à la rue Papineau à l'ouest et à la
rue Joliette à l'est. Cette hypothèse pourrait aussi être
regardée en fonction des terrains Angus, au nord du comté de
Maisonneuve. II serait intéressant d'envisager ces diverses pistes, ne
serait-ce que pour éviter la disparition des deux comtés, je
parle de Saint-Jacques et de Sainte-Marie, qui existent depuis 76 ans.
Un relevé du nombre de portes résidentielles dans le
comté de Sainte-Marie à partir des données de Postes
Canada fait état de 16 469 portes, pour les années 1984 à
1986, et de 18 791, pour l'année 1987, soit une progression de 322
nouvelles portes résidentielles. Le fond du baril serait-il atteint?
C'est un peu la question. Il importe aussi de mentionner que Sainte-Marie,
malgré une population régressive, en 1981, comptait 1292
électeurs de plus. D'ailleurs, comme tout le monde a pu l'observer, en
1981, tous les comtés se retrouvaient avec une augmentation de leur
électorat. Pourrions-nous y trouver quelque piste de solution pour une
plus grande participation à la vie politique?
Le tableau comparatif du Directeur général des
élections pour le recensement et la révision de 1984 et 1985 nous
indique des marges d'erreur de 2 % pour Sainte-Marie et Maisonneuve et de 5 %
et 8 % pour Saint-Jacques et Saint-Louis. Tout en précisant que la
population de Sainte-Marie est d'environ 40 923 personnes, dont 33 000 ont plus
de 18 ans, on n'indique que 28 714 électeurs. Ces énoncés
de faits bien connus de la Direction générale des
élections nous permettent-ils de regarder des outils nous permettant de
développer de nouvelles avenues, car, à l'observation, 5 % et 8 %
m'apparaissent énormes?
À ces divers éléments énoncés, je
m'en voudrais de ne pas ajouter deux projets colossaux à
Montréal. Le premier est bien connu; c'est Overdale, qui a
été mentionné tantôt. Le second, et c'est facilement
vérifiable, est le prolongement à l'est du Vieux-Montréal
de la rue de la Commune jusqu'à la rue Amherst. D'ailleurs, une
information que j'ai reçue hier, me porte à faire de petites
modifications aux chiffres qui portent les nouveaux logements de 2000 à
2500. Une mobilité de la population de seulement plus ou moins 10 %,
à l'exception de Saint-Louis et un pourcentage de presque 20 % de jeunes
de moins de 17 ans viennent militer en faveur d'un regard plus
réjouissant, sans être l'euphorie toutefois, je le concède,
de ces divers comtés.
Il est important de souligner la décroissance de la population.
Je pense que le constat a été fait dans le comté de
Sainte-Marie. Mais il faut regarder aussi le juste retour du mouvement du
balancier. Je demeure convaincu qu'il nous sera loisible d'envisager des
solutions opportunes à l'obtention d'un consensus, en regard de
l'observation de la loi, des intervenants.
J'aimerais terminer cette partie-ci en faisant une brève
évocation historique du comté de Sainte-Marie. Le nom de
Sainte-Marie est effectivement apparu en 1792 pour la première fois pour
désigner le quartier de Sainte-Marie comme le faubourg délimitant
l'extrême est de la ville de Montréal à cette
époque. Depuis la première incorporation de la ville de
Montréal en 1832 et subséquemment à sa deuxième
incorporation et aux refontes de la charte qui s'ensuivirent, l'appellation du
quartier Sainte-Marie fut conservée. En 1912, lors de la création
du comté provincial, on a probablement choisi de conserver une
identité propre et historique à ce secteur de la ville de
Montréal et le nom de Sainte-Marie fut retenu. Comme, d'ailleurs,
existent, depuis 1912, les comtés de Saint-Jacques et de
Maison-neuve.
Il serait, certes, regrettable et déplorable qu'un nom comme
Sainte-Marie, évoqué depuis 1792, se perde. Je prends à
témoin les représentants de la maison du fier-monde, qui ont
évoqué sensiblement les mêmes faits à la Commission
de
la représentation électorale, te 7 décembre 1987.
Vous me permettrez, de plus, de citer un article paru, le mardi 29 septembre
1987, dans le journal local Les Nouvelles de l'Est, par M. Laurent
Blanchard, qui concluait: "Le nom ne paraît approprié à
personne."
Un autre fait évocateur de l'importante Identification de
Sainte-Marie à son milieu est sa collection Pignon sur rue,
volume IV, produite par la ville de Montréal et intitulé
Au pied du courant, le patrimoine de Montréal, quartiers
Sainte-Marie, Saint-Eusèbe, Papineau et Bourget. Il faut conserver
cette page d'histoire et un lien de continuité, ne serait-ce que pour la
préoccupation constante d'éviter des ambiguïtés afin
de semer le moins de confusion possible chez les électeurs.
Il me serait certes possible de rajouter de multiples choses sur les
liens d'appartenance, mais je crois que la démonstration qui a pu en
être faite par moi et par d'autres de mes collègues va
peut-être un peu dans le même sens. Je vous demande surtout de
retenir cet aspect qu'il conserve au niveau des milieux scolaire, paroissial et
de loisir de façon générale pour Ea forme de
délimitation qu'on pourrait donner aux divers comtés par la
suite. Je vous remercie de votre attention.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député de Sainte-Marie. M. Bourassa.
M. Bourassa (Guy): Une question, M. le Président. Beaucoup
de choses ont été dites par les trois députés de
Saint-Louis, Saint-Jacques et Sainte-Marie sur le méthodologie, tes
sentiments d'appartenance. Nous étudierons, évidemment, toutes
ces interventions sur les chiffres, les aspects numériques et les
sentiments d'appartenance. Comment, notamment, les députés de
Saint-Jacques et Sainte-Marie ont-ils réagi au nom de Lacoste? S'il
fallait, malgré tout, à un moment donné, trouver un
nouveau nom à cette partie de l'île de Montréal, avez-vous
des suggestions ou des réactions à nous faire? Pour l'instant, on
est devant deux plaidoyers, Sainte-Marie et Saint-Jacques. Est-ce que d'autres
choses peuvent être envisagées?
M. Laporte: Je comprends très bien votre Intervention
là-dessus. Nous aurions peut-être l'occasion, par la suite, de
nous pencher là-dessus, mais je pense que la revendication essayait de
regarder, en premier lieu, quelles étalent les diverses
possibilités d'aménagement. Je pourrais peut-être revenir
avec l'argumentation du député de Gouin sur la
représentation régionale qui a aussi été
évoquée là-dessus et aussi sur ce que le ministre
responsable a indiqué sur les quatre ans, huit ans qui nous
permettraient peut-être d'envisager un autre type de solution.
Je serais porté à vous dire de conserver le nom de
Sainte-Marie parce que cela existe depuis 1792. Assurément, d'un autre
côté, mon collègue de Saint-Jacques pourrait faire de
même à ce sujet. Mais je demeure d'un optimisme débordant
sur les diverses possibilités et je conserve cette proposition
initiale.
M. Boulerice: Pour être dans ta tradition qui me
caractérise, Je pourrais être très généreux.
Vous avez parlé de Seine-Saint-Denis. Cela pourrait s'appeler
Saint-Jacques-Sainte-Marie. Les cartes d'affaires peuvent facilement porter un
nom comme celui-là et les deux limites sont respectées. Mais le
nom de Lacoste qu'on nous a véhiculé - il n'est pas question pour
nous de dénigrer le prestige et le travail qui a été fait
par les membres de cette famille - n'est pas accepté par la population.
Ce n'est pas un rejet de l'oeuvre qui a été faite par ces
personnes, mais elles sentent effectivement le besoin de s'identifier à
quelque chose de géographique, de plus lié au comté.
À défaut - on vous l'a déjà dit et je ne le
répéterai pas moi-même - il y a des gens qui vous ont
suggéré le comté de De Lorimier puisque c'est encore un
axe majeur. Cela relie, d'ailleurs, les deux comtés. Cela part du
Pied-du-Courant c'est le cas de le dire, et cela monte jusqu'au
Plateau-Mont-Royal. Ce n'est pas une appellation dénuée de
fondement quant à l'appartenance. Mais le nom de Lacoste n'est
assurément pas accepté par aucun intervenant quel qu'il soit, de
part et d'autre des rues qu'on peut avoir énumérées tous
les trois.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. M. le député de
Sainte-Marie.
M. Laporte: Comme je l'ai dit tantôt...
Le Président (M. Marcil): Brièvement.
M. Laporte: On comprendra que je demeure toujours avec
l'observation que j'ai faite initialement là-dessus. Toutefois, les gens
de l'Écomusée de la maison du fier-monde, lorsqu'ils ont fait des
représentations, l'ont fait de manière historique. Lorsqu'on
parle à l'individu moyen et normal de mes comtés respectifs et
quand on évoque Camilien Houde il dit: Ah! Oui, c'est vrai. C'est un nom
dont on a entendu parler. C'est encore présent. Cela me surprend,
d'ailleurs; pour avoir toujours vécu dans ce secteur, malgré
l'âge que j'ai actuellement, ce nom est toujours évocateur.
Le Président (M. Marcil): II y avait le
député de Saint-Louis qui voulait intervenir, mais...
M. Chagnon: Fort brièvement, à titre de
conclusion.
Le Président (M. Marcil): Oui. Port brièvement, M.
le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Je ne voudrais pas qu'on prétende que je
monopolise te temps de la commission. À titre de conclusion, je pense
avoir tenté de démontrer que, si la vague doit partir de
Saint-Louis pour s'en aller dans l'est à partir du dossier du
recensement électoral de 1985, ce n'est probablement pas le
paramètre sur lequel il faut se fier pour développer ta
théorie du déplacement des districts électoraux. (11
heures)
Deuxièmement, je pense avoir tenté de démontrer que
la "paramétrisation" faite par la direction générale
concernant les augmentations de population dans le comté de Saint-Louis
ou ce qu'on prévoit comme projection est largement en deçà
largement de la vérité. Donc, cela a aussi un effet sur le
restant. Troisièmement, je pense qu'il devrait y avoir des
modifications, un redécoupage électoral, pour des raisons
démographiques, encore une fois. J'insiste sur le fait qu'on retrouve
dans le dossier du rapport préliminaire, à la page 12, presque un
aveu qui dit ceci: II n'existe pas de données sur d'éventuelles
vagues d'immigration, pas plus que sur les investissements financiers et
industriels qui sont susceptibles de provoquer des déplacements de
population tant dans les villles et les périphéries que dans les
régions. Oui, il y en a. Ils sont compliqués à trouver,
c'est dur, c'est long. On a fait un travail de bénédictin; ce
sont plutôt des bénédictines qui m'ont fait te travail, ce
serait plus juste. Cela existe. On est capable de démontrer ce qu'on a
avancé. J'offre aux membres de la direction générale, aux
commissaires, non seulement les chiffres, mais les sources. On a les
détails de tout ce qu'on a avancé ici. Je peux aussi vous dire
tout de suite que votre projection pour le comté de Lacoste de moins 4,1
% ne tiendra pas non plus.
Le Président (M. Marcil): Je vous remercie beaucoup.
Maintenant, nous allons procéder à l'audition des
députés de la région des Bois-Francs et de l'Estrie. Le
premier que je vais reconnaître sera le député de
Saint-Hyacinthe.
interventions des députés de la
région des Bois-Francs et de l'Estrie
M. Charles Messier
M. Messier: Deux petites remarques, M. le Président, avant
de commencer. Je vais être relativement bref, mais je voudrais que ce
soit pris indirectement comme proportionnel aux affirmations que je vais faire.
Un autre point, je vais peut-être aller contre la philosophie
générale qui veut que... Je regardais le journal La Presse
de ce matin et on y disait: Les autres, d'accord, mais ne touchez pas
à mon comté. Je vais aller à l'inverse. Touchez à
mon comté, mais ne touchez pas aux autres, ce qui semble être la
philosophie générale. Pour en revenir à des choses plus
sérieuses, M. le Président, en vertu de la Loi sur la
représentation électorale, à l'article 3.1, il est
indiqué qu'une circonscription électorale représente une
communauté naturelle établie en se fondant sur les
considérations d'ordre démographique, géographique et
sociologique telles que ta densité de la population, le taux relatif de
croissance de la population, l'accessibilité, la superficie, la
configuration de la région, les frontières naturelles du milieu
ainsi que les limites des municipalités.
À même ces considérations légales, j'aimerais
proposer à la commission de retrancher le village de Saint-Hughes
appartenant au comté de Johnson et de joindre cette municipalité
au comté de Saint-Hyacinthe. Cette demande correspond en tout point
à l'article 3.1 de la loi, je vais vous l'indiquer point par point. Ce
qui revient à dire qu'au point de vue géographique, la
municipalité de Saint-Hughes est à l'extrémité
nord-ouest du comté de Johnson, donc, en fin de compte, d'un
comté d'une très grande superficie. Le village de Saint-Hughes
est situé relativement près tant de Saint-Hyacinthe, Saint-Simon
et Saint-Barnabé et ces municipalités sont membres du
comté de Saint-Hyacinthe.
Considérations démographiques. En dix ans, la ville de
Saint-Hyacinthe s'est accrue de 2000 personnes. Saint-Hughes, 100 personnes.
Donc, il n'y a pas eu de boum démographique. Il s'agit plus de personnes
s'étant exilées pour un certain temps et qui reviennent vivre
dans leur milieu naturel. Il est remarquable de voir que les gens d'un certain
âge natifs de la région maskoutaine aiment revenir habiter la
ville de leurs aïeux. Considérant vos objectifs en tant que
commission, le nombre moyen d'électeurs est de 37 513, le maximum
étant de 46 891 et le minimum, de 28 134. Dans les deux comtés
qui nous concernent, Johnson a 33 653 électeurs, Saint-Hyacinthe, 41
097. Si nous amputons le comté de Johnson de 853 électeurs
présentement qui sont dans le village de Saint-Hughes, le comté
de Saint-Hyacinthe aura lors des prochaines élections 41 950, et le
comté de Johnson, 32 805. Nous respectons donc votre maximum et votre
minimum.
À vrai dire, dans votre rapport préliminaire, ni le
comté de Saint-Hyacinthe ni le comté de Johnson n'étaient
touchés par votre réforme. Cette proposition de changement, qui
vient du milieu, d'ailleurs, vous a été faite lors d'une
pétition vous demandant d'intégrer la municipalité de
Saint-Hughes dans le comté de Saint-Hyacinthe. D'ailleurs, je crois que
le maire de Saint-Hughes, M. Onil Crépeau, vous a fait des
représentations à Drummondville, le 15 décembre
dernier.
D'autres considérations d'ordre sociologique. La population de
Saint-Hughes fréquente assidûment nos infrastructures à
Saint-Hyacinthe, telles que les arénas, le parc les Salines, les
galeries d'art, le centre culturel, le centre d'expression, les cinémas,
les écoles primaires et
secondaires, les services de santé: on parle de deux
hôpitaux. les CLSC, les cliniques médicales. La
Sûreté du Québec dessert la région de Saint-Hughes.
Les ministères de la Justice, de l'Agriculture, des Transports et de la
Main-d'Oeuvre sont présents à Saint-Hyacinthe. La radio, les
journaux et tous les commerces, tant du milieu nord de la ville de
Saint-Hyacinthe que du centre-ville, sont fréquentés par les
villageois de Saint-Hughes. L'attraction économique, sociale et
culturelle pour les villageois de Saint-Hughes est très présente
pour la communauté maskoutaine. Au sujet des limites de la
municipalité, Saint-Hughes est située à quelques
kilomètres de la principale ville de mon comté, soit
Saint-Hyacinthe. Elle fait partie intégrante de la MRC des Maskoutains.
D'ailleurs, le maire actuel de Saint-Hugues, M. Onil Crépeau, a
été effectivement préfet de la MRC des Maskoutains. Il
faut dire que le sentiment d'appartenance est très fort. Ce fut te point
déterminant pour Joindre la MRC des Maskoutains lors des débats
concernant l'adoption de la loi 125.
En conclusion, M. le Président, pour toutes ces
considérations, je vous demanderais d'acquiescer à la demande de
la municipalité de Saint-Hughes de joindre te comté de
Saint-Hyacinthe lors des prochaines élections provinciales. Merci.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. te
député de Saint-Hyacinthe. Je reconnais maintenant M. le
député de Richmond.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: Merci, M. le Président. Le 15
septembre 1987, la Commission de la représentation électorale
déposait son rapport préliminaire proposant des modifications aux
circonscriptions électorales de l'Estrie et des Bois-Francs. Comme
l'indique votre rapport, ces modifications visent essentiellement à
combler te déficit du nombre d'électeurs dans Richmond. Leur
impact se fait sentir au niveau de trois autres circonscriptions, soit
Drummond, Frontenac et Arthabaska, et affecte directement une population de 18
579 personnes réparties dans neuf municipalités des territoires
visés, tout cela pour compenser une baisse d'environ 800
électeurs depuis 1981.
Il y avait de fortes chances pour qu'un bouleversement d'une telle
envergure suscite des réactions plutôt vives de la part des
collectivités touchées et je crois que les témoignages
entendus lors des audiences à Drummondville ont été assez
éloquents à ce sujet.
Je me permets d'ailleurs de vous rappeler les propos que je tenais il y
a trois ans, presque jour pour jour, lors des auditions à Windsor et qui
me semblent résumer assez bien la situation à laquelle nous
sommes confrontés. Je disais alors: "M. le Président, j'ai
examiné plusieurs hypothèses afin de tenter de solutionner le
problème du manque d'électeurs dans Richmond. Ça m'a
peut-être permis de comprendre un peu aussi davantage les
problèmes que vous aussi devez rencontrer quand vous venez pour faire
une carte électorale. Malheureusement, Je me suis buté dans
chaque cas au phénomène du critère d'appartenance. Quelle
que soit la direction prise pour ajouter des municipalités au
comté de Richmond, nous nous rapprochons de centres urbains importants
comme Drummondville, Victoriaville, Disraeli qui exercent une attraction
très forte sur les municipalités qui les entourent."
Cette citation m'amène, aujourd'hui, à la réflexion
suivante. À titre de député, j'ai le mandat de
représenter à l'Assemblée nationale la population qui m'a
librement élu et choisi pour défendre ses intérêts.
Il serait donc malvenu de ma part de décider, sur la base de mes
goûts personnels, des villes ou des territoires que j'entends
représenter et, à cet égard, je respecterai de bonne foi
la décision finale de la Commission de la représentation
électorale.
Mais, comme vous avez pu le constater, tant par l'afflux des
résolutions provenant des municipalités que par les
témoignages entendus le 15 décembre dernier, votre proposition
fait l'objet d'un rejet assez unanime de la part de la population de la
région. J'ajouterais également que mes nombreuses consultations
dans mon comté ont recueilli le même écho négatif,
c'est-à-dire que mes électeurs comme ceux des comtés
voisins réclament le maintien du statu quo. En conséquence, je
serais extrêmement mal à l'aise de souscrire à votre
proposition et d'aller ainsi à l'encontre de la volonté
populaire.
La position que je vous présente aujourd'hui s'inspire donc
largement de cette réaction du milieu aux modifications proposées
et comporte trois volets: un rappel historique et une analyse des
réformes de la carte électorale de 1972, 1980 et 1985, une
analyse critique de l'impact de la proposition actuelle sur les
circonscriptions de Richmond, Drummond, Arthabaska et Frontenac et, finalement,
certaines observations relatives à la reconnaissance des
circonscriptions d'exception dans les réformes de 1980 et 1985, qui
permettront de saisir clairement la nature de nos interrogations face au
traitement réservé aux circonscriptions à caractère
rural dans la présente proposition de la carte électorale.
Comme je l'ai déjà mentionné devant cette
commission, la circonscription de Richmond est issue du découpage
proposé par la Commission permanente de la réforme des districts
électoraux dans son rapport de mars 1972. Rappelons simplement que, lors
de cette réforme majeure où seules deux circonscriptions
demeurèrent intactes,
Vaudreuil-Soulanges et les Îles-de-la-Madeleine, on a
établi la circonscription de Richmond à partir de celle
d'Arthabaska, Drummond, Nicolet, Richmond et Wolfe.
Pour justifier le maintien du nombre
d'électeurs sur le plan de la limite minimale permise, le rapport
de la commission soulignait le caractère éminemment rural de
Richmond qui distinguait ce comté des comtés voisins. La Loi
électorale de l'époque ne permettait pas un écart de plus
de 25 % de la norme de 32 000 électeurs. À cet égard,
j'attire votre attention sur l'absence d'articles dans la loi de
l'époque permettant les comtés d'exception.
La réforme de 1980 ajoutait douze circonscriptions
électorales et n'en laissait intactes que 24. Celle de Richmond fut
alors modifiée et recevait les municipalités de Beaulac et du
canton de Gartby, soit 534 électeurs, auparavant situés dans
Frontenac. Cette réforme proposait la reconnaissance de treize
circonscriptions d'exception. En 1985, la circonscription de Richmond fut de
nouveau modifiée et cédait la municipalité de Chester-Est,
soit 190 électeurs, à la circonscription d'Arthabaska. Le rapport
produit par la commission proposait alors la reconnaissance de quatre
circonscriptions d'exception.
Le rapport préliminaire de septembre 1987 propose, deux ans
à peine après les dernières élections
générales, un bouleversement que je qualifierais de majeur de la
carte électorale du Québec et qui modifie, à des
degrés divers, 47 circonscriptions et déplace près de 500
000 électeurs, soit un électeur sur 10, tout en proposant de
ramener le nombre de circonscriptions d'exception à deux seulement.
En vertu de l'actuelle Loi sur la représentation
électorale et compte tenu du scénario de 124 circonscriptions, le
nombre d'électeurs ne doit pas être supérieur à 46
135 ni inférieur à 27 680. Toutefois, le législateur a
prévu, à l'article 4 de cette loi, la possibilité de
désigner des circonscriptions d'exception. Or, comme je le soulignais
précédemment, la commission s'est prévalue de cette
latitude que lui laisse la loi lors des modifications de 1980 et celles de
1985.
La commission propose que Drummond cède à Richmond les
municipalités de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, Saint-Cyrille-de-Wendover et
le canton Wendover-et-Simpson, soit 6503 électeurs. Ce transfert
signifie l'ajout d'une superficie de 219 kilomètres carrés au
territoire de Richmond.
Or, dans son rapport de 1980, la commission justifiait l'exception
constituée par la circonscription de Drummond, excédant la limite
maximale fixée par la loi, de la façon suivante: "Les
municipalités de Notre-Dame-du-Bon-Conseil et de Saint-Cyrille, de
même que les cantons unis de Wendover et Simpson forment un bloc
homogène." Si cette constatation de la Commission de la
représentation électorale était vraie en 1980, je doute
fort qu'il en aille différemment en 1987. Ce bloc homogène fait
partie de la MRC de Drummond et constitue une composante importante de la
structure socio-économique de cette dernière. Cette
réalité fut d'ailleurs abondamment soulignée lors des
audiences du 15 décembre par la présidente de la Commission
scolaire Des-Chênes, par les représentants de la MRC qui
craignaient l'éclatement, de même que ceux de la Chambre de
commerce de Drummond.
D'autre part, ta commission propose que la circonscription de Richmond
reçoive de celle d'Arthabaska les municipalités de Warwick, ville
et canton, soit 3243 électeurs. Ces deux municipalités ont comme
centre régional Victoriaville et font partie de la Corporation de
développement économique des Bois-Francs depuis dix ans avec
Victoriaville, Arthabaska et Sainte-Victoire. Antérieurement, depuis
1974, elles étaient regroupées dans le même comité
Intermunicipal de promotion industrielle. Warwick, ville et canton, font partie
de cinq villes soeurs des Bois-Francs et participent aux mêmes efforts de
concertation en vue de promouvoir le développement industriel de leur
région.
Les intervenants de Warwick, ville et canton, ont tous fait valoir cette
réalité te 15 décembre dernier et ils ont également
tous exprimé la crainte d'un isolement qui pourrait compromettre une
affirmation économique régionale qui a jusqu'ici canalisé
bien des énergies et soulevé de grands espoirs.
Je tiens donc à attirer votre attention sur le fait que plus de
20 municipalités des circonscriptions de Lotbinière, Arthabaska
et Richmond ont adopté des résolutions manifestant leur
opposition au transfert de Warwick dans Richmond. (11 h 15)
Concernant la circonscription de Frontenac, la commission propose
qu'elle cède à Richmond les municipalités de Disraeli,
ville et paroisse, et Saint-Jacques-le-Majeur-de-Wolfestown, soit 3048
électeurs. La situation géographique de ces municipalités
qui seraient ainsi situées à l'extrémité sud-est du
comté ferait en sorte qu'elles seraient les plus éloignées
d'Asbestos, ville centrale de la circonscription de Richmond. Encore une fois,
les témoignages entendus à Drummondville convergeaient dans le
même sens et insistaient tous sur le fait que Thetford Mines constitue le
principal centre administratif, commercial et éducatif de ces
municipalités, À cet égard, toute la population
fréquente l'hôpital, le cégep et la Cour provinciale de
Thetford Mines. Les intervenants de cette région ont également
souligné que la paroisse de Disraeli faisait partie d'un comité
ad hoc de l'aménagement de la MRC de l'Amiante et est également
membre de la commission de l'aménagement de cette MRC.
L'analyse des données démographiques pour l'ensemble de la
région concernée. Il me semble important de soulever cette
question auprès de la commission. Le 31 Janvier 1985, lors de l'audition
de la Commission de la représentation et du Directeur
général des élections sur la proposition de
délimitation des circonscriptions électorales, le
président, M. Côté, déclarait, et je cite: "Je dois
vous dire que tout ce secteur de la province, Richmond et toutes les
circonscriptions qui l'entourent, dans un certain sens, c'est un des
principaux casse-tête de la commission. Parce qu'il y a une
espèce de vide qui est en train de s'effectuer, un vide en termes de
nombre d'électeurs."
Pourtant, les faits ne semblent pas nécessairement corroborer
cette affirmation. À cet égard, je vous rappelle qu'aux
élections de 1973, la circonscription de Richmond, dont les limites
étaient sensiblement les mêmes qu'aujourd'hui, comptait 22 82?
électeurs pour grimper à 25 013 électeurs en 1981 et se
situer à 24 189 en 1985 après que Richmond eut cédé
Chester-Est à Arthabaska.
En somme, malgré une baisse de 824 électeurs entre 1981 et
1985, je crois qu'il nous est permis d'affirmer, comme l'ont fait d'ailleurs
les représentants de la Société d'histoire de Warwick,
que, durant près de 15 ans, la population électorale de Richmond
a été plutôt stable et n'a pas connu de variation à
tout le moins significative, il serait surprenant que ta situation soit
très différente au cours des huit ou dix prochaines
années.
J'ajouterais que, si l'on considère l'évolution
démographique des quatre circonscriptions impliquées par votre
proposition, on observe une augmentation de 2207 électeurs depuis 1981.
Nous sommes donc dans l'obligation de reconnaître que, loin d'être
victime d'une diminution progressive de sa population, l'ensemble de cette
région connaît plutôt une croissance
démographique.
Je peux cependant concéder que notre région, par sa
géographie et sa distribution démographique ne facilite pas son
découpage en diverses circonscriptions électorales. Nous sommes
cependant très loin de l'opération d'envergure de 1972 où
l'on retrouvait des circonscriptions avec peu d'électeurs, comme
Huntingdon avec 9547, Compton avec 13 114 et bien d'autres nécessitant
la modification de toutes les circonscriptions de la rive sud du Saint-Laurent,
de Huntingdon à Gaspé. Dans le cas présent, une seule
circonscription sur les quatre se situe en dehors des limites des 25 %. Bien
plus, c'est une diminution de 824 électeurs dans la circonscription de
Richmond qui est te déclencheur de toute cette opération
"transvidage".
L'ampleur des modifications proposées ne se traduit pas
uniquement par un déplacement important d'électeurs. L'Importance
des nouveaux territoires à couvrir et l'ajout substantiel de nouvelles
municipalités dans la circonscription de Richmond sont autant
d'éléments qui m'invitent à vous demander de
reconsidérer la proposition qui est faite dans votre rapport
préliminaire.
Je joins au document qui vous est présenté, M. le
Président, quelques données. En page 13, vous trouverez un
tableau qui illustre l'impact des modifications proposées surtout quant
à la superficie ajoutée au comté de Richmond, de
même qu'en ce qui a trait au nombre de municipalités. Alors, il
est à remarquer... Je veux comparer, en particulier, la circonscription
de Drummond et celle de Richmond, Drummond se retrouverait avec sept
municipalités alors que le comté de Richmond en comporterait 42.
Drummond qui se retrouverait avec une superficie de 359 kilomètres
carrés alors que Richmond en compterait 2864. Ce sont quelques
données pour vous indiquer que les modifications, à tout le moins
pour le comté de Richmond, me semblent être absolument majeures.
En ce qui a trait à la population électorale qui serait
touchée par votre proposition, le comté de Richmond se
retrouverait à quelques centaines d'électeurs seulement du
comté de Drummond. Selon la proposition de la commission, 36 983
électeurs dans la circonscription de Richmond signifient que ce nombre
serait au-dessus de la moyenne provinciale qui est de 36 908. Ce chiffre me
paraît peu réaliste, compte tenu du fait que 62,8 % de la
population du comté de Richmond est de milieu rural, surtout lorsque
l'on sait que 48,5 % des circonscriptions, soit 16 circonscriptions de
l'île de Montréal sur 33, sont en bas de cette moyenne. De plus,
le comté de Frontenac, dont le nombre actuel d'électeurs se
rapproche de la moyenne, à moins de 1319 électeurs,
s'éloignerait assez considérablement de cette moyenne, 4367 sous
la moyenne, ce qui est contraire à l'objectif que vous poursuivez.
C'est donc une augmentation de 27 % du nombre de municipalités
pour le comté de Richmond, qui passeraient de 33 à 42. La
superficie ajoutée au comté de Richmond, soit 492
kilomètres carrés, est supérieure à celle qu'aurait
la nouvelle circonscription de Drummond La simple augmentation de notre
superficie correspond à plus que la superficie de la nouvelle
circonscription proposée pour Drummond. Richmond demeure la
circonscription la plus rurale tout en ayant une population électorale
presque égale à celle du comté de Drummond, la plus
urbaine, soit à 70 %. La commission fait en sorte que le comté de
Richmond ait huit fois la superficie et six fois plus de municipalités
que le comté de Drummond avec 331 électeurs de moins que cette
dernière.
Je mentionnais plus haut que la commission avait proposé, lors
des réformes de 1980 et 1985, des circonscriptions d'exception, soit
treize et quatre respectivement. En faisant la liste de ces circonscriptions,
plusieurs détails apparaissent. 69 %, soit huit circonscriptions sur
treize, ont un territoire urbanisé à plus de 75 %. Pour le
comté de Lévis, un écart de plus 14,2 % au-dessus du
maximum de 40 000 est accordé. Toutes ces circonscriptions peuvent
être classées urbaines et excèdent le maximum de 40 000
électeurs.
Lors de la réforme de 1980, une circonscription devait avoir un
nombre d'électeurs se rapprochant le plus possible de 34 000, tout en
acceptant des variations entre 24 000 et 40 000. La faible distance à
franchir entre la moyenne de 34 000 et le maximum de 40 000 eut pour
conséquence d'obtenir un nombre important de
circonscriptions dont le nombre d'électeurs était tout
près de ce maximum et même au-delà.
Lors de la réforme de 1985, la moyenne d'électeurs a
été fixée à 36 000 et les extrêmes à
45 000 et 27 000. Le seuil minimal est donc haussé de 3000
électeurs, passant de 24 000 à 27 000. Donc, par cette hausse de
la limite minimale, ce sont les circonscriptions rurales, dont le comté
de Richmond, qui furent très affectées.
Je joins ici, M. le Président, à la page 17, un tableau
montrant les circonscriptions d'exception que l'on retrouvait dans la
réforme de 1985, soit Laprairie, qui dépassait la moyenne, de
même que Lévis, Papineau et Richmond, qui étalent en
deçà. Le minimum élevé, 27 000 électeurs,
fait en sorte que la commission doit proposer dans ces cas-là deux
circonscriptions d'exception à caractère rural, Papineau et
Richmond, également, M. le Président, je joins, pour les besoins
de la commission, un tableau traçant l'évolution de la moyenne et
des écarts depuis la réforme de 1972 jusqu'à celle qui
nous est proposée.
En constatant que les circonscriptions rurales voient leur chiffre de
population demeurer stable ou diminuer, on ne peut que s'inquiéter de la
situation. En effet, si on ne permet pas certaines exceptions en milieu rural,
tout comme ce fut le cas pour le milieu urbain, nous aurons des
découpages qui seront uniquement mathématiques, ne respectant pas
ou peu les particularités rurales comme la faible densité, les
distances importantes à parcourir, les municipalités très
nombreuses, la multiplication des organismes, groupements et
associations...
Nous sommes donc devant la situation suivante: le comté de
Richmond se situe à moins 12,6 % du minimum édicté par la
loi et se voit imposer l'ajout de neuf municipalités pour agrandir son
périmètre. Nous venons de voir qu'un écart de plus 14,2 %
a déjà été consenti à une circonscription
urbaine.
Si la lettre de la Loi sur la représentation électorale
confie à la commission le mandat de veiller à l'équilibre
numérique des circonscriptions électorales, l'esprit de la
même loi sous-tend également la prise en compte de la
qualité de la représentation. Le caractère
démocratique du système politique québécois ne peut
se mesurer uniquement - vous en conviendrez - au moyen des facteurs
numériques et exige le respect des disparités régionales,
démographiques et socio-économiques.
En conclusion, M. le Président, je suis convaincu que la
circonscription de Richmond doit être maintenue circonscription
d'exception comme vous le permet l'article 4 de la Loi sur la
représentation électorale. Lors de l'audience publique du 15 mars
1985 à l'hôtel de ville de Windsor, vous avez mentionné que
- et Je vous le cite - "il n'y a rien comme la connaissance du milieu et la
réaction des gens qui vivent une situation donnée, qui habitent
un lieu donné et qui peuvent nous faire part de leurs opinions, de leurs
suggestions, de leurs réactions."
En tant que représentant de la circonscription de Richmond
à l'Assemblée nationale, je crois que votre principe est toujours
vrai en 1987 et que mon expérience politique et parlementaire me permet
de vous demander de le respecter.
Je dois vous rappeler, M. le Président, que le 15 décembre
dernier, à Drummondville, les intervenants ont démontré
que les propositions de la commission ne devaient pas être maintenues.
Ces démonstrations furent faites à partir des critères et
considérations suivants: sentiment d'appartenance, développement
économique, accessibilité aux centres de décisions et
administratifs, disponibilité de services de santé, sociaux et de
justice, axe de déplacement, incidence sur le milieu des affaires,
respect des affinités économiques et de la dynamique
régionale, risques de marginalisation géographique et maintien de
liens multiples et variés.
Afin de bien vous faire saisir, M. le Président, toute l'ampleur
de la proposition faite dans le rapport de septembre 1987, imaginez qu'au seul
plan de la superficie ajoutée proposée pour Richmond, soit
environ 492,84 km carré, cette dernière s'apparente à
celle de toute l'île de Montréal, soit 518,21 km carré, qui
compte pourtant 33 circonscriptions, ce qui donnerait un comté de 2
864,49 km carré ou cinq fois et demie l'île de Montréal qui
elle pourtant compte 33 circonscriptions.
Voici maintenant l'élément avec lequel je terminerai: La
proposition que vous faites me paraît fort discutable quand, en
particulier, j'examine les circonscriptions de l'île de Montréal
dont 16 ont une population électorale inférieure à la
moyenne de 36 908, alors que celle de Richmond la dépasserait, bien
qu'il soit un comté rural à plus de 60 %. Cela me semble une
distorsion fort notable.
Compte tenu des considérations dont je viens de vous faire part
et en tout respect pour vos efforts en vue d'en arriver à une carte
électorale la plus équilibrée possible, je vous propose de
conserver les limites actuelles de la circonscription de Richmond et de la
maintenir circonscription d'exception.
Je joins, M. le Président, à la page 22, un tableau des
circonscriptions de l'île de Montréal où vous constaterez
ce que je viens d'indiquer à savoir que la population électorale
est inférieure à la moyenne, dans treize cas
précisément, alors que le comté de Richmond qui est un
comté, comme je vous le disais, rural à plus de 60 % se situerait
lui en haut de la moyenne exigée par la loi.
C'est bien volontiers, si M. le Président avait maintenant des
questions à me poser, que je voudrais lui répondre. Je veux lui
indiquer immédiatement que je comprends les exercices absolument
extraordinaires qui doivent être faits
afin d'augmenter le nombre d'électeurs du comté de
Richmond et à ce titre, je suis prêt à contribuer avec lui
à toute solution possible.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Richmond.
Cela va. Je dois reconnaître maintenant le député
d'Arthabaska.
M. Laurier Gardner
M. Gardner: M. le Président, messieurs les membres de la
Commission de la représentation électorale du Québec, M.
le maire de Warwick canton, M. Laroche, messieurs les conseillers Martel et
Moreau, chers collègues.
En premier lieu, je veux vous remercier d'avoir accepté ma
participation au débat en cours. Comme député d'Arthabaska
à l'Assemblée nationale depuis te 2 décembre 1985, je suis
fortement intéressé à garder le comté tel qu'il
était le jour de ma première victoire électorale. Je
comprends fort bien que vous puissiez prétendre que j'ai des
intérêts politiques à garder Warwick et Warwick canton dans
mon comté.
Puis-je vous demander d'oublier le statut politique que je
détiens depuis deux ans et de voir en moi un homme du comté
d'Arthabaska qui veut le bien de tout ce beau comté?
Je veux vous prouver le plus objectivement possible qu'il y va du bien
de la population de Warwick et Warwick canton de demeurer dans le comté
d'Arthabaska. De plus, la population de tout le comté sera gagnante
à garder l'homogénéité de cette circonscription
électorale. (11 h 30)
J'ai l'Intention, dans les minutes qui me sont allouées, de vous
parler du sentiment d'appartenance de Warwick et Warwick canton au comté
d'Arthabaska, du pôle économique de Victoriaville-Arthabaska face
à Warwick et Warwick canton, des points de communication importants, de
la personnalité propre des Bois-Francs et de la localisation des
services. Tout cela pour vous prouver et surtout pour vous convaincre que
Warwick et Warwick canton doivent demeurer dans le comté d'Arthabaska
que j'ai le privilège de représenter.
On peut facilement accrocher au comté ou en décrocher une
petite municipalité de 350 habitants, 190 votants. En 1970, on a dit aux
gens de Chester-Est: Vous faites maintenant partie du comté de Richmond.
Et, en 1985, on a dit à ces mêmes gens: Vous retournez dans le
comté d'Arthabaska. Les critiques de ces quelque 350 personnes et des
quelque 190 électeurs n'ont pu changer quoi que ce soft. J'en suis fort
aise, c'était ma paroisse natale et elle est revenue dans mon
comté. On conçoit qu'il est plus difficile de faire ce jeu
à deux municipalités totalisant 3243 personnes comme Warwick et
Warwick canton. Ce le fut tellement en 1972 qu'on n'a pas mis le projet
à exécution.
Warwick et Warwick canton font partie intégrante des Bois-Francs,
cette région du Québec qui longe les Appalaches sur la plaine du
Saint-Laurent, de Plessisville à Warwick. Les cinq villes soeurs,
Plessisville, Princeville, Victoria-ville, Arthabaska et Warwick étaient
déjà, en 1957, lors de la publication 5 villes soeurs, La
région des Bois-Francs - Quintuplet Towns -mon anglais n'est pas... -
des villes unies sous la feuille d'érable, symbole de la région
des Bois-Francs. Alors qu'on n'avait que la Trans-Canada - route 9 - la route 5
d'ouest en est et la route 34 du nord au sud, on était
déjà fortement unis. On peut lire dans la publication du
Comité d'initiative des Bois-Francs datant de 1957 - je l'ai
citée en annexe 1 - que "les quintuplées des Bois-Francs:
Victoriaville, Plessisville, Princeville, Warwick et Arthabaska, ont
participé activement à cette poussée de notre
économie - celle du Québec. Leur succès, elles le doivent
aux excellentes relations qui régnent entre elles et le monde des
affaires..."
Dans ce document de 20 pages, on parlait déjà, en 1957,
à l'ère de la Shawinigan Water & Power Corporation, de la
région des Bois-Francs - voir annexe 2. Trente ans plus tard, qu'en
est-il? On parie désormais de la région de Laurier (à
cause de Sir Wilfrid Laurier), au pays des Bois-Francs - annexe 3. Mais on a
gardé l'appellation "Bois-Francs". On a gardé les liens entre les
cinq villes soeurs formant plus de 80 % de la population totale du comté
d'Arthabaska. De plus en plus, on associe compagnies et villes à
Bois-Francs. Par exemple, on trouve utile de dire: Sodisco, Victoriaville,
Bois-Francs; Forano, Plessisville, Bois-Francs; Transport Michel, Arthabaska,
Bois-Francs; Princefib, Princeville, Bois-Francs; et Yum-Yum, Warwick,
Bois-Francs
Les Bois-Francs, c'est en très grande partie le comté
d'Arthabaska, y compris Warwick et Warwick canton. Loin de nous l'idée
de refaire les parades de la Saint-Jean-Baptiste pour prouver l'union toujours
présente des cinq villes soeurs. Les gens de Warwick et de Warwick
canton le savent autant que ceux de tout le comté d'Arthabaska et vous
l'ont dit lors de l'audience du 15 décembre dernier, à
Drummondviile. Dès que l'on quitte la région de Plessisville, on
entre dans la Beauce ou si on va un peu vers le sud-est, on entre dans la
région de l'amiante. Il en va de même lorsque l'on quitte la
région de Warwick et Warwick canton: on entre dans l'Estrie.
Rappelez-vous, messieurs tes commissaires, que les Bois-Francs ont
été colonisés par des francophones venus de
Sainte-Angèle de Laval, maintenant Bécancour, et que la
région de Richmond l'a été par des anglophones venus de la
région de Sherbrooke et de la Nouvelle-Angleterre. Les Bois-Francs,
c'est une entité historique. Et cette entité, ça ne se
divise pas!
Warwick et Warwick canton sont un pôle économique bien
orchestré, fortement ancré à celui de
Victoriaville-Arthabaska, relié depuis
1854 par le Grand Tronc - devenu Canadien National - et par la route
116. Warwick et Warwick canton possèdent des industries et des commerces
qui font l'envie de beaucoup de municipalités de cette envergure.
Warwick et Warwick canton possèdent des équipements sociaux et
culturels enviables. Il ne suffit que de parler du gymnase, de l'aréna,
du centre aquatique, de la salle du canton, etc.
Warwick canton possède probablement l'industrie la plus
productive de la région, celle de l'agriculture fortement basée
sur l'industrie laitière. En soi, Warwick et Warwick canton sont un
pôle économique bien institué mais dépendant, en
quelque sorte, du grand pôle régional qu'est
VIctoriaville-Arthabaska.
Les compagnies manufacturières de Warwick achètent et
vendent à Victoriaville-Arthabaska. Les commerces de Warwick progressent
bien grâce à leur lien avec Victoriaville-Arthabaska. Les groupes
sociaux et culturels ont besoin du bassin Victoriaville-Arthabaska pour vivre
et bien vivre. Les agriculteurs de Warwick canton font de bonnes affaires
à Victoriaville-Arthabaska, en plus de venir gagner des beaux prix
à l'exposition de Victoriaville. Le poste de radio local qui donne le
service à Warwick et Warwick canton est situé à
Victoriaville. Les journaux au service de Warwick et Warwick canton sont
d'Arthabaska et Victoriaville. C'est un secret de polichinelle que
Victoriaville-Arthabaska a aidé au développement de Warwick et
Warwick canton et vice versa.
La Corporation de développement économique des Bois-Francs
s'occupe activement des Bois-Francs, y compris de Warwick et Warwick canton. La
Corporation de développement touristique des Bois-Francs travaille
autant pour Warwick et Warwick canton que pour Victoriaville et Arthabaska. Le
Centre de concertation Arthabaska-Érable appuie tous les intervenants
industriels des Bois-Francs, y compris ceux et celles de Warwick et Warwick
canton. Il est même question d'une conduite de gaz naturel qui passerait
par Victoriaville-Arthabaska pour aller à Warwick.
Vraiment, messieurs les commissaires, il s'agit de relations
socio-économiques continuellement réciproques entre Warwick et
Warwick canton et Victoriaville-Arthabaska. Si on regarde la carte de la
région des Bois-Francs, en annexe 4, on communique facilement vers
Trois-Rivières et Montréal, via ta route 20 par le chemin de
Saint-Albert. La route 955 existe déjà de la route 20 à
Saint-Albert et doit être poursuivie vers Warwick par
l'amélioration de ta route Saint-Albert - Warwick déjà
existante. Cette route permettra un meilleur axe Trois-Rivières -
Warwick.
On va aussi vers Québec par la 116 passant par
Victoriaville-Arthabaska, cette fameuse 116 qu'on améliore chaque
année, que ce soit dans Richmond ou Arthabaska et peut-être dans
Johnson.
Pour les gens de la région de Warwick, on va surtout vers l'est.
Naturellement, on va dans les grands centres en passant dans le secteur
Victoriaville-Arthabaska - Saint-Albert.
Côté communication aérienne, on se rend à
Victoriaville pour voler vers les grands centres. Quant aux communications
téléphoniques, on appelle sans frais à
Victoriaville-Arthabaska, ce qui n'est pas le cas dans l'ouest et le sud-ouest
de Warwick. Les télécommunications passent par
Victoriaville-Arthabaska pour Warwick.
Messieurs les commissaires, Warwick et Warwick canton font partie
intégrante des Bois-Francs, on l'a déjà dit, mais les gens
qui vivent dans les Bois-Francs, ce sont des gens fort particuliers. Non
seulement à Warwick, mais aussi à Victoriaville, Arthabaska,
Princeville et Plessisville, on a cet esprit d'entrepreneurship
régional, cet esprit qui dépasse largement la région. Qui
n'a pas entendu parler des croustilles Yum Yum, des portes Béco, des
imprimeries de Ling, des moulures Boulanger, des échelles Warwick, des
Beaudet, etc.? Et Je pourrais citer combien d'autres industries bâties
par des gens de toute ta région.
Une région des Bois-Francs bâtie par les gens des
Bois-Francs qui ont forgé leur économie en région. La
pétition des industriels de la région est là pour prouver
qu'on veut rester dans cette région. Les Bois-Francs, permettez-moi de
vous le rappeler, se situent dans l'extrémité sud de la
région administrative 04. Warwick et Warwick canton sont desservies par
la région administrative 04 à tous les niveaux en ce qui concerne
le palier provincial. La région de Richmond, quant à elle,
relève de la région 05 et est à une autre
extrémité. Et l'on connaît les dangers que cache le fait
d'être au bout d'un comté ou d'une région
économique.
Que je sache, à tous les niveaux, que ce soit scolaire,
municipal, judiciaire, sécuritaire, de santé ou de transport,
pour n'en nommer que quelques-uns, on vous a prouvé la pertinence de
demeurer dans Arthabaska.
Messieurs les commissaires, les services offerts aux gens de Warwick et
Warwick canton, s'ils ne sont pas donnés à Warwick même, le
sont à Victoriaville-Arthabaska. La commission scolaire de Warwick a son
siège social à Warwick et relève de la direction
régionale de Trois-Rivières dans la région 04. La maison
des jeunes de Warwick gérée par les jeunes de l'endroit
entretient de bonnes relations avec les trois autres maisons du comté
situées à Victoriaville, Princeville et Plessisville. Le
cégep de Victoria-ville accueille bon nombre d'étudiants et
d'étudiantes venant de Warwick et Warwick canton.
Beaucoup de jeunes de Warwick et Warwick canton vont dans des
collèges privés de Victoriaville et d'Arthabaska. Le bureau
d'enregistrement situé à Arthabaska dessert très bien les
gens de Warwick et de Warwick canton. La Société d'agriculture
d'Arthabaska compte beaucoup de participation de la région de
Victoriaville et de la région de Warwick canton. Le bureau de la
Sûreté de Québec à Arthabaska dessert avec autant
d'efficacité Warwick et Warwick canton que ta région
immédiate d'Arthabaska.
Les bureaux gouvernementaux, autant du CSS, du CLSC, du CTQ, du bureau
d'immatriculation, des agronomes, de l'industrie et du commerce et des
transports, tous situés à Victoriaville, donnent un service aussi
professionnel pour tes gens de Warwick et Warwick canton que ceux des autres
régions du comté.
Dans le secteur de la santé il n'est qu'à penser à
l'influence régionale de l'Hôtel-Dieu d'Arthabaska et du Centre
hospitalier des Bois-Francs de Victoriaville. On retrouve même certaines
ententes de services entre le foyer Étoiles d'or de Warwick et
l'Hôtel-Dieu d'Arthabaska.
Venons-en aux chiffres. Oui. messieurs les commissaires, te comté
d'Arthabaska compte actuellement 42 346 électeurs. Oui, messieurs les
commissaires, le comté de Richmond n'a que 24 189 électeurs. On
comprend que vous ayez été tentés de couper
mathématiquement les 3243 électeurs de Warwick et Warwick canton.
En plus de couper une pointe dans le comté d'Arthabaska, cela rendrait
le comté de Richmond plus près des normes de la commission. Il ne
s'agit toutefois, comme je l'ai mentionné dans les journaux
récemment, que d'une coupure mathématique pour Arthabaska, rien
de plus.
Je veux toutefois jouer le grand jeu de ta mathématique comme
ancien professeur de mathématiques. La Commission de la
représentation électorale a fourni un document de
prévisions du nombre d'électeurs 1989 pour les circonscriptions
proposées. On y prévoit une évolution de 6,3 % pour
Arthabaska, ce qui ferait que les 39 103 électeurs proposés
deviendraient 41 566 en 1989. Avec le même pourcentage, les 42 346
actuels deviendraient 45 013 en 1989. Le maximum proposé n'est-il pas de
46 135 électeurs?
En admettant un pourcentage d'évolution identique dans tout le
secteur, le comté d'Arthabaska demeurera en dessous du maximum
suggéré pour au moins deux élections. Voilà pour le
petit jeu mathématique que je vous propose ce matin. Mais le mandat de
la commission dépasse la mathématique et va bien plus loin.
L'article 3.1 de la Loi sur ta représentation électorale dit ce
qu'est une circonscription électorale et je cite: "Une circonscription
électorale représente une communauté naturelle
établie en se fondant sur des considérations d'ordre
démographique, géographique et sociologique tels que la
densité de la population, le taux relatif de croissance de la
population, l'accessibilité, la superficie et la configuration de la
région, les frontières naturelles du milieu ainsi que les limites
des municipalités." C'est bien plus qu'une soustraction dans Arthabaska
et une addition dans Richmond.
Oui, vous avez le mandat de tendre vers l'égalité des
votes, mais la loi vous permet de considérer des exceptions. Oui,
messieurs les commissaires, vous avez un problème mathématique,
je vous le concède, mais ce problème n'est pas dans le
comté d'Arthabaska, on vous l'a déjà dit. Vous visez un
maximum de 46 135 électeurs, un minimum de 27 681 électeurs et
une moyenne de 36 908, Avec ses 42 346 électeurs, le comté que
j'ai le privilège de représenter à l'Assemblée
nationale se situe à 4000 de moins que le maximum.
De plus, vous dites en page 11 de votre rapport, et Je cite: "Quant aux
régions rurales, leur taux de croissance est, en général,
faible, nul ou légèrement négatif." Cela signifie qu'on
est loin de dépasser le maximum désiré. Le problème
se trouve dans le comté voisin, Richmond. À ce que je sache,
Richmond a toujours été comté d'exception et pourquoi ne
pas continuer ainsi?
Les raisons qui ont, par le passé, fait que ce comté soit
comté d'exception peuvent être d'actualité et le demeurer.
Certains vous ont fait des scénarios pessimistes. Dans un
scénario pessimiste on touche à trois comtés: Drummond,
Frontenac et Arthabaska pour améliorer Richmond. On pourrait devenir de
plus en plus optimiste en ne touchant qu'à deux comtés,
qu'à un comté ou, encore mieux, ce que je vous propose, Richmond
pourrait demeurer comté d'exception et ne toucher à aucun des
trois comtés voisins. (11 h 45)
Messieurs les commissaires, en page 10 de votre rapport, on lit: "Par
ailleurs, parce que la délimitation périodique des
circonscriptions électorales affecte la vie des personnes et des
groupes, la commission est d'avis que des précautions minimales
s'imposent. Entre autres, la commission croit qu'il faut toucher le moins de
personnes et de circonscriptions possible et éviter les modifications
qui risqueraient d'être trop rapidement remises en question."
La preuve est faite. Si vous voulez toucher le moins de personnes et de
circonscriptions possible, vous laissez le comté d'Arthabaska tel quel.
Si vous voulez éviter des modifications qui risqueraient d'être
trop rapidement remises en question, vous maintenez
l'homogénéité du comté d'Arthabaska. Mais,
messieurs les commissaires, le fait de transférer dans Richmond, Warwick
et Warwick canton est discutable et surtout discuté dans la
région de Warwick et de Warwick canton et dans tout mon comté. Je
vous invite donc à dévaluer votre décision. La population
du comté d'Arthabaska vous demande de ne pas briser
l'homogénéité de ce comté représentant les
Bois-Francs. La population de Warwick et de Warwick canton vous dit: Nous
voulons demeurer dans Arthabaska.
Transférer Warwick et Warwick canton dans Richmond, la
Société d'histoire de Warwick vous a dit que ce serait un
"non-sens historique qui déferait une entente plus que centenaire";
la
Chambre de commerce des Bois-Francs vous a affirmé que "ce serait
une solution inconcevable qui occasionnerait un déchirement tel...", la
Corporation de développement économique des Bois-Francs a voulu
vous convaincre que cela "empêcherait la continuité du
développement économique des Bois-Francs", le Centre de
concertation et d'aide technique Arthabaska-Érable inc. vous a
rappelé que "toutes les municipalités des MRC Érable et
Arthabaska veulent que Warwick et Warwick canton continuent à jouer un
rôle important dans les Bois-Francs"; le maire de Warwick canton vous a
demandé "d'éviter d'enlever les affinités de ces gens
à leurs proches de Victoriaville-Arthabaska"; le maire de Warwick vous a
dit que, logiquement, "cela occasionnerait une profonde frustration à
ses aspirations naturelles" et là, le député d'Arthabaska
vous demande tout cela.
Remarquez que tous ceux et celles qui ont parlé en faveur du
statu quo dans Arthabaska n'ont pas rejeté l'idée du même
statu quo dans Richmond.
Je suis confiant que vous accepterez nos arguments. Ils expliquent
pourquoi Warwick et Warwick canton font et veulent demeurer partie
intégrante des Bois-Francs.
Soyez assurés, messieurs les commissaires, que, si Richmond
demeure comté d'exception, ce n'est pas le député
d'Arthabaska ni la population de son comté qui vous le reprocheront.
Merci beaucoup!
M. Jolivet: M. le Président, c'est toute une volée
de Bois-Francs, ça!
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député.
M. Jolivet: II est bon quand il a un fan club. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Marcil): M. le député
d'Arthabaska, on a pu comprendre que vous êtes en faveur du statu
quo.
M. Gardner: Pardon?
Le Président (M. Marcil): On a pu comprendre que vous
êtes en faveur du statu quo.
M. Gardner: C'est cela.
Le Président (M. Marcil): Je vais maintenant
reconnaître le député de Frontenac.
M. Gardner: J'espère vous avoir convaincus. M. Roger
Lefebvre
M. Lefebvre: Mesdames et messieurs les membres de la commission -
ou madame, car, au moment où l'on se parle, il y a la
députée de
Johnson - M. le président de la Commission de la
représentation électorale, messieurs les commissaires,
permettez-moi d'abord de vous remercier pour l'occasion qui m'est offerte de
vous faire part de certaines réflexions, considérations et
suggestions à la suite du dépôt, le 15 septembre 1987, du
rapport préliminaire sur la délimitation des circonscriptions
électorales par la Commission de la représentation
électorale du Québec.
À titre de citoyen et surtout de représentant élu
d'une population de plus en plus préoccupée par son entité
régionale, je veux, et cela de la façon la plus précise et
concise possible, vous dresser le profil du comté de Frontenac.
J'entends également vous communiquer les appréhensions des gens
de mon comté, appréhensions provoquées par la suggestion
de la commission de transférer une partie de son territoire dans le
comté de Richmond.
Depuis sa création en 1979, ta Commission de la
représentation électorate a procédé à deux
modifications de la carte électorale du Québec. La
première, en 1980, fit passer le nombre de circonscriptions de 110
à 122. À cette époque, le comté de Frontenac fut
modifié. Il recevait du comté de Lotbinière tes
municipalités de Saint-Pierre de Broughton, d'East-Broughton village,
d'East-Broughton station et de la municipalité de
Saint-Jacques-de-Leeds. La seconde modification, en 1985, a surtout
consisté en des ajustements mineurs apportés à une
trentaine de circonscriptions.
La présente réforme propose, on le sait,
conformément au critère numérique de ta loi
mentionné à l'article 3.2 de la Loi sur la représentation
électorale, la création de deux nouveaux comtés, la
modification de 46 circonscriptions électorales et l'ajout d'une
circonscription d'exception: Ungava. Le comté de Frontenac, dans lequel
on retrouve actuellement 35 589 électeurs, les comtés de
Drummond, 43 817 électeurs, et Arthabaska, 42 346 électeurs, font
les frais de l'élargissement du territoire de Richmond. On enlève
donc au comté de Frontenac 3043 électeurs pour diminuer sa
population électorale à 32 541 personnes.
Nous connaissons les critères sur lesquels la commission doit se
fonder afin de garantir une représentation équitable des
électeurs, ils sont énumérés à l'article 3
de la Loi sur la représentation électorale. Nous connaissons
également les contraintes avec lesquelles la commission a dû
composer afin de toucher le moins de personnes et le moins de circonscriptions
possible. Respectueux du travail effectué par les membres de cette
commission, je ne veux pas intervenir pour vous soumettre une nouvelle
modification de notre territoire ou encore, pour plaider l'exception, quant
à Frontenac s'entend. Non. Le comté actuel de Frontenac, avec ses
35 589 électeurs, est tout juste conforme aux exigences
numériques de la législation et aux critères
généraux de la commission de la représentation, même
si le nombre de ses électeurs n'atteint pas la moyenne
provinciale souhaitée. En effet, en vertu des calculs
établis par ia commission, la moyenne des électeurs par
circonscription s'élèverait à 36 908. Au moment où
l'on se parle, le comté de Frontenac est donc déjà en
deçà de ce nombre. Diminuer maintenant sa population
électorale constitue un danger à court ternie. On te verra plus
loin.
En étudiant la proposition de délimitation, nous
constatons que le critère numérique a servi principalement de
guide à l'élaboration de la nouvelle carte électorale. En
effet, le premier constat de la commission est sans aucun doute la croissance
importante du nombre d'électeurs dans certains comtés, situation
localisée particulièrement dans les grandes régions
urbaines comme Montréal. D'autres comtés ne comptent pas
suffisamment d'électeurs et souffrent d'un taux de croissance faible et
parfois même négatif. Ces comtés correspondent souvent aux
régions rurales ou semi-rurales,
M. le Président, la Commission de la représentation
électorale suggère de transférer 3048 électeurs de
Frontenac dans la circonscription de Richmond. Avec tout le respect que j'ai
pour ia commission de la représentation, je comprends mal cette
suggestion. Je pense sincèrement que la suggestion d'améliorer la
situation du comté de Richmond en prenant 3048 électeurs de
Frontenac ne fera que transférer le problème dans le comté
de Frontenac. Je suis convaincu que l'amputation de quelque 3000
électeurs fera de Frontenac, à court terme, une circonscription
non conforme au critère numérique cité plus haut. La
circonscription de Frontenac, diminuée à 32 541 électeurs,
se retrouverait à 4367 électeurs en bas de la moyenne
recherchée de 36 900 électeurs par comté, tout cela, alors
que la population de Frontenac va en diminuant.
Selon les prévisions de la Commission de la représentation
électorale, le comté de Frontenac, dont la population
électorale serait fixée à 32 541 électeurs,
passerait en 1989 à 33 321 électeurs, soit 780 électeurs
de plus. Le pourcentage d'évolution projeté est le même que
le pourcentage de Richmond, circonscription qui atteindrait, en 1989, une
population de 37 871 électeurs. Nous croyons que ces prévisions,
quant au comté de Frontenac, ne sont pas réalistes et ne tiennent
pas compte de ce qui s'est passé au cours des dernières
années.
Effectivement, M. le Président, et M. le président de la
Commission de la représentation électorale, au moment où
j'ai fait ce commentaire dans mon texte, j'avais en main les prévisions
faites sur la base de 1981-1985. Au moment où je disais que ces
prévisions n'étaient pas réalistes, il s'avère que
j'avais raison puisque... Je m'excuse, les prévisions étaient
basées sur 1976-1985. Je disais que, sur cette base de 1976-1985, ce
n'est pas réaliste. Le document que vous nous avez remis ce matin, M. le
président de ta Commission de la représentation, l'indique.
Lorsque vous refaites les mêmes calculs sur la base de 1981-1985
et non plus de 1976-1985, on constate dans Frontenac une décroissance de
2,5 % de sorte que, sur cette base, en 1989, la population électorale
serait diminuée de 32 541 à 31 727, c'est-à-dire une perte
de 814 électeurs. Lorsque je dis, dans mon texte, que vos
prévisions - et je vous comprends - sur la base de 1976-1985 ne sont pas
réalistes, j'avais raison puisque - et je vous en remercie - ce matin,
votre document appuie mon raisonnement. Nous croyons que ces prévisions,
quant au comté de Frontenac, ne sont pas réalistes et ne tiennent
pas compte de ce qui s'est passé au cours des dernières
années.
L'industrie de l'amiante, on le sait, connaît depuis 1980 de
très graves problèmes. De 4500 emplois qu'on y retrouvait en
1980, Il en reste à peine 1300 présentement; 375 autres mineurs
seront congédiés en mars prochain. Il est bien évident que
cette situation a provoqué l'exode des jeunes de la région de
l'amiante (Robertson-ville, Thetford Mines, Black Lake et Coleraine) et une
diminution de la population dans le coeur du comté de Frontenac.
De 1981 à 1986, en effet, le comté de Frontenac est
passé d'une population globale de 52 540 personnes à 49 914, soit
une diminution de 2626 personnes, c'est-à-dire une décroissance
de 5 %, tandis que la population globale du Québec s'est accrue de 1,5
%. À elle seule, dans la même période, Thetford Mines,
première ville en importance dans notre région, a subi une perte
de 2439 habitants. La grande région de Disraeli ville, et de Disraeli,
paroisse, et de Saint-Jacques-le-Majeur, pour la même période, n'a
pas subi de modification majeure dans sa situation démographique.
Le comté de Frontenac vit, lui aussi, le problème de la
dénatalité. On connaît tous l'importance de cette question.
Elle est abordée par les groupes de pression et par les gouvernements.
Au taux de 1,4 naissance par femme, le Québec n'atteint pas le seuil de
renouvellement de sa population, soit 2,1 naissances par femme en âge de
procréer. Notre comté n'échappe pas à ce
phénomène. Évidemment, certains fondent des espoirs sur
l'immigration et sur le fait que la plus forte proportion de naissances se
retrouve chez les immigrants. Ces espoirs sont permis pour la région
métropolitaine de Montréal. Chez nous, les immigrants sont rares.
On ne doit compter, à toutes fins utiles, que sur la population
locale.
M. le Président, le comté de Frontenac, comme partout
ailleurs au Québec et peut-être même plus, fait face au
vieillissement de sa population. La région de l'amiante, et,
particulièrement, les mêmes municipalités que celles
mentionnées tout à l'heure, Robertsonville, Thetford Mines, Black
Lake et Coleraine, comptent, toute proportion gardée, probablement plus
de retraités et de préretraités que partout ailleurs au
Québec, tout cela étant la consé-
quence directe des difficultés dans l'industrie de l'amiante.
Le taux de naissance enregistré à l'Hôpital
général de la région de l'amiante a diminué
progressivement et année après année: de 927 naissances en
1980 à 587 en 1987 et à 541 naissances projetées pour
l'année 1988, c'est-à-dire qu'au 31 mars 1988 les projections
sont de 541 naissances. Le taux de naissances au Québec en 1986, par
rapport à 1981, a chuté de 11,2 % alors que, chez nous, il a
chuté de 24,8 % et de 37,8 % pour l'année 1988, par rapport
à l'année 1981.
Comme vous pouvez le constater, nous ne pouvons espérer une
croissance démographique à court terme pour le comté de
Frontenac. Nous serions même soulagés de pouvoir atteindre une
certaine stabilité et maintenir ainsi une population électorale
répondant aux critères de la Commission de la
représentation électorale du Québec. (12 heures)
La région de Disraeli que l'on veut annexer au comté de
Richmond a connu, il y a quelques années à peine, des
chevauchements, des services et des administrations dans des comtés
différents et, particulièrement, dans les secteurs de la
santé, de la justice, du monde scolaire, de la voirie. Lors de la
disparition du comté de Wolfe au début des années
soixante-dix, ta région de Disraeli a été ajoutée
au comté de Frontenac. On a solidifié les liens de cette
région avec tout le territoire de Frontenac en formant, en 1972, la
commission scolaire Black Lake-Disraeli.
Au début de la présente décennie, le CLSC Frontenac
voyait le jour grâce aux efforts de citoyens de Disraeli. Ce centre de
services communautaires dessert bien notre région grâce à
des points de service à Disraeli, East Broughton Station et
Saint-Méthode. Pour couronner tous ces efforts de rassemblement, une
supramunicipalité fut érigée après une très
longue consultation. Sa composition traduit très clairement la
volonté du milieu de se retrouver, en partant évidemment de
considérations communes. En janvier 1982, en effet, le territoire de la
MRC de l'Amiante fut délimité en y Incluant fa grande
région de Disraeli. Je m'en voudrais de passer sous silence le
rattachement de Disraeli au district judiciaire de Frontenac en 1980.
La ville de Disraeli et les territoires adjacents constituent une double
porte d'entrée au parc provincial de Frontenac. La première, par
le rang E de Coleraine, municipalité voisine de Disraeli, donne
accès au secteur Saint-Daniel, à la station touristique du mont
Adstock et aux rives du grand lac Saint-François. La deuxième,
par la route numérotée 263, nous dirige au secteur de la plage
Sainte-Praxède, notamment, du parc de Frontenac. Le territoire du parc
de Frontenac étant situé en grande partie dans le comté de
Frontenac, je crois qu'il est Important que les entrées y donnant
accès soient également dans le comté de Frontenac.
Fait à noter, M. le Président, la proposition de
détacher la région de Disraeli du comté de Frontenac
isolerait la municipalité de Sainte-Praxède du reste du
comté, puisque tes territoires de Disraeli ville et Disraeli paroisse
précèdent, par l'axe routier 112 et 161, ladite
municipalité de Sainte-Praxède.
La communauté de Disraeli, à quelque 30 kilomètres
de Thetford Mines, est, comme le reste du comté de Frontenac,
située dans la zone de transition entre la région appalachienne
et les basses terres du Saint-Laurent. Un très fort pourcentage de la
population active de Disraeli, environ 50 %, travaille dans l'arrondissement de
Thetford Mines. Par contre, aucun résident de Disraeli, sauf exception,
ne gagne sa vie à Asbestos, à Danville ou à Richmond, tes
trois principales agglomérations du comté de Richmond.
Les soins de santé à la population de la grande
région de Disraeli sont dispensés par l'hôpital
Général de la région de l'Amiante. La commission scolaire
Black Lake-Disraeli a son centre administratif en la ville de Black Lake,
à douze kilomètres de Disraeli. Le palais de justice du district
judiciaire de Frontenac est également situé à Thetford
Mines. Tous ces services et également les autres services du
gouvernement dont on retrouve les bureaux à Thetford Mines, soit la
CSST, l'aide sociale, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, la Régie du logement, la Régie de l'assurance
automobile, etc., répondent aux besoins de la population de la
région de Disraeli. Ces différents services contribuent à
créer cette homogénéité que l'on a redéfinie
chez nous depuis une dizaine d'années.
Une quinzaine de municipalités du comté de Frontenac ont
regroupé leur stratégie économique à
l'intérieur d'un organisme unique qui défend les
intérêts économiques collectifs de la région de
l'Amiante tout en constituant pour chaque municipalité une source de
renseignements techniques très efficace et utile. Il s'agit de la
Société économique de la région de l'Amiante, la
SERA. Ce commissariat industriel régional est un excellent instrument de
développement économique en place chez nous depuis plus de dix
ans. Disraeli fait partie de la SERA et a déjà profité
à plusieurs reprises de l'expertise de l'organisme en question.
L'industrie touristique, chez nous comme ailleurs, est d'une importance
capitale. Tourisme Amiante est un organisme qui s'occupe de la promotion
touristique dans le comté de Frontenac depuis 1983. Il y a 18
municipalités qui font partie de Tourisme Amiante dont celle de Disraeli
ville.
M. le Président, le comté de Frontenac, c'est la
région de l'Amiante dont le coeur est la ville de Thetford Mines. La
région de l'Amiante existe en soi. Ce n'est pas la Beauce, ce n'est pas
l'Estrie, ce n'est pas les Bois-Francs. Même si, pour des raisons
techniques, dans l'ordre du jour des travaux d'aujourd'hui, le comté
de
Frontenac est inclus dans le bloc Bols-Francs - Estrie, vous comprendrez
qu'il s'agit strictement de raisons purement techniques et la preuve en est
que, dans le document que vous nous avez remis, M. le président de la
commission, Frontenac apparaît dans le bloc rive sud du Québec.
Autrement dit, il n'y a que nous qui sachons à quelle région nous
appartenons. On est en soi une région propre: l'Amiante. D'ailleurs, M.
le Président, le quotidien La Tribune, que vous connaissez, situe
très bien la région de l'Amiante par rapport aux Bois-Francs et
à l'Estrie puisqu'on sait que trois sections régionales
apparaissent dans le quotidien La Tribune pour les nouvelles qui
intéressent les lecteurs tous les jours. Trois régions
précises: Bols-Francs, centre du Québec et une région qui
s'appelle Amiante. Et, à l'Intérieur de la région de
l'Amiante, on a inclus Disraeli.
Mon raisonnement est appuyé par des Intervenants objectifs qui
font des affaires. Ce n'est pas la Beauce, ce n'est pas l'Estrie, ce n'est pas
les Bois-Francs, c'est une région à part entière qui a ses
qualités et ses particularités propres. La grande région
de Disraeli n'appartient pas non plus à l'Estrie ni aux Bols-Francs.
Elle fait intégralement partie de la région de l'Amiante.
Détacher la région de Disraeli du comté de
Frontenac, si on veut être logique - parce que je viens de
démontrer, je pense, que Frontenac, c'est l'Amiante - c'est priver cette
région de tout attachement géographique et administratif logique,
c'est enlever à cette région son seul point d'attache naturel et
déjà consacré dans les institutions et les structures
administratives, soit la grande région de l'Amiante, ayant Thetford
Mines comme point central. Il est bon de rappeler que Disraeli est situé
à 80 kilomètres d'Asbestos, 90 kilomètres de Danville et
120 kilomètres de Richmond, soit les trois principales
agglomérations qu'on retrouve dans le comté de Richmond.
Cependant, Disraeli est à 25 kilomètres de Thetford Mines et
à 15 kilomètres de Black Lake, les deux principales
agllomérations de Frontenac. En un mot, la grande région de
Disraeli, détachée du comté de Frontenac, tomberait dans
le vide.
Les différents intervenants que la commission de la
représentation a entendus à Drummondville, le 15 décembre
dernier, ont d'ailleurs clairement indiqué leur sentiment d'appartenance
de la population de Disraeli à la région de l'Amiante. La route
112, traversant d'un bout à l'autre le comté de Frontenac, a
favorisé les échanges commerciaux entre Disraeli, Coleraine,
Black Lake et Thetford Mines. Ces communautés ont créé au
cours des ans des liens privilégiés et se sont dotées
ensemble de moyens pour développer l'économie régionale
et, évidemment, leur propre économie.
Le 6 février prochain, samedi qui vient, se tiendra à
Thetford Mines un colloque socio-économique. Plusieurs Intervenants de
Disraeli et des environs ont participé depuis quelques mois à
différentes discussions préalables afin de bien préparer
ce grand débat régional. Près de 250 personnes ont
participé activement, Jusqu'ici, à ces discussions
préalables. Ce colloque pourra permettre uttimement d'élaborer et
d'adopter une stratégie d'intervention centrée sur les
priorités identifiées comme étant indissociablement
liées au développement régional. Ce souci de
développement régional, Disraeli ville, Disraeli paroisse et la
municipalité de Saint-Jacques-le-Majeur le partagent grandement. De
grandes entreprises, telles que Shermag inc. à Disraeli, comptant
près de 225 employés, stimulent notre économie
régionale et permettent à une région comme la nôtre.
II n'y a pas si longtemps monoindustrielle, de croire possible la mise en place
d'une structure économique diversifiée.
En conclusion, M. le Président, M. le président de la
commission de la représentation messieurs les commissaires, le 15
décembre dernier, à Drummondville, vous entendiez l'argumentation
des maires des municipalités de la paroisse de Disraeli et de
Saint-Jacques-le-Majeur-de-Wolfestown. Ont également été
entendus un représentant de la ville de Disraeli, le président du
CLSC Frontenac, le président de la commission scolaire Black
Lake-Disraell - qui est présent ce matin, Me Lemieux, que je veux saluer
- le procureur de la MRC de l'Amiante - Me Roy, que je veux saluer
également - tous citoyens de la ville de Disraeli. Le
secrétaire-trésorier de la MRC de l'Amiante a soumis, au nom de
la municipalité régionale du comté, composée de 28
municipalités, les motifs pour lesquels la proposition de la commission
en ce qui concerne Frontenac doit être re|etée. On a
également déposé le mémoire du comité des
orientations du parc de Frontenac. Au total, sept interventions et six
mémoires, en plus de très nombreuses pétitions
signées par des citoyens, ont été déposés
dégageant tous le même souhait, formulant tous la même
requête, la même position: le statu quo pour Frontenac.
Cette position qui est la mienne respecte le désir de ma
population et des organismes de mon comté. Elle fait consensus avec le
voeu de mon collègue de Richmond qui déclarait à la
presse, le 17 septembre dernier, qu'il préférait de beaucoup que
l'Intégrité territoriale de son comté soit
respectée et que le comté de Frontenac ne soit pas amputé
de trois de ses municipalités D'ailleurs, le député de
Richmond a repris tous ces arguments-là ce matin. Ce consensus
s'étend même à nos voisins puisque, le 14 décembre
dernier, le président de la conférence des préfets de la
rive sud, M. Pierre-Maurice Vachon, demandait le statu quo pour le comté
de Frontenac.
Ainsi, laisser à Frontenac ses frontières actuelles semble
être la solution logique La commission a voulu maintenir un
équilibre pour assurer le respect de l'ensemble des circonscriptions, le
respect de chacune d'elles et du prin-
cipe de l'égalité du vote des électeurs. En
modifiant notre comté, la commission s'éloignerait de ces
objectifs fondamentaux. Elle déciderait de modifications qui seraient
trop rapidement - et je pense que je l'ai démontré, M. le
Président - remises en question.
Je terminerai mon exposé sur un principe de droit qui
reçoit maintes applications: accessorium sequitur principale,
l'accessoire suit le principal, ou major pars trahit ad se minorem, la partie
la plus grande tire vers elle la plus petite.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Frontenac. Je vais maintenant reconnaître le
député de Drummond.
M. Saint-Roch: M. le Président, madame et messieurs mes
collègues...
Le Président (M. Marcil): Une question? Une seconde.
Excusez-moi. Pardon?
M. Côté (Pierre-F.): Je m'excuse, M. le
Président, je veux seulement vous dire que je m'absente une minute.
Le Président (M. Marcil): On peut suspendre pour deux,
trois minutes, si vous voulez.
M. Côté (Pîerre-F.): Si c'est possible,
j'apprécierais.
Le Président (M, Marcif): Cela va. (Suspension de la
séance à 12 h 13)
(Reprise à 12 h 18)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux.
Je vais maintenant reconnaître le député de
Saint-Roch. Excusez-moi, le député de Drummond.
Une voix: Le député de Saint-Roch.
Le Président (M. Marcil): Je les mêle tous ce
matin.
M. Jean-Guy Saint-Roch
M. Saint-Roch: M. le Président, madame et messieurs mes
collègues, M. le président de la Commission de la
représentation électorale, messieurs les commissaires, avoir
à intervenir à la fin pose toujours certaines
ambiguïtés sur le choix de notre exposé. Vous me permettrez
de le faire avec le plus de simplicité possible en vous faisant part des
réflexions qu'un jeune parlementaire de deux ans attend de la part de
ses commettants surtout lorsqu'on veut amputer son comté de 6503
électeurs. Vous allez me permettre ce bref historique du comté de
Drummond.
Le nom du comté de Drummond est apparu en 1829. De 1853 à
1890, la circonscription électorale porte le nom de Drummond-Arthabaska.
Après avoir fait des recherches dans la composition de ce territoire
à cette époque de 1853, nous retrouvons le comté de
Drummond tel qu'il existe à l'heure actuelle plus quelques
municipalités qui y auront été soustraites en 1972 pour
être données au comté de Richmond et au comté de
Johnson. En 1890, lors de la septième élection
générale, des rapports nous décrivent la circonscription
de Drummond encore telle quelle et, pour la première fois, nous allons
en élection sous te nom de comté de Drummond. De 1890 à
1972, très peu de changements ont été effectués,
sinon le retrait de quelques petites parcelles de territoire ici et là
pour harmoniser les lignes municipales ou territoriales. En 1972, nous enlevons
plusieurs municipalités, qu'il serait trop long
d'énumérer, qu'on redonne au comté de Richmond et au
comté de Johnson. Tout cela pour nous amener en 1980 où les
commissaires et le président à l'époque, dans leur grande
sagesse, ont reconnu les 6503 électeurs formant un bloc homogène
qui devait appartenir au comté de Drummond.
Je pourrais plaider longuement sur les mérites de l'article 3.1
par rapport à l'article 3.2, mais, en tant que parlementaire, le but de
cette carte électorale se doit aussi de favoriser te respect et le
développement de nos institutions et de nos organismes ainsi que le
respect et te développement continuel de notre démocratie.
Soustraire un nombre d'électeurs pour le redonner à une autre
circonscription, Je crois qu'on doit s'interroger, tel que les commissaires
l'ont d'ailleurs fait lors d'audiences à Drummondville, sur ce qu'une
ligne Imaginaire pouvait faire en termes de sentiments d'appartenance.
Après les municipalités qui ont été
retranchées en 1972 - je pourrai vous faire parvenir copie des
résolutions et des articles de journaux - cinq municipalités
demandent à être rattachées au comté de Drummond. La
séparation a eu lieu en 1972. Je pense que nous avons ici une preuve de
plus que, lorsque nous détachons des gens qui ont une appartenance
très forte à un milieu pour les rattacher à une autre
circonscription électorale, même avec le temps, dans la
majorité des cas lorsque nous avons affaire à des territoires
semi-urbains et semi-ruraux tels que celui de Drummond, nous ne pouvons
retisser ces sentiments d'appartenance.
Permettez-moi, dans un deuxième temps, de regarder les effets sur
les 6503 électeurs que nous voulons amputer à ce moment-ci,
à la suite de vos recommandations, pour les donner à la
circonscription de Richmond.
Permettez-moi de débuter avec la municipalité de
Wendover-et-Simpson qui, soit dit en passant, est en instance de changement de
nom pour s'appeler Saint-Charles-de-Drummond. On
peut voir immédiatement la première obligation de cette
municipalité dans l'événement de passer dans te
comté de Richmond.
La municipalité de Wendover-et-Simpson comprend les
infrastructures de développement touristique et culturel de
Drummondville ainsi que de son développement de loisir car nous
retrouvons dans Wendover-et-Simpson, qui longe la Saint-François, le
Parc des voltigeurs, le Village québécois d'antan, la Cité
des loisirs et, dans quelque temps, nous y retrouverons l'usine
d'épuration des eaux de la ville de Drummondville qui regroupe quatre
municipalités.
Lorsque nous regardons Saint-Cyrille et Notre-Dame-du-Bon-Consell, le
développement régional des dix dernières années a
fait en sorte que ce fut une continuité du développement
agro-alimentaire du comté de Drummond à rattacher comme centre
lieu à Drummondville. Alors, détacher Wendover-et-Simpson du
comté de Drummond, c'est la disparition complète de toutes les
infrastructures touristiques.
Messieurs les commissaires se sont interrogés en disant: Oui,
mais c'est seulement une ligne imaginaire qui est valable en fin de compte
seulement à tous les quatre ou cinq ans lorsqu'il y a des
élections, mais permettez-moi de vous rappeler, en jeune parlementaire
de deux ans, le vécu du terrain. C'est de créer aussi un nouveau
député pour cette circonscription électorale. Avec deux
ans d'expérience, on s'aperçoit que c'est déjà
difficile, lorsque nous avons deux députés qui
représentent deux circonscriptions électorales, de
défendre des dossiers communs, de faire l'arrimage entre
différentes positions. Imaginons dans le temps, il y a quelques
années, deux députés de formation politique
différente. On peut voir l'ambiguïté que cela peut
créer chez les électeurs quant au sentiment d'appartenance.
Pour ces raisons, messieurs les commissaires et M. le Président,
nous sommes d'accord fortement avec les recommandations de tous les
intervenants du dossier de la circonscription de Drummond qui demandent le
rattachement et le statu quo à Drummond.
Vous avez eu les positions de la commission scolaire Des Chênes,
vous avez eu la position de la MRC de Drummond, de toutes les
municipalités concernées ainsi que fa ville de Drummondville, la
Chambre de commerce de Drummond. Tous ces intervenants ont prôné
le statu quo et je crois personnellement que, dans le respect des
décisions que vous avez rendues en 1980 et dans la continuité du
développement de nos institutions démocratiques et de la foi que
nous devons y avoir, nous devons maintenir le statu quo dans cette
représentation ici.
Je terminerai en prenant peut-être le côté pessimiste
et en essayant de voir ce qui arriverait si on détachait dans le
vécu de tous les jours ces citoyens de la circonscription de Drummond.
Lorsque nous regardons le développement du réseau routier sur la
carte, nous nous apercevons que ces quatre municipalités devront
emprunter non pas un réseau secondaire, mais un réseau de voirie
tertiaire pour se joindre à la nouvelle circonscription. L'aberration
serait aussi, dans le cas d'une séparation, de voir ces mêmes
électeurs passer devant la porte du député de Drummond
pour aller dans son chef-lieu, soit Asbestos, parce que les réseaux
d'infrastructure routière font en sorte que nous devrons faire ce
détour, ce qui, dans le meilleur des cas, accroîtrait les
distances de 60 à 100 kilomètres pour aller voir son
député. Cela signifierait aussi pour ces électeurs un
appel interurbain pour communiquer avec leur représentant.
M. le président et messieurs les commissaires, vous avez
constaté avec justesse un vieillissement de la population. Qui dit
vieillissement dit aussi moins de mobilité pour une population. Je crois
que ce serait un fardeau supplémentaire pour les
générations futures. Tel que vous l'avez mentionné dans
votre rapport et dans votre exposé, M. Côté, iI faut
prendre les décisions d'aujourd'hui en tenant compte de leurs
conséquences sur l'avenir.
M. le président, je conclurai en vous disant que je partage les
recommandations de votre exposé, à la page 14, quand vous
mentionnez: "Nous constatons que d'essayer de tenir totalement compte, à
la fois des exigences de l'article 3.1 et de l'article 3.2, c'est parfois
essayer de réaliser la quadrature du cercle." C'est ce que nous avons
retenu et compris aussi des auditions de Drummondville. Par contre, vous
ajoutez avec une très grande sagesse d'ailleurs: "C'est ainsi que dans
notre rapport final on pourra accorder priorité à l'un ou l'autre
de ces articles." Je m'arrêterai "à l'un ou l'autre de ces
articles" pour vous demander bien humblement, au nom des 6503 électeurs
et électrices concernés, d'appliquer l'article 3.1 dans le cas de
la circonscription de Drummond, et, pour Richmond, de faire l'utilisation de
l'article 4.4. Je vous remercie.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Drummond. Je vais reconnaître maintenant Mme la
députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci, M. le Président, simplement quelques
minutes, étant donné que cela ne me touche pas cette
année. À la dernière commission parlementaire sur la
délimitation, mon collègue, le député de Richmond
et moi, avions croisé le fer, si on peut s'exprimer ainsi. Je veux
simplement vous dire qu'on a tenté au moins à deux reprises
d'apporter à Richmond le nombre d'électeurs manquant pour
satisfaire à la loi électorale. Il me semble que le
député de Frontenac a aussi très clairement établi
que, dans les deux circonscriptions, le problème, c'est l'amiante. Ce ne
sont pas des comtés qui vont aller en augmentant, mais des comtés
qui sont
appelés à rapetisser continuellement, tant et aussi
longtemps qu'on n'aura pas trouvé une solution au problème de
l'amiante. Il n'y a pas un député qui va accepter de laisser
amputer sa circonscription électorale. On se bat pour nos gens, on va le
faire continuellement et je ne pense pas qu'on en arrive à accepter de
se voir arracher quelque municipalité que ce soit.
M. le Président, avec tout cela, je pense qu'il serait important
de regarder le Québec en général. Quand vous aurez
décidé de regarder l'ensemble des circonscriptions, soit en les
prenant par région ou, comme vous le souhaitez, toutes ensemble, je
pense que tous les députés n'auront pas à vivre ce qu'on
vit en ce moment. Si vous procédez au niveau national, à ce
moment-là, tout le monde va entrer dans la même ligne. On n'aura
pas à défendre nos municipalités. Tout le monde va passer
par les mêmes exigences. À ce moment-là, je pense que, sans
augmenter le nombre de circonscriptions électorales, la solution serait
de regarder l'ensemble du Québec et de voir à
réaménager certains comtés qui dépassent le nombre
ou qui n'ont pas assez d'électeurs, comme dans le comté de
Richmond. À ce moment-là, je pense que tous les
députés seraient d'accord pour embarquer dans cette dynamique.
Vous pourriez, à mon point de vue, régler la situation du
comté de Richmond.
Si éventuellement on se fie à ce que le
député de Frontenac a dit, à savoir que chez lui aussi
cela diminue continuellement, on pourra peut-être, à ce
moment-là, régler la situation pour l'ensemble. En tout cas, je
souhaiterais que la prochaine fois vous puissiez regarder l'ensemble des
circonscriptions. Cela ne veut pas dire que toutes les circonscriptions
seraient touchées, à ce moment-là. Il y en a qui
resteraient telles qu'elles sont. Par contre, au vu et au su de la population,
ce serait l'ensemble qui serait touché. Donc, il n'y aurait pas les
"affrontements" - entre guillemets - qu'il peut y avoir entre collègues
pour défendre chacun sa circonscription électorale. C'est ce que
je voulais dire. Même si je ne suis pas touchée, M. le
Président, j'ai déjà passé proche et je
souhaiterais qu'on regarde l'ensemble des circonscriptions.
Le Président (M. Marc il): Cela va? Mme Juneau: Oui, je
vous remercie.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup. M. le
président.
M. Côté (Pierre-F.): Juste une brève
intervention, M. le Président. Je me souviens, Mme la
députée, que ce matin le député de Saint-Hyacinthe
a manifesté son accord pour le transfert de Saint-Hugues dans
Saint-Hyacinthe. Je veux juste vous souligner, dans l'esprit de ce que vous
venez de dire à savoir de considérer l'ensemble des
circonscriptions électorales - ce que, je pense, nous avons fait dans le
rapport préliminaire - qu'il faut aussi, quand ce sont des demandes de
municipalités, considérer des demandes d'un certain nombre
d'autres municipalités quand ce sont des demandes analogues.
Je veux souligner que nous avons eu également lors d'une audience
une demande de Wickham, qui fait partie de votre circonscription, pour
être transférée dans Drummond. Nous avons eu aussi des
demandes de Saint-Eugène et Saint-Lucien - Saint-Eugène faisant
partie de votre circonscription et Saint-Lucien faisant partie de la
circonscription de Richmond - pour également être
transféré à Drummond.
Je veux juste signaler que ces demandes qui nous sont faites des
différentes municipalités doivent être
considérées dans l'ensemble les unes en rapport avec les autres.
C'est la même façon pour la délimitation des
circonscriptions électorales. On sera obligé de faire ce travail
en considérant les décisions que l'on prend les unes par rapport
avec les autres.
C'est le seul commentaire que je veux faire, parce que je sais qu'il n'y
a pas beaucoup d'objection de votre part pour que Saint-Hugues aille à
Saint-Hyacinthe, mais Je veux vous signaler que cela peut créer des
difficultés en relation avec d'autres municipalités qui nous font
également des demandes analogues.
Mme Juneau: Un commentaire, s'il vous plaît!
Le Président (M. Marcil): Oui, Mme la
députée. Allez.
Mme Juneau: Je vous remercie, Je suis au courant que la
municipalité de Saint-Hugues a fait cette demande. Le maire est venu me
rencontrer et J'étais d'accord avec la demande de Saint-Hugues, compte
tenu qu'elle est à quelques kilomètres - cinq seulement - du
comté de Saint-Hyacinthe: dix ou douze kilomètres. Elle a tous
les services dans le comté de Saint-Hyacinthe et j'étais d'accord
avec les gens de la municipalité de Saint-Hugues. Par contre, pour ce
qui est des municipalités de Wickham et de Saint-Eugène, qui font
partie de mon comté et qui auraient demandé d'aller dans le
comté de Drummond, la simple raison c'est qu'ils sont dans la MRC de
Drummond. Donc, à ce moment-là, souvent ils rencontrent les
autres maires de la circonscription électorale de Drummond et c'est la
principale raison qui fait qu'ils ont demandé d'aller dans Drummond.
Mais je pense que ce n'est pas une raison suffisante, parce qu'ils
appartiennent à la MRC de Drummond, qu'on accepte que ces
municipalités puissent être retranchées de mon comté
pour aller dans le comté de Drummond. Pour ces municipalités, je
ne suis pas d'accord du tout à les laisser partir.
Le Président (M. Marcil): Cela va. M. le
député de Richmond.
M. Vallières: Une courte Intervention, parce que je sais
que M. le président n'a pas mentionné les municipalités de
Melbourne, village et canton, qui ont acheminé des demandes
d'intégration au comté de Richmond.
M. Côté (Pierre-F.): Vous avez raison et ces
demandes, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, devraient
être considérées les unes par rapport aux autres, à
moins qu'on arrive à la conclusion qu'il y a une situation
particulière pour une municipalité, comme il peut y avoir des
situations particulières pour des circonscriptions. On pourrait arriver
à la conclusion qu'il pourrait y avoir peut-être des exceptions
pour des municipalités et peut-être aussi pour des
circonscriptions.
M. Vallières: Comme ce fut le cas pour
Sainte-Hélène de Dorchester en 1985 qui, par voie de
résolution municipale, avait obtenu un détachement pour le
comté d'Arthabaska.
Mme Juneau: Je veux simplement ajouter que ce n'est pas moi qui
suis dans le trouble, c'est le comté de Richmond. Je ne voudrais pas que
vous amputiez mon comté de municipalités pour les envoyer dans
Richmond.
Le Président (M. Marcil): Cela va? Oui, M. le
député de Drummond.
M. Saint-Roch: Juste un renforcement à ce que Mme la
députée de Johnson mentionnait, M. le président et
messieurs les commissaires, sur l'ajout de municipalités au comté
de Drummond et le retrait pour en donner au comté de Richmond. Je
renforce la position de Mme la députée de Johnson que nous
devrions plutôt garder les quatre municipalités à l'heure
actuelle dans Drummond et laisser complet ce qui a été fait en
1972.
Le Président (M. Marcil): Comme iI n'y a plus
d'intervenant, nous allons suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 35) {Reprise à 15 h
5)
La Présidente (Mme Bleau): Bon après-midi, tout le
monde. Je déclare la séance de l'après-midi ouverte pour
procéder à l'étude du rapport préliminaire de la
Commission de la représentation électorale et, à cette
fin, entendre les députés du Québec-métro. Nous
allons commencer et je cède la parole à M. le
député de Chau-veau.
Interventions des députés de la rive
nord de Québec
M. Rémy Poulin
M. Poulin: Merci beaucoup. Il me fait plaisir de déposer
le rapport au nom des députés de la région de
Québec. Le caucus des députés de la région de
Québec est heureux de vous soumettre ses commentaires à la suite
du rapport préliminaire sur la délimitation des circonscriptions
électorales présenté en septembre dernier par la
Commission de la représentation du Québec. Toutes les
circonscriptions électorales de la région nord de Québec,
incluant Portneuf et Charlevoix, sont actuellement représentées
par des députés libéraux à l'Assemblée
nationale. Les commentaires que nous vous soumettons ont été
agréés par les onze députés concernés.
Ce n'est jamais de gaieté de coeur qu'un député
apprend que les limites territoriales de sa circonscription risquent
d'être sensiblement affectées par les modifications que peut lui
imposer l'application de la Loi sur la représentation électorale.
Pour chaque député qui, depuis des années, a parcouru tous
les recoins de son comté en se dévouant au service de ses
commettants, le fait de perdre certains quartiers ou certaines paroisses
signifie qu'il perd des amis et des collaborateurs. C'est donc sans trop
d'enthousiasme que la députation accepte généralement de
se pencher sur le redécoupage de la carte électorale que la
commission a pour mandat de préparer. Cet exercice s'impose toutefois
pour garantir la qualité du processus démocratique qui nous
permet de rechercher ensemble l'épanouissement de nos
collectivités dans le respect des droits individuels et de la
liberté de chacun et la poursuite d'une plus grande justice sociale.
Nous espérons que nos commentaires pourront aider les membres de la
commission à parfaire leurs propositions préliminaires et
à mener à terme leur mandat d'assurer à tous les
électeurs québécois une représentation
équitable à l'Assemblée nationale.
La commission a élaboré ses propositions à
l'intérieur d'un cadre légal que lui impose la Loi sur la
représentation électorale. Il n'est pas superflu de les rappeler
brièvement. Parmi les trois contraintes avec lesquelles il lui faut
composer, il y a d'abord celle de l'article 3 qui précise un certain
nombre de critères et de facteurs à prendre en
considération. Le nombre de circonscriptions électorales ne doit
pas être inférieur à 122 ni supérieur à 125.
Une circonscription électorale représente une communauté
naturelle établie en se fondant sur des considérations d'ordre
démographique, géographique et sociologique telles que la
densité de la population, le taux relatif de la croissance de la
population, l'accessibilité, la superficie et la configuration de la
région, les frontières naturelles du milieu ainsi que les limites
des municipalités.
Chaque circonscription électorale doit être
délimitée de façon que, d'après la liste
électorale en vigueur lors des dernières élections
générales, le nombre d'électeurs dans une circonscription
ne soit ni supérieur, ni inférieur à 25 % du quotient
obtenu par la division du nombre d'électeurs par le nombre de
circonscriptions. La commission doit aussi composer avec le fait que la
dernière réforme majeure de la carte électorale remonte
à 1980. Plusieurs distorsions apparaissent maintenant plus probantes. La
commission est également réduite à utiliser la liste
électorale de 1985 pour évaluer le nombre d'électeurs par
section de vote, ce qui laisse une marge d'erreur assez importante se
répercutant sur les projections qu'elle est appelée à
faire. La commission estime, en outre, qu'il lui faut prendre certaines
précautions pour toucher le moins de personnes et de circonscriptions
possible pour éviter de proposer des modifications qui risquent
d'être trop rapidement remises en question. Elle mentionne
également que son approche doit se situer dans une perspective de ta
plus longue durée possible. L'ensemble de ces balises a des
conséquences sur des propositions prises tant globalement que
régionalement et localement. Nos commentaires se veulent respectueux de
toutes ces considérations.
Dans l'évolution de la situation démographique, la
commission observe que te taux de croissance de la population stagne à
3,9 % pendant que le nombre d'électeurs progressait de 13,7 % entre 1976
et 1985. Elle note aussi que ce sont les grandes périphéries de
Montréal et de Québec qui connaissent le plus fort taux de
croissance du nombre de leurs électeurs alors que les centres de ces
mêmes villes stagnent ou subissent une diminution.
Pour absorber cette croissance du nombre d'électeurs, la Loi sur
la représentation électorale autorise la commission à
accroître de 122 à 125, si nécessaire, le nombre de
circonscriptions électorales. Par rapport à 1981, le
Québec compte 167 324 électeurs de plus pour un même nombre
de circonscriptions. En prenant comme taux d'évolution pour la
période de 1985 à 1989 le taux d'évolution observé
entre 1976 et 1985, soit 13,7 %, on devrait compter en 1989 autour de 626 994
électeurs de plus qu'en 1985. Au total, le Québec compterait 794
318 individus de plus qu'en 1981. Sur cette base, on peut constater que le
nombre moyen d'électeurs s'élèvera à plus de 40 000
étecteurs par circonscription en 1989 et on peut en conclure de
façon générale que la députation sera
appelée à représenter un plus grand nombre
d'électeurs. Il devient donc important de réduire les
écarts qui subsistent entre les circonscriptions, à défaut
de quoi les distorsions seront plus accentuées.
Proposition de la commission: La commission propose effectivement
d'ajouter deux circonscriptions, l'une sur la rive nord de Montréal et
une autre sur la rive sud, portant ainsi le nombre total de circonscriptions
à 124. Elle propose également deux fusions de circonscriptions
dans l'île de Montréal. Dans la région de Québec, la
commission propose un nouvel équilibrage du nombre d'électeurs
entre six circonscriptions. Sur la rive sud, Lévis devient une
circonscription d'exception qui débordera la limite supérieure de
25 % par rapport à la moyenne provinciale.
La grande région de Québec par rapport à la grande
région de Montréal, se retrouve donc
sous-représentée avec une moyenne de 38 952 électeurs par
rapport à 37 867. Une 125e circonscription dans la grande région
de Québec ramènerait la moyenne des électeurs par
circonscription à 36 788, alors que la moyenne provinciale se situe
à 36 908, soit un écart de seulement 120 électeurs.
Si l'on compare les 33 circonscriptions électorales
proposées pour l'île de Montréal avec la proposition
présentée pour les neuf circonscriptions rattachées
à la Communauté urbaine de Québec, on constate que
l'île de Montréal aura en moyenne 37 015 électeurs par
circonscription alors que, pour celles de la CUQ, cette moyenne sera de 40 783
électeurs. Sur la base des prévisions d'électeurs de 1989
pour les circonscriptions proposées, l'île de Montréal se
retrouvera avec une moyenne de 38 039 électeurs par circonscription,
alors que, pour les neuf circonscriptions de la rive nord de Québec,
cette moyenne sera de 43 627 électeurs, soit un écart de 5588
électeurs par circonscription. Si la commission avait proposé
l'ajout d'une circonscription aux neuf que compte déjà la
Communauté urbaine de Québec, nous aurions une moyenne de 36 705.
Sur la base du nombre d'électeurs de 1989, les dix circonscriptions se
seraient retrouvées avec une moyenne de 39 264 électeurs, soit
une moyenne qui serait supérieure au nombre moyen d'électeurs de
l'îlee de Montréal, mais inférieure à la moyenne
provinciale, laquelle aurait été de 41 629 étecteurs. Sans
l'ajout d'une circonscription, les neuf circonscriptions compteront donc une
moyenne d'électeurs supérieure, en 1989, à la moyenne
provinciale prévue avec 124 circonscriptions. Cette
sous-représentation de la région est peu équitable pour
les électeurs et leurs députés. La forte concentration de
population dans la région montréalaise a déjà pour
conséquence que 68 députés, contre 17 pour la
région de Québec, y sont élus. Ce rapport de forces a donc
tendance à jouer en faveur de cette région. La région de
Québec constitue par ailleurs un pôle de développement
majeur pour l'Est du Québec. Enfin, la région de Québec
est celle de la capitale du Québec et son statut fait l'objet de
préoccupations majeures depuis plusieurs années. Il nous
apparaît donc important de ne pas diminuer son poids relatif sur le plan
électoral.
La commission juge que les circonscriptions électorales de
Montmorency et de La Peltrie regroupent respectivement un nombre très
élevé d'électeurs et qu'elles connaissent une progression
très rapide. La commission propose une redistribution du territoire
compris exclusivement
dans la Communauté urbaine de Québec. Sa proposition de
réaménagement se répercute également sur les
circonscriptions de Jean-Talon, LJmoilou, Louis-Hébert et
Taschereau.
Les circonscriptions électorales qui débordent le plus la
moyenne provinciale sont situées en périphérie, alors que
la circonscription de Taschereau, située au centre, est en
deçà de la moyenne provinciale.
La proposition de la commission vise à réduire
l'écart qui existe par rapport à la moyenne provinciale pour les
comtés de La Peltrie, Taschereau et Montmorency. Parmi les
Circonscriptions actuelles, Montmorency est la seule qui déborde le
plafond de 25 % par rapport à la moyenne provinciale, avec 46 472
électeurs. La commission n'a pas jugé impératif d'en faire
une circonscription d'exception. Elle a plutôt choisi d'élargir
vers l'est les frontières de la Circonscription de Limoilou en lui
faisant récupérer 6230 électeurs de Montmorency.
Déjà, la circonscription de Limoilou renferme l'ancienne
municipalité de Giffard qui fait maintenant partie de la
municipalité de Beauport. Pour réduire l'écart qui existe
présentement par rapport à la moyenne provinciale dans La Peltrie
et Taschereau, la commission transfère de Jean-Talon à Taschereau
5946 électeurs, de Louis-Hébert à Jean-Talon 7823
électeurs et de La Peltrie à Louis-Hébert 7467
électeurs. (15 h 15)
La commission a limité au territoire de la CUQ ses modifications
et n'a pas jugé opportun de transférer des électeurs de La
Peltrie à Portneuf ou de Montmorency à Chartevoix. Elle a
également laissé intactes les circonscriptions de Chauveau,
Charlesbourg et Vanier.
Le caucus comprend que la commission a voulu toucher le moins
d'électeurs et de circonscriptions possible. Nous convenons
également avec elle qu'il est relativement difficile, sur la base des
données disponibles, de prévoir avec exactitude
l'évolution du nombre d'électeurs pour chaque
circonscription.
Nous estimons qu'en limitant ses modifications aux circonscriptions de
la CUQ, la commission laisse perdurer des écarts importants par rapport
à la moyenne provinciale, écarts qui menacent de disparition les
circonscriptions de Portneuf et de Charlevoix tors du prochain remaniement de
ta carte électorale. En effet, d'après vos prévisions de
1989, déjà, Charlevoix s'écartera de la moyenne
provinciale de 23,8 % et Portneuf de 19,5 %. Pourtant, la commission dit
souhaiter agir dans la plus longue perspective possible.
Nous estimons, par ailleurs, que la commission laisse également
perdurer des écarts importants par rapport à la moyenne
provinciale pour les circonscriptions de Chauveau et de Charlesbourg. Selon vos
prévisions, elles seraient respectivement dotées, en 1989, d'un
nombre d'électeurs de 21,5 % et de 14,8 % supérieur à la
moyenne provinciale.
Ainsi que l'a noté la commission, le taux d'accroissement du
nombre d'électeurs est plus élevé pour les
circonscriptions périphériques de La Peltrie, Chauveau,
Charlesbourg et Montmorency. Dans la mesure où il devient
impératif de créer une nouvelle circonscription dans la
région nord de Québec, cette addition devra, en toute logique,
s'effectuer dans la partie nord du croissant et se répercuter surtout
à l'est et à l'ouest, et peut-être au sud de la
circonscription de Vanier.
La création d'une nouvelle circonscription se trouve donc, en
quelque sorte, compromise par la proposition de la commission qui laisse la
partie de la ville de Québec dans La Peltrie et par l'extension de la
circonscription de Louis-Hébert vers Cap-Rouge. En outre, nous
souscrivons entièrement aux représentations que vous a faites la
municipalité de Cap-Rouge concernant les conséquences
négatives tant pour L'Ancienne-Lorette que pour Saint-Augustin. Le
dernier écart qui risque de subsister par rapport à la moyenne
provinciale concernerait la circonscription de Taschereau. Selon les
prévisions de la commission pour 1989, cette circonscription pourrait
voir son nombre d'électeurs accuser un écart allant
jusqu'à 19,5 % par rapport à la moyenne provinciale. Cette
circonscription, qui constitue le coeur de la capitale, a été
profondément bouleversée au cours de la dernière
décennie. Les infrastructures routières, les incendies, les
spéculations et les démolitions en série de logements
vétustes lui ont donné un dur coup, au point que sa
revitalisation est devenue une priorité tant pour la région que
pour le gouvernement. Celui-ci reconnaît l'importance de sauvegarder et
de mettre en valeur ses richesses patrimoniales et de leur infuser une vie
nouvelle. La commission Lapointe a largement traité de cette situation.
Plusieurs projets majeurs sont élaborés et connaissent des
débuts de réalisation dans le Vieux-Port, autour de la gare
intermodale et dans le voisinage de l'Hôtel-Dieu, sans compter les
projets qui visent la Grande place et la côte d'Abraham. Pour ces
raisons, nous estimons que cette circonscription bénéficiera de
l'arrivée de quelques milliers de ménages au cours des prochaines
années.
Recommandations du caucus des députés de la rive nord de
Québec. En tenant compte de ces considérations, du cadre
légal et des objectifs que s'est fixés la commission, le caucus
vous soumet les recommandations suivantes: Sur la base du nombre
d'électeurs inscrits en 1985, une nouvelle circonscription devrait
être ajoutée à celles qui sont comprises dans te territoire
de la Communauté urbaine de Québec. Cependant, cette addition, en
raison de la répartition périphérique des excédents
d'électeurs par rapport à la moyenne provinciale et du
déficit constaté dans la circonscription de Taschereau
impliquerait un chambardement complet de la carte électorale dans notre
région. On peut prévoir au cours des prochaines années le
nombre de mises en chan-
tier de logements continuera d'être important là où
sont disponibles des terrains rendus viables. Il est toutefois difficile de
prévoir dès à présent quelle circonscription
périphérique connaîtra à ce chapitre les plus forts
taux de croissance. Par contre, avec les efforts consentis présentement
pour diversifier l'économie régionale, nous sommes confiants que
les emplois disponibles iront en s'accroissant et que nous connaîtrons un
solde migratoire plus positif. Nous sommes également conscients que la
situation démographique sur la rive sud de Québec pourrait
éventuellement exiger l'ajout d'une nouvelle circonscription. En outre,
vos prévisions en ce qui concerne le nombre d'électeurs en 1989,
si elles se réalisaient, pourraient situer la grande région de
Québec en deçà de la moyenne provinciale, avec une
circonscription additionnelle.
Pour ces raisons, le caucus estime que l'addition d'une nouvelle
circonscription sur la rive nord de Québec devrait être
reportée à la prochaine révision de la carte
électorale. Toutefois, les modifications apportées au cours du
présent exercice devraient tenir compte de cette création
éventuelle afin de diminuer l'impact des chambardements qu'elle devrait
impliquer.
Sous-représentation de La Peltrie. Le caucus recommande de
laisser intactes les limites de cette circonscription qui déborde
actuellement la moyenne provinciale de 6502 électeurs. Cette marge de
sécurité apparaît suffisante pour lui permettre de demeurer
en deçà de la limite supérieure de 25 %.
Surreprésentation de Taschereau. Le caucus reconnaît le
mérite d'un transfert de votes de Jean-Talon à Taschereau et de
Louis-Hébert à Jean-Talon. Le caucus estime cependant que ces
transferts devraient tendre à les rapprocher de la moyenne provinciale
pour éviter d'autres chambardements lors du prochain redécoupage
de la carte électorale. En moyenne, on devrait donc retrouver autour de
36 755 électeurs par circonscription. Compte tenu des limites
géographiques et de l'homogénéité des populations
concernées, le caucus vous recommande: premièrement, de
transférer de Louis-Hébert à Jean-Talon les sections de
vote suivantes: 1 à 9 et 11 à 14, soit 2715 électeurs;
deuxièmement, de transférer de Jean-Talon à Taschereau les
sections de vote suivantes: 1 à 4, 10 à 15, 32 à 34 et 43
à 48, soit 4468 électeurs. Le nombre d'électeurs pour
chacune des circonscriptions ainsi redécoupées
s'établirait comme suit: Louis-Hébert, 38 631, Jean-Talon, 36
884, Taschereau, 34 752.
Sous-représentation de Montmorency. En dépit des
réserves du député de Montmorency qui souhaite conserver
le plus d'électeurs possible, le caucus estime qu'il est
préférable, plutôt que de transférer un bloc de 6230
électeurs de Montmorency à Limoilou, de répartir ces
électeurs excédentaires entre les circonscriptions de Limoilou et
de Charlevoix. Cette façon de faire évite de découper une
large bande d'un territoire qui s'enfonce au coeur de Montmorency et permet, si
la création d'une nouvelle circonscription l'exige, de transférer
des électeurs de Limoilou à Vanier. Il faut noter qu'un nouveau
projet de construction domiciliaire, le domaine de La Taupinière,
viendra ajouter quelque 1500 électeurs dans l'ancien territoire de
Giffard actuellement situé dans la circonscription de Limoilou.
Enfin, cette recommandation permet de rapprocher Charlevolx de la
moyenne provinciale et d'éviter que l'existence de cette circonscription
soit remise en question lors d'un prochain redécoupage. Le caucus vous
recommande donc de transférer, de Montmorency à Limoilou, les
sections de vote 46 à 53, de transférer, de Montmorency à
Charlevoix, les sections de vote suivantes: 145a, 145b, 146a, 146b et 147
à 155, soit 2807 électeurs. Les circonscriptions ainsi
redécoupées, Limoilou comptera 39 559 électeurs et
Montmorency 41 982 électeurs. Quant à la circonscription de
Chartevoix, le caucus entérine la demande de la population de Sagard qui
souhaite être Intégrée à cette circonscription, en
raison de sa situation géographique et de ses liens avec les autres
municipalités de Charlevoix. Cette population habite une partie du
territoire non organisé du Saguenay. Elle est desservie par la MRC de
Charlevoix, qui appuie cette demande. La circonscription de Chartevoix, en plus
de se voir transférer la municipalité de Château-Richer,
accueillerait donc la population de Sagard, soit moins d'une centaine
d'électeurs. Ainsi redécoupée, la circonscription de
Charlevoix compterait au total un peu plus de 33 500 électeurs.
Nous espérons que ces recommandations seront reçues avec
sympathie par la commission et qu'elles trouveront écho dans son rapport
final, puisque cela aurait pour effet de toucher un moins grand nombre
d'électeurs. Quant à nous, députés, nous pouvons
déjà assurer du dévouement et de la collaboration de leurs
nouveaux députés tous ces électeurs qui seront
affectés par les modifications de la carte électorale. Merci.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Chauveau. Oui, M. le président.
M. Côté (Pierre-F.): J'aurais deux questions. Le
Président (M. Marcil): Oui, allez-y!
M. Côté (Pierre-F.): À ma connaissance, et je
suis en train de le faire vérifier, c'est la première fois qu'on
entend parier de Sagard. Vous dites que vous entérinez la demande de la
population de Sagard, mais, à ma connaissance, la demande ne nous a pas
été acheminée et, si elle peut l'être, cela nous
intéresserait.
La deuxième question concerne la proposition que vous faites
à la page 19 concernant le transfert de sections de vote d'un certain
nombre d'électeurs de Montmorency à Charlevoix.
Avez-vous une réaction de la part des électeurs ou du
député de Charlevoix sur la proposition que vous faites? J'aurai
une troisième question par ta suite.
M. Poulin: Je demanderais au député de Montmorency
de répondre.
M. Séguin: Si vous le permettez, je pourrais
répondre.
Une voix: S'il vous plaît!
M. Séguin: Remarquez que j'ai des réserves comme
telles sur la proposition et, tantôt, lorsque j'aurai l'occasion de
m'adresser à vous, je pourrai vous expliquer un peu le cas de
Montmorency.
M. Côté (Pierre-F.): Si vous revenez tout à
l'heure là-dessus, cela va.
M. Séguin: Mais il est clair que notre collègue de
Charlevoix n'a pas d'objection.
M. Côté (Pierre-F.): C'est un transfert de 2000
électeurs.
M. Séguin: Absolument, oui. Pour les raisons
évoquées ici dans le document, pour assurer, dans les prochaines
années, une certaine stabilité au comté de Charlevoix.
M. Côté (Pierre-F.): Ma dernière question
serait la suivante, M. le Président: On a eu une demande qui nous aété adressée, à la fin du mois de Janvier, par
M. le maire de Beauport, à savoir qu'on pourrait modifier la
désignation de sa circonscription, la circonscription de Limoilou, par
celte d'un ancien premier ministre, il suggère soit Jean Lesage ou... Il
dit Antoine Godbout, mais il veut certainement parler d'Adélard Godbout;
j'ai l'impression que c'est une erreur de frappe. Je voudrais simplement savoir
si cela a été porté à la connaissance du
député de Limoilou et quelle serait sa réaction à
l'égard d'une modification éventuelle du nom de Limoilou
par...
Le Président (M. Marcil): Je m'excuse, M. le
député de Limoilou. Si vous voulez, on va procéder par
ordre d'intervenant. Le député de Limoilou va intervenir
également tantôt, de même que le député de
Montmorency.
M. Côté (Pterre-F.): Ah! excusez-moi, j'avais
compris que c'était une Intervention...
Le Président (M. Marcil): Non, je pense que chacun veut
intervenir...
M. Côté (Pierre-F.): Ah bon! Cela va bien.
Le Président (M. Marcil): ...pour quelques minutes et cela
pourrait...
M. Côté (Pierre-F.): Cela va, je laisse porter.
Le Président (M. Marcil): On pourrait faire une
synthèse de toutes les interventions et, ensuite, vous pourrez poser des
questions. Cela va?
M. Côté (Pierre-F.): D'accord, M. le
Président.
M. Poulin: M. le Président, si vous me le permettez, je
vais répondre à M. le Directeur général des
élections. Pour Sagard, c'est une demande que le député de
Charlevoix a eue de gré à gré par téléphone,
mais Sagard est limitrophe de Charlevoix. C'est pour cette raison qu'il y a eu
des demandes à cet effet au député de Charlevoix.
Le Président (M. Marcil): Merci. Je vais reconnaître
maintenant M. le député de La Peltrie.
M. Lawrence Cannon
M. Cannon: Merci, M. le Président. Messieurs les
commissaires, je vous remercie de l'occasion qui m'est offerte cet
après-midi de venir témoigner devant les membres de la Commission
de la représentation électorale dans le cadre des travaux de la
commission parlementaire sur le redécoupage de la carte
électorale.
Au départ, vous comprendrez que je ne pouvais pas demeurer muet
sur la proposition préliminaire formulée par la commission qui,
laissée dans sa forme actuelle, amputerait le comté de La Peltrie
d'une de ses plus importantes municipalités, soit la ville de Cap-Rouge.
En effet, la recommandation visant à déplacer la ville de
Cap-Rouge vers le comté de Louis-Hébert est
inappropriée.
Le 18 janvier dernier, lors des audiences publiques, M. André
Juneau, maire de Cap-Rouge, a déposé devant les commissaires un
mémoire faisant état des réactions des autorités
municipales aux changements envisagés. Je tiens à remercier et
à féliciter M. Juneau de sa participation aux travaux de cette
commission et de son intérêt à contribuer au processus
démocratique, fondement même de notre régime politique.
Pour l'essentiel, j'appuie les recommandations contenues dans le rapport
de la ville de Cap-Rouge à une seule exception, et J'y reviendrai plus
loin.
Il serait aussi inutile que fastidieux de reprendre en détail les
arguments invoqués par les gens de la ville de Cap-Rouge pour demeurer
au sein du comté de La Peltrie. Toutefois, j'aimerais insister à
nouveau auprès de vous au sujet de cette appartenance ou de cette
homogé-
néité des collectivités de Cap-Rouge non seulement
avec la ville de l'Ancienne-Lorette, mais surtout avec la ville de
Saint-Augustin-de-Desmaures. Économiquement, les populations se
ressemblent: jeunes, des couples qui travaillent et qui partagent bien souvent
les mêmes loisirs communautaires. Pensons notamment au club de natation
Cap-Rouge-Saînt-Augustin, au hockey mineur Cap-Rouge-Saint-Augustin, qui,
d'ailleurs, occupe la même aréna à Saint-Augustin, aux
pistes de ski de fond qui serpentent non seulement le golf de Cap-Rouge, mais
également le secteur Les Bocages à Saint-Augustin.
Géographiquement, le promontoire de Cap-Rouge marque ta fin de la
prolongation du cap Diamant et forme, avec Saint-Augustin, un tout uni.
D'ailleurs, la démarcation entre les deux municipalités n'est
presque pas perceptible à la hauteur du développement Les
Bocages. En fait, depuis plusieurs années maintenant, Cap-Rouge fournit
de l'eau potable à Saint-Augustin pour desservir le Plateau, une
nouvelle entente ayant été confirmée tout récemment
par les deux municipalités en question. (15 h 30)
Le comté s'étend également vers le nord pour
englober les anciens quartiers de Jouvence et de Champigny qui, aujourd'hui,
font partie de la ville de Sainte-Foy. Alors, là aussi, ces quartiers
annexés à Sainte-Foy depuis maintenant quelques années ont
des caractéristiques qui ressemblent à celles de la population
qu'on retrouve à Cap-Rouge et à Saint-Augustin. En fait, beaucoup
de jeunes familles, de nombreux enfants surtout d'âge scolaire...
D'ailleurs, c'est dans cette optique que la commission scolaire des
Découvreurs a autorisé tout récemment la construction
d'une école primaire à la hauteur du secteur des Sources,
adjacent à Cap-Rouge et qui est dans un nouveau développement
domiciliaire appartenant à la ville de Sainte-Foy. À cela
s'ajoute un agrandissement de l'école Primevère, autorisé
il n'y a pas longtemps par le ministre de l'Éducation et qui est dans Ee
quartier de Champigny.
Il est important de noter la complémentarité qui existe
entre la ville de L'Ancienne-Lorette et les gens de Champigny, de Jouvence,
tout comme celle que j'ai pu noter auparavant entre la municipalité de
Cap-Rouge et celle de Saint-Augustin. Beaucoup de jeunes gens et beaucoup de
personnes adhèrent aux programmes de loisirs qui sont disponibles
à L'Ancienne-Lorette; ils préféreront adhérer
directement aux programmes qu'ils retrouvent à L'Ancienne-Lorette
plutôt qu'à ceux existant à Sainte-Foy.
Enfin, et c'est là que je ne partage peut-être pas
l'opinion du maire de Cap-Rouge, cela concerne le secteur de Neufchatel. Comme
le quartier Jouvence et Champigny, vous vous rappellerez sans doute que le
quartier de Neufchatel est lui aussi annexé à la ville de
Québec depuis maintenant quelques années et, tout comme les
autres secteurs et les autres quartiers, comporte exactement les mêmes
caractéristiques démographiques qui sont décrites plus
haut. Je ne veux pas reprendre le mémoire qui a été
déposé par mon collègue de Chauveau, M. Poulin, mais vous
allez y retrouver la position du caucus qui est la mienne, bien sûr.
En terminant, M. le Président, messieurs les commissaires, je
plaiderais en faveur du statu quo pour le comté de La Peltrie, laissant
la possibilité de mieux se préparer lors du prochain
découpage ou redécoupage de la carte électorale pour
donner dans la région de Québec une nouvelle circonscription.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Mardi): Merci beaucoup, M. le
député de La Peltrie. Je vais reconnaître maintenant le
député de Louis-Hébert.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: Merci, M. le Président. Comme les membres de la
commission ont pu s'en rendre compte, les députés de la rive nord
ont fait un effort considérable pour réconcilier un certain
nombre de problèmes et en arriver à une solution commune. Bien
sûr que ce qui vous est exposé résulte d'un certain nombre
de compromis et nous non plus, nous n'avons pas la prétention de faire
une proposition qui ne puisse être modifiée, qui ne puisse
être corrigée d'une certaine façon. Ce que nous avons voulu
éviter, c'est un chambardement Inutile des frontières des
circonscriptions et nous avons voulu toucher un nombre limité
d'électeurs. En même temps, nous avons cherché à
tenir compte du principe de l'homogénéité
socio-économique des groupes et c'est dans ce sens-là que cette
proposition vous est soumise.
Mon collègue de La Peltrie vient de vous exposer son point de vue
en ce qui concerne Cap-Rouge. Évidemment, je ne dirai en aucune
façon que les gens de Cap-Rouge ne sont pas les bienvenus dans
Louis-Hébert. Ce sont des gens qui ont sûrement beaucoup de
qualités mais que je connais un peu moins que ceux de
Louis-Hébert, puisque je n'ai pas eu l'occasion de les
représenter, comme mon collègue de La Peltrie l'a fait depuis
maintenant au-delà de deux ans. Les électeurs que je
représente sont essentiellement des électeurs de la ville de
Sainte-Foy et, dans ce sens-là, je les connais plus, les connaissant
plus, je suis plus porté à les aimer et à y tenir. Je
pense que c'est là une réaction tout à fait naturelle. Les
représentations qui vous sont faites sont tout simplement des
suggestions. Nous avons cru qu'en agissant de la sorte, la commission
minimiserait les impacts négatifs tout en respectant les grands
principes de la loi. Je pense que la démonstration qui vous est faite,
c'est que la grande région de Québec devra éventuellement
être considérée dans l'attribution d'un
député supplémentaire. J'ai entendu hier des
réflexions d'un député de la région de
Montréal qui disait que toute augmentation du nombre de
députés dans la région de Québec aurait pour
effet d'augmenter l'injustice qu'il voit actuellement dans la
sous-représentation de Montréal par rapport à la
région de Québec. Je pense que les chiffres parlent
d'eux-mêmes et que c'est exactement le phénomène contraire
qui se produit actuellement. De toute façon, nous considérons que
ce n'est pas un problème qui peut se régler dans
l'immédiat, mais nous tenons à permettre à la commission
de garder la porte ouverte pour que cette éventualité puisse
être considérée.
La population de Louis-Hébert est composée en grande
partie de fonctionnaires. Il y a aussi, évidemment, une portion
importante des électeurs qui sont des étudiants et des
étudiantes. Cela tient au fait que l'Université Laval est sur le
territoire de Louis-Hébert, de même que trois cégeps: le
cégep Garneau, en grande partie, compte tenu du fait que les
étudiants demeurent près du cégep, le cégep
Sainte-Foy et le cégep Champlain. Ce qui fait que dans
Louis-Hébert on se retrouve avec une population considérable
d'étudiants et d'étudiantes, et cela cause des problèmes.
Je ne me fais aucune illusion. Tout chacun vous fait part des situations
spéciales qu'il vit. Je pense que c'est une situation qui est
spéciale en ce sens que Louis-Hébert a, sur son territoire, une
université de l'envergure de l'Université Laval et une population
étudiante qui découle de la présence de trois
cégeps. Cela a pour effet de compliquer légèrement la vie
du député qui représente cette circonscription à
l'Assemblée nationale. Il doit convaincre des électeurs et des
électrices qui sont des étudiants et qui, par définition,
sont de passage, de voter pour lui, de lui accorder leur confiance, alors
qu'à la prochaine élection ce ne sont plus les mêmes
électeurs et électrices qui seront là pour juger de
l'exécution du mandat qu'il leur a demandé au début. Tout
cela crée des difficultés et des problèmes. Il faut vivre
avec cela, bien sûr, mais c'est plus difficile pour un
député de s'occuper d'une clientèle semblable. La
proposition qui vous est faite vise à faire passer à Jean-Talon
de 2700 à 3000 électeurs. Elle se fait selon un certain
modèle qui vous est proposé et auquel j'ai acquiescé.
Maintenant, il peut y avoir d'autres façons de faire. Ce qui est
important, c'est de permettre à Taschereau de se rapprocher le plus
possible de la moyenne provinciale, tout en permettant au comté de
Jean-Talon d'avoir aussi un nombre d'électeurs comparable aux
comtés avoisinants.
M. le Président, je ne sais pas si vous aurez des questions
spécifiques en ce qui concerne Louis-Hébert. Je tenterai d'y
répondre si vous en avez. La proposition qui vous est faite est
là. Vous pourrez en prendre connaissance. Elle est facilement
vérifiable et identifiable sur la carte, à l'endroit où on
voit les sections de vote et les secteurs de vote. Cette proposition fait
partie de l'ensemble qui vous est présenté. C'est dans ce sens
que j'ai fait un effort, en tant que député de
Louis-Hébert, pour me rallier, et ce n'est pas toujours facile, à
certains compromis.
Si vous avez des questions, je suis prêt à y
répondre, en même temps que je suis prêt à ce que la
commission regarde cela et s'accommode d'autres changements qui pourraient
répondre aux objectifs visés. Il faut bien comprendre que,
finalement, ce qui est important là-dedans, c'est la trame
générale qu'on vous présente. C'est une espèce de
scénario qui touche un certain nombre de circonscriptions
électorales: Charlevoix, Montmorency, Limoilou, Taschereau,
Louis-Hébert, et tout cela se tient.
Maintenant, en ce qui concerne le détail même de ces
choses, je pense que la proposition qui vous est faite, vous pourrez
l'apprécier, mais ce à quoi nous tenons par-dessus tout, c'est au
scénario général qui vous est présenté et
qui vise, tel que je le disais au début, à minimiser les impacts
négatifs que des changements plus profonds pourraient avoir.
Alors, si vous avez des Interrogations, je tenterai de vous apporter des
réponses qui sont à ma portée.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Louis-Hébert. Je reconnais maintenant le
député de Jean-Talon.
M. Rémillard: Merci, M. le Président, M. le
président de la commission, messieurs les commissaires...
M. Garon: J'aurais voulu poser une ou deux questions au
député de Louis-Hébert sur ce qu'il a dit.
Le Président (M. Marcil): Allez. Si vous y consentez, M.
le député. Oui?
M. Doyon: Oui.
M. Garon: Simplement, dans le mémoire, on parie de
transférer de Louis-Hébert à Jean-Talon les sections de
vote suivantes, 1 à 9 et 11 à 14, soit 2715 électeurs.
Cela ne dit rien au monde. Il faut savoir de quel quartier il s'agit.
M. Doyon: C'est Saint-Thomas-d'Aquin. C'est la partie est du
comté, c'est-à-dire dans le coin de la rue Myrand, c'est à
peu près Saint-Thomas-d'Aquin, grosso modo.
M. Garon: Pour aller dans Jean-Talon.
M. Doyon: Oui. Cette partie-là de Sainte-Foy passant dans
Jean-Talon, selon la proposition que l'on fait.
M. Garon: Quand on parle de retirer, de Jean-Talon à
Taschereau, les sections de vote 1 à 4, 10 à 15, 32 à 34
et 43 à 48, Soit 4468 électeurs, il s'agit de quel coin?
M. Doyon: Mon collègue de Taschereau est ici,
peut-être.
M. Leclerc: Saint-Coeur-de-Marie, Saint-Dominique...
M. Garon: Saint-Coeur-de-Marie et Saint-Dominique...
M, Leclerc: C'est près du parlement ici.
M. Garon: ...s'en iraient dans Taschereau. C'est moins
homogène.
M. Leclerc: J'ai déjà un côté de
Saint-Cyrille. C'est l'autre côté de la rue. On dépasse la
ligne blanche.
M. Lefebvre: Le côté du mur à l'ombre.
Le Président (M. Marcil): Cela va, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Marcil): Oui. Maintenant, M. le ministre
et député de Jean-Talon.
M. Gil Rémillard
M. Rémiilard: Merci, M. le Président. M. le
président de la commission, messieurs les commissaires, je me devais
d'intervenir à cette commission parlementaire parce que je voulais, bien
sûr, appuyer le mémoire présenté par le caucus de la
région de Québec et aussi parce que, comme député
de Jean-Talon, Jean-Talon est touché de deux façons par ce projet
de remaniement de la carte électorale de la région de
Québec. Alors, d'une part, Jean-Talon doit céder de ses
électeurs au comté de Taschereau qui passe au-delà des
vieux murs et, d'autre part, Jean-Talon doit recevoir une partie de
Louis-Hébert, comme mon collègue, le député de
Louis-Hébert, vient de l'expliquer.
Les délimitations que nous proposons sont fondées sur des
considérations d'ordres démographique, géographique et
sociologique, telles que la densité de la population,
l'accessibilité, la superficie et la configuration de la région,
les frontières naturelles du milieu, de même que les limites des
municipalités touchées par ces circonscriptions
électorales.
Nous avons tenu compte des considérations suivantes.
Premièrement, il nous apparaît important de ne pas toucher
à Cap-Rouge, de façon à favoriser la création de
nouveaux comtés. Deuxièmement, pour les comtés de
Louis-Hébert, Taschereau et Jean-Talon, éviter de déplacer
d'un seul coup autant d'électeurs et de dénaturer des
comtés qui sont, somme toute, assez homogènes.
Louis-Hébert se situe actuellement strictement sur les territoires de
Sainte-Foy et Jean-Talon englobe la majeure partie de la haute ville de
Québec et de la ville de Sillery. Troisièmement, nous proposons
donc un déplacement moins accentué qui a pour conséquence
de rapprocher ces trois circonscriptions de la moyenne provinciale au point de
vue de la population et qui diminue les chances de devoir les toucher à
nouveau lors d'un prochain remaniement de la carte. Traditionnellement, le
nombre d'électeurs dans Jean-Talon se situait entre ceux de
Louis-Hébert et Taschereau. Quatrièmement, le découpage
que nous proposons limite à 2715 électeurs l'empiétement
de Jean-Talon sur Louis-Hébert. Il sera toujours temps d'aller plus
loin, le cas échéant, bien qu'on observe dans Jean-Talon, comme
dans Taschereau, un mouvement de densification de la population de son
territoire, avec notamment l'addition de conciergeries importantes. Je peux
citer, entre autres, le Boisé des Augustines, Bellevue, Manrèse 1
et 2, le Moncton, l'édifice Gagnon sur le boulevard de l'Entente, etc.
Il y a donc un mouvement de population qui est présentement difficile
à situer dans sa réelle dimension, mais qui existe et qui est
même porté à s'amplifier. (15 h 45)
Cinquièmement, Jean-Talon recevrait de Louis-Hébert les
sections de vote 1 à 9 et 11 à 14, lesquelles sont dans le
prolongement des quartiers des villes de Québec et de Sillery.
Sixièmement, du côté de Taschereau, les sections 1 à
4, 10 à 15, 32 à 34 et 43 à 48 que cette circonscription
recevrait sont le prolongement de la paroisse de Saint-Jean-Baptiste et font
partie de Notre-Dame-du-Chemin, de Saint-Coeur-de-Marie et de Saint-Dominique.
Une partie de Saint-Coeur-de-Marie et de Saint-Dominique demeurerait dans
Jean-Talon. Ces paroisses regroupent, dans ces secteurs, une population
semblable qui compte beaucoup de personnes âgées qui ont
l'habitude de vivre ensemble et d'avoir une même circonscription
électorale.
M. le Président, voilà donc la proposition que nous
faisons en nous référant aux éléments que nous
devons prendre en considération selon la loi même qui constitue la
commission. Pour nous, une circonscription électorale, c'est le lieu
privilégié où les citoyens exercent leurs droits
démocratiques. Il faut donc le faire avec beaucoup de circonspection et
nous sommes conscients de la difficulté de la tâche. Mais c'est
avec beaucoup d'attention qu'on a voulu apporter notre réflexion sur ce
projet de modification de la carte électorale en ce qui regarde le
comté de Jean-Talon. Je vous remercie. M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre
et député de Jean-Talon. Je vais reconnaître maintenant le
ministre du Revenu et député de Montmorency.
M. Yves Séguin
M. Séguin: Merci, M. le Président. Messieurs les
commissaires, je vais tenter d'être bref et de
cerner l'essentiel des arguments, si vous le voulez bien. Tout d'abord,
je dois dire que je pense avoir, par une lettre adressée à la
commission, manifesté mon désaccord sur le projet qui touche le
comté de Montmorency qui, à toutes fins utiles, fait en sorte que
cette bande de territoire délimitée par le fleuve, l'avenue
Royale et, à l'ouest, par la rivière Beauport, à l'est,
par l'entreprise Ciment Saint-Laurent, ou seulement un peu à
côté, pour se situer rapidement, pourrait dorénavant
appartenir au comté de Limoilou.
Ce qui m'étonne un peu dans ce projet, c'est ce genre de
découpage qui fait avancer les comtés l'un dans l'autre par cette
bande relativement étroite le long du fleuve entre le boulevard
Sainte-Anne, l'autoroute Dufferin-Montmorency jusqu'à l'avenue Royale,
comme je l'ai dit, à peu près jusqu'à l'autoroute de la
Capitale qui revient vers le fleuve. Toute cette étendue qui, sur la
carte, a l'air d'être simplement de ta largeur d'un crayon, s'en va dans
l'autre comté. Cela me semble un peu curieux comme découpage.
J'essayais d'imaginer des limites naturelles, géographiques ou de
représentation traditionnelle pour les comtés et, ma foi, je suis
obligé de conclure qu'il y a là bien peu de représentation
naturelle, d'autant plus que les quartiers affectés sont parmi les plus
vieux du comté de Montmorency. Je pense aux vieilles paroisses de
Saint-Grégoire, Montmorency et de Saint-Thomas. Elles s'identifient
traditionnellement au comté de Montmorency. Donc, les réactions
que j'ai eues jusqu'à maintenant dans les consultations que j'ai faites
sont non pas négatives par rapport à l'accueil que pourrait faire
le comté de Limoilou, mais un point d'ancrage à rester dans la
tradition du comté de Montmorency, tout simplement.
Je ne peux que m'associer à cette réaction et me demander
s'il serait tout à fait acceptable de laisser ce genre de
découpage s'effectuer étant donné que la
municipalité de Beauport, qui est la principale municipalité du
comté de Montmorency, a déjà fait l'objet de certains
découpages. Pour n'en rappeler que l'essentiel, en 1970, la
municipalité de Beauport actuelle est le résultat d'une fusion
entre Giffard, Beauport, Sainte-Thérèse-de-Lisieux, Villeneuve,
Courville et Montmorency. On sait qu'en 1980, par un redécoupage
électoral, le quartier ou la section qu'on appelle Giffard a
été redécoupé pour passer à Limoilou, de
sorte que la municipalité de Beauport chevauche actuellement en partie
le comté de Limoilou et le comté de Montmorency, malgré
que la plus grande partie de Beauport soit du côté de Montmorency.
Ce découpage, s'il s'ajoutait à la proposition actuelle, ferait
que des parties de Limoilou auraient pénétré depuis
quelques années dans la municipalité de Beauport et le
comté de Montmorency par le haut et, maintenant, on viendrait ajouter
une autre bande par le bas sans qu'il y ait nécessairement aucune
relation entre tes deux parties qui ont déjà été
données à Limoilou dans le passé.
Et cela m'amène à une réflexion que je
conçois inévitable. C'est de de se demander pourquoi la
municipalité de Beauport n'aurait pas fait l'objet d'un comté. Je
regarde Charlesbourg, le comté de Charlesbourg qui est en même
temps aussi ta municipalité de Charlesbourg, avec qui Je partage une
partie de ma frontière. Je regarde l'augmentation de la population de
Beauport, D'où vient le problème que vous avez constaté
quant au nombre d'électeurs? C'est essentiellement que la
municipalité de Beauport, dans le nord, se développe. Et Je me
dis: Pourquoi, si c'était à refaire, dans une étude
idéale bien sûr, on n'aurait pas pu concevoir que le territoire de
la municipalité de Beauport, avec peut-être d'autres
municipalités, pourrait atteindre le seuil normal du nombre
d'électeurs et faire essentiellement partie d'un comté qui aurait
pu s'appeler Beauport?
Je remarque, par ailleurs, qu'au lieu de préserver une certaine
homogénéité de la municipalité de Beauport depuis
dix à quinze ans, on a plutôt essayé de faire des
redécoupages, soit, à l'occasion, par le comté de
Charlevoix ou par celui de Umoilou, de sorte que le milieu est un peu
étiré. Et je suis bien d'accord avec vous qu'on ne peut pas
penser à une expansion par le sud. Il n'y a pas beaucoup de
résidents dans le fleuve Saint-Laurent. Donc, on va plutôt
reporter notre attention sur le nord. Là non plus, il n'y a pas beaucoup
de résidents. En dehors de la municipalité de
Sainte-Brigitte-de-Laval, il n'y a malheureusement pas de municipalité,
de village ou de résidents à moins de monter très,
très haut dans le nord. Mais là, je pense qu'on peut
l'exclure.
Donc, it nous reste deux possibilités. Si la commission devait
à tout prix retenir l'idée de procéder à un
redécoupage en ne retenant pas, dans un premier temps, la
possibilité d'un comté qui correspondrait à la
municipalité de Beauport, deuxièmement, en ne retenant
peut-être pas l'idée d'un statu quo parce que je dois dire, comme
mes collègues... Je lisais le résultat des procès-verbaux
de vos travaux où ta plupart des députés, devant vous,
dans le fond, ma foi, ne se plaignaient pas beaucoup d'avoir un excédent
d'électeurs et vous demandaient le statu quo. Moi aussi, je m'associe
à ce plaidoyer pour vous dire: Bien, ma foi, quand je me suis
présenté devant l'électoral, j'avais à peu
près ce nombre d'électeurs. Il est un peu plus gros maintenant.
Mais le territoire était celui-là. Je le connais, je le dessers.
Un peu comme le berger qui prend soin de ses brebis, je suis malheureux
à l'idée qu'on puisse m'en enlever. C'est comme si vous me
disiez: Je dois vous enlever un bras, lequel préférez-vous, te
gauche ou le droit? Cela fait mal et |e n'ai pas de préférence
parce que je ne désire pas de changement. Vraiment, je n'en
désire pas. Si vous êtes tenus de le faire - et vous allez rendre
votre décision, de toute façon, au mois d'avril, semble-t-il -
plutôt que de voir
arriver votre proposition qui, elle, me semblerait l'inaceptable de
l'inacceptable je me dis que le moindre mal, c'est peut-être autre
chose.
Et cette autre chose-là, c'est peut-être, du
côté de Limoilou avec mon collègue, de redessiner une
frontière qui serait peut-être plus dans l'axe nord-sud, ce qui
est un peu plus normal, plutôt que de voir cette bande venir un petit peu
nous déchirer dans Montmorency, si vous me permettez l'expression. Ou il
y a l'hypothèse aussi de Charlevoix qui n'a pas un nombre
d'électeurs très élevé, qui pourrait
peut-être prendre un peu d'expansion.
Je n'ai pas de recette magique. Et, en tout cas, Je ne peux pas
être d'emblée très heureux d'une diminution. Je vous le dis
bien candidement: Vous accepteriez le statu quo et j'en serais fort heureux. Je
vous souligne qu'il y a eu une correction qu'on a apportée à la
page 19, lorsqu'on cite les bureaux de vote, à titre d'identification du
territoire, 1 à 7, au sud du chemin Royal. Honnêtement, si vous
deviez arriver à cette décision de devoir procéder
à un redécoupage, je pense qu'il serait plus acceptable de le
faire dans la partie nord du chemin Royal, dans ce triangle formé par le
boulevard de la Capitale, la frontière actuelle, et peut-être
Seigneuriale ou le long de Seigneuriale, ce qui semble présenter un
ensemble de territoires relativement homogènes.
L'autre hypothèse, si vous deviez en venir à tout prix
à cette décision, pourrait venir du côté de
Charlevoix, quoique, là non plus, je n'ai pas de
préférence. J'aurais préféré qu'on
vérifie si la démographie augmentera si vite que cela dans deux
ans pour, à ce moment-là, songer à autre chose et
peut-être plus explorer, pour plusieurs années, comment on
pourrait réorganiser le comté de Montmorency, plus dans sa partie
de la côte de Beaupré, qui se rattache plus à
Sainte-Anne-de-Beaupré, et réorganiser Beauport, qui est une zone
urbaine qui a déjà un nombre d'électeurs presque suffisant
pour former un comté, qui a déjà une population de 68 000
habitants, est en pleine expansion et ne pourrait pas, à ce
moment-là, devenir un comté unifié, homogène. Je
pense que ce serait à plus long terme la proposition la plus acceptable
parce que, même si vous procédez au redécoupage actuel,
peut-être que, dans dix ans, ce sera à refaire et vous serez
vis-à-vis d'un territoire complètement morcelé, ce qui ne
me semblerait pas logique, et vous aurez une démographie qui aura
probablement augmenté dans le nord et, là encore, vous n'aurez
pas de solution.
J'aurais préféré que vous acceptiez de mettre de
côté le comté de Montmorency dans l'optique de le
réorganiser sous forme de comté. Si ce n'était pas
acceptable, je serais prêt à en discuter avec vous et je conviens
que ce n'est pas ici le moment de commencer à sortir la carte des
bureaux de vote et à tracer des lignes et des frontières. Je ne
suis pas un expert, mais je serais prêt, si c'est possible dans vos
travaux, à en rediscuter avec vous dans les prochains jours ou les
prochaines semaines pour voir comment redécouper un comté. Ou,
à tout le moins, si cela vous semble inacceptable de laisser le
comté de Montmorency dans l'état actuel, je serais prêt
à regarder un autre redécoupage, mais plus dans un axe nord-sud
avec le comté de Limoilou, représenté par mon
collègue avec qui on pourrait discuter à savoir quels sont les
bureaux de vote, les rues et les territoires qui pourraient être
cédés, si telle était votre décision. Je suis
obligé de vous dire que je le regretterais un peu parce que cela ne me
semblerait pas à long terme ce qui est désirable de faire. Je
crois comprendre que vous voulez faire un travail qui va stabiliser des
comtés pour un certain nombre d'années à venir, le plus
longtemps possible, et je pense que c'est normal parce que cela chambarde des
choses.
Ceci dit, je rappelle simplement que le statu quo me conviendrait fort
bien et, dans le cas contraire, je serais prêt à regarder avec
vous la possibilité de retravailler ce redécoupage plutôt
dans l'axe nord-sud et même, comme je le disais tantôt, de voir
l'hypothèse d'un statu quo dans l'éventualité de former un
comté particulier pour Beauport. Comme je l'ai dit, si ce n'est pas
possible, retravaillons peut-être la frontière de Limoilou plus
dans son axe nord-sud qu'on connaît actuellement, qui s'est fait en 1970
et 1980, plutôt que, subitement, prendre les parties d'extrême sud
des deux comtés et les unir dans une bande qui, ma foi, n'a absolument
pas d'affinité, ni géographique, ni naturelle, ni traditionnelle,
entre les deux comtés. Vous allez séparer des paroisses
littéralement en deux, comme Beauport, Villeneuve, Montmorency,
Notre-Dame-de-la-Nativité et Saint-Thomas, et quatre quartiers
municipaux vont être complètement tranchés en deux par la
proposition que vous faites.
C'est essentiellement ce que je voulais indiquer ici. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre
du Revenu et député de Montmorency.
M. le président.
M. Côté (Pierre-F.): Je veux simplement demander une
précision a M. le ministre. Si j'ai bien compris votre intervention,
dans le mémoire, il est proposé que, si d'aventure on ne garde
pas Montmorency dans le statu quo, si on est obligés de faire des
transferts, de Montmorency à Limoilou, des sections de vote de 1
à 7, si j'ai bien compris votre intervention, vous suggérez qu'on
revoie peut-être cette hypothèse pour en envisager d'autres en
consultation avec vous et le député de Limoilou? C'est cela,
votre suggestion? (16 heures)
M. Séguin: Oui. En fait, je peux vous indiquer tout de
suite. pourquoi les sections 1 à 7 ne convenaient pas. L'entrée
naturelle dans le
comté de Montmorency se fait beaucoup par la première
sortie de l'autoroute - si vous me permettez de la situer - qui est près
du Baron Rouge. Un peu tout le monde connaît cela. C'est une
entrée naturelle dans Montmorency et un axe naturel aussi avec le
boulevard Sainte-Anne et tout cela. Évidemment, si votre proposition
allait beaucoup plus loin, tel qu'on l'a vu, tout cela serait dans le
comté de Limoilou. Mais si on voulait respecter un peu plus
l'Identité du comté, à tout te moins, je proposerais qu'on
garde cette entrée dans le comté de Montmorency. Si on pouvait
déporter la portion qui pourrait aller dans Limoilou un peu vers le nord
- on le voit par la carte géographique - juste au nord du chemin Royal
avec la frontière à l'est et presque la rue Seigneuriale à
droite, cela ferait une espèce de quadrilatère qui pourrait
peut-être mieux s'associer à Limoilou, tout en gardant
l'entrée du comté telle qu'elle est actuellement dans
Montmorency.
Le Président (M. Marcil): Cela va? Merci beaucoup M, le
ministre et député de Montmorency.
Je vais maintenant reconnaître le député de
Limoilou.
M. Michel Després
M. Després: M. le Président, messieurs les
commissaires, moi aussi, j'ai des réserves quant à la proposition
qui est faite pour te transfert des électeurs de Montmorency à
Limoilou, non pas que le député de Limoilou n'aimerait pas avoir
de nouveaux électeurs qui viendraient de la ville de Beauport. Au fond,
si on affecte le comté de Montmorency, c'est parce qu'on dépasse
les 25 % permis selon la loi, selon la moyenne du nombre d'électeurs. Ce
que je comprends mal, c'est pourquoi on transfère 6230 électeurs
strictement à Limoilou, alors que Montmorency est en plein centre du
comté de Limoilou et du comté de Charlevolx et que le
comté de Limoilou respecte effectivement, si je regarde votre tableau,
la moyenne nationale, à 1 % au-dessus, alors que le comté de
Charlevoix a un écart de 17 % inférieur à la moyenne du
nombre d'électeurs et, avec le temps, peut risquer, comme cela a
été présenté dans le mémoire du caucus de la
région de Québec, comme celui de Portneuf, d'avoir une population
inférieure aux 25 %.
Mon argumentation n'est pas de dire que vous devriez transférer
le surplus et la fin du comté de Montmorency pour l'envoyer dans le
comté de Charlevoix, mais peut-être de mieux comprendre pourquoi,
alors que Limoilou respecte déjà la moyenne - je comprends que
Montmorency l'a effectivement dépassée - on y
transférerait 6230 électeurs. De la façon dont vous l'avez
fait de l'est à l'ouest, cela pourrait toujours être discutable.
Quant à moi, que cela se fasse de l'est à l'ouest ou du nord au
sud, je n'aurais pas d'objection. Je me pose des ques- tions à savoir
pourquoi, alors que Limoilou est carrément dans la moyenne, le faire
devenir beaucoup plus gros que le comté de Montmorency. Alors qu'il est
- je regarde rapidement votre tableau encore - le deuxième qui respecte
la moyenne, il pourrait devenir, après le comté de Chauveau, le
deuxième plus gros comté de la région, alors qu'à
l'est complètement vous avez Charlevoix qui restera un des plus petits
comtés en nombre d'électeurs. J'ai de la difficulté
à rn'expliquer cela et c'est pour cela que j'émets des
réserves quant à votre proposition.
Je n'ai rien contre le fait qu'on agrandisse le comté de
Limoilou, qu'on en augmente le nombre d'électeurs. Un peu comme tout le
monde et comme tout député, on préférerait avoir le
statu quo. Il faut comprendre que Montmorency a un surplus. Donc, je me pose
des questions et c'est pour cela que, dans la proposition qui a
été déposée par te caucus de la région de
Québec, on vous dit qu'il y a peut-être moyen de redistribuer ce
surplus d'électeurs du comté de Montmorency d'une autre
façon, en tenant compte de l'est, vers Charlevoix, et en tenant compte
de l'ouest, qui est le comté de Limoilou.
De quelle façon? Dans le volume, on vous a parlé des
sections de vote 1 à 7. Au départ, on vous avait parlé de
cette proposition parce qu'elle nous semblait, dans une certaine mesure,
respecter un peu... Si vous regardez la ligne de ta rivière Beauport,
elle est en continuité avec l'avenue Royale pour venir descendre au
boulevard des Chutes. Quant à mol, le fleuve est une limite dont
Limoilou est ta continuité, parce qu'il longe le comté de
Limoilou et se trouve à continuer dans le comté de Montmorency;
je comprends que vous ayez fait la démarche de dire: On va continuer le
comté de Limoilou le long du fleuve qui est une limite naturelle.
Je sais que vous allez aborder tout à l'heure la question du nom
du comté de Limoilou. Je vous dirais: Qu'il soit agrandi du nord au sud
ou de l'est à l'ouest, cela demeure un problème d'appartenance.
Effectivement, les gens de la ville de Québec qui sont, dans le quartier
de Limoilou, s'y identifient très bien. Je veux être prudent, car
il y a tout de même les deux tiers du comté qui disent: Oui,
Limoilou. Ils se reconnaissent dans le nom du comté de Limoilou. Par
contre, il faut comprendre que les gens qui se retrouvent dans le secteur de la
ville de Beauport, qui ont toujours été dans le comté de
Montmorency, plus on a tendance à tasser le comté de Limoilou
vers le comté de Montmorency, disent: Quelle est l'idée?
Qu'est-ce qu'on fait dans le comté de Limoilou? C'est peut-être
pour cela que le maire de Beauport vous a présenté certaines
interrogations en vous disant: On ne se trouve pas tellement dans le
comté de Limoilou; c'est un quartier qui appartient à une
municipalité. Par contre, les gens qui sont dans le comté de
Limoilou même du côté de la ville de Québec vous
diront: On se retrouve très bien là-dedans. Donc, avant de lui
donner un nouveau nom, il va
falloir se poser certaines questions et il faudra vendre à tout
te monde l'idée et l'appartenance de ce nouveau nom. Le maire vous a
suggéré le nom d'un ancien premier ministre et vous en avez
effectivement suggéré d'autres. Mais est-ce que les gens se
retrouveront encore plus? Je ne le sais pas. Tout dépendra du nom.
Pour revenir à votre proposition, j'ai des réserves et
j'aimerais - et je ne sais pas si on le peut - vous poser des questions. Je
voudrais vous demander pourquoi on a fait le transfert en entier du
comté de Limoilou et qu'on n'a pas tenu compte d'une répartition
qui aurait pu se faire à l'est, alors que, par exemple,
Château-Richer, Boischatel et L'Ange-Gardien sont toutes des
municipalités qui font partie de la même MRC et qui auraient pu
faire partie du comté de Charlevoix. Je ne veux pas non plus envoyer les
6000 électeurs entièrement à Charlevoix, mais c'est pour
vous dire que cela aurait pu se faire d'un côté comme de
l'autre.
Pour ce qui est de la délimitation, quant à mol, il y a eu
la proposition des bureaux de scrutin 1 à 7. Elle pourrait se faire
comme cela. Elle pourrait aussi se faire, comme mon collègue de
Montmorency l'a dit, de 46 à 53. Moi, je vous parierai plutôt de
44 à 52 parce que je pense qu'il est plus facile de tenir compte
entièrement d'un secteur lorsqu'on veut redécouper une carte
électorale. Je pense qu'il serait effectivement plus logique, comme le
disait mon collègue de Montmorency, de l'étirer peut-être
jusqu'à l'avenue Seigneuriale, ce qui pourrait comprendre le bloc 44
à 52 jusqu'à l'avenue Royale. Quant à moi, la
délimitation pourrait aussi se faire par le bas, des bureaux de vote 1
à 7, mais en essayant de faire un équilibre pour maintenir cette
moyenne, pour permettre à Charlevoix autant qu'à Limoilou ou
à Montmorency de maintenir un nombre d'électeurs, ce qui
donnerait, au fond, une certaine expansion à ces deux comtés,
mais en gardant un certain équilibre entre ces trois comtés,
alors qu'on a tendance à renvoyer tout le secteur de Montmorency dans
Limoilou.
Je n'ai aucune objection à vous dire que les électeurs de
la ville de Beauport sont toujours les bienvenus, mais j'aimerais que la
commission revoie la possibilité de faire un certain équilibre,
soit au nord ou au sud, soit une partie à l'ouest et une partie à
l'est. On est prêts, comme vous le disait mon collègue de
Montmorency, à travailler à cette proposition avec vous. On vous
a énuméré un certain nombre de bureaux de scrutin. Je
pense qu'il devient difficile de changer ces bureaux, mais il y aurait moyen de
revoir cela.
Le Président (M. Marcil): Oui, M. le président.
M. Côté (Pierre-F.): Si vous me le permettez, je
vais donner juste un début de réponse à la question que
vous avez posée. Est-ce qu'on a envisagé ou pourquoi
n'envisage-t-on pas de transférer des électeurs de Montmorency
vers Charlevoix? Si Je comprends bien la proposition faite dans le
mémoire, à la page 19, c'est la municipalité de
Château-Richer qui est comprise dans les sections de vote
énumérées là?
M. Després: Oui, les numéros de bureaux de scrutin
qui ont été proposés correspondent effectivement - mon
collègue de Montmorency pourrait le confirmer - à ceux de
Château-Richer.
Tout à l'heure, je suis même allé un peu plus loin
en disant: Vous avez pris les 6230 entièrement dans Montmorency pour les
envoyer dans Limoilou. Je vous ai dit: Château-Richer fait partie de la
même MRC de La Côte-de-Beaupré. En plus de cela, vous avez
L'Ange-Gardien, vous avez même Boischatel qui sont des
municipalités qui font encore partie de la même MRC. Oui,
allez-y.
M. Côté (Pierre-F): Je m'excuse. Je veux juste vous
signaler qu'il n'y a pas d'objection majeure de notre part. La seule raison qui
nous amenait à ne pas envisager cette éventualité dans
notre rapport préliminaire, c'est que dans les années
antérieures il y avait eu d'assez fortes protestations. Il avait
déjà été envisagé que Château-Richer
et d'autres municipalités soient rattachées à Charlevoix
et cela avait soulevé un tollé. C'est pour cela que
j'étais agréablement surpris tantôt d'apprendre qu'au moins
le député de Charlevoix ne voyait pas de difficultés
à ce transfert dans la proposition que vous faites.
Je me souviens, lorsqu'il y a eu des propositions de ce genre dans les
années antérieures, que les gens disaient: La circonscription
électorale de Charlevoix est tellement grande qu'on est rendu
très loin.
M. Séguin: M. le Président...
Le Président (M. Marcil): Oui, M. le député
de Montmorency. Allez-y. Vous me le direz quand vous aurez terminé.
M. Séguin: Ce n'est pas long, c'est juste pour permettre
une réflexion là-dessus. C'est sûr que les échos que
j'ai eus au sujet d'une telle hypothèse, parce que cela a circulé
un peu, c'est que cela n'a pas réjoui les gens de Château-Richer.
Ceux-ci traditionnellement préfèrent s'identifier à la
côte de Beaupré qui s'étend plus vers Boischatel, vers
Québec, plutôt que d'aller vers l'est, vers
Sainte-Anne-de-Beaupré.
Comme je vous l'ai dit, ce n'est pas une proposition dont je suis
particulièrement heureux, mais elle me semble correspondre
peut-être à un des objectifs du comté de Charlevoix et nous
éviter de faire face à des problèmes éventuels.
Je reviens à mon idée. Si je vous propose
honnêtement de songer à ta possibilité de faire un
comté de Beauport, cela voudra dire que le
comté de Montmorency pourrait éventuellement partir de
Boischatel pour aller à un endroit plus à l'est. Si
c'était cela, l'hypothèse, bien sûr, parce que ou bien ce
territoire est complètement associé ou fusionné à
Charlevoix, ce qui étendrait le comté de Charlevoix
jusqu'à Boischatel, ou bien de Boischatel à Beaupré ou un
peu plus loin, on regroupe un ensemble de municipalités pour en faire un
autre comté. J'avoue que je laisse cela un peu...
Personnellement, je suis très sensible aux gens de la
municipalité de Château-Richer qui ne se sont pas
particulièrement réjouis de cela. Moi non plus, mais ce n'est pas
à moi de vous faire une telle proposition. Ce que je dis, c'est que
celle qui est devant moi, émise par la commission, de proposer que toute
cette bande de territoire vienne vers Lirnoilou, me semble inacceptable
à un degré encore beaucoup plus fort que toute autre proposition
dont on pourrait discuter.
C'est dans ce sens que j'ai des réserves, mais j'ai encore plus
de réserves à accepter votre proposition, bien que mon premier
choix serait davantage de vous convaincre de peut-être mettre de
côté le projet de Montmorency, d'attendre et de voir la
possibilité de retravailler un ensemble. Je serais prêt à
collaborer avec mes collègues pour voir comment on pourrait redessiner
Limoilou, Charlevoix, Montmorency, Char-lesbourg et voir s'il n'y aurait pas
une possibilité d'avoir un nouveau comté. Charlesbourg n'est pas
dans nos réflexions, dans nos travaux, mais j'ai l'impression qu'un jour
ou l'autre vous aurez à vous pencher là-dessus, parce qu'il y a
déjà une population au seuil du maximum. Alors, c'est dans ce
sens que je vous dis que je retiendrais davantage un nouveau comté.
Le Président (M. Marcil): M. Lessard.
M. Lessard (Marc): Je suis Marc Lessard. Votre proposition pose
un autre problème, celui d'un nouveau comté à inclure dans
la région de Québec à plus long terme. Votre proposition
à court terme pose des problèmes, mais on peut la
considérer. À long terme, un des pôles de
développement est Chauveau et l'autre est Beauport. On ne peut pas
mettre une circonscription aux deux endroits. Donc, il y aura sur une plus
longue période un choix important à faire. Dans notre
décision actuelle, il faut peut-être garder la porte ouverte sur
un choix ultérieur.
M. Séguin: Je suis d'accord avec vous. Je pense que ce
serait prudent, parce que, si on laisse les comtés, petit à
petit, jouer plaque à plaque, l'un dans l'autre, j'ai l'impression que
dans quelques années vous allez avoir Limoilou dans Montmorency, un
Montmorency développé. Vous allez avoir un autre problème
éventuellement avec Charlevoix. (16 h 15)
M. Lessard: Quand je dis qu'il faut garder la porte ouverte, je
ne dis pas qu'il faille ne rien faire. C'est une autre histoire.
M. Séguin: Oui.
M. Lessard: Parce que depuis hier, nous, nous comptons les statu
quo qui nous sont demandés.
M. Séguin: Mais, est-ce que je peux vous adresser une
question? Par exemple, on parie de Montmorency. En dehors du problème
mathématique du dépassement de 25 %, est-ce que l'idée
d'attendre pour voir comment se développe effectivement le comté
de Montmorency vous semble carrément pas envisageable?
M. Côté (Pierre-F.): Cela pourrait être
éventuellement envisageable et vous posez une question qui a des
conséquences dans bien d'autres secteurs de la province. Ce sont des
représentations qui nous ont été faites, par exemple,
à l'ouest de I'île de Montréal et dans d'autres secteurs.
Pour nous, je pense bien que l'une des décisions qu'on va avoir à
prendre dans les prochaines semaines, c'est si on va essayer.,. Vous avez
mentionné tout à l'heure la nécessité d'essayer
d'arriver à une solution qui va pouvoir durer assez longtemps, pour
qu'on puisse éventuellement dans les cas où ce sera
nécessaire - vous avez mentionné cette région - avoir
peut-être une autre circonscription. Éventuellement, cela pourrait
vouloir dire dans huit ou dix ans peut-être.
On nous a souligné, hier à l'ouverture de nos travaux, que
la perspective dans laquelle nous nous sommes placés de le faire pour
une période de huit ans - c'est une des bases très importantes de
notre rapport préliminaire -n'était peut-être pas la chose
qu'il fallait retenir le plus. Enfin, c'est une nuance assez Importante qut
nous a été apportée hier par le ministre d'État
à la Réforme électorale. Ou côté de
l'Opposition, on a semblé dire un peu la même chose.
Dans cette perspective - je prends un exemple à l'autre
extrême - si à La Peltrie on accepte de ne pas transférer
Cap-Rouge, dans notre idée, cela peut vouloir dire qu'en 1989
l'écart pourrait être assez considérable, beaucoup
au-delà de 25 %. Cela pourrait être de 30 %, 34 % ou 38 %, selon
nos prévisions. Je prends l'exemple de La Peltrie pour ne pas prendre le
vôtre, parce que je n'ai pas tous les chiffres, mais je pourrais les
demander. Si on dit: Très bien, on tient compte de la demande qui nous
est faite dans La Peltrie, et on ne transfère pas, pour les raisons
qu'on nous évoque, la ville de Cap-Rouge dans le comté de
Louis-Hébert, cela veut dire que notre perspective d'un travail sur une
longue période est modifiée.
Ce qu'on comprend de l'article 25 de la Loi sur la représentation
électorale, c'est qu'après la prochaine élection
générale la commission va
reprendre ses travaux sur la base du dernier recensement - c'est ce que
dit l'article 3.2, c'est dans le recensement des électeurs - et la
différence pour les prochains travaux, c'est qu'avant qu'on
procède à la remise d'un rapport préliminaire comme on le
fait là, il faut qu'on revienne devant vous pour justifier - c'est cela
la grosse différence pour la prochaine carte - les modifications qu'on
va vouloir apporter en 1989 nous ou la commission qui sera en exercice à
ce moment-là.
C'est un peu ce que j'ai souvent mentionné, le dilemme dans
lequel on est placé: concilier l'article 3.1 et l'article 3.2, le
sentiment d'appartenance et les chiffres. Je résume, mais on a aussi une
responsabilité additionnelle. Il faut qu'on pense à ceux qui
auront la responsabilité de l'article 25 qui n'existait pas autrefois.
Cet article n'existe que depuis janvier 1987. Jusqu'à quel point on
devra... Je prends peut-être un long détour pour répondre
à votre question, mais je pense que c'est assez important. Cela me donne
l'occasion de vous le souligner; cela fait un bout de temps que je veux le
dire. Je l'aurais peut-être dit dans mes conclusions tout à
l'heure, mais c'est bien important de vous souligner que c'est une... Pour
revenir à votre question bien précise, on n'exclut pas
nécessairement qu'il y ait des exceptions, mais que cela atteigne aussi
des seuils, parce que Montmorency va atteindre, lui aussi, un seuil - je
pourrais demander qu'on me fasse les chiffres - en 1989 qui va dépasser
facilement, d'emblée les 25 %.
M. Séguin: Une autre petite question et ce sera ma
dernière intervention. Dans l'éventualité où il
vous semble nécessaire de procéder à un découpage
quelconque, serait-il possible, avant que vous preniez votre décision,
que nous puissions discuter sur un découpage modifié ou
réduit, que nous puissions rediscuter des secteurs, des quartiers,
plutôt qu'en quittant aujourd'hui j'attende et que je commence à
lire la Gazette officielle d'avril pour voir quelque part une
décision là, comme un jugement dernier? Dans un dialogue que nous
pourrions entretenir, il y aurait peut-être des éléments
qui me sembleraient plus acceptables et je pourrais vous convaincre de cela.
C'est difficile, aujourd'hui de travailler avec une carte et des
frontières. On peut bien le faire, mais, par respect pour mes
collègues, cela va prendre du temps, etc. Si vous en veniez à
l'idée que la proposition retenue peut être modifiée, je
suggère qu'on puisse vous faire d'autres représentations avec une
carte, avec des éléments et qu'on essaie de tracer ce qui
pourrait être acceptable.
M. Côté (Pierre-P.): J'ai peur de vous
décevoir là-dessus, M. le ministre, parce qu'on est tenu de
suivre la procédure prévue dans la Loi sur la
représentation électorale. Normalement, c'est
l'avant-demière étape qu'on franchit, parce qu'après la
présentation de notre rapport, après Pâques, il sera
loisible aux députés, lors d'un débat de cinq heures qui a
priorité sur tout autre débat, de faire encore des
représentations. Si nous en arrivons à la conclusion que vous
avez encore raison, nous aurons encore la liberté et la
possibilité de modifier notre avant-dernier rapport.
Ce que je vous suggérerais, parce qu'il y a une chose qu'il faut
éviter - notre rapport a été rendu public au mois de
septembre, on a eu des audiences publiques, on en a une aujourd'hui qui a
également un caractère public - ce serait de nous transmettre le
plus tôt possible les différentes hypothèses que vous
pourriez envisager; ce serait plus facile. Autrement, on pourrait donner
l'impression... Je vais être très direct avec vous - excusez la
tournure - je ne voudrais pas donner l'impression à qui que ce soit
qu'on travaille en catimini si on a des échanges avec un
député ou avec l'autre. Il faut que cela se fasse au grand jour
comme toute cette carte est faite. C'est votre intention, c'est ce que vous
nous dites. Je pense que ce serait préférable que vous nous
fassiez parvenir, en collaboration avec votre collègue, des
propositions, des hypothèses, si on arrivait à la conclusion que
la circonscription électorale de Montmorency ne conserve pas le statu
quo. Incidemment, pour votre information, on me dit - c'est très rapide,
sous toute réserve - que l'écart pourrait être, si on
maintenait le statu quo dans Montmorency, de 36 %, si on ne le modifiait pas du
tout. C'est selon les prévisions, mais je le dirai tout à l'heure
aussi, les prévisions, cela vaut toujours ce que cela vaut.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
président.
M, Després: Une petite remarque...
Le Président (M. Marcil): Afin de rationaliser notre
temps, si vous voulez bien éviter d'entrer dans les détails,
parce que nous ne sommes pas ici pour négocier des quartiers et des
bureaux de scrutin. Merci. Allez!
M. Després: Très bien, M. le Président. Vous
dites que, dans le comté de Limoilou, il y a une décroissance de
2,1 %, si je me souviens bien. Ces prévisions sont-elles faites en
fonction des quatre dernières années ou des huit dernières
années?
M. Côté (Pîerre-F.): À partir de 1976
ou de 1985.
M. Després: D'accord. J'aimerais tout simplement vous
mentionner que le secteur de Limoilou dans la ville de Québec est
effectivement un quartier stable, mais je voudrais tout de même vous
rappeler quelques lignes dans le mémoire. Dans le secteur entre
Bourg-Royal et la
rivière Beauport, il y a un projet d'expansion qui va commencer
au printemps et qui a été approuvé par la
municipalité. Il devrait amener environ 800 à 1000 familles d'ici
deux ans, donc d'ici ta prochaine élection, et il permet à court
terme - je parle d'un projet à court terme - et à moyen terme,
entre trois et cinq ans, de presque doubler...
Le Président (M. Marcil): Cela va?
M, Després: Cela ferait 2000 nouveaux électeurs
avec le projet d'expansion, plus les 6000, soit 8000, ce qui le mettrait, selon
vos statistiques, pas loin du premier comté.
Le Président (M. Marcil): Cela va? Merci beaucoup. Je vais
maintenant reconnaître M. te député de Taschereau.
M. Jean Leclerc
M. Leclerc: M. le Président, messieurs les commissaires,
je serai, évidemment, très bref, puisque mes collègues de
Chauveau, La Peltrie, Louis-Hébert et Jean-Talon ont fait un certain
nombre de démonstrations que j'endosse personnellement. Il y a deux
constats qu'on peut faire très rapidement à propos de la
circonscription électorale de Taschereau. Démographiquement,
c'est celle qui compte, dans la région de Québec, le moins grand
nombre d'électeurs et, géographi-quement, elle encercle en
quelque sorte, un peu comme un fer à cheval, une partie de la
circonscription de Jean-Talon où nous nous trouvons, soit la colline
parlementaire. Je n'ai donc pas été surpris de voir que votre
rapport voulait ajouter des électeurs à Taschereau et je n'ai pas
été surpris, non plus, que votre rapport recommande qu'une partie
des électeurs de Jean-Talon soit transférée à
Taschereau.
Là où je suis moins d'accord, c'est sur l'ampleur des
changements que vous proposez. D'abord, c'est peut-être accessoire, mais
je pense qu'il faut le dire: À cause de l'effet de dominos que cela
provoque, évidemment, le fait que des électeurs de Jean-Talon
viennent dans Taschereau demande à des électeurs de
Louis-Hébert de venir dans Jean-Talon et de La Peltrie d'aller dans
Louis-Hébert. Je me dis qu'il est fort possible que, cet effet de
dominos, qui touche, finalement, un grand nombre d'électeurs, on le voie
peut-être de façon trop prononcée, étant
donné que l'on évalue de façon trop négative les
perspectives de développement du comté de Taschereau. Je conviens
que Taschereau est en bas substantiellement de la moyenne provinciale en nombre
d'électeurs et qu'il y a deux façons pour que Taschereau soit
plus près de la moyenne provinciale, soit en lui transférant des
électeurs, ce que vous proposez, mais aussi soit que Taschereau, au
cours des prochaines années, bénéficie de ce qu'on est en
train de voir, c'est-à-dire un retour au centre-ville. Je plaide que
vous avez évalué cette deuxième alternative de
façon trop négative. Évidemment, je suis bien placé
pour en parler, puisque je représente ce comté à
l'Assemblée nationale. Je demeure dans le comté et je vois au
jour le jour tout ce qui s'y fait.
Le comté de Taschereau a atteint le fond du baril, il est vrai,
autour du début des années quatre-vingt, mais depuis ce temps, et
cela s'accentue, il y a beaucoup de recyclage d'édifices qui se fait. On
n'a qu'à faire un tour dans le coin de la gare du Palais où un
bon nombre d'édifices étaient abandonnés et sont devenus
maintenant habités, qu'on pense à la Grande place, au Vieux-Port
où, il y a trois ou quatre ans peut-être, très peu de
personnes résidaient et qu'on pense aussi à tous les logements
sociaux qui sont année après année bâtis dans le
comté de Taschereau.
Par conséquent, ce que je veux plaider devant vous, c'est que,
compte tenu du fait que sur le terrain la lecture qu'on peut faire des
perspectives démographiques de Taschereau est meilleure que celle, je
pense, qui a servi à votre commission, vous devriez envisager de
transférer moins d'électeurs de Jean-Talon, ce qui créera,
par conséquent, un effet de dominos moins grand et, qui, je pense, fera
l'affaire de tout le monde. Si nous déplaçons un grand nombre
d'électeurs des comtés de Jean-Talon, Louis-Hébert et de
La Peltrie et si, dans quelques années, étant donné
l'essor que prend le centre-ville de Québec, Taschereau se retrouve
près de la moyenne provinciale ou, pourquoi pas, dépasse la
moyenne provinciale, eh bien, on aura probablement touché beaucoup
d'électeurs en vain.
Donc, je m'associe à l'ensemble de mes collègues pour vous
recommander de faire des changements, mais avec moins d'ampleur, de sorte qu'un
moins grand nombre d'électeurs se trouvent - comment vous dirais-je -
incommodés par cette situation-là. Comme on est dans une
région urbaine, on sait que les gens prennent peut-être plus de
temps à s'identifier à un comté et je pense qu'on a tout
Intérêt à toucher le moins grand nombre d'électeurs
possible. Merci.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Taschereau.
Nous allons entendre les députés de la rive sud de
Québec et, en premier lieu... On peut suspendre deux minutes pour
permettre de changer les cartes.
(Suspension de la séance à 16 h 25)
(Reprise à 16 h 39)
Le Président (M. Marcil): Nous allons reprendre nos
travaux et conclure ces deux journées d'audiences par les comtés
de la rive sud de Québec. Je vais reconnaître le
député de Beauce-Nord.
Interventions des députés de la rive sud
de Québec
M. Jean Audet
M. Audet: Merci, M. le Président. M. le président
de la Commission de la représentation électorale, messieurs les
commissaires, d'abord, je vous remercie de me donner l'occasion de me faire
entendre. J'avais l'intention, un peu comme l'a fait la mairesse de
Saint-Benjamin, de vous présenter mon mémoire en chantant, mais,
étant donné que j'ai une bonne grippe et dans
l'intérêt de la commission, je pense qu'il est
préférable que je lise mon mémoire.
M. Garon: On est prêt à endurer le supplice.
M. Audet: Vous êtes prêt à m'entendre, M.
Garon. Si vous le voulez, je vais laisser faire.
En décembre dernier, lors des audiences de la commission sur la
révision de la carte électorale du Québec, plus d'une
vingtaine d'intervenants de la grande région de la rive sud de
Québec sont venus se faire entendre pour exprimer leur point de vue sur
le rapport préliminaire de la délimitation des circonscriptions
électorales. De ces mémoires se dégage un large consensus
afin de créer une 125e circonscription sur la rive sud de Québec,
consensus qui a été établi après un exercice de
concertation entre ces intervenants, les organismes et les citoyens et les
citoyennes qu'ils représentent. Citons, par exemple, la
Conférence des préfets de la rive sud de Québec, les MRC,
les municipalités, la Chambre de commerce de la rive sud de
Québec, etc.
C'est dans ce même esprit de concertation que notre proposition
vous est présentée aujourd'hui. Cette proposition résume
une volonté ferme des citoyens et des citoyennes de nos milieux. Elle
reflète non seulement la position de tous mes collègues du caucus
Québec-Sud, mais aussi celle de l'Opposition, si on se
réfère aux propos que M. Gendron, porte-parole de l'Opposition, a
tenus hier à l'ouverture des travaux. Elle vient surtout appuyer la
plupart des propositions déposées devant vous par les organismes
locaux et régionaux que nous représentons en tant que membres de
l'Assemblée nationale demandant de former une 125e circonscription sur
la rive sud de Québec. Cette proposition n'est peut-être pas
nouvelle, si on se réfère aux audiences qui ont été
tenues en 1980, je pense. À cette époque, il y avait
peut-être un problème un peu plus flagrant de population, mais je
pense que cela fait longtemps qu'on en parle.
Le caucus Québec-Sud regroupe les circonscriptions de
Montmagny-L'lslet, de Bellechasse, de Beauce-Nord, de Beauce-Sud, de
Lotbinière et de Frontenac. Étant donné que notre
proposition a une incidence directe sur les comtés adjacents à
notre grande région, nous avons aussi consulté nos
collègues de Mégantic-Compton et de
Kamouraska-Témiscouata.
SI nous résumons les mémoires présentés en
ce qui concerne la Beauce, par exemple, on s'entend pour dire que les limites
des deux circonscriptions de la Beauce, Beauce-Sud et Beauce-Nord, doivent
correspondre aux limites naturelles de la Beauce. À cet égard, on
s'entend également pour dire que le recul des limites sud de Beauce-Nord
vers la rive sud de Québec fait perdre à cette dernière
son identité. Si on se réfère, par exemple, aux
mémoires qui ont été présentés par les
municipalités, telle Saint-Zacharie dans le comté de Beauce-Sud,
et les MRC de la Beauce, même les gens de Lévis étaient
d'accord avec cela.
Aussi, afin d'éviter des bouleversements qui touchent un trop
grand nombre de circonscriptions, les intervenants concernés, tant ceux
de la Beauce que ceux de Lévis, s'entendent pour proposer la
création d'une 125e circonscription qui pourrait prendre assise sur les
villes de Saint-Nicolas, de Saint-Rédempteur et de Bernières. On
s'entend également pour proposer le déplacement des limites du
comté de Lévis vers le sud pour qu'elles puissent inclure les
villes de Pintendre et de Saint-Henri qui, pour des motifs d'ordre
géographique et sociologique, ont plus d'appartenance au comté de
Lévis qu'à celui de Beauce-Nord. Si on regarde Le Soleil
de ce matin, Pintendre parle même éventuellement de fusion
avec la ville de Lévis.
De plus, l'ensemble des municipalités de la grande région
touchée par la proposition de la commission sont réticentes
à changer de circonscription, que ce soit pour des motifs d'appartenance
- Dieu sait que chez nous l'appartenance est forte - à leur
région ou pour des motifs d'ordre sociologique, géographique,
économique et même démographique. Citons, par exemple,
Saint-Nicolas, Bernières et Saint-Rédempteur dans
Lotbinière; Saint-Benjamin, Saint-Prosper et Saint-Zacharie dans
Bellechasse; Courcelles et Saint-Robert-Bellarmin dans Mégantic-Compton
et enfin, Disraeli et Saint-Jacques-le-Majeur dans Richmond.
Nous proposons donc essentiellement ce que ces gens vous ont
demandé lors des audiences publiques que la commission a tenues en
décembre dernier. Ainsi, les comtés de Bellechasse,
Lotbinière, Frontenac et Mégantic-Compton restent tels qu'ils
sont présentement. Par contre, Beauce-Sud conserve les
municipalilés de Saint-Benjamin, Saint-Prosper, Sainte-Aurélie,
Saint-Zacharie, ville et paroisse, ainsi que les municipalités de
Saint-Robert-Bellarmin, Courcelles, Saint-Ludger, Gayhurst-Partie-Sud-Est,
Risborough et Partie de Marlow et toutes les autres municipalités
actuellement dans Beauce-Sud, sauf Saint-Victor, village et paroisse.
Pour Lévis, toutes les municipalités suivantes, soit
Saint-Henri-de-Lévis, Pintendre, Saint-Joseph de la Pointe de
Lévy, Lauzon, Saint-
David-de-l'Auberivière et Lévis. Pour Montmagny-L'Islet,
nous demandons l'ajout des municipalités de Saint-Roch-des-Aulnaies et
de Sainte-Louise afin que les territoires des MRC de Montmagny et L'Islet
coïncident et aussi à la demande de citoyens et citoyennes de ces
municipalités qui pour toutes sortes de raisons font affaire et se
réfèrent souvent au comté de Montmagny.
Pour Frontenac, nous demandons le statu quo sur le comté actuel.
Enfin, Beauce-Nord conserve Saint-Isidore, village et paroisse,
Salnte-Hénédine, Sainte-Marguerite, Saint-Bernard,
Scott-Jonction, Taschereau-Fortier, Sainte-Marie, Saint-Elzéar, village
et paroisse, L'Enfant-Jésus, Vallée-Jonction, Saints-Anges,
Frampton, Salnt-Odilon, Saint-Joseph, village et paroisse,
Saint-Joseph-des-Érables, Saint-Séverin,
Saint-Frédéric, Tring-Jonction, Saint-Jules, Beauceville,
Saint-François-Est, Saint-François-Ouest, Saint-Alfred, et
reçoit Saint-Victor, village et paroisse, de Beauce-Sud.
Quant à la 125e circonscription identifiée aux Chutes de
La Chaudière, elle serait composée des municipalités de
Saint-Lambert-de-Lauzon, Sainte-Hélène-de-Breakeyville,
Saint-Étienne et Saint-Jean-Chrysostome, qui font partie de Beauce-Nord,
et elle recevrait une partie du comté de Lévis, soit les
municipalités de Saint-Romuald, de Charny, de Saint-Rédempteur,
Saint-Nicolas et Bernières, ainsi que le député de
Lévis, puisque M. Garon reste déjà dans ces
municipalités-là.
Enfin, l'avantage d'une telle proposition, si toutefois elle est
acceptée, c'est qu'elle fait consensus dans toutes les
municipalités et tous les comtés concernés, et ce sans
exception. Oe plus, elle respecte dans son ensemble le fond de la loi et les
objectifs de ta commission, soit plus particulièrement l'article 3 pour
le nombre maximum de circonscriptions, à l'article 3.1 en ce qui a trait
à ta représentativité d'une circonscription, compte tenu
des considérations d'ordre démographique - à cet
égard, la proposition déposée fait place à une
croissance démographique quand on connaît ce qui se passe
présentement dans cette région - géographique et
sociologique et, finalement, 3.2 pour le nombre minimum et maximum
d'électeurs dans chaque circonscription.
À cet égard, nous n'avons pas cru bon de vous fournir le
nombre d'électeurs, ainsi que la croissance démographique de
chacun des comtés puisque nous retrouvons déjà ces
données dans le mémoire de la Conférence des
préfets de la rive sud et dans celui de la MRC des
Chutes-de-la-Chaudière. Celui de la Conférence des préfets
de la rive sud est assez détaillé sur le plan sociologique.
En terminant, comme la commission le mentionne à la page 10 de
son rapport préliminaire de septembre 1987, nous croyons que "la
délimitation périodique des circonscriptions électorales
affecte la vie des personnes et des groupes." À cet égard, "des
précautions minimales s'imposent." M. le président mentionnait,
d'ailleurs, en décembre dernier, que, quand on touche à la
Beauce, cela réveille beaucoup de monde. "Entre autres, nous croyons
qu'il faut toucher le moins de personnes et de circonscriptions possible et
éviter les modifications qui risqueraient d'être trop rapidement
remises en question."
Je tiens à vous remercier et nous souhaitons, tout comme les gens
que nous représentons, que nos arguments et commentaires vous
convaincront de la nécessité de former une nouvelle
circonscription sur la rive sud de Québec et ce, dans
l'Intérêt de la commission et des citoyens et citoyennes qui y
vivent leur quotidien. Je vous remercie.
Le Président (M. Marcil): Je vous remercie beaucoup, M. le
député de Beauce-Nord, tout en vous indiquant qu'il est important
d'appeler les députés par le nom de leur comté et non pas
par leur nom de famille. Oui?
M. Audet: M. le Président, je ne sais pas si les
commissaires ont cette carte qui a été préparée par
la MRC de La Nouvelle-Beauce où on retrouve notre proposition et la
proposition de la commission. Au point de vue visuel, c'est assez... Je vais
aller vous la porter. D'accord?
Le Président (M. Marcil): Cela va. M le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le président, je peux vous dire que je suis
un peu embarrassé, j'imagine que votre fonction, comme président
de Commission de la représentation, ne doit pas être toujours
facile. Je voudrais vous féliciter pour le travail que vous faites. Vous
comprendrez facilement, après avoir écouté les
témoignages des députés, pourquoi le gouvernement, il y a
quelques années, a décidé de constituer la commission et
de lui confier le travail. J'imagine que le premier ministre devait avoir un
plaisir féroce en recevant les représentations de chacun de ses
députés qui voulait lui expliquer pourquoi tel et tel village ou
telle et telle municipalité devait se retrouver ou non dans son
comté. Je sais que cela ne doit pas être facile de faire le
travail que vous faites parce qu'il y a un grand nombre de
considérations, des considérations démographiques, des
considérations d'appartenance à des régions, et vous devez
aussi essayer de prévoir l'évolution.
Je n'ai pas présenté de mémoire écrit parce
que je pense que celui que j'ai présenté le 20 février
1980 est toujours valable. J'avais dit, à ce moment-là, qu'il
était préférable de garder la situation telle qu'elle
était en attendant le jour - cette fois-ci ou la fois prochaine, ce sera
à vous de décider - où il y aurait une marge de manoeuvre
nécessaire pour créer un comté
additionnel sur ta rive sud en gardant un certain équilibre quant
au nombre d'électeurs d'un comté. Ces comtés de la rive
sud, même si ce n'est pas connu dés gens de la rive nord, ont,
souvent, un caractère essentiellement urbain, même si on est
habitué à penser à eux comme à des comtés
à caractère rural.
En regardant les différents scénarios
présentés par tes maires de Bernières, Saint-Nicolas,
Saint-Rédempteur, les scénarios 1 et 2, je me suis demandé
st vous aviez la marge de manoeuvre pour faire, par exemple, dans Beauce-Nord,
un comté selon un scénario de 27 600 électeurs ou, selon
un autre scénario, de 32 000, et d'avoir une moyenne régionale
qui serait entièrement inférieure à la moyenne de 36 000
électeurs. Si on regarde les comtés et qu'on les divise par sept
plutôt que par six, on arrive à un nombre d'électeurs de 32
000 ou 33 000, en moyenne, pour la rive sud. Ce n'est pas à moi de
déterminer cela, mais est-ce que, sur le plan des équilibres
régionaux, vous avez la marge de manoeuvre pour créer un nouveau
comté, même si cela veut dire que, sur le plan de la moyenne
d'électeurs par comté on arrive à 32 000 ou 33 000, soit
10 % en bas de la moyenne des électeurs?
Ce qui m'a frappé, ce sont les écarts qu'on retrouve entre
des comtés à caractère rural et des comtés à
caractère urbain. J'ai constaté qu'on se retrouvait un peu, dans
certains cas, à l'inverse de ce qui est traditionnel au Québec.
Sur la rive sud, les comtés ruraux seraient presque plus nombreux que
les comtés urbains et les comtés urbains deviendraient plus
petits que les comtés ruraux. On n'a pas vu cela souvent jusqu'à
maintenant. Quand on est à Sainte-Marie de Beauce, on n'est pas dans un
village rural. On est dans une ville. Je pense que c'est une des villes les
plus longues du Québec. Elle a plusieurs milles de long. Mais c'est une
ville... Quand on est, par exemple, à Saint-Nicolas, Bernière,
Saint-Rédempteur, on est dans des municipalités qui, quand on
regarde une carte, ont l'air rurales, mais qui sont, dans une grande
proportion, urbaines. Dans le comté de Beauce-Nord, il y a des villages,
mais plusieurs de ces villages sont beaucoup plus de petites villes à
caractère urbain.
C'est pour ça que je me suis demandé quelle est votre
marge de manoeuvre dans tout ça. C'est pour ça que je me suis dit
qu'actuellement ou bien vous avez la marge de manoeuvre ou bien vous ne l'avez
pas. C'est ce que j'avais dit en 1980. Je sais qu'elle va venir, la marge de
manoeuvre. La croissance de la rive sud n'est pas également
répartie. La croissance de la rive sud se fait essentiellement dans la
région des Chutes-de-la-Chaudière. Exemple, il y a deux MRC dans
mon comté qui débordent dans le comté de Beauce-Nord. La
municipalité régionale de comté de Desjardins, par
exemple, va passer de 50 000 de population à 55 000 d'ici l'an 2000,
d'après les prévisions, et cela a l'air de marcher pas mal comme
prévu. Tandis qu'une municipalité régionale de
comté comme celle des Chutes-de-la-Chaudière, qui avait une
population d'environ 20 000 en 1971, d'environ 40 000 en 1981 et qui est rendue
autour de 55 000 actuellement, sera rendue, si toutes les prévisions
sont respectées - autour de 100 000 de population en l'an 2000. C'est
dire que, dans une douzaine d'années, la municipalité des
Chutes-de-la-Chaudière aura 100 000 de population.
De quelle façon doit se faire la répartition? J'ai vu,
selon votre principe, que vous vouliez faire une répartition qui va
durer deux mandats. Dans ce coin-là, je pense que ça va
être difficile parce que la croissance va être très rapide.
Le comté de Lévis, actuellement, avec quatre municipalités
du côté nord, aura plus de population que la ville de
Québec. Les deux MRC, la MRC Desjardins et celle des
Chutes-de-la-Chaudière, selon les croissances qui ont été
observées, auront sans doute une population plus forte que toute la
ville de Québec en l'an 2000. L'an 2000, ce n'est pas loin. C'est
seulement dans douze ans.
C'est pour ça, quand je regarde tout ça, que je me demande
comment va se faire la répartition en tenant compte d'un avenir
prévisible. Aussi, il y a le fait que cette croissance
démographique n'est pas générale. Le maire de
Saint-Romuald me disait, par exemple, il n'y a pas longtemps: On a eu un record
de construction l'an dernier et, pourtant, notre population a un petit peu
baissé. On peut avoir plus de maisons, plus de ménages, mais
moins de population. Si on parte d'un comté comme le comté de
Beauce-Sud, il y a peut-être une croissance à Saint-Georges, mais
dans les municipalités environnantes, dans le territoire rural, je suis
plutôt convaincu qu'on assiste à une décroissance, pas
très forte, mais à une certaine décroissance de la
population.
Quand on regarde les comtés de la rive sud, c'est très
partagé. La croissance de la population n'est pas
généralisée. Pourtant, de 1981 à 1986, la
population a augmenté quatre fois plus sur la rive sud que sur la rive
nord. Mais cette croissance d'environ 8000, au lieu d'environ 2000 sur la rive
nord, se retrouve dans quelques municipalités seulement. Par ailleurs,
les municipalités de Bernières, Saint-Nicolas et
Saint-Rédempteur ne sont pas vraiment Intéressées - elles
l'ont manifesté chaque fois que vous les avez consultées -
à se retrouver dans le comté de Lotbinière. Pourquoi?
Parce qu'elles n'ont pas beaucoup de relations avec le comté de
Lotbinière même si ce sont des municipalités voisines.
En 1980, j'avais dit que, tant qu'il n'y aurait pas la marge de
manoeuvre pour faire un comté additionnel, on devrait garder le
comté de Lévis tel quel. Je pense bien que je ne serai pas
original en disant cela après avoir écouté mes
collègues, mais ce serait peut-être plus facile sur le plan des
relations humaines de garder le
comté tel quel tant qu'il n'y aura pas un comté
additionnel. C'est vous autres qui savez sf vous avez la marge de manoeuvre.
Tout en disant que votre proposition n'est pas absurde, je sais, connaissant
les gens du coin, que Bernières, Saint-Nicolas et
Saint-Rédempteur ne souhaitent pas du tout se retrouver dans le
comté de Lotbinière. Je comprends que vous avez dit: On garde une
partie urbaine qui a des relations très étroites... Le
développement qui va se faire au cours des prochaines années va
amener des tiraillements, a mon avis, entre l'est et l'ouest, chacun voulant
accaparer les institutions que la croissance va créer. Historiquement,
les institutions régionales se sont retrouvées beaucoup plus dans
la partie est que dans la partie ouest alors que la croissance va se faire dans
la partie ouest plutôt que dans la partie est. Je vous dis franchement
que je crains les tiraillements et les demandes qui vont être faites au
député. Dans les deux cas, chacun voudra tirer de son bord, parce
que c'est une bande de terre où la croissance est très forte.
J'ai été d'autant plus à l'aise d'essayer
d'établir des consensus jusqu'à maintenant sur la rive sud que
j'avais une majorité à chaque élection dans chacune des
municipalités. Il n'y a pas une municipalité qui pouvait dire:
Vous ne nous traitez pas bien parce qu'on n'a pas voté pour vous. J'ai
eu une majorité à chaque élection, en 1976, en 1981 et en
1985, dans chacune des municipalités. J'ai toujours travaillé
dans le sens d'essayer d'établir des consensus plutôt que de
favoriser la division en tirant d'un bord ou de l'autre. On a réussi
à faire beaucoup de choses sur la rive sud en établissant des
consensus régionaux, qu'il s'agisse de l'incinérateur, du
transport en commun, des MRC, même du CLSC pour lequel le gouvernement ne
nous a pas écoutés alors qu'il aurait dû nous
écouter. On s'est rendu compte, à la suite de décisions
récentes, que cela va sans doute lui coûter aussi cher,
peut-être plus cher, d'avoir un CLSC plutôt que deux. Cela aurait
mieux correspondu aux besoins de la population.
Je sais que vous êtes pris également avec des
problèmes d'équité démographique. La loi vous dit
de faire des choix. C'est pour cela que vous comprendrez que l'ancien premier
ministre, M. Lévesque, avait tellement voulu faire une réforme du
système électoral et qu'il s'est retrouvé - je pense que
ce n'est une cachette pour personne - avec beaucoup de députés
qui deviennent des vedettes locales et qui souhaitent que rien ne bouge.
Considérant tous les problèmes qu'on aura à cause du
vieillissement de la population dans les prochaines années, une
réforme du scrutin, à mon avis, est très importante au
Québec parce qu'elle va permettre des équilibres qu'on ne
retrouve pas dans l'actuel système.
Je ne voudrais pas prendre plus de temps parce que je pense avoir dit,
en quelques mots, l'essentiel de ce que je voulais vous dire.
J'aurais pu mentionner tous tes villages et toutes les
municipalités. On connaît les municipalités dont il est
question dans la municipalité régionale Desjardins ou dans celle
des Chutes-de-la-Chaudière. Cette croissance démographique dans
les douze prochaines années - on va passer de 100 000 à environ
155 000 au cours des prochaines années, en une douzaine d'années
- va représenter beaucoup de choix, beaucoup de décisions, avec
une possibilité de tiraillements considérables. (17 heures)
Je peux vous dire, par exemple, que le fait que le ministre responsable
du Développement régional ait annoncé qu'il y aura une
nouvelle région 03 a déjà amené beaucoup de
municipalités à vouloir prendre position pour devenir capitale
régionale, avec des réaménagements qui seront très
forts parce que c'est évident que, du fait d'avoir une population aussi
importante et qui deviendra plus Importante, les gens de ces deux MRC
commencent à prendre conscience que leur poids démographique veut
dire quelque chose et qu'ils peuvent avoir des représentations ou des
revendications à la mesure du poids démographique que ces MRC
représenteront de plus en plus en allant vers l'an 2000. Ce n'est pas
parce que c'est l'an 2000 mais parce que c'est la prévision d'ici les
douze prochaines années.
Donc, il y a la marge de manoeuvre et si vous trouvez qu'il est
justifiable d'avoir sur le plan régional une région où la
moyenne des comtés sera entre 32 000 et 33 000, il n'y a pas de
problème. Je pense que, par ailleurs, il faudrait tenir compte - Je ne
parlerai pas de chacun des comtés - que des comtés urbains
devraient avoir plus d'électeurs que des comtés ruraux, un petit
peu plus, plutôt que l'inverse. Je suis un peu surpris quand je regarde
la carte de voir que des comtés plus ruraux pourraient se retrouver avec
un nombre d'électeurs répartis différemment. Même
dans la proposition qu'on trouve ici, on trouve des comtés qui auraient
un caractère essentiellement urbain - la proposition qui a
été présentée par les maires de Bernières,
Saint-Nicolas et Saint-Rédempteur - et ces comtés, qui auraient
un caractère essentiellement urbain, pourraient se retrouver avec une
population plus faible que les comtés qui sont plus ruraux. C'est pour
ça que ]e pense que mon mémoire de 1980 est encore bon, laissant
à la commission le choix de déterminer si, sur le plan de
l'équité, elle peut donner suite à un comté
additionnel. Si elle ne le peut pas, ce serait, je pense, de garder te
comté de Lévis le plus possible avec le caractère qu'il a
actuellement.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député de Lévis.
M. Chevrette: Est-ce que je peux demander une permission
spéciale à mes collègues, trois minutes, parce qu'on a
parlé de mon comté hier matin et, malheureusement, j'avais des
obliga-
lions? J'aimerais au moins poser deux questions au président
à la suite des propos de Mme la députée. D'ailleurs, j'ai
conversé avec elle.
Le Président (M. Marcil): Vous êtes consentants?
Oui? Cela va. Allez-y!
Interventions des députés de la rive
nord de Montréal-Lanaudière-Laurentides (suite)
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Je sais que Mme la députée de Groulx
a suggéré un découpage dans le comté de
L'Assomption qui crée problème à cause de l'explosion
démographique de Repentigny. Je suis sûr que c'est un des facteurs
et, à ce qu'on me dit, il y a eu une proposition à savoir de
mettre Saint-Gérard-Magella et L'Épiphanie, village et paroisse,
dans le comté de Joliette. Tout d'abord, étant donné que
mon comté n'était pas du tout touché par vos propositions,
je voudrais savoir combien d'électeurs cela représenterait.
M. Côté (Pierre-F.): L'Épiphanie, paroisse,
c'est 1436 électeurs; le village de L'Épiphanie, c'est 1974, et
Saint-Gérard-Magella, c'est 1601, pour un total de 5011.
M. Chevrette: 5011 qui s'ajoutent à 36 000 ou 37 000?
M. Côté (Pierre-F.): Qui s'ajouteraient à 38
629, ce qui donnerait 43 640.
M. Chevrette: 43 640. Une question additionnelle. Le comté
de Berthier figure à combien sur vos...
M. Côté (Pierre-F.): À 36 089.
M. Chevrette: Je suis convaincu que ce serait intéressant
pour les citoyens de Saint-Gérard et de L'Épiphanie d'être
dans Joliette. Je suis même persuadé qu'ils seraient heureux de
s'en venir à Joliette, et moi de même pour les servir, il n'y
aurait pas de problème. La seule chose à laquelle je pense
actuellement, c'est à l'attraction naturelle pour les gens. Les gens de
L'Épiphanie sont plutôt portés vers Repentigny et vers
l'Assomption, rarement vers Joliette, alors que je me disais que, si jamais
vous aviez à étudier une formule, ce sont plutôt les gens
du nord de Berthier qui ont une attraction vers Joliette et non pas vers
Saint-Gabriel-de-Brandon. Je prends les gens de Saint-Côme et de
Saint-Alphonse-de-Rodriguez qui empruntent toujours la route menant
nécessairement à Joliette; ils ont peu d'affinités pour
aller vers Saint-Gabriel-de-Brandon et encore moins vers
Saint-Félix-de-Valois. Si le député de Berthier a un
bureau à Saint-Félix-de-Valois... Imaginez-vous que, si on veut
desservir la population comme il faut, si on pense à l'attrait naturel
ou aux voies directes pour les citoyens, leur centre d'attraction, je pense que
la partie de Berthier nord qui va vers mon comté a plus d'attraction
naturelle vers Joliette que L'Épiphanie et Saint-Gérard.
Par contre, il est évident que si c'est L'Assomption qui
crée un problème, la municipalité de Saint-Gérard
est quand même contiguë avec Saint-Paul-de-Joliette. D'autre part,
L'Epiphanie l'est moins. Je pense que L'Épiphanie devrait - passer, pour
venir à Joliette, à travers Saint-Gérard; passer par
L'Assomption, je trouve cela un peu plus compliqué. De
L'Épiphanie, à moins de petites routes très secondaires
pour venir à Joliette, il faudrait nécessairement, si on veut
prendre une route la moindrement principale, passer par L'Assomption pour venir
dans le comté de Joliette. Cela serait plus embêtant et beaucoup
moins fonctionnel pour les citoyens. Je connais assez bien cette région;
je comprends que, par les terres, L'Épiphanie touche à
Saint-Gérard et qu'on peut y aller par Saint-Jacques de Montcalm, par
exemple, ou par Saint-Gérard-Magella en arrière. Mais, entre vous
et moi, ce n'est pas une route qui est recommandable l'hiver pour les citoyens.
Il y a environ six courbes à 90 degrés, sinon à 180
degrés. C'est une route très secondaire. Ils devraient à
ce moment-là passer, par sécurité, par le comté
auquel ils appartenaient pour aller à l'autre comté. Cela
réapparaîtrait pour le moins difficile à accepter pour les
citoyens. C'est l'impression que j'ai.
Mais, quant à être desservis, je suis convaincu qu'ils
seraient enthousiastes, à cause du député de Joliette, je
suis sûr de cela. Mais, personnellement, je pense que le plus naturel, si
on avait à grossir un comté dans ce coin-là, serait
plutôt la ligne nord-sud, Saint-Cô-me-Saint-Alphonse-de-Rodriguez,
parce que, vers le nord, Saint-Ambroise et Sainte-Marcelline appartiennent
déjà à ma circonscription électorale et eux se
trouvent déjà très malheureux. Des pétitions ont
même été faites à Saint-Alphonse-de-Rodriguez pour
se joindre au comté de Joliette, précisément parce qu'ils
sont obligés de faire un immense tour pour aller à
Saint-Félix-de-Valois. Ce sont les remarques que je voulais faire. Je
vous remercie.
Le Président (M. Marcil): Je vous remercie, M. le chef de
l'Opposition. Je reconnais maintenant M. le député de
Beauce-Sud.
Interventions des députés de la rive sud
de Québec (suite)
M. Robert Dutil
M. Dutil: J'ai déposé un bref mémoire qui
est le 18e concernant la Beauce, selon mes informations. Il est peut-être
un peu moins vigoureux que certains que vous avez vus sur la Beauce, mais je
pense que l'argumentation
présentée reflète et résume bien ce qui
avait été dit.
Il y a certains points que je tiens absolument à souligner.
D'abord, quant à la répartition de la population dans les
comtés, il est prévu dans la loi que c'est votre devoir de le
faire et on ne peut faire autrement que d'y adhérer, non seulement parce
que c'est la loi, mais c'est une question d'équité sur le plan
démocratique. De ce côté-là, le comté de
Beauce-Sud était un exemple parfait de ce que pourrait être
l'idéal dans la province de Québec, à savoir que là
moyenne provinciale était de 36 000; elle serait, si on gardait le
même découpage, d'environ 38 000 personnes.
Une autre caractéristique importante, c'est la région
d'appartenance. Encore là, le comté de Beauce-Sud a une
particularité que bien d'autres comtés aimeraient avoir,
c'est-à-dire un seul centre régional plus gros que les autres qui
regroupe environ 40 % de ta population et qui est environné de plusieurs
municipalités qui ont beaucoup de relations avec ce centre
régional. Les gens vont y faire leurs achats et plusieurs vont y
travailler; ils vont aussi s'y détendre et ils prennent une bonne partie
de leurs loisirs dans Saint-Georges et ils retournent chez eux. On a un tissu
industriel et commercial - je ne veux pas discuter davantage là-dessus -
qui est, je pense, bien intéressant.
Ce qui a soulevé le problème que vous avez vu et le nombre
de mémoires que vous avez vus, c'est particulièrement ce que
j'appelle le bloc est, le bloc est étant Saint-Benjamin, les deux
Saint-Zacharie, Saint-Prosper et Sainte-Aurélie qui, depuis que les MRC
sont formées, protestent avec vigueur contre le découpage qui a
été fait dans les MRC en disant: Ce découpage des MRC
n'est pas notre région d'appartenance. Bien que l'on nous dise que ce
n'est que pour faire de l'aménagement du territoire, on croit que cela
aura une importance sur d'autres décisions, qu'elles soient
gouvernementales ou de commissions comme telles.
M. le Président, vous avez argumenté, lorsque j'ai
assisté à l'audience publique à Lévis, que te
découpage des MRC n'avait en aucune façon influencé le
découpage que vous nous proposez, sauf qu'il est absolument impossible,
étant donné la coïncidence considérable qu'il y a
entre le découpage des MRC et celui que vous proposez, de faire croire
à une population que cela n'a pas Influencé.
Je m'explique. Le découpage que vous proposez, par hasard,
inclurait les MRC de Beauce-Sartigan et de Robert-Cliche parfaitement, à
une seule exception, qui est déjà dans Beauce-Sud et qui
demeurerait dans Beauce-Sud, et qui est Sainte-Clotilde. Cette coïncidence
a évidemment eu pour effet de faire dire aux gens du bloc est plus
particulièrement, qui protestent contre le découpage des MRC:
Voilà une des conséquences que l'on avait prévue il y a
cinq ans, lors du découpage. On nous envoie à
Lac-Etchemin pour certaines choses qui ne sont pas de
l'aménagement du territoire. C'est une chose qu'on regrette et,
maintenant, on nous envoie dans Bellechasse pour le découpage
électoral parce que, dans le découpage des MRC, on fait partie de
la MRC des Etchemins.
Le bloc sud, qui est formé de Saint-Robert, des trois
Saint-Ludger et de Courcelles, a une réaction à peu près
similaire. Ils regrettent, eux, de ne pas s'être opposés au
découpage des MRC à l'époque parce qu'ils disent: Nous
n'avons pas été aussi prévoyants que les gens du bloc est.
Nous n'avons pas vu que cela pouvait avoir des conséquences sur d'autres
décisions que j'appelle gouvernementales - on sait que la commission
n'est pas le gouvernement mais en tout cas - que j'appellerai publiques pour la
population. À partir du moment où c'est une entité
publique, c'est le gouvernement. On nous change de comté parce qu'on est
dans la MRC du Granit. Donc, on a fait un découpage électoral qui
copie intégralement le découpage des MRC On est
pénalisé. Si on avait su cela à ce moment, on aurait
certainement protesté contre le découpage de la MRC du Granit et
on aurait voulu faire partie de la MRC de Beauce-Sartigan pour être bien
sûr que l'on maintienne dans le découpage électoral notre
véritable région d'appartenance.
Quant au bloc que j'appelle le bloc nord, le bloc qui, lui. viendrait
s'ajouter, eh bien, encore là, peut-être est-ce l'effet du hasard,
mais j'ai bien de la difficulté à te voir de cette façon
et je suis certain que je ne peux pas en convaincre la population. Il
correspond également exactement au découpage de la MRC de
Robert-Cliche. Il va chercher des municipalités. C'est d'autant plus
frappant que le fait d'aller aussi loin que Saint-Joseph, par exemple, a pour
effet de nous faire passer d'un nombre total d'électeurs de 38 000,
qu'il serait à la prochaine élection, à 42 000, alors que
Beauce-Nord, qui était à 45 000 électeurs, qui
était donc très au-dessus de la moyenne, passe au-dessous de la
moyenne. Si on n'avait pas tenu compte du découpage des MRC, on aurait
pu dire: On prend Saint-Joseph, on le laisse dans Beauce-Nord et, donc, on
monte Beauce-Nord à - ce n'est pas la solution que je privilégie,
mais je le donne comme exemple-38 000 électeurs et on passe Beauce-Sud
à 38 000 électeurs, ce qui aurait fait quelque chose, sur le plan
de la répartition, de beaucoup plus équilibré. Mais non.
Il semble qu'on ait décidé d'inclure complètement tes deux
MRC à l'intérieur du découpage de Beauce-Sud.
Cela dit, ce que nous préconisons, c'est de laisser de
façon intégrale le territoire de Beauce-Sud, parce qu'il n'y a
aucun problème quant au nombre d'électeurs, et de régler
le problème de Bellechasse, Beauce-Nord, Lotbinière et
Lévis, qui, dans deux cas, ont trop d'électeurs et, dans deux
autres cas, n'en ont pas assez, de la façon préconisée par
le mémoire qu'a présenté M. Audet, c'est-à-dire
qu'il y ait un autre comté
qui permettrait probablement de régler l'ensemble de la question
de façon satisfaisante et sur le plan de la répartition de la
population et sur le plan de la région d'appartenance. (17 h 15)
Quant à un autre argument que je pense fort important pour les
découpages ultérieurs, la partie Saint-Ludger, Saint-Robert, le
bloc sud, on vient les chercher dans Beauce-Sud pour combler un manque à
gagner de population dans Mégantic-Compton, sauf que l'attraction du
déplacement démographique dans Mégantic-Compton ne vient
pas de la Beauce, mais il vient de Sherbrooke. Les gens de
Mégantic-Compton ne s'en vont pas vers Québec ou vers la Beauce,
ils s'en vont vers Sherbrooke, S'ils perdent de la population, c'est dû
justement à ce fait. Bien sûr, quelques-uns s'en viennent vers la
Beauce, mais ce n'est pas la majorité.
Je pense qu'il serait plus logique de faire suivre le comté dans
la direction de la population. Si la population s'en va vers Sherbrooke, il me
semble plus évident et plus normal de faire déplacer ce
même comté vers Sherbrooke, ce qui fait que les gens risqueraient
de se retrouver dans le même comté s'ils ont
déménagé tout près de Sherbrooke, parce qu'on
vient, au fur et à mesure de leurs déplacements, les englober,
s'assurant ainsi de ne pas se retrouver avec le même problème. Si
le déplacement de la population est vers Sherbrooke, donc, vous venez
chercher de la population dans un comté qui n'a pas la même force
d'attraction que Sherbrooke; il faut bien se le dire, Beauce-Sud n'a pas la
même force d'attraction qu'un grand centre. Il subit la force
d'attraction de Québec, de Lévis et de ceux qui s'en vont vers le
nord. À plus ou moins brève échéance, vous allez
petit à petit venir gruger Beauce-Sud pour régler un
problème qui se règle, à mon avis, beaucoup plus du
côté de Sherbrooke que du côté de Beauce-Sud.
C'est l'ensemble des remarques que je voulais présenter
là-dessus. Je pense que c'est tout à fait légitime et sur
l'équité de la répartition de la population, et sur la
région d'appartenance, en tout cas, de ne pas ou de peu toucher à
Beauce-Sud.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Beauce-Sud. Vu qu'il n'y a plus d'intervenants, je vais
permettre à M. le président de la Commission de la
représentation électorale de conclure.
Conclusions M. Pierre-F. Côté
M. Côté (Pierre-F.): Juste quelques brèves
remarques en guise de conclusion, M. le Président. Je veux d'abord
rassurer MM. les membres de l'Assemblée nationale. Je veux d'abord tes
remercier et, sans que ma remarque exprime quelque impertinence que ce soit, je
voudrais vous dire que nous sommes très agréablement surpris de
la qualité des mémoires qui nous ont été
présentés pendant ces deux jours. Soyez assurés que nous
allons les prendre en sérieuse considération.
Je veux vous signaler qu'évidemment -tout le monde l'a dit
à quelques reprises - on ne pourra pas satisfaire tout le monde et son
père, comme le dit l'adage. On va essayer de faire notre possible pour
donner le plus de satisfaction au plus grand nombre de représentations
qui nous ont été faites. On va, bien sûr, résister
à la tentation de vouloir faire plaisir à tout le monde, de
laisser pencher notre coeur vers les sentiments en ne tenant pas compte
suffisamment de la raison. Je pense que vous vous attendez que, comme pour
l'application des articles 3.1 et 3 2, on atteigne un juste équilibre
à cet égard.
Évidemment, ce qu'on a soumis, c'est un rapport
préliminaire, le 15 septembre. Je rappelle ce que j'ai mentionné
tout à l'heure pour les étapes à venir. C'est le
dépôt d'un rapport à Pâques, qui n'est pas encore
définitif et qui ne sera pas tout à fait définitif parce
qu'il vous sera loisible, à l'occasion d'un débat de cinq heures
à l'Assemblée nationale, de nous faire encore des
représentations. Si vous croyez qu'on s'est encore trompé dans ce
rapport, il sera possible pour nous d'apporter encore des correctifs.
Toutefois, à la fin de nos travaux, vous savez que les décisions
finales auxquelles nous serons parvenus seront publiées dans la
Gazette officielle et ce sera d'après cette nouvelle carte
électorale que seront tenues les prochaines élections
générales. Alors, comme je l'ai mentionné, nous avons une
tâche à accomplir. Nous allons essayer de le faire le mieux
possible.
Plusieurs ont souligné, comme Je l'ai mentionné, les
difficultés de concilier les articles 3.1 et 3.2, et le sentiment
d'appartenance. Je résume les articles 3.1 et 3.2: les exigences
mathématiques, les exigences du nombre d'électeurs. On
réalise, en écoutant tout ce qui a été
mentionné depuis deux jours, en particulier, qu'il est très
difficile d'établir des projections qui soient vraiment exactes et qui
donnent satisfaction à tout le monde. Ce qu'on va essayer de faire,
c'est de revoir les différentes observations qui nous ont
été faites, et d'essayer de voir en particulier quelles sont les
projections, non pas uniquement en regard de la population mais en mettant
l'insistance du côté de l'article 3.2 qui nous dit qu'on doit
établir les circonscriptions électorales sur la base du nombre
d'électeurs de la dernière élection
générale.
L'autre préoccupation qu'on va avoir - quoiqu'il y ait eu une
nuance assez importante dès l'ouverture des travaux, hier matin, et sur
laquelle nous allons beaucoup réfléchir - ce sera, dans toute la
mesure du possible, d'établir une carte qui aura la plus longue
durée possible. Il y a eu des nuances assez importantes qui ont
été exprimées hier. Évidemment, nous allons
aussi essayer d'arriver à des décisions qui vont tenir compte de
l'équité, c'est-à-dire que les décisions qu'on
prendra dans une région donnée, il faudra qu'elles soient
applicables pour qu'on puisse, dans une autre région, dire: Puisque vous
avez décidé telle chose dans telle région, par
conséquent, si vous maintenez un équilibre dans vos
décisions, tenez compte de la même situation dans un autre coin de
la province.
Finalement, c'est bien certain que vous vous attendez qu'on ait toujours
comme perspective un objectif qui a été aussi
précisé hier matin, qui est celui peut-être d'un des
articles les plus importants de la loi qu'on administre, l'article 2, qui est
celui de tenir compte du principe d'égalité du vote des
électeurs. C'est la base de notre système démocratique,
cette représentativité équitable des électeurs. Il
est généralement admis au Canada qu'une marge de plus ou moins 25
%, à partir d'une moyenne, atteint cet objectif de
l'équité. Au-delà de cela, les tribunaux du Canada, et
surtout la tradition, commencent à dire que ce principe est plus ou
moins observé.
Comme dernière remarque, nous apprécierions recevoir
d'autres commentaires et d'autres suggestions, si vous en aviez, concernant
l'autre difficile problème que nous avons à régler, celui
des désignations. Nous avons su de façon très claire que
certaines désignations que nous avons proposées ne sont pas
très bien reçues et nous aimerions avoir des propositions
alternatives pour ces refus. Il y a eu certaines suggestions qui ont
été faites, on aimerait en avoir d'autres, si vous en avez, et
nous allons évidemment travailler de concert avec ta Commission de
toponymie.
Cela dit, M. le Président, Je vous réitère nos
remerciements. Soyez assuré que nous allons étudier avec beaucoup
de soin les mémoires. Moi, j'ai l'impression, à l'issue de ces
deux jours de travaux, que nous devons et que nous allons retourner à
notre table de travail avec beaucoup de sérieux à la suite de
tous les mémoires qui ont été présentés.
Merci.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
président de la Commission de la représentation
électorale. Merci également aux membres de cette commission. Nous
tenons à vous remercier, vous et vos collaborateurs, MM. Bourassa,
Giguère, Lessard et Lemieux, de votre présence durant ces deux
journées d'auditions et de votre magnifique travail accompli depuis
déjà presque un an. On sait que le travail que vous avez à
accomplir n'est pas facile. Par contre, nous avons une institution qui nous est
chère et qui fait en sorte que cette commission évite
précisément toute partisanerie, quelle qu'elle soit, dans te
dénombrement des circonscriptions ou dans la réforme de cette
carte; c'est un grand avantage. Je tiens aussi à remercier, au nom de
cette commission, tous les députés qui sont intervenus au cours
de ces deux journées d'auditions pour la qualité de leurs
Interventions qui, j'en suis sûr, sauront agrémenter vos
soirées et vos journées.
Sur ce, je tiens à déclarer que notre commission a rempli
son mandat et que nos travaux sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 17 h 24)