Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Douze heures une minute)
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: II n'y a pas de remplacements, M. le
Président.
Le Président (M. Filion): Mme Dougherty?
La Secrétaire: Elle est membre de plein droit de la
commission puisqu'elle est la marraine du projet de loi.
Le Président (M. Filion): Est-ce qu'on a le quorum?
La Secrétaire: Oui. M. Marcil, M. Trudel...
Le Président (M. Filion): Un, deux, trois, quatre,
cinq.
La Secrétaire: M. Marx est membre de la commission
aussi.
Le Président (M. Filion): Donc, il n'y a pas de
remplacement. La séance est maintenant ouverte. Je rappellerai notre
mandat qui est de procéder à l'étude
détaillée des deux projets de loi d'intérêt
privé suivants: le projet de loi 229, Loi modifiant l'acte pour
incorporer "l'institut Fraser", le projet de loi 259, Loi concernant certains
immeubles du cadastre de la paroisse de La Malbaie.
J'appellerai donc maintenant le projet de loi 229 qui est le premier
à notre ordre du jour. Je comprends que les parlementaires ne
s'entendent pas pour que nous étudiions d'abord le projet de loi
259.
M. Marx: On suit l'ordre de la Chambre.
Le Président (M. Filion): D'accord, on peut le renverser
si on le désire.
M. Marx: On peut tout faire, mais on suit l'ordre de la
Chambre.
Le Président (M. Filion): D'accord. Donc, M. le ministre,
qui est membre de la commission, s'objecte à ce qu'on renverse l'ordre
des projets de loi.
M. Marx: Non, le ministre veut qu'on respecte l'ordre de la
Chambre.
Le Président (M. Filion): C'est cela.
M. Marx: II n'est jamais négatif, toujours positif.
Projet de loi 229
Le Président (M. Filion): J'inviterai les membres de la
commission qui ont des commentaires à faire sur ce projet de loi
à les faire. J'inviterais, au premier titre, Mme la
députée de Jacques-Cartier qui est avec nous d'office
étant la "parraine", si on veut, ou la marraine - de-vrais-je dire - du
projet de loi 229. Mme la députée de Jacques-Cartier, la parole
est à vous.
Remarques préliminaires
Mme Dougherty: C'est avec plaisir que j'accueille le Dr Stanley
Frost et Me Michael McAuley, représentants de l'institut Fraser-Hickson,
à cette séance de la commission des institutions qui est
mandatée pour étudier le projet de loi 229.
Je suis heureuse de parrainer ce projet de loi parce que, depuis plus
d'un siècle, l'Institut Fraser offre un service culturel de grande
qualité à la population de Montréal. Je veux
féliciter le conseil de direction de l'institut qui a pris la
décision, par le biais de ce projet de loi, d'enlever l'obligation
d'être de foi protestante pour siéger comme membre de son conseil
de direction. Cette restriction était peut-être normale il y a
cent ans puisque, à cette époque, la plupart des services
sociaux, éducatifs et culturels étaient fondés sur une
base catholique ou protestante. C'était une division plus ou moins
synonyme de la division linguistique existante francophone-anglophone.
Aujourd'hui, pour refléter la grande diversité religieuse,
culturelle et linguistique de la population de Montréal, il est tout
à fait normal qu'on élargisse les critères pour être
membre du conseil de direction de l'institut, afin d'ouvrir la porte à
des personnes compétentes, sans égard à leur religion. De
plus, je trouve l'amendement proposé tout à fait cohérent
avec l'esprit du mandat de l'institut, tel que défini par M. Hugh Fraser
lui-même dans son legs de 1870, à savoir d'établir "une
bibliothèque, un musée et une galerie publics et gratuits,
accessibles à toutes personnes honnêtes et respectables
quelconques, de tous rangs et sans distinction, sans frais ou
rémunération de quelque sorte". Pour toutes ces raisons, M. le
Président, j'appuie ce projet de loi et je recommande son adoption
à tous mes collègues des deux côtés de cette
table.
Le Président (M. Filion): Je vous remercie, Mme la
députée de Jacques-Cartier. Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants qui voudraient formuler des remarques préliminaires avant
que nous entendions la présentation de nos invités? Non.
J'inviterai donc les représentants, si l'on veut, des
requérants, Me Michael McAuley
- c'est bien cela? - et le Dr John O'Brien, qui est
vice-président du conseil des gouverneurs de l'Institut Fraser-Hickson.
Je voudrais leur souhaiter la bienvenue à cette commission des
institutions qui, même si elle siège dans ce lieu exigu, n'en est
pas moins un ancien lieu de réunion du Conseil des ministres. En fin de
session, les salles sont généralement occupées, c'est
pourquoi nous nous réunissons ici.
Est-ce vous avez des commentaires à formuler sur le projet de loi
229?
M. O'Brien (John): Je vous remercie, M. le Président. Mes
commentaires seront plus ou moins dans la même ligne que les commentaires
de Mme la députée. Évidemment, l'Institut Fraser,
maintenant l'Institut Fraser-Hickson, date d'un peu plus d'un siècle et
les arrangements qui ont été faits à ses débuts
sont maintenant dépassés, à notre avis. Mais, puisque,
à ce moment, la Législature a constitué l'Institut Fraser
en stipulant cette nécessité que les membres du conseil
d'administration soient des gens professant la foi protestante, il nous faut
maintenant vous prier de faire les modifications nécessaires pour
changer cette situation. Les raisons sont plus ou moins évidentes, je
crois. Actuellement, ce n'est plus nécessaire puisque l'institut dessert
une communauté qui est très diversifiée. Même s'il
ne s'agit que des membres du conseil d'administration, nous croyons qu'il
serait beaucoup plus satisfaisant que l'institut soit en mesure de nommer des
gens sans considération de leur foi. Donc, on présente cette
demande. C'est Me McAuley qui sera en mesure de répondre quant aux
points strictement légaux. Pour ma part, en tant que
vice-président de l'institut, je recommande surtout de faire un tel
changement. Merci.
Le Président (M. Filion): Je vous remercie, Or O'Brien.
Est-ce que Me McAuley, vous voulez ajouter quelque chose?
M. McAuley (Michael): Oui, quelques mots, M. le Président.
Merci pour la convocation. J'ai le grand plaisir de vous adresser quelques
mots, surtout concernant le contexte historique de cette loi. Il faut toujours
reconnaître que l'exigence quant à la foi, qui est contenue dans
le testament et entérinée dans la loi constitutive de l'Institut
Fraser-Hickson, était une condition de l'époque de 1870, une
époque où il y avait un contrôle important de
l'Église catholique à travers te monde et ici, au Canada
français, Par ce contrôle, il y avait un index prohibitorum, une
liste des livres dont la lecture a été prohibée et
interdite par toute personne professant la foi catholique. À
l'époque, M. Fraser voulait que la bibliothèque soit ouverte
à toutes les personnes qui pouvaient lire tous les livres possibles,
incluant les théories de l'évolution de Darwin qui furent
interdites par l'Église catholique et dont l'achat, l'acquisition
était prohibée pour les bi- bliothèques privées.
Donc, l'Institut Fraser-Hickson voulait que toute acquisition de livres soit
possible. Maintenant, avec le changement des moeurs et dans un tout autre
contexte historique, cette exigence n'est plus nécessaire. Alors, du
point de vue juridique, je crois qu'il n'y a plus nécessité
d'avoir une exigence de foi protestante pour l'accès au conseil des
gouverneurs de l'institut. Ceci termine mes commentaires
préliminaires.
Le Président (M. Filion): Je vous remercie Me McAuley. M.
le ministre, avez-vous des commentaires?
M. Marx: Oui, M. le Président, peut-être que je suis
te plus vieux des députés autour de la table, l'un des plus
vieux. Je me souviens bien de cette question d'index, dirais-je, parce que dans
ma jeunesse, quand je suis allé à la bibliothèque de
Montréal, rue Cherrier, j'ai demandé certains livres et on m'a
dit: Ces livres sont à l'index, non disponibles pour certaines
personnes. Donc, je comprends bien le problème qui a été
soulevé.
J'aimerais exprimer les hésitations que nous avons d'intervenir
pour modifier les testaments J'avais des hésitations dans l'Opposition,
j'ai les mêmes hésitations maintenant que nous sommes au pouvoir,
donc, des hésitations, si vous voulez, constantes. Je trouve que, ici,
c'est un peu exceptionnel dans le sens qu'il s'agit d'une institution qui a
été incorporée par une loi. Il s'agit d'une institution
publique, tel qu'expliqué par l'avocat de l'institut de la
bibliothèque Fraser-Hickson Je pense qu'il sera convenable de
procéder à l'adoption de cette loi. C'est effectivement une loi
qui modifie la loi qui a incorporé cette institution. Elle a
été incorporée par une loi en 1870, modifiée au
moins deux autres fois par des lois, donc la bibliothèque Fraser-Hickson
a passé souvent devant une commission parlementaire. Peut-être que
ce sera la dernière fois. Ce n'est pas pour vous dire qu'on n'aimerait
pas vous voir, au contraire.
Le Président (M. Filion): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Quant à l'objectif poursuivi par la loi. Je pense que c'est
inutile d'insister. L'objectif visé par la loi est tout à fait
souhaitable. Comme le projet de loi l'exprime fort bien, dans le but d'obtenir
un consensus plus large de la communauté et d'obtenir l'avis d'un groupe
plus large de parties intéressées, le bureau des gouverneurs a
résolu de faire disparaître l'exigence relative à la foi,
pour ainsi promouvoir les objectifs plus larges de l'institut et assurer la
diffusion gratuite des connaissances dans le public, sans aucune distinction.
D'autre part, on sait que l'institut visait - et c'est le projet de loi de 1870
- à établir "une bibliothèque, un musée et une
galerie publics gratuits, accessibles
à toutes personnes honnêtes et respectables -
c'était la formulation de l'époque qui est quand même
lourde de sens - quelconques, de tous rangs et sans distinction, sans frais ou
rémunération de quelque sorte".
Bref, premièrement, en ce qui concerne l'objectif visé, il
paraît tout à fait souhaitable. Là où nous devons
nous Interroger... Beaucoup de groupes, d'organismes, de personnes au
Québec ont des objectifs louables et souhaitables, et ce ne sont pas
tous les groupes, personnes ou organismes qui obtiennent une modification
à une loi pour permettre de faire disparaître une disposition qui,
de l'avis maintenant des gouverneurs et de notre avis également, doit
être enlevée. Ma préoccupation porte donc sur les moyens
choisis, notamment celui de présenter un projet de toi privé.
Pour être plus précis, ma question va s'adresser à
Me McAuley et sera la suivante: Pourquoi ne pas avoir présenté
une requête en jugement déclaratoire devant un juge de la Cour
supérieure, requête qui viserait, non pas à modifier la loi
- la loi ne peut être modifiée - mais qui viserait à
modifier le testament pour y enlever une disposition qui pourrait être
contraire à la Charte canadienne des droits et libertés ou
même à la Charte québécoise des droits et
libertés de la personne? Les deux chartes sont explicites sur ce sujet.
Est-ce que ce moyen a été envisagé? S'il a
été envisagé, pourquoi n'a-t-il pas été
employé avant la présentation du projet de loi privé? (12
h 15)
M. Marx: M. le Président.
Le Président (M. Filion): Oui.
M. Marx: Je veux juste souligner que ce que vous suggérez
est un peu théorique dans le sens que l'article 1 prévoit que
l'Acte pour incorporer "l'Institut Fraser" - l'acte, donc c'est une loi - est
modifié par le remplacement du titre par le suivant. Loi concernant
l'Institut Fraser-Hickson, Montréal. C'est-à-dire que, si
l'Institut Fraser veut changer son nom, cela prend une loi parce qu'il faut
modifier la loi originale. Une fois qu'on modifie le nom, je pense qu'on peut
procéder avec le tout. Je pense qu'il serait inopportun que l'Institut
Fraser vienne devant l'Assemblée nationale pour changer son nom et
qu'ensuite on dise: On est d'accord avec le changement de nom, parce que cela
prend une loi spéciale, une loi privée, mais allez devant la Cour
supérieure pour d'autres modifications. Je pense que cela serait
inopportun de proposer cela à quelque institution publique que ce
soit.
Le Président (M. Filion): M. le ministre...
M. Marx: Vous comprenez ce que je veux dire?
Le Président (M. Filion): Oui.
M. Marx: S'il était juste question de modifier le
testament, on peut se poser des questions sur une action déclaratoire.
Une fois que l'Institut Fraser est ici pour changer son nom et que cela prend
une loi, en même temps, on pourrait corriger d'autres articles, soit dans
la loi, soit modifier le testatment. Vous comprenez ce que je veux dire?
Le Président (M. Fition): Justement, sur ce sujet, j'avais
cru comprendre du premier attendu, troisième alinéa, qu'on dit -
là-dessus, c'est peut-être une demande d'information - "en accord
avec te testament de M. Hickson, l'Institut Fraser présenta une demande
de loi modifiant les lois susmentionnées afin de changer le nom de
l'Institut Fraser en celui de "L'Institut Fraser-Hickson, Montréal".
Une voix: L'institut s'appelle déjà...
Le Président {M. Filion): C'est cela. Je voudrais juste
vous corriger là-dessus. L'institut s'appelle déjà
l'Institut Fraser-Hickson en vertu des modifications apportées par les
lois de 1956-1957.
M. Marx: Pour régulariser tout...
Le Président {M. Filion): D'abord, on va clarifier une
chose. Le changement de nom, c'est uniquement pour ajouter "Montréal".
Est-ce que j'ai bien compris?
M. McAuley: M. le Président Le Président (M.
Filion): Allez-y.
M. McAuley: D'abord, pour répondre à cette question
de changement de nom, la première loi qui fut sanctionnée par la
Législature visait un accroissement du nombre de membres du conseil des
gouverneurs de cinq à quinze. La deuxième loi a été
adoptée pour faire suite au testament et au décès de M.
Hickson car, dans le testament de M. Hickson, une exigence était que
l'institut soit renommé Fraser-Hickson. Donc, il voulait donner son
argent, mais seulement à une des conditions, que son nom soit
incorporé dans le nom de l'institut. Donc, ce fut une loi où le
nom a été changé pour faire suite aux exigences du
testament de M. Hickson.
Le Président (M. Filion): Pourquoi est-ce qu'on reprend
à l'article 1 de notre projet de loi le même changement qui aurait
déjà été apporté en 1956-1957?
M. McAuley: Disons que l'article 1 du projet de loi... Dans la
loi qui voulait changer le nom de l'institut, on a oublié de changer le
nom de la loi constitutive de l'institut.
Le Président (M. Filion): Donc, c'est pour changer le nom
de la loi, ce n'est pas pour changer le nom de l'institut.
M, McAuley: Voilà! C'est un oubli.
M. Marx: Cela revient au même, une fois qu'il faut changer
le nom de la loi, cela prend une loi, donc on fait le tour. Pour moi, c'est une
distinction sans différence sur la question des changements. Une fois
qu'on veut régulariser le titre de la loi, qu'on pense à
tout.
Le Président (M. Filion): Mettons de côté...
Maintenant, on sait que l'institut lui-même a un nom différent,
qu'il le porte depuis 1956-1957, mais que le titre de la loi constitutive n'a
pas été corrigé. Est-ce que cela cause des
problèmes, l'article 1, le fait que la loi porte un nom
différent? Non? Parce que c'est une loi concernant...
M. McAuley: Disons que te projet de loi vise d'abord la
suppression de l'exigence de la foi.
Le Président (M. Filion): D'accord.
M. McAuley: Donc, en même temps, on veut normaliser
quelques autres oublis.
Le Président (M. Filion): Mettons de côté
cette question de changement de nom. Revenons-en maintenant à la
question principale. Pourquoi ne pas avoir demandé un jugement
déclaratoire sur cette disposition du testament?
M. McAuley: Nous avons considéré toutes les options
avant de procéder à la rédaction et à la
présentation d'un projet de loi d'intérêt privé
devant la Législature. La Cour supérieure, avec toute la
déférence que j'ai envers cette cour et les juges de ladite cour,
n'a pas de compétence pour modifier le testament. La cour n'a de
compétence que pour interpréter les dispositions du testament.
Seule la Législature pourrait modifier une disposition claire et nette.
Il y a certains cas où on dit que la Cour supérieure modifie un
testament, mais c'est plutôt une interprétation. Donc, dans un
premier temps, ici, l'exigence quant à la foi était tellement
claire et nette que, quant à nous, il fallait un projet de loi devant la
Législature pour changer l'esprit du testateur. Dans un deuxième
temps, nous sommes toujours en période de liberté testamentaire
et les cours n'ont pas de compétence pour renverser cette liberté
testamentaire. Ce n'est que la Législature qui a la compétence
plénière de créer des droits ou de supprimer des droits
sujets à certains droits de base constitutionnelle. Donc, dans un
deuxième temps, dans l'esprit de liberté testamentaire, M. Fraser
et M. Hickson par la suite, voulaient une certaine exigence dans leur
testament. Maintenant, cette exigence, qui était antérieure au
testament, n'a pas d'effet de réalité. C'est la raison pour
laquelle nous sommes Ici devant la Législature.
Un troisième point que j'aimerais soulever, c'est qu'à la
Cour supérieure, en matière de déclaration, pour qu'une
requête soit présentée pour un besoin urgent, it faut qu'un
droit soit décidé, parce que c'est une procédure
d'exception. La cour donne une priorité exceptionnelle pour
décider tout de suite d'un droit ou d'un titre urgent. Cette situation
ne pourrait arriver que si une personne se présentait pour
élection au conseil des gouverneurs et que cette personne était
refusée à cause de sa foi. On ne veut pas attendre pareil
événement où il y a désaccord sur la nomination
d'une personne en particulier. Nous voulons changer d'emblée cette
exigence. C'est la raison pour laquelle on ne voulait pas procéder par
déclaration devant la Cour supérieure.
Le Président (M. Filion): Selon ma modeste
expérience - les légistes du ministre sont là, le ministre
lui-même - on peut s'adresser à la Cour supérieure pour
modifier un testament si une disposition notamment est contraire à la
charte. Comme vous le savez, la charte est une loi prépondérante
qui affecte l'ensemble des droits et obligations au Canada et au Québec.
La Cour supérieure modifie à l'occasion, par jugement
déclaratoire, le contenu de certains testaments. Elle peut le faire.
Elle applique à ce moment-là la charte canadienne.
M. McAuley: C'est une opinion que j'ai, mais il y a une
différence qui est difficile à cerner parfois entre modification
et interprétation. On a vu bien des cas devant la Cour supérieure
où ta restriction d'une libéralité en faveur de
l'épouse et la restriction qui veut qu'elle ne se remarie pas et que, si
elle se remarie, elle perd les bénéfices, on a vu que cette
exigence a été appuyée par la Cour supérieure.
C'est une exigence légale, même si, d'un autre côté,
on peut dire que personne ne peut être contraint à ne pas se
remarier ou se remarier pour avoir un bénéfice ou un droit
quelconque.
Donc, il y a une distinction qui n'est pas nette et claire entre
modification de testament et interprétation du testament. Dans d'autres
provinces, et surtout dans une cause récente qui fut
décidée par le High Court de l'Ontario, on a décidé
que toute charte n'a pas d'effet quant aux associations privées
où il n'y a pas un droit qui est disputé, mais un
privilège. C'est un privilège d'être membre du conseil des
gouverneurs, ce n'est pas un droit ouvert au grand public. Si c'était un
droit ouvert au grand public, où qui que ce soit pouvait être
membre du conseil des gouverneurs, je pourrais considérer que la charte
a un effet pour supprimer une exigence quant à la foi. Mais là
où c'est une exigence de discré-
tion où le public n'est pas affecté, je crois, à
mon humble avis, et l'Ontario High Court est du même avis, que la charte
ne s'applique pas aux associations privées. Là, c'est une
différence. J'ai discuté avec les membres de la sous-direction
législative du ministère de la Justice d'une certaine cause en
particulier qui fut décidée récemment où une bourse
a été ouverte aux personnes blanches et protestantes. Donc, le
High Court de l'Ontario a dit que cette bourse était légale, que
cette restriction était légale, malgré les interventions
de l'Ontario Human Rights Commission. Encore une fois...
M. Marx: Est-ce le même droit au Québec? Il y a
longtemps maintenant que j'ai fait mon droit civil, mais je me souviens de la
cause - j'ai fait cela avec le député de Bourget...
M. Trudel: II y a vingt ans au moins, M. le ministre.
M. Marx: On était dans la même promotion, donc si je
fais des erreurs, il va me corriger.
M. Trudel: Dans la même promotion, il y en a qui ont
réussi, d'autres beaucoup moins.
M. Marx: Dans l'arrêt Klein contre Klein, il y avait un
testament où on exigeait qu'une personne, pour être
héritière, se marie avec une personne d'une certaine religion et
pas d'une autre. La Cour supérieure a décidé qu'une telle
clause allait à rencontre de l'ordre public.
Dans le projet de loi dont on fait l'étude, on peut dire que le
testament est implicitement inclus dans la loi qui a incorporé
l'Institut Fraser-Hickson. D'accord? Étant donné que la charte
québécoise a préséance sur toute autre loi
québécoise, peut-être que les dispositions dans le
testament qui est incorporé implicitement dans la loi qui incorporait
l'Institut Fraser-Hickson vont à rencontre de l'article 10 de la charte
québécoise. Donc, la cour pourrait décider dans ce
sens.
Je pense que nous ne sommes pas ici pour faire des cours de droit de
part et d'autre. On a ici un problème pratique. Le problème se
trouve dans une loi et il serait logique de la corriger par une autre toi et de
ne pas insister sur le fait que l'Institut Fraser-Hickson dépense
beaucoup d'argent, beaucoup d'énergie pour essayer de corriger la
disposition dans le testament. Il ne faut pas oublier que c'est une institution
publique. Si cela coûte des milliers de dollars pour corriger cela devant
les tribunaux, le cas échéant, ils vont peut-être aller
devant les tribunaux. Cela ne sera pas corrigé par un jugement qui va
peut-être dire que la disposition est inopérante. Peut-être
qu'on va se trouver devant un autre problème à un moment
donné. (12 h 30)
Je pense qu'il convient de légiférer pour faire la
correction parce que, supposons qu'ils vont en Cour supérieure et que
cela n'est pas clarifié, ils vont retourner et, dans quelques
années, ce sera nécessaire de revenir devant l'Assemblée
nationale de toute façon parce qu'on ne peut pas garantir ce que les
tribunaux vont décider, mais on peut garantir ce que l'Assemblée
nationale va décider, parce qu'on prend la décision
maintenant
Le Président (M. Filion): Mais il y a un fait important et
j'en profite tout simplement pour faire une suggestion. D'abord, à nos
bureaux de comté, on reçoit des gens qui veulent faire des
projets de loi privés; notamment au bureau de la législation
privée et au ministère de la Justice aussi - je pense que cela
passe devant le ministère de la Justice - vous recevez plusieurs
contacts de personnes qui désirent présenter des projets de loi
privés. Ma suggestion serait... Les gens sont ici devant nous, comme le
souligne le ministre, ils sont présents devant nous, l'objectif est des
plus louables, concrets et pratiques. Un autre argument que Me McAuley a
présenté, c'est qu'on ne veut pas attendre qu'il y ait un
problème, on veut agir maintenant. Il demeure que la requête en
jugement déclaratoire est précisément offerte dans les cas
où on n'attend pas un litige, on veut régler une situation avant
qu'un litige arrive - je vous le signale quand même en passant - donc
j'ai de fortes réticences sur ce projet de loi. D'abord, le fait est
qu'il existe une loi. Je vous avoue que s'il n'y avait pas de loi concernant
l'Institut Fraser-Hickson, cela aurait été très difficile
pour les parlementaires, je pense, d'adopter un projet de loi modifiant le
testament directement, advenant le cas où le testament n'aurait pas
donné lieu à une toi statutaire, mais étant donné
qu'il y a une loi de ce Parlement et donc que le Parlement s'est
déjà en quelque sorte saisi du dossier de l'Institut
Fraser-Hickson à deux ou trois reprises depuis 1870, étant
donné que l'objectif est des plus louables et que, comme le signale le
ministre, il est possible qu'en Cour supérieure, - je crois - vous
auriez eu gain de cause, cela aurait représenté beaucoup moins de
démarches que la présentation du projet de loi privé. Cela
aurait été beaucoup moins compliqué une requête en
jugement déclaratoire que de passer à travers tout le
mécanisme qui vous a amenés ici aujourd'hui, à mon sens.
Il est vrai que vos chances de gain n'auraient pas été de 95 %,
mais, à ce moment-là, je pense qu'un juge saisi de la cause
aurait appliqué la charte, les dispositions des chartes dans ce
cas-là.
Donc ma suggestion, je la reprends, est-ce qu'il n'y a pas
possibilité de vérifier les disponibilités au recours en
jugement déclaratoire avant que des individus, des organismes
enclenchent tout ce processus de projet de loi privé?
M. Marx: Dans le cas actuel, on reviendra...
Le Président (M. Filion): Mais, encore une
fois, comme je dis, malgré toutes ces
réticences-là, parce que vous comprenez que le Parlement ne doit
pas agir comme une instance judiciaire... Le Parlement n'est pas là pour
remplacer les tribunaux d'aucune façon dans ces projets de loi
privés. Les tribunaux sont là, on a notre système, on le
connaît fort bien et le pouvoir législatif est un pouvoir distinct
du pouvoir judiciaire. On adopte un tas de lois dans ce Parlement-ci qui sont
interprétées par les tribunaux qui excluent des clauses chaque
jour, qui modifient des contrats, peut-être pas des testaments, mais qui
modifient les dispositions législatives et des contrats. Donc, je suis
quand même prêt, à moins qu'il n'y ait d'autres
commentaires, étant donné la nature du projet de loi,
étant donné le travail qui a été effectué
dans le passé, à appeler chacun des articles du projet de
loi.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
Des voix:...
Le Président (M. Filion): Non? Donc, je vais appeler
l'article... Est-ce qu'il y a des amendements?
Une voix: Non. Une voix: Oui.
Étude détaillée
Le Président (M. Filion): Alors, on va procéder
article par article. J'appelle l'article 1 du projet de loi et on me remet un
amendement pour l'article 2.
Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article 1 du projet de toi?
M. Marx: ...l'amendement, on va...
Le Président {M. Filion): Non, l'amendement est à
l'article 2.
Une voix: II est à l'article 2. M. Marx: C'est
adopté.
Le Président (M. Filion): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 2.
M. Marx: À l'article 2 du projet de loi, insérer,
à la quatrième ligne du second alinéa de la version
française de l'article 3 qui y est proposé, après les mots
"l'Institut Fraser-Hick-son" ce qui suit, "Montréal".
On va vous donner le papillon.
Le Président (M. Filion): J'ai le papillon. Est-ce qu'il y
a des commentaires sur l'amendement?
M. Marx: Non, M. le Président.
Le Président (M. Filion): Non, l'amendement est
adopté.
Est-ce que l'article 2 tel qu'amendé est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Marx: Qu'est-ce que c'est la différence, je ne vois pas
ta différence.
Le Président (M. Filion): Est-ce qu'il y a des
commentaires du côté des requérants?
Une voix: Non, monsieur.
Le Président (M, Filion): Cela va. Alors j'appelle
maintenant...
M. Marx: Ah! d'accord, d'accord. Adopté.
Le Président (M. Filion): Adopté. J'appelle
l'article 3 du projet de loi.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): Adopté. J'appelle...
M. Marx: Le préambule.
Le Président (M. Filion): Est-ce qu'il y a une annexe?
Non.
Alors, j'appelle le préambule du projet de loi. Est-ce que le
préambule est adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): Adopté. J'appelle te
titre du projet de loi.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Filion): Le titre est adopté.
J'appelle l'ensemble du projet de loi.
Une voix: Tel qu'amendé
Le Président (M. Filion): Tel qu'amendé.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): Adopté
M. Marx: Avant de terminer, M. le Président, j'ai juste un
mot à dire.
Le Président (M. Filion): M. le ministre.
M. Marx: Je suis très conscient des objections du
député de Taillon en ce qui concerne les interventions
législatives pour modifier les testaments, mais j'aimerais
suggérer au député de Taillon d'aller voir les deux lois
concernant M. Jolicoeur.
La première loi qui était parrainée, je ne me
souviens pas par quel député... Mais, de toute façon,
c'est le ministre de la Justice qui m'a précédé, M.
Marc-André Bédard, qui a pris la décision en commission
parlementaire d'intervenir et de modifier le testament du père de M.
Jolicoeur pour modifier le montant alloué à sa mère. Deux
ans plus tard, M. Jolicoeur n'était pas heureux de l'intervention
législative concernant le testament de son père, il est revenu et
on a modifié le testament pour une deuxième fois. La
deuxième fois, je lui ai dit - j'étais ministre à ce
moment-là - de ne pas revenir une troisième fois durant mon
mandat...
Une voix: M. le Président...
M. Marx: Dans vingt ans, il pourra revenir, parce que je ne serai
pas ici. Je pense que le député de Taillon a voté - pas la
première fois parce qu'il n'était pas ici - pour le projet de loi
la deuxième fois parce qu'il était ici.
Je suis tout à fait d'accord avec le député de
Taillon sur les interventions législatives en ce qui concerne les
testaments, mais il y a toujours des exceptions. Je trouve aujourd'hui que
c'est une exception très heureuse pour les raisons que J'ai
données au début. J'aimerais remercier les représentants
de l'Institut Fraser-Hickson d'être venus et je peux dire qu'autrefois,
j'ai utilisé souvent la bibliothèque Fraser-Hickson et donc
je...
Une voix:...
M. Marx: Pardon?
Une voix: II n'y a plus rien à l'index maintenant.
Le Président (M. Filion): Il n'y a plus rien à
l'Index, c'est cela.
M. Marx: Et je sais que c'est une institution dont ont vraiment -
comment dirais-je -bénéficié tous les
Montréalais.
Le Président (M. Filion): Merci, M. le ministre. M. le
député de Bourget.
M, Trudel: Oui, je voudrais juste ajouter un mot, M. le
Président, puisque le ministre a fait référence, sans
mentionner évidemment de quel cas il s'agissait, à un projet de
loi privé que je parrainais. J'avais dit aux intéressés en
question que j'acceptais de présenter leur projet de loi, mais que
c'était ta dernière fois, même si j'étais
réélu à vie - ce ne sera pas le cas probablement - et j'ai
eu l'occasion de revoir les deux personnes en question tout à fait par
hasard et on en a rediscuté. Je suis tout à fait d'accord avec le
ministre et avec vous, M. le Président, que quand il s'agit de modifier
des testaments, nous devons être non seulement prudents, mais
ultra-prudents.
Le Président (M. Filion): Je veux juste signaler au
ministre, dans le même esprit, que dans le cas du projet de toi où
nous étions présents, le député de Bourget et moi,
dans le dossier Jolicoeur - il devait être assez épais au
ministère de la Justice - la deuxième intervention
législative était nécessaire à cause de la
première intervention législative, ce qui devrait renforcer notre
sagesse et notre prudence...
M. Marx: Je veux vous dire la première...
Le Président (M. Filion): ...lorsque nous étudions
une intervention législative. Cela ne met pas en cause ce cas-ci,
étant donné que le Parlement s'est déjà saisi du
cas en 1870... Encore une fois, cela justifie, quant à moi, la position
exceptionnelle que j'adopte dans votre cas. Sur la question de la requête
en jugement déclaratoire, il restait un certain doute - c'est le moins
qu'on puisse dire - dans mon esprit.
M. Marx: Vous allez me donner le dernier mot, M. le
Président.
Le Président (M. Filion): Comme toujours.
M. Marx: Je dirais jusqu'à la prochaine exception.
Le Président (M. Filion): Cela me fait plaisir. Je
voudrais donc remercier le Dr O'Brien, Me McAuley. Je n'ai pas
fréquenté votre bibliothèque, mais étant
donné que le ministre a été y chercher une formation qui
l'a amené où il est, peut-être que j'aurais avantage
à aller faire un tour. Merci, bonne chance.
Oui, M. le député?
M. Thuringer: C'est dans mon comté et je vous recommande
d'aller y faire un tour.
Projet de loi 259
Le Président (M. Filion): D'accord. Merci.
J'appelle maintenant le projet de loi 259, Loi concernant certains
immeubles du cadastre de la paroisse de La Malbaie, projet de loi
présenté par le député de Chartevoix à qui
je souhaite la bienvenue à cette commission.
M. le député de Charlevoix, vous avez quelques remarques
préliminaires? Vous pourriez peut-être vous approcher, et
également nos
invités.
Si vous permettez, on va suspendre une minute étant donné
l'absence du ministre.
(Suspension de la séance à 12 h 42)
(Reprise à 12 h 44)
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaitt
J'appelle le projet de loi 259 et je donne la parole à M. le
député de Charlevoix, parrain de ce projet de loi.
Remarques préliminaires
M. Bradet: Merci, M. le Président, de votre accueil
chaleureux.
En quelques mots, il me fait plaisir de présenter et de parrainer
le projet de loi 259 qui, dans les grandes lignes, va régulariser
certains titres de propriété du cadastre de la paroisse de La
Malbaie, dans le beau comté de Charlevoix.
Je voudrais, sans préambule, souhaiter la plus cordiale bienvenue
à Me Paul Chaput et à M. Camirand, de Donohue, et vous inviter,
M. le Président, à procéder à l'étude du
projet de loi, article par article. Je vous remercie.
Le Président (M. Filion): M. le ministre, est-ce que vous
avez des commentaires pour expliquer peut-être...
M. Marx: M. le Président, j'ai examiné le dossier
et je suis prêt aussi à procéder à l'étude du
projet de loi article par article. Nous avons un certain nombre d'amendements
plutôt d'ordre technique pour apporter des précisions ou corriger
un certain nombre d'erreurs mineures.
Le Président (M. Filion): D'accord.
Je voudrais souhaiter la bienvenue à Me Paul Chaput qui est
procureur et également à M. Camirand qui est de la Donohue.
Peut-être que Me Chaput ou Me Camirand pourrait, en quelques mots,
présenter aux membres de cette commission les grandes lignes du projet
de loi.
M. Camirand (Jean): Le projet de loi, tel qu'il est
Intitulé, vise à corriger certains défauts de titres qui,
à la lecture du projet - les députés le verront - n'ont
pas un intérêt contemporain. C'est beaucoup de vieilles choses et
c'est en général le problème qu'on retrouve dans les
titres. C'est rare que dans les titres récents on ait des
problèmes, c'est plutôt quand on remonte dans le temps.
On a tenté - moi-même étant en charge du dossier -
de corriger par d'autres moyens, en retraçant des personnes et
malheureusement, quant au résultat, on a retracé un certain
nombre de personnes qui auraient pu éventuelle- ment nous
concéder des droits, sauf que cela ne fait pas le tour de la question,
parce qu'on ne retrouve pas tous les ayants droit. En particulier, vous verrez
qu'on parle des McNicoll dans le projet de loi - ii y a beaucoup de McNicoll
à la Malbaie - mais ils se sont dispersés à travers la
province. J'en ai retracé, mais cela a été presque
impossible de les retracer tous, de sorte que la correction par acte
privé devient quasiment impossible et la correction par jugement aussi
parce qu'on ne sait pas finalement à qui signifier les
requêtes.
L'objet est simple, c'est de régulariser certains titres,
d'autant plus qu'en ce qui concerne la possession, il n'y a aucune indication -
je n'ai eu connaissance d'aucune indication - la compagnie n'a rapporté
aucune Indication de contestation de ses titres. À la suite de la
publication des divers avis pour le projet de loi, comme je le signalais
tantôt, j'ai reçu un seul appel d'une personne et je n'ai pas pu
aller beaucoup plus loin parce qu'elle a simplement dit: Bien, je n'ai pas
d'intérêt et si je n'ai rien à faire, je laisse... Au fond,
elle a raccroché. L'objet, c'est simplement de corriger des
défauts qui sont dans les titres.
Le Président (M. Filion): Est-ce qu'à votre
connaissance, il y a des opposants au projet de loi?
M. Camirand: Pas à ma connaissance. J'ai consulté
Mme Reny, du Service de la législation, et elle m'a dit qu'elle n'avait
reçu elle-même aucun appel, aucune correspondance et je pense que
M. le député non plus n'a entendu parler de rien.
Le Président (M. Filion): Des avis ont été
publiés, bien sûr...
M. Camirand: Oui, les avis ont été publiés,
il y avait déjà eu des avis antérieurs, ils ont
été republiés dans le journal local pour être
certain que les gens de la région soient informés que...
Le Président (M. Filion): Est-ce que, à votre
connaissance, il y a des gens qui risquent de subir un préjudice? Et
quel est-il, le cas échéant?
M. Camirand: Comme le projet de loi vise essentiellement à
clarifier des droits qui sont des droits réels, il y a une disposition
à l'article 13 qui prévoit que, s'il y avait un droit réel
qui était perdu, il est converti en droit personnel contre les
requérantes au projet de loi - je pense que le ministre va
lui-même suggérer un amendement à cet article-là -
mais à mon sens, non, parce que d'après l'examen que j'ai eu
l'occasion de faire sur ces lois-là, toutes les parcelles de terrain
sont physiquement identifiées en termes de possession. Autrement dit -
Je pourrais vous montrer des photos de l'usine de la
Donohue - c'est un terrain qui est très étroit entre la
rivière Malbaie et une falaise. À mesure que la compagnie a pris
de l'expansion, elle achetait, elle achetait et, autrement dit, les
résidents reculaient, mais elle achetait toujours tout ce qui
était là. Elle ne laissait jamais un propriétaire de
côté, de sorte que je ne pense pas qu'au niveau des titres il se
trouve quelqu'un qui n'ait pas déjà été
compensé pour un achat ou une acquisition que la compagnie a faits
à travers les temps. Quand on fait un examen technique des titres,
évidemment, des problèmes surgissent On en signale dans le
projet, par exemple une vente en justice sur la tête d'un autre
propriétaire, des choses de ce genre-là, de sorte qu'au point de
vue technique, il y a des problèmes, mais, à ma connaissance, il
n'y a personne qui a déjà habité sur ces
terrains-là qui n'a pas vendu; je veux dire dans le sens où on
priverait aujourd'hui quelqu'un qui était un possesseur au moment
où la compagnie en a fait l'acquisition.
Le Président (M. Filion): II n'y a pas de litige quant
à la possession.
M. Camirand: Ah! non, pas à ma connaissance. Il y a un
dossier de prescription qui a été complété et on le
soulève dans le projet, il est imparfait précisément parce
que c'est une requête sans signification, mais je n'ai pas de
connaissance de litige sur la possession.
Étude détaillée
Le Président (M. Filion): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? Cela va. On peut appeler l'article 1 du projet de loi.
Un amendement est déposé...
M. Marx: M. le Président, je ne pense pas que ce soit
nécessaire de les lire parce qu'ils vont se trouver dans le projet de
loi. Cette modification vise à corriger une inexactitude.
Le Président (M. Filion): C'est mieux de les lire.
Voulez-vous le lire, M. le ministre?
M. Marx: Ce n'est pas nécessaire de les lire parce qu'ils
vont se trouver...
Le Président (M. Filion): On me dit que c'est
préférable de les lire, M. le ministre. Est-ce que vous voulez
que je les lise pour vous?
M. Marx: C'est parce qu'on a beaucoup de choses à
lire.
Le Président (M. Filion): Bien, on va les lire.
M. Marx: Parfait, je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Filion): Voulez-vous les lire ou...
M. Marx: Non, non, je laisse cela au président.
Le Président (M. Filion): Un amendement est
présenté par le ministre. L'article 1 est modifié par le
remplacement des trois dernières lignes du paragraphe a par ce qui suit:
"n'avait pas de titre enregistré sur cet immeuble, celui-ci ayant
été confondu depuis plus de 30 ans avec une partie contiguë
du lot 417 sur laquelle l'auteur de Ludivine Tremblay, Henri McNicoll, avait un
titre enregistré, à savoir l'acte de partage enregistré le
21 février 1911 sous le numéro 15387;"
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): Est-ce que l'article tel
qu'amendé est adopté.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): J'appelle l'article 2.
M. Marx: À l'article 2, nous avons aussi un amendement, M.
le Président.
Le Président {M. Filion): A l'article 2, l'amendement
présenté par le ministre est le suivant: L'article 2 est
modifié par le remplacement des paragraphes a et b par les suivants: "a)
l'acte de vente de ces immeubles, qui étaient une ancienne rue, n'a pas
été approuvé par la Commission municipale du Québec
et le prix de vente d'un dollar peut équivaloir à une absence de
considération ou constituer une subvention municipale. "b) la ville de
Clermont, venderesse à l'acte enregistré le 3 avril 1968 sous le
numéro 50959, n'apparaît pas avoir obtenu cession de parties de
cette ancienne rue, à savoir: le chemin réservé par
Isidore Neault à l'acte enregistré à ce bureau sous le
numéro 17661, la lisière nord-est aussi comprise dans l'immeuble
désigné à l'acte enregistré sous le numéro
59880 et dont le propriétaire antérieur par titre
enregistré serait Henri McNicoll, acquéreur à l'acte de
partage enregistré le 21 février 1911 sous le numéro
15387, et la lisière nord-est aussi comprise dans l'immeuble
désigné à l'acte enregistré à ce bureau sous
le numéro 49534 et dont le propriétaire antérieur par
titre enregistré serait Henri McNicoll, acquéreur en vertu de
l'acte de partage enregistré sous le numéro 15387."
Est-ce que l'article...
M. Marx: M. le Président, juste pour être clair, au
paragraphe a, c'est la Commission municipale de Québec, pas du, "de
Québec".
Le Président (M. Filion): D'accord.
M. Marx: Et ces modifications ont pour but de faciliter la
compréhension de l'article 2 et de rectifier certaines
Inexactitudes.
Le Président (M. Filion): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): Est-ce que l'article 2 tel
qu'amendé est adopté?
M. Marx: Adopté. L'article 3.
Le Président (M. Filion): J'appelle l'article 3.
M. Marx: Oui, nous avons un amendement.
Le Président (M. Filion): L'article 3 est remplacé
par le suivant: "Le titre de Donohue Inc. ou de Donohue Malbaie Inc. sur la
partie du lot 417 de ce cadastre désignée à l'acte
enregistré à ce bureau le 12 novembre 1973 sous le numéro
59880, dans lequel le vendeur était Edmour Langevin, ne peut être
contesté au motif qu'un des auteurs d'Edmour Langevin était La
Banque Nationale, adjudicataire à une vente en justice effectuée
le 25 janvier 1916 à la suite d'une saisie contre Antoine Langevin, et
que le propriétaire par titre enregistré au moment de la saisie
était Wilbrod Desbiens, acquéreur à l'acte
enregistré le 19 janvier 1912 sous le numéro 15649."
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): L'article 3 tel qu'amendé
est adopté. J'appelle l'article 4.
M. Marx: Il y a un autre amendement, M. le Président.
Le Président (M. Filion): L'article 4 est modifié:
1° par le remplacement des paragraphes a et b par le suivant: "a)
Léopold Verreault n'avait pas de titre enregistré sur une partie
quelconque du lot 417;" 2° par la renumérotation du paragraphe c qui
devient le paragraphe b.
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): Est-ce que l'article 4 tel
qu'amendé est adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): J'appelle l'article 5. Est-ce que
l'article 5 est adopté? M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): Avez-vous des commentaires, M.
le ministre.
M. Marx: Non, M. le Président.
Le Président (M. Filion): J'appelle l'article 6.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): Adopté. J'appelle
l'article 7.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Fillon): J'appelle l'article 8.
M. Marx: Il y a un papillon, M. te Président.
Le Président (M. Filion): L'amendement
présenté par te ministre est le suivant: L'article 8 est
remplacé par le suivant: "La partie du lot 417 du cadastre de la
paroisse de La Malbaie acquise par la Compagnie Donohue limitée en vertu
de l'acte enregistré le 8 avril 1964 sous le numéro 49534 est
réputée être le même immeuble que la partie du
même lot cédée par Donohue Brothers inc. en vertu de l'acte
enregistré le 22 septembre 1927 sous le numéro 21946."
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): L'article tel qu'amendé
est-il adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): J'appelle l'article 9...
M. Marx: II y a un amendement.
Le Président (M. Filion): ...du projet de loi.
L'amendement déposé par le ministre est le suivant: L'article 9
est modifié par le remplacement des deux dernières lignes par ce
qui suit: "le propriétaire antérieur par titre enregistré
étant Henri McNicoll, acquéreur à l'acte de partage
enregistré le 21 février 1911 sous le numéro 15387."
L'amendement est-il adopté?
M. Marx: L'article également.
Le Président (M. Filion): L'article également?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Filion): J'appelle l'article 10.
M. Marx: Une autre modification.
Le Président (M. Filion): L'article 10 du projet de loi est
modifié par l'addition, à la fin, de ce qui suit: ".alors que ce
n'était plus le cas." L'amendement est-il adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): L'article 10 tel
qu'amendé est-Il adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): J'appelle l'article 11.
M. Marx: II y a un amendement.
Le Président (M. Filion): L'amendement
déposé par le ministre à l'article 11 est le suivant:
L'article 11 est remplacé par le suivant: "La partie du lot 417 du
cadastre de la paroisse de La Malbaie acquise par la Compagnie Donohue
limitée en vertu de l'acte enregistré sous le numéro 49598
est réputée être le même immeuble que la partie du
même lot acquise par Hector Tremblay en vertu de l'acte enregistré
le 1er octobre 1940 sous le numéro 27349." L'amendement à
l'article 11 est-il adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): L'article 11 tel
qu'amendé est-il adopté.
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Filion): J'appelle l'article 12...
M. Marx: II y a un amendement, M. le Président.
Le Président (M. Filion): ...qui est remplacé par
le suivant: "Donohue inc. est déclarée propriétaire de la
partie du lot 417 désignée en annexe, le propriétaire
antérieur par titre enregistré étant Henri McNicoll,
acquéreur à l'acte de partage enregistré le 21
février 1911 sous le numéro 15387, et cet immeuble ayant
été confondu depuis plus de 30 ans avec l'immeuble visé
à l'article 3 par les propriétaires successifs de celui-ci."
M. Marx: ...de celui-ci.
Le Président (M. Filion): De celui-ci. L'amendement
à l'article 12 est-il adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): L'article 12 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Marx: Adopté. On a changé le "ce" pour un
"de".
Le Président (M. Filion): J'appelle l'article 13.
M. Marx: À l'article 13, M. le Président, on a un
papillon, un amendement, oui.
Le Président (M. Filion): L'amendement
déposé par le ministre est le suivant: À l'article 13 du
projet de loi, ajouter, à la fin, ce qui suit: ", ou leurs ayants
droits". L'amendement à l'article 13 est-il adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): Adopté. L'article 13 tel
qu'amendé est adopté. J'appelle l'article 14.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): Pas d'amendement,
adopté.
M. Marx: À l'article 14, on n'a pas d'amendement.
Des voix: Non.
M. Marx: L'article 14 est adopté.
Le Président (M. Filion): J'appelle l'article 15 du projet
de loi.
M. Marx: II y a un amendement. Cela s'en vient.
Le Président (M. Filion): L'article 15 est modifié
par l'insertion, à la fin, de ce qui suit: "quant à tout vice
corrigé par cette loi". L'amendement est-il adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): Adopté. L'article tel
qu'amendé est adopté. J'appelle l'article 16. Adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président {M. Filion): J'appelle l'article 17.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): J'appelle les annexes du projet
de loi.
M. Marx: Les annexes A et B sont supprimées. Il s'agit de
modifications de concordance par rapport au remplacement de l'article 11.
Le Président (M. Filion): Donc, le ministre propose que
les annexes A et B soient supprimées. L'amendement est-il
adopté?
M, Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): Adopté. J'appelle le
préambule du projet de loi.
M. Marx: Non, il y a l'annexe C. On peut appeler l'annexe C,
l'annexe...
Le Président (M. Filion): J'appelle l'annexe C du projet
de loi. Donc, le ministre dépose un amendement aux fins de supprimer la
lettre "C", à l'annexe C. L'amendement est-il adopté? L'annexe
est-elle adoptée?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Filion): J'appelle le préambule du
projet de loi.
M. Marx: On a une modification pour le préambule, M. le
Président.
Le Président (M. Filion): J'ai l'impression que je ferais
un bon greffier de municipalité. Le ministre dépose l'amendement
suivant: Le préambule est modifié: 1° par le remplacement de
la dernière ligne du premier alinéa par ce qui suit: "dont ceux
enregistrés sous les numéros 21946, 49534, 49598, 49599, 49602,
49628, 49891, 50279, 50419, 50922, 50959, 59880 et 80170;
Tous les nombres que je viens de mentionner ont cinq chiffres. 2°
par le remplacement du troisième alinéa par le suivant: "Qu'un de
ces immeubles est une ancienne rue et qu'il y a un doute quant à la
validité de la vente de cet immeuble, notamment, dans la mesure
où elle n'a pas été approuvée par la Commission
municipale de Québec et où le prix de vente d'un dollar
versé peut équivaloir à une absence de
considération onéreuse ou constituer une subvention
municipale;"
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): Le préambule tel
qu'amendé est adopté. J'appelle le titre du projet de loi.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): Adopté. J'appelle le
projet de loi tel qu'amendé.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Filion): Merci, Me Camirand et Me
Chaput.
M. Marx: En terminant, parce que c'était un projet de loi
très compliqué, j'aimerais remercier les légistes de mon
ministère, Me Bergeron et Me Sormany pour avoir travaillé au
projet de loi, pour avoir apporté ces corrections peut-être
mineures, mais absolument nécessaires. Merci, M. le
Président.
M. Camirand: Je tiens à remercier M. le ministre et
particulièrement André Bergeron. On a eu beaucoup de
correspondance, je l'ai rencontré, on a fait et refait la
rédaction, comme vous pouvez le voir. La difficulté, c'est qu'il
y a des problèmes qui se conçoivent bien, mais
l'énoncé de la correction est parfois difficile II me faisait
état continuellement de nouvelles approches législatives. Je
m'excuse qu'il y ait eu tant de papillons, mais je pense qu'on arrive à
l'objet qu'on cherchait.
M. Marx: Oui, oui. On comprend que de tels projets de loi
privés sont très difficiles à rédiger si on veut
suivre la façon de légiférer à l'Assemblée
nationale et on apprécie, bien sûr, le travail des
représentants de Donohue.
M. Camirand: M. le ministre, on attendrait une loi publique qui
nous éviterait de faire ceci.
M. Marx: J'en prends note. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Marx: La réforme du Code civil, M le Président,
qui s'achève et qui sera terminée en 1989, espérons-le, va
peut-être corriger un certain nombre de ces problèmes.
Le Président (M. Filion): Je ne ferai pas de commentaire.
Notre mandat étant maintenant accompli, nos travaux sont ajournés
sine die.
(Fin de la séance à 13 h 3)