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(Onze heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je déclare la séance ouverte. Je rappelle le mandat
de la commission: procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 75, Code de procédure
pénale.
Je demande à la secrétaire d'annoncer les
remplacements.
La Secrétaire: M. Laporte (Sainte-Marie) est
remplacé par M. Gobé (Lafontaine).
Le Président (M. Kehoe): Merci. Je demande au ministre ou
plutôt, au porte-parole de l'Opposition s'il y a des motions
préliminaires.
M. Filion: Des remarques préliminaires.
Le Président (M. Kehoe): Des motions ou des remarques
préliminaires. Mais cela commence par le ministre pour des remarques
préliminaires. Avez-vous des motions préliminaires, M. le
porte-parole de l'Opposition?
M. Filion: Non, j'ai des remarques préliminaires et des
motions préliminaires.
Le Président (M. Kehoe): Là, c'est le stade des
motions préliminaires pour...
M. Filion: Oui, mais, d'habitude, ce sont les remarques.
M. Marx: M. le Président, je vais faire ça
rapidement. Je n'ai pas de remarques, J'ai fait le discours en deuxième
lecture l'autre jour et je pense que cela suffit pour mes remarques. Je n'ai
rien à ajouter.
Le Président (M. Kehoe): Je donne la parole à M. le
député de Taillon pour des motions préliminaires et des
remarques préliminaires, s'il y a lieu.
Remarques préliminaires M. Claude
Filion
M. Filion: M. le Président, nous abordons ce matin le
projet de loi 75, le Code de procédure pénale. Il s'agit
là d'un projet de loi spécialisé, mais extrêmement
important. Pourquoi spécialisé? Parce que, bien sûr, ce
projet de loi crée un Code de procédure pénale qui
s'appliquera lors de toute poursuite en matière pénale,
c'est-à-dire lorsqu'il y a infraction à une loi provinciale
statutaire.
Auparavant - on le sait - on avait la Loi sur les poursuites sommaires,
d'une part, et deuxièmement, plusieurs lois sectorielles con- tenaient
des dispositions affectant le déroulement de la procédure
pénale. Le projet de Code de procédure pénale qu'on a
devant nous permet la réunification ou, si l'on veut, l'uniformisation
des règles de procédure pénale.
C'est spécialisé, parce que ça n'intéresse
pas énormément de personnes. D'ailleurs, nous siégons
aujourd'hui au Salon rouge, une magnifique enceinte, mais nous pouvons
remarquer que le quorum n'a été atteint qu'avec
difficulté. Mais la qualité est autour de la table, grâce
à vous, M. le Président, au député de Bourget, au
député de Notre-Dame-de-Grâce, au ministre lui-même
et... au député de Taillon.
C'est vrai que c'est mon anniversaire. Quelle drôle de
journée d'anniversaire! Mais ça me fait plaisir, parce que
même si on ne fait pas fureur au "Box Office", pour employer une
expression du milieu culturel, il demeure que le Code de procédure
pénale est extrêmement important.
Pourquoi? Parce qu'il n'y a à peu près pas de citoyens au
Québec qui n'ait eu, un jour, un problème avec une loi
provinciale. Il n'y a pas un citoyen... S'il y en a, ils sont peu nombreux.
Quand je dis une loi provinciale, il faut comprendre que cela inclut les
procédures qui sont prises par ces créatures du gouvernement du
Québec que sont les municipalités. Cela inclut donc les
poursuites intentées par les municipalités. Il n'y a pas beaucoup
de personnes au Québec qui ne soient, un jour, l'objet d'une poursuite
statutaire. Il peut y en avoir, mais pas beaucoup en tout cas.
Quand je dis que c'est un code d'une extrême importance - c'est le
premier point - c'est que cela affecte plusieurs personnes. Il y a un
deuxième point d'importance. C'est que le droit pénal est, en
bonne partie, de même nature que le droit criminel, c'est-à-dire
qu'il affecte les droits les plus importants des personnes qui peuvent devenir
accusées. La meilleure preuve en est que la conclusion d'une poursuite
pénale est souvent le paiement d'une amende ou même la restriction
de ce droit fondamental qu'est le droit à la liberté.
Quand un juge, conformément à nos règles,
décide d'envoyer un individu en prison, c'est le droit à la
liberté de cet individu qui lui est enlevé en vertu de nos
règles. Mais, on se rend compte que lorsqu'on dit: "en vertu de nos
règles", cela voudra maintenant dire en vertu du Code de
procédure pénale que le ministre veut nous faire adopter en fin
de session sans faire entendre personne.
Ce sera le critère, dorénavant. Quand on va
considérer un individu qui aura eu une condamnation qui pourrait
être une condamnation à la prison, les Cours d'appel et la
société en général diront que cela a
été fait en vertu de nos règles. Quand on aura fini
d'adopter cette pièce char-
nière du droit pénal, dire: "en vertu de nos règles
de droit", signifiera en vertu du Code de procédure pénale.
Tout ce dont on a commencé à traiter il y a cinq minutes
et qu'on va traiter jusqu'à je ne sais quand, concerne la liberté
des individus.
On peut, aussi, avoir à l'esprit je l'admets, que cela
concernera, également, le portefeuille des individus ou des
corporations.
D'autres fois, on pourra également considérer que cela a
vraiment un effet mineur. C'est vrai. Mais cela a aussi un effet majeur dans
certains cas, il ne faut pas l'oublier.
Durant mon discours de deuxième lecture, j'ai donné au
ministre des exemples de dispositions qui sont contenues dans le Code de
procédure pénale et qui sont extrêmement importantes.
Permettez-moi, à ce stade-ci, de vous lire les notes explicatives
du projet de loi. On peut les lire ensemble. "Ce projet de loi propose une
réforme globale de la procédure applicable pour ta sanction
pénale des infractions aux lois et règlements du
Québec.
Le projet de loi présente d'abord les dispositions
générales relatives à la compétence des tribunaux -
à quel endroit on va se présenter? Qui aura juridiction pour
entendre ces plaintes? - au droit de poursuite et à la prescription des
infractions. Il précise ensuite les règles applicables au calcul
des délais, à la signification des actes de procédure,
à la présentation des demandes et à l'assignation des
témoins devant les tribunaux. Il prévoit de plus la
possibilité de former des commissions roga-toires, de recourir à
certaines règles générales de preuve et d'invoquer les
moyens de défense traditionnellement reconnus en matière
pénale et criminelle."
On voit tout de suite dans ce paragraphe des notes explicatives une
belle illustration de ce que je disais plus tôt. Je ne suis pas un
juriste spécialisé en droit pénal. Le député
de Taillon ne peut pas jouer le rôle que les intervenants auraient pu
jouer dans un semblable projet, ce n'est pas vrai. Premièrement, j'ai
six projets de loi à traiter, actuellement; deuxièmement, ce
n'est pas vrai que je sois un juriste spécialisé dans ces
matières, tel celui qui peut ou qui a consacré toute sa vie ou
une grande partie de sa vie à étudier ce domaine du droit.
Si je me considère comme juriste dans certains secteurs
très spécialisés, c'est uniquement que la pratique de mon
métier d'avocat m'a amené à être juriste dans
certains secteurs très spécialisés, autrement, je
pratiquais le droit. Je défendais les gens qui étaient devant
moi. Autant j'aimais plaider une cause de meurtre devant un jury, autant, dans
certains cas, je pouvais m'acharner à défendre un individu pour
une cause de 4000 $ ou 5000 $ si je croyais qu'il avait été
victime d'une injustice. Alors, je ne peux pas - je veux le dire
brièvement - prendre la place des juristes, de la Commission des
services juridiques, des universités, du Barreau, dont c'est
précisément le métier de traiter de ces règles
traditionnellement reconnues en matière pénale ou criminelle. Et,
avec toute l'estime et le respect que j'ai pour le ministre de la Justice - je
sais qu'il est très bien entouré - lui non plus n'est pas un
expert en droit pénal et criminel.
Bien sûr, je ne doute pas de la qualité des personnes, des
avis et des conseils recueillis pour la rédaction de ce projet de loi;
il demeure que c'est une aide fort valable. Elle demeure, aussi, fort
représentative mais elle ne l'est pas totalement des gens qui auront
à vivre avec le Code de procédure pénale, comme pourrait
l'être le comité spécialisé au sein du Barreau, la
Commission des services juridiques, comme pourrait l'être, par exemple,
la Commission des droits de la personne sur tous les aspects découlant
de l'application de la charte des droits, eu égard aux principes qui
sont reconnus dans le Code de procédure pénale.
Je me suis arrêté à la lecture du deuxième
paragraphe. Je vais poursuivre. Lorsqu'on y dit: "Et d'invoquer les moyens de
défense traditionnellement reconnus en matière pénale et
criminelle...", cette parenté, si l'on veut, entre le droit pénal
et le droit criminel, c'est d'abord une parenté qui découle de la
nature, du type de droit que nous étudions; c'est une parenté qui
est reconnue.
En vertu du droit pénal, on ne peut pas, je pense, condamner un
individu à plus de deux ans en droit criminel, bien sûr. Donc, on
ne peut pas retrouver, par exemple, de condamnation qui serait l'emprisonnement
à perpétuité. Mais, il faut bien montrer jusqu'à
quel point les deux sont cruciaux dans la vie des individus. Pour certains
individus, passer six mois en prison, c'est pire qu'en passer vingt, pour
d'autres.
Le ministre de la Justice a déjà dit: "La prison, c'est
l'institution des pauvres." Il l'a d'ailleurs répété,
malgré toutes les occasions que je lui avais fournies, à
l'époque, de retirer ses paroles. J'ai toujours cru que, venant de la
bouche du ministre de la Justice, c'était indécent que de
reconnaître ce préjugé de taverne et de brasserie qui veut
que la prison soit l'institution des pauvres. En plus de cela, il le justifiait
et nous disait: Bien oui, les autres, les riches prennent des bons avocats.
C'est incroyable!
M. Marx: M. le Président, je n'ai pas dit... Il ajoute,
là, iI ne me cite pas, il m'interprète et il m'interprète
très mal. Qu'il me cite.
Je lui ai déjà donné une copie de mon livre, "Droit
et pauvreté au Québec". Je suis plutôt responsable de ce
qui est écrit là. Il peut faire des... Je pense qu'il devra
relire mon livre "Droit et pauvreté au Québec" publié avec
le professeur Jean Hétu. Il va apprendre des choses et il va voir
qu'essentiellement, en prison, on retrouve des gens pauvres. Essentiellement.
Je n'ai jamais
dit qu'on ne trouve pas de riches, mais essentiellement. Cela n'a rien
à voir avec ce projet de loi. On n'a pas l'intention d'emprfsonner
quelqu'un en vertu des lois pénales provinciales.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Taillon.
M. Filion: J'espère que cela ne sera pas pris sur mon
temps, M. le Président
Le Président (M. Kehoe): Non.
M. Filion: Je n'ai pas invoqué de question de
règlement. Je n'ai pas l'intention de le faire, ce n'est pas mon fort,
les questions de règlement.
Le Président (M. Kehoe): C'est votre fête!
M. Filion: On est ici pour s'exprimer et quand le ministre veut
s'exprimer, généralement, il a l'habitude de m'interrompre. Comme
c'est mon anniversaire, voyez-vous je vais le laisser m'interrompre.
M. Marx: Félicitations.
Le Président (M. Kehoe): Vous avez beaucoup de latitude.
Vous avez une demi-heure de toute façon.
M. Marx: Oui, oui. Félicitations pour l'anniversaire du
député de Taillon. Espérons qu'on passera encore ses
anniversaires de la même façon, ici: lui, de l'autre
côté de la table et moi, de ce côté-ci.
Le Président (M. Kehoe): Par contre, il ne nous a pas dit
son âge, encore. C'est cela que j'ai hâte de savoir.
M. Marx: On va voir à la fin de ce débat... Le
Président (M. Kehoe): ...de la journée. M. Marx:
...s'il a l'âge de la sagesse.
M. Filion: Mon âge est un peu inférieur au nombre
d'articles du projet de loi. Cela va faire qu'on va passer probablement plus de
temps à l'étudier que ma simple journée
d'anniversaire.
M. Marx: Pourquoi? Est-ce que le député est
énervé par le nombre d'articles? Le projet de loi a
été déposé en 1976, il y a plus d'un an que cela a
été déposé.
Une voix: 1986...
M. Marx: Pardon, 1986. Il a été
déposé, il y a un an. Le député doit...
Le Président (M. Kehoe): La parole est au
député de Taillon.
M. Filion: Je vous remercie, M. le Président. Oonc, le
ministre a dit - je lui sortirai les galées, il semble nier cela: "La
prison est l'institution des pauvres". Moi, J'aime croire autre chose. On
pourra en discuter "en dehors du record", comme on dit. Je pense que la prison
n'est pas l'institution des pauvres, surtout quand c'est te ministre de la
Justice qui parle. Elle doit être l'endroit où se retrouvent des
gens qui ont été traités en toute égalité.
C'est cela que dit notre charte. C'est cela que devrait dire notre Code de
procédure pénale. C'est cela qui est sous-entendu dans tout notre
Code de procédure pénale.
Quand le ministre de la Justice répète ce vieux
préjugé populaire, moi, tout de suite, j'ai le goût de lui
demander: Qu'est-ce que vous avez fait pour que cela change? Cela n'a pas
d'allure que la prison ne soit que l'institution des pauvres. Il me
répond, en disant: Bien oui, c'est là qu'on retrouve les pauvres,
c'est là qu'on retrouve des pauvres.
C'est vrai qu'il y a un lien entre le contexte socio-économique,
les prisonniers et le nombre de défavorisés, c'est-à-dire
entre le contexte socio-économique et les données sur la
criminalité. C'est un fait.
Par exemple, les gens qui volent sont généralement des
gens qui ont besoin d'argent bien qu'on en retrouve qui volent et qui n'ont pas
besoin d'argent. C'est pour cela que la prison ne doit pas être
l'institution des pauvres.
J'aurai l'occasion de le rappeler au ministre et je ferai sortir tout ce
qu'il a dit sur cela. C'est instructif par l'absurde. C'est pédagogique
par l'absurde. Si on prend un contraire des propos du ministre, c'est cela qui
devrait être dit.
Le projet de loi, j'en reviens à cela, précise ensuite, au
chapitre de l'arrestation, en quels cas un contrevenant peut être
arrêté. Il indique expressément les obligations de celui
qui procède à l'arrestation. En matière de perquisition,
il expose les principes généraux de délivrance et
d'exécution d'un mandat de perquisition et introduit le
téiémandat. On en parlera du télémandat quand on
sera rendu là.
Juste un mot en matière d'arrestation. Surtout, comme jeune
avocat, j'ai fait du droit criminel. Est-ce que le ministre a une idée
de l'importance de l'application des principes de droit en ce qui a trait
à l'arrestation?
Est-ce qu'il a la moindre idée des traumatismes qui
découlent d'une arrestation injustifiée quand, par exemple,
partout dans le projet de loi, on a enlevé les motifs "probables"? On
parle partout de motifs "raisonnables" sans parier de "probables", alors que
toute notre tradition, en droit criminel et en droit pénal, parle de
motifs "raisonnables et probables".
Est-ce qu'on a une idée de ce que cela peut
avoir comme conséquences pour des citoyens qui auront à
vivre des processus extrêmement traumatisants parce que, encore une fois,
ces processus-là peuvent affecter ce qu'ils ont de plus cher,
c'est-à-dire, leur liberté.
Je continue ma lecture... "Des dispositions particulières
régissent la perquisition à l'égard de renseignements
confidentiels et l'accès aux documents relatifs à la
perquisition. De même, des mesures ont été prises
relativement à la garde, la rétention et la disposition des
choses saisies. En ce qui a trait à la poursuite, le projet de loi
prévoit un nouveau mécanisme d'Introduction de l'instance, te
constat d'infraction. Ce document, dont la forme pourra être
adaptée aux diverses poursuites pénales, Indiquera notamment au
contrevenant la nature de l'infraction dont il est accusé et la peine
réclamée par le poursuivant. Le défendeur aura trente
jours depuis la signification du constat pour transmettre par écrit son
plaidoyer...". Cela fait trente minutes, déjà?
Le Président (M. Kehoe): Non, vingt minutes. C'est pour la
motion. Vous allez faire la motion et vous aurez trente minutes pour la motion,
par la suite.
M. Filion: Bon, bref, ce que je suis en train
d'énumérer, je ne l'invente pas - c'est contenu dans les notes
explicatives. Ce que je dis très simplement au ministre, très
simplement, c'est qu'il reconnaît, j'en suis sûr, l'importance des
impacts, des effets de l'application du Code de procédure pénale
lorsque nous aurons terminé notre boulot ici. Je suis sûr qu'il
reconnaît l'importance colossale du travail qu'on a à faire.
Encore une fois, les gens ne sont pas ici parce qu'ils ne pensent pas
à cela, ces gens-là, que je vais être arrêté,
qu'il m'arrivera telle chose etc. C'est pour cela qu'il ne sont pas ici, c'est
normal. Personne n'aime prévoir le cas où il va se faire
arrêter. C'est pour cela que les gens ne sont pas ici à nous
écouter. Personne n'aime à songer à la pire des
hypothèses. Mais ce que je dis aujourd'hui au ministre, c'est que cela
n'a pas de sens, pas d'allure de vouloir procéder à la sauvette
sans entendre des groupes qui peuvent nous apporter ne serait-ce qu'une
parcelle d'éclairage sur ce qui n'affecterait qu'une seule Injustice
qu'on pourrait corriger. Une seule injustice, M. le Président, qu'on
pourrait corriger en entendant des groupes ou des organismes qui ont une
expérience dans ce secteur.
M. Marx: Peut-on suspendre pour trois minutes?
Le Président (M. Kehoe): D'accord. Les travaux sont
suspendus pour trois minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 44)
(Reprise 11 h 52)
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. M. le député de
Taillon, il vous reste une minute sur votre déclaration d'ouverture.
M. Filion: J'ai une motion à faire, M. le
Président. Je peux la faire après la minute?
Le Président (M. Kehoe): Oui, après la minute.
M. Filion: Ce que j'étais en train de dire essentiellement
au ministre avant qu'il ne soit appelé par une urgence, c'est ceci:
pourquoi est-ce que nous priverions les gens qui seront appelés à
vivre avec le Code de procédure pénale de l'éclairage de
groupes, d'organismes qui pourraient faire en sorte. M. le ministre,
d'empêcher peut-être que des injustices soient commises non pas en
toute connaissance de cause, mais que des injustices soient commises par
inadvertance par un projet de loi qui a 371 articles. À ce
moment-là, je crois bien, M. le Président, qu'il n'y a pas de
réponse valable. C'est, comme un petit peu pourquoi le
bénéfice du doute...
M. Marx: Attendez d'entendre ma réponse pour voir si c'est
valable.
M. Filion: Laissez-moi terminer. Pourquoi? Je vous ai
déjà posé la question en Chambre et vous avez
répondu: C'est comme on dit: bénéfice du doute. Pourquoi,
quand on réunit douzes jurés, leur demande-t-on à ces
jurés-là de s'assurer hors de tout doute raisonnable, qu'ils sont
convaincus de la culpabilité de l'individu?
Pourquoi est-ce que notre droit considère qu'un accusé a
le droit à une audition pleine et entière? On donne la chance au
coureur alors que nous, par l'adoption du Code de procédure
pénale qui sera la règle de base, la règle fondamentale du
droit pénal, nous ne donnions pas le bénéfice du doute, la
chance au coureur, à ceux qui seront appelés à vivre ces
règles qu'on adoptera et que le ministre veut adopter à toute
vapeur d'ici la fin de la session?
En conclusion, j'aurai une motion à présenter...
Le Président (M. Kehoe): Juste une seconde. Je ne suis pas
sûr si le ministre a une déclaration à faire, maintenant,
pour répondre avant que la motion soit présentée.
M. le ministre.
M. Herbert Marx
M. Marx: C'était juste pour répondre à la
question que le député m'a posée.
Premièrement, j'insiste pour dire que l'avant
projet de loi a été déposé en
décembre 1986. Ce n'est pas un nouveau projet, c'est un projet qui est
sur la place publique depuis un an.
Deuxièmement, on a eu une commission parlementaire au mois de
mars. On a entendu, entre autres, le Barreau, la ville de Montréal, la
Commission des services Juridiques et la Commission des valeurs
mobilières. J'ai déjà dit en Chambre l'autre jour, mais je
pense que le député de Taillon n'a pas voulu entendre ce que je
lui ai dit, que nous avons contacté le Barreau et il semble que le
Barreau n'a pas d'autres remarques à faire.
Nous avons contacté la Commission des services juridiques; la
commission nous a dit qu'elle n'avait pas d'autres remarques à
faire.
Nous avons travaillé, et les juristes de mon ministère ont
travaillé en étroite collaboration avec la ville de
Montréal. Donc, il n'y a pas d'autres consultations à faire.
En ce qui concerne le projet, il a même été revu par
des universitaires. En fin du compte, M. le Président, ce ne sont pas
les personnes de l'extérieur qui adoptent les lois, ce sont les
députés. Il y a des députés autour de la table qui
ne sont pas des juristes et qui voteront ce projet de loi. Les lois sont
adoptées par des députés, non pas par des universitaires
qui viennent voter ici, non pas par des membres du Barreau qui viennent ici
voter.
Je pense que c'est au député à prendre ses
responsabilités. Il peut me dire: Bon, il reste deux semaines de
session. On va faire cela article par article. C'est toujours comme cela, M. le
Président. Je suis ici depuis huit ans, c'est toujours comme cela. Je
n'ai jamais dit au ministre que je n'étais pas prêt, donc, qu'il
fallait tergiverser d'une façon ou d'une autre.
M. Filion: M. le Président, une question de
règlement. Là, je vais Intervenir sur les dernières
paroles du ministre. Ce n'est pas correct. Il m'a Interrompu tantôt, je
vais le faire.
Les membres de l'Opposition n'ont jamais tergiversé, les membres
de l'Opposition n'ont jamais refusé de prendre leurs
responsabilités. Les parlementaires autour de cette table n'ont jamais
dit qu'ils ne voulaient pas prendre leurs responsabilités. Ce n'est pas
cela du tout, le sujet. Le ministre fait de la diversion qui porte atteinte
à la qualité du travail qui a été fait. L'important
ici, c'est de voir s'il n'y aurait pas des points de vue différents sur
te texte qu'il nous présente. Donc, le ministre n'est aucunement
justifié de dire que l'Opposition tergiverse.
M. Marx: C'est l'impression qu'on nous donne!
M. Filion: Ah!
M. Marx: On nous demande de consulter les gens qu'on a
consultés et les gens nous disent qu'ils n'ont rien à ajouter. Le
député peut bien insister pour consulter des gens qui ne veulent
pas être consultés et qui ont dit ce qu'ils avaient à
dire.
M. Filion: En date du 23 novembre 1987...
Le Président (M. Kehoe): Juste une seconde, s'il vous
plaît! Nous sommes à l'étape des motions
préliminaires.
M. Filion: Je vais faire ma motion pour suivre la
règle.
Le Président (M. Kehoe): C'est-à-dire...
M. Marx: S'il a une lettre à lire, qu'il la lise.
Le Président (M. Kehoe): II y a une motion à
faire.
M. Marx: Il va lire la lettre.
M. Filion: De consentement, je pense.
Le Président (M. Kehoe): D'accord, de consentement.
M. Filion: De consentement. J'ai, entre tes mains une lettre
datée du 23 novembre 1987 dont je vais remettre copie aux membres de
cette commission. J'en autorise le dépôt. "Barreau du
Québec, avec son sigle. M. Claude Filion, président de la
commission des institutions, Hôtel du...
M. le Président, la présente a pour but d'accuser
réception de la vôtre du 16 novembre dernier laquelle visait
à nous transmettre le projet de loi 75 portant sur le Code de
procédure pénale. "Je vous informe - quand, ce projet de loi
a-t-il été déposé? Au fait, il a été
déposé le... Est-ce que quelqu'un pourrait me donner cette
information? Le 11 novembre, bon. C'est parti le 16 novembre. J'ai
envoyé le projet de loi à différents intervenants - ...Le
comité du Barreau, qui s'était penché sur l'avant-projet
de loi a été de nouveau invité à se réunir
afin d'analyser la version définitive du projet de loi...
Le Président (M. Kehoe):... M. Filion: Oui, je le
dépose.
M. Marx: Que le député dépose aussi la
lettre qu'il a écrite au Barreau.
M. Filion: Bien, écoutez, je ne l'ai pas envoyée
seulement au Barreau, je l'ai envoyée à 200 organismes.
Le Président (M. Kehoe): Juste une seconde. Vous
êtes prêt à déposer les deux lettres, M. le
député?
M. Fllion: Non, je vais déposer la réponse que j'ai
reçue du Barreau.
M. Marx: On veut qu'il dépose sa lettre aussi.
Ml. Filion: On peut bien vérifier cela.
Le Président (M. Kehoe): Vous êtes consentant
à déposer les deux lettres, si je comprends bien? La lettre que
vous aviez...
M. Filion: Non, je dépose la lettre du 23 novembre 1987,
celle du Barreau du Québec. (12 heures)
Le Président (M. Kehoe): Et vous allez
déposer....
M. Filion: Non.
Le Président (M. Kehoe): Bon!
M. Filion: Moi, je ne demande pas la correspondance du
ministre.
M. Marx: La lettre est signée par qui?
M. Filion: Signée par, je vais vous le dire, Christian
Gauvin, avocat, service de recherche et de la législation du Barreau du
Québec. Non, non, mais c'est cela, premièrement.
Deuxièmement, le ministre n'a pas répondu à ma
question. Pourquoi nous priverions-nous de l'expertise de juristes
spécialisés dans le droit pénal pour adopter le Code de
procédure pénale? Il ne s'agit pas de demander aux juristes... On
est sur le consentement.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Taillon, y a-t-il encore consentement pour procéder aux remarques
préliminaires? M. te ministre?
M. Marx: Pardon?
Le Président (M. Kehoe): Est-ce qu'il y a consentement
pour procéder aux remarques préliminaires dans le cadre des
discussions?
M. Marx: Oui, oui, si le député le veut.
M. Filion: Oui, je pense qu'on est sur le consentement.
Le Président (M. Kehoe): Bon. M. le député
de Taillon, vous avez d'autres remarques?
M. Claude Filion
M. Filion: Oui, j'ai d'autres remarques à faire. Il n'apas répondu à ma question. Je comprends son argument; je
comprends qu'il y a un avant-projet de toi qui a été
déposé et je comprends également que te projet de loi, ce
n'est pas la même chose que l'avant-projet de loi. Deuxièmement,
il existe, M. le ministre, si on veut prendre un exemple au ministère
fédéral de la Justice, sous la responsabilité du
ministère de ta Justice fédéral... Savez-vous ce qu'ils
font avec le droit criminel? Il y a une commission de réforme, de
révision à peu près permanente. Le ministre le sait, il a
de ses anciens collègues de l'Université de Montréal qui y
ont siégé. J'aimerais qu'il m'écoute pour ne pas me
répéter. Le ministre le sait, il y a de ses anciens
collègues de l'Université de Montréal. Je pense à
celui qui m'a enseigné le droit criminel, au départ, M. Jacques
Fortin, qui a siégé de son vivant, évidemment; il est
malheureusement décédé. C'est quand même une perte
considérable pour la communauté juridique
québécoise. Il est décédé très jeune.
M. Jacques Fortin, entre autres, a siégé à cette
commission de révision du droit criminel.
Imaginez, ce qu'ils font, à Ottawa, parce qu'ils connaissent
l'importance de cela. Ils mettent un comité sur pied et lui demandent de
se pencher quotidiennement là-dessus. Avant d'amender le droit criminel,
il y a des auditions, des avants, avants-projets; il y a un mécanisme
extrêmement lourd. Pourquoi? Parce que cela affecte ce qu'il y a de plus
fondamental dans la société. Je ne suis quand même pas en
train de parler de la Loi sur le transport des abeilles.
On a pris le temps, en commission, de recevoir des organismes, de
recevoir des gens.
On fait des commissions parlementaires sur tous les sujets, sur la
levée du moratoire pour la construction de condominiums à
Montréal par exemple. On fait des commissions parlementaires, pas
à tout propos mais sur énormément de propos. Pourquoi?
Parce que ce n'est pas vrai que les parlementaires doivent considérer
qu'ils possèdent toute la lumière, toute la vérité
dans une société où toutes les matières deviennent
extrêmement spécialisées. Ce n'est pas compliqué
à comprendre, il me semble.
À l'intérieur du propre ministère du ministre, il
existe une commission qui étudie de façon presque permanente le
Code civil. Elle s'est déjà penchée sur le chapitre des
personnes; elle va se pencher sur les obligations. Imaginez tout ce monde qui
réfléchit, qui écoute, qui tient des auditions, des
consultations, etc., et cela prend des années pour adopter un article du
Code civil.
On voudrait nous employer et employer l'énergie des
parlementaires à nous faire adopter un Code de procédure
pénale. Je m'adresse en particulier, par votre entremise, bien
sûr, au député de Frontenac, qui doit avoir une
connaissance du problème; je pense qu'il est juriste. Bon! Il est
juriste, il a sûrement plaidé du droit statutaire, lui aussi.
À peu près tous les avocats en ont plaidé à un
degré ou à un autre.
Bref, on le fait pour le Code civil, on le fait pour le Code criminel,
à Ottawa, et le ministre me dit: Écoutez, on a eu un avant-
projet de loi, cinq ou six organismes sont venus nous dire leur point de
vue. J'espère qu'il admet que l'avant-projet de loi...
M. Marx: M. le Président...
M. Filion: Non, je n'ai pas fini. Je veux juste être
sûr que vous m'entendez.
Le Président (M. Kehoe): En conclusion, M. le
député de Taillon.
M. Filion: Je voudrais être sûr d'avoir au moins une
oreille du ministre.
M. Marx: Vous avez mes deux oreilles.
M. Filion: Oui, bon. La demande bien simple de l'Opposition est
la suivante: pourquoi vouloir précipiter les choses dans ce
dossier-là? Est-ce qu'il est très important qu'au menu du leader
parlementaire, le 21 ou le 24 décembre ou le 3 janvier, on puisse lire
que le député de Gatineau, leader parlementaire du gouvernement,
s'est levé pour dire: On a adopté le Code de procédure
pénale, on a fait une grosse "Job"?
Je dis qu'il est beaucoup plus important de regarder les gens qui vont
devoir vivre avec ce Code de procédure pénale. Si cela se fait
à Ottawa, si cela se fait dans son propre ministère au niveau du
Code civil, pourquoi ne pas permettre...
Encore une fois, l'Opposition n'est pas là pour tergiverser,
contrairement à ce que dit le ministre. C'est une affirmation gratuite
qui est une injustice pour celui qui vous parle. C'est une injustice pour celui
qui vous parle que de dire qu'on est là pour tergiverser. On est
là pour faire notre travail de notre mieux et au meilleur de nos
capacités, mais on est aussi lucides dans l'appréciation de
l'expertise qui peut régner autour de la table. On est aussi
démocrates, en ce sens qu'on veut que les gens aient la chance de
s'exprimer.
Je vais déposer ma motion quand vous me le direz, M. le
Président, quand ce sera le temps. Je demande que la Commission des
services juridiques soit entendue. Qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire
de donner la chance aux avocats qui représentent un tas de citoyens
devant nos tribunaux de venir nous dire: Écoutez, quand vous adoptez le
télémandat, il faudrait faire attention.
Ils vont nous dire: écoutez, quand vous permettez au juge de
modifier l'acte d'accusation ou le constat d'infraction, peu Importe, ou le
chef d'accusation sans aucune limite, vous donnez à la procédure
judiciaire un sens qui pourrait être contraire à celui qui
découle de l'interprétion faite par les tribunaux de la Charte
des droits et libertés. Quand vous renversez la présomption
d'innocence, cela n'a pas de sens. Vous venez à l'encontre des
décisions des tribunaux et, bien sûr, directement à
rencontre de la Charte des droits et libertés.
Est-ce qu'on a peur d'entendre des gens qui exprimeraient un point de
vue qui ne serait pas tout à fait le nôtre? Bref, je peux bien
déposer ma motion maintenant...
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que le ministre...
M. Filion: Oui, je vais la déposer maintenant.
Le Président (M. Kehoe): ...veut répondre?
M. Filion: À moins que le ministre veuille me
répondre.
M. Marx: M. le Président, il veut que je l'écoute,
je l'écoute; mais est-ce qu'il m'écoute? Je lui ai
déjà dit trois fois, et c'est la dernière, qu'on a
contacté la... Il insiste pour que la Commission des services juridiques
vienne faire des remarques sur ce projet. Je lui ai déjà dit que
nous avons contacté le président qui a dit que la commission n'a
aucune autre remarque à faire.
M. Filion: Avez-vous un document?
M. Marx: Cela a été fait par
téléphone. J'ai demandé aux fonctionnaires du
ministère de le faire, et cela a été fait.
M. Filion: C'est quelle commission?
M. Marx: De toute façon, M. le Président, nous
avons nos responsabilités et tout le monde en a. Le gouvernement a
décidé d'adopter ce projet de loi durant cette session. On a
entendu tout le monde et on n'a pas l'intention d'entendre encore des gens.
Si le député de Taillon veut consulter qui que ce soit et
nous faire des suggestions sur quelque article que ce soit, on sera prêt
à l'entendre. Mais en ce qui concerne les consultations, c'est
terminé, terminé!
Le Président (M. Kehoe): On est à
l'étape...
M. Marx: Je pense que c'est clair. Je l'ai dit lors de la
deuxième lecture. Ce n'est pas parce qu'on ne veut pas accepter des
idées. Nous avons fait des consultations, c'est pourquoi il y avait un
avant-projet de loi. On a tenu compte de toutes les suggestions et on a
même consulté les gens, après, pour voir si c'était
bien ce qu'ils avaient proposé. Après cela, c'est notre
responsabilité d'adopter le projet de loi.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre. On est
rendu à l'étape des motions préliminaires. Voulez-les
présenter maintenant?
M. Filion: Oui, mais de consentement, j'ai
une question à poser au ministre
Le Président (M. Kehoe): Bien . M. Filion: Une
question, s'il le veut
Le Président (M. Kehoe): M le ministre, voulez-vous
répondre à une autre question ou si on passe ?
M. Marx: Oui Quelle est la question?
M. Filion: Je voudrais que le ministre me donne une raison, juste
une
M. Marx: La raison
M. Filion: laissez-moi terminer ma question Donnez-moi une raison
pour laquelle le Code de procédure pénale ne pourrait pas
être adopté à la prochaine session, après avoir
seulement placé un coup de fil pour dire. Voulez-vous intervenir? Ces
gens-là ont reçu le projet de loi, il y a quelques jours. Cela
leur donnerait la chance de se pencher sur ce projet de loi, de
réfléchir et de consulter leurs membres, etc
Donnez-moi une raison pour laquelle le Code de procédure
pénale doit absolument être adopté à cette
session-ci. Pourquoi ne le serait il pas à la prochaine session?
Qu'est-ce que cela change si cela peut bonifier le projet de loi? Qu'est-ce que
cela change de vouloir procéder avec cette précipitation de fin
de session?
Le ministre le sait. On va partir sur des horaires de fous, M le
Président. Tout le monde autour de la table le sait Seulement pour
aujourd'hui, on siège de 11 heures à 13 heures, de 15 heures
à 18 heures et de 20 heures à 24 heures Cela fait une
journée de neuf heures passées uniquement en commission
parlementaire Grosso modo, neuf heures. Pourquoi? Cela va être le type
d'horaire auquel on va être confronté jusqu'à la fin de la
session. Pourquoi cette vapeur, cette précipitation à adopter le
Code de procédure pénale, dès maintenant?
Le Président (M. Kehoe): M le ministre avez-vous fa
réponse?
M. Herbert Marx
M. Marx: Je peux donner deux réponses. La première,
je suis certain que le député de Taillon ne va pas l'aimer
beaucoup. La deuxième, peut-être I'aimera-t-il davantage? La
première, c'est que l'ancien gouvernement a reporté la
présentation et l'adoption des projets de loi en matière de
justice d'une session à l'autre. Finalement, ils ont été
là huit ans et ils n'ont pas déposé les projets de loi sur
le Code civil, sur le Code de procédure pénale, sur les saisies
abusives, sur i unification des tribunaux, etc
Cela été annoncé pendant huit ans et on n'a jamais
déposé de projet de loi, etc. C'était une de leurs
façons de légiférer ne jamais rien faire
La deuxième, c'est que nous avons pris toutes les
précautions. On a déposé un avant projet de loi. On a tenu
une commission parlementaire. On a consulté des experts. On a même
consulté davantage les gens qui ont présenté des
mémoires, par exemple, la ville de Montréal. Tout le monde nous
dit n'avoir pas d'autres remarques à faire
En ce qui concerne la prochaine session et les sessions
subséquentes, nous avons d'autres projets de loi à faire adopter.
Ce projet de loi doit être présenté à cette
session-ci. Le gouvernement a décidé que cela se ferait à
cette session. II sera bonifié en commission parlementaire aujourd'hui
et peut-être demain, le cas échéant
Je pense que les questions ou les problèmes soulevés par
le député seront discutés en commission parlementaire.
Mais il n'est pas question de tenir commission parlementaire après
commission parlementaire, parce que le député pense que c'est une
bonne idée. Peut-être est-ce une bonne idée de faire
commission parlementaire sur commission parlementaire, car il n'y a pas de fin
à cela. On peut continuer cela pendant des décennies
Vous comprenez que la révision du Code civil a commencé en
1955 II y a déjà 32 ans de cela et on na nen fait J'ai
décidé de compléter le tout en trois ans Ce projet de loi
est prêt à être adopté II n'y aura pas d'autres
consultations
Je peux répéter une troisième fois que le
député insiste pour faire venir ici la Commission des services
juridiques. Est ce logique, cependant, de faire venir ici une commission qui
nous a dit qu 'elle n'a rien à dire, là-dessus?
M. Filion: Ils n'ont pas eu le temps de regarder le projet de
loi
Le Président (M. Kehoe): Les remarques
préliminaires sont maintenant terminées Est-ce que vous avez une
motion à présenter M le député de Taillon?
Motion proposant de procéder à des
consultations particulières
M. Filion: Oui, M le Président j'ai une motion La motion
est la suivante "Que, conformément à l'article 244 de notre
règlement, la commission des institutions procède, avant d
entreprendre I'étude détaillée du projet de loi 75,
à des consultations particulières en entendant - je mets une
liste d'organismes non exhaustive - la Commission des services juridiques le
Barreau du Québec la ville de Montréal, la Ligue des droits et
libertés, la Commission des droits de la personne et la Chambre des
huissiers du Québec (12 h 15)
Le Président (M. Kehoe): En vertu de l'article 244 de
notre règlement, |e déclare la motion recevable et je donne la
parole au député de Taillon pour une période de 30
minutes.
M. Claude Filion
M. Filion: Je vous remercie, M. le Président. Tout
d'abord, une première remarque. La motion contient une liste
d'organismes. La motion ne contient pas qu'un seul organisme pour qu'on
rediscute ensemble, un peu plus tard, du cas du Barreau du Québec,
etc.
L'Opposition n'est pas ici pour tergiverser, parce que si l'Opposition
était ici pour tergiverser, on prendrait 30 minutes pour convaincre le
ministre de l'utilité de chacun des groupes.
Je vais prendre 30 minutes, si le ministre veut m'écouter, pour
tenter de le convaincre d'entendre l'ensemble des groupes concernés.
Encore une fois, je suis très ouvert à savoir quel groupe
pourrait venir ou quel groupe ne pourrait pas venir et à quel moment ils
le pourraient.
Même si ma motion dit: "avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 75", je vais vous dire que je suis
prêt à commencer, dès maintenant, l'étude
détaillée du projet de loi 75. On fera nos consultations à
n'importe quel autre moment, la semaine prochaine, cette semaine, à
l'intersession, n'importe quand.
Je ne veux pas retarder le travail qu'on entreprend d'étudier,
article par article, le projet de foi. On peut adopter la motion, on peut
appeler l'article 1 et lorsque les groupes nous auront fait connaître le
moment où ils seraient disposés à se faire entendre,
à ce moment-là, suspendre, entendre les groupes et poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi 75.
Pourquoi entendre les groupes, M. le Président? Je vais revenir
à la charge de la façon suivante auprès du ministre.
D'abord, le ministre nous dit: Écoutez, je suis pressé d'adopter.
Il ne nous donne aucune raison. Quelle serait la différence entre
l'adopter maintenant et l'adopter au mois de juin, au mois de mars? Il fait
juste nous dire: Je veux que ce soit fait maintenant. Qu'est-ce qui serait
changé dans deux mois? Rien!
Il n'y a pas, dans ses réponses, le commencement de l'ombre d'un
début d'articulation de motif pour empêcher le fait que le projet
de loi ne soit adopté au printemps plutôt qu'au mois de
décembre. Il n'y a aucun élément d'urgence, sauf dans la
tête du ministre. Il dit: Moi, c'est ça que je veux; Je veux que
ce soit adopté maintenant. Il me semble avoir présenté des
arguments suffisamment importants pour justifier le fait que le ministre
reconsidère sa décision de ne pas entendre...
D'abord la Commission des services Juridiques. On connaît la
place, malgré le fait qu'ils soient en grève, aujourd'hui...
C'est quand même paradoxal qu'un autre groupe d'officiers de la justice
soit encore en conflit de travail avec le gouvernement. Ma foi, on se demande
si cela ne serait pas la marque de commerce du règne du présent
ministre de la Justice d'entretenir, de façon perpétuelle et
continuelle, des conflits avec tous et chacun de ces groupes?
Cela fait deux ans que le ministre a été nommé.
Cela fait deux ans qu'on a des problèmes avec l'un ou l'autre des
groupes qui collaborent ou qui devraient collaborer sereinement à
l'administration de la justice.
La Commission des services juridiques, je comprends qu'elle soit en
grève aujourd'hui. Elle a raison à part cela.
M. Marx: J'aimerais corriger le député de Taillon.
Je pense qu'une entente est intervenue entre les parties.
M. Filion: Je comprends qu'il était désireux
de...
M. Marx: Est-ce qu'il va nous féliciter?
M. Filion: ...débrayer et d'aller en grève
générale aujourd'hui.
M. Marx: Je pense que cela a été
réglé.
M. Filion: S'il y a eu un règlement, tant mieux! Mais je
me demande pourquoi le règlement n'est pas intervenu il y a cinq
semaines par exemple!
M. Marx: II y a eu un règlement avec la couronne, avec les
avocats et les notaires. Les juges ont été augmentés. Ils
sont les mieux payés au Canada et ainsi de suite... M. le
Président, je ne demande pas que le député de Taillon me
félicite, mais je pense que...
M. Filion: Je voudrais simplement m'assurer que ce ne sera pas
pris sur mon temps, M. le Président...
M. Marx: ...qu'il devrait féliciter... Une voix:
Faciliter.
M. Filion: ...je voudrais simplement m'assurer que...
M. Marx: Non, féliciter le gouvernement.
M. Filion: Cela ne me fait rien de laisser... Vous savez, il me
coupe la parole souvent.
Le Président (M. Kehoe): Ce ne sera pas pris sur votre
temps.
M. Filion: Je voudrais m'assurer que chaque fois que le ministre
intervient, ce ne sera pas sur mon temps. Mais il peut intervenir n'importe
quand; de toute façon, cela a l'air que je ne peux pas
l'empêcher.
Tous les groupes d'officiers de ta justice se sont trouvés,
à un moment où à un autre, en conflit avec le ministre de
la Justice. Cela a commencé avec les juges, les avocats de la
couronne...
M. Marx: M. le Président, question de règlement.
Qu'est-ce que cela a à voir avec la motion?
M. Filion: J'étais en train de parler de la Commission des
services juridiques.
Le Président (M. Kehoe): Dans quel but?
M. Marx: Il est en train de "staler" l'affaire. C'est ce qu'il
est en tratn de faire.
Le Président (M. Kehoe): La motion, c'est pour savoir
s'ils devraient être entendus ce matin.
M. Filion: C'est cela. Ils sont en grève; c'est important.
Il y a des avocats qui sont en grève et ils ne pourront pas être
entendus. C'est cela le lien.
M. Marx: Ce ne sont pas les avocats qu'on entend, c'est la
commission. De toute façon, le président a dit qu'il n'a rien
à ajouter.
M. Filion: La commission est formée de qui? Elle est
formée d'avocats. La commission va chercher son expertise parmi les
avocats qui font partie de ses différents services Juridiques.
La Commission des services juridiques, ce n'est pas simplement une
entité abstraite comme un nuage. C'est du monde en chair et en os qui
fait appel à des avocats. Le ministre semble ignorer que les avocats de
l'aide juridique font une grève du zèle. II est tout
heureux...
M. Lefebvre: La pertinence, M. le Président. Il n'y a rien
à faire.
Le Président (M. Kehoe): Précisément, M. le
député de Taillon, on est sur le projet de loi 75.
M. Filion: Cela ne me fait rien que vous m'interrompiez. Je veux
seulement que ce ne soit pas pris sur mon temps.
Le Président (M. Kehoe): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre: ...gagner du temps. Cela va avoir l'air moins
fou.
Le Président (M. Kehoe): Pourriez-vous revenir sur la
motion, à savoir d'entendre la Commission des services juridiques? C'est
là qu'on est rendu. M. le député de Taillon.
M. Filion: M. le Président, pour toutes les
Interventions de n'importe quelle personne autour de la table, je
voudrais simplement m'assurer que cela ne sera pas pris sur mon temps. Quant au
reste, le député de Frontenac peut m'interrompre aussi souvent
qu'il te veut, jusqu'à ce que je me tanne, par exemple. Là, je
vais vous demander de faire respecter le règlement parce que c'est moi
qui ai le droit de parole.
Le Président (M. Kehoe): Vous avez le droit de parole.
Une voix:...
M. Filion: Sur la question de règlement, Mme la
députée. Ce que vous avez dit, ce n'est pas sur mon temps.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Taillon, vous avez la parole sur la motion que nous avons devant nous ce matin.
Si vous voulez bien revenir à la discussion concernant le
bien-fondé de votre motion.
M. Filion: J'en suis, M. le Président, à traiter de
la possibilité pour la Commission des services juridiques de se
présenter devant nous alors que les avocats de l'aide Juridique font une
grève du zèle au Québec qui dure depuis le début du
conflit avec le ministre de la Justice, c'est-à--dire depuis le moment
où le ministre de la Justice leur a dit: Vous avez bien raison de
réclamer la parité avec la Couronne. Mais, après qu'il ait
dit cela, il s'en est allé.
Les avocats de l'aide Juridique sont prêts, désormais,
à négocier directement avec le président du Conseil du
trésor. Le ministre s'en est allé sans même s'occuper du
sort de ceux à qui il disait qu'ils avaient raison de faire la
grève.
M. Marx: Un instant. M. le Président, ce qu'il a dit est
complètement faux. J'aimerais le corriger maintenant en vue de son
prochain discours. Pour les avocats de l'aide juridique, la commission envoie
un mandat au ministre de la Justice qui l'envoie au Conseil du trésor.
Essentiellement, les négociations se font entre le Conseil du
trésor et la Commission des services juridiques. C'est le
mécanisme.
SI le député veut continuer à parler de tout et de
rien, qu'il continue.
M. Filion: Cela fait mal au ministre de la Justice. Oui, sur la
question de règlement. Cela fait mai au ministre de la Justice de se
faire dire que les auxiliaires de la justice ont tous, à
différents degrés, rabroué l'irresponsabilité du
titulaire du ministère qui donne des opinions sur la justesse des
revendications de ces groupes d'officiers, mais qui, après, ne s'en
occupe pas et laisse le dossier entre les mains du Président du Conseil
du trésor qui ne sait même pas ce qu'est t'aide juridique. Cela
fait mal au ministre de la
Justice.
Le Président (M. Kehoe): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Filion: Ça, cela fait mal au ministre de la
Justice.
Le Président (M. Kehoe): On est sur la motion, le bien
fondé de votre motion de procéder, avant l'étude
détaillée du projet de loi 75, à des consultations
particulières avec différents groupes. Pourriez-vous revenir
à cela, M le député de Taillon, s'il vous plaît?
M. Filion: Oui, j'étais en train de parler, jusqu'à
ce qu'on m'interrompe, de fa possibilité pour la Commission des services
juridiques de venir devant nous en consultation particulière. Je pense
qu'elle est partie prenante à la motion que vous avez devant vous.
Le Président (M. Kehoe): Je suis d'accord.
M. Filion: J'étais en train d'expliquer la Commission des
services juridiques. Les avocats, beaucoup d'avocats de l'aide juridique font
la grève du zèle, c'est-à-dire que, notamment, ils ne
s'occupent pas de l'aspect social et communautaire de certains dossiers
auxquels, avant, ils consacraient énormément de temps et
d'énergie pour aider les groupes sociaux au Québec aux prises
avec certains problèmes.
La question qu'on se pose, c'est. Est-ce que les avocats de l'aide
juridique seraient en mesure de fournir à la Commission des services
juridiques l'expertise nécessaire pour quelle puisse se présenter
devant nous alors que le ministre nous annonçait tantôt que le
conflit était réglé? II y avait une grève
générale - si elle avait eu lieu, j'en aurais traité - qui
était prévue pour ce matin. Le ministre nous annonce que le
conflit est réglé.
M. Marx: Je crois qu'il y a eu une entente, hier soir. Je vais le
confirmer plus tard, mais c'est ce que j'ai compris. Quelqu'un ma avisé
qu'il y avait eu entente.
M. Filion: Bon, alors.
M. Marx: Cela fait mal au député de Taillon chaque
fois qu'un dossier est réglé, surtout un dossier qui n'avait pas
été réglé par nos prédécesseurs
.Chaque fois que c'est réglé, cela fait mal au
député de Taillon. Mais, qu'est-ce que vous voulez?
Le Président (M. Kehoe): M le député, sur
votre motion encore.
M. Filion: Sur les derniers propos du ministre de la Justice qui
n'ont pas été repris. Ces propos devaient donc être
pertinents, ces propos. Sur ce que vient de dire le ministre de la Justice, je
lui ferai remarquer que ce n'est pas tout de régler les
problèmes. Ce que je veux vous souligner, c'est pourquoi il y en a
autant au sein de I 'administration de la justice.
M. Marx: Parce que mon prédécesseur péquiste
m'a laissé avec tous les dossiers pourris.
M. Filion: Pourquoi y en a-t-il autant sous votre règne?
Ce ne sont pas les ministres de la Justice précédents qui ont
reçu des poursuites judiciaires de la part des juges.
Ce ne sont pas les ministres de la Justice précédents qui
ont reçu des motions de non-confiance des procureurs de la couronne. Ce
ne sont pas...
M. Marx: Je n'ai jamais reçu cela, M. le Président.
C'est complètement faux.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre. Juste une
seconde, M. le ministre. M. le député de Taillon, je vous
rappelle à l'ordre. On a une motion devant nous, qu'on se limite
à la motion qu'on a à étudier. Pourriez-vous
procéder avec vos arguments, M le député de Taillon?
M. Filion: II m'a interrompu, M le Président.
J'apprécierais que vous puissiez le rappeler à l'ordre, il va m
interrompre encore.
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Marx: Ce sont des faussetés, M. le Président,
des faussetés. II ny a jamais eu une résolution de non-confiance
de la part de ta couronne à l'endroit du ministre de la Justice. C'est
une fausseté. Qu' il produise la résolution.
M. Filion: Des actes de non confiance, M le ministre .Vous aviez
très bien compris.
M. Marx: Des actes. C'est quoi, un acte? M. Filion: Ne
faites pas d'avocasseries...
M. Marx: Un acte, cest la règle du député de
Taillon.
M. Filion: ...avec vos propres employés.
Le Président {M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît! On revient à la motion, s'il vous plaît, M. le
député de Taillon.
M Marx: Tout ce que le député de Taillon veut
entendre, c'est de mauvaises nouvelles. J'ai de bonnes nouvelles pour lui et
cela lui fait mal. Je peux lui donner d'autres bonnes nouvelles.
M. Filion: M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Je vous rappelle à la
pertinence. On est sur la motion pour le moment. C'est valable et pour le
ministre et pour le député de Taillon.
M. Filion: M. le Président, le ministre a une attitude
fantastique vis-à-vis de tout cela.
Le Président (M. Kehoe): Par rapport à la
motion?
M. Filion: Oui, oui. je parle de ta Commission des services
juridiques. Le ministre a une attitude fantastique. Pour lui, tant mieux s'il y
a des problèmes, cela lui permet d'annoncer qu'ils sont
régies.
M. Marx: Je ne peux pas éviter les problèmes qui
étaient soulevés avant mon entrée en fonction...
M. Filion: II faut quand même le faire, dans un domaine qui
a tellement besoin de stabilité.
M. Marx: ...je règle des problèmes qui ont
commencé avant que je sois en fonction; ce n'est pas nouveau. Son grand
héros, Pierre Marc Johnson, quand il allait parler aux juges, il
était hué, hué, hué, hué.
Le Président (M. Kehoe): Bon!
M. Marx: Je le dis cinq fois. Maintenant, le député
de Taiilon comprend, il était hué par les juges.
Le Président (M. Kehoe): Mais...
M. Marx: Moi, j'ai parlé aux juges deux fois
déjà, à leurs conférences et j'ai été
applaudi les deux fois.
Le Président (M. Kehoe): Cela étant dit...
M. Marx: ...et les juges de nomination provinciale sont les mieux
payés au Canada maintenant. Je n'ai pas été hué -
j'ai failli dire "haï - je n'ai pas été hué par les
juges comme son maître, Pierre Marc Johnson l'a été.
Qu'est-ce que vous voulez que je dise? C'est la vérité, M. le
Président, la vérité.
Mon prédécesseur comme ministre de la Justice n'a
réglé aucun dossier. Il n'a pas réglé le dossier de
la couronne, ni celui des notaires, ni celui de l'aide juridique. Quand nous
sommes arrivés au pouvoir, cela nous est revenu de régler tout
cela parce qu'ils n'avaient pas signé de conventions collectives.
Qu'est-ce que vous voulez quand on hérite des problèmes...
Le Président (M. Kehoe): Sur la motion, M. le
député.
M. Marx: ...qui ont été mal traités, au
début...
M. Filion: M. le Président, sur la question
soulevée par le ministre de la Justice. Le ministre de la Justice du
Québec, l'actuel député de D'Arcy-McGee, est le seul
ministre de la Justice au monde à avoir reçu des
procédures judiciaires de la part des juges. Il faut le faire! Le
ministre est en train de se féliciter de régler des
problèmes...
M. Lefebvre: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Kehoe): D'accord, juste une seconde.
M. Lefebvre: Question de règlement. M. Filion: Sur
la question de règlement.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Frontenac, sur une question de règlement.
M. Lefebvre: M. le Président, je veux m'assurer que le bla
bla du député de Taillon est bien pris sur son temps. Cela, c'est
important.
Le Président (M. Kehoe): Bon. On est... (12 h 30)
M. Lefebvre: Quant au reste... Tout ce qu'il a dit n'a aucune
espèce d'importance, sauf de savoir si c'est pris sur son temps.
Le Président (M. Kehoe): C'est sûr et certain,
juste...
M. Filion: Sur la question de règlement, il pose une
question de règlement, je voudrais me faire entendre sur fa question de
règlement du député de Frontenac.
M. Lefebvre: Ce que vous venez dire, le bla bla que vous avez
fait dans...
M. Filion: Sur la question de règlement. Le
Président (M. Kehoe): Oui.
M. Filion: Sur la question de règlement. Je voudrais
m'assurer que, lorsque le ministre de la Justice parle, qu'il n'est pas
interrompu, premièrement, ce n'est pas pris sur mon temps et,
deuxièmement, vu qu'il me pose des questions, je puisse y
répondre sans que ce soit sur mon temps.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Taiilon, je déclare que tous les deux, vous et le ministre, vous
enfreigniez le règlement. La motion que nous avons devant nous se limite
strictement à savoir si différents organismes
devraient être entendus avant l'adoption du projet de loi. De
toute façon, il vous reste encore vingt à vingt-cinq minutes
environ sur la motion.
M. Marx: Le député fait tout pour ne pas commencer
l'étude article par article, qu'il parle ou non avec sens ou
sérieux, cela revient au même.
Le Président (M. Kehoe): Juste une seconde.
M. Filion: Le ministre de la Justice vient de passer cinq minutes
à dire n Importe quoi.
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Filion: N'importe quoi.
Le Président (M. Kehoe): La question de motion, sur la
motion.
M. Filion: II devrait être plus serein, cela lui
éviterait de dire des conneries comme "la prison, c'est I institution
des pauvres".
Le Président (M. Kehoe): M le député de
Frontenac, vous avez la parole.
M. Lefebvre: M. le Président, je trouve l'attitude du
député de Taillon malheureuse et triste. Elle aura des
conséquences très graves pour les avocats auxquels il a fait
référence tout à l'heure - ceux de I'Aide juridique et les
avocats de la pratique privée qui, tous les jours, évidemment ont
à se présenter devant les tribunaux, ce que le
député de Taillon, sauf erreur, n'a pas connu beaucoup au cours
de sa pratique. II a été beaucoup plus un avocat qui s'est
limité à faire de la recherche pour d'autres et qui n'a jamais,
je crois, selon les renseignements qu'on m a donnés.
M. Filion: Question de privilège.
Le Président (M. Kehoe): Juste une seconde.
M. Lefebvre: Non, non, non M le Président, je suis sur une
question de règlement. II dira ce qu' il a à dire, tout à
I' heure.
M. Filion: C'est une question de privilège, M. le
Président. Est-ce que vous pouvez me reconnaître sur une question
de privilège?
M. Lefebvre: Sauf erreur, M. le député de Taillon,
vous aurez à vous expliquer tout à I 'heure, vous me
répondrez tout à I' heure.
M. Filion: Question de privilège M le
Président.
M.
Lefebvre II n'y a pas de question de privilège
là-dessus.
M. Filion: Question de privilège.
M. Lefebvre: Sauf erreur, M. le député de
Taillon.
M. Filion: Est-ce qu'une question de privilège interrompt
une question de règlement, M le Président?
M. Lefebvre: Il n'a jamais plaidé devant les tribunaux
alors il ne peut pas connaître la conséquence de l'adoption d'un
projet de loi de cette importance pour les
M. Filion: Est-ce qu'une question de privilège, M. le
Président, doit interrompre une question de règlement?
Le Président (M. Kehoe): Juste une seconde, M. le
député de Taillon. II n'y a pas de question de privilège
ici à la commission. Par contre, vous pourrez rectifier les faits que le
député de Frontenac a énoncés par la suite. II ny a
pas de question de privilège comme telle M. le député de
Frontenac, pourriez vous conclure, si...
M. Lefebvre: De deux choses l'une. Ou le député de
Taillon était un avocat plaideur qui ne connaissait pas la
conséquence et I'application de la loi des poursuites sommaires du Code
de procédure pénale. II ne sen est jamais servi, ilt n'a jamais
utilisé ce qu'on peut retrouver à l'intérieur d'un projet
de loi comme le projet de loi 75 qui vise à amender, à rajeunir,
M. le Président les dispositions qui permettent aux praticiens de bien
gagner leur vie et de bien représenter les justiciables.
Je trouve l'attitude du député de Taillon malheureuse,
très malheureuse, M. le Président, surtout qu'il invoque que les
avocats de I'Aide juridique sont actuellement en pourparlers avec le
gouvernement du Québec dans le but d'améliorer leur sort. C'est
ce qu'on vise avec I'adoption du projet de loi 75 d'améliorer et le sort
des avocats praticiens qui plaident tous les jours devant les tribunaux et
également le sort des justiciables plutôt que d'adopter I'attitude
qu'a eue le député de Taillon jusqu'à maintenant face
à I' étude de ce projet de loi.
M le Président, cela contredit ses propos ronflants et je
I'inviterais à avoir une attitude un peu plus responsable. La motion
qu'il a présentée, on aura l'occasion de la débattre tout
à I'heure mais j'aimerais qu'il soit à tout le moins pertinent
sur la motion, comme telle. On sait que des organismes qui apparaissent dans la
motion ont déjà été entendus au cours du printemps
1987, alors à tout le moins, que le député de Taillon soit
pertinent quant à I'importance de rappeler les organismes en
question.
Quant au reste, moins de bla bla et un peu plus de propos qui
démontrent que l'intérêt des avocats, autant de la pratique
privée que de l'aide juridique, est important pour vous, comme vous le
dites si bien, M. le député de Taillon.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le député
de Frontenac.
M. le député de Taillon.
M. Filion: Sur la question de règlement du
député de Frontenac. J'ai pratiqué le droit entre 1969 et
1976 et à ce moment-là, je plaidais. Bien au contraire...
M. Lefebvre: Vous n'avez pas plaidé souvent.
M. Filion: Au contraire.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Au contraire, M. le député de
Frontenac.
M. Lefebvre: Alors, c'est important cela.
M. Filion: Sachez qu'à ce moment-là, je plaidais
sur la rue Saint-Hubert, près de la rue Ontario, entre Ontario et de
Maisonneuve, à Montréal, au sein d'une étude qui
s'appelait Grégoire, Dansereau, Daoust, Duceppe, Beaudry, Filion &
Jolicoeur, etc. et que, à ce moment-là, on plaidait de tout.
M. Lefebvre: Bon. Il faut comprendre l'Importance du projet de
loi 75.
M. Filion: On gagnait notre vie à représenter des
gens de tout acabit, non seulement des pauvres, dont le ministre nous dit
qu'ils sont en prison, mais des gens de classe moyenne et des gens de classe
supérieure, des corporations, des organismes, des groupes, des individus
de l'aide juridique, de tout, M. le député de Frontenac.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Taillon, je pense que vous avez répondu à l'intervention du
député de...
M. Filion: Alors, cela, c'est juste pour corriger...
Le Président (M. Kehoe): ...Frontenac. Je vous demande de
revenir...
M. Filion: ...la perception du député de
Frontenac.
Le Président (M. Kehoe): Juste une seconde. M. le
député de Taillon, je vous demande de revenir à votre
motion, s'il vous plaît!
M. Lefebvre: Juste pour conclure, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Monsieur... M. Filion: Sur
la...
M. Lefebvre: SI ce que le député de Taillon dit est
si vrai, s'il a plaidé aussi souvent et aussi longtemps, qu'il le dit,
il devrait d'autant plus facilement comprendre l'importance du projet de loi
75. Je l'inviterais, donc, à collaborer avec le ministre de la Justice,
à faire des suggestions pertinentes, intelligentes, valables pour
bonifier le projet de loi. Quant au reste, son attitude contredit ses propos,
M. le Président.
M.Filion: Sur la deuxième partie de la question de
règlement du député de Frontenac. Le député
de Frontenac n'était pas là, au début, mais la
présente motion vise précisément à bonifier le
projet de loi parce qu'il est important. Le député de Frontenac
n'était pas là, cela, je le comprends. Parfois, il doit se
promener d'une commission à l'autre, pour exercer ses devoirs de leader
adjoint. Je ne lui en fais pas grief.
Le but de la motion que vous avez devant vous est
précisément dû au fait qu'il s'agit là d'un projet
de loi important pour le monde; même qu'il peut les priver de leur
liberté. C'est ce que je disais avant que vous arriviez.
Le Président (M. Kehoe): M, le député de
Taillon, je comprends que vous êtes sur la motion. Vous êtes en
train d'expliquer...
M. Filion: Non. C'est sur la question de règlement qu'il a
soulevée.
Le Président (M. Kehoe): Bon, ce n'était pas une
question de règlement.
M. Filion: Mais, oui, écoutez... Le Président
(M. Kehoe): C'étaient des commentaires. Mais, si vous voulez
revenir, maintenant...
M. Filion: Oui, mais pourquoi permettez-vous...
Le Président (M. Kehoe): Juste une seconde, s'il vous
plaît. Si vous voulez revenir maintenant à la motion, que nous
avons devant nous, on peut en discuter. Le député de Frontenac a
fait certaines interventions, vous avez donné des réponses.
Maintenant, si vous voulez revenir à la motion, dont vous avez à
peu près... Quoi? Il reste 23 minutes pour votre motion.
M. Filion: J'ai une question de directives M. le
Président. Pourquoi laissez-vous le député de
Frontenac exprimer ses commentaires et moi, quand j'arrive pour
répondre à sa question de règlement, à la portion
de sa question de règlement qui contient des commentaires qui ont pris
la majeure partie de son intervention...
Le Président (M. Kehoe): Si vous me permettez de
répondre...
M. Filion: ...vous me dites, à moi, que je suis sur le
fond de la motion.
Le Président (M. Kehoe): Là, vous me permettrez de
répondre. Je pense qu'il a fait plus de déclarations que de
questions de règlement.
Vous avez répondu et dans vos réponses, vous rentrez de
nouveau dans votre motion. Ce que je veux vous dire, c'est que, quand vous
pariez du fond de votre motion, votre temps est calculé. C'est justement
le point que je veux vous souligner.
À partir de maintenant, en répondant peut-être en
même temps au député de Frontenac, vous parlez
également de la motion. C'est pour cela que je dis: À partir de
maintenant, votre temps alloué pour votre motion est calculé.
M. Filion: Oui, mais, M. le Président, je ne blâme
pas le député de Frontenac de vouloir se liguer au ministre de la
Justice. Ils font partie d'abord de la même formation politique. C'est la
vie. La réforme parlementaire n'avance pas très, très vite
dans ce parlement. Deuxièmement, tes organismes qui sont là, qui
sont sur la liste - la motion a-t-elle été distribuée
à mes collègues? - les organismes qui sont là ont une
expertise, un vécu du droit pénal qui est sans égal comme
le dit un mot populaire au Québec.
La Commission des services juridiques - j'en étais
encore-là, quand on m'a interrompu - est-elle en grève,
aujourd'hui, ou non? Semble-t-il que non. On écoutera le bulletin de
nouvelles pour l'apprendre. La Commission des services juridiques, si elle
n'est pas grève, elle-aussi, aujourd'hui, pourrait nous apporter - c'est
ce que la motion veut dire - un éclairage intéressant pour faire
en sorte que nous puissions adopter le meilleur Code de procédure
pénale qui soit.
Une loi - je t'ai dit en Chambre et je le répète - est,
bien sûr, toujours perfectible. La perfection, nous ne l'atteindrons
jamais. Elle n'est pas de ce monde, pas plus dans ce secteur-là, que
dans d'autres, à moins d'adopter des projets de loi d'une ligne, d'un
mot. Là, quelquefois, quand on met une virgule, on peut être
parfait. Quand un projet de loi a 371 articles, je pense que c'est à peu
près impossible d'atteindre la perfection. Mais, étant
donné que nous devons, comme parlementaires chercher à
améliorer, à bonifier, dit-on, le projet de loi, la Commission
des services juridiques, au même titre que le Barreau du Québec,
que la ville de
Montréal qui administre un contentieux de masse énorme,
tout comme la Ligue des droits et libertés, la Commission des droits de
la personne ou la Chambre des huissiers du Québec...
Encore une fois, ce n'est pas une liste qui est limitative. Elle est
plutôt indicative du type d'organismes susceptibles de posséder
une Information qui devrait nous être transmise, non seulement au
ministre de la Justice, mais aux parlementaires qui ont à décider
et à voter, qui auront à se prononcer sur les projets
d'amendement qui seront déposés par l'Opposition, sur les projets
d'amendement qui seront déposés par le ministre lui-même.
C'est un paquet de décisions que les parlementaires vont avoir à
prendre. Ce que je demande bien simplement depuis le début, c'est qu'on
nous donne trois heures pour entendre ces organismes. Ce n'est pas
compliqué. À Ottawa, je l'ai dit tantôt, non seulement ils
se donnent trois heures, ils se donnent trois ans avant de modifier le Code
criminel. Les projets de loi sont l'objet d'études, de consultations
très larges.
Le Code civil. On se donne combien de temps pour adopter le Code civil
qui contient des articles - non pas qu'ils ne soient pas importants - qui ont
moins d'impact que ceux du Code de procédure pénale qu'on
voudrait adopter?
J'ouvre une parenthèse: Le député de Frontenac
disait que je n'utilisais pas le Code de procédure pénale quand
je pratiquais. Il a bien raison, il n'existait pas. Il n'existe toujours pas.
Ce qu'on utilisait, c'était la Loi des poursuites sommaires et des
dispositions qui étaient contenues dans des lois sectorielles, dans les
lois ponctuelles. Je ferme ma parenthèse là-dessus.
Bref, je ne peux pas comprendre l'insensibilité du ministre de la
Justice à une requête modeste quant au temps, qui ne retarde en
aucune façon nos travaux, qui est à moins d'être aveugle -
bien fondée et qui vise à obtenir une expertise à
l'intérieur d'un temps modeste. Cela ne retarderait pas nos travaux.
J'ai l'Impression que cela pourrait même les accélérer, M.
le Président. Quand on a des organismes qui viennent nous dire:
Voilà, ce que nous vivons dans les tribunaux, dans les cours
municipales, à la Cour des sessions de la paix; voilà
l'expérience qu'on connaît de ces articles, cela va être
plus facile pour nous, après. On pourra en discuter moins longtemps. Ce
sera plus facile de les adopter. Est-ce que le ciel va nous tomber sur la
tête si on n'adopte pas le Code de procédure pénale avant
le 23 décembre? Au pire, supposons qu'il serait difficile de consulter
les gens.. La lettre du Barreau que j'ai déposée tantôt est
claire - on pourrait m'en remettre une copie? - C'est un des organismes qui est
visé. Je vous Informe que le comité du Barreau qui s'était
penché sur l'avant-projet de loi a, de nouveau, été
invité à se réunir. C'est une lettre de la fin novembre.
Le Barreau connaît un petit peu le droit. C'est une lettre de la fin
novembre. Où sont les recommandations, les opinions, les
commentaires du Barreau du Québec? À moins que le ministre
ne me dise le contraire, c'est clair que le comité du Barreau qui
étudiait te Code de procédure pénale n'a probablement pas
eu le temps de se réunir et d'étudier le projet de loi 75,
déposé par le ministre, mais transmis au Barreau duQuébec par le député de Taillon - du moins si on se
fie à cette lettre. Mais, cela n'a pas d'Importance. L'important est
qu'ils aient le projet de loi 75 et qu'il y ait un comité qui est
sensé se pencher là-dessus.
On voudrait adopter le projet de loi sans entendre le Barreau.
M. Blais: Cela n'a pas de bon sens. (12 h 45)
M. Filion: Mon collègue, le député de
Terrebonne qui vient de se joindre à nous a la réaction
spontanée de n'Importe quel esprit généreux, ouvert et
objectif.
Une voix: II n'a pas le droit de parole.
M. Blais: On ne vous l'a pas donné non plus.
M. Marx: M. le Président, est-ce que le
député de Taillon a déposé sa lettre? Tout ce qu'il
a déposé c'est un accusé de réception du
Barreau.
M. Filion: Ah, je voudrais être clair. Le temps que le
ministre vient de prendre... Il m'a interrompu, probablement pour la
dixième fois ce matin, en posant des questions...
M. Marx: Cela ne va pas, non.
M. Filion: À un moment donné, le ministre - woop -
arrive et pose des questions. Alors, je voudrais seulement être sûr
que cela ne soit pas pris sur mon temps.
Le Président (M. Kehoe): C'est... trois secondes.
M. Filion: Non, mais, M. le Président, quand le ministre
parle, je prends un soin particulier à le laisser continuer. Quand je
parle, il m'interrompt.
Le Président (M. Kehoe): À vous la parole.
M. Filion: Je ne sais pas si... Comme te député de
Frontenac... Y en a-t-il d'autres?
Le Président (M. Kehoe): Avez-vous terminé sur
votre motion, M. le député?
M. Lefebvre: Ils vont être contents que vous preniez leur
défense. Lorsqu'ils sauront ce que vous êtes en train de faire ici
ce matin, ils vont vous en reparler, M. le député de Taillon.
M. Filion: Ils vont prendre des poursuites judiciaires contre le
ministre, eux aussi?
M. Lefebvre: Non, ils vont mal comprendre votre attitude.
M. Trudel: En vertu du Code de procédure
pénale...
M. Filion: En vertu du Code de procédure pénale
qu'on aura adopté à toute vapeur?
M. Trudel: Cela va de soi. C'est pour cela qu'on veut l'adopter,
d'ailleurs.
M. Lefebvre: En fait, ils vont mal comprendre votre attitude.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Taillon, avez-vous autre chose à ajouter sur votre motion?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Kehoe): Bien pensé...
M. Filion: Je veux seulement être sûr qu'il n'y a pas
d'autres réactions spontanées autour de la table.
Le Président (M. Kehoe): On attend vos paroles.
M. Filion: Donc, comment figurer qu'on puisse, comme ministre de
la Justice, dire: Au Barreau du Québec, il y a un comité qui
s'est penché sur l'avant-projet de loi. On n'a pas les recommandations.
S'il les a, qu'il nous les dépose ou mieux, qu'il nous dise: Oui, j'ai
reçu du comité du Barreau son opinion et ses commentaires et j'en
tiendrai compte mais je ne vous les donnerai pas, à vous, les
parlementaires. Cela c'est son problème. D'habitude, avec ce type de
loi, on donne à l'Opposition un livre qui contient un peu les
dispositions de la Loi sur les poursuites sommaires qui pourraient être
modifiées, un livre qui contient les dispositions actuelles et les
conséquences. On a étudié la charte des droits comme cela,
M. le Président. On a étudié la loi sur la commission
d'accès à l'information de cette façon-là. On
étudie le Code civil de cette façon-là. Mais, pour le Code
de procédure pénale, je l'ai demandé au ministre et je lui
demande encore - il pourra profiter de son temps de parole tantôt pour me
répondre - je lui demande encore pourquoi il ne me donne pas, il ne
donne pas à l'Opposition, les outils - non pas seulement à
l'Opposition mais à tous les parlementaires autour de cette table - les
outils nécessaires pour faire un bon travail.
Premièrement, on veut nous priver de l'éclairage des
groupes. Deuxièmement, on n'a pas les outils habituels comme
parlementaires pour
travailler. Tout ce qu'on a, c'est ceci: écoutez, je veux
absolument adopter ce projet de loi-là avant le 23 décembre.
Imaginez-vous les avocats dont parlait tantôt le député de
Frontenac quand ils vont prendre connaissance de l'attitude du ministre qui
fait en sorte que leur porte-parole légitime, autorisé soit le
Barreau du Québec, ne peut pas être entendu parce que le ministre
a décidé qu'il n'avait pas trois heures à donner au
Barreau et à d'autres groupes pour les entendre. Imaginez-vous ce que
cela va faire.
Moi, M. le Président, |e ne serai pas gêné du tout
de leur dire que j'ai pris le temps qu'il fallait, pas plus mais pas moins,
pour expliquer au ministre de la Justice que cela n'a pas une once
d'allure.
M. Lefebvre: Comme au conseil national en fin de semaine, c'est
fou comme le ballet.
M. Trudel: II nous reste cinq secondes.
M. Lefebvre: Cinq secondes, M. le Président.
M. Trudel: Vendu.
M. Lefebvre: Vous réfléchissez, votre temps
avance.
M. Marx: M. le Président, on est prêt à voter
sur la motion.
Le Président (M. Kehoe): Avez-vous terminé votre
Intervention sur la motion?
M. Filion: M. le Président, je vais vous le dire quand
j'aurai terminé et je pense que je vais vous le dire quand j'aurai
terminé toutes mes motions, parce que je n'ai peut-être pas
terminé toutes mes motions.
Alors, ce que je vais leur dire, ce que les avocats vont
considérer et qu'ils vont dire, j'espère, à leurs clients
qui pourraient se trouver dans des situations d'injustice, c'est que cela n'a
pas une once d'allure, une once de bon sens. Il me semble que, comme ministre
de la Justice, on a des responsabilités qui vont au-delà des
partisaneries politiques; des responsabilités qui vont au-delà
des considérations politiques.
Le ministre de la Justice, dans certaines traditions parlementaires, ne
fait pas partie du Conseil des ministres, M. le Président. Mais ici, il
en fait drôlement partie. Et quand le leader semble lui dire:
écoute, on a besoin de ton projet de loi pour pouvoir dire qu'on a fait
des choses, le ministre de la Justice semble vouloir dire: bien oui, on va
l'adopter avant le 23 décembre, ou avant le 21 décembre, ou avant
le 3 janvier.
On est prêt à travailler n'importe quand, le jour de
Noël s'il le faut, si c'est le jour qui fait l'affaire du ministre de la
Justice, pour entendre des groupes. Cela ne me dérange pas. Je pense que
cela vaut la peine. Je pense que...
M. Lefebvre: On va vous prendre au mot.
M. Filion: Ca ne me dérange pas. SI le ministre de la
Justice est là, il y aura quorum, je siégerai. J'aime mieux, M.
le Président, prendre quelques heures de plus pendant le temps des
fêtes pour écouter les organismes, les groupes, les individus qui
ont des choses à dire sur le Code de procédure pénale que
de devoir, après cela, vivre avec des cas qui vont finir par nous tomber
sur la tête. Des décisions de tribunaux ou des cas nous seront
rapportés qui nous feront dire: le Code de procédure
pénale adopté à toute vapeur à l'Assemblée
nationale à la fin de décembre 1987 est une passoire. C'est plein
de trous.
Et, cela aura eu des conséquences pour les citoyens qui ont
été libérés ou qui ont été
trouvés coupables parce qu'ils ont vécu sous l'empire de ce Code
de procédure pénale qui n'aurait pas été
bonifié par des parlementaires.
Notre responsabilité, M. le Président, est de faire en
sorte que les lois qu'on adopte marchent en hiver comme en été;
qu'elles marchent à la Cour municipale de Montréal comme à
la Cour municipale de Trois-Rivières, à la Cour des sessions de
la paix de Québec comme à la Cour supérieure de
Sept-îles, à la Cour provinciale de Saint-Hyacinthe comme à
la petite Cour municipale de Mirabel ou de n'importe où.
C'est ça qui va se passer avec le Code de procédure
pénale. Cela va être vécu quotidiennement par les
tribunaux. Le ministre a l'audace de nous dire: écoutez, moi je veux
l'adopter. Tout ce qu'il nous donne comme réponse, c'est: je veux
l'adopter d'ici le 23 décembre. La Commission des droits de la personne,
qui a une expertise quant à l'application des articles de la charte des
droits, qui commence à vivre des interprétations jurisprudences,
ce n'est pas important. La Chambre des huissiers du Québec qui pourrait
nous faire part du problème quant à la signification des
procédures, ce n'est pas important. La Ligue des droits et
libertés, subventionnée par te ministère de la Justice du
Québec, qui a une longue expérience, une longue tradition, une
longue réflexion, une saine réflexion au chapitre des droits et
libertés, ce n'est pas important.
La ville de Montréal, qui administre un contentieux de masse
extrêmement important et sans équivalence au Québec, ce
n'est pas important. Le Barreau du Québec, imaginez-vous, ce n'est pas
important. La Commission des services juridiques, ce n'est pas important. C'est
ce que nous dit le ministre de la Justice dans son attitude ce matin. Ce n'est
pas important. Le député de Frontenac me disait que
c'était très important. Moi, Je vous dis que c'est très
important. Les membres autour de cette salle sont convaincus, J'en suis
sûr, que c'est très important. Mais pour le ministre, lui,
l'opinion de
ces organismes, le comité du Barreau qui s'était
penché sur l'avant-projet de loi, ce n'est pas important.
Moi, j'ai étudié mes affaires, nous dit le ministre et on
va passer cela. On va vous passer sur le corps. On va passer le rouleau
compresseur de fin de session. Ce n'est pas te petit député de
Taillon qui va venir nous dire qu'il faudrait qu'on écoute des gens.
L'expertise, moi, je l'ai.
À Ottawa, on fait des commissions. Imaginez-vous, qui mettent des
années avant de modifier une virgule dans le Code criminel. Au
Québec, en matière de droit pénal, ce n'est pas grave,
nous autres, on est pressés Let's go. On est bilingues. Ce n'est pas le
député de Taillon et sa motion qui vise à faire
écouter des groupes spécialisés qui va nous retarder. Dans
le curriculum vitae du ministre, je pense que cela va venir juste après
les poursuites intentées par les juges contre le ministre de la Justice.
Adopter un Code de procédure pénale sans consultation sur le
projet de loi Juste, juste après. Chose certaine, cela va être
relevé.
Je suis convaincu, intimement convaincu, que ce Code de procédure
pénale fera l'objet de tests nombreux devant les tribunaux,
aussitôt qu'il va être appliqué, sur sa conformité
avec la Charte des droits et libertés, sur sa conformité avec
l'interprétation jurlsprudentielle de cette Charte des droits et
libertés, sur sa conformité avec la tradition du "common law"
développée au fil des années, en matière de droit
criminel et de droit pénal. Je suis intimement convaincu que le Code de
procédure pénale que allons adopter, bien sûr, parce qu'il
sera un outil quotidien entre les mains des avocats, des procureurs, des
praticiens, des juristes, des juges, des greffiers, des agents de la paix des
policiers, va être testé régulièrement devant les
tribunaux. Nous parlementaires, si la motion nest pas adoptée, nous
aurons à dire. Le ministre de la Justice nous a dit qu'il était
correct. On na pas entendu les groupes .On ne les pas entendus.
Je vous rappelle, M. le ministre, que les consultations auxquelles vous
faites allusion portaient sur un avant projet de loi et non pas sur un projet
de loi. Je vous rappelle qu'il y a d'énormes différences entre
l'avant projet de loi et le projet de loi. Heureusement, d'ailleurs.
L'avant-projet de loi, dans plusieurs de ses chapitres, dans certains de ses
aspects, comme I'attitude du ministre ce matin n'avait aucune allure. Dans un
avant-projet de loi, on peut avoir des premiers jets, des premières
réflexions. On définit des orientations. On explore. Le constat
d'infraction n'existe pas dans notre droit, on le lance. II tient debout, on le
conserve. II s'agit de voir quelle forme cela va prendre.
Quand j'arriverai au mérite de chacun des articles. Je ne veux
pas déborder de la motion que j'ai devant moi, mais, il y a des exemples
intéressants dans ces articles. On va demander aux
députés. Je sais que le député de Notre-
Dame-de Grâce s intéresse beaucoup au dossier.
J'espère qu'on aura le député de Bourget avec nous le plus
longtemps possible de même que le député de Frontenac et
vous, M. le Président, qui êtes avocat. On ne peut pas, à
nous quatre, cependant, avoir la même expertise que le Barreau du
Québec. On va nous demander de voter, on va nous demander de mettre le
"rubber stamping" sur l'opinion du ministre, que cela a bien de l'allure
Le Barreau lui? Peut-être que le Barreau nous aurait convaincu du
contraire. Peut être que le Barreau nous aurait dit à l'article 85
le mot "s'enfuit", cela veut dire quoi? Peut-être que le Barreau nous
aurait dit que les articles 80 et 81 du Code de procédure pénale
sont drôlement mal rédigés pour prendre quelques exemples.
Peut-être que le Barreau nous aurait dit de I'article 89 - juste parce
que ma page est ouverte à cet endroit - ou il est dit "dans les plus
brefs délais et au plus tard dans les 24 heures de I'arrestation" quon
vient de changer des termes qui ont été longuement
éprouvés par les tribunaux. Peut-être que la Commission des
services juridiques nous aurait souligné que I'article 85 du Code de
procédure pénale.
Le Président (M. Kehoe): Je remarque qu'il est maintenant
13 heures, nous allons suspendre les travaux jusqu à 15 heures, cet
après midi.
(Suspension de la séance à 13 heures) (Reprise à 15
h 19)
Le Président (M. Bélisle): À I'ordre s'il
vous plaît!
Je déclare la séance ouverte. Les remplacements ont
été déclarés ce matin alors il n'y en a pas d autre
cet après-midi, Mme la secrétaire?
Nous en étions rendus, je pense, aux quelques minutes d
intervention du député de Taillon, - on me fait signe que c'est
trois minutes - pour conclure ses représentations concernant une motion
pour consultations particulières.
M. le député de Taillon
M. Filion: Je vous remercie M. le Président.
Effectivement, j'en étais ce matin, lors de la suspension de nos travaux
à débattre de la motion que j'ai présentée afin que
des organismes spécialisés soient entendus à cette
commission pour nous apporter leur éclairage sur ce document de grande
importance que constitue le Code de procédure pénale.
Je dois également vous aviser, à titre d'illustration, en
ce qui concerne le projet de loi présenté par Mme la ministre de
la Santé et des Services sociaux qu'il y aura une consultation à
partir du 5 janvier, qui durera trois semaines et qui entendra 88 organismes.
Dans ce cas-ci, je pense que n'importe quel esprit raisonnable
reconnaîtra qu' il s' agit là d'une matière pleine de
conséquences dans le secteur concerné, c'est-à-dire
le droit pénal, bien sûr.
Le ministre de la Justice refuse, du moins refusait ce matin - des fois,
c'est la nuit qui porte conseil, d'autre fois, ce peut être le midi -
refuse, donc, de faire en sorte que nous puissions prendre trois heures ou
quelques heures de nos travaux pour entendre des organismes ou groupes dont une
liste lui a été remise, à titre de suggestion. Cela peut
être d'autres, cela peut être plus, cela peut être moins.
Si 88 organismes se déplacent pour faire connaître leur
point de vue sur la protection du malade mental qui est une matière
hautement importante dans la société, je croirais bien qu'il y en
a quelques-uns qui sont intéressés, également, au Code de
procédure pénale.
Encore une fois, il y a des gens qui vivront avec ce code-là, des
avocats, des juges, des justiciables. Les gens devront vivre avec cela et,
refuser des consultations - j'ai testé quelques vieux parlementaires
aujourd'hui - cela n'a pas d'allure. Cela n'a carrément pas d'allure de
refuser de consulter sur un document comme celui-là. J'ai
consulté des gens des deux côtés de la Chambre qui ont une
longue expérience et qui n'ont jamais vu, eux non plus, un texte de loi
de la nature d'un code de procédure pénale, être
adopté à toute vapeur, en fin de session, en travaillant dix ou
douxe heures par jour comme on va le faire, sans même entendre les
intervenants.
Je le répète, cela n'a aucun sens mais la décision
ne m'appartient pas, M. le Président, la décision appartient au
ministre de la Justice. Je ne peux faire autre chose que de lui dire que la
sagesse nécessaire au poste qu'il occupe, à l'institution qu'il
représente, doit faire en sorte qu'il prenne le temps raisonnable afin
que son projet de loi soit le meilleur possible et qu'il prenne tous les moyens
afin qu"il soit le meilleur possible.
M. le Président, c'est notre devoir comme parlementaire de faire
ce que nous pouvons avec nos capacités, avec nos connaissances mais
celles-ci sont limitées et nous ne sommes pas spécialisés.
Même si nous sommes députés, nous n'avons pas tous les
talents et ne pas vouloir...
Le Président (M. Baril): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Oui, vous m'invitez à conclure ce que je fais.
Ce que je verrais fort bien - nous ne sommes pas détenteurs de la
vérité, de toute la vérité et rien que de la
vérité - c'est, qu'au bout de cette table, on prenne trois heures
pour entendre les gens qui connaissent bien la matière sujette au Code
de procédure pénale.
En ce sens-là, bien sûr, vous aurez compris que ce que je
demande à mes collègues parlementaires autour de cette table,
c'est d'adopter cette motion pour tenter de ralentir le ministre de la Justice
dans sa poussée un peu téméraire vers l'adoption de son
projet de loi et, donc, que nous puissions entendre les organismes qui y sont
mentionnés.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
de Taillon. M. le ministre de la Justice.
M, Marx: Je suis prêt à voter sur sa motion, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): Alors, M. le député
de Taillon.
M. Filion: Je demande donc le vote individuel.
Le Président (M. Baril): Par appel nominal. Mme la
secrétaire.
La Secrétaire: Pour ou contre la motion du
député de Taillon. M. Bélisle (Mille-Îles)?
Le Président (M. Bélisle): Je suis contre la
motion.
La Secrétaire: Mme Bleau (Groulx)?
Mme Bleau: Contre.
La Secrétaire: M. Doyon (Louis-Hébert)?
M. Doyon: Contre.
La Secrétaire: M. Filion (Taillon)?
M. Filion: Pour.
La Secrétaire: M. Trudel (Bourget)?
M. Trudel: Contre.
La Secrétaire: M. Marx (D'Arcy McGee)?
M. Marx: Contre.
La Secrétaire: La motion est rejetée à cinq
voix contre une.
Le Président (M. Bélisle): La motion étant
rejetée, procédons-nous à l'appel du projet de loi. M. le
député de Taillon?
M. Filion: Non. On pourrait présenter d'autres motions, M.
le Président.
Le Président (M. Bélisle): C'est exact, M. le
député de Taillon.
M. Filion: Mais, contrairement à ce que le ministre a
laissé entendre, et cela lui arrive assez souvent de laisser entendre
des choses qui sont inexactes - c'est malheureux quand on est ministre de la
Justice par exemple, mais en tout cas - l'Opposition n'a pas l'intention de
ter-
giverser, n'a jamais eu l'intention de tergiverser et, en ce qui nous
concerne, nous sommes prêts à étudier l'article 1 du projet
de loi.
Lettres déposées
M. Marx: Avant qu'on commence l'étude article par article,
j'aimerais faire état de deux lettres, ici, une lettre du Barreau et une
lettre de la Commission des services juridiques.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre, est-ce
que vous entendez les déposer?
M. Marx: Oui, je vais les déposer. Je vais les lire et les
déposer.
Le Président (M. Bélisle): Je pourrais les voir et
peut-être les faire circuler au député de Taillon
également.
M. Marx: Oui. La lettre de la Commission des services juridiques
est datée du 7 décembre et s'adressait à moi, ministre de
la Justice. "M. le ministre. "La Commission des services juridiques a fait des
représentations verbales et par écrit sur l'avant-projet de loi
relativement au Code de procédure pénale. "La commission ne peut,
à court terme, procéder à un nouvel examen du projet de
loi mais réitère les prises de position qu'elle a
déjà exprimées. "Il appartient au législateur
d'apporter ou non des changements, dans l'intérêt public.
"Veuillez agréer, M. le ministre, l'expression de mes sentiments les
meilleurs. Le président, Yves Lafontaine."
M. Filion: M. le Président, à titre de
président de cette commission-là, je vais accepter le
dépôt de la lettre dont vient de faire lecture le ministre de la
Justice.
Le Président (M. Bélisle): C'est noté pour
les fins du procès-verbal. Vous donnez lecture d'une autre lettre, M. le
ministre.
M. Marx: Oui, cette autre lettre est datée du 7
décembre et provient du cabinet du bâtonnier du Barreau du
Québec. Elle m'est adressée. "M. le ministre. "La présente
a pour but de vous préciser que le Barreau du Québec n'a pas
demandé la suspension de dépôt de l'étude en
commission parlementaire du projet de loi sur le Code de procédure
pénale. En effet, comme suite à la transmission de l'avant-projet
de loi créant un Code de procédure pénale en 1986, nous
avons formé un comité ayant mandat d'étudier les
dispositions proposées. "En mars dernier, devant les membres de la
commission des institutions, nous avons eu l'occasion de vous faire part de nos
oppositions relativement à cet avant-projet de loi. À la suite de
la présentation du projet de loi 75, nous avons transmis aux membres de
notre comité ce projet de loi afin que ces derniers examinent à
nouveau te texte proposé et s'assurent que les grands principes de droit
que nous soulevions dans notre mémoire avaient été pris en
considération. "Nous serons en mesure de vous faire part de nos
commentaires écrits dès vendredi, le 11 décembre prochain.
"Sous réserve de ce qui précède, nous pouvons vous
confirmer que le Barreau n'entend pas vous demander d'être entendu en
commission parlementaire de nouveau. "Veuillez agréer, M. le ministre,
l'assurance de ma haute considération. "Le Bâtonnier du
Québec, M. Jolin"
Je pense que ces deux lettres, M. te Président, expliquent en
grande partie pourquoi nous avons voté contre la motion.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Taillon et président de la commission.
M. Filion: Je pense qu'il y aurait lieu d'en faire des copies
pour les membres de cette commission.
Le Président (M. Bélisle): Je vais demander
à Mme la secrétaire d'en faire préparer des copies.
M. Filion: II va y avoir quelques commentaires à faire,
avec la permission du ministre, sur ces lettres-là. Si on pouvait en
avoir des copies le plus tôt possible.
Le Président (M. Bélisle): Si vous voulez bien,
messieurs, nous allons nous attaquer, étant donné qu'il n'y a pas
d'autre motion...
M. Filion: Non, c'est parce que je voudrais...
Le Président (M. Bélisle): Non? Vous voulez
attendre le retour des copies? Oui?
Alors, je vais suspendre la séance pour quelques minutes.
(Suspension à 15 h 25)
(Reprise à 15 h 34)
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Taillon, je dois d'abord vous demander si, comme
président de la commission, vous acceptez le dépôt des
documents que vous avez entre les mains?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Bélisle): Oui?
M. Marx: M. le Président, l'aimerais demander au
député de Taillon s'il est prêt à déposer la
lettre qu'il a écrite au Barreau. J'ai fait la demande avant l'heure du
lunch et je pense que son recherchiste est allé chercher la lettre, mais
elle n'a jamais été déposée.
Le Président (M. Bélisle): Un instant, M. le
ministre. Avez-vous bien compris la question, M. le député de
Taillon?
M. Filion: J'ai bien compris la question.
Le Président (M. Bélisle): Est-ce que vous acceptez
de déposer votre lettre au Barreau?
M. Filion: Non, je ne l'ai pas tel.
Le Président (M. Bélisle): Mais est-ce que vous
refusez de la déposer éventuellement?
M. Filion: Non, je ne la dépose pas. Je ne l'ai pas. Je ne
peux pas déposer un document que je n'ai pas.
Le Président (M. Bélisle): C'est parce que vous ne
l'avez pas physiquement entre vos mains.
M. Filion: Je ne l'ai pas physiquement entre les mains, donc je
ne la dépose pas.
M. Marx: Mais est-ce qu'il peut prendre l'engagement de la
déposer quand on reprendra ce soir, à 20 heures, M. le
Président?
M. Filion: On verra.
M. Marx: Bien voilà! Vous savez...
M. Filion: C'est mol qui pose les questions, d'abord. On verra.
Non, peut-être que je vais la déposer, M. le ministre. Je vais
vous le dire bien franchement, la lettre est dans l'ordinateur. Elle est dans
l'ordinateur, on a cela, nous autres. Quand même, on n'est pas si pire,
on a un petit ordinateur. Comme il y a eu un envoi multiple, ta lettre est dans
l'ordinateur.
M. Marx: Transparence!
M. Filion: Non, mais la lettre, étant dans
l'ordinateur...
M. Marx: Transparence du député de Taillon!
M. Filion: ...on peut en avoir une copie, mais ce sera une copie
non signée. Je vérifie cela, ne vous inquiétez pas.
M. Marx: Transparence du député de Taillon! Je veux
que ce soit bien écrit.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre, s'il
vous plaît! M. le député de Taillon.
M. Doyon: J'ai une question, M. le Président. Est-ce qu'on
peut demander au Barreau, peut-être, de retracer la lettre? Il serait
peut-être plus facile pour eux de nous la faire parvenir. À ce
moment-là, on pourrait accepter de la déposer. Ce serait
peut-être plus simple que ce que le député de Taillon a
comme tâche, d'essayer de fouiller dans l'ordinateur. Elle est
sûrement classée au Barreau et on va la faire sortir.
M. Marx: Si le député de Taillon est d'accord, bien
sûr.
M. Doyon: Oui. Est-ce que le député de Taillon est
d'accord pour qu'on demande au secrétariat de faire la
démarche?
M. Filion: Est-ce que je peux savoir quel Intérêt
vous avez pour cela, M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: II n'y a pas d'intérêt de savoir... M.
Filion: On n'est pas pressé.
M. Doyon: Non, M. le Président. Je pense qu'il est
intéressant...
M. Filion: Mêmes questions.
M. Doyon: ...de voir quelle démarche fait le...
Le Président (M. Bélisle): Est-ce que je crois
comprendre que...
M. Doyon: Mais est-ce qu'on est d'accord sur la
procédure?
M. Filion: Je voudrais savoir quel intérêt vous avez
là-dedans. Vous n'étiez pas là, ce matin.
M. Doyon: Je vous pose une question...
M. Filion: Vous n'étiez pas là ce matin quand la
motion...
M. Doyon: J'essaie d'aider la...
M. Filion: Vous avez voté contre une motion...
Le Président (M. Bélisle): Un instant! Un instant!
Un Instant!
M. Filion: ...et vous n'avez même pas entendu les
arguments.
M. Doyon: M. le Président.
M. Filion: J'aimerais cela le savoir, moi. M. Doyon: M.le Président.
Le Président (M. Bélisle): A l'ordre! À
l'ordre! Un Instant!
M. Doyon: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélisle): Est-ce que toute cette
discussion, présentement, est faite de consentement de part et d'autre?
Moi, je vais appeler l'article 1.
M. Filion: Oui, elle est faite de consentement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélisle): Elle est faite de
consentement. Alors, M. le député de Louis-Hébert, vous
avez la parole.
M. Doyon: M. le Président, c'est tout simplement devant
une difficulté technique que soulève le député de
Taillon. J'essaie de trouver une solution à une difficulté
technique qui n'a rien à faire avec le fond de la motion.
M. Filion: Cela ne me dérange pas.
M. Doyon: Je dis tout simplement que, compte tenu du fait qu'il a
des problèmes à consulter l'ordinateur, je pense qu'il est plus
simple de faire appel à l'aide du Barreau qui va nous transmettre une
lettre très rapidement. Je demande l'accord du député de
Taillon pour qu'on fasse la démarche auprès du Barreau, qu'on
demande au secrétariat de faire les démarches auprès du
Barreau. Maintenant, si le député de Taillon n'est pas d'accord,
qu'il nous le dise et on va... C'est très simple.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Taillon.
M. Filion: Oui, dans le cadre de ma réponse, j'ai une
question. Je voudrais savoir l'intérêt que porte...
Le Président (M. Bélisle): Vous adressez la
question au député de Louis-Hébert?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Bélisle): Un instant. Est-ce que
vous acceptez M. le député de Louis-Hébert de
répondre à la question?
M. Doyon: M. le Président, je n'accepte pas tant qu'il
n'aura pas répondu à la première question que je lui ai
posée.
M. Filion: M. le Président, pour arriver à
répondre adéquatement à la question du
député de Louis-Hébert, je voudrais savoir du
député de Louis-Hébert comment il se fait qu'il
éprouve à trois heures et quarante quelques, un
intérêt soudain pour cette question-là. Tantôt, le
député de Louis-Hébert a voté contre la motion que
j'ai présentée alors qu'il n'a même pas entendu
l'argumentation que j'ai faite ce matin sur cette motion-là.
Je me demande comment le député de Louis-Hébert
peut juger d'un dossier alors qu'il n'était même pas
présent. Il n'a même pas écouté les arguments. La,
tout d'un coup, II arrive comme un cheveu sur la soupe, cet après-midi,
pour nous dire l'intérêt grandissant, tellement grandissant, M. le
Président, qu'il éprouve pour le dossier qu'il s'Intéresse
subitement à la correspondance personnelle de celui qui vous parle.
En ce sens-là, je voudrais savoir du député de
Louis-Hébert, depuis quand date son intérêt grandissant
pour cette question-là À partir de quand et de quoi, comment et
pourquoi, il s'intéresse à cette question-là?
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, pour amorcer la réponse
là-dessus, il m'apparaît évident que la discussion se
faisant sur des documents, il est important qu'on ait ces documents-là
en main.
J'ai cru comprendre, de ta part du député de Taillon,
qu'en principe, il était d'accord que cette commission soit le mieux
informée possible. El nous faisait part qu'il était prêt
à le faire. Malheureusement, il n'avait pas la lettre en main et cela
lui créait un petit problème technique, c'est-à-dire qu'il
fallait qu'il consulte l'ordinateur et qu'il fasse sortir de l'ordinateur une
lettre qui, semble-t-il, pourrait être utile et à laquelle on
réfère dans un autre document, une lettre du 16 novembre
apparemment.
Je dis qu'ayant le nom du signataire de la lettre, la date où la
lettre a été envoyée et le nom du destinataire de la
lettre, c'est-à-dire le Barreau du Québec, il est tout simple de
s'adresser au Barreau et de surmonter la difficulté qui paraît
très réelle.
Je comprends que te député n'a peut-être pas le
temps ou la familiarité qu'il faut avec les procédés
techniques des ordinateurs, tout comme moi. Dans le bon vieux temps, quand on
n'avait pas d'ordinateur, quand une lettre nous manquait, on faisait appel au
destinataire et on disait: Je ne retrouve pas ma lettre, peux-tu m'en envoyer
une copie. Normalement, ceta se faisait comme cela. On se débrouillait,
on n'avait pas d'ordinateur, mais on s'arrangeait tout le temps pour retrouver
des documents qu'on avait perdus.
Je constate que le député de Taillon a perdu une lettre.
On ne lui en tient pas rigueur mais on dit. On va l'aider à la
retrouver. On va demander au Barreau pour voir s'il ne pourrait pas aider le
député de Taillon à aider la commis-
sion. C'est dans ce sens-là que je le vois.
Si le député de Taillon a changé d'idée
depuis tout à l'heure, là c'est une autre question, on s'en
accommodera.
Rien ne m'empêche, quand même - je le ferai personnellement
- de demander au Barreau de m'envoyer, si le Barreau le veut bien, copie d'une
lettre que le Barreau aurait reçue datée du 16 novembre,
signée par le député de Taillon et qui lui aurait
été adressée concernant tel sujet. Quand j'aurai la
lettre, M. le Président, ce sera avec un Immense plaisir que je
demanderai la permission de la commission pour la déposer.
Le Président (M. Bélisle): Merci, M. le
député de Louis-Hébert. M. le député de
Taillon.
M. Filion: À ce moment-là, je pense qu'on peut
revenir à la question première du député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Toujours de consentement, M. le député de
Taillon.
M. Filion: Je donne mon consentement. Je pense qu'il serait
intéressant sur le fond, de savoir à quel moment le Barreau du
Québec a reçu le projet loi 75 dans sa version définitive?
C'est une question Importante.
Là, j'en viens sur le fond des choses maintenant, M. le
Président. Sur le fond des choses, d'abord. Premièrement, la
lettre de la Commission des services juridiques que vous avez devant vous...
Est-ce qu'on en a une copie pour le Président?
Le Président (M. Bélisle): Là, je vais
vous...
M. Filion: Quand même, vous avez déposé des
lettres. On peut bien...
Le Président {M. Bélisle): Je vais vous
arrêter seulement un instant, M. le député de Taillon, M.
le président, tout le monde. Mon rôle est celui-ci. Je veux bien,
de consentement vous laisser dire tout ce que vous voulez, vous posez,
mutuellement, des questions que vous voulez vous poser, répondre avec
toute la latitude que vous voulez. Si c'est cela que vous voulez faire cet
après-midi, c'est ce qu'on va faire jusqu'à 18 heures.
Il y a déjà eu une décision... Il y a
déjà eu un vote qui a été pris sur une motion pour
consultation particulière. Il y a un document qui est
déposé et je dis aux deux partis, que ce n'est pas là
l'essentiel du travail pour lequel on est assis ici, autour de la table.
M. Filion: M. le Président, si vous me permettez, le
ministre, après le vote, a déposé deux lettres. Je
voudrais prendre quelques minutes - je n'ai pas dit quelques centaines de
minutes, mais quelques dizaines de minutes - pour attirer l'attention des
parlemen- taires autour de cette table sur deux faits.
Premièrement....
Le Président (M. Bélisle): Bon, M. le
député de Taillon, est-ce qu'on peut convenir de dix minutes?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Bélisle): Est-ce que cela vous va,
M. le ministre?
M. Marx: Je n'ai rien à dire, M. le Président.
M. Doyon: M. le Président, sur cela, compte tenu du fait
que pour procéder comme le propose le député de Taillon,
cela prend un consentement...
Le Président (M. Bélisle): Oui.
M. Doyon: ...je pense que nous avons passé l'étape
des motions préliminaires. Il y a des lettres qui sont
déposées. Nous sommes à l'article 1...
M. Filion: Voulez-vous que je fasse une autre motion, M. le
député de Louis-Hébert?
M. Doyon: Non, mais, M. le Président, si cela ne s'appelle
pas du chantage quand on tente de voir où nous mène le
règlement...
M. Filion: Le ministre vient de déposer deux lettres. Je
veux prendre dix minutes pour attirer votre attention sur le contenu de ces
lettres-là et vous voulez me le refuser?
M. Doyon: M. le Président, est-ce que je peux continuer ce
que j'ai...
M. Filion: ...alors que vous n'étiez pas là ce
matin?
M. Doyon: M. le Président?
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Taillon, laissez le député de
Louis-Hébert répondre à la question. Allez-y.
M. Doyon: Oui, M. le Président. Je pense qu'il est
important de souligner que le consentement qui est requis pour procéder
comme cela, iI faut savoir où cela nous mène. Je suis prêt
à ce que le député de Taillon fasse les sorties qu'il
voudra sur quelque sujet qu'il voudra, sauf qu'à un moment donné,
je veux savoir s'il a l'intention de continuer. Il me dit: Voulez-vous que je
fasse une autre motion, M. le Président. Il s'agit là...
Le Président (M. Bélisle): Ce que j'ai
compris...
M. Doyon: d'une façon de procéder. J'accorde le
consentement avec l'entente, M. le Président, qu'on s'en tiendra -
puisque c'est la proposition du député de Taillon - à dix
minutes sur les réflexions qu'il a à faire sur les documents.
Le Président (M. Bélisle): Bon, est-ce que cela
vous va, M. le député de Taillon?
M. Filion: Bien, oui. J'ai dit oui. J'ai dit quelques
minutes.
Le Président (M. Bélisle): Bon, cela va. Excellent!
Allez-y, M. le député de Taillon. Vous avez dix minutes pour nous
exposer vos vues.
M. Filion: Dans la lettre de la Commission des services
juridiques datée du 7 décembre - c'est aujourd'hui, le 7
décembre 1987, et je suis bien placé pour le savoir - c'est
écrit ceci, c'est adressé au ministre de la Justice. "La
Commission des services juridiques a fait des représentations verbales
et par écrit sur l'avant-projet de loi relativement au Code de
procédure pénale: "La commission ne peut, à court terme,
procéder à un nouvel examen du projet de loi mais
réitère les prises de position qu'elle a déjà
exprimées. "II appartient au législateur d'apporter ou non des
changements dans l'intérêt public. 'Veuillez agréer, M. le
ministre, l'expression des mes sentiments les meilleurs. Signé le
président, Yves Lafontaine" Ce que cette lettre veut dire .
Une voix: ..
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Taillon, la parole est à vous. (15 h 45)
M. Filion: Quand la Commission des services juridiques
écrit: "La commission ne peut, à court terme, procéder
à un nouvel examen du projet de loi", qu'est-ce que cela veut dire? Cela
veut dire qu'ils n'ont pas eu le temps. Ils n'ont pas le temps, à court
terme, de nous faire connaître leurs considérations sur le projet
de loi.
La Commission des services juridiques, M. le ministre, est l'organisme
qui a produit, à mon modeste avis, le meilleur mémoire sur
l'avant-projet de loi sur le Code de procédure pénale. C'est
l'organisme qui a fait, à mon modeste avis, la meilleure recherche, la
meilleure réflexion sur l'avant-projet de loi sur le Code de
procédure pénale. À tout le moins, on admettra que c'est
là la réflexion la plus fouillée. Le mémoire le
plus détaillé, le plus précis qu'on a reçu comme
membres de cette commission des institutions l'a été par la
Commission des services juridiques. Or, quand ils nous disent: "La commission
ne peut, à court terme, procéder à un nouvel examen du
projet de loi", ça veut dire quoi? Cela veut dire de deux choses l'une,
ça veut dire, probablement, les deux en même temps. Cela ne fait
pas assez de temps qu'on l'a reçu et on n'a pas assez de temps pour
donner nos commentaires. Autrement dit, le temps imparti est trop court.
D'où, quant à eux, l'obligation dans laquelle ils se trouvent de
dire à la commission. Décidez ce que vous voulez.
Ils n'ont pas besoin de nous écrire que c'était au
législateur à apporter des changements. Bien sûr que s'il
n'y a personne d'autre qui vient nous éclairer et même, dans
toutes les circonstances, ça appartient toujours au législateur
de faire des modifications à des projets de loi.
Je pense que ce n'est même pas écrit entre les lignes.
C'est écrit noir sur blanc. Et, moi, je vous dis - et s'il y a quelqu'un
en mesure de me contredire autour de la table qu'il se lève et qu'il le
dise - qu'on a besoin des lumières de la Commission des services
juridiques. Eux, ils nous disent. On n'a pas le temps. Depuis le début,
je dis au ministre de la Justice. Ne vous pressez pas dans ce projet de
loi-là. II n'y a pas d'urgence il n'y en a pas de
précipitation.
Et, que nous dit le Barreau? Le Barreau du Québec, 7
décembre, c'est aujourd'hui: "La présente a pour objet de vous
préciser que le Barreau du Québec n'a pas demandé la
suspension du dépôt ou de l'étude.." Il n'y a personne qui
a demandé ça. II n'y a personne qui a demandé la
suspension du dépôt du projet de loi sur le Code de
procédure pénale. "En effet comme suite à la transmission
de l'avant-projet de loi créant nous avons formé un
comité... " Ils confirment ce qu'ils disaient dans la lettre que nous
avions précédemment acceptée. "Nous avons formé un
comité ayant mandat d'étudier les dispositions proposées.
En mars dernier, devant les membres de la commission des institutions, nous
avons eu l'occasion de faire part de nos oppositions relativement à cet
avant-projet de loi. À la suite de la présentation du projet de
loi 75 nous avons transmis aux membres de notre comité ce projet de loi
" - ils confirment, encore une fois, la lettre qu'ils m'avaient fait parvenir -
" afin que ce dernier examine à nouveau le texte proposé et
s'assure que les grands principes de droit que nous soulevions dans notre
mémoire avaient été pris en considération". Et
là, ça continue: "Nous serons en mesure de vous faire part de nos
commentaires écrits dès vendredi, le 11 décembre prochain.
"
II y a un grand problème qui découle de la lecture de
cette lettre. Notre calendrier nous dit que nous sommes le 7 décembre
.Le Barreau nous dit - le Barreau, c'est quand même pas
"Saint-Clin-Clin-la-Puce" - quand on étudie un Code de procédure
pénale, l'organisme qui représente, à la foiis, les
avocats dans leur intérêt professionnel et également les
citoyens, le Barreau nous dit. Écoutez là, même en allant
le plus vite qu'on peut, ça ne sera pas avant le 11 décembre.
On
est le 7. Ce que sous-entend ta position du ministre, c'est vous autres,
les parlementaires, travaillez donc le 7, le 8, le 9, te 10 et le 11, à
ce moment-là, on va vous faire parvenir le mémoire. Le 11, c'est
quand? C'est lundi prochain? Aujourd'hui, le 7, on est lundi. Non, le 11, c'est
vendredi.
On va passer une semaine, comme parlementaires, à travailler
à adopter des articles alors que le Barreau va probablement nous dire.
Ecoutez, l'article 1 ou l'article 8 ou l'article 16 que vous avez adopté
cette semaine, il faudrait le corriger. À ce moment-là, on va
rouvrir les articles parce que le Barreau va avoir vu des choses.
Mettons de côté, en plus de ça, la lettre du
Barreau. Prenons uniquement - ce n'est pas moi qui les ai appelés, ce
n'est pas moi qui leur ai demandé d'écrire au ministre de la
Justice, aujourd'hui - la Commission des services juridiques qui dit. À
court terme, on ne peut pas donner notre avis sur le projet de loi.
Je n'ai même pas besoin de prendre mes dix minutes. Je demande au
ministre de la Justice, face à ces deux lettres qu'il dépose
lui-même, de reconsidérer sa décision et de faire en sorte
que la démocratie et le travail parlementaire puissent s'exercer un
petit peu d'une façon intelligente et cohérente. C'est ça
que je lui demande au ministre de la Justice. C'est sa propre correspondance, M
le Président. Je n'ai pas inventé ces lettres.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Taillon, est-ce que ce sont là vos représentations?
M. Filion: Oui, c'est tout ce que j'avais à dire au
ministre. J'aimerais qu'il me réponde, par exemple. Est-ce qu'il n'est
pas prêt, compte tenu de ces deux lettres, à reconsidérer
sa position.
Le Président (M. Baril): M. le ministre, avez-vous quelque
chose à répondre?
M. Marx: Je n'ai rien à ajouter, M. le
Président.
Étude détaillée
Le Président (M. Baril): D'accord, j'appelle l'article 1
du projet de loi.
Dispositions introductives
M. Filion: Première question sur l'article 1, quelle est
l'opinion du Barreau sur l'article 1, sur la définition d'"instance
disciplinaire".
M. Marx: M. le Président, je ne suis pas ici pour
répondre à toutes les interventions de tous les intervenants qui
ont participé à la commission parlementaire.
M. Filion: Quelle est la définition que te ministre donne
d'"instance disciplinaire" à l'article 1? Je vais lire l'article 1 "Le
présent code s'applique à l'égard des poursuites visant la
sanction pénale des infractions aux lois, sauf à l'égard
des poursuites intentées devant une instance disciplinaire ".
Où se trouve la définition d'instance disciplinaire?
Quelle est la portée d"instance disciplinaire? Que recoupe et ne recoupe
pas ta définition d'instance disciplinaire"? Est-ce que le ministre est
au courant de la confusion qui existe en ce qui a trait à la
définition d'"instance disciplinaire?
M. Marx: M le Président. Le Président (M.
Baril): Oui.
M. Marx: Cet article indique le champ d'application du code. Bien
qu'il s'apparente au droit pénal, le droit disciplinaire est
considéré comme une branche du droit administratif. Pour
éviter toute ambiguïté, il est donc expressément
exclu du champ d'application du code. Je pense que c'est clair ça.
M. Filion: Oui, mais cela veut dire je sais qu'il est exclu du
champ d'application du code, c'est écrit dans l'article.
M. Marx: Bien, voilà.
M. Filion: Ce que je veux savoir c'est ce que cette expression
couvre et ce qu'elle ne couvre pas.
M. Marx: Mais cela ne couvre pas les sanctions disciplinaires
comme les sanctions disciplinaires contre les médecins, les huissiers,
les avocats et ainsi de suite. Tout le monde qui se trouve visé, entre
autres, par la loi sur les professions, entre autres.
M. Filion: Où se trouve la définition d'"instance
disciplinaire?
M. Marx: C'est dans chaque loi, M. le Président J'ai
déjà expliqué cela, M. le Président.
M. Filion: Oui, le ministre dit que c'est dans chaque loi. Mais
qu'est-ce que couvre ou ne couvre pas le terme "instance disciplinaire? De
façon précise?
Le Président (M. Baril): M le ministre. M. Marx:
Pardon?
Le Président (M. Baril): Qu'est-ce que couvre ou ne couvre
pas l'expression "instance disciplinaire? C'est ta question du
député de Taillon?
M. Marx: Cela couvre tout, sauf que cela ne couvre pas la
procédure visant des sanctions disciplinaires prises devant une instance
disciplinaire.
M. Filion: Qu'est-ce qui arrive dans...
M. Marx: Si le député ne veut pas comprendre, je
peux me répéter. Le droit disciplinaire ce n'est pas de droit
pénal, c'est de droit administratif. Je pense que...
M. Filion: Qu'est-ce qui arrive dans les cas où un
même geste donne lieu à... un même geste de nature
disciplinaire donne lieu à une poursuite devant un tribunal
disciplinaire et à une poursuite devant un tribunal ordinaire?
M. Marx: Je pense que le député de Taillon devra
lire l'arrêt Wigglesworth de la Cour suprême du Canada du mois de
novembre. Tout y est expliqué. Il veut, peut-être, que je le lui
explique parce qu'il n'est pas au courant; il n'est pas à jour avec sa
jurisprudence parce qu'il n'a pas eu le temps durant les week-ends
d'étudier la jurisprudence. Il était pris, ailleurs, par d'autres
chicanes. Je peux lui dire qu'un policier, par exemple, peut subir un
procès en vertu des mesures disciplinaires de sa profession, être
poursuivi, aussi, en vertu du Code criminel ou en vertu d'un droit pénal
provincial. Donc, en ce qui concerne le droit disciplinaire, ce n'est pas le
Code de procédure pénale qui va s'appliquer. En ce qui concerne
l'infraction pénale, c'est le Code de procédure pénale qui
va s'appliquer. En ce qui concerne une infraction criminelle, ce sera le Code
criminel qui s'appliquera. Je pense que c'est un peu ça, l'arrêt
Wigglesworth simplifié.
M. Filion: Instance...
M. Marx: Je vais épeler Wigglesworth pour le
député, pour que cela soit...
M. Fition: Oui.
M. Marx: Je pense que c'est W-l-g-g-l-e-s-w-o-r-t-h.
Wigglesworth.
Le Président (M. Thérien): C'est cela. Comme
"wiggle", M. le député de Taillon.
M. Marx: Je sais que le député de Taillon... M.
Filion: Worth, comme valeur.
M. Marx: ...n'a pas le temps de lire la jurisprudence, mais
heureusement que son recherchiste aura, peut-être, le temps et va
l'informer en temps et lieu.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Taillon.
M. Filion: Dû au fait qu'il n'y a pas de définition
de l'instance disciplinaire, qu'est-ce qui arrive dans les cas où ce
sont les tribunaux de droit commun qui exercent l'autorité
dévolue au tribunal disciplinaire, soit en appel, soit en
première instance?
M. Marx: C'est la même chose que lorsque les juges de la
Cour provinciale jugent une cause de droit civil; ils ne vont pas appliquer le
Code de procédure pénale. Je pense que c'est évident Tout
le monde est au courant de cela. Le député de Taillon me surprend
aujourd'hui.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Taillon.
M. Filion: Je pose les questions, moi. Le ministre va devoir
vivre avec sa loi. Je pose les questions.
Le Président (M. Thérien): M. le ministre.
M. Marx: L'article 1 ce n'était pas commenté par le
Barreau, à ma connaissance, mais on va vérifier.
M. Filion: Ah! C'est devenu important un commentaire du
Barreau.
M. Trudel: Vous aviez posé la question sur ce que le
Barreau en pensait; on va le laisser vous répondre.
M. Filion: C'est vrai. J'avais oublié que je lui avais
demandé.
M. Marx: Les intervenants n'ont pas commenté, parce que,
pour eux, c'était clair.
Le Président (M. Thérien): D'accord. M. le
ministre.
M. Marx: Tout le monde que le député de Taillon
veut faire revenir une deuxième, une troisième, une
quatrième fois, était satisfait, donc, on peut tenir pour acquis
que le député est satisfait aussi.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Taillon, d'autres questions?
M. Filion: Cela ne sera pas long.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Taillon.
M. Filion: Quand le ministre nous dit que le Barreau n'a pas fait
de commentaires, est-ce que le ministre a pris connaissance des commentaires du
Barreau datés du 11 décembre 1987?
Le Président (M. Thérien): M. le ministre.
M. Marx: Le 11 décembre 1987. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Marx: M le Président. Je trouve la question un peu
farfelue. Je vais vous dire pourquoi.
Le Président (M. Thérien): Je pense que c'est une
blague, M. le ministre.
M. Marx: Ce n'est pas une blague, c'est farfelu, parce que le
Barreau nous a dit qu'il va nous écrire sur les grands principes de
droit, pas sur chaque article, sur les grands principes de droit. L'article 1
n'est pas un grand principe de droit, c'est un article. Dans ce sens, c'est une
question farfelue.
M. Filion: Le droit disciplinaire ce n'est pas un grand principe
du droit Je pense que cela en est un, moi.
M. Marx: Non, l'article 1 n'est pas un grand principe de
droit.
M. Filion: Vous l'avez bien mentionné, tantôt, quand
même.
Le Président (M. Thérien): Messieurs, c'est un
échange.
M. Marx: Si le député veut s'amuser, il n'y a pas
de problème.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Taillon.
M. Filion: Pour revenir au fond des choses, M. le ministre, ce
qui m'inquiète un peu, c'est le fait qu'on n'a pas de définition
d"'instance disciplinaire".
Cela m'amène d'ailleurs à un commentaire
général du projet de loi, il n'y a aucune définition
là-dedans. Est-ce que de définir certains concepts à
l'intérieur des premiers articles, des premières sections d'un
projet de loi, c'est une façon de légiférer qui est
disparue? Je ne pense pas qu'il va y avoir nécessairement confusion sur
cet article. Tout le droit de la discipline professionnelle est un droit qui
évolue énormément, au fil des années. Il prend des
proportions, parfois, qu'on n'avait pas prévues. Je me dis, ici, est-ce
qu'il n'y aurait pas eu lieu de définir. (16 heures)
M. Marx: Maintenant, je...
Le Président (M. Bélisle): Un instant, M. le
ministre.
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Bélisle): C'est par ce que
Je pense qu'il va falloir faire une reprise. M. Filion:
Excusez.
M. Marx: Tout ce que je peux faire. J'ai déjà
expliqué pourquoi on a rédigé l'article de cette
façon. Le droit disciplinaire est une branche de droit administratif, ce
n'est pas nécessaire de le définir tout comme ce ne serait pas
nécessaire de définir le droit civil, le droit aérien ou
le droit maritime. Le droit disciplinaire, ce n'est pas nécessaire de le
définir.
J'aimerais ajouter qu'à ma connaissance, à mon souvenir,
les intervenants n'ont pas posé de questions sur cet article. Donc,
c'était accepté par tous les intervenants qui ont comparu devant
la commission parlementaire. C'est parce que le député de Taillon
trouve que c'est tellement important qu'on fasse revenir les gens.
Le Président (M. Bélisle): L'historique est
très important.
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Taillon.
M. Filion: C'est curieux comme le ministre de la Justice prend
les mauvaises habitudes de ses collègues de l'Assemblée
nationale. Tantôt, écouter les gens, ce n'était pas
nécessaire et c'était aux parlementaires d'assumer leurs
responsabilités, la, la, la, la. Là, tout d'un coup, quelques
minutes plus tard, si un intervenant n'a pas dit quelque chose sur cet article,
pour le ministre, il n'y a plus de problème. D'ailleurs, il ne voit pas
pourquoi les parlementaires poseraient des questions sur cet article.
Cela ressemble un peu au genre de cha-cha cha et de tango que le
gouvernement joue si mal avec la loi 101.
M. Marx: Ce n'est pas de ma faute si le député de
Taillon n'aime pas le cha-cha-cha.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre, je vous
en prie, on est rendu très loin de notre projet de loi . Nous sommes
dans la danse, messieurs, maintenant.
M. Filion: La preuve que cela peut causer des problèmes.
Me Dolbec, qui m'accompagne, me souligne à juste titre que la Cour
suprême a même été obligée de se pencher dans
l'affaire.
Une voix: Wigglesworth. M. Filion: Wigglesworth.
M. Marx: Ce n'était pas sur cette question.
M. Filion: Donc, cela veut dire que le droit disciplinaire n'est
peut-être pas aussi clair que le
ministre veut bien le dire.
M. Marx: Ah non! Non, non M le Président.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre de la
Justice.
M. Marx: Je pense qu'il ne faut pas interpréter
l'arrêt Wigglesworth avant de l'avoir lu. Le député de
Taillon ne l'a pas lu encore .Je vais attendre sa lecture de cet arrêt
avant qu'on en discute ici.
M. Filion: Oui, le ministre de la Justice sous-estime
l'efficacité du service de recherche de l'Opposition.
M. Marx: Ah! Mais si le député...
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre de la
Justice.
M. Marx: le veut, je vais faire une photocopie de l'arrêt
et on va le lui acheminer.
M. Filion: C'est déjà en train de se faire. Je
t'attends.
Le Président (M. Bélisle): Ah bon!
M. Filion: Le résumé même, d'une seconde
à l'autre.
M. Marx: II faut lire cela au complet.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre de la
Justice.
M. Marx: M. le Président, si on veut avoir une discussion
sérieuse.
Le Président (M. Bélisle): II n'y a pas lieu de
suspendre cependant, non?
M. Filion: Deuxième question
Le Président (M. Bélisle): M le
député de Taillon.
M. Marx: Sur le même article, M le Président?
M. Filion: Oui, oui.
Le Président (M. Bélisle): Un instant, M. le
ministre M. le député de Taillon.
M. Filion: Merci, M. le Président. C'est une question dont
la réponse, j'en suis sûr, est bonne, mais juste pour m'en
assurer. Quand on dit: "Le présent code s'applique à
l'égard des poursuites visant la sanction pénale des infractions
aux lois", c'est bien sûr que, dans le sens ou il est écrit
là, cela inclut le règlement. C'est en vertu de la Loi sur
l'interprétation.
M. Marx: Non, c'est l'article 2 qui va le confirmer.
M. Filion: Oui Mais quand on dit "règlement" à
l'article 2, cela veut dire les règlements des municipalités,
aussi ?
M. Marx: Oui, parce qu'ici, à l'article 2, on dit: "Dans
le présent code, à moins que le contexte n'indique un sens
différent, on entend par "loi", une loi ou un règlement ".
M. Filion: C'est cela. Cela, je le savais. Ma question touche les
règlements édictés ou les ordonnances ou les ordres -
entre guillemets -édictés par les municipalités.
M. Marx: Oui, parce que les règlements sont adoptés
en vertu de lois. L'autre définition qu'on a du mot "loi", est dans la
charte québécoise ou on dit. Une loi couvre un règlement,
une ordonnance, etc C'est mol qui l'ai proposée en 1974.
M. Filion: Est-ce que je me trompe? Droit pénal, cela
inclut tes infractions commises aux lois ou aux règlements. Cela va.
Cela inclut tout le chapitre de toutes les infractions commises à toutes
les lois provinciales?
M. Marx: Oui.
M. Filion: D'accord Cela inclut également une partie des
infractions commises à des lois fédérales?
M. Marx: Non.
M. Filion: Non? Ah! D'accord. Donc, c est...
M. Marx: Pas à des lois fédérales, non.
M. Filion: Non mais, quand on poursuit, par exemple, en vertu de
la loi fédérale de l'impôt.
M. Marx: De?
M. Filion: La loi fédérale de l'impôt.
M. Marx: Mais ils ont leur propre. II y a le...
M. Filion: Oui, mais ça s'appelle du droit pénal,
quand même.
M. Marx: Ah! Appelez ça comme vous voulez.
M. Filion: C'est ça que je veux savoir. M. Marx:
Cela peut être...
Le Président (M. Bélisle): Savez-vous une chose? Je
vous arrête un Instant. La jeune fille qui va transcrire ces
débats va avoir un plaisir malin. Vous échangez deux mots de part
et d'autre et je ne sais pas comment elle va faire!
M. Filion: Elle se comprend vite des fois. D'autres fois, c'est
plus long.
Le Président (M. Bélisle): Non mais elle, elle ne
vous comprendra pas, par exemple. C'est ça, le problème. Alors,
faites donc des bouts de phrases et parlez-vous à chaque minute. Cela va
être plus facile. Allez-y, M. le député de Taillon.
M. Filion: C'était ça. Quand il y a une poursuite
en vertu d'une loi, par exemple, la loi fédérale de
l'impôt...
M. Marx: Mais, on peut dire que cette...
M. Filion: La procédure de poursuite, ce n'est pas du
droit pénal?
M. Marx: Si vous voulez, on peut dire que c'est du droit
pénal fédéral. Pénal, c'est par rapport au
criminel.
M. Filion: Oui, c'est ça, la distinction que je cherche.
Je cherche où s'arrête le droit pénal et ou commence...
Est-ce que le droit criminel est uniquement ce qui découle du Code
criminel et tout le reste est du droit pénal?
M. Marx: Non. Le droit criminel est de compétence
fédérale exclusive, mais les provinces peuvent adopter des
sanctions dans l'application de leurs lois. Cela, c'est l'arrêt Hodge.
Mais, ce n'est pas nécessaire de lire l'arrêt Hodge. Cela date du
XIXe siècle. C'est un très bon arrêt du comité
Judiciaire du Conseil privé. Mais si...
M. Filion: C'est ça. On prenait le bateau dans ce
temps-là pour aller les voir.
M. Marx: Je pense que ça allait bien, aussi...
M. Filion: Cela donnait le temps aux avocats de préparer
leur cause.
Le Président (M. Bélisle): ...M. le
député de Taillon...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Cela vous a rappelé des souvenirs.
M. Filion: Mais moi, ce n'est pas un souvenir. Je n'ai pas pris
le bateau.
M. Marx: Voilà.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Taillon, d'autres questions toujours relativement
à l'article 1?
M. Filion: Bref, pour se comprendre, toutes les poursuites
intentées pour toute infraction à toute loi provinciale
relèvent du droit pénal. C'est ça?
M. Marx: C'est ça, oui.
M. Filion: D'accord.
Le Président (M. Bélisle): Adopté?
M. Filion: Ce ne sera pas long.
M. Marx: Quand même, on n'est pas ici pour donner un cours
de droit au député de Taillon.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre, je vous
en prie.
M. Filion: Adopté. M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. L'article
2. J'appelle l'article 2. M. le ministre.
M. Marx: Adopté. L'article 2, adopté.
M. Filion: Non, j'aimerais avoir... À chaque article,
j'aimerais avoir des explications, M. le ministre.
Le Président (M. Bélisle): Une explication. M.
Marx: D'accord. L'article 2. M. Filion: Bon!
M. Marx: Je pense qu'une bonne façon de procéder,
c'est d'avoir une explication sur chaque article.
Le Président (M. Bélisle): Je suis d'accord avec
vous. Je vous suis là-dessus.
M. Marx: L'article 2. Cet article a trait à
l'interprétation du mot "loi" dans le code. La loi
d'interprétation ne contient pas de règle semblable.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Taillon.
M. Filion: J'ai manqué un bout de la phrase.
M. Marx: II n'y a pas de règle semblable dans la loi
d'interprétation du Québec. C'est pourquoi il faut le mettre dans
la loi.
M. Filion: C'est drôle, M. le ministre, j'ai toujours tenu
pour acquis que les législateurs... D'ailleurs, ce sont les tribunaux
qui le disent, les législateurs ne s'expriment jamais pour ne rien
dire.
M. Marx: Cela dépend du législateur. II y en a
certains qui parlent pour ne rien dire et d'autres, non.
M. Filion: Oui mais là, on parle du produit; on parle des
pontes législatives. Les tribunaux le disent que les législateurs
peuvent parler pour ne rien dire, d'ailleurs.
M. Marx: On a vu ça aujourd'hui!
M. Filion: Mais ils ne peuvent pas écrire des textes de
loi pour ne rien dire. Dans ce cas-ci, je vais vous poser une question. On dit:
"Dans le présent code, à moins que le contexte n'indique un sens
différent, on entend par "loi", une loi ou un règlement". Est-ce
que je peux vous demander pourquoi on a écrit: "Dans le présent
code, à moins que le contexte n'indique un sens différent.?
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre.
M. Filion: Sinon, je vais vous suggérer de l'enlever. Ce
n'est pas compliqué. D'après moi, une loi ou un règlement,
dans ce code, a toujours le même sens, à moins qu'on ne nous donne
un exemple.
M. Marx: Non.
M. Filion: À ce moment-là, je vais vous
suggérer de l'enlever.
M. Marx: C'est une précaution qu'on prend...
M. Filion: Oui, mais écoutez... M. Marx: ...dans
toute loi.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Taillon.
M. Filion: On ne parle pas pour ne rien dire. C'est écrit
à l'article 2: "Dans le présent code - laissons faire "à
moins que" - on entend par loi", une loi ou un règlement". Cela a plein
de sens. Comme législateur, il faut dire que cela inclut un
règlement etc., mais à moins que le contexte n'Indique un sens
différent... Je ne crois pas - j'ai lu le Code de procédure
pénale une fois et demie et le mot "loi" a toujours voulu dire...
M. Marx: Oui.
M. Filion: Ah! "À moins que le contexte n'indique un sens
différent," je voudrais demander au ministre si, véritablement,
dans ce Code de procédure pénale qu'il propose lui-même, on
utilise l'expression "loi" pour autre chose qu'une loi ou un
règlement.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre.
M. Marx: M. le Président, quand on adopte une telle loi,
c'est pour longtemps. La Loi sur les poursuites sommaires a été
adoptée...
M. Filion: Ah! Celle-là ne durera pas longtemps!
M. Marx: ...en 1922. Donc depuis 55 ans, elle n'a pas
été modifiée en profondeur. Donc, on prend ici une
précaution non seulement pour ce projet de loi, mais pour des lois qui
peuvent être adoptées pour modifier cette loi ou des lois
connexes, le cas échéant. Donc, c'est une précaution. Cela
pourrait arriver, donc, il faut prendre des précautions.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Taillon.
M. Filion: Oui, j'ai deux commentaires. Premièrement, te
ministre nous dit: On va adopter le Code de procédure pénale,
cela va durer longtemps. Je vous fais la prédiction suivante: d'ici
à 20 mois, au maximum, on va se retrouver en commission pour modifier le
Code de procédure pénale, j'en suis convaincu. Les premiers
jugements des tribunaux vont prendre huit ou neuf mois. D'ici 20 mois,
après l'entrée en vigueur, on va modifier, de nouveau, le Code de
procédure pénale; peut-être que des pans de murs vont
tomber, d'ailleurs. Ce n'est qu'une observation.
Deuxièmement, je veux bien que vous me disiez cela, mais comme on
ne parle pas pour ne rien dire dans un texte de loi, je me dis: enlevons-le
s'il n'y en a pas et s'il y en a un, indiquez-le moi. On prend des
précautions quand il y a un risque. Quand il n'y a pas de risque, on ne
prend pas de précautions. Cela ne donne rien de...
À quel endroit dans le Code de procédure pénale,
existe-t-il un risque que le mot loi" soit mal interprété?
J'avoue que ce n'est pas une question...
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre. M.
Marx: Je vais vous donner...
M. Filion: Ce n'est pas une question d'importance.
M. Marx: Le député a peut-être besoin d'un
exemple. Je vais prendre la charte des droits. Dans cette charte, le mot "loi"
inclut...
M. Filion: Quel article?
M. Marx: ...c'est l'article 56.3.
M. Filion: L'article 56?
M. Marx: Oui. Dans la charte, le mot "loi" inclut un
règlement, un décret, une ordonnance ou un arrêté en
conseil adopté sous l'autorité d'une loi. Ici, il pourrait
arriver que ce ne soit pas strictement un règlement, mais on veut que ce
soit couvert par l'article 1. C'est une précaution. Qu'est-ce qu'un
règlement? Il pourrait arriver que ce ne soit pas décrit comme un
règlement dans la lof, mais cela peut être
interprété comme ayant la même portée qu'un
règlement. On veut que l'article 1 couvre cette disposition.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Taillon.
M. Filion: J'avoue bien simplement que je ne comprends pas. On
dit, par exemple, à l'article 56.1.3: "Dans la charte, le mot "loi"
inclut un règlement, un décret..." etc. On ne dit pas à
moins que le sens ne l'indique autrement.
M. Marx: Non, mais...
M. Filion: Je n'en ai pas contre le fait que le mot "loi"
comprenne le règlement... (16 h 15)
M. Marx: Oui.
M. Filion: Je me demande pourquoi on devrait prévoir le
risque que le mot "loi" veuille dire autre chose. C'est ça. Pour donner
un exempte près de nous, je prends l'article 3. M. le ministre, je
prends l'article 3.
Le Président (M. Bélisle): On n'est pas rendu
là.
M. Marx: Quand on va incorporer, par référence,
d'autres lois qui seront couvertes par le code, ce sera nécessaire de
prévoir que: "si le contexte l'Indique..." Ça pourrait
arriver.
M. Filion: Oh! oui.
M. Marx: C'est pourquoi, avant, j'ai parlé de lois
connexes.
M. Filion: Ah oui. D'accord, je comprends. Vous avez raison. En
deux mots, on peut faire l'exercice pour ce qu'on retrouve, là; on peut
faire l'exercice pour ce qui pourrait y entrer.
M. Marx: C'est ça. D'accord? C'est pourquoi, avant, j'ai
parlé des lois connexes.
M. Filion: Dernière question sur l'article 2. Quand on
définit "loi" dans l'article 2 - "une loi ou un règlement" -
est-ce que ça comprend le "common law"?
M. Marx: Je pense que...
M. Filion: Autrement dit... Je vais donner un exemple. Supposons
qu'un peu plus loin dans le Code de procédure pénale, on dit: Le
traitement de... je ne sais pas... La procédure prévue par la loi
doit être suivie, par exemple, pour le procès ou la comparution
d'un Individu. Je ne sais pas si vous saisissez ma question?
M. Marx: Oui.
M. Filion: II serait bon que vous la saisissiez. Alors, partout
dans le code, on va dire "la loi".
M. Marx: Mais, on n'a pas dit "la loi" ici. M. Filion:
Mais on définit ce que c'est.
M. Marx: On a dit "On entend par loi". Quand on dit "la loi",
ça peut être le "common law" aussi.
M. Filion: D'accord.
M. Marx: Mais quand on dit "par loi", c'est une loi, ce n'est pas
le "common law". De toute façon, en droit pénal
québécois, on n'a pas d'Infraction qui vient du "common law".
M. Filion: Mais c'est parce que vous avez, par contre, l'article
62 du Code de procédure pénale. On va l'étudier un peu
plus loin, mais je pense que c'est Important de faire le point
immédiatement là-dessus. Quand on dit à l'article 62...
Excusez, quand je dis l'article 62, c'est 61. Je m'excuse, l'article 61. On
dit: "Les règles de preuve en matière criminelle, dont ta Loi sur
la preuve au Canada - quand on dit "les règles de preuve en
matière criminelle", c'est le "common law" - s'appliquent en
matière pénale, compte tenu des adaptations nécessaires et
sous réserve des règles prévues dans le présent
code ou dans une autre loi à l'égard des Infractions
visées par cette loi et l'article 308 du Code de procédure
civile".
L'article 308, c'est l'outrage au tribunal. Mais ce que vous me dites,
c'est que... En deux mots, est-ce que l'article 61 a un impact sur l'article
2?
M. Marx: Parce que l'infraction, c'est dans la loi, dans une loi,
dirais-je, une loi du Québec ou dans un règlement, pas dans le
"common law". Il n'y a pas d'infraction...
M. Filion: D'accord.
M. Marx: II n'y a pas d'infraction...
M. Filion: ...de "common law" sauf l'outrage au tribunal, qui est
codifié dans le Code de procédure civile parce que, sauf erreur,
l'outrage au tribunal est criminel. C'est une infraction de "common law".
L'outrage au tribunal criminel est une infraction de "common law" qui a
été généré à partir des
théories du "common law". Vous saisissez ce que je veux dire?
M. Marx: Oui, mais l'Infraction n'est pas prévue ici.
L'infraction est prévue dans le Code de procédure, comme vous
l'avez dit.
M. Filion: Oui. Il y a une référence expresse au
Code de procédure civile dans le Code de procédure pénale.
En deux mots... Peut-être que je devrais donner un exemple pour
être bien sûr qu'on saisit bien. Cela va régler ma
préoccupation. C'est simplement que je cherche le bon exemple pour
illustrer ma pensée.
Je vais donner un exemple au ministre et à son équipe.
L'article 201 du Code de procédure pénale, du projet de loi - je
donne cet exemple parce que c'est le premier qui nous tombe sous les yeux: "Le
poursuivant a, dans les limites prévues par la loi, pleine
liberté dans la conduite de la poursuite et le défendeur a
droit..." On mentionne, à l'article 201, "dans les limites
prévues par la loi et l'article 2 du projet qu'on va adopter nous dit
"loi ou règlement", Je voudrais juste être bien sûr que la
loi qui est mentionnée à l'article 201 inclut le "common law",
comme vous l'avez expliqué tantôt, et n'est pas, plutôt,
celui prévu à l'article 2 qui définit le mot loi" comme
étant "une loi ou un règlement", donc uniquement le Code de
procédure et un règlement. Le règlement ne s'appliquerait
pas, mais ce sera uniquement le Code de procédure. Le meilleur exemple,
me souligne Me Dolbec, c'est la défense pleine et entière. La
défense pleine et entière, ce n'est pas dans le Code de
procédure...
M. Marx: Ce n'est pas une infraction, c'est une
défense.
M. Filion: Je comprends, mais, à l'article 201, on dit
"dans les limites prévues par la loi".
M. Marx: Cela pourrait Inclure le "common law".
M. Filion: C'est cela. On est sûr de cela, que cela inclut
le "common law".
M. Marx: Normalement, l'interprétation des tribunaux,
c'est cela.
M. Filion: Vous saisissez ma préoccupation.
M. Marx: Oui, oui, oui.
M. Filion: Donc, à la lumière de l'article 2,
l'article 201 que je viens de citer indique un contexte différent.
M. Marx: Non, cela concerne les défenses, pas
l'infraction. L'infraction est créée par une loi ou par un
règlement, mais la défense ne peut l'être que par la
loi.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Taiilon.
M. Marx: La règle audi alteram pattern, par exemple.
M. Filion: Oui, c'est cela. L'article 2, tout ce qu'il me dit
quand je le lis, c'est: "loi". Cela veut dire "loi ou règlement",
à moins que le contexte n'indique autre chose.
Le Président (M. Bélisle): Si vous me le permettez,
M. le député de Taillon. Si vous faites...
M. Marx: C'est cela, vous avez trouvé un contexte
où c'est différent. Cela va plus loin que "loi".
M. Filion: "Loi", dans ce sens-là, veut dire quoi?
M. Marx: Cela peut vouloir dire: la "common law", les
régies de pratique, les défenses, la règle audi alteram
partem, et les autres.
Le Président (M. Bélisle): Me permettez-vous un
éclairage?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Bélisle): L'article 2 se rapporte
à l'article 1...
M. Marx: C'est cela.
Le Président (M. Bélisle): "Le présent code
s'applique à l'égard des poursuites visant la sanction
pénale des Infractions aux lois..." Le terme "lois" à l'article
1, l'article 2 vient en compléter la définition. Cela n'a rien
à voir avec les moyens de défense en droit administratif, en
droit pénal ou en droit criminel. Cela signifie que cela peut avoir un
autre sens ailleurs dans la loi, à moins que je ne me trompe.
M. Filion: À ce moment-là, on ne dirait pas "dans
le présent code". Je ne sais pas, mais on ne dirait pas "dans le
présent code".
Le Président (M. Bélisle): Bien oui.
M. Filion: Deuxièmement, ce devrait être un
alinéa de l'article 1 si c'était le cas, au lieu d'être un
article différent. Je ne sais pas...
Le Président (M. Bélisle): Qu'on me corrige si je
suis dans l'erreur.
M. Filion: Je comprends ce que dit le ministre. Le ministre,
comme vous, dit que "loi" signifie "loi ou règlement" dans les cas
où il y a infraction, c'est pour créer l'infraction. L'infraction
peut venir de la loi ou d'un règlement, mais elle ne peut pas venir du
"common law". C'est ce qu'il nous répond.
M. Marx: On entend par "loi", une "loi ou un règlement",
sauf si le contexte l'indique autrement. D'accord? Je pense que vous avez
trouvé l'article 201. C'est peut-être dans un autre contexte.
M. Filion: Bon, à ce moment-là, il serait bon que
ce soit le même alinéa.
M. Marx: Pardon?
M. Filion: Que ce soit te même alinéa que l'article
1, que ce soit un deuxième alinéa de l'article 1.
M. Marx: C'est cela. L'article 2 s'applique à l'ensemble
du code.
M. Filion: Oui, mais l'article 1 aussi.
M. Marx: Oui, mais c'est une façon de rédiger. Je
ne vois pas de problème avec cela. D'accord?
M. Filion: Vous dites que vous n'y voyez pas de problème.
Il y a quand même, un peu de confusion. Écoutez...
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Taillon.
M. Marx: À l'article 1, on dit: "Le présent code
s'applique à l'égard des poursuites visant la sanction
pénale des infractions aux lois..." Ce sont les lofs statutaires qui
créent des infractions.
Le Président (M. Bélisle): Est-ce qu'on peut
adopter l'article et suspendre peut-être cinq minutes, M. le
député de Taillon?
M. Filion: On peut suspendre durant cinq minutes.
Le Président {M. Bélisle): Oui? Est-ce qu'on
pourrait adopter l'article avant la suspension?
M. Filion: Non, c'est justement là-dessus que je
voudrais...
M. Marx: On va essayer de terminer l'article si on le peut.
Le Président (M. Bélisle): Oui, je voudrais
terminer l'article et vous permettre de vaquer à vos occupations
respectives pendant quelques minutes.
M. le député de Saint-Jacques, il nous fait plaisir de
vous avoir avec nous.
M. Boulerice: Le plaisir est pour moi.
Le Président (M. Bélisle): Je me doutais qu'il
était partagé.
Est-ce qu'il y a d'autres questions concernant l'article 2?
M. Filion: Je persiste à dire que le deuxième
article devrait se retrouver comme deuxième alinéa du premier
article, sinon je ne comprends pas.
M. Marx: Non, l'article 2 couvre l'ensemble et non seulement
l'article 1. Vous nous avez prouvé cela par l'article 201.
M. Filion: Oui, mais vous m'avez répondu que cela
s'appliquait pour créer les infractions.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre.
M. Marx: Oui, mais "entre autres", entre autres, c'est cela. Pas
"seulement".
M. Filion: Pas seulement pour créer les infractions.
M. Marx: Oui, c'est cela, pas seulement.
M. Filion: Cela s'applique en général et cela
couvre toutes les formes de prescriptions, de modalités et non pas
seulement la création des infractions.
M. Marx: Dans le présent cas, "loi" veut dire "une loi ou
un règlement", sauf si le contexte l'indique autrement et c'est
l'article 201. comme vous l'avez suggéré.
M. Filion: Bon.
M. Marx: Adopté. Mais, même si c'est adopté,
on pourra y revenir après, il n'y aura pas de problème. Si on
trouve quelque chose, on pourra rouvrir le débat, car je trouve cette
question intéressante.
Le Président (M. Bélisle): Adopté sous
condition?
M. Filion: Non. On peut toujours revenir sur ce qu'on a fait. Je
pense qu'il faut un consentement pour revenir sur un article déjà
adopté?
M. Marx: Non, mais je donne...
(16 h 30)
Le Président (M. Bélisle): Oui, M. le ministre vous
fait une ouverture quant au consentement éventuel s'il y a un
problème.
M. Marx: II n'y a pas d'article fermé dans un tel projet,
M. le Président. On peut toujours revenir.
M. Filion: De toute façon, je pense bien qu'il n'y a rien
de fermé jusqu'au 11 décembre. Le Barreau...
Le Président (M. Bélisle): De toute
façon...
M. Filion: J'écoute tout cela mais, finalement, je pense
que cet article est mal formulé. Ce qu'on veut dire, finalement, ce que
le ministre nous a souligné au début - et je pense qu'il avait
raison - c'est que cela nous aide pour créer des infractions qui peuvent
être contenues dans un règlement et non seulement dans une loi.
Autrement, dans quel autre cas veut-on que ta loi inclue les règlements?
D'abord, il n'y a pas de procédure dans le règlement.
M. Marx: Non. On entend par "loi" une loi ou un
règlement". Ce peut être aussi l'article 201 qu'on couvre,
à moins que le contexte n'indique un sens différent. Ça,
c'est l'article 201.
M. Filion: À l'article 201, le mot "loi" inclut le "common
law".
M. Marx: Des règlements et des règles de pratique,
le cas échéant.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Taillon.
M. Filion: Voutez-vous me dire que, par règlement, on
peut passer outre à certaines des prescriptions qui sont ici? Il n'y a
pas de pouvoir réglementaire, à ma connaissance.
M. Marx: À l'article 201, le poursuivant a, dans les
limites prévues par la loi - s'il y a des formalités
prévues, des règles de pratique ou d'autres dispositions, il faut
les respecter - pleine liberté dans la conduite de la poursuite.".
M. Filion: On a le pouvoir réglementaire à
l'article 367 du Code de procédure pénale.
M. Marx: Oui.
M. Filion: On a le pouvoir réglementaire. Qu'est-ce que le
gouvernement pourra faire par règlement? Prescrire la forme des constats
d'infraction et des rapports d'infraction; fixer les frais de greffe exigibles
en vertu du présent code; fixer les frais qu'une partie peut être
condamnée à payer en première Instance ou en appel; - je
les énumère rapidement - déterminer les droits exigibles
pour obtenir le double ou la copie d'un document; déterminer les
obligations d'une personne qui reçoit un cautionnement en attendant
qu'il soit disposé de celui-ci conformément au présent
code; fixer, pour le cautionnement visé à l'article 76, le
montant des frais; déterminer les indemnités payables aux
témoins; fixer le montant des frais qu'un témoin
défaillant peut être condamné à payer; fixer les
frais qui peuvent être imposés, etc.; fixer les frais d'une
demande en recours extraordinaire ou en habeas corpus; fixer les frais
d'exécution du jugement qu'une partie peut être condamnée
à payer; déterminer à quelles conditions une partie des
frais recouvrés...
Encore une fois, je ne pense pas me tromper: à l'article 367, il
n'y a aucun règlement qui peut venir à rencontre des
règles de procédure fixées dans le présent
code.
M. Marx: C'est cela. Ce peut être une règle
adoptée en vertu d'une autre loi ou des règles de pratique
prévues par une loi.
D'accord, M. le Président?
Le Président (M. Bélisle): Quant à moi,
c'est correct, mais cela dépend de M. le député de
Taillon.
M. Filion: Oui. Une infraction est créée dans un
règlement. Par exemple, en ce qui concerne la conduite des prisonniers
dans les établissements de détention, il y a des
règlements. Je suis convaincu qu'il y a infraction, si un prisonnier se
conduit d'une façon contraire à ce qui est prévu par
règlement. Une poursuite intentée sur la base d'une infraction
à ce règlement va, bien sûr, être intentée
conformément au Code de procédure pénale. On s'entend
là-dessus.
M. Marx: Oui, si c'est pénal.
M. Filion: S'il y a une peine de prévue, ce sera
pénal.
M. Marx: Cela dépend. Si c'est disciplinaire...
Le Président (M. Bélisle): Par exemple, admettons
que le fameux prisonnier en question échappe sa gamelle par terre et
qu'il n'a pas le droit de l'échapper, on veut lui Imposer une peine
disciplinaire. Posez-la comme cela votre question et vous allez régler
votre problème.
M. Marx: Si c'est un règlement en ce qui concerne la
couleur des carottes, il va...
M. Filion: La couleur des...
Le Président (M. Bélisle): Des carottes.
M. Marx: ...il va avoir une. M. Filion: Vous voulez
dire.
M. Marx: on va créer une infraction, si les carottes ne
sont pas de la couleur.
M. Filion: Vous voulez dire de la couleur de la margarine.
Le Président (M. Bélisle): Non, non, des
carottes.
M. Marx: Bien voilà! La couleur de la margarine. Si ce
n'est pas de la couleur prévue dans la loi, ce sera une infraction
pénale et la loi va s'appliquer.
M. Filion: Je vais vous dire qu'il n'y a pas de droit
disciplinaire pour les détenus, que je sache.
Le Président (M. Bélisle): II pourrait y en avoir,
il y a des règles internes.
M. Marx: Apparemment, il y en a.
M. Filion: II y a de la discipline dans les prisons, mais il n y
a pas de droit disciplinaire.
M. Marx: Anyhow!
M. Filion: Oui? Il y a du droit disciplinaire dans les
prisons.
M. Marx: Voilà!
M. Filion: Écoutez, je ne veux pas retarder l étude
de l'article 3 qui m attire.
Le Président (M. Bélisle): Non, on est à
l'article 2, présentement, M. le député de Taillon.
M. Filion: ...qui m'attire énormément, mais toutes
mes préoccupations n'ont pas été dissipées dans le
cas de l'article 2. Comme vous l'avez souligné, on aura l'occasion d'y
revenir. Je fais seulement le retenir comme il faut. Je pense qu'on peut
l'adopter et on y reviendra un petit peu plus tard.
Le Président (M. Bélisle): D'accord. L'article
2est adopté.
Nous allons suspendre pour cinq minutes pour permettre aux
parlementaires de vaquer à leurs occupations.
(Suspension de la séance à 16 h 37)
(Repnse à 16 h 53)
Le Président (M. Bélisle): À I'ordre, s'il
vous plaît!
Nous reprenons nos travaux et j'en profite pour appeler I'article 3 M.
le ministre.
M. Marx: L'article 3 indique quels juges pourront exercer les
pouvoirs conférés à un juge en vertu du code.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Taillon.
M. Filion: J'attendais les commentaires du ministre sur
l'article.
M. Marx: Je pense que c'est bien clair: "Les pouvoirs
conférés à un juge en vertu du code sont exercés
par la Cour des sessions de la paix la Cour provinciale, le Tribunal de la
jeunesse, le Tribunal du travail ou une Cour municipale, dans les limites de
leur compétence respective prévues par la loi", et ainsi de
suite. II n'y a rien à expliquer. L'article s explique par
"elle"-même
M. Filion: Bon, alors, d'a.ccord. Par lui même.
M. Marx: Par lui même.
M. Filion: Par lui même. Juge de paix, l'expression "ou par
un juge de paix".
M. Marx: Le juge de paix est...
M. Filion: Comment définissez-vous juge de paix?
M. Marx: Une minute je vais vous le dire. Le juge de paix est
déjà défini dans la Loi sur les tribunaux judiciaires.
M. Filion: Quelle est la définition? Ex cusez moi je ne
connais pas tout cela par coeur, mais quelle définition donne-t on
à "juge de paix". C'est extrêmement important, notamment quand on
pense à I'outrage au tribunal. Non, non, mais c'est important en
général, les pouvoirs du juge de paix, notamment quand on pense
à...
M. Marx: On va vous lire la définition du Code de...
M. Filion: Alors, quelle est la définition que le ministre
donne à juge de paix?
M. Marx: Ce n'est pas moi qui donne une définition. Je ne
suis pas en train de changer.
M. Filion: Non, non, mais celle que le ministre donne
verbalement.
M. Marx: Non je vais vous lire la définition. Est ce qu'on
a la Loi sur les tribunaux judiciaires? C'est I'article 186 de la Loi sur les
tribunaux judiciaires.
M. Filion: Bon, je vais aller la chercher.
Le Président (M. Bélisle): On va faire sortir la
Loi sur les tribunaux judiciaires pour le bénéfice des membres de
la commission parlementaire.
M. le ministre, vous avez la Loi sur les tribunaux judiciaires.
M. Marx: Les juges de paix. L'article 158 de la Loi sur les
tribunaux judiciaires: "Les juges de paix nommés pour les
différents districts du Québec doivent être choisis parmi
les personnes tes plus compétentes, résidant dans ces
districts."
Il y a l'incompatibilité, iI y a les qualités requises, il
y a le serment, il y a le délai pour prêter serment, il y a le
certificat, il y a les copies.
Et après, je passe à l'article 186: "Le ministre de la
Justice peut, par arrêté, nommer des juges de paix avec
juridiction sur tout le Québec ou sur les districts qu'il indique.
La juridiction d'un tel juge de paix peut être restreinte aux fins
définies dans l'arrêté." "Pouvoirs. Chaque juge de paix,
nommé sans restriction quant à sa juridiction en vertu de
l'article 186, est revêtu de tous les droits et pouvoirs d'un ou de
plusieurs juges de paix, et est assujetti aux lois concernant les devoirs des
juges de paix, en autant qu'elles lui sont applicables." C'est l'article 188,
et ainsi de suite. Est-ce assez, M. le Président?
Le Président (M. Bélisle): D'après ce que je
peux comprendre, M. le ministre, c'est qu'il n'y a dans aucune loi de
définition des fonctions limites, des responsabilités d'un juge
de paix.
M. Marx: C'est dans l'arrêté de nomination.
Le Président (M. Bélisle): C'est exact, M. le
ministre.
M. Marx: C'est comme ça, maintenant. Il n'y a pas de loi
nouvelle.
Le Président (M. Bélisle): Est-ce que l'explication
vous satisfait, M. le député de Taillon?
M. Marx: II n'y a pas de droit nouveau.
M. Filion: Je pense que mon collègue a une question, M. le
Président.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je veux savoir si votre loi est, dans un certain
sens, préventive dans le sens qu'elle voit venir ce qui pourrait
arriver. Je vais prendre à témoin - ah, malheureusement il n'est
plus là - mon collègue le député de
Bourget, qui est membre de la commission parlementaire sur le statut de
l'artiste.
Dans la loi, il y a justement un article qui prévoit
l'établissement d'une commission sur le statut de l'artiste. Je sais
qu'il y a un amendement qui va être présenté et qui
prévoit que cette commission, compte tenu des amendes, etc, aurait des
pouvoirs judiciaires. Est-ce que ça va pouvoir s'inclure dans l'article
3?
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre. (17
heures)
M. Marx: Non, non. C'est une commission administrative. Ce que
l'on vise pour le statut de l'artiste, c'est une commission administrative. La
commission n'aura pas de pouvoirs en matière pénale.
M. Filion: C'est le point que soulève mon collègue
également à savoir s'il y a des sanctions pénales ou des
dispositions pénales comprises dans cette loi.
M. Filion: Je ne connais pas la Loi sur le statut de l'artiste
dont parle mon collègue, le député de Saint-Jacques, mais
ce qu'il soulève c'est s'il existe des dispositions à
l'intérieur de cette loi qui prévoient des sanctions
pénales.
M. Marx: La sentence sera alors prononcée par une des
personnes visées à l'article 3.
Le Président (M. Bélisle): M. le ministre.
M. Marx: Par exemple, la Société des alcools peut
ou non donner un permis, mais la Société ne peut pas imposer une
sanction pénale. Les sanctions pénales sont imposées par
les tribunaux visés à l'article 3 et j'imagine que ce sera la
même chose pour la commission dont parle le député.
M. Boulerice: La commission justement... du moins, un certain
regroupement demande que cette commission ait des pouvoirs judiciaires.
M. Marx: Le pouvoir judiciaire n'a pas...
M. Boulerice: On va même demander que son président
soit un juge.
M. Marx: Les pouvoirs judiciaires sont exercés par les
juges qui siègent aux tribunaux judiciaires. Quand c'est un tribunal
administratif, ce ne sont pas les sanctions pénales qui sont
imposées. C'est la même chose pour la Régie des permis
d'alcool. Chaque sanction c'est comme cela. En vertu de la loi 101, c'est la
même chose, ce sont les tribunaux judiciaires.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: II va y avoir deux instances:
la première par la commission, puis, après cette
première, celle en vertu de votre article 3.
C'est dommage, mais l'article 3 ne pourra pas nous satisfaire.
Le Président (M. Bélisle): J'essaie de vous suivre,
M. le député de Saint-Jacques, mais j'ai des
problèmes.
M. Boulerice: Vous n'avez pas suivi la Commission de la culture;
je ne vous en fais pas le reproche, M. le Président. Je voudrais
éviter des débats longs qu'on aura dans une autre commission
parlementaire en disant: Youpi! c'est déjà réglé
à l'article 3 du projet de loi 75.
C'est pour cela que j'ai demandé si la loi pouvait être
préventive, c'est-à-dire, si elle prévoit pour des choses
qui s'en viennent. Le ministre est en train de me répondre que non. La
fameuse commission avec les pouvoirs judiciaires qu'elle demande devra
être quelque chose de tout à fait autre parce que cela ne rentre
pas dans le cadre de l'article 3 prévu au projet de loi 75.
M. Marx: Je ne sais pas combien il y a de tribunaux
administratifs ou de commissions ou de régies au Québec, mais II
n'y en a pas un, à ma connaissance, qui impose des
pénalités pour des infractions pénales.
Le Président (M. Bélisle): M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Vous me dites qu'il n'y en a pas. Ils le
projettent. Enfin, l'article 3 ne donne pas cette possibilité, si je
comprends bien.
M. Marx: Non. À ma connaissance, cela n'existe pas, au
Québec, un tribunal administratif qui impose une sanction
pénale.
M. Boulerice: II est prévisible, à ce
moment-là, de songer que les amendements proposés à la
commission de la culture seront immédiatement rejetés, compte
tenu de votre article 3. Cela va, M. le Président.
M. Marx: Adopté. Une voix: Adopté.
M. Filion: Donc, pour la définition de juge de paix, il
faut se référer à la Loi sur les tribunaux
judiciaires...
M. Marx: Toujours.
M. Filion: ...comme vous l'avez mentionné tantôt. Il
y a un petit problème qui est soulevé, je vous le signale, M. le
ministre...
M. Marx: Les juges de paix...
Le Président (M. Bélisle): Un instant, M. le
député de Taillon n'a pas terminé, M. le ministre.
M. Filion: Non, c'est correct, M. le Président.
M. Marx: Je sais qu'on a nommé juste deux ou trois juges
de paix à Montréal. Les juges de paix ne sont pas des juges
d'instruction. Ils vont émettre des mandats etc., mais ils ne
siégeront pas comme juges.
Une voix: Entendre des causes.
M. Marx: Ils n'entendront pas de causes et n'écriront pas
de jugements.
M. Filion: II y a un petit problème que je vous soumets et
qui est le suivant: II y a des juges qui siègent à des Cours
municipales, qui ont des juridictions différentes.
Une voix: Oui.
M. Filion: Les justiciables qui se présentent devant ces
Cours municipales ne peuvent pas connaître d'instinct ou par intuition la
juridiction conférée par l'acte de nomination du juge de paix qui
préside cette Cour municipale. Non, non, c'est exactement cela. Vous me
corrigerez si je me trompe. Il y a des juges de paix... Ce sont des juges de
paix qui siègent à des Cours municipales...
M. Marx: Non, ce sont des juges des Cours municipales.
M. Filion: Excusez. Ce sont des juges de Cours municipales, mais
qui ont des juridictions... c'est vrai.
M. Marx: Qui ont des juridictions de...
M. Filion: On va les appeler les juges, ce sera plus simple, qui
siègent à des cours municipales, des juges de Cours municipales.
Ils ont des juridictions différentes.
M. Marx: Oui, cela va.
M. Filion: Mais, on en connaît. Des juridictions qui
viennent de leur acte de nomination, non?
M. Marx: Oui.
M. Filion: Qui viennent de leur acte de nomination?
M.Marx: Oui, d'accord. M. Filion: Bon.
M. Marx: On ne parle pas des juges municipaux de Laval,
Montréal ou Québec. C'est
spécial.
M. Filion: Non, non, je ne parle pas des juges municipaux de
Montréal, Laval. Eux, ils ont déjà des juridictions,
mais... Leurs juridictions ne sont pas connues des justiciables parce que
l'acte de nomination...
M. Marx: ...est publiée dans la Gazette
Officielle.
M. Filion: ...est publiée dans la Gazette Officielle
au moment de leur nomination?
M. Marx: Oui, mais vous avez raison de dire tout cela. Vous savez
que j'ai constitué un groupe de travail sur les Cours municipales.
Une voix: Ah, je ne savais pas.
M. Marx: Ouf, cela a été fait il y a deux ou trois
semaines et il sera présidé par le professeur Jean Hétu,
de l'Université de Montréal. Il y a des membres du Barreau, des
organismes représentant...
M. Filion: Des juges, j'espère.
M. Marx: Des juges municipaux - il y en a même deux - et
ils me feront rapport sur les Cours municipales.
C'est la troisième phase de mes réformes. Il y a les
tribunaux judiciaires; vous aurez les projets de loi au début de
l'année 1988 et j'ai eu aussi un groupe de travail qui a
préparé un rapport sur les tribunaux administratifs. Je suis en
train de consulter mes collègues sur...
M. Filion: Un projet de loi qui viendra aussi en 1988,
m'aviez-vous dit la dernière fois.
M. Marx: ...sur un éventuel projet possible et sur les
Cours municipales. Je pense qu'il faut mettre de l'ordre dans les Cours
municipales. J'attends un rapport, au printemps.
M. Filion: À ce moment-là, j'attire votre attention
sur le fait qu'à la lecture de l'article 3 du Code de procédure
pénale, il serait intéressant de trouver une façon de
mettre fin à l'ambiguïté découlant des juridictions
différentes accordées dans l'acte de nomination des juges qui
siègent aux Cours municipales.
M. Marx: II y a quelque chose à faire dans ce domaine. Si
on peut, dans le mesure du possible, standardiser leurs compétences.
Comme vous l'avez dit, certains ont une compétence en ce qui concerne la
partie 24 du Code criminel, d'autres n'ont de compétence que pour tes
règlements municipaux.
M. Filion: Je veux aussi profiter de l'article 3 pour me faire
expliquer quelque chose, si le ministre le permet. Les personnes qui sont juges
de paix, sont nommées par le ministre de la
Justice ou le Solliciteur général, je ne le sais
pas...
M. Marx: Par le ministre de la Justice.
M. Filion: Bon, elle sont nommées juges de paix. La
juridiction de ces personnes est évidemment, connue dans leur acte de
nomination...
M. Marx: ...qui est publié. C'est sur recommandation du
ministre de la Justice et c'est un décret du gouvernement.
M. Filion: C'est un décret du gouvernement...
M. Marx: Qui est publié comme tout autre
décret.
M. Filion: ...qui fixe la juridiction de ces juges de paix?
M. Marx: Je pense que oui. M. Filion: Oui?
M. Marx: J'en ai signé trois, il n'y a pas si
longtemps.
M. Filion: Mais, "juge de paix", à ce moment-là,
dans l'article 3 tel qu'on l'étudie, quand on dit "ou par un juge de
paix, dans les limites prévues par la loi et par son acte de
nomination", quand on emploie les mots "juge de paix" ici, cela inclut que ces
juges de paix sont des gens dont certains, en tout cas, n'ont pas de formation
juridique et ont, par exemple, la Juridiction très réduite de
recevoir le serment.
M. Marx: C'est cela. Ils vont recevoir des dénonciations,
par exemple, pour émettre des mandats durant la nuit. À
Montréal, on en a nommé trois, et les trois sont des avocats.
M. Filion: La loi ne prévoit pas que ces gens ont une
formation juridique.
M. Marx: Non, mais on peut modifier la Loi sur les tribunaux
juridiciaires, le cas échéant, si nécessaire. Mais
souvent, ils posent des actes strictement ministériels, si vous voulez,
ils reçoivent des dénonciations, par exemple. Il y a le
problème des régions éloignées où il n'y a
peut-être pas d'avocat résident. Mais, ils ne siègent pas
sur le banc.
M. Filion: Oui, mais c'est en vertu de leur acte de nomination
qu'ils ne siègent pas finalement. Leur compétence, je dis bien,
est circonscrite dans l'acte de nomination.
M. Marx: C'est cela. Ni moi ni mes prédécesseurs
n'avons fait d'erreur dans ces actes de nomination. C'est le statu quo depuis
toujours.
M. Filion: Sauf qu'ils ont maintenant une loi qui...
M. Marx: C'est la même chose. La toi actuelle
prévoit, à l'article...
M. Filion: Que dit-elle?
M. Marx: L'article 1, alinéa 5 de la loi actuelle, "juge
de paix comprend également, pour les fins de la présente loi, les
juges des Sess-sions, les juges de la Cour provinciale, les juges du Tribunal
de la jeunesse et les juges municipaux". À l'article 3 de la loi
actuelle: "Chaque plainte ou dénonciation est entendue, instruite,
décidée et jugée par un juge de paix, à moins que
la loi sur laquelle cette plainte ou cette dénonciation est basée
ou toute autre loi ne décrète que la plainte ou la
dénonciation doit être entendue, instruite, décidée
et jugée par deux juges de paix ou plus.
Toutefois, seul un juge du Tribunal de la jeunesse a juridiction lorsque
le défendeur est une personne âgée de moins de 18 ans." Et
cela continue.
Il sera bientôt nécessaire de modifier l'article 3 parce
qu'on va unifier les cours du Québec. Pas à cette session, M. le
Président, à la prochaine session. (17 h 15)
M. Filion: Le ministre nous dit qu'on va en reparler lors de la
réunification des tribunaux. Le souci de l'Opposition ici était
de s'assurer que "juge de paix" soit bien défini à l'article 3.
On y dit: "dans les limites prévues par la loi et par son acte de
nomination". On doit s'assurer de ces limites soi-disant prévues par la
loi et par leur acte de nomination...
Je pense que la réponse du ministre... Je signale au ministre, en
passant, que les articles 158 - je veux être sûr qu'il
m'écoute - et suivants de la Loi sur les tribunaux judiciaires ne
prévoient nullement que les juges de paix aient une quelconque formation
juridique. Comme d'ailleurs il l'a...
M. Marx: Ça peut être un juge...
M. Filion: ...admis tantôt et cela va avoir beaucoup
d'importance quand on va arriver à l'article 8.
M. Marx: Mais...
M. Filion: L'article 8, pour votre information, c'est l'outrage
au tribunal.
M. Marx: Bon, d'accord.
M. Filion: Non, non, je comprends qu'ils ne siègent pas
mais...
M. Marx: Non, ils ne siègent pas.
M. Filion: ...ça va être extrêmement important
quand même...
M. Marx: Mais les juges de paix...
M. Filion: ...dans le cadre du débat que nous aurons, un
petit peu plus tard, aujourd'hui.
M. Marx: Oui, mais les juges de paix ne siègent pas.
M. Filion: Non, non, je l'ai dit qu'ils ne siègent
pas.
Le Président (M. Bélisle): Je pense qu'on s'entend
bien là-dessus. L'article 3 est adopté?
M. Filion: Ouf, à moins qu'il n'y ait autre chose, de mon
côté ça va.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. J'appelle
l'article 4. M. le ministre.
M. Marx: L'article 4 accorde aux juges le pouvoir de maintenir
l'ordre lors des audiences.
M. Filion: Quel était l'article correspondant?
M. Marx: Dans la foi actuelle? M. Filion: Oui.
M. Marx: Tout juge des sessions, de la Cour provinciale ou du
Tribunal de la jeunesse a les mêmes pouvoirs et la même
autorité pour maintenir l'ordre à l'audience, et peut avoir
recours aux mêmes moyens pour ce faire, que ceux qui sont maintenant
délégués par la loi dans les mêmes cas et pour les
mêmes fins à la Cour supérieure ou à ses juges,
pendant les séances."
Je pense que je peux aussi expliquer, M. le Président, que le
pouvoir accordé aux juges l'est dans les limites de leur
compétence. Cet article n'aura pas pour effet d'accorder aux juges de
paix un pouvoir d'outrage au tribunal car ils n'ont pas ce pouvoir
n'étant pas une cour d'archives.
M. Filion: C'est important, mais en vertu de quoi ça?
N'étant pas une cour...
M. Marx: De même le veut la limite prévue à
l'article 4. L'outrage au tribunal commis ex facie demeure
réservé à la Cour supérieure.
M. Filion: Commis? M. Marx: Ex facie.
M. Filion: Cela veut dire en présence de,
M. Marx: Ex facie.
M. Filion: Hors de?
M. Marx: Hors, hors.
M. Filion: Ah, ex.
M. Marx: E-x.
M. Filion: Ex.
M. Marx: Ex-chef, ex-député, ex...
M. Filion: Ex-ministre.
M. Marx: Ex-ministre.
Une voix: Ex-professeur.
M. Filion: Ex-Solliciteur général.
M. Marx: Ex...
Une voix: Excellent.
M. Marx: Excellent, voilà. D'accord.
Le Président (M. Bélisle): Maintenant qu'on vient
de terminer cette déclinaison exhaustive, on pourrait peut-être
continuer.
M. le député de Taillon.
M. Filion: M. le ministre d'où vient le choix des moyens
laissés au juge qui entend une poursuite de maintenir l'ordre dans la
salle d'audience? Est-ce que c'est uniquement l'article 4 qui va être
à la base de ça? Par exemple, rend-il une ordonnance
exécutoire par un agent de la paix, pour expulser quelqu'un? En deux
mots, j'ai remarqué que dans l'ancien article dont vous faisiez mention,
on parlait des pouvoirs nécessaires pour faire respecter cet
ordre-là; on était un peu plus précis que dans le texte
actuel.
Le juge qui entend une demande et qui constate du désordre
à l'intérieur de sa salle d'audience aura l'article 4 à
administrer. Où va-t-il trouver tes choix, les moyens, la
procédure à suivre pour donner suite à ce pouvoir qu'il
possède de maintenir l'ordre dans la salle?
M. Marx: Comme aujourd'hui.
M. Filion: Oui, mais vous avez lu l'ancien article... Je vous
ai...
M. Marx: L'ancien article, c'est plus flou: "Tout juge des
sessions, de la Cour provinciale ou du Tribunal de la jeunesse a les
mêmes pouvoirs et la même autorité pour maintenir l'ordre
à l'audience, et peut avoir recours aux mêmes moyens pour ce
faire, que ceux qui sont maintenant délégués par la loi
dans les mêmes cas et pour les mêmes fins à la Cour
supérieure ou à ses juges, pendant les séances."
M. Filion: Voilà! Il y avait une référence
qui était faite. Vous avez raison de le dire.
M. Marx: Oui, dans la loi ou qui est...
M. Filion: II y avait une référence qui
était faite à ce qui existe pour ce qui est de ta Cour
supérieure. Mais dans ce cas-ci, il n'y a...
M. Marx: Il n'y a pas de règles précises pour la
Cour supérieure. C'est une mauvaise référence, si vous
voulez. Par "la loi", on a probablement voulu dire: le "common law".
M. Filion: C'est l'usage. Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Hamel): Cela va! L'article 5?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Hamel): L'article 6? M. Marx:
L'article 5 est adopté? Le Président (M. Hamel):
Oui.
M. Marx: Les dispositions particulières... L'article 6.
Cet article constitue...
M. Filion: L'article 5, M. le Président.
M. Marx: J'ai pensé que cela avait été
adopté?
M. Filion: Pardon?
Le Président (M. Hamel): Vous aviez dit
"adopté".
M. Filion: L'article 4, adopté.
Le Président (M. Hamel): Ah, j'ai cru comprendre l'article
5 aussi! Excusez.
M. Filion: Excusez. L'article 4, adopté.
Le Président (M. Hamel): Oui, l'article 4, adopté.
Mais, après ça, j'ai dit: L'article 5 et vous avez dit:
Adopté. C'est pour ça! Je m'excuse. Ha, ha, ha! Vous aussi?
M. Filion: Excusez. C'est possible. M. Marx: On revient
à l'article 5? Le Président (M. Hamel): L'article 5.
M. Filion: Vous voyez que mon esprit de collaboration m'a
fait...
M. Marx: Cet article accorde, comme dans la loi actuelle, une
immunité de poursuite pour les personnes âgées de moins de
14 ans.
M. Filion: Cela s'applique également au Tribunal de la
jeunesse?
M. Marx: Oui, pour tout le monde.
M. Filion: Cela s'applique à toutes les dispositions
pénales, y compris...
M. Marx: "Nul ne peut être poursuivi..." M. Filion:
Dans le cadre actuel... M. Marx: C'est la même chose.
M. Filion: Au moment où on se parle, c'est le cas encore.
On ne peut pas être poursuivi au
Tribunal de la jeunesse si on n'a pas quatorze ans.
M. Marx: C'est cela. C'est l'article 2.1 de la loi actuelle.
M. Filion: L'article 2.1 de la loi actuelle. En bas de quatorze
ans, on ne peut jamais être poursuivi, même dans l'état
actuel du droit et entre quatorze et dix-huit ans, au Tribunal de la jeunesse,
sauf pour les cas de référés. Est-ce que ça existe
encore dans la loi actuelle, les cas de référés aux
tribunaux ordinaires entre quatorze et dix-huit ans?
M. Marx: Cela existe au criminel.
M. Filion: Oui, mais est-ce que ça existe encore?
M. Marx: Oui.
M. Filion: D'accord. Ce ne sera pas long, M. le Président.
Je suis juste en train de vérifier dans te Code criminel. J'ai dû
me tromper, mais il me semblait... Voilà! L'article 12 du Code criminel.
"Nul ne doit être déclaré coupable d'une infraction
à l'égard d'un acte ou d'une omission de sa part lorsqu'il est
âgé de moins de douze ans."
Vous me corrigerez si je me trompe. Est-ce que je dois comprendre que,
dans la situation actuelle, sans égard au projet de loi - de toute
façon, le projet de loi ne change rien à la situation actuelle -
au moment où on se parle, un enfant de treize ans peut être
poursuivi en vertu du Code criminel et ne peut pas être poursuivi en
vertu d'une disposition pénale?
M. Marx: C'est ça.
M. Filion: C'est cela. Il me semble qu'effectivement, il y a eu
le procès, quelque part, dans les provinces anglaises d'un enfant
âgé de treize ans pour cause de meurtre. C'était il y a une
couple d'années. Cela ne fait pas tellement longtemps.
M. Marx: C'est possible.
M. Filion: Le ministre est sûrement conscient de la
distinction qui fait qu'un enfant de treize ans pourrait être poursuivi
pour vol...
M. Marx: Mais pas pour facultés affaiblies.
M. Filion: ...en vertu du Code criminel, en Cour des sessions de
la paix de Montréal - à moins que vous ne me disiez le contraire
- et que ce même enfant ne pourrait pas être poursuivi en vertu
d'une disposition pénale québécoise. Si oui, pourrait-il
m'exptiquer les raisons qui motivent ce double standard ou cette double
disposition, selon qu'il s'agisse d'une Infraction pénale ou d'une
infraction criminelle?
M. Marx: Mes prédécesseurs, M. Bédard et M.
Johnson, ont tenu à garder l'âge de 14 ans. Comme je suis un bon
élève, j'ai pensé garder celui-là aussi. Je ne
pense pas qu'il y ait de bonnes raisons pour réduire l'âge
à moins de quatorze ans.
L'article 2.1 du texte actuel - et on y prévoit quatorze ans - a
été adopté en 1985, seulement. Donc... 1984, 1985.
J'étais critique, je sais que la loi a été adoptée
à l'unanimité et j'imagine que j'ai voté pour cela
aussi.
M. Filion: Avant cela, c'était douze ans?
M. Marx: C'était déjudlciarisé, avant.
C'était la Loi sur la protection de la jeunesse.
M. Filion: Je parle seulement des principes. Je ne parle pas des
pratiques, mais des principes en cause. Selon l'article que je vous ai lu du
Code criminel, à douze ans, dans mon temps, on pouvait être
poursuivi.
M. Marx: Je ne peux pas vous dire ce que c'était
avant.
M. Filion: La clé de cela était évidemment
l'intention criminelle, c'est-à-dire la capacité de former une
intention criminelle, le "mens rea".
Bref, le ministre nous dit que, âgé de moins de quatorze
ans, on ne peut être poursuivi et que c'est comme cela depuis
1984-1985.
M. Marx: On a inséré l'article 2.1 dans ta Loi sur
les poursuites sommaires, en 1984. Je lis l'article 2.1: "Une personne physique
de moins de quatorze ans qui contrevient à une loi ou à un
règlement du Québec ne peut être poursuivie pour cette
infraction". On a gardé cela tel quel.
M. Filion: Avant cela, II n'y avait rien. C'est cela?
M. Marx: II n'y avait rien dans la Loi sur les poursuites
sommaires, avant.
M. Filion: Je me demande ce que cela change. On est en train de
regarder quel est l'âge minimum pour être poursuivi. Cela ne vous
intéresse pas?
Mme Bleau: Je vous ai dit bravo tout à l'heure, j'ai dit
bravo au ministre pour quatorze ans. Mais, même si cela avait
été douze ans en 1930, cela ne changerait rien au
règlement d'aujourd'hui, c'est ce que je veux dire. (17 h 30)
M. Filion: C'est-à-dire que ce que le ministre a
laissé sous-entendre, madame, lorsqu'il a fait appel à ses
gourous occasionnels que sont ses prédécesseurs, parce qu'il a
laissé entendre que ses gourous occasionnels, à savoir, l'ancien
député d'Anjou et l'ancien député de Chicoutimi,
avaient mis cela dans la loi en 1984-1985, qu'il était d'accord et que
cela a été voté à l'unanimité.
Moi, ce que je voudrais savoir - l'article 2.1 a pu être
modifié - c'est ce qui existait avant. Est-ce possible que l'article 2.1
ait été modifié pour autre chose que pour changer
l'âge? Vous saisissez?
Je voudrais savoir s'il y avait un âge, avant cela, parce
qu'à ce moment-là, le ministre de la Justice ne pourra pas me
dire: ce sont mes gourous qui ont fait cela, donc, moi, je continue dans la
même veine. Là, on va pouvoir avoir une discussion sur l'âge
minimum pour être poursuivi?
Si l'on peut poursuivre quelqu'un pour vol à 13 ans, pourquoi ne
pourrait-on pas poursuivre quelqu'un pour quelque chose de moins grave à
13 ans? C'est une question de cohérence dans nos lois. Il y a quand
même une incohérence - ce n'est pas grave - entre le Code criminel
et les dispositions pénales. Ce n'est pas grave cela. Je ne veux pas
faire de débat au mérite. Si c'est une décision
récente du Parlement québécois, tant mieux. Mais, mol,
j'ai comme l'impression que c'était comme cela avant. C'était 12
ou 14 ans. Je ne sais pas si l'on peut m'inforrner, mais... Semble-t-il...
M. Marx: Avant...
M. Filion: Avant 1984-1985...
M. Marx: Avant 1984-1985, il n'y avait pas de dispositions dans
la Loi sur les poursuites sommaires. Il ne faut pas oublier que l'âge du
mariage est 12 ans pour une femme et 14 ans pour un homme.
M. Filion: Cela veut dire que, dans les circonstances actuelles,
une femme de 13 ans peut se marier. Elle ne peut pas voter, par exemple...
M. Marx: C'est cela, 12 ans.
M. Filion: ...et elle ne peut pas être poursuivie non plus
pour une infraction pénale.
Mme Bleau: Savez-vous la différence, M. le
député, entre la femme et l'homme? Il faut que vous vous mariiez
plus vieux, vous-autres, parce que vous n'êtes pas assez matures à
13 ans. Une femme l'est.
M. Filion: Moi, je dois vous avouer, Madame, qu'à 13 ans,
je n'étais sûrement pas assez mature pour me marier.
M. Kehoe: Mais quel âge as-tu, aujour-d'hui?Es-tu plus
prêt?
Le Président (M. Hamel): S'il vous plaît!
M. Kehoe: C'est sa fête, aujourd'hui, M. le
Président.
Mme Bleau: C'est pour cela qu'il disait...
M. Filion: C'est pour cela qu'il me paie la traite.
Mme Bleau: ...que la date était importante.
Le Président (M. Hamel): S'il vous plaît, à
l'ordre! Si l'on veut terminer. M. le député de Taillon.
M. Filion: Ce ne sera pas long, M. le Président.
Adopté.
Le Président (M. Hamel): Adopté. J'appelle
l'article 6.
M. Marx: Cet article constitue une règle
d'interprétation exprimant le principe voulant que la procédure
applicable à une infraction soit celle prévue au moment de la
commission de cette infraction.
M. Filion: L'article actuel?
M. Marx: C'est l'article 1.1.: "Les dispositions de la
présente loi relatives aux personnes âgées de moins de 18
ans s'appliquent à toute personne qui commet une infraction avant
d'avoir atteint cet âge, pour la poursuite de cette infraction."
Mme Bleau: Est-ce que je peux poser une question, M. le ministre?
Est-ce que cela veut dire que, si un enfant âgé de 18 ans moins un
mois, commet une infraction - il a sa fête dans un mois et demi, par
exemple - il ne pourra pas être poursuivi parce que cela a
été commis à 17
ans et 11 mois?
M. Marx: Il va être poursuivi, mais ce sont les
dispositions pour l'enfant de 14 à 18 ans qui s'appliqueront.
M. Filion: Cela veut dire essentiellement, de la façon
dont on comprend cela...
M. Marx: Voulez-vous des exemples? Je peux vous donner un
exemple.
M. Filion: ...que, finalement, c'est l'âge lors de la
commission présumée de l'infraction qui compte.
M. Marx: Oui.
M. Filion: C'est ce qui exfstait avant, sauf que la formulation
était un peu moins sophistiquée.
M. Marx: C'est cela. M. Filion: Bien. Adopté.
Le Président (M. Hamel): L'article 6 est adopté.
J'appelle l'article 7.
M. Marx: Cet article prévoit qu'une personne
âgée de moins de 18 ans et qui doit être détenue le
sera dans un centre d'accueil. Elle ne peut pas être
hébergée dans une prison.
M. Filion: Est-ce qu'il y a des commentaires?
M. Marx: Bien, c'est conformément à l'article 6.
C'est cela la pratique actuelle et la loi actuelle.
M. Filion: Quand on dit dans l'article 7...
M. Marx: La personne âgée de moins de 18 ans ne peut
pas être gardée dans un centre de détention pour adultes.
C'est ce que cela veut dire.
M. Filion: C'est curieux parce qu'à l'article 6 qu'on
vient Juste d'étudier, on dit: "Les dispositions particulières
aux personnes âgées de moins de 18 ans visent également les
personnes qui ont 18 ans ou plus pour les infractions qu'elles ont commises
avant d'avoir atteint 18 ans."
Supposons que - c'est le cas donné par une collègue, Mme
la député de Groulx - l'infraction a été commise
à 17 ans et 6 mois, mais, qu'on ne retrace l'auteur de l'infraction que
quand it a atteint 18 ans et six mois. Il est trouvé coupable. Est-ce
que, comme avocat, je ne pourrais pas invoquer l'article 6, exiger que
l'article 7 s'applique et donc, que mon client soit détenu au centre
d'accueil, même s'il est âgé de 18 ans?
L'article 6 vient, en effet, de dire que tout ce qui est relatif aux
personnes âgées de 18 ans s'applique pour les personnes
âgées de plus de 18 ans qui ont commis une infraction avant
d'avoir 18 ans.
M. Marx: C'est exactement ce qui se passe maintenant.
M. Filion: Donc, la personne qui a 18 ans, 19 ans, 20 ans, qui
est trouvée coupable pour ce qu'elle a fait avant, s'en va dans un
centre d'accueil?
M. Marx: C'est la situation actuelle, mais comme on...
M. Filion: Ce n'est pas le sens de la disposition.
Une voix: Mais en concordance avec la disposition.
M. Filion: Le sens de la disposition, est-ce que c'est vraiment
d'envoyer dans un centre d'accueil pour les jeunes délinquants ceux qui
ont 19 ans ou 20 ans, mais qui ont été trouvés coupables
d'infractions commises alors qu'ils étaient âgés de moins
de 18 ans?
La personne irait, alors, dans un centre d'accueil, c'est ce que vous
nous dites?
M. Marx: C'est la pratique actuelle.
M. Filion: La pratique actuelle, c'est que la personne de 19 ans
qui aurait commis un meurtre à 17 ans et six mois irait dans un centre
d'accueil.
M. Marx: Non, c'est un meurtre. Cela ne relève pas du Code
de procédure pour...
M. Filion: C'est un meurtre. Vous avez raison, mais, pour une
série d'infractions pénales.
M. Marx: Une infraction de stationnement.
M. Filion: Non, mais écoutez, il y a plus que cela dans
le Code de procédure pénale. Vous parlez du stationnement, il y a
plus que cela dans votre... On vient de parler du...
M. Marx: Délit de fuite en vertu du Code de la
sécurité routière.
M. Filion: Délit de fuite en vertu du code de la route
ou... il y a beaucoup de choses aussi. Mais, c'est ce qui existe
maintenant?
M. Marx: Oui, c'est exactement ce qui existe maintenant. On a
vérifié. C'est conforme à la loi actuelle et aux pratiques
actuelles. Je me demande, même, s'il y a un jeune qui est dans un centre
d'accueil pour cette raison. Vous
comprenez qu'il lui faut avoir commis l'infraction avant 18 ans, avoir
été arrêté après 18 ans, n'avoir pas
payé son amende, ne pas vouloir faire des travaux compensatoires etc.
C'est tout comme s'il cherchait à se retrouver dans un centre
d'accueil.
M. Filion: J'ai dit au ministre ce que je pensais de l'argument.
Cela s'appliquera juste dans quelques cas. J'ai déjà dit
que...
M. Marx: Cela ne fait pas mal.
M. Filion: ...le nombre d'injustices qui découlera du Code
de procédure pénale n'est pas un critère, pour moi. S'il
n'y en a qu'une, je trouve cela important et je veux l'examiner avec autant de
sérieux que s'il y en avait 50 ou 75.
M. Marx: On va réduire la prescription à un an dans
la loi.
M. Filion: Vous oubliez la durée de la poursuite
là-dedans. Il y a un an de prescription pour poursuivre. Supposons que
l'infraction est commise à 17 ans et six mois, le procès
commence, il a 18 ans et 6 mois et il est trouvé coupable quand il a 20
ans... On peut même supposer le cas théorique, je l'admets
là, où, par exemple, l'enfant a 17 ans et six mois, la poursuite
commence, il a 18 ans pile, mais, à la suite d'une série de
procédures judiciaires, cela se termine, j'exagère vous allez me
dire, c'est vrai...
M. Marx: D'accord, mais le juge...
M. Filion: ...se termine quand il a 22 ans parce qu'il a
décidé d'aller jusqu'à la Cour d'appel.
M. Marx: Le juge ordonne la détention. Avez-vous lu le
reste de la loi quand...
M. Filion: Oui, oui, bien sûr.
M. Marx: Est-ce qu'on peut fumer ici, oui?
M. Filion: De consentement, on peut tout faire. Quand il n'y a
pas de consentement, on ne fume pas. Vous êtes un adulte consentant.
M. Marx: Je vois une personne au fond du salon qui..
M. Filion: Bien, j'en vois. D'ailleurs, ça se bouscule
à l'arrière. Bon, alors, bref, vous me dites...
M. Marx: C'est la loi actuelle. M. Filion: C'est la loi
actuelle. M. Marx: Et ça ne cause pas de problème.
Adopté?
On ne fait pas des thèses de maîtrise ici, ou des
thèses de doctorat, M. le Président.
M. Filion: Non, on fait juste décider comment les gens
vont être traités quand ils vont être condamnés.
M. Marx: On a des problèmes de vrai monde, ici.
M. Filion: C'est un détail, quoi! C'est un détail
pour le ministre de la Justice.
Une voix: Ce n'est pas le vrai monde? M. Marx: Des
problèmes de vrai monde.
M. Filion: Ce n'est pas le problème de vrai monde
ça?
M. Marx: Ici? Oui.
M. Boulerice: C'est vrai qu'on nous a dit qu'il y avait deux
types de justice, celle des pauvres et celle des riches.
M. Filion: Bien oui c'est ça que je dis.
Le Président (M. Bélisle): À l'ordre, s'il
vous plaît! Si vous voulez revenir à l'article 7. Est-ce que
l'article 7 est adopté?
M. Marx: D'accord. Merci. Adopté, M. le
Président.
M. Filion: Pensez-vous que ça va aller plus vite parce que
vous allez répéter trois fois? Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Bélisle): Adopté. Article 7
adopté. Article 8?
M. Marx: Cet article indique quelle est la procédure
d'outrage au tribunal lorsqu'un outrage est prononcé en application du
code. Cet article n'est pas attributif d'un pouvoir d'outrage au tribunal mais
ne vise que la procédure applicable.
M. Filion: Bref, en ce qui concerne l'article 8, le ministre
n'est pas sans savoir que nous avons reçu de plusieurs groupes des
opinions tout à fait défavorables à cet
article-là.
La procédure d'outrage au tribunal est elle-même une
procédure - comme on l'a mentionné tantôt - qui a ceci de
particulier: elle n'est pas créée par loi ou règlement,
c'est-à-dire que ce n'est pas une infraction qui est
générée ou créée par une loi ou un
règlement. C'est une procédure qui est Issue du "common law". Je
vais vous lire, M. le Président, le mémoire du Barreau,
présenté en février 1987, sur l'avant-projet de loi.
M. Marx: Non, on a déjà lu ça, M. le
Président...
M. Filion: Non, non, non.
M. Marx: ...mais je peux vous dire...
M. Filion: Écoutez, le mémoire est si peu
épais... Ça vaut peut-être la peine. Inquiétez-vous
pas, ça... Le mémoire du Barreau a 22 pages, en tout. Je parle
juste de l'outrage au tribunal.
L'article 14 de l'avant-projet de loi disait: "La procédure
relative à l'outrage au tribunal prescrite dans le Code de
procédure civile s'applique, compte tenu des adaptations
nécessaires, à la poursuite d'un outrage au tribunal
prononcé en application du présent code..." Excusez! "...compte
tenu des adaptations nécessaires, s'applique à la sanction d'un
outrage commis lors d'une poursuite pénale." C'est l'avant-projet de
loi.
Première question. Est-ce qu'il y a une différence sur la
substance entre l'article 8 du projet de loi et l'article 14 de l'avant-projet?
Moi, je n'en vois pas. Est-ce qu'il y en a une ou est-ce uniquement une
question de rédaction?
M. Marx: Non, il n'y en a pas.
M. Filion: Bon, donc...
M. Marx: II n'y a pas de différence.
M. Filion: Donc il n'y a pas de nuance, au fond, entre l'article
14 de l'ayant-projet de loi et l'article 8 du projet de loi 75 concernant
l'outrage au tribunal.
M. Marx: C'est ça.
M. Filion: Voici ce que le Barreau écrivait à la
page 7 de son mémoire. Voici ce que le Barreau du Québec
écrivait relativement à cette procédure d'outrage au
tribunal. C'est tout à fait d'actualité étant
donné, comme vient de nous le dire le ministre, que c'est la même
chose dans l'avant-projet de loi et dans le projet de loi.
Dans le cadre de ce premier principe, le Barreau faisait
référence évidemment au droit à une décision
impartiale. Et le droit à une décision impartiale - Je l'explique
brièvement - ça veut tout simplement dire de s'assurer que la
personne qui rend jugement ne soit pas également partie à la
cause. C'est un des principes fondamentaux: ne pas être juge et partie.
(17 h 45)
II y a d'autres principes qui sont également contenus dans le
droit de l'inculpé à une décision impartiale. Dans le
cadre de ce principe, il y a d'autres conséquences. Dans le cadre de ce
premier principe, nous voulons réitérer la
nécessité de l'indépendance du juge qui entend la
procédure d'outrage au tribunal.
L'article 14 de l'avant-projet de loi, l'actuel article 8 avec ses
modifications rédactionnelles, prévoit que la procédure
relative... On l'a lu tantôt. Ainsi, nous dit le Barreau: "l'article 52
du Code de procédure civile s'appliquera. Cet article
édicté que: "celui qui se rend coupable d'outrage au tribunal en
présence du juge dans l'exercice de ses fonctions peut être
condamné sur-le-champ, pourvu qu'il ait été appelé
à se justifier" "Comme semble - c'est toujours le Barreau - vouloir
l'établir la tendance actuelle, le comité recommande que tous les
cas d'outrage au tribunal soient présentés devant un tribunal
indépendant. L'incarcération - article 51 du Code de
procédure civile - imposée à la suite d'une
procédure sommaire où la même personne agit à la
fois comme accusateur, témoin et juge est Inadmissible. Cette
procédure est désuète et devrait être
remplacée par une procédure accu-satoire où le juge
outragé peut accuser, mais le bien-fondé de cette accusation doit
être décidé par un autre juge."
Le mémoire du Barreau continue. "Nous désirons rappeler
l'article 11d de la Charte canadienne des droits et libertés qui
prévoit le droit d'être jugé par un tribunal
indépendant et impartial. L'article 23 de la Charte
québécoise prévoit également que: Toute personne a
droit, en pleine égalité, à une audition publique et
impartiale de sa cause par un tribunal indépendant et qui ne soit pas
préjugé, qu'il s'agisse de la détermination de ses droits
et obligations ou du bien-fondé de toute accusation portée contre
elle."
Ici, on pourrait souligner "tribunal". On pourrait souligner dans
l'article 23 de notre charte "tribunal indépendant et qui ne soit pas
préjugé". "D'une façon parallèle, nous recommandons
qu'un mécanisme de maintien de l'ordre soit établi et qu'il
diffère de l'outrage au tribunal. D'une façon accessoire, le
comité s'interroge si les rédacteurs de l'avant-projet de loi
sont conscients que l'article 14 lu en relation avec l'article 65 de
l'avant-projet, qui est devenu l'article...
C'est une section qui a été abolie. Donc, cette
partie-là des commentaires du Barreau... Mais, quand même, cela
vaut peut-être la peine de les relire juste pour être bien
sûr qu'il n'y a pas de conséquence. "D'une façon
accessoire, le comité s'interroge si les rédacteurs de
l'avant-projet de loi sont conscients que l'article 14, lu en relation avec
l'article 65 - je me demande si ce n'est pas l'article 3 qui pourrait
être de l'actuel projet de loi - permettra à un juge de paix de
prononcer un outrage au tribunal. En effet, compte tenu des pouvoirs
confiés à un juge au sens du texte de la loi, un juge de paix
sera autorisé à prononcer un outrage au tribunal."
Avant d'aller plus loin, je voudrais savoir du ministre si la
conjonction de l'article 8 avec l'article 3, ou l'ancien 65 fait en sorte... Je
pense qu'il m'a répondu tantôt que non. Mais
j'aimerais qu'il nous confirme qu'un juge de paix ne pourrait avoir ce
pouvoir.
M. Marx: On ne donne pas ce pouvoir aux juges de paix. Je t'ai
déjà expliqué. Le député de Taillon a bien
voulu nous lire quelques paragraphes du mémoire. Cela me fait plaisir de
l'entendre une autre fois. Mais le Barreau est déjà venu, ici,
pour nous tes lire et on en a pris bonne note. Nous n'avons pas l'intention...
Est-ce que le député est encore ici?
Le Président {M. Bélisle): M. le ministre.
M. Marx: D'accord, le député est revenu.
Ce que te député soulève, c'est vrai. Il a lu
quelques paragraphes du mémoire du Barreau, que le Barreau a lu, il y a
quelques mois, en mars ici. Tout ce que je peux dire c'est qu'à
l'article 8, on fait référence au Code de procédure civile
où se trouve toute cette procédure en matière d'outrage.
Nous ne sommes pas prêts aujourd'hui à refaire le Code de
procédure civile, mats je peux assurer le député que cela
m'intéresse beaucoup. Comme le Code civil sera finalement adopté
en 1989, quatre ans après mon accession au ministère, ce sera
bientôt le temps d'établir un groupe de travail, un comité
ou une commission pour réviser le Code de procédure civile.
Le code que nous avons maintenant a été adopté en
1965; cela fait déjà presque 25 ans. Ce sera nécessaire,
donc, de le reprendre. J'ai l'intention, si je reste encore en poste, de mener
à bien ce travail. On n'est pas prêt maintenant pour faire cette
réforme d'une façon parcellaire à l'intérieur d'une
autre loi. Vous comprenez que toute la procédure se trouve dans le Code
de procédure civile. On ne fonctionne pas ici par papillons quand il
s'agit de lois importantes.
M. Filion: M. le Président, il y a un problème
grave de compréhension. Je parle de l'article 23 de la Charte
québécoise des droits et liberté, puis le ministre me
parle de son échéancier personnel de réalisation de ses
réformes. Là, on a un problème.
L'article 23 de la Charte québécoise des droits et
liberté, on l'a adopté. Ce Parlement-là l'a adopté
à l'unanimité et non pas en fonction de l'agenda du
député de D'Arcy-McGee, un agenda que je respecterai toute la
semaine et avec lequel je vais devoir vivre d'ailleurs, mais bref, l'article 23
dit...
M. Marx: ...durant tout votre passage à l'Assemblée
nationale.
M. Filion: ...que: Toute personne a le droit, en pleine
égalité, à une audition publique et impartiale à sa
cause par un tribunal indépendant et qui ne soit pas
préjugé,". L'exemple de l'outrage au tribunal... Je ne parle pas
du Code de procédure civile, on ne l'a pas. On est en train, dans le
Code de procédure pénale de reprendre la procédure de
l'outrage au tribunal. On est sur le fond du dossier, non pas dans des
questions de calendrier.
Ce que je dis au ministre de la Justice, c'est clair, c'est simple et
j'aimerais avoir une réponse claire et simple. On a une Charte
québécoise des droits et libertés et il y a une Charte
canadienne des droits et libertés qui dit la même chose,
d'ailleurs. Cela en fait deux. Je comprends que le ministre est peut-être
plus sensible à la charte canadienne qu'à la charte
québécoise, mais en tout cas. Mettons qu'il est sensible aux deux
chartes.
Ce que je demande au ministre de la Justice c'est de me donner une
raison pour laquelle, tors d'une audition pour outrage au tribunal, le juge est
à la fois juge et partie: - il s'est senti outragé, il accuse, iI
juge. C'est beaucoup. Dans notre |argon, on dira qu'il est juge et partie.
C'est la procédure qui existe et que le ministre nous confirme à
l'article 8 du projet de loi qu'on est en train d'étudier.
D'autre part, il y a la charte canadienne et la Charte
québécoise des droits et libertés qui disent: Non,
écoutez, tout le monde doit respecter les Chartes de droits et
libertés d'abord. Ce sont des lois qui ont préséance. Ce
sont des textes de première importance, qui sont clairs et qui disent:
On ne peut pas; cela prend une décision impartiale devant une instance
qui ne soit pas préjugée.
Comment voulez-vous qu'un Juge qui vient d'être outragé,
qui décide d'accuser une personne puisse être Impartial et puisse
ne pas avoir de préjugés?
J'en suis sur le fond des choses, M. le ministre, je ne suis pas dans
des bebelles, je suis sur le fond du dossier. Je suis convaincu à part
cela, qu'en votre âme et conscience, vous savez qu'on a
entièrement raison sur ce point-là. Cela n'a pas de sens. Vous me
dites: Écoutez, on va adopter le Code civil, ensuite, on va regarder le
Code de procédure civile. On va regarder tout cela. La charte
québécoise des droits et libertés ne dit pas: Les
principes qui sont contenus dans la présente charte seront
appliqués selon les agendas des hommes politiques qui devront assumer,
en vertu de notre démocratie, certains rôles dont celui de
ministre de la Justice.
Notre charte des droits et libertés, une commission est
chargée par l'Assemblée nationale d'aller en vendre le contenu
pour que tous les citoyens du Québec vivent en fonction de cette charte.
Ce n'est pas un souhait, la charte québécoise des droits et
libertés. Ce n'est pas seulement une espèce d'éructation
politique, pour employer une expression qui a été populaire, il y
a quelques mois. Ce sont des principes considérés comme majeurs,
presque sacrés ou que l'on voudrait sacrés, que l'on voudrait
voir respectés par tout le monde et le ministre de la Justice, alors que
je lui cite l'exemple de l'article 23 de la charte qui ne recevrait pas
application dans son Code de procédure pénale...
Je ne parle pas du Code civil; on ne t'a pas devant nous, M. le
ministre. Je parie de ce que vous nous déposez à
l'Assemblée nationale, de l'autre côté.
Vous n'avez quand même pas 28 chapeaux. Je comprends que vous ayez
bien des fonctions de ce temps-ci, mais il n'y a pas huit ministres de la
Justice: un chargé de l'application de la charte, un responsable de la
Commission des droits de la personne et l'autre qui présente un projet
de loi et qui dit: Écoutez, c'est un autre mol. C'est toujours juste
vous. Vous êtes ministre de la Justice et, en plus de cela, dites-moi le
contraire, je suis convaincu qu'en votre âme et conscience, vous savez
qu'on a raison. J'en suis convaincu. Vous savez que cette procédure n'a
pas d'allure. Nous avons l'occasion de modifier les choses. Pour le moins, n'en
parlons pas ou modifions cet état de choses, mais nous ne pouvons pas
dire qu'on va attendre un an, M. le ministre, parce qu'il y a des gens qui
pourraient être condamnés en vertu de cet article, dès
qu'il sera en application. Il y a des gens qui pourraient être
condamnés en vertu du nouveau Code de procédure pénale,
dès qu'il sera adopté, dès qu'il entrera en vigueur.
Qu'est-ce qu'on va dire à la personne condamnée si elle rebondit?
Va-t-on lui dire: Allez voir le ministre de la Justice qui va vous expliquer
que son alter ego, c'est-à-dire une autre partie de lui-même, ne
voulait pas, alors qu'en son âme et conscience il était convaincu
du contraire. Je suis persuadé.
D'abord, le mémoire du Barreau a été repris par le
mémoire de la Commission des services juridiques. Voulez-vous, en
terminant - II reste une minute - la Commission des services juridiques, je
sais que vous l'avez entendu, je vais vous le rappeler: À l'heure
où de nombreuses personnes - je cite pour le Journal des débats -
page 4...
M. Marx: C'est dans le Journal des débats.
M. Filion: Page 4.
M. Marx: Non, c'est déjà dans le Journal des
débats, pourquoi le mettre deux fois?
M. Filion: Oui, mais je vous le cite dans le cadre de
l'argumentation du...
M. Marx: Pourquoi parler pour ne rien dire? M. Filion: Je
suis convaincu que...
M. Marx: C'est déjà dans le Journal des
débats.
M. Filion: ...l'argumentation que je vous présente a le
droit à son audition impartiale aussi.
M. Marx: Deux fois?
M. Filion: Page 4 du mémoire de la Commission des services
juridiques: "À l'heure où de nombreuses personnes s'offusquent de
la procédure désuète en matière d'outrage au
tribunal, il est surprenant que le législateur québécois
ne veuille rien changer à ce titre. Au niveau fédéral, il
est intéressant de constater que le projet de toi C-19,
présenté en première lecture le 7 février 1984,
prévoyait une réforme majeure à ce sujet."
Il cite l'article 23 et il élabore pour revenir sur ces
arguments, un peu plus loin: "Nous sommes donc d'avis que le législateur
provincial devrait profiter de l'occasion pour élaborer de nouvelles
règles à ce sujet afin de répondre aux besoins de la
justice contemporaine". Lire: justice rendue en vertu de la charte des droits
et libertés. La personne citée pour outrage au tribunal devrait
avoir droit à un procès devant un tribunal indépendant,
c'est-à-dire devant un juge autre que celui devant lequel l'outrage est
censé avoir été commis.
J'ouvre une parenthèse d'ailleurs, avant que vous ne me couplez
la parole, M. le Président. J'ouvre une parenthèse. Je suis
convaincu que les juges seraient les plus heureux du monde d'ailleurs. Il y en
a peut-être qui vont nous lire. Je suis convaincu que les juges seraient
les plus heureux, les premiers, s'il y avait des modifications à la
procédure d'outrage au tribunal. Cela ne fait l'affaire de personne
d'être à la fois juge et partie, surtout quand on est juge
soi-même. Mais...
Le Président (M. Hamel): Sur ces réflexions...
M. Filion: Je terminerai à 20 heures, M. le
Président.
Le Président (M. Hamel): ...M. le député, il
est 18 heures et je suspends nos délibérations jusqu'à 20
heures. Merci.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 4)
Le Président (M. Hamel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Richelieu remplace M. le
député Kehoe de Chapleau,
Sur le consentement. M. le député de Taillon.
Êtes-vous d'accord, M. le député de Taillon?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Hamel): Consentement. Je déclare
la séance ouverte.
Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de loi
75, Code de procédure pénale. Nous en étions à
l'article 8.
M. Marx: Je pense que le député n'a pas
terminé d'expliquer sa thèse sur l'outrage.
M. Filion: Peut-être que le ministre veut réagir
et..
M. Marx: C'est très simple, M. le Président. M.
Filion: Bon.
Mme Bleau: M. le ministre, si vous avez des raisons - je suis
certaine que vous en avez - pour ne pas accepter les propositions, est-ce qu'on
pourrait les connaître un peu pour vraiment juger?
M. Marx: Oui. Ah oui, pas de problèmes.
À l'article 8, le député a parlé, il a lu
une autre fols le mémoire du Barreau qu'il semble avoir appris par coeur
sur l'outrage au tribunal.
Il a dit, par exemple, que l'outrage au tribunal va à rencontre
de l'article 23 de la charte québécoise.
M. Filion: Ce n'est pas l'outrage au tribunal qui va à
l'encontre...
M. Marx: C'est la procédure. M. Filion: ...c'est la
procédure.
M. Marx: L'article 23 est en vigueur depuis des années et
si cela avait été aussi évident, une personne l'aurait su
la veille et aurait gagné sa cause. Jusqu'à ce jour, je ne
connais pas de cause devant les tribunaux supérieurs où on a
gagné en vertu de l'article 23 concernant l'outrage au tribunal.
M. Filion: Et puis...?
M. Marx: Mais ça veut dire que l'article 23 est en vigueur
depuis des années. Est-ce que le député de Taillon peut
nous citer de la jurisprudence des tribunaux supérieurs où iI y a
des causes...
M. Filion: Oui, ça tombe bien. Vous me posez la question
juste à ce moment-là.
M. Marx: C'est ça. Oui.
M. Filion: Dans la procédure d'outrage au tribunal, comme
je le mentionnais tantôt...
M. Marx: C'est le code ici. Vous comprenez... Je pense que le
député...
M. Filion: Oui, il y fait référence.
M. Marx: ...devra comprendre que la procédure en
matière d'outrage ne se trouve pas dans cette loi...
M. Filion: Oui, mais ce qu'il faut comprendre...
M. Marx: C'est dans une loi que j'ai dit que nous allions
étudier et modifier un jour rapproché.
M. Filion: Oui, mais iI faut comprendre que ce qu'on adopte
maintenant, c'est le Code de procédure pénale qui, lui,
crée, par le biais de l'article 8, une procédure d'outrage au
tribunal, qui sera similaire...
M. Marx: Cela existe déjà dans la loi actuelle.
M. Filion: Oui, mais pas dans un code. M. Marx: Dans les
poursuites sommaires.
M. Filion: Je comprends, mais le Code de procédure
pénale n'existait pas avant. On crée le code et on crée...
Je comprends que cela existait avant, on s'entend là-dessus, M. le
ministre.
M. Marx: Cela existe...
M. Filion: Cela existe dans la Loi sur les poursuites sommaires,
via la Loi sur les poursuites sommaires.
M. Marx: La référence existe dans la Loi sur les
poursuites sommaires qui fait référence au Code de
procédure civile.
M. Filion: D'abord, il faut comprendre ceci. Vous avez entendu la
réponse du ministre. Premièrement, il dit: Vous savez, cela
existe depuis longtemps et cela n'a pas été fait avant.
Deuxièmement, II nous dit: Écoutez, la procédure d'outrage
au tribunal, c'est vrai qu'on la retient dans le Code de procédure
pénale. Par contre, elle existe dans le Code de procédure civile
et, ici, on fait une référence au Code de procédure
civile. Donc, il conclut de ces deux arguments: Je ne veux pas modifier ta
procédure d'outrage au tribunal. Il n'y a rien dans ses arguments qui
modifie la portée de ce que je disais, un peu plus tôt.
Mais, puisqu'il me pose une question, je vais y répondre par le
bouquin, la Charte canadienne des droits et libertés, concepts et
impacts, éditions Thémis, Faculté de droit,
Université de Montréal. C'est un ouvrage - je ne voudrais pas
passer par-dessus les droits d'auteur - qui a été
réalisé avec ta collaboration de plusieurs organismes. À
la page 205, on fait allusion au problème du juge accusateur puisque
c'est ce dont on parle: "Le problème de la récusation du juge
accusateur - et je cite - se pose avec plus ou moins d'acuité suivant
les cas d'espèces Lorsque l'inculpation d'outrage au
tribunal ne laisse soupçonner aucun contentieux entre le juge
accusateur et la personne accusée, la question de récusation ne
se pose guère". II n'y pas de relation entre les deux. (20 h 15)
M. Marx: Est-ce que le député lit de la
jurisprudence ou des...
M. Filion: J'en arrive à la jurisprudence. Je vais vous
parler de la cause, de l'affaire Bernheim, je ne sais pas comment le prononcer
L'arrêt R C Aster 1977, 32 Canadian Criminal cases, deuxième
édition, Cour d'appel, Québec, page 157, illustre cette
proposition. En l'espèce, un avocat a fait défaut d'être
présent au début d'un procès devant jury. Après
avoir ajourné la cause, le juge présidant en Cour d'assise cita
le procureur pour outrage au tribunal. Après avoir lui-même
entendu la cause, le juge Huggesen, qui était juge en chef adjoint
à cette époque-là, condamna l'avocat fautif. Cela ne pose
pas de problème, ce n'est pas la même circonstance Cependant, dans
le cas qui nous occupe, il convient de citer le juge Bergeron de la Cour
supérieure qui faisait le point dans l'affaire, comme je te disais,
Bernheim, dont la citation est la suivante 700-01-2337-825, Cour
supéneure. C'est le juge Bergeron qui s'exprime. "Je suis d'avis qu'en
pareille matière d'outrage ex facie il est sage et recommandable.
M. Marx: Ex facie, ce n'est pas le cas devant nous ici.
M. Filion: Oui, mais a fortiori.
M. Marx: Mais ce n'est pas le cas, ce n'est pas cela.
M. Filion: Ex facie, in facie.
M. Marx: La junsprudence que vous citez, ce n'est pas sur le
point.
M. Filion: Oui, mais, écoutez, a fortiori.
M. Marx: A fortiori, qui dit cela, le juge ou le
député?
M. Filion: Ex facie et in facie, c'est moi qui vous le dis.
M. Marx: Non, mais est-ce que c'est le député ou le
juge?
M. Filion: Non, mais, écoutez. M. Marx: C'est votre
interprétation.
M. Filion: Oui, mais, c'est cela, la procédure qui est
prévue à l'article 6, M. le ministre: "La procédure
relative à l'outrage au tribunal prévue dans le Code de
procédure civile s'applique, compte tenu des adaptations
nécessaires à la poursuite dun outrage au tribunal
prononcé en application du présent code". Est-ce que vous voyez
dans la création de la procédure relative à l'outrage au
tribunal à l'article 8?
M. Marx: Oui, mais vous lisez de la jurisprudence qui touche un
outrage ex facie, cela veut dire pas devant le tribunal.
M. Filion: A fortiori.
M. Marx: Pas nécessairement, c'est votre
interprétation.
M. Filion: Écoutez, le problème que |e
soulève c'est un problème de tribunal, de l'indépendance
du tribunal.
M. Marx: Ce n'était pas sous.
M. Filion: Ex facie ou in facie, s'il y a des remarques ex facie
qui s'appliquent.
M. Marx: Non, ce n'est pas la même chose.
M. Filion: S'il y a des remarques ex facie qui ont
été faites, cela s'applique d'autant plus in facie.
Écoutez, on va se comprendre sur cela. L'article 8 qui fait
référence à I'article du Code de procédure civile
dont j'oublie le numéro - l'article 68, je pense, 308.
Le Président (M. Hamel): Je vous ferai remarquer, M. le
député, que vos vingt minutes sont écoulées. Est-ce
qu'il y a consentement à ce que M. le député de Taillon
puisse continuer?
M. Marx: Ah, oui, oui, oui. On I'écoute avec beaucoup
d'intérêt.
Le Président (M. Hamel): Très bien. Continuons.
M. Filion: Écoutez, M. le ministre, in fade, ex facie, il
y a beaucoup de junsprudence, cest ce dont je me rends compte. Cela ne se
limite pas à une page, cela couvre quatre pages, de la page 204 à
la page 207. II y a beaucoup de jurisprudence qui dit essentiellement ce que je
vous dis, c'est-à-dire qu'on ne peut pas assurer l'indépendance
d'un tribunal ou d'un juge qui est l'accusateur et qui juge par la suite sur
l'accusation quil porte lui-même. Évidemment, parce que l'outrage
a été commis. Alors, que ce soit in fade. j'en vois in facte et
j'en vois ex facie.
M. Marx: Le député est en train de me dire, parce
quil fait des affirmations. Est-ce que le député est en train de
me dire que l'article 14 de la Loi sur les poursuites sommaires est
inconstitutionnelle ou inopérante ou invalide à cause de toute
cette jurisprudence?
M. Fllion: Je vous dis que c'est contraire à la charte,
c'est ce que j'ai dit.
M. Marx: Mais, donc, cet article... Est-ce que vous voulez dire
que l'article 14 de la Loi sur les poursuites sommaires est invalide ou
inconstitutionnel? {20 h 15)
M. Filion: Je vous dis que l'article 8 de votre Code de
procédure pénale...
M. Marx: C'est la même chose que l'article 14...
M. Filion: Non, non, on parte de l'article 8 du projet de loi 75
qui est, de toute évidence, contraire aux chartes. S'il y a une raison
pour laquelle il ne devrait pas être contraire aux chartes, j'aimerais
l'entendre. Si le ministre veut m'écouter... Je lui dis que les juges,
dans plusieurs cas, ont choisi de se récuser d'eux-mêmes,
notamment le juge Bergeron, dans l'arrêt que je vous ai
donné...
M. Marx: C'est la même chose.
M. Filion: ...le juge McKay dans l'affaire Ouellet, - on s'en
souviendra, c'est un homme politique - dans l'affaire Bengert, dans l'affaire
Marc Laurendeau. Tout ceci, dit le juge Bergeron, non pas parce que la justice
ne serait pas faite, mais en raison du principe bien ancré dans le droit
que justice doit paraître être faite". C'est au chapitre de
l'impartialité ou de la partialité. En plus, il y a toute la
question de l'indépendance. L'indépendance va au-delà de
la partialité ou de l'impartialité. C'est l'article nd de la
Charte canadienne des droits et libertés.
D'ailleurs je vous pose la question moi-même, bien simplement,
sans qu'on se déguise en Cour suprême. Comment un juge qui porte
une accusation peut-il être indépendant dans le processus qui
consiste à rendre jugement sur une accusation qu'il porte
lui-même?
Au-delà de la jurisprudence, on a une décision à
prendre. Vous pourriez me dire: Écoutez, la partialité, dans le
fond, c'est dans ta tête que cela existe et j'en serais. Il y a des juges
qui sont capables de faire une distinction entre le fait d'être
poursuivant et le fait d'être juge. On ne peut pas être
Indépendant, c'est sûr, parce qu'on a quand même un
intérêt qu'on ne peut pas écarter.
En ce sens-là, bien simplement, je demande au ministre pourquoi
il me disait tantôt: On va référer au Code de
procédure civile. Pourquoi le ministre n'écarterait-il pas cette
disposition du Code de procédure pénale?
M. Marx: Est-ce que le député a lu son Code de
procédure civile récemment...
M. Filion: Oui, oui, oui.
M. Marx:...pour faire la distinction? L'article 52 du Code de
procédure civile, c'est in facie: "Celui qui se rend coupable d'outrage
au tribunal en présence du juge dans l'exercice de ses fonctions peut
être condamné sur-le-champ pourvu qu'il ait été
appelé à se justifier". C'est in facie. Ex facie, c'est l'article
53: "Nul ne peut être condamné pour outrage au tribunal commis
hors la présence du juge, s'il n'a été assigné par
ordonnance spéciale lui enjoignant de comparaître devant le
tribunal, au jour et à l'heure Indiqués, pour entendre la preuve
des faits qui lui sont reprochés et faire valoir les moyens de
défense qu'il peut avoir. "Le juge peut émettre l'ordonnance
d'office ou sur demande. Cette demande n'a pas à être
signifiée et peut être présentée devant un juge du
district où l'outrage a été commis. "L'ordonnance doit
être signifiée à la personne, à moins que pour
raison valable le juge n'autorise un autre mode de signification."
Ce n'est pas nécessairement le même juge pour un outrage ex
facie et la jurisprudence que le député a citée s'applique
aux outrages ex facie.
M. Filion: Écoutez, lorsque l'outrage est commis ex facie,
c'est-à-dire en dehors de la présence du juge...
M. Marx: En dehors de la cour.
M. Filion: En dehors de la cour, mais en dehors de la
présence du juge, le juge est dans la cour..
M. Marx: A toutes les causes, oui.
M. Filion: Alors, dans un article dans un journal, dans une
déclaration etc..
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: ...les arguments qui... Premièrement,
l'instruction de l'outrage au tribunal peut avoir lieu devant le juge qui a
été, entre guillemets, la victime de l'outrage ou devant un autre
juge, d'accord?
M. Marx: Oui.
M. Filion: Lorsque l'outrage est commis in facie,
c'est-à-dire lorsque le juge est présent, à ce
moment-là, le juge entend l'instruction de l'outrage au tribunal.
M. Marx: S'il le décide sur-le-champ, par exemple, si
quelqu'un fume, qu'il lui demande à la personne d'arrêter de fumer
et la personne lui répond: Je m'en fous, M. le juge. Si, chaque fois, on
est pour avoir un procès à l'extérieur, quelque part, cela
arrêtera beaucoup de procès.
Je pense que le mot "outrage" est un grand mot et souvent ce n'est qu'un
petit événement.
Le député peut intervenir pendant deux, trois ou quinze
jours mais je peux lui dire tout de suite que nous ne sommes pas ici pour
réviser le Code de procédure civile et que nous ne sommes pas
prêts à le faire. On n'a pas fait d'études, ni de
consultations.
C'est quelque chose sur quoi il faudra se pencher peut-être, un
jour, mais pas ce soir. Nous ne sommes pas prêts à le faire.
M. Filion: Pourquoi?
M. Marx: Pour le moment, on garde le statu quo qu'on trouve dans
le Code de procédure civile et je ne peux pas faire plus aujourd'hui. Je
comprends le problème J'ai déjà dit, cet après-midi
que nous avons l'intention de mettre sur pied un groupe de travail ou un
comité pour réviser le Code de procédure civile, mais je
ne peux pas le faire ce soir et au bout de la table, sûrement pas. Nous
sommes très conscients des problèmes qui pourraient arriver et
que le Barreau a soulevés. On ne nous a pas cité la jurisprudence
ce soir en ce qui concerne I'outrage in facie - je m excuse pour mon latin.
M. Filion: Oui, mais l'article 8 traite des deux outrages.
M. Marx: Non.
M. Filion: L'article ne crée pas de distinction.
M. Marx: Non parce qu'il ne peut pas comprendre.
M. Filion: C'est toute la procédure du Code de
procédure civile, in facie ou ex facie.
M. Marx: À l'article 53, il n'y a pas de problème,
c'est un autre juge pour ex facie.
M. Filion: Est-ce que je me trompe? On va commencer par se
comprendre parce que je m'aperçois qu'on ne se comprend pas. L'article
53 ex facie, I'outrage peut être jugé quand même par le juge
qui a été, entre guillemets, la victime de I'outrage.
M. Marx: Oui, ce délit les deux.
M. Filion: Bon, on se comprend là-dessus. En adoptant
l'article 8 dans le Code de procédure pénale, on ratifie cette
partie de l'outrage au tribunal qui est l'outrage au tribunal commis ex facie
et qui permet au juge accusateur de juger de l'accusation qu' il a
lui-même portée.
M. Marx: Cela ne I'empêche pas mais si vous êtes
convaincu que la jurisprudence dit qu' il faut que ce sort un autre juge, il
n'y a pas de problème. L'article est modifié tel qu'
interprété par la jurisprudence.
M. Filion: Oui, si cela permet, M le ministre.
M. Marx: Pas si la jurisprudence.
M. Filion: ...que ce soit le juge accusateur qui instruise
I'outrage au tribunal, même ex facie - on arrivera à in facie,
après - à ce moment là, vous conviendrez avec moi qu'en
vertu des chartes, cela n a pas de sens.
M. Marx: Mais l'article 53 permet ou on peut dire cela
n'empêche pas, mais cela n'autorise pas .C' est ça.
M. Filion: Ça n'empêche pas, donc, cela permet. Si
cela permet, cela veut donc dire qu'à ce moment là, la situation
que je vous décris et qui serait contraire à la charte, est
possible. Soit dit en passant, il ny a pas seulement le Barreau il y a la
Commission des services juridiques qui dit exactement la même chose.
M. Marx: Adopté, M le Président?
M Filion: Ça, c'est la procédure ex facie. Pour la
procédure in facie le juge n'a pas le choix il doit procéder sur
le champ.
M Marx: Le gars qui ne veut pas arrêter de fumer.
M. Filion: Peu importe ce qu'il fait à la cour.
M Marx: Cela dépend de ce qu'il fait. Voulez vous que
j'énumère les actes que des gens ont déjà commis
devant le tribunal?
M. Filion: Vous semblez toujours rattacher cela à des
peccadilles? Connaissez vous la peine qui est prévue pour l'outrage au
tribunal? Saviez-vous que c'est une amende maximale de 5000 $ et un
emprisonnement d'au plus un an? Je comprends que la prison, cest I'institution
des pauvres, mais un emprisonnement d'un an, quoi! Si l'outrageant c'est un
pauvre, ce n'est pas grave ou. J'avoue que je ne comprends pas. Le ministre
nous donne des exemples de peccadilles mais I'outrage au tribunal, c'est un
maximum d un an de prison.
M. Marx: Est-ce que le député connaît
beaucoup de gens qui sont en prison ou qui ont été
condamnés, depuis dix ans, pour outrage in facie devant des tribunaux ou
les juges sont de nomination provinciale? Est-ce que le député
peut me donner.
M. Filion: Le ministre attend qu'il y ait un cas pour
réagir, que I'individu aille en prison, conteste la
constitutionnalité que cela prenne
trois ans pour faire la lumière et que le gars ait passé
six mois sur douze en dedans.
M. Marx: Je fais confiance aux...
M. Filion: Vous ne faites pas confiance ni au Barreau ni à
la Commission des services juridiques?
M. Marx: ...juges. Je dis que c'est quelque chose qui
mérite d'être étudié. Ce n'est pas ce soir qu'on va
refaire le Code de procédure civile aux articles 49, 50, 51, 52, 53 et
54. Ce n'est pas ce soir qu'on va refaire la section II du code sur le pouvoir
de punir pour outrage au tribunal. Je ne peux pas le faire avec tous les autres
articles que cela touche. Le député m'en demande trop. SI le
député veut lui-même faire un peu de recherche et me
présenter un document étoffé, comme je l'ai fait quand
j'étais dans l'Opposition pour influencer le ministre que je critiquais,
cela va nous aider et peut-être que le travail va aller un peu plus
vite.
M. Filion: Qu'est-ce que je pourrais faire pour
accélérer le travail? J'ai manqué cela.
M. Marx: C'est de me faire une étude sur cette question
comme j'ai fait pour le ministre que j'ai critiqué pendant cinq ans.
Cela l'a aidé à prendre ses décisions. Malheureusement, le
député me pose des questions et ne me donne pas de solution.
M. Filion: Je vais vous en donner une solution.
M. Marx: Si le député de Taillon, qui a maintenant
une recherchiste à temps plein...
M. Filion: Je vais vous en donner une solution bien simple.
M. Marx: C'est toujours simple. C'est cela le
problème.
M. Filion: Écoutez-moi, par exemple.
M. Marx: C'est toujours simple. C'est cela le
problème.
M. Filion: Ha, ha, ha!
M. Marx: Allez-y. (20 h 30)
M. Filion: Deuxièmement, et c'est peut-être une des
raisons pour lesquelles il ne faudrait pas trop se presser pour adopter un Code
de procédure pénale: une solution qui peut être bonne ou
pas bonne, saute à l'esprit. On mentionne, à l'article 8, que "la
procédure relative à l'outrage au tribunal prévue dans le
Code de procédure civile s'applique, compte tenu des adaptations
nécessaires, à la poursuite pour outrage au tribunal... Pourquoi
n'ajouterait-on pas une phrase qui serait très simplement: "Cette
procédure ne peut être instruite par le juge qui a
déposé l'accusation"? Cela impliquerait que, s'il y a un outrage
au tribunal commis in facie ou ex facie, ce sera un autre juge qui va
l'entendre. Cela aura pris une ligne et demie et cela va régler le
problème.
M. Marx: Supposons qu'un témoin refuse de répondre
à une question. Le juge dit: SI vous ne répondez pas, je vais
vous...
M. Filion: Je vous accuse d'outrage au tribunal.
M. Marx: Je vais vous citer pour outrage. M. Filion: C'est
cela.
M. Marx: Le témoin ne répond pas. La cause est
arrêtée. Il y aura un autre procès.
M. Filion: Non, il n'y a pas d'autre procès. S'il ne
répond pas, il ne répond pas, hein?
M. Marx: Oui, mais il va le citer pour outrage.
Une voix: Et là on va convoquer le juge comme
témoin.
M. Marx: Non, mais il va le citer pour outrage.
M. Filion: Oui, je comprends, mais la cause qui est l'occasion
d'un outrage au tribunal, cette cause-là, continue de toute
façon.
M. Marx: Oui, mais pas si le témoin à qui on
demande de répondre...
M. Filion: Même quand le juge le condamne, le témoin
ne répond pas plus. Pensez-vous que pendant les enquêtes du
coroner où les témoins refusaient de répondre, cela les
faisait répondre parce qu'on les citait pour outrage au tribunal?
M. Marx: Donc, si ce n'est pas important... De toute
façon, s'il ne répond pas et s'il est cité pour outrage,
II va y avoir un autre procès...
M. Filion: Oui, c'est cela.
M. Marx: ...et le procès devant le juge va
arrêter...
M. Filion: Oui, mais...
M. Marx: ...et après ça, le juge qui entend...
M. Filion: ...de toute façon...
M. Marx: ...la cause sera cité comme témoin
dans l'autre cause.
M. Filion: Oui mais, de toute façon, M. le ministre,
lorsqu'il y a une procédure d'outrage au tribunal qui est
commencée, le juge peut la remettre après ou pendant
l'affaire.
Dans le cas du in facie, c'est sur-le-champ. Cela veut dire que les
procédures sont suspendues sur... - J'allais dire le procès
original - ...au procès qui a été l'occasion de l'outrage
au tribunal. Cela va même permettre d'accélérer les
procédures du premier procès.
M. Marx: C'est cela. J'ai lu cela dans les journaux, M. le
Président, avec tout le respect... Je ne sais pas si les journaux
rapportent toujours exactement ce qui se passe devant les tribunaux... Cela
arrive que quelqu'un refuse de répondre, qu'il soit cité pour
outrage, qu'il refuse toujours de répondre et qu'il passe deux jours
dans les cellules. Il revient et il est prêt à
répondre!
M. Filion: Mais, écoutez! Là, vous dites autre
chose. L'outrage au tribunal...
M. Marx: Mais, M. le Président, je trouve cette discussion
Inutile, parce que nous ne sommes pas prêts à changer ça
maintenant. C'est l'état actuel du droit; on n'est pas pour changer tout
le Code de procédure civile. J'enregistre tes arguments du
député. Qu'est-ce que vous voulez? On ne peut pas le faire
maintenant. C'est une autre étude; c'est une autre consultation. C'est
sûr qu'on ne va pas faire ça sans consulter la magistrature. C'est
sûr qu'on ne va pas faire une réforme en matière d'outrage,
te cas échéant, sans consulter la magistrature.
Maintenant, le député me lance un défi de le faire.
Je lui ai dit qu'on est prêt à travailler le Code de
procédure civile. L'état actuel du droit, cela existe depuis des
siècles. Je pense que si on attend quelques mois encore, cela ne fera
pas outrage à qui que ce soit. Je ne sais pas si c'est le bon mot! Ha,
ha, ha!
Le Président (M. Hamel): Est-ce que l'article est
adopté?
M. Marx: Cela ne ferait pas outrage dans le sens anglais, "not
outrage anyone".
M. Filion: M. le Président.
Le Président (M. Hamel): Oui, M. le
député.
M. Filion: Le ministre de la Justice traite avec beaucoup de
désinvolture les chartes des droits et libertés.
M. Marx: Pas du tout! Je prends cela très
consciencieusement.
M. Filion: Je suis sûr qu'à l'université, il
leur accordait un peu plus d'importance que ce soir. Là, il dit: Vous
savez, je ne suis pas en train de modifier le Code de procédure civile.
Plus tard, quand je le modifierai, on regardera cela. En attendant, vous savez,
cela ne fera pas de mal à une mouche.
Mais, comme je vous l'ai dit, une fois qu'on a fini d'étudier ce
Code de procédure pénale, il ne nous appartient plus. Il
appartient aux tribunaux. Est-ce qu'il faudra attendre, est-ce que vous
êtes en train d'inviter les gens et les juges à condamner,
à aller en appel pour vérifier la constitutionnalité de
ces dispositions qui, manifestement, en votre âme et conscience
également, j'en suis convaincu et vous le savez, n'ont aucun sens?
Cela frappe tout simplement l'intelligence commune. Vous aurez beau
essayer de trouver des arguments, de dénicher des arguments du style
cela-va-causer-des-problèmes-sur-le-déroulement, de toute
façon, quand il y a un outrage au tribunal in facie, il y a ajournement.
Il y a ajournement pour permettre la préparation de la
défense.
Or, la procédure originale, celle qui a été
l'occasion de l'outrage au tribunal, est généralement suspendue
pendant un certain temps pour permettre de disposer, comme le dit le Code de
procédure, sur-le-champ, de l'outrage au tribunal qui a
été commis et il y a un ajournement qui a lieu pour permettre
à l'individu concerné de préparer une défense.
Là, on adopte un Code de procédure pénale et on
reprend toutes ces dispositions, alors qu'elles sont contraires aux
recommandations du Barreau; qu'elles sont contraires aux recommandations de la
Commission des services juridiques.
M. Marx: Adopté sur division, M. le Président?
M. Filion: Êtes-vous prêt à étudier un
amendement, M. le ministre?
M. Marx: Non, je ne peux pas, parce qu'il faut refaire le Code de
procédure civile. J'ai déjà dit ça au
député. Je suis très conscient qu'il a soulevé une
question importante et elle sera traitée d'une façon
importante.
Une voix: Mais ce n'est pas le bon endroit.
M. Marx: C'est cela. Je ne peux pas faire ça sur le coin
de la table, sans consulter la magistrature, sans avoir des études, des
consultations. Vous pouvez soulever 500 problèmes semblables. SI..
M. Filion: II y a 371 articles dans le Code de procédure
pénale que l'on va étudier. Ne venez pas me dire qu'on n'est pas
capable d'en travailler deux. Si on pense que cela a le moindrement d'allure et
que cela peut éviter la commission d'Injustices ou le genre de
situations
qui sont incompatibles avec la charte, qu'on ne vienne pas me dire que
le ministère de la Justice et le ministre de la Justice sont Impuissants
et incapables de travailler sur deux articles du Code de procédure
civile qui sont l'objet de référence à l'Intérieur
du Code de procédure pénale dont on va en étudier 371
articles pendant des jours. Je ne ferai quand même pas ce genre de
représentation sur chacun des articles.
Si j'attire votre attention sur l'article 8 et que jamais je ne vous
entends dire que je n'ai pas raison... mais, ce n'est pas ce que vous me dites.
Vous me dites: On n'a pas le temps. Dans le Code de procédure
pénale... On n'est pas législateur, député et
ministre juste pour le plaisir de la chose. Pourquoi adopter une
procédure qui, encore une fois, instaurera une situation injuste pour
des gens? On est ici pour cela justement, exercer nos
responsabilités.
M. Marx: L'article 8 est une amélioration. Dans la
situation actuelle, en vertu de la Loi sur les poursuites sommaires, il n'y a
rien, on ne parle pas de l'outrage. Au moins, ici, ce sera standardisé
avec le Code de procédure civile. Dans la Loi sur les poursuites
sommaires, maintenant - j'ai peut-être fait une erreur plus tôt
quand j'ai dit que cela existait - on ne parle pas d'outrage. Donc, cela peut
être le "common law" avec tout ce que cela veut dire. Je ne sais pas
sur-le-champ ce que cela veut dire, mais au moins ici, on donne la protection
du Code de procédure civile.
M. Filion: Attention quand vous dites la protection.
M. Marx: L'article 53...
M. Filion: Cela peut vouloir dire aussi...
M. Marx: Ex facie.
M. Filion: Oui, mais cela peut vouloir dire aussi que vous donnez
plutôt la garantie. Je ne suis pas un expert là-dedans, mais |e
vous lis le début de la page 6 du mémoire de la Commission des
services juridiques.
M. Marx: On a déjà entendu la commission.
M. Filion: Vous ne t'avez pas entendu. Vous avez dit le contraire
tantôt. Vous avez dit que cela existait dans la Loi sur les poursuites
sommaires.
M. Marx: J'ai fait une erreur. Je m'excuse.
M. Filion: Cela vaut la peine de relire un peu des fois. Au
début de la page 6 du mémoire: "Nous n'avons pas fait une
étude exhaustive de la jurisprudence sur le sujet, mais il nous semble
pour le moins douteux qu'un juge de paix puisse, à l'heure actuelle,
avoir te pouvoir de condamner quelqu'un pour outrage au tribunal."
Le libellé actuel de l'article 73 de la Loi sur les poursuites
sommaires ne prévoit pas que le juge de paix puisse condamner pour
outrage au tribunal. En quoi, M. le ministre, l'article 8 du projet de loi
est-il une amélioration sur la Loi sur les poursuites sommaires
actuelle? En quoi, est-ce une amélioration? Au contraire, je trouve que
vous lui donnez l'espèce de garantie que comporte le Code de
procédure civile.
M. Marx: Dans la loi actuelle, M. le Président, à
l'article 73, Maintien de l'ordre: Tout juge des sessions, de la Cour
provinciale ou du Tribunal de la jeunesse a les mêmes pouvoirs et la
même autorité pour maintenir l'ordre à l'audience, et peut
avoir recours aux mêmes moyens pour ce faire, que ceux qui sont
maintenant délégués par la loi dans les mêmes cas et
pour les mêmes fins à la Cour supérieure ou à ses
juges, pendant les séances.".
M. Filion: On a l'article 4 du projet de loi Ne l'oubliez
pas.
M. Marx: Voici la jurisprudence citée: le Procureur
général du Québec contre Dion, 1983. L'article 73 de la
Loi sur les poursuites sommaires donne aux juges des sessions, aux juges de la
Cour provinciale tes pouvoirs de la Cour supérieure pour maintenir
l'ordre à l'audience. Ceux-ci peuvent condamner une personne pour
outrage au tribunal commis in facie.
M. Filion: On a l'article 4 du projet de loi. Au pouvoir de
maintenir l'ordre, l'article 8 vient en ajouter. Vous venez confirmer.
M. Marx: Pas ici.
M. Filion: Au moins, on en parle clairement. Alors, ce ne serait
pas possible de dire que ce n'est pas clair. L'article 8 est clair; on le
mentionne, il me semble!
Je prends le mémoire de la Commission des services juridiques. Le
libellé actuel de l'article 73 de la Loi sur les poursuites sommaires ne
prévoit pas que le juge puisse condamner pour outrage au tribunal.
M. Marx: M. le Président, c'est ce que j'ai
déjà dit au début. Pour l'ex facie, c'est la Cour
supérieure. C'est en vertu de lois constitutionnelles.
M. Filion: C'est exact.
M. Marx: Donc, on revient à ce monsieur qui refuse
d'arrêter de fumer - il y a des gens comme ça - les gens qui
crachent, les gens qui refusent de répondre, les gens qui refusent
d'enlever leur chapeau, les gars qui dorment et qui ronflent et même les
gens qui parient - s'il y a un député dans la salle - et ainsi de
suite!
Qu'est-ce que vous voulez?
Une voix: Ceux qui lisent des journaux.
M. Marx: II y a ceux qui lisent des journaux. Le juge va dire
Arrêtez de lire votre journal et il va dire: Ah, je ne veux pas! Le juge
va dire: Je vous cite pour outrage. Vous allez avoir votre procès dans
dix jours, dans deux mois ou dans deux ans.
M. Filion: Ou tout de suite.
M. Marx: Un autre crache, un autre fume. Le juge va perdre le
contrôle.
M. Filion: Vous allez avoir votre procès tout de
suite.
M. Marx: En fin de compte, M. le Président, je me demande
si les juges vont décider que condamner quelqu'un pour outrage in facie
est inconstitutionnel.
M. le député de Taillon est en train de consulter son
expert, mais M. le député, je doute que des juges décident
que de condamner quelqu'un pour outrage in facie est inconstitutionnel.
M. Filion: Vous n 'êtes pas sûr de ça? M.
Marx: J 'ai des doutes, mais...
M. Filion: Non, mais dans le sens que vous n 'êtes pas
sûr?
M. Marx: J'ai des doutes qu'ils décident que c'est
inconstitutionnel et ce pour des raisons évidentes, pour le gars qui
lit, pour le gars qui crache, pour le gars qui ronfle, pour le gars qui fume,
pour le gars qui boit de l'eau, pour le gars qui boite, pour toutes sortes de
raisons.
Une voix: Celui qui fait une grimace au juge!
M. Marx: Ha, ha, ha!
M. Filion: Cela veut dire quoi "j'ai des doutes"? Je ne comprends
pas. Cela veut-il dire J'ai des doutes que ce soit exact, que ce soit
constitutionnel ou pas?
M. Marx: Non, je ne pense pas que les juges décident que
c'est inconstitutionnel pour les raisons que je viens de donner.
M. Filion: Vous pensez que les tribunaux vont considérer
comme constitutionnel.
M. Marx: Dans une société.
M. Filion: Le fait pour un juge de citer et de juger sur sa
citation?
M. Marx: Pour les grimaces, les lectures les gens qui crient et
qui fument.
M. Filion: Laissez faire les exemples! Un an de prison!Vous
parlez d'un an de prison plutôt. Peu importe.
M. Marx: Est-ce que quelqu'un qui a fumé, à qui le
juge a dit d'arrêter de fumer et qui a continué a
été envoyé en prison? Je n'en connais pas.
M. Filion: Avez- vous entendu parler du cas de I'avocate qui a
demandé au juge une remise dans une affaire matrimoniale, qui a
été condamnée à une semaine de prison ou quelque
chose comme ça par un juge de la Cour supérieure, il y a une
couple d'années, il y a deux ans?
Le ministre de la Justice prend I'outrage au tribunal comme une
espèce d'immense blague, mais ce sont des blagues qui privent les gens
de leur liberté.
M. Marx: Est-ce que le député peut
répéter la cause qu il vient de citer?
M. Filion: C'était une jeune avocate. C'est en Cour
supérieure.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Cela ne s'applique pas en I'espèce.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Un avocate a demandé une remise dans une cause
matrimoniale.
M. Marx: Oui.
M. Filion: La remise a été refusée. Le juge
l'a citée pour outrage au tribunal et elle a été
condamnée à quelque jours de prison. Cela fait un an et quelque.
C'est une cause d'outrage au tribunal. Elle a passé la fin de semaine en
prison, je pense juste parce qu'elle avait demandé une remise pour une
cause sur laquelle elle s'était déclarée pas prête
à procéder.
Le ministre me parle de blague. Je dis qu'il y a des gens qui vont en
prison pour des outrages au tribunal, peut-être pas tous les jours...
M. Marx: Oui.
M. Filion: ...mais, peut être, à tous les mois dans
I ensemble du Québec.
M. Marx: Je ne pense pas que l'avocate en question ait
passé deux jours en prison.
M. Filion: Ah oui! Je peux vous dire qu'elle a couché en
prison au moins une nuit.
M. Marx: Je pense qu'elle a été en prison quelques
heures. Elle a passé quelques heures dans...
M. Filion: Non, elle a couché en prison au moins une
nuit, je peux vous le dire. (20 h 45)
M. Marx: Au moins une nuit? Je ne le pense pas.
Une voix: II faudrait vérifier.
M. Filion: Oui. Au moins une nuit parce qu'elle avait un enfant
d'ailleurs. Je me souviens de cela. Il n'y a pas de presse.
M. Marx: Non. De toute façon, on peut vérifier, M.
le Président...
M. Filion: Donnez-moi une raison et il n'y aura pas de
problème. On va le voter sur division. Donnez-moi une raison pourquoi
vous ne prendriez pas, pour le moins, cette question en
délibéré. Quand je dis en délibéré,
il faudrait...
M. Marx: Je vais faire plus que cela, M. le Président, je
m'engage, dans la révision du Code de procédure civile, à
demander qu'on fasse l'étude de...
M. Filion: Cela ne marche pas de cette façon. On adopte le
Code de procédure pénale. Je ne suis pas sur le Code de
procédure civile. Le Code de procédure pénale contient une
procédure d'outrage au tribunal. Je pourrais, M. te ministre, vous
nommer "en dehors du record" une cour municipale dans la région de
Montréal où le juge municipal n'a pas toutes ses facultés,
où on envoie tes avocats en prison, où on demande aux citoyens de
se mettre à genoux et de réciter des prières - oui, c'est
vrai et ils vont vous dire de quelle cour il s'agit. Le juge utilise
abondamment l'outrage au tribunal d'une façon complètement
dérisoire. Il y a du monde qui va en-dedans pour cela. Je me dis que
cela n'a pas d'allure d'adopter ainsi un Code de procédure pénale
parce que ce Juge-là, ou n'importe quel autre juge, pourra prendra le
Code de procédure pénale et dire: l'outrage au tribunal a
été confirmé. Cela existe et c'est là. Pour les
citoyens, il s'en passe des pires que cela, on leur demande... en tout
cas...
M. Marx: Cela existe maintenant.
M. Filion: Je vais vous le dire en dehors du micro tantôt,
si vous voulez. C'est absurde et votre ministère le sait. Les
fonctionnaires de votre ministère le savent. Les juges sont des
êtres humains; ils ne sont pas parfaits; ils font des erreurs comme tout
le monde. Et nous autres, on va adopter des dispositions par lesquelles on va
maintenir un espèce de régime qui n'a pas de sens. Puis
là, le ministre nous réfère au Code de procédure
civile. Le ministre de la Justice sait que j'ai raison à part
cela...
M. Marx: Je m'engage...
M. Filion: Tout ce que je lui demande, c'est qu'il prenne cela et
qu'il réfléchisse un peu. Il m'en donnera des nouvelles demain.
Ce n'est pas compliqué de rédiger quelques articles; au moins, on
commencera quelque part.
Le Code de procédure civile, ce sera peut-être, dans deux
ans, dans un an, dans six ans et peut-être jamais, mais entre-temps, il y
a des gens qui se retrouveront derrière les barreaux, notamment du poste
de police de cette municipalité-là que je connais, et le juge
sera autorisé à le faire. Il agira légalement. Lorsque la
Cour supérieure siégera en appel ou en évocation, elle ne
pourra rien faire parce que le juge va s'être prévalu de l'article
8 du Code de procédure pénale qu'on se propose d'adopter ce soir
et ce sera cela. C'est ça la réalité.
M. Marx: Mais, M. le Président...
M. Filion: Moi, tout ce que je demande, ce n'est pas de faire
disparaître...
M. Marx: M. le Président, si c'est si grave que cela...
Les péquistes ont été au pouvoir dix ans, ils n'ont pas
touché cet article, ils n'ont même pas pris l'engagement de le
réviser. Ils ont été au pouvoir dix ans, ils ont
modifié la Loi sur les poursuites sommaires et ils n'ont rien
touché de cela. Qu'ils ne fassent pas un drame ici pour quelque chose
qu'ils n'ont pas fait pendant dix ans. Au moins, je prends l'engagement de
revoir, d'étudier, de consulter et de voir quelles sont les
modifications à faire. Ils ont été au pouvoir dix ans et
ils n'ont rien fait. Maintenant, parce que...
M. Filion: Cela fait deux ans que vous êtes au pouvoir.
C'est vos anniversaires d'élection. Cela va faire deux ans que vous
êtes assermentés dans cinq jours.
M. Marx: C'est cela. Donnez-moi les cinq jours, on va voir...
peut-être que je vais...
M. Filion: Bien, prenez-les les cinq jours, mais, suivant notre
responsabilité, on ne peut pas arriver et retenir des dispositions qui
sont porteuses d'injustices comme celle-là.
M. Marx: Je pense que le député a fait son point.
Je prends son point très au sérieux. Il a un point important. Le
Barreau et la Commission des services juridiques ont soulevé le
même point. Il a fait la lecture de leurs mémoires au moins trois
fois maintenant. On prend cela au sérieux et nous ferons l'étude
et les consulta-
tions nécessaires, mais je ne peux pas faire des amendements si
importants sans étude et sans consultation. Je pense que...
Le Président (M. Hamel): Donc, M. le ministre, adoption
sur division?
M. Marx: Sur division.
Le Président (M. Hamel): II y a près d'une heure
qu'on délibère sur cet article, si vous êtes...
M. Filion: Oui, mais quand même que cela me prendrait trois
jours, M. le Président, moi, je m'en fous. On a un travail à
faire...
M. Marx: On peut parler de cela pendant cinq jours et ma
réponse...
M. Filion: M. le Président, on a un travail à
faire. Je ne veux pas retarder la procédure, encore une fois,
M. Marx: Non, non.
M. Filion: Et ce n'est pas de ma faute si l'article 8, c'est
l'article 6 et n'est pas l'article 288.
M. Marx: Je commence à me répéter et cela
commence à me fatiguer. Quand je commence à me
répéter...
M. Filion: J'ai compris que vous alliez peut-être le
modifier dans le Code de procédure civile...
M. Marx: Non.
M. Filion: ...et à ce moment-là, vous arriverez et
vous direz: Écoutez, on vient de l'adopter dans le Code de
procédure pénale, pourquoi ne pas modifier les choses.
M. Marx: Je m'engage à faire des études et dans le
cadre de la révision...
M. Filion: M. le Président, je vais vous suggérer
quelque chose. Je vais vous suggérer de suspendre nos travaux pendant
trois minutes pour cet article. On va peut-être voter dessus. Je vais
parler au ministre. Vous appellerez l'article après.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, êtes-vous
d'accord?
M. Marx: Oui, il peut me parler.
Le Président (M. Marcil): Nous suspendons pour trois
minutes, jusqu'à 20 h 55.
(Suspension de la séance à 20 h 51)
(Reprise à 20 h 59)
Le Président (M. Hamel): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous reprenons nos travaux. Où en sommes-nous?
M.Marx: M. le Président, je veux juste dire qu'un outrage
au tribunal, cela peut être jugé par le juge. Ce n'est pas un
outrage au juge, c'est un outrage au tribunal. Il faut faire cette distinction
entre le tribunal et le juge.
J'ai devant moi le document de travail numéro 20 de la Commission
de réforme du droit du Canada, droit pénal, outrage au tribunal.
Cela a été publié en 1977. Au Parlement
fédéral, ils ont déposé un projet de loi en 1984
qut n'est pas adopté encore. Vous comprenez que c'est un travail
difficile.
Je suis prêt à m'engager à faire faire
l'étude et la consultation, le cas échéant. Je vais faire
cela le plus rapidement possible. Je comprends ce que le député
soulève, mais cela prendrait des études et la consultation de la
magistrature - peut-être pas celle du Barreau parce que, dans son
mémoire, il est plutôt favorable - si on fait...
L'amélioration faite dans le code vise à écarter, au
moins, le "common law". Ce sera l'outrage comme dans le Code de
procédure civile. L'outrage sera standardisé, si je peux
m'exprimer de cette façon.
Je vais demander qu'on fasse une étude pour voir quels sont les
changements qu'on peut faire. Si c'est possible, je vais les faire. Je pense
que c'est bien connu que je veux réformer le plus possible le droit,
mais c'est plus facile de l'autre côté de la table de faire des
amendements que de les faire de ce côté-ci. C'est pourquoi je n'ai
jamais proposé d'amendements quand j'étais l'Opposition. Ha, ha,
ha!
M. Filion: M. le Président... M. Marx: Cela revient
à ça.
M. Filion: Ce que je dis au ministre, c'est ceci: On est le 7
décembre, aujourd'hui, c'est le première journée
d'étude du projet de loi 75. Uniquement pour, peut-être, rectifier
ce que disait le ministre. La réforme du Code criminel, le projet de loi
C-19, incluait une réforme de l'outrage au tribunal. Le projet de loi
C-19, en 1984.
M. Marx: II n'est pas adopté.
M. Filion: Bien non. Des parties du projet de loi C-19 n'ont pas
été adoptées, mais cela le prévoyait.
M. Marx: Je peux prévoir beaucoup de choses que je ne suis
pas prêt à adopter.
M. Filion: Ce que je dis essentiellement au ministre, c'est ceci:
Là-dedans, on a une consultation à faire qui n'est pas la fin du
monde. On est en droit pénal, on n'est pas tout à fait en droit
criminel. Il n'y a pas de meurtre, ni de viol ni de cause.
M. Marx: Allez-y.
M. Filion: On est dans le processus d'adoption du projet de loi
75. Qu'il fasse une consultation, je le veux bien. Je suis surpris de voir que.
Depuis 1986 qu'on a l'avant-projet de loi et qu'on a reçu des
mémoires, il me semble qu'il y aurait eu possibilité de faire un
bout de chemin quand même là-dessus. Or, je m'aperçois
qu'on n'a bougé d'aucune façon en matière d'outrage au
tribunal, alors qu'on a bougé sur d'autres aspects. Très
simplement, pour ne pas retarder indûment nos travaux, M le
Président - notre session va se terminer le 18 décembre
peut-être le 21, on verra, il reste encore au moins une dizaine de jours
- je demande au ministre, pour peut-être me contraindre, du moins
moralement, à cesser de tenter de le convaincre, c'est de me dire. Les
consultations sont courtes là-dessus. On a le mémoire du Barreau
et on a le mémoire de la Commission des services juridiques. II reste,
bien sûr, peut-être, à consulter les juges, peut être,
la Conférence des juges.
Je sais pertinemment que les juges eux-mêmes veulent un changement
à ces dispositions, que les juges eux-mêmes considèrent
qu'ils sont dans une mauvaise position lorsqu'ils sont placés pour juger
des citations pour outrage au tribunal surtout lorsqu ils ont
présidé eux-mêmes le tribunal qui aurait été
victime d'outrage.
J'ai donc le sentiment que cette consultation pourrait être
très courte, premièrement. Deuxièmement, j'ai l'impression
que la solution pourrait être simple. Je n'ai pas tout
vérifié, mais la solution pourrait être simple et elle
pourrait notamment consister en ce que je disais tantôt, à faire
en sorte que l'instruction d'une citation pour outrage au tribunal se fasse par
un autre juge que celui qui présidait le tribunal.
Ce que je dis au ministre de la Justice, et tout ce que je lui demande
ce soir, c'est est-il possible, sans arrêter nos travaux, de faire en
sorte qu'on puisse étudier ces dispositions et que, d'ici au 17
décembre, si le ministre nous dit. Ce n'est pas terminé, il y a
de grosses complications, l'Opposition prendra sa parole. Mais si le ministre,
honnêtement, comme il en est sans aucun doute capable, nous dit.
Effectivement, voilà une solution rapide, simple qui a été
retenue et qu'on pourra appliquer dès maintenant dans le Code de
procédure pénale, à ce moment-là, au moins, on aura
fait notre travail. C'est tout ce que je demande au ministre. S'il faut
modifier le Code de procédure civile, on le modifiera, bien sûr Si
l'idée du ministre est faite, à ce moment là, on le fera
et il aura le consentement de l'Opposition pour modifier le Code de
procédure civile, pourquoi pas s'il y a desparties du Code de
procédure civile qui sont de nature pénale?
M. Marx: M le Président, tout ce que je peux dire c'est
que je vais faire mon possible pour avoir cette étude, si je peux
l'avoir. Je vais consulter. On va faire notre possible. Une étude, ce
n'est pas quelque chose qui prend cinq minutes, dix minutes ou deux jours. Je
vais demander qu'on fasse l'étude. On va en prendre note. Je vais
prendre note de tout cela. Si on fait des modifications, je pense qu'il faut
les faire dans le Code de procédure civile pour que ce soit uniforme,
pour que le juge qui ne siège pas au civil. II y a des règles,
qu'il siège au pénal ou à un autre endroit. Je pense qu'il
faut avoir des règles uniformes. Cela prendra une étude. II y a
des articles dans le Code de procédure civile. II faut étudier
tout cela. Le Barreau a critiqué, mais n'a pas fait de suggestions, n'a
pas rédigé d'articles.
M Filion: Mais, verbalement, ils en ont fait.
M. Marx: Verbalement?
M. Filion: Si ma mémoire est bonne oui, dans leur
témoignage. II y a eu des questions posées là-dessus et le
Barreau, de mémoire, s'était exprimé, il me semble,
là-dessus.
M. Marx: C'est plus facile de votre côté de la table
que de mon côté, c'est bien reconnu. Je vais faire faire
I'étude. Si cela se fait si on peut le faire, si le tout est prêt
on va le faire aussitôt que possible, mais je ne peux pas m'engager sur
l'heure, la minute le jour etc. Entre autres, il faut que cela passe au Conseil
des ministres, au comité...
M. Filion: Oui au Comité de législation bien
sûr!
M. Marx: Non, il faut que cela passe au Conseil des ministres,
cest-à-dire à au moins un comité ministériel, un
comité du Cabinet, au Conseil des ministres, au Comité de
législation.
C'est un changement de fond. On ne peut pas simplement avoir des
papillons sur n'importe quoi, des amendements sur n'importe quoi parce que tout
projet de loi est approuvé par le Conseil des ministres. II faut faire
I'étude la consultation le mémoire, etc.
M. Filion: Le ministre en met pas mal.
M. Marx: Non. Je pense que j'ai déjà pris
I'engagement de commencer I'étude les consultations et tout ce qu'il
faut faire. C'est plus que ce que le ministre que j'ai critiqué pendant
cinq ans a fait pour moi.
M. Filion: Je ne comprends pas. Ce sont vos gourous.
M. Marx: Mes?
M. Filion: Je ne comprends pas. Vous avez une attitude
ambivalente à l'égard de vos gourous . Parfois, ce sont des
idoles et, par-fois...
M. Marx: Cela dépend.
M. Filion: ...ce sont des mauvais exemples
personnifiés.
M. Marx: M. Bédard, c'est un ami et c'est une excellente
personne pour quf j'ai beaucoup d'admiration, mais il ne m'a pas fait des
études quand je lui en ai demandé. J'ai fait mes propres
études et je les ai soumises à M Bédard. Les études
qu'il n'a pas mises de l'avant, qu'il n'a pas traduites en lois, je les fais
maintenant. Je fais la même suggestion au député.
M. Filion: Si, M le ministre, les dispositions sont
invalidées demain matin.
M. Marx: Si elles sont invalidées par les tribunaux?
M. Filion: Oui.
M. Marx: Bien, ce sera invalidé dans tout le Canada,
peut-être aussi en Angleterre, ils ont les mêmes règles. La
règle sera la règle que les juges vont préciser dans leur
jugement, comme la Cour d'appel .
M. Filion: M le Président, brièvement. On va mettre
fin à la discussion là-dessus. Je prends note du fait que le
ministre va étudier cela. Je m'en déclare insatisfait. II aurait
dû faire ce travail depuis un an. Je considère que ces
dispositions sont une atteinte aux droits fondamentaux.
Pour toutes les raisons que j'ai expliquées, tantôt, je
suis prêt à voter, mais, véritablement, j'ai de la
misère à suivre le ministre de la Justice. Mais en tout
cas...
M. Marx: Je veux seulement citer quelque chose, M le
Président, parce que cela me revient à l'esprit et cela fait
jurisprudence. II y a eu le cas Kryopto ou quelque chose comme cela - quelqu'un
va me demander d'épeler cela un jour - un avocat de Toronto qui a
été accusé d'outrage pour avoir "scandalized the Court".
Je me souviens que la Ligue des droits et libertés à Toronto a
voulu qu'on modifie la loi. J'ai lu dans le Globe and Mail la semaine
passée ou il y a deux semaines, je pense, que les tribunaux ont
décidé qu'il n'était pas coupable. II a gagné sa
cause et peut-être qu'on a mis fin à une certaine procédure
que les gens auraient pu penser légale et qui devient illégale il
faut étudier toute cette nouvelle jurisprudence, il faut faire une
étude complète. C'est ce qu'on va faire. On en a pris note.
M. Filion: Est-ce que le ministre a compris que le sens de ma
demande ce n'est pas de revoir tout l'outrage au tribunal mais de revoir la
procédure d'outrage au tribunal?
M. Marx: Oui, c'est cela. Pour la procédure...
M. Filion: Ce ne sont pas les motifs ou recommencer toutes les
études du...
M. Marx: Non, c'est la procédure dans le code.
M. Filion: Ce sont les procédures dans le code et,
notamment, la suggestion de l'Opposition qui est simple.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Cela ne vise pas à refaire le monde mais vise
tout simplement...
M. Marx: Que ce ne soit pas devant le même juge.
M. Filion: C'est cela. M. Marx: Oui.
M. Filion: Seulement s'assurer que ce ne sort pas le même
juge. Ce n'est pas de refaire toutes les causes, le motif.
M. Marx: Pour l'outrage devant le tribunal pour que ce ne soit
pas le juge qui siège au tribunal qui juge la personne qui...
M. Filion: Pour l'outrage à l'extérieur du
tribunal, aussi. Les deux...
M. Marx: À l'extérieur, il n'y a pas de
problème.
M. Filion: Oui, mais cela peut être l'un ou l'autre, alors,
pour être clair...
M. Marx: Pour l'outrage à l'extérieur, c'est la
Cour supérieure, c'est une tout autre affaire.
M. Filion: Non, mais la procédure. Je parle de la
procédure au Code de procédure civile . Or, bref, c'est cela, je
vais demander. On est aussi bien de voter, M le Président, on n'ira pas
plus loin.
M. Marx: Sur division.
M. Filion: Je prends note des études du
ministre. J'aurais aimé qu'il me dise... Je suis convaincu que
cela pourrait se régler en quelques jours...
M. Marx: J'y ai pensé.
M. Filion: J'aurais aimé qu'il dise: Bien, oui, on va
regarder cela, comme ses collègues et lui-même le font à
l'occasion. On a modifié des projets de loi en Chambre à
l'occasion de la troisième lecture ou à la fin d'une commission
parlementaire, c'est déjà arrivé.
Mais, manifestement, le ministre de la Justice... Ce n'est pas une
obligation de résultat que je lui demandais, c'était uniquement
une obligation de moyen, mais, visiblement, le ministre, pour une raison que
j'ignore, n'a pas l'Intention d'appliquer cette volonté politique
nécessaire.
M. Marx: Adopté sur division?
M. Filion: Je vais demander le vote nominal, M. le
Président.
M. Marx: Ah boy!
Le Président (M. Hamel): Alors, je demande le vote.
La Secrétaire: Madame...
Le Président (M. Hamel): Ceux qui sont pour cet article:
Mme...
La Secrétaire: ...Bleau (Groulx)? Le Président
(M. Hamel): ...Bleau (Groulx)? La Secrétaire: Pour ou contre
l'article 8? Mme Bleau: Je suis pour l'article.
Le Président (M. Hamel): M. Doyon
(Louis-Hébert)?
M. Doyon: Pour.
La Secrétaire: M. Filion (Taillon)?
M. Filion: Contre.
La Secrétaire: M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Pour.
La Secrétaire: M. Thuringer
(Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Thuringer: Pour.
La Secrétaire: M. Marx (D'Arcy McGee)?
M. Marx: Pour.
La Secrétaire: Cinq pour et un contre.
Le Président (M. Hamel): Article adopté. Section
II, Droit de poursuite, article 9.
Droit de poursuite
M. Marx: L'article 9. Cet article indique qui peut intenter une
poursuite.
M. Filion: J'attends les explications du ministre.
M. Marx: Cet article indique qui peut intenter une poursuite.
Peuvent être poursuivants: le Procureur général, le
poursuivant désigné en vertu d'une autre loi que la
présente loi dans la mesure prévue par cette loi et la personne
qu'un juge autorise à intenter une poursuite. C'est très simple,
cela. (21 h 15)
M. Filion: Quel est l'état actuel de la loi?
M. Marx: L'article 12 de la loi actuelle. Toute personne peut
formuler une plainte sauf si la loi qui crée ta contravention exige une
autorisation spéciale.
M. Filion: Pourquoi y a-t-il une distinction entre les deux?
Pourquoi dans l'état actuel du droit, toute personne peut intenter une
poursuite et qu'à l'article 9 du projet de loi 75, ce n'est pas "toute
personne"?
M. Marx: En vertu de l'article 12 d'aujourd'hui, il faut que la
personne soit autorisée par un juge pour intenter une poursuite. C'est
essentiellement la même chose. La différence, c'est qu'on met en
évidence la compétence du Procureur générai,
d'intenter des poursuites. C'est à peu près ta même chose
ou la même chose dans la loi fédérale.
M. Filion: Bien, c'est la même chose... Est-ce qu'il y a
une différence entre l'état actuel du droit et ce que nous
apporte le projet de loi 75?
M. Marx: Cela clarifie. Il n'y a pas de différence de
fond.
M. Filion: Le Procureur général peut, actuellement
dans tous les cas.
M. Marx: C'est cela. M. Filion: II peut encore.
M. Marx: Mais, il n'est pas mentionné. Il peut encore. Le
poursuivant désigné en vertu d'une autre loi peut encore.
M. Filion: Et la personne qui est autorisée
par un juge...
M. Marx: C'est la situation actuelle.
M. Filion: Mais, actuellement, la personne en vertu de
l'article... Si J'ai bien compris ce que vous m'avez dit. La personne a besoin
de l'autorisation du juge, oui ou non?
M. Marx: C'est cela. C'est une dénonciation, une plainte,
qu'il doit présenter à un juge. On va chercher l'article dans la
loi actuelle. L'article 15 de la loi actuelle prévoit: "En recevant une
plainte ou une dénonciation, le juge de paix entend et pèse les
allégations du plaignant et, s'il le croit désirable ou
nécessaire, les dépositions du ou des témoins, et, s'il
est d'avis qu'il y a lieu de le faire, il émet une assignation ou un
mandat, selon le cas, en la manière ci-après prescrite.
Il faut avoir l'autorisation. Cela ne change rien sur lefond.
M. Filion: Quel était le dernier article de la Loi sur les
poursuites sommaires que vous avez cité.
M. Marx: L'article 15. C'est là.
Le Président (M. Hamel): M. ledéputé, vous avez votre texte.
M. Filion: L'article? Une voix: L'article 15.
M. Marx: Il faut lire l'article 9 avec l'article 10 du
projet.
M. Filion: Dans le projet de loi ça va.
Bref, en ce qui concerne l'article 9 pour les personnes, il n'y a pas de
changement,
M. Marx: À notre avis, il n'y a pas de changement.
M. Filion: "Le procureur général, une personne
désignée par le procureur général ou par la loi et
toute personne sous les conditions d'autorisation..."
M. Marx: Par le poursuivant désigné en vertu d'une
autre loi que le projet de loi. Parce que, par exemple...
M. Filion: Oui, oui.
M. Marx: ...dans la Loi sur le revenu c'est te sous-ministre.
M. Filion: Alors, ça va pour l'article 9. M. Marx:
D'accord.
Le Président (M. Hamel): Article 9, adopté? M.
Filion: Adopté.
Le Président (M, Hamel): J'appelle l'article 10.
M. Marx: Cet article indique à quelles conditions et de
quelle manière un poursuivant, qui n'est pas le Procureur
général ni un poursuivant désigné par la loi,
pourra intenter une poursuite.
C'est essentiellement la même chose que dans la loi actuelle.
M. Filion: II y a une différence, une grosse
différence, M. le ministre.
M. Marx: Oui, qu'est-ce que c'est?
M. Filion: Je vais vous la dire. D'abord: "Est
présentée à un juge ayant compétence dans le
district judiciaire où le poursuivant peut intenter la poursuite." Pour
ça, je pense qu'il n'y a pas de problème. "Le juge entend les
allégations au soutien de cette demande. Il peut entendre les
dépositions sous serment des témoins et il a, à cet
égard, le pouvoir de les contraindre à se présenter et
à rendre témoignage." C'est exactement... C'est à peu
près la même chose que l'article 15, paragraphe 2.
Mais, au paragraphe 3, on dit: "Le |uge autorise la poursuite s'il a des
motifs raisonnables de croire qu'une infraction a été commise et
s'il est convaincu que le poursuivant est une personne intéressée
dans la poursuite."
Je vous avoue qu'à ma connaissance, c'est une espèce de
nouvelle notion. Il faut que quelqu'un soit intéressé pour
déposer une plainte parce qu'une toi n'a pas été
respectée. Il me semble que si on adopte des lois, c'est pour qu'elles
soient respectées. Si un individu arrive-Mais vous me corrigerez -
peut-être que je me trompe - mais, en tout cas, ça m'apparatt
être tout nouveau ce concept de personne intéressée dans
une poursuite.
M. Marx: Cela balise un peu la discrétion absolue du
juge.
M. Filion: Je comprends. Non, non, le juge conserve sa
discrétion basée "sur des motifs raisonnables de croire qu'une
infraction a été commise...
M. Marx: En plus, il doit se...
M. Filion: ...s'il est convaincu que le poursuivant est une
personne intéressée dans la poursuite." J'avoue que Je ne
comprends pas pourquoi on a introduit cette notion-là. En deux mots, il
faut être intéressé dans le respect d'une loi pour
être autorisé à déposer une plainte pour
une infraction à cette loi-là. Cela m'apparaît
contraire à toute notre philosophie. Exemple, ta Loi sur la
qualité de l'environnement ou n'importe quoi. La loi 101, tiens.
Pourquoi avoir besoin de démontrer, nous dit le texte,
c'est-à-dire de convaincre le juge que le poursuivant est une personne
intéressée dans la poursuite. Les lots appartiennent à
tout le monde.
M. Marx: Malheureusement pour le député de Taillon,
pour la loi 101 ça prend une autorisation...
M. Filion: Cela, je le sais.
M. Marx: ...du ministre de la Justice.
M. Filion: Oui, oui, ça je le sais. L'exemple
n'était pas bon dans ce cas-là.
M. Marx: Donc...
M. Filion: Malheureusement pour...
M. Marx: Ce n'est pas moi. C'est votre parti qui l'a mis dans la
loi. C'est peut-être...
M. Filion: C'est parce que dans ce temps-là elle
était respectée.
M. Marx: Peut-être que ça pourrait être utile
à une personne intéressée pour éviter le
harcèlement, pour éviter des poursuites inutiles.
M. Filion: Cela ne marche pas comme ça. M. Marx:
Non?
M. Filion: Le droit pénal, vous savez, c'est du droit
public. Quand on parle de droit public, démontrer un
intérêt pour éviter des harcèlements... Je veux dire
que s'il y a une infraction de commise, que le juge en est convaincu,
c'est-à-dire qu'il a des motifs raisonnables de croire qu'une infraction
a été commise, pourquoi demander que la personne qui vient
déposer une plainte ait un intérêt dans le respect de
l'environnement, par exemple?
Dans le comté de mon collègue, le député de
Terrebonne, j'aurais besoin d'avoir un intérêt dans la
rivière l'Assomption pour aller déposer une plainte parce qu'on
ne respecte pas les lois provinciales en matière d'environnement dans la
rivière l'Assomption? On pourrait pousser plus loin et penser aux jeunes
enfants, par exemple, qui pourraient être... Cela ne s'applique pas parce
que c'est le Code criminel ou, plutôt, ta Lof sur les jeunes
délinquants. Je pense que c'est dans l'intérêt de tout le
monde qu'une loi soit respectée.
Je pense que l'exemple de l'environnement est très bon... Si le
ministre veut m'écouter encore une seconde.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Je regarde la situation actuelle. M. Marx: On
va suspendre cet article. M. Filion: Bon.
M. Marx: On va regarder le point soulevé par le
député. On suspend...
Le Président (M. Hamel): D'accord. Donc, le paragraphe 3
de l'article 10?
M. Marx: On suspend l'article 10. D'accord.
Le Président (M. Hamel): D'accord. L'article 10...
M. Filion: On va suspendre tout l'article.
M. Marx: Est-ce qu'on a adopté l'article 9? On peut
adopter l'article 9.
Le Président (M. Hamel): L'article 9 est adopté
déjà.
M. Marx: On suspend l'article 10 pour que les légistes
puissent revoir le mot "intéressée" et jusqu'à quel point
ce serait nécessaire...
Le Président (M. Hamel): L'article 10 est suspendu.
L'article 11.
M. Filion: À chacun des articles... Un peu... Sans vouloir
éterniser, j'aime ça quand le ministre me donne des
commentaires...
M. Marx: Oui.
M. Filion: ...pour savoir si j'ai bien compris l'article,
deuxièmement, quand il me fait - pas toujours mais, en tout cas -
à cette occasion, des comparaisons avec la situation actuelle.
M. Marx: Oui.
M. Filion: C'est, en somme, ce qu'il y a dans le cahier vert et
que je n'ai pas.
M. Marx: Non...
M. Filion: Si je l'avais, cela sauverait des questions, mais je
ne l'ai pas.
M. Marx: M. le Président, cet article a trait aux pouvoirs
du Procureur général en matière de poursuite, ces pouvoirs
qui tirent leur origine du "common law" sont reconnus en matière
criminelle ainsi que dans les autres provinces en matière pénale.
Dans le Code criminel, on peut consulter les articles 508, 720 et 731.
M. Filion: Les articles 508, 720...
M. Marx: Et l'article 731. Dans les autres provinces, on
procède soit par une référence au Code criminel, soit par
une disposition spécifique. L'article prévoit que le Procureur
général peut intervenir en première instance pour
reprendre la cause, le nolle prosequi, etc.
M. Filion: L'intervention en appel...
M. Marx: Oui. Dans les autres provinces, on fait
référence à loi sur la preuve... au Code criminel, je veux
dire, au Code criminel, la partie 24. C'est ça? Dans les autres
provinces, on fait juste référence à la partie 24. Donc,
chacune fait siennes les dispositions de cette loi, par adoption.
M. Filion: Chacune des provinces fait siennes les convictions
sommaires, en somme, la partie sur les poursuites sommaires. Le Barreau nous
avait sensibilisé là-dessus; le Barreau qualifiait cela de
'coquille législative". (21 h 30)
Dans cet ordre d'idées, le Barreau nous disait: "Nous
désirons attirer votre attention sur l'article 168 de l'avant-projet de
loi - Cela se trouve à être bel et bien l'article 11 du projet de
loi actuel. C'est cela? Oui, c'est-à-dire... C'est l'alinéa 3 de
l'article 11 qui est devenu l'article 168 de l'avant-projet de loi...
M. Marx: Je pense que oui.
M. Filion: ...qui permet au Procureur général
d'ordonner l'arrêt d'une poursuite avant qu'un jugement ne soit rendu en
première instance. Cela pourrait entraîner des abus du pouvoir
politique sur le judiciaire. Nous osons croire qu'il s'agit là d'une
"coquille législative". Quels sont... Est-ce que le ministre croit qu'il
s'agit là d'une "coquille législative" comme le Barreau
l'écrivait?
M. Marx: Non. Vous savez que dans notre système
d'administration de la justice, le Procureur général est le
gardien de l'ordre public. Il a ce pouvoir en vertu du Code criminel. Je pense
que c'est tout à fait normal qu'il ait ce pouvoir en vertu du Code de
procédure pénale aussi. S'il a cela pour les infractions
criminelles, je pense que c'est important qu'il ait le même pouvoir pour
tes infractions pénales.
M. Filion: Dans l'état actuel du droit, le Procureur
général a actuellement le pouvoir du nolle prosequi.
M. Marx: Non.
M. Filion: En vertu de quel article...
M. Marx: Je pense que cela vient du "common law". Cela vient de
ta "common law".
M. Filion: Cela vient de la "common law". Ce n'est pas dans la
Loi sur les poursuites sommaires.
M. Marx: Non. M. Filion: Là, on...
M. Marx: On me dit que c'est dans la Loi sur le ministère
de la Justice qui détermine les pouvoirs du Procureur
général. C'est dans les attributions du Procureur
général en vertu du "common law" ou de la "common law". Cela
dépend...
M. Filion: Oui.
M. Marx: J'ai dit "de la".
M. Filion: Pardon?
M. Marx: De la "common law".
M. Filion: De la "common law".
M. Marx: Les gens disent du "common law" parce que c'est un acte.
D'accord?
M. Filion: En ce qui concerne le nolle prosequi du Procureur
général dans un acte criminel, je pense qu'il a été
confirmé récemment par la Cour d'appel?
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Dans l'affaire Morgentaler, sauf erreur.
M. Marx: L'affaire Macchabée.
M. Filion: Chartrand-Macchabée. Je dois dire,
contrairement à ce qu'on croit, que cela m'arrive d'être d'accord
avec le ministre de la Justice et Je le suis dans ce cas-là.
M. Marx: Non, mais...
M. Filion: Je suis prêt à adopter l'article.
M. Marx: Non, mais M. le Président, je dois insister pour
dire...
Le Président (M. Hamel): Donc, l'article 11 est
adopté?
M. Marx: ...qu'ici, on prend les critiques du
député de Taillon très au sérieux depuis qu'on a
commencé l'étude de ce projet, de l'article 1 jusqu'à
maintenant et, jusqu'à la fin...
M. Filion: Moi aussi, je le dis très
sérieusement.
M. Marx: Non, non.
M. Filion: Sur le nolle prosequi, les opinions sont
divisées. On voit que le Barreau parle des abus du pouvoir politique sur
le judiciaire. Je ne tiendrais pas ce langage.
M. Marx: Mais il ne faut pas que ce soit...
M. Filion: Je pense que le Procureur général a des
responsabilités et il les prend.
M. Marx: Mais il faut dire que souvent, aussi, ce n'est pas pris
dans un "vacuum"...
M. Filion: Oui, oui, il y a des...
M. Marx: Par exemple, cela peut venir d'un procureur de fa
couronne qui pense qu'If faut prendre un nolle prosequi dans une cause,
recommencer et tout cela. C'est déjà arrivé.
M. Filion: Cela arrive, des fois, pour des raisons que je
qualifierais de plus stratégiques que politiques, mais...
M. Marx: Pas politiques.
M. Filion: Non, c'est cela. Je vais vous dire que je partage cela
entièrement. Je pense que le Procureur général a des
responsabilités, qu'il les exerce et que la sanction de l'absence de
jugement, c'est une sanction politique.
Le Président (M. Hamel): Très bien. Est-ce que
l'article 11 est adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Hamel): L'article 12?
M. Marx: L'article 12 prévoit pour un poursuivant le droit
de retirer l'accusation qu'il a portée.
M. Filion: Mais continuez, c'est cela qui est spécial un
peu.
M. Marx: II s'agit ici d'une simple reconnaissance de l'exercice
de l'actuel pouvoir connu sous le nom de retrait de plainte. Il n'y a pas
de...
M. Filion: Dans le...
M. Marx: Avant l'instruction.
M. Filion: Pardon?
M. Marx: Avant l'instruction. Vous comprenez que, dans le dossier
des femmes battues...
M. Filion: Oui, mais c'est le Code criminel.
M. Marx: Non, mais cela veut dire que c'est le même...
M. Filion: Oui, oui, les femmes battues, c'est le Code criminel,
ce sont des voies de fait.
M. Marx: C'est le retrait de plaintes.
M. Filion: Dans l'état actuel du droit, évidemment,
cette possibilité existe dans la Loi sur les poursuites sommaires.
M. Marx: Le pouvoir de retrait a été
préservé quand il est essentiel à l'exercice de la
discrétion de poursuivre. Il doit tenir compte de tous les
éléments qui peuvent survenir après la signification d'un
constat.
M. Filion: On parle de constat...
M. Marx: Dans l'état actuel, c'est reconnu. Je ne pense
pas qu'il y ait un article comme tel dans la Loi sur les poursuites sommaires,
mais c'est reconnu que quelqu'un qui veut retirer une plainte peut le
faire.
M. Filion: Ce qui me chicote, M. le ministre, c'est l'autre
phrase où on dit: "Lors de l'instruction, le retrait ne peut être
effectué qu'avec la permission du juge".
M. Marx: C'est normal aussi.
M. Filion: Non, mais dans l'état actuel du droit.
M. Marx: C'est cela. Une fois que... M. Filion: En
matière sommaire? M. Marx: Oui. M. Filion: En
matière sommaire?
M. Marx: Partout. Cela vient du "common law"
M. Filion: En matière criminelle, je le sais, mais en
matière sommaire?
M. Marx: On me dit que oui.
M. Filion: Ce qui est nouveau, c'est le deuxième
alinéa de l'article 12.
M. Marx: "Le poursuivant doit faire parvenir un avis de retrait
au défendeur et au greffier lorsque ces derniers ne sont pas
présents lors du retrait". C'est une question de procédure. Oui,
c'est pour les aviser et, s'ils sont poursuivis une deuxième fois, ils
peuvent dire que c'est...
C'est seulement un avis. Je pense que c'est normal.
M. Filion: C'est plein d'allure.
Le Président (M. Hamel): L'article 12 est-il
adopté?
M. Marx: Adopté. M. Fillon: Adopté. Le
Président (M. Hamel): Article 13?
M. Marx: Cet article énonce les conséquences d'un
arrêt de poursuite effectué par le Procureur général
ainsi que les conséquences d'un retrait de chef d'accusation.
Dans le Code criminel, c'était un an. Ici, nous avons mis six
mois, comme vous pouvez bien voir.
M. Filion: Dans l'état actuel du droit?
M. Marx: Quel article? C'est le "common taw", c'est un an. La
jurisprudence a réduit à six mois. Je pense que cela peut,
peut-être...
M. Filion: La prescription, c'est un an en vertu du Code de
procédure pénale. Là, on dit:
Lorsqu'il y a une poursuite d'arrêtée, un chef de
retiré ou peu importe, on met cela à six mois. Pourquoi pas trois
ou neuf mois? Il n'y a rien là-dessus. Pourquoi pas un an?
M. Marx: C'est cela, c'est le nolle prosequi pour
reprendre...
M. Filion: L'article 13, ce n'est pas juste cela. C'est aussi
pour...
M. Marx: Oui, c'est...
M. Filion: ...a été arrêté ou n'a pas
été continué pour cause de retrait. Ce n'est pas seulement
le nolle prosequi, l'article 13.
M. Marx: ...juste le nolle prosequi.
M. Filion: Non, non, ce n'est pas seulement le nolle prosequi, je
croirais que...
M. Marx: "Un défendeur ne peut être poursuivi une
seconde fois pour une infraction dont la poursuite a été
arrêtée et n'a pas été continuée dans les six
mois de son arrêt... C'est le nolle prosequi...
M. Fillon: Mais le reste de la phrase?
M. Marx: ...ou dont le chef d'accusation a été
retiré."
M. Filion: Ça, ce n'est pas le nolle prosequi.
M. Marx: Non.
M. Filion: C'est le retrait d'un acte ou d'un chef
d'accusation.
M. Marx: Une fois que le retrait est effectué, la plainte
est retirée, c'est fini. Il ne peut pas être poursuivi.
M. Filion: Sauf dans les six mois.
M. Marx: Non, pas pour le retrait. Il ne peut être
poursuivi une seconde fois pour une infraction...
M. Filion: D'accord. Excusez-moi. "Un défendeur ne peut
être poursuivi une seconde fois pour une infraction dont la poursuite a
été arrêtée et n'a pas été
continuée dans les six mois de son arrêt ou dont te chef
d'accusation a été retiré." Les six mois, cela s'applique
uniquement au nolle prosequi.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Quand le chef d'accusation a été
retiré, c'est fini.
M. Marx: D'accord? Je pense que cela avantage les
défendeurs.
M. Filion: C'est cela. Et, ça, c'est nouveau; non,
c'est-à-dire que c'est le "common law".
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: C'est le droit commun. On va t'appeler comme cela.
C'est le droit commun. Cela va, adopté.
Le Président (M. Khelfa): Adopté.
Prescription
M. Marx: À l'article 14, il y a un amendement.
Le Président (M. Khelfa): L'article 14.
M. Marx: II s'agit d'une modification d'ordre technique. Je vais
lire l'amendement: "À l'article 14 du projet de code, insérer,
à la fin de la première ligne du deuxième alinéa
après le mot "point", le mot "de"." Cet article établit le
délai de prescription. En principe, la prescription est d'un an, comme
le député l'a déjà mentionné.
M. Filion: Habituellement, c'est deux ans, sauf erreur.
M. Marx: Oui, c'est deux ans. À toutes fins utiles, c'est
deux ans maintenant, pour la couronne.
M. Filion: Premier point là-dessus. Le Code criminel, pour
les infractions poursuivables en
vertu de la partie 24, prévoit une prescription de...
M. Marx: Six mois.
M. Filion: ...six mois. Pourquoi, dans le droit pénal
provincial, aurait-on une prescription qui serait plus grande que dans le cas
des infractions criminelles poursuivables en vertu de la partie 24?
M. Marx: Nous avons fait une consultation auprès de tous
les ministères et le consensus était de la réduire
à un an.
M. Filion: Pourquoi? M. Marx: Pardon? M. Filion:
Pourquoi?
M. Marx: Parce qu'ils ont trouvé que six mois, c'est trop
court. Étant donné que c'était deux ans, on a
réduit à un an. On a apporté une amélioration. En
commission parlementaire, il y avait des suggestions pour une prescription de
trois ans et pour une prescription de six mois. Cela dépend qui a
parlé, et on a tiré la ligne à un an. (21 h 45)
M. Filion: Dans le fond, comme vous dites, c'est un choix. Il n'y
a pas à en rediscuter tellement. Il faut voir que c'est une
amélioration sur la prescription de deux ans. Le problème, je le
vois vraiment dans le deuxième alinéa qui est quand même
pas mal large. Je le relis: Toutefois, une autre loi peut fixer un délai
différent - donc, on ouvre la porte aux prescriptions spéciales -
ou fixer le point de départ de la prescription à la date de la
connaissance de la perpétration de l'Infraction ou à la date
où se produit un événement déterminé par
cette toi." Sans fixer - et, là, j'aimerais que le ministre
m'écoute - dans ces cas-là, de maximum.
M. Marx: Premièrement, en matière d'impôt sur
le revenu, c'est 5 ans. D'accord?
M. Filion: C'est-à-dire que. pour l'impôt sur le
revenu, on peut remonter Jusqu'à 5 ans.
M. Marx: C'est cela, 5 ans. Donc,...
M. Filion: À partir de la connaissance, à part
cela, je pense.
M. Marx: Oui. Je pense que c'est... M. Filion: À
partir de la connaissance.
M. Marx: Oui. Et sur la connaissance, il y a... Je peux vous lire
certains exemples de lois référant à la connaissance de
l'infraction:
L'article 211 de ta Loi sur les valeurs mobilières, et je cite:
"L'action pénale se prescrit par deux ans, à compter de la
connaissance, par la commission, des faits qui y donnent lieu ou un
événement déterminé."; l'article 512 de la Loi
électorale, et je cite: "dans les deux ans qui suivent la date où
le document est produit".
C'est-à-dire que pour les valeurs mobilières... Ils sont
venus devant cette commission et ils ont expliqué que pour eux, pour
faire enquête, cela peut prendre plus de 6 mois, plus d'un an. Cela prend
le temps nécessaire. Ils ont besoin de plus de temps.
M. Filion: Je comprends qu'il y a des situations, qu'il y ades lois qui demandent des points de départ de prescription
différents. Souvent, on réfère à la connaissance
mais, et c'est ça l'idée, pourquoi ne fixerait-on pas un
maximum?
M. Marx: De combien d'années?
M. Filion: La Loi de l'impôt, entre autres, - Avez-vous le
texte de la Loi de l'impôt - je pense que cela dit 5 ans à partir
de la connaissance.
M. Marx: Oui, mais...
M. Filion: Je ne sais pas si vous imaginez, 5 ans à partir
de la connaissance.
M. Marx: Oui, mais cela, c'est quelqu'un...
M. Filion: La charte dit qu'on doit procéder avec une
certaine diligence. Vous êtes au courant de tous les jugements rendus par
les tribunaux. Moi, je veux bien que la connaissance soit un point de
départ mais je ne vois pas pourquoi, à partir de la connaissance,
on étendrait à un délai qui soit trop grand.
M. Marx: Mais, il faut voir cela dans...
M. Filion: Vous comprenez ce que je veux dire.
M. Marx: Oui.
M. Filion: La connaissance. La Commission des valeurs
mobilières nous disait: Écoutez, il faut faire enquête,
etc.. Je veux bien. Mais, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de fixer un maximum
à partir duquel un individu ne pourrait plus être poursuivi?
M. Marx: Pour les valeurs mobilières, on nous l'a
expliqué. Cela ne me choque pas qu'ils aient deux ans. Pour
l'impôt, 5 ans, c'est dans la loi provinciale, je pense et dans la loi
fédérale aussi. On va regarder toutes les lois, à un
moment donné. On va essayer de regarder toutes les lois pour voir si on
peut les modifier le cas échéant. Mais, cela prendra... C'est un
gros
travail que de regarder toutes les lois et toutes les prescriptions,
partout. En principe, c'est sur un an, avec des exceptions. Mais, il faut voir
les exceptions, aussi.
M. Filion: Moi...
M. Marx: Je vous ai donné, par exemple, la Loi
électorale: "dans les deux ans qui suivent la date où le document
est produit". Est-ce qu'il faut réduire cela à un an, à 18
mois ou prolonger cela à 3 ans ou quoi? Pour faire cela, comprenez-vous,
il faut étudier ces lois sectorielles et décider ce qu'on fait
dans chaque cas.
M. Filion: Mais, il...
M, Marx: L'amélioration, c'est de réduire de deux
ans à un an.
M. Filion: Oui. Cela va. Mais, il ne s'agirait pas, dans mon
esprit de refaire tout le travail, de vérifier presque tout dans chacune
des lois sectorielles Il s'agirait uniquement de mettre un plafond quelque
part. Je vais donner un exemple. Dire: dans tous les cas aucune poursuite ne
peut être intentée cinq ans après l'infraction.
M. Marx: Dans les faits, c'est cela. Il y a la charte des droits,
aussi. Dans les faits, c'est ce que le député dit. Mais,
même si on met une limite de cinq ans, ici, cela peut être
modifié dans d'autres lois. On ne peut pas commencer avec des
"nonobstant". Il faut permettre cette flexibilité dans le
deuxième alinéa.
M. Filion: Pardon?
M. Marx: II y a une certaine flexibilité dans le
deuxième aliéna.
M. Filion: Le problème... je n'appelle plus cela de la
flexibilité, j'appelle cela une porte de grange ouverte.
M. Marx: Est-ce que cela change quelque chose? On part de deux
ans, on met cela à un. Vous êtes d'accord avec le premier
alinéa?
M. Filion: Oui, je vous l'ai dit que, dans le fond,
c'était un choix. C'est correct.
M. Marx: D'accord, je comprends, c'est un peu...
M. Filion: Le premier alinéa, c'est correct.
M. Marx: Le deuxième, c'est la situation actuelle.
M. Filion: Ce n'est pas dans le droit actuel, ça? Ce n'est
pas l'état du droit actuel?
M. Marx: Pardon?
M. Filion: Le deuxième alinéa, il ne se retrouve
pas dans la Loi sur les poursuites sommaires?
M. Marx: Non, non. Le deuxième alinéa se retrouve
dans d'autres lois.
M. Filion: Le deuxième alinéa de l'article 14,
est-ce qu'on en trouve une équivalence dans la Loi sur les poursuites
sommaires, actuellement?
M. Marx: Non, parce que c'est dans d'autres lois. On ne sait
même pas où cela existe.
M. Filion: Je comprends que c'est dans d'autres lois, mais le
deuxième alinéa de l'article 14 sera dans le Code de
procédure pénale, il ne sera pas dans les autres lois, même
si le contenu se réfère à d'autres lois.
M. Marx: Bien il faut que dans le... M. Filion: Je parle
du texte même.
M. Marx: Si d'autres lois ne prévoient pas de prescription
autre qu'un an, ce sera un an mais, au moins, on annonce que cela peut
être différent. Dans l'actuelle Loi sur les poursuites sommaires
on ne l'annonce même pas. Comprenez-vous ce que je veux dire?
M. Filion: D'accord. Donc, il n'y a pas d'équivalence dans
la Loi sur les poursuites sommaires avec le deuxième aliéna de
l'article 14.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: C'est cela. Bon premièrement.
Deuxièmement, je comprends que, dans le deuxième alinéa,
on l'annonce sauf que je me dis qu'on permet d'avoir des lois sectorielles sans
aucun plafond, sans aucune limite...
M. Marx: C'est le cas actuel.
M. Filion: C'est le cas actuel mais, est-ce que le ministre ne
juge pas à propos...
M. Marx: Qui ça?
M. Filion: Est-ce que te ministre de la Justice ne juge pas
à propos de mettre un plafond, même pour les lois
sectorielles?
M. Marx: Non. Cela prendra une consultation avec tous les
ministères pour voir quels sont leurs besoins etc. Mettre un plafond, je
ne veux pas mettre un plafond sans avoir étudié toutes les lois
parce que nous ne saurons pas ce que nous faisons mais, je pense
qu'effectivement, le plafond est de cinq ans. Je ne crois pas qu'il y ait plus
que... Le seul qu'on connaît vraiment,
c'est celui du Revenu et c'est cinq ans.
M. Filion: Les ministères sectoriels veulent toujours
avoir la Cadillac, la Cadillac des prescriptions. Les ministères
sectoriels veulent pouvoir poursuivre tout le monde en n'importe quel temps. Et
puis, des prescriptions. On n'est pas là, d'ailleurs, dans toutes les
commissions parlementaires où les lois sont adoptées . C'est
plein de prescriptions et de points de départ différents toujours
avec de bonnes raisons pour avoir de longues prescriptions, des connaissances,
etc.
Par contre, il y a aussi l'article 321 de la Charte
québécoise des droits et libertés. Tout accusé a le
droit d'être jugé dans un délai raisonnable.
M. Marx: Une fois qu'il est accusé.
M. Filion: Et l'article 7 de la Charte canadienne. Le ministre a
raison pour l'article 32.1: Tout accusé", donc il faut qu'il soit
déjà accusé. C'est plutôt une extension de l'article
7 de la Charte canadienne des droits. Tout le monde a le droit à sa
liberté, etc, à l'exercice de ses droits fondamentaux. C'est cela
qui a une portée substantive, c'est-à-dire de substance quant
à savoir. En deux mots, les gens ont le droit de se promener dans la
société et de se dire qu'ils ne seront pas poursuivis, à
un moment donné, pour ce qu'ils ont fait en 1950 et quelque ou en 1920
et quelque.
M. Marx: Quand les tribunaux vont interpréter l'article 7
de la Charte canadienne, on va s'y conformer. On est prêt à s'y
conforme.r J'espère que le député de Taillon ne va pas
proposer des clauses "nonobstant" pour que le Québec se distingue.
M. Filion: C'est votre gouvernement qui semble
intéressé par les clauses "nonobstant" de ce temps-là.
M. Marx: Nous, comment cela?
M. Filion: Ah, oui. Bref, en deux mots, vous ne voulez pas mettre
un plafond. Vous dites que cela demanderait une étude de tout le secteur
des prescriptions, etc.
M. Marx: Une consultation de tous les ministres, de tous les
ministères.
M. Filion: Mais vous l'avez faite, la consultation, vous l'avez
dit.
M. Marx: On va la faire.
M. Filion: Non, mais vous m'avez dit que vous l'aviez faite et
qu'un an, cela avait du sens.
M. Marx: Ah, non, un an, oui Un an, c'était cela
M. Filion: Oui, mais là c'est un an mais avec un paquet
d'exceptions.
M. Marx: Les exceptions, on va les étudier pour voir s'il
faut faire des modifications.
M. Filion: Quand va-t-on donner suite, à peu près,
dans quel cadre?
M. Marx: En 1988. M. Filion: En 1988. M. Marx:
Oui.
M. Filion: Bon. On va étudier les prescriptions des lois
sectorielles pour les réviser.
M. Marx: Oui. À ma connaissance, je pense que le Revenu a
cinq ans, c'est la prescription la plus longue. Je pense que c'est cela.
M. Filion: Oui.
M. Marx: Cela est exceptionnel.
M. Filion: Oui, et on comprend, c'est à cause de la
nature.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Mais il y a un paquet de lois je vous le dis,
où les prescriptions dépassent un an.
M. Marx: Oui, mais cela, peut être...
M. Filion: II y a à peu près toutes les sortes de
prescriptions, il y en a de trois ans, il y...
M. Marx: On va étudier cela pour voir si on peut ramener
cela à un an, si ce sont des prescriptions de trois ans, de deux ans,
des...
M. Filion: Comme vous aviez fait l'étude sur la
prescription en consultant les ministères, avez-vous dit, vous en
êtes arrivé à la conclusion que le principe
général d'un an était valable. Vous nous dites aussi que
vous n'avez pas eu le temps de faire I'étude des dispositions
spéciales.
M. Marx: Pour chacune des lois, mais on va le faire.
M. Filion: pour chaque loi, vous allez le faire en 1988.
M. Marx: Oui. M. Filion: Bon.
Le Président (M. Doyon): L'article 14 est-il adopté
tel qu'amendé? L'amendement...
M. Marx: J'espère, oui.
M. Filion: Je vous signale d'ailleurs à ce... Ce ne sera
pas long, M. le Président. Je vous signale d'ailleurs sur cela que la
Commission des services juridiques, page 16 de son mémoire...
M. Marx: Six mois. M. Filion: Pardon? M. Marx: Ils
ont parlé de six mois.
M.Filion: Oui, mais en plus de cela, six mois, un an... Je vous
l'ai dit, un an...
M. Marx: Oui, c'est la même chose.
M. Filion: ...c'est un choix, finalement. On passe de deux
à un, on se rapproche de six mois. C'est du reste dont je voulais
parler, c'est-à-dire du deuxième alinéa de l'article 14,
les prescriptions diverses, etc. Voilà.
Le Président (M. Doyon): L'article 14 tel qu'amendé
est-il adopté?
M. Marx: Adopté.
M. Filion: Est-ce qu'on a adopté l'amendement? Je ne pense
pas.
Le Président (M. Doyon): L'amendement se lit comme suit:
à l'article 14 du projet de loi: Insérer à la fin de la
première ligne du deuxième alinéa après le mot
"point", te mot "de". Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Marx: Oui. M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que l'article 14 tel
qu'amendé est adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Doyon): Nous passons à l'article
15. M. le ministre.
M. Marx: Cet article établit comment Interrompre la
prescription.
M. Filion: Je vous écoute. Avez-vous des commentaires sur
cela? (22 heures)
M. Marx: Je n'ai pas de commentaire, sauf si vous ne comprenez
pas l'article.
M. Filion: Vous connaissez le juge qui disait: Tenez pour acquis
que je ne connais rien."
M. Marx: Je vais vous lire l'article: "La prescription est
interrompue par la signification d'un constat d'infraction au
défendeur." Comprenez-vous?
M. Filion: Oui. C'est clair. Le deuxième paragraphe.
M. Marx: "Sur demande du poursuivant qui établit avoir
vainement tenté de signifier un constat d'infraction au
défendeur, le juge déclare la prescription interrompue à
la date de cette demande; il atteste sur le constat ta date de
l'Interruption."
Le deuxième alinéa prévoit les cas où le
constat n'a pu être signifié au défendeur, soit parce qu'il
a changé d'adresse, soit parce qu'il se soustrait à la justice.
Dans ces cas, un juge pourrait attester l'interruption de la prescription.
M. Filion: J'ai le goût de vous poser une question...
Lorsqu'on dit: "La prescription est interrompue par la signification d'un
constat d'infraction au défendeur" - restons uniquement sur ce premier
alinéa - ...
M. Marx: Oui.
M. Filion: ...elle est interrompue pour combien de temps?
M. Marx: Elle est interrompue, la poursuite est intentée,
c'est fini.
M. Filion: Oui, mais il y a le constat d'infraction. Il est
signifié, mais la prescription est interrompue pour combien de
temps?
M. Marx: Pour le procès. Vous voulez dire pour son
procès?
M. Filion: Pour sa comparution... c'est-à-dire pour
son...
M. Marx: C'est la charte.
M. Filion: Là, on se réfère à la
charte.
Là, la charte devient intéressante. Tantôt, ce
l'était moins pour vous, mais là, cela devient
intéressant.
Là-dessus, est-ce que vous avez des exemples concrets
d'interprétation jurisprudentîelle? Je sais que c'est à
être jugé dans tes faits.
M. Marx: C'est cela, c'est dans les faits. M. Filion: Mais
avez-vous des exemples? M. Marx: Non. M. Filion: Des
références?
M. Marx: On n'a pas d'exemples. C'est dans les faits, c'est d'une
cause à l'autre. On ne peut pas éplucher toute la
jurisprudence.
M. Filion: Deuxième alinéa, maintenant. On dit:
"Sur demande...
M. Marx: Oui.
M. Filion: ...du poursuivant qui établit avoir vainement
tenté de signifier un constat d'infraction au défendeur, le juge
déclare la prescription interrompue à la date de cette demande;
il atteste sur le constat la date de l'interruption." Cette demande se fait "in
absentia" par la force des choses, par la force du bon sens.
M. Marx: C'est le gars qui essaie de tenter de déjouer la
justice.
M. Filion: Le gars déménage le douzième mois
pour éviter la prescription d'un an.
M. Marx: II déménage chaque semaine. M. Filion: II
couche dans son "char".
M. Marx: Ceta peut être un riche dans sa Cadillac.
M. Filion: Je crains un peu cet article-là. Je vais vous
dire pourquoi. Les administrations de contentieux se rendent compte qu'ils
n'ont pas fait leur travail, qu'il y a un paquet de poursuivants,
c'est-à-dire un paquet d'individus qui n'ont pas été
poursuivis soit parce qu'ils attendaient un jugement d'une Cour d'appel ou un
avis et que cela a retardé, soit qu'ils aient bien pris leur temps. Ils
attendent trois semaines avant la fin de la prescription. Ils se
réveillent et ils essaient de présenter ça.
Évidemment, c'est présenté "in absentia" aux juges.
Il n'y a personne pour dire le contraire de ce que le poursuivant va dire.
C'est une procédure qui se fait...
M. Marx: Non, ce n'est pas fait en cachette: "le juge
déclare".
M. Filion: Je comprends que c'est le juge qui décide, mais
c'est fait avec une seule partie. Le juge... Il n'y a pas d'écho; ce
n'est pas contradictoire.
M. Marx: Mais, comment pourrez-vous rejoindre le
défendeur? Il est introuvable.
M. Filion: Non, le défendeur ne peut pas être
là. Idéalement, en formulant tout cela, je m'imaginais que cela
serait bon d'amener quelqu'un. On ne peut avoir personne, parce que le gars
n'est pas là.
M. Marx: Le procureur, en personne, va aux greffes, dépose
cela et cherche le député de
Taillon. Ha, ha, ha! C'est ça! Le député ou une
autre personne demeure introuvable. On fait les démarches...
M. Filion: En tout cas, je vais vous dire... M. Marx: ...on va la
chercher.
M. Filion: Je vais être "trouvable" pendant les douze
prochains jours à l'Assemblée nationale du Québec.
M. Marx: Oui, c'est ça. Mais vous avez une
immunité.
M. Filion: Vous aussi, d'ailleurs!
M. Marx: Oui. Vous avez une immunité en vertu de la Loi
sur l'Assemblée nationale.
M. Filion: La Législature. Vous aussi, d'ailleurs, vous
allez être très "trouvable" pour les douze prochains, M. le
ministre.
M. Marx: Oui. Il me fait plaisir de passer deux semaines avec
vous, M. le député.
M. Filion: Moi aussi. M. Marx: Bon! Adopté?
M. Filion: Bref, cette procédure est "instruite en
l'absence de toute personne". Maintenant, une fois que le juge... Il y a un
problème au deuxième alinéa. Cela me revient un peu plus
encore. Si vous voulez m'écouter...
M. Marx: Oui.
M. Filion: Supposons qu'il y a une prescription d'un an. On a
vainement tenté de rejoindre le défendeur. On s'en va devant un
juge. Il y a une interruption de prescription. Le problème, c'est le
suivant: En ce qui concerne l'interruption de prescription, il n'y a pas de
limite et, là, la charte ne s'applique pas à part cela, parce
qu'on ne pourrait pas dire... Le défendeur n'est pas accusé. Ce
n'est pas comme au paragraphe précédent. Il n'est pas
accusé.
En ce qui concerne l'article de la chatte québécoise que
je lisais tantôt, vous aviez raison de le dire, par exemple, parce qu'au
premier alinéa de l'article 15, il devient accusé, il a eu la
signification d'un constat d'infraction qui suspend la prescription, qui
interrompt la prescription. Mais, au deuxième alinéa, il n'y a
pas eu de signification, il n'est pas accusé, c'est interrompu et on ne
pourra pas invoquer la charte.
M. Marx: Prenons la Loi sur les valeurs mobilières. Le
défendeur se cache pour un an. Après, II peut revenir et dire:
Ah, je suis
intouchable! On ne m'a pas attrapé pendant un an. J'étais
dans le bois. Maintenant, je sors du bois, mais je suis intouchable, parce que
je me suis bien caché. Je pense que ce serait une injustice. Il peut se
cacher en allant aux îles Caïmans, en allant prendre du soleil dans
le Sud.
M. Filion: C'est parce que, là-dedans, M. le ministre,
vous le présumez de mauvaise foi. Vous présumez que le gars se
cache. Je vais présumer que le gars qui... Il y a les huissiers. Il y a
plein de rapports. Ils ne trouvent pas le type...
M. Marx: Oui fait quoi?
M. Filion: J'ai déjà vu un cas quand j'étais
avocat. Je demande de signifier une procédure. Le huissier revient et il
me dit: II n'est pas là, le type. En réalité, il demeurait
à cette adresse, mais c'était la porte
d'à-côté, comme on le voit souvent à
Montréal. C'était à la même adresse; c'était
à la porte d'à-côté. Le huissier était
revenu. Il ne demeurerait pas là. J'appelle mon client. Il me dit: Bien
oui, je demeure là. C'est juste la porte
d'à-côté.
En deux mots, vous présumez la mauvaise foi. Il peut avoir des
cas de bonne foi là-dedans.
M. Marx: Bien, les cas de...
M. Filion: Écoutez-moi jusqu'à la fin. Il n'y a
aucune limite, en deux mots. Aussitôt que le Juge a décidé
que le poursuivant a vainement tenté de signifier le constat
d'infraction, il n'y a plus de limite.
Douze ans plus tard, en deux mots, on pourrait arriver et renvoyer au
député de Notre-Dame-de-Grâce une sommation sur un billet
de stationnement qu'il n'a pas payé, soit-disant parce qu'on a vainement
tenté de le rejoindre.
Il n'y aucune présomption qui joue et la charte ne pourra pas
l'aider non plus, parce qu'il n'est pas accusé. C'est ça le
problème.
M. Marx: Voici ce qu'est la situation actuelle: le
dépôt de la plainte interrompt la prescription. Une fois qu'on
dépose la plainte, la prescription est interrompue, et quand on le
trouve, on le trouve. Au moins, nous avons changé cela pour la
signification et c'est, je pense, une amélioration. Il faut
améliorer, mais il ne faut pas le faire à un tel point que
l'administration de la justice ne puisse se faire convenablement.
M. Filion: La signification, il n'y a pas de problème
là-dessus. Je vous l'ai dit.
M. Marx: D'accord.
M. Filion: Le problème, c'est lorsqu'on s'en va chez le
juge et qu'on lui dit: Écoutez, on a essayé de le joindre, mais
on n'a pas été capa- ble. À partir du moment où le
juge met sa griffe là-dessus, c'est bon pour 25 ans. Je vais vous dire
que c'est une maudite belle façon pour toutes les administrations de
contentieux d'interrompre toutes les prescriptions.
M. Marx: C'est juste pour les gens qu'ils ne peuvent pas trouver.
Dans le cas que vous soulevez où le huissier a fait une erreur, il peut
plaider que...
M. Filion: II y a un tiers de la population à
Montréal qui déménage. Des rapports de huissiers qui ne
trouvent pas des individus, c'est plein. Dans ce cas-ci, je ne prétends
pas que ce n'est pas correct.
Je prétends simplement que cela prendrait un plafond,
c'est-à-dire une limite de temps. Mettez la limite que vous voulez,
trois ans, par exemple, mais il faudrait arrêter cela quelque part sinon,
on pourrait arrêter un individu et lui signifier des constats
d'infractions pour ce qui s'est passé il y a quinze ans.
M. Marx: Avez-vous des cas à me citer où on a fait
cela après quinze ans?
M. Filion: Non, mais vous adoptez le Code de procédure
pénale, M. le ministre. Ce n'est pas moi qui l'ai inventé ce Code
de procédure pénale. Moi, je vous suggère d'attendre au
printemps pour l'adopter. C'est vous qui voulez l'adopter. Quant à
l'adopter, il faudrait adopter quelque chose qui se tient debout, un peu.
M. Marx: Dans le Code criminel, c'est le principe de la
dénonciation. Je peux vous dénoncer et je peux vous poursuivre 75
ans plus tard si vous êtes encore vivant.
M. Filion: Non, je pense que l'article 7 de la charte a
reçu une extension qui comprend le commencement d'une procédure
judiciaire alors que, là, il n'y en a pas eu de procédure
judiciaire. Il n'y a rien. Il y a simplement un juge qui met sa griffe sur un
constat d'infraction.
M. Marx: Non, ici, il y a une dénonciation. Il n'y a pas
de signification parce qu'on ne peut pas trouver la personne. Dans le Code
criminel, c'est juste ta dénonciation.
M. Filion: La dénonciation en soi, c'est une
procédure...
M. Marx: Ici aussi.
M. Filion: ...qu'évidemment on retrouve dans le Code
criminel, mais qu'on ne retrouve pas dans le Code de procédure
pénale.
M. Marx: II y a le constat d'infraction.
M. Filion: L'article 7 de la charte canadien-
ne... En deux mots, il s'agit de faire quoi? Il s'agit d'empêcher
les injustices. Je vous dis que l'article 7 de la charte canadienne pourrait
empêcher de poursuivre quelqu'un pour un acte criminel si la
dénonciation a été déposée et si on va le
chercher 25 ans plus tard.
Ici, carrément, avec l'article 15, clairement, on a une
Interruption de prescription, mais sans aucune limite.
M. Marx: Donc, l'article 7, d'après vous, pourrait
intervenir. C'est cela?
M. Filion: C'est-à-dire que l'article 7 intervient dans le
Code criminel mais, il n'interviendrait pas pour le constat d'infraction qui
n'est pas, à mon avis, une procédure de la nature de celle d'une
dénonciation.
M. Marx: Ce n'est pas sûr et certain qu'on pourrait dire
cela.
M. Filion: Un constat d'infraction, dans votre projet de loi, ce
n'est pas une dénonciation, à mon avis.
M. Marx: Ce n'est pas sûr que ta charte ne pourrait pas
avoir pour effet de contrôler l'article en question.
M. Filion: Cela ne vous dérange pas, vous, qu'un juge
mette sa griffe sur un constat d'infraction et qu'on aille chercher la personne
20 plus tard? (22 h 15)
M. Marx: On a restreint le pouvoir des juges. Jusqu'à
maintenant, c'est le dépôt qui a interrompu la prescription.
Maintenant, c'est la signification. On n'a pas eu de plaintes à ta
tonne. Apparemment, il n'y a pas de flagrant... Théoriquement, il y a
peut-être quelque chose mais, sur le plan pratique, on n'a pas eu de
problème. Si on trouve ou si on nous signale des problèmes, des
injustices, on est prêt à modifier la loi, à un moment
donné. Les juges vont probablement appliquer l'article 7, les deux
chartes, la charte québécoise et la charte canadienne, le cas
échéant. On ne peut laisser poursuivre quelqu'un 30 ans plus tard
pour une infraction au code de ta route.
Quand on adopte un code, c'est sûr qu'on laisse la jurisprudence
interpréter ces articles en fonction des codes. Adopté?
M. Filion: Ce ne sera pas long, M. le Président.
M. Marx: D'accord?
M. Filion: D'accord.
Le Président (M. Hamel): Cela va?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Hamel): L'article 15 est-il
adopté?
M. Marx: L'article 16.
M. Filion: Adopté. L'article 15, adopté. L'article
16?
M. Marx: Pas de problème là.
M. Filion: Est-ce que le ministre a des commentaires?
M. Marx: Cet article indique qu'en cas de défaut de
qualité du poursuivant, il n'y a pas d'interruption de prescription. Le
député est d'accord avec cela?
M. Filion: Cela va loin par exemple.
M. Marx: II n'y a pas de problème avec cela.
M. Filion: Cela va loin. Je trouve cela intéressant. Cela
n'existe pas actuellement. Cela n'existe pas dans le droit actuel?
M. Marx: Non.
M. Filion: Je trouve cela intéressant.
M. Marx: Vous ne pouvez pas être en désaccord avec
cet article.
M. Filion: Non, je trouve cela, au contraire,
intéressant.
M. Marx: D'accord. Adopté. M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Hamel): L'article 16 est-il
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Article 17, section IV, calcul
des délais?
Calcul des délais
M. Marx: Cet article a trait à la méthode de calcul
des délais. Cet article s'inspire de l'article 8 du Code de
procédure civile.
M. Filion: Je vous signale en passant, que les usages de la
langue française, celle avec qui on fait l'amour...
M. Marx: Pardon?
M. Filion: Je recommence ma question.
M. Marx: Quel mot?
M. Filion: Je vous rappelle que l'Association des usagers de la
langue française, celle avec qui on fait l'amour - pas l'association,
mais la langue française - disait que le terme "jour non juridique"
n'était pas de bon usage et qu'il fallait plutôt employer
l'expression "jour férié".
M. Marx: Nous avons vérifié, M. le
Président, Nous avons une opinion juridique. La jurisprudence fait la
distinction entre "jour férié" et "jour non juridique". Ce n'est
pas la même chose. Si ce sont des jours non juridiques, c'est la
même chose que dans le Code de procédure civile, mais je suis
prêt à apporter toutes les améliorations
nécessaires.
Vous savez, M. le Président, que mon prédécesseur a
baptisé le palais de justice de Québec, la Place de la justice.
L'Association des usagers de la langue française m'a
félicité, il y a une semaine, pour avoir changé ce nom
pour celui du palais de justice. On peut dire qu'au ministère, je suis
le gardien de la pureté de la langue française...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Marx: ...comme je l'ai toujours été. M. le
Président, le député de Taillon appréciera sans
doute, le fait que c'est moi qui ai publié la traduction
française des décisions du Comité judiciaire du Conseil
privé pour faciliter l'étude, en français, de cette
jurisprudence qui nous vient d'Angleterre.
M. Filion: Le ministre se défend avec vigueur de son
attachement à la langue française alors que cette vigueur
était...
M. Marx: Étant donné...
M. Filion: ...présumée par celui qui vous parle.
L'acharnement qu'il y met me préoccupe.
M. Marx: Cela a toujours été comme cela. Cela fait
25 ans maintenant.
M. Filion: Tout cela étant dit, je comprends que vous avez
vérifié les observations...
M. Marx: Mais je pense que c'était...
M. Filion: ...de l'Association des usagers de la langue
française, en page 1 de son mémoire.
M. Marx: Oui. On a vérifié. On nous dit qu'il y a
une distinction entre "jour férié" et "jour non juridique".
M. Filion: Je vous signale quand même quelque chose qui est
dit: "Cependant depuis quelques années, le législateur
québécois emploie les expressions "jour férié" ou
"jour ouvrable", notamment dans la Loi d'interprétation - on donne de
bons exemples, la Loi d'interprétation, ce n'est quand même pas
une petite loi - le Code civil, la Loi sur la fête nationale, la Loi sur
les normes du travail et probablement quelques autres lois que nous n'avons pas
vérifiées. Le législateur devrait donner de nouveau
l'exemple dans le présent projet de loi." Avez-vous cela?
M. Marx: Ici, ce sont les mêmes mots que ceux du Code de
procédure civile.
M. Filion: Ce ne sont pas les mêmes que ceux du Code civil
ou de la Loi d'interprétation.
M. Marx: Ce sont des contextes différents. M. Filion: Je
ne sais pas.
M. Marx: Peut-être faut-il revoir tout cela et standardiser
cela dans toutes les lois? D'accord?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Adopté. L'article 17 est
adopté. L'article 18?
M. Filion: Adopté Est-ce qu'il y a des changements?
M. Marx: Cet article... Non.
M. Filfon: Est-ce qu'il y a des changements par rapport à
la loi actuelle?
M. Marx: Non. M. Filion: Non?
M. Marx: Non. Cet article s'inspire de l'article 6 du Code de
procédure civile.
M. Filion: Non, je parle de la Loi sur les poursuites
sommaires.
M. Marx: II n'y avait rien. Adopté?
Le Président (M. Hamel): Adopté?
M. Filion: Non.
Le Président (M. Hamet): Pardon?
M. Filion: Non.
Le Président (M. Hamel): Non.
M. Marx: Ne cherchez pas, M. le député, cela
n'existe pas dans la loi actuelle.
M. Filion: II me semblait avoir vu quelque chose là-dessus
dans la Loi sur les poursuites
sommaires. Vous dites que c'est l'article 6 du Code de
procédure?
M. Marx: Civile.
M. Filion: On devrait en profiter pour s'ajouter un congé
ici.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: On pourrait faire cela sans que ça paraisse
trop. Pourquoi pas le 8 décembre? C'est un petit papillon.
M. Marx: Le 16 mars, c'est mon anniversaire et c'est aussi
l'anniversaire de la secrétaire de cette commission, donc deux bonnes
raisons.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filfon: On pourrait donc inscrire, douzièmement: le 16
mars, et pour toutes explications, prière de consulter les
galées.
M. Marx: Cet article sera désuet quand te ministre...
M. Filion: Oui, oui.
Le Président (M. Hamel): Est-ce que l'article 18 est
adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Section IV, signification des
actes de procédure, article 19.
Signification des actes de procédure
M. Marx: Article 19. Cet article établit les modes de
signification d'un acte de procédure. D'accord?
M. Filion: Le texte actuel? M. Marx: Le texte actuel.
M. Filion: Attendez, on va avoir des choses là-dessus. Le
texte actuel, oui.
M. Marx: C'est dans la loi, dans le texte actuel. "La
signification d'une sommation à une personne physique se fait par la
poste, par l'envoi de la copie à son destinataire, à la
dernière adresse connue de sa résidence ou de sa place
d'affaires, sous pli recommandé ou certifié avec avis de
réception de livraison."
M. Filion: Quel article, M. le ministre? M. Marx: L'article 16,
paragraphe 4.
M. Filion: L'article 16.4. J'ai une question là-dessus.
À l'article 16.4, on parle de la poste, mais on parle d'un envoi
recommandé ou certifié.
M. Marx: Nous aussi, mais c'est à l'article 20.
M, Filion: Ah! À la résidence ou à
l'établissement, ou s'il s'agit d'une personne morale...
M, Marx: L'article 19 est adopté. M. Filion: Oui,
adopté.
Le Président (M. Hamel): L'article 19 est adopté.
Article 20?
M. Marx: Adopté.
M. Filion: Est-ce qu'il y a des commentaires à l'article
20?
M. Marx: Non. C'est de la précision.
M. Filion: II est 22 h 30, M. le Président, et je vais
vous suggérer une suspension de nos débats pour quelques
minutes.
M. Marx: Oui, parfait.
Le Président (M. Hamel): Très bien. Jusqu'à
quelle heure? 22 h 30, trois ou quatre minutes?
M. Filion: Bien, jusqu'à 22 h 25, peut-être. M.
Marx: Oui. 22 h 25.
Le Président (M. Hamel): Mais il est passé 22 h
25.
M. Marx: L'article 20 est adopté. Des voix: Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Hamel): Les travaux sont suspendus pour
quelques minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 27)
(Reprise à 22 h 45)
Le Président (M. Hamel): Nous poursuivons Nous sommes
à l'article 21. Monsieur le ministre, avez-vous des commentaires, comme
dirait le député de Taillon.
M. Filion: Je vais être raisonnable.
M. Marx: Cet article établit comment se fait la
signification par huissier ou agent de la paix.
Le Président (M. Hamel): D'accord? Adopté?
M. Filion: Je lis cela, ce ne sera pas long.
Bon. L'article 21. Est-ce qu'il y a une équivalence dans le droit
actuel?
M. Marx: Dans le Code de procédure civile.
M. Filion: Dans la Loi des poursuites sommaires?
M. Marx: Non, II n'y a pas d'équivalence.
M. Filion: Quand je parle d'équivalence, c'est toujours,
pour moi, la Loi sur les poursuites sommaires. Ce n'est pas le Code de
procédure civile.
M. Marx: Ah, d'accord. Il n'y a pas d'équivalence, pas
comme tel.
Le Président (M. Hamel): Adopté? M. Marx: II
n'y a rien là, M. le Président.
M. Filion: Quel article du Code de procédure civile?
M. Marx: L'article 123, deuxième alinéa et
l'article 130, premier alinéa.
M. Filion: Alors, finalement, on emploie les règles de
signification des procédures civiles. Les articles 123 et 130, avez-vous
dit? C'est cela? Oui, c'est cela.
M. Marx: Adopté, M. le Président.
M. Filion: Ce ne sera pas long. Il y en a une équivalence
dans la loi actuelle. Je ne sais pas pourquoi...
M. Marx: Quoi?
M. Filion: C'est l'article 16, paragraphe 5.
M. Marx: Qu'est-ce que cela veut dire?
M. Filion: "La signification est réputée avoir
été faite à la date où a été
signé l'avis de réception ou de livraison par le destinataire ou
par une personne raisonnable habitant sa résidence ou ayant la garde de
sa place d'affaires.
M. Marx: Cela, c'est l'équivalent de l'article 20 que nous
avons déjà adopté.
M. Filion: C'est pour la date. L'autre, c'est pour le comment.
C'est cela? Bien.
M. Marx: Cela va. Adopté.
Le Président (M. Hamel): L'article 21 est adopté.
L'article 22?
M. Marx: Cet article traite de la significa- tion à une
personne en détention. Cet article s'inspire de l'article 135 du Code de
procédure civile. C'est sûr qu'on va le trouver.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Hamel): L'article 22 est adopté.
L'article 23?
M. Marx: Cet article a trait à la signification d'un acte
de procédures hors Québec. Dans l'arrêt Hayhurst contre
Langlois, 1984, Cour d'appel, page 74, la Cour d'appel, à Québec,
avait jugé nulle une sommation de comparaître signifiée en
Ontario à une compagnie ontarienne, sans bureau d'affaires au
Québec. Cependant, en novembre 1986, dans la cause Dupont contre Taronga
Holdings, la Cour supérieure a reconnu qu'une telle signification
était valide, eu égard à la théorie du bras long,
issue du "common law", à l'effet que celui qui décide de faire
affaire en un lieu manifeste ainsi son intention de se soumettre aux lois de ce
lieu. Ainsi, il peut être rejoint, même chez-lui, par la justice du
lieu où il fait affaire.
M. Filion: Le bras long de la justice.
M. Marx: C'est cela. De l'administration de la justice
québécoise sous l'administration actuelle.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: Comme dirait l'autre: La justice a le bras long mais
il prend du temps pour l'étendre.
M. Marx: Pas nécessairement. M. Filion: Cela va.
M. Marx: On a des manches courtes mais des bras longs.
M. Filion: II n'y a pas d'article correspondants dans la loi
actuelle?
Une voix: Adopté.
M. Filion: Est-ce qu'il y a des articles correspondants dans la
loi actuelle?
M. Marx: Non. C'était un bras court.
Le Président (M. Hamel): L'article 23 est-il
adopté?
M. Filion: D'accord.
Le Président (M. Hamel): L'article 24?
M. Marx: Cet article prévoit la possibilité d'avoir
recours à un autre mode de signification
si le juge l'autorise. C'est dans l'article 18 de la loi actuelle.
M. Filion: Bon, cela va. M. Marx: L'article 25.
Le Président (M. Hamel): Adopté. L'article 25?
M. Marx: Cet article traite du cas où le destinataire
refuse de recevoir l'acte. Cet article s'Inspire de l'article 125 du Code de
procédure civile.
Le Président (M. Hamel): Cela va?
M. Filion: Il y a un petit problème. Vous faites
référence à l'article 125 du Code de procédure
civile mais l'article 125 du Code de procédure civile va un petit peu
plus loin. Il dit: "celui qui signifie doit alors laisser la copie de l'acte
par tout moyen approprié", ce que ne permet pas l'article 25 du projet
de loi
M. Marx: J'ai dit: Cet article s'inspire. Je n'ai pas dit que
c'était un copiage.
M. Filion: Oui, mais... Non.
M, Marx: II peut le faire de toute façon, ce ne
l'empêche pas de...
M. Filion: Est-ce qu'on ne doit pas alors...
L'idée, c'est la suivante... Pas deux en même temps. On va
laisser votre conseiller, d'abord et j'irai ensuite.
M. Marx: Non, on vous écoute avec quatre oreilles.
M. Filion: D'accord. L'idée, c'est ta suivante: La
personne se présente pour faire sa signification. Le type qui doit
recevoir signification se base sur ce qu'il a entendu en 1932: Si tu ne le
reçois pas, tu es bien mieux comme cela. Il dit: Moi, je ne le
reçois pas. Selon le texte de l'article 25 du projet de loi actuel, le
signifiant constate le refus et s'en va, ce qui n'avance pas beaucoup la
justice alors qu'en vertu du Code de procédure, le signifiant constate
le refus - cela équivaut à la signification - mais il en laisse
une copie, parce que les gens... Il y a beaucoup de gens encore au
Québec qui s'imaginent que même donner leur nom, peu importe,
c'est collaborer avec... de consentir au jugement.
M. Marx: Supposons qu'un agent de la paix veut signifier un
constat d'infraction à un automobiliste et que l'automobiliste
décide de fuir, est-ce qu'il va le poursuivre ou est-ce qu'il va
seulement constater qu'il a refusé? Cela va conduire à une
signification, à une poursuite.
C'est cela. On ne fait pas de chasse à l'homme pour cela.
M. Filion: Non, mais écoutez, il peut l'envoyer par tout
mode de signification, la poste, par exemple, ou obtenir un mode de
signification spécial.
M. Marx: Si vous voulez, on va essayer d'ajouter ce qu'il y a
dans le Code de procédure pénale.
M. Filion: II me semble. L'idée de base, M. le ministre,
là-dedans...
M. Marx: Supposons qu'on ajoute à l'article 25, pour les
fins de la discussion: "celui qui fait la signification doit alors laisser une
copie de l'acte par tout moyen approprié." Doit ou peut. Est-ce qu'on
inscrit doit ou peut, M. le Président? Oui, on peut vivre avec le "doit"
probablement.
M. Filion: Oui, il me semble.
M. Marx: D'accord. Est-ce que c'est acceptable, M. le
Président?
M. Filion: Oui.
Mme Bleau: S'il ne peut pas, qu'est-ce qui arrive à ce
moment-là?
M. Marx: S'il ne peut pas... Personne n'est tenu de faire quelque
chose qu'il ne peut pas. C'est pourquoi j'ai dit "doit ou peut".
Mme Bleau: Est-ce...
M. Marx: Si on met "doit"...
Mme Bleau: Est-ce que l'acte sera réputé avoir
été signifié quand même?
M. Marx: Oui. M. Filion: Oui.
M. Marx: Oui. C'est cela la question que Je me suis posée.
D'accord, donc la...
Le Président (M, Hamel): Alors cela va? L'article 25 avec
le texte que vous venez d'ajouter.
M. Marx: C'est le deuxième alinéa. À la fin
de l'article 25 du projet de code, ajouter l'alinéa suivant: "Celui qui
fait la signification doit alors laisser copie de l'acte par tout moyen
approprié."
Mme Bleau: Si on disait "doit tenter de laisser".
M. Marx: Est-ce qu'on met "doit tenter de
laisser copie de l'acte par tout moyen approprié"?
Peut-être que c'est plus juste et c'est Mme la députée de
Groulx qui...
M. Filion: II faudrait l'écrire dans le Code de
procédure pénale, in memoriam.
M. Marx: Ce sera dans le Journal des débats, et on
enverra la page encadrée au député de Taillon. "Celui qui
fait la signification doit alors tenter de laisser..." D'accord.
M. Filion: "Par tout moyen possible".
M. Marx: J'écris cela moi-même... "doit afors tenter
de laisser copie de l'acte", d'accord?
M. Filion: "Doit tenter par tout moyen possible...
M. Marx: "Par tout moyen approprié", cela va?
Donc, le deuxième aliéna de l'article 25 se lirait comme
suit: "Celui qui fait la signification doit alors tenter de laisser copie de
l'acte par tout moyen approprié". Voici, M. le Président,
le...
Le Président (M. Hamel): Adopté.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Hamel): L'article 26?
M. Marx: Peut-on demander qu'on nous fasse une copie, s'il vous
plaît, parce que c'est la seule copie que nous avons.
L'article 26, Cet article a trait à l'attestation de la
signification. Une autre inspiration du Code de procédure civile.
M. Filion: En somme, c'est ce qu'on appelait le procès
verbal de signification. {23 heures)
M. Marx: Oui. Adopté?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Hamel): Adopté. L'article 27?
M. Marx: Cet article a trait à l'attestation d'une
signification faite au moyen de la poste.
Une autre inspiration du Code de procédure civile.
M. Filion: Quel article du Code de procédure civile?
M. Marx: L'article 146, deuxième alinéa. M.
Filion: Cela va.
Le Président (M. Hamel): L'article 27 est-il
adopté?
M. Filion: Oui. Y a-t-il des commentaires?
M. Marx: Non.
Le Président (M. Hamel): L'article 28?
M. Marx: Cet article a trait à la signification aux
parents pour une personne âgée de moins de 18 ans.
M. Filion: Y a-t-il des commentaires?
M. Marx: Je pense que cela va de soi. Il y a ie texte actuel.
M. Filion: Quel article?
M. Marx: C'est l'article 1 et 1e. L'expression "parents" a le
sens que lui donne la Loi sur la protection de la jeunesse et l'expression
"centre d'accueil". Parents: le père et la mère de l'enfant et,
à défaut, tout autre titulaire de l'autorité parentale. Il
n'y a rien de...
M. Filion: Mais dans la loi actuelle?
M. Marx: L'article 1 et l'article 1e. L'article 1e, c'est la Loi
sur la protection de la jeunesse.
C'est dans l'avant-projet. Quelqu'un nous a souligné l'erreur
dans l'avant-projet de loi et on l'a corrigée.
M. Filion: C'est-à-dire que dans l'avant-projet de lot, on
parlait des parents.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Là, on parle de père et mère.
C'est quoi la différence?
M. Marx: Père ou mère.
M. Filion: Là, ce qui est dit c'est père et
mère. C'est dans le mémoire de la Commission des services
juridiques.
M. Marx: La Commission des services juridiques a voulu "à
son père et à sa mère ou le cas
échéant..."
M. Filion: Puis dans l'avant-projet de loi, l'article 13...
Est-ce qu'on a l'avant-projet de loi?
M. Marx: On a voulu "et" aussi, mais c'était une faute de
frappe.
Mme Bleau: Supposons qu'un enfant demeure ou avec son père
ou avec sa mère - c'est un couple séparé - est-ce que cela
veut dire que la signification arrive et chez la mère et chez le
père, même s'il y en a juste un des deux qui a la garde de
l'enfant?
M. Marx: C'est le titulaire, c'est-à-dire l'un ou
l'autre.
M. Filion: Non. Le projet de loi... M. Marx: Cela
dépend des cas.
M. Filion: Dans le projet de loi, tel que vous le
présentez maintenant, ce sont les deux, même s'ils sont
divorcés.
Mme Bleau: Je ne trouve pas cela logique.
M. Filion: Je trouve que c'est une bonne chose d'aviser les deux
parce que, même s'ils sont divorcés, séparés, etc.,
il faut que les deux soient avisés. Cela touche l'intérêt
de l'enfant. Même si on n'a pas la garde d'un enfant, on a toujours la
responsabilité du Code civil.
Mme Bleau: Par contre, les procédures seront longues si
l'adresse d'un seul parent est connue; l'autre adresse peut bien ne pas
être connue.
M. Filion: II peut y avoir un mode spécial de
signification, etc. On réfère aux articles qu'on vient d'adopter,
ceux qui sont introuvables par la poste ou autrement; on s'en va devant le juge
présenter une requête pour obtenir un mode spécial de
signification. Par exemple, pour le père disparu, on va devant le juge
présenter une requête pour obtenir un mode spécial de
signification. Est-ce que je me trompe?
M. Marx: Je pense que ce qu'on a voulu éviter ici, c'est
que le père prenne toutes les décisions et que la mère
soit laissée de côté; c'est ce qu'on voulait éviter.
C'est l'égalité des conjoints. Maintenant, est-ce qu'on l'a
atteint en acceptant l'amendement ou la correction de la Commission des
services juridiques?
M. Filion: Oui, à mon avis. M. Marx: Oui?
D'accord.
M. Filion: Le seul problème que soulève un peu la
députée de Groulx, supposons que le père... Il n'y a qu'un
père et il est en Floride, la mère, divorcée depuis huit
ans, a ta garde légale de l'enfant, en vertu du Code de procédure
pénale, il va falloir...
M. Marx: C'est laissé à la maison, c'est tout.
M. Filion: Là, ce que je me demande, c'est le sens de
l'expression "au titulaire de l'autorité parentale". Si quelqu'un a la
garde légale d'un enfant, un des deux parents, est-ce que cela
empêche la signification aux deux?
Je pense qu'à ce moment-là... Je pose la question au
ministre de la Justice.
M. Marx: On me dit que cela a été discuté
avec les affaires sociales en 1984 et on en est arrivé à cette
conclusion.
M. Filion: Je vis avec cela, mais c'est seulement pour
comprendre.
M. Marx: Oui, oui.
M. Filion: Supposons que les parents soient divorcés
depuis dix ans. Le père est en Floride et la mère a la garde
légale de l'enfant qui est âgé de quinze ans. L'enfant est
âgé de quinze ans, le père est en Floride, la mère a
la garde légale de l'enfant. Je comprends de l'article 28 que la
signification doit être faite aux deux. Comme il serait impossible de
signifier en Floride, à ce moment-là, |e dois comprendre qu'on va
signifier à la mère, mais, pour le père, on va faire une
requête pour mode spécial de signification. Est-ce que je me
trompe?
On va attendre la réponse. Je ne suis pas sûr que ce soit
cela.
M. Marx: Est-ce qu'on peut lire cet article comme voulant dire
que ce sont le père et la mère ou, s'il y en a seulement un qui
est titulaire, on tombe à tout autre titulaire de l'autorité
parentale? Comprenez-vous ce que je veux dire?
M. Filion: Oui, mais le texte qu'on est en train d'adopter, ce
n'est pas ce qu'il veut dire.
M. Marx: Non?
M. Filion: Le texte qu'on est en train d'adopter veut dire:
à son père et à sa mère et, au cas où il n'y
aurait ni l'un ni l'autre, au titulaire de l'autorité parentale.
M. Marx: C'est le titulaire... M. Filion: À mon avis.
M. Marx: Le titulaire de l'autorité parentale, c'est le
père et la mère, les deux ensemble. Si ce n'est pas les deux
ensemble, c'est un autre titulaire, c'est un de ses parents ou une autre
personne.
M. Filion: Voyez-vous, mon recherchiste est d'accord avec vous,
mais, moi, je ne le suis pas tout à fait.
M. Marx: Cela a pris toute une journée pour qu'il soit
d'accord.
M. Filion: Non, mais en deux mots, ce n'est peut-être pas
clair. Ce n'est peut-être pas clair.
cet article-là. Il faudrait peut-être...
M. Marx: On va suspendre l'article 28... 23.
M. Filion: Peut-être suspendre l'article 28, parce que ce
n'est pas tout à fait clair.
Le Président (M. Hamel): Nous suspendons l'article 28.
M. Marx: Un instant! Ah, oui. En fait, j'ai déjà
dit cela, mais il faut que j'insiste sur cela une autre fois. On fait
référence à la Loi sur la protection de la jeunesse,
l'article 1e: "Parents: Le père et la mère d'un enfant ou,
à défaut, tout autre titulaire de l'autorité parentale;".
C'est un copiage direct de la Loi sur la protection de la jeunesse. Il faut
qu'il y ait concordance entre les deux en quelque part.
M. Filion: N'oubliez pas que l'on dit: tout autre, on ne dit pas:
tout titulaire.
M. Marx: Tout autre titulaire...
M. Filion: Autre que le père ou la mère.
M. Marx: ...de l'autorité parentale, ce sont les
mêmes mots. Je vais vous lire cela.
M. Filion: Au Tribunal de la jeunesse, il faut signifier aux
deux, je sais cela.
M. Marx: Mais c'est cela; c'est la même chose.
M. Filion: Bon, alors, cela veut dire qu'on s'entend.
M. Marx: On s'entend. Votre recherchiste a raison une autre
fois.
M. Filion: Ah, mon Dieu! On disait la même chose. Bref, je
redonne mon exemple pour être sûr qu'on se comprenne.
M. Marx: Oui.
M. Filion: L'enfant a quinze ans. Évidemment, son
père et sa mère sont divorcés. La mère a la garde
légale de l'enfant depuis dix ans. Le père vit en Floride, la
mère vit au Québec. À qui signifie-t-on ta
procédure et de quelle façon?
M. Marx: Vous avez dit que c'est la mère qui a...
M. Filion: La garde légale, je n'ai pas dit qu'elle
était titulaire de l'autorité parentale. À mon avis, dans
le divorce, la garde d'un enfant ne change pas. La responsabilité de
l'autorité parentale ne change pas.
M. Marx: Cela peut être aux deux.
M. Filion: Pardon?
M. Marx: Cela peut être aux deux.
M. Filion: Je pense que c'est aux deux. Je pense que ce serait
important parce que au Tribunal de la jeunesse, je sais qu'on signifie aux deux
et c'est une bonne chose.
M. Marx: C'est la même chose.
M. Filion: Bon, à ce moment-là, je tiens pour
acquis qu'il faut signifier aux deux parce que c'est cela notre
volonté.
M. Marx: C'est cela, même chose. D'accord?
M. Filion: Alors, le "ou" est exclusif, dans ce
cas-là.
M. Marx: Cela devient "et". Des voix: Ha, ha, ha!
M. Marx: Ah non. "À son père et à sa
mère ou, le cas échéant, tout autre..."
M. Filion: Ou, s'il n'a ni père ni mère. Bon.
Écoutez, il faudrait seulement s'assurer, par exemple, que c'est
cela.
M. Marx: C'est la même chose que la Loi sur la protection
de la jeunesse, on va faire exactement la même...
M. Filion: Oui, mais ce n'est pas rédigé de la
même façon.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Non, ce n'est pas rédigé... M. Marx:
Bien oui. Puis-je vous lire... M. Filion: Oui, lisez-le donc.
M. Marx: Je vais vous lire 1e de la Loi sur la protection de la
jeunesse: "Parents: le père et la mère d'un enfant ou, à
défaut, tout autre titulaire de l'autorité parentale." La seule
différence que je vois, c'est que nous avons mis "le cas
échéant".
M. Filion: Le cas échéant au lieu d'à
défaut. Oui, c'est cela.
M. Marx: Et on a changé "à défaut" pour le
cas échéant", parce que...
M. Filion: Oui. Cela a l'air de rien mais il y a quand même
une conséquence. Quand on dit "à défaut", cela veut dire
à défaut de père ou de mère, c'est
l'autorité parentale. Si on dit le cas
échéant, l'autorité parentale peut être le
père ou la mère.
M. Marx: Oui, mais on a enlevé le "à
défaut", parce que cela donnait l'impression qu'il n'avait ni
père ni mère.
M. Filion: Je comprends. Mais là, il y a un
problème.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Le titulaire de l'autorité parentale, tel qu'il
est écrit là, réfère au Code civil, à ce
moment-là. Je ne me souviens pas quelle est la question du Code civil.
(23 h 15)
M. Marx: On a changé les mots "à défaut"
pour le cas échéant'. "Le père et la mère ou, le
cas échéant, au lieu d'avoir "à défaut tout
autre...
Mme Bleau: Le père et la mère sont morts. La
grand-mère qui garde l'enfant, c'est elle qui sera titulaire...
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Je pense bien que c'est cela moi aussi.Allons-y.
M. Marx: D'accord? M. Filion: Adopté. M. Marx:
Adopté.
Le Président (M. Hamel): L'article 28 est adopté.
L'article 29?
M. Marx: L'article 29 a trait aux irrégularités qui
peuvent avoir été commises lors d'une signification.
M. Filion: Est-ce qu'il y a un équivalent dans ta Loi sur
les poursuites sommaires?
M. Marx: II y a la jurisprudence. J'ai juste la jurisprudence,
ici.
M. Filion: Qu'est-ce que c'est, grosso modo?
M. Marx: Suivant la jurisprudence actuelle, une signification est
valable si le destinataire de l'action en a pris connaissance. Par exemple,
l'arrêt R. contre Graham rendu le 29 octobre 1982 par la Cour
suprême de l'Ontario. De plus, il a été
décidé que les irrégularités de la signification
sont couvertes par la comparution puisque la personne a pris connaissance de
l'acte.
M. Filion: Cela fait longtemps.
M. Marx: Voir ministère des Transports contre Caravan
Trailer Rental Company Ltd. C'est un arrêt de 1975.
M. Filion: Oui, c'est suivi depuis longtemps quand la comparution
efface tes vices de procédure.
M. Marx: Adopté?
M. Filion: Qu'est-ce que cela veut dire: "Le juge peut rendre
toute ordonnance que la justice exige"? Pourquoi ajoute-t-on cela?
M. Marx: C'est pour accorder une remise, par exemple.
M. Filion: Pardon?
M. Marx: Pour accorder une remise, par exemple.
M. Filion: C'est toujours le cas. On n'a pas besoin de
l'écrire. Le juge peut toujours prendre toute disposition pour faire ce
qu'il veut, pour que justice soit rendue.
M. Marx: On veut préserver les droits du défendeur,
c'est tout.
M. Filion: Cela ne protège rien, M. le ministre. Vous
dites: "Le juge peut rendre toute ordonnance que la justice exige." Cela ne
change absolument rien. Je pense que je ne peux pas vous... Pourquoi le met-on
là? Pourquoi ne le met-on pas ailleurs? Je ne peux pas voir quelles
ordonnances peuvent être rendues...
M. Marx: Mais cela ne nuit pas au défendeur, M. le
Président.
M. Filion: Non, mais...
M. Marx: Cela avantage le défendeur.
M. Filion: Mais non, ce n'est pas cela qui est dit. Il est dit
que: le juge peut rendre toute ordonnance que la justice exige." Il peut
toujours le faire. Je ne vois pas pourquoi on ajoute cela, là. Toute
ordonnance que la justice exige." La justice, c'est quoi? C'est avec un grand
J? C'est l'équité? Non, mais c'est l'équité? Ce
sont des concepts un peu bizarres qu'on introduit.
M. Marx: Je pense que te juge peut toujours rendre toute
ordonnance...
M. Filion: Cette affaire n'a pas de sens.
M. Marx: On a peur que... Une des réticences que nous
avons... Un juge de paix n'a de pouvoirs que ceux qui sont expressément
prévus dans la loi. Comme c'est une Irrégularité, on veut
lui donner le pouvoir de rendre une ordonnance qui pourrait être
nécessaire.
M. Filion: Exemple? N'importe quel genre? M. Marx: Remise.
Si...
M. Filion: Mais, il y a toujours le pouvoir de la remise.
M. Marx: ...une nouvelle signification.
M. Filion: Cela dépend de l'acte de nomination. Mais, en
tout cas, c'est le juge, ce n'est pas le juge de paix.
M. Marx: Cela dépend. Cela peut être en vertu de
l'article 3.
M. Filion: Oui, c'est cela. Mais on dit que le juge a toujours le
pouvoir d'accorder une remise ou...
M. Marx: Ou d'ordonner une nouvelle signification.
M. Filion: Oui. Mais, là, il ne peut pas ordonner une
nouvelle signification parce qu'il vient de dire qu'elle demeure valide. Elle
est valide la signification. Il faut lire le dernier paragraphe, avec ce qui
vient de se passer. En deux mots, je ne sais pas, je donne un exemple. J'essaie
d'en voir un. Disons que j'en vols un: il y a une erreur dans ta
rédaction du nom et au lieu de Jos Bleau, on a écrit...
Une voix: Jos Blette.
M. Filion: Jos Blette. Mais, Jos Bleau, il est là. Et
puis, ce que l'article dit... Il y a une irrégularité... Non, je
ne pense pas que cela s'applique. Non, moi, je vais essayer de comprendre. Le
juge peut alors rendre toute forme d'ordonnance... Qu'on me donne un exemple.
Je ne peux pas voir.
M. Marx: Dans l'avant-projet, on avait: Toutefois, ce juge peut
rendre, quant à la signification irrégulière, toute
ordonnance que la justice exige, notamment de nature à permettre une
défense pleine et entière." C'était dans notre
avant-projet. On a retenu la même idée en
rétrécissant le paragraphe à une phrase. Comprenez-vous ce
que je veux dire, M. le Président? Oui, peut-être... Supposons le
cas où l'huissier dît qu'il a fait la signification mais que le
défendeur ne réalise pas que c'était une signification. Le
juge, à cause d'une irrégularité, peut exiger qu'il y ait
une autre signification.
Mme Bleau: Si un juge est convaincu ou plutôt, s'il n'est
pas convaincu, il va donner une autre signification, à ce
moment-là.
M. Filion: Ce n'est pas cela que l'article dit. On dit: "Le juge
peut alors" Quand on dit: "peut alors", on veut dire: "peut", s'il vient de
déclarer une signification entachée d'irrégularité.
Comprenez-vous? Ce n'est pas: s'il est non convaincu, il fait quelque chose;
c'est que, s'il vient décider que la signification est valide, on
voudrait lui demander de rendre une ordonnance, en plus. C'est cela que
je...
M. Marx: Si on change "alors" par "toutefois le juge peut..."
enlever le "alors". "Le juge peut toutefois..."
M. Filion: Oui. Cela aurait un autre sens, à ce
moment-là. Cela voudrait dire que dans les cas où...
M. Marx: Le juge peut toutefois.
M. Filion: ...il n'a pas été convaincu, II peut
rendre toute ordonnance qu'il juge appropriée. Mais là, je trouve
que cela deviendrait extrêmement large comme pouvoir.
M. Marx: De quelle façon, cette phrase pourrait-elle nuire
au défendeur? Est-ce que cela peut nuire? M. le Président,
j'aimerais poser la question suivante: De quelle façon, cela pourrait-il
nuire au défendeur? Je ne vois pas comment cela peut nuire au
défendeur. Cela peut juste l'aider.
M. Filion: D'accord. En le laissant comme cela. Cela ne peut pas
nuire au défendeur. Je pense que vous avez absolument raison de le
dire.
M. Marx: Cela ne peut pas nuire au défendeur, j'insiste
sur cela, M. le Président.
Le Président (M. Hamel): Je suis bien d'accord.
Adopté?
M. Filion: Je suis convaincu aussi que cela ne peut pas nuire au
défendeur. J'aime mieux "alors" que "toutefois"...
M. Marx: D'accord. Adopté?
Le Président (M. Hamel): L'article 29 est
adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président {M. Hamel): L'article 29 est
adopté.
M, Filion: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Section 6, Présentation
des demandes. L'article 30?
Présentation des demandes
M. Marx: Cet article prévoit qu'en principe, les demandes
en justice sont faites oralement.
C'est la pratique d'aujourd'hui.
M. Filion: Est-ce qu'il y a une équivalence au
deuxième aliéna dans la loi actuelle?
M. Marx: Non C'est le principe de l'état actuel du droit,
de toute façon.
M. Filion: II n'y a pas de problème là, non
plus.
Le Président (M. Hamel): L'article 30 est
adopté?
M. Marx: Oui L'article 31 ?
Le Président (M. Hamel): L'article 31.
M. Marx: Cet article prévoit ce que doit contenir une
demande écrite.
M. Filion: Quand on parle d'une demande écrite à
l'article 31, est-ce que le préavis est compris?
M. Marx: II y a le deuxième alinéa, M. le
Président: "Toute demande écrite fart l'objet d'un préavis
indiquant ses date et lieu de présentation".
M. Filion: Ma question portait sur le préavis dont il
était question à l'article 30
M. Marx: À l'article 30 ou à l'article 31 ?
M. Filion: À l'article 30 . Est-ce que le préavis
dont il est question à l'article 30 peut être fait par
écrit finalement, selon les termes de l'article 31?
M. Marx: Oui, les deux peuvent être oraux ou il peut y
avoir un préavis par écrit.
M. Filion: Ce sont les lois sectorielles qui vont nous dire dans
quels cas il y a des demandes écrites et dans quels cas.
M. Marx: C'est plus loin dans le code.
M. Filion: Ah, c'est plus loin dans le code
Excusez, mais quel est l'article du code? Je sais qu'il y en aplusieurs, je voudrais peut-être qu'on me donne un exemple.
M. Marx: On va les voir bientôt. M. Filion: Juste un
exempte.
M. Marx: Si on peut aller plus vite, on les verra tous ce soir
Les articles 169,170 et 169. (23 h 30)
M. Filion: D'accord, ce ne sera pas long. Je me souviens que le
ministre a dit, il y a deux minutes que le préavis, ce n'est pas
sûr qu'il va être par écrit . Je crois...
M. Marx: Le préavis est toujours par écrit. M.
Filion: Bon, d'accord. C'est un détail. M. Marx: Est-ce j'ai
dit...
M. Filion: Ce n'est pas clair. C'est évident, mais ce
n'est pas clair.
M, Marx: Si c'est évident, il faut que ce soit clair.
M. Filion: Ce n'est pas clair dans le texte de loi. C'est
évident selon le gros bon sens mais, quand on lit le texte, ce n'est pas
ce que cela dit.
M. Marx: Quel article?
M. Filion: L'article 30. M. Marx: L'article 30.
M. Filion: Oui. L'article 30 se lit en conjonction avec l'article
31. L'article 30 prend tout son sens, en fait. Moi, je pensais que l'article 31
était pour nous dire que le préavis doit être par
écrit mais, ce n'est pas grave. C'est un détail, mais c'est cela
quand même. On pourrait même supposer, ce serait curieux, que le
préavis oral indique là, l'avise que je vais demander la sanction
pour une récidive, cest une deuxième condamnation et faire tout
cela verbalement. Je sais que cela n'aurait pas de sens, mais cest le texte
parce que c'est dit que toute demande est orale, tout ce qu'on fait est
oral.
M. Marx: On peut voir cela. M.Filion: Ou
voyez-vous cela?
Mme Bleau: "Sauf disposition contraire, tout préavis ainsi
que, le cas échéant, la demande écrite et la
déclaration faite sous serment doivent être signifiés
à la partie adverse au moins cinq jours francs avant la date de
présentation de la demande".
M. Filion: Ah! Dans I article 32?
Mme Bleau: Oui, cela éclaire les articles 30 et 31.
M. Filion: " ainsi que, le cas échéant, la demande
écrite et la déclaration doivent être signifiés
à la partie " Ah' vous avez raison, parfait! La réponse
était dans l'article 32.
Une voix: Passez à la tête.
M. Filiion: Très bien!
Le Président (M. Hamel): Mme la députée de
Groulx.
M. Filion: Le ministre de la Justice va ouvrir quatre postes de
juges bientôt.
M. Marx: On voit que la députée de Groulx a lu tous
les articles dans le code et non seulement l'article à
l'étude.
M. Filion: C'est bien cela. Boni Or, donc, l'article 30 est
réglé, l'article 31 je l'avais déjà
réglé, on était sur l'article 31.
M. Marx: L'article 31 est réglé?
M. Filion: Je suis en train de le relire. Cela va.
Le Président (M. Hamel): L'article 31 est adopté.
J'appelle l'article 32.
M. Marx: L'article 32 a trait au délai de
présentation d'une demande. L'article 32 est-il adopté?
M. Filion: Répétez donc ce que vous avez dit.
M. Marx: Cet article a trait au délai de
présentation d'une demande.
M. Filion: Cela existe déjà?
M. Marx: Je n'ai pas le texte actuel, c'est possible que cela
soit dans les règles de pratique ou quelque part.
M, Filion: Cela ne doit pas être dans les règles de
pratique parce que c'est dit: "à moins que les règles de pratique
ne prévoient un délai différent."
M. Marx: On n'a pas d'article général de cette
nature, à ma connaissance.
M. Filion: Donc, c'est de droit nouveau en matière
pénale.
M. Marx: Adopté.
M. Filion: Vous essayez d'en passer une vite au Journal des
débats.
M. Marx: J'essaie de faire 10 % des cas avant minuit.
M. Filion: Je vous suggère, M. le ministre, de changer
votre voix. Adopté.
M. Marx: II l'a dit.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: Oui, mais j'ai changé ma voix.
Adopté.
Le Président (M. Hamel): Adopté. Article 33?
M. Marx: Adopté, M. le Président. M. Filion: On est
dans quoi?
Le Président {M. Hamel): 33. La contestation.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Adopté.
M. Marx: J'aimerais suspendre 34. Nous avons un amendement
technique. C'est peut-être un peu plus que technique, mais ce n'est
pas...
M. Filion: J'avise le Procureur général
lui-même.
M. Marx: Je vais le réviser ce soir.
M. Filion: Je pense qu'il va mettre une clause
dérogatoire.
M. Marx: Article 35.
Le Président (M. Hamel): Cela va? L'article 35?
Assignation des témoins
M. Marx: Cet article indique qui assigne les témoins et
quel est le contenu de l'acte d'assignation. Il y a un texte actuel.
M. Filion: Qu'est-ce qu'il dit, le texte actuel?
M. Marx: Si le juge de paix est convaincu que quelqu'un qui est
ou réside au Québec est en mesure de fournir quelque preuve
essentielle à l'appui de la poursuite ou en faveur du prévenu, il
peut adresser sous son seing une assignation enjoignant à cette personne
de comparaître aux temps et lieu qu'il y fixe pour rendre
témoignage et d'apporter tous documents en sa possession ou sous son
contrôle, se rattachant à cette accusation. "Les pouvoirs
attribués à un juge de paix par le présent paragraphe
peuvent être exercés, au chef-lieu du district, par le greffier de
la paix. "Cette assignation peut être rédigée suivant la
formule 7. "Les copies de cette assignation peuvent être
certifiées par le greffier du juge de paix."
M. Filion: Est-ce que le ministre réalise la grande
différence qui existe avec le droit actuel?
M. Marx: Oui. Je pense que oui. M. Filion: En pratique. M.
Marx: II doit apporter toute chose... M. Filion: Non, pas
là-dessus...
M. Marx: ...et pas seulement tout document.
M. Filion: Ce n'est pas cela. M. Marx: Ce n'est pas cela?
M. Filion: C'est dans les principes, dans le tout
début.
M. Marx: Oui. Chaque partie peut assigner...
M. Filion: Pas "peut" assigner, c'est "assigne".
M. Marx: "Assigne", d'accord.
M. Filion: C'est tout un monde de différence avec le
système actuel. Vous me corrigerez, si je me trompe.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Est-ce que le ministre m'écoute? Ce qui se
passe actuellement, étant donné que le droit pénal c'est
d'intérêt public, lorsqu'une partie veut faire entendre des
témoins, c'est que, généralement, les avocats ou leur
bureau vont au greffe et l'assignation des témoins se fait par la
cour.
M. Marx: C'est cela.
M. Filion: Par exemple, vous êtes accusé d'un
délit de fuite en vertu du Code de la route. Vous sortiez du Forum et
douze témoins peuvent dire que ce n'est pas vrai, ce n'est pas un
délit de fuite. Vous avez le nom, l'adresse des douze personnes. Dans
l'état actuel du droit, vous allez à la cour et vous faites
émettre un subpoena pour ces douze personnes. Cela ne vous coûte
rien, parce que c'est d'intérêt public, etc.
Dans le Code de procédure pénale tel qu'il est là,
c'est chaque partie qui assigne ses témoins. Cela veut dire que cela va
être à vous à assigner vos propres témoins comme
dans une audience civile, par exemple, quand vous réclamez des sous,
etc.
C'est majeur comme différence. Je ne sais pas si on est conscient
des conséquences que cela va avoir.
M. Marx: Quelles sont les conséquences?
M. Filion: Les conséquences sont énormes.
L'accusé est là. L'exemple que je viens de donner. La personne
est accusée de délit de fuite: Ce n'est pas moi, etc.
Voilà ma liste de témoins. Il est obligé de les assigner
lui-même. Si la personne ne prend pas d'avocat, c'est son droit, c'est
lui, imaginez-vous, qui va être obligé d'aller voir un huissier
pour assigner des témoins. Ce n'est quand même pas... Avant cela,
il prenait sa liste de témoins et disait au greffier de la Cour
municipale ou au greffier de la Cour des sessions, peu importe - vous me
corrigerez si je me trompe, si mon interprétation n'est pas bonne parce
que c'est l'interprétation que j'en fais - il disait: voici ma liste de
témoins et, à ce moment-là, c'était la cour qui
s'occupait d'assigner les témoins, tout cela parce que la justice
pénale était d'intérêt public. Ce n'est pas une
affaire civile. Ce n'est pas pour le plaisir des choses si les gens se
ramassent en cour pénale. Je me demande pourquoi on changerait cela.
M. Marx: Une des raisons, c'est parce qu'il semble que les
avocats préfèrent assigner leurs propres témoins au lieu
de passer par le juge de paix.
M. Filion: Mais c'est le greffier en pratique. Ce n'était
pas le juge de...
M. Marx: Vous passez par le greffier. Ils aiment, ils
préfèrent...
M. Filion: Oui, mais peut-être que les avocats aiment cela
parce que cela va faire plus de... Excusez-moi...
M. Marx: C'est plus rapide.
M. Filion: Cela va faire... Mais le problème, je viens de
vous donner un petit cas, c'est le gars qui ne prend pas d'avocat parce que
c'est juste un billet, c'est juste une affaire et il ne prend pas d'avocat. Les
avocats aiment peut-être cela poser des... Si c'est juste parce que les
avocats aiment cela, M. le ministre, on peut mettre: "peut assigner ses
témoins", mais laisser dans l'état du droit actuel...
M. Marx: D'accord.
M. Filion: ...la cour...
M. Marx: Quelle est votre suggestion?
M. Filion: Je ne la rédige pas. Je fais juste expliquer le
sens.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Si, comme vous le dites, le sens
est de permettre, ma suggestion serait de garder l'état actuel du
droit. Je ne sais pas quel article, vous avez lu tantôt. Quel article
avez-vous lu tantôt?
M. Marx: C'est l'article 24.1.
M, Filion: L'article 34.1. Ne bougez pas. Le sens serait de dire...
C'est le... Vous avez dit l'article 34.1?
M. Marx: L'article 24.1. Je suis d'accord. On va suspendre et
revoir l'article. On suspend et on revoit l'article. Suspendu.
Le Président (M. Hamel): L'article 35 est suspendu.
M. Filion: On se comprend sur le sens.
M. Marx: Oui. Le sens est de permettre aux avocats
d'assigner...
M. Filion: C'est cela.
M. Marx: ...leurs témoins...
M. Filion: C'est cela.
M. Marx: ...mais aussi de prévoir un mécanisme pour
que ce soit le greffier du juge de paix qui le fasse pour des gens qui, par
exemple, n'ont pas d'avocat.
M. Filion: C'est cela.
Le Président (M. Hamel): Cela va?
M. Fition: D'accord.
Le Président (M. Hamel): L'article 36?
M. Marx: D'accord? D'accord, M. le Président. L'article
36.
M. Filion: II n'y a pas de problème, je pense. À
moins qu'il n'y ait des commentaires.
M. Marx: Cet article...
M. Filion: Quel est l'article actuellement?
M. Marx: ...traite des obligations des témoins
assignés. Ils sont tenus de se présenter.
Le Président (M. Hamel): Cela va?
M. Filion: Quel est l'article actuellement? Excusez.
M. Marx: Je ne vois pas d'article... M. Filion: Pas de
correspondance?
M. Marx: Non.
Le Président (M. Hamel): Adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Adopté. L'article 37?
M. Marx: Cet article indique qui peut signer l'acte
d'assignation.
M. Filion: Oui, cela va.
Le Président (M. Hamel): L'article 37 est adopté.
L'article 38?
M. Marx: Cet article prévoit quelques cas où
l'autorisation d'un juge sera nécessaire avant d'assigner un
témoin.
M. Filion: Est-ce qu'il y a une équivalence dans le droit
actuel?
M. Marx: Oui, II y a l'article 283 du Code de procédure
civile qui prévoit l'autorisation...
M. Filion: C'est le ministre.
M. Marx: ...du juge dans le cas d'une personne en
détention. Cette autorisation se justifie pour des motifs de
sécurité publique.
M. Filion: Oui. (23 h 45)
M. Marx: L'autorisation du juge dans le cas d'un ministre, d'un
sous-ministre ou d'un juge nous apparaît souhaitable en matière
pénale étant donné que l'intérêt public est
nécessairement en jeu. Vous comprenez que le ministre est toujours
poursuivi, le Procureur général est toujours poursuivi par
quelqu'un, en tant que Procureur général...
M. Filion: Là, c'est pour les témoins.
M. Marx: Pardon?
M. Filion: C'est pour les témoins.
M. Marx: Oui.
M. Filion: On parle seulement des témoins.
M. Marx: Si on veut faire venir le ministre, le sous-ministre ou
un juge pour témoigner, je pense qu'il faut avoir de bonnes raisons
sinon, je n'aurais pas le temps d'assister à ces commissions.
M. Filion: Est-ce que le ministre reçoit beaucoup de
subpoenas?
M. Marx: On reçoit toutes sortes de choses
au ministère On reçoit des subpoenas, oui M. Filion:
Pardon?
M. Marx: On reçoit des subpoenas. Cela arrive assez
souvent.
M. Filion: Ce ne sera pas long, parce que j'ai..
M. Marx: Cela arrive souvent. M. Filion: C'est du droit nouveau?
M. Marx: Oui.
M. Filion: Le premier et le deuxième alinéas?
M. Marx: Oui, mais...
M. Filion: Le troisième, vous avez dit que c'était
inspiré de l'article 200..
M. Marx: L'article 283 du Code de procédure civile.
M. Filion: Cela s'explique par le fait que cela prend un
contrôle du témoin pour l'amener à la cour.
M. Marx: Oui
M. Filion: Mais en ce qui concerne les premier et deuxième
alinéa il n'y a aucune équivalence, ni dans le Code de
procédure civile, ni dans le Code criminel, nulle part. Un
témoin, c'est un témoin. Ils ne font pas de distinction entre les
ministres, les sous-ministres, les juges, etc Je me demande pourquoi on a
introduit cela.
M. Marx: On me dit que cela existe dans certaines lofs
particulières.
M. Filion: Exemple?
M. Marx: Je ne peux pas les nommer mais on peut
vérifier.
Il y a la Loi sur le ministère du Revenu.
M. Filion: Qui demande qu'une procédure préalable
d'autorisation permette l'assignation d'un sous-ministre, d'un juge ou d'un
ministre?
M. Marx: Oui, c'est dans la Loi sur le ministère du
Revenu.
M. Filion: Le problème Habituellement, on dit: Tous sont
égaux devant la loi, bon. Là, on crée une catégorie
de témoins qui sont ...
M. Marx: La personne en détention.
M. Filion: Je vais vous donner un exemple:
Supposons que vous sortez d'ici, M. le ministre, et que vous êtes
témoin du même délit de fuite dont je parlais tantôt.
On a une justice qui dit: Tous sont égaux devant la loi. Est-ce qu'il y
a des abus? Si on me disait: II y a des abus. Moi, que je sache, il n'y a pas
d'abus.
M. Marx: Ah, voilà.
Mme Bleau: L'article 40, excusez-moi. Regardez jusqu'au bout.
M. Filion: Oui. II y a un délai de dix jours.
Mme Bleau: Il y a un délai plus long parce qu'il y a
quelque chose de spécial.
M. Filion: Écoutez, un délai de dix jours pour un
juge ou un ministre, c'est déjà pas pire si on lui donne dix
jours de plus. Mais l'article 38 dit que, dans ces cas-là, si vous
voulez assigner un ministre, un sous ministre ou un juge, il faut que vous
alliez convaincre le juge de la nécessité de délivrer une
autorisation.
M. Marx: Je reçois effectivement beaucoup de subpoenas,
pas comme personne physique mais en qualité de ministre. Cela peut
être frivole. II faut aller plaider.
M. Filion: Oui, cela peut être frivole mais ils peuvent
avoir raison aussi. Vous dites: Cela peut être frivole. Ils peuvent avoir
raison aussi.
M. Marx: On a changé l'article, on a suspendu l'article
35. On permet à tout le monde d'assigner ses propres témoins,
alors que, présentement, c'est le juge qui doit le faire. Si c'est le
juge qui le fait, il y a un certain contrôle On garde ce contrôle
pour le ministre, pour le juge, pour le sous-ministre.
M. Filion: Ça, c'est un bon argument. M. Marx: C'est un
autre argument.
M. Filion: Autrement dit, à partir du moment où il
n'y a même pas de greffier.
M. Marx: Où tout le monde les envoie à droite et
à gauche.
M. Filion: Malgré que. si l'on commence quelque chose de .
On commence à créer des catégories de personnes...
M. Marx: Non.
M. Filion: ...qui soient différentes aux yeux de la
loi.
M. Marx: Ce ne sont pas les personnes. M. Filion: ...comme
témoins.
M. Marx: C'est à cause de la fonction que ces personnes
occupent.
M. Fillon: Je comprends, mais un autre va arriver et va dire:
Écoutez, je suis - je ne sais pas, moi - ministre du culte ou... Tu ne
sais plus quelle différence il y a entre un président
d'Hydro-Québec, un sous-ministre ou un député.
Mme Bleau: Un ministre du culte peut se récuser en cour,
à cause de la confession.
M. Filion: On n'en est pas à cela. On en est à
l'assignation des témoins. En deux mots...
M. Marx: Les députés sont protégés,
en vertu de la lof, quand ils siègent.
M. Filion: Quand ils siègent... M. Marx: Oui,
mais...
M. Filion: ...mais quand ils ne siègent pas les
députés, ils sont comme les autres.
M. Marx: Oui, mais l'Assemblée nationale...
M. Filion: En deux mots, ce que je dis, c'est: Pourquoi
créer des distinctions dans...
M. Marx: Bien, c'est déjà...
M. Filion: Je vais vous donner un... Il y a un
inconvénient sérieux, à cela. Regardez le deuxième
alinéa, on dit: "Le juge n'accorde cette autorisation que s'il est
convaincu que le témoignage de ce témoin est nécessaire,
selon le cas, pour que le poursuivant prouve la perpétration d'une
infraction, pour que le défendeur bénéficie d'une
défense pleine et entière ou pour que le juge puisse trancher une
question qui lui est soumise."
Quand on dit: "que le défendeur bénéficie d'une
défense pleine et entière"... Je vais reprendre mon exemple.
Supposons que c'est vous qui êtes témoin du délit de fuite
en sortant d'ici. Il faut que j'aille convaincre le juge de ta
nécesité que j'ai, pour avoir une défense pleine et
entière, de vous convoquer comme témoin. Mais le poursuivant,
lui, ne vient-il pas de connaître ma défense avant que je ta
fasse?
En deux mots, est-ce que je bénéficie encore de ma
présomption d'innocence? J'ai été obligé de livrer
une partie de ma défense avant que l'accusation ait pu faire une preuve.
Comprenez-vous ce que je veux dire? On introduit une espèce de
mécanisme d'autorisation pour certaines catégories de
témoins qui fait en sorte qu'il y a une partie de la preuve qui
sort...
M. Marx: Mais, il n'y a pas d'avis à l'autre partie. Il
fait une demande orale au juge.
M. Filion: Oui, mais, il ne la fait pas tout seul. Il la fait
quelque part, cette demande. Il ne la fait pas en Chambre.
M. Marx: il la fait...
M. Filion: D'après moi. II doit la faire à
l'intérieur d'une instance.
M. Marx: Non, c'est avant l'instance. Il va dire cela au juge. De
toute façon, s'il veut faire venir un ministre, un sous-ministre ou un
juge comme témoin, il devra avoir de bonnes raisons. Sinon, cela devient
frivole. On me dit que nous recevons beaucoup de suboenas qui sont...
M. Filion: Je vous ferai remarquer que l'article 38 commence en
disant: "L'autorisation du juge". L'article 38, ne dit pas: "L'autorisation
d'un juge". Si, on avait voulu dire "avant l'instance", on aurait dit
"l'autorisation d'un juge", non? Mais là, on dit "du juge", comme si
c'était le juge qui instruisait ou qui était pour instruire le
procès.
M. Marx: On va changer cela pour deux juges. Le
député de Taillon a peut-être raison.
M. Filion: Non, j'essaie de comprendre le sens de l'article
38.
M. Marx: Oui.
M. Filion: Quel juge c'est? Où cette demande se fait? Moi,
j'ai toujourscru que c'était durant l'instance. Vous, vousme dites: Non,
c'est avant le procès.
M. Marx: Normalement. C'est n'importe quand, mais surtout avant
l'instance. On peut changer la première ligne, "L'autorisation du juge"
par "L'autorisation d'un juge", si le député de Taillon est
d'accord.
M. Filion: II y a autre chose. Au deuxième alinéa,
"le juge n'accorde cette autorisation que s'il est convaincu", ne trouvez-vous
pas que c'est un peu fort? Ne trouvez-vous pas qu'on devrait dire...
M. Marx: "S'il croit."
M. Filion: ...que" s'il croit, pour des motifs raisonnables et
probables, que le témoignage..."
M. Marx: "S'il croit"?
M. Filion: Oui, "croit", c'est mieux que "convaincu" parce que
"convaincu"...
M. Marx: D'accord, "s'il croit". Une voix: Non.
M. Marx: Non?
M. Filion: Non? Cela ne va pas? L'idée, c'est qu'il ne faut pas
priver les gens... Une voix: C'est cela.
M. Filion: ...je ne parie pas des ministres ni des
sous-ministres. C'est évident que c'est du droit nouveau que de vouloir
catégoriser ces gens autrement que le reste des citoyens.
M. Marx: On me dit qu'entre "convaincu" et "croit", il faut faire
une preuve.
Vous comprenez que, si on veut accuser un homme...
M. Filion: Non pas l'accuser, on parle seulement de
témoin. On n'est pas au chapitre des accusations mais uniquement
à celui des témoins.
M. Marx: Oui, mais le harcèlement des personnes publiques,
cela existe.
M. Filion: Oui, mais pourquoi, là-dedans, y â-t-il
seulement les ministres et les juges...
M. Marx: Et les sous-ministres. M. Filion: ...et les
sous-ministres? M. Marx: Parce que ces personnes...
M. Filion: Pourquoi pas le président de l'Office de
protection du consommateur?
M. Marx: Parce qu'en matière...
M. Filion: Lui aussi reçoit des subpoenas.
M, Marx: ...pénale, ce sont surtout tes ministres, les
sous-ministres et les juges qui sont...
M. Filion: Les juges? J'ai rarement vu des juges comme
témoins. En tout cas, à ma connaissance, il n'y a sûrement
pas d'excès d'assignations de juges. Il ne faut pas oublier qu'en dehors
de leurs fonctions, ces gens sont des témoins aussi dans la vie
ordinaire.
Le Président (M. Hamel): Je vous préviens qu'il
reste deux minutes.
M. Filion: Écoutez, iI nous reste deux minutes. Vous allez
peut-être y penser jusqu'à demain...
M. Marx: D'accord.
M. Filion: Non. J'ai juste une couple de...
M. Marx: On va y penser jusqu'à demain.
M. Filion: ...suggestions, rapidement. Un ministre ou un
sous-ministre, peut-être, mais en sa qualité de ministre ou de
sous-ministre, s'il est témoin en sa qualité de ministre ou de
sous-ministre.
M. Marx: Cela va de soi. On va mettre cela demain...
M. Filion: Ce n'est pas cela qui est écrit. M. Marx: On va
changer cela demain.
M. Filion: Deuxièmement... Vous saisissez mon point de
vue, je pense...
M. Marx: Oui, deuxièmement?
M. Filion: Deuxièmement, il faudrait absolument
réduire l'espèce de fardeau du deuxième alinéa de
l'article 38 pour permettre que justice soit rendue en toute
égalité pour tous les citoyens.
M. Marx: D'accord, on va repenser... Je vais demander à
mes légistes de ne pas dormir cette nuit et...
M. Filion: Bon! Demain matin, 10 heures...
Le Président (M. Hamel): J'ajourne les travaux...
M. Fifion: ...M. le Président? Le Président (M.
Hamel): ...sine die.
(Fin de la séance à 23 h 56)