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(Dix heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La séance de la commission des institutions est maintenant
ouverte. La commission des Institutions se réunit afin de
procéder à une Interpellation du député de
Lac-Saint-Jean au ministre des Relations internationales et ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes. Le
contentieux fédéral-provincial et ses conséquences
économiques pour le Québec.
Je demanderais à la secrétaire de bien vouloir annoncer
les remplacements.
La Secrétaire: M. Boulerice (Saint-Jacques) est
remplacé par M. Gauthier (Roberva;), M. Filion (Taillon) par M.
Charbonneau (Verchères), M. Godin (Mercier) par M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Johnson (Anjou) par M. Jolivet (Laviolette), M. Kehoe
(Chapteau) par M. Middlemiss (Pontiac), M. Paré (Shefford) par M. Parent
(Bertrand)
Le Président (M. Filion): Je rappellerai les règles
de l'interpellation. Le député qui a donné l'avis
d'iInterpellation intervient le premier pendant dix minutes. Le ministre
interpellé intervient ensuite pendant dix minutes. II y a ensuite
alternance dans les interventions, cinq minutes pour chacune des interventions,
dans l'ordre, évidemment un député de l'Opposition, le
ministre, un député du groupe formant le gouvernement, un
député de l'Opposition, le ministre, un député du
groupe formant le gouvernement, un député de l'Opposition et le
ministre. Cet ordre d'intervention a été convenu lors d'une
réunion des leaders des groupes parlementaires le 29 mars 1984.
Vingt minutes avant la fin de la séance, le président
accordera un dernier temps de parole de dix minutes au ministre, et ce en vertu
de l'article 302 de notre règlement. L'interpellant, le
député de Lac-Saint-Jean, aura ensuite droit à une
réplique de dix minutes.
Donc, sans plus tarder, je donne la parole à M le
député de Lac-Saint-Jean, l'interpellant.
M. Marcil: Une question d'Interprétation.
Le Président (M. Filion): Oui, M le député
de Beauharnois.
M. Marcil: ou de mise au point. Est-ce qu'on peut remplacer un
député démissionnaire par un autre député,
automatiquement, à une commission?
Le Président (M. Filion): Vous faites
référence au remplacement du député d'Anjou?
M. Marcil: Oui, du député d Anjou.
Le Président (M. Filion): Est-ce qu'il y a des
interventions sur ce point?
M. Marcil: Je pose une question au président pour savoir
si, dans les règles, c'est accepté. Est-ce qu'on l'a
déjà remplacé à la commission"?
Le Président (M. Filion): Écoutez, sans... Oui, M.
le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je suis loin d'être un spécialiste en
cette matière mais le parti de l'Opposition ayant droit à un
certain nombre de députés à la commission des
institutions, il me semble que ce nombre ne devrait pas ou ne pourrait pas
varier, même s'il y a un député qui a
démissionné, comme c'est le cas du député
d'Anjou.
Le Président (M. Filion): Oui, M. le député
de Louis-Hébert.
M. Doyon: Je pense que sur le nombre on s'entend facilement. La
difficulté qui demeure c'est que, pour être membre d'une
commission il faut que l'Assemblée le désigne. C'est
I'Assemblée qui désigne les membres d'une commission. S' il n'y a
pas eu de recommandation de la part de l'Opposition pour remplacer le
député qui a démissionné, c'est de là que
vient la difficulté. Pour le nombre il n'y aurait aucun problème.
II est évident que l'Opposition a le droit de remplacer un députe
de sa formation qui a démissionné, mais cela doit se faire par
I'Assemblée nationale et non ici. On ne peut pas faire cela, on ne
pourrait pas même si on le voulait remplacer quelqu un qui même s
il le voulait ne pourrait pas être ici. C'est cela le
problème.
M. Brassard: M le Président.
Le Président (M Filion): Cela va. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur ce point?
M. Brassard: Je ne sais pas, mais on ne fera pas une querelle de
procédure là-dessus. Est-ce qu'il y aurait possibilité d
avoir un peu de bonne volonté pour qu on commence I' interpellation?
Le Président (M Filion): Alors, écoutez sur...
M. Marcil: M le Président, seulement une question
d'information.
Le Président {M. Fllion): D'accord.
M. Marcil: Je comprends que vous devez être...
Le Président (M. Filion): Écoutez, je crois...
M. Marcil: II y avait une autre question aussi tantôt. Mme
la Secrétaire a annoncé le remplacement de M. Kehoe par M.
Middlemiss; c'est une erreur. C'est cet après-midi que M. Middlemiss va
remplacer M. Kehoe, ce n'est pas ce matin.
M. Kehoe: C'est simplement une erreur qui s'est
glissée.
Le Président (M. Filion): Les remplacements se font
généralement, M. le député de Beauhar-nois, au
début d'une séance.
M. Marcil: Oui, oui, on avait mal compris.
Le Président (M. Filion): D'accord. De consentement, cela
va.
Également, un mot rapidement sur la question soulevée par
le député de Beauhamois. Je crois que le point que vous soulevez
est tout à fait exact, à savoir qu'on peut difficilement
remplacer à une commission un député qui n'est plus membre
de l'Assemblée nationale. Étant donné les circonstances,
je crois quand même comprendre de vos interventions et de celles de votre
collègue qu'il y a consentement pour que nous procédions ce matin
selon les remplacements qui ont été annoncés et ce, de
part et d'autre. Est-ce que c'est bien cela?
M. Marcil: C'est cela
Le Président (M. Filion): Donc, sans plus tarder, la
période qui nous est assignée de deux heures commence et je vais
donner la parole à M. le député de Lac-Saint-Jean,
l'interpellant sur le sujet soulevé ce matin. M. le député
de Lac-Saint-Jean.
Exposé du sujet M. Jacques Brassard
M. Brassard: Merci, M. le Président. À l'occasion
de la dernière campagne électorale, on s'en souviendra, le
gouvernement du Parti québécois s'était vu accuser
d'être foncièrement Incapable de tirer positivement parti du
régime fédéral, incapable en somme d'obtenir pour le
Québec des avantages et des décisions favorables de la part
d'Ottawa. Pourquoi? On connaît la réponse
stéréotypée: Un parti souverainiste n'a pas
intérêt à ce que le Québec soit traité
équitablement à l'intérieur du système
fédéral. Par contre, prétendait-on, un parti
fédéraliste, en l'occurrence le Parti libérai du
Québec, saura, lui, négocier efficacement avec le gouvernement
fédéral et régler tes dossiers litigieux dans le meilleur
intérêt du Québec, étant animé par une fol
fédéraliste de charbonnier.
Tous les obstacles devaient s'évaporer, toutes les embûches
devaient disparaître devant le Parti libéral du Québec,
bien appuyé, affirmait-on, sur des dossiers bien étoffés.
Or, qu'en est-il après presque deux ans de gouvernement libérai?
Où en sommes-nous avec les dossiers litigieux de relations
fédérales-provinciales? Il suffit de passer en revue les dossiers
et les problèmes pour en arriver, à mon avis, à la
conclusion suivante: Le gouvernement libéral s'est
révélé un négociateur inefficace, stérile
dans bien des cas, irresponsable et carrément Impotent.
Le bilan du gouvernement libéral en matière de relations
fédérales-provinciales est d'une pauvreté lamentable et sa
performance d'une honteuse médiocrité. J'affirme qu'il en est
ainsi parce que ce gouvernement a pris la décision de façon
délibérée d'échanger toute une série
d'avantages concrets, particulièrement sous la forme de retombées
économiques tangibles, palpables, contre le plat de lentilles de
l'accord du lac Meech.
Existe-t-il une entente tacite à cet effet, entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement québécois? C'est tout
à fait plausible, tout à fait vraisemblable. Mais même si
un tel maquignonnage n'avait pas eu lieu, cela ne changerait strictement rien
à la réalité suivante: Le gouvernement libéral,
pour pouvoir manger son plat de lentilles, fait tout ce qu'il faut pour ne pas
mécontenter les provinces dont l'appui lui est indispensable pour
compléter le processus d'amendement de la constitution. Vaut-il mieux,
dans ces conditions, ne pas parler? Le gouvernement est alors muet. Vaut-il
mieux alors fermer les yeux? Il est alors aveugle. Vaut-il mieux dans ces
conditions ne pas se rappeler? Le gouvernement devient alors amnésique.
Vaut-il mieux ne pas bouger dans ce contexte? Le gouvernement fait alors le
mort. Ce faisant, le Québec rentrera probablement dans le giron
constitutionnel, pour employer l'expression d'usage, par le biais d'une
mauvaise entente qui ne répare en rien les tristes dégâts
engendrés par le coup de force contre le Québec
perpétré lors de la célèbre nuit des longs couteaux
du 5 novembre 1981. Il perdra et il a déjà perdu des emplois et
des investissements importants.
Faisons un bilan sommaire La situation est limpide à ce sujet Par
exemple, dans le domaine de la péréquation. Le Québec est
perdant en matière de transferts fédéraux C'est
l'évidence. Le ministre des Finances lui-même le reconnaît
dans son dernier discours sur le budget: "Les transferts fédéraux
accusent une baisse importante de 375 000 000 $ par rapport à ce qui
avait été anticipé lors du dernier discours sur le budget.
Tous les programmes contribuent de façon significative à cette
réduction."
(10 h 30)
Qu'a-t-on fait pour modifier cette situation? Le ministre des Finances a
bien déchiré une ou deux chemises, mais depuis, rien du tout et
on ne fera rien dans l'avenir. Les négociateurs tellement efficaces sont
partis en vacances. Le Québec ne répond plus.
Dans le secteur de l'industrie automobile, à la fin de son
deuxième mandat, on s'en souviendra, le gouvernement du Parti
québécois a obtenu, en 1935, l'implantation au Québec du
fabricant coréen Hyundai Mais depuis? Bien sûr, il y a eu
l'investissement de 450 000 000 $ à l'usine GM de Boisbriand,
grâce à des subventions de 220 000 000 $, dont 110 000 000 $
provenant du Québec, ce qui, cependant, s'est
révélé d'abord et avant tout bénéfique pour
l'Ontario, puisque cela va créer 2600 emplois nouveaux dans la province
voisine M. Bourassa lui même, d'ailleurs, affirmait qu'il s'agissait
là d'un trompe-l'oeil.
Cependant, en même temps, trois producteurs japonais, Toyota,
Honda, Suzuki investissaient plus de 1 000 000 000 $ en Ontario et GM
également 2 000 000 000 $ dans la même province, ce qui finalement
accentuait le déséquilibre en faveur de l'Ontario dans ce
secteur.
Qu'a donc fait le gouvernement libéral pour modifier en faveur du
Québec cette répartition inéquitable des emplois et des
investissements dans le secteur de l'industrie automobile 7 % des emplois au
Québec contre 89 % en Ontario? À mon avis, rien du tout, en tout
cas, s'il a fait quelque chose, ses actions sont passées
inaperçues et n'ont donné aucun résultat.
Quelles sont les démarches concrètes entreprises - un
autre sujet - par le gouvernement libéral pour que naisse enfin le
centre bancaire international de Montréal? Aucune, même si le
projet a été dilué et est beaucoup moins important que
prévu. Est-ce parce que Toronto s'y oppose farouchement et qu'il
convient, dans les circonstances qu'on connaît de ne pas déplaire
à I'Ontario?
Pour ce qui est de l'agence spatiale, s'il est une décision qui
s'impose dans le domaine de l'aérospatiale, c'est bien celle de
localiser l'agence spatiale du gouvernement fédéral à
Montréal. II y a 50 % de l'industrie aérospatiale qui est
concentrée à Montréal et près de 80 % de la
recherche-développement accomplie au Canada dans ce secteur se fait au
Québec, particulièrement à Montréal. Or, depuis
l'entente du lac Meech, en juin le gouvernement libéral est
étrangement silencieux à ce sujet II ne bouge pas. Aurait-il
déjà renoncé? La question est pertinente.
Dans le cas de Matane un de mes collègues abordera ce dossier de
la papeterie de Matane mais l'embourbement du projet ne doit pas être
imputé exclusivement au gouvernement fédéral. La
stratégie adoptée sur ce sujet par le gouvernement du
Québec doit également être mise en cause.
En matière de contrats accordés par le ministère
des Approvisionnements et Services du gouvernement fédéral - on
en reparlera tout à l'heure - il est clair que le gouvernement du
Québec a choisi de regarder passer le train. Si le gouvernement a une
stratégie intégrée pour utiliser l'expression du ministre
délégué aux Affaires intergouvemementales canadiennes,
pour obtenir notre juste part en ce domaine on doit reconnaître qu'elle
est totalement inefficace jusqu'à maintenant.
Dans le secteur des pêches, un consortium
Québec-Nouveau-Brunswick s'est formé regroupant une douzaine
d'entreprises. Cela s'appelle Pêche Nova Nord Itée. Ce consortium
réclame sa juste part des captures dans la zone des 200 milles 38 000
tonnes de poissons de fond pour commencer et après trois ans, cela
atteindrait le niveau de 68 000 tonnes de poissons de fond. C'est important
parce qu'actuellement 15 % seulement de la capacité de transformation
des usines de poissons au Québec est utilisée. Que fait le
gouvernement pour soutenir l'industrie québécoise de la
pêche dans ses justes revendications? On ne le sait pas. La
réponse c'est peut-être rien du tout.
M le Président, ceci n'est qu'un survol très rapide d'un
certain nombre de dossiers litigieux dans le domaine des relations
fédérales provinciales. Nous reviendrons au cours de
l'interpellation sur certains de ces dossiers qui nous apparaissent plus
importants que d'autres. Mais d'ores et déjà on peut affirmer que
le gouvernement liberal se traîne les pieds dans ce domaine et se
révèle incapable de livrer la marchandise en termes de
retombées bénéfiques pour le Québec
découlant de projets de décisions ou de politiques du
gouvernement fédéral maigre évidemment ses engagements
solennels pris a l'occasion de la campagne électorale au cours de
laquelle on s'en souviendra, les membres du gouvernement actuel avaient
proclamé hautement que, lorsqu'ils seraient à la gouverne de
I'État eux régleraient les dossiers litigieux dans le secteur des
relations fédérales provinciales contrairement,
prétendaient-ils à I'ancien gouvernement. Or il faut le dire cela
nous apparaît évident - ils ont eu le temps je pense de faire leur
preuve, maintenant cela va faire deux ans au début de décembre -
jamais n'aura-t-on vu un gouvernement fédéraliste, non pas un
gouvernement séparatiste qui croit et qui adhère sans
réserve de façon inconditionnelle au système
fédéral avec un chef qui se vante d'être un bon
négociateur ou d'être un négociateur efficace avec des
dossiers étoffés échouer aussi lamentablement dans la
conduite des négociations avec le gouvernement
fédéral.
Le Président (M Filion): Merci. M. le député
de Lac Saint-Jean. La parole est maintenant à M le ministre des
Relations internationales et ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes pour une période
de dix minutes.
Réponse du ministre
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Merci, M. le Président. D'abord, je
tiens à remercier le député de Lac-Saint-Jean de me donner
cette occasion de faire le point sur tes relations
fédérales-provinciales et de me permettre ainsi d'informer la
population du Québec sur ta situation des relations entre le
gouvernement du Québec et le gouvernement d'Ottawa, d'Informer aussi la
population concernant ce nouveau climat qui règne dans les relations
Québec-Ottawa depuis l'arrivée au pouvoir du présent
gouvernement et les conséquences positives de ce changement pour le
Québec.
En écoutant tout à l'heure le député de
Lac-Saint-Jean, M. le Président, je me rends compte qu'il s'agit
là probablement du premier discours avec un retour évident aux
sources séparatistes. C'est la première fois que j'entends
prononcer aussi souvent le mot "séparatisme" en cette Chambre et je
trouve cela heureux, pour ma part, que, enfin, avec la venue de M. Parizeau, on
puisse en arriver à échanger nos idées, visières
levées, et qu'on sache vraiment quelles sont les Intentions de la
formation d'en face. Je crois qu'il est particulièrement évident
que ce qui ennuie au plus haut point le député de Lac-Saint-Jean,
c'est cette entente historique du lac Meech que nous avons conclue et qui
montre d'une façon particulièrement éloquente que le
Québec a sa place dans la fédération canadienne en faisant
respecter ce qu'il est, en faisant respecter son caractère distinct
Depuis que nous formons le gouvernement, les relations
fédérales-provinciales ont été marquées par
une approche ferme pour faire respecter les droits du Ouébec, mais aussi
par une approche constructive où la collaboration et la concertation ont
pris le pas sur l'affrontement. Une des conséquences positives, M. le
Président, de ce nouveau climat a justement été l'entente
du lac Meech qui a non seulement reconnu le caractère distinct du
Québec, mais qui a fourni à notre gouvernement des instruments
qui lui sont nécessaires pour défendre ce statut particulier et
en faire la promotion dans le cadre de ta fédération canadienne.
Je pense, en particulier, au pouvoir de dépenser du gouvernement
fédéral qui, selon l'entente du lac Meech, sera maintenant
encadré pour une meilleure coordination entre les deux ordres de
gouvernement.
M. le Président, je voudrais être clair sur un point.
Jamais cette entente du tac Meech n'a interféré dans nos
discussions avec le gouvernement fédéral relatives au
développement économique régional et nous n'accepterons
jamais qu'on se serve de cette entente comme critère dans les
décisions fédérales qui concernent te Québec. Je
veux être clair sur ce point.
Depuis cette entente du lac Meech, le Québec, la Saskatchewan et
la Chambre des communes ont voté la résolution. Les autres
provinces canadiennes suivront d'ici l'été prochain probablement,
de sorte qu'il est possible de croire que te ter juillet prochain, l'on puisse
procéder à la sanction de cette entente historique non seulement
pour le Québec, mais pour tout le Canada.
Un autre dossier où la collaboration
fédérale-provinciale a été très importante,
c'est le libre-échange, cette entente qui a abouti ces dernières
semaines et dont les résultats seront sûrement positifs pour
l'économie québécoise, On doit souligner, M. le
Président, la très grande collaboration entre le gouvernement
fédéral et les provinces dans les négociations avec les
États-Unis.
C'est un précédent qui nous servira de
référence dorénavant pour établir les
responsabilités fédérales-provinciales en matière
de négociations de traités de ce genre, un
précédent heureux. Nous pouvons citer aussi - parce qu'il
s'agissait en très grande partie de relations
fédérales-provinciales - te deuxième Sommet de la
francophonie qui a eu lieu, ici, à Ouébec au mois de septembre
dernier, qui a été une très grande réussite pour le
Québec, qui a donné au premier ministre du Ouébec, qui a
donné au gouvernement du Québec, un rôle qu'il n'avait
jamais joué de toute l'histoire du Québec en matière de
relations internationales et là aussi grâce à un climat
d'entente particulièrement efficace entre le gouvernement
fédéral et le Québec.
Ces ententes sont synonymes de cette collaboration nouvelle qui existe
entre les deux gouvernements dans des dossiers majeurs.
Il faut dire aussi qu'au cours des deux dernières années,
te dossier du développement économique régional a
généralement évolué, de façon satisfaisante
pour le Québec. On sait que le 14 décembre 1984, le gouvernement
canadien et le gouvernement du Québec négociaient une entente de
développement économique et régional que nous appelons,
l'EDER, l'entente de l'EDER, dans le but de faciliter la coopération
entre les deux gouvernements pour la mise en oeuvre de mesures de
développement économique et régional. Depuis la signature
de cette entente, dix ententes auxiliaires ont été conclues,
représentant un montant global de 1 270 000 000 $, soit 635 000 000 $
pour le Canada et 635 000 000 $ du côté québécois.
De cette somme, en date du 15 septembre 1987, 1 181 000 000 S sont depuis
employés pour la réalisation de 144 projets qui ont
été approuvés de part et d'autre par les ministres
sectoriels. Il reste donc un solde de 89 000 000 $ au rapport financier des
ententes auxiliaires signées. Nous devons négocier de nouveaux
fonds pour le financement de certains projets régionaux de
première importance.
De plus, nous devons commencer, le plus tôt possible, la
négociation de la deuxième phase
de l'entente de l'EDER pour 1989-1994 C'est une entente qui a
été conclue pour dix ans, dont une première phase de cinq
ans qui viendra à échéance en 1989. L'expérience de
l'EDER est concluante quant à l'harmonisation des actions des deux
niveaux de gouvernement pour le développement régional.
Cependant, des actions récentes en matière de
développement régional, entreprises par le gouvernement
fédéral, nous amènent à nous interroger
sérieusement quant aux intentions fédérales dans ce
domaine, pour les prochaines années.
Depuis les derniers mois, le gouvernement fédéral est
à définir son approche en matière de développement
régional. II y a eu, par exemple, l'annonce de la création d'une
agence des perspectives de l'Atlantique et d'un office de diversification de
l'Ouest canadien, disposant chacun d'une enveloppe financière de 1 000
000 000 $. Ces organismes ont été créés
unilatéralement, sans consultation des provinces.
II y a la création du nouveau ministère
fédéral de l'Industrie, de la Science et de la Technologie, qui
sera responsable d'un programme spécial pour le nord de l'Ontario et du
développement régional du Québec. En plus de ses vocations
nationales en matières industrielle, scientifique et technologique, nous
ne savons pas encore avec précision quel sera le rôle de ce
nouveau ministère dans le développement économique
régional pour le Québec.
(10 h 45)
II y a la préparation de nouveaux plans de développement
pour le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, la Côte-Nord et le
Vieux-Port de Montréal. Ces plans ont été
préparés unilatéralement, sans consultation directe du
gouvernement du Québec. II y a la mise en oeuvre, unilatérale
aussi, du programme fédéral de développement des
collectivités, dans le cadre du programme fédéral.
Planification et emploi. En septembre, le fédéral aurait
déjà désigné 21 collectivités et
approuvé la formation de 9 comités d'aide au développement
des collectivités. Mais les centres d'aide aux entreprises font double
emploi avec les commissariats industriels du Québec. Les
négociations entre le ministère québécois de la
Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu et le ministère
fédéral de l'Emploi et de l'Immigration, en vue de la
participation du Québec à ce programme et en vue de la
coordination des interventions des deux gouvernements pour l'aide à
l'entreprise, sont actuellement dans une phase plus difficile.
II ressort de ce bilan que, pour nous, nous devons fermement voir au
respect de trois principes qui nous apparaissent fondamentaux pour le
développement régional économique du Québec.
Le Président (M. Baril): Si vous voulez conclure, M le
ministre, s'il vous plaît.
M. Rérmillard: Je conclus par ces trois principes, M. le
Président, et je reviendrai tout à l'heure sur d'autres
éléments. Ces trois principes sont les suivants
Premièrement, la prépondérance de la responsabilité
provinciale sur la planification et l'établissement des priorités
de développement économique des régions du
Québec.
Le Président (M. Baril): M le ministre, excusez-moi, nous
devons être très stricts sur le temps. Vous aurez peut-être
le temps de...
M. Rémillard: Donc, je n'ai pas le temps de donner mes
principes?
Le Président (M. Baril): Non, excusez-moi, vous n'avez pas
le temps.
M. Rémillard: Les principes suivront la prochaine
fois.
Le Président (M. Baril): M le député de
Bertrand, vous avez cinq minutes, et vous devez respecter les
règles.
Argumentation M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Oui, M le Président L'Agence
spatiale canadienne, voilà un dossier qui fait l'objet d une remise en
question pour le Québec. On sait, d'une part, que l'aérospatiale
occupe une place centrale au Quebec. Elle représente, entre autres, plus
de 29 000 emplois directs et génère des ventes annuelles de 1 800
000 000 $ Si on combine les entreprises du secteur de la defense, incluant les
chantiers maritimes, c'est plus de 35 000 emplois, et on parle de ventes de
plus de 2 500 000 000 $. Voilà un dossier important.
Qu'est-ce que le gouvernement du Québec qu'est-ce que le
gouvernement libéral a fait précisément? D'une part, le 19
mars dernier en cette Chambre, j'ai déposé une motion qui a
été retenue à l'unanimité pour faire en sorte que
le gouvernement du Québec et les deux côtés de
l'Assemblée. S'il y a un dossier sur lequel nous étions d'accord,
c'était que l'agence spatiale soit implantée à
Montréal et que la décision du gouvernement fédéral
soit prise le plus rapidement possible. C'était le 19 mars dernier et
dejà à plusieurs reprises, à cinq ou six reprises avant
cette date, à la période de questions l'avais interrogé le
ministre du Commerce extérieur sur cette question à savoir ou il
s en allait avec ce dossier et ce qu'il faisait précisément.
Les mois ont passé. En juin dernier je suis revenu à la
charge en tant que responsable de ce dossier pour savoir s'il était
possible que le gouvernement du Québec fasse des pressions
additionnelles pour faire en sorte que la décision d'Ottawa soit prise,
comme elle devait être prise en juin, et que le Québec soit choisi
plutôt que
l'Ontario, que ce soit la région de Toronto ou d'Ottawa, À
la fin de juin, Juste avant de terminer la session, le ministre a
demandé la collaboration de l'Opposition, il a demandé la
collaboration de son porte-parole, et nous l'avons accordée. On a
même été plus loin que cela, et une première a
été faite. J'ai participé à un "blitz" publicitaire
avec le ministre du Commerce extérieur, avec le maire de
Montréal, avec le président de la Chambre de commerce de
Montréal, avec le président du Board of Trade, avec tous ces
agents économiques importants à Montréal. On a dit: On
fait un front commun pour faire des pressions sur le gouvernement d'Ottawa.
Lors de cette fameuse conférence de presse au début du
mois de Juillet, c'était urgent, il fallait enregistrer les annonces
publicitaires tant radiophoniques que télévisées parce que
c'était important, et nous avons apporté notre collaboration.
J'ai eu aussi, à ce moment-là, l'assurance de la part du ministre
du Commerce extérieur que tant et aussi longtemps que la décision
ne serait pas prise à Ottawa - elle était prévue pour la
mi-septembre - ce battage publicitaire se ferait partout dans les journaux,
partout à la télévision pour augmenter la pression,
sensibiliser la population du Québec et montrer qu'on était
capables de se tenir debout devant Ottawa.
En plus de cette démarche, des démarches devaient
être faites par le ministre et par le premier ministre,
Comme par hasard, un mois plus tard, à la mi-septembre, plus
rien, on n'entend plus parler de rien. Est-ce que le gouvernement du
Québec a abandonné? Est-ce qu'il y a eu, à la suite de
l'entente sur le libre-échange, d'autres "deals", d'autres ententes?
Voilà des questions qu'on est en droit de se poser.
Mais comment se fait-il que, depuis un mois et demi, on n'entend plus
parler du dossier de l'agence spatiale, qu'il n'y a plus aucune pression? Les
dernières déclarations des différents ministres
fédéraux, tant celles du ministre Côté que du
ministre de Cotret ainsi que les déclarations du premier ministre du
Canada, M. Mulroney, dans La Presse du 26 septembre 1987, allaient dans
le sens de commencer à nous laisser sentir que le Québec a
déjà eu sa part du gâteau. Vous savez, M. le
Président, c'est drôlement inquiétant de voir que toutes
ces pressions et ces démarches ne mènent à rien. Comment
le ministre responsable des relations fédérales-provinciales
peut-Il venir nous dire aujourd'hui: Tout va bien? On a une approche ferme,
disait-il, il y a quelques minutes, une approche constructive. Je veux bien. M.
le ministre, qu'on ait une approche constructive. S'il y a quelqu'un qui essaie
d'être constructif, c'est bien moi et je pense en avoir fait la
démonstration avec d'autres collègues en Chambre, mais à
partir du moment où on fournit des efforts et qu'on n'obtient pas de
résultats... La décision sera prise sûrement dans les
prochaines semaines, votre les prochains jours ou les prochaines heures. M. le
ministre, où est la démarche ferme du gouvernement du
Québec? Comment se fait-it...
Le Président (M. Baril): M. le député.
M. Parent (Bertrand): ...je termine là-dessus - que nous
n'ayons pas de résultats concrets dans ce dossier jusqu'à
maintenant? J'aurai l'occasion d'y revenir. Merci.
Le Président (M. Baril): M. le ministre, vous avez cinq
minutes.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Oui, avant de répondre à la
question directe du député, je voudrais terminer
rénumération de mes trois principes, si vous me le permettez.
Les trois principes qui sont au fondement même de notre action
dans les relations fédérales-provinciales en ce qui regarde le
développement économique régional, c'est tout d'abord ta
prépondérance de la responsabilité provinciale, la
responsabilité du gouvernement du Québec sur la planification et
l'établissement des priorités de développement
économique des régions du Québec. C'est à nous
d'établir nos priorités et celles-ci doivent être
respectées. Deuxièmement, la nécessité d'utiliser
les mécanismes, les structures et les programmes mis en place par le
Québec. C'est notre responsabilité et c'est à nous de
mettre en place nos mécanismes, nos structures et nos programmes.
Troisièmement, la maîtrise d'oeuvre québécoise de
tous les programmes et projets relevant de la compétence provinciale
lorsque cela relève de notre compétence, et le
développement économique régional relève de notre
compétence en très grande partie. À ce moment-là,
pour nous, c'est la maîtrise d'oeuvre de ces programmes.
Je reviens maintenant sur le sujet très important auquel vient de
faire allusion le député de Bertrand en ce qui regarde l'agence
spatiale. Tout d'abord, je dois le remercier de sa grande collaboration dans ce
dossier. Il a beaucoup collaboré avec les ministres impliqués -
les ministres du Commerce extérieur et du Développement
technologique, de l'Industrie et du Commerce - et je veux rassurer le
député. On sait que le gouvernement fédéral devra
déposer probablement prochainement un projet de loi sur l'agence
spatiale. Nous avons très clairement et très fermement
mentionné aux autorités fédérales que nous
n'accepterons pas que ce projet soit dilué comme on l'a fait
peut-être à certains égards avec le centre bancaire et que
nous comptons bien que cette agence spatiale soit située à
Montréal
Je peux vous dire qu'en vertu des dernières discussions que nous
avons eues, les ministres sectoriels et moi-même - je dois justement
revoir le ministre de Cotret demain et je vais aborder cette question -
les discussions vont bien. Je veux vous rassurer et vous dire que nous
n'accepterons pas que ce projet soit dilué et que nous
considérons que cette agence doit être située à
Montréal. Cela va dans le contexte du développement
économique de la région de Montréal. Cela va aussi, bien
sûr, dans un contexte que nous pouvons situer par rapport au rapport
Picard et à ta réaction que nous attendons toujours du
gouvernement fédéral face à ce rapport Picard.
M. le Président, je disais tout à l'heure que ce qui nous
importe avant tout lorsque nous parlons de développement
régional, c'est que nous puissions comme gouvernement garder la
maîtrise d'oeuvre de notre développement régional. C'est
pour ça que le gouvernement du Québec s'oppose à tout plan
fédéral unilatéral pour le développement des
régions du Québec. Pour nous, le développement
régional doit relever du gouvernement du Québec dans les
principes que j'ai énumérés tout à l'heure en
étroite collaboration, parce que nous avons besoin de l'aide du
gouvernement fédéral, mais nous voulons faire
référence aux ententes de CEDER qui ont démontré
qu'elles pouvaient être des outils efficaces de collaboration entre le
gouvernement fédéral et le gouvernement provincial pour le
développement économique régional.
J'informerai, demain ou vendredi plutôt, mon homologue
fédéral, le ministre de Cotret, que les priorités du
Québec en matière de développement économique
régional sont les suivantes. Le renflouement des enveloppes
financières de la première phase de l'EDER et, en particulier,
pour les secteurs de développement industriel et des transports.
Deuxièmement, la reconduction des contributions fédérales
pour la deuxième phase de l'EDER que nous voulons négocier.
Troisièmement, la conclusion d'une entente de concertation et
d'harmonisation des actions des deux gouvernements dans les régions du
Québec. Finalement, la conclusion d'une entente de développement
économique des régions u Québec qui devrait constituer la
contrepartie des nouveaux programmes annoncés pour les provinces
maritimes et les provinces de l'Ouest.
U Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. M. le
député de Louisbourg.
M. Doyon: Louis-Hébert.
Le Président (M. Baril): Louis-Hébert, je
m'excuse.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: À part la forteresse, M. le Président,
c'est tout ce qu'il y a de commun avec le député de
Louis-Hébert. L'interpellation que nous vivons aujourd'hui est
extrêmement intéressante et permet au ministre des relations
internationales de faire le point et de dissiper un certain nombre de
malentendus que l'Opposition tente régulièrement de semer.
Finalement, on a l'impression à les écouter, parfois, que les
relations entre te Canada et le Québec sont revenues au temps des
années difficiles, au temps des années noires. C'est faire
abstraction très facilement de réalisations importantes et
capitales. Le mot historique n'est pas trop fort. Peut-on un seul moment
envisager la conclusion d'un accord de la nature de celui du lac Meech avec un
autre gouvernement que celui que nous formons avec le gouvernement
fédéral? La chose est impensable, impossible. N'y aurait-il - et
c'est loin d'être le cas, le ministre en fait la démonstration de
façon très détaillée et très convaincante et
il va continuer de la faire - dans le bilan des actifs concernant les relations
Québec-Canada que l'accord du lac Meech que la balance pencherait de
façon démesurée de notre côté, à
comparer avec ce qui s'est passé pendant les années de
régime péquiste.
N'y aurait-il que ça, M. le Président: n'y aurait-il que
le fait que dans un accord constitutionnel absolument extraordinaire, favorable
au Québec on ne peut plus, on reconnaît le caractère
distinct du Québec comme société à
l'intérieur de l'ensemble du Canada, un objectif que nous avons
poursuivi inlassablement pendant des dizaines d'années, sinon
au-delà de 100 ans, n'y aurait-il que ça que nous ne pourrions
que conclure que les relations entre le Québec et le Canada ont permis
la réalisation d'un objectif qui paraissait encore récemment hors
d'atteinte. N'y aurait-il que ça, M. le Président? Est-ce
pensable un seul moment qu'un Sommet de la francophonie avec le succès
qu'il a connu aurait été possible avec un autre gouvernement que
le gouvernement libéral? Est-ce qu'on aurait pu avoir un sommet, qui
s'est passé sans anicroche, sans aucune difficulté, sans le
risque que se répètent les erreurs et les difficultés d'un
été 1984, querelles de drapeaux, de juridictions, de
personnalités? Qu'est-ce qui fait que le Sommet de la francophonie s'est
déroulé dans la meilleure ambiance possible? C'est parce que les
relations sont fondamentalement bonnes avec Ottawa. (11 heures)
II est sûr qu'il reste des dossiers à discuter. Il est
sûr que le Québec a des points litigieux où nos
intérêts doivent être défendus avec vigueur, ce que
nous faisons constamment avec le gouvernement fédéral, mais nous
avons des actifs, des acquis absolument extraordinaires qui ont nom lac Meech,
Sommet de la francophonie et maintenant libre-échange. Est-ce que le
Québec ne profite pas d'une situation privilégiée
grâce à ces bonnes relations qu'il entretient avec le gouvernement
fédéral pour défendre les intérêts de ses
concitoyens, de ses travailleurs et de ses travailleuses dans l'immense dossier
extrêmement complexe du libre-échange, où, finalement, le
Québec va pouvoir aspirer à une place aussi
valorisante et aussi bonne pour sa population que celle qui a
été donnée à l'Ontario à l'intérieur
du partage qui existait des responsabilités économiques au
Canada?
Tout cela est important. C'est aussi important - M. le Président,
je termine là-dessus compte tenu qu'il me reste à peine une
minute - de dire qu'à un niveau beaucoup moins élevé, au
niveau du quotidien, du jour à jour, du terre à terre dans nos
relations quotidiennes avec nos collègues fédéraux, les
relations sont bonnes là auss.i Nous nous parlons, nous nous expliquons,
nous faisons valoir des points de vue, nous collaborons. Jamais nous n'avons
senti te besoin ou l'utilité de qualifier nos collègues
conservateurs au fédéral de nouilles, de traîtres ou de
vendus. La bonne collaboration, les bonnes relations entre le Québec et
Ottawa commencent de cette façon. C'est pour cela que cela
s'épanouit dans des accords historiques du lac Meech, dans des accords
de libre-échange et dans le Sommet de la francophonie. C'est ce que je
voulais dire, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Oui, M. le Président, je ne savais pas le
député de Louis-Hébert aussi sentimental C'est un discours
à l'eau de rose, qui fait probablement bien dans un exécutif de
comté du Parti libéral, mais fort peu à l'Assemblée
nationale du Québec.
J'aimerais que le ministre responsable des relations avec le
gouvernement fédéral décide enfin de jouer dans les ligues
majeures J'aimerais que le ministre responsable. Il peut bien,
évidemment, nous dire qu'il est fort heureux d'avoir
négocié une entente de développement économique
régional de 1 000 000 000 $, dont la contribution du
fédéral est de 635 000 000 $, mais pendant que lui
s'évertue à coordonner un comité tout à fait
inefficace - on va essayer de le démontrer - dans les journaux, on
s'aperçoit que malheureusement le Québec perd des contrats de
l'ordre hier, c'était de 3 500 000 000 $. Questionné à
l'Assemblée nationale du Québec, son collègue responsable
du dossier, le ministre de l'Industrie et du Commerce, me répond bien
candidement et du haut de sa tribune. Ce n'est pas exact, nous sommes encore en
discussion avec le gouvernement fédéral et cela ne va pas aussi
mal que le député semble le dire.
Ce matin, c'est-à-dire hier même, le ministre Michel
Côté confirmait que l'entente était conclue, que le contrat
serait confié aux chantiers de St John et qu'on discutait pour faire
faire de la sous-traitance aux gens du Québec. Le ministre de
l'Industrie et du Commerce acceptait dans une déclaration, dès le
5 novembre, que la maîtrise d'oeuvre d'un contrat comme celui des
frégates, un contrat de haute technologie, échappe au
Québec et il disait: Dans un contrat d'une telle envergure, il doit y
avoir de la place pour tout te monde, conscient que le rôle de
maître d'oeuvre pourrait bien encore échapper au Québec.
C'est te ministre de l'Industrie et du Commerce qui est responsable, M le
ministre des relations fédérales-provinciales, qui est
responsable de négocier et d'exiger du fédérai des
contrats pour te Québec, qui accepte que la maîtrise d'oeuvre
pourrait nous échapper. D'autant plus que son collègue fait
preuve de naïveté, M le Président, quand il dit.
Peut-être serons-nous en bonne place pour obtenir le contrat des
sous-marins, sachant fort bien que St John est en train d'être
consacré comme un chantier de pointe sur le plan maritime, que les
technologies développées à St John leur donne une longueur
d'avance dans le dossier des sous-marins. Le ministre de l'Industrie et du
Commerce fait preuve de la plus grande candeur et de la plus grande
naïveté, appuyé en ce sens par son collègue.
M. le Président, je dois vous dire que la stratégie du
gouvernement fédéral, que le ministre convient lui-même,
que le gouvernement est en train de mettre en place, est connue. On en a
parlé abondamment, et c'est malheureux pour le Québec. On vient
de décider au gouvernement fédéral depuis un certain temps
que les automobiles ce sera en Ontario, quoique vous fassiez. Au Québec
on fera l'avionnerie, soit! Mais les chantiers maritimes, n'y pensez plus au
Québec. Vous ferez de la sous-traitance éventuellement. On
fermera graduellement vos chantiers qui deviendront, un peu comme c'est le cas
chez les employés de la Vickers, des espèces d'ateliers de
réparations, et graduellement on évacue le Québec de ce
champ d'activités important. Ce gouvernement, en plus de manquer de
leadership, ne s'est pas gardé d'outils, empressé qu'il
était de défendre l'accord du lac Meech sur le
libre-échange. On aurait cru que le premier ministre du gouvernement et
son adjoint, le ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes, étaient des valets du gouvernement
fédéral, tant ils se sont proposés pour faire le tour du
Canada, pour vanter les mérites de ces ententes négociées
par le fédéral. Ils ne se sont pas gardé de positions de
négociation.
En terminant, je voudrais vous dire que c'est inquiétant, M le
ministre, que votre collègue de l'Industrie et du Commerce, pendant que
vous jouez dans des ententes de 630 000 000 $ avec le gouvernement
fédéral, laisse filer des contrats de 3 500 000 000 $, qu'il
fasse preuve de naïveté, qu'il ne soit pas suffisamment agressif
face à l'intérêt des Québécois, qu'il soit
soumis au fédéralisme à saveur régionale. Ils
parlent eux-mêmes de développement économique
régional. Ils sont en train, non pas d'entretenir les revendications
traditionnelles du Quebec, mais bien de se conformer à un modèle
de développement du gouvernement du Canada en disant. Le Québec,
c'est une région, on comprend
qu'il y en ait pour d'autres régions, on va prendre notre petit
morceau, on va négocier des ententes de développement
économique régional, quand le chômage sera à 18 %,
on en demandera un peu plus et quand il baissera, on se satisfera de ce que les
achats se feront ailleurs. C'est un manque d'agressivité. Ce sont des
gens qui ne se sont pas gardé d'outils de négociation, et c'est
extrêmement malheureux pour le Québec. Les contrats de 3 500 000
000 $ pour la deuxième fois en peu de temps viennent de nous passer sous
le nez Que le ministre négocie pour 600 000 000 $, on vient de perdre 7
000 000 000 $, M. le Président!
Le Président (M. Baril): Merci, M le député
de Roberval M. le ministre.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Roberval nous demande de jouer dans les ligues
majeures. Je comprends facilement que pour le député, faire une
entente historique pour redonner au Québec sa place dans la
fédération, cela ne signifie pas nécessairement être
dans les ligues majeures. Je comprends aussi que donner au Québec un
rôle en matière de relations internationales, comme il n'en a
jamais eu dans toute son histoire, ce ne sont pas des ligues majeures. Je
comprends aussi que négocier avec le gouvernement fédéral
une entente de libre marché avec les États-Unis où 75 % de
notre commerce se fait avec nos voisins du Sud et ou on a eu une étroite
collaboration comme jamais dans l'histoire cela ne s'est fait pour un contrat
de cette envergure, un traité, ce n'est pas dans les ligues majeures. Je
comprends aussi que lorsqu'on négocie l'entente de l'EDER dix ententes
auxiliaires pour plus de 1 270 000 000 $ ce n' est pas dans les ligues
majeures.
M. le Président, le député de Roberval fait
allusion, comme il l'a fait hier en Chambre, au contrat des frégates, se
référant à un article de journal. C'est une nouvelle qui
n'est pas officielle, absolument pas. Rien n'est fait dans ce dossier. Je veux
répéter au député de Roberval ce que mon
collègue de l'industrie et du Commerce lui a dit hier. II n'est pas
question que le Québec accepte que ces frégates soient
construites entièrement à St John. II n'en est pas question! Nous
avons ici nos chantiers maritimes, nous avons l'expertise pour le faire. II est
faux de prétendre que Marine Industrie a soumissionné à
plus fort prix, parce qu'on ne lui a même pas demandé de
soumissionner. Par conséquent, je veux rassurer là encore le
député de Roberval Cela ne se fait pas par de grands cris sur la
place publique. Je l'ai déjà dit je le répète. On
ne déchire pas nos vêtements à la première occasion.
Ce nest pas notre style Mais |e peux vous dire - et je rencontre le ministre de
Cotret vendredi - que c'est un sujet que nous allons aborder. Le ministre de I
'Industrie et du
Commerce l'a déjà abordé à plusieurs
reprises. C'est un dossier sur lequel nous allons être très
fermes. Je suis certain que nous aurons des résultats
intéressants en fonction de l'intérêt économique du
Québec.
M le Président, on nous demande de jouer dans les ligues
majeures. Je pourrais donner beaucoup d'autres exemples d'ententes
fédérales-provinciales qui traînaient depuis des
années et qu'on a réussi à conclure avec le gouverne ment
fédéral. Je pense, par exemple, au domaine de la formation
professionnelle et de la main-d'oeuvre, un domaine extrêmement important
pour l'économie du Québec. Pour qu on puisse former nos gens dans
ce domaine, Ottawa et le gouvernement du Québec se sont finalement
entendus après des négociations que nous avons menées avec
le ministre sectoriel responsable du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, sur cette formation professionnelle des
adultes.
Je ne vous cacherai pas M. le Président qu'il a fallu nous
montrer très fermes et même nous débattre vigoureusement
pour pouvoir conclure cette entente avec le gouvernement fédéral
et pour qu il s'engage à garantir une somme de 139 000 000 $ pour
chacune des trois prochaines années aux fins de la formation en
établissement et de la formation sur mesure.
De plus, M. le Président le gouvernement fédéral a
accepté de fournir un certain soutien quant à la formation dans
des nouvelles entreprises et en plus, le Québec le gouvernement
québécois se réserve dorénavant une partie du champ
de la formation en industrie notamment pour les entreprises de 200
employés et moins ce qui constitue une concession très importante
de la part du gouvernement fédéral et un gain important pour le
Québec pour la maîtrise de notre formation de la main-d'oeuvre.
Avec cette entente, nous touchons à la très grande
majorité de nos entreprises qui sont des petites et des moyennes
entreprises de moins de 200 employés. C'est là un gain maj.eur,
un gain substantiel. On nous dit. Vous devez jouer dans les ligues majeures.
C'est un autre exemple. Évidemment que nous ne l'avons pas fait avec
grands éclats mais nous l'avons fait avec efficacité. C'est la un
gain qui va permettre au Québec d'avoir une maîtrise dans un
domaine très important pour son développement
économique...
Le Président (M. Baril): Merci beaucoup
M. Rémillard: ...la formation de la main -d 'oeuvre
Le Président (M. Baril): Merci M. le ministre M le
député de Beauharnois.
M. Serge Marcil
M. Marcil: Merci M. le Président. Il est certain
qu'à entendre les discours qui sont tenus
ce matin aussi bien par les députés de l'Opposition que
par te député de Lac-Saint-Jean, c'est comme si au cours des deux
dernières années, le Québec n'avait jamais
été aussi indépendant face au gouvernement
fédéral. C'est quasiment vouloir dire qu'il ne s'est absolument
rien passé et que le Québec, seul, a réussi dans les deux
dernières années à diminuer son déficit à
tout près de 2 000 000 000 $, un déficit que l'ancien
gouvernement nous avait laissé et qui, s'il n'y avait pas eu
d'intervention de la part du nouveau gouvernement, aurait probablement
dépassé les 4 000 000 000 $. Tout en augmentant les
dépenses au-delà de 30 000 000 000 $, tout en diminuant les
impôts pour au-delà de 300 000 Québécois et
Québécoises; tout en créant en 1985-1986 au-delà de
70 000 emplois au Québec et en 1986-1987 au-delà de 100 000
emplois au Québec et plus particulièrement chez les jeunes. Tout
en admettant - et cela a été démontré publiquement
également - que la plus grande croissance économique au Canada a
eu lieu au Québec; donc, le Québec a été la
première des provinces de l'ensemble du Canada dans ce domaine. Tout
cela, à entendre parler les gens de l'Opposition, s'est fait tout seul.
Malheureusement, on vit quand même dans un pays où il y a dix
provinces qui forment une équipe et des relations existent entre chacune
des provinces et entre le gouvernement fédéral et les provinces
également. N'eût été également du climat
politique positif qui existe depuis deux ans au Québec et au
gouvernement fédéral, Jamais on n'aurait réussi à
signer l'accord du lac Meech. (11 h 15)
Probablement qu'on n'aurait jamais également réussi
à finaliser le traité sur le libre-échange, même si
les textes finaux ne sont pas encore publiés. Que pourrait-on ajouter
également sur la tenue au Québec d'une activité historique
qui est le Sommet de la francophonie? À mon sens, cela n'aurait jamais
pu se réaliser sans des relations étroites, sans un climat
positif entre le Québec et Ottawa, et tout cela en respectant les champs
de compétence du Québec.
Lorsqu'on parle des différentes ententes
fédérales-provinciales existantes, les ententes auxiliaires, on
sait qu'il y en a quelques-unes qui sont à terminer présentement,
qui avaient été négociées par l'ancien gouvernement
et qui restent sûrement à rediscuter et à
améliorer.
Il a déjà eu un dossier qui a apporté de la
confusion au Québec au cours des dix dernières années: la
papeterie de Matane. Cela m'étonne que les gens de l'Opposition n'en
font pas mention. Dans les dix dernières années, ce furent dix
années de disputes, de chicanes stériles entre deux ministres
à l'époque, De Bané et Bérubé au provincial.
Vous les connaissez.
Depuis deux ans, depuis que le gouvernement libéral occupe le
pouvoir au Québec, en l'espace de deux ans, on a réussi à
débloquer ce dossier et même le fédéral vient
d'octroyer un investissement d'au-delà de 6 500 000 $ en crédits
d'impôts pour la réalisation de ce projet. Il reste à
terminer les études de faisabilité.
Je pense que, si des gestes concrets ont été posés
au cours des dernières années, c'est bien par le gouvernement
libéral du Québec. En plus, s'il y a une personne qui a
travaillé à faire en sorte que le Québec occupe sa place
dans la fédération canadienne, c'est bien le premier ministre,
Robert Bourassa et grâce également au travail assez extraordinaire
qui fut accompli par le ministre des relations intergouvernementales
canadiennes.
Je ne pense pas que c'est en tenant des discours aussi pessimistes que
vous le faites que vous allez gagner davantage - comment pnur-rais-je le dire -
la confiance des Québécois et des Québécoises, et
tout cela en l'espace de deux ans. Il reste encore deux autres années au
mandat de notre parti. On sait que réparer dix années d'erreurs,
cela prend souvent plus que deux années.
Le Président (M. Baril): Merci, M. Ee député
de Beauharnois. M. le député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: M. le Président, je dois quasiment dire,
en commençant, que c'est un peu prétentieux de la part du"
député de Beauharnols, qui n'a pas participé à la
vie publique pendant toutes ces années, de lancer aujourd'hui que ces
dix années ont été dix années d'erreurs et dix
années improductives.
Il faudrait peut-être lui rappeler que la reprise
économique, ce n'est pas d'abord la responsabilité et la gloriole
du gouvernement libéral, mais cette reprise s'était
amorcée alors que le précédent gouvernement était
déjà en place. Ni le précédent gouvernement ni le
gouvernement actuel ne peuvent prétendre être les grands artisans
de cette reprise économique.
C'est bien dommage. Le gouvernement provincial a peu de choses à
faire, malheureusement, sur les grandes évolutions économiques.
Quant à l'entente sur la main-d'oeuvre, j'aurais la tentation de dire au
ministre qu'il y a eu l'entente, mais il y a l'application de l'entente et
comme ancien critique de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu, je pourrais peut-être l'inviter à aller voir comment
s'applique l'entente maintenant et il va peut-être se rendre compte que
ce n'est pas cela que les Québécois voulaient, que les
fonctionnaires du Québec voulaient, que les intéressés
voulaient, une présence plus importante du gouvernement
fédéral et des fonctionnaires fédéraux dans un
domaine qui, normalement, devrait être un domaine de juridiction
exclusive du Québec
Alors, si c'est l'approche que le ministre nous propose, mon
collègue avait raison ce matin de soulever toute la question des
relations fédérales-provinciales et de la productivité des
attitudes du gouvernement actuel.
En ce qui me concerne comme critique de l'Environnement M le
Président, je voudrais aborder un autre contentieux qui est, à
notre avis important. C'est le contentieux des contributions
fédérales dans tout le secteur de l'assainissement des eaux. On
sait qu'il y a eu des dépenses au fédéral qui ont
été effectuées ces dernières années, en
fait, depuis plus d'une vingtaine d'années dans le secteur et on a fart
un travail de comptabilisation qui nous a amenés à comparer ce
que le Québec a reçu par rapport à ce qu'a reçu la
province voisine. On se rend compte que depuis 1961, dans quatre programmes,
l'Ontario a reçu en dollars courants un montant de 561 900 000 $. le
Québec a reçu un montant de 338 900 000 $. Ce qui fait une
différence de près de 223 000 000 $, en dollars courants de 1961
Si on calcule cela en dollars constants, on n'a pas besoin de faire un grand
dessin au ministre pour qu'il comprenne que la marge est encore plus
importante.
Cela s'ajoute au fait que le gouvernement fédéral a
abandonné un programme sur l'assainissement des eaux au moment
même ou le gouvernement du Québec, lui, amorçait le sien.
Si le gouvernement fédéral avait maintenu son programme qui a
été largement profitable à l'Ontario et qui a permis
à cette province de faire en sorte qu environ 90 % des problèmes
d'assainissement des eaux sont réglés, le Québec, lui,
aurait pu bénéficier d'une somme d'au-delà d'un milliard,
somme qui lui échappe maintenant.
Lorsqu'un député de l'Opposition, comme mon
collègue de Terrebonne, a interpellé le ministre de
l'Environnement il y a quelques mois sur la question, le ministre de
l'Environnement lui a dit écoutez, nous, nous ne ferons pas comme vous.
On n'ira pas demander au gouvernement fédéral de donner trop
d'argent. On n engagera pas une bataille à tous crins pour avoir des
sommes qu'on n'aura jamais. On va être plus raisonnables plus
pragmatiques. Ce n'est pas notre style, a t-il repris, comme ce qu'on a entendu
du ministre tantôt. Notre style est d'être plus réalistes.
On va leur demander 100 000 000 $. Le 3 mars, il a envoyé une belle
lettre à son collègue McMillan du gouvernement
fédéral pour lui demander ce montant de 100 000 000 $. Le
lendemain, la réponse du gouvernement fédéral est
arrivée. Nous avons discuté de différentes
évaluations, a dit le ministre Tom McMillan, mais jamais le montant de
100 000 000 $ n'a été évoqué Qui croire, M. le
Président?
Par la suite, le ministre de I'Environnement du Québec nous a
dit. Je ne vais pas lâcher. Ne vous inquiétez pas. Ce n'est pas
mon style. Je ne veux pas faire la guerre. Je suis un fédéraliste
convaincu, mon parti également mais nous ne céderons pas. Mais
quand on lui a posé la question, le 10 juin, à l'Assemblée
nationale il nous a dit. Vous savez que c'est une demande formelle qu'on a
faite au gouvernement fédéral mais le ministre n'a pas encore
répondu officiel- lement et je veux vous dire que ce sont des
collègues très haut placés - de M. McMillan probablement -
qui m'ont dit que cette question gravite dans les hauts échelons du
gouvernement sans doute des gouvernements fédéral et provinciaux,
et que I'on va poursuivre dans ce domaine. Mais le problème, c'est qu'on
n'a pas eu de réponse depuis ce temps-là.
Je voudrais demander aujourd'hui au ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes ou
en est le dossier? Qu'est-ce qu'on a fait dans cette négociation? Quel
échéancier a-t-on adopté? Surtout quelle est la
volonté réelle du gouvernement du Quebec de créer
maintenant un véritable rapport de force? Je comprends que ce n'est pas
le style du ministre.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Mais je termine en concluant M. le
Président que si ce n'est pas le style du ministre, il faudrait au moins
que son nouveau style soit productif dans ce dossier comme dans un certain
nombre d' autres.
Le Président (M Baril): M. le ministre. M. Gil
Remillard
M. Rémillard: Merci M. le Président. Je disais tout
à l'heure que je pourrais citer plusieurs exemples de ce résultat
d'une bonne collaboration entre le gouvernement Fédéral et le
gouvernement du Québec.
J'ai aussi mentionne tout à I'heure que tous les dossiers ne sont
pas faciles. Certains dossiers sont particulièrement difficiles.
Certains après des négociations très difficiles nous ont
quand même permis d'arriver a des résultats concluants très
intéressants pour le Quebec. J'ai mentionné la formation de la
main-d'oeuvre tout à I'heure. Mais il y a d'autres dossiers toujours en
suspens. Nous négocions toujours avec le gouvernement
fédéral. Je dois dire que ce n'est pas toujours facile. Chacun a
ses positions. Pour nous je l'ai déjà dit et je le
répète, il n'est pas question que nous cédions sur le
principe qui veut que nous soyons responsables de notre développement
économique régional. C'est dans ce cadre que nous abordons nos
négociations avec le gouvernement fédéral.
II faut que le gouvernement fédéral réalise que
selon la constitution canadienne les provinces ont la très grande
majorité des compétences législatives qui leur permettent
de mettre en place un véritable développement régional.
Pourquoi? Parce quon savait très bien par les Pères de la
Confédération même en 1867 lorsqu' ils ont fait la
constitution canadienne que les provinces étaient directement
reliées de très près à ces problèmes
concrets et qu'elles étaient mieux placées que le gouvernement
fédéral pour
évaluer ces problèmes concrets dans toute leur perspective
et apporter des solutions à ces problèmes de développement
régional.
Il faut penser à nos régions périphériques.
On parie souvent des régions canadiennes, on parle de
décentralisation au niveau fédéral, mais il faut aussi
penser que le Québec, c'est un immense territoire avec un
régionalisme très présent, des régions
périphériques qui ont besoin d'une aide économique et
c'est nous, en fonction de nos compétences législatives, de notre
expertise sur le terrain, qui pouvons évaluer et apporter des solutions
à ces problèmes de développement de nos régions
périphériques. Le ministre responsable du développement
régional doit avoir en main les outils nécessaires pour
procéder à ce développement régional pour qu'il y
ait un équilibre entre le développement des régions au
Québec, pour que chaque région puisse avoir droit à un
développement social, culturel, économique au même titre
que n'importe quelle autre région au Québec,
Pour que le ministre puisse présenter ses politiques, il faut
qu'on puisse respecter son rôle prépondérant dans
l'énonciation de ses politiques, dans la maîtrise d'oeuvre de ses
politiques, dans l'utilisation des mécanismes, des installations, des
infrastructures pour atteindre ces objectifs, Cela ne veut pas dire qu'on n'est
pas prêts à discuter avec le gouvernement fédéral
pour qu'il y ait une collaboration, une participation, un échange de
vues sur ce développement régional, Nous sommes prêts
à le faire, mais nous 'disons au gouvernement fédéral que
nous voulons que ce développement régional se fasse par le
gouvernement du Québec en fonction de nos priorités et en
fonction d'un plan de l'EDER, qui a montré son efficacité. Nous
pourrions donc ajouter un volet de plus à l'entente de l'EDER, un volet
régional qui nous permettra de négocier avec le gouvernement
fédéral une enveloppe de sommes nouvelles pour investir dans le
développement régional, où les ministres sectoriels
responsables au niveau québécois pourront avoir la maîtrise
d'oeuvre de ces politiques.
M. le Président, je veux aussi attirer l'attention du
député de Verchères qui, tout à l'heure, me
demandait: Avec le nouveau style du ministre, qu'est-ce que cela donne, vos
représentations? Il est vrai que ce n'est pas notre style, comme je le
mentionnais tout à l'heure, de faire de grandes déclarations
intempestives sur la place publique. Prenez le cas, par exemple, du projet de
loi C-22 sur les brevets pharmaceutiques; enfin, le Sénat a
terminé son obstruction et il a démontré d'une
façon particulièrement éloquente qu'on doit le
réformer. Je crois que à partir de cette expérience, nous
sommes tous d'accord pour dire que nous devons réformer au plus
tôt cette Institution importante, qui devrait être importante dans
notre parlementarisme.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: M. le Président, j'aimerais, pendant les cinq
prochaines minutes, parier d'un sujet important qu'on a d'ailleurs
abordé à quelques reprises à la période de
questions, iI s'agit des contrats plantureux qui proviennent du
ministère fédéral des Approvisionnements et des Services.
C'est un budget considérable qui transite par le biais de ce
ministère et qui prend la forme, évidemment, de contrats
accordés à des firmes et à des entreprises, ce qui,
évidemment, se traduit concrètement par des emplois nouveaux, des
emplois Importants, et également par des investissements
considérables.
Or, il est maintenant clair que la part du Québec dans ces
contrats est tout à fait disproportionnée par rapport à
l'Importance économique et démographique du Québec. (11 h
30)
Prenons, par exemple, les budgets de recherche. On a déjà
signalé - c'est maintenant connu publiquement - que le Québec ne
peut compter que sur à peine 10 % des budgets relatifs aux contrats de
recherche en provenance du ministère fédérai des
Approvisionnements et Services, alors que tout le monde sait que nous comptons
pour 25 % de la population au Canada - 10 % seulement. Interrogé
à ce sujet, le ministre responsable des relations
fédérales-provinciales a annoncé la mise en place d'une
stratégie intégrée - c'est l'expression qu'il a
utilisée et cela mettait à contribution, entre autres, le bureau
du Québec à Ottawa - pour faire en sorte que le Québec
obtienne une plus juste part des contrats de recherche en provenance du
gouvernement fédéral. Depuis ce temps, malheureusement, les
résultats tardent à venir et pour le moment on doit qualifier la
stratégie dite intégrée du ministre d'inefficace et ne
donnant pas de résultats concrets et avantageux pour le
Québec.
Nous sommes revenus à la charge, toujours à propos des
contrats militaires. On peut bien être pacifiste, M. le Président,
mais tant et aussi longtemps que le budget militaire du gouvernement
fédéral aura cette taille, je pense que le Québec doit
faire tous les efforts requis pour obtenir encore une fois, dans ce domaine, sa
juste part des investissements, ce qui évidemment se traduit aussi par
la création d'emplois.
On pouvait lire récemment dans Le Devoir que des contrats
militaires de 15 000 000 000 S risquent de passer sous le nez du Québec,
Ottawa favorisant de façon délibérée l'Ouest et les
Maritimes. Je vous en lis quelques extraits, cela me paraît très
instructif. "À valeur égale, la politique du ministère
veut qu'on favorise les provinces maritimes et celles de l'Ouest dans
l'attribution de contrats militaires", a confirmé au Devoir
André Archambault, directeur des approvisionnements, marine et armement,
au ministère fédéral des Approvisionnements et Services.
Ce n'est pas un inconnu, ce n'est pas
du oui-dire, ce ne sont pas des sources d'information inconnues, ce sont
des hauts fonctionnaires du ministère fédérai qui
affirment qu'on va favoriser délibérément l'Ouest et tes
Maritimes. Pourquoi? Parce qu'on a doté l'Ouest et les aritlmes
d'agences spécialisées de développement avec des budgets
considérables - 1 000 000 000 $ pour ce qui est de l'Atlantique; 800 000
000 $ pour ce qui est de l'Ouest - qui vont servir à favoriser
l'implantation d'usines qui vont obtenir ces contrats militaires dans l'Ouest
et dans les Maritimes C'est pourquoi Le Devoir titre "Des contrats militaires
de 15 000 000 000 $ risquent de nous passer sous le nez". C'est ce qui se
produit dans le dossier des frégates, cela va s'en aller dans les
Maritimes, du côté de l'Atlantique C'est probablement ce qui va se
produire également avec un contrat important de 300 000 000 $ pour
construire des camions pour la défense nationale, 1400 camions qui vont
probablement s'en aller dans l'Ouest et non pas au Québec.
Par conséquent, M le Président, la conclusion à ce
sujet, c'est que la stratégie intégrée du ministre est
inefficace iI doit ta réviser "au plus sacrant" et il doit se montrer
plus vigoureux, plus combattit, plus productif pour faire en sorte que le
Québec en matière de contrats militaires, en matière de
budgets de recherche en provenance du gouvernement fédéral,
obtienne enfin sa juste part. Merci, M le Président.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le
député.
M. le ministre.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: M. le Président, en ce qui regarde
les contrats fédéraux de recherche et développement, nous
avons, en concertation avec mes collègues du Commerce extérieur
et de l'Industrie et du Commerce, fait les représentations qui
s'imposaient. Je suis persuadé que, lorsque les statistiques sur
l'octroi de ces contrats du côté québécois seront
connues, les choses auront changé. Nous nous employons à
développer les mécanismes de prospection des marchés
fédéraux. C'est un travail de promotion commerciale, c'est un
travail de sensibilisation et le bureau du Québec à Ottawa sera
de plus en plus impliqué. Nous sommes à revoir ses structures
pour l'impliquer à ce niveau. Déjà, je peux dire au
député de Lac-Saint-Jean que je suis convaincu que les choses
vont changer lorsque vont apparaître les prochains chiffres concernant
l'octroi de ces contrats du côté québécois. Le
député de Lac-Saint-Jean nous dit que des contrats militaires
vont passer sous le nez du Québec parce qu'on ne s'en occupe pas, parce
que nous n'avons pas d'agence de développement, le fédéral
ayant créé une agence du côté des provinces
maritimes, une autre du côté de l'Ouest, et nous, on n'a pas
d'agence, donc, cela va nous passer sous le nez. Je dis: C'est
complètement faux parce qu'on ne veut pas d'agence On ne veut pas de ces
agences qui sont des moyens de consulter les provinces, mais qui ne laissent
pas aux provinces la maîtrise d'oeuvre de leur développement
économique régional.
Je l'ai dit tout à l'heure et je répète que pour
nous, ce qui est essentiel, ce qui est fondamental, c'est que nous conservions
la maîtrise d'oeuvre dans notre développement économique
régional. Pour nous ce qui est important, ce sont les ententes de
l'EDER, et qu'on renouvelle ces ententes. Pour nous, ce qui est important,
c'est qu'on fasse du développement économique régional,
que ce soit dans des dossiers sectoriels, celui des frégates, des
camions ou de l'agence spatiale. Nous sommes très actifs dans chacun de
ces dossiers. J'ai mentionné tout à l'heure la situation
concernant les frégates il est faux de dire que pour ces
frégates, c'est déjà décidé et qu'elles
seront construites en totalité à St John. C'est faux J'aborderai
ce sujet avec le ministre de Cotret vendredi. Déjà, mon
collègue de l'Industrie et du Commerce en a discuté avec lui
à quelques reprises. Nous n'accepterons pas que ces frégates
soient construites en totalité à St John. Nous devons avoir la
part qui nous revient dans la construction de ces frégates. Tous les
autres contrats, c'est la même chose, M le Président. Dans chacun
de ces contrats, nous sommes présents et très
présents.
Tout à l'heure, je mentionnais le projet de loi C-22 qui sera
probablement sanctionné maintenant par le Sénat, donc qui sera
sanctionné comme projet de loi et qui permettra au Québec de
recevoir des investissements majeurs dans un domaine très important
aussi pour son développement économique. II faut se souvenir des
représentations qu'a faites le Québec devant le comité
Eastman concernant la modification de la Loi sur les brevets pour
développer notre industrie pharmaceutique. Avec cette loi, qui a
été modifiée en fonction des représentations que
nous avons fartes, nous allons pouvoir recevoir près de 700 000 000 $.
Dans un premier temps, 700 000 000 $ d'investissements ont été
annoncés dans cette industrie pharmaceutique C'est donc là un
gain encore majeur pour le Québec lorsqu'on parle de
développement économique regional, lorsqu'on parle d'entente
entre le gouvernement fédérai et les provinces.
Le Président (M. Baril): Merci, M le ministre M le
député de Louis-Hébert.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: Merci, M le Président Les propos du ministre
nous font réaliser que, grâce à cet esprit de collaboration
qui s'est établi, les fruits qu en retire le Québec sont
extrêmement Importants il faut avoir passé quelques années
en Chambre dans l'Opposition comme je l'ai fait
où il ne se passait pas une demi-Journée sans que le
fédéral ne soit blâmé de tous les maux du monde, de
tous les péchés d'Israël. On l'accusait de tout, y compris
du mauvais temps qu'il faisait quand il y en avait. Il y a des
députés à cette époque qui s'étaient fait
une renommée de pouvoir dire à toutes les deux phrases: Le
fédéral, le fédéral, et là avec un
dégoût dans la voix et une espèce de façon de
prononcer le mot qui nous incitait à y voir Belzébuth
lui-même. Et ce Belzébuth, on prétendait le courtiser en
même temps et y trouver des avantages pour le Québec. Quelle
approche illogique, quefle approche absolument indéfendable!
D'ailleurs, ce gouvernement, qui était au pouvoir et qui l'a
été pendant neuf ans, ne pouvait absolument pas en venir à
des ententes qui auraient fait la preuve par l'absurde que son option
était indéfendable. Comment pouvait-il, en toute logique - c'est
le fardeau contraire qui est sur nos épaules - faire des ententes,
établir des méthodes de collaboration avec un gouvernement qu'il
blâmait de tous les maux, qui était responsable d'à peu
près tous les maux? Il n'y avait pas une période de questions
où on ne se référait pas au fédéral comme
étant l'auteur des difficultés que rencontrait à ce
moment-là le Québec.
On se demande si la politique est un monde réel quand on entend
l'interpellation et les propos de nos voisins d'en face; je me demande si la
politique est un monde réel. Comment ces gens-là peuvent-ils nous
reprocher des choses que finalement, eux, structurellement, ne pouvaient pas
accomplir? Au niveau idéologique, il leur était interdit de faire
en sorte que cela marche avec Ottawa, alors que nous, nous avons exactement le
fardeau contraire. On a tout intérêt à faire la preuve que
cela marche. Nous sommes en train de la faire de façon absolument
convaincante. Nous avons derrière nous des réalisations, en
l'espace de deux ans, qui sont en train de corriger des injustices que vous
avez accumulées à l'égard du Québec pendant neuf
ans de pouvoir. Les choses se passent de façon extrêmement
positive.
Chez nous, on croit que le Québec, à l'intérieur du
système fédéral, est mieux qu'à l'extérieur
du système fédéral, chose que vous contestiez et que vous
n'acceptiez pas. Comment pouvez-vous vous imaginer qu'un Jean Garon,
député de Lévis, se lève et fasse une
déclaration ministérielle disant qu'il était heureux d'une
entente dans le domaine de l'agriculture avec le fédéral? Est-ce
concevable? Pouviez-vous comprendre? Pouviez-vous vous attendre à ce que
Rodrigue Biron, un des spécialistes de la dénonciation
fédérale, se lève un jour et se réjouisse d'une
bonne entente qu'il venait de signer avec le fédéral?
Pouviez-vous vous attendre à cela? Est-ce que vous pouviez vous attendre
à un geste semblable dans le domaine fiscal, de votre peut-être,
on ne le sait pas, futur chef Parizeau? Est-ce qu'il pouvait se lever et dire:
Je me suis entendu sur la fiscalité canadienne et
québécoise avec le gouvernement fédéral, il y a une
certaine justice et une certaine équité, on va faire un bout de
chemin valable dans ce domaine? Est-ce que c'était concevable que vous
fassiez cela? C'était impossible parce que votre but était de
faire la démonstration que ce n'était pas faisable et que, si
vous aviez réussi une chose pareille, vous auriez été en
totale contradiction avec tout ce que vous disiez et tout ce que vous tentiez
de faire.
Notre approche est différente. On dit totalement le contraire. On
dit: Cela peut marcher; c'est meilleur si on est à l'intérieur du
système et on en fait la preuve quotidiennement au moyen de gestes
précis, concrets qui favorisent le Québec, qui le font sur un
long terme. Nous ne recherchons pas d'avantages immédiats, demain matin,
le jour d'après-demaln. Nous voulons établir une structure
générale qui va nous mener quelque part, pas dans le cul-de-sac
du séparatisme, de l'indépendantisme, mais dans une espèce
d'épanouissement des forces d'un Canada à l'intérieur
duquel le Québec y trouve son compte. C'est ce qu'on croit
fondamentalement et c'est à l'opposé de ce que vous croyez. Nous
avons plus de chances de réussir, entre vous et moi, que vous n'avez de
chances de réussir cette gageure.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
de Louis-Hébert. M. le député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci. M. le Président. Je suis heureux de
parler après le député de Louis-Hébert et
précisément à la suite de ce qu'il vient de nous dire.
Dans le dossier de Matane, non seulement la façon dont a mené de
l'autre côté le dossier est à proscrire, mais aussi les
résultats tels qu'on les connaît actuellement.
Indépendamment de ce que dit le député de Laprairie, le
projet de Matane n'est pas réalisé encore. Il y a de fortes
chances - c'est ce qui est dangereux pour les gens de Matane - qu'il ne soit
pas fait On se souvient, lorsque nous étions au pouvoir, du dossier de
Port-Cartier et du dossier de Matane. Il y avait à ce moment dans ce
dossier un accord au Québec pour que la négociation se fasse avec
le fédéral. La formule de négociation que vous avez
adoptée a fait en sorte que finalement vous avez un dossier où
c'est le Québec en entier qui paie Port-Cartier et dans le dossier de
Matane, le fédéral ne met pas l'argent qui a été
demandé par tout le monde. (11 h 45)
Et on vient nous dire que c'est un climat serein et un climat où
on va tout obtenir. Regardez ce que disent les journaux et les gens: Le
ministre John Ciaccia accuse le fédéral. Dans ce dossier, la
méthode qui a été utilisée a fait en sorte que dans
les journaux, à la radio et à la télévision, on
s'est aperçu que le ministre
responsable du dossier, le ministre de l'Énergie et des
Ressources, quand cela va bien, cest lui normalement qui s'en occupe et quand
ce nest pas très bon, il laisse cela au ministre
délégué aux Forêts, qui normalement devrait faire
les négociations dans le dossier. Je comprends pourquoi il ne s occupe
pas du dossier le ministre délégué aux Forêts. C'est
parce qu il est pris avec un autre dossier qui est celui de Rivière-du
Loup, la troisième machine de F.F. Soucy. Il sait très bien que
c'est dans son comté On est en train de faire, en bon
québécois, "flopper" un dossier pour la députée de
Matane.
Je men souviens comme si c'était hier L'année
passée, elle et moi nous avions enregistré une émission
pour montrer ce que les députés faisaient durant le temps des
fêtes. II s agissait de I'émission Tribune" à TVA Elle
disait Je souhaite, pour I'année qui vient la papeterie de Matane. Moi,
de mon côté, tout le monde sait cela, je souhaitais la machine no
11 de Consolidated Bathurst à Grand-Mère. Les deux sont en
concurrence I'une et I'autre. Les nouvel les nous indiquent que demain
Consolidated Bathurst sans aucune aide gouvernementale va annoncer son pro|et
de 300 000 000 $ à Grand Mère pour stabiliser les emplois.
Mais pendant ce temps, à Matane on na aucune garantie que cela va
se faire. Pourquoi? Selon les renseignements que nous avons dans le dossier,
les gens ne se sont pas parlé comme ils le devaient. Ils ont eu de la
confrontation. Cette confrontation nest pas venue du fédéral elle
est venue du Quebec elle est venue du ministre de I Énergie et des
Ressources de sorte que finalement les gens qui étaient en attente d un
montant du fédéral ne se voient même pas donner la
moitié de ce montant. Cest une décision qui nous semble
actuellement avec les renseignements que nous possédons, vraiment
politique de la part des gens de I'autre côté. On veut donner
l'impression aux gens que le projet va se faire donner I'impression aux gens qu
il n y a pas de problème.
Mais dans un an ou deux ans nous parlerons encore du dossier de Matane
pendant qu'à Grand Mère on sera en pleine construction pour les
trois prochaines années d une machine qui va permettre de
préserver les emplois dans le coin. Qu'est-ce qui s est passé? II
n'y a pas eu de discussions et de rencontres entre les ministres responsables
à Québec et à Ottawa. En bon québécois, qui
avait le lead" de ce dossier? C'était le Québec. Le Québec
avait une chance Inimaginable, au moment de I'arrivée du gouvernement
libéral au pouvoir de prendre les deux dossiers de Port Cartier et de
Matane, et de les négocier ensemble avec le gouvernement
fédéral. Tout le monde est bien conscient que Port Cartier est
dans le district électoral du premier ministre canadien.
Dans ce contexte il y avait moyen daller négocier les deux
à la fois Cest ce que nous avons fait, ce sont les documents que nous
avons proposés, cest la façon dont nous avons fait la
démarche à I'époque. Ce n'était pas une
démarche de confrontation. Nos sous ministres et nous avions des
contacts au niveau de I'ensemble du dossier à l'époque. Mais le
gouvernement du Québec, par le moyen qu'il a utilisé en
distinguant les deux dossiers en entrant de plain pied tout seul dans le
dossier de Port Cartier et en laissant une petite marge de manoeuvre au
gouvernement fédéral quant à certains montants d'argent et
en laissant tomber Matane, a laissé tomber les gens du milieu. Surtout
dans la mesure ou le ministre délégué aux Forêts est
pris lui aussi dans la difficulté de protéger la troisième
machine de F.F. Soucy à Rivière-du-Loup, dans le contexte ou il
n'y a pas de bois pour tout le monde. Ainsi, aujourdhui la deuxième
démarche qui a été faite soit la confrontation par le
ministre ici au Québec vient à I'encontre de tout ce que le
député de Laprairie le député de Louis
Hébert de même que le ministre responsable des Affaires
intergouvernementales canadiennes ont dit jusqu'à maintenant Je vous
remercie M. le Président.
Le Président (M Baril) Merci M. le député de
Laviolette. M le ministre.
M GiI Rémiilard
M. Rémillard: Merci M. le Président. Le cas que
vient de soulever le député de Laviolette est un exemple
éloquent du fiasco qui résulte de ces querelles entre le
gouvernement fédéral et le gouvernement provincial. On se
souvient très bien de la belle époque de ces batailles
rangées entre le gouvernement pequiste de I'époque du ministre,
M. Bérubé, et le gouvernement fédéral, batailles
rangées qui ont donné quel résultat? Cela a fait que nous
sommes toujours à travailler sur ce projet. Aucune concertation
possible, Ce que nous avons fait dans ce dossier c'est tout d'abord de
décider au niveau gouvernemental que Matane cela devait se faire;
deuxièmement, de voir à ce que le gouvernement
fédéral puisse offrir sa collaboration son aide. Cest ce que le
gouvernement fédéral a fait. Je dois souligner I'excellent
travail qu'ont fait dans ce dossier le ministre de I Énergie et des
Ressources de même que le ministre délégué aux
Forêts. Nous en sommes maintenant à I'étape ou I'entreprise
privée le groupe Peladeau doit apprécier I'offre du gouvernement.
On n'a pas à s immiscer dans ces interventions au niveau de I'entreprise
privée. Nous ne sommes pas le genre d'État qui va essayer de tout
réglementer et de tout faire. L'entreprise privée est là;
il y a un marché qui est là. Nous considérons que ce
marché est intéressant, que le projet est important pour le
développement économique de cette région qu'il doit se
faire. Une premier groupe est intéressé. Une étude de
faisabilité est en cours et dans les prochains mois on aura le
résultat de cette entente de cette étude de faisabilité en
fonction
de l'offre du gouvernement fédéral qui, comme vous le
savez, est une aide de 60 000 000 $. Ensuite, on Interviendra, on verra. Mais
je veux dire au député de Laviolette qu'il y a un travail de
concertation entre le gouvernement du Québec, le gouvernement
fédéral et le groupe Péladeau qui est Impliqué pour
voir les conditions de faisabilité de ce projet de Matane.
M. le Président, tout à l'heure, j'aurais crû que te
député de Lac-Saint-Jean m'aurait parlé d'un autre sujet
Important que nous sommes toujours à discuter avec le gouvernement
fédéral, un sujet qui l'intéresse grandement. C'est le
champ de tir au Lac-Saint-Jean. II retarde à m'en parler. J'attendais
jusqu'à la dernière minute. Je me suis dit: La question va venir.
Mais comme elle ne vient pas, alors, j'y vais, je vais vous informer et vous
remercier de votre collaboration à ce dossier. J'ai eu l'occasion de
rencontrer le caucus des députés au Lac-Saint-Jean lors de ma
visite au mois de janvier dernier, près d'un an maintenant, où
j'ai rencontré les maires, les gens des MRC. J'ai rencontré,
à différents niveaux, les intervenants socio-économiques
de ta région, des gens qui sont pour, des gens qui sont contre.
Mais nous, nous avons mentionné notre réserve sur le plan
qui avait été proposé à ce moment-là, parce
que nous avions trois points importants à faire respecter. Le premier de
ces points, c'est la sécurité des gens. On s'est aperçu
que ces avions F-18, cela montait et, des fois, cela descendait vite et en
catastrophe.
Je crois qu'on a bien raison de se soucier, en tout premier lieu, de ta
sécurité des gens, deuxièmement, de la protection de
l'environnement et, troisièmement, de l'économie de la
région. On connaît l'importance de la base de Bagotville, pour
l'importance de la région et pour l'économie de la
région.
M. le Président, je veux simplement informer le
député qu'il y a eu une rencontre entre les fonctionnaires de mon
ministère et d'autres ministères impliqués et les
fonctionnaires du côté fédéral et que j'ai
reçu une lettre du ministre Beatty, le ministre de la Défense
nationale, qui nous. disait que cette rencontre a été
extrêmement positive, qu'elle nous permet de plus en plus de voir clair
dans la situation et je...
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. Vous devez
conclure, je m'excuse. M. le député de Beauharnois. Vous pouvez
finir votre phrase, M. le ministre.
M. Rémillard: Je peux terminer ma phrase? Le
Président (M. Baril): Oui.
M. Rémillard: Je vous remercie, M. le Président. Le
ministre Beatty concluait sa lettre en disant: Je tiens à vous remercier
pour votre collaboration qui fut la source de cette initiative et je vous prie
d'agréer, M. Rémillard, l'expression de mes sentiments tes
meilleurs. Voilà une belle collaboration, un bon résultat et je
voudrais remercier le député de Lac-Saint-Jean pour son aide dans
ce dossier.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Beauharnois.
M. Serge Marcil
M. Marcil: Merci, M. le Président. Tantôt, M. te
député de Laviotette parlait des négociations de l'ancien
gouvernement en ce qui concerne la papeterie de Matane. C'est
l'expérience qu'on a eue au cours des dix dernières
années, et du moins l'histoire nous le prouve aujourd'hui: Comme le
mentionnait tantôt mon collègue, le député de
Louis-Hébert, il ne pouvait pas y avoir de négociation parce que
vous ne vouliez pas négocier. Cela aurait été
démontré en négociant qu'il y avait réellement une
raison fondamentale pour que le Québec fasse partie de la
fédération canadienne. Non, ce furent dix années de
frustrations, de claquages de portes. C'est une des raisons pour lesquelles ce
projet n'a jamais pris naissance. On n'a jamais pu le réaliser.
Aujourd'hui, en l'espace de deux ans, comme on l'a dit tantôt et comme M.
le ministre l'a dit également, il y a déjà eu un effort
extraordinaire de fait, des démarches importantes ont également
été faites. On pourrait quasiment dire que le dossier, sans
nécessairement dire aujourd'hui qu'il est réalisé, est sur
les derniers milles. On laisse la place à l'entreprise privée.
Oui, le gouvernement fédéral intervient; le gouvernement
provincial également. Mais on veut aussi que l'entreprise privée
puisse prendre sa place. Il ne reste plus que l'étude de
faisabilité à terminer.
J'écoutais le député de Verchères qui disait
que nous parlions de crise et de reprise économique, que le gouvernement
du Quéfbec n'a pas tellement d'Influence sur la reprise
économique du Québec ou qu'un gouvernement provincial a peu
d'influence sur ces questions. Je regrette, mais je pense que c'est ne pas
avoir tellement de connaissances dans le domaine économique de dire
cela. Quand un gouvernement a le pouvoir d'un budget de 30 000 000 000 $, quand
un gouvernement comme le nôtre possède des institutions
financières comme celles que nous avons présentement, avec les
outils que nous avons, je pense que c'est le rôle du gouvernement, s'il a
un tant soit peu le sens de l'économie développé, que
d'établir un climat de confiance nécessaire à la reprise
économique, de poser des gestes, d'établir des politiques qui
permettent également à l'entreprise privée de prendre sa
place par des mesures fiscales, par la mise en oeuvre de toutes sortes de
mesures finalement. Sans nécessairement dire aujourd'hui que le
Québec a été le maître d'oeuvre de la reprise
économique chez nous, on peut quand même avouer sincèrement
que le gouvernement
du Québec a posé des gestes concrets pour aider afin que
cette reprise économique soit réalisée dans les
délais tes plus courts. C'est ce que nous vivons
présentement.
À mon sens, les relations fédérales provinciales
sont très positives comme démarches qui se font
présentement Relations fédérales-provinciales, oui pour un
Québec qui veut demeurer dans la fédération canadienne,
oui pour un Québec qui veut prendre sa place dans la
fédération canadienne, oui pour un Québec qui veut faire
en sorte que nous soyons la province, que nous soyons la société
qui "prendra la pôle" dans les années quatre-vingt-dix et l'an
2000 pour l'ensemble du Canada.
On entend des gens de l'Opposition dire. L'automobile est en Ontario, il
faudrait que l'automobile soit au Québec, il faudrait que l'avionnerie
soit au Québec, il faudrait que la construction de bateaux se fasse au
Québec, il faudrait également que les camions pour l'armée
canadienne se fassent au Québec. On voudrait aussi que l'Agence spatiale
s'implante au Quebec, on voudrait que toutes les décisions que le
gouvernement fédéral prend, que tous les gestes que le
gouvernement fédéral pose soient unique ment pour le
Québec. C'est tout à fait inconcevable d'avoir un raisonnement
comme cela. Le député de Lac-Saint-Jean disait tantôt. II
faut que te Québec ait sa juste part? C'est quoi, pour te Québec,
avoir sa juste part. Est-ce que c'est avoir tous les grands projets que le
gouvernement fédéral entend mettre de l'avant ou que l'entrepnse
privée entend mettre de I'avant?
Je pense que, jusqu'à maintenant, on a posé des gestes
concrets, et surtout à cause des décisions qui seront prises dans
les mois qui viennent et dans les années qui viennent pour le
Québec par le gouvernement fédéral, à cause des
relations fédérales-provinciales qui sont saines et positives,
à cause du leadership du gouvernement du Québec dans ses
relations et à cause de la compétence de cette équipe que
forme le cabinet des ministres au Québec, je crois sincèrement
que le Québec va prendre sa place, et nous sommes en train de le
démontrer aux gens d en face et également à la
communauté canadienne. L'accord du libre-échange va
déterminer un avenir très progressiste pour le Québec et
pour son économie C'est la raison pour laquelle certaines provinces ne
sont pas nécessairement d'accord avec la signature de ce traité.
On dit toujours. Lorsque l'Ontario est contre un projet qui favorise le
Québec, on s'aperçoit que le projet est bon pour nous. (12
heures)
En résumé, M. le Président, je pense qu'on n'a pas
de leçon à recevoir des gens d'en face. J'ai réellement
confiance en l'avenir du Québec dans la Confédération
Le Président (M. Baril): Merci M. le député
de Beauharnois
M. le député de Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Oui, M le Président Je remercie te
député de Beauhamois de m'ouvrir ta porte sur le
libre-échange. On va en cinq minutes parler du libre-échange.
Vous conviendrez que cinq minutes pour parler d'un sujet aussi important, c'est
bien peu, sauf que le ministre a dans son discours d'ouverture fait beaucoup de
références au libre échange.
Ce qu'il faut comprendre d'abord, c'est que le débat, à
savoir si on est pour ou contre le libre-échange, est terminé, il
s'est terminé le 3 octobre. Plusieurs personnes l'ont oublié.
Nous avons pris position très clairement en commission parlementaire en
disant que nous étions favorables à la libéralisation des
échanges - trois semaines en commission parlementaire dans le saton
rouge de l'autre côté - et le gouvernement a très bien
saisi notre position. Sauf qu'après avoir dit quon est en faveur de la
liberalisation des échanges à certaines conditions on regarde
l'entente qui a été déposée le 3 octobre et, le 4
octobre, on commence à I analyser.
Là ou on n'est plus d'accord, c'est que l'entente qu'on a sur la
table, l'entente qui a été négociée comporte
beaucoup de faiblesses et place le Québec dans une position très
dangereuse par rapport à l'avenir il est sûr que, si on regarde
dans les moindres détails, on nous dira. Attendez, les textes ne sont
pas arrivés M. le Président, M. le ministre, je vous dirai que
cest inquiétant, seulement sur le plan de la procédure. D'abord
on nous a dit pendant un an. Attendez attendez. On s'est battus pendant six
mois pour obtenir une commission parlementaire. On l'a obtenue le 15 septembre,
soit trois semaines à peine avant la signature. On obtient une signature
le 3 octobre et une signature globale avec des principes en 34 pages.
Laissez-moi vous dire qu'il y a eu des surprises dans cette entente de principe
qui est intevenue.
Cependant dans les deux ou trois semaines qui ont suivi le 3 octobre -
le ministre sera d'accord avec cela - on devait avoir les textes finals. II
s'est passé un mois et demi et nous n'avons pas, aujourd'hui, le 19
novembre 1987 de textes finals sur l'accord du libre-échange. On sait,
d'autre part, qu'il y a une procédure qui fait en sorte que le 3 janvier
1988 les accords seront entérinés. Comment va t-on pouvoir
être capables d'analyser tous les textes lorsque nous aurons 900 ou 1000
pages de I'accord de libre échange?
Si on revient strictement aux 34 pages de I'accord signé comment
le premier ministre comment le ministre des relations
fédérales-provinciales comment le ministre du Commerce
extérieur peuvent-ils se promener dans tout le Québec et dans
tout le Canada pour dire. Oui nous sommes tout à fait favorables
à cette entente quand on sait qu'il y a effectivement
des problèmes majeurs? Je n'en cite que quelques-uns: le fameux
tribunal d'arbitrage comme mécanisme... Le premier ministre
lui-même a dit dans les deux jours qui ont suivi que ce n'était
pas ce qu'il recherchait, mais que c'était une forme de compromis. On
devait avoir l'accès garanti au marché américain, on ne
l'a pas et tout le monde te reconnaît.
Le gouvernement du Québec a déposé sept conditions.
Ce ne sont pas les conditions de l'Opposition, ce sont les conditions du
gouvernement. M. le ministre, il y a cinq des sept conditions, si on les
analyse strictement, qui ne sont pas respectées. Comment peut-on
être en accord les yeux fermés, à moins de vouloir
strictement jouer le dossier sur le plan politique, avec le texte de
libre-échange qu'il y a sur la table? Hier, j'ai interpellé le
ministre de l'Agriculture. Comment le ministre de l'Agriculture peut-il,
aujourd'hui, être solidaire du Conseil des ministres et du gouvernement
pour dire qu'il est d'accord avec ce texte pendant que lui-même avait
garanti en commission parlementaire - j'ai les galées ici pour le
prouver - un statut particulier, que les quotas ne seraient pas touchés
et qu'effectivement les différentes mesures concernant les tarifs ne
seraient pas touchées? Le ministre lui-même a dit, je te cite:
Toute volonté du gouvernement canadien d'augmenter les quotas
d'importation devrait passer par des études d'impact.
Où sont-elles, ces études d'impact? Pourtant, les quotas
ont été augmentés dans le domaine des oeufs, dans le
domaine de la volaille. Comment peut-on être vraiment sérieux
quand on met dans notre condition la quatrième condition que le
gouvernement a posée? L'obtention de périodes de transition et de
mise sur pied de programmes d'assistance. Où sont les programmes
d'assistance? Ont-ils été négociés? La
réponse est: Non.
Comment peut-on aujourd'hui et comment va-t-on faire dans six semaines,
le 3 janvier 1988, pour approuver l'accord? Je suis drôlement inquiet, M.
le ministre.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le
député. M. le ministre, en conclusion, vous avez dix minutes.
Conclusions
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Merci, M. le Président. Concernant
cette entente signée le 3 octobre dernier sur ie libre-échange
Canada-États-Unis, je voudrais tout d'abord insister sur le
mécanisme de collaboration qui a eu lieu entre le gouvernement
fédéral et les provinces pour établir les mandats de
négociation, à la table des négociations. Les provinces
ont été très impliquées. Quant à nous du
gouvernement du Québec, nous avons été impliqués
dans tous les aspects qui nous concernaient et nous avons pu faire valoir nos
points de vue à toutes les étapes de ces négociations
menées par le gouvernement fédéral avec le gouvernement
des États-Unis. C'est donc là un précédent, M. le
Président, parce que selon la constitution canadienne le gouvernement
fédéral peut faire les traités qu'il veut avec
l'étranger, mais lorsque ces traités sont relatifs à des
domaines de compétence provinciale, ce sont les provinces qui doivent
appliquer ces traités.
Dans ce cas, je dois dire que nous avons atteint un niveau de
collaboration sans précédent dans notre droit constitutionnel.
C'est pour nous une référence maintenant qui nous servira dans
d'autres circonstances semblables. M. le Président, je veux revenir sur
un autre point aussi concernant ce libre-échange qui est si important
pour le Québec. Là-dessus, je crois que le député
de Bertrand en convient. Il est pour le libre-échange. C'est 40 % de
notre production qui va vers l'exportation. C'est 75 % de nos exportations, de
notre commerce qui est fait en fonction des États-Unis, notre voisin du
Sud. Et on connaît la réaction de nos voisins du Sud, des
Américains, face à leurs problèmes économiques et
au commerce extérieur, leur réaction protectionniste.
Il faut réaliser qu'il y a plus de 200 projets de loi qui
pourraient nous arriver du côté américain pour bloquer
notre commerce avec nos voisins du Sud. Cela, c'est un élément
très Important. Ce que nous avons obtenu comme accord - et il reste bien
sûr à voir le texte final, le texte juridique, qui devrait nous
arriver prochainement - ce que nous pouvons dire maintenant, c'est que
l'entente qui a été signée le 3 octobre dernier respecte
les grands principes qu'on avait établis, nous: notre
souveraineté, notre juridiction, dans nos domaines de
compétence.
Lorsque le député de Bertrand fait référence
au mécanisme de règlement pour les litiges, il est important de
comprendre que c'est là un des points les plus importants de cette
entente. Un point, d'ailleurs, qui a failli faire échouer toutes ces
négociations parce que c'est bien d'avoir une entente, mais il faut
être capable de la faire respecter, surtout nos quelque 26 000 000
d'habitants canadiens, avec ces quelque 250 000 000 d'habitants
américains; une entente donc qui est à notre satisfaction, mais
qu'on doit avoir les moyens de faire respecter. On sait à quel point les
Américains se refusaient à un mécanisme qui pourrait
avoir, d'une façon directe ou indirecte, des conséquences sur
l'exercice de leur souveraineté législative comme
État.
D'autre part, il faut dire aussi que nous n'étions pas
intéressés non plus comme gouvernement québécois
à un mécanisme qui aurait été tellement rigide, qui
aurait signifié une modification directe de nos lois adoptées
souverainement par l'Assemblée nationale du Québec. Nous
n'étions pas intéressés à un
mécanisme qui, par suite de cette entente internationale, aurait pu
modifier la constitution canadienne dans l'exercice de la souveraineté
du Québec dans son domaine de juridiction. Mais il fallait trouver un
mécanisme susceptible de nous amener à faire respecter cette
entente en respectant aussi ces principes de souveraineté de part et
d'autre, les deux partenaires. Ou côté canadien, cela voulait dire
autant au niveau provincial qu'au niveau fédéral. Ce
mécanisme, nous l'avons trouvé.
Il est important de réaliser que c'est une concession majeure de
la part du gouvernement américain. Cela ne s'est jamais fait avant.
C'est là une preuve tangible de l'intérêt que porte le
gouvernement américain à la conclusion de cette entente de
libre-marché qui est si importante pour le Québec.
M. le Président, pour conclure cette interpellation, vous me
permettrez d'insister sur un aspect de l'entente du lac Meech qui est
peut-être passé inaperçu, mais qui a beaucoup d'Importance
pour le sujet dont nous discutons aujourd'hui, le développement
économique du Québec. C'est cette partie de l'entente du lac
Meech qui fait statutairement de la réunion
fédérale-provinciale des premiers ministres sur l'économie
une rencontre obligatoire annuelle, maintenant, de par la constitution.
J'ai parlé au tout début du pouvoir de dépenser du
gouvernement fédéral qui sera maintenant encadré par cette
entente du lac Meech. Possibilité pour un gouvernement provincial de se
retirer d'un plan conjoint national dans un domaine de compétence
provinciale et d'avoir les sommes nécessaires pour établir son
propre plan en fonction des objectifs nationaux qui ne sont pas
nécessairement reliés aux objectifs du plan duquel on se retire.
Je voudrais bien qu'on comprenne que ces dispositions de l'entente du lac Meech
concernant le pouvoir de dépenser doivent être reliées aux
dispositions concernant cette conférence
fédérale-provinciale des premiers ministres provinciaux et du
premier ministre canadien. Une conférence aura lieu la semaine
prochaine, mais elle n'aura pas le caractère statutaire
constitutionnelle qu'elle aura lorsque l'entente du lac Meech deviendra partie
de notre constitution,
Comme je le mentionnais au tout début, nous espérons bien
que, vers le 1er juillet, nous pourrons avoir la sanction de cette entente du
lac Meech comme partie de notre constitution. Mais, M. le Président, si
nous joignons ces dispositions de l'entente du lac Meech concernant le pouvoir
de dépenser à cette conférence
fédérale-provinciale des premiers ministres sur
l'économie, qui deviendra maintenant statutairement une disposition de
notre constitution, nous avons là une nouvelle dynamique de
l'économie canadienne, la possibilité d'établir un
véritable fédéralisme coopératif entre le
gouvernement fédéral et les provinces, la possibilité de
discuter, à une table de négociation entre les premiers ministres
des provinces et le premier ministre canadien, les principaux programmes de
développement économique.
C'est là un point très important, un point qui va nous
permettre d'établir une politique concertée au niveau canadien et
pour nous, au niveau québécois, d'avoir une politique avec le
gouvernement fédéral qui ne sera pas unilatérale, qui ne
sera pas imposée par le gouvernement fédéral, mais qui
respectera nos priorités, qui respectera notre maîtrise d'oeuvre
que nous devons avoir de notre développement économique
régional.
M. le Président, en conclusion, j'aimerais rappeler à
l'Opposition que nos politiques, nos interventions auprès du
gouvernement fédéral sont fermes, déterminées et
que jamais nous ne céderons sur des principes qui pour nous sont
fondamentaux. Je reviens sur le principe de la maîtrise d'oeuvre du
Québec, de son développement régional. Nous, nous voulons
faire place à la concertation, au dialogue, à la discussion
franche, ouverte, pour en arriver à des résultats Les
résultats que nous avons jusqu'à aujourd'hui, après deux
ans maintenant de gouvernement, sont éloquents et démontrent bien
que la voie que nous avons suivie jusqu'à présent est la voie que
nous devons suivre pour que le Québec prenne sa place dans la
fédération canadienne et que le Québec ait sa part des
retombées économiques de son appartenance à la
fédération canadienne pour son développement
économique régional.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lac-Saint-Jean. En conclusion, vous avez dix
minutes.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Merci, M. le Président. D'abord quelques
remarques sur un certain nombre de propos tenus par les députés
ministériels.
Sur le Sommet francophone - je ne sais pas où était le
député de Louis-Hébert lorsque M. le premier ministre a
fait l'éloge de M. Johnson au moment de son départ - mais je
tiens à lui rappeler - et c'est le premier ministre lui-même qui
le disait - je tiens à lui rappeler que l'entente entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement québécois sur la tenue
du Sommet francophone qui a eu lieu récemment a été
conclue par M. Johnson au moment où il était premier ministre. Ce
n'est pas moi qui l'affirme, c'est le premier ministre lui-même qui le
signalait comme un aspect positif de l'oeuvre de M Johnson
Deuxièmement, un sujet que je n'ai pas touché
également dans mon introduction, mais que je voudrais quand même
signaler, c'est toute la question des actions accréditives. On sait
l'impact extraordinairement positif de cette mesure mise en place par l'ancien
gouvernement, l'impact positif que cette mesure a eu. Cela s'est
traduit par la création de plus de 50 000 emplois entre 1983 et
1985. Or, ces actions accréditives sont actuellement menacées par
le gouvernement fédéral et il nous apparaît essentiel que,
dans le cadre des pourparlers avec le gouvernement fédéral, l'on
s'assure du maintien des actions accréditives si Importantes pour le
développement minier au Québec.
Je voudrais maintenant parler un peu, en conclusion, M le
Président, du développement régional. À plusieurs
reprises, le ministre est revenu sur le sujet Je lui concède que c'est
important et je lui affirme également que nous sommes, quant à
nous de l'Opposition, du Parti québécois, pleinement d'accord
avec les trois principes qu'il a énoncés en deux parties. Il n'a
pas eu le temps la première fois, it s'est repris la fois suivante. Nous
sommes pleinement d'accord avec ces principes: prépondérance des
priorités régionales, telle que planifiées par les
instances québécoises, prépondérance
également des mécanismes et des structures mises en place par le
Québec, maîtrise d'oeuvre du développement par le
Québec. Là-dessus, nous sommes pleinement d'accord avec le
ministre. II faut, de toute nécessité, préserver ces trois
principes et faire en sorte que, dans toute entente conclue avec Ottawa, ces
trois principes soient respectés scrupuleusement.
Mais je lui signale qu'il ne s'agit pas de gains à obtenir
à ce sujet II s'agit d'acquis à conserver. Je rappellerai
à cette Chambre, à cette commission, M. le Président, que
c'est le gouvernement du Parti québécois qui a
négocié, en 1984, le renouvellement de l'entente-cadre sur le
développement, une entente de
I 500 000 000 $ avec le gouvernement fédéral et qui s'est
concrétisée, qui a pris la forme d'un certain nombre d'ententes
auxiliaires sur les équipements culturels, les entreprises de
communication, le développement minéral, le développement
forestier, le développement scientifique, le développement
industriel, les transports, le développement touristique . J'ai eu
moi-même l'honneur de signer cette dernière entente avec mon
collègue du Tourisme à l'époque.
Donc, c'est le gouvernement précédent qui a conclu cette
entente majeure de 1 600 000 000 $ avec le gouvernement fédéral
et il était très clairement stipulé dans cette entente que
la maîtrise d'oeuvre était réservée au
Québec. Le plan d'action prévoyait la mise en oeuvre par
Québec et le respect des compétences du Québec.
II était stipulé que les activités faisant l'objet
du financement conjoint seront mises en oeuvre par le gouvernement du
Québec . Le principe de la mise en oeuvre par le Québec
était donc indus dans cette entente conclue en 1984.
Ce qui me fait dire pour répondre un peu au député
de Laprairie qui disait tout à l'heure: Le gouvernement
précédent ne voulait pas négocier. C'est absolument faux.
Quand le gouvernement fédéral était de bonne foi - c'est
arrivé à quelques occasions - le gouvernement du
Parti québécois a pu en arriver à des ententes
importantes. Je vous rappelle, entre autres, l'entente Cullen-Couture sur
l'Immigration qui est une entente majeure, qui a servi, d'ailleurs, de base et
d'inspiration pour la partie de l'accord du lac Meech concernant l'immigration.
C'est une entente qui a été conclue en 1978 par le gouvernement
du Parti québécois. Alors, il est faux de dire que le
gouvernement du Parti québécois ne voulait pas
systématiquement négocier, et on en a un autre exemple avec
l'entente sur le développement économique de 1984, portant sur 1
600 000 000 $.
II s'agit donc, dans ce cas précis - tout en étant
d'accord avec le ministre pour en appréc'er l'importance - de maintenir
des acquis et non pas d'obtenir des gains. Alors, nous serons très
vigilants, quant à nous, sur les gestes et les actions posés par
te gouvernement libéral, en matière de développement
régional, pour faire en sorte justement que ces acquis que nous avons
obtenus, au moment ou nous étions au pouvoir, soient maintenus et
préservés.
Le ministre faisait référence tout à I'heure,
également, aux agences mises en place dans l'Ouest et dans les Maritimes
en disant. Nous ne voulons pas, nous, d'agences, parce que cela irait justement
à l'encontre du principe de la maîtrise d'oeuvre du
développement du Québec. Oui, nous sommes d'accord avec lui. Ce
serait sans doute perçu et vu comme une entrave à ce principe de
la maîtrise d'oeuvre par le Québec. Mais il faut quand même
reconnaître que la mise en place de ces deux agences fait en sorte que le
Québec se trouve dans une position de faiblesse une position
défavorisée par rapport à ces deux régions du
Canada, en matière, entre autres, d'octroi de contrats importants en
provenance du ministre des Approvisionnements et Services. Et si nous sommes
d'accord avec lui pour dire qu'on ne doit pas créer une agence de
développement pour le Québec, qui chapeauterait les structures
québécoises de développement régional et qui en
quelque sorte aussi irait a I'encontre du principe de la maîtrise
d'oeuvre par le Québec, il faut quand même poser des gestes et des
actions pour faire en sorte que la position défavorisée du
Québec, en cette matière, soit éliminée, soit
supprimée.
Le ministre nous a dit à plusieurs reprises: Faites-nous
confiance, vous allez voir, nous allons poser des gestes importants. Je veux
bien qu'on fasse confiance au ministre, mais nous, ce qui nous importe ce sont
des gestes concrets et des résultats. C'est ce qui importe. Mais pour le
moment force nous est de reconnaître que les résultats sont
minces, en matière de relations fédérales provinciales.
Les résultats sont minces et les fruits tardent à venir.
Nous disons également que, si le ministre veut qu'on le
félicite et si le gouvernement veut qu'on le félicite en
matière de relations fédérales-provinciales, il faut qu'il
y ait, dans les mois qui viennent, des décisions majeures favorisant
le
Québec. Il faut qu'on soit en face d'un certain nombre de
succès essentiels pour le Québec. Il faut qu'une décision
favorable au Québec se prenne quant à l'agence spatiale. Il faut
que le centre bancaire de Montréal soit enfin mis en place. Il faut que
la papeterie de Matane voie le jour, et, là-dessus, iI faut de la
concertation, contrairement à ce qui est le cas présentement. Il
faut qu'on obtienne notre juste part des contrats en provenance du
ministère des Approvisionnements et Services, du gouvernement
fédéral. Il faut également que l'industrie des
pêches obtienne sa juste part des captures dans la zone des 200
milles.
Je pense que le ministre rencontrera demain le ministre de Cotret. C'est
pour cette raison qu'on a l'Interpellation aujourd'hui. J'espère qu'il
n'ira pas là avec l'état d'esprit du député de
Beauharnois qui dit: Écoutez, on ne peut pas tout avoir, là; bon,
il ne faut pas non plus être trop revendicateur. J'espère qu'il ne
va pas là avec une attitude de vaincu, une attitude défaitiste
comme celle manifestée pas son collègue de Beauharnois.
J'espère qu'il va montrer plus de vigueur et plus de combativité,
qu'il sera plus productif et qu'on pourra enfin obtenir des décisions du
gouvernement fédéral qui favoriseront pleinement le
développement économique du Québec. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): Merci beaucoup, M. le
député, M. le ministre, MM. les membres de la commission.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 27)