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(Quinze heures quarante-trois minutes)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare la séance ouverte. Je souhaite la bienvenue aux
membres de cette commission, de même qu'au ministre
délégué aux Mines et aux Affaires autochtones et à
ses collaborateurs. Je rappelle le mandat de cette commission qui est de
vérifier les engagements financiers concernant les affaires autochtones
pour les mois de février et mars 1987. Est-ce qu'il y a des
changements?
La Secrétaire: Non, il n'y en a aucun.
Une voix: Monsieur...
La Secrétaire: M. Claveau, oui.
M. Claveau: Juste une petite précision. C'est que, avant
la fin de la session au mois de juin, il y avait eu des problèmes avec
les engagements de septembre 1986 et de décembre 1986. On avait
donné notre consentement pour l'adoption, sans passer devant la
commission, mais avec la possibilité d'y revenir.
Le Président (M. Marcil): J'y arrivais, M. le
député.
La Secrétaire: M. Johnson (Anjou) est remplacé par
M. Claveau (Ungava).
Le Président (M. Marcil): C'est cela. Donc, à la
suite de la décision du comité directeur, nous avons une heure
allouée pour cette vérification. Naturellement, je ne vais pas
tellement insister sur le temps de parole, vous connaissez les
règlements. En temps normal, c'est vingt minutes d'intervention par
personne, sauf que nous laissons plus de temps au porte-parole de l'Opposition
de même qu'à M. le ministre pour répliquer. Une question
bien importante, c'est la pertinence du débat en ce qui concerne les
engagements financiers, vu que nous n'en sommes pas à l'acceptation des
crédits.
Je vais procéder immédiatement au dépôt des
listes des questions en suspens et des réponses obtenues à la
suite des séances de vérification des engagements financiers des
26 et 31 mars 1987. Cela va?
Engagements déjà
vérifiés
Comme l'a mentionné M. le député d'Ungava, il y
avait des demandes de renseignements ou de documents sur des engagements
financiers déjà vérifiés, soit l'engagement 3 de
septembre 1986, de même que les engagements 2 et 3 de décembre
1986. M. le député, vous pourrez intervenir tantôt sur ces
engagements. S'il n'y a pas de remarques préliminaires, nous allons
procéder immédiatement par l'appel des engagements du mois de
septembre 1986, l'engagement 3. À la fin, si vous voulez, on pourra
revenir ou bien aimez-vous mieux...
M. Claveau: On peut les prendre tout de suite.
Le Président (M. Marcil): Allez-y tout de suite. Donc,
nous allons prendre l'engagement 3 de septembre 1986.
Septembre 1986
M. Claveau: Avant de lire l'engagement, je voudrais saluer M. le
ministre et son personnel du SAA et de son cabinet, et le remercier de nous
avoir accordé quelque temps enfin pour discuter ou regarder les
engagements financiers de son ministère.
Tel qu'on vient de le dire, je vais commencer par revenir sur les
engagements qu'on avait acceptés à condition de pouvoir y
revenir. Pour septembre 1986, on a une "subvention à l'Administration
régionale Kativik pour la réalisation d'une étude de
revégétation des sols dépourvus de couverture
végétale à Umiujaq." Dans un premier temps, j'aimerais
connaître les résultats de cette étude et savoir si cette
étude est complétée.
M. Savoie: Merci, M. le député d'Ungava. Je
voudrais, moi aussi, commencer par vous souhaiter la bienvenue à cette
rencontre. Nous sommes toujours contents de vour voir parmi nous, malgré
les événements qui ont eu lieu tout dernièrement.
Je voudrais présenter les gens qui m'accompagnent. D'abord, il y
a M. Jolicoeur, le secrétaire général du
Secrétariat aux affaires autochtones, M. Beaudoin, responsable de la
table communautaire et qui est avec le SAA depuis maintenant plusieurs
années. Il y a également mon chef de cabinet, en la
personne de Mme Louise Hébert, et mon attaché politique et
conseiller pour les affaires autochtones, M. André Maltais. Je voudrais
également saluer mes collègues de l'Assemblée
nationale.
Quant à votre question, l'étude n'est pas encore
terminée en ce qui concerne la revégétation des sols
à Umiujaq. C'est à ta firme Entraco, de Montréal, que
l'Administration régionale Kativik a confié la réalisation
de l'étude. Celle-ci n'est pas encore complétée. Le
personnel de la firme a pu vérifier cette année le
résultat des plantations effectuées à l'automne 1986 et un
rapport final sera produit sous peu.
M. Claveau: Comment se fait-il que, dans le texte qu'on nous a
remis pour l'étude des engagements financiers, il n'y ait aucune
identification d'entreprise, d'appel d'offres ou de contrats
négociés? On a simplement le montant et le titre.
M. Savoie: C'est parce que le contrat a été
accordé, non pas par le gouvernement, mais par l'Administration
régionale Kativik. C'est l'ARK qui a elle-même octroyé le
contrat selon les normes qu'elle a jugées appropriées.
D'ailleurs, on sait qu'il y a effectivement eu trois firmes soumissionnaires et
qu'elle a choisi le deuxième plus bas soumissionnaire pour les raisons
invoquées dans une lettre de M. Biais et de M. Beaudoin transmise le 7
mai 1986.
M. Claveau: Existe-t-il une entente formelle intervenue entre
votre ministère et l'ARK, l'Administration régionale Kativik, sur
le déboursé ou l'utilisation des fonds de votre ministère
pour la réalisation de cette étude?
M. Savoie: Oui, effectivement, il y a eu une entente entre le
comité directeur du relogement d'Umiujaq, créé au sein du
Secrétariat des activités gouvernementales en milieu
amérindien, autrefois le SAGMAI, et l'Administration régionale
Kativik, l'ARK.
M. Claveau: Êtes-vous en mesure de nous déposer le
contenu, les modalités de cette entente?
M. Savoie: Je n'ai pas d'objection, à moins que...
Une voix: Pas de problème. La seule chose, c'est qu'on n'a
pas la copie de toutes les signatures.
M. Savoie: Ah oui, on pourrait vous déposer une photocopie
- j'en ai une ici - de l'entente. La copie que j'ai n'est pas
signée.
M. Claveau: L'entente, le résultat de
l'étude...
Le Président (M. Marcil): Vous pouvez toujours en prendre
note et le lui faire parvenir, M. le ministre.
M. Savoie: C'est cela.
M. Claveau: Je comprends, M. le Président, que vous avez
pris note que le document va nous parvenir dans les jours qui viennent.
M. Savoie: Oui, exactement.
M. Claveau: Merci. Le résultat de l'étude est-il
d'ordre public? Est-ce qu'il va être déposé?
M. Savoie: L'étude, j'imagine, va appartenir à
l'ARK étant donné que c'est elle qui l'a commandée. Si
vous en voulez copie, j'imagine que vous pouvez vous adresser à
l'ARK,
M. Claveau: Le montant qui apparaît ici, 25 875 $, est-ce
que c'est le montant final de la participation gouvermentale dans
l'étude? Est-ce qu'il y a une contrepartie de la part de l'ARK ou de la
municipalité d'Umiujaq?
M. Savoie: C'est le montant global qui a été
versé par nous pour l'étude.
M. Claveau: C'est 100 % de l'étude... M. Savoie: Oui,
c'est cela.
M. Claveau: ...que vous financez. Cela représente, je
suppose, le montant de la soumission d'Entraco.
M. Savoie: C'est-à-dire que les honoraires des consultants
sont de l'ordre de 25 000 $ et les frais de gestion dudit contrat sont de 875
$.
M. Claveau: Et il n'y a pas de dépassement
prévu.
M. Savoie: Bien, c'est à tarif...
M. Claveau: S'il y a dépassement, qui va assumer la
différence?
M. Savoie: II faudrait que je lise les termes du contrat, mais il
n'y aura pas de dépassement, c'est contractuel. Si jamais il y en avait,
je pense que l'entrepreneur serait pris avec.
M. Claveau: Je suppose aussi que, dans les termes du contrat, il
doit y avoir une mécanique de suivi à cela. On parle là
d'une étude sur la revégétation des sols. Selon les
résultats de l'étude, quels sont les engagements que votre
ministère a déjà pris
pour donner suite à cela?
M. Savoie: C'est l'Administration régionale Kativik qui
administre. Nous, tout ce qu'on a fait, c'est qu'on a remis les fonds à
l'ARK. On a surveillé la signature de l'entente. Le suivi, de même
que l'administration de l'exécution du projet, est sous la direction de
l'ARK.
M. Claveau: D'accord. Sauf que je suppose qu'on n'engage pas 25
000 $ dans une étude sans commencer à prévoir ce qu'on
ferait au cas où l'étude serait positive et que, dans l'avenir,
il faudrait faire quelque chose de concret pour y donner suite. Alors, quand on
parle de revégétation, il y a là des sommes
importantes.
M. Savoie: C'est le rapport qui va nous le dire. On ne sait pas
ce que le rapport va dire. On va attendre pour voir ce que le rapport va dire
et, après cela, on fera notre analyse avant de prendre notre
décision.
M. Claveau: Au moment où on se parle, vous nous confirmez
qu'il n'y a pas de discussion ou qu'il n'y a pas d'hypothèse de
prévue au cas où il faudrait engager des sommes énormes
pour faire de la revégétation, dans la mesure où
l'étude confirmerait que c'est faisable.
M. Savoie: On verra en temps et lieu selon les conclusions de
l'étude.
M. Claveau: Je viens d'entendre une réflexion, on a dit:
On ne peut pas décider d'avance, sauf que, lorsqu'on engage 25 000 $
pour faire une étude, c'est parce qu'on prévoit faire quelque
chose par la suite. J'ai l'impression qu'on ne fait pas une étude comme
cela, dans les airs, sans savoir, si effectivement les résultats sont
concluants, ce qu'on va faire. Est-ce qu'on va retourner devant le Conseil du
trésor pour dire: J'ai financé une étude et je me retrouve
dans une situation où il faut que j'embarque? Il faut prévoir
cela avant de la financer.
M. Savoie: Vous savez que l'étude qui a été
commandée est conforme aux échanges qu'on a eus en ce qui
concerne la création de la municipalité d'Umiujaq. Alors, pour
procéder à la revégétation de ce coin, il fallait
commencer par une étude. Une fois que l'étude va être
déposée, on va procéder à l'analyse. Si on
décide d'y donner suite en tout ou en partie, on acheminera le dossier
et on trouvera les subventions où elles doivent se trouver. Si on
décide de ne pas procéder, on ne procédera pas.
M. Claveau: D'accord. Quels sont les délais prévus
pour le dépôt de l'étude?
M. Savoie: Sous peu. C'est tout ce que j'en sais. C'est la note
qu'on a ici. Je ne sais pas, "sous peu", cela peut être un mois...
M. Claveau: Dans le présent exercice financier.
M. Savoie: Bien, un mois. Oui, oui.
M. Claveau: On devrait l'avoir avant les fêtes.
M. Savoie: Cela devrait, en principe.
M. Claveau: Bon, je vous remercie, M. le ministre.
M. Savoie: Tu sais comment c'est, une étude de
consultants.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que cela va? Donc, on va
retourner aux engagements 2 et 3 de décembre.
Décembre
M. Claveau: C'est cela, décembre 1986. Le
Président (M. Marcil): C'est cela.
M. Claveau: On avait un engagement pour un contrat de 90 000
litres d'huile à chauffage -50°C pour livraison à Umiujaq.
Fournisseur: Fédération des coopératives du
Nouveau-Québec. Je suppose qu'il s'agissait du seul fournisseur possible
puisqu'il ne semble pas... C'est un contrat négocié sans aucun
appel d'offres.
M. Savoie: C'est cela, le seul fournisseur possible, c'est la
coop.
M. Claveau: Est-ce qu'il y a d'autres fournisseurs dans le nord
en dehors de la Fédération des coop?
M. Savoie: Non.
M. Claveau: Dans l'huile à chauffage?
M. Savoie: Non, pas à Umiujaq.
M. Claveau: Pas à Umiujaq. Et, quand on parle d'un contrat
négocié de cette ampleur, j'aimerais que vous me précisiez
-parce que, de toute façon, on va le voir, cela revient assez sauvent,
cette histoire de contrats négociés dans toutes sortes de
domaines - quels sont les critères de base qui président à
la négociation d'un contrat avec une seule entreprise de l'ordre de 58
958,10 $; les dix cents sont très importants dans le montant, je suppose
que cela a été a négocié sur une base
serrée. Alors, quels sont les critères qui président
à
la négociation de cela?
M. Savoie: C'est le Service des achats qui s'occupe de cela.
Probablement que ce qui est arrivé, c'est qu'ils ont d'abord
discuté du prix au gallon et qu'ils l'ont multiplié par le nombre
de gallons en question, ce qui fait en sorte que cela arrive à dix
cents. Je ne pense pas qu'ils se sont chicanés sur des 0,05 $. Par
exemple, pour 4425 litres d'huile à moteur diesel à 0,7405 $, on
va jusqu'à la quatrième décimale. Lorsqu'on multiplie, le
prix total pour l'huile à moteur est de 3276 $. On ne négocie pas
le sou, on négocie le prix à la base.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, dans la
même ligne de pensée que le député d'Ungava, est-ce
que vous faites des comparaisons avec les mêmes produits dans des
régions environnantes?
M. Savoie: À 600 kilomètres.
M. Claveau: Les Territoires du Nord-Ouest, par exemple.
M. Savoie: C'est le Service des achats qui s'occupe de
l'exécution...
Le Président (M. Marcil): C'est cela. Ah, bon!
M. Savoie: Nous passons la commande et cela va au Service des
achats qui s'en occupe. Ce n'est pas nous qui traitons de cet
élément. On n'a de contrôle ni sur le fonctionnement, ni
sur les normes. C'est sûr que, lorsqu'on se déplace dans ces
régions, on surveille les prix, on regarde un peu ce qui se passe et on
est attentif. Ce n'est pas n'importe qui qui peut aller là. D'abord, on
y va par bateau à l'automne ou au mois de juillet et août et,
à ce moment-là, il faut que ce soit planifié longtemps
d'avance. Il y a des normes, ce n'est pas une procédure qui est bien
compliquée.
M. Claveau: J'en conviens, mais est-ce qu'il serait possible de
savoir sur quelle base travaille le Service des achats pour déterminer
si le prix qu'il paie est un prix convenable dans les circonstances?
M. Savoie: II faudrait leur poser ces questions à eux. Je
ne voudrais pas m'engager pour cette "gang", je ne sais pas comment ils font
leur travail. C'est un autre service qui est soumis à d'autres normes et
qui est sujet également à un contrôle de la part de
l'Opposition lors d'une période appropriée.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, vous pourriez
toujours aller aux renseignements au Service des achats et nous transmettre la
réponse.
M. Savoie: Est-ce que cela rentre dans mes fonctions d'aller
courir des informations au Service des achats?
M. Claveau: Bien.
Le Président (M. Marcil): C'est parce que cela
relève de votre ministère.
M. Savoie: Non, cela ne relève de rien, cela ne
relève pas de nous autres, c'est un service à part, c'est un
ministère autonome. Je pense que c'est la SIQ.
M. Claveau: Mais, M. le ministre, nous voulons savoir...
M. Savoie: C'est la SIQ, c'est le ministère du
député de Hull, le député Rocheleau, qui, lui, est
responsable de tout ce service, de l'achat et de l'exécution. Alors, si
vous avez des questions...
M. Claveau: Je vous demande pardon, M. le ministre, mais à
partir du moment...
M. Savoie: Pour le contrôle et le fonctionnement de ce
ministère, vous devez vous adresser à ce ministère, en
tout cas, il me semble. Je serais bien prêt à lui fournir
l'information nécessaire, mais je ne l'ai pas. Je vais être
obligé de faire cette démarche pour quelque chose qui tombe sous
l'autorité d'un autre ministre, sous un autre contrôle qui ne
relève absolument pas de moi et de vous transmettre de l'information par
personne interposée. Peut-être que la meilleure façon, ce
serait de s'adresser directement là ou, lorsque M. Rocheleau viendra
défendre, par exemple, ses crédits ou même ses engagements
en étant présent, vous pourrez poser des questions pertinentes
à ce chapitre. Ce n'est pas notre service qui fait les achats. (16
heures)
M. Claveau: J'en conviens, M. le ministre, mais vous comprendrez
aussi mon étonnement. C'est votre service qui paie, par exemple. Alors,
dans la mesure où je passe une commande comme individu et qu'on me dit:
Cela va te coûter tant, j'aimerais bien savoir sur quoi on s'est
basé pour me demander tant. Les sommes d'argent qui sont là
sortent de votre ministère et, dans ce cas-là, il me semble qu'il
serait opportun pour un ministre ou pour son cabinet de savoir comment le prix
est fixé pour savoir s'il paie vraiment le bon prix. S'il y a de
l'argent à économiser là, il pourrait servir ailleurs
à l'intérieur de votre ministère. Si le Service des achats
vous dit: C'est bien dommage, mais dans le cas d'Umiujaq ou dans n'importe
quelle autre situation
nordique, cela va vous coûter 90 000 $, et que vous, vous n'avez
pas une question à poser, vous allez tout simplement autoriser que cela
soit payé et ce n'est pas grave, c'est le Service des achats.
M. Savoie: La question n'était pas de savoir si je
trouvais le prix raisonnable. La question était: Sur quels
critères se basent-ils et comment font-ils pour calculer tout cela? Je
ne le sais pas. Si vous me demandez si le prix est raisonnable, ma
réponse est: Oui, je crois que le prix est raisonnable. Vu les
conditions à Umiujaq, la situation géographique, les questions de
transport, tous les coûts impliqués, je trouve que le prix est
raisonnable, je connais un peu cela. Qu'on fasse de l'approvisionnement pour
une municipalité ou qu'on fasse de l'approvisionnement pour un centre
d'exploration dans cette région-là, je suis assez intelligent
pour comparer et voir que le prix payé est raisonnable, eu égard
aux circonstances. C'est cela que je dois surveiller. S'il y avait
manifestement ou implicitement, par exemple, à la lecture du
décret, de la décision du Conseil du trésor, de la demande
de fonds, un chiffre que je trouverais anormalement haut, qui ne serait pas en
conformité avec la connaissance que j'ai des coûts dans le nord,
je poserais des questions à mes fonctionnaires. On ferait, à ce
moment-là, une démarche à l'interne pour corriger cela.
Mais la question que vous m'avez posée, c'est: Comment
procède-t-on et quelles sont les mesures administratives? Ce n'est pas
à mon ministère, ce n'est pas à moi, cela ne relève
pas de mon contrôle.
M. Claveau: Comment pouvez-vous nous dire que vous êtes
certain que le prix est raisonnable si vous ne savez pas de quelle façon
cela est calculé? Il me semble qu'en dehors des considérations
géographiques ou climatiques, que je connais très bien
d'ailleurs, il y a d'autres éléments qui entrent en ligne de
compte dans la fixation d'un prix. Éventuellement, en tant que ministre
qui doit autoriser le déboursement de ces fonds, on devrait croire que
vous connaissez la mécanique qui fait qu'on arrive à ce prix et
non à un autre prix.
M. Savoie: II n'y a pas seulement Umiujaq qui vit dans le nord,
il y a une douzaine d'autres communautés inuit.
M. Claveau: Oui.
M. Savoie: II y a une dizaine de camps miniers qui
relèvent également de mon autorité et, chaque
été, on envoie là-bas trois ou quatre camps d'exploration
dans des conditions souvent beaucoup plus difficiles parce qu'à
l'intérieur des terres. Je signe des décrets là-dessus
continuellement et j'ai une idée des prix, de combien cela coûte.
Combien coûte un litre de gazoline ou un litre d'huile à moteur
à livrer dans le nord quand cela va par bateau ou par avion, j'en ai une
bonne notion. Je le sais, mais connaître exactement les critères
qui sont utilisés par le ministère des Approvisionnements et
connaître la structure interne, c'est une autre paire de manches. Mais si
cela peut vous faire plaisir, ce que je pourrais faire, ce serait demander
effectivement au ministère des Approvisionnements comment il a fait pour
déterminer ce prix et lui demander de vous adresser une lettre en
réponse à votre question. Mais, ce n'est pas à moi d'agir
comme courrier dans des conditions comme celles-là. Je pense que c'est
un peu normal. Je n'ai pas, non plus, à répandre pour le
ministère de la Justice, par exemple, de la façon dont il paie
les avocats qui voyagent dans le nord. Cela ne relève pas de moi.
M. Claveau: Je vous remercie de votre diligence, M. le
ministre.
Le Président (M. Marcil): Cela va, M. le ministre?
M. Claveau: Mais ce n'est pas pour me faire plaisir, c'est pour
éclairer la lanterne de tous les membres de la commission. Je demande
que M. le ministre fasse cette demande au Service des achats du gouvernement,
mais pas pour me faire plaisir. Il faut bien qu'on s'entende. J'ai l'impression
qu'il est aussi intéressant pour tous mes collègues de l'aile
ministérielle de savoir comment on fait pour fixer de tels prix dans la
mesure où on va en contrats négociés et où on ne
contacte qu'un seul fournisseur.
Le Président (M. Marcil): Mais disons que M. le
député d'Ungava, de même que M. le ministre.
M. Savoie: S'il y avait d'autres fournisseurs, ce serait
déjà "pas pire", mais il y en a seulement un.
M. Claveau: Quand même, dans une situation de
monopole...
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît, s'il vous
plaît!
M. Claveau: ...il faut être encore plus exigeant ou plus
critique...
Le Président (M. Marcil): M. le député.
M. Claveau: ...que s'il n'y a pas monopole.
M. Savoie: J'imagine que c'est ce qu'ils font.
Le Président (M. Marcil): M. le député. M.
le ministre. Si vous le voulez, on va essayer d'éviter d'utiliser une
demi-heure uniquement pour discuter de ces engagements déjà
vérifiés, mais selon les avis que nous avons, vous pouvez faire
la démarche, naturellement si vous le voulez, auprès du service
d'approvisionnement du gouvernement pour donner l'information au
député d'Ungava. Lui peut le faire aussi. Ce qui arrive dans
l'exercice courant, c'est que le ministre fait la démarche et envoie une
copie de la lettre au député en question.
M. Savoie: Je le lui ai offert. Je lui ai offert de faire la
démarche et de lui envoyer la lettre.
M. Claveau: C'est parfait. J'aimerais que tous les membres de la
commission aient copie de la lettre.
Le Président (M. Marcil): Vous l'envoyez à la
secrétaire de la commission. C'est nous qui faisons ladistribution.
M. Savoie: Oui, oui. C'est ça que je comptais faire.
Le Président (M. Marcil): Cela va M. le ministre?
M. Claveau: L'autre engagement financier fait
référence à la Conférence circumpolaire inuit
à titre d'aide financière représentant le paiement d'une
partie des coûts d'implantation à Kuujjuaq, 48 000 $. Le ministre
pourrait-il nous préciser dans le cadre de quelle entente ou encore
comment a été négociée cette somme de 48 000 $ pour
aider à l'implantation du siège social de ta Conférence
circumpolaire inuit à Kuujjuaq?
M. Savoie: Évidemment, il n'y a pas eu de contrat
spécifique entre nous et la représentante de la Conférence
circumpolaire inuit, représentante qui est d'ailleurs, pour la
première fois, une Inuit du Québec. Par contre, ce que nous avons
convenu pour distribuer ce montant-là c'est qu'on s'est engagé
à payer le loyer et également les coûts de transformation
des locaux, l'équipement et le matériel de bureau. Alors, on a
fourni le coût du loyer pour une période d'environ quatre ans,
c'est-à-dire de 1986 jusqu'à 1990, 8500 $ représentant le
coût du loyer pour une année, et également 13 700 $ pour
l'équipement et le matériel de bureau qu'elle devait s'acheter
pour rendre son bureau fonctionnel.
M. Claveau: Alors, les 21 250 $ récurrents, pour les
années suivantes, c'est le coût du loyer en grosse partie, si je
comprends bien. iM. Savoie: Oui. La grosse tranche là-dedans serait le
loyer et les coûts de transformation des locaux pour 8800 $, plus 13 700
$ d'équipement et de matériel de bureau, vous arrivez à 48
000 $.
M. Claveau: Ces locaux sont situés dans l'édifice
de la SIQ à Kuujjuaq, à côté des services de
police.
M. Savoie: C'est cela, dans les édifices
gouvernementaux.
M. Claveau: Sur quelle base est fixé le loyer?
M. Savoie: Celui qui est demandé aux autres. C'est
fixé par la SIQ.
M. Claveau: C'est combien le pied carré?
M. Savoie: Combien le pied carré? Je n'ai pas ces
détails ici avec moi. On n'a pas ces informations avec nous sur le pied
carré d'un bureau situé dans votre comté.
M. Claveau: Je suppose, M. le Président, qu'on va les
avoir.
Le Président (M. Marcil): M. te ministre, si vous désirez
dans te même courrier nous envoyer ces informations, cela nous fera
plaisir de les distribuer aux membres de cette commission.
M. Savoie: Tout ce que l'on peut faire pour éclairer la
décision ou les décisions de la commission.
Le Président (M. Marcil): Nous avons pris la question en
note. Nous allons faire les démarches.
M. Savoie: Oui.
M. Claveau: M. le Président, il y a autre chose que je
voulais savoir. J'en profite, d'ailleurs, pour saluer Mme Mary Simons, la
nouvelle présidente de la Conférence circumpolaire inuit, et dire
que je suis fier qu'elle soit à Kuujjuaq. Cela est bien clair, sauf que
je trouve un peu bizarre le fait que l'on ait engagé une somme de 48 000
$, je ne sais pas sur la base de quoi. Vous me dites qu'il n'y a rien eu de
signé avec la direction de la conférence dans ce sens-là.
Comment se sont établis les mécanismes de liaison qui ont fait en
sorte que vous arriviez à dire: Oui, nous, du gouvernement du
Québec, nous embarquons pour 48 000 $ dans votre affaire?
M. Savoie: C'est un peu l'habitude. Comme vous le savez, l'ICC a
pour tradition que la personne qui est élue président
transporte avec elle le siège social de l'ICC. Auparavant, par
exemple, cela a déjà été en Alaska et, à ce
moment-là, le siège social de l'ICC était en Alaska.
D'habitude, étant donné que ce sont essentiellement des Inuit et
qu'ils ont des ressources financières limitées, on demande au
gouvernement de supporter les coûts afférents soit au transport et
aux installations physiques qu'occupe le bureau.
Elle m'a rencontré à un moment donné et elle m'a
dit: J'aimerais me présenter comme présidente de l'ICC. Elle m'a
dit: Normalement, il est de tradition que le gouvernement défraie une
partie des coûts du loyer. Je lui ai dit qu'il fallait qu'elle me fasse
parvenir une lettre détaillant la nature de l'assistance, ce qu'elle m'a
produit le 9 septembre 1986. Elle m'a envoyé une lettre dans laquelle
elle me demandait une subvention afin de payer l'équipement de bureau,
un ensemble d'équipement, télex, word processor, machines
à écrire et classeurs, de même que le prix du loyer. Elle
m'a expliqué dans une lettre très serrée qu'elle avait
besoin justement d'espace pour trois personnes pour la durée de son
mandat, que la Société immobilière du Québec avait
proposé un endroit, que les rénovations nécessaires
pourraient être exécutées par le gouvernement du
Québec et qu'elle pourrait obtenir un bail pour une période de
trois ans et quelques mois, si on acceptait de le financer. Alors, à la
suite de cela, on a eu des échanges avec des gens à Kuujjuaq. Je
crois qu'il y a quelqu'un de chez nous qui s'est déplacé pour
constater la réalisation de ces travaux et, en accord avec la 5IQ, la
Société immobilière du Québec, les travaux ont
été effectués, le bail a été signé,
les équipements achetés et les factures transmises ont
été payées par le gouvernement du Québec.
M. Claveau: Est-ce qu'on avançait un montant dans la
lettre du 9 septembre?
M. Savoie: Dans la lettre du 9 septembre, Mme Mary Simons
proposait un montant global pour le loyer. Elle ignorait le coût du
loyer, mais à ce moment on savait que cela pourrait être dans les
environs de 26 000 $. Pour l'équipement, l'achat de chaises, de tables,
etc., elle indiquait à peu près 10 000 $. Pour
l'équipement de bureau et tout cela, elle a mis approximativement 5000
$. On a réglé le tout pour 13 500 $ après les achats. Elle
demandait également de l'équipement plus sophistiqué pour
un montant de 20 000 $, mais nous n'avons pas pu y donner suite.
M. Claveau: Mais vous avez toujours parlé d'une
participation, c'est-à-dire que la conférence elle-même
paie une partie de ces installations.
M. Savoie: La conférence n'a pas beaucoup d'argent. On
parle de d'ICC. ICC, finalement, c'est un groupe d'inuit qui demeurent au
Québec, au Labrador, dans les Territoires du Nord-Ouest, en Alaska, sur
la Terre de Baffin et dans les autres îles entre la Terre de Baffin et
l'Alaska. On parle également de gens du Groenland. Je me demande s'il
n'y a pas aussi des Inuit de la Russie, c'est cela. Finalement, l'ICC aurait un
budget d'environ 1 200 000 $ pour toutes ses opérations. Lorsqu'on
connaît le coût des déplacements pour tout ce monde, tout
ceci, tout cela, je pense que c'est normal. Étant donné qu'on est
très fier d'y participer et de voir le siège social de l'ICC
situé au Québec pour les trois ou quatre prochaines
années, c'est avec plaisir qu'on a tâché de donner suite
à sa demande.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Groulx.
Mme Bleau: Étant donné notre ignorance de certains
mots qui sont employés, on aimerait savoir ce que veut dire
"circopolaire" que le député emploie.
M. Savoie: Si vous regardez la carte du monde non pas en sudiste,
mais en nordiste, vous allez voir le pôle nord. Circumpolaire, c'est
autour du cercle polaire.
Mme Bleau: C'est cela, autour du pôle.
Le Président (M. Marcil): Cela va pour ces
engagements-là?
M. Savoie: Cela va, M. le Président.
Engagements à vérifier
Le Président (M. Marcil): Ils étaient
déjà vérifiés. Maintenant, nous allons appeler les
engagements à vérifier. L'engagement 3 du mois de septembre 1986,
non, excusez-moi, septembre 1987.
M. Claveau: Février 1987, l'engagement 2.
Le Président (M. Marcil): L'engagement 2 de février
1987.
Février 1987
M. Claveau: L'engagement en question, M. le Président,
concerne la subvention "d'une partie des dépenses reliées
à sa participation aux rencontres constitutionnelles sur les questions
touchant les autochtones versée à l'Association des femmes
autochtones du Québec, soit 25 000 $. Encore là, j'aimerais
savoir, de la part du ministre, de quelle façon a été
négociée cette participation extraordinaire de
25 000 $ pour l'Association des femmes autochtones du Québec? (16
h 15)
M. Savoie: Cela s'est passé comme cela se passe dans la
majorité de ces dossiers-là. Les différentes associations
autochtones, les représentants des communautés autochtones ou
autres, viennent nous voir et nous font part d'un projet qui requiert,
évidemment, l'aide financière du gouvernement. Finalement,
losqu'on travaille dans le milieu autochtone, on travaille avec l'une des
classes les moins privilégiées du Québec et des plus
démunies face à nos interventions. Elles m'ont demandé 40
000 $ additionnels, c'est-à-dire en sus des montants qu'on leur versait
déjà, dans le but de poursuivre des travaux reliés au
dossier constitutionnel et à la défense de
l'égalité des sexes au Québec. Nous avons examiné
cette demande et nous avons convenu que 25 000 $ seraient le montant maximal de
notre participation, étant donné les limites budgétaires
actuelles. En conséquence, nous avons demandé au Conseil du
trésor d'approuver une dépense de 25 000 $ qui devraient
être versés à l'Association des femmes autochtones du
Québec, ce qui a, d'ailleurs, été approuvé et
reçu avec grande joie par ladite association qui était à
ce moment-là dirigée par Mme Bibiane Courtois, mais qui a
été depuis remplacée. On avait également
nommé Mme Courtois à...
M. Claveau: À la Commission des droits de la personne.
M. Savoie: C'est cela, à la Commission des droits de la
personne, à la suite d'une entente avec M. Herbert Marx. C'est la
première fois qu'une femme autochtone siège à cette
commission. Elle en est très contente.
M. Claveau: Je dois comprendre aussi que, au lieu de ne rien
avoir, on est content de manger de la galette. Elles ont peut-être
reçu les 25 000 $ avec beaucoup d'enthousiasme, mais la demande
était, quand même, pour 40 000 $. J'aimerais avoir plus
d'explications sur les critères qui vous ont amené à
retrancher 15 000 $ finalement. Entre vous et mot, quand on parle d'une
association comme l'Association des femmes autochtones qui doit participer
à tout le débat constitutionnel, passer de 40 000 $ à 25
000 $, cela a presque l'air juste d'une coupure de principe. Alors, pourquoi
n'a-t-on pas octroyé la somme demandée?
M. Savoie: Lorsque j'ai rencontré Mme Courtois pour la
première fois et qu'elle m'en a fait part, je lui ai dit:
Présentez-moi un projet et elle m'a tout simplement
énuméré ce qu'elle aimerait dépenser, les frais de
voyage, les consultations, etc. À la suite du dépôt de son
projet, il y a eu une rencontre et un échange; on a regardé
certains éléments et on a convenu que 25 000 $, à la suite
de négociations, seraient suffisants.
M. Claveau: II n'y a pas eu contestation là-dessus.
M. Savoie: Non, non, 25 000 $. Elles ont accepté le
chèque.
M. Claveau: Est-ce que d'autres associations semblables ont aussi
reçu de l'aide pour participer aux conférences
constitutionnelles?
M. Savoie: On verse énormément d'argent à
des communautés pour toutes sortes de motifs. On a une enveloppe pour
cela, comme vous le savez. Étant donné qu'on n'a pas d'enveloppe
- je pense qu'on a eu l'occasion d'en parler l'an passé lors de
l'étude des crédits - pour administrer en tant que tels un fonds
ou des programmes d'assistance financière, on a un montant, à peu
près le même depuis quatre ou cinq ans, qui sert à
défrayer, par exemple, les frais d'administration et des coûts
spécifiques comme l'aide financière. Là-dedans, il y a les
100 000 $ qu'on verse annuellement à l'Alliance autochtone; même
il y a eu un montant qui, je pense, a déjà été
jusqu'à 175 000 $ pour aider les femmes autochtones à se
regrouper et à défendre leurs droits.
Les demandes qu'on reçoit sont énormes, compte tenu de
notre enveloppe discrétionnaire assez restreinte. Chaque fois qu'on
reçoit une demande, on essaie toujours d'en donner selon des
critères d'urgence, de nécessité et d'utilité.
Chaque cas est traité sur une base ad hoc, tout en tenant compte,
toutefois, qu'il y a dix nations autochtones au Québec, qu'il faut en
verser un peu à chacune selon les demandes, et qu'il y a des organismes
qui représentent la collectivité des Autochtones. C'est tout
cela, avec une enveloppe assez minime.
M. Claveau: Je répète ma question. Il faut bien
dire, en dehors de toutes les sommes pour des subventions de fonctionnement,
etc., qu'on se retrouvait, en février 1987, dans un contexte très
particulier, celui de la négociation sur l'entente constitutionnelle
concernant les droits des autochtones; on connaît, d'ailleurs, ses
résultats et l'opinion émise par les autochtones eux-mêmes
quant à la participation du Québec à cette rencontre.
Là, on a une demande de l'Association des femmes autochtones qui
est spécifiquement dans ce sens-là, une subvention reliée
à sa participation aux rencontres constitutionnelles sur la question
touchant les
autochtones. J'ai demandé si d'autres groupes ou associations
semblables avaient fait des demandes semblables et avaient reçu une aide
semblable.
M. Savoie: On a eu des demandes, d'une part, des
représentants du gouvernement du Québec pour les aider à
défrayer les coûts concernant leur participation aux
conférences constitutionnelles et, d'autre part, on a eu la demande des
femmes autochtones. Maintenant, la demande des femmes autochtones a
été accordée pour le montant que l'on connaît, vu
les limites budgétaires actuelles. Et les négociations ont eu
lieu auprès de ces instances-là. Il ne faut pas oublier, non
plus, que la demande a été faite au mois de février ou
presque et que la dernière conférence constitutionnelle a eu lieu
fin mars, deux mois plus tard. Elles avaient besoin de 25 000 $ pour participer
quasiment à la fin de la conférence constitutionnelle. On sait
que le gouvernement précédent avait refusé toute
participation ou frais de participation à ce mouvement-là. Compte
tenu qu'il s'agissait de l'Association des femmes autochtones, donc finalement,
du groupe le plus démuni du Québec, on pensait que 25 000 $
permettraient de défrayer leur transport et leurs frais d'hôtel et
cela, aux deux dernières rencontres auxquelles elles ont demandé
de participer.
M. Claveau: M. le ministre, vous avez dit dans votre
réponse que vous avez effectivement eu d'autres demandes. Y a-t-il moyen
de connaître les groupes, les associations qui vous ont acheminé
d'autres demandes et le montant de ces demandes?
M. Savoie: Avant cette demande, on n'en a pas eu d'autres. Par la
suite, tout dernièrement, il y a quelques semaines, on a reçu une
autre demande de la part de Mme Myrtle Bush, provenant de l'ensemble du "task
force" au niveau constitutionnel, nous refilant une facture de quelque 40 000 $
pour des dépenses occasionnées auparavant et nous demandant,
étant donné les coûts, d'y donner suite.
M. Claveau: Est-ce que vous allez y donner suite?
M. Savoie: On lui a dit qu'il ne revenait pas au gouvernement du
Québec de payer les factures pour des dépenses déjà
engagées ou dépassées et qui devaient être
supportées par le gouvernement du Canada. Il s'agit d'une
conférence constitutionnelle et normalement le gouvernement du Canada
défraye les frais, paye ces montants-là pour chacun des
intervenants. Cela ne revient pas au gouvernement du Québec, parce que
c'est une conférence constitutionnelle. Toutefois, je lui ai dit que,
s'il y avait des frais relatifs à des rencontres préliminaires
avec le gouvernement du Québec qui pouvaient être
identifiées, des rencontres particulières qui ne seraient pas
admissibles à du financement fédéral, j'étais
disposé à examiner cela avec elle et à en discuter.
M. Claveau: Cela va en ce qui me concerne, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Cela va pour l'engagement 2,
mais il y avait le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Thuringer: M. le Président, le ministre vient de
répondre à la question que je voulais poser: Est-ce que le
gouvernement fédéral partage certaines responsabilités,
pas juste sur la question de la constitutionnalité, mais dans d'autres
domaines? Il y a encore un territoire où il a certaines
responsabilités. Non?
M. Savoie: Oui. Le gouvernement fédéral participe,
en vertu de ses engagements constitutionnels à l'article 91.24, à
des dépenses dans les milieux autochtones. Il a également des
engagements envers les Inuit à cause de la signature de l'entente de la
Baie James. Il a effectivement une bonne partie du budget des dépenses
reliées au dossier autochtone, par exemple, les dossiers qu'on a
couverts ici. Normalement, il paie les dépenses relatives à une
conférence constitutionnelle et il paiera également pour
différentes participations à diverses occasions, mais, dans
certains dossiers qui sont tout à fait ad hoc, il refusera. Par exemple,
pour l'ICC, il paie une partie des frais de fonctionnement; il doit contribuer
à cela, si ma mémoire est bonne et si je ne fais pas erreur, mais
pour l'installation du bureau au Québec, la demande a été
adressée au gouvernement du Québec.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre.
L'engagement 2 est vérifié. Je vais appeler maintenant
l'engagement 3.
M. Claveau: "Subvention à l'Institut culturel AVATAQ
représentant l'aide financière du ministère pour lui
permettre de compléter la réalisation du projet "Histoire des
Inuit": 25 000 $." Est-ce complété?
M. Savoie: Ce projet est dans sa phase terminale, mais il n'est
pas encore achevé.
M. Claveau: Cela veut dire que cela achève. C'est pour
quand?
M. Savoie: II faudrait en discuter avec AVATAQ. Le budget global
pour la réalisation de ce projet est d'environ
150 000 $. Il est ventilé comme suit, pour votre information: 50
% par le gouvernement fédéral, 13 1/3 % par le ministère
des Affaires culturelles, 20 % par Makivik et 16 2/3 % par le SAA, à
même notre budget discrétionnaire- C'est le ministère des
Affaires culturelles qui supervise le projet» étant donné
qu'il s'agit d'un volet culturel des activités des Inuit. Et la
publication devrait se faire, évidemment, en anglais, en inuttituut, et
en français.
M. Claveau: D'accord. Cela, c'est votre participation, tel
qu'entendu. Je suppose qu'il y a un protocole d'entente qui existe pour la
répartition de ces quatre financements.
M. Savoie: Tout cela est fait en vertu d'un protocole, avec des
échéanciers, par le ministère des Affaires
culturelles.
M. Claveau: Ledit protocole étant sûrement d'ordre
public, allez-vous le déposer?
M. Savoie: Si le ministère des Affaires culturelles n'a
pas d'objection, moi non plus, je n'ai pas d'objection à déposer
ce document.
Le Président (M. Marcil): Nous allons en prendre note.
M. Claveau: On en prend bonne note.
Le Président (M. Marcil): Ça va pour l'engagement
no 3?
M. Claveau: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Vérifié. Donc,
j'appelle l'engagement no 5 du mois de mars 1987.
Mars
M. Claveau: No 5, c'est cela? Le Président (M. Marcil):
Oui.
M. Claveau: "Subventions de fonctionnement, pour l'année
financière 1987-1988, aux organismes suivants: Alliance autochtone du
Québec inc., 100 000 $; Association des femmes autochtones du
Québec inc., 110 000 $. Montant de l'engagement: 210 000 $", pour
imputation budgétaire cette année. Je suppose que ce sont les
montants dont vous nous avez parlé tout à l'heure, ce sont les
montants pour le fonctionnement qui sont négociés d'année
en année.
M. Savoie: À même l'enveloppe qui nous est
accordée sur une base annuelle, il y a des montants qu'on appelle
récurrents et qu'on verse à des associations qui sont incapables
de se financer. L'Alliance autochtone du Québec regroupe l'ensemble des
métis et des autochtones hors réserve du Québec.
Finalement, ce sont des Indiens qui ont le statut d'Indiens ou des Indiens qui
sont sans statut et qui ne demeurent pas dans une réserve, ou des
métis, qui en font partie, qui sont regroupés et
chapeautés par l'alliance. L'alliance a besoin de frais de
fonctionnement. Le seul endroit d'où elle peut recevoir du financement,
c'est auprès de notre secrétariat et on lui verse sur une base
annuelle ce montant de 100 000 $, qui fait chaque année l'objet de
lettres et de revendications de la part de l'alliance. C'est la même
chose avec les femmes autochtones, qu'on finance certainement depuis quatre,
cinq ou six ans, pour leur permettre de s'organiser et de défendre leurs
droits.
M. Claveau: Si je comprends bien les termes que vous avez
utilisés, vous reconnaissez le statut d'autochtones aux membres de
l'Alliance autochtone du Québec?
M. Savoie: C'est-à-dire qu'il faut faire la distinction
suivante: votre gouvernement a refusé de leur reconnaître un
statut juridique. Moi, j'ai rouvert le dossier et j'ai invité les gens
de l'alliance à remonter leur dossier et à nous présenter
un nouveau dossier pour qu'on puisse l'examiner de nouveau. Ils ont la
reconnaissance d'un statut social, mais ils n'ont pas la reconnaissance d'un
statut juridique particulier au Québec.
M. Claveau: Mais dans la pratique, comment sont-ils situés
pour vous, au moment où on se parle, par rapport à toute la
question constitutionnelle? Ce sont des autochtones. On parle de l'Alliance
autochtone, vous reconnaissez le nom. Le gouvernement finance le fonctionnement
de l'organisme. On peut faire une distinction entre le statut juridique et le
reste, mais qu'est-ce que c'est dans le quotidien?
M. Savoie: Les autochtones hors réserve? Il faut, d'abord,
savoir qu'il y a plusieurs autochtones, il y en a environ 100 000 au
Québec. Les autochtones que nous reconnaissons, qui ont un statut
juridique, qui ont également un statut social et qui ont la jouissance
et toute la protection de la constitution en vertu de l'article 91.24, ce sont
les autochtones en réserve. Les autres autochtones, ceux qui ne
demeurent pas dans la réserve ou qui ne sont pas statués - parce
qu'on peut être un Indien statué ou un Indien non statué ou
un Indien statué, mais hors réserve - de même que les
peuples métis n'ont pas de reconnaissance encore du gouvernement du
Québec ni du gouvernement du Canada. (16 h 30)
Vis-à-vis de la protection de leurs
droits, il peut y avoir un débat en vue de la modification qui a
été apportée à la constitution en 1982, où
on a introduit l'article 31 alinéa 5, dans lequel on les reconnaît
et on ne fait pas la distinction entre statué et non statué.
C'est un débat juridique qui, un jour, aura lieu. Et j'imagine que ce
sera relativement à court terme.
M. Claveau: Quel est le budget global de l'Alliance autochtone et
de l'Association des femmes autochtones du Québec? Quelle est la part du
budget qui est financée par cet engagement financier?
M. Savoie: On a des états financiers qui sont fournis par
l'Alliance autochtone du Québec, de même que par l'Association des
métis et des Indiens hors réserve du Québec. Finalement,
ce sont deux associations qui se regroupent. Ces organismes vont chercher la
très grande partie de leurs frais de fonctionnement, d'une part,
auprès du Secrétariat d'État, par des subventions.
M. Claveau: J'aimerais que vous soyez un peu plus précis,
M. le ministre. Quels sont les budgets?
M. Savoie: Les budgets... Lorsqu'on parle de l'Alliance
autochtone du Québec, je ne sais pas si j'ai le droit de divulguer tout
cela ici.
M. Claveau: Bien, écoutez!
M. Savoie: C'est, quand même, le budget d'une
société privée, incorporée en vertu de la partie 3.
Je ne sais pas si je suis en mesure... La question se pose: Est-ce que je suis
en mesure de divulguer les budgets d'exploitation et de dépenses de
cette société privée?
Le Président (M. Marcil): Je pense, M. le ministre, que
c'est à vous de juger si c'est d'intérêt public ou
d'intérêt privé. Ce n'est pas à moi.
M. Savoie: Je pense que cela me prendrait au moins l'autorisation
de l'Alliance autochtone du Québec avant de commencer à discuter
en public des dépenses et des revenus d'une association qui, finalement,
ne relève pas de moi, dont je ne suis ni actionnaire, ni membre, sur
laquelle je n'ai pas de contrôle. Je reçois simplement une demande
de financement. J'examine leurs états financiers sur une base annuelle,
c'est une chose.
Le Président (M. Marcil): À ce moment-là,
M. le ministre...
M. Savoie: Mais de là, à moins...
Le Président (M. Marcil): ...ce que vous avez à
faire, vous prenez note de la question quand même.
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Marcil): Et après information, si
c'est d'intérêt public, vous pourrez nous donner une
réponse. Si vous jugez que ce n'est pas d'intérêt public,
que c'est d'intérêt privé, à ce moment-là, on
ne...
M. Savoie: M. le Président, ce que je pourrais faire,
peut-être, c'est me renseigner auprès de l'association, demander
une résolution de l'association m'autorisant à rendre publics,
aux fins de cette commission, ses états financiers. Si elle me
l'accorde, je vais les donner; si elle refuse, évidemment, je vous ferai
part de son refus.
Le Président (M. Marcil): Cela va. M. Savoie:
Est-ce que cela vous va?
M. Claveau: Cela me va, sauf qu'à partir du moment
où les deniers de l'État servent à subventionner ou
à aider un organisme à but non lucratif, même s'il est
incorporé en vertu de la Loi sur les compagnies, je pense qu'il est de
l'intérêt des parlementaires de savoir les proportions de l'aide
gouvermentale à ces organismes. Peut-être que ta question pourrait
être posée à l'inverse: Est-ce que l'argent que vous avez
donné correspond aux demandes d'aide des organismes?
M. Savoie: En regard de cette dépense, je crois que oui.
C'est sur une base récurrente, on verse toujours ces montants.
Evidemment, ils cherchent toujours à avoir un petit peu plus, mais il
faut savoir que le gouvernement est axé sur le contrôle des
dépenses et la limitation des surplus budgétaires qui ont
été causés à la suite de votre laxisme au pouvoir
et, en conséquence, on est obligé de restreindre nos
dépenses si on veut réduire le déficit.
Alors, on a une attitude plutôt de principe où on est
d'accord à leur accorder des subventions. On leur accorde à peu
près les mêmes montants que lorsque vous étiez au pouvoir,
mais ce qu'on cherche à faire, c'est de contrôler davantage les
dépenses budgétaires.
M. Claveau: Ce n'est pas indexé? M. Savoie: Non, ce
n'est pas indexé.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre.
M. Savoie: D'ailleurs, ce n'était pas
indexé lorsque vous étiez là, non plus.
M. Claveau: Oui, mais là on parle de vous autres.
M. Savoie: Oui, oui.
M. Claveau: Si on prend le pouvoir...
Le Président (M. Marcil): Je vais reconnaître...
M. Claveau: ...vous me poserez des questions.
M. Savoie: Non, non, mais pour être honnête, il faut
avoir une vue d'ensemble.
Le Président (M. Marcil): ...le député de
Laporte.
M. Laporte: De Sainte-Marie, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Excusez-moi, de
Sainte-Marie.
M. Laporte: C'est M. Bourbeau, le député de
Laporte. C'est simplement une interrogation qui me vient à l'esprit
concernant ce qu'avançait le député d'Ungava. C'est au
sujet de la pertinence, pour les membres de cette commission, de
vérifier quelle utilisation, de façon générale ou
dans les détails, cet organisme a pu faire des montants d'argent.
À moins que je ne me trompe, d'après l'expérience que je
possède, la majorité des subventions sont données et
décernées sur une base de critères de fonctionnement.
À titre d'exemple, cette subvention a été
décernée pour le fonctionnement et l'organisme s'engage à
utiliser ces sommes pour le fonctionnement. On ne va pas jusqu'à
vérifier - on fait confiance aux organismes à ce sujet
habituellement, on fait confiance aux organismes jusqu'à preuve du
contraire - si cette subvention serait peut-être utilisée à
d'autres fins. Je ne sais pas, comme membre de la commission, quelle sorte
d'éclairage nouveau cela m'apporterait. Peut-être les
critères initiaux qui font l'objet de la demande... Mais de là
à aller vérifier à l'intérieur de cet organisme,
qui est quand même un organisme privé, quels seraient ces
critères, moi, en tout cas, je suis réticent
là-dessus.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Sainte-Marie, il s'agit de savoir si c'est d'intérêt public. Si
oui, alors, tout parlementaire est en droit de demander l'information
nécessaire.
M. Laporte: Mais c'est une opinion que j'exprimais
là-dessus.
Le Président (M. Marcil): D'accord, nous avons reçu
votre opinion. Est-ce que l'engagement 5 est vérifié?
M. Claveau: Cela va.
Le Président (M. Marcil): Oui, je vais appeler
l'engagement no 6.
M. Claveau: Oui, M. le Président, l'engagement 6 concerne
aussi l'Alliance autochtone du Québec et représente "la
contribution du gouvernement du Québec au financement d'un
secrétariat dédié au processus de négociation."
J'aimerais que le ministre nous explique comment s'est fait ce cheminement
à partir de janvier 1987 pour en arriver à ce montant de 25 000 $
d'aide à l'Alliance autochtone du Québec pour entreprendre un
processus de négociation. C'est dans le cadre de quoi?
M. Savoie: Vous voulez savoir pourquoi on a versé à
l'Alliance autochtone du Québec 25 000 $ additionnels?
M. Claveau: Oui.
M. Savoie: Ce qui s'est passé, c'est qu'effectivement
l'Alliance autochtone dit représenter quelque 40 000 membres, dont
seulement quelque 2000 ou 3000 sont inscrits dans les registres et sont
porteurs de cartes. Ce qu'il faut savoir, c'est que l'Alliance autochtone
représente un grand nombre d'autochtones, de métis hors
réserve. Cette communauté est souvent la plus
sous-scolarisée du Québec et souvent la moins cohérente du
Québec, dans le sens qu'ils ont peu de moyens de communication. Us sont
dispersés sur tout le territoire du Québec, se retrouvant tant
à Montréal que dans les grandes régions de l'Abitibi, de
votre comté, de la Côte-Nord, de la Gaspésie et de
l'Estrie. Ces gens n'ont pas beaucoup de moyens de communication. Pour
défendre leurs droits et promouvoir leurs intérêts,
l'Alliance autochtone a divisé le Québec en une douzaine de
régions - sept ou huit régions, je crois - et elle tâche de
les organiser et de défendre leurs droits. Évidemment, lorsqu'on
fait face à une telle pauvreté physique, lorsqu'on fait face
à une telle pauvreté de moyens d'organisation et de financement,
il faut voir tout cela avec beaucoup de sympathie.
Il sont revenus nous voir pour nous demander d'augmenter le financement
qu'on pourrait leur accorder dans le but qu'ils puissent s'organiser davantage.
Et ils nous ont fait part, cette année, de leur volonté, par
exemple, de tenir un congrès. Ils nous ont fait part d'un ensemble de
projets. Il y a un nouveau président et nous avons examiné
à ce moment-là avec M. Chalifoux qui était le
président, comment ils pouvaient
s'organiser davantage, compte tenu qu'ils ont une année
exceptionnelle cette année. Ils nous ont demandé de revoir leur
financement et c'est ce qu'on a fait. On s'est assis, on a regardé notre
budget et, en grattant à gauche et à droite, on a réussi
à obtenir 25 000 $ additionnels. Et tout cela s'est passé
à peu près dans le même temps où on a réussi
à obtenir l'aréna à Waswanipi, de même que
l'aréna à Kahnawake.
M. Claveau: M. le ministre, dans la mesure où il s'agit
d'une aide de 25 000 $ dédiée au processus de négociation,
comme vous le dites, cet argent n'est-il pas plutôt lié au fait
que, lors de la conférence d'Halifax, en janvier 1987, vous avez fait
part à l'Alliance autochtone du Québec que vous refusiez de vous
embarquer dans une négociation tripartite et que vous lui proposiez
plutôt une négociation bipartite, Alliance autochtone et
gouvernement du Québec, et que vous avez vous-même offert des
sommes d'argent pour entreprendre ces négociations dans la mesure
où l'Alliance autochtone acceptait de ne pas fonctionner dans une
négociation tripartite avec le gouvernement fédéral?
M. Savoie: C'est faux, cela. Ce qui s'est produit, c'est que j'ai
eu de nombreux échanges, tout d'abord, avec le président d'alors
qui était, je crois, M. Fernand Chalifoux et son vice-président,
M. Jean-Yves Ashsimiwin. On a eu des échanges et ils m'ont dit qu'ils
veulent revendiquer l'exercice de certains droits.
Le problème que j'ai souligné, tant à M. Ashsimiwin
qu'à M. Chalifoux, c'est qu'au Québec, avec la résolution
qui a été adoptée par votre parti en 1985, vous avez exclu
spécifiquement l'Alliance autochtone et les peuples qu'elle
représente. Vous avez dit: Vous autres, vous n'avez pas de
reconnaissance juridique, vous autres, vous ne jouissez pas d'un statut
juridique. Pour ce qui est du fonctionnement officiel du gouvernement du
Québec, vous n'êtes pas des autochtones. Je leur ai dit que, face
à cette réponse négative de la part du Parti
québécois en 1985, nous étions prêts à revoir
la question, mais il fallait qu'ils remontent leur dossier et qu'ils
renégocient une reconnaissance de la part de notre gouvernement. Une
fois que cette reconnaissance sera obtenue de notre gouvernement, ils seraient
en mesure, avec une reconnaissance d'un statut juridique, d'approcher de
nouveau le gouvernement fédéral pour obtenir certains montants et
les programmes auxquels ils désirent participer comme autochtones. C'est
cela, la position.
M. Claveau: M. le ministre, reconnaissez-vous que, dans le
contexte des négociations constitutionnelles, il était
prévu l'instauration d'une table tripartite pour négocier la
question des Indiens sans statut?
M. Savoie: Pour nous, du gouvernement du Québec, le
problème qu'il y a avec un Indien qui est hors réserve et sans
statut, c'est qu'il n'a pas de reconnaissance juridique. Ce n'est pas un
autochtone au sens de la loi sur les indiens. Il n'est pas un autochtone au
sens de nos lois sur les impôts. Il n'est pas un autochtone et c'est cela
qui constitue le problème fondamental de l'alliance. C'est que cet
organisme représente un groupe d'autochtones qui n'ont pas de
reconnaissance juridique comme autochtones. On les reconnaît socialement
comme des autochtones. Je les reconnais moi-même comme des porte-parole
valables d'un grand nombre d'autochtones du Québec, mais je ne peux pas
les reconnaître juridiquement. Leur statut social n'emporte pas un statut
juridique spécifique. C'est cela, le problème fondamental de
l'alliance.
M. Claveau: Oui.
M. Savoie: Je lui ai écrit pour lui faire part, justement,
que j'étais prêt à rouvrir ce dossier à la suite du
fait qu'il a été si cruellement fermé en 1985.
M. Claveau: Reconnaissez-vous qu'après avoir exigé
de l'Alliance autochtone qu'elle se retire de la négociation tripartite
avec le fédéral, vous avez vous-même offert des sommes
d'argent à l'Alliance autochtone du Québec pour entreprendre un
processus de négociation bipartite et que vous avez été
obligé de réviser lesdites sommes à la baisse par la suite
pour en arriver à 25 000 $?
M. Savoie: C'est de la foutaise, des mensonges.
M. Claveau: Quel est le montant alors?
M. Savoie: Je prends offense de ces remarques insinuant que
j'aurais dit à l'Alliance autochtone: Écoutez, si je vous donne
25 000 $, laissez tomber l'histoire de la négociation tripartite.
M. Claveau: Combien aviez-vous demandé au Conseil du
trésor dans le cadre de ce projet de négociation?
M. Savoie: La demande globale de l'Alliance autochtone du
Québec pour tout ce projet était de l'ordre de 150 000 $, en plus
des 100 000 $ qu'on versait.
M. Claveau: Qui a refusé la somme?
M. Savoie: Qui a refusé la somme? On a fait la demande
pour le déboursé et 25 000 $ ont été
autorisés.
M. Claveau: Mais vous avez acheminé une demande de l'ordre
de 150 000 $ au Conseil du trésor.
M. Savoie: Ma responsabilité en tant que ministre
responsable du dossier autochtone est, justement, de prendre à coeur les
intérêts des autochtones. S'il y a quelqu'un qui arrive et qui me
fait une demande de 30 000 $, 40 000 $ ou 50 000 $ et si je juge cette demande
appropriée, je vais l'acheminer au Conseil du trésor. C'est ce
qu'on a fait, on a acheminé ce dossier pour 150 000 $ au Conseil du
trésor.
M. Claveau: Croyez-vous, M. le ministre, que le montant de 150
000 $, qui était peut-être même inférieur à
une autre somme qui, semble-t-il, avait été avancée au
préalable, correspond à un besoin réel,
monétairement parlant, pour engager de véritables
négociations bipartites entre l'Alliance autochtone qui regroupe, soit
dit en passant, 72 associations incorporées d'autochtones sans statut
répartis sur l'ensemble du territoire du Québec et qui,
normalement, auraient dû cheminer dans un processus tripartite,
Québec, gouvernement fédéral d'Ottawa et Alliance
autochtone, par le biais, entre autres, du Conseil national des autochtones du
Canada et que, après que vous avez refusé de vous embarquer
là-dedans, vous avez offert de payer une négociation locale, au
Québec, bipartite, gouvernement du Québec et Alliance autochtone,
et que dans ce cadre-là, 25 000 $, c'est complètement
insuffisant? Reconnaissez-vous que la somme de 150 000 $ était une somme
convenable pour entreprendre cette négociation-là?
Le Président (M. Marcil): En conclusion, étant
donné que nous avons déjà...
M. Savoie: En conclusion sur cet engagement, ce que je voudrais
vous dire, c'est que le gouvernement fédéral ne voulait pas
embarquer. Le gouvernement fédéral normalement paie une partie
importante ou substantielle des frais de négociation, lorsqu'il est
appelé à la table avec les autochtones. D'ailleurs, avec les
autres nations du Québec, il paie tous les frais de négociation.
Dans ce dossier, il n'était pas embarqué. Alors, le Québec
assumait seul les frais de négociation avec le gouvernement
fédéral. Ce que j'ai pris comme position et ce qui guide mes
interactions avec les nations autochtones du Québec, que ce soit
l'Alliance autochtone ou des nations reconnues en tant que telles du
Québec, c'est que je suis là pour recevoir la demande et j'essaie
d'accéder à leur demande dans la mesure du possible. Ces
allégations sont sans fondement et sont, comme je l'ai dit tout à
l'heure, les plus irresponsables.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre.
Étant donné que nous avons dépassé le temps, est-ce
que l'engagement 6 est vérifié?
M. Claveau: Vérifié, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député. Donc, je déclare que la vérification des
engagements financiers concernant les Affaires autochtones pour les mois de
février et mars 1987 est terminée, sous réserve de
l'obtention des réponses aux questions prises en note.
J'ajourne les travaux sine die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 16 h 47)