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(Quinze heures quinze minutes)
Le Président (M. Filion): La séance de la
commission des institutions est ouverte. Je vous rappellerai notre mandat, qui
est de procéder à l'étude des crédits
budgétaires du ministère du Conseil exécutif, les
programmes 1 et 2, les éléments 1, 2, 4 et 5,
l'élément 3 ayant déjà été
étudié et ceux du Secrétariat à la jeunesse pour
l'année financière 1987-1988.
Je demanderais à notre secrétaire d'annoncer les
remplacements.
La Secrétaire: Les remplacements sont les suivants: M.
Boulerice (Saint-Jacques) par Mme Blackburn (Chicoutimi), M. Godin (Mercier)
par M. Brassard (Lac-Saint-Jean) et M. Paré (Shefford) par M. Rochefort
(Gouin).
Conseil exécutif Organisation des
travaux
Le Président (M. Filion): Un bloc de trois heures trente
minutes a été prévu, soit deux heures trente pour le
Conseil exécutif proprement dit et une heure pour le Secrétariat
à la jeunesse.
Je rappellerais à nos invités qu'il y a deux façons
de procéder: ou bien nous discutons en bloc de l'ensemble des
crédits, ce que je serais porté à vous suggérer, et
on procède à l'adoption des programmes à la fin, ou bien
on étudie chacun des programmes au fur et à mesure.
M. Johnson (Anjou): Si le premier ministre le voulait, on
pourrait peut-être faire un premier tour de piste
qénéral...
M. Bourassa: D'accord.
M. Johnson (Anjou); ...et lui permettre de prendre la parole,
s'il le veut, pendant un certain temps. Ensuite, on passera aux
éléments de programme. Je pourrai lui dire, une fois qu'il aura
fait son tour de piste, les choses sur lesquelles j'ai l'intention de
l'interroger, ce qui permettra à ses collaborateurs de sortir un certain
nombre des dossiers.
M. Bourassa: Oui. Le chef de l'Opposition est au courant des
grands dossiers qui peuvent intéresser le chef de l'exécutif. Je
pense que, depuis deux ou trois semaines, j'ai répondu à des
questions. Les trois quarts des périodes de questions étaient
affectés à l'examen de ces dossiers.
Je veux féliciter le chef de l'Opposition pour avoir constamment
exprimé la viailance que le chef de l'Opposition doit exprimer sur des
dossiers qui impliquent l'avenir collectif. D'ailleurs, ce n'est pas un travail
qui a été inutile parce qu'on a obtenu deux clauses de sauvegarde
par rapport au lac Meech. J'ai été obligé de faire valoir
mon désaccord à grand regret quand il a dit qu'il y avait un
recul dans l'accord du lac Meech, hier. Je comprends les circonstances
où il doit être obligé de s'opposer, mais je ne crois pas
qu'il y ait eu de recul, au contraire. Et ia meilleure preuve qu'il n'y a pas
eu de recul, c'est qu'on a obtenu une clause de sauvegarde sur la
société distincte et une clause de sauvegarde sur le pouvoir de
dépenser qui étaient les deux secteurs qui faisaient le plus
l'objet de discussions.
Donc, sur cette question constitutionnelle, le chef de l'Opposition a
assumé son rôle avec des résultats qu'il a pu constater
lui-même.
Pour la question du libre-échange, je serai prêt à
répondre à toutes les questions. Même si ça fait
quelques jours que je ne me suis pas mis à jour dans ce dossier,
j'essaierai de répondre aux questions là-dessus. J'ai une
rencontre le 22 juin au lac Meech. Je sais que c'est un lac que n'aime pas
beaucoup le chef de l'Opposition, mais ils ont décidé de faire la
rencontre à cet endroit-là. Il y a les autres dossiers...
M. Johnson (Anjou): C'est parce que vous aimez les histoires
d'horreur.
M. Bourassa: Pas ces jours-ci. Au contraire, ce sont plutôt
des histoires très positives pour l'avenir du Québec. Donc, je
suis prêt à répondre à ces questions plutôt
que de faire un grand discours préliminaire.
M. Johnson (Anjou): Oui? Bon, d'accord. Je voudrais simplement
dire au premier ministre, au départ, que j'ai l'intention de lui poser
un certain nombre de questions touchant évidemment un peu le dossier
constitutionnel. Je dis "un peu" parce qu'il y a d'autres sujets et je sais
très bien que, si on s'embarque là-dedans, on peut y passer trois
heures. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai
suggéré qu'on tienne une commission parlementaire...
M. Bourassa: Une autre?
M. Johnson (Anjou): Oui, sur les textes juridiques, en lui
disant, d'ailleurs, qu'il me semble qu'au Québec on aurait l'air un peu
"tarlais" d'être les seuls au Canada à avoir étudié
un communiqué de presse alors que, dans l'ensemble du Canada, ils vont
étudier les textes juridiques. Compte tenu du fait qu'il y a eu des
ajouts, des retranchements ou des changements dans les expressions, dans les
mots ou dans les questions constitutionnelles, il m'apparaîtrait normal
que, dans les circonstances, on procède cette fois-ci sans être
limités avec un appel public: une publication des textes dans la
Gazette officielle et à une commission parlementaire ouverte
comme on en a tenu sur le régime forestier et sur bien d'autres choses
qui n'avaient peut-être pas tout à fait les conséquences de
l'entente constitutionnelle.
Je veux interroger le premier ministre également, comme il le
sait, sur les questions relatives au libre-échange. Je donne avis
à ses collaborateurs: sur le comité Warren, son fonctionnement,
les rencontres, la question des documents, etc., et, évidemment, les
enjeux de fond. J'aimerais qu'on puisse discuter un peu sur la question des
enjeux de fond dans le libre-échange.
J'ai également l'intention d'interroqer le premier ministre sur
les nominations et les "dénominations" qui peuvent avoir eu lieu au
gouvernement depuis qu'il est en place. Je présume que des gens du
Conseil exécutif ont les listes à la portée de la main.
J'en ai quelques-unes et je présume que vos listes de nominations sont
plus complètes. Je parle des nominations... Je n'entre même pas
dans la question des socio-économiques, dans les réseaux, etc. Je
pense que ce sont les ministres sectoriels qui doivent répondre de cela.
Je pense vraiment à des nominations chez les sous-ministres, les
contrats, etc.
C'est à peu près ce que j'ai l'intention de couvrir. Mon
collègue le député de Lac-Saint-Jean, aura pour sa part,
quelques questions à poser au premier ministre touchant la question des
règles de conflits d'intérêts et de son application.
J'aurai, quant à moi, une question très précise quant aux
conditions de travail du Secrétaire général qui a
précédé l'actuel Secrétaire
général.
L'entente constitutionnelle M. Pierre Marc
Johnson
Si le premier ministre le veut, on peut commencer, mais en acceptant
l'un et l'autre de se limiter avec la question de l'entente constitutionnelle.
J'ai pris connaissance du texte. J'ai cependant eu le plaisir d'en avoir une
copie avant les journalistes qui étaient à Ottawa. J'ai pris
connaissance du texte vers à peu près treize heures, pour ma
part, c'est-à-dire à peu près au moment où les
premiers ministres étaient dans leur tour de table à la
télévision, quelques moments après votre intervention.
C'est votre bureau qui, à notre demande, a très gentiment
acquiescé à nous envoyer une copie sur laquelle était
d'ailleurs inscrit 11 h 29 le matin et on l'a obtenue à 13 heures. On a
été heureux de cela. Je pense que mes... Oui, c'est bien. Cela a
pris juste une couple d'heures à l'avoir, pas tout à fait.
Cependant, il semble que les journalistes à Ottawa n'aient pas eu le
privilège d'avoir copie de ce texte avant que les premiers ministres
aient fait leur tour de piste, soient déjà debout et prêts
à partir. Donc, les journalistes étaient peut-être un peu
limités dans les instruments qu'ils avaient pour poser des questions
précises aux différents premiers ministres qui étaient
là, y compris à celui du Québec.
Une chose qui m'a frappé, c'est l'introduction de l'article 4. Je
rappellerai au premier ministre qu'il était parti pour Ottawa avec trois
objectifs, disait-il, à la suite de la commission parlementaire
partielle que nous avions tenue sur les communiqués de presse du lac
Meech sur les éléments de l'entente de principe.
Je me souviens que vous nous aviez dit, après nous avoir
honoré de votre présence pendant deux heures à la fin de
nos travaux, que vous repartiez avec un certain nombre d'intentions et
d'objectifs. D'abord, vous nous avez confirmé que la deuxième
ronde de négociation porterait notamment sur la question des
autochtones. Votre ministre des Affaires canadiennes, pour sa part, avait eu
l'occasion de dire aux qens de l'UPA que cela porterait aussi sur
l'aqriculture. Il avait dit à la CEQ que cela porterait également
sur l'article 93 de la constitution. Il nous a parlé du domaine des
communications. Malheureusement, je pense que j'en oublie deux ou trois. Je ne
les ai pas à portée de la main en ce moment.
Mais j'avais cru comprendre que la deuxième ronde porterait sur
beaucoup de sujets, incluant des questions qui touchent le partage des
pouvoirs. Forcés de constater que, dans le projet d'entente que vous
avez signé hier, on est encore dans le Sénat et dans les
pêches de Brian Peckford.
Deuxièmement, vous nous aviez dit que, parmi vos objectifs il y
avait vraiment la limitation du pouvoir de dépenser et la recherche - je
vous cite à peu près au texte - de garanties selon lesquelles on
n'irait pas asseoir là un pouvoir et donner une sécurité
d'intervention à l'État fédéral dans un domaine de
juridiction provinciale. Je suis forcé de constater aussi qu'à
l'article 106a),
de toute évidence, s'il est vrai que les provinces obtiennent un
droit de retrait avec compensation ou un droit de non-participation à un
programme cofinancé de l'Etat fédéral, cela ne peut se
faire que conditionnellement à l'existence d'un programme d'initiative
compatible avec les objectifs nationaux du gouvernement fédéral.
Je suis aussi forcé de constater qu'il y a donc là une assise
très claire du pouvoir de dépenser du gouvernement
fédéral dans un domaine de juridiction provinciale et que le
paragraphe 2 de ce même article 106a), pour sa part, introduit une clause
de sauvegarde, non pas sur le pouvoir de dépenser, mais sur les
capacités législatives de l'État canadien et de
l'État québécois, ce qui n'est pas tout à fait la
même chose, certains spécialistes m'ayant dit, parmi ceux que le
ministre a peut-être déjà consultés dans le
passé ou devrait, qu'à toutes fins utiles, cette clause de
sauvegarde, dans la mesure où elle touche la loi, mais pas le pouvoir de
dépenser, est bien plus une réaction au fait qu'on vient de
reconnaître le pouvoir de dépenser. Il faut s'assurer que les
tribunaux ne tiennent pas pour acquis que cela veut dire aussi qu'il y a un
pouvoir législatif du fédéral dans les domaines de
juridiction provinciale.
Force est de constater que, sur ces deux objectifs, a priori il ne
semble pas y avoir eu quelque chose qu'on pourrait appeler des gains.
Troisièmement, l'autre objectif du premier ministre était
de s'assurer que la clause sur la société distincte allait
qarantir et donner des éléments de sécurité
juridique au Québec à l'égard de deux choses - je reprends
ici ce que lui-même ou ce que son ministre a répété
à satiété, pour ne pas dire ad... Il y a une expression
latine qui fait beaucoup plus image là-dessus - d'une part, que vous ne
vouliez pas définir la société distincte autour de la
langue par peur d'être trop restrictif. Là, on a eu droit à
ejusdem generis et en voulez-vous, en voilà. Il y en avait du latin!
Bref, si on dit que la société distincte égale la lanque,
donc, dans les autres domaines, on ne pourra pas avoir recours à cette
clause. Là le ministre donnait toujours l'exemple de la Caisse de
dépôt. Là, si on a une loi au sujet de la Caisse de
dépôt qui fait tellement partie de ce qu'on est au Québec
et fait presque partie de notre fibre et de notre être collectif,
là, on pourrait plaider la société distincte pour dire
qu'on a peut-être empiété un peu dans le "banking" ou des
affaires comme ça qui relèveraient du fédéral.
Quant à moi, je crois comprendre que l'article 4, qui a
été ajouté à la demande même du premier
ministre sur cet aspect non linguistique, vient dire assez clairement, il me
semble, qu'en aucune façon, l'article au complet qui comprend la
dualité des Canadiens français et des Canadiens anglais, le
rôle des Législatures et le rôle de protection et de
promotion du Québec sur la société distincte; en aucune
façon, à toutes fins utiles, ne saurait affecter les pouvoirs,
les privilèges et les droits du Parlement du Canada ou du gouvernement
du Canada. Je vois mal comment on pourrait plaider la société
distincte pour expliquer que la Caisse de dépôt et placement est
peut-être à la limite de l'empiétement des pouvoirs
fédéraux de 91 en matière de "banking", par exemple,
à moins que le premier ministre n'ait une interprétation tout
à fait autre de cela.
Deuxièmement, sur la question de la langue française, il
est évident que le premier ministre s'est rendu compte, à la
suite de la commission parlementaire et par suite de ce qui lui a
été dit par de nombreux spécialistes, même ceux qui
n'avaient pas l'insigne honneur d'être membres du Barreau, qu'à
toutes fins utiles, la dualité canadienne et la société
distincte pouvaient mettre le Québec dans une situation où il y
aurait des chances -évaluez-le comme vous voulez: 50 %, l %, comme on
voudra - que la dualité canadienne pourrait l'emporter sur le
caractère spécifique ou distinct du Québec.
Dans cela, il faut bien se comprendre que ce n'est pas un
problème créé par la constitution canadienne. C'est un
problème créé par l'accord du lac Meech. Là, je
pense que le premier ministre était dans une situation où il
fallait absolument qu'il s'assure que, comme c'est lui qui avait
décidé d'aller au lac Meech, il s'assurait que la dualité
canadienne ne viendrait pas nous faire reculer en plus sur les questions
linquistiques. Ce qui serait le bout du bout. Je suis prêt à
convenir avec lui que le sens de l'article 4, c'est, en tout cas, au mieux pour
la dualité canadienne, d'être envoyé dos à dos avec
la société distincte et au pire, pour la dualité
canadienne de ne pas pouvoir avoir préséance sur la
société distincte en matière linquistique.
Cela est dans la mesure où on regarde juste l'article 2. Si on
regarde le reste de la constitution maintenant, le premier ministre ne
disconviendra pas que l'article 1 de la charte canadienne touchant ce qu'on
appelle le test de la légitimité démocratique, l'article 2
concernant la liberté d'expression, l'article 6 concernant le droit
à la mobilité, le droit d'établissement des personnes y
compris le fait de qaqner sa vie, l'article 15 sur le droit de
l'égalité, l'article 27 sur le multiculturalisme, l'article 93
sur le système scolaire et l'article 133, qui a été
plaidé abondamment dans le domaine des législations et de la
justice, sont encore des contraintes existantes et qui sont telles que
l'Assemblée nationale est limitée, non pas seulement par les
articles 133 et 23, mais elle est limitée par l'ensemble de la
constitution canadienne indépendamment de ce fameux paragraphe 4
qu'il a fait ajouter et qui, lui, visait à régler en partie un
arbitrage entre le premier paragraphe, section A, et le premier paragraphe,
section B, qui était, d'une part, à la dualité canadienne
et, d'autre part, la spécificité du Québec. (15 h 30)
Finalement, je rappelle au premier ministre, puisqu'il le sait,
même s'il n'avait pas le goût de le savoir il a été
obligé de l'apprendre pendant ces 20 heures qui ont dû être
exigeantes pour lui, je n'en disconviens pas, le premier ministre sait bien, en
fin de compte, que ce à quoi on a affaire encore "une fois, c'est
à une clause d'interprétation. Je veux bien qu'on fasse un plat
extraordinaire et qu'on brasse cela avec un malaxeur tant qu'on voudra entre:
Est-ce que la dualité canadienne l'emporte sur la
spécificité ou est-ce un match nul ou est-ce une
prédominance et un plancher pour le Québec? Cela n'empêche
pas que tout cela est à l'intérieur d'un univers qui s'appelle
"une clause d'interprétation" à l'égard de laquelle les
juges se permettront d'avoir recours, dans la mesure où il n'y a pas de
choses claires dans le reste. À un moment donné, on peut se
retrouver avec des dispositions sur la liberté d'expression, sur le
droit d'établissement, sur le multiculturalisme ou sur l'article 133, la
langue de la législation et la langue de la justice qui sont assez
claires dans notre jurisprudence et qui vont à l'encontre du
français au Québec, qu'on se comprenne bien!
Je vais vous mettre tout cela dans une capsule: vous êtes
allé chercher une relative sécurité entre deux paragraphes
que vous aviez vous-mêmes introduits au lac Meech, mais vous n'avez pas
changé la question des pouvoirs. Je fais exception, ici, de l'article 23
et de l'article 133. J'essaie de me mettre même dans votre
cohérence et dans votre logique interne puisque vous avez toujours dit:
Nous, ce qu'on accepte c'est l'article 23 sur la clause Canada et l'article 133
sur le fait qu'on veut permettre à des députés de parler
anglais à l'Assemblée nationale. C'est cela que vous vouliez?
Très bien! Alors, à ce moment, ce qu'il fallait exiger dans votre
propre cohérence, c'est-à-dire l'article 23 s'applique, l'article
133 s'applique dans la mesure où il s'agit du droit de parole d'un
député et non pas du droit d'écrire des jugements en
anglais en Cour d'appel. Pour le reste, la société distincte en
matière linguistique, cela veut dire les pouvoirs à
l'Assemblée nationale du Québec. Cela aurait été
clair, cela aurait permis de mettre les vrais enjeux sur la table alors qu'on
se retrouve essentiellement avec une clause d'interprétation avec les
failles que je pense que je viens de décrire au premier ministre. Je
sais que celui-ci aura sûrement des réponses. Je ne tiens pas pour
acquis cependant qu'elles sont satisfaisantes, mais je suis prêt à
l'écouter cependant.
Une voix: Ça, c'est nouveau.
M. Johnson (Anjou): Encore faut-il avoir quelque chose à
entendre.
M. Robert Bourassa
M. Bourassa: Alors, je vais essayer, M. le Président, de
prendre point par point. Les journalistes, tantôt, m'on posé un
peu certaines de ces questions sur la clause 4 que nous avons fait ajouter
parce que, comme a dit le chef de l'Opposition, les propositions du lac Meech
étaient en bonne partie proposées en termes juridiques, mais ce
n'était pas final, c'étaient plutôt des principes.
Aussitôt qu'on a eu - et je remercie le chef de l'Opposition de
l'apprécier - les textes juridiques on les lui a fait parvenir. Donc, il
ne peut pas dire... Mais quand même, on les a eus à 11 h 30 et il
les a eus à 13 heures. On les a eus à Ottawa et à 13
heures il les avait ici. Il ne peut pas dire qu'on s'est traîné
les pieds pour lui faire parvenir les textes juridiques.
M. Johnson (Anjou): Juste un mois et une heure.
M. Bourassa: J'ai dit lorsque nous avons obtenu les textes
juridiques. Avant cela, évidemment, je lui disais qu'il y avait
différentes hypothèses qui circulaient. La clause 4, j'ai
discuté avec mes collaborateurs, le ministre M. Rémillard,
à mes côtés. Il y avait eu des représentations en
commission parlementaire, il y avait eu toutes sortes de points de vue. J'ai
pensé que la commission parlementaire pouvait être utile avant la
rédaction finale des textes juridiques. C'est pourquoi j'ai fait trois
semaines. Nous aurons un débat à l'Assemblée nationale
pour la résolution, quand nous déciderons de la présenter.
On va en discuter entre nous dans les prochains jours. Sans être
présent physiquement, je dois dire au chef de l'Opposition que j'ai
suivi de très près les débats en commission parlementaire
qui étaient, d'ailleurs, repris régulièrement à
Radio-Québec. J'en ai discuté avec mes colloques et, finalement,
on a dit: II peut y avoir un petit risque, non pas un gros risque, parce que -
le chef de l'Opposition a oublié de le mentionner tantôt - dans
l'article en question, je le répète, on parle de protection dans
le cas de la dualité et, dans le cas du caractère distinct, on
parle de protection et de promotion. D'ailleurs - je lui ai dit ce matin - je
lisais le texte qui lui a servi de référence quand il a
rencontré M. Mitterrand - un bon texte -et, dans ce texte, il disait
à la fin: Ce n'est
pas suffisant de protéger, il faut promouvoir. J'ai dit,
franchement, il a été bien inspiré de lire nos
propositions du lac Meech, puisque c'est exactement dans cet esprit que nous
avons obtenu cet accord.
M. Johnson (Anjou): En ce moment, vous dérogez un peu.
M. Bourassa: Non, c'est simplement pour dire au chef de
l'Opposition que, déjà, il y avait une sécurité
juridique à peu près satisfaisante, mais, comme j'ai une
responsabilité et qu'un texte constitutionnel, comme il l'a souvent dit,
cela s'applique pour plusieurs décennies, j'ai dit à mes
collaborateurs: Je veux une garantie de 300 % - ils sont là, ils peuvent
confirmer ce que j'ai dit - sur le fait que les pouvoirs du Québec et
les compétences linguistiques du Québec ne pourront pas
être sujets à érosion.
La crainte que j'avais, c'était les programmes de francisation.
Vous savez comment c'est important en Amérique du Nord d'avoir au
Québec des programmes de francisation pour que le français soit
la langue de travail, parce que c'est cela qui est la source. Si le
français estlta langue de travail, on va être incités
davantage à aller aux écoles francophones. Si le français
est la langue de travail, on va pouvoir jouer un rôle plus important dans
l'économie. L'économie est, en bonne partie, la source du pouvoir
réel sur les plans social, culturel et politique.
Donc, nous avons travaillé sur cette clause de sauvegarde, sur
différentes formules. Le problème du Québec et du Canada,
le chef de l'Opposition le sait, c'est que nous avons, au Québec, deux
minorités. Logiquement, les minorités doivent avoir des
protections constitutionnelles par rapport aux majorités. C'est que,
nous, nous avons au pays, au Québec en particulier, une majorité
francophone qui est la plus menacée des majorités en Occident ou
la plus vulnérable pour toutes les raisons qu'on connaît:
démographique en Amérique du Nord, le développement des
communications, chute de la natalité. Nous avons donc, au Québec,
l'une des majorités les plus vulnérables sur le plan culturel de
l'Occident et, en même temps, on a une minorité par rapport
à cette majorité francophone.
C'est un défi intellectuel et politique très exigeant de
devoir à la fois, comme cela se fait dans toutes les
fédérations civilisées, protéger les droits des
minorités, mais, en même temps, devoir protéger la
majorité francophone qui est elle-même une minorité dans
l'ensemble de l'Amérique du Nord. C'était cela le défi
intellectuel et politique de la négociation constitutionnelle.
Je suis très fier d'avoir réussi à faire accepter
un texte - et le ministre a été largement responsable
là-dessus et tous mes collèques - qui se trouve à
introduire l'équilibre entre la nécessaire protection de la
majorité et les protections normales pour toutes les minorités.
Donc, il a fallu ajouter ce paragraphe 4. On en a discuté, je l'ai dit
tantôt aux journalistes...
M. Johnson (Anjou): Est-ce vous qui avez demandé l'ajout
du paragraphe...
M. Bourassa: Oui.
M. Johnson (Anjou): ...ou juste des modifications dans le
paragraphe 4?
M. Bourassa: C'est moi qui ai demandé l'ajout du
paragraphe quand je me suis rendu compte, après discussion, qu'il y
avait risque.
Là, on a discuté. Il y a eu des contrepropositions
d'autres gouvernements, qui ont dit: On comprend votre problème. On
comprend que vous ne pouvez pas risquer avec les proqrammes de francisation,
que cela puisse être mis en cause. Ils ont fait des propositions pour
lesquelles on disait: Rien ne change - évidemment on tombe dans le
jarqon juridique et comme mes experts étaient unanimes, j'ai
accepté leur point de vue - ou rien ne déroge. Pendant une heure
de temps on parlait si on devait utiliser le mot "changer" (alters) - vous vous
souvenez -ou "déroger".
M. Johnson (Anjou): Derogates.
M. Bourassa: Derogates. "Alters", cela pouvait vouloir dire que
cela qelait la possibilité d'interpréter pour ohtenir des
pouvoirs additionnels. Cela protégeait, mais cela protégeait pour
le bas et cela gelait pour le haut, alors que "derogates", cela nous
protégeait contre l'érosion des pouvoirs linguistiques, mais cela
nous permettait une interprétation et d'avoir, le cas
échéant, des pouvoirs additionnels. Cela, je dois dire au chef de
l'Opposition que cela n'a pas été la chose la plus facile, durant
ces fameuses vinqt heures, de faire accepter cette chose. Finalement, cela a
été accepté.
Donc, le défi de concilier à la fois la protection de la
majorité francophone avec la minorité, on a réussi
à l'obtenir en protégeant contre l'érosion des
compétences linguistiques et en permettant, au surplus, cette
possibilité, le cas échéant - il y a une évolution
sociologique, économique, sociale qui peut se développer -
à la société distincte du Québec maintenant
reconnue dans le premier article de la constitution, comme je le lui ai dit ce
matin. Au meilleur endroit qu'on pouvait lui trouver dans la constitution
canadienne, le Québec est reconnu comme société distincte
solennellement et formellement. Donc, cela permet à cette
société distincte de pouvoir, le cas échéant,
obtenir une interprétation favorable
pour l'addition de nouveaux pouvoirs.
En mentionnant également, dans cette clause 4, d'une façon
spécifique la question linguistique, cela rendait... J'ai entendu les
propos de M. Claude Morin, que j'ai bien connu et avec qui j'ai
travaillé étroitement, mais je crois qu'il a parlé trop
vite. Toujours cette soif de publicité pour ceux qui ont fait de la
politique - on la partage tous un peu -de donner des commentaires parfois trop
rapidement.
M. Johnson (Anjou): ...et qui veulent y revenir, n'est-ce
pas?
M. Bourassa: Dans ce cas, je dis que M. Claude Morin a fait un
commentaire prématuré, je Je regrette pour lui.
En ajoutant, dans la clause comme telle, la référence
linguistique, dans la clause 4, à ce moment-là, cela devient
étanche. Les tribunaux, avec cette référence à la
langue, ne pourront pas - le chef de l'Opposition l'a admis tantôt,
à toutes fins utiles - permettre l'érosion des compétences
linguistiques du gouvernement du Québec.
M. Johnson (Anjou): Je n'ai pas dit cela.
M. Bourassa: Le chef de l'Opposition pourrait répliquer
s'il veut, mais c'est ce que j'ai compris, il a dit qu'à toutes fins
utiles, il y avait une protection.
M. Johnson (Anjou): Je n'ai pas parlé de...
M. Bourassa: Donc, dans la clause 1, il y avait une
référence sur la langue, où les Canadiens français
sont protégés. Au paragraphe 4, il y avait une autre
référence sur la langue et j'ai eu une autre décision
à prendre avec mon collèque: Est-ce qu'on ajoute une
troisième référence sur le fait que le Québec est
une société à majorité francophone? Je l'ai dit
à la télévision hier, à l'émission Le Point,
et peut-être M. Bédard aussi, auparavant, à court terme,
les gens auraient dit: Bon, encore! Trois fois on parle du français.
Cela aurait pu, à court terme, sur le plan de la présentation,
sur le plan des apparences, en satisfaire quelques-uns, mai3 j'avais affaire
à des textes juridiques, donc...
M. Johnson (Anjou): Vous êtes chanceux, vous!
M. Bourassa: ...il fallait que j'aie des avis juridiques. On m'a
signalé cette clause qu'à tournée en ridicule le chef de
l'Opposition tantôt: ejusdem generis. C'est une clause de droit! Pour un
ancien ministre de la Justice, cela m'étonne parfois.
M. Johnson (Anjou): Oui, oui, je la connais.
M. Bourassa: Cette clause de ejusdem generis disait que si on
introduisait un élément de définition, à ce
moment-là, on limitait la portée juridique. En examinant cette
situation au cours de ces vinqt heures, pour empêcher que la clause de la
société distincte n'ait moins de portée,
éventuellement, dans les secteurs économiques et sociaux,
étant donné qu'il y avait une référence juridique
au premier paragraphe et au quatrième, j'ai pris la décision
d'opter pour un plus grand pouvoir potentiel pour cette clause. Je pense qu'on
s'entend là-dessus; du moins, j'en ai l'impression. (15 h 45)
En ce qui a trait au pouvoir de dépenser, là aussi ce
n'était pas facile parce qu'il n'y avait pas de tribunaux.
Malheureusement, le chef de l'Opposition, quand il était ministre des
Affaires sociales, avait oublié d'aller devant les tribunaux pour C-3.
Je ne l'en blâme pas, peut-être qu'il voulait y aller et que ses
conseillers n'ont pas voulu, mais il reste quand même qu'on n'avait pas
de clause juridique qui pouvait nous guider pour limiter ce pouvoir de
dépenser. Vous savez quels remous ceta crée dans certains milieux
du Canada anqlais actuellement et encore aujourd'hui. Nous avons donc
demandé une clause dérogatoire qui a été
acceptée et le texte du lac Meech a été, à toutes
fins utiles, conservé intact. Ce que nous visons avec cette clause,
c'est de mettre un terme dans toute la mesure du possible au pouvoir
illimité du gouvernement fédéral de dépenser, de
mettre un terme à ce que je pourrais appeler le
fédéralisme unilatéral qui...
M. Johnson (Anjou): Une autre!
M. Bourassa: Ne trouvez-vous pas l'expression pertinente?
M. Johnson (Anjou): Je ne l'avais jamais entendue
celle-là. Je les ai toutes entendues, mais celle-là, je ne
l'avais pas entendue.
M. Bourassa: D'accord. Alors, M. le Président, je pense
qu'il est opportun, alors qu'on disserte abondamment dans tous les milieux
intellectuels du Canada et du Québec sur le pouvoir de dépenser
du gouvernement fédéral, d'exprimer avec des formules qui
puissent refléter la réalité ce qu'on a voulu restreindre,
le fédéralisme unilatéral. Le chef de l'Opposition en a
été lui-même victime avec la loi C-3...
M. Johnson (Anjou): Ha! Ha! Ha!
M. Bourassa: Le gouvernement fédéral arrive avec
des normes, avec des critères, il
les impose, c'est vrai, puis il coupe les fonds. Vous le savez, vous
êtes allé siéger à Ottawa; c'est l'une des seules
fois où vous avez accepté de participer à un débat,
ce fut contre la loi C-3; le chef de l'Opposition s'en souvient. Le
gouvernement fédéral établit des normes, des
critères, il participe au financement et, à un moment
donné, il se retire du financement et il nous force à respecter
les normes. C'est cela le fédéralisme unilatéral qu'on
veut combattre, qu'on veut limiter.
M. Johnson (Anjou): Et que vous remplacez par le
fédéralisme aquatique du lac Meech...
M. Bourassa: Non, non.
M. Johnson (Anjou): ...qui dit quoi sur le pouvoir de
dépenser, d'après vous?
M. Bourassa: Justement, j'y arrive, parce qu'il fallait
régler d'abord la question de la société distincte.
Maintenant, c'est le pouvoir de dépenser qui va forcer le gouvernement
fédéral, étant donné ce droit de retrait que
possèdent les provinces, à tenir compte des priorités des
provinces. Quand il voudra établir un programme national, au lieu de
faire comme avant, de dire ce qu'il veut et de dire: C'est cela, il devra le
dire, s'il ne veut pas que chaque province exerce son droit de retrait, il
devra tenir compte des priorités des provinces. Si nous avons
déjà dans un programme national le plan en question, c'est
évident qu'on va encaisser la compensation et on n'est pas pour en faire
un a côté. Donc, à ce moment-là, on utilise les
fonds. On n'est pas pour avoir deux programmes similaires. Si on n'en a pas, il
devra discuter avec nous et là, étant donné qu'on parle de
compatibilité avec les objectifs nationaux, on a une marge de manoeuvre
pour pouvoir s'y inscrire et cela, en fonction des objectifs nationaux.
Je terminerai sur ce point en disant au chef de l'Opposition que nous
sommes quand même dans un marché commun avec pleine
mobilité des personnes, des marchandises, des capitaux et que,
forcément, dans un marché commun, il doit y avoir des politiques
qui sont un peu comparables. Si vous avez dans une province des politiques
sociales radicalement différentes d'une autre province... D'ailleurs,
c'est ce qui fait qu'en Scandinavie il y a une comparabilité des
politiques sociales, c'est ce qui fait que, dans le Marché commun aussi,
dans le domaine linguistique, vous avez un Italien - je peux donner des causes
au chef de l'Opposition de la cour du Luxembourg - qui peut obtenir à
certaines conditions un procès en italien en Belgique. Ainsi, même
dans des fédérations ou des regroupements de nations
indépendantes, dans la mesure où vous avez cette mobilité
des personnes, des marchandises et des capitaux, vous avez, même dans des
exemples comme le Marché commun, des règlements ou des
dispositions du traité de Rome qui permettent à des gens d'autres
pays d'avoir des services, notamment sur le plan juridique, dans leur langue.
Si cela l'intéresse, je pourrais lui référer des causes,
à lui ou à ses recherchistes, notamment en ce qui a trait
à des citoyens italiens installés en Belgique qui ont pu exiger
d'avoir un procès en italien. Donc, c'est ce qui explique qu'on accepte
l'article 133. Si cela existe, peut-être pas au même niveau, mais
si cela existe entre la Belgique, l'Italie, la France, la Hollande et
l'Angleterre, pourquoi, au Canada, alors qu'on constitue une
fédération, on ne pourrait pas avoir cette possibilité? Je
comprends que ces exemples-là ne plaisent pas au chef de l'Opposition.
Cela affaiblit sa thèse, mais je veux simplement...
M. Johnson (Anjou): Vous étirez beaucoup une clause
exceptionnelle concernant le droit d'être entendu devant un jury en
italien en Belgique. On est rendu que, dans toute l'Europe, tout le
monde...
M. Bourassa: Non, non. On en parlera. Ce que j'ai dit...
M. Johnson (Anjou): Pensez-vous vraiment qu'on peut avoir un
procès en néerlandais en France?
M. Bourassa: Non. Ce que je dis au chef de l'Opposition, c'est
que je vais lui envoyer les causes. D'accord?
M. Johnson (Anjou): Oui, sûrement.
M. Bourassa: II pourra en prendre connaissance. Je ne dis pas que
c'est comparable absolument.
M. Johnson (Anjou): Ah bon! D'accord.
M. Bourassa: Mais je dis que la mobilité des
personnes...
M. Brassard: Vous n'enverrez les dispositions
constitutionnelles.
M. Bourassa: ...le fait qu'il y a la mobilité des
personnes...
M. Brassard: ...qui se réfèrent à cela!
M. Bourassa: Oui, mais il y a le traité de Rome. C'est
pour un temps indéfini.
Donc, c'est une quasi-constitution. L'article 140 du traité de
Rome.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Une voix: Et bang!
M. Brassard: Certainement, par coeur.
M. Bourassa: Ce que je veux dire au chef de l'Opposition... 240
ou 140, je dois dire. Cela fait longtemps que je ne l'ai pas
consulté.
M. Brassard: Je me disais aussi que vous vous trompiez.
M. Bourassa: Je dois dire au chef de l'Opposition que, si vous
avez une mobilité des personnes, il vous faut accepter au niveau des
politiques économiques - on le voit avec le "free trade" - au niveau des
politiques sociales, certaines normes générales. Cela revient au
débat référendaire qu'on a eu il y a sept ou huit ans.
Dans ce contexte, je crois que ce que nous avons obtenu sur le pouvoir de
dépenser est quand même un gain. C'est reconnu comme tel. Je ne
pense pas qu'on peut dire que c'est un recul. C'est un gain, puisque cela vous
aurait donné, vous, quand vous étiez ministre des Affaires
sociales, plus de pouvoir pour appliquer des priorités du Québec.
Donc, je crois que cela change l'équilibre du fonctionnement du
fédéralisme au Québec. Cela permet d'avoir un Canada mieux
équilibré et, finalement, ce sont ces arguments-là que
j'ai soumis au lac Meech. Je ne dis pas que tous les premiers ministres ont
accepté cela d'emblée, dès le départ. Il y en a
qui, évidemment, insistaient sur la possibilité pour le
fédéralisme de pouvoir s'exercer sans avoir des restrictions
excessives. Il y avait différents points de vue, mais, finalement, on
s'est entendus. Même ceux qui étaient hésitants
vis-à-vis de cette limitation du pouvoir de dépenser pour raison
d'un gouvernement central fort - et je respecte leur point de vue - finalement,
ont compris que c'était dans la nature d'un nouveau
fédéralisme d'accepter cette clause sur le pouvoir de
dépenser.
Sur l'immigration, juste un mot.
M. Johnson (Anjou): Ah oui!
M. Bourassa: Juste un mot là-dessus. C'est la
première fois, m'a-t-on dit, sous réserve de la qualité de
mon information, depuis 120 ans, au sujet de l'immigration, qu'il y a un
partage des pouvoirs à l'avantage du Québec à la suite
d'une entente entre les partenaires de la fédération. C'est la
première fois. C'est la première fois qu'on va chercher un
nouveau partage des pouvoirs dans un secteur clé, dans un secteur
fondamental pour la sécurité culturelle du Québec, pour
les raisons qu'on connaît bien. Je pense qu'il faut admettre cela. C'est
la première fois en 120 ans qu'il y a un nouveau partage à
l'avantage du
Québec dans un secteur absolument vital pour sa
sécurité. J'en ai assez dit pour l'instant.
M. Johnson (Anjou): Merci. Deux ou trois choses très
brièvement. Je ne veux pas relancer le débat. Je soumets
simplement la réflexion suivante au premier ministre et à son
ministre. Je ne demande pas de réponse aujourd'hui, mais j'en
apprécierais une éventuellement. Cela peut être à
l'automne même, parce que, de toute façon, cela a l'air que cela
ne se réglera pas à l'automne ou avant l'automne. On va revenir
sur le processus...
M. Bourassa: Toujours ce pessimisme. Discussion
générale
M. Johnson (Anjou): Non, non. Ce n'est pas pour moi. C'est pour
vous. Je sais l'importance que le premier ministre et ses conseillers
accordaient à l'expression "le gouvernement peut promouvoir". Notamment,
il y a là-dedans des questions qui relèvent des privilèges
de la couronne. Je lui soumets simplement la réflexion suivante:
N'est-il pas inquiétant de voir que l'article 4 dit que rien dans ce qui
précède, donc, dans les mots "gouvernement pouvant faire la
promotion", ne déroge aux privilèges du gouvernement
canadien?
M. Bourassa: Mais, j'ai répondu à cela. C'est la
clause dont on parle depuis 20 minutes ensemble. Cela nous protège
contre l'érosion des compétences...
M. Johnson (Anjou): On se comprend ià.
M. Bourassa: ...mais pour l'avenir. Mais là, le premier
ministre... Le chef de l'Opposition, pardon.
M. Johnson (Anjou): Cela viendra.
M. Bourassa: Je dois être un peu fatigué. Le chef de
l'Opposition me pose une question portant sur l'avenir. Je lui ai dit
tantôt que, d'abord, il y avait une distinction entre "protéger"
et "promouvoir" et je crois que, dans ce cas-là, en acceptant le mot
"derogates" au lieu de "alters", nous avons cette possibilité-là.
On pourra, à un autre moment durant le débat, s'il le veut,
expliciter davantage, mais je dois lui dire que nous avons fait un débat
très long, très important. J'ai moi-même demandé
qu'on fasse venir les experts constitutionnels d'autres provinces pour leur
poser des questions. Pourquoi s'opposaient-elles?
M. Johnson (Anjou): Non. Je ne suis pas en train de vous demander
de recommencer. Je veux simplement vous dire que je sais
l'importance que vous accordiez, et vos conseillers aussi, et vous savez
aussi l'importance que je pouvais accorder au sens du mot "gouvernement" dans
la notion de promotion, notamment pour le Québec, pour les fins - disons
- de l'application de certaines jurisprudences sur les privilèges de la
couronne en matière extérieure.
Je soumets simplement au premier ministre que je souhaite qu'il demande
à ses conseillers juridiques qui étaient en train de discuter du
sexe des anges autour du mot "derogates" faute d'avoir fait des revendications
en termes de pouvoirs qui auraient été claires, qu'il demande
à ses conseillers de bien évaluer ce que signifie maintenant "le
gouvernement peut promouvoir le caractère distinct du Québec",
quand on sait maintenant que ça ne peut pas aller à l'encontre
des privilèges du gouvernement fédéral. Je pense notamment
à un privilège bien particulier de la couronne dans notre
système. Mais je lui soumets simplement cela pour sa réflexion
sur le processus pour les mois à venir.
Je ne veux pas rentrer trop non plus...
M. Bourassa: Oui, mais si vous me posez la question...
M. Johnson (Anjou): Oui? Ah! pardon. Si vous voulez,
sûrement.
M. Bourassa: ...j'ai des conseillers juridiques...
M. Johnson (Anjou): Avec plaisir. Me Tremblay. Oui.
M. Bourassa: Me Tremblay, M. Samson et tous les autres qui, quand
même, ont beaucoup d'expérience. On ne peut que progresser. On est
protégé contre l'érosion. Qu'on pense au sommet, par
exemple. Quand le chef de l'Opposition était premier ministre, il a
signé cette entente et, d'ailleurs, je lui ai rendu hommage pour cela
devant le président de la République mercredi dernier. Je pensais
que les médias...
M. Johnson (Anjou): Vous n'aviez plus le choix, parce qu'il le
savait.
M. Bourassa: Mais il reste quand même que,
publiquement...
M. Johnson (Anjou): Vous aviez bien essayé de le faire
ignorer par tout le monde, mais lui le savait.
M. Bourassa: M. le Président, je pense que le chef de
l'Opposition devrait quand même admettre que c'était un beau
geste. Devant 200..
M. Johnson (Anjou): C'est correct. C'est correct.
M. Bourassa: ...journalistes étrangers et canadiens, j'ai
rendu hommage au chef de l'Opposition pour son rôle dans le sommet
francophone en présence du président de la République, au
cas où. Parce que, si lui le savait, il y avait peut-être parmi
les journalistes des personnes qui ne le savaient pas. J'aurais souhaité
qu'ils en fassent état pour le chef de l'Opposition, mais ce n'est
pas...
Ce que je veux lui dire, c'est que cette clause-là - qui est une
clause un peu typique et que nous avons travaillée ensemble, pas moi,
mais qui m'a été suggérée par mes conseillers
juridiques et examinée de très près par le ministre - n'a
pour but que de protéger les compétences existantes. Mais, encore
une fois, en enlevant le mot, je pense qu'on pourra parler sur ça plus
longuement. Si te chef de l'Opposition le veut, je peux demander à mes
conseillers juridiques d'expliciter davantaqe sur le plan technique. Moi, j'ai
été rassuré, mais, si le chef de l'Opposition ne l'est
pas, ils peuvent le faire ou le ministre peut compléter sur ce
plan-là, s'il le veut, pour le rassurer au maximum.
Est-ce que le ministre pourrait...
M. Johnson (Anjou): Je veux simplement dire au premier ministre
qu'à cause du nombre de dossiers qu'on a à couvrir, ce n'est pas
que je ne voudrais pas qu'on en parle, au contraire, je vais vous
suqqérer qu'on puisse en parler comme il faut, en bonne connaissance de
cause et avec tout ce qu'on peut d'experts au Québec sur ces questions,
en même temps que ça va se faire ailleurs au Canada. Je ne pense
pas que ce soit en 30 secondes ou même en 42 minutes qu'on va
réqler ça ici. On a entendu des gens en commission pendant je ne
sais plus combien d'heures - une cinquantaine d'heures, qui n'étaient
pas suffisantes quant à nous -et en dépit de tout ça, il
est resté comme des zones pour le moins qrises...
M. Bourassa: Mais oui, mais...
M. Johnson (Anjou): Comme c'était un communiqué de
presse, mais là, on a des textes et je pense que ce sera moins gris.
M. Bourassa: Oui.
M. Johnson (Anjou): Mais ça va quand même prendre du
temps.
M. Bourassa: Oui, mais je...
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas en 40 secondes qu'on va
régler ça.
M. Bourassa: ...doute que je puisse satisfaire le chef de
l'Opposition quoi que je
fasse. J'en doute et je le comprends, il remplit son rôle. Je lui
disais que Disraeli disait: Le rôle de l'Opposition, c'est de
s'opposer.
M. Johnson (Anjou): Vous pourriez être surpris. (16
heures)
M. Bourassa: Un des pères de la démocratie dans le
régime britannique. C'est vrai que cela lui est arrivé
quelquefois d'être d'accord, mais la moyenne n'est pas forte.
Ce que je dis au chef de l'Opposition, c'est que, sur cet aspect, s'il a
besoin d'assurance additionnelle, nous avons la conviction d'avoir obtenu une
clause qui nous protège contre l'érosion des compétences,
mais on ne peut que progresser à cause du terme promotion. Tous les
conseillers juridiques s'accordent là-dessus, du moins tous ceux que
nous avons consultés. Le ministre peut peut-être ajouter quelques
mots avant de passer à un autre sujet.
M. Rémillard: Oui. Merci, M. le Président. Cette
clause, comme le premier ministre vient de la présenter, est une clause
qui conserve des acquis et qui permet au Québec ensuite de pouvoir
évoluer en fonction d'une caractéristique qui est maintenant dans
la constitution, celle de société distincte, mais qui n'est pas
définie précisément, justement, pour donner cette
possibilité au tribunal d'interpréter ce qu'est la
société distincte. C'est donc là un outil
extrêmement important pour le Québec, entre autres, en
matière linguistique.
Ce n'est pas pour rien que, justement, on a ajouté, en tout
dernier: "y compris à leurs pouvoirs, droits ou privilèges en
matière de langue.", pour que ce soit bien précis, bien
exprimé, qu'il s'agissait d'une clause qui était surtout en
fonction de cette protection concernant la langue. Ce que cela signifie, M. le
Président, c'est qu'en ce qui regarde, par exemple, la Charte canadienne
des droits et libertés, je sais que c'est un sujet qui passionne le chef
de l'Opposition. Les droits fondamentaux, cela le passionne. Alors, en ce qui
regarde la Charte canadienne des droits et libertés, cela permettra de
recourir à l'article 1 de la Charte canadienne des droits et
libertés et ceci nous permettra à ce moment-là de
justifier une loi québécoise, par exempte, en matière
linguistique, qui pourrait aller à l'encontre de l'article 2 sur la
liberté d'information ou de communication, de justifier qu'il s'agit
là d'une mesure raisonnable et qui se justifie dans le contexte d'une
société libre et démocratique, ce qu'on appelle le fameux
test de la légitimité, et de plaider qu'il s'agit là d'une
mesure qui protège et, en plus, la promotion. Vous savez, je vous en ai
parlé en commission parlementaire et je pense que vous l'avez compris.
Ce qui veut dire que, si, à la suite d'une telle plaidoirie, le tribunal
en arrivait quand même à la conclusion qu'on ne peut pas faire une
telle mesure linquistique, une telle loi en fonction de la langue, il y aurait
à ce moment-là la clause "nonobstant", dont l'utilisation est
garantie par C144.
Une voix: Mais elle est là. Elle est là.
M. Rémillard: Mais je trouve cela curieux. Tout à
l'heure, j'entendais le chef de l'Opposition à la période de
questions dire: C'est odieux la clause "nonobstant".
M. Bourassa: Je ne comprends pas.
M. Johnson (Anjou): Non. Je me contentais de citer le
ministre.
M. Rémillard: Ah oui!
M. Bourassa: Ah non! Ah non!
M. Johnson (Anjou): Le ministre, pendant un an, nous a entretenus
de la sacro-sainte égalité de tous les Canadiens sous la charte
canadienne et du fait que, dans le fond, l'idéal serait qu'il n'y ait
pas d'article 33 et qu'on ne puisse pas se soustraire à la charte
canadienne. J'accepte mal qu'il vienne nous faire la leçon pour nous
expliquer qu'en termes linguistiques au Québec on va évoluer
qrâce à l'utilisation, dit-il, de la clause "nonobstant". Voyons
donc!
M. Rémillard: M. le Président, ce que je fais,
c'est qu'actuellement...
M. Johnson (Anjou): II y a quand même des limites à
prendre les gens pour des cruches.
M. Rémillard: J'essaie d'expliquer strictement
l'application de l'article 4 et simplement ce que je veux lui dire, c'est qu'on
peut prendre la clause "nonobstant" -c'est une garantie que nous avons par
l'article 4 - dans la mesure où le gouvernement le décide.
Lorsque le chef de l'Opposition nous dit que ce sont les tribunaux qui vont
décider, ce ne sont pas les tribunaux qui vont décider. S'il y a
une loi qui est déclarée inconstitutionnelle par la Cour
suprême et que le gouvernement veut que cette loi s'applique,
malgré des droits individuels, au nom des droits de la
collectivité, il prend ses responsabilités et il prend la clause
"nonobstant". On ne le fera pas systématiquement comme vous l'avez fait,
mais on l'applique. Alors, ce que veut faire l'article 4, c'est strictement de
faire en sorte que le gouvernement puisse avoir en main tous les pouvoirs en
matière de langue
et cela, c'est un pouvoir important.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je pense qu'on va
être prêt à passer à d'autres sujets. Je dirai
simplement l'autre sujet que je veux aborder avec le premier ministre.
Rapidement, sur la commission parlementaire. Je dois dire que je ne suis pas
satisfait ni des explications du premier ministre, ni de celles de son
ministre. Dans le cas de son ministre, c'est comme un vidéo clip qu'on a
déjà entendu. Dans le cas du premier ministre, je ne disconviens
pas que c'est la première fois qu'on l'entend disserter de façon
un peu précise sur les questions techniques. Je ne veux pas le mettre
dans une situation où on prétendrait tout recommencer à ce
stade-ci, mais je lui dis simplement ceci: Nous avons, en commission
parlementaire, pendant 45 heures à peu près, 55 heures, entendu
un certain nombre de personnes, de groupes, des experts, des individus, qui
sont venus nous entretenir de ce qu'ils avaient entre les mains,
c'est-à-dire le communiqué du lac Meech.
Deuxièmement, le qouvernement canadien semble avoir
décidé de procéder à une consultation relativement
large par la Chambre des communes ou par le Sénat, ou les deux, ou un
groupe conjoint et, possiblement, qu'il s'agirait d'auditions d'une commission
itinérante. Je dis bien "possiblement", les choses ne semblent pas
être arrêtées.
Troisièmement, M. Peterson de l'Ontario a déclaré
que, dans le fond, il mettait cela en première vitesse. Je pense qu'il y
a des élections qui s'en viennent. Je l'ai entendu et je l'ai vu de mes
yeux à la télévision dire: Vous savez, on a trois ans pour
adopter cela. Techniquement... Bon! Il n'a pas l'air trop pressé. Je
crois comprendre que, chez M. Buchanan en Nouvelle-Écosse, la session
doit se terminer incessamment. Elle ne reprend, je pense, qu'au mois de
février, à moins qu'il ne fasse une session spéciale
là-dessus. Donc, on est dans un échéancier, à moins
que le premier ministre ne me dise le contraire, qui nous mène quelque
part à l'automne pour l'adoption par les autres provinces
canadiennes.
Quatrièmement, il semble évident que, dans le cas d'au
moins trois provinces, trois gouvernements, devrais-je dire, le Manitoba,
l'Ontario et le gouvernement canadien, sur les textes concernant
l'adhésion du Québec à la constitution du Canada, le texte
juridique de l'adhésion du Québec à la constitution
canadienne, des gens de Colombie britannique et d'ailleurs seront
consultés. Le premier ministre ne juge-t-il pas normal, voire essentiel,
ne serait-ce que pour au moins un morceau de la dignité, dans la
dignité et l'enthousiasme au-delà des fiertés satisfaites
qu'il va de soi que, maintenant que nous avons le texte sur la base duquel le
gouvernement actuel veut voir adhérer le Québec à la
constitution du Canada, qu'il y ait une consultation, mais cette fois-ci, sans
le qenre de contrainte qu'on a connue jusqu'à maintenant, avec
publication des textes, publication des avis dans la Gazette officielle,
invitation aux groupes et aux experts de présenter des projets de
mémoire et auditions qui pourraient durer un certain temps, disons, je
ne sais pas moi, à compter du début de l'automne ou de la fin de
l'été?
M. Bourassa: II reste à en voir l'utilité. Le chef
de l'Opposition doit bien être conscient qu'on a beau lui dire, par
exemple, que dans certaines dispositions - je pense à l'article 106 - on
ne reconnaît pas le pouvoir fédéral de dépenser,
parce qu'il existe - tout le monde le sait qu'il existe -et qu'on a une clause
de sauvegarde, je pourrais lui répéter beaucoup d'autres aspects
du débat constitutionnel, mais le chef de l'Opposition revient
constamment avec les mêmes questions et les mêmes
dénédations.
Dans le cas de l'immigration, je l'ai dit, c'est la première fois
dans l'histoire constitutionnelle en 120 ans qu'on obtient de nouveaux
pouvoirs. Donc, ce sont des choses qui sont connues. Le texte a
été maintenant adopté par les différents premiers
ministres. Nous sommes la seule province à avoir tenu trois semaines
d'audiences parlementaires. Lui-même parlait de 50 heures, il y en a eu
55. C'est plus que les auditions en 1981. Je dois lui dire éqalement
qu'il y aura un débat à l'Assemblée nationale quand la
résolution va être déposée.
Je n'ai pas l'intention, pour l'instant -je n'en vois pas
l'utilité non plus, étant donné qu'on a eu ces audiences
parlementaires - d'accepter de recommencer les audiences parlementaires sur ce
que nous avons déjà discuté et qui a donné à
certains éqards quelques résultats avec les modifications qui ont
été apportées.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, sur cette question
avant de passer au sujet du libre-échange et des nominations, à
celui des travaux sessionnels et à la question des conflits
d'intérêts, je me permettrai simplement de dire au premier
ministre que c'est quand même la fin des haricots là, qu'il y a
des gens à Kamloops et à Moose Jaw qui vont aller discuter des
conditions d'adhésion du Québec à la constitution
canadienne à partir de textes qui vont s'appliquer et être
interprétés par des juqes, pendant que nous, ici, nous disons:
Non, non, nous, on ne fait pas cela. Je trouve que c'est vraiment la fin des
haricots. Je pense que le premier ministre voulait passer bien des choses sous
le boisseau à l'époque; dans son esprit, il bâclait tout
cela avant le 20 juin et tout le monde allait se promener avec son drapeau du
Canada - comprends-tu?
- le 1er juillet. Là, cela ne marche plus, parce qu'il y a du
monde qui ont mis ceta à "slow" un peu, en Ontario et puis au
fédéral et puis en Nouvelle-Écosse et puis au Manitoba.
Disons que c'est un peu moins vite que c'était prévu. L'entonnoir
est comme un peu plus ouvert. Il y en a même qui ont dit que cela
pourrait être amendable. Là, ils vont aller discuter des
conditions d'adhésion du Québec, non pas de la création
d'une province dans les Territoires du Nord-Ouest, mais des conditions
d'adhésion de nous au "Canada Bill", et le premier ministre me dit: Non,
cela va se consulter ailleurs au Canada, mais savez-vous pour l'instant, nous,
nous trouvons que ce ne sera pas utile. Franchement! Franchement!
M. Bourassa: Alors, M. le Président, pour essayer de
calmer le chef de l'Opposition...
M. Johnson (Anjou): Je n'ai pas le mérite de boire du lait
comme vous en ce moment, alors!
M. Bourassa: Alors, apportez un verre de lait au chef de
l'Opposition.
M. Johnson (Anjou): Si on m'apporte un verre de lait comme
vous.
M. Bourassa: M. le Président, si c'est le seul
défaut qu'on me reproche!
M. Rochefort: On n'a pas le courage de vous reprocher les
autres.
M. Bourassa: Ce que je dis au chef de l'Opposition, c'est qu'il y
a déjà eu des audiences parlementaires. Il n'y en a pas eu
à Kamloops ou à Moose Jaw ou aux autres endroits qu'il voudra
bien nommer, mais il y en a déjà eu ici. Donc, comparons des
situations comparables. Ce que je dis au chef de l'Opposition, c'est qu'on a eu
trois semaines de débat parlementaire. On ne voit pas aujourd'hui
l'utilité d'arriver encore avec des audiences parlementaires et de faire
venir les mêmes groupes qui peuvent faire valoir de toutes façons
leur point de vue à d'autres tribunes. Je ne vois pas l'utilité
de recommencer tout le processus d'audition parlementaire, d'autant plus qu'il
y aura un débat à l'Assemblée nationale. Je pense que le
chef de l'Opposition ne peut pas me reprocher de ne pas faire le maximum pour
essayer - il remplit son rôle, donc, c'est à ce titre que je le
fais - de répondre à ses requêtes. Il a dit d'abord, trois
jours. J'ai dit: Trois. Après, il a dit: Six. D'accord, pour six.
Après, huit. D'accord pour huit.
M. Johnson (Anjou): Moi, j'ai toujours dit illimité, c'est
vous qui avez dit: Trois.
M. Bourassa: Télédiffusion des débats? J'ai
accepté. J'ai accepté que ce soit en commission des institutions
présidée par le député de Taillon. Il y en a qui
ont dit...
M. Johnson (Anjou): C'est un remarquable président.
M. Bourassa: Oui, c'est un remarquable président, mais
est-ce que l'objectivité va être absolue dans tous les cas? J'ai
accepté que ce soit le député de Taillon qui
préside la commission des institutions. J'ai tout accepté.
M. Johnson (Anjou): La prochaine, allez-vous l'accepter?
M. Bourassa: Les textes juridiques, on les a eus à 11 h
30. J'ai demandé à mes gens: Tout de suite au chef de
l'Opposition. Une heure après. Là, il n'est pas satisfait encore.
Il veut encore avoir des audiences parlementaires. Je dis au chef de
l'Opposition que, pour l'instant, je n'en vois pas l'utilité.
Aujourd'hui, je n'en vois pas l'utilité.
M. Johnson (Anjou): D'accord, je comprends. Pour l'instant, vous
n'êtes pas trop sûr de vous sur cela, mais il se pourrait que cela
change.
M. Bourassa: Est-ce que le chef de l'Opposition veut que je lui
donne une réponse plus définitive?
M. Johnson (Anjou): Ah! mot, s'il y a une possibilité
qu'il y en ait une!
M. Bourassa: On n'en voit pas l'utilité... M. Johnson
(Anjou): Pour le moment.
M. Bourassa: ...étant donné qu'on en a
déjà eu des audiences parlementaires. Je pourrais ajouter que
cela m'étonneratt qu'on en voie dans l'avenir, mais on ne peut pas
préjuger de ce qui peut arriver. (16 h 15)
Conseillers politiques et sous-ministres
M. Johnson (Anjou): Quelques remarques. Le deuxième sujet,
les nominations. J'ai été frappé par vos propos, quand
vous êtes arrivé au gouvernement en décembre, vous
annonciez à grand renfort de publicité, vous avez même fait
les premières pages de journaux avec cela, que, là, on diminuait
les masses salariales des cabinets, deuxièmement, qu'il y avait trop de
sous-ministres au gouvernement et, troisièmement, qu'il n'y aurait plus
de jetons de présence dans les organismes où des gens
siègent à
titre de citoyens, comme membres d'un conseil d'administration de
différents organismes. Cela, c'était bien connu, c'était
les bacchanales ou les orgies péquistes ou quelque chose comme cela.
Vous aviez utilisé une expression particulièrement virulente au
sujet de ces excès et de ces abus de fonds publics, disiez-vous à
l'époque.
M. Bourassa: Je parlais des attachés politiques pour la
campagne de leadership du chef de l'Opposition.
Des voix: Hal Ha! Ha!
M. Johnson (Anjou): Ah oui, je suis sûr de cela. Que
voulez-vous, comme disait quelqu'un, on ne peut pas empêcher le monde
d'aimer. S'ils étaient nombreux, ils étaient nombreux.
M. Bourassa: Oui, sauf qu'ils travaillaient sur le temps du
gouvernement à même les fonds publics.
M. Johnson (Anjou): Cela dit, le premier ministre se vantait
beaucoup d'avoir réduit, de façon considérable, la masse
salariale des cabinets politiques. Pourrait-il nous dire maintenant comment
elle se compare, à ce jour, à ce qu'elle était? Comment
a-t-elle évolué depuis un an?
M. Bourassa: La masse salariale, M. le Président...
M. Johnson (Anjou): D'abord, est-ce qu'on pourrait les avoir?
M. Bourassa: Oui. La masse salariale -j'ai vérifié
cela, j'aurai des chiffres plus précis - a baissé de plus de 20 %
malgré une hausse du coût de la vie de 4,9 % à
Montréal et de 4,2 % sur le plan nationat. Donc, c'est une baisse de
près de 25 %. Est-ce que cela satisfait le chef de l'Opposition?
M. Johnson (Anjou): Non, parce que j'aimerais que le premier...
Cela, c'est par rapport à l'an dernier. Je voudrais juste que le premier
ministre nous dise: Et cela prendrait les chiffres. Le problème, je dois
vous le dire, c'est qu'on ne les a pas obtenus cette année. On les a
obtenus exeptionnellement dans le cas de deux ou trois ministères au
moment de l'étude des crédits. Depuis de nombreuses
années, quand on demandait quel était le personnel politique des
différents ministres, nous, nous avions accepté, à
l'époque où nous étions au gouvernement, de fournir les
noms et les salaires des personnes. Cette année, cela a
été impossible d'obtenir cela, sauf dans quelques très
rares cas.
Je pense que la ministre de la Santé et des Service sociaux et le
ministre des
Communications ont accepté de les fournir, mais les autres, non.
Il me semble que si le premier ministre pouvait prendre l'engagement
aujourd'hui de nous fournir ces listes avec les salaires, on pourrait passer
à autre chose comme sujet.
M. Bourassa: Je dois dire pour... Peut-être que cela a
pris...
M. Johnson (Anjou): Pardon?
M. Bourassa: Bien je ne sais pas ce qu'on vous dit.
M. Johnson (Anjou): Ce qu'on me disait, c'est que même dans
le cas du cabinet du premier ministre, on n'a pas eu les données. Je
commence à comprendre que l'exemple venait de haut.
M. Bourassa: Ce que je dis au chef de l'Opposition, c'est que
cela a pu le prendre par surprise, mais la masse salariale a baissé de
plus de 20 %.
M. Johnson (Anjou): Par rapport à quand?
M. Bourassa: Par rapport à 1985-1986, votre
dernière année d'administration; 20 % de moins. Si je tiens
compte du 4 % d'inflation, cela fait, en termes réels, 25 %: 20 %
nominal et 25 % en termes réels. 25 % de moins avec tous les
problèmes que vous nous avez laissés à réqler, on a
réussi à...
M. Johnson (Anjou): Tout en étant conscient qu'il y a au
moins quatre titulaires de ministères de moins, ce qui représente
environ le pourcentage de 20 % dont vous parlez.
M. Bourassa: M. le Président, il y a 28 ministres au lieu
de 29. Il ne faut pas...
M. Johnson (Anjou): En ce moment, en avez-vous 28?
M. Bourassa: Oui. Est-ce que vous pensez qu'on devrait...
M. Johnson (Anjou): Comment allez-vous faire votre remaniement?
Vous allez être mal pris.
M. Bourassa: On s'en parlera tous les deux.
M. Johnson (Anjou): Vous allez être mal pris dans votre
remaniement.
Si le premier ministre pouvait prendre l'engagement...
M. Bourassa: Fn qros, 20 000 000 $ en
octobre 1985...
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Bourassa: ...et 16 000 000 % quatorze mois plus tard. Sur une
même base, c'est de 20 à 16 millions.
M. Johnson (Anjou): Excusez-moi, pourquoi sur une même
base?
M. Bourassa: On prend une année.
M. Johnson (Anjou): C'est parce qu'il y a une partie de
l'année financière 1985-1986 qui a été sous votre
administration et une partie sous la nôtre. Il ne faut pas...
M. Bourassa: On termine à la fin de 1986. 1986, 16 000 000
$; 1985, 20 000 000 $. Alors, cela fait une baisse de 20 %. Je pense que j'ai
tenu parole et je demanderais au chef de l'Opposition de le
reconnaître.
M. Johnson (Anjou): Cela me fera plaisir de le reconnaître
une fois que j'aurai l'ensemble des chiffres.
Les documents que je demande au premier ministre, s'il est prêt
à nous les fournir, c'est, premièrement, la liste des
attachés politiques; deuxièmement, les salaires, comme cela se
faisait avant; troisièmement, j'aimerais qu'on obtienne la progression
à l'intérieur même de votre propre masse depuis que vous
êtes là, année pour année?
M. Bourassa: II n'y a pas eu de progression, M. le
Président.
M. Johnson (Anjou): Aucune progression de la masse salariale des
cabinets.
M. Bourassa: Mon budget original était de 2 23...
M. Johnson (Anjou): Je ne parle pas de votre bureau, je parle du
gouvernement, de l'ensemble des cabinets. Depuis que vous êtes au
gouvernement, comment la masse salariale a-t-elle évolué?
M. Bourassa: Elle a baissé de 20 %.
M. Johnson (Anjou): Je ne vous demande pas juste... Là,
vous me parlez par rapport à 1985. Je vous demande: A-t-elle
augmenté cette année par rapport à l'an dernier?
M. Bourassa: 3 %.
M. Johnson (Anjou): Bon, d'accord, là on a un chiffre.
M. Bourassa: Mais c'est encore 20 % de moins que vous.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Johnson (Anjou): On comparera cela à la fin du
mandat.
M. Bourassa: J'ajoute que, pour mon propre cabinet, j'ai
refusé les 3 %.
M. Johnson (Anjou): Vous savez très bien que vous n'en
avez pas besoin, voyons donc!
M. Bourassa: M. le Président!
M. Johnson (Anjou); Les "dénominations" maintenant. Je dis
bien tes "dénominations", étant donné qu'un certain nombre
de personnes, que je ne nommerai pas nécessairement, mais j'en ai une
longue liste...
M. Bourassa: On a nos listes pour ce qui est de votre
côté.
M. Johnson (Anjou): ...particulièrement beaucoup d'anciens
sous-ministres et sous-ministres adjoints - on parle bel et bien de la fonction
publique, on ne parle pas du péripublic et des sociétés
d'État, on parle de la fonction publique - par une technique quelque peu
étonnante, qui s'appelle la technique du décret en vertu de... Il
faudrait que je me souvienne de quelle loi. Mais sans vous dire le nom, je vous
donne: Concernant M. ou Mme X, il est ordonné sur proposition du premier
ministre que soit attribué à M. ou Mme X, sous-ministre adjoint
au ministère Y, administrateur d'État II, le classement de cadre
supérieur classe I à ce ministère, au même salaire
annuel, à compter des présentes.
À toutes fins utiles, il faut bien se comprendre, je pense que si
ce décret était rédiqé comme il devrait
l'être, il se lirait: Concernant M. ou Mme X, sous-ministre adjoint, qui
ne le sera plus à la fin de la lecture du prochain paragraphe...
Voilà! C'est ce que fait ce type de décret.
Or, il y a une bonne quinzaine de personnes qui, comme sous-ministres ou
sous-ministres adjoints, se sont retrouvées dans cette situation. Je
voudrais demander au premier ministre, d'abord, si ces personnes ont
été remplacées. En d'autres termes, est-ce qu'il y a au
gouvernement, en ce moment, sensiblement le même nombre de sous-ministres
et de sous-ministres adjoints qu'il y en avait il y a un an et demi?
M. Bourassa: D'après les chiffres que j'ai devant moi, M.
le Président, c'est: sous-ministres adjoints, 116 par rapport à
124; dirigeants d'organismes, 95 par rapport à
103; membres à temps partiel d'organismes du gouvernement, 989
par rapport à 1052. C'est au 31 mars 1987. C'est ce qu'on appelle
rationalisation et productivité de la haute fonction publique.
M. Johnson (Anjou): Dans le cas des sous-ministres adjoints,
voulez-vous me redonner les chiffres? Sous-ministres adjoints et sous-ministres
combinés ou...
M. Bourassa: Sous-ministres et sous-ministres adjoints...
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Bourassa: 116 par rapport à 124.
M. Johnson (Anjou): 116, 124.
M. Bourassa: II y en a huit de moins. Et dirigeants d'organismes,
95 à 103; huit de moins.
M. Johnson (Anjou): Est-ce que cela comprend les
secrétaires généraux associés, quand vous dites
sous-ministres et sous-ministres adjoints, au total?
M. Bourassa: Oui.
Une voix: Au total.
M. Johnson (Anjou): Merci.
M. Bourassa: On accepte vos félicitations.
M. Johnson (Anjou): Qu'est-ce que vous faites avec celles et ceux
qui, dans bien des cas, ont une longue carrière dans la fonction
publique, ou même qui, dans certains cas, en dépit de leur jeune
âge, ont une carrière remarquable et remarquée, et qui
n'ont pas tous été des attachés politiques du
précédent gouvernement, soit dit en passant? De ce
côté-là, vous ne semblez pas vous priver. Si je comprends
bien, il y a un nouveau secrétaire général associé
qui est un attaché politique du ministre Gobeil maintenant.
M. Bourassa: Bien, cela...
M. Johnson (Anjou): Non, non, c'est juste que...
M. Bourassa: Ce serait perdre du temps...
M. Johnson (Anjou): Mais ce sont des choses qui semblaient
scandaleuses il y a quelques années.
M. Bourassa: M. le Président...
M. Johnson (Anjou): Je voudrais savoir combien de ces personnes,
qui étaient sous-ministres et sous-ministres adjoints, sont en
disponibilité.
M. Bourassa: Vous voulez dire ceux... M. le Président, je
pense qu'on a fait la preuve que, sur le plan de la partisanerie, on
était prêts... On accepte le travail, même ceux qui... Le
chef de l'Opposition a l'air de rigoler.
M. Johnson (Anjou): Non, c'est parce que vous alliez faire un
beau lapsus. Vous étiez prêts, sur le plan de la partisanerie, en
arrivant.
M. Bourassa: Ce que je dis c'est qu'on ne peut pas dire, par
rapport à ce qui a pu être fait, qu'il y a eu les fameuses purqes
dont parlait le chef de l'Opposition au début de notre mandat.
La question du chef de l'Opposition, c'est: Combien de personnes ou de
sous-ministres...
M. Johnson (Anjou): Je pourrais vous donner la liste, les
noms...
M. Bourassa: 25.
M. Johnson (Anjou): Bon. Il y a 25...
M. Bourassa: Environ 25.
M. Johnson (Anjou): ...environ 25 personnes, sous-ministres
adjoints, sous-ministres au présidents d'organismes qui, en ce moment,
sont sans affectation. C'est bien ce que vous me dites?
M. Bourassa: Ils peuvent avoir été
prêtés - le chef de l'Opposition est au courant - à des
organismes, à l'ENAP ou à d'autres...
M. Johnson (Anjou): Oui. Mais il y a -on se comprend bien - 25
personnes ayant le ranq d'administrateurs d'État, sous-ministres
adjoints, sous-ministres en titre...
M. Bourassa: Qui ont été mutés à
d'autres postes.
M. Johnson (Anjou): ...ou présidents... Non, non. Je
demande au premier ministre quels sont ceux qui sont sans affectation. Une
affectation, c'est de la productivité avec l'argent des contribuables.
Bon. Je comprends qu'à l'occasion, un sous-ministre adjoint ou un
sous-ministre puisse aller à l'École nationale d'administration
publique faire une année, l'équivalent de ce qu'on appelle dans
d'autres milieux une année sabbatique, qu'il reçoive son salaire
mais non son compte de dépenses, etc., et qu'il peut faire une recherche
qui est une contribution
intéressante pour l'État. Mais disons que quelqu'un qui
partirait pour dix ans comme cela, c'est une autre paire de manches,
M. Bourassa: M. le Président, ce qu'on me dit, c'est que
si le chef de l'Opposition parle de ceux qui réellement n'ont pas
été affectés à d'autres fonctions...
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Bourassa: ...c'est beaucoup moins que 25.
M. Johnson (Anjou): II y en a combien?
M. Bourassa: Je pourrais lui donner, d'ici la fin...
M. Johnson (Anjou): J'apprécierais beaucoup....
M. Bourassa: M. Benoît Morin va essayer de trouver
cela.
M. Johnson (Anjou): ...si M. Morin pouvait nous trouver cela.
M. Bourassa: Oui.
M. Johnson (Anjou): J'attendrai peut-être d'avoir les
chiffres. Est-ce que M. Morin va pouvoir nous les fournir d'ici la fin de nos
crédits?
M. Bourassa: On va essayer, oui. M. Johnson (Anjou):
J'apprécierais. M. Bourassa: D'accord.
M. Johnson (Anjou): Mais le premier ministre ne disconviendra pas
que le chiffre idéal, c'est zéro.
M. Bourassa: Oui.
M. Johnson (Anjou): Oui, c'est correct, parce qu'on parle...
M. Bourassa: C'est comme pour des élections, le chiffre
idéal, c'est 122 comtés.
M. Johnson (Anjou): Oui, cela, c'est bien sympathique, mais en
attendant, je parle de gens qui ont fait carrière dans la fonction
publique, qui ont un salaire de sous-ministre ou de sous-ministre ajdoint, qui
est en général plus élevé que celui de la plupart
des gens autour de cette table...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Johnson (Anjou): ...et qui peuvent se retrouver sans
affectation, ce qui en soi peut arriver exceptionnellement dans l'État
mais qui ne doit sûrement pas toucher trop de personnes.
M. Bourassa: Non, je suis d'accord avec vous. Je ne sais pas
combien il y en avait quand vous étiez là, mais je vous dis que
c'est beaucoup moins que 25 - j'avais mal compris la question du chef de
l'Opposition -parce qu'il y en a qui ont été prêtés
à des organismes.
M. Johnson (Anjou): En attendant d'avoir les chiffres
éventuellement, on va passer au libre-échange. Quelques remarques
sans entrer dans le fond du dossier, ce que je ferais avec plaisir, si le
premier ministre est prêt à ce qu'on fasse cela jusqu'à 17
h 30 ou 17 h 45; moi, je suis disponible pour qu'on parle du
libre-échanqe. Je trouve qu'on n'en parle pas assez au Québec en
ce moment et Dieu sait que cela fait un an qu'on essaie d'en parler, nous
autres. On obtient des espèces de "one-liner" de la part de votre
ministre du Commerce extérieur.
D'abord, quelques questions au sujet du comité Warren. Combien de
personnes en font partie? Au total, combien de personnes ont été
impliquées dans...
M. Bourassa: M. le Président, on vient de me donner les
chiffres pour les nominations des postes dont le chef de l'Opposition parlait.
En 1985-1986, il y a eu 198 nominations à temps complet par le
gouvernement dont a fait partie le chef de l'Opposition; en 1986-1987, 121.
C'est quand même une réduction.
M. Johnson (Anjou): Vous me donnez le nombre de nominations.
M. Bourassa: Et 417...
M. Johnson (Anjou): Je comprends, mais s'il y a des gens qui
avaient des mandats de quatre ans ou de cinq ans...
M. Bourassa: Cela donne une idée quand même qu'il
n'y a pas eu...
M. Johnson (Anjou): Non, cela donne une idée sur cinq ans.
Il faut tenir compte de la durée des mandats.
M. Bourassa: Le chef de l'Opposition n'est pas dans un
état aujourd'hui pour admettre quoi que ce soit.
M. Johnson (Anjou): Moi, je pense que le chef du gouvernement,
qui a passé une nuit difficile qui l'a été encore plus
pour le Québec, en ce moment, compare des pommes avec des oranges.
Pourtant, cela m'étonne de la soi-disant riqueur d'un économiste.
On ne compare pas deux périodes comme celles que vous venez de comparer
en dépit du fait
qu'un de vos adjoints vienne de vous passer un papier à cet
effet.
M. Bourassa: M. le Président, je pense que j'ai
donné...
M. Johnson (Anjou): S'il y avait des mandats qui n'étaient
pas expirés, c'est évident que vous ne pouviez pas les
nommer.
M. Bourassa: Oui, mais j'ai comparé des nominations
à temps complet d'une année par rapport à des nominations
à temps complet d'une autre année. Je pense que...
M. Johnson (Anjou): Cela ne vaut que dans la mesure où
vous le faites sur deux périodes comparables dans la durée des
mandats. Bon, voilai
M. Bourassa: Oui, mais il reste quand même que
c'étaient deux années d'administration. Je ne vois pas pourquoi
le chef de l'Opposition essaie de faire des diversions sur la comparaison de
ces chiffres.
Le libre-échange
M. Johnson (Anjou); Bon. Alors, je demande au premier ministre,
sur le libre-échange, d'abord, combien y avait-il de groupes, de
personnes? Quel a été le budget total engagé
jusqu'à maintenant dans le travail sur le libre-échange? (16 h
30)
M. Bourassa: 250 000 $ pour le comité.
M. Johnson (Anjou): 250 000 $ d'engagements financiers. Du
côté des dépenses, vous ne pouvez peut-être pas
être à même de le dire. C'est à peu près la
même chose?
M. Bourassa: Oui.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Essentiellement, ces
dépenses ont été affectées, je présume, au
traitement de M. Warren et de quelques-uns de ses adjoints. Ce sont des gens
qui commandent des traitements assez élevés, mats aussi des gens
des comités consultatifs. C'est cela? C'est quoi à peu
près la ventilation des 250 000 $?
Une voix: Le traitement de M. Warren...
Le Président (M. Filion): Excusez-moi. Pour le Journal
des débats, est-ce que vous pourriez vous identifier...
M. Johnson (Anjou): M. Morin.
Le Président (M. Filion): ...avant de prendre la
parole?
M. Morin (Benoît): Benoît Morin, secrétaire
général du gouvernement. En fait, il y a le traitement de M.
Warren et il y a aussi le traitement de M. Dorais qui agit comme
secrétaire du comité.
M. Johnson (Anjou): Le traitement de M. Warren est de
combien?
M. Morin (Benoît): Le traitement de M. Warren était
d'environ 100 000 $.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Est-ce que M. Warren est à
temps plein là-dessus ou non? M. Warren, est-ce qu'il est
considéré comme à temps plein ou...
M. Morin (Benoît): Non.
M. Johnson (Anjou): Non, je ne le crois pas.
M. Morin (Benoît): Non, non.
M. Johnson (Anjou): II est à honoraires, à toutes
fins utiles.
M. Morin (Benoît): C'est cela. Il est à honoraires,
effectivement.
M. Johnson (Anjou): À peu près 100 000 $. M.
Dorais, comme secrétaire?
M. Morin (Benoît): II a eu des honoraires d'environ 70 000
$.
M. Johnson (Anjou): 70 000 $. Est-ce qu'il est à temps
plein?
M. Morin (Benoît): Non, il est à temps partiel lui
aussi.
M. Johnson (Anjou): II est à temps partiel aussi. Est-ce
que, dans le cas de M. Dorais, il a d'autres émoluments qui viennent du
gouvernement, dans d'autres ministères, ou d'autres fonctions?
M. Bourassa: On peut vérifier et je pourrai...
M. Johnson (Anjou): Je comprends que c'est une question assez
détaillée, mais je présume que... D'accord.
Maintenant, le fonctionnement des comités. On comprend: Voici un
président, voici son secrétaire. Je présume qu'il y a une
armée de fonctionnaires qui a dû travailler sur le
libre-échange; je l'espère, en tout cas.
M. Bourassa: Oui, d'excellents aussi.
M. Johnson (Anjou): Au Conseil exécutif... Il y a des gens
remarquables au Conseil exécutif, au Trésor, aux Finances, au
Commerce extérieur, à l'Industrie et au
Commerce. Il y a des professionnels de grande qualité dans ces
ministères.
M. Bourassa: Oui.
M. Johnson (Anjou): Est-ce qu'on pourrait nous entretenir,
à savoir comment cela a fonctionné? Il commence à se faire
tard un peu, cela s'en vient.
M. Bourassa: Je crois que le chef de l'Opposition... J'essaie,
aux périodes de questions, de lui répondre. Là, on a
été...
M. Johnson (Anjou): Non, quand je dis "il se fait tard", je ne
parle pas de cet après-midi.
M. Bourassa: Ah! excusez-moi.
M. Johnson (Anjou): Je trouve que ce serait une bonne idée
que les gens sachent ce qui se passe avec le libre-échange. C'est
à la veille d'être signé. C'est comme l'affaire des
textes.
M. Bourassa: J'étais prêt à répondre
aux questions du chef de l'Opposition depuis trois ou quatre semaines, mais,
malheureusement, et je comprends, la priorité a été
accordée aux questions constitutionnelles.
Il y a un comité ministériel permanent au
développement économique qui est présidé par le
ministre des Finances et il y a des ministres dans les secteurs
économiques. Il y a un sous-comité ministériel sur la
question du libre-échange avec M. MacDonald, Daniel Johnson, Gil
Rémillard et André Vailerand. Le secrétaire est Michel
Audet et le conseiller principal, comme on vient de le mentionner, est Jake
Warren.
Il y a un comité de coordination des relations
intergouvernementales présidé par Mme Diane Wilhelmy qui s'occupe
également du dossier constitutionnel et qui a fait un travail de
géant dans le dossier constitutionnel - je pense qu'on peut te signaler
au chef de l'Opposition - avec M. Roland Arpin comme secrétaire au
Conseil du trésor et Michel Audet, qui est secrétaire
général associé au développement
économique.
Il y a un comité technique interministériel
présidé par M. Michel Audet et un comité consultatif
présidé par M. Jake Warren avec M. Lawrence Cannon, adjoint
parlementaire, Yvon Dolbec, Marie-Josée Drouin, Guy Dufresne, Marcel
Dutil, Paul Martin, Jean-Louis Roux. Est-ce que cela répond à la
curiosité du chef de l'Opposition?
M. Johnson (Anjou): En partie, oui. En partie seulement dans la
mesure où je comprends, premièrement, qu'il y a un comité
technique, deuxièmement, qu'il y a tout ce qui se fait, je
présume, par les services dans chacun des ministères qui risquent
d'être impliqués, troisièmement, qu'il y a un comité
consultatif. Le comité technique relève d'un comité
ministériel présidé par le ministre des Finances. Est-ce
que c'est bien cela? J'ai bien compris?
M. Bourassa: Bien je parle du comité ministériel
permanent.
M. Johnson (Anjou): Ah bon, d'accord. M. Bourassa: Le
CMPDE.
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas un comité ad hoc du
Conseil des ministres.
M. Bourassa: Non. C'est le comité ad hoc...
M. Johnson (Anjou): II y a une espèce de
sous-comité du comité permanent...
M. Bourassa: ...présidé par M. le ministre du
Commerce extérieur. Le comité permanent, c'est Gérard D.
Levesque, ministre des Finances et le comité ad hoc, c'est M.
MacDonald.
M. Johnson (Anjou): Parfait. Mais le comité ad hoc
relève-t-il du comité permanent ou s'il est
séparé?
M. Bourassa: Oui, il relève... C'est un
sous-comité.
M. Johnson (Anjou): Donc, le secrétaire des deux
comités c'est le même secrétaire général
associé.
M. Bourassa: Michel Audet.
M. Johnson (Anjou): Michel Audet. D'accord.
Du côté du comité consultatif, d'abord il faut voir
en gros c'est quoi le produit final de ça. Le produit final de
ça, c'est M. Warren qui, de temps en temps, doit parler à
l'ambassadeur Reisman ou quelque chose de cet ordre-là.
M. Bourassa: Oui. Ils se connaissent très bien d'ailleurs,
ils ont travaillé ensemble pendant plusieurs années.
M. Johnson (Anjou): Voilà! Oui, c'est ça,
au-delà des relations...
M. Bourassa: Mais c'est commode.
M. Johnson (Anjou): Non, non, mais au-delà des parties de
golf, je comprends tout ça, mais on parle du libre-échange...
M. Bourassa: On ne parle pas de parties
de golf...
M. Johnson (Anjou): ...et des intérêts du
Québec aussi, pas juste des intérêts de gens qui sont
copains-copains et qui se sont connus à l'université.
M. Bourassa: M. le Président, je pense que je suis
obligé de rectifier les faits parce que le chef de l'Opposition
manifeste un certain mépris vis-à-vis des hauts fonctionnaires ou
des conseillers qui apportent au Québec une expertise extraordinaire. M.
Jake Warren a été responsable, principal négociateur pour
les négociations du GATT. Donc, il a été ambassadeur en
Angleterre et à Washington, je crois, et il a eu à travailler
très souvent avec M. Simon Reisman qui était sous-ministre des
Finances.
M. Johnson (Anjou): Je ne doute pas des qualités de M.
Warren. La question n'est pas là. Ce que j'essaie de...
M. Bourassa: Donc, il ne s'agit pas de parties de golf.
M. Johnson (Anjou): ...dire au premier ministre, c'est que la
qualité essentielle de l'efficacité pour servir les
intérêts du Québec dans le dossier du libre-échange,
ça ne peut pas être seulement le fait que des gens se soient
connus ailleurs. Cela présuppose premièrement que ça
fonctionne ici. Et c'est là-dessus que je l'interroge, si le premier
ministre me le permet, parce que je trouve que ça vaut la peine, l'enjeu
est de taille, n'est-ce pas? Je vais vous dire que, d'après moi, il va
avoir un effet un peu plus important que la société distincte que
vous êtes allé vous faire peinturer dans un coin l'autre jour.
M. Bourassa: M. le Président...
M. Johnson (Anjou): Ce que je demande au premier ministre, c'est
ta chose suivante: Le comité consultatif du Québec, est-ce que je
me trompe si je dis qu'il avait deux fonctions? D'une part, M. Warren parle
à M. Reisman à partir...
M. Bourassa: II y a un comité
fédéral-provincial, juste pour que le...
M. Johnson (Anjou): Bon, c'est ça. D'accord.
M. Bourassa: ...présidé par M. Reisman et dont M.
Warren est délégué pour le Québec.
M. Johnson (Anjou): Voilà! Ça, c'est dans la
structure formelle. Il y a un comité fédéral-provincial.
M. Reisman parle avec...
M. Bourassa: Le délégué du Québec qui
est M. Jake Warren...
M. Johnson (Anjou): Oui, oui, c'est ça.
M. Bourassa: Et lui parle avec Peter Murphy.
M. Johnson (Anjou): II parle avec Peter Murphy en face. Bon!
M. Bourassa: II y a eu de nombreuses réunions à
venir jusqu'à maintenant, avec plusieurs sous-comités de ce
comité au niveau fédéral.
M. Johnson (Anjou): II y a plusieurs sous-comités.
M. Bourassa: ...de ce comité
fédéral-provincial.
M. Johnson (Anjou): Bon! Ce comité
fédéral-provincial, si je comprends bien, est formé d'une
part de l'ambassadeur Reisman qui représente le Canada et,
deuxièmement, de représentants - au pluriel - de chacune des
provinces. Est-ce que je me trompe? C'est bien ça?
M. Bourassa: Oui, c'est ça.
M. Johnson (Anjou): Chacune des provinces est
présente.
M. Bourassa: En tout cas, le Québec y est
représenté. J'imagine que c'est le cas pour toutes les
provinces.
M. Johnson (Anjou): Toutes les provinces. Bon!
Quand M. Warren va là, il doit avoir des mandats. Je
présume que son mandat d'ordre général est de
défendre les intérêts et le point de vue du Québec.
Je présume aussi que M. Warren est favorable au libre-échange sur
le plan du choix politique que cela implique. Le premier ministre me corrigera
là-dessus...
M. Bourassa: Non, vos présomptions sont justes cette
fois-ci.
M. Johnson (Anjou): Oui? Je vous remercie. Vous êtes bien
gentil. Trop aimable.
Donc, je présume que M. Warren a des mandats. De qui lui viennent
ces mandats au Québec? Est-ce qu'ils lui viennent du comité
ministériel ou du comité consultatif?
M. Bourassa: Forcément, ils viennent du gouvernement qui
s'exprime par le sous-comité ministériel, lequel fait rapport au
comité ministériel qui, lui, fait rapport au Conseil des
ministres.
M. Johnson (Anjou): Parfait! Que vient faire le comité
consultatif dans tout ça?
M. Bourassa: Le comité consultatif, comme le comité
de coordination des relations intergouvernementales - je peux envoyer un
organigramme au chef de l'Opposition - se trouve à fournir des
informations au sous-comité ministériel. Le groupe de M. Warren a
déjà entendu des représentants de plusieurs secteurs
manufacturiers.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Et les membres du comité
dont on a donné les noms: Yvon Dolbec, Raymond Biais, plus maintenant
évidemment, Marie-Josée Drouin, Marcel Dutil, Mona-Josée
Gagnon, Roger Pruneau, Michel Vennat, Jean-Louis Roux, M. Dorais qui est
secrétaire, Tous ces membres se sont-ils réunis souvent?
M. Bourassa: Oui. Au minimum, une fois par mois. Le comité
consultatif?
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Bourassa: Une fois par mois.
M. Johnson (Anjou): Est-ce que le comité consultatif a eu
accès aux études d'impact des différents
ministères?
M. Bourassa: Oui, je crois. Sans avoir les études... Une
bonne partie des études. Le chef de l'Opposition m'avait posé une
question à un moment donné il y a deux ou trois mois
là-dessus.
M. Johnson (Anjou): Oui, oui.
M. Bourassa: J'attendais qu'il me la repose.
M. Johnson (Anjou): Ce serait certainement plus simple si vous y
répondiez la première fois.
M. Bourassa: Oui mais, M. le Président, le chef de
l'Opposition me fait des reproches. II arrive sans préavis un beau matin
ou un après-midi puis il demande: Quelles sont les modalités de
distribution des comités d'étude aux membres du comité
consultatif sur le libre-échange? Et il voudrait que le premier
ministre. sans préavis, puisse connaître les modalités de
distribution de tout ce qui se fait pour plusieurs dizaines de comités.
Et il me fait le reproche de ne pas... Je comprends qu'on me dit que je suis
assez bien informé mais les modalités de distribution...
M. Johnson (Anjou): II y a des limites, n'est-ce pas?
M. Bourassa: Vous avez raison, il y a des limites.
M. Johnson (Anjou): Voilà.
M. Bourassa: Alors, il ne peut pas me faire le reproche de ne
pas...
M. Johnson (Anjou): Je peux comprendre cela. Il y a des limites,
comme dans la société distincte.
Comment le premier ministre explique-t-il cependant, dans le cas de ces
études d'impact, qui évidemment peuvent commencer à donner
un portrait de ce que va vouloir dire le... Comment le premier ministre
explique-t-il que ces études d'impact qui vont commencer à donner
aux Québécois un portrait de ce que cela pourrait vouloir dire,
non pas ce que cela va vouloir dire, n'est-ce pas? il ne faut pas se faire
d'illusion. Ces études d'impact sont des modèles habituellement
économétriques dans lesquels le pifomètre joue un
rôle important. Mais c'est le pifomètre exercé par des
spécialistes des méthodes quantitatives en général.
Je pense que c'est le meilleur qu'on puisse posséder.
Comment le premier ministre explique-t-il que son ministre du Commerce
extérieur, M. MacDonald déclarait le 13 mai - ce n'est pas il y a
six mois - à une question de mon collègue de Bertrand: Nous avons
mentionné qu'il y avait des études - et je cite -sectorielles qui
étaient mises à jour avec les chiffres de 1986 et qui allaient
être rendues publiques dans une dizaine de jours par le ministre de
l'Industrie et du Commerce entre autres chez qui se sont
préparées la majorité de ces études. Ces
études recevront la même distribution que leur rapport,
c'est-à-dire que qui que ce soit dans la province de Québec qui
désire avoir des copies les aura.
C'est M. MacDonald qui déclare cela à l'Assemblée
nationale le 13 mai. Le ministre de l'Industrie et du Commerce déclare
lui, le 87-07-01, donc le 7... Non, le 1er... J'essaie de voir sur la
transcription du Journal des débats en commission.
Une voix: C'est le 2 juin.
M. Johnson (Anjou): C'est le 2 juin? Bon. Bien oui,
c'était avant-hier, à l'étude de ses crédits il y a
quelques jours. Voilà. Alors le 2 juin donc, au moment où vous
étiez à Ottawa, votre collègue, le ministre de l'Industrie
et du Commerce, député de Vaudreuil-Soulanges, déclare:
"II est essentiellement exclu que nous mettions sur la place publique, en
pleine négociation, l'inventaire des points forts et des points faibles
du Québec compte tenu des enjeux évidemment de
libéralisation des échanges. Il est inutile de mettre sur la
place publique ce qui peut faire l'avantage concurrentiel
d'une entreprise ou alors étaler au grand jour les faiblesses
particulières de certaines entreprises pour que leurs concurrents
évidemment en prennent avantage. Nous ne sommes pas aujourd'hui
disposés à laisser aller comme cela, sans balises aucune, ce
qu'on peut avoir découvert grâce à notre expertise au
ministère de l'Industrie et du Commerce et dans d'autres
ministères, soit l'Agriculture, à l'Énergie et aux
Ressources, etc."
Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire si on va avoir les
études d'impact parce qu'il me semble que ses ministres ne s'entendent
pas?
M. Bourassa: Non. Le ministre de l'Industrie et du Commerce a
répondu à cette question mardi. Je ne sais pas si quelqu'un, un
de vos recherchistes pourrait trouver le texte de sa réponse.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. C'est cela que je vous lis.
M. Bourassa: Ah d'accord!
M. Johnson (Anjou): C'est cela que je viens de vous citer.
M. Bourassa: Oui, mais justement il a donné les
raisons.
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Bourassa: À cause de la concurrence, ta publication de
ces études pourrait affecter certaines entreprises.
M. Johnson (Anjou): Alors, si je comprends bien, lui, le ministre
du... (16 h 45)
M. Bourassa: Oui. Le ministre du Commerce extérieur a
publié ce document qui fait la synthèse des études sur le
libre-échange avec les États-Unis. Je ne sais pas si le chef de
l'Opposition...
M. Johnson (Anjou): Non.
M. Bourassa: Vous ne l'avez pas vu.
M. Johnson (Anjou): Oui, je l'ai vu. J'en ai même pris
connaissance. On s'est même permis de le critiquer, mais le premier
ministre était occupé à autre chose. Il était sur
le bord d'un lac. Je pense qu'il ne s'en est pas rendu compte.
M. Bourassa: M. le Président, toujours...
M. Johnson (Anjou): Pour revenir à son style...
M. Bourassa: ...ses attaques insidieuses sur le chef du
gouvernement fédéral.
M. Johnson (Anjou): Mais, est-ce que....
M. Bourassa: C'est malheureux. Non, mais c'est toujours ces
attaques vis-à-vis de M. Mulroney. Je ne sais pas ce qu'en pense le
député de Joliette. Toujours...
M. Johnson (Anjou): Je n'attaque pas M. Mulroney.
M. Bourassa: Oui. Vous avez dit que, pour 25 $, il vendrait le
Yukon.
M. Johnson (Anjou): Non.
M. Bourassa: Pour avoir quelques votes.
M. Johnson (Anjou): Pour 25 votes, il aurait vendu le Yukon. Pas
25 $. J'ai dit 25 votes. Ce n'est pas la même chose.
M. Bourassa: Mais le reproche...
M. Johnson (Anjou): En plus de tout cela, j'ai dit qu'il le
vendrait aux Russes pour cela. C'est ce que j'ai dit. Bon.
M. Bourassa: Le reproche est aussi injuste pour le premier
ministre du Canada qui a fait quand même, à l'occasion du lac
Meech, parce que c'est lui qui a abordé la question...
M. Johnson (Anjou): On est dans le libre-échange.
M. Bourassa: ...une contribution exceptionnelle à
l'unité du pays.
M. Johnson (Anjou): Je comprends que le premier ministre passera
une bonne fin de semaine. Je lui souhaite. Avant, il y a encore du travail
à faire. Cela porte sur le libre-échange, en ce moment. Bon. Je
voudrais simplement lui dire qu'il y a comme un problème avec son
ministre du Commerce extérieur. En tout cas, s'il n'en a pas, je pense
qu'il vient de trancher. Je pense qu'il trouve que le ministre de l'Industrie
et du Commerce a raison et que le ministre du Commerce extérieur a tort.
Parce que son ministre du Commerce extérieur nous a promis... On l'a
demandé - c'est comme le reste, c'est comme les textes juridiques - on a
demandé au ministre du Commerce extérieur: Peut-on avoir les
études d'impact? II a dit: Oui, le 13 mai, dans dix jours, dit-il, le 13
mai...
M. Bourassa: Une dizaine de jours.
M. Johnson (Anjou): Une dizaine de jours, d'accord, on se
comprend. Cela fait une vingtaine de jours. Entre-temps, le
député de Vaudreuil-Soulanges se fait poser la question, par mon
collègue de Bertrand,
M. Parent, et lui répond: Savez-vous, non, on ne les rendra pas
publiques. Dans le fond, la question que je pose est: Arrive-t-il que le
ministre de l'Industrie et du Commerce et le ministre du Commerce
extérieur se parlent du dossier du libre-échange?
M. Bourassa: Ils siègent tous les deux au
comité.
M. Johnson (Anjou): Je vais vous dire, cela ne paraît
pas.
M. Bourassa: Ils s'entendent très bien. Je pense, M. le
Président....
M. Johnson (Anjou): Alors, pourriez-vous expliquer à un
des deux qu'il est mélangé...
M. Brassard: ...qu'ils se comprennent.
M. Johnson (Anjou): Parce qu'il y en a un qui dit qu'il va rendre
publiques les études et l'autre explique que c'est absolument
impossible, que c'est une affaire d'intérêt public que ce ne soit
pas rendu public. Le premier ministre nous ferait-il la grâce d'expliquer
à un de ses deux ministres, qu'il y en a un qui est ou confus ou
mélangé?
M. Bourassa: M. le Président, je me souviens très
bien de cette déclaration -dont j'avais pris connaissance même si
j'étais absent, parce que je n'étais pas à Québec.
Le ministre avait dit: Dans une dizaine de jours, mais je devrai en discuter
avec le ministre de l'Industrie et du Commerce. Il l'a dit à ce
moment-là.
M. Johnson (Anjou): Enfin, je ne veux pas revenir sur ce qu'il a
dit, mais tout le monde peut le lire. Je veux seulement donner la page, c'est
la page 7538 du Journal des débats. Le premier ministre va se
rendre compte que son ministre de l'Industrie et du Commerce s'est mis le doigt
dans l'oeil jusqu'au coude. Cela étant dit, j'aimerais savoir, du
premier ministre, s'il entend, oui ou non, rendre les études
publiques?
M. Bourassa: Vous dites que le ministre de l'Industrie et du
Commerce s'est mis le doigt dans l'oeil jusqu'au coude?
M. Johnson (Anjou): Non, j'ai l'impression que c'est celui du
Commerce extérieur, d'après ce que vous me dites.
M. Bourassa: Ah! je pensais.
M. Johnson (Anjou): Si c'est celui de l'Industrie et du Commerce,
je voudrais le savoir.
M. Bourassa: Non, mais c'est cela. Je me demandais si vous
attaquiez...
M. Johnson (Anjou): Cela m'étonnerait. Cela va
dépendre de votre réponse, celui qui s'est mis le doigt dans
l'oeil.
M. Bourassa: M. le Président...
M. Johnson (Anjou): Lequel des deux s'est mis le doigt dans
l'oeil?
M. Bourassa: Le ministre du Commerce extérieur a fait une
déclaration. Il a dit: Dans une dizaine de jours, le ministre de
l'Industrie et du Commerce pourra vous expliquer s'il peut rendre publiques ces
études.
M. Johnson (Anjou): Non! Il a dit dans une dizaine de jours, ce
sera rendu public par le ministre de l'Industrie et du Commerce. Ce n'est pas
la même chose.
M. Bourassa: Non. Parce que le ministre du Commerce
extérieur, à plusieurs reprises, a mentionné les risques
pour la concurrence, cela a été mentionné par le ministre
du Commerce extérieur. Nous avons discuté de cette
question-là tous les trois. Donc, il peut y avoir des citations hors
contexte. Mais nous avons discuté de cette question-là. Le
ministre du Commerce extérieur a dit: II y a des risques pour la
concurrence. Voilà le document qui a été rendu public. M.
le Président, on dirait que c'est le chef de l'Opposition qui a
siégé 20 heures.
M. Johnson (Anjou): Non, absolument pas. On a eu une îonque
commission parlementaire pensez-vous, vous n'avez rien vu encore. Alors,
finalement j'aimerais que le premier ministre nous confirme, blaque à
part...
M. Bourassa: M. le Président, ce qu'a dit le ministre du
Commerce extérieur, indépendamment d'une déclaration qui a
pu être citée, c'est qu'il demanderait à ses
collègues - cela revient un peu à la déclaration, mais
c'est un peu plus nuancé -de publier les études ou quelles sont
les études qui pourraient être publiées en tenant compte
des conséquences sur la concurrence. Donc, le ministre de l'Industrie et
du Commerce, qui a sa propre responsabilité, a dit que dans les cas qui
l'intéressaient cela comportait des risques. C'est tout.
M. Johnson (Anjou): Donc, les études ne seront pas rendues
publiques.
M. Bourassa: Je me réfère à la
réponse du ministre de l'Industrie et du Commerce. Il a répondu
mardi.
M. Johnson (Anjou): Et non pas à celle du ministre...
M. Bourassa: Non, je veux dire la dernière que vous
avez.
M. Johnson (Anjou): Donc c'est le ministre de l'Industrie et du
Commerce qui a raison non pas celui du Commerce...
M. Bourassa: Mais non.
M. Johnson (Anjou): Je veux savoir, ils disent des choses
contradictoires. Y a-t-il moyen de savoir c'est quoi que le gouvernement
fait?
M. Bourassa: Oui, je vais le dire au chef de l'Opposition s'il me
donne la chance, s'il me donne quelques secondes et s'il m'écoute. Il ne
m'écoute pas quand je réponds, il parle toujours à droite
ou à gauche.
M. Johnson (Anjou): Ah, je l'écoute attentivement.
M. Bourassa: Oui.
M. Johnson (Anjou): Vous savez, je suis capable des fois de faire
deux choses en même temps.
M. Bourassa: Tant mieux! Ce que je dis au chef de l'Opposition
c'est que d'abord, te ministre du Commerce extérieur a fait une
déclaration...
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Bourassa: ...en disant: Les ministres responsables devront
s'occuper de publier ou non les études. Chaque ministre - c'est ce que
j'ai dit tantôt au chef de l'Opposition -aura la responsabilité de
prendre la décision pour son secteur. Le ministre de l'Industrie et du
Commerce a pris la décision pour son secteur. C'est cela la
réalité.
M. Johnson (Anjou): Bon, d'accord. M. Bourassa: Alors
c'est clair?
M. Johnson (Anjou): Non, mais je comprends que le premier
ministre est un peu embarrassé par cela.
M. Bourassa: Non, pas du tout.
M. Johnson (Anjou): Je n'insisterai pas, je vais juste me
contenter de lui envoyer une photocopie des déclarations de ses deux
ministres. Il va se rendre compte que je ne compte pas de blague sur cela.
C'était bien clair que le ministre de l'Industrie et du Commerce - il
était mentionné - devait rendre publiques dans une dizaine de
jours les études et, 20 jours après, le ministre de l'Indusrie et
du Commerce dit: Vous ne les aurez pas les études parce que la
concurrence, la vertu et la tarte aux pommes. Je comprends que le premier
ministre nous dit, puisqu'il refuse de répondre clairement, que c'est le
ministre de l'Industrie et du Commerce qui a raison, que la politique du
gouvernement c'est que les études d'impact du ministère de
l'Industrie et du Commerce ne seront pas rendues publiques. Ai-je bien
compris?
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition est
injuste vis-à-vis du ministre de l'Industrie et du Commerce. Il n'a pas
parlé de tarte aux pommes et de choses comme cela. Il a dit: Dans les
secteurs qui m'intéressent...
M. Johnson (Anjou): II a parlé d'agriculture. C'est faux,
il en parle d'agriculture, ici.
M. Bourassa: ...ou sous sa responsabilité il y a des
impacts négatifs sur la concurrence. C'est cela qu'a dit le ministre de
l'Industrie et du Commerce.
M. Johnson (Anjou): Bon, alors c'est vous le premier ministre. Si
je comprends bien, il n'y aura pas d'études rendues publiques.
M. Bourassa: Je veux dire que si des études, selon l'avis
des ministres, pouvaient, dans certains cas - parce qu'on a déjà
publié plusieurs documents - affecter la concurrence, je pense que le
chef de l'Opposition va comprendre.
M. Johnson (Anjou): D'accord, donc, c'est non. Merci.
M. Bourassa: Pour des raisons que tout le monde va admettre.
M. Johnson (Anjou): Un autre sujet, si vous permettez, M. le
Président, je demanderais à mon collègue, le
député de Lac-Saint-Jean, qui a une ou deux questions à
poser au premier ministre. Cela va se faire rapidement.
M. Bourassa: M. le Président, l'essentiel des conclusions
de toutes les études se retrouve dans ce document.
M. Johnson (Anjou): Je ne suis pas d'accord avec cela. Mais
enfin!
M. Bourassa: Je respecte l'opinion du chef de l'Opposition, je ne
la partage pas.
M. Johnson (Anjou): J'apprécie.
Une voix: Mais vous ne la partagez pas!
L'ex-secrétaire général du
gouvernement
M. Brassard: M. le Président...
Le Président (M. Filion): Oui, M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: ...j'aurais un certain nombre de questions à
poser au premier ministre. D'abord, une question concernant l'ancien
secrétaire général du gouvernement, M. Roch Bolduc, qui a
quitté le gouvernement depuis un certain temps, pour savoir quel
était le statut de M. Bolduc pendant qu'il était à
l'emploi du gouvernement à titre de secrétaire
général. Est-ce qu'il avait gardé des liens financiers ou
administratifs avec son ancien employeur le groupe CGI.
M. Bourassa: Comme vous le savez, M. Bolduc avait
été engagé pour onze mois, donc, il a été
engagé à contrat. Je peux essayer de retrouver le contrat.
M. Brassard: II est contractuel.
M. Bourassa: Oui. Je vais le lire: "Le gouvernement engage
à contrat M. Roch Bolduc pour agir comme secrétaire
général et greffier du Conseil exécutif ci-après,
etc. M. Bolduc assiste le conseil - ce sont les fonctions. Durée: 23
décembre 1985 pour se terminer le 22 juin 1986." Il avait
été engagé pour six mois, à contrat, pour la
période de transition et, après, cela a été
prolongé de cinq mois, par décret.
M. Brassard: Pendant cette période, où il
était à contrat avec le gouvernement, quels étaient - je
reviens à la question que j'ai posée - les liens, soit
financiers, soit administratifs qu'il avait conservés avec son ancien
employeur, le groupe CGI?
M. Bourassa: II était à contrat. Je crois qu'il
n'occupait absolument aucune fonction dans son ancienne entreprise puisqu'il
était à plein temps secrétaire général. Il a
été engagé pour six mois, je lui ai demandé de
prolonger de cinq mois donc, il travaillait totalement à plein temps.
Toute son activité...
M. Brassard: II travaillait à plein temps, mais est-ce...
Je parlais de liens financiers. Est-ce qu'il est demeuré, par exemple,
actionnaire du groupe CGI dont il provenait?
M. Bourassa: II est possible qu'il ait eu des actions...
M. Brassard: II demeurait actionnaire.
M. Bourassa: ...mais il n'avait aucun lien administratif ou aucun
lien de travail de quelque nature que ce soit.
M. Brassard: Vous dites qu'il est possible qu'il soit
demeuré actionnaire. Est-ce que c'est...
M. Bourassa: Étant donné qu'il était
engagé pour six mois, j'aurais trouvé exagéré de
lui demander de vendre ses actions. Il était engagé pour une
période de six mois.
M. Brassard: Serait-il possible d'avoir une réponse
précise...
M. Bourassa: Sur le nombre d'actions qu'il avait?
M. Brassard: Non, sur...
M. Bourassa: S'il en avait et le nombre d'actions?
M. Brassard: S'il était demeuré actionnaire du
groupe CGI ou en congé sans traitement. Quel était le genre de
lien ou de statut de M. Bolduc par rapport au groupe CGI d'où il
provenait?
M. Bourassa: M. le Président, j'ai le contrat ici, je ne
sais pas si le député de Lac-Saint-Jean voudrait obtenir une
copie du contrat d'engagement de M. Roch Bolduc...
M. Brassard: Pour le contrat, cela va, M. le
Président.
M. Bourassa: Le contrat, c'est le contrat. Vous n'êtes pas
satisfait du contrat.
M. Brassard: Je ne parle pas du contrat, je vous parle des liens
conservés par M. Bolduc avec le qroupe conseil d'où il provenait,
soit le qroupe CGI. Quels étaient les liens qu'il a
conservés?
M. Bourassa: Les seuls liens qu'on peut peut-être
envisager, c'est qu'il ait eu des actions de l'entreprise. Il ne pouvait pas
avoir d'autres liens puisqu'il était à plein temps pour le
gouvernement.
M. Brassard: II peut avoir eu un autre lien, il peut avoir
été en congé sans traitement. C'est un lien cela.
M. Bourassa: Sur la question des actions et des autres liens, je
peux avoir les détails et donner la réponse au...
M. Brassard: II peut être demeuré administrateur de
l'entreprise, au conseil d'administration. Serait-il possible - vous me donnez
des hypothèses - dans les plus brefs délais, que les membres de
la commission
puissent obtenir une réponse plus précise concernant toute
nature du statut de M. Bolduc, au moment où il était à
contrat avec le gouvernement au poste de secrétaire
général associé, par rapport au groupe où il
travaillait auparavant?
M. Bourassa: D'accord. Je vais vérifier le statut en
question pour être sûr de donner une réponse exacte. J'ai
demandé au secrétaire général d'aller
vérifier.
M. Brassard: Si je comprends bien -vous me direz si je me trompe
- à la fin de son contrat, M. Bolduc est redevenu vice-président
du groupe CGI.
M. Bourassa: Adjoint au président.
M. Brassard: Adjoint au président. A-t-il encore un lien
quelconque avec le gouvernement?
M. Bourassa: Non.
M. Brassard: Soit comme conseiller...
M. Bourassa: Après avoir démissionné, je lui
ai demandé d'être conseiller pour quelques mois, de mars à
mai, soit pour deux mais. Par la suite, il a démissionné,
à la fin de mai.
M. Brassard: Donc, présentement, il n'a plus aucun lien
contractuel avec le gouvernement.
M. Bourassa: Durant deux mois, je lui ai demandé de
conseiller le gouvernement sur certains points. Je voudrais quand même
rendre hommage au travail de M. Bolduc. Je sais que le député ne
veut pas...
M. Brassard: Absolument pas.
M. Bourassa: ...insinuer quoi que ce soit. S'il y a un serviteur
de l'État...
M. Brassard: Je voudrais bien qu'on se comprenne. Je n'ai
pas...
M. Bourassa: ...à qui on peut rendre hommage, c'est bien
M. Roch Bolduc. (17 heures)
M. Brassard: M. le Président, je voudrais bien qu'on se
comprenne. Je connais la feuille de route de M. Bolduc, ce sont simplement des
informations, qui m'apparais-sent pertinentes, que je voudrais
connaître.
M. Bourassa: D'accord. Je ne voudrais pas que ce soit
interprété d'une façon négative. C'est important
d'avoir des gens comme M. Roch Bolduc pour pouvoir aider l'administration du
gouvernement. Des gens qui ont 30 ans d'expérience... Il ne faudrait pas
que les questions puissent être interprétées d'une
façon négative et qu'on ne soit plus capable d'avoir des
conseillers, à l'occasion, qui peuvent être utiles.
M. Brassard: Oui, mais c'est important que les choses soient
transparentes, le premier ministre en conviendra.
M. Bourassa: D'accord, c'était simplement une mise en
garde non pas pour le gouvernement, mais pour l'ensemble de ceux qui pourraient
travailler pour l'administration publique et pourraient être craintifs de
le faire s'ils étaient susceptibles d'être traités
injustement.
M. Chevrette: Mais quand tout se fait clairement, il n'y a plus
de problème.
M. Brassard: Donc, M. le Président, je peux compter sur
des réponses dans des délais assez brefs.
M. Bourassa: Oui.
Directive sur les conflits
d'intérêts
M. Brassard: Merci. Je reviens au dossier de la directive
concernant les conflits d'intérêts des membres du Conseil
exécutif. La dernière question que j'ai posée au premier
ministre, à ce sujet, concerne les annexes, les fameuses annexes. C'est
regrettable que le ministre délégué aux Affaires
canadiennes ne soit pas aussi bon détective que l'agent 007. On pourrait
lui demander de trouver ces fameuses annexes. II semble qu'on avait beaucoup de
difficulté à les localiser.
Est-ce que le premier ministre a réussi, entre-temps, à
retrouver les annexes des déclarations d'intérêts de ces
ministres?
M. Bourassa: M. le Président, j'ai déjà
répondu au député à ce sujet. Quand, l'an dernier,
le député m'a fait des suggestions sur les fonctions de
mandataire, en ce sens que tes mandataires ne devaient pas être des
individus qui, à l'occasion, pourraient être des amis personnels,
j'ai accepté la suggestion du député. Je pense que
c'était une suqgestion valable.
Dans le cas de la publication des actions, par exemple, j'ai
déjà répondu au député qu'il s'agit
d'actions cotées à la Bourse, donc d'actions qui font l'objet
d'un mandat sans droit de regard. À ce moment-là, si elles font
l'objet d'un mandat sans droit de regard, ce que demande le
député, c'est de rendre publiques les annexes, mais sans supposer
qu'un ministre aurait tel et tel type d'action, par exemple, d'une compagnie X,
qui pourraient être vendues, à un moment donné, par le
mandataire, sans droit de
regard de la part du ministre. À ce moment-là, on serait
sous l'impression que le ministre a encore des actions qu'il n'a plus, parce
que cela a déjà été vendu, et que ses
décisions, au lieu d'être uniquement prises en fonction de
l'intérêt collectif, pourraient être prises en disant: Si je
donne un contrat à cette compagnie X, je ne sais pas si j'ai encore des
actions dedans, mais si je lui donne le contrat, même si c'est la
meilleure, ils vont m'accuser de le faire parce que j'ai dix actions.
Je ne vois pas l'utilité, la justification de rendre publiques
des annexes alors qu'il y a des transactions constantes qui se font par les
mandataires, ce, sans droit de regard. La justification... Si le
député me fait des suggestions qui sont justifiées, je les
accepte, comme pour le chef de l'Opposition. À ce moment-là, je
me dis: Dans quelle situation se trouvera-t-on? Les ministres vont dire: Est-ce
que j'ai encore ces actions? Est-ce que mon ministère peut octroyer le
contrat? Non, si je ne les ai pas, parce que si mon ministère octroie le
contrat et qu'on pense que je les ai, on va faire des liens. Il faut quand
même...
M. Brassard: M. le Président...
M. Bourassa: Est-ce que le député me suit?
M. Brassard: Oui, je vous suis très bien. Je vous ai
demandé: Avez-vous les annexes? En avez-vous pris connaissance? Vous
avez dit non, ce sont seulement les mandataires qui en ont pris connaissance.
Ma question n'est même pas: Voulez-vous rendre publiques les annexes?
C'est: Vous êtes, comme premier ministre, le responsable de
l'interprétation et de l'application de ta directive sur les conflits
d'intérêts. Or, vous me dites: Je ne connais pas les annexes, je
n'en ai pas pris connaissance, je ne veux pas en prendre connaissance et je ne
sais pas où elles sont; je sais que les mandataires les ont, mais
personne au Conseil exécutif ne les détient, et moi, je ne les ai
pas regardées comme interprète de l'application et responsable de
l'application des directives. Je trouve cela, pour le moins,
étonnant.
M. Bourassa: Le député change de sujet
complètement.
M. Brassard: Non, c'est la question que je vous posais.
M. Bourassa: II parle...
M. Brassard: Je vous posais la question tantôt; Avez-vous
les annexes? Les avez-vous retrouvées? En avez-vous pris connaissance?
C'est cela, la question.
M. Bourassa: M. le Président, les annexes ont
été remises aux mandataires sans droit de regard. Quelle
utilité...
M. Brassard: Mais, vous, les avez-vous regardées?
M. Bourassa: ...pourraient avoir ces annexes quand des
transactions peuvent les modifier constamment? Quelle utilité cela
pourrait-il avoir pour moi, alors que, constamment, on peut faire des
transactions qui modifient le contenu des annexes? C'est ce que je dis au
député, je vais répéter mon explication.
M. Brassard: Comment faites-vous pour interpréter la
directive à l'égard de vos ministres si vous n'avez pas pris
connaissance des annexes?
M. Bourassa: On parte des actions publiques, des actions
cotées à la Bourse sans droit de regard.
M. Brassard: Cela ne vous intéresse pas?
M. Bourassa: Si les ministres n'ont pas de droit de regard, si je
regarde les actifs le 1er janvier 1987 et que, le 2 janvier 1987, ils sont
complètement transformées par d'autres transactions, quelle est
l'utilité de connaître les actifs le 1er janvier quand, le 2, ils
peuvent être tout à fait différents? Voyons donc!
M. Brassard: Je vais vous donner un... Selon votre directive, en
septembre, les ministres devront faire un nouveau rapport. D'accord?
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Est-ce qu'on peut demander le silence autour de la table pour nous
permettre de bien saisir le contenu des échanges?
M. Brassard: Le ministre des Affaires canadiennes pourrait-il se
retirer?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Filion): Merci.
M. Brassard: Donc, en septembre, les ministres vont devoir vous
soumettre de nouveau une déclaration d'intérêts. À
l'article 4, concernant les compagnies publiques, il est dit qu'"il conserve la
liberté de retirer des fonds ou d'en ajouter..,". Donc, il pourrait fort
bien arriver qu'en septembre de l'année suivante, le volume, le montant
par conséquent, aussi, des intérêts d'un ministre ait
considérablement auqmenté. Pour savoir cela, il va falloir que
vous
consultiez les annexes. Je ne comprends pas que, comme interprète
et responsable de l'application...
M. Bourassa: M. le Président.
M. Brassard: ...de la directive sur les déclarations
d'intérêts, vous n'ayez pas juqé bon d'examiner les annexes
de ces déclarations d'intérêts. En septembre, comment
allez-vous faire pour savoir que certains de vos ministres, parce qu'ils ont la
liberté de retirer des fonds ou d'en ajouter, ont augmenté leur
mise de fonds dans des compagnies publiques de façon substantielle ou
l'ont retirée, ou ont réduit considérablement leur
portefeuille confié à un mandataire? Comment allez-vous en
prendre connaissance si vous ne consultez pas les annexes aux
déclarations d'intérêts?
M. Bourassa: Le député arrive avec une autre
question.
M. Brassard: Je pose plusieurs questions pour essayer de vous
faire prendre conscience qu'il est important pour vous de prendre connaissance
des annexes.
M. Bourassa: Oui. Je dis que le député arrive avec
une autre question, parce qu'il parle de deux périodes
différentes. D'accord? Il parle du 1er septembre au 1er septembre. Dans
le premier cas, évidemment, les ministres soumettant leurs actions de
compagnies cotées à la Bourse à des mandataires, sans
droit de regard, il n'y a aucune utilité, pour le chef du gouvernement,
par curiosité ou autrement, de voir ces actions qui, le lendemain,
peuvent être transférées à d'autres. D'accord?
Est-ce que le député est d'accord avec moi? Bon. Le
député soulève la question qu'après un an, il
pourrait être utile pour le chef du gouvernement, au cas où il y
aurait une augmentation spectaculaire de la fortune, cotée à la
Bourse, des ministres - on sait que la Bourse a augmenté beaucoup, je
comprends... Le député dit que, s'il y a une augmentation
spectaculaire de l'actif, le premier ministre peut être justifié
de s'enquérir des sources de cette augmentation, c'est-à-dire le
1er septembre qui vient. Je comprends la question du député et
j'en prends note, mais ce que je veux dire au député, c'est que,
de savoir, au début d'une période, les actions qui sont
détenues, alors que cela peut être modifié en tout temps,
en n'importe quelle circonstance, je crois que ma curiosité n'est pas
justifiée.
Quant à l'autre question du député, savoir s'il ne
pourrait pas être utile, au bout d'un an, s'il y avait des changements
spectaculaires dans l'actif, que le premier ministre puisse poser quelques
questions: je dis que j'en prends note. Mais elle n'est pas d'actualité.
C'est le 1er septembre prochain.
M. Brassard: Seulement poser des questions. Vous n'auriez pas la
curiosité d'examiner les annexes.
M. Bourassa: Selon les réponses que j'ai, quand
même. Je pense que le député est assez intelligent pour
comprendre ce que je dis. Si les réponses sont satisfaisantes, je les
accepte. Si elles ne le sont pas, j'en pose d'autres.
M. Brassard: Si je comprends bien, M. le Président, en
septembre, à la suite du dépôt des déclarations
d'intérêts de ses ministres, ces dépôts, qui doivent
être rendus publics en vertu de sa propre directive, ne comporteront pas,
encore une fois, les annexes.
M. Bourassa: Pour les raisons que je viens de mentionner, le
secrétaire qénéral s'occupe de cela. Parce que je
comprends que j'ai une responsabilité de l'intégrité du
gouvernement et c'est pour moi de toute première importance, les
premières remarques que j'ai faites comme premier ministre, le 12
décembre 1985, ont été de demander à mes ministres,
comme première exiqence, l'intégrité de l'administration.
À l'occasion du premier anniversaire, j'ai également
rappelé l'exigence de l'intéqrité de l'administration.
Cela suppose des sacrifices. Il y a plusieurs ministres qui viennent du monde
des affaires, ils ont accepté des sacrifices financiers
considérables, mais il est important, pour l'administration publique,
d'être de la plus qrande transparence. Mais en ce qui concerne la
question que m'a posée le député sur les annexes, je pense
que je lui ai répondu pourquoi ma curiosité n'était pas
justifiée. C'est parce que le contenu de ces annexes est constamment en
chanqement. Mais pour ce qui est de l'autre question, sur la comparaison entre
les deux dates, on va examiner la justification de cette curiosité. Ce
n'est pas facilement qu'on assume cette curiosité, mais je pense que si
c'est nécessaire de le faire pour l'intégrité, on va
examiner la question.
M. Brassard: M. le Président, j'ai examiné les
déclarations d'intérêts de deux de ses ministres, celle de
M. Lincoln, ministre de l'Environnement, et celle de M. Ciaccia, ministre de
l'Énergie et des Ressources. J'ai constaté que les deux sont
associés en affaires, par l'entremise d'un "joint venture", comme on
dit, pour un terrain de 161 000 pieds carrés sur le chemin Bord du lac -
ce n'est pas le lac Meech - à Dorval, pour fins de développement
résidentiel. On retrouve une déclaration similaire, dans la
déclaration de M. Ciaccia, ministre de l'Énergie et des
Ressources, pour
[a même association, avec M. Lincoln, lui, c'est par l'entremise
de Green Clore Holdings Inc., pour le même terrain de 161 000 pieds
carrés, sur le chemin Bord du lac, à Dorval, Québec.
Voilà deux ministres dont on constate qu'ils sont associés
en affaires.
M. Bourassa; Pour la propriété d'un terrain.
M. Brassard: Pour la propriété d'un terrain, d'un
vaste terrain, à vendre. Its sont associés en affaires. Or, il
arrive...
M. Bourassa: Est-ce que c'est le même nombre de pieds
carrés? Il faudrait que je vérifie.
M. Brassard: Oui, 161 000 pieds carrés, exactement.
M. Bourassa: Dans les deux cas?
M. Brassard: Dans les deux cas, 161 000 pieds carrés, sur
le chemin Bord du lac, à Dorval.
M. Bourassa: D'accord.
M. Brassard: C'est un "joint venture", par le biais de deux
sociétés.
M. Bourassa: Et cela a été déclaré
dans les...
M. Brassard: C'est dans leur déclaration
d'intérêts.
M. Bourassa: Bon. Il n'y a pas de cachette.
M. Brassard: C'est pour des fins d'affaires. Les deux sont
associés en affaires. Cependant, il arrive que ce sont deux ministres
qui sont titulaires de deux ministères qui, très
fréquemment, se retrouvent très souvent en opposition pour un
certain nombre de dossiers. L'un est voué à l'exploitation et
à l'utilisation des ressources, l'autre est voué à la
protection et à la conservation de l'environnement. On pourrait citer de
nombreux cas, de nombreux dossiers, dont le transport de la ligne de
transmission d'Hydro-Québec, où les deux ministères sont
en conflit. Je pourrais vous citer l'exemple des berges du lac Saint-Jean - je
connais bien ce dossier-là - où les deux ministères
également étaient en conflit. C'est malheureusement le
ministère de l'Énergie et des Ressources qui l'a emporté,
même si c'est le ministre de l'Environnement qui a signé une
entente avec l'AIcan. Est-ce que vous trouvez normal que deux ministres,
titulaires de deux ministères susceptibles très souvent... Ce
serait différent, évidemment, si l'un était ministre des
Communications et l'autre, je ne sais pas, ministre de l'Environnement; il y a
moins de lien. Mais dans le cas de deux ministères qui sont vraiment,
constamment et très souvent, en divergence de vues sur un bon nombre de
dossiers, est-ce que vous trouvez cela normal que ces deux ministres soient,
sur le plan privé, associés et fassent des affaires ensemble? (17
h 15)
M. Bourassa: Dans la propriété
d'intérêts. Dans mon prochain remaniement, s'ils gardent le
terrain il faudra les chanqer de ministère.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Brassard: Ah non! Vous trouvez ça drôle?
M. Bourassa: M. le Président, le ministre...
M. Brassard: Je ne vous parle pas de l'éqalité,
là, je vous parle... Est-ce que vous trouvez normal que deux ministres
soient associés en affaires sur le plan privé - des affaires de
nature spéculative, on sait ce que c'est de vendre des terrains - et
qu'en même temps ils soient titulaires de deux ministères dont les
dossiers sont constamment en opposition et en conflit? Vous trouvez ça
normal?
M. Bourassa: Le député présume quand
même que parce que les deux ministres...
M. Brassard: La question se pose. La question ne se pose pas?
M. Bourassa: Quand est-ce que cela a été
déclaré? Si vous me posez la question...
M. Brassard: C'est la déclaration
d'intérêts... La dernière, il n'y en a eu qu'une. Pour le
moment il n'y a pas eu deux déclarations d'intérêts.
M. Bourassa: Septembre...
M. Brassard: Vous l'avez dit tantôt, ca va arriver
l'automne prochain, la deuxième.
M- Bourassa: Depuis septembre 1986 que cette déclaration
est publique, que vous avez ça sous les yeux et tout à coup vous
arrivez...
M. Brassard: On étudie vos crédits, M. le premier
ministre, une fois par année.
M. Bourassa: Non, non, laissez-moi... Puisque vous...
M. Brassard: C'est une fois par année
qu'on aborde ces sujets-là.
M. Bourassa: Puisque vous... Vous avez le choix de l'aborder lors
de la période de questions. Qu'est-ce que vous attendez? Vous ne parlez
plus de l'édifice Chinic, là. On en a parlé de
l'édifice Chinic. Vous avez fait un scandale avec ça
jusqu'à ce qu'on vous apprenne que vous aviez reçu davantage;
8500 $ que vous avez reçus en 1985 des dirigeants du groupe Roche et
vous...
M. Brassard: Ce n'est pas ça ma question. Je vous demande
si c'est normal.
M. Bourassa: Je comprends, vous n'en parlez plus de
ça.
M. Brassard: Si vous me dites que c'est normal, vous pensez que
c'est normal, vous me dites: C'est normal, il n'y a pas de problèmes
là, c'est tout. Je vous pose la question, je vous interroge pour savoir
votre point de vue sur une situation semblable. Je ne dis pas que c'est
illégal, je ne parle pas d'illégalité. Est-ce que vous
trouvez ça normal?
M. Bourassa: Est-ce que je peux répondre?
M. Brassard: Oui, bien sûr.
M. Bourassa: Je réponds sur la question de Chinic, je sais
que cela a scandalisé le chef de l'Opposition. S'il peut venir s'asseoir
il pourra commenter. Vous avez fait tout un plat avec la question de
l'édifice Chinic. 5900 $ qui avaient été donnés
à la caisse du Parti libéral en 1985 par les dirigeants du groupe
Roche; 14 000 000 $ de contrats sans soumissions. Quand j'ai vu ça, j'ai
dit à mes gens: Vérifiez donc comment le PQ a reçu du
même groupe pour la même année. Ils m'ont dit: 8500 $; 5900
$ pour nous, 8500 $, un gros scandale pour le Parti libéral et quand
vous étiez au pouvoir, non. Je veux simplement mettre en relief que ce
genre d'attaques parfois doivent être faites avec un minimum de vigilance
et de prudence et de respect des personnes.
M. Brassard: ...c'est une question que je vous pose.
M. Bourassa: Je vais répondre à la question du
député. Ces déclarations ont été rendues
publiques le 1er septembre 1986. Le 3 juin, il vient à mes
crédits et soudainement il sort ces documents qui sont publics depuis un
an et dit: Les ministres sont en chicane. Donc, pourquoi
posséderaient-ils le même terrain?
M. Brassard: Non, non, ce n'est pas ça.
M. Bourassa: C'est un peu...
M. Brassard: Vous avez l'esprit tordu, ce n'est pas possible.
M. Bourassa: Les ministres sont en conflit. Mais pourquoi, au 3
juin, posez-vous cette question-là...
M. Brassard: Les deux ministres, en tant que personnes, sont au
contraire intimement liés, étroitement associés en
affaires sur le plan privé.
M. Bourassa: Oui, mais ils l'étaient...
M. Brassard: Et leurs ministères ont des dossiers qui
souvent s'opposent. En tout cas, dans le cas que je connais très bien,
le dossier des berqes du lac Saint-Jean, comme par hasard, c'est le point de
vue et la vision de l'Énergie et des Ressources qui l'ont
emporté, même si c'est le ministre de l'Environnement qui a
négocié et qui a signé l'entente. Il arrive donc que le
point de vue de l'Environnement ne soit pas accepté dans des dossiers et
dans d'autres cas...
M. Bourassa: C'est l'inverse.
M. Brassard: C'est peut-être l'inverse mais je vous dis
qu'il y a là deux ministères qui sont perpétuellement en
opposition parce qu'ils ont des vocations qui s'opposent. L'un est exploiteur
de ressources, utilisateur de ressources et l'autre a une vocation de
conservation et les deux titulaires sont deux amis en affaires, deux
associés en affaires. Je vous demande simplement si une situation comme
ça vous apparaît normale. Cela ne vous crée pas de
problèmes, ça ne vous suscite pas d'interrogation?
M. Bourassa: L'interrogation que cela me suscite d'abord, c'est
pourquoi le député me pose-t-il cette question le 3 juin 1987
quand on avait la même situation le 2 septembre 1986?
M. Brassard: Depuis ce temps-là, il y a toute une
série de dossiers qui sont...
M. Bourassa: Non. Mais là il dit toute une série de
dossiers. Pourquoi aujourd'hui y a-t-il conflit entre ces deux
ministères, d'après le député, et qu'il n'y en
avait pas il y a dix mois, que c'était chose normale, qu'on acceptait
cela?
M. Brassard: II y a toujours eu conflit entre ces deux
ministères. Le premier ministre me comprend. C'était comme cela
de notre temps aussi, ce sont deux ministères qui, quel que soit le
gouvernement, ont toujours des dossiers très conflictuels. C'est
toujours le cas. Mais, est-ce que c'est
normal, justement à cause de cette situation de fait qui perdure,
quel que soit le gouvernement, compte tenu des vocations mêmes des
ministères, qu'à leur tête se trouvent deux personnes qui
sont associées en affaires?
M. Bourassa: M. le Président, ce sont deux
collègues que j'ai nommés.
M» Brassard: Oui, c'est sûr. Ce n'est certainement
pas nous qui les avons nommés.
M. Bourassa: Je n'ai absolument rien, jusqu'à maintenant,
aucune espèce d'élément, et ni le député
n'en a. Si j'ai soulevé tantôt l'affaire Chinic qui a fait lever
le chef de l'Opposition, et j'attends encore sa réponse pourquoi 5900 $
c'est une faute et 8500 $ cela ne l'est pas... Oui, j'ai hâte de
l'entendre.
Ce que je dis au député c'est que je n'ai aucune
espèce d'élément d'aucune nature, ni directement ni
indirectement, que les deux ministres n'assument pas leurs
responsabilités de la façon la plus intègre et la plus
efficace. Il soulève cette question d'un terrain commun. Je peux
vérifier si de fait cela a pu avoir une influence comme telle. Nous
sommes prêts à demander aux hommes politiques des exigences
très fortes avec lesquelles je suis d'accord. Mais, est-ce que dans mes
remaniements ou dans la formation de mon cabinet, il va falloir vérifier
jusqu'à ces aspects-là? Peut-être que oui. Peut-être
qu'il faut aller jusque là. Vous êtes bien en peine de faire des
reproches au gouvernement. Mais le député, quand même, fait
son rôle. Il cherche.
M. Brassard: Je vous demande si cette situation vous
dérange. Vous dites cela ne me dérange pas ou cela me
dérange ou cela m'inquiète un peu. Vous me répondez, c'est
tout. J'attends votre réponse.
M. Baurassa: M. le Président, ce que je dis au
député... Je sais que le député semble un peu mal
à l'aise de soulever des questions comme celle-là parce que c'est
un peu ridicule.
M. Brassard: Je ne suis pas mal à l'aise du tout.
M. Bourassa: Mais ce que je lui dis...
M. Brassard: Ah! C'est ridicule cela? Une situation ridicule?
M. Bourassa: Ce qui est ridicule c'est que vous le soulevez
aujourd'hui et que vous ne l'avez pas fait, il y a dix mois, alors que les deux
ministères étaient aussi en conflit, comme il le dit, alors que
ce n'est pas le cas. Chaque ministre a ses responsabilités.
M. Brassard: Donc, le premier ministre me reproche le moment
où j'ai soulevé la question. C'est cela?
M. Bourassa: Non, ce que je dis...
M. Brassard: II me reproche le moment où j'ai
soulevé la question.
M. Bourassa: Ce que je dis c'est pourquoi, si c'est aujourd'hui
digne de... Pourquoi est-ce que cela n'a pas été fait il y a dix
mois? Je demande au chef de l'Opposition.
M. Johnson (Anjou): Oui. Est-ce que le premier ministre me permet
d'y répondre?
M. Bourassa: Ce que je vais dire pour compléter la
réponse c'est que jusqu'à maintenant je n'ai absolument rien eu
d'indication que la possession commune d'un terrain pouvait affecter, ni
directement ni indirectement, les fonctions de chacun des deux ministres. Je
vais vérifier pour voir si, parce que...
M. Brassard: J'espère que je ne vous apprends pas la
nouvelle. Vous le saviez déjà? J'espère que vous le saviez
déjà.
M. Bourassa: Est-ce que je peux terminer? Est-ce que vous pouvez
être un peu calme, s'il vous plaît?
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît, M. le
député de Lac-Saint-Jean, pourriez-vous écouter la
réponse et ensuite les gens pourront...
M. Bourassa: Je dis que je vais vérifier parce que
l'élément qu'apporte le député, qui est nouveau par
rapport au fait que la chose existe depuis dix mois, c'est qu'il aurait pu y
avoir, dans l'exercice de leurs fonction, influence due à la possession
commune d'un terrain. Je vais vérifier. À ma connaissance, il n'y
a eu aucune espèce d'influence. J'ai dit que j'ai pris toutes les
mesures les plus exigeantes pour assurer l'intégrité de
l'administration. Si je dois prendre d'autres mesures, je suis prêt
à les prendre, mais je vais vérifier si cette possession commune
et les fonctions respectives des ministères, étant donné
qu'on me soulève cela aujourd'hui, pas la question de la possession qui
était publique mais la possibilité de conflits, je n'ai aucune
indication que cela a pu jouer. Je vais vérifier et on avisera.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le premier
ministre.
M. Johnson (Anjou): Simplement pour revenir un peu sur...
Le Président (M. Marcil): M. te député
d'Anjou.
Sous-ministres (suite)
M. Bourassa: Juste avant de répondre au chef parce quMI
m'a demandé des informations sur les 25.
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Bourassa: Alors, ce n'est pas 25. Quinze ont eu une
affectation, trois ou quatre sont en congé de maladie - on a
essayé de vérifier - et six sont en attente. Alors, ce n'est pas
25 c'est 6.
M. Johnson (Anjou): Six qui sont en attente?
M. Bourassa: Oui.
M. Johnson (Anjou): Au total, il y a 16 sous-ministres de moins
que dans l'administration différente mais il y en a 25 qui ont plus ou
moins d'affectations...
M. Bourassa: Non, non. Non. S'il vous plaît! Quand
même, je n'ai pas dit plus ou moins d'affectations.
M. Johnson (Anjou): Bien, c'est-à-dire...
M. Bourassa: Est-ce que le chef de l'Opposition pourrait
être sérieux?
M. Johnson (Anjou): Pardon, il y en a plus ou moins 25, pardon,
dont l'affectation... Je m'excuse.
M. Bourassa: C'est 124 à 16. Ce n'est pas 16, c'est a.
M. Johnson (Anjou): Le premier ministre, qui a passé la
journée à faire des lapsus, peut m'en permettre un.
M. Bourassa: Dans la moyenne, vous faites une bonne lutte. Sur
124 à 116. Ce n'est pas 16, c'est 8. Donc, je suis obligé de
rectifier le chef de l'Opposition comme je te fais très souvent sur les
chiffres.
M. Johnson (Anjou): Vous dites qu'il y a 8 sous-ministres de
moins qu'avant. C'est ça? Mais il y en a 25 qui ont été
déplacés dont certains se retrouvent chez eux en congé de
maladie, d'autres à l'ENAP, 6 sans affectation. Je vous dis: Au total,
votre personnel supérieur: sous-ministres adjoints et sous-ministres
inclus à 50 000 $, à 78 000 $ ou 82 000 $ par année,
là ce n'est pas tout à fait vrai. Vous avez déplacé
25 personnes dont 6 sont sans affectation et, si on oublie les 25 premiers,
à toutes fins utiles, ce n'est pas vrai qu'au total il y en a 8 de moins
qu'avant. Vous avez comme un problème à compenser avec le 25 et
ce que vous avez fait avec les 25.
M. Bourassa: Non.
M. Johnson (Anjou): C'est juste cela que je vous dis. Je sais que
M. Bolduc, à l'occasion, a plaidé à l'égard d'un
certain nombre de hauts fonctionnaires à qui il expliquait ce qui
était en train de leur arriver dans la vie; le problème c'est
qu'il y avait trop de sous-ministres au gouvernement. Voilà!
M. Bourassa: Je ne sais pas ce que M. Bolduc a dit à
certains hauts fonctionnaires. Le chef de l'Opposition semble au courant de
conversations privées du secrétaire général.
M. Johnson (Anjou): J'avais entretenu te premier ministre de ces
conversations, d'ailleurs, mais il ne s'en souvient pas.
M. Bourassa: Ça doit être le ouï-dire,
certainement. Ce qui m'a choqué un peu, c'est quand le chef de
l'Opposition a dit: II y en a quinze qui ont plus ou moins d'affectation. Je
pense que, là-dessus, ce n'est pas... Il y en a quinze qui ont une
affectation. Trois ou quatre en congé de maladie. Et ils sont en
attente. Pour M. Bolduc...
M. Johnson (Anjou): Un net de deux. Si le premier ministre me
permet, je reviens...
Le Président (M. Marcil): M. le député
d'Anjou, je pense qu'il y avait une autre question en rapport avec M.
Bolduc.
M. Bourassa: M. Bolduc a démissionné. Nous avons
essayé de le rejoindre, mais il avait quitté son bureau. Il a
démissionné du conseil de CGI International et du conseil de CGI
Incorporée lorsqu'il a été nommé secrétaire
général.
M. Johnson (Anjou): D'accord, merci.
Le Président (M. Marcil): M. le premier ministre.
Directive sur les conflits d'intérêts
(suite)
M. Johnson (Anjou): Sur l'autre affaire qui a l'air de
préoccuper le premier ministre à la suite des questions que lui a
posées mon collègue. Je ne sais pas pourquoi le premier ministre
a la peau sensible comme cela, là-dessus. Ce que soumet mon
collègue, c'est simplement ceci: Voici deux ministres qui occupent des
fonctions au gouvernement qui sont souvent opposées. Écoutez,
l'Agriculture passe son temps à se chicaner avec l'Environnement.
L'Énergie et les Ressources
passe son temps à se chicaner avec l'Environnement. C'est dans la
nature des choses. Ce que mon collègue soulève, c'est qu'il se
rend compte que les deux titulaires des ministères sont en même
temps des associés en affaires sur le plan privé. Il ne dit pas
que c'est illégal, immoral ou autrement. La question qu'il pose au
premier ministre est: Le premier ministre voit-il là une
difficulté?
Là, le premier ministre s'empresse d'essayer de se justifier d'un
contrat sans soumissions de Chinic. Cela n'a rien à voir avec cela. Ce
qu'on aimerait entendre du premier ministre, c'est simplement cela et je ne
veux pas qu'il le prenne dur comme ça. Je comprends, il a passé
une grosse semaine, mais ce qu'on attend du premier ministre, c'est simplement
qu'il accepte de soulever un certain questionnement. Je vous dis: L'exemple
concret qui vient autour de ça, c'est quoi? C'est que si vous avez deux
collègues qui passent leur temps à s'envoyer de l'expertise de
hauts fonctionnaires contradictoires sur le même sujet, c'est
déjà un sujet de tension difficile entre des hommes et des femmes
qui travaillent dans un Conseil des ministres. Si, en plus de ça, ce
sont des associés en affaires, n'y a-t-il pas une dynamique, à un
moment donné, qui peut être ennuyeuse sur le plan du processus de
décision? Je ne parle pas de donner des contrats sans soumissions et
faire passer les fils électriques sur les terrains du ministre de
l'Environnement. Ce n'est pas de ça qu'on parle. C'est la question qui
avait été posée au premier ministre.
Maintenant, je vais dire au premier ministre... Je vais tenir pour
acquis que ce qu'il dit, c'est que des gens de la compagnie qui a obtenu un
contrat sans soumissions du gouvernement, le bureau
d'ingénieurs-conseils... Je vais tenir pour acquis que des
associés, des employés ont contribué au total pour 8000 $
au Parti québécois et qu'ils ont contribué pour 5000 $ au
Parti libéral. Je veux tenir ça pour acquis, mais je n'ai pas les
chiffres. Je vais tenir pour acquis ce qu'il me dit. Je vais lui dire une
chose: Quand même, des gens qui sont dans le même bureau
d'ingénieurs fourniraient pour 8000 $ à coups de 100 $ ou
même de 500 $ chacun au Parti québécois, ils n'auraient pas
des contrats de 10 000 000 $ sans soumissions. C'est cela qui est en cause. Ce
qui est en cause dans l'affaire de Chinic - je le rappellerai au premier
ministre - ce n'était pas le fait de savoir s'il avait contribué
2800 $ ou 4126 $ ou 3824 $ au Parti libéral, c'était de savoir si
c'était normal qu'un contrat de 10 000 000 $ soit donné sans
soumissions, c'est aussi simple que cela. (17 h 30)
M. Bourassa: M. le Président, je vais
répondre...
M. Johnson (Anjou): En donnant ces chiffres, il nous donne
raison, bon, voilà!
M. Bourassa: M. le Président, on n'est pas pour comparer
les contrats de Roche avec votre gouvernement avec les nôtres. Si j'ai
soulevé cette question, c'est que c'est vous ou votre adjoint qui a fait
tout un plat avec les 5900 $ en disant: Voyez, 5900 $ en faisant le lien avec
les contrats. Tout cela a été justifié en commission.
D'ailleurs, vous avez laissé tomber l'affaire. C'est le chef de
l'Opposition ou ses adjoints qui en ont fait un scandale des 5900 $
jusqu'à ce qu'ils réalisent peut-être que, dans leur cas,
c'était 8500 $. C'est pourquoi, à la suite des questions qui ont
été posées par le député de Lac-Saint-Jean,
j'ai dit: J'espère que vous ne voulez pas aborder cette question avec le
même esprit que vous aviez utilisé dans le cas de Chinic,
où c'était un scandale de contribuer 5900 $ au Parti
libéral en 1985. C'est cela que j'ai voulu dire au chef de
l'Opposition.
Pour ce qui a trait à l'autre question, j'ai dit au
député, d'abord, ma surprise qu'il soulève cette question
aujourd'hui. Dans le Conseil des ministres que j'ai l'honneur de diriger, il y
a un climat de solidarité particulièrement solide. Il n'y a pas
de tensions ou d'affrontement ou de rivalité ou d'ambitions
concurrentes...
M. Johnson (Anjou): Cela viendra.
M. Bourassa: Cela viendra. On parle en connaissance de cause, je
suppose.
M. Johnson (Anjou): Vous en savez quelque chose. C'est parce que
vous avez déjà connu cela. Vous l'avez déjà
connu.
M. Bourassa: Alors, c'est pourquoi j'ai trouvé que la
question soudaine comme cela était curieuse. Ceci étant dit, j'ai
dit que absolument rien de ce qui avait été soulevé avait
pu jouer un rôle,, mais que j'étais prêt à examiner
si cela a pu jouer un rôle.
M. Johnson (Anjou): Voilà! C'est tout ce qu'on attendait
du premier ministre.
M. Bourassa: Oui, mais je veux dire quand même.
M. Johnson (Anjou): Bien voilà!
M. Bourassa: On présente cela avec mélodrame.
M. Johnson (Anjou): Mais non, c'est vous qui avez l'air de
prendre cela comme cela. C'est une question simple du député de
Lac-Saint-Jean.
M. Bourassa: Pour ce qui a trait à M.
Bolduc.
M. Johnson (Anjou): Vous auriez aimé mieux qu'on fasse
cela en Chambre plutôt que dans l'étude des crédits,
où on peut discuter comme cela?
M. Bourassa: À votre choix, en Chambre ou ici, vous
savez... Ce n'est pas la partie la plus exigeante de mes fonctions que de
répondre à vos questions.
M. Johnson (Anjou): Cela paraît dans votre façon de
répondre, d'ailleurs. Cela paraît dans la façon de
répondre du premier ministre qu'il traite avec beaucoup de
désinvolture le Parlement...
M. Bourassa: Non, M. le Président, j'ai beaucoup de...
M. Johnson (Anjou): ...et une arrogance d'ailleurs que sa
fatigue, aujourd'hui, pourrait justifier. Il vient d'en donner un bel
exemple.
M. Bourassa: L'arrogance?
M. Johnson (Anjou): Bien, je comprends!
M. Bourassa: On me reproche plusieurs choses, mais pas...
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas la partie la plus exigeante,
n'est-ce pas le Parlement pour vous, cela paraît!
M. Bourassa: C'est parce qu'il y a d'autres fonctions exigeantes
dans le travail du premier ministre.
M. Johnson (Anjou): Oui, oui, on n'en doute pas!
M. Bourassa: En ce qui a trait à M. Bolduc, il n'y a aucun
lien selon lequel il aurait été maintenu avec CGI quand il est
devenu secrétaire général. Je voudrais que ce soit
rectifié vis-à-vis des médias.
M. Johnson (Anjou): Bon, alors c'est clair, vous l'avez dît
tout à l'heure.
M. Bourassa: Je voulais que ce le soit bien parce que ce n'est
pas tellement pour M. Bolduc, c'est pour l'impact que ce genre de questions qui
se comprennent...
M. Johnson (Anjou): D'accord! Et je pense que mon
collègue... Écoutez, on ne se privera quand même pas de
questions. Si le monde se fait des constructions mentales déviées
ou soupçonneuses ou un peu paranoïdes avec nos questions, je vais
vous dire que vous allez comme avoir un problème au bout d'un an
ici.
M. Bourassa: J'ai dit que c'étaient des questions qui se
comprenaient.
M. Johnson (Anjou): D'accord.
M. Bourassa: Mais je demande, parce qu'il y a plusieurs exemples
de pétards mouillés que vous avez soulevés depuis un an,
d'être plus prudents étant donné votre moyenne de
pétards mouillés depuis que nous sommes au pouvoir.
M. Johnson (Anjou): Ma dernière question au premier
ministre sur ce sujet, avant qu'on aborde le dossier jeunesse sur l'ensemble
des sujets, c'est justement pour vous parler de cette partie peu exigeante de
votre tâche qui s'appelle le Parlement.
M. Bourassa: Je n'ai pas dit que c'était peu
exigeant...
M. Johnson (Anjou): Oui, la moins exigeante.
M. Bourassa: Non, j'ai dit que ce n'était pas la plus
exiqeante. Il faut être nuancé et subtil en politique, apprenez
cela.
La session en cours
M. Johnson (Anjou): Encore faut-il que... Maudit que vous
êtes barbeux! Le premier ministre peut-il me confirmer que son
qouvernement a l'intention de proroger la session? II y a des rumeurs qui
circulent dans le parlement depuis quelques jours selon lesquelles on
terminerait nos travaux quelque part autour du 19, 20, 21 - je ne me souviens
pas, enfin au plus tard le 22 - dans les jours qui précèdent le
22 juin, et qu'on reprendrait au mois d'octobre, pas avec une nouvelle session,
mais avec la continuation d'une session qui a commencé avec un discours
d'ouverture que le premier ministre n'a même pas lui-même
prononcé, qui a été prononcé par la
députée de Chornedey. Le premier ministre pourrait-il nous
confirmer ces rumeurs ou, j'espère, nous les infirmer, parce que nous
serions particulièrement surpris qu'un gouvernement qui prétend
tant faire et qui a tant à réaliser soit encore sur son erre
d'aller d'un discours du trône d'il y a deux ans au moment où on
reprend nos travaux à l'automne?
Le premier ministre ne trouve-t-il pas que c'est un peu normal... On
comprend, il y a des sessions parfois qui peuvent s'allonqer. Les sessions
peuvent durer plus qu'une année de calendrier, dix-huit mois,
exceptionnellement, à la fin d'un mandat des gouvernements ici. Cela a
été votre cas, cela a été le cas de mon
prédécesseur et le fait que je sois arrivé à la
dernière minute, un peu avant les élections. Là, vous
êtes en début de mandat et, à l'automne, cela fera deux
ans que vous êtes au pouvoir et vous n'aurez prononcé qu'un
seul discours d'ouverture. Le premier ministre trouve-t-il cela normal ou si
cela fait partie - probablement - du peu de considérations, s'il trouve
cela normal -je me permets de spéculer - qu'il a à l'égard
du Parlement? Parce que sa façon de répondre et sa façon
d'agir, son caractère parfois moqueur, mais caractérisé
par une ironie souvent déplacée, sans compter l'absence totale de
réponse à nos questions, quant à moi, viendrait confirmer
que, à ta limite, non seulement il n'accorde pas beaucoup d'importance
au Parlement, mais il est probablement à la limite de le
mépriser.
M. Bourassa: C'est évident que le chef de l'Opposition et
moi-même n'avons pas le même style. Nous ne sommes pas ici pour
discuter de notre style dans les débats parlementaires. Je ne pense pas
que mon style ait contribué à augmenter la tension des
débats parlementaires. Je crois que, au contraire, si on...
M. Johnson (Anjou): II contribue à ce qu'on en n'ait
pas.
M. Bourassa: ...compare nos débats parlementaires à
ceux qui se tiennent dans d'autres parlements, il faut admettre que tout se
fait, même dans des questions d'une grande acuité, avec une
relative sérénité.
En ce qui a trait au discours d'ouverture, je dois lui dire qu'au niveau
fédérai on a été trois ans et demi, je crois, sans
avoir de... Il n'y a rien qui oblige à faire des discours d'ouverture
régulièrement. Cela peut donner - le mot "spectacle" n'est pas
exact - au gouvernement l'occasion d'énoncer des orientations
générales.
J'ai dit, à plusieurs reprises depuis quelques semaines que, pour
nous, ce qui est important - je l'ai justement dit à d'anciens
collègues du chef de l'Opposition - c'est le discours sur le budget.
Dans le discours sur le budget, il y a des orientations
générales, il y a des politiques concrètes avec des
calendriers et il y a des engagements précis. Je prends le dernier
discours sur le budget: une politique sur la recherche et le
développement, une politique sur les bas revenus, une politique
d'incitation au travail. Je crois que le gouvernement - il y a eu trois
discours sur le budget - a, dans les discours sur le budget, l'occasion
d'annoncer d'une façon ferme, précise, concrète ses
politiques.
Nous nous sommes engagés, le 12 décembre 1985 - et Mme
Bacon parlait au nom du gouvernement, je ne pense pas que la lecture d'un texte
par un membre du gouvernement... Tout le monde savait que c'était la
politique du gouvernement - à redresser les finances publiques -
redressement spectaculaire des finances publiques - et à relancer
l'économie. Le Québec est actuellement l'endroit le plus
dynamique au Canada. La moitié des nouveaux emplois de tout le Canada
est créée au Québec. Le règlement du
problème constitutionnel. On s'aperçoit que, depuis hier, le
règlement du problème constitutionnel est acquis.
L'amélioration des relations du travail. Mais il reste encore des choses
à faire. La réforme de l'aide sociale n'a pas été
complétée.
Je dis au chef de l'Opposition, comme je l'ai dit à plusieurs
reprises, que, dans notre perception des travaux parlementaires, le discours
sur le budget a au moins une importance aussi grande et permet d'annoncer des
politiques. Ce n'est pas un précédent. Dans d'autres Parlements,
il y a eu un ou deux discours d'ouverture dans tout un mandat. Ce que les
Québécois attendent de mon gouvemement, ce n'est pas quatre ou
cinq discours d'ouverture, c'est la réalisation des engaqements qu'on a
pris le 2 décembre 1985. C'est ce qu'on fait. La session ne sera pas
prorogée, elle sera ajournée à la mi-octobre.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, un commentaire
là-dessus. Je regrette, évidemment, ce que nous confirme le
premier ministre. Sans qu'il y ait là recherche du spectacle, je pense
qu'un discours d'ouverture, surtout après deux ans, c'est l'occasion de
présenter une certaine vision, de mettre un peu de souffle, de donner un
sens de la direction ou de répondre aux préoccupations des
citoyens alors que j'écoute le premier ministre décrire ce qu'il
entend faire comme étant l'art de ne pas gouverner, dans le fond, avec
un certain niveau de cynisme.
Je pense que le discours inaugural, à mi-mandat, serait une bonne
idée. Maintenant, vous n'êtes pas obliqé de partager notre
opinion, mais j'aimerais vous entendre donner une direction, une vision, une
orientation à ce qui s'en vient au Québec pour les prochaines
années. Peut-être aurez-vous de la difficulté à
trouver une vision, une orientation ou une direction et que vous
préférez le train-train quotidien des annonces genre "à
compter de minuit ce soir", qui a son côté un peu
théâtral et dramatique sur le plan des discours sur le budget.
Il me semble que les Québécois auraient
mérité d'entendre de vous, à mi-mandat, où vous
voulez amener le Québec à la fin de votre mandat. Vous avez
choisi autre chose. On ne fait pas de vague, on fait le train-train, et, de
temps à autre, on a un petit morceau qui surprend les gens dans le
discours sur le budget. C'est un style, c'est le vôtre, vous y avez
droit...
M. Bourassa: C'est efficace!
M. Johnson (Anjou): ...mais il me semble que vous êtes
capable de faire mieux. Cela fait quand même quelques années que
je vous vois aller, cela fait quelques mois que je pense vous connaître
un peu, il me semble que les Québécois aimeraient entendre le
premier ministre du Québec dire: Écoutez, les deux prochaines
années, je les vois à peu près comme cela, et on va mettre
l'accent sur telle chose. Non, vous laissez cela à des ministres qui se
contredisent, à des trucs annoncés à minuit, le soir.
C'est comme s'il y avait quelqu'un qui avait peur d'aller au fond des choses et
de saisir l'opinion publique du fond des choses. Je trouve cela dommage.
Évidemment, c'est une façon de faire de la politique, mais
je pense que les Québécois vont s'en tanner, à un moment
donné.
M. Bourassa: Pensez-vous que cela va venir vite?
M. Johnson (Anjou): Cela viendra suffisamment vite pour que vous
vous en aperceviez.
M. Bourassa: Le chef de l'Opposition sait fort bien - je lui ai
dit qu'on n'avait pas le même style, cela ne veut pas dire que le chef de
l'Opposition n'a pas beaucoup de qualités - que, si on faisait un
discours inaugural, quoi qu'on dise... Je crois qu'on a réussi, hier,
l'une des victoires politiques les plus importantes du peuple
québécois, comme je t'ai dit. Quelle a été la
réaction du chef de l'Opposition? "Un recul." Quoi qu'on fasse et quoi
qu'on dise, je suis convaincu que le chef de l'Opposition sera le premier
à dénoncer: Ce sont des orientations générales, ce
sont des mots, c'est du verbiage. À la télévision, pendant
deux heures, on va voir son agréable performance refléter ainsi
son opposition au gouvernement. Nous, on a été élus pour
agir.
M. le Président, je me souviens d'une remarque du British
Financial Times, quand je suis allé à Davos, qui
décrivait celui qui vous parle un peu de la façon du chef de
l'Opposition, mais d'une autre manière. Si je peux le citer, c'est en
anglais: "Robert Bourassa... (17 h 45)
M. Johnson (Anjou): Pas vrai!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Bourassa: ...is not talking much but doing a lot."
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Bourassa: Alors, c'est la perception du gouvernement qu'ont
les citoyens du Québec. C'est un gouvernement qui ne recherche pas le
spectacle. L'État-spectacle, ils l'ont connu durant dix ans et à
quel prix! C'est un gouvernement qui agit, qui règle les
problèmes et qui fait avancer le Québec. C'est pourquoi on a
été élus. II y a eu un discours inaugural qui reprenait le
programme du mandat, le 12 décembre 1985 et, après un an et demi,
on ne peut pas dire que la population dans l'ensemble ne soit pas satisfaite de
l'action du gouvernement.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le premier
ministre de même que M. le chef de l'Opposition. Le temps est
écoulé, à moins que vous ne décidiez de continuer
le débat sur cet engagement.
M. Johnson (Anjou): ...
Le Président (M. Marcil): Oui.
M. Johnson (Anjou): Mais je pense qu'il faut adopter les
crédits. Ce serait peut-être une bonne idée, hein? Enfin,
cela ne me fait rien, on peut très bien ne pas les adopter et on
recommencera la semaine prochaine. De toute évidence, vous ne me
donnerez pas une heure pour parler de l'avenir du Québec, parce que vous
ne ferez pas de discours inauqural. Je trouve que vous forcez beaucoup pour
m'empêcher de parler.
M. Bourassa: Prenez toutes les occasions que vous pouvez.
M. Johnson (Anjou): Alors, est-ce qu'il faut...
Le Président (M. Marcil): Oui.
M. Johnson (Anjou): ...d'abord adopter les programmes?
Le Président (M. Marcil): Nous allons d'abord adopter le
proqramme 1 et on adoptera le programme 2 lorsque nous aurons terminé
l'étude des crédits en ce qui concerne le Secrétariat
à la jeunesse. Est-ce que le programme 1 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. J'appelle le
programme 2 relatif au Secrétariat à la jeunesse.
Secrétariat à la jeunesse
M. Johnson (Anjou): À l'occasion de l'étude du
programme 2, le premier ministre sait que la députée de
Chicoutimi travaille avec nous, notamment sur le dossier jeunesse en plus de
celui de l'enseignement collégial et universitaire. Je dirai au premier
ministre qu'à l'égard des jeunes, on a déjà entendu
ce qu'il avait à nous dire. Nous, on a deux ou
trois choses à lui dire. Évidemment, il sait bien que dans
l'Opposition, on ne peut pas faire des choses que lui prétend faire
citant le British Financial Post...
M. Bourassa: Times.
M. Johnson (Anjou): Times. Pardon! Alors, celui-là, c'est
le Times, rien de moins! Mais dans l'Opposition, notre rôle est de
le questionner et aussi de constater un certain nombre de choses. Je dois vous
dire qu'en dépit d'une légère diminution du chômage
chez les moins de 30 ans, globalement, à nos yeux, la situation faite
aux jeunes dans notre système économique continue d'être
difficile.
Est-ce que j'ai besoin de rappeler au premier ministre un certain nombre
de statistiques qu'il connaît sûrement ou qu'il fouillera? Quand on
regarde ce qui s'est passé depuis une dizaine d'années, on se
rend compte qu'il y a eu à peu près quelque 400 000 nouveaux
emplois et à travers cela, il y a eu la crise économique, il faut
en être bien conscient. Mais on se rend compte que, chez les gens de plus
de 35 ans, les 35-50, il y en a 500 000 de plus. Cela veut dire quoi, en
pratique? Cela veut dire que les gens de 35 à 50 ans sont allés
faire un déplacement au niveau des emplois. Quand on regarde les moins
de 30 ans, on se rend compte que ceux qui ont été les plus
pénalisés depuis une dizaine d'années - et c'est encore
vrai dans les statistiques économiques courantes - ce sont les 25 ans et
moins qui, eux, dans le lot, en ont perdu à peu près 50 000 en
faveur des 35-50 ans. Je pense que c'est quelque chose de fondamental, quelque
chose d'important dans la société. II me semble que les jeunes
sont à même de s'attendre à un peu plus qu'un conseil
consultatif dont la loi n'est pas encore adoptée, d'ailleurs, qui
traîne devant le Parlement depuis un an. Le Conseil consultatif de la
jeunesse, cela fait un an que c'est déposé et ce n'est pas encore
adopté. Évidemment, le premier ministre va dire: De quoi vous
plaignez-vous? On a fait une commission parlementaire. Je comprends, mais un
an... Là, on va livrer cela à la fin du mois de juin ou
peut-être l'automne prochain comme étant l'une des qrandes
réalisations du gouvernement, le Conseil consultatif de la jeunesse. Je
vais vous dire que c'est amuser le monde avec pas grand-chose, je trouve.
M. Bourassa: Un conseil permanent et non consultatif.
M. Johnson (Anjou): Un conseil permanent, oui, qui est un conseil
consultatif.
M. Bourassa: II s'appelle le conseil permanent.
M. Johnson (Anjou): Oui, il s'appelle le conseil permanent, mais,
on se comprend bien, son rôle, c'est un conseil consultatif. C'est cela
que vous avez offert aux jeunes du Québec depuis un an que vous
êtes là et, même, vous faites traîner le projet d'un
conseil consultatif. Pas fort! Pas fort le café, comme disait l'autre.
Préoccupant. Préoccupant aussi de voir qu'en ce qui concerne la
réforme de l'aide sociale, on est encore dans les excuses, les remises
à demain, les "ça dépend de ce que le
fédéral va faire", les "écoutez, on va publier un livre
blanc". Le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu fait une conférence de presse en plein milieu de l'agitation
constitutionnelle pour annoncer, imaginez-vous, qu'au mois de juillet il va
publier quelque chose là-dessus. Cela fait un an qu'il a le dossier
entre les mains. Un an! Pas seulement le dossier, il a le mandat. Ca tourne en
rond pas mal! Ça tourne en rond autour de la question des jeunes.
Je suis prêt à reconnaître, cependant objectivement,
mais cela n'a rien à voir avec vous autres, ce n'est pas votre faute...
Je ne suis pas de ceux qui pensent que les gouvernements peuvent
prétendre accaparer des succès de création d'emplois tout
le temps, pas plus que des drames. Les gouvernements ont un rôle. Les
gouvernements provinciaux, il faut bien le reconnaître, avec les moyens
qu'ils ont, ont un rôle plus accessoire. Je suis bien prêt à
reconnaître qu'il y a eu une diminution, une certaine diminution du
chômage chez les jeunes, mais ils sont déjà affligés
d'un taux qui, finalement, marque un écart du double de ce qu'il
était il y a 20 ans par rapport à ceux qui ont plus de 10 ans et
qu'une réduction d'une demie de un pour cent ou de un pour cent, de
toute évidence, ne répond pas à la problématique.
Il y a un problème structurel dans notre économie à
l'égard des jeunes.
Je pense que la diminution léqère du chômage chez
les jeunes depuis quelques mois est reliée essentiellement à des
phénomènes du secteur privé, à un taux
d'investissement relativement raisonnable, etc., mais dont on n'a aucune
garantie quant à la stabilité. En tout cas, ce n'est
sûrement pas là le résultat d'une politique
macroéconomique du gouvernement et d'une série de mesures
très précises. Le gouvernement, pour l'essentiel, s'en remet,
là-dedans comme dans tout le reste, à la loi du marché.
Marché: le nouveau culte de l'entreprise. C'est sympathique. Le premier
ministre sait très bien que je ne méprise pas les gens
d'entreprises.
M. Bourassa: Le club des millionnaires qu'il parlait.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais il arrive
parfois que le club des millionnaires, ce n'est pas lui qui va
définir l'avenir du Québec. C'est aussi simple que cela.
M. Bourassa: Oui, mais il y avait une pointe de mépris
là-dedans.
M. Johnson (Anjou): Non, il n'y a pas de pointe de mépris.
Il y a une constatation qu'il y a des limites à remplacer,
comprenez-vous, ceux qui nous faisaient des sermons, à une certaine
époque, ou qui étaient préfets de discipline par des gens
qui ont des gros comptes de banque. C'est aussi simple que cela. Je ne crois
pas à cela, moi, que, dans notre société, il y a une
classe qui a la vérité absolue. Alors, ce n'est pas plus le
milieu des affaires que cela a été te clergé ou que cela a
été même les partis politiques pendant un certain nombre
d'années. Je trouve que c'est pas mal plus compliqué que cela
l'évolution des sociétés, mais je trouve un peu simpliste
de s'en remettre à l'espèce de religion du marché qui va
tout faire. Je trouve que c'est un peu dur pour les jeunes et ça
continue d'être dur pour les jeunes.
M. Bourassa: Je veux dire au chef de l'Opposition - je ne veux
pas l'interrompre -que, quand il a formé le comité pour la
Société d'investissement jeunesse, il n'a recouru qu'au milieu
des affaires, et pas une femme à part cela, mais ça, c'est un
autre aspect. Quand il dit que le milieu des affaires n'a pas la
vérité absolue, lui-même, quand il a posé un geste
pour les jeunes avec lequel nous étions d'accord, il n'a recouru qu'au
milieu des affaires. Alors, il y a une espèce de contradiction entre la
réalité et te discours.
M. Johnson (Anjou): Non, c'est parce que le premier ministre ne
connaît pas les dossiers de l'époque. Je reconnais qu'il a un peu
de difficulté à se situer à un autre niveau que celui
auquel il veut se situer en ce moment, mais le premier ministre devrait se
rappeler que le comité de développement social que j'ai
présidé au milieu de la crise économique a abouti à
la réforme de l'aide sociale et de la création des programmes de
réinsertion, sur le marché du travail, des jeunes assistés
sociaux, de retour à l'école et de travaux communautaires. Je
pense que l'État avait un bout à faire aussi et ce n'était
pas juste le milieu des affaires qui pouvait le faire. Le milieu des affaires
aussi a une contribution à apporter; c'est évident. C'est pour
cela que j'ai apporté cette idée de la création de la
Société d'investissement jeunesse que j'appelais, moi,
Corporation d'investissement jeunesse et que le premier ministre a
changé pour Société d'investissement jeunesse. Ce n'est
pas impartant. C'est vous qui avez adopté la loi. Vous n'aviez plus le
choix, d'ailleurs, rendu où j'avais amené le projet. Vous ne
pouviez pas faire autrement et j'étais bien heureux que ça
fonctionne. J'espère qu'on va nous dire, aujourd'hui, aux questions de
ma collègue, que ça fonctionne, par exemple. J'espère! II
y a autre chose qui pourrait être fait pour les jeunes au Québec
et je vais peut-être en entretenir le premier ministre dans les mois qui
viennent. Je lui dirai simplement, aujourd'hui, au départ, qu'il ne
vienne pas me parler du conseil permanent comme une réponse. Ce n'est
pas ça qu'on veut entendre aujourd'hui, ce sont des affaires pas mal
plus substantielles que ça. Et, s'il me permet, je vais passer la parole
à ma collèque, la députée de Chicoutimi.
M. Bourassa: Juste un mot pour être très bref. Quand
le chef de l'Opposition dit qu'il n'y a pas beaucoup qui a été
fait sur la situation économique, on n'est pas pour reprendre tous les
chiffres, mais il faut constater qu'alors que la population active du Canada
est restée stable depuis un an, qu'elle a augmenté de 1 % de 62 %
à 63 % au Québec, donc, ça veut dire qu'il y a beaucoup
plus de personnes maintenant qui ont confiance dans l'économie du
Québec et qui acceptent de faire partie du marché du travail et
que le chômage, malgré une augmentation de la population active, a
baissé et que le Québec a créé plus de la
moitié de tous les emplois du Canada, même s'il représente
25 % de la population. Ce n'est pas arrivé depuis très,
très, très longtemps, la meilleure année économique
depuis 1974.
M. Johnson (Anjou): Que se sont créés au
Québec plus de la moitié des emplois et non pas que le
Québec a créé...
M. Bourassa: Le gouvernement ne se confond pas avec le
Québec.
M. Johnson (Anjou): J'espère!
M. Bourassa: Le Québec, ses agents économiques, ses
hommes d'affaires, ses travailleurs...
M. Johnson (Anjou): Très bien! Très bien!
M. Bourassa: Ce n'est pas de l'habileté, c'est le respect
des faits. Pour nous, c'est une forme d'affirmation nationale. On n'entend plus
parler de l'affirmation nationale et ça va être gênant d'en
parler depuis hier. Je vais laisser la parole à...
M. Johnson (Anjou): Vous parliez des jeunes. On aimerait
ça savoir que vous êtes capable de le faire.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. On al'impression que le premier ministre n'a pas tellement le goût de
parler de la condition des jeunes et, pourtant, il a été fort
éloquent en campagne électorale, probablement emporté par
l'enthousiasme, Je me rappelle qu'il disait que la jeunesse serait la toute
nouvelle question nationale. Je ne l'ai pas souvent entendu parler de la
question nationale.
Tout à l'heure, j'ai trouvé amusante votre
référence à Davos. Si je me rappelle l'article qu'on avait
eu l'occasion de lire au moment de cette visite du premier ministre en Europe,
il disait à son auditoire que la reprise économique était
en cours depuis 1985. J'ai trouvé ça amusant. Je me suis dit: II
faudrait peut-être, un jour, lui rappeler qu'il n'était pas
entièrement responsable de la reprise économique et que,
déjà l'économie avait commencé à se porter
mieux quand le gouvernement a pris les rennes du pouvoir.
Tout à l'heure, le premier ministre a dit que plutôt que de
faire des discours, il préférait réaliser ses engagements.
J'aurais le goût de lui parler d'un certain nombre d'engagements qui
tardent à se réaliser et qui seraient peut-être à
l'inverse des réalisations ou des engagements pris. Je vais le faire
brièvement parce qu'il nous reste peu de temps parce qu'il y a un
certain nombre de questions. J'espère qu'on va avoir, contrairement...
Le premier ministre a dit en visite dans mon comté, voulant justifier
qu'il devait quitter pour venir en Chambre, qu'il trouvait ça un peu
ordinaire de s'en aller en Chambre parce que l'Opposition ne posait pas de
questions intelligentes...
M. Bourassa: Je n'ai pas dit ça, j'ai dit le contraire,
mais sourire en coin.
Mme Blackburn: Ah! non, non. Vous avez dit: Si, encore,
l'Opposition posait des questions intelligentes. On pourrait relever les... Je
dis, de temps en temps, que j'aimerais que le premier ministre prenne la peine
de nous donner des réponses aussi intelligentes, parce que ça
pourrait être intéressant pour tout le monde. Je vais essayer d'en
avoir quelques-unes.
Par rapport aux engagements, on avait promis d'améliorer l'aide
financière aux étudiants. Si ce gouvernement reste au pouvoir
pendant quatre ans, ça va signifier à peu près un
endettement additionnel des jeunes de l'ordre de 100 000 000 $. Quant au gel
des frais de scolarité, je voudrais juste lui rappeler si, de temps en
temps, il cause un peu avec son ministre des Finances... Parce que la menace
pèse toujours, elle est dans le rapport du ministre des Finances et on
sait qu'elle est encore dans la tête du ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science de même que dans celle du
président du Conseil du trésor. La menace pèse sur les
jeunes et ils en sont conscients.
En matière de services, il y a eu des coupures importantes. Les
répondants dans les bureaux de Communication-Québec: 38 postes
fermés. Ce sont des postes qui étaient occupés
essentiellement par des jeunes. Fini, on n'en a plus entendu parler. Je pense
que les contrats se sont terminés en mars, (18 heures)
Au Secrétariat à la jeunesse, c'est près de la
moitié des services qui ont été coupés. Le
gouvernement s'était engagé à créer ce qu'on
appelait les centres de services ou les guichets uniques. On s'était
donné deux guichets uniques, un dans la région de Québec,
un dans la région de Montréal. Celui de Montréal est
fermé et les services de celui de Québec sont réduits de
moitié.
La parité de l'aide sociale, on ne continuera pas. Les jeunes,
à quoi ont-ils eu droit? À une opération de
harcèlement. Les maisons de jeunes, c'est important. Elles sont
essentiellement tournées vers l'aide aux jeunes un peu plus en
difficulté, pour éviter la délinquance, certains
problèmes d'intégration dans la société. Sur 161
demandes, l'an passé, on apprenait de la ministre que 43
s'étaient vu refuser toute forme de financement. Cela veut dire le quart
des demandes.
Mais, plus grave encore, pour les maisons d'hébergement - on est
dans l'année des sans-abri - 25 demandes, 12 refus, soit 50 %.
Actuellement à l'aide sociale, chez les moins de 30 ans, vous avez
à peu près un tiers de million de personnes qui vivent des
prestations de l'aide sociale. On sait que majoritairement les chefs de famille
sont des femmes, 68 559 femmes chefs de famille. Je pourrais continuer, 2000
jeunes de moins de 30 ans sans-abri et, les sans-statut, environ 50 000 dans la
région de Montréal. Et on pourrait continuer. Il avait pourtant
pris un certain nombre d'engagements et on se rappelle les salles combles,
évidemment autobus payés et le reste aussi, mais salles combles
devant lesquelles on annonçait la parité de l'aide sociale.
M. Bourassa: Des raisins verts.
Mme Blackburn: On annonçait également que la toute
nouvelle question nationale serait la jeunesse. Ce qu'on constate, c'est qu'ils
ont été dramatiquement frappés et de toutes sortes de
façons. L'accès à la fonction publique, on a
commencé par couper 1600 postes d'occasionnels. 1600 postes
d'occasionnels et équivalents temps complet, cela touche
particulièrement les jeunes.
J'aimerais avoir un certain nombre de réponses. J'espère
que les réponses vont être
aussi brèves. J'ai essayé de faire des questions
brèves. Par rapport au Secrétariat à la jeunesse, je
lisais, dans le rapport annuel de 1985-1986 du ministère du Conseil
exécutif, à ta page 43, qu'on avait modifié le rôle
du Secrétariat à la jeunesse pour en faire "un rôle
d'aviseur auprès des différents ministères sur les
questions spécifiquement jeunesse. Plus encore - je la trouve bien
celle-là - le Secrétariat à la jeunesse cherchera à
introduire davantage les partenaires socio-économiques dans la
définition des réponses aux problèmes vécus par les
jeunes." On a l'impression que c'est là la potion magique qui devrait
résoudre tous les problèmes des jeunes. Est-ce qu'il est juste
que le Secrétariat à la jeunesse ne donne plus de services aux
jeunes de façon directe et que l'essentiel de son rôle sera
tourné vers les ministères ou, encore, à essayer
d'établir des liens avec différents partenaires
socio-économiques?
M. Bourassa: M. le Président, il y a plusieurs
inexactitudes dans ce qui a été soulevé. Il y a eu,
d'abord, comme on l'a signalé à plusieurs reprises, la
rationalisation des dépenses. On est conscient de l'ampleur du
déficit. On n'y reviendra pas. Il y a eu réajustement de l'action
du secrétariat après l'Année internationale de la
jeunesse. Cela aussi se comprend. Le secrétariat devait redéfinir
son mandat en prévision de jouer davantage un rôle de
secrétariat.
Le Secrétariat à la jeunesse doit desservir deux grandes
clientèles: la clientèle interne, les ministères, et les
jeunes, les groupes, les partenaires socio-économiques. Je pourrai
donner plus de détails là-dessus. J'ai toute une série de
chiffres devant moi qui montrent les efforts qui ont été faits
par le gouvernement vis-à-vis les jeunes. Je peux mentionner, notamment,
pour répondre à certaines critiques, pour la parité de
l'aide sociale, que ce n'est pas du harcèlement qui a été
fait. On n'est pas pour reprendre tout le débat sur des gestes qui ont
été approuvés par l'ensemble de l'opinion publique et
plusieurs membres de l'ex-gouvernement. On n'est pas pour reprendre tout le
débat pour expliquer le retard du ministère à appliquer la
politique de la parité de l'aide sociale. Les raisons en ont
été données en Chambre à plusieurs reprises. Pour
ce qui a trait à la Société d'investissement jeunesse,
ça a commencé à fonctionner. Il y 30 demandes qui sont
à l'étude et 1800 dossiers.
Une voix: 1000?
M. Bourassa: Ce sont 1800 dossiers. Ce que nous avions
enclenché en janvier 1985 et qu'a poursuivi le chef de l'Opposition
comme premier ministre quelques jours avant le lancement de l'élection,
ça donne des résultats concrets. C'est déjà en
marche. On ne peut pas dire qu'on ne respecte pas nos engagements.
Mme Blackburn: Pour l'aide sociale, je suis loin d'être
certaine que les jeunes qui étaient réunis à
Montréal au centre Paul-Sauvé aient bien compris la mesure qu'on
voulait introduire qui était davantage d'amener les adultes au
même niveau que les jeunes, et non pas l'inverse. Je pense que c'est
important de rappeler cela au premier ministre. Pour ce qui est du
Secrétariat à la jeunesse, on ne nous a pas fourni de budget. Ce
sera combien cette année? Combien reste-t-il de personnes?
Peut-être une autre question aussi, dans quelle proportion les services
sont-ils offerts aux jeunes plutôt qu'au ministère? Les jeunes
ont-ils encore des services du Secrétariat à la jeunesse?
M. Bourassa: Votre question, c'est: Quelle est la proportion des
services...
Mme Blackburn: Qui vont directement aux jeunes plutôt que
de répondre à des demandes du ministère, parce que j'ai eu
l'occasion de voir un certain nombre de demandes qui viennent des
ministères. On a l'impression que l'essentiel des activités
serait pour répondre à des demandes de ministères. Y
a-t-il encore au Secrétariat à la jeunesse des services à
la clientèle?
M. Bourassa: Oui.
Mme Blackburn: Dans quelle proportion?
M. Bourassa: La proportion a baissé étant
donné le flot de demandes reliées à l'Année
internationale de la jeunesse. Il y a des services continus à la
clientèle et d'autres via le centre de documentation à
Québec et les agents de liaison.
Mme Blackburn: Écoutez, je voudrais savoir.
J'espère que, lorsqu'on veut faire l'évaluation d'un service - je
vois la directrice ici - on doit certainement avoir compilé des
données statistiques sur le pourcentage des services qui sont offerts
à la clientèle par rapport à ceux qui sont offerts aux
différents ministères. Ma question, c'est: Est-ce que ça
existe encore des services à la clientèle au secrétariat?
Mais la seconde question pourrait peut-être y répondre en
même temps. Concernant le budget, on n'a pas eu de données...
M. Bourassa: On me dit que c'est la moitié des effectifs
et la moitié du budget pour le service à la clientèle.
Mme Blackburn: Quel est le budget actuellement au
Secrétariat à la jeunesse? Celui de 1986-1987 et celui de
1987-1988? Combien reste-t-il de personnes?
M. Bourassa: On me donne ici 40 personnes et 1 771 000 $.
Mme Blackburn: Quelle augmentation par rapport à... C'est
1987-1988?
M. Bourassa: Même budget. Identique.
Mme Blackburn: Donc, il n'y a pas d'indexation. On peut penser
que ça équivaut à une diminution de 4,5 %.
M- Bourassa: Ça veut dire combien? C'est 40 000 $ de
diminution, si on fait les calculs.
Mme Blackburn: Quand c'est sur le salaire de quelqu'un qui gagne
15 000 $, c'est important.
M. Bourassa: D'accord. C'est un peu plus, oui, je m'excuse.
Attendez que je sorte ma règle à calcul. Je sais que te chef de
l'Opposition me traite souvent de règle à calcul.
M. Johnson (Anjou): Ah non! Jamais. Plutôt de numéro
de loterie. Ce n'est pas la même chose.
M. Bourassa: Si le résultat est bon.
M. Johnson (Anjou): Je trouve que vous l'êtes, mais c'est
à la loterie pareil.
M. Bourassa: Vous aimeriez partager mon numéro de
loterie.
Mme Blackburn: Pour moi, les jeunes auraient plus de chance
à la loterie de ce temps-là.
M. Bourassa: Alors, une légère augmentation.
Environ 1 %.
Mme Blackburn: L'an passé, il n'y avait pas eu
d'indexation.
M. Bourassa: Voulez-vous dire par rapport à l'année
précédente? C'était une année de transition
là.
Mme Blackburn: Si vous comprenez, c'est qu'on est en train
d'examiner le budget. On est à l'étude des crédits et on
n'a aucune information.
M. Bourassa: On vous donne des chiffres là, 1 771 000
$.
Mme Blackburn: On ne les a pas reçus avant, comme c'est la
coutume dans tous les autres ministères. Le secrétariat, c'est la
même chose. C'est fort étonnant qu'on n'ait pas eu ces
données avant.
M. Bourassa: Non, mais on vous donne le budget là.
L'avez-vous demandé?
Mme Blackburn: Oui, oui, oui.
M. Bourassa: Là, on vous le donne: 1 771 000 $ et 40
personnes. Qu'est-ce que vous voulez de plus?
Mme Blackburn: Donc, il y a 1100 $ de plus que Pan
passé.
M. Bourassa: Le budget est incorporé à celui du
secrétariat général, ce n'est pas un budget comme tel.
Mme Blackburn: C'est un programme, c'est le programme 1.
M. Johnson (Anjou): Sauf que...
M. Bourassa: On vous le dit, 1 771 000 $.
Mme Blackburn: C'est plus que l'an passé.
M. Johnson (Anjou): Je comprends, M. le premier ministre, mais
vous reconnaîtrez que vous ne nous facilitez pas le travail. Je comprends
que vous n'êtes pas entiché particulièrement du Parlement,
d'aucune de ses instances et d'aucune des périodes, mais je vous dirai
que, nous comme Opposition, pour faire notre travail, nous avons besoin d'un
peu de documents.
M. Bourassa: M. le Président...
M. Johnson (Anjou): Cette année, si vous permettez, M. le
premier ministre, cela a été particulièrement difficile
d'avoir de vous, de vos services ainsi que de beaucoup de vos ministres, des
documents qui nous permettent de faire notre travail comme nous pensons que
nous devons le faire pour les citoyens du Québec et, en ce sens, vous
pouvez bien traiter de haut, avec une attitude hautaine, la
députée de Chicoutimi, comme c'est le sport favori d'ailleurs de
votre collègue de l'Éducation, mais je vous dis que, nous, nous
essayons de faire notre travail et que nous apprenons quel est votre budget au
moment où il nous reste dix minutes pour vous expliquer que vos
crédits sont adoptés. Si cela ne vous fait rien, nous, nous
essayons de travailler.
M. Bourassa: M. le Président, quand même, je
demanderais au chef de l'Opposition de faire preuve de patience. D'abord, je
n'ai aucune intention de traiter de haut la députée de
Chicoutimi, bien au contraire. Je ne vois pas en quoi il peut faire cette
affirmation. Deuxièmement, je ne traite pas de haut le Parlement,
j'essaie d'y être
présent tous les jours. Malheureusement, je préviens le
chef de l'Opposition que demain, je devrai être à Montréal,
puisque je dois recevoir la reine mère au cours de
l'après-midi.
M. Johnson (Anjou): C'est le "fun" cela.
M. Bourassa: Quoi! La reine mère est un membre de la
famille royale dont la personnalité est très estimée au
Québec, au Canada et partout. Donc, je ne pourrai pas être
à l'Assemblée nationale demain matin. Mais chaque fois que je
peux être présent, le chef de l'Opposition le sait. S'il regarde
les présences de d'autres chefs de gouvernement dans d'autres parlements
ou avant, il doit voir que je fais un effort d'assiduité maximum.
Là, pour ce qui a trait au budget, on lui donne le montant du budget et
le nombre de personnes.
M. Johnson (Anjou): Je vous le dis encore une fois, on le
reçoit à 18 h 12, alors que nos crédits se terminent
à 18 h 30. C'est essentiellement parce que, chez vous, comme dans le
reste des ministères cette année, je vous jure qu'on n'a pas eu
le diable de collaboration pour obtenir des documents. Je ne sais pas si vous
avez des choses à cacher. Vous savez qu'on n'est pas si dangereux que
cela, on n'est que 23, M. le premier ministre, mais on considère qu'on
représente encore 40 % de la population et on est ici pour travailler.
Maintenant, vous avez peut-être quelques experts autour de vous qui vous
font dire des choses aussi grosses et aussi énormes: Vous devriez
être content, je vous donne le budget, c'est 1 230 000 $ quelque. Voyons
donc! On est à 18 h 12. C'est ce que la députée de
Chicoutimi vous dit. Si on a un peu de difficulté à obtenir des
renseignements pour pouvoir faire notre boulot, on comprend que vous avez
rarement des réponses à nos questions, mais on aimerait au moins
avoir des instruments pour en poser. Voilà!
M. Bourassa: Bon, 40 %...
M. Johnson (Anjou): C'est ce que j'ai à dire, M. le
premier ministre, de votre gouvernement sur le plan de la collaboration qu'il
accorde à l'Opposition pour pouvoir travailler. Cela a été
des chinoiseries sans nom pendant la période des crédits pour
obtenir des extraits de choses qui étaient considérées
comme étant disponibles couramment à l'époque où,
nous, nous étions au gouvernement. Je comprends que vous voulez mener
comme des "businessmen", je comprends que vous voulez faire comme cela vous
tente, mais je vous dis que vous ne respectez pas un comportement
élémentaire sur le plan de la capacité de l'Opposition
à faire son travail démocratiquement.
M. Bourassa: Bon!
M. Johnson (Anjou): Malgré cela, je pense qu'on a
réussi à enquiquiner une couple de vos ministres.
M. Bourassa: Cela n'a pas paru, mais en tout cas...
M. Johnson (Anjou): Attendez...
M. Bourassa: Ce que je voudrais dire...
M. Johnson (Anjou): Vous verrez, vous pouvez continuer de dire
cela, et la prochaine étape, ce sera quoi? On n'aura pas accès
à rien?
M. Bourassa: Non, M. le Président...
M. Johnson (Anjou): Est-ce qu'on va avoir droit aux livres des
crédits? Je comprends que vous faites couler le budqet une semaine
avant, parce que vous êtes trop sans dessein pour être capables de
respecter les règles de sécurité dans le gouvernement.
Le Président (M. Marcil): M. le député
d'Anjou, s'il vous plaît, pourriez-vous retirer cette parole?
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je dis que le
qouvernement est sans dessein, c'est-à-dire qu'il n'a pas d'objectifs.
Il me semble que c'est clair. Je ne me suis pas adressé au premier
ministre, vous avez remarqué. Vous savez, j'oserais jamais dire cela au
premier ministre.
Le Président (M. Marcil): Cela va. Vous avez
terminé, M. le député d'Anjou? (18 h 15)
M. Bourassa: Je veux dire à mon honorable ami, le chef de
l'Opposition que, d'abord, 40 %, il arrondit un peu sur la
représentation. Ce que je veux lui dire, c'est que je vais
vérifier si c'est vrai qu'il y a eu manque de collaboration. Moi,
j'essaie de les lui donner, mais parfois je n'ai pas de préavis. Ici, on
m'est arrivé avec le cas de Roch Bolduc. J'ai vérifié, on
l'a rejoint. Finalement, on a répondu. Vous, de votre côté
aussi, votre collaboration n'est pas illimitée. Quand vous voulez avoir
des réponses et que vous arrivez avec toutes sortes de cas particuliers
sans qu'on ait de préavis, on ne peut pas tout savoir dans tout.
Je pense qu'on essaie de répondre au maximum. Si c'est vrai qu'on
vous a refusé cette collaboration, je vais voir à ce que la
prochaine année ce soit corrigé. Si ce n'est pas vrai, si par
exception le chef de l'Opposition exagère, à ce moment-là,
je
devrai en tirer mes propres conclusions.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le premier ministre.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: L'an passé, on avait eu droit à la
présentation d'un budget sur une page de huit pouces et demi par
quatorze. Ce n'était pas quelque chose qui utilisait le temps de deux
personnes pendant une semaine. On s'était contenté de peu.
Probablement qu'on aurait dû parler l'an passé, parce que cette
année cela s'est réduit à zéro. Rien!
Je voudrais demander au premier ministre si on peut nous déposer
un document qui fasse état du budget et de la ventilation des
dépenses.
M. Bourassa: On m'assure...
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut demander que cela nous soit
acheminé, que cela nous soit adressé ou, si ce n'est pas
disponible au moment où on se parle, qu'on puisse en avoir des
copies?
M. Bourassa: On m'assure, M. le Président, que toutes les
questions qui ont été posées - je ne sais pas si Mme
Diodati pourrait répondre - ont reçu réponse.
Pouvez-vous...
M. Johnson (Anjou): Je parle des documents de base.
M. Bourassa: Tous les documents ont été... Ma
collaboratrice, Mme Diodati, dit que les affirmations du chef de l'Opposition
sont incorrectes, que tous les documents...
M. Johnson (Anjou): Si le premier ministre veut prendre la parole
de Mme Diodati plutôt que la mienne, je le respecte.
Mme Blackburn: C'est cela...
M. Bourassa: J'ai dit qu'elles sont incorrectes. Il est soupe au
lait aujourd'hui.
Mme Blackburn: M. le Président, je pense que Mme Diodati
ne connaissait peut-être pas bien les règles, puisqu'à une
question de Mme Audet elle lui a répondu: Je ne suis pas certaine qu'on
puisse vous communiquer ces documents. Donc, cela a été
demandé. Je pense qu'on perd un temps important, alors que j'aimerais
mieux... Cela fait peut-être l'affaire du premier ministre, parce qu'il
n'a pas l'occasion de se faire poser de questions et, donc, il n'est pas
obligé de répondre. Ce que je demande, c'est qu'on dépose
cela et on pourrait passer à d'autres questions, si vous le
permettez.
M. Bourassa: Je veux quand même dire, étant
donné qu'il y a toutes sortes d'affirmations qui ont été
faites, que beaucoup de renseignements vous ont été fournis.
C'est faux de dire qu'il y a moins de transparence qu'avant, parce que Mme
Diodati, qui a travaillé avec vos collaboratrices, a dit qu'elle a
fourni tous les renseignements sommaires demandés: ventilation
détaillée des dépenses du Secrétariat à la
jeunesse, ventilation détaillée des dépenses de transfert,
nombre de jeunes ayant requis les services du Secrétariat à la
jeunesse - toutes des choses qui ont été fournies - liste des
études, bilans, monographies produits par le Secrétariat à
la jeunesse, page 6 et 7, liste des personnes ressources du Secrétariat
à la jeunesse, page 8 et 9, liste des demandes des différents
ministères reçues au Secrétariat de la jeunesse, page 10
à 12.
Comment prétendre, M. le Président, maintenant...
Mme Blackburn: ...l'adoption du budqet, alors qu'on est en train
d'examiner les crédits.
M. Bourassa: Je viens de vous les donner.
M. Johnson (Anjou): Voulez-vous qu'on étudie les
crédits sans budget?
M. Bourassa: Vous l'avez la ventilation ici. Ventilation
détaillée.
Mme Blackburn: 1986-1987.
Mme Diodati (Carole): C'est ce que vous aviez demandé.
M. Bourassa: C'est ce que vous avez demandé qu'on vous
donne.
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Marcil): Oui, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...vous savez très bien que ces commissions
parlementaires servent à examiner les crédits. Comment le faire
sans avoir en main ces renseignements?
M. Bourassa: Je ne vois pas l'intérêt...
Mme Blackburn: Je pense que, là, on essaie d'utiliser le
temps inutilement pour des...
M. Bourassa: C'est parce que vous n'avez plus de réponse
que vous nous accusez de cela. Il reste qu'on m'assure qu'on a répondu
à toutes les questions qui avaient été posées.
Peut-être qu'il y a eu des
erreurs de l'autre côté.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Les règles et, là, cela va
être la dernière chose là-dessus. On a des demandes
particulières et à celles-ci, effectivement, on nous a
répondu. Cela va bien. Il va de soi que, lorsqu'on s'en va examiner des
crédits, on ait le budget et qu'il y ait une certaine ventilation. C'est
élémentaire.
M. Bourassa: Bien non, j'ai dit que c'était
intégré au budget - je l'ai dit tantôt - d'ensemble. C'est
cela.
Mme Blackburn: Non.
M. Bourassa: J'ai donné le chiffre dans
l'intégration.
Mme Blackburn: Pour le Secrétariat à la condition
féminine, j'ai assisté à la présentation et on
avait en main le budget détaillé, les dépenses
ventilées. C'est comme élémentaire, tout le monde pense
que cela doit se faire, à l'exception, probablement, du
Secrétariat à la jeunesse.
M. Bourassa: C'est un élément du budget. C'est la
raison, il me semble... Je ne vois pas pourquoi on craindrait de faire
connaître le budget.
Le Président (M. Marcil): Donc, concernant la
demande...
Mme Blackburn: Pourra-t-on déposer le document.
Le Président (M. Marcil): ...qui a été faite
concernant un possible dépôt...
Mme Blackburn: Du budget et de la ventilation des
dépenses. Est-ce que c'est possible?
Le Président (M. Marcil): ...est-ce que vous prenez note
de cette demande? Merci.
M. Bourassa: S'il y a d'autres demandes, nous allons faire le
nécessaire.
Le Président (M. Marcil): Merci de votre collaboration.
Mme la députée.
Mme Blackburn: Alors, j'ai une autre demande.
M. Bourassa: On n'a rien à cacher, on n'a jamais rien eu
à cacher. On veut offrir le maximum de transparence.
M. Johnson (Anjou): Le maximum?
M. Bourassa: Absolue!
Mme Blackburn: On a fermé 38 postes de répondants
dans les régions pour Communication-Québec. C'étaient des
répondants jeunesse, dans le cadre de Déclic jeunesse. Par quoi
est-ce qu'on a remplacé cela? Est-ce qu'on a fait l'évaluation du
programme avant de le fermer? Sur la base de quoi a-t-on pris cette
décision?
M. Bourassa: Est-ce qu'on peut permettre à madame de
répondre?
Le Président (M. Marcil): Si vous voulez bien vous
identifier avant.
Mme Lapotnte (Danièle): Danièle Lapointe, je suis
directrice générale du Secrétariat à la jeunesse.
Ce n'est pas tout à fait mon dossier, c'est celui du ministère
des Communications et il y a toujours la défense des crédits du
ministère des Communications. M. French, pourrait sans doute vous
apporter une meilleure réponse que la mienne.
Communication-Québec jeunesse a été créé,
ces qens ont été embauchés, si je me souviens bien, dans
le cadre des options Déclic à l'époque. C'était un
mandat d'une durée de deux ans et cela a été
prolongé. Comme le rôle de Communication-Québec est de
donner de l'information de base sur les activités du Québec, ces
gens embauchés dans le cadre des options Déclic ne
répondaient pas parfaitement à la définition que M. French
a donnée à son équipe de Communication-Québec.
Voilà. Je pense que M. French est un meilleur interlocuteur que moi.
Mme Blackburn: Comme le premier ministre est responsable de tout
le dossier jeunesse, je suppose qu'il doit avoir certaines
préoccupations. Il y avait là des services, des services
utilisés et des services qui répondaient à un besoin des
jeunes, en particulier dans les régions. On les a fermés sans
aucune forme d'évaluation, sauf de dire que cela ne correspond
peut-être pas vraiment à ce qu'on reconnaît
généralement comme étant la responsabilité de
Communication-Québec.
M. Bourassa: Je voudrais dire à la députée
que, comme je l'ai répété - il faut toujours
répéter les réponses, parce qu'on revient avec les
mêmes questions - il y avait l'Année internationale de la
jeunesse, l'année dernière. Ce n'est pas tous les ans,
l'Année internationale de la jeunesse. Il y a eu une baisse des
demandes, parce que l'Année internationale de la jeunesse est
terminée. Donc, il faut tenir compte des évolutions, des
événements qui changent. Je pense que la députée va
comprendre cela. À cause du fait qu'il n'y a pas... 1985, c'est
1985.
Mme Blackburn: L'année dernière, c'était
l'Année de la paix.
M. Bourassa: J'ai dit 1985, cela fait deux ans, ou un an et demi,
et c'était l'Année internationale de la jeunesse.
Mme Blackburn: Je comprends que le premier ministre a de la
difficulté à expliquer comment on ferme un tel service alors
qu'il est utilisé. Comment se fait-il qu'il accepte qu'on aille encore
couper dans des services pour les jeunes, services qui ne sont pas si nombreux.
Ce n'est pas parce que l'Année internationale de la jeunesse
était finie que les jeunes, tout à coup, n'avaient plus besoin
d'informations. C'est assez surprenant d'entendre un tel raisonnement.
M. Bourassa: M. le Président, quand même, je
n'admets pas... Il reste quelques minutes. Avec la Société
d'investissement jeunesse, on a dit tantôt qu'il y avait combien de
dossiers à l'étude? 30 à l'étude. Et combien de
demandes? 1800. Il reste quand même qu'il y a de nouveaux services qui
fonctionnent. Cette approche de maintenir indéfiniment, quels que soient
les événements, les services qui peuvent perdre de leur
utilité à cause de l'évolution des institutions ou des
conjonctures, c'est une approche qui nous a conduits à 30 000 000 000 $
de déficit.
Mme Blackburn: Que le premier ministre m'explique, à ce
moment-là, comment cette Société d'investissement
jeunesse répond aux besoins des maisons de jeunes et aux besoins des
maisons d'hébergement. On est dans l'année des sans-abri et,
l'année dernière... Je vais juste rappeler au premier ministre,
cela ne m'étonnerait pas... Je comprends qu'il ne puisse pas avoir
toutes ces données en tête, il y a des ministres pour cela, mais
quand cela concerne la jeunesse, c'est le premier ministre qui s'en occupe.
L'an passé, sur 161 demandes de maisons de jeunes, le quart se sont vu
refuser des subventions. Il y en a un certain nombre qui ont dû fermer
leurs portes.
Les maisons de jeunes, on peut s'en passer dans un quartier, on les
laisse aller aux arcades et les choses s'arrangent. Mais pour les maisons
d'hébergement, sur 25 demandes, 50 % n'ont reçu aucune
subvention, et il y a 2500 jeunes itinérants, 2000 à
Montréal, 500 à Québec. On est dans l'année...
M. Bourassa: Des programmes ont été annoncés
par M. Bourbeau, le ministre des Affaires municipales. Si on me permet de
répondre cas après cas, il y a des programmes qui ont
été annoncés par le ministre des Affaires municipales en
ce qui a trait aux sans-abri, au cours d'une conférence de presse avec
le ministre fédéral. Je crois, si ma mémoire est bonne,
que 15 000 000 î ont été affectés pour les
sans-abri, notamment les jeunes.
Dans le cas des maisons de jeunes, la ministre responsable, Mme
Thérèse Lavoie-Roux - ce sont des secteurs qui relèvent de
différents ministères - a annoncé qu'il y aurait des
augmentations de fonds, une injection additionnelle. Alors, je crois que
l'information de la députée n'est pas complète. Le
gouvernement essaie d'augmenter - il l'a fait lors du dernier budget - les
sommes disponibles pour pouvoir faire face à cette situation. Je pense
bien que, s'il y a un gouvernement qui est conscient des problèmes des
jeunes - c'est pour cela qu'on met tellement l'accent sur l'économie -
c'est bien celui qui dirige le Québec actuellement.
Mme Blackburn: M. le premier ministre, vous allez me donner le
goût de vous rappeler que, en quatre ans, on aura endetté les
jeunes étudiants québécois de quelque 100 000 000 $, alors
qu'on a décidé, avec une seule modification du budget, de
retourner à peu près 80 000 000 $ dans les poches des plus
nantis, des hauts salariés.
M. Bourassa: On a donné 200 000 000 $ au dernier budget du
10 avril aux moins fortunés. Alors, s'il vous plaît!
Mme Blackburn: Les étudiants ne sont pas parmi...
M. Bourassa: Indépendamment des étudiants.
Mme Blackburn: ...les plus fortunés.
M. Bourassa: Dans le cas des étudiants, si vous voulez
prendre ce niveau de discussion, je peux vous répondre au même
niveau en vous disant qu'on a maintenu notre engagement de geler les frais de
scolarité qui sont déjà parmi les moins
élevés en Amérique du Nord, alors qu'on avait une
situation financière très difficile. On a maintenu cet engagement
depuis le 2 décembre.
Mme Blackburn: On avait aussi pris l'engagement
d'améliorer la situation des étudiants, mais je ne reviendrai pas
là-dessus. On va revenir sur les maisons...
M. Bourassa: On accorde des bourses dans votre région, aux
étudiants de votre comté. Il y a une somme additionnelle de 400 $
qui est accordée aux étudiants des régions
périphériques dont ceux de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Mais on a...
M. Bourassa: Non seulement on a gelé les frais de
scolarité, mais on a augmenté pour 4 000 000 $ à 5 000 000
$ les bourses des étudiants des régions
périphériques.
Mme Blackburn: Oui, en même temps qu'on a augmenté
leur endettement de 270 $ par année et les frais afférents dans
les universités jusqu'à 150 $ par année. Donc, on a
donné d'une main et on a repris de l'autre. Je ne voudrais pas qu'on
s'en aille dans cette guerre de chiffres,
M. Bourassa: Guerre de chiffres, si vous voulez l'aborder la
guerre de chiffres, cela se fait à deux, cela. Vous ne pouvez pas lancer
toutes sortes de chiffres et m'empêcher de répliquer.
Mme Blackburn: Ce n'est pas toutes sortes de chiffres. 270 $,
n'importe qui va pouvoir vous confirmer que c'est ça, c'est un
endettement annuel.
M. Bourassa: Non, non.
Mme Blackburn: Ensuite, les frais afférents dans les
universités...
M. Bourassa: Pour le cas de l'endettement, cela a
été bien dît, la moyenne nationale est de 30 % sous forme
de bourses et 70 % sous forme de prêts. Tout ce qu'on a fait, dans le cas
du Québec, c'est 45-55 et pas un étudiant n'a été
privé du montant disponible pour faire ses études et on a
ajouté 5 000 000 $ pour les étudiants des régions
périphériques.
Mme Blackburn: C'est 40-60, juste pour votre information,
prêts-bourses.
M. Bourassa: On va vérifier.
Mme Blackburn: Oui, oui, on l'a dit en commission parlementaire
la semaine dernière.
M. Bourassa: Alors, cela a évolué.
Mme Blackburn: ...dernier budget. Cela va vite.
Ce que j'aurais aimé, les maisons de jeunes, c'est aussi le
même problème. Les maisons de jeunes se retrouvent avec à
peu près le niveau de financement de 1985. Cela veut dire une
incapacité, ne serait-ce que d'indexer le salaire des jeunes
travailleurs. Ils sont parmi les plus démunis, ils travaillent souvent
au salaire minimum et ils ne sont pas en mesure, avec ce qu'on leur donne,
d'indexer leurs salaires.
M. Bourassa: On vient d'augmenter pour une deuxième fois,
le salaire minimum. Je m'excuse d'interrompre la députée...
Mme Blackburn: Oui, oui.
M. Bourassa: ...parce qu'elle fait toutes sortes d'affirmations.
On a augmenté pour une deuxième fois le salaire minimum, parce
que cela profite surtout aux jeunes. C'est une autre mesure. Cela n'avait pas
été augmenté durant cinq ans.
Mme Blackburn: Oui, mais on gèle les budgets des maisons
de jeunes où travaillent les jeunes.
M. Bourassa: Écoutez...
Mme Blackburn: Je ne vois pas comment vous allez...
M. Bourassa: ...le combat pour la jeunesse ne se fait pas
uniquement dans un seul secteur d'une façon absolue et cimentée
indéfiniment. Il y a des possiblités de modifier les structures
et de continuer à aider les jeunes. C'est ce que je n'approuve pas dans
l'attitude de la députée. Il faudrait qu'on garde les mêmes
structures, tous les mêmes groupes avec les mêmes budgets sans
tenir compte de l'évolution des situations, ou des priorités, ou
de l'amélioration de l'efficacité des politiques. Nous, nous ne
voulons pas avoir des structures où les trois quarts des budgets vont
à l'administration.
Mme Blackburn: Si le premier ministre suivait un peu le dossier
des jeunes en difficulté. Ce sont probablement ceux qui sont pour nous
les plus préoccupants: que ce soit les jeunes sans statut,
c'est-à-dire qu'on ne retrouve ni au bien-être, ni à
l'assurance-chômage, ni dans les écoles - on estime qu'ils sont
environ 50 000 - que ce soit les jeunes qui sont sans abri. Actuellement, on
estime que, dans la région de Montréal, il y en a 2000.
M. Bourassa: Oui, il y a eu 15 000 000 $ d'affectés; j'ai
répondu il y a cinq minutes à cela.
Mme Blackburn: Ce que j'essaie de faire valoir, c'est que ces
jeunes, qui éprouvent les plus grandes difficultés, sont
actuellement ceux qui sont les plus affectés par les décisions de
ce gouvernement. Le premier ministre nous dit: On a ajouté des budgets
pour les maisons de jeunes. Selon le Coordonnateur des regroupements de maisons
de jeunes, M. Papin cela ne permet même pas d'atteindre le budget de
1985. C'est comme si les besoins n'avaient pas évolué. C'est
essentiellement là-dessus que je voulais amener le premier ministre pour
essayer de le sensibiliser à la situation qui est celle des plus
démunis au Québec. Autant un certain nombre de personnes estiment
que le contrôle exercé par les agents du service
social pouvait, dans une certaine mesure, se justifier, autant il ne
faut pas penser que ce contrôle a eu comme effet de créer des
emplois! Ceux qui se retrouvent sans soutien, sans bien-être et à
l'extérieur, je pense qu'on n'a pas beaucoup de préoccupation
pour cette clientèle actuellement, les plus démunis.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, Mme la
députée de Chicoutimi, compte tenu que le temps est
terminé. M. le premier ministre.
M. Johnson (Anjou): C'est terminé.
M. Bourassa: Je remercie le chef de l'Opposition...
Programme adopté
Le Président (M. Marcil): C'est terminé, mais juste
avant, M. le premier ministre, nous allons adopter l'élément 1 du
programme 2. Adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Les éléments 1, 2,
4 et 5. Adopté?
M. Johnson (Anjou): Adopté.
Le Président (M. Marcil): Le programme 2 est donc
adopté.
M. Bourassa: Je remercie le chef de l'Opposition de sa
collaboration. Ce sont des journées quand même assez remplies pour
tout le monde. On a essayé durant trois heures et demie de faire avancer
la connaisance des dossiers qui nous intéressent mutuellement.
M. Johnson (Anjou): Je remercie le premier ministre de
s'être prêté à ces quelques heures de discussion en
souhaitant que nous en ayons d'autres sur des dossiers fondamentaux et je lui
souhaite bon repos en fin de semaine.
M. Bourassa: C'est réciproque pour le chef de
l'Opposition. Qu'il continue à prendre du lait, je pense que cela va
être une bonne habitude.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le premier
ministre, M. le chef de l'Opposition. Nous suspendons les travaux
jusqu'à 20 heures et nous nous retrouvons au salon rouge.
(Suspension de la séance à 18 h 35)
(Reprise à 20 h 19)
Ministère des Relations internationales
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je rappelle le mandat de cette commission qui est de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère du Conseil exécutif, au programme A, Affaires
intergouvernementales canadiennes et du ministère des Relations
internationales pour l'année financière 1987-1988.
L'enveloppe convenue et demandée par l'Opposition est de quatre
heures, dont deux heures accordées aux relations internationales
dès maintenant et pour deux heures, et deux heures aux affaires
intergouvernementales canadiennes.
M. le ministre, je vois que vous avez une déclaration
préliminaire à nous faire. Je vous invite à nous la faire
de la façon qui vous semble la meilleure, ou une lecture rapide ou un
résumé substantiel, enfin, vous êtes absolument libre de
faire comme bon vous semble. En vous souhaitant la bienvenue et en souhaitant
la bienvenue à vos collaborateurs, je vous reconnais
immédiatement le droit de parole.
M. Rémillard: Merci, M. le Président. Je voudrais
tout d'abord présenter les gens qui m'accompagnent ici à la
table, devant vous, à ma droite, M. Marcel Bergeron qui est le
sous-ministre en titre au ministère des Relations internationales, a ma
gauche, M. Jean-Paul Carrier qui est mon chef de cabinet, et M. Denis Ricard
qui est sous-ministre adjoint au ministère des Relations
internationales.
M. le Président, de fait, j'ai une déclaration ou un
énoncé qui, je crois, fait très bien le point sur les
activités de mon ministère depuis un an. Je comprends qu'à
un moment donné il peut être un peu long pour l'Opposition de
m'entendre lire cet énoncé, cependant je crois que c'est un
énoncé qui fait vraiment le point sur ce que nous avons fait
pendant la dernière année. Si je peux me permettre de le lire et
tout simplement qu'on m'interrompe et qu'on me pose des questions au fur et
à mesure, je crois qu'on aura fait tout le tour de la question. Qu'on
m'interrompe donc simplement, je m'interromps immédiatement à ce
moment-là et j'essaie de répondre aux questions, le mieux
possible. Ensuite, bien sûr, dès que j'aurai terminé mon
énoncé je répondrai à toutes les questions
concernant d'autres aspects qui n'auraient pas été
traités.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je veux bien
collaborer et, en fait, c'est au ministre de choisir comment il veut
procéder. J'ai une déclaration beaucoup plus modeste. J'ai quatre
pages, ce n'est pas très long. C'est essentiellement des notes. J'en
ai
peut-être pour dix minutes. Mais comme cela touche un certain
nombre de choses, si je comprends bien, le ministre nous dit qu'il est
prêt à passer à travers ses 60 pages...
M. Rémillard: Non. Excusez-moi, vous avez la grande
version.
M. Johnson (Anjou): Ah bon! D'accord.
M. Rémillard: J'ai une version abrégée ici.
J'ai un résumé.
M. Johnson (Anjou): On commençait à être
inquiet un peu de ce côté-ci. En tout cas...
M. Rémillard: Non. Excusez-moi.
M. Johnson (Anjou): Cela fait 61 pages ce que j'ai entre les
mains et je trouvais cela un peu long.
M. Rémillard: On m'a préparé quelque chose
de très complet.
M. Johnson (Anjou): Ah bon! Très bien.
M. Rémillard: Mais au risque d'être un peu
incomplet, quitte à répondre à vos questions, je vais
quand même faire un résumé de cela.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Remarques préliminaires
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Alors, M. le Président, j'ai
l'intention, dans un premier temps, de traiter de manière relativement
détaillée des activités du ministère des Relations
internationales au cours de l'année écoulée, en
m'attardant plus particulièrement sur les problèmes que nous
avons eu à résoudre dans le domaine de la gestion de notre
réseau de représentations à l'extérieur et des
autres programmes du ministère. Je compte ensuite aborder l'examen de
notre implication dans la préparation du Sommet de Québec en
mettant l'accent, à la fois, sur ce que nous avons accompli jusqu'ici et
sur ce qu'il nous reste à faire, d'ici à septembre. Je
tâcherai aussi de présenter de manière succinte notre
perception des suivis à donner à cet événement
majeur. D'autres dossiers de premier plan, dont s'occupe le ministère
des Relations internationales, seront aussi traités dans cette
présentation. Enfin, je souhaiterai évoquer quelques-unes des
perspectives qui se présentent à moyen terme. Bien entendu, je
suis ensuite à votre disposition, après l'intervention du chef de
l'Opposition, pour répondre à toutes les questions que vous
voudrez bien me poser.
Avant de traiter en détail de chacune des questions qui doivent,
à mon sens, nnns préoccuper aujourd'hui, il me paraît
indiqué de rappeler brièvement quels sont les fondements de notre
action internationale et quelles sont les orientations principales qui
déterminent notre conduite dans la qestion courante de nos affaires.
En ce qui regarde tout d'abord les fondements de l'action internationale
du Québec. Lors de l'étude des crédits, l'an dernier,
j'avais souligné que le gouvernement avait l'intention de fonder sa
politique internationale sur la continuité et l'évolution. Il
existe en effet un certain nombre de données fondamentales liées
à notre histoire, à notre situation géographique et aux
caractéristiques de notre société qui lui confèrent
à la fois toute sa spécificité et en même temps lui
posent aussi des défis redoutables. Le Québec constitue sans
aucun doute une société hautement développée. En
tant que francophones et nord-américains, nous pouvons puiser à
des sources multiples pour assurer notre développement. Nous sommes
cependant une société de dimension modeste, évoluant au
centre d'un ensemble continental dont la puissance et la cohésion ne
peuvent manquer d'affecter, à la longue, ce que nous sommes et ce que
nous entendons être dans un monde qui, par ailleurs, se
caractérise de plus en plus par la constitution de blocs continentaux
puissants, dotés de marchés considérables et de dynamismes
intégrateurs de plus en plus évidents. Il devient
impératif, pour une société comme le Québec, d'agir
pour obtenir des conditions qui préserveront sa sécurité
économique, culturelle et sociale. De plus, l'interdépendance et
la concurrence de plus en plus forte entre les sociétés obligent
le Québec à utiliser toutes les cartes dont il dispose pour
assurer le maintien de sa spécificité et, surtout, dans le
contexte actuel, le développement de son économie.
L'adhésion de la société québécoise
au fédéralisme canadien lui confère des atouts importants
dans le contexte que je viens de décrire. En unissant nos forces, notre
savoir-faire et notre poids politique aux autres canadiens, nous disposons
d'une voix, sur le plan international, beaucoup plus forte que si nous
étions seuls à affronter les complexités de ta
scène internationale. La société québécoise
a cependant des intérêts qui lui sont propres sur la scène
internationale. Dans certains domaines, nos principaux concurrents à
l'étranger sont d'autres régions de la fédération.
Notre spécificité culturelle nous commande d'avoir accès
à la coopération avec d'autres sociétés
francophones.
En matière d'immigration, notre situation démographique
crée au Québec un contexte différent de celui du reste du
Canada. En tant que principale expression politique de la société
québécoise, le
gouvernement du Québec ne peut ignorer les responsabilités
particulières qui lui incombent sur le plan international. Le
développement de l'action internationale du Québec, depuis 25
ans, traduit la reconnaissance par les gouvernements qui se sont
succédé au pouvoir depuis le début de la révolution
tranquille de la nécessité absolue pour le Québec d'agir
dans le cadre des compétences qui lui sont reconnues par la constitution
canadienne pour promouvoir ses intérêts aussi bien au Canada
qu'à l'étranger.
C'est dans le contexte plus strict des fondements du
fédéralisme canadien que les gouvernements successifs du
Québec ont assumé leurs responsabilités sur le plan
international. Le bilan de l'action entreprise est largement positif. Avec des
moyens modestes, à l'échelle internationale, le Québec a
su se tailler une place très originale dans le concert des
sociétés dont il a largement tiré profit pour son propre
développement. Le gouvernement s'est doté de ministères,
d'un réseau de représentations à l'étranger, d'un
ensemble d'ententes diverses et de programmes de promotion économique et
d'immigration qui font que nous sommes, sans aucun doute, l'État non
souverain le plus actif sur la scène internationale.
Maintenant, en ce qui regarde les priorités du gouvernement
actuel, chaque gouvernement - et cela est tout à fait normal - a
abordé la formulation de sa politique internationale dans l'optique
globale qui était la sienne. Le gouvernement actuel définit ses
priorités ou ses orientations en fonction des principes d'un
libéralisme aux couleurs du Québec, adapté aux
réalités contemporaines et aux aspirations de notre population.
Nous nous sommes donné comme objectif prioritaire le
développement d'une économie concurrentielle au plan
international et capable d'accroître la création d'emplois stables
et qualifiés pour notre population active. Par ailleurs, le maintien et
le développement de notre spécificité culturelle et le
rétablissement à moyen et à long terme de notre
équilibre démographique constituent des orientations qui ont une
pertinence certaine pour notre politique internationale. Le récent
accord constitutionnel nous en donne d'ailleurs des moyens efficaces.
L'intention du gouvernement d'accorder une attention soutenue au
maintien des équilibres financiers de l'État a aussi des
implications importantes pour la formulation de notre politique. J'aurai
l'occasion de revenir plus tard sur la formulation de nos politiques et sur
notre intention d'engager une concertation avec les principaux intervenants
gouvernementaux et non gouvernementaux à ces sujets.
L'évocation de la priorité que le gouvernement s'est
donnée d'assainir les finances publiques me fournit l'occasion de
revenir aux propos que j'avais tenus l'an dernier devant cette commission et de
faire état de ce qui a été entrepris au cours de
l'année financière 1986-1987 en vue de rationaliser la gestion du
ministère en général et du réseau de
représentations à l'étranger en particulier.
En ce qui regarde la qestion du réseau de représentations,
nous avons entrepris une action de rationalisation. Dans le cadre de
l'important effort entrepris au début de l'année dernière
par le gouvernement pour assainir les finances publiques, le ministère
des Relations internationales a été appelé à
contribuer aux objectifs financiers établis pour l'ensemble du
gouvernement. Comme je l'ai indiqué l'an dernier devant cette
commission, nous avons choisi de faire porter dans ce contexte notre examen sur
deux éléments majeurs du budget du ministère des Relations
internationales. Tout d'abord le réseau de représentations
à l'étranger et aussi divers programmes de subventions. (20 h
30)
II était en effet normal qu'après 20 ans d'expansion le
réseau de représentations du Québec à
l'étranger soit soumis à une analyse de pertinence visant
à mesurer l'adéquation entre les objectifs que nous fixons pour
notre politique extérieure et les résultats que l'on peut obtenir
en implantant une représentation permanente dans un endroit
donné, à l'extérieur. L'exercice n'était pas simple
à conduire. Nous avons aqi avec beaucoup de prudence l'an dernier. Les
modifications que nous avons apportées à la configuration du
réseau ont été relativement limitées. L'ensemble de
l'opération du printemps et du début de l'été
dernier a permis de stabiliser les coûts d'opération du
réseau de représentation en général et de
réduire sensiblement le budget de plusieurs postes.
J'avais indiqué, l'an dernier, que l'exercice auquel nous avions
procédé était appelé à se poursuivre de
manière continue à l'avenir. Cet ajustement doit cependant
s'effectuer avec pondération et, comme je le mentionnais plus haut, nous
entendons procéder avec prudence. Aussi, les services du
ministère travaillent-ils depuis l'automne dernier à raffiner les
méthodes d'évaluation dont nous disposons, à mettre au
point avec tes autres ministères des modes de planification et de
qestion et à resserrer au maximum les critères de qestion en
vigueur.
Nous avons voulu aussi améliorer la gestion du réseau.
À cet éqard, le ministère peut faire état d'une
série d'innovations introduites récemment avec le concours du
Conseil du trésor qui devraient nous permettre de planifier de
manière saine nos engagements à l'extérieur. Comme vous le
savez, une partie importante des dépenses que nous effectuons pour
maintenir le réseau
de représentation s'est effectuée en monnaie
étrangère. Le niveau de ces dépenses exprimé en
dollars canadiens varie, évidemment, selon les taux en vigueur.
Depuis la création de notre première représentation
jusqu'à cette année, aucun mécanisme d'ajustement
n'existait pour tenir compte, de manière ordonnée, des
fluctuations de taux de change que nous devons subir. Depuis 25 ans, les
fluctuations du taux de change du dollar canadien ont eu tendance à
augmenter, surtout ces dernières années. Après un examen
approfondi de tous les facteurs en présence, examen conduit par le
Conseil du trésor et les services du ministère, il a
été convenu que, dorénavant, serait instauré un
mécanisme d'ajustement périodique de la partie du budget du
ministère dépensée en devises qui permettrait d'ajuster de
manière régulière ce budget aux besoins réels. Si
le dollar canadien était appelé à remonter
vis-à-vis de la plupart des monnaies majeures, le ministère
aurait des budgets à remettre au ministère des Finances et, dans
le cas contraire, nous recevons les montants requis, au cours de
l'année, pour faire face à nos engagements.
La création de ce mécanisme a été rendue
possible par l'informatisation croissante de nos opérations et la mise
en place de nouveaux cadres budgétaires qui permettent de suivre de
manière constante l'évolution des dépenses de chaque
délégation, ce qui n'existait pas auparavant.
Ce qui apparaît une réforme purement technique a des
implications importantes pour l'avenir du réseau, des
délégations, de la représentation du Québec
à l'étranqer. Connaissant et contrôlant désormais
nos coûts, étant en mesure de faire face aux variations
imposées par la conjoncture internationale, nous serons beaucoup mieux
équipés pour planifier de manière ordonnée nos
engagements et réagir, lorsqu'il y a lieu, devant des évolutions
qui appellent une intervention de notre part.
Je peux donc dire que le ministère des Relations internationales
a rempli avec succès la première partie de la mission qui lui a
été confiée par le gouvernement, celle d'assainir sa base
financière et de gérer efficacement ses coûts.
Quant à la planification du réseau, les nouveaux
mécanismes de gestion du réseau étant en place, il nous
reste, au cours des prochains mois, à développer les processus
qui présideront à la planification de son évolution au
sein du ministère des Relations internationales et avec les autres
ministères ou utilisateurs du réseau. Le travail
d'évaluation des délégations ne manquera pas, en cours
d'année, d'amener des changements dans la configuration de certaines de
celles-ci, le recours à des moyens de représentation plus souples
ou le redéploiement de ressources d'une région à l'autre.
Nous poursuivons nos discussions avec le ministère des Affaires
extérieures en vue de convenir des modalités, de
l'établisssement de bureaux économiques québécois
au sein de certaines ambassades canadiennes. Nous avons échangé
des propositions avec la partie fédérale et nous poursuivons
activement la recherche de solutions aux difficultés qu'une insertion de
ce type peut poser pour les deux gouvernements.
Cela n'exclut nullement le développement de certaines
activités au sein du réseau. La nécessité de plus
en plus marquée de trouver des débouchés sur les
marchés internationaux pour nos produits aqro-alimentaires a conduit le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
à nous proposer l'implantation au sein du réseau de sept
attachés aqro-alimentaires. On se rappellera que deux postes de ce type
avaient été créés, il y a quelques années,
à Tokyo et New York. Cette initiative du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation que nous avons
appuyée a récemment reçu l'aval du Conseil des
ministres.
Dans le domaine culturel, les besoins deviennent de plus en plus
pressants. Le ministère des Affaires culturelles s'est donné un
certain nombre d'objectifs qui impliquent une présence plus active
à l'étranqer. J'aurai donc sans doute l'occasion, sous peu, de
procéder à l'affectation à Paris et à New York de
conseillers culturels qui auront été choisis en accord avec ma
collègue, la ministre des Affaires culturelles du Québec.
En ce qui reqarde les subventions maintenant, j'ai mentionné au
début de ma présentation que nous avons aussi mis l'accent l'an
dernier sur la rationalisation du programme de subventions du ministère.
En effet, après le réseau, cet élément
budgétaire représente le deuxième poste permanent en
importance de notre budget. Le principal élément à
inscrire sous ce chapitre est la subvention versée annuellement par te
ministère des Relations internationales aux collèges
Marte-de-France et Stanislas, de Montréal. On se rappellera que le
ministère verse à ces deux collèges une subvention,
équivalente à celle qu'ils recevraient en vertu de la Loi sur
l'enseignement privé s'il s'agissait de collèges
québécois, au titre de la coopération
franco-québécoise. Cette responsabilité a
été confiée au ministère des Relations
internationales en 1976.
Nous avons indiqué l'an dernier que nous souhaitions
réexaminer cette situation car, j'étais d'avis qu'une subvention
de ce type ne relevait pas prima facie de la responsabilité du
ministère des Relations internationales. Il me paraissait
justifié par ailleurs, après dix ans d'existence de cet
arrangement, d'entamer avec la France des discussions à propos de
l'avenir des collèqes,
non seulement sur le plan budgétaire mais aussi à propos
du type de formation offert par les collèges et leur adaptation au
contexte québécois.
Je peux vous dire aujourd'hui que les négociations sont
avancées et que nous devrions en arriver, au cours des prochains mois,
à une solution satisfaisante pour toutes les parties.
En ce qui concerne nos programmes de subventions, nous avons
été amenés à concentrer les ressources disponibles
autour des activités qui nous paraissaient les plus directement
reliées au mandat et à la vocation du ministère des
Relations internationales. Ainsi, la plupart des subventions
régulières, que nous versions à des
événements culturels au Québec, deviennent
désormais la responsabilité du ministère des Affaires
culturelles.
L'échéance qui retiendra le plus l'attention des services
de mon ministère au cours des prochains mois est sans conteste le sommet
des chefs d'État et de gouvernement des pays ayant en commun
l'utilisation du français, dont la tenue est prévue à
Québec du 3 au 5 septembre 1987. De fait, comme vous l'aurez
constaté à la lecture du cahier des crédits, nous avons
prévu un montant global de 8 500 000 $ pour couvrir l'ensemble des
coûts reliés aux préparatifs et au déroulement du
sommet.
Je serai à votre disposition, plus tard, pour répondre aux
questions détaillées que vous jugerez utile de m'adresser
à propos de la ventilation de ces montants. J'ai l'intention, au cours
de cette présentation, de traiter plutôt des gestes que nous avons
posés depuis un an pour préparer l'accueil du sommet, de notre
action pour donner suite aux décisions du Sommet de Paris et du
déroulement prévisible des événements, d'ici
à la tenue du sommet.
J'aurai aussi l'occasion d'aborder notre perception des suites que
pourrait avoir cet événement.
En ce qui regarde tout d'abord les suivis du Sommet de Paris, je ne
reprendrai pas ici la relation en détail du déroulement du
premier sommet francophone. Le Québec y a joué un rôle de
premier plan comme en témoignent les fonctions assumées par son
premier ministre en tant que rapporteur général de la
conférence. Les propositions que nous avions élaborées
avant le sommet en vue de déterminer quel thème devait être
retenu pour l'avenir de la coopération multilatérale et les
modalités qui devraient être retenues pour traiter de ces
thèmes ont été largement adoptées par les
participants au sommet. Il ne paraît pas excessif d'affirmer que notre
participation au Sommet de Paris a représenté un des moments les
plus éclatants, sinon le plus éclatant, de notre action
internationale depuis 25 ans.
Je m'en voudrais ici de ne pas souligner que le chef de l'Opposition, en
négociant l'entente de novembre 1985 avec le gouvernement
fédéral, a contribué à créer les conditions
de ce succès.
L'acceptation par les chefs d'État et de gouvernement de notre
invitation à venir à Québec pour la deuxième
conférence au sommet nous conférait bien évidemment des
responsabilités particulières dans la gestion des suivis du
premier sommet. Notre qualité d'hôte du sommet suivant nous
imposait de plus un ensemble d'obligations en termes de logistique, de
préparation des contenus et d'animation générale de la
communauté francophone en prévision de cet
événement.
Le premier geste que nous avons posé, une fois accepté le
principe de la tenue de la deuxième conférence à
Québec, a été de conclure un accord avec le qouvernement
fédéral pour son déroulement. Le contexte d'un sommet qui
se tient à Québec est évidemment très
différent de celui qu'on avait connu à Paris. Aussi, l'accord
définît-il de manière précise le rôle que
chaque gouvernement doit assumer dans la préparation et le
déroulement du sommet.
Comme vous le savez, le Canada est la puissance invitante pour la
conférence et le Québec, gouvernement hôte. L'accord
prévoit aussi la création d'un comité d'organisation du
sommet présidé par l'ambassadeur du Canada à Paris et dont
la vice-présidence est assumée par notre
délégué général en France.
Enfin, une clé de répartition des frais engaqés
pour l'organisation du sommet est aussi prévue dans l'accord. Cette
clé tient compte de la participation du Nouveau-Brunswick à la
préparation de l'événement.
L'organisation du sommet a été confiée au
ministère des Relations internationales. Il est évident,
cependant, que les structures permanentes du ministère ne sont pas
conçues en fonction des impératifs de l'organisation d'un
événement de ce type. Le ministère dispose d'un noyau de
base qui était manifestement appelé à jouer un rôle
centra! dans l'organisation du sommet, en l'occurrence, la direction des
Affaires francophones. Cette direction devait cependant continuer de s'occuper
de la vie des institutions et associations francophones qui ne s'arrête
pas parce qu'il y a un sommet.
Aussi, ai-je décidé, à l'automne dernier, de mettre
en place une structure légère qui est devenue le
Secrétariat québécois du sommet de Québec. Ce
secrétariat, placé sous l'autorité du sous-ministre
adjoint, M. Ricard, travaille sur les trois dimensions de l'action proprement
québécoise en vue du sommet, soit les contenus, les
communications et les événements associés.
L'entente entre Ottawa et Québec présidant à la
préparation du sommet précise que chacun des deux gouvernements
est
responsable des contenus qu'il entend présenter au sommet.
L'organisation de l'événement est cependant, en vertu de
l'entente, une entreprise conjointe. Il est très vite devenu
évident qu'il fallait créer une structure commune
Ottawa-Québec-
Fredericton pour réaliser l'ensemble des tâches de nature
logistique que les gouvernements hôtes se devaient d'assumer.
Au cours de l'été et de l'automne 1986» des
discussions serrées entre les gouvernements du Canada et du
Québec eurent lieu à propos de la configuration à donner
à cette structure commune et des modalités à
prévoir pour assumer son bon fonctionnement. Le secrétaire, M.
Guy Simard, dirige cette structure composée de cinq services
correspondant chacun à un volet logistique et particulier des
préparatifs. Il s'agit des services du protocole, de l'accueil, du
logement, du transport et des communications. Une unité administrative
complète les effectifs du secrétariat.
En vertu de l'entente conclue à Paris, la responsabilité
des préparatifs en matière de sécurité
relève des autorités fédérales. Une concertation
étroite est cependant maintenue entre la Gendarmerie royale du Canada et
la Sûreté du Québec à ce propos. Le gouvernement
fédéral a accepté par ailleurs d'assumer la
totalité des coûts reliés à cet aspect du
sommet.
Le Sommet de Paris avait été préparé par un
comité de représentants personnels des chefs d'État et de
gouvernement invités au premier sommet. On a vite donné à
cette instance la dénomination de comité des sherpas. Le Sommet
de Paris a décidé de confier le suivi des décisions qui y
avaient été prises à ce même comité qui est
devenu le comité des suivis. Ce comité des suivis où le
Québec est représenté par notre
délégué général en France a travaillé
de manière très active depuis février 1986. Il est
intéressé de très près aux modalités de la
réforme de l'Agence de coopération culturelle et technique
souhaitée par le Sommet de Paris. Les décisions prises en
décembre 1986, lors de la dernière réunion du conseil
d'administration de l'agence que j'ai d'ailleurs eu le plaisir de
présider, visent à intégrer pleinement l'agence dans les
activités francophones multilatérales découlant du
sommet.
Le comité des suivis a fait rapport, il y a quelques semaines, en
dressant un bilan globalement satisfaisant des suivis donnés au premier
sommet. Le comité peut notamment s'enorgueillir d'avoir
présidé à la mise en place des cinq réseaux de
coopération multilatérale et aux premiers pas de ceux-ci. Le
comité a nommé à des postes de responsabilité
élevés au sein des réseaux deux de nos compatriotes. M.
Christian Latortue, haut fonctionnaire du ministère de l'Énergie
et des Ressources a été nommé responsable du réseau
énergie par le comité. M. Jean-Marc Léger a
été nommé, l'automne dernier, responsable du volet
industries culturelles dans le réseau culture et communications.
Le comité des suivis fait très largement place, depuis
quelques semaines, au comité des sherpas constitué en vue
d'assurer au niveau international la préparation du Sommet de
Québec. Ce comité est présidé par l'ambassadeur du
Canada à Paris, M. Lucien Bouchard. Notre délégué
général à Paris, M. Jean-Louis Roy, en est le
vice-président. Il se réunit alternativement à l'ambassade
du Canada ou à la délégation générale. Ces
réunions ont jusqu'ici regroupé régulièrement de 30
à 35 représentants des pays conviés au prochain sommet. La
tâche primordiale du comité des sherpas est de préparer
l'ordre du jour du Sommet de Québec, de retenir au sein de chacun des
réseaux la nature des propositions d'origine multilatérale ou
bilatérale qui seront abordées à Québec. Le
comité, enfin, est le lieu privilégié où se
réglera, au cours des prochains mois, l'ensemble des problèmes
qui pourraient surgir au niveau international lors de la préparation de
la conférence. (20 h 45)
Nous sommes particulièrement soucieux, en ce qui reqarde le
contrôle financier, du respect du cadre financier qui a été
établi pour notre participation au sommet. Qu'il s'agisse de notre
contribution au fonctionnement du secrétariat conjoint, de notre
participation au suivi du sommet de Paris ou de notre contribution aux
événements qui seront associés au sommet, nous entendons
veiller au maintien des coûts de façon riqoureuse. Le
secrétariat québécois du sommet est donc doté d'un
contrôleur financier d'abord responsable du suivi des engagements au
secrétariat conjoint. Responsable des aspects logistiques de la
préparation du sommet, le secrétariat conjoint s'est
concentré dans un premier temps sur l'établissement
d'échéanciers pour chacun des secteurs dont il est responsable et
sur la mise en place d'une planification des activités.
Au secrétariat québécois du sommet, les groupes de
travail charqés d'alimenter nos contributions aux réseaux de
coopération multilatérale ont élaboré un ensemble
de propositions dans chacun des cinq secteurs qui ont conféré au
Québec un rôle de tout premier plan dans la préparation des
contenus du sommet, notamment, au sein du comité des sherpas. Il serait
trop long ici d'entrer dans le détail de chacune des propositions que
nous avons transmises au chef de réseau et au comité des sherpas.
À Paris, maintenant, le comité des sherpas a été
saisi de propositions de coopération multilatérale et s'est
penché activement sur l'ordre du jour du sommet. Notre
délégué
général a fait preuve de leadership au sein de cette
instance. Les participants auront aussi à prendre des décisions
en ce qui a trait au rôle central que l'Agence de coopération
culturelle et technique doit assumer dans la coopération
multilatérale francophone. Pour notre part, nous sommes favorables
à une évolution progressive qui conduirait les réseaux
à s'intégrer à des structures réformées de
l'agence où ils seraient appelés à remplacer les
directions générales existantes.
Puisque la francophonie dispose déjà d'un organe
international apte à gérer la coopération
multilatérale, il nous paraîtrait contre-indiqué de
créer à ses côtés des structures qui entreraient
inévitablement en conflit sur plusieurs plans avec l'agence. Il noua
semble que ce point de vue est de plus en plus largement partagé par les
pays participants à la condition que l'on puisse procéder
progressivement. L'agence elle-même doit être
réformée. Tout le monde s'entend là-dessus. Un premier pas
a été accompli au mois de décembre dernier par la
conférence générale. Mais il reste beaucoup à
faire. Nous souhaitons que l'agence devienne un instrument plus performant,
moins lié par un ensemble de contraintes administratives et
financières et doté d'une souplesse plus grande.
L'allégement des structures de l'agence, l'élimination d'un grand
nombre de contraintes de nature administrative et l'articulation de ces travaux
autour des réseaux devraient, à nos yeux, fournir- à cette
institution irremplaçable les moyens de progresser et de jouer le
rôle qui doit être le sien au sein de la francophonie.
En ce qui regarde les perspectives, il est bien sûr que notre
intérêt est que la deuxième partie du sommet
consacrée aux questions de coopération soit la plus substantielle
possible, car le premier ministre du Québec est appelé à
la présider. Mais au-delà de cet intérêt, il y a
notre conviction que seule la création d'un véritable espace
francophone au sein duquel circuleront idées, personnes et produits peut
permettre au concept francophone de prendre tout son sens.
Nous sommes encore à préciser la teneur exacte des
messages qui serviront de substrat à toutes les interventions
québécoises au sommet. Notre réflexion s'articule
actuellement autour des trois idées forces suivantes.
Premièrement, le Sommet de Québec doit être
l'occasion de faire prendre conscience à tous les membres de la
francophonie que des enjeux d'avenir leur sont communs et que chacun ne peut
affronter seul les défis qui en découlent.
Deuxièmement, il est essentiel également que les
réseaux soient construits sur la notion de partenariat, chacun y
apportant une contribution différente mais spécifique et
nécessaire. Il importe au premier chef au Québec que le Sud soit
associé activement à la mise au point des programmes majeurs qui
canaliseront la coopération internationale francophone et, au lendemain
du sommet, qu'il soit coresponsable de la mise en oeuvre des décisions
qui auront été prises à cette occasion.
Troisièmement, ainsi conçus, les réseaux seront
donc décentralisés dans l'aire géographique de la
francophonie pour être sur place au - service de toutes les composantes.
Le grand défi du Sommet de Québec est de structurer l'ensemble
francophone existant, de lui donner une cohésion qui permette
d'additionner et de conjuguer ces ressources innombrables pour faire face,
comme on dit, avec une personnalité spécifique à des
problèmes dont l'ampleur dépasse chaque partie du tout.
Le ministère des Relations internationales et les intervenants
gouvernementaux et non gouvernementaux québécois sur la
scène internationale. Le sommet constitue la priorité de l'heure
pour le ministère des Relations internationales. Cela n'exclut nullement
une action résolue dans un certain nombre de directions dont le cahier
des crédits qui a été remis founit un aperçu sur le
plan économique. En effet, on y détaille les priorités
d'action pour chacune de nos directions géographiques et les
orientations que nous avons retenues pour l'année à venir pour
nos activités avec les organisations multilatérales et un certain
nombre d'autres intervenants.
Je ne reviendrai donc pas sur cet aspect de notre action cette
année. Je suis bien évidemment à votre disposition pour
répondre aux questions que vous voudrez bien me poser tout à
l'heure. Je crois plutôt utile de faire état de certaines
initiatives que nous avons prises récemment et d'actions que nous
comptons entreprendre au cours des prochains mois pour intensifier nos
relations avec un certain nombre d'intervenants gouvernementaux et non
gouvernementaux.
À la conférence socio-économique sur le
Québec dans le monde de 1984, un large consensus s'est
dégagé parmi les participants non gouvernementaux. Il
était primordial pour eux que le gouvernement fasse connaître de
manière aussi précise et articulée que possible les
objectifs retenus pour son action internationale et les moyens auxquels ils
entendaient avoir recours pour les réaliser.
Ce consensus s'est élaboré dans un contexte où tous
reconnaissent que l'action des intervenants non gouvernementaux
québécois sur la scène internationale a pris une ampleur
considérable depuis quelques années. Qu'il s'aqisse de nos
entreprises, de nos institutions universitaires, de nos villes et
communautés urbaines, de nos associations, tous ont désormais le
regard
largement tourné vers l'extérieur.
Le développement de l'activité internationale de
l'ensemble des secteurs de la vie collective québécoise se
manifeste aussi au sein du gouvernement. Il n'y a pratiquement plus un
ministère aujourd'hui qui n'intègre une dimension internationale
à sa planification et à son action. Le rôle du
ministère des Relations internationales est de s'assurer que cette
action multiforme se situe dans un cadre cohérent et que les
intervenants gouvernementaux à l'étranger, dans la poursuite de
leurs intérêts, contribuent de manière optimale aux
objectifs d'ensemble que le gouvernement a arrêtés pour son
action.
Le gouvenement précédent a répondu aux voeux
formulés par la conférence par la publication d'un
énoncé de politique en juin 1985. Depuis lors, un nouveau
gouvernement a pris le pouvoir doté d'orientations nouvelles et soucieux
de faire jouer à l'État le rôle qui doit être le sien
dans une société contemporaine.
L'environnement canadien et international a aussi évolué
rapidement. Je mentionnerai simplement à cet égard l'accord
constitutionnel, l'évolution rapide du dossier de la
libéralisation des échanges avec les États-Unis, la tenue
du premier sommet francophone et la préparation du deuxième, le
lancement des négociations commerciales multilatérales, le
caractère de plus en plus aigu de certains problèmes comme les
pluies acides ou de nouvelles initiatives en matière de politique
étrangère prises à la fois par le gouvernement canadien et
nos principaux interlocuteurs étrangers.
Aussi ai-je demandé aux services du ministère des
Relations internationales, depuis quelques mois, de préparer un texte
d'orientation politique qui intègre toutes les données nouvelles
dont je viens de faire état. Nous avons l'intention de rendre publics
les éléments de cette politique dès que cela sera
possible. Nous voulons provoquer un débat aussi large que possible sur
cette question fondamentale.
L'appui à l'action internationale des villes et
communautés urbaines. De longue date, le gouvernement du Québec a
privilégié l'appui aux initiatives des collectivités
locales comme moyen d'atteindre les objectifs qu'il s'est donnés en
matière de politique internationale. Cet appui a pris les formes les
plus diverses: financement de missions à l'étranger, prêt
de personnel, mise à la disposition des collectivités de notre
réseau de représentation à l'étranger, action
diplomatique vigoureuse auprès des autorités -
étrangères en vue de favoriser l'atteinte des objectifs que nos
villes, communautés urbaines et MRC peuvent se donner.
Depuis plusieurs années, le gouvernement du Québec tient
de plus en plus compte de la nécessité pour les villes et les
communautés urbaines d'intégrer une dimension internationale
à leur développement. Des villes ont largement pu compter sur
l'appui de nos services extérieurs pour attirer chez eux des
investissements industriels. La plupart des commissaires industriels
québécois savent qu'ils peuvent compter sur notre réseau
de représentation extérieure pour organiser leur action de
promotion industrielle. Dans deux cas cependant, l'importance pour l'ensemble
de la société québécoise des collectivités
en cause justifie une action gouvernementale plus accentuée. II s'agit
des réqions de Montréal et de Québec.
Je me suis attaché, depuis un an et demi, à faire valoir
au maximum les atouts de Québec, de la ville de Québec sur le
plan international. La tenue du sommet à Québec et la
qualité de l'accueil que nous nous préparons à offrir aux
participants auront un impact considérable sur l'image de Québec
dans l'ensemble de la francophonie et bien au-delà. La création
d'une instance d'arbitrage commercial internationale, l'ouverture prochaine de
la représentation nord-américaine de l'Unesco, l'appui à
Rendez-vous 1987 et celui que nous apportons aux initiatives de
l'Université Laval sur le plan international constituent des
manifestations de l'intention du gouvernement de permettre à la
région de Québec d'assumer pleinement sa vocation
internationale.
La recherche méthodique d'une valorisation de la région de
la capitale sur le plan international ne doit pas faire perdre de vue que c'est
dans la région montréalaise que se joue en premier lieu l'avenir
de notre société sur le plan international. Montréal
représente pratiquement la moitié du Québec sur le plan
humain. La concentration qu'on y retrouve d'entreprises, d'institutions et
d'associations oeuvrant sur le plan international fait que c'est d'abord dans
la région métropolitaine que nous devons concentrer nos efforts
en vue d'appuyer les initiatives des collectivités locales sur le plan
international.
L'action du ministère des Relations internationales pour
favoriser le développement de la réqion métropolitaine sur
le plan international est peut-être mal connue. Aussi, m'en voudrais-je
aujourd'hui de ne pas en faire état. Cette action se déploie dans
plusieurs directions. Souliqnons d'abord que nous agissons de concert avec la
ville de Montréal depuis longtemps. Peu de visiteurs importants sont
reçus par le gouvernement du Québec sans qu'ils aient l'occasion
de rencontrer les autorités municipales de Montréal. Nous nous
concertons régulièrement avec les autorités
montréalaises en vue de planifier nos activités et de faire jouer
au maximum les complémentarités qui peuvent exister entre le
palier gouvernemental
québécois et celui de la ville. Encore tout
récemment, le sous-ministre du ministère des Relations
internationales, M. Marcel Bergeron, a tenu une rencontre de travail avec le
secrétaire général de la ville de Montréal en vue
de cerner les principaux défis auxquels chacun faisait face et de
dégager les voies d'une action commune dont l'intérêt
paraît manifeste.
Cette volonté de soutenir les acteurs de la région de
Montréal dans leur démarche se traduit très
concrètement au niveau du déploiement des ressources du
ministère des Relations internationales. La très grande
majorité des subventions que nous versons au Québec à des
associations, institutions et organismes culturels sont versées dans la
région de Montréal comme l'AQOCI et les collèges
français. Le maire de Montréal, le président de la
Communauté urbaine et l'ensemble des autorités municipales
bénéficient largement des services de notre réseau de
représentation à l'étranger lorsqu'ils se
déplacent. Afin de concrétiser notre action, de nous impliquer de
manière approfondie dans la dimension internationale de la ville de
Montréal, nous avons pris la décision depuis un an
d'étoffer le bureau du ministère à Montréal. J'ai
tenu à souligner aujourd'hui l'importance de notre implication dans le
développement de la région de Montréal car certains
commentateurs, dont le chef de l'Opposition, ont cherché à
souligner l'action que je conduis en faveur de la région de
Québec pour la mettre en opposition avec les impératifs de
développement de la région de Montréal. Je crois que
l'ensemble des éléments dont je viens de faire état
témoigne de notre intention d'agir avec une énergie aussi bien en
faveur de la région de la capitale qu'en faveur de la région
métropolitaine dans le respect des vocations propres et du potentiel de
chacune de ces deux régions.
Je suis maintenant à votre disposition, M. le Président,
et à celle des membres de cette commission pour répondre à
des questions,
Le Président (M. Filion): Je vous remercie, M. le
ministre.
M. le chef de l'Opposition
M. Pierre Marc Johnson
M. Johnson (Anjou): Je remercie le ministre d'avoir
accompagné sa présentation orale d'un texte considérable
à partir duquel, je pense, il s'est inspiré et que j'ai suivi
tant bien que mal, mais je peux l'assurer que nos services vont prendre
connaissance avec attention, et moi aussi, de certains chapitres.
Quelques remarques préliminaires à partir de son
exposé. Le ministre, qui porte le chapeau des affaires canadiennes avec
le premier ministre et aussi celui des affaires internationales, à
l'occasion, nous parle des deux sujets au point, d'ailleurs, où cela
l'amène à faire quelques lapsus. Quand ils deviennent
écrits, cependant, cela me préoccupe un peu plus que verbalement.
Le ministre nous a parlé du concert des sociétés. J'ai
toujours compris, moi, que, dans les questions internationales, on parlait du
concert des nations. En tout cas, c'est comme cela que je l'ai appris en
sciences politiques et en droit. Je comprends qu'il est très
préoccupé par la notion de société, ces jours-ci,
mais il ne faudrait quand même pas exagérer. Vous savez, au
début du siècle, ce n'est pas la Société des
sociétés qui a été fondée, c'est la
Société des Nations. (21 heures)
Deuxièmement, le ministre a fait allusion à l'accord
constitutionnel et, juste avant qu'il nous annonce qu'il va demander à
son ministère de produire pour la deuxième fois en trois ans un
document d'orientation, il nous a parlé des événements et
du contexte actuel et il a fait allusion à deux reprises à
l'intérêt que représente l'accord constitutionnel sur le
plan international pour le Québec. Je vais lui poser une question. Je
comprends que le ministre était convaincu, à tort ou à
raison - je dirais qu'à ce stade-ci, ça n'a pas tellement
d'importance - que la notion du gouvernement qui peut faire la promotion du
caractère distinctif du Québec emportait donc le privilège
de la couronne des relations extérieures dans le système de type
britannique. J'ai posé la question au premier ministre tout à
l'heure mais en lui demandant de décanter ça un peu. Je peux
peut-être demander au ministre de faire la même chose.
Est-ce qu'il ne considère pas que le paragraphe 4 de l'article 2
de l'accord constitutionnel, dans la mesure où il explique maintenant
que rien dans le présent article ne peut venir déroger aux
pouvoirs, aux droits et aux privilèges du Parlement du Canada, vient
quelque peu tempérer les espoirs qu'il fondait sur... Le gouvernement du
Québec peut promouvoir le caractère distinct, comprendre par
"gouvernement" le droit exécutif, comprendre la "couronne" au sens de
l'arrêt Maritime Bank et de la notion de prolongement des
compétences internationales, la théorie des onze couronnes. C'est
ce que j'avais à dire sur la question constitutionnelle. Je n'entends
pas y revenir beaucoup.
Je remarque aussi qu'à la page 47 de ses remarques, le ministre
nous parle d'un environnement dont il faut tenir compte au moment où il
décide de donner mandat à son ministère d'écrire
une politique. On nous parle du lancement des négociations
multilatérales. Je me permets de lui soumettre la chose suivante. Le
Québec a toujours dû être extrêmement modeste quand il
était question du GATT, compte tenu du
fait qu'on a passé les quinze dernières années
à se tirer dans les airs avec le fédéral pour pouvoir y
participer et que notre rôle a toujours été un rôle
malheureusement accessoire! que je souhaiterais beaucoup plus important. Est-ce
que je dois comprendre que le ministre nous annonce que le Québec aura
maintenant un rôle plus important au niveau de la négociation
multilatérale?
C'est ce que j'aurais comme remarques tout à fait
préliminaires. Ensuite, j'aurai quelques commentaires sur les
crédits. Je vais simplement, pour permettre au ministre et à ses
collaborateurs de voir un peu comment l'organisation de nos travaux se fera et
leur permettre de sortir les documents d'avance, leur donner une espèce
de table des matières de ce qui va se passer de notre
côté.
Je vais faire des remarques générales sur le budget du
ministère qui ne seront pas toutes absolument agréables, je vous
le dis tout de suite, M. le ministre. Deuxièmement, je vais
m'arrêter un petit peu au fonctionnement de la délégation
à Paris. Je vais vous parler de l'Office franco-québécois
pour la jeunesse. Je vais vous parler des délégations. Il peut y
avoir une série de questions notamment sur les
délégations. J'aurai une question sur une entente internationale
concernant la Belgique en matière de sécurité sociale.
J'aurai évidemment un certain nombre de questions concernant le sommet
francophone, étant donné que c'est un gros morceau, merci!
Voilà, cela vous donne un peu le portrait. J'ai remarqué
quelques crayons se lever derrière vous, M. le ministre. Je pense que
vous avez la du personnel extrêmement compétent et je suis
sûr aussi, chargé de valises pleines comme à chaque fois
qu'on fait les crédits.
Mes remarques préliminaires: M. le ministre, vous occupez un
ministère qui, quand je regarde son évolution budgétaire,
vous obligera peut-être bientôt à changer de titre. Les
crédits 1987-1988 démontrent que vous êtes à la
tête d'un ministère qui est de relations de moins en moins
internationales. Et si, par malheur, vous deviez y rester trop longtemps ou si
le président du Conseil du trésor ne vous fait pas plus de
faveurs, vous serez peut-être un jour à la tête du
ministère des défuntes relations internationales, ce qui
m'inquiète.
Je m'explique. Les représentations du Québec à
l'étranger sont réduites comme une peau de chagrin. Je comprends,
comme vous l'avez dit dans votre exposé, que l'ère de la grande
rationalisation est arrivée, mais j'ai quelques chiffres qui me
préoccupent quand même beaucoup.
D'abord, les crédits pour les représentations à
l'étranger - l'élément 1 du programme 1 - sont
gelés, ce qui signifie en pratique une baisse, compte tenu de
l'inflation. On sait pourtant que, globalement, les dépenses du
gouvernement ont augmenté de 5,9 % cette année. Ce n'est pas moi
qui dis cela, c'est le président du Conseil du trésor. Les
délégations du Québec, de toute évidence, n'ont pas
eu le plaisir et le privilège de cette manne du Trésor, comme le
ministère lui-même d'ailleurs, car quand on exclut les 8 000 000
$, on me corrigera, c'est environ 8 000 000 $ pour le sommet francophone,
à moins vraiment que le sommet ne dure un an mais je ne le pense pas...
Quand on exclut le projet spécial du ministère des Relations
internationales avec l'ACDI dans le cas du Zaïre et du Rwanda, je pense
que c'est 1 500 000 $ ou près de 2 000 000 $ qui vont là-dessus.
Disons que j'enlève le budget du sommet et j'enlève le projet
Zaïre-Rwanda - on se comprend bien je regarde ce qui reste, c'est une
augmentation de 2 % dans votre ministère pour faire fonctionner tout
cela. Je vous dis que cela me préoccupe beaucoup. J'ai l'impression que
cela doit préoccuper d'autres personnes aussi.
Deuxièmement, il m'apparaît dans un contexte comme cela que
le ministère est comme un peu assoupi saqement au pied du "bunker". Je
m'explique. Il y a de moins en moins de personnel en fonction à
l'étranqer. Cela me préoccupe et je ne pense pas... Je reconnais
ici un certain nombre de visages, de gens qui ont été en poste
à l'étranqer et, dans la mesure où nous, comme vous l'avez
si bien dit, on n'est pas un État souverain, ce n'est pas parce qu'on
les envoie en Albanie, vous savez, et, qu'ils ont hâte de revenir. En
général, nos gens sont en poste dans des pays où la vie
peut être exigeante, le travail est cependant stimulant et
intéressant. Je ne pense pas qu'ils soient en train de courir pour
revenir absolument au Québec. En tout cas, d'après
l'expérience que j'ai eue, les gens dans nos délégations,
les délégués, professionnels et autres, c'étaient
des gens qui étaient extrêmement stimulés par leurs postes
à l'étranger.
Mais je me rends compte qu'au 1er avril 1987, dans votre
ministère, M. le ministre, il y avait seulement 58,7 % de l'effectif de
votre ministère qui étaient en poste hors Québec, contre
70 % un an auparavant. Cela parle. Cela s'appelle une diminution substantielle
de la présence du Québec à l'étranger. Quand on
réduit ainsi de 12 % l'effectif à l'étranger, c'est
quelque chose en termes relatifs.
L'autre dimension, évidemment, c'est qu'il y a des
délégations qui se vident. En un an, deux postes nouveaux
créés à Dakar et à Bogota mais suppression de 55
postes qui représentent une perte nette de 15 %, 15,1 % si je ne me
trompe pas. Le Québec a notamment supprimé douze postes à
Düsseldorf - il ne doit certainement pas
rester grand-chose là - neuf à Paris - ce qui est une
ponction sévère - six à Dallas -cela, c'est la fermeture,
on se comprend -six à Caracas - si ce n'est pas la fermeture, je ne sais
pas ce que cela laisse - quatre à New York, quatre à Atlanta,
quatre à Milan, Milan et Rome, pour bien se comprendre.
Quand je vois tout cela, j'ai l'impression qu'au nom de la
rationalisation budgétaire, la présence du Québec à
l'étranger commence à être un peu lilliputienne, ma foil
Pourquoi ne pas le dire? Si ce qu'on veut dire c'est que comme
société, pour reprendre un terme à la mode, on pense qu'on
n'a pas vraiment les moyens d'être à l'étranger, qu'on se
le dise et qu'on l'explique aux Québécois à part cela. Je
vais vous dire, M. le ministre, que ma conviction est que les
Québécois sont prêts à consentir un effort pour
s'assurer que nous rayonnons sur le plan international. Cet effort implique,
par définition, que le Québec qui dépense à peu
près 21 500 000 000 $ par année pour conserver sa
différence ne devrait pas voir, quand le grand couperet du Trésor
passe, sa présence internationale, élément fondamental de
sa différence, être ainsi si brutalement affectée.
Les budgets de fonctionnement, en plus de celui des
délégations, sont restreints. Si on exclut le poste
budgétaire des loyers qui, lui, est en hausse prévisible de 9 %,
les crédits sont, à toutes fins utiles, là aussi
gelés. Il y a une baisse de 17 400 $, si je ne me trompe pas dans
l'analyse qu'on a pu en faire, et ils n'ont pas augmenté de 1,9 % comme
l'ensemble. Je ne trouve pas que c'est très fort, fort à
l'étranger. Par ailleurs, le budget des communications a
été à nouveau touché cette année comme l'an
dernier. La baisse prévue de 8,1 % porte à 26 % la ponction subie
depuis le 1er avril 1986 dans les budgets des communications des
délégations à l'étranger. Pourtant, je pense que
ça tombe un peu sous le sens commun que le budqet de communications,
c'est extrêmement important pour une délégation,
précisément parce qu'on n'est pas des ambassades, à
l'exception de celle de Paris qui peut ressembler un peu à ça. II
ne faut pas en avoir fait beaucoup de délégations du
Québec pour se rendre compte que ce sont des organisations
extrêmement modestes comparativement aux installations du gouvernement
souverain du Canada et que, ma foi!, il faut être créateur, il
faut être ingénieux et il faut être habile. Il faut cibler
ses objectifs. Moi, j'ai vu des gens faire des miracles d'imagination à
l'étranger parce que, en général, nos gens à
l'étranger ne se prennent pas pour des ambassadeurs. Heureusement,
d'ailleurs, parce qu'on n'a pas les moyens. Cela viendra peut-être un
jour. Mais ils sentent le besoin de cibler et un des moyens qu'ils ont pour
compenser le peu de ressources que nous avons et même, dans un contexte
idéal, que nous aurions, ils ont besoin d'un budget de communications et
je trouve que ce n'est pas très fort, ce qui leur est laissé.
Quant à la délégation de Paris, je comprends que le
délégué général est pas mal occupé de
ce temps-ci. Le délégué général est
vice-président du comité des sherpas, il est
vice-président du secrétariat et il s'occupe du
multilatéral qu'il est allé récupérer en plus du
poste de délégué du Québec et il faut que, de temps
en temps, il vienne voir le ministre à Québec. Au point
d'ailleurs où, malheureusement, il n'était pas présent ni
représenté à l'Association internationale des
parlementaires de lanque française le 4 mai à Paris. Il
était probablement en préparation de sa présence au
Québec au moment de la réunion des délégués
qui se tient annuellement. C'est vrai que nos délégués
manquent des choses, mais l'Association internationale des parlementaires de
langue française, le 4 mai à Paris, c'était le groupe ad
hoc de suivi du Sommet de Paris. Il n'y avait personne du Québec qui
était là. Peut-être qu'on aurait pu... Je ne sais pas si
c'était pour des raisons financières, j'espère que non,
mais si c'était pour des raisons financières, j'aurais une
suggestion à faire au ministre. Il pourrait peut-être fermer la
Lettre du Québec dont le professionnalisme est pour le moins douteux et
passer cela à du personnel temporaire qui s'occuperait de
représenter les gens dans les événements importants. (21 h
15)
L'Office franco-québécois pour la jeunesse, je trouve que
ça commence à ressembler à une mort lente ou, en tout cas,
il va y avoir quelqu'un qui va être en cyanose par asphyxie, tout
à l'heure. 200 000 $ de coupures deux années de suite sur un
budget d'à peu près 1 500 000 $, cela commence à faire pas
mal de coupures, alors que, pourtant, les quatre années
précédentes, il n'y avait eu qu'une baisse moyenne de 1 % par
année, alors qu'ici, on voit une chute de 11 % par année, depuis
deux ans. J'aimerais que, dans sa réaction, le ministre nous dise,
notamment dans le cas de l'Office franco-québécois pour la
jeunesse, s'il reste un avenir là. Je comprends qu'il se sente
obligé d'être inventif, son collègue du Trésor avait
dit que le sommet coûterait 6 500 000 $ et on voit 8 500 000 $,
évidemment, il ne fera pas de cadeau à d'autres domaines. On sait
comment cela marche entre le Trésor et les ministères.
Probablement que le ministre doit tenter de se rabattre sur les organismes non
gouvernementaux, comme l'Association France-Québec, qui, en soi, n'est
pas une piste à négliger pour ce genre de choses, mais, à
ma connaissance, l'Association France-Québec demandera alors, à
son gouvernement respectif, d'obtenir peut-être une espèce
d'engagement, de soutien moral, matériel et peut-être
même financier, puisque, de plus en plus, on va lui envoyer ce qui ne
sera pas fait par l'Office, dans lequel on coupe. Il reste à peine 750
000 $ à l'Office pour organiser tout, mais tout. Je me souviens d'une
époque où, à l'Office, il y avait des avions remplis qui
partaient de Mirabel, enfin, non pas de Mirabel, à l'époque
c'était de Dorval - cela vous donne une idée de mon âge -
et en général ces gens partaient de bonne humeur, ils allaient
découvrir des choses et ils revenaient. Il y avait des Français
qui faisaient la même chose. Disons que là, j'ai l'impression
qu'il ne restera pas grand monde avec ce qui va rester du budget, au rythme
où cela va. Si on veut mettre fin à l'Office
franco-québécois pour la jeunesse, qu'on le dise aussi, qu'on
dise quelles sont les orientations. Qu'on dise: Oui, bon, on va réduire
cela de moitié; mais qu'on le dise. Cela doit être invivable pour
les gens dans ces boîtes. Voilà pour l'Office
franco-québécois. J'avais dit au ministre que ce ne serait pas
nécessairement agréable tout ce que j'avais à lui dire. Il
ne s'attendait pas à cela, je te sais.
Je ne sais pas si le ministre veut réagir à un certain
nombre de choses. Ensuite, j'aurais une série de questions très
précises, dans lesquelles je vais essayer de m'abstenir de mes
commentaires éditoriaux.
M. Gil Rémillard (réplique)
M. Rémillard: Merci, M. le Président. Il y a
plusieurs choses dans les remarques du chef de l'Opposition. J'essaierai d'y
répondre et, s'il considère que je ne réponds pas à
toutes ses questions, il n'a qu'à me poser d'autres questions
complémentaires.
J'aimerais tout d'abord aborder la question du budget du
ministère qui, cette année, est un budget global de 66 466 200 $.
C'est un budget qui est en augmentation de 19,6 % par rapport à l'an
dernier. Il y a bien sûr, dans ce budget, une somme de 6 800 000 $ qui
nous est donnée pour l'organisation du deuxième Sommet de la
francophonie qui aura lieu à Québec. C'est là une
activité majeure du ministère. Cela s'inscrit dans la
volonté du gouvernement d'accentuer ses relations internationales pour
promouvoir le caractère distinct du Québec, tant sur le plan
culturel que sur le plan économique. C'est dans ce contexte que je suis
particulièrement heureux, comme ministre, de pouvoir présenter
pour la prochaine année un budget en augmentation de 19 600 000 $ et qui
nous permet de voir des possibilités d'évolution beaucoup plus
intéressantes, parce que nous avons procédé à une
rationalisation de notre administration, tant en ce qui concerne le
ministère lui-même que nos représentations à
l'étranger.
Il y a aussi, dans ce budget, une somme de près de 2 000 000 %
qui est comparée à l'administration de programmes que nous
faisons avec l'ACDI, pour certains pays, tel que l'a souligné le chef de
l'Opposition. Maintenant, je voudrais souligner cette collaboration de plus en
plus étroite que nous avons avec l'ACDI, cet orqanisme de
coopération de développement international du gouvernement
fédéral. C'est un organisme qui, comme vous le savez, dispose
d'un budqet extrêmement important, 2 300 000 000 $. Le gouvernement
fédéral consacre, chaque année, 2 300 000 000 $ pour ses
efforts de coopération et de développement sur la scène
internationale. De cette somme, il doit revenir une part proportionnelle au
Québec, aux Québécoises et Québécois qui
veulent oeuvrer sur la scène internationale, qui veulent participer
à des activités internationales. C'est dans ce contexte que nous
avons développé nos relations avec l'administration de l'ACDI par
une étroite collaboration avec la ministre des Relations
extérieures, Mme Landry, ce qui nous permet d'avoir une participation
plus étroite et d'aboutir à des résultats, comme ceux que
nous avons cette année, qui totalisent 2 000 000 $ - et c'est un
début -et qui nous permettent de travailler à l'administration de
certains programmes de l'ACDI et du gouvernement du Québec pour le
mieux-être de ces pays et, aussi, pour la bonne participation des
Québécois sur la scène internationale.
Il y a une somme supplémentaire de 1 700 000 $ pour le
réseau de représentation à l'étranger. Donc, cette
année, le ministère des Relations internationales a 1 700 000 %
de plus, strictement pour son réseau à l'étranqer.
Voilà un apport tout à fait neuf. D'où vient cette somme
de 1 700 000 $? Elle provient des 8 500 000 $ que nous avons pour le Sommet de
la francophonie et dont nous prenons, pour le sommet seulement 6 800 000 $. Ce
qui veut dire qu'il nous reste 1 700 000 $ que nous allons affecter au
réseau de représentations à l'étranger. C'est donc
dire que c'est une amélioration très importante.
Après avoir effectué une rationalisation, l'an dernier,
dans nos délégations, dans nos représentations à
l'étranger, nous sommes maintenant en mesure, avec cette somme de 1 700
000 $, de passer à une phase de développement, un
développement en fonction des besoins, des objectifs que nous avons.
Quand je parle de rationalisation de notre réseau de
délégations et de représentations à
l'étranger, je veux dire que, dans la précédente
année, nous avons procédé, notamment, à la
fermeture de la délégation de Dallas. Nous avons
transformé la délégation de Lafayette en bureau pour
l'encadrement du programme de coopération et d'éducation avec la
Louisiane. Nous avons
transformé les délégations de Caracas et de
Düsseldorf en bureaux économiques, parce qu'il s'agissait de
délégations qui n'avaient plus la vocation qu'on leur avait
attribuée lors de leur création. Dans le cas, par exemple, de
Caracas, on avait créé cette délégation, il y a
quelques années, parce que l'Amérique latine, à ce
moment-là, en particulier, le Venezuela et le Mexique, connaissait un
essor économique extrêmement intéressant, à la suite
de la crise du pétrole. Comme producteurs de pétrole, ces pays
avaient un rôle important à jouer. On sait à quel point le
Québec considérait comme importante cette relation avec le
Venezuela, qui était un de ses fournisseurs en pétrole. Mais le
contexte économique évoluant, nous nous sommes adaptés
à la situation économique mondiale et nous avons fait de ces
délégations, de Caracas et de Düsseldorf, des bureaux
économiques et non pas des délégations.
Nous avons aussi transformé la délégation de
Port-au-Prince en bureau d'immigration. Nous avons aboli le poste de
délégué aux affaires multilatérales et francophones
à la délégation générale de Paris. Ce sont
des fonctions maintenant assumées par le délégué
général à Paris. Peu de personnes savent qu'il y avait
deux délégués à Paris, le
délégué général et un
délégué multilatéral. Cela venait de quelques
difficultés administratives. On avait nommé quelqu'un à
une autre délégation. Finalement, on avait décidé
de nommer une autre personne à cette délégation. On ne
voulait pas déplaire à cette première personne qu'on avait
nommée et qu'on devait destituer. Finalement, on lui avait
créé un poste à Paris, lequel était occupé
par un diplomate de grande compétence, M. Roquet, qui faisait un
très bon travail à Paris, mais qui fait maintenant un excellent
travail comme délégué général à
Bruxelles.
Le délégué général à Paris
occupe les deux fonctions. Il le fait d'ailleurs très bien, avec un
personnel très compétent, puisque les adjoints de M. Roquet
peuvent maintenant travailler en étroite collaboration avec le
délégué général à Paris, et les
résultats sont là pour nous le démontrer. Nous avons
maintenant, à Paris, une équipe qui travaille fort bien et qui
est concentrée en fonction d'une relation bilatérale avec la
France, mais aussi d'une relation multilatérale. La preuve de cette
relation multilatérale est certainement le Sommet de la francophonie qui
aura lieu ici, à Québec, les 2, 3 et 4 septembre prochain.
Nous avons ainsi rationalisé des effectifs dans plusieurs
délégations, de même que nous avons aussi
développé nos relations avec les autres ministères qui ont
une présence internationale. Je pense, en tout premier lieu, au
ministère du Commerce extérieur. Nous avons un comité de
coordination formé de représentants des deux ministères
qui nous permet de nous rencontrer régulièrement et
d'élaborer des politiques communes et qui permet au ministère des
Relations internationales de jouer son rôle d'animateur des politiques du
Québec en matière internationale.
Nous avons aussi des relations très suivies avec le
ministère de l'Immigration qui joue un rôle important sur la
scène internationale et qui jouera un rôle d'autant plus important
que nous avons maintenant cette entente constitutionnelle qui donne au
Québec encore d'autres possibilités, des possibilités
très importantes en matière internationale, dans le cadre de la
fédération canadienne, en respectant le principe que le Canada
est responsable des critères d'admission au pays, mais qu'à
l'intérieur de ces critères d'admission, le Québec peut
avoir sa compétence en matière de sélection.
C'est donc dans ce cadre que nous devons maintenant situer les relations
internationales du Québec, un cadre qui nous permet d'envisager l'avenir
de nos relations avec beaucoup de possibilités parce que, au
ministère, nous avons assaini nos finances, nous avons
rationalisé nos effectifs et nous avons concentré nos efforts en
fonction d'objectifs bien déterminés, en concertation avec les
autres ministères qui ont une présence internationale. Notre
responsabilité, au ministère des Relations internationales, est
une responsabilité de coordination, de planification et d'animation.
Nous sommes de plus en plus à même de faire cette concertation,
cette animation et de faire en sorte que la politique du Québec, sur la
scène internationale, soit concertée et soit la plus efficace
possible. (21 h 30)
En ce qui regarde aussi l'Office franco-québécois, je dois
dire tout d'abord que, l'an dernier, son budget n'a pas été
diminué. L'an dernier, il a même eu un surplus de 370 000 $.
D'autre part, lorsque j'ai assisté pour la première fois à
une réunion du conseil d'administration de l'Office
franco-québécois, j'ai demandé - et la partie
française gouvernementale l'a demandé aussi - que l'office puisse
faire un effort pour rationaliser son administration. II y avait plus de 40 %
de frais d'administration dans son budqet, ce que nous considérions
comme beaucoup. Il y avait, par exemple, en moyenne, deux accompagnateurs par
mission. Maintenant, c'est un accompagnateur. Pour certaines missions, on n'a
pas besoin d'accompagnateur. Il y a aussi les frais qu'on impose aux
stagiaires. Ces frais étaient de... Un petit instant, je vais vous
donner ces chiffres.
Une voix: En moyenne, les contributions financières sont
passées à 321 $ cette année, alors qu'elles étaient
en moyenne...
Le Président (M. Filion): Est-ce que vous pourriez vous
identifier pour le Journal des débats?
M. Moretti (Pierre): Je suis Pierre Moretti, directeur
administratif à l'office.
Le Président (M. Filion): Merci.
M. Moretti: Donc, la contribution moyenne des stagiaires de
l'Office franco-québécois est passée de 435 $, en 1986,
à 312 $, en 1987. Je dois préciser cependant qu'il y a eu une
réduction parallèle des prestations qui étaient offertes
à ces stagiaires à peu près du même ordre. Donc,
c'est plus pour des raisons de marketing et de compétitivité avec
d'autres organismes que nous avons adapté les contributions
financières.
Période de questions
L'Office franco-québécois pour la
jeunesse
M. Johnson (Anjou): Le budget... J'essaie juste de comprendre, M.
le ministre ou M. Moretti. Ce que je lis dans le livre que vous nous avez
envoyé, c'est une réduction de 200 000 $ cette année.
Est-ce qu'il y a une réduction de 200 000 $ ou s'il n'y en a pas? C'est
peut-être parce qu'on lit mal, mais moi je lis, à
l'élément 2, aux crédits à voter du programme
concernant l'OFQJ, pour 1987-1988, 1 510 000 $ alors qu'en 1986-1987,
c'était 1 710 000 $. Ensuite, c'est indiqué 200 entre
parenthèses, cela veut dire déficit et c'est indiqué 11,7
% entre parenthèses, cela veut dire réduction. Alors, moi, je
regrette, mais je ne vois pas d'augmentation là.
M. Rémillard: Voici, c'est que l'an dernier, comme je le
mentionnais tout à l'heure, il y a eu un surplus de 329 000 $. Nous
considérons...
M. Johnson (Anjou): Je vous vois venir, c'est correct.
M. Rémillard: ...que, pour cette année, nous
voulons qu'il y ait d'autres mesures de rationalisation des dépenses et
je crois qu'il y a un travail très sérieux qui est fait, je dois
le saluer, c'est un travail bien fait, pour rationaliser l'administration et
c'est fait tant du côté français que du côté
québécois, ce qui fait qu'une diminution de 200 000 $ ne devrait
pas affecter le rendement ni le nombre de stagiaires qui, normalement,
utilisent les services de l'agence. Nous considérons qu'avec 200 000 $
de moins, il n'y aurait pas vraiment de diminution dans les services
offerts.
M. Johnson (Anjou): Le nombre de stagiaires, par exemple, est-il
resté sensiblement le même? II y a eu une évolution du
nombre de stagiaires, disons, depuis deux ou trois ans.
M. Rémillard: On m'informe qu'ils ont abaissé leurs
frais d'administration de 40 % à 20 %. C'est pour cela que je salue leur
travail. Lorsque nous sommes arrivés, cela a été ma
première demande: Écoutez, 40 % de frais d'administration, cela
n'a pas de bon sens. Alors, ils sont arrivés à 20 %...
M. Johnson (Anjou): Au chapitre du nombre de stagiaires,
maintenant?
M. Rémillard: Le nombre de stagiaires est à
déterminer en fonction du qenre de missions qu'ils vont établir.
Là encore, cela dépend des genres de mission que l'office devrait
avoir et ce n'est pas encore fixé, ce n'est pas encore
déterminé.
M. Johnson (Anjou): Combien y en a-t-il eu l'an dernier, par
rapport à l'année précédente?
M. Rémillard: On va vous donner ces chiffres. En 1985, il
y a eu 224 projets réalisés. En 1986, il y en a eu 323. Cela ne
les a pas trop affectés.
M. Johnson (Anjou): Mais le nombre de stagiaires?
M. Rémillard: En 1985, il y avait 1403 stagiaires et, en
1986, 1137.
M. Johnson (Anjou): Donc, il y a eu plus de projets, mais moins
de stagiaires.
M. Rémillard: Plus de projets et moins de stagiaires.
M. Johnson (Anjou): Voilà. Comme vous voyez, je ne veux
pas y aller de façon simpliste.
M. Rémillard: Et il n'y a pas eu de coupures, en 1986. Je
vais laisser le sous-ministre, si vous voulez, vous expliquer.
M. Johnson (Anjou): Oui, M. Bergeron.
Le Président (M. Filion): Pour le Journal des
débats, monsieur, votre prénom.
M. Bergeron (Marcel): Marcel Bergeron.
Le Président (M. Filion): Marcel Bergeron.
M. Bergeron: En 1986, les budgets de l'office étaient de 1
710 000 $, c'est-à-dire la contribution du gouvernement. C'est en
1987 que la contribution du ministère a été
réduite à 1 510 000 $. Ces chiffres dont on parle, 323 et 1137,
ce dernier indiquant une diminution du nombre de stagiaires, n'ont pas
été influencés par le fait que le ministère a
versé moins, puisqu'il a versé la même contribution.
M. Johnson (Anjou): Oui, je comprends. J'avais compris cela.
Merci, M. Bergeron. Pourtant, est-ce que cela n'était pas passé,
de 1985 à 1986, de 1 910 000 $ à 1 710 000 $?
M. Bergeron: Oui.
M. Johnson (Anjou): J'ai le cahier de l'an dernier. Oui?
M. Bergeron: Très bien. De 1985 à 1986, il y a eu,
de fait, une diminution, soit 1 910 000 $, en 1985, à 1 710 000 $, en
1986.
M. Johnson (Anjou): D'accord.
M. Bergeron: Je croyais que vous mentionniez qu'il y avait eu 200
000 $ de moins, c'est-à-dire un autre 1 510 000 $ l'an passé et
non 1 000 000 $.
M. Johnson (Anjou): Non. M. Bergeron: C'est bien.
M. Johnson (Anjou): Je parlais pour l'année dont on
étudie les crédits.
M. Bergeron: Cela va.
M. Johnson (Anjou): Alors que les années
précédentes, il n'y avait pas eu de réduction, enfin des
réductions de l'ordre de 1 % plutôt que de l'ordre de 10 % ou 11
%.
M. Bergeron: Environ.
M. Rémillard: II y a aussi les frais d'administration qui
sont passés de 40 % à 20 %, à la suite de notre
demande.
M. Johnson (Anjou): Oui, j'ai compris cela, M. le ministre.
M. Rémillard: Si vous mettez tout cela ensemble, vous vous
apercevez que ces gens font un effort considérable, il faut le remarquer
et souligner leur travail, pour rationaliser.
M. Johnson (Anjou): M. le ministre, je veux seulement vous
rassurer à ce sujet. Je ne suis pas ici pour décerner des
médailles; vous non plus, probablement. Vous le saviez, d'ailleurs, que
je n'aurais pas tendance à vous en décerner beaucoup, compte tenu
des positions relatives qu'on occupe ici, autour de la table. Ne vous en faites
pas, un jour, cela vous arrivera aussi. Mais j'essaie de cerner la
réalité. C'est cela qui m'intéresse, les contenus.
Les délégations
Je voudrais continuer, cette fois-ci, sur les budqets des
délégations. Vous nous avez expliqué tout à
l'heure, parce qu'on a fait l'addition des différents postes, qu'on
arrive à 8 500 000 $ pour le sommet. J'avais entendu M. Gobeil, le
président du Conseil du trésor, expliquer que ce serait 6 500 000
$ ou à peu près. J'en ai donc conclu que 2 000 000 $ de plus
étaient affectés au sommet. Vous nous avez expliqué tout
à l'heure qu'à l'intérieur du budqet du sommet
francophone, à l'intérieur de ce qu'on vous alloue comme
enveloppe dans les crédits, au poste des traitements, au poste du
fonctionnement et au poste des transferts, ce sera bel et bien 6 800 000 % et
non pas 8 500 000 $. Comme on va vous budgétiser 8 500 000 $, vous allez
prendre 1 700 000 $ et vous allez l'affecter aux délégations.
Félicitations pour votre beau programme. Je suis sûr que les qens
des délégations sont heureux de cela. Maintenant, ce ne sont pas
les crédits qu'on va adopter.
Deuxièmement, M. le ministre, je me permets de vous dire qu'on
est heureux de l'apprendre. C'est une grosse nouvelle, ce soir, que vous nous
annoncez, qu'il n'y a pas 8 500 000 $ pour le sommet. Il y a 6 800 000 $ pour
le sommet et 1 700 000 $ pour tes délégations. J'espère
que les délégations vont applaudir. Les directeurs de section,
derrière vous, doivent être heureux de l'apprendre, à moins
qu'ils ne le sachent déjà. M. le ministre, deux remarques.
Premièrement, ce n'est pas cela qui est budgétisé ici et
cela me préoccupe un peu. Deuxièmement, vous faites comme de la
péremption de crédits par anticipation, n'est-ce pas?
Évidemment, je n'ai jamais connu un événement comme celui
du sommet, mais je peux vous dire que seulement pour l'Expo '67, c'était
il y a 20 ans, on avait reçu quelques chefs de gouvernement ici. Je
travaillais un peu dans ces affaires-là, à l'époque, avec
des gens que vous connaissez. Je vais vous dire qu'on n'a pas
périmé bien des crédits. Quand les gens vont arriver, vous
allez vous rendre compte que vous aviez essayé de tout prévoir
mais que c'est impossible, M. Ricard. Vous aurez prévu le maximum, mais
vous verrez qu'il y a comme des facteurs impondérables. Vous allez
être obligé de louer un avion pour quelqu'un, il va vous arriver
des tuiles incroyables. J'espère que vous vous y attendez. Quarante
chefs d'État ou de gouvernement dans la ville de Québec, c'est un
gros contrat. Je suis sûr que les gens du
ministère peuvent le relever et je leur fais confiance, mais je
vous dis que, d'après moi, le coussin de 1 700 000 $, il se pourrait
qu'il passe dans le sommet. Si j'étais des délégations, je
ne compterais pas sur lui cette semaine. Néanmoins, je vous le
souhaite.
Voilà pour les délégations. Je présume que
le montant de 1 700 000 $, M. le ministre, sera utilisé pour l'ouverture
des délégations è Dakar, Abidjan et à Tunis, comme
votre collègue l'avait déclaré lors d'un voyage,
évidemment, en disant dans un communiqué, quelques jours
après, que cela relevait de vous, comme d'ailleurs la nomination des
attachés culturels. Alors, c'est cela. Est-ce que ce montant sera
surtout utilisé pour l'Afrique?
M. Rémillard: Je peux vous dire cela, si vous voulez.
M. Johnson (Anjou): Oui. Ah! bien, avec plaisir.
M. Rémillard: Oui. Alors, écoutez, vous avez raison
de dire que c'est une grande nouvelle. Je suis content que vous le souligniez.
De fait, il y a eu une enveloppe, qui nous a été donnée
par le Conseil du trésor, de 8 500 000 $. Nous avons un budget pour le
sommet, comprenant notre participation comme gouvernement du Québec,
seul, notre participation conjointe avec le gouvernement fédéral
et aussi les événements associés ou
périphériques que nous avons organisés de 6 800 000 $.
C'est donc dire qu'il reste 1 700 000 $. Nous allons utiliser ces 1 700 000 $
pour l'amélioration de notre réseau à l'étranger.
Est-ce que cela veut dire de nouvelles délégations, de nouveaux
bureaux, de nouveaux représentants? II est certain que nous
étudions de plus en plus la possibilité d'avoir des
représentants en Afrique, un ou des représentants. Est-ce que ce
sera des délégations? Est-ce que ce sera des bureaux? C'est
encore à l'étude. Est-ce que ce sera situé dans un pays
d'Afrique du Nord, dans un pays subsaharien? Où cela sera-t-il
situé? C'est encore à l'étude. Mais nous aurons une
présence en Afrique. Nous avons déjà une présence
en Afrique, a Abidjan, comme vous le savez, mais notre représentant a
strictement pour fonction de s'occuper des aspects culturel et de
l'éducation. Pour ce qui est de l'aspect économique, il peut s'en
occuper quelque peu, mais il n'en a quand même pas le mandat d'une
façon très explicite.
Alors, ce que je peux vous dire c'est que nous étudions
très attentivement la possibilité d'avoir une ou des
présences québécoises en Afrique. Notre prise de
décision à ce sujet devrait pouvoir se concrétiser dans un
avenir quand même relativement prochain. Mais une chose est certaine,
c'est que, l'an prochain, le ministère des Relations internationales
pourra affecter 1 700 000 $ à l'amélioration de son réseau
à l'étranger. À la suite de la rationalisation que nous
avons faite, cela peut vouloir dire beaucoup pour l'amélioration de nos
services à l'étranqer.
M. Johnson (Anjou): Merci, M. le ministre. Je dois vous dire que
c'est là une bonne nouvelle, à condition que vous ayez les 1 700
000 $.
En ce qui concerne la suppression de la Direction générale
des affaires multilatérales au ministère. J'essaie de voir la
cohérence d'une telle décision. Evidemment, je vais vous dire que
cela s'inscrit carrément dans la foulée de l'abolition du
délégué aux affaires multilatérales à Paris.
Ron, la cohérence, ce devrait être d'abolir la direction
générale après. Mais, là, il y a un sommet qui va
se tenir et qui est du multilatéral, merci. Le suivi du sommet,
d'après moi, il devra être comme un peu
"multibilatéralisé" sur les bords. J'essaie de voir comment cela
va se faire au ministère après. Allez-vous recréer la
direction du multilatéral? (21 h 45)
M. Rémillard: C'est à étudier. II s'agissait
de fractionner cette direction générale pour pouvoir concentrer
nos efforts en fonction du Sommet de la francophonie, comme vous venez de le
mentionner, sous la direction du sous-ministre adjoint, M. Ricard, M. Barrette
s'occupe du multilatéral dans une direction. Quant à savoir si on
pourrait revenir ensuite à une direction générale qui
pourrait reprendre les deux activités, c'est une possibilité.
Mais nous sommes à réorganiser, à voir le fonctionnement
du ministère et il est probable que, dans la prochaine année,
nous puissions retoucher certains aspects de l'organisation du ministère
pour le rendre encore plus effectif en fonction de nos objectifs et de nos
priorités.
Le Sommet de la francophonie
M. Johnson (Anjou): Bon. Je pense qu'on va entrer un peu dans le
sommet, maintenant. Restera la question belge à soulever. Le sommet,
évidemment, c'est beaucoup de choses. Je pense que le ministre est
conscient que l'objet de l'exercice, aujourd'hui, est de nature un peu
technique, qu'il a de nombreuses plates-formes ou occasions qu'il ne saurait
manquer, je n'en doute pas, pour nous parler de sa philosophie de la
continuité dans l'évolution. Mes questions vont être
effectivement de nature un peu technique et j'espère que les
réponses du ministre le seront aussi.
À propos de la place accordée aux
francophones hors Québec lors du sommet, avez-vous pris
officiellement position et quelle est cette position, si c'est le cas? On sait
que les Acadiens réclament une place au sommet au lieu et à la
place du premier ministre du Nouveau-Brunswick. Au moins, eux, ils parlent
français. On sait, par ailleurs, que le président de la
République française, il va de soi, a dit récemment des
choses très importantes à ce sujet. Il a laissé entendre,
selon ce que j'ai vu en tout cas au bulletin de nouvelles, qu'il ferait une
espèce d'intervention pour permettre une place aux francophones hors
Québec, lors du sommet, Pourrait-on avoir les précisions du
ministre là-dessus? Avez-vous une position? Est-elle celle du
président de la République française?
M. Rémillard: Oui. M. le Président, je dois tout
d'abord dire qu'il s'agit d'une question qui ne relève pas seulement de
la juridiction du Québec, mais aussi de la juridiction de tous les pays
et de tous les gouvernements présents au Sommet de Québec,
c'est-à-dire qu'il faut que tous les pays, tous les gouvernements
membres de ce sommet donnent leur consentement à ce qu'il y ait de
nouveaux membres ou peut-être aussi de nouveaux groupes qui auraient un
statut particulier, que ce soit observateur, associé, enfin, on peut
penser à différentes formules.
C'est donc sous cette réserve que je ferai les commentaires
suivants. Nous sommes très sensibles à la demande des
Franco-Canadiens, ou des francophones hors Québec, comme aussi nous
sommes très sensibles à la demande des Franco-Américains
parce que plusieurs Américains de souche francophone, une très
grande partie québécoise, nous ont aussi demandé à
participer d'une façon ou d'une autre, sous différentes
modalités, au Sommet de Québec. Vous avez raison de souligner
l'intervention du président de la République française, M.
François Mitterrand, qui, lors de sa dernière visite, qui a
été un succès d'ailleurs, a dit aux francophones hors
Québec, de ta Saskatchewan, je crois, qu'il souhaitait qu'ils puissent
être présents d'une certaine façon au Sommet de
Québec.
C'est une question que nous voulons étudier avec les autres pays
et les gouvernements membres du sommet. Donc, elle sera discutée au
niveau des sherpas, comme nous les appelons. Pour notre part, nous aimerions
que ces francophones hors Québec puissent être, au moins
présents à l'ouverture et à la clôture. Quant aux
séances de travail elles-mêmes, ce sont des séances
à huis clos, ce qui rend plus difficile la présence de ces
francophones hors Québec ou de ces francophones nord-américains.
Je veux dire au chef de l'Opposition que nous sommes très sensibles
à cette demande et que nous espérons que les autres chefs
d'État et de gouvernement accepteront qu'ils soient au moins
présents et à l'ouverture et à la clôture. Il reste
à déterminer les modalités de cette présence.
M. Johnson (Anjou): Cette présence, si on se comprend
bien, étant à vos yeux une présence à titre
d'observateur accrédité; par exemple comme les qens de l'AUPELF
ou comme d'autres, les associations comme l'Alliance française, etc.
M. Rémillard: II s'agit, comme je viens de vous le
mentionner, de déterminer une présence. Je n'ai pas la
capacité, comme ministre des Relations internationales du Québec,
de déterminer ce soir que ces francophones hors Québec auront
telle place avec tel statut au sommet, mais nous voulons que cette question
soit étudiée dès les prochaines réunions des
sherpas. Maintenant, il faut comprendre aussi qu'il y a ces
événements périphériques qui sont très
liés au sommet. Il y en a d'ordre économique, il y en a aussi
d'ordre même social, des réunions de syndiqués, mais il y
en a beaucoup d'ordre culturel et, en particulier, le Regroupement des peuples
francophones et le Conseil de vie française organisent des
événements particuliers dans le cadre de ce deuxième
Sommet de Québec qui va réunir, ici à Québec, des
représentants des associations des francophones non seulement hors
Québec, mais aussi nord-américains. II y a une présence
nord-américaine de francophones aux États-Unis qui peut se
chiffrer par quelque 25 000 000 ou 30 000 000 d'Américains qui ont une
oriqine francophone, québécoise pour la majorité. Donc, il
est intéressant de voir le regain de vie de ces francophones. Nous
sommes très intéressés à ce qu'ils puissent
participer à des événements qui se situeront dans le cadre
du sommet de la francophonie.
M. Johnson (Anjou): Là, je veux me permettre d'être
peut-être un peu technique. Peut-être que le ministre n'aime pas
bien cela qu'on soit technique, c'est cela l'idée de l'étude des
crédits. Quand j'interroge le ministre aux engagements financiers, comme
il me renvoie aux crédits, j'espère qu'il va me donner la chance
et le privilège d'une couple de réponses précises. Le
ministre vient de nous parler, à toutes fins utiles, de quelque chose
qui ressemble au Festival des francophones d'Amérique quand il dit que,
dans ces événements périphériques au sommet, on
pourra y voir une manifestation de la présence francophone
nord-américaine. Je suis un peu au courant de cela ou, enfin,
sûrement pas autant que le ministre, mais j'en ai entendu parler un peu
et je trouve que c'est une bien bonne idée. Je présume
que le Secrétariat des peuples francophones aura quelque chose
à y faire, etc. La question que je pose au ministre ce n'est pas cela.
Alors que je lui pose une question sur la représentation au sommet des
francophones hors Québec du Canada, là, il me parle des
francophones de l'Amérique du Nord, qui, eux, vont avoir des
événements culturels, des occasions de liens, etc. On est tous
pour cela. Moi aussi, je vais y aller quand ils vont faire le festival ici, au
pigeonnier, vous pouvez être sûr que je vais aller faire mon tour
comme tout le monde. Ma question, ce n'est pas cela. En Amérique du Nord
il y a, si l'on veut, trois sortes de francophones, si vous me passez
l'expression. Il y a les Franco-Américains, il y a les Canadiens
français, pour reprendre l'expression "meechienne" et aquatique
récente, qui sont hors Québec, et il y a les
Québécois francophones. Les Québécois francophones
ont un État, enfin peut-être encore pour un certain temps. Les
Canadiens français hors Québec, eux, ont quelques articles dans
la constitution canadienne et, surtout, une histoire particulièrement
lourde. Puis, les francophones des États-Unis, du Mississippi, du Maine,
ou les gens de Saint-Pierre-et-Miquelon se retrouvent dans une situation, sur
le plan de leur statut politique, qui n'a rien à voir ni avec le
Québec ni avec le Canada.
L'objet de ma demande, à ma connaissance, qui est dans le
décor porte sur les francophones hors Québec du Canada qui
demandent d'être présents au sommet. Je demande au ministre si le
gouvernement du Québec a une position quant à la présence
des francophones hors Québec du Canada. Je sais qu'ils ont une demande,
je vous demande si vous avez une position. Je crois comprendre que vous me
dites trouver cela intéressant, mais est-ce qu'il y a une position du
gouvernement sur cette question? Je vais vous dire que vous risquez de l'avoir
dans le visage, ce ne sera pas long. Je ne vois pas vraiment pourquoi ce serait
seulement les sherpas à Paris qui régleraient cela parce que cela
prendra quelqu'un pour amorcer le dossier quelque part. Je verrais mal que ce
soit le Sénégal qui amorce ce dossier, je verrais possiblement le
poids du gouvernement français jouer, sûrement, pour des raisons
évidentes: Peut-on penser à la francophonie sans la
présence de la France et son poids absolument déterminant?
Peut-on penser vraiment à la francophonie canadienne sans qu'il y ait le
Québec?
Qui reste-t-il? Il reste le gouvernement canadien et il reste le
gouvernement du Québec qui, soit dit en passant, sont président
et vice-président du comité technique et des sherpas. Est-ce que
le gouvernement du Québec a donné un mandat à M. Roy sur
cette question? C'est cela, ma question. C'est un peu technique, mais...
M. Rémillard: Je vais répéter qu'il s'agit
d'un sommet de chefs d'État et de chefs de gouvernement ayant en commun
l'usage de la langue française. Ce sont des chefs d'État ou des
chefs de gouvernement, dans un premier temps. Cependant, nous sommes
très sensibles à ce désir des francophones hors
Québec d'être présents d'une façon ou d'une autre
à ce deuxième Sommet de Québec. Nous disons au chef de
l'Opposition que nous allons proposer, dans les prochaines réunions des
sherpas, une demande pour qu'il y ait possibilité d'une présence
de ces francophones hors Québec. Elle pourrait être à
l'ouverture, à la clôture. En ce qui regarde les réunions
des chefs d'État et de gouvernement, ce sont des réunions
à huis clos, et ce sera certainement plus difficile.
J'insiste pour dire au chef de l'Opposition que c'est un forum
privilégié pour des chefs d'État et de gouvernement. Ce ne
sont pas des États généraux de la francophonie.
Peut-être qu'il faudrait penser organiser des États
généraux de la francophonie, je ne sais pas, mais, pour le
moment, il s'agit du deuxième sommet de chefs d'État et de
gouvernement. Dans ce contexte, le chef de l'Opposition conviendra
aisément, même si c'est technique, qu'il faut prévoir, pour
les francophones hors Québec, une situation qui soit compatible avec
cette réalité, puisqu'il s'agit d'un forum, d'une
conférence, d'un sommet de chefs d'État et de gouvernement. (22
heures)
M. Johnson (Anjou): Je comprends bien le ministre qui dit que, si
les francophones hors Québec veulent être dans la salle avec
l'AUPELF et l'Alliance française, on est prêt à envisager
cela, mais il n'est pas question pour eux de participer, ils ne peuvent
qu'être des observateurs accrédités.
M. Rémillard: Non, ce que je dis au chef de l'Opposition,
c'est que nous, nous favorisons la présence des francophones hors
Québec.
M. Johnson (Anjou): À titre de participants à un
niveau au à un autre ou à titre d'observateurs
accrédités?
M. Rémillard: Écoutez, ce n'est pas à nous
de le décider. On verra ce qu'il est possible de faire dans le
contexte...
M. Johnson (Anjou): Mais qu'est-ce que vous souhaitez comme... Ce
que je demande, c'est: Est-ce que le gouvernement du Québec a une
position sur la place des francophones hors Québec?
M. Rémillard: Non, écoutez, énervez-vous
pas...
M. Johnson (Anjou): II me semble que c'est relativement clair. Je
ne pense pas que ce soit... Je comprends que vous ayez une contrainte dans le
sens que ce sont les sherpas et les représentants des différents
gouvernements qui vont décider. Mais avez-vous une position de
départ?
M. Rémillard: Oui, mais écoutez,
énervez-vous pas pour rien.
M. Johnson (Anjou): Quelle est cette position de départ,
M. le ministre? C'est cela que je vous demande.
M. Rémillard: D'accord, d'accord.
M. Johnson (Anjou): Je ne vous demande pas de me faire un sermon
sur la montagne ou ailleurs quant au fait qu'il y a une différence entre
des chefs d'État et des États généraux; j'ai une
vague idée de ça, M. le ministre, même si je n'ai pas eu
l'honneur de fréquenter vos cours à l'université. Je vous
pose simplement une question claire. Si vous me dites que vous n'avez pas de
réponse, je suis prêt à accepter, mais s'il vous
plaît, est-ce que vous pourriez me dire que vous n'avez pas de
réponse?
M. Rémillard: Oui, mais écoutez..
M. Johnson (Anjou): Est-ce que vous avez une position quant
à la participation à titre d'observateurs
accrédités ou ayant un autre statut pour les francophones hors
Québec du Canada? Je pense qu'ils ont le goût de le savoir.
M. Rémillard: Je me demande pourquoi vous vous
énervez comme ça. Ça va bien, je vous donne vos
réponses, il n'y a pas de problème.
M. Johnson (Anjou): C'est parce que vous ne répondez pas.
J'avoue que...
M. Rémillard: Restez calme, restez calme, vous allez voir,
on va s'entendre, je vais vous donner cette réponse.
M. Johnson (Anjou): Non, c'est mot qui prescris les Valium ici,
M. le ministre, juste au cas où vous n'en seriez pas sûr.
M. Rémillard: Bon, d'accord. Moi, je ne me suis jamais
promené avec un sarrau blanc dans un hôpital, j'en conviens.
Je voudrais vous dire qu'il n'est pas possible d'accorder aux
francophones hors Québec un statut de participant, parce que seuls les
chefs d'État et de gouvernement peuvent y participer au départ.
Serait-il possible de leur donner un statut d'observateurs à un titre ou
à un autre, ce qui serait intéressant, mais qui doit être
discuté devant les sherpas parce que nous avons ici des francophones
hors Québec qui veulent être observateurs? II y a aussi des
organismes multilatéraux qui veulent aussi être observateurs, il y
a d'autres groupes qui sont en relation directe avec la francophonie qui
veulent aussi être observateurs ou bénéficier d'une autre
modalité de présence, il y a des associations comme l'Association
France-Québec, par exemple, qui aimerait bien être
présente. Il s'agit d'avoir une politique concertée et c'est une
politique qui doit être établie par le comité international
des sherpas. C'est dans ce contexte que je vous dis que la position du
gouvernement du Québec est de favoriser une présence des
francophones hors Québec au Sommet de Québec. Sous quelle forme?
C'est à préciser.
M. Johnson (Anjou): Bon, alors je remercie le ministre. C'est
déjà un peu plus précis que cela ne l'était il y a
dix minutes, mais vous aurez remarqué que cela aura pris des intonations
et des insistances particulières pour y arriver. Soit dit en passant, si
le ministre se demande quelle est notre position, même si on n'a pas
à en avoir parce qu'on n'est pas au qouvernernent, je vais vous dire que
je trouve que les francophones hors Québec peuvent au mieux être
des observateurs.
M. Rémillard: Bon, écoutez, je prends bonne note de
ce commentaire du chef de l'Opposition que j'apprécie beaucoup. Je sais
que lorsqu'il était au gouvernement, cela causait des problèmes,
cette relation avec les francophones hors Québec. Je me souviens de
certains discours qu'il a faits sur le tard, peut-être un peu, il en
conviendra avec moi, mais qu'il a faits quand même avec un désir
de bonne volonté. Dans le cadre de la nouvelle perspective de sa
formation politique, perspective d'affirmation nationale, je suis heureux de
constater qu'il y aura quand même de la place pour les francophones hors
Québec. Je crois que c'est intéressant et j'en prends bonne
note.
M. Johnson (Anjou): Le ministre ne pourra pas s'en tirer aussi
simplement. L'université hors les murs...
M. Rémillard: Mais oui.
L'université internationale
M. Johnson (Anjou): D'abord, j'ai cherché les
crédits, on a fait une petite recherche aussi au ministère de
l'Éducation et il semble qu'il n'y ait pas d'argent au ministère
de l'Éducation pour l'université hors les murs dont le ministre
s'est fait le champion. Je voudrais savoir si...
M. Brassard: À la belle étoile.
M. Johnson (Anjou): Le député de Lac-Saint-Jean dit
qu'elle risque non seulement d'être hors les murs, mais d'être
à la belle étoile. On ne trouve pas beaucoup d'argent. Je pense
que le ministre a déjà évoqué la notion de 10 000
bourses qui, semble-t-il, pourraient avoir un coût moyen de 75 000 $
à 100 000 $ chacune. Cela fait pas mal de délégations,
ça. Est-ce que le ministre pourrait nous dire si cette proposition va
émaner d'un des réseaux? Par exemple, le réseau
d'information scientifique et technique qui, je pense, est
présidé par M. Hasquin, de Belgique, si je me souviens bien.
Où cela en est-il rendu? Est-ce que c'est à l'ordre du jour?
M. Rémillard: L'université internationale de la
francophonie, université hors les murs, est à l'étape de
projet. J'ai eu l'occasion de rencontrer M. Guillou, de l'AUPELF. J'ai eu
l'occasion aussi de parler avec le vice-président de l'AUPELF, M.
Jean-Guy Paquet, ex-recteur de l'Université Laval. Lorsque j'ai
rencontré M. Guillou, à Paris, je lui ai dit que c'était
un projet qui intéressait grandement le gouvernement
québécois. Cependant, j'ai mentionné trois conditions.
Tout d'abord, que l'AUPELF soit le maître d'oeuvre, si vous voulez, de
cette université de la francophonie, c'est-à-dire que cette
université soit une émanation, soit sous l'égide de
l'AUPELF, qui a son siège social à Montréal; que le
siège social demeure donc à Montréal, en fonction de
l'AUPELF; qu'il y ait une participation importante dans l'élaboration du
projet par les Québécois impliqués déjà dans
l'AUPELF et qu'on soit impliqués directement au sein du conseil
d'administration à un poste à déterminer. C'est donc dire
que, pour nous, cette université doit se situer dans le cadre d'action
de l'AUPELF, un organisme multilatéral de la francophonie des plus
importants qui a son siège social à Montréal.
M. Johnson (Anjou): L'Association des universités
partiellement ou entièrement de langue française, si je me
souviens bien...
M. Rémillard: C'est cela.
M. Johnson (Anjou): ...dont le premier président et
fondateur, je pense, a été M. André Bachand, si je me
souviens bien, de l'Université de Montréal...
M. Rémillard: C'est cela, exactement. M. Johnson
(Anjou): ...en 1967.
M. Rémillard: Qui travaille maintenant à
Québécor, qui est toujours un monsieur très actif dans le
domaine de la francophonie et qui a une grande expérience dans ce
domaine. Il s'agit d'un projet qui pourrait être étudié
dans la mesure où on peut s'entendre sur ses principes directeurs, au
Sommet de Québec.
M. Johnson (Anjou): Ah oui?
M. Rémillard: Oui. C'est une possibilité
très sérieuse. Nous en discutons actuellement avec le
gouvernement canadien et avec le gouvernement français. Il reste
maintenant à faire accepter le projet par l'ensemble des pays de la
francophonie. Le but est de pouvoir créer un endroit, des
possibilités pour les chercheurs de la francophonie de pouvoir se
rassembler, d'organiser des séminaires, de faire des publications en
utilisant la langue française. Le chef de l'Opposition sait très
bien qu'il n'est pas facile pour un chercheur de publier en français. Il
y a cette tentation de plus en plus forte de publier en lanque anglaise pour
être lu. Et quand on a fait des recherches pendant des années et
des années et qu'on veut publier les résultats de ces recherches,
on est fortement tenté de publier en anglais et c'est bien dommage. Il
faut donc revaloriser les publications scientifiques en langue
française. Il faut revaloriser ces réunions, ces
conférences, ces séminaires de chercheurs de langue
française, il faut qu'on fasse en sorte qu'on puisse créer cet
espace d'information scientifique, de recherche qui va permettre à des
chercheurs d'échanger entre eux et de publier dans la langue
française en sachant qu'ils seront lus. C'est un des buts de cette
université.
M. Johnson (Anjou): M. le ministre, ma question avait juste pour
but de savoir si vous aviez des crédits, mais, si je comprends bien,
vous n'en avez pas. Ce que vous nous dites - et ce que je trouve
intéressant, pour reprendre une de vos expressions favorites -c'est
qu'il y a, à ce stade-ci, des possibilités que la question fasse
l'objet de discussion au moment du Sommet de Québec.
M. Rémillard: Ce sera même discuté à
la rencontre au Burundi que nous aurons au mois de juillet.
M. Johnson (Anjou): Au Burundi.
M. Rémillard: Oui pour la préparation du Sommet de
Québec.
M. Johnson (Anjou): Voilà.
Puisque vous évoquez cette question des publications en langue
française, parce qu'il y a bien des choses, l'université hors les
murs, lieux de communication, d'échanges entre francophones, et
là on peut décider, puisqu'on parle du premier, du
deuxième et du troisième cycles, des chercheurs, est-ce que c'est
une université ou si c'est un lieu
de convergence, de scientifiques ayant déjà des
diplômes? On peut faire un projet absolument cosmique. Le
problème, c'est que cela prend des crédits qui vont avec, plus
des notions de réconciliation comme le concept de liberté
académique, qui n'est pas nécessairement identique partout, etc.
Il faut faire des choix, cibler dans les disciplines, etc., mais c'est
absolument gigantesque comme projet, on se comprend bien. Le ministre, qui a
été longtemps lui-même un universitaire, le sait sans doute
mieux que moi.
Je me permets, tout en ne niant pas l'intérêt que
représente pour un horizon sur quinze ou vingt ans un tel projet, de
faire une suggestion au ministre sur le problème des publications. C'est
clair, quand on regarde les statistiques du Québec - c'est
sûrement vrai aussi pour une bonne partie des pays francophones -
l'université d'où vient le ministre, l'Université de
Sherbrooke, l'Université de Montréal, l'immense majorité
des publications, surtout scientifiques, se fait en langue anglaise. Pourquoi?
Parce que, dans le fond, plus il y en a plus il y en a. C'est une espèce
de boule de neige. Deuxièmement, parce que les chercheurs sont à
la recherche d'auditoires ou de lecteurs les plus nombreux possible, l'anglais
s'étant affirmé comme la langue, entre guillemets, de
communication scientifique sur le plan international depuis de nombreuses
années.
On ne peut pas y faire grand-chose en soi à cela. On se comprend
bien. Mais il y a un obstacle qui est de nature technique, et je ne
prétends pas qu'il serait facile de le renverser, mais je me suis permis
d'en entretenir le président de la République française,
lors de son passage, il me semble qu'à court terme il y a là
comme des moyens peut-être intéressants. (22 h 15)
On sait que beaucoup de revues scientifiques américaines ont la
règle de ce qu'on appelle la première publication "Original
contribution". Cela veut dire que le MIT Energy Review, le Harvard
Biology Review ou le American Journal of Medicine ou le New
England Journal of Medicine, dans certains secteurs - nommez-les, il y en a
des centaines - ont une espèce de règle de base qui est la
suivante: On ne peut être publié dans ces revues de
réputation internationale, et à vaste lecture, que dans la mesure
où l'article est publié pour la première fois. C'est ce
qui fait que les gens de l'IREQ à Hydro-Québec, notamment, en
pratique, publient surtout en anglais aux États-Unis. Ils ne peuvent
même pas publier au Québec dans des revues qui, pourtant, les
accueilleraient avec intérêt. Ce serait vrai aussi pour d'autres
revues francophones.
Je me permets de suggérer au ministre de conserver en
mémoire une certaine vision d'une université dont il faudra,
faute d'avoir des murs, d'au moins en connaître un jour les
délimitations. Est-ce qu'un projet intéressant sur le plan
multilatéral pour le monde francophone ne serait pas le suivant, dans la
mesure où le second sommet de la francophonie - qui, souhaitons-le, sera
un succès - donnera lieu à un suivi et à un autre sommet
par la suite... Il faudra une action multilatérale enqagée au
niveau des chefs de gouvernement et des chefs d'État, par des personnes
présentes tantôt à l'UNESCO, ou dans la plupart des
organismes des Nations unies. Ne serait-il pas intéressant de voir comme
projet collectif du monde francophone de faire graduellement des pressions,
dans les années qui viennent, avec des pays non anglophones? Je pense
à certains pays européens avec lesquels on pourrait faire une
espèce d'alliance objective où chacun y trouverait son
intérêt pour que, graduellement, on amène certaines revues
américaines, par des pressions de toutes sortes dans la
communauté scientifique, à accepter une exception à la
notion d"'original contribution" qui pourrait être la suivante: Dans le
MIT Energy Research Review, on pourrait accepter des articles sur les
questions énergétiques qui viennent des pays francophones
même si ces articles ont été publiés dans un certain
nombre de revues antérieurement identifiées.
Je pense que les Hollandais, les Danois, les Suédois, les
Finlandais et certains autres ont les mêmes problèmes. Dans
certains cas, je dois vous dire, le problème est encore pire. Les
articles sur les effets ioniques du transport d'énergie à haute
tension en néerlandais, je dois vous dire qu'il ne doit pas y avoir des
milliers de débauchés pour cela dans les revues scientifiques
néerlandaises. Je me permets d'en faire la suggestion au ministre. Je
trouve que ce serait un projet concret et intéressant. Les pays
francophones et des pays non anglophones pourraient trouver là une
occasion de concertation, de coopération et de travail de longue haleine
dans une série d'organismes des Nations unies en faisant pression sur un
certain nombre de pays, je pense particulièrement à la
Grande-Bretagne et aux États-Unis qui, on le sait, accaparent une bonne
partie du marché de ces revues scientifiques.
Peut-être que, pour les trois premières années, cela
devrait cibler... je me permets de le dire puisque je connais
l'intérêt du premier ministre pour les questions
énergétiques. Puisqu'il présidera la deuxième
partie du sommet, il pourra, peut-être, en faire son bébé
ou enfin un de ses projets. Le premier créneau pourrait viser cet effort
concerté du monde francophone pour obtenir une exception à la
notion d"'original contribution". Ce pourrait être, par exemple, dans le
secteur énergétique, c'est-à-dire pour les trois, quatre
prochaines années vraiment
sur le plan multilatéral on travaille un peu partout pour obtenir
une exception à la règle d'"original contribution" aux
États-Unis dans le secteur de l'énergie.
Je pense que des projets concrets comme ceux-là qui ne font
peut-être pas appel évidemment à des choses aussi vastes
qu'une université hors les murs seraient sûrement, en tout cas
à court terme, auraient peut-être plus de chance de donner des
résultats concrets pour le monde de la recherche et surtout je pense que
cela pourrait créer un intérêt commun entre le
multilatéral francophone et d'autres pays, notamment des pays
occidentaux dont la langue est peu utilisée en dehors de leur propre
territoire. Je me permets de faire la suggestion au ministre comme ma
contribution très modeste à sa réflexion sur le sommet
francophone.
Ma dernière question portera sur l'Agence de coopération
technique. On sait que le gouvernement canadien, particulièrement,
l'ambassadeur du Canada à Paris, a manifesté son
intérêt de voir la société devenir le
Secrétariat permanent du sommet après le Sommet de Québec.
Je voudrais simplement connaître la position du gouvernement du
Québec, à ce sujet, si position, il y a?
M. Rémillard: M. le Président, je voudrais tout
d'abord dire que je prends bonne note de la suggestion du chef de l'Opposition.
Je veux lui dire que depuis déjà trois ans, le gouvernement
contribue pour une somme de 30 000 $ par année, avec la France, à
la revue Médecine-Science qui a été mise en place par le
ministère des Relations internationales du Québec. C'est un
succès. De plus en plus, cette revue s'impose dans le domaine
scientifique et c'est particulièrement intéressant.
En ce qui regarde l'Agence de coopération culturelle et
technique, la position du gouvernement du Québec est celle que j'ai
énoncée, au tout début, dans mon énoncé.
C'est-à-dire que nous voulons que l'agence devienne le
maître-d'oeuvre administratif du sommet de la francophonie et des
décisions prises par les chefs d'État et de gouvernement.
Il est clair qu'il faut conserver le comité de suivi formé
des sherpas, mais il serait intéressant que, graduellement, en fonction
de l'évolution de sa réorganisation administrative, l'Agence de
coopération culturelle et technique puisse intégrer
progressivement les cinq réseaux du sommet dans son organisation qui
comprend aussi cinq directions générales, de sorte que l'on n'ait
pas un dédoublement de l'action multilatérale de la
francophonie.
Il est normal, maintenant que nous avons ces sommets de la francophonie,
que nous aurons même un deuxième sommet ici à
Québec, que l'agence devienne un organisme administratif puisque,
auparavant, l'agence était un organisme politique. Mais maintenant ce
sont des chefs d'État et de gouvernement qui prennent les
décisions politiques. L'agence doit donc devenir un véritable
secrétariat administratif capable d'administrer pour faire en sorte que
les décisions prises par les chefs d'État et de gouvernement
puissent être appliquées avec un maximum d'efficacité. En
tant que président du conseil d'administration de l'Agence de
coopération culturelle et technique, je suis particulièrement
intéressé à ce processus de redéfinition
administrative de l'Agence de coopération culturelle et technique. Il ne
s'agit pas de créer de nouvelles structures. Il s'agit d'utiliser la
structure multilatérale que nous avons, qu'est l'agence dans la
francophonie, et de faire en sorte qu'elle soit apte à devenir
l'administrateur des décisions prises par les chefs d'État et de
gouvernement, lors des sommets.
M. Johnson (Anjou): Si le ministre me permet, même si je
sais qu'on a écoulé notre temps. Dans ce contexte, si le
gouvernement canadien, par exemple, décidait de doubler sa contribution
à l'ACCT, le ministre croit-il que le Québec devrait faire de
même pour y conserver le poids relatif qu'il y a?
M. Rémillard: C'est le Québec qui a
suggéré qu'on double les contributions à l'Agence de
coopération culturelle et technique.
M. Johnson (Anjou): "On", s'appliquerait au Canada et au
Québec ou, cela pourrait-il s'appliquer aussi à d'autres
pays?
M. Rémillard: Cela pourrait s'appliquer à d'autres
pays qui sont contributeurs. Nous avons été très heureux
de voir que le gouvernement canadien semblait adopter finalement la même
position. Je dois dire qu'il y a eu quelques hésitations, pendant un
bout de temps, mais je suis content de voir qu'on a réussi à les
persuader. Ce n'étaient pas tes visions du gouvernement
fédéral pendant un certain temps. Maintenant, on réalise
qu'ils sont convaincus qu'il ne faut pas créer un nouvel organisme
multilatéral pour la francophonie mais bien faire en sorte que l'agence
puisse être cet orqanisme multilatéral efficace. Dans ce cadre, la
suggestion du Québec de doubler le budget de l'agence par sa
contribution est une politique qui pourrait être acceptée aussi
par d'autres intervenants.
Nous espérons que ça pourra se faire dans un avenir
prochain. Comme président du conseil d'administration de l'agence,
évidemment que c'est une question qui m'intéresse au plus haut
point.
M. Johnson (Anjou): M. le ministre, je vous remercie de ces deux
heures et quart que vous nous avez consacrées pour l'étude de vos
crédits. Je vous prie d'être convaincu de notre souhait profond de
voir le succès marquer le Sommet de Québec, un beau succès
pour la francophonie et pour le Québec aussi.
M. Rémillard: Je vous remercie, M. le chef de
l'Opposition. Vous me permettrez, avant de terminer, de remercier les gens qui
m'accompagnaient, les sous-ministres et les gens de mon ministère qui
sont ici, qui se sont dérangés ce soir, qui sont présents
et qui font un travail tout à fait remarquable. Je crois que le
Québec peut être fier de ces personnes, tant tes administrateurs
que ceux qui représentent le Québec à l'étranger.
Je tiens à les remercier pour leur excellent travail.
Le Président (M. Filion): Messieurs, est-ce que le
programme 1, Affaires internationales, programme 2, Office
franco-québécois pour la jeunesse, programme 3, Gestion interne
et soutien du ministère des Relations internationales sont
adoptés?
M. Johnson (Anjou): Adopté, adopté et
adopté, M. le Président.
Le Président (M. Filion): Est-ce que l'ensemble des
crédits du ministère des Relations internationales est
adopté?
M. Johnson (Anjou): Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Filion): Nous avons également
à l'ordre du jour, pour ce soir, le programme 4 du ministère du
Conseil exécutif, à savoir le programme des affaires
intergouvernementales canadiennes. Avec la permission des membres, nous allons,
bien sûr, accorder un répit à nos invités. Donc,
suspension de cinq minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 25)
(Reprise à 22 h 38) Affaires intergouvemementales
canadiennes
Le Président (M. Filion): Est-ce que vous avez des
remarques préliminaires, M. le ministre, au sujet de ce programme qui
concerne, on le sait, les Affaires intergouvernementales canadiennes ou si vous
êtes prêt à entrer dans le vif du sujet avec M. le
député de Lac-Saint-Jean?
Remarques préliminaires
M. Gil Rémillard M. Rémillard: J'ai un
énoncé que j'aimerais lire, une présentation.
Vous me permettrez, dans un premier temps, de présenter les gens
qui m'accompagnent. J'ai, à ma droite, Mme Diane Wilhelmy,
sous-ministre, secrétaire générale associée pour
les affaires canadiennes. M. Morin, qui est responsable du secrétariat
aux affaires économiques. Â ma gauche, Mme Florence levers, de mon
cabinet, directrice adjointe du cabinet, a la responsabilité des
affaires canadiennes, et Mme Levasseur est en charge de l'administration du
ministère.
M. le Président, il s'agit ce soir de défendre les
crédits du Secrétariat aux Affaires intergouvernementales
canadiennes. C'est pour moi, donc, un plaisir et un honneur de venir discuter
avec vous de ce qui a été une année de travail intensif
qui a porté des fruits très intéressants.
Évidemment, nous pouvons penser au dossier constitutionnel et à
cette entente que nous avons concrétisée après l'entente
du lac Meech et concrétisée encore hier avec les autres premiers
ministres du Canada. Je pense aussi à un ensemble d'autres questions qui
constituent le quotidien d'un secrétariat dont le mandat est de
promouvoir les intérêts du Québec au plan
intergouvememental canadien et de coordonner l'action du gouvernement dans ce
domaine.
Cette année, nous avons surtout dirigé notre action en
fonction d'une nouvelle diplomatie québécoise; une diplomatie que
nous qualifions de tranquille mais efficace. C'est dans le dossier
constitutionnel que cette diplomatie s'est révélée
particulièrement intéressante, avec les résultats que nous
connaissons.
Nous avons aussi, pendant cette dernière année,
enregistré des proqrès significatifs importants dans d'autres
domaines importants comme nos négociations commerciales avec les
États-Unis, dans le domaine des arrangements fiscaux, dans le domaine de
la main-d'oeuvre, de la recherche scientifique, de l'immigration, des relations
interprovinciales, dans le domaine de ta francophonie et bien sûr dans le
domaine du dossier concernant les autochtones, le dossier constitutionnel des
autochtones.
C'est sous le signe de l'affermissement de nos relations avec les
gouvernements fédéral et provinciaux que nous avons placé
nos priorités pendant cette dernière année. Il s'agissait
de donner une nouvelle orientation à la diplomatie du Québec au
Canada en fonction des priorités du gouvernement. Largement
amorcée depuis un an et demi, cette attitude nouvelle a
déjà rapporté d'abondants dividendes. Elle mérite
d'être soutenue et développée dans tous les domaines de
l'activité économique, sociale et culturelle.
Cette année, les activités
intergouvemementales du Québec ont été
particulièrement intenses. Certes, le nombre de dossiers à
incidence intergouvernementale s'est accru considérablement. Mais nous
avons voulu également améliorer la qualité de nos
relations. L'attitude manifestée par le présent gouvernement,
l'esprit résolument positif et constructif dans lequel nous abordons nos
rapports avec le gouvernement fédéral et ceux des autres
provinces, nous a permis, en effet, de marquer des progrès sensibles
dans plusieurs dossiers majeurs. Le dossier constitutionnel à cet
égard a donné l'élan à la nouvelle diplomatie
québécoise. Il a été l'occasion de refaire la toile
de fond de nos relations intergouvernementales, de la revoir, de la
redéfinir et d'en préciser les contours.
Nous avons établi clairement et dès le départ que,
pour nous, l'avenir du Québec se situe à l'intérieur du
Canada, à l'intérieur de la Fédération canadienne.
C'est là la conviction profonde de la très grande majorité
de la population du Québec comme c'est l'engagement fondamental de son
gouvernement. Nous croyons au fédéralisme canadien parce
qu'à l'intérieur du régime fédéral le
Québec peut être fidèle à son histoire et à
son identité particulière, tout en s'épanouissant
pleinement au plan économique, social et culturel et en
bénéficiant d'un marché commun. C'est pourquoi nous avons
voulu reprendre les discussions constitutionnelles. Il n'était pas
question cependant de quémander mais de reprendre notre place comme
partenaire majeur de la fédération. Nous avons donc engagé
des pourparlers dans ce cadre général.
Il est apparu, au fil des rencontres, que nos efforts assidus en vue de
faire progresser les négociations constitutionnelles ont eu des
répercussions positives dans l'ensemble des dossiers, non seulement dans
celui du dossier constitutionnel en lui-même, avec l'aboutissement que
nous avons connu hier dans ce dossier, mais aussi dans l'ensemble des dossiers
que nous avons emmenés dans ces relations avec les autres provinces et
le gouvernement fédéral. Les rapports avec les autres
gouvernements se sont resserrés, des affinités se sont
dessinées, des solidarités sont apparues. Nous avons pu explorer
de nouveaux modes de collaboration, renouer des liens qui avaient
été relâchés et renforcer ceux qui étaient
déjà établis. Sans éclat, sans fracas, s'est
instaurée une diplomatie québécoise tranquille et
efficace. (22 h 45)
En tant que partenaire de la Fédération canadienne, le
gouvernement du Québec doit, en effet, se préoccuper des
priorités, des difficultés et des aspirations des autres
régions du Canada. Il ne saurait autrement comprendre et évaluer
avec pertinence les attitudes et les réactions des autres provinces
à l'égard des grands enjeux de la société
québécoise, en particulier à l'égard des
revendications du Québec. Le Québec doit, par ailleurs, rappeler
constamment à ses partenaires les caractères spécifiques
de la société québécoise qui justifient le
gouvernement du Québec d'adopter, à l'occasion, des positions
différentes de celles du reste du Canada.
Ces objectifs, M. le Président, ne peuvent être atteints
que par le maintien de relations constantes tant au niveau ministériel
qu'à celui des fonctionnaires. Par la mise en place d'une banque
d'informations de base sur chacune des régions du pays ainsi que par le
suivi quotidien de l'actualité dans chacune des provinces, il devient
ainsi plus facile d'amener nos interlocuteurs des autres provinces à
s'ouvrir à nos points de vue et à nos prises de position lorsque
ceux-ci sont à même de constater que nous nous soucions de tenir
compte de leurs propres préoccupations. Sans rechercher pour autant les
fronts communs, de telles relations permettent de discuter franchement,
d'éliminer les malentendus et parfois d'ajuster des positions et d'en
arriver à des consensus.
L'analyse des dimensions géopolitiques des problèmes
canadiens nous a permis, d'une part, de mieux pressentir les réactions
de nos partenaires à nos propositions et, d'autre part, d'être en
mesure, à l'occasion, de proposer des compromis acceptables à
toutes les parties. La diversité des intérêts sociaux,
économiques, culturels et politiques au Canada rend, en effet,
très difficile d'atteindre des consensus qui tiennent compte des
priorités de chacun et de trouver des solutions simples et acceptables
pour tous. Les discussions s'en trouvent cependant grandement facilitées
lorsque le Québec se montre sensible aux préoccupations des
autres.
Au-delà des améliorations qu'elle apporte au climat des
échanges en général, notre vision des relations
interqouverne-mentales a permis de réaliser des proqrès
considérables dans certains dossiers multilatéraux. Dans le
dossier des négociations commerciales avec les États-Unis, par
exemple, un consensus a pu s'établir entre toutes les provinces. Sur les
mécanismes de consultation et de coordination que le gouvernement
fédéral devait mettre en place, cette solidarité entre les
provinces ne peut intervenir qu'au terme de relations harmonieuses
soigneusement mûries.
Pour l'entente du lac Meech, nous avons pu rallier l'accord des onze
premiers ministres, ce qui, en soi, est un exploit sans précédent
qui s'est confirmé hier de façon manifeste lorsque les onze
premiers ministres ont ratifié cette entente. Je reviendrai plus loin
sur cet événement historique qui
modifiera considérablement les rapports entre les partenaires de
la Fédération canadienne pour le mieux, dans la mesure où
nous pourrons miser sur la reconnaissance du rôle des provinces en
fonction d'un fédéralisme fort et d'un gouvernement central
capable de prendre les responsabilités qui s'imposent pour le
bien-être de la fédération.
Évidemment, certains différends importants subsistent.
Nous vivons dans une fédération et le nombre de partenaires
entraîne forcément des tiraillements qui traduisent des
intérêts ou des aspirations parfois contradictoires. Ces
difficultés ne mettent cependant pas en cause les indéniables
bénéfices du fédéralisme canadien et notre
adhésion à ta Fédération canadienne.
Dans nos relations avec les gouvernements fédéral et
provinciaux, il convient de souligner l'importance d'inscrire l'action de tous
les ministères québécois à l'intérieur d'un
cadre cohérent et bien intégré. Le rôle du
Secrétariat aux Affaires intergouvernementales canadiennes à cet
égard s'avère indispensable pour coordonner toutes les
activités gouvernementales québécoises au Canada. Il est
en effet le seul organisme à avoir une vision globale de nos relations
avec les différents gouvernements. Le secrétariat est tout
à la fois un acteur et un spectateur privilégié de la
scène canadienne. Par ailleurs, tous les intervenants gouvernementaux
peuvent ainsi contribuer aux objectifs d'ensemble du gouvernement du
Québec en matière de relations intergouvernementales.
Le secrétariat est, au gouvernement du Québec, le
spécialiste des affaires canadiennes, au même titre que le
ministère des Relations internationales pour les affaires
internationales. En se dotant d'un organisme spécifique, rattaché
au ministère du Conseil exécutif, le gouvernement du
Québec a voulu marquer l'importance qu'il accordait à ses
relations avec le gouvernement fédéral et les gouvernements des
provinces. Il a aussi voulu mieux servir ainsi les intérêts des
divers organismes gouvernementaux québécois et, par
conséquent, ceux du Québec.
Le réseau de quatre bureaux dont dispose le secrétariat
à l'extérieur du Québec constitue l'instrument
privilégié de cette nouvelle diplomatie québécoise
qui est la nôtre. Edmonton pour les provinces de l'Ouest, Toronto pour
l'Ontario, Moncton pour les provinces de l'Atlantique et Ottawa pour la liaison
avec le gouvernement fédéral. Ces bureaux, dont le plus ancien,
celui de Toronto, a été ouvert en 1971, veillent aux
intérêts du Québec dans leur territoire respectif et
permettent au gouvernement du Québec d'avoir une liaison avec les autres
gouvernements des provinces et avec le gouvernement fédéral dans
te but d'une meilleure information réciproque.
Les trois bureaux responsables des relations avec les autres provinces
voient plus particulièrement aux intérêts
économiques du Québec en matière de promotion commerciale,
industrielle et touristique, en concertation avec les ministères
québécois. De plus, ils maintiennent et développent les
relations avec les communautés francophones. Ils fournissent aux
médias de l'information sur les dossiers québécois. Ils
répondent enfin aux demandes d'information générale et
spécialisée des organismes et citoyens de ces provinces.
Pour sa part, le bureau d'Ottawa est davantage un poste de liaison avec
les ministères et organismes fédéraux. Il veille à
recueillir toute la documentation pertinente sur la législation, les
politiques et les programmes fédéraux.
Dans le cadre des négociations constitutionnelles, les bureaux
ont été appelés à intensifier leurs relations avec
les autres gouvernements, fédéral et provinciaux, ainsi qu'avec
les leaders d'opinion, les milieux d'affaires, les journalistes. Ainsi,
grâce à leur connaissance de plus en plus approfondie des
réqions et des provinces, nos bureaux peuvent mieux représenter
les intérêts du Québec et contribuer au
développement des relations intergouvernementales. Les bureaux apportent
en particulier une analyse et un éclairage qéo-politiques qui se
sont révélés très précieux tout au long des
pourparlers constitutionnels. Le secrétariat a l'intention de continuer
à développer cette expertise à plus long terme.
Il est très difficile d'évaluer les retombées des
efforts de nos bureaux dans les domaines de la promotion économique et
commerciale, de la promotion industrielle et de la promotion touristique. Il
appert cependant que nos bureaux constituent des instruments très
efficaces pour fournir un appui logistique aux Québécois et
surtout pour établir et maintenir des liens avec les milieux financiers,
industriels et touristiques sur leur territoire.
Les bureaux contribuent, par ailleurs, activement à la diffusion
de la culture québécoise en aidant à l'organisation
d'expositions, de concerts, de festivals, de spectacles, de lancements de
livres à l'intention des artistes québécois. Ils font
éqalement un effort particulier pour promouvoir les produits culturels
québécois.
Dans le secteur de la francophonie, les bureaux sont maintenant
responsables de la liaison avec la communauté et les organismes
francophones sur leur territoire. À ce titre, ils reçoivent les
demandes d'aide et effectuent la sélection des projets.
Quelques statistiques permettent d'illustrer la vigueur de nos
activités intergouvernementales. Depuis décembre 1985, il s'est
tenu neuf conférences de premiers ministres, 102 conférences
de
ministres, sans compter de nombreuses réunions de sous-ministres,
et il faut ajouter un nombre considérable de réunions
bilatérales dont quatre entre le premier ministre du Québec et
celui de l'Ontario.
Au cours de cette période d'un an et demi, un grand nombre de
sujets ont été abordés dans ces forums
intergouvernementaux, À titre d'illustration, soulignons que les
premiers ministres ont surtout discuté d'économie et de commerce
en mettant l'accent particulièrement sur la libéralisation des
échanges avec les États-Unis, sur le développement
économique régional ainsi que sur la situation économique
des femmes. Une conférence spéciale s'est tenue sur la question
constitutionnelle autochtone, conférence à laquelle le premier
ministre s'est fait remplacer par le ministre responsable. Soulignons enfin que
les premiers ministres ont abondamment discuté de constitution surtout
au cours des dernières semaines.
En ce qui a trait aux ministres, parmi les grands sujets qui ont retenu
leur attention lors des conférences, il faut souligner les arrangements
fiscaux, le dossier constitutionnel autochtone, les services de garde, le bois
d'oeuvre, la formation professionnelle des adultes, les revendicateurs du
statut de réfugié, la stratégie agricole nationale et bien
d'autres. Pour assumer ces responsabilités, le SAIC, le
Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes dispose cette
année d'un budget de 8 078 400 $. Ce budget est supérieur de 559
000 $ à celui de l'an dernier. Cette augmentation s'explique en majeure
partie par une augmentation des sommes consacrées à la
coopération avec l'Ontario à la suite de la décision prise
par les premiers ministres de l'Ontario et du Québec d'élargir la
portée de l'entente de coopération et d'augmenter le volume des
activités qui en découlent.
En ce qui regarde certains dossiers que l'on peut considérer
comme majeurs, disons qu'au-delà des grands dossiers qui retiennent
souvent l'attention comme le dossier constitutionnel, il y a d'autres relations
intergouvernementales qui comprennent un nombre considérable de sujets
dans la plupart des domaines de l'activité publique. Le bilan des
relations intergouvernementales se mesure parfois en termes de gains dans les
négociations avec les gouvernements fédéral et
provinciaux, mais la qualité des relations avec nos partenaires dans la
confédération s'évalue cependant de plus en plus en termes
d'ouverture d'esprit, de collaboration et d'harmonisation des
interventions.
Le dossier de la libéralisation des échanges avec les
États-Unis est un dossier qui occupe une large place dans les
activités intergouvernementales, un dossier de très grande
importance pour l'avenir économique du Québec et pour l'ensemble
de la fédération canadienne. Indépendamment de
l'évolution mouvementée des négociations proprement dites
avec les États-Unis, le dossier du Québec a proqressé de
façon satisfaisante au plan canadien. Notre gouvernement a
affirmé clairement sa position à ce sujet. Il ne s'oppose pas
à la tenue de ces négociations. Il y porte un
intérêt marqué dans la mesure où elles visent
à améliorer l'accès de nos exportations au marché
américain.
Jusqu'à présent, les mécanismes de consultation et
de coordination mis en place ont permis au Québec de participer de
façon satisfaisante à l'établissement des positions
canadiennes dans le respect des intérêts du Québec. Les
discussions ont été franches et constructives et continuent de
l'être, tout en adoptant une attitude de collaboration. Cependant, le
gouvernement du Québec tient à s'assurer une marge de manoeuvre
suffisante pour atteindre ses objectifs de développement
socio-économique. Ainsi, tout accord commercial entre le Canada et les
États-Unis devra comporter une période de transition suffisamment
longue pour tenir compte des différences de productivité, des
clauses de sauvegarde de la production intérieure contre une trop forte
croissance des importations, et prévoir la possibilité de
programmes d'adaptation pour les travailleurs, les entreprises et les
régions qui seraient éventuellement touchés par cette
entente de libre marché avec les États-Unis d'Amérique.
C'est pourquoi, avant de donner son approbation à la conclusion de toute
entente concernant un libre-échange avec les États-Unis, le
Québec se réserve le droit d'en faire une évaluation
ultime, minutieuse en fonction de ses intérêts fondamentaux.
Sans mettre en cause la compétence fédérale de
négocier et de signer un accord international, le gouvernement du
Québec doit insister pour que le gouvernement fédéral
amorce dans les meilleurs délais l'étude d'une formule
d'adhésion ou de ratification à un éventuel accord. La
mise au point de cette formule est indispensable, d'une part, pour que les
provinces puissent exprimer leur adhésion politique aux conclusions et,
d'autre part, pour qu'elles puissent faire connaître leur appui aux
dispositions qui relèvent de leur autorité. Les États-Unis
ont, d'ailleurs, fait valoir à maintes reprises qu'ils tenaient à
ce que les provinces prennent des engagements fermes en ce sens. Les
négociations bilatérales avec les États-Unis devraient
connaître d'ici la fin de l'année leur dénouement. Les
principes défendus par le gouvernement du Québec seront
réaffirmés. Nous nous attacherons tout particulièrement
à trouver une formule qui sera en mesure, d'une part, d'assurer un
degré substantiel de consentement provincial à toutes les
dispositions de l'accord et d'autre part, de permettre aux provinces de
s'engager à mettre en oeuvre les dispositions relevant de leur
autorité et à adopter des mesures législatives pour rendre
leurs lois conformes aux dispositions de l'accord. (23 heures)
En ce qui regarde le développement économique
régional, c'est un dossier qui a connu des développements
importants. C'est là une autre manifestation significative de notre
diplomatie tranquille, mais efficace. Rappelons ici que l'Entente de
développement économique et régional, l'EDER,
signée en 1984 entre le gouvernement du Canada et celui du
Québec, prévoit des déboursés conjoints de 1 270
000 000 $ sur une période de cinq ans. Depuis sa signature, neuf
ententes auxiliaires ont été conclues. En février dernier,
le Québec a signé une nouvelle entente de 35 000 000 $ dans le
domaine agro-alimentaire. Le 11 juin, les deux gouvernements concluront une
entente pour le développement des pêches, ce qui permettra
d'utiliser au complet le solde annuel de l'entente qui est, lui aussi, de 35
000 000 $.
Notons également qu'une entente de concertation et
d'harmonisation en matière de communication a été
signée et qu'une autre doit être conclue prochainement dans le
secteur des mines. Par ailleurs, les négociations se poursuivent en vue
de la conclusion d'une entente sur le développement économique
des autochtones.
J'ai déjà soumis au ministère fédéral
responsable de l'EDER un nouveau plan d'action pour l'année qui vient.
Je compte avoir avec lui, dans un proche avenir, une réunion pour en
discuter.
Les efforts du Québec dans le secteur économique ont
donné des résultats souvent intéressants. À titre
d'exemple, mentionnons l'attribution par le gouvernement fédéral
d'un contrat d'entretien des F-18. Il s'agit d'un investissement de plus de 1
000 000 000 $ au cours des vingt prochaines années. Ce contrat
créera de 300 à 400 emplois par année et permettra des
transferts technologiques importants.
En ce qui regarde maintenant les arrangements fiscaux, il demeure
nettement évident, sur le plan financier, qu'il faut maintenant
réactiver nos discussions avec le gouvernement fédéral et
discuter d'un traitement plus équitable en matière d'arrangements
fiscaux et de péréquation pour le Québec. Il faudra
maintenant concentrer nos efforts sur la réforme de la fiscalité
dont le principe est généralement accepté, mais qui fait
l'objet de discussion entre les deux ordres de gouvernement. Le ministre
fédéral des Finances doit publier un livre blanc sur cette
question le 18 juin prochain. Nous surveillerons de très près le
projet de réforme fiscale actuellement à l'étude au
gouvernement fédéral, car cette réforme aura certainement
un impact sur les transferts financiers aux provinces et nécessitera des
mesures d'harmonisation fiscale entre les deux ordres de gouvernement. Nous
devrons réévaluer la structure de notre propre fiscalité
et décider dans quelle mesure nous adhérerons à l'approche
prise par le gouvernement fédéral. Cela signifie que nous devrons
agir en étroite collaboration avec ce gouvernement fédéral
afin de nous assurer que ta mise en application de la réforme se fera
dans les meilleurs intérêts de tous.
Dans le domaine de la main-d'oeuvre, les deux gouvernements se sont
entendus en février sur la question de la formation professionnelle des
adultes. Par cet accord de trois ans, Ottawa s'engage à qarantir une
somme de 139 000 000 $ pour chacune des trois prochaines années pour la
formation en établissement scolaire et la formation sur mesure. De plus,
le gouvernement fédéral s'engage à fournir un certain
appui pour la formation dans de nouvelles entreprises.
Après de longues négociations, cet accord
représente des qains substantiels pour le Québec. Il sera
dorénavant possible de mieux répondre aux besoins des entreprises
et de leurs travailleurs. Non seulement l'entente reconnaît-elle la
formation sur mesure, mais le gouvernement du Québec s'est
réservé la responsabilité de la formation en industrie
dans les entreprises de 200 employés et moins.
Les relations interprovinciales. Les relations de coopération du
Québec avec les autres provinces du Canada ont été
particulièrement fécondes au cours de l'année qui s'est
écoulée. En effet, le gouvernement du Québec, à
partir d'un budget de 600 000 $, a réalisé des activités
bilatérales de coopération avec la majorité des provinces
canadiennes. Ces activités, qui s'exercent dans le cadre d'accords plus
ou moins formels selon les cas, touchent principalement les secteurs de
l'éducation et des affaires culturelles.
C'est avec l'Ontario que la coopération a connu le plus
d'expansion. Les premiers ministres du Québec et de l'Ontario ont en
effet convenu de revitaliser l'accord-cadre qui existe entre les deux provinces
depuis 1969 et d'accroître sensiblement, pour 1987-1988, le budget qui
lui est alloué. Une entente a pu être ainsi signée entre
les ministres de l'Enseignement supérieur des deux provinces dans le
domaine de l'enseignement postsecondaire. Cette entente permettra, notamment,
à des francophones ontariens l'accès à des études
en sciences de la santé dans les universités
québécoises.
En ce qui regarde le dossier constitutionnel, comme je le mentionnais au
tout début, il constitue la démonstration la plus
éloquente de l'efficacité, de la pertinence de la nouvelle
façon de faire qui a été instaurée au
Secrétariat des affaires
intergouvemementales canadiennes. À cet égard, il a
été tenu compte des leçons de l'histoire passée et
récente. Les gouvernements libéraux des années soixante et
soixante-dix ont su aborder, avec pragmatisme et discernement, (a pratique
quotidienne des relations intergouvernementales que le Québec entretient
avec ses partenaires canadiens. Cette période marque celle du leadership
québécois au plan intergouvernemental en général et
constitutionnel en particulier.
Le Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes est
donc revenu à cette tradition d'une préparation des dossiers qui
ne laisse rien au hasard, doublée d'une diplomatie qui se veut la plus
efficace possible. Mais, en plus de préparer et d'apprécier les
dossiers au mérite, le Secrétariat aux affaires
intergouvernementales canadiennes s'est attaché à en
évaluer l'impact prévisible auprès de ses partenaires
gouvernementaux canadiens, tant fédéral que provinciaux, ainsi
qu'à tenir compte de la conjoncture politique qui prévaut chez
ceux-ci. À cet effet, l'évolution géopolitique sur la
scène fédérale ainsi que dans chaque province a
été prise en considération, de même que les
conclusions auxquelles ont permis d'aboutir la couverture de presse à
l'échelle du pays, ainsi que la mise à jour de notre tableau
politique canadien.
Enfin, le Secrétariat aux affaires intergouvemementales
canadiennes s'est appliqué non seulement à faire comprendre le
contenu du dossier constitutionnel québécois, mais
également à définir la façon dont ses
interlocuteurs pouvaient être rejoints et convaincus du bien-fondé
des positions québécoises.
En conclusion, M. le Président - je crois que je vais
abréger - je suis particulièrement heureux, comme ministre
responsable du Secrétariat aux affaires intergouvernementales
canadiennes, de présenter le bilan de cette année
d'administration, une année riche en réalisations et, bien
sûr, en fonction d'une réalisation particulièrement
importante, celle que nous avons confirmée encore hier et qui fait que
le Québec pourrait être reconnu dans la constitution comme un
partenaire à part entière tout en redonnant au
fédéralisme canadien une vigueur nouvelle. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Filion): Je voudrais vous remercier, M.
le ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes. Puis-je, peut-être, vous suggérer, étant
donné que vous avez abrégé votre texte, si vous le jugez
à propos, de le déposer à cette commission? Il pourrait
être ainsi distribué aux membres de cette commission, mais je
laisse le tout à votre discrétion.
M. Rémillard: M. le Président, je crois que je vais
avoir, probablement par les questions qu'on va me poser, l'occasion de
compléter les passaqes sur lesquels je n'ai pas insisté. Je ne
voulais pas prendre trop de temps pour en laisser plus pour la période
des questions. Si je vois que je ne réponds pas à tous les
aspects que je devais traiter dans mon énoncé, à ce
moment-là, il me fera plaisir de le déposer pour information.
Le Président (M. Filion): Je vais reconnaître,
maintenant, M. le député du Lac-Saint-Jean.
Période de questions Spécialistes en
matière constitutionnelle
M. Brassard: Merci, M. le Président. Je n'aurai pas de
remarques préliminaires, sinon il ne nous restera plus de temps. Je vais
passer à des questions sur un certain nombre de sujets. Le premier
concerne l'engagement par le ministre d'experts constitutionnalistes, tel qu'on
peut le retrouver dans les documents qu'il nous a fait parvenir et qui avaient
été demandés par l'Opposition avec les montants
payés. Alors, c'est ainsi qu'on voit que Me François Chevrette a
participé à une réunion dans le cadre du dossier
constitutionnel, 553 $; Jean Garneau a aidé à
l'élaboration du tableau politique canadien pour 4979 $; Edward
McWhinney, une étude sur le Sénat, 4995 $; Réjean
Pelletier, une étude sur le Sénat, 3000 $; Carole Tremblay,
recherches en droit aux fins du dossier constitutionnel pour 1080 $; Michel
Bastarache, étude sur l'enchâssement de la Cour suprême dans
la constitution, 5000 $; Me Gérald Beaudoin, étude sur la formule
d'amendement, 5000 $; André Bernard, étude sur le
préambule, 4200 $; Pierre Blache, une étude sur le pouvoir
général de dépenser, 5000 $; Armand de Mestral, une
étude sur le préambule, 4000 $; Mme Nicole Duplé, une
étude sur l'entente Cullen-Couture, 5000 $; Pierre Foucher, une
étude sur les droits linguistiques, 5000 $; Julius H. Gray, une
étude sur l'entente Cullen-Couture sur l'immigration, 5000 $; Joseph
Maqnet, une étude sur la formule d'amendement, 5000 $; l'étude
Noël, Décary, Aubry et Associés, j'imagine qu'il s'agit de
Me Robert Décary, une étude sur l'implication constitutionnelle
de l'accord sur le libre-échange, 13 558 $; Daniel Proulx, une
étude sur la charte des droits et libertés; Stephen Scott, une
étude sur les droits linguistiques, toujours 5000 $ et Guy Tremblay, une
étude sur la Cour suprême, 5000 $.
Or, il est arrivé que le ministre, à la commission
parlementaire des institutions portant sur le dossier constitutionnel et sur le
communiqué de presse du lac Meech, a invité au nom du
gouvernement un certain
nombre de ces experts. Il les a choisis et les a invités à
comparaître devant les membres de la commission pour exposer leur point
de vue. Cela a été le cas de Me Chevrette, Me Beaudoin, Me
Blache, Me Duplé, Me Décary. Me Guy Tremblay a comparu
également, mais invité par l'Opposition.
J'aimerais, d'abord, savoir comment la sélection a
été faite, étant donné que, sur un nombre assez
important d'experts à qui on a demandé des études dont
plusieurs concernent des éléments de l'entente constitutionnelle
signée hier, plusieurs de ces experts n'ont pas été
invités à comparaître. On a invité Me Beaudoin, Me
Blache, Me Duplé, Me Décary, Me Chevrette, mais on n'a pas
invité, par exemple, Pierre Toucher qui a fait une étude sur les
droits linguistiques. Pourtant, tout le monde sait que la question linguistique
est au coeur du débat constitutionnel, cela a accaparé une bonne
partie de l'attention des membres et des groupes qui ont témoigné
devant cette commission pendant plus d'une cinquantaine d'heures. Leurs propos,
leurs remarques et leurs mémoires portaient dans une très large
mesure sur la question linguistique. Vous avez commandé des
études sur les droits linguistiques à certains experts
constitutionnels, curieusement ils n'ont pas été invités
à venir témoigner.
Donc, une première question sur cela. Comment avez-vous fait la
sélection? Sur quelle base avez-vous fait la sélection pour
inviter les experts constitutionnels qui avaient déjà auparavant
fourni des études commandées par votre ministère?
M. Rémillard: Oui, M. le Président, je veux
remercier le député de Lac-Saint-Jean pour cette question qui me
permet de souligner que nous n'avons rien laissé au hasard. Comme je le
disais dans mon énoncé tout à l'heure, c'était un
dossier délicat, difficile, et nous avons voulu le mener avec un maximum
de chances de réussite. Nous avons donc voulu faire en sorte qu'il n'y
ait pas d'ambiguïtés ou qu'il n'y ait pas de fautes de
négociation qui puissent être commises. Tout a été
analysé auparavant, pensé en fonction de ces négociations
que nous devions entamer avec le gouvernement fédéral et les neuf
autres provinces. C'est dans ce contexte que nous avons demandé une
série d'études à des spécialistes. Notre
critère de sélection a été: des gens
compétents dans leur domaine. (23 h 15)
Le député de Lac-Saint-Jean a lui-même
souligné tout à l'heure que certains de ces experts que nous
avons engagés ont différentes tendances générales.
Pour nous, un seul critère importait, celui de leur compétence
dans leur domaine. Nous avons donc demandé à des gens... il y a
même certaines personnes qui ont été des conseillers du
précédent gouvernement, comme je vois M. Painchaud, ici, qui a
conseillé le gouvernement péquiste en matière de relations
internationales. Il y en a d'autres aussi que je pourrais mentionner qui
étaient là, ce sont des gens compétents qui pouvaient nous
donner une bonne expertise. C'est dnns ce contexte-là que nous avons
demandé à ces gens de nous fournir des études que nous
avons analysées en fonction de ces cinq demandes que nous avions: la
reconnaissance du Québec comme société distincte, la Cour
suprême - vous les connaissez - le pouvoir de dépenser, la formule
d'amendement et l'immigration. C'est donc en fonction de ces cinq points que
nous avons demandé ces études.
Quand la commission parlementaire est arrivée, il nous a
été possible de faire référence à certains
spécialistes dont certains avaient déjà fait des
études pour nous, d'autres n'en avaient pas fait, et qui pouvaient -
pour nous, c'est le seul critère qui nous a guidés - apporter un
éclairage aux parlementaires quant au projet précis que nous
avions à la suite de cette entente du lac Meech. Lorsque le
député de Lac-Saint-Jean me demande quel a été le
critère de sélection de ces experts, je vais lui dire
strictement: la compétence, la compétence. Certains qu'on a
invités à témoigner ne se retrouvent pas dans cette liste.
Je pense, par exemple, au professeur Léon Dion, que nous avons
invité et que vous ne retrouvez pas ici mentionné. Nous lui avons
demandé de témoigner et il est venu discuter avec nous du projet.
Il y en a eu d'autres aussi.
M. Brassard: M. le Président, je voudrais préciser
mes questions pour essayer d'avoir des réponses brèves et
précises aussi. Je vois bien que le ministre a commandé des
études à des experts, j'en ai la liste. C'est bien évident
que cela tourne autour du dossier constitutionnel, j'ai cru remarquer cela
aussi. Ma question, c'est qu'il en a invité un certain nombre à
venir témoigner devant la commission, qui avaient déjà, au
prélable, fourni sur commande des études sur certains sujets,
mais il en a laissé de côté aussi. L'une des questions que
je me pose, par exemple, c'est: Comment se fait-il que, à l'exception de
M. Chevrette qui, lui, a eu la franchise de dire: Écoutez - je me
souviens de son témoignage - j'ai travaillé au dossier pour le
compte du gouvernement - il l'a admis, mais aucun des autres invités ne
l'a admis - on apprenne par la suite, par après, que ces experts qui
sont venus témoigner devant ta commission ont, au préalable,
auparavant, été embauchés, engagés par le
ministère pour travailler au dossier constitutionnel?
Le ministre n'aurait-il pas pu indiquer à la commission, au
moment où ces personnes comparaissaient, ou révéler que Me
Beaudoin,
au moment où il comparaissait, avait fourni une étude sur
la formule d'amendement pour un montant de 5000 $ et que Me Blache en avait
fourni une, lui aussi, sur le pouvoir fédéral de dépenser
comme Me Duplé sur l'entente Cullen-Couture pour 5000 $?
Le ministre ne croit-il pas qu'il aurait dû, à ce
moment-là, comme Me Chevrette l'a fait de lui-même, indiquer et
fournir cette information aux membres de la commission et à ceux qui
s'intéressaient aux témoignages faits devant la commission?
Ce n'est pas une information pertinente qui aurait pu être
fournie, ça? Les experts invités par le gouvernement, tout en
reconnaissant que c'était des experts, c'était aussi des experts
qui avaient, auparavant, travaillé pour le compte du gouvernement,
fourni des études et qui avaient été payés,
évidemment, comme c'est normal. Quand on fait des études sur
commande, on se les fait payer. Ne juge-t-il pas qu'il aurait peut-être
fallu fournir cette information au moment où ces personnes
éminentes comparaissaient?
Le Président (M. Filion): M. le ministre.
M. Brassard: Cela va être intéressant comme
information.
M. Rémillard: Oui. Voici, M. le Président. Quand on
regarde la liste des personnes que nous avons consultées, par ces
demandes, on s'aperçoit qu'il y a la plupart des spécialistes en
matière constitutionnelle ou politique au Québec et même
certains parmi les plus éminents au Canada.
Je ne sais pas où veut en venir le député de
Lac-Saint-Jean, mais lorsqu'on donne, comme dans le cas ici de M.
François Chevrette, 553,50 $...
M. Brassard: ...qui avait travaillé au dossier.
M. Rémillard: ...qu'il a mentionné.
M. Brassard: C'est le seul qu'il a mentionné.
M. Rérnîllard: J'ai été universitaire
aussi et ce n'est pas un contrat de 2000 $, 3000 $ ou 4000 $ qui permet de dire
qu'on achète des gens. Vous savez, il faut quand même comprendre
que ces gens-là...
M. Brassard: M. le Président, il faudrait bien se
cpmprendre.
M. Rémillard: ...viennent ici pour témoigner de par
leur compétence.
M. Brassard: M. le Président, il faudrait bien se
comprendre. J'ai en aucune façon prétendu ou affirmé que
ces personnes avaient été achetées par le gouvernement
parce qu'elles avaient fourni des études commandées par le
qouvernement sur le dossier constitutionnel.
Ce n'est pas ça que je dis du tout. Je reconnais leur
compétence en cette matière. Je dis simplement que le ministre
aurait dû, au moment où ces personnes comparaissaient devant nous
comme experts, indiquer - une information importante - que, tout en
comparaissant comme experts, ces personnes avaient également
travaillé pour le compte du gouvernement et fourni des études au
gouvernement sur certains éléments ou certains aspects du dossier
constitutionnel.
C'est ça que je dis. Cela m'apparaît pertinent. C'est une
information qu'il aurait été pertinent de fournir, sans mettre en
doute ou remettre en question la compétence ou l'honnêteté
de ces personnes. Il me semble que ça aurait été une
information pertinente de savoir, lorsque M. Beaudoin est venu
témoigner, que, auparavant, il avait fourni une étude sur la
formule d'amendement au dossier constitutionnel commandée par le
gouvernement. Cela m'apparaît une chose, en tout cas, qui aurait
été intéressante de connaître à ce
moment-là.
Deuxièmement, c'est aussi intéressant de voir qu'il y a
des experts qu'il a écartés, en quelque sorte, ou que le
gouvernement n'a pas voulu inviter. Je pense, par exemple, aux droits
linguistiques. Il a commandé deux études à deux personnes
différentes sur les droits linguistiques. Je le répète, la
question linguistique est au coeur du débat constitutionnel. C'est cette
question qui intéresse d'abord et avant tout les
Québécois, je pense. Cela m'apparaît évident.
Curieusement, de ces experts à qui on a commandé des
études sur les droits linguistiques alors que la question linguistique
est majeure, est au centre du débat constitutionnel, le gouvernement ne
juge même pas utile d'en inviter un seul pour venir témoigner
comme expert.
Est-ce que, finalement, le gouvernement n'a pas tout simplement
sélectionné, parmi les experts à qui il a demandé
des études sur le dossier constitutionnel, ceux qui avaient fourni des
études qui correspondaient au point de vue du gouvernement et à
la vision du qouvernement sur le dossier constitutionnel - au fond, j'en arrive
quasiment à cette conclusion - et que les autres, peut-être, qui
n'ont pas eu le privilège de comparaître sur invitation du
gouvernement, avaient fourni des études qui ne correspondaient pas
nécessairement au point de vue du gouvernement sur le dossier
constitutionnel et à sa vision des choses et, qu'à ce
moment-là, on n'a pas cru bon de les inviter?
Partant de là, M. le Président, comme ces études
ont été financées à même les fonds publics,
je trouverais intéressant que ces études soient rendues publiques
et que,
entre autres, les membres de la commission parlementaire des
institutions qui ont suivi le cheminement de ce dossier puissent en prendre
connaissance.
Je vous avoue sincèrement que je souhaite beaucoup prendre
connaissance de l'étude sur les droits linguistiques, parce que c'est
une question qui m'intéresse au premier chef. Étant donné
que ces études ont été financées à
même les fonds publics, ne serait-il pas possible que le ministre
dépose ces diverses études sur le dossier constitutionnel et que
l'on puisse y avoir accès et, en particulier, que les parlementaires
intéressés à cette question puissent avoir accès
à ces études?
M. Rémillard: M. le Président, dans un premier
temps, le député de Lac-Saint-Jean semble nous dire que l'on
aurait choisi des experts susceptibles de véhiculer les mêmes
points de vue que le gouvernement, et en matière linguistique en
particulier. Le député de Lac-Saint-Jean mentionne des
études que nous avons commandées en matière linguistique.
Vous dites... Non? N'est-ce pas ce que vous dites?
M. Brassard: Non. J'ai dit qu'étant donné que le
gouvernement connaissait ces études... On a les dates des mandats, donc
ce sont des études qui ont été pour la plupart fournies en
1986. Alors, étant donné que le gouvernement connaissait le
contenu de ces études, il était facile pour lui, quand vint le
moment de demander à des experts de venir témoigner devant la
commission des institutions, de sélectionner les experts qui, dans leurs
études, avaient exprimé un point de vue qui correspondait
à celui du gouvernement et à la vision du gouvernement.
C'était facile pour lui de dire: Me Beaudoin, sur la formule
d'amendement entre autres, son étude est très bonne. Il n'y a
aucun problème; cela correspond exactement à notre vision des
choses. Il viendra confirmer le point de vue du gouvernement.
Vous connaissiez les études, donc la sélection
était facile. Comme vous n'avez pas jugé bon d'inviter ceux qui
ont fait des études sur les droits linguistiques, je suis porté
à conclure que, probablement, le contenu de ces études sur les
droits linguistiques ne correspondait pas nécessairement à votre
vision des choses en cette matière, puisque vous n'avez pas jugé
bon de les inviter et puisque ceux que vous avez invités - je me
souviens des témoignages -dans l'ensemble, ont en quelque sorte
cautionné la position gouvernementale sur le dossier constitutionnel.
C'est ce que je dis.
M. Rémillard: M. le Président, je vois que le
député de Lac-Saint-Jean a la mémoire courte. Tout
d'abord, je veux lui rappeler qu'il y a deux études qui ont
été commandées à des spécialistes sur les
questions linguistiques mais qu'il y en a une autre qui n'apparaît pas
ici mais qu'il sait très bien que nous avions aussi, parce que c'est un
spécialiste des questions linguistiques qui a été mon
conseiller pendant un certain temps et qui s'appelle Léon Dion.
M. Léon Dion, spécialiste des questions linguistiques, a
été invité par le gouvernement à témoigner
à cette commission et je sais, maintenant que je lui renouvelle un peu
la mémoire, que le député de Lac-Saint-Jean doit se
souvenir de ce témoiqnage de Léon Dion. Donc, lorsque le
député de Lac-Saint-Jean insinue qu'on a pu simplement choisir
des experts qui pouvaient confirmer le point de vue du gouvernement, en
particulier dans le domaine linguistique, il oublie que justement, pour parler
de cette question, nous avons invité le professeur Léon Dion.
Alors, cela montrait justement à quel point nous voulions respecter la
vocation d'une commission parlementaire qui est d'informer les parlementaires,
d'entendre, d'écouter et de prendre... bonne note de ce qu'on vient y
dire. C'est dans ce contexte que nous avons invité le professeur
Léon Dion. (23 h 30)
On ne pouvait pas avoir une commission parlementaire d'un ou deux mois.
Il fallait quand même qu'on trouve des spécialistes qui puissent
nous donner la meilleure expertise possible, dans une perspective de travail la
plus fructueuse possible pour la commission. Or, c'est dans ce cas-là
que nous avons pensé inviter le professeur Léon Dion comme expert
en matière linguistique et politicoloque qui est venu témoigner
ici. Je trouve les insinuations ou les affirmations -que ce soit l'un ou
l'autre - du député de Lac-Saint-Jean bien mal fondées,
mais il me fait plaisir de lui renouveler la mémoire pour lui dire que
le professeur Léon Dion est venu témoigner ici. Il l'avait sans
doute oublié.
M. Brassard: M. le Président, d'abord, l'exemple de M.
Dion ne tient pas. Je pose une question sur les experts qui ont fourni des
études sur le dossier constitutionnel commandées et payées
par le gouvernement. Je n'ai pas vu Léon Dion dans cette liste. Ma
question porte sur ces experts-là et non pas sur les autres experts qui
ont comparu également et qui ne font pas partie de cette liste. Elle
porte sur cette liste-là.
Je reviens à ma question: Est-ce que le ministre est consentant
à rendre publique cette série d'études sur le dossier
constitutionnel? Cela intéresserait sans aucun doute tous ceux qui se
préoccupent et qui suivent cette question.
M. Rémillard: Je veux simplement, pour revenir au cas du
professeur Léon Dion, dire qu'il y a ici une liste de
spécialistes et le professeur Léon Dion - je crois que le
député de Lac-Saint-Jean le savait très bien - qui
a été conseiller auprès du ministère, nous a, par
conséquent, donné des opinions...
M. Brassard: ...déjà? M. Rémillard:
Pardon?
M. Brassard: Pendant combien de temps?
M. Rémillard: II faudrait que je vérifie cela, L'an
dernier, à la défense des crédits, c'était public
avec toutes les conditions. Cela ne pose pas de difficulté. Si vous
voulez avoir des précisions à ce chapitre, on pourra vous en
fournir avec grand plaisir.
M. Brassard: Sur la...
M. Rémillard: Sur la publication des études
maintenant.
M. Brassard: Oui.
M. Rémillard: Vous savez qu'en fonction de la loi sur
l'accès à l'information, habituellement, les opinions juridiques
sont considérées comme confidentielles et les opinions sur des
sujets de discussion de relations fédérales-provinciales sont
aussi considérées comme confidentielles. Je pense que vous pouvez
comprendre, M. le député de Lac-Saint-Jean, qu'il est impossible
pour le gouvernement de rendre publiques ces études au moment où
nous sommes dans une période intense de discussions
constitutionnelles.
Nous venons de signer cette entente avec les autres premiers ministres
canadiens, une entente historique pour le Québec, mais c'est strictement
un premier pas, un pas déterminant et extrêmement important qui
permet au Québec de redevenir un partenaire majeur dans la
fédération. Mais il y aura une deuxième étape,
c'est ce que j'essaie de dire. Nous procédons d'une façon logique
et pragmatique. Dans un premier temps, cinq conditions ont été
remplies à l'unanimité par les onze premiers ministres et,
ensuite, dans une deuxième étape, nous allons négocier et
discuter d'autres sujets. Et il se peut fort bien que les sujets qui
apparaissent ici comme ayant été étudiés par les
spécialistes se retrouvent comme des sujets de négociation lors
de cette deuxième étape de discussions constitutionnelles.
Comment voulez-vous à ce moment-là qu'on rende publiques
ces études qui sont pour nous de première utilité pour
préparer nos positions constitutionnelles?
Savez-vous que votre question a été posée par
l'Opposition libérale du temps, presque la même question, au
ministre...
M. Brassard: Est-ce que...
M. Rémillard: Si vous me permettez juste de terminer... au
ministre de l'époque responsable du secrétariat qui est
maintenant le chef de l'Opposition...
M. Brassard: Qui a répondu non.
M. Rémillard: ...et qui a fait la même
réponse, une réponse sage. Lui, il disait simplement:
Écoutez, je ne peux pas rendre publiques ces études, parce que ce
sont les études qui guident nos négociations. Je ne suis quand
même pas pour les rendre publiques devant tout le monde. Cela se
comprend. Je pense que c'est asse2 facile à comprendre.
M. Brassard: Si je suis bien le raisonnement du ministre, M. le
Président, il dit: On ne peut pas les rendre publiques et une des
principales raisons, c'est qu'il va y avoir une deuxième ronde de
négociations et plusieurs de ces études portent sur cette
deuxième ronde. Celle-là, je la comprends, mais incluez-vous
l'étude sur les droits linguistiques là-dedans? Il me semblait
que vous aviez réglé ce problème. Est-ce que la question
linguistique fait partie de la deuxième ronde?
M. Rémillard: Le premier ministre a dit, encore
aujourd'hui, si ma mémoire est bonne, à la période de
questions, qu'en matière linguistique, nous, nous acceptons l'article
133 qui permet à un député de langue anglaise d'utiliser
sa lanque maternelle à l'Assemblée nationale ou à un
parlementaire francophone d'utiliser sa langue au Parlement du Canada ou de
pouvoir s'adresser aux cours de justice dans sa langue au Québec; nous
l'acceptons.
Nous acceptons aussi, d'une façon générale,
l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés qui est ce
que nous appelons la clause Canada, c'est-à-dire la possibilité
pour des parents qui ont suivi leurs études primaires dans une
école anglaise d'une province canadienne d'inscrire leurs enfants
à une école anglaise au Québec. Cela c'est ce qu'on
appelle la clause Canada et on l'accepte.
Cependant, on a dit qu'il y avait un petit aspect concernant la clause
Canada qui est un prolongement, qui n'est pas très lourd de
conséquences mais qui nous préoccupe quand même
jusqu'à un certain point et que nous aimerions éventuellement
pouvoir discuter. C'est donc cela, une possibilité de discuter des
questions linguistiques. Parce qu'en matière de sécurité
culturelle linguistique, nous avons obtenu, avec l'entente du lac Meech
confirmée hier, une sécurité culturelle en matière
de tangue qui nous réjouit et qui fait en sorte que,
véritablement, cette entente du 3 juin est une entente historique pour
le Québec.
C'est une clause que nous avons, qui nous permet de considérer
nos acquis en matière de langue et, en plus, d'avoir un outil
extrêmement intéressant pour défendre à l'avenir
toute mesure législative ou gouvernementale linguistique au
Québec. Cela, c'est important. Cela a été l'objet, je vais
vous l'avouer ce soir, d'une très difficile négociation entre les
premiers ministres du Canada et le premier ministre du Québec parce que
nous tenions à avoir cette garantie à 100 %.
M. Brassard: M. le Président...
Le Président (M. Filion): Oui, M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: ...je n'ai pas posé une question sur les 20
heures de négociations constitutionnelles d'Ottawa. Je n'ai pas
demandé au ministre de me faire un survol du dossier constitutionnel et
du contenu de l'entente. Je lui demande s'il veut rendre publiques des
études, entre autres, sur les droits linguistiques. Il me dit non, on ne
peut pas parce qu'il va y avoir une deuxième phase et que ces
études portent sur la deuxième phase.
S'il ne veut pas rendre publique une étude sur les questions
linguistiques parce qu'il y a une deuxième phase, cela veut donc dire
que la question linguistique est dans une deuxième phase. Il me dit qui
et c'est tout. Il n'a pas besoin de me faire un cours de trois heures.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Filion): M. le ministre.
M. Rémillard: ...la question m'a été
posée...
M. Brassard: On a assez peu de temps. Il a pris un grand moment
pour faire une longue intervention et on a très peu de temps pour ces
questions.
M. Rémillard: M. le Président...
M. Brassard: Si en plus il fait des harangues à ne plus
finir, on ne s'en sortira pas.
M. Rémillard: ...je ne voudrais pas indisposer le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: ...une question précise et une réponse
précise.
M. Rémillard: C'est simplement que je veux essayer de
répondre le plus complètement possible à sa question. Il
me pose une question, il me dit...
M. Brassard: Vous ne voulez pas les rendre publiques, très
bien, je prends acte de votre réponse.
M. Rémillard: M. le Président.
M. Brassard: Je prends acte des raisons également pour
lesquelles vous ne voulez pas les rendre publiques.
M. Rémillard: Pourquoi le député ne me
permet-il pas tout simplement de répondre? Je ne voudrais pas qu'il
s'énerve. Qu'il reste calme, qu'il se détende.
M. Brassard: Répondez à la question.
M. Rémillard: Oui, mais attendez, je vais vous
répondre. Restez calme, il n'y a pas de problème,
détentez-vous.
Ce que je vous dis, c'est que concernant la question linguistique, on
est allé chercher des éléments extrêmement
importants avec l'entente du lac Meech. Ce que nous disons, c'est que dans une
deuxième étape, nous pouvons éventuellement aborder
certains aspects d'une politique linguistique, par exemple en ce qui reqarde ce
volet de la clause Canada qui n'est pas lourd de conséquences mais qui
existe. C'est dans ce contexte...
M. Brassard: Est-ce que c'est le seul
élément...
M. Rémillard: Pardon?
M. Brassard: ...linguistique de la deuxième phase?
M. Rémillard: Pour le moment, c'est un de ceux qui
soulèvent quelques points d'interrogation chez nous.
M. Brassard: Et l'article 93?
M. Rémillard: L'article 93 n'est pas une question... C'est
cela, votre problème. Je voudrais vous informer et je voudrais que vous
compreniez- cela.
M. Brassard: C'est l'article 93 qui empêche le gouvernement
du Québec de créer des commissions scolaires sur une base
linguistique.
M. Rémillard: Bon. M. le Président, est-ce que je
peux me permettre de répondre à cette question? C'est une
question importante et je voudrais que le député de
Lac-Saint-Jean la comprenne très bien.
M. Brassard: Je la comprends bien. Vous avez seulement à
me répondre si oui cela va être dans une deuxième phase. Ne
me faites pas de cours. Vous répondez si oui
d'autres éléments... Là, vous me dites: L'article
23, il y a un élément qui va être dans la deuxième
phase. Très bien, parfait. J'en prends note. Je vous demande: Est-ce
qu'il y a d'autres éléments linguistiques qui vont être
dans la deuxième phase. Voilà! Je vous donne comme exempte
l'article 93. C'est cela qui empêche actuellement le gouvernement du
Québec d'appliquer la loi 3 qui crée des commissions scolaires
sur une base linguistique. La CEQ et l'Alliance des professeurs sont venues
pour vous dire: Pourquoi ne vous êtes-vous pas intéressés
à cela? Vous nous avez dit: C'est dans une deuxième phase. Alors,
me souvenant de ce que vous avez dit, je vous demande: Est-ce que cela aussi va
faire partie de la deuxième phase sur la question linguistique?
M. Rémillard: Est-ce que je peux répondre,
là?
M. Brassard: Oui, oui.
M. Rémillard: Oui? C'est possible, là? Bon. Je veux
simplement dire au député de Lac-Saint-Jean que l'article 93 de
la constitution de 1867 n'a pas pour objet la langue mais bien la religion,
n'est-ce pas? II a été mis dans la constitution - c'est une
erreur que beaucoup font et je voudrais simplement vous le dire...
M. Brassard: Non, je le sais que c'est sur la religion.
M. Rémillard: ...très modestement, je veux vous
renseigner. Vous me posez une question, je vous réponds. Mais
laissez-moi vous répondre. Je vous dis que l'article 93 a
été mis dans la constitution par les Pères de la
confédération en 1867 parce qu'il pouvait y avoir un
problème entre, à ce moment-là, les protestants et les
catholiques. Donc, l'article 93 est basé strictement sur ces commissions
scolaires protestantes et catholiques. Cela cause des problèmes au point
de vue de la réorganisation du système scolaire
québécois, qui, on le voudrait, pourrait être basé
sur des questions linguistiques: francophones et anglophones. Là, on
peut difficilement faire complètement cette réforme du
système scolaire québécois parce qu'on a l'article 93 qui
nous empêche à certains niveaux de le faire. Cela a soulevé
une jurisprudence très difficile et très importante dans le droit
constitutionnel canadien. Il faut voir à ce problème d'une
façon très sérieuse. Le chef de l'Opposition en commission
parlementaire m'est arrivé avec cela à plusieurs reprises et ce
soir, le député de Lac-Saint-Jean m'arrive avec cela. C'est
drôle quand même que lorsqu'ils ont publié leur proposition
constitutionnelle en mai 1985, tout d'abord, ils ont refusé une
commission parlementaire. D'autre part, ils n'ont nullement mentionné,
mais nulle part dans ce document de mai 1985, les propositions
constitutionnelles du Québec du Parti québécois, du
qouvernement québécois de l'époque, de revendications sur
l'article 93. Maintenant, on nous dit: Qu'est-ce que vous allez faire de
l'article 93, la lanque? C'est une question qui doit être
étudiée mais qui doit être étudiée
sérieusement. Vous avez été neuf ans au gouvernement. Vous
avez voulu justement établir un système scolaire basé sur
la langue. Vous n'avez même pas mis dans votre document constitutionnel
ce problème concernant l'article 93 de la loi constitutionnelle de 1867.
Et là, vous venez me faire la leçon! Bien, un instant,
monsieur!
M. Brassard: M. le Président, on a déjà
répondu à cette question. Vous irez voir dans le Journal des
débats. Je n'ai pas l'intention de continuer sur cela.
M. le Président, vous aviez une question à poser pour que
je passe à un autre sujet parce que...
Le Président (M. Filion): Oui. Juste avant de laisser ce
sujet...
M. Brassard: ...on s'éternise.
Le Président (M. Filion): M. le ministre, vous me
permettrez... Ma préoccupation est un peu la suivante: D'une part, vous
savez, bien sûr, qu'une résolution sera déposée un
jour à l'Assemblée nationale et que les élus du peuple
devront disposer de cette résolution donnant suite à l'accord
constitutionnel. Donc, un débat d'intérêt éminemment
public s'amorcera, s'est déjà amorcé et se poursuivra tant
et aussi longtemps que l'ensemble du processus d'amendement à la
constitution ne sera pas terminé, d'une part. (23 h 45)
Deuxièmement, ce débat sera de nature, en bonne partie,
juridique, bien sûr politique mais également juridique.
Troisièmement, les études que le député de
Lac-Saint-Jean vous demande de bien vouloir rendre publiques ont
été payées, comme il l'a mentionné, avec l'argent
de cette même population, de ces mêmes contribuables qui nous
élisent et qui vont demander aux députés de se prononcer
pour ou contre cette résolution qui sera l'objet de nos débats
à l'Assemblée nationale.
D'autre part, parmi les deux ordres d'arguments que j'ai entendus
tantôt, il y a, premièrement, la loi sur l'accès à
l'information. Je dois vous dire que je diffère d'opinion et
d'interprétation quant à la portée de la loi sur
l'accès à l'information. Mais encore là, c'est simplement
une loi qui fixe des balises qui permettent, dans certains cas, de divulguer
des documents si la volonté de l'organisme
qui les détient est à l'effet contraire.
De plus, vous avez évoqué le fait des négociations
futures sur le plan constitutionnel et que vous ne voudriez pas que ces
négociations futures soient mises en péril par la divulgation de
ces études qui ont été payées par la population du
Québec.
À cause de l'ensemble de cette argumentation, je dois vous dire
que, dans mon cas, je suis préoccupé par le fait que vous ayez
semblé disposer immédiatement de la question soulevée par
le député de Lac-Saint-Jean et que vous considériez ne pas
vouloir ou devoir rendre ces documents publics.
Moi, je vous dis que c'est une denrée importante. Le débat
est essentiellement juridique. Il est d'intérêt public de le faire
pour que la population soit le mieux informée possible. Or, à
cause de l'ensemble de ces motifs pris, comme on le dit parfois en droit,
isolément et dans leur ensemble, je me demande si vous ne pouvez pas
prendre cette question en délibéré et y
réfléchir pour que nous puissions au moins garder l'espoir, non
seulement les membres de cette commission mais la population, que
l'éclairage nécessaire à la formulation d'un jugement sur
cet accord constitutionnel puisse être adéquatement et
décemment fourni à la population.
Donc, ma question, c'est: Est-ce que vous ne pourriez pas y apporter une
réflexion additionnelle?
M. Rémillard: M. le Président, je suis certain que
vous pouvez comprendre ma position comme ministre responsable des discussions
et des négociations avec le gouvernement fédéral et les
autres provinces canadiennes. Je suis certain que vous pouvez comprendre que je
ne peux rendre publiques des études qui me permettent d'établir
ma position de négociation, d'établir nos stratégies de
négociation, de discussion avec les autres provinces et le gouvernement
fédéral. Je crois que c'est élémentaire, M. le
Président et, vous, certainement, vous le comprenez.
Le chef de l'Opposition, lorsqu'il était ministre responsable
aussi de ce même ministère dont j'ai le plaisir et l'honneur
aujourd'hui d'être responsable, donnait la même réponse et
avec beaucoup de sagesse; et je vous fais la même réponse. Cela ne
se peut pas. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
Toutefois, peut-être plus tard, dans l'avenir, quand tout
ça sera terminé, que ce sera public, à ce
moment-là, on pourra les consulter. Mais comment voulez-vous que je
rende publiques ces études qui nous servent, à nous, de fondement
pour nos prises de position stratégiques? On ne le peut pas. Je ne peux
pas faire ça. Je pense que vous le comprenez.
Le Président (M. Filion): Je redonne la parole à M.
le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je vais passer à un autre sujet, M. le
Président, tout en regrettant et trouvant déplorable que le
ministre refuse de rendre publiques ces études, ce qui permettrait,
comme vous l'avez mentionné à juste titre, à la population
de se faire une meilleure idée, une meilleure opinion sur la question
constitutionnelle, d'autant plus que ces études ont été
financées à même les fonds publics.
Ententes fédérales-provinciales
J'aborderais rapidement une question sur les ententes
fédérales-provinciales. J'avais demandé le bilan. J'en ai
un très sommaire dans les documents fournis par le ministre. Les
différentes ententes auxiliaires avec les montants appliqués, les
engagements, le solde, je signale au ministre que sauf pour une, toute ces
ententes ont été conclues, néqociées et
signées par l'ancien gouvernement du Parti québécois.
Seule la dernière a été conclue et elle n'implique pas des
sommes considérables: 35 000 000 $ seulement ont été
conclus sous le gouvernement du Parti libéral.
Il y a d'abord des questions que je me pose sur les chiffres fournis,
parce que je prends juste un exemple: l'entente sur le développement des
transports. Le montant impliqué de 170 000 000 $, l'engagement est de
162 300 000 $. Il resterait 7 700 000 $.
M. Rémillard: Puis-je vous demander à quelle page
vous êtes? Excusez-moi.
M. Brassard: Dans l'annexe J. Cela va? M. Rémillard:
Oui, merci.
M. Brassard: Donc, je me pose une question premièrement
sur les chiffres, parce que sur le développement des transports entre
autres, je sais pertinemment, je me souviens fort bien qu'on avait
réservé dans cette entente de 170 000 000 $ un montant de 25 000
000 $ pour l'autoroute Alma-La Baie. Je sais aussi, le ministre des Transports
l'a confirmé, quoiqu'il a annoncé certains projets
récemment, que les 25 000 000 $ actuellement ne sont pas encore
dépensés. Il n'y a pas un sou qui a été
dépensé pour l'autoroute Alma-La Baie. Il a annoncé un
projet d'à peu près 7 000 000 $; ce qui fait que juste sur ce
projet de l'autoroute Alma-La Baie où on avait prévu 25 000 000
$, normalement de non engagés encore, il devrait rester autour de 18 000
000 $ juste sur ce projet-là. Or, je retrouve en solde 7 700 000 $.
C'est pour l'entente sur le développement des transports.
Premièrement, j'aimerais comprendre la façon dont vous
faites le bilan. Qu'entendez-vous par engagement? S'agit-il d'argent
véritablement engagé et dont les dépenses sont
autorisées par le Conseil du trésor sur des projets
précis? Si c'est cela, je ne comprends pas entre autres l'entente sur le
développement des transports ou si c'est simplement des montants
réservés à des projets sans que le cheminement du projet
en soit rendu à l'appel d'offres ou à l'autorisation de
dépenses de la part du Conseil du trésor? Quel est le sens des
termes utilisés, celui d'engagement en particulier?
M. Rémillard: Je comprends très bien
l'intérêt du député de Lac Saint-Jean pour cette
route Alma-La Baie. De fait, il y a 25 000 000 $ d'engagés et pour vous
donner plus de précisions, si vous me le permettez, je demanderais
à M. Marc Morin de vous donner l'information la plus pertinente
possible.
Le Président (M. Filion): Pour les fins du Journal des
débats, M. Marc Morin?
M. Morin (Marc): C'est cela. Alors, le sens du terme
"engagement", dans les tableaux qui vous ont été fournis, indique
simplement que les projets ont été approuvés par le
comité de gestion de l'entente et deuxièmement qu'ils ont
été approuvés par les ministres responsables de l'entente.
Cela ne signifie pas que la dépense est nécessairement
engagée du point de vue du gouvernement. Cela signifie que les ministres
se sont entendus et que le ministre proposera, dans un cas comme
celui-là, la dépense au Conseil du trésor lorsqu'il sera
prêt à commencer.
M. Brassard: Cela veut dire que cela a simplement franchi
l'étape du comité directeur de chacune des ententes
auxiliaires.
M. Morin (Marc): C'est cela.
M. Brassard: Les deux gouvernements se sont mis d'accord sur tels
projets. D'accord.
On voit qu'une bonne partie des sommes est maintenant engagée et,
au fond, la question que je pose, c'est une question un peu d'ordre
général. Hier, aux crédits de l'OPDQ, le ministre
responsable du Développement régional, M. Marc-Yvan
Côté, a révélé qu'il était en train de
préparer, de concevoir et de mettre au point un projet d'entente
fédérale-provinciale sur le développement des
régions, ce qui me fait dire, par conséquent, qu'on se
prépare à la pré-entente, qu'on prépare de
nouvelles ententes, qu'on négocie de nouvelles ententes pour remplacer
celles qui vont venir à échéance et qui voient une bonne
partie des sommes impliquées déjà engagées. C'est
le cas au développement régional. J'aimerais savoir quelle est la
vision des choses du ministre à ce sujet-là, son approche, sa
stratégie, où il en est rendu à ce chapitre en termes de
préparation de nouvelles ententes. A-t-il identifié les
créneaux, les secteurs prioritaires où l'on négocierait de
nouvelles ententes? Ce travail d'élaboration et de conception est-il en
voie d'achèvement? A-t-il des échéanciers en vue, en
termes d'entreprendre des pourparlers ou des négociations avec le
gouvernement fédéral concernant de nouvelles ententes?
M. Rémillard: Oui, concernant ces ententes, en ce qui
regarde par exemple l'EDER, on a conclu donc l'entente sur l'agro-alimentaire.
Celle sur les pêcheries -c'est conclu - sera officiellement signée
te 11 juin prochain. Mais on manque d'argent pour des ententes auxiliaires qui
pourraient être plus complètes à certains niveaux. Il y a
déjà eu des ententes auxiliaires en matière de
communication, par exemple. Il pourrait y en avoir d'autres dans bien d'autres
domaines, en matière de transport en particulier. J'ai demandé au
ministre fédéral responsable de ces projets, M. Michel
Côté, qu'on se rencontre pour en discuter. De fait, on doit se
rencontrer dans les prochaines semaines et discuter de la possibilité de
mettre plus d'argent sur d'autres projets particuliers.
Quant à ces projets, d'une façon plus particulière,
je pourrais me référer encore à M. Morin qui pourra nous
parler de certains projets actuellement à l'étude qui, j'en suis
certain, peuvent vous intéresser.
M. Brassard: M. le Président, le ministre parle de
certains secteurs.
M. Rémillard: C'est cela, de certains secteurs
d'activité avec quelques projets probablement.
M. Brassard: Identifiés.
M. Rémillard: Bien sûr, on a aussi des
possibilités d'ajouts dans les ententes déjà existantes,
où on voudrait mettre plus d'argent et on voudrait développer
certaines ententes.
M. Brassard: Ce sont deux volets, en fait. Parmi les ententes
actuellement conclues et en application, en vigueur, y en a-t-il pour
lesquelles les intentions du gouvernement sont fermes de demander au
gouvernement fédéral des ajouts d'argent et une extension en
termes de temps, premièrement, et, deuxièmement, je reviens
à la question que je posais - c'est peut-être M. Morin qui peut y
répondre - est-ce que vous avez déjà identifié
d'autres créneaux,
d'autres secteurs, dans lesquels il serait souhaitable et utile que le
Québec négocie des ententes fédérales-provinciales
de développement? (Minuit)
M. Rémillard: J'ai déjà écrit au
ministre Côté, le ministre de l'Expansion industrielle pour le
gouvernement fédéral, je lui ai déjà écrit
comme je le mentionnais tout à l'heure, et je lui ai mentionné
des domaines d'activité où nous pourrions poursuivre notre action
conjointe et d'autres domaines où nous pourrions commencer. En
particulier, on aimerait ajouter de l'argent dans des secteurs comme celui du
développement industriel. Alors dans le développement industriel,
il y a des possibilités très intéressantes et on voudrait
ajouter une somme importante pour le développement industriel qui
pourrait être développé dans un programme conjoint avec le
gouvernement fédéral.
Dans le domaine des équipements culturels aussi, nous voulons
ajouter des sommes d'argent parce que maintenant notre entente est
épuisée et nous avons encore beaucoup à faire dans ce
domaine et nous voulons développer les équipements culturels.
C'est un secteur dont j'aimerais aussi discuter avec M. Côté.
M. Brassard: Cela pourrait permettre à la ministre des
Affaires culturelles de lever son moratoire sur les équipements
culturels.
M. Rémillard: Et ensuite, en ce qui regarde le
développement des transports, sujet très important au
Québec, on sait à quel point avec un territoire aussi vaste et
aussi difficile et aussi par la géographie et le climat, à quel
point il est important d'avoir un bon réseau de transport et là
aussi, notre enveloppe est épuisée. 11 faudrait renégocier
d'autres ententes avec le gouvernement fédéral pour
développer nos transports.
Dans les matières d'agriculture et de pêche, maintenant
c'est fait. Mais, il n'est pas dit qu'il ne faudrait pas réexaminer le
tout pour pouvoir faire quelques petits réajustements aussi. Mais si
vous me permettez, si vous voulez avoir encore plus de précisions, M.
Morin, qui est avec moi, qui travaille d'une façon plus précise
sur des projets, pourra vous donner cette information.
M. Morin (Marc); Je pourrai simplement ajouter qu'il y a
également certains types d'entente qui sont prévus dans l'EDER,
qu'on appelle des ententes de concertation et d'harmonisation, et actuellement,
une est signée dans le domaine des communications, il y en a une autre
qui est en négociation dans le domaine minier. Il faut dire aussi qu'une
négociation est en cours actuellement pour la signature de la conclusion
d'une entente d'aide aux autochtones, de développement des
autochtones.
M. Brassard faisait allusion tantôt à l'entente que M.
Côté souhaiterait voir réaliser avec le
fédéral. Il s'agit d'un complément aux ententes actuelles
et non pas d'une entente qui remplacerait les ententes actuelles. Il s'agirait
surtout d'une entente de concertation, des interventions des deux ordres de
gouvernement et il espérerait peut-être avoir également un
fonds commun que les deux gouvernements pourraient dépenser pour venir
en aide à certaines régions en difficulté.
M. Brassard: Je reviens. En dehors des ententes auxiliaires
actuellement en vigueur, est-ce que vous en êtes rendus à avoir
identifié certains secteurs qui ne sont pas couverts présentement
et qui devraient l'être, que vous jugez quant à vous prioritaires,
je ne sais pas, dans le domaine municipal par exemple? Est-ce que vous avez
identifié actuellement, au moment où l'on se parle, un certain
nombre de secteurs prioritaires?
M. Morin (Marc): Pour les prochaines négociations, pour
les cinq années qui suivront les ententes actuellement en vigueur, on a
un problème important qui est celui des réorientations de la
politique du développement régional du gouvernement
fédéral. Il y a eu, la semaine dernière, une
réunion des ministres du développement régional à
Whitehorse. Ils espéraient connaître la nouvelle politique
fédérale qui devait être annoncée et le ministre
Côté a indiqué qu'il n'était pas prêt à
annoncer sa politique. Alors on ne sait même pas s'il continuera à
y avoir des ententes avec le gouvernement fédéral.
Dossiers importants pour le Québec
M. Brassard: Merci, M. le Président, moi cela va pour les
ententes fédérales-provinciales. Je passerais peut-être
à un autre sujet. En Chambre, j'avais posé la question au
ministre, à partir d'un article du Devoir, dans lequel on
laissait entendre qu'il y a une espèce de concertation entre les deux
gouvernements, le gouvernement du Québec et le gouvernement
fédéral, compte tenu du contexte constitutionnel, une
espèce de concertation afin de mettre en veilleuse ou de mettre une
sourdine à certains dossiers majeurs pour le Québec dont l'impact
économique est reconnu comme considérable. On en citait un
certain nombre - c'est ce que j'avais fait à l'époque en Chambre
- je pense à la création de l'agence spatiale qui a
suscité bien des démarches de la part des intervenants,
montréalais surtout, pour qu'elle soit localisée à
Montréal compte tenu de la
concentration de l'Industrie aéronautique et spatiale canadienne
à Montréal et des emplois qu'on y retrouve. Tous les intervenants
jugeaient qu'il allait de soi que cette agence spatiale devait se retrouver
à Montréal. Actuellement, cela semble au point mort. On n'en
entend plus parler. On est étonnamment silencieux sur cette question et
ce dossier.
Le deuxième dossier, c'est le Centre bancaire international.
À l'origine, un centre financier international était
réclamé pour Montréal. Cela s'est réduit à
un simple centre bancaire. La portée de ce projet a été
considérablement réduite, si bien que le ministre des Finances du
Québec a même déclaré au début de
l'année que cela n'avait plus finalement qu'une valeur symbolique. Ce
dossier aussi ne semble plus faire l'objet de démarches ou de
discussions et il semble également en veilleuse.
C'est la même chose pour le dossier de la papeterie de Matane. On
sait que le gouvernement du Québec souhaite la mise en place d'une
papeterie à Matane. Il est disposé à y apporter son
soutien financier à condition, bien sûr, que le gouvernement
fédéral en fasse autant. Donc, une demande formelle a
été faite auprès du gouvernement fédéral
pour subventionner une papeterie à Matane. On n'en entend plus parler
non plus, même si le ministre de l'Énergie dit que le dossier
chemine; il chemine doucement.
Même phénomène aussi avec les approvisionnements en
gaz naturel de Pétromont. On sait ce qui se passe. Le ministre de
l'Énergie fédéral refuse de se prononcer sur ce dossier
majeur qui a des implications considérables en termes d'investissements
et de création d'emplois pour la région de Montréal. C'est
aussi au point mort. On pourrait également parler du rapport Picard sur
le développement économique de Montréal. On peut dire
qu'il a aussi été mis sur la glace.
Tout cela est d'une certaine façon relié au dossier
constitutionnel. Il semble que les deux gouvernements se soient entendus pour
ne pas faire de vagues dans le lac Meech, pour que le lac Meech soit une nappe
d'huile calme, sans vagues. C'est peut-être cela la nouvelle diplomatie
du ministre responsable des Affaires canadienne qu'il qualifie de tranquille et
efficace. Dans ces cas-là, je la trouve tranquille en effet, mais je ne
suis pas porté à la trouver efficace, parce qu'il s'agit de
dossiers majeurs pour le Québec, de dossiers à caractère
économique, de dossiers qui ont des impacts considérables au plan
économique en termes d'investissements, de retombées et de
création d'emplois. Je pense que c'est important pour le Québec,
compte tenu du taux de chômage qu'on retrouve au Québec et du
niveau d'investissements qui est insuffisant.
Par conséquent, il y a de quoi s'inquiéter. Il n'y a pas
de fumée sans feu, M. le Président. Si ces rumeurs qui circulent
et ces articles qu'on retrouve dans les journaux qui font état d'une
entente plus ou moins tacite entre les deux gouvernements pour mettre sur la
glace, si vous voulez, un certain nombre de projets majeurs de façon,
sans aucun doute - c'est sûrement l'intention stratégique -
à ne pas mécontenter le Canada anglais, de façon à
éviter que, dans le Canada anglais, dans les autres provinces, on en
arrive à considérer que le Québec est favorisé
indûment et que, par conséquent, cela aurait des effets
négatifs sur l'évolution du dossier constitutionnel.
Voilà ce qui circule et on est, évidemment, inquiets,
parce qu'on se dit qu'il arrive, précisément, que ces gros
dossiers majeurs sont mis en veilleuse. Leur cheminement est pratiquement
arrêté, ils ne connaissent pas une évolution rapide, les
décisions sont reportées, sont retardées parce qu'elles
risqueraient, si elles étaient prises en faveur du Québec, de
nuire à l'évolution du cheminement du dossier
constitutionnel.
Alors, j'aimerais bien que le ministre responsable de la nouvelle
diplomatie du Québec - tranquille, sans aucun doute, efficace, j'ai
quelques doutes - nous rassure en nous indiquant que ces dossiers majeurs:
agence spatiale, centre bancaire, papeterie de Matane, approvisionnement en gaz
naturel de Pétromont, vont reprendre leur évolution rapidement et
vont connaître des décisions rapides, également. Parce que
je pense que c'est important, sur le plan économique, pour le
Québec.
Est-ce que le ministre est en mesure d'affirmer solennellement, devant
les membres de cette commission, qu'il n'y a aucune concertation entre les
gouvernements du Canada et du Québec pour retarder, reporter à
plus tard des décisions sur des dossiers majeurs intéressant le
Québec et étant susceptibles de favoriser son
développement économique.
M. Rémillard: M. le Président, je déclare,
solennellement, devant les membres de cette commission, qu'il n'y a aucune
entente, secrète ou non secrète, qui ferait que des dossiers,
concernant le Québec, à néqocier avec le gouvernement
fédéral, soient mis en veilleuse pour quelque objet ou but
possible. Au contraire, M. le Président, tous ces dossiers, qui ont
été énumérés par le député de
Lac-Saint-Jean, sont actuellement dans une phase très active. Je dis,
par exemple, et j'en informe le député de Lac-Saint-Jean, qu'il y
a un comité qui a été formé pour tous les projets
concernant la région de Montréal. Un comité, dis-je, qui
est sous la présidence conjointe du ministre Robert de Cotret, du
côté fédéral, et du ministre Daniel Johnson, du
côté provincial, avec un secrétariat permanent. Ces
ministres et ce comité se réunissent une fois par mois et
le secrétariat est là, pour ce comité, et agît d'une
façon permanente pour faire avancer tous les dossiers concernant la
région de Montréal.
Quant à des sujets comme Matane, le député de
Lac-Saint-Jean me disait, tout à l'heure, au début de sa
question: J'ai posé cette question au ministre en Chambre. Oui, je m'en
souviens très bien, il m'a même dit, à ce moment-là,
si ma mémoire est bonne, que j'étais le numéro 4 du
dossier constitutionnel. (0 h 15)
M. Brassard: Je lui ai dit cela?
M. Rémillard: Eh oui, il m'a dit cela. Il a
peut-être changé d'idée, ce soir, mais je vais voir si je
suis encore classé à ce niveau. Il est un petit peu tard, mais
quand même. Je lui avais dit qu'il n'y avait pas d'entente secrète
et mon collègue, te ministre responsable de l'Énergie,
s'était levé en Chambre et avait complété la
réponse en disant qu'il avait rencontré, dans les derniers jours,
les responsables fédéraux, dont le ministre Michel
Côté, en ce qui regarde le projet de papeterie à Matane.
Ces dossiers sont très actifs, et, pour faire le point, si vous voulez,
sur nos négociations fédérales-provinciales concernant
chacun de ces dossiers, sans rentrer dans le contenu - parce que vous
comprendrez, M. le député que cela regarde les ministres
sectoriels - si vous me permettez, je vais encore demander à M. Marc
Morin de nous faire le point sur la situation, à ce jour, de nos
relations avec le gouvernement fédéral sur ces dossiers.
M. Morin (Marc): Pour la papeterie de Matane, il y a un projet de
Saugbrugs qui avait été abandonné et on a annoncé,
depuis, que M. Péladeau, après avoir acquis Donohue, songeait
à relancer le projet de la papeterie de Matane. Le gouvernement
fédéral a pris des engagements de réserver des fonds pour
cette papeterie. Cependant, depuis que M. Péladeau a fait des
démarches pour obtenir la contribution fédérale, aucune
réponse ne nous a encore été donnée. Cela ne
signifie pas qu'il y a eu une réponse négative ou positive. Le
gouvernement fédéral étudie, actuellement, quelle suite il
donnera à cette nouvelle demande pour un nouveau projet de papeterie
à Matane.
Dans le dossier du transport des liquides du gaz pour la
pétrochimie - c'est un dossier qui nous occupe au plus haut point et qui
préoccupe grandement, en particulier, M. Ciaccia - le problème
qui se pose, actuellement, c'est que l'Interprovincial Pipe Line, la
société qui devait transporter les liquides de gaz de Sarnia
à Montréal, a retiré la demande qu'elle avait faite
auprès de l'Office national de l'énergie et ne semble plus
intéressée à transporter les liquides du gaz, alors, ici,
ce n'est pas un problème intergouvernemental. Il s'agit du retrait de la
demande du transporteur auprès de l'Office national de l'énergie.
Des démarches sont actuellement entreprises, auprès du
gouvernement fédéral, d'une part, pour que l'Interprovincial Pipe
Line révise sa décision et, d'autre part, pour que l'Office
national de l'énergie statue pour l'attribution d'un permis de transport
des liquides du gaz de Sarnia jusqu'à Montréal.
Dans les autres dossiers, il y avait...
Le Président (M. Filion): De l'aérospatiale et du
centre bancaire international.
M. Morin (Marc): Pour l'agence spatiale, évidemment, tout
le monde attend la décision fédérale. Je pense que c'est
tout ce qu'on peut dire. It y a des groupes... M. Johnson fait des pressions
énormes auprès de M. de Cotret, à Montréal, dans le
cadre du comité dont le ministre a parlé tantôt. Mais il y
a également des groupes de pression qui se sont organisés, dans
la région de Montréal, à l'instigation de plusieurs hommes
politiques de la réqion. Je pense que la décision est
fédérale et strictement politique, pour l'instant.
M. Brassard: M. le Président, je connaissais à peu
près l'évolution de ces dossiers. La question que je pose...
D'abord, je prends acte de l'engagement solennel du ministre, d'une part.
D'autre part, je lui dis cependant ceci: si, dans des délais
raisonnables, pour certains de ces dossiers, je pense à la papeterie de
Matane... Des délais raisonnables, cela signifie d'ici à quelques
semaines. Pour l'agence spatiale, c'est d'ici à quelques semaines. Cela
fait assez longtemps que ces dossiers traînent dans le paysage. Pour la
question de l'approvisionnement du gaz naturel également. Je lui dis
ceci: s'il n'y a pas de décisions qui se prennent sur ces dossiers
majeurs, dans des délais raisonnables et, pour moi, raisonnable signifie
quelques semaines, j'en arriverai à la conclusion qu'on s'est entendu,
jusqu'à ce que le dossier constitutionnel soit parvenu à un stade
te! qu'il n'y ait plus de risques de "floper" - vous me permettez l'expression
-de connaître un échec, pour retarder les décisions sur ces
dossiers-là. Autrement dit, je prends la parole du ministre avec la
réserve que si, concrètement, il n'y pas de décisions
prises sur ces dossiers dans les semaines qui viennent, je vais non pas
prétendre que le ministre a menti, Dieu m'en garde, mais qu'il
n'était pas au courant de l'entente tacite qui s'est conclue entre les
deux gouvernements. Alors, on va attendre les résultats, on va attendre
quelques semaines, on verra ce qui se passera sur ces dossiers majeurs, on
verra si des décisions
seront prises, favorables au Québec, et après cela, on
pourra s'en reparler.
Champ de tir de L'Ascension
J'aurais un dernier sujet, M. le président, à traiter.
Cela concerne mon comté. C'est un sujet que le ministre connaît
bien, qui relève de son champ de responsabilité, c'est le champ
de tir de L'Ascension. On ne retracera pas toute l'évolution du dossier,
on va seulement aller à la fin. Je sais qu'à la suite d'une
consultation qu'il avait effectuée en région, après avoir
rencontré des intervenants, le caucus des députés de la
région, le ministre avait écrit au ministre Benoît
Bouchard, lui proposant - si ma mémoire est bonne, vous me corrigerez si
j'ai tort - la mise en place d'une sorte de comité conjoint
fédéral-provincial qui serait mandaté pour faire le tour
de la question, pour examiner les tenants et les aboutissants de ce dossier et
en arriver, ensuite, à faire une recommandation. Ma question, au fond,
est très simple: le ministre a-t-il eu une réponse à cette
missive envoyée au ministre Bouchard, a-t-il eu une réaction, une
réponse écrite et quelle est la nature de la réponse?
M. Rémillard: C'est un sujet qui retient beaucoup notre
attention. Comme vous le savez, M. le député de Lac-Saint-Jean,
nous avons rencontré votre caucus lors de la visite que nous avons faite
au mois de février dernier, le 20 février. On a consulté
beaucoup d'intervenants de la région du Lac-Saint-Jean pour avoir leur
point de vue et il est évident que les réactions sont
partagées quant à l'établissement de ce champ de tir pour
avions F-18. Quant à nous, du gouvernement, il y a un premier principe
qui nous guide, c'est celui de la sécurité de la population. Nous
voulons aussi assurer la protection de l'environnement et nous voulons assurer
aussi les meilleures retombées économiques pour la région
visée. C'est dans ce contexte que j'ai suggéré à M.
Bouchard, ministre de l'Emploi et de l'Immigration, ministre responsable de la
région du Lac-Saint-Jean, un groupe de travail conjoint
fédéral-provincial pour faire le point sur cette situation, parce
que nous avons des questions importantes qui sont encore sans réponse et
que, de notre côté, plus de sept ministères nous ont
donné un avis fort mitigé quant à l'opportunité
d'avoir ce champ de tir, en fonction du respect des critères que j'ai
mentionnés tout à l'heure.
C'est donc dans ce contexte que j'avais proposé au ministre
Bouchard un groupe de travail conjoint, mais le ministre Bouchard m'a
écrit pour me dire qu'il n'acceptait pas une telle solution. Je l'ai
aussi rencontré, il m'a dit: Je n'accepte pas une telle solution, on est
prêt, maintenant, à procéder, décidez- vous. Je lui
ai dit: On veut avoir des réponses à des questions plus
précises, il faut étudier la situation et on a besoin que vous
participiez à ce groupe de travail parce qu'il s'agit d'un domaine de la
Défense nationale et on a des questions qu'on est légitimement en
droit de se poser, pour la population concernée du Lac-Saint-Jean et
vous devez nous permettre d'avoir ces réponses, d'étudier la
situation. Entre-temps, j'ai reçu aussi une lettre du ministre Beatty,
ministre de la Défense nationale. C'est le ministre responsable du
dossier, M. Bouchard étant le ministre responsable de la région
où a lieu le projet. Le ministre Beatty est le ministre responsable de
ce dossier parce que ministre responsable de la Défense.
J'ai répondu à sa lettre en lui disant que nous
aimerions...
M. Brassard: La lettre du ministre de la Défense nationale
allait dans quel sens? Demandait-elle au gouvernement de prendre une
décision dans les plus brefs délais?
M. Rémillard: C'est cela. Le ministre nous disait: Bien,
écoutez, prenez une décision. Qu'est-ce que vous en pensez?
Qu'est-ce que vous voulez faire? Alors, j'ai écrit, au nom du
gouvernement, pour lui dire que j'avais déjà discuté de ce
sujet avec M. Bouchard. Il ne semblait pas très au courant, je ne sais
pas s'il y avait eu des échanges entre ces deux ministres. Je lui ai
mentionné cette intention, pour nous, d'avoir un groupe de travail. Je
lui ai dit: Il s'agirait d'avoir un groupe de travail et je suis
persuadé que, dans quelques mois, cela pourrait prendre trois ou quatre
mois, on sera en mesure de donner une réponse, en étant
assurés que la sécurité des personnes et l'environnement
seraient protégés. Il y a des gens qui ont droit à
l'environnement. C'est un droit fondamental, le droit à la
qualité de l'environnement, tout comme le droit à
l'évolution économique de la région. On nous parle,
présentement, d'un champ de tir pour les F-18, on veut bien, mais de
quoi va-t-on nous parler demain? Qu'est-ce qu'on va ajouter? Qu'est-ce qu'on
veut faire? La base de Bagotville est très importante pour l'avenir
économique de cette réqion dont le gouvernement a à coeur
le développement économique. Il l'a montré à
plusieurs reprises, ces derniers temps. Alors, il faut que l'on puisse avoir le
point de vue du gouvernement fédéral, par le ministre directement
concerné, et qu'on puisse faire le point, recevoir des réponses
à nos questions pour pouvoir procéder dans ce dossier le plus
tôt possible.
Alors, M. Beatty terminait sa lettre en disant: "Si vous désirez
de plus amples renseignements à ce sujet, n'hésitez pas de
communiquer avec moi." Alors, c'est ce que nous avons fait et, maintenant,
j'attends une
réponse à ma lettre, de M. Beatty. Je n'ai pas encore
reçu de réponse. J'espère qu'on va répondre
à cette lettre le plus tôt possible, parce que c'est un dossier
pour lequel on doit prendre une décision, pour le mieux-être
possible de la population, le plus tôt possible,
M. Brassard: Si je comprends bien, dans la lettre que vous avez
écrite au ministre de la Défense, vous lui recommandez la
même chose que vous avez suggérée à M. Bouchard,
c'est-à-dire un comité conjoint fédéral-provincial.
Ce comité conjoint serait-il habilité à tenir des
audiences publiques, comme vous l'avez évoqué lors de votre
visite dans la région?
M. Rémillard: Alors, c'est une possibilité, mais ce
n'est pas une nécessité, en ce sens que nous voulons un groupe de
travail léger, le plus efficace possible, capable de faire le point,
d'aller chercher l'expertise et de répondre aux questions que nous nous
posons. S'il faut faire quelques audiences, peut-être bien, mais on n'en
voit pas nécessairement l'obligation. Ce groupe de travail pourrait fort
bien procéder le plus rapidement possible et nous fournir les
informations nécessaires pour que nous puissions prendre une
décision en bonne connaissance de cause.
M. Brassard: Dernière question, M. le Président. Je
comprends, et c'est tout à fait normal, que vous souhaitiez obtenir
toutes les informations pertinentes pour permettre au gouvernement du
Québec de prendre une décision, mais il ne faut pas oublier, non
plus, que la population et les intervenants du milieu souhaitent aussi avoir
accès à ces informations.
L'un des problèmes qui se posent, justement, c'est que le
gouvernement du Québec est peut-être insuffisamment informé
pour prendre une décision, mais, dans la population aussi - vous
connaissez un peu le débat qui a entouré toute cette question
-beaucoup se jugent insuffisamment informés et il faudrait que
l'information circule.
M. Rémillard: Je crois que vous soulevez un point
très important et vous avez raison de dire que la population doit
être informée, puisqu'il s'agit de sa sécurité.
Donc, dans la mesure du possible, je crois qu'il faut informer la population de
tous les éléments qui vont nous permettre de prendre une
décision.
Base de plein air de Longueuil
Le Président (M. Filion): M. le ministre, je dois vous
avouer que, plus l'heure avançait, plus j'avais le goût de vous
poser des questions sur l'entente intervenue à 5 heures du matin ou aux
petites heures du matin, è Ottawa. Comme cela, on aurait pu participer
peut-être à ce même état d'esprit qui a fait que vous
considérez l'article 2.4 comme étant une clause de sauvegarde et
de protection absolue de la langue française. Mais je résisterai
à cette tentation, ne serait-ce que pour vous éviter trop de
nuits blanches dans une même semaine.
Ma question porte donc uniquement sur un cas de comté,
également, soit la base de plein air de Longueuil qui changera d'ici peu
d'appellation et deviendra parc régional. Elle a reçu l'aval du
gouvernement du Québec pour poursuivre son plan d'aménagement,
son plan directeur, et le gouvernement du Québec y injectera certaines
sommes d'argent dans les semaines qui viennent. Selon les informations que j'ai
obtenues, sous toutes réserves, donc - je n'en ai pas eu connaissance
personnellement - il semblerait qu'une entente
fédérale-provinciale soit tout à fait imminente,
relativement au financement des parcs régionaux et que, peut-être,
encore une fois - je vous dis cela sous toutes réserves, M. le ministre
- cette entente permettrait un financement ou une participation quelconque du
gouvernement fédéral au développement de cette base de
plein air de Longueuil qui deviendra, encore une fois, parc régional.
Mes informations sont-elles exactes? Si oui, cette entente existe-t-elle
effectivement? Est-elle intervenue ou doit-elle intervenir d'ici peu? C'est une
question très technique, je l'admets. Peut-être que les gens
autour de vous ont l'information ou peut-être, suis-je...
M. Rémillard: M. le Président, je n'ai
peut-être pas les informations nécessaires pour répondre
vraiment à votre question, mais, de fait, des projets d'entente sont
actuellement négociés par le ministre des Finances, M. Levesque,
le ministre responsable du Développement réqional, M.
Côté, et le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
M. Picotte, pour des parcs régionaux, dans le domaine
récréatif. C'est en marge des ententes de l'EDER. Je ne crois pas
que ces négociations soient actuellement dans un état très
avancé, en tout cas pas en ce qui regarde des projets très
précis comme celui que vous mentionnez. Si vous me le permettez, je
prendrai note de votre question et je pourrai vous donner une
réponse.
Adoption des crédits
Le Président (M. Filion): Alors, je vous remercie, M. le
ministre. Est-ce que le programme du secteur Affaires intergouvemementales, des
Relations internationales et du Conseil exécutif est adopté?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Filion): Est-ce que l'ensemble des
programmes du Conseil exécutif - parce qu'il s'agissait là de la
dernière étape du Conseil exécutif - est
adopté?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Filion): Donc, nous ajournons. Je
remercie...
M. Rémillard: M. le Président, si vous me le
permettez.
Le Président (M. Filion): Oui.
M. Rémillard: Je voudrais simplement vous remercier et
remercier l'Opposition ainsi que les fonctionnaires qui m'ont accompagné
et qui ont fait un travail tout à fait remarquable. Vous savez,
préparer ces crédits, c'est un gros travail, énorme et
immense. Je voudrais les remercier. Je suis très fier du travail qu'ils
accomplissent. Ce sont des gens très compétents et je les
remercie d'avoir fait ce travail pour nous.
Le Président (M. Filion): On vous remercie. Nos travaux
sont donc ajournés sine die.
(Fin de la séance à 0 h 36)