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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Filion): Â l'ordre, s'il vous
plaît! La séance de la commission des institutions est maintenant
ouverte. Je rappellerais, une fois de plus, notre mandat qui est de
procéder à une consultation générale relativement
au projet de loi 104, Loi concernant le Conseil permanent de la jeunesse. Je
demanderais à la secrétaire de bien vouloir annoncer les
remplacements.
La Secrétaire: Les remplacements sont les suivants: M.
Godin (Mercier) par M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Johnson (Anjou) par Mme
Blackburn (Chicoutimi), M. Kehoe (Chapleau) par M. Hamel (Sherbrooke), M.
Laporte (Sainte-Marie) par M. Messier (Saint-Hyacinthe), M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce) par Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata), M.
Vallières (Richmond) par M. Thérien (Rousseau).
Le Président (M. Filion): Je souhaite donc la bienvenue
aux membres de la commission ainsi qu'aux représentants des organismes
qui ont déjà pris place dans la salle. Je vous rappellerai notre
ordre du jour pour aujourd'hui, le mercredi 18 mars. Nous entendrons dès
maintenant le Groupe de jeunes du SaguenayLac-Saint-Jean. Je demanderais
aux représentants de cet organisme de bien vouloir prendre place
immédiatement, à l'avant, à la table des invités.
À la suite, nous entendrons la Confédération des
associations d'étudiants et d'étudiantes de l'Université
Laval. Également, à midi, nous entendrons le Regroupement des
maisons de jeunes du SaguenayLac-Saint-Jean. Nous reprendrons les travaux
à 16 heures pour entendre Les intervenants communautaires du secteur
jeunesse du CLSC "Soc" de Sherbrooke et, à 17 heures, les
représentants de Jeunesse emploi Estrie. Donc, bienvenue aux
représentants du Groupe de jeunes du SaguenayLac-Saint-Jean. Sans
plus tarder, pour le bénéfice des membres de la commission ainsi
que pour le Journal des débats, je demanderais aux personnes de
bien vouloir s'identifier.
Groupe de jeunes du
SaguenayLac-Saint-Jean
M. Ménard (Carol): Je commence. Carol Ménard. Je
suis permanent et animateur à la Jeunesse ouvrière
chrétienne de Chicoutimi.
Je fais partie de la Table de concertation jeunesse de Jonquière
qui est un peu l'instigatrice du mémoire que nous avons écrit
à six groupes.
Le Président (M. Filion): Madame.
Mme Dionne (Suzanne): Suzanne Dionne. Je suis responsable du
Café chrétien d'Arvida et responsable au secteur réqional
des cafés chrétiens. Je fais partie également de la Table
de concertation jeunesse de Jonquière, qui a écrit le
mémoire.
Le Président (M. Filion): Bienvenue. Sans plus tarder, je
vous inviterais à bien vouloir présenter sommairement votre
mémoire.
M. Ménard: Je débuterais en précisant que
les coauteurs de ce document ne sont pas ici, mais ils sont de tout coeur avec
nous. Ils ne sont pas ici parce que l'horaire voulait qu'ils soient pris par
leur travail ou par d'autres obligations qu'ils ne pouvaient quitter.
En commençant, disons que notre mémoire ne se voulait pas
une critique du conseil permanent, en tout cas de la création de ce
conseil. Il se voulait plus une critique constructive dans le but de voir
à ce que le conseil permanent réponde vraiment aux aspirations
des jeunes et qu'il soit aussi à l'affût des problématiques
jeunesse dans tout le Québec. On voit le conseil comme étant une
structure qui s'ajoutera déjà à celles qui sont là
et on voudrait que cette structure réponde le plus possible aux besoins
présents et aux idéaux de la jeunesse du Québec.
Mme Dionne (Suzanne): Je vais commencer à vous
présenter les modifications que nous avons cru bon d'apporter au projet
de loi 104 pour répondre, justement, un peu plus aux besoins des jeunes.
D'abord à la section I, article 2, où on indique que le conseil
devrait se composer de onze personnes. Nous, on a voulu apporter un changement
en disant que le conseil devrait se composer de quatorze membres nommés
par le ministre responsable de l'application de la présente loi parmi
les personnes qui forment le collège électoral prévu
à la section II, conformément aux dispositions de cette section.
Pourquoi quatorze membres? C'est à cause de l'importance du territoire
du Québec, de
l'immensité du territoire, et ensuite la subdivision de la
province en onze régions administratives. On s'est dit qu'avec quatorze
membres il y aurait la possibilité qu'il y ait vraiment un
représentant par région administrative; les trois autres
personnes pourraient être le président et les
vice-présidents, qu'ils viennent d'une région ou d'une autre. On
serait sûr que le président n'est pas nécessairement le
représentant de sa région, qu'il y a vraiment un
représentant qui siège au conseil. C'est pour cela qu'on portait
le nombre à quatorze membres plutôt que onze.
Ensuite, toujours à la section I, à l'article 5 il est
question de la durée du mandat des membres, qui doit être de deux
ans. Nous, on apportait une modification visant l'alternance qu'il devrait y
avoir pour les membres faisant partie du conseil, où on s'est dit qu'un
mécanisme d'alternance devra être créé par le
conseil de façon à s'assurer qu'une partie des membres continuera
d'y siéger au lendemain d'une élection pour qu'il y ait vraiment
un suivi dans le dossier jeunesse, qu'il n'y ait pas de perte de temps. Si on
se retrouve avec seulement des membres nouveaux, à un moment
donné, il risque d'y avoir des pertes de temps avant que tout s'ajuste.
C'est pour cela qu'on se disait qu'il devrait y avoir quand même un
mécanisme qui nous assurerait que des personnes continuent quand
même la tâche un bout de temps pour être sur place et pour
aider les autres, les nouveaux venus, en fait. Tout cela pour éviter,
justement, une perte de temps en ce qui a trait au dossier jeunesse.
Toujours à la section I, mais aux articles 10 et 11, où il
est question de la rémunération du président et des
vice-présidents du Conseil permanent de la jeunesse, ici nous remettons
en question le fait que trois membres du conseil soient salariés alors
que les autres ne le soient pas. On se dit que cela pourrait engendrer une
compétition malsaine au sein du conseil quand va venir le temps de
nommer les trois officiers. Nous croyons qu'à la limite il serait
préférable de réviser à la baisse les salaires du
président et des vice-présidents et d'en octroyer aux autres
membres, ou simplement de ne pas en accorder. Dans ce cas, des permanents ne
siégeant pas au conseil pourraient être
rémunérés. Tout cela parce que nous considérons que
le travail de tous les membres du conseil est quand même important et que
tous les individus qui pourront siéger au Conseil permanent de la
jeunesse sont quand même intéressés, j'imagine, à
accéder à un emploi offrant des conditions intéressantes.
Si on regarde vraiment la situation des jeunes, aujourd'hui, il y a beaucoup de
jeunes de moins de 30 ans qui sont bénéficiaires de l'aide
sociale ou qui sont en chômage. Alors, je pense que quand viendra l'heure
de nommer le président et les vice-présidents, qui seront
salariés, il y en a plusieurs qui vont vouloir avoir ces postes. Pour
éviter cette difficulté, on se dit qu'il faudrait sûrement
réviser la question salariale.
Pour poursuivre, à la section ï toujours, mais à
l'article 12, on apporte encore une modification en ce qui concerne la tenue
des séances où on dit que le Conseil permanent de la jeunesse
devrait tenir au moins une séance dans chacune des régions
administratives du Québec au cours de son mandat de deux ans pour lui
permettre d'être vraiment sur place, d'être dans le milieu et de
pouvoir prendre le pouls des jeunes dans les différentes
régions.
À l'article 16, toujours de la section I, où on donne
mention de la définition d'un organisme jeunesse, où on parle de
l'incorporation à ce niveau, on dit que cela devrait être des
jeunes âgés entre 15 et 30 ans et que l'organisme devrait
être incorporé. La modification que nous voulions apporter est
que, souvent, il va y avoir des groupes de jeunes qui oeuvrent auprès
des jeunes et déjà dans le milieu depuis quelques années -
nous précisons depuis au moins trois ans - qui sont reconnus par le
milieu, mais qui, souvent, pour différentes raisons, ne peuvent
être incorporés. Mais on se dit que, si on fait une
différence entre ces groupes, on risque de perdre des valeurs
importantes et des jeunes qui pourraient être une ressource importante
pour le Conseil permanent de la jeunesse. Alors, c'est pour cela qu'on dit
qu'à défaut d'incorporation un groupe pouvant démontrer
qu'il oeuvre depuis au moins trois ans auprès des jeunes, dans le cadre
d'une structure reconnue par le milieu, aura le statut d'organisme
jeunesse.
M. Ménard: Je continue toujours à la section I,
l'article 17, où on parle du collège électoral, qui
devrait normalement être composé de 40 personnes. Nous le verrions
plutôt composé de 44 personnes dans le but de voir à la
représentativité de chaque région, c'est-à-dire
qu'on verrait quatre représentants par région administrative du
Québec.
À l'article 20, à la suite de la période de mise en
candidature prévue selon la loi, nous verrions, plutôt qu'un choix
du ministre responsable - ou du premier ministre, dans ce cas-ci, je crois -
une assemblée électorale qui se tiendrait deux semaines plus tard
dans chacune des régions administratives du Québec. Tout
organisme jeunesse de ce territoire pourrait y déléguer quatre
personnes. L'assemblée élirait quatre représentants de
divers secteurs d'activité parmi les candidats éligibles.
Ensuite, on verrait quand même bien le premier ministre ou le ministre
responsable entériner ces nominations. C'est pour voir à ia
représenta-
tivité de chaque région et pour faire en sorte aussi que
chaque région décide elle-même qui elle voit pour aller la
représenter dans un conseil aussi important que celui-là.
Ensuite, on passe à la section III» "Fonctions et
pouvoirs". L'article 26, deuxième paragraphe, dit que le conseil peut
faire effectuer des études et des recherches qu'il juge utiles. À
cette fin, nous verrions qu'un mécanisme devrait peut-être inciter
le conseil à faire appel à de jeunes ressources humaines de tout
le Québec selon le sujet traité et les compétences
exigées, étant donné que c'est un Conseil permanent de la
jeunesse.
La dernière proposition qu'on fait, c'est sur le même
article, soit l'article 26, troisième paragraphe. C'est que, pour
solliciter des opinions et recevoir et entendre des requêtes, on verrait
à prévoir une audition, peut-être, dans chacune des
réunions qu'il tiendra dans les diverses régions administratives,
comme on le disait tout à l'heure, c'est-à-dire une par mandat de
deux ans dans chacune des régions administratives. On n'a pas
défini vraiment les limites, mais une demi-journée, deux heures
ou trois heures, je ne sais pas. Ce serait une audition où les jeunes et
les organismes de cette région pourraient vraiment s'exprimer et donner
leur avis sur des problèmes qui les touchent de près.
Voilà ce qui compléterait un peu les propositions qu'on fait.
On peut dire en conclusion que les propositions qu'on donne ici sont
vraiment dans le but d'améliorer la représentativité des
régions, c'est-à-dire de voir à ce que chaque
région soit représentée. Pourquoi faisions-nous cela?
C'est parce qu'on se disait: C'est vrai qu'à Montréal il y a plus
de monde. C'est vrai qu'à Québec il y a plus de monde. On est
prêt à le reconnaître. C'est d'ailleurs pour cela qu'on
mettait plutôt quatorze personnes que onze au conseil permanent. On
donnait même la liberté d'avoir trois autres personnes de
Montréal ou de Québec, mais on trouve que c'est en même
temps important que chaque région ait son représentant. C'est
souvent aussi difficile de réunir les groupes d'une région comme
l'Abitibi ou le SaguenayLac-Saint-Jean que de réunir les groupes
de Montréal pour les représenter. S'il y a un représentant
pour deux ou trois régions, comme la Côte-Nord, le
Saguenay-Lac-Saint-Jean ou l'Abitibi, je ne suis pas sûr qu'il va
être très représentatif de la jeunesse de ces trois
régions. Cela termine la présentation qu'on avait à
faire.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. Ménard
et Mme Dionne. Je vais céder la parole à M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, on me permettra d'abord de
remercier nos invités qui représentent le Groupe de jeunes du
SaguenayLac-Saint-Jean d'avoir consenti à participer à cet
exercice de consultation sur le projet de loi 104 et les féliciter de la
qualité du mémoire qu'ils nous présentent. C'est
extrêmement bien structuré. Cela rejoint d'ailleurs des
préoccupations qui ont été exprimées par beaucoup
d'autres organismes avant vous et il n'y a pas de doute que certaines des
recommandations que vous formulez seront étudiées de façon
très sérieuse. Pour ma part, je suis convaincu que quelques-unes
d'entre elles, sinon l'ensemble, serviront à bonifier le projet de loi
104.
Je note avec plaisir que vous êtes d'accord avec le principe de la
création du Conseil permanent de la jeunesse. Vous avez, je pense, bien
cerné quel est le rôle de ce Conseil permanent de la jeunesse.
Comme nous, vous sentez qu'il devra s'agir d'un comité "aviseur", d'un
comité consultatif qui pourra sensibiliser le gouvernement à
s'assurer que le gouvernement, dans l'élaboration de ses politiques et
de ses décisions, le fasse en connaissant tout le dossier. Je me permets
de vous souligner que j'ai promis hier de ne plus jamais parler de la
problématique jeunesse, mais plutôt de parler de la question ou du
dossier jeunesse pour que cela ait une connotation un peu plus positive.
Avant d'aborder les questions en rapport avec vos recommandations, je
note que vous représentez ici un nombre assez important d'organismes.
J'aimerais que vous nous disiez si, dans la présentation du
mémoire, il s'est aqi de regrouper ces organismes pour les fins de la
préparation du mémoire ou si vous avez l'habitude d'oeuvrer
ensemble de façon régulière.
M. Ménard: Pour la plupart des organismes qui ont fait
partie de la rédaction du mémoire, on se voit fréquemment.
Entre autres trois ou quatre, Service d'accueil et référence,
Jeunesse ouvrière chrétienne, Cafés chrétiens...
Les Tables de concertation de la pastorale jeunesse et Village étudiant
travaillent en étroite collaboration. De plus, certains d'entre eux,
Cafés chrétiens et Jeunesse ouvrière, font partie de la
Table de concertation jeunesse de Jonquière et les autres comme les
Groupes de soutien aux initiatives-jeunesse du Saguenay-Lac-Saint-Jean sont
quand même des alliés dans le milieu. On a eu l'occasion de
travailler ensemble à maintes reprises. Ils sont venus travailler avec
nous parce qu'ils étaient plus d'accord avec les propositions qu'on
apportait et un peu l'esprit avec lequel on avait bâti ce mémoire
qu'avec les autres qui sont représentés dans la région. Je
ne dis pas qu'ils ne sont pas bons, mais ceux-là étaient plus
d'accord avec nous.
M. Gratton: Est-ce que j'ai bien compris le sens de votre
mémoire? Si je ne m'abuse, vous êtes d'accord pour que ce soit le
premier ministre ou le ministre responsable qui procède aux nominations
des membres du conseil sur recommandation du collège
électoral.
M. Ménard: Oui, on n'a fait aucun changement à ce
niveau-là. (10 h 30)
M. Gratton: D'accord. Par contre, au niveau du collège
électoral, vous suggérez que, plutôt qu'on procède
par nomination, on procède par le regroupement, à
l'intérieur de chacune des onze régions administratives, de
quatre représentants d'organismes reconnus. On reviendra à la
notion de ce qu'est un organisme reconnu, parce que vous soulevez un point
intéressant là aussi, mais il y aurait dans chaque région
un regroupement composé de quatre représentants par organisme
reconnu qui, eux, procéderaient à l'élection de quatre
représentants au collège électoral. Ce qui nous donnerait
un collège électoral de 44 membres.
La raison qui nous a amenés à procéder en disant:
C'est le premier ministre ou le ministre qui procède à la
nomination, c'est que, d'après nous, il faut absolument qu'à
l'intérieur du collège électoral on ait la
représentation la plus parfaite possible, et non seulement des
régions. Celle-ci est assurée par la formule que vous nous
suggérez puisqu'il y en a quatre par région. Il y a aussi le
point de vue des secteurs d'activité. On en donne quatre grands comme
orientation dans la loi, mais on a eu des suggestions pour élargir cela
et en ajouter un cinquième ou un sixième. On voudra
également qu'il y ait une représentation homme-femme. On voudra
également qu'il y ait une représentation, possiblement, des
groupes minoritaires, que ce soit des communautés ethniques, là
où il y en a, que ce soit les gens d'expression autre que francophone.
Bref, pour tâcher d'avoir un collège électoral le plus
représentatif possible, il est nécessaire qu'il y ait des
candidats identifiés comme des représentants de ces diverses
catégories de jeunes.
La question que je me pose et que je vous pose est: Si on devait retenir
la formule que vous suggérez, est-ce qu'on ne risquerait pas, parce
qu'il n'y a pas de concertation entre les régions, d'avoir, bien
sûr, une très bonne représentation des régions, mais
aussi un certain déséquilibre homme-femme, par exemple, ou
d'avoir une absence totale de représentants des communautés
ethniques? Je vous pose la question. Je conçois facilement que, dans le
SaguenayLac-Saint-Jean, la situation se présente bien
différemment de l'Outaouais -on a en commun d'avoir eu des
périodes au cours desquelles il n'y avait pas de député
ministériel siéqeant à l'Assemblée nationale; je
puis cependant vous assurer que cela n'a pas tellement d'impact négatif,
à condition qu'on ait de bons députés, même s'ils
sont dans l'Opposition, et je profite de la présence du
député de Lac-Saint-Jean pour dire que c'est effectivement le
cas, au SaguenayLac-Saint-Jean. Je n'oublie sûrement pas Mme la
députée de Chicoutimi. Donc, de ce côté-là,
soyez rassurés, vous êtes bien représentés et
notamment à cette commission parlementaire, puisque Mme !a
députée de Chicoutimi est la porte-parole de son parti.
Alors, je reviens à la question: Est-ce que cela vous crée
un problème la formule que vous recommandez quant à la
représentativité du collège électoral?
M. Ménard: Vous aussi venez de soulever un point
intéressant. C'est sûr que, dans l'optique que vous venez
d'expliquer, peut-être que cela pourrait... Cela ferait plutôt
partie du mécanisme à inventer pour ces élections. On
n'est pas vraiment entré dans le technique. On s'est dit qu'on n'avait
pas tellement à inventer un mécanisme ou à prendre un
mécanisme déjà existant. On ne les connaît pas tous,
d'ailleurs. On n'est pas tellement habitués à manoeuvrer avec ces
choses-là. On avait pensé davantage à une autre formule:
mettre la proposition telle qu'on la conçoit, puis, s'il y a un
mécanisme à inventer ou un mécanisme qui existe
déjà, tant mieux, mais c'est sûr que, si on veut prendre
toutes les réalités, ce sera peut-être difficile. J'ai
l'impression que ce serait important que chaque région puisse vraiment
dire: On voit ces quatre personnes et, s'il y a un mécanisme à
inventer pour que ces personnes forment un tout le plus complet possible, ce
serait important d'en inventer un.
M. Gratton: Vous rejoignez notre idée selon laquelle c'est
au collège électoral d'abord qu'il faut s'assurer qu'on a un
éventail le plus complet possible, de façon
qu'éventuellement on puisse avoir un conseil permanent. Chose certaine,
sur la représentation régionale, il n'y a pas beaucoup
d'organismes - sauf un qui nous a dit, hier, que cela devrait être 50 %
en provenance de la région de Montréal et 50 % en provenance des
régions, compte tenu de la répartition de la population... Je
peux vous dire tout de suite que les chances de retenir cela comme
hypothèse sont bien minces, compte tenu des représentations qu'on
a entendues ici en commission parlementaire. On va se pencher là-dessus
parce qu'on sent bien que les gens veulent avoir un input aussi parfait que
possible.
Je vous souligne en passant qu'on aurait pu procéder comme pour
tous les autres conseils consultatifs du genre et tout
simplement faire la consultation et en arriver à procéder
à des nominations. On a pensé à un collège
électoral parce que d'abord, il faut bien le dire, le gouvernement est
peut-être moins bien informé sur ce qui se passe dans le dossier
jeunesse que dans d'autres, par exemple dans le secteur de l'éducation.
On a pensé innover dans ce sens pour permettre qu'il y ait un input le
plus grand possible des principaux intéressés, soit les
représentants des organismes jeunesse.
Au sujet de la définition d'un organisme jeunesse, vous rejoignez
également les représentations qu'on a reçues de plusieurs
groupes concernant la question d'incorporation. Cela peut priver des organismes
vraiment bona fide qui oeuvrent dans le domaine de la possibilité
d'appuyer des candidatures. Vous nous suggérez dans votre mémoire
qu'on reconnaisse comme organisme jeunesse tout organisme qui existe depuis
trois ans. Qu'est-ce qui vous amène à dire trois ans? Comment
pourrait-on le définir? Qui nous permettrait d'identifier si l'organisme
existe depuis trois ans ou non, etc.?
M. Ménard: Disons que dans chaque région il existe
des tables de concertation qui sont au courant, qui connaissent les organismes
qui fonctionnent dans à peu près tous les milieux. Il y a aussi
le Secrétariat à la jeunesse qui détient un annuaire des
organismes qui existent; on sait depuis combien de temps ils existent et ce
qu'ils font exactement. Je pense qu'il y a ces deux ressources qui sont
probantes et même importantes dans le milieu. Voici pourquoi, aussi, on a
inclus cela.
Je prends l'exemple d'un organisme que je connais très bien,
c'est-à-dire celui dont je m'occupe, la JOC. Il n'a pas de charte comme
telle ou d'incorporation parce qu'il fait partie d'une charte épiscopale
complète. Il en a une au niveau national, mais chaque région ne
peut pas en avoir parce qu'on fait partie d'un diocèse, d'un tout, d'une
charte épiscopale, comme je le disais. Nous, à chaque fois qu'on
veut faire affaire avec le gouvernement... Jusqu'à maintenant, cela n'a
pas posé trop de problème: on l'explique, cela va, ça
passe. Mais il y a sûrement d'autres organismes qui sont pris avec un
problème semblable ou tout simplement qui n'ont pas de charte. Cela
coûte quand même quelques dollars. Ce ne sont pas tous les
organismes qui ont les moyens de se payer cela. Il y adifférentes autres raisons aussi.
Ces organismes ont quand même un rôle important en ce qui
concerne les jeunes dans chaque région. Il faudrait trouver un
mécanisme pour les reconnaître. Nous autres, on propose trois ans
et de se servir aussi du milieu qui connaît bien chaque organisme, donc
les tables de concertation et le Secrétariat à la jeunesse.
Peut-être que vous pouvez trouver d'autres façons, mais on propose
cela.
M. Gratton: Si on disait un an plutôt que trois ans, cela
ne créerait pas de problème.
M. Ménard: Non, mais après un an on dit: II a
fonctionné un an. Ce n'est pas sûr qu'il soit stable encore. Ce
n'est pas sûr que cela fonctionne encore deux ou trois ans. Si cela fait
trois ans, c'est quand même un organisme qui a déjà un bon
bout de fait dans son milieu, qui a quand même des activités, des
actions de posées et qui est stable.
M. Gratton: Je suggère un compromis: que cela soit deux.
En tout cas, chose certaine, l'objectif qu'on vise - parce qu'on nous l'a dit
assez souvent - c'est qu'on n'a aucun intérêt à
éliminer des organismes de jeunesse qui en sont vraiment. On a aucun
intérêt non plus à se priver de candidatures
sérieuses et valables. Je présume que plus on aura de
candidatures, plus l'éventail sera grand. En supposant qu'on conserve la
formule d'un collège électoral nommé par le ministre, le
collège électoral sera plus représentatif.
En ce qui a trait à la rémunération, vous nous
suggérez sinon de ne rémunérer personne, tout au moins de
rémunérer tout le monde de la même façon. On parle
des membres du conseil. Vous avez bien saisi, je présume, qu'en ce qui a
trait aux vice-présidents et au président ceux-ci travailleraient
pour le compte du conseil à temps plein alors que les autres membres
pourraient être appelés à ne siéger que six fois. Il
y a l'obligation d'au moins une fois à tous les deux mois, donc six fois
par année. Est-ce que cela ne vous embête pas de proposer que des
gens qui travaillent à temps plein ne soient pas
rémunérés en conséquence et que des gens,
finalement, qui ne servent que comme conseillers à l'occasion...
M. Ménard: En fait, oui, cela nous embête.
D'ailleurs, si vous lisez comme il faut, vous verrez que ce n'était pas
une proposition, on voulait surtout attirer l'attention et pousser à la
réflexion ce...
Quand les 44 personnes du collège électoral vont avoir
nommé onze ou quatorze personnes, selon la décision, ces
personnes vont se réunir et vont avoir à dire: On regarde qui est
là et on propose trois personnes. C'est sûr que c'est le ministre
en charge qui va entériner cette décision, mais c'est quand
même entre eux qu'ils vont avoir à choisir les trois personnes.
Nous, on se dit: Si la proportion qui est d'environ 50 % de jeunes qui sont
sans emploi vraiment intéressant ou sans revenu, est gardée au
conseil, cela veut dire qu'il y aura cinq ou
six jeunes qui seront là qui seront sûrement
intéressés à avoir un des trois postes. L'esprit de
compétition à l'intérieur pourrait alors naître et
pourrait rester longtemps. Si dans le conseil il y a un esprit de
compétition ou de jalousie, peut être, on voit difficilement
comment chacun des membres pourra être solidaire sur des questions
importantes qui touchent à la jeunesse.
En fait, si les trois personnes, le président et les deux
vice-présidents, travaillent à l'année, elles devraient
peut-être avoir un salaire. Si on pouvait, je ne sais pas, trouver une
autre méthode dans le sens que le président et les
vice-présidents soient au même titre que les onze autres et
prendre des gens qui travaillent déjà dans le secteur public et
leur donner comme tâche d'être au service du conseil pour faire en
sorte que les décisions du conseil soient mises en place comme il l'a
demandé, trois personnes qui seraient de la fonction publique...
M. Gratton: Est-ce que vous suggérez que ces personnes de
la fonction publique soient également membres du conseil permanent?
M. Ménard: Non. Elles ne seraient pas membres du conseil
permanent. Elles ne siégeraient pas. Elles seraient seulement au service
du conseil, c'est-à-dire que le conseil ferait ses rencontres, ses
réunions, prendrait ses décisions et dirait à ces trois
personnes: II y a cela à faire.
Mme Dionne (Suzanne): C'est d'ailleurs cela qu'on souligne par
les propositions qu'on a faites dans notre mémoire quand an dit que des
permanents ne siégeant pas au conseil pourraient être
rémunérés. Cela veut dire qu'il pourrait y avoir trois
personnes d'engagées par le Conseil permanent à la jeunesse.
M. Gratton: Effectivement, il va sûrement y avoir des
ressources de la fonction publique affectées directement au Conseil
permanent de la jeunesse. On imagine mal qu'il n'y aurait pas, par exemple, un
secrétaire et un certain nombre de fonctionnaires. Je les verrais
plutôt jeunes que vieux croulants - passez-moi l'expression - ceux qui
vont travailler au service du Conseil permanent de la jeunesse. D'ailleurs, le
budget qui sera consacré au Conseil permanent de la jeunesse permettra
aux membres du conseil de prendre des décisions pour procéder
à l'engagement de ressources humaines qui vont travailler à temps
plein pour le conseil.
Une dernière question, parce que le temps passe. Vous
suggérez qu'un mécanisme d'alternance soit créé par
le conseil de façon à assurer qu'une partie de ses membres
continue de siéqer au lendemain d'une élection. Cela aussi
rejoint les préoccupations d'un certain nombre d'autres organismes. La
question que je me pose: Pourquoi nous dites-vous "créé par le
conseil"? Est-ce que vous ne le voyez pas inscrit dans la loi? Je n'ai pas
exactement saisi ce que vous vouliez dire par cela. (10 h 45)
M. Ménard: On se disait: Peut-être qu'entre eux ils
pourraient facilement trouver une méthode. S'il y a une période
d'alternance, cela veut dire qu'il y en a qui vont rester plus longtemps que
d'autres. Qui va rester plus longtemps que l'autre? Par qui ces personnes
vont-elles être choisies? C'est quand même embêtant de dire:
Untel, untel et untel va rester et tel autre et tel autre ne restera pas. On
voyait plutôt que cela pourrait être une décision prise
à l'interne; c'est-à-dire il y a des gens qui seront
intéressés à rester et d'autres, peut-être pas. Il y
en a qui auront les capacités pour rester, pour porter le projet du
conseil et d'autres, peut-être moins. Ces personnes seront aptes tout de
même à évaluer ce qu'elles auront fait ensemble, et aussi
à évaluer le mandat de chacune des personnes. Est-ce que cette
personne peut ou ne doit pas rester au conseil?
M. Gratton: Par exemple, supposons qu'on conviendrait entre nous
que ce serait la moitié des membres qui serait renouvelée
à chaque année ou à tous les deux ans. Ce que vous nous
dites finalement c'est que vous ne pensez pas qu'il soit nécessaire
qu'on inscrive cette obligation dans la loi. Vous laisseriez plutôt le
Conseil permanent de la jeunesse décider lui-même de donner, par
exemple, des directives au collège électoral pour que, lorsqu'il
se réunit... Ce n'est pas cela?
M. Ménard: Non. Au contraire, il faut l'inscrire dans la
loi, mais il faut laisser le Conseil permanent de la jeunesse décider de
la personne qui restera ou qui ne restera pas, la façon dont cela se
fera, si vous comprenez.
M. Gratton: Là, je comprends. Donc, on inscrirait dans le
projet de loi 104 qu'il faut qu'il y ait une méthode d'alternance, mais
on confierait le soin au Conseil permanent de la jeunesse de déterminer
comment assurer cette alternance.
M. Ménard: Exactement.
M. Gratton: Oui, cela me sourit. Une dernière question, M.
le Président. J'avais dît que c'était la dernière,
mais elle sera très brève. Je ne sais si vous y avez
réfléchi, mais vous pensez quoi de l'obligation, soit
légale ou autrement, que le Conseil
permanent de la jeunesse sait composé d'un nombre égal de
jeunes femmes et de jeunes garçons? Est-ce que vous vous êtes
posé la question chez vous?
M. Ménard: Non, nous ne nous sommes pas vraiment
posé la question. Remarquez que je n'ai rien contre le fait qu'il y ait
même plus de filles que de garçons, ou plus de garçons que
de filles. J'ai l'impression que ce sera plus la qualité qui va
être importante que le sexe.
Mme Dionne (Suzanne): Que cela représente vraiment la
région comme telle. Nous ne nous sommes pas arrêtés
à savoir, s'il faut avoir autant d'hommes que de femmes. C'est sûr
que si cela se fait comme cela, d'accord, mais à un moment
donné... Non, cela n'a vraiment pas été une question
soulevée chez vous. C'était plus l'aspect de la
représentativité, que vraiment le Conseil permanent de la
jeunesse soit représentatif de chacune des régions.
M. Gratton: Vous ne voyez pas d'obligation d'inscrire cela dans
la loi comme... Cela nous a été suggéré, je pense,
par l'Association des femmes diplômées d'universités qui
nous faisait valoir que si on voulait qu'éventuellement les femmes
soient représentées également à tous les niveaux il
faudrait commencer par l'inscrire dans les lois. On nous suggérait que
peut-être bien la meilleure loi, ou le meilleur exemple, par où on
pourrait commencer ce serait le projet de loi qui touche la jeunesse; cela
aurait peut-être un effet d'entraînement à l'égard de
la jeunesse.
Je vous remercie infiniment. J'y reviendrai peut-être à la
fin s'il reste du temps. J'apprécie énormément, de
même que le gouvernement, votre contribution. Je peux vous assurer que ce
que vous êtes venus nous dire ce matin sera étudié et
considéré très sérieusement.
M. Ménard: Merci beaucoup.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre. Je vais
reconnaître Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. Ménard,
Mme...
Mme Dionne (Suzanne): Dionne.
Mme Blackburn: ...Dionne, cela me fait plaisir, au nom de ma
formation politique, de vous souhaiter la plus cordiale bienvenue. Je voudrais
d'abord commencer par vous remercier d'avoir pris le temps de venir
présenter un mémoire en commission parlementaire. Comme on a eu
l'occasion de le dire de chaque côté, je dirais, de cette table,
c'est un exercice démocratique impartant. Je voudrais seulement le
rappeler, c'est que, si vous ne vous saisissez pas et vous ne prenez pas votre
droit de parole dans un tel débat, il y en a d'autres qui parlent
à votre place. Je crois important que vous soyez là.
À présent, je voudrais seulement vous dire que nous avons
eu un groupe, la Fédération des associations étudiantes de
l'Université de Montréal, qui déplorait le fait qu'on a eu
peu de jeunes qui viennent au nom des communautés religieuses, ou d'une
foi religieuse. Je trouve intéressante, également, votre
présence à ce titre à cette commission parlementaire.
Pour revenir sur la dernière question de M. le ministre
tantôt, j'aurais une petite réaction à M. Ménard qui
disait: Cela devrait être les critères de qualité qui
président au choix et non les critères de sexe. Est-ce à
dire, ou est-ce que vous pensez que le peu de femmes à
l'Assemblée nationale est dû au fait qu'on a choisi la
qualité plutôt que le sexe, par exemple, ou si ce n'est pas
dû à certains préjugés de la société,
ou à une certaine forme - je ne dirais pas de sexisme - d'habitude qui
s'est installée et qui a fait que le pouvoir appartient aux hommes?
M. Gratton: C'est peut-être un manque
d'intérêt des femmes pour la politique.
Mme Blackburn: Dans le prolongement de ce que disait le ministre
tout à l'heure, ce que proposaient les femmes diplômées,
bien que je ne sois pas de celles qui préconisent des mesures qu'on
appelle de discrimination positive partout, j'ai trouvé que leur
approche était intéressante. Elles disaient: On a là un
organisme de jeunes qui est prêt à faire une place égale
aux femmes. On pourrait peut-être inscrire dans les notes explicatives le
fait qu'on devrait retrouver un nombre égal de femmes et d'hommes.
M. Ménard: En fait, quand M. le ministre m'avait
posé la question, je n'étais pas tellement préparé
et on n'en avait pas parlé. Mais, par la suite, j'ai pensé que
cela pourrait peut-être être inscrit dans ce que nous proposons
comme mode d'élections régionales, c'est-à-dire, dans la
façon dont cela va être fait, de voir à ce qu'il y ait
autant de femmes que d'hommes.
Mme Blackburn: Je vais maintenant revenir à votre
mémoire. Les organismes que vous regroupez sont d'abord des organismes
à caractère religieux, ou financés en partie par ce qu'on
appelle le Centre d'action catholique diocésain, ou quelque chose qui
ressemblerait à cela, à l'exception, je pense, du Service
d'accueil et référence et des Groupes de soutien aux
initiatives-jeunesse.
M. Ménard: II y a aussi les Cafés chrétiens
qui...
Mme Blackburn: ...sont autonomes. M. Ménard:
...s'autofinancent. Mme Blackburn: ...qui s'autofinancent. M.
Ménard: Oui.
Mme Dionne (Suzanne): Ce sont des organismes à but non
lucratif qui vivent d'autofinancement, de dons.
Mme Blackburn: D'accord.
Mme Dionne (Suzanne): Ils n'ont vraiment pas de ressources au
pian diocésain ni gouvernemental.
Mme Blackburn: Ils n'ont pas de ressources non plus au plan
diocésain?
Mme Dionne (Suzanne): Non plus. Ils sont aussi
indépendants les uns des autres.
Mme Blackburn: Je sais que vous n'avez pas de
représentants de ce groupe à la table, mais j'aurais voulu avoir
des informations sur le Service d'accueil et référence de
Jonquière. Ensuite, j'ai relu et je pense que j'ai trouvé la
réponse. Dans la présentation qu'ils font de l'organisme, ils
disent, en parlant du Service d'accueil et référence de
Jonquière, qu'il s'adresse à tout individu âgé de
plus de 16 ans. Je me demandais quelle était la limite d'âge.
M. Ménard: Trente ans. Ce sont des jeunes.
Mme Blackburn: Oui, ce sont des jeunes. Leur budget vient de
quelle source? Quelle est leur source de financement?
M. Ménard: Vous me posez une bonne question. Je ne suis
pas au courant.
Mme Blackburn: Vous ne le savez pas non plus, c'est ce que je
pensais. Oui, d'accord.
Je voudrais revenir à l'introduction de la page 7, au dernier
paragraphe. En parlant du conseil consultatif, vous dites: "II interpellera
l'État en fonction des revendications de ses commettants. En
conséquence, l'établissement de ses priorités d'action
exigera beaucoup de rigueur". En l'absence de toute politique gouvernementale
touchant la jeunesse, selon vous, quelles devraient être les
priorités d'action du conseil permanent?
M. Ménard: Si je me souviens bien, on en parle un petit
peu dans la conclusion. Les priorités que l'on voit font
référence à l'emploi, à l'entreprenariat, à
la formation et aux politiques sociales. D'après nous, ce sont les
sujets où on devrait commencer è établir de vraies
politiques et à les mettre en place. D'ailleurs, on le souligne dans la
conclusion. Nous souhaitons que la formation de ce conseil ne retarde pas trop
ces politiques. Nous pensons qu'il est important que le gouvernement agisse au
plus vite dans le dossier de la jeunesse pour mettre vraiment sur pied des
politiques positives, comme le disait M. le ministre, tout à
l'heure.
Mme Blackburn: Â ce moment-là, vous n'attendez pas
que le conseil fournisse des avis sur l'établissement de telles
politiques. Vous dites qu'il faudrait procéder avant.
M. Ménard: Chez les organismes qui sont
agréés, je pense qu'il y en a qui peuvent déjà
donner des avis. Il est certain que le conseil pourra peut-être
compléter ces avis mais, en attendant, est-ce qu'on ne pourrait pas
déjà commencer à mettre des choses en place? Je pense que
le Secrétariat à la jeunesse est très bien placé
pour donner des avis. Il y a aussi des tables de concertation, il y a des
groupes de jeunes qui sont quand même assez près du gouvernement.
Il y a les deux partis en présence, le parti au pouvoir et celui de
l'Opposition ont des ailes jeunesse dans leur parti. Je pense qu'il y a assez
de pied-à-terre dans le gouvernement chez les jeunes pour commencer
à mettre des choses en place.
Mme Blackburn: Ce que vous nous dites, c'est que, finalement, il
y a suffisamment d'études, d'information, de recherche et de lieux de
pression. Alors, que vient faire un conseil permanent dans cette panoplie
d'organismes?
M. Ménard: Je ne dis pas qu'il y en a assez. Je dis qu'il
y en a déjà, qu'il faut commencer avec ce qu'il y a
déjà et le conseil viendra le compléter. Mais je pense
qu'il n'y en aura de toute façon peut-être jamais assez. Les
jeunes, on peut le dire, sont quand même une génération un
peu oubliée depuis quelques années. Si on les oublie, c'est
peut-être justement parce qu'il n'y a pas assez de représentation
qui se fait. D'ailleurs, on le précise à un endroit. Je ne me
souviens plus de la page, mais on dit que le conseil permanent devra être
le haut-parleur de la jeunesse par rapport au gouvernement du Québec,
quel qu'il soit, quelque parti que ce soit. Il faudra qu'il soit le
haut-parleur le plus fidèle possible, c'est-à-dire un
haut-parleur haute-fidélité.
Mme Dionne (Suzanne): Effectivement,
il y a peut-être déjà beaucoup de choses en place,
mais la plupart, c'est pour transmettre aux jeunes de l'information qui vient
du gouvernement et pour dire aux jeunes ce qui arrive; très peu part des
jeunes pour retourner vers le gouvernement. Je pense que le rôle premier
du Conseil permanent de la jeunesse est vraiment de transmettre le pouls de la
jeunesse et non de nous donner strictement l'information qui vient du
gouvernement. Présentement, il y a déjà des choses en
place, mais, si on ne veut pas mettre un conseil permanent de la jeunesse, il
va sûrement falloir changer les rôles et fonctions de certains qui
sont déjà en place parce qu'il n'y a rien qui part de la jeunesse
pour retourner vers le gouvernement.
Mme Blackburn: Vous dites que ce conseil devrait être le
haut-parleur de la jeunesse. Il y a des organismes qui nous ont fait valoir que
c'était précisément ce qu'ils craignaient le plus,
c'est-à-dire qu'on vienne encadrer le discours jeunesse pour ne nous
donner qu'une voix. On faisait valoir que la problématique est
extrêmement variée, et certains définissent la jeunesse
comme étant de 12 à 35 ans. Vous savez que cela commence à
inclure une bonne partie de la population. Si les 15-30 ans forment le tiers de
la population, on peut penser que les 12 ans viennent en ajouter encore un peu
plus. Cela fait qu'on prend une grosse partie de la population. À ce
moment-là, ils nous faisaient valoir qu'à la fois la
problématique, les situations et le dossier jeunesse étaient donc
extrêmement variés et qu'il y avait un danger dans le fait de voir
dans ce conseil un haut-parleur de la jeunesse.
M. Ménard: En tout cas, si quelques-unes de nos
propositions sont ajoutées à la loi, c'est-à-dire que
chaque région soit représentée au moins par une personne
au conseil, que le conseil siège dans chaque région au moins une
fois à tous les mandats, c'est-à-dire à tous les deux ans,
et qu'à chaque fois il y ait la possibilité d'avoir une audition
des jeunes qui auront bien le goût d'aller rencontrer le conseil pour lui
dire ce qu'ils pensent, ce qu'ils vivent et un peu leur faire part de leurs
idées et de leurs demandes, j'espère que cela va permettre
justement que le discours ne soit pas trop encadré.
Mme Blackburn: Le mode d'élection que vous proposez au
collège électoral est intéressant. Cela donne
effectivement un peu plus de pouvoirs aux organismes, mais plusieurs organismes
nous ont fait valoir que les obstacles étaient nombreux, pour ne pas
dire infranchissables, pour les jeunes de 15-18 ans. Travaillez-vous surtout
auprès des jeunes de 15, 22, 24 ans, dans ces groupes-là? Est-ce
qu'à la connaissance que vous avez de ces jeunes vous les croyez
capables, premièrement, de trouver trois organismes pour les appuyer et
deuxièmement, de faire valoir leur compétence pour siéger
à ce conseil s'ils ont quinze ou seize ans?
M. Ménard: Je pense que vous soulevez là un bon
point. Même entre 15 et 20 ans, c'est peut-être un peu plus
difficile pour les jeunes, d'abord de pouvoir vraiment mettre les pieds
là-dedans, essayer d'entrer là-dedans et, ensuite, de se faire
valoir parce que c'est sûr qu'à cet âge ils sont en train
d'acquérir leur formation, ils sont en train d'apprendre. C'est
après qu'ils réussissent à extérioriser ce qu'ils
ont appris. C'est un peu l'expérience que j'ai. J'ai l'impression que
vous soulevez un bon point. Je ne le sais pas. Il y en a sûrement qui
sont un peu plus avancés que d'autres, mais il s'agira de les trouver.
(11 heures)
Mme Dionne (Suzanne): Je suis sûre aussi que cela peut
être difficile pour les 15-20 ans de vraiment faire valoir leurs droits
comme cela, puis de se trouver des organismes pour les appuyer, mais il reste
que je ne vois pas la nécessité de limiter l'âge ou de le
fixer à 20-30 ans à cause de ce fait-là. Si jamais il y en
a un parmi les 15-20 ans qui soit capable de le faire, il faut lui donner la
chance de pouvoir être...
Mme Blackburn: Non, mon propos et le propos des organismes qui se
sont présentés ici; ce n'était pas de limiter l'âge,
c'était de garantir un certain nombre de postes aux 15-22 ans, par
exemple.
M. Ménard: Cela pourrait être une solution pour leur
permettre d'avoir une place.
Mme Dionne (Suzanne): Oui. C'est sûrement important que
l'on prévoie d'avoir des gens de cet âge-là pour ne pas se
retrouver avec seulement des 25-30 ans.
Une voix: Les vieux jeunes.
Mme Blackburn: En paqe 9 de votre mémoire, vous
recommandez que le président, les vice-présidents et tous les
membres du collège soient payés.
M. Ménard: Les membres du conseil.
Mme Blackburn: Les membres du conseil.
Généralement, le ministre vous l'a un peu expliqué, les
présidents et les vice-présidents sont à temps plein dans
tous les organismes consultatifs et ils sont là comme des
employés, finalement. Ce sont ce que l'on appelle les officiers
supérieurs avec, généralement, un secrétaire.
Le ministre disait tout è l'heure que dans tous les conseils
existants il y a effectivement un budget qui permet d'engager du personnel,
sauf que la loi prévoit que ce personnel va être engagé en
vertu des règles qui ont cours dans la fonction publique. Donc, ce
seront des fonctionnaires. Je voudrais dire en passant qu'étant
donné que ce sont des fonctionnaires il est difficile d'avoir des
critères touchant l'âge. On pourra voir des vieux croulants comme
le disait tout à l'heure le ministre, parce qu'on ne pourra pas
éliminer quelqu'un sous prétexte que, par exemple, il a plus de
35 ans. Cela me surprendrait. A moins que l'on modifie la clause qu'il y a
là, c'est difficilement imaginable.
Cependant, je voudrais dire - et peut-être que le ministre, hier,
a apporté une réponse, parce que j'ai dû partir un peu
avant la fin de l'audition du dernier mémoire - concernant les
honoraires à payer aux membres des conseils consultatifs, qu'avant la
venue de l'actuel gouvernement tous les membres des conseils consultatifs,
à l'exception de ceux qui étaient membres de la fonction
publique, recevaient des honoraires quotidiens pour chacune des séances.
C'était, pour une demi-journée, 75 $ ou 100 $, et 150 $ ou 200 $
pour la journée.
D'entrée de jeu, le gouvernement a dit qu'il ne payait plus, sauf
s'il y avait des lois qui existaient et qui prévoyaient que
c'était payé. Ce qui fait que le ministre de l'Éducation a
fait paraître dans la Gazette officielle un décret touchant les
rémunérations aux membres des conseils consultatifs. On apprend
que d'après ce décret, à l'exception de tous les membres
de la fonction publique ou parapublique, les autres membres ont des honoraires
quotidiens s'ils sont au Conseil supérieur de l'éducation,
à ses commissions, comités ou à la Commission consultative
de l'enseignement privé. Ces membres reçoivent donc une
allocation quotidienne de 150 $. Pour les autres conseils consultatifs, c'est
après douze journées de séances dans la même
année. Ils recevront 100 $ la demi-journée et 200 $ la
journée.
Comme je ne connais pas la pratique et les décisions prises dans
les autres ministères touchant les autres conseils consultatifs, j'avais
demandé, hier, au ministre de voir ce qu'était la pratique et
jusqu'à quel point il ne fallait pas accorder cette pratique et ces
décisions au Conseil permanent de la jeunesse, d'autant plus que,
malheureusement - et quelqu'un nous le rappelait hier - quand il s'agit des
jeunes, on s'attend beaucoup qu'ils fassent du bénévolat
exclusivement et qu'on ne les paie pas. Cela ne coûte pas cher, des
jeunes, et, quand ils sont fatigués, ils s'en vont et on en prend
d'autres, parce qu'ils attendent; ils ont besoin. Je dirais que ce n'est pas
toujours par intérêt qu'ils viennent, mais majoritairement par
intérêt, mais aussi parce qu'ils veulent faire quelque chose et,
à un moment donné, cela ne paraît pas mal dans un CV non
plus. Je les comprends, la situation est assez difficile.
Alors, on a souvent tendance à abuser du temps et de
l'énergie des jeunes, et je me demandais si le ministre avait
vérifié la pratique dans les autres conseils et s'il était
possible d'envisager pour ce conseil consultatif au minimum ce qui a cours au
Conseil supérieur de l'éducation et à la Commission
consultative de l'enseignement privé, c'est-à-dire une allocation
de présence pour tous les membres, pour chaque journée qu'ils
consacrent à une réunion de conseil.
Comment réagiriez-vous devant une hypothèse comme
celle-là? À la fois on a des présidents et des
vice-présidents qui sont à temps plein comme des employés
à temps plein. Ils ont donc des responsabilités comme faire des
recherches, des rédactions, réunir des personnes et ainsi de
suite. Et les membres du conseil, eux, recevraient des honoraires pour chaque
jour.
M. Ménard: Je ne sais pas. Il faudrait peut-être en
discuter. En tout cas, je sais une chose, c'est qu'on voyait aussi le danger
d'avoir les trois personnes les plus influentes du conseil
rémunérées par le gouvernement. On se disait: Bon, est-ce
qu'elles vont pouvoir dire tout ce qu'elles ont le goût de dire au
gouvernement, ou si elles ne seront pas aussi menottées par ce salaire?
Je ne sais pas, mais si je gagnais 70 000 $ ou 35 000 $ par année et que
j'avais à dire au gouvernement: Je ne suis pas sûr que
présentement tu fais ta "job" sur tel point, je ne suis pas certain si
je n'aurais pas peur de perdre mon salaire.
Mme Blackburn: Oui. Cela se défend. J'ai
déjà présidé un organisme consultatif et je ne me
sentais pas très liée, mais c'était autre chose. Mais vous
avez le choix dans les organismes consultatifs, soit que vous êtes un
peu, comme membres du conseil, dépendants de la présidence ou de
la vice-présidence, ou soit que vous le soyez des fonctionnaires. Vous
savez que ceux ou celles qui détiennent les pouvoirs dans un conseil
consultatif, c'est beaucoup ceux ou celles qui font les rédactions ou
les recherches. Si vous n'avez pas quelqu'un en permanence pour suivre un peu
et - je ne dirais pas orienter -s'assurer qu'on a bien examiné toutes
les pistes... Les membres d'un conseil consultatif qui siègent une fois
ou deux par mois n'ont pas le temps de creuser tous les dossiers qui arrivent
sur la table. Le législateur estime qu'il y a une certaine sagesse
à procéder ainsi, mais dans l'hypothèse où tous les
autres membres aussi reçoivent des honoraires.
Ce que veut me rappeller mon collègue de Jonquière, c'est
que du moment où les mandats sont... La durée des mandats est
prévue pour deux ans et pour un maximum de quatre ans. Au
deuxième mandat, il a toute sa liberté, c'est certain. De toute
façon, il ne sera pas renouvelle, quel qu'il soit. Dans ce
sens-là, le risque n'est pas aussi grand que si vous êtes
là à vie, ou quelque chose comme cela.
M. Ménard: De toute façon, sur ce point-là,
je pense que ce que nous voulions surtout faire, c'était attirer
l'attention de ceux qui vont repenser la loi parce qu'on pense qu'à
partir du moment où il y a des auditions c'est parce qu'on veut un
peu... Il y a déjà eu une ébauche et on veut la
retravailler à partir de ce qu'on va... On a voulu attirer l'attention
sur ce fait et peut-être aussi pour que la réflexion aille un peu
plus loin et qu'on fasse plus attention à ce point. On n'avait pas
vraiment de solution. C'est sûr qu'il y a les points concernant les
syndicats et plein de choses que nous ne connaissons pas dans le fond. On n'est
pas des habitués de l'Assemblée nationale ni du Parlement.
C'était plus une attention qu'on voulait apporter, et non pas une
proposition qu'on faisait.
Mme Blackburn: Dans vos organismes, ce sont des jeunes d'un peu
moins de 24 ans. J'imagine qu'au Café Chrétien, c'est 14, 15, 16
ans. C'est peut-être un peu difficile pour vous de répondre. Mais,
quand vous dites être favorable à un organisme consultatif, on
peut penser que c'est plus les animateurs qui le sont que les jeunes. Est-ce
que vous avez eu l'occasion d'en parler avec les jeunes?
M. Ménard: Du conseil permanent?
Mme Blackburn: Oui. De la question d'un conseil consultatif.
M. Ménard: En tout cas, j'ai fait lire l'ébauche du
mémoire qu'on avait déjà rédigé à
quatre ou cinq jeunes qui font partie du mouvement dont je m'occupe, et qui
sont un peu plus formés, un peu plus au courant comment cela se passe.
Ils étaient d'accord avec ce que nous avions écrit à ce
moment-là, et ce que vous avez devant vous, c'est exactement ce qu'on
avait rédigé à ce moment-là aussi. On n'a pas
apporté de changements depuis.
Mme Blackburn: Plusieurs organismes nous ont fait valoir que ce
conseil consultatif devrait avoir des pouvoirs réels, par exemple, des
pouvoirs touchant la reconnaissance et le financement des organismes jeunesse,
des pouvoirs sur la distribution de... Hier, il y avait quelqu'un disant qu'il
fallait que ce conseil puisse disposer d'un budget pour donner des subventions
à des entreprises de jeunes qui sont en train de démarrer, qu'il
faudrait qu'il y ait un certain nombre de pouvoirs. On disait que ce dont on
avait davantage besoin, c'était à la fois un conseil consultatif
qui donne des avis au ministre, mais également un lieu où on a
certains pouvoirs de reconnaissance, de financement. Aussi, il y en a beaucoup
qui parlaient de la nécessité de maintenir des points de services
dans les régions et, également, de maintenir le collège
électoral régional. Donc, une espèce de table de
concertation régionale. Comment réagissez-vous à des
hypothèses de cette nature?
M. Ménard: J'avoue qu'on n'en a pas parlé. Je ne le
sais pas. Je ne pourrais pas vraiment répondre à votre question.
En tout cas, on n'a pas réfléchi à cela. On s'est plus
encadré avec la loi. On a regardé la loi comme telle et on a dit:
On va apporter nos propositions là-dessus. Non, on n'a pas vraiment...
Sauf qu'on a dit, à un moment donné - on l'a écrit en
conclusion - que ce serait important que le gouvernement débloque des
fonds et que ce ne soit pas juste à cette structure que Ies fonds
servent, mais aussi aux organismes jeunesse.
Mme Blackburn: D'accord. Si par exemple, vous accordez votre
appui au conseil consultatif, j'ai cru comprendre que c'était aussi dans
l'hypothèse où vos résolutions étaient
acceptées, sinon...
M. Ménard: Nous voyons le conseil avec
l'amélioration que l'on pense y apporter. Il y a sûrement d'autres
groupes qui ont apporté des recommandations très
intéressantes. Comme le projet de loi a été
présenté, on dit: Oui, on est d'accord, cela va. Un conseil,
peut-être que c'est important, mais pa3 tel qu'il est, en tout cas. Ce
qu'on veut, c'est vraiment que l'on apporte des changements et des
améliorations.
Mme Blackburn: Très bien. Écoutez, comme mon temps
est écoulé - le président m'a fait signe tout à
l'heure - je voudrais vous remercier de votre participation à cette
commission et également vous dire que j'ai beaucoup
apprécié la qualité de votre mémoire. Comme vous
l'avez souligné, vous ne dépassez pas beaucoup les cadres du
projet de loi, mais les propositions que vous faites sont pertinentes. C'est
avec beaucoup d'intérêt que j'en ai pris connaissance, de
même que mes collègues. Je vous remercie.
M. Ménard: Nous vous remercions beaucoup de nous avoir
entendus.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, Mme la
députée de Chicoutimi.
Maintenant, M. le ministre, si vous voulez conclure, il voua reste une
minute.
M. Gratton: Je la prends tout simplement pour
réitérer nos remerciements à M. Ménard et à
Mme Dionne. Nous avons fort apprécié... Je fais miens les propos
de Mme la députée de Chicoutimi quant à la qualité
et à la pertinence de vos recommandations qui, comme je le disais
tantôt, seront considérées très sérieusement.
Merci infiniment d'être venus nous rencontrer.
Mme Dionne (Suzanne): Merci. M. Ménard: Merci
beaucoup.
Le Président (M. Marcil): Mme Dionne, M. Ménard,
merci beaucoup de votre participation è cette commission parlementaire.
Nous allons suspendre nos travaux 60 secondes afin de permettre aux
représentants du groupe suivant, qui est la Confédération
des associations d'étudiants et d'étudiantes de
l'Université Laval, de se présenter en avant.
(Suspension de la séance à 11 h 13)
(Reprise à 11 h 14)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
platt! Messieurs les députés, veuillez prendre vos places, s'il
vous plaît! Maintenant, nous allons procéder à l'audition
du mémoire de la Confédération des associations
d'étudiants et d'étudiantes de l'Université Laval.
À l'ordre, s'il vous plaît! Vous pourriez continuer votre
discussion par la suite.
Est-ce que vous pourriez vous identifier, s'il vous plaît?
Confédération des associations
d'étudiants et d'étudiantes de l'Université Laval
Mme Morency (Julie): Mon nom est Julie Morency. Je suis adjointe
à l'exécutif de la confédération
étudiante.
M. Foy (Richard): Bonjour. Mon nom est Richard Foy. Je suis
responsable du CES, du Carrefour de l'entreprenariat et des services de
coopération de la CADEUL, la confédération
étudiante.
M. Baillargeon (Jean): Mon nom est
Jean Baillargeon. Je suis conseiller spécial à la
CADEUL.
Le Président (M. Marcil): Très bien. Mme Morency,
M. Baillargeon, de même que M. Foy, soyez les bienvenus à cette
commission parlementaire. Vous connaissez un peu la procédure. Vous avez
20 minutes pour exposer votre mémoire et ensuite on enclenchera une
période de questions de part et d'autre de cette commission
parlementaire. Nous vous écoutons avec la plus grande attention.
M. Foy: Je vous remercie. Je vais faire une présentation
du document qu'on a déposé un peu tardivement, on s'en excuse.
Vous comprendrez que, quand on travaille avec des jeunes...
Au nom de la Confédération des associations
d'étudiants et d'étudiantes de l'Université Laval, nous
sommes heureux de présenter aujourd'hui notre mémoire portant sur
le projet de loi 104, loi sur la création du Conseil permanent de la
jeunesse.
La Confédération des associations d'étudiants et
d'étudiantes de l'Université Laval regroupe plus de 25 000
membres pour la plupart âgés entre 19 et 30 ans, inscrits au
premier cycle universitaire. Incorporée en vertu de la troisième
partie de la Loi sur les compagnies à l'été 1981, la
CADEUL a pour objectif de regrouper, de défendre, d'informer, de faire
connaître et de promouvoir les droits et les intérêts
économiques, pédagogiques, culturels et sociaux des
étudiants de l'Université Laval.
C'est dans ce cadre que vous est présenté aujourd'hui ce
mémoire concernant le projet de loi 104 portant sur la création
du Conseil permanent de la jeunesse. Il importe de mentionner que le projet de
loi a fait l'objet d'une présentation auprès des
délégués de notre conseil dès novembre 1986 afin de
favoriser l'échange et les discussions au sein de nos instances. Ce
processus s'est échelonné jusqu'en janvier dernier où fut
adopté un cahier de propositions portant sur les grandes orientations de
la confédération face à ce projet de Conseil permanent de
la jeunesse.
Ainsi, la CADEUL se prononce en disant un "oui conditionnel" à ce
projet dans la mesure où le gouvernement considère les cinq
propositions suivantes: élaboration, dans les plus brefs délais,
d'une politique de reconnaissance et de financement des groupes de jeunes;
création d'un poste ministériel exclusivement dévolu aux
intérêts de la jeunesse; augmentation de la représentation
étudiante dans les conseils ayant trait à l'enseignement
supérieur; création, dans les premiers mois de fonctionnement du
CPJ d'une commission sectorielle sur l'enseignement supérieur et,
finalement, implication plus directe des organismes de jeunes dans le processus
de nomination des membres du CPJ et au sein des commissions sectorielles.
Pour voir un peu plus en détail ces cinq grandes orientations que
nous avons données dans notre mémoire, je vous invite à
passer à la page 3, à la pertinence du conseil. S'il était
nécessaire pour le
gouvernement d'obtenir l'appui massif des étudiants et des jeunes
en général afin de créer le Conseil permanent de la
jeunesse, force serait de constater que le président du Conseil du
trésor ferait quelques économies supplémentaires.
En effet, le projet de loi 104 n'aura pas provoqué de bataille
dans les autobus. Que ce soit à l'intérieur des diverses
composantes de notre confédération ou à l'extérieur
du mouvement étudiant, les jeunes et leurs représentants auront
peu débattu des tenants et des aboutissants de ce projet de loi.
Cependant, cette réalité politique bien contemporaine pour notre
génération n'enlève rien à la valeur des objectifs
poursuivis par ce projet. C'est pourquoi la CADEUL accorde un appui de principe
à la création du conseil. Cette position se justifie en regard
des nombreux efforts que les organisations étudiantes et de jeunes en
général ont faits depuis quelques années afin d'augmenter
la nécessaire surface de contact entre notre génération et
les différents Intervenants socio-économiques.
La CADEUL a comme philosophie de s'intéresser aux débats
de notre société et de participer positivement, en fonction de
ses ressources et priorités au fonctionnement des structures et
instances qui la concernent. Â ce titre, nous soulignons la participation
de la confédération lors des audiences sur le financement des
universités l'automne dernier et sa présence soutenue depuis
plusieurs années au sein des conseils et comités du monde de
l'éducation.
De plus, la CADEUL a été et est associée à
l'évolution de la dynamique jeunesse des dernières années.
Du Sommet québécois de la jeunesse à l'année
internationale, la confédération et ses membres se sont
impliqués afin de permettre aux jeunes de prendre la place qui leur
revient dans la société québécoise. C'est pourquoi
nous considérons que le Conseil permanent de la jeunesse pourra
constituer un outil supplémentaire pour favoriser une meilleure
compréhension des réalités et difficultés que
rencontrent et rencontreront les jeunes d'aujourd'hui et de demain.
Cependant, cet appui de principe ne se fait pas sans certaines
réserves que nous considérons comme essentielles afin d'assurer
toute la légitimité et l'autonomie dont aura besoin, pour
être efficace, le Conseil permanent de la jeunesse.
La reconnaissance des organismes, élément majeur de notre
position. Pour la CADEUL, l'élaboration et la mise en place d'une
politique de reconnaissance et de financement des organismes de jeunes
constituent un élément essentiel et préalable au
fonctionnement du Conseil permanent de la jeunesse. Cette affirmation
s'explique par les nombreuses représentations que les organismes ont
effectuées auprès du gouvernement depuis quelques années
à ce sujet. Le colloque d'IMAJ à l'été 1985 fut
très révélateur de la nécessité d'une telle
politique qui aurait pour effet de consolider les organisations de jeunesse
oeuvrant dans les différents secteurs d'activités. Sans la
consolidation de ce réseau d'organisations tant nécessaire pour
le développement d'expertises spécifiques en matière
d'interventions jeunesse, le Conseil permanent de la jeunesse risque
l'isolement et la perte de crédibilité.
À ce titre, le souci pour le gouvernement d'associer les groupes
de jeunes à cette présente commission parlementaire et à
l'intérieur des mécanismes de référence des
candidats auprès du futur collège électoral
démontre clairement l'importance des organisations jeunesse face
à ce projet de loi. De plus, certaines politiques de reconnaissance et
de financement actuellement en application ont fait leurs preuves. La loi 32
reconnaissant les associations étudiantes constitue un bel exemple.
C'est de même pour les maisons de jeunes et dans différents autres
secteurs d'activité, d'ailleurs. Alors, pourquoi ne pas permettre au
Secrétariat à la jeunesse de poursuivre plus activement les
démarches qu'il avait déjà amorcées à ce
sujet en 1985? Nous nous souvenons également que le Parti libéral
du Québec s'est prononcé contre le projet de loi 32 en 1983.
Est-ce toujours la même position qui anime le gouvernement concernant une
éventuelle politique de reconnaissance et de financement des groupes de
jeunes? À ces questions, nous demandons des réponses avant que
soit mis en branle le processus de création du Conseil permanent de la
jeunesse.
Concernant la proposition relative au ministre de la jeunesse, la
Confédération des associations d'étudiants et
d'étudiantes de l'Université Laval propose au gouvernement la
création d'un poste ministériel exclusivement dévolu aux
intérêts de la jeunesse. Plusieurs facteurs nous incitent à
vous soumettre cette proposition. D'abord, nous croyons que les jeunes
représentent un pourcentage suffisamment important de la population pour
justifier un tel poste. Les caractéristiques particulières de ce
groupe de citoyens constituent également un élément
important. Considérant l'importance de tendre vers une meilleure
harmonisation des politiques gouvernementales destinées aux jeunes, il
nous semble essentiel qu'un ministre ait le mandat spécifique de voir
aux relations interministérielles nécessaires pour l'application
des mesures destinées à la jeunesse.
Enfin, nous sommes d'avis qu'un premier ministre, puisque c'est lui qui,
à l'heure actuelle, a le mandat du dossier jeunesse, n'a pas toujours le
temps, ni nécessairement l'intérêt de s'occuper à
fond
d'un tel dossier, même s'il possède un pouvoir de
persuasion indéniable.
Quant à la participation dans les structures publiques, comme
nous l'avons présenté au début du mémoire, la
CADEUL promulgue la participation des étudiants à
l'intérieur des différentes instances et structures concernant de
près ou de loin le monde universitaire. De plus, la
confédération étudiante est consciente de la
sous-représentation des étudiants et des jeunes en
général dans les diverses instances et structures de notre
société. C'est pourquoi la CADEUL considère que le Conseil
permanent de la jeunesse peut constituer une plate-forme nouvelle pour
promouvoir les intérêts des jeunes. Cependant, il importe de
s'assurer que ce conseil ne se transformera pas en un ghetto jeunesse.
Pour éviter ce risque, la confédération propose que
le CPJ voie à accroître la représentation des jeunes dans
les différents conseils et comités déjà existants.
À cette fin, la CADEUL propose que la représentation des
étudiants aux conseils ayant trait à l'enseignement soit accrue,
à savoir: le Conseil des collèges, le Conseil des
universités et qu'enfin les étudiants soient invités
à siéger au Conseil supérieur de l'éducation.
Le fonctionnement du conseil lui-même? En ce qui a trait au
fonctionnement du Conseil permanent de la jeunesse, la CADEUL propose deux
grandes orientations. Nous avons préféré y aller avec une
approche de grande orientation, plutôt qu'avec une rédaction
d'éléments de projets de loi. Vous comprendrez que vous avez
probablement plus les ressources humaines pour rédiger des amendements
ou des éléments dans un projet de loi. D'abord, assurer une
autonomie effective du conseil par rapport au gouvernement. Ce premier volet
signifie que le CPJ devrait avoir entière autonomie pour ce qui est de
ses priorités de travail, de sa stratégie interne, de ta
régie interne, de ses budgets et ressources humaines. Bien qu'il soit
normal que le gouvernement demande des comptes quant à l'utilisation des
fonds publics, le projet de loi devrait être formulé de
façon à assurer une plus grande indépendance du conseil
par rapport au ministre responsable, principalement en ce qui concerne la
"priorisation" des thèmes de travail. Deuxièmement, le projet de
loi devrait spécifier davantage le rôle et l'apport des
organisations de jeunes. Le projet devrait permettre à des organismes ou
à des regroupements d'organismes d'être représentés
au sein du collège électoral. Enfin, le projet de loi 104 devrait
spécifier, de façon explicite, la possibilité pour les
organismes de siéger à des comités sectoriels du CPJ.
En guise de conclusion, la Confédération des associations
d'étudiants et d'étudiantes de l'Université Laval
désire attirer l'attention du gouvernement sur les limites d'un tel
conseil. Bien que nous souhaitions que la CPJ puisse jouer un rôle
dynamique au sein de l'appareil gouvernemental, nous devons reconnaître
que ses moyens et possibilités sont très limités par
rapport à certains problèmes auxquels sont confrontés les
jeunes; par exemple, le chômage. Cependant, nous devons tous
espérer que le Conseil permanent de la jeunesse pourra tout au moins
présenter et proposer de nouvelles avenues qui permettront aux jeunes et
au gouvernement de mieux préparer l'avenir.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. Foy. Maintenant, nous
allons passer la parole à M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, évidemment, je tiens
à remercier la Confédération des associations
d'étudiants et d'étudiantes de l'Université Laval pour la
présentation de son mémoire, mémoire dont j'ai pris
connaissance seulement ce matin, après son dépôt. Je suis
très heureux de constater qu'il semble y avoir eu évolution dans
l'opinion de la confédération et de ses représentants
entre le dépôt du mémoire préalable et celui de ce
matin.
Ma première question sera pour savoir ce qui vous a amenés
à modifier non pas l'ensemble de la perspective dans laquelle vous avez
vu le projet de loi 104, parce que je constate que vous avez encore
d'énormes réserves et que vous posez des conditions auxquelles on
tentera de répondre tantôt...
J'avais compris, du premier mémoire, que vous vous opposiez
presque systématiquement à la création d'un Conseil
permanent de la jeunesse que vous voyez plutôt comme ce que vous appeliez
un nouveau mode de représentation qui n'avait pas sa place, compte tenu
de la présence d'organismes déjà existants. Vous venez
nous dire ce matin que, effectivement, cela peut constituer un outil dont la
portée est limitée - on en convient avec vous - mais que cela
peut quand même constituer un outil valable. Alors, pourrais-je vous
demander dans quel contexte vous en êtes venus, non pas à
réviser vos positions, mais à les préciser un peu
plus?
M. Foy: Oui, effectivement, c'est une question de
précision. On est passé de "noui" à un oui critique. Je
crois que c'est à...
M. Gratton: C'est-à-dire d'un non à un oui
critique.
M. Baillargeon: Pas tout à fait.
M. Foy: Pas tout à fait. On avait quand même
manifesté certaines ouvertures quant au rôle... Si vous
prenez...
M. Gratton: Alors, j'avais mal compris. Allez-y.
M. Foy: Quand vous prenez note... Je ne sais pas quel document on
vous a remis, c'est probablement celui du mois de novembre qui a
été été remis avec le projet de loi lors de la
première présentation, lors des premières discussions
qu'il y a eu dans nos instances au mois de novembre. Alors, c'est
évident et c'est un peu pourquoi on a soumis un document, on souhaitait
qu'il y ait discussion au sein de nos instances par rapport au projet de loi et
par rapport aux positions que les gens pouvaient prendre par rapport à
cela. Le projet a cheminé, il y a eu discussion dans certaines
associations locales et, ensuite au conseil des délégués,
au mois de février, où l'on a assis une position plus solide,
avec plus d'arguments, un peu plus creusée.
C'est évident, vous le reconnaissez vous-même, la
possibilité de changement que peut apporter dans une
société un conseil du genre est relativement limitée. On
s'entend là-dessus, je crois, et c'est un peu par rapport à cela
qu'on a réagi dans un premier temps. Considérant l'ensemble des
problèmes auxquels les jeunes sont confrontés, c'est un... On
considérait cela, dans un premier temps, comme un petit bonbon. Dans le
fond, on n'attaquait pas les vrais problèmes que sont le chômage,
la qualité de notre formation et la participation des jeunes dans les
instances reliées au monde universitaire, etc. On considère que
ce sont ces éléments qui sont majeurs. Cependant, on le
précise quand même de façon un peu plus
détaillée dans le mémoire qu'on présente
aujourd'hui, notre mémoire final, on a toujours convenu du fait que les
jeunes étaient sous-représentés dans les instances de
notre société et que nous devons maximiser les plates-formes
d'intervention où les jeunes peuvent présenter leurs
idées, leurs projets et faire valoir leurs intérêts en tant
que tels. (11 h 30)
C'est dans cette optique que l'on intervient, d'ailleurs, aujourd'hui.
Cela nous amène un peu aussi à préciser la nature, du
moins... la manière dont on voit le conseil permanent, c'est de dire
qu'il ne faudrait pas... Quand on parle de "ghettorisation" des jeunes à
l'intérieur d'une instance, c'est de dire: Si le conseil peut permettre
d'augmenter la présence des jeunes dans les autres instances, cela peut
devenir un instrument utile. Cependant, si cela devient l'endroit où les
jeunes vont à la place d'aller dans d'autres instances qui sont
peut-être plus pertinentes quelquefois, on considérera que le
rôle du conseil permanent sera nuisible, dans le sens où il
limitera la participation des jeunes dans plusieurs champs d'activité
pour la concentrer dans un lieu. Vous avez votre conseil, les jeunes,
contentez-vous de cela et ne venez pas demander de place auprès du
Conseil supérieur de l'éducation, etc.
Nous proposons une optique positive, celle de dire: Essayons-le, mais
cela doit avoir des résultats quand même en matière de
représentativité des jeunes dans les autres instances et dans les
différents champs d'activité fondamentale.
M. Baillargeon: J'ai un complément de réponse
aussi. Cet automne, la conjoncture politique nous avait fait craindre
justement, entre autres à la suite du dépôt du rapport
Gobeil, la disparition de certains conseils, que ce soit le Conseil des
collèges ou le Conseil des universités, et on a rencontré
le premier ministre, M. Bourassa, il y a deux ou trois semaines environ et il
nous a rassurés sur cette question. Cela a sûrement aidé
aussi à réviser notre position, parce que, justement, si on veut
créer un Conseil permanent de la jeunesse qui est consultatif et si, en
même temps, on veut abolir d'autres conseils, on se demande où on
s'en va et cela aurait pu créer le "qhetto jeunesse" que nous ne voulons
pas. Nous voulons quand même que les jeunes ou les étudiants
puissent siéger à d'autres conseils. Le gouvernement a
reculé lui aussi, il a changé d'idée, semble-t-il, ou en
tout cas il n'a pas donné suite au rapport Gobeil; alors, pour nous
évidemment, c'est un pas dans la bonne direction. La conjoncture
politique ayant évolué cet automne, notre premier document a
évolué aussi.
M. Gratton: Seulement une petite précision: il ne s'agit
pas d'un recul ou d'un changement d'idée du gouvernement. Le rapport
Gobeil faisait un certain nombre de propositions; notamment, par exemple, il
proposait qu'on coupe le ministère du Revenu en deux. J'en parle parce
que j'en suis le titulaire et qu'on retourne au gouvernement
fédéral la perception des impôts personnels. C'est l'une
des recommandations qui n'a pas été retenue, comme un certain
nombre d'autres visant l'abolition de certains conseils consultatifs. Ce n'est
pas un reproche que je vous fais d'avoir... Je vais vous faire un aveu
très candide. Je n'ai pas participé à la
préparation du projet de loi 104. J'en ai pris connaissance au Conseil
des ministres par le biais du mémoire qui a été
présenté par le premier ministre, comme cela se veut, et au
comité de législation. Ne sachant pas à ce
moment-là que je serais appelé à remplacer le premier
ministre ici, en commission parlementaire, je n'y ai pas porté la
même attention que j'y porte depuis cinq ou six jours que nous sommes en
commission parlementaire.
Je vous avoue franchement que ma réaction initiale a
été un peu de me dire:
Bon, un autre organisme qui va faire quoi, finalement? Est-ce que cela
va changer bien des choses? C'est seulement ici, en commission parlementaire et
durant la préparation de celle-ci, que je me suis rendu compte des
vraies raisons d'être du conseil permanent.
Vous avez tout à fait raison de dire, et je partage votre point
de vue, qu'il ne s'agit pas là de la panacée à la
situation jeunesse. On ne s'imagine pas - j'ai eu l'occasion de le dire et j'en
profite pour le redire - qu'on vient d'inventer la roue tout à coup en
créant le Conseil permanent de la jeunesse et que, dorénavant, on
pourra se laver les mains au gouvernement de toutes les situations parce que
c'est réglé le Conseil permanent de la jeunesse va s'en occuper!
Ce n'est pas vrai. Le Conseil permanent de la jeunesse va s'occuper de
conseiller et d'aviser le gouvernement, pas moins et pas tellement plus, non
plus.
Ce que vous disiez à cet effet, c'est le premier ministre
lui-même qui l'a dit dès le début de nos travaux dans sa
déclaration. Je pense que cela vaut la peine que je le relise, c'est
très court. M. le premier ministre disait: Fournir aux jeunes les moyens
qui leur soient propres ne signifie nullement les stationner sur une voie
d'évitement ou les marginaliser. Cela signifie leur donner les outils
complémentaires qui les assurent d'une participation pleine,
entière et meilleure aux affaires qui les concernent. C'est à ce
prix qu'ils seront en mesure d'exercer avec succès leur rôle
d'agents de changement et de pénétrer progressivement nos
organisations qui, à n'en point douter, ne s'en porteront que mieux.
Il n'est pas question par le biais du Conseil permanent de la jeunesse
de faire disparaître ou même d'avoir quelque velléité
de faire disparaître des organismes déjà existants et
d'autres qui pourront être recréés, bien au contraire,
c'est d'essayer de trouver une façon, la plus efficace possible, de
permettre au gouvernement de se renseigner, d'obtenir des avis et des conseils
d'un groupe qui est aussi représentatif que possible de l'ensemble de la
jeunesse québécoise.
À ce propos, cela m'amène à vous poser une
question. Parmi les conditions que vous posez pour accorder votre oui à
la création du conseil permanent, je vous parle de la quatrième
condition: la création dans les premiers mois de fonctionnement du
Conseil permanent de la jeunesse d'une commission sectorielle sur
l'enseignement supérieur. Je comprends fort bien votre
intérêt à faire une telle proposition, mais, dans la
perspective où on dit que le Conseil permanent de la jeunesse devrait
établir ses priorités avec la plus grande autonomie possible -
j'y reviendrai tantôt parce que vous soulevez la question de l'autonomie
du conseil - croyez-vous vraiment que c'est au gouvernement qu'appartient la
décision d'imposer dès le départ, au préalable, la
création d'une commission sur l'enseignement supérieur au Conseil
permanent de la jeunesse?
M. Foy: Je crois qu'on doit mentionner un élément
important à ce sujet. La question des commissions sectorielles ou des
commissions spéciales est mentionnée dans le projet de loi.
Cependant, on ne la spécifie pas. On dit que cela peut être des
qens qui ne sont pas nécessairement membres du conseil permanent sans
nécessairement préciser la nature des organismes. La façon
pour nous - et vous comprendrez qu'on s'occupe des affaires étudiantes -
de s'assurer qu'une des préoccupations majeures des jeunes, soit
l'éducation, soit traitée de façon
privilégiée dam ce conseil, c'était d'y aller clairement
en faisant valoir notre position, une commission sectorielle à laquelle
pourraient siéger des individus autres et même des
représentants d'organismes. Des individus et des représentants
d'organismes, ce n'est pas nécessairement la même affaire. On sait
que, dans ce projet de loi, on favorise davantage les candidatures
individuelles, les individus, etc. Sans nécessairement imposer, de
façon automatique ou obligatoire, la représentativité
d'organismes, parce qu'on sait ce que cela impose comme mécanisme de
représentation et de délégation, on comprend que, pour la
souplesse de fonctionnement d'un conseil, il faut quand même qu'il y ait
un certain nombre d'individus qui y vont sur une base personnelle. On
présente clairement notre optique par rapport à ce conseil. On
veut qu'il y ait une commission. C'est évident -et nous le souhaitons,
d'ailleurs - que le conseil déterminera ses champs d'activité,
ses principes et ses principales préoccupations dans les premiers temps,
mais tout au moins il sera au courant de notre position, M. le ministre.
M. Gratton: Si je comprends bien... Ouï, je m'excuse,
allez-y, monsieur.
M. Baillargeon: Oui, c'est pour compléter un peu. On veut
que toutes les différentes qualités rattachées au fait
d'être jeune soient vraiment représentées dans
différentes commissions. On parle d'une commission, mais il pourrait en
avoir un certain nombre d'autres, par exemple, des commissions de gens qui
s'intéressent aux jeunes décrocheurs du secondaire, aux jeunes
assistés sociaux, aux chômeurs, etc. Mais ce qui arrive - et c'est
aussi à la suite d'une expérience passée - entre autres,
au Secrétariat à la jeunesse dans les années
passées, quand on parlait des jeunes
universitaires ou des jeunes de niveau postsecondaire, on
considérait que ce n'étaient pas de vrais jeunes parce qu'ils
étaient favorisés par rapport aux jeunes décrocheurs du
secondaire. À partir de ce moment-là, si on crée un
Conseil permanent de la jeunesse fourre-tout un peu, on risque d'opposer
justement les jeunes qui souffrent de certains types de problèmes
à d'autres qui ont d'autres types de problèmes qui ne sont pas
nécessairement les mêmes. C'est sûr que cela dépend
des valeurs de la société. Maintenant, on pourrait dire que la
priorité du Conseil permanent de la jeunesse, ce sont les jeunes
assistés sociaux, par exemple. Il est sûr que cela peut être
une priorité. On ne dit pas le contraire, sauf que nous ne voulons pas
opposer une priorité de ce type-là à une autre
priorité qui pourrait venir, par exemple, du monde de l'éducation
ou du sous-financement, par exemple, des universités On pense qu'il doit
y avoir... Le point de vue étudiant est malheureusement
sous-représenté au Conseil des universités et pratiquement
inexistant au Conseil des collèges où à peine un
étudiant a été nommé de peine et de misère
il y a deux ans. Au Conseil des universités, je pense qu'il y a deux
étudiants et au Conseil supérieur de l'éducation, il n'y
en a pas vraiment. Il y en a dans certaines commissions, mais il n'y en a pas
au conseil supérieur comme tel.
Beaucoup de gens parlent au nom des étudiants, prétextant
que dans leurs revendications, que ce soient les administrateurs
d'universités ou les syndicats de professeurs, ils défendent les
intérêts des étudiants à travers leurs propres
intérêts. Nous sommes fatigués de cela et on n'a pas le
pouvoir de vraiment faire comprendre toutes nos revendications au moyen des
conseils qui existent déjà. Nous ne voulons pas, non plus, nous
opposer à d'autres types de jeunes qui sont dans d'autres conditions.
Nous sommes prêts à les aider. Entre autres, la CADEUL, avec la
création de son CESC, est un exemple concret que nous sommes ouverts
pour aider des organismes de jeunes qui n'ont pas les moyens de se payer des
professionnels. Par exemple, nous offrons la possibilité que des
étudiants universitaires aident ces jeunes. Nous sommes fatigués
aussi d'opposer, si on veut, jeunes dits favorisés à jeunes
misérables. Nous n'acceptons pas cette conception. Cela crée des
ghettos, des oppositions inutiles. Nous ne voulons pas qu'il y ait des
débats évacués au Conseil permanent de la jeunesse, sous
prétexte qu'à un moment donné, les gens vont s'attendrir
davantage sur la condition des jeunes assistés sociaux et vont opposer
cela aux jeunes universitaires, dits favorisés, par exemple.
M. Gratton: Je comprends bien votre point de vue et je pense que
je saisis la nuance que vous faites. C'est pour cela que je vous pose la
prochaine question. C'est pour m'assurer qu'on se comprend "bien. Si vous me
proposez la création de cette commission sur l'enseignement
supérieur -vous nous dites: dans les premiers mois - je dois comprendre
donc que ce n'est pas nécessairement une recommandation ou une condition
que vous posez que cela soit inscrit dans la loi comme une obligation. Vous
nous parlez d'une commission sur le conseil supérieur. Mme la
députée de Chicoutimi vous parlera peut-être tantôt;
en tout cas, elle a fait état au cours de nos travaux qu'elle
souhaiterait que nous inscrivions dans la loi l'obligation de créer au
moins deux commissions, une sur l'emploi, l'autre sur l'adolescence.
Je suis loin d'être défavorable à ce qu'il y ait
éventuellement ces deux commissions, de même que celle que vous
proposez, sauf que, vous voyez, nous sommes déjà rendus à
trois et on pourrait avoir autant de représentations de la part d'autres
groupes de jeunes. Finalement, si on inscrit tout cela dans la loi, on se
trouve à dicter au Conseil permanent de la jeunesse ses priorités
et à faire ce qu'on ne souhaite justement pas.
Je souhaiterais que, plutôt que de parler d'opposition au sein du
Conseil permanent de la jeunesse, de points de vue différents ou
d'intérêts différents, on parle de sensibilisation des uns
à l'égard des autres. Il y a une méprise chez un certain
nombre de jeunes, et ce n'est pas limité aux jeunes, cela s'applique aux
moins jeunes. On a des préjugés, on a tendance à traiter
les étudiants universitaires comme des privilégiés, alors
qu'on sait fort bien qu'il y en a un certain nombre qui sont beaucoup plus mal
pris que ceux qu'on appelle les défavorisés. Il me semble qu'il y
a lieu pour le gouvernement de trouver une façon qu'il y ait
représentation, la plus parfaite possible, de tous ces
intérêts, d'abord au collège électoral, que nous
proposons, ensuite, par conséquent... Je veux m'assurer que vous
n'êtes pas en train de nous dire que votre oui est assaisonné
d'une condition qu'on retrouve dans la loi une disposition sur la
création d'une commission sur l'enseignement supérieur. Si je me
trompe, dites-le-moi, c'est le moment.
Mme Morency: II serait intéressant de penser, un peu comme
le Conseil supérieur de l'éducation où cela fait l'objet
de la loi également, créer des commissions de l'enseignement
primaire, de l'enseignement secondaire, de l'enseignement universitaire, qui
font des recommandations au Conseil supérieur de l'éducation. On
sait aussi comment cela se passe dans les réunions de ces conseils. Ce
n'est pas tout le monde qui est compétent sur des questions
particulières.
Au total, les gens doivent discuter d'un projet, mais il pourrait
être intéressant que des commissions se penchent sur des
problèmes particuliers. Notamment, cela peut être dans le domaine
de l'emploi, dans le domaine des affaires sociales, de l'éducation ou
des loisirs, mais on pourrait penser à des commissions sectorielles. Il
faudrait aussi laisser la liberté de former des comités ad hoc
sur des questions particulières, sur de grandes questions qui concernent
les jeunes. En nommant une commission sur l'emploi, cela ne veut pas dire
orienter le Conseil permanent de la jeunesse en ce sens. Il pourrait être
pertinent de nommer des commissions où des gens compétents dans
le domaine pourraient siéger et faire des recommandations par la suite
au conseil. (11 h 45)
M. Gratton: Cela m'amène à répondre à
une autre objection ou, si vous voulez, une constatation que vous faites dans
votre mémoire quant à l'autonomie du conseil permanent. Ce que je
veux dire par là, c'est que si on devait inscrire l'obligation pour le
Conseil permanent de la jeunesse de procéder à la constitution de
quatre, cinq ou six commissions permanentes avant même qu'il n'existe, le
moins qu'on puisse dire, c'est qu'on lui donne un certain nombre de
priorités sans qu'il y ait participé. De la même
façon, on nous reproche, quant à l'article 29, que le conseil
doit fournir des avis au ministre. Ce qu'on a indiqué hier -et je le
répète ici pour que ce soit clair -c'est que l'esprit du projet
de loi, ce n'est pas de permettre au gouvernement, par le biais de son ministre
- que ce soit le premier ministre ou le ministre désigné dont
vous parlez - d'inonder le conseil de demandes d'avis à ce point qu'il
ne soit plus libre de prendre des initiatives pour aller, lui, chercher et
préparer des avis sur des sujets qui l'intéressent.
On a l'intention d'amender le projet de loi de façon à
s'assurer que l'esprit qui anime ou qui sous-tend tout cela soit
respecté à la lettre. Je pensais que c'était clair, mais
il y a beaucoup de gens qui sont venus nous dire, comme vous, que ce
n'était pas clair. On va faire l'effort nécessaire pour le
clarifier.
M. Foy: Effectivement, la lecture du projet de loi en tant que
tel, si l'on ne discute pas avec des gens qui peuvent être plus au fait
des intentions gouvernementales, peut laisser planer une certaine
ambiguïté, à savoir: Qui va décider, au fond? C'est
un peu pourquoi on a mis cette notion de commission de l'enseignement
supérieur. Si, finalement, c'est le gouvernement qui décide, on
connaîtra tout au moins nos positions. Si les travaux, les tâches
et l'échéancier en tant que tel sont déterminés par
les membres du conseil, notre position sera déjà connue et les
gens sauront à quoi s'en tenir, quant à la CADEUL, concernant le
rôle ou la façon dont le conseil pourra traiter les questions
universitaires ou les questions d'enseignement supérieur.
M. Baillargeon: Pour compléter l'idée, je pense que
l'esprit de cette proposition, c'est qu'on souhaite que soient
créées différentes commissions. C'est un souhait. Nous,
évidemment, notre domaine, c'est l'enseiqnement universitaire,
l'enseignement supérieur. Par contre, on ne s'opposera pas à ce
que soient créées d'autres commissions.
Évidemment, si le gouvernement décide de ne pas faire ces
choix-là, il va reléguer ces choix aux onze personnes. Cela peut
être très valable de dire: Écoutez, les onze personnes,
à un moment donné, vont se concerter et vont se dire - selon les
personnes, je suppose - que le milieu jeunesse qui va exercer le plus grand
lobby va pouvoir, peut-être, les influencer. Mais l'idée, c'est
d'éviter de dire qu'il ne se passe rien, que les jeunes ne sont pas
unanimes ou ne sont pas unis pour justifier l'absence d'action. Autrement dit,
il ne faudrait pas que le Conseil permanent de la jeunesse passe un an à
savoir comment il va fonctionner si le gouvernement n'a pas fait un certain
nombre de choix à l'avance. Si cela lui prend un an à
décider de ses structures, c'est évident que les jeunes vont
être démobilisés autour de cela. Il va y avoir des
relations de pouvoirs et il y aura encore un autre mythe ou un autre
préjugé que certains adultes ont, soit que les jeunes devraient,
toujours, forcément, être unis.
On parle de jeunes de 15 à 10 ans, mais à 15 ans, on n'a
pas les mêmes préoccupations qu'à 30 ans. Il faut voir cela
dans ce sens. Il y a un pluralisme d'intérêts, de fonctionnement.
Dans le milieu étudiant, on est assez privilégié quand
même, dans la mesure où on a déjà une loi qui
reconnaît nos organisations et nos droits. On veut continuer à
avancer, mais on ne voudrait pas que le Conseil permanent de la jeunesse
justifie l'absence de choix du gouvernement en donnant comme prétexte
l'autonomie du conseil. Si les jeunes ne s'entendent pas et sont
divisés, rien ne se fait.
Créer des commissions, ce n'est pas imposer des choix, c'est
plutôt dire qu'il y aura des tribunes ou des forums où un certain
nombre d'organismes étudiants ou de jeunes viendront exposer leurs
idées et préparer des mémoires. Par exemple, nous
pourrions facilement envoyer des mémoires de cette commisson au Conseil
supérieur de l'éducation, au Conseil des universités ou au
Conseil des collèges qui ne se préoccupent jamais de la condition
étudiante, absolument pas. Ils s'en occupent, mais par
l'intermédiaire des intérêts des professeurs ou des
administrateurs. Par exemple, on a
adopté la loi 32 en 1983 et la commission Angers a
présenté un rapport en 1979 dans lequel elle recommandait,
concernant l'avenir des universités, qu'il y ait un cadre
législatif pour reconnaître les associations étudiantes
parce que c'était le bordel. Jamais les différents conseils n'ont
été consultés là-dessus parce que,
évidemment, les administrateurs n'avaient pas intérêt
à ce que les associations étudiantes aient une voix reconnue, ni
les syndicats de professeurs.
Forcément, quand on voulait définir une priorité
dans ces instances, notre voix n'était jamais reconnue. Il a fallu que
le gouvernement impose cette loi par-dessus ces instances. Cela, c'est anormal.
Si, par exemple, on veut que les jeunes participent à la
société à part entière - et j'ai vu qu'un des
objectifs, justement, c'est de faire des jeunes des partenaires - alors, c'est
de faire en sorte qu'ils soient reconnus vraiment comme des citoyens ou comme
des groupes, au même titre que d'autres groupes qui ont peut-être
un lobby plus fort; mais, quand même, cela ne veut pas dire que, parce
que le lobby des jeunes ou des étudiants est moins fort, ils ne doivent
pas avoir leur voix. C'est tout.
M. Gratton: Je serais plutôt porté à penser
que le lobby des étudiants est souvent mieux organisé que celui
d'autres catégories de jeunes.
Mais, M, le Président, je m'arrête là. Vous m'avez
fait signe que mon temps était écoulé. J'aurais encore
plusieurs questions, si on me le permettait par dérogation, après
que Mme la députée de Chicoutimi aurait terminé. Si elle
devait m'en laisser le loisir, j'aurais une dernière question à
poser.
Le Président (M. Marcil): C'est bien, M. le ministre. Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mademoiselle,
messieurs, cela me fait plaisir, au nom de ma formation politique, de vous
accueillir à cette commission.
C'est avec beaucoup d'intérêt que je viens de prendre
connaissance du mémoire un peu plus élaboré que ce que
vous nous aviez présenté au moment où on annonçait
la tenue de ces audiences. Je pense bien qu'on peut rappeler que les
délais qui étaient impartis à ce moment-là aux
organismes pour rédiger un mémoire ne vous donnaient quasiment
même pas le temps de faire mieux, mais, de toute façon, on
apprécie le fait que vous ayez davantage élaboré.
Je voudrais juste revenir sur ce que disait M. le ministre en
conclusion. Il disait que le lobby des associations étudiantes est bien
organisé, ce qui me fait dire qu'à la limite on pourrait
même penser que les associations étudiantes n'auraient pas besoin
de conseils consultatifs. C'est peut-être pour cela que j'apprécie
beaucoup votre présence ici parce que le lobby des associations
étudiantes est tel qu'effectivement il réussit à faire
passer son message auprès des principales autorités
gouvernementales, universitaires ou collégiales.
Cependant, cela illustre également, je pense, plus que ne saurait
le faire n'importe quel discours, la nécessité d'avoir, dans les
autres secteurs d'activité, pour les organismes de jeunesse la
même stabilité, le même soutien. J'ai eu l'occasion de le
rappeler à quelques reprises parce qu'on utilisait beaucoup, aux fins de
comparaison, pour illustrer ce que pourrait faire le Conseil permanent de la
jeunesse, ce que fait le Conseil du statut de la femme. Le Conseil du statut de
la femme est très performant. C'est un des plus performants pour une
raison extrêmement simple: Parce que les organismes féminins sont
stables, permanents, ont un gros "membership" et ils reprennent... Le conseil
ne pourrait pas dire n'importe quoi, je le rappelle, et le conseil ne dit
effectivement pas n'importe quoi. En plus, il voit ses avis et recommandations
portés et pris à son compte par les associations. C'est ce qui
fait la force du conseil consultatif de la condition féminine.
Pour qu'on puisse retrouver la même chose pour la jeunesse, il
faut absolument qu'on passe par ce que vous appelez un préalable,
l'élaboration d'une politique de reconnaissance et de financement des
organismes jeunesse. C'est ma conviction la plus profonde. C'est pourquoi je
suis heureuse de la voir ici, apportée de cette façon et de
façon aussi claire. Le gouvernement utilise beaucoup l'argument qui veut
que, oui, on crée un conseil consultatif parce que ce n'est pas que la
partie ministérielle qui le demande, non plus, que seulement la
commission jeunesse du Parti libéral, mais c'est également la
Commission des droits de la personne. La Commission des droits de la personne,
au moment où elle faisait cette recommandation, disait: Ce conseil
consultatif pourrait constituer un forum important, majeur, pour la jeunesse du
Québec et ce conseil aurait comme mandat de se prononcer sur les grands
objectifs du gouvernement. Comme on n'a pas de grands objectifs au
gouvernement, je trouve que la façon que vous avez de suggérer
une démarche qui aurait comme effet d'indiquer à la commission,
dès sa création, ses priorités d'action pour éviter
qu'on soit pris dans un débat de procédure, pris exclusivement
dans des discussions qui ont comme effet de mettre tout le monde ensemble et de
faire un peu de mise en commun de ces priorités... Tout cela peut durer
une année; à deux jours par mois, cela prend un certain temps. Je
trouve intéressante l'hypothèse que vous avancez de créer
des commissions permanentes. Cela évite de passer à
côté des
grandes questions.
C'est un peu, comme le rappelait le ministre tout à l'heure, ce
que j'avançais devant cette commission au moment où s'ouvraient
les travaux de la commission. J'estimais qu'il y avait deux secteurs qui
devaient retenir toute notre attention. Cela n'excluait pas les autres, mais je
disais: le travail, l'emploi, si l'on veut, et l'autre, c'était
l'adolescence parce que l'essentiel des problèmes qu'on connaît -
que cela s'appelle le décrochage, que cela s'appelle la
délinquance, que cela s'appelle la toxicomanie, la prostitution,
l'itinérance -prend origine dans l'adolescence. Si on ne travaille pas
à mieux comprendre le phénomène, à intervenir en
matière de prévention, on va se retrouver débordés
par les coûts que cela génère et par le gaspillage des
ressources humaines que cela provoque. C'était davantage dans cette
perspective que je proposais une commission permanentes. J'allais plus loin que
vous, j'aurais souhaité qu'elle soit inscrite dans la loi. Si elle est
inscrite dans la loi, on prévoit son mandat, sa composition. Une
commission est préférable à un comité parce que
cela a beaucoup plus de pouvoir. Elle a le pouvoir, entre autres, de rendre ses
avis publics indépendamment de ce qu'en dit le conseil. Je trouve que
c'est précieux. Pour avoir présidé un organisme
consultatif, c'était beaucoup plus souple que le conseil avec ses 18
membres. Il y avait neuf membres, et ils pouvaient rendre leurs avis publics.
C'était beaucoup plus efficace. Ce n'était pas un avis du
conseil, c'était un avis de la commission. Je pense à la
commission d'évaluation de l'enseignement professionnel. J'estimais que,
dans cette perspective, du moment qu'on n'a pas de politique sur la jeunesse,
il aurait été intéressant que le gouvernement indique ses
priorités d'action à ce conseil.
J'aimerais revenir sur la reconnaissance et le financement des
organismes jeunesse. Vous vous rappelez que le Secrétariat à la
jeunesse avait déjà fait des démarches dans ce sens. Et
semble-t-il que cela a été abandonné. Pourtant, si je me
rappelle bien, c'était un engagement du Parti libéral. Je ne me
rappelle plus bien mais il me semble. Il me semble me rappeler qu'il y avait
quelque chose qui ressemblait à cela. Comme vous le dites par rapport
à cette question, la reconnaissance et le financement devraient
précéder la création du conseil consultatif. Devant la
situation que vivent de nombreux jeunes - je comprends que vous soyez un peu
loin de cette question, parce que vous êtes davantage dans le milieu
universitaire, pour ne pas dire exclusivement - je pense aux jeunes
itinérants, je pense aux jeunes sans travail, je pense aux
diplômés universitaires et collégiaux également sans
travail, est-ce que vous pensez qu'une structure telle que le conseil
consultatif a la souplesse et l'efficacité pour proposer rapidement des
solutions à de tels problèmes? Ou à l'instar d'une
reconnaissance et du financement des organismes consultatifs, ne devrait-on pas
immédiatement proposer et prendre action pour diminuer le chômage,
assurer une meilleure intégration sociale et professionnelle des jeunes?
Ou, est-ce que nous devons attendre que le conseil soit constitué,
même constituté avec des mandats en son sein?
Mme Morency: II y a un certain nombre de problèmes qui
sont assez urgents. Je pense que le Conseil permanent de la jeunesse va avoir
la responsabilité importante de recommander au gouvernement des
solutions à la condition des jeunes. Comme M. Gratton le mentionnait
tout à l'heure aussi, le Conseil permanent de la jeunessee n'est pas une
panacée. C'est un peu pour cette raison que nous proposons un
ministère de la Jeunesse qui aura, entre autres, la
responsabilité de s'occuper de ces problèmes. C'est beau qu'un
Conseil permanent de la jeunesse consultatif recommande des choses, mais il
faut aussi qu'il y ait un organisme qui puisse les mettre en application. On
parlait, par exemple, d'un organisme qui va accorder des subventions à
des organismes de jeunes. Je pense que la personne qui va mettre en application
la politique de reconnaissance et de financement des groupes de jeunes, ne doit
pas être le conseil consultatif, mais bien un ministère de la
Jeunesse qui aura la responsibilité exclusive de voir aux
intérêts des jeunes.
Mme Blackburn: Est-ce que vous songez à un
ministère ou à un ministre associé? (12 heures)
Mme Morency: Je pense que, quand on parle d'un ministère,
il ne faut pas avoir un ministère dans les ligues mineures, il faut
avoir un ministère dans les ligues majeures. Il faut qu'il y ait des
fonds. On n'a qu'à prendre le ministre d'Etat au fédéral,
c'est un ministre qui n'a aucun moyen. Il a juste les moyens de recommander des
choses au Conseil des ministres, il n'a pas de pouvoir. Il n'a pas le pouvoir,
entre autres, de donner des subventions à des qroupes de jeunes. Donc
c'est un ministre bidon. Dans ce sens, ce n'est pas utile, cela serait
plutôt un ministère avec des fonds pour financer des groupes de
jeunes qui veulent faire des activités pour améliorer la
condition de vie des jeunes.
Mme Blackburn: Avec des budgets, donc?
Mme Morency: Avec des budgets.
Mme Blackburn: Pour répondre à la
question, qu'est-ce que vous confieriez à ce ministère?
Parce qu'on sait que c'est un ministère... Généralement,
les intérêts des jeunes, c'est horizontal et difficile
à...
M. Baillargeon: C'est cela. Les jeunes dans les différents
ministères... J'ai moi-même travaillé, aux affaires
sociales, entre autres, où il y a à peu près 7 000 000 $
pour financer toutes sortes d'organismes communautaires. Souvent, on regarde
les jeunes ou les différents organismes communautaires comme des
clients, dans le sens qu'on veut que ces gens-là... Souvent, cela
justifie certaines dépenses de programmes du gouvernement; tant qu'il y
a des clients, forcément, il y a des programmes. Sans être
machiavélique, je pense que les fonctionnaires suscitent la
création de ces organismes qui, souvent, dédoublent des
organismes existants pour cautionner les besoins. Les clients disent: On a
besoin de telle chose comme si les ressources étaient infinies, comme si
le gouvernement pouvait tout donner à tout le monde sous le
prétexte que tout le monde a des droits et aucune
responsabilité.
Notre perception à nous, ce n'est pas cela. On ne voit pas la
jeunesse comme des clients pour des services gouvernementaux, on voit plus les
jeunes comme des agents de changement responsables pouvant justement participer
à la prise de décision et la mise en oeuvre de certaines
politiques gouvernementales. Le ministère de la jeunesse, cela serait
ainsi, ce serait non pas un ministère qui rapatrierait des programmes
des différents ministères, ce serait plutôt un
ministère qui mobiliserait les jeunes afin d'aider d'autres jeunes ou
certaines couches de la société à s'en sortir. C'est
davantage une approche de bâtisseurs, si on veut, dans le sens que des
jeunes seraient invités à bâtir des choses pour aider les
plus démunis.
Cela a été l'approche de la CADEUL, entre autres, via le
Centre étudiant de services communautaires et on veut toujours avoir
cette approche. Le ministre, à ce moment-là, ne serait pas juste
un ministre "M'as-tu vu devant les médias" pour faire croire que le
gouvernement s'intéresse aux jeunes; le ministre aurait à
mobiliser les organismes de jeunes dans des plans d'action concrets pour aider
d'autres jeunes. Il faut éviter de confier toujours au gouvernement des
programmes d'aide parce que les programmes d'aide du gouvernement créent
souvent la dépendance des jeunes face aux programmes et ils ne s'en
sortent pas. Cela devient un cercle vicieux et les "jeunes ne sont jamais
vraiment incités à se regrouper.
D'autre part, quand on parle de politiques de reconnaissance et de
financement des groupes de jeunes, même s'il y a eu un document de
travail publié par le Secrétariat à la jeunessse, ce
document de travail-là - j'en ai pris connaissance - ne mettait pas
beaucoup d'emphase sur les responsabilités des groupes de jeunes.
Encore là, j'insiste là-dessus. Il faut définir des
droits aux organismes de jeunes, mais des responsabilités et les
responsabilités, c'est de dire justement: Vous avez un rôle
obligatoire à assumer pour sortir les jeunes de leur situation souvent
très difficile. Mais, si on finance des organismes juste pour se donner
bonne conscience, cela ne donne absolument rien parce qu'il n'y a pas moyen
d'évaluer la performance de ces organismes-là. On ne sait jamais
s'ils ont un rendement quelconque, s'ils répondent vraiment aux besoins
pour lesquels on les finance. Il s'agit qu'ils aillent voir leur
député et qu'ils disent: Il y a tant de jeunes sous t'aide
sociale ou il y a tant de femmes battues, et cela prend un organisme. Souvent,
il y a déjà un organisme dans la ville qui s'en occupe. Entre
autres, j'ai souvent vu deux maisons de jeunes dans la même
municipalité, une financée des fois par le fédéral,
l'autre par le provincial. Encore là, il y a la question
fédérale-provinciale et on n'en sort pas non plus. Alors, la
question est complexe, mais nos critères vont plutôt dans le sens
de dire: Essayons donc de demander aux groupes de jeunes de faire quelque chose
de concret pour la société plutôt que de toujours se
plaindre qu'ils n'en ont pas assez.
Il faut aussi faire attention quand on parle de groupes de jeunes. Il y
a les travailleurs sociaux qui s'occupent de groupes de jeunes, qui parlent
souvent au nom des jeunes et, moi, pour avoir travaillé, entre autres,
à une politique de financement des maisons de jeunes, je regardais les
budgets supplémentaires qu'on demandait et ces sommes étaient
versées en salaires des travailleurs sociaux; cela n'allait pas aux
jeunes. Il ne faut pas dire qu'ils n'ont pas le droit d'avoir de bons salaires,
mais si on s'en va vers la fonctionnarisation des qroupes de jeunes,
c'est-à-dire, office des maisons de jeunes, office de ci, office de
cela, les travailleurs qui travaillent dans les groupes de jeunes vont devenir
des fonctionnaires et, finalement, on sait ce que veut dire toute la
démobilisation qu'il peut y avoir après cela, c'est-à-dire
que les jeunes seront des clients et il y aura toujours des gens pour parler en
leur nom, au nom de clients qui ont des besoins et cela va coûter tant
d'argent, mais cela ne fera pas avancer la situation. Alors, c'est plutôt
dans ce sens-là qu'était notre intervention.
Mme Blackburn: Donc, si je vous comprends bien, vous ne
suggérez pas que les programmes destinés aux jeunes soient
rapatriés pour qu'on fasse une certaine rationalisation, pour qu'on
offre ce qu'ils appellent généralement ce guichet unique,
que cela soit pour favoriser la création d'entreprises ou pour
soutenir les maisons de jeunes, les maisons d'hébergement. Vous dites:
On laisse cela aux ministères sectoriels.
M. Baillargeon: C'est cela. On veut un ministère qui
mobilise des groupes, qui ne fait pas juste les financer comme un père
Noël. Ce n'est pas cela qu'on veut, on ne veut pas un ministère
cadeau. On veut un ministère qui pousse les groupes à faire
quelque chose, des actions concrètes. Les associations étudiantes
- en tout cas, au moins la CADEUL - l'ont prouvé. Elle est ouverte
à cela, à différents projets, à dif-férents
programmes. On s'associerait facilement à d'autres groupes de jeunes.
Justement, entre autres, Richard pourrait en parler, on est associé
à un groupe de soutien aux initiatives-jeunesse qui aide les jeunes
à mettre sur pied des projets, des entreprises. On est prêt
à s'associer à d'autres groupes qui veulent faire quelque chose
de concret, mais qui ne seraient pas juste des groupes pour donner des
chèques ou pour entretenir la dépendance des jeunes. Si les
fonctionnaires sont là, ils vont s'en occuper bien mieux que nous
autres. Nous autres, ce que l'on veut, c'est plutôt ouvrir de nouvelles
voies, de nouvelles perspectives à la jeunesse et faire en sorte qu'elle
se prenne en main, qu'elle soit plus responsable. On pense que la jeunesse...
On n'accepte pas les vocables "génération sacrifiée" ou
"misérabiliste". On pense que les jeunes, même les assistés
sociaux - il y a des universitaires ou des étudiants
diplômés qui sont des assistés sociaux - veulent
travailler. On ne pense pas qu'ils veulent juste avoir un chèque et
rester chez eux. On pense qu'ils veulent travailler et on veut des programmes
pour faire travailler les gens et les intégrer dans la
société; et ce ne sont pas des programmes pour donner seulement
des chèques.
Mme Blackburn: Peut-être en passant... Vous parliez du
Centre étudiant de services communautaires. Si vous me permettez, je
voulais juste savoir si vous avez eu votre subvention.
M. Baillargeon: Du fédéral. C'est le
fédéral qui nous finance.
M. Foy: Vous connaissez le cycle: Un an le fédéral,
puis, après cela, on va voir le provincial. Donc, en septembre prochain,
on devrait aller vous voir.
Mme Blackburn: Si je comprends bien, cela veut dire que les
associations étudiantes qui avaient des centres étudiants de
services communautaires dans leur milieu, n'ont pas été
subventionnées cette année. C'était une information, parce
qu'on s'était...
M. Baillargeon: Le ministre Ryan est en train... Il y a des
fonctionnaires qui nous ont appelés. Comme vous le savez, le ministre
Ryan était ouvert, il trouvait cela intéressant, lors de la
commission parlementaire sur le financement des universités. Il y a des
fonctionnaires qui nous ont appelés, il y a un dossier qui est
préparé et on attend des nouvelles à ce sujet.
Mme Blackburn: Brièvement, juste pour les membres de la
partie ministérielle, j'aimerais rappeler que le Centre étudiant
de services communautaires - je pense que le nom le dit bien - est un service
que les étudiants offrent à la communauté en partant de
leurs programmes de formation. S'ils sont en administration, ou en sciences
politiques, ils vont préparer des mémoires et des avis,
peut-être. Ce qui fait que c'est extrêmement intéressant et,
en même temps, cela leur donne une expérience de travail
pertinente. Antérieurement, c'était subventionné,
c'était soutenu par une petite subvention qui venait du ministère
de l'Enseignement supérieur. Cette année, je sais qu'il y a un
groupe qui est en difficulté parce que le ministre n'a pas
renouvelé la subvention; c'est celui de la petite université de
Rouyn-Noranda.
Une dernière question, parce que je pense bien que mon temps doit
être presque écoulé. Vous proposez que le conseil ait,
entre autres, comme mandat de voir à accroître la
représentation des jeunes dans les différents conseils et
comités publics. La CEO est venue nous dire ici que, plutôt que de
créer une structure qui, de façon un peu artificielle, essaierait
de parler au nom de tous les jeunes du Québec... Je rappelle que la
problématique jeunesse est complexe, vous nous l'avez illustrée
un peu tout à l'heure en disant: Nous, à l'éducation, on
risque d'être complètement oubliés parce qu'on a tendance
à parler de la jeunesse en termes de problématique jeunesse et
non pas en termes de jeunesse qui est bien intégrée è la
société. Donc, vous avez des préoccupations qui sont
légitimes, je pense bien. La CEQ disait que plutôt que d'isoler
les jeunes dont la problématique est difficile à
définir... On parle de gens de 12 à 35 ans et je m'amusais
à essayer d'imaginer cela. On pourrait voir la mère et l'enfant
à quelque conseil consultatif ou le père et son fils. Entre 12 et
35 ans, c'est très possible. Donc, ce que la CEQ disait, c'est que,
plutôt que de créer un conseil permanent, pourquoi ne pas
s'assurer par une forme de garantie que l'État donnerait que, dans les
nominations au sein de tous les organismes consultatifs, commissions ou
conseils, il y ait une place proportionnelle qui soit réservée
aux jeunes? S'ils représentent 25 % ou 30 % de la
population, ils devraient représenter 25 % ou 30 % des membres de
ces conseils et, à ce titre, on n'aurait plus besoin d'un Conseil
permanent de la jeunesse. L'argument qu'utilisait un groupe qui l'a suivi,
c'était de dire: Qu'est-ce que vient faire un Conseil permanent de la
jeunesse? A-t-on déjà eu l'idée de créer un conseil
des adultes? Cela révèle quelque chose. Quelle serait votre
réaction à cette hypothèse qu'au lieu de voir un conseil
qui essaie un peu de porter le discours jeunesse, on s'assure qu'il soit
porté par tout ce qui existe déjà? Je pense qu'aux
conseils d'aministration des universités, des collèges, des
hôpitaux, des CLSC.
M. Foy: Les sociétés d'État.
Mme Morency: Le problème quand on prend l'exemple du
Conseil des universités ou celui de la Commission de l'enseignement
supérieur, Jean l'a mentionné tout à l'heure, c'est la
sous-représentation des étudiants. Je siège à la
Commission de l'enseignement supérieur. Je suis la seule
étudiante sur environ quinze personnes. C'est la même chose pour
ce qui est du Conseil supérieur de l'éducation. Au total, on est
environ deux étudiants sur un nombre de cent. C'est sûr que la
condition étudiante est toujours laissée de côté.
L'année dernière, le Conseil supérieur de
l'éducation avait axé son rapport annuel sur la condition
étudiante, et jamais à la Commission de l'enseignement
supérieur on n'a voulu traiter de la condition étudiante,
prétextant le manque de temps. Cela a été un comité
ad hoc qui a traité de ce dossier. Je pense qu'il faudrait qu'il y ait
plus d'étudiants è ces commissions. C'est sûr qu'il y a la
place aussi pour d'autres dossiers. Si le Conseil permanent de la jeunesse peut
discuter seulement des dossiers jeunesse proprement dits, je pense que cela a
sa place dans notre société.
On parle de conseil des adultes. Je pense que la plupart des conseils
d'administration qui existent dans tous les organismes de la
société sont composés d'adultes. Donc les adultes sont
assez bien représentés un peu partout. Les jeunes le sont moins,
et je pense que le Conseil permanent de la jeunesse vient remplir cette lacune
qui existe.
Mme Blackburn: Mais, c'était pour combler cette lacune que
la CEQ suggérait que 30 % des membres des différents conseils
soient des jeunes. J'ai trouvé cette idée attrayante, parce que
je dois dire que je comprends les difficultés que vous éprouvez.
J'ai dû faire preuve de trésors d'imagination pour réussir
à faire nommer une étudiante au Conseil des collèges. Je
le dis de façon simple, un peu naïve. Ce n'était pas le
gouvernement actuel qui était au pouvoir. Les difficultés
venaient de trois sources: des collèges eux-mêmes, souvent, des
administrateurs; elles venaient des membres du conseil lui-même, elles
venaient d'un certain scepticisme du côté du ministère, ce
qui fait qu'il a fallu déployer des trésors d'imagination en
disant: Essayez-les, ils vont certainement être bons. J'ai finalement
réussi au bout de quatre ans, ce qui me fait dire que la proposition
avancée par la CEQ est intéressante dans la mesure où elle
garantit, en quelque sorte, la présence des jeunes au sein des conseils
consultatifs pour éviter de les isoler. Par ailleurs, la proposition que
vous faites est intéressante également. Cela voudrait dire que le
Conseil permanent de la jeunesse serait consulté au moment où il
se fait des nominations aux autres conseils. Il aura à jouer un
rôle plus actif, finalement.
M. Foy: Et de chien de garde, aussi. Mme Blackburn: Et de
chien de garde.
M. Foy: II verrait à augmenter la représentation
des jeunes dans les différentes instances. Je terminerais
là-dessus en disant: pas seulement des postes dans un CLSC, il y a des
sociétés d'État; on pourrait nous envoyer à la SDI,
etc., il n'y a pas de problème. On peut s'occuper d'autre chose que des
pauvres.
Mme Blackburn: D'autant plus que, dans les sociétés
d'État, il y a des allocations de présence, il y a des honoraires
dans la plupart des sociétés.
M. Gratton: Pas toujours.
M. Baillargeon: Mme Blackburn, je voudrais juste répondre
à votre question en ce qui concerne la CEQ. Cela m'étonne
beaucoup, il faudrait que je vois le mémoire des gens de la CEQ. Leur
position traditionnelle, justement, c'était tout à fait le
contraire. Ils sont opposés à la loi 32. Ils n'ont jamais voulu,
formellement - sauf peut-être avec l'ANEQ - que les associations
étudiantes prennent une place plus grande dans les structures. Ils sont
toujours près de l'ANEQ, parce que l'ANEQ s'oppose toujours à la
participation aux structures. Votre proposition m'étonne beaucoup. Il
faudrait vraiment la voir parce que c'est un virage à la CEQ.
Mme Blackburn: II y a M. Laberge qui est venu présenter le
mémoire avec une autre dame dont je ne me rappelle pas le nom.
Sûrement que c'est avec plaisir qu'ils vous le remettront pour vous dire
qu'ils peuvent eux aussi faire amende honorable.
Écoutez, je voudrais, parce que c'est terminé, je pense
bien, vous remercier de votre participation aux travaux de cette
commission et rappeler, comme je l'ai fait à l'occasion pour
d'autres groupes, qu'il est important que vous soyez venus vous faire entendre
à cette commission. Lorsqu'on ne se présente pas à une
telle commission, c'est qu'il y en a d'autres qui parlent en notre nom, je le
rappelle, et on n'a jamais l'excuse d'être absent. Pour tout cela et pour
la qualité de votre mémoire aussi, je le trouve bien fait et
très rigoureux, clair et on peut lire à travers les
recommandations, les préalables que vous établissez, que cela
amène nécessairement, le moindrement qu'on examine ces questions,
des modifications au projet de loi qui est déposé. Alors, c'est
à la lumière de cela, je pense bien, qu'on peut s'interroger sur
les modifications que cela suppose ou que vous introduisez par ce fait ou que
vous sous-entendez au projet de loi qui nous est présenté. Au nom
de ma formation politique, donc, je vous remercie pour cette excellente
participation à la commission parlementaire sur le Conseil permanent de
la jeunesse.
Le Président (M. Després): Je vous remercie
beaucoup, Mme la députée de Chicoutimi. J'aimerais
peut-être passer la parole au député de Louis-Hébert
tout en lui mentionnant tout de même que le temps est presque
écoulé maintenant.
M. Doyon: Oui. Ce serait tout simplement pour dire que j'ai
été retenu ailleurs, mais que je tenais à venir faire un
tour. Je veux vous saluer et vous remercier de la présentation que vous
avez faite. Votre mémoire 'est un mémoire sérieux. Je suis
sûr que le ministre et toute la commission parlementaire vont tenir
compte de vos suggestions. Il y a eu une évolution dans votre approche.
Je ne vous cacherai pas qu'on s'en réjouit. Vous êtes une
association sérieuse. Vous avez une crédibilité
considérable. J'ai été heureux de voir la position que
vous avez finalement prise. Je veux vous remercier. En tant que
député de Louis-Hébert, où se situe
l'Université Laval, je tiens particulièrement à prendre en
considération vos idées, vos propositions et vos suggestions. Je
vous réaffirme ce que vous savez déjà, c'est que le
député de Louis-Hébert est toujours disponible quand vous
le désirez, quand vous le voulez, pour d'autres discussions, de
façon que cela puisse prendre un cheminement qui n'est pas
nécessairement celui d'une commission parlementaire, mais qui parfois
aussi est utile. Alors, merci beaucoup et bonne chance.
Une voix: Merci.
M. Gratton: M. le Président, si on me le permet...
Le Président (M. Després): Oui, M. le ministre.
M. Gratton: ...je veux dire merci de leur participation a Mme
Morency, M. Foy et M. Baillargeon . C'est malheureux qu'on n'ait pas plus de
temps. Il y a plusieurs organismes avec lesquels nous aurions voulu continuer
de dialoguer, et le vôtre est un de ceux-là. Cela ne nous
empêchera pas de nous parler ailleurs qu'en commission parlementaire.
Merci.
Le Président (M, Després): Au nom des membres de la
commission, je vous remercie de votre participation au projet de loi 104 sur le
Conseil permanent de la jeunesse. Nous allons maintenant suspendre pour deux
minutes et inviter les gens du Regroupement des maisons de jeunes du
SaguenayLac-Saint-Jean à prendre place.
(Suspension de la séance à 12 h 19)
(Reprise à 12 h 21)
Le Président (M. Després): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Nous invitons le Regroupement des maisons de jeunes du
SaguenayLac-Saint-Jean à bien vouloir prendre place à la
table des témoins.
Au nom des membres de la commission, j'aimerais vous souhaiter la
bienvenue et je vous invite à vous présenter.
Mme Harvey (Carole): Carole Harvey, Maison des jeunes d'Alma.
Le Président (M. Després): Maison des jeunes
d'Alma?
Mme Harvey: Oui.
Mme Fortîn (Claude): Claude Fortin, Maison des jeunes
d'Alma.
Le Président (M. Després): Bienvenue à cette
commission. J'aimerais vous rappeler que vous avez 20 minutes pour faire votre
exposé sur le projet de loi 104, après quoi nous passerons
à un échange entre le parti ministériel et l'Opposition
sur vos recommandations. La parole est à vous.
Regroupement des maisons de jeunes du
SaguenayLac-Saint-Jean
Mme Fortin: Le mémoire a été fait par le
Regroupement des maisons de jeunes du SaguenayLac-Saint-Jean, Chicoutimi,
La Baie, Saint-Félicien, Chibougamau, Chapais et Aima.
Je vais faire un bref historique. Le
regroupement des maisons de jeunes existe depuis cinq ans au
SaguenayLac-Saint-Jean et sept maisons en sont membres. Cet organisme
regroupe des jeunes de 12 à 17 ans. Nos objectifs sont de maintenir un
lieu de rencontres, d'augmenter le degré d'autonomie des jeunes et de
leur permettre d'atteindre le statut de "vrai citoyen". C'est à partir
de situations vécues quotidiennement que les maisons de jeunes
s'insèrent dans le milieu et déterminent leurs actions pour
s'identifier comme alternative complémentaire aux autres ressources
existantes. Les jeunes doivent collaborer et s'impliquer dans le fonctionnement
de leur maison. Que ce soit au niveau des activités, de la programmation
ou de l'administration, ils ont droit de parole et de vote sur tout ce qui se
passe à l'intérieur. Enfin, un service d'animation adéquat
donne l'aide nécessaire à la réalisation de diverses
activités reliées à l'information, l'accueil,
l'accompagnement, la prévention, la formation et aux loisirs.
Mme Harvey: Je vais tout de suite aborder les recommandations que
le regroupement des maisons de jeunes a soumises. Notre synthèse
générale se lit comme suit: Le regroupement des maisons de
jeunes, de par sa vocation d'améliorer la qualité de vie de
l'adolescent, s'interroge fortement sur tout le processus de sélection,
sur la place réservée aux maisons de jeunes et sur la
problématique de sa clientèle au sein du Conseil permanent de la
jeunesse.
Il est primordial que les adolescents soient actifs au niveau du choix
des membres du conseil. De plus, il faut qu'ils aient un représentant
à la table même du futur organisme. En effet, les moins de 18 ans
sont nombreux au Québec et font partie intégrante de la jeunesse.
Leurs réalités sont aussi importantes que celles de leurs
aînés. C'est seulement en tenant compte des besoins et attentes de
chacun que la loi 104 pourra créer une ressource importante et
représentative pour les maisons de jeunes et l'ensemble des organismes
du milieu.
Nos recommandations sur la section I, Constitution et organisation. Dans
la section I, soit la composition du Conseil permanent de la jeunesse, il nous
apparaît très important d'apporter certains changements afin de
nous assurer d'une représentativité au niveau de chaque
région, évitant ainsi toute partisanerie. Les recommandations qui
ont été faites, c'est, à la section I, article 2:
Après modifications, l'article 2 doit se lire comme suit: Le conseil se
compose de onze membres nommés par des collèges électoraux
régionaux, tels que nous les décrivons à la setion II,
conformément aux dispositions de cette section.
À la section I, article 6: Après modifications, on peut
lire: Lorsque survient une vacance en cours de mandat parmi les membres du
conseil, ces derniers sont remplacés par des personnes de leur
région qui sont nommées par le collège électoral
régional concerné.
 la section I, article 12, après modifications, on peut
lire ce qui suit: Pendant son mandat, le conseil devra tenir au minimum une
assemblée publique dans chacune des régions du Québec.
Les recommandations sur la section II: Notre priorité en termes
d'amélioration du projet de loi 104 concerne l'accessibilité des
jeunes de 12 à 17 ans. Ceux-ci doivent être présents au
conseil pour y faire valoir leurs préoccupations. Cette modification se
situe évidemment au niveau du conseil lui-même et des
collèges électoraux régionaux tout en ajoutant une clause
obligeant la sélection d'au moins un jeune de moins de 18 ans parmi les
onze membres du Conseil permanent de la jeunesse.
En second lieu, c'est tout le processus électoral qui devrait
être modifié pour que les régions - collège
électoral réqional -élisent elle-mêmes un
représentant au Conseil permanent de la jeunesse. La participation et
l'implication des organismes seraient grandement favorisées menant ainsi
à l'éclosion d'un plus grand intérêt des jeunes
vis-à-vis du conseil.
Les articles de la section II, après modifications, devraient se
lire comme suit:
Article 16: Est un organisme jeunesse, aux fins de la présente
section, tout organisme qui oeuvre auprès des personnes
âgées principalement entre 12 et 30 ans.
Article 17: Des collègues électoraux régionaux
doivent être formés selon la procédure de l'article 19
avant le 1er avril 1987.
Article 18: Toute personne âgée entre 12 et 30 ans, qui est
citoyenne canadienne et domiciliée au Québec depuis au moins
douze mois, peut présenter sa candidature pour devenir membre d'un
collège électoral régional. Au moins une personne de moins
de 18 ans devra être membre du conseil.
L'article 19, on le maintient tel quel, de même que l'article 20,
à cause des collèges régionaux.
Article 21: Les membres des collèqes électoraux
régionaux doivent, dans les 30 jours, élirent leur
représentant au conseil. Ce choix sera entériné par le
ministre responsable.
Article 22: À défaut par les collèges
électoraux régionaux de faire part de leurs choix au ministre
dans le délai prescrit, le ministre nomme les membres du conseil aux
postes non comblés par les collèges électoraux
régionaux parmi les membres des collèges des régions
concernées.
Article 24, troisième paragraphe: La procédure à
suivre par les collèges électoraux régionaux pour
élire les membres du conseil. C'est ce qui se trouve modifié.
En conclusion, le regroupement régional pense qu'un Conseil
permanent de la jeunesse, sans une consultation à la base des jeunes et
de leurs groupes, serait au départ très peu crédible face
à l'ensemble des organismes jeunesse. C'est pourquoi nous vous faisons
part de nos préoccupations et nous espérons que vous en tiendrez
compte pour permettre la poursuite des objectifs vitaux résultant d'une
politique jeunesse cohérente pour tout le Québec. C'était
notre mémoire.
Le Président (M. Després): Merci beaucoup, Mme
Harvey.
Au nom des députés ministériels, j'aimerais vous
remercier pour votre participation à l'étude de ce projet de loi
104 créant le Conseil permanent de la jeunesse et vous féliciter
pour votre implication dans le milieu de la jeunesse, soit les jeunes de 12
à 18 ans, qui est une préoccupation majeure quant à leur
avenir car ils deviendront des adultes assez tôt.
J'aimerais, par le fait môme, vous rappeler que les
députés ministériels montrent beaucoup
d'intérêt pour les maisons de jeunes; ils s'intéressent
beaucoup à cette clientèle et à la particularité
des régions du Québec. J'ai noté à la lecture de
votre mémoire que vous avez deux grandes préoccupations, mais
à deux niveaux différents. Tout d'abord, la préoccupation
d'avoir des jeunes de moins de 18 ans au Conseil permanent de la jeunesse tout
en tenant compte que ce groupe d'âge devrait s'échelonner entre 12
et 30 ans. Étant donné que le projet de loi tient compte du fait
qu'on devrait avoir des membres du conseil âgés de 15 à 30
ans, je pense qu'il est effectivement acceptable qu'on retrouve des jeunes de
moins de 18 ans au Conseil permanent de la jeunesse. C'est pour cela que vous
dites qu'il faudrait qu'il y en ait au moins un, si je me rappelle bien. Je
vous dirai que je suis entièrement d'accord avec cela.
Par contre, lorsque vous ramenez la classe des 12 à 30 ans, je me
pose certaines questions. C'est certain que la préoccupation des jeunes
de 15 à 22 ans n'est pas la même que celle de ceux qui ont entre
23 et 30 ans, car, à une certaine période, ils sont aux
études et, à une autre période, ils essaient, en partie,
d'être sur le marché du travail. Les jeunes de 12 à 15 ans
sont des adolescents. Par contre, je me pose certaines questions pour un jeune
âgé de 12 ou 13 ans. 5era-t-il capable de réussir à
percer à l'intérieur de ceux qui ont 15, 16 ou 17 ans, alors que
ces derniers sont effectivement à l'âge où on peut
s'affirmer beaucoup plus facilement? J'aimerais vous entendre là-dessus.
Vous trouvez cela, je suppose, très acceptable, mais pouvez-vous
justifier que la classe des 12 à 15 ans puisse être
intégrée au projet de loi?
(12 h 30)
Mme Harvey: Moi, je pense qu'il y a toujours possibilité
de l'intégrer. En tout cas, nous, on dit les 12-30 ans parce que, selon
nos règlements généraux, c'est la clientèle qu'on
reçoit. Mais, ce dont on se rend compte dans les maisons de jeunes,
c'est que les jeunes n'ont jamais été habilités è
prendre des décisions quand cela les concerne eux-mêmes. Nous, on
le voit par nos conseils d'administration. Quand arrive le temps de discuter de
choses très sérieuses, on ne les a pas habitués. Je pense
qu'au départ, à 12, 13 ou 14 ans, sans que ce soient des
tâches trop intenses, on peut quand même donner le pouls aux jeunes
pour qu'ils se préoccupent des choses qui les concernent vraiment, ce
qui fait qu'à 17 ou 18 ans, ils sont capables de s'exprimer. En fait, je
pense que c'est un cheminement normal. Un de nos objectifs premiers, c'est
d'habiliter le jeune à se prendre en main et à avoir des
responsabilités, chose que la majorité des adultes ne leur
donnent pas. Que ce soit dans le milieu scolaire ou dans le milieu familial, je
pense qu'il y a possibilité de le faire. En tout cas, au moins leur
donner des bases.
Le Président (M. Després): Je vous ferai remarquer
qu'en ce qui concerne, disons, la question de l'équilibre au niveau des
membres du conseil, il n'y a peut-être pas seulement le groupe
d'âge qui soit pertinent. Plusieurs groupes ont fait mention des
communautés culturelles, des minorités linguistiques. On a
parlé des groupes d'âge. On a parlé des sexes, qu'on ait
autant de femmes que d'hommes. Je pense que, dans le cadre du projet de loi, on
va essayer de tenir compte de tous ces éléments qui nous
permettront d'avoir le plus grand équilibre possible à
l'intérieur de la formation du Conseil permanent de la jeunesse.
Votre deuxième préoccupation se situe au niveau du
collège électoral, car vous abolirez le collège
électoral national pour avoir un collège électoral
régional. J'aimerais savoir d'abord au sujet de ces collèges
électoraux régionaux, est-ce qu'il y aurait autant de membres du
collège électoral qu'il y a d'associations de jeunes, par
exemple? Vous voyez qui à ce collège électoral
régional? Ce n'est pas spécifié comme tel.
Mme Harvey: En fait, ce sont des représentants des
organismes de jeunesse. Je pense qu'il pourrait y en avoir autant, oui.
Le Président (M. Després): Autant?
Mme Harvey: Oui, mais je pense qu'on n'abolit pas le conseil.
Disons qu'on crée des collèges régionaux.
Le Président (M. Després): D'accord.
C'est le collège électoral national qu'on abolit.
Mme Harvey: D'accord.
Le Président (M. Després); C'est ce que vous dites
dans votre mémoire. D'accord? Justement, si on veut parler d'un certain
équilibre, cela ne s'applique peut-être pas dans votre
région, mais je voudrais vous poser tout de même la question parce
que vous avez parlé d'un certain équilibre en ce qui concerne les
groupes d'âge. Je vous ai parlé des communautés
culturelles, des minorités linguistiques et des sexes. Peut-être
que les deux premiers s'appliquent moins à votre région. Mais, si
à ce moment-là le gouvernement s'en allait vers une politique de
collèges électoraux régionaux, est-ce qu'on devrait tenir
compte de ces éléments aussi? Y aviez-vous pensé ou...
Oui?
Mme Harvey: Oui.
Le Président (M. Després): D'accord. En ce qui
concerne le collège électoral régional, vous n'êtes
pas la première région à nous en parler. C'est
sûrement une très grande préoccupation. Je voudrais tout de
même vous rappeler qu'à l'article 16 et à l'article 20 du
projet de loi, il est prévu de tenir compte des régions parce
qu'on dit à l'article 16: "Est un organisme de jeunesse, aux fins de la
présente section, tout organisme qui oeuvre auprès des personnes
âgées principalement entre 15 et 30 ans dans les secteurs des
affaires sociales, de l'éducation, des loisirs ou du travail et qui est
incorporé en vertu de la partie III de la Loi sur les compagnies..." On
redit à l'article 20: "Le gouvernement nomme les membres du
collège électoral parmi la liste des candidats éligibles,
en tenant compte notamment d'une représentation équilibrée
des diverses régions du Québec et des divers secteurs
d'activités dans lesquels oeuvrent les organismes de jeunesse."
Je voudrais vous rassurer, car l'objectif du gouvernement, l'objectif du
projet de loi n'est sûrement pas d'éliminer certaines
régions du collège électoral. Au contraire, c'est
plutôt de s'assurer qu'il y ait une concertation au niveau des
régions pour qu'elles envoient, si vous voulez, leurs meilleurs
éléments comme représentants auprès du
collège électoral afin de former le Conseil permanent de la
jeunesse, alors qu'on a plutôt l'impression qu'on aurait une certaine
concurrence à l'intérieur du collège électoral
régional. Ce qu'on veut, c'est qu'il n'y ait pas de concurrence entre
les régions pour savoir celui ou celle qui va être membre du
collège national, mais, beaucoup plus, qu'il y ait une concertation dans
les régions pour endosser les éléments qui devront faire
partie du collège électoral.
Comme c'est stipulé dans la loi, il est important pour nous de
pouvoir s'assurer qu'il y a effectivement cette représentativité
au niveau régional.
J'aimerais que vous me disiez si vous avez l'impression qu'il y a un
risque de compétition avec ce collège électoral
régional plutôt qu'une concertation dans le cadre du projet de loi
actuel, ou si, pour vous, la formation du collège électoral
régional représente cette concertation.
Mme Harvey: Je pense que oui. En tout cas, pour nous autres, dans
notre tête, la compétition est plus ou moins là.
Le Président (M. Després): Elle est plus...
Mme Harvey: La compétition est plus ou moins là,
c'est-à-dire qu'elle n'est pas présente.
Le Président (M. Després): Elle n'est pas
présente du tout.
Mme Harvey: Non.
Le Président (M. Després): Cela va. Je passerais la
parole à la députée de Chicoutimi, et je reviendrai par la
suite.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mines Fortin et
Harvey, il me fait plaisir, au nom de ma formation politique, de vous
accueillir à cette commission. Un peu comme je l'ai dit à
d'autres organismes, je trouve important que vous ayez accepté,
malgré le peu de temps qui vous était imparti, de participer
à cette commission parlementaire. Je rappelle que, lorsque les
organismes ne se présentent pas en commission parlementaire, quelqu'un
d'autre parle en leur nom. C'est pourquoi j'ai insisté auprès de
plusieurs groupes et regroupements d'organismes de toute la province pour
qu'ils participent à cette commission, qu'ils soient ou non en faveur du
projet de loi. Les absents ont toujours tort, quoi qu'on en dise, et il se
trouve toujours quelqu'un pour parler en leur nom. Je trouve intéressant
et heureux que vous ayez accepté de participer à cette
commission.
Votre mémoire est relativement critique, pour ne pas dire
sceptique. Je ne reviendrai pas là-dessus, mais je me permettrai de
commenter davantage vos recommandations. Vous faites une recommandation sur la
présente... D'abord, je reviendrai un peu, comme l'a fait le
président... Vous dites que ce serait de 12 à 30 ans. En disant
de 12 à 30 ans, est-ce que c'est pour vous assurer qu'il y aura
quelqu'un ayant 12, 13 ou 14 ans au conseil ou tout simplement parce que la
problématique - on parle encore de problématique - le dossier
des jeunes traité par le Conseil permanent de la jeunesse couvre
tous ces groupes d'âge? Qu'est-ce qui vous fait demander que ce soit de
12 à 30 ans?
Mme Harvey: Comme je l'ai dit tantôt à M. le
président, dans les maisons de jeunes, selon nos règlements
généraux, on accueille des jeunes de 12 à 17 ans. Cela
veut dire qu'on a autant de jeunes de 12 ans qu'on peut en avoir de 16 ans. On
a dit de 12 à 17 ans pour être certain qu'il y aurait au moins un
jeune de moins de 18 ans qui soit présent.
Mme Blackburn: D'accord, À ce moment-là, on peut
penser qu'entre 15 et 18 ans on a autant de chances de retrouver... Parce qu'il
y a peu de chances qu'on retrouve quelqu'un de 12, 13 ou 14 ans. Même en
passant par la démarche que vous proposez, beaucoup d'organismes nous
ont fait valoir que, pour un jeune, même de 15, 16 ou 17 ans, sa
candidature au sein d'une délégation d'organismes, qui peut
être assez importante dans une région comme la nôtre -il y
aurait peut-être 100, 125 personnes -vous avez quatre candidats à
faire élire par ce collège électoral... Comment
pensez-vous qu'un jeune de 15, 16 ou 17 ans puisse faire valoir sa candidature?
Plusieurs organismes nous ont fait valoir que cela constituait un obstacle
certain aux candidatures de tous les jeunes de moins de 18 ans. Vous dites
qu'il faut qu'il y en ait au moins un de moins de 18 ans.
Mme Harvey: On veut au moins s'assurer qu'il y en ait un, c'est
ça.
Mme Blackburn: Cela finit par ressembler au jeune alibi, à
la femme alibi. Vous n'avez pas fait état des difficultés que
posait toute la démarche d'aller chercher trois appuis par trois
organismes incorporés en vertu de la troisième partie de la Loi
sur les compagnies. Je voudrais revenir sur ces deux éléments.
Premièrement, est-ce que ce n'est pas, finalement, un obstacle absolu
à la candidature des moins de 18 ans? Deuxièmement, est-ce que
pour vous, l'idée que les associations soient nécessairement
incorporées en vertu de la troisième partie de la Loi sur les
compagnies pour appuyer une candidature, cela vous agrée?
Mme Harvey: Quand vous parlez d'obstacles, c'est plutôt au
niveau du processus d'adhésion...
Mme Blackburn: Oui, toutes les étapes.
Mme Harvey: Je peux parler en tant que représentante de
maisons de jeunes. Je pense que, si un jeune est parfaitement appuyé,
qu'on lui explique avec des mots qu'il peut comprendre tout le processus en
place, il y a possibilité.... Je ne suis peut-être pas
réaliste par rapport à bien du monde, mais, moi, je pense que
oui.
Mme Blackburn: Parce qu'il aura à faire valoir sa
candidature auprès de ses... Il aura à faire sa campagne
électorale, si je peux m'exprimer ainsi, auprès de quelque 125
collègues. Est-ce que ce n'est beaucoup demander, alors qu'il va y avoir
des gens ayant entre 25 et 30 ans?
Mme Harvey: Je pense que c'est surtout conditionnel à
l'appui qui sera là pour le jeune.
Mme Blackburn: D'accord. Pour ce qui est de l'incorporation des
organismes, plusieurs organismes ont fait valoir que c'était
peut-être des conditions qui risquaient de limiter la participation parce
qu'il y a des associations étudiantes dans les écoles qui ne sont
pas incorporées, qu'il y a des organismes qui fonctionnent selon la
méthode qu'on appelle bona fide; ils se regroupent de bonne foi.
D'autant plus, je le rappelle, que les frais d'incorporation, à
l'occasion du dernier budget, pour un organisme sans but lucratif, en vertu de
la troisième partie de la Loi sur les compagnies, ont été
portés de 25 $ à 100 $. On peut penser que, pour certains
organismes, de voir quadrupler les frais d'incorporation, cela peut constituer
un frein à la volonté de le faire, d'autant plus que,
quelquefois, ce n'est pas exigé, ce qui fait qu'ils fonctionnent
beaucoup plus dans des organismes de bonne foi. Est-ce que vous pensez que
cette condition d'incorporation devrait être maintenue?
Mme Harvey: Honnêtement, je dois dire que le regroupement
régional ne s'est pas penché sur cette question, sauf que, pour
Ies nouvelles maisons de jeunes en voie de formation, pour des organismes sans
but lucratif, on trouve cela cher.
Mme Blackburn: Mais est-ce que votre regroupement est
incorporé?
Mme Harvey: Notre regroupement, non. Mme Blackburn: Non,
c'est cela.
Mme Harvey: Toutes les maisons de jeunes sont incorporées,
mais le regroupement régional ne l'est pas.
Mme Blackbum: Cela veut dire que le regroupement ne pourrait pas
appuyer de candidatures.
Mme Harvey: Non. Chaque maison pourrait en appuyer, mais pas le
regroupement.
Mme Blackburn: Oui. Le groupe qui vous a
précédées a fait valoir que, avant de créer un
Conseil permanent de la jeunesse, on serait mieux de se donner une politique de
reconnaissance et de financement des organismes jeunesse. Quelle est votre
réaction par rapport à cela, en rappelant que, d'abord, les
associations étudiantes avaient cette reconnaissance, ce financement et
qu'il serait indispensable qu'on l'ait aussi dans les autres secteurs
d'activité pour ne pas laisser ces associations dépendantes de
subventions qui viennent ou ne viennent pas selon les humeurs et le budget?
Mme Harvey: Je m'excuse, mais je n'ai pas compris le début
de votre question, parce que c'était trop bas.
Mme Blackburn: D'accord. Le groupe qui vous a
précédées suggérait que, avant de procéder a
la création du Conseil permanent de la jeunesse, on se donne une
politique de reconnaissance et de financement des organismes jeunesse. Cela
existe déjà dans le milieu étudiant et eux
prétendent que la vigueur du Conseil permanent de la jeunesse
réside beaucoup dans la vigueur des organismes de jeunes et que,
à cet effet, la reconnaissance et le financement des organismes jeunesse
permettraient cette espèce de permanence et cette indépendance
vis-à-vis du gouvernement qui leur donneraient une voix plus forte et
plus crédible.
Mme Harvey: Le regroupement régional des maisons de jeunes
croit à la pertinence d'un conseil, selon notre rapport. Je pense que,
présentement, au sein de beaucoup d'organismes jeunesse, il n'existe pas
d'organisations pouvant répondre à leurs besoins quand c'est le
temps de faire entendre leurs préoccupations. Je regarde le regroupement
provincial des maisons de jeunes. Étant donné qu'on fait affaire
directement avec le ministère des Affaires sociales, il faut aller
là directement. On pense que, si on avait un conseil bien formé
avec des instances facilement accessibles, ce serait plus facile pour nous,
à titre de regroupement de maisons de jeunes, de se faire valoir. Le
conseil, on y croit. Je pense que ce serait important d'en avoir un. C'est
sûr qu'on était un peu sceptique parce que les regroupements de
maisons de jeunes ont eu à se battre beaucoup, l'année
passée, pour une augmentation de leurs budgets. En ce qui concerne le
conseil en soi, on y croit, si c'est une structure qui est accessible pour tout
le monde, où il est facile d'entrer. (12 h 45)
Mme Blackburn: Vous proposez un collège électoral
élargi et des collèges électoraux régionaux.
Au-delà de l'élection des quatre personnes, est-ce que ce
collège électoral devrait rester en activité: Est-ce qu'il
devrait avoir d'autres pouvoirs ou jouer un autre rôle?
Mme Harvey: Si les collèges régionaux devraient
rester en activité? Oui.
Mme Blackburn: Je ne pense pas avoir retrouvé cela dans
votre mémoire.
Mme Harvey: Pas nécessairement, non.
Mme Blackburn: Non. Mais vous seriez favorables à ce que
les collèges électoraux régionaux constituent une
structure permanente.
Mme Harvey: Oui. Quand on est arrivé à cela - bien
sûr, on parle toujours de régions éloignées - on
disait qu'il serait plus facile pour les régions de se faire valoir et
de se faire entendre. C'était la priorité quand on est
arrivé à ce résultat.
Mme Blackburn: Dans votre mémoire, vous parlez d'une
représentation des régions. Le président disait tout
à l'heure que c'est prévu dans la loi. Dans la loi, on parle
d'une représentation équilibrée des régions. Une
représentation équilibrée des régions ne veut pas
dire une représentation égale des régions. Je pense qu'il
y a une bonne différence entre les deux termes. Une
représentation équilibrée, cela peut être quatre
à Montréal et le reste en province, ou cinq à
Montréal, comme d'autres nous l'ont suggéré, six à
Montréal et le reste dans la province. Cela pourrait être
équilibré. Cela dépend à quelle place on situe
l'équilibre. Tandis qu'une représentation égale, c'est un
par région. Je pense que c'est ce que la plupart des organismes
régionaux sont venus nous dire. Pour vous, est-ce que c'était
cela également?
Mme Harvey: Oui.
Mme Blackburn: Vous parlez également d'une
représentation égale des secteurs d'activité. Quelques
organismes nous ont fait valoir qu'il y avait un secteur d'activité
majeur qui avait été oublié, celui de la culture. On avait
trop tendance, selon eux, à identifier, à confondre loisir et
culture, alors qu'on connaît toutes les industries culturelles, le
développement culturel, la promotion des biens culturels, etc. Qu'est-ce
que vous pensez de l'idée d'ajouter un autre secteur?
Mme Harvey: Pour le culturel? Mme Blackburn: Oui.
Mme Harvey: C'est sûr que pour le loisir et le culturel, on
a sauvent de la
misère à faire vraiment la différence par rapport
aux jeunes. Je n'aurais pas d'objection, si j'y pense très vite,
à ce que... Je réponds oui à votre question, tout
simplement.
Mme Blackburn: II y a aussi un organisme qui proposait qu'on
s'assure dans ce projet de loi qu'une place égale soit faite aux femmes
au sein du conseil consultatif. Ce qu'elles invoquaient comme argument - et
j'ai trouvé l'idée intéressante - c'est que, étant
donné que c'est un organisme jeune qui est plus ouvert à une
participation plus équilibrée, à un partage des
responsabilités entre les hommes et les femmes, il serait
peut-être pertinent, dans le cas de ce projet de loi, d'indiquer que les
femmes soient au moins aussi nombreuses. J'avais ajouté le "au moins"
parce qu'il y a onze membres et, deuxièmement, parce que rien ne nous
dit qu'elles ne pourraient pas éventuellement être, à
l'inverse, plus nombreuses. Comment réagiriez-vous? Vous êtes deux
femmes ici alors que, dans beaucoup d'organismes qui se sont
présentés ici le membership est féminin, mais la
représentation et les délégations sont masculines.
Mme Harvey: C'est sûr qu'au niveau des maisons de jeunes,
il y a beaucoup plus de femmes...
Mme Blackburn: Oui.
Mme Harvey: ... que d'hommes. On ne s'est pas posé la
question en ce qui concerne les femmes et les hommes. Quand on parle de jeunes,
ce sont des filles et des gars, pas plus des gars que des filles ou pas plus
des filles que des gars. C'est un peu spécial à
l'intérieur des maisons de jeunes. Il y a beaucoup de femmes ou de
filles et on a beaucoup de difficultés à avoir des hommes. C'est
peut-être l'inverse d'autres... Dans notre tête, le mot "jeunes"
représente filles et gars.
Mme Blackburn: Je voulais juste avoir votre réaction sur
l'hypothèse de s'assurer que la moitié des postes soient
réservés à des femmes.
Mme Harvey: On ne s'est pas penché là-dessus, mais
c'est sûr que je ne vois pas d'objection à ce qu'il y ait plus
de... Ou, au moins, qu'un équilibre se fasse.
Mme Blackburn: II y a également un organisme qui proposait
qu'on s'assure de la présence de jeunes par groupes d'âge. Sa
proposition était la suivante: il faudrait avoir la moitié du
conseil qui soit composée de jeunes de 15 à 22 ans et l'autre
moitié de 23 à 30 ans. Comment réagiriez-vous à une
telle hypothèse?
Mme Harvey: Au départ, de 15 à 22 ans, je trouve
que ce sont des groupes... Je ne mettrais pas de 15 à 22 ans parce que
je trouve que déjà, entre 15 et' 17 ans, il y a une
différence. Entre 15 et 12 ans, il y a une différence. De 15
à 22 ans, je trouve que la différence est très
amplifiée.
Mme Blackburn: Vous diriez les 15-20, 20-25, 25-30? C'est un peu
complexe.
Mme Harvey: On peut s'embarquer longtemps, c'est sûr. Je ne
sais pas. De 15 à 22 ans, c'est sûr que, pour moi, cela
m'apparaît gros comme différence. Quand un équilibre se
fait, tu as du 15 ans, tu as du 16 ans. On y va par pointure. Les 15, 16, 17,
c'est ça. Les préoccupations d'un jeune de 15 ans sont
complètement autres que celles d'un jeune de 22 ans.
Une voix: Même de 18.
Mme Blackburn: Je vous pose la question. Je connais assez la
région pour savoir que les autres minorités ne sont pas
dominantes chez nous comme dans certains quartiers de la région de
Montréal, de la ville de Montréal. Certains groupes nous ont fait
valoir qu'on devait réserver des sièges aux autres ethnies pour
s'assurer que ce qu'on appelle les minorités visibles et les nouveaux
immigrants trouvent leur place au sein du Conseil permanent de la jeunesse.
Comment réagissez-vous?
Mme Harvey: Au départ, nous, on n'a pas d'objection
à ce qu'il y ait, comme vous le disiez tantôt, un équilibre
qui se fasse avec les femmes, qu'il y ait un équilibre qui se fasse avec
d'autres groupes. Nous, c'est sûr qu'on est ici. D'abord, lire cela, pour
nous qui ne sommes pas habitués... Venir ici, c'était
déjà quelque chose. Moi, je trouve les questions très
pertinentes. C'est sûr qu'on n'a rien contre. L'important, pour nous qui
sommes un regroupement provincial de maisons de jeunes, c'est de
défendre notre point de vue pour les jeunes parce que pour nous, les
jeunes, ce sont des filles, ce sont des gars, cela peut être des Indiens.
C'est ça qui est important dans notre esprit.
Mme Blackburn: Vous êtes favorables à la
création du Conseil permanent de la jeunesse. Dans l'hypothèse
où vos recommandations ne seraient pas retenues, est-ce que vous estimez
que le conseil pourrait quand même jouer un rôle utile ou si vous
avez des doutes?
Mme Harvey: On a des doutes, mais je pense aussi qu'il y a
possibilité d'avoir un conseil qui soit là et qui soit un bon
conseil. C'est dans la consultation qu'on espère que cela va se
faire.
Mme Blackburn: M. le Président, mon collègue de
Lac-Saint-Jean voulait poser des questions. Je voudrais, si vous me
permettez...
M. Gratton: II faudrait le consentement.
Mme Blackburn: Avec le consentement, c'est vrai.
M. Brassard: Je me suis inscrit à la commission, mon cher
ministre.
M. Gratton: J'aurais tant voulu consentir.
Mme Blackburn: Je voudrais juste dire que je dois malheureusement
partir, m'en excuser et dire, comme l'a fait Mme Harvey, qu'effectivement cela
demande beaucoup de courage pour se présenter en commission
parlementaire. Je suis très consciente de cela. Des fois, on l'oublie
beaucoup parce qu'on passe des journées assis ici. Cela ne veut pas dire
pour autant... J'ai déjà occupé ces sièges et je
sais que c'est un exercice qui n'est pas toujours facile. C'est pourquoi je
voudrais répéter qu'on apprécie beaucoup votre
participation.
Le Président (M. Després): Je veux remercier Mme la
députée de Chicoutimi. Je vais passer maintenant la parole au
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je vous remercie. Je suis certain que, même si
je ne m'étais pas inscrit au début, j'aurais reçu le
consentement unanime de la commission.
Une voix: ...
M. Brassard: Voilà! Je voudrais d'abord, moi aussi, me
joindre à tous les membres de la commission pour remercier le
regroupement régional des maisons de jeunes, que je connais bien,
surtout les porte-parole puisqu'elles sont de ma circonscription. Il y a pas
mal de questions qui ont été posées. Celle que je voudrais
vous poser concerne la crédibilité d'un Conseil permanent de la
jeunesse. Au fond, ce que vous dites, c'est que, pour qu'un conseil permanent
de la jeunesse soit crédible, qu'il ait une crédibilité
auprès des groupes et des mouvements de jeunes, il serait important,
sinon essentiel, que les membres qui constituent ce Conseil permanent de la
jeunesse soient issus du milieu. C'est pourquoi vous proposez des
collèges électoraux régionaux.
Dans l'hypothèse où le projet de loi tel qu'on le voit
devant nous ne serait pas amendé, modifié dans ce sens, dans le
sens d'une plus grande représentativité ou d'une plus grande
implication et participation des régions, à ce moment-là,
j'en arrive à la conclusion qu'il serait, si je suis votre
argumentation, moins crédible, que la crédibilité du
conseil serait moindre, diminuée. Est-ce qu'à ce
moment-là, face à un conseil permanent de la jeunesse dont la
crédibilité serait réduite, vous trouveriez toujours utile
d'en créer un? Au fond, la question est celle-ci: Si vos propositions
quant à la participation des régions - cela rejoint d'ailleurs le
mémoire du premier groupe de la région qui a
témoigné ce matin - n'étaient pas reçues, le
conseil permanent se trouverait, selon vous, à avoir une
crédibilité réduite. Est-ce qu'à ce
moment-là la question de son utilité se pose?
Mme Harvey: Au départ, quand on a lu le projet de loi 104
- d'ailleurs, on l'est encore - on était très inquiets et
très sceptiques aussi. On ne se leurrera pas, on l'est. Comme on le
disait, c'est sûr que, si nos recommandations ne sont pas retenues, on
sera encore plus inquiets. C'est cela.
M. Brassard: A ce moment-là, vous aurez un organisme qui
sera, comme vous le mentionnez dans votre mémoire, moins crédible
face aux différents groupes, face aux mouvements de jeunes, parce qu'il
n'aura été constitué que par la procédure de la
nomination du ministre. Cela entache, selon vous, la crédibilité
d'un organisme comme celui-là.
L'autre question porte sur les collèges électoraux
régionaux. Je trouve que c'est une idée intéressante qui
mériterait d'être examinée. Je suis convaincu que les
ministériels vont doute examiner cette idée qui m'apparaît
intéressante, les collèges électoraux régionaux
mais, dans votre mémoire, vous ne traitez nulle part de la composition
de ces collèges électoraux régionaux. Dans le projet de
loi, le collège électoral national, tel qu'il nous est
présenté, a un nombre limité, c'est 40 membres. Dans votre
esprit, le nombre de membres de ces collèges électoraux
régionaux n'est pas limité. Cela dépend, si vous vouiez,
de la vitalité des mouvements de jeunes des régions. Dans une
région, on pourrait avoir un collège électoral de 50
membres. Dans une autre, où les groupes sont moins dynamiques, on se
retrouverait avec un collège électoral de 20 membres seulement.
Vous ne jugez pas bon de limiter ou de spécifier le nombre de membres
constituant les collèges électoraux régionaux. Est-ce que
c'est bien cela? Est-ce que j'ai bien compris ou si c'est un
élément que vous n'avez pas examiné?
Mme Harvey: On l'a très peu examiné, mais je me
souviens, quand on a étudié l'article, en fait, il restait
probablement à 40 membres. Quant au processus d'élection,
on gardait le même article 19.
M. Brassard: D'accord, vous ne l'avez pas spécifié,
mais dans votre esprit...
Mme Harvey: C'est cela.
M. Brassard: ... c'étaient des collèges
électoraux d'une quarantaine de membres par région.
Mme Harveys Par région.
M. Brassard: Même si vous ne le spécifiez pas, si on
retient cette idée, il faudra évidemment que, dans le projet de
loi, cela soit spécifié. Il faudra qu'on spécifie le
nombre de memores du collège électoral pour ne pas qu'on se
retrouve au SaguenayLac-Saint-Jean avec un collège
électoral de 50 membres et, en Gaspésie, de 25. Il faudra
spécifier le nombre de membres composant ces collèges
électoraux régionaux. Je trouve l'idée
intéressante.
À une question de ma collègue de Chicoutimi, vous avez
répondu oui, tout simplement, quand elle vous a demandé si, dans
votre esprit, ces collèges électoraux régionaux devraient,
une fois fait le choix de la personne devant les représenter au Conseil
permanent de la jeunesse, continuer d'exister et de fonctionner. Vous avez
répondu oui, mais je suppose que, n'en ayant fait mention nulle part,
vous n'avez pas creusé davantage cette idée, mais que cela vous
paraîtrait intéressant, sous une forme ou sous une autre.
Fonctionner à 40, ce serait plutôt difficile; il faudrait
prévoir une sorte d'exécutif de ces collèges
électoraux régionaux. Mais cela vous paraîtrait utile et
intéressant que, dans les régions, ces collèges
électoraux, une fois qu'ils ont accompli leur fonction de
désigner un membre au Conseil permanent de la jeunesse, continuent de
fonctionner, d'exister, de jouer un certain rôle dans le dossier jeunesse
dans chacune de leur région. C'est oui?
Mme Harvey: Oui.
M. Brassard: Mais vous n'avez pas creusé davantage cette
idée-là.
Mme Harvey: Non.
M. Brassard: Je vous remercie. Merci, M. le Président. Je
remercie encore une fois les représentantes du Regroupement des maisons
de jeunes du SaguenayLac-Saint-Jean. (13 heures)
Le Président (M. Després): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. J'aurais une dernière question,
avant de passer la parole au ministre. Toujours selon votre mémoire,
chaque région envoie son représentant au collège
électoral. J'aimerais savoir quelle région doit s'occuper, par
exemple, d'avoir son représentant de moins de 18 ans, comme vous le
mentionnez dans votre mémoire, et peut-être d'autres facteurs,
comme je l'ai dit tout à l'heure, d'une communauté culturelle ou
d'une minorité linguistique - il y en a peut-être moins - mais
prenons seulement l'exemple des moins de 18 ans. Comment va-t-on s'assurer
qu'un jeune de moins de 18 ans fasse partie du collège
électoral?
Mme Harvey: Si un article du projet de loi le stipule, ce sera
une obligation. Nous voyons l'obligation d'inclure cela dans un article
spécifique. On le voit ainsi.
M. Brassard: Cela devient difficile.
Le Président (M. Després): Cela devient difficile,
à ce moment-là.
M. Brassard: Cela devient difficile. De deux choses l'une: ou
vous adoptez la procédure actuellement prévue dans le projet de
loi, c'est-à-dire par le haut, c'est le ministre qui nomme les membres
du Conseil permanent de la jeunesse, c'est le ministre qui nomme les membres du
collège électoral à partir d'une liste. Si vous adoptez
cela, c'est évident que le ministre doit faire en sorte qu'il y en ait
une personne de moins de 18 ans qui fasse partie du Conseil permanent de la
jeunesse. Mais, si vous privilégiez la procédure par le bas,
c'est-à-dire que les collèges électoraux régionaux
désignent une personne au Conseil permanent de la jeunesse, une clause
comme celle que vous exigez visant à faire siéger au moins une
personne de moins de 18 ans au conseil peut être difficile à
appliquer parce qu'il faut laisser jouer, en quelque sorte, la
démocratie. Il peut arriver qu'il n'y en ait pas, comme il peut arriver
qu'il y en ait. De la même façon pour les communautés
ethniques, il peut arriver que, dans certaines régions, il y ait des
représentants des communautés ethniques, mais ce n'est pas
obligatoire.
Tout à l'heure, dans une de ses interventions, le ministre a dit:
La procédure prévue dans le projet de loi est meilleure parce
qu'on s'assure d'une meilleure représentativité, d'un meilleur
équilibre entre hommes et femmes, entre jeunes de diverses
catégories, de diverses régions; c'est un argument qui vaut ce
qu'il vaut. C'est sûr que, s'il y a seulement une personne qui
désigne, on peut s'assurer d'une meilleure
représentativité, mais c'est moins démocratique. C'est
peut-être préférable de laisser jouer la démocratie.
À ce moment-là, il y a peut-être quelques accrocs en termes
de représentativité, mais il y a peut-être un accroissement
de la crédibilité, Ce sont deux éléments
importants. Cela peut être plus
représentatif, mais moins crédible, tandis que, si on
laisse jouer la démocratie, comme vous le souhaitez, comme, vous le
recommandez, il peut arriver qu'il y ait plus de femmes que d'hommes, ou plus
d'hommes que de femmes, plus de jeunes de 18 ans et plus, et qu'on se retrouve
sans représentant des 18 ans et moins. Comme c'est le jeu de la
démocratie qui a donné cela, la crédibilité
m'apparaît meilleure, plus forte.
C'est un choix qu'on a à faire, au fond. Vous choisissez d'avoir
un organisme plus crédible, et, pour ce faire, vous privilégiez
la voie de la démocratie, que cela se constitue de bas en haut. Cela
m'apparaît un choix intéressant, tout en sachant fort bien qu'en
privilégiant cette voie, il peut arriver, en matière de sexe, de
catégories d'âge, de communautés d'origine ethnique, que ce
soit un peu moins représentatif, mais la crédibilité est
meilleure. Je ne sais pas si vous me saisissez.
Le Président (M. Després): Je ferai remarquer au
député de Lac-Saint-Jean que je n'avais pas d'objection à
me faire couper la parole...
M. Brassard: ...
Le Président (M, Després): ...mais je lui dirai
qu'il m'a enlevé les mots de la bouche. Je passe maintenant la parole au
ministre.
M. Gratton: M. le Président, étant donné
l'heure, je voudrais tout simplement remercier Mme Harvey et Mme Fortin
d'être venues nous faire connaître leur point de vue sur le projet
de loi 104. Vous avez dit, Mme Harvey - et on le sait - que ce n'est pas facile
de venir en commission parlementaire, mais je dois vous dire que vous avez
été tout à fait à la hauteur de la situation. Vous
nous avez passé le message. Nous avons compris, je pense, votre point de
vue. Nous partageons les mêmes objectifs. Nous sommes les premiers,
à titre de gouvernement, à souhaiter que le Conseil permanent de
la jeunesse soit crédible, légitime et représentatif,
bref, qu'il fasse le travail pour lequel on le crée.
On va sûrement devoir réfléchir très
sérieusement sur la façon dont on peut traduire ces objectifs
dans le texte de loi. On ne trouvera jamais un texte de loi qui va satisfaire
toutes les représentations fort légitimes qu'on a entendues ici,
tant de votre groupe que de la trentaine d'autres organismes qu'on a entendus
jusqu'à maintenant. Mais, dans la mesure où on vise le même
objectif et où on trouve les mécanismes nécessaires,
évidemment, ce sera dans la bonne foi des gens qui composeront le
collège électoral et dans la bonne foi de ceux qui participeront
au choix des membres du collège électoral que nous trouverons les
possibilités d'atteindre ces objectifs. Quant à moi, je ne
privilégie pas une formule plutôt qu'une autre. On en a
mentionné plus de deux ou trois. On va tâcher de trouver les
mécanismes qui nous permettent d'en arriver à un Conseil
permanent de la jeunesse qui soit crédible, légitime et qui serve
les fins de la jeunesse québécoise. Si ce n'est pas par le biais
de conseils ou de collèges électoraux régionaux, ce sera
d'une autre façon, mais ce qui importe, c'est que les membres qui
composeront le Conseil permanent de la jeunesse soient représentatifs de
ceux que vous privilégiez à juste titre.
Vous êtes venues nous dire que vous aviez une préoccupation
particulière pour les 12 à 18 ans. On note tous que cela va
être extrêmement difficile d'assurer la présence d'un
représentant de cette catégorie de jeunes. Donc, il faudra
trouver une solution. Peut-être bien que la solution la plus efficace
pour assurer cela sera celle qui sera la moins démocratique. Il faudra
peut-être qu'à un moment donné le gouvernement
décide que, s'il doit y avoir représentation d'un jeune de 15
à 18 ans, par exemple, et qu'on n'imagine pas de mécanisme pour
l'assurer par un processus comme celui que vous proposez, Il faudra
peut-être que le gouvernement agisse. Il y a éventail aussi
varié qu'on peut l'imaginer des façons qu'on peut utiliser pour
cela. Je vous dis simplement que c'est pourquoi on a tenu cette commission
parlementaire.
Normalement, pour un conseil permanent de la jeunesse, pour un conseil
consultatif de cet ordre, c'est le gouvernement qui consulte. On appelle
quelques personnes, on demande à des organismes de nous faire des
suggestions et le gouvernement fait les nominations. On a
préféré faire un pas plus loin et dire: Allons demander
l'implication plus directe des organismes de jeunesse. On se rend compte que la
définition des organismes de jeunesse devra, elle aussi, être
modifiée et être élargie pour s'assurer, par exemple, que
votre regroupement, qui n'est pas incorporé, puisse appuyer des
candidatures. Il me semble que ce serait normal. D'ailleurs, de toute
façon, votre regroupement pourrait être plus efficace pour assurer
la présence d'un de vos représentants au collège
électoral en faisant appuyer la candidature d'une personne par
l'ensemble des organismes représentés.
Ce sont toutes là des avenues qu'on veut explorer avec vous. On
pense que vous êtes venues nous sensibiliser à une situation
très particulière. On l'apprécie énormément.
Soyez assurées qu'on va faire tous les efforts pour tâcher que le
projet de loi, dans son texte, traduise les intentions du gouvernement, bien
sûr, mais qu'il soit également le reflet de certaines
représentations que vous nous avez faites. De toute façon, quel
que
soit le texte de loi, au bout de la démarche, c'est dans le
fonctionnement qu'on retrouvera la crédibilité de l'organisme. Je
pense que vous et moi, on pourra en juger seulement une fois qu'il aura
été créé et qu'on aura rodé la
démarche.
Avez-vous quelque chose à ajouter avant qu'on termine, Mme Harvey
ou Mme Fortin?
Mme Harvey: Non, cela va.
M. Gratton: Alors, on vous remercie de votre participation. Je
suis sûr que les contacts et les communications continueront d'être
fertiles entre nous.
Le Président (M. Després): Au nom de tous les
membres de la commission, merci de votre participation.
Les travaux sont suspendus jusqu'après la période des
affaires courantes, soit vers 16 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 10)
(Reprise à 16 h 22)
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mesdames et messieurs, nous allons poursuivre nos travaux qui ont pour
objet la consultation générale sur le projet de loi 104, Loi sur
le Conseil permanent de la jeunesse. Cet après-midi, nous avons deux
groupes. Nous commençons par le premier groupe, soit Les intervenants
communautaires du secteur jeunesse du CLSC "SOC" de Sherbrooke. Je demanderais
à nos invités de s'identifier pour les fins du Journal des
débats.
M. Audet (Jacques): Jacques Audet.
M. Tremblay (Mario): Mario Tremblay, travailleur communautaire au
CLSC "SOC".
Le Président (M. Dauphin): On vous souhaite la bienvenue.
Comme vous le savez, nous commencerons par vous écouter et, ensuite,
nous procéderons à la période des discussions. Il y a un
remplacement. Mme la secrétaire.
La Secrétaire: Est-ce qu'il y a consentement unanime pour
que M. Marcil
(Beauharnois) soit remplacé par M. Forget (Prévost)?
Le Président (M. Dauphin): II y a consentement.
Excusez-nous, vous pouvez y aller.
Les intervenants communautaires du
secteur jeunesse du CLSC "SOC"
de Sherbrooke
M. Tremblay (Mario): D'abord, on voudrait vous dire merci, M. le
Président, de nous permettre de nous exprimer dans un tel débat.
Même si, pour vous, ce n'est qu'une commission parlementaire parmi tant
d'autres, nous avons un peu le "shake" d'avoir à venir vous dire ce
qu'on croit être une erreur ou des oublis de votre part. Alors, on va
vous demander toute votre attention- car vous pourriez trouver notre discours
un peu dissonant. Mais si vous savez écouter le fond du discours, vous
verrez qu'il est très conséquent.
Dans sa forme actuelle, le Conseil permanent de la jeunesse est pour
nous inacceptable. Nous avons trouvé très intéressante
cette trouvaille de mettre sur pied un collège électoral pour
nommer les membres du Conseil permanent de la jeunesse. Par contre, nous
trouvons aberrant qu'on laisse partir les gens du collège
électoral alors que le vrai travail va réellement débuter.
Ce n'est pas une mince tâche que d'avoir è émettre des avis
ou des opinions sur des projets de loi ou des politiques, et de le faire pour
l'ensemble des jeunes du Québec qui sont si différents et qui ont
des goûts et des besoins qui peuvent différer d'une région
à une autre. Ces jeunes, qui vont tantôt dans un sens et
tantôt dans l'autre, ont aussi le droit d'être
représentés. Ils doivent se reconnaître dans cette
structure proposée.
N'est-ce pas suicidaire de demander à onze jeunes de suivre
l'ensemble des secteurs qui touchent la jeunesse, tels que l'éducation,
le loisir, le travail, le revenu, etc., pour y émettre des avis alors
que, comme gouvernement, on n'a pas fait son lit, on n'a pas défini de
politique de la jeunesse et on n'en prévoit pas pour tout de suite? La
Société d'investissement jeunesse, c'est excellent, mais c'est
fait pour combien de jeunes? Que faisons-nous des autres jeunes qui attendent?
À quand la reconnaissance pour le merveilleux travail fait à
l'intérieur des maisons de jeunes qui aura coûté si peu en
bout de ligne et qui aura généré des tas de choses
positives à l'intérieur de nos communautés?
Les secrétariats à la jeunesse, ces chers oubliés
dans le débat, où sont-ils? Les secrétariats, on les a eus
en 1983 et on les a régionalisés en juillet 1984 avec un
gouvernement qui ne savait plus où donner de la tête face à
des groupes qui revendiquaient, tels les tables de concertation et IMAJ 85, Ce
sont aussi les secrétariats à la jeunesse qui devaient
préparer l'Année internationale de la jeunesse en 1985. Ils ont
eu à se défendre, à se faire accepter dans les milieux
où cela bougeait
beaucoup et où les attentes étaient très grandes
face au gouvernement.
Les groupes ont trouvé, par les représentants
régionaux, une façon de se faire entendre à Québec.
On a même failli avoir une vraie consultation sur le financement des
organismes communautaires jeunesse. Tout était prêt, les documents
étaient écrits, on nous avait même envoyé des avis
qu'on allait procéder, mais on a failli, encore une fois. C'est pour
quand le support au travail des représentants régionaux du
Secrétariat à la jeunesse?
M. Audet (Jacques): Ici, j'aimerais poursuivre un peu, essayer de
démontrer que, dans notre mémoire, ce qu'on propose, c'est
vraiment une structure d'association avec les milieux régionaux et
essayer de voir comment cela se passe dans une région pour saisir
vraiment pourquoi on en est arrivé à proposer cette formule. Pour
nous, les jeunes se présentent à travers une multitude de projets
différents. Pour essayer de saisir un peu comment cela se passe dans une
région, je vais partir de quelques exemples qu'on a vécus depuis
quelques années et plus particulièrement peut-être le
programme Jeunes volontaires que j'ai assisté dans ses débuts,
à l'époque, à partir du comité directeur ici
à Québec, où on a défini une espèce de
grande structure d'orientation pour le programme qui était centré
sur les jeunes - je pense qu'il y avait quatre volets importants qui
étaient faits pour et par des jeunes - qui était aussi une
structure d'association avec les milieux, avec les organismes d'une
communauté ou d'un quartier. Il y avait aussi une équipe de
soutien, de formateurs et d'animateurs qui appuyaient les jeunes dans leurs
projets, avec une gestion locale. En soi, je pense que le programme avait des
objectifs très intéressants et de fait, le programme s'est mis en
place avec les lenteurs du départ, mais, finalement, il a rejoint les
jeunes qui s'y sont embarqués.
À travers les années, après deux ans, le programme
a commencé à poser certains problèmes. On a
commencé à l'uniformiser. On nous avait garanti au début
qu'on prendrait le temps d'écouter les jeunes et d'aller voir avec eux
ce qu'il y avait de plus dans ce programme-là, comment on pourrait
l'améliorer à partir d'un projet, comment on pourrait aller plus
loin à partir des questions des jeunes. On n'a jamais fait cela, et
c'est souvent ce qui revient. À l'époque, ce que les jeunes
disaient après deux ans ou deux ans et demi d'expérimentation et
de vécu dans le programme Jeunes volontaires, c'est qu'ils ne voulaient
plus appartenir à ce statut de jeunes sur te bien-être. On voulait
être reconnu comme des jeunes en apprentissage, parce que Jeunes
volontaires était un programme d'apprentissage; on voulait aussi avoir
une allocation substantielle, on voulait que soient reconnus les
expériences et les acquis de ce programme-là. On voulait aussi
qu'une jonction puisse se faire facilement entre les projets qui pouvaient
déboucher sur de petites entreprises. En même temps, les
comités locaux demandaient plus de pouvoirs parce qu'on était
souvent des marionnettes. On avait à gérer un budget sans
vraiment avoir de pouvoirs réels parce que, pour certains projets, selon
les milieux, on aurait dû voter plus d'argent et, pour d'autres, moins,
selon les projets. Donc, les gens demandaient une espèce de couleur
locale et, en même temp3, une simplification des structures
administratives parce qu'à l'époque il y avait trois
ministères. Ce point-là a été
réglé.
Sauf qu'on a assisté, à un moment donné, à
un gel du proqramme. Il a fallu attendre après le Conseil du
trésor pour savoir si le programme Jeunes volontaires serait reconduit
ou pas. Donc, toute une mécanique qui fait qu'on finit par perdre de
l'énergie sur le terrain parce que mettre en place le programme Jeunes
volontaires avec tout le boycottage qu'il y avait eu au départ, cela
n'avait pas été facile. Les gens se sont mis en branle, les
jeunes ont vécu, cela a été le "fun" mais, à un
moment donné, on a commencé à couper ici et là et,
je dirais, qu'on a tué finalement l'essentiel de ce qu'il y avait
là-dedans. C'est devenu un programme très encadré,
très défini, qu'on fait un peu comme cela, sans beaucoup
d'énergie.
La même chose pour l'année internationale qui vient de se
terminer. Il est sorti plein de projets intéressants et dynamiques, sauf
qu'une année internationale dure un an. Mais on n'a pas reconduit
l'essentiel de ce qui s'était vécu là-dedans. Cela n'a pas
été repris, sauf exception et avec des projets de très
court terme, ce qui fait qu'il n'y a vraiment pas eu de suite à long
terme là-dedans.
La même chose pour les symposiums des jeunes qui ont
été un exercice très intéressant au niveau du
Québec pour tenter d'associer des organismes patronaux, syndicaux ou
municipaux autour des grandes questions touchant l'emploi. Les jeunes ont fait
l'exercice, on a mis des énergies, sauf qu'au moment où on a
commencé à avoir des propositions intéressantes on a
demandé en même temps aux jeunes de le faire d'une façon
bénévole. L'organisme Jeunesse Emploi Estne va pouvoir en parler
tout à l'heure. Évidemment, on a appuyé et on appuie
Jeunesse emploi depuis deux ans. Il y a eu des projets ici et là, que ce
soit au provincial ou au fédéral, sauf que, actuellement c'est la
troisième équipe qui est en place après la fin du
symposium. Comment voulez-vous qu'il y ait une continuité, une
stabilité?
Les maisons de jeunes, c'est un peu la même chose. Les maisons de
jeunes ont des choses à nous dire, actuellement, au sujet des affaires
sociales, mais est-ce qu'on est prêt à les entendre? Est-ce qu'on
est prêt à reconduire le programme? Tout ça pour dire qu'il
faut absolument une structure permanente dans les milieux régionaux pour
finalement supporter toute cette vie et tous ces projets qui sont souvent
limités, a court terme, et qui sont diversifiés.
Un autre point que j'aimerais apporter qui nous amène à
justifier l'importance d'une structure jeunesse dans les régions, c'est
l'importance des enjeux des questions jeunesse. Je pense qu'il y a des enjeux
de fond derrière et, actuellement, on n'est pas sûr qu'il y ait
vraiment une politique jeunesse mise de l'avant.
Souvent, on se fait dire: On n'a pas d'argent. Pour nous, c'est moins
une question d'argent qu'une question de choix. J'aimerais juste apporter
l'exemple des programmes d'employabilité et de création d'emplois
qu'on connaît actuellement. Voici des chiffres, très rapidement.
Au provincial, il y a quinze programmes et cinq ministères
différents. Au fédéral, il y en a dix. Il y a dix
organismes, subventionnés soit par le fédéral ou le
provincial, qui touchent aussi la création d'emplois ou
l'employabilité. Cela fait donc 35 programmes au niveau de la
région de Sherbrooke, chez nous. Comment voulez-vous que des jeunes se
retrouvent là-dedans et qu'il y ait une espèce de
continuité, un filon directeur qui va mener à quelque chose?
Si on s'assoit et qu'on écoute les jeunes, si on écoute
les travailleurs qui sont dans ces centres de main-d'oeuvre ou les centres
d'emploi, qu'on écoute les fonctionnaires ou les gestionnaires, tous
vont dire qu'ils sont tannés et écoeurés de cette
espèce de panoplie de programmes qui, finalement, une fois que tu les as
compris et que tu as saisi ce que c'est, bon, un mois après les formules
sont changées. Si on considère cette masse salariale, de
l'argent, je pense qu'il y en a. Il est là. Mais est-ce qu'on est
vraiment prêt à s'asseoir et à dire: Qu'est-ce qu'il y
aurait à améliorer là-dedans? Si on s'assoit, les jeunes
en ont, des propositions, et cela fait longtemps. C'est sûr qu'ils ont
envie d'un guichet unique. Ils ont envie de faire quelque chose à partir
de leur vie, de leur expérience et ils ont envie d'être
appuyés là-dedans et de peut-être simplifier toutes ces
mécaniques qui finissent par compliquer tellement qu'ils se
découragent et n'y vont pas.
En même temps, ce qu'ils vont nous dire, c'est qu'au niveau de la
situation de l'emploi je pense qu'on a le goût d'avoir les vraies
affaires sur la table. Actuellement, tout le monde est conscient que, en
matière d'emploi, il y a un trou, il n'y en a pas pour tout le monde. On
parle d'une structure. On dit que l'emploi est structurel actuellement, dans le
sens qu'il est là pour rester. Sauf que cela, on ne le dit pas aux
jeunes; on continue d'entretenir plein de préjugés,
là-dedans. Je pense qu'il y a plein de gens qui en ont marre. On aurait
le goût de dire: Oui, la situation de l'emploi est difficile. On s'assoit
ensemble et on regarde ce qu'on fait. II ne s'agit pas de se dire: II y a des
programmes d'employabilité, il y a plein d'affaires pour vous autres, il
y a des politiques de plein emploi. Ce n'est pas vrai. Je pense que, quand on
regarde concrètement ce qui se fait, on s'aperçoit qu'il reste
encore beaucoup de chemin à parcourir.
Dernière réalité que j'aimerais mentionner pour
justifier un peu les structures d'association des régions, c'est un peu
tous les services et toutes les ressources du réseau actuel, que ce soit
des affaires sociales ou autre. Je pense qu'il y a aussi beaucoup d'argent qui
est investi là, que ce soit du côté des CRSSS, des CLSC,
des CSS, des centres d'accueil. Encore là, si on s'associe aux jeunes,
qu'on met les jeunes à contribution - ce qu'on ne fait pas souvent -je
pense que les jeunes vont nous poser de très bonnes questions. Je prends
juste l'exemple des maisons de jeunes, actuellement. Ils commencent à
nous dire qu'ils sont tannés du système scolaire ou ils remettent
des choses en question dans le système scolaire. Ils remettent des
choses en question dans les structures des centres d'accueil. Bon. Sur ces
questions, si vraiment on s'associe aux jeunes, il va falloir aller plus
loin.
Actuellement, on profite de cette commission pour situer un peu ces
grands enjeux et cela en est quelques-uns parmi bien d'autres pour dire que la
cause jeunesse est importante et qu'il faut aussi vraiment s'associer avec les
vraies personnes concernées, c'est-à-dire les jeunes. Je
laisserai à Mario le soin de schématiser un peu notre
mémoire en quelques minutes.
Le Président (M. Després): M.
Tremblay.
M. Tremblay (Mario): Pour terminer, je rappelle les grands points
du mémoire. Si on a un peu dépassé, aujourd'hui, ce qui
est inscrit dans le mémoire, c'est qu'il était limité, le
mémoire. On était limité dans le temps et on se devait, je
pense, de vous donner un peu plus de matériel pour expliquer l'ensemble
de notre texte. Donc, ce qu'on rappelle dans notre mémoire, c'est que le
projet de loi tel qu'énoncé nous apparaît une
mécanique artificielle qui ne garantit nullement une vraie place aux
jeunes dans les débats les concernant et dans l'identification de
solutions réelles aux
problèmes vécus. Pour nous, c'est très important de
spécifier qu'il y a une absence d'enracinement régional.
On trouve aussi dangereux qu'il y ait une possibilité d'avoir des
superjeunes carriéristes ou des jeunes missionnaires, au sein du CPJ. On
spécifie aussi qu'à la façon dont le projet de loi est
conçu, on dirait qu'il y a une espèce de méconnaissance
des réalités des jeunes. On a de la difficulté à
identifier les 15-20 ans, les 20-24 ans, les 24-30 ans, les jeunes
chômeurs, les jeunes bénéficiaires de l'aide sociale, les
jeunes de la Côte-Nord par rapport aux jeunes de Montréal, les
punks, les "straights". Il y a, quand même, une très grande
diversité chez les jeunes. Donc, il faut prévoir des
sous-conseils permanents.
Une des grandes lacunes, c'est l'absence de répondants
ministériels au conseil permanent. On sait que cela peut être le
premier ministre. Par contre, on est conscient aussi que le premier ministre
n'a pas que ça à faire et qu'il a plein de tâches à
exécuter. Il y a aussi l'absence de répondants
ministériels dans les différents ministères, que ce soit
au Travail, au Loisir, au Revenu.
Marginalité quant aux lieux réels de décision.
En conclusion, nous constatons dans ce texte de loi une absence de
politique jeunesse, une non-volonté d'identifier et de répondre
aux besoins les plus urgents des jeunes, et une non-reconnaissance des lieux et
structures jeunesse déjà en place.
Ce qui est important, c'est d'avoir une structure d'associations
régionales en trois volets, comportant le maintien et la consolidation
des secrétariats à la jeunesse en régions, la constitution
de sous-conseils permanents de la jeunesse régionaux, avec des
délégations et des porte-parole au/ou pour le CPJ; que le travail
soit fait en collaboration avec le CPJ et le Secrétariat à la
jeunesse. C'est important pour nous parce que, dans le projet de loi, on a
très peu spécifié le rôle du Secrétariat
à la jeunesse. C'est une structure qui est là depuis quelques
années et je pense qu'elle commence à être efficace. On
n'aurait pas le goût qu'elle soit balancée. Que le
Secrétariat à la jeunesse soit, au niveau provincial, un
répondant jeunesse en alliance avec le CPJ.
En conclusion, renforçons les réalités,
organisations ou services jeunesse déjà en place et qui
répondent aux besoins des jeunes. Que les structures du CPJ
s'établissent prioritairement à partir de la base,
c'est-à-dire à partir des réalités locales et
régionales. Les structures de représentation et de consultation
n'en seront que plus dynamiques et porteuses des vraies questions et
réponses. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, messieurs.
Nous allons maintenant procéder à la période
d'échanges. Du côté ministériel, M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: J'aimerais vous remercier, M. Audet et M.
Tremblay, pour votre présence ici, cet après-midi. Je dois avouer
que j'ai lu très attentivement votre document qui est franc, pour le
moins direct, sans détour. Je vais essayer d'avoir le même type
d'échanges avec vous en vous disant franchement, directement et sans
détour ce que nous pensons et ce que nous tentons de faire avec le
projet de loi 104.
En- premier lieu, je voudrais corriger une de vos perceptions. Je l'ai
notée tantôt. M. Tremblay a dit: C'est une commission
parlementaire comme beaucoup d'autres. Ça, à mon avis, c'est
faux. C'est une commission parlementaire unique, sur un sujet unique, et notre
perception, c'est que le dossier jeunesse est capital et primordial pour le
Québec. On accorde beaucoup d'importance à tous les groupes.
C'est la septième journée aujourd'hui et on va se rendre
jusqu'à la neuvième journée. Pour nous, c'est important de
savoir ce que vous pensez. Ce n'est pas une commission parlementaire comme les
autres. Si vous regardez ailleurs, je pense qu'il n'existe pas d'autres
commissions parlementaires dans le monde, qui ont étudié un
projet de loi semblable, c'est-à-dire afin de donner une voix, un
haut-parleur à la jeunesse.
Cela dit, Les intervenants communautaires du secteur jeunesse du CLSC
"SOC" de Sherbrooke, c'est qui et ça fait quoi?
M. Audet (Jacques): On a actuellement deux volets dont l'un est
plus un travail auprès des 13-18 ans, l'âge de l'adolescence, ce
qui veut dire un appui à des projets, à des maisons de jeunes.
C'est plus du travail à partir des quartiers, des milieux de vie des
jeunes, qui peut déboucher sur des projets plus larges comme des
politiques jeunesse, par exemple, une politique de loisirs avec la ville. Cela
peut déboucher sur des aspects plus larges. L'autre volet est celui de
la situation des jeunes et de l'emploi. C'est travailler à la
problématique, être présent auprès des organismes ou
des groupes qui essaient d'élaborer des projets autour de cette
question, ce qui n'est pas facile, par exemple, avec Jeunesse Emploi Estrie, ou
d'autres organismes similaires. Donc, essayer de toucher un peu plus toute la
question des jeunes sans emploi. Ce sont les deux grands volets. Par contre, il
y a des intervenants qui sont en milieu scolaire, ce qui fait qu'on peut avoir
aussi à supporter des projets en milieu scolaire ou ailleurs. Il y a la
clinique des jeunes pour le volet santé des jeunes.
Les intervenants communautaires ont à supporter des projets dans
une perspective de changements à plus ou moins long terme, mais aussi
ils doivent le faire le plus possible avec les jeunes.
M. Bélisle: Est-ce que je dois comprendre que c'est une
structure totalement informelle, qu'il n'y a pas d'incorporation, que ce n'est
pas une table de concertation ou est-ce factuel, ad hoc, vous vous regroupez,
vous travaillez dans le domaine culturel, au niveau de l'emploi ou au niveau
des maisons d'hébergement, et vous êtes un groupe? C'est cela?
M. Audet (Jacques): C'est cela. On peut aider, par exemple,
à ce qu'une maison de jeunes se structure et, lorsqu'elle devient
autonome, on se retire, on va ailleurs.
M. Bélisle: D'accord. Allons un peu plus loin à la
première page de votre mémoire quand vous faites une affirmation
qui est un énoncé de base assez percutant. Vous dites: "Le projet
de loi tel qu'énoncé nous apparaît une mécanique
artificielle qui ne garantit nullement une vraie place aux jeunes dans les
débats les concernant et dans l'identification de solutions
réelles aux problèmes vécus." Cette identification des
solutions réelles aux problèmes vécus, j'aimerais savoir
de vous autres, les jeunes intervenants, Les intervenants communautaires du
CLSC "SOC" de Sherbrooke, comment on devrait procéder à
identifier les "solutions réelles aux problèmes vécus".
Vous faites une affirmation dans laquelle vous dites: Ce n'est pas la bonne
mécanique, ce n'est pas la bonne façon d'identifier les
problèmes. Un peu plus loin dans votre mémoire, deux pages plus
loin, à la page 3, vous nous dites qu'il y a beaucoup de structures au
niveau local et régional, et qu'il y a beaucoup d'argent. Vous dites le
contraire de ce que beaucoup de groupes qui ont défilé devant la
commission des institutions ont dit, je vous le dis tout de suite. Je voudrais
connaître votre solution pour permettre aux jeunes d'identifier, de
publiciser, de "vocaliser" les besoins et de trouver des solutions au dossier
jeunesse. Comment voyez-vous cela?
M. Tremblay (Mario): Personnellement, je trouve que ce n'est pas
très complexe, dans le sens que depuis des années beaucoup de
travail est fait à la base auprès de regroupements d'intervenants
qui font du bénévolat, dans beaucoup de cas, auprès d'une
clientèle de jeunes, ce qui n'est pas toujours facile. Il y a beaucoup
de choses qui ont été faites dans l'identification des besoins
des jeunes. On dit qu'il ne s'agit pas de refaire des sondages ou de regarder
les grandes tendances nationales pour voir quelles sont les prochaines valeurs
des jeunes et si nous allons avoir une génération qui sera pour
ou contre telle ou telle chose. Il y a plein de choses qui sont
identifiées en termes de besoins par des groupes. Quand on cite des
maisons de jeunes, des regroupements, des projets, que ce soit Jeunesse Emploi
Estrie, que ce soient des tables de concertation, des gens ont fait
déjà énormément de travail pour l'identification
des besoins.
Quand vous nous dites que nous sommes les premiers à dire qu'il y
a de l'argent, c'est vrai qu'il y en a, sauf qu'il faut peut-être
remettre en question les structures déjà en place pour dire:
Est-ce que ces sommes vont directement aux jeunes en termes de "output" ou
est-ce qu'elles se perdent dans les structures? Est-ce qu'on ne paie pas des
locaux et des individus, plutôt que de payer un service direct à
la clientèle?
M. Bélisle: Est-ce que cela veut dire, M. Tremblay, que,
selon votre vision des choses, l'argent qui est mis dans les structures par le
gouvernement, dans les institutions en place, par exemple, dans les CLSC, etc.,
c'est de l'argent qui est mal dépensé pour la jeunesse?
M. Tremblay (Mario): Non, ce n'est pas dans ce sens-là. On
veut dire que, si les gens qui sont affectés à des dossiers
jeunesse travaillaient minimalement main dans la main dans un même but,
je pense qu'on arriverait déjà à beaucoup en termes de ce
qu'on pourrait produire pour la clientèle des jeunes. Sauf que chacun a
un peu son département, ses mandats qui lui sont conférés
par différents groupes ou par des lois, ce qui fait que ces
gens-là sont tirés un peu à gauche et à droite et,
finalement, rien ne ressort sur le terrain. Les groupes communautaires de
personnes qui se sont prises en main et qui ont dit: Nous allons bâtir
notre affaire, on la voit de telle ou telle façon, quand arrive le temps
de se faire reconnaître quelque part, à quelle porte frappe-t-on
là-dedans? (16 h 45)
M. Bélisle: Ce que vous essayez de nous dire, c'est que
pour chacune des interventions dans le domaine de l'hébergement, de
l'emploi ou dans un autre domaine, on dirait que les initiatives qui sont
prises sont isolées. Chacun est un peu dans son carré ou dans sa
case. Vous me faîtes signe que oui, M. Audet. Est-ce bien cela que je
comprends?
M. Audet (Jacques): Oui. Moi, je dirais plus que cela.
Actuellement, je pense qu'on a de la difficulté à saisir vraiment
ce qui se passe. Je donnais l'exemple tout à l'heure de Jeunes
volontaires du côté de l'emploi. Je pense qu'actuellement ce que
les jeunes ont
besoin de savoir, c'est la situation de l'emploi. Par exemple, il y a un
vide à combler de 25 %. À partir du moment où on va dire
qu'il y a une situation de non-emploi qui est là pour rester, qu'est-ce
qu'on fait devant cela? Je pense qu'on pose la question différemment
lorsqu'on dit: On a des programmes de ceci ou de cela qui, finalement,
finissent par ne mener à rien et créent de l'illusion. Si on
s'assoit ensemble, je pense qu'on remet en question ces structures. Je reviens
un peu à votre première question concernant le conseil permanent.
En soi, c'est correct. La seule chose qu'on dit, c'est qu'il faut absolument
qu'il y ait une direction au niveau des milieux. C'est là qu'on dit que
le conseil permanent, tel qu'il est proposé, ne garantit pas cette
espèce de permanence à travers la non-permanence ou à
travers ces mille et un projets.
M. Bélisle: Alors, on se comprend mieux. L'affirmation,
l'énoncé premier du texte qui est là, c'était
peut-être pour attirer notre attention. Si, si, un petit peu. C'est
normal. Je trouve cela de bonne guerre. Il n'y a pas de problème. Sauf
que le punch dans votre texte, c'est quand vous nous dites qu'il ne faut pas
que cela soit déconnecté de la base, que ce soient des
sous-conseils permanents à caractère régional. Vous faites
une sorte d'unité au niveau régional. Vous évitez que tout
le monde ne soit isolé, chacun dans son coin, entre autres, chez vous
à Sherbrooke ou dans les autres régions du Québec. Mais,
au-dessus de cela - c'est M. Audet qui l'a dit ou M. Tremblay, je ne m'en
souviens pas trop - au sujet de la Société d'investissement
jeunesse, M. Tremblay a dit: C'est excellent, mais ce n'est pas pour tout le
monde. Vous avez raison, M. Tremblay, ce n'est pas pour tout le monde. C'est un
des outils dans le coffre à outils. Mais est-ce que le Conseil permanent
de la jeunesse, ce n'est pas un autre outil dans le coffre à outils, qui
vous manque en ce moment?
M. Tremblay (Mario): En soi, si on offre les garanties que nous,
on associe à ce Conseil permanent de la jeunesse, oui, c'est un
très bon outil. On a insisté beaucoup et je pense que, parmi les
grands oubliés, il y avait les secrétariats à la jeunesse.
Il y en a eu du boulot de fait par les secrétariats à la
jeunesse. Maintenant, on dit: Est-ce qu'on ne peut pas les associer dans ce
travail du Conseil permanent de la jeunesse au lieu de reprendre tout le
travail qui a déjà été amorcé sur les
besoins des groupes, les besoins des régions? Les représentants
régionaux ont fait déjà une grande partie de ce travail.
Juste inventorier les groupes, les types de groupes, leur capacité, leur
"membership", c'est fait, on ne repart pas à zéro. Il y a
déjà une très bonne base, sauf qu'on dit:
Renforçons ceci, associé à un Conseil permanent de la
jeunesse, et on arrive déjà à une meilleure recette, je
pense.
M. Bélisle: Vous avez raison, M. Tremblay. Quand je prends
votre texte, à la page 4 et là, je ne vous suis pas, compte tenu
de ce sur quoi on s'entend, qu'il y a déjà du travail important
de fait, qu'il y a des identifications de solutions qui sont faites sur le
terrain, qu'il y a des projets originaux qui fonctionnent et des choses qui ne
fonctionnent pas. Peut-être qu'il y a un petit travail de synthèse
à faire, à un moment donné. Vous nous dites à la
page 4: "Nous constatons, dans ce texte de loi, une absence de politique
à la jeunesse, une non-volonté d'identifier et de répondre
aux besoins les plus urgents des jeunes et une non-reconnaissance des lieux et
structures jeunesse déjà en place." M. Audet l'a dit
tantôt, j'ai noté ce que vous avez dit: Si on s'assoit ensemble,
les jeunes, on a un paquet de solutions. Moi, ce que je peux vous dire, c'est
que cela aurait été très indécent de la part du
gouvernement en place, compte tenu du travail que vous avez déjà
fait sur le terrain, de dire du haut de son trône: La politique jeunesse
au Québec, c'est cela. Ce qui vous est offert dans le projet de loi,
c'est de faire la démarche inverse. Vous avez fait du travail sur le
terrain, vous vous retournez de bord, vous faites la synthèse des
solutions que vous avez. Peut-être qu'il y a beaucoup d'autres groupes
qui ont défilé devant nous qui nous ont sorti des projets
très spéciaux, originaux et fonctionnels -entre autres, les
groupes qui sont passés devant nous hier - et, peut-être durant
une période d'un an, un an et demi, il y a un groupe de onze, douze,
treize, quatorze, quinze personnes au Conseil permanent de la jeunesse qui
représentent les régions, les groupes socio-économiques,
les sexes - on a parlé de tout en commission - qui font une
synthèse et qui en viennent à établir une politique
jeunesse qui vient des jeunes. C'est ce que je vois dans ce qu'on essaie de
faire.
J'aimerais savoir comment vous réagissez face à cela.
Plutôt que de vous imposer et de dire: Nous, notre perception... Je
posais la question tantôt, ce n'est pas tout le monde qui est à
cette table. Je ne vous dirai pas qui a quel âge, mais il y en a un qui a
29 ans, il y en a deux qui ont 33 ans, il y en a un autre qui a 39 ans; on
n'est pas trop en dehors des critères de la loi ayant trait au Conseil
permanent de la jeunesse.
Mme Blackburn: Vous voyez le danger?
M, Bélisle: Non. Justement, c'est une garantie que nous
sommes très près des préocupations de la jeunesse.
Je veux savoir comment voua réagissez face à cela parce
que c'est une autre façon de voir le problème. Vous nous dites
qu'il n'y a pas de politique jeunesse. Ce n'est pas correct de notre part de
vous dire: C'est cela qu'il faudrait faire.
M. Audet (Jacques): Là-dessus, je pense qu'il n'y a pas de
politique dans le sens que ce sont des politiques de secteur, ce sont des bouts
de projets dans lesquels il y a une certaine politique jeunesse, où il y
a des visions de politique. Je ne veux surtout pas faire de partisanerie, mais,
souvent, cela ne dépasse pas un certain niveau politique. Il y a une
"game" qui est là, elle est là. Quand on parle d'une politique
jeunesse, pour moi, cela doit transcender ou cela doit dépasser la
politique, les couleurs.
Il y a eu des coupures, on vient de les vivre, et peu importe qui aurait
été ici, cela aurait été le cas. Mais on souhaite
que ce soit éliminé le plus possible. Je trouve inconcevable que
le directeur d'un centre d'emploi dans une région ne puisse pas donner
des conseils à un gouvernement parce que la question des jeunes, il la
connaît, il connaît leur vécu. On vient de vivre certains
gels, certaines coupures pour permettre à la nouvelle organisation de se
mettre en marche. C'est correct, sauf que, en même temps, on se demande
si la cause des jeunes est vraiment importante. C'est là qu'on vient
couper, saborder le vécu, sur le terrain.
Ce qui est terrible - ce sont parfois des choses simples - c'est que
cela démobilise les gens. Cela prend deux ou trois ans à monter
des projets, à s'insérer, à connaître son milieu et,
au moment où il y a un gel, tu viens démobiliser les gens pour un
an, deux ans. Là, il faut repartir. C'est un peu tout cela. Si vraiment
il y a une politique, on va y aller. Cela va.
M. Bélisle: II y a un autre point dans votre document qui
m'a laissé un peu sur mon appétit, c'est à la page 3 quand
vous parlez de l'absence de répondant ministériel. Vous dites: On
cogne à plusieurs portes et on n'a personne pour nous répondre.
C'est peut-être un doute ou une réserve que vous avez, vous dites:
"Déconnecté de la base et aussi coupé de la tête!...
À moins que ce soit la priorité du premier ministre."
Dans vos conclusions, vous demandez des répondants
ministériels par ministère. C'est ce que je lis dans votre
conclusion. Vous me faites signe que non, mais je lis: "Que des
répondants ministériels soient aussi identifiés dans les
ministères touchant les réalités jeunesse
(Éducation, MLCP, Revenu, etc.). Vous ne pensez pas que, même s'il
y a un répondant identifié au ministère des Affaires
culturelles ou au ministère de l'Éducation, dans le fin fond,
cela ne changera rien à la situation telle que vous l'avez vécue
depuis dix ans? Vous ferez toujours face à quelqu'un qui, s'il n'est pas
politiquement obligé de répondre, ne pourra pas vous donner ce
qui correspond à vos attentes. Ne préféreriez-vous pas que
le premier ministre lui-même soit responsable du dossier ou un autre
ministre qui aurait une vocation sectorielle, un ministre de la Jeunesse?
M. Tremblay (Mario): C'est sûr qu'un ministre de la
Jeunesse cela pourrait être intéressant, on ne le nie pas. Par
contre, des répondants ministériels pourraient aussi garantir un
certain cheminement du travail qui est fait. Il y a des recommandations qui ont
été émises, que ce soit dans le domaine de la culture, du
loisir ou du travail, il y a des années, sauf qu'elles ne sont jamais
réunies quelque part et on ne fait pas le cheminement de ce travail, ce
qui fait qu'il se perd. Soit que le travail se perd, soit qu'on trouve le moyen
d'égarer les gens en les promenant d'un ministère à un
autre. C'est un peu cela qu'on est un peu tannés de vivre. Dans ce
sens-là, pour nous autres, cela pourrait être une garantie. Si ta
personne a la préoccupation des dossiers jeunesse à
l'intérieur d'un ministère X - c'est vraiment le but - elle aura
cela comme préoccupation et verra à proposer des choses.
M. Bélisle: Merci, monsieur.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député. Nous allons maintenant céder la parole à
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. MM. Tremblay et
Audet, permettez-moi de vous saluer et de vous souhaiter la plus cordiale
bienvenue au nom de ma formation politique.
Tout à l'heure, M. Tremblay, en début de
présentation, disait, en parlant du Conseil permanent de la jeunesse, du
conseil consultatif, que ce n'est pas une mince tâche de donner des avis.
C'est pourquoi j'aurais le goût de vous féliciter parce que, en
fait, ce que vous nous donnez, aujourd'hui, par le biais d'un mémoire,
c'est un avis. C'est l'équivalent et cela demande à la fois du
courage afin de venir en commission parlementaire et un intérêt
certain pour être entendu. Je dois vous féliciter aussi parce que,
j'ai eu l'occasion de le rappeler, lorsqu'il se tient une commission
parlementaire, celle-ci ou une autre, l'absent a toujours tort et, si vous ne
venez pas défendre votre opinion, c'est quelqu'un d'autre qui parle en
votre nom. C'est pourquoi je suis particulièrement heureuse de vous
retrouver ici. Je suis consciente que ce n'est pas toujours une tâche
facile et que les moyens ne sont pas toujours à la hauteur des objectifs
qu'on se fixe.
Je dois dire que je reconnaissais dans les propos du
député de Mille-Îles une espèce de propension
à l'exagération. Quand il dit que c'est unique au monde et que le
dossier jeunesse est capital pour ce gouvernement, j'aurais des petites
nouvelles pour lui: il me semble qu'il n'a pas lu les décisions des
quinze derniers mois. On sait que 50 % des maisons d'hébergement n'ont
pas trouvé de financement alors qu'on connaît le taux
d'itinérance, particulièrement dans la région de
Montréal; on attend toujours la parité de l'aide sociale et on a
augmenté l'endettement des étudiants. Je pourrais continuer
longuement la liste. Donc, j'ai peine à croire que cela soit une
priorité. Heureusement, il y avait un projet qui s'appelait la
Société d'investissement jeunesse qui était
déjà en chantier et qu'ils ont terminé. Je suis d'accord
avec vous que c'est un moyen parmi d'autres.
Ce que j'ai noté dans votre présentation, ce qui m'a le
plus frappée - et cela avait déjà, d'ailleurs, fait
l'objet de nombreuses revendications de la part des jeunes et depuis
déjà longtemps, je dois le dire - c'est la multitude de
programmes. Cela prend un spécialiste pour s'y retrouver. D'ailleurs,
c'est la même chose lorsqu'on parle du développement de
l'entreprise. Pour ce qui est des jeunes, vous nous avez parlé tout
à l'heure de quelque quinze programmes qu'on retrouve dans cinq
ministères, en plus, évidemment - cela, c'est pour la
création d'emplois - de ceux du fédéral, plus les autres
programmes destinés à accroître l'employabilité.
Je trouve que c'est frappant et vous avez raison de poser la question de
cette façon. Je trouve intéressante la façon que vous avez
de poser toute la question du chômage ou du manque d'emploi en disant: Si
la situation est faite pour demeurer, arrêtons d'essayer de trouver des
petits cataplasmes qui ne seront toujours que temporaires, provisoires et
aliénants pour ceux qui occupent ces emplois. Si le chômage est
fait pour durer, essayons de travailler sur les causes et, si elles sont
d'ordre structurel, donnons-nous des lois. Je trouve que cette approche est
beaucoup plus réaliste et elle arrête un peu d'endormir le monde
avec des solutions qui, finalement, ne mènent pas loin.
Vous nous avez dit également - et cela a été dit
à plusieurs reprises - qu'on semble vouloir tout recommencer comme si
rien n'avait été dit. Vous nous avez dit: II n'y a pas qu'une
seule façon d'identifier les priorités et les besoins des jeunes.
Il s'est fait une somme de travail quasiment inimaginable. Plusieurs jeunes et
plusieurs organismes sont venus nous dire que, effectivement, ce qu'on appelle
la problématique jeunesse - parce que, malheureusement, on
définit les jeunes en vertu des problèmes et non plus en vertu
des succès - est largement connue. T'est le groupe qu'on aura le plus
ausculté dans toute la population, y compris les personnes
âgées et les personnes handicapées. On l'a vraiment
regardé sous tous les angles et les rapports sur les tablettes ne se
comptent plus. Effectivement, là-dessus, vous avez raison. (17
heures)
Le député, tout à l'heure, nous disait: II serait
indécent d'identifier les principaux éléments d'une
politique et de consulter par après le conseil pour demander un avis.
C'est surprenant parce que c'est précisément de cette
manière que cela fonctionne, de façon générale. Les
gouvernements tiennent pour acquis qu'une politique - qu'elle soit d'emploi,
qu'elle soit de jeunesse, de personnes handicapées ou de personnes
âgées ou de femmes ou d'adultes - doit s'inspirer de la
philosophie d'un gouvernement. Elle ne peut pas être créée
de toutes pièces par un organisme consultatif quel qu'il soit.
D'autant plus qu'un organisme consultatif n'est pas un organisme
décisionnel. C'est un organisme "aviseur". Dans ce sens, je pense que
vous avez tout à fait raison de souligner qu'il aurait été
plus pertinent, d'abord, de connaître les qrandes orientations de ce
parti en matière de jeunesse et, ensuite, de créer le Conseil
permanent de la jeunesse. D'ailleurs, c'est ce que disait, en gros, la
Commission des droits de la personne. Au moment où la Commission des
droits de la personne recommandait un forum pour les jeunes, elle disait bien
que ce forum pourrait se prononcer sur les grands objectifs du
gouvernement.
Moi, je trouve que votre mémoire est doublement
intéressant parce que, d'une part, il est très critique par
rapport à l'approche, ce qui semble être une marque de
maturité. Par ailleurs, vous allez plus loin. Vous dépassez le
niveau critique pour proposer des solutions qui rendraient cet organisme plus
utile à la cause des jeunes. J'aurais peut-être une
première question avant de passer à votre mémoire
proprement dit. Vous avez parlé de la multitude des programmes. Je sais
que, longtemps, on a parlé de quichet unique. Je sais que le
Secrétariat à la jeunesse jouait un peu ce rôle. Vous avez
largement fait état également de la compétence, si vous me
permettez, du Secrétariat à la jeunesse. Une première
question. N'y aurait-il pas lieu de créer ce qu'on appelle un guichet
unique? Essayer, au maximum, de réunir les programmes quitte à
les retirer des ministères pour qu'il y ait une plus grande concertation
entre les différents éléments des programmes? Par exemple,
un programme de formation à l'emploi, un programme d'aide aux
décrocheurs, un programme de stages en milieu de travail, un programme
de création d'entreprises trouvent un peu des lieux communs pour
établir des
rapports et une meilleure concertation.
Je dois vous dire qu'il existe, dans la ville de Hull un organisme de
cette nature que, moi, je disais tout à l'heure envier bien, et je me
demandais s'il ne serait pas pertinent de songer à un regroupement des
programmes. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Audet (Jacques): Je dirais oui et je ferais un lien avec une
question préalable. Il est important, je pense, d'avoir au niveau
ministériel une politique et aussi des répondants.
C'est-à-dire que plusieurs ministères et plusieurs services et
institutions sont touchés quand on propose une politique comme cela.
Cela veut dire qu'il faut qu'il y ait un commun accord de dire: On va
travailler ensemble. C'est souvent là qu'un organisme du milieu va
achopper parce que tu n'as pas les reins ou les énergies, ou un groupe
du milieu n'est pas nécessairement capable d'aller, je ne sais pas moi,
par exemple, voir un directeur de centre d'emploi ou d'aller voir un autre
directeur d'un autre ministère ou un directeur de centre d'accueil.
À partir du moment où on dit: Oui, on s'asseoit ensemble,
cela prend aussi une direction claire de dire: On travaille ensemble. Pas
n'importe comment, mais à partir de ce que les jeunes vont exprimer,
à partir des contradictions qu'on porte déjà. Je pense
qu'à partir du moment où il y aurait une volonté claire
émise dans ce sens, cela va aller assez vite au niveau des solutions.
Moi, je ne m'attends pas que tout vienne de Québec. Je pense que les
milieux sont différents là-dessus. Il ne faudrait peut-être
pas en faire une politique pour tout le monde, mais il y a des milieux qui sont
prêts actuellement. Je pense qu'on est comme rendu là à
Sherbrooke concernant cette question. En voyant les intervenants en place, on
pourrait voir comment cela pourrait cheminer.
Mme Blackburn: Ma question allait peut-être un peu plus
loin parce que tout à l'heure vous doutiez - je ne dirais pas de la
compétence - de l'intérêt que pouvait accorder un premier
ministre au dossier de la jeunesse. Je dois vous dire que cette question est
soulevée par beaucoup d'organismes. Cela n'est pas un
précédent que ce soit le premier ministre. Cela l'a
déjà été dans le temps de M. Lévesque et
cela avait été l'objet de nombreuses critiques pour les
mêmes raisons. Les jeunes disaient, avec raison: Le premier ministre a
beaucoup de dossiers, donc, il ne peut pas accorder tout son
intérêt à moins qu'il ne décide que
dorénavant, au Québec, c'est la jeunesse. On n'est pas encore
rendu là, je pense bien.
Il faut savoir que la population est vieillissante, je ne saurais pas
trop trop moi non plus comment choisir. Dans l'hypothèse où on
créerait un ministère de la Jeunesse, ne serait-il pas pertinent
de penser regrouper les différents programmes pour éviter
justement d'avoir des programmes qui ne tiennent pas compte des objectifs d'un
premier programme par rapport à un second, que ce soit stages en milieu
de travail, formation, ainsi de suite? Autrement dît, qu'on
réunisse dans un même lieu, un ministère, les
différents programmes qui sont éparpillés actuellement
dans cinq ministères?
M. Audet (Jacques): Je ne sais pas si je saisis mal, mais,
à mon avis, c'est plus que de mettre ensemble du monde de
différents programmes ou de différents services. Cela veut dire
que, dans cela, il doit y avoir une direction commune. Que les organismes
soient ensemble, cela ne change rien au problème, à mon point de
vue, c'est-à-dire d'avoir un guichet unique. Si vous continuez à
avoir 25 ou 30 programmes disponibles, on ne se retrouvera pas plus. Ce sera
peut-être plus simple.
Mme Blackburn: D'accord.
M. Audet (Jacques): Je pense qu'il y a une simplification de tous
ces programmes et, comme je le disais, il y en a peut-être deux ou trois.
II y a des volets du côté de la création d'emplois,
employabilité, scolaire... Il y a peut-être trois ou quatre grands
volets qu'on pourrait identifier et pour lesquels on pourrait dire: II y a de
l'argent disponible. Mais que ce ne soit pas une question de montants, ni une
question de limite. On est toujours limités. Tu as droit à quinze
semaines pour cela. II faut que tu aies 18 ans, il ne faut pas que tu l'aies.
On est comme "tannés" de cela. On est toujours beaucoup limités
avec cela.
Mme Blackburn: Je vais revenir à votre mémoire.
Vous faites un certain nombre de constats, je le rappelais tout à
l'heure. En particulier, vous identifiez un certain nombre
d'éléments qui illustrent la complexité de tout ce dossier
jeunesse, en page 2. Vous dites qu'il y a les 15-20 ans, les 20-24 ans et les
24-30 ans. Je vous dirai qu'ici an a défini la jeunesse, dans certains
organismes, de 12 à 35 ans. Je viens simplement essayer de complexifier
une situation que vous trouviez d'ailleurs assez complexe.
Ce que je réalisais à écouter plus qu'à lire
votre mémoire, si vous aviez une priorité, quelle
serait-elle?
M. Tremblay (Mario): Ce n'est pas compliqué. Une
priorité à mettre, une dernière chance, comme on dit, pour
moi, c'est très clair: ce serait les régions, l'appui aux
régions. II y a là du matériel pour travailler des
années et des années.
Mme Blackburn: D'accord. Vous renforceriez, finalement, le
Secrétariat à la jeunesse, parce que je sais que vous avez un
préjudice favorable. Vous avez beaucoup d'estime pour cette
structure.
M. Tremblay (Mario): Je pense qu'il y a un renforcement qui est
dû aux secrétariats à la jeunesse, mais ce n'est pas une
fin en soi, les secrétariats à la jeunesse. Je pense que cela a
été dit, c'est un outil, mais ce n'est pas une fin en soi.
Mme Blackburn: D'accord.
M. Tremblay (Mario): Sauf que, souvent, il manque de moyens pour
aider davantage les groupes. La permanence de ces gens-là, c'est quelque
chose d'instable. Simplement, si on parle d'appui, de personnes, prenons
l'exemple de Sherbrooke: pour l'ensemble des groupes, on a une
demi-secrétaire pour le Secrétariat à la jeunesse. C'est
un peu ridicule. On dit aux groupes: Prenez-vous en main, organisez-vous. On
arrive avec un petit document et on voudrait le faire dactylographier; cela
s'adonne que c'est la demi-journée que la secrétaire n'est pas
là. Ce n'est pas parce qu'elle est de mauvaise foi. C'est parce qu'il
n'y a pas d'argent pour soutenir ce travail. Cela ne prend pas grand-chose, je
pense, pour aller un peu plus loin.
M. Audet (Jacques): Je compléterais en disant que la
priorité, dans toutes ces sous-catégories, ces différentes
couches de jeunes, c'est d'aller du côté de ce qui est plus
marginal. Souvent, on va chercher les jeunes. Il y a des jeunes qui sont
capables de s'organiser. La société est bâtie dans ce
sens-là. Si on pense aux jeunes qui ont plus de difficulté, c'est
d'aller écouter cette marginalité, que ce soient les
itinérants, les décrocheurs, les jeunes sans-emploi, les
sous-scolarisés. Ce serait un bon mandat. C'est sûr que c'est
complexe et diversifié. Je serais porté à dire qu'il
serait intéressant d'aller davantage de ce
côté-là.
Mme Blackburn: Agir sur ceux qui sont le plus en péril,
finalement.
M. Audet (Jacques): Dire: Bon, c'est vous autres qu'on regarde;
qu'est-ce qui se passe?
Mme Blackburn: J'aimerais comprendre un peu mieux les rôles
que pourraient jouer vos sous-conseils permanents régionaux à la
jeunesse. C'est à la page 5 de votre mémoire. Vous identifiez les
fonctions de ces sous-conseils: "supporter les divers groupes de jeunes,
identifier leurs points chauds, concerter les principaux groupes
concernés, identifier les solutions et donner suite". Comment
pensez-vous qu'un sous-conseil permanent de la jeunesse peut, une fois les
solutions identifiées, donner suite? De quelle manière peut-il
donner suite? En faisant cheminer vers le haut?
M. Tremblay (Mario): Cela peut être cela. Cela
dépend du dossier qui sera sur la table. Cela peut être de
cheminer vers le haut, cela peut être d'en faire un débat
provincial ou national, ou carrément d'identifier une autre ressource
vers laquelle s'orienter pour remettre en question la budgétisation.
Cela dépendra, mais, donner suite, c'est juste de s'assurer que cela ne
meure pas là.
Mme Blackburn: D'accord. Vous dites en C:
"Délégation et porte-parole au/ou pour le Conseil permanent de la
jeunesse". Je lis: "Ce sous-conseil, en collaboration avec le
secrétariat, assure la représentativité et devient
porte-parole des divers dossiers jeunesse. Le sous-conseil travaille en
collaboration avec le Conseil permanent de la jeunesse et le Secrétariat
à la jeunesse." Je voudrais voir comment l'un alimente l'autre.
M. Audet (Jacques): On n'est pas allé dans le
détail de la mécanique, mais le principe est le suivant. Je pense
que, dans les régions, il y a déjà des regroupements plus
ou moins formels où cela ne va pas toujours bien. Je pense que ce n'est
pas le Pérou au sujet des regroupements, mais il y a déjà
des structures naturelles en place. Il faudrait "formaliser" cela davantage. Il
y a déjà des poteaux, des personnes qui ont le goût de
pousser plus loin. Ensuite, cela devient d'une certaine façon un
sous-conseil. Pour moi, ce n'est pas nécessaire qu'il soit très
formel mais de dire: Oui, on reconnaît des instances régionales.
D'abord, dans le sous-comité, je pense que c'est surtout cela que cela
veut dire, reconnaître qu'il y a des personnes dans un milieu
donné, dans une région, capables et porteuses des dossiers
jeunesse de leur milieu.
Ensuite, cela devient des mécaniques. Le secrétariat est
peut-être la permanence là-dedans, c'est-à-dire qu'il
s'assure de faire la jonction, d'étoffer les dossiers, d'aller chercher
le monde. Je pense que les gens ne se mobilisent pas spontanément par
les temps qui courent, ils se mobilisent sur des choses courtes, rapides, par
lesquelles ils ne se sentent pas piégés. À partir de cela,
je pense que le secrétariat joue un rôle dynamique
là-dedans. Pour moi, le lien avec le CPJ se fait à deux ou trois
niveaux, c'est-à-dire que cela peut être soit le sous-conseil, le
délégué... Il y aura un délégué par
région au conseil permanent, ce qui fait que le
délégué est en lien direct avec les sous-conseils et le
secrétariat. Il reçoit ses mandats ou vient les chercher. Je
pense que cela va dans les deux sens.
Mme Blackburn: Ces sous-conseils seraient une structure plus
souple. Ce sont des sous-conseils régionaux. Est-ce qu'il y en aurait un
par région? C'est ce que je me demandais également. Est-ce qu'il
y en a un par région ou plusieurs dans une même région?
M. Audet (Jacques): Cela pourrait varier,, Je ne serais pas
formel là-dessus. Il y a des régions où, comme chez nous,
ce n'est pas nécessairement facile. Il y a des régions qui sont
beaucoup plus éloignées. II y aurait peut-être des
sous-comités aux sous-conseils. Â partir du moment où le
principe est accepté, je pense que c'est plus de voir comment cela
pourrait se faire chez vous. C'est un des principes, c'est toujours le "fun"
que ces affaires-là ne soient pas uniformes.
Mme Blackburn: C'est intéressant. On a trop souvent
tendance à se donner des structures qui sont les mêmes partout, et
c'est une erreur.
M. Tremblay (Mario): Dans les régions cela peut
coïncider très bien, un sous-conseil ou un conseil, et, dans
d'autres, ce sera difficile. Dans d'autres milieux, les gens vont se battre
pour y aller. Pourquoi limiter l'implication des jeunes quand ils ont le
goût de faire un bout de chemin et qu'ils peuvent sûrement nous
amener de bonnes idées dans l'ensemble des problèmes qu'on a
à rencontrer? C'est de ne pas être limitatifs, ne pas essayer
d'avoir juste un modèle figé dans le béton et qu'on soit
capables de s'ajuster en fonction d'une région, parce qu'il y a vraiment
des disparités régionales, des besoins différents et des
clientèles qui ne se ressemblent pas ou qui ont de la difficulté
à fonctionner ensemble. Reconnaissons-le quelque part et donnons-leur
leur chance à elles aussi. (17 h 15)
Mme Blackburn: Est-ce que ces sous-conseils auraient un
rôle à jouer quant au choix des membres du collège
électoral? Je vois que dans votre projet vous vous êtes davantage
placés dans une approche beaucoup plus globale du projet de loi en
disant: C'est ce que propose le projet de loi, mais nous c'est un peu ce qu'on
vit et on pense que cela devrait être, dans l'ordre, premièrement,
une politique de la jeunesse; deuxièmement, une reconnaissance des
organismes et du travail qui s'est déjà fait;
troisièmement, on pourra toujours examiner le Conseil permanent de la
jeunesse. Dans l'hypothèse que vous avancez ici, avez-vous
examiné le rôle que pourraient jouer ces sous-conseils permanents
par rapport au conseil, d'une part, par rapport au choix des personnes qui
devraient être envoyées au collège électoral et au
conseil?
M. Tremblay (Mario): Plus ou moins. Mme Blackburn: Non?
Oui? D'accord.
M. Audet (Jacques): En même temps, je dirais qu'il y a
peut-être un lien naturel, c'est-à-dire que, si on forme le
collège électoral, on va, en même temps, aller chercher,
comme le sous-conseil qui est déjà là, même s'il est
plus ou moins formel, il y a déjà des éléments...
On va réunir ces personnes...
Mme Blackburn: D'accord.
M. Audet (Jacques): ...et on va dire: On forme le collège
électoral. En même temps, on part d'un sous-conseil qui est
là, qui devient le collège électoral. Celui-ci peut
redevenir le sous-conseil permanent. Un lien naturel va se faire de cette
façon, à mon avis.
Mme Blackburn: C'est pourquoi on n'a pas vraiment besoin de
l'identifier dans la loi.
M. Audet (Jacques): Non, peut-être juste la
mécanique, le principe en soi des sous-conseils.
Mme Blackburn: D'accord.
En page 5, vous terminez sous le titre "Politique à la jeunesse":
"Finalement, il nous semble prioritaire que soient mieux définis une
politique et un programme d'aide à la jeunesse et que les enjeux soient
situés plus clairement. Le rôle du Conseil permanent de la
jeunesse n'en serait que plus précis. Il nous serait plus facile de
répondre à la question: Les jeunes ont-ils vraiment leur place
dans les débats les concernant et quels moyens met-on en place pour les
responsabiliser?" Vous concluez: "Renforçons les réalités,
organisations ou services jeunesse déjà en place qui
répondent aux besoins des jeunes." La démarche entreprise par le
gouvernement veut procéder d'abord par la création d'un conseil
permanent avant de se donner une politique. Diriez-vous qu'à ce
moment-là, si je comprends bien votre mémoire, vous avez des
doutes quant à l'efficacité de cette nouvelle structure qui
vient, comme l'a dit tout à l'heure le député de
Mille-Îles, ajouter un autre outil dans le coffre à outils? J'ai
compris tantôt que le coffre à outils n'en prenait plus parce
qu'il y a beaucoup d'outils dedans et qui ne sont pas toujours ceux dont on
aurait besoin.
M. Tremblay (Mario): Pour nous, le Conseil permanent de la
jeunesse se révèle être une bonne ressource et un bon
outil. Ce qu'on a ajouté, c'est que, pour que cet outil fonctionne, il
va avoir besoin d'autres instruments et d'un livre d'instructions, pour
bien se faire comprendre. Cela dit aussi qu'on ne sent pas la
volonté, à l'intérieur du projet de loi, de dire que, de
cela, va découler une politique de la jeunesse. Je suis content
d'entendre les gens du gouvernement dire que le but est qu'à moyen terme
il en débouche une, une politique de la jeunesse. Oui, c'est
intéressant sauf qu'on a trouvé important de le dire. En
même temps, on aurait pu donner des grandes balises de ce que sont les
priorités jeunesse pour le gouvernement et ensuite les faire descendre
dans les régions. Si un des mandats du Conseil permanent de la jeunesse
était de voir à travailler à l'élaboration d'une
politique jeunesse, cela pourrait être intéressant de le faire.
Veux-tu compléter, Jacques?
M. Audet (Jacques): C'est beau.
Mme Blackburn: Le projet de loi prévoit la
possibilité, avec l'autorisation du ministre, que ce conseil permanent
puisse créer des comités pour examiner des questions
précises. Évidemment, ce que les gens disent, c'est qu'avec
l'autorisation du ministre, dans le cas de la création d'un
comité, c'est un peu paternaliste. Mais quels seraient, selon vous, les
comités qu'on devrait mettre le plus rapidement en place? Autrement dit,
quelles seraient les priorités à l'intérieur de ce
conseil? Vous avez parlé, tout à l'heure, de la jeunesse en
difficulté, mais cela...
M. Tremblay (Mario): II y en a plein de priorités.
À mon avis, cela va dépendre de la forme que va prendre le
Conseil permanent de la jeunesse. Cela va être très important.
Qu'est-ce qu'on va mettre de l'avant dans les régions? Est-ce qu'on va
vraiment renforcer les régions? L'espèce de formule finale, on ne
l'a pas. Nous demander de vous donner le résultat, je trouve cela un peu
embêtant.
Mme Blackburn: D'accord.
M. Tremblay (Mario): Des problèmes jeunesse, il y en a une
multitude. On a parlé des jeunes en difficulté. On peut parler
des jeunes en centres d'accueil, des maisons de jeunes, d'un manque de
ressources, des ressources d'hébergement, de l'itinérance -c'est
à la mode cette année, on en parle beaucoup. Il y a des
problèmes à ce niveau, mais il y en a un peu partout. Les classer
par ordre de priorité... Quel est le plus grand besoin? Je pense qu'ils
le sont tous. Mais il s'agit beaucoup plus de garantir qu'on aura une formule
qui touchera tous ces problèmes plutôt que d'en privilégier
un au détriment d'un autre. De plus, cela nous met souvent dans une
position où on est obligé de déplaire à des groupes
pour plaire à d'autres.
Je pense que le but n'est pas là, il s'agit beaucoup plus de
garantir qu'une structure telle que proposée, avec modifications, je
pense, couvrira tous les champs qui concernent la jeunesse. C'est un peu dans
ce sens.
Mme Blackburn: Je sais que mon temps est écoulé,
ils sont en train de s'évertuer à me le signaler, mais je dois
vous dire que j'avais le goût de continuer. Cela fait déjà
un moment, d'ailleurs, que mon temps est écoulé et je voudrais
remercier le président.
Je voudrais, M. Audet et M. Tremblay - c'est un nom qui m'est familier -
vous remercier de votre participation aux travaux de cette commission et vous
dire à nouveau que l'esprit critique dont vous avez fait montre est
utile et pertinent. On peut concevoir que certains organismes, faute
d'informations ou de connaissances, ne se sentent pas obligés de prendre
un tel recul par rapport à un projet de loi qui leur est soumis, mais je
pense que, quand on est en commission parlementaire, ce qu'il y a de plus
précieux pour les parlementaires, c'est vraiment qu'on fasse ressortir
les difficultés les plus importantes et qu'on signale bien les attentes
majeures par rapport à une nouvelle structure ou à un nouveau
projet de loi. En ce sens, vous avez largement contribué à
éclairer notre lanterne.
J'espère que le parti ministériel qui a, on le sait, un
très grand pouvoir, 99 à 23, saura tenir compte de vos
recommandations. Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Mme la
députée. Il reste encore quelques minutes pour le parti
ministériel. M. le député de Mille-Îles m'a
demandé la parole.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Ce qui est
très important pour nous, ce n'est pas de faire le constat partisan
bleu, rouge, mauve, n'importe quelle couleur, de ce qui n'a pas
été fait dans le passé pour la jeunesse du Québec.
Pour moi et pour beaucoup de personnes autour de cette table, cela n'a rien
à voir avec la discussion qu'an a aujourd'hui. J'aimerais situer le
projet de loi 104 dans le cheminement du dossier jeunesse en
général, avec la fin du tunnel, avec la lueur d'espoir.
Premièrement, il faut reconnaître, comme vous l'avez dit, que
beaucoup de choses ont été faites en régions, beaucoup de
solutions, beaucoup de projets originaux; il s'agit de synthétiser.
Cela, c'est la première étape. Des jeunes eux-mêmes se sont
pris en main. Des bénévoles, des gens oeuvrant dans des
communautés l'ont fait dans des régions, dans des
communautés spécifiques. Cela, c'est à la base.
La deuxième étape, c'est celle qu'on est en train de
franchir. C'est sûr que cela n'apparaît pas clairement dans les
notes
explicatives du projet de toi ou dans le projet de loi parce que c'est
une structure. On parle du nombre de personnes, de la façon dont on sera
élu è ce conseil permanent et des pouvoirs. C'est sec, c'est
aride, mais c'est une deuxième étape. Je vois qu'on chemine. On a
fait un pas et c'est plus qu'un pas, on fait un deuxième pas. Je suis
prêt à parier. Il faut franchir le deuxième pas, il faut
s'habituer à ce que ce conseil permanent soit très libre et fasse
connaître les aspirations et les besoins de la jeunesse. Mais, è
très court terme, il y a une troisième étape qui s'en
vient - c'est le pari que je fais - c'est celle d'une politique
cohérente et intégrée de la jeunesse. Cela s'en vient sous
peu.
Contrairement à ce qui a été dit tantôt, je
n'ai jamais dit qu'il était indécent de consulter la jeunesse.
J'ai dit que c'était indécent d'imposer une politique à la
jeunesse du Québec alors que je sais que la première étape
vient de la base. J'aime mieux y aller un peu plus tranquillement, être
un peu moins paternaliste. Je sais que des expressions comme "main dans la
main" ou autrement, cela déplaît à certaines personnes,
mais moi, je ne vois pas de problème là-dessus, pas du tout. Au
contraire, c'est ce qu'on cherche à faire.
Je voudrais vous rassurer là-dessus, je veux que vous voyiez le
cheminement, la séquence logique. On ne recule pas, on est en train
d'avancer. Je veux vous féliciter pour la franchise de votre document et
je veux que vous continuiez à vous impliquer dans votre région.
C'est très important qu'on ne mette pas de côté ce qu'on a
fait dans la première étape parce qu'on est rendu à la
deuxième étape et que l'on met une structure en place. Il faut
que cela continue. Merci infiniment.
Mme Blackburn: Je voudrais juste corriger une chose parce que
j'estime avoir été mal citée et que cela reste au
Journal des débats. C'est simplement ce que j'ai dit tantôt
en rappelant les propos du député de Mille-Îles. Ce que le
député nous disait, c'est: II serait indécent
d'établir une politique jeunesse et ensuite de consulter. C'est
ça que j'ai dit. C'était cela, d'ailleurs, les propos du
député. Je n'ai pas dit que le député avait dit que
ce serait indécent de consulter les jeunes. Il a simplement dit qu'il
serait indécent de les consulter après avoir établi les
grandes orientations. C'est tout ce que je voulais dire.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, merci, madame. Je
voudrais vous signaler, Mme la députée, qu'en commission
parlementaire il n'y a pas de question de privilège, seulement des
questions et des remarques. De toute façon, le message est
passé.
Mme Blackburn: J'ai été mal citée.
Le Président (M. Dauphin): J'aimerais remercier, au nom de
tous les membres de la commission, Les intervenants communautaires du secteur
jeunesse du CLSC "SOC" de Sherbrooke pour la présentation de leur
mémoire et leur participation à nos travaux. À ce
stade-ci, j'aimerais que le prochain groupe, Jeunesse Emploi Estrie, s'avance
tranquillement à l'avant. Nous prenons 60 secondes de répit.
(Suspension de la séance à 17 h 27)
(Reprise à 17 h 29)
Le Président {M. Dauphin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des institutions reprend ses travaux. Est-ce que les
membres du groupe Jeunesse Emploi Estrie sont présents? On vous souhaite
la bienvenue. Voudriez-vous vous identifier pour le Journal des
débats?
Mme Bélanger (Louise): Louise Bélanger, Jeunesse
Emploi Estrie.
Mme Saint-Laurent (Andrée): Andrée Saint-Laurent,
Jeunesse Emploi Estrie.
Le Président (M. Dauphin): Alors, nous vous
écoutons.
Jeunesse Emploi Estrie
Mme Saint-Laurent: Premièrement, je vais présenter
Jeunesse Emploi Estrie et dire ce qu'il fait. Ensuite, Louise Bélanger
fera la lecture du mémoire.
Jeunesse Emploi Estrie est un organisme sans but lucratif qui
découle du symposium qui a eu lieu en 1985 concernant les jeunes et
l'emploi. Cet organisme a comme principale caractéristique que tous les
gens qui y travaillent ont de 16 à 30 ans. Il est né à la
suite d'une recommandation émanant du symposium. Son principal mandat
est d'aider les jeunes Estriens et Estriennes à s'intégrer au
marché du travail.
Les principaux services qu'il offre sont de l'information et de la
référence sur ce qui touche le marché du travail et les
projets destinés aux jeunes. On fait aussi de la
référence, car on connaît quand même assez bien le
milieu. On a des ateliers sur le curriculum vitae et les techniques d'entrevue
pour aider les jeunes, pour leur donner des outils et des "cues" sur la
façon de se trouver un emploi. On a aussi des ateliers d'orientation
pour savoir ce que je veux faire, ce que j'ai le goût de faire, quelles
sont mes forces et mes faiblesses, pour bien s'orienter sur le marché du
travail. On a aussi des ateliers de création de projets pour
les jeunes qui ont le goût de partir quelque chose, cela peut
être une petite entreprise ou une création de travail, mais quand
même à court terme. Cela peut être quand même assez
large, on est très ouvert aux projets. Cela peut être des projets
intéressants à mettre dans un curriculum vitae quand on fait une
recherche d'emploi.
Voilà ce qu'est Jeunesse Emploi Estrie. Tantôt, si vous
avez des questions, je pourrai mieux y répondre. On voulait faire une
introduction.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Merci, Mme
Saint-Laurent. Maintenant, Mme Bélanger.
Mme Bélanger (Louise): Bonjour. MM. et Mme les
députés. Seulement une petite précision concernant notre
organisme. Il s'est attardé surtout aux jeunes sans emploi et peu ou
sous-scolarisés.
Donc, le mémoire. Comme tous les organismes jeunesse du
Québec et les groupes partenaires s'y rattachant, nous avons pris
connaissance dudit projet de loi 104 devant être étudié en
commission parlementaire et nous réagissons comme suit:
Considérant que les droits et pouvoirs propres aux jeunes,
généralement associés aux citoyens âgés de 16
à 30 ans, sont de plus en plus affirmés et reconnus depuis la
récente année de la jeunesse;
Considérant que les jeunes constituent plus du quart de la
population québécoise, dont un nombre important se retrouve
présentement sans emploi, et que ceux-ci tâchent de subsister avec
les prestations d'aide sociale ou le fruit de leur initiative à se
lancer en affaires à leur compte, en partant une quelconque entreprise,
pensant bien que l'entreprenariat s'avère une porte ouverte à
l'épanouissement de la relève qu'ils représentent;
Considérant que les réalités vécues
quotidiennement diffèrent suivant les régions du Québec et
qu'il n'y a toujours pas de ministre ou de porte-parole officiel
délégué au secteur jeunesse dont la tâche
consisterait essentiellement à faire valoir les droits et les
revendications spécifiques aux jeunes;
Considérant que les deux premières années
d'existence d'une entreprise ou organisation quelconque constituent à
elles seules la période d'adaptation du personnel et de reconnaissance
à titre de nouveau service qui comble certains besoins jusqu'alors
restés sans réponse;
Nous souhaitons sincèrement que le Conseil permanent de la
jeunesse proposé ici apporte aux jeunes:
Un ministre ou une personne déléguée, autre que le
premier ministre, déléguée spécifiquement au
secteur jeunesse qui ait le souci réel d'écouter les positions
tout autant intelligentes et importantes que celles des autres domaines
sociaux;
Un collège électoral (conservé) de 40 membres qui
se fasse gardien du respect des disparités régionales face aux
grands centres à même lequel trois ou quatre
délégués par région se recontreraient
régulièrement quatre ou cinq fois par année - pour
débattre leurs revendications légitimes et proposer des pistes
concrètes de solutions au conseil permanent;
Un conseil permanent de la jeunesse composé de onze membres,
chacun élu "démocratiquement", à même les 40
délégués du collège électoral;
Une structure flexible qui tienne compte de la crédibilité
des succursales actuelles du Secrétariat à la jeunesse auxquelles
se raccrochent de plus en plus d'organisations de jeunes pour témoigner
et véhiculer leurs spécificités régionales vers le
gouvernement;
Un mandat de quatre ans où l'un des trois postes permanents de
direction serait comblé de façon rotative, aux deux ans, en vue
de diminuer les risques de manipulation, d'assurer une permanence et de
favoriser l'efficacité.
Vous remerciant que la présente commission parlementaire sur le
projet de loi 104 se révèle une tribune de parole publique
à l'échelle provinciale donnée aux jeunes depuis
l'année de la jeunesse, on espère aussi que d'autres jeunes et
d'autres organismes pourront prendre la parole, et on vous remercie de nous
avoir donné l'occasion de prendre la parole.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Merci beaucoup, Mme
Bélanger. Nous allons maintenant procéder à la
période de discussions. Du côté ministériel, je vais
reconnaître M. le député de Sherbrooke.
M. Hamel: Merci, M. le Président. Bienvenue à cette
commission parlementaire. Je vous félicite d'avoir osé
présenter ces mémoires. Je suis très fier, comme
représentant du comté de Sherbrooke, que six groupes de mon
comté aient accepté de relever ce défi et de venir
exprimer publiquement leurs attentes, leurs difficultés et comment ils
souhaitent voir ce Conseil permanent de la jeunesse.
Avant de commencer, j'aurais quelques questions générales
à vous poser. Un certain nombre d'organismes qui sont passés ici
ont fait part de leur intérêt à avoir une
représentativité masculine-féminine égale.
Avez-vous évalué ce sujet, y avez-vous pensé, avez-vous
des commentaires à faire là-dessus?
Mme Saint-Laurent: Parlez-vous de la première...? Le fait
qu'on demande un ministre? Non?
M. Hamel: Non, je parle en général. Pour vous, cela
a-t-il été une préoccupation ou un sujet sur lequel vous
vous êtes attardées...
Mme Saint-Laurent: Le fait qu'on...
M. Hamel: ...qu'il y ait une représentativité?
Qu'en pensez-vous? Ce n'est écrit nulle part, mais, pour vous autres...
D'autres ont exprimé le point de vue qu'il faudrait avoir une
représentativité égale. Qu'en pensez-vous? C'est l'objet
de ma question.
Mme Bélanger (Louise): Oui, sans aucun doute. La
problématique touche des questions qui reviendraient au niveau de la
santé, au niveau de la femme, etc. Ici même, aujourd'hui, on
remarque la présence d'hommes et de femmes, donc, dans la
problématique jeunesse, il faudrait considérer cela,
effectivement.
M. Hamel: Souhaiteriez-vous voir inscrit dans le projet de loi ou
dans la loi un nombre déjà déterminé ou si vous
croyez que les mécanismes usuels prévoiraient ce genre de
nomination?
Mme Saint-Laurent: Je croîs que ce serait une bonne chose
qu'il y ait un nombre égal de garçons et de filles au conseil
permanent. Je crois que cela pourrait être imposé dans la
structure. Si jamais cela ne marche pas, il pourrait y avoir modification.
M. Hamel: J'ai une autre question qui touche un peu le genre de
travail que vous faites: Dans quelle mesure le phénomène de
l'analphabétisme est-il marqué dans la clientèle que vous
recevez?
Mme Saint-Laurent: Je dois dire que l'analphabétisme est
marqué, on en voit, mais pas à un degré
élevé. On en voit, mais c'est moyen.
M. Hamel: Vous n'avez pas remarqué que des jeunes ont de
la difficulté è lire ou à écrire et que cela les
empêche d'aller plus loin, de se trouver des emplois. Ce genre de
phénomène ou de difficulté, chez vous, cela vous a-t-il
frappées davantage? Sentez-vous que c'est une chose qu'il faudrait
développer?
Mme Saint-Laurent: Dans notre organisme, non, on n'a pas senti
cette... Je ne dis pas qu'il n'y en a pas ailleurs, mais, en ce qui nous
concerne, les jeunes qui sont venus chez nous, il n'y en a pas eu; pas
tellement, en tout cas.
Mme Bélanger (Louise): Étant un organisme
rattaché au travail, à la recherche d'emploi, cela devient une
problématique comme une autre. II y en a qui sont sans abri, il y en a
qui ne sont pas bilingues, d'autres qui ont toutes sortes d'obstacles.
L'analphabétisme est un problème comme un autre.
M. Hamel: D'accord. Vous souhaitez, dans vos recommandations,
qu'il y ait un ministre, autre que le premier ministre,
délégué spécifiquement. Pour vous autres, ce n'est
pas nécessairement un ministre délégué, parce que,
dans notre langage, un ministre délégué et un ministre
à plein titre, c'est différent. Voulez-vous dire une personne qui
soit spécifiquement attitrée à ce poste?
Mme Saint-Laurent: Oui.
M. Hamel: Bon. Je voudrais cependant replacer les choses un peu.
C'est que le premier ministre a piloté jusqu'à maintenant cet
important projet de loi et je pense qu'il a démontré clairement,
par son intérêt, que, même avec sa charge de travail et ses
responsabilités assez exceptionnelles, il est toujours très
intéressé au secteur de la jeunesse. Alors, cela ne l'a pas
empêché de pousser quand même ce dossier, ce qui veut dire
qu'il peut continuer encore pour un certain temps. Mais, comme pour d'autres
groupes qui vous ont précédées, on prend bonne note de vos
recommandations.
Quand vous parlez de collège électoral conservé,
qu'entendez-vous par conservé? Cela me chicote.
Mme Bélanger (Louise): Un peu pour reprendre l'idée
de tantôt de sous-conseils permanents dans les régions, ce serait
d'avoir trois ou quatre représentants à qui on pourrait
s'attacher ou à qui on pourrait... Les trois permanents qui vont
être ici et les onze en régions vont quand même être
issus des quarante en question, et, quarante, avec dix régions en
province, cela veut dire trois ou quatre par région. On a
déjà de la difficulté, en Estrie, à essayer de
regrouper les organismes jeunesse de revendication et ceux des services. Les
organismes jeunesse des divers secteurs: socio-communautaires, reliés au
travail, à l'éducation, c'est difficile de rattacher tout le
monde. Donc, ce n'est pas une seule personne en Estrie qui va pouvoir tout
faire. Comme le Secrétariat à la jeunesse est en place seulement
depuis 1984, la question jeunesse est quand même une question qui...
Autant la question de la femme, il y a dix ans, n'était pas
discutée fort comme aujourd'hui, autant les jeunes... On nous donne
enfin le droit de parole, il ne faudrait pas s'attendre que ce soient seulement
trois ou onze personnes qui puissent dire tout ce que les jeunes ont à
dire parce que, personnellement, je pense que c'est beau que la commission...
Les
invitations qui ont été lancées et la
réponse, nous trouvons cela beau. C'est dans ce sens, avec trois ou
quatre représentants par région, ce serait plus facile de pouvoir
regrouper les jeunes, les monopoliser plutôt que de s'adresser seulement
à une ou trois personnes.
M. Hamel: Quand vous mentionnez, à la page 2 que le
Conseil permanent de la jeunesse serait composé de onze membres, chacun
élu "démocratiquement", entre guillemets, qu'est-ce que cela
sous-entend, entre guillemets, "démocratiquement"?
Mme Bélanger (Louise): On aimerait qu'ils soient choisis
à même les quarante et essayer de conserver et l'aspect
régionalisation et l'aspect des divers secteurs mis en cause. C'est
surtout le fait qu'ils soient choisis entre eux, comme dans une
assemblée générale où on choisit nos i
présidents, notre conseil d'administration. Donc, que les onze soient
choisis parmi les quarante.
M. Hamel: II me semble que cela est déjà dans le
projet de loi.
Mme Saint-Laurent: Oui, sauf que de la façon dont j'ai pu
comprendre le projet, c'était le premier ministre qui nommait les onze
personnes sur une recommandation des quarante. Nous autres, ce que l'on veut,
c'est que ce soient les quarante qui élisent les onze personnes qui vont
être là. C'est cela la différence. (17 h 45)
M. Hamel: C'est exactement cela, c'est dans le procédure,
c'est une technicité administrative. Il faut qu'à un moment
donné un ministre ou le premier ministre approuve les recommandations du
conseil; alors, c'est simplement un détail technique. C'est tout
à fait cela qui va se passer. Les recommandations du conseil seront
approuvées, mais il faut que quelqu'un les approuve. C'est ça que
cela veut dire, finalement.
Mme Saint-Laurent: D'accord.
M. Hamel: Vous parlez d'un mandat de quatre ans. C'est
drôle, mais il me semble, compte tenu de la mobilité de tout le
milieu de la jeunesse, que, quatre ans, c'est long. Je ne sais pas si vous avez
quelque chose à...
Mme Bélanger (Louise): Présentement, chez nous,
à Jeunesse Emploi Estrie, et dans d'autres organismes, on a de la
difficulté à avoir une même personne en place pendant deux
ou trois ans. Ce n'est pas une personne en place pendant quatre ans. Cela
reviendrait à dire un neuf et deux anciens - c'est une façon de
parler - au bout de deux ans. Qu'il y ait au moins une personne qui soit
là les deux premières années, qu'elle ne change pas, pour
assurer toujours une permanence. Un mandat de deux ans... Jeunesse Emploi
Estrie a commencé à l'été 1985. On comprend enfin
ce qu'on peut apporter aux jeunes sans emploi et sous-scolarisés en
Estrie sans vouloir piler sur les pieds des autres organismes. Les
problématiques et les besoins en Estrie, on commence à les
comprendre au bout de deux ans. On dit que la problématique, la
thématique jeunesse, au moment où les jeunes permanents ici vont
la comprendre, il va falloir les changer par d'autres nouveaux. C'est à
ce niveau-là.
M. Hamel: Donc, le sens de votre mandat de quatre ans, c'est
d'assurer la continuité.
Mme Bélanger (Louise): Qu'il y ait quelqu'un en place pour
qu'il puisse initier les nouveaux qui arriveront. Notre organisme le vit.
M. Hamel: Cela va.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M, le
député de Sherbrooke.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mme Saint-Laurent
et Mme Bélanger, bonjour et bienvenue, au nom de ma formation politique.
Je voudrais, comme l'a fait le député de Sherbrooke tout à
l'heure, vous féliciter d'être venues présenter votre
position en commission parlementaire. Je dois dire que votre texte est
relativement succinct; les propositions sont brèves. Je pense que vous
avez réussi, en quelque deux pages, à reprendre l'essentiel de ce
qu'on a entendu depuis les six ou sept jours qu'on siège en commission
parlementaire.
Les principaux points sur lesquels il y a des revendications, c'est
effectivement sur le rôle qui pourrait être joué par le
collège électoral. On demande souvent la permanence du
collège électoral. Plusieurs groupes noua ont fait état du
peu d'autonomie qui était laissée au conseil, mais, selon le
ministre qui n'est pas ici cet après-midi, mais qui,
généralement, assiste aux audiences, il y aurait une correction
d'apportée au projet de loi pour laisser un peu plus d'autonomie au
Conseil permanent de la jeunesse.
J'aimerais comprendre mieux votre recommandation touchant au
collège électoral. Quand vous parlez de maintenir cette structure
de 40 personnes et de les réunir quatre ou cinq fois par année,
est-ce que ce serait réunir tout le collège électoral
quatre ou cinq fois par année ou seulement vos
délégués régionaux?
Mme Bélanger (Louise): L'ensemble du...
Mme Blackburn: Du collège électoral.
Mme Bélanger (Louise): ...collège pour que la
problématique commune qui se dégagerait dans les
différentes régions soit privilégiée; et
comment...
Mme Blackburn: Et soit apportée au...
Mme Bélanger (Louise): ...avec des teintes
régionales.
Mme Blackburn: ...conseil permanent. Mme Bélanger
(Louise): Oui.
Mme Blackburn: D'accord. C'est un peu ce que j'avais compris,
mais je n'étais pas vraiment certaine.
Vous savez que c'est une modification majeure par rapport à ce
qu'on a dans le projet de loi, parce que le projet de loi ne prévoit
rien à cet égard. De plus, le projet de loi ne prévoit
pas, évidemment - comme il ne prévoit pas que ce collège
soit permanent - non plus qu'il y ait des frais de déplacement ou des
frais de séjour qui soient payés aux membres du collège
électoral.
Tout à l'heure, vous avez parlé d'un Conseil permanent de
la jeunesse composé de onze membres, chacun élu
démocratiquement à même les 40
délégués du collège électoral. C'est ce que
vous faisait remarquer le député de Sherbrooke tout è
l'heure, sauf que les recommandations qui nous sont venues de façon plus
fréquente ici, c'est davantage sur le choix des 40 membres du
collège électoral qui sont choisis sur une liste par le ministre
ou le gouvernement. C'est surtout à cet élément que la
plupart des mémoires se sont attaqués en disant que, si on doit
donner une structure qui soit vraiment démocratique, allons jusqu'au
bout de la démocratie et faisons que ces 40 personnes - il y en a qui en
voient jusqu'à 60, mais c'est autre chose - soient vraiment élues
par le milieu, donc un peu redevables également au milieu.
Quant à vous, vous avez davantage, je me demandais si
c'était par erreur ou...
Mme Bélanger (Louise): Oui, justement, c'est qu'avec le
délai, finalement, on a appris que des mémoires sont
arrivés en retard, comme le nôtre aurait pu arriver en retard. Il
y a justement certains points qu'on aimerait ajouter à ce que nous
avions présenté, à savoir qu'en lisant ledit projet de loi
on aimerait aussi voir le pouvoir décisionnel dudit conseil permanent
qui a pour fonction de conseiller le ministre, il doit donner son avis. Il
pourra ensuite - il y a quasiment une suite de sous-entendus -faire des
recherches, entendre les requêtes, etc. Donc, on craint qu'il ait une
tâche surtout occupationnelle, de remplir des mandats, de faire des
études sur différentes problématiques et de
présenter des recommandations.
On souhaiterait plutôt que le conseil ait des pouvoirs et
davantage d'autonomie dans le choix de ses dossiers. Qu'il choisisse
lui-même les priorités. On trouve l'idée du conseil
excellente. Ce serait un bon outil dans le coffret, mais, contrairement, par
exemple, au Conseil du statut de la femme qui vient des femmes, le conseil
permanent nous semble un peu parachuté, et c'est peut-être
à ce niveau-là que vous n'avez pas eu le nombre de
mémoires qu'on aurait nous-mêmes souhaité. Du
côté mobilisation des jeunes... On en parle aux jeunes dans la
rue, on leur demande: Sais-tu de quoi on discute présentement? On risque
d'avoir un conseil permanent, qu'est-ce que cela te dit? On en parle, les
jeunes auraient le goût de parler, mais le délai est un peu court.
Donc, c'est à ce niveau-là qu'il faut que la
représentativité soit élue démocratiquement. On
s'est attaqué aux onze parce que ce sont eux qui seront le plus
susceptibles d'élire les trois qui seront ici, etc. Quant aux 40, c'est
un autre point qu'on a omis de mettre, on souhaiterait qu'ils soient
élus démocratiquement chacun, chez nous, dans nos
régions.
Mme Blackburn: Ce que vous nous dites, c'est que, finalement,
faute de temps, cela ne vous a pas permis d'approfondir ou d'examiner davantage
le projet de loi.
Vous dites: "Une structure flexible qui tienne compte de la
crédibilité des succursales actuelles du Secrétariat
à la jeunesse..." Je sais que la répondante du Secrétariat
à la jeunesse de la région de l'Estrie est dans la salle. Chez
vous, je sais qu'il y a eu des coupures importantes dans le budget du
Secrétariat à la jeunesse. Comment cela s'est-il traduit chez
vous? On nous dit que le Secrétariat à la jeunesse, à 75 %
de son temps, répondait à des besoins d'information, d'animation
pour les jeunes. Cela s'est inversé, c'est-à-dire que 25 % du
temps est consacré aux jeunes à présent et 75 % à
des rapports entre les ministères et à des informations
destinées aux ministères. Est-ce que cela s'est fait sentir chez
vous? Est-ce comme cela que cela s'est traduit à peu près?
Mme Saint-Laurent: Oui, effectivement, on a senti que la personne
qui était responsable du Secrétariat à la jeunesse
était plus "loadée" par les mandats qui venaient de son
ministère et qu'elle avait moins de temps à nous consacrer du
fait qu'elle était trop "loadée".
Mme Bélanger (Louise): De ce côté-là,
le secrétariat reste quand même, pour nous,
un point permanent pour rallier les jeunes en Est rie. On le verrait
rendre des services aux organismes sur place. Cela reste quand même
présentement le seul outil qu'on a pour concerter les organismes
jeunesse, coordonner et même nous permettre de voir, par un bottin
d'organismes jeunesse, les autres organismes qu'on peut oublier
nous-mêmes dans différents secteurs. On peut ne pas savoir qu'ils
existent. Donc, le jeune dans la rue le sait encore moins. C'est là que
le secrétariat peut rendre des services et travailler conjointement avec
le conseil permanent, qui, lui, serait notre porte-parole à
Québec du côté des problématiques spécifiques
qui peuvent être communes à d'autres régions. Pour les
demandes de subventions, on ne sait plus à quel ministère
s'adresser. Cela pourrait aider à ce niveau aussi.
Mme Blackburn: Est-ce que je vous comprends bien si je dis que
non seulement il ne faudrait pas fermer les secrétariats à la
jeunesse, mais encore qu'il faudrait leur donner les ressources qui leur
permettent de répondre, un peu comme ils le faisaient
antérieurement? Vous savez que les économies
générées à même les coupures
effectuées dans les secrétariats à la jeunesse permettent
au gouvernement de créer le Conseil permanent de la jeunesse. Cela
n'aura pas donné plus de services. On a pris les services qui
étaient donnés en régions par le biais du
Secrétariat à la jeunesse. On prend cet argent et on crée
un conseil permanent de la jeunesse. Cela n'aura pas beaucoup comme effet
d'ajouter à l'efficacité de la structure et aux services rendus
par ces structures.
J'aimerais revenir brièvement sur la durée du mandat. Vous
proposez quatre ans. Alors, est-ce que ce serait un mandat de quatre ans
renouvelable une fois, ce qui ferait huit ans? Un mandat de quatre ans à
l'un des trois postes permanents de direction serait comblé de
façon rotative après deux ans. Je voulais savoir si votre mandat
de quatre ans serait renouvelable une fois.
Mme Saint-Laurent: Une fois.
Mme Blackburn: Cela ferait huit ans.
Mme Saint-Laurent: Non, non, ce n'est pas cela.
Mme Blackburn: Non?
Mme Saint-Laurent: Les trois permanents cheminent pendant deux
ans. Il y en a un qui est remplacé. Un sang neuf qui vient.
Après, cela continue encore deux ans. Après quatre ans, du
nouveau monde arrive.
Mme Blackburn: D'accord. Je pense que le parti ministériel
devra repenser à la durée des mandats. Un an, à mon avis,
c'est très bref. On aura beau parler de la brièveté de
l'intérêt des jeunes pour ces questions. Dans un conseil
permanent, vous vous voyez deux jours par mois, à peu près 20
jours au total dans une année. Cela ne vous donne pas beaucoup...
Mme Bélanger (Louise): II ne faut pas oublier non plus
qu'au niveau jeunesse, c'est du bénévolat. Au bout de deux ans,
tu vas réussir à comprendre ce qui se passe, chez toi, dans ta
région, encore plus au Québec...
Mme Blackburn: Oui, vous avez tout à fait raison. Moi, je
pense que c'est vraiment très court. Dans la plupart des organismes
consultatifs que je connais, les mandats des présidents sont de cinq
ans, renouvelables une fois. Les mandats des membres, c'est variable, c'est de
trois à cinq ans.
Vous parlez de bénévolat. J'ai essayé d'avoir
l'information, mais elle ne doit pas être disponible. Je sais qu'il n'est
pas prévu dans ce projet de loi qu'il y ait des honoraires pour les
membres du conseil permanent. Par ailleurs, je sais que, dans d'autres conseils
permanents, dans tous les autres conseils permanents, commissions,
comités, c'était la pratique. Il y a des honoraires pour les
membres de ces organismes publics, pour tous les membres qui ne sont pas
membres de la fonction publique. Cela n'est pas prévu dans ce projet de
loi, parce que le gouvernement avait l'intention de couper tous les honoraires
aux membres des conseils consultatifs, des commissions. Par ailleurs, je sais
qu'actuellement, au Conseil supérieur de l'éducation, pour ses
comités, ses commissions et la commission de I'enseignement
privé, les honoraires sont conservés. Chacun reçoit 75 $
pour une demi-journée et 150 $ pour toute la journée. Je pense
que c'est une autre question qu'il serait intéressant de
réexaminer. Vous avez tout à fait raison de dire
qu'effectivement, lorsqu'il s'agit de la jeunesse, on a toujours l'impression
que les jeunes peuvent travailler bénévolement, faire du
bénévolat.
Une dernière question qui touche davantage votre organisme. Je
voudrais savoir quel rapport a Jeunesse Emploi Estrie avec les groupes de
soutien aux initiatives-jeunesse. Est-ce que c'est un groupe de soutien aux
initiatives-jeunesse? Je n'ai très bien compris. Sinon, quel rapport
avez-vous avec les groupes de soutien?
Mme Bélanger (Louise): Les groupes de soutien aux
initiatives, c'est plutôt... Bien, pas aider à se lancer en
affaires, mais... Nous, ce n'est pas aider les jeunes à se lancer en
affaires, c'est les aider... On s'adresse aux sous-scolarisés. Donc, ce
n'est
pas vraiment eux qui vont se partir en affaires, C'est plutôt
identifier où tu es rendu et ce que tu veux faire, quelles sont tes
aptitudes. Même si tu n'as jamais travaillé de ta vie, tu as 16
ans, tu veux travailler, tu ne veux pas nécessairement retourner
à l'école, on va voir ce que tu aimes faire.
Mme Blackburn: Plusieurs groupes ont fait valoir qu'il y aurait
une difficulté réelle - pour ne pas dire un obstacle
insurmontable - pour les jeunes de moins de 20 ans de faire valoir leur
candidature parce que la démarche est assez lourde et assez complexe.
Aller chercher trois appuis dans deux secteurs différents, aller ensuite
au sein d'une grande assemblée, se voir nommer et, ensuite, s'il a la
chance d'être parmi les 40, il doit se faire recommander parmi les onze
candidats. Plusieurs estimaient que c'étaient des obstacles
insurmontables pour les jeunes de moins de 20 ans. Ils disaient qu'il serait
peut-être souhaitable qu'on réserve des sièges, par
exemple, aux 15-22 ans ou aux 23-30 ans. Comment réagissez-vous à
une telle hypothèse? Vous qui travaillez près des jeunes,
pensez-vous effectivement que, pour les jeunes de moins de 20 ans, cette
démarche ne constitue pas vraiment une barrière?
Mme Saint-Laurent: Je suis sûre que toutes les questions
politiques ne touchent pas de près un jeune de moins de 20 ans; ces
choses sont très loin de lut et ne font pas partie de son vécu.
Mais, avec les 40 délégués, si une bonne information et
une bonne sensibilisation sont faites à la base, je pense que ce jeune
pourra quand même dire ce qu'il pense. On aimerait que ce soit pris en
considération.
Mme Bélanger (Louise): Ce sera probablement plus facile en
régions, mais, pour les 15-20 ans - on pourrait même descendre en
bas de 15 ans parce qu'il y a des problèmes pour les plus jeunes aussi
-lorsque vient le temps de faire valoir leur point de vue... Par exemple, au
moment où on perturbait le projet Jeunes volontaires, ils ont
quitté l'école, ils sont venus dire aux maisons de jeunes leur
façon de voir les choses; ils connaissent leurs besoins. Ce sont surtout
des 13-17 ans qui occupent les maisons de jeunes; ils et elles tiennent
è les conserver et ils savent faire valoir leur point de vue.
L'âge n'est pas un obstacle, mais ce serait bien de réserver une
place pour les jeunes, oui.
Mme Blackburn: Par rapport à la place qui devrait
être faite aux femmes, j'éviterais de dire qu'elles doivent
représenter la moitié, je dirais au moins la moitié, de
manière que, si un jour elles étaient plus nombreuses, on ne les
pénalise pas en les ramenant à la moitié, d'autant plus
qu'on prévoit que le conseil doit avoir onze membres, c'est difficile
à diviser.
Mme Bélanger (Louise): C'est embêtant de mettre un
nombre ou un pourcentage, mais il faut quand même une bonne
représentativité.
Mme Blackburn: Je voudrais vous remercier de votre participation
aux travaux de cette commission et vous dire que la qualité du
mémoire n'allait pas à sa lonqueur et que les recommandations que
vous faites, on les retrouve dans plusieurs mémoires. Je souhaite qu'on
en tienne compte du côté ministériel.
Je dois déplorer avec vous le délai trop bref qu'on a
donné aux organismes jeunesse pour préparer des mémoires.
Quand on a tenu la commission parlementaire sur le financement des
universités, le député de Sherbrooke a suivi tous les
travaux de cette commission et il est è même de confirmer que les
délais étaient beaucoup plus lonqs. C'était un secteur
où les personnes étaient beaucoup mieux équipées
que vous ne l'êtes pour réagir. J'ai eu l'occasion de
déplorer cette situation en m'interrogeant sur la volonté
réelle du gouvernement de mener une consultation où on verrait
davantage de groupes.
Je voudrais rappeler, comme Pont fait les jeunes, que ce qu'on avait
souhaité, c'était une commission itinérante qui n'aurait
pas obligé les jeunes à se déplacer, et probablement qu'on
aurait eu une participation supérieure. Bien que vous ne soyez pas aussi
éloignés que les gens de la Gaspésie et du
SaguenayLac-Saint-Jean, de la Côte-Nord... On disait que toutes les
régions y étaient, mais, à ma connaissance, il n'y a pas
eu d'organisme de la Côte-Nord. Cela peut s'expliquer par le fait que
c'est loin.
Pour tout cela, je voudrais vous féliciter d'avoir accepté
de participer aux travaux de cette commission et je vous en remercie.
Le President (M. Dauphin): Merci, Mme la députée.
Est-ce qu'il y a d'autres membres de la commission qui désirent
intervenir? M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Rapidement, sans faire traîner les
débats en longueur. D'abord, une chose. Je veux vous féliciter
pour la qualité de votre mémoire qui est direct, qui est au
point. Vous savez, pour le peu de temps que vous avez eu pour produire votre
mémoire, la qualité en est excellente. Peut-être que, si
vous aviez cogité ou fait une réflexion plus longue, vous en
seriez arrivés exactement aux mêmes conclusions et aux
mêmes
recommandations. Je dois cependant vous dire, pour corriger une
impression qui reste, que plusieurs mémoires ont été
déposés et que les cosignataires des mémoires totalisent
environ 273 groupes de jeunes au Québec. On en identifie au-delà
de 500, 600. C'est une assez bonne représentation. Moi, je peux vous
dire que les groupes de jeunes qui sont venus nous voir, les gens qui parlent
au nom des jeunes sont très représentatifs parce qu'on
s'aperçoit que les canaux, les points, les commentaires sont
sensiblement les mêmes, avec des modifications dans un cas et dans
l'autre.
J'aimerais souligner ceci, dans votre rapport, et je trouve que c'est
votre expérience à vous autres: Je relis cela aux groupes qui
étaient là avant vous, vous dites: Considérant que les
deux premières années d'existence d'une entreprise ou
organisation quelconque constituent à elles seules la période
d'adaptation du personnel et de reconnaissance à titre de nouveau
service qui comble certains besoins jusqu'alors restés sans
réponse. Je trouve cela très réaliste. Je suis sûr
que cela vient de votre expérience sur le terrain, de ce que vous avez
vécu quand vous êtes partis de zéro. Il n'y avait pas de
crayon, il n'y avait pas de papier, il n'y avait pas de bureau, il n'y avait
pas de téléphone. On ne savait pas que vous existiez. Le
même phénomène va jouer pour le Conseil permanent de la
jeunesse.
C'est sûr qu'une plus grande publicité va être faite
à cause de la commission parlementaire, à cause des moyens
financiers qu'on lui aura donnés. Mais cela va prendre une
période d'adaptation, une période pour que le Conseil permanent
de la jeunesse acquière sa propre crédibilité. Ce n'est
pas le gouvernement qui va faire la crédibilité du Conseil
permanent de la jeunesse. C'est le Conseil permanent de la jeunesse qui va
faire sa propre crédibilité, comme vous, chez vous, vous avez
fait votre propre crédibilité auprès des jeunes de votre
secteur.
Je veux simplement vous rassurer. Le Secrétariat à la
jeunesse ne disparaîtra pas demain matin. On ajoute un second outil.
C'est important qu'il y ait des services pour des groupes, pour des maisons
d'hébergement, des groupes comme vous qui vous occupez d'emploi. Je veux
vous rassurer là-dessus. Ce n'est pas du tout l'intention du
gouvernement d'éliminer cela. Encore une fois, merci, et continuez votre
bon travail.
Mme Saint-Laurent: J'espère que le conseil ne
débutera pas sans crayon et sans papier.
M. Bélisle: On va y voir.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, Mme
Saint-Laurent et Mme Bélanger. Jeunesse Emploi Estrie, nous vous
remercions au nom des membres de la commission et nous ajournons nos travaux
à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 8)