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(Dix heures douze minutes)
Le Président M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La séance de la commission des institutions est maintenant
ouverte. Je rappelle notre mandat - je pense que vous le connaissez bien - qui
est de procéder à une consultation générale et de
tenir des audiences publiques sur le projet de loi 104, Loi sur le Conseil
permanent de la jeunesse.
Je demanderais à notre secrétaire, Me Giguère, de
bien vouloir annoncer les remplacements pour notre séance.
La Secrétaire: Les remplacements sont les suivants: M.
Godin (Mercier) est remplacé par M. Rochefort (Gouin); M. Johnson
(Anjou) par Mme Blackburn (Chicoutimi); M. Kehoe (Chapleau) par M. Hamel
(Sherbrooke), M. Laporte (Sainte-Marie) par M. Messier (Saint-Hyacinthe); M.
Paré (Shefford) par M, Parent (Bertrand), M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce) par Mme Dionne (Kamouraska-Témiseouata); M,
Vallières (Richmond) par M. Thérien (Rousseau) et M. Bourassa
(Saint-Laurent) par M. Grattan (Gatineau), pour toute la durée des
travaux.
Organisation des travaux
Le Président (M. Filion): C'est bien, merci. Est-ce qu'il
y a des rectifications ou des corrections à faire quant aux
remplacements? Non? Cela va.
Je vous rappelle l'ordre du jour de notre séance d'aujourd'hui,
mercredi 11 mars 1987. De 10 heures à 11 heures, nous entendrons
l'Association des gens d'expression anglaise de la vallée de
Châteauguay qui sont d'ailleurs avec nous; je les vois. Je leur
demanderais de bien vouloir s'approcher à la table des invités.
Dans l'heure suivante, nous entendrons la Fédération des
associations étudiantes du campus de l'Université de
Montréal et, par la suite, l'Association jeunesse travail du
Montréal métropolitain. Cet après-midi, à 16
heures, nous entendrons Québec Multi-Plus et, à 17 heures,
l'Association des femmes diplômées des universités.
Évidemment, ce soir, nous ne siégeons pas.
Cela va pour l'horaire de demain. Je crois qu'il serait peut-être
utile, à ce stade-ci, pour le bénéfice des membres de la
commission, de faire le point sur nos travaux des 17, 18 et 19 mars. Je crois
comprendre que vous avez eu le projet d'ordre du jour, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Filion): Oui? Est-ce que le tout vous
agrée ou si vous préférez vérifier tout cela?
Peut-être que nous y reviendrons demain.
Mme Blackburn: Oui. Je pense qu'il serait utile de faire quelques
vérifications, à la lumière de l'information que j'ai
eue.
Le Président (M. Filion): D'accord.
Mme Blackburn: II y a des groupes qui avaient manifesté
l'intention d'être entendus au cours de journées précises
et on les reporte à d'autres journées.
Le Président (M. Filion): D'accord.
Mme Blackburn: II faudrait voir cela avant que ce soit
arrêté de façon définitive. Normalement, cela
devrait aller.
Le Président (M. Filion): C'est cela. On pourra arbitrer
le cas échéant. Je souliqne quand même, pour le
bénéfice des membres de la commission, que les 17, 18 et 19 mars,
nous siégerons. L'étude des engagements financiers prévue
pour le 17 mars est reportée au 31 mars 1987. Le tout permettra
d'accélérer les travaux de consultation tout en s'assurant qu'on
puisse enfin étudier les engagements financiers du ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes
avant le 31 mars, puisque les membres de la commission avaient exprimé
le voeu de terminer nos engagements financiers avant cette date. D'accord?
Auditions
Sans plus tarder, je voudrais souhaiter la bienvenue aux
représentants de l'Association des gens d'expression anglaise de la
vallée de Châteauguay. Je demanderais aux représentants de
cet organisme de bien vouloir s'identifier pour le bénéfice
à la fois des membres de la commission et du Journal des
débats.
Association des gens d'expression anglaise de la
vallée de Châteauguay
Mme Hicks (Janet): M. le Président, nous vous remercions
pour cette occasion que nous avons de nous présenter devant la
commission des institutions concernant le projet de loi 104.
J'aimerais présenter les gens qui m'accompagnent. Nous avons
aussi un remplacement à faire. M. Maurice King, le directeur
général de notre association, a été incapable de
venir. Je suis Janet Hicks, l'assistante au directeur de l'association.
M'accompagnent M. Malcolm Orr, trésorier de l'association, Mme Janice
Woodlaw-Loper, assistante de recherche, et Laurie Forget, secrétaire du
bureau.
Le Président (M. Filion): D'accord. Je vous remercie. Je
vous inviterais quand même à présenter votre
mémoire, en vous rappelant qu'il y a un tiers de la période,
c'est-à-dire 20 minutes, consacré à la présentation
de votre mémoire, et une période de 40 minutes, par la suite, est
divisée en deux portions de 20 minutes pour permettre aux membres de la
commission d'échanger des propos avec vous et de vous poser des
questions.
Les mémoires que vous avez déposés ont
été lus par les membres de la commission, de sorte que la
période d'échange de propos est souvent la plus fructueuse. Je
vous inviterais donc è présenter votre mémoire en vous
demandant cependant de bien vouloir, si vous en êtes capable,
élever un peu la voix pour qu'on puisse bien vous entendre.
Mme Hicks: D'accord, je vais essayer. Le Président (M.
Filion): Merci.
Mme Hicks: Quelques mots pour nous présenter. Notre
association, l'Association des gens d'expression anglaise de la vallée
de Châteauguay, est un organisme non politique et non confessionnel
dévoué au maintien de la communauté minoritaire dans le
Sud-Ouest du Québec. Elle a comme but d'assurer la pleine participation
de notre communauté dans tous les domaines de la société
québécoise. Elle représente environ 30 000 anglophones
dans le Sud-Ouest du Québec et l'association a environ 6000 membres
actifs.
Je veux aussi parler un peu des jeunes de la région. La
population des jeunes Québécois et Québécoises
anglophones dans le Sud-Ouest est environ de 7000 dans un territoire d'environ
3200 kilomètres carrés, c'est-à-dire environ deux jeunes
par kilomètre carré. Les jeunes anglophones dans le Sud-Ouest
sont très dispersés. Particulièrement dans le milieu
rural, les jeunes, y compris les jeunes anglophones, doivent faire face
à un taux de chômage très élevé et à
une qualité de vie inférieure. Plusieurs parmi eux viennent de
milieux défavorisés et souffrent de privations sociales et
éducationnelles. Par exemple, dans la municipalité
régionale de comté Le Haut-Saint-Laurent, quelque 11 000 000 $
sont investis en aide sociale chaque année et 53 % de ce montant est
utilisé pour les jeunes. Il y a un taux de chômage très
élevé.
Notre association n'a pas une qrande équipe pour faire des
recherches spécifiques sur les statistiques qu'on aimerait avoir, en
particulier, pour la communauté. On fait quand même des recherches
auprès de notre communauté.
Vous avez reçu notre mémoire au mois d'octobre. On y
suggère, pour impliquer davantage la communauté anglophone, qu'il
y ait au moins un siège d'attribué à un anglophone au
conseil permanent. J'aimerais aujourd'hui, plutôt que de lire tout le
mémoire, vous faire part de nouvelles idées.
To involve the English-speaking youth community, we are suggesting that
some of the procedures proposed for creatinq the body of electors will act as a
serious impediment to the nomination of English-speakinq youth from rural areas
of Québec because of two particular requirements: the requirement in
Section 19 for resolutions supporting the nomination from boards of directors
of not fewer than three youth organizations in at least two different sectors
of activities and the requirement in Section 16 for these organizations to have
been incorporated under Part III of the Companies Act.
These two provisions will effectively prevent the nomination of
English-speakinq youth to the body of electors particularly from rural areas
and, therefore, to the Council because in most rural areas there are not enough
eligible English-speaking groups who would meet these requirements. There are
many youth groups and local groups operating in rural areas, but very few of
them are incorporated groups because they are small and they operate in a very
small community. With a population of two youths per "kilomètre
carré", it is very hard to find large incorporated organizations that
would be able to sponsor people as candidates for the electoral body. We hope
that the Commission will seriously consider changes in Sections 16 and 19 that
will facilitate the nomination of English-speaking youth and other less
structured groups within our Quebec Society, not that these specifications
would affect other groups in rural areas where there are not large incorporated
youth groups.
To this end, we suggest that any youth group which has operated for a
period of twelve months should be eligible to nominate a candidate to the body
of electors whether they are incorporated or not. We realize it is one thing to
suggest that there should be
of English-speaking youth representation on the Council, but if they are
not able to be nominated to the electoral body, it is an impossibility.
I also want to speak in largess about the involvement of the whole youth
population, particularly the rural population. The Conseil permanent de la
jeunesse proposed by Bill 104 offers a very meaningful opportunity for a real
dialogue and it could encourage a valuable contribution by Quebec youth.
Although the primary concern of our association is with the participation and
representation of the English-speaking youth community on the Council and our
proposed amendments address specifically this concern, we nevertheless also
seriously suggest that the legislation regarding the "conseil" should strive to
ensure the participation of other youth populations which are also at a social
or educational disadvantage in Quebec society. We ask ourselves, under the
proposed structure of the "conseil", who well speak for the many young people
who are presently outside the structured organizations and who are least able
to communicate their ideas to become full members of Québec society. We
suggest that in order for the "conseil" to deal effectively with the entire
spectrum of problems faced by young Quebekers, it is absolutely necessary that
the "conseil" have representation from all sectors of Québec society.
This means even groups which are outside the normal structures and those
individuals who may be less capable of expressing themselves in official and
structured situations.
Je veux parler aussi de la présentation qu'on avait soumise en
octobre. Nous avons suggéré que les articles 20 et 21 soient
changés pour qu'il y ait au moins un délégué de la
communauté anglophone au conseil.
On avait suggéré que l'article 20 se lise comme suit: Que
le gouvernement... Je l'ai en anglais: "The Government shall apppoint the
members of the body of electors from among the qualified candidates, having
special regard for the well-balanced representation of the various regions of
Québec, the minority-language community and the various sectors of
activities in which youth organizations are involved. "Section 21: The members
of the body of electors shall, within 30 days after their appointment,
recommend members of the body to the Minister for membership on the council, at
least one of whom will come from a minority-language community."
On croit que c'est très important que la communauté
minoritaire soit représentée au conseil afin que tous les
problèmes de cette communauté puissent être inclus dans les
discussions, soit les problèmes qui y sont étudiés. On
peut répondre à toutes vos questions, si vous en avez.
Le Président (M. Filion): D'accord. Mme Hicks, je voudrais
vous remercier pour la présentation que vous venez de faire. J'invite
maintenant M. le député de Mille-Îles à amorcer la
discussion avec les représentants du groupe qui est devant nous.
M. Bélisle: Mme Hicks, M. Orr, Mme Forget, Mme Loper,
merci beaucoup pour votre excellente présentation, surtout que votre
mémoire est très au fait, c'est-à-dire que vous le centrez
directement sur la représentation fondamentale que vous faites. J'ai
noté votre endossement, à la page 3, relativement à la
création de la corporation. Ce que nous voulons faire ici, c'est
échanger des propos directement avec vous pour avoir votre "gut
reaction" au projet de loi.
J'ai remarqué qu'il y a de nombreuses activités qui sont
inscrites à la fiche de route de votre organisme. Est-ce que vous
pourriez nous décrire un peu les représentations que vous faites
sur le terrain pour ces 6683 jeunes que vous représentez dans un grand
territoire agricole?
Mme Hicks: Ce ne sont pas tous des jeunes. C'est la
communauté en général y compris beaucoup de jeunes. C'est
toute notre...
M. Bélisle: You can express yourself in English; there is
no problem with that. I am going to change and switch from French to English.
So, go ahead with it. Use the language that you feel more at ease with.
Mme Hicks? OK. Merci. Our objective is to represent the entire
community. We act on behalf of the English-speaking community in South-West
Québec to help them receive the services that they need from the various
levels of governments and also to help them obtain the educational services
that they need to properly educate their children, that is one area where there
is a lot of work to be done because our English-speaking youth are still coming
out of school not being able to speak French. We feel, as an association, it is
vital that we be able to participate in the Québec society and to do
that, we need to learn French - learn it in school - in order to be fluently
bilingual. So, in that area, in South-West Québec, we are perhaps a
little behind the rest of the province in providing French teaching. (10 h
30)
Actually, both young people who are with us today have gone through the
normal school system and they are not able to speak French at all. Really, it
is a disaster for our youth. It makes it very difficult also for them to find
work. We try to stimulate work projects for the youth in our area, particularly
those who are unable to speak French, because there are very few openings
for them.
In other areas, such as health and social services, we work with the
institutions that serve our population to help them provide the services needed
by the community and we try to bring the two communities, the English-speaking
community and French-speaking community, together in as many ways as possible,
so that they understand each other and work together to make a better
society.
M. Béliste: I have seen, in your goals and objectives
described on page 1, that it is of the utmost importance for your association
to encourage the continuous development of your institutions and cultural
heritage. The main point in your memoir is that your association has focussed
on a minority-language committee representative. Am I mistaken?
Mme Hicks: That is right.
M. Bélisle: OK. I read through your brief and a certain
number of fears are expressed. Maybe I could just quote the third and fourth
paragraphs on page 3: "The demographics of our province show that there is
still a serious drain of our youth from Québec and, in particular, this
is true of the English-speaking community. Our association is committed to
working towards the reduction of this dangerous trend. "We believe that by
assuring a minority-language committee representative on the Conseil permanent
de la jeunesse the youth of the English-speaking community will have a tangible
proof of their acceptance in the Québec society."
Is it possible that with that type of demand, that is having an assured
minority-language representative on the Youth Council, you could obtain the
reverse result, an increased isolation of your group from the rest of the
Québec youth?
Mme Hicks: How do you feel that it would do that?
M. Bélisle: Well, in a way, it is by confirming the status
of a minority. Do you not think that it would be better that all persons on the
Youth Council should be selected according to their skills and not only
according to an identification of their language status or their ethnic status
or their minority status?
Mme Hicks: That sounds very reasonable and very democratic, but
when the structure of a committee such as this one - or any committee - is set
up so that, because of that structure, it tends to eliminate certain groups,
can we still say that it is reaching out to everybody when its structures say
or demand that the groups be incorporated. If that structure is followed, then
it is eliminating a vast part of the community; perhaps not intentionally, but
that is the effect of the structure.
M. Bélisle: How would the nomination of a minority group
representative on the Youth Council decrease that dangerous trend that you have
noted on page 3? Would it decrease it? Would it improve things?
Mme Hicks: Well, I think it would let the youth know that they do
have a voice on this very important body that is advising the Government.
Granted, it means that any English-speaking representative on that body is
going to have to be able to communicate fully in order to participate, but it
would still be giving a voice to the concerns of the minority-language
community which may be totally overlooked if a representative is not there.
The problems in the French-speaking community are culturally quite
different to those in the English-speaking community. We see an acknowledgement
of this everytime we go and talk to someone in a CLSC, a health institution or
an educational institution. They tell us that things are done differently and
that people feel differently. If this difference cannot be expressed at a level
where decisions are being made about the future of our province, then the
people who live in this community are going to feel less and less a part of
Québec.
M. Bélisle: Finalement, Mme Hicks, est-ce que votre groupe
ou l'association que vous représentez, soit l'Association des gens
d'expression anglaise de la vallée de Châteauguay, va susciter des
candidatures? Est-ce que vous allez envoyer des formulaires de candidature
à des jeunes de votre région et de votre association pour qu'ils
puissent avoir accès au Conseil permanent de la jeunesse?
Mme Hicks: Oui, on l'appuie beaucoup. Nous appuyons fortement
l'idée du conseil. Notre association est incorporée. Nous n'avons
aucun problème pour susciter des candidatures, mais si cela prend trois
organismes dans deux autres secteurs...
M. Bélisle: Je comprends votre point...
Mme Hicks: ...il va y avoir un gros problème parce qu'il
n'y a pas d'autres organismes qui sont incorporés dans la réqion.
On a plusieurs petits organismes comme, par exemple, les églises, les
écoles et des petits groupes de jeunes, mais nous n'avons pas tellement
d'organismes incorporés.
M. Bélisle: Je vous remercie, Mme Hicks.
Le Président (M. Filion): Je vous remercie, M. le
député de Mille-Îles. Je cède maintenant la parole
à Mme la députée de Chicoutimi, porte-parole de
l'Opposition.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mesdames et
messieurs, bonjour. Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue au nom de ma
formation politique.
Sans faire de long préambule, effectivement, je dois constater,
comme le député de Mille-Îles, que vous venez directement
à l'objet de votre préoccupation, c'est-à-dire un
siège qui pourrait être éventuellement ou qui devrait
être, selon vous, réservé à la communauté
anglophone.
Également, dans votre présentation, vous vous interrogez
sur l'obligation pour un organisme d'être accrédité s'il
veut recommander une candidature. Vous dites que ce n'est peut-être pas
la meilleure façon de s'assurer d'une représentation la plus
large possible de la communauté et, surtout, des groupes de jeunes.
Cette revendication nous a été faite par différents
organismes. On peut penser, entre autres, aux associations étudiantes,
dans certains collèges, qui n'ont jamais été
accréditées. C'est la même chose dans les écoles:
les associations étudiantes ne sont pas accréditées. Je
pense que c'est un peu à cela que vous faites
référence.
Vous parlez des secteurs d'activité qui devraient être
représentés au sein du conseil; est-ce que vous pourriez apporter
des précisions là-dessus?
Mme Hicks: Pour les activités?
Mme Blackburn: Oui. Les différents secteurs qui devraient
avoir une représentation au sein du conseil.
Mme Hicks: Notre priorité en tant qu'association, c'est de
représenter une région plutôt rurale. Le problème le
plus important pour les jeunes, comme partout, je suppose, c'est le
chômage, le besoin d'emplois. Il y a des activités culturelles
qu'il serait très important de représenter à un conseil
provincial. Les problèmes d'éducation aussi doivent être
bien représentés. Je pense que les jeunes doivent avoir beaucoup
a dire sur l'éducation et sur ce qu'il devrait y avoir comme changement.
D'ailleurs, les états généraux, l'année
passée, le gouvernement a fait une grande étude sur
l'éducation. Je pense que le jeune lui-même, celui qui sort de
l'école, doit avoir un mot à dire sur l'avenir et sur les
problèmes qui existent dans les écoles. Je ne sais pas si cela
répond à vos questions.
Mme Blackburn: Vous n'avez pas soulevé les modes de
désignation, de sélection des membres du collège
électoral, de même que ceux du conseil, au-delà de la
représentation de la communauté anglophone. Vous ne vous
êtes pas interrogée sur les modes de désignation, sur le
fait que les membres du conseil ou ceux du collège électoral
soient nommés par le gouvernement, par le ministre ou par le premier
ministre. Est-ce que vous estimez que c'est dans la règle? Ne
craignez-vous pas qu'un tel mode de désignation ait comme effet de
"partisaner" l'organisme, c'est-à-dire de le rendre - je dirais - un peu
plus tributaire du gouvernement en place?
Mme Hicks: C'est toujours un danger. Si on croit aux objectifs
que le gouvernement dit avoir pour ce conseil, il faut avoir confiance au
ministre, à savoir qu'il fera un choix qui appuiera les objectifs
fixés pour le conseil. Je ne sais pas s'il y aurait une meilleure
façon de procéder à la sélection. Il est sûr
que cela donne beaucoup de responsabilités au ministre responsable de
faire ce choix.
Mme Blackburn: Vous êtes d'accord avec la création
de ce conseil et vous fondez des attentes importantes. Comme il n'y a pas de
politique jeunesse, si vous aviez à identifier des priorités
quant à la condition des jeunes au Québec, quelles
seraient-elles? Quelles seraient les priorités d'intervention de ce
conseil? Sur quelles questions devrait-il en priorité donner des
avis?
Mme Hicks: En général pour son fonctionnement, ou
pour celles du début?
Mme Blackburn: Les priorités. Si vous étiez
à ce conseil, quelle serait pour vous l'action la plus importante
à mener immédiatement"?
Mme Hicks: Immédiatement. Je pense que la question la plus
importante, c'est comment réintégrer les jeunes
Québécois et Québécoises dans la
société. On a laissé tomber plusieurs jeunes qui ne font
plus vraiment partie de notre société et qui souffrent de
privation scolaire, éducationnelle ou sociale. On voit cela surtout dans
les régions rurales, mais aussi dans les villes. Les jeunes ne trouvent
pas leur place dans notre société. Je pense qu'il est prioritaire
qu'on étudie comment on pourrait les réinsérer dans notre
société.
Mme Blackburn: Merci.
Le Président (M. Filion): Je reconnais M. le
député de Bertrand, après quoi je céderai la parole
à M. le ministre. M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Votre
association représente un nombre important de jeunes de langue anglaise.
Croyez-vous que vous représentez d'autres communautés culturelles
et que vous vous faites le porte-parole d'un groupe beaucoup plus large qu'un
simple groupe de jeunes de langue anglaise?
Mme Hicks: Quand on définit la communauté
anglophone, on peut dire qu'elle représente beaucoup de petites
cultures: les Allemands, les Hollandais et les Suisses. Cette communauté
regroupe plusieurs petites ethnies, surtout dans le Sud-Ouest où
beaucoup de familles de différentes cultures composent la
communauté anglophone. Ce qu'ils ont en commun, c'est la langue
anglaise, mais ils proviennent de divers "backgrounds". (10 h 45)
M. Parent (Bertrand): Donc, à toutes fins utiles, c'est
multiculturel.
Mme Hicks: C'est cela.
M. Parent (Bertrand): D'accord. De quelle façon votre
groupe obtient-il son financement?
Mme Hicks: On est financé par un programme
fédéral qui donne son appui aux communautés de langue
minoritaire partout su Canada. Dans l'Est du Canada, l'appui est aux groupes
francophones et, au Québec, c'est à la communauté
anglophone. C'est un programme spécial à l'essai pour une
période de cinq ans. Présentement, on commence la dernière
année de ce programme de financement et le gouvernement
fédéral n'a pas encore décidé s'il va continuer. La
plupart des fonds dans ce programme vont aux communautés francophones
à l'extérieur du Québec.
M. Parent (Bertrand): À votre connaissance, est-ce qu'il y
a plusieurs groupes comme le vôtre, dans la communauté anglophone,
qui sont financés à l'aide du gouvernement fédéral?
Il existe plusieurs groupes?
Mme Hicks: Ici, dans la ville de Québec, c'est "The Voice
of English Québec"; en Gaspésie, c'est le "Committee for
Anglophone Social Action"; dans l'Outaouais, c'est "Outaouais Alliance" et il y
a toujours Alliance Québec. Nous sommes affiliés à tous
les autres petits groupes.
M. Parent (Bertrand): Quand vous réclamez un siège,
une place au Conseil permanent de la jeunesse, le faites-vous au nom de votre
groupe de la vallée de Châteauguay ou si vous te faites comme
porte-parole de l'ensemble de ces groupes multiculturels? Nous n'avons pas
beaucoup de groupes qui viendront se présenter ici, en commission, et je
me pose la question: Est-ce que, tout en représentant votre groupe, vous
vous faites aussi le porte-parole des minorités culturelles au
Québec?
Mme Hicks: Oui, elles font partie de notre association. Un des
aspects de notre travail est dans le but d'encourager les affaires culturelles
dans les régions. À l'intérieur de cela, il y a une
participation directe de groupes culturels différents.
La raison pour laquelle les groupes culturelles travaillent dans une
association comme la nôtre, c'est parce qu'ils veulent un Québec
bilingue. C'est le point qu'on a en commun. On veut participer de façon
entière au Québec, mais on doit travailler afin qu'il y ait une
place pour la langue anglaise au Québec.
M. Parent (Bertrand): Lorsque vous avez rédigé
votre mémoire et vos recommandations pour le Conseil permanent de la
jeunesse, quel genre de consultations avez-vous menées auprès de
vos groupes? Comme tout groupe, lorsqu'on présente un mémoire, on
veut avoir une représentation que je trouve tout à fait
légitime... Lorsque vous avez répondu précédemment
à mon collègue - je pense que c'était te
député de Mille-Îles - vous avez mentionné que vous
aviez des préoccupations concernant le chômage, l'éducation
et tout; est-ce que vous avez mené une consultation en profondeur
auprès des membres de votre association?
Mme Hick: Quand on prépare un mémoire comme
celui-là, on parle avec beaucoup de gens dans la communauté. Par
exemple, il y a des groupes de jeunes. Malcolm est membre d'un groupe qui
s'appelle "Youth at Work". Aussi, on parle beaucoup avec - Church leaders, the
clergy -les gens dans les Églises qui travaillent avec les jeunes. Ils
sont souvent une des meilleures sources d'idées parce qu'ils travaillent
en étroite collaboration avec les jeunes en difficulté dans la
communauté. Il y a les gens qui travaillent dans les écoles
aussi, les sociologues. Ce n'est pas nécessairement une consultation
très structurée, mais on essaie de parler avec beaucoup de gens
pour vérifier si on respecte les idées de la majorité de
la communauté.
M. Parent (Bertrand): Une dernière question. Quelle est ta
préoccupation de votre groupe, de ceux que vous représentez et
que vous aurez à défendre si vous êtes au Conseil permanent
de la jeunesse, quelle est la préoccupation des jeunes face au
développement économique du Québec? Est-ce que cela fait
partie de vos préoccupations ou si c'est davantage axé sur la
langue, la
culture et l'éducation?
Mme Hicks: Notre préoccupation est axée sur
l'avenir des jeunes, afin de les aider à s'intégrer dans la
société et, pour cela, il faut travailler. Les autres
préoccupations comme la culture, etc., cela va avec l'intégration
des jeunes dans notre société, mais la préoccupation
première des jeunes, normalement, c'est le travail. Je pense que c'est
le plus important. Les autres choses comme la culture et les autres
problèmes, cela vient avec le reste, mais le plus important, c'est
l'aspect économique.
M. Parent (Bertrand): Merci, M, le Président.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, je vais adresser ma
question à Mme Hicks. Bien entendu, elle peut désigner qui que ce
soit parmi ses collègues pour y répondre.
Je vois que vous avez indiqué que vous aviez deux sources de
financement privilégiées. Je ne vous le reproche pas, tout au
contraire, sauf que, malheureusement, d'autres n'ont pas ces mêmes
sources de financement. La question que je voulais vous poser, vous ne
l'abordez pas dans votre mémoire, mais elle me semble importante. Il y a
un groupe que nous allons entendre après vous, qui propose que le budget
alloué au Conseil permanent de la jeunesse soit l'équivalent de 1
$ par jeune âgé entre 15 et 30 ans. Puisque,
financièrement, vous êtes à l'aise et que cela vous permet
également de constater que d'autres le sont moins, est-ce que vous
endossez cette proposition qui sera présentée par un groupe qui
travaille sans aucun doute dans la même direction que vous?
Mme Hicks: Est-ce que vous avez les statistiques se rapportant
aux jeunes de ce groupe?
M. Boulerice: J'ai les statistiques. Cela équivaudrait
à quelque chose comme, je crois, 1 500 000 $ pour l'ensemble du
Québec.
Mme Hicks: La seule statistique que j'ai vue, qui a
été proposée dans un document qui nous a été
envoyé par le Secrétariat à la jeunesse, mentionnait 805
000 $. C'est la seule statistique. Il me semble que c'est une bien grosse
somme. Je pense que le Conseil permanent de la jeunesse doit prouver qu'il peut
avoir une approche raisonnable à ce problème. Il doit
définir les projets qu'il veut faire et obtenir l'argent dont il a
besoin pour ceux-ci. Le conseil doit savoir ce qu'il veut faire et soumettre
des projets pour obtenir des subventions. Je ne sais pas, car je n'ai pas fait
beaucoup de travail en ce qui concerne le financement et les besoins de
fonctionnement du conseil.
M. Boulerice: Si je vous comprends bien, d'emblée, si je
vous parle de 1 $ par jeune entre 15 et 30 ans, c'est un peu gros?
Mme Hicks: Ce n'est vraiment pas une question qu'on avait
étudiée. Franchement, je n'ai pas une forte opinion, mais je sais
ce qu'on fait avec peu d'argent et je trouve que c'est assez gros.
M. Boulerice: Vous l'avez dit vous-même. Vous avez deux
sources de financement importantes qui sont le Commissariat aux langues
officielles et Alliance Québec. Donc, vous n'avez pas de problème
de financement comme tel. Je ne dis pas que vous roulez en Rolls Royce, mais
vous ne vous promenez pas à pied, si je fais une image. Est-ce que vous
avez réfléchi aux problèmes de financement
qu'éprouvent les autres organismes qui sont de même nature que le
vôtre en ce qui concerne le travail communautaire? Pensez-vous qu'il
devrait y avoir une politique plus adéquate de financement des
organismes jeunes?
Mme Hicks: Je pense que cela pourrait aider les
communautés. J'ai entendu parler de plusieurs politiques pour
subventionner les groupes communautaires, mais je pense que rien n'a
été présenté officiellement. Je sais que les CLSC
essaient de travailler beaucoup dans les communautés. C'est un niveau de
service qui est très proche des communautés. C'est
peut-être un réseau qui pourrait distribuer plus d'appui dans la
communauté pour les groupes ou même par les municipalités.
La plupart des groupes d'une municipalité demandent des fonds à
la municipalité, mais les fonds qu'ils reçoivent sont minimes. Si
on offre un service valable dans une municipalité, surtout les
communautés rurales où il y a très peu de ressources... On
n'a pas de centres communautaires et de gros centres sportifs. Les petits
groupes qui existent peuvent donner un vrai service et cela pourrait être
beaucoup plus efficace s'ils sont appuyés par leur
municipalité.
M. Boulerice: D'accord, vous parlez des municipalités. La
question que je vous pose: Est-ce que vous inculquez une responsabilité
au gouvernement québécois en ce qui concerne le financement des
organismes de la jeunesse?
Mme Hicks: Cela pourrait être beaucoup plus
également réparti dans la
province si c'était le gouvernement provincial qui le prenait en
main. Si on laisse cela à chaque petite municipalité, il y en a
qui le feront bien et d'autres qui ne le feront pas du tout.
M. Boulerice: Maintenant, quand vous parlez de cette
représentation que vous faites, je vous ferais remarquer qu'il y a
également un autre organisme qui fait une recommandation de
représentation; il s'agit de Québec Multi-Plus. Par contre, il y
a également un autre organisme que j'ai entendu à cette
commission, il y a quelques jours, qui proposait que le nombre de
représentants par région soit augmenté. La question que je
vous pose: Est-ce que votre demande de représentation a une
équation avec la représentation régionale que certains
souhaitent?
Mme Hicks: Je n'ai pas bien compris. (11 heures)
M. Boulerice: II y a un groupe qui s'est présenté
ici et qui a demandé que le nombre de personnes représentant les
régions soit supérieur à ce qui est prévu dans le
projet de loi. La question que je vous pose; Est-ce que vous demandez une
représentation unique ou bien va-t-elle croître avec
l'augmentation en ce qui a trait aux régions?
Mme Hicks: Je pense que cela doit s'accroître si le conseil
devient plus grand. Cela doit être proportionnellement plus grand aussi.
Si le conseil augmente à 50, on doit avoir encore plus de
représentants anglophones aussi.
M. Boulerice: Donc, si je vous comprends bien, il ne s'agit pas
d'un seul siège, mais d'un siège pour la région
métropolitaine, un siège pour la région de Québec,
un siège en Gaspésie?
Mme Hicks: Ce serait beaucoup plus efficace si chaque
région avait son approche aux différents problèmes. Ce
serait très difficile pour une personne anglophone de représenter
toute la province, mais cela donnerait le point de vue d'une culture un peu
différente. Cela donnerait beaucoup de responsabilités à
une personne de représenter toutes les régions. Cela pourrait
présenter plutôt un aspect culturel et une vue sur les autres
problèmes, s'il y avait une personne responsable pour discuter d'un
problème régional, par exemple. Ce serait la
responsabilité de cette personne de connaître et d'étudier
elle-même les problèmes de la communauté anglophone.
M. Boulerice: Je vous remercie, Mme Hicks.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Saint-Jacques. M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, je voudrais remercier les
invités de l'Association des gens d'expression anglaise de la
vallée de Châteauguay de nous avoir fait part de leurs
réflexions. Je dis tout de suite que je conçois que,
contrairement peut-être à ce que le sens des questions du
député de Saint-Jacques semblait indiquer, votre association
n'est pas un organisme de jeunesse. Ce n'est pas un organisme qui
représente strictement les jeunes de la région de
Châteauguay, mais bien l'ensemble de la communauté anglophone.
À ce titre, vous avez tout à fait raison de venir faire des
représentations au nom des jeunes. Vous nous dites qu'il y en a quelque
7000 de dispersés sur un grand territoire, lesquels sont
âgés de 15 à 30 ans. C'est en leur nom que vous venez nous
faire les représentations d'aujourd'hui, lesquelles rejoignent une
préoccupation du gouvernement quant à la possibilité de
s'assurer qu'au Conseil permanent de la jeunesse il y ait une
représentation la plus large et la plus complète possible de tous
les groupes de la société.
Vous avez un problème particulier dans le cas des jeunes
anglophones du Québec, surtout dans les régions moins
urbanisées, dans le sens que les organismes de jeunesse sont beaucoup
moins nombreux que, par exemple, du côté de la jeunesse non
anglophone. Vous mentionnez que l'exigence que l'on a, à savoir que les
candidatures au collège électoral doivent être
entérinées ou appuyées par trois organismes et que ces
trois organismes doivent obligatoirement être incorporés, pourrait
créer des problèmes très réels aux jeunes que vous
représentez. Vous disiez que, dans votre cas, cela ne posait pas de
problème parce que l'association est incorporée. Or, justement,
je vous ferais remarquer que votre association comme telle ne répond pas
à la définition qui est dans le projet de loi 104, puisque vous
n'êtes pas un organisme de jeunesse, mais bien une association. C'est sur
cela que j'aimerais que vous nous fassiez part de vos suggestions.
Ce qui nous a inspirés d'inscrire dans la loi qu'il faut que ce
soient des organismes de jeunesse, c'est que cela va de soi. On se dit: Ce sont
des organismes de jeunesse qui sont habilités à promouvoir la
candidature de gens vraiment représentatifs de leur groupe. D'autre
part, on s'est dit: Cela devrait être des organismes incorporés
parce que, autrement, on ouvre la porte è toutes sortes d'organismes qui
ne pourraient exister qu'au moment de proposer une candidature et qui
n'auraient pas vraiment de statut; même le statut juridique n'est pas
tellement important. Ce qu'on recherche, ce sont des gens qui pourraient au
moins être eux-mêmes assez représentatifs pour que les
candidatures
qu'ils proposent soient considérées comme étant le
reflet d'une réalité.
Alors, j'aimerais que vous nous disiez comment on pourrait en arriver
à modifier la loi pour vous faciliter la tâche. Est-ce que ce
serait de laisser tomber l'obligation qu'un organisme soit incorporé?
Est-ce que ce serait de l'élargir à des organismes qui ne
seraient pas des organismes de jeunesse avec les contraintes dont je vous ai
parlé? Est-ce que vous avez à l'esprit une façon qui
pourrait alléger et simplifier notre façon d'atteindre notre
objectif qui est d'avoir des candidatures représentatives d'à peu
près toutes les sphères d'activité?
Mme Hicks: Je pense qu'il n'y aurait pas de danger si on enlevait
la nécessité d'être incorporé parce que, finalement,
c'est le ministre qui va décider quels seront les membres du
collège électoral. S'il n'y avait aucun contrôle, il y
aurait peut-être un danger, mais il y a un vrai contrôle. Si on a
beaucoup de candidats, si on a 300 candidats, tant mieux, cela indique qu'il y
a beaucoup de jeunes qui s'y intéressent. On peut imposer certains
critères aussi, on peut demander le curriculum vitae de chaque
candidat.
On peut s'assurer quand même que les candidats vont
représenter leur communauté. Même s'il y a des gens qui ne
sont pas très impliqués dans leur communauté, c'est
peut-être le temps d'entendre leurs idées aussi. Comme je l'ai
dit, il y a beaucoup de gens qui ne sont pas impliqués dans une
association de jeunesse, mais ils vivent quand même et ils ont des
problèmes comme tous les autres. C'est peut-être le temps
d'entendre leurs idées et de savoir si leurs problèmes sont
différents des autres.
Je ne vois pas le problème qu'il y aurait si on enlevait la
nécessité d'être incorporé. Ce sont aussi des
organismes comme le nôtre, qui sont impliqués avec les jeunes,
mais on ne peut pas dire que nous sommes une association de jeunesse. Mais, au
moins, si on s'implique avec les jeunes, cela peut être un critère
assez valable.
M. Gratton: I can assure you, Mrs. Hicks, that there is no
problem in our mind in ensuring this good representation, not only of the
anglophone minority, but of as many of the various social groups in
Québec as possible, provided that we find the means of ensuring that in
the "collège électoral", we have candidates who are
representative.
Obviously, the Government will name the eleven members of the Conseil
permanent de la jeunesse on recommendation of the "collège
électoral". But, 1 am still concerned that we find a means of ensuring
that at the level of the "collège électoral", there is a
possibility and as much ease as possible for these people, even individuals, to
be at least candidates.
And to that extent, what I would like to know is this. Assuming that
your association - it is not eligible in accordance with the law as it exists
now, as it is proposed - would not be eligible to submit or to support
candidates, do you feel that, in your own area, you would have difficulty
enrolling the support of organizations which do conform to the provisions of
the law as it exists now?
Mme Hicks: If the necessity to be incorporated is maintained,
there is next to nothing. There are no English youth groups that are
incorporated.
M. Gratton: No, but what I am asking you is: Do you see a real
difficulty in getting non-anglophone groups to support candidates that you
would promote, for example, "les organismes jeunesse" of the Châteauguay
area, which are not anglophone? Do you see any real difficulty in getting them
to support candidates that you might promote?
Mme Hicks: Well, normally, they would be supporting their own
candidates.
M. Gratton: Yes. But one organization may not limit itself to
supporting one candidate. They could be supporting more than one.
Mme Hicks: Yes, they could support others.
M. Gratton: But we will have a very close look at that because
indeed we realize that, for example, in my own area, the Outaouais, there is a
fair proportion of English-speaking people and youth qroups. Very definitely,
they are not organized in a way. You have mentioned the Outaouais Alliance;
they would not be able to promote candidates.
Mme Hicks: That is right.
M. Gratton: So, we will have a very close look at that.
Mme Hicks: It seems that, the more candidates we could have the
better. If you have 300 to choose from, you are better than if you only have 50
and you have to choose 30. You know. The more you can encourage, the better.
You still can make the selection.
M. Gratton: M. le Président, compte tenu de l'heure, je me
limiterai à remercier l'association de nous avoir fait valoir un point
très déterminé et très réel, sur lequel le
gouvernement devra se pencher dans
l'évaluation des travaux de la commission. Je les en remercie
infiniment.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le ministre. Je
voudrais, au nom des membres de la commission, remercier Mme Hicks et les gens
qui l'accompagnent pour leur mémoire et les explications qu'ils ont
fournies. Merci beaucoup. Je suis certain que le ministre parle au nom de tout
le monde en disant qu'il en sera tenu compte. Merci beaucoup.
Nous allons maintenant permettre, en suspendant nos travaux pendant deux
minutes, aux représentants de la Fédération des
associations étudiantes du campus de l'Université de
Montréal de prendre place à la table pour la présentation
de leur mémoire. Suspension.
(Suspension de la séance à 11 h 12)
(Reprise à 11 h 14)
Le Président (M. Doyon): J'inviterais maintenant, en leur
souhaitant la bienvenue, les membres de la Fédération des
associations étudiantes du campus de l'Université Laval, pardon,
de Montréal -lapsus indicatif...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Doyon): ...le député de
Louis-Hébert vient de parler - de l'Université de
Montréal, à présenter leur rapport, après
s'être présentés eux-mêmes aux des membres de cette
commission. Bienvenue. Vous pouvez y aller.
Fédération des associations
étudiantes du campus de l'Université de Montréal
M. Longval (Stéphane): D'abord, je vais me
présenter. Je suis Stéphane Longval. Je suis coordonnateur aux
affaires externes de la fédération étudiante.
M. Longval (Nicolas): Je m'appelle Nicolas Longval -
également - et je suis trésorier à la FAECUM, la
Fédération des associations étudiantes du campus de
l'Université de Montréal. C'est une affaire de famille.
M. Longval (Stéphane): La fédération
étudiante de l'Université de Montréal est un organisme qui
regroupe environ 25 000 étudiants. C'est donc un groupe de jeunes assez
important dans le secteur de l'éducation, entre autres. Il y a 42
associations de départements et de facultés qui sont membres de
la fédération étudiante de l'Université de
Montréal.
Nous nous présentons ici, évidemment, avec certains
espoirs, mais aussi avec l'idée derrière la tête que la
situation des jeunes, actuellement, dans les années quatre-vingt, n'est
pas très rose. On peut parler d'un taux de chômage d'environ 20 %,
du problème de la prostitution, de la drogue, de l'alcool, tous des
problèmes qui accablent la jeunesse présentement. En tout cas,
directement, comme étudiants, nous avons fait un sondage, au
début de l'automne, qui nous révélait que 33 % des
étudiants de l'Université de Montréal et même, je
crois, des étudiants universitaires du Québec, en
général, ne savaient pas où leurs études les
mèneraient. C'est un peu grave quand un tiers des étudiants
universitaires du Québec font face à un tel problème.
Dans le contexte où la jeunesse est aux prises avec une situation
pas très rose, comme je le mentionnais, la FAECUM est prête
à appuyer le projet du Conseil permanent de la jeunesse, en étant
consciente que c'est un premier pas qui devrait être suivi de plusieurs
autres pas parce que ce n'est pas une fin en soi. Donc, d'après la
FAECUM, le Conseil permanent de la jeunesse doit être fort et aussi
légitime. Pour ce faire, ce qui est important pour nous, c'est la
représentativité des membres du conseil, leur indépendance
face au gouvernement et aux partis. Il est aussi important de le doter de
moyens substantiels afin qu'il arrive à ses fins.
On peut aborder tout de suite le sujet des modifications que nous
voudrions apporter au Conseil permanent de la jeunesse et au projet de loi, tel
qu'il est. Tout d'abord, on vaudrait que soient définis de façon
plus complète les secteurs d'activité des groupes de jeunes. On
trouve qu'il y a des oublis dans les secteurs religieux et culturel qui
comprennent des groupes de jeunes qui sont en grand nombre, je pense, dans
chacune des régions administratives du Québec. Selon nous, on les
a oubliés dans le projet de loi, tel qu'il est rédigé.
On peut parler des critères de sélection, entre autres,
pour le ministre qui aura à choisir les membres du collège
électoral et qui, lorsqu'il y aura vacance et qu'il n'y aura pas
d'entente au sein du collège électoral pour nommer les gens qui
siégeront au conseil, devra nommer des gens à ces postes. Ce que
l'on trouve important, c'est, évidemment, de fixer plusieurs
critères de sélection, critères importants. Chez certains
autres qroupes, on a mentionné que l'on trouve important que, pour le
collège électoral et pour le conseil, on répartisse de
façon équitable les régions administratives du
Québec. Malgré que l'on fasse partie d'une région
fortement peuplée, on croit que les régions administratives du
Québec doivent être représentées de façon
équitable. On n'a pas le mode exact, mais, pour nous, c'est un principe
de base qui doit être respecté.
Autre chose, en ce qui concerne le collège électoral et le
conseil en tant que tel, on aimerait que les groupes de jeunes de divers
secteurs soient représentés. Le ministre devra tenir compte
d'appuis, tels ceux du collège électoral, donnés à
un tel candidat pour le sélectionner, c'est-à-dire le nombre
d'appuis venant de divers groupes de jeunes des secteurs. Pour nous, c'est
important.
Une autre chose est dans l'actualité, surtout cette semaine. Il
nous semblerait important qu'on tienne également compte de la
représentation féminine au Conseil permanent de la jeunesse et au
collège électoral. C'est très important pour nous et,
même si on regarde divers autres conseils, ce but n'est pas toujours
atteint. Pour nous, c'est un but à viser.
M. Longval (Nicolas): On a identifié les objectifs qu'on a
à atteindre pour que le conseil fonctionne convenablement,, Un de ces
objectifs est que le conseil soit fort et crédible. C'est ce qui guide
beaucoup de nos observations et de nos constatations. L'une de nos
préoccupations, entre autres, quant au conseil, est qu'il ne soit pas
partisan. Malgré tout le respect qu'on vous doit, on n'aimerait pas que
le conseil devienne une Assemblée nationale réduite. Je pense que
c'est de bonne guerre et que cela se comprend. On veut que le conseil puisse
assurer la promotion de la cause des jeunes Québécois. Par
conséquent, étant donné qu'on ne veut pas qu'il devienne
un lieu d'affrontement des partis politiques, on doit éviter une chose,
entre autres, que les membres du conseil soient membres actifs d'un parti
politique. Une des conditions serait, advenant que des membres se soient
déjà manifestés ou impliqués dans un parti
politique, qu'ils cessent toute espèce d'activité partisane
durant leur mandat.
Comme je vous l'ai mentionné tout à l'heure, il y a des
membres actifs. Un membre actif oeuvre au niveau des structures d'un parti ou
il est élu à l'exécutif d'un parti ou d'un comté.
C'est ce genre de candidat qu'on ne voudrait pas voir au conseil permanent,
toujours parce qu'on veut éviter qu'il en résulte, ni plus ni
moins, une forme de noir contre blanc. Malheureusement, c'est ce qui pourrait
se produire. C'est un danger réel.
Un autre aspect important - en fait, c'est une forme de code
d'éthique, si vous voulez - c'est que l'ingérence par les
ramifications politiques que pourrait avoir une personne serait réelle.
Par voie de conséquence, il faut se prémunir contre cela, si on
veut que le conseil soit crédible et réellement
représentatif des groupements de jeunes.
Il est aussi important que le conseil n'admette que de véritables
groupes de jeunes. Je pourrais vous donner un exemple et je vous en donnerai un
tout à l'heure. Il y a les groupes de jeunes ne faisant pas
spécifiquement partie d'un autre groupe qui ne représente pas des
jeunes. On n'aurait qu'à penser à la commission jeunesse du Parti
libéral versus le Parti libéral, à la faction des jeunes
du Parti québécois versus le Parti québécois ou
à l'aile des jeunes de la CSN. Je vous ai cité des exemptes
suffisamment vastes pour ne pas vous viser.
Une voix: II y avait du monde! Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Longval (Nicolas): Je l'espère! Par conséquent,
ce qu'on vise à être - et on souhaite que le conseil vise à
cela également - c'est une voie d'expression des jeunes et des groupes
de jeunes.
Aussi, l'existence du conseil ne doit pas être un obstacle
à l'expression des besoins dans la situation que vivent les jeunes. Cela
ne doit pas être un obstacle, cela ne doit pas bloquer les revendications
des organismes de jeunes. Par conséquent, le conseil doit permettre de
voir plus clair quant aux besoins et aux revendications des groupes de
jeunes.
Une chose qu'on se doit de mentionner, c'est que le conseil permanent ne
règle rien. En somme, c'est ni plus ni moins de -comment pourrais-je
dire - concrétiser un engagement électoral. Ultimement, ce
conseil ne fera que faciliter l'orientation du gouvernement par rapport, entre
autres, aux revendications et aux besoins des jeunes qui seront
identifiés dans le cadre des discussions qui prendront place.
À la suite de ce que je viens de vous dire et de ce que
Stéphane a mentionné tout à l'heure, on va vous faire part
des recommandations qu'on présente par rapport au Conseil permanent de
la jeunesse.
M. Longval (Stéphane): Premièrement, que le Conseil
permanent de la jeunesse dispose de services de recherche et d'un budget
suffisant et adéquat à la poursuite de son mandat;
deuxièmement, que soient ajoutés à l'article 16 du projet
de loi les secteurs d'activité suivants: religieux et culturel et que,
dans la définition d'un organisme jeunesse, l'on considère la Loi
sur les coopératives et la Loi sur les clubs de
récréation; qu'au collège électoral toutes les
régions administratives du Québec soient
représentées, et ce, le plus équitablement possible; qu'au
conseil permanent toutes les régions administratives du Québec
soient représentées dans la mesure du possible.
M. Longval (Nicolas): Que tous les secteurs d'activité des
groupes de jeunes soient représentés, et ce, le plus
équitable-
ment possible au collège électoral et au conseil; que le
ministre responsable de la jeunesse accorde une attention particulière
à assurer une représentation adéquate des femmes au
collège électoral et au conseil; que le ministre ne nomme pas au
collège électoral des jeunes qui sont membres actifs d'un parti
politique provincial ou fédéral, c'est-à-dire ceux qui
sont membres d'un exécutif ou d'une structure quelconque d'un parti;
enfin, que soit ajouté à la définition d'un organisme
jeunesse - c'est l'article 16 du projet de loi - "qui n'est pas la structure
jeunesse d'un autre organisme". C'est un ajout qu'on ferait à l'article
16. C'est tout.
Le Président (M. Doyon): Merci beaucoup, MM. Longval, de
votre présentation. Maintenant, nous allons passer à la
période d'échange de propos. Je pense que le député
de Marquette a quelques questions à vous poser.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Doyon): M. le ministre, je m'excuse.
M. Gratton: Si on me le permettait, je voudrais d'abord de
remercier MM. Longval de leur présentation et leur dire qu'ils
représentent ici, entre autres, parmi les 25 000, ma fille. J'ai
l'intention de lui dire en fin de semaine que je vous ai rencontrés,
mais je ne sais pas comment lui expliquer, comment vous distinguer l'un de
l'autre. Je lui laisserai le soin de le faire. La ressemblance est vraiment
frappante.
M. le Président, lorsque vous disiez tantôt que vous ne
voudriez pas que le Conseil permanent de la jeunesse soit à l'image de
l'Assemblée nationale, j'ai presque le goût de vous demander si
c'est parce que vous avez regardé la période des questions
hier.
M. Boulerice: Les réponses...
M. Gratton: Je ne visais pas seulement les questions, je parlais
des réponses également. Il ne faut pas se sentir visé, M.
le député de Saint-Jacques.
Cela étant dit, M. le Président, je souhaiterais
solliciter le consentement unanime de la commission pour permettre au
député d'Outremont et ministre délégué
à la Privatisation d'entamer la discussion avec nos invités.
Le Président (M. Doyon): Avec le consentement de la
commission, M. le député d'Outremont, ministre
délégué à la Privatisation, vous avez la
parole.
M. Fortier: M. le Président, vous l'avez
évoqué tout à l'heure vous-même, vous
représentez un comté où on retrouve une université
extraordinaire, l'Université Laval, et dans le comté d'Outremont
nous avons, bien sûr, l'Université de Montréal avec ses 25
000 étudiants.
De fait, le premier mot serait pour féliciter les deux messieurs
Longval pour leur implication dans le milieu étudiant. Je ne sais pas si
vous le savez, mais de nombreux hommes politiques des deux côtés
de la Chambre ont été soit président ou
vice-président de l'AGEUM. En retournant dans le passé, on peut
même penser à M. Daniel Johnson, le père, qui a
été président de l'AGEUM. Moi-même, j'ai
été vice-président de l'AGEUM. C'est un milieu que je
connais assez bien.
Vous avez évoqué des problèmes. Je crois qu'il est
vrai, quand on se compare entre il y a 25 ans et aujourd'hui, que les
problèmes débattus par les jeunes de l'Université de
Montréal en particulier -parce que c'est vous qui présentez votre
mémoire, aujourd'hui - sont bien différents de ceux que nous
avons connus dans le passé. C'est une des raisons pour lesquelles le
gouvernement propose la formation de ce Conseil permanent de la jeunesse que
vous voudriez voir le plus indépendant possible. Cela m'amène
à poser une question. Je pense que cela va lancer le débat. Je
crois que c'est l'objectif des jeunes et de votre fédération de
faire que cela ne soit pas le reflet des partis politiques. Il reste que les
recommandations que le Conseil permanent de la jeunesse pourra faire au
ministre responsable au gouvernement vont toucher à des décisions
politiques. Il va faire des recommandations dans un sens pour appuyer une
action politique du gouvernement ou pour dire au gouvernement qu'il n'est pas
satisfait de telle et telle politique.
Dans la mesure où les recommandations que le conseil va faire
touchent à la politique non partisane, mais d'une façon
très générale, je me demandais ceci: Quel genre de
recommandations croyez-vous que le conseil pourrait faire qui, une fois ou
l'autre, ne seraient pas considérées comme des recommandations
politiques? Autrement dit, est-ce que vous êtes en train de nous dire que
le conseil va être tellement vierge sur le plan politique qu'il va faire
des recommandations qui ne seraient pas percutantes ou qui n'auraient pas
d'impact politique dans la population? J'imagine que vous voulez que le Conseil
permanent de la jeunesse prenne position, fasse des recommandations qui
pourraient soit approuver ou désapprouver le gouvernement. Dans ce
sens-là, c'est assez difficile, je crois, pour le Conseil permanent de
la jeunesse d'être complètement indépendant de l'action
politique comme telle. J'aimerais que vous nous en disiez davantage. Les motifs
que vous mettez de l'avant pour dire que les
membres des exécutifs de la commission jeunesse du Parti
libéral ou du pendant du Parti québécois ne devraient pas
là, je pense que là-dessus on s'entend. Mais il reste que vous
voulez avoir des gens très impliqués dans le milieu et vous
voudriez que le Conseil permanent de la jeunesse prenne position. Je vois une
certaine contradiction et j'aimerais que vous nous éclairiez
là-dessus.
Le Président (M. Doyon): M. Longval.
M. Longval (Stéphane): Lorsqu'on mentionne que les membres
du collège électoral ou du Conseil permanent de la jeunesse ne
doivent pas être membres actifs d'un parti politique, Parti
québécois, Parti libéral ou autre, ou d'un syndicat, je ne
pense pas qu'on apolitise le Conseil permanent de la jeunesse. De toute
façon, aux recommandations que le conseil va émettre, je pense
qu'une décision politique s'ensuivra. C'est évident. Je ne pense
pas qu'on va apolitiser le Conseil permanent de la jeunesse en mentionnant
cela. Je pense plutôt que les gens ou les jeunes ont soif,
peut-être, d'une espèce de légitimité et de cette
crédibilité. C'est très important chez les jeunes que la
confiance règne dans ce conseil permanent. (11 h 30)
Je pense que la dynamique ne doit pas être simplement un avis que
commande un ministère ou un ministre concernant la jeunesse, mais que
les jeunes, par l'intermédiaire du Conseil permanent de la jeunesse,
fassent part de leurs besoins et que la dynamique soit aussi celle du Conseil
permanent de la jeunesse au gouvernement et non que le gouvernement chapeaute
et commande le conseil. Je sais que c'est une dynamique dans les deux sens,
mais on ne doit pas la voir simplement du gouvernement au conseil permanent.
Évidemment, là, on ne pourrait pas jouer à
l'extérieur de ses plates-bandes. Ce serait le gouvernement en place qui
commanderait une étude sur tel point. Je pense que c'est une
responsabilité du gouvernement, par exemple, de s'attaquer aux
problèmes de la jeunesse. En ce sens-là, je ne pense pas que ce
soit partisan. C'est la dynamique interne du Conseil permanent de la jeunesse
qui est visée, plutôt que d'apolitiser cela. Je pense que cela
n'est pas possible.
M. Fortier: Si vous me le permettez, ce que vous visez dans le
fond, c'est la crédibilité du conseil. Vous voudriez
préserver cela dans toute la mesure du possible, mais vous vous attendez
quand même, en fin de compte, que le conseil prenne des positions qui
pourraient être de nature politique.
M. Longval (Stéphane): Évidemment...
M. Fortier: Ce que vous ne voulez pas, c'est que les "chicanes
politiques", entre guillemets, des formations politiques se retrouvent au
conseil.
Le Président (M. Doyon): M. Longval.
M. Longval (Stéphane): C'est exactement cela. Je pense que
cela doit aller au-delà d'un forum de discussions ou - comment
pourrais-je dire - au-delà d'une dynamique qu'on a pu voir hier à
la période de questions. Ce qui est important, c'est qu'on aille au fond
des problèmes et qu'évidemment il y ait une décision
politique qui suive les avis du conseil. C'est important pour nous que ce ne
soit pas un conseil -excusez l'expression - bidon d'où rien ne pourrait
sortir.
Le Président (M. Doyon): M. le ministre.
M. Fortier: J'ai terminé. Je pense que Stéphane
voulait dire quelque chose.
M. Longval (Nicolas): C'est pour renchérir.
Le Président (M. Doyon): Allez Nicolas.
M. Longval (Nicolas): II y a quand même une chose qu'on a
identifiée. Les objectifs sont clairs. On voudrait que le conseil soit
légitime, crédible et fort, en somme. On y voit tout genre
d'intervention politique et cela est inévitable d'une certaine
manière. Il faut être réaliste. Cette intervention
politique nuirait énormément aux objectifs qu'on s'est
donnés par rapport au conseil. Par conséquent, dans les
recommandations - j'espère que vous avez pris la peine de lire ou que
vous avez eu la chance de lire nos recommandations - on identifie, d'une
certaine manière, une mesure discriminatoire touchant les membres actifs
d'un parti politique. C'est que, justement, ces individus ont
déjà des voix, des possibilités de participer aux prises
de décision, d'avoir voix au chapitre. C'est important. Dans le cas
où cette mesure discriminatoire peut vraiment
"s'opération-naliser" à l'intérieur du conseil, c'est une
difficulté quand même, mais il n'en demeure pas moins que
l'objectif est très louable dans le sens que, si on exclut ces
individus, par conséquent - et c'est inévitable - le conseil va
avoir une crédibilité, une légitimité face aux
organismes jeunes et face au gouvernement. C'est quand même un objectif
qu'on se donne pour un conseil de ce genre.
Le Président (M. Doyon): M. le ministre
du Revenu, est-ce que vous voulez intervenir?
M. Gratton: Oui, M, le Président. Sur cette recommandation
qui touche la partisanerie politique, vous savez peut-être, ou vous ne
savez peut-être pas, que le caucus jeune du NPD est venu nous dire, la
semaine dernière, qu'il favorisait plutôt le contraire, qu'il
favorisait l'implication directe de représentants de partis en les
identifiant comme tels. Je voudrais vous dire qu'au gouvernement on est
plutôt de la tendance contraire. Nous vous rejoignons là-dessus.
Les gens qui sont actifs dans les partis politiques ont beaucoup d'autres
forums où ils peuvent se faire entendre. Au pire, si une personne qui
est active en politique devait accéder au Conseil permanent de la
jeunesse, il faudrait, au minimum, qu'elle cesse toute activité
partisane. Quant à nous, on tâchera de trouver des gens qui sont
évidemment impliqués, qui sont actifs dans leurs milieux
respectifs sans pour autant que ce soit des gens qui font de la politique
active. D'ailleurs, les gens qui font de la politique active devraient
être encouragés à continuer à en faire. Ce n'est
sûrement pas au Conseil permanent de la jeunesse qu'on voudra que cela se
fasse.
M. le Président, je note que la plupart des recommandations que
vous nous faites ont trait directement ou indirectement à la
qualité des relations qui devront exister entre le gouvernement et le
Conseil permanent de la jeunesse. Sauf erreur, vous ne semblez pas remettre en
question la façon proposée par le projet de loi de
procéder notamment par la formation d'un collège
électoral, avec les modalités que l'on connaît, et par la
nomination, à partir de recommandations de ce collège
électoral, des onze membres du conseil permanent par le gouvernement.
Par contre, vous nous parlez, entre autres choses, du critère des
régions administratives. Vous souhaitez, tant au collège
électoral qu'au Conseil permanent de la jeunesse, que les régions
administratives soient les mieux représentées possible. Est-ce
que je peux vous demander si les dispositions de la loi actuelle à
l'article 20 vous suffisent de ce côté ou si vous souhaiteriez des
aménagements ou des amendements qui pourraient spécifier ou
préciser encore plus? On retrouve à l'article 20 la notion: "en
tenant compte notamment d'une représentation équilibrée
des diverses régions du Québec". Est-ce que cela vous satisfait
ou si vous iriez plus loin?
M. Longval (Stéphane): Est-ce qu'on fait mention des
critères dont le ministre doit tenir compte justement pour choisir ou si
c'est quelque chose de souhaité? A l'article 20 on parle vraiment de la
façon dont le ministre aura à combler les postes au conseil
permanent et à choisir les gens au collège électoral.
C'est un peu...
M. Gratton: C'est cela. L'article 20, si vous voulez, on peut le
regarder ensemble: "Le gouvernement nomme les membres du collège
électoral parmi la liste des candidats éligibles, en tenant
compte notamment d'une représentation équilibrée des
diverses régions du Québec."
M. Longval (Stéphane): En fait, ce dont on veut être
certain dans cela, c'est d'éclairer les critères de
sélection du ministre, en l'occurrence du premier ministre. On trouvait
un peu arbitraire que justement le premier ministre ait à choisir. Que
le collège électoral fasse le voeu pieux que les gens qui,
à l'intérieur du collège électoral, auront à
élire les représentants au conseil tiennent compte de ces choses,
c'est parfait; mais ce qui nous intéresse, c'est vraiment de
spécifier en tenant compte des critères des régions, comme
vous le mentionnez à l'article 20, ou celui des secteurs
d'activité. Pour nous, c'est un critère important qu'on doit
respecter. En fait, jouer le jeu de l'arbitraire, cela pourrait aussi faire que
notre région soit surreprésentée. Nous ne sommes pas
intéressés à faire partie d'un conseil qui aurait, disons,
une réputation plus ou moins crédible de ce fait.
M. Gratton: Donc, si je comprends bien, vous nous dites
possiblement que la formulation ou le texte de la loi est suffisant dans la
mesure où le gouvernement agira en conséquence et fera en sorte
qu'on puisse retrouver cette représentation équitable.
M. Longval ( Stéphane): II faut que cela soit explicite
que les critères de sélection du ministre comprennent justement
la représentation des régions et une représentation
équitable des secteurs d'activité. Pour nous, cela est
important.
M. Gratton: Par rapport à la représentation des
femmes, je présume que votre fédération va sûrement
appuyer un certain nombre de candidats, ou un candidat ou une candidate. Est-ce
que vous y avez songé et avez-vous décidé si vous
appuierez d'une façon spécifique et avec un effort particulier la
candidature de femmes?
M. Longval (Nicolas): Étant donné qu'an l'a
mentionné comme un aspect important de la représentativité
du conseil, si on est dans la situation où c'est possible de le faire,
d'appuyer effectivement, on le fait. C'est hautement hypothétique tout
de même. C'est tout de même un facteur de
représentativité majeur qu'on souligne où, plus
souvent
qu'autrement, le problème se retrouve ailleurs en ce qui a trait
à d'autres conseils. C'est important de le souligner et de tenter le
mieux possible de résoudre ce problème, qui se
répète continuellement, quant à la
représentativité et à la présence des femmes
à des conseils de ce genre.
M. Gratton: La difficulté - que vous évoquez - pour
vous d'appuyer ou de promouvoir la candidature de femmes est encore plus grande
pour le gouvernement. Nous n'aurons pas le choix d'aller solliciter des
candidatures. Le gouvernement devra transiger avec les candidatures qui auront
été proposées et appuyées par des organismes comme
le vôtre. Ce que je souhaite - nous sommes là pour discuter -
c'est que justement les représentations que vous nous faites quant
à la qualité de la représentation se transcrivent par des
gestes concrets de la part des organismes qui, au premier chef, sont
chargés de faire des recommandations ou d'appuyer des candidatures
auprès du gouvernement. Ce qui serait néfaste, à mon point
de vue, ce serait que le gouvernement se retrouve avec un collège
électoral insuffisamment représentatif et incapable d'y puiser
les éléments nous permettant d'avoir un Conseil permanent de la
jeunesse adéquat.
M. Longval (Stéphane): Souhaitons que les autres
organismes de jeunes aillent dans le même sens que nous, mais disons que
nous allons être conséquents avec nous-mêmes et nous
enverrons des candidats-femmes. Il restera justement au gouvernement...
Une voix; Candidates.
M. Longval (Stéphane); Candidates-femmes. Il restera au
gouvernement, si on a retenu quelque chose de cette commission parlementaire,
de l'appliquer aussi. On le souhaite!
M. Gratton: Est-ce que, pour vous - ce n'est peut-être pas
tellement important, mais cela m'intéresse à cause de la
situation familiale - la candidature ou les candidatures que vous pourrez
appuyer seront faites en fonction de la représentation régionale?
On sait qu'à l'Université de Montréal on retrouve un
très grand nombre d'étudiants et d'étudiantes provenant de
partout dans la province. Est-ce que, vous-mêmes, vous ferez un effort
pour faire en sorte que vos candidatures répondent de façon
générale, aux critères que vous nous suggérez?
M. Longvat (Stéphane): En fait, l'Université de
Montréal est un milieu de vie en soi. Évidemment, les
candidatures qu'on va envoyer, ce sont des gens qui font partie de ce milieu de
vie. Les étudiants à l'Université de Montréal
provenant d'Abitibi-
Témiscaminque passent plus de temps dans le milieu de vie de
l'Université de Montréal que dans leur région.
Moi, je préférerais laisser la chance aux gens
d'Abitibi-Témiscamingue d'envoyer leurs propres candidats, qui sont
à même de juger de la situation de la région et qui ont les
deux pieds dans cette région. C'est un milieu de vie particulier et
c'est ce milieu de vie que nous chercherons à faire représenter
au conseil permanent.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, étant donné
l'heure, j'aurais d'autres questions s'il y a plus de temps à la
fin.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. Longval, il me
fait plaisir de vous souhaiter la bienvenue au nom de ma formation politique.
Je voudrais vous féliciter pour l'intérêt que vous
manifestez à l'endroit d'un organisme que le gouvernement
s'apprête à créer, qui est le Conseil permanent de la
jeunesse. Je m'explique. Cela peut vous paraître normal. Cela
mérite d'être souligné et je pense que, par les
années passées, les associations étudiantes ont
très bien su tirer leur épingle du jeu sans le secours ou le
recours à un organisme consultatif, quel qu'il soit.
Les associations étudiantes sont puissantes. On l'a vu tout
récemment au printemps dernier, au moment où elles ont fait
reculer le gouvernement sur une volonté très clairement
exprimée du ministre de dégeler les frais de scolarité.
Ces associations de jeunes sont parmi les plus fortes au Québec. Que
vous vous intéressiez au rôle que pourrait jouer
éventuellement un conseil consultatif, cela mérite d'être
souligné.
Ce que je voudrais également souligner, c'est que vous avez su,
dans votre mémoire, dépasser largement les intérêts
particuliers à votre groupe, c'est-à-dire les étudiants.
Vous avez assez justement attiré notre attention sur les
difficultés qu'éprouvent les jeunes, au Québec,
aujourd'hui. Je pense à une première phrase de votre texte qui
dit qu'il n'est pas toujours facile d'avoir vingt ans, au Québec, en
1986.
À présent, vous soumettez un certain nombre de
recommandations. Vous émettez également des craintes par rapport
au rôle que pourrait jouer ce conseil s'il n'était pas
suffisamment crédible. Sa crédibilité repose beaucoup sur
une certaine façon de "départisaner" les débats en
matière de politique partisane. Je dois dire que j'ai été
étonnée de la question du ministre délégué
à
la Privatisation qui semblait associer politique partisane et impact
politique avec un grand "P" à une recommandation d'un conseil
consultatif.
Je dois dire que je partage votre préoccupation par rapport
à cette question. Je ne fais que me baser sur lescommentaires des députés et du premier ministre
lui-même au moment où il ouvrait cette consultation la semaine
dernière ou il y a deux semaines déjà. Il nous disait
alors qu'il voyait dans ce conseil consultatif le partenariat du gouvernement
ou un partenaire du gouvernement. Les députés ministériels
nous disaient qu'ils voyaient là une complicité possible avec le
gouvernement et que le gouvernement devait, avec ce conseil consultatif -
j'utilise les termes qui ont été utilisés - aller main
dans la main: conseil consultatif et gouvernement. Je trouvais que
c'était particulièrement inquiétant par rapport à
la crédibilité que pouvait avoir un tel organisme, s'il est juste
que ce gouvernement envisage un tel rapport entre un conseil consultatif et les
élus quels qu'ils soient, c'est-à-dire quel que soit le
gouvernement. Actuellement, c'est un gouvernement libéral mais on sait
que les gouvernements passent. Dans le cas où ce serait un gouvernement
du Parti québécois, cela pourrait poser un problème de
crédibilité certain. C'est pourquoi je pense que votre
inquiétude par rapport à un conseil consultatif qui deviendrait
le lieu de débats partisans est légitime. (Il h 45)
J'aimerais, si vous le permettez, peut-être dépasser un peu
les recommandations que vous faites pour vous demander de commenter - si vous
l'acceptiez - les recommandations qui nous sont venues d'autres
mémoires. Par exemple, il y en a une qui a été
soulevée par le groupe qui vous a précédés et qui
concernait la nécessité pour les organismes d'être
accrédités pour pouvoir appuyer une candidature. Des gens
d'organismes sont venus ici nous dire que c'était peut-être de se
priver d'appuis importants dans le milieu parce que ce ne sont pas toutes les
organisations ou associations de jeunes qui sont accréditées. Ils
pensaient, entre autres, aux associations étudiantes de niveau
collégial. Je pense personnellement aux associations de jeunes dans les
écoles qui, effectivement, sont les plus susceptibles de
représenter les jeunes de 15, 16 et 17 ans et qui, elles, ne sont pas
accréditées. Je voudrais seulement avoir votre réaction
là-dessus.
M. Longval (Nicolas): Dans un premier temps, je voudrais
clarifier ce que vous venez de dire. L'accréditation, c'est par rapport
à la loi 32, n'est-ce pas? Est-ce que vous vouiez dire? Ou est-ce
l'incorporation par rapport...
Mme Blackburn: Non, ce n'est pas "accrédité".
M. Longval (Nicolas): ...à la troisième partie de
la Loi sur les compagnies.
Mme Blackburn: C'est "incorporé" en vertu de la
troisième partie de la Loi sur les compagnies.
M. Longval (Nicolas): D'accord. C'est que - on l'a
mentionné pour que cela soit retenu - des groupes, notamment les
secteurs religieux et culturel, coopératifs et, si je ne me trompe pas,
l'autre est récréatif, sont, par cet article, carrément
tassés. Il faudrait trouver le moyen de les inclure. C'est un aspect
qu'on a déjà souligné. Quant à
l'accréditation... En fait, vous alliez clarifier ce que vous entendiez
par "accréditation".
Mme Blackburn: Par "incorporation", parce que le terme, dans la
loi, c'est "incorporé".
M. Longval (Nicolas): "Incorporation", d'accord. On a
déjà identifié des groupements, comme ceux que je viens
d'énumérer, qui devraient être inclus, mais qui, par
conséquent, ne se conforment pas à l'accréditation telle
que vous l'avez mentionnée, selon l'article en question.
Mme Blackburn: Donc, cela demanderait une modification à
la loi.
M. Longval (Nicolas): Effectivement. Je pense que tout le monde
est d'accord là-dessus. Il y a lieu de faire de la place à ces
organismes. Par conséquent, cet article les exclut, en somme.
Mme Blackburn: Dans votre conclusion, vous rappelez bien au
gouvernement que ce n'est pas la panacée à tous les maux et que
ce n'est pas un conseil consultatif qui va régler tous les
problèmes de la jeunesse. Le danger, c'est de "voir le gouvernement
s'asseoir sur cette réalisation et oublier qu'en soi, la création
du conseil ne réglera rien". Je cite votre texte. Comment envisagez-vous
l'efficacité d'un conseil consultatif, alors que le gouvernement n'a pas
de politique touchant la jeunesse? La coutume a voulu qu'au Québec, la
création des conseils consultatifs vienne s'inscrire dans ce qu'on
appelle un livre blanc ou un livre vert des principaux éléments
d'une politique d'ensemble sur une question: la condition féminine, les
collèges, la recherche, l'environnement, ainsi de suite. On situait le
conseil consultatif à l'intérieur de ce qu'étaient les
grandes balises d'une politique gouvernementale.
Actuellement, il n'y a pas de politique gouvernementale. De plus, le
projet de loi n'oblige pas le ministre à consulter le conseil
consultatif au moment où il met une politique en place, que ce soit une
politique d'emploi, une politique d'intégration sociale ou une politique
de financement des organismes jeunesse, par exemple. Dans le texte de loi, il
n'y a aucune obligation faite au ministre de consulter le conseil consultatif.
Il y a deux éléments: absence de politique... Même si le
gouvernement s'en donne une, il n'y a rien qui l'oblige à consulter ie
conseil consultatif.
M. Longval (Stéphane): Dans un premier temps, il faut
être réaliste. Si le conseil existe, je dois en déduire
logiquement que le ministre aura le réflexe naturel de passer par
là. Cela m'apparaît évident et je dois le mentionner, car
c'est plus fort que moi. Quant à savoir si on devrait accepter de se
faire parachuter une politique de la jeunesse et ensuite composer avec cette
politique, je ne suis pas trop d'accord non plus. C'est l'une des raisons
d'être du conseil que de pouvoir, par voie de consultation, faire en
sorte que le gouvernement puisse se doter d'une politique qui se tient debout
et qui colle à la réalité, aux besoins et aux
revendications des regroupements de jeunes. On n'a pas de balise à cet
égard. Tant mieux, d'une certaine manière. On va les former et
les édifier. Cela va ni plus ni moins confirmer la
nécessité du conseil quant à cette politique de la
jeunesse qu'on voudrait réaliser et de façon à composer
avec la réalité qui va normalement être matière
à discussion pour le conseil.
Mme Blackburn: Vous ne voyez pas qu'un gouvernement indique un
certain nombre d'orientations relativement à ce qu'il envisage comme
soutien au développement de la jeunesse au Québec, par exemple.
C'est hautement politique et, je dirais, idéologique. Par exemple, on a
un gouvernement qui pense que le développement du Québec passe
essentiellement par la construction de la Baie James 2, quoique l'on sache de
plus en plus que ce n'est pas vrai. Il est en train de reculer
là-dessus; ce sera davantage la phase II de Baie James 1. Il
établit beaucoup sa démarche autour de la libre entreprise, la
libre concurrence et la loi du marché. C'est une philosophie du
gouvernement d'aujourd'hui. Comment un gouvernement qui a cette philosophie
peut-il disposer ou tenir compte d'une politique d'un conseil consultatif qui
irait davantage vers des voies plus sociales-démocrates, par
exemple?
M. Longval (Stéphane): Le rôle du conseil, de toute
façon, comme je le mentionnais tantôt, est aussi de conseiller et
de critiquer le ministre. C'est voulu dans les documents que le
Secrétariat à la jeunesse adressait aux groupes de jeunes et qui
disaient qu'un conseil peut critiquer et doit le faire, et que, de toute
façon, le ministre de la jeunesse ou celui qui prend la jeunesse en
charge s'expose à cela, évidemment.
Si la politique que vous venez de mentionner est critiquée par
les jeunes, le conseil est, à mon avis, l'endroit qui s'y prêtera
le mieux pour critiquer ces choses. Je vois la dynamique dans les deux sens
aussi. Les jeunes doivent utiliser ce forum pour créer une politique et
pour amener d'autres solutions que celles que le ministère propose. Pour
moi, c'est aussi important. On n'enlèvera pas au gouvernement le
rôle de gouverner et de présenter des politiques, mais laissons
aux jeunes l'occasion de les critiquer et de soumettre d'autres
possibilités.
Le Président (M. Filion): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Si vous
étiez au Conseil permanent de la jeunesse et que vous aviez à
établir les priorités d'action et d'intervention, car c'est
exclusivement des interventions et des avis, quelles seraient ces
priorités?
M. Longval (Stéphane): Les problèmes qui touchent
plus particulièrement la jeunesse et auxquels le conseil devra
s'attaquer en premier lieu sont évidemment le chômage et, ce qui
touche les étudiants de près, la fermeture du marché du
travail. Il y a des clauses tout à fait aberrantes qu'on appelle les
clauses orphelines. Ce qui nous touche également beaucoup, c'est
l'accessibilité à l'éducation. L'accessibilité
à l'éducation touche l'ensemble des jeunes du Québec et
pas nécessairement ceux qui s'intéressent au niveau
postsecondaire. Cela touche les étudiants du secondaire et même
ceux du primaire. L'accessibilité à l'éducation, en soi,
c'est un projet de société intéressant. Il y a aussi le
problème criant de la parité de l'aide sociale et des clauses
discriminatoires issues du gouvernement.
Mme Blackburn: Des organismes qui vous ont
précédé nous ont fait valoir que la complexité de
la démarche obligeant le candidat à aller solliciter les appuis
de trois organismes distincts aurait peut-être comme effet, à
toutes fins utiles, de fermer la porte du conseil consultatif aux jeunes de 15,
16 ou 17 ans qui n'ont pas développé des rapports avec les
organismes qui leur permettaient de poser leur candidature.
Est-ce que vous partagez l'avis que c'est complexe pour les jeunes de
moins de 18 ans et que cela peut avoir comme conséquence de priver le
conseil de la présence de ces jeunes?
M. Longval (Nicolas): Vous mettez le doigt sur un problème
qu'on retrouve même à l'intérieur des partis politiques,
où des factions de jeunes et, plus souvent qu'autrement, de jeunes plus
âgés mènent le bal. On retrouve cela partout d'ailleurs.
Par voie de conséquence, le problème risque de se poser pour le
conseil permanent parce que les jeunes, étant plus jeunes, sont
peut-être moins articulés et ont moins d'expérience. En
somme, c'est naturel.
II est vrai que ces individus moins âgés, plus ou moins
jeunes, auront de la difficulté à être
représentés mais il est difficile d'avancer des solutions pour
contrer ce problème éventuel. N'empêche qu'on le voit
ailleurs, on le voit très bien, cela risque de se produire.
M. Longval (Stéphane): Entre autres, il y a toute une
équipe - on parlait d'un président avec des
vice-présidents rattachée à cela. La moindre des choses
que ces gens vont faire, sera de descendre dans les écoles au niveau du
secondaire et dans les régions afin de publiciser le conseil. Nous, on a
été invités directement, mais je ne peux pas croire que
les jeunes sont tous au courant de cela et des démarches qu'on doit
faire. Je pense que c'est le rôle de cette équipe, comme dans tout
conseil, lorsqu'on veut susciter la participation, d'aller chercher les gens
là où ils sont. Si les jeunes sont dans les écoles
secondaires, qu'on aille là et qu'on aille publiciser le Conseil
permanent à cet endroit.
Mme Blackburn; Je voudrais peut-être être un peu plus
claire. Deux conditions sont posées: La première, que le
candidat reçoive l'appui de trois organismes de différents
secteurs; la deuxième, que les organismes soient incorporés en
vertu de la troisième partie de la Loi sur les compagnies, c'est
l'article 16. Mon intervention se situait au-delà de la publicité
qui pourrait être faite dans les écoles secondaires. Quand on sait
que les associations étudiantes ne sont pas incorporées, quand on
sait que les jeunes ont peu accès aux associations, comment pourrait-on,
éventuellement, retrouver des représentations équitables
chez les moins de vingt ans?
M. Longval (Stéphane): D'abord, vous mentionnez une lacune
du projet de loi: les associations d'étudiants au secondaire, ou de
certains cégeps ne peuvent pas être incluses dans le conseil
permanent tel qu'il est présenté dans le projet de loi.
Évidemment, on devrait commencer par pouvoir les inclure.
Si l'association, des étudiants au secondaire ne sait pas qu'elle
doit susciter l'appui de groupes de jeunes qui sont déjà
incorporés ou autres, il faut publiciser ces démarches comme il
faut, mais, d'abord, il faut les inclure dans le projet de loi tel qu'il
est.
Mme Blackburn: D'accord. Deux petites questions. Vous dites bien
que ce conseil consultatif ne pourra pas parler au nom de tous les organismes.
Je pense que c'est juste. Mais vous ne parlez pas du rôle et de la place
des organismes de jeunesse au sein de ce conseil et de l'obligation... Sur
cette question, je dirais... D'accord.
Une seconde question. Beaucoup d'organismes nous ont fait valoir qu'il
serait peut-être intéressant qu'on maintienne en permanence le
collège électoral. On voit dans, je dirais, au minimum 50 % des
mémoires, la recommandation que le collège électoral
devienne permanent et qu'il soit l'ébauche d'une structure
régionale très décentralisée. Entre autres, ce
qu'on voit dans les mémoires, ce sont des modifications telles que cela
finit par ne plus ressembler beaucoup à un conseil consultatif. Souvent,
pour ne pas dire dans les deux tiers des mémoires, revient la
recommandation que le collège électoral ne soit pas
constitué exclusivement pour nommer les membres du collège, mais
qu'il puisse être utilisé comme structure permanente dans les
régions. J'aimerais avoir votre réaction là-dessus.
M. Longval (Nicolas): C'est dangereux de pécher par la
structurite. Il faut faire attention quand même. Quant à la
permanence du collège électoral, encore là, il faut que ce
soit - comment pourrais-je dire - le plus fonctionnel et le plus efficace
possible. Dans la mesure où on commence à le garder permanent, en
somme, on va passer à côté, justement, du fait que les gens
qui en feront partie ne seront pas toujours les mêmes. Je
considère que cela peut être dangereux. On s'écarte de
l'idée d'un conseil permanent quant à la volonté des gens
qui en font partie. Étant donné que ce ne sont pas toujours les
mêmes et qu'il y a un mandat limité, cela pourrait peut-être
poser un problème sérieux. (12 heures)
M. Longval (Stéphane): Pour moi, la consultation est
également importante. On met en place un Conseil permanent de la
jeunesse. Je ne pense pas qu'on puisse se fier à ce que j'appellerais
une miniassemblée qénérale de gens nommés au
collège électoral qui disent: Bon! on a consulté, on est
allés voir ces gens et on a une bonne idée de la jeunesse. Les
onze personnes ont la responsabilité de tâter le pouls de la
jeunesse là où elle est et non de se retourner de bord et aller
voir 40 personnes et avoir un semblant de consultation. Pour moi, ce serait une
espèce de boulet au Conseil permanent de la jeunesse que de conserver
ces 40 personnes.
Le Président (M. Dauphin): Est-ce que d'autres membres de
la commission désirent discuter avec nos invités? M. le
ministre.
M. Gratton: Oui, j'aimerais enchaîner avec ce que vient de
dire M. Longval. On a l'impression que, pour plusieurs organismes que nous
avons rencontrés - on l'a constaté à la lecture des
mémoires - beaucoup de gens confondent le Conseil permanent de la
jeunesse, le comité "aviseur" privilégié auprès du
gouvernement sur les sujets qui concernent la jeunesse et la
Fédération nationale des jeunes. On voudrait presque, dans
certains cas, que le Conseil permanent de la jeunesse devienne la
fédération ou le regroupement national de la jeunesse
québécoise. Ce n'est pas de cela qu'il s'agit. M. Longval vient
de le dire. C'est pourquoi, au bout de la démarche, le gouvernement doit
être associé de façon très directe dans le choix des
"aviseurs" très privilégiés qu'il veut se donner. Ce qui a
peut-être accrédité cette notion, c'est que, plutôt
que de procéder comme c'est le cas pour tous les autres comités
consultatifs au gouvernement, où le gouvernement consulte et nomme, on a
pensé à cette formule du collège électoral
justement pour augmenter la représentativité. Cela a amené
plusieurs à dire: Allons donc au bout de la démarche et faites-en
une fédération nationale des jeunes. Ce qui, à mon point
de vue, nous ferait manquer complètement l'objectif visé.
Cela étant dit, je voudrais également relever ce qu'a dit
Mme la députée de Chicoutimi, tantôt, quand elle a
parié de la possibilité que la philosophie soi-disant libre
entreprise du gouvernement actuel puisse constituer une entrave à la
libre expression du Conseil permanent de la jeunesse. Je ferai remarquer que,
si le gouvernement a cette philosophie, il n'est pas dogmatique au point d'agir
par dogmatisme. Depuis un an que nous sommes au pouvoir, on a fait
disparaître un certain nombre de conseils consultatifs qui, selon nous,
n'avaient plus leur raison d'être. Certains n'avaient pas
siégé depuis 25 ans. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils
n'étaient pas très efficaces et très utiles. En
décidant de créer le Conseil permanent de la jeunesse, on prouve
que ce n'est pas une question dogmatique pour nous. C'est une question
pragmatique. Le gouvernement veut adopter des politiques répondant aux
besoins des jeunes et constate que l'input des jeunes n'existe pas. Comme ce
dossier touche l'ensemble des ministères, on dit: Le Conseil permanent
de la jeunesse est peut-être cet outil-là.
M. le président, je relève une phrase de votre
mémoire à la page 9, à laquelle le gouvernement souscrit
entièrement. Je cite: "...la formulation du Conseil permanent de la
jeunesse n'implique pas que le gouvernement a rempli ses engagements face aux
jeunes; elle signifie plutôt qu'il s'engage à s'attaquer
très sérieusement aux problèmes des jeunes." Je vous dis
que c'est exactement ce que nous faisons. Nous sommes loin de penser que le
Conseil permanent de la jeunesse va tout régler. Il n'est pas question
non plus que ce Conseil permanent de la jeunesse devienne, comme vous l'avez
mentionné tantôt, un obstacle à la libre expression des
organismes de jeunesse. Ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Nous sommes loin de
penser que nous nous serons déchargés de nos engagements à
l'égard des jeunes après que nous aurons adopté le projet
de loi 104 avec ou sans amendement. Je pense que vous avez bien cerné ce
que le gouvernement veut faire. Nous voulons que cela se fasse en
étroite collaboration entre des gens comme vous et un gouvernement qui
veut se donner un comité "aviseur" privilégié.
En terminant, je voudrais vous dire que votre contribution est fort
appréciée. Nous pensons que vous avez su cerner certaines des
difficultés auxquelles on doit faire face. Nous sommes forts conscients
de ne pas avoir toutes les réponses. C'est à cause de cela
d'ailleurs que nous avons soumis ce projet de loi à la consultation
générale en commission parlementaire. Nous ne considérons
pas avoir toutes les réponses. Certaines des remarques que vous nous
avez faites aujourd'hui ont fait l'objet de discussions entre nous. Nous en
sommes arrivés qu'il fallait un texte pour procéder à la
consultation, à ce que nous proposons dans le projet de loi 50. Je suis
heureux de constater que, dans les grands principes, nous nous rejoignons. Je
constate également que, dans les modalités, il y a des
améliorations à apporter et nous allons sûrement prendre en
très sérieuse considération les remarques et les
recommandations que vous nous avez faites pour la rédaction du projet de
loi final. Je vous remercie infiniment, MM. Longval.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, M. le ministre.
Est-ce que d'autres membres du côté ministériel aimeraient
intervenir? D'accord. Alors, Mme la députée de Chicoutimi m'avait
indiqué qu'elle avait un mot de conclusion.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. En conclusion, je
voudrais vous remercier pour votre participation à ce débat
à cette commission parlementaire. Je dois reconnaître avec le
ministre que vous avez mieux que beaucoup d'organismes circonscrit le
rôle d'un conseil consultatif à la lumière de ce qui est la
pratique actuelle et des rôles qui sont généralement
dévolus à des organismes similaires. A la suite des propos du
ministre du Revenu, je voulais seulement souligner que l'inquiétude que
vous manifestez à l'endroit d'une attitude du
gouvernement qui voudrait laisser reposer sur le conseil consultatif la
solution des problèmes des jeunes, on est en droit de l'avoir.
Si le passé est garant de l'avenir, on se rappellera - et je me
permets de vous le rappeler - qu'en 1973, le gouvernement du Parti
libéral créait le Conseil du statut de la femme. Pendant trois
ans, il référait à ce conseil consultatif tous les
problèmes soulevés en Chambre ou ailleurs touchant la condition
féminine. Ce conseil consultatif est, au Québec, je pense, un
exemple particulièrement performant: il a réussi à se
donner une politique de la condition féminine qu'on appelait Pour les
Québécoises: égalité et indépendance,
qui a été publiée, si ma mémoire est
fidèle, en 1979-1980. Il aura fallu à cet organisme six, sept et
peut-être huit ans pour produire une véritable politique de la
condition féminine.
C'est pourquoi je partage votre inquiétude sur
l'efficacité d'un tel organisme et sur la nécessité de
mettre en garde le gouvernement contre les effets que cela pourrait avoir pour
la jeunesse en particulier; si on laissait reposer exclusivement sur ce conseil
consultatif la recherche de solutions aux problèmes des jeunes. D'autant
plus que les jeunes diffèrent des femmes... On est femme toute notre vie
et même si on change de condition, la condition féminine demeure.
Pour la jeunesse, c'est différent. Si un jeune de 24 ou 25 ans, sans
travail, doit attendre sept ans avant qu'on ait une politique d'emploi, il
risque de passer à côté. Alors, je pense que sur cela vous
avez bien situé les limites de ce conseil consultatif. Par la même
occasion, je me permets de le rappeler au gouvernement. Je voudrais vous
remercier infiniment pour votre contribution de qualité aux travaux de
cette commission et souhaiter que le gouvernement tienne compte de vos
différentes recommandations. Je vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Mme la
députée. Au nom de tous les membres de cette commission,
j'aimerais remercier la Fédération des associations
étudiantes du campus de l'Université de Montréal
représentée par MM. Longval de leur participation à nos
travaux et de la présentation de leur mémoire. Merci beaucoup.
Nous allons suspendre deux minutes et nous reprendrons ensuite avec
l'Association jeunesse travail du Montréal métropolitain.
(Suspension de la séance à 12 h 5)
(Reprise à 12 h 15)
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre, s'il vous
plaît! Mesdames et messieurs, j'invite donc l'Association jeunesse
travail du Montréal métropolitain à présenter son
mémoire. Pour les fins du Journal des débats, j'aimerais
que vous vous identifiiez.
Association jeunesse travail du Montréal
métropolitain
M. Vézina (Jean): M. le Président, M. le ministre,
Mmes et MM. les députés, mon nom est Jean Vézina. Je suis
délégué de l'Association jeunesse travail du
Montréal métropolitain et ma consoeur, Mme Renée
Courville, de même.
On se posait la question tantôt. On n'a pas vraiment d'autre
présentation à faire que celle du mémoire. Donc, on peut
vous relire ces quelques pages qu'on a mises ensemble ou on peut abandonner
cette partie peut-être et répondre déjà à vos
questions. On n'a pas d'autres éléments que ceux qu'on a
présentés dans le mémoire.
Est-ce qu'on doit reprendre la lecture ou si on peut...
Le Président (M. Dauphin): Tout dépend des membres
de la commission. Est-ce que les membres de la commission désirent
aborder tout de suite la période de discussions? Madame, messieurs, vous
n'avez pas d'objection?
Une voix: Non. Pas d'objection.
Le Président (M. Dauphin): Alors, on peut procéder
immédiatement à la période de discussions, si vous
êtes d'accord.
M. Vézina: On présume que tout le monde a lu le
mémoire.
Le Président (M. Dauphin): On peut procéder
immédiatement à la période de discussions. Un des
avantages de la réforme parlementaire d'il y a deux ans, c'est que les
présidents de commission et les présidents de séance
peuvent intervenir et poser des questions. J'ai lu attentivement votre
mémoire. J'ai pris acte de votre désir de voir le Conseil
permanent de la jeunesse instauré. J'ai noté quelques questions,
notamment deux des trois derniers points que vous abordez relativement à
la composition du collège électoral, c'est-à-dire que vous
souhaitez que les membres composés du collège électoral
soient nommés, non par le ministre comme le prévoit le projet de
loi, mais plutôt par trois représentants, c'est-à-dire un
représentant du gouvernement, un représentant de l'Opposition et
un représentant du Secrétariat à la jeunesse.
Le groupe qui vous a précédés, la
fédération étudiante, a abordé ce sujet, notamment
sous l'aspect de l'autonomie du conseil ou, dans le cas qui nous concerne, de
l'autonomie du collège électoral. Comme ils
le disaient tantôt, ne croyez-vous pas qu'avec un
représentant de l'Opposition et un représentant du gouvernement,
plus celui du Secrétariat à la jeunesse, cela créerait
plutôt du "give and take", autrement dit, on t'en laisse passer une
vingtaine, puis on en choisit une vingtaine? Le collège électoral
serait alors composé ni plus ni moins de 50 % de sympathisants de
l'Opposition et de 50 % de sympathisants du gouvernement? J'aimerais avoir plus
d'éclaircissements sur la composition du collège
électoral, puisque je crains que cela ait justement l'effet contraire,
que cela ait comme conséquence le résultat contraire d'attirer
peut-être une diversion, du "give and take" ou du 50-50.
Mme Courville (Renée): D'accord. Nous, on ne le voyait pas
de cette façon. La tierce personne qu'on voyait à ce
comité était là pour prévenir que cela se passe
peut-être de cette façon. Il était aussi important qu'il y
ait une troisième personne. Eux, ils connaissent beaucoup la jeunesse et
les problèmes de la jeunesse. Ils connaissent le Secrétariat
à la jeunesse et les organismes. Ils sont très au courant de ce
qui se passe à ce niveau. Donc, on pensait que c'était eux qui
étaient les mieux placés pour représenter la
troisième personne. On croit important que les jeunes aussi voient le
conseil. Pour nous, la perception des jeunes face au conseil est aussi
très importante. Il faut qu'ils le perçoivent comme un organisme
autonome qui n'est pas rattaché à un parti ni à un autre,
autant dans l'Opposition que dans le gouvernement.
Le Président (M. Dauphin): Maintenant, l'autre point
important que vous soumettez comme organisme, c'est la question des tables de
concertation. Vous proposez qu'une fois le conseil formé, il y ait 17
membres au lieu de 11 membres et que ce conseil aille dans les diverses
régions et forme des tables de concertation. Maintenant, est-ce qu'on
parle toujours d'autonomie du conseil? De fait, si j'ai bien saisi la
portée de votre revendication, ces gens représenteraient au
conseil les tables de concertation régionales pour toutes les
régions du Québec. Est-ce que le conseil ne devrait pas
être autonome plutôt que d'être le représentant, le
porte-parole ou le porte-étendard de chaque région? J'aimerais
que vous précisiez.
M. Vézina: Chaque membre du conseil devrait, en principe,
à notre avis, porter le message des jeunes de sa région. On voit
ces antennes régionales comme un outil pour les membres du futur Conseil
permanent de la jeunesse pour bien faire leur travail, pour avoir les avis les
plus judicieux, les plus branchés. Cela nous apparaît garant
d'avis judicieux. Si on compare au Conseil du statut de la femme, il y avait
déjà chez les femmes une connaissance des organismes existaient
depuis déjà des décennies auxquels le Conseil du statut de
la femme rattacher, alors que chez les jeunes, ce n'est pas évident. Si
le représentant de chaque région peut compter sur une table de
concertation, cela nous apparaît un moyen intéressant pour lui ou
pour elle d'avoir au besoin l'information pertinente qui lui permettra, avec
les autres, de donner des avis judicieux au ministre sur les différents
dossiers. On comparait cela, dans nos discussions, à la toile du Stade
olympique. Â notre avis, il y a certaines analogies. La toile ne flottera
pas, elle sera rattachée à certaines colonnes. Cela a
été long avant d'avoir le Conseil permanent de la jeunesse comme
cela a été long avant d'avoir la toile.
Une voix: Cela dépend de ce que...
M. Vézina: À notre sens, c'est un peu la
façon dont on le voit, si on l'illustre. C'est pour chacun une
espèce d'attachement à sa région, sans lui enlever son
autonomie. Les gens qui composeront ce conseil n'auront pas à consulter
sur tous les dossiers, mais quand ils en sentiront le besoin, ils auront
rapidement accès à leur milieu et aux différents secteurs
de leur milieu. Cela nous apparaît garant d'une bonne recherche et d'un
discours sérieux.
Le Président (M. Dauphin): Oui. Vous souhaitez
évidemment que les régions soient représentées.
D'ailleurs, il est prévu - je crois que c'est à l'article 20 -
que le ministre, dans la composition du collège électoral, doit
tenir compte des régions. Je présume que vous souhaiteriez que ce
soit plus clairement expliqué et détaillé dans le projet
de loi pour que les régions soient bien représentées.
C'est le but de votre...
M. Vézina: On en fait la suggestion. Dans notre
mémoire on nomme les régions administratives connues. On pense
que chaque région devrait compter sur un représentant et on pense
aussi que les grands centres urbains, particulièrement Sherbrooke,
Québec et Montréal devraient compter sur plus d'un
représentant.
C'est pour cela qu'on suggère de porter le nombre de onze
à dix-sept, dix-sept étant le minimum. On n'aurait rien contre
dix-huit, mais dix-sept nous apparaît quelque chose de viable.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Je devrais revenir,
si vous me le permettez, sur ce qu'on a discuté, tantôt, sur les
tables de concertation, étant donné que votre organisme est fort
représentatif de la région de Montréal. Comment
entrevoyez-vous cela? Comment s'articule la table de concertation dans la
région de Montréal?
M. Vézina: Nous formons une table de concertation. Nous
sommes une vingtaine d'organismes qui avons décidé de
réfléchir ensemble sur le dossier "jeunesse travail" en
particulier et ce mouvement spontané dure depuis trois ans. On s'est
nommé "association", mais on n'a pas de lettres patentes. On n'est pas
incorporé. Être incorporé cependant, cela nous poserait un
problème comme association, non comme organisme, parce que tous les
organismes sont incorporés d'une façon ou d'une autre. Mais,
comme association, on n'a pas pris le temps de mettre de l'énergie
là-dedans Je m'excuse, j'ai perdu le sens de votre question dans mon
préambule. Votre question était...
Le Président (M. Dauphin): Comment entrevoyez-vous cela...
Comment s'articule...
M. Vézina: Comment nous articulons notre propre table?
C'est un peu comme les dossiers se présentent. Par exemple, nous nous
penchons sur le problème de la taxe d'affaires; il nous est
arrivé des comptes surprises. Donc, on est en train de se mobiliser afin
de voir comment on peut intervenir, soit auprès du gouvernement ou
auprès des diverses municipalités. Mais c'est un peu au besoin
qu'on fonctionne- On a présenté un mémoire, dans le
passé, à la commission Beaudry sur les normes du travail.
On a présenté un mémoire au Sénat canadien
sur une commission jeunesse. C'est au fur et à mesure des
problèmes. Je vous parle de notre table à nous. Mais si on parle
d'une table de concertation possible, on voit peut-être plus qu'une table
à Montréal, s'il y a une table par représentant. Tenant
compte des divers dossiers, le travail pourrait faire l'objet d'une table et
l'éducation d'une autre. Les divers secteurs pourraient avoir des tables
dans la région de Montréal, sûrement.
Le Président (M. Dauphin): Autrement dit, nous croyons
qu'il y a une multitude d'organismes dans la région de Montréal
qui ne sont pas nécessairement membres ou représentés au
sein de la table de concertation.
M. Vézina: Ah, sûrement! Chez nous...
Le Président (M. Dauphin): Le "feedback"...
M. Vézina: ...nous sommes une vingtaine sur la
problématique du travail. Les SEMO, par exemple, sont
représentés. On a quatre ou cinq SEMO. Les programmes de
développement d'emplois sont représentés. Mais c'est une
table de concertation volontaire et, au fur et à mesure que les gens
entendent parler de nous, on a des demandes d'adhésion; on est ouverts.
Mais, pour le moment, on est une vinqtaine.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Alors, je me
réserve d'autres questions pour plus tard. Est-ce que des membres du
côté ministériel auraient des questions à poser
avant de passer à l'Opposition? M. le député de
Sainte-Marie.
M. Laporte: II faut toujours faire référence
à la représentation régionale dont vous avez fait part et
à votre exemple du Conseil du statut de la femme sur la connaissance des
organismes. Vous citiez le fait que, lors de la constitution du Conseil du
statut de la femme, ils avaient déjà une certaine forme de base
qui leur permettait d'avoir des antennes. Mais vous souligniez aussi que, ce
qui concerne les jeunes, probablement à cause de
l'hétéroqénéité de la problématique
jeunesse, on ne retrouve pas la même situation.
Vous représentez déjà 20 organismes. C'est quand
même représentatif si on considère cela dans le cadre de
notre travail. Aussi, comme on a l'occasion de rencontrer plusieurs personnes
qui font divers types de concertation, peut-être pas de façon
officielle, mais de la concertation chez les divers groupes de jeunes, j'essaie
de comprendre la comparaison que vous avez faite. Pour ma part en tout cas, j'y
vois une certaine forme de similitude, ne serait-ce que celle de la formation
du Conseil de la jeunesse.
Ce que j'aimerais aborder maintenant, c'est votre perception du
collège électoral, de façon globale: la nomination des
représentants qui constitueraient le Conseil permanent de la jeunesse et
le fait juste- -ment de laisser une certaine forme de latitude à ceux
qui feraient partie à la fois du Conseil permanent de la jeunesse et
à ceux qui me paraîtraient, en tout cas selon une formule qu'on
entend du collège électoral, représentatifs pour nommer
des gens à cet endroit. Mais dans une conception globale, à la
suite de certaines précisions que vous avez apportées, j'aimerais
vous entendre là-dessus.
Mme Courville: D'accord. Par rapport au collège
électoral, comme on le disait, on aimerait, premièrement, que ses
membres soient un peu plus nombreux, étant donné que l'on propose
aussi que le conseil soit au nombre de 17 membres. On propose également
que le collège électoral soit composé de 50 membres. C'est
donc une augmentation de 10 personnes. Comme on le disait tantôt, on
aimerait qu'ils soient nommés par un représentant du
gouvernement, un représentant de l'Opposition et un représentant
du Secrétariat à la jeunesse, et que ce collège
électoral représente égale-
ment les 11 régions administratives et Ies 4 secteurs
mentionnés plus tôt: le secteur des loisirs, le chapitre social,
celui de l'éducation et celui du travail.
On mentionnait aussi, par rapport au collège électoral,
que l'on aimerait que les membres aient 60 jours pour élire le conseil
permanent. On croit que le délai de 30 jours est un peu court,
étant donné que ces personnes auront probablement à se
rencontrer plus d'une fois, si ce n'est que pour se connaître un peu
mieux, afin de mieux décider qui élire parmi les 50, s'il y a 50
membres. On pense donc que 60 jours est un délai un peu plus raisonnable
pour permettre aux gens de se rencontrer, car ils viennent d'un peu partout
dans la province. Nous croyons que ce serait un délai un peu plus
raisonnable pour permettre aux gens de se déplacer et d'avoir un peu
plus de temps pour prendre les décisions. C'est quand même un
mandat important et cela représente beaucoup de responsabilités
pour ces gens Nous croyons que cela leur permettrait de mieux remplir leur
mandat.
Je ne sais pas si cela répond...
M. Laporte: Mais en ce qui concerne la représentation et
le fonctionnement, comme on a pu le voir, si le gouvernement, de façon
générale, veut consulter ou, à tout le moins, si le
Conseil permanent de la jeunesse veut donner un avis ou faire des suggestions
ou des propositions au gouvernement sur certaines lois ou sur certaines
politiques, ou, comme je le disais, à l'inverse, si le gouvernement veut
demander l'avis du Conseil permanent de la jeunesse, est-ce que la proposition
que vous soumettez - je me pose la question - d'établir des tables de
concertation avec une méthode de fonctionnement et avec une certaine
forme de budgétisation de 1 $ par jeune, ce qui fait environ 1 700 000
$... (12 h 30)
Une voix: ...
M. Laporte: Je ne le sais pas. En matière de consultation
- à tout le moins, de ce que j'entends par consultation - est-ce que
vous croyez que cette méthode peut permettre un échange à
la fois direct et rapide?
M. Vézina: Je pense que oui, mais il ne faut pas, dans
notre proposition, mélanger le collège électoral, les
antennes régionales ou les tables de concertation. Je pense que le
collège électoral, selon le projet de loi, a un mandat
précis: celui de nommer ou de recommander que des gens soient
nommés au Conseil permanent de la jeunesse. On le laisse jouer ce
rôle. Les tables régionales de concertation, c'est autre chose.
Que des membres du collège électoral en fassent
éventuellement partie, c'est possible.
Les budgets sont aussi un autre élément. Si l'on
crée des tables de concertation régionales, il va falloir les
faire fonctionner et cela va coûter des cents. Arbitrairement sans avoir
fait de grandes études, si on alloue 50 000 $ par table régionale
pour permettre aux gens de se rencontrer, d'engager des recherchistes sur
certains dossiers et de voyager dans les régions
éloignées... On sait que le simple fait de se rencontrer pose des
problèmes. Dernièrement, à Montréal, on a
organisé une rencontre provinciale pour laquelle on a
dépensé des milliers de dollars seulement en frais de transport
et d'hôtel. Si on accorde à ces gens un certain budget leur
permettant de se rencontrer, de faire des études pertinentes et de
transmettre l'information à leur délégué
régional, cela nous apparaît tout à fait sérieux
comme démarche et non encombrant, mais fonctionnel.
Il ne faut pas oublier que les jeunes qui feront partie de ce conseil
ont toutes sortes d'obligations, soit les études, soit le travail ou
sont déjà engagés dans leur milieu communautaire. Donc,
ils n'auront pas continuellement les énergies. Ils devront faire faire
une partie du travail - j'imagine -certaines études, une certaine
réflexion. Il faudra leur donner ces moyens.
Selon le projet de loi, trois personnes seront
rémunérées et travailleront à Québec. Les
autres devront s'alimenter d'une certaine façon. Les tables
fonctionnelles auront un certain budget. J'ai mentionné 50 000 $. Ce
sera aux gens qui auront à mettre tout cela en place à faire
l'évaluation. Un budget de fonctionnement de ces tables, ne serait-ce
qu'un secrétariat, peut-être...
Le Président (M. Dauphin): M. ie député.
M. Laporte: Toujours au sujet d'une certaine forme de
fonctionnement, vous avez souligné tantôt, à la suite des
questions du député de Marquette, le choix, qui devrait
être effectué par des membres de l'Opposition, du gouvernement en
place et du Secrétariat à la jeunesse. J'essaie d'examiner son
but, son essence et de trouver des jeunes qui sont représentatifs de
tout un milieu, tout en essayant de dégager de façon
générale - il me semble - dans ma perception des
éléments autres que celle des lignes de partis... Est-ce qu'on ne
risque pas, par cette formule, de monopoliser, ne serait-ce qu'à
l'interne, certains débats qu'on peut retrouver ailleurs? C'est une
proposition, mais je veux...
M. Vézina: Je pense que vous vous affrontez sur toutes
sortes de questions, mais je suis sûr aussi que les deux partis
collaborent dans un certain nombre de choses. Les deux partis actuellement
autour
de la table doivent sûrement avoir à coeur que ce conseil
permanent soit un succès et soit représentatif des
régions. En plus, on se dit qu'il y a peut-être un allié
particulier dans la place qui, au cours des dernières années, a
fait un bon travail pour les jeunes: c'est le Secrétariat à la
jeunesse. Il me semble qu'un comité de trois personnes qui
étudieraient cela sérieusement sans partisanerie pourrait
être garant de belles nominations au conseil permanent et de quelque
chose qui se tiendrait debout. On se fie à votre pouvoir de
collaboration pour cela.
M. Laporte: Vous soulignez aussi...
Une voix: ...
M. Laporte: Pardon?
M. Vézina: Je suis peut-être un peu naïf, mais
je pense que non.
M. Laporte: Vous soulignez aussi un cadre dans Lequel vous
aimeriez que le Conseil permanent de la jeunesse fonctionne, à partir de
quatre thèmes que vous énumérez. Il y a de multiples
sujets dont on peut discuter, ce pourrait être même l'immigration.
Est-ce que cela entre dans le cadre de travail ou y a-t-il autre chose? Ce
cadre semble être général, mais on ne sait jamais ce qui
survient, quand on a une espèce de cadre limitatif de ce type, à
la suite de la proposition des quatre secteurs -loisirs, éducation,
secteur social et secteur du travail - comme objectifs des ateliers ou je ne
sais trop quel groupement formé par la suite.
Mme Courville: Ces quatres secteurs, ce sont les quatre secteurs
qui étaient dans la loi et qu'on a repris.
M. Laporte: Je voulais juste voir un peu avec vous quelle
était la composition du conseil - 11 ou 17 membres - et les divers
sujets. Vous faites ressortir à plusieurs reprises, dans votre document,
les divers domaines. J'ai posé la question à différents
groupes dans mon comté à propos de ces quatre sujets et en
commission, c'est un peu la même chose aussi. Est-ce que c'est limitatif
ou non? Est-ce que cela correspond à une certaine forme d'encadrement?
Cela devrait-il être perçu comme plus souple? C'est un peu dans ce
but que je pose la question.
Mme Courville: Nous, on les voit comme très larges, ces
quatre domaines. C'est pour cela d'ailleurs qu'on n'a pas mentionné
d'autres secteurs. On avait l'impression que la majorité des
problèmes des jeunes pouvaient s'insérer dans ' l'un ou l'autre
de ces quatre secteurs.
J'aimerais revenir sur la représentativité quant au nombre
17. Vous pariiez de 17 représentants plutôt que de 11. Nous, de ce
nombre 17, on voyait un représentant par région et on se disait:
Les trois personnes qui seraient, entre autres, vice-présidents ou
vice-présidentes seraient appelées à être à
Québec et pourraient avoir d'autres personnes de leur région.
Donc, cela augmenterait de trois - on est à quatorze -et les trois
autres personnes pourraient être choisies en fonction de la
densité de la population des grands centres urbains, par exemple. Pour
la représentativité du conseil permanent, c'est de cette
façon qu'on composait notre chiffre. Donc, il y avait è ce niveau
des représentants pour chacune des régions. Quant à la
définition des quatre secteurs, nous on les voyait comme très
larges. La perception qu'on en avait, c'était que toutes les
problématiques pouvaient s'insérer dans l'un des quatre
secteurs.
M. Laporte: D'accord, merci.
Le Président (M. Dauphin): Avant de laisser la parole au
ministre, on va demander peut-être à Mme ia députée
de Chicoutimi...
Mme Blackburn: Pas peut-être, certainement. Merci, M. le
Président. Madame, monsieur, je me permets, au nom de ma formation
politique, de vous souhaiter la bienvenue. Je vous remercie également
d'avoir accepté de contribuer aux travaux de cette commission.
Comme je le disais tout à l'heure au cours d'un bref
échange qu'on a eu, on constate à la lumière des
mémoires qui nous ont été présentés ici que
la définition de la jeunesse a évolué au cours des 20
dernières années. La Fédération des associations
étudiantes de l'Université de Montréal nous l'a
souligné et nous a indiqué que, par exemple, les groupes
religieux n'étaient pas représentés au sein du conseil, ce
qui aurait été probablement impensable il y a peut-être 20
ans.
Ensuite, il semble que la définition qu'on nous donne de la
jeunesse, ici, finit -et sans caricaturer - par être la définition
d'une jeunesse dépendante. On définit la jeunesse comme
étant en situation de dépendance économique et les
représentations qui nous sont faites ici nous viennent des jeunes sans
travail, des chômeurs, des assistés sociaux et des groupes
communautaires. Mais on n'a pas retrouvé, dans les mémoires qui
nous sont présentés, de mémoires venant des jeunes
travailleurs. Pourtant, on sait que ce n'est pas parce qu'ils ne vivent pas des
problèmes d'insertion sur le marché du travail et de
qualité de l'emploi. On sait que la qualité des emplois se
détériore constamment particulièrement
pour les jeunes, même pour ceux qui sont à l'emploi. Alors,
c'est assez étonnant comme évolution de notre définition
de la jeunesse et c'est présent dans les mémoires.
Dans le mémoire que vous nous avez présenté, il y a
des choses particulièrement intéressantes et pertinentes. Je
constate, à la lumière des mémoires qu'on a eus depuis le
début des audiences, que beaucoup de jeunes refusent de s'inscrire
à l'intérieur d'un modèle traditionnel. Ce qu'on propose
aux jeunes actuellement, c'est un conseil permanent de la jeunesse qui reprend
essentiellement, à quelques variantes mineures, les structures
traditionnelles d'un conseil consultatif.
Les jeunes veulent quelque chose qui corresponde davantage à leur
réalité et à leur conception du rôle d'un tel
organisme. Je trouve cela particulièrement intéressant.
Même ceux qui se disent favorables au conseil permanent proposent des
modifications telles, dans les deux tiers des cas, que c'est un tout nouveau
modèle d'organisme. Il me semble qu'on ne devrait pas être sourd
à cette invitation des jeunes qui nous proposent un modèle
correspondant mieux à leurs attentes que le modèle d'un conseil
consultatif conçu selon la façon plus traditionnelle.
J'aimerais revenir sur quelques-unes de vos propositions. Vous soulignez
le fait que votre regroupement n'est pas incorporé en vertu de la
troisième partie de la Loi sur les compagnies. Vous nous dites: Les
organismes que nous regroupons le sont. Je n'en suis pas certaine. Je pense aux
SEMO par exemple. Est-ce que le SEMO n'a pas plutôt été
établi par un règlement ministériel? Est-ce que les
groupes de soutien aux initiatives jeunesse...? Je n'en suis pas certaine. Le
ministre pourrait sans doute mieux y répondre que moi, mais je ne pense
pas que ces organismes soient incorporés en vertu de la troisième
partie de la Loi sur les compagnies.
Une voix: ...
Mme Blackburn: Oui? Les groupes de soutien des SEMO? Il faudrait
voir ce que cela veut dire pour les organismes qui relèvent d'un
ministère et qui ont un budget permanent. Peut-être le
savez-vous?
M. Vézina: Je siège au conseil d'administration
d'un SEMO et ce SEMO est incorporé.
Mme Blackburn: En vertu de la troisième partie de la Loi
sur les compagnies?
M. Vézina: Je ne sais pas si c'est la troisième ou
la deuxième, madame.
Mme Blackburn: Comme organisme sans but lucratif?
M. Vézina: Oui. Mais je ne sais pas si c'est pour
l'ensemble des SEMO. Mais, sur celui-là...
Mme Blackburn: D'accord.
M. Gratton: M. le Président, si je puis me permettre, j'ai
plutôt l'impression que, si un organisme est subventionné de
quelque façon que ce soit, par définition, il faut que cet
organisme soit incorporé en vertu de la troisième partie de la
Loi sur les compagnies.
Une voix: Bien oui.
M. Vézina: On a également entendu quelques autres
représentants qui ont lu d'autres mémoires et, si l'incorporation
pose des problèmes, on est prêts à se rallier au fait qu'on
ne l'exigera pas. Il nous semble intéressant d'avoir des appuis.
Peut-être que, pour les organismes non incorporés, on pourrait
obtenir quelques appuis de plus pour s'assurer qu'ils soient bien
représentatifs de leur milieu, mais on ne devrait peut-être pas,
au sens de ta loi, en faire une obligation pour être membre du conseil
permanent ou du collège électoral.
Mme Blackburn: En fait, vous nous dites que, si cela devait poser
des difficultés, il faudrait plutôt modifier la loi. N'est-ce pa3
une proposition qu'on retrouve dans votre mémoire, cependant?
M. Vézina: Non. C'est nouveau. Mme Blackburn:
D'accord.
M. Vézina: On n'y avait pas réellement
réfléchi et, à la lecture d'autres mémoires, on
s'est dit que c'était vrai. Même notre association ne pourrait
pas, par exemple, essayer d'avoir quelqu'un au collège électoral.
Des organismes en faisant partie pourraient aller chercher des appuis autour de
la table. Éventuellement, ce serait notre façon de le faire. Mais
notre association n'a pu mettre beaucoup d'énergies sur ce volet dans
son organisation et j'imagine que, pour d'autres, c'est aussi le même
problème. Pourtant, on est représentatif de notre milieu. (12 h
45)
Mme Blackburn: À présent, j'aimerais que vous
explicitiez un peu les rapports que ce conseil devrait avoir avec le
gouvernement, parce que vous dites en page 3: "Le Conseil permanent de la
jeunesse pourrait très bien être cet outil dont la jeunesse a
besoin pour informer directement et de façon articulée, le
gouvernement du Québec sur ses
besoins, ses aspirations, ses pistes de solutions ses positions sur tout
enjeu les concernant directement et/ou indirectement." Cependant, vous dites au
paragraphe suivant: "Porter aux élus les points de vue de notre jeunesse
est une opération complexe qui nécessitera une consultation
permanente avec la base."
Je vous rappelle que les membres du parti ministériel ont fait
état de rapports assez intimes, je dirais, avec le Conseil permanent de
la jeunesse. Ils utilisaient indifféremment les termes: établir
une certaine complicité avec le Conseil permanent de la jeunesse, aller
la main dans la main, en "partnership". Quel genre de rapport, selon vous,
existe-t-il entre ce conseil et le gouvernement?
M. Vézina: Je serais tenté de dire qu'on ne refuse
pas l'intimité. Je comparerais peut-être les rapports
souhaités à ceux qui existent entre un époux et une
épouse, c'est-à-dire basés sur l'autonomie de chacun,
basés sur l'égalité, sur le droit de parole, sur le droit
d'être différent. On ne voit pas le Conseil permanent de la
jeunesse comme le porte-parole du gouvernement, mais comme le porte-parole des
jeunes avec des points de vue qui vont, bien sûr, à l'occasion,
différer de ceux des élus. On pense que il est important qu'il
puisse aller dans ce sens. Ce sont des éclairages nouveaux. D'ailleurs,
j'imagine que le gouvernement veut entendre ces choses-là, veut avoir
ces éclairages, cette réflexion qui ne sera pas toujours de
l'ordre de ce qu'il a le goût d'entendre, mais qui fait partie du
débat quand même.
Mme Blackburn: Vous insistez sur la nécessité de
contacts continus et permanents avec la base, de manière à
refléter au mieux les besoins des jeunes. Est-ce que vous ne craignez
pas qu'à l'instar d'autres organismes, cet organisme devienne tout
à coup l'unique porte-parole des besoins des jeunes? Il me semble que je
n'ai pas retrouvé cela dans votre mémoire, que j'ai relu hier
soir. Je ne l'ai pas relu tout de suite, mais il me semble que je n'ai pas
retrouvé cette préoccupation dans votre mémoire. Est-ce
que le gouvernement aura un interlocuteur privilégié par le biais
du conseil consultatif? Qu'adviendra-t-il de la voix des jeunes, voix qui
pourraient être discordantes ou concordantes à l'occasion, voix
des organismes de jeunesse? Je pense aux associations étudiantes, qui
sont relativement articulées, à des regroupements dans la
région de Montréal, à votre association.
M. Vézina: Veux-tu répondre à cela?
Mme Courville: Pour nous, le Conseil permanent de la jeunesse va
représenter les jeunes et le Secrétariat à la jeunesse va
mettre en place les décisions par rapport su gouvernement. On voit le
conseil vraiment comme consultatif et on pense qu'il ne doit pas
nécessairement non plus être l'unique porte-parole des jeunes. Je
pense que les organismes dont vous parliez, les associations étudiantes,
qui sont très structurées, peuvent aussi soulever des
débats sur les questions qui les préoccupent en particulier.
D'autant plus qu'on sait que le Conseil permanent de la jeunesse, au
départ, va sûrement avoir à instaurer tout le
fonctionnement. Il ne pourra pas non plus débattre de tout au complet.
Donc, des sujets et des thèmes seront sûrement proposés par
d'autres organismes. Je ne crois pas qu'il puisse y avoir de problème.
II peut même y avoir collaboration, mais s'il y a certains dossiers
où le Conseil permanent de la jeunesse est un peu plus absent, ou s'il
est en train de débattre un autre dossier, il n'y a pas de
contre-indication à ce que d'autres regroupements aient leur droit de
parole.
Mme Blackburn: J'imagine qu'en vertu des fonctions des organismes
que vous regroupez, une de vos préoccupations est l'emploi. Pour
d'autres, c'est le financement des organismes de jeunesse. Je suggère
qu'on devrait s'attaquer prioritairement à deux problèmes: celui
de l'emploi et celui de l'adolescence. Je le justifierais de la façon
suivante. Pour l'emploi, c'est assez facile à comprendre pourquoi. Je
suggère qu'une des façons pour un conseil consultatif de le faire
efficacement pour un conseil consultatif serait de créer des commissions
permanentes. Cela se comprend pour l'emploi. L'adolescence, c'est autre chose,
car la grande majorité des problèmes d'intégration sociale
que connaît la jeunesse trouvent leur origine surtout dans l'adolescence
et il faudrait mieux comprendre ces problèmes et cette situation pour
essayer de mettre en place des mesures préventives. Si vous aviez
à déterminer les priorités d'action du conseil
consultatif, sachant qu'une structure comme cela c'est long à mettre sur
pied, quelles seraient-elles?
M. Vézina: Je ne voudrais pas faire le travail du conseil
permanent, mais une politique de travail au Québec serait sûrement
un dossier important. Un conseil permanent aurait aussi du travail à
faire en éducation. On nous annonce - dans quelques mois, j'imagine -
une réforme de l'aide sociale qui touchera un tas de jeunes. Ce sont
sûrement des dossiers à suivre. On a failli parvenir à une
formule de financement des organismes sous l'ancien gouvernement et c'est
toujours pendant. Je ne sais pas si le nouveau gouvernement a toujours des
intentions de ce côté. On a l'embarras du choix quand on parle des
dossiers relatifs à
la jeunesse. Ce sera aux 17 personnes en place à établir
leurs propres priorités à la lumière de ce que les
conseils régionaux leur demanderont de faire. Je pense qu'avec une bonne
consultation avec la base, elles pourront se faire un plan d'action et
établir des priorités.
Mme Blackburn: Vous proposez un certain nombre de modifications,
mais si ces modifications n'étaient pas acceptées, estimez-vous
que vous pourriez quand même accorder votre appui au Conseil permanent de
la jeunesse tel qu'il est prévu dans la loi?
M. Vézina: Ce serait à suivre de près.
Réflexion faite, on a l'impression que ce qu'on propose est intelligent
et logique. Notre projet se tient et offre plus de garanties que le projet
initial. Celui-ci peut peut-être fonctionner, mais on pense qu'avec les
quelques petites modifications qu'on y fait, un budget un peu plus
élevé que celui qu'on semblait vouloir lui accorder... Selon les
rumeurs, le budget était de l'ordre de 85Q 000 $. Ce n'est pas beaucoup.
Donc, si on veut vraiment que ce conseil fonctionne -je pense qu'on a
énoncé des principes au début - il va falloir qu'il soit
autonome. On a quelques suggestions à ce sujet. Il va falloir qu'il
puisse travailler avec des moyens. Il va falloir qu'il soit
représentatif. On n'est pas nécessairement la voie, la
vérité, la vie, mais on pense que ce qu'on présentait
là pouvait mieux garantir ces principes. Bien sûr, on va prendre
ce que la loi va nous donner et on va regarder ce que cela va donner. Si on
n'est pas content, on vous le fera savoir. Si on est content, on vous le fera
savoir aussi.
Mme Blackburn: Pensez-vous que le conseil aurait
été plus efficace et qu'il aurait été à
même de fonctionner plus rapidement si, au départ, le gouvernement
s'était donné les quelques grands éléments d'une
politique de la jeunesse au Québec ou si, à l'inverse, vous
disiez: Laissons cela aux jeunes du conseil permanent? C'est juste pour vous
rappeler un peu le sens de la question. Traditionnellement au Québec, la
création d'un conseil consultatif était présentée
comme un des éléments de la mise en place d'une politique, par
exemple, pour la politique de l'environnement, le développement
culturel, la recherche, les collèges et j'en passe. Ici, c'est à
l'inverse. On présente le conseil et on dit: C'est lui qui donnera la
politique. Cela nous a été présenté par plusieurs
organismes qui ont dit: Avant de créer un tel organisme, il aurait
d'abord fallu connaître les grandes orientations du gouvernement en
matière de jeunesse.
M. Vézina: Cela devra se faire ensemble. Je pense que
l'origine du Conseil permanent de la jeunesse et la façon de le
créer, ne vient pas des mêmes besoins, ce n'est pas d'un cri de la
base qu'il vient actuellement, alors que certains autres conseils ont
été demandés. Mais maintenant qu'on va avoir l'outil, je
souhaite qu'il y ait une politique, mais qu'elle se développe avec les
jeunes, avec les organismes de jeunes et en collaboration avec les divers
partenaires sociaux.
Mme Blackburn: Puis-je vous poser une question difficile? Par
contre, vous n'êtes pas obligé d'y répondre. Vous dites que
l'idée de créer un conseil consultatif de la jeunesse ne vient
pas d'un cri du coeur des jeunes, que ce n'est pas eux qui l'ont demandé
et que cela vient d'une recommandation des jeunes de la commission jeunesse du
Parti libéral. Mais si vous aviez à déterminer ce qui vous
paraîtrait le plus urgent à se trouver aujourd'hui pour
répondre aux besoins des jeunes - on sait qu'on s'est donné des
organismes de développement d'aide à la création
d'emplois, d'aide à l'intégration sociale des jeunes, on s'est
maintenant donné un certain nombre d'outils qui permettent, qui
favorisent ou qui essaient de faciliter l'intégration sociale des jeunes
- vite, comme ça, là, qu'est-ce que cela serait?
M. Vézina: Vite, comme ça?
Mme Blackburn: Je sais que ce n'est pas facile. C'est une grosse
question, j'en suis très consciente.
M. Vézina: C'en est une pas facile. C'est très
personnel et je n'engage pas mon association là-dessus, mais je pense
qu'il y a bien des choses à revoir, même une politique de la
famille. On peut commencer par là. On est une société qui
a dû créer des lois sur la protection de la jeunesse. Ce n'est pas
facile de naître au Québec. Ce n'est pas facile d'être jeune
aujourd'hui. Ce n'est pas facile de naître, point. Un coup que tu as
passé à travers les méthodes de contraception: Cela
va-t-il arriver ou non? Est-ce que je le garde ou non? Quand tu arrives, cela
ne va pas nécessairement bien non plus. C'est en gestation, cette
affaire-là. Papa et maman, ce n'est plus nécessairement vrai.
Parfois, c'est papa garderie ou maman garderie. C'est une autre affaire.
L'école... La moyenne d'âge est de 48 ans à
Montréal. Le sang nouveau, ce n'est pas évident.
Si on cherche des dossiers à travailler, je pense qu'on n'a que
l'embarras du choix. Nous, à l'association, notre clientèle est
la clientèle abîmée. Tout ce qu'on a devant nous chaque
jour, ce sont des jeunes abîmés: abîmés par la
famille, abîmés par l'école, abîmés par la
société de façon générale. Ceux qui viennent
à nos bureaux ou à nos locaux, ce sont des jeunes
prostitués, des
jeunes qui sont aux prises avec la drogue, qui n'ont pas
d'hébergement, qui n'ont pas un cent dans leur poche, qui n'ont pas fait
d'études - les jeunes qui viennent à notre organisme ont en
moyenne le secondaire III -et qui n'ont pas un avenir très reluisant.
Ils viennent de foyers désunis, de parents alcooliques, etc. Donc, si on
cherche des problèmes à régler, je vous jure que l'on n'a
que l'embarras du choix. Mais je pense que l'on devra peut-être commencer
par une politique de la famille et regarder peut-être au niveau du
ministère de l'Éducation. Je pense que cela peut commencer
là aussi.
Vous parliez de prévention tantôt. Je pense que
l'école a peut-être déjà un rôle à
jouer quelque part. Quand des gens sortent en dehors de ce qu'on a
officiellement prévu pour eux, il y a des organismes comme le
nôtre pour leur venir en aide. On est un peu les colimaçons du
système. Donnez-nous les moyens de les aider comme du monde aussi.
Donnez-nous une politique de financement de ces organismes qui se tienne
debout. Il y a des énergies superbes dans ces organismes. Il y a du
travail qui se fait. Je dis simplement qu'il y a peut-être à
regarder aussi de ce côté-là pour voir s'il n'y a pas moyen
d'équiper les organismes de moyens encore plus importants pour qu'ils
puissent faire le travail.
Mme Blackburn: Je ne résumerai peut-être pas
parfaitement vos propos en disant que les besoins sont connus et multiples. Les
situations que vous nous soumettez comme étant celles des jeunes qui
vont chez vous exigent une intervention d'urgence. Une intervention d'urgence a
peu à voir avec la lenteur d'un tel organisme qui, par
définition, met du temps d'abord à se structurer, à
s'organiser et à se présenter. C'est ce qui expliquerait, si je
ne m'abuse, le peu d'emballement de votre part. Vous dites bien: On participe
mais on pense qu'il faudrait l'améliorer. Mais cela ne vous emballe pas
trop que l'on commence par cela au Québec, lorsqu'on parle de la
jeunesse.
M. Vézina: Je ne l'ai pas dit comme cela. En tout cas, je
pense qu'on a un outil auquel nous avons le goût de donner une
chance...
Mme Blackburn: On va le laisser s'expliquer.
Une voix: ...
Mme Blackburn: Cela vous dérange?
Une voix: Non, mais...
Mme Blackburn: Quand cela dérange le parti
ministériel, c'est qu'il y a un peu de vérité.
Des voix: Non, non. On voudrait bien...
Mme Blackburn: C'est la vérité qui
dérange.
Le Président (M. Dauphin): À l'ordre! Mesdames,
messieurs, à l'ordrel M. Vézina, vous avez la parole. (13
heures)
M. Vézina: Effectivement, Mme Blackburn, il y a beaucoup,
Mme la députée, de...
Mme Blackburn: Députée de Blackburn aussi.
M. Vézina: ...problèmes à régler,
est-ce qu'on commence à la bonne place? À tout le moins, on nous
offre la possibilité d'avoir, avec les élus, une proximité
qui n'existait pas. Est-ce que cela va donner quelque chose ou non? Donnons-lui
une chance. Si cela ne fonctionne pas, on ne s'en servira tout simplement pas
et on va procéder par d'autres formes de lobbying ou on va réqler
les problèmes autrement. Donnons-lui une chance, donnons-lui une
occasion à ce conseil permanent d'aller rencontrer les élus et
leur dire: Pour nous, il se passe telle chose et on voit telle chose.
Le Président (M. Dauphin): Mme la députée,
est-ce que vous avez terminé?
Mme Blackburn: Non. Est-ce que le député de - je ne
m'en souviens plus, il ne parle pas assez souvent pour que je me souvienne de
son comté - veut la parole ou si je peux continuer, M. le
Président.
Une voix: On vous écoute, Mme la
députée.
Le Président (M. Dauphin): La parole est à vous,
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je ne voudrais pas
vous retenir plus longtemps. Je vous remercie infiniment à la fois pour
la qualité de votre présentation, aussi, pour le niveau de vos
préoccupations.
J'aurais le goût de vous dire également pour ce que vous
faites pour les jeunes... Du moment où on a des organismes
rémunérés pour faire un certain travail, on a trop souvent
l'impression qu'ils n'ont qu'à faire le job pour lequel ils sont
payés. Mais, pour avoir côtoyé beaucoup les organismes qui
travaillent dans ce genre de service aux jeunes, je sais que leur engagement et
leur disponibilité dépassent largement les salaires qu'on leur
donne.
Je sais également que beaucoup de diriqeants de ces organismes,
de travailleurs de ces organismes se trouvent dans une situation quasiment
aussi précaire que les
jeunes qu'ils reçoivent, parce que les subventions ne sont pas
statutaires, parce qu'elles ne sont pas nécessairement indexées
pour un certain nombre de raisons. C'est pourquoi on doit souligner la
qualité de votre travail, de votre engagement de même que votre
disponibilité.
J'espère avec vous que les recommandations que vous avez soumises
seront sérieusement prises en considération par le gouvernement.
Je commence à m'inquiéter un peu du sort qui sera fait à
ces recommandations à la suite des propos, tout à l'heure, du
ministre qui disait: C'est un conseil consultatif au sens traditionnel, on a
voulu un peu élargir les modes de sélection de manière
à faire participer le plus grand nombre, mais ce n'est pas notre
intention de créer une structure qui soit en partie ou peu
différente des organismes déjà existants. Ce qui me fait
douter un peu du sort qui pourra être réservé aux
résolutions qui vont au-delà de ce qui est contenu dans le projet
de loi.
Cependant, j'espère que les propos et les recommandations des
différents organismes, visant à la fois à élargir
le rôle du conseil consultatif et à lui donner des structures plus
décentralisées, seront éventuellement retenus si tant est
que le gouvernement décide de procéder à la
création du conseil avant de se donner une politique de la jeunesse. Je
vous remercie.
Le Président (M. Dauphin): Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M, Gratton: Avec le consentement de la commission, vu que nous
dépassons l'heure, j'aimerais d'abord, simplement, très
brièvement m'excuser d'avoir manqué le début de la
discussion avec M. Vézina et Mme Courville; j'étais appelé
à l'Assemblée nationale.
Je voudrais les rassurer par contre et leur dire que j'ai tu avec
beaucoup d'attention en fin de semaine le mémoire d'une très
grande qualité qu'ils nous ont présenté. On a fait valoir
ici que la création du Conseil permanent de la jeunesse serait
l'émanation de la commission politique du Parti libéral du
Québec. Ce n'est pas tout à fait cela. La Commission des droits
de la personne, à l'occasion de l'année de la jeunesse, a
créé un comité qui a recommandé aussi la
création d'un tel organisme.
Nous avons pensé que l'un des gestes qu'on pouvait faire
immédiatement sans trop de délai, c'était de
procéder à la création de ce comité "aviseur". Non
pas d'un comité national représentatif de l'ensemble des
Québécois. Il me semble que cela n'appartient pas au gouvernement
de mobiliser la jeunesse québécoise. Je craindrais alors
justement que, si c'est organisé par le gouvernement, cela ne devienne
le canal unique par lequel la jeunesse pourrait s'exprimer.
Tout ce que nous disons, c'est que - je crois comprendre que nos
invités partagent notre point de vue - dans la mesure où le
Conseil permanent de la jeunesse est régi par les postulats d'autonomie,
de légitimité et d'efficacité, dont vous parlez dans votre
mémoire, dans la mesure où l'on fera en sorte que les membres de
ce conseil soient les plus représentatifs possible, on
considérera très sérieusement, je vous le dis sans
crainte, les recommandations que vous faites. On est notamment très
conscient que les dispositions du projet de loi, par rapport à la
façon de susciter des candidatures et de les faire appliquer par des
organismes incorporés, par exemple, entraînent des
problèmes. On va tâcher de trouver des solutions à cela.
Nous prétendons que le gouvernement a besoin d'un tel comité
"aviseur" pour en arriver à formuler des politiques qui collent aux
besoins des jeunes. Mais, nous ne prétendons pas que te gouvernement
doive dicter comment tout doit se faire. En l'occurrence, il nous semble qu'il
s'agit simplement d'un premier pas dans la bonne direction.
M. Vézina, vous disiez tantôt qu'il faudrait donner la
chance au conseil permanent d'oeuvrer et qu'on verrait ce qu'il pourrait donner
comme résultat. S'il devait devenir ce que craignent certains
députés de l'Opposition, il ne marcherait pas et les jeunes n'y
participeraient pas. Ce n'est sûrement pas le gouvernement qui s'en
réjouirait non plus.
Le but de créer le Conseil permanent de la jeunesse, ce n'est pas
de nous dégaqer de nos engagements électoraux. Il y en a d'autres
de très précis qu'on a pris et auxquels on va continuer de donner
suite. Le Conseil permanent de la jeunesse n'est qu'un simple outil que l'on va
tâcher de rendre le plus efficace possible avec le concours des
organismes de jeunesse et des individus qui s'y intéressent.
Je vous remercie infiniment de votre présentation. Je regrette
qu'on ne puisse pas continuer cet échange de vues. Cela n'exclut pas,
après que nous aurons fait le bilan des travaux en commission, la
poursuite des discussions par le biais du Secrétariat à la
jeunesse ou par d'autres canaux, pour en arriver à un projet de loi qui
soit le plus conforme possible aux aspirations des organismes de jeunesse, que
vous représentez très bien, je dois le dire.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le ministre. Au nom
de tous les membres de la commission, j'aimerais remercier M. Vézina et
Mme Courville de leur participation à notre consultation comme
représentants de l'Association jeunesse travail du Montréal
métropolitain. À ce stade-ci, nous suspendons
nos travaux jusqu'après les affaires courantes,
c'est-à-dire vers 16 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 8)
(Reprise à 16 h 17)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous poursuivons notre audience et nous allons entendre
immédiatement le groupe Québec Multi-Plus. Si vous voulez vous
avancer à la table. Est-ce que le groupe Québec Multi-Plus est
présent? Oui. Si vous voulez vous avancer et prendre place à
cette table.
Nous vous souhaitons la bienvenue à cette commission
parlementaire. Si vous voulez avoir l'amabilité de vous
présenter, tous et chacun.
Québec Multi-Plus
M. Toussaint (Claudel): Je suis Claudel Toussaint.
Le Président (M. Marcil): M, Toussaint.
Mme Sultan-Salama (Louise): Je suis Louise Sultan-Salama.
Le Président (M. Marcil): Oui.
M. Yep (Sandy): Bonjour. Je suis Sandy Yep.
Mme Theirien (Sophie): Sophie Therrien. M. Rivera (Diego):
Diego Rivera.
M. de Pasquale (Dominique): Bonjour. Dominique de Pasquale,
Conseil des communautés culturelles et de l'immigration du
Québec.
Le Président (M. Marcil): Bienvenue chez nous. Nous allons
vous expliquer la procédure. Vous avez 20 minutes pour exposer votre
mémoire. Par la suite, les députés pourront vous
interroger pendant 40 minutes. Donc, il y aura un échange de vues entre
vous et les membres de cette commission. Qui est le porte-parole de votre
groupe? Si vous voulez passer à l'exposé.
M. de Pasquale: M. le Président, Québec Multi-Plus
m'a demandé de les accompagner. Je suis vice-président du Conseil
des communautés culturelles et de l'immigration.
Le Conseil des communautés culturelles et de l'immigration veut,
aujourd'hui, non seulement témoigner de son appui à la
démarche de Québec Multi-Plus, mais aussi souligner l'importance
de la jeunesse des communautés culturelles pour l'avenir de la
société québécoise. Ce groupe représente
déjà une portion très importante de notre population. Les
perspectives démographiques actuelles et la hausse prévisible de
notre niveau d'immigration devraient concourir à un nouvel accroissement
de cette jeunesse. Le Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration, qui a reçu, de par sa loi constitutive, le mandat de
conseiller la ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration,
a inscrit dans ses objectifs généraux sa volonté de
contribuer par ses avis et ses travaux, notamment à la promotion des
jeunes issus des communautés culturelles. Nous avons, en effet, acquis
la conviction qu'il existe une problématique propre à cette
jeunesse. Nous croyons par ailleurs que le gouvernement doit tenir compte dans
la mise sur pied du futur Conseil permanent de la jeunesse, à la fois de
l'importance objective de cette jeunesse et de sa problématique.
Québec Multi-Plus, qui est formé d'une équipe
multi-culturelle de jeunes professionnels, nous paraît
particulièrement bien préparé par son expérience et
son action dans le milieu à refléter les préoccupations de
la jeunesse des communautés culturelles relativement à la
formation du Conseil permanent de la jeunesse.
Je veux rappeler, avant de céder la parole aux
représentants de Québec Multi-Plus, que ce groupe a pour
principal objectif la sensibilisation des travailleurs et des organismes
publics et parapublics à la présence des communautés
culturelles. Merci.
Mme Sultan-Salama: Merci, M. de Pasquale. Si vous le permettez,
mesdames et messieurs, je vais simplement présenter Québec
Multi-Plus. Après quoi, Claudel et Sandy prendront la parole pour vous
présenter le mémoire en plus des détails.
L'organisme en est un de recherche-action qui, dans le cadre de son
mandat, oeuvre à la sensibilisation et à l'intervention des
institutions publiques et parapubliques québécoises. Nous sommes
donc directement en contact avec des multiplicateurs qui, eux, travaillent avec
des jeunes des communautés culturelles. Comme vous avez probablement pu
le constater, nous nous considérons aussi comme faisant partie des
jeunes des communautés culturelles.
L'organisme est à but non lucratif et a été
initialement mis sur pied par le ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration de concert avec un groupe d'horizons culturels
différents. Il a été mi3 sur pied dans le cadre de
l'Année internationale de la jeunesse, donc depuis deux ans. Depuis deux
ans, nous intervenons auprès de la population visée, en d'autres
termes, avec des multiplicateurs de CLSC,
de BAS et de différents autres organismes des secteurs public et
parapublic.
M. Toussaint: Merci, Louise. M. le Président, membres de
la commission, en tant que jeunes du Québec, nous voulons saluer le
principe de la création d'un Conseil permanent de la jeunesse. Notre
participation aux consultations publiques de cette commission vise à
sensibiliser le gouvernement du Québec au rôle qu'une fraction
importante de la jeunesse du Québec veut jouer dans l'édification
de l'avenir de notre société. Il s'agit des jeunes des
communautés culturelles. Selon les données du recensement de
1981, les 15-30 ans constituaient 29 % de la population totale du
Québec. De ce nombre, 12 % étaient d'origine autre que
française ou britannique. Si nous sommes appelés à jouer
un rôle dans le sens du progrès économique, social et
culturel du Québec, une place digne de nos préoccupations
communes avec les autres jeunes, mais surtout de nos
spécificités, doit Être garantie dans toutes les dimensions
de la conception d'un organisme comme le Conseil permanent de la jeunesse.
Depuis l'entente Couture-Cullen signée en 1978, les pouvoirs de
décision du Québec en matière de sélection des
ressortissants étrangers qui veulent s'y établir sont garantis.
Parmi les critères de sélection, l'âge des candidats et des
candidates est un critère de première importance. Ainsi, entre
1976 et 1986 pas moins de 39.1% des immigrants, admis au Québec,
étaient âgés de 15 à 29 ans.
Je dois souligner, M. le Président, que les jeunes des
communautés culturelles ne sont pas tous de nouveaux arrivants. Nous
pouvons même parler de deuxième ou troisième
génération dans le cas des communautés les plus anciennes.
C'est le cas des communautés chinoise, italienne, juive, portugaise et
grecque, par exemple.
Le statut socio-économique particulier de Montréal en a
fait le principal lieu d'illustration de la diversité culturelle de
notre société, car près de 80% des groupes ethnoculturels
y sont établis.
Nous ne voulons pas faire de la problématique des jeunes des
communautés culturelles un cas isolé. Les maux des
problèmes vécus par les autres jeunes de notre
société sont également lourds de conséquences pour
nous et particulièrement pour les jeunes appartenant aux
minorités visibles.
À ces maux généraux s'ajoutent d'autres plus
spécifiques tels le sous-emploi chronique chez les jeunes des groupes
ethnoculturels, la non-adaptabilité de l'école
québécoise à toute la dimension multiethnique et raciale
de notre société, l'accessibilité des services sociaux et
le rôle des intervenants en milieux pluriethniques.
Le Québec se trouve, M. le Président, au carrefour d'une
redéfinition, d'un positionnement par rapport aux
spécificités d'une partie importante de sa population dont les
membres, comme le disait M. Jean-Louis Roy, ex-directeur du Devoir, ne sont pas
concernés au sens historique du terme par des dimensions essentielles de
son évolution politique, économique et culturelle.
L'institution d'un orqanîsme consultatif sur la jeunesse dans la
structure gouvernementale doit s'inscrire dans la mouvance du pluralisme de
notre société. Le Conseil permanent de la Jeunesse doit
représenter les jeunes du Québec indépendamment de leur
origine ethnique, de leur religion, de leur sexe et de leur classe sociale. Il
y va de sa crédibilité tant auprès des jeunes des
communautés culturelles que des agents socio-économiques de notre
société ou de l'Etat.
Au nom de cette crédibilité, M. le Président, nous
adressons à la commission de grandes recommandations dont mon camarade,
M. Yep, va vous parler. Merci.
M. Yep: Merci, Claudel. Québec Multi-Plus recommande que
le projet de loi 104 et le Conseil permanent de la jeunesse tiennent compte de
la problématique particulière des jeunes des communautés
culturelles et la reflète. Cette recommandation a deux
éléments importants: premièrement, une
représentativité dans la structure hiérarchique du conseil
et dans le collège électoral; deuxièmement, la formation
d'un comité permanent sur la problématique des jeunes des
communautés culturelles.
 cet effet, les articles 20 et 29 du projet de loi 104 sont
concernés. L'article 20 devrait considérer comme secteurs
d'activités ceux relatifs aux jeunes des communautés culturelles.
Il doit également considérer le statut particulier de la
région de Montréal, qui est muîti-ethnique. Alors, le
gouvernement doit tenir compte non seulement des divers niveaux de
préoccupation et d'application de la jeunesse québécoise
mais éqalement de son hétérogénéité
ethnique. Â cet égard, la composition du conseil élu et
même celle du collège électoral doivent refléter
aussi cette réalité. Concernant l'article 29 et l'importance des
comités de travail, nous souhaitons qu'un comité permanent soit
créé afin de s'occuper du caractère particulier des
problèmes des jeunes des communautés culturelles.
Compte tenu de la fonction du conseil qui est, et je cite: "de
conseiller le ministre responsable sur toute question relative à la
jeunesse", et de l'article 26, qui lui donne le pouvoir d'effectuer des
études, d'entendre des requêtes et de fournir de l'information au
public sur toute question relative aux besoins de la jeunesse, le projet de loi
104, tel que proposé, ne reflète pas la réalité
de
la jeunesse québécoise, réalité qui est
aussi multiculturelle et risque aussi d'exclure les jeunes des
communautés culturelles et de renforcer le mythe que le Québec
est une entité mono-ethnique et homogène.
Québec Multi-Plus souhaite la rédaction explicite du
projet de loi 104 en ce qui concerne la problématique des jeunes des
communautés culturelles. Il souhaite aussi ta visibilité et la
représentativité au sein du collège électoral et du
conseil et aussi un intérêt et une préoccupation du conseil
pour la particularité des jeunes des groupes ethnoculturels. Les jeunes
des communautés culturelles veulent se définir également
comme Québécois et Québécoises. Il importe
cependant que le regard des autres jeunes et de la société en
général le leur permette. Nous espérons que le Conseil
permanent de la jeunesse leur offrira la plate-forme pour que leurs besoins et
revendications soient respectés. Tout comme les autres jeunes, ceux des
communautés culturelles n'ont pu trouver jusqu'à maintenant cette
plate-forme dans les structures existantes ni dans leur communauté ni
ailleurs. Nous considérons le Conseil permanent de la jeunesse comme un
moyen par lequel notre société leur ouvre le chemin de
l'expression pour une intégration favorable à la majorité
québécoise. L'équipe de Québec Multi-Plus vous
remercie vivement d'avoir écouté notre mémoire,
aujourd'hui.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup de votre
exposé. Est-ce que vous pourriez nous dire de quelle communauté
culturelle vous êtes individuellement? M. de Pasquale.
M. de Pasquale: Encore un petit mot, si vous le permettez, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): J'aimerais savoir de quelle
communauté culturelle vous êtes.
M. Toussaint: Je suis d'origine haïtienne.
Le Président (M. Marcil): Vous en avant, je ne parle pas
de votre groupe. Vous êtes Haïtien?
M. Toussaint: C'est cela.
Mme Sultan-Salama: Je suis de la communauté juive. (16 h
30)
M. Yep: Je suis d'origine chinoise.
Mme Therrien: Je suis Québécoise de vieille
souche.
M. Rivera: Je suis d'origine argentine.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup. On a pris
connaissance de votre intéressant mémoire que vous avez
présenté aux gens de cette commission.
M. de Pasquale: M. le Président, est-ce que vous me
permettez d'ajouter un petit mot de la part du conseil?
Le Président (M. Marcil): D'accord.
M. de Pasquale: Le projet de loi en vue de créer un
Conseil permanent de la jeunesse paraît intéressant sous plusieurs
aspects. Doter les jeunes d'une structure permanente et démocratique
comme celle qui est prévue par ce conseil est certainement de nature
à les inciter à participer à la vie publique. Ce conseil
promet de constituer, pour les jeunes, un instrument d'intervention sociale, un
lieu priviligié pour dégager des consensus en même temps
qu'une sorte de porte-voix, car l'un des aspects particulièrement
intéressants du projet de loi réside dans ce pouvoir que le
Conseil permanent de la jeunesse aurait d'informer le public. En plus de
constituer un canal de communication avec l'État, le conseil devrait
contribuer à l'implication des jeunes dans les grands débats
collectifs. Par contre, il y a lieu de s'étonner du fait que la jeunesse
des communautés culturelles paraît avoir été absente
des préoccupations de ceux qui ont conçu ce projet de loi.
Les textes qui accompagnent le projet de loi sont peu éloquents
à cet éqard. Faut-il rappeler que le Québec constitue,
moins que jamais, une société monolithique. Une étude
récente rendue publique par la Commission scolaire de Montréal
révèle que les élèves d'origine ethnique
représentent 36,4 % de la population des écoles primaires et 33,2
% de la population des écoles secondaires. Tenant compte du taux de
croissance actuel, 50 % de la clientèle de ces écoles seront
issus des communautés culturelles en 1990. On peut s'interroger, par
ailleurs, sur la pertinence de restreindre la participation au collège
électoral aux seules personnes ayant la citoyenneté canadienne,
article 18, Cette exigence entraverait la participation des jeunes nés
à l'étranqer, ayant moins de 21 ans et dont les parents n'ont pas
la citoyenneté canadienne.
Le mémoire de Québec Multi-Plus présente un certain
nombre de demandes. Nous voulons, quant à nous, insister sur la
nécessité que la dimension "communautés culturelles"
représente une préoccupation permanente pour le futur Conseil
permanent de la jeunesse et que cette préoccupation se traduise par des
éléments concrets du programme de cet orqanisme et par une
représentation substantielle significative au collège
électoral, au niveau du conseil et de sa direction.
Québec Multi-Plus a déjà évoqué dans
son mémoire les difficultés d'intégration des
jeunes des communautés culturelles à la
société d'accueil. Rappelons que ces difficultés sont
nombreuses: choc culturel, conflits de valeurs vécus à
l'écoie ou dans la famille, nécessité d'apprendre une
deuxième et peut-être une troisième langue, accès
particulièrement ardu au marché du travail et souvent la
discrimination et le racisme, surtout dans les cas des minorités
visibles.
Enfin certains jeunes des communautés culturelles vivent avec
plus d'intensité un problème d'identité. Il n'est pas
toujours facile pour eux de s'identifier au modèle que leur proposent
les grands médias et les institutions québécoises. En
même temps, ils ne se retrouvent plus tout à fait dans les
traditions et les valeurs de leur communauté d'origine. Ils vivent ainsi
une sorte de double marginalisation. Un Conseil permanent de la jeunesse
équitablement représentatif pourrait donc devenir un point de
référence important et contribuer à une intégration
harmonieuse.
En somme, au moment où on veut donner une voie à la
relève du Québec dans la définition de la
société de l'an 2000, il ne faut surtout pas oublier qu'une
partie de cette relève, c'est-à-dire de l'avenir même du
Québec, se retrouve au sein des communautés culturelles.
Merci, M. le Président. Je vais vous quitter pour la
période d'échange de propos avec Québec Multi-Plus.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup. Dans votre
mémoire, vous avez soulevé des éléments assez
importants qui vont sûrement être analysés de façon
bien particulière par cette commission parlementaire lorsque nous allons
étudier le projet de loi article par article. Vous avez, dans votre
introduction, exposé le principal objectif de votre organisme qui est de
sensibiliser le personnel des institutions publiques et parapubliques
québécoises à la diversité culturelle du
Québec et aux apports positifs des communautés culturelles. En
quoi votre rôle se distingue-t-il de celui du Conseil des
communautés culturelles?
M. Toussaint: Je crois tout d'abord que Québec Multi-Plus
fait un travail de première ligne avec des gens qui travaillent dans les
services de première ligne, c'est-à-dire que nous nous
déplaçons dans les institutions afin de rencontrer et d'offrir un
programme de formation aux gens qui sont directement en contact avec la
population. Comme cette population est multiethnique, on trouve qu'il y a
matière à une sensibilisation sur les nouveaux aspects et les
nouvelles caractéristiques de cette clientèle. À mon point
de vue, le conseil travaille à un niveau plus large, à un niveau
consultatif auprès du gouvernement. Nous travaillons à un niveau
plus terre à terre avec les gens qui donnent des services.
Le Président (M. Marcil): Êtes-vous souvent en
communication? Est-ce qu'il y a beaucoup d'échanges entre votre
organisme et ce conseil?
M. Toussaint: Oui, à l'occasion. Notamment, dans le cas de
la présentation de ce mémoire, nous avons voulu avoir une sorte
d'appui du conseil, en tant qu'interlocuteurs par excellence des
communautés culturelles auprès du gouvernement. C'est la raison
pour laquelle on est allé lui demander son appui au mémoire qu'on
voulait présenter.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup.
Également, à la page 10, vous écrivez: "Lors de
l'Année internationale de la jeunesse, la Commission des droits de la
personne a recommandé que les autorités publiques soient à
l'écoute des jeunes Québécois et Québécoises
et qu'à cet effet, créent un organisme de consultation de leurs
représentants."
Par rapport au projet de loi 104 qui propose la création d'un
Conseil permanent de la jeunesse, est-ce que vous trouvez que le projet de
création d'un Conseil permanent de la jeunesse répond en partie
ou en totalité à cette déclaration?
Mme Therrien: Je pense qu'en lisant cet extrait on pourrait dire
que, pour ce qui est de ses intentions, le Conseil permanent de la jeunesse,
tel que présenté dans le projet de loi, pourrait en effet devenir
cette espèce de forum ou d'endroit où les jeunes pourraient
exprimer librement leur point de vue. Il reste à voir
concrètement comment tout cela va s'articuler. Je pense qu'en ce qui
touche sa conception même, le projet de loi répond assez bien
à ce souhait de la Commission des droits de la personne.
Le Président (M. Marcil): Vous me corrigerez si j'ai mal
compris votre message. Selon ce que vous avancez, il semble très clair
que vous encouragez fortement la création du Conseil permanent de la
jeunesse. Pour vous, cela répond à un besoin très
précis et très spécifique. C'est clair.
Lorsque vous dites souhaiter que les comités prévus
à l'article 29 du projet de loi soient sensibilisés aux
spécificités que vous avez mises de l'avant, comment pensez-vous
vous intégrer à ce processus de choix ou d'identification des
membres qui feront partie du collège électoral? Croyez-vous avoir
les moyens nécessaires pour être aussi présents que
d'autres organismes de jeunes? Vous sentez-vous défavorisés en
termes de moyens pour pouvoir participer à ce collège
électoral par rapport à d'autres organismes de jeunes au
Québec?
M. Yep: Je pense que, comme
structure, Québec Multi-Plus peut être d'accord avec la
formation d'un conseil. Toutefois, il nous semble que si la loi ne fait aucune
mention de la spécificité des communautés culturelles, il
sera plus difficile de reconnaître cette particularité en ce qui
concerne cette problématique. Il est sûr qu'on pourra facilement
utiliser le Conseil et en faire partie, surtout le comité, mais il est
important pour nous que la loi reflète aussi cette
réalité, ce qui ne semble pas tellement clair à
l'intérieur du projet de loi.
Le Président (M. Marcil): Vous proposez donc,
naturellement, dans vos recommandations qu'une place privilégiée
ou particulière soit occupée par des gens de votre groupe ou, du
moins, par les représentants des communautés culturelles.
Jusqu'à maintenant, on a pu constater que la proposition
d'augmenter le nombre de membres, soit au collège électoral ou au
conseil d'administration, est présente dans presque tout l'ensemble des
mémoires que nous avons eus. Soyez assurés que cet
élément très positif sera sûrement pris en
considération par les membres de la commission lorsqu'ils auront
à revoir et à analyser ce projet de loi.
Je vais céder la parole à Mme la députée de
Chicoutimi et j'y reviendrai un peu plus tard.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je voudrais,
mesdames et messieurs, vous souhaiter la plus cordiale bienvenue et vous
remercier d'avoir accepté de participer aux travaux de cette
commission.
J'ai lu votre mémoire avec beaucoup d'intérêt. Je
partage vos préoccupations en très grande partie relativement aux
moyens qu'on vous donne pour mieux vous intégrer à la
communauté, et pour y jouer également le rôle que vous
voulez jouer comme citoyens et citoyennes à part entière.
J'ai aussi remarqué, dans votre mémoire, que vous faites
allusion, en parlant de la création du conseil consultatif, le Conseil
permanent de la jeunesse, d'une recommandation qui avait été
faite par, si je ne m'abuse, la Commission des droits de la personne, qui
suggérait la création d'un tel organisme consultatif et qui
aurait comme responsabilité, entre autres, de se pencher sur les grandes
orientations - j'essaie de retrouver la place; oui, c'est en page 10. Vous
rappelez les souhaits formulés par la Commission des droits de la
personne, qui avait recommandé que les autorités publiques soient
à l'écoute des jeunes Québécoises et
Québécois et qu'à cet effet, elles créent un
organisme de consultation de leurs représentants, où la jeunesse
peut faire entendre librement son point de vue sur les grandes options
arrêtées par les gouvernants. Je voudrais juste rappeler, en
m'accrochant un peu aux propos du ministre de ce matin, que plusieurs
organismes se sont présentés à cette commission en se
disant que le conseil aurait été mieux reçu, mieux
accepté, plus bienvenu, si je peux m'exprimer ainsi, dans
l'hypothèse où le gouvernement aurait d'abord arrêté
les grandes orientations et nous aurait indiqué ses grandes options, et
qu'ensuite aurait choisi de créer un organisme consultatif susceptible
de l'éclairer par rapport à ses grandes orientations.
Actuellement, dans la démarche que nous propose le gouvernement, c'est
précisément l'inverse. Il crée un conseil consultatif sans
qu'on ait aucune indication sur ses grandes options par rapport aux jeunes.
Je voudrais juste avoir votre réaction là-dessus. Est-ce
que, selon vous, il aurait été plus souhaitable que le
gouvernement nous indique ses grandes priorités en matière de
jeunesse pour ensuite se donner un tel outil, ou si vous pensez que, dans la
situation actuelle, cela peut demeurer souhaitable? Est-ce qu'il ne serait pas
mieux que le gouvernement nous indique ses qrandes orientations et qu'ensuite,
il crée son conseil?
Je voudrais juste rappeler que, ce matin, le ministre faisait
référence à cette recommandation de la Commission des
droits de la personne. Mais il s'est arrêté un peu tôt car
il ne rappelait pas que dans la recommandation de la Commission des droits de
la personne, lorsqu'il recommandait la création d'un organisme
consultatif, c'était dans la perspective que cet organisme puisse se
faire entendre sur les qrandes options arrêtées par le
gouvernement, et non pas l'inverse. (16 h 45)
M. Toussaint: Nous avons décidé de nous manifester
au moment où la démarche a été proposée par
le gouvernement. Il est entendu que ces positions auraient pu être
apportées si la démarche était autre, mais l'essentiel
pour nous est d'évoluer dans ce cadre qui est de faire valoir certains
intérêts sectoriels ainsi que des revendications
particulières des jeunes des communautés culturelles dans le sens
de la jeunesse du Québec qui n'est pas mono-ethnique et par rapport aux
jeunes des communautés culturelles qui constituent des partenaires
égaux, et qui veulent aussi avoir une certaine place dans le rôle
qu'ils sont appelés à jouer dans l'évolution du
Québec.
Mme Blackburn: Je dirais que la principale de vos
recommandations... En fait, il y en a deux, mais la plus importante, je pense,
constitue la création d'un comité permanent pour
représenter et mieux défendre les intérêts des
communautés culturelles. Là, vous parlez, entre autres, des
actions qu'on devrait entreprendre par rapport à l'emploi, au
chômage et,
particulièrement, à l'éducation. Je trouve que
l'idée est vraiment intéressante. Je l'ai prise comme cela tout
à fait à sa valeur car je pense qu'il va falloir s'interroger
sérieusement là-dessus. J'aimerais voir comment ce comité
pourrait traiter ces questions qui vont être - je dirais - d'ordre
général pour toute la jeunesse au Québec. Il y a des
problèmes à la fois d'éducation, d'intégration
sociale et de chômage?
Mme Therrien: Je pense que l'idée première de cette
recommandation est justement de faire ressortir, à l'intérieur
des préoccupations qui sont celles de la jeunesse
québécoise dans son ensemble, les spécificités
mêmes de la jeunesse des communautés culturelles. Je prends par
exemple le domaine de l'éducation. Tout à l'heure, je crois que
M. de Pasquale faisait état de la difficulté des jeunes des
communautés culturelles à trouver des modèles
d'identification. Je crois que l'éducation est un lieu d'identification
qui, pour les jeunes des communautés culturelles, est peut-être
problématique dans le sens où les modèles proposés
par le biais des manuels, de l'enseignement et du corps professoral, ne
tiennent pas compte de la réalité des jeunes des
communautés culturelles. À ce titre, ils ne deviennent pas des
modèles d'identification possible pour ces jeunes. Cela pourrait
être, par exemple, une préoccupation du comité dans le
domaine de l'éducation. D'ailleurs, je pense que le comité
pourrait se pencher sur les spécificités et la
problématique propre à la jeunesse des communautés
culturelles dans chacun de ces champs d'intérêt.
M. Yep: II est sûr que les communautés culturelles
font partie de tous les secteurs: éducation, santé sociale,
justice, etc. Mais ce qui nous frappe, c'est qu'ils ont encore plus de
difficultés, peut-être à cause de leur culture, ou à
cause de certaines discriminations. S'il n'y a pas un regard spécifique,
mentionné et explicite, il y a un danger qu'on ne voit pas cette nuance
dans le problème des jeunes.
Mme Blackburn: Est-ce qu'un comité permanent ayant ce
mandat ne viendrait pas doubler le travail du Conseil des communautés
culturelles? Est-ce que cela ne fait pas partie des mandats qui devraient
normalement être ceux du Conseil des communautés culturelles?
J'écoutais tout à l'heure le président qui parlait
de dédoublement, alors je m'interroge par rapport au mandat qui est
confié au Conseil des communautés culturelles, et au mandat qui
serait confié de façon spécifique à ce
comité permanent au sein d'un autre conseil.
M. Yep: Personnellement, je ne trouve pas. On se fait toujours
poser la même question dans le même sens lorsqu'on fait nos
interventions dans les institutions publique et parapublique. Est-ce qu'il est
possible que les communautés culturelles puissent s'occuper de leur
propre sensibilisation? Est-ce que c'est possible que le gouvernement, que le
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration, fasse
sa propre sensibilisation dans les institutions publique et parapublique? Ce
qu'il arrive, c'est qu'ils ne le font pas. Ils n'ont pas les moyens, les
façons d'aborder la question comme telle. Cela nous oblige donc, en tant
qu'organisme, à prendre cette spécificité et à
aller dans chacune des institutions pour faire cette promotion.
Un comité permanent qui toucherait directement à cette
question aiderait aussi, je pense, les comités existant dans les milieux
de l'éducation, et les autres, en donnant cette dimension
particulière. De la même façon que vous avez un Conseil du
statut de la femme. Il faut avoir un certain regard sur cette
problématique afin de prendre certaines actions sociales.
Mme Blackburn: Vous avez un peu parlé des pouvoirs du
conseil consultatif, est-ce que la structure qu'on vous propose, en termes de
pouvoirs, est assez proche des mandats qui sont confiés au Conseil des
communautés culturelles? Estimez-vous que c'est suffisant? Si le Conseil
permanent de la jeunesse devait faire normalement, sensiblement, les
mêmes actions que le conseil en ce qui concerne les communautés
culturelles, est-ce que cela vous apparaît suffisant ou si vous avez
envisagé pour ce conseil des pouvoirs plus grands que ceux du Conseil
des communautés culturelles?
M. Toussaint: Tout d'abord, si nous tenons à faire une
différence avec le Conseil permanent de la jeunesse en tant que
plateforme, c'est bien en raison des pouvoirs dont ce conseil aurait besoin
parce que, pour faire valoir les intérêts des jeunes, en
général, des jeunes des communautés culturelles, il faut
que ce conseil soit doté de vrais pouvoirs, de recommandations, d'avis,
etc.
Nous connaissons au Québec l'existence d'autres conseils qui sont
peu consultatifs; ce sont des conseils qui donnent surtout des avis, qui font
surtout des recherches, etc., et qui n'ont pas de vrais pouvoirs.
Je crois que dans le cas des jeunes, si ce conseil doit être une
plate-forme, il faudrait qu'il bénéficie de vrais pouvoirs afin
de porter dans l'appareil gouvernemental les revendications des jeunes et qu'il
y ait des actions d'entamées dans ce sens.
Mme Blackburn: Pouvez-vous expliquer un peu le genre de pouvoirs
auxquels vous
songez? Parce que selon le projet de loi qui nous est soumis ici, c'est
exclusivement un conseil consultatif qui ne fait aucune obligation au ministre
de consulter. Le conseil consultatif, tel que proposé, n'oblige pas le
ministre responsable de la jeunesse de le consulter. Par ailleurs, il permet au
ministre de passer les commandes au conseil consultatif ce qui,
éventuellement, pourrait avoir comme effet de noyer complètement
le conseil consultatif en lui passant tellement de commandes venant du
gouvernement que cela annulerait complètement ses marges de manoeuvres,
parce que l'essentiel de ses énergies serait affecté à
répondre aux demandes du ministre.
Par ailleurs, il n'y a aucune obligation qui est faite au ministre de
consulter le conseil consultatif. Je ne connais pas bien la loi sur le conseil
des communautés culturelles, mais les pouvoirs de ce conseil ne sont que
des pouvoirs d'aviseur. Il n'y a pas d'autres pouvoirs que ceux-là.
M. Toussaint: J'ai quelques notes du discours de M. Bourassa lors
du début des travaux de cette commission. Je regarde également
l'article 26 du projet de loi et je souhaite, tout simplement, que ce conseil
soit plus qu'un organisme de recherche. Dans les notes de M. Bourassa, il
était fait mention de partenariat et, si on parle de partenariat, je
vois un fonctionnement d'égal à égal, non pas un
fonctionnement de type consultatif uniquement. Quant è Québec
Multi-Plus, notre souhait c'est de doter ce conseil de vrais pouvoirs en tant
qu'organisme consultatif qui doit avoir une vue générale sur les
grandes préoccupations de la jeunesse québécoise et,
évidemment, de celles des communautés culturelles, afin que des
actions concrètes soient prises au nom de la jeunesse du
Québec.
Donc, je vois plus qu'un simple organisme de recherche.
M. Yep: II me semble évident que plusieurs organismes de
jeunes peuvent faire certaines enquêtes et donner des avis, mais il me
semble que si le conseil veut vraiment concentrer ses longues recherches qui
prennent aussi une certaine allocution publique et recherche, etc., le risque
dans d'autres conseils est que cette recherche est mise sur la table pour que
le ministre essaie de l'impliquer si c'est conforme à son
intérêt personnel, politique, etc. Le danger, d'après notre
expérience, c'est que ces formes de recherche restent plutôt sur
la table, ou quelque part.
Mme Blackburn: Vous ne voyez pas dans le projet de loi, tel que
libellé, de place qui vous assure qu'il y aura, effectivement, des
pouvoirs plus grands que ceux dont disposent les autres organismes
consultatifs.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, comme vous avez
demandé tantôt le pays d'origine, je vais être obligé
d'adapter mon discours et de dire: Bienvenue, bienvenidos, shalom... M. Yep va
excuser ma prononciation du mandarin ou du cantonais, qui est malheureusement
pitoyable.
Votre présence est à propos, et ce, pour deux raisons. La
première, je pense que c'est vous-mêmes qui avez employé
l'expression, vous faites partie de ce qu'il est convenu d'appeler les
minorités visibles. Il y a d'autres minorités non visibles dont
j'aimerais peut-être un jour parler, mais le temps viendra dans ce
parlement, chaque chose en son temps, disons-nous. Vous connaissez, et vous
lisez les journaux, il y a une actualité, il y a... Donc, au
départ, votre présence est effectivement très opportune.
Elle est opportune pour moi, en tant que membre de la commission de la culture,
des communautés culturelles et de l'immigration. Depuis plusieurs mois,
nous réclamons un débat sur l'immigration et sur tout le
phénomène des réfugiés. Si vous avez lu - et je
pense que vous lisez tous les journaux, surtout les journaux francophones,
puisque vous vous exprimez d'ailleurs tous dans cette langue, avec une
qualité impressionnante - il y a un article de M. LeBlanc, ce matin, qui
dit: "Xénophobes?'"." Le quotidien Le Devoir vient de
dévoiler les résultats d'un sondage démontrant que les
Québécois en ont assez de voir arriver chez nous les immigrants
et les réfugiés. "Il s'agit d'une enquête sérieuse -
je cite le texte, je ne dis pas que c'est une déclaration que je fais,
ce serait le contraire que je ferais - dont les résultats ne doivent pas
être pris à la légère. Le sentiment
d'insécurité, d'inquiétude et même
d'hostilité devant l'arrivée de nouveaux Québécois
risque de provoquer du rejet et des événements
déplorables."
Il y a deux façons - écrit-il - en apparence
opposées mais en réalité identiques... - je le crois - la
première qui serait de ne pas tenir compte de ces signaux d'alarme, soit
la possession tranquille de la vérité "on a assez de
problèmes, etc.", ou peut-être d'un masochisme hystérique
qui ne donnerait rien et qui... "oui, nous sommes des xénophobes
coupables de tous les crimes de la terre", etc.
Il disait qu'on pouvait aussi commencer à regarder certaines
données du sondage. Il y en avait deux qui lui apparaissaient
particulièrement importantes: L'opposition aux immigrants, donc à
l'immigration, est plus forte chez les jeunes. Je pense que c'est significatif
de voir quelque chose comme cela au niveau des propositions que vous nous
apportez et les francophones
veulent qu'on impose l'apprentissage du français à tous
les immigrants. Concernant cette inquiétude, je pense que vous venez de
leur donner la preuve qu'ils n'ont peut-être pas tellement à
s'inquiéter, du moins dans votre cas, aujourd'hui. "Avant de jeter la
pierre aux jeunes, il faut réaliser que ce sont eux, tout comme les
moins bien nantis de la société, qui sont les plus exposés
à perdre les emplois que rempliront, souvent à rabais...", car il
y a malheureusement cette forme d'exploitation. Je pourrais vous donner de
nombreux cas d'exploitation au niveau de la circonscription que je
représente auprès, justement, d'une population nouvelle,
immigrante au Québec.
Donc, je regarde en fonction de ce qui est écrit aujourd'hui, qui
est extrêmement d'actualité, le mémoire que vous nous
présentez, en disant: Nous voulons, effectivement, faire comprendre
à l'ensemble de la population du Québec que la jeunesse
québécoise n'est pas mono-ethnique, n'est pas unilingue, sauf
qu'il y aura une appartenance commune à une langue majoritaire car elle
n'est pas monoculturelle. (17 heures)
Voici la question que je me pose. Je pense que Mme Blackburn nous en a
fait état, je ne suis pas encore tout à fait certain que cela
doit être à l'intérieur du Conseil permanent de la
jeunesse, et non pas à l'intérieur d'une commission jeunesse,
sans analogie à tout autre organisme de même appellation, une
commission jeunesse à l'intérieur du Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration que nous recevrons,
d'ailleurs, bientôt et pour qui nous pourrons peut-être avoir le
questionnement, je ne suis pas persuadé, non pas que je ne veuille pas
vous y voir, tout au contraire... je suis en train de me demander si cela va
être la façon la plus utile pour vous à l'intérieur
de ce conseil. Voici la question que je vous pose: Avez-vous bien
évalué les possibilités que vous offre le
réaménagement du Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration avant de dire: La porte serait peut-être le Conseil
permanent de la jeunesse? Par contre, je pense que, hors de tout doute, quelle
que soit la voie choisie, il est urgent que ce soient principalement des jeunes
qui aillent parler à d'autres jeunes, ne serait-ce que pour le langage.
Il y aura beaucoup plus d'atomes crochus, c'est inévitable. Je dis qu'il
m'apparaît urgent que ce soient des jeunes qui aillent parler aux jeunes.
En allant leur parler, c'est un compagnonnage qui va se faire. La
majorité des craintes, des inquiétudes, des
insécurités et même quelquefois des hostilités qu'on
peut avoir, vient, à 95 %, si ce n'est pas 100 %, de l'ignorance, au
départ. Donc, un contact avec les groupes qui sont du même
âge que vous contribuerait à détruire cela et
tranquillement à amener d'autres perceptions.
Avec d'autres perceptions, il y aura d'autres attitudes et d'autres
comportements; ce que je souhaite ardemment dans ce pays. Je rêve qu'un
jour la statue de la Liberté qui a symbolisé l'espérance
pour bien des gens, soit à l'entrée du port de Montréal et
non plus à l'entrée du port de New York, mais cela, c'est une
autre histoire.
Donc, voici la question que je vous pose: Pourquoi n'avez-vous pas
songé à un réaménagement du Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration? Ma deuxième question
- peu importe la réponse que vous me donnerez à la
première - est la suivante: Vous parlez de faire valoir vos
intérêts sectoriels, vous avez eu la chance d'avoir l'appui d'un
organisme très sérieux et très prestigieux, et surtout
écouté au Québec, donc vous avez eu des ressources, ce que
n'ont pas nécessairement eu d'autres groupes. Au-delà des
unités, il y a également un total à l'intérieur de
ce pays, ne croyez-vous pas que la création d'un Conseil permanent de la
jeunesse risque, au-delà de ce qu'on peut peut-être réussir
à apporter comme correctif dans cette loi, d'être un coup
d'épée dans l'eau si cela n'est pas assorti d'une assurance
formelle de financement adéquat des organismes jeunesse qui existent,,
qui vous ont précédé à cette commission et qui vont
vous suivre, puisqu'ils sont nombreux? Je vous avoue que la question est
énoncée de façon fort longue. J'espère que vous en
avez saisi les deux points principaux.
Mme Therrien: Je pourrais peut-être essayer de
répondre à la première de vos questions relativement
à une réorganisation du Conseil des communautés
culturelles et de l'immigration. Je regarde le mandat actuel du conseil et les
moyens qu'on lui a donnés et je me dis d'avance que ce conseil a un
mandat très vaste. D'autre part, il se fait le porte-parole, il se fait
la voix de beaucoup d'intérêts, de beaucoup de groupes et de
personnes partie prenante de la société québécoise;
et c'est là son mandat. Est-ce que, en plus de ce mandat, on pourrait
lui confier celui de se faire le porte-parole de la jeunesse des
communautés culturelles? Cela ne serait pas impossible. Mais, pour moi,
il me semble tout aussi important, sinon peut-être davantage encore, que
les organismes qui parlent au nom de la jeunesse incluent, à
l'intérieur de leur discours, une représentativité des
intérêts des jeunes des communautés culturelles. Pour moi,
cette position va dans le sens de faire la preuve, visiblement, que les jeunes
des communautés culturelles et les membres des communautés
culturelles en général sont partie prenante de la
société québécoise. À ce titre, il me semble
essentiel qu'on les retrouve à l'intérieur d'institutions
à majorité québécoise aussi. J'ai l'impression que
le conseil permanent de la jeunesse va être une
institution majoritairement composée de jeunes
québécois de vieille souche. Cela me semble essentiel qu'il y ait
une représentativité des jeunes des communautés
culturelles à l'intérieur de cela, et cela me semble en
être la preuve de cette composition mixte et de l'implication des jeunes
des communautés culturelles à l'intérieur de la
société "at large". C'est pour cela que la place des jeunes des
communautés culturelles à l'intérieur d'un organisme
jeunesse me semble essentiel. Ce qui ne veut pas dire que le Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration n'aurait pas
intérêt ou ne pourrait pas traiter de la question des jeunes des
communautés culturelles. Je crois essentiel que des organismes jeunesse
fassent aussi cette part.
Une voix: ...
Le Président (M. Marcil): Je m'excuse M. le
député de Saint-Jacques, malheureusement, le temps est
dépassé en ce qui concerne votre parti, donc on va
transmettre...
M. Boulerice: Non, mais le temps n'est pas dépassé
pour ces gens qui ont la gentillesse de venir, pour répondre quand
même.
Le Président (M. Marcil): Oui, oui, ça va, on va
continuer avec d'autres questions.
Mme Blackburn: Peut-être, si vous me le permettez, M. le
Président, en conclusion je dois dire que même si je ne partage
pas l'opinion du gouvernement par rapport à l'urgence de payer un tel
organisme plutôt que de se donner une politique de la jeunesse au
Québec, il semble que vraisemblablement il soit déterminé
à créer le conseil consultatif, le Conseil permanent de la
jeunesse. Je voudrais vous dire, au nom de ma formation politique, que je suis
particulièrement sensible aux éléments que vous avez
portés à notre attention, par rapport à des moyens pour
assurer une meilleure intégration des jeunes des différentes
communautés au sein de la communauté
québécoise.
Je voudrais vous assurer qu'en temps utile, au moment où on
discutera du projet de loi, je me ferai forte de rappeler au gouvernement la
proposition de votre organisme. Bien que je dois dire que l'intervention du
député de Saint-Jacques ne voulait pas remettre en question
totalement votre approche dans tout ça, je suis assez sensible au fait -
et mon collège de Saint-Jacques également - qu'il faut chercher
différents lieux susceptibles de faciliter une meilleure
intégration, une meilleure participation des communautés
culturelles au développement du Québec. Alors, je voudrais juste
vous dire qu'en temps et lieu je saurai le rappeler au gouvernement. Je vous
remercie infiniment de votre participation.
Le Président (M. Marcil): Merci Mme la
députée de Chicoutimi. M. le ministre.
M. Gratton: Très brièvement, M. le
Président...
Le Président (M. Marcil): II vous reste quand même
treize à quinze minutes.
M. Gratton: Oui, je ne les utiliserai pas toutes, je n'abuserai
pas de la bonne volonté de nos invités. Je voudrais abonder dans
le sens qu'invoquait Mme Therrien tantôt. Quant à nous,
effectivement, il faut que les représentants des communautés
ethniques, qu'ils soient jeunes ou moins jeunes, soient présents
partout. Nous tentons d'ailleurs, dans les nominations, dans la mesure
où le gouvernement peut procéder à des nominations
à des conseils d'administration, de nous assurer de la présence
de représentants des communautés ethniques. Il ne pourrait
être pensable, quant à moi, que nous créions ce Conseil
permanent de la jeunesse sans qu'il y ait une représentation des jeunes
des communautés ethniques. Cela m'amène à apprécier
d'autant plus votre présence et votre participation à notre
commission parlementaire que, à toutes fins utiles, vous êtes
à peu près le seul organisme qui peut vraiment parler au nom des
jeunes provenant des communautés ethniques, car vous regroupez les
organismes de la région de Montréal où on retrouve -vous
le dites vous-mêmes - 85 % de la population des communautés
culturelles. C'est probablement seulement à Montréal où il
y a des organismes qui sont aussi bien structurés que le
vôtre.
Donc, vous êtes peut-être le seul organisme dans le contexte
du projet de loi 104 qui pourra, à toutes fins utiles, désigner
son ou ses représentants au Conseil permanent de la jeunesse.
Cela m'amène à vous demander comment vous envisagez la
chose? Tout en supposant que le projet de loi et que les modalités pour
la nomination des membres du collège électoral, et qu'ensuite la
nomination des membres du Conseil permanent de la jeunesse soient retenues,
dans les grandes lignes. On a dit, au cours des travaux de la commission, qu'il
y aura sûrement des améliorations aux modalités qui sont
prévues, mais dans ces modalités, comment envisagez-vous vous
assurer la présence d'un ou de représentants? Avez-vous
l'impression que cela devra passer par la promotion de plusieurs candidatures
provenant de chez vous, ou si vous envisaqez plutôt d'y aller dans le
sens de réunir les appuis de tous les organismes que vous
représentez, à l'appui
d'une candidature, pour vous assurer qu'elle sera la plus
représentative possible et qu'elle sera susceptible d'être retenue
par le gouvernement? Est-ce que vous avez pensé à cela?
M. Toussaint: Tout d'abord, notre participation aux travaux de
cette commission témoigne de notre intérêt pour cette
structure. Nous croyons qu'il y a eu un travail d'information dans la
communauté culturelle qui n'a pas été fait. C'est ce qui
explique, par exemple, le fait que d'autres organismes ne se sont pas
prononcés sur ce projet de loi. Dans notre cas, nous pouvons assurer
cette commission que si nos recommandations sont prises en
considération, nous organiserons, dans le milieu des communautés
culturelles, des réunions d'organismes, d'individus, afin de participer
concrètement au processus électoral, etc., à la
création de ce conseil. Vous comprenez notre position. Il est important
pour nous, si nous faisons la promotion d'un projet, d'un conseil, d'une
structure, etc., que cela reflète la population cible que nous allons
aborder pour y adhérer.
M. Gratton: J'ai noté que vous êtes favorables
è une représentation des régions, mais que vous insistez
pour que la région métropolitaine de Montréal soit
dotée de plus d'un représentant, en fonction de la
présence des communautés ethniques, je vous le dis tout de suite,
je partage entièrement votre point de vue. Dans la mesure où,
à titre d'organisme très représentatif, vous vous assurez
de la candidature d'une ou des personnes susceptibles de collaborer avec le
Conseil permanent de la jeunesse, vous pouvez d'ores et déjà
être assurés qu'il y aura représentation des
communautés ethniques au sein du Conseil permanent de la jeunesse.
À titre d'exemple, la preuve en est que, lors de la formation et de la
nomination des membres du conseil d'administration de la Société
d'Investissement Jeunesse, qui a été créée
l'automne dernier, nous nous sommes assurés de la nomination d'un
représentant des groupes ethniques.
Pour ce qui est de prévoir dans la loi, une
vice-présidence qui serait spécifiquement reconnue pour les
groupes ethniques, vos recommandations vont être
considérées. Â ce moment-ci, je ne peux engager le
gouvernement sur la décision qui sera rendue, mais chose certaine, nous
devons et nous avons l'intention de prendre tous les moyens afin d'assurer que
cette tendance se manifeste. Ce qui nous amène à constater que la
population du Québec sera composée de plus en plus de gens de
différentes origines ethniques et culturelles, et qu'elle doit se
refléter partout dans la société québécoise
et, au premier titre, au sein du gouvernement du Québec. Dans la mesure
où vous nous faites confiance et où nous faisons confiance
à l'objectif de créer ce partenariat dont on a parlé au
commencement . des travaux de cette commission et auquel vous avez fait
allusion, je suis très optimiste, non pas sur les résultats qui
pourront venir... Mme la députée de Chicoutimi regrette, depuis
le début de nos travaux, que nous ayons insisté sur l'urgence de
créer le Conseil permanent de la jeunesse, sans pour autant tracer les
grandes orientations, les grandes options en ce qui concerne la jeunesse, mais
l'un n'exclut pas l'autre. Si nous devions nous doter d'une politique
générale avant de procéder à la création du
Conseil permanent de la jeunesse, on pourrait se retrouver, après une
autre élection, tout en ayant toujours de belles politiques, mais qui
seraient conçues sans l'input très important des
communautés ethniques, et des jeunes, surtout. Quand on sait que cela
prendra, au bas mot, un an avant que le Conseil permanent de la jeunesse soit
véritablement en fonction et puisse vraiment aviser le gouvernement sur
des politiques, je pense donc qu'il y a lieu de procéder le plus
rapidement possible.
Je vous remercie. Si vous avez quelque chose à ajouter, il nous
reste encore un peu de temps. Soyez les bienvenus. Je désire tout de
suite vous remercier pour votre apport très positif à cette
commission et vous dire que nous veillerons à considérer vos
recommandations de façon très sérieuse.
M. Yep: J'aurais un commentaire à ajouter, si vous le
permettez, M. le Président. Québec Multi-Plus pourra certainement
collaborer avec le conseil en vue de recommander quelques candidats possibles.
Mais je pense que c'est aussi le rôle du conseil lui-même de
s'informer des secteurs où se trouvent les organismes de jeunes, surtout
les organismes qui rejoignent beaucoup de jeunes des communautés
culturelles. Il nous semble, après avoir écrit le mémoire
et après avoir contacté d'autres organismes de jeunesse, que ces
derniers ne savent même pas qu'un Conseil permanent de la jeunesse sera
créé. C'est à la suite de notre intérêt
qu'ils ont dit que c'était intéressant, que ce que nous faisions
était important et qu'ils nous appuyaient.
Une autre chose concernant les nominations au sein du collège
électoral, ou même du conseil. On a touché la question de
l'égalité à l'emploi, qui n'est pas la question ici, mais
il faut considérer cet élément, lors du processus de
nomination. Quand les personnes nommeront les membres, s'ils ne tiennent pas
compte de ce processus d'égalité à l'emploi, il est
possible que les membres des communautés culturelles soient encore
oubliés, même s'il y a des candidatures. Je ne dirai pas qu'il
faut respecter cette loi, mais il faut tenir compte
de certaines bases importantes, ce qui est une certaine forme
d'égalité à l'emploi pour le conseil comme tel.
M. Gratton: Merci bien.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup. Pour conclure,
on a souvent tendance à faire ressortir un point à savoir qu'on
craint que le conseil soit noyé de mandats proposés ou
édictés par le ministre en question. Nous pensons toujours que
l'esprit de cette loi donne toute la latitude nécessaire au Conseil
permanent de la jeunesse pour informer le ministre qu'il a beaucoup de travaux
en cours, mais qu'il a quand même toute la latitude et toute l'autonomie
nécessaires pour planifier son temps et surtout le genre de travail
qu'il aura à accomplir.
Je profite de l'occasion pour vous remercier une dernière fois de
votre visite et de votre apport à cette commission qui a
nécessairement enrichi notre débat. Nous vous demandons
d'être très sensibles et à l'affût de l'information
pour que vous puissiez vous intégrer rapidement à ce processus
d'élection. Merci beaucoup.
Nous allons suspendre les travaux pendant deux minutes pour permettre
à l'Association des femmes diplômées des universités
de s'avancer.
(Suspension de la séance à 17 h 19)
(Reprise à 17 h 21)
Le Président (M. Marcil): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Donc, je vais présenter les représentantes de notre
prochain groupe, l'Association des femmes diplômées des
universités: Mme Hélène Perras, présidente.
Bienvenue, madame. Me Louise Viau, présidente du comité de la
législation.
Association des femmes diplômées des universités
(AFDU)
Mme Viau (Louise): Mme Morin sera ici dans quelques instants.
Permettez-moi tout d'abord, M. le Président, mesdames et messieurs, de
vous remercier de nous avoir donné la parole à votre commission
même si, hélasl nous ne sommes plus des jeunes au sens de votre
projet de loi.
Nous ne cessons pas pour autant de nous intéresser aux questions
des jeunes. Nous avons choisi d'intervenir sur ce projet parce qu'il nous
semblait important, à titre d'Association des femmes
diplômées des universités, de le faire.
Dans un premier temps, j'aimerais donner la parole à la
présidente provinciale de l'association, qui vous présentera
très brièvement ce qu'est notre association. Ensuite, je vous
présenterai notre mémoire et, finalement, Mme Perras vous fera
part de nos interrogations à savoir si nous sommes, au sens du projet de
loi, un organisme susceptible de "marrainer" certains jeunes pour siéger
au comité.
Mme Morin (Marie): Mon nom est Marie Morin. Je voudrais surtout
dire que ce n'est pas la première fois que nous nous intéressons
au problème de la jeunesse puisque, en 1982, pour la premières
fois, l'association de Montréal s'était déjà
penchée sur les enfants et la pornographie. Le mémoire avait
été présenté au niveau du conseil provincial, qui
regroupe onze associations anglophones et francophones. Nous avions
porté notre réflexion au niveau de la fédération
canadienne, dont je suis la vice-présidente. Notre association regroupe
123 groupes qui, à leur tour, ont déjà
présenté des mémoires chacun dans leur province en ce qui
concerne la pornographie. D'étape en étape, nous nous sommes
rendues au niveau international - puisque, en septembre dernier, tous ces
dossiers avaient fait bon chemin - afin de demander aux gens un certain nombre
de choses concernant la pornographie et les enfants.
Ensuite, on a également déjà fait quelque chose au
moment de la création de la DPJ. De plus, certaines associations ont
fait des choses plus poussées. Notamment, à Québec, nous
avons supporté la création d'une maison pour la protection des
jeunes adolescentes de 12 à 15 ans qui sont violées ou
violentées par les parents immédiats. Donc, ce n'est pas la
première fois que nous pensons à notre jeunesse. Je laisse ma
compagne développer le sujet.
Mme Viau: Je n'ai pas l'intention de reprendre notre
mémoire qui est très bref, je suis convaincue que vous en avez
déjà fait la lecture. Vous êtes donc bien conscient que
nous sommes ici principalement pour vous parler de la représentation des
femmes. Nous nous sommes interrogées également sur le mode de
sélection des jeunes mais notre point principal est celui de la
représentation des femmes.
Après avoir entendu les intervenants précédents, le
groupe Québec Multi-Plus, qui vous dit qu'il représente environ
29 % de jeunes, je suis tentée de vous poser la question suivante: Les
femmes doivent-elles demeurer une majorité invisible? Nous sommes
effectivement environ 52 % de la population. C'est la raison pour laquelle nous
avons proposé que le projet de loi soit amendé de façon
qu'il comporte une représentation égale des hommes et des femmes
au sein du collège électoral. Nous faisons confiance au ministre
responsable, quand viendra le moment de nommer les
membres du conseil, pour tenir compte de cette représentation
égale des hommes et des femmes au sein du collège
électoral dans le choix des membres du conseil permanent.
On pourrait nous opposer que le militantisme au sein des organismes de
jeunesse se fait davantage au masculin, c'est possible. Peut-être
même que des jeunes, militant au sein de certains organismes, pourraient
ne pas être d'accord avec notre intervention. Nous croyons cependant que
la loi doit, dans certaines circonstances, avoir une valeur éducative.
Je dois dire que j'enseigne en droit pénal à la faculté de
droit de l'Université de Montréal et j'ai toujours cru à
cette valeur éducative de la loi. Je pense que vous en avez un bon
exemple assez récent avec les amendements tant sur le plan
fédéral qu'à votre niveau, en matière de conduite
avec facultés affaiblies.
Je pense que nous sommes tous à même de constater que le
renforcement des sanctions législatives change les comportements de la
société. Je pourrais multiplier les exemples, mais comme le temps
qui nous est alloué est relativement bref, je n'ai pas l'intention de le
faire. J'insisterai tout simplement sur le fait que si les femmes ne sont pas
représentées adéquatement au sein des organismes de
jeunes, si les femmes ne militent pas, c'est peut-être faute de
modèle, c'est peut-être faute d'incitation. Je pense, comme le
disait le premier ministre dans son allocution d'ouverture à votre
commission, que "le présent projet doit être un outil de
progrès et un appel à la grandeur". Au premier chef, on devrait
s'assurer que les femmes sont adéquatement représentées et
même si cela peut, au sein de certains organismes, créer au
départ quelques difficultés quant au choix des personnes qui
pourraient être parrainées, je pense que c'est un problème
qui sera nécessairement de courte durée. C'est la raison pour
laquelle nous croyons qu'avant d'accorder une vice-présidence à
un représentant des communautés culturelles, il faudrait assurer
- et je pense que dans l'état actuel de notre société, il
faudrait le faire de façon législative - une place aux femmes qui
soit d'égale importance par rapport à l'importance des femmes
dans la société québécoise comme dans toute autre
société.
Je trouve malheureux qu'on doive légiférer en ce sens,
mais je pense que c'est essentiel. Dans 50 ans, dans 100 ans, peut-être
dans moins longtemps, quand ce sera le temps de faire une révision de la
loi, je souhaiterais qu'en tant que parlementaires, les députés
se disent: Ce sont là des archaïsmes, il n'y a plus lieu de
prévoir dans une loi comme celle-ci une représentation
égale des hommes et des femmes parce que cela fera partie de notre
mentalité. Mais je pense que, au moment où on se parle, ce serait
un élément très important dans cette loi. Je vous
remercie.
Je passe maintenant la parole à Mme Perras.
Mme Perras (Hélène): Hélène Perras,
je suis la présidente de l'association du groupe de Montréal.
Nous sommes un organisme à but non lucratif, nous poursuivons des
objectifs socio-humanitaires d'éducation et de promotion
féminine. Nous offrons des bourses d'études par l'entremise de la
fédération canadienne. Nous avons ouvert notre membership aux
étudiantes en dernière année de bac. Notre recrutement se
situe maintenant à 50% chez les jeunes diplômées.
Ces jeunes diplômées nous arrivent avec les
problèmes - que vous connaissez - de sous-emploi, de stage et de tout ce
que vous voudrez et nous sommes très intéressées à
leur offrir un appui. Nous sommes ici - je crois que notre seule
présence l'indique -avec un manifeste désir de participer
à vos travaux.
D'une part, nous désirons collaborer par la mise en candidature
de jeunes diplômées dont l'âge correspond aux exigences.
Nous sommes aussi un organisme qui est un réseau de personnes-ressources
et nous aimerions le mettre à votre disposition dans
d'éventuelles consultations.
Alors, Louise vous a parlé de la majorité invisible. Je
vous dirai qu'à l'échelle universitaire, le nombre de filles qui
sont maintenant inscrites est plus élevé que celui des
garçons. Il faudrait, dès le départ, dans ces organismes
de jeunesse, que les filles aient de l'incitation et nous, on sera un peu
là comme un tremplin pour permettre aux jeunes filles de plonger dans
les choses publiques. Nous aimerions recommander des jeunes filles pour leur
compétence et leur participation passée aux affaires publiques.
Naturellement, on aimerait savoir aussi comment un organisme comme le
nôtre peut exercer son action de recommandation. Est-ce que vous allez
faire une liste? Allez-vous procéder par appel ou si vous attendez les
initiatives? Si c'est possible, j'aimerais avoir des réponses et je suis
prête à répondre à vos questions s'il y en a.
Merci.
Le Président (M. Dauphin): Merci beaucoup, Mme Perras.
Est-ce que vous avez terminé votre exposé? Nous allons maintenant
procéder à la période d'échange de propos. Je
demanderais à la député de Kamouraska-Témiscouata
d'intervenir.
Mme Dionne: Mme Perras, Mme Viau et Mme Morin, j'aimerais vous
remercier ainsi que l'Association des femmes diplômées des
universités d'avoir bien voulu présenter un mémoire
à cette commission. En vous entendant parler de l'apport des femmes et
des 52%, il est certain que votre présence ici est importante. Je pense
que votre
mémoire et les discussions qu'on va avoir au cours des prochaines
minutes vont apporter sûrement une contribution, en fin de compte au
projet de loi sur la formation du Conseil permanent de la jeunesse.
Tout d'abord, j'aimerais vous poser une question sur les
activités de l'Association des femmes diplômées des
universités. Je sais que vous avez parlé de bourses, tout
à l'heure, brièvement. C'est une façon d'aider les jeunes
universitaires mais est-ce qu'il y en a d'autres?
Mme Perras: Nous avons inauguré cette énorme
résolution sur la pornographie en 1982. Le truc fait son chemin et comme
vous l'expliquait Mme Morin, il est maintenant rendu à l'échelle
internationale. C'est donc dire que le groupe de Montréal se donne
beaucoup... Nous sommes un organisme de bénévoles, n'est-ce pas,
vers des questions sociohumanitaires, d'éducation, de promotion
féminine. Nous offrons des bourses, bien sûr, mais nous avons
aussi ouvert notre membership aux étudiantes de dernière
année de bac avec des frais réduits, naturellement, bien que
notre membership soit assez bénin pour favoriser justement un milieu
d'échanges pour ces jeunes filles qui sortent de toutes les
facultés. Nous sommes un multi-facultés, donc, c'est vraiment un
réseau qui sort les futures femmes professionnelles des créneaux
dirigés dans les professions spécifiques, vous savez. Alors,
qu'est-ce qu'on peut faire? Je crois que de s'impliquer dans un organisme tel
que le conseil permanent, c'est d'assurer une présence pour ces jeunes
diplômées qui joignent nos rangs et qui attendent un appui de
notre association. C'est bien beau de faire fonctionner un réseau plus
ou moins de bouche à oreille, mais, dès que ce réseau est
mis â la disposition des conseils, évidemment, c'est beaucoup plus
utile à beaucoup plus de personnes.
Mme Dionne: Je pense aussi que... Allez-y, Mme Morin.
Mme Morin: Si vous me permettez d'ajouter un petit quelque chose.
L'Association des femmes diplômées des universités, qu'elle
soit au niveau provincial ou même national, est presque la seule à
donner, justement, des bourses d'études pour une somme de près de
100 000 $ au total de ses 123 associations réunies. Ce n'est pas
seulement des bourses. Des bourses sont certainement un moyen pour aider une
jeune femme, l'assister financièrement, mais, au sein de nos clubs, nous
avons des commissions d'étude, des "standing comittees", les
comités permanents de législation, d'éducation, et tout
cela, par lesquels nous essayons de rejoindre le plus possible... D'ailleurs,
cela a été fait en ouvrant la porte à celles qui ne sont
pas encore diplômées mais qui sont sur le point de l'être.
On a également, par le truchement de nos conférences, un milieu
d'information et de formation assez important. Donc, nous impliquons les gens.
Justement, comme Mme Perras l'a souligné, le fait que nous sommes
bénévoles, cela prend plus de monde pour faire la même
chose quelquefois ou, enfin, par des étapes un peu différentes.
Je pense que cela complète ce que nous avions dit.
Mme Dionne: Mme Perras.
Mme Perras: Cela va. Je voudrais apporter un témoignaqe
personnel. Vous me regardez, je n'ai certainement pas l'air d'une jeune
diplômée. Détrompez-vous, j'en suis une, je suis une femme
recyclée. Si le recyclage des femmes n'est pas un vain principe, c'est
l'association des femmes diplômées qui me l'a prouvé en
m'accordant la bourse Alice Wilson il y a trois ans, comme quoi la
validité de ma recherche était quelque chose
d'intéressant. Elle va donc me permettre la publication de ma
thèse. Alors, je suis une jeune diplômée, en dépit
des apparences et de l'état civil. Merci.
Mme Dionne: J'aimerais vous féliciter, Mme Perras, je
pense que c'est tout à votre honneur. Quand je posais la question...
J'ai effectivement reçu une invitation pour participer à votre
prochain colloque à l'Université Laval sur l'avancement
professionnel des femmes. C'est une façon également, pour
l'association, de donner de l'information, d'avoir des échanges de point
de vue pour les femmes diplômées des universités.
J'aimerais maintenant passer au projet de loi proprement dit pour vous
poser quelques questions. Vous vous interrogez sur la rigueur du mode de mise
en candidature au collège électoral. Votre inquiétude
porte surtout sur les 15 à 20 ans, puisque vous remarquez que les
exigences qui sont des résolutions en bonne et due forme de trois
organismes qui sont incorporés selon la partie III de la Loi sur les
compagnies... Alors, cela peut porter un préjudice aux jeunes femmes de
15 à 20 ans. Auriez-vous certaines recommandations à faire pour
qu'on puisse répondre peut-être mieux à la demande des 15
à 20 ans?
Mme Viau: Oui. D'abord, je vous dirais que le préjudice
causé ne serait pas qu'aux jeunes femmes, mais a tous les jeunes. Je
pense que plus on est jeune... Enfin, cela fait un certain temps que j'ai
passé cette étape, mais je suis encore en contact avec des jeunes
enseignants au 1er cycle à l'université. Je les vois, mes jeunes,
et je me dis: Est-ce qu'au secondaire V, au cégep
I, au cégep II, la majorité d'entre eux aurait
été suffisamment débrouillarde pour se trouver trois
organismes susceptibles de les parrainer et, plus encore, trois organismes
incorporés selon la partie III de la Loi sur les compagnies?
Déjà, de savoir si, par exemple, je ne sais pas, mon association
locale de natation ou de soccer est un organisme incorporé en vertu de
la troisième partie, c'est déjà difficile. Je sais que
vous êtes sans doute en mesure de faire un travail de publicité
pour informer les jeunes par le biais directement des organismes. Il n'en
demeure pas moins que d'avoir trois organismes distincts oeuvrant dans trois
secteurs d'activité différents pour un même jeune n'est pas
nécessairement facile. Je me demande dans quelle mesure ce ne seront pas
des jeunes qui seront, jusqu'à un certain point, pilotés par des
plus vieux, soit des plus vieux à l'intérieur du groupe 15-30 ans
ou même des gens qui ont dépassé la trentaine. Je sais que
je serais sans doute capable de piloter quelques jeunes, de faire valoir mes
contacts au sein de différents organismes pour piloter la candidature
d'un jeune. Cependant, le jeune qui n'a pas de contacts avec des gens plus
vieux qui eux-mêmes en ont, ne sera-t-il pas automatiquement exclu? Vous
allez me dire que ce ne sont peut-être pas ces jeunes que vous voulez
avoir. Si tel est le cas, pourquoi donner de faux espoirs? Remontez l'âge
à 20 ans. Cela me semble difficile, 15 ans.
Mme Dionne: Pour les 15 à 30 ans, la problématique
est certainement différente de 15 à 20 ans, qu'on soit à
l'école secondaire, au collégial ou à l'université
ou sur le marché du travail. Vous avez peut-être une idée
de la façon que l'on pourrait...
Mme Viau: Je voudrais vous poser une question, peut-être
bien crûment. Si on retourne à l'article 2, est-ce que le ministre
responsable va nommer, parmi les onze membres, beaucoup de jeunes de 15 ans?
Quelle est l'apport d'un jeune de 15 ans? Est-ce que c'est pour leur donner de
faux espoirs? Ils seront classifiés parmi le groupe de 40, mais au bout
du compte ils vont être éliminés parce que,
forcément, celui qui a 20 ans, qui a déjà plus
d'expérience, soit du marché du travail, soit dans ses
études, va nécessairement écraser le plus jeune.
Politiquement, c'est peut-être bon d'indiquer que cela peut être
des jeunes d'entre 15 et 30 ans, mais honnêtement, je ne suis pas
convaincue que vous allez avoir beaucoup de représentants de 15 ans,
premièrement. Deuxièmement, je ne suis pas sûre que les
jeunes de 15 ans seront vos meilleurs interlocuteurs. Je ne crois pas qu'un
jeune de 20 ans ait complètement oublié ce qu'il a vécu au
secondaire V ou au cégep I ou lors de son premier emploi, de telle sorte
qu'il ne pourrait pas être un interlocuteur valable. Dans cette
perspective, je me demande dans quelle mesure vous ne faites pas courir des
jeunes un peu inutilement et peut-être de manière à les
frustrer.
Mme Dionne: Si vous me permettez, Mme Viau, j'aimerais
répondre un peu à cela parce que j'ai participé à
l'élaboration du projet de loi. Quand on a mis "entre 15 et 30 ans", il
est bien sûr qu'on voulait avoir un équilibre et vraiment une
bonne représentativité des jeunes du Québec. Mettre "de 15
à 30 an3" nous donnait quand même de l'espace pour avoir le plus
de jeunes possible pour s'assurer qu'il y ait une représentation.
D'autre part, on a également reconnu que, de 15 à 16 ou 17 ans,
on retrouve des jeunes de polyvalente qui sont très éloquents qui
peuvent être président du conseil étudiant de leur
polyvalente et qui font leur chemin de façon très solide. On ne
voulait pas oublier ces jeunes. C'était beaucoup plus positif que
négatif. On ne voulait pas se rendre à des jeunes qui sont au
niveau collégial ou qui ont 18 ans ou plus. Il y a une
problématique importante pour les 15 à 18 ans. On les retrouve
dans les maisons de jeunes et dans d'autres organismes. C'est pour cela qu'on a
voulu ajouter ces jeunes.
Mme Viau: Les jeunes entre eux seront peut-être plus
méchants que vous l'aviez été. Dans votre projet, vous
avez d'abord le gouvernement, qui nomme les membres du collège
électoral en tenant pour acquis qu'il nomme ces jeunes en tenant compte
de l'âge et qu'il nomme des jeunes de 15 ans, etc. Ensuite, ce sont les
membres du collège électoral qui, entre eux, nomment le groupe
des onze...
Une voix: Recommandent.
Mme Viau: ...Oui, recommandent le groupe des onze. Y en aura-t-il
beaucoup de 15 ans qui passeront même cette étape des pairs? Je ne
suis pas convaincue qu'il y en aura. Je me trompe peut-être.
Une voix: Sur quoi vous basez-vous?
Mme Viau: Sur quoi je me base pour dire que je ne suis pas
convaincue? C'est peut-être sur mes préjugés, purement et
simplement. Dans tout organisme, même dans les associations
étudiantes universitaires, ce sont ceux qui ont le plus de bagou qui ont
le plus de chances de réussir, ceux qui ont le plus d'expérience
en général. Je suis portée à penser que sur le
groupe des 40, quand va venir l'étape de l'élimination et qu'on
va vouloir avoir des jeunes qui représentent le plus les
intérêts de la jeunesse, celui qui va arriver avec un certain
curriculum va dire:
J'ai fait ceci, ceci, cela. Forcément, plus on vieillit, plus on
a fait de choses, et plus on est jeune... Enfin, je ne sais pas. (17 h 45)
Mme Perras: Ce que je voulais dire, c'est qu'on a l'air de
vouloir faire dévier un peu l'objection de Mme Viau, qui était au
départ la difficulté pour un jeune de 15 ans de passer à
travers les trois créneaux des trois recommandations. Je crois que
l'objection du 15 ans, c'était une objection positive dans le sens que
cela représentait une difficulté énorme pour un jeune
ordinaire d'avoir trois recommandations. Un jeune de 15 ans n'arrivera pas chez
nous. Nous, si nous nous qualifions - c'est ma deuxième question - nous
n'aurons pas chez nous de jeunes de quinze ans. En troisième
année de bac, le plus jeune qu'on peut avoir a 20 ans. Je crois que la
discussion du 15 ans est surtout sur cela; peut-être qu'il faudrait
assouplir les étapes de mise en candidature ou enfin les trois
organismes, je trouve cela lourd. Je crois que c'était d'abord le sens
de l'intervention de Me Louise Viau.
J'ai une deuxième question tout à l'heure, s'il vous
plaît.
Mme Dionne: D'accord. Dans les interventions qu'on a eues depuis
qu'on a commencé les consultations, il était important surtout
pour les jeunes et aussi pour le gouvernement, que le conseil permanent soit
représentatif de la jeunesse du Québec. Il est certain que dans
cet esprit, le collège électoral, s'il veut effectivement former
un conseil permanent et un conseil d'administration très
représentatifs et crédibles, il aura effectivement à
répondre à des critères. La latitude qui est donnée
dans le projet de loi n'est pas une latitude pour empêcher ou
peut-être -comment pourrais-je dire cela donc? - pour appuyer plus sur
certains groupes d'âge ou certains secteurs d'activité, mais pour
que les jeunes eux-mêmes s'assurent de leur crédibilité en
tant qu'organisme auprès de la jeunesse du Québec et par le fait
même, auprès du gouvernement. Alors la latitude est là pour
cela. Si toutefois il y a un moyen de donner des assurances à certains
groupes de jeunes, à certains groupes d'âge, je pense qu'on peut
le regarder de façon très positive. Mais c'était ouvert
pour que les jeunes fassent un travail à ce niveau.
Mme Viau: Si tel est votre objectif, je regarde votre article 24
au sujet des pouvoirs réglementaires et je pense que si vous voulez
guider, jusqu'à un certain point, le collège électoral
dans le choix des candidats de façon que cela reflète les
différents groupes d'âge, les différents...bon! les hommes,
les femmes, les handicapés, les minorités, etc., je ne suis pas
sûre pour ma part que vos pouvoirs réglementaires sont
suffisamment larges. Vous parlez simplement de procédures à
suivre pour recommander les membres du conseil au ministre. Je pense qu'on
s'opposerait, si jamais vous faisiez un règlement voulant indiquer au
collège électoral qui ou parmi quelles personnes, devraient
être choisis les membres du Conseil. On vous dirait que cela n'est pas
une question de procédures. Je pense qu'au moins à cet
égard, votre projet devrait être modifié de façon
qu'on parle non pas de procédures à suivre mais peut-être
de critères devant guider le choix, sinon, je suis convaincue, je ne
sais pas si les jeunes iraient en contestation mais il y aurait une
contestation passible ou un empêchement pour le gouvernement d'adopter un
règlement visant à orienter le choix des jeunes.
Mme Dionne: Je vous remercie beaucoup de vos commentaires.
Le Président (M. Dauphin): Mme Perras, je pense que vous
aviez une autre question pour les membres de la commission.
Mme Perras: Je l'ai posée tout à l'heure mais parmi
l'ensemble des questions, elle est passée inaperçue pourtant
à mes yeux elle est très importante: comment un organisme comme
le nôtre pourra-t-il exercer son action de recommandation? Est-ce que le
nom des organismes sera mis sur une liste par le gouvernement? Est-ce que vous
appellerez les organismes à recommander des gens ou si vous attendez
l'initiative des organismes oeuvrant avec la jeunesse? Enfin, de quelle
façon peut-on se qualifier et de quelle façon cela pourrait-il
fonctionner? Vous avez certainement prévu des modalités et cela
m'intéresserait qu'on y réfléchisse si les choses ne sont
pas fixées.
Mme Viau: J'ajouterai un mot sur ce point, en considérant
l'article 16. On parle d'un organisme de jeunesse comme étant un
organisme qui oeuvre auprès de personnes âgées
principalement entre 15 et 30 ans. Sommes-nous un organisme oeuvrant
principalement auprès de jeunes entre 15 et 30 ans au sens du projet de
loi? Je n'en sais rien. Est-ce que cela sera en fonction des lettres patentes
des différents organismes? Comment cela se déterminera-t-il?
Le Président (M. Dauphin): Oui, M. le ministre.
M. Gratton: J'aimerais tenter de répondre à vos
questions, Mme Perras. D'abord clairement dans le contexte ou dans le texte
actuel du projet de loi, votre association ne serait pas en mesure de parrainer
ou d'appuyer la candidature d'une personne quelconque, puisque vous
n'êtes pas un organisme proprement dit de jeunes. Ce
n'est d'ailleurs pas le premier groupe à nous faire valoir que
cela est peut-être trop restrictif. On s'est déjà
engagé à revoir tant la notion de l'obligation pour l'organisme
d'être incorporé que celle que l'organisme soit formé de
jeunes.
Cela dit, la façon dont on entend procéder, on l'a
déjà indiquée. On l'a déjà fait,
jusqu'à maintenant, par le biais des organismes de jeunesse. Le
Secrétariat à la jeunesse a sensibilisé les organismes.
C'est ainsi, par exemple, qu'on se retrouve avec au-delà de 40
mémoires présentés à 95 % par des organismes de
jeunes. C'est dire qu'il y a un travail de sensibilisation qui se fait de ce
côté.
On a également retenu la suggestion qui nous a été
faite la semaine dernière, si je ne m'abuse, de publiciser et de
diffuser le plus d'information possible, une fois le projet de loi
adopté, sur la procédure qui, évidemment, pourra subir
certains amendements quant au texte actuel et sur la façon, pour les
organismes, de susciter ces candidatures et de les promouvoir.
Mme Viau: Devrions-nous nous incorporer à nouveau...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Viau: ...avec une section jeunesse?
M. Gratton: J'ai plutôt tendance à vous dire non,
mais laissez-nous le temps de mijoter cela. Il me semble qu'il doit y avoir
moyen de simplifier et d'alléger quelque peu. Ce qu'on recherche, c'est
la meilleure représentativité possible. On n'est sûrement
pas pour alourdir cela de façon à priver le gouvernement des
meilleures candidatures possible.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Merci, Mme
Perras.
Mme Perras: Je vous remercie, M. le ministre. C'est dans ce
sens-là que nous désirons apporter notre collaboration, par la
mise en candidature d'abord et, ensuite, d'une façon plus large, par la
consultation de notre réseau de femmes-ressources qui peuvent aider les
jeunes avec leurs questions de travail, de stages, enfin, je ne sais quoi. Nous
sommes engagées dans tous les secteurs de l'activité
professionnelle. Nous sommes multidisciplinaires. Merci.
Le Président (M. Dauphin): Je vous remercie. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mesdames, bonjour.
Je voudrais d'abord vous souhaiter la bienvenue au nom de ma formation
politique et vous remercier d'avoir accepté de participer aux travaux de
cette commission. Vous avez soulevé un certain nombre d'interrogations
que je trouve particulièrement pertinentes. Je dois dire que, comme vous
faites partie du comité de la législation, Mme Viau, je comprends
votre interrogation sur la portée légale de l'article 16. Ce
n'est pas aussi clair que semble le dire le ministre. Je ne suis pas sûre
que, du moment où l'essentiel de vos activités portent sur les 15
à 30 ans, vous seriez, normalement, admissibles. Je ne sais pas comment
cela se défendrait, mais il me semble qu'il y a comme quelque chose
là. Je ne serais pas prête...
Mme Viau: De la façon dont c'est rédigé,
vous avez un "et". On dit: Un organisme qui oeuvre auprès de personnes
âgées principalement - non pas exclusivement - entre 15 et 30 ans
et qui est incorporé. Ce n'est pas écrit "qui est
incorporé à ce titre"...
Mme Blackburn: C'est cela, oui.
Mme Viau: ...ou qui a ces objectifs indiqués dans la
demande de lettre patente.
Une voix: On n'a pas dit qu'on vous refuserait.
Mme Viau: J'espère bien qu'on ne nous refusera pas.
Une voix: ...laisser planer cela.
Mme Viau: N'empêche que la rédaction de l'article 16
est ambiquë. Ce serait dommage que des organismes hésitent à
recommander des gens en se disant: On ne se qualifie pas, ou, au contraire, que
vous soyez inondés de recommandations de candidatures par des organismes
qui, à vos yeux, ne se qualifient pas. Je pense qu'effectivement,
l'article 16 devrait être modifié d'une façon ou d'une
autre.
Mme Blackburn: Ce à quoi je faisais
référence, c'est l'affirmation claire du ministre, tout à
l'heure, qui disait: Effectivement, en vertu de cet article, vous ne seriez pas
admissibles. Je m'interrogeais sur l'avis juridique qu'il était en train
de vous donner là-dessus.
Écoutez, vous avez parlé de majorité invisible. Je
dois dire qu'à l'Assemblée nationale, on est 18 sur 122.
Mme Viau: ...tout le respect que je vous dois.
Mme Blackburn: Oui, c'est vrai...
Mme Viau: C'est peut-être une question de
génération.
Mme Blackburn: Non. Ce que je vous dis, c'est que vous avez
raison. C'est un peu cela que j'allais vous dire. La seconde chose, c'est que
vous dites: Le militantisme est masculin dans les organismes de jeunes que je
connais. Non! Il est très féminin, sauf que les postes de
direction sont encore occupés par des garçons. Aujourd'hui, je
trouvais fort amusant et très significatif de voir la FAECUM, la
Fédération des associations étudiantes du campus de
l'Université de Montréal, faire une recommandation très
pertinente sur la place que les femmes devraient occuper au sein du conseil
consultatif. Ce sont deux garçons qui le faisaient. Ce sont vraiment les
garçons de la nouvelle génération.
Vous disiez tout à l'heure, à la suite de votre
proposition voulant qu'on inscrive dans la loi que les femmes et les hommes
devraient être à parts égales au sein de ce conseil, que
vous souhaitiez que peut-être, dans 50 ou 100 ans, cela devienne une
espèce d'archaïsme et qu'on modifie la loi. Si je me fie aux propos
de la Fédération des femmes du Québec en fin de semaine,
normalement, cela pourrait peut-être nous arriver en ce qui concerne la
parité salariale aux alentours de 2020.
Mme Viau: II n'y a pas si longtemps, Mme Blackburn, nous
n'étions même pas des personnes au sens de la loi.
Mme Blackburn: Ah oui!
Mme Viau: J'ai tout lieu de penser que cela a été
banni de toutes les lois. Cela ne fait maintenant plus de doute. Je pense que
la valeur éducative de la loi doit se manifester dans ce contexte.
Vous dites que les femmes sont majoritaires quant au de militantisme
dans certains organismes. Bravo! J'en suis très heureuse, mais vous
notez fort bien, par ailleurs, que, dans les postes de commande -est-ce
l'exemple que nous donnent nos parlementaires? Je n'en sais rien - il n'en
demeure pas moins qu'encore maintenant, quand vient le moment d'avoir un poste
de commande, de façon générale, on l'octroie à un
homme. Il est peut-être temps que cela change.
Quant à ces jeunes, vous dites que c'étaient des jeunes de
la nouvelle génération, des hommes qui venaient défendre
ces sujets. Bien oui! J'en vois des jeunes à l'université qui
espèrent que cela change, que le marché du travail évolue
et que les hommes puissent, par exemple, occuper une place aussi importante que
les femmes au sein de la famille. Mais, dès qu'ils arrivent sur le
marché du travail, ils sont bouffés. Les aînés font
en sorte que le pattern s'établisse et que le jeune homme n'ait pas le
choix. Il est obligé d'entrer dans le pattern traditionnel, du moins
presque obligé. C'est la femme qui peut, sans ambages pour son travail,
dire: Excusez-moi. Il faut que je quitte parce que je dois aller chercher mes
enfants à la garderie avant 18 heures. L'homme, on le regarde de
travers, on rit de lui.
Je pense que des jeunes, hommes et femmes, s'ils travaillaient ensemble,
pourraient peut-être donner lieu à des changements dans notre
société qui pourraient donner lieu à des changements
d'attitudes auxquels seraient très sensibles et les jeunes hommes et les
jeunes femmes.
Mme Blackburn: Au sujet de votre recommandation sur la place qui
devrait être faite aux femmes au sein de ce conseil, je m'attendais que
la députée de Kamouraska-Témiscouata réagisse
surtout sur cette recommandation.
Une voix: ...les jeunes femmes, il n'y a pas de
problème.
Mme Blackburn: Sur la recommandation précise faite par cet
organisme, la fédération des femmes diplômées, je
pensais qu'il y aurait une réaction à ce sujet, car je trouve
important qu'on se demande là-dessus si l'on devra
éventuellement, dans les lois qu'on aura adoptées et qu'on adopte
quasiment quotiennement, avoir une préoccupation de cet ordre.
Ce n'est pas à moi à répondre à cette
question, mais je pensais vraiment que, du côté
ministériel, on aurait une réaction là-dessus, car
l'essentiel de votre propos... On s'est un peu écarté de votre
proposition pour parler des jeunes de 15 ans. Mais l'essentiel de votre propos,
vous nous le dites bien, c'est une place égale pour les femmes. Pour ce
qui est des amendements touchant la place que pourront occuper les jeunes
éventuellement, vous nous dites que vous laissez cela à d'autres
organismes. C'est pourquoi j'aurais aimé que le parti ministériel
nous dise un peu quelle était sa position sur cette question
majeure.
Pour ma part, je vais me permettre de commenter brièvement vos
propos touchant la place que, vraisemblablement, aux termes de la loi telle que
libellée actuellement, les jeunes pourraient se faire là-dedans.
C'est une course perdue d'avance, d'autant plus que les associations
étudiantes dans les écoles où les jeunes sont très
actifs et très articulés, ne sont généralement pas
incorporées. C'est déjà quelque chose. Vous retrouvez la
même chose dans les collèges. Le jeune qui, une fois rendu, s'il
se rend par hasard au collège électoral, parmi 40 membres, c'est
bien évident qu'il ne pourra pas faire valoir autant de
compétences et de connaissances que ses aînés. (18
heures)
Je pense qu'effectivement, vous avez touché du doigt une question
fort importante. Cela nous a été longuement
démontré par quelques organismes qui expliquent bien -tout
à fait comme vous venez de le faire -les difficultés, pour ne pas
dire l'incapacité, devant lesquelles se trouveront les plus jeunes.
Vous, vous parlez des 15-16 ans, moi je dirais que cela touchera même les
18 ans. Déjà, c'est en train de s'organiser dans ces organismes,
les jeunes, entre eux, sont en train de négocier des appuis. Ils ne sont
pas fous. Ils savent comment ça fonctionnera. Ils nous le racontaient,
d'ailleurs, d'une façon tout à fait franche et simple: On a eu
une rencontre organisée par le Secrétariat à la jeunesse,
et là, on est en train de négocier nos appuis. Toi, tu es
incorporé? D'accord, je t'appuie. Toi, tu m'appuies, etc. C'était
déjà en train de s'organiser. Il est évident que les
pouvoirs des jeunes de 15, 16 ou 17 ans là-dedans sont très
loin.
Mme Viau: Si vous me permettez, M. le ministre nous disait
tantôt qu'il y aurait lieu de songer très sérieusement
à la proposition faite par le groupe Québec Multi-Plus: D'abord,
la vice-présidence devrait être octroyée à un membre
d'une communauté ethnique. Est-ce que, pour accéder à
cette vice-présidence, les femmes devraient être de couleur et
handicapée?
Des voix: Et indienne?
Mme Blackburn: Et catholique et francophone! Vous connaissez la
plaisanterie: Le plus grand handicap est d'être femme, noire,
handicapée, catholique et francophone...
Une voix: Illégitime.
Mme Blackburn: Illégitime!
Vous proposez la parité pour les femmes et les hommes au sein des
conseils consultatifs et vous dites qu'éventuellement, cela pourrait
être une loi qui deviendrait désuète ou un article de loi
qui deviendrait désuet. Là, vous demandez
l'égalité. Est-ce qu'il ne faudrait pas demander au moins
l'égalité? Je m'excuse d'aller aussi loin que ça, mais,
à un moment donné, pourquoi est-ce qu'il n'y en aurait pas plus?
Il n'y a rien qui interdirait cela.
Mme Viau: J'ai parlé d'action positive. Mme
Blackburn: Comment dites-vous? Mme Viau: J'ai parlé d'action
positive.
Mme Blackburn: Oui, au moins égale, donc elle pourrait
aussi être plus.
Mme Viau: Oui.
Mme Blackburn: Parce que, éventuellement, il n'y a rien
qui nous interdit de penser que, si les filles sont de plus en plus actives au
sein des organismes de jeunes en particulier, on en voit beaucoup...
Mme Viau: Mais, à ce moment-là, on pourrait
objecter que vous faites de la discrimination. Vu les nombreuses chartes avec
lesquelles il faut vivre, le projet de loi serait peut-être plus
vulnérable si on y inscrivait que les femmes doivent être
majoritaires. Il y a peut-être des hommes qui n'aimeraient pas cela. Moi,
je me contenterais de l'égalité. Sur le plan de la
démographie, il semble que nous sommes actuellement
légèrement majoritaires, mais ce sont des choses qui peuvent
peut-être changer.
Au point de vue de l'action positive, cela pourrait être
intéressant d'avoir au moins une représentation égale,
mais est-ce que ce n'est pas trop demander? Est-ce qu'il ne faut pas viser
à ce que la loi vive et soit incontestable plutôt que d'être
plus audacieux, mais de risquer des litiges qui n'en finissent plus devant les
tribunaux?
Mme Blackburn: Au moins égal, c'est égal. Advenant
le cas où c'est plus, ce peut être plus. Cela a toujours
été l'inverse et personne ne l'a contesté devant les
tribunaux.
Mme Viau: Si on voulait ajouter "au moins égal", je ne
l'ajouterais pas à l'article 20, pour ma part, je l'ajouterais
plutôt - là, je pense que ce serait tout à fait
incontestable - à l'article 2.
Mme Blackburn: Oui.
Mme Viau: Puisque, à l'article 2, on parle d'un conseil
qui se compose de onze membres. Alors sur onze membres, il y aura
forcément un homme ou une femme de plus, à moins qu'on ait un
transsexuel! Alors ce serait peut-être à l'article 2...
Mme Blackburn: Autant de bonnes raisons pour indiquer "au moins
égal".
Mme Viau: Peut-être plus à l'article 2 qu'à
l'article 20.
Mme Blackburn: D'accord. Avez-vous réfléchi
à ce que cela pourrait représenter, comme responsable du
Comité de la législation, si on introduisait une telle clause,
lorsque les conditions s'y prêtaient, dans les projets de loi?
Mme Perras: Nous serions très heureuses que cela constitue
un précédent, madame, et que cela devienne un automatisme dans la
législation. Nous en
sérions très heureuses. Je crois qu'un petit bout de
phrase comme cela s'inscrit facilement partout.
Mme Viau: Pour répondre à votre question de
façon plus générale, si on voulait mettre dans tous les
projets de loi, une clause disant que, dans tous les conseils, on devrait avoir
une représentation égale des hommes et des femmes, cela poserait
peut-être certaines difficultés.
Une voix: Au début.
Mme Viau: Oui, au début, actuellement, et je vous disais,
tantôt, que votre représentation à l'Assemblée
nationale est peut-être une question de génération. Les
femmes de votre génération qui étaient actives, qui
faisaient davantage d'études, il y en avait moins que parmi nos jeunes
qui sont actuellement à l'université. On discute actuellement
à savoir qui sera nommé prochainement à la Cour
suprême. Je dis que cela devrait sans doute être une femme;
à la Cour suprême, il n'y a pas de raison qu'il n'y ait pas une
représentation plus adéquate des femmes. À cela on me
répond, par ailleurs, que considérant l'âge des femmes qui
doivent accéder à la Cour suprême, le bassin n'est
peut-être pas très large et, dans certains autres secteurs, on
rencontrerait peut-être le même problème.
La raison pour laquelle cela me semble particulièrement important
d'avoir ce genre de clauses dans le présent projet de loi, c'est que
là vous avez affaire aux jeunes, les 15-30 ans. Ce sont des gens qui
sont encore en formation au plan personnel, au plan social, au plan politique.
Si vous instaurez une politique d'égalité à ce
niveau-là, je ne pense pas que, par la suite, des jeunes qui auraient
été très impliqués cesseront ensuite leur
implication au plan social ou politique. Alors, vous faites oeuvre
d'éducation et, par la suite, peut-être aurait-il lieu d'indiquer
cette clause d'égalité. Peut-être que cela ne sera
même pas nécessaire. Je souhaite du moins que cela fasse partie de
nos moeurs et que d'emblée on ait une représentation à peu
près égale. Que les hasards puissent faire qu'à certaines
occasions il y ait un peu plus d'hommes ou un peu plus de femmes, mais que cela
ne soit plus un problème.
Mais, je pense que instaurer une clause d'égalité de cette
nature dans toutes les législations pourrait être
problématique. Mais, je ne crois pas que cela le soit dans le cadre de
ce projet de loi.
Mme Blackburn: Si je comprends bien, vous nous dites que cela
pourrait être plus acceptable dans un tel projet de loi et d'autant plus
que c'est un organisme de jeunes auquel on devrait aider à s'inscrire
dans cette nouvelle génération où on fera une place
égale aux hommes et aux femmes.
Mme Viau: Plus qu'acceptable, je ne vois pas comment on pourrait
dire au gouvernement que cette indication d'égalité est
problématique. Je ne crois pas que ni à Montréal ni
è Québec ou en régions il y ait plus de jeunes hommes
compétents, intelligents, capables de conseiller le gouvernement qu'il
n'y a de jeunes femmes capables de le faire. Dès qu'on arrive à
une autre sphère où plus vieux comme par exemple pour la
nomination à la Cour suprême on peut nous dire que le nombre de
femmes susceptibles d'être nommées à la Cour suprême
est moins élevé et c'est vrai, il suffit qu'on fasse nos
statistiques, combien y a-t-il de femmes juges à la Cour
supérieure ou à la Cour d'appel par rapport au nombre d'hommes...
On voit que statistiquement Ies femmes sont défavorisées. Mais au
niveau des jeunes entre 13 et 30 ans, capables de conseiller le gouvernement
sur des problèmes de jeunes, je pense qu'il n'y a, actuellement, aucune
difficulté.
Si le gouvernement veut être éclairé sur les
problèmes des jeunes femmes, il faudrait peut-être que les jeunes
femmes aient l'occasion de dire ce qu'elles ont à dire, des
problèmes qu'elles vivent, de leurs aspirations, etc.
Mme Blackburn: À présent, pourquoi
n'êtes-vous pas allées aussi loin que de dire que la
présidence devait être assumée alternativement par un homme
et une femme?
Mme Viau: Tout simplement parce qu'on n'y a pas pensé.
Mme Blackburn: Et, une fois que vous y pensez comme cela est-ce
que cela pourrait être l'objet...
Mme Viau: ...
Mme Blackburn: Écoutez, je voudrais, au nom de ma
formation politique, vous remercier pour l'apport que vous avez apporté
aux travaux de cette commission. Les recommandations que vous faites,
particulièrement, sur la place des femmes nous sont venues
déjà à quelques reprises et reviennent également,
je le sais pour les avoir lues dans les mémoires qu'on va voir dans le
courant de la semaine prochaîne.
Je trouve que cela se défend bien, le fait que vous le
présentiez non de façon générale et absolue pour
toutes les lois, mais en disant précisément que c'est un
organisme de jeunes et qu'il faut déjà leur apprendre que c'est
comme cela que la société devrait, tranquillement, s'organiser.
Je trouve cela intéressant et pertinent. Je dois dire également
que votre sensibilité à la situation qui
serait faite aux jeunes de moins de 18 ans, peut-être, parce que
vous dites 15 ans et un peu plus là, de se qualifier pour le
collège électoral, je trouve cela intéressant. Venant d'un
organisme davantage dirigé par des adultes, cette perception des besoins
des jeunes, les difficultés que les jeunes pourraient éprouver,
je trouve cela intéressant. Écoutez, j'espère que le
ministre le fera, qu'il réagira à votre recommandation, on pourra
voir un peu le sort tantôt qui va être réservé dans
le projet de loi. D'ici là, soyez assurés que je vais faire de
mon mieux pour défendre ces propositions, vos recommandations. Je
voudrais, à nouveau, vous remercier de votre participation.
Mme Viau: C'est moi qui vous remercie.
Le Président (M. Marcii): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Je passerai maintenant la parole à
M. le ministre.
M. Gratton: Vous avez fait deux recommandations dans votre
mémoire, la première ayant trait à la rigueur du mode de
candidature au collège électoral. Je pense vous avoir
déjà indiqué que nous nous posons, nous aussi, de
sérieuses questions sur les moyens qui pourraient nous permettre
d'assurer une plus grande flexibilité de ce côté.
Quant à votre deuxième recommandation, elle est beaucoup
plus importante, selon moi. Vous avez déjà de très
importants appuis, notamment à la direction du Secrétariat
à la jeunesse qui est assurée par Mme Danielle Lapointe, chez la
conseillère spéciale au premier ministre sur les dossiers
jeunesse, en la personne de Carole Diodati. Je ne voudrais pas aller trop loin
parce que je ne peux pas parler à ce moment-ci au nom du gouvernement,
mais je vous dirais qu'à titre personnel, à titre de membre de
l'équipe ministérielle, je n'aurais sûrement aucune
objection à ce qu'on l'inscrive dans la loi. Je suis tout à fait
d'accord avec vous qu'il faudra l'inscrire dans la loi si on veut s'en assurer
de façon absolue. On ne saurait espérer, surtout avec le mode de
nomination au collège électoral, la recommandation du
collège électoral pour les membres du conseil comme tels. Il y
aurait beaucoup trop de conditions à remplir pour nous en assurer
autrement qu'en l'inscrivant dans la loi. Je ne suis pas du tout
réfractaire à cela, je dis bien sur le plan personnel, et,
ensemble, on va tâcher de faire en sorte que l'idée fasse son
chemin. Il me semble que s'il y a un endroit où l'on devrait innover et
aller dans ce sens, c'est bien dans le cas du Conseil permanent de la
jeunesse.
Cela dit, je vous remercie de votre participation. On a l'impression, au
fur et à mesure que nous avançons dans nos travaux, que les
choses se précisent un peu plus. En tout cas, dans mon esprit à
moi, cela a fait un bon bout de chemin depuis trois ou quatre jours et je pense
qu'on a eu droit à des représentations aussi valables que
sérieuses, comme celles que vous nous avez faites. On vous en remercie
infiniment.
Mme Viau: Je vous remercie.
Le Président (M. Marcii): Oui, madame?
Mme Perras: At-je droit à une petite réplique d'une
seconde?
Le Président (M. Marcii): Oui.
Mme Perras: Ce serait pour vous demander, dans votre sagesse, de
reconnaître le sérieux et la réputation de l'association
que nous représentons. Nous sommes très intéressées
à poser une action de recommandation et d'être, avant cela,
naturellement, reconnues comme un organisme valable pour la mise en
nomination.
M. Boulerice: Ne prenez pas de chance, faites-vous incorporer une
deuxième fois.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Marcil): Oui, madame.
Mme Perras: Ce n'est pas une réponse, cela.
M. Gratton: C'est déjà acquis, Mme Perras.
Mme Morin: Vous aurez la preuve que nous ne nous sommes pas
consultées pour dire quelque chose. J'allais parler dans le même
sens, mais avec d'autres mots. J'allais vous demander si vous me permettiez un
mouvement d'orgueil comme femme. Je pense que Me Louise Viau vient d'apporter,
en quelque sorte, un témoignage que les jeunes femmes sont maintenant
plus instruites et qu'elles peuvent arriver à un très haut point
de compétence puisqu'elle vous aura peut-être aidés
à faire de petites modifications dans votre loi.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Marcil): C'est seulement pour
compléter, c'est-à-dire non pas compléter mais reprendre
un peu votre énoncé du début où vous avez dit que,
hélas! la jeunesse... C'est seulement pour vous dire que la jeunesse
n'est pas nécessairement une période de la vie mais plutôt
un état d'esprit.
Sur cela, je vous dis bonsoir. Nous ajournons jusqu'à demain.
(Fin de la séance à 18 h 12)