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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des institutions est maintenant ouverte. J'ai
déjà invité certains membres de la commission à
prendre connaissance du procès-verbal de notre dernière
séance de travail. Est-ce qu'un membre est en mesure d'en proposer
l'adoption?
M. Marcil: Je peux en faire la proposition, M. le
Président.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Beauharnois en propose l'adoption.
Je rappellerais donc que le mandat de notre commission ce matin est de
procéder à une consultation générale et de tenir
des auditions publiques sur le projet de loi 104, Loi sur le Conseil permanent
de la jeunesse. Il s'agit d'un ordre de l'Assemblée du 22 octobre
1986.
Je rappellerais ce qui suit pour l'information des membres de la
commission et pour nos invités. Nous avons reçu 48
mémoires. Nous entendrons plus d'une quarantaine de groupes. Je vous
invite donc à la discipline pour que nous puissions remplir notre
mandat. Déjà, les dates d'audition sont prévues comme
étant aujourd'hui 24 février, demain 25 février, les 11 et
12 mars prochain, et il restera quatre autres dates à être
déterminées subséquemment par la commission.
M. Gratton: M. le Président... Le Président (M.
Filion): Oui.
M. Gratton: ...simplement pour préciser que, quant aux
dates des 11 et 12 mars, le tout devrait être assujetti à une
confirmation du bureau du leader la semaine prochaine. Normalement, on ne
prévoit pas de problème, mais les 11 et 12 mars, il faudra que ce
soit confirmé.
Le Président (M. Filion): D'accord. On m'informe que les
convocations n'ont pas encore été envoyées. Nous en
prenons bonne note.
Je demanderais à la secrétaire d'annoncer les
remplacements.
La Secrétaire: M. Godin (Mercier) est remplacé par
Mme Blackburn (Chicoutimi; M. Kehoe (Chapleau) par M. Gardner (Artha-baska); M.
Laporte (Sainte-Marie) par M. Messier (Saint-Hyacinthe); M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce) par Mme Dionne (Kamouras-ka-Témiscouata) et
M. Vallières (Richmond) par M. Thérien (Rousseau).
Le Président (M. Filion): Est-ce qu'il y a d'autres
remplacements? Cela va.
Une voix: M. Doyon, vous l'aviez déjà sur la
liste.
Une voix: II ne remplace personne. Il est membre. Ce sont les
remplacements.
Le Président (M. Filion): D'accord. Je vous donne lecture
rapide de notre ordre du jour. Pour la prochaine heure, ce seront les
déclarations d'ouverture selon l'entente qui est intervenue entre les
deux groupes parlementaires. Nous accueillerons ensuite le collectif
d'organismes de jeunes de l'Abitibi-Témiscamingue, ainsi que la
Conférence Notre-Dame-de-Québec de la Société
Saint-Vincent de Paul. Cet après-midi, les Groupes de soutien aux
initiatives-jeunesse de la région 03 débuteront nos travaux,
suivis du caucus jeune du Nouveau parti démocratique du Québec,
de Contact-Jeunesse Sainte-Foy Inc., ainsi que de M. Martin Ouellet. Ce soir,
à 20 heures, ce sera le Comité spécial des organismes
jeunesse région 01.
Je souhaite donc la bienvenue aux membres de la commission, ainsi
qu'à nos distingués invités représentant les
différents organismes. J'inviterais, selon l'entente intervenue, M. le
premier ministre à faire sa déclaration d'ouverture.
Remarques préliminaires M. Robert
Bourassa
M. Bourassa: M. te Président, je vous remercie beaucoup.
Je vais, évidemment, écouter vos directives avec docilité
en étant aussi concis et bref que possible puisque cette réunion
a pour but d'entendre les représentants des différents groupes de
jeunesse.
À titre de rappel, j'aimerais d'abord souligner que, le 18 juin
1986, j'avais le plaisir de déposer à l'Assemblée
nationale deux pièces législatives qui revêtent une
très grande importance pour les jeunes
Québécoises et Québécois, La
première, qui porte le no 103, sur la Société
d'investissement jeunesse, est entrée en vigueur le 17 décembre
dernier. À cet égard, il convient de signaler que la
société devrait être en mesure d'accorder, dans un avenir
rapproché, ses premières garanties de prêt à de
jeunes entrepreneurs québécois. J'avais l'occasion de rencontrer
hier M. Bernard Lamarre qui est membre du conseil d'administration et qui
préside la campagne de financement. M. Lamarre me rassurait et me
donnait la garantie qu'il était absolument convaincu d'atteindre
l'objectif de manière que nous puissions démarrer dans les
prochaines semaines.
La seconde, évidemment, porte le no 104 et concerne le Conseil
permanent de la jeunesse. Ce conseil se veut essentiellement un organisme
"aviseur" qui aura pour principal mandat de conseiller le gouvernement sur
toute question relative à la jeunesse.
Désireux de connaître le point de vue des principaux
concernés quant aux principes et modalités de ce projet de loi
novateur, les députés ministériels et de l'Opposition de
la commission des institutions ont donc convenu de tenir les présentes
auditions. Je me réjouis de cette initiative, M, le Président, et
je désire, en tout premier lieu, exprimer publiquement ma satisfaction
devant l'ampleur de la participation que suscite manifestement cette
consultation.
À cet effet, des statistiques et des indices témoignent
éloquemment du succès de la première phase de ladite
consultation puisque près de 50 mémoires ont été
déposés, comme vous venez de le signaler, 48 pour être plus
précis. Ce n'est pas tant ce nombre, toutefois, que la diversité
des 250 organismes et individus signataires qui est fort
révélatrice. En effet, des avis provenant de chacune des grandes
régions du Québec, d'à peu près tous les secteurs
d'activité et de regroupements ad hoc d'organismes aux
intérêts pourtant variés ont été
déposés. En second lieu, M. le Président, je désire
souligner la qualité de l'effort et du travail fournis dans la
préparation de la grande majorité des documents que la commission
a reçus.
Cette qualité mérite d'autant plus d'être
relevée que la plupart des intervenants possèdent des ressources
relativement limitées lorsqu'on les compare aux grandes organisations
institutionnalisées qui comparaissent généralement devant
les commissions parlementaires de l'Assemblée nationale du
Québec. J'ai donc pu constater, à la lecture des
différents sommaires, qu'une large majorité des intervenants se
prononce pour le principe de la création d'un Conseil permanent de la
jeunesse. Ce large consensus est d'autant plus satisfaisant que nous pourrons
nous pencher sur de nombreuses suggestions qui ont été
formulées afin de le consolider, notamment au niveau des
modalités, de sa mise en place et de son fonctionnement.
Je suis convaincu que ces propositions sont d'autant plus utiles
qu'elles sont non seulement susceptibles d'alimenter nos discussions et nos
réflexions, mais qu'elles constituent également pour les jeunes
et les parlementaires une occasion privilégiée d'accroître
leur compréhension mutuelle de la problématique jeunesse du
Québec. Comme tous l'ont sans doute remarqué, le projet de loi
104 introduit une nouveauté importante par rapport au mode conventionnel
de nomination des conseillers. Il s'aqit là d'une formule qui tient
compte, comme il se doit, de l'évolution de notre culture
démocratique et qui mise essentiellement sur un véritable
partenariat des jeunes et de l'État dans la recherche de solutions,
ainsi que dans la définition des orientations fondamentales de
l'administration.
Ainsi, pour la première fois, un processus de sélection
des conseillers limite le pouvoir de nomination du gouvernement en le liant
à un collèqe électoral qui est lui-même plus
représentatif et plus diversifié qu'un groupe directement
sélectionné par l'État. De plus, le gouvernement doit
assurer la composition dudit collège à même une liste de
candidatures reçues après avoir été validées
par au moins trois organismes de jeunes oeuvrant dans au moins deux secteurs
différents d'activités. Il nous est apparu fort à propos,
dans le cas du Conseil permanent de la jeunesse, d'accroître le
degré d'intervention des principaux concernés dans le processus
de nomination des membres, tout en respectant le droit du gouvernement de
choisir ceux qui deviendront ses conseillers impartiaux.
À ce stade-ci, il me semble opportun de citer un extrait de la
déclaration officielle rédigée par un groupe de jeunes
mandaté par la Commission des droits de la personne du Québec
à l'occasion de l'Année internationale de la jeunesse. "La
participation effective des jeunes aux activités impliquant toutes les
couches de la société requiert que le gouvernement prenne (...)
des mesures spécifiques leur permettant d'exercer pleinement leurs
droits politiques, économiques et sociaux reconnus expressément
dans la charte. Il est essentiel, en conséquence, que l'État
reconnaisse aux jeunes leur aptitude et leur capacité de promouvoir des
idéaux qui leur sont chers et de participer pleinement à la vie
politique et au progrès social, et qu'il les compte parmi les
éléments dynamiques de la société. Il faudrait
à cet effet que les autorités publiques soient à
l'écoute des jeunes Québécois et Québécoises
et créent un organisme de consultation de leurs représentants et
un forum adéquat où la
jeunesse peut faire entendre librement son point de vue sur les grandes
orientations arrêtées par les gouvernants". Cet extrait, M. le
Président, reflète assez bien l'esprit de la démarche du
gouvernement du Québec quant à la création du Conseil
permanent de la jeunesse.
En cette période de remise en question et d'élimination de
certaines structures consultatives dont s'est doté le gouvernement dans
le passé, la mise sur pied dudit conseil démontre clairement que
notre approche n'est pas dogmatique, que notre gestion des affaires publiques
loge d'abord à l'enseigne du discernement et du réalisme.
Tous conviennent que la société québécoise
est directement concernée par les problèmes que vivent
quotidiennement ses jeunes. C'est la raison pour laquelle le gouvernement a la
ferme volonté d'assumer pleinement les responsabilités qui lui
incombent à titre d'animateur, de catalyseur des initiatives de plus en
plus nombreuses d'individus et de regroupements désireux de se prendre
en main.
Le gouvernement du Québec est parfaitement conscient du fait que
le Conseil permanent de la jeunesse ne constitue pas une panacée
à tous les maux et que les problèmes d'accès à
l'emploi, de formation et d'intégration, tout comme ceux de
l'endettement national et du vieillissement de la population, ne seront pas
instantanément réglés par la simple apparition d'un
organisme "aviseur".
Depuis le début de notre mandat, M. le Président, un
principe fondamental guide nos actions dans le dossier de la jeunesse, soit
celui d'une relation d'égal à égal entre la
société québécoise et ses jeunes citoyens. Et parce
que la jeunesse est en soi une limite à l'application de ce principe,
nous avons depuis longtemps pris conscience que l'égalité des
chances pour les jeunes exige qu'ils aient entre leurs mains des moyens qui
leur soient propres, qui leur permettent de participer aux décisions qui
les concernent et d'agir efficacement dans l'édification de leur
avenir.
M. le Président, fournir aux jeunes des moyens qui leur soient
propres ne signifie nullement les stationner sur une voie d'évitement ou
les marginaliser. Cela signifie leur donner des outils complémentaires
qui les assurent d'une participation pleine, entière et meilleure aux
affaires qui les concernent. C'est à ce prix, M. le Président,
qu'ils seront en mesure d'exercer avec succès leur rôle d'agents
de changement et de pénétrer progressivement nos organisations
qui, à n'en point douter, ne s'en porteront que mieux.
La création d'un Conseil permanent de la jeunesse s'inscrit donc
dans une démarche qui vise un partenariat productif avec une partie de
la population dont tous conviennent que le potentiel innovateur et le dynamisme
sont nécessaires, voire indispensables, au progrès
économique, social et culturel de notre société.
À cet égard, M. le Président, un nombre important
de décisions prises quotidiennement par le gouvernement illustre cette
volonté d'établir un partenariat durable et fructueux avec nos
jeunes concitoyens. Nous avons, d'abord, revu le mandat et les priorités
du Secrétariat à la jeunesse; ce dernier dispose maintenant des
moyens d'oeuvrer efficacement au sein de l'appareil gouvernemental et de
participer pleinement à la coordination des actions de l'administration
publique. Nous avons entamé cette réorientation en 1986 et nous
entendons poursuivre cette démarche afin de permettre au
secrétariat de continuer à veiller à ce que les
intérêts des jeunes soient pris en compte à tous les
niveaux.
C'est, d'ailleurs, cette même confiance qui nous a animés
au moment de la mise sur pied de la Société d'investissement
jeunesse qui constitue un autre exempte de partenariat, celui-ci entre
l'État, les jeunes entrepreneurs et le milieu des affaires. Outre un
jeune directeur général, la société compte
également au sein de son conseil d'administration des jeunes, femmes et
hommes, provenant de régions et de champs d'activité
différents.
Cette confiance indéfectible à l'endroit des jeunes, M. le
Président, est une tradition au sein de la formation politique que j'ai
l'honneur de diriger. Elle est, d'ailleurs, consolidée par la structure
d'accueil unique et originale que nous avons retenue pour permettre aux jeunes
militants d'y jouer davantage qu'un rôle de figuration. Cela est d'autant
plus vrai que les projets de loi 103 et 104 sont la réalisation
concrète d'engagements élaborés au sein de cette
structure.
C'est ce même esprit, cette même confiance qui marqueront,
quant à nous, les travaux de cette commission parlementaire. Nous
souhaitons vivement un échange franc et fructueux avec tous ceux et
celles qui ont manifesté le désir de se faire entendre. Nous
souhaitons ardemment un échange marqué du sceau de l'ouverture et
de la responsabilité, bref un véritable échange entre
partenaires soucieux d'assurer une véritable compréhension de
leurs rôles respectifs que, déjà, l'avenir leur trace.
Nous voulons que les membres du futur Conseil permanent de la jeunesse
disposent des moyens appropriés pour intervenir efficacement
auprès du gouvernement et de la population quant aux enjeux qui
concernent directement et indirectement les jeunes. Je souhaite que tous et
chacun des membres de cette commission contribuent positivement à ses
travaux afin que, dans les meilleurs délais possible, la jeunesse
québécoise puisse compter sur un conseil dynamique. C'est dans
cette voie que nous
entendons poursuivre notre action et l'inscrire dans la
continuité des engagements que nous avons réalisés au
niveau de l'assainissement des finances publiques, des primes aux
étudiants des régions éloignées, de la formation
professionnelle (où nous injecterons 100 000 000 $ au cours des trois
prochaines années), du salaire minimum, de l'industrie de la
construction, de la création d'emplois et de l'aide aux jeunes
agriculteurs. Bien des choses restent à faire, notamment en
matière de création d'emplois, d'aide sociale et
d'éducation. Je puis, cependant, vous assurer que nous y portons une
attention proportionnelle à leur acuité.
En terminant, je désire souligner que leur
crédibilité et le succès du Conseil permanent de la
jeunesse seront intimement liés aux travaux de la présente
commission, ainsi qu'à l'action de ses futurs membres. Je profite donc
de l'occasion qui m'est offerte pour lancer à tous les intervenants
concernés un appel à leur franche collaboration afin que le
conseil devienne ce que naturellement il doit être: un outil de
progrès. Certains estimeront peut-être que cette tâche est
exigeante, mais pour d'autres, dont nous sommes, ce sera un appel à la
grandeur, car, comme le disait si justement, il y a trois ans, le père
Georges-Henri Lévesque à l'occasion d'une entrevue au quotidien
Le Devoir, "une société qui ne s'occupe pas de sa jeunesse
est une société qui se sclérose et perd progressivement le
dynamisme de tout courant vital." Merci, M. le Président,
Le Président (M. Filion): Merci, M. le premier ministre.
J'inviterais maintenant la porte-parole de l'Opposition, Mme la
députée de Chicoutimi, à prononcer sa déclaration
d'ouverture.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le premier
ministre, M. Johnson, membres de cette commission, à l'instar du premier
ministre, j'aimerais, à mon tour, remercier les quelque 50 organismes
qui ont présenté aux membres de l'Assemblée nationale leur
mémoire sur le projet de loi 104 créant le Conseil permanent de
la jeunesse. Cependant, le premier ministre me permettra de ne pas partager son
enthousiasme face à la participation des jeunes à cette
commission. En effet, en regard des quelque 500 organismes
répertoriés à l'occasion de l'Année internationale
de la jeunesse, à mon avis, on ne peut pas qualifier cette commission de
succès et c'est tout à fait compréhensible dans le
contexte actuel.
En effet, le peu de ressources, de moyens, de temps mis à la
disposition des organismes jeunesse, auxquels s'ajoute la confusion quant au
délai véritable pour la remise des mémoires, n'ont certes
pas contribué à rendre la tâche facile aux jeunes.
Plusieurs, plus particulièrement les journalistes, ont attribué
cette faible participation des jeunes à un manque d'intérêt
total face à cette nouvelle structure qu'entend créer le
gouvernement. L'hypothèse n'est certes pas rejetée du revers de
la main puisque plusieurs indices tendent à nous le démontrer.
Pensons simplement au refus du Regroupement des organismes communautaires
jeunesse du Montréal métropolitain de participer à cette
commission parlementaire. C'est, vraisemblablement, pour contester directement
l'initiative du gouvernement. J'imagine que je n'ai pas à
répéter que cet organisme représente à lui seul un
peu plus de cent organismes.
Pour le moment, les données en ma possession m'amènent
à penser que de douloureux problèmes de financement vécus
par les groupes de jeunes, problèmes qui grugent, bien souvent,
jusqu'à 50 % de leurs énergies et de leur temps, ne sont pas
totalement étrangers à l'absence de quelque 90 % des organismes
jeunesse. D'ailleurs, avant d'aborder plus spécifiquement le sujet qui
nous réunît ici, j'aimerais indiquer aux membres de cette
commission, ainsi qu'aux gens qui ont bien voulu se déplacer que j'ai,
en tant que porte-parole officielle de l'Opposition sur le dossier jeunesse,
sollicité la participation de plusieurs qroupes oeuvrant un peu partout
dans la province. (10 h 30)
En effet, j'estimais qu'en dépit du peu d'intérêt
témoigné par les groupes de jeunes il était de ma
responsabilité de les inviter à profiter de cette tribune mise
à leur disposition pour nous faire part de leurs problèmes et,
pourquoi pas, des solutions pour les résoudre le plus rapidement
possible.
Je sais que le gouvernement a, lui aussi, sollicité la
participation des groupes de jeunes, notamment par le biais du
Secrétariat à la jeunesse, ce qui ne me paraît pas mauvais
en soi. Malgré tout, c'est près de 90 % des groupes qui ont
refusé de participer à cette commission. J'avoue bien
sincèrement, sans vouloir dramatiser les choses, que j'y vois un malaise
certain. J'imagine - du moins, je l'espère - que les groupes qui se
présenteront devant nous ici, dans les prochains jours, sauront nous
expliquer quelque peu ce phénomène. Par ailleurs, ce faible taux
de participation devra être pris sérieusement en
considération par le gouvernement avant d'entreprendre quoi que ce
soit.
Il est vrai que, si la commission permanente des institutions
s'était momentanément transformée en commission
itinérante, tel que nous l'avons demandé, sans doute celle-ci
aurait-elle connu plus de succès et, au moins, aurait-on pu y voir une
certaine volonté gouvernementale de créer un
certain consensus autour de son projet.
Pour revenir au sujet qui nous préoccupe, à savoir la
création d'un Conseil consultatif de la jeunesse, laissez-moi vous dire
que l'idée ne me paraît pas mauvaise en soi, Ayant eu
moi-même le privilège de présider un tel organisme, en
l'occurrence, le Conseil des collèges, je crois qu'une telle structure
peut avoir sa place au sein de la société
québécoise. Ce qui me préoccupe et ce qui
m'inquiète profondément, c'est la pertinence,
l'opportunité, l'efficacité d'une telle structure en regard de la
difficulté que nous trouvons, d'une part, à définir la
jeunesse, de la complexité de la problématique jeunesse, de sa
multiplicité et de la situation évolutive des jeunes.
Si l'on tient compte de l'urgence d'une intervention auprès des
jeunes, cette approche, c'est-à-dire un conseil consultatif, est peu
compatible avec la lenteur inhérente à de tels organismes. Pour
avoir, comme je le disais tout à l'heure, personnellement vécu la
mise sur pied d'un organisme consultatif, je sais pertinemment qu'il faut du
temps et même des années pour être à même de
proposer des solutions qui ne soient pas trop diluées.
À une certaine époque, j'ai été la
première présidente du Conseil des collèges. Je me
souviens qu'il nous a fallu un trésor d'imagination, de concertation, de
compromis de part et d'autre pour commencer à sentir quelques effets de
cette structure. Ce ne fut pas chose facile et, pourtant, nous avions affaire
à un milieu organisé, celui des cégeps, et dont la
problématique était relativement circonscrite. Nous sommes, quand
même, parvenus à un certain degré d'efficience et de
crédibilité tant auprès des autorités
gouvernementales que des organismes. Mais je vous rappelle que nous avons
travaillé dans un milieu organisé et que l'urgence de notre
intervention n'était pas en relation directe avec l'avenir
immédiat des cégeps.
C'est cette urgence que le gouvernement tarde à
reconnaître. Pourtant, il est impérieux que des actions
concrètes soient entreprises immédiatement afin de
résoudre les principaux problèmes de la jeunesse du
Québec. Il y a suffisamment de rapports, d'études pour comprendre
ce qui se passe et l'urgence se fait sentir de toute part. Il est difficile de
croire qu'il faut encore examiner longtemps la situation lorsque la plupart des
études, qu'on semble, malheureusement, ignorer, nous apprennent que tout
près de 40 % de l'ensemble des bénéficiaires de l'aide
sociale sont des jeunes de moins de 30 ans. J'y vois un gaspillage dramatique
de nos ressources humaines. Lorsque j'apprends que le taux de suicide chez les
jeunes Québécois est le plus élevé au Canada et
qu'il compte pour 10 % des décès des jeunes de 15 à 19
ans, J'arrive difficilement à comprendre qu'un gouvernement, quel qu'il
soit, tarde à passer à l'action. De même, comment ne pas
mettre en doute la bonne volonté de ce gouvernement quand on apprend que
50 % des homicides au Québec sont perpétrés par des jeunes
qui ont entre 20 et 30 ans, et que les coupures continuent de frapper les
organismes jeunesse? Faut-il encore attirer l'attention du premier ministre sur
ces 50 000 jeunes de la région de Montréal que l'on qualifie
d'intouchables? Ils ne sont ni inscrits à l'assurance-chômage, ni
à l'école, ni à l'aide sociale. La plupart du temps, ils
sont sans domicile permanent et on ne leur connaît aucun moyen
d'existence qui n'aille pas à rencontre de la dignité
humaine.
Je ne peux que m'interroger sur le sens des priorités du
gouvernement lorsque le Conseil national du bien-être social estime
à 47 % le nombre de jeunes vivant sous le seuil de la pauvreté.
Comment, par ailleurs, ne pas se sentir responsable lorsqu'on apprend que de
2000 à 3000 jeunes qui sont, la plupart, des assistés sociaux et
des chômeurs se soumettent, à titre de cobayes, à des tests
de médicaments pour obtenir un maigre 100 $?
Il me semble que le qouvernement ne peut faire abstraction d'une
réalité pourtant fort simple. La jeunesse a été
étudiée en long et en large par une multitude d'intervenants.
Différentes solutions ont été proposées par autant
de spécialistes. On n'a jamais vu un groupe dans la
société qui ait fait l'objet d'autant d'études, de
statistiques et de propositions de solutions. En fait, il manque une
volonté gouvernementale pour intervenir là où l'urgence
l'exige. En effet, pour peu que l'on regarde la réalité en face,
il y a trop de situations urgentes qui affectent notre jeunesse pour compter
trop exclusivement sur de nouvelles études qui, à toutes fins
utiles, ne peuvent que représenter différemment, certes, mais
toujours l'image d'un potentiel humain gaspillé, mal
intégré à une vie économique en pleine
mutation.
Il est à craindre qu'en créant le Conseil permanent de la
jeunesse le gouvernement ne trouve un prétexte pour reporter les
décisions touchant la situation des jeunes, par exemple, en commandant
à cet organisme des études interminables. Le problème est
connu et reconnu, même par le Parti libéral qui en a fait un
cheval de bataille lors de la dernière campagne électorale, aussi
important que la phase 2 de la Baie James. Il y a urgence et te gouvernement a
le devoir et le mandat d'y apporter des solutions immédiates.
Faut-il rappeler au premier ministre ses principaux engagements? II
parlait de parité d'aide sociale et de plein emploi. Il parlait
également d'une intégration des jeunes dans la
société. Pourtant, il y a, selon ma perception, des situations
d'urgence, qui, si elles ne sont pas corrigées, risquent de
marquer bon nombre de nos jeunes pour la vie. Vous savez - j'utilise
souvent cette image - même si on donnait à un enfant de sept ou
huit ans le double de la ration de lait qui lui est nécessaire, on ne
réussirait jamais à corriger les carences qu'il a subies faute
d'avoir eu du lait dans les premiers mois de sa vie. De même, si vous ne
permettez pas à un jeune de participer en tout à sa
collectivité dès qu'il ressent le besoin de s'affirmer,
comblez-le à souhait plus tard, si vous le pouvez, il ne se sentira
jamais tout à fait accepté par la société, ni
intégré à elle.
On me dira certainement que le futur Conseil permanent de la jeunesse
aura, notamment, pour but, en plus d'identifier les problèmes, de
recommander aux instances politiques les moyens d'action permettant de
résorber ces problèmes. Tant mieux, je n'ai rien contre.
Cependant, rien n'empêche que j'y aurais davantage cru si, à
l'instar d'autres conseils consultatifs, on avait prévu créer
auprès de ce conseil des commissions permanentes chargées
d'étudier des aspects spécifiques du problème jeunesse.
Ainsi, cette structure serait à même de traiter en priorité
des situations d'urgence. Et, comme situations d'urgence, je pense que, dans le
cas qui nous préoccupe, deux secteurs auraient pu être investis:
l'emploi et l'adolescence.
Une première commission permanente pourrait, en effet, se charger
du dossier de l'emploi. Nul n'ignore que le chômage est l'un des plus
grands fléaux de nos jeunes. Une deuxième commission permanente
pourrait, elle, traiter de toute la question de l'adolescence. Il ne faut
oublier que c'est à cette époque qu'apparaissent les premiers
symptômes des difficultés d'intégration que rencontrent un
nombre croissant de jeunes. Ces commissions pourraient s'attaquer exclusivement
à ces questions sans avoir à redéfinir toute la
problématique jeunesse. Il me semble que ce serait plus efficace de
procéder avec de telles commissions. Le Conseil permanent de la jeunesse
pourrait ainsi intervenir rapidement, parce que le gouvernement aurait
déjà indiqué au conseil l'importance qu'il accorde
à ces deux dossiers. De cette manière, le conseil passerait
déjà du côté de l'action.
Par ailleurs, il faut reconnaître que les jeunes n'ont pas attendu
la création d'un Conseil permanent de la jeunesse pour s'organiser. En
effet, pour assister les jeunes dans leur quête de solutions, le
gouvernement dispose aussi de près de 500 organismes jeunesse. Ils ont
un bagage, une expertise fort valable et peu coûteuse pour travailler
à apporter des correctifs aux problèmes vécus dans chacune
des régions du Québec. Ce qui est intéressant, c'est que
les jeunes s'y reconnaissent parce que ces organismes communautaires naissent
souvent de leur initiative. Ces orqanismes sont déjà à
l'heure de l'action. Cependant, ils sont sévèrement
confrontés à des problèmes de financement.
M. le Président, en cette période de restrictions
budgétaires, ne serait-il pas logique de reconnaître l'excellent
travail accompli par ces groupes et de mettre en place une politique de
financement claire au lieu d'investir près de 1 000 000 $ dans une
structure consultative? De même, plutôt qu'organiser les jeunes par
le biais d'une structure gouvernementale centralisée, pourquoi le
gouvernement n'aiderait-il pas les groupes à s'organiser sur des bases
régionales qui sont les leurs par le biais d'un programme de financement
ou d'une entente quinquennale? On pourrait même envisager la constitution
d'une conférence provinciale des organismes jeunesse. Pourquoi donc ne
pas laisser aux jeunes le soin de créer les structures qui leur
conviennent et simplement leur fournir le coup de pouce nécessaire
à leur réalisation?
Lors de ma tournée en régions, plusieurs jeunes m'ont dit
qu'ils ne trouvaient aucun intérêt à se concerter si cela
ne consistait qu'à s'asseoir autour d'une table et à discuter. II
me semble qu'on ne peut pas demander à des groupes si
hétérogènes de devenir subitement homogènes. Il y a
là un danger d'uniformisation du discours de la jeunesse, danger de,
tout simplement, bâillonner la multitude de porte-parole pour n'en faire
qu'un, le Conseil permanent de la jeunesse. Je crains, en effet, que le conseil
ne devienne le seul et unique porte-parole reconnu sans que l'on sache jamais
à quel groupe il se réfère véritablement.
Si je m'inquiète, c'est qu'aucun des représentants du
gouvernement ne nous a fait savoir comment il percevait la problématique
jeunesse. En créant le Conseil permanent de la jeunesse, le gouvernement
pourra se vanter d'avoir tenu un de ses engaqements auprès des jeunes.
II pourra également gagner du temps en référant tous les
problèmes des jeunes à cet organisme plutôt que d'agir
comme l'urgence le commande. Il me semble que si le gouvernement s'était
préalablement doté d'une politique qlobale à
l'égard du dossier jeunesse, on pourrait déjà savoir ce
qu'il attend d'un conseil consultatif. En fait, on pourrait facilement mesurer
l'importance qu'il accorde à ce dossier.
Voyant le temps qui file et étant particulièrement
pressée de connaître l'opinion des groupes qui sont venus nous
rencontrer, j'aimerais sans tarder faire part aux jeunes de certaines de mes
interrogations. Ainsi, j'aimerais que vous puissiez me dire si la structure qui
vous est proposée dans le projet de loi 104 correspond et répond
véritablement à vos besoins, si celle-ci est l'outil le plus
approprié pour résoudre les problèmes vécus par les
jeunes, si l'on ne devrait pas définir avant toute
chose ce qu'est la jeunesse; je- rappelle que, dans certains
mémoires, on l'étale de 12 à 35 ans. Comment percevez-vous
la création de cette nouvelle structure en regard du Secrétariat
à la jeunesse? Sans véritable répondant
ministériel, croyez-vous que ce conseil puisse faire avancer la cause
des jeunes? Sans financement des groupes communautaires jeunesse, peut-on
croire à la crédibilité d'un conseil consultatif? Les
modes de nomination prévus par le projet de loi 104 vous
conviennent-ils? Quelle importance accordez-vous à la présence
des diverses régions et quel est le moyen d'assurer cette
diversité? Quels devraient être les liens entre le conseil
consultatif et les groupes communautaires jeunesse? Finalement, croyez-vous
qu'il faille passer au plus vite à l'action et quelles seraient les
priorités d'action?
Je vous ai fait part de quelques-unes de mes préoccupations. Les
vôtres sont peut-être différentes et peut-être
sont-elles les mêmes; nous verrons. J'espère que vous vous
sentirez bien à l'aise de nous dire ce que vous vivez comme groupes,
comme individus. Je souhaite ardemment que vous considériez cette
tribune comme la vôtre, qu'elle vous ressemble à chaque
instant.
Sans plus tarder, je voudrais passer la parole au chef de l'Opposition,
M. Johnson, pour quelques mots de conclusion. Ensuite, j'aimerais qu'on passe
aux groupes puisque vous êtes venus ici pour qu'on vous entende et non
pas exclusivement pour nous écouter. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Filion): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi.
M. Bourassa: M. le Président, j'aurai droit à
quelques mots de réplique après le chef de l'Opposition, juste
quelques mots?
Le Président (M. Filion): Oui, je crois que c'est le sens
de l'entente.
M. Bourassa: Je vais entendre le chef de l'Opposition.
Le Président (M. Filion): M. le chef de l'Opposition. (10
h 45)
M. Pierre Marc Johnson
M. Johnson (Anjou): M. le Président, mes commentaires
seront assez brefs. En fait, l'on comprendra qu'ils s'adressent surtout au
premier ministre. Je pense que la députée de Chicoutimi a fort
bien fait le tour d'une question. Au-delà des questions de nature
structurelle, de groupes, de hiérarchie, d'un certain nombre de
problèmes de fond, il y a un certain nombre d'interrogations à
avoir, évidemment, autour du projet de loi.
C'est surtout des problèmes de fond que je voudrais entretenir
pour quelques minutes les membres de la commission et surtout le premier
ministre.
Le Président (M. Filion): Excusez-moi, M. le chef de
l'Opposition.
M. Johnson (Anjou): Oui?
Le Président (M. Filion): Pour le bénéfice
des gens de la télévision qui sont ici, je rappellerais que,
selon la tradition parlementaire, il est, évidemment, permis de prendre
des prises de vues de nos travaux, mais sans son.
M. Bourassa: Mais, M. le Président, on l'a fait pour mot.
Je voudrais qu'on le fasse pour le chef de l'Opposition. Après cela, on
pourra suspendre.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je n'ai aucune
objection à ce qu'on enregistre mon son, mais je comprends que vous avez
un problème de précédent pour les autres commissions. Le
premier ministre va devoir voir son image sans paroles à la
télévision, mais je suis sûr qu'il va s'en satisfaire.
Le Président (M. Filion): Donc, j'avise les membres de la
presse en conséquence. Je dois vous informer qu'on m'a signalé,
évidemment, que le son qui aurait pu être pris ne sera pas
utilisé.
M. Bourassa: Je n'ai pas d'objection. Je suis convaincu que le
chef de l'Opposition va être également heureux de voir son image
sans paroles à la télévision, ces jours-ci surtout.
Le Président (M. Filion): M. le chef de l'Opposition.
M. Johnson (Anjou): Je pense que j'ai moins de problèmes
que le premier ministre n'en a déjà eu. Je ne me sens pas
forcé à l'exil.
M. le Président, j'aimerais qu'on revienne à ces
questions. Pendant la campagne électorale, le premier ministre avait
déclaré que sa priorité prioritaire était le
dossier jeunesse. Il avait même dit que c'était l'espèce de
nouvelle question nationale du Québec. C'est une formule qui avait un
côté un peu charmant, pour ne pas utiliser l'anglicisme un peu
"cute". Mais encore faut-il revoir le bilan. Quand on est aux prises avec une
situation où on sent, chez les partis politiques majeurs, le besoin de
répondre à ce qui nous apparaît comme une attente devant
une situation qu'on a diagnostiquée, il faut surtout passer à
l'action.
En dépit du fait qu'il y a eu cette
question au sujet des jeunes agriculteurs qui était la
continuation d'une politique antérieure, la création de la
Société d'investissement jeunesse qui, on le sait, à
toutes fins utiles, était le cadre légal donné par une
décision prise par le précédent gouvernement, je me rends
compte que, sur les gros blocs, les choses essentielles pour la jeunesse du
Québec, après quinze mois, le bilan est faible. C'est long,
quinze mois dans la vie d'un gouvernement. Le premier ministre le sait.
Du côté de l'aide sociale, il n'y a rien encore. Des
études, des projets de réforme, des aller retour du ministre de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu entre le Conseil des
ministres, les comités ministériels et le Trésor. La
dernière étape dans les réflexions à haute voix du
gouvernement sur la place publique sur cette question était qu'il y
aurait peut-être des espèces de mesures transitoires pour les
jeunes. On a demandé au président du Conseil du trésor
avant la fin de la session s'il avait les 160 000 000 $ requis pour appliquer
ces mesures. La réponse a été non.
Le dernier élément de la justification de l'inaction du
côté de l'aide sociale, c'est la commission Forget au
fédéral. C'est comme si un rapport donné au gouvernement
fédéral, dont l'application va peut-être venir dans deux ou
trois ans et peut-être pas avant la prochaine élection
fédérale, devait apporter, je ne sais pas, une espèce de
caractère optionnel et conditionnel a l'action du gouvernement à
l'égard de la réforme de l'aide sociale pour les jeunes.
Au moins, peut-on souhaiter assister à la reconduction,
fût-elle timide, des programmes antérieurs élaborés
par le gouvernement précédent concernant les moins de 30 ans,
leur possibilité de retour à l'école, de formation en
industrie ou de travaux communautaires.
Du côté des frais de scolarité, après
l'épisode du dégel qui a été regelé, on a
assisté, évidemment, à une diminution du programme de
prêts-bourses de près de 24 000 000 $. Les auberges de jeunesse
ont connu un certain nombre de coupures. Dans la fonction publique, 1600 postes
d'occasionnels ont été abolis dont l'immense majorité
était en général occupée par des jeunes. Le
Secrétariat à la jeunesse a vu un certain nombre de ses postes en
régions coupés. Mais surtout, les groupes communautaires et les
groupes de soutien jeunesse ont vu tantôt leur budget gelé,
tantôt leur statut devenir extrêmement incertain.
On arrive à un conseil. Bon. J'ai lu le projet de loi. Je me suis
entretenu de ce projet assez longuement avec ma collègue et un certain
nombre de groupes qui nous ont fait savoir et connaître leur opinion
qu'ils viendront sûrement expliciter ici. Je trouve cela faible. Le
premier ministre nous dit que c'est un gouvernement pragmatique. À
preuve, il recommandait l'abolition de beaucoup de conseils dans le rapport
Gobeil, et en pratique, il en crée un. On trouve sa cohérence
où on peut. Ce qui me préoccupe à l'égard de ce
conseil, c'est le temps, encore une fois. Avant qu'il ne soit mis sur pied, que
les collèges électoraux ne soient formés, que les gens
aient appris à travailler ensemble parce que c'est un apprentissage de
travailler ensemble autour de dossiers complexes, qu'on en arrive à la
formulation d'un certain nombre d'avis et que cela soit mis en application par
le gouvernement, il va se passer une autre année et demie. Cela
paraît évident. Je ne vois pas ce conseil immédiatement
après l'adoption du projet de loi amener une série de
décisions du côté du gouvernement. Je pense que cela va
prendre un certain temps. C'est normal: quand on crée une structure,
cela prend un certain temps. Sauf que j'additionne tout cela et, au bout de
trois ans, qu'est-ce qu'il sera advenu? II sera advenu qu'on aura
créé un conseil. Pendant ce temps, le taux de chômage chez
les jeunes est encore élevé. Il y a beaucoup de
décrocheurs. Il y a des itinérants à Montréal. Il y
en a qui vivent de drogue, de prostitution et d'expédients et il y a un
taux de suicide élevé chez eux. Je me permets de dire au premier
ministre ma préoccupation profonde quant au facteur temps dans l'action
du gouvernement à l'égard des jeunes.
Il n'est jamais trop tard pour agir, on le sait, en politique. Mais
à l'égard de ce qui était conçu comme une
priorité prioritaire, et avec raison, il m'apparaît que le
gouvernement devra agir, surtout en matière d'emploi, en matière
de sécurité du revenu, en matière de réponse a des
problèmes criants de ceux qui sont les plus mal pris notamment, beaucoup
plus rapidement que ce que nous semble être l'échéancier ou
l'absence d'échéancier du gouvernement. On aimerait sentir
là une volonté solide qui puisse donner confiance à ces
jeunes, à ceux qui les appuient, qui les représentent, qui vivent
avec eux. Je dirai au premier ministre que là-dessus il sait que
l'Opposition se conduira d'une façon responsable et lui donnera toute sa
collaboration possible dans la mesure où il peut faire des choses
concrètement. Merci, M. le Président.
Le Président (M, Filion): Merci, M. le chef de
l'Opposition. M. le premier ministre.
M. Robert Bourassa (réplique)
M. Bourassa: M. le Président, je suis très heureux
de retrouver mon honorable ami, le chef de l'Opposition, face à face et,
évidemment, ses collègues et le leader de l'Opposition
après deux mois d'absence. Cela
m'a paru assez long, je dois dire.
Je voudrais quand même rectifier certaines affirmations qui ont
été faites. Mme la députée de Chicoutimi parle de
50 mémoires comme 10 % de la totalité des organismes, mais ces 50
mémoires, je l'ai dit dans mon texte, représentent 250
organismes. Toujours cette faiblesse malheureuse dans les chiffres du
côté de l'Opposition. On est constamment forcé de rectifier
les faits. Donc, ce n'est pas 10 %. J'ai ici la liste des 250 organismes.
Évidemment, je vais éviter d'en donner tous les noms parce que
cela prendrait trop de temps. Je pourrai la faire parvenir à Mme la
députée de Chicoutimi.
Pour ce qui a trait aux propos du chef de l'Opposition sur ce qu'on
n'aurait pas fait depuis quinze mois, je crois que, quand même, on a fait
beaucoup de choses. J'en ai mentionné rapidement quelques-unes. Durant
les quelques minutes qui me sont accordées, je voudrais les
détailler, étant donné qu'il semble que le chef de
l'Opposition ne les a pas admises. L'assainissement des finances publiques. Qui
vont être les héritiers de la dette publique qui s'est
accumulée d'une façon spectaculaire depuis dix ans si ce ne sont
pas les jeunes d'aujourd'hui? Qui devront payer ces dizaines et dizaines de
milliards qui sont accumulés? Ce sont les jeunes d'aujourd'hui qui
devront assumer cette énorme dette publique.
C'est pourquoi on fait des efforts pour la réduire. Sans vouloir
faire de comparaison, simplement en donnant les chiffres, en dix ans, on voit
la détérioration de la situation. Alors que la dette
consolidée du Québec constituait, il y a dix ans, environ 40 % du
produit intérieur brut, en 1986, c'est passé à plus de 50
%. C'est 59 000 000 000 $, la dette consolidée du Québec, plus de
50 % du produit intérieur brut. Détérioration,
évidemment, en termes absolus, mais en termes relatifs également,
ce qui est plus grave. Cela veut dire qu'on a emprunté plus que
l'économie ou l'activité économique du Québec ne
devait nous permettre ou nous justifier de le faire. C'est cela que les jeunes
d'aujourd'hui auront à payer parce que c'est eux qui auront à
assumer la principale partie de ce fardeau.
Donc, on a décidé d'agir dans ce sens-là. Dans
notre premier budget, on a réduit le déficit de quelques dizaines
de millions. Dans le deuxième budget, on a réduit le
déficit de quelques centaines de millions et on va essayer de poursuivre
dans la même voie de manière à laisser aux
générations qui vont nous succéder une situation
financière qui leur soit tolérable.
Lorsque, il y a quelques jours, on a annoncé la signature d'une
lettre d'entente avec Central Maine pour 15 000 000 000 $ - je comprends que le
chef de l'Opposition a critiqué cette décision, on aura
l'occasion d'y revenir - mon premier commentaire a été d'exprimer
ma fierté et ma satisfaction rie voir que ces 15 000 000 000 $,
répartis jusqu'en l'an 2020, permettront aux jeunes d'aujourd'hui
d'avoir un avenir financier un peu moins sombre, un peu plus prometteur que
celui qui aurait existé sans ces revenus additionnels qui proviennent de
ressources dont on n'a pas besoin, qui constituent des surplus et qui nous
permettent d'aller chercher des sommes additionnelles pour faire face à
nos besoins sans nuire d'aucune façon...
Je me permets 30 secondes pour répondre à un argument du
chef de l'Opposition qui disait qu'on va exporter du développement alors
que les coûts de vente sont deux ou trois fois supérieurs à
ceux qui sont demandés aux entreprises du Québec. Le prix de
vente au-delà de 0,06 % le kilowattheure est environ deux fois
supérieur à celui qui est demandé aux entreprises du
Québec. Comment penser qu'on va exporter du développement? Ce
qu'on exporte, ce sont des surplus dont on n'a pas besoin et qui constituent
actuellement une perte de ressources surtout pour les jeunes, qui est
intolérable quand on voit les problèmes qui ont été
énoncés ce matin.
M. le Président, je pourrais élaborer encore longtemps sur
tous les autres points. J'ai mentionné les bourses et les primes aux
étudiants des régions éloignés. À ma
connaissance, c'est la première fois que cela se faisait alors qu'on a
trouvé un déficit surprise de 1 700 000 000 $. C'est vrai. M. le
Président, je le vois, je le constate tous les jours,
péniblement. J'entendais le ministre des Finances de l'Ontario dire, il
y a quelques jours, et c'est d'actualité d'en parler encore, qu'il avait
918 000 000 $ de plus de revenus que prévus, que les revenus
réels dépassaient de 918 000 000 $ les revenus anticipés.
Hélas, ce n'est pas la situation qu'on nous a laissée et,
malgré cela, on a décidé pour les étudiants des
régions éloignées d'accorder des sommes additionnelles,
comme on l'avait fait dans le cas de l'essence, en tenant compte du
développement régional. Les frais de scolarité ont
été gelés. On a respecté notre engagement.
Même s'ils étaient les plus bas, comme on le sait, par rapport
à ce qui existait au Canada, on a respecté l'engagement.
Et la formation professionnelle. Cela fait combien d'années qu'on
parlait de la formation professionnelle? Cela va, évidemment, permettre
à la jeunesse d'aujourd'hui d'être une main-d'oeuvre plus
qualifiée pour faire face aux défis de l'avenir, notamment dans
le domaine de la haute technologie. C'est 100 000 000 $ qu'on va injecter dans
les trois prochaines années.
Dans l'industrie de la construction - le chef de l'Opposition le sait,
c'est lui qui
était ministre du Travail quand certaines mesures ont
été adoptées, qui ont compromis le droit au travail des
jeunes - on a rétabli dans toute la mesure du possible le droit au
travail des jeunes au Québec dans le secteur de la construction avec la
loi 119. La hausse du salaire minimum, etc., le chef de l'Opposition a
référé aux jeunes agriculteurs.
Donc, je voulais simplement, M. le Président, étant
donné que l'occasion m'en était donnée, rectifier certains
faits qui ont été portés à votre attention, il y a
quelques minutes. Je dois vous dire que je suis fier d'être parrain du
projet de loi. Je n'ai pas accepté d'être parrain de beaucoup de
projets de loi depuis le 12 décembre 1985, mais j'ai accepté dans
le cas de la Société d'investissement jeunesse et dans le cas du
Conseil permanent de la jeunesse. (11 heures)
Nous avons des priorités. Mme la députée de
Chicoutimi énonçait ses priorités tantôt. Nous, nous
croyons qu'il serait quand même normal d'entendre les jeunes à cet
égard avant d'énoncer définitivement nos priorités.
On a posé des gestes très concrets depuis quinze mois, on a des
priorités qui, évidemment, intéressent leur avenir
économique et socioculturel, mais on sera très heureux d'entendre
les représentations au cours des prochains jours de manière
à préparer leur avenir d'une façon plus concrète et
plus réaliste. Merci, M. le Président.
Auditions
Le Président (M. Filion): Merci, M. le premier ministre.
Sans plus tarder, j'inviterais les représentants du collectif
d'organismes de jeunes de l'Abitibi-Témiscamingue à bien vouloir
prendre place à l'avant, à la table des invités.
Bonjour, messieurs. Je vous demanderais de vous identifier.
Collectif d'organismes de jeunes de
l'Abitibi-Témiscamingue
M. Beaulieu (Yves-Patrick): M. le Président, MM. les
membres de la commission, je me présente, Yves-Patrick Beaulieu,
coordonnateur de la Table des jeunes de Rouyn-Noranda. À mes
côtés, mon collègue, Jacques Bourgeois, intervenant
jeunesse au Témiscamingue.
Le Président (M. Filion): Avant que vous poursuiviez, je
rappellerai ceci pour le bénéfice des membres de la commission.
Le temps alloué est d'une heure. Les représentants de l'organisme
qui sont devant nous ont 20 minutes pour exposer le sommaire de leur
mémoire qui vous a déjà été remis. Si un
membre de la commission n'a pas le mémoire de l'organisme, il pourra
s'adresser, ici, à l'avant, on en a des copies. Également, pour
le bénéfice des membres de l'organisme et pour celui des gens qui
seront entendus plus tard dans la journée, je vous rappellerai que, si
vous employez moins de 20 minutes pour faire la présentation de votre
mémoire, cela permettra aux membres de la commission de prendre plus de
temps sur leurs 40 minutes pour discuter avec vous, ce qui est une formule
parfois plus dynamique et productive que la simple présentation de votre
mémoire dont les membres ont généralement pris
connaissance. Je vous invite donc à présenter votre
mémoire.
M. Beaulieu: Entendu, M. le Président. Nous agissons
à titre de représentants du collectif d'intervenants jeunesse de
l'Abitibi-Témiscamingue. Avant de soumettre a la commission notre
réflexion sur le projet de loi 104, nous désirons d'abord lui
exposer la problématique des jeunes de notre région. Les jeunes
de 15 à 29 ans forment un fort pourcentage de la population de base
régionale, soit 40 %. Ils éprouvent des difficultés
d'ordre multiple. Le taux de sans-emploi évalué à 30 % est
toutefois le dénominateur commun de ces difficultés. Faute de
travailler, les jeunes voient leur employabilité progressivement
diminuée et, par conséquent, leur capacité au travail
remise en cause.
Bien qu'il soit difficile d'établir un lien direct avec la
situation de l'emploi chez les jeunes et des taux de délinquance et de
suicide très élevés dans la région, ces
problèmes sont interreliés. En outre, les jeunes quittent la
région en assez qrand nombre pour que les perspectives
démographiques régionales donnent des motifs d'inquiétude
sérieux pour l'avenir de l'Abitibi-Térniscaminque.
Devant cette situation, les jeunes de la région présentent
deux projets reconnus par le milieu dans le cadre du sommet
socio-économique qui se déroule actuellement, soit les projets de
centre d'accueil et de services pour les jeunes sans emploi et le fonds
régional d'investissement jeunesse. Conscients que par la
création du Conseil permanent de la jeunesse le gouvernement se veut
à l'écoute des préoccupations des jeunes, nous
espérons qu'il accueillera favorablement les initiatives des jeunes de
chez nous lors de la prochaine conférence au sommet. C'est dans cet
esprit, tout en suggérant certaines modifications, que nous accueillons
le projet de loi 104 visant à la création du Conseil permanent de
la jeunesse. Sur ce, j'invite mon collègue à vous faire part de
notre réflexion à ce sujet.
Le Président (M. Filion): Je vous remercie, M. Beaulieu.
M. Bourgeois.
M. Bourgeois (Jacques): Oui. Comme vous avez pu le constater
.dans notre mémoire qui a été déposé
à la mi-octobre, il appuie esentiellement le principe de la formation
d'un conseil permanent de la jeunesse. Il met aussi l'accent sur l'importance
d'une représentation régionale» équitable et
équilibrée qui se veut le plus près possible des
intérêts des jeunes de l'Abitibi-Témiscamingue et des
autres régions. Enfin, compte tenu des délais très courts,
c'est-à-dire que c'étaient 30 jours qui étaient
demandés, étant donné aussi que les groupes de jeunes sont
sous-financés actuellement et vu la difficulté de se concerter
pour produire des mémoires -quand les jeunes n'ont rien dans le ventre,
ils ne pensent pas à produire des mémoires -ce que l'on veut vous
dire par là, c'est que le délai était très court,
et même trop court. On aurait aimé au moins que les extensions qui
ont été décidées aient été rendues
publiques pour que l'ensemble des groupes de jeunes puissent présenter
des mémoires.
Ceci dit, nous avons, ce matin, des éléments nouveaux
à vous présenter. On va vous entretenir d'éléments
nouveaux, compte tenu que, depuis octobre, on a eu du temps pour se pencher sur
le projet de loi. On voudrait vous faire part des ajouts suivants. En fait,
l'étude qu'on a faite depuis octobre, l'analyse qu'on en a faite se base
sur le principe du respect de l'autonomie du conseil, sur le fait que les
groupes de jeunes sont matures et ont la compétence pour nommer leurs
représentants, donc, sur leur capacité de se prendre en main pour
soumettre des candidatures de qualité au collège
électoral.
Cependant, on pense que le conseil ne peut constituer la seule voie au
niveau des représentations des groupes de jeunes. Je pense qu'il y a
déjà des organisations qui font entendre leurs
préoccupations et que le conseil ne peut être la seule voie pour
l'ensemble des groupes de jeunes, sauf qu'il devient une voie importante, parmi
d'autres.
Nous croyons également que les représentants des
régions choisis pour siéger au conseil permanent sont à
même de déterminer leurs priorités - parce que, selon le
principe de notre mémoire, on devrait avoir des représentations
régionales - et d'assumer eux-mêmes leurs règles de
régie interne. On va voir dans les articles plus loin de quelle
façon cela s'articule, selon nos propositions.
Sur ce, je voudrais vous soumettre les ajouts suivants aux articles, en
commençant par l'article 5 où on parle d'un mandat de deux ans.
En tout cas, on vous fait remarquer que, deux ans, c'est très court pour
assumer un mandat et on pense que cela peut compromettre la stabilité du
conseil. On demanderait que le mandat puisse être modifié et
porté à trois ans.
À l'article 6, quand on parle de vacance, de remplacement
à la suite d'un départ ou d'une démission, on dit: Le
ministre nomme un remplaçant. Nous, on pense que le conseil pourrait
décider par lui-même de consulter les organimes jeunesse qui ont
déjà fourni des noms au départ, qu'à travers ces
choix déjà faits les régions s'entendent sur les candidats
et que cela soit soumis au ministre tout simplement. On dit dans l'article 6
que le ministre nomme le remplaçant. On pense que le conseil peut
l'assumer.
À l'article 8, en cas d'empêchement temporaire du
président, on pense que le conseil peut consulter les organismes
également, pas les organismes, mais... À l'article 8, ce que je
veux dire par là, c'est qu'en cas d'empêchement temporaire du
président, le conseil peut très bien se nommer un premier
vice-président à l'interne et que le premier
vice-président prenne la place. À ce moment-là, c'est de
la régie interne du conseil.
À l'article 12: "Le conseil peut tenir ses séances
à tout endroit au Québec." Nous, on dit que, si on veut vraiment
que le conseil ait le pouls des régions, il devrait siéger
alternativement dans chacune des onze régions
représentées. Cela permettrait au conseil d'avoir au moins une
idée de la réalité des jeunes dans chacune des
régions. Souvent, on l'a à travers des documents, mais, quand on
se rend sur place, on a une meilleure idée.
À l'article 17, comme cela a déjà été
soumis dans le mémoire précédemment, on demande que le
collège électoral soit formé de 55 membres. On se disait
que 40 membres, c'était un peu arbitraire, mais que 55, au moins, c'est
cinq par région, étant donné qu'il y a onze réqions
administratives. On ajoute aussi que l'on aimerait que te ministre retienne les
cinq représentants nommés par les régions. Je pense que,
s'il y a des choix légitimes qui se font par les réqions, en
termes de représentations, le ministre responsable devrait
entériner ces choix.
À l'article 18, on aimerait tout simplement vous dire que pour
être conséquents avec les modifications qu'on a faites dans te
mémoire, on ajouterait, pour ce qui est de l'âge des jeunes: de 12
à 35 ans, parce que dans les maisons de jeunes, nécessairement,
l'âge des jeunes, c'est à partir de douze ans. On se dit que, s'il
y a des jeunes qui sont nommés au collège électoral
à douze ans, ils ont déjà une bonne expérience et
que, si le mandat du conseil est de trois ans, ils auront une expérience
de la structure et que cela peut être très bénéfique
pour les jeunes du Québec.
À l'article 20: "Le gouvernement nomme les représentants
au Collège
électoral..." Encore là, par souci d'autonomie, on pense
que les régions sont à même de déléguer des
représentants. C'est sûr que l'on donne des avis au ministre. Mais
on pense que, si le milieu se concerte pour nommer des représentants, il
le fait au meilleur de ses connaissances et selon ses
intérêts.
À l'article 21, encore là, un délai de 30 jours
pour nommer les membres du conseil, on pense que c'est très peu, compte
tenu du fait que l'on demande une représentation régionale. Je
pense que 60 jours, cela s'imposerait dans ce cas.
À l'article 27, dans la deuxième phrase, on dit: "II doit
de plus effectuer ou faire effectuer les études et recherches qui lui
sont demandées par le ministre." Nous disons qu'il faudrait au moins que
ce soit en conformité avec les priorités du conseil. C'est
sûr que le conseil est là pour donner des avis au ministre, mais
on pense que le conseil est en mesure de déterminer ses priorités
- on insiste encore là-dessus - et de fournir les avis en fonction des
priorités identifiées dans les milieux. Le gouvernement peut
aussi demander d'autres avis. Il y a des organismes déjà en place
qui ont tout l'appareillage nécessaire pour lui donner ces
renseignements. Si l'on veut vraiment que ce soit représentatif, on
pense que cela doit venir du conseil.
À l'article 29, on dit: "Le conseil peut, avec l'autorisation du
ministre, former des comités spéciaux pour l'étude.." Nous
disons que le conseil a le mandat de former des comités spéciaux
pour l'étude des questions particulières jugées
prioritaires par celui-ci. On pense que le conseil, à la suite des
priorités déterminées au cours de son mandat, a le pouvoir
de former des comités. Tant mieux s'il a l'autorisation du ministre. Le
conseil doit chercher à avoir l'autorisation du ministre, mais, par
souci d'autonomie, encore une fois, on pense que le conseil devrait avoir ce
mandat par lui-même, à l'interne.
C'est l'essentiel des modifications et des éléments
nouveaux que l'on voulait apporter à notre mémoire. (11 h 15)
M. Beaulieu: En conclusion, il nous importe tous que notre
région soit reconnue au même titre que toutes les autres formant
notre société québécoise. En réunissant nos
efforts sur un plan régional, plusieurs intervenants ont
participé à ce mémoire et ont démontré une
volonté de concertation qui est de bon augure pour le milieu jeunesse.
Cette volonté, nous croyons qu'elle peut exister et se propager dans
toutes les régions et, par conséquent, dans tout le
Québec. Nous souhaitons donc la bienvenue à un conseil permanent
de la jeunesse qui, représentant équitablement chaque
région du Québec et jouissant de la plus grande autonomie
possible, sera certainement un élément moteur dynamisant pour la
jeunesse du Québec, un outil précieux de plus. Je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. Filion): Je vous remercie, M. Beaulieu.
J'inviterais donc M. le ministre.,.
M. Marcil: J'aurais juste une question, une petite remarque au
préalable.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Beauharnois.
M. Marcil: Est-ce qu'il y aurait moyen que vous déposiez
par écrit toutes vos nouvelles propositions ou recommandations à
votre mémoire, vos ajouts? Cela vous va?
Une voix: Nous pourrions faire cela.
Le Président (M. Filion): C'est d'accord?
M. Bourgeois: En nous donnant un certain délai.
M. Marcil: Un peu moins de 30 jours?
M. Bourgeois: Un peu moins de 30 jours.
Le Président (M. Filion): Évidemment, je
rappellerai aux membres de la commission que les débats de ce matin sont
enregistrés.
Une voix: Oui. C'est bien.
Le Président (M. Filion): Or, donc, je laisse la parole
à M. le ministre.
M. Gratton: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
féliciter MM. Beaulieu et Bourgeois, ainsi que les nombreuses autres
personnes qui se sont associées à la présentation de ce
mémoire. On a là un exemple frappant d'un regroupement
d'organismes d'une région donnée qui, malgré les
délais relativement courts - on y a fait allusion tantôt - ont
réussi quand même à formuler des suggestions fort valables
et fort intéressantes sur le projet de loi 104. D'ailleurs, les
délais ont été prolongés et ont permis aux
organismes représentés ici ce matin de nous faire connaître
des ajouts aux représentations que contenait déjà le
mémoire original, et je les en remercie de façon
particulière.
Je suis très conscient de la préoccupation que les jeunes
de l'Abitibi peuvent avoir pour la représentation des régions au
sein du conseil permanent. Étant moi-même issu de la région
de l'Outaouais, qui est toute voisine, bien que très
éloignée de l'Abitibi et encore plus éloignée du
centre de décisions que constitue Québec, je puis
apprécier que vous soyez particulièrement soucieux
d'assurer une représentation de votre région au sein du conseil
permanent. D'ailleurs, cette préoccupation rejoint celle de plusieurs
autres organismes qu'on entendra au cours des prochains jours qui, dans
certains cas, viendront nous parler de la représentation sur le plan
régional, qui, dans d'autres cas, viendront nous parler de la
représentation sur le plan ethnique, sur le plan des hommes et des
femmes, sur tous les autres aspects.
Évidemment, la question qui se pose à ce moment-là,
c'est de savoir si, dans un souci d'efficacité, dans un souci de faire
en sorte qu'on n'enlève pas non plus au collège électoral
ses prérogatives de recommander parce qu'on a beau lire dans le projet
de loi que c'est le gouvernement qui nomme les membres du conseil, il les nomme
sur recommandation du collège électoral... Ce à quoi il
faudra faire attention, c'est de ne pas s'encarcaner dans la loi, dans un mode
de nomination des membres du conseil qui enlèverait les
prérogatives qui sont dévolues et qu'on veut accorder au
collège électoral. Dans le cas du collège
électoral, j'ai noté que dans les ajouts à votre
mémoire vous souhaitez que ce soient les organismes jeunesse qui
procèdent en quelque sorte à leur nomination. C'est d'ailleurs,
je pense, le seul commentaire que vous faites quant au collège
électoral comme tel.
La première question qui me vient à l'esprit, c'est de
vous demander quelle est votre façon d'entrevoir la formation du
collège électoral, outre la nomination. Partout où vous
suggérez, ce matin, de donner plus d'autonomie au conseil, moi, j'en
suis, sauf qu'il ne faut pas perdre de vue que ce que nous recherchons - le
premier ministre l'a évoqué à plusieurs occasions ce matin
- c'est un véritable partenariat entre l'État et les organismes
de jeunes. Le partenariat, par définition, implique que le gouvernement
doit être partie prenante. S'il fallait que le conseil permanent soit un
organisme où le gouvernement n'a pas sa place, compte tenu du fait que
ce qu'on demande au conseil permanent est justement de conseiller le
gouvernement, évidemment, on pourrait se retrouver dans une situation
où ce partenariat ne tient plus.
Ma première question serait de vous demander ce que vous pensez
du projet de loi 104 quant à la nomination des membres du collège
électoral. On sait que chaque personne qui sera candidate au
collège électoral devra être recommandée ou
appuyée par trois organismes de deux secteurs différents. Est-ce
que cela vous paraît répondre au souci que vous avez de voir non
seulement les régions, mais les nombreux organismes de jeunes bien
représentés? Est-ce que le nombre de 40 membres du collège
électoral vous satisfait?
Je vous pose la question parce que vous n'y faites pas allusion dans
votre mémoire.
Le Président (M. Fillon): Oui, M. Bourgeois?
M. Bourgeois: Dans le mémoire qu'on a déposé
à la mi-octobre, on faisait mention d'un ajout pour porter le
collège électoral à 55 membres. II y avait
déjà là une modification parce qu'on voulait s'assurer de
cinq représentants par région administrative. D'autre part, bien
sûr, les groupes de jeunes vont nommer cinq représentants. Ce
matin, nous soulignons notre souci, s'il y a cinq jeunes par région qui
sont nommés au collège électoral, par exemple, que ce
choix soit accepté de facto par le ministre. Si cela vient des groupes
de jeunes, on pense que c'est le meilleur choix possible de la région.
On encourage fortement le ministre à recommander ces cinq personnes.
Pour ce qui est du choix du conseil, cela se fait à
l'intérieur du collège électoral, pour autant qu'il y a
une représentation régionale. Si, déjà là,
les groupes de jeunes ont soumis cinq candidatures possibles, ce sont les cinq
meilleures candidatures possibles. À ce moment-là, à
l'interne, les décisions par rapport à la nomination au conseil
vont de soi. Bien sûr, le ministre devra être consulté, mais
on espère que la voix des jeunes à l'intérieur du
collèqe électoral se fera entendre très fortement et que
les choix faits à l'intérieur seront vraiment appuyés par
le ministre responsable.
M. Gratton: La difficulté que je vois à ce que vous
proposez, de laisser chaque région désigner de facto cinq
représentants au collège électoral, c'est que d'abord on
les limite à cinq. J'essaie d'imaginer quels sont les organismes qui
pourraient, en supposant qu'il y ait concertation... Vous l'avez
réussie, cette concertation, en Abitibi-Témiscamingue, mais on
peut s'imaginer que dans d'autres régions ce pourrait être pas ma!
plus difficile, notamment, par exemple, dans les régions
métropolitaines comme Québec et Montréal. À ce
moment-là, qui serait responsable de voir à ce que ce soient ces
cinq-là? Un individu, par exemple, qui voudrait être candidat et
qui n'appartiendrait pas à un organisme organisé de jeunesse
-c'est justement le souci, le principe du projet de loi de donner voix au
chapitre à ces gens - un individu pourrait poser sa candidature.
À ce moment-là, est-ce que vous suggérez que ce soit un
organisme quelconque? Je conçois que, chez vous, cela puisse se faire,
mais vous vous imaginez bien que, par exemple, dans la région de
Montréal, si on devait la limiter à cinq, on se retrouverait avec
cinq représentants de cinq organismes dits nationaux, parce que c'est
là que leur siège social se situe, et
tout individu ou tout autre organisme se verrait par le fait même
privé d'une représentation au collège
électoral,
M. Bourgeois: C'est le problème, je pense, de tout
organisme provincial où on a le souci d'une représentation la
plus équitable possible. C'est sûr que, si on veut que la chemise
fasse à tout le monde, ce sera bien difficile. On sait que cela peut
être plus difficile pour la région métropolitaine, les
grands centres urbains, de se concerter que pour nous. Ce que nous voulons,
c'est que ces candidats et candidates représentent le plus possible les
groupes de jeunes de notre région. La concertation est possible dans
notre région. C'est ce que nous disons, finalement.
En ce qui concerne la mécanique, il est certain que cela pose
certaines difficultés, nous le reconnaissons. Nous n'avons pas de
solution à vous proposer ce matin, mais nous pensons qu'on doit se
pencher sur la question. C'est toujours la même chose qui revient chaque
fois que le gouvernement forme un organisme panprovincial, c'est que souvent on
arrive avec une proposition. On essaie de la faire passer à tout le
monde et la chemise ne fait pas également à tout le monde. C'est
le problème des organismes provinciaux. Ce n'est pas nouveau, je
pense.
M. Gratton: Je puis vous dire que la présentation que vous
faites à l'égard de la représentation régionale ne
tombe pas dans l'oreille d'un sourd. Je suis, comme je l'ai dit, de l'Outaouais
et j'ai longtemps eu à déplorer que les régions
éloignées, ou, dans notre cas, l'Outaouais, que les
régions frontalières ont souvent tendance à être
oubliées par l'appareil gouvernemental et je suis sûr qu'on devra
trouver des mécanismes, si ce n'est celui que vous suggérez, qui
assureront... Évidemment, le gouvernement en tant que tel aura toujours
l'obligation... Je pense que la volonté du gouvernement existe, donc
nous retenons vos suggestions.
J'aurais une autre question, M. le Président, si on me le permet.
J'en aurais plusieurs autres, mais il y en a une en particulier que j'aimerais
poser à nos interlocuteurs. Vous suggérez dans votre
mémoire de laisser tomber le critère, en ce qui a trait aux
organismes qui font l'objet du projet de loi, de l'incorporation depuis un an.
Je crois comprendre ce qui vous inspire cette recommandation. Vous nous
suggérez de remplacer cela par la phrase: "Un organisme qui 'existe et
est en opération depuis au moins douze mois." La question que je me pose
est la suivante: Comment nous suggérez-vous d'en arriver à
établir l'existence de l'organisme comme tel et quels critères
verriez-vous pour qu'on puisse établir ce qu'est un organisme et ce qui
ne l'est pas?
M. Beaulieu: D'abord, si nous amenons cette constatation à
la commission, c'est parce que, s'il est relativement facile pour les jeunes de
l'Abitibi-Témiscamingue de se concerter, ce n'est pas le même cas
pour s'incorporer, surtout que depuis peu il y eu une augmentation des frais
d'incorporation. Il est déjà difficile pour les jeunes de se
reqrouper pour trouver le financement nécessaire à une
concertation, c'est encore plus difficile pour une incorporation.
Deuxièmement, l'incorporation nécessite une certaine discipline
des jeunes face à une structure donnée. Si on demande que
l'organisme ne soit pas incorporé, on peut tout de même demander
que l'organisme, qui est reconnu par le milieu après trois ans
d'existence, puisse l'être aussi par le conseil électoral. On
avait demandé douze mois.
M. Gratton: Ce qui vous importe, finalement, c'est de laisser
tomber l'exigence très formelle de l'incorporation, sans pour autant
avoir réfléchi à la façon dont on pourrait arriver
à cerner ce qu'est un organisme et ce qui ne l'est pas. Par exemple, la
date du début des opérations pourrait servir, en supposant qu'il
y en a une. Vous savez sans doute qu'il y a des organismes qui peuvent surgir
du jour au lendemain selon les besoins et qui peuvent bien être de vrais
organismes, alors que, à l'occasion, cela peut tout simplement
être une personne qui décide de devenir organisme.
M. Bourgeois: On aura des preuves à demander. Avant
l'incorporation, souvent, les groupes de jeunes ont une période
d'attente avant de s'incorporer. Il y a une démarche à faire
avant d'accéder a l'incorporation. On pense que, s'il y a un
sérieux dans cette démarche, s'ils sont en mesure de prouver
qu'ils se réunissent depuis au moins douze mois, s'ils ont des comptes
rendus, des documents qui peuvent prouver qu'ils sont en fonctionnement depuis
douze mois, s'ils ont des lettres de reconnaissance, etc., on pense que cela
peut venir corroborer le fait que c'est un organisme qui est viable et qui est
sérieux, même s'il n'est pas incorporé au sens de la loi.
(11 h 30)
M. Gratton: Seulement à titre d'exemple, vous
représentez quelque 13 ou 14 organismes ce matin. Avez-vous une
idée du nombre d'organismes dûment incorporés?
M. Bourgeois: Je crois qu'ils sont en majorité tous
incorporés.
M. Gratton: Pardon?
M, Bourgeois: Je crois qu'ils sont en majorité tous
incorporés.
M. Gratton: Je présume que la principale raison pour
laquelle on finit par s'incorporer, c'est parce que le gouvernement quant au
versement des subventions exige que l'on soit incorporé en vertu de la
troisième partie de la Loi sur les compagnies.
Je saisis fort bien votre appréhension et il faudra y
réfléchir pour tenter de voir s'il n'y aurait pas moyen de cerner
l'existence d'un organisme sans pour autant... En tout cas, ne pas
éliminer les organismes du simple fait qu'ils n'ont pas encore
réussi à s'incorporer.
M. Bourgeois: C'est ce qu'on amenait comme...
M. Gratton: D'accord. M. le Président, j'arrêterai
mes remarques ici, compte tenu du temps qui nous est imparti, mais en me
réservant le droit de revenir peut-être à la fin pour les
quelques minutes qui nous restent.
Le Président (M. Fiîion): Très bien, M. le
ministre. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je veux d'abord au
nom de ma formation politique vous souhaiter la bienvenue et vous remercier
d'avoir accepté de participer aux travaux de cette commission. Je veux
exprimer le voeu que les diverses recommandations qui se retrouvent à la
fois dans le mémoire que vous nous avez présenté et celles
que vous nous avez livrées ce matin puissent tantôt influencer les
décisions qu'aura à prendre le gouvernement quant aux
orientations, à la composition et au mode de nomination de cet organisme
consultatif.
J'ai retenu dans votre présentation un certain nombre de choses
sur lesquelles je ne voudrais pas revenir, mais il y en a quelques-unes qui me
semblent plus frappantes. Par exemple, dans votre mémoire, vous nous
parlez de la complexité de la problématique jeunesse et vous
situez cette jeunesse de 12 à 35 ans. Vous comprendrez que c'est
très large comme coupe d'une société, 12 a 35 ans, et que
le problème vécu par un adolescent de 12 ans et par un
sans-travail de 30, 32 ou 33 ans n'est pas tout à fait du même
ordre. Vous illustrez bien là une des difficultés
qu'éprouvera tantôt le Conseil permanent de la jeunesse lorsqu'il
viendra à définir sa problématique.
Vous parlez également d'un taux de chômage qui friserait
les 30 %. J'aimerais vous entendre dire de quel âge à quel
âge il y a des problèmes de sous-scolarisation particuliers dans
votre région. Vous parlez également d'une région qui se
vide de ses jeunes. J'ai vu à l'occasion quelques données
là-dessus, mais cela se vérifie par la coupe d'âqes. Si
vous aviez des données là-dessus, j'aimerais que vous m'en
informiez un peu.
Vous insistez beaucoup sur la nécessité de prolonger le
mandat pour assurer au moins un minimum de stabilité à cet
organisme. Je dois dire que c'était une des questions qui me
préoccupait, parce que, deux ans dans la vie d'un jeune, c'est
peut-être un peu long, mais deux ans dans la vie d'un organisme, c'est
tout juste le temps de vous roder et de vous mettre un peu au fait des
situations. Cela m'apparaissait relativement court, surtout qu'à ma
connaissance il n'existe aucun autre organisme consultatif pour lequel la
durée du mandat soit aussi courte.
Vous revenez aussi sur la nécessité de reconnaître
ce que l'on appelle les organismes bona fide, c'est-à-dire ceux qui sont
constitués de bonne foi, plus spontanément, pour répondre
à des questions particulières. C'est surtout propre à la
jeunesse et à ce dossier-là. C'est une des questions
intéressantes.
Pour ce qui est de la nomination des membres, tout à l'heure,
j'écoutais le leader du gouvernement nous dire qu'étant
donné que le gouvernement veut un réel partenariat, c'est comme
cela qu'il justifie qu'il soit responsable de toutes les nominations des
membres de ce conseil consultatif. Pourtant, on sait - et c'est peut-être
l'hypothèse qu'il faudra tantôt essayer d'envisager ou
l'alternative - que, dans les CLSC, par exemple, la très grande
majorité des membres du conseil d'administration - et c'est vrai aussi
pour les collèges, certains organismes et les hôpitaux - la
très grande majorité des membres sont nommés par les
groupes qu'ils représentent. Par exemple, les usagers élisent
leurs membres: les usagers, les professionnels, les médecins et ainsi de
suite. Ce que le gouvernement se réserve comme nominations, ce sont
exclusivement ce qu'on appelle les membres socio-économiques qui, eux,
sont nommés après qu'un certain nombre d'organismes ont
été consultés et qu'on leur a envoyé des
candidatures. Je pense qu'il faudrait sérieusement envisager... Je
voudrais vous voir réagir à cette hypothèse de travail.
C'est ma première question. Je reviendrai, mais en même temps si
vous pouviez me donner les quelques informations que je vous demandais par
rapport aux difficultés particulières à votre
région: le taux de chômage, l'âge de ces jeunes
chômeurs, les problèmes de sous-scolarisation et le fait que les
jeunes de plus en plus quittent les régions
périphériques.
M. Bourgeois: Le problème des jeunes en
Abitibi-Térmiscamingue. Étant donné que ce sont de grandes
régions, l'Abitibi et le Témiscamingue sont deux
sous-régions, il y a des villages éloignés, il n'y a pas
de
transport en commun, il se pose des difficultés bien propres au
milieu. Par exemple, on ne dit pas qu'un jeune en chômage ou qu'un
bénéficiaire de l'aide sociale en régions est plus mal
pris qu'à Montréal, à certains égards, parce
qu'à Montréal il y a du transport en commun, mais il faut quand
même sortir l'argent de nos poches pour l'utiliser. C'est un
problème d'isolement, en majorité, que vivent les jeunes
bénéficiaires de l'aide sociale et ceux qui sont en
chômage.
Pour ce qui est du Témiscamingue, je peux vous dire qu'il y a
environ 700 jeunes sans emploi - ceux qui sont inscrits - sur une population
d'environ 17 000 habitants. C'est considérable. De ce nombre, il y en
aurait environ 85 % qui n'auraient pas leur secondaire V et qui n'auraient pas
non plus de métier comme tel. C'est pour cette raison qu'au sommet
socio-économique qui se tiendra en avril, à Amos, il y a deux
projets, entre autres, qui ont été présentés, qui
visent à tenter de répondre à ce besoin criant pour les
jeunes du Témiscamingue. On pense que cela pourrait être un projet
pilote intéressant. D'autre part, il y a un autre projet de
société d'investissement régionale qui pourrait donner un
coup de main à des jeunes qui seraient prêts à fonder une
entreprise, afin qu'ils aient accès à du capital de risque. Ce
sont deux projets un peu connexes. On dit que si les jeunes ont accès
à une formation adaptée et ont l'aide du milieu - c'est ce que le
projet prouve -je pense que le ministre responsable du dossier sera à
même de le constater. On veut répondre à ce besoin criant
chez nous.
Quant au départ des jeunes, c'est beaucoup relié au fait
qu'il n'y a pas beaucoup de création d'emplois chez nous. Il y a aussi
le démantèlement des fermes. C'est une région quand
même agricole pour ce qui est du Témiscamingue. Peut-être
qu'Yves-Patrick pourra parler plus précisément de l'Abitibi. Cela
fait qu'il n'y a pas d'emplois nouveaux de créés. Quelques
emplois vont être créés à l'usine de Tembec, mais
cela ne couvre pas vraiment le besoin actuel.
Il y avait beaucoup de questions dans votre intervention. Concernant les
organismes non incorporés, on précisait qu'un groupe de jeunes
qui fonctionne depuis douze mois, qui est en voie d'incorporation et qui est en
mesure de prouver la qualité de son existence, devrait avoir
accès à des nominations.
On insistait aussi dans le mémoire - je pense qu'on n'en a pas
reparlé - sur le fait que le conseil tienne des rencontres dans chacune
des régions. On insiste sur cela parce que, souvent, on siège
à Québec et on a les documents des régions. Mais un
document, ce n'est pas comme aller dans les régions voir ce qui se passe
et rencontrer des gens de la région. Je pense que les hommes et les
femmes politiques sont en mesure de le constater. C'est la même chose
pour le conseil. On pense qu'il doit s'imbiber de la réalité.
Mme Blackburn: Rien. Peut-être, tantôt, pourriez-vous
réagir à une telle hypothèse qui voudrait qu'on prenne
à peu près le modèle de certains organismes
gouvernementaux, comme les CSS, les CLSC et ainsi de suite, comme mode de
nomination et de désignation des membres du conseil.
J'ai une question par rapport au problème que vous soulevez qui
est tout à fait, je dirais, de premier niveau. Dans l'immédiat ou
même un peu plus tard, croyez-vous qu'un tel organisme pourrait
éventuellement ou pourra d'ici peu répondre aux besoins des
jeunes de votre région? Et, si vous aviez une priorité, quelle
serait-elle?
M. Beaulieu: À court terme, le conseil permanent, avant
qu'il soit stabilisé et se soit rodé quelque peu avec la
structure gouvernementale, je ne crois pas qu'il y ait grand recommandation qui
puisse sortir du conseil d'ici là.
M. Bourgeois: Dans son premier mandat, à tout le
moins.
M. Beaulieu: Dans son premier mandat. Je sais bien que,
présentement, nous autres, en Abitibi-Témiscamingue, on s'est
pris en main. On présente des solutions de rechange pour créer de
l'emploi. On a déjà pris en main ce problème. Il ne reste
plus que la collaboration du gouvernement à avoir dans ce dossier. Mais,
en ce qui concerne les dossiers précis à apporter au conseil
présentement, on ne serait pas en mesure de vous répondre.
M. Bourgeois: Ce qu'on sait à tout le moins, c'est que -
on le soulignait ce matin - le conseil n'est pas l'unique voie. On veut qu'il
soit le plus représentatif possible du milieu, mais ce n'est pas
l'unique voie. Je pense qu'il y a des groupes actuellement qui sont en mesure
de faire leurs représentations. Il y en a peut-être de moins en
moins parce que le financement est difficile, mais on pense qu'il y a des
regroupements qui se sont faits dans les organismes de jeunes qui sont en
mesure de faire des représentations également. On pense que le
conseil ne doit pas être l'unique voie. Il y a d'autres voies à
entendre aussi, mais on pense que le conseil est un outil de plus qu'il faut se
donner. Pour notre région, pour autant que c'est représentatif de
notre milieu, on pense qu'à ce moment on peut espérer avoir des
retombées positives, peut-être à moyen terme.
Mme Blackburn: Je vais reformuler ma question. Quand je parlais
de priorité, ce n'était pas pour le Conseil permanent de la
jeunesse, mais, si vous aviez, pour votre région et par rapport aux
besoins que vous connaissez, à identifier des priorités d'action,
je me demande quelles seraient-elles. Je vais peut-être aussi demander
à M. Bourgeois de réagir un peu, dans le prolongement de ce que
vous nous disiez par rapport au porte-parole des besoins des jeunes, aux propos
du premier ministre qui nous disait qu'il voulait faire de cet organisme un
organisme de partenariat entre les jeunes et l'État. N'y a-t-il pas
là un danger de voir diluer le discours jeunesse, finalement, pour
essayer de le faire passer par une voie unique qui s'appellerait le Conseil
permanent de la jeunesse? Comment réagissez-vous à cela? En fait,
deux questions.
M. Bourgeois: C'est sûr que, si le conseil ne se donne pas
une autonomie suffisante et que les organismes n'y ont pas vraiment
accès dans le sens que, si c'est le ministre qui nomme les personnes, on
pense que cela peut... On ne veut pas présumer de certains choix
politiques, mais il faut faire attention. C'est ce qu'on dit, finalement, dans
le mémoire.
Pour ce qui est de diluer le pouvoir des autres organismes jeunesse, on
le dit encore, ce n'est pas la seule voie et il ne faudrait pas que cela
devienne la seule voie. C'est sûr que c'est une crainte qu'on a, mais on
pense qu'en utilisant le conseil efficacement, on peut en faire une voie de
plus et peut-être plus près du gouvernement, en association d'un
peu plus près, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas des
représentations qui peuvent se faire parallèlement par d'autres
groupes. C'est ce qu'on dit finalement.
Mme Blackburn: Donc, je vous interpréterais correctement
si je disais que vous voyez là davantage un organisme de recherche
chargé de donner des avis au gouvernement et à un ministre
responsable, ou au premier ministre, en l'occurrence, et non pas à un
porte-parole privilégié et unique de la voix des jeunes.
M. Bourgeois: Non. Un organisme... Finalement, nous, on pense que
le conseil doit être aussi branché sur les réalités
régionales.
Mme Blackburn: Une autre question. Vous nous avez parlé un
peu du financement des organismes jeunesse, du projet que vous êtes en
train d'élaborer pour peut-être relancer l'emploi dans votre
région. Je voudrais voir de façon plus claire, si, demain matin,
on vous disait qu'on est prêt à investir chez vous, quelles sont
vos priorités.
(11 h 45)
M. Beaulieu: Je vous dirai que ce qui a été
proposé au sommet socio-économique par les jeunes,
c'étaient des priorités qui ont été reconnues par
le milieu socio-économique. Nous, ce qu'on dit face à ces deux
projets, c'est que cela donnerait un aperçu de l'avenir rapproché
pour les jeunes qui ont l'intention présentement de quitter la
région de vouloir rester en région. Le fait aussi que le fonds
d'investissement réqional jeunesse puisse être implanté en
réqion pourrait aider considérablement à l'essor
économique de la région. On a une certaine expertise de ce qu'il
nous faudrait développer dans la réqion. On sait qu'en
Abitibî-Témîscamingue le secteur manufacturier est quasi
inexistant. On a les appuis des orqanismes régionaux, on a l'expertise.
Tout ce qui nous manque, c'est le financement. On a même proposé,
dans l'institution de ce fonds d'investissement, différents choix,
différents modèles de gestion. On est allé pas mal loin
dans l'étude de ce projet.
Mme Blackburn: Selon vous, la priorité serait davantage
qu'on débloque les budgets nécessaires à la mise en marche
et à la création de ce fonds qui permettrait
éventuellement de relancer ou de créer de nouvelles
entreprises.
M. Beaulieu: II y a aussi le projet de création d'un
centre d'accueil et de services pour jeunes sans emploi qui leur permettrait
finalement de relever leur deqré d'employabilité. Au fur et
à mesure qu'ils côtoieraient ce centre, ils pourraient se sortir
de l'impasse dans laquelle ils se retrouvent actuellement.
Mme Blackburn: Oui?
M. Bourgeois: Ce projet, d'ailleurs, le projet de centre
d'accueil et de services, a été bâti en collaboration avec
les organismes du milieu, c'est-à-dire que l'ensemble des organismes
gouvernementaux et des organismes jeunesse du coin se sont associés pour
le présenter et sont prêts à prioriser ce projet pour les
trois années à venir en octroyant des ressources
déjà en place dans les régions. C'est un modèle qui
est intéressant. Ce n'est pas seulement du nouveau financement. Il y a
déjà là des ressources. Ces organismes sont en mesure de
se concerter actuellement pour donner un service plus efficace à ces
jeunes. Il restera à se pencher sur ce dossier lors du sommet. Je pense
que c'est le ministre Paradis qui aura le dossier. Ce sont les priorités
actuellement.
Mme Blackburn: Vous avez peu abordé -vous l'avez fait dans
votre présentation, mais pas dans les réponses - le financement
des
organimes jeunesse. Brièvement la-dessus. J'aimerais savoir si
vous avez une idée exacte du nombre d'organismes jeunesse dans votre
région, y inclus les associations étudiantes.
M. Bourgeois: En tout cas, pour ce qui est du
Témiscamingue, les organismes incorporés de jeunes qui sont
autonomes, il y en aurait autour de cinq pour une population de 17 000
habitants.
Mme Blackburn: Cela n'inclut pas les organismes.
M. Bourgeois: Cela n'inclut pas les organismes. Concernant les
organismes qui ont présenté le mémoire, il y en a un
certain nombre de l'Abitibi. Il y en a un certain nombre aussi, si on prend le
groupe de soutien à l'entreprise jeunesse. Quand je vous parle de cinq
organismes, je peux vous les nommer: il y a la Maison des jeunes, Relance
jeunesse, è Moffet. Ce sont des organismes vraiment indépendants
qui ont été formés dans le milieu.
Mme Blackburn: Cela ne tient pas compte des associations
étudiantes dans les polyvalentes, dans les collèges ou dans les
sous-centres d'enseignement collégial.
M. Beaulieu: En Abitibi, on pourrait regrouper une dizaine
d'organismes incorporés jeunesse. Si on ajoutait à cela les
associations étudiantes, cela monterait peut-être à seize
ou dix-sept.
Mme Blackburn: Bien. Pour le moment, M. le Président, je
mettrai fin à mes questions, mais, tantôt, s'il nous reste un peu
de temps...
Le Président (M. Filion): M. le député de
Saint-Jacques, vous avez demandé la parole?
M. Boulerice: Oui, s'il vous plaît!
Le Président (M. Filion): Je vous l'accorde.
M. Boulerice: Messieurs, au départ, une brève
remarque. Je suis particulièrement sensible à votre
volonté de représentation régionale. On a semblé un
peu opposer tantôt, de l'autre côté, la difficulté
que pourraient éprouver les régions métropolitaines comme
Montréal. Moi, je pourrais répondre, comme député
de Montréal, que nous saurons bien agir en partenariat avec vous et que
la solution pour la région métropolitaine est facilement
trouvable. Donc, on ne pourrait pas l'utiliser sous prétexte de bloquer
cette représentation régionale que vous exigez et qui
m'apparaît extrêmement pertinente.
La question que je voudrais vous poser est très courte. Puisqu'il
y a un Conseil consultatif de la jeunesse, "tenons-le pour acquis", entre
guillemets - point d'interrogation - quel rôle voyez-vous dans cette
hypothèse pour le Secrétariat à la jeunesse?
Le Président (M. Filion): M. Bourgeois ou M. Beaulieu?
M. Bourgeois: Le Secrétariat à la jeunesse, pour ma
part, en tout cas, c'est un outil intéressant où il y a une foule
de documents qui sont accessibles. Compte tenu des ressources qu'il y a en
régions, il y a une personne qui est là à temps plein,
pour une grande région comme la nôtre. Actuellement, les
organismes jeunesse cognent à cette porte pour avoir de l'information,
des données statistiques, des choses comme cela, et avoir accès
aussi à ce qui se passe ailleurs dans les autres régions, avoir
accès à une information de ce type. Actuellement, pour ma
compréhension, cela se limite un petit peu à cela parce qu'avec
une seule personne dans toute la région, c'est difficile de
répondre à toutes les demandes, mais, essentiellement, le
rôle pourrait être accru. Étant donné qu'il n'y a pas
de permanence dans les régions prévue au conseil, on pourrait
espérer que, toute indépendance gardée, ce bureau serve de
point de chute.
M. Beaulieu: Ce qu'il fait actuellement aussi. Disons que,
présentement, le Secrétariat à la jeunesse en
Abitibi-Témiscamingue a favorisé le maintien de la concertation
parmi les groupes jeunesse de ta région. Il nous donne aussi un
aperçu de ce qui se passe ailleurs dans les autres régions du
Québec. Si ce n'était du Secrétariat à la jeunesse,
on serait complètement isolé présentement. Ce que je dis
en ce qui concerne le secrétaraît, c'est que les mandats qu'il a
actuellement, il devrait les garder. On pourrait collaborer avec le
Secrétariat à la jeunesse en tant que Conseil permanent de la
jeunesse pour réaliser les études, les recherches, étant
donné que le Secrétariat à la jeunesse possède
déjà un immense centre de documentation ici même à
Québec, qu'il est implanté dans la région. On ne
dénie pas l'importance de ce service qui nous est offert.
Le Président (M. Filion): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. Il vous reste quatre minutes, Mme la
députée de Chicoutimi, et un peu plus de six minutes à M.
le ministre. Est-ce que vous désirez conclure? Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn À la question de mon collègue de
Saint-Jacques par rapport au rôle
du Secrétariat à la jeunesse, chez vous, dans votre
région... Tout à l'heure, le premier ministre parlait d'une
consolidation de ce rôle. On s'est laissé dire qu'ici, dans la
région de Québec, le secrétariat ne répondait plus
aux demandes d'information qui venaient des différents ministères
parce qu'on a réduit considérablement les effectifs, Je ne vous
ai peut-être pas suivis, peut-être l'avez-vous dit, mais c'est quoi
la qualité des services que vous avez en régions, vous autres, au
moment où on se parle?
M. Beaulieu: Depuis l'implantation du Secrétariat à
la jeunesse en Abitibi-Témiscamingue, on n'a toujours eu qu'une personne
pour s'occuper de la permanence du secrétariat. Mais, étant
donné les distances que le secrétariat doit parcourir -
l'Abitibi-Témiscamingue couvre une superficie de 116 000
kilomètres carrés; c'est une région assez vaste, l'une des
plus vastes du Québec - on trouve anormal qu'il n'y ait qu'un seul
représentant.
M. Bourgeois: On peut dire aussi - en tout cas, pour ma part -
que les organismes sont plus au courant de ces services que les groupes de
jeunes. C'est peut-être eux qui s'en servent le plus actuellement. Ce
n'est pas nécessairement nuisible, je pense que cela aide, mais ce n'est
peut-être pas suffisamment connu des groupes de jeunes. Il n'y a
peut-être pas toutes les ressources nécessaires pour faire
connaître son mandat et donner les services à ces groupes.
Mme Blackburn: Vous me permettez une petite question? Vous
n'êtes pas obligés d'y répondre. Cependant, je vous
préviens qu'elle est peut-être indiscrète. Si vous aviez
aujourd'hui à choisir entre investir dans un conseil permanent de la
jeunesse ou dans des services décentralisés du type
Secrétariat à la jeunesse et un financement des organismes de
jeunes, qu'est-ce que vous choisiriez?
M. Bourgeois: Le Secrétariat à la jeunesse n'est
pas indépendant, c'est un organisme gouvernemental. Donc, à ce
niveau, il peut donner des services, mais il n'a pas la même envergure
que le conseil. C'est ce que je peux répondre au niveau de
l'indépendance; c'est mon opinion. Il est limité à donner
des services, mais...
Mme Blackburn: Le Conseil permanent de la jeunesse est aussi
gouvernemental.
M. Bourgeois: On veut le moins possible...
Mme Blackburn: En tout cas, dans son projet actuel,
M. Bourgeois: On le veut le moins possible dans notre
mémoire.
Mme Blackburn: Vous pourriez les laisser répondre. Cela
vous inquiète, n'est-ce pas?
Le Président (M. Filion): M. Beaulieu, je pense que vous
vouliez ajouter quelque chose?
M. Beaulieu: Je trouvais que la réponse de mon
collègue à ce sujet résumait assez bien le tout. Je n'ai
rien à ajouter à cela. Je ne veux pas commencer une
réflexion sur ce qui s'est passé, surtout depuis 1985, au sujet
du financement des organismes communautaires. Ce serait un débat dans
lequel je tomberais facilement. J'aime mieux m'arrêter là.
Mme Blackburn: Ce que je voulais simplement savoir: Est-ce qu'il
y a une urgence par rapport au financement des organismes jeunesse? On l'a un
peu effleuré tout à l'heure dans votre présentation. Il se
peut que cela ne se fasse pas sentir et c'est l'occasion tout à fait
rêvée de mieux comprendre vos besoins. Si on ne pose pas ce genre
de question, c'est bien évident qu'on ne le saura pas.
M. Bourgeois: Pour ma part, je trouve qu'il y a une urgence,
c'est sûr. Quand un organisme jeunesse va chercher dans un milieu comme
le Témiscamingue où il y a 17 000 de population 1 $ par citoyen
pour son autofinancement et que le gouvernement n'est pas prêt à
en mettre, on se pose de sérieuses questions. C'est ce que je peux dire.
C'est la problématique de bien des groupes de jeunes. C'est sûr
qu'on est en période de compressions budgétaires, mais il faut
aussi comprendre qu'il y a des coûts sociaux à tout cela. Si on
reconnaît l'efficacité des organismes jeunesse actuellement dans
le travail qu'ils accomplissent, si on reconnaît le travail
bénévole, je pense que c'est efficace et que c'est payant pour le
gouvernement d'investir dans cela, surtout si le milieu s'implique. Je pense
qu'il y en a beaucoup qui font la preuve que le milieu les appuie
financièrement et humainement parlant. Ce qu'on voudrait, finalement,
c'est dire au gouvernement: Essayez, dans la façon d'interpréter
les données économiques de tout cela, de tenir compte des
coûts sociaux qu'impose une population en chômage et
bénéficiaire de l'aide sociale et reconnaissez le travail de ces
organismes en leur octroyant au moins un minimum vital pour qu'ils puissent se
donner une certaine permanence et agir dans le milieu.
Actuellement, chaque organisme fait des demandes de financement chaque
année; ils passent peut-être de 40 % à 50 % de leur temps
à faire des demandes de finance-
ment. Si on avait, pour les organismes jeunesse et pour les organismes
communautaires en général, un plan de financement sur trois ans
qui assurait à ces gens de pouvoir donner des services à leur
clientèle, je pense que ce serait plus profitable que de payer une
permanente qui, pendant 50 % de son temps, fait des demandes de financement ici
et là parce qu'il n'y a pas de concertation entre les ministères.
À ce niveau, je soumets ma réflexion parce que je pense que c'est
important que le gouvernement se penche là-dessus. Il y a une urgence
à regarder ce phénomène.
Mme Blackburn: Bien. Je voudrais à nouveau, au nom de ma
formation politique, vous remercier de votre participation aux travaux de cette
commission, vous dire que c'est avec beaucoup d'intérêt qu'on a
noté vos différents commentaires et vous assurer qu'au moment
où il s'agira de faire, à tout le moins, une espèce de
tour d'horizon des principales recommandations, celles que vous avez faites qui
concernent particulièrement la représentation des régions,
les modes de nomination, la composition, ce sur quoi, je pense, l'essentiel de
votre propos a porté, je voudrais bien les retenir dans la
synthèse qu'on aura à faire à la fin de cette commission.
Je vous remercie et je vous remercie également de l'excellent travail
que vous faites dans votre région.
Le Président (M. Filion): Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, si on me permet, compte tenu
de l'heure, je me limiterai simplement à remercier très
sincèrement nos invités d'aujourd'hui pour la qualité de
leurs représentations, pour l'éclairage qu'ils nous ont
donné de la situation que vivent les jeunes dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue.
Je voudrais leur dire que, du côté du gouvernement, la
création du Conseil permanent de la jeunesse ne constitue pas à
nos yeux la panacée qui vient répondre à tous les besoins,
loin de là. Ce qui nous réunit aujourd'hui à la commission
parlementaire, c'est l'audition des gens intéressés par le projet
de loi 104, mais on est loin de croire qu'en adoptant le projet de loi 104,
qu'en y donnant suite et qu'en créant ce Conseil permanent de la
jeunesse, on aura, par le fait même, réglé le
problème, loin de là. On n'a pas comme visée non plus de
tenter d'uniformiser le discours et de faire en sorte que le conseil permanent
remplace tous les organismes qui oeuvrent tant dans les régions que
partout au profit et au bénéfice des jeunes, loin de là
aussi. Sauf qu'on constate et, à titre de député, je suis
sûr que mes collègues le constatent quotidiennement, que des
organismes qui font ries représentations au gouvernement, souvent,
manquent d'appui. On fait affaires avec une dizaine de ministères
différents, mais, malheureusement, malgré toute la bonne
volonté et les efforts qu'y met le Secrétariat à la
jeunesse... Soit dit en passant, dans la consolidation du travail du
secrétariat, on assure maintenant la présence du
Secrétariat à la jeunesse au niveau de la conférence des
secrétaires associés. Donc, tout projet de loi, toute
décision du gouvernement est maintenant scrutée de façon
automatique et formelle par le Secrétariat à la jeunesse et des
questions pertinentes aux intérêts des jeunes y sont
posées. Le conseil permanent ne viendra rien changer à cela, bien
au contraire. Il viendra peut-être fournir des appuis.
Je voudrais vous dire aussi que c'est dans la philosophie, c'est dans
les objectifs du gouvernement d'appuyer de façon tangible,
financièrement, les organismes qui réussissent à obtenir
l'aval et la participation du milieu. Vous nous parliez tantôt de deux
projets que vous allez soumettre au sommet économique de votre
région prochainement. Je vous invite à scruter
l'expérience du Sommet économique de l'Outaouais qui a eu lieu en
mai 1986 et qui a donné d'excellents résultats. Des
négociations ont eu lieu - vous en avez sûrement entendu parler,
cela a fait l'objet d'une diffusion assez importante - des négociations
ont été faites sur les lieux du sommet même et ont
donné des résultats très concrets, très tangibles
de par !a qualité des interventions et des projets qui étaient
soumis. Je vous souhaite la même chance avec vos projets qui, dans le cas
du centre d'accueil et de services, s'apparentent, selon ce que vous nous en
avez dit, de très près à ce qui s'est fait à
Gatineau. Je vous assure d'une chose, c'est que votre préoccupation pour
la représentation des régions, malgré l'impression que
j'ai pu vous donner quant aux difficultés que posent vos suggestions, ce
sont effectivement des difficultés réelles, mais auxquelles,
comme le député de Saint-Jacques, je pense que nous pourrons
trouver des solutions. On innove et je pense qu'il est important de le
souliqner. La nomination des membres du collège électoral, la
notion même de collège électoral est inédite. Cela
n'existe nulle part ailleurs, dans aucun autre organisme existant
présentement. On pense que c'est là une façon d'assurer un
peu mieux la représentation régionale. Je peux vous assurer que
les suggestions que vous nous avez faites, tant dans votre mémoire qu'en
addenda à votre mémoire, ce matin, seront
considérées très sérieusement. Je vous
réitère nos remerciements les plus sincères pour la
qualité de vos représentations. Sachez que, sans nous engager
à retenir chacune de vos suggestions, je puis m'engager, par contre,
à ce que chacune de
vos suggestions obtiennent une consideration très
sérieuse. Merci.
Le Président (M. Filion): Merci, M. le ministre. À
mon tour, messieurs, de vous remercier à la fois pour votre
mémoire ainsi que pour la qualité de l'échange de cet
avant-midi.
Je demanderais maintenant à la Conférence
Notre-Dame-de-Québec de la Société Saint-Vincent de Paul
de bien vouloir se préparer à prendre place à la table des
invités. Nous allons suspendre les travaux, mais pour une minute,
uniquement pour vous permettre de saluer les intervenants, s'il y a lieu. Mais,
encore une fois, cela ne dépassera pas la minute.
(Suspension de la séance à 12 h 5)
(Reprise à 12 h 7)
Le Président (M. Filion): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Nos travaux reprennent donc. Avant de passer à l'audition de la
Conférence Notre-Dame-de-Québec de la Société
Saint-Vincent de Paul, je voudrais soumettre aux membres un petit
problème d'horaire. Dans l'horaire original que nous avions
préparé, nous avions prévu une heure et demie pour le
dîner; dans l'horaire qui nous est soumis, il ne reste qu'une heure,
étant donné la durée des déclarations d'ouverture.
Je sais que certains membres de la commission, entre autres, la porte-parole de
l'Opposition, ont des engagements. Est-ce que les membres de la commission
seraient ouverts à la possibilité que Contact-Jeunesse Sainte-Foy
Inc., prévu a 16 heures, soit entendu - je me permets une suggestion,
peut-être qu'il n'y a pas d'engagements qui ont été
prévus pour l'heure du souper, peut-être qu'il y en a - à
19 heures?
Nous allons terminer nos travaux à 13 heures, avec la
conférence. On est censé reprendre à 14 heures, selon
l'horaire qui a été préparé, ce qui laisse moins
d'une heure aux personnes dont les engagements ont déjà
été pris.
Mme Blackburn: On a des engagements aussi à l'heure du
souper. On travaille, quand on est ici, vous savez!
Le Président (M. Filion): On pourrait les entendre
à 21 heures. Est-ce qu'a 21 heures cela vous convient mieux? Donc,
l'ordre demeurera le même. À 15 heures, nous entendrons les
Groupes de soutien aux initiatives-jeunesse de la région 03; à 16
heures, nous entendrons le caucus des jeunes du Nouveau parti
démocratique; à 17 heures, M. Martin Ouellet; à 20 heures,
le Comité spécial des organismes jeunesse et, à 21 heures,
Contact-Jeunesse Sainte-Foy. Est-ce que cet horaire vous convient? Cela va.
Conférence Notre-Dame-de-Québec de la
Société Saint-Vincent de Paul
Je souhaite donc la bienvenue aux réprésentants de la
Conférence Notre-Dame-de-Québec de la Société
Saint-Vincent de Paul et j'inviterais immédiatement les
représentants de cet organisme à s'identifier.
M. Martin (Gilles): M. le Président, je vous remercie et
permettez-moi de vous présenter la délégation qui nous
accompagne. Dans un premier temps, Mme Jacqueline Beaudet, religieuse des
soeurs Augustines de l'Hôtel-Dieu de Québec et
vice-présidente de la Conférence Notre-Dame-de-Québec de
la Société Saint-Vincent de Paul. À ma gauche, M. Gilles
Marquis, intervenant en alcoolisme et toxicomanie et conseiller auprès
de la Société Saint-Vincent de Paul et je me présente,
Gilles Martin, consultant en relations publiques et membre de l'exécutif
de la Conférence Notre-Dame-de-Québec de la Société
Saint-Vincent de Paul.
Le Président (M. Filion): M. Martin, Mme Beaudet, M.
Marquis, bienvenue. Je vous inviterais immédiatement' à bien
vouloir présenter votre mémoire aux membres de la commission.
M. Martin: M. le Président, mesdames et messieurs les
membres de la commission, permettez-nous tout d'abord de vous remercier d'avoir
accepté de nous entendre ici aujourd'hui, nous les représentants
de la plus ancienne conférence de la Société Saint-Vincent
de Paul au Canada, soit celle de Notre-Dame-de-Québec.
Des origines jusqu'à nos jours, les promoteurs des
conférences de la Société Saint-Vincent de Paul ont
toujours eu comme ligne de conduite d'aider au respect des règles les
plus élémentaires de la justice. De l'angoisse ressentie à
la vue des souffrances d'autrui, ceux-ci ont su tirer les motivations
nécessaires pour mener à bien leur action. La lutte à
l'injustice ne trouve toutefois son sens véritable que lorsqu'elle est
menée en vue d'instaurer un nouvel ordre économique et social
conforme aux qrands principes de justice humaine. C'est d'ailleurs dans cette
optique que la Conférence Notre-Dame-de-Québec de la
Société Saint-Vincent de Paul, à partir de sa longue
expérience d'engagement bénévole, entre autres
auprès des jeunes, souhaite aujourd'hui présenter certains
éléments de solution dans le cadre de cette commission
parlementaire convoquée en vue de la création du Conseil
permanent de la jeunesse. Notre exposé se penchera notamment sur la
réalité inacceptable du chômage, lequel marginalise une
grande
partie de la jeunesse.
Nous sommes par ailleurs bien conscients que les graves problèmes
socio-économiques auxquels font face, en particulier, les jeunes
d'aujourd'hui, ne pourront être résolus que si se créent de
nouveaux fronts de solidarité. La production de ce mémoire en est
jusqu'à un certain point l'illustration, puisque c'est grâce
à la collaboration de la Caisse populaire Notre-Dame-de-Québec et
de la Fédération des caisses populaires Desjardins de
Québec que la présente démarche nous a été
rendue possible. Nous profitons ici de l'occasion pour les remercier pour leur
assistance technique et financière. Nous tenons à souligner le
court laps de temps que nous avons eu pour rédiger notre
mémoire.
Il est clair dans notre esprit que nous avons essayé de faire
ressortir avec les moyens mis à notre disposition l'ampleur des
problèmes auxquels doit faire face la jeunesse. Solitude, vol,
prostitution, alcool, drogue et suicide sont quelques-uns des problèmes
cruciaux vécus par un nombre grandissant de jeunes
défavorisés que notre étude et nos rencontres dans le
cadre des activités de la Société Saint-Vincent de Paul
nous ont amenés à constater. Nous devons faire face ici à
une dure réalité que nous révèlent les
statistiques: le nombre de tentatives de suicide chez les trente ans et moins
est présentement de l'ordre d'un par jour dans notre région. Par
ailleurs, les personnes-ressources que nous avons interrogées, que ce
soit le directeur du Patro Saint-Vincent, les responsables de la Maison de
L'auberivière, celles de l'Oeuvre de la soupe, les curés de la
paroisse du Vieux-Québec et de Saint-Roch, sont unanimes pour
revendiquer le droit des jeunes à une vie décente,
c'est-à-dire à reconnaître le droit des jeunes au travail,
au même niveau que le droit au logement, à la nourriture et
à la santé. Malgré un répertoire des programmes
d'aide à l'emploi du gouvernement du Québec totalisant plus de
250 000 000 $, plusieurs de ces mêmes intervenants n'hésitent pas
à dire qu'ils ne règlent presque en rien le problème du
chômage chez les jeunes et qu'ils sont plutôt un lent retour au
bien-être social.
La création du Conseil permanent de la jeunesse est certainement
un moyen pour en arriver à permettre aux jeunes de prendre leur vraie
place de citoyens et de citoyennes à part entière dans notre
société. En tant qu'organisme oeuvrant auprès des
démunis, en particulier auprès des jeunes, nous souhaitons que le
mandat du Conseil permanent de la jeunesse n'en fasse pas uniquement un
organisme de consultation, mais bien un organisme disposant d'un pouvoir
décisionnel propre et décentralisé s'appuyant sur la
dynamique des tables de concertation locales permanentes. Pour faciliter
l'articulation de son fonctionnement, nous souhaitons que le Conseil permanent
de la jeunesse soit greffé au Secrétariat au développement
culturel et social sous l'autorité d'un secrétaire adjoint, par
exemple. Le conseil pourra ainsi bénéficier des ressources
humaines et techniques du secrétariat, de son voisinage avec le
Secrétariat au développement économique, tout ceci
permettant d'en minimiser les coûts d'opération et d'en assurer
une meilleure performance. (12 h 15)
Par ailleurs, comme il faut faciliter les nouvelles approches dans les
problématiques spécifiques des jeunes s'inscrivant dans des
milieux spécifiques, nous recommandons la mise sur pied des tables de
concertation locales permanentes implantées à partir du
réseau des CLSC et des Centres de services sociaux. À notre avis,
le Conseil permanent de la jeunesse devra d'abord se pencher sur le
problème crucial de Ia parité de l'aide sociale pour les 18-30
ans que nous voyons instaurer, dans un premier temps, sans préjudice
comme mesure palliative en attendant la mise sur pied d'une politique d'emploi
et de formation pour les jeunes, et plus spécifiquement en
matière de formation professionnelle, afin d'assurer une meilleure
cohérence en matière de planification de l'éducation en
fonction du marché du travail.
Voilà pourquoi nous recommandons un programme de retour aux
études sur lequel le Conseil permanent de la jeunesse devra se pencher
de concert avec les agents économiques du milieu.
Considérant, par ailleurs, que plusieurs jeunes sont victimes
d'alcoolisme et de toxicomanie, ceci engendrant des coûts sociaux souvent
non pondérables, nous recommandons que le Conseil permanent de la
jeunesse entreprenne une véritable guerre à l'alcoolisme et
à la toxicomanie en favorisant l'ouverture et l'expansion de centres
spécialisés dans le traitement de ces maladies.
Par ailleurs, conscients que le droit au logement est tout aussi
primordial que le droit au travail, nous recommandons que le Conseil permanent
de la jeunesse élabore une véritable politique du logement pour
ceux et celles qui se retrouvent temporairement dans une situation
financière précaire.
Enfin, le Conseil permanent de la jeunesse devra viser à la
réinsertion sociale de ces trop nombreux jeunes qui ont
décroché en leur favorisant d'abord l'accès à des
centres-jour ou centres d'accueil où ils pourront progressivement se
prendre en main, centre-jour comme SAROL que la Conférence
Notre-Dame-de-Québec est présentement en train de mettre sur
pied. Je demanderais à mon collègue, M. Gilles Marquis, de vous
en exposer les coordonnées.
Le Président (M. Marcil): M. Marquis.
M. Marquis (Gilles): M. le Président, je me permettrai
d'abord de vous mentionner que le projet SAROL est parrainé par le
Mouvement des caisses populaires Desjardins en collaboration avec la
Fédération des sociétés Saint-Vincent de Paul de la
région de Québec. SAROL, pour Service d'accueil, de
référence, d'orientation et de loisir; centre de jour;
clientèle visée: hommes et femmes 18-30 ans, itinérants,
sans abri ou sans occupation journalière. Nous croyons fermement que
SAROL est une suite logique du présent mémoire, lequel nous a
amenés, tout en nous penchant sur la question, è y trouver une
certaine réponse. Il se veut pour nous un besoin créé par
une réalité, celle des sans-abri et des sans-occupation.
L'alcoolisme et la toxicomanie de ces milieux n'est sans aucun doute plus
à discuter; de même, cette réalité qu'est la leur ne
fut sans doute pas toujours celle-là. Qui, quoi, comment en sont-ils
venus là? De la même façon que ce qui nous conduit
là où nous sommes: L'absence ou le "mal-situé" des valeurs
sûres qui concourent à un mode de vie peuvent nous conduire
là où ils sont.
C'est à partir de l'expérience de rue et de vie que nous
vient une vision bien différente de la situation. Ainsi, nous croyons
pouvoir offrir une intervention bien différente. Cette dernière
se veut surtout axée sur l'échange de valeurs, basée sur
l'exemple et la confrontation des problèmes par rapport à des
réalités différentes: L'accueil de l'autre là
où il est tout en lui proposant de l'accompagner dans une
démarche d'intégration à différents apprentissages
de vie occupationnels, l'accompagnement dans la référence et
l'orientation étant l'un de nos objectifs visés pour aider
l'individu à bien utiliser les ressources du milieu qui peuvent servir
à améliorer sa qualité de vie. Nous avons inclus les
loisirs dans la manière de les rejoindre et nous croyons qu'ils sont
importants dans la vie équilibrée de toute personne saine.
En résumé et pour conclure, nos actions et interventions
sont basées sur un vieux dicton, qu'il vaut mieux apprendre à
quelqu'un à pêcher que de lui donner du poisson. Nous croyons que
là est toute la différence. Merci.
M. Martin (Gilles): M. le Président, j'inviterais
maintenant Sr Jacqueline Beaudet à tirer les conclusions de notre
mémoire.
Mme Beaudet (Jacqueline): M. le Président, vous
comprendrez maintenant pourquoi nous faisons nôtre cette réflexion
de Félix Leclerc qui dit que la meilleure façon de tuer un homme,
c'est de le payer à ne rien faire.
Les démunis, les jeunes, les tiers, comme dit le sociologue
Jacques
Grand'Maison, ces exclus du système ont besoin d'une nouvelle
solidarité et appellent des solutions de société qui font
appel à une grande volonté de foncer dans l'evenir non plus avec
une logique individualiste, mais plutôt en bâtissant de nouvelles
solidarités.
Le Conseil permanent de la jeunesse, tel que nous l'envisageons et ce,
tant à partir de notre expérience à la
Société Saint-Vincent de Paul qu'à la lumière des
témoignages rendus par d'autres intervenants compétents, oeuvrant
ou non auprès des jeunes défavorisés, a un rôle
important à jouer au Québec et doit notamment proposer de
nouveaux modèles d'apprentissage pour permettre à toute cette
jeunesse de vivre pleinement.
Ces jeunes de moins de 30 ans se sentent facilement rejetés de la
société. Face à un avenir qui paraît bloqué,
ils sont tentés par la fuite. Ils vivent de plus en plus dans le ghetto
de leur sous-culture, de nous rappeler les évêques. Voilà
pourquoi nous croyons que l'action du Conseil permanent de la jeunesse doit
d'abord prendre la forme d'un immense effort d'éducation:
éducation à la qualité de vie, à la civilisation du
travail, éducation à la solidarité, à
l'accès de tous à la culture. Nous devons chercher en effet avec
les jeunes des lieux d'espérance capables de stimuler leur désir
de vivre et d'améliorer leur qualité de vie. II faut accepter que
les jeunes cheminent sur des voies différentes de celles de leurs
pères, reconnaître qu'ils ont un besoin d'absolu et d'amour
inversement proportionnel à la détresse et à l'angoisse
qu'ils connaissent trop souvent. Il nous apparaît maintenant
évident que la solution à la plupart des très graves
problèmes de la misère chez les jeunes se trouve dans la
promotion d'une véritable civilisation du travail. Le travail est en
quelque sorte ia clé de la promotion et de la valorisation des
jeunes.
Quel que soit le type de travail, le jeune travailleur et la jeune
travailleuse doivent pouvoir le vivre comme une expression de leur
personnalité propre. II nous faut en même temps reconnaître
la nécessité d'accompagnement, de communication, de
solidarité à laquelle la société doit
répondre le plus adéquatement possible selon l'esprit et la
philosophie du projet SAROL, par exemple. Alors, malgré un avenir qui
peut parfois paraître sombre aux jeunes, la vie aura encore des
défis passionnants à offrir. La Conférence
Notre-Dame-de-Québec de la Société Saint-Vincent de Paul
remercie la commission de son accueil et de l'attention portée aux
quelques réflexions que nous avons voulu lui soumettre.
Nous redisons à la commission et, par elle, à tous les
autres intervenants venus et à venir notre disponibilité à
toute forme de travail conjoint au service de la jeunesse car
telle est bien la mission de la Société Saint-Vincent de
Paul, à savoir prendre le parti des pauvres et des plus démunis.
"La question qui divise les hommes de nos jours -disait notre fondateur,
Frédéric Ozanam -n'est plus une question sociale; c'est de savoir
qui l'emportera de l'esprit d'égoïsme ou de l'esprit de sacrifice;
si la société ne sera qu'une grande exploitation au profit des
plus forts ou une consécration de chacun au service de tous... Il y a
beaucoup d'hommes qui ont trop et qui veulent avoir encore; il y en a beaucoup
plus d'autres qui n'ont rien et qui veulent prendre si on ne leur donne rien.
Entre ces deux classes d'hommes, une lutte se prépare et cette lutte
menace d'être terrible: d'un côté, la puissance de l'or, de
l'autre, la puissance du désespoir. Entre ces armées ennemies, il
faudrait nous précipiter, sinon pour empêcher, au moins pour
amortir le choc." Merci.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, soeur Beaudet,
M. Marquis et M. Martin. Nous allons procéder aux échanges.
M. le député de Rousseau.
M. Thérien: M. le Président, soeur Beaudet, M.
Marquis, M. Martin, d'abord, je veux vous féliciter de votre
détermination et surtout je constate que vous nous avez ramenés
à une réalité quotidienne dont, je pense, tous sont
conscients. Vous n'avez pas attendu la formation d'un conseil ou d'un autre
pour agir. Je veux vous féliciter d'intervenir concrètement
auprès des jeunes défavorisés parce qu'au-delà de
toutes ces paroles, de toutes ces formations, il y a quand même des gens
qui oeuvrent. Je pense qu'on doit féliciter ceux-ci, dont vous faites
partie.
Je veux aussi souligner - et vous l'avez quand même
souligné - vu le peu de temps à concevoir le document, l'effort
considérable que vous avez mis à structurer votre mémoire
et surtout, ce qui m'a frappé considérablement, tous les appuis
que vous y avez trouvés. Je suis convaincu que, si on lit votre
mémoire, on peut aussi y constater de nombreux appuis tant en ce qui
concerne la députation que les organismes que vous côtoyez
quotidiennement.
C'est bien évident que, parmi tous les mémoires que nous
avons reçus - on parlait de 50 mémoires et de 273 intervenants
d'organismes - vous êtes sûrement les intervenants communautaires
qui apportent des solutions les plus éclairantes avant même la
création du Conseil permanent de la jeunesse. Vous avez quand même
souligné tantôt - et je pense que c'est très pertinent -
que le Conseil permanent de la jeunesse, c'est un moyen
privilégié pour les jeunes de trouver une place, d'orienter de
façon plus concrète le gouvernement.
Tantôt, soeur Beaudet parlait de l'effort d'éducation que
le conseil permanent de l'éducation devrait offrir, je pense que c'est
tout à fait juste. Je pense qu'on ne corriqe pas une
société, on n'améliore pas une société si on
ne parle pas d'éducation à la base. Je vous dis, ma soeur, vous
avez sûrement des appuis de ce côté parce que c'est du
côté de l'éducation qu'on doit introduire ce conseil
permanent de l'éducation. C'est le Conseil permanent de la jeunesse,
excusez-moi cette déformation professionnelle parce que moi-même,
je suis dans l'éducation.
Je veux quand même... Pardon?
Mme Blackburn: Vous n'avez pas encore changé de
commission.
M. Thérien: Je n'ai pas encore changé de commission
et suis très heureux à la commission de l'éducation.
Comme je le disais tantôt, vous nous faites miroiter toutes sortes
de solutions dues aux problèmes de la réalité. Bien
entendu, cela diffère un petit peu du mandat qu'on s'était
donné durant cette consultation qui est de parler du Conseil permanent
de la jeunesse. Par contre, on accueille cela d'une façon très
agréable, de voir jusqu'à quel point c'est criant, jusqu'à
quel point il faut en arriver à une solution tout à fait
pertinente.
J'aurais, à la suite de cela, peut-être quelques petites
questions à vous poser concernant le Conseil permanent de la jeunesse.
Dans votre mémoire, vous parlez du caractère décisionnel
du conseil permanent. Il y a quand même un côté un petit peu
ambigu parce que vous savez que le Conseil permanent de la jeunesse va faire
affaires avec plusieurs ministères. Comment voyez-vous cela si cela
devient décisionnel et comment cela peut-il se mettre en oeuvre face aux
différents ministères?
M. Martin: Je pense, M. le Président, pour répondre
à cela, que le fait de greffer le Conseil permanent de la jeunesse au
Secrétariat au développement culturel et social qui lui, disons,
est très très proche du Secrétariat au
développement économique... Les deux ensemble ont des portes
d'entrée dans tous les ministères. Ce sont eux qui
préparent les grandes politiques concernant les différents
ministères à caractère social ou à vocation
économique. Je ne vois pas qu'il y ait de problème comme tel
à ce niveau.
M. Thérien: Le fait de greffer cela au secrétariat
des affaires sociales, est-ce que cela n'enlève pas le caractère
autonome du Conseil permanent de la jeunesse?
M. Martin: Non, je ne le pense pas. À ce moment-là,
le Conseil permanent de la
jeunesse pourra bénéficier des infrastructures
déjà existantes, peut-être en y adjoignant un
secrétaire adjoint, quelque chose du genre. Il y a des ressources
humaines, des ressources techniques. Au Heu d'aller chercher d'autres sommes
d'argent, il y a déjà sur place une infrastructure existante.
Pourquoi ne pas l'utiliser, d'autant plus que ce secrétariat est
très près du Conseil des ministres, tant le secrétariat au
développement social que celui au développement
économique. Comme les jeunes ont besoin présentement d'être
au courant de ce qui se passe et, comme leurs problèmes touchent
à la fois le domaine social et le domaine économique, je pense
que c'est l'endroit idéal pour situer le Conseil permanent de la
jeunesse. Par après, quitte à véhiculer des
décisions à travers le Secrétariat à la jeunesse un
peu partout au Québec. (12 h 30)
M. Thérien: C'est peut-être le rôle du
Secrétariat à la jeunesse que vous mentionnez qui va continuer de
fonctionner. Est-ce que le Conseil permanent de la jeunesse vient ajouter
quelque chose'' Le côté décisionnel que vous voulez y
mettre dans son application pose peut-être un problème dans la
réalité.
M. Martin: On a parlé de tables de concertation locales
permanentes qui regroupent des organismes déjà existants.
À partir de ce moment-là, je pense qu'il y a moyen d'avoir des
représentants du milieu qui seront choisis d'une façon
très démocratique parmi ces groupes déjà existants.
C'est un peu comme un ascenseur qu'on renvoie maintenant au niveau du Conseil
permanent de la jeunesse qui sera composé de ces élus, de ces
gens mandatés par la base et qui, à son tour, décidera
certaines choses, étant très bien au courant des politiques
gouvernementales, ayant un ministre responsable ou, enfin, un
délégué du Conseil des ministres présent. Ensuite,
en retournant dans les régions, mutatis mutandis, à ce
moment-là, il sera en mesure d'appliquer régionalement certaines
décisions qui ne sont pas nécessairement les mêmes. Je
pense, par exemple, que, si vous avez affaire avec des jeunes résidant
en Gaspésie, un groupe de jeunes sur la Basse-Côte-Nord ou encore,
ici même dans la région de Québec ou dans la région
de Montréal, les problèmes sont peut-être identiques, mais
la façon de les résoudre va être nécessairement
différente.
M. Thérien: Je vous remercie beaucoup. J'aurais une autre
question. Votre organisme travaille-t-il déjà avec des
associations ou des organismes de jeunesse reconnus? Est-ce que vous avez
l'occasion de travailler avec ces organismes?
M. Martin: Disons que...
M. Thérien: On parle de 500 organismes reconnus de jeunes.
Est-ce que vous avez l'occasion de travailler avec certains organismes?
M. Martin: D'accord. Ici, on travaille surtout avec des
organismes qui sont en contact avec les jeunes. Évidemment, comme vous
le savez, la Saint-Vincent de Paul est un organisme pour aider les personnes
qui sont démunies. On est en étroite collaboration et on est
membre à part entière, jusqu'à un certain point, en tout
cas, dans la mise sur pied de l'Oeuvre de la soupe sur l'autoroute Dufferin,
chez les Soeurs de la Charité. À ce moment-là, on y
apporte un certain appui financier et également un appui technique en
tant que personnes qui vont donner de leur temps à l'occasion. C'est la
même chose pour les vestiaires qui sont mis sur pied et qui existent un
peu partout dans la ville de Québec, par exemple. Je parle toujours
uniquement de la région de Québec comme telle. C'est la
même chose pour L'auberivière. Disons qu'on travaille en
étroite collaboration. À l'occasion, certains jeunes vont venir
nous demander conseil pour savoir comment procéder ou comment avancer
dans certains projets. Je peux vous dire que, si on était un bureau de
placement, si on avait une banque d'emplois, disons, dans nos tiroirs lorsqu'on
reçoit les jeunes le lundi soir et le jeudi soir et ceci, 52 semaines
par année... Dites-vous bien une chose: Quelqu'un qui reçoit un
chèque qui est maintenant à 180 $ pour les jeunes de 18 à
30 ans et qui paie quelque chose comme 160 $ pour une chambre ou un peu plus,
il n'est pas capable d'arriver. Alors, dès la première semaine,
on est obligé de l'aider. On donne habituellement un bon de nourriture
de l'ordre de 15 $, quatre fois par mois, à ces jeunes, entre autres.
Ces jeunes viennent plutôt nous demander des conseils à savoir
comment procéder pour, je ne sais pas, par exemple, avoir un emploi,
savoir qui contacter au gouvernement, qui contacter dans les organismes ou dans
les intervenants du milieu.
M. Thérien: Comme dernière réflexion.
Étant donné que vous êtes très près des
problèmes, vous en avez quand même étalé
tantôt, quel serait le problème le plus criant que vous avez
perçu dans les cinq dernières années à travers
toute l'évolution du phénomène des jeunes?
M. Martin: Je pense que tout est rattaché ensemble. Je
passerai la parole à M. Gilles Marquis qui va être en mesure de
répondre mieux que mot, je pense. Tout concorde, enfin, à une
chose. Ce que je
trouve le plus déplorable, c'est qu'on en arrive dans une
situation comme la nôtre ici où il y a un standard de vie assez
élevé et on en arrive à une tentative de suicide par jour
dans notre région, ce qui est très très
élevé. Alors, il y a certainement quelque chose qui ne tourne pas
rond. Je peux vous dire que j'essaie, de mon côté, quand je suis
à la table devant ces jeunes qui nous arrivent... Que ce soit soeur
Jacqueline, que ce soient les autres personnes qui interviennent, on essaie du
mieux qu'on peut de les diriger vers un endroit où ils vont pouvoir - on
appelle cela des "jobines", finalement - ramasser un peu de fric et en
même temps se valoriser parce qu'il y a une dévalorisation nette,
c'est absolument incroyable. Le jour où quelqu'un a réussi
à décrocher un emploi, ne serait-ce qu'un emploi de balayeur, on
voit, lorsque cette personne revient, qu'il y a déjà un
élément positif chez elle, elle est valorisée. C'est pour
cela que je me dis que ce n'est pas par des programmes... Je voyais la liste
ici; on a: Répertoire des programmes du Ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. J'en ai fait le total
et il y en a pour à peu près 250 000 000 $. Il y en a qui sont
excellents, c'est sûr, mais tout le monde n'est pas prêt à
accéder à cela.
M. Thérien: En dépit, dans les cinq
dernières années, de la création de maisons de jeunes,
d'autres organismes jeunesse, vous semblez me dire que la situation s'est quand
même détériorée.
M. Martin: Effectivement. Je pense que Gilles serait plus en
mesure que moi de répondre là-dessus.
Le Président (M. Marcil): M. Marquis.
M. Marquis: À part différents niveaux
d'intervention qui concernaient les jeunes, je pense qu'on a traversé
une grande période où on a eu comme principe de mettre sur pied
différentes ressources et on s'est orienté vers la
quantité des ressources. On en a mis sur pied à un tel niveau
qu'on se retrouve aujourd'hui avec une prolifération des ressources
épouvantable. On ne s'est pas préoccupé dans ce geste de
mettre sur pied des ressources, d'y apporter une qualité d'intervention
et d'y apporter une surveillance à certains niveaux. C'est ce qui fait
que le jeune, à l'heure actuelle subit le coût, de ces ressources
et j'irais même jusqu'à dire qu'il en arrive à
épuiser ces ressources du milieu qui existent présentement et
à se retrouver toujours au même point, face à un gros
problème qui est le désespoir. Le désespoir d'un aller
plus loin, le désespoir de s'en sortir, le marasme de leurs
problèmes, de leur dépendance qu'ils vivent à
différents niveaux. On sait selon certaines théories... Je ne
prendrai que Winick qui est un socioloque américain qui dit que la
disponibilité des produits favorise la toxicomanie chez nos jeunes, le
rôle des interdits, la perte de rôle aussi au niveau familial; la
mort du patriarcat entraîne certainement la mort de la famille, ce qui
fait que, en somme, le jeune n'a plus de rôle quant aux valorisations qui
lui sont offertes du côté paternel et maternel, à ces
niveaux bien précis. Ces différents points concourent à
amener nos jeunes très tôt dans la société à
ne pas avoir de rôle alléchant qui leur soit offert, à ne
pas avoir de valeurs profondes face à une qualité de vie
profonde. La communication devenant de plus en plus absente, le jeune subit les
contrecoups et en vient à se retrouver face à une fuite
plutôt qu'à une réalité. De là les modes de
consommation commencent tout simplement. Quant aux démunis, aux
sans-abri, aux sans-occupation, on serait souvent porté à croire
que ces gens n'ont pas de problème de consommation dû au manque de
ressources financières, alors que presque tous ces gens en arrivent
à surconsommer alcool, droque et médicaments grâce à
la facilité, la disponibilité du produit dans le milieu tout
simplement. Dans le cas des assistés sociaux, le phénomène
des médicaments devient pour eux une manière de commercialiser
leur toxicomanie ou leur dépendance à différents produits.
Je crois que, pour résumer, le désespoir, le manque de
communication et le manque de qualité de ressources, aussi, dans
l'accompagnement du jeune... Ce n'est pas tout de lui donner du poisson, comme
je vous le faisais ressortir dans ce vieux dicton; pour se
déculpabiliser, on va lui donner du poisson, mais on oublie parfois de
lui montrer à pêcher, ce qui serait beaucoup plus important, selon
moi.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. Marquis. M.
le député de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Merci, M. le Président. Lorsqu'on parle de
priorité, le Parti libéral s'est donné certaines
priorités. Le caucus des députés libéraux s'est
formé un comité ad hoc sur la jeunesse dont je suis le
président et la moitié de la commission permanente est
composée de membres du comité ad hoc sur la jeunesse. On s'est
penché sur plusieurs problèmes et on recherche
énormément de solutions. Votre document de réflexion tombe
à point. Vous me permettrez, avec votre consentement, de faire parvenir
aux autres membres du comité ad hoc sur la jeunesse votre document de
réflexion parce qu'il est vraiment bien fait. Peut-être deux
petites questions, parce qu'avant d'être député
j'étais - et la plupart des députés ont été
impliqués socialement - vice-président à la table de
concertation jeunesse de Saint-
Hyacinthe. Je regarde à la page 13 de votre document, vous parlez
d'une table de concertation locale permanente. À Saint-Hyacinthe,
c'étaient tous les intervenants locaux face à la jeunesse qui se
réunissaient mensuellement et on dépistait certains
problèmes et on a même trouvé, avec l'aide de subventions
gouvernementales, des problèmes face au décrochage, au taux de
suicide, de toxicomanie et tout cela. Comment va s'insérer votre table
de concertation locale permanente avec le Conseil permanent de la jeunesse?
M. Martin: M, le Président, lorsqu'on parle du
collège électoral comme tel, à notre avis, celui-ci
devrait être choisi à l'intérieur de ces gens qui sont
impliqués dans le milieu grâce à ces organismes qui
s'appellent tables des concertation locales permanentes.
Il en existe déjà ici dans la région de
Québec. Ces gens représentent effectivement comme vous le
mentionniez tantôt chez vous dans votre région, des gens qui sont
impliqués dans différents secteurs qui se regroupent et se
rencontrent et qui, à ce moment-là, voient quelles sont les
solutions, quels sont, d'abord, les problèmes, puis quels sont les
éléments de solution qui peuvent être apportés.
M. Messier: Si je comprends bien votre réponse, c'est que
la table de concertation deviendrait l'organisme représentant l'ensemble
des intervenants du milieu et qui ferait partie du collège
électoral.
M. Martin: C'est cela, et qui eux, disons,
délégueraient des gens qui s'appellent le collège
électoral au Conseil permanent de la jeunesse.
M. Messier: À Québec, est-ce que la table de
concertation est déjà effective?
M. Martin: C'est déjà existant, oui.
M. Messier: Et combien d'organismes sont
représentés à la table de concertation?
M. Martin: Je ne pourrais pas vous le dire exactement, disons
qu'il y a plusieurs tables de concertation mais, si je pense uniquement
à la région qui nous concerne, à savoir le
Vieux-Québec en allant vers le quartier Saint-Jean Baptiste et la basse
ville où cela bouge un peu plus qu'ailleurs si je compare cela à
des endroits périphériques comme les banlieues de Sainte-Foy et
Charlesbourg, il y a certainement une quinzaine d'organismes aux dires du
curé de la paroisse Saint-Roch, par exemple, qui sont très actifs
et qui font partie, justement, des tables de concertation permanentes.
M. Messier: D'accord. Peut-être juste une petite question
avant de passer à Mme Blackburn. D'après le sondage qui a
été fait, il y a 84 intervenants qui ont répondu. À
la page 5 de votre sondage, à la question 19, c'est: "Pour
améliorer ta situation quelles mesures le gouvernement devrait-il
prendre?" C'est écrit "politique d'emploi, parité de l'aide
sociale, politique pour logements à loyer modique et politique pour le
retour aux études. Est-ce que c'est à la suite de votre sondage?
Est-ce que c'est une priorité, premièrement, à une
politique d'emploi et deuxièmement à la parité de l'aide
sociale? De quelle façon avez-vous obtenu ces résultats?
M. Martin: Alors, disons qu'ici il n'y avait aucun choix possible
sur la grille d'intervention et, à ce moment-là, on a
placé par ordre d'importance les réponses. Alors, si les gens ont
répondu majoritairement "politique d'emploi", c'est ce qui a
été écrit.
M. Messier: C'est une question ouverte que vous avez
posée?
M. Martin: C'est cela, exactement.
M. Messier: Et la majorité des réponses...
D'accord, merci.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député de Saint-Hyacinthe. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M, le Président. Mme Beaudet, M.
Marquis et M. Martin, au nom de ma formation politique, je voudrais vous
remercier de votre participation à cette commission parlementaire. Comme
le soulignait avec justesse le député de Rousseau et, par la
suite, celui de Saint-Hyacinthe, c'est un mémoire de grande
qualité et qui témoigne d'une connaissance intime de la
réalité jeunesse dans certains milieux et, je pense, les milieux
les plus défavorisés de la grande région de
Québec.
Tout à l'heure, on disait que, pendant qu'on est en train de
songer à mettre sur pied une structure, il y a des gens qui sont dans
l'action et, moi, c'est un peu, beaucoup ce qui me préoccupe, c'est que
la création d'un tel organisme vienne à l'occasion tenter
d'unifier la voix des jeunes et l'expression de leurs besoins. (12 h 45)
M. le député de Rousseau disait qu'il trouvait
peut-être un peu étonnant la proposition que vous apportez parce
que ce n'était pas dans le mandat de cette commission. Je pense qu'au
contraire c'est dans le mandat de cette commission de recevoir tous les
mémoires qui viennent critiquer le projet, évaluer le projet qui
est
soumis à la présente consultation. Le projet que vous
présentez, c'est un projet novateur et extrêmement
intéressant et je vous dis d'emblée que si c'était sur un
tel projet que portait la consultation aujourd'hui plutôt qu'un conseil
consultatif qui est chargé de donner des avis au ministre et au
gouvernement sur la situation des jeunes... Et, entre parenthèses, la
situation est connue, ce qui nous manque, ce sont davantage les moyens
d'action. Je dis donc que, si c'était sur un tel projet, je serais tout
à fait emballée parce que j'estime que les meilleures solutions
et les plus concrètes reposent sur une connaissance intime des
situations qui se passent dans des petits milieux et ta problématique de
la jeunesse est trop complexe pour qu'on essaie d'avoir une vision très
intégrée dans un ensemble, d'autant plus qu'on a constaté
dans les mémoires qu'on a beaucoup de difficultés à
définir la jeunesse. C'est de 12 à 35 ans. Vous voyez le
portrait? Ensuite, on constate par les mémoires mêmes que, tout
à coup, on ne sait pas en quelle année cela s'est passé,
mais les jeunes travailleurs sont exclus de la définition de la
jeunesse. C'est assez étonnant. Cela ne fait pas partie des
préoccupations. On semble définir la jeunesse comme étant
dépendante financièrement.
C'est comme une nouvelle définition qui ne se dit pas, mais qui
est imposée. Alors, je trouve votre projet tout à fait emballant
et vous proposez une structure très ancrée dans le milieu et
très porteuse des réels besoins des jeunes. Par ailleurs, le
député de Saint-Hyacinthe disait tout à l'heure -
peut-être qu'on pourrait ensuite l'entendre -soulignant la qualité
de votre analyse... Je me suis dit qu'il serait peut-être favorable
également à l'hypothèse de travail que vous soumettez,
c'est-à-dire une structure très décentralisée et
pour laquelle la nomination des membres serait faite de façon
démocratique, élus par des organismes ou des tables de
concertation locales.
J'ai un certain nombre de questions à poser, mais vous attirez
avec beaucoup de justesse notre attention sur les coûts sociaux des
difficultés qu'éprouve actuellement notre jeunesse. Cependant,
j'ai peu vu - et là je vous comprends parce que vous êtes dans
l'action - de commentaires touchant la prévention. C'est un peu plus en
alcoolisme, mais on les prend alors qu'ils sont déjà dans le
problème plutôt que d'essayer de voir davantage comment on
pourrait leur trouver une solution. Il faudrait peut-être ajouter ce que
l'on y retrouve parce qu'on ne peut pas parler de travail. On parle de
sans-emploi, on ne parle pas de travail. La reprise économique dans tous
les pays actuellement ignore le chômage des jeunes. Ce n'est pas propre
au Québec, mais c'est particulièrement dramatique. C'est pourquoi
cela prendrait une réelle politique de plein emploi et on ne peut pas
compter exclusivement sur la reprise économique pour résorber le
chômage des jeunes.
J'ai quelques questions par rapport à la structure que vous
proposez. Vous proposez des tables de concertation locales permanentes. Est-ce
que vous songez à de l'autofinancement? Comment financer ou assurer la
survie d'une telle structure?
M. Martin: M. le Président, pour répondre à
Mme la députée de Chicoutimi, en me basant sur
l'expérience vécue dans la région de la basse ville, entre
autres, l'autofinancement se fait, à savoir que les organismes tout
simplement viennent autour de la table tout naturellement et, à ce
moment-là, il n'y a pas de coût d'impliqué à
l'intérieur de cela.
Mme Blackburn: Vous dites dans votre texte, dans cette
recommandation à la page 13: "Que la table de concertation locale
permanente soit composée, en plus des représentants locaux
élus..." Vous parlez de représentants d'associations, je
présume. Les représentants locaux élus, s'agit-il des
élus municipaux?
M. Martin: Ce peuvent être à la fois des élus
municipaux et avec la députation que l'on a présentement ici au
Québec, ce serait intéressant d'avoir des gens
représentant le gouvernement par régions, parce que ces
gens-là sont au courant des grandes politiques gouvernementales, des
grandes décisions du Conseil des ministres et sont en mesure
d'éviter que les jeunes réunis autour d'une table de concertation
fassent fausse route, n'étant pas bien informés de la vraie
situation par rapport aux grandes décisions du Conseil des
ministres.
Mme Blackburn: Dans l'hypothèse où le gouvernement
maintient presque tel quel son projet de loi, est-ce que vous estimez qu'il y
aurait là une priorité ou si vous mettriez ailleurs vos
énergies?
M. Martin: Ouais.
Mme Blackburn: Parce que vous êtes fort critique par
rapport à la structure proposée actuellement. Est-ce que je dois
conclure que cette structure ne convient pas à la problématique
que vous nous présentez? Est-ce que, pour un temps, on ne devrait pas
mettre ailleurs nos énergies?
M. Martin: M. le Président, je pense ici encore que le
Conseil permanent de la jeunesse a sa place et doit exister. Maintenant, de
là à dire qu'on est d'accord à 100 % avec le projet de loi
tel qu'il nous est présenté, le but de cette consultation ici en
commission parlementaire, c'est d'en
arriver à voir si cela correspond oui ou non è la
réalité dans le concret. Je pense que tant les gens du
côté ministériel que les gens du côté de
l'Opposition sont d'accord pour réaliser qu'il y a peut-être des
ajustements à faire.
Nous, nous privilégions un Conseil permanent de la jeunesse qui
soit décisionnel et non pas uniquement consultatif. Le danger, c'est
que, politiquement parlant, ce peut être rentable de dire: D'accord, il y
a un Conseil permanent de la jeunesse, mais qui n'est que consultatif. Par
contre, pour répondre, faire face aux réalités, aux
besoins, aux problèmes des jeunes aujourd'hui, il faut réellement
que ce soit un organisme à caractère décisionnel.
Tantôt, vous parliez de prévention, de choses comme cela.
Je pense que, quand on est au niveau local, le conseil permanent peut
décider de certaines politiques. Quant à leur application,
localement parlant, je pense que nécessairement cela va être
coloré d'une façon différente dépendant...
J'écoutais le ministre Côté parler de ce qui se passe
près de Blanc-Sablon, à l'Anse-aux-Gascons, par exemple, le
problème là-bas est complètement différent de ce
qu'il peut être à Saint-Romuald. Je pense que ce sont des choses
comme cela qu'il faut être capable d'appliquer avec tout le bon jugement
nécessaire pour répondre véritablement aux besoins des
gens en cause.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, je soulignais la
difficulté qu'on a a définir la jeunesse. Est-ce que vous avez
fait des tentatives de définition?
M. Martin: C'est toute une question, M. le Président. Je
pense, Mme la députée, que, ici, dans notre analyse et à
partir des expériences de rencontre qu'on a auprès des jeunes, ce
sont essentiellement des jeunes, d'abord et avant tout, de 18 à 30 ans.
Il arrive que nous avons des jeunes de moins de 18 ans. Je lisais, pour mieux
me préparer a cette commission parlementaire, ce qui est publié
par la Grante-Bretagne "Employment Policy and New Training in Britain";
là, on nous rappelle que dans ce pays, contrairement à ici, les
jeunes ne sont pas encore obligés d'aller à l'école
jusqu'à 18 ans. Ils ont des problèmes chez des jeunes de 14, 16
ans, etc., et ils ont des programmes pour leur venir en aide.
Ceci n'existe pas ici, sauf dans le cas des "drop out", excusez-moi
l'expression, des décrocheurs, à ce moment, il y a quand
même une politique que le gouvernement a mise de l'avant de ce
côté. Je qualifierais les jeunes de 18 à 30 ans dans cette
catégorie en particulier, en espérant que, avec les mesures
incitatives gouvernementales et également l'intervention des
intervenants du milieu, à ce moment les jeunes vont finir par devenir
des adultes et des citoyens pleinement responsables qui vont faire face
à leur situation et être des éléments positifs dans
notre milieu.
Mme Blackburn: Vous adressez au gouvernement plusieurs
recommandations qui dépassent largement le cadre de la présente
consultation, c'est-à-dire qui ne touchent pas exclusivement à la
loi 104, et je pense au programme de retour aux études, au soutien aux
maisons de désintoxication, aux politiques de logement, à la
création de centres de jour que je trouve particulièrement
intéressante comme recommandation.
J'espère, bien que ce ne soit pas prévu à cette
fin, que le gouvernement pourra, là-dessus, donner un certain nombre de
réponses par rapport à ces recommandations et je pense comprendre
que ce serait là l'essentiel de vos priorités.
M. Martin: Exactement.
Mme Blackburn: À présent, peut-être pour
avoir... Tout à l'heure, on parlait de l'Oeuvre de la soupe et je
voudrais peut-être mieux voir comment cela a évolué au
cours des cinq dernières années. D'abord, le nombre, l'âge
moyen des personnes qui se présentent-là. Avez-vous ici quelqu'un
qui...
M. Martin: Je m'excuse, madame, pourriez-vous
répéter votre question?
Mme Blackburn: II y a un phénomène dans la
région de Montréal où on prétend que les personnes
qui se présentent aux différentes popotes populaires sont de plus
en plus jeunes et en plus grand nombre. Peut-on constater la même
évolution ici? Avez-vous des données?
M. Martin: Exactement. D'ailleurs, je peux vous dire qu'à
L'auberivière, par exemple, sur la population qui se présente, 40
% ont moins de 30 ans à l'heure actuelle. C'est quand même un
chiffre très considérable. Ici, à l'Oeuvre de la soupe,
chez les soeurs Grises de la charité, je n'ai pas le chiffre exact, mais
je peux vous dire pour y être allé moi-même assez souvent
servir qu'elles servent régulièrement et majoritairement environ
200 repas chaque midi. Et là encore. D'ailleurs, pour préparer le
mémoire comme tel, pendant un mois, je suis allé dîner
è l'Oeuvre de la soupe et le soir, je suis allé souper à
L'auberivière et, à ce moment-là, j'ai
réalisé, à mon grand étonnement, que là
aussi, majoritairement encore, ce sont des jeunes qui viennent et,
également, à l'autre extrême, des personnes très
âgées.
Mme Blackburn: On a fait récemment état des
difficultés qu'éprouvent de plus en
plus de jeunes dans la grande région de Montréal. On parle
d'une croissance dramatique des itinérants et de ce qu'on appelle des
sans-statut ou des intouchables. A-t-on des données pour la grande
région de Québec?
M. Martin: Très peu, sinon que je pourrais vous dire que
présentement le conseil central de la Société
Saint-Vincent de Paul est en train de mettre sur pied une maison qui s'appelle
la Maison Frédéric et qui va pouvoir accueillir, comme cela, des
intinérants pour une période de quelques jours, le temps
d'essayer de les relocaliser, enfin, de les loger ailleurs. Mais on n'a pas de
chiffres exacts encore, sinon que, régulièrement, Je peux vous
dire que, par expérience, les contacts réguliers avec ces
personnes qui viennent nous demander des bons de nourriture, on est quand
même un peu surpris, surtout ces derniers temps, de voir arriver ici, par
exemple, dans la région de Québec, des gens qui nous disent venir
de l'Alberta, de Vancouver, enfin, du Nouveau-Brunswick, d'autres
régions périphériques de la province. Ils arrivent ici et
n'ont ni feu ni lieu, ils n'ont aucun pied-à-terre et sont
complètement démunis. Il faut leur donner de la bouffe et essayer
de trouver des vêtements et parfois même des couvertures. Ils n'ont
rien, absolument rien.
Mme Blackburn: Vous parliez tout à l'heure de rattacher
cet organisme au secrétariat au développement social. À ce
moment-là, qu'adviendrait-il du Secrétariat à la
jeunesse?
M. Martin: Je pense que le Secrétariat à la
jeunesse, à ce moment-là, pourrait être le véhicule
pour diffuser... Excusez-moi. Dans un premier temps, le secrétariat au
développement social, ayant déjà les ressources techniques
et les ressources humaines et, enfin, un certain budget aussi, cela
minimiserait ou cela éviterait de multiplier, de bâtir, de mettre
sur pied une autre structure, permettant d'utiliser ce qui existe
déjà. Le Secrétariat à la jeunesse agissant,
à mon avis, comme un moyen de diffuser, enfin, quelque chose comme cela,
ou d'informer dans les différentes régions. Je le verrais comme
cela.
Mme Blackburn: Ce serait donc le rapport entre les tables locales
permanentes et la structure centrale?
M. Martin: C'est cela. Maintenant, l'information se ferait via le
Secrétariat à la jeunesse.
Mme Blackburn: Évidemment, je ne pense pas que vous
possédiez nécessairement la réponse, mais, quand
même, je pose la question à tout hasard. Vous parlez d'un
organisme avec un pouvoir décisionnel. Avez-vous évalué
les budgets d'un tel organisme? Serait-il décisionnel dans le sens que
ses décisions touchant, par exemple, la création d'un centre dont
on parlait tout à l'heure, ou encore d'une politique de financement des
organismes de jeunesse... Il serait décisionnel par rapport à ces
questions et les budgets seraient impartis à un autre ministère
ou est-ce que tes budgets seraient dans un tel organisme?
M. Martin: Pour répondre à cette question, le fait
d'être greffé au secrétariat au développement social
qui est très proche du Secrétariat au développement
économique permettrait de minimiser certains coûts, par exemple,
dans l'implantation des centres de jour auxquels vous faites allusion et aussi
dans d'autres projets et de voir ce qui existe déjà à
l'intérieur des ministères actuels. D'ailleurs, un des buts du
projet SAROL, entre autres, c'est d'éviter de doubler ce qui existe
déjà.
Je vous donne un exemple très rapidement. Dans la ville de
Québec, il y a un tas d'infrastructures sur le plan des loisirs, mais
plusieurs ne sont pas utilisées. Pourquoi ne pas utiliser ces
infrastructures au lieu de penser à doubler ou à bâtir des
choses nouvelles, que ce soient des gymnases, des piscines, etc., alors qu'on
en a en quantité autour de nous? C'est un peu dans le sens de se servir
de ce qui existe déjà pour avancer.
Mme Blackburn: Donc, ce serait davantage un lieu de concertation
qui aurait la responsabilité de voir à utiliser d'abord les
ressources existantes...
M. Martin: Exactement.
Mme Blackburn: ...en passant par les canaux connus.
M. Martin: C'est cela. Justement, je pense qu'un
secrétariat comme le secrétariat au développement social
et celui au développement économique sont très bien au
courant, très bien informés pour aiguillonner à droite et
à gauche.
Mme Blackburn: Écoutez, comme je vois que le temps passe
et que le président va me rappeler à l'ordre dans quelques
minutes, je voudrais vous remercier de votre participation à cette
commission et vous dire que j'aurais encore beaucoup de questions. Je constate
- je l'avais constaté d'ailleurs à la lecture de votre
mémoire et je l'ai constaté à l'occasion de votre
exposé - que vous possédez une expérience fort
précieuse et, je le redis, une connaissance intime des problèmes
vécus par beaucoup de jeunes dans les grandes régions urbaines
surtout. Cela
n'exclut pas qu'il y en ait aussi dans les régions rurales et en
régions. C'est avec beaucoup de plaisir que je vous ai entendus. Il me
reste à formuler le voeu que le gouvernement puisse prendre en compte
les différentes recommandations contenues dans ce mémoire. Je
vous remercie.
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la
députée. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Oui, M. le Président. À cet effet, les
réflexions et les points de vue exprimés tant dans votre
mémoire que dans les documents à l'appui, en particulier en ce
qui touche les jeunes itinérants, tombent extrêmement à
point en ce début de l'Année internationale des sans-abri.
Vous ne savez peut-être pas que le gouvernement, dans le cadre de
cette Année internationale des sans-abri, a mis sur pied un
comité interministériel qui regroupe les Affaires municipales, la
Santé et les Services sociaux, les Relations internationales et les
Affaires intergouvernementales canadiennes, la Main-d'Oeuvre et la
Sécurité du revenu, l'Éducation, le Secrétariat
à la jeunesse et le Secrétariat à la condition
féminine. Bien que les réflexions dont vous nous faites part ce
matin débordent un peu le cadre de la consultation de notre commission
parlementaire, je puis vous assurer que nous ferons en sorte que ce
comité interministériel soit saisi de votre mémoire et
puisse se pencher sur les suggestions, à mon point de vue, fort valables
que vous y faites et qui découlent d'un travail concret auprès
des jeunes défavorisés. C'est donc dire que les
éléments de votre mémoire qui ne s'adressaient pas
directement à cette commission parlementaire pourront quand même
avoir des suites au sein de ce comité interministériel et je vous
en remercie.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le leader du
gouvernement.
M. Martin: M. le Président, je tiens à remercier le
député de Gatineau et ministre du Revenu.
Le Président (M. Marcil): Soeur Beaudet, M. Marquis et M.
Martin, nous tenons à vous remercier de vous être
présentés aujourd'hui.
Je suspends cette séance jusqu'à 15 heures. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à 13 h 4)
(Reprise à 15 h 10)
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des institutions reprend donc ses travaux. Comme vous Je
savez, nous poursuivons notre mandat qui est d'entendre les intervenants eu
égard au projet de loi 104.
Maintenant, il s'est produit ce matin... Je pense que les membres ont pu
constater un petit problème lorsque des représentants des
médias se sont présentés ici avec caméras et avec
capteurs de son.
Je vous ai fait part, un petit peu sur la base de la décision qui
avait été rendue le 6 juin 1985 à la commission de
l'aménagement, d'un problème semblable. À ce
moment-là, il avait été décidé que, selon la
tradition parlementaire, il était permis de prendre des extraits
télévisés, mais sans captation de son. Maintenant, j'ai
fait des vérifications avec la secrétaire de la commission, Mme
Lucie Giguère, que vous connaissez. Également, on a
fouillé un peu du côté de la pratique à
l'extérieur du Parlement. Je ne voudrais pas créer moi-même
de précédent dans un sens ou dans l'autre. C'est pourquoi je vous
demanderais votre consentement cet après-midi, aux travaux de la
commission des institutions charqée d'entendre les intervenants sur le
projet de loi 104, pour que ces travaux puissent se dérouler de la
façon suivante.
Premièrement, ce serait de permettre aux médias de prendre
des extraits de nos travaux avec sonorisation. Deuxièmement, que ces
prises de vues et ces prises de son soient faites au début de nos
travaux ou au début des témoignages des intervenants.
Troisièmement, que ce soit sans que les témoins ou les membres de
la commission ne soient incommodés. L'idée qui est
derrière, ce que je vous suggère comme étant la directive
pour nos travaux, est la suivante. D'une part, vous savez qu'on a un Journal
des débats qui est chargé de retranscrire nos travaux. On a
également un service de radio et de télédiffusion de nos
débats qui, dans certains cas, peut être appelé à
reproduire à la télévision nos travaux. La deuxième
idée derrière cela, c'est qu'il ne faut pas incommoder les qens
qui se présentent devant nous. Il ne faut pas non plus incommoder les
membres de la commission en leur mettant cinq micros sous la bouche lorsqu'ils
veulent intervenir en commission. Donc, il faut que les interventions puissent
se faire dans la plus parfaite liberté. En ce sens, avec votre
consentement et, encore une fois, sans créer de précédent,
mais pour les fins de nos travaux, nous permettrions aux médias de
prendre des extraits vidéo et des extraits sonorisés de nos
travaux. Ces extraits devraient être pris au début de nos travaux
ou au début des témoignaqes ou des interventions et ce, sans que
les témoins ou les membres de la commission ne soient incommodés.
Est-ce que cette directive reçoit le consentement des membres de la
commission?
M. Gratton: Certainement, M. le Président.
Le Président (M. Filion): Cela va? Mme Blackburn:
Oui, cela va.
Le Président (M. Filion): D'accord. Nous reprenons donc
sans plus tarder nos travaux. J'appelle maintenant en avant les Groupes de
soutien aux initiatives-jeunesse de la région 03.
Bienvenue à cette séance de la commission des
institutions. Je vous demanderais de vous présenter.
Groupes de soutien aux initiatives-jeunesse de la
région 07
Mme Carré (Dominique): Oui, bonjour, M. le
Président, mesdames et messieurs membres de la commission. Mon nom est
Dominique Carré, je suis directrice du Groupe d'aide aux jeunes
entrepreneurs de la Rive-Sud. Vous retrouvez à mon extrême droite
François Drouin, directeur de CIL Jeunesse à Bernières, et
Michel Cunningham, directeur du groupe de la région de Chauveau, ici,
à Loretteville.
Sans plus tarder...
Le Président (M. Filion): Allez-y, je vous en prie.
Mme Carré: Depuis quelques années, la cause
"jeunesse" est devenue une réalité bien vivante au Québec,
on le sait tous. La récession économique du début de la
décennie n'est pas étrangère à ce
phénomène. Le haut taux de chômage chez les jeunes,
l'absence quasi totale de structures les soutenant dans leurs ambitions de
réalisations tant aux plans économique, éducatif que
social sont autant de raisons qui en ont poussé certains à se
retrousser les manches et à faire preuve d'imagination et
d'initiative.
Dans ce contexte économique, il y a un peu plus d'un an ont pris
forme les Groupes de soutien aux initiatives-jeunesse. Ceux-ci ont comme
mission de mettre à la disposition des jeunes les supports techniques et
l'expertise nécessaires aux projets de démarrage et d'expansion
d'entreprises. Les jeunes peuvent donc, par le biais des GSIJ, assurer la
création d'emplois, à tout le moins le leur, et contribuer
à la relève du développement économique du
Québec.
Les groupes de soutien sont des corporations privées de
développement économique, créés pour soutenir les
jeunes dans leurs démarches de création et d'exploitation
d'entreprises. Au nombre de quatorze répartis sur l'ensemble du
territoire de la région de Québec, ces groupes sont
financés dans le cadre du programme Groupe de soutien aux
initiatives-jeunesse du gouvernement du Québec. Les services visent
à la promotion de l'entrepreneuriat auprès des jeunes, l'aide
à la formulation et à la présentation de projets
d'entreprises, les conseils en matière d'organisation, de marketing, de
droit des affaires, de comptabilité, de gestion, d'information sur les
ressources et programmes disponibles et, enfin, l'aide à la recherche de
financement.
L'apport des groupes de soutien et celui des quelque 1488 projets
lancés par les jeunes eux-mêmes s'est traduit par la
création de 289 entreprises et de 557 nouveaux emplois pour la
région de Québec. Ces projets ont injecté la somme de 6
500 000 $ dans l'économie de la région. Les services
dispensés sont bien entendu gratuits lors de la phase de conception et
au moins pendant un an au démarrage de l'entreprise. De plus, les GSIJ
s'impliquent au niveau de la formation des jeunes gestionnaires en concertation
avec les divers organismes économiques du milieu.
L'ampleur du virage entrepreneurial que la société
québécoise et plus manifestement les jeunes ont entrepris au
cours des dernières années n'est pas le fruit d'une
génération spontanée, mais bien la conjugaison de
ressources professionnelles et de volonté d'agir pour mieux
maîtriser l'avenir.
La composition variée et oriqînale d'un groupe à
l'autre assure à chacun un dynamisme qui lui est propre en plus de
favoriser une concertation des partenaires adaptée à chacune des
régions. Cette participation démontre la volonté des
groupes de stimuler et de soutenir le développement à tous les
niveaux de l'initiative-jeunesse.
Les Groupes de soutien aux initiatives-jeunesse apprécient
fortement la venue du Conseil permanent de la jeunesse et désirent faire
part de leur appui à la mise sur pied de cet organisme. Nous y voyons
des avantages certains, tels la récupération et la diffusion
d'une Information centralisée et adaptée à la jeunesse. Ce
conseil devrait constituer une tribune qui offrira l'occasion aux jeunes de
s'exprimer sur des sujets d'ordre social, économique et culturel.
Les Groupes de soutien aux initiatives-jeunesse de la région de
Québec considèrent et souhaitent:
Que la présence d'une structure nationale permanente
représentant les jeunes auprès des différentes instances
gouvernementales est fort attendue par les organismes jeunesse;
Qu'il n'existe pas encore dans la structure gouvernementale d'organisme
exerçant cette fonction consultative permettant de procurer des avis,
conseils, suggestions et/ou recommandations aux autorités
ministérielles responsables de toute question relative aux jeunes.
Après le Conseil du statut de la femme et celui des
communautés culturelles et de l'immigration, nous considérons
réellement opportun l'émergence d'une reconnaissance du fait
jeunesse au Québec.
Que les jeunes pourront dorénavant être reconnus comme
partenaires responsables et actifs au sein de leur milieu et, de ce fait, ne se
sentiront plus exclus des décisions politiques;
Que le CPJ promouvra les solutions aux problèmes des jeunes, de
façon directe et sans intermédiaire;
Que le CPJ saura être un organisme novateur venant de la
collectivité jeunesse;
Que l'autonomie du CPJ lui permettra de donner l'heure juste;
Que le CPJ favorisera la promotion du fait jeunesse à moyen et
à long terme;
Que la présence du conseil favorisera la concertation entre les
différents organismes jeunesse;
Que le conseil favorisera par ses actions un échange et une
crédibilité entre les autorités gouvernementales qu'il
conseille et les groupes d'intérêts qu'il représente.
Afin que le statut de légitimité, d'autonomie,
d'impartialité et de représentativité de cette structure
demeure, les Groupes de soutien aux initiatives-jeunesse proposent que le
nombre de membres suggéré, soit onze, soit porté à
quinze, soit un siège par région administrative et trois
sièges supplémentaires pour respecter le poids
démographique de certaines régions - ici, on parle de la
région de Québec, où on voudrait qu'il y ait un
siège supplémentaire, et de la réqion de Montréal,
au niveau du poids démographique, où on voudrait qu'il y ait deux
sièges supplémentaires; que le délai de 30 jours dont
disposera le collège électoral soit porté à 60
jours: cette proposition, bien entendu, a pour but d'éviter une
décision hâtive et sans réel fondement de la part du
collège, d'une part, ou toute crainte d'une certaine partisanerie de la
part de l'opinion publique au cas où le ministre aurait à
trancher sur la question; que, pour assurer la représentativité
des régions à la suite d'une vacance au conseil, ledit poste soit
comblé par une personne de la même région et du même
secteur; qu'à l'intérieur du mandat de deux ans l'alternance ou,
si vous préférez, la rotation lors des élections soit
prescrite; que le collège électoral passe de 40 à 45 tout
en respectant le même barème que celui proposé pour le
conseil; que tous les secteurs d'activité dans lesquels oeuvrent les
organismes jeunesse soient représentés au collège, soit
les affaires sociales, l'éducation, le travail, les loisirs; que le
moment précis de la validation de l'âge soit précisé
pour les fins du collège et du conseil afin d'éviter des
complications pour les membres atteignant 30 ans lors de la deuxième
année de leur mandat: on recommande 30 ans au moment de la nomination,
peu importe que quelqu'un passe de 30 à 31 è l'intérieur
des deux ans; que le budget prévu soit révisé ou
augmenté, s'il y a lieu, en considération des nouvelles
dispositions, surtout aux dispositions qui ont trait à la
présence régionale accrue, à la concertation, etc.; que la
période de mise en candidature au collège et sa
réglementation soient clairement précisées et
publicisés par le moyen de conférences de presse, d'informations
envoyées aux divers organismes jeunesse; que, pour des points
spécifiques de recherche, les comités spéciaux puissent
travailler de concert avec les organismes impliqués et
déjà établis: on prescrit vraiment une ouverture et une
collaboration très étroites.
Comme en témoigne ce mémoire, les Groupes de soutien aux
initiatives-jeunesse de la région de Québec voient la mise en
place du Conseil permanent de la jeunesse comme un apport des plus positifs
à la cause jeunesse du Québec à la condition, bien
entendu, que celui-ci tienne véritablement le rôle que l'on veut
lui donner.
Le fait que le conseil soit bien branché sur la
réalité jeunesse de chacune des régions du Québec
est à notre avis de toute première importance. À cet
égard, ses principaux interlocuteurs, tels les qroupes de soutien,
devront selon nous demeurer en place pour assurer au conseil ce rôle de
porte-parole privilégié.
On ne répétera jamais assez que cette volonté du
gouvernement en place de créer une tribune officielle pour la jeunesse
du Québec est en soi très louable à la condition que les
organismes et programmes déjà existants continuent d'intervenir.
Je vous remercie.
Le Président (M. Filion): Je vous remercie, Mme
Carré. J'inviterais maintenant le porte-parole gouvernemental à
commencer quelques échanges. Je vous en prie, M. le député
de Limoilou.
M. Després: Merci, M. le Président. J'aimerais tout
d'abord remercier les Groupes de soutien aux initiatives-jeunesse de la
région de Québec d'avoir participé à cet exercice
démocratique. J'ai parcouru votre mémoire et ai entendu parler de
vous par un bon nombre de députés de la région de
Québec. Vous êtes une association qui regroupe treize groupes de
soutien aux initiatives-jeunesse répartis, je pense, dans près
d'une dizaine de comtés, en tout cas sûrement neuf. II y en a
peut-être un que je n'ai pas consulté, celui de la rive sud, mais
en ce qui concerne les autres je peux vous dire que le mémoire a
été apprécié par l'ensemble des
députés ministériels dans la région de
Québec.
En ce qui concerne les considérations
de votre mémoire sur le principe du projet de loi, nous sommes
très heureux de voir que vous êtes favorables au Conseil permanent
de la jeunesse et à cette tribune qui sera offerte pour permettre
à tous les organismes de se faire entendre auprès du gouvernement
en émettant des avis sur différents dossiers qui sont des
priorités dans le milieu de la jeunesse.
Quand j'ai lu vos considérations, c'est-à-dire ce que je
pourrais appeler les objectifs du Conseil permanent de la jeunesse, je peux
vous dire que les futurs membres de ce Conseil permanent de la jeunesse devront
sûrement répondre et satisfaire à ces objectifs. Je dirais
même que si on réussit à atteindre la moitié de tous
ces objectifs, je pense qu'on atteindra sûrement le but qu'on s'est
fixé en formant le Conseil permanent de la jeunesse.
En ce qui concerne vos propositions... J'ai noté la
septième proposition. Il y a sûrement deux propositions sur
lesquelles, je pense, la commission pourra s'entendre avec vous. Vous demandez
que le moment précis de la validation de l'âge soit
précisé pour les fins du collège et du conseil afin
d'éviter les complications pour les membres atteignant 30 ans lors de
leur deuxième année de mandat. Je pense qu'il est possible,
à la suite de la sanction du projet de loi, de prévoir dans la
réglementation quelle sera cette période. Je pense qu'il s'agira
de le prévoir dans la réglementation. Il n'y a aucun
problème de ce côté.
En ce qui concerne l'autre recommandation, c'est la période de
mise en candidature au collège et sa réglementation. Vous
demandez qu'elle soit clairement précisée, publicisée. On
sait que, lorsque le projet de loi est sanctionné, cette
réglementation est effectivement publicisée dans la Gazette
officielle. À ce moment, il n'y a aucun problème de ce
côté. La réglementation sera publicisée.
Toujours dans les propositions que vous amenez, vous demandez que tous
les secteurs d'activités dans lesquels oeuvrent les organismes jeunesse
soient représentés au collège. Lorsque vous parlez de
secteurs d'activités, je veux être certain qu'on parle bien des
mêmes secteurs d'activités que dans le projet de loi,
c'est-à-dire travail, loisir, éducation et affaires sociales.
Est-ce que c'est cela au départ que... Oui? D'accord. À ce
moment, lorsqu'on prend le projet de loi à l'article 16 et à
l'article 20, c'est ce qu'on dit dans le projet de loi. Dans le cadre du
collège électoral, on retrouve des représentants du
secteur de l'éducation. Donc, en ce qui concerne cette proposition,
là aussi je pense qu'il n'y a aucun problème. On est
entièrement d'accord de ce côté. Ce que vous mentionnez
là, on le retrouve déjà à l'article 16 et à
l'article 20 de la loi.
En ce qui concerne ces trois proposi- tions, je pense qu'on les
reçoit de façon presque officielle. La réglementation est
publicisée. En ce qui concerne l'âge, on peut fixer quelle est la
date limite pour l'âge et, en ce qui concerne la
représentativité des secteurs d'activités, ce sera fait
à l'intérieur du collège électoral prévu par
les articles 16 et 20. Concernant les autres propositions, j'ai des
interrogations. Vous proposez - attendez un peu - qu'à
l'intérieur du mandat de deux ans l'alternance, la rotation lors des
élections soit prescrite. Vous suggérez un mécanisme
d'alternance de façon è assurer au conseil une forme de
continuité, je suppose, dans l'action. Dans cette alternance, pour ce
qui est des postes, est-ce que c'est en ce qui concerne les postes d'officiers
ou de tous les membres du conseil? S'agit-il de remplacer fa moitié des
membres alors que, selon la loi, on vous donne un mandat ferme de deux ans et
après cela on retourne au collège électoral? Mais vous
autres vous dites: On veut avoir une alternance. Est-ce que c'est pour ce qui a
trait aux postes d'officiers ou des membres du conseil d'abord?
Le Président (M. Filion): M. Drouin.
M. Drouin (François): M. le Président, si vous me
le permettez, pour ce qui est du conseil, qu'on souhaite voir fixer à
quinze membres, on trouverait opportun qu'au début il y ait sept ou huit
de ces membres qui soient nommés pour un an. Là-dedans, il
pourrait y avoir des gens de l'exécutif et les autres, sept ou huit,
pourraient être nommés pour deux ans. Cela, pour le début
et ensuite ce serait tous pour deux ans. Mais il y aurait toujours une certaine
continuité. Il pourrait y avoir à tous les ans des
élections, si je peux dire, ou des nominations aux postes de
l'exécutif où on pourrait s'arranger de façon qu'il y ait
toujours un président qui soit nommé pour deux ans. Quand le
président s'en va, c'est un vice-président qui a
été nommé pour un an qui, lors de la deuxième
année, devient président. Alors, il y aurait toujours une
certaine continuité, une alternance.
M. Després: Donc c'est à deux paliers. M.
Drouin: Deux niveaux, oui. M. Després: Aux deux niveaux.
M. Drouin: Oui. (15 h 30)
M. Després: Vous savez que, selon la façon dont le
projet de loi est fait, il y a tout de même une certaine
période... Et je reliais cela à une autre de vos recommandations
qui était celle de porter la durée de 30 à 60 jours pour
la nomination au conseil des membres du collège électoral.
Fondamentalement, on n'a rien contre cela non plus, sauf que le
processus de nomination comporte déjà un certain nombre
d'étapes. On disait que le mandat est renouvelable pour deux ans; cela
représente une continuité alors que vous savez que si on
recommence ce processus à la fin de la première année,
comme vous me le dites, parce que vous voulez avoir une certaine alternance...
Il y a la période des mises en candidature. Il faut analyser les
candidatures. Il y a la formation du collège électoral par le
ministre et ensuite il y a le décret du Conseil des ministres
après que le collège électoral a fait ses recommandations
à l'intérieur du délai de 30 jours pour savoir qui est
président ou vice-président et, ensuite, acceptation par le
ministre. On devrait chaque année recommencer tout ce processus et, en
plus, vous nous demandez d'étendre cette période de 30 jours
à 60 jours pour donner au collège électoral le temps de
nommer les officiers. À ce moment-là, on ne serait pas dans
l'obligation de donner un délai de 60 jours plus les délais
d'acceptation auprès du ministre, peut-être trois mois?Donc, durant l'année courante, pendant au moins trois mois,
peut-être quatre mois, on serait en processus d'élection, alors
que le mandat est d'une durée de deux ans, ce qui n'est sûrement
pas trop long.
Il faudrait peut-être changer la façon de fonctionner, si
vous voulez faire une votation chaque année. J'aimerais avoir votre
point de vue là-dessus.
Mme Carré: Cette votation, à mon avis, pourrait se
faire de la même façon et elle pourrait se faire de la
deuxième à la troisième année plutôt que de
la première à la deuxième. Je comprends que cela implique
beaucoup au niveau administratif. Le but de l'exercice, ce n'est pas qu'il y
ait du changement - on sait que ce sont des contrats de deux ans - c'est pour
qu'il y ait vraiment une continuité. Le premier mandat pour un an et
l'autre moitié pour deux ans, ou encore le premier mandat pour deux ans
et l'autre moitié pour trois ans. Je ne pense pas que cela pose
réellement de problème. Peut-être que cela
enlèverait le fardeau.
M. Després: Cela éclaire un peu votre position face
à cela.
Vous parlez des vacances, vous disiez que dans le conseil il y avait
toujours des membres qui devaient être remplacés. Vous
suggérez qu'une personne qui vient d'une région soit
remplacée par une personne oeuvrant dans le même secteur
d'activités et dans cette même région. Dans d'autres
mémoires qu'on a reçus, on retrouve souvent la proposition qui
est celle du résultat du vote du collège électoral.
Lorsqu'on a formé le collège électoral pour la
première fois en fonction des résultats qu'on a obtenus, on
remplaçait ce poste vacant selon les résultats qu'on a eus. Je
comprends votre position et j'aimerais savoir ce que vous pensez de cette
formule.
Vous suggérez de remplacer par quelqu'un du même secteur et
de la même région, mais dans d'autres mémoires on retrouve
souvent la position voulant qu'on remplace en fonction des résultats du
vote du collège électoral.
M. Drouin: On trouve très important de garder
l'idée de toutes les régions de la province de Québec et
de garder l'idée du même secteur, quoique ça pourrait
être plus ou moins adéquat. Que la personne qui remplace lors
d'une vacance vienne de la même région, on trouve cela très
important pour que toutes les régions de la province de Québec
soient toujours représentées au Conseil permanent de la jeunesse.
Même si d'autres ont dit qu'il y aurait peut-être lieu d'y aller
avec la votation au niveau du collège électoral, on dit qu'il
faudrait toujours, dans l'esprit du projet de loi, qu'il y ait une
représentativité de toutes les régions de la province de
Québec.
M. Després: Donc, on retourne au collège
électoral, mais seulement à l'intérieur d'une
région donnée.
M. Drouin: C'est exact. Au niveau de la votation, on peut savoir
qui est arrivé second dans telle ou telle région. C'est vers
cette personne qu'on pourrait se tourner pour demander s'il serait possible de
combler la vacance au conseil.
M. Després: D'accord, M. le Président, pour
l'instant, je reviendrai...
Le Président (M. Filion): D'accord. Merci, M. le
député de Limoilou. M. le député de Saint-Hyacinthe
et M. le député des Îles-de-la-Madeleine ont demandé
la parole. Ensuite, je vais donner la parole à Mme la porte-parole de
l'Opposition, la députée de Chicoutimi. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Merci, M. le Président.
En lisant votre mémoire, je n'ai pas vu de notions ou de
propositions concernant la mécanique de choix du collège
électoral et du conseil de onze membres. Vous faites une proposition
concernant le collège pour passer de 40 à 45, quelque chose du
genre. Mais j'aimerais vous entendre sur la mécanique de choix de ces
personnes. D'autre part, ce matin, il y a eu une proposition d'autres
intervenants et j'aimerais savoir si vous faites partie d'une table de
concertation.
Le Président (M. Filion): Mme Carré, s'il vous
plaît.
Mme Carré: On ne fait pas partie d'une table de
concertation. Maintenant, pour la mécanique, je pense que, si on a omis
d'en parler, c'est qu'on était d'accord avec ce qui était dans le
projet de loi, tout simplement.
M. Messier: II n'y a pas de proposition d'amendement ou quoi que
ce soit. Ce qui est marqué dans le projet de loi vous satisfait.
Mme Carré: II nous semblait... M. Messier:
Satisfaisant. Mme Carré: ...satisfaisant. M. Messier:
Merci.
Le Président (M. Filion): C'est tout, M. le
député de...
Mme Carré: Sauf au niveau du nombre. Pardon, M. le
Président.
Le Président (M. Filion): Je vous en prie, allez-y, Mme
Carré.
Mme Carré: Sauf au niveau du nombre.
Le Président (M. Filion): Cela va, M. le
député de Saint-Hyacinthe?
M. Messier: Oui. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Filion): Merci. M. le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Merci, M. le Président. Tout comme mes
collègues, je voudrais vous féliciter pour l'excellent
mémoire que vous nous avez présenté. Je pense que
globalement on peut dire que votre mémoire, surtout pour la
réglementation et non pas la loi comme telle, est d'autant plus
bénéfique que la réglementation n'est pas encore
élaborée et finie. Je pense que cela peut bonifier de beaucoup la
réglementation qui devra venir éventuellement.
En ce qui concerne votre demande d'alternance pour les membres du
conseil, au niveau électoral, pour les deux ans, je trouve que c'est une
proposition quand même intéressante. J'ai déjà
vécu l'expérience dans un conseil municipal où tous les
gens sortaient en même temps. Alors, avec les nouveaux qui entraient
à ce moment-là, il y avait une perte de temps dans les suivis
avant que chacun puisse huiler la machine et le reste. À ce
moment-là, il y avait une perte de temps de peut-être six mois
avant que le conseil municipal - ou le conseil permanent, dans ce cas-ci -
puisse fonctionner de façon efficace. Je trouve cela quand même
très intéressant. Le seul prohlème que je peux y voir,
c'est peut-être le fait, comme vous l'avez mentionné, que les
efforts du conseil... Il y aura peut-être un effort dans les
élections. Alors, il y a de l'intérêt qui sera
monopolisé dans ce sens-là. Dans la mesure où on
préparera des élections, peut-être ne pourra-t-on pas
s'occuper d'autres choses. J'aimerais vous entendre concernant une
mécanique qu'on pourrait élaborer pour avoir une alternance au
conseil. De quelle façon pourrait-on trouver une mécanique pour
ne pas monopoliser les efforts du conseil uniquement au niveau
électoral?
M. Drouin: Même s'il y avait élection pour sept ou
huit postes après la première année et tous les ans par la
suite, on croyait que le conseil pouvait quand même "fonctionner", entre
guillemets, d'une certaine façon. Pour ce qui est des 60 jours,
peut-être qu'un peu plus de temps au démarrage serait
intéressant. Mais, quand le Conseil permanent de la jeunesse aura
vécu un certain bout de temps, on présume qu'il ne faudra
peut-être plus 60 jours pour élire, à partir du
collège électoral, de nouvelles personnes au CPJ.
Tout à l'heure, quand on parlait d'arrêt de trois à
quatre mois, on y avait pensé, mais on ne croyait pas qu'il y aurait un
arrêt aussi prolongé. A mon avis, c'est non. Concernant
l'exécutif, le conseil aurait quand même des gens qui seraient
là toujours. Il y a quand même du travail qui peut se faire
continuellement. Il peut y avoir des élections pour un certain nombre de
postes à côté vu que ce n'est pas un conseil qui est
législatif, il n'y a pas de décision. C'est consultatif. Il y a
quand même des choses qui peuvent continuer à tourner. Le conseil
peut continuer à se promener en régions, par exemple. Il y a
quand même des choses qui peuvent se faire pour une courte période
de temps avec moins d'effectifs.
M. Farrah: L'exercice qu'on fait vaut quand même la peine
dans le sens qu'on essaiera peut-être de trouver une mécanique ou
on s'arrêtera là-dessus. Même ultérieurement, on sera
prêt à recevoir des commentaires, s'il y a une formule magique qui
peut être trouvée; ce serait intéressant pour tout le
monde.
Un dernier point, M. le Président, si vous me le permettez, sur
le fait de déléguer quelqu'un. Vous parlez d'une
représentation régionale. La question que je me pose est
celle-ci. Aux Îles-de-Ia-Madeleine, on a une MRC, un groupe de soutien,
un GSIJ. Comparativement, dans une région comme la vôtre, on
retrouve une multitude d'organismes jeunesse. On sait que chaque organisme ne
pourra pas envoyer un représentant; y a-t-il lieu de penser que tout peu
baigner dans l'huile et qu'il n'y aura pas
de problème, pas trop de compétition entre les organismes
pour savoir lequel va déléguer un représentant?
M. Drouin: À mon avis, il va certainement y avoir de la
compétition mais, personnellement, la compétition, quand c'est
bien mené, il en sort toujours des points plus intéressants que
s'il n'y en avait pas. Si tout le monde dort et qu'on finit par pousser
quelqu'un là, je trouverais cela peu intéressant. Le
représentant régional, sur le plan du conseil permanent, ne
serait pas une force, ne serait pas un plus, à mon avis. Il va
certainement y avoir une saine compétition qui va régner dans la
région de Québec; parmi les groupes de soutien, il va
probablement y avoir des gens qui vont vouloir poser leur candidature.
Déjà là, il va peut-être y avoir une certaine
compétition mais ce sera probablement une saine compétition. Les
jeunes, j'en ai nettement l'impression, auront à coeur - pour une fois,
un outil s'offre à eux, un outil important - de bien agir pour avoir le
maximum de résultats avec l'outil qui leur est proposé, en
discutant, en croisant le fer un peu, mais surtout en discutant sainement.
À mon avis, il ne devrait pas y avoir de problème. Il en
ressortira une personne vraiment intéressante pour chacune des
régions, une personne qui, fort probablement, si elle émane de
l'éducation, si elle émane du travail, du loisir ou du social,
aura quand même une vue des trois autres secteurs, une vue dite
régionale. D'une saine compétition il ressort toujours
d'excellents résultats et ce ne sera qu'intéressant, à mon
avis.
M. Farrah: Une dernière question.
Le Président (M. Filion): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Merci, M. le Président. Dans ce sens, est-ce
qu'une table de concertation ne serait pas valable?
M. Drouin: Une table de concertation pour la région de
Québec? Fort probablement que le besoin va se faire sentir et je crois
que ce sera bénéfique pour la région de Québec.
Quant aux groupes de soutien, il ressort des résultats très
positifs, très intéressants de l'union des 14 groupes de soutien
de la région de Québec. Il y a de l'aide, des plus qui en
ressortent. On n'est pas unique, si on arrive à le faire parmi les
groupes de soutien, on devrait arriver è le faire dans le domaine de
l'éducation, des loisirs et du social ou encore dans le domaine de
l'emploi économique.
M. Farrah: Cela va, merci bien. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Filion): Merci, M. Drouin. Merci, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine. Je laisse maintenant la
parole à Mme la députée de Chicoutimi, porte-parole de
l'Opposition.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mme Carré,
M. Cunningham et M. Drouin, je voudrais d'abord vous remercier de vous
être présentés à cette commission parlementaire. Je
dois dire que votre contribution aux travaux de la commission parlementaire
constitue une contribution importante. J'ai eu l'occasion d'examiner, de voir
de plus près le travail effectué par les Groupes de soutien aux
initiatives Jeunesse au moment où on les remettait un peu en question en
Chambre l'automne dernier, ce qui fait que je suis à même de
mesurer l'importance du travail que vous avez réalisé au cours
des deux dernières années plus particulièrement. Il reste
à espérer que vous serez encore pour un bon bout de temps des
ressources qu'on voudra conserver et, au besoin, développer, ne pas trop
assimiler. (15 h 45)
J'ai suivi votre exposé avec beaucoup d'intérêt,
donc je n'irai pas reprendre chacun des éléments. J'aimerais plus
particulièrement revenir sur quelques éléments et avoir
là-dessus votre opinion. Lorsque vous proposez que pour des besoins
d'alternance on aie un mandat d'une durée d'une année, je vous
dirais que, à ma connaissance, cela doit être le seul conseil
consultatif où la durée des mandats est seulement de deux ans;
généralement c'est trois ans; à la présidence,
à la vice-présidence, c'est cinq ans. Les législateurs
estimaient que c'était la durée - je dirais idéale entre
parenthèses -qui permet à un organisme de s'assurer d'une
certaine permanence, d'une certaine stabilité et d'une certaine
continuité dans ses travaux. Je pense que plutôt que de
réduire la durée... En cela je rejoins un des
députés... Je ne sais plus si c'est monsieur tout à
l'heure qui disait que, plutôt que de voir à réduire la
durée, il faudrait peut-être envisager de prolonger la
durée des mandats des membres du conseil. Il faut comprendre que le
rôle d'un président d'organisme comme celui-là c'est
généralement un rôle de directeur, de
président-directeur général qui a la totale
responsabilité des effectifs, de la démarche et ainsi de suite.
Ces compétences ne s'acquièrent pas en un an, cela prend au moins
deux bonnes années. Je voudrais juste le rappeler, j'ai
présidé un organisme-conseil, je sais à peu près
comment cela fonctionne et les difficultés que cela pose.
Pour ce qui est des 30 à 60 jours, contrairement au
député des Îles-de-la-Madeleine, je ne pense pas que cela
soit vraiment un problème, parce que, effectivement, cela peut avoir
comme effet de
prolonger le délai pour constituer !e premier conseil. Mais pour
le conseil cela ne devrait pas poser de problème, parce qu'à
l'expiration de son mandat un membre demeure en fonction jusqu'à ce
qu'il soit remplacé. Les travaux se poursuivent même si à
un moment donné le mandat d'un membre est échu. C'est
peut-être différent en cas de vacance. En cas de nomination, de
renomination, cela ne pose pas véritablement de problème.
Dans plusieurs mémoires on a donné une définition
de la jeunesse qui allait de 12 à 35 ans. Est-ce que vous vous
êtes penchés un peu sur cette question et comment
définiriez-vous la jeunesse?
Le Président (M. Filion): L'heureuse élue, madame,
à vous.
Mme Carré: En ce qui concerne la catégorie
d'âge, on parle pour notre paroisse, on est en contact avec les gens de
18 à 30 ans. C'est notre clientèle. De façon
peut-être large, on peut être jeune jusqu'à 55 ans, vous
savez. C'est difficile à délimiter. Quand nous parlons de la
jeunesse dans ce mémoire, on parle des 18-30 ans.
Mme Blackburn: Dans votre mémoire en page 4, vous
établissez un principe, je dirais deux principes. Je crois comprendre
que cela serait un rôle que vous verriez imparti au conseil, vous dites:
"Nous y voyons des avantages certains, telles la récupération et
la diffusion d'une information centralisée et adaptée à la
jeunesse. Ce conseil devrait constituer une tribune qui offrira
l'opportunité aux jeunes de s'exprimer sur des sujets d'ordre social,
économique et culturel." On pourrait ajouter éducatif. À
ce moment-là, comment concevez-vous le rôle d'un organisme
consultatif, est-ce que c'est un organisme de recherche comme on le voit
généralement dans les conseils consultatifs ou est-ce un
organisme de pression? Est-ce que c'est aussi un organisme de diffusion de
l'information, comme vous le suggérez là, en même temps
qu'un porte-parole des jeunes?
Le Président (M. Filion): M.
Cunningham.
M. Cunningham (Michel): Je pense qu'on le voit comme un organisme
de diffusion de l'information. Qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui existe
pour les jeunes, qu'est-ce que les jeunes peuvent faire, est-ce qu'il y a des
dossiers qui peuvent être intéressants qui se développent?
Il y a des choses qu'on vit à un moment donné et on se dit:
Tiens, si j'avais su cela ou si j'avais eu de l'information plus pertinente ou
plus adaptée à mon vécu et à mon existence,
j'aurais peut-être réagi de façon différente. C'est
un peu comme cela qu'on le voit, je pense.
M. Drouin: II y a aussi la cueillette de l'information
auprès des jeunes de chacune des régions du Québec, et
cette information doit être amenée au gouvernement dans le but de
mieux l'informer sur les besoins que vit sa jeunesse du Québec. Il y a
ce point qu'on trouve important, ce qenre de système de son pour la
jeunesse québécoise auprès du gouvernement pour que
celui-ci soit informé des besoins qui émanent de la population
des 18-30 ans, pour nous plus particulièrement, au Québec.
Mme Blackburn: Lorsque vous suggérez que le conseil
consultatif devienne une tribune où puissent s'exprimer les besoins des
jeunes, ne craignez-vous pas une certaine récupération du
discours jeunesse par le biais d'un organisme gouvernemental, et quel
rôle serait dévolu - je ne sais pas - à certains
regroupements, que ce soit le vôtre parce que je sais que vous avez aussi
un regroupement, que ce soient les regroupements des organismes communautaires
jeunesse de la région de Montréal ou du
SaguenayLac-Saint-Jean ou encore les maisons de jeunes? En fait, les
associations étudiantes, parce qu'il y a différents groupes
d'organismes. Est-ce que vous voyez que ce conseil soit le porte-parole de la
jeunesse?
M. Drouin: Le Conseil permanent de la jeunesse devrait être
le canalisateur de toute l'information, des besoins des jeunes. Si, par
exemple, dans les maisons des jeunes, chez les associations étudiantes,
chez les groupes à caractère plus économique, il y avait
des besoins ressentis, des besoins à combler, le Conseil permanent de la
jeunesse serait un canal d'information dirigée vers le gouvernement pour
le mettre au courant des besoins ressentis par des groupes ou des associations
de jeunes de la province de Québec.
Mme Blackburn: Ici, vous parlez de la récupération
et de la diffusion. J'imagine que vous envisagez que cela se fasse dans les
deux directions, c'est-à-dire des organismes vers le conseil et du
conseil vers les organismes. À ce moment-là, quel rôle
voyez-vous au Secrétariat à la jeunesse?
Mme Carré: II pourrait y avoir
répétition...
Mme Blackburn: Parce qu'il me semble qu'il y aurait un peu une
répétition, oui.
Mme Carré: Pas nécessairement. Je ne veux quand
même pas ici définir le rôle du Secrétariat à
la jeunesse, mais je pense que le conseil... Au point de vue de la diffusion de
l'information, en rédigeant le mémoire on s'était dit: Le
conseil devrait jouer, en quelque sorte, le rôle d'un haut-parleur haute
fidélité pour la jeunesse. C'est vraiment
l'intervenant jeunesse auprès des différentes Instances
politiques, d'une part, et dans l'autre sens aussi. À ce
moment-là, je ne vois pas pourquoi il y aurait répétition
par rapport au Secrétariat à la jeunesse qui est vraiment au
niveau de la consultation, de l'information, oui, mais qui - en tout cas,
à mon avis - n'a pas nécessairement un rôle où il
peut faire des recommandations, par exemple, au gouvernement. En fin de compte,
tout le monde peut le faire de façon informelle, mais, formellement,
c'est vraiment le rôle de cet organisme quand on parle de diffuseur
d'information.
Mme Blackburn: À ce moment-là, vous verriez que les
autres organismes jeunesse n'aient pas un rôle d'intervention à
faire auprès de l'État, l'interlocuteur privilégié
étant le Conseil consultatif de la jeunesse.
M. Drouin: Les autres intervenants jeunesse passeraient par le
Conseil permanent de la jeunesse pour donner de l'information, des
idées, au niveau du gouvernement.
Mme Blackburn: Je vous dirais que ce n'est vraiment pas la
position qu'on retrouve dans les différents mémoires où
les jeunes veulent davantage garder leur propre droit à l'expression
dans la problématique jeunesse au Québec.
Vous avez répondu tout à l'heure, je pense, au
député de Saint-Hyacinthe en disant que les modes
d'élection vous semblaient corrects. C'est un autre point sur lequel
j'aurais aimé revenir parce que, de façon, pour ne pas dire
unanime, mais largement majoritaire, les mémoires recommandent que les
membres soient d'abord élus au collège électoral et
ensuite du collège électoral au conseil consultatif et non pas
nommés par le ministre responsable. Cela vous convient que ces membres
soient nommés par le gouvernement. C'est ce que j'ai bien compris
tantôt, oui?
Mme Carré: De façon définitive, on fait
confiance à l'impartialité du ministre responsable.
Mme Blackburn: Bravo! J'aimerais partager votre confiance.
Le Président (M. Filion): Vous savez, ce n'est pas
enregistré, les clignements d'yeux!
Mme Blackburn: Cela l'est.
Mme Carré: Comme je disais au député tout
à l'heure, cela ne nous a pas dérangés si on n'a pas fait
ressortir ce point lors de notre étude sur le projet de loi. Je peux
dire que ce n'est pas nécessairement dérangeant pour nous que ce
soit le ministre responsable qui fasse les nominations.
Mme Blackburn: Vous ne craignez pas une
récupération du discours jeunesse.
Sur une autre question. Tout à l'heure...
Une voix: ...voir.
Mme Blackburn: Je ne fais jamais cela, monsieur. Tout à
l'heure, vous parliez d'augmenter le budget du conseil consultatif pour qu'il
puisse permettre effectivement de jouer le rôle que vous voyez qu'il
devrait jouer. Avez-vous pensé à un ordre de grandeur? Une autre
question aussi. Vous parlez de la possibilité de créer des
comités, la loi le prévoit déjà. À l'article
21 de la loi, je pense, il est prévu que... Non, cela n'est pas
l'article 21. De toute façon j'y reviendrai. À l'article 29, le
conseil peut, avec l'autorisation du ministre, former des comités
spéciaux. Ce matin, je suggérais qu'à l'instar de certains
conseils consultatifs on devrait attacher à ce conseil des commissions
permanentes. À titre d'hypothèse, je pensais qu'on pouvait en
constituer deux, une sur l'emploi et le travail et une sur l'adolescence. Je
pense bien que pour l'emploi on n'a pas besoin d'expliquer longuement les
raisons.
L'adolescence, parce que l'essentiel des problèmes que
connaît la jeunesse trouve souvent son origine dans l'adolescence. Compte
tenu de la difficulté qu'on éprouve à cerner la
problématique jeunesse, de l'étalement dans le temps, je pense de
12 à 35 ans, comment réagiriez-vous à une hypothèse
comme celle-là? (16 heures)
Mme Carré: De toute évidence, quand on a fait part
de la recommandation quant à l'article 29, nous avons changé le
"peut" par "doit". De là peut-être vos craintes de
récupération de l'information. Peut-être que cela pourrait
être assouvi par ce moyen parce que le conseil devrait, selon nous, avoir
une ouverture très large sur des comités pour différents
sujets qui pourraient toucher la question jeunesse. Dans cet ordre
d'idées, votre proposition serait - c'est mon avis personnel - assez
pertinente.
Mme Blackburn: Parce qu'une commission a
généralement plus de pouvoirs qu'un comité. C'est pourquoi
on envisageait, je le rappelle, comme cela se fait dans d'autres conseils
consultatifs, des commissions permanentes. Donc, le comité peut
être provisoire et n'a pas les mêmes pouvoirs face à un
conseil consultatif.
Tout à l'heure, on en a parlé brièvement, il y a
des hypothèses qui sont les suivantes où on parle beaucoup de
représentation régionale, où on parle d'un collège
électoral permanent, où encore on ajoute des tables locales de
concertation qui, elles aussi, seraient permanentes et c'est un peu à
même ces tables de concertation
locales que viendrait s'alimenter le conseil consultatif. Je voudrais
juste vous voir réagir là-dessus.
M. Drouin: Je trouve très intéressant que dans
chacune des régions au Québec il y ait, là où il
n'en existe pas encore, des tables de concertation régionales qui
émanent, pas juste pour répondre aux besoins de la formation du
Conseil permanent de la jeunesse et du fait qu'il faut des représentants
régionaux mais à cause de la diversité des gens qui
travaillent dans le domaine de la jeunesse. Ce sont» bien souvent, des
jeunes qui travaillent dans ce domaine. L'échange d'idées
émanant de divers secteurs, social, éducation, loisir, emploi, ne
peut qu'être enrichissant pour chacun des partenaires jeunesse dans une
même région.
Il existe déjà des tables de concertation dans certaines
régions. Ce voeu a déjà été exprimé
par les groupes de soutien de la région de Québec qui
souhaiteraient avoir une telle table pour les deux régions de
Québec, Québec rive nord et Québec rive sud. L'exploration
ne s'est pas encore faite. On a beaucoup de pain sur la planche et nous avons
également eu à donner de l'information au gouvernement afin de
pouvoir demeurer au service de la jeune population de nos régions. Mais
ce voeu a déjà été exprimé, non seulement
pour répondre au besoin d'avoir des représentants
régionaux au CPJ, mais, dans l'intérêt des régions
du Québec et dans l'intérêt du Québec, il devrait y
avoir des tables de concertation qui ne seraient pas imposées, mais qui
iraient de soit, car, si les jeunes veulent s'en sortir, ils ne peuvent pas
attendre après !es autres. Ils doivent se prendre en main. C'est ce
qu'on a fait au niveau des groupes de soutien et cela donne toujours
d'excellents résultats.
Il devrait exister, dans les régions, de telles tables de
concertation. Elles ne pourraient que donner de bons résultats. II en
ressortirait de bonnes idées.
Mme Blackburn: Quel serait le rapport entre ces tables de
concertation et le Conseil permanent de la jeunesse?
M. Drouin: Un côté de ces tables pourrait voir ou
penser à proposer les meilleurs candidats possible de chacune des
régions au collège électoral, mais ce ne serait qu'un
côté des tables de concertation.
Mme Blackburn: Vous avez parlé tout à l'heure d'une
représentation équitable des différents secteurs
d'activités. Vous avez repris la définition qui se retrouve dans
le projet de loi. Quelques organismes nous suggèrent d'ajouter la
culture; l'éducation, la culture, l'économie et les ethnies.
Mme Carré: De toute façon, je pense qu'on pourrait
élaborer les catégories, si on peut les appeler ainsi, tant qu'on
pourra. Cela rejoint un peu ce qu'on disait tout à l'heure à
propos du collège, y aura-t-il confrontation dans les régions,
car certains travaillent dans le domaine social et d'autres dans le domaine de
l'éducation?
On travaille pour la jeunesse. Je ne vois aucun problème à
ce que les ethnies et la culture soient représentées. Sans
vouloir blesser les gens de la culture, je pensais que loisir et culture
fonctionnaient quand même ensemble. Pas nécessairement. Cela
manque peut-être à ma culture.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il vous arrive d'encourager les
industries culturelles aussi? Je me demandais simplement, comme Groupes de
soutien aux initiatives-jeunesse, vous avez certainement eu l'occasion
d'examiner des projets qui avaient trait à l'industrie culturelle. C'est
dans ce sens que je pensais que les jeunes qui sont dans ces domaines
réclamaient - car toute la question de la culture est très vaste
- un statut particulier comme l'éducation. C'était le sens de ma
question.
Ma question était la suivante. Est-ce qu'on devrait modifier la
loi pour reconnaître ce secteur d'activités?
M. Drouin: De fait, à titre de groupes de soutien, il nous
arrive de répondre à des demandes qui n'ont pas tout à
fait un caractère économique et qui sont parfois de
caractère culturel, des jeunes qui ont besoin d'information. Il arrive
que les groupes de soutien répondent à de tels besoins.
Pour débuter, culture et loisirs pourraient se faire de pair.
Cela pourrait, à mon avis, être englobé, mais
l'expérience nous dira ce qu'il en est. Le gouvernement actuel - on en
est heureux - se penche davantage sur le fait jeunesse ici au Québec,
chose qui se faisait plus ou moins auparavant, mais c'est un besoin que le
Québec avait. Par le vécu, par l'expérience, il y a des
besoins qui émergent et il y a des réponses qui émanent
pour combler ces besoins.
Mme Blackburn: Vous n'avez - cela se comprend, je pense bien -
pas abordé la question du problème de financement des organismes
jeunesse qui s'occupent des plus démunis de la société,
que ce soit pour l'hébergement ou pour le retour aux études.
Croyez-vous qu'il y ait un problème de financement de ces organismes?
Est-ce qu'on devrait prévoir un financement particulier? Et est-ce que
les tables locales de concertation devraient aussi obtenir un financement?
Mme Carré: Pour ce qui est des
organismes jeunesse, je pense qu'en conclusion, de mémoire, "on
en fait état quand on dit que la volonté du gouvernement en place
est très louable mais que le conseil sera performant dans la mesure
où les organismes seront en place et que les interlocuteurs vont
continuer de travailler. Pour ce faire, il est entendu que cela leur prend des
moyens. On a quand même, comme groupes de soutien, une clientèle
spécifique et jeune, et parfois des groupes plus ou moins
démunis. On a fait des pressions pour que nos budgets soient reconduits.
Je pense qu'il en va de même pour tous les programmes et pour tous les
organismes qui sont en place, sans équivoque.
Mme Blackburn: Pour ma part, cela irait. Je voudrais
peut-être, avant de terminer, laisser la parole aux amis d'en face. J'ai
apprécié votre présence ici. Au nom de ma formation
politique, je voudrais vous en remercier et vous assurer que, dans les
négociations qui se déroulent actuellement quant à
l'avenir des Groupes de soutien aux initiatives-jeunesse, on suit de
très près le dossier. Comme on l'a prouvé dans le
passé, on va être très vigilants quant au sort qu'on voudra
réserver à votre organisme parce que, je le répète,
on y croit. On croit qu'il pourrait difficilement être aussi performant
s'il était fusionné à un autre organisme de promotion
économique. Je vous remercie.
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la
députée. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Oui, M. le Président. Au nom du gouvernement,
j'aimerais aussi m'associer aux propos de Mme la députée et des
autres membres pour féliciter et pour remercier les Groupes de soutien
aux initiatives-jeunesse de la région de Québec.
Si vous me le permettez, M. le Président, je me permettrai
même d'adresser des remerciements très particuliers à Mme
Carré qui, pour la première fois, a réussi à
trouver une définition de la jeunesse qui me permettrait d'en être
moi aussi.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gratton: Je l'apprécie de façon toute
particulière.
J'aimerais vous dire que toutes les propositions et recommandations que
vous nous faites seront examinées de très près et
très sérieusement. Au nom du gouvernement, je vous
réitère ce que disait le député de Limoilou
à l'égard de deux recommandations très précises,
premièrement, celle qui a trait au moment précis de validation de
l'âge qui devrait être précisé pour les fins du
collèqe et du conseil; il me semble que cela devra faire partie, sinon
de la loi, tout au moins de la réglementation afférente.
Il en va de même pour la période de mise en candidature au
collège et pour sa réglementation qui devront être
clairement précisées et diffusées, cela va de soi. IL me
semble que toute la structure et toute l'opération en dépendent.
Je mentionne ces deux recommandations, car vous pouvez partir avec la certitude
qu'au moins deux seront retenues au départ, sans pour autant exclure
quelques-unes des autres que vous nous avez faites. Je vous en remercie.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le leader.
Nous remercions Mme Carré et le groupe qui l'accompagne pour leur
précieuse collaboration.
Nous allons suspendre pour deux minutes et nous entendrons le caucus
jeune du Nouveau parti démocratique du Québec.
(Suspension de la séance à 16 h 11)
(Reprise à 16 h 14)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
Je demanderais aux gens de reprendre leur siège, s'il vous
plaît!
Nous allons entendre le caucus jeune du Nouveau parti
démocratique du Québec. Nous vous souhaitons la bienvenue
à cette commission parlementaire. Merci beaucoup de votre attention.
J'aimerais que vous procédiez à votre identification pour les
fins de connaissance des membres de cette commission afin qu'on puisse avoir
une bonne communication.
Caucus jeune du Nouveau parti démocratique du
Québec
M. Fortin (Yvan): À droite, M. Pierre Rivard, porte-parole
du caucus jeune néodémocrate, étudiant en doctorat en
sciences politiques à l'Université Laval. M. Paul
Thériault, étudiant en sciences politiques pour une
maîtrise à l'Université Laval et membre du comité
spécial. À ma qauche, Mme Claude Beaudin, étudiante en
maîtrise en sciences politiques à l'Université Laval et
aussi membre du comité spécial. Je suis Yvan Fortin,
délégué du caucus jeunesse à l'exécutif du
NPD-Québec et étudiant en communications au collège de
Jonquière.
Le Président (M. Marcil): Merci. On vous écoute
maintenant.
M. Fortin (Yvan): Mesdames et messieurs les députés
et membres de la commission parlementaire, le caucus jeune du Nouveau parti
démocratique est heureux de pouvoir prendre part à ces travaux
sur la loi 104 qui veut instituer le Conseil permanent
de la jeunesse. Nous présentons dans ce mémoire, par nos
interventions, les critiques et les propositions qui concernent ledit projet de
loi. Nous nous intéresserons surtout à une problématique
d'ensemble qui cherche à fonder un nouvel organisme étatique
ainsi qu'aux mécanismes particuliers qui en assurent le
fonctionnement.
Ce que nous cherchons, ce n'est pas seulement à traduire l'esprit
de notre parti ou encore nos prérogatives comme instance de ce parti qui
est, comme vous le savez, un parti social-démocrate, mais aussi les
préoccupations d'ensemble de la jeunesse québécoise. Ces
préoccupations sont nourries par le souvenir qu'on a, en tant que
militants et militantes d'organisations, d'instances et de tentatives plus ou
moins fructueuses qui ont été tentées par le passé
pour donner une voix à cette jeunesse québécoise.
Tout d'abord, on présentera notre association comme telle. Elle
regroupe l'ensemble des jeunes néo-démocrates du Québec
par les organisations qui la constituent, c'est-à-dire des organisations
locales et régionales, sur les campus, les cégeps et les
universités du Québec. Notre caucus est fonctionnel depuis le
mois de septembre 1986 et la rédaction du rapport a été
préparée par le comité spécial dont vous voyez les
représentants devant vous.
Nos membres et nos militants regroupent diverses réalités
et aussi des situations vécues par des jeunes Québécois et
des jeunes Québécoises. Nous provenons de milieux divers tels les
milieux des études secondaires, collégiales, universitaires et
même des gradués, du monde du travail et du non-travail,
c'est-à-dire les chômeurs et les assistés sociaux, les
différents organismes communautaires, associations étudiantes,
coopératives, groupes de recherche et associations internationales.
C'est de ces multiples expériences et de la richesse des points
de vue que découlent cette proposition et cette réaction au
projet de loi 104. Je vais vous en résumer les grandes lignes.
Nous nous inquiétons des mécanismes de sélection du
collège électoral et aussi du conseil permanent et de sa
présidence. Comme les gens sont nommés par le ministre
responsable de l'application de la loi, le danger des nominations partisanes
est inhérent à cette loi. Nous voulons améliorer la
représentativité du projet et éloigner le plus possible du
projet ces aspects partisans qui sont parfois, disons-le, implicites. Nous
proposons que le conseil et sa présidence, que ce soit un homme ou une
femme, soient élus par le collège électoral qui sera
désormais divisé en quatre sections que l'on croit
représentatives du vécu des jeunes au Québec,
c'est-à-dire une section économique, une section sociale, une
section politique et une section sur ce qu'on pourrait appeler le syndicalisme
étudiant. Chacune de ces sections aura la responsabilité
d'élire trois représentants ou représentantes. Enfin, les
douze premiers membres du conseil devront choisir trois jeunes non
associés à aucun organisme jeunesse qui pourront siéger au
conseil sur une base individuelle. Ces mesures devraient permettre, selon nous,
d'améliorer la représentativité du Conseil permanent de la
jeunesse et permettre aux tendances partisanes de s'afficher ouvertement et non
pas par le biais de nominations politiques camouflées. Enfin, nous
croyons que le personnel permanent devrait être choisi par voie de
concours et ne devrait pas contenir les membres du conseil, vous savez tous
sans doute pourquoi.
Pour ce qui est de la présentation de nos propositions en tant
que telles et du détail, je cède la parole à Pierre
Rivard.
M. Rivard (Pierre): Bonjour. Quant au mandat, je ne ferai pas la
lecture de toutes les propositions. Je pense que vous les avez lues et je ne
voudrais pas m'éterniser sur la présentation de ces
propositions.
Pour ce qui est du mandat du Conseil permanent de la jeunesse, on est
relativement d'accord avec ce que le gouvernement propose et, selon nous, les
mandats sont assez réalistes, surtout si on compare au Sommet
québécois de la jeunesse que le Parti québécois
avait mis en place il y a quelques années; il avait un mandat
très large qui dépassait les possibilités de
réalisation et cela avait été un échec
monumental.
Par rapport au Conseil permanent de la jeunesse, le mandat et les
tâches qui lui sont attribués sont peut-être plus
réalistes et plus réalisables par un organisme étatique.
Donc on en est très heureux et on félicite le gouvernement
d'avoir su bien définir le mandat de l'organisme. On n'a pas à
redire là-dessus. Évidemment, cela soulève une
problématique. Qu'allez-vous faire du Secrétariat
québécois à la jeunesse? On a l'impresssion que quelques
mandats du Conseil permanent dédoublent certains qui existent au sein du
secrétariat et te gouvernement n'a pas vraiment fait une
présentation de ses intentions par rapport au Secrétariat
à la jeunesse. On se demande donc si vous conservez te
secrétariat. Peut-être, à ce moment-là, les mandats
du Conseil permanent de ta jeunesse ne sont-ils pas appropriés? II
faudrait que vous apportiez des précisions là-dessus.
En gros, nous sommes assez satisfaits du mandat. Ce sur quoi nous avons
accroché, ce sont les mécanismes de sélection
proposés dans le projet de loi relativement au Conseil permanent de la
jeunesse. On trouve qu'ils peuvent pécher un peu par manque de
représentativité. Aussi, le caractère
démocratique n'est pas nécessairement
préservé.
Je vais en venir strictement aux propositions que nous avons faites. En
premier lieu, contrairement à l'article 2 du projet de loi, nous
demandons que les membres du conseil et que son président ou sa
présidente soient élus directement par le collège
électoral. Vous disiez que plusieurs mémoires ont fait la
même proposition tantôt. Nous faisons la même. Nous demandons
que le président soit élu par les membres du conseil et non pas
nommé par le ministre, car cela fait reposer le poste de
président du conseil sur la bonne foi du ministre et ce n'est une
garantie juridique, à notre avis, de non-partisanerie. On voudrait que,
par l'élection du président par les membres du conseil, on soit
sûr, juridiquement parlant, qu'il y ait une plus grande
représentativité pour ce poste.
Contrairement à l'article 10, nous demandons que le
président et les vice-présidents ou la présidente et les
vice-présidentes ne soient pas rémunérés et qu'ils
exercent leurs fonctions sur la même base que les autres membres du
conseil. On veut éviter que se créent des privilèges pour
certains membres du conseil permanent qui pourraient consacrer une
inégalité entre les membres qui le composent et,
éventuellement, des rivalités pour l'obtention de ces postes. On
ne voudrait pas que les postes au sein du conseil soient l'objet de
rivalités entre les jeunes. Je pense qu'il y a déjà
suffisamment de rivalité au sein de la jeunesse québécoise
et qu'on ne doit pas les attiser par de tels mécanismes.
On propose aussi que les permanents ne proviennent pas du conseil,
c'est-à-dire qu'il n'y ait pas de président ou de
présidente rémunérés qui travaillent à temps
plein, mais qu'ils soient choisis par voie de concours, à tous les
niveaux, selon les modalités établies en coopération avec
le gouvernement du Québec. À cet effet, nous demandons que le
président ou la présidente n'ait pas de vote
prépondérant, mais que l'ensemble des décisions soient
prises en véritable collégialité par les membres du
conseil qui obtiendraient, tous et toutes, une délégation de
pouvoir équivalent par le collège électoral.
Quant aux recommandations ayant trait au processus d'élection au
sein du conseil, pour ce qui est de la formation, le processus de formation et
de mise sur pied du conseil permanent, on propose des mécanismes
relativement différents qui voudraient assurer un plus grand
caractère de représentativité ou de démocratie au
conseil.
Dans un premier temps, nous proposons que le gouvernement nomme un
responsable fonctionnaire pour une période d'environ six mois, qui voit
à la mise sur pied du collège électoral. Ce fonctionnaire
responsable devrait recevoir les candidatures prévues à cette
fin, selon des modalités déterminées plus loin - on les
précisera tantôt. Il convoque ceux et celles qui sont
éligibles, prévoit le lieu et la date de la réunion des
différents collèges électoraux et fournit l'assistance
technique et financière nécessaire à la réunion du
collège électoral. Nous proposons, contrairement au projet, que
le conseil soit composé de quinze membres élus par les
collèges électoraux appropriés. Il y aurait trois
représentants pour des organismes à vocation économique,
trois représentants pour des organismes à vocation sociale, trois
représentants provenant des sections jeunesse des partis politiques
autorisés au Québec, trois représentants provenant de
regroupements d'associations étudiantes et trois représentants
individuels, non associés à des organismes. C'est ce qui est un
peu plus innovateur par rapport au projet.
Au moment de la convocation du collège électoral, les gens
qui en feraient partie, c'est-à-dire ceux qui composeraient ce
collège, seraient divisés en quatre blocs distincts: une section
économique, une section sociale, une section politique et une section
pour les associations étudiantes. Chaque section serait tenue de choisir
ses représentants pour le conseil. Ces dispositions, évidemment,
ne s'appliquent pas aux représentants individuels qui seraient choisis
après la formation des douze premiers membres au conseil.
Pour chacun des blocs-sections, le fonctionnaire responsable aurait la
tâche de s'assurer du bon fonctionnement de l'élection de chacun
des blocs-sections. Il devrait voir les modalités de l'élection
et le nombre de délégués que les qroupes auraient aux
blocs sections selon certains critères qu'il reste à
déterminer. Il pourrait inclure, par exemple, un élément
de vote proportionnel si les participants des sections représentent des
organismes dont la taille varie sensiblement. À la fin de la
réunion du collège électoral, douze membres devront avoir
été élus, trois représentant chacun des
blocs-sections.
On a voulu séparer les blocs-sections pour plusieurs raisons - on
va y revenir tantôt - principalement parce qu'on s'est dit qu'on ne veut
pas qu'il y ait une influence indue entre certains secteurs qui ne se
connaissent pas beaucoup, c'est-à-dire qu'on pourrait penser que les
gens du bloc étudiant font des tractations avec des gens du bloc
économique qui ne connaissent pas vraiment la vocation des organismes,
tout cela pour des raisons qui ne sont pas nécessairement dans les
meilleurs intérêts de la jeunesse. À notre avis, il est
peut-être préférable que chacun des secteurs soit
divisé en blocs-sections pour l'élection des membres du
conseil.
Qui pourrait faire partie du collège
électoral? Chaque organisme qui répond au critère
de regrouper en majorité des jeunes de 15 à 30 ans et d'oeuvrer
dans un des quatre secteurs identifiés aura droit à un
représentant ou plus, selon des règles de proportionnalité
qui seraient définies par le fonctionnaire responsable. Ils seraient
convoqués par le collège électoral de leur bloc-section.
Le fonctionnaire responsable serait chargé de recevoir les avis de
délégation des organismes intéressés selon des
délais qu'il aurait lui-même déterminés. La
règle de la proportionnalité pourrait s'appliquer uniquement aux
blocs-sections des associations étudiantes et des partis politiques
où le nombre d'adhérents peut varier d'une manière
très sensible. Évidemment, il s'agit de refléter une
certaine réalité des tendances qui s'expriment au sein de la
jeunesse québécoise.
Il nous apparaît aussi que le nombre d'adhérents dans les
secteurs à vocation économique ou sociale est plus ou moins
important, puisque l'action et l'engagement de ces groupes n'est pas
nécessairement tributaire du nombre de militants qu'ils ont. Cette chose
est beaucoup plus importante en termes d'associations étudiantes et de
partis politiques, puisqu'on sait qu'au Québec il y a
énormément d'associations étudiantes. Alors, si on donne
le droit de représentation à chacune, il faut quand même
prévoir que certaines associations représentent beaucoup de gens
et qu'il faudrait établir une règle de proportionnalité
qui leur permette d'avoir plus de délégués au
collège électoral et d'avoir un poids qui représente le
poids effectif qu'elles ont au sein des associations étudiantes du
Québec. C'est pour cela qu'on inclus cet
élément-là.
Après que la période fixée pour recevoir les
demandes de représentation des organismes concernés est
terminée, le fonctionnaire les convoque pour le bloc-section du
collège électoral auquel ils se sont inscrits. Un organisme ne
peut s'inscrire à deux blocs-sections. Il doit s'inscrire à une
seule section du collège électoral et ce, pour des raisons dont
on pourrait discuter aussi. Une fois les douze premiers membres du
collège électoral élus, ceux-ci et celles-ci auront le
devoir de mettre sur pied et d'assurer le bon fonctionnement d'une
procédure de sélection des trois représentants
individuels. Ceux-ci ou celles-ci ne sont pas affiliés à des
organismes jeunesse officiellement reconnus, mais ils ou elles peuvent
être engagés au sein d'autres organismes qui touchent entre autres
tes jeunes, ou, encore, être engagés sur une base individuelle
dans tout domaine qui touche, concerne ou affecte les jeunes.
Les membres du conseil devront fixer un période pour leur
présentation des candidatures individuelles ainsi que les
critères de sélection qui leur permettront de choisir trois
personnes parmi ces candidatures afin de les intégrer au conseil qui
deviendra alors composé de quinze membres. Ce bloc des individuels
devrait permettre aux jeunes qui ne se reconnaissent pas dans les formes
traditionnelles de la représentativité de contribuer à la
cause des jeunes et d'apporter une touche d'originalité et
d'avant-gardisme et peut-être une plus grande autonomie au conseil
permanent qui pourrait alors peut-être prétendre
représenter une jeunesse non organisée, toujours oubliée
dans tous les trucs jeunesse, où on oublie toujours que des jeunes
s'impliquent, sur une base individuelle, pour la cause jeunesse, mais qu'ils ne
s'affilient pas à des organismes, car ils ne se reconnaissent pas dans
leur manière de fonctionner. Cette jeunesse est souvent majoritaire au
Québec. On pense qu'on oublie toujours de rejoindre peut-être une
majorité silencieuse, mais qu'il serait intéressant d'inclure un
tel mécanisme, d'où l'idée d'Introduire des
représentants individuels.
Nous proposons que le collège électoral soit
reconvoqué à tous les deux ans, selon des dispositions
prévues par la loi, avec les mêmes fonctions et
responsabilités. Nous croyons enfin, pour ce qui est de notre
volonté de "départisaniser" - c'est un néologisme, je
m'excuse - le conseil permanent, que les blocs-sections des
représentants des sections jeunesse des partis politiques permettraient
aux tendances partisanes de s'afficher ouvertement et non pas de se camoufler
derrière des nominations qui seront inévitablement
décriées et qui peuvent aussi être difficilement
évitées dans de tels cas.
Nous aimerions, pour une fois, que les représentants des sections
jeunesse de partis politiques autorisés au Québec puissent
travailler en collaboration au-delà des divergences
d'intérêts. Quant à nous, il s'agirait là d'une
expérience qui devrait servir d'exemple aux Québécois et
aux Québécoises et qui favoriserait le dialogue entre les jeunes.
(16 h 30)
Le conseil permanent devra lui-même préciser et
définir les rèqles de sa régie interne qui ne sont pas
précisées dans les recommandations et propositions
précédentes. Quant à nous, cela reste ouvert à ceux
qui se réuniront pour former le collège électoral et le
conseil permanent.
Enfin, une dernière recommandation qui n'est pas dans le rapport,
qui nous est venue éventuellement. Toujours dans une volonté de
"départisaniser" ce conseil, nous aimerions qu'il relève de
l'Assemblée nationale et non pas d'un ministre ou du premier ministre.
Nous aimerions que ce conseil permanent fasse rapport et ait redevance
auprès de l'Assemblée nationale, c'est-à-dire que
l'As-
semblée nationale, autant les partis d'Opposition que les partis
au pouvoir, soit un peu le chien de garde mais aussi garant de la
représentativité et du fonctionnement du Conseil permanent de la
jeunesse.
C'est là un changement qui n'est pas dans notre mémoire.
Nous l'ajoutons. Nous vous demandons de prendre exemple sur ce qui se fait
à Ottawa avec le Commissaire aux langues officielles qui a comme
fonctions de représenter les intérêts de minorités
francophones entre autres et de défendre les langues officielles au
Canada. Il fait rapport à la Chambre des communes, donc, H peut
être exempté de pressions partisanes, on devrait être plus
facilement exempté de pressions partisanes. C'est là une nouvelle
recommandation. J'ai terminé les propositions.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. Rivard. M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: Oui. M. le Président, j'aimerais remercier le
caucus jeune du NPD-Québec de sa présentation. J'ai
énormément de sympathie et d'admiration pour les jeunes qui
militent au sein de partis politiques. J'ai moi-même fait mes
premières armes à l'intérieur de la Commission jeunesse du
Parti libéral du Québec. Vous voyez où cela peut
mener.
Je vous dirai que vos recommandations, vos commentaires ont l'avantage
d'être très précis, d'être très clairs. Ils ne
portent à aucune équivoque. En ce sens, ils peuvent nous
être fort utiles dans la réflexion que nous engageons tous
ensemble.
J'aimerais d'abord soulever cette dernière recommandation qui
n'est pas dans votre mémoire mais à laquelle vous avez fait
allusion à la toute fin de vos remarques disant que le conseil permanent
relève de l'Assemblée nationale plutôt que du gouvernement.
Je trouve la suggestion intéressante sauf qu'elle ne me semble pas
cadrer avec l'esprit qui sous-tend le projet de loi qui vise à
créer un partenariat entre l'État et la jeunesse
québécoise. Quand on sait les contraintes qui existent à
l'Assemblée nationale quant à la suite à donner à
des recommandations qui peuvent lui provenir soit du Vérificateur
général, soit de divers organismes qui peuvent s'apparenter au
Conseil permanent de la jeunesse, je me pose tout de suite la question sur
l'efficacité qui pourrait découler d'une telle association du
conseil permanent à l'Assemblée nationale. À titre
d'exemple, le rapport du Vérificateur général, rapport
annuel qui doit être déposé à l'Assemblée
nationale, de par le règlement et les règles de pratique de
l'Assemblée nationale, doit obligatoirement faire l'objet d'un examen en
commission parlementaire annuellement. Or, cette obligation existe depuis la
réforme parlementaire, donc depuis au moins trois ou quatre ans. Mais
savez-vous que, cette année, ce sera la première fois que la
commission de l'Assemblée nationale se pliera à cette obligation
qui lui est pourtant faite très clairement dans les règles de
pratique de l'Assemblée, soit d'entendre et d'interroger le
Vérificateur général? Je vous le dis très
sincèrement, très candidement. L'Assemblée nationale, je
suis un de ceux qui respectent l'institution à tous points de vue, mais
ce n'est pas reconnu pour être l'endroit le plus efficace pour faire
avancer les choses.
Vous me parlez de la commission des langues officielles à Ottawa.
Je pense que c'est là un bel exemple aussi. Combien de fois a-t-on
entendu M. Fortier, ses prédécesseurs, MM. Spicer et autres, se
plaindre justement du fait que ces recommandations n'ont pas de suite parce
que, effectivement, les recommandations s'adressent à l'ensemble des
députés des Communes, dans son cas. Pour nous, ce serait
l'Assemblée nationale. Mais le pouvoir décisionnel appartient au
gouvernement et voici la question que cela m'amène à vous poser.
Est-ce que vous ne craignez pas qu'on pourrait, en quelque sorte, noyer le
poisson en disant: Le conseil permanent relèvera de l'Assemblée
nationale, à qui il devra nécessairement, bon, produire un
rapport annuel? On pourrait inscrire l'obligation que ce rapport annuel fasse
l'objet de débats devant une commission parlementaire, même devant
l'Assemblée nationale.
Entre vous et moi, si l'Assemblée nationale, pour toutes sortes
d'autres raisons, ne se plie pas à cette obligation, où en sera
la jeunesse et où retrouverons-nous les recommandations du conseil
permanent?
M. Rivard (Pierre): D'abord, si l'Assemblée nationale ne
le fait pas, c'est peut-être une question de priorité. Je pense
que s'il est clair pour les membres de l'Assemblée que ce Conseil
permanent de la jeunesse doit faire l'objet d'une priorité parce que la
situation des jeunes Québécois est très dramatique - je ne
veux pas tomber dans la dramatisation extrême non plus - il y a quand
même des problèmes très importants qui sont vécus
par les jeunes Québécois et sur lesquels la majorité des
membres de l'Assemblée doivent se pencher. Tous les ministres. Qu'on
pense au blocage du marché de l'emploi, c'est une situation qui est
nouvelle. Jamais des jeunes dans une société occidentale comme
maintenant n'ont été confrontés à un tel blocage au
niveau du marché de l'emploi. On pourrait multiplier les exemples.
Au niveau du travail que doit faire l'Assemblée, je pense, tout
d'abord, qu'il n'y a pas seulement un ministre, il n'y a pas seulement le
premier ministre qui doit
s'intéresser au Conseil permanent de la jeunesse. D'après
moi, c'est l'Assemblée nationale au complet, tous les
députés et tous les ministres qui devraient s'intéresser
de très près à cet organisme. Je pense qu'il faudrait que
l'Assemblée nationale soit dans ce cas flexible et qu'elle revoie
peut-être son mode de fonctionnement de manière à
être capable de se pencher entièrement et dans tous ses membres
sur le travail que fait le conseil. Je pense que, si on veut que ce soit
efficace, si on veut que ce conseil fonctionne, si on veut qu'il soit
significatif pour les jeunes, il va falloir que tous - ceux du gouvernement et
ceux de l'Opposition et des milieux - s'y penchent et de près.
On donnait l'exemple du Commissaire aux langues officielles. Lorsque le
commissaire sent, puisqu'il dépend de la Chambre des communes, lorsque,
lui, sent que ses propositions ne sont pas respectées par le
gouvernement, il peut faire un débat publie auprès de la Chambre
des communes, auprès d'autres personnes. Lorsqu'un organisme du
gouvernement est simplement tributaire d'un ministre, il fait rapport au
ministre, il discute avec le ministre; les manques ou les incapacités
qu'il y a dans cet organisme ne se rendent pas très facilement sur la
place publique. Les jeunes n'ont pas un accès aussi
privilégié que d'autres groupes de la société -
comment je dirais - aux organismes d'état, aux organismes qui
transmettent l'information.
Si cet organisme relevait de l'Assemblée nationale, il pourrait
facilement, dans tous les cas, soulever des débats publics, ce qui
devrait être l'objet du Conseil permanent de la jeunesse. Je pense que de
cette manière, si c'est moins efficace ou non... Ce n'est
peut-être pas dans la tradition politique, mais cela devrait devenir
peut-être une tradition politique du Québec. Il ne faudrait pas
dire qu'un de nos mécanismes fonctionne mal pour dire qu'on ne pourrait
pas demander au conseil permanent d'être tributaire de l'Assemblée
nationale. D'abord, il y aurait beaucoup d'avantages et, s'il y a des
avantages, je pense qu'il faudrait plutôt corriger les
désavantages que les souligner. C'est ce que je vous dirais. On est
conscient des difficultés que cela soulève, cependant.
M. Gratton: Évidemment, moi, je souhaiterais
énormément qu'on fasse la plus large diffusion possible aux avis,
aux recommandations du Conseil permanent de la jeunesse. Je vous donne à
titre d'exemple notre commission d'aujourd'hui. Elle peut passer environ sept
jours avec divers organismes qui nous viennent de partout dans le
Québec. Il y a quand même une brochette assez imposante de membres
de l'Assemblée nationale qui sont ici. Je vous mets au défi, au
lendemain de la fin de nos travaux, quelque part en mars, de constater si
vraiment il y aura eu très ample diffusion de nos travaux, puisque,
pendant que nous sommes ici à parler du Conseil permanent de la
jeunesse, il y a une commission qui siège sur les pesticides de l'autre
côté. Il y en a une troisième qui s'acharne sur le cas des
personnes handicapées, alors qu'ailleurs, à 101-B, il y a un
ministre des Finances qui se débat à défendre ses
engagements financiers.
Outre les déclarations d'ouverture de ce matin, on risque fort
que dans les médias d'information, demain, on va retrouver
essentiellement cela et peut-être très peu, malheureusement
très peu des autres très valables suggestions qui nous seront
faites. Je ne veux pas élaborer et m'attarder sur le point. Ce que je
voudrais vous faire remarquer c'est que le Conseil permanent de la jeunesse
aura comme responsabilité de diffuser l'information. Il pourra prendre
les moyens, avec toute l'autonomie dont il disposera, pour faire une
très large diffusion de ses recommandations, de ses avis, de ses
conseils au gouvernement. Mais il me semble qu'il est extrêmement
important que le gouvernement doive répondre. Et si ce que l'on souhaite
ce sont des débats à l'Assemblée nationale sur la question
jeunesse, sur la question des jeunes et sur le conseil permanent - ce que le
conseil permanent pourra décider - vous avez des députés
ministériels d'abord, et vous avez également des
députés d'Opposition. Je peux vous dire que Mme la
députée de Chicoutimi est très assidue, à la
période des questions et dans combien d'autres débats, à
soulever la question des jeunes. Je pense qu'il y a eu au moins trois ou quatre
occasions où l'on a fait des débats sur des motions très
précises de l'Opposition là-dessus. Mais, encore-là, le
tout se solde par quoi? Un vote où la majorité l'emporte
toujours, et la majorité c'est qui? C'est le gouvernement, finalement.
Mais un vote, cela ne met jamais de sous, cela ne met jamais de décision
gouvernementale dans la balance.
Je termine là-dessus, en vous disant qu'il y aurait
peut-être lieu qu'on examine la possibilité de donner une plus
large diffusion par le biais de l'Assemblée nationale. Par exemple, par
la présentation d'un rapport annuel ou l'inclusion quelque part dans les
règles de pratique qu'il y ait audition du conseil permanent.
D'ailleurs, le conseil permanent pourrait toujours souhaiter publiquement
être entendu en commission parlementaire. On sait que nos commissions
parlementaires peuvent également se donner des mandats d'initiative. Par
exemple, quand on parlait tantôt de l'Office des personnes
handicapées, ils sont là à l'initiative de la commission
des affaires sociales qui a choisi, elle-même, de scruter le
fonctionnement de l'office pendant deux jours. Donc, les
commissions parlementaires peuvent le faire de leur
initiative»
Cela étant dit, il y a un dernier élément - je
constate que le temps s'écoule, M. le Président - dans votre
mémoire qui me frappe parce qu'il est inédit. Vous êtes les
seuls à avoir proposé qu'on associe le politique au conseil
permanent. Je vous dirais très candidement qu'on s'est posé la
question nous aussi au départ. Est-ce qu'on devait associer formellement
les partis politiques à la création du Conseil permanent de la
jeunesse? On en est venu à la conclusion que cela pourrait risquer de
comporter des désavantages beaucoup plus nombreux que des avantages.
On me souligne qu'à l'article 32 on prévoit
déjà que le ministre dépose le rapport du conseil
permanent à l'Assemblée nationale.
En ce qui a trait à la suggestion sur les partis politiques, ce
qui m'inquiète de votre proposition c'est que vous semblez lui accorder
la même importance qu'au secteur de l'économie, qu'au secteur des
affaires sociales. On sait que les partis politiques sont nombreux au
Québec, mais ils ne sont pas nombreux les partis politiques qui sont
structurés comme le NPD semble l'être, comme, j'en sais quelque
chose, le Parti libéral du Québec l'est et comme, je le sais
également, le Parti québécois est structuré.
Une voix: Un petit peu moins...
M. Gratton: Mon collègue me dit: Un peu moins. Il
connaît peut-être un peu mieux le Parti québécois que
moi. Quoiqu'il en soit, est-ce que vous ne conviendrez pas que ce n'est pas
commun à l'ensemble des partis politiques d'être aussi bien
structuré et qu'au départ cela ne pourrait pas privilégier
ceux qui sont le mieux structuré par rapport à l'autre douzaine
de partis qui sont autorisés par le Directeur général des
élections?
M. Fortin (Yvan): C'est sûr que, nous, ce qu'on demande
c'est que cela soit accordé aux partis politiques reconnus. On sait
comment sont organisées les lois électorales du Québec.
Les jeunes qui commencent à faire de la politique sont obligés de
se poser des questions sur la façon dont fonctionne l'édifice
parlementaire selon la tradition britannique qui veut qu'on ait un parti
d'opposition et un parti au pouvoir.
Avoir été partisans, qu'est-ce qu'on aurait
proposé? Un représentant par parti politique reconnu.
Actuellement, aux prochaines élections, on peut facilement voir que le
NPD a de grosses chances d'être un parti reconnu et qu'il y aura
probablement le Parti québécois, le Parti libéral et nous.
On aurait pu faire cela. Mais là, on s'est dit: Si jamais il y a des
écologistes qui deviennent un parti reconnu et que le Parti
québécois explose en deux ou trois... (16 h 45)
Une voix: Ha! Ha! Ha!
M. Fortin (Yvan): II va falloir que les gens s'habituent à
faire des bases d'entente. Pour trois postes de représentants, il va
peut-être y avoir quatre ou cinq groupes qui seront des partis politiques
reconnus. Donc, il y aura certainement des alliances, par exemple, sur ce qu'on
appelle la politique sociale, ce qu'on appelle le clivage gauche-droite ou,
encore, des associations ou des alliances sur la base de la question nationale
ou de l'affirmation nationale. C'est un jeu politique qui, pour nous, à
long terme, pourrait amener une modification de certaines règles.
M. Rivard (Pierre): J'aimerais ajouter que les...
Le Président (M. Marcil): ...si possible, je m'excuse.
M. Rivard (Pierre): J'aimerais ajouter, si vous me le permettez,
que l'idée qui était derrière cela était que nous
voyons dans les mécanismes de sélection des membres du conseil -
du président, entre autres - et des membres du collège
électoral le danger de nominations partisanes, c'est-à-dire que
c'est un ministre qui les fait. Et connaissant nos institutions politiques, il
est possible que ce ministre choisisse des personnes qui ont des
affinités avec le parti au pouvoir. C'est une chose possible. Il n'y a
pas de garantie que cela ne se produise pas. Nous disons que, s'il y a un bloc
dûment constitué, dûment connu où les jeunes
provenant de partis politiques s'expriment ouvertement, il va y avoir la
possibilité que des débats partisans se fassent d'une
manière très ouverte et très franche et non pas d'une
manière qui pourrait se produire autrement et que les autres membres
n'aient pas un contrôle là-dessus. C'est-à-dire que si
jamais il y a des nominations partisanes... Je ne dirai pas que le Parti
libéral va en faire. Il va y avoir d'autres gouvernements. On ne sait
jamais quel gouvernement pourrait en faire, mais cela peut exister.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Rivard (Pierre): Là-dessus, on n'a pas vraiment de
contrôle. D'autre part, il y a beaucoup de jeunes qui sont
impliqués dans un parti politique au Québec. Je pense que cela
n'est pas exagéré de penser donner autant d'importance aux jeunes
impliqués en politique, aux jeunes oeuvrant dans les organismes à
vocation sociale ou communautaire. Je pense que dans votre parti, même au
Parti libéral surtout, il y a vraiment beaucoup de jeunes qui sont
impliqués. Ce n'est pas anodin. Ce n'est pas banal. Ce n'est pas
un peu, c'est beaucoup. Ces gens ont tout à fait le droit d'être
représentés dans un organisme comme cela, je pense, mais d'une
manière ouverte, très ouverte. Éventuellement, c'est la
même chose pour les autres partis politiques.
Le Président (M. Marcil): II y a une notion qui sous-tend
votre proposition, c'est celle où on pourrait s'entendre entre militants
de partis différents à l'intérieur du collège
électoral. Est-ce que vous avez des expériences vécues qui
vous permettent de me convaincre? Je vous avoue franchement que je serai
difficile à convaincre que cela pourrait être pratiquement
faisable.
M. Rivard (Pierre): Je vais vous donner l'exemple d'une
conférence de presse que nous avons faite à l'Université
Laval. C'était à la fin décembre, mi-décembre, sur
la question de la loi 101. Il y avait des représentants de tous les
partis politiques présents à l'Université Laval. Il y
avait une jeune conservatrice, un jeune péquiste, un jeune du Parti
libéral du Québec, un jeune du Parti libéral du Canada, un
jeune du NPD et les gens de la CADEUL. Nous étions réunis autour
d'une table à présenter une proposition commune concernant le
respect de la loi 101. C'est un cas où nous sommes parvenus à un
consensus et assez facilement. Il y a d'autres expériences à
l'Université Laval où on organise fréquemment, nous du
NPD, avec des gens d'autres organismes politiques des
conférences-débats sur un paquet de thèmes, notamment
l'emploi, enfin des thèmes qui devraient être abordés par
le collège électoral, que ce soit l'emploi, que ce soit
l'accessibilité au marché du travail, que ce soit le financement
des universités. Il y a un paquet de dossiers comme cela sur lesquels
des jeunes de différentes tendances ont réussi à
travailler ensemble. Cela a été très fructueux. Il y a
peut-être une autre manière de faire de la politique chez les
jeunes, mais il y a des exemples... Cela ne me fait pas peur, en tout cas.
Personnellement, quand on y a pensé, on s'est dit: C'est fort possible.
Ce serait même très intéressant.
M. Gratton: D'ailleurs, je vous suis quand il s'agit de questions
fondamentales et peut-être que la langue en est une. Je vous donne
l'exemple de la réforme électorale. À titre de ministre
délégué à la Réforme électorale, j'ai
toujours pensé qu'on ne pouvait agir dans ce domaine sans qu'il y ait,
sinon unanimité, le consensus le plus large possible. J'accepte
volontiers que sur ces grandes questions très fondamentales on puisse
agir de la façon que vous proposez. La question que je me pose et les
appréhensions que j'entretiens sont dans le vécu, dans le
quotidien du Conseil permanent de la jeunesse où, évidemment, les
intérêts ne convergeront pas toujours. Est-ce que ce ne serait pas
là un danger de "partisaniser" -c'est bien cela? - le débat?
M. Rivard (Pierre): Dans ce cas, ce serait plutôt
politiser. Quant à nous, on peut penser que le conseil permanent sera
politisé. Sur la question des jeunes en tout et partout,
économiquement, socialement, etc., ce sont des questions politiques qui
sont soulevées. On ne peut pas penser faire un débat sur la
jeunesse au Québec ou faire un travail sérieux, une recherche,
etc., sans penser qu'il y a des affrontements d'idées et des
affrontements d'écoles de pensée sur ces questions. Si on pense
que le conseil permanent devrait proposer des solutions au chômage des
jeunes, il y a des écoles complètement opposées qui
s'affrontent là-dessus, et il y a des solutions très
divergentes.
Les socio-démocrates ont une perspective, les libéraux en
ont une autre; pour les gens du Parti québécois, on le sait
moins, mais enfin! Il y a quand même des tendances qui s'affrontent
à ce niveau. Que le conseil permanent soit politisé, je pense que
ce n'est pas malsain. Au niveau de la recherche, au niveau de
l'élaboration des politiques, il y a une manière de fonctionner.
Les tendances politiques vont s'exprimer de toute façon. Je pense que
cela doit se faire, au contraire; ce n'est pas un désavantage.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Marcil): Excusez, M. le leader, M. Fortin
voulait compléter.
M. Fortin (Yvan): Déjà, la division qu'on apporte
en matière économique et sociale, c'est sûr qu'à un
certain moment les représentants du monde étudiant ont aussi des
positions divergentes, quelquefois, sur certains problèmes. Un
représentant qui vient du monde économique coopératif ne
voit pas le développement social de la même façon que
quelqu'un qui viendrait d'une jeune chambre de commerce. C'est justement du
choc des idées, comme on dit, que jaillit la lumière. C'est
justement une question de dynamique sociale. Partout au Québec, c'est
normal qu'il y ait une multitude d'idées et on vit avec ce régime
depuis 1791, depuis la première constitution de Parlement au
Québec ou au Canada. C'est normal -qu'on voie cela à
l'intérieur de certains organismes.
Ce Conseil permanent de la jeunesse a aussi un rôle formateur, un
rôle de courroie de transmission. Tantôt, on parlait de
chaîne stéréo, de haut-parleur qui amène des
revendications, des préoccupations de la jeunesse, des organismes
jeunesse vers l'État
et de l'État vers les organismes jeunesse. C'est sûr
qu'à un certain moment il faut avoir une vision extrêmement large
pour être capable de tamiser, d'arrondir les coins pour que les gens
soient capables de dire: Oui, la façon de s'en sortir, c'est cela. C'est
sûr que c'est très difficile, et peu importe comment on va
organiser le Conseil permanent de la jeunesse, s'il est le moindrement
représentatif, il y aura des frictions entre les groupes. Je me
méfierais comme de la peste d'un conseil consultatif ou d'un conseil
permanent de la jeunesse qui voterait ses résolutions unanimement.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. Fortin.
M. Gratton: À ce compte-là, on n'aurait pas eu
besoin du conseil permanent, on aurait pu continuer à se replier sur la
Commission jeunesse du Parti libéral!
M. le Président, je souhaiterais vivement qu'on puisse continuer
des heures, je trouve extrêmement stimulante la discussion qu'on a, mais,
malheureusement, les règles ne nous le permettent pas. Je souhaite que
les jeunes NPD de l'Université Laval nous lancent une invitation pour
qu'on continue la discussion chez eux.
Le Président (M. Marcil): Cela va? Je vais passer la
parole à Mme la députée de Chicoutimi.
Des voix: ...
Le Président (M. Marcil): Je m'excuse, notre temps est
précieux et on voudrait profiter de chaque minute.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je dois dire, un
peu comme l'a fait tout à l'heure le ministre du Revenu, que votre
position est claire, précise. Je devrais quand même ajouter une
nuance, je ne suis pas sûre que je partage l'entièreté de
vos propos. J'aimerais brièvement revenir sur les propos du ministre
touchant le fait que vous souhaitiez relever de l'Assemblée nationale
plutôt que d'un ministre. Vous citez à titre d'exemple le
Commissaire aux langues officielles. Je dois vous dire que la performance du
Commissaire aux langues officielles ne m'a pas particulièrement
impressionnée à ce jour, ce qui fait que, si on devait
connaître le même résultat avec le dossier de la jeunesse,
il faudrait attendre encore quelques décennies.
Vous savez, l'impression que j'ai, c'est que lorsqu'un dossier
relève de tout le monde il ne relève de personne. Je dirais que
le fait que le dossier de la jeunesse relève du premier ministre
actuellement, c'est quasiment la même chose, pas par incompétence,
mais parce qu'il a beaucoup d'autres dossiers et peu de temps à y
consacrer. C'est normal, c'était la même chose sous le
gouvernement précédent. La majorité des intervenants
jeunesse estiment qu'il y a tellement une urgence qu'on devrait même
nommer un ministre responsable au dossier jeunesse.
Par ailleurs, comme le faisait justement remarquer le ministre, les
organismes consultatifs ont à cet égard au Québec -parce
que la loi canadienne est différente par rapport à leurs
organismes consultatifs -le droit de faire toute la publicité, toute
l'information qu'ils veulent avec leurs mémoires, avec leurs avis. Ils
peuvent tenir des colloques, des débats, ils pourraient faire n'importe
quoi, cela existe déjà. Ce n'est pas toujours facile à
organiser, j'en conviens, ce n'est pas toujours facile d'avoir la couverture de
presse qu'on voudrait, mais je dois dire que cela existe déjà et
sans que vous releviez directement de l'Assemblée nationale.
J'aimerais revenir a un sujet. Vous sembliez attacher beaucoup
d'importance à éloigner ce que vous appeliez les aspects
partisans dans le choix des membres. Vous dites que le collège
électoral devrait élire les membres du conseil; par ailleurs,
vous ne touchez mot sur qui devrait élire les membres du collège
électoral.
M. Rivard (Pierre): Ce sont des propositions qui vont...
Attendez... C'est surtout la recommandation 4, qui est assez longue, qui
prévoit le mécanisme de sélection des membres du
collège électoral dont la responsabilité est
confiée à un fonctionnaire qu'on appelle le fonctionnaire
responsable qui voit à établir les critères. On a
énuméré quelques critères mais, lui, voit à
la tenue, à la convocation du collèqe électoral et
à la sélection de ceux qui composent les blocs-sections du
collège électoral.
Mme Blackburn: Donc, vous confieriez cela à un
fonctionnaire?
M. Rivard (Pierre): Oui.
Mme Blackburn: Bravo. Je trouve cela intéressant, cela
veut dire qu'il y a encore des gens qui font confiance à ce genre de
structures.
Des voix: Ha! Ha! Hal
Mme Blackburn: Une autre question qui touche toujours l'aspect
que vous soulevez, le risque de partisanerie dans les débats autour de
toute cette question du dossier jeunesse. Il me semble y avoir une certaine
contradiction entre ce discours et la place que vous voulez réserver aux
partis politiques.
Que vous soyez, l'un ou l'autre d'entre
vous, membre de ce Conseil permanent de la jeunesse - je pense que vous
en auriez les qualités, soit dit en passant - je ne sais pas si vous
comprenez la situation délicate dans laquelle vous pourriez
éventuellement être placé dans le cas où une
recommandation ou un avis du conseil va à l'encontre de la politique de
votre parti. Vous devriez, chaque fois, envoyer une lettre de dissidence, comme
on le voit quelquefois - mais c'est plutôt rare - dans les organismes
consultatifs. Vous ne pensez pas que vous vous placez dans une situation un peu
délicate?
M. Fortin (Yvan): Pour ce qui est de notre souci d'éviter
la partisanerie, c'est quant aux nominations telles quelles. En ce qui concerne
les débats à l'intérieur du Conseil permanent de la
jeunesse, nous croyons que les débats doivent être politiques et
on ne voit aucune contradiction dans le fait d'avoir quelquefois à
discuter entre nous afin de nommer quelqu'un. On sera probablement plus
nombreux que trois partis reconnus aux prochaines élections et on ne
voit aucun frein aux débats politiques à l'intérieur de
cette organisation. Bien sûr, on peut avoir des divergences politiques,
mais, si on se rend compte que les jeunes libéraux, à la suite
d'un vote proportionnel, tel qu'on le définit, ont les trois postes sur
les trois postes, on va se dire: On va retourner travailler dans nos
comtés, on n'est pas assez fort et cela va nous stimuler. Même
chose pour les jeunes entrepreneurs du Parti québécois qui vont
se dire: Les jeunes libéraux sont trop forts. Je ne vois aucune
difficulté à travailler avec ces structures. (17 heures)
Mme Blackburn: Ce n'était pas tout à fait le sens
de ma question, j'ai dû mal m'exprimer. Une fois nommé au Conseil
permanent de la jeunesse - supposons que cela se fasse selon un bon fair-play
et que les trois partis politiques les plus représentatifs de la
province se retrouvent au Conseil permanent de la jeunesse, ce qui serait
quasiment dans l'ordre des choses -vous seriez devant une décision, un
avis du conseil qui toucherait l'universalité des services sociaux et
des services de santé, qui toucherait les frais de scolarité, ou
qui toucherait - et je connais un peu vos positions là-dessus - l'aide
financière aux étudiants et qui irait davantage dans le sens
où le pouvoir l'indique actuellement. Je veux dire: Comment ne
seriez-vous pas, vous, M. Fortin, sûrement très
représentatif - sans vouloir dire que les autres ne le sont pas, il
vient de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean - comment vous
sentiriez-vous dans une telle situation? C'est à cela que je voulais en
venir. Comment voulez-vous, alors qu'on est en train de donner des avis publics
sur des questions qui recoupent certainement les éléments d'un
programme politique, vous sentir à l'aise dans une telle situation?
M. Fortin (Yvan): Dans toutes les structures étatiques il
y a des minorités qui sont obligées quelquefois d'avouer qu'elles
sont des minorités, et je vais me mettre dans l'espèce de
scénario. C'est sûr que si le Conseil permanent de la jeunesse
disait: II faut privatiser finalement l'éducation employons les termes -
je ne serais pas le seul à dire: Je suis contre. Je suis sûr que
les associations étudiantes se lèveraient et gueuleraient elles
aussi, diraient: "Écoute, cela n'a pas d'allure", que certaines
associations économiques se lèveraient et diraient: "Cela n'a pas
d'allure". C'est sûr qu'il va y avoir des groupes minoritaires. Mais je
ne me sentirais pas mal à l'aise de défendre une certaine
idéologie, parce que les gens, peu importe la structure ou peu importe
la façon dont ils vont être élus, vont défendre des
idées à cet endroit-là et il y aura des votes.
Mme Blackburn: Sur un tout autre aspect de votre mémoire,
vous recommandez qu'il n'y ait pas de permanence aux postes de président
et de vice-président, pour éviter, selon vos termes, qu'il y ait
des catégories différentes de membres au sein du conseil. Vous
savez certainement qu'un organisme consultatif de cette nature, avec à
peu près 1 000 000 $ de budget, va avoir 20 ou 25 personnes dans ses
effectifs qui préparent les avis, qui préparent les rapports.
C'est un personnel, comme vous l'avez indiqué tout à l'heure -
et, d'ailleurs, c'est prévu dans la loi, je voulais juste dire en
passant que le personnel était membre de la fonction publique - qui
prépare les projets d'avis, qui fait les travaux de recherche et ainsi
de suite. Vous connaissez la règle, celui qui détient
l'information détient le pouvoir. Alors, plutôt que laisser tout
le pouvoir à un membre du conseil qui est redevable devant ses
collègues, vous préférez laisser le pouvoir - si je puis
ainsi m'exprimer - à des fonctionnaires?
M. Fortin (Yvan): C'est-à-dire qu'on pourrait plutôt
imaginer que ce Conseil permanent de la jeunesse ressemblerait, dans une
institution ou un organisme, à un conseil d'administration où le
président et les vice-présidents ne sont pas payés, mais
font quand même beaucoup de travail, doivent se déplacer souvent.
Ce qui arrive, dans le cas où le président et les
vice-présidents sont rémunérés, c'est qu'ils
détiennent un pouvoir supérieur supplémentaire aux autres
membres du conseil. Cela crée une inégalité non seulement
dans le titre, mais aussi dans la présence qu'ils ont au travail, dans
le pouvoir de contrôle qu'ils ont sur l'institution. A ce
moment-là, quel pouvoir a
le collège électoral? Encore moins. Et quel pouvoir ont
les autres membres du conseil? C'est un pouvoir qui est dilué par
rapport au président et au vice-président. Cela n'est plus une
véritable collégialité. Cela crée une
inégalité. Je pense que les jeunes qui travailleraient au sein du
Conseil permanent de la jeunesse - ou les moins jeunes,
éventuellement... Il y aurait un président comme dans tout
organisme d'État, il y aurait des vice-présidents, la structure
resterait encore indéterminée dans une bonne mesure, je pense,
mais, pour autant qu'on peut leur faire confiance, ce sont des employés
de l'État qui sont redevables au conseil permanent. Normalement, cela ne
devrait pas poser un problème de concentration ou de séparation
de pouvoir entre ces gens. À tout le moins, les gens au sein du conseil
permanent seraient sur une même base.
Mme Blackburn: Vous faites référence, pour
illustrer votre recommandation, aux conseils d'administration de nos
institutions publiques; il y a président, effectivement,
vice-président, ou présidente. Est-ce que vous connaissez
exactement le pouvoir de ces conseils? Avez-vous déjà eu
l'occasion de siéger dans ces conseils?
M. Fortin (Yvan): Dans quel genre d'organisation publique? Vous
parlez d'un collège...
Mme Blackburn: Vous parlez d'institutions publiques, j'imagine
que ce sont les cégeps, les universités.
M. Fortin (Yvan): J'ai déjà siégé au
collège de Jonquière, comme membre - il y a quelques
années d'ailleurs.
Mme Blackburn: Quel était le pouvoir du conseil
d'administration?
M. Fortin (Yvan): Le pouvoir au conseil d'administration, c'est
habituellement le président qui le tient. Tout dépendant du
dynanisme des gens qui y sont. Bien souvent, dans ces conseils d'administration
à vocation sociale, qu'est-ce qui arrive? Les gens qui sont des
permanents ont un certain pouvoir, mais c'est aux gens des conseils
d'administration d'aller chercher, de s'asseoir... C'est la différence
entre certains collèges et d'autres. Dans certains collèges,
l'administration joue un rôle extrêmement fort tandis que, dans
d'autres, parce que l'ensemble du conseil d'administration est
extrêmement dynamique, il y a direction collégiale, comme cela
devrait être dans un collège. En tout cas, c'est ma façon
de voir et mon expérience à moi, ce que j'ai pu voir.
Mme Blackburn: Vous savez que la concertation entre les membres
d'un conseil d'administration d'un cégep, d'une institution à
caractère local est plus aisée, plus facile qu'elle le serait
dans le cas d'un organisme provincial où les membres se retrouvent aux
quatre coins de la province. Je m'interrogeais et je voulais avoir
là-dessus...
M. Fortin (Yvan): C'est sûr qu'il y aura des ajustements
à faire en cours de route. C'est pour cela qu'il y a des
commissions...
Mme Blackburn: À moins que j'aie mal lu, dans votre
mémoire vous ne faites pas état, vous n'insistez pas, vous ne
sentez pas la nécessité de recommander une représentation
régionale.
M. Rivard (Pierre): C'est prévu dans le projet de loi.
Mme Blackburn: C'est prévu, oui. Une voix:
L'article 20.
Mme Blackburn: Les mémoires vont plus loin que cela. Ils
envoient une représentation égale - je ne dirais pas
équitable parce qu'ils utilisent le mot "équitable" plus dans le
sens égal qu'équitable - des régions. Est-ce que vous
voyez que cela soit utile ou si tout simplement une représentation des
régions est suffisante?
M. Thériault (Paul): En fait, on s'est beaucoup
arrêté sur cette question. Moi-même compatriote de M.
Farrah, étant Madelinot, j'ai accroché justement sur cet article
20. On voulait soulever le point; on y arrivait. C'est évident que
l'article 20 ne garantit aucune représentation. On y dit: "Le
gouvernement nomme les membres... notamment d'une représentation
équilibrée des diverses régions du Québec." En
fait, il n'y a pas de mécanisme prévu qui nous assurerait une
représentation équitable, sauf qu'on s'est dit: On va soulever la
question. On attendait un peu une réponse de quelqu'un, si quelqu'un
pouvait nous apporter des éclaircissements là-dessus.
Étant donné qu'il n'y a pas de mécanisme, c'est un
procès d'intention qu'on trouve très intéressant, mais,
évidemment, c'est un peu dangereux et on sait où cela nous
mène des procès d'intention. Si quelqu'un voulait éclairer
la situation.
Mme Blackburn: Est-ce que je vous interprète bien en
disant qu'à votre avis il faudrait qu'il y ait une représentation
des régions de façon égale, c'est-à-dire que toutes
les régions soient représentées?
M. Thériault: Tout à fait.
Mme Blackburn: C'est cela? Non? M. Thériault: Oui,
tout à fait.
Mme Blackburn: Oui, très bien. Tout à l'heure, en
réponse à une question, vous avez fait état des
difficultés et des problèmes nombreux auxquels était
confrontée la jeunesse. Esttnnez-vous que, dans cette hypothèse,
la constitution d'un Conseil permanent de la jeunesse soit la
priorité?
M. Rivard (Pierre): Cela relève d'opinions qui sont
souvent très personnelles. On en a discuté beaucoup. Il y a une
première hypothèse qu'on a émise au sein du caucus
lorsqu'on s'est rencontré. Plusieurs personnes ont dit: D'abord, pas de
Conseil permanent de la jeunesse. La première chose qui a
été dite, c'est cela. À quoi sert un Conseil permanent de
la jeunesse? Personnellement, par rapport à d'autres qui
représentaient cette tendance, je me suis dit: Oui, effectivement, il y
a des expériences du passé qui ont été absolument
désastreuses d'organisations jeunesse. J'ai été militant
au sein du Sommet québécois de la jeunesse et laissez-moi vous
dire que cela n'a pas été reluisant du tout comme
expérience. C'était même plutôt une catastrophe.
Évidemment, c'est toujours la loi du moins pire. Le pire ou le moins
pire, en fin de compte, ce serait: Si on se dit qu'il n'y a pas de Conseil
permanent de la jeunesse, qu'est-ce qu'il y aura à la place? Je pense
que si le Conseil permanent de la jeunesse, avec les mandats qui lui sont
attribués là-dedans - d'ailleurs, on était plutôt
d'accord avec les mandats -arrive à réaliser ces mandats,
c'est-à-dire à susciter des débats au sein des jeunes,
à les réunir d'une certaine manière, mais surtout à
proposer des nouvelles politiques en matière d'emploi et de domaines qui
touchent les jeunes, ce serait une excellente initiative. Mais si c'est un
mandat qui va plus loin dans le sens où cela devrait sauver la jeunesse
québécoise, pas du tout. C'est un tout petit grain de sable dans
l'engrenage d'une solution aux problèmes des jeunes. C'est un petit
effort, à notre avis. Nous n'attendons pas du Conseil permanent de la
jeunesse qu'il vienne régler tous les problèmes. Loin de
là. C'est un organisme, point final.
Mme Blackburn: Si vous deviez indiquer une ou deux
priorités par rapport au dossier jeunesse, quelles seraient-elles?
Mme Beaudin (Claude): Personnellement, je déterminerais,
bien sûr, comme une priorité la question de l'emploi des jeunes et
le taux de passage à l'aide sociale de ces jeunes. Qu'on regarde combien
cela s'est accru en dix ans. Je pense que c'est un point majeur. Qu'on se
penche vraiment sur la question et non pas seulement examiner des politiques et
des programmes bidon qui ne servent pas à grand-chose dans le contexte
actuel. Cela demande une réflexion et une intervention plus globale que
simplement ponctuelle.
Mme Blackburn: Vous parlez beaucoup du conseil en termes de
porte-parole du dossier jeunesse et qui deviendrait cette espèce de voix
par laquelle s'exprimeraient les différents besoins des jeunes. Ne
craignez-vous pas qu'un organisme comme cela vienne un peu uniformiser le
discours jeunesse, le récupérer?
M. Rivard (Pierre): Je ne vois pas où, dans notre
mémoire, vous voyez que nous donnons au Conseil permanent de la jeunesse
le titre de porte-parole de la jeunesse. D'abord, il n'y a pas une jeunesse au
Québec. Il n'y a que des jeunesses. Il ne peut pas y avoir un
porte-parole. On espère, par nos recommandations cependant, qu'ils
cherchent à établir une plus grande
représentativité, que ce sera un meilleur porte-parole que ce que
présente le projet de loi. On dit qu'il y a des améliorations
mais de là à croire que ce sera le porte-parole de la jeunesse
c'est un peu illusoire. Cependant, on a parlé, par exemple, des jeunes
ou on associait des organismes qui devraient être inclus. C'est une
jeunesse qui est rarement atteinte et qu'on pense qui devrait être
atteinte par un organisme comme cela.
En tout cas, d'abord, je voulais juste préciser qu'on ne l'a
peut-être pas vu comme le porte-parole nécessairement. Ce serait
un des porte-parole peut-être. Peut-être qu'il pourra devenir
privilégié s'il arrive à fonctionner. Au moment où
on se parle, on ne peut pas savoir s'il va l'être ou non. On dit qu'il y
a une intention. Quant à nous, on connaît les limites de
l'intention. Si vous me demandiez si je suis optimiste, je dirais non, je ne
suis pas très optimiste. Cependant, s'il y a des modifications, je
dirais oui, peut-être que je le serai plus. Néanmoins, je ne me
ferai pas d'illusions.
La récupération du discours jeunesse, évidemment,
cela va se faire. Le propre des organismes qui représentent des
intérêts dans notre système politique c'est de faire une
agrégation de ces intérêts et de les porter vers le
pouvoir. Évidemment, dans ce processus, il y a une richesse qui se perd
dans les revendications des groupes, il y a des remodelages qui se font, il y a
des compromis qui se font. C'est le propre de notre système politique.
Évidemment, il va y avoir une certaine récupération du
discours jeunesse. D'ailleurs, il va falloir que les jeunes soient très
vigilants. S'il y a tant de membres qui sont nommés par le ministre dans
un conseil, comme il est prévu dans le projet de loi, il y a d'autant
plus un danger d'une certaine récupération. Ce danger est
présent.
Il va falloir que les jeunes du Québec soient très
conscients qu'il va toujours falloir être un peu un chien de garde par
rapport à un organisme comme cela, d'où l'importance qu'il y ait
beaucoup de débats publics au sein du Conseil permanent de la jeunesse,
que ce soit un élément fondamental, d'où l'idée que
l'Assemblée nationale devrait être impliquée de très
près sur cette question mais toute l'Assemblée.
Le Président (M. Marcil): Une autre question, Mme la
députée?
Mme Blackburn: Certains organismes nous ont proposé un
conseil consultatif qui aurait des pouvoirs réels d'intervention et avec
une structure très décentralisée, c'est-à-dire
tables de concertation locales avec une conférence nationale, le conseil
permanent, ayant de réels pouvoirs d'intervention. Il n'aurait pas
seulement un rôle de conseiller mais ce serait aussi un acteur qui aurait
des pouvoirs de décision quant à l'application de ses propres
recommandations. J'aimerais connaître votre opinion sur une
hypothèse de cette nature.
M. Fortin (Yvan): Disons qu'on se demande si, derrière
cette création d'un conseil permanent de la jeunesse, l'équipe
ministérielle n'aurait pas en arrière de la tête
l'idée de créer un ministère de la jeunesse. C'est une
question qu'on se pose. D'accord? C'est sûr qu'on se pose aussi la
question des relations avec le Secrétariat à la jeunesse.
M. Rivard (Pierre): En fait, si je peux me permettre d'ajouter.
C'est que pour nous le danger, si on donne tant de fonctions à cet
organisme, il devient en fin de compte le ministère de la jeunesse. Or,
les préoccupations des jeunes ne doivent pas être
"ghettoïsées" dans un ministère. Elles doivent être
présentes en priorité dans tous les ministères. Le danger
qu'il y aurait -comment dirais-je? - è réaliser ce que ces
organismes proposent, c'est que tout le monde s'en remettrait à ce
fameux organisme du Conseil permanent de la jeunesse qui un jour fera
peut-être un ministère. Je ne le sais pas. Je ne pense pas. Mais,
enfin, le danger c'est qu'on s'en remette tout le temps à lui en ce qui
concerne les problèmes de la jeunesse alors que cela doit être une
préoccupation très importante dans tous les ministères. Il
y a là un enjeu.
Le Président (M. Marcil): Eh bien, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Madame, messieurs, cela m'a fait plaisir de vous
entendre. Je dois dire que la perspective dans laquelle vous traitez le dossier
est particulière, c'est-à-dire qu'on ne la retrouve pas
nécessairement dans les autres mémoires qui nous ont
été soumis ou qui vont l'être dans tes prochains jours. Je
voudrais, au nom de ma formation politique, vous remercier de votre
participation à cette commission parlementaire et vous dire que j'ai
toujours beaucoup de respect et d'estime pour les jeunes qui s'engagent dans un
parti politique, quel qu'il soit, parce que vous réalisez que la
façon la plus pratique de décider de ce que sera votre avenir,
c'est encore de vous impliquer en politique. Je voudrais vous en
féliciter et vous remercier.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais moi aussi
remercier le caucus jeune du Nouveau parti démocratique du Québec
du sérieux de sa présentation. Je veux leur dire que nous non
plus, comme gouvernement, ne voyons dans le Conseil permanent de la jeunesse
cette panacée qui va régler tous les problèmes du revers
de la main. D'ailleurs, même en adoptant le projet de loi dans les
meilleurs délais, on ne verra le conseil permanent en fonction que d'ici
environ douze mois et donc, ce n'est pas aujourd'hui la veille du moment
où on constatera qu'on a révolutionné le monde de la
jeunesse avec le conseil permanent. C'est là un outil que pense devoir
se donner le gouvernement pour faire face à la situation et, dans la
mesure où vous nous donnez un éclairage tout à fait
inédit aujourd'hui, nous tenons à vous remercier. Je vous
réitère mon offre de tantôt. Je pense qu'on devrait
continuer la discussion.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre. Mme
Beaudin, M. Fortin, M. Rivard, M. Thériault, merci de votre
collaboration et à bientôt. On va suspendre une minute pour
permettre à M. Martin Ouellet de s'avancer pour son exposé.
(Suspension de la séance à 17 h 18)
(Reprise à 17 h 19)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît! Veuillez prendre place, s'il vous plaît! Nous sommes
très limités dans le temps.
M. Martin Ouellet, nous vous souhaitons la bienvenue à cette
commission parlementaire. Nous allons engager immédiatement cette
discussion en vous permettant d'exposer votre opinion sur le projet de loi.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet (Martin): Je me présente, mon nom est Martin
Ouellet. Je voudrais d'abord remercier les membres de la commission d'entendre
un individu qui présente un mémoire. C'est peut-être un peu
particulier. J'ai fait le choix de déposer ce mémoire en mon nom
personnel. Cela va me permettre de laisser de côté les
intérêts corporatistes que je pourrais représenter ici,
car, sachez-le, j'aurais bien pu représenter des intérêts
corporatistes parce que je suis actif dans un nombre important de regroupements
de jeunes dans la région de Québec depuis quatre ans. Il me
semblait donc important de venir vous présenter ce mémoire en mon
nom personnel de façon qu'on puisse discuter des intérêts
du Conseil permanent de la jeunesse et que je puisse vous donner ma vision, ma
façon de voir les choses.
Donc, en plus de vous transmettre mes commentaires durant la
période qui m'est allouée, je vous ferai quelques recommandations
incluses dans mon mémoire et il y en a d'autres qui vont s'ajouter. Pour
terminer, je vous demanderai, à vous parlementaires ici réunis,
de me donner des informations supplémentaires quant au conseil
lui-même.
Tout d'abord, j'aimerais qu'on aborde une question qui reviendra tout au
cours des audiences, j'en suis assuré, mais c'est plutôt un
concept, le concept de la représentativité. Qu'est-ce que cela
veut dire, lorsqu'on parle de représentativité? C'est assez
drôle et assez particulier de constater que, selon les
intérêts de chacun, la représentativité peut prendre
telle ou telle forme. Pour le bien de cette commission, j'ai fait une certaine
classification des différentes formes de représentativité
qu'on peut retrouver auprès d'un conseil. Je commence avec cela et,
ensuite, en résumé, je vous donne le mémoire et quelques
éléments de réflexion.
La première représentativité dont on parle et qu'on
peut retrouver ici, c'est la représentativité par
délégation. Pour certains individus, le Conseil permanent de la
jeunesse pourra être représentatif dans la mesure où eux
auront eu accès au processus de sélection du
délégué qu'ils pourront envoyer. C'est ce que j'appelle la
représentativité par délégation. C'est d'ailleurs
ce que vous êtes en tant que parlementaires, des représentants par
délégation. Tous les quatre ans, on vous élit, on vote sur
qui peut nous représenter dans le comté où on habite.
Donc, c'est une forme de représentativité qui existe.
Comme deuxième représentativité - les derniers
intervenants en ont parlé beaucoup -c'est la
représentativité sectorielle. Selon le secteur d'où on
vient, on peut dire que, si tous les secteurs d'activité que l'on
retrouve chez les jeunes sont représentés au sein d'un conseil,
on aura un conseil représentatif.
C'est donc une deuxième forme de
représentativité.
Celle qui est assez particulière - on le voit beaucoup dans le
cas des corporations -c'est la représentativité grâce
à ma présence. En d'autres termes, possédant une expertise
dans le milieu, les intervenants se présentent à la table et
disent: Ce sera représentatif dans la mesure où notre organisme
sera présent parce que notre organisme est là, il est
représentatif, et, dans une certaine mesure, il doit être
présent à la table des délibérations. C'est une
autre forme de représentativité que vous pourrez rencontrer.
On parle beaucoup de représentativité régionale. Ce
qui fera qu'un conseil sera représentatif des intérêts des
jeunes, pour d'autres, c'est qu'il y aura des gens de chaque région.
C'est aussi une formule de représentativité que vous pourrez
voir.
Finalement, je parlerai de la représentation par identification;
c'est ce qui me semble le plus important. Si les jeunes se retrouvent à
l'intérieur du conseil et s'ils réussissent à s'identifier
à la démarche amenée par le conseil, on pourra aussi dire
que c'est un conseil représentatif des intérêts des jeunes.
On pourra même exclure les autres formes de représentation dans la
mesure où la façon de faire du conseil représentera une
façon de faire, une espèce d'attitude plus proche de celle des
jeunes en temps normal.
Donc, pour voir de quelle façon on peut parler de
représentativité par identification, on va aborder un peu le
mémoire que je vous ai déposé. J'en sors quelques
éléments qui vont permettre de voir ce que peut être une
représentation par identification.
Ainsi donc, lorsqu'on parle de génération perdue - on l'a
souvent abordé comme cela l'année dernière - on devrait
d'abord se demander pourquoi la jeunesse a toujours représenté
dans l'esprit de chacun l'avenir de la société. Cela c'est
dû au fait que les jeunes ont la capacité d'assimiler rapidement
de nouvelles valeurs. Tout changement social qui représente une
nouveauté pour une génération est un acquis pour la
génération suivante. Pour vous donner une image bien claire, il y
en a ici qui sont de la génération du poêle à bois;
je suis plutôt de la génération du poêle
électrique et ceux qui sont derrière moi sont de la
génération du four micro-ondes. C'est donc dire que, pour les
nouveaux concepts qui peuvent survenir à l'heure actuelle; les jeunes
ont toujours un pas en avant sur ceux qui les précèdent, dans le
sens que pour eux ce sont des acquis, ils sont là. Les fours
micro-ondes, j'ai vécu avec cela, c'est donc un acquis. Le prochain four
qu'on va inventer, ce sera un acquis pour lui, mais la personne qui va suivre
l'aura vu dès sa naissance. Là-dessus, il m'apparaît
important
d'admettre que les jeunes sont représentatifs de l'avenir parce
que, lorsqu'ils vont de l'avant, ils ont pour base ce que leurs
aînés avaient comme acquis. Lorsqu'on dit que les jeunes sont
représentatifs de l'avenir, cela m'apparaît assez simple dans
cette optique, c'est qu'ils ont pour base ce que vous avez fait.
Pareillement au contexte qui fit émerger les différents
conseils existants - on pourrait penser au Conseil du statut de la femme, au
Conseil de la langue française -la création du Conseil permanent
de la jeunesse répond à l'émergence d'une
problématique nouvelle, et socialement importante. Cela fait à
peu près une dizaine d'années qu'on a commencé à
avoir des organismes de jeunes différents de ceux que vous avez connus
dans votre jeunesse, des organismes qui étaient regroupés dans
des associations étudiantes et qui montaient aux barricades.
C'était une façon de faire et elle a encore cours pour certains
regroupements de jeunes. Mais on a vraiment vu l'émergence d'une
problématique jeunesse et de groupes de jeunes qui commençaient
tout à coup à s'intéresser au travail, qui
commençaient à s'intéresser aux gens démunis.
Donc, avec des interventions variées sur des thèmes qui
débordaient le cadre des institutions d'enseignement, les jeunes sont
apparus comme une partie intégrée, mais différente de
notre société. C'est ce qu'on a appelé - moi, je l'appelle
comme cela -l'avènement de la problématique jeunesse. On a
finalement réalisé que les jeunes qui étaient à
côté de nous représentaient une problématique, pas
seulement à la maison, pas seulement à l'école, mais dans
l'ensemble des secteurs de notre société. Donc, il y a eu un
avènement et on se retrouve aujourd'hui avec une commission
parlementaire qui discute avec des intervenants jeunesse parce que, tout
à coup, on a constaté qu'il y a une problématique qui est
importante et que c'est celle des jeunes.
Maintenant, les considérations. On va regarder un peu ce que peut
faire le Conseil permanent de la jeunesse, qu'est-ce qui va faire que le
Conseil permanent de la jeunesse va être en mesure de s'intégrer.
Alors, je reprends, toujours au niveau de mon mémoire. Il
m'apparaît important que l'initiatrice de l'idée, la Commission
jeunesse du Parti libéral, ait la responsabilité de s'assurer que
le gouvernement respectera l'esprit de sa proposition. Si je suis proposeur
d'une idée, soyez assurés que je vais la suivre. Donc, j'invite
les gens de la commission jeunesse à le faire. Ce sont eux parce qu'ils
sont intégrés, vous les avez à côté de vous.
Ce sont peut-être certains de vos adjoints. Ce sont peut-être des
jeunes qui sont dans la structure jeunesse comme telle qui est reconnue au
parti, mais je constate qu'ils sont présents à peu près
dans tous les secteurs de décision. Ils sont présents, pas d'une
façon officielle toujours, mais ce que l'on sait, c'est qu'ils sont
présents à l'intérieur de la machine. Donc, ils ont
vraiment la nécessité de s'assurer que vous allez respecter, en
tant que législateurs, le cadre de leurs propositions.
Alors, ce que je dis simplement pour s'assurer que la proposition va
être respectée, c'est qu'on s'en tienne à ce que vous avez
écrit dans "Politique sur la jeunesse du Parti libéral du
Québec", le document qui a été déposé aux
dernières élections. C'est une définition vague que vous
avez donnée du conseil: "...ce conseil deviendra le lieu
privilégié de la définition et de la mise en oeuvre des
éléments de la politique jeunesse du prochain gouvernement
libéral." Donc, c'est une définition qui est large et, en vous en
tenant à cela, cela permettrait de laisser aux jeunes la marge de
manoeuvre nécessaire pour qu'ils aillent vraiment de l'avant - vous
m'excuserez si je prends un peu d'eau.
Ainsi donc, lorsqu'on parle de la responsabilité que vous avez,
vous, en tant que gouvernement et vous en tant que législateurs, votre
responsabilité, selon moi, se limite à mettre en place les outils
pour permettre l'établissement du conseil, à faire preuve de
discernement dans vos interventions à son égard. En d'autres
termes, il s'agit de faire confiance aux jeunes et de ne pas exercer de
pressions indues sur les membres du conseil. Qu'est-ce que je veux dire par
là, que votre responsabilité est limitée à ce
secteur? C'est simple. Si on prend l'exemple des autres structures qui ont
été implantées au niveau des jeunes, je vais vous donner
l'exemple du Secrétariat à la jeunesse. Un des problèmes
du Secrétariat à la jeunesse, c'est que vous vous êtes trop
mêlés de la structure du Secrétariat à la jeunesse.
Pour la simple et bonne raison qu'on a demandé à un petit
appareil qui était le Secrétariat à la jeunesse de
s'occuper de l'ensemble de la problématique jeunesse, on s'est
retrouvé avec le résultat qu'il y avait des animateurs
régionaux dans chacune des régions qui avaient à mener de
front pas loin d'une quinzaine de dossiers jeunesse en même temps. Quels
résultats cela a-t-il donné? Il n'y a pas un seul dossier qu'on a
réussi à mener à terme.
Je vous dis donc pourquoi vous devez faire preuve de discernement. Parce
que si vous arrivez lors de la création du Conseil permanent de la
jeunesse, que ce soit le ministre responsable, que ce soit le caucus, que ce
soit le premier ministre qui décide, il vous sera facile de monopoliser
les ressources humaines du Conseil permanent de la jeunesse dans les secteurs
d'intervention qui vous intéressent et qui servent vos
intérêts. Autrement dit, on crée le conseil, on
parle d'un budget qui varie entre 800 000 $ et 1 000 000 $ par année. On
crée le conseil et le ministre responsable arrive et nous dit: Bien,
là, les jeunes, je voudrais avoir un avis sur la parité de l'aide
sociale, je voudrais avoir un avis aussi sur les prêts et bourses, cela
me paraît drôlement important. Je voudrais aussi un avis sur les
itinérants dans la région de Montréal. Pour terminer,
donnez-moi donc un avis sur le secteur des loisirs pour savoir comment on peut
intégrer les jeunes. Mais vous venez de dire au Conseil permanent de la
jeunesse: Bonne année, tout simplement. Parce qu'avec les ressources
dont il va disposer, il vous suffira de presser un peu sur le citron pour
simplement monopoliser toutes les ressources selon vos secteurs
d'intérêt à vous. Lorsqu'on parlera d'un conseil
représentatif des intérêts des jeunes, on devra donc
s'assurer - vous devrez faire attention à cela - que le conseil va bien
répondre aux aspirations des jeunes.
Donc, pour être représentatif, le conseil devra trouver un
topique d'intervention et une façon de faire permettant aux jeunes de
s'identifier à la démarche. Il s'agit pour les jeunes et pour les
autorités responsables de respecter les aspirations de chacun en
évitant l'établissement d'impératifs. La contribution la
plus louable des jeunes à la société est leur
capacité d'innover et leur assimilation du changement. Il serait grave
d'étouffer cette vie, il serait grave d'étouffer ce dynamisme
dans un processus bureaucratique reconnu pour sa lourdeur. Je pense que les
jeunes sont les mieux placés pour vous redonner l'espoir salutaire du
changement. À partir de ce moment-là, je dis: Ouvrez les portes
et surtout faites confiance aux jeunes.
J'en viens donc à vous parler de la Bible. Vous savez ce que
c'est, la Bible. La Bible, c'est la référence à nos
antécédents lorsque vient le temps d'implanter une nouvelle
structure. Il y en a déjà ici qui sont en mesure de me dire: Le
Conseil permanent de la jeunesse, parce que c'est un conseil, devra fonctionner
de la façon suivante. Vous avez déjà des modèles
d'établis parce que vous avez déjà conçu des
conseils. Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que la problématique n'est
plus la même. Donc, dans la structure de votre conseil, n'essayez pas de
déterminer de quelle façon les jeunes peuvent se structurer pour
donner le meilleur résultat de concertation, si je puis dire, des
aspirations des jeunes. C'est un peu comme demander à quelqu'un qui n'a
jamais eu la grippe de soigner une grippe; cela commence à être
problématique. Comme vous n'avez que peu d'expérience, vous, les
parlementaires, de la problématique jeunesse, je vous invite à
éviter absolument de mettre en place des procédures qui vont
faire que le conseil, avant même sa création, va
déjà avoir une façon de faire identifiée, va
déjà avoir un processus de cheminement de ses mémoires, va
déjà avoir un processus de consultation mis en place dans les
organismes.
Je voudrais, comme prérequis, qu'il n'y ait rien d'établi.
Lorsqu'on parle de la qestion du conseil, lorsqu'on s'arrête et qu'on se
demande comment ce conseil sera géré, je vous invite à
faire une chose, et cela va permettre à l'État de ménager
des coûts: Est-ce qu'il serait possible - j'en fais la recommandation -
de permettre au Conseil permanent de la jeunesse de gérer ses fonds
comme vous permettez aux jeunes, lorsqu'ils reçoivent des subventions,
de gérer les leurs? En d'autres termes, déterminez l'enveloppe
budgétaire et dites aux jeunes: Arranqez-vous avec votre enveloppe
budgétaire. La vraie coordination que vous avez à faire avec les
jeunes, quant au suivi des mémoires, quant au suivi des propositions,
n'est pas d'ordre administratif. La vraie coordination que vous avez à
faire avec ce groupe de jeunes, c'est une coordination qui va dans le sens de:
Comment faire cheminer des dossiers qui sont, parce que ce sont des
recommandations et des analyses de la situation, des propositions à
caractère politique? Déjà, vous avez implanté -
c'est très malheureux, mais je ne lancerai pas le débat
là-dessus, cela pourrait d'ailleurs être l'objet d'un
mémoire du conseil permanent - une procédure d'embauche qui est
différente pour les jeunes à l'intérieur de la fonction
publique des modalités mises en place au début des années
soixante-dix. C'est ce qu'on appelle en anglais le "two-tiered system". Les
jeunes, qui sont de nouveaux employés à l'intérieur de la
fonction publique, n'ont pas les mêmes avantages sociaux que ceux qui les
ont précédés.
Tenant cela pour acquis, je vous dis simplement: Laissez donc les jeunes
déterminer, dans ce cadre, par eux-mêmes, comment on peut
structurer ces ressources humaines et comment on peut procéder à
l'embauche de ces employés. Déjà, dans la formule
actuelle, les jeunes sont mis dans un ghetto. Tant qu'à créer un
ghetto, laissez donc les jeunes déterminer eux-mêmes leurs
modalités de fonctionnement. La vraie coordination que vous devez faire
se situe, elle, beaucoup plus au niveau du cheminement politique des dossiers
qu'autre chose.
Je voudrais bien mettre une chose en évidence. Il ne s'agit pas
ici de renier le système établi, mais simplement de permettre au
conseil d'ajuster les méthodes existantes aux réalités du
milieu qu'il représente. Ainsi, il est primordial de permettre au
Conseil permanent de la jeunesse d'innover quant au rôle d'un conseil tel
que véhiculé traditionnellement dans notre société.
L'implantation d'un CPJ doit
avant tout tenir compte de la nécessite de répondre aux
besoins et aux aspirations des jeunes, faute de quoi nos interventions
prendront le même chemin que la multitude de promesses non
réalisées faites aux jeunes. Si cette instance est la copie
conforme des institutions de nos aînés, l'indifférence et
le désabusement des jeunes envers les "faiseux" de rapports, les
"faiseux" de concertation et les "faiseux" de recommandations, cette
indifférence va rendre le Conseil permanent de la jeunesse sans
âme et sans utilité. Les seules personnes qui vont trouver
intérêt à se retrouver au Conseil permanent de la jeunesse,
ce seront des prétentieux qui auront bien plus comme
intérêt d'avoir un canal privilégié pour vous
parler, à vous, qu'ils voudront vraiment représenter les
intérêts de la jeunesse.
L'ensemble des éléments que je viens de vous
énumérer jusqu'à présent ne relèvent presque
pas d'un texte de loi, ils font plutôt référence aux
attitudes et aux comportements des intervenants dans ce dossier. Donc, à
la lecture du texte de loi, l'impression que l'essentiel réside dans
l'implicite, cette impression s'accentue. Je regarde la commission, j'assiste
aux débats de la commission depuis ce matin et je dois vous dire que
cette impression s'accentue. Il y a une série d'éléments
qui relèvent beaucoup plus des comportements que vous allez avoir envers
cette machine que d'un texte de loi. La façon dont vous allez travaillez
avec ces jeunes, la confiance que vous allez investir en eux, ce n'est pas
écrit dans le texte de loi. Pourtant, c'est ce qui va faire que le
conseil va être opérationnel, que le conseil va être
représentatif, que le conseil va remplir ses objectifs. On ne retrouve
pas cela au niveau du texte de loi.
Donc, tout semble accréditer la thèse
énoncée dans ce mémoire, à savoir qu'il appartient
aux jeunes de s'approprier le Conseil permanent de la jeunesse et de le modeler
à leur image. Par contre, je recommande, pour éviter la tentation
chez certains de dire: Vous n'avez pas de définition, regardez-donc,
nous y avons pensé et nous sommes arrivés avec une belle petite
définition de ce que pourrait être votre modalité de
fonctionnement, pour éviter cela, pour éviter que dans le
processus administratif de mise en place du Conseil permanent de la jeunesse il
y ait un de nos technocrates préférés qui vienne nous
dire: Voilà, le conseil, il faut qu'il fonctionne comme cela, la gestion
des fonds du conseil, c'est de la façon suivante, pour éviter ces
différentes choses qui peuvent arriver aux jeunes, je recommande qu'on
reconnaisse le collège électoral au préambule du texte du
loi et qu'il devienne l'instance suprême du Conseil permanent de la
jeunesse. Pourquoi je dis cela? C'est vrai que la formule d'un collège
électoral est novatrice, sauf que, de la façon dont vous semblez
gérer cela, il me semble que vous ne faites que mettre le pied dans la
porte. Vous n'ouvrez pas encore la porte. La porte est juste entrouverte. On
dit: D'accord, les jeunes vont pouvoir déterminer eux-mêmes qui
vont être leurs représentants au niveau du collège, mais le
ministre devra entériner. Les jeunes pourront déterminer
eux-mêmes qui sera leur président, les jeunes pourront
déterminer eux-mêmes quels seront leurs secteurs d'études,
mais le ministre devra entériner. Je dis que, quand on fait confiance
à des individus, on fait confiance au complet ou on ne fait pas
confiance. Je vous invite à aller encore plus avant dans la formule
actuelle, à ouvrir et à donner une reconnaissance officielle
quant aux gens du CPJ. Bien sûr, cela nous amènera à
modifier quelques articles du texte de loi tels que proposés. L'article
14, pour que le conseil détermine lui-même son emplacement et que
par la suite il fasse les procédures obligatoires quant à cela.
Ensuite, l'article 15, pour permettre au CPJ de nommer lui-même ses
employés et de les rémunérer selon ses propres
règlements. Le règlement de la rémunération que
vous nous faites à l'heure actuelle dans la fonction publique n'est
vraiment pas intéressant pour les jeunes. À partir de là,
je dis: Que l'on permette au conseil de déterminer son mode de
rémunération et que l'on s'entende, par contre, pour que cela
soit conforme à ce qu'on retrouve normalement dans la fonction publique,
mais qu'on laisse le conseil déterminer ses façons de
fonctionner.
En terminant, l'article 29 serait à modifier en excluant par deux
fois "avec l'autorisation du ministre". Avec ou sans autorisation du ministre,
lorsqu'un conseil décidera de créer des commissions
spéciales d'études, lorsque le conseil décidera de
s'associer à des partenaires de la société pour des
études spécifiques, le ministre, le premier ministre ou le
responsable du dossier serait malvenu de commencer à dire: Non, les
jeunes, vous n'avez pas le droit de fouiller là-dedans. Je ne vois pas
comment cela pourrait être crédible au niveau politique de dire
à des jeunes: On ne vous permet pas de vous associer avec la FTQ pour
faire un travail, par exemple, sur le travail partagé. Vous seriez
très malvenus d'agir de la sorte et cela serait faire la preuve encore
une fois qu'on ne ferait pas vraiment confiance aux jeunes. Pour toutes ces
raisons, je vous invite à conserver, autant que possible, le texte de
loi dans sa forme initiale. Malheureusement, je pense que c'est
idéologique un peu, dans le sens où les organismes de jeunes que
vous allez rencontrer pendant cette commission - on en a eu quelques exemples
aujourd'hui - vont vous demander de spécifier plus à fond les
rapports. Ils vont vous demander de spécifier comment le conseil va
fonctionner, ils vont
même vous demander de déterminer comment le collège
électoral devra déterminer les douze membres du conseil. Donc, je
crois que je suis utopiste en vous demandant de ne pas bouger là-dessus,
parce que je considère - et j'en suis très malheureux - que la
majorité des organismes de jeunes, à défaut de comprendre
qu'ils ont tout intérêt à s'organiser entre eux, vont
plutôt vous demander encore une fois de les organiser.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. Martin
Ouellet, de cet exposé. Maintenant, je passerai à la partie
ministérielle. M, le député de Rousseau.
M. Thérien: M. le Président, M. Ouellet, je tiens
à vous dire que je ne suis pas tout à fait du poêle
à bois, ni du poêle électrique, mais de la
télévision en noir et blanc. J'ai écouté avec
intérêt et je n'ai pas eu à me forcer, parce que votre
présentation a été très agréable, et je veux
quand même vous remercier pour votre excellent mémoire. On peut
quand même dire que vous avez fait votre devoir de citoyen de
façon remarquable.
Vous avez fait quelques mises en garde concernant l'application du
projet de loi, mais vous semblez presque en totalité d'accord avec son
application. J'adhère à cette mise en garde, surtout sur la
souplesse du fonctionnement. On sait très bien que ce qui freine un peu
toutes les lois et leur application, c'est tout le côté
fonctionnarisme d'application qui est fort difficile. Il ne faut quand
même pas oublier que, dans toute loi, le ministre ou les ministres
responsables... On sait qu'au Conseil permanent de la jeunesse il y aura
plusieurs ministères, plusieurs ministres responsables, et on sait que
le ministre demeure le grand responsable de tous les deniers publics. C'est
bien évident que toutes les autorisations dont le conseil permanent aura
besoin de la part du ministre, ce sera pour correspondre à ce qui se vit
dans une situation.
M. Ouellet: Me permettez-vous simplement une note
là-dessus?
M. Thérien: Avec plaisir.
M. Ouellet: II y a déjà en place des processus de
subvention qui font que, lorsque les fonds sont alloués, l'organisme a
des règles et a déjà un cadre de fonctionnement qu'il doit
respecter. Ce que je veux éviter, moi... Je comprends la
procédure administrative qui dit que, pour engager des employés,
il faut absolument procéder de la façon suivante. Je suis capable
de l'accepter. Ce qui, par contre, ne devrait pas être permis, mais qui
est permis par le biais de l'autorisation du ministre, c'est qu'on accepte
d'allouer des ressources humaines sur tel sujet et qu'on n'accepte pas d'en
allouer sur tel autre sujet. À ce sujet, je voudrais vous dire que le
précédent est créé. Les organismes fonctionnent
déjà avec des subventions.
M. Thérien: On prend bonne note de cela, M. Ouellet.
Étant donné qu'il y a peut-être plusieurs
députés du côté ministériel qui voudraient
intervenir, j'aurais une seule question ou une question à deux volets.
Vous semblez d'accord dans votre document avec le genre de nomination des
délégués au conseil permanent. Je voudrais que vous nous
confirmiez que la forme de nomination qui est suggérée correspond
un peu à l'introduction que vous avez mentionnée du
côté de la représentation.
M. Ouellet: Je pense que c'est sérieusement votre
problème, à savoir composer un collèqe électoral
qui soit te plus représentatif possible des jeunes. C'est le qu'on va
voir s'il s'agit d'opportunisme ou s'il s'agit vraiment d'intérêt
pour notre société que de mettre en place des jeunes. Je
considère que ce serait malvenu pour moi de commencer à vous dire
qui est quoi et comment nommer les gens au sein du collège
électoral, de la même façon que vous serez très
malvenus en temps et lieu de dire aux jeunes comment se structurer au Conseil
permanent de la jeunesse.
Donc, je trouve le processus correct dans le sens où c'est une
initiative qui part de votre parti, c'est une initiative qui est
parrainée par votre gouvernement et c'est à vous, dans ce
sens-là, à prendre vos responsabilités et à
l'amener. Le seul élément que je voudrais ajouter concernant le
processus de nomination, c'est qu'il m'apparaît important que les
individus se dotent d'un programme d'action. Trop souvent dans le milieu
jeunesse, on a donné des mandats en blanc à nos jeunes
représentants avec, pour résultat, que, peu habitués
à l'exercice du pouvoir, ils deviennent très imbus, et
très rapidement, et on perd un peu le contrôle chez les
représentants. Il me semblerait important que, dans les modalités
de mise en inscription des candidatures, on demande aux individus de se faire
entériner sur la base d'un programme. Mais qu'on ne s'y trompe pas, le
programme ne doit pas servir à déterminer qui composera le
collège électoral. Le programme doit servir à aller
chercher des entérinements des organismes du milieu. Il y a une
différence très importante à faire là-dessus.
M. Thérien: Je vais laisser d'autres députés
ministériels intervenir.
Le Président (M. Marcil): M. le député
de Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. Simplement deux mots
pour féliciter M. Ouellet de sa présentation. On se connaît
depuis un certain temps et on a eu l'occasion de communiquer. On s'entend
très souvent.
Il y a plusieurs choses dans votre mémoire. Essentiellement, vous
dites que les jeunes sont capables de s'occuper de leurs propres affaires,
qu'ils n'ont pas besoin de se faire tenir par la main. Je pense que tout le
monde est d'accord pour responsabiliser les jeunes. Je pense qu'on n'aura pas
beaucoup de discussions là-dessus. Sauf que, quand le gouvernement doit
prendre des décisions, il a le devoir d'aller chercher l'expertise
là où elle se trouve. Tout à l'heure, quand vous nous
disiez qu'en donnant au Conseil permanent de la jeunesse, par exemple, un
programme d'un an, de douze mois, en émettant des avis sur la
parité de l'aide sociale, sur les itinérants, sur les prêts
et bourses, etc., et que les ressources du conseil seraient monopolisées
pour les douze prochains mois, il ne faut pas oublier, et je suis d'accord avec
cela en principe, mais l'envers de cette médaille, c'est que, si on ne
vous demande pas votre avis, si on ne demande pas l'avis du conseil, les
décisions vont se prendre quand même. La terre va continuer de
tourner et le gouvernement va continuer de gouverner et de gérer. En ne
se servant pas des outils que lui-même a mis en place, il se prive d'une
expertise et d'un moyen de connaître. Dans le moment, ce qu'on fait,
c'est qu'on rend service, on pense rendre service aux jeunes. Cela est clair.
C'est le but de l'opération. Mais, en même temps, on veut rendre
service au gouvernement, on veut rendre service à ceux qui ont la
responsabilité d'administrer la province de Québec, C'est pour
cela qu'on se dit qu'on va avoir besoin des idées des jeunes et qu'on va
passer des commandes. Il va y en avoir des commandes de passées parce
que le ministre va avoir besoin de se faire éclairer sur un certain
nombre de sujets. Il ne faudra pas se surprendre de cela. (17 h 45)
II va s'agir pour les jeunes d'établir, par exemple, un dialogue,
et je crois bien plus à cela qu'à autre chose. Les jeunes vont
dire: Oui, M. le ministre, vous nous demandez de vous éclairer sur, par
exemple, les prêts et bourses. Cela veut dire qu'on est obligé de
se promener dans toutes les universités du Québec, qu'on est
obligé de s'en aller dans les cégeps, qu'on est obligé de
mettre en branle un processus très lourd et très long qui va nous
empêcher de faire autre chose et nous pensons, M. le ministre, que vous
auriez plutôt avantage à nous écouter sur un autre sujet,
qui est le suivant, et voici pourquoi. Si les relations se font à ce
niveau où chacun a une "job" à faire - le ministre et le premier
ministre ont une "job" à faire et les jeunes en ont une autre, ils ont
des préoccupations qui sont les leurs - à partir de là, je
pense qu'il y aura moyen de s'organiser. On pourra trouver un moyen terme et
chacun va dire: C'est à notre tour de faire valoir un point de vue. On
vous a bien servis pendant les deux ou trois derniers mois, on vous a soumis
des avis qui doivent normalement vous profiter.
Je me demande si vous avez songé plutôt à une
espèce... Il ne faudrait d'aucune façon que le conseil, à
aucun moment, soit dans une position d'antagonisme avec le ministre
responsable, que ce soit le premier ministre ou le ministre qu'il nommera. Il
faudrait que le conseil puisse faire valoir son idée, défendre
des points de vue qui sont différents de ceux du ministre en certaines
occasions, mais qu'il n'y ait pas de braquage là-dessus.
Ce que je souhaite - le projet de loi ne le dit pas comme tel, parce que
ce ne sont pas des choses qu'on dit dans le projet de loi - c'est que les
jeunes qui seront nommés là le soient pour les jeunes, par les
jeunes, par des organismes jeunesse, mais il ne faudra pas oublier une autre
dimension de leur mandat aussi, qui est de rendre des services au gouvernement,
pas au détriment des jeunes, mais pour mieux les servir. Pour cela, il
faut être député dans un comté de jeunes comme le
mien où j'ai 12 000 étudiants. On s'est rencontré assez
souvent pour savoir qu'à se promener dans trois cégeps et dans
une université, et le faire régulièrement comme je le
fais, il est bien difficile, même en tant que simple
député, de savoir ce que la jeunesse pense sur des sujets. C'est
très difficile. On a besoin de -j'irais jusqu'à dire le mot - se
faire sécuriser, jusqu'à un certain point, pour pouvoir oser,
pour pouvoir prendre des décisions. Je me demande si vous concevez un
peu une possibilité du rôle du conseil permanent dans un sens
semblable ou si, pour vous, il doit y avoir une césure complète:
il y a le conseil et il y a le ministre responsable. 11 y a l'appareil
administratif et il y a le conseil ainsi que les jeunes qui les nomment,
etc.
M. Ouellet: M. le Président.
Le Président (M. Marcil): M. Ouellet.
M. Ouellet: Merci. Là-dessus, je voudrais vous demander,
lorsqu'on parle de position d'antagonisme, où vont se situer les jeunes
par rapport au gouvernement. Si on posait plutôt la question: Vous vous
situez où par rapport aux jeunes à l'heure actuelle? Qui a
placé les jeunes dans une position d'antagonistes à l'heure
actuelle? Est-ce que ce sont les jeunes qui ont fait en sorte qu'ils
se retrouvent dans la situation actuelle? Est-ce que c'est leur faute
s'ils se retrouvent en marge à 90 % du temps? Est-ce que c'est leur
faute à eux? Est-ce que dans leurs revendications il ne sera pas normal
qu'ils se retrouvent un peu en marge? Qu'ils se retrouvent en position
d'entreprendre des débats assez animés avec les instances en
place? Est-ce que c'est leur faute, à l'heure actuelle, la position,
là où ils se retrouvent? Que le conseil se retrouve en position
d'antagonisme face au gouvernement, on a juste à prendre les
problématiques jeunesse à l'heure actuelle et on est
obligé de se dire: Câline! S'il doit vraiment représenter
les intérêts des jeunes, ce conseil, immanquablement qu'à
un moment donné il va être obligé de serrer la vis. Ce ne
sont pas les jeunes qui se sont mis dans cette situation. Ce ne sont pas les
jeunes qui se retrouvent dans un système où ils ne trouvent pas
leur place sur le marché du travail. On ne peut quand même pas les
accuser de cela. À partir du moment où ils feront des
démarches et qu'ils bousculeront un peu les procédures
établies, ils ne seront en réalité que plus
représentatifs de la situation qu'ils vivent.
Maintenant, savoir si la meilleure façon de collaborer, c'est de
se donner des claques dans le front, pour cela, je suis d'accord avec vous. Il
y a peut-être une façon civilisée, un processus suivant
lequel on pourra travailler, mais je constate avec satisfaction que vous avez
appris, vous, avec vos jeunes à "goaler" les luttes internes et à
être capables justement de travailler avec une force d'opposition
à l'intérieur de la machine. Si c'est cela qu'on veut dire, je
pense qu'on a atteint cette espèce de maturité, on va être
capable de défendre les positions contraires. On va être capable
de les défendre dans la mesure où on est civilisé et qu'on
est capable d'aller de l'avant. On ne remettra pas en cause le roulement de la
terre à toutes les occasions. Regardez la position des jeunes et il est
illusoire de penser qu'éventuellement le conseil ne sera pas
obligé de braquer un peu et de dire: Wo, les moteurs! Il faut absolument
qu'on ouvre là-dessus et que vous bougiez là-dessus.
M. Doyon: Moi, je n'ai pas de problème avec cela. Je pense
que le conseil va avoir un mandat et son mandat va l'obliger à prendre
des positions qui, parfois, vont être à l'opposé de ce que
peuvent imposer des contraintes politiques, des contraintes budgétaires,
des contraintes qu'on connaît tous quand on fait de la politique et qui
ne seront pas les contraintes du conseil permanent. C'est clair. Vous allez
avoir les vôtres. Vous allez avoir, à un moment donné,
probablement à rendre des comptes à des gens. Le conseil
permanent aura des comptes à rendre éventuellement aux gens qui
les ont nommés et qui les ont envoyés là. Nous, on a
d'autres comptes à rendre à d'autres moments qui sont
prévus pour cela.
Ce que je voulais dire - c'est pour cela que je n'ai pas de
difficulté à être sur la même longueur d'onde que
vous - c'est que le conseil permanent, selon moi, ce n'est pas un opposant, ce
n'est pas un adversaire. Cela doit être le plus souvent possible un
allié pour atteindre des objectifs qui sont communs et qui sont
définis en collaboration les uns avec les autres. C'est de cette
façon. Évidemment, si le conseil... Parlons de nous autres. Si,
nous, du gouvernement, on fixe des objectifs auxquels vous n'avez pas
été associés, auxquels vous ne vous identifiez pas et qui
vous sont étrangers, il ne faudra pas se surprendre que les objectifs
étant ce qu'ils sont, n'ayant pas été partagés par
vous et, le conseil n'ayant pas participé à l'élaboration
de ces objectifs, qu'éventuellement et très rapidement les
positions se braquent les unes vis-à-vis des autres et qu'il y ait un
système d'adversaires qui se développe. Pour éviter cela,
ÎI faut essayer de s'entendre sur un certain nombre d'objectifs. Je
considère que, de notre côté, on aura la première
responsabilité de vous faire partager un certain nombre d'objectifs.
C'est dans ce sens que je le disais.
Le Président (M. Marcil): Avez-vous d'autres remarques?
Est-ce qu'il y a d'autres questions du côté
ministériel?
M. Doyon: Il y a juste la question des fonds, M. le
Président, que je voulais souligner. La confiance envers les jeunes
concernant la gestion des fonds... Tout cela n'est pas une question de
confiance. C'est qu'il y a certains comptes qui doivent être rendus.
M. Ouellet: Même pour les subventions, M. Doyon. Il y a
déjà, actuellement, un processus très strict. Lorsqu'on
donne de l'argent à des organismes de jeunes, cela les oblige à
rendre des comptes. Maintenant, parce que le conseil va avoir, entre
quillemets, une "vocation un peu plus politique", parce qu'il y a une
proposition et un cheminement de concertation là-dessus, parce qu'enfin
on va commencer à financer des organismes de représentation des
jeunes, ce n'est pas une raison pour dire que leur administration doit
être soumise à des règles différentes si ces jeunes,
plutôt que de faire de la consultation, octroient des services conseils
aux jeunes entrepreneurs. Je ne vois pas la nécessité absolue de
mettre en place des règles précises de fonctionnement parce qu'il
s'agit d'un conseil.
M. Doyon: Je dirai là-dessus qu'il y a une
différence fondamentale avec les
organismes subventionnés: c'est la permanence du conseil. Du fait
que le conseil est permanent, du fait que le gouvernement ne peut pas abolir le
conseil, lui couper les vivres, à ce moment-là, le conseil
devient soumis à un certain nombre de règles administratives.
Cela, c'est une grosse différence parce que, lorsque le gouvernement
donne des subventions à des organismes et que la subvention n'est pas
dépensée à la satisfaction du ministère
subventionnais, la solution, à ce moment-là, c'est de couper la
subvention. C'est là que le contrôle s'exerce.
M. Ouellet: M. Doyon, je pense qu'on pourra s'entendre si on dit
qu'il faudra simplement ajuster nos méthodes.
M. Doyon: Oui.
M. Ouellet: Ce que je veux éviter, moi, c'est que les
jeunes qui vont démarrer le conseil aient tous vos règlements
administratifs de gestion. Si vous nous donnez cela en partant, vous ne nous
donnez pas de chance. Donc, je dis: Enlevez-moi cela de là et on
s'entendra après avec les critères qu'on aura mis de l'avant pour
respecter le canal traditionnel.
M. Doyon: C'est cela.
M. Ouellet: Sauf que, là, s'il faut commencer avec la pile
de directives administratives à suivre, bonsoir, vous nous perdez pour
les deux prochaines années.
M. Doyon: On est prêt à vivre avec un minimum
d'exigences administratives de façon que les gens se sentent à
l'aise, mais, quand même, avec des garanties de bonne dépense des
fonds publics. C'est tout ce que je disais.
M. Ouellet: On s'entend là-dessus.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. Ouellet, j'ai
écouté vos propos avec beaucoup d'attention. En écoutant
les propos du député de Louis-Hébert qui envisage un
conseil plutôt peinard, pas trop dérangeant...
M. Doyon: Pas du tout, pas du tout!
Mme Blackburn: Cela rejoint les propos du premier ministre ce
matin qui parlait de...
M. Doyon: Ah! Si je reparle au premier ministre, merci.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Blackburn: ...partenariat. On peut penser, M. Ouellet, que
vous avez peu de chance de vous retrouver dans un tel organisme consultatif
s'il n'en tient qu'au député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Pas du tout!
Mme Blackburn: J'ai lu votre mémoire avec beaucoup
d'attention et, si je mets ensemble le nombre de réserves que vous
émettez, de tous ordres, je me dis que, finalement, contrairement
à l'impression que cela laisse, vous ne seriez pas très favorable
à un organisme consultatif. Vous avez dit qu'il fallait éviter la
tentation d'organiser les jeunes, qu'il faut les laisser s'organiser entre eux.
Je pense à la Société Saint-Vincent-de-Paul qui disait ce
matin qu'on devrait avoir une structure très
décentralisée: tables locales, conférence nationale, donc,
une large autonomie, une autonomie la plus large possible et des pouvoirs
d'action réels, une action concrète sur les principaux
problèmes auxquels est confrontée la jeunesse.
Je voudrais avoir votre opinion là-dessus par rapport à
cette hypothèse de travail de tables de concertation locales, avec une
espèce de conférence nationale, qui pourraient être
financées - c'est un peu ce que j'avançais ce matin - par le
biais d'un protocole d'entente pour éviter l'instabilité d'un
financement aléatoire année après année.
M. Ouellet: Ce que je dis par rapport à cela, c'est qu'on
ne peut pas implanter le dynamisme d'un milieu, on ne peut pas commencer
à essayer de structurer le milieu. Vous constaterez - on l'a
déjà vu aujourd'hui au cours des auditions - qu'à tel
endroit il y a une table de concertation qui reqroupe tous les intervenants,
à tel autre endroit, il y en a une qui regroupe tous les intervenants
qu'on appelle, entre guillemets, les "cathos", tous ceux qui ont une tangente
religieuse. Eux ont une table. La Société Saint-Vincent-de-Paul a
une table avec les "cathos" - ce n'est pas péjoratif - où tout le
monde se concerte.
Face à la possibilité d'implanter des structures
organisées dans chacune des régions, ce que je craindrais le
plus, c'est que cela ressemble aux modules régionaux du
Secrétariat à la jeunesse: presque pas de ressources dans chaque
région et une multitude de mandats. Finalement, ils ne peuvent aboutir
à rien.
Quant aux structures qui sont déjà en place - il y en a
qui sont en place à l'heure actuelle - c'est à elles à
faire preuve du dynamisme voulu pour être capables de bien
représenter leurs intérêts dans le conseil permanent. Je
vois facilement une table de concertation qui regroupe - il doit y en avoir
dans certaines régions - presque tous les
intervenants jeunes, qui va faire un consensus sur trois, quatre ou cinq
candidats à élire comme représentants de sa région.
Je vois mal le gouvernement dire: Qui est ce monde-là? On ne les choisit
pas, Finalement, ils vont mettre le gouvernement dans une position où il
n'aura pas le choix de bouger. Mais ce que je tiens à mentionner, c'est
qu'on ne peut pas remplacer le dynamisme du milieu, on ne peut pas l'implanter.
Si on veut parler - je sais que c'est un thème qui vous est cher - de la
reconnaissance des organismes de jeunes, si on veut amener le débat
là-dessus, ce sera certes un débat que le Conseil permanent de la
jeunesse devra décider en temps et lieu pour établir ses
priorités de travail là-dessus, mais ne pas oublier que la
dernière fois que notre société a procédé
à cela, c'est-à-dire à une reconnaissance des organismes
du milieu, on s'est retrouvé avec une structure parapublique qui est
drôlement grosse depuis ce temps-là. On a constaté,
même à certains niveaux - je prends, par exemple, le Regroupement
des organismes nationaux de loisirs - que ce n'est pas tout à fait la
meilleure façon pour dynamiser un milieu de lui donner des subventions
en permanence et lui assurer une survie à long terme. Je dis cela, mais,
bien sûr, il y a de bons côtés aussi. C'est évident
qu'il y a de bons côtés à cela. Mais, dans une
problématique sociale comme celle-là, j'éviterais, avant
de lancer de grandes lignes d'orientation, avant de donner de grands cadres
d'intervention ou avant de faire une politique de reconnaissance de tout ce qui
peut s'appeler jeunes, je mettrais les bémols, en ce qui me concerne. Je
me fierais beaucoup plus à ce qui émerge du milieu. Si je
constate que, dans tel milieu, il y a une affaire qui est dynamique,
effectivement, je suis porté à m'ouvrir à cela, mais,
là où il n'y a rien à l'heure actuelle, il faut essayer de
voir comment le milieu peut se prendre en main. Un des problèmes de
notre société à l'heure actuelle, c'est que l'État
a remplacé tout ce qu'il y avait de travail bénévole, tout
ce qu'il y avait d'implication sociale. À partir de ce moment-là,
on ne peut plus donner de services, par exemple, à des personnes
âgées qui se sentent seules. Il n'y a presque plus de services qui
se donnent s'il n'y a pas de salaire automatique. Je ne suis pas sûr que
ce soit le modèle de développement sur lequel on doive s'aligner.
(18 heures)
Le Président (M. Marcil): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, vous émettiez
certaines réserves, pour ne pas dire des inquiétudes certaines,
par rapport à une récupération du conseil consultatif par
le biais de commandes que pourrait lui passer le ministre responsable ou le
premier ministre, n'était un peu beaucoup la réserve que je
faisais ce matin en disant que ce pouvait être une façon pour le
gouvernement de reporter les prises de décision touchant aux principaux
problèmes auxquels est confrontée la jeunesse actuellement. Je ne
sais pas si vous voudrez aller sur ce terrain, parce qu'il me semble que vous
ne souhaitez pas vraiment qu'on indique des priorités au Conseil
permanent de la jeunesse. Selon vous et la lecture que vous faites actuellement
de la jeunesse, est-ce qu'il y aurait des priorités et quelles
seraient-elles?
M. Ouellet: Vous abordez le thème de la
récupération. J'ai toujours le goût de me poser la
question: Qui récupère qui? Finalement, quand on regarde Provigo,
est-ce le gouvernement qui a récupéré Provigo ou si c'est
Provigo qui récupère le gouvernement? La notion première
d'un Conseil permanent de la jeunesse, c'est peut-être de se faire
récupérer.
Mme Blackburn: C'est Provigo qui a récupéré
le gouvernement.
M. Ouellet: Bon, vous voyez? À partir de ce
moment-là, je vous pose la question: N'est-ce pas justement le
rôle d'un conseil permanent de la jeunesse de se faire
récupérer dans le sens où, s'il émet des
alternatives, qu'elles soient votées à l'Assemblée
nationale et qu'on travaille sur ces alternatives? Dans ce sens, la
récupération est intéressante. Ce que vous me
présentez comme idée, vous l'identifiez à de la
récupération, mot, j'identifierais plutôt cela à de
l'inanition ou encore de l'immobilisme. Si vous prenez le conseil et que vous
le "loadez" de mandats, vous lui mettez une pile sur la table en disant; Tenez,
les jeunes, vous travaillez bien, faites-nous des mémoires
là-dessus. D'abord, les jeunes coûtent moins cher quand c'est le
temps de réaliser des mémoires que les autres structures en
place, cela peut être intéressant aussi. Donc, vous déposez
une pile de mandats et vous demandez aux jeunes de travailler là-dessus.
Vous vous privez de ce que les jeunes peuvent vous apporter de mieux, vous
obligez les jeunes à travailler sur vos vieux débats. Si vous
n'êtes pas capables de régler le problème de l'aide
sociale, peut-être que les jeunes vont vous proposer de le régler,
mais en abolissant complètement l'aide sociale et en faisant un
programme obligatoire d'intégration. Vous ne serez pas plus
avancés dans votre débat sur l'aide sociale avec les limites de
vision que vous vous donnez à l'heure actuelle sur ce dossier. L'aide
sociale pour les jeunes aptes au travail au Québec, ça ne devrait
même pas exister, ça ne devrait même pas s'appeler aide
sociale, quant à moi! ça devrait être tout à fait
autre chose.
Je dis qu'il y a un danger que la structure soit inefficace si on lui
donne trop de mandats, pas assez de marge de manoeuvre et qu'on l'embouvette.
Vous savez, embouveter des planchers, c'est quand le bois entre l'un dans
l'autre; le bois ne peut pas aller croche. Si on décide de lui donner
une ligne...
Une voix: Dans le temps du poêle à bois!
M. Ouellet: Bon, c'est cela, si les tenants du poêle
à bois décident de chauffer avec du bois embouveté...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Ouellet: ...je vous dis le problème... Ce que j'en
pense, c'est que c'est vous qui allez être mal pris parce que vous allez
vous priver de ce que les jeunes ont de mieux: la capacité d'innover, la
capacité de présenter de nouvelles solutions et la
capacité de vous remettre en cause aussi. Cela vous ferait du bien,
aussi, à l'occasion, de remettre en cause vos pratiques. Vous savez, le
NPD, avant moi, vous a remis en cause un peu. Il a dit: Pourquoi ne pourrait-on
pas faire des consensus, toutes les parties ensemble? Je voyais les lunettes
tomber sur la table!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M, Ouellet: Je me disais: Peut-être que c'est effectivement
l'occasion de vous remettre en cause et de réévaluer cela. Vous
savez, les perdants, là-dedans, ce sera vous. Je vous le dis bien
franchement, je tiens pour acquis que les jeunes sont bien
désabusés de ces histoires. Proposer aux jeunes - Dieu sait que
vous avez fait une belle cabale là-dessus durant la dernière
campagne électorale - un Conseil permanent de la jeunesse... Le jour
où ils vont se demander: Le conseil, qu'est-ce qu'il fait? H fait des
mémoires. On empile un mémoire de plus sur la pile de
mémoires déjà faits sur ce qu'on doit faire pour les
jeunes. Qu'est-ce qu'on y fait? Il se réunit et fait des
recommandations, ou encore il loue des salles dans les hôtels et nous
invite à faire des concertations une fois par mois, comme on le
connaît traditionnellement, comme les tentatives qu'il y a eu par le
passé du Secrétariat à la jeunesse. Si on repart sur le
même - excusez le mot anglais - "pattern", on ne pourra pas avoir de
résultats autres que ceux qu'on a déjà. À partir de
ce moment, je dis: Ouvrez la porte, faites confiance, laissez place à
l'innovation et, si vous pouvez commencer à nous récupérer
en tant qu'innovateurs, dans ce qu'on peut proposer comme solutions, ce sera la
société qui y gagnera.
Le Président (M. Marcil): Mme la
députée.
Mme Blackburn: M. Ouellet, je dois dire que, là-dessus, je
partage tout à fait votre avis. Comme vous l'aviez déjà un
peu exposé avant, ce n'était pas l'objet de ma question.
C'était même une des préoccupations que j'avais
soulevées ce matin qui va tout à fait dans ce sens-là. La
question est la suivante, et, si vous voulez me répondre, j'aimerais
savoir si on peut aujourd'hui, au moment où on se parle, identifier une
ou deux priorités.
M. Ouellet: Je dirais que la priorité, c'est de permettre
aux jeunes de se réaliser. Si on pense au Conseil permanent de la
jeunesse, c'est de permettre à ces "gangs" de jeunes de se
réaliser; si on pense au travail, c'est de permettre à un maximum
de jeunes dans notre société de se réaliser. Cela peut
paraître large, cela peut paraître vaste comme possibilité,
mais c'est une ligne d'action qu'on doit se donner, de permettre aux jeunes de
prendre leur place et, selon moi, c'est une des priorités du conseil.
Encore là, je vous le dis, il ne faut pas - je vous recommande
d'ailleurs de ne pas accepter ce genre de débat - que l'on se mette
à parler ici de ce que le conseil devra avoir comme orientations. Cela
ne vous regarde pas, sauf avis contraire, lorsque vous nous demanderez des
analyses et des études. Pour l'instant, la façon dont les jeunes
peuvent se structurer, je m'excuse de vous le dire comme ça, mais
mêlez-vous de vos affaires! Les jeunes vont vous déposer des
candidatures, vous allez choisir un collège électoral; c'est
votre mandat. Vous devez le faire dans des normes de
représentativité qui vous ont été amenées;
tout le monde va débattre là-dessus et tout le monde va
être représentatif selon ce qu'il a comme intérêt.
Vous aurez à travailler cela. Une fois que cela sera fait, s'il y a des
priorités à annoncer, que ce soit le fruit de la concertation des
jeunes qui seront au conseil et rien d'autre.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. Ouellet. Mme
la députée.
Mme Blackburn: Je voudrais vous remercier de votre participation.
Si, un jour, vous décidez de faire de la politique, je suis sûr
que le verbe ne vous manquera pas, non plus que les idées.
M. Ouellet: Je vous remercie. Malheureusement, je suis trop jeune
pour me marier.
Mme Blackburn: Pour vous marier? M. Ouellet: Avec un
parti.
Mme Blackburn: Ah!
Des voix: Ha! Ha!
Mme Blackburn: Vous m'en direz tant. Il y en a qui se marient et
qui divorcent» n'est-ce pas?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Une voix: ...
Mme Blackburn: II y en a qui...
Une voix: J'aime mieux les gens avec des idées que les
gens qui sont suiveux.
Une voix: Ah! mon Dieu!
M. Gratton: M. le Président, je voudrais...
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît! Oui, M.
le ministre.
M. Gratton: ...remercier M. Ouellet pour la présentation
qu'il nous a faite qui est pour le moins rafraîchissante. Je ne vous
parle pas à titre de ministre responsable du dossier parce que ma seule
responsabilité ici, c'est de remplacer le premier ministre qui, lui, est
responsable du dossier et qui, comme on le sait, ne peut pas, avec les
nombreuses occupations auxquelles il doit vaquer, consacrer le temps qu'un
simple leader du gouvernement peut consacrer à ce dossier.
Je vous dirai que votre approche, je la partage. Il me semble
qu'effectivement un Conseil permanent de la jeunesse ne sera utile au
gouvernement et surtout utile à la jeunesse que dans la mesure où
la jeunesse s'en appropriera et en fera ce qu'elle voudra. Je pense pouvoir
dire que c'est la façon de voir du premier ministre. On ne veut pas d'un
Conseil permanent de la jeunesse qui va, au lendemain de sa création,
devenir sclérosé par la réglementation, par la politique
administrative qui va l'empêcher de fonctionner. Dans ce sens-là,
quand vous nous parlez, par exemple, d'autonomie administrative - le
député de Louis-Hébert en a parlé - je serais
plutôt partisan de dire: Oui, on va donner le budget au conseil
permanent, qu'il s'arrange avec ça et qu'il innove; qu'il nous fasse la
leçon et qu'il nous amène à réaliser que ce qu'on a
fait jusqu'à maintenant n'a pas fonctionné. Je pense bien qu'il
n'y a pas grand risque à dire: Faisons confiance à ceux à
qui on va confier le Conseil permanent de la jeunesse. Je présume que
vous serez probablement candidat à cette...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gratton: En tout cas, je vous le dis d'emblée, je le
souhaite et je deviendrai un de vos organisateurs...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gratton: ...à moins que vous ne me disiez que je vous
récupère trop vite.
M. Ouellet: ...les cheveux un peu.
M. Gratton: M. Ouellet, je vous remercie infiniment. On va
sûrement s'inspirer de vos représentations pour tâcher
d'amener d'autres organismes non pas à voir les choses comme vous, ni
comme nous, mais à s'interroger sur certaines des représentations
qui vont nous être faites.
M. Ouellet: J'aimerais faire une dernière note avant de
recevoir les salutations du président de cette commission. Ce qui me
paraîtrait très important, c'est que l'on puisse permettre aux
jeunes, au milieu jeunesse, à ceux qui sont organisés ou pas, que
l'on puisse leur permettre d'établir des bases de consensus avant d'en
arriver à la sélection du collège au niveau final. Je ne
connais pas les possibilités d'action en ce sens, mais peut-être
faudrait-il voir à mettre de l'avant... Cela se traduirait sans doute
pour vous par certaines sommes d'argent pouvant permettre, sur le thème
du Conseil permanent de la jeunesse, qu'il y ait des rencontres qui puissent se
faire et qu'on puisse commencer, entre organismes, à établir des
bases de consensus d'action. Cela serait essentiel parce que, sinon, on va se
retrouver dans le processus du collège électoral à tout
avoir à décider en même temps, et, là, je crains un
peu. Il me semble qu'il y a une phase préparatoire qui doit se faire
avant cela. Je vous le soumets comme cela.
Le Président (M. Marcil): M. Ouellet, vous êtes bien
aimable de vous être présenté et de collaborer avec la
commission parlementaire. On vous remercie de vous être
présenté. J'aimerais tout simplement vous mentionner que, ce
soir, le débat reprendra à 20 heures, avec le Comité
spécial des organismes jeunesse, région 01. A 21 heures, nous
entendrons Contact-Jeunesse Sainte-Foy Inc., que, en passant, je veux remercier
de bien avoir voulu accepter de déplacer son temps à ce soir.
Donc, nous suspendons nos travaux jusqu'à 20 heures, ce soir,
dans la même salle. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 12)
(Reprise à 20 h 8)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il
vous plaît. Nous allons reprendre nos travaux. Il est maintenant
20 h 8. Nous allons procéder à un remplacement, avec le
consentement unanime.
La Secrétaire: Pour cet après-midi et ce soir, M.
Boulerice (Saint-Jacques) sera remplacé par M. Jolivet (Laviolette).
Comité spécial des organismes jeunesse,
région 01
Le Président (M. Marcil): Cela va? Très bien.
Maintenant, j'inviterais les membres du Comité spécial des
organismes jeunesse, région 01, à s'avancer. Bonsoir.
Une voix: Bonsoir.
Le Président (M. Marcil): M. Serge Comeau. C'est vous?
M. Comeau (Serge): Oui.
Le Président (M. Marcil): Et Sylvain Tanguay. On va vous
permettre de faire votre exposé immédiatement pour ensuite
entreprendre nos discussions. Bienvenue à cette commission; nous sommes
très heureux que vous ayez décidé d'y collaborer, d'y
participer et nous sommes impatients de prendre connaissance de vos
commentaires.
M. Comeau: C'est parfait. Bonjour M. le Président,
messieurs et madame, membres de l'Assemblée nationale. Je suis Serge
Comeau, je suis membre actif de la Corporation Action-Travail Chaleurs à
Bonaventure. Je suis accompagné de M. Sylvain Tanguay qui est
coordonnateur de la Maison des jeunes de Sainte-Anne-des-Monts.
Ensemble, au cours des prochaines minutes, nous allons essayer de cerner
un peu les propositions face à l'éventuelle implantation d'un
Conseil permanent de la jeunesse.
Qui sommes-nous?
L'Est du Québec, comme toutes les régions
éloignées des grands centres, a toujours été dans
l'obligation d'exprimer ses besoins et de défendre farouchement ses
intérêts face à la centralisation des pouvoirs dans les
centres urbains et dans les mains des politiciens. Le contexte a contraint la
population à développer un esprit d'initiative et de
coopération qui a permis à la région de croître et
de se développer économiquement malgré un exode massif et
une perte d'énergies vives.
Depuis l'automne 1982, période correspondant à une phase
aiguë de la crise économique qui a affecté plus
particulièrement les jeunes et d'une façon plus dramatique les
jeunes des régions éloignées, de nombreux organismes
communautaires jeunesse ont vu le jour afin de permettre à ces jeunes de
bénéficier d'un soutien dans un cheminement d'insertion sociale
pour certains et professionnel pour d'autres.
Des centaines de bénévoles appuyés par les
intervenants des services publics et parapublics tels les CLSC, les services de
probation, les centres d'éducation des adultes, les centres de
Travail-Québec, ont mis sur pied des organismes qui se sont
préoccupés de la situation catastrophique des jeunes sans emploi.
L'attention particulière des organismes publics et parapublics à
la situation des jeunes a généré des modifications de leur
façon de travailler, ce qui a permis des prises de conscience à
tous les niveaux de la communauté.
Les organismes de jeunes sans emploi qui forment le regroupement des
Action-Travail du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine sont jusqu'à maintenant un lieu
privilégié d'innovation et permettent à ces jeunes
d'explorer leur potentiel. Nous pouvons, sans nous tromper, reconnaître
à ces organismes un apport important dans le succès des
programmes d'employabilité et de création d'entreprises dans la
région.
La même recherche de solutions a suscité l'émergence
d'un nombre important de maisons de jeunes qui oeuvrent auprès d'une
population moins âgée, ayant des besoins différents, qui
nécessite des ressources particulières. Ces ressources subissent,
elles aussi, la contrainte de la société en évolution.
Le principe.
Il est essentiel que l'État reconnaisse aux jeunes leurs
aptitudes et leurs capacités de promouvoir des idéaux qui leur
sont chers, de participer pleinement à la vie politique et au
progrès social de leur pays et qu'il les compte parmi les
éléments dynamiques de notre société.
La présence d'un organisme critique du présent et
visionnaire de l'avenir conseillant le gouvernement sur les attentes et les
préoccupations de la jeunesse serait certainement un apport important,
mais est-ce la priorité?
Les jeunes et les organismes ont, depuis plus de deux ans, fait l'objet
d'études, de recherches, de sondages et d'analyses qui ont
généré un nombre important de recommandations pour
remédier à leurs problèmes. Nous n'avons qu'à
consulter le rapport du Comité sénatorial spécial sur la
jeunesse, pour ne nommer que celui-là, pour constater le sérieux
que de nombreuses personnes ont mis dans la recherche de solutions. Faudra-t-il
attendre que le nouveau Conseil permanent de la jeunesse réinvente la
roue pour que les autorités publiques se décident d'agir sur les
vraies priorités?
La mise sur pied d'un Conseil permanent de la jeunesse devrait tenir
compte des priorités des intéressés, c'est-à-
dire les jeunes. Afin de se garantir un minimum de
crédibilité auprès des jeunes et des organismes jeunesse,
le conseil devra exprimer dans ses fondements de représentation le point
du vue du groupe d'intérêts qu'il prétend
représenter.
Le gouvernement devra permettre aux organisations de jeunes d'intervenir
directement, c'est-à-dire sans favoritisme, dans le choix des membres du
conseil. Sans ces prémisses, les jeunes seront les premiers à
renier la pertinence et l'à-propos non seulement des avis du conseil,
mais du conseil lui-même.
Dans le même ordre d'idées, un Conseil permanent de la
jeunesse se devra d'être branché sur la réalité
jeunesse, non pas seulement celle des grands centres, mais celle des
régions et, pour ce faire, nous croyons qu'il n'y a qu'un cheminement
possible, c'est d'avoir une solide représentativité
régionale et des services offerts en régions. Le tout sera
concrétisé par le maintien d'un bureau régional semblable
à ceux du Secrétariat à la jeunesse, mais avec la
différence que les ressources humaines et matérielles soient en
nombre suffisant pour offrir un service de qualité et accessible qui
tiendra compte des particularités régionales et favorisera la
liaison entre les jeunes et les organismes.
La section II est beaucoup plus reliée, finalement, aux
amendements à la loi 104.
Le Président (M. Marcil): D'accord. Merci beaucoup, M.
Comeau. M. Tanguay, avez-vous quelque chose à ajouter?
M. Tanguay (Sylvain): Je vais plutôt m'attarder aux
articles de la loi tels que modifiés par notre comité. Pour ce
faire, je vais simplement vous donner les modifications que nous avons faites
à certains articles. Ils sont nombreux parce que nous considérons
que la représentativité régionale doit faire partie de la
loi; alors, il y a beaucoup d'articles qui tournent autour de ce point.
Concernant la section I, Institution et organisation, à l'article 2,
notre position sur la composition du conseil est la suivante: Nous demandons
que le conseil se compose d'un membre par région administrative
nommé par le ministre responsable de l'application de la présente
loi parmi les personnes qui forment le collège électoral
prévu à la section II, conformément aux dispositions de
cette section.
Pour suivre cela, la nomination à la présidence et aux
deux postes de vice-présidence, nous suggérons que les
critères, les règles ou les exigences qui conviennent à de
tels postes devraient être connus de tous avant que le mécanisme
de mise en candidature soit mis en branle. De plus, nous désirons
attirer votre attention sur le danger de voir s'installer une
compétition malsaine pour l'obtention de ces trois postes
rémunérés. À la limite, nous croyons qu'il serait
plus sage de réviser è la baisse les salaires des "officiers du
conseil" et d'en accorder à tout le monde ou tout simplement de les
éliminer. Les salariés seraient des "permanents" au service du
conseil, mais n'y siégeraient pas. Cela, tel qu'expliqué dans
l'article, pour éviter un genre de compétition ou de course
à la présidence lors des élections au conseil, pour
éviter un genre de scission à l'intérieur du groupe
même.
Concernant l'article 6, sur les vacances d'un membre du conseil, nous
proposons à cet article que la nomination d'un remplaçant pour la
durée non écoulée du mandat soit faite parmi les membres
du collège électoral après avoir sollicité l'avis
du conseil. Nous voulons souligner qu'après l'élection du conseil
il reste tout de même près de 30 personnes qui avaient
démontré leur intérêt à faire partie du
Conseil permanent de la jeunesse. Nous désirons, face à un
remplacement, que ces personnes soient approchées en premier lieu pour
effectuer le remplacement.
Nous avons aussi des positions face à la section II, Choix des
membres du conseil. Pour ce qui est de l'article 16, nous proposons de
considérer parmi les organismes jeunesse ceux dont les règlements
généraux identifient clairement qu'il y a des postes au conseil
d'administration qui sont alloués aux jeunes, c'est-à-dire que ce
ne soient pas des organismes d'adultes ou des clubs sociaux où il n'y a
pas de jeunes, la clientèle mentionnée, soit de 15 à 30
ans. Nous voulons que ce soient des organismes faits par les jeunes et pour les
jeunes.
À l'article 17 sur la composition du collège
électoral. Nous proposons un collège électoral
composé de quatre membres par région administrative,
nommés par le gouvernement conformément à la
présente section et qu'il soit formé avant le 1er avril de
l'année suivant l'adoption de la loi et, par la suite, tous les ans
à compter de cette date pour procéder au choix de la
moitié des membres du conseil. Nous amenons un principe de rotation afin
que, tous les deux ans, ce ne soit pas une toute nouvelle équipe et que,
du fait même, tout soit à recommencer.
Nous avons aussi une suggestion: Le collège électoral
devrait demeurer en place pour une période de deux ans et devenir,
après la nomination du conseil, des comités permaments en
régions afin de faciliter l'expression des secteurs d'activité et
être disponibles pour combler les vacances au conseil.
À l'article 20, notre position sur la nomination des membres du
collège électoral: Dans les 30 jours suivant la fin des mises en
candidature, et cela dans chaque région administrative du Québec,
une assemblée
électorale des candidats éligibles de chaque région
doit recommander parmi eux au ministre les quatre membres du collège
électoral pour leurs régions respectives, en tenant compte des
divers secteurs d'activité dans lesquels oeuvrent les organismes de
jeunesse. Nous nous disons que, à défaut de quoi, le ministre
devra procéder et cela, pour permettre aux régions d'envoyer au
collège électoral les représentants qu'elles
désirent. C'est-à-dire que ce sont les régions qui vont
décider lesquels de leurs candidats seront les plus performants pour
faire partie du collège électoral et possiblement du Conseil
permanent de la jeunesse.
À l'article 21, encore sur la nomination des membres au
collège électoral, nous proposons que les membres du
collège électoral doivent, dans les 30 jours qui suivent la fin
de la procédure prévue à l'article 20 de la
présente loi, recommander parmi eux au ministre les membres du conseil,
en tenant compte des divers secteurs d'activité des organismes de
jeunesse et de l'article 2 de la section I de la présente loi, tel que
modifié dans notre mémoire, c'est-à-dire en tenant compte
des régions.
À l'article 23, notre position, c'est que les membres du
collège électoral ne sont pas rémunérés; ils
ont cependant droit dans la mesure prévue par règlement... Nous
ajoutons à cet article: "et, par la suite, au sein des comités
permanents en région". Nous faisons encore référence
à l'aspect de conserver les énergies des gens du collège
électoral puisque, selon notre mémoire, ils sont
présentés par région.
Section III, Fonctions et pouvoirs du conseil. Nous avons un commentaire
à apporter à l'article 27 concernant les dossiers ou les points
que le ministre devrait demander ou les mandats que le ministre devrait
recommander au conseil. Nous avons un commentaire à faire sur ce point:
Afin d'assurer l'autonomie du conseil, celui-ci devrait
bénéficier du privilège de prioriser ses interventions
dans le but de ne pas être débordé, ce qui affecterait son
efficacité. Nous croyons que les jeunes qui seront
intéressés à soumettre leur candidature au sein du Conseil
permanent de la jeunesse auront déjà une idée des
priorités des dossiers jeunesse à prioriser. Alors, nous
considérons que, peut-être dans un premier temps, ce sera à
eux de voir quel dossier sera à prioriser pour le développement
face aux préoccupations des jeunes.
Nous avons aussi une recommandation sur ce point: Le Conseil permanent
de la jeunesse devrait avoir des bureaux régionaux qui lui permettraient
de maintenir des relations régulières d'échange, de
collaboration et de soutien avec les organismes jeunesse, les jeunes et les
intervenants du milieu jeunesse. Ces relations lui assureraient une vision
régionale précise de la réalité jeunesse afin de
parvenir à l'efficacité dans la mise en branle d'activités
susceptibles d'apporter une vision éclairée sur les sujets
d'importance. On dit qu'une vision régionale, sur l'ensemble des
régions, cela nous donne une vision nationale qui est très
pertinente. La collaboration avec les milieux régionaux lui permettrait,
en l'occurrence, de déterminer avec précision les
intérêts et les positions des partenaires associés,
d'établir rapidement des mécanismes de consultation et d'analyse
afin de produire des avis et d'en émettre la teneur au bon moment.
À l'article 33, à savoir que le premier ministre ou le
ministre désigné est responsable de l'application de !a
présente loi, nous avons une suggestion à faire. Compte tenu de
l'importance du dossier jeunesse et des obligations multiples du premier
ministre, nous sommes d'avis que la nomination d'un ministre responsable
uniquement de ce dossier serait très pertinente pour la cause des jeunes
et ferait sûrement avancer plus rapidement cette cause. De plus, il
serait essentiel de prévoir les sommes nécessaires à la
mise en place des bureaux régionaux et les budgets nécessaires au
fonctionnement des comités permanents en régions.
J'inviterais Serge à poursuivre avec les priorités.
M. Comeau: Nos priorités en tant que représentants
de la région 01. Les jeunes réclament des actions
concrètes maintenant. La recherche de solutions à
l'amélioration de leurs conditions demande une intervention qui se fait
beaucoup plus sur une base informelle et ponctuelle, à travers le
quotidien, contrairement aux. boîtes institutionnalisées où
l'intervention est de plus en plus clinique et médicalisée. Cette
intervention est, par ailleurs, basée sur une dynamique où on
laisse place aux essais et à la possibilité d'erreurs.
Les organismes communautaires jeunesse offrent aux jeunes ce milieu de
référence et d'appartenance où ils sont en mesure de
trouver l'appui dont ils ont besoin quant aux choix qu'ils ont à faire.
Ces choix concernent leur vie présente et future tant en rapport avec
leurs activités de tous les jours qu'avec leur orientation au travail ou
au non-travail.
Pour nous, il est nécessaire que les organismes communautaires
jeunesse soient en bonne santé si l'on veut que le Conseil permanent de
la jeunesse s'assure une crédibilité et un appui du milieu
jeunesse., Si la situation actuelle du non-financement des organismes
communautaires jeunesse persiste, il ne restera que les associations
étudiantes auxquelles la loi 32 assure du financement pour ne
représenter qu'une parcelle de la population jeunesse. Si une politique
de financement des organismes et initiatives
jeunesse n'est pas rapidement mise sur pied, on se demandera alors qui a
intérêt à ce qu'il en soit ainsi, La
crédibilité et la base de référence du Conseil
permanent de la jeunesse en sont tributaires.
Nos expériences auprès des jeunes au sein des organismes
communautaires nous suggèrent nos priorités: une politique de
financement des organismes et initiatives jeunesse, une politique
d'accréditation pour les formations autres que scolaire, une politique
d'emploi pour les jeunes.
Par contre, la situation d'urgence nationale telle que
décriée par le rapport du Comité sénatorial
spécial sur la jeunesse nous suggère non pas une grande solution,
mais plusieurs petites solutions. C'est peut-être la mise en branle de
quelques actions concrètes, telles une consultation sur le financement
et la mise en place du conseil de façon simultanée qui rallierait
le plus de jeunes.
La conclusion de tout cela. Le Conseil permanent de la jeunesse peut
devenir: un moyen de canaliser et de contrôler le pouvoir politique des
groupes de jeunes, un organisme donnant lieu à des postes
identifiés à des récompenses politiques, un lieu
décroché de la réalité vécue par les jeunes.
Ou le Conseil permanent de la jeunesse peut devenir: un lieu d'expression
privilégié pour les jeunes, un organisme d'accueil et d'appui
pour les orienter dans la définition de leurs besoins, la mise en place
et l'accomplissement de leurs solutions, un conseiller honnête et
impartial et non partisan auprès des politiciens qui ont la lourde
responsabilité de prendre des décisions.
Les conditions que nous jugeons essentielles sont cependant: un mode de
sélection des membres du conseil démocratique et soucieux de
compétence, un mode de financement assurant aux organismes
communautaires jeunesse la possibilité de participer concrètement
aux travaux à venir, la mise en place de structures régionales de
consultation, de services et de représentativité.
Avant tout, il importe que les femmes et les hommes politiques qui nous
gouvernent répondent aux questions, aux quelques interrogations qui
suivent: Quels sont leurs choix réels, leurs croyances et leurs
visées quant è l'avenir de leurs jeunes électeurs?Quelle somme d'énergie sont-elles ou sont-ils prêts è
y investir? Auront-elles ou auront-ils le courage politique de s'y engager?
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. Comeau, de
votre exposé. Maintenant, nous allons procéder à la
période d'échanges. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Merci, M. le Président. Tout d'abord, MM.
Comeau et Tanquay, je voudrais vous féliciter très
chaleureusement au nom de ma formation politique pour l'excellent
mémoire que vous avez présenté, mémoire qui a
beaucoup de substance. Il n'y a pas grand-chose qui a été
oublié, sinon rien. Aussi je veux vous remercier et vous
féliciter de vous être déplacés d'aussi loin. Venant
moi-même d'une région éloignée, je pense: Chapeau!
Je pense aussi que cela veut dire que les gens de ces régions,
même s'ils ne sont pas près des grands centres, ce sont des gens
qui veulent se prendre en main. Le fait que vous soyez parmi nous aujourd'hui
démontre cet objectif et j'en suis très reconnaissant.
Maintenant, concernant votre mémoire, il y a plusieurs points.
Un, entre autres, qui fait réfléchir un peu, c'est lorsque vous
dites que le conseil permanent devrait avoir des bureaux en régions, sur
place. Moi, j'aimerais peut-être vous entendre sur ce point.
Qu'entendez-vous concernant les structures de bureaux en régions et le
reste? C'est-à-dire que, concernant la volonté politique
attachée à l'arrière du Conseil permanent de la jeunesse,
je pense que ce serait au conseil permanent, justement, de décider de
quelle façon il entend aller voir les gens des régions, de quelle
façon il pourrait communiquer avec ces gens ou avoir une relation avec
ces gens. Et cela n'est pas à nous - je pense qu'il y a certains
intervenants qui cet après-midi l'avaient dénoncé aussi -
de décider de s'ingérer au Conseil permanent de la jeunesse et de
dires Cela va être ça, ça, ça. Vous allez avoir des
bureaux là, des bureaux là, un à Hull, un à
Gaspé, un à Québec, etc.
J'aimerais vous entendre à ce niveau. Qu'est-ce que vous entendez
par bureau et quelle implication cela pourrait-il avoir au niveau d'une
structure? (20 h 30)
M. Tanguay: Oui. Premièrement, c'est nous qui le
demandons. En fin de compte, nous croyons que, cela pourrait modifier la
structure du Secrétariat à la jeunesse en régions. Cela
pourrait être un aspect, nous ne croyons pas que ce devrait être
deux structures distinctes. Par contre, l'aspect d'une structure conseil, tel
le Conseil permanent de la jeunesse, selon nous, nous rapprocherait, serait un
meilleur véhicule pour nous rapprocher de l'appareil gouvernemental. On
ne veut pas dire par là que le Secrétariat à la jeunesse
ne fait pas un bon travail, loin de là, en régions, il est
très important; par contre, le fait que ce soit une structure conseil
qui intervienne directement auprès de l'instance gouvernementale et
peut-être même d'un ministre responsable du dossier, cela nous
paraît plus intéressant pour les régions. Cette structure,
cela pourrait être de modifier le mandat du Secrétariat à
la jeunesse, comme je le disais
tantôt, ce peut être par le collège électoral.
Selon notre proposition, nous demandons que ce soient des
délégués régionaux, des gens élus en
régions qui se présentent au collège électoral. Par
cette structure, les non-élus pourraient devenir des poteaux en
régions ou des conseils en régions. On se retrouverait avec des
gens qui sont près du conseil, qui sont aussi intéressés
à cette structure et ce serait, pour nous, plus représentatif des
jeunes de nos régions.
M. Farrah: Je pense qu'il y a lieu de penser que le
collège électoral devra jouer son rôle au-delà de la
notion électorale, justement. Je pense que c'est dans la volonté
politique du gouvernement. Je ne veux pas m'engager pour le conseil permanent
parce qu'on dit justement qu'on ne veut pas faire d'ingérence, c'est
à lui de décider, mais il y a lieu de croire que le conseil
général devrait jouer un rôle quand même assez
important, peut-être faire la liaison entre les régions et le
conseil comme tel.
M. Tanguay: Vous dites, au niveau du collège
électoral, que les gens des régions devraient jouer un
rôle?
M. Farrah: Oui, c'est un peu cela. À la page 15, vous
mentionnez que les résolutions d'appui constituent un minimum pour
s'assurer d'une certaine compétence et d'une reconnaissance du milieu
jeunesse. Croyez-vous qu'on pourrait demander plus pour s'assurer de la
qualité des candidatures, par exemple, un plan d'action?
M. Tanguay: Plus d'appuis de la part des organismes pour les
candidatures?
M. Farrah: Vous dites que les résolutions d'appui
constituent un minimum? vous exigez davantage, j'imagine, vous pensez
davantage.
M. Tanguay: Nous ne pensons pas davantage, nous
considérons que cela représente le minimum nécessaire. Ce
n'est pas qu'on demande davantage, mais il n'aurait pas fallu penser moins que
cela.
M. Farrah: Cela vous satisfait? M. Tanguay: C'est
satisfaisant.
M. Farrah: Dans ce sens, d'accord. Un autre aspect dont je
voudrais parler est lorsque vous dites: Si un poste devient vacant, le poste
devrait être comblé par un des membres en attendant une prochaine
élection, alors que d'autres mémoires, d'autres groupes ou
intervenants qui sont venus ici disaient: S'il y a un poste vacant, ce poste
devrait être principalement comblé par une personne d'une
même région pour assurer la représentativité de
cette région.
M. Tanguay: C'est sous-entendu dans notre mémoire dans le
sens que, s'il y a une vacance, ce sera nécessairement, en relation avec
notre mémoire, une personne de la région. Donc, ce poste devra
être comblé par une des personnes qui ont été
intéressées, qui se sont présentées au
collège électoral provenant de la région de la personne
qui cède le poste.
M. Farrah: Afin que les intérêts de cette
région soient défendus; il est important, peut-être... En
tout cas, je pense...
M. Tanguay: Pour moi, c'était sous-entendu dans le
texte.
M. Farrah: Cela va.
M. Comeau: C'est peut-être une façon, aussi, de
qarder les personnes du collège électoral actives, disponibles
pour participer au conseil si, à un moment donné, il y a des
vacances signalées.
M. Farrah: Merci. Cela va pour l'instant, M. le Président.
Peut-être que Jean-Pierre...
Le Président (M. Marcil): M. le ministre.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Encore une
fois, messieurs, un très bon document; je l'ai parcouru tantôt. Je
vais me référer surtout, M. Comeau, à ce que vous avez dit
dans votre déclaration d'ouverture parce que cela revient constamment.
J'ai écouté aujourd'hui les intervenants des autres
régions, entre autres, les premiers intervenants de la journée
qui venaient, eux aussi, d'une région éloignée. Ce sont
les gens d'Abitibi-Témiscamingue. Je vois des similitudes. Vous avez
presque les mêmes problèmes ou la même façon de
percevoir les choses. J'imagine que, lorsque, à tour de rôle, on
écoutera au cours des six prochaines journées les gens des autres
régions du Québec, cela va revenir avec des modalités
différentes, avec des perceptions locales peut-être
différentes, mais toutes avec des mêmes trames de fond. Je vais
vous les identifier et vous allez voir que c'est proche de votre discours, de
ce que vous avez dit tantôt.
D'abord, vous avez souligné dans votre allocution d'introduction
qu'il y avait la question de l'éloignement. Ce sont les premières
phrases que vous avez dites, et l'ont également dit, ce matin, les gens
d'Abitibi-Témiscamingue. Je perçois que, parce qu'il y a une
notion d'éloignement - je l'ai perçu ce matin et je veux que vous
me
corrigiez si j'ai tort - c'est comme si vous ne vous sentiez pas
impliqués, pas seulement comme jeunes, mais dans le processus
décisionnel qui se fait ici à Québec. C'est
peut-être à cause de la notion d'éloignement ou parce que
vous n'avez jamais eu l'occasion, comme région, de participer à
ce processus décisionnel. Est-ce que c'est une mauvaise perception de ma
part ou si c'est...
M. Comeau: Souvent, le facteur d'éloignement nous
amène, finalement, à bousculer des choses, à innover dans
ce secteur. Oui, je pense que, souvent, on se sent isolés au niveau de
la prise de décisions. Souvent, par exemple, il s'implante des
programmes de création d'emplois qui ne sont vraiment pas adaptés
à notre condition régionale. Sauvent, on se sent
éloignés à ce niveau, absolument. J'ai l'impression que
les personnes qui vont se présenter ici, qui vont présenter des
mémoires et qui sont des régions éloignées, vont
avoir le même discours que nous à ce niveau.
M. Bélisle: Donc, ma perception de ce que vous avez dit
tantôt, de ce qui a été dit ce matin, d'une exigence de
représentativité régionale au Conseil permanent de la
jeunesse est beaucoup plus reliée à l'absence ou à la
perception que vous avez de ne pas être impliqués, pas juste dans
la problématique du dossier jeunesse, mais dans l'ensemble de la
politique économique régionale au Québec. Est-ce que c'est
un énoncé plus grand que je fais en disant que cela va un peu
au-delà juste du dossier jeunesse? Est-ce que c'est exact ce que je
dis?
M. Comeau: Oui, je pense qu'on...
M. Bélisle: Est-ce qu'il y a cela là-dedans?
M. Comeau: Absolument. Je pense que le facteur
d'éloignement nous amène à ne pas être
présents lors de la prise de décisions. Souvent, on est
obligés de parcourir de longues distances, même pour venir ici et
participer à la présentation de ce mémoire. Cela nous
amène à être moins présents lors de la prise de
décisions.
M. Bélisle: II y a deux préoccupations de base qui
sont deux priorités qui ont été émises ce matin et
qui sont présentes encore une fois. La première, c'est l'emploi.
On nous a dit clairement ce matin qu'en régions c'est l'emploi et c'est
également le besoin et le désir de rester chez nous dans notre
milieu, dans notre environnement, de rester dans notre région et de
vivre avec notre famille. Ce sont deux grands besoins fondamentaux. Est-ce que
vous les percevez de la même façon que les gens des autres
régions? Est-ce que cela demeure pour vous, M. Comeau ou M. Tanguay, des
besoins fondamentaux que vous pouvez identifier pour la jeunesse de la
région que vous représentez?
M. Comeau: Oui, je pense que le besoin de demeurer chez nous,
c'est en nous. Il y a aussi le besoin de garder les affaires qu'on a mises sur
pied. Entre autres, on parle souvent de continuité face au financement
des organismes qu'on a mis sur pied pour répondre à des besoins
chez nous, tout simplement. Le besoin aussi de travailler est en permanence.
C'est réellement un besoin chez nous, tout simplement.
M. Bélisle: Je vais adresser une question à M.
Tanguay, M. le Président, si vous me le permetttez. On a posé des
questions aujourd'hui sur les priorités et tout le reste, tandis qu'on a
ouvert la porte - je n'avais pas l'intention de l'ouvrir, mais étant
donné que Mme la députée de Chicoutimi m'a donné
l'occasion de l'ouvrir, cela me fait plaisir d'entrer dans ce...
M. Jolivet: Ne la fermez pas.
M. Bélisle: Non, je ne la fermerai pas. Je veux savoir de
vous deux votre perception de ce que vous constatez sur le terrain avec des
jeunes que vous voyez dans une région éloignée comme la
vôtre. Est-ce que les gens ont senti, au cours même de
l'année actuelle ou des dix dernières années,
véritablement une volonté politique - cela remonte à votre
époque, M. le député de Laviolette...
M. Jolivet: Les années soixante? Les années du
poêle à bois.
M. Bélisle: Et les années antérieures, bien
entendu. Est-ce que les gens sentent une volonté politique d'avoir et de
faire du véritable développement économique
régional?
M. Tanguay: Je répondrai ceci: pas vraiment, pas
véritablement.
M. Bélisle: J'aimerais que vous répondiez
vraiment.
M. Tanguay: J'ai le sentiment profond que les jeunes en
régions ne voient pas de véritable volonté politique de
développer les régions éloignées. Aussi, face a
cette situation, nous retrouvons beaucoup parmi les jeunes une
sous-scolarisation, peu de personnes diplômées de niveaux
collégial et universitaire demeurent et travaillent en régions
à cause, d'une part, d'une saturation des postes parce qu'au niveau des
emplois qui pourraient toucher le secteur collégial ou universitaire on
va dans l'ordre des services gouvernementaux qui sont dans notre
région
des avenues bloquées. Aussi, face à des
développements majeurs au niveau industriel, parce qu'il ne faut pas
oublier que dans nos régions, vu l'aspect de sous-scolarisation des
jeunes et aussi la qualité manuelle des jeunes travailleurs, c'est
sûr que les gens s'attendent plus à du développement de
type industriel qu'à du développement des services ou
touristique, même si l'aspect touristique est très important dans
une région comme la Gaspésie.
Face à des développements de type industriel, même
si nous voulions croire à une volonté politique de
développer dans nos régions ce secteur d'activité, nous
nous butons régulièrement à la situation qui est que c'est
sûr qu'on se fait raconter - il y a des dossiers à ce sujet depuis
30 ans - en période électorale et par la suite que cela va finir
par débloquer. Encore aujourd'hui, on attend ces développements.
Ces développements, dans une région comme la nôtre
où les jeunes travailleurs en particulier sont des travailleurs manuels,
ils attendent après ça. C'est clair que ça fait des jeunes
qui sont en chômage quand ils réussissent, bon an mal an, à
faire 10 ou 20 semaines de travail sur un projet du provincial ou du
fédéral ou qui sont bénéficiaires de l'aide sociale
avec un enfant ou deux. Ces jeunes réussissent à "s'arracher" la
vie.
M. Comeau: Pour apporter des preuves à tout cela, c'est
beaucoup plus relié à l'exode des jeunes vers les grands centres.
Les jeunes qui viennent suivre leur formation ici et par la suite, investissent
dans des entreprises, mettent des entreprises sur pied ici dans les grands
centres. On ne voit pas ces jeunes par la suite chez nous.
M. Bélisle: Ils ne reviennent pas.
M. Comeau: Absolument pas.
M. Tanguay: Pendant les vacances.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre.
M. Tanguay: À la saison du homard.
M. Farrah: Je pense qu'on a débordé un peu le
sujet. Je pense que c'est intéressant. M. le Président, si vous
le permettez.
Le Président (M. Marcil): Vous pouvez y aller.
M. Farrah: Je pense que la volonté politique, au niveau
des régions, elle est là, sauf qu'il faut faire attention, dans
le sens que cela prend l'intervention du gouvernement, il n'y a pas de doute,
au niveau des régions éloignées comme les nôtres,
entre autres. Il y a une intervention qui doit être faite. Le danger
d'une telle intervention, pour qu'elle soit bien calculée dans le sens
suivant, c'est qu'il ne faut pas non plus -malheureusement, dans le
passé, on a peut-être été victime de cela - qu'elle
amène une certaine dépendance des gens envers l'État dans
le sens suivant: par exemple, quand on parle de l'assurance-chômage, du
bien-être social et de toutes ces choses. Il s'est
développé une mentalité dans certaines... En tout cas,
dans nos régions, il faut l'admettre, je pense, malheureusement, on sait
que les gens veulent travailler, disons, dix semaines pour se qualifier
à l'assurance-ehômage.
La conséquence de tout cela, c'est qu'il va arriver des fois
où certaines personnes auront l'occasion de travailler peut-être
20 semaines. À la onzième ou douzième semaine, ils sont
démotivés à travailler parce que pour eux c'est plus
intéressant d'être en chômage. À ce moment, c'est
peut-être là une mauvaise intervention. Elle n'est pas mauvaise en
soi parce qu'elle est légitime, je pense, mais c'est là un peu le
danger de la dépendance des gens envers l'État. J'ai vécu
cela aussi chez nous particulièrement, au niveau des
sociétés d'État où on créait plus d'emplois
qu'il n'en fallait en réalité parce qu'on disait que cela
coûtait moins cher que le bien-être social. Je pense que c'est une
conception qui peut être dangereuse. (20 h 45)
M. Tanguay: Je faisais plus référence à des
développements de type industriel qui fourniraient des emplois. Il y a
des emplois saisonniers. Si l'on pense au secteur des pêches, même
si l'on veut transformer le poisson, c'est bien sûr qu'en janvier on n'en
transformera pas beaucoup. C'est clair que, si l'on développe nos
régions plus vers le secteur secondaire, il y a des chances que ce
soient des emplois permanents et que les gens qui vont occuper ces emplois, se
voyant revalorisés par le travail, ne soient pas
intéressés à le lâcher après dix ou douze
semaines pour retomber sur l'assurance-chômage. C'est sûr que, si
les gouvernements ramènent en régions des programmes de 10 ou de
20 semaines, la situation ne changera pas. On va simplement faire des
chômeurs au lieu de faire des assistés sociaux et, ensuite, faire
de nouveaux assistés sociaux qui sortent du chômage; c'est la
roue.
M. Farrah: Donc, c'est le type d'intervention du gouvernement qui
est important pour que les retombées soient le plus efficace
possible.
M. Tanguay: C'est cela. Que le gouvernement intervienne face
à un développement qui générerait des emplois
permanents. Remarquez que ce n'est pas simplement l'intervention du
gouvernement; il y a aussi l'implication des gens du milieu, j'en conviens. Il
reste qu'il y a un moteur
économique qui émane du gouvernement.
M. Farrah: Une autre conséquence d'une trop grande
intervention de l'État, c'est que cela peut aller même
jusqu'à diminuer la créativité des gens, peut-être,
dans le sens que tu vis aux crochets ou que tu dépends de
l'État.
M. Tanguay: Oui,
M. Farrah: Je pense que l'intervention est nécessaire,
mais c'est sur le type d'intervention qu'il faut s'interroger. On n'a pas de
recette miracle non plus, mais je pense que c'est Important d'apporter ce
point.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine. Nous allons passer
à la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M, le Président. MM. Comeau et
Tanguay, cela me fait plaisir de vous recevoir à cette commission
parlementaire. Je dois dire que j'ai lu avec beaucoup d'attention et beaucoup
d'intérêt votre mémoire. Il reflète d'abord une
conception très articulée de ce qu'est la situation des jeunes
dans votre région. Également, je dois le dire, il est bien fait.
Cela me fait dire que, voyez-vous, il y a des compétences aussi dans les
régions, contrairement à ce qu'on a souvent tendance à
penser.
J'ai écouté aussi avec beaucoup d'attention - je dois dire
que cela me donne le goût d'en sourire un peu, si vous me le permettez -
le député de Mille-Îles qui découvre tout à
coup que les régions sont négligées. Il s'étonne du
fait que vous ne vous sentiez pas impliqués dans l'ensemble de la
politique économique québécoise. Juste pour l'informer, je
lui dirai que, lorsque l'on a privatisé Quebecair, on estimait que de
beaux appareils comme ceux-là coûtaient trop cher pour transporter
des pizzas en régions, on a presque aboli les bureaux de
Radio-Québec en régions, on est en train de mettre fin aux
médias communautaires toujours en régions et on a coupé du
tiers -et seulement du tiers parce que cela aurait été des deux
tiers si on n'avait pas insisté -le fonds de développement
régional. C'est juste pour lui faire un petit rappel de ce qu'est la
politique ou l'absence de politique de développement régional du
Parti libéral. J'écoutais tout à l'heure M. Tanguay qui
disait: Cela fait longtemps que cela dure, cela fait 30 ans, Je me faisais la
réflexion que cela fait précisément 30 ans que le ministre
des Finances est député du comté de Bonaventure.
D'ailleurs, ce comté, je le connais bien parce que je suis née
à Bonaventure et j'y ai encore de nombreuses attaches. Si cette
commission parlementaire ne servait qu'à cela, cette prise de conscience
des difficultés qu'éprouvent les gens en régions, plus
particulièrement et plus spécialement la jeunesse, je trouverais
que l'on a fait une chose fort utile ici.
Permettez quand même que je reprenne quelques
éléments de votre mémoire. En somme, si je regarde la
structure que vous proposez, on pourrait penser qu'une structure qui est
basée à la fois sur des comités locaux régionaux,
avec une décentralisation des activités du conseil permanent,
avec un conseil permanent formé par des élus, finalement, c'est
une structure très décentralisée et très
démocratique. Est-ce qu'on ne pourrait pas franchir le pas suivant en
disant: Plutôt que d'avoir un conseil consultatif, on pourrait avoir des
organismes permanents, une table locale de concertation régionale et,
ensuite, ce que j'appellerais une conférence nationale, du moment
où l'on aurait un financement qui pourrait être assuré par
un protocle d'entente, par exemple, sur cinq ans, assurant un minimum de
financement à ces organismes? Est-ce que cela ne pourrait pas être
une structure aussi efficace, qui conviendrait tout aussi bien qu'un Conseil
permanent de la jeunesse?
M. Tanguay: Sur la forme de structure comme telle, je pense qu'on
ne s'est pas interrogé. On a plus porté nos interrogations sur la
formation du Conseil permanent de la jeunesse. Par contre, c'est sûr
qu'on ne veut pas mettre en place une structure qui serait trop lourde et qui
ne ferait pas avancer assez rapidement les dossiers jeunesse. On ne veut pas
que cela prenne un an et demi ou deux ans avant que les choses commencent
à se concrétiser. Si on pense entre autres à une politique
de financement des groupes de jeunes, c'est quelque chose que les groupes
attendent depuis longtemps. On attend chaque année, au mois de mars,
à la fin de nos années financières, de voir si on sera
financé ou si on ne le sera pas. On ne le sait jamais parce qu'il n'y a
pas de véritable politique, de plans établis.
Si on forme encore une structure trop lourde, que cela nous prend deux
ans pour avoir un mécanisme qui semble être acceptable et avoir
des résultats, cela fait encore deux ans qu'on attend. Tandis qu'ici, on
fait référence dans le mémoire à une politique de
financement des qroupes de jeunes et simultanément à la formation
d'une structure conseil; idéalement, c'est un peu la position à
laquelle on fait référence. On tient à ce que les choses
avancent. Si la loi créant le Conseil permanent de la jeunesse, par
exemple, n'était pas adoptée à la prochaine session,
faudrait-il attendre à l'autre session avant qu'on commence à
travailler le dossier jeunesse? On ne pense pas que c'est seulement le Conseil
permanent de la jeunesse qui fera avancer le dossier
jeunesse; par contre, si c'est cela» il faudrait qu'il soit
là au plus vite.
Mme Blackburn: Vous illustrez assez bien la préoccupation
que vous avez, à savoir que la création du Conseil permanent de
la jeunesse ne pourrait être qu'un prétexte ou un ballon
politique, comme vous le dites, qui risque de retarder la mise en place de
solutions aux besoins actuels des jeunes ou des organismes qui oeuvrent
auprès des jeunes. Vous avez également bien illustré -ce
à quoi on ne pense pas assez souvent, à mon avis -
l'insécurité dans laquelle vous vous trouvez comme jeunes
animateurs de groupes jeunesse parce qu'obligés, tous les ans, de
refaire les mêmes démarches pour être reconnus ou
financés.
Vous avez aussi fort bien cerné ce que vous pensez être les
priorités auxquelles devrait s'attaquer le gouvernement dans les
meilleurs délais, le plus rapidement possible. Je ne pourrais pas
ajouter davantage, sauf que je me demandais ceci, étant donné que
le Conseil permanent de la jeunesse, le projet qui est sur la table, permet la
création de comités de travail. Ce qui m'étonne, c'est
qu'ils soient obligés de demander l'autorisation du ministre, c'est
assez exceptionnel pour des comités. Des commissions,
généralement, comme elles sont plus permanentes et qu'elles ont
un rôle plus important, nécessitent une autorisation du ministre
responsable, mais pour un comité, cela étonne.
J'en viens au sujet qui me préoccupe. Je me disais qu'une des
façons d'aborder rapidement et efficacement quelques priorités
à ce conseil permanent pourrait être la création de
commissions permanentes rattachées au conseil. Je suggérerais que
ces commissions pourraient porter, d'une part, sur l'emploi et une seconde sur
l'adolescence. Pourquoi l'adolescence? Cela demande peut-être un peu plus
d'explications que pour l'emploi. Les problèmes que connaît la
jeunesse prennent souvent leurs origines dans l'adolescence. Il est utile de
mieux cerner cela pour intervenir plus tôt dans le processus. C'est donc
en matière de prévention. Comment réagiriez-vous à
une telle hypothèse?
M. Tanguay: Selon nous, le Conseil permanent de la jeunesse
devra, pour chaque dossier prioritaire, tel un dossier sur l'emploi, par
exemple, où cela devient très important de faire un pas vers
l'avant au niveau des jeunes... Que le conseil ait des commissions ou une
commission permanente, à mon point de vue, qu'elle soit permanente ou
que ce soit un comité qui, pendant l'exercice de ses fonctions,
développera une stratégie face à la création
d'emplois pour les jeunes, je trouve que ce sont des avenues très
importantes. Concernant l'adolescence, je trouve aussi que c'est très
pertinent. Peut-être quant à l'adolescence, que ce soit un genre
de commission permanente, je pense que cela serait très pertinent parce
qu'il y a là une problématique assez grande. Quand on parle de
sous-scolarisation et de...
Une voix: Décrochage.
M. Tanguay: ...délinquance, il y a un peu de ce genre de
choses. On fait référence aux adolescents parce que, pour la
sous-scolarisation, il ne faut pas oublier que ce sont des jeunes qui ont
abandonné l'école à quatorze, treize ou quinze ans,
même si "selon la loi" - entre guillemets - ils ont le droit de le faire
seulement à partir de seize ans. Mais, dans la pratique, c'est plus
souvent et de plus bonne heure.
Mme Blackburn: En page 8 de votre mémoire, vous proposez
une décentralisation et que ce conseil puisse offrir des services en
régions. Si j'ai bien compris, il s'agissait davantaqe de services
d'information, d'aide à l'organisation de la consultation des groupes.
Est-ce que vous pourriez nous parler un peu de ces services? Dans une grande
région comme la vôtre, combien devrait-il y avoir de bureaux et
combien y a-t-il actuellement de bureaux du Secrétariat à la
jeunesse?
M. Tanguay: Présentement, il y a un bureau du
Secrétariat à la jeunesse.
Mme Blackburn: Qui couvre...
M. Tanguay: Je voudrais identifier une chose avant qu'on aille
trop loin. C'est que, lorsqu'on parle de régions, pour nous autres, cela
devient un peu ambigü des fois parce qu'on est ici pour la région
du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des îles-de-ia-Madeleine.
On trouve que cela fait vraiment une grande région. Quand on parle de
services en réqions, on fait référence plus à la
région de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine et
à la région du Bas-Saint-Laurent. On parle plus en termes de deux
régions. Cela fait partie depuis longtemps de nos pratiques, soit dans
nos regroupements ou dans les interventions qu'on fait. À ce
moment-là, on parlerait de deux bureaux en réqions très
certainement, un pour la Gaspésie et un pour le Bas-Saint-Laurent. Quand
on parle de services adéquats, c'est qu'il y ait suffisamment de
personnes pour fournir les services. C'est-à-dire que, si on parle de
diffusion d'information, d'organisation de la consultation parce que là,
on parle d'une structure conseil, il devra y avoir consultation sur les
dossiers nous préoccupant. Cela veut dire que cela prend au moins deux
animateurs en régions pour le conseil. C'est sûr qu'ils deviennent
non seulement des animateurs, mais des personnes
qui vont faire remonter au Conseil permanent de la jeunesse les
recommandations des régions, les positions des gens des régions
sur les dossiers prioritaires.
M. Comeau: Notre inquiétude est aussi beaucoup
reliée au service que le Secrétariat à la jeunesse offre.
On n'aimerait pas que cela vienne finalement doubler des services qui existent
à ce niveau.
Mme Blackburn: Brièvement deux petites questions. Ensuite,
je sais que mon collègue veut intervenir. Vous suggérez en page
11 de votre mémoire que plutôt que de... Vous craignez que ne
s'installe une compétition malsaine pour l'obtention des postes
rémunérés. Vous croyez que cela serait peut-être
plus sage de faire le partage du salaire de ces trois personnes entre les
différents membres du conseil d'administration du Conseil permanent de
la jeunesse, mais, généralement, les postes de président
et de vice-président sont des postes à temps complet. Cela veut
dire que ce sont les officiers supérieurs d'un organisme comme cela.
L'autre façon de faire serait tout simplement un conseil
d'administration comme un conseil d'administration de collège ou
d'hôpital. À ce moment-là, vous n'avez que des
fonctionnaires à l'intérieur, un directeur général.
Est-ce que vous pensiez à cette hypothèse plutôt
qu'à une autre? (21 heures)
M. Tanguay: On a soulevé le point. Il faut dire que, sur
ce point, on n'a pas la solution. On a présenté ce point comme
étant... On ne voudrait pas qu'en ce qui concerne le conseil comme tel
il y ait un genre de course à la présidence et que tout le monde
qui se retrouve là désire être président ou
vice-président. C'est un peu la course vers l'emploi. Dieu sait qu'il y
a des gens qui ont déjà fait tirer des jobs! Cela fait que... Il
ne faut pas s'en cacher, les jeunes ont besoin de travailler. C'est clair
qu'à l'intérieur d'un groupe comme cela, s'il y a trois postes
qui deviennent des emplois permanents, il est possible qu'il y ait un genre de
compétition. On dit malsaine, c'est peut-être un peu fort, mais
c'est peut-être cela aussi. C'est sûr que, là-dessus, on n'a
pas la solution. C'est peut-être par un genre de processus
d'élection parmi les onze personnes qui sont là que se
réglerait le problème. Peut-être que le fait que les onze
personnes, entre elles, élisent trois personnes qui seront les
permanents, les président(e) et vice-présidents(es), cela
réglerait le problème tout simplement comme cela. Il faudrait
que, sur ce point, il y ait un genre de révision, il ne faudrait pas que
ce soit le ministre qui arrive et qui nomme le président et qui nomme
les deux vice-présidents. C'est là, je ne dirais pas
l'inquiétude, mais si les personnes sont nommées par le ministre
ou la personne responsable du conseil plutôt qu'élues par les
membres du conseil, il peut y avoir un genre de scission à travers le
groupe et une coercition entre les membres.
Mme Blackburn: Une dernière petite question. C'est juste
pour mieux comprendre, parce que j'en aurais plusieurs autres. À la page
16, dans votre dernière position, vous recommandez qu'il y ait une forme
de remboursement des frais raisonnables engagés par eux - en parlant des
délégués - dans l'exercice de leurs fonctions au
collège électoral et, par la suite, au sein des comités
permaments en régions. Là, vous parlez du collège
électoral qui deviendrait permanent. Vous faites référence
à cela.
M. Tanguay: C'est cela.
Mme Blackburn: D'accord. Très bien.
Peut-être juste une dernière remarque. Pour ma part, je
trouve qu'un mandat de deux ans, c'est bien court.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Compte tenu que je
viens d'une région qui est à la fois proche des grands centres,
mais éloignée puisqu'elle touche à l'Abitibi, au
Lac-Saint-Jean, mais en même temps à la région de
Trois-Rivières, je dois vous dire que...
M. Gratton: À l'Outaouais.
M. Jolivet: À l'Outaouais, c'est vrai. Je dois dire que,
pour moi, étant un homme très positif, l'éloignement,
contrairement à ce que le député de Mille-Îles a
essayé, par ses questions, de vous faire dire... J'ai cru comprendre
qu'il était un avocat qui aurait été
réprimandé par le juge puisqu'il suggérait
déjà ses réponses dans ses questions. Je dois dire
qu'effectivement, pour moi, le mot "éloignement", pour tout le monde au
Québec -je vais le dire comme je le pense - étant un homme
positif, cet éloignement n'est jamais aussi loin que le
téléphone que j'ai au bout de mon bras. Je peux rejoindre qui je
veux à travers le Québec, faire les pressions que je veux
à travers le Québec, et je peux être très
éloigné pour le faire, mais réussir quand même
à le faire.
La deuxième question est de savoir et c'est peut-être cela
votre problème, comme tous les autres au Québec - comment celui
qui est au bout du téléphone va me rejoindre, va comprendre ce
que je lui dis. C'est cela votre problème et le problème exact,
je le donne comme il est. Dans ma région, en Haute-Mauricie, quand il a
été décidé d'augmenter de 400 $ les bourses et
les prêts pour les jeunes à travers le Québec pour
les régions éloignées, c'est une région qui a
été oubliée. Il faut donc se mettre au travail, faire des
pressions, les organismes de pression et autres, pour arriver aux fins que,
normalement, le gouvernement aurait dû comprendre, que c'est une
région éloignée. C'est peut-être là le
problème de qui que ce soît et je ne fais pas mention du
gouvernement actuel ou du gouvernement passé. Je pense que c'est le
problème de toute personne qui vit en région
éloignée? elle ne se sent pas loin, mais on lui donne
l'impression qu'elle est loin. Dans ce contexte, il faut donc aller les voir et
s'assurer que les services qu'on donne partout ailleurs, si on veut être
équitable, ils les aient aussi.
Donc, l'autre partie à laquelle je veux toucher touche aussi ma
région qui est proche de Québec, cette fois-ci, et qui m'a
toujours été très chère. Il y a eu formation de
comités à travers le Québec qui se sont appelés
Action-Chômage. Les jeunes de mon coin m'avaient dit, à un moment
donné, qu'ils n'aimaient pas ce mot et qu'ils voudraient un autre mot.
Finalement, ils ont trouvé un mot équivalent à celui de
chez vous: Au lieu d'être Action-Travail, cela a été
Alternative-Travail. Donc, ce sont des gens qui ont dit: On veut se prendre en
main. Les ressources qu'on devait leur donner, ce sont des ressources
qu'eux-mêmes mettaient en place. Nous avons aidé ces gens à
le faire, ils ont été subventionnés et, comme on le disait
cet après-midi, ces gens avaient la pleine liberté - bien
entendu, selon un contrat bien signé -d'utiliser les sommes d'argent
pour justement faire ce dont vous parliez au début de votre allocution.
Je vous pose une question bien précise. Vous regroupez les groupes
Action-Travail dans votre région; est-ce que ces groupes sont
aidés actuellement? Quelle aide reçoivent-ils? Doivent-ils
quêter, comme vous avez semblé le dire tout à l'heure, tous
les ans les sommes nécessaires pour fonctionner?
M. Comeau: II n'existe pas de subvention qui aide le regroupement
Action-Travail à fonctionner. Par exemple, il n'y a pas de permanence au
regroupement Action-Travail, mais il y a quand même des services qui sont
là, qui sont parrainés par Action-Travail; on parle du Groupe de
soutien aux initiatives jeunesse, on parle des services externes de
main-d'oeuvre, ou des choses comme cela, qui sont strictement parrainés
par Action-Travail. À l'heure actuelle, on n'y retrouve aucune
permanence, aucuns frais de déplacement. Donc, ces organismes sont
appelés à se défendre continuellement, chaque
année, pour obtenir de l'argent pour fonctionner.
M. Jolivet: Dans le passé, ils en avaient.
M. Comeau: Dans le passé, il existait des programmes du
provincial ou du fédéral pour travailler une vingtaine de
semaines comme notre ami Sylvain l'a mentionné tantôt, mais cela
se limitait à cela, tout simplement.
M. Tanguay: J'aimerais compléter, peut-être.
Le Président (M. Marcil): II vous reste une minute.
M. Tanguay: Pour compléter sur cette question, je voudrais
dire que les groupes Action-Travail ont déjà été
financés pour un an, à la suite d'une demande de subvention
commune. C'était le gouvernement du Parti québécois,
à ce moment-là, qui était au pouvoir. Par la suite, le
programme a été modifié et est devenu un GSIJ qui a
commencé à être mis en application par le gouvernement du
Parti québécois et maintenant par le gouvernement du Parti
libéral. Il faut dire que le GSIJ comme tel touchait un aspect du groupe
Action-Travail, l'aspect de création d'emplois, de soutien technique,
etc., sauf qu'il a oublié tout l'aspect de l'animation, de
l'intervention sur le terrain auprès des jeunes. Face à cela, les
groupes Action-Travail comme tels ne sont plus subventionnés; par
contre, ils parrainent les GSIJ et ont des comités "aviseurs". La
structure a changé un peu. Face aux recommandations que les groupes
Action-Travail ont faites dans la demande de subvention commune et, par la
suite, sur d'autres programmes, cela a été très peu
écouté ou écouté en partie quant à l'aspect
de l'entrepreneurship chez les jeunes.
M. Jolivet: C'est ce qui fait en sorte que vous avez actuellement
des problèmes. Est-ce qu'il n'y a pas une crainte, justement, face au
Conseil permanent de la jeunesse, que vous voulez exprimer?
M. Comeau: S'il existe éventuellement un Conseil permanent
de la jeunesse et qu'en-dessous de tout cela il n'y a pas d'organisme solide,
compétitif et à l'écoute des jeunes, selon moi, ce sera un
gros zéro complètement, ce Conseil permanent de la jeunesse. Je
pense à un conseil permanent qui va rejoindre les jeunes, par exemple,
dans les brasseries ou des choses comme cela, faire de l'animation sur le
terrain; on pense aux paroisses beaucoup plus éloiqnées, tout
simplement. Tant que les organismes communautaires à but non lucratif ne
seront pas assez solides, je ne crois pas vraiment à la pertinence d'un
tel conseil.
Le Président (M. Marcil): Merci
beaucoup, M. le député de Laviolette. MM. les
députés ministériels, il vous reste deux minutes pour
conclure. On a déjà dépassé le temps.
M. Bélisle: Messieurs, on vous remercie beaucoup d'avoir
été présents ici, ce soir, et de nous avoir exposé
votre position. Veuillez croire que ce n'est pas, de notre part, une tentative
de poser des questions auxquelles on a déjà les réponses,
même si je pense que c'est important quelquefois de vérifier
certains doutes ou de faire certaines recherches à fond. J'ai compris
votre message, vous nous dites que vous voulez de l'action sur le terrain, ce
qui n'a pas été fait par les gouvernements
précédents. Vous voulez que les choses bougent, c'est ce que j'ai
pu comprendre de votre intervention. Je vous remercie grandement d'être
venus, cela m'a permis, encore une fois, de vérifier - et non pas de
faire une prise de conscience ce soir - ce que j'ai vérifié au
LacSaint-Jean cet automne, ce que j'ai vérifié en d'autres
endroits, que tout ce qu'on a fait au Québec au cours des vingt
dernières années... Je remémorais à la
députée de Chicoutimi, en 1978, un document biblique qui a
été écrit par Bernard Landry en deux tomes, avec ça
d'épais de pages, qui s'appelait "Bâtir le Québec". Je vous
recommande fortement de le lire d'un couvert à l'autre; je l'ai fait,
moi, et je peux vous dire qu'en fait d'inepties économiques pour le
développement économique des régions au Québec,
c'est une nullité monumentale. Je suis convaincu que ce que les jeunes
des régions et ce que les régions veulent, ce ne sont pas des
Bibles, mais une recette comme quand ma mère prépare son sucre
à la crème: facile, avec des étapes claires et de
l'action. Merci, messieurs.
M. Tanguay: Des recettes, on en...
M. Bélisle: On va aller vous voir. C'est pour cela que
l'on fait cela.
Le Président (M. Marcil): Oui, M. le ministre. Juste une
seconde... Vous voulez conclure tout de suite, madame? Je vais revenir à
vous après, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Blackburn: Je sais que j'ai dépassé mon temps.
Je voulais juste vous remercier. Le député de Mille-Îles,
je pense, disait tout à l'heure qu'il comprenait un peu l'effort que
vous avez dû faire pour vous déplacer parce que vous venez d'une
région éloignée. Je me dis que cela ne m'étonne pas
parce que je sais que les gens qui viennent des régions
éloignées savent en sortir et savent se déplacer. Il
semble toujours que ce soit moins loin pour eux de venir à Québec
que pour Québec d'aller chez eux.
Une voix: Par Quebecair.
Mme Blackburn: C'est toujours la même chose. Oui, par
Quebecair, cela va encore moins vite. Ce n'est pas moi qui ai fait la
référence. Je vous remercie infiniment, au nom de ma formation
politique. Je sais, vous l'avez souligné, que vous n'attendez pas les
solutions d'en haut. Vous attendez simplement qu'on accorde l'appui qu'il faut
pour mettre en application les bonnes idées que vous avez. C'est ce que
je retiendrai.
Le Président (M. Marcil): En conclusion, M, le
ministre.
M. Gratton: Je voudrais très simplement, M. le
Président, dire à nos invités du Comité
spécial des orqanismes jeunesse de la région 01 que leurs
députés, M. Beaudin, de Gaspé, et M. Levesque, de
Bonaventure, s'excusent de leur absence. Les deux sont retenus ailleurs et,
notamment, le député de Bonaventure est en commission
parlementaire ailleurs afin de défendre les engagements financiers de
son ministère.
Je vous prie de nous croire, nous considérons que votre rapport a
été extrêmement positif à nos travaux et soyez
assurés que vos recommandations, vos réflexions feront l'objet
d'une considération très sérieuse de la part du
gouvernement avant l'adoption du projet de loi 104. Merci.
Le Président (M. Marcil): M. Tanguay, M. Comeau, merci
beaucoup de votre participation et bon voyage de retour.
Nous suspendons pour une minute pour permettre à l'autre groupe,
Contact-Jeunesse Sainte-Foy Inc., de prendre place.
(Suspension de la séance à 21 h 12)
(Reprise à 21 h 15)
Le Président (M. Marcil): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous invitons Contact-Jeunesse Sainte-Foy Inc., à prendre
place.
Contact-Jeunesse Sainte-Foy Inc.
Mme Hélène Gagné et Mme Sylvie Demers, bienvenue
à notre commission parlementaire. Nous vous remercions d'avoir bien
voulu accepter notre invitation. Sans plus tarder, on vous laisse la parole.
Qui commence?
Mme Gagné (Hélène): Nous allons tenter
d'être très brèves.
Le Président (M. Marcil): Vous avez 20 minutes pour votre
exposé.
Mme Gagné: On va vous laisser plus de temps pour les
questions. Vous pourrez terminer à l'heure que vous voudrez.
Contact-Jeunesse Sainte-Foy, vous avez dû le lire dans notre
mémoire, est un organisme qui s'occupe d'aider les jeunes à
partir en affaires. On est communément appelé un groupe de
soutien aux initiatives-jeunesse et on travaille au niveau de la
Communauté urbaine de Québec. On représente les
intérêts d'à peu près 400 jeunes qui sont venus nous
rencontrer depuis le début de nos activités et qui avaient des
projets d'entreprises. Comme vous avez pu le voir, la question qui nous
préoccupe te plus, c'est nécessairement la création
d'emplois par le biais de la création d'entreprises. Dans le
mémoire, les questions qu'on se pose concernent le mandat du Conseil
permanent de la jeunesse, la détermination des priorités et les
moyens d'action que le Conseil permanent de la jeunesse désire se donner
pour mettre en oeuvre les nombreuses recommandations qui seront émises
par les jeunes et le conseil.
Mme Demers (Sylvie): Le mandat, comme le dit Mme Gagné,
nous est apparu très large. Si je reprends les paroles de M. Bourassa ce
matin, il a mentionné que ce serait un outil de progrès. Cela
servirait au niveau de l'intervention auprès des jeunes. On pourrait
recommander, en fait, des actions. Je n'ai retenu que certaines phrases. Ce que
nous n'avons pas retrouvé, c'est le mode de fonctionnement de tout cela
parce qu'il existe, quand même, 500 autres groupes, si on peut dire, qui
s'occupent des jeunes. Il existe différents paliers gouvernementaux,
privés ou parapublics, qui sont déjà là. On s'est
demandé: C'est quoi, les liens? On ne les voyait pas. Quels sont les
liens qui pouraient être établis en vue de faire quelque chose
ensemble? C'est surtout l'articulation du Conseil permanent de la jeunesse avec
ce qui est déjà en place. On l'a déjà dits On a
monté des dossiers et des recherches ont été faites.
Est-ce que c'est nécessaire de reprendre tout cela? Je pense qu'il y
aurait nettement une perte de temps si c'était fait.
C'est un peu pour cela qu'on y est allé avec des questions. Cela
a peut-être l'air un peu pêle-mêle, mais c'est cela qu'on a
mal cerné, le mandat et le comment des choses. Quand on parle
d'établir des liens avec ce qui est déjà là, avec
des groupes, avec des intervenants, je ne sais pas, mais cela pourrait
probablement se faire, comme on l'a dit, par de la concertation. Je pense que
cela va de soi. Mais la concertation, encore là, on y a vu certaines
difficultés. Le meilleur exemple que je peux donner, c'est du
côté de l'emploi puisque c'est celui que je connais le plus, si on
parle de création d'emplois par la création d'entreprises. Chez
nous, pour offrir un service professionnel - en tout cas, on espère
qu'il l'est - un service de qualité, on a besoin de collaborer avec des
intervenants, vous vous en doutez, soit des directions du MIC, du MMSR, parce
qu'on a des programmes avec lesquels on travaille, mais également des
firmes professionnelles, des gens d'affaires, des commissariats industriels,
etc. On trouve difficile de pouvoir regrouper ces gens-là tous ensemble.
On les voit séparés; cela va, mais on ne les a jamais eus
ensemble. Souvent, sur le même dossier, on peut être appelé
à avoir des conseils, des expertises diverses pour monter le dossier en
question. Ce n'est déjà pas facile de le faire.
J'ai pris cet exemple pour vous montrer à quel point je trouve
cela aussi difficile dans ce contexte parce qu'on ne voit pas certains volets.
Mme la députée - j'ai trouvé cela intéressant; cela
pourrait se faire - a parlé de deux volets, l'adolescence et l'emploi.
C'était quand même très large. Déjà,
là, c'est plus précis. Ce qui nous manquait peut-être, ce
sont ces précisions. Qu'est-ce que ce serait au juste dans
l'application?
On a aussi posé une autre question: Quels sont les
mécanismes prévus dans la détermination des
priorités? Nous pensons que les priorités, ce devrait être
le Conseil permanent de la jeunesse qui devrait au moins les établir. Ce
qui m'a fait un peu peur, c'est que l'article 29 dit "avec l'autorisation du
ministre". Je me suis demandé au sujet des priorités: Est-ce que
c'est le ministre qui décide quel dossier sera priorisé avant un
autre? Ce qui risque d'arriver, c'est que le gouvernement, il me semble,
s'ingère, en tout cas, à ce niveau, parce qu'il y a
sûrement des pressions qui peuvent être faites par certains groupes
de jeunes qui vont travailler avec le Conseil permanent de la jeunesse qui vont
purement dire: Écoute, ce dossier presse ou un tel autre, ça
chauffe également. On le sait, il y en a toujours plusieurs à la
fois. Même par secteur, cela peut arriver. Je prends toujours l'exemple
de l'emploi. Est-ce que ce serait un problème de création
d'emplois, un problème de création d'entreprises? Est-ce qu'on
s'occuperait des fonds d'investissements régionaux? Est-ce qu'on
s'occuperait également de dossiers pilotes, de projets pilotes, de
dossiers généraux? Déjà, dans un secteur on
retrouve peut-être un tas de problèmes, un tas de dossiers. C'est
important de s'arrêter à cela. Qui fixe les priorités?
Ce matin, M. Bourassa, encore, a parlé du partenariat. J'aurais
dû reprendre ce terme tout à l'heure quand j'ai parlé de
concertation, quand j'ai dit: Ces intervenants, qu'est-ce qu'on fait avec? On
en a besoin. Il faut les sensibiliser aussi. C'est beau de dire: On va
être partenaires, on va faire quelque chose ensemble, mais on ne peut pas
leur
tordre le bras s'ils ne s'intéressent pas à cela. On
risque de toujours se retrouver, il paraît... En tout cas, on m'a dit
cela parce que moi, je ne connais que la question de l'emploi. On m'a dit
qu'aux tables de concertation, c'est toujours les mêmes gens qu'on
retrouve, supposément. À ce moment, cela risque d'être
toujours les mêmes leaders, les mêmes idées, les mêmes
dossiers qui sont poussés. Cela veut dire qu'il faut aller en chercher
d'autres que cela. Je pense que cela est difficile. C'est beau en
théorie, mais qui le fait et comment se font tous ces liens?
J'essaie de résumer toutes les questions contenues dans les
premières pages. C'est un peu cela qu'on voulait dire.
Mme Gagné: En page 4, on fait un certain nombre de
recommandations sur le Conseil permanent de la jeunesse. Je voudrais vous en
faire une lecture rapide. Pour nous, c'est nécessaire que, justement, le
conseil déborde un peu le mandat pour lequel il a été
créé, le cadre pour lequel il a été
créé, c'est-à-dire qu'il devra s'engager sur des actions
concrètes et non pas sur des questions générales. Par
exemple, le problème de la création d'emplois et tout cela, je
pense que les gens connaissent la situation, les jeunes surtout. Je pense que
c'est nécessaire maintenant de mettre sur pied des actions
concrètes: projets pilotes ou autres.
Aussi, sur la représentativité des intérêts
des jeunes, on croit qu'au-delà de l'importance de la
représentation territoriale, régionale et tout cela, il y a des
grands secteurs qui se doivent d'être respectés, entre autres, le
démarrage de l'entreprise jeunesse. On espère, justement, que ces
dossiers prioritaires auront une place prépondérante par rapport
à une représentativité régionale.
Comme le mentionnait Sylvie aussi, il doit s'adjoindre les
réseaux. Nous, on développe plus particulièrement les
réseaux sur la création d'emplois, la création
d'entreprises. On croit que vraiment il y a une nécessité de
s'implanter localement et régionalement avant de penser pouvoir faire
sortir vraiment des dossiers importants au niveau provincial ou national. Je
pense que les organismes doivent vraiment travailler rapidement à
s'implanter localement.
Assurer sa crédibilité auprès des jeunes,
nécessairement, par l'expertise des gens en place. Donc, des gens qui
soient polyvalents, qui soient aussi représentatifs par les moyens
qu'ils veulent mettre de l'avant pour faire passer les dossiers des jeunes. On
parle de leur représentativité au niveau des réseaux
existants et de la pertinence des dossiers que les jeunes et groupes de jeunes
mettront sur pied. Donc, on insiste aussi sur le fait qu'on connaîtra
vraiment les priorités d'action des gens qui seront présents au
collège électoral, les moyens qu'ils comptent utiliser et que
vraiment même des priorités seront mises de l'avant par ces
gens.
Au niveau des priorités de Contact-Jeunesse, dans l'esprit de la
création du Conseil permanent de la jeunesse aussi, nous
espérons, justement, que la reconnaissance des groupes de soutien
viendra éventuellement en juillet prochain. Nous sommes assurés
d'un financement jusqu'en juillet. Nous voulons travailler aussi à la
mise sur pied du Conseil permanent de la jeunesse. Nous espérons
être encore là pour voir au bon fonctionnement du Conseil
permanent de la jeunesse. Nous désirons aussi qu'il y ait une
évaluation des programmes des organismes gouvernementaux qui existent
déjà. Souvent, on parle d'un guichet unique, des programmes et
tout cela. Je pense qu'il y a lieu d'avoir une réévaluation de
certains services gouvernementaux. Les centres Travail-Québec font du
placement, n'en font plus, Communication-Québec fait de l'information,
en fait moins, fait moins de recherche et tout cela. Je pense qu'il y a
peut-être lieu de délimiter le mandat de ces organismes et du
Secrétariat à la jeunesse aussi parce que, dans notre esprit, ce
n'est pas clair encore. Il y a des mandats qui se recoupent.
La nécessité d'études statistiques, cela pourrait
aussi être une priorité du Conseil permanent de la jeunesse. Nous,
on a besoin de ces outils pour asseoir aussi la crédibilité du
dossier démarrage d'entreprises. Souvent, les gens qui sont autour de
nous sont friands de statistiques. On n'a pas toujours les moyens de faire des
études globales au niveau des interventions et sur la
nécessité de créer des entreprises jeunesse. Pour nos
partenaires, cela peut être un moyen - en tout cas, pour nous - de
s'implanter localement et de se faire reconnaître par le biais de ces
études.
Je voudrais peut-être passer au dernier point qui est quand
même important, mais qui implique aussi un paquet de changements, c'est
de faire entrer dans le réseau éducationnel la formation au
démarrage d'entreprises: que cela n'arrive pas nécessairement en
dernier lieu, mais que ce soit partie intégrante des programmes de
formation au secondaire pour, entre autres, donner un appui au mouvement jeunes
entreprises. Cela veut dire aussi d'étendre la formation au
démarrage d'entreprises, à la création d'emplois, etc.
En gros, c'est à peu près cela. On ne veut pas
s'étendre, non plus, sur d'autres considérations. Ce sera
peut-être par vos questions que l'on pourra le mieux discuter.
Le Président (M. Marcil): Cela va. Merci beaucoup pour
votre exposé. M, le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. Quelques mots de
bienvenue à mes concitoyens de Sainte-Foy. La présentation du
mémoire, aussi succincte soit-elle, nous permet d'avoir un certain
optimisme vis-à-vis de la façon dont les choses se passent dans
le milieu jeunesse.
Pour avoir eu affaire à Contact-Jeunesse Sainte-Foy et avoir eu
des échos fréquents de la part de ceux qui ont été
en contact avec cet organisme, je sais que les services qui y sont rendus sont
des services nécessaires qui permettent, finalement, à des jeunes
de se débrouiller eux-mêmes et, comme on le dit vulgairement, de
créer leur emploi, de se rendre autonomes et de se valoriser.
Là-dessus, je voudrais vous féliciter et vous encourager
à continuer. Je sais que vous ne disposez pas de grands moyens pour
agir. Vous le faites avec les moyens du bord et, comme vous le disiez tout
à l'heure, vous êtes obligés de vous promener dans le
dédale des procédures administratives en cognant à une
porte et en vous faisant référer à la suivante qui n'est
encore pas la bonne, etc. Ce sont des problèmes auxquels vous avez
à faire face et que je suis le premier à déplorer.
Ce n'est pas une consolation, mais dites-vous que tout le monde a
à faire face à ces choses-là. Même le
député qui veut régler un problème se fait
référer d'un numéro de téléphone à
l'autre, d'un ministère à l'autre et, très souvent, d'un
ministre à l'autre qui dit: Moi, je ne m'occupe pas de cela, ce n'est
pas mon mandat, va voir mon collègue. Les difficultés qui sont
les vôtres sont finalement les difficultés que tout le monde vit
parce que, malheureusement, c'est comme cela que cela marche; c'est comme cela
que cela marche mal plutôt. Je pense qu'il y a moyen d'améliorer
cela et que, au fil des ans et au fil de l'expérience, on
développe des moyens, on trouve des raccourcis et on établit des
contacts; je suis sûr que vous en avez déjà
d'établis.
Tout à l'heure, vos réflexions avaient trait à la
largeur, à l'amplitude du mandat qui n'est pas bien défini en ce
qui concerne le conseil permanent. Je voudrais vous demander si vous n'y voyez
pas plutôt un aspect positif, dans ce sens que le gouvernement qui
crée cet organisme n'a pas l'intention de l'encarcaner, se disant: Les
jeunes sont ceux qui connaissent encore le mieux les problèmes de la
jeunesse. Est-ce que ce n'est pas à eux, justement, de définir ce
que sera le mandat du Conseil permanent de la jeunesse, car non seulement ce
mandat n'est pas défini, mais il sera sûrement variable dans le
temps parce que les problèmes évoluent et qu'aussi les solutions
aux problèmes évoluent? Ma question qui est déjà
trop longue est la suivante: Est-ce que ce n'est pas plutôt positif de
voir que le mandat est plutôt large - et je vous l'accorde - que
restreint et défini? Mme Demers, peut-être.
Mme Demers: Oui, sûrement. Je trouve qu'il y a une
volonté de changer quelque chose, c'est évident. Pour être
positif, cela l'est; on ne peut pas répondre autre chose, je pense.
Maintenant, peut-être qu'on a senti que le projet de loi était une
nouvelle structure donnée; c'est peut-être cela, comme vous le
dites. C'est certain que, s'il y a encore des choses à définir,
tant mieux. C'est pour cela qu'on a accroché, d'ailleurs, et qu'on a eu
de la difficulté même à dire autre chose que des questions;
c'est qu'on avait peu de réponses. On a senti comme une nouvelle
structure qui était déjà donnée et implantée
comme cela. On s'est dit: Tiens, ils nous amènent cela maintenant.
Qu'est-ce qu'on fait avec cela? (21 h 30)
M. Doyon: En fait, votre crainte est que ce soit, comme vous le
dites, une nouvelle structure, un nouvel organisme qui est plaqué
là et cela sans mode d'emploi. Évidemment, le mode d'emploi se
fera par "trial and error", c'est-à-dire en essayant des recettes qui
fonctionneront ou ne fonctionneront pas. D'ailleurs, des intervenants
précédents, que vous avez peut-être eu l'occasion
d'écouter, sont prêts à faire ces tentatives, ces essais et
veulent les faire. Ils ne tiennent pas du tout à ce qu'on les prenne par
la main, ils ne tiennent pas du tout à ce qu'on leur indique les chemins
à suivre. Je serais assez d'accord avec cela.
À titre d'exemple, je pense que, lorsque vous avez ouvert votre
boîte à Sainte-Foy, sur la rue du Long-Sault, et que vous vous
êtes lancés en affaires, ni plus ni moins, vous n'aviez pas de
recette toute écrite. Vous vous êtes retroussé les manches
et vous avez dit: Par quoi est-ce qu'on commence, où installe-t-on notre
bureau, etc? Après, on commence à établir des contacts et
à avoir une clientèle. Vous avez agi comme quelqu'un qui ouvre
son bureau d'avocat ou qui ouvre son bureau de dentiste au coin d'une rue ou un
commerce quelconque.
Dans ce sens, je serais intéressé à avoir vos
réflexions. Est-ce que votre mode d'emploi, à Contact-Jeunesse
Sainte-Foy, vous ne l'avez pas découvert vous-mêmes?Comme je le disais tout à l'heure, les échos que j'ai de ce
qui se passe chez vous sont positifs. Donc, vous avez trouvé un bon mode
d'emploi. Ne pensez-vous pas que le Conseil permanent de la jeunesse peut, lui
aussi, découvrir son mode d'emploi?
Mme Gagné: Tout à fait. Si on fait le
parallèle avec Contact-Jeunesse et les groupes de soutien, on a quand
même un mandat assez large, mais à Contact-Jeunesse on a su se
donner un cadre pas trop rigide.
À la fois, on a un conseil d'administration et une équipe
de jeunes avec laquelle on doit travailler, mais on n'a peut-être pas la
rigidité que le conseil permanent a dans ce que le projet de loi
propose. Il reste qu'il y a peut-être des modifications à faire
à ce niveau.
M. Doyon: Vous parlez de rigidité. Quelle est la partie de
cet habit, le projet de loi 104, qui vous semble trop serrée? Où
vous serre-t-il, l'habit? Où est-ce qu'il fait mal? Est-ce qu'il y a des
endroits où vous voudriez voir élargir les coutures?
Mme Gagné: Surtout sur la question de l'importance de la
participation du ministre ou du premier ministre qui doit déterminer les
priorités, qui doit nommer les membres du conseil, tout cela. Il reste
que, si c'est nécessaire, on doit vivre avec, sauf que, si cela peut
être possible d'éliminer ces barrières - car cela peut
être des barrières aussi - pourquoi ne pas le faire?
M. Doyon: Remarquez bien que je comprends votre
inquiétude, mais je ne trouve nulle part dans le projet de loi -
à moins que je ne l'aie mal lu - la définition des
priorités comme telles par le ministre. Le ministre doit donner son
autorisation pour que des comités spéciaux soient formés.
Mais au-delà de cela, la capacité de donner des avis de la part
du conseil est totale et peut aller dans tous les sens.
Mme Gagné: Sauf que, si la question qui est
déjà traitée doit être autorisée de la part
du ministre ou du premier ministre, déjà, cela enlève une
marge de manoeuvre.
M, Doyon: Je vous comprends. J'espère que l'habit qu'on
est en train de faire -c'est difficile de faire un habit qui fait à tout
le monde, c'est pour cela qu'il y a des numéros - sera suffisamment
confortable pour que les jeunes, dont vous êtes, et ceux qu'on a entendus
puissent s'y trouver à l'aise et faire tous les mouvements
nécessaires pour atteindre le but.
Au niveau des moyens d'action eux-mêmes, là encore
d'après ce que je comprends - je ne sais pas si vous avez la même
compréhension que moi - ce sera le conseil qui établira ses
propres moyens d'action. Le projet de loi ne va pas dans ces détails, ce
n'est pas le rôle du projet de loi de dicter au conseil permanent comment
s'acquitter de son mandat. Un peu comme vous, lorsque vous avez commencé
à Sainte-Foy - je pense qu'on aurait été malvenu
d'intervenir, car c'est ainsi que vous avez réussi à vous gagner
une crédibilité et à établir un certain nombre de
choses - vous avez inventé vos propres moyens d'action. Vous en avez
sûrement essayé qui n'ont pas fonctionné, mais vous en avez
découvert d'autres qui ont fonctionné et c'est à partir de
là que vous avez réussi à fonctionner. Ne pensez-vous pas
que cela pourrait être un peu le même processus en ce qui concerne
le conseil permanent? Peut-être que Mme Demers pourrait
répondre.
Mme Demers: Oui, c'est ce que je crois également. C'est
certain que, si le conseil permanent a une latitude suffisamment grande pour
mettre sur pied ses propres plans d'action... Il ne faut pas se leurrer: ce
sont les membres du conseil qui, selon moi, vont faire que le conseil va
être efficace; en tout cas, cela devrait être cela. Il peut y avoir
des gens en place qui ont du dynamisme, des idées et de l'énergie
à revendre, mais qui sont brimés quand même par des
autorisations qu'il leur faut demander. Quant aux comités qui pourraient
être formés, par exemple, s'ils ont des autorisations à
demander et qu'elles sont refusées et que le ministre décide:
Écoutez, on me parle de tel ou tel dossier qui est très pressant,
mats c'est celui-là qui passe avant, eh bien, cela va être lui.
Tant et aussi longtemps qu'il y aura une autorisation qui viendra de là,
on ne sait pas, mais selon moi, il y a une latitude qui n'est pas si grande que
cela.
M. Doyon: Ce que j'espère là-dedans -je pense que
les jeunes ont donné la preuve qu'ils sont capables de le faire; ils le
font avec les députés, ils le font régulièrement
avec les ministres - c'est qu'ils nous mettent dans des situations où
ils nous font la preuve que ce qu'ils veulent avoir est finalement
nécessaire et essentiel, et que le véritable choix de refuser une
autorisation n'existe pas vraiment devant la force de la démonstration
qui est faite. Un conseil permanent qui est fort - reprenez-moi si je me trompe
-devrait être en mesure d'imposer ses choix lui-même, dans le sens
qu'il ne faut pas que ce soit des caprices. Il faut que cela soit pensé,
que ce soit réfléchi, que ce soit fondé et bien
détaillé. J'ai confiance que les jeunes sont capables
d'établir des priorités de cette nature et, à partir de
là, d'imposer leur choix. Les autorisations seront, dans la plupart des
cas, une question de formalité à condition, comme je le disais,
que ce ne soit pas des caprices, que ce ne soit pas des lubies, qu'on fasse des
choix qui sont bien fondés. Est-ce que vous ne pensez pas que le conseil
pourrait fonctionner de cette façon et avoir cette force? Est-ce que ce
n'est pas, en tout cas, à souhaiter?
Mme Demers: Vraiment, c'est à souhaiter, oui.
M. Doyon: II y a une autre affaire que je voudrais savoir de vous
autres. Le mode
de nomination, la composition du conseil, vous semblez implicitement les
accepter puisqu'il n'y a pas de critique, comme telle, sur le collège
électoral, sur le choix des onze membres, etc. C'est une formule qui
vous paraît... Enfin, reconnaissons que c'est une formule qui est
innovatrice. Est-ce que c'est une formule avec laquelle vous êtes
d'accord fondamentalement, la façon de procéder pour nommer les
onze membres du conseil?
Mme Demers: Nécessairement, parce qu'on s'adresse vraiment
à des individus, comme on le mentionnait, ces gens devraient être
polyvalents. Ils devront déjà avoir clairement identifié
le genre de dossiers sur lesquels ils peuvent travailler, les priorités
qu'ils veulent aussi mettre de l'avant, les moyens concrets avec lesquels ils
peuvent travailler. Donc, qu'il y ait un nombre ou l'autre de
représentants, à moins que cela ne soit pas vraiment
représentatif, vraiment, les individus qui vont être choisis ou
sur lesquels les groupes vont avoir aussi à se prononcer
nécessairement, ce sera des gens qui devront garantir d'une certaine
façon aux organismes de jeunes que les dossiers vont être bien
menés.
M. Doyon: Cette réponse m'amène à une autre
question. Pour pouvoir évaluer la performance de ceux qui feront l'objet
de la confiance du collège électoral qui, lui, aura eu la
confiance d'autres personnes, il est essentiel, j'imagine, qu'on sache
où ces personnes veulent aller, quelles sont leurs priorités,
quel est leur programme. Est-ce que vous vous dirigez vers une espèce
d'obligation morale qu'il y aurait pour les aspirants, les candidats à
un siège au conseil permanent de faire connaître quelles sont
leurs priorités, quelles sont leurs orientations, quels sont les
domaines qu'ils ont l'intention de privilégie? Est-ce que c'est une
façon de faire qui vous paraît souhaitable?
Mme Demers: De toute façon, M. Martin Ouellet en faisait
état dans sa présentation. J'ai repris un peu son idée
parce qu'elle est excellente. Donc, je ne vois pas pourquoi cela ne pourrait
pas être une nécessité pour les jeunes qui veulent se
présenter d'avoir aussi un programme bien établi.
M. Doyon: Un programme d'action. Mme Demers: Oui.
M. Doyon: Je n'ai pas beaucoup d'autres questions. Est-ce que, de
votre côté, vous avez d'autres interrogations que celles que vous
avez soulevées dans votre mémoire? Évidemment, le conseil,
on le baptise comme tel; donc, ce n'est pas un organisme exécutoire qui
réalise des choses comme telles. C'est un conseil et, comme tel, il doit
se comporter en conseil avec tout ce que cela a parfois de restrictions ou de
frustrations, j'ai pleinement confiance que les jeunes, et vous en êtes
la preuve, sont capables de défoncer ce genre de barrières,
d'imposer leurs choix, d'imposer leur façon de faire les choses, leur
façon de les voir et de convaincre les membres du gouvernement ou le
ministre responsable, comme ils le font, je le disais tout à l'heure,
avec les députés, de leurs besoins, de ce qu'ils veulent.
Je suis content de voir que, grosso modo, vous êtes d'accord avec
le projet de loi. Sauf les quelques limitations que vous avez indiquées
et la preuve qu'il reste à faire - et on est bien d'accord avec cela,
que la preuve reste à faire, c'est le propre de tout nouvel organisme
d'avoir à faire la preuve de sa valeur - finalement, le modèle,
grosso modo, semble à peu de chose près vous convenir assez
bien.
Mme Gagné: De toute façon, le conseil va être
utile dans la mesure où les jeunes vont l'utiliser. Si, à court
terme et à moyen terme, il n'y a pas d'actions qui sont prises
rapidement par le conseil, les jeunes vont s'en désintéresser,
ils vont oeuvrer localement, ils vont essayer de survivre un peu par
eux-mêmes. Le conseil, ce sera une telle structure, mais qui sera
inefficace. Donc, c'est sur les actions concrètes que le conseil pourra
apporter à court terme qu'on verra si cette structure est vraiment
nécessaire ou pas.
M. Doyon: M. le Président, je n'ai pas d'autres questions
pour le moment.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le Président, je lis la page
frontispice du résumé et je fais le lien avec le groupe
précédent: "La sensibilisation doit céder le pas à
l'action concrète. Le travail autonome, tel que vécu par la
jeunesse depuis les dernières années, prend une nouvelle
ampleur." C'est au troisième paragraphe. Vous faites
référence là à l'entrepreneurship et je vous
félicite pour l'apport de votre document en termes concrets, parce que
c'est directement sur le terrain. Je vois que vous êtes orientés
vers des dossiers très précis, c'est-à-dire la
création d'emplois, de leur entreprise, de leurs "jobs", à eux,
les jeunes, le travail autonome.
Ce que je veux savoir: si on prend un budget de 1 350 000 $ et qu'on le
confie à cette nouvelle institution, le Conseil permanent de la
jeunesse, comment verriez-vous le partage du budget entre les dossiers
précis d'aide concrète et les dossiers de nature
sectorielle?
Quand je lis votre page 6, je comprends très bien ce que vous
avez comme problème. Quand vous me parlez de "la nécessité
d'études statistiques et d'analyses micro et macro-économiques
sur l'apport économique de l'entreprise jeunesse", j'imagine quels sont
vos problèmes quand quelqu'un vient vous voir et vous dit: J'ai une
petite idée, je voudrais créer ma propre entreprise quelque part.
Vous n'avez pas de statistiques, vous n'avez pas d'études de
marché, vous n'avez pas de budgets pour les faire, cela n'existe pas au
Québec, vous ne savez pas où vous retourner. Je vous pose comme
question: Que devrait-on faire avec le budget de 1 000 000 $?
Mme Demers: Je pense que ce n'est pas juste une question
d'argent. Vous avez pris notre exemple concret et je vais le prendre, moi
aussi, je vais continuer dans la même ligne d'idée. C'est vrai,
comme vous le dites, on n'a pas d'argent, on ne peut pas faire faire
d'études et souvent on n'a pas d'études. Par contre, ce qu'on a,
ce sont des ressources humaines. Autour de nous, il y en a un paquet. C'est
cela qu'on prend. On a des ententes de services - je ne les nommerai pas - avec
une firme d'avocats, avec une firme comptable connue et une firme de marketing.
On va autour de nous. On a une entente avec la CADEUL, on va dans le milieu
universitaire, on va dans les cégeps. Cela ne nous coûte
pratiquement jamais rien. Il faut dire qu'on a le don de trouver ces choses, on
travaille ces liens. C'est cela, cela ne nous coûte rien, excepté
des énergies.
Quand je parlais de partenariat, je pense que c'est cela que vous pensez
aussi, cela se fait. C'est sûr que c'est difficile de le faire à
court terme, mais je pense qu'il y a moyen de le faire. Mes questions
tantôt étaient: Comment fait-on pour sensibiliser tout ce beau
monde? Parce que c'est avec lui qu'on fait souvent quelque chose, ce n'est pas
seul. Ce n'est pas une structure qui est isolée du reste, selon moi.
M. Bélisle: Je trouve étrange que vous essayiez de
répondre à ma question en me disant: Comment fait-on pour
sensibiliser tous ces gens? II me semble que vous ayez réussi
jusqu'à maintenant,
Mme Demers: Oui, je pense. On essaie... (21 h 45)
M. Bélisle: Non, je sais que vous essayez. Je sais que ce
n'est pas facile, ce que vous faites. Mais les commissariats industriels ne
vous apportent pas des études de marché sur des... Quand des gens
vont vous voir et qu'ils ont une idée précise, ce n'est pas
quelque chose de très très large; c'est quelque chose de
très spécifique. Ils pensent à se créer leur propre
emploi. Les commissariats industriels n'ont pas cela sur des tablettes, les
études de marché. Je comprends que vous ayez un problème
d'agencement et de jonction entre tous ces services. Je vais vous poser la
question dans vos termes à vous. Si vous vouliez que ce service de
jonction vous soit donné avec le budget qui est prévu pour le
Conseil permanent de la jeunesse, est-ce que dans le 1 000 000 $ qui est
là, cela serait votre grosse priorité?
Mme Démers: C'est une grosse question que vous me posez
là.
M. Bélisle: C'est pour cela que je la pose, la
question.
Mme Demers: Bon, écoutez! Peut-être que j'ai
répondu partiellement tantôt à ce que vous m'avez
demandé. J'ai oublié de mentionner une chose importante. Il y a
les ressources qui sont les moyens, d'accord -moi, je vais appeler cela les
moyens ou les outils - mais il y a aussi les jeunes eux-mêmes parce que
c'est le jeune lui-même qui monte son dossier, d'accord? Si on parle du
Conseil permanent de la jeunesse, ce sont les jeunes aussi qui devront, en tout
cas, élaborer des plans d'action et, s'il y a des projets
spécifiques ou spéciaux, ils auront à y travailler aussi.
Mais cela va prendre autant des moyens financiers, comme vous le dites si bien
que de l'expertise. Cela dépend des priorités qui seront en
place. C'est très difficile de répondre dans l'immédiat.
Certains dossiers vont en demander plus que d'autres.
M. Bélisle: Peut-être une dernière question.
Les demandes de services qui vous sont adressées par les jeunes qui vont
vous voir à Contact-Jeunesse Sainte-Foy Inc., je suppose que cela touche
en grande partie -peut-être pourriez-vous me définir le
pourcentage - la région de Québec, ta région
immédiate de Québec ou seulement la région de
Québec?
Mme Demers: En termes de nombre de...
M. Bélisle: De potentiel de développement d'un
travail autonome, de créer une nouvelle entreprise, les jeunes qui vont
vous voir, qui vous demandent de l'aide?
Mme Demers: La clientèle est diversifiée. Ce sont
des bénéficiaires de l'aide sociale, ce sont des universitaires
qui ont des maîtrises, des MBA.
M. Bélisle: Tous des gens, cependant, qui voudraient dans
la région de Québec faire quelque chose...
Mme Demers: Exactement.
M, Bélisle: ...pour desservir la population de la
région de Québec. C'est bien cela?
Mme Demers: Principalement, oui. M. Bélisle:
Principalement, 90 %?Mme Demers: Oui. M. Bélisle:
D'accord, merci.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Chicoutimi,
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mesdames, cela me
fait plaisir de vous accueillir ici au nom de ma formation politique. Je dois
dire que j'ai beaucoup apprécié le mémoire parce que
l'impression qu'il nous laisse, c'est d'aller directement au problème et
de façon efficace, je dirais. Cela illustre probablement la façon
que vous avez de travailler au sein de votre organisation et cela explique
probablement également que vous soyez aussi efficace dans les services
que vous rendez aux jeunes qui désirent créer des
entreprises.
J'ai eu l'occasion de dire à un groupe qui vous a
précédées, les Groupes de soutien aux
initiatives-jeunesse, que leur survie nous tenait à coeur. Concernant la
remarque que vous faisiez tout à l'heure en ce sens que vous pourriez
avoir du financement au-delà du Ie juillet 1987, je voudrais vous
assurer que, sur cette question, on va être extrêmement vigilants.
Je le répète: Je ne pense pas qu'un organisme comme le
vôtre puisse bien servir les besoins des jeunes s'il était
intégré, par exemple, à un commissariat industriel.
Tout à l'heure, le député de Louis-Hébert
vous disait que le mandat du conseil n'était pas très
défini et qu'on comptait sur les jeunes pour le faire. Je pense que vous
avez vu juste. Il est très clair, le mandat. Il est très
défini et même il contient un certain nombre de pièges, si
je peux ainsi m'exprimer, et vous les avez bien trouvés. C'est l'article
27 qui, si le ministre ou le premier ministre s'en prévalait, pourrait
faire de cet organisme un organisme de recherche pour les fins d'un
ministère ou du premier ministre. Il n'aurait plus les moyens de
consacrer son temps ou son argent à autre chose. Tout à l'heure,
te député de Mille-Îles parlait d'un budget de 1 350 000 $.
À ma connaissance, on a plus parlé d'un budget de 800 000 $ et,
en recherche, vous n'allez pas très loin, avec cela.
Par ailleurs, vous avez, à l'article 29, le fait que le futur
conseil aura à demander l'autorisation au ministre responsable pour
créer des comités spéciaux, et on ne parle pas ici de
commissions. Je veux dire que c'est beaucoup de pouvoirs au ministre
responsable et peu de latitude, dans une certaine mesure, à ce conseil
consultatif.
Je voudrais un peu vérifier avec vous, quelque chose que j'ai vu
dans votre mémoire; c'est dans votre conclusion. C'est plus
là-dessus que j'interviendrais parce que cela résume assez bien
votre pensée et votre première recommandation en page 7: "Que
l'information sur le Conseil permanent de la jeunesse, sur ses mandats, sa
constitution, ses moyens d'action et priorités soit
véhiculée publiquement et discutée avant sa mise en place
définitive."
Donc, ce que vous nous dites, d'une part, ce n'est peut-être pas
vraiment cela la priorité, et, avant de passer à l'action et de
créer le conseil, il faudrait vraiment qu'il y ait une consultation qui
aille bien au-delà de la présente commission parlementaire.
Est-ce ce que je dois entendre là?
Mme Gagné: Oui, je crois. Mme Blackburn: Oui?Mme Gagné: Tout à fait.
Mme Blackburn: Sur la seconde recommandation, vous dites: "Que la
détermination des priorités s'effectue sur des actions
concrètes..." Comme l'organisme-conseil dont on parle est un
organisme-conseil consultatif au ministre, comment envisagez-vous la
possibilité qu'il puisse faire des actions concrètes?
Mme Gagné: Que la détermination des
priorités s'effectue par rapport aux dossiers que les jeunes apporteront
au conseil.
Mme Blackburn: D'accord. Donc, que les priorités soient
établies par eux et que ce soit plus immédiatement utilisable par
rapport aux résultats des recherches.
Mme Gagné: Mais qu'au moins les individus, les organismes
et les réseaux d'organismes aient tous ce pouvoir d'apporter des
dossiers concrets.
Mme Blackburn: Donc, c'est davantage pour illustrer la
nécessité d'une collaboration, non seulement avec les organismes
jeunesse, mais avec différents organismes.
Mme Gagné: Comme je le disais: individus, organismes seuls
ou réseaux.
Mme Blackburn: D'accord. À votre recommandation 3, vous
dites: "Que sa
structure demeure à la fois souple et bien intégrée
aux différents paliers décisionnels. Il faudrait probablement que
je revienne au texte. À quoi songiez-vous?
Mme Gagné: Que le cadre soit assoupli et bien
intégré aux différents paliers décisionnels pour
que les groupes de jeunes, organismes, etc., n'aient pas non plus à
faire cheminer les dossiers par le biais de plusieurs intervenants. On pense
aux cabinets ministériels, au Secrétariat à la jeunesse,
aux députés, etc. Que ce soit assez souple pour permettre que
l'ensemble de ces intervenants soient mis au courant et aient à se
prononcer sur ces dossiers.
Mme Blackburn: Qu'ils soient plus en ligne directe, donc,
avec...
Mme Gagné: En ligne directe, oui.
Mme Blackburn: ...plutôt que de passer par des
intermédiaires.
À votre quatrième recommandation, vous dites: "Que ses
membres fassent preuve d'efficacité et d'efficience en conservant
l'autonomie qu'on leur réserve." Je m'interrogeais là-dessus. Il
y a eu une question du député de Louis-Hébert
également. Est-ce que l'on peut préserver cette autonomie des
membres avec le mode de nomination que prévoit la loi?
C'est-à-dire que les membres sont nommés, d'une part, au
collège électoral par le gouvernement et au conseil par le
ministre. N'y a-t-il pas danger de...?
Mme Gagné: II y a un danger certain. Ce sont
peut-être les gens qui vont réussir à se présenter
au collège électoral qui vont faire foi de tout, parce que c'est
peut-être la qualité de ces individus qui fera que le choix sera
même difficile pour le ministre. Donc, ce sera peut-être garant
d'un peu plus de respect de l'intérêt, de l'autonomie, et tout
cela, des jeunes.
Mme Blackburn: Plusieurs mémoires, pour ne pas dire la
majorité des mémoires -il faudrait que je les sorte -
suggèrent que les membres du collège électoral soient
élus par leurs pairs et qu'à même ce collège
électoral on élise les membres du conseil. J'aimerais avoir votre
opinion là-dessus.
Mme Gagné: L'élection...
Mme Blackburn: Plutôt qu'une nomination politique?
Mme Gagné: Cela dépend de
l'échéancier pour la mise en place de tout cela. C'est une
procédure plus longue, mais cela pourrait être intéressant
pour s'assurer d'une certaine représentativité que tous les gens
soient consultés, et tout cela.
Mme Blackburn: Dans votre mémoire, vous faites
également référence, pour exprimer une inquiétude,
d'après ce que j'ai cru comprendre, par rapport à la lenteur
d'une telle structure pour reconnaître et acquérir une certaine
crédibilité et une certaine efficacité, au Conseil du
statut de la femme, au Conseil des affaires sociales et de la famille. Soit dit
en passant, des rumeurs voudraient qu'on abolisse le Conseil des affaires
sociales et de la famille. Pour le moment, on ne sait pas si la recommandation
du rapport Gobeil d'en abolir une vingtaine sera suivie, mais celui-là,
semble-t-il, ses jours seraient comptés. Le ministre pourrait
peut-être nous le dire.
L'inquiétude qui était exprimée par plusieurs
jeunes, c'était que le conseil consultatif finisse par devenir le
porte-parole jeunesse et qu'il ait comme effet d'uniformiser le discours
jeunesse et, finalement, d'empêcher les multiples expressions des besoins
de la jeunesse qui sont fort variés d'avoir une place dans le discours
actuellement.
Mme Gagné: Les tribunes ne sont déjà pas
nombreuses. Ce que l'on remarque, même dans la région de
Québec, c'est que, nous, à Contact-Jeunesse ou dans les groupes
de soutien, quand on veut faire valoir un point de vue ou quoi que ce soit,
à la fois la couverture des médias n'est pas très
étendue et les tribunes sont peu nombreuses. Si le Conseil permanent de
la jeunessse devient la seule tribune, on risque d'avoir seulement certains
dossiers ou certains heureux élus qui vont pouvoir exprimer leurs
vues.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, vous disiez que votre
activité s'exerçait dans toute la région de Québec,
c'est-à-dire que n'importe qui, qu'il demeure à Limoilou ou
à Sainte-Foy, peut s'adresser à vous s'il a un projet de
création d'entreprise.
Mme Gagné: Sur ce qu'on appelle la rive nord de
Québec, il y a trois groupes: un à Portneuf, un à
Loretteville et un à Sainte-Foy. Donc, ta proximité
géographique fait en sorte qu'on couvre un bon secteur...
Mme Blackburn: Alors, vraiment, vous, c'est le grand
Québec métropolitain?
Mme Gagné: ...une partie de la Communauté urbaine
de Québec.
Mme Blackburn: D'accord. Vous parliez tout à l'heure de
façons d'ouvrir et de vous adjoindre les réseaux, et je trouve
que vous y attachez, avec raison, une importance très grande.
Effectivement, j'ai pu, à l'occasion, l'expérimenter: les
ressources sont là,
presque tout le temps, que ce soit dans les universités, dans les
collèges, cela existe. Il s'agit d'y aller, mais vous avez pu constater
que la démarche est souvent longue et, avant qu'on connaisse tout le
réseau des ressources, c'est une démarche qui a usé
quasiment une année de votre temps et peut-être que vous en
découvrez encore. Vous dites qu'on devrait en faire une priorité,
et cela ne coûte rien, effectivement. Mais comment un conseil comme
celui-là pourrait-il être utile dans une telle
démarche?
Mme Demers: Moi, j'y vois une utilité. Il est certain que,
suivant la structure - je reviens toujours à la structure parce que je
la vois mal encore - je dis que cela devrait faire partie tout au moins des
études qui devraient être faites, des recommandations et des
recherches également. De toute façon, pour aider à
élaborer des dossiers, des plans d'action ou certains moyens, il faut
nécessairement aller chercher la collaboration d'intervenants
très spécifiques. Il est certain qu'il ne s'agit pas de
développer des réseaux pour développer des réseaux,
mais d'aller chercher la collaboration des intervenants utiles pour mettre en
place, je dirais... Si on parle d'un projet-pilote ou d'autre chose, ou pour
régler certains problèmes, il y a sûrement moyen de
sensibiliser sur cela.
Mme Blackburn: Vous nous dites avoir de la difficulté
encore à voir quel rôle va jouer cette nouvelle structure. Comme
le disait un de mes amis, qu'est-ce qui va venir jouer dans une pièce
déjà encombrée, parce qu'on dénombre non pas 500
organismes, mais quelque 750, me dit-on. Le chiffre viendrait du
Secrétariat à la jeunesse. Ajouter un nouvel intervenant, alors
qu'il y en a de nombreux... Plusieurs organismes nous faisaient la remarque
qu'il aurait été probablement plus facile de cerner le rôle
que pouvait éventuellement jouer un tel organisme si le gouvernement
s'était d'abord donné une politique de la jeunesse dans laquelle
il aurait pu inscrire le rôle et les fonctions qui pourraient être
dévolus à un tel organisme. Je pense que lorsque vous faites...
Si je reprends votre recommandation 1, cela finit par ressembler à cela:
Commencez par nous dire ce que vous voulez faire avec cela et, après, on
pourra peut-être être d'accord avec vous autres.
Mme Demers: Oui, c'est cela qu'on veut dire, dans le fond.
Mme Blackburn: M. le Président, je laisserais la parole
à mon collègue.
M. Jolivet: J'espère que la crainte que vous avez de
l'autonomie du conseil, si jamais il était créé par la
loi, n'est pas due au fait qu'on ait voulu faire hara-kiri à trois
conseils de la langue française. J'espère que ce n'est pas cela
votre inquiétude.
Quand on faisait mention tout à l'heure qu'il n'y avait
pas...
M. Bétisle: Cela est subtil.
M. Jolivet: Très bien, merci beaucoup. On faisait mention
de ressources qui existent dans le milieu. Je l'ai vécu comme tel dans
une région qui est semi-urbaine, lorsque vous parlez d'entrepreneurship,
que cela soit urbain, semi-urbain ou rural, parce que c'était mon
secteur, urbain, semi-urbain. C'est surtout dans le secteur rural que les
difficultés sont les plus fortes. Il existe quand même des
ressources et votre préoccupation vise à les canaliser et
à ne pas les structurer au point qu'elles deviennent
fonctionnarisées. (22 heures)
On parlait tout à l'heure d'Action-travail ou
d'Alternative-travail de mon coin. Le problème qu'ils éprouvaient
provenait de fonctionnaires qui ne voulaient pas que ces gens existent, car ils
auraient fait la preuve par trois ou, comme le dirait quelqu'un de chez nous,
par l'absurde, qu'ils pouvaient accomplir trois fois plus de travail que le
travail fonctionnarisé. Donc, quand les fonctionnaires arrivaient dans
la machine pour apporter de l'aide à ces gens, ils bloquaient tout et il
a fallu se battre jusqu'au désespoir pour arriver à leur donner
au moins une chance. Ces derniers ont créé des emplois qui
demeurent actuellement: des petites coopératives comme dans le milieu du
textile où on disait que c'était fini. Ces gens y travaillent
actuellement; ils ont commencé avec dix emplois et ils sont rendus
presque à une vingtaine d'emplois.
D'autres groupes ont été mis en place, comme les
Incubateurs industriels, qui forment actuellement la relève
entre-preneurship, avec l'aide du cégep de Shawinigan et celle de
l'Université du Québec à Trois-Rivières, dans le
contexte où on a regroupé les ressources. Cela a
été le fruit d'un sommet économique, l'un des premiers au
Québec en régions. On a dit: On se prend en main chez nous et les
jeunes ont fonctionné en utilisant toutes les ressources du milieu, que
ce soit le commissariat industriel, la Corporation de développement
industriel au centre de la Mauricie, ou la société formée
ensuite, SOFICAR, qui vient en aide financière par les prêts
qu'elle fait en tant que société qui pourrait être une
banque ou une caisse. Les jeunes ont utilisé les services disponibles
dans le milieu, mais cela n'est pas suffisant. Il faut coordonner toutes ces
données de capacités et de ressources qu'on a dans le milieu pour
leur donner les moyens de faire eux-mêmes le cheminement qu'ils sont
capables de faire. Je pense que vous êtes un peu dans ce style.
Mme Demers: Oui, absolument. Vous traduisez ma pensée.
Quand j'en ai parlé en tout premier lieu, je l'ai peut-être mal
dit. J'ai parlé de développer des canaux, mais ce sont des
moyens. Ce sont les gens eux-mêmes qui vont monter quelque chose et qui
vont créer leur emploi, entre autres choses.
M. Jolivet: Ce qu'on appelle les PPE, chez nous, les petites
petites entreprises...
Mme Demers C'est cela. Ce sont les petites entreprises.
M. Jolivet: ...qui ont un, deux ou trois employés, mais
qui fonctionnent à temps plein.
Mme Demers: Oui.
M. Jolivet: L'un des exemples d'aide apportée, c'est
l'Incubateur industriel de la ville de Grand-Mère, qui est devenu un
incubateur régional et qui est actuellement sur le point de créer
200 emplois qui viendront s'ajouter aux 160 créés en l'espace de
deux ans et demi, simplement parce que ces jeunes veulent réussir. Ils
ont besoin d'aide. Quelle aide leur apporte-t-on? C'est par
l'intermédiaire de Codicem qui fait des études de marchés;
c'est un commissariat industriel. Ils vont chercher l'aide la où elle se
trouve, l'aide financière de SOFICAR et les autres programmes
gouvernementaux qui existent dont, malheureusement, quelques-uns
disparaîtront bientôt. Dans d'autres cas, c'est le fait que ces
gens ont été capables de canaliser.
Le beau de l'affaire, c'est que les municipalités ont
embarqué là-dedans. Au lieu de dire: Allez-vous-en, et, souvent,
à l'époque, les commissariats industriels - on les connaissait
par le ministère de l'Industrie et du Commerce - étaient de
grosses affaires. S'il n'y avait pas cela, il ne fallait pas les
déranger. Aujourd'hui, c'est plutôt l'inverse. Plus vous en aurez
petits, mieux cela va être, et les jeunes veulent embarquer
là-dedans. Donnons-leur les moyens de le faire. C'est ce que vous
cherchez. Vous dites: Si c'est ce que le conseil permanent vient nous aider
à faire, tant mieux. 5i ce n'est pas cela, qu'il ne vienne pas mettre
une structure additionnelle pour rien, qui va nuire plus qu'aider.
Mme Demers: Cela pourrait être cela. C'est- certain qu'il y
a encore beaucoup de choses à définir. Mais, si on l'applique
spécifiquement à ce que vous venez de dire, cela me fait penser
à quelque chose que j'ai vu récemment. Je vais donner mon exemple
et peut-être qu'on comprendra ce que je veux dire quand je parle de
partenariat ou de collaboration. ,
On nous a demandé récemmemt d'aider à
l'élaboration et à la mise sur pied d'une coopérative.
L'aide venait directement de la direction du ministère qui nous
subventionne, le MMSR qui nous demandait d'aller aider les groupes du secteur
de la basse-ville, ici, à Québec, en passant par un CLSC qui
aidait également au projet de coopérative. Si on regarde les
intervenants qui étaient là, il y avait nous, il y avait les gens
du CLSC, et il y avait même la Fédération des caisses
populaires qui a mis un certain montant pour aider. Il y avait des gens qui ont
aidé parce que c'étaient de jeunes décrocheurs, mais quand
je vous dis que c'est tous ensemble que l'on fait quelque chose, c'est comme
cela que je le vois. Je l'ai pris spécifiquement dans les dossiers pour
vous le montrer, mais il y a toutes sortes de choses qui sont
spécifiques. Il peut y avoir des dossiers généraux, des
projets pilotes, etc., mais ce n'est pas tout seul que l'on fait quelque chose.
Je n'y crois pas.
M. Jolivet: En fait, la Coopérative Quatre-Saisons, c'est
exactement la même façon. Avec l'aide du groupe des
coopératives du ministère responsable des coopératives qui
l'a aidée, ils ont mis tout le monde à la même place et ils
ont travaillé ensemble. Dans ce contexte-là, si vous ne voyez pas
dans la mise sur pied du Conseil permanent de la jeunesse comme une aide qui
vient s'additionner aux autres, si vous la voyez comme une entrave à ce
que vous faites actuellement, vous dites: Laissez-nous tranquilles. On va au
moins fonctionner avec ce que l'on a et on va essayer de se regrouper ensemble,
mais ne nous mettez pas une enfarge en plus. Mais, si cela a pour but de vous
aider à canaliser et à orienter l'ensemble dans ce
sens-là, tant mieux!
Un exemple typique: ce matin, j'étais à la
conférence de la chambre de commerce chez moi, et il y a un outil qui
est souvent mal utilisé, c'est le Centre de recherche industrielle du
Québec qui possède beaucoup de données sur les industries
au Québec, sur les capacités de pouvoir entrer sur le
marché, mais on ne va pas chercher les expertises là où
elles se trouvent.
Une voix: Je suis parfaitement d'accord.
Mme Gagné: Si le conseil permanent pouvait donner un avis
du genre: le CRIQ peut peut-être s'ouvrir aussi à la jeune
entreprise, déjà cela pourrait être un apport
extrêmement positif. Il faut amener des pistes pour que les
fonctionnaires et les gens en place s'ouvrent l'esprit, peut-être,
à la nécessité d'ouvrir les portes, les tiroirs, les
classeurs, etc.
M. Jolivet: Je vous donne seulement encore l'exemple
d'Alternative-Travail
Normandie. Le problème qu'ils avaient, c'était qu'au
départ il y avait des fonctionnaires haut placés qui refusaient,
et pourtant les fonctionnaires de notre région étaient d'accord.
Eux disaient: C'est un des moyens d'assurer une continuité au travail
que nous faisons. Ce n'est pas un moyen de nous tuer comme fonctionnaires. On a
toujours notre besoin et notre capacité de travail, mais il y a une
chose, c'est qu'il y a des gens qui ont des idées. Mettons-les ensemble
et canalisons ces idées. Cela ne coûte pas cher de les mettre en
pratique, compte tenu qu'effectivement les gens, avec l'aide du milieu, sont
capables de se lancer et, une fois partis, laissons-les aller, ils vont
réussir.
Le Président (M, Marcil): En conclusion, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Oui. Mmes Gagné et Demers, je vous remercie
infiniment de votre participation aux travaux de cette commission.
La perspective dans laquelle vous avez placé tout le débat
est fort intéressante et enrichissante. Les réserves que vous
avez par rapport aux effets que l'on pourrait avoir ou connaître dans un
plus ou moins court terme avec une telle structure ont été
exprimées également par plusieurs autres intervenants.
Si vous me le permettez, je vous invite à continuer le travail
que vous faites parce que j'ai suivi - je le disais tout à l'heure -les
résultats de vos travaux et c'est impressionnant. Comme vous l'avez
souligné, c'est de la création d'emplois qui ne coûte pas
cher et qui rapporte effectivement beaucoup.
Même si ce n'était pas exclusivement en termes comptables,
c'est beaucoup en termes de fierté qu'on est en train de donner aux
jeunes qui s'inscrivent dans une démarche de création d'emplois.
Alors, pour cela, je voudrais vous remercier et vous inviter à
continuer.
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la
députée.
M. Gratton: M. le Président, si on me le permet,
j'abonderai dans le même sens que Mme la députée de
Chicoutimi, peut-être en rassurant nos invités quant à la
survie de leur organisme et d'organismes semblables.
Je crois savoir que les négociations qui ont présentement
cours avec le ministère de l'Industrie et du Commerce donneront les
résultats escomptés et, donc, que les organismes de soutien aux
initiatives jeunesse pourront continuer d'oeuvrer et peut-être même
dans des conditions améliorées. Cela dit, j'aimerais vous
remercier très chaleureusement pour cette réflexion qui, en
quelque sorte, va au-delà de la création du
Conseil permanent de la jeunesse. Vous nous avez presque tracé un
certain nombre de priorités auxquelles devra s'attarder le Conseil
permanent de la jeunesse une fois qu'il aura été
créé.
Je voudrais simplement vous assurer dans la mesure où il m'est
possible de le faire que la création du Conseil permanent de la jeunesse
ne vise pas à simplement insérer un autre organisme entre les
intervenants du milieu et le gouvernement. Bien au contraire, il vise à
tenter de favoriser l'intervention plus directe des organismes auprès
des instances décisionnelles. Il n'est pas question pour le Conseil
permanent de la jeunesse de remplacer le travail que votre organisme et
d'autres font dans les régions, bien au contraire.
Compte tenu de l'heure, je vous remercie également d'avoir
accepté de déplacer votre "temps d'antenne". Quant à nous,
nous terminons sur une très bonne note. Merci.
Le Président (M. Marcil): Cela va? Merci beaucoup de votre
participation et bon retour.
Nous ajournons nos travaux à demain, 10 heures. Nous recevrons en
premier lieu les représentants de la Fédération des
associations étudiantes collégiales du Québec. Bonne
soirée!
(Fin de la séance à 22 h 11)