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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La séance est ouverte. Il me fait plaisir de constater encore une
fois le quorum. Je rappellerai le mandat que nous avons amorcé hier,
à savoir de procéder à l'examen de toute proposition de
réforme en matière de délimitation des circonscriptions
électorales en vue de dégager les consensus qui pourront faire
l'objet de modifications â la Loi sur la représentation
électorale.
Je rappellerais, pour le bénéfice des membres et de nos
invités, que l'horaire de nos travaux pour aujourd'hui est de 10 heures
à 13 heures et de 15 heures à 18 heures. Je demanderais au
secrétaire, M. Comeau, de bien vouloir nous faire part des
remplacements.
Le Secrétaire: Merci, M. le Président. On m'a
avisé que M. Boulerice (Saint-Jacques) était remplacé par
M. Dufour (Jonquière), M. Doyon (Louis-Hébert) par M. Poulin
(Chauveau), M. Godin (Mercier) par M. Rochefort (Gouin), M. Johnson (Anjou) par
M. Desbiens (Dubuc), M. Kehoe (Chapleau) par M. Camden (Lotbinière), M.
Laporte (Sainte-Marie) par M. Audet (Beauce-Nord), M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce) par M. Chagnon (Saint-Louis) et M. Vallières
(Richmond) par M. Saintonge (Laprairie).
Le Président (M. Filion): D'accord. Permettez-moi de
saluer à nouveau M. Côté, le Directeur
général des élections, ainsi que MM. Lemieux, Fournier et
Giguère qui S'accompagnent et leur équipe qui les entoure. Je
vous rappelle que nous poursuivons l'examen des questions contenues au document
de travail daté de janvier 1987 qui nous a été remis.
J'avais déjà inscrit, comme prochain intervenant, M. le
député de Laprairie. Cependant, je crois comprendre que M. le
ministre a certaines informations à livrer aux membres de la commission
à la suite des questions qui ont été posées hier
par M. le député de Gouin.
Mise au point sur le Secrétariat â la
réforme électorale
M. Gratton: En effet, M. le Président. Hier, le
député de Gouin s'interrogeait sur le personnel qui travaille au
Secrétariat à la réforme électorale. Je n'ai pas
saisi s'il suggérait qu'il y avait eu changement dans le statut du
secrétariat depuis le changement de gouvernement en décembre
1985. Je voudrais simplement rappeler qu'au lendemain de l'élection de
1976 le secrétariat relevait d'un ministre d'État, soit M. Robert
Burns. Le secrétariat a toujours relevé du Conseil
exécutif. Il n'y a donc eu aucun changement dans le statut du
secrétariat depuis le 2 décembre 1985 si ce n'est que c'est
maintenant un ministre déléqué. D'ailleurs, je pense que
mon prédécesseur était également ministre
délégué, soit M. Marc-André Bédard. C'est
dire que le secrétariat, dans son fonctionnement, dans son statut
juridique, a toujours été le même.
En ce qui a trait aux personnes qui sont présentement à
l'emploi du secrétariat, il y a d'abord Mme Francine Barry, une
professionnelle - non, vous allez voir, ce n'est pas long - agent de recherche
qui est au secrétariat qui avait été créé en
3 976. Mme Barry est arrivée en décembre 1977 et y est toujours.
Il y a également une secrétaire, une responsable du
secrétariat -secrétaire du secrétariat, il faut s'entendre
-Mme Muriel Tessier qui est là depuis 1980. Il y a eu depuis le 2
décembre dernier deux personnes qui ont travaillé à
contrat...
Une voix: 1986?
M. Rochefort: Décembre 1985.
M. Gratton: Oui, 1985, pardon.
M. Rochefort: Le décembre important.
M. Gratton: Oui, décembre 1985, important pour certains,
moins pour d'autres.
M. Rochefort: Important pour tout le monde.
M. Gratton: II y a eu Me Louis Rémillard qui a agi
à titre de secrétaire général associé. Il y
a maintenant Me Louise Cobetto qui est à contrat jusqu'au 1er mai,
à titre de conseiller juridique. Comme secrétaire,
rémunéré à même l'enveloppe budgétaire
de mon cabinet politique, il y a Mme Liliane Chalifour.
M. Rochefort: Secrétaire de quoi'?
M. Gratton: Secrétaire au secrétariat:
dactylographie, ce genre-la. Il y a également eu pendant une
période de six mois un fonctionnaire qui a été
prêté par le ministre des Affaires municipales, M. Michel Mercier,
qui a réintégré le ministère des Affaires
municipales.
C'est dire, M. le Président, que c'est là l'ensemble des
gens qui travaillent ou ont travaillé au secrétariat depuis la
dernière élection en 1985.
Si vous me le permettez, je voudrais simplement inviter le
député de Gouin - je le faisais hier - à éviter la
partisanerie dans nos discussions. Hier, il semblait laisser sous-entendre que
le fait que Me Louis Rémillard ait été président de
la commission politique du Parti libéral avait une incidence quelconque.
Je lui rappellerai simplement que le fait que Me Louis Rémillard ait
servi comme président de la Commission politique du Parti libéra!
du Québec ne remet aucunement en cause sa capacité de faire le
travail. Je vais simplement rappeler au député de Gouin que son
prédécesseur était un personnage associé de
très près au Parti québécois et que nous n'en avons
jamais de notre côté fait état dans le sens de prêter
quelque connotation partisane que ce soit au travail qu'effectuait cet
ex-candidat à la chefferie du Parti québécois qui, pendant
un certain temps, a été sous-ministre et secrétaire
général associé. C'est dire, quant è moi, qu'il n'y
a aucun élément pertinent qu'on peut tirer des personnes qui ont
oeuvré ou qui oeuvrent présentement au Secrétariat
à la réforme électorale. Il n'y a aucune pertinence sur le
contenu des discussions qui nous amènent ici en commission parlementaire
aujourd'hui. J'ose souhaiter qu'on pourra continuer de débattre les
propositions à leur mérite plutôt qu'en fonction de qui les
a formulées.
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Filion): Oui, M. le député
de Gouirt.
M. Rochefort: M. le Président, mon intention
n'était pas de soulever un débat, mais, puisqu'on nous fournit
les informations, j'aurai sûrement certains commentaires à faire.
Dans un premier temps, concernant la première intervention du ministre,
j'ai cru comprendre au début de sa présentation qu'il se
demandait si les questions que j'avais soulevées sur ce sujet hier
pouvaient être reliées au fait que je voulais laisser
sous-entendre que le secrétatiat avait changé de statut. C'est
bien cela que vous vouliez dire.
Oui, M. le Président, la réponse du ministre et les faits
nous prouvent que le secrétariat a changé de statut. Dans le
passé, le Secrétariat à la réforme
électorale était un secrétariat spécifique comme
celui du secrétariat de la ministre déléguée
à la Condition féminine, par exemple, et pour lequel on avait des
crédits a part. Ces crédits étaient étudiés
en commission parlementaire dans le cadre de l'étude des crédits
de l'ensemble des ministères et des activités gouvernementales de
façon spécifique et ad hoc. On sait que, maintenant, ce n'est
plus le cas.
Non, mais écoutez! Je m'excuse de vous l'apprendre. Vous n'avez
plus de crédits spécifiques identifiés au
Secrétariat à la réforme électorale. Vos
crédits sont maintenant intégrés aux crédits du
Conseil exécutif et sont étudiés dans le cadre des
crédits du premier ministre responsable du Conseil exécutif.
M. Gratton: Mais cela n'a pas toujours été comme
cela?
M. Rochefort: Non, avant le ministre responsable de la
Réforme électorale avait des crédits ad hoc et venait les
défendre comme le ministre des Affaires sociales...
M. Gratton: II venait les défendre où?À la commission parlementaire qui étudiait les
crédits du Conseil exécutif.
M. Rochefort: Oui, mais, comme pour la ministre
déléguée à la Condition féminine, un moment
spécifique était prévu. Ce n'était pas
étudié dans le lot.
M. Gratton: Je regrette, M. le Président.
M. Rochefort: II y a eu un changement.
M. Gratton: Je regrette, mais je dois rappeler au
député de Gouin que la façon d'étudier les
crédits du Conseil exécutif - on sait que c'est le premier
ministre qui en répond - c'est à la demande de l'Opposition,
c'est comme cela que ça se passait avant décembre 1985 et c'est
encore comme cela que ça se passe 'aujourd'hui. Il appartient à
l'Opposition d'inviter les membres du Conseil exécutif, qui
répondent d'une partie des crédits du Conseil exécutif, de
venir les défendre ici à la commission parlementaire. Si, l'an
dernier - parce que c'est le seul exercice, c'est la seule occasion où
on a étudié des crédits depuis l'arrivée du nouveau
gouvernement - l'Opposition n'a pas choisi de m'inviter à titre de
ministre délégué à la Réforme
électorale a venir défendre les crédits du
Secrétariat à la réforme électorale, ce n'est pas
à nous qu'il faut le reprocher. Les crédits du Secrétariat
à la réforme électorale sont comptabilisés
séparément, de façon distincte dans les crédits du
Conseil exécutif, et cela n'a pas changé, je l'affirme, M. le
Président. Il appartient à l'Opposition ou à un membre
de
l'équipe ministérielle également qui voudrait faire
l'étude exhaustive des crédits du Secrétariat a la
réforme électorale de simplement l'indiquer au moment où
les partis, le gouvernement et l'Opposition, s'entendent sur la façon de
procéder à l'étude des crédits du Conseil
exécutif.
M. Rochefort: Si on me permet...
M. Gratton: Absolument rien n'a changé, je pense qu'il est
important de le souligner.
M. Rochefort: Si on me permet de poursuivre, M. le
Président, oui je maintiens qu'il y a eu un changement, notamment celui
que j'ai décrit, et, contrairement à ce que le ministre affirme,
on ne vient pas défendre des crédits; on ne parle pas de
crédits additionnels supplémentaires pour lesquels les ministres
doivent être convoqués pour venir pendant cinq heures
étudier les crédits en commission plénière
où, là, ils doivent être convoqués. On parle des
crédits réguliers des ministères. On n'a jamais eu besoin,
dans le passé, de convoquer le ministre délégué
à la Réforme électorale. Ses crédits étaient
identifiés et il devait venir au même titre que n'importe quel
autre ministre comme c'était le cas pour l'ensemble des crédits
du Conseil exécutif, qui étaient ventilés de façon
spécifique. Il est faux de prétendre que le premier ministre
venait défendre les crédits de la ministre
déléguée à la Condition féminine, du
Secrétariat à la réforme électorale et des choses
comme cela.
Deuxièmement, M. Président...
M. Gratton: M. le Président, je m'excuse.
M. Rochefort: Laissez-moi au moins compléter mon
intervention, M. le Président.
M. Gratton: Sur une question de règlement.
M. Rochefort: Sauf erreur, je n'ai pas interrompu le ministre
pendant sa présentation.
M. Gratton: Bien oui, mais si vous affirmez des choses qui ne
sont pas...
M. Rochefort: Non, non, mais quand même...
M. Gratton: ...véridiques.
M. Rochefort: Puis-je poursuivre mon intervention?
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouin, vous pouvez poursuivre.
M. Rochefort: Deuxièmement, M. le Président, depuis
le départ de M. Rémillard, si je comprends bien, il n'y a pas de
secrétaire général associé qui coordonne les
activités du Secrétariat à la réforme
électorale. Qui coordonne cette équipe? II serait important de le
savoir.
Finalement, M. le Président, je dois souligner ma très
grande surprise et ma désapprobation totale quant au fait que la
personne payée par la masse salariale de cabinets politiques se retrouve
dans le personnel d'un secrétariat gouvernemental pour y exercer des
fonctions gouvernementales. Pour moi, c'est mêler les genres de
façon dangereuse et c'est prêter flanc inutilement, si jamais on
n'a pas une mauvaise intention, ce que je peux être prêt à
croire de la part du ministre.
M. Gratton: Peut-être, oui.
M. Rochefort: C'est faire exprès pour prêter flanc
à des situations qui soulèvent de la controverse. Je pense que la
masse salariale du ministre, comme ministre, de son cabinet politique et pour
des fins politiques, devrait être distincte et des activités et du
personnel du Secrétariat à la réforme
électorale.
Quant à M. Louis Rémillard, oui, pour nous, c'est une
donnée... D'abord, je veux rectifier un élément qui a
dû échapper au ministre: M. Rémillard n'était pas
président de la commission politique, M. Rémillard était
président de la commission juridique, donc, l'avocat en chef du Parti
libéral et, à ce titre, il n'avait pas la distance que, par
exemple, le président de la commission politique avait sûrement
entre sa responsabilité dans sa formation politique et l'activité
électorale sur le plancher des vaches, qui est celle qu'a
obligatoirement l'avocat en chef d'une formation politique, parce que, tous les
jours, il est en contact avec les organisateurs électoraux sur les plans
national, régional et local du parti et il est en contact avec les
bureaux du Directeur général des élections et avec ses
vis-à-vis, partisans politiques des autres formations politiques. Pour
nous, ce n'est de même nature.
C'est une donnée qui, pour nous, fait partie du décor.
Mais c'est clair que les débats qu'on a menés jusqu'à ce
jour sont sur le fond des arguments du document.
M. Marcil: II a nommé un ancien ministre...
M. Gratton: Est-ce que M. le député a
terminé?
M. Rochefort: Est-ce que vous remettez en question le processus
de nomination des juges?
M. Marcil: Non, non. Je voudrais...
M. Gratton: Est-ce que le député de Gouin a
terminé?
M. Marcil: Est-ce que la nomination d'un ancien ministre
juge...
M. Rochefort: Est-ce que vous remettez en question le processus
de nomination des juges?
Le Président (M. Filion): M. le député
de...
M. Marcil: Je ne le remets pas en question, je vous pose une
question.
M. Rochefort: Je vous dis que vous êtes au
gouvernement.
M. Marcil: Est-ce que le fait de nommer un ancien ministre juge
perpétue pour vous également sa partisanerie et ainsi de
suite?
M. Rochefort: Absolument pas. Mais, pour moi, M. le
député, si vous souhaitez remettre en question le mode de
nomination des juges...
M. Marcil: Je ne le remets pas en question, je vous ai
posé la question.
M. Rochefort: ...vous êtes membre de la majorité
ministérielle, procédez.
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Beauharnois, vous savez fort bien
que si voulez poser une question au dernier intervenant, notre règlement
prévoit une façon de le faire. Entre-temps, la parole est
toujours à M. le député de Gouin...
M. Rochefort: J'ai terminé mon intervention, M. le
Président.
Le Président (M. Filion): ...qui a terminé son
intervention.
M. Marcil: C'est ce que j'avais cru, M. le Président.
Le Président (M. Filion): M. le ministre, voulez-vous
ajouter à vos propos?
M. Gratton: M. le Président, je vais peser mes mots
très soigneusement. Je pense que le député de Gouin a une
façon très subtile de faire des procès d'intention, en
faisant simplement précéder ses remarques par la phrase: Je ne
fais pas de procès d'intention, ou: II ne faut peut-être pas faire
de procès d'intention...
Une voix: On appelle cela une litote.
M. Gratton: ...et en faisant ensuite des affirmations du genre
qu'il vient de faire.
D'abord, sur le point des crédits du secrétariat, j'ai
demandé qu'on vérifie cela. J'affirme toujours qu'il n'y a
absolument rien de changé. Lorsque le député de Gouin fait
référence à des crédits supplémentaires
où il y a des ententes entre les deux parties pour la façon
d'organiser les débats, il lui échappe sans doute que c'est le
même genre de discussion... Il fait signe que non, peut-être
qu'à titre de leader du gouvernement je suis un peu au courant de la
façon dont ça fonctionne. C'est exactement le même genre de
discussion qu'on a avec le leader de l'Opposition au moment d'organiser
l'étude des crédits non pas supplémentaires, mais des
crédits tout court du Conseil exécutif. C'est l'Opposition qui
décide quels sont les ministres qui ont des responsabilités
à l'intérieur du Conseil exécutif et qui doivent venir
défendre les crédits des éléments de programme qui
les concernent. Je vérifie cela et je le confirmerai ou l'infirmerai
tantôt.
Deuxièmement, le député de Gouin dit ne pas faire
de procès d'intention à l'égard de Me Louis
Rémillard, mais souligne que dans son cas ce n'était pas du tout
la même chose que ce qu'on a vu précédemment, parce que Me
Rémillard était président de la commission juridique.
D'ailleurs, je le reconnais, ce n'était pas de la commission politique
qu'il était président, mais bien de la Commission juridique du
Parti libéral du Québec. Son prédécesseur
était un ancien permanent du Parti québécois. Donc, je
pense que ce que reproche, semble reprocher ou ne veut pas reprocher le
député de Gouin à Me Rémillard quant à ses
liens avec le Parti libéral s'applique mutatis mutandis, en en mettant
un peu plus, au prédécesseur de Me Rémillard. (10 h
30)
Je ne veux pas qu'on s'éternise là-dessus, mais le
député de Gouin, depuis le début de nos travaux, nous
parle de recul dans les propositions du gouvernement, sans jamais
préciser là où on recule. Il laisse sous-entendre,
finalement, sans le dire, que, d'un côté, il y a la vertu, ceux
qui font bien les choses, ceux qui ont tout fait et qui sont les seuls qui ont
fait quelque chose pour améliorer le processus de délimitation de
la carte électorale, et il y a les autres qui ont des...
Une voix: De mauvaises intentions.
M. Gratton: Non. Enfin, ils ont peut-être de mauvaises
intentions en remettant en cause certaines des modalités du processus
établi en 1979. Je dis simplement qu'il n'y a pas d'intention. C'est
clair, c'est net, c'est
sur la table ce que je propose à titre de ministre
délégué à la Réforme électorale.
Qu'on débatte cela sur le fond. Le député de Gouin a beau
jeu. Il n'a pas à s'inquiéter, lui dont la méfiance est
proverbiale; qu'il soit tout a fait rassuré quant aux résultats
concrets qui vont découler de nos travaux. Il n'a pas à
s'inquiéter qu'on va lui en glisser une entre les dents sans qu'il s'en
aperçoive. C'est sur la table, c'est clair, on va tirer des conlusions
au fur et è mesure qu'on va aborder le sujet. Je l'invite à se
limiter à cela. Il me semble que cela serait plus
bénéfique pour ceux qu'on veut servir ici,
M. Rochefort: M. le Président, deux minutes. D'abord,
j'annonce immédiatement au ministre qu'il sera convoqué à
l'étude des crédits du Secrétariat à la
réforme électorale à l'occasion des crédits du
printemps. Deuxièmement, je reconnais, comme je l'ai fait hier, que le
ministre a effectivement pris l'engagement de ne légiférer que
sur la base des accords intervenus entre les deux formations politiques et
qu'en conséquence... Étiez-vous ici, vous, hier?
M. Gratton: Oui.
M. Rochefort: Est-ce que vous suivez quand vous êtes
là? Oui? Bon. Parfait!
Le Président (M. Filion): S'il vous plaît!
M. Rochefort: En conséquence, je ne remets pas en question
les intentions ou la parole que le ministre nous a donnée. Je dois dire
qu'autant je lui suis reconnaissant de la façon dont il a mené
les travaux du dossier jusqu'à aujourd'hui, je l'ai dit à
plusieurs reprises, autant je pense qu'il peut reconnaître que,
justement, nous ne nous sommes pas assis sur cette entente et que nous avons
travaillé rigoureusement et sérieusement sur le fond des
questions tout au cours de la journée d'hier. On aurait pu simplement
dire qu'on n'était pas d'accord et on aurait mal utilisé son
ouverture d'esprit, ce qu'on n'a pas fait. D'ailleurs, je pense qu'on a
débattu largement le fond des questions hier. On est prêt à
poursuivre. Quant à nous, oui, il y a des reculs, et ce sont des reculs
à partir du fond des questions. On en a parlé hier et, dès
qu'on reprendra, on poursuivra.
Le Président (M. Filion): D'accord.
Étude du document de travail
M. Gratton: M. le Président, puis-je proposer, si cela
agrée aux membres de la commission, qu'on pourrait peut-être pour
clore le débat sur le premier élément dont on discute,
soit la base de la représentation... Je pense que vous avez
déjà inscrit le député de...
Une voix: Le député de Laprairie.
M. Gratton: Le député de Laprairie. Le
député de Gouin pourrait intervenir et je pourrais clore le
débat.
Le Président (M. Filion): Si cela convient aux membres de
la commission, cela nous permettrait de passer à d'autres sections de
notre document de travail. M. le député de Laprairie.
La base de la représentation (suite)
M. Saintonge: Je vous remercie, M. le Président. Il me
fait plaisir d'apporter mon point de vue à ce débat qui nous
préoccupe, qui concerne principalement la question de la base de la
représentation électorale. Le ministre avait annoncé son
intention de procéder à l'évaluation de la Loi
électorale et principalement la Loi sur la représentation
électorale. Il l'a fait dans une forme qui veut que toute modification
à une loi à venir soit faite sur la base de consensus. À
ce moment-ci, ce que je veux souligner à la commission, c'est que le
ministre a ouvert son jeu d'emblée, au départ, en disant qu'il
voulait une réflexion commune, une réflexion hors de la
partisanerie politique. Si on parle d'un consensus, il est évident qu'on
ne peut pas se cacher derrière des critères que des formations
politiques pourraient défendre; sinon, il va de soi qu'un consensus du
côté ministériel pourrait difficilement être atteint
dans certains cas.
Ce que je retiens des discussions que nous avons eues hier, ce que je
voudrais souligner, c'est qu'on a posé certaines questions au ministre,
on a fait état de certains commentaires. Je pense au
député de Dubuc, entre autres, qui demandait: Pourquoi
voulez-vous modifier la loi telle qu'elle existe actuellement au niveau de la
représentation électorale, par exemple, sur la base d'aller
à la population plutôt que de demeurer au niveau des
électeurs? Avez-vous eu des demandes en ce sens? Est-ce que des gens
vous ont contacté pour vous dire que c'est essentiel de le faire, pour
vous dire que le processus qui existe actuellement, qui a été mis
en place par le précédent gouvernement, par le biais de certaines
lois qu'il a adoptées, ne satisfait pas les gens? Est-ce une critique du
processus? Je ne penserais pas.
Je pense que notre rôle de législateur dans ce cas - c'est
vraiment le rôle des députés qui va s'appliquer - c'est de
tenter, au niveau de la représentation électorale, d'assurer le
meilleur équilibre possible de nos institutions démocratiques, de
rehausser le rôle du Parlement et de redonner au pouvoir
législatif, ou aux députés, si on veut,
l'importance qui lui revient. Si on examine la situation dans un premier temps,
sur la base de la représentation électorale, le système
actuel, vis-à-vis de ce qui nous semble exister dans les faits, est-il
juste et équitable, est-ce qu'il correspond à la plus juste
représentation? Je pense que c'est ce qu'il faut examiner.
Disons, au départ, au sujet de la représentation des
élus, que c'est l'essence même de notre démocratie,
c'est-à-dire que nous avons un système démocratique, une
démocratie représentative dans le sens que nos élus
représentent une population. Une population de quel ordre? Est-ce
qu'à ce moment-ci on doit dire qu'on représente simplement les
gens qui ont voté pour nous, est-ce qu'on représente simplement
les électeurs ou si on représente l'ensemble de la population? Je
pense que c'est ce qu'il faut examiner fondamentalement.
Le député de Jonquière est ici et je suis heureux
de le constater. Hier, il a mentionné une citation qu'on entend fort
souvent quand on parle de choses politiques. On dit aux gens: Si vous ne voulez
pas vous occuper de la politique, la politique va s'occuper de vous. Si je pars
de cet exemple, est-ce que les gens qui s'occupent de politique sont seulement
des gens qui ont le droit de voter, est-ce que ce sont seulement des gens qui
ont la qualité d'électeur selon la Loi électorale? Je
dirais que non. Je dirais que les gens qui peuvent s'occuper de politique,
c'est l'ensemble de la population. C'est important dans le processus qu'on doit
regarder de voir que les gens de toutes les régions, de tous les
secteurs d'activité, c'est eux qu'un député
représente et l'Assemblée nationale doit tenter de rendre cette
image dans les décisions qu'elle a à prendre.
Le député de Gouin mentionnait ici, hier, que les gens
prennent conscience... Je cite un petit peu ad lib ce qu'il a dit, mais je
pense que je suis assez exact. On dit, en parlant de la population, que les
gens élus les représentent. Les gens - la population -prennent
conscience que les gens élus les représentent. Ceci assure le
respect de nos lois, ceci assure, vis-à-vis de la population, le respect
du rôle de député. Justement, dans ce sens-là, je
pense que le député de Gouin mentionnait exactement - quand il
parle des gens, de la population - qu'ils prennent conscience que les
députés les représentent. C'est l'ensemble de la
population, même ceux qui n'ont pas voté, même ceux qui ne
sont pas considérés comme électeurs, même ceux qui
n'ont pas la qualité d'électeur. Si je regarde la Loi
électorale, on dit: "Possède la qualité d'électeur,
toute personne qui: "1° a 18 ans accomplis; "2 ° qui est citoyen
canadien; "3 ° est domiciliée au Québec depuis douze mois;
"4° n'est pas interdite, n'est pas en cure fermée suivant la Loi sur
la protection du malade mental (chapitre P-41) ou n'est pas sous la juridiction
du curateur public; "5° et n'est frappée d'aucune incapacité
de voter prévue par la présente loi."
Donc, c'est une qualité d'électeur et je dirai que le
Directeur général des élections n'a pas le droit de vote,
donc, n'a pas la qualité d'électeur.
À ce moment-là, le Directeur général des
élections et ceux qui, ici, possèdent la qualité
d'électeur, ne sont-ils pas des citoyens, ne sont-ils pas des gens qui
sont représentés par ceux qui sont élus à
l'Assemblée nationale, ne sont-ils pas des gens qui participent à
la politique, n'ont-ils pas une place importante dans la politique?
Évidemment, le Directeur qénéral des élections ne
pourrait pas participer activement, cela va de soi, mais il reste quand
même que je veux démontrer qu'on a parlé, au niveau des
électeurs, d'avoir un poids égal à l'électeur, que
l'électeur ait un pouvoir. À mon humble opinion,
l'électeur n'a pas un pouvoir. 11 détient ni plus ni moins que le
privilège d'être appelé à déterminer qui va
représenter un bassin de population. Je pense que c'est ce qu'il faut
comprendre comme électeur. C'est donc un privilège que la loi
accorde. On dit fort bien - ça m'apparaît clair - à
l'article 54 de la Loi électorale: "Possède la qualité
d'électeur..." Donc, cette qualité est un privilège qu'on
accorde à certaines personnes de venir déterminer qui va les
représenter.
Ce qu'il est important de souligner à ce moment-ci, c'est que, si
celui qui est électeur possède le privilèqe d'envoyer
certaines personnes pour représenter un bassin de population sur un
territoire donné, ça ne veut pas dire que le député
représente uniquement les électeurs. Il représente
l'ensemble d'une population. M. le Président, quant à ce qu'a
proposé le Secrétariat à la réforme
électorale à propos du choix de la population électorale
comme base de la représentation, ce qui traduit le mieux, je cite le
rapport de la commission: "On peut dès lors se demander si le choix de
la population électorale comme base de - la représentation
traduit le mieux les exigences de la démocratie représentative
qui repose essentiellement sur la délégation du pouvoir de
décision de l'ensemble de la population à ses
représentants élus. "En effet, une fois élu, le
député représente l'ensemble de la population de sa
circonscription et non seulement les électeurs qui se sont inscrits sur
la liste électorale."
Vous me permettrez une espèce de digression, je vais faire
lecture d'une certaine brochure. J'ai fouillé hier - ça m'est
revenu simplement, en écoutant les propos qu'on avait ici - j'ai fait
une
recherche pour retrouver une brochure: Le Député
québécois, Assemblée nationale du Québec, qui date
quand même de 1979; cette brochure nous a été
envoyée par le président de l'Assemblée quand j'ai
été élu en 1981 -je pense que c'est la même chose
pour le député de Gouin, qui a été élu en
1981. La préface de la brochure est signée par M. Clément
Richard, qui était président, à l'époque, de
l'Assemblée nationale.
Je citerai ici quelques passages où on parle du rôle du
député. Le rôle du député est donné en
trois points principaux. Le premier rôle du député, c'est
celui de député législateur. Je pense que cela va de soi.
On comprend ce que c'est. Le deuxième rôle, le
député contrôleur. Le contrôleur est celui qui peut
poser des questions, soit à la période des questions, soit au
moment de l'étude des crédits, soit également au moment
des engagements financiers. C'est donc un rôle de contrôleur. Le
troisième rôle du député, c'est celui de
député intermédiaire.
Vous me permettrez, M. le Président, de prendre quelques minutes
pour citer certains passages de cette fameuse brochure. Je me
réfère principalement ici à la page 32 où on parle
du député intermédiaire. On dit ce qui suit:
"Médiateur, ombudsman, animateur, agent d'information, travailleur
social, promoteur, agent de développement, autant d'appellations
utilisées ces dernières années pour désigner
l'aspect le plus complexe et le moins bien défini du "métier" de
député, celui qui consiste à être un lien entre
l'administration et le citoyen. Nous avons choisi de désigner ce
rôle par le mot "intermédiaire" dont le sens est assez large pour
englober la quasi-totalité des activités dont il sera question
ci-dessous. "Ce rôle présente certaines différences par
rapport aux deux précédents. Ainsi, alors que le
législateur et le contrôleur évoluaient dans le respect de
la discipline de parti, l'affiliation politique a moins de conséquence
sur le député en tant qu'intermédiaire. Certes,
l'appartenance à la majorité modifiera les techniques ou
l'efficacité du député; elle jouera cependant beaucoup
moins sur l'ensemble du rôle d'intermédiaire. C'est beaucoup plus
la personnalité du député, la perception de son rôle
comme fiduciaire ou mandataire ainsi que la configuration géographique,
sociologique et économique de sa circonscription qui
détermineront son intérêt et ses responsabilités
envers le "travail de comté"."
Un peu plus loin, on continue: "Encore une fois, il est difficile de
tracer le profil du député intermédiaire, les
études étant fort rares sur le sujet." D'après moi, le
passage qui suit est important: "D'après les travaux de Clarke, Price et
Krause, 30 % des députés québécois consacraient
plus de 50 % de leur temps aux "problèmes de comté" et seulement
13,3 % y allouaient moins de 25 % de leur temps."
Ici, on parle maintenant des activités du député:
"Quelles sont donc les activités du député en tant
qu'intermédiaire?Globalement, on peut dire qu'il sert de
représentant pour son comté et sa région, de "lobbyist"
pour les groupes et les communautés locales, et de protecteur des
citoyens de son comté." J'attire ici l'attention qu'à mon point
de vue on ne parle pas d'électeurs, on parle de la population, des
groupes du comté. Le rôle du député s'identifie donc
à la population globale de sa région. (10 h 45) "L'une des
principales préoccupations du député consiste à
s'assurer que son comté reçoit "sa part de considérations
de l'ensemble des ministères." Dans cette optique, le
député se transforme en agent de développement
régional et fait valoir, auprès des ministres et des
fonctionnaires responsables de l'allocation des ressources financières
de l'État, les besoins de sa circonscription dans tous les domaines
où l'État intervient, que ce soit le loqement, les
équipements hospitaliers, la voirie, les loisirs sportifs ou culturels
ou les subventions aux entreprises créatrices d'emplois. Le
député profitera de son droit de parole durant les débats
ouverts (débats sur le message inaugural et sur le budget), de
l'étude des crédits ou des mécanismes extra-parlementaires
(rencontres avec ministres et fonctionnaires) pour attirer l'attention sur les
problèmes de son comté. "Ce rôle d'animateur
régional met le député en relation avec des groupes
représentant des communautés locales (conseils municipaux,
commissions scolaires, groupes culturels, etc.) ou des secteurs particuliers de
la population du comté (âge d'or, jeunes, syndiqués,
agriculteurs, etc.) qui requièrent ses services pour transmettre leurs
idées, demander ou fournir des informations, obtenir de l'aide ou des
services. Souvent, le député guidera ces requérants
à travers les dédales de l'administration, les informera sur les
services gouvernementaux à leur disposition ou prendra lui-même
l'affaire en main."
M. le Président, on voit clairement ici qu'on parle de personnes
qui souventefois ne sont pas nécessairement celles qui possèdent
la qualité d'électeur, de personnes qui ne sont pas simplement
celles qui ont le privilège de voter pour déléguer
certaines personnes à l'Assemblée nationale. Le
député, dans son rôle fondamental, représente ces
gens, agit pour ces gens-là. Cela, c'est dit finalement par
l'Assemblée nationale, c'est dit par une brochure qui a
été rédigée par l'Assemblée sous la
direction du président. Il m'apparaît clair à ce moment-ci
que le rôle du député comme tel en est un de
représentant de l'ensemble de la population.
Je continue le texte: "Enfin, tous les députés
consultés par le Comité consultatif sur les indemnités et
les allocations (1974) ont déclaré qu'ils recevaient
régulièrement à leur bureau leurs électeurs,
souvent plusieurs heures par semaine, et considéraient avec raison que
cette forme d'activité est essentielle à leur mandat"." Ici, on
parle d'électeurs. Je ferai part ici que c'est une citation, C'est la
citation 36. Je vous la cite exactement. On a interviewé certains
députés. On a fait référence à certaines
études qui existaient antérieurement et c'était ici une
citation de M. Fabien Roy qui disait qu'il recevait des électeurs. Mais
je parle de ce qui précède là-dessus. On comprend que ce
ne sont pas seulement des électeurs, mais c'est l'ensemble de la
population qu'il recevait à ses bureaux.
Je continue: "D'après une étude récente, les
électeurs et les organismes interviennent auprès de leur
député pour régler d'abord des problèmes personnels
(en relation, le plus souvent, avec les services gouvernementaux) et pour
obtenir des biens et services (subventions, octrois, contrats ou permis);
ensuite, viennent les demandes d'emplois et de renseignements. "Les
électeurs vous confient des choses qu'ils ne confieraient à
personne d'autre, déclare un député. Vous êtes
à la fois travailleur social et ombudsman"." Je rappelle ici, dans le
contexte, que c'est vrai quand on parle d'électeurs, on parle de la
population plutôt que simplement des électeurs. Cela va de soi
d'après les citations qu'on a vues auparavant.
Je continue quelque peu la citation dans la même plaquette du
Député québécois, à la page 35: "Au
cours des deux dernières décennies, les conditions d'exercice du
rôle d'intermédiaire se sont modifiées. En effet,
l'intervention massive de l'État dans des secteurs comme
l'éducation, les affaires municipales, les affaires sociales, la culture
et le loisir a nécessité l'établissement de normes de
telle sorte que l'attribution de subventions dans tous ces domaines se fait de
façon moins arbitraire qu'auparavant. Les procédures d'embauche
et d'attribution de contrats dans le secteur public ont aussi été
soustraites à l'arbitraire. Il s'en faut pour que toutes les situations
et toutes les facettes des relations État-citoyens deviennent
automatiques mais, ces normes et ces procédures ont réduit les
possibilités d'intervention des hommes politiques. Parallèlement,
les services rendus sont devenus moins politisés qu'autrefois. "On rend
visite au député pour les raisons les plus variées mais,
en général, c'est pour faire aboutir une demande administrative.
Le député ne se demande pas alors à quel parti appartient
son visiteur mais il cherche à lui rendre service." Enfin, le
gouvernement et ses services communiquent directement avec les
électeurs, et particulièrement avec les groupes qui s'adressent
de plus en plus aux ministres; le député conserve un rôle
d'informateur mais, avec la diversification des sources d'information, "il ne
peut renseigner la population avec le parti pris dont on pouvait faire preuve
autrefois"." Je cite ce passage pour démontrer quand même un
rôle non partisan du député. À ce moment-ci, on
rejoint aussi qu'on représente l'ensemble de la population.
Je terminerai par deux brèves citations, deux paragraphes aux
pages 38 et 46. Dans un premier temps, on dit: "Certains députés
n'hésitent pas à comparer leur bureau de comté à un
confessionnal. Des gens de toutes les classes sociales viennent y exposer des
problèmes de toute nature. Le député y accumule les "cas"
à résoudre mais aussi des informations qui lui donnent le pouls
du comté et qui contribuent à orienter son action personnelle et
celle de son parti."
Finalement: "Le député continue d'exercer un rôle
d'intermédiaire que ni les services gouvernementaux, ni la
dépolitisation des moeurs administratives (établissement de
normes, services d'achats quasi automatiques, embauche
dépolitisée) n'ont pu rendre inutile. Ce rôle a même
pris de nouvelles dimensions, des députés se transformant, par
exemple, en médiateurs de conflits ouvriers."
Donc, si on reqarde, M. le Président, le texte que j'ai
cité sur le rôle du député québécois,
celui-ci représente réellement l'ensemble de la population. Dans
ce sens, en vue d'assurer la plus juste représentation possible, le
député de Gouin ne considérerait-il pas à ce
moment-ci, eu égard au rôle confié au député,
qu'on ne doive pas étendre cette représentation, cette
démocratie représentative, non seulement par rapport à
l'électeur lui-même, de celui qui a la qualité
d'électeur, mais plutôt par rapport à l'ensemble de la
population, comme le suggère le rapport du Secrétariat à
la réforme électorale?
Ici, M. le Président, curieusement, comme le ministre l'a
mentionné, on rejoint quand même les conclusions d'un rapport de
1962 qui disait que, dans le fond, il fallait tenter d'assurer une
représentation équitable aux diverses régions de la
province. On parlait d'une représentation équitable des diverses
régions et d'évaluation des facteurs démographiques,
géographiques et économiques dans ce cas-là. Je pense
qu'il va de soi qu'il faut tenir compte de ces facteurs qui ne sont pas compris
dans la seule qualité d'électeurs, mais représentent
plutôt l'ensemble des régions du Québec. Si on regarde
l'ensemble des régions du Québec pour déterminer les
niveaux de population... Le poids des régions, c'est en fonction de la
population. On ne compare pas le poids de Montréal par rapport au poids
de Québec, par rapport au poids du Lac-Saint-Jean, ou
même les besoins de ces régions par rapport aux
électeurs qui sont inscrits sur une liste électorale. C'est par
rapport à la population globale, à l'activité
économique, à l'activité sociale, à
l'activité culturelle qui existent dans ces régions. Et ces
activités culturelles, politiques, sociales, économiques sont
exercées par l'ensemble de la population, autant ceux qui participent,
à mon point de vue, aux élections que ceux qui n'y participent
pas parce qu'ils n'ont peut-être pas la qualité d'électeurs
qu'ils pourront acquérir éventuellement.
On parle des lois que le Parlement va adopter, on parle du rôle du
député vis-à-vis de ces lois, on parle du rôle du
député vis-à-vis du pouls qu'il doit amener non seulement
à son caucus politique, mais également à
l'Assemblée nationale. Quand on parle de cet élément, du
pouls que le député doit donner, on fait référence
en certain cas aux lois éducatives qui regardent une partie importante
de la population qui est en bas de 18 ans. La majorité de nos
étudiants sont au niveau de la maternelle, du primaire et du secondaire
et n'ont pas le droit de vote; parfois au cégep, mais ils n'ont pas le
droit de vote non plus. Ces gens-là ont un rôle important à
jouer. Devrait-on dire à ce moment-là, si on veut assurer la
représentation la plus équitable possible aux citoyens, qu'on est
plus ou moins citoyen selon qu'on est électeur ou pas? Je ne le
penserais absolument pas. Devrait-on payer plus ou moins de taxes selon qu'on
est électeur ou pas? Je ne le penserais pas. Le député de
Mille-Îles faisait allusion hier au "no taxation without representation".
Une personne ici est l'ancien président de l'union des
municipalités de comté, le député de
Jonquière, et le député de Gouin, qui est le porte-parole
de son parti dans le présent dossier, a été adjoint
parlementaire au ministre des Affaires municipales. C'est un principe fortement
reconnu qu'au niveau municipal, on dit "no taxation without
representation".
C'est un peu la même chose ici. Est-ce que la
représentation des gens vis-à-vis du gouvernement, la
représentation que les gens peuvent faire valoir vis-à-vis des
élus gouvernementaux, que ce soit à Québec, à
Ottawa ou dans les municipalités sont simplement des
représentations de personnes qui ont la qualité d'électeur
et qui ont un privilège que la Loi électorale leur accorde pour
élire les représentants de l'ensemble de la population? Je dirai
absolument non là-dessus. Si on veut respecter ce principe, on se rend
fortement compte que l'ensemble de la population est vraiment
représentée par un député et que celui-ci ne
représente pas seulement celui qui a la qualité
d'électeur. En ce qui a trait au "no taxation without representation",
il est important de noter que l'ensemble des citoyens ont leur mot à
dire, l'ensemble des citoyens est affecté. Beaucoup de politiques
gouvernementales concernent des compagnies et des personnes morales qui n'ont
pas le droit de vote. Je dirai là-dessus, si on parle de celui qui a la
possibilité de voter; Est-il le seul qui a un rôle à jouer
dans l'État? Je dirais que non, ce serait "préjudicier" du
rôle que les femmes ont joué dans notre société
pendant longtemps, même si elles n'avaient pas le droit de vote, puisque
les femmes ont le droit de vote depuis pas tellement longtemps. C'était
une partie de la population qui était importante et qui avait des choses
à dire au législateur, qui avait des points à soulever
pour tenter d'influencer certaines politiques. Ces personnes, même si
elles n'avaient pas le droit de vote, étaient quand même
responsables, elles présentaient un point de vue important que le
gouvernement ou les élus devaient prendre en considération.
Dans ce sens, la proposition faite par le ministre
délégué à la Réforme électorale
d'étendre la base de la représentation électorale à
la population et non seulement aux électeurs m'apparaît plus
fondamentale pour assurer une meilleure démocratie et une plus juste
représentation de la population en général et,
également, pour refléter davantage le rôle que le
député peut jouer.
Dans ce sens, je pense qu'on rejoint pertinemment certains propos, comme
le député de Gouin l'a mentionné tantôt, selon
lesquels les gens prennent conscience que les élus les
représentent, l'ensemble de la population. Je suis convaincu que le
député de Gouin, comme moi, ne reçoit pas seulement des
électeurs à son bureau. Il a à agir avec des gens qui ne
possèdent pas nécessairement la qualité d'électeur
mais qui sont importants au point de vue de la population. Ces gens sont soumis
aux mêmes lois. Électeurs ou pas électeurs, nous sommes
soumis aux mêmes lois. C'est la société globalement qui est
prise en considération.
Avant de terminer, je voudrais citer un passage qui m'apparaît
extrêmement important du fameux rapport, si on s'en tient aux notes
introductives du ministre - je voulais simplement attirer l'attention
là-dessus - quand il nous parlait des conclusions du comité
présidé par Fernand Grenier pour ce qui est de la
représentation électorale, de la base de la
représentation. Ce comité avait estimé que, dans le cas de
la province de Québec, il y avait lieu de choisir la méthode
fondée sur l'utilisation du chiffre qlobal de la population. Plusieurs
raisons militent en faveur d'une telle recommandation. En premier lieu, on peut
faire appel au concept même de la représentation. En effet, si le
député est élu par des électeurs, il faut
reconnaître qu'il n'en représente pas moins l'ensemble de la
population de la circonscription. Ce que j'ai dit antérieurement
témoignait un peu de cet
élément. Aussi, du strict point de vue de la
représentation, il semble plus logique de délimiter les
circonscriptions électorales en utilisant le chiffre total de la
population. Quand je parle de cela, je reviens à certaines notes qui
étaient contenues dans l'arrêté en conseil qui a
donné le mandat à ce fameux comité Grenier où on
parlait d'évaluation de facteurs démographiques,
géographiques et économiques. Enfin, les statistiques sur la
population sont beaucoup plus précises et évidemment plus
complètes que celles portant sur l'inscription des électeurs,
puisque les recensements sont préparés avec soin longtemps
d'avance, etc. Ce n'est pas pour "préjudicier" sur la façon dont
les listes électorales sont maintenant représentées.
Si je soutiens, à la limite, l'argument que la seule valeur
potentielle qu'on devrait retenir est au niveau non pas de la base de la
population, mais simplement de la population électorale, je devrais
dire, M. le Président, que, comme député, pour tenir
compte du partage des comtés, il y a trois points importants: il y a
ceux qui ont le droit d'être inscrits sur une liste électorale, il
y a ceux qui font le processus nécessaire pour s'inscrire sur la liste
électorale, donc, ceux qui sont inscrits, mais ceux qui sont inscrits ne
représentent pas nécessairement tous ceux qui peuvent avoir la
qualité d'électeur; troisièmement, il y a ceux qui votent.
Si, à la limite, chaque électeur doit avoir un poids égal
et qu'on doive se baser uniquement là-dessus, je dirai que la
représentation des comtés, le partage des comtés au niveau
des électeurs devrait se faire uniquement sur ceux qui ont voté.
À ce moment, on devrait tenir compte uniquement de ceux qui ont
voté si un veut un poids égal à l'électeur, parce
que celui qui est sur la liste et qui n'a pas voté n'a pas plus de
droit, n'a pas exercé un droit plus fondamental et ne mérite pas
qu'on considère qu'il a un poids plus important que celui qui a le droit
d'être sur la liste et qui ne s'est pas fait inscrire, à mon point
de vue. Je parle, évidemment, de la limite extrême.
Alors, dans ce sens, si on veut regarder véritablement le poids
égal d'un électeur, il faudrait donc regarder dans chaque
comté, après chaque élection, combien de personnes ont
voté et, à partir de là, dans les différents
territoires que représente une délimitation territoriale, voir
exactement qui pourra être considéré: uniquement celui qui
a voté, le véritable électeur et non pas l'électeur
sur la liste. Là, on arrive dans un processus absolument aberrant. Je
pense que c'est beaucoup plus important que chaque citoyen ait un poids
égal. C'est un peu cela, dans le fond, quand on dit qu'au niveau de la
base de représentation, c'est l'ensemble des citoyens. C'est que chaque
citoyen doit avoir un poids égal.
(11 heures)
Au niveau des régions, les citoyens, ce sont tous ceux qui
participent à notre vie -je l'ai dit tantôt - non seulement
politique, mais économique, sociale et culturelle. C'est dans ce sens
qu'on doit refléter les besoins de la population et je maintiens que le
rôle du député, fondamentalement, c'est de
représenter l'ensemble des citoyens. Ce n'est pas simplement moi, comme
député de Laprairie, qui le dis, je me suis basé
là-dessus. Pour terminer mon intervention, je vous dirai que je n'ai
jamais si bien compris le point essentiel que chaque député
devait représenter son comté sur la base de la population que
depuis que je suis député. Je m'en suis vraiment rendu compte
à ce moment-là, à cause du travail que j'ai à
accomplir.
Prenons l'exemple que donnait le Directeur général des
élections tantôt en parlant du comté de Châteauguay
où le ratio électeurs-population globale était de 0,59,
tandis que, dans le comté d'Ungava, il était à 0,83, je
pense, ou quelque chose comme ça. On parlait du comté de
Lévis où il y a 53 000 électeurs; dans le comté de
Laprairie que je représente, il y a environ 53 000 électeurs sur
une population globale de 85 000 actuellement. Le ratio est de 0,61. Si je
disais que, comme député, je représente seulement 53 000
électeurs, j'en laisserais tomber beaucoup.
Au niveau du mécanisme entre l'électeur et le citoyen, je
suis d'accord qu'il y ait un certain ratio à respecter, mais je dirai
quand même que le plus important pour un député, c'est la
population globale qu'il va représenter: autant les jeunes, ceux qui ne
sont pas encore devenus électeurs et qui le deviendront
éventuellement, que ceux qui n'ont pas certaines qualités
d'électeurs. Avec le temps, la population globale influence
drôlement la vie dans un milieu donné. Ce n'est pas pour rien
qu'on reqroupe des gens dans un territoire donné. C'est parce qu'il y a
une certaine vie culturelle, sociale, économique qui se déroule.
Ces gens viennent parce qu'ils y sont intéressés et ils y
prennent activement part. Autrement, ce serait décourager des gens, en
leur disant qu'ils ne sont pas vraiment des citoyens à part
entière capables de participer à l'élaboration de
certaines politiques gouvernementales.
Je termine sur cela, M. le Président, et j'espère que le
député de Gouin pourra me faire part de ses réflexions en
regard des propos que j'ai tenus. Je pense que je rejoins en partie certains
des propos que lui-même a tenus. Je retourne l'argument parce que,
à mon point de vue, certains des propos cités
démontreraient davantage une représentation de la population
qu'une représentation des électeurs.
Le Président (M. Filion): Merci, M. le
député de Laprairie. Avant de céder la parole aux
principaux intervenants, avec votre permission, j'aimerais vous faire part de
certaines remarques, les plus restreintes possible et les plus personnelles sur
le sujet. D'abord, je pense qu'il est absolument indubitable que le
député, une fois élu, représente l'ensemble de la
population de sa circonscription électorale. C'est clair. D'ailleurs,
c'est tellement vrai que, comme députés, on représente
ceux qui ont voté pour nous, ceux qui ont voté contre nous, ceux
qui n'ont pas voté, ceux qui étaient inscrits sur la liste
électorale, ceux qui ne se sont pas fait inscrire sur la liste
électorale et qui avaient le droit d'y être et ceux qui ne se sont
pas fait inscrire sur la liste électorale et qui n'avaient pas le droit
d'y être. Le député représente toute la population
de son comté; je pense que c'est clair et indubitable.
C'est normal parce que le député est le résultat,
il ne faut pas l'oublier, d'un mécanisme d'exercice de la
délégation de la souveraineté qui appartient au peuple.
Les trois pouvoirs sont le pouvoir judiciaire, le pouvoir exécutif et le
pouvoir législatif. Si, dans notre système, le pouvoir
exécutif et le pouvoir judiciaire découlent, d'une certaine
façon, de la formation du pouvoir législatif, il demeure quand
même que la souveraineté n'appartient qu'au peuple.
Il faut être bien conscient qu'une élection est
déjà une contrainte au plein exercice de la souveraineté.
Idéalement, on devrait réunir l'ensemble des citoyens
québécois dans une même salle, leur demander de prendre des
décisions concernant l'avenir de leur communauté.
Évidemment, ce n'est pas possible et, à moins que notre taux de
dénatalité continue à descendre de façon
spectaculaire, je pense bien que ce ne sera jamais possible. À partir de
ce moment-là, il faut se donner des mécanismes d'exercice de la
souveraineté du peuple et une élection en soi est
déjà une contrainte, un mécanisme qui restreint la pleine
souveraineté du peuple.
Quand, comme législateurs, on a défini ce qu'était
une élection, on a défini en même temps quelles
étaient les qualités requises pour voter, on a défini ce
qu'était une circonscription électorale. Ce matin, on s'attaque
au sujet déterminé: de quelle façon devrait être
délimitée cette circonscription électorale. Un
comté en soi est déjà, également, une restriction
à la pleine souveraineté du peuple. Pourquoi y a-t-il 9000
électeurs aux Îles-de-la-Madeleine et quelque 50 000 dans le
comté de Laprairie ou dans celui de Lévis? C'est
déjà en soi une restriction au principe du plein exercice de la
souveraineté du peuple. C'est normal, parce qu'il faut que le peuple
délègue sa souveraineté. À partir du moment
où il y a délégation, il y a un mécanisme.
Depuis hier, nous sommes en train d'étudier une partie du
mécanisme qui, déjà, restreint la souveraineté du
peuple et qui s'appelle la délimitation des circonscriptions
électorales. À partir de ce moment, il faut faire la distinction
entre la façon dont le peuple exerce sa souveraineté et ce qui se
passe une fois que le député est élu. Une fois que le
député est élu, l'élection est terminée, le
mécanisme est terminé. C'est la démocratie qui joue au
maximum avec, évidemment, les restrictions qui sont normales. En ce
sens, je pense qu'il nous faut tous autour de la table réaliser que la
responsabilité du député est de représenter la
totalité de la population. Mais ce principe n'a rien à voir ou a
peu de chose à voir avec le principe ou le mécanisme que nous
sommes en train d'étudier, celui de la délégation de ta
souveraineté. À partir du moment où on parle de
mécanisme, on parle de contraintes.
Pour aller encore plus au vif du sujet, dans ce cas-ci, un comté,
c'est pourquoi? On fixe une limite géographique où les
électeurs, un bassin électoral, un corps électoral, vont
nommer un représentant. Déjà, c'est une contrainte, il
faut s'en rendre compte, parce que, idéalement, tout le monde devrait
choisir en même temps, mais cela n'aurait pas d'allure. Donc, le
comté en lui-même, c'est la première restriction. La
deuxième, c'est que les comtés ont des formes et des nombres. Il
y a des gens qui peuvent aller voter et il y en a d'autres qui ne peuvent pas y
aller.
Lorsque, comme législateurs, on a pris la décision
d'accorder les qualités requises d'électeur à certaines
catégories de personnes et pas à d'autres, c'est à ce
moment-là qu'on a fait le choix de déterminer le corps
électoral qui, lui, nous permet de déterminer le poids
électoral de chacun des électeurs. Je pense qu'à ce
moment-là ce serait intéressant, si on voulait continuer, de
ramener la discussion aux qualités requises pour être
électeur. C'est cela qui est le bassin électoral et qui entre
à l'intérieur de l'ensemble du processus de la
délégation de la souveraineté du peuple, plutôt que
de prendre le principe que la population est souveraine, que le peuple est
souverain et essayer de l'appliquer à l'une des parties du
mécanisme qui, lui, s'enclenche au moment, encore une fois, de la
détermination des qualités requises pour être
électeur.
Ce qui compte dans tout le processus électoral, ce sont les
qualités requises pour être électeur. Dans toute la loi
électorale, on ne parle que de ceux qui ont le droit de vote; on ne
parle pas de ceux qui ne l'ont pas. Si on veut en parler, qu'on retourne
à la base de l'enclenchement du processus électoral, qui est
l'article 50, je crois, peu
importe, qui définit quelles sont les qualités requises.
C'est à partir de ce moment qu'on détermine le paramètre
qui sert à l'ensemble de la Loi électorale, qui sert à
l'ensemble de la délimitation des circonscriptions électorales.
Encore une fois, cela ne change rien au fait qu'une fois que le
mécanisme a fini d'être enclenché, que le
député est élu, ce député répond
à des obligations, à des responsabilités qui n'ont rien
à voir avec l'élection, mais qui ont à voir avec ses
responsabilités de délégué de la
souveraineté du peuple.
Je pourrais ajouter bien des choses, mais c'est ma modeste contribution
à vos débats de ce matin, en espérant que cela puisse
créer un consensus.
Cela dit, je cède la parole au député de Gouin.
M. Rochefort; Oui, merci, M. le Président. Compte tenu de
l'entente intervenue, j'imagine que c'est probablement ma dernière
intervention sur cette recommandation de M. Rémillard.
Dans un premier temps, j'aurai un certain nombre de commentaires
à faire à la suite de l'intervention du député de
Laprairie. Ce dernier a tenté de nous convaincre qu'un
député était là pour travailler pour tout le monde,
au nom de tout le monde et que ce qu'il faisait concernait tout le monde. Tout
le monde ici est d'accord avec cela. Personne ne met cela en doute et d'aucune
façon les arguments qui ont été invoqués d'un
côté comme de l'autre de la table n'ont pour but, pour effet ou
n'auraient comme conséquence de remettre cela en question. C'est une
"évidence évidente".
Cela dit, ce n'est pas à partir de là que cela doit
fonctionner, mais à partir vraiment de la délégation de
pouvoirs dans notre société. J'y reviendrai tantôt.
Le député de Laprairie a utilisé le rapport
Grenier. Moi aussi, j'ai lu le rapport Grenier. Je dirai d'abord que c'est un
rapport qui date de 1962, de 25 ans. Deuxièmement, ce rapport ne doit
pas être lu à rebours, à partir d'aujourd'hui, pour aller
voir ce que c'était à l'époque, il y a 25 ans, mais doit
beaucoup plus être regardé en tenant compte de ce qui s'est
passé auparavant. Il était l'aboutissement de quoi, le rapport
Grenier? En ce sens, le rapport Grenier constitue un pas en avant majeur dans
la démocratisation de nos institutions parce que le rapport Grenier a
fait en sorte qu'on se préoccupe d'avoir des circonscriptions dont la
taille soit comparable non pas au plan géographique, mais quant au
nombre de personnes qu'elles regroupaient. Par rapport aux situations
antérieures, par rapport aux mécaniques antérieures,
c'était un rapport qui faisait un pas en avant.
Troisièmement, il faut reconnaître, pour quiconque l'a lu
en entier - il ne faut pas en extraire trois ou quatre phrases qui font son
affaire ou sur lesquelles on a porté son attention, mais lire le rapport
Grenier d'un couvert à l'autre - qu'autant il est vrai que le rapport
Grenier nous dit que cela devrait être la population, autant, tout au
long du rapport Grenier, il y a une confusion absolue, totale entre
l'expression "population" et l'expression "électeur". Je m'excuse, M. le
député, mais c'est à un point tel que, si on veut
comprendre le rapport Grenier dans l'ensemble des autres chapitres et des
autres paragraphes qu'on y retrouve, il faut, dès le départ,
qu'on accepte que "population" et "électeur" sont synonymes; sinon, ce
rapport est incompréhensible. À l'occasion, on utilise le mot
"population", à d'autres occasions, le mot "électeur", pour les
mêmes fins, pour définir les mêmes choses.
Je le répète. Mise à part cette recommandation que
je reconnais, d'utiliser la base de la population pour définir les
comtés, si on n'accepte pas que "population" et "électeur" sont
synonymes, on est incapable de comprendre ce que veulent nous dire le rapport
et les commissaires membres de la commission Grenier. Je pense que c'est une
donnée importante qui doit aussi être dite lorsqu'on nous cite
à satiété le rapport Grenier qui, je le
répète, date de 25 ans. Il doit être regardé non pas
en fonction de ce qui se passe aujourd'hui, mais en fonction de ce qui se
passait avant. Qu'est-ce qui avait donné lieu au rapport Grenier et que
voulait corriger le rapport Grenier? Sauf erreur, le rapport Grenier n'a pas
pour but de corriger ce qui s'est fait depuis ce temps, mais avait pour but de
corriger ce qui était et de constituer un pas en avant par rapport
à ce qui avait existé avant 1962 et non pas à partir de
1987.
J'ai écouté le débat avec beaucoup
d'intérêt, hier, les arguments, etc. et je vais essayer de revoir
modestement comment cela fonctionne. Que sont nos institutions
démocratiques? Il y a à peu près 6 500 000
Québécois, Ce sont eux qui constituent 100 % de la population du
Québec. Ce peuple, comme bon nombre d'autres peuples, a
décidé que, pour prendre des décisions en son nom, que
pour prendre des décisions qui affecteraient sa vie, que pour prendre
des décisions qui orienteraient son développement, il y aurait
environ 4 000 000 de personnes qui décideraient; ce sont les
électeurs. Il y a eu déjà là une
délégation, un transfert de pouvoir à 4 200 000 ou 4 300
000 personnes qui décident au Québec au nom de l'ensemble.
Deuxième donnée importante: ils décident sur quelle
base? Sur la base de la majorité simple. Si vous êtes onze et que
nous sommes dix, vous avez gagné, c'est réglé. Mais deux
ne bat pas deux. Deux n'est pas plus fort que deux et huit n'est pas plus
fort que huit; cela prend une majorité. Il faut au moins un de
plus d'un côté pour qu'un des deux groupes, sur n'importe quelle
question dans notre société, voie son point de vue triompher. (11
h 15)
Troisièmement, ces quelque 4 000 000 de décideurs, de
détenteurs d'un pouvoir délégué, ils sont tous sur
le même pied. Quel que soit leur sexe, leur âge, leur profession,
leur richesse, leur contribution fiscale, leur formation, leur langue, quel que
soit le critère qu'on voudra utiliser, ils sont tous sur le même
pied, ils ont la même force politique. Quand vient le temps de choisir un
gouvernement, ils ont droit à un bulletin de vote, pas plus, pas moins
fort que le bulletin de vote de n'importe quel autre des quelque 4 200 000
électeurs. Lorsqu'ils décident quelque chose, automatiquement
ça concerne les 6 500 000 sans même se poser la question de savoir
si, des fois, ça ne les concernerait pas tous ou si ça les
concernerait tous. C'est automatique.
Évidemment, pour des raisons pratiques, on ne réunit pas
trop souvent les 4 300 000 parce que c'est compliqué. On le fait deux
fois: quand il y a des élections générales et quand il y a
des référendums, des consultations populaires. Ce n'est pas le
nombre de comtés qui a gagné au "oui" ou au "non" au
référendum de 1980 qui a décidé de la victoire,
c'est le nombre de votes exprimés en fonction d'une option par rapport
à une autre. On n'a pas dit: Le "oui" a gagné dans 17
comtés et le "non" a gagné - faites l'addition - dans 105
comtés et, en conséquence, c'est le "non" qui gagne à 105
contre 17. Ce n'est pas vrai. On a dit: II y a eu plus de 2 000 000 d'un bord
et plus de 1 000 000 de l'autre bord; ça donne comme résultat,
puisqu'ils sont au moins un de plus d'un côté que de l'autre, que
c'est ça qui a triomphé. Donc, chaque électeur, à
l'occasion d'une consultation populaire, a un poids parfaitement
équivalent, aussi fort, pas plus fort et pas moins fort que n'importe
quel autre électeur, quelle que soit son origine, sa langue, son sexe,
sa profession, sa richesse, sa contribution fiscale, sa religion. Pour les
élections comme pour les référendums, ils ont tous le
même poids.
Il n'y a personne dans la population électorale du Québec
qui accepterait que son voisin soit plus fort que lui, pèse plus, dans
la décision politique qui va être prise, que lui-même.
Est-ce qu'il y a quelqu'un au Québec qui aurait accepté qu'un
certain nombre de citoyens du Québec détiennent trois, quatre ou
cinq bulletins de vote dans leur poche et que d'autres en détiennent
juste un? Personne n'aurait accepté ça; il y a unanimité
au Québec pour dire que c'aurait été profondément
antidémocratique. Il fallait que tout le monde ait le même poids.
Et après, on compte, et ça finit là. Tout le monde se
rallie parce que le résultat est clairement démocratique.
C'est la même chose quand les quelque 4 000 000 disent: On va
confier la permanence du pouvoir décisionnel temporaire sur quatre ans,
la permanence du pouvoir décisionnel que nous possédons comme
électeurs, à 122 personnes. Il n'y a pas un citoyen qui veut que
le député de Laprairie ait plus de poids que le
député de Saint-Louis, le député de
Jonquière ou le député de Dubuc. Personne ne va accepter
que le poids du député de Gouin, quand il se lève en
Chambre pour voter, compte plus que le vote du député des
Îles-de-la-Madeleine. Tout le monde veut s'assurer, parce qu'on
délègue son pouvoir, qu'on va être 122 sur un pied
d'égalité et, donc, que chaque citoyen aura autant de poids, pas
plus, pas moins que son voisin ou que son vis-à-vis, pour peser dans la
balance.
C'est ça, le fondement de nos institutions politiques et c'est
ça, le grand principe de l'égalité du poids
électoral qui a toujours été. Je défie qui que ce
soit de me citer un cas de refonte de la carte électorale qui ne s'est
pas fait sur la base de cette préoccupation dans les 25 dernières
années. Chaque fois qu'il y a des problèmes, des pressions
publiques, politiques, partisanes des formations politiques ou de
députés pour changer la carte électorale, c'est pour dire:
Ça va faire, je représente trois fois plus d'électeurs que
le député d'en face et ce gars-là a autant de pouvoir que
moi dans le processus décisionnel au Parlement. Ca s'est toujours
absolument et parfaitement fait exclusivement et è 100 % à partir
de cette préoccupation, de ce qu'on appelle les distorsions, les
inéquités. Rien ne nous indique qu'il faut changer ça,
bien au contraire.
Prenons deux autres références. Les États-Unis. On
a des représentants qui, eux, représentent la population
électorale, qui vont siéger au Congrès, ils sont
élus pour deux ans. Bon. Tout le monde connaît la suite. Les
sénateurs ne représentent pas les électeurs. Ils ne
représentent même pas la population. Ils représentent les
États parce qu'on a décidé que cela prenait deux niveaux
de pouvoir législatif, un qui représente la population par
tête de pipe, les représentants, et aussi parce qu'on veut que les
États ne soient pas oubliés et ne soient pas
défavorisés les uns par rapport aux autres.
Les petits États comme les gros ont tous deux sénateurs
parce que c'était une donnée fondamentale de ceux qui ont
bâti la constitution américaine et qui a fait consensus
jusqu'à aujourd'hui, personne ne remet cela en question.
Indépendamment du nombre d'électeurs ou de citoyens qu'ils
regroupent, personne ne remet en question que les États, à la
Chambre des sénateurs,
au Sénat américain, soient tous sur un même pied
d'égalité. C'est clair et, en conséquence, on dit: C'est
deux par État. C'est réglé parce qu'on veut aussi que les
États aient une force politique dans la vie institutionnelle
américaine,
De la même façon, dans la mesure où on aurait un
mode de scrutin à la proportionnelle, plus il y aurait des grandes
circonscriptions moins il y aurait de circonscriptions, à la limite, pas
de circonscriptions comme en Israël. C'est clair que, sur la question
qu'on se pose ce matin, i! n'y a pas de problème parce que chaque
élu aurait le même poids politique. En Israël, les
élus ont tous le même poids politique. On obtient 42 % du vote, on
a 42 % des élus. On obtient 44 % du vote, on a 44 % des élus. Or,
c'est la perfection totale, même mieux que nous autres du point de vue de
notre préoccupation parce qu'on n'a pas la règle du plus ou moins
25 %. On sait, évidemment, mes positions sur ces questions à
cause des problèmes d'autre nature, d'instabilité politique que
cela crée et tout cela. Mais cela ne pose pas de problème. C'est
parfaitement respecté, le poids par tête de pipe, un peu comme
dans le cadre d'un référendum.
Si on décide que les députés ne reflètent
pas seulement le nombre de têtes de pipe globales du Québec, mais
représentent des coins du Québec, il faut bâtir ce qu'on
appelle ces circonscriptions électorales pour savoir qui
représente ici le député des Îles-de-la-Madeleine
par rapport au député de Saint-Louis ou par rapport au
député de Jonquière. Là, il faut diviser, un peu
comme le président le disait tantôt, le Québec en
comtés. C'est clair que cela prend des critères. On veut
s'assurer en même temps tout aussi fortement, tout aussi solidement et
tout aussi rigoureusement, qu'il n'y a pas un député ici qui va
avoir plus de force qu'un autre quand va venir le temps de voter en Chambre sur
quoi que ce soit.
Le premier ministre n'a pas plus d'importance quant aux votes que le
député des Îles-de-la-Madeleine, que le président de
la commission ou que le député de Jonquière. Il a un vote.
Quand le secrétaire de l'Assemblée se lève, il a
calculé le vote du premier ministre au même titre que le vote de
n'importe quel autre député membre de l'Assemblée
nationale. Donc, ce n'est pas un principe qu'on a sorti comme un lapin du
chapeau d'un magicien. C'est fondamental, c'est ce autour de quoi on a toujours
bâti les révisions de cartes électorales depuis 25 ans et
c'est ce que, quant à nous, on va continuer d'utiliser pour
délimiter des circonscriptions électorales.
Pour nous, M. le Président, cela constitue un recul important de
ramener cela à la population parce qu'on va retourner à ce
à quoi on s'est toujours opposé unanime- ment et
consensuellement, libéraux comme péquistes, comme unionistes,
comme créditistes, soit le poids des électeurs. Jamais, à
l'occasion d'une refonte de la carte électorale au Québec depuis
25 ans, quelqu'un ne nous a dit: On est d'accord pour remettre en question le
poids électoral de chaque électeur et on privilégie la
notion de population.
En conséquence, cela constituerait pour nous un recul majeur
inadmissible et auquel jamais nous ne souscrirons en termes de
démocratisation de nos institutions. Je le répète: Si on
doit retoucher à ces questions, c'est pour progresser. Il y a
sûrement encore du progrès à faire, rien n'est parfait.
Mais nous n'accepterons même pas de faire du sur-place et encore moins de
reculer en la matière.
En conséquence, M. le Président, nous disons: Non, pour
nous, le critère de la population n'est pas un critère
démocratique, sûrement pas aussi démocratique que ne le
serait et ne l'est le critère de la population électorale pour
délimiter les circonscriptions électorales. Nous sommes
profondément attachés aux acquis démocratiques car nous
avons participé à leur élaboration et à leur mise
en place. Nous souhaitons le maintien de la base électorale comme
critère de délimitation des circonscriptions électorales.
Nous considérons que le modèle québécois est le
modèle a suivre et non pas le modèle fédéral. Quant
à nous, c'est une situation vers laquelle nous ne souhaitons jamais
évoluer comme cadre d'institution démocratique au plan de la
délimitation des circonscriptions électorales.
Le Président (M. Filion): Merci, M. le
député de Gouin. M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, je vais tenter, dans un
premier temps, de relever un certain nombre d'affirmations qui ont
été faites et d'y apporter des réponses. Je prends tout de
suite note qu'il n'y a pas consensus. Je pense que c'est clair à la
suite des propos du député de Gouin. Je le reqrette en le
constatant, mais je suis loin de penser que ce que nous proposons était
un recul. Au contraire, je maintiens qu'il s'agit d'une mesure qui aurait pu
nous faire avancer et nous faire proqresser dans la plus grande
démocratisation du processus d'exercice du droit de vote.
M. le Président, le député de Jonquière et
le député de Dubuc, reprenant les propos du député
de Gouin hier, ont dit, a la suite de la publication du rapport
Rémillard, que personne n'était venu endosser la proposition
quant à la base de la représentation. Effectivement, cela a
peut-être semblé aller de soi pour ceux qui s'intéressent
à ces choses compte tenu que toutes les études qui ont
été faites depuis 1962 par le comité
Grenier arrivaient à la même conclusion. Je m'explique mal
qu'on dise qu'il s'agirait de reculer, aujourd'hui, alors qu'on n'a jamais
considéré la population globale comme base de la
représentation.
Évidemment, même l'Opposition, après avoir
été saisie de !a proposition du comité Rémillard,
n'y a pas réagi. Effectivement, si le débat s'était
engagé avant aujourd'hui, ce que moi-même je souhaitais, mais ce
à quoi on a renoncé à la demande de l'Opposition,
peut-être bien qu'on aurait pu faire ou entendre des
représentations à l'appui ou à l'encontre. J'avais,
d'ailleurs, proposé qu'on tienne une commission parlementaire pour
consultation, soit générale, soit particulière.
L'Opposition n'en sentant pas le besoin, j'ai acquiescé qu'on pourrait
le faire entre nous. Je ne suis pas sûr que je ne le regrette pas
aujourd'hui.
Le député de Gouin disait: La situation
fédérale est une situation que nous ne voudrions jamais revivre,
en alléguant le fait que la carte... Pas celle qui servira à la
prochaine élection, le député de Gouin en conviendra,
puisque, justement, on est à l'étape finale du processus de
délimitation de la carte électorale. Donc, en vue de la prochaine
élection, une nouvelle carte électorale devrait normalement
être utilisée. Mais il est important de souligner que, s'il n'y a
pas eu une nouvelle délimitation de la carte fédérale,
c'est parce que le Parlement en a décidé ainsi. Il aurait pu y
avoir au moins une révision de la carte électorale
fédérale, mais le Parlement - et je présume qu'on a
dû procéder, sinon à l'unanimité, sûrement par
consensus - en a décidé autrement. (11 h 30)
En modifiant la loi en 1973, 1974, 1975, 1976, 1978, 1979 et, encore
tout récemment en 1985, la redistribution des sièges était
déjà commencée quand le Parlement l'a interrompue et a
adopté la loi de 1985 sur la représentation électorale,
entrée en vigueur en mars 1986. C'est là qu'on retrouve
l'explication du long délai entre la confection de deux cartes
électorales fédérales. Ce n'est pas à la base de la
représentation qu'il faut attribuer la situation actuelle au
gouvernement fédéral, mais bien à des décisions
éclairées sans doute, mais démocratiques du Parlement du
Canada.
On a fait état également des trop grandes variations ou
distorsions qui pourraient exister si on devait adopter la population globale
comme base de la représentation, le ratio population-électeurs.
On pourrait pallier à cette inquiétude de l'Opposition tout
simplement en ajoutant un nouveau critère à ceux qui servent
à la délimitation, en spécifiant que le ratio
électeurs-population devrait être pris en considération
lors de la délimitation des circonscriptions. On le fait avec combien
d'autres critères et en ajouter un nouveau permettrait de
répondre aux interrogations de l'Opposition à ce sujet. Donc, il
ne s'aqit pas d'une objection fondamentale à laquelle il n'existe pas de
réponse.
Le député de Gouin a parlé du
référendum et de l'élection en disant: Au
référendum, on n'a pas compté le nombre de comtés
dont la majorité était pour le oui ou pour le non. D'abord, je
lui ferai remarquer que, si on compare un référendum en 107 ans
avec des élections qui ont lieu normalement aux quatre ans, le moins
qu'on puisse dire, c'est que la tradition référendaire n'est pas
très implantée au Québec. Mais le fait demeure qu'il nous
parle là d'un mécanisme. Dans le cas d'un
référendum, il y aurait pu y avoir des conditions qui nous
auraient amenés à vouloir identifier des tendances
régionales. On aurait pu - d'ailleurs la loi du référendum
le permet - spécifier que les résultats pourraient être
comptabilisés pour fins décisionnelles, pour fins de consultation
uniquement, pour fins d'information seulement à partir des
circonscriptions électorales qui, elles, pourraient être
délimitées sur la base de la population globale sans aucune
espèce d'atteinte à la validité des résultats
référendaires.
On a beaucoup parlé du pouvoir ou de ce que le
député de Laprairie préfère appeler "le
privilège" que les électeurs détiennent pour agir au nom
de la population entière. On a parlé des 6 000 000 de citoyens
québécois qui confient, qui délèguent à
environ 4 000 000 d'électeurs l'exercice de leur souveraineté.
Mais encore là, M. le Président, il s'agit là d'un
mécanisme sur lequel on est d'accord, que personne ne remet en cause.
Personne n'a suggéré qu'on élargisse ou qu'on
rétrécisse la définition de l'électeur ou la
façon pour cet électeur d'exercer son pouvoir ou son
privilège.
Ce que ces électeurs ont, c'est le privilège ou le pouvoir
d'agir au nom de la population, à partir d'une base qui devrait
être la plus globale, la plus complète passible. L'élection
elle-même - c'est M. le Président, je pense, qui le soulignait -
est un mécanisme qui impose des contraintes à l'exercice de la
souveraineté du peuple, mais il n'y a pas de nécessité que
cet exercice ne se fasse pas sur la base de l'ensemble de la population. La
base de la représentation ne fait pas partie du mécanisme. La
base de quoi que ce soit ne fait pas partie des moyens, des outils qu'on
utilise.
La Loi électorale, les dispositions quant aux listes
électorales, ce sont là des outils qu'on s'est donnés pour
permettre à la population globale de déléguer son pouvoir
à des électeurs. Mais la base, elle, le fondement du
système, c'est la population. Je constate que l'Opposition refuse qu'on
aille jusqu'au bout de la démarche et qu'on fasse en sorte que
l'ensemble des citoyens soit pris
en considération.
Pour revenir au fait qu'il n'y a pas eu de grandes
représentations à l'appui de cette mesure, rappelons-nous que 25
ans, ce n'est pas tellement long. C'est seulement depuis 25 ans qu'on a
commencé à agir dans ce domaine. Dieu sait qu'il n'y a personne
qui suggère qu'on retourne 25 ans en arrière.
En fait, je ne voudrais même pas retourner 15 ou 16 ans en
arrière, avant 1970, où il a fallu la collaboration du Parti
québécois et du Parti libéral du Québec pour en
arriver à abolir les comtés protégés. Qui
s'était opposé à cette abolition des comtés
protégés, qui était une entrave on ne peut plus
complète à la possibilité de nous donner une
représentation adéquate? C'étaient les gouvernements qui
ont été là pendant un bon bout de temps.
Mais au moment de les abolir, de poser le geste à
l'Assemblée nationale, la formation de l'Union Nationale s'y est
opposée vigoureusement, farouchement. Comme cela prenait les deux tiers
des votes des membres de l'Assemblée nationale pour en arriver à
abolir les comtés protégés, cela a pris la collusion du
Parti québécois et du Parti libéral pour en arriver
à vaincre cette résistance traditionnelle et historique des
gouvernements précédents et, notamment, surtout des gouvernements
de l'Union Nationale jusqu'alors.
M. le Président, si on n'en a pas parlé beaucoup avant
1970, c'est un peu pour cela. Si, aujourd'hui, on se retrouve dans des
situations où on a, depuis lors, utilisé la population
électorale comme base de la représentation, je maintiens que
c'est surtout, sinon seulement, à cause de raisons circonstancielles que
j'évoquais hier, en ce sens qu'au moment où on a confié
à la Commission permanente de la réforme des districts
électoraux le soin de procéder à une nouvelle
délimitation en 1971, le juge Drouin disait dans son rapport: On n'avait
tout simplement pas les données du recensement de 1971.
M. le Président, j'en arrive tout simplement, en concluant,
à constater qu'au principe du droit fondamental de toute personne
d'être représentée à l'Assemblée nationale,
qu'au principe de la délégation du pouvoir de décision de
la population à ses représentants élus par
l'intermédiaire de ceux qui sont électeurs, qu'au principe qu'on
connaît bien aux États-Unis, de "no taxation without
representation"... Dieu sait que ce ne sont pas seulement les électeurs
qui sont taxés; les mineurs ou les gens de moins de dix-huit ans, les
autochtones, les gens qui ne sont pas citoyens canadiens sont tous
affectés par les taxes que nous décrétons à
l'Assemblée nationale. Or en maintenant le système actuel, nous
ne respectons pas ce principe: "no taxation without representation".
À ces trois principes, l'Opposition soumet qu'on doit parler de
ce que le député de Gouin appelait hier le poids électoral
équivalent...
Une voix: De chaque électeur.
M. Gratton: ...ce qu'il a aujourd'hui qualifié ou
redéfini comme étant le qrand principe de l'éqalité
du poids électoral. M. le Président, je ne vous cache rien en
vous disant que je préfère d'emblée aller du
côté du principe du droit fondamental de toute personne à
être représentée à l'Assemblée nationale. En
maintenant le système actuel, on prive un certain nombre de citoyens de
ce droit fondamental au nom du principe de l'éqalité du poids
électoral. Je le constate et je le regrette. Nous maintiendrons donc la
base de représentation comme étant la population
électorale jusqu'à ce que les esprits évoluent et que le
temps soit mûr. Je pensais que le moment était mûr d'aller
plus loin dans le processus de démocratisation. Ce n'est pas le cas.
Alors, soit, je le constate et allons-y avec la périodicité de la
délimitation.
M. Bélisle: Je suis convaincu que, dans cinq, sept, huit
ans, la règle au Québec -peut-être que je ne serai pas
là, que nous ne serons plus là - ce sera la règle du poids
de la population. Vous serez obligés par la force des choses, surtout
à cause du phénomène de la dénatalité, de
reconnaître cette importance.
Une voix: Est-ce que ce sera à la livre ou au
kilogramme?
M. Rochefort: Au-delà des prophéties, est-ce que
vous me permettriez de constater qu'il n'existe pas de consensus sur la section
1?
M. Rochefort: M. le Président, je pense qu'il faut
formuler cela comme le ministre l'a fait tantôt. Je serais parfaitement
d'accord avec sa formulation de conclusion. N'ayant pas de consensus pour
utiliser la population globale comme base de délimitation de la carte
électorale, nous maintenons la population électorale comme base
de délimitation des circonscriptions électorales. C'est ce qu'a
dit le ministre. Je pense que la formule est parfaite.
M. Gratton: M. le Président, je ne voudrais surtout pas
que cela porte à méprise et qu'on puisse interpréter de
quelque façon que ce soit, de la part du parti ministériel, un
appui au maintien. Je pense qu'on doit tout simplement constater qu'en vertu de
nos mandats on doit dégager des consensus. Il n'y a pas de consensus
sur
la proposition d'utiliser la population globale comme base de
représentation.
M. Rochefort: M. le Président, le ministre maintient ses
propos de tantôt et, en conséquence...
M. Gratton: C'est une conséquence, mais la
constatation...
M. Rochefort: Non, parfait, on s'entend bien. J'ai dit que
j'étais d'accord avec vos propos.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouin, M. le ministre, je me réfère à une des
décisions qui ont été prises lors de notre séance
de travail. Je la rappelle pour le bénéfice de tout le monde. Ce
qui a été adopté c'est que les consensus qui seront
dégagés lors de l'examen des propositions de réforme en
matière de circonscription électorale, les 20 et 21, etc., seront
inscrits formellement dans le procès-verbal de la commission. À
ce moment-là, avec votre permission, est-ce que l'inscription qui sera
faite au procès-verbal est la constatation par le président qu'il
n'y a pas de consensus sur la proposition portant sur la base de la
représentation? D'accord? Cela va, M. le ministre?
M. Gratton: Oui, M. le Président.
Le Président (M, Filion): Est-ce que cela va, M. le
député de Gouin?
M. Marcil: C'est conforme au procès-verbal, aux ententes
préétablies entre les deux formations.
Le Président (M. Filion): Vous êtes d'accord, M. le
député de Gouin?
M. Rochefort: Oui, M. le Président, y compris sur
l'ensemble des propos de conclusion tenus par le ministre.
Le Président (M. Filion): À ce moment-ci, j'attire
donc l'attention des...
M. Rochefort: C'est un homme précis.
Une voix: II y a la "pusillani...té". (11 h 45)
La périodicité de la
délimitation
Le Président (M. Filion): II n'y a que le
député de Terrebonne qui est capable de dire cela comme il faut.
À ce moment-ci, je vous réfère donc au chapitre 2, la
fréquence de la délimitation ou la périodicité de
la délimitation, comme on veut. Selon le texte de base du rapport, "Au
Québec, une nouvelle délimitation des circonscriptions
électorales est obligatoirement entreprise après chaque
élection générale." Vous aurez compris que cette lecture a
pour but de bien situer le débat. "Ailleurs au Canada, cette
périodicité varie: dix ans au fédéral, au Manitoba,
à Terre-Neuve, huit ans en Saskatchewan et après deux
élections générales en Alberta et en Colombie britannique.
Malgré cette fréquence plus grande au Québec, en pratique,
les modifications importantes à la carte électorale n'ont eu lieu
qu'à toutes les deux élections, soit aux huit ou neuf ans, tel
qu'en témoigne l'expérience passée. L'hypothèse de
réduire la fréquence de la délimitation des
circonscriptions électorales n'est pas nouvelle. En 1978-1979, il avait
été suggéré d'opter pour une
périodicité décennale. Le Directeur général
des élections se montrait lui-même ouvert à cette
idée en 1985 lors de l'étude de ses crédits lorsqu'il
déclarait que cette suggestion "assurerait une certaine
continuité de la carte et des changements moins fréquents." Il
nous paraît donc souhaitable de porter à dix ans l'intervalle
entre les délimitations de la carte électorale et de faire
coïncider cette opération avec la tenue du recensement
fédéral décennal."
Les questions qui sont posées dans le document de travail qui
vous a été remis sont: "La périodicité de la
délimitation des circonscriptions fédérales doit-elle
être modifiée? Si oui, la délimitation des circonscriptions
électorales ne devrait-elle pas être effectuée tous les dix
ans, soit au lendemain du recensement fédéral décennal?"
Je laisse donc la parole à M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, les deux questions,
évidemment, sont intimement liées à
l'élément premier, soit la base de la représentation,
parce qu'effectivement, si nous avions obtenu un consensus pour utiliser la
population globale comme base de la représentation, il aurait fallu
nécessairement, à cause des mécanismes, à cause des
outils qui auraient changé, c'est-à-dire recensement
décennal plutôt que liste électorale, procéder
à des modifications à la périodicité. La base de la
représentation ne changeant pas, évidemment, la question ne se
pose plus dans les même termes. Cependant, rappelons les deux objectifs
que poursuivait le rapport, c'est-à-dire celui de pousser plus avant la
démocratisation du processus de délimitation tout en conservant,
cela va de soi, les acquis, il y avait également l'objectif de
réduction des coûts. Nul doute que le fait que nous ayons
l'obligation de procéder à la délimitation de la carte
électorale après chaque élection implique des coûts
non seulement du fait que cette délimitation doit être faite tous
les quatre ans plutôt que tous les dix ans ou tous les huit ans, comme
c'est le cas partout ailleurs au Canada, mais aussi
parce que c'est probablement l'élément majeur qui
nécessite, j'Imagine, dans une grande mesure, le caractère
permanent de la Commission de la représentation.
Je sais que le député de Gouin, parce qu'il m'en a
informé, avait demandé au Directeur général des
élections de se pencher sur les coûts qui sont impliqués.
On sait qu'à diverses reprises, lors d'auditions du Directeur
général des élections sur ses prévisions
budgétaires, on a essayé de cerner combien il en coûtait
pour les travaux afférents à la Commission de la
représentation. Depuis l'intégration des diverses fonctions
électorales au sein du bureau du Directeur général des
élections, il est impossible, à l'étude des crédits
ou même à l'examen des prévisions budgétaires du
DGE, de statuer très exactement sur les coûts qui sont
spécifiquement affectés aux travaux de la Commission de la
représentation. Si les membres de la commission étaient d'accord,
on pourrait peut-être interroger le Directeur général des
élections; l'information qu'il pourrait nous transmettre nous
permettrait d'avancer non seulement en ce qui concerne la fréquence de
la délimitation, mais également en ce qui concerne d'autres
questions que nous poserons en cours de route.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: II est juste que j'avais demandé au
Directeur général des élections de préparer, pour
la présente commission, l'état des frais reliés aux
travaux de la Commission de la représentation, incluant les frais
permanents qui sont attribués à son bureau comme Directeur
général des élections. Cela étant dit, quant
à l'ordre des travaux, je suis d'accord avec la proposition du ministre.
Si je comprends bien, compte tenu des préoccupations importantes du
gouvernement sur la question des coûts, on essaierait de faire le tour
complet de la question des coûts pour que ce soit réglé,
pour le reste.
M. Gratton: C'est cela.
M. Rochefort: Je suis d'accord, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Cela va?Donc, on va
demander au Directeur général des élections de donner les
renseignements pertinents aux questions posées par les deux partis.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, M. le Président. Au
préalable, on me permettra, puisque je viens de comprendre qu'on
voudrait discuter de l'ensemble de cette question, de rappeler certains points
se rapportant à la dernière question, en fait, de ce document,
celle des rapports. Je pense qu'il est important de se rappeler d'abord que,
dans la Loi sur la représentation électorale, il n'y a pas de
disposition précise stipulant qu'il doit y avoir un rapport des
dépenses et des coûts qui découlent des activités de
la Loi sur la représentation électorale. Qu'on se propose d'en
inclure, je dis tout de suite que, pour ma part, je serais très heureux
que cela se fasse. Cependant, je voudrais vous souligner que, malgré
qu'il n'y ait pas de disposition à cette fin, depuis
l'intégration de l'administration du système électoral en
1983, j'ai compris que la signification à donner aux articles 483 et
suivants de la Loi électorale oblige te Directeur général
des élections à soumettre des prévisions
budgétaires et à remettre un rapport préliminaire. J'ai
compris qu'à l'égard de l'administration de tout le
système électoral, il est nécessaire de faire état
de prévisions budgétaires et de rapports financiers qui englobent
toute l'administration dont j'ai la responsabilité.
En conséquence, depuis 1983, ce qui est remis à tous les
membres de l'Assemblée nationale, c'est un rapport financier
préliminaire ainsi que des prévisions budgétaires. Il y a
également, dans le rapport annuel, un rapport intégré des
dépenses. Dans ces prévisions budgétaires et dans ces
rapports financiers préliminaires, depuis trois ans ou quatre ans, on
retrouve toujours des détails concernant la Commission de la
représentation. J'ai devant moi tous ces rapports, si jamais vous voulez
qu'on précise. Depuis plusieurs années, même s'il n'y a pas
d'obligation, dans la Loi sur la représentation électorale, j'ai
cru qu'il était dans la logique de l'intégration de faire part de
ces dépenses aux membres de l'Assemblée nationale et de leur
faire part des prévisions budgétaires. Donc, on les retrouve
depuis quelques années.
Une des raisons pour lesquelles j'ai cru qu'il fallait que ce soit
présenté, même si ce n'était pas exigé par la
loi, donc, dans les rapports financiers, les prévisions
budgétaires et dans le rapport annuel, en plus des comptes publics,
c'est que l'article 22 de la Loi sur la représentation électorale
stipule que le personne! du Directeur général des
élections est à la disposition de la Commission de la
représentation. Il y a d'autres articles de la Loi sur la
représentation électorale qui nous amènent à
effectuer certaines dépenses, comme l'article 12 et l'article 26 sur
l'information qui doit être donnée et la diffusion qu'on doit
faire à la suite de l'adoption d'une nouvelle carte électorale.
L'article 27 parle de la tournée d'information qu'on doit faire et
l'article 19 dit que la commission peut retenir les services de toute personne;
par exemple, elle peut retenir les services d'une agence de
publicité pour diffuser l'information.
Or, à quoi se résume la majeure partie des coûts de
la commission? Elle se résume aux honoraires des commissaires et aux
frais de communication, de publicité, de diffusion et d'impression du
rapport. Les autres frais, car il y a d'autres frais pour les travaux qui sont
effectués, sont intégrés dans les travaux que fait le
personnel du Directeur général des élections.
Que l'on demande è l'avenir qu'il y ait un rapport distinct et
détaillé, je l'ai mentionné au départ, pour ma
part, je n'y vois, évidemment, pas d'objection, parce que j'ai toujours
eu comme principe - et j'ai l'intention de continuer - que l'administration du
système électoral soit ouverte et disponible. Quant à moi,
on n'a rien à cacher. Cependant, cela voudrait dire la contrainte
suivante que je voudrais vous préciser, contrainte que, si c'est votre
désir, on assumera. Cela voudrait dire que le personnel chez nous, qui
occupe des fonctions diverses, devra à l'avenir - je vais vous donner
des exemples concrets - tenir un compte rendu détaillé du temps
qu'il met, par exemple, pour travailler à la Loi sur la
représentation électorale, du temps qu'il met à travailler
pour l'application de la Loi sur les élections dans certaines
municipalités, du temps qu'il met à travailler pour l'application
de la Loi électorale, par exemple, pour l'établissement des
sections de vote. Cette situation découle de l'intégration.
Cela signifie qu'il est très difficile d'identifier de
façon - sauf pour un certain nombre - très spécifique les
employés qui travaillent uniquement pour les fins de la Loi sur la
représentation électorale. Par exemple, les gens du contentieux
travaillent également pour l'application du titre VII du financement.
Les gens des communications travaillent également pour le scrutin et le
financement. Les gens des services auxiliaires travaillent également
pour ces deux autres responsabilités. Les gens de l'organisation et
méthode de la recherche... Tous les services chez nous - c'est comme
cela qu'est comprise l'intégration, c'est comme cela qu'on fait
l'administration électorale - sont au service de trois grandes
responsabilités qui sont les nôtres: celle du scrutin, celle du
financement et celle de la représentation.
Si on nous demande des états financiers plus
détaillés et distincts, je pose la question: Si on veut
être logique, il faudrait peut-être qu'on fasse la même chose
pour les autres responsabilités, à un moment donné. Si
vous demandez aujourd'hui qu'on vous donne un rapport détaillé et
distinct des travaux que font les employés pour la représentation
électorale, je pense qu'il faudrait - c'est juste une réflexion,
mais je dépasse un petit peu les cadres de la présente
étude - un jour pousser la logique aussi loin et aller jusqu'à
dire qu'il faudrait qu'on ait chez nous des feuilles de temps qui
démontreraient qu'un membre du contentieux a travaillé deux
heures au dossier de la représentation, qu'il a travaillé trois
heures à l'application du titre VII, qu'il a travaillé quatre
heures à une autre responsabilité. Ce n'est pas impossible de le
faire, mais cela veut dire des rapports financiers et l'état de notre
situation qui seraient morcellés tout en ayant une administration
intégrée.
Comme je vous le dis, je veux juste vous présenter le
problème. Ce n'est pas une objection de ma part, c'est une remarque, une
observation que je fais. Je trouve juste la remarque qui est faite, à
savoir qu'il n'y a pas d'exigence formelle - évidemment, ce n'est pas
dans la loi - à ce qu'on fasse ces rapports, mais je dois souligner
qu'ils ont quand même été faits jusqu'à maintenant
et que vous disposez de plusieurs occasions, je pense, de pouvoir m'interroger
ou vous interroger sur ces dépenses ou ces prévisions que l'on
fait à l'occasion des prévisions budgétaires et aussi dans
le cadre de l'application d'un article de votre règlement qui dit que
vous pouvez nous convoquer au moment où vous le jugez à propos.
(12 heures)
Cela étant dit, j'ai certains chiffres qui peuvent
peut-être vous éclairer sur les coûts pour les années
antérieures et aussi sur les effectifs. Je voudrais commencer par
établir de quelle façon on peut approximativement,
présentement, parler d'un partage de responsabilités ou de
répartition. Mais ceci est absolument approximatif parce que cette
méthode de comptabilisation n'est pas systématique chez nous.
C'est une approximation à cause, justement, de cette intégration
administrative. Ce que je vais vous donner, c'est une approximation du nombre
de personnes qui - si je peux retrouver mon document - sont appelées
à travailler de façon plus spécifique à la Loi sur
la représentation électorale. Je vous demande juste une minute,
M. le Président, pour retrouver le bon document et vous donner ce
chiffre.
Si on veut faire ce partaqe concernant le personnel, le temps de travail
- et je tiens à préciser que ce n'est qu'une approximation - qui
est requis dans le cadre de la Loi sur la représentation
électorale, actuellement, cela requiert a temps plein des travaux pour
douze employés. Évidemment, vous savez comment se font ces
calculs. Cela se fait en termes de personnes-années. Alors, ce n'est pas
formellement douze noms que je peux vous donner. C'est en termes de
personnes-années.
Quant aux autres personnes des services auxiliaires, des communications,
du contentieux, de la gestion financière, d'organisation et
méthode, de la recherche, en termes encore de personnes-années,
on arrive à la conclusion, par exemple, que ce
sont plusieurs personnes, mais cela peut représenter un
employé à temps plein plus deux mois, Bon, alors, à temps
plein pendant une année donc, c'est pour quatorze mois.
Mon adjoint me signale un point qui peut être important, Ce que je
viens de vous donner comme chiffres, c'est la projection que l'on fait pour
l'année 1987, si nous accomplissons le travail de la prochaine carte
électorale. Si on regarde, par exemple, l'allocation... Oui?
M. Rochefort: Recommencez cela comme il faut, je veux être
sûr d'avoir bien compris.
M. Côté (Pierre-F.): Quand j'ai parlé de
douze employés, par exemple, tout à l'heure, c'est le nombre
requis de personnes-années ou d'employés si on effectue le
travail à partir des prochains mois. Si, par exemple, on regarde le
travail qui a été fait l'an dernier, il n'y a pratiquement pas eu
de travail de fait. On n'avait pas à effectuer des travaux. Cela
représente trois personnes-années pour l'an dernier. On peut
essayer de remonter comme cela pour les autres années, mais cela vous
donne un aperçu du personnel requis.
Quant à requérir les services d'autres personnes ou des
services ailleurs pour accomplir ce travail, il n'a pas été
nécessaire de le faire ni en 1981 ni en 1985 pour les deux derniers
rapports que nous avons déposés sauf, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, dans le cas de requérir les
services d'une firme de publicité. Alors, il y a des frais
d'information. Si vous me le permettez, je vais m'informer si on en a eu
d'autres de cette nature, mais je ne le crois pas. Je vous donne cela sous
réserve, mais on me donne l'information qu'il n'y en a pas eu d'autres.
Par exemple, on n'a pas engagé de spécialistes de
l'extérieur, on n'a pas engagé d'autres personnes, ni requis, non
plus, les services d'autres ministères, d'autres organismes ou
institutions. Le personnel qui est chez nous suffit à la
tâche.
Je vous ai signalé également que ce même personnel
peut - enfin, j'insiste là-dessus également - lorsqu'il
n'effectue pas ce travail, effectuer d'autres tâches. Par exemple, ces
temps-ci, ce qui nous demande passablement de temps et de
responsabilités, c'est du travail dans le cadre de la Loi sur les
élections dans certaines municipalités. L'an dernier, en
particulier, cela a été une période assez
considérable parce que c'est l'année qui précédait
le changement des districts électoraux municipaux pour un grand nombre
de municipalités. Cette année, on prévoit avoir un peu
moins de travail dans ce domaine.
Il y a aussi certaines catégories d'employés... Je peux
vous dire en quoi consiste ce personnel. C'est du personnel qui, chez nous, est
à la division territoriale. Ce sont des professionnels, du personnel de
bureau, des techniciens, du personnel dans le domaine cartographique. Encore
là, il y a un professionnel et des techniciens. Ceux-ci travaillent
également à l'établissement des sections de vote dans
l'application de la Loi électorale et à un travail qu'on a
entrepris avant les dernières élections générales
concernant les ressources institutionnelles pour savoir quels endroits il
serait plus approprié d'utiliser à des fins électorales,
soit pour les bureaux des directeurs du scrutin, les bureaux de votation, les
bureaux de dépôt ou les bureaux de scrutin, évidemment.
C'est un travail qui a été fait par ce personnel.
Comme coûts, qu'est-ce que cela représente cette
évaluation, cette approximation du nombre d'employés? On a
établi la moyenne des salaires qui doivent être payés chez
nous, On va vérifier si ma moyenne est exacte. Mais si je ne me trompe
pas, de mémoire, c'est une moyenne de 28 000 $. Par exemple, un
professionnel peut être payé plus cher qu'une secrétaire,
mais c'est de 28 000 $ à 30 000 $. Pour les treize employés dont
j'ai parlé tantôt, soit les douze plus un et deux mois, en
salaires, cela représente 391 714 $. Évidemment, c'est
basé sur une année de travail.
Des voix: Combien?
M. Côté (Pierre-F.): 391,714 $ Évidemment, ce
même personnel, comme je l'ai mentionné tantôt, effectue
également d'autres travaux. Il effectue des travaux pour la Loi sur les
élections dans certaines municipalités et la Loi
électorale.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre.
M. Gratton: M, Côté, je voudrais qu'on se comprenne.
Vous nous avez dit tantôt dans vos approximations de personnel que, si
vous procédiez au travail, ce serait l'équivalent de 12 ou 13
employés, en fait 13,2 employés, qui seraient affectés, en
termes de personnes-année à la délimitation des
circonscriptions électorales. Par contre, vous venez de nous dire que,
s'ils ne procèdent pas à ce travail ou même dans le cours
de ces travaux, ils peuvent faire autre chose. Est-ce que je dois comprendre
que, si on y procède, les 13,2 employés vont être
spécifiquement affectés à la délimitation et ne
feront pas d'autres travaux? Ils pourraient, à titre d'individus,
être affectés ailleurs, comme vous l'avez expliqué, mais le
nombre de 13,2 personnes-années représente vraiment un coût
attribuable directement à la délimitation électorale.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, mais, M- le ministre, je
voudrais être bien clair sur un point. On pourra vous le dire de
façon formelle et précise après qu'on aura effectué
les travaux parce que ce genre de comptabilité n'est pas établi.
C'est pour cela que j'ai apporté une nuance là-dessus. Par
exemple...
M. Gratton: Je m'excuse, M. Côté. M.
Côté (Pierre-F.): Je vous en prie.
M. Gratton: J'ai compris tout cela, mais je veux, au moins,
comprendre quand vous me parlez de 13,2 personnes-années. Si on
procède en 1987 au travail de délimitation, c'est vraiment 13,2
personnes approximativement. On pourrait peut-être, quand on aura fait
l'exercice, si jamais on le fait, se retrouver à 5
personnes-années ou à 20 personnes-années, mais dans
l'hypothèse où c'est approximativement 13,2, c'est 13,2 pour la
délimitation et non pas pour la délimitation et d'autres
choses.
M. Côté (Pierre-F.): C'est exact, ce que vous
dites.
M. Gratton: D'accord, merci.
Le Président (M. Marcil): Si on a bien compris, 13,2
personnes-années, c'est pour le travail de la délimitation, c'est
cela?
M. Côté (Pierre-F.): C'est cela.
M. Gratton: Me permettrait-on, M. le Président, de
continuer? Donc, j'en conclus que vous nous dites que, si on ne procède
pas en 1987, c'est environ 3 personnes-années.
M. Côté (Pierre-F.): Je m'excuse, ce n'est pas cela
que j'ai mentionné tout à l'heure. Bien oui, cela peut revenir
à cela parce que, l'an dernier, c'est ce que cela a pris. Si on
l'appliquait, oui, cela pourrait revenir au même.
M. Gratton: Je conviens qu'on parle de façon très
théorique. On n'a aucune indication et on ne vous prête surtout
pas l'intention de nous dire qu'il s'agit là de données
très exactes.
M. Côté (Pierre-F.): Non, mais, si vous le
permettez, M. le ministre, seulement une précision: par exemple,
supposons que les travaux commencent bientôt, il est évident que
ce personnel sera affecté de façon plus intense à la
tâche pendant les premiers mois avant d'en arriver à la
proposition d'une carte. Pendant la tournée que la commission fait, ils
sont encore au travail, mais il y a des périodes où ils sont un
peu plus libres et où ils peuvent faire autre chose.
M. Gratton: S'il y en a 13,2 approximativement si on
procède et qu'il y en a 3 seulement si on ne procède pas, il en
reste 10 environ qui sont affectés par la périodicité,
parce que, là, on parle de cela; on ne parle pas de la question à
savoir si la commission doit être permanente ou non.
M. Rochefort: On fait toute la discussion sur les coûts qui
serviront à l'ensemble des autres questions.
M. Gratton: Oui, toute la discussion sur les coûts...
M. Rochefort: Oui, oui, cela va.
M. Gratton: ...mais moi, je voudrais me limiter, dans le cadre de
ma question, à constater qu'il y a donc une dizaine de
personnes-années qui sont affectées par la
périodicité.
M. Côté (Pierre-F.): Me permettriez-vous une autre
précision, M. le ministre? Je l'ai précisé tout à
l'heure, je pense que c'est important: quand on établit, par exemple,
une dizaine de personnes, c'est dans le cadre - et je veux être bien
clair là-dessus - d'une administration intégrée. Si jamais
cette responsabilité était assumée par une autre
organisation, il faudrait voir de quelle façon, pour un certain nombre -
là je vous parle des douze, mais il y a aussi la personne-année
et quelques mois - on répartit l'organisation, par exemple: les services
administratifs, les services financiers, le contentieux. Il est possible de
soustraire une personne du contentieux quelques heures pour l'affecter à
cela. Si je reprends, par exemple, ce qui existait avant l'intégration
-ce que je veux mentionner, c'est cela - il y avait nécessité
d'avoir, par exemple, un service d'information propre à I'orqanisation
telle qu'elle existait. A ce moment-là, en se basant sur
l'expérience antérieure, je pense que cela voudrait dire plus de
personnes requises. (12 h 15)
M. Gratton: Je conviens de cela, mais dans la mesure où je
me limite pour le moment à tenter de cerner l'implication des
coûts par rapport à la périodicité, je dis
simplement: Si on la faisait moins souvent, évidemment, cela
coûterait moins cher. Je ne peux pas imaginer, si on la faisait aux deux
élections plutôt qu'à chaque élection, que tout ce
monde serait nécessaire pour faire un travail une fois aux huit ans
plutôt qu'une fois aux quatre ans, quelles que soient les formules qu'on
emploie: qu'on aille emprunter des fonctionnaires dans d'autres
ministères, qu'on fasse appel à l'expertise qui existe ailleurs
ou qu'on mette à contribution des
gens du bureau du Directeur général des élections,
qui n'ont rïen à voir, de façon permanente, avec la
Commission de la représentation. Bref, il y a moyen d'envisager des
économies de coûts si on procède moins souvent.
Je voudrais essayer de cerner un ordre de grandeur. Je parle de dix
personnes-années ne.t annuellement pour chaque année pendant
laquelle on ne fait pas de délimitation. Vous nous parlez d'une moyenne
de 28 000 $ à 30 000 $. J'aurais plutôt été enclin
à parler de 35 000 $ à 40 000 $ en y incluant les avantages
sociaux et les coûts d'échelle. Je ne sais trop quel jargon on
emploie pour en arriver à déterminer le coût réel
d'une personne-année dans ta fonction publique.
Ces sommes, je les situe à - vous nous parlez de 391 000;
à dix, cela ferait un peu moins - 400 000 $ ou 500 000 $. Je ne suis pas
en train d'essayer de l'établir de façon très
précise, puisqu'on marche avec des approximations.
Je présume que je dois ajouter cela aux sommes qui sont dans les
prévisions budgétaires et qui ne sont pas pour la
rémunération du personnel. Notamment, par exemple, dans vos
dernières prévisions budgétaires, on parlait d'un total de
202 000 $ dont la moitié, environ, aux communications, le quart aux
services et le reste en fournitures et aux dépenses...
M. Côté (Pierre-F.): Excusez, M. le ministre. Je
voudrais juste retrouver le document que vous utilisez.
M. Gratton: Prévisions budgétaires du Directeur
général des élections, 1986-1987, en page 6,
administration du système électoral. Variations par
catégories au niveau du programme 3, personnes désignées
par l'Assemblée nationale, élément 2, Commission de la
représentation électorale. Alors, en 1985-1986, c'était
245 000 $. Cette année, c'est 202 000 $. Donc, j'en arrive, en ajoutant
200 000 $ à 400 000 $, à 600 000 $ ou 700 000 $.
Par contre, quand j'étudie le rapport du comité technique
d'évaluation des institutions et organismes reliés à
l'administration des lois électorales de septembre 1982, à la
page 56, on retrouve la synthèse des dépenses réelles de
la CRE pour les deux derniers exercices financiers. On constate qu'en
1980-1981, avant l'intégration, de la Commission de la
représentation au bureau du Directeur général des
élections, le budget était de 2 796 000 $. En 1981-1982, ce
budget était de 1 972 000 $. On voit qu'en 1980-1981, avant la
délimitation de 1981, cela frisait les 3 000 000 $. Dois-je conclure
qu'on aurait théoriquement réalisé des économies de
700 000 $ ou 800 000 $ par le seul fait d'intégrer la CRE au DGE?
M. Côté (Pierre-F.): On a, évidemment,
réalisé des économies, mais pas tout à fait de la
façon dont vous le calculez, parce que, dans les chiffres que vous avez
évoqués tout à l'heure, pour les prévisions
budgétaires de 1986-1987, les montants que vous avez cités de 245
000 $, évidemment, ce sont des prévisions. Il faudrait
vérifier ce qui a été dépensé effectivement.
Cela ne couvre pas les salaires des employés. Les salaires des
employés apparaissent dans la section des prévisions du Directeur
général des élections parce que la commission n'a pas
d'employés.
M. Gratton: C'est ce que je disais.
M. Côté (Pierre-F.): C'est cela. Dans les
coûts que vous avez évoqués tout à l'heure - je vous
les donne de mémoire, quitte à les vérifier de
façon plus précise -de 2 000 000 $ et 1 000 000 $ et quelques en
1980-1981, évidemment, la grosse part de ces montants, ce fut le travail
effectué pour la carte de 1981. Je n'essaie pas de justifier ou
d'expliquer tout ce qui s'est passé à cette
époque-là, mais je veux juste vous rappeler que cela s'est fait
dans une période très courte, avec des exigences de communication
assez fortes qui venaient de la part de membres de l'Assemblée
nationale. Cela a été la grosse partie. On a
dépensé près de 1 000 000 $ à l'époque
simplement pour informer la population. C'était la grosse partie des
dépenses. Si on regarde la part des salaires des employés, ce
n'est pas là qu'a été le plus gros coût à
cette période, en 1980-1981.
Cependant, je veux ouvrir une petite parenthèse juste pour vous
signaler notre préoccupation à cet égard; je vous ai fait
part qu'à la suite des demandes, il y a quelques mois, du Conseil du
trésor, on a procédé à une diminution des effectifs
chez nous, en particulier, par exemple, l'an dernier. Parce qu'il n'y avait pas
de responsabilité sur le plan de la carte électorale, cela nous a
amenés, pour l'année courante, à diminuer un peu le nombre
d'employés permanents chez nous, dans le cadre des compressions
budgétaires. J'ai ouvert cette parenthèse; je ne sais pas si elle
répond bien à votre question, M. le ministre.
M. Gratton: Cela va. Je ne sais pas s'il y a d'autres questions
de l'Opposition.
M. Rochefort: M. le Président, j'avoue que j'aimerais
mieux qu'on...
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Gouin, vous avez la parole.
M. Rochefort: Oui, mais c'est au ministre que je veux
m'adresser.
M. le Président, je préférerais qu'on
revienne à !a façon dont on doit faire la discussion.
Est-ce qu'on fait le tour de tous les coûts, sous toutes leurs facettes,
dont on pourra se servir dans le document? Tantôt, j'avais compris qu'on
faisait la discussion sur tous les coûts et dans son intervention, le
ministre dit: Pour l'instant, c'est la question de la fréquence qui
m'intéresse.
M. Gratton: M, le Président, on peut poser des questions
particulières; j'en aurai d'autres, tantôt, sur les
coûts.
M. Rochefort: Je comprends que, depuis hier, vous montrez
clairement que vous avez une préoccupation légitime.
Au-delà des questions et réponses auxquelles on a eu droit de la
part du ministre et du Directeur général des élections,
j'aimerais voir plus et mieux la nature des préoccupations du ministre.
Y a-t-il d'autres coûts-problèmes, d'autres
éléments, selon le ministre, qu'on doit prendre en
considération maintenant pour faire le tour de la question des
coûts?
M. Gratton: L'objectif que je vise, c'est de tâcher de
savoir combien il en coûte au gouvernement.
M. Rochefort: Vous n'avez pas d'étude, de votre
côté, qui vous amènerait à la conclusion que c'est
cher ou que ce n'est pas cher, des choses comme cela.
M. Gratton: Je n'ai pas d'autres données que celles qui
ont été fournies par le Directeur général des
élections.
M. Rochefort: Par exemple, ce qu'on retrouve dans le rapport
Gobeil. Dans ce rapport, on fait allusion aux coûts
générés par l'administration de nos différentes
lois électorales. Est-ce que c'est une affirmation qui s'arrête
là ou si M. Gobeil vous a fourni des données vous permettant...
On n'a pas de données de M. Gobeil là-dessus? D'accord. Cela
va.
M. Gratton: Non, en vertu du fait que le Directeur
général des élections est une personne
désignée, il n'a pas à répondre au Conseil du
trésor de son administration.
M. Rochefort: Mais vous n'avez pas de chiffres.
M. Gratton: Effectivement, les seuls chiffres dont je dispose
sont ceux que nous fournit le Directeur général des
élections. Ils nous ont, d'ailleurs, été fournis de
façon approximative dans le passé à l'occasion de
rencontres semblables à celle d'aujourd'hui.
M. Rochefort: Deuxièmement, on s'entend qu'on fait toute
la discussion sur les coûts et, par la suite, on reprendra les
élé- ments qui nous intéresseront selon les
différents points. J'aimerais d'abord savoir du Directeur
général des élections s'il a en sa possession des
données - si cela existe, j'aimerais qu'on puisse y avoir accès -
par exemple, quant à ce que cela coûte au fédéral.
Je sais qu'au fédéral il y a dix commissions, une par province,
et, en plus, il y a les services du Directeur général des
élections, M. Hamel. Pour avoir déjà un peu pataugé
dans cela, on sait qu'on s'y réfère souvent en disant que cela ne
coûte pas cher mais, quand on gratte un peu, on s'aperçoit qu'il y
a des gens permanents aussi chez M. Hamel. Est-ce qu'on a des données
pour pouvoir, justement, établir une relation, relativiser les
coûts du Québec? Est-ce qu'on a des données
là-dessus?
M. Côté (Pierre-F.): Il va de soi qu'on s'est
également posé cette question, parce que c'est une comparaison
qu'on fait assez facilement. On a essayé d'obtenir des informations. Par
exemple, une chose assez surprenante, seulement pour mentionner un fait
récent: les commissions qui ont existé... Vous savez qu'avant la
date qu'a mentionnée le ministre tout à l'heure - c'est en 1984,
je pense, qu'il y a eu des changements - il y a eu un rapport d'un certain
nombre de commissions qui ont existé et il y en eu de nouvelles de
créées avec le chanqement de gouvernement. L'information qu'on a
- mais on n'est pas capable de le retrouver de façon précise dans
aucun document du gouvernement fédéral pour le moment - c'est que
l'ensemble des commissions pour le Canada a coûté entre 5 000 000
$ et 7 000 000 $ pour les travaux effectués en 1982-1983. Du
côté du Directeur général des élections, les
informations qu'on a au fédéral sont les suivantes... Je
m'excuse, il y a un document sur lequel je voudrais mettre la main pour vous
donner un chiffre précis. Actuellement, au bureau du Directeur
qénéral des élections, il y a quatre employés
permanents qui s'occupent de ce secteur. Cependant, depuis six ans, il y a
quinze employés temporaires pour s'occuper de ces questions.
M. Rochefort: Temporaires à temps plein.
M. Côté (Pierre-F.): Cela revient à cela.
M. Rochefort: Ils n'ont pas un poste permanent dans la fonction
publique, mais ils travaillent 40 heures par semaine.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, c'est cela. C'est pour
cela que cela peut prêter à confusion quand on demande des
informations à Ottawa, parce qu'ils nous répondent qu'ils ont
quatre personnes, mais en fait... En plus,
il y a une quinzaine d'employés au ministère de
l'Énergie, des Mines et des Ressources qui travaillent aussi à
plein temps là-dessus, uniquement pour la carte, ce qui fait 34
employés. Il y en a d'autres qui y travaillent également, mais
Statistique Canada n'a pas le nombre précis. On retrouve facilement 30
à 40 employés permanents qui travaillent sur les cartes
fédérales. De plus...
M. Rochefort: Refonte de la carte ou pas.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, oui, et cela de
façon permanente, pendant la période de dix ans entre la
constitution des différentes commissions. De plus, chaque commission
engage les employés dont elle a besoin. Mais, avant tout - je veux
être bien clair là-dessus, c'est l'une des caractéristiques
du système fédéral - chacune des commissions des provinces
a recours au personnel du Directeur général des élections
fédéral. S'ils ont à faire faire des travaux, par exemple,
en cartographie, ils les font faire à cet endroit, mais ils ont un
certain nombre de personnes, des secrétaires, qui leur permettent de
faire leurs tournées, ce qui explique que, finalement, il est
très difficile... Quand j'ai mentionné le chiffre de quelques
millions tantôt, on nous l'a donné sous toute réserve parce
qu'il ne semblait pas très connu et il semblait très difficile de
le retracer pour les commissions. On ne sait pas trop où fouiller dans
les comptes publics pour le retrouver. Il n'y a pas d'obligation de faire de
rapport. Mais au montant que j'ai donné, il faut ajouter cette trentaine
d'employés permanents.
M. Rochefort: Comme me le faisait remarquer mon collègue
de Jonquière - on connaît son passé, sa
préoccupation et son bon sens - en plus, ils ne s'occupent pas de
délimiter les districts municipaux.
M. Côté (Pierre-F.): Non. Ils n'ont pas cette
responsabilité et, au Québec, il y a 75 circonscriptions, on en a
122; ils en ont 284 pour l'ensemble du Canada.
M. Rochefort: À la remarque du ministre qui me dit: Ils
s'occupent de tout le Canada, oui, je veux bien, mais reconnaissons qu'en plus
ils bénéficient de tous les services de Statistique Canada.
M. Gratton: J'en conviens, mais tous les chiffres que nous donne
le Directeur général des élections doivent être au
moins divisés par quatre si on veut savoir ce que cela coûte au
prorata des électeurs ou des citoyens du Québec. Il ne faudrait
pas partir avec 34 personnes permanentes pour...
M. Rochefort: II y a quatre personnes à temps plein...
M. Gratton: ...comparer cela à quinze ici.
M. Rochefort: ...au bureau, plus quinze postes temporaires
permanents, plus une quinzaine au ministère de l'Énergie, ries
Mines et Ressources plus X à Statistique Canada. Admettons que cela fait
une quarantaine. On divise par quatre, si vous voulez, cela fait dix.
Une voix: Ce n'est pas comme cela.
M. Rochefort: Pardon?
M. Gratton: C'est moins de 40.
M. Rochefort: Cela fait dix. Non mais ici, c'est trois pour
assumer la permanence. (12 h 30)
M. Gratton: Oui, mais est-ce annuellement, M. Côté?
Bon an, mal an?
M. Rochefort: Oui, annuellement, bon an, mal an, refonte ou pas
refonte.
M. Côté (Pierre-F.): Oui.
M. Rochefort: Donc, je me dis: Voilà une donnée
importante.
M. Côté (Pierre-F.): Je m'excuse, M. le
député. Si vous me le permettez, je veux être bien clair
sur la source des renseignements. J'ai demandé à mon personnel
d'aller à Ottawa, de rencontrer le personnel d'Ottawa, et c'est
l'information que l'on nous a donnée. Comme je vous le dis, la
difficulté - ils l'avouent eux-mêmes parce qu'ils ont une
façon assez particulière, pas particulière, mais
différente de la nôtre, d'administrer -c'est de pouvoir retracer
et vous donner la liste complète avec les salaires et le reste. Je vais
vous donner un exemple de la façon dont on procède au bureau du
Directeur général des élections du Canada. Il y a un
très grand nombre de travaux dans le cours normal de l'exercice de ses
fonctions qui ne sont pas imputés à l'année courante, mais
qui sont imputés à un événement à venir.
C'est une façon très astucieuse de procéder.
Par exemple, ils vont effectuer des travaux sur les sections de vote au
Canada. Ce n'est pas imputé à l'année courante, c'est
inclus dans les dépenses de l'élection générale
à venir. C'est donc une autre façon de procéder. Ici,
c'est beaucoup plus évident parce que c'est intégré dans
le même rapport, sous la responsabilité d'une même personne.
Là-bas, c'est différent.
M. Rochefort: J'aurais peut-être une autre question
reliée à l'intéqration. On se rappelle les débats
entourant l'intégration en
1982-1983. Est-ce que vous avez fait des études sur ce que cela
impliquerait comme coûts de revenir à une structure
parallèle non intégrée comme avant 1983?
M. Côté (Pierre-F.): Ce serait difficile. Je n'ai
pas fait d'étude spécifique, je ne peux que vous soumettre
quelques réflexions qui explicitent un peu ce que J'ai mentionné
tout à l'heure. J'ai ici un tableau qui pourrait m'aider à vous
répondre plus clairement. Avant l'intégration - c'est un tableau
qui parle des dépenses globales - en 1981-1982, le total des budgets
était de 10 588 000 $. En 1982-1983, l'intégration s'est faite
et, sur un certain nombre d'années, vous allez voir non pas la
progression, mais la diminution après cela, en 1983-1984, en 1984-1985,
1985-1986 et 1986-1987. Je parle de 10 000 000 $ au départ, en
1981-1982, pour l'ensemble. En 1982-1983, 8 424 000 $, je parle toujours des
dépenses; en 1983-1984, 8 217 000 $; en 1984-1985, 8 022 000 $; en
1985-1986, 8 421 000 $; et les prévisions pour 1986-1987, 7 645 000
$.
Pour moi, il ne fait aucun doute que, si on dissociait de
l'intégration les responsabilités qui incombent actuellement au
Directeur général des élections face à la
confection de la carte électorale, cela coûterait plus cher parce
que cela requerrait tes services d'autres personnes que celles qui ont
été mentionnées tantôt. Si je prends les chiffres
qu'on a précisés, si, par exemple, on dit que ça prend une
dizaine de personnes-années, cela va prendre plus de monde que cela. Je
reprends les différents postes ou les personnes. Quand on dit, par
exemple, qu'on va utiliser les services trois mois par année d'une
personne dans le domaine des communications, je vois difficilement comment, si
cela n'est pas intégré, si ce n'est pas quelqu'un qui a d'autres
responsabilités, qui a des responsabilités partagées
pendant l'année, un organisme indépendant va pouvoir utiliser les
services d'une personne seulement trois mois par année. Il va falloir
qu'il engage une personne responsable, par exemple, des communications ou qu'il
fasse appel à quelqu'un d'autre qui va faire de même. Si un
organisme comme celui-là fait appel à un autre ministère
ou à un autre organisme, le coût va revenir au même.
À tout le moins, il va revenir au même, mais l'intégration
permet assurément des économies.
On pourrait toujours essayer de faire l'exercice dont vous parlez et
voir cela de façon beaucoup plus précise, mais, pour ma part,
selon l'expérience que j'ai vécue... Parce que j'ai vécu
l'expérience antérieure, avant l'intégration, j'ai
été membre de la Commission permanente de la réforme des
districts électoraux et de la Commission de la représentation. Je
peux vous donner les résultats de cette expérience. Il n'y a
aucun doute que cela coûterait plus cher.
M. Gratton: Le moins qu'on puisse dire, M. le Président,
c'est qu'il est très difficile - je n'en fais reproche à personne
- de s'y retrouver à cause de la nature même du mandat du
Directeur général des élections et du fait qu'on a fait
l'intégration. Les comparaisons, forcément, doivent être
boiteuses entre, par exemple, la délimitation au fédéral
et ici puisque le système n'est pas du tout le même et que la
façon de procéder est également différente.
Pour revenir à ce qu'on disait tantôt, on a
identifié qu'environ 400 000 $ à 500 000 $ en salaires pouvaient
être affectés au moment où il y a travail de
délimitation, en prenant les approximations de personnes-années
que nous a données le Directeur général des
élections. Si je prends, par exemple, le résultat de
l'opération 1985-1986, le dernier exercice où on a fait une
délimitation, on doit ajouter à cette somme quelque 250 000 $ qui
apparaissaient dans les sommes autres que salaires affectées à la
Commission de la représentation. Donc, on parle de 650 000 $, 750 000
$.
On se rappellera qu'en 1985 tout l'exercice a donné comme
résultat le déplacement d'un total de 6000 électeurs. Il y
a eu, bien sûr, des modifications à une trentaine de
circonscriptions, 33 si je ne m'abuse, mais d'ordre très mineur. La
plupart n'impliquaient aucun citoyen. Il s'agissait de changements ayant trait
à des territoires non organisés. Il y a seulement une ou deux
exceptions qui impliquaient des populations électorales de plus de 500
personnes. Donc, déplacement de 6000 électeurs, ce qui nous a
coûté au bas mot 700 000 $ ou 750 000 $.
À défaut de chiffres plus précis, on a quand
même là une indication des coûts engendrés qui sont
considérables. À défaut, justement, je pense, de pouvoir
aller plus loin, à moins qu'on n'y consacre des efforts que nous n'avons
ni le temps ni le loisir de faire, quant à moi, on pourrait laisser la
partie des coûts tout en y revenant, si nous le jugeons
nécessaire, au cours de nos débats et aborder les autres
arguments qui peuvent militer en faveur du maintien ou du changement de la
périodicité actuelle.
M. Rochefort: M. le Président, je suis parfaitement
d'accord avec la proposition du ministre d'aller de l'avant. Je pense qu'on a
eu les informations qui pouvaient être utiles à ce moment-ci. Je
veux faire un commentaire sur les dernières remarques du ministre. Je
veux bien, et c'est juste intrinsèquement, qu'en 1985 on ait
modifié à peu près une trentaine de circonscriptions pour
à peu près 6000 électeurs, à un coût que le
ministre évalue è peu près à 700 000 $. Je trouve
qu'il faut regarder ce
qu'on a dû faire pour arriver à cette conclusion de ne
modifier qu'une trentaine de circonscriptions pour déplacer à
peine 6000 électeurs. Ça aussi, ça coûte des
choses.
M. Gratton: J'en conviens.
M. Rochefort: La personne qui va faire son marché et qui
n'achète rien, ça ne veut pas dire qu'elle n'est pas
entrée dans le magasin et qu'elle n'a pas pendant deux heures
regardé ce qu'il y avait sur les rayons. On a procédé
à des études très importantes, à des recherches
sûrement considérables. Des travaux ont été faits et
par le personnel et par les commissaires pour brasser tout ça, bien
réfléchir de façon rigoureuse, responsable et
cohérente avec les réformes passées, avec la loi, pour
arriver à la conclusion qu'on ne transférait que 6000
électeurs, que ça n'impliquait qu'une trentaine de comtés,
mais aussi et beaucoup pour en arriver à une décision, la
justifier et la rendre acceptable, qu'on ajoutait des exceptions: Lévis,
Laprairie et quelques autres. C'est évident que, finalement, on peut
dire que 700 000 $ pour 6000 électeurs, c'est cher l'électeur,
mais ça n'a pas pris une demi-heure comme décision. Cela a
nécessité beaucoup de travaux, beaucoup de recherches, beaucoup
de réflexions, d'études pour en arriver non seulement à
ces conclusions, mais aussi à l'ajout des exceptions.
On sait que les exceptions, ça ne doit pas être simple
quand la Commission de la représentation décide d'en faire parce
que cela va à l'encontre du grand principe du poids électoral
dont on a discuté longuement ce matin et hier. Donc, par
définition, faire une exception, ce n'est sûrement pas une chose
simple et facile. Il faut rationaliser cela et bien peser cela à tous
égards avant de poser le geste. Je pense que cela nous permet de mieux
voir comment on peut expliquer le coût de 700 000 $. Cela dit, M. le
Président, je suis d'accord pour poursuivre.
M. Gratton: J'enchaîne sur ce qu'a dit le
député de Gouin pour dire que je reconnais effectivement qu'on a
dû faire des efforts très sérieux pour en arriver à
cette conclusion. Mais, justement, un des arguments qui nous amènent
à endosser la proposition du rapport Rémillard de réduire
la périodicité - on ne parle plus de dix ans à partir des
recensements décennaux, mais on parle de réduction; on pourra
quantifier cette réduction tantôt si on le veut - de la
délimitation, c'est justement qu'en pratique l'expérience
vécue tend à démontrer qu'en réalité il se
passe deux élections avant que des modifications substantielles soient
apportées à la carte électorale.
Regardons ce que cela a donné très spécifiquement.
Les élections de 1973 et 1976 ont été tenues avec la
même carte électorale qui était issue du deuxième
rapport de la commission déposé en 1972. Il n'y a pas eu de
changements. L'élection de 1981 a eu lieu en vertu d'une nouvelle carte
élaborée un an plus tôt. Elle apportait des modifications
substantielles à la carte précédente en créant
notamment douze nouvelles circonscriptions.
Enfin, l'élection de 1985 - on vient d'en parler - s'est tenue,
elle aussi, avec une nouvelle carte, mais les modifications apportées
à la carte précédente n'étaient pas substantielles,
du moins quant aux impacts sur les électeurs, puisqu'elles
n'impliquaient le transfert que de 6256 électeurs, tout en affectant les
limites de 33 circonscriptions. Dans 25 de ces 33 circonscriptions, le nombre
d'électeurs transférés était même
inférieur à 500. La source de cette information, on la retrouve
à l'annexe 7 du rapport de la commission sur la carte électorale
du Québec d'avril 1985.
Donc, je pense qu'il y a lieu de nous poser la question, aujourd'hui,
non pas de savoir si on doit procéder à tous les dix ans à
partir du recensement fédéral, mais bien s'il n'y a pas lieu
d'examiner la possibilité de procéder à une nouvelle
délimitation à toutes les deux élections en vertu du
facteur de l'expérience vécue des dernières
années.
On ne dérogerait pas à ce qui se fait ailleurs. Je ne le
dis pas parce qu'on doit imiter ce qui se fait ailleurs. Je dis simplement que
nous n'innoverions pas en limitant la périodicité puisque le
Québec est la seule province à procéder à une
nouvelle délimitation après chaque élection
générale. Au fédéral, au Manitoba, à
Terre-Neuve et en Saskatchewan, la périodicité est de dix ans. En
Alberta et en Colombie britannique, la délimitation s'effectue à
toutes les deux élections générales et, en Ontario, la
périodicité n'est pas fixée dans la loi, mais, en termes
pratiques, il s'est écoulé dix ans entre les deux
dernières délimitations. Pourtant, que je sache, le Québec
ne présente pas une situation démographique si différente
de celle du reste du Canada pour expliquer cette distinction ou cette
façon de faire.
Il y a l'aspect des coûts. Il est très difficile d'en
arriver à cerner de combien on parle. Mais, je pense bien qu'il n'y a
personne qui ne reconnaîtra pas que, si on fait l'exercice deux fois
moins souvent, cela devrait coûter moins cher. On pourrait prendre le
soin d'établir exactement combien, mais je maintiens que cela doit
nécessairement représenter une somme annuelle qui est loin
d'être négligeable. Je m'en limite à cela, faute de pouvoir
faire mieux.
Même avec une périodicité plus longue
qu'actuellement, chaque nouvelle délimitation ne risque pas d'apporter
des modifications plus nombreuses qui se traduiraient par
d'importants dépiecements de population, vu que les
données à la disposition de la commission devraient permettre
d'évaluer avec suffisamment de précision l'évolution
démographique. D'ailleurs, la commission tient compte
déjà, dans les critères inscrits dans la loi actuelle, des
prévisions démographiques, (12 h 45)
En réponse à une question précise que lui posait le
député de Charlesbourg sur l'hypothèse de porter à
dix ans la fréquence de la délimitation des circonscriptions
électorales - disons huit ans, faisons le même exercice - lors de
l'étude des crédits en 1985, le Directeur général
des élections répondait: Pour ma part, je ne serais pas
réfractaire à une telle suggestion, je pense que cela assurerait
une certaine continuité de la carte et des changements moins
fréquents. Également, dans ses réflexions sur le rapport
Rémillard, à la page ]0, le Directeur général des
élections réitère son appui - je le mets entre guillemets
- à une périodicité décennale dans les termes
suivants: "Cette proposition présente l'avantage de changements moins
fréquents à la carte électorale comme cela peut être
le cas s'il y a une nouvelle carte après chaque élection
générale".
M. le Président, je dirai qu'à ce propos la position des
ministériels n'est pas née du rapport Rémillard,
puisqu'à plusieurs reprises cette idée a été
émise à l'Assemblée nationale ou en commission
parlementaire. Notamment à la suite du dépôt du
cinquième rapport de la Commission permanente de la réforme des
districts électoraux en 1978 et lors de l'étude en commission
parlementaire du projet de loi 10, Loi sur la représentation
électorale, en 1979, des députés libéraux avaient
fait valoir qu'une périodicité décennale aurait l'avantage
de réduire les coûts et d'éviter de bousculer trop
fréquemment les habitudes des électeurs.
Plus récemment, lors du débat de cinq heures sur le
rapport de la commission de la délimitation tenu le 2 mai 1985, le
député de Charlesbourg, alors porte-parole de l'Opposition
libérale, faisait remarquer que le nombre peu élevé
d'électeurs transférés à la suite de la nouvelle
délimitation montrait bien qu'une délimitation après
chaque élection n'était pas nécessaire et
entraînerait des coûts difficiles à justifier.
M. le Président, il me semble que voilà un point où
on peut rallier ces deux objectifs de maintenir les acquis sur le plan de la
démocratisation du processus et de réduire les coûts. Je
ferais mienne une proposition qui pourrait déboucher sur un consensus,
celle d'examiner la possibilité d'amender la loi pour que la
délimitation ne se fasse qu'à toutes les deux élections,
qu'après deux élections.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Gouîn.
M. Rochefort: Oui.
Le Président (M. Marcil): Si on retenait cette formule, il
faut prendre en considération que la fréquence pourrait
être de deux, trois, quatre ou cinq ans. On peut avoir deux
élections en dedans de six ans.
M. Rochefort: Avez-vous des idées comme cela en
tête?
Le Président (M. Marcil): Non... M. Rochefort:
Ah!
Le Président (M. Marcil): ...mais si on retient que c'est
obligatoirement après deux élections, cela pourrait être
après cinq, six ou huit ans.
M. Rochefort: On devient journaliste. M. Dufour: Ou
après trois ans.
Le Président (M. Marcil): C'est ce que je veux dire.
M. Rochefort: Oui, je comprends ce que vous dites. M. le
Président, la question de la fréquence de la délimitation
est effectivement une question importante. Il est, quant à nous,
pertinent de la poser. Dans un premier temps, il est clair que l'une des
conséquences de la décision qui a été prise
tantôt, c'est qu'on ne peut plus penser à la faire aux dix ans,
après le recensement fédéral; cela ne serait d'aucune
utilité, cela ne correspondrait à absolument rien dans notre
loi.
Deuxièmement, effectivement, on peut se poser la question
à savoir si cette délimitation doit se faire après chaque
scrutin ou à une fréquence plus qrande, qui peut être
après deux scrutins. Je dirai qu'il est difficile d'aborder cette
question posée de cette façon sans aussi aborder la question de
la nature du statut de la commission, à savoir si nous devons avoir,
comme c'est le cas actuellement, une commission permanente, mais qui n'est pas
un qros organisme public qui est là à longueur d'année
avec toutes ses équipes de conseillers juridiques, de responsables de
relations publiques et le reste. Ce n'est pas du tout le cas de la Commission
de la représentation. Des commissaires sont nommés pour agir
chaque fois qu'il est nécessaire.
Le Président (M. Marcil): Continuez.
M. Rochefort: Bien non, M. le Président, cela
m'intéresse trop puisque je veux arriver à un consensus ayec le
ministre.
On va suspendre pour deux minutes et je pense que je vais aller
siéger au même comité que vous.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Marcil): On suspend pour deux
minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 51)
(Reprise à 12 h 53)
Le Président (M. Marcil): On continue.
M. Rochefort: M. le Président, ce que je disais, c'est
donc que, pour nous, il faut aussi poser la question du statut de la
commission. Est-ce que ce sera une commission qu'on mettra sur pied ad hoc,
chaque fois qu'on doit réfléchir à une révision
éventuelle de la carte électorale, un peu comme ce qui se fait au
fédéral?
Parce que, dans le fond, on peut s'entendre pour dire que, toutes
proportions gardées, les deux niveaux ont du personnel en permanence et
tout cela, mais, au fédéral, on crée carrément un
nouveau groupe, des nouveaux commissaires qui n'ont pas nécessairement
de préparation particulière pour faire cela, à qui on dit:
Penchez-vous là-dessus, faites-nous une nouvelle révision de la
carte et amenez-nous vos conclusions. Ou bien on dit qu'on veut que des
commissaires assurent une certaine continuité, une certaine
cohérence dans le travail qui se fait et, surtout, intègrent
leurs réflexions, leurs responsabilités aux autres
responsabilités en matière de découpage
électoral.
Nous, je vous le dis immédiatement M. le Président,
d'emblée, nous privilégions une commission - je le
répète, non pas dans les ressources, c'est la même chose -
où les commissaires occupent leur fonction de façon permanente.
Pour nous, il est effectivement dangereux - je dis bien dangereux - que trois
commissaires sortis un peu de nulle part - ce n'est pas négatif ou
péjoratif quand je dis cela - par rapport à un mandat de
découpage de la carte électorale arrivent un matin et se fassent
dire: Écoutez, cela fait huit ou neuf ans qu'on n'a pas regardé
cela. Penchez-vous donc sur la question de la carte électorale.
On le sait - c'est notre cas et c'est le cas des commissaires actuels,
j'en suis convaincu, et c'est le cas de tout le monde qui s'intéresse
à ce genre de questions comme à d'autres questions - tout le
monde a un peu ses dadas. Moi, je vais avoir l'occasion de faire part à
la fin des travaux d'un de mes dadas qui est l'appellation des comtés.
Je ne comprends pas que, dans mon comté, on appelle cela le comté
de Gouin, car jamais ni Lomer, ni Paul Gouin n'ont fait quoi que ce soit de
relié à la circonscription que je représente. Et, tout le
monde pense que le boulevard Gouin traverse mon comté et que c'est pour
cela que ça s'appelle Gouin, alors que le boulevard Gouin ne le traverse
pas. Cela fait partie de mes dadas. On y reviendra tantôt. Je pense qu'il
y a des choses qu'on pourrait peut-être...
Donc, tout le monde a un peu ses dadas.
M. Gratton: On a tous des idées fixes.
M. Rochefort: C'est cela, exactement. Je suis heureux d'entendre
cela, vous allez voir.
Une voix: Saint-Louis.
M. Rochefort: Des Saint-Louis, il y en a partout. Je
t'expliquerai pourquoi.
Ma crainte, c'est le fait de voir de nouveaux commissaires, à
chaque coup, apparaître dans le décor et repartir cela de
zéro. Ma crainte, c'est qu'à partir de quelque sensibilité
particulière, de quelque préoccupation spécifique qu'ils
ont par rapport à ces questions, à partir du moment où on
leur dit: Est-ce que cela vous intéresserait de vous pencher
là-dessus? Là, ils nous orientent une carte qui tient compte
particulièrement et, pour l'essentiel peut-être, de ce genre de
préoccupation à l'intérieur des critères contenus
dans la loi. Huit ou neuf ans plus tard, on arrive avec trois nouveaux
commissaires qui ont d'autres types de préoccupations et ils nous
orientent une carte dans un autre sens. C'est donc une absence totale de
continuité, d'intégration.
Vous, M. le Président, souligniez au moment de la suspension de
nos travaux: II y a une municipalité dans mon comté qui change de
comté à peu près à chaque révision de la
carte. Qui mieux que quelqu'un qui a fait la carte précédente
peut dire: II faut faire attention, la prochaine fois - je ne sais pas le nom
de votre municipalité - ...
Le Président (M. Marcïl): La ville de
Léry.
M. Rochefort: ...la ville de Léry, dans Beauharnois, ce
n'est pas bon qu'on la déplace encore, essayons donc de trouver quelque
chose, quitte à faire une exception qui ferait en sorte que cette ville
sente qu'elle appartient à une circonscription électorale pour
plus que le temps d'un droit de vote.
Je suis sensible à cela. En conséquence, pour moi, la
continuité et la cohérence sont importantes. Cela
nécessite à la fois que les commissaires et le personnel
travaillent à longueur d'année là-dessus. Ce n'est pas
vrai, non plus, qu'on peut partir de zéro, il
faut toujours qu'il y ait du personnel. On en a la preuve au
fédéral; même s'il y a des commissions ad hoc, il y a du
personnel permanent qui travaille là-dessus. On ne commence pas en
disant: Bon, où est-ce qu'on est rendu en nombre d'électeurs dans
Châteauguay ou dans Beauharnois? Ça prend quelqu'un qui tient cela
à jour, en permanence, et en réflexion permanente, comme me le
souffle avec raison le député de Dubuc.
De plus, je pense que le fait qu'ils se penchent aussi sur la
délimitation des districts électoraux municipaux, c'est un
élément important de cohérence et de développement
d'expertise en la matière. La commission qui aurait
délimité les districts électoraux de la ville de
Lévis serait drôlement bien placée pour ensuite se pencher
sur la révision de la délimitation de la circonscription
électorale de Lévis. Non seulement se seront-ils penchés
sur les données statistiques, mais probablement qu'ils auront tenu une
consultation dans la municipalité concernée, qu'ils auront
rencontré des groupes, le conseil municipal sensible à ces
questions et qu'ils auront entendu des choses qu'ils pourront emmagasiner et
utiliser avec une pleine pertinence dans une refonte qui suivrait: ou le
municipal suivrait le provincial ou le provincial suivrait le municipal. Pour
nous, c'est important qu'une commission soit là en permanence.
Le Président (M. Marcil): Est-ce qu'il y a consentement
pour qu'on poursuive quelques minutes de plus?
M. Rochefort: Oui, j'aimerais mieux. J'avoue que j'affectionne
peu mes discours en deux étapes.
M. Gratton: II vous en reste pour combien de temps?
Le Président (M. Marcil): Consentement?
M. Rochefort: Pas longtemps, cinq ou six minutes.
M. Gratton: D'accord.
M. Rochefort: La question de la permanence est donc pour nous une
question importante et sur laquelle, j'en conviens, on reviendra. Mais je
voulais inscrire cela immédiatement.
Deuxièmement, avec tout le respect que j'ai à la fois pour
le Directeur général des élections, qui est
président de la commission, pour les deux autres commissaires et le
personnel qui lui est attribué, l'adjoint à la carte, le
secrétaire de la commission, etc., je pense que l'élection de
1985 est une belle illustration de la nécessité qu'au minimum on
se repenche là-dessus après chaque élection. Aujourd'hui,
on s'entend tous pour dire qu'on est dû pour une révision de la
carte. Cela fait consensus, M. le ministre? Bon, le ministre hoche la
tête. Donc, cela fait consensus.
M. Gratton: Oui.
M. Rochefort: Si on s'entend que cela fait consensus, on ne sort
pas cela de notre chapeau. On part des données du 2 décembre
1985. Donc, c'est le 2 décembre 1985 qu'on observe qu'il y a des
inéquités et des distorsions ou des inégalités pour
faire plaisir au député de Laprairie; c'est synonyme. Cela
revient à mon grand principe. Donc, merci! Quelle autre preuve si ce
n'est celle-là que, ce qu'on vient dire aujourd'hui et ce que la
commission sûrement nous dit aujourd'hui que, dans le fond, la refonte
qu'on nous propose pour la prochaine élection et les prémisses de
départ qui la justifient et qui font consensus, sinon l'unanimité
à l'Assemblée nationale du Québec, ce sont celles de la
dernière élection générale. Cela découle de
situations qu'on a juqées être allées trop loin en termes
de distorsions et d'inégalités au cours du dernier scrutin. En
conséquence, les changements qu'on a proposés, que je respecte et
que j'ai partagés, moi aussi, à l'époque,
particulièrement les exceptions qu'on a faîtes, nous ont
menés, à l'intérieur d'un mandat, entre deux
élections et non pas après deux élections, à cette
situation d'inéquité ou des électeurs dans
Matapédia, dans Richmond représentent deux électeurs de
Laprairie et de Lévis, par exemple. Là, il n'y a pas eu deux
scrutins entre les deux. Il y en a eu un.
On le savait. Il ne s'est rien passé entre le rapport de la
Commission de la représentation et le 2 décembre 1985 qui a
créé des changements dans le nombre d'électeurs dans votre
circonscription. Dès après 1981 et, parce qu'on avait suspendu un
an pour réfléchir sur le mode de scrutin, dès le moment
où la commission l'a observé, elle a décidé de
faire de votre comté une exception. Donc, dès ce moment, on avait
pris conscience qu'il y avait déjà une situation qui ne
respectait pas la loi, qui nécessitait d'en faire une exception. C'est
le pouvoir des commissaires, que je veux maintenir et conserver aux
commissaires.
Donc, on a là une preuve irréfutable que, dans te fond, il
y aurait été tout aussi pertinent, disons, et opportun de
procéder immédiatement après le scrutin de 1981 à
une refonte de la carte. Je répète que je respecte la
décision des commissaires, je l'ai moi-même partagée
à l'époque. Ce que je dis aujourd'hui, c'est: Qu'on ne vienne pas
me dire que c'est parce qu'il y a eu deux élections qu'on conclut qu'il
est temps qu'on
regarde cela. C'est faux. Il y a eu une élection parce qu'il ne
s'est rien passé entre les deux qui a justifié un accroissement
comme cela. On le voyait venir. D'abord, il était déjà
observable en 1981 et, deuxièmement, on le voyait venir et on en avait
tellement les données quand les commissaires ont fait le rapport qu'ils
ont dits On va faire des exceptions avec ces comtés.
Donc, que ce soit après deux élections, je trouve cela une
mauvaise idée et je trouve cela une idée... Et que le ministre me
laisse continuer parce que je pense que j'ai une proposition qui peut nous
permettre d'arriver à un consensus. Je pense qu'en conséquence
c'est, encore une fois, maintenir une situation où on va à
l'encontre des principes de base qui ont toujours guidé l'action de tous
les commissaires qui se sont penchés sur la révision de la carte
électorale et de toutes les formations politiques qui se sont
intéressées à cela depuis 20 ou 25 ans, soit de dire: On
va se retrouver avec des électeurs qui en représentent deux ou
trois autres. Et c'est cela qui fait qu'il faut revoir nos cartes et tout.
On sait combien c'est important une élection; rien qu'une, cela
chanqe les gouvernements, cela change l'orientation et le développement
d'une société. On reconnaît cela, on est ici pour cela.
Une voix: Cela change les députés aussi.
M. Rochefort: Absolument aussi. Donc, M. le Président, je
dis non. Je veux qu'après chaque élection la Commission de la
représentation réfléchisse, se penche là-dessus.
Cela dit, je suis prêt à faire une proposition que j'ai
déjà évoquée avec le ministre.
Je ne suis pas en train de vous dire, par contre, que cela prend refonte
de a à z de la carte électorale après chaque
élection générale. Ce que je veux, c'est qu'après
chaque élection générale la commission dite permanente de
la représentation s'assoie et, à partir des données
compilées par les quelques personnes qui assurent la permanence des
données, qu'elle observe les phénomènes observables
à l'occasion du scrutin qui vient de se passer, disons le 2
décembre 1985. Cela a effectivement été dans le sens de ce
qui était prévu dans Laprairie et dans Lévis et dans le
sens de ce qui était prévu dans Richmond et dans
Matapédia. Il n'y avait rien qui nous indiquait qu'il y aurait un
accroissement de population électorale dans ces coins.
Que là, ils viennent nous dire, en commission, tout en leur
maintenant le pouvoir décisionnel, s'il y aura ou non une
révision de la carte, moi, jamais je ne voudrai remettre cela entre les
mains des élus, quels qu'ils soient. Je veux que ce soit maintenu entre
les mains de la commission. Je souhaiterais - et on pourrait apporter quelques
amendements à la loi qui pourraient peut-être tenir compte,
d'ailleurs, de la loi 71 - qu'après chaque élection les
commissaires se réunissent, comme le veut l'actuelle loi, regardent ce
qui se passe et là, qu'ils produisent rapidement non pas une nouvelle
carte, mais un rapport de quatre, cinq, dix ou douze pages, dans lequel ils
nous diraient: Écoutez, d'abord, il ne s'est rien produit qui
nécessite un changement de carte, auquel cas, il n'y en aura pas. Cela
n'a pas coûté 700 000 $ pour faire cela. On s'entend tous sur
cela.
Ils pourraient faire exactement ce qu'ils ont fait la dernière
fois. Ils ne nous ont pas bâti une grande nouvelle carte et ils n'ont pas
tenu des consultations partout au Québec en faisant trois
tournées. Ils ont dit: Nous, on pense qu'en faisant quelques exceptions
et en modifiant quelques délimitations beaucoup pour des raisons
municipales, on pourrait y arriver facilement. Donc, qu'ils se penchent sur
cela et qu'ils nous fassent non pas un rapport privé, mais un rapport
public. D'ailleurs, il pourrait très bien être discuté
pendant cinq ou six heures à la commission des institutions pour donner,
au fond, le fardeau public à la commission de venir justifier
politiquement s'il y aura ou non une révision, mais sans donner cela aux
élus.
Ce ne sont pas les élus qui, au terme de la commission
parlementaire qui aurait entendu la Commission de la représentation,
viendraient dire: Oui, il va y en avoir ou non il n'y en aura pas. Là,
on retombe dans nos vieux travers. Par définition, il y a une "gang" qui
est majoritaire et une "ganq" qui est majoritaire, dès qu'il y en a un
de plus, pourrait imposer le fait qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas de
réforme de la carte. Donc, que les commissaires décident, mais
qu'ils viennent soutenir publiquement leur recommandation qui va dans le sens
de oui ou non il faut faire une refonte à partir de ce qu'ils ont
observé. Là, ils nous disent: Écoutez, oui, mais on a
observé que, dans Laprairie, on est rendu à 52 000
électeurs. Compte tenu de ce qu'il y a autour, on pense qu'on pourrait
peut-être faire une exception et cela réglerait tout cela. Les
députés donneront leur opinion. Ils en tiendront compte s'ils le
veulent, mais la décision leur reviendra selon qu'ils décideront
de faire ou de ne pas faire une refonte. Cela s'arrêtera là ou
commencera là. D'après moi, cela pourrait se faire dans les mois
qui suivent une élection générale. Là, la
préoccupation coût, qui est celle du ministre, je pense, peut
être rejointe facilement, tout en ne créant d'aucune façon
un écart à cette nécessité de se repencher sur la
carte après chaque scrutin général, en ce qui nous
concerne. C'est une proposition avec laquelle nous serions d'accord et que nous
sommes
prêts à envisager.
Cela dit, M. le Président - si je peux avoir l'attention du
ministre, je conclus sur cela - il est clair que notre proposition demande de
la rédaction législative etc. Mais compte tenu que, de toute
façon, cela ne s'applique pas à la situation présente,
pour nous, la rédaction de ces articles ne retarderait en d'aucune
façon l'enclenchement du processus de révision de la carte. On
s'entend tous pour dire qu'il faut le faire. On pourrait se revoir dans les
prochaines semaines ou dans les prochains mois, nous deux, sur le
libellé de ce qu'on retrouverait au projet de loi qui doit être
déposé avant le 1er mai 1987, lequel tiendrait compte des
discussions qu'on aurait ici aujourd'hui.
M. Gratton: M. le Président, si le député de
Gouin a terminé, je constate qu'on avance plutôt que reculer.
Donc, dès le moment où on reprendra les travaux, je
réagirai à la proposition du député de Gouin.
Le Président (M. Marcil): Nous suspendons les travaux
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 9)
(Reprise à 15 h 13)
Le Président (M. Filion): À l'ordre! La
séance est donc ouverte. Je vous rappelle que nous poursuivons
l'exécution de notre mandat. Nous en étions à la
fréquence de la délimitation. La parole est donc à M. le
ministre.
M. Gratton: Comme le député de Gouin, je parlerai
de cette question de la périodicité, mais aussi, de façon
accessoire, de la question de savoir si on doit maintenir une commission
permanente ou pas. Je voudrais d'abord réagir à ce que disait le
député de Gouin. Je trouve très intéressante la
formule qu'il nous a proposée et je pense sincèrement qu'on va
pouvoir s'entendre sur une façon d'en arriver aux fins que l'on
vise.
D'abord, il nous a parlé de la continuité de la
commission, ou des membres de la commission, qui est extrêmement
importante, j'en conviens. Je tiens pour acquis qu'on a avantage à faire
en sorte que les travaux de la Commission de la représentation ne soient
pas l'éternel recommencement que pourrait constituer une commission ad
hoc dont les membres seraient différents à chaque
délimitation, qui n'aurait pas les données et qui devrait
recommencer à zéro chaque fois, et qui ne tiendrait pas compte de
nos marottes respectives par rapport à nos comtés ou à nos
régions respectives.
Je signale au député de Gouin que cette continuité
est assurée d'abord et avant tout par la présence obligatoire du
Directeur général des élections comme membre de la
commission et, dans le cas de la loi actuelle, comme président de la
commission. Je pense qu'il est important de noter aussi que, quant aux deux
autres membres de la commission, il n'est pas du tout prévu ou
assuré dans la loi qu'ils puissent être un facteur de
continuité puisque leur mandat, à l'article 16 de la loi, est de
cinq ans. Selon la date des élections et la date de nomination de ces
personnes, il y a probablement plus de chances qu'autrement que leur mandat
vienne à échéance avant qu'ils ne soient chargés de
commencer le processus de délimitation après une
élection.
À titre d'exemple, les membres de la commission actuelle
termineront leur mandat le 1er janvier 1988 ou, en tout cas, en janvier 1988.
Je pense que c'est le 1er janvier 1988, en effet. On pourrait supposer qu'on va
entreprendre les travaux de délimitation, mais, s'il advenait que les
membres de la présente commission ne soient pas reconduits dans leur
mandat, il se pourrait qu'une nouvelle commission assume la
responsabilité de terminer les travaux, à moins qu'une
période de transition soit prévue. Peu importe, ce n'est pas de
cela dont il s'aqit ici, de toute façon. Le point central, c'est de
convenir entre nous que l'élément le plus important de
continuité qui existe au sein de la commission, c'est la présence
obligatoire du DGE qui n'est remis en cause ni dans le rapport
Rémillard, ni dans ce que nous proposons comme amendement à la
loi actuelle.
L'élément de l'implication de la Commission de la
représentation dans le processus des élections municipales. Je
pense avoir clairement indiqué mon intention hier de recommander au
gouvernement de faire en sorte que tout cet aspect des responsabilités
actuelles de la Commission de la représentation relève
dorénavant de la Commission municipale. En supposant, comme je pense
qu'on doit le faire, que cette recommandation sera entérinée par
le gouvernement, cela fait tout au moins disparaître cette exigence de
maintenir une commission permanente... Pardon?
M. Dufour: II faut qu'il y ait un consensus à la
commission.
M. Gratton: Non, je pense que le député de
Jonquière conviendra avec moi que cela ne fait pas partie de la Loi sur
la représentation électorale. Donc, cela ne fait pas partie des
consensus qu'on doit dégager ici.
Je signale que le député de Gouin nous soumet une formule
intéressante. II nous dit, à toutes fins utiles, que, pour lui,
il n'est peut-être pas nécessaire de procéder
automatiquement à une nouvelle délimitation après
chaque élection. Il nous proposait ce matin, dans le cadre du maintien
d'une commission permanente, que la commission, après chaque
élection, fasse une évaluation sommaire de la situation. II l'a
très bien cerné, c'est quelque chose qui peut se faire assez
rapidement. On l'a d'ailleurs fait entre janvier et mars, au moment où
on s'est réuni en commission parlementaire pour entendre le Directeur
général des élections sur le projet de loi 23. On l'a fait
dans une période de trois mois et je pense qu'on aurait pu le faire plus
rapidement puisque les données du Directeur général des
élections nous étaient parvenues avant même que nous nous
réunissions en commission, le 18 mars, si je ne m'abuse.
Je signale que c'est le Directeur général des
élections qui nous avait fourni les informations à partir
desquelles nous avons pu tous convenir, unanimement, qu'il y aurait des
changements majeurs à apporter à la carte électorale pour
la prochaine élection. À ma connaissance, on ne s'est pas
adressé à la Commission de la représentation, mais au
Directeur général des élections. Moi, je fais rarement la
distinction entre son rôle d'administrateur des lois électorales
et de président de la Commission de la représentation. Toujours
est-il que c'est la même personne qui est venue nous dire et nous
convaincre, sans trop de difficultés d'ailleurs, que, si nous
n'agissions pas, si nous n'apportions pas des modifications a la loi actuelle
et que nous ne procédions pas à une délimitation, on
aurait plusieurs comtés d'exception. Il nous a même
évoqué certains scénarios quant à l'augmentation de
la moyenne d'électeurs, quant à la possibilité
d'élargir l'écart de plus ou moins 25 %. II nous a donné
son estimation des conséquences de l'une et l'autre de ces solutions. Ce
sont d'ailleurs ces informations qui nous ont amenés à convenir
qu'il fallait pousser plus loin la réflexion et qui nous amènent
aujourd'hui en commission parlementaire.
À la proposition du député de Gouin, je serais
tenté d'aller dans le sens de dire: Modifions la loi pour que,
dorénavant, la délimitation soit faite à toutes les deux
élections, et non pas à chaque élection, et
aménageons le processus ou la disposition dont parlait le
député dans le sens que le Directeur général des
élections serait tenu de venir devant la commission de
l'Assemblée - nationale. Celle-ci pourrait, comme c'est le cas
aujourd'hui, déléguer cette responsabilité à la
commission des institutions plutôt qu'à une commission
parlementaire et entendre le DGE. Elle pourrait ensuite décider d'une
recommandation du...
M. Rochefort: Qui décide?
M. Gratton: C'est la commission de l'Assemblée nationale
qui déciderait de la pertinence d'une recommandation du Directeur
général des élections et non pas de la Commission de la
représentation. Voyons si cela ne nous permettrait pas d'atteindre tous
les objectifs que nous visons, outre peut-être celui - et j'en conviens
qu'évoquait le député de Gouin ce matin, à savoir
qu'il faut éliminer l'intervention des parlementaires ou de
l'Assemblée nationale dans le processus de décision. Je lui dirai
là-dessus qu'il me semble qu'il appartient aux parlementaires de juger
de l'opportunité d'investir les ressources nécessaires è
faire une délimitation, mais toujours sur la base d'une recommandation
du Directeur général des élections. Il me semble qu'on
pourrait, a ce moment, au vu et au su de tous, en commission parlementaire,
justifier ou non l'acceptation d'une recommandation du Directeur
général des élections qui pourrait recommander, le cas
échéant, l'institution d'une commission pour procéder ou
qui recommanderait, d'autre part, au contraire, tout simplement de ne pas
procéder à une délimitation.
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Filion): Oui, M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, il y a un certain nombre de
commentaires que je veux faire sur les réactions du ministre. Je dirai
que je suis assez heureux de l'entendre parler de la nécessaire
continuité, de la cohérence, du caractère au-delà
du statut de permanence qui doit exister. Je pense que c'est un pas important
qui est franchi par rapport au contenu des recommandations Rémillard et
de ce qu'on pouvait en interpréter.
Je dirai aussi qu'il faut être bien conscient que la permanence
n'est pas assumée par le Directeur général des
élections, ni la continuité en ce qui me concerne. Le Directeur
général des élections est un facteur de permanence et de
continuité, mais n'incarne pas à lui seul cette
continuité, pas plus le fait que certains de ses fonctionnaires soient
à temps plein, en tout temps, sur ce dossier, donc, puissent fournir aux
nouveaux commissaires les données pour qu'il y ait une certaine
continuité, un peu comme - et je distingue le Directeur
général des élections de ses fonctionnaires, je parle des
fonctionnaires -oui, les fonctionnaires de l'Etat québécois
assurent une certaine continuité de l'État, d'un gouvernement et
d'une Législature à l'autre, mais ce sont les élus qui
orientent, et là, il y a changement. Pour nous, oui, les fonctionnaires
de la Commission de la représentation qui sont chez le DGE assurent
une certaine continuité, mais ils ne sont pas en mesure d'assurer
la continuité, la permanence parce que ce sont les commissaires qui
peuvent l'orienter dans un sens ou l'autre. Pour nous, ce sont les
commissaires, trois personnes ensemble, pas seulement le Directeur
général des élections. Deuxièmement, je dirai, M.
le Président, que, quant à nous, en tout cas, on a compris que
les remarques, les commentaires que nous a faits le Directeur
général des élections entre janvier et mars derniers,
c'était beaucoup plus à titre de président de la
Commission de la représentation qu'il nous les faisait, même si la
commission ne s'était pas réunie - ce que je reconnais - parce
que soyons conscients que la commission ne pouvait pas nous fournir ses
commentaires. Il y avait une loi de l'Assemblée qui avait suspendu les
responsabilités de la commission. Oui, la loi 23.
M. Gratton: Oui, mais la loi n'avait pas encore été
adoptée. On a entendu les représentations du Directeur
général des élections...
M. Rochefort: Vous parlez de la loi 23 ou de la loi 147 parce
que, de janvier à mars derniers, c'est...
M. Gratton: La loi 23. Au moment où on a entendu le
Directeur général des élections nous dire quelles
étaient les incidences de tel ou tel scénario...
M. Rochefort: D'accord. C'est vrai que légalement le
projet de loi n'avait pas été adopté, mais tout le monde
avait bien compris, à commencer par les trois commissaires, que, vu que
la loi s'en venait, on leur avait demandé de suspendre.
M. Gratton: Le député de Gouin ne
conviendra-t-îl pas que la raison pour laquelle on a adopté le
projet de loi 23, c'est parce qu'on avait des indications du Directeur
général des élections, et non l'inverse?
M. Rochefort: Non.
M. Gratton: Bien oui! On a voulu, avant d'adopter le projet de
loi 23, connaître les tenants et aboutissants.
M. Rochefort: Parfaitement, mais reconnaissez que le premier
élément intervenu, c'est une annonce d'une décision
gouvernementale ferme qui était de suspendre le début des travaux
de la Commission de la représentation visant à redélimiter
les circonscriptions électorales. Par la suite, on a entendu le
Directeur général des élections pour qu'il puisse nous
dire quelles seraient les conséquences de notre décision en
termes de calendrier et d'une refonte possible ou non de la carte avant les
prochaines élections et quels seraient les types de conséquences
que le maintien de la loi actuelle ou de l'amendement d'un certain nombre de
dispositions, notamment pour ce qui est du quotient électoral,
amènerait comme ampleur de réforme. Mais ce n'est pas cela qui a
été le déclencheur. Le déclencheur, cela a
été un projet de loi déposé, une intention
gouvernementale ferme dans un projet de loi qui dit: On suspend cela
jusqu'à nouvel ordre.
M. Gratton: Je demanderais au député de Gouin au
moins de reconnaître que le projet de loi 23, c'est seulement au moment
où il a été adopté que la décision a
vraiment été prise. L'intention gouvernementale, le
député le sait mieux que quiconque, cela ne veut absolument rien
dire jusqu'à ce que le geste légal soit posé, le geste de
l'adoption du projet de loi. Dans le contexte où on se parle
aujourd'hui, c'est sûrement le cas parce que l'intention gouvernementale,
dans tout ce que nous discutons depuis deux jours, ne veut absolument rien dire
en termes de conséquences, à moins qu'il n'y ait consensus. J'ai
déjà clairement indiqué à plusieurs reprises que
c'est comme cela que ça va se passer en tout temps. En tout cas, on
n'est pas pour faire un long débat là-dessus. Ce que je dis, M.
le Président, c'est que la suspension des travaux de la commission a
été décidée unanimement à partir de
considérations que nous avait soumises le Directeur
général des élections qui nous ont convaincus que
l'adoption du projet de loi 23, c'est-à-dire le report des travaux de la
commission, n'entraînerait aucune conséquence quant à la
possibilité d'adopter une nouvelle carte à temps pour les
prochaines élections.
M. Rochefort: D'accord. Mais, là, M. le Président,
on parle d'une nouvelle chose. Cela n'entraînerait pas de
conséquences quant à la possibilité d'apporter une refonte
à la carte électorale à partir des critères
actuels, oui, cela nous a convaincus. Sa participation à nos travaux
nous a convaincus de cela. Reconnaissons que la Commission de la
représentation n'a pas respecté la Loi sur la
représentation électorale après le 2 décembre 1985
parce que, rapidement, après l'élection, il y a eu une intention
clairement énoncée de ne pas faire enclencher le processus; c'est
cela qui a été le départ de l'affaire.
M. Gratton: Oui, d'accord.
M. Rochefort: De la même façon, reconnaissons
qu'autant, et avec raison - je
respecte bien sa rigueur de ce point de vue-là - le leader nous a
répété que, dans le dossier du projet de loi 147,
même si on s'était entendus tous les deux et même si le
Directeur général des élections, président de la
Commission de la représentation, et les commissaires ne
réenclencheraient pas automatiquement le 2 décembre 1986 le
processus, même si la loi 147 n'avait pas été
adoptée ce jour-là, tout le monde acceptait que, même si
c'était adopté trois semaines plus tard, il est clair que
personne ne partirait le 2 décembre 1986 comme, pourtant, la loi 23 le
dictait. (15 h 30)
Reconnaissons que cela a été le facteur... Ce n'est pas le
Directeur général des élections qui est venu nous demander
de suspendre, et patati et patata. Non, non, je sais que ce n'est pas ce que le
leader nous dit, mais je veux être très clair. Le départ
s'est fait à partir d'une initiative parfaitement légitime du
gouvernement qui a dit: Nous voulons suspendre cela, nous ne voulons pas faire
de refonte de la carte - je m'en souviens tellement - parce qu'on veut
réfléchir à cela. J'ai dit moi-même au ministre dans
mon discours de deuxième lecture sur la loi 23: Si, pour vous autres -et
je l'avais répété en commission parlementaire - la chose
qui vous inquiète, c'est le nombre de circonscriptions, je vous dis tout
de suite qu'on est d'accord pour limiter cela è 122 et qu'en
conséquence, si c'est cela votre problème, on n'a pas besoin de
la loi 25, on est prêt à amender la loi tout de suite pour que le
processus s'enclenche. Là, vous nous avez dit: Non, on veut revoir
l'ensemble des questions. On a dit: D'accord, dans la mesure où on a
l'assurance que cela va se faire en consensus et à l'intérieur de
délais. Là, il y a eu les recommandations du rapport
Rémillard et tout cela. Mais reconnaissons que l'enclenchement du
processus n'est pas venu d'une réflexion ou d'un rapport de commentaires
du Directeur général des élections, qui nous a dit: Voici
ce que cela impliquerait comme refonte, comme nouveau calendrier, c'est venu
d'une décision parfaitement légitime du gouvernement.
M. Gratton: Est-ce que je peux...
M. Rochefort: Oui, et après cela on ira sur le fond.
M. Gratton: ...spécifier tout de suite que, ce que je
viens de proposer, ce n'est pas de suivre le processus qu'on a suivi»
M. Rochefort: ...
M. Gratton: Ce que je propose, c'est d'inscrire dans la loi
l'obligation du Directeur général des élections de faire
rapport sans aucune intervention du gouvernement. On se comprend
là-dessus?
M. Rochefort: Très bien. Ceci dit, M, le Président,
je vais commenter - comment pourrais-je qualifier cela - la contre-proposition
du ministre délégué à la Réforme
électorale en lui disant d'emblée que, malheureusement, cette
contre-proposition n'est pas acceptable à nos yeux parce qu'elle
enfreint un certain nombre de principes fondamentaux. D'abord - je le
répète - nous ne voulons pas que ce soit le Directeur
général des élections qui se repenche sur la question
après une élection. Nous voulons que ce soit la Commission de la
représentation, donc, trois personnes nommées par
l'Assemblée nationale.
Deuxièmement, ce que nous voulons, ce n'est pas qu'il vienne nous
justifier... Au fond, la proposition du ministre est que cela se fera à
toutes les deux élections. Cependant, après chaque
élection, le Directeur général des élections
viendra nous dire que, là non plus, cela ne prend pas une
réforme. Il aurait maintenant le fardeau de nous dire: Oui, mais, cette
fois, je vous le dis tout de suite: Je pense que cela prend une réforme
absolument. Il faudrait qu'il vienne convaincre les parlementaires que cela
prend une réforme, alors que dans ma proposition, c'est l'inverse: ils
auront le fardeau après chaque élection de venir nous dire: Cette
fois, on pense qu'on peut traverser les quatre prochaines années sans
réforme. Il faudra qu'il fasse une démonstration convaincante.
Non pas convaincante pour les parlementaires, parce que, je le
répète - et là aussi c'est une distinction entre la
proposition du ministre et la mienne - pour moi, le processus
décisionnel complet demeure entre les mains de la Commission de la
représentation, ce qui donne toute sa portée à la notion
de commission indépendante. Jamais nous n'accepterons, d'aucune
façon, que les formations politiques, que les élus de
l'Assemblée nationale se réinsèrent dans un processus
décisionnel en vue d'enclencher une refonte de la carte
électorale. Ce n'est pas une décision qui appartient aux
élus. C'est une décision qui doit revenir à la commission.
Cela va bien comme ça et nous savons à quoi nous nous exposerions
si une formation politique disait: Cette fois, je n'ai pas intérêt
à ce qu'il y ait refonte de la carte. En conséquence, parce que
je suis majoritaire à l'Assemblée, je décide qu'il n'y
aura pas de révision de la carte. On retomberait dans nos vieux travers
d'avant 1979. Pour nous, il n'est pas question qu'on remette entre les mains
des élus ou des formations politiques quelque étape
décisionnelle que ce soit du processus de délimitation des
circonscriptions électorales. J'ai été très
précis, j'ai fait des nuances et
des distinctions, hier, dans mon intervention d'ouverture sur la
définition de commission indépendante. Pour nous, elle est
indépendante non seulement parce qu'elle est composée de
commissaires nommés par l'Assemblée nationale du Québec,
mais parce qu'elle prend toutes les décisions de A à Z sans
interférence aucune du pouvoir politique. C'est beaucoup plus pour cela,
d'ailleurs, pour nous qu'elle est indépendante qu'à cause de son
processus de nomination. En ce sens, pour nous, aucune proposition qui vise
à redonner aux élus de l'Assemblée nationale un pouvoir
décisionnel sur une facette ou une autre... Une facette drôlement
déterminante ici qui est de dire: Est-ce qu'il va y avoir ou non refonte
de la carte? Pour nous, il n'en est pas question. Ce n'est pas acceptable et il
faut que soit maintenue comme telle une commission complètement
décisionnelle et qui n'a pas à recevoir de directives de la part
des élus.
Ma proposition, M. le Président, c'est qu'on maintienne la loi
telle qu'elle est actuellement, à laquelle nous ajoutons une
étape préliminaire à la première étape
prévue qui s'échelonne sur une année où les
commissaires de la Commission de la représentation feraient une
étude rapide, un peu de la même nature que celle qu'a pu faire le
Directeur général des élections entre janvier et mars, et
viendraient en commission parlementaire justifier et soutenir leur
décision qui, fort probablement, après chaque élection,
serait de dire qu'on va sauter, è l'occasion, que cette fois-ci ce n'est
pas nécessaire, mais ils auraient le fardeau de venir justifier
publiquement le fait qu'après, disons, dans le cas qui nous occupe,
1985, il n'y aurait pas eu de refonte de la carte électorale. À
l'élection suivante, ils n'auraient pas à venir justifier s'il y
en aura ou non; c'est automatique, il y en aura une. Aux deux élections,
il est possible qu'il n'y en ait pas, mais ils doivent venir le justifier. La
décision leur appartient. Mais ils viennent soutenir leur
décision plutôt que la prendre en catimini et à huis clos
tout simplement. C'est la proposition qu'on fait.
Donc, on maintient la loi telle qu'elle est, on ajoute une disposition,
un peu de la nature de celle qui existait dans la loi de 1971, à
l'article 7 qui disait: "La commission doit, dans l'année qui suit les
élections générales au Québec, déterminer si
les districts électoraux doivent être délimités de
nouveau pour être conformes aux principes indiqués dans la
présente loi et transmettre son avis au président de
l'Assemblée nationale qui le communique aux députés dans
les cinq jours au cours desquels sîège l'Assemblée
après réception de cet avis. "Si la commission estime que des
changements doivent être apportés, elle doit, dans les six mois
qui suivent l'expédition de son avis au président de
l'Assemblée nationale, lui présenter un projet indiquant les
nouvelles délimitations qu'elle propose et le président doit les
communiquer aux députés..." et patati et patata.
Pour nous, ce serait à peu près cela. De plus, si sa
décision est de ne pas refaire la carte, parce que, finalement, on est
peut-être capable, par deux ou trois exceptions additionnelles, de
respecter les critères qu'on retrouve déjà dans la loi,
elle nous le couche sur papier, elle vient soutenir cette décision cette
"décision" et non pas cette recommandation - de la Commission de la
représentation en commission parlementaire. Les députés
peuvent échanger avec elle, la commission repart et c'est
réglé. Nous, c'est la proposition que nous faisons. Pour nous,
cela maintient les qualités et les caractéristiques
éminemment positives des mécanismes actuels. Ce sont les
commissaires, donc, dans la continuité, par une certaine permanence,
dans le cadre d'une commission totalement et parfaitement indépendante
du pouvoir politique à tous points de vue et dans un cadre qui fait
qu'il y aura toujours obligation, après chaque élection, de se
pencher sur l'évolution démographique électorale qu'a
connue le Québec au cours des années précédentes.
Là, je pense qu'on atteint aussi l'objectif du ministre qui est de dire:
S'il y a moyen qu'on sauve quelques centaines de milliers de dollars, tant
mieux. C'est évident que, nous, on ne s'opposera pas à ce qu'on
puisse faire des économies, bien au contraire.
M. Gratton: Dans la proposition du député de Gouin,
on dit: La commission, qui doit absolument demeurer permanente, viendrait
justifier devant l'Assemblée nationale la nécessité ou pas
de faire une délimitation. Supposons que la recommandation de la
commission permanente est de ne pas procéder à une
délimitation, la commission permanente va faire quoi jusqu'à la
prochaine élection?
M. Rochefort: Elle fera ce qu'elle fait actuellement.
M. Gratton: Elle ne fera pas ce qu'elle fait actuellement, elle
ne s'occupera pas d'élections municipales. En tout cas,
l'Assemblée nationale étant souveraine jusqu'à l'adoption
d'un projet de loi, si le député de Gouin me dit: Elle fera ce
qu'elle fait présentement, c'est-à-dire attendre les
décisions de l'Assemblée nationale quant aux amendements
apportés à la loi, soit! Mais en termes d'exécution de
travaux, elle fera quoi? Et où est la nécessité absolue de
maintenir une commission permanente? Je pose la question, M. le
Président.
M. Rochefort: M. le Président, je pense qu'il y a un peu
de confusion dans la
discussion et il faut préciser les choses. On est sur quelque
chose d'important. La commission permanente - on se comprend bien - ce sont
trois commissaires dont le Directeur général des élections
qui préside la commission. Le Directeur général des
élections a été très précis ce matin. Quand
il y a refonte de la carte, quand on entreprend le mécanisme de refaire
les délimitations des circonscriptions électorales, là, on
monte à douze ou treize personnes. Quand il n'y a pas refonte de la
carte, il y a trois personnes chez le DGE. Le ministre nous a dit ce matin
qu'il était d'accord pour dire qu'il faut quand même qu'on suive
l'évolution, qu'on ait des dossiers toujours prêts. Ce n'est pas
à la dernière minute que tu te mets à préparer une
nouvelle carte; donc, cela nécessite quand même un certain
personnel qui suit l'évolution démographique, les
déplacements d'électeurs, les cartes et ces choses-là.
Pour nous, il faut bien se comprendre, la commission permanente, ce ne
sont pas 82 000 personnes à temps plein. Au fond, même les
commissaires sont disponibles en tout temps, mais ne siègent pas et ne
sont pas rémunérés à temps plein. Ce n'est pas une
fonction à temps plein, rémunérée à temps
plein par l'État, d'être commissaire à la Commission de la
représentation. Tu es payé pour ce que tu as à faire. Dans
le cas qui nous occupe si, après l'élection de 1981, cela avait
été le processus, ma proposition aurait été dans la
loi, les trois commissaires se seraient réunis quelques jours à
partir des données préparées par le personnel qui est
là en permanence quand on ne fait pas de refonte, ils seraient
peut-être venus passer une journée en commission parlementaire
soutenir la décision et ils auraient refermé les livres
jusqu'à l'élection suivante en ce qui concerne les
commissaires.
Pour nous, M. le Président, je pense que c'est important de
préciser là-dessus que ça concilie les différentes
préoccupations, celle des coûts et celle du caractère
permanent de la continuité, de la cohérence et de l'absolue
nécessité de se questionner chaque fois pour aborder la question,
à savoir s'il doit y avoir ou non refonte de la carte après
chaque élection générale. On est sur la fréquence,
mais je sens qu'on déborde beaucoup sur le caractère permanent.
J'aurai peut-être autre chose à dire sur le caractère
permanent. Est-ce que le ministre souhaite qu'on fasse ça maintenant ou
pas? Je ne le sais pas, c'est à sa guise.
M. Gratton: M. le Président, peu importe ce qu'on a pu
entendre ou ce qu'on peut conclure des informations quant aux coûts, j'ai
de la difficulté à accepter que, si on a une commission
permanente, il n'y ait aucun coût additionnel. Il y a trois personnes.
À titre d'exemple, le secrétaire de la Commission de la
représentation et le Directeur général des
élections, à titre de président de la Commission de la
représentation, reçoivent une rémunération
additionnelle à titre de membres de la commission permanente. Il y a
sûrement ce coût-là et ce n'est sûrement pas
l'élément le plus important dans les coûts. On n'est
sûrement pas en train de dire que, qu'on ait une commission ou pas, les
coûts sont les mêmes. Dans la mesure où on veut vraiment
faire notre travail consciencieusement par rapport à la disposition des
fonds publics, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il faut se poser des
questions sur la pertinence de maintenir une commission permanente qui
pourrait, pendant huit ans, n'avoir qu'à venir justifier devant
l'Assemblée nationale la décision de ne pas procéder
à une délimitation. (15 h 45)
II me semble qu'avec un petit effort on pourrait sûrement trouver
une formule qui pourrait satisfaire les appréhensions du
député de Gouin, mais je commence à sentir que sa position
est coulée dans le béton quant au caractère permanent de
la commission. Si oui, je voudrais entendre les arguments qui l'amènent
à cette position ferme autres que ceux qu'il m'a évoqués
quant à la périodicité. J'avoue sincèrement que,
dans le cas fort probable - c'est d'ailleurs ce qui s'est produit dans les
années récentes - où il y a effectivement
délimitation significative seulement après deux élections,
je ne vois vraiment pas comment on peut justifier le maintien d'une commission
permanente. Je suis prêt à déborder tout de suite, M. le
Président, sur le... Je pense que c'est d'ailleurs le prochain
élément ou peut-être pas... Alors, sautons et essayons de
traiter les deux questions en même temps, si ça peut
accélérer les débats.
M. Rochefort: M. le Président, mon collègue de
Jonquière veut intervenir depuis un moment. Je reviendrai
après,
M. Dufour: C'est surprenant...
Le Président (M. Filion): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: ...de pouvoir s'intégrer à la
commission. Je prends tout de même bonne note que le ministre s'est
engagé sur certains éléments où il faut absolument
qu'il y ait consensus. Je constate que d'autres éléments sont
apportés dans ce rapport qui font que, déjà, la
décision est prise dans le sens que c'est certainement la Commission
municipale qui va intervenir ou que, à l'avenir, c'est elle qui va
s'occuper du processus électoral...
M. Gratton: Vous vous ferez expliquer cela par le
député de Gouin.
M. Dufour: ...aux élections municipales. Je peux dire que
j'aurai un certain nombre d'éléments à soulever à
la Commission municipale dans ce temps-là.
M. Rochefort: On va en discuter avant la fin de la
commission.
M. Dufour: Pardon?
M. Rochefort: On va en discuter avant la fin de la
commission.
M. Dufour: Bon. On va en discuter avant la fin de la commission.
Je dis déjà que j'aimerais apporter certains
éléments là-dessus, d'abord, par l'expérience que
j'ai vécue, par la connaissance de ce dossier et des rouages des
commissions.
En ce qui regarde le processus de délimitation des
circonscriptions électorales tel qu'il nous est proposé, je pense
que, depuis le début, il y a un élément important qui
semble nous échapper. On semble prendre le problème par la queue
au lieu de le prendre par la tête. On a décidé, au
départ, qu'il y avait des économies d'argent à faire.
Depuis hier, j'entends parler du processus tellement important - pas seulement
par l'Opposition, mais aussi par le gouvernement - de la démocratie
municipale et de tout le respect de l'ensemble des citoyens. On a tenu ce
langage pendant une journée et plus. Actuellement, c'est une question
d'argent.
Comment fera-t-on pour concilier l'aspect financier d'une question et
l'importance de la démocratie? La démocratie, ce n'est pas juste
l'importance qu'on accorde aux citoyens, c'est aussi l'équité qui
s'exerce envers les citoyens. À mon point de vue, si on veut enclencher
le processus selon les besoins et si on laisse le processus fonctionner au fur
et à mesure, à ce moment-là, il y a des coûts dont
on aura à tenir compte ou dont on tient compte dans l'immédiat.
Sinon, on empêche le processus démocratique de s'exercer.
S'il y a vraiment des anomalies, c'est qu'assez souvent cela a
été occasionné par des prises de position à des
commissions où tout le monde s'est entendu pour dire qu'il y avait des
distorsions. Il y a eu des décisions ou des prescriptions selon
lesquelles on acceptait que des comtés soient en dehors des normes. Il
semble qu'on l'ait fait en 1983. C'était connu à
l'élection de 1985. Après 1985, on s'est rendu compte qu'il y
avait distorsion et qu'on devait apporter des correctifs à cette
décision.
Donc, faire en sorte qu'un commissaire ou qu'une personne seulement soit
à l'origine de ce processus de continuité dans les études
qui nous amènent à prendre des décisions concernant cette
délimitation ou ces délimitations différentes de
circonscriptions électorales, à mon sens, c'est ne pas donner
tellement d'importance à ces éléments clés.
On a déjà écarté du revers de la main le
fait que, à l'avenir, la Commission municipale devra porter ce jugement.
Mais il faut comprendre que la commission n'a pas seulement une fonction. Le
Directeur général des élections et sa commission n'ont pas
juste une fonction. Il y a aussi à travers ces élections tout le
financement des partis politiques. C'est là un élément
important. Cela prend du monde pour faire cela. Il n'y a pas juste la question
de dire si les choses sont différences ou non. C'est vrai aussi au point
de vue municipal. Il y a d'autres fonctions, et Dieu sait si la commission met
de l'attention, met du temps pour effectuer ces opérations. Donc, on
semble dire que seulement une personne va obtenir tout ce pouvoir. Il me semble
que cela demanderait un peu de réflexion et qu'on devrait se dire:
Est-ce qu'une personne peut faire cela ou est-ce qu'elle devrait détenir
tous ces pouvoirs? Avoir deux ou trois commissaires à cette commission
qui sièqent au fur et à mesure des besoins qui sont
manifestés, qui ont à déterminer ou à justifier
régulièrement leurs décisions ou leurs actions à
une commission parlementaire, me semble beaucoup plus valable et plus
intéressant, et répond beaucoup plus aux critères de la
démocratie, comme vous voulez le proposer. J'ai peur que, si on laisse
ces décisions-là seulement dans les mains des parlementaires,
tantôt on ait des problèmes qu'on aura à vivre presque
volontairement, en entrant dans un processus administratif, surtout dans les
aspects très politiques.
Je pense qu'avant de rejeter la proposition qui a été
présentée par mon collègue, il y a d'autres aspects et
d'autres éléments qui nous seront apportés et qu'on devra
étudier jusqu'au bout, pas juste en disant: Là, il y a une
économie à faire et au diable la démocratie. Je pense que
ce n'est pas ce que le ministre veut faire, j'en suis convaincu. Quelque chose
doit lui avoir échappé quelque part. On dit dans un même
souffle qu'on est pour la démocratie et en même temps qu'on est
pour l'économie. Je sais comment on doit fonctionner dans des budgets.
On fonctionne par objectifs. On a l'objectif que cela coûte moins cher.
Après cela, on trace toutes nos démarches en fonction de l'argent
dont on a à disposer. Je pense qu'il y a beaucoup trop de travail,
d'efforts et d'énergies qui ont été mis dans le
régime parlementaire dans lequel on vit pour qu'on remette tout cela en
question en disant: Là, ce n'est plus juste une question d'un sou et
d'une piastre.
Ce n'est pas parce qu'on ne tient pas à ce que les
éléments financiers ne soient pas tenus en ligne de compte. Ce
n'est pas l'élément principal, à mon point de vue. On
pourrait ne rien faire. Cela ne coûte rien.
Mais est-ce que la démocratie serait mieux servie? Est-ce qu'on
doit avoir juste une préoccupation? Et je pense que cette
préoccupation est importante dans les jours qui nous occupent. D'une
façon ou de l'autre, je n'ai jamais vu de gouvernement, que je sache,
qui ait eu tellement d'argent qu'il ne savait pas quoi faire avec. En tout cas,
je vous mets au défi de me trouver des années où les
gouvernements ont tenu le discours suivant à la population: Venez piger
dans les coffres, on a beaucoup d'argent.
Depuis que j'entends les hommes ou les femmes politiques parler de
politique, cela a toujours été la même question: l'argent
est rare, on est surtaxé, il ne faudrait pas qu'on dépense trop.
On pourrait parler d'Alexandre Taschereau, en 1924, qui tenait ce discours. Le
monde était surtaxé. Il aurait fallu qu'on apporte des
changements quelque part depuis 1924, parce qu'en 1987 on n'a pas fait varier
notre discours. On dit encore que le monde est trop taxé. On n'a jamais
eu le courage de se dire entre nous: Est-ce que les services qu'on donne sont
suffisants, sont bien donnés? À ce moment, on doit taxer. C'est
un devoir et c'est une question de justice de le faire. Mais, si on donne de
mauvais services, on taxe toujours trop. Si les gens sont prêts à
recevoir ces services, je pense qu'ils doivent les payer. Je pense que les
hommes politiques sont irresponsables jusqu'à un certain point quand ils
disent: Vous payez trop de taxes. A ce moment, ils peuvent se demander s'ils
font leur travail.
Pour moi, la réforme parlementaire est un élément
extrêmement important de la démocratie tout court, de la
démocratie au point de vue de l'Assemblée nationale, au point de
vue électoral, que ce soit dans le domaine municipal, que ce soit dans
le domaine du gouvernement québécois actuel. À mes yeux,
on ne devrait pas se limiter à une question d'argent. Si, en fin de
compte, le processus est suivi et si les objectifs qu'on poursuit sont
corrects, à ce moment, si on peut épargner de l'argent, tant
mieux. Mais si c'est pour épargner de l'argent, moi, je dis: On ne peut
pas embarquer là-dedans. C'est plus important, à mon sens, qu'on
applique un processus démocratique et que, comme responsables, comme
élus, on décide ce qu'on veut. Par la suite, on ajustera
l'argent. C'est cela, le prix de la démocratie. La démocratie se
paie. Il y a des places où il n'y a pas de démocratie et cela ne
coûte rien. Mais ce n'est pas là qu'on veut vivre. Il y a un
processus qui est devant nous, qui est bien logique. À chaque
élection, on aura à faire cette réflexion-là, on
aura à décider ce qu'on fait, on aura à examiner et on
aura à décider ensemble. La commission viendra nous dire ce
qu'elle en pense, comment elle voit ce processus, mais ce n'est pas
mathématique à chaque élection. Ce sera aux trois ou
quatre élections. Il y a de l'argent qui sera économisée
quelque part. Il ne faut pas éliminer cela du revers de la main. Bien
non! Vous nous avez tenu un discours durant toute une journée, vous nous
avez dit: Écoutez, c'est important la démocratie. C'est vrai que
c'est important aussi pour nous. Nous, on dit: Il y a un prix à cela.
Vous autres, vous dites: Non, on va rendre cela bon marché, on va couper
les prix. Moi, je dis: Regardez le processus que vous déclenchez. Si
vous le regardez en fonction des économies d'argent, à ce
moment-là, la démocratie n'y trouvera pas son compte.
Je pense qu'on ne peut pas poursuivre deux objectifs en même
temps. On doit les dissocier. Vous ne me ferez pas accroire qu'on peut parler
de démocratie à 100 %, qu'on est de grands démocrates et
qu'à ce moment-là on limite cela à un montant d'argent en
disant: L'objectif qu'on poursuit, c'est d'économiser de l'argent.
Tenons un certain langage et essayons d'ajuster cela d'après ce qu'on
veut. Après cela, on fera l'analyse des coûts et possiblement
qu'on va économiser de l'argent, mais on l'aura fait sans avoir
sacrifié sur l'autel monétaire les grands principes
démocratiques avec lesquels tout le monde veut s'identifier. Mais,
parfois, quand on regarde la démarche qu'on poursuit, elle est loin
d'être aussi mathématique et aussi vraie.
À mon sens, la réforme qui nous est proposée ou la
suggestion de mon collègue de Gouin est acceptable et pourrait aller
selon les objectifs que le gouvernement actuel poursuit, mais pas en
éliminant systématiquement le processus qui a déjà
fait ses preuves et qui demande sûrement à être
amélioré, mais avec lequel il serait plus facile de vivre que les
nouvelles méthodes qui nous seraient proposées.
Le Président (M. Filion): Merci, M. le
député de Jonquière. Avant de passer la parole au
député de Laprairie, je rappellerais aux membres de la commission
qu'il nous reste 120 minutes de travaux avant l'échéance que nous
nous sommes fixée, soit 18 heures ce soir, à moins que vous ne
reveniez sur l'intention qui était la vôtre de ne pas
siéger demain.
Nous en sommes au point II d'un document. Je comprends que tout cela
s'imbrique et qu'au fur et à mesure qu'on avance, peut-être que
les discussions seront moins longues sur chacun des sujets. Il demeure qu'il
reste certains blocs importants qui n'ont pas encore été
abordés.
Ces réserves étant faites, je passe donc la parole au
député de...
M. Rochefort: M. le Président. Le Président (M.
Filion): Oui,
M. Rochefort: J'ai un commentaire concernant vos avertissements,
disons donc. Quant à nous, c'est clair qu'on aurait souhaité que
cela soit réglé avant 18 heures, compte tenu des contraintes
d'horaire que nous aurons demain. Mais, compte tenu de l'importance de la
commission, c'est clair que nous serons ici demain, si nécessaire, parce
qu'il faut que ce soit étudié de façon sérieuse et
rigoureuse.
Le Président (M. Filion): Je passe donc la parole au
député de Laprairie.
M. Saintonge: Oui, M. le Président. Je vais être
bref quand même. Je veux soulever juste une notion. On semble bien
sceptique vis-à-vis des possibilités pour l'Assemblée
nationale de se prononcer parfois sur certaines décisions. Cela me
paraît curieux parce que je pense que, comme député - en
tout cas, personnellement - j'ai toujours tenté de m'impliquer et, quand
c'étaient des questions non partisanes, d'avoir un esprit ouvert et non
partisan. Je pense que, de prime abord, on ne peut pas présumer que
l'ensemble des députés ne peuvent pas agir de cette
façon.
Un deuxième point sur le sujet spécifique. Je n'ai pas
compris que l'intention du ministre était de partir à l'envers,
c'est-à-dire de dire qu'on veut économiser et qu'on veut aller
là. On regarde l'expérience passée. On regarde ce qui se
vit actuellement au Canada et dans certaines provinces canadiennes où
cela se fait à tous les dix ans. Dans d'autres provinces, cela arrive
après deux élections générales. Au Québec,
la moyenne, si je ne m'abuse, est de huit ou neuf ans.
Le Président (M. Filion): En pratique.
M. Saintonge: En pratique. C'est après chaque
élection, mais en pratique c'est huit ou neuf ans. Ce qu'on propose
actuellement, c'est que cela soit après deux élections
générales. Deux élections générales, cela
correspond à huit ou neuf ans. Au Québec, la moyenne de la
durée d'un mandat gouvernemental, si je ne m'abuse, jusqu'aux
élections de 1985 - elle avait été calculée -
c'était 42 mois. Donc, c'est trois ans et demi depuis la
Confédération. J'avais lu cela dans un document public, mais je
pense que je ne me trompe pas en disant que c'était environ trois ans et
demi. Mettons-le à 45 mois, mais, si je me souviens bien, c'était
42 mois. Donc, c'est inférieur à cela, ce qui veut dire qu'une
révision de la carte se ferait dans 42 mois; trois et demi plus trois et
demi, cela fait sept ans. Normalement, la tradition veut que les
élections se fassent à tous les quatre ans, même si le
mandat de notre constitution est de cinq ans. (16 heures)
Cela ne cause pas de problème majeur. De dire que, dans certains
comtés, il y a des inégalités après deux
élections générales, je le perçois fort bien. C'est
le cas, je représente l'un des comtés qui est visé.
Après l'élection de 1981, on a donné pour le comté
de Laprairie et le comté de Lévis des exceptions, mais je pense
bien que les gens qui faisaient la délimitation savaient pertinemment
bien... En tout cas, dès 1981-1982, j'étais convaincu que le
nombre d'électeurs dans mon comté serait au-dessus de 50 000 pour
l'élection suivante qui devait se tenir en 1984 ou 1985. Cela aurait pu
peut-être aller en 1986. Mais c'était une chose connue. Ce
n'était pas inconnu sauf qu'on veut avoir des changements moins
fréquents, on veut aussi assurer une continuité de la carte, on
veut que la population se retrouve. Mais je pense que c'est cela qui est
fondamental, que les gens se retrouvent dans un comté. Les comtés
ne sont pas modifiés pour deux élections. Certaines
inégalités vont arriver, mais elles ne sont pas majeures. De
comparer les exceptions les plus lointaines, c'est-à-dire les
comtés les plus nombreux avec les plus petits, pour dire que, dans
certains cas, c'est un vote qui en vaut deux, c'est une chose qu'on ne devrait
pas faire parce qu'on devrait aller plutôt avec la moyenne parce qu'il
est convenu qu'il y aura toujours des extrémités, des plus et des
moins. Donc, la proposition est fondée sur l'expérience pratique
de huit ou neuf ans au Québec, de dix ans parfois dans certaines
provinces du Canada et, au minimum, dans d'autres provinces, sur deux
élections qénérales; c'est ce qu'on veut amener. Cette
situation-là va évidemment amener une diminution de frais
importante. Cela a coûté environ 700 000 $ en 1981 pour dire: On
regarde cela et on l'amène là, mais je ne pense pas que la
démocratie va en souffrir. Cela m'étonnerait
énormément qu'on puisse raisonner de cette
façon-là. De deux en deux élections
générales, on sait fort bien la propension que cela va prendre.
L'important, c'est d'assurer la continuité. La continuité va
s'assurer en minimisant les changements. Je ne pense pas que,
démocratiquement, je le dis encore une fois, on diminue la perception
qu'on pourrait donner aux gens en disant qu'on y va simplement aux deux
élections. Ce sont mes remarques, M. le Président, dans cet
élément-ci du débat.
Le Président (M. Filion): Merci, M. le
député de Laprairie.
M. Gratton: M. le Président, si on me permet.
Le Président (M. Filion): Oui, M. le ministre.
M. Gratton: On pourrait constater qu'il n'y a pas consensus sur
la proposition Rémillard.
M. Rochefort: À ce moment-là, M. le
Président, j'ai une intervention à faire.
M. Gratton: Pardon?
M. Rochefort: J'ai dit: À ce moment-là, si on veut
passer à autre chose, j'ai une intervention à faire.
M. Gratton: Ce que j'allais suggérer, c'est comme il n'y a
pas d'urgence à ce que nous décidions de la disposition de la
proposition du député de Gouin, qu'il semble vouloir maintenir
très ferme sans trop d'ouverture, je dirais qu'il est inutile de
poursuivre là-dessus ici pour essayer de cerner toutes les conditions de
la traduction de sa proposition dans un texte juridique. Cela ne tire pas
à conséquence sur les travaux pour la délimitation de la
carte immédiate qui nous intéresse pour la prochaine
élection. On pourrait y réfléchir chacun de son
côté et, avant même qu'on présente le projet de loi
pour modifier la loi actuelle au début de la prochaine session, on
pourrait se revoir de façon formelle ou informelle et établir
entre nous s'il y a des possibilités que nous puissions en arriver
à un accommodement quelconque. Mais, pour le moment, constatons qu'il
n'y a pas consensus et passons à autre chose.
M. Rochefort: M. le Président. Rapidement, d'abord, je
dirai que, oui, je suis d'accord avec la conclusion du ministre pour autant
qu'on s'entende bien, que cela aussi, même si cela ne se fait pas au
cours des deux présents jours, se fera par consensus puisque ce sera
dans le cadre du projet de loi du printemps.
Une voix: ....
M. Rochefort: Merci, M. le Président, c'est plus que j'en
demandais. Les précisions, ce n'est pas nécessairement de la
méfiance, cela évite la confusion ou l'interprétation par
la suite. Merci, M. le Président.
M. Gratton: ...aussi souvent que possible, que nécesaire,
mes intentions...
M. Rochefort: Deuxièmement, M. le Président, en ce
qui nous concerne, comme je l'ai dit, notre proposition, oui, comme la ministre
l'a compris, est toujours là, et nous proposons toujours cette
modification qui, je pense, pourrait nous permettre d'atteindre bon nombre des
objectifs qui étaient visés.
Je me permettrai, M. le Président, rapidement, de dire sur
l'intervention du député de Laprairie, encore une fois,
malheureusement, que je dois m'inscrire en faux avec l'essentiel de son
intervention. Quand il nous dit que la continuité sera assurée
par la minimisation du nombre de changements, oui, la continuité des
distorsions, des iniquités...
M. Saintonge: Je n'ai jamais dit cela.
M. Rochefort: Rien oui, vous avez dit cela.
M. Saintonge: Vous interprétez des propos que j'ai dits,
mais pas de la bonne façon.
M. Rochefort: M. le Président, je n'ai pas interrompu le
député, je ne pense pas.
Non? Alors, je vais poursuivre. Donc, oui, c'est ce que vous avez
dit.
M. Saintonge: ...
M. Rochefort: Non, mais on peut sortir le Journal des
débats, si vous voulez. Oui, c'est ce qu'il a dit. Pour moi, on
assure la continuité des problèmes, ce n'est pas la
continuité des solutions. Deuxièmement, le député
de Laprairie dit: Moi, je suis surpris de voir le député de Gouin
nous dire que les élus ne devraient pas se pencher sur ces questions.
Quand il y a des questions qui nécessitent de se mettre au-dessus de ta
partisanerie, je suis capable de faire cela, etc. Mais, tel n'est pas le
passé de l'Assemblée nationale du Québec. Il faut se
rappeler ce que c'était avant 1979. J'avoue que je me souviens
très bien d'un cas que j'ai vu non pas à titre de
député mais à titre de citoyen. À la suite du
rapport de la commission Drouin de ]972, puisque le rapport devait être
traduit dans une loi, je me souviendrai jusqu'à la fin des temps d'avoir
vu le leader parlementaire du gouvernement - et je ne nommerai pas les
individus ni même les formations politiques en présence - je me
souviens d'avoir vu le leader parlementaire du gouvernement qui pilotait le
projet de loi et d'avoir vu le chef de l'Opposition ou d'une des formations
politiques de l'Opposition proposer des amendements ici et là: ajouter
telle ou telle municipalité à la proposition et retrancher telle
ou telle municipalité ou tel quartier de milieu urbain. Le leader du
gouvernement qui, visiblement et avec raison, n'était pas capable de
décider parce qu'il n'avait pas entre les mains en Chambre... Cela se
faisait en Chambre, et il regardait en haut dans les galeries où il y
avait son organisateur électoral qui lui faisait siqne si, oui ou non,
c'était acceptable. Cela ne fait pas 30 ans, c'était en 1972 ou
1973. Donc, moi, je dis non. On ne réinscrira pas un processus qui
faisait défaut et qui est réglé aujourd'hui par les
nouveaux mécanismes dont on s'est doté.
Pour moi, c'est absolument essentiel qu'on continue de fonctionner
positivement comme c'est le cas actuellement et donc qu'on ne
réinsère pas les élus dans des décisions qui auront
un effet sur le découpage des circonscriptions électorales, donc,
sur l'établissement du poids relatif des électeurs d'une
circonscription par rapport à celui des électeurs d'une autre
circonscription électorale.
Le Président (M. Filion): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur le même sujet?
M. Saintonge: Je me retire.
Le Président (M. Filion): Je constate donc qu'en ce qui
concerne la fréquence ou la périodicité de la
délimitation la commission n'a pu atteindre un consensus sur les
questions qui lui étaient soumises et je vous invite donc...
M. Rochefort: M. le Président, avant qu'on passe au point
suivant, je pense que le ministre sera d'accord... En sortant de la commission
ce matin, nous avons tous les deux eu une discussion avec M. Côté.
Ce dernier nous disait qu'il avait peut-être des précisions
à apporter à des coûts qui avaient été
évoqués ce matin en dehors, justement, d'une discussion, d'un
point précis. Ce serait peut-être l'occasion de lui permettre
d'apporter cette précision. M. le ministre.
Le Président (M. Filion): M. le ministre, est-ce que vous
seriez d'accord que M. Côté fasse part...
M. Rochefort: Du coût dont il nous a fait état ce
matin.
Le Président (M. Filion): ...immédiatement des
précisions sur les coûts à la suite des discussions de ce
matin?
M. Côté.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, M. le Président. Je
suis content de l'occasion que vous me donnez parce que, peut-être, ce
matin, y a-t-il eu confusion qui a résulté des explications que
j'ai données qui n'étaient pas suffisantes, pas assez
complètes. On a dit que le coût de la dernière carte, en
avril 1985, en faisant certains calculs, pouvait être
évalué à 700 000 $. On a établi ce chiffre de la
façon suivante et c'est là où je n'ai pas fourni
d'explications suffisamment claires. Si on dit que c'est 13,2 personnes, on
arriverait au chiffre d'environ 450 000 $. Ce sont ajoutés à
cela, pour arriver au chiffre de 700 000 $, 245 000 $ de prévisions pour
1986-1987. Avec cela, on arrivait au chiffre de 700 000 $. Ce qu'il faut bien
réaliser, c'est que la carte de 1985, le coût de la confection de
!a carte, des travaux de 1983-1985 est établi de la façon
suivante: II y a eu de 7 à 8 personnes-années - on parle encore
en termes de personnes-années, comme on l'a fait ce matin - au lieu de
13,2 qui ont travaillé, parce que le travail a été moins
considérable. Quand on parle des prévisions pour 1987, il va
certainement y avoir plus de travail à faire que pour la carte de
1983-1985. Le chiffre des coûts pour le personnel est de 234 225 $. On
ajoute à cela les autres coûts - j'ai le détail ici, si
jamais cela vous intéresse - de 8l 243 $, de sorte que la confection du
rapport et de la dernière carte de 1985 coûte 315 468,24 $.
D'autres précisions. Dans les prévisions qui ont
été mentionnées, il y a des prévisions de 245 000 $
pour 1986-1987. Je voudrais vous préciser que, sur ces
prévisions, qui ont été établies l'an dernier, dans
la perspective où on effectuait des travaux sur la carte
électorale, il n'y a de dépensé jusqu'à maintenant
que 31 030 $. L'autre point que je voudrais clarifier, parce que je n'ai
certainement pas été assez clair, c'est le fait suivant: Quand on
a parlé des 13,2 personnes, on a dit: Comme cela, il est possible
d'envisager qu'il en reste 10 à ne rien faire. Je voudrais
préciser comment on procède, en pratique chez nous.
Il y a une année où on met l'accent sur telle sorte de
travaux et une autre année sur d'autres travaux. Par exemple, en 1987,
on mettrait davantage l'accent, si c'était le cas, sur la fabrication de
la carte électorale. Pour vous donner un exemple, parlons de quelle
façon, une année portant l'autre, se font les affectations du
personnel requis dans le domaine municipal. Pour nous donner certains chiffres,
en 1985, 43 municipalités sur 127 ont été traitées;
en 1986, 62 sur 149. En 1987, on en envisage, au lieu de 62, une trentaine sur
160, du fait que les élections municipales ne se tiennent pas à
la même périodicité. On envisage, en 1988, recommencer avec
un chiffre plus élevé, au-delà de 60 sur environ 160;
mais, là encore, il peut y avoir plus de municipalités
affectées.
Ces travaux fluctuent. Je me réfère toujours au chiffre
des 10 personnes qui seraient en trop, si on peut employer cette expression. Il
y a ces travaux découlant des responsabilités de la Loi sur les
élections dans certaines municipalités. Vous savez, en 1978, il y
avait trois municipalités assujetties; il y en a présentement
149. De plus, il y a des travaux de mise à jour des indicateurs, des
travaux de délimitation des secteurs et leur mise à jour. Il y a
le travail préparatoire pour les délimitations des districts
électoraux municipaux, les rencontres avec les officiers municipaux, la
publication de documents, les lettres aux municipalités, les envois de
documents, les calendriers d'opération et les procédures de
délimitation.
Dans le domaine de la législation électorale, plus
proprement dite, j'ai mentionné qu'il y avait trois secteurs
d'activité: la carte électorale, la Loi sur les élections
dans certaines municipalités et la Loi électorale. Il y a les
travaux qui sont faits par ces personnes aussi sur la délimitation des
sections de vote, la mise à jour des indicateurs des sections de vote,
la cartographie des sections de vote, la préparation d'instructions
à l'intention des directeurs de scrutin pour la délimitation des
sections de vote et, finalement, l'aide au directeur de scrutin pour faire ce
travail.
Je voudrais simplement illustrer par là, en vous donnant un
certain nombre d'activités, que si j'ai dit qu'il y avait, par exemple,
trois personnes l'an dernier qui ont travaillé là-dessus,
c'était juste sur la carte électorale. Par exemple, depuis que
les travaux sont suspendus, ce personnel ne reste pas à ne rien faire.
En plus d'assurer ce qui a été mentionné, la
continuité, il y a d'autres travaux dont ils assument la
responsabilité. Ce sont les précisions que je voulais apporter,
surtout celles concernant les budgets, les prévisions et les sommes
effectivement dépensées. Je pense qu'il était opportun de
le clarifier, j'ai peur de ne pas avoir été assez clair ce matin
là-dessus. Je vous remercie, M. le Président. (16 h 15)
Les critères de délimitation et le
nombre de circonscriptions
Le Président (M. Filion): Je vous remercie, M.
Côté. Nous passons donc au chapitre suivant de notre travail.
À ce moment-ci, je vous inviterais, comme moi, à constater qu'en
ce qui concerne d'abord le rapport du Secrétariat à la
réforme électorale, communément appelé le rapport
Rémillard, le paragraphe 3 touche le nombre de circonscriptions et le
paragraphe 4, les critères sociogéographiques. Dans le document
de travail qui nous a été remis, de janvier 1987, ces deux
paragraphes ont été regroupés dans une troisième
tête de chapitre; Les critères de délimitation et le nombre
de circonscriptions. À ce moment-ci, avec votre permission, je vais
procéder à lire à la fois le paragraphe 3 et le paragraphe
4 du rapport du secrétariat et je vous inviterais à traiter des
deux sujets en même temps. Est-ce que vous préféreriez que
je...
M. Rochefort: Je ne sais pas si le ministre est d'accord, mais je
préfère qu'on prenne cela sujet par sujet pour éviter
qu'on en traite deux à la fois, ce qui, souvent, prend plus de temps que
de faire les deux distinctement.
Le Président (M. Filion): D'accord. Est- ce que ça
va? Nous allons donc nous concentrer à ce moment-ci sur le nombre de
circonscriptions. En ce qui concerne le document de travail, les questions qui
vous sont posées sont contenues à 111,1 et 111,2 du document de
travail de janvier 1987, III,3 étant une question découlant
plutôt du paragraphe 4 du rapport.
Le nombre de circonscriptions
Donc, en ce qui concerne le nombre de circonscriptions, il peut
être ou bien fixé dans la loi ou bien obtenu en divisant le
chiffre de la population par un quotient électoral
prédéterminé. Cette seconde formule est celle actuellement
prévue dans la loi. Selon l'évolution démographique et
selon que les circonscriptions se situent plus ou moins près de la
moyenne fixée, le nombre total de circonscriptions peut alors
varier.
Il nous apparaît cependant que la première formule est
préférable en ce qu'elle affirme de façon non
équivoque la responsabilité de l'Assemblée nationale de
déterminer les règles régissant sa composition et en ce
qu'elle est plus simple et plus transparente, la population connaissant
dès le départ le nombre de ses représentants.
Quant au nombre de circonscriptions, le nombre actuel de 122 pourrait
être maintenu ou augmenté de quelques unités pour tenir
compte de l'évolution démographique et laisser une certaine marge
de manoeuvre à la commission. Une autre formule pourrait consister
à laisser à la commission le soin d'arrêter le nombre de
circonscriptions à l'intérieur de limites minimales et maximales
fixées dans la loi. L'Ontario a adopté cette dernière
formule en donnant mandat à sa commission de limiter entre 125 et 130 le
nombre de circonscriptions électorales pour l'ensemble de la
province.
Les questions qui nous sont soumises: "Le nombre de circonscriptions ne
devrait-il pas être fixé d'avance dans la loi plutôt
qu'obtenu en divisant le chiffre de la population par un quotient
intellectuel..."
Une voix: Un quotient électoral.
Une voix: II n'y aura pas grand électeurs.
Le Président (M. Filion): Il ne faut pas sous-estimer le
quotient intellectuel de l'électorat mais vous avez quand même
raison, il faut lire: "par un quotien électoral
prédéterminé, ce qui a pour effet de laisser flottant le
nombre de circonscriptions? Si oui, le nombre de circonscriptions ne devrait-il
pas être fixé dans la loi à 125 pour tenir compte de
l'évolution démographique?"
M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, je pense qu'il y a consensus
là-dessus, sur la réponse à la première question
à savoir: Le nombre de circonscriptions ne devrait-il pas être
fixé d'avance dans la loi plutôt qu'obtenu en divisant un chiffre
de la population par un quotient électoral
prédéterminé, ce qui a pour effet de laisser flottant le
nombre de circonscriptions? À cette question stricte, sans
préciser comment, on pourrait répondre oui tout de suite et
passer à la prochaine question.
M. Rochefort: Je veux bien, mais quand va-t-on régler le
nombre?
M. Gratton: À la question suivante.
M. Rochefort: Excusez-moi, je comprenais au point suivant. Oui,
comme j'ai eu l'occasion de le dire dès mon discours sur la loi 23, nous
sommes d'accord pour envisager le fait qu'on fixe carrément le nombre
ou, en tout cas, la fourchette à l'intérieur de laquelle le
nombre de circonscriptions électorales pourrait varier. Donc, on est
d'accord avec la question 1.
Le Président (M. Filion): À savoir que le nombre de
circonscriptions devrait être fixé d'avance dans la loi.
M. Rochefort: Oui.
Le Président (M. Filion): Cette question ayant eu sa
réponse, je vous invite à fixer ce nombre.
M. Gratton: Si on me permet un commentaire là-dessus, je
saisis l'occasion pour préciser pourquoi je demeure optimiste quant
à l'évolution des esprits par rapport à certaines
propositions qui ne font pas consensus présentement. Voilà
l'exemple d'une argumentation qui a été faite en 1979, qui avait
été rejetée par le parti qui forme maintenant l'Opposition
et qui, aujourd'hui, est acceptée d'emblée sans discussion. Je me
dis qu'il y a toujours de l'espoir et on le verra avec les années, comme
le soulignait le député de Mille-Îles ce matin. Cela
prendra cinq ans, six ans, sept ans, mais j'ai l'impression qu'on va en arriver
éventuellement à revenir là-dessus.
Je vous cite très brièvement, M. le Président, le
Journal des débats du 22 novembre 1979 où je posais
ô ce moment, à titre de député de l'Opposition, une
question au ministre responsable de la Réforme électorale qui
était M. Marc-André Bédard, député de
Chicoutimi. Je lui disais: "Ce qui m'intéresserait, c'est de savoir si
le ministre est prêt à considérer la possibilité
d'inscrire dans la loi un maximum quant au nombre de comtés." La
réponse sibylline du ministre avait été: "Non,
certainement pas."
Je constate, M. le Président, qu'on a évolué, qu'on
a reconnu le bien-fondé d'une... Je faisais l'intervention de
façon interroqative. Nous avions développé l'argumentation
qu'à notre avis il n'appartenait pas à une commission
indépendante des élus de déterminer le nombre de
députés qui devaient siéger à l'Assemblée
nationale. Je suis content que, de novembre 1979 à janvier 1987, neuf
ans ou sept ans, je ne sais pas trop mais en tout cas... Cela prouve que cela
finit par aboutir quand cela a du bon sens. Alors, allons-y, M. le
Président.
M. Rochefort: On vous écoute sur la question suivante.
M. Gratton: Bien, la question suivante, il faudrait d'abord la
lire.
Le Président (M. Filion): Oui. Cela a déjà
été fait mais si vous voulez la reprendre...
M. Rochefort: On va la relire.
Le Président (M. Filion): Si oui, le nombre de - alors, on
a déjà un oui -circonscriptions ne devrait-il pas être
fixé dans la loi 125 pour tenir compte de l'évolution
démoqraphique? Évidemment, c'est un chiffre.
M. Gratton: M. le Président, si on me le permet, il y a
une possibilité qu'on a évoquée qui m'intéressait
beaucoup plus que celle-là. J'ai demandé d'ailleurs, et j'en ai
informé l'Opposition, au Directeur général des
élections de nous préparer, pour cette commission, des
hypothèses de travail. Dans le cadre où on lui demanderait de
délimiter une nouvelle carte électorale, dans quelle fourchette
pourrions-nous lui indiquer ce que seraient les minimums et maximums qui
pourraient faire en sorte que la commission puisse procéder à une
nouvelle délimitation sans faire disparaître de circonscriptions
électorales dans aucune région et tout en limitant le plus
possible le nombre de circonscriptions additionnelles aux 122 existantes? Cela
m'intéresserait de connaître le résultat des
réflexions du Directeur général des élections
là-dessus.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Filion): Oui. M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: Si le ministre me le permet, je souhaiterais faire
une intervention avec son accord avant que le directeur général
ne nous donne les réponses aux questions du ministre parce qu'il y a,
dans un premier temps, pour nous une question de principe importante que je
veux énoncer maintenant,
même si je dirai par la suite que, compte tenu des réponses
du Directeur général des élections, on est prêt
à regarder.
Pour nous, notre position est claire. On souhaiterait que le nombre de
circonscriptions soit fixé à 122 dans la Loi sur la
représentation électorale. On trouve qu'il est un peu anormal
que, de révision en révision, même si la population
électorale et la population globale du Québec sont à peu
près semblables, le nombre de circonscriptions continue de progresser.
Pour nous, on pense que, comme je l'ai dit dans mon intervention
préliminaire, quand on se compare aux sociétés qui nous
ressemblent quant au nombre, au territoire, tout cela, 122
députés pour représenter les Québécois
à leur Assemblée nationale, c'est suffisant, il n'y a pas de
problème là-dessus. Cela fonctionne. C'est parfaitement
comparable è ce qui se fait ailleurs.
Deuxièmement, il y a aussi une question de principe. Au fur et
à mesure où on dit: Oui, mais il ne faut pas qu'il y en ait trop,
il faut dans la mesure du possible éviter qu'on abolisse des
circonscriptions électorales... On sait que c'est un "mosus" de
problème pour une formation politique ou pour un député de
se faire annoncer que son comté est aboli ou pour une formation
politique de dire: Écoutez, là on est rendu avec deux
députés pour un seul comté, lequel des deux va-t-on
prendre? On est conscient que cela peut créer des problèmes. On
est peut-être disposé à regarder pour cette fois-ci, compte
tenu des réponses que va nous faire le Directeur général
des élections, mais je dis d'emblée, puisqu'un jour le ministre
délégué à la Réforme électorale
viendra peut-être nous citer quelles étaient nos positions neuf ou
huit ans antérieurement... Pour nous, c'est clair que notre position de
principe serait de dire: 122, point à la ligne, et ensuite c'est le
nombre d'électeurs par comté qui variera par le haut plutôt
que le nombre de circonscriptions électorales qui continue d'augmenter
et le nombre d'électeurs qui varie de plus en plus, qui connaît
des écarts de plus en plus grands entre une circonscription et une
autre, et, donc, qui ajoute, qui atteint encore une fois le grand principe du
poids électoral entre chacun des électeurs d'une circonscription
à une autre.
Je souhaitais le faire parfaitement avant qu'on aborde la question
particulière et précise du cas qui nous occupe cette
année. Est-ce que cela prendrait 124 comtés pour encore une fois
régler le problème d'élimination de circonscriptions
électorales, ou patati, patata? Je vous dis qu'en termes de principe
notre position est claire et, si telle était un jour la position du
ministre, on serait prêt à légiférer tel quel: 122,
point à la ligne, et le nombre minimum et maximum, autour du quotient de
25 % plus ou moins, devra aller à la hausse selon les variations
démographiques. Pour nous, ce serait respecter nos principes et les
grands principes qu'on veut voir retenus, respectés et appliqués
dans l'ensemble des éléments de discussion qui sont devant
nous.
Cela étant dit, on est prêt, évidemment, à
entendre les réponses du Directeur général des
élections et è rediscuter de la question d'une façon un
peu plus précise cette fois-ci.
Le Président (M. Filion)s M. le ministre.
M. Rochefort: À l'intérieur, évidemment, de
certains paramètres qu'on verra.
M. Gratton: Je ne voudrais pas moi non pour la
postérité que nos propos prêtent à équivoque
quant aux motifs qui nous amènent à suggérer une
fourchette plutôt que de se limiter à 122. Il n'y a pas seulement
le cas de la disparition de circonscriptions électorales actuelles. Il y
a aussi le cas qu'évoquait le député de Jonquière
ce matin concernant des chambardements trop nombreux qui peuvent survenir. On
verra tantôt, quand le Directeur général des
élections nous donnera ses informations, que si on se limite à
122 il y a beaucoup plus de circonscriptions électorales qui seront
affectées, qui feront l'objet de modifications alors que, si on donne
une certaine latitude à la commission, on élimine ces
chambardements, surtout qu'on ne s'entend pas sur la périodicité.
On voudrait éliminer autant que faire se peut des changements de
paroisses qui, d'une élection è une autre, ne se retrouvent
souvent pas dans la même circonscription.
Il nous semble que fixer un minimum et un maximum ne signifie pas que la
commission doive nécessairement se rendre au maximum. Je pense qu'on
pourrait indiquer très clairement ici à la commission que c'est
le souhait des parlementaires qu'on se limite le plus possible à 122,
à 123 ou a 124. Cette latitude qu'on pourrait accorder à la
commission d'un minimum et d'un maximum, je pense, pourrait - et ce serait
laissé à l'appréciation de la commission et sans aucune
intervention, outre celle qui est prévue dans la loi, des parlementaires
- être de décider de l'opportunité de porter à 125,
à 124, à 123 plutôt que de le geler à 122.
Le Président (M. Filion): M. le Directeur
général des élections, (16 h 30)
M. Côté (Pierre-F.): M. le Président,
effectivement, on me l'a demandé et j'ai préparé certaines
réflexions ou considérations si on fixe dans la loi le nombre des
circonscriptions électorales. Je veux préciser peut-être au
départ les points suivants: Les
données que je vais vous exposer sont basées sur
l'hypothèse qu'on tient compte encore, dans ces hypothèses, du
pourcentage de plus ou moins 25 %. Cela me semble important de le
préciser, parce que si la donnée de critère
numérique disparaît: II me semble quand même qu'à mon
avis le plus ou moins 25 % doit demeurer. Si jamais ce critère
disparaît, parce que cela ne veut pas nécessairement dire que cela
va disparaître... Si on donne une fourchette, cela indique simplement le
minimum et le maximum, sans nécessairement faire disparaître les
critères numériques.
Deuxièmement, je veux préciser que les réflexions
que je vais faire sont des considérations chiffrées. Pourquoi
ai-je donné cette appellation et pourquoi ai-je fait la même mise
en garde, si j'ai bonne mémoire, au mois de mars? C'est le même
genre de réflexion que j'ai soumis au mois de mars et que je veux vous
soumettre aujourd'hui. Ces considérations ne sont basées que sur
des données mathématiques. Or, il ne faut pas oublier que la
responsabilité de la commission, cela va apparaître surtout dans
la troisième réflexion que je vais vous faire, la
troisième hypothèse d'un maximum de 125 circonscriptions. La
commission, dans le passé et jusqu'à présent, a tenu
compte - et, à mon avis, elle devrait continuer à le faire - du
deuxième alinéa de l'actuel article 3 de la loi, qui dit qu'il
faut fonder les décisions en tenant compte de considérations, et
on en énumère un certain nombre: l'ordre démographique,
géographique, sociologique, la densité de la population, le taux
relatif de croissance de la population. Peut-être qu'il faudrait
être plus explicite sur nos considérations. On l'a fait un petit
peu dans le rapport de 1985, mais à la suite des échanges de ce
matin, on pourrait peut-être se permettre d'être plus explicite sur
notre analyse, disons relative, de croissance de la population, même si
c'est la base des électeurs que vous avez décidé de
maintenir ce matin.
Donc, les hypothèses seraient les suivantes. J'élimine
pour le moment, mais je pourrais y revenir si vous le voulez... Je peux bien
vous le donner, mais il y a des... Je pense à 123, 124, 125
circonscriptions, à l'hypothèse d'une fourchette. Si on retenait
l'idée de 123 circonscriptions, les conséquences pourraient
être les suivantes...
M. Rochefort: 123.
M. Côté (Pierre-F.): 123. Je vais être clair.
Je ne veux pas me substituer aux responsabilités de la commission. Ce
sont des considérations chiffrées et je les donne sous toutes
réserves. Les conséquences seraient l'ajout d'une circonscription
sur la rive sud de Montréal et une autre sur la rive nord de
Montréal.
M. Rochefort: Je m'excuse, mais est-ce que vous avez un document
où c'est...
M. Côté (Pierre-F.): Ce sont des notes que j'ai
ici.
M, Rochefort: D'accord. Alors, vous dites deux de plus...
M. Côté (Pierre-F.): Je vais aller plus
tranquillement si vous me le permettez.
M. Rochefort: Deux de plus...
M. Côté (Pierre-F.): Deux de plus dans la
région de Montréal, une sur !a rive nord et l'autre sur la rive
sud, et il y a une hypothèse très sérieuse pour maintenir
le nombre à 123, c'est la possibilité d'élimination d'une
circonscription sur l'île de Montréal.
M. Rochefort: À 123?
M. Côté (Pierre-F.): C'est cela. Le nombre de
circonscriptions affectées par cette limite de 123 serait au minimum de
43 circonscriptions dans l'ensemble de la province. Évidemment, cela
aurait comme conséquence des changements assez considérables sur
l'île de Montréal et particulièrement au centre de
l'île de Montréal. Sur l'île de Montréal, il se
produit le phénomène suivant: Il y a une diminution de la
population et une augmentation des électeurs globalement et, au centre
de Montréal, il y a une diminution des électeurs et on retrouve
une augmentation aux deux extrémités de l'île.
Le Président (M. Filion): Pourriez-vous être plus
précis quand vous dites "au centre de Montréal"?
M. Côté (Pierre-F.): Oui.
Le Président (M. Filion): Le centre de l'île ou le
centre de la ville?
M. Côté (Pierre-F.): Le centre sud. Je vais demander
qu'on retrouve le document, si vous me permettez.
Le Président (M. Filion): Je ne veux pas le nom des
comtés, je veux savoir si c'est le centre de l'île,où...
M. Côté (Pierre-F.): C'est ce qu'on appelle, nous,
le centre sud, le centre au sud de l'île.
Le Président (M. Filion): D'accord.
M. Côté (Pierre-F.): C'est là où il y
a une diminution d'électeurs. L'hypothèse de 124.
M. Rochefort: Je veux juste m'assurer qu'on suit bien. Donc, si
je résume: 123, cela veut dire deux circonscriptions de plus dans la
région de Montréal, une sur la rive nord et l'autre sur la rive
sud, et une de moins sur l'île de Montréal et 43 circonscriptions
environ seraient affectées et il y aurait des changements
considérables sur l'île et plus particulièrement au centre
de l'île de Montréal. Cela, c'est la conséquence de
123.
M. Côté (Pierre-F.): C'est cela, M. le
député.
M. Rochefort: D'accord. Maintenant, l'hypothèse de
124.
M. Côté (Pierre-F.): Pour 124 circonscriptions, si
on tient compte de considérations toujours...
M. Rochefort: Je m'excuse! Juste une minute!
M. Côté (Pierre-F.): Je vous en prie. M.
Rochefort: Avec 123... M. Côté (Pierre-F.): Oui.
M. Rochefort: ...il y en a seulement une sur l'île de
Montréal qui disparaîtrait dans tout le Québec.
M. Côté (Pierre-F.): Oui. Si vous me le permettez,
je peux peut-être le dire tout de suite, j'aurais peut-être
dû le dire avant, si on maintenait 122...
M. Rochefort: C'est cela.
M. Côté (Pierre-F.): ...il y en aurait au moins deux
d'éliminées.
M. Rochefort: Vous pouvez aller à 124, mais j'aimerais que
tantôt vous nous disiez 122...
M. Côté (Pierre-F.): On pourrait revenir à
122.
M. Rochefort: Oui.
M. Côté (Pierre-F.): D'accord. Avec 124, toujours
sur des considérations chiffrées, il y aurait la création
de deux circonscriptions, toujours l'une sur la rive sud de Montréal et
l'autre sur la rive nord de Montréal. Il y aurait, à ce
moment-là, dans l'ensemble de la province 37 circonscriptions
touchées. Ce sont les commentaires que j'ai à faire sur 124.
Avec 125, cela permettrait toujours d'ajouter les deux mêmes
circonscriptions dans les deux mêmes régions plus - et la, cela
dépendra des considérations de la commission qui tiendraient
compte des critères, plus particulièrement des critères du
deuxième alinéa de l'article 3, je parle des critères
socio-économiques, démographiques et le reste. Ici, je vais
être plus précis parce qu'il y a une analyse très
appronfondîe qui reste à faire. L'ajout de la troisième
circonscription pourrait se faire dans la région de Québec. Il y
a deux hypothèses dans la réqion de Québec: sur la rive
sud ou sur la rive nord, mais pas pour les mêmes raisons. Sur la rive
sud, ce serait pour des considérations d'ajustement des chiffres,
d'ajustement mathématique et, sur la rive nord, afin qu'il n'y ait pas
modifications dans un trop grand nombre de circonscriptions. La situation
évolue de la façon suivante dans la région de
Québec. On envisage qu'il y a au moins une dizaine de circonscriptions
qui sont touchées. Il y a un phénomène particulier, juste
pour donner un exemple, qui est très compliqué dans la
région de Québec, ce qu'on appelle la grande région de
Québec. Il y a Charlevoix, par exemple, qui descend dans Montmorency et
Montmorency qui empiète sur des comtés de la région de
Québec. Seulement pour vous donner un petit exemple: on parlait ce matin
d'une municipalité... Le phénomène se pose pour
Beaupré, par exemple, qui est un casse-tête pour toutes les cartes
et qui le sera pour la prochaine carte. Ces considérations peuvent
peut-être, si le maximum était de 125, amener la commission
è dire: Très bien, on va réagencer les circonscriptions
dans la région nord de Québec en créant une nouvelle
circonscription pour éviter de trop grands chambardements par effet
d'entraînement et on pourrait réajuster - là encore je le
donne sous beaucoup de réserves - la rive sud de la région de
Québec, c'est-à-dire la région de Lévis, en
diminuant - mais là encore je ne vous cache pas que ce sera des moyens
maux de tête - la grosseur de la circonscription électorale de
Lévis.
M. Dufour: Combien y en aurait-il d'affectées, avec
125?
M. Côté (Pierre-F.): Ah! Le nombre de
circonscriptions affectées dans l'ensemble de la province avec 125
serait d'environ 35. Mais, par ailleurs, ce que je veux préciser quand
je donne le nombre de circonscriptions qui peuvent être affectées,
c'est que pour 123, le nombre de circonscriptions affectées est non
seulement plus grand, mais les changements sont considérables. En
augmentant à 124 ou 125, le nombre de circonscriptions diminue, mais les
changements sont aussi moins considérables, cela va de soi, cela a un
effet d'entraînement.
Je vois le député des Îles-de-la-Madeleine, si je ne
me trompe pas, qui est présent, on tient toujours compte du fait que les
îles, dans ce que je viens de donner,
constituent une exception.
M. Rochefort: Mais cela fait toujours l'objet d'un consensus
entre les membres de l'Assemblée.
M. le Président, on revient à 122, peut-être.
M. Côté (Pierre-F.): On peut revenir à 122.
On pourrait envisager deux sortes d'hypothèses dans le cas de 122. On
pourrait dire qu'on ne touche à rien. Je pense que vous avez
exprimé assez clairement ce matin quelles seraient les
conséquences. Il y aurait des exceptions phénoménales et
on n'atteindrait pas les objectifs qu'on veut atteindre. Un bon nombre de... On
pourrait théoriquement aboutir à un découpage qui soit
purement numérique et, à ce moment-là, cela veut dire des
chambardements assez considérables.
Mais l'autre hypothèse serait la suivante. On peut créer
des circonscriptions mais, pour pouvoir en créer et rester à 122
et tenir compte du nombre d'électeurs, des critères
numériques, il faut au minimum envisager la création de deux
circonscriptions, toujours sur la rive nord et la rive sud de Montréal,
et l'élimination au moins de deux circonscriptions au Québec, une
à tout le moins, comme je l'ai mentionné, sur l'île de
Montréal et les deux autres qu'il faudrait étudier et
peut-être choisir entre l'une et l'autre - il y en a seulement une
à laquelle il faudrait réfléchir longuement - dans la
région de la Gaspésie et la région des Cantons de l'Est.
Dans ce cas, si on maintenait 122 circonscriptions, il y aurait beaucoup de
changements d'apportés sur l'île de Montréal.
Évidemment, je devine qu'il y aurait un certain nombre de protestations
ou de réactions devant l'hypothèse d'éliminer certaines
circonscriptions. Je pense bien qu'il n'y a personne à qui cela
sourirait beaucoup d'aboutir à cette solution.
D'autre part, dans cette hypothèse du maintien du nombre de 122,
il y aurait au moins une cinquantaine de circonscriptions qui seraient
affectées considérablement.
Voilà les considérations chiffrées que je voulais
vous soumettre et sur lesquelles on s'est penché. Évidemment, je
pense que j'en ai assez dit, mais je veux souligner en terminant que ce ne sont
que des considérations chiffrées qui ne tiennent pas compte de
deux facteurs qui me semblent extrêmement importants. Le premier, je l'ai
mentionné, tient compte d'autres critères qui sont
déterminés dans la loi, mais l'autre facteur qui me semble
très important, qui n'est pas le moindre et dont la commission a
toujours tenu compte, c'est la tournée de consultation non seulement
auprès des membres de l'Assemblée nationale mais auprès de
la population. Jusqu'à maintenant, la commission ne peut pas faire
autrement. Non seulement c'est dans la loi, mais je dirais que c'est une
question de bon sens. On ne peut pas faire autrement, en acheminant vers des
recommandations, que de tenir compte de cela. C'est la raison des
tournées qu'on fait, qu'exige la loi et qui nous sont -on l'a
réalisé - toujours très profitables. On apprend une foule
de choses sur place. Par exemple, si jamais on entreprenait le travail
prochainement, nous envisageons la tournée de façon assez
importante dans les régions qui seraient particulièrement
touchées. S'il y a une région du Québec qui, dans nos
recommandations, ne serait pas beaucoup touchée, il ne serait
peut-être pas nécessaire de s'y rendre. On pourrait éviter
des coûts à ce moment-là. Mais, pour les endroits qui
seraient touchés, on le ferait. Donc, ce sont des considérations
dont les membres de la commission doivent tenir compte.
Une voix: Moi, j'ai une question.
Le Président (M. Filion): D'accord. Je vous en prie.
M. Côté (Pierre-F.): Cela va, M. le
Président. Je suis prêt à répondre à des
questions mais je n'ai pas d'autres considérations pour le moment.
Le Président (M. Filion): Pardon?
M, Côté (Pierre-F.): J'ai dit que cela va, je n'ai
pas d'autres considérations pour le moment. S'il y a d'autres questions,
je suis prêt à répondre.
Le Président (M. Filion): D'accord. Le
député de Mille-Îles s'est inscrit pour une question, M. le
directeur général. (16 h 45)
M. Bélisle: M. le directeur général, on
parle constamment de nombre, de ratio, de critères de population, de
croissance démographique, de déplacement de clientèle, de
mobilité de personnes et tout le reste. Les critères sont dans la
loi et, quand vous faites des hypothèses semblables, ce sont des
projections qui sont faites à partir de données que vous
constatez sur le terrain et aussi à partir de tendances. Ce que je veux
savoir c'est: Quels sont les critères de permanence des solutions
envisagées? Vous nous dites: On recommanderait peut-être 123, 124
ou 125. Est-ce que, quand vous faites ta recommandation, vous envisagez que
celle-ci devrait avoir une longueur de vie applicable de trois ans, de quatre
ans, ou si, quand vous faites votre projection ou votre calcul, vous le faites
pour huit ans, neuf ans ou dix ans? Pour moi, cela a une importance et une
incidence a contrario sur toute la discussion qu'on a eue aujourd'hui et hier.
Je vois très bien les deux positions, d'un côté et de
l'autre de la table, selon lesqelles, pour assurer une permanence, il
faut faire certains travaux, et, d'un autre côté, H y a une
question de coût, et tout le reste. Mais si vous demandez à
quelqu'un qui fait des projections de tendance, un démographe, ou
quelqu'un qui regarde une situation... Je reviens toujours au comté de
Vimont, à Laval, ou au comté du député de
Terrebonne que tout le monde connaît très bien, ou au comté
de Rousseau, au comté additionnel qu'on veut ajouter sur la rive nord,
région que je connais beaucoup mieux. Je me dis que, quand on fait une
proposition sur le nombre de circonscriptions électorales, on ne fait
pas une proposition simplement pour une période de quatre ou cinq ans,
pour une élection, on essaie de s'assurer que les bassins de population
et que les circonscriptions électorales, quant à leur nombre,
puissent demeurer pour une beaucoup plus longue période de temps. Je
pense au long terme, dans mon esprit, en termes économiques, si vous
aimez mieux. Ce n'est pas du moyen terme, c'est du long terme. Huit ans ou neuf
ans, c'est du long terme, dans mon esprit.
Je voudrais que vous m'assuriez, M. le Directeur général
des élections, que ces hypothèses, quand vous nous dites 123,
124, 125 ou 122, vous les avez faites dans l'esprit que dans, les huit, neuf ou
dix prochaines années - en tenant compte de ce qu'on a vécu au
cours des cinq dernières années, ce qui est assez probant:
augmentation phénoménale sur la rive nord, augmentation
phénoménale sur la rive sud, décroissance au centre-ville
géographique de Montréal - cela nous assure d'une certaine
permanence dans le nombre, qu'on ne sera pas obligé, après les
prochaines élections générales, de revenir et de
recommencer tout ce scénario. J'aimerais que vous me livriez vos
réflexions là-dessus.
M. C6té (Pîerre-F.): Je dirais, M. le
député, que c'est passablement difficile de répondre.
M. Bélisle: Je vous pose la question, M. le Directeur
général des élections.
M. Côté (Pierre-F.): Je vais être très
prudent dans la réponse que je vais vous donner, vous donner une
réponse précise. On pourrait peut-être essayer de le faire
en se replaçant il y a quelques années. Il faudrait que j'y
repense et que je revoie cela avec mes gens. Est-ce qu'on aurait pu
prévoir, par exemple, les déplacements de population, le
vieillissement des électeurs, la diminution démographique? Est-ce
que, il y a dix ans, on aurait pu prévoir tout cela pour essayer de voir
dans quelle situation on en est rendu aujourd'hui? Cette décroissance,
par exemple, de la population sur l'île de Montréal qui est de
moins 7 % avec une augmentation des électeurs de plus 4 %, est-ce que,
cela, on aurait pu le prévoir? Aurait-on pu prévoir que dans le
centre sud de Montréal il y aurait cette diminution?
M. Bélisle: Oui...
M. Côté (Pierre-F.): Avec les tendances
démographiques, peut-être, mais sur la période
d'années que vous demandez, de huit ou dix ans, je ne suis pas
très sûr. Si vous me le permettez, je vais voir avec mes
collègues si je peux vous donner...
M. Bélisle: Je m'excuse de la question...
M. Côté (Pîerre-F.): Non, non, elle est
importante et je voudrais vous donner la réponse la plus juste
possible.
M. Bélisle: Vous comprendrez, M. le Directeur
général des élections, que la question que je pose a trait
à tout le mécanisme de permanence de la révision de la
carte électorale, aux bassins de population et aux tendances
passées. Si vous me parlez du centre-ville de Montréal, je
pourrais argumenter très longtemps avec vous...
M. Côté (Pierre-F.): Je vais vous donner un exemple
concret. Cela me passe par la tête et cela peut illustrer, je pense, ce
que j'essaie de dire. Je ne crois pas qu'il y a quelques années on
aurait pu prévoir cette espèce d'explosion sur la rive sud rie
Québec. La croissance aurait pu se faire un peu plus en d'autres
endroits sur la rive nord de Québec? Or, elle s'est faite davantage sur
la rive sud. Même si vous me dites qu'on connaissait l'existence des deux
ponts, il n'y en avait qu'un autrefois et il y en a maintenant deux. Cela
facilite. Il y a des exemples comme ceux-là dont on peut tenir compte.
Je ne suis pas très sûr qu'on aurait pu dire, il y a une dizaine
d'années, qu'on serait placé dans cette situation.
Il y a peut-être des régions au Québec où on
peut l'établir plus facilement, à faible croissance,
peut-être en Gaspésie, au Lac-Saint-Jean. On peut peut-être
prévoir le taux de croissance, l'anticiper davantage, mais, encore
là, si on regarde la région de Bécancour ou de Sorel et
que tout à coup une usine surgit de terre, des gens
déménageront là et feront augmenter la population
électorale et le nombre d'électeurs. Il y a tellement de facteurs
qui entrent en liqne de compte que je ne me risquerai pas à vous dire,
en fixant le nombre de circonscriptions de façon définitive,
qu'on le fait pour 10, 15 ou 20 ans.
M. Bélisle: Si vous n'êtes pas capable
de dire que vous le faites pour 10, 15 ou 20 ans, est-ce que je dois
présumer que c'est à moyen terme, c'est-à-dire que vos
prévisions, vos projections sont sur une base de cinq ans
habituellement?
M. Côté (Pierre-F.): Oui.
M. Bélisle: Est-ce cela qu'on peut tenir pour acquis?
M. Côté (Pierre-F.): Oui. C'est plus sûr pour
ma part de vous répondre cela parce que je m'en voudrais de vous donner
une autre réponse qui ne soit pas suffisamment fondée sur des
données. Si vous me le permettez, je peux avoir un petit conciliabule
avec mes adjoints pour voir s'ils sont d'accord parce qu'il y a des
spécialistes qui peuvent m'apporter des éléments
supplémentaires. Juste deux minutes, si vous me le permettez.
M. le Président...
Le Président (M. Filion): M. le
Directeur général des élections, la parole est
à vous.
M. Côté (Pierre-F.): ...je pense que, pour
répondre de façon beaucoup plus précise et adéquate
à la question posée, dire autre chose que les remarques que j'ai
faites où les prévisions sont plutôt à moyen terme,
quand on parle d'une période de quatre ou cinq ans, ce serait cet
après-midi m'aventurer trop loin. Ce que je peux faire, si M. le
député le désire ou si c'est le désir de la
commission, c'est regarder davantage cette question et vous soumettre
éventuellement des considérations plus précises. Pour le
moment, je n'oserais pas m'aventurer plus loin.
Le Président (M. Filîon): D'accord. Pendant qu'il y
a des consultations de part et d'autre...
M. Rochefort: Les consultations sont terminées. On est
prêt. Vous voulez parler?
Le Président (M. Filion): J'ai quand même le
goût, non pas d'intervenir, mais de vous poser une question. Dans toutes
les hypothèses, que ce soit 122, 123, 124 ou 125, il y a la
création, si l'on veut, de deux comtés, un sur la rive sud de
Montréal et l'autre sur la rive nord de Montréal. Dans ce
sens-là, sans nommer de comté, est-ce que vous pouvez être
précis? Quand vous parlez de la rive sud de Montréal, est-ce que
vous parlez de l'est ou de l'ouest? Quand vous parlez de la rive nord de
Montréal, est-ce que vous parlez de l'île de Laval ou plus au
nord?
M. Côté (Pierre-F.): En ce qui concerne le nord de
Montréal, c'est au-delà de l'île Jésus -
l'hypothèse, tes considérations actuelles - et, en ce qui
concerne la rive sud, c'est plutôt l'ouest de la rive sud.
Le Président (M. Filion): C'est ce que je croyais. Je vous
remercie. Est-ce qu'il y a d'autres questions? D'autres interventions?
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Filion): Oui, M. le ministre.
M. Gratton: Quant à moi, j'aurais une
préférence à formuler ou à indiquer. D'abord, je
suis très heureux qu'on soit d'accord pour fixer le nombre des
circonscriptions dans la loi. Cependant, je ne suis pas enclin à
recommander qu'on en fixe le nombre précis. J'ai écouté ce
qu'a dit le Directeur général des élections sur les
conséquences de fixer à 122, 123, 124 ou 125 le nombre de
circonscriptions. Si on devait décider ici à la commission que
c'est 123 ou 124, déjà, on s'insérerait dans le processus
de délimitation en disant à la commission: Voici, nous
préférons qu'il n'y ait pas de comtés qui disparaissent ou
qui soient ajoutés dans l'île de Montréal, à
Québec ou ailleurs. Donc, on priverait la commission de cette
indépendance dont elle doit jouir pour continuer d'assurer le processus
démocratique dans ce domaine.
Cela m'amène à dire qu'on devrait plutôt opter pour
une fourchette, minimum, maximum. D'autant plus que l'on parle de chiffres que
l'on connaît à partir du dernier recensement électoral.
Mais on ne veut pas cette loi seulement pour la prochaine carte
électorale. La loi doit servir à des délimitations qui
seront faites tous les huit ans ou à toutes les deux élections,
si la décision est maintenue.
Une voix: Pardon?
M. Gratton: Si la décision est maintenue. On n'a pas le
consensus, effectivement, mais on a dit qu'on reparlerait de la
possibilité de faire justifier par la commission sa décision de
procéder ou pas à une nouvelle délimitation.
M. Rochefort: Donc, on considère qu'il y aura refonte
après chaque élection.
M. Gratton: Il y aura possiblement... Mon doux Seigneur! Je
pensais que cela était acquis.
M. Rochefort: Vous avez dit que ce n'était pas clair.
Une voix: Ce n'est jamais acquis, M. le ministre.
M. Gratton: C'est acquis depuis !e mois de décembre. En
tout cas. Ce que je veux dire par là, c'est que, en élargissant
le plus possible cette fourchette dans le domaine du raisonnable, on se donne
la possibilité de procéder de cette façon. Mais, si on
fixe cela tout de suite à 122, 123 ou 124, on sait d'avance ou presque
quels seront les résultats pour la prochaine carte électorale et
on peut presque dire d'avance que cela impliquera soit une nouvelle
délimitation, soit des amendements à la loi quant au minimum et
au maximum ou quant au nombre de circonscriptions après la prochaine
élection. Je dis et je fais la proposition que nous fixions dans la loi
un minimum de 122 circonscriptions, un maximum de 125, et que la commission
soit libre d'agir à l'intérieur de ces paramètres pour la
prochaine délimitation qui s'enclenchera très prochainement. On
pourra ensuite réévaluer le tout au lendemain de la prochaine
élection.
M. le Président, je le fais aussi pour une autre raison qui est
extrêmement importante. Le Directeur général des
élections a fait valoir que non seulement le nombre de nouvelles
circonscriptions ou le nombre de circonscriptions qui seraient appelées
à disparaître serait moins grand si on donne cette latitude, mais
aussi que le nombre de modifications aux circonscriptions et l'importance des
modifications seraient également atténués dans la mesure
où la commission pourra jouir de cette latitude.
M. Rochefort: M. le Président, quant à nous, nous
sommes prêts à appuyer la proposition du ministre pour fixer dans
la loi un minimum de 122 et un maximum de 125 circonscriptions avec pleine,
entière et totale latitude à la Commission de la
représentation pour choisir. Évidemment, il est entendu que nous
maintenons les critères numériques actuels de 36 000, plus ou
moins 25 % dans la loi. C'est à l'intérieur de cela que la
commission va jouer, on s'entend bien?(17 heures)
M. Gratton: M. le Président, ce n'est pas comme cela que
moi je le comprends. Je pense au contraire que la latitude doit...
M. Rochefort: On maintient plus ou moins 25 %. D'accord.
M. Gratton: Oui. Le nombre des ratios...
M. Rochefort: C'est cela. Le nombre de 36 va bouger...
M. Gratton: Va bouger selon le chiffre.
M. Rochefort: D'accord, mais on s'entend qu'il y aura toujours un
plus ou moins 25 %.
M. Gratton: Oui, qui ne changera pas.
M. Rochefort: D'accord, on maintient cela. Je m'excuse, on
s'entend bien.
Cela va? Je me permets de poser une question au directeur.
Législativement, cela va?
M. Côté (Pierre-F.): Vous me permettrez un
commentaire. La solution qui est proposée va dans la ligne des
réflexions que j'ai faites, la fourchette. Le maintien des 25 % me
semble passablement important pour voir quelle est la marge de manoeuvre avec
laquelle va travailler la commission.
M. Rochefort: Adopté,
M. Gratton: II y a un élément pratique à
cette disposition. C'est qu'on n'aura pas besoin de faire agrandir le salon
bleu pendant quelques années.
M. Rochefort: Oui, mais, déjà, trois sièges,
cela pourrait être compliqué. C'est ce qu'on se demandait.
M. Dufour: Cela coûte presque aussi cher que ce qu'on veut
épargner...
M. Rochefort: D'ailleurs...
M. Gratton: On a trouvé une partie de la solution. J'ai un
plan de réaménagement des banquettes qui implique le
député de Gouin.
M. Rochefort: J'en suis très heureux. M. le
Président, juste une question sérieuse, de bonne foi. On se
rappellera que l'ancien député de Laval était un homme
très préoccupé par le coût de la création
d'un nouveau siège à l'Assemblée nationale. Est-ce que le
ministre délégué à la Réforme
électorale a évalué la conséquence
financière de porter à 125, par exemple, le nombre de
députés?
M. Gratton: En fait, nous avons fait l'extrapolation que, si nous
ne le fixions pas dans la loi, on risquait de se retrouver avec beaucoup plus
que 125. Donc, on vient de réaliser une économie importante.
M. Rochefort: Par rapport au coût si on ne le fixait pas.
Mais, par rapport a 122, il y a des coûts reliés à cela et
ils n'ont pas été évalués.
M. Gratton: II ne s'agit pas de changer le chiffre 122 dans la
loi par 125 présentement. Dans le moment, la loi, malheureusement,
à mon corps défendant, en 1979, prévoyait que
c'était laissé en l'air. Cela dépendait strictement d'une
opération mathématique. On vient la circonscrire. Je
pense que c'est une décision qui s'inscrit dans la bonne
voie.
M. Rochefort: Adopté,
Le Président (M. Filion): Boni M. le député
de Mille-Iles.
M. Bélisle: Oui. M. le Directeur général des
élections, moi, j'accepte volontiers ce que vous m'avez proposé
tantôt. Ainsi, j'aimerais recevoir un petit document, pas trop long, de
votre part, concernant les objectifs, les tendances et les projections que vous
faites, comment vous les faites, parce que j'ai encore une question, dans le
fond de mon esprit, fondamentale, quant à tout ce qui se fait
là-dessus. J'aimerais avoir, pas un long document, mais un court
document pour nous satisfaire sur le plan intellectuel.
M, Rochefort: M. le Président... Le Président
(M. Filion): Oui.
M. Rochefort: Sur la question du député de
Mille-Îles. Je comprends bien que la réponse sera fournie aux
membres de la commission.
M. Bélisle: Je prends l'intérêt du
député de Gouin.
Le Président (M. Filion): Non, non. C'est plus simple que
cela.
M. Rochefort: Ce n'est pas l'intérêt. Ce n'est pas
moi qui posais la question.
Le Président (M. Filion): Les documents sont
déposés à la commission.
M. Bélisle: D'accord, d'accord.
M. Rochefort: Si je ne l'ai pas posée, c'était
volontaire.
Le Président (M. Filion): M. le
Directeur général des élections, à la suite
un peu de ce que vous avez soulevé comme possibilité, la
commission apprécierait recevoir ces documents, à la suite de
quoi elle distribuera, évidemment, une copie à chacun des membres
de la commission.
Cela dit, il me fait plaisir de constater qu'un consensus s'est
dégagé sur les points 3 et 4...
M. Rochefort: Non, non.
Le Président (M. Filion): Laissez-moi terminer.
M. Rochefort: D'accord. Mais, à 3 et 4, je cherche
où est le consensus.
Le Président (M. Filion): Les points 3 et 4, en ce qui
concerne la première partie de ce que je viens de dire, à savoir
que le nombre de circonscriptions électorales ne soit pas
inférieur à 122 ni supérieur à 125...
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Filion): Oui, allez-y.
M. Rochefort: Je cherche vos points 3 et 4.
M. Gratton: Vous faites référence au paragraphe du
document, alors que je pense que le député de Gouin, lui, fait
référence. aux questions du document de travail.
M. Rochefort: Dans les deux documents, je cherche quel est le
point 4 sur lequel il y a un accord.
Le Président (M. Filion): On étudiait... M.
Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Filion): D'accord. Je vais lire le
consensus et je pense qu'on va se comprendre; Que le nombre de circonscriptions
électorales ne soit pas inférieur a 122 ni supérieur
à 125, en maintenant la variation de plus ou moins 25 %. Est-ce que
c'est suffisamment clair à votre point de vue?
M. Rochefort: Oui, oui.
M. Gratton: Surtout s'il y a consensus. Oui, cela me paraît
clair, mais donnons-nous la possibilité de le relire, une fois que cela
sera ...
Le Président (M. Filion): D'accord, parfait. Bien, cela
sera fait au procès-verbal de notre...
M. Rochefort: Mais, compte tenu de ce qu'on s'est dit à la
séance de travail, M. le Président...
Le Président (M. Filion): D'accord, peut-être. C'est
cela.
M. Rochefort: ...on va adopter le procès-verbal avant de
se quitter parce que cela va enclencher un processus qui ne doit pas porter
à confusion ni à interprétation.
Le Président (M. Filion): D'accord. Je vous pose la
question: Est-ce que c'est nécessaire d'inscire, à votre point de
vue, qu'il ne doit pas être inférieur à 122? C'est parce
que je me demande... Moi, j'aime bien quand je dis...
M. Rochefort: C'est la proposition du
ministre. C'est clair dans mon esprit qu'on aurait pu dire simplement un
maximum de 125.
M. Gratton: Minimum 122, maximum 125.
Le Président (M. Filion): Oui, c'est parce que je voyais
le maximum de 125.
M. Rochefort: Moi, j'ai bien compris...
Le Président (M. Filion): ...que cela faisait partie, que
c'est important... Bon, cela va.
M. Gratton: Non, parce que, si on ne détermine plus le
chiffre de 36 000, on pourrait se retrouver avec 100 circonscriptions. La
commission pourrait décider que dorénavant c'est 50 000
électeurs par comté, plus ou moins 25 %.
Le Président (M. Filion): D'accord. Je
répète ce qui sera inscrit au procès-verbal sur le contenu
du consensus.
M. Gratton: Vous ne venez pas d'ouvrir le débat
là-dessus?
M. Rochefort: Sur le nombre de comtés à la
baisse?
M. Gratton: Minimum 122, maximum 125.
Le Président (M. Filion): Le dernier Parlement qui a
baissé son nombre de comtés c'est juste avant la fin de la
démocratie grecque. Ce que je veux dire par là, c'est que je n'ai
jamais vu un Parlement diminuer le nombre de ses députés.
M. Dufour: Mais on a vu des conseils municipaux voter pour
diminuer le nombre de conseillers.
Le Président (M. Filion): Bon, peu importe. Le consensus
est donc que le nombre de circonscriptions électorales ne soit pas
inférieur à 122 ni supérieur à 125, en maintenant
la variation de plus ou moins 25 %.
Les critères saciogéographiques
Je vous invite donc maintenant à traiter des critères
sociodérnoqraphiques, c'est-à-dire la question 3 de la partie III
et la partie 4 du document du secrétariat que je vous lis: "Les
critères sociogéographiques, qui s'ajoutent aux critères
mathématiques imposés à la commission, visent
essentiellement à ce que la représentation soit juste et
équitable non seulement en termes mathématiques mais aussi dans
le respect des réalités géographiques et sociales de la
communauté d'intérêts d'une population donnée. "Au
nombre de ces critères, le respect des limites des municipalités
revêt une importance particulièrement grande puisqu'il s'agit de
l'unité de référence la plus significative pour la
majorité des citoyens. Compte tenu qu'une partie des modifications
apportées à chaque nouvelle délimitation vise justement
à adapter les frontières des circonscriptions électorales
aux changements des limites des municipalités, notamment à la
suite des annexions et regroupements de territoires, il serait opportun de
prévoir un mécanisme d'ajustement automatique dans ces cas de
façon à ce qu'aucune municipalité ne se retrouve
partagée entre deux ou plusieurs circonscriptions lors d'une
élection survenant entre deux délimitations."
M. le ministre.
M. Gratton: Le Directeur général des
élections, dans ses réflexions sur le rapport Rémillard,
reconnaissait d'emblée que les changements des limites des
municipalités constituaient un problème réel auquel il est
opportun d'apporter une solution satisfaisante. En effet, une partie des
modifications apportées à chaque nouvelle délimitation
repose justement sur le respect de ce critère, le respect des limites
des municipalités, et consiste à adapter les frontières
des circonscriptions aux changements des limites des municipalités,
notamment à la suite des annexions et regroupements de territoires. Il
est donc opportun de prévoir un mécanisme d'ajustement
automatique dans ces cas de façon à éviter qu'aucune
municipalité ne se retrouve partagée entre deux circonscriptions
lors d'une élection survenant entre deux délimitations ou afin
d'éviter qu'on doive procéder à une nouvelle
délimitation strictement parce qu'il y a eu des changements dans les
délimitations des municipalités.
Cette recommandation repose sur les considérations suivantes:
Premièrement, que la loi impose à la commission de respecter les
limites des municipalités dans la délimitation des
circonscriptions électorales, également, l'analyse des
modifications apportées à la carte électorale, en 1985,
démontre que plusieurs de celles-ci visaient essentiellement à
procéder à de tels ajustements aux nouvelles limites municipales
sans par ailleurs affecter un nombre important d'électeurs. On l'a vu en
détail tantôt - je ne sais trop - mais un très vaste
pourcentage des modifications impliquait moins de 500 électeurs et
visait justement à faire coïncider les limites des districts
électoraux avec les limites des municipalités qui avaient subi
des changements soit par annexion, soit par fusion. Il est important de
souligner qu'un tel mécanisme d'ajustement automatique aux
limites municipales s'applique déjà à la
délimitation des municipalités régionales de
comté.
Notre recommandation, d'ailleurs, vise à transposer dans le
domaine de la délimitation des circonscriptions électorales le
mécanisme d'ajustement des limites des MRC. Pour faciliter la
compréhension de la procédure proposée... Cela peut
aller?
La transposition de cette procédure au domaine de la
délimitation des circonscriptions électorales ne semble poser
aucun problème législatif particulier puisque la description des
limites des circonscriptions électorales est publiée dans la
Gazette officielle du Québec. Il s'agirait, dès lors,
d'inclure dans la loi une disposition semblable à celle contenue dans la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et de modifier les dispositions
pertinentes du Code municipal et de la Loi sur les cités et villes. Ce
mécanisme d'ajustement automatique des limites des circonscriptions
électorales à la suite des annexions et regroupements des
municipalités ne peut mettre en péril le principe de
l'égalité de la représentation.
Il y a également un autre avantage. Si on devait s'entendre
éventuellement sur la formule que proposait le député de
Gouin quant à l'obligation ou à la nécessité pour
la commission de venir justifier une décision de procéder ou non
à une nouvelle délimitation, cela ferait une raison de moins de
devoir procéder à une délimitation si, automatiquement,
tous les changements de territoires des municipalités avaient
déjà été incorporés à la carte
électorale. Le Directeur général des élections
faisait valoir, par contre, à juste titre, que de telles modifications
automatiques ne devraient s'appliquer qu'au moment d'une élection
générale et non au moment d'une élection partielle. Cela
va de soi. La loi pourrait inclure une disposition à cet effet.
M. Rochefort: M. le Président, j'avoue que de rendre
automatiques des modifications à la carte électorale à
partir de changements de territoires des municipalités, cela me pose un
problème qui est le suivant: Oui, c'est naturel, normal et parfaitement
cohérent que le territoire d'une municipalité régionale de
comté soit automatiquement modifié lorsque le territoire d'une
municipalité est modifié parce que la MRC doit englober les
municipalités, qu'elle est composée des municipalités et
qu'y siègent les maires de l'ensemble des municipalités qu'on
retrouve dans le territoire de la MRC. On ne pourrait pas se retrouver avec des
territoires de MRC qui ne sont pas conformes à des territoires de
municipalités regroupées. Mais, pour moi, ce n'est pas un
automatisme à établir au niveau de la délimitation des
circonscriptions électorales.
Pour moi, il y va un peu de la souveraineté de l'Assemblée
Nationale et d'éviter justement que, le caractère automatique
étant introduit, des gens - on sait que ce n'est pas exclu - aient des
préoccupations de fusion municipale à d'autres fins qu'à
des fins municipales, finalement.
M. le Président, je pense qu'il ne doit pas y avoir de
caractère automatique. Deuxièmement, pour nous... Y compris dans
le cadre de la proposition que je faisais au ministre, quand je disais que nous
serions d'accord pour qu'il n'y ait pas nécessairement refonte de la
carte après chaque élection et que la Commission de la
représentation vienne nous dire: Écoutez, on pense que, cette
fois-ci, ce n'est pas nécessaire. On pourrait très bien, dans ce
même rapport où la commission nous dirait que ce n'est pas
nécessaire cette fois-ci, nous dire que, par contre, vu que c'est
toujours, de 400 a 500 électeurs, ce ne sont pas des chambardements qui
ont des effets à rebondissement sur d'autres circonscriptions
électorales. La commission nous dirait: Voici 32 circonscriptions
électorales auxquelles on ferait des modifications automatiques, sans
consultation, sans tournée, qui correspondent aux modifications que les
municipalités ont pu connaître. Par exemple, on ajoute 200
électeurs ici, 400 là, 500 là, mais il n'y a pas d'effet
boomerang qui fait qu'il y a douze circonscriptions qui sont
révisées, et, que là, il faut aller consulter les gens et
tout cela. Cette étape-là est normalement réalisée
au moment de la fusion. Mais, pour nous, c'est important, d'autant plus, M. le
Président... D'ailleurs, mon collègue, le spécialiste du
monde municipal, le député de Jonquière, me corriqera si
je dis une absurdité, mais d'autant plus que, si jamais le ministre
donne suite à sa décision de plutôt confier à la
Commission municipale du Québec qu'à la Commission de la
représentation, la délimitation des districts électoraux
municipaux, je pense qu'il y a là, justement, nécessité de
bien distinguer l'un et l'autre, et, donc, puisque c'est la Commission
municipale qui interviendra à ce niveau, je pense qu'il est
préférable qu'on maintienne un droit de regard à la
Commission de la représentation. (17 h 15)
En conclusion, pour moi, pas d'automatisme, mais on est d'accord pour
dire que, compte tenu de la nature des changements et des effets des
changements, cela pourrait très bien être intégré
dans un rapport qui dit que, dans le fond, il n'y a pas de modification
à la carte, mis à part une liste qui n'est pas débattue,
qui n'est pas soumise à une consultation, à un nouveau
recensement électoral, etc., et qui, au fond, arrive aux mêmes
fins qu'à celle de l'automatisme, mais qui est quand même le fait
d'une décision de la Commission de la
représentation.
Le Président (M. Filion): Est-ce que quelqu'un
désire intervenir du côté ministériel? M. le
ministre?
M. Gratton: M. le Président, je ne comprends pas
l'inquiétude du député de Gouin, d'abord, quant à
la pertinence de cette intention que nous avons de faire relever les questions
de la représentation électorale de la Commission municipale. Je
ne vois vraiment pas la pertinence. Je ne vois pas où cela affecte de
quelque façon la délimitation des circonscriptions
électorales provinciales. Ce qu'on dit finalement, c'est que la
Commission de la représentation doit respecter les limites des
municipalités. C'est un critère qui est inscrit dans la loi, dans
la définition des circonscriptions électorales provinciales. On a
des statistiques, on a les données sur ce qui s'est passé au
cours des dernières années. Il serait peut-être bon de les
verser au dossier, M. le Président.
Il faut se demander si l'ajustement automatique des limites des
circonscriptions électorales, à la suite des annexions et des
regroupements des municipalités, peut mettre en péril le principe
de l'égalité de la représentation qui se traduit dans la
loi par l'imposition de certains critères mathématiques. La loi
prévoit en effet que les populations de différentes
circonscriptions doivent tendre à se rapprocher d'un quotient moyen tout
en admettant un écart de plus ou moins 25 % de cette moyenne. Il faut
dès lors évaluer l'impact d'un mécanisme d'ajustement
automatique sur le respect de ces normes fixées dans la loi. Les
données fournies par le ministère des Affaires municipales
révèlent que, depuis 1970, donc depuis seize ans, seulement 7
regroupements ou fusions sur 91 impliquaient des municipalités comprises
dans des circonscriptions électorales différentes, parce qu'il
faut bien le dire, pour deux municipalités qui fusionnent ou des
annexions qui se produisent à l'intérieur d'une même
circonscription électorale, il n'y a pas de mécanisme automatique
à prévoir. C'est seulement là où les limites
actuelles ou futures de ces regroupements ou annexions débordent sur
plus d'une circonscription que le mécanisme d'automatisme dont on parle
s'appliquerait.
Donc, il y avait seulement 7 regroupements sur 91 qui impliquaient des
municipalités comprises dans des circonscriptions électorales
différentes. Sur l'ensemble des regroupements effectués, quatre
seulement impliquaient des populations de plus de 5000 habitants. Quant aux
annexions proprement dites, elles n'impliquent le plus souvent pas de
population du tout, puisqu'il s'agit de territoires non organisés qui
sont ainsi annexés par une municipalité.
Dans les autres cas, la population affectée ne dépasse
guère quelques milliers d'habitants. Il est donc fort peu probable que
l'ajustement automatique des frontières des circonscriptions aux
nouvelles limites des municipalités ait un impact important sur
l'équilibre des populations entre les circonscriptions. Au pire, l'ajout
de la suppression d'une portion de population dans une circonscription pourrait
avoir pour effet de porter le chiffre total de la population de cette
circonscription en dehors des limites de plus ou moins 25 % du quotient moyen,
faisant ainsi tout simplement de cette circonscription une circonscription
d'exception. Ce cas extrême ne diffère cependant pas du cas d'une
circonscription qui devient d'exception entre deux délimitations par
suite de son évolution démographique. C'est pourquoi il ne nous
paraît pas opportun de prévoir un mécanisme de
dérogation au processus d'ajustement automatique proposé, comme
le suggérait le Directeur général des élections
dans ses réflexions.
Il me semble qu'on pourait alléger les choses de beaucoup si on
prenait la proposition du député de Gouin à l'inverse.
Qu'on laisse et qu'on inscrive ce mécanisme d'ajustement automatique,
qui existe déjà pour les limites des municipalités
régionales de comté, qu'on l'inscrive dans la loi et que tout cas
d'exception auquel cela donne naissance puisse faire l'objet du rapport dont
parle le député de Gouin à l'Assemblée nationale
par la Commission de la représentation. Il me semble que cela serait
beaucoup moins lourd. Pourquoi la Commission de la représentation
devrait-elle se soucier de cas qui impliquent, la plupart du temps, strictement
des annexions de territoires non organisés ou strictement des fusions de
municipalités qui impliquent quelques centaines d'électeurs?
Lorsque cela n'a pas pour effet de faire déborder les limites de plus ou
moins 25 %, en quoi cela pourrait-il poser des problèmes? D'autant plus
que cela ne s'appliquerait qu'à compter de la prochaine élection
générale et non pas pour toute élection partielle qui
pourrait survenir entre-temps.
Je le propose dans un souci d'alléger et de répandre
à ce que le Directeur général des élections
lui-même considère comme un problème auquel on devrait
apporter une solution satisfaisante. Je ne sais si le Directeur
général des élections voudrait commenter cette
possibilité. Ce n'est pas une question de principe, je n'y tiens pas
mordicus, mais il me semble que cela va dans le sens de la simplification des
travaux et du processus sans pour autant remettre en cause aucun des acquis de
la loi actuelle.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: La proposition que nous avons devant nous veut
circonscrire les délimitations électorales aux
municipalités. Vous ne dites pas "autant que possible", vous dites que
cela devrait être circonscrit aux municipalités. Vous donnez deux
critères ou deux éléments différents, à mon
sens: vous parlez des MRC et vous parlez des municipalités. Il est
possible, même dans l'état actuel, qu'une municipalité soit
suffisamment peuplée pour exiger qu'il y ait plus d'un comté. La
limite d'une municipalité, pour compléter une circonscription
électorale, pourrait affecter d'autres municipalités ou englober,
à l'intérieur de la circonscription, d'autres
municipalités. C'est donc une municipalité qui ne pourrait pas
répondre au critère qui est devant nous selon lequel on doit
respecter autant que possible les limites d'un comté.
Regardons ce qui s'est passé dans Chieoutimi. Je ne sais pas si
vous avez regardé la façon dont le comté est
délimité; il y a eu une annexion, à ce comté.
Regardez la carte électorale pour voir ce que cela donne comme
effet.
Personnellement, je trouve que c'est presque tiré par les
oreilles. Il n'y a pas beaucoup de monde. Que 200 ou 250 personnes fassent
partie d'un comté plutôt qu'un autre, au point de vue
démocratique et au point de vue des résultats, cela ne m'affecte
pas beaucoup. Est-ce qu'on doit parler de limites distordues? Je comprends
qu'on a le critère de la population, mais on a des dessins curieux quand
on regarde le comté.
En tout cas, vous n'avez pas la carte dans vos poches, vous ne
connaissez pas beaucoup... Je vous mets au défi de trouver où
commence et où s'arrête le comté de Chicoutimi justement
parce qu'on a voulu établir une relation entre la limite de
l'étendue géographique et l'aspect du vote. J'ai vécu dans
une municipalité qui a été divisée comme cela. Une
partie de la municipalité - c'était la municipalité
d'Arvida dans le temps - appartenait au comté de Chicoutimi. On a
annexé et on a fait retraverser Arvida qui, à ce
moment-là, faisait partie du comté de Jonquière. C'est
aussi arrivé avec Saint-Jean-Eudes, où il y a eu une fusion qui
affectait de 3000 à 3500 personnes. Encore là, on a essayé
de délimiter un secteur électoral.
Pour moi, cela représente certaines difficultés. De fait,
s'il y a plus d'un député dans une municipalité, comment
faire pour l'ajuster? S'il n'y a pas assez de monde, comment faire pour
compléter un comté? Comment faire pour le balancer? Cela fera
encore un comté qui fera exception, j'imagine. On ne peut pas couper une
municipalité et il y a des municipalités qui sont coupées
par des rivières, des éléments géographiques. C'est
bien plus important qu'une limite électorale comme on le propose.
À mon sens, un élément géographique est bien plus
important pour changer la mentalité d'une population qu'une limite
électorale fictive ou qui peut varier d'une fois à l'autre,
justement à cause du fait qu'on peut faire varier les nombres. C'est
juste la question d'ajuster la population; c'est moins loin, à mon sens,
qu'en prendre dans un comté ou dans un autre. En fait, cela fait partie
du Québec et je ne vois pas de raison majeure d'utiliser cela
automatiquement.
Quand on parle des MRC, je n'ai pas à me faire
l'interprète de mon collègue de Dubuc, son comté fait
partie de la MRC du Fjord-du-Saguenay, mais la petite municipalité de
Sagard fait partie de Charlevoix. Sagard a demandé une annexion è
Petit-Saguenay, ce qui n'a pas été accordé encore par la
Législature. Ils font partie du comté de Charlevoix, donc, ils
sont plus près de Petit-Saguenay que de Charlevoix, mais c'est comme
ça. Si on veut ajuster les comtés, il faudra enlever du
comté de mon collègue la municipalité de Sagard qui a
déjà manifesté la volonté d'être
annexée ou d'être fusionnée à la municipalité
de Petit-Saguenay.
Il y a beaucoup de MRC aussi au Québec qui contestent leur
appartenance. Est-ce que cela veut dire qu'on ne pourra plus changer quoi que
ce soit? Plus on met de barrières - pas psychologiques, mais
réelles - par des actions ratifiées par la Législature,
plus c'est difficile de changer des choses. Je connais beaucoup de MRC qui
contestent actuellement leur appartenance et qui disent: On devrait être
ailleurs, on ne devrait pas être là. Ces MRC n'ont pas un
vécu de plusieurs années. Donc, avec le temps, est-ce que des
changements seront apportés qui feront qu'on devra réajuster
encore tout le processus? Ce n'est pas coulé dans le béton; 94,
96 ou 98 MRC, rien ne nous garantit actuellement qu'il en sera ainsi. C'est ce
qui a été établi au départ, mais est-ce que ce sera
toujours ce nombre?C'est une autre histoire. Si on est pour ajuster
automatiquement les comtés aux délimitations comme telles, c'est
peut-être ce qu'on devrait faire idéalement, mais, au point de vue
pratique, je ne suis pas convaincu qu'on n'établisse pas encore une
procédure. On a dit: Moins de lois, moins de rèqlements, mais on
vient de plus en plus réglementer la vie et l'organisation des citoyens.
Est-ce qu'on atteint le but qu'on se fixe au départ? Je pense que cela
s'inscrit dans toute la grande démarche, à mon point de vue.
Encore là, quand il y aura deux comtés dans la même
municipalité et que ce comté-là ira dans une autre
municipalité, comment va-t-on faire?? On dit qu'il faut tenir compte des
limites territoriales de la
municipalité. Comment fait-on pour diviser cela? Il y a des
municipalités très grandes au Québec et, pour fins
d'ajustement de comtés, qui pourraient traverser d'un comté
à l'autre sans causer de dommages majeurs pour l'application de la
démocratie, Des municipalités de 86 kilomètres
carrés, c'est quelque chose, ce n'est pas complètement
habité. On ne parle pas de la région de Montréal. C'est
toujours facile de parler des régions de Québec ou de
Montréal où il y a plus d'habitants que la moyenne du
Québec, mais il y a d'autres endroits où il n'est pas si facile
de parler d'ajustements. De temps en temps, pour compléter un
comté, vous attachez tellement d'importance à cela, il faut qu'on
aille emprunter à d'autres endroits, et, si la Commission de la
représentation ne peut pas procéder ou doit demander un avis, une
permission ou un amendement à la loi pour ce faire, je pense qu'on place
des barrières qui rendent cela difficilement applicable. À mon
point de vue, les embûches qu'on a, c'est que les territoires des MRC ne
sont pas automatiques actuellement, ils ne sont pas coulés dans le
béton et ils n'ont pas assez de vécu pour être
considérés comme des territoires immuables.
Deuxièmement, dans les municipalités qui ont des
populations... C'est un peu normal quand on regarde les populations qui ont
grossi nos villes. Mais on assiste au phénomène contraire... De
quelle façon pourrait-on ajuster ou tenir compte ou est-ce juste un voeu
pieux? Je me demande pourquoi on l'inscrirait dans la loi.
Le Président (M. Filion): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le ministre. (17 h 30)
M. Gratton: Très brièvement, M. le
Président, je voudrais bien qu'on se comprenne. Nous ne proposerons pas
d'ajouter un nouveau critère dans la loi. Ce critère du respect
des limites des municipalités existe déjà. Tout ce que
nous disons, c'est que dans le but de faciliter le respect de ce critère
nous inscrivons un élément d'automaticité quant à
cet ajustement que la commission doit faire en fonction de la loi actuelle. Il
existe déjà des municipalités qui sont incluses dans deux
circonscriptions électorales différentes. Notamment, je
représente seulement une petite partie de la ville de Gatineau dont la
majeure partie est plutôt dans la circonscription de Chapleau.
Finalement, des critères, il y en a plusieurs; celui du respect
des limites des municipalités en est un seulement. La Commission de la
représentation a le devoir de les respecter dans la limite où
cela ne l'amène pas à créer des circonscriptions qui
dépassent cette moyenne d'électeurs qui est présentement
de 36 000, plus ou moins 25 %, mais qui sera d'un chiffre qui correspondra
à la division de la population électorale par le nombre de 122,
123, 124 ou 125 selon ce que la commission décidera.
Donc, M. le Président, ce que nous proposons ici, c'est
strictement de rendre cet ajustement automatique. Je souhaiterais qu'on en
dispose dans les meilleurs délais. Il ne s'agit pas de réinventer
la roue, mais simplement de faciliter et d'alléger le processus de la
délimitation.
Le Président (M. Filion): M, le député de
Lapraîrie, vous vouliez ajouter quelque chose?
M. Saintonge: Simplement, j'appuie en entier les propos du
député de Gatineau. Le député de
Jonquîère m'a inspiré ces propos. C'est contenu dans
l'article 3 de la loi. Il y a un élément supplémentaire
qui est important: cela contribue à intéqrer les citoyens dans
leur nouveau milieu. On sait que, souvent, il y a un ajustement ou une
modification de délimitation qui ne touche que quelques milliers ou
quelques centaines d'habitants. Ici, à l'article 3 de la loi, on parle
des frontières naturelles du milieu, ainsi que des limites des
municipalités. Si, par exemple, à la suite d'une annexion, une
partie d'une municipalité se trouve dans un autre comté, en
l'amenant dans le comté principal où la plus grande partie de la
population se trouve, je pense que vous facilitez l'intégration au
nouveau milieu de vie des citoyens avec l'annexion.
On a souvent vécu, à la suite d'annexions ou de
regroupements, des divergences d'opinions où on a tenté de
maintenir des divisions artificielles. Enfin, elles deviennent artificielles,
mais les divisions étaient là antérieurement. Si on veut
vraiment regrouper les citoyens, si on veut leur donner la chance de participer
au même milieu, il faut leur donner un même député au
provincial. Ils ont affaire aux mêmes critères, aux mêmes
normes et à ce moment je pense que cela irait de soi, ce serait un
mécanisme d'application souple qui reconnaîtrait un
élément qui est inscrit dans la loi actuellement et qui donnerait
un plus aux municipalités en question. Je pense que toute la question
des MRC est hors du propos d'ajustement...
Une voix: II en a parlé.
M. Saintonge: Oui, il en a peut-être parlé, mais je
veux dire d'ajustement de MRC au niveau de... Pardon?
M. Dufour: Une MRC, c'est une municipalité au sens de la
loi.
M. Saintonge: Oui, une municipalité régionale de
comté. Je ne veux pas aller trop loin, mais il reste que chaque MRC
est
constituée de municipalités. C'est cela qu'il faut
retenir. Il n'y a pas de vote qui se fait dans une MRC. Il y a un vote au point
de vue municipal. Dans une municipalité, vous avez un budget proprement
municipal, il y a des délégations de certaines fonctions à
une MRC qui est une entité administrative, à ce moment, distincte
d'une entité de fonctionnement où les citoyens se retrouvent
autour d'un corps public précis qui est le plus près d'eux qui
est la municipalité, pas la MRC. Je pense que c'est dans ce sens qu'il
faut le soutenir. C'est ce que j'avais à dire, M. le
Président.
Le Président (M. Filion): Je vous remercie, M. le
député de Laprairie. M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président, nous aussi, on est
prêts à conclure sur cette question. D'abord, je veux dire au
ministre qu'on n'a pas de craintes qu'on utilise cela à des fins
incorrectes. On n'a pas de "bebites" par rapport à cela.
M. Gratton: Pas dans ce cas-là.
M. Rochefort: Laissez-moi terminer mon intervention. Vous
m'imitez de plus en plus dans vos précisions.
M. Bélisle: Est-ce un mauvais exemple à suivre?
M. Rochefort: Non. Moi, les précisions ne m'indisposent
pas, mais je m'aperçois que le ministre commence à prendre cela
un peu comme pli.
M. Dufour: II aime cela.
M. Rochefort: Non, non, au contraire. M. le Président,
évidemment, on n'a pas de "bebites" par rapport à cela. Il y a,
quand même, une question de principe qui est la souveraineté de
l'Assemblée nationale qu'elle délègue à la
Commission de la représentation à des fins de découpage
des circonscriptions électorales, ce qui est un principe important.
J'apprécie les deux précisions que le ministre est
prêt à apporter, c'est-à-dire que cela ne s'appliquerait
pas pour une élection partielle complémentaire entre deux
élections générales et que, si cela change le maximum ou
le minimum d'électeurs dans une circonscription électorale pour
en faire une circonscription d'exception, la Commission de la
représentation doit se pencher là-dessus. Mais, je vous
répète qu'il y a la question de principe qui, pour nous, n'est
pas un principe gratuit, mais un principe important auquel on tient.
Je proposerais peut-être, tranquillement pas vite, une chose au
ministre. J'ai consulté mes collègues. Nous, dans la mesure
où il n'y a pas d'électeurs concernés... On sait qu'il y a
beaucoup de changements à la délimitation de certaines
municipalités qui n'impliquent pas d'électeurs. Quand un TNO est
annexé à une municipalité, très souvent, il n'y a
pas d'électeurs concernés. Or, nous, quand il n'y a pas
d'électeurs concernés, oui, c'est clair, on serait d'accord avec
l'aspect automatique de la modification non seulement au territoire de la
municipalité, mais, en conséquence, au territoire de la
circonscription électorale.
Mais, dans la mesure où il y a des électeurs
concernés, nous, on souhaite que la commission se penche
là-dessus, mais à partir de la procédure à laquelle
je faisais allusion tantôt et qui peut être celle de son rapport
après une élection, qui nous amènerait à la
conclusion qu'il n'y a pas de nécessité de refondre la carte
électorale, mais qui, toutefois, pourrait dire: On met en annexe 32
circonscriptions électorales qui verront leur territoire modifié
parce qu'il y a eu des changements de municipalités qui touchent 200,
300, 400, 500 électeurs et qui ne font pas problème. Nous, c'est
ce qu'on serait prêt à faire eu égard à cette
préoccupation.
Le Président (M. Filion): M. le ministre.
M. Gratton: Je ne peux m'empêcher de sourire, M. le
Président, parce qu'on parle de la représentation
électorale dont les objectifs visent à établir les
règles où les gens peuvent exercer leur droit de vote. Le
député de Gouin nous dit: S'il s'agit de territoires où il
n'y a pas d'électeurs, on serait prêt à inscrire ce
mécanisme automatique. Mais c'est, justement, là où on
n'en a pas besoin, finalement, sauf pour les cartographes et ceux qui s'amusent
à voir des configurations de territoire. Ce qu'on vise en faisant ces
ajustements automatiques, c'est à dire le plus tôt possible
à des citoyens qui sont impliqués: Vous êtes maintenant
électeurs dans telle circonscription plutôt que dans telle autre.
S'il n'y a pas d'électeurs, on n'a personne à qui on veut le
dire.
Quant à moi, M. le Président, s'il n'y a pas consensus sur
ce qu'on propose, laissons tout simplement tomber et passons à autre
chose.
Le Président (M. Filion): Je constate donc qu'il n'y a pas
consensus sur la section 4 du rapport, soit les critères
sociogéographiques, sujet qui était repris à la question 3
de la section 3 du document de travail de janvier 1987.
Secteurs électoraux
Je vous invite maintenant à examiner la question de la
délimitation des secteurs
électoraux. Comme vous le savez, "la loi de 1979 introduisait une
nouvelle notion, celle de secteur électoral, et imposait à la
commission l'obligation de délimiter ces secteurs dans chaque
circonscription électorale et de procéder à leur mise
à jour périodique. Le secteur électoral est en fait une
unité de regroupement des électeurs intermédiaire entre la
circonscription électorale et la section de vote. "L'analyse critique du
rôle réel du secteur électoral nous force à conclure
qu'il n'a pas pris la signification et l'importance qu'on en attendait, que ce
soit à titre de point de référence pour les
électeurs ou à titre d'unité territoriale devant servir de
base à d'autres délimitations. Il nous semble, en
conséquence, que cette notion pourrait être abolie sans que le
processus électoral n'en subisse aucun préjudice."
Les deux questions qui sont posées à la section portant ce
titre dans le document de travail sont les suivantes: "La commission doit-elle
être tenue de délimiter des secteurs électoraux dans
chacune des circonscriptions électorales? La deuxième question:
"La notion de secteur électoral ne devrait-elle pas être
écartée de la Loi sur la représentation et
redéfinie dans la Loi électorale en fonction de sa
véritable nature et utilité, soit comme regroupement de
population et de sections de vote à des fins d'organisation et
d'administration électorales-?"
M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, vous aurez noté que le
rapport Rémillard proposait tout simplement l'abolition de ces secteurs
électoraux. Pour situer ce dont on parle, M. le Président, il est
peut-être utile de rappeler que la loi de 1979 introduisait cette
nouvelle notion de secteur électoral et imposait à la commission
l'obligation de délimiter ces secteurs dans chaque circonscription
électorale et de procéder à leur mise à jour
périodique. Le secteur électoral est en fait une unité de
regroupement des électeurs, intermédiaire entre la
circonscription électorale et la section de vote.
Depuis la publication du rapport Rémillard, je dois admettre que
ma pensée a évolué sur cette question et ce, à la
connaissance de l'Opposition, car, pour moi, il ne s'agit plus d'abolir
totalement la notion de secteur électoral tel que le préconisait
le rapport Rémillard mais plutôt de l'écarter de la Loi sur
la représentation électorale et de la redéfinir dans la
Loi électorale en fonction de sa véritable nature et
utilité, soit comme une unité de regroupement à des fins
d'organisation électorale puisque c'est à cela que ces secteurs
électoraux servent. En fait, ce concept n'est pas utile et
nécessaire à la délimitation des circonscriptions
électorales, mais est plutôt une contrainte étant
donné l'obligation imposée à la Commission de la
représentation de respecter les limites des secteurs électoraux
lors de la délimitation des circonscriptions électorales.
Le Directeur qénéral des élections dans ses
réflexions souligne fort è propos que les secteurs
électoraux ne sont pas en réalité une unité de
division territoriale, mais plutôt un regroupement de population et de
sections de vote pour des fins d'organisation et d'administration
électorale. II note également que "la disparition des secteurs
électoraux comme critère de délimitation pourrait - et je
le cite - dans plusieurs cas faciliter le travail de la délimitation."
M. le Président, si le consensus se faisait sur cette façon de
faire, c'est-à-dire de transposer dans la Loi électorale la
définition du secteur électoral pour les fins d'organisation et
d'administration électorales, et qu'on la retranchait ou qu'on
l'abrogeait dans la Loi sur la représentation électorale, on
maintiendrait, évidemment, l'existence des secteurs électoraux
aux fins d'organisation, mais on enlèverait cette contrainte, ce que le
Directeur général des élections identifie comme
étant une façon de faciliter le travail de délimitation.
À ce moment, plutôt que la Commission de la représentation
procède à la délimitation et à la mise à
jour de ces secteurs électoraux comme cela se fait présentement,
ce pourrait être les directeurs de scrutin locaux qui le feraient. Ils
sont déjà chargés de définir les sections de vote
et, comme on sait que les secteurs électoraux sont strictement des
regroupements de sections de vote, il me semble que ce serait là une
façon efficace et raisonnable de procéder.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, les secteurs
électoraux tels qu'on les connaît présentement, quant
à moi, ont une utilité et, par ailleurs, posent un certain nombre
de problèmes. Dans un premier temps, je pense qu'il faut rappeler la
raison d'être première des secteurs électoraux. Ce n'est
pas à des fins d'organisation politique ou à des fins
d'administration de la Loi électorale que cela a été mis
en place. L'utilisation qu'en cours de route en ont faite et le personnel et
ceux qui émanent du Directeur général des élections
et des formations politiques a été celle-là. Je me
souviens très bien qui avait imaginé la formule, c'est l'ancien
député de Viau, M. Charles Lefebvre, qui était, justement,
un cartographe et un homme qui s'était occupé de ce genre de
questions. Il a été député de 1976 à 1981.
M. Lefebvre nous disait que - et c'est l'idée qui avait
été retenue par tout le monde à l'époque -quand on
change la carte électorale, un jour
cela passe sur la rue Bordeaux et, à la refonte suivante,
ça va plutôt passer sur la rue des Érables. Puis, à
la refonte suivante, ça sera peut-être sur la rue Papineau, mais
là on se promène de deux rues en deux rues. Pourquoi là
plutôt qu'ailleurs? On ne le sait pas trop. Finalement, on charcute
toujours, mais jamais à la même place. Lui, il disait: On devrait
plutôt avoir des blocs qui ne seront pas divisibles, et, s'il y a refonte
de la carte électorale, tout le bloc changera de circonscription
électorale plutôt que de changer des morceaux de bloc chaque fois.
Je parle du milieu urbain; voyons aussi en milieu semi-urbain et rural ce que
cela veut dire en termes de quartiers, de secteurs d'une municipalité,
d'une paroisse etc. C'est donc pour éviter que, justement, on n'ajoute
à la contrainte, à l'effet négatif réel du
découpage de la carte électorale fréquent, mais qui est
drôlement important pour d'autres raisons qui fait en sorte que des gens
ne se retrouvent pas toujours dans leur milieu d'appartenance à cause du
jeu qu'on fait avec les secteurs électoraux. (17 h 45)
Pour moi, effectivement, cela pose un problème. Si je prends
l'exemple de ma circonscription électorale, l'application stricte,
respectueuse de la loi, de 2500 électeurs, fait que les secteurs
électoraux sont, pour la plupart, délimités par des rues
secondaires de ma circonscription électorale, comme des avenues, ce qui
fait que la personne se dit: Parce que je suis du côté est de la
rue, je suis dans le comté X et, parce que je suis du côté
ouest de la rue, je suis dans le comté Y.
Une voix: Secteur.
M. Rochefort: Comté. Non, secteur et comté parce
que, quand on divise les comtés, on promène tout le secteur. Pour
moi, c'est plus cela, le problème. En ce sens-là, pour moi, on
n'a pas à mettre cela dans la Loi électorale. Si les partis en
ont besoin, qu'ils s'en dotent. Il y avait des secteurs d'organisation
électorale avant l'existence des secteurs électoraux. Pour moi,
l'utilité première et de base était celle pour des fins de
délimitation électorale. J'irais plutôt dans le sens de
dire d'au plus 3000 ou 4000 électeurs, mais assurons-nous que cette
flexibilité quant au nombre d'électeurs qu'on trouve dans un
secteur électoral fasse en sorte que, là, parfaitement, on va y
aller, au moins en milieu urbain, à partir des grandes artères et
que, en milieu rural ou en milieu semi-urbain, on ira par des quartiers
vraiment nettement et facilement identifiables et délimitables.
Donc, on conservera l'aspect positif de dire qu'on promène un
tout, au moins, dans un autre comté quand on change de circonscription
électorale pour maintenir, dans la mesure du possible, ce sentiment
d'appartenance, de lien qu'ont les électeurs les uns avec les autres. En
contrepartie, à cause de la notion stricte des 2500 électeurs par
secteur électoral, on ne créera pas de situations un peu
incongrues comme celle-là, parce que j'habite du côté est
de l'avenue, je suis dans le comté X et, parce que mon frère ou
mon voisin habite du côté ouest de la rue, lui, est dans le
comté Y. Pourquoi, lui, met-il un panneau de tel candidat du même
parti que moi, alors que, moi, j'ai un panneau de l'autre candidat, de l'autre
parti, parce qu'on n'est pas dans le même comté? Je prendrai
l'exemple de la municipalité rurale dans laquelle j'ai ma maison de
campagne. Il est clair que la rivière est une délimitation
naturelle. Si c'était une grande municipalité de 8000
électeurs, le secteur électoral, au-delà des 2500, devrait
être évidemment la rivière, y compris si cela donne 2894
électeurs.
Je pense que la notion de "secteurs électoraux" est utile - on
l'a évoqué des deux côtés de la table à de
multiples reprises depuis le début de nos travaux hier pour un tant soit
peu respecter le sentiment d'appartenance, les liens qui existent entre des
électeurs d'une municipalité, d'un quartier, d'un bout de village
ou d'un bout de paroisse, mais rendons-la vraiment applicable dans le sens
même de l'objectif de départ qui était visé et,
donc, soyons plus souples sur le nombre d'électeurs qu'on doit retrouver
dans dans le secteur électoral.
Nous, ce qu'on serait plus ouvert à proposer, c'est de maintenir
la notion de secteurs électoraux, mais d'élever le montant.
Peut-être que le directeur général pourrait nous
éclairer. C'est peut-être d'au plus 4000 électeurs qu'il
faut mettre pour qu'il y ait une flexibilité qui fasse qu'on respecte
vraiment les grandes artères dans les grandes villes et des
délimitations plus naturelles, et moins guidées par le nombre
d'électeurs, mais plus par la délimitation naturelle ou
géographique reconnue et facilement identifiable par les gens. Ce
serait, quant à nous, notre approche par rapport à cette
question.
M. Gratton: Je serais tenté de vous dire: Allons-y
jusqu'à environ 50 000 comme maximum pour le secteur électoral et
on va régler le problème du Directeur général des
élections au point de vue de la délimitation. Je vous apprendrai
peut-être quelque chose -et cela, je le devine, je n'en suis pas
sûr -mais j'ai l'impression que, à l'occasion, la
délimitation des secteurs électoraux est faite après la
délimitation des circonscriptions électorales plutôt
qu'avant.
M. Saintonge: C'est bien évident.
M. Gratton: Parce que, justement, cela pose une entrave de plus
au processus. Le député de Gouin a évoqué les
raisons qui ont motivé - je ne sais trop qui - M. Lefebvre.
M. Rochefort: M, Lefebvre, l'ancien député de
Viau.
M. Gratton: II y avait une autre raison à laquelle le
député n'a pas fait allusion, c'était aussi, si je ne
m'abuse, en prévision d'une possibilité d'amendement au mode de
scrutin où on parlait de proportionnelle régionale. Cette notion
de secteur électoral avait une connotation dans le tout. Je pourrais
retrouver des références à cela venant du ministre
délégué à la Réforme électorale du
temps.
La proposition que nous faisons ici, il me semble que c'est l'une des
deux choses: on la maintient telle qu'elle est la ou on l'abroge tout
simplement. Je serais plutôt enclin à dire: Pourquoi
dépenser ces ressources à définir des secteurs
électoraux pour les seules fins d'organisation et d'administration? Dans
les faits, on peut bien faire toutes sortes de thèses quant au sentiment
d'appartenance, mais je serais presque prêt à parier qu'il n'y a
pas un seul électeur québécois qui sait dans quel secteur
électoral il habite.
Pour les fins d'une délimitation de circonscriptions
électorales, le député de Gouin pariait tantôt de sa
circonscription et il estime souhaitable, à juste titre, selon moi, que
la délimitation d'un comté se fasse dans les artères
principales plutôt que dans les rues secondaires. Pourquoi faut-il qu'il
y ait un secteur électoral pour en venir à cette conclusion? Au
contraire, c'est mettre une contrainte de plus en disant: À
l'intérieur des circonscriptions, trouvez-nous une façon d'avoir
environ 2500. Ce n'est pas parce qu'on porterait le chiffre à 3000 ou
4000 qu'on changerait quoi que ce soit à la nature du problème.
On ne ferait simplement que déplacer la rue secondaire X à la rue
secondaire Y.
Il ne serait peut-être pas inutile d'entendre à nouveau le
Directeur général des élections là-dessus parce que
ce qu'on vise à faire ici, ce n'est pas régler les
problèmes de la Loi électorale, on en convient. On parle de la
délimitation de la carte électorale et il me semble que les
observations du Directeur général des élections, chaque
fois qu'on en a parlé, étaient assez éloquentes sur les
contraintes que cela impose à la commission et sur -est-ce que le mot
est trop fort - l'inutilité de cette agglomération qui est ni
chair ni os, entre la municipalité à laquelle les
électeurs s'identifient et la circonscription à laquelle les
électeurs s'identifient dans la mesure où ils ne sont pas
chambardés d'une élection à une autre entre des
circonscriptions différentes.
Avouons-le, l'intention était peut-être noble, l'intention
était peut-être fondée quand on a inscrit le secteur
électoral dans la loi, mais c'est peut-être bien comme certaines
autres intentions, elle n'a pas atteint le but visé. Il me semble qu'il
faut le reconnaître. En tout cas, je ne pense pas qu'il y ait d'expertise
plus valable que celle du Directeur général des élections
et je l'invite derechef a me dire si je me trompe en disant que cela constitue
une difficulté et que cela ne contribue en rien au processus de la
délimitation de la carte électorale.
Le Président (M. Filion): M. le
Directeur général des élections.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, M. le Président.
Juste de mémoire, peut-être pour rappeler certaines notions ou ce
qui s'est passé au sujet des secteurs électoraux quand on a mis
cela en application à la suite de l'adoption de ces dispositions de la
loi, en 1979.
Effectivement, les secteurs électoraux, au nombre de 3080, ont
été établis subséquemment à la carte de
1980. Ils ont donc été établis à l'intérieur
des circonscriptions électorales existantes. Ce qu'on a compris,
à l'époque, de la signification des secteurs électoraux,
c'est celle qui a été mentionnée tout à l'heure. Il
s'agissait de remplacer la notion traditionnelle d'appartenance à un
milieu qui était caractérisé plus particulièrement
par la paroisse. C'est un concept qui a découlé, de fait,
d'après les recherches qu'on a pu faire, du comité Dussault. Vous
avez mentionné tantôt le nom de M. Lefebvre. C'est exact.
On a évoqué, à ce moment, la possibilité,
dans la ligne des réflexions qui ont été faites,
d'augmenter le nombre d'électeurs par section de vote. On voulait
s'inspirer, par exemple, du regroupement des électeurs en Allemagne, je
crois, qui regroupait 2500 dans la même section de vote. Au cours des
discussions, on a abandonné cette notion et on a dit: II faut laisser le
nombre d'électeurs par section de vote à un maximum approximatif
de 300 et on a gardé cette idée de la création des
secteurs électoraux.
À la commission, cela a pris presque deux ans pour accomplir ce
travail qui était tellement considérable de la création
des secteurs électoraux. Cependant, on rencontre effectivement des
problèmes majeurs. Sur les 3080 secteurs électoraux, il y en a
actuellement 262 dont le nombre d'électeurs dépasse la limite
prescrite dans la loi, La commission a fait face à une difficulté
majeure qui était l'interprétation de l'article qui dit qu'un
secteur électoral doit comprendre un maximum approximatif de 2500.
Alors, la façon de nous en tirer, cela
a été de dire, après l'étude de la
situation, que le maximum approximatif acceptable pourrait peut-être
aller jusqu'à 2800. Ayant établi cela, on s'est rendu compte que
cela nous amènerait peut-être plus près de la
réalité et de tenir compte davantage de la situation. On arrive
quand même au fait que, si on dit que ce maximum approximatif peut aller
jusqu'à 2800, il y a présentement 106 secteurs électoraux
qui comprennent plus de 2800.
L'autre point que je veux mentionner, c'est que, même s'il n'y a
pas dans la loi actuelle de disposition qui dise à la commission de le
faire, à partir de la notion qu'on avait retenue à la suite des
échanges qui avaient précédé la création de
secteurs électoraux, on voulait que cela ait un caractère
statique, un caractère d'immuabilité. Au moins pour 106, si ce
n'est pas pour 262 secteurs électoraux sur les 3080 actuellement, il
faut se rendre à l'évidence que cela n'a pas un caractère
statique, cela a un caractère plutôt dynamique. Ce n'est pas
immuable, c'est muable. Pourquoi? Parce qu'à l'intérieur de ce
secteur électoral de 2500, 2700 ou 2800, il y a des modifications parce
qu'il y a des mouvements de population.
Nous n'avons pas procédé, je le dis clairement -
peut-être aurions-nous dû le faire - à des modifications
majeures aux secteurs électoraux. Nous avons procédé
à des modifications mineures à la suite particulièrement
de fusions de municipalités, parce que la limite d'un secteur
électoral ne doit pas excéder la municipalité, Une petite
municipalité constitue en soi, d'après ta définition qu'on
en donne dans la loi, un secteur électoral.
Pourquoi n'avons-nous pas procédé? J'ai mentionné
que ce n'était pas dit dans la loi, mais l'autre raison est la suivante.
On aurait pu le faire à la commission, mais, d'après l'analyse
qu'on a faite de la situation, on s'est rendu compte qu'effectivement cette
notion de regroupement d'électeurs est non pas une notion de
découpage géographique, je dirais, ou uniquement de
découpage sur le terrain, mais de découpage qui regroupe un
nombre d'électeurs. Cela sert, à toutes fins utiles - il faut
bien le préciser, c'est exact; cela a été mentionné
- de base aux deux partis politiques, dans l'organisation électorale des
deux partis politiques. Ce qu'il est important de mentionner, c'est que nous
avons non seulement décrit les secteurs électoraux, mais nous
avons établi des cartes qui démontrent le regroupement d'environ
-c'est ce qu'on retrouve dans les grandes agglomérations - 8 sections de
vote, 3x8 = 24, évidemment cela nous donne 2400. Cela donne 8 à 9
sections de vote.
Cependant, il y a peut-être un autre point que je voudrais
souligner avec insistance et qui rejoint les remarques que j'ai soumises dans
les réflexions auxquelles on a fait référence tout
à l'heure. À cause du premier alinéa de l'article 3 qui
dit: "Une circonscription électorale est un regroupement de secteurs
électoraux," quand on envisage de modifier les limites d'une
circonscription électorale, il faut prendre les 2500 ou les 2800. Alors,
je vous dis tout de suite que ce n'est pas toujours facile, cela nous
crée de réelles difficultés. La solution, c'est de dire:
On va modifier le secteur électoral et on va le redivîser
autrement. On va déménager le nombre d'électeurs dont on a
besoin pour atteindre les autres fins de la délimitation des
circonscriptions électorales. Mais, si on fait cela, cela va de soi
qu'on ne rejoint pas l'idée que c'est immuable. Mot, je suis convaincu -
et les faits nous le démontrent - que cela n'a pas un caractère
d'immuabilité.
Il y a une suggestion qui a été faite tout à
l'heure par M. le député de Gouin en ce sens qu'on pourrait
augmenter le nombre dans certains cas, par exemple, le porter, au lieu de 2500,
à 5000 ou 8000. Je croîs qu'à ce moment-là le
problème serait encore plus considérable. Cela ferait des plus
qros morceaux à transférer. Ce serait un casse-tête assez
gros.
Je voudrais aussi peut-être préciser pourquoi le secteur
électoral va dans les petites rues et ne tient pas compte des grandes
voies de circulation. C'est pour la raison que j'ai donnée tout à
l'heure, c'est-à-dire que la délimitation des secteurs
électoraux à l'intérieur d'une circonscription
électorale devant regrouper huit sections de vote, è ce moment,
on est obligés de le faire à l'intérieur même.
Alors, il n'y a pas moyen de procéder autrement pour respecter toujours
ce critère de 2500, maximum appromixatif. Là aussi, dans les
secteurs électoraux, il faut respecter
l'homogénéité socio-économique et les
frontières naturelles, ainsi que les limites des municipalités.
Je vous assure que, parfois, c'est la quadrature du cercle que de
délimiter ces secteurs électoraux. Ce sont des
considérations que je vous soumets, M. le Président.
Le Président (M. Filion); D'accord, je vous remercie, M.
le Directeur général des élections. J'ai le consentement
des membres. Je crois comprendre que le député de Gouin
désire quitter...
M. Rochefort: M. le Président, ils m'ont tous
convaincus.
Le Président (M. Filion): Je pense que cela vaut la
peine.
M. Gratton: Alors, prenons une heure pour formuler le
consensus.
M. Rochefort: M. le Président, quant à
nous, on va être d'accord sur la recommandation d'abolir les
secteurs électoraux.
M. Gratton: Tout simplement.
Le Président (M. Filion): D'abolir les secteurs
électoraux. On parle d'abolir l'obligation pour la commission
d'établir les secteurs électoraux.
M. Rochefort: Oui, mais si les formations politiques veulent s'en
faire, c'est leur droit. Il n'y a personne qui va s'immiscer dans cela.
Le Président (M. Filion): Écoutez, je me
réfère aux questions qui ont été posées,
encore une fois. La première question était la suivante: "La
commission doit-elle être tenue de délimiter des secteurs
électoraux dans chacune des circonscriptions électorales?"
M. Rochefort: La réponse est non.
Le Président (M. Filion): La réponse est non. Bon,
la deuxième question est différente et elle n'est pas comprise,
non plus, dans le rapport Rémillard: "La notion de secteur
électoral ne devrait-elle pas être écartée de la Loi
sur la représentation et redéfinie dans la Loi électorale
en fonction de sa véritable nature et utilité, soit comme
regroupement de population et de sections de vote à des fins
d'organisation et d'administration électorales?"
M. Rochefort: M. le Président, moi, si telle est
l'intention du ministre, je suis prêt à dire oui. Si cela peut
être utile dans la Loi électorale, on en rediscutera
ultérieurement.
M. Bélisle: Si cela n'est pas utile à une place,
pourquoi cela serait-il plus utile à une autre place?
M. Dufour: Le donner au président d'élections.
M. Gratton: À des fins d'administration et
d'organisation.
M. Rochefort: Écoutez, on va essayer d'adopter quelque
chose. Les formations politiques ont fait des représentations. Nous
sommes d'accord avec l'idée de redéfinir cela pour le mettre dans
la Loi électorale. Adopté.
Le Président (M. Filion): Or, donc le consensus est oui,
à la deuxième question.
M. Gratton: Non, à la première; oui, à la
deuxième question.
M. Rochefort: M. le Président, juste une question avant
qu'on ajourne. Évidemment, le leader pourrait me dire que cela
dépendra de moi, il a bien raison. Est-ce que, demain, on peut essayer
de viser à terminer dans l'espace d'une séance de dix heures
à midi trente? Je dois présider la commission de
l'aménagement et des équipements à 14 heures demain.
M. Gratton: II me semble qu'avec les sujets qui restent il ne
reste plus grand-chose de fondamental.
M. Dufour: II y la Commission municipale, c'est pas mal
fondamental.
M. Gratton: Le malheur, c'est que cela n'apparaît pas au
nombre des questions, M. le député.
M. Rochefort: M, le ministre, on s'est entendu qu'on en
discuterait.
M. Gratton: Qu'on en discuterait dans le cadre de la pertinence
des questions qui sont posées.
M. Rochefort: C'est cela.
M. Gratton: En ce qui concerne la permanence ou la... Je connais
déjà la réponse. Alors, si vous voulez en discuter, on
pourra en discuter, mais, à ce moment, dites-moi quelle sorte de...
M. Rochefort: Donc, on peut viser une séance demain
matin?
M. Gratton: II me semble.
M. Rochefort: Je dois présider la commission de
l'aménagement et des équipements.
M. Gratton: Je ne peux pas m'engager, au nom de l'Opposition.
M. Rochefort: C'est cela. J'ai bien précisé que le
ministre pourrait me répondre: Cela dépendra de vous. Nous allons
répondre à cela nous-mêmes.
M. Gratton: Moi, personnellement, je pensais qu'on finirait
à 18 heures, ce soir.
Le Président (M. Filion): Écoutez, je voudrais
quand même remercier les membres de la commission. Compte tenu de la
matière assez énorme que nous avions sous la dent, je pense que
les travaux ont bien fonctionné. Je vous invite donc à reprendre
ces travaux demain, à dix heures, à la même salle. Merci,
M. Côté.
(Fin de la séance à 18 h 4)