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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La séance de la commission des institutions est ouverte. Je
rappellerai notre mandat qui s'exerce en vertu de l'article 294 de notre
règlement que je lis: "Chaque commission examine annuellement les
orientations, les activités et la gestion d'au moins un organisme public
soumis à son pouvoir de surveillance. "Le choix des organismes se fait
conformément à l'article 149. À défaut d'accord, la
commission de l'Assemblée désigne les organismes qui seront
entendus."
Comme cela a été le cas dans le passé, les membres
de la commission des institutions ont su faire leur choix sans l'aide d'un
tiers. L'Office de la protection du consommateur a donc été
choisi en 1986 comme l'objet de notre mandat de surveillance.
À la suite d'une réunion du comité directeur, nous
avons fixé de façon suivante le déroulement de nos travaux
pour la journée. D'abord, notre horaire est de 10 heures à 12 h
30 et de 14 heures à 18 heures. C'est donc dire que la période du
dîner est limitée à une heure trente minutes.
Nous allons entendre, dans un premier temps, s'il y a lieu, les
déclarations d'ouverture des membres de la commission, à la suite
de quoi l'office, par ses représentants, pourra faire son exposé.
Une période d'échange de propos suivra entre les membres de la
commission et des représentants de l'office. S'il y a lieu, j'inviterai
les membres de la commission à adresser certaines remarques finales et
la même chose pour les représentants de l'office. S'ils
désirent terminer nos travaux en fin d'après-midi par certaines
remarques finales, je leur en laisserai le loisir.
Dans un premier temps, je voudrais souhaiter la bienvenue à
l'Office de la protection du consommateur, à son président, M.
Gilles Moreau, et je l'inviterais à présenter les personnes qui
l'accompagnent.
M, Moreau (Gilles): M. le Président, M. le vice-président,
messieurs les membres de la commission, les gestionnaires de l'Office de la
protection du consommateur ont tenu à venir nombreux ce matin afin que
nous puissions tous répondre le plus adéquatement et le plus
intégralement possible à toutes vos questions. Je vous les
présente à l'instant. À ma droite, M. Vincent Dumas,
vice-président de l'office; à ma gauche, M. Jacques Vignola,
adjoint exécutif à l'office; M. Léon Samuel,
secrétaire de l'office; à l'arrière, à ma gauche,
Mme Suzanne Beaulieu, directrice des communications; M. Jacques Dagenais,
directeur des affaires juridiques; M. Jacques Elliott, directeur des
publications et responsable des revues Protégez-vous et Protect
yourself; M. Gaétan Sainte-Marie, directeur de l'administration ainsi
que M. Yvon Bélair, directeur des bureaux régionaux.
Le Président (M. Filion): Je vous remercie, M. Moreau.
Bienvenue, madame et messieurs.
J'inviterais, à ce stade-ci, les membres de la commission qui
sont intéressés à faire une déclaration
d'ouverture.
M. le député de Shefford.
Déclarations d'ouverture M. Roger
Paré
M. Paré: Oui, très rapidement, M. le
Président, je voudrais souhaiter la bienvenue aux représentants
de l'Office de la protection du consommateur et faire non pas l'historique,
mais une appréciation de l'office comme tel.
Je pense qu'il faut se réjouir des progrès qui ont
été accomplis par l'Office de la protection du consommateur au
cours des quinze dernières années, si on considère de 1971
jusqu'à 1986, toute l'ampleur qu'a prise l'office et surtout les
services qu'il rend aux consommateurs. Ce qu'il est peut-être bon de
rappeler, c'est l'autonomie qu'a prise le consommateur grâce à
l'appui, aux directives et aux orientations de l'office. Ce qu'on peut
constater à la lecture des documents qu'on a reçus, c'est que, de
plus en plus, les consommateurs demandent des renseignements plutôt que
de faire des plaintes. Je pense que cela est bon signe. Cela veut dire que
l'office fait place de plus en plus à un rôle préventif
plutôt qu'à un râle curatif. Je pense que c'est dans
l'intérêt des consommateurs et c'est tout à l'honneur de
l'Office de la protection du consommateur. Cela permet aux consommateurs
d'être mieux informés de leurs droits mais, en même
temps, aux commerçants d'être plus conscients de leurs
responsabilités.
Je pense qu'il faut s'arrêter un peu sur le succès de la
revue Protégez-vous, qui est la troisième en importance au
Québec après Actualité et Châtelaine pour le tirage.
Cela illustre concrètement la capacité réelle de l'office
de bien informer le consommateur. Je pense que c'est un moyen tangible,
calculable, très perceptible de la réalité et de
l'objectif atteint d'informer le consommateur et de ce souci qu'avait le
consommateur d'être bien informé. On y répond
complètement. Le travail de l'office s'appuie quotidiennement, si on se
fie aux demandes et aussi à l'aide qu'on apporte, sur les
différents organismes qui sont répartis sur l'ensemble du
territoire québécois.
Il faut aussi féliciter l'office pour sa capacité
d'être à la fine pointe des besoins des consommateurs dans un
secteur où les nouveaux développements sont fréquents,
sinon quotidiens, parce qu'à chaque jour arrivent de nouveaux produits
de consommation ou de nouveaux problèmes dus à toutes sortes de
changements, soit dans les produits ou dans les décisions
gouvernementales ou d'entreprises. Alors, je pense que l'office, lorsqu'il
s'est impliqué en ce qui concerne les guichets automatiques, par
exemple, ou la déréglementation, manifesté son souci et sa
capacité d'être à la fine pointe de l'actualité dans
le domaine de la protection du consommateur.
De ce côté-ci, nous souhaitons pour l'essentiel que le
mandat de l'office soit maintenu ainsi que ses activités, mais
au-delà de cela même, voire amplifié. À cet
égard, il faut accueillir avec satisfaction les initiatives
récentes de l'office dans les domaines non régis par les lois
dont il assume la responsabilité. À notre avis, cela va dans le
sens d'une plus grande "responsabilisation" des consommateurs. Donc, ce que je
disais au début, c'est-à-dire plus de prévention et moins
de curatif. À mon avis, non seulement pour le consommateur, mais pour
l'ensemble de la société québécoise, c'est une
économie en fin de compte.
C'est avec beaucoup d'intérêt que, mes collègues et
moi, nous allons participer aux échanges aujourd'hui sur
l'évaluation de l'office, spécialement sur ses orientations et
aussi, il ne faut pas se le cacher, sur des décisions récentes ou
des jugements, et là je parle de jugements tout récents, on l'a
appris ce matin.
Le fait que l'on se rencontre spécialement aujourd'hui, c'est
très bien, cela tombe juste à point, à mon avis, pour nous
permettre d'évaluer, comme je vous le disais, mais spécialement
de regarder les grandes orientations et les appréciations des gens de
l'office et des membres de la commission ici sur les possibilités de
changement ou non et sur les grandes orientations ou sur les décisions
que vous aurez à prendre ou qu'on aura à prendre face à
des décisions, à des menaces ou des changements possibles
à venir à court, moyen ou long terme.
M. le Président, je ne veux pas être plus long pour que
l'on ait la chance d'avoir le plus possible de discussion sur des sujets
précis, sur des questions relatives à l'échéancier
que l'on s'est fixé au cours de la journée, que ce soit
l'historique, les structures, l'administration, la collaboration, l'autonomie
du consommateur ou les orientations de l'office.
Je n'en ai pas plus long à dire, sauf que j'ai hâte que les
échanges commencent.
Le Président (M. Filion): D'accord. Je vous remercie, M.
le député de 5hefford, qui est également critique de
l'Opposition en matière de protection du consommateur. J'invite
maintenant le député de Beauharnois à prendre la
parole.
M. Serge Marcil
M. Marcil: Merci, M. le Président. D'abord, mes premiers
mots sont pour souhaiter la bienvenue au président et à son
groupe de l'Office de la protection du consommateur.
Pour aller dans la même ligne de pensées que le
député de Shefford, je dirai que nous sommes très heureux
aujourd'hui de vous recevoir, non seulement pour louanger le travail accompli
présentement par l'Office de la protection du consommateur, mais surtout
pour étudier avec vous les orientations possibles que vous avez
l'intention de donner à cet office.
Donc, pour ne pas répéter le même discours que mon
collègue de Shefford, je souhaiterais que l'on entre
immédiatement dans le vif du débat.
Le Président (M. Filion): Alors, je remercie les membres
de la commission et j'inviterais le président de l'office à
faire, s'il y a lieu, sa déclaration d'ouverture aux membres de la
commission. M. le président.
Exposé du président de l'OPC
M. Moreau: Merci, M. le Président. Dans un premier temps
j'aimerais rappeler les grandes étapes qui ont marqué l'histoire
de l'Office de la protection du consommateur. J'exposerai ensuite les
orientations, les objectifs et le programme d'activités que l'office
s'est donnés. Je décrirai aussi la structure administrative et je
reprendrai les principaux éléments du mandat que le
législateur a confié à l'office en montrant comment ils se
traduisent dans la réalité.
L'Office de la protection du consommateur a été
créé le 14 juillet 1971,
lors de l'adoption de la première Loi sur la protection du
consommateur, la loi 45. L'office a été placé sous la
responsabilité du ministre des Institutions financières, des
Compagnies et des Coopératives, M. William Tetley, avec le statut
administratif de direction générale de ce ministère.
Le premier rôle de l'office consiste alors à surveiller
l'application de la Loi sur la protection du consommateur qui régit
principalement les contrats de commerce itinérant, les contrats de
prêts d'argent et ceux qui sont assortis d'un crédit. La loi 45
contrôle aussi l'utilisation du dossier de crédit des
consommateurs et la publicité destinée aux enfants.
À cette fonction essentiellement juridique s'ajoutent d'autres
responsabilités qui donnent à la mission de l'office une
dimension plus globale.
Ainsi, l'OPC doit éduquer et renseigner le consommateur, faire
des études et des recommandations au gouvernement, promouvoir et
subventionner la création et le développement de services ou
d'organismes destinés à protéger le consommateur et,
finalement, coopérer avec les ministères et organismes
gouvernementaux.
Par la loi 45, le Québec a fait un premier pas dans le vaste
domaine de la protection du consommateur. Il a mis en place certaines mesures
visant à rétablir entre consommateurs et commerçants
l'égalité qui avait été rompue par la production de
masse, l'apparition des services de marketing, l'utilisation de plus en plus
fréquente du crédit et surtout le raffinement et
l'omniprésence de la publicité.
À l'usage, toutefois, les autorités gouvernementales, tout
comme les associations de consommateurs, ont constaté la
nécessité d'élargir la portée d'une loi qui
régissait moins de 15 % des plaintes adressées à l'office.
C'est pourquoi, le 31 mars 1976, Mme Lise Bacon, alors à la tête
du ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières, dépose
à l'Assemblée nationale le projet de loi 7 qui vise notamment
à élargir le champ d'intervention de l'office.
Ce projet de loi étend la juridiction de l'office à des
secteurs, tels que la vente au comptant, les services à exécution
successive, la vente de voitures d'occasion, la réparation
d'automobiles, les pratiques de commerce et la vente de maisons
témoins.
Le projet est soumis à une commission parlementaire, mais il
devient caduc à la suite du déclenchement des élections de
l'automne 1976. Mme Lise Payette, titulaire du ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières dans le
nouveau gouvernement, dépose le 22 décembre 1977 un avant-projet
de loi qui constitue le premier volet d'un cadre complet de protection du
consommateur.
Finalement, une nouvelle Loi sur la protection du consommateur, la loi
72, est sanctionnée le 22 décembre 1978 et mise en application
par étapes au cours des deux années suivantes. Cette loi qui
régit les principaux secteurs de la consommation précise et rend
plus nombreux les recours des consommateurs.
La loi 72 couvre tous les contrats de consommation, aussi bien au
comptant qu'à crédit. Elle régit également de
façon spécifique certains contrats, notamment les contrats de
crédit, les contrats à distance et les contrats conclus avec des
entreprises de louage de services à exécution successive.
Elle contient également des dispositions concernant les
garanties, la réparation d'automobiles et de motocyclettes, la
réparation de certains appareils domestiques, les pratiques de commerce
et la publicité. Elle confirme, enfin, le rôle dévolu
à l'Office de la protection du consommateur et le dote de structures
nouvelles adaptées à sa juridiction et à ses pouvoirs
accrus.
La loi 72 constitue la 'direction de l'office d'au plus quinze membres
nommés par le gouvernement et choisis en raison de la contribution
qu'ils sont susceptibles d'apporter à la solution des problèmes
des consommateurs.
L'office, qui était jusque-là un service à
l'intérieur du ministère des Consommateurs, Coopératives
et Institutions financières devient un organisme gouvernemental relevant
directement du ministre. Depuis ce temps, l'entrée en vigueur de la Loi
sur le recouvrement de certaines créances et le transfert de
l'administration de la Loi sur les agents de voyages, en 1981, sont venus
augmenter de façon substantielle les responsabilités de
l'office.
La Loi sur le recouvrement de certaines créances impose une
éthique à ceux qui recouvrent une créance pour autrui et
oblige des agences de recouvrement à détenir un permis, à
fournir un cautionnement et à soumettre leurs pratiques commerciales
à des normes très strictes.
Quant à la Loi sur les agents de voyages, qui relevait auparavant
du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, elle a pour but
de protéger les consommateurs transigeants avec les agents de voyages.
Elle prévoit aussi l'obligation de détenir un permis et de
déposer en fiducie l'argent des consommateurs jusqu'à ce que les
services soient rendus. L'agent de voyages doit fournir un cautionnement
individuel et cotiser à un fonds collectif qui sert à rembourser
ou à faire voyager les clients en cas de fermeture d'une agence.
L'office a évolué depuis sa création, mais son
mandat est demeuré le même. Ce mandat s'articule de façon
concrète dans les orientations que l'office s'est donné il y a
trois ans. La détermination de ses
orientations a été une expérience de consultation
interne assez unique.
Le défi consistait à faire participer tout le personnel
à une réflexion sur les améliorations è apporter,
lesquelles devaient prendre la forme d'orientations triennales. Tout en
provoquant une mobilisation et une curiosité sans
précédent, cet exercice a conduit à l'élaboration
des cinq orientations suivantes: 1. accentuer la prévention afin que les
consommateurs atteignent une véritable autonomie; 2. privilégier
une approche globale des problèmes de consommation; 3. maintenir et
améliorer les services de l'office à ses diverses
clientèles;
(10 h 30) 4. accroître les interventions de l'office dans les
grands problèmes de consommation, même lorsqu'ils ne sont pas
spécifiquement régis par les lois qu'il administre; 5.
améliorer la cohésion interne de l'office ainsi que la gestion
des ressources humaines.
Les orientations servent à la détermination des objectifs
et de la programmation annuelle de chaque direction. Cette dernière
activité s'appuie aussi sur la participation active des employés.
Chaque gestionnaire met son personnel à contribution pour proposer un
ensemble d'objectifs, d'activités et de moyens qui sont par la suite
soumis à la direction, puis au conseil d'administration. Cette
programmation annuelle fait elle-même l'objet d'une évaluation
qualitative et quantitative à tous les trois mois et d'une
évaluation globale à la fin de l'exercice financier. Il serait
fastidieux d'énumérer ici les 48 objectifs retenus pour
l'année 1986-1987 et de présenter la programmation
détaillée de chaque direction. Je vous réfère
plutôt aux documents concernant les objectifs, la programmation et les
activités qui vous ont déjà été remis.
J'aimerais maintenant décrire brièvement la structure de
l'office et les principales tâches dévolues à chacune des
unités administratives qui le composent.
L'office est dirigé par un conseil d'au plus 15 membres
nommés par le gouvernement. Le conseil approuve les objectifs et la
programmation des unités administratives et évalue
périodiquement les résultats atteints. Les membres se penchent
aussi sur des dossiers d'importance par des travaux en comité. Ainsi, en
1985-1986, trois comités ont siégé, soit celui des
subventions, celui de la législation et celui des contrats de
services.
L'OPC compte quatre directions, soit les affaires juridiques, les
bureaux régionaux, les communications et les ressources et
systèmes, ainsi qu'un service de secrétariat.
La Direction des affaires juridiques comprend trois services: les
enquêtes, le contentieux et les permis. Elle a pour mission de surveiller
l'application des lois dont l'administration est confiée à
l'office. Elle accomplit cette mission en faisant des enquêtes à
partir des plaintes portées à l'attention de l'office et en
agissant auprès des commerçants qui ne respectent pas la loi.
Elle émet également les permis prévus par la loi pour
certains types de commerces: le commerce itinérant, le prêt
d'argent, les studios de santé, les agences de recouvrement, les agences
de voyages et les compagnies de garanties supplémentaires. Elle
contrôle aussi quelques 500 cautionnements d'entreprises qui
désirent être exemptées de certaines obligations. Enfin, la
Direction des affaires juridiques joue un rôle de conseiller
auprès des milieux d'affaires afin de faciliter le respect des lois et
de prévenir les infractions.
Pour sa part, la Direction des bureaux régionaux offre des
services dans douze villes et assure ainsi une présence active dans
toutes les régions du Québec. Son mandat consiste à
renseigner les consommateurs et à recevoir leurs plaintes. Le personnel
des bureaux régionaux fait aussi de la médiation entre le
consommateur et le commerçant, afin de favoriser l'indemnisation du
consommateur. Il entretient des relations suivies avec les clientèles
privilégiées, soit les associations de consommateurs et de
commerçants. Il collabore activement avec les médias de masse
pour diffuser l'information utile aux consommateurs.
La Direction des communications compte trois services: l'information et
les relations publiques, les publications ainsi que l'éducation et la
recherche. Son rôle est de promouvoir auprès des consommateurs la
meilleure connaissance possible de l'office et de ses services ainsi que des
lois qu'il administre. Elle fournit aux consommateurs tous les renseignements
utiles sur leurs droits et recours ainsi que sur les précautions
à prendre avant d'acheter un bien ou de signer un contrat par la
production et la diffusion de nombreux documents imprimés et
audiovisuels. Par une présence régulière dans les
médias de masse, elle renforce la surveillance de l'application des lois
et joue un rôle à la fois préventif et dissuasif.
La Direction des communications a établi et maintient des
relations fonctionnelles avec les associations de protection du consommateur ou
d'autres organismes comme les groupes d'action sociale et les associations de
personnes âgées. Elle est responsable de la conception et de la
mise en application de programmes éducatifs, particulièrement
auprès de la clientèle scolaire. Elle procède à des
études et des recherches sur les différents secteurs ou
problèmes de consommation. Enfin, elle
assure la publication des périodiques mensuels
Protégez-vous et Protect Yourself.
De son côté, la Direction des ressources et des
systèmes fournit aux autres unités les services de conseil et de
soutien en matière de gestion des ressources humaines,
financières et matérielles. Elle est également
chargée de l'implantation d'un système informatisé de
gestion, ainsi que d'un système de gestion documentaire.
Enfin, le secrétariat joue essentiellement un rôle de
soutien, de conseil et de coordination dans les travaux du conseil et du
comité de gestion. Le secrétariat coordonne aussi l'application
du programme de subventions, dont je reparlerai un peu plus loin quand
j'aborderai cet élément important du mandat de l'office.
J'aimerais maintenant reprendre les principaux éléments du
mandat de l'office en illustrant comment ils se traduisent dans la
réalité. À l'article 292 de la loi, on peut lire que la
première responsabilité de l'office consiste à surveiller
l'application des lois qui lui sont confiées. Cette surveillance
s'exerce par la délivrance des permis requis par les lois, le
contrôle des exemptions, le traitement des plaintes et les enquêtes
qui peuvent conduire à l'émission d'un avis ou à des
poursuites.
Une surveillance constante de certains secteurs comme la
publicité destinée aux enfants, la publicité trompeuse et
les pratiques commerciales déloyales, est exercée. Dans d'autres
secteurs comme l'automobile, la réparation de téléviseurs
et d'appareils ménagers, des enquêtes spéciales,
appelées "opérations-témoin", ont été mises
sur pied et c'est dans le domaine de l'automobile que l'office conduit aussi
des blitz d'information régionaux qui consistent en l'inspection
complète du mode de fonctionnement des établissements d'une
région ou d'un centre urbain.
Dans le domaine du voyage, nous avons mis l'accent à la fois sur
la protection des consommateurs lors de fermetures d'agences et sur la
prévention par des inspections systématiques d'agences nouvelles
et déjà existantes et par des séances d'information aux
détenteurs de permis. Enfin, nous accordons une attention
particulière aux studios de santé dont les nombreuses fermetures,
surtout à Montréal, ont été une cause de
problèmes pour les consommateurs.
Quel bilan pouvons-nous faire après six ans d'application de la
Loi sur la protection du consommateur? Nous constatons l'élimination de
la publicité destinée aux enfants et de la publicité
déloyale sur le crédit. Nous constatons aussi une
épuration significative dans le cas de la publicité trompeuse et
des pratiques commerciales déloyales. Les secteurs du commerce
itinérant et des contrats à distance se sont grandement assainis.
Dans le cas des studios de santé, nos efforts ont permis
d'éliminer les chevaliers d'industrie, d'assujettir un bon nombre
d'établissements et d'indemniser des centaines et des centaines de
consommateurs.
Enfin, dans le domaine de l'automobile, nous avons mené 270
opérations autos-témoin depuis 1982; nous avons conclu plusieurs
ententes avec l'industrie, entre autres sur les garanties à vie; nous
avons négocié des règlements avec divers manufacturiers
pour le bénéfice d'un grand nombre de consommateurs; nous avons
assaini le marché des garanties supplémentaires.
Une deuxième tâche importante pour l'office est celle du
traitement des plaintes. Le réseau des bureaux régionaux offre au
consommateur un traitement personnalisé à cet effet. En 1985-1986
nous avons reçu 156 000 plaintes, dont 88 000 concernaient des domaines
régis par la loi. L'automobile, la rénovation domiciliaire, les
meubles et les appareils domestiques sont dans l'ordre les principaux sujets de
plaintes régies. Le moyen utilisé pour recueillir les plaintes
régies permet à l'office de recevoir toute la documentation
pertinente à une plainte et au consommateur de tenter de régler
lui-même son problème.
Le bureau régional ouvre un dossier uniquement si la plainte est
fondée, c'est-à-dire lorsqu'elle cause un préjudice au
consommateur et justifie l'intervention de l'office. Les problèmes
communs à plusieurs consommateurs sont regroupés en un même
dossier. Une attention particulière est apportée au processus
d'indemnisation des consommateurs. Dans un premier temps, on suggère au
consommateur de faire une démarche lui-même auprès du
commerçant et on lui remet un formulaire de plainte, dont une copie est
destinée au commerçant. Selon nos statistiques, 29,8 % des
plaintes se règlent à ce stade.
Si cette démarche se révèle infructueuse et que la
plainte régie est fondée, le bureau entreprend alors une
médiation avec le commerçant; à cette seconde
étape, le taux de règlement atteint 54 %. Si la médiation
échoue, le bureau informe le consommateur sur ses droits et recours et,
notamment, sur la façon de procéder devant la Cour des petites
créances. Une étude de cas faite en 1985 nous apprend que 53 %
des litiges soumis à ce tribunal ont été tranchés
en faveur des consommateurs.
J'ajoute que l'office tente de plus en plus de régler de
façon globale les problèmes qui touchent un nombre important de
personnes, soit par une rencontre avec le commerçant, soit par une
négociation avec les greffes de la Cour des petites créances,
afin de regrouper des causes similaires contre un même commerçant.
Au cours du dernier exercice, nous avons traité 208 dossiers de ce type
touchant directement
2200 consommateurs.
L'amélioration des services à la clientèle est un
défi constant pour les bureaux régionaux. Depuis quelques
années, nous avons mis en oeuvre de nombreuses mesures pour atteindre
cet objectif et principalement pour accroître la productivité des
employés.
Parmi les moyens mis de l'avant pour accroître la
productivité, mentionnons l'augmentation des lignes
téléphoniques principalement à Montréal et à
Québec, la réduction de la durée de chaque appel, la
réduction du temps requis pour le traitement des plaintes par les
formulaires de plainte en trois copies, par le regroupement des plaintes
similaires et par l'informatisation des opérations.
En comparaison avec l'exercice 1979-1980, exercice
précédant l'entrée en vigueur de la Loi sur la protection
du consommateur, l'office a accru le nombre de clients servis de 61 %, tandis
que ses effectifs régionaux n'ont connu qu'un accroissement de 14 % par
l'entremise de l'embauche d'occasionnels.
L'office a également amélioré ses services à
la clientèle par diverses mesures dont un service continu de 8 h 30
à 16 h 30, la gratuité des appels dans les régions
éloignées, l'accès pour les personnes handicapées,
une politique d'intervention plus efficace dans le domaine de l'automobile, un
programme de formation permanent pour les préposés et la mise
à jour de la documentation pertinente sur la consommation.
Nous diffusons aussi des documents d'information particuliers contenant
une information complète sur des sujets faisant l'objet d'une grande
demande. La vente de voitures entre particuliers et les politiques de
remboursement des magasins sont deux exemples de ce type de documents.
Dans le but de contrôler la qualité des services rendus,
nous avons mis sur pied un programme d'évaluation de la satisfaction des
consommateurs. Par le moyen de cartons affranchis, les consommateurs donnent
leur appréciation des services reçus. Les résultats sont
fort encourageants, puisque, sur près de 3000 réponses, 97 %
expriment la satisfaction des clients.
Une autre responsabilité importante confiée à
l'office est celle d'éduquer et de renseigner la population. Depuis la
production, en 1978, d'une série d'émissions éducatives
ayant pour titre "Kébékio au pays de convoitise", qui a
été diffusée à Radio-Canada et à
Radio-Québec, puis commercialisée à l'étranger,
l'office a continué de miser sur l'éducation pour faire des
Québécois, dès leur plus jeune âge, des
consommateurs autonomes et responsables.
À la suite de "Kébékio", l'office a produit des
diaporamas sur la consommation et la publicité, qui ont
été mis à la disposition des enseignants ou d'autres
intervenants intéressés. Pour les adolescents,
Protégez-vous publie depuis février 1984 une chronique "Jeunes
consommateurs" et a produit de nombreux encarts à leur intention,
portant, entre autres, sur la Loi sur la protection du consommateur, le budget
et le crédit.
Dans le cadre d'une entente avec le ministère de
l'Éducation du Québec, nous avons collaboré à la
conception et à l'implantation d'un volet "Éducation à la
consommation", un des quatre volets du programme "Formation personnelle et
sociale". Ce programme entre en vigueur au niveau secondaire cet automne dans
les écoles publiques et privées. Au niveau primaire, il sera
obligatoire à partir de septembre 1988. Essentiellement, le volet
"éducation" vise à faire prendre conscience au jeune de son
rôle de consommateur et à lui faire acquérir une
démarche rationnelle dans la satisfaction de ses besoins. (10 h 45)
L'office a conçu les guides d'activités d'apprentissage
pour les enseignants en plus de participer à la formation des
multiplicateurs régionaux qui, à leur tour, forment les
enseignants. Pour soutenir le travail des enseignants, nous publions aussi un
bulletin d'éducation à la consommation, à raison de cinq
numéros par année.
L'éducation à la consommation ne s'adresse pas qu'aux
jeunes en milieu scolaire. Les activités, comme la production de bandes
dessinées pour l'usage des alphabétiseurs et d'autres documents
destinés à différents organismes qui jouent le rôle
de relayeurs auprès de clientèles spécifiques nous
permettent de varier la clientèle rejointe et les types
d'intervention.
Pour renseigner le consommateur, l'office, en plus des services offerts
par ses bureaux régionaux, puise évidemment dans la vaste gamme
des moyens de communications: Imprimés, documents audiovisuels,
activités de relations publiques, relations de presse, etc. Parmi
ceux-ci, Protégez-vous et Protect Yourself demeurent depuis leur
création des moyens de communication privilégiés.
Avec un tirage respectif de 183 000 et 22 800, ces deux magazines sont
très prisés des consommateurs. Leur popularité peut
s'expliquer par la variété des sujets et la fiabilité des
informations.
L'office accorde une importance primordiale aux relations de presse et
à la participation à des émissions de radio et de
télévision, ce qui lui permet de rejoindre gratuitement des
centaines de milliers de consommateurs. Ainsi, en 1985-1986, le personnel de
l'office a accordé 650 entrevues. Mais en plus, au printemps dernier,
nous participions à 29 chroniques régulières nous
permettant de rejoindre en moyenne 1 114 000 personnes chaque
semaine.
Enfin, l'office produit et diffuse de nombreux documents imprimés
et audiovisuels. À titre d'exemple, nous avons distribué 250 000
imprimés au cours du dernier exercice.
De par te mandat général qui lui a été
confié, l'OPC doit entretenir des relations soutenues avec les
Intervenants directement concernés par la consommation. Parmi ces
intervenants, les associations de consommateurs jouent un rôle
clé. Afin de promouvoir et subventionner la création et le
développement des organismes destinés à protéger
les consommateurs, l'office a mis sur pied un programme de subvention auquel
est venu se greffer, l'an dernier, un programme de contrats de services. Il a
également élaboré de multiples modes de collaboration dont
je parlerai un peu plus loin.
En 1986-1987, l'office a accordé des subventions à 31
organismes pour un total de 644 600 $. Ces subventions soutiennent les
organismes dont les services complètent généralement ceux
de l'office, soit parce que leur type d'intervention est différent, soit
parce qu'ils se préoccupent de domaines qui échappent à la
juridiction de l'office, soit qu'ils offrent leurs services dans des
municipalités où l'office n'a pas de bureau régional.
Fait important à souligner, le budget des subventions n'a pas
cessé d'augmenter au cours des dernières années et ce, en
dépit des compressions.
Dans le but de favoriser la réalisation de recherches en
consommation, l'office a créé un programme de contrats de
services. Les sujets sont déterminés par l'office et le budget
est de 60 000 $. Ce nouveau programme s'adresse aux organismes sans but
lucratif et aux chercheurs de calibre universitaire.
L'office diffuse ou rend disponibles aux associations de consommateurs
tous les moyens de communication qu'il produit. Les services du centre de
documentation sont également offerts aux associations. De façon
à favoriser la circulation de l'information et les échanges de
vues entre les représentants des organismes et ceux de l'office, nous
avons organisé une tournée de toutes les régions où
les association sont présentes. Dans le même esprit, nous tenons
trois réunions annuelles qui portent sur des dossiers intéressant
des associations. Protégez-vous et Protect Yourself mettent à
contribution les associations pour la rédaction d'articles ou la
production d'encarts. Cette collaboration se fait prioritairement avec les
associations de consommateurs, mais elle concerne aussi les groupes d'action
sociale, les associations de personnes âgées ou handicapées
et les représentants de communautés culturelles.
Afin de fournir au consommateur plus de renseignements sur la
qualité et l'utilité de certains biens et services, l'office
poursuit depuis 1978 un programme permettant de vérifier les produits de
consommation. L'office se préoccupe des produits de grande consommation:
produits alimentaires, petits et gros appareils ménagers, appareils
électroniques, outils, produits d'entretien, cosmétiques, etc.
L'accent est mis sur la fonction du produit. L'évaluation quant aux
caractéristiques ou à la performance est faite selon des
critères qui reflètent les besoins des consommateurs. Les
résultats des tests paraissent dans Protégez-vous et dans Protect
Yourself.
Pour sélectionner les produits à tester, l'office
procède à un sondage auprès des lecteurs des magazines,
des associations de consommateurs et de ses employés. Viennent ensuite
les études de marché, le choix des critères, la
consultation d'autres publications de tests et l'évaluation de la
faisabilité ainsi que les coûts. La réalisation des tests
est confiée à des laboratoires privés sous la supervision
constante du personnel de l'office. De nombreuses vérifications sont
effectuées et, si nécessaire, des consultations sont faites
auprès d'experts indépendants avant la publication des tests.
Cette année, l'office attribuera un montant de 276 000 $ à la
réalisation de 24 tests.
En plus de leur publication dans Protégez-vous et dans Protect
Yourself, les tests sont largement repris dans les médias. Ils font
aussi l'objet de nombreuses demandes auprès des bureaux régionaux
qui envoient quelque 18 000 copies de tests par année.
L'évaluation de services en consommation fait appel à une
démarche différente de celle des tests de produits et prend
généralement la forme d'articles et de dossiers de fond dans nos
deux magazines. Je mentionne ici quelques-uns des titres parus au cours des
deux dernières années pour illustrer la variété des
sujets couverts; "Les escompteurs d'impôts", "Les cours de relations
humaines", "Les régimes enregistrés
d'épargne-études", "Le déménagement", "Les
garanties supplémentaires pour les automobiles", "L'assurance
habitation", "L'électrolyse", "Les centres d'accueil" et "Les camps de
vacances".
De façon générale, l'action de l'office a permis
d'assainir sensiblement les secteurs couverts par la loi. Les bureaux
régionaux répondent à un nombre croissant de demandes tout
en contribuant activement à l'indemnisation des consommateurs. La
collaboration avec les associations de consommateurs et les relayeurs
auprès des clientèles spécifiques s'est accrue et
diversifiée.
Protégez-vous et Protect Yourself, après avoir franchi
l'étape critique de la mise en vente en 1981, jouissent d'une
popularité constante. En matières d'information et
d'éducation, l'office a délaissé les grandes campagnes
publicitaires pour exploiter au maximum les participations gratuites à
des émissions de radio et de télévision et produire des
documents adaptés aux besoins des différentes
clientèles.
Je voudrais souligner au passage le rôle joué par l'office
dans un dossier très particulier, celui de la mousse isolante
d'urée formaldéhyde. Devant l'ampleur des problèmes
causés aux consommateurs par l'installation de la MIUF, l'office a
proposé au gouvernement du Québec un programme d'intervention
comportant la participation de plusieurs ministères et organismes. En
plus d'assurer la coordination de ce programme, l'office a eu l'initiative de
mettre sur pied un bureau de dépannage afin d'offrir aux victimes une
aide sur les plans de l'information, de la santé, des tests
d'émanations gazeuses et du relogement. Finalement, l'office administre
l'aide gouvernementale pour le financement des causes types.
Voilà pour le passé. Quant à l'avenir, il
s'inscrira dans la continuité des projets déjà entrepris.
Comme je l'ai souligné plus tôt, l'office a assaini sensiblement
plusieurs secteurs de la consommation. Toutefois, il serait imprudent de
déclarer "mission accomplie" et de cesser ou de réduire nos
efforts en vue de protéger le consommateur et d'assurer le respect des
lois. Dans un domaine en constante évolution comme celui de la
consommation, où chaque semaine voit naître un nouveau service ou
produit, où les techniques de marketing sont sans cesse raffinées
pour mieux séduire le consommateur, où plusieurs groupes de
citoyens comme les personnes âgées, les personnes à faible
revenu constituent encore des clientèles très vulnérables,
on ne peut marquer le pas. Au contraire, il faut faire preuve d'une vigilance
continuelle et être à l'affût des pratiques qui peuvent
léser le consommateur. C'est ce que l'office continuera de faire au
cours des prochaines années.
Enfin, nous procéderons au cours des semaines qui viennent
à la définition de nouvelles orientations triennales et aux
objectifs et activités pour l'année 1987-1988. Cet exercice
d'évaluation et de réflexion s'appuie sur la participation de
tous les employés. L'expérience vécue il y a trois ans a
démontré clairement la motivation du personnel à l'endroit
de cette démarche et l'OPC en a retiré des
bénéfices appréciables tant par la valeur des suggestions
recueillies que par l'adhésion du personnel aux orientations
retenues.
Merci. Nous sommes à votre disposition.
Le Président (M. Filion): Merci, M. le président.
Avant de passer aux échanges de propos, j'inviterais la
secrétaire de la commission à faire part des remplacements.
La Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine) est
remplacé par M. Cusano (Viau) et M. Vallières (Richmond) par M.
Camden (Lotbinière).
Le Président (M. Filion): Donc, nous entamons la
période d'échange de propos avec les représentants de
l'Office de la protection du consommateur. Il y a évidemment plusieurs
volets à l'Office de la protection du consommateur, à ses
activités, à ses orientations. Votre comité directeur
s'était réuni une première fois et a
déterminé, finalement, à peu près cinq blocs qui
pourraient être l'objet de nos échanges avec les membres de
l'office. Je les énumère rapidement: premièrement,
l'historique et le champ de compétence de l'office; deuxièmement,
la structure et le fonctionnement de l'office; troisièmement,
l'administration; quatrièmement, l'office et la collaboration avec les
associations de consommateurs et, cinquièmement, les orientations de
l'office.
À ce stade-ci, il n'est peut-être pas nécessaire
pour vous de tenir compte de ces blocs pour les échanges, mais durant le
cours de la journée je me réserve la possibilité
d'orienter les discussions afin de faire en sorte que nous puissions accomplir
nos travaux d'une façon productive et efficace. Il est bien sûr
que si un membre de la commission intervient sur une question de
procédure judiciaire, l'autre sur une question de compétence de
l'office, l'autre sur les bureaux régionaux, à ce
moment-là, nos travaux seront un peu discontinus et moins
productifs.
À ce stade-ci, je pense bien qu'on peut laisser les membres de la
commission filer au gré de leurs questions. J'inviterais cependant les
membres à tenter de fouiller et d'aller au fond d'un filon de
questionnaire avant de passer à un autre volet. Si un sujet est
épuisé, à ce moment-là, on pourrait entamer un
autre sujet car si on entend dix sujets et on les poursuit de façon
parallèle, cela va rendre nos travaux particulièrement difficiles
à suivre et cela va rendre aussi notre réflexion qui va suivre
nos travaux plus difficile.
Donc, j'inviterais les membres de la commission qui veulent commencer
à bien vouloir me faire un signe. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
Commentaires et questions
M. Scowen: Merci, M. le Président. Je veux profiter de
votre organigramme pour parler d'un sujet qui relève de votre premier
sujet, l'historique et le champ de compétence, si vous me le permettez.
Je
veux d'abord remercier M. Moreau pour sa présentation.
C'était fort intéressant.
Le sujet que j'aimerais aborder et sur lequel j'aimerais avoir vos
commentaires est le suivant. Je regarde les responsabilités dans la loi
et je m'arrête à g) promouvoir les intérêts des
consommateurs devant un organisme gouvernemental dont les activités
affectent le consommateur. Je constate que vous avez fait des
représentations auprès du CRTC, une organisation
fédérale, et que vous vous êtes intéressés
aux tarifs d'Hydro-Québec et de Gaz Métropolitain.
Comme vous le savez, j'arrive d'un groupe de travail sur la
déréglementation et, tout au long de notre étude, on
constatait que les consommateurs au Québec et en Amérique du
Nord, de plus, sont très mat représentés. C'est un
phénomène qui a été analysé par beaucoup de
sociologues et économistes et, essentiellement, l'intérêt
d'une personne dans son rôle de consommateur est beaucoup moindre que son
intérêt dans son rôle comme membre d'un groupe
d'intérêt spécialisé. Par exemple, moi, je peux
consacrer des heures et des heures à une association de parlementaires
pour m'assurer d'avoir un meilleur fonds de retraite ou un salaire
amélioré, mais quand il s'agit de protester par rapport à
un nouveau tarif du gouvernement fédéral augmentant le coût
d'une chemise de 0,25 $, l'intérêt personnel provenant de ces
efforts sera beaucoup moindre. (11 heures)
Donc, historiquement, les consommateurs, les associations de
consommateurs - et vous le savez autant que moi, M. Moreau -trouvent
difficilement des membres et des partisans. Ce sont des groupes
d'intérêts particuliers qui sont beaucoup mieux
représentés au Québec.
Lors de nos travaux, après que M. Bourassa eut annoncé la
création de ce groupe de travail, nous avons été
inondés de demandes de la part des syndicats, d'organisations patronales
et d'organisations professionelles pour être entendus, pour pouvoir
présenter leurs mémoires. Nous les avons tous rencontrés.
On n'a pas reçu une seule demande de la part d'une association de
consommateurs pour nous rencontrer. Je constate que même vous, qui avez
la responsabilité de promouvoir les intérêts des
consommateurs devant un organisme gouvernemental - notre groupe de travail
était à l'intérieur de cette définition -n'avez pas
contacté le groupe de travail.
Il me semble - et j'aimerais avoir vos commentaires là-dessus -
que vous avez la responsabilité d'agir d'une façon
pondérée, dans le sens où vous devez faire des recherches,
et active, dans le sens où vous voulez faire les représentations
qui s'imposent régulièrement, dans les gestes gouvernementaux au
Québec, pas seulement au CRTC, mais au Québec où les prix
aux consommateurs pourraient être affectés.
Je constate que, dans votre rapport, vous avez
énuméré toute une liste de choses que vous avez faites.
C'est bien impressionnant pour protéger le consommateur contre la fraude
ou la mauvaise publicité; c'est certainement là votre orientation
principale. Mais, qu'est-ce que vous pensez devoir faire devant la demande de
continuer un prolongement de décret de convention collective dans le
domaine du vêtement ou des garages? Cela a certainement des effets pour
le consommateur dans le sens que cela augmente les prix. Mais vous allez vous
trouver en désaccord avec un ministre du gouvernement du Québec?
Que pensez-vous devoir faire, par exemple, devant la demande au gouvernement
fédéral de continuer les contingentements dans le domaine des
vêtements et des chaussures pour encore deux, trois ans, geste qui peut
certainement profiter aux travailleurs du Québec, mais qui va
certainement nuire aux consommateurs?
Je pourrais vous donner d'autres exemples: les plans conjoints dans le
domaine de l'agriculture, les audiences publiques sur les forêts qui se
tiennent de l'autre côté de cet édifice où il y a
beaucoup de règlements proposés qui vont augmenter les
coûts. Il me semble que, s'il existe une organisation au Québec
qui a la responsabilité de faire les analyses nécessaires,
sérieuses, pour évaluer les coûts pour les consommateurs et
pour représenter le consommateur auprès des organisations
gouvernementales, selon l'article 2 de votre mandat, c'est bien vous. À
moins que vous ne nous ayez pas parlé des choses que vous avez
déjà faites, il me semble qu'il y a une lacune importante sur ce
plan dans vos activités. J'aimerais avoir vos commentaires parce
qu'à la fin de votre mémoire, vous dites: "Quant à
l'avenir, il s'inscrira dans la continuité des projets
déjà entrepris." Si c'est le cas, si vous n'avez pas de
réponse, je vais peut-être vous proposer un amendement à
cette phrase.
Le Président (M. Filion): M. le président de
l'office.
M. Moreau: Effectivement, ce sont des problèmes de
consommation importants. Les associations de consommateurs, par le
passé, se sont souvent intéressées à ces questions.
Elles sont souvent intervenues, et l'office également l'a fait à
quelques reprises. La difficulté que l'on rencontre en est une
d'expertise. Tous ces domaines sont très diversifiés les uns par
rapport aux autres, et on s'aperçoit que, lorsque l'on doit intervenir
dans un dossier pour faire valoir un point de vue, celui des consommateurs,
cela demande une préparation considérable.
Par exemple, je me rappelle du dossier
de réorganisation de Bell Canada qui avait des impacts sur les
intérêts des consommateurs, dans lequel l'office est intervenu. Il
a demandé, en travail interne, beaucoup de temps et
énormément de ressources. On s'est aperçu, à ce
moment-là, qu'on avait un problème d'expertise. C'était un
domaine que connaissait très bien, par exemple, le ministère des
Communications et que nous ne connaissions pas. Nous avons effectivement fait
valoir auprès du CRTC le point de vue de l'office et celui des
consommateurs. Nous avons investi beaucoup dans ce dossier. Il en est de la
même façon des associations de consommateurs qui
s'intéressent à un dossier en particulier. Ils l'ont fait souvent
par le passé. Je prends l'exemple de l'augmentation du prix du lait.
Elles n'ont pas les ressources nécessaires pour être en mesure de
monter un dossier et de pouvoir équilibrer les forces dans les
représentations qui sont faites. Dans le dossier de l'augmentation du
prix du lait, je me rappelle que nous avions offert aux associations de
consommateurs un soutien technique afin de, justement, les aider à
monter le dossier. Cela demande effectivement beaucoup de temps, beaucoup
d'énergie, beaucoup de ressources. C'est un domaine important. Nous
l'avons fait un peu par le passé.
Je suis tout à fait d'accord avec le député que
nous devrions augmenter les collaborations de l'office avec les associations et
l'élaboration de dossiers dans ce domaine, mais cela prend
énormément de ressources. À ce moment-là, il faut
effectivement faire des choix. Il faut choisir d'investir nos ressources ici,
ou de les investir ailleurs parmi les orientations qu'on s'est
données.
M. Scowen: Deux petites questions.
Est-ce que vous avez, à ce moment, dans votre personnel un seul
économiste chargé de la tâche permanente d'évaluer
les questions de problèmes structurels dans l'économie qui
touchent les prix pour les consommateurs? Combien en avez-vous? Combien
sont-ils payés? À quel niveau sont-ils?
Voici ma deuxième question. Je constate que le seul grand cheval
de bataille que vous avez choisi jusqu'ici, d'après vous -vous avez fait
une étude vous-même en profondeur - c'est le CRTC. Est-ce que vous
ressentez une certaine hésitation à vous présenter devant
le gouvernement du Québec? Est-ce que vous avez choisi une cible
fédérale simplement parce que c'est un peu délicat de
critiquer le gouvernement du Québec même si c'est dans votre
mandat? Est-ce que c'est la raison pour laquelle vous n'avez pas fait votre
étude approfondie sur Hydro-Québec, Gaz Métropolitain, le
lait ou une de ces affaires-là mais plutôt sur le
fédéral?
M. Moreau: Sur la deuxième question, nous étions
également intervenus dans le dossier de l'interconnexion devant la
Régie des services publics. Je dois vous dire là-dessus que nous
avions rencontré la même difficulté. C'est un dossier
éminemment technique. Lorsque nous intervenons dans ce genre de dossier,
nous partons littéralement de zéro, parce que nous n'avons aucune
expertise. Entre l'interconnexion et l'augmentation du prix du lait et les
décrets concernant les conventions collectives dans quelque domaine que
ce soit, l'expertise acquise dans l'un ne peut pas servir à l'autre.
Donc, nous l'avons fait également auprès d'un organisme comme la
Régie des services publics. Les associations de consommateurs sont
parfois peut-être mieux placées, effectivement, pour faire des
représentations, comme elles l'ont fait dans le cas du prix du lait. La
question est très pertinente. Est-ce plus à l'organisme
gouvernemental qu'aux associations de consommateurs à faire ce genre de
représentations?
Sur le premier point, nous avons effectivement, à l'office, un ou
deux économistes qui travaillent pour nous, mais pas pour la tâche
particulière que vous avez mentionnée tantôt. Ils sont
affectés à d'autres dossiers, effectivement.
M. Scowen: En terminant, M. Moreau, entre confrères
presque, parce qu'on a déjà été obligé, pour
le groupe de travail sur la déréglementation, de monter des
dossiers sur des sujets très divers et très rapidement. On a
découvert que si on était capable de définir le
problème et encadrer la tâche à faire, c'était
possible de trouver dans le secteur privé des consultants, des
recherchistes qui étaient capables de nous donner - je prends des
exemples qui vous préoccupent - une étude sur le coût
probable d'une augmentation de 0,02 $ d'une pinte de lait, d'un contingentement
additionnel sur les chemises et les blouses. Ces ressources existent à
l'extérieur. Elles peuvent agir rapidement si, à
l'intérieur de votre boîte, vous avez deux ou trois personnes qui
sont capables de définir les tâches, de bien surveiller le travail
et d'utiliser après que ces marchandises soient livrées... Donc,
je pense que c'est possible, même avec des ressources internes assez
limitées, de faire un travail beaucoup plus intéressant que vous
avez fait jusqu'ici dans ce domaine.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Je suis content que le député de
Notre-Dame-de-Grâce soit parti sur le champ de compétence de
l'Office de la
protection du consommateur et des prix de certains produits ou de
certains services. Je pense que c'est important et c'est un rôle majeur,
à mon avis, de l'office. L'article 292g dit justement: "de promouvoir
les intérêts des consommateurs devant un organisme gouvernemental
dont les activités affectent le consommateur".
C'est vrai que c'est important, le prix des services. On pourrait
prendre comme exemple l'essence qui touche tout le monde, qui est une
dépense quotidienne et obligatoire pour chaque consommateur. Quand on
sait qu'on peut faire le plein d'un réservoir pour 6 $ au Texas et 26 $
au Québec et que la baisse mondiale n'a pas suivi au Québec, je
pense que l'office a des suggestions et des recommandations à faire dans
ce sens. Mais c'est à la condition d'utiliser ou de se prévaloir
de l'article 292g.
Je suis d'accord là-dessus. Il semble que le député
de Notre-Dame-de-Grâce ait un facteur. Vous n'avez peut-être pas
suffisamment de personnel. En tout cas, la consommation, c'est tellement
varié. Dès qu'on entre quelque part, c'est pour consommer ou
acheter ou c'est même quelqu'un qui entre chez vous.
D'ailleurs, dans votre intervention, ça change à toutes
les semaines, comme vous dites, quand ce n'est pas à tous les jours.
C'est vrai que c'est compliqué; ça prend du temps, ça
prend des études, des gens et de l'argent pour suivre tout ça,
sauf qu'on a quand même au moins des outils.
Là où je veux en venir, c'est d'avoir vos commentaires sur
le groupe de travail sur la révision des fonctions des organismes
gouvernementaux où on retrouve textuellement qu'on doit maintenir
l'Office de la protection du consommateur, mais à la condition que son
mandat soit circonscrit à la certification des occupations visées
à l'origine et qu'il soit délesté de choses comme la revue
Protégez-vous.
Selon ce que j'en lis, ça voudrait dire que l'office serait
délesté des points f, g, h et j de l'article 292. Autrement dit,
quelle est votre interprétation? Est-ce que ça voudrait dire que
la préoccupation que mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce et
la mienne de faire des recommandations au gouvernement sur des sujets qui
affectent le consommateur, on vient s'enlever ce pouvoir?Finalement, c'est une diminution tellement importante du rôle de
l'office qu'on va seulement mettre en vigueur, comme en 1971, la Loi sur la
protection du consommateur à son origine et perdre l'orientation, qu'on
retrouve tout au long de votre exposé, de prévention, de
responsabilisation par l'information.
Cela ne m'a pas surpris, mais ça m'a un peu étonné
de voir que Protégez-vous et Protect Yourself reviennent dans presque
toutes les pages de votre présentation telle- ment c'est important comme
finalité de vos études et de vos contacts avec le
consommateur.
Je suis un peu long, j'essaie d'être clair. Mais quelles sont vos
commentaires clairs et courts sur cette recommandation du comité?
M. Moreau: D'abord, comme première remarque, je dois dire
que les mandats que l'on retrouve maintenant à l'article 292,
paragraphes f, g, h et i, n'étaient pas écrits comme tels dans
l'ancienne loi, mais ils existaient et étaient appliqués à
l'époque avant la loi 72.
Quant aux recommandations de ce rapport qui a été remis au
gouvernement, l'office a reçu le mandat de protéger les
consommateurs et, à cette fin, a reçu des ressources.
Tant et aussi longtemps qu'une décision ne reçoit pas de
modification, nous continuons à l'exécuter, tant et aussi
longtemps que le gouvernement ne donne pas d'autres orientations. Quant
à nous, nous croyons évidemment à ce que nous faisons,
bien sûr. Nous continuons ce que nous avons toujours fait.
Une voix: Le gouvernement...
Le Président (M. Filion): Et l'Assemblée nationale,
et la loi.
M. Moreau: Bien sûr.
M. Paré: Je . comprends que l'interprétation que
vous lui donnez, c'est que cela diminuerait les pouvoirs de l'office en
revenant à la loi 72. Selon la lecture que certaines personnes en font -
pas moi spécialement - ce serait plutôt un retour à la loi
45. À ce moment, est-ce qu'on ne vous coupe pas les ailes - excusez
l'expression - vous empêchant de conseiller les organismes
gouvernementaux sur des décisions attendues ou présumées
qu'on pourrait prendre ou sur des conséquences de gestes posés?
(11 h 15)
M. Moreau: On peut avoir chacun son interprétation des
conclusions de ce rapport. On pourrait soulever des hypothèses
longtemps, je pense. Ce que j'en dis personnellement, c'est que je pense que
l'on doit, quant à nous, continuer à remplir le mandat que l'on
remplit présentement. Tant et aussi longtemps que des nouvelles
orientations ne nous sont pas assignées, nous continuons comme nous
avions commencé.
M. Paré: Je ne voudrais pas insister là-dessus,
sauf que c'est important. On parle de l'office. Comme gouvernement,
habituellement, surtout quand cela concerne le domaine de la protection du
consommateur,
cela concerne toute la population, on préfère aller dans
le sens du développement ou de l'augmentation des services. Le
gouvernement est là mais, si on n'avait pas l'Office de la protection du
consommateur ou si on réduisait ce service, le consommateur en serait
pénalisé.
Est-ce que la lecture que vous en faites, même si ce n'est pas
nécessairement la même... Enfin, tout ce que je vous demande,
c'est une opinion parce que vous êtes directement concerné et que
vous en serez victime ou avantagé, selon l'interprétation qu'on
en donne. Est-ce que vous en venez quand même à la conclusion que,
si cela était mis en application, ce serait un recul pour l'office et
qu'on ne pourrait plus ainsi donner la même quantité d'information
qui va faire en sorte que le consommateur sera plus autonome, alors que c'est
le but que vous vous êtes donné de rendre le consommateur
autonome?
M. Moreau: Le rapport mentionne plus particulièrement les
magazines Protégez-vous et Protect Yourself. Vous l'avez
mentionné, dans ma présentation, j'ai attiré l'attention
sur l'importance que l'on accorde, nous à l'office, à ce moyen de
communication pour diffuser de l'information et faire de l'éducation
à la consommation. Il est entendu que c'est important pour l'office.
C'est son principal outil de communication. Je vous disais tantôt que
nous en avons d'autres. Nous avons développé
énormément de collaboration avec les médias, mais il reste
que celui-ci est important, parce que c'est celui qui nous permet de donner une
information et de parler de dossiers de façon beaucoup plus approfondie.
Il a donc une importance toute particulière pour l'office.
Fait à signaler également, il s'autofinance, quand
même pas complètement mais en bonne partie. Tous ses coûts
de production sont autofinancés. Il faut se rappeler qu'il y a un
gérant qui s'occupe de l'aspect de la production du magazine. Cet aspect
est autofinancé au complet. Quant aux coûts internes,
c'est-à-dire les ressources que cela prend pour faire la
rédaction du magazine, ils ne sont pas encore autofinancés. On
espère éventuellement en arriver à un autofinancement
global.
Donc, plus on va vers l'autofinancement, moins il est un fardeau
financier, si on peut parler de fardeau, puisqu'il est quand même un
outil de communication très important, effectivement.
M. Paré: Si on parle toujours du champ de
compétence et des prix, mon collègue a donné tantôt
des exemples d'interventions que vous avez faites au palier
fédéral. Il est certain qu'il y a régulièrement des
annonces qui sont faites, où on annonce des augmentations, où on
peut percevoir que le consommateur n'a pas toute l'attention qu'il devrait
avoir ou la protection qu'il devrait avoir en tout cas, par rapport â des
augmentations ou à des réductions qui n'ont pas lieu. Je vous ai
donné tantôt l'exemple du prix du pétrole. Je pourrais vous
parler des journaux de la fin de semaine ou du début de la semaine
où on s'attend à des augmentations de tarifs sur les billets
d'avion, etc. Comment décidez-vous que vous allez intervenir? Est-ce en
jugeant que c'est un sujet important pour le consommateur? Est-ce parce que
c'est d'actualité? Est-ce parce que cela concerne un plus grand
pourcentage de la population ou un plus petit groupe? Sur quels critères
vous basez-vous pour décider, par exemple, que vous allez vous
prévaloir du point g de l'article 292 pour intervenir, faire une
étude là-dessus et faire ensuite des recommandations le plus
rapidement possible? Quels sont les critères qui font que vous
sélectionnez un sujet, un dossier ou un secteur par rapport à
autre chose?
M. Moreau: Évidemment, on tient compte de la
capacité de l'organisme de préparer un document ou une recherche
dans un délai relativement court. On tient compte finalement de
l'expertise qu'on peut acquérir facilement et rapidement. C'est
certainement un premier critère. Un deuxième critère est
celui où on se demande quel est l'impact possible de notre intervention,
quand on pense à des augmentations de prix. À moins que l'on ne
pense à des monopoles qui doivent faire décider de l'augmentation
des prix par une régie, on ne croit pas qu'il soit opportun d'avoir une
intervention lorsque le jeu de la concurrence fait que les prix augmentent ou
diminuent. À ce moment-là, il faut aussi que l'intervention
puisse avoir un impact et qu'elle ne soit pas simplement une protestation comme
n'importe qui pourrait le faire.
Par le passé, nous sommes intervenus sans avoir eu de
critères particulièrement précis, au-delà de ceux
que je vous ai mentionnés. Par exemple, nous avons fait des
interventions auprès de la Régie de l'assurance automobile, dans
le cas de l'inspection obligatoire des véhicules usagés. Dans le
cas de l'encaissement des chèques pour les assistés sociaux, pour
qui c'était un problème important, nous sommes intervenus
auprès du ministère des Affaires sociales. Nous avons
examiné la publicité de Loto-Québec et, au besoin, nous
sommes intervenus. Ce fut la même chose lorsque Radio-Québec
s'apprêtait à faire une certaine publicité, on nous
consultait. Il y a eu le Surintendant des assurances, lorsque sont survenus des
problèmes de garantie supplémentaire. Donc, vous voyez, c'est ce
genre de relations que l'on entretient avec les organismes gouvernementaux.
Un autre exemple. Lorsqu'on a vécu le problème de la
biénergie, un problème d'information pour les consommateurs, nous
avons monté un dossier en collaboration avec Hydro-Québec, avec
le ministère de l'Énergie et des Ressources. Finalement, nous
avons apporté toutes les réponses aux consommateurs, en
collaboration avec ces organismes et ces ministères.
Le principal critère qui nous guide lorsque l'on fait ces
interventions auprès des ministères et des organismes, c'est
lorsque l'on s'aperçoit que, pour les consommateurs, c'est un
problème important de consommation. La façon pour nous de
déceler l'importance de ces problèmes, ce sont les plaintes que
nous recevons dans nos bureaux régionaux. Il faut quand même dire
aussi que nous avons, jusqu'à un certain point, le pouls des
consommateurs, puisque nous avons un réseau de bureaux régionaux
et que nous recevons des centaines de milliers de demandes par année.
C'est ainsi qu'on est en mesure de savoir où sont les problèmes
réellement et concrètement vécus par les gens. C'est ce
qui fait qu'à un certain moment, on fait un choix de dossiers. On se
dit: Tel secteur d'activité devient un secteur chaud pour la
consommation et les consommateurs, on va s'occuper de celui-ci en
priorité, étant donné que la demande est de ce
côté.
Le Président (M. Filion): Sur le même sujet, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je vais enchaîner sur la question du
député de Shefford au sujet de vos critères et de vos
priorités et vous faire une proposition précise. Parce que vous
avez dit que vous tenez compte de l'importance du sujet, je vous propose
très sérieusement de faire une étude sur le coût,
pour le consommateur, de toute la réglementation dans le domaine de la
construction domiciliaire et surtout à l'extérieur de
Montréal, sur le prix des maisons. Prenez Trois-Rivières,
Sherbrooke ou Chicoutimi et faites une étude pour savoir quel est le
coût additionnel d'une maison aujourd'hui pour une famille, non seulement
à cause des tarifs qui sont maintenant universalisés dans le
Québec, mais de toutes les définitions et de toutes les
règles qui existent, toute l'affaire de l'Office de la construction.
Vous allez regarder en même temps tout ce qui se fait sur le
marché noir dans ce domaine, tout simplement parce que les prix sont
beaucoup trop élevés. Ce serait un service que vous pourriez
rendre au consommateur dans de brefs délais. Ce serait très
utile.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Mercier.
M. Godin: J'ai deux questions, M. le Président. La
première concerne les prix du pétrole. Est-ce que ces prix ont
fait l'objet de plaintes acheminées à l'office depuis un an? Je
parle des prix de l'essence à la pompe, à votre
connaissance...
M. Moreau: Le directeur des bureaux régionaux m'informe
qu'on a reçu quelques plaintes, il y a déjà un bon bout de
temps, il y a plus de deux ans, et qu'on n'en a pas eu depuis ce
temps-là.
M. Godin: Donc, le nombre de plaintes n'a pas été
assez important pour que l'office se penche sur cette question.
M. Moreau: Les consommateurs ne nous ont pas signalé dans
notre réseau de bureaux que c'était pour eux un problème
pour lequel ils nous demandaient de faire quelque chose.
M. Godin: D'accord. Deuxième question, M. le
Président. Le magazine Protégez-vous, combien coûte-t-il au
Trésor public? Quel déficit devez-vous couvrir par année
pour la revue Protégez-vous, s'il vous plaît?
M. Moreau: Pour la revue Protégez-vous, je vous disais
tantôt que les coûts sont divisés en deux blocs: le bloc de
la production, c'est-à-dire le pelliculage, l'impression, le choix de
couleurs, etc. Cela, c'est le gérant qui s'occupe des aspects externes
de production et, dans ce cas-là, le magazine est entièrement
autofinancé. Il est intéressant de voir, par exemple, qu'en 1981,
le déficit à la production des magazines était de 376 000
$; en 1982, il a diminué à 119 000 $; en 1983, à 122 000
$; en 1984, à 24 000 $ et... en 1984, pardon, ce n'est pas un
déficit, c'est un profit, de sorte que maintenant, notre
prévision budgétaire pour l'année 1986 est un profit de 31
000 $. Faisons maintenant la dissection des deux magazines -
Protégez-vous et Protect Yourself - en coûts de production.
Protégez-vous a un surplus cette année aux termes de la
production de 168 000 $. Le magazine Protect Yourself a une perte en production
de 136 000 $, ce qui nous donne un surplus net de 31 000 $. Ce sont là
les coûts de production.
Ce qu'il faut dire, par exemple, c'est qu'il y a aussi des coûts
internes pour faire le magazine. Les employés qui s'occupent de la
rédaction, par exemple, le budget des tests effectués pour
publication dans Protégez-vous, ce sont des coûts internes qui ne
sont pas autofinancés par le magazine. Si je vous donne le détail
en 1986, par exemple, la pige nous coûtait 228 000 $, les tests 276 000 $
et les salaires, 332 000 $. Donc, si on veut savoir ce qu'il en coûte
à l'interne et n'est pas autofinacé par Protégez-vous,
c'est une somme de
804 000 $. On doit dire cependant que ce montant de 804 000 $ comprend
le montant des tests, le budget des tests de 276 000 $ qui est un des mandats
inscrits à la loi que doit réaliser l'office et dont
Protégez-vous sert de véhicule. Si ce n'était pas
Protégez-vous, on prendrait d'autres véhicules. Donc, peut-on
vraiment l'imputer aux coûts de Protégez-vous? Ce n'est pas
certain.
Je dois dire également qu'une nouvelle augmentation de prix du
magazine est en vigueur depuis quelques mois et on prévoit aller
chercher annuellement 250 000 $ de plus avec ce magazine et cela va se
répercuter à compter de l'an prochain, de sorte que le
déficit à l'interne qui est de 804 000 $, si on enlève ce
surplus de 250 000 $ qui est un chiffre conservateur, on devrait finalement
tomber à 550 000 $ environ. Si on voulait déduire de ce montant
les tests, si on ne les considérait pas comme une dépense directe
de Protégez-vous -quoique cela soit discutable - on enlèverait de
cela un autre 175 000 $. Tout cela pour dire finalement que les magazines
Protégez-vous et Protect Yourself ensemble se dirigent lentement mais
sûrement vers l'autofinancement.
M. Godin: Les tests ont-ils fait l'objet de critiques de la part
des victimes, si on peut dire, et ne serait-ce pas d'elles que pourrait venir
l'idée d'abolir cette revue et ces tests, car cela leur nuit
commercialement? Ne peut-on faire cette hypothèse, M. le
Président?
M. Moreau: Je dois vous répondre là-dessus que nous
faisans 24 tests par année. Il y a eu, à l'occasion - et je dois
vous dire très rarement - des commerçants qui se sont sentis
lésés par les résultats des tests. Chaque fois qu'un
commerçant a senti que le résultat ne représentait pas un
traitement juste pour lui, le directeur des publications a toujours fait tout
ce qu'il pouvait pour rencontrer ces gens, discuter avec eux, comprendre leur
point de vue, s'expliquer et je peux vous dire que dans la plupart des cas, les
commerçants sont repartis satisfaits des explications. Très
souvent ils ne savent pas, par exemple, que ces tests sont faits par des
laboratoires spécialisés et lorsqu'ils voient de quelle
façon les tests sont faits, ils sont satisfaits des explications. Dans
les rares cas où les commerçants n'étaient pas satisfaits
et avaient raison de se plaindre de quelque aspect d'un test, la direction du
magazine s'est à chaque fois empressée de faire les corrections,
les mises au point nécessaires dans le numéro suivant. (11 h
30)
M. Godin: Si je reviens à vos chiffres de profits
littéralement, pour l'année dernière et l'année qui
s'en vient surtout pour les magazines en question, quel intérêt y
aurait-il à confier ça à l'entreprise privée pour
le Trésor public? Est-ce qu'il y aurait un intérêt?
M. Moreau: En partant, il y a une difficulté de confier
les magazines à l'entreprise privée, il y a une
difficulté...
M. Godin: Oui, comme le rapport Gobeil le recommande. Quand ils
disent "abolir", ça veut dire éventuellement donner ça
à quelqu'un, quelque part.
M. Moreau: Nous, à l'office, nous croyons que pour
l'existence du magazine, il a besoin de se nourrir aussi de l'expertise de
l'office, de sa possible crédibilité et de sa neutralité.
Il nous semble que ça ne peut pas être confié à
n'importe qui, en tout cas.
M. Godin: Dans le cas de Consumer's Report, qui est la plus
connue des revues semblables et la plus ancienne, est-ce que ça
relève de l'entreprise privée ou d'un organisme semblable au
vôtre?
M. Moreau: Ce n'est pas un organisme gouvernemental. C'est
plutôt une espèce de coopérative de consommateurs ou un
regroupement de consommateurs.
M. Godin: Donc, c'est objectivement neutre, si on peut
dire...
M. Moreau: Oui.
M. Godin: ...par rapport aux lois du marché?
M. Moreau: Oui, absolument, comme la revue Consommateur canadien,
d'ailleurs. Vous parliez tantôt de Canadian Consumer ou de Consumer's
Report?
M. Godin: Je parlais de la plus ancienne, l'américaine,
Consumer's Report.
M. Moreau: D'accord. Il y a aussi Canadian Consumer ou
Consommateur canadien qui est fait par l'Association des consommateurs du
Canada, une association de consommateurs, donc, un peu comme Consumer's Report
aux États-Unis.
M. Godin: De quelle manière les tests sont-ils
confiés à telle ou telle entreprise? Par voie d'appels
d'offres?
M. Moreau: Pour les tests, premièrement, il faut
préparer une liste de tests à faire, et pour choisir la liste de
tests, nous consultons nos lecteurs à chaque année.
Protégez-vous demande aux lecteurs: Qu'est-ce que vous aimeriez voir
tester? Alors, les lecteurs nous répondent.
Il y a également les associations de
consommateurs et les intervenants gouvernementaux qui nous font des
demandes de tests. Il y a également l'opinion de nos employés.
Pour la consultation de nos lecteurs, nous recevons 5000 réponses par
année et c'est à partir de ces compilations que l'on fait les
choix de tests une fois qu'on s'est assuré de leur faisabilité
sur le plan, entre autres, des coûts et sur le plan technique.
Les contrats sont ensuite octroyés à des firmes
privées sur appel d'offres. Après l'appel d'offres, il y a un
jury qui est formé. Le choix est fait conformément à la
réglementation gouvernementale. Pour l'année courante, par
exemple, les laboratoires retenus ont été Warnock Hersey et
Analex.
Les tests sont faits par le laboratoire en question, discutés
avec le personnel du magazine Protégez-vous et ensuite remis au besoin
à des experts pour consultation, de sorte que lorsqu'ils sont
diffusés dans Protégez-vous, c'est avec, j'allais dire, la
quasi-certitude que toute la rigueur a été prise pour s'assurer
qu'ils sont très rigoureux sur le plan scientifique et ne comportent
aucun problème, aucune imprécision.
Évidemment, nous ne sommes pas à l'abri des erreurs, mais
je pense que toutes les précautions sont prises.
M. Godin: Dernière question, M. le Président, dans
un tout autre ordre d'idées. Il a été question
déjà de confier à votre office le soin de vérifier
que l'affichage commercial dans les magasins et les commerces est conforme
à la loi 101. Comment réagiriez-vous à l'idée que
l'on confie à votre office le soin de vérifier si la loi est
respectée, le consommateur étant l'acheteur francophone, surtout
au Québec? Est-ce que l'office serait disposé à jouer le
râle de surveillant ou de chien de garde du français dans les
commerces du Québec?
M. Moreau: Je pense que ça outrepasserait sûrement
la juridiction et le mandat de l'office.
M. Godin: À moins qu'il y ait changement dans la loi de
l'office et qu'on...
M. Moreau: Bien sûr, il est toujours possible...
M. Godin: Ce serait le moyen.
M. Moreau: ...d'ajouter des mandats à un organisme. Mais
selon l'état actuel du mandat, l'office...
M. Godin: Mais pour l'instant, ça vous semble tout
à fait en dehors de votre mandat que de vérifier que le
français qui est la langue des consommateurs du Québec, est la
langue généralement utilisée dans les commerces du
Québec.
M. Moreau: Actuellement...
M. Godin: Pour l'instant, ce serait en dehors de votre mandat que
de vérifier ou de protéger les consommateurs
québécois en tant que francophones, en tant que personnes parlant
français?
M. Moreau: Oui. Cela sort complètement de notre
mandat.
M. Godin: Bon.
M. Moreau: On voyait tantôt, par les questions
précédentes, qu'il s'agit d'une question de ressources et que le
mandat de l'office est tellement vaste que l'on pourrait faire bien autre chose
également: par exemple, la représentation des consommateurs
devant des organismes publics. On le fait déjà un peu,
peut-être pas suffisamment, mais il faudrait voir si on doit finalement
revoir nos priorités. Or, à plus forte raison lorsque l'on
constate l'ampleur du mandat et qu'il nous faut faire des choix à
l'intérieur de toutes ces possibilités, il ne faut surtout pas
sortir du mandat.
M. Godin: Merci, M. Moreau. J'ai terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: M. Moreau, depuis 1971, lors de l'adoption de la
première loi sur la protection du consommateur, il y a quatre ou cinq
lois qui sont venues s'ajouter à la compétence de votre office
afin de les appliquer. Il est bien évident que ces lois couvrent toute
la gamme des activités entre les consommateurs et les fournisseurs de
services, les compagnies. Cela couvre à peu près toutes les
transactions commerciales dans la province de Québec. Vous avez
mentionné tantôt, à la suite d'une question posée
par le député de Notre-Dame-de-Grâce, que vous avez deux
experts économistes dans votre service, au siège social sans
doute, mais ce qui me préoccupe, ce sont les services que vous donnez
dans les douze bureaux régionaux.
Quelles sont les qualifications des personnes qui sont là? Quelle
est la formation que vous donnez à ces personnes pour répondre
aux questions locales peut-être, à des cas d'espèce ou
à des gros problèmes comme celui du prix de l'essence, des tarifs
d'électricité d'Hydro-Québec, enfin des grands dossiers?
Vous avez certainement des personnes qualifiées pour travailler à
ces dossiers et voir quelle sera la démarche dans ces affaires. Mais en
ce qui concerne les problèmes des instances locales à vos
bureaux régionaux, quelle est leur approche sur ces sujets?
Quelle est leur compétence? Est-ce que ces personnes sont des avocats ou
des économistes? Qui sont ces personnes qui travaillent dans ces bureaux
régionaux?
M. Moreau: Ce sont des préposés aux renseignements
qui ont plutôt une formation générale et qui,
habituellement, n'ont pas ces spécialités. Comme le champ de la
consommation est extrêmement vaste, c'est effectivement un défi,
c'est littéralement un défi pour notre personnel de
préposés aux renseignements d'avoir à répondre
à toutes les questions dans tous les domaines où on peut les
interroger. Il faut avoir eu l'occasion de répondre comme ils le font
pour le savoir. Parfois, nous, comme gestionnaires de l'office nous le faisons
ou l'avons déjà fait et nous avons été en mesure de
constater jusqu'à quel point c'était une tâche complexe et
que ces gens méritaient toute notre admiration.
Il faut cependant, étant donné que c'est complexe, que
c'est très vaste, leur donner une formation. La formation
générale que nous leur donnons est intensive pendant dix jours,
lorsqu'ils arrivent. On leur apprend les lois de l'OPC, le mandat de
l'organisme, son organigramme, le rôle d'un bureau régional. On
leur donne également des instruments de travail. Sauf qu'un tel
programme intensif de dix jours n'est pas suffisant, parce qu'il faut
également qu'ils connaissent les lois, il faut leur expliquer ces lois,
leur expliquer les sanctions également et il faut les initier au service
à la clientèle. Donc, au-delà d'une formation de dix jours
fort incomplète, vu le vaste champ de la consommation, on leur assigne
un parrain, pour une période de six mois, afin que lui s'assure que le
préposé aux renseignements va donner les réponses les plus
adéquates à toutes les questions des consommateurs.
Après les six mois, nous leur donnons une deuxième
formation en approfondissant davantage les secteurs qu'ils ont eu l'occasion de
traiter pendant les six premiers mois, de sorte que, finalement, après
cette deuxième période qui est une formation pratique à la
lumière de l'expérience vécue, ils en arrivent à
mieux maîtriser les différents secteurs de consommation qu'ils ont
à couvrir. Ces formations, après les six mois, se donnent en deux
sessions. La première session en est une de deux jours et la
deuxième de deux jours également. Elles portent sur des sujets
aussi variés que l'achat et la réparation d'automobiles, la vente
itinérante, les services à la clientèle, les pratiques de
commerce, les agences de voyages.
Ce qu'on fait également, parce que c'est complexe, on assigne
à chaque bureau -on ne peut pas le faire dans tous les domaines - dans
certains domaines des spécialistes. En automobile, par exemple, qui est
le gros secteur de plaintes à l'office, chaque bureau régional
est doté d'un répondant pour l'automobile. Le
préposé aux renseignements, lui, répond à toutes
les questions qu'il reçoit, parce qu'on ne peut pas faire de
discrimination à la réception des appels, étant
donné qu'on ne sait pas de quoi les gens vont nous parler. Ils doivent
donc répondre à tout, sauf que, lorsque la question est trop
complexe, elle est transmise au répondant automobile, dans le cas de
l'automobile, qui est l'expert du bureau, lequel - s'il a des problèmes
- téléphone au bureau administratif de Montréal où
il y a quelqu'un qui est vraiment un spécialiste dans ce domaine.
Pour les autres domaines de consommation, lorsqu'un
préposé aux renseignements n'a pas la réponse, son
directeur de bureau, le représentant régional qui, lui,
habituellement a beaucoup d'expérience, va l'aider et le guider dans les
réponses. Mais ce n'est pas tout, la formation, ce n'est pas tout, le
parrainage et l'expérience du directeur du bureau. Il y a
également les instruments de travail. On a à l'office
énormément d'instruments de travail qui nous permettent de nous
assurer que la réponse va être de qualité.
Nous avons, par exemple, un cahier législatif dans lequel la loi
est annotée et indexée, et nous avons aussi des directives
d'interprétation pour nous assurer que, dans les problèmes plus
complexes, le préposé donne la réponse que le contentieux
a eu l'occasion d'examiner en détail. Au-delà des cahiers
législatifs, il y a également un bottin de
référence en consommation qui fait la liste de tous les
organismes publics, privés, commerciaux, explique leur rôle, leur
façon de procéder, comment les rejoindre. Il y a également
un index de tests et d'articles en consommation, de façon que l'on
puisse, au lieu de répondre en détail à un consommateur
pendant dix minutes, lui faire parvenir immédiatement par la poste une
copie d'article ou de test de magazine, que ce soit Protégez-vous ou un
autre. Pour améliorer le service à la clientèle et
augmenter la productivité dont je parlais dans mon exposé, il
fallait absolument couper le temps de réponse, et la façon de le
faire était de se donner des outils que l'on fait parvenir au
consommateur pour lui demander de se renseigner lui-même avec ce qu'on
lui envoie et de nous téléphoner s'il a un problème de
compréhension, de sorte que cela permet aussi au consommateur de faire
lui-même sa propre démarche.
En plus, donc, des cahiers législatifs, des bottins de
référence, des index de tests et d'articles, il y a aussi un
guide d'intervention qui donne des notes sur un commerçant ou un
problème en particulier et qui donne des instructions spéciales
de
traitement pour des problèmes particuliers. Par exemple, on dit
sur un dossier particulier: Celui-là, envoyez-le au central parce qu'il
va être traité globalement. Donc, répondez telle chose au
consommateur et transmettez le cas. Là-dessus, il y a donc un instrument
de travail qui s'appelle "le guide d'intervention". Il y a aussi un index de
jurisprudence pour renseigner les consommateurs sur les derniers jugements,
s'ils veulent aller en Cour des petites créances, et être en
mesure de leur dire comment préparer leurs causes. Il y a
également d'autres documentations et toutes celles que je vous ai
énumérées qui sont remises à jour
régulièrement.
Donc, en gros, sur la qualité de nos préposés,
c'est comme cela que l'on procède.
M. Kehoe: Et, effectivement, si je comprends bien, les
études de fond pour résoudre le problème régional
ne se font pas dans la région, c'est-à-dire que le
problème est soumis régionalement à un
préposé aux renseignements dans la région. Si cela
dépasse sa compétence, c'est-à-dire si cela dépasse
les renseignements qu'il a ou l'expertise qu'il a, à ce
moment-là, il envoie cela au bureau central pour avoir des
réponses ou des directives. Dans l'ensemble, les bureaux
régionaux répondent par des préposés aux
renseignements. Ils transmettent des renseignements aux consommateurs ou la
manière de procéder pour régler leurs problèmes.
C'est plutôt cela?
M. Moreau: Oui, c'est-à-dire qu'ils transmettent
effectivement des renseignements, parce qu'il y a deux types d'interventions
des consommateurs! Il y a des demandes de renseignements et il y a
également des plaintes, on formule des plaintes.
Lorsque ce sont des demandes de renseignements, nos
préposés sont équipés avec tous les instruments
qu'ils ont et la formation pour répondre aux consommateurs. Et c'est ce
qui permet au consommateur, à ce moment-là, de façon
préventive, de savoir à quoi s'en tenir avant de poser un geste
de consommation.
Si c'est une plainte, à ce moment-là, on lui dit que la
préoccupation qu'on a et l'objectif qu'on a est de s'assurer que le
consommateur devienne autonome. On ne veut pas faire toutes les
démarches à sa place, on veut lui montrer comment régler
ses problèmes. À cet effet, on lui explique comment faire, on lui
fait parvenir par la poste une pochette dans laquelle il y a des formulaires de
plaintes et toute l'information nécessaire. Et on lui dit comment
procéder avec son commerçant: communiquer avec son
commerçant, remplir un formulaire de plainte, lui en faire parvenir une
copie et une copie à l'office et négocier avec lui un
règlement.
(11 h 45)
Très souvent, les consommateurs nous appellent avant d'avoir
tenté un règlement avec leur commerçant. Si cela ne
fonctionne pas, c'est à ce moment-là que nous faisons une
médiation pour le consommateur, mais uniquement lorsqu'on croit que la
plainte est fondée. Très souvent, on explique aussi au
consommateur qu'à notre point de vue, sa plainte n'est pas
fondée.
M. Kehoe: Est-ce que le préposé ou la personne
responsable du bureau régional a la compétence de placer des
plaintes, s'il y a lieu, d'aller jusqu'à ce point? Qu'arrive-t-il,
à ce moment-là?
M. Moreau: Si le directeur du bureau... Je m'excuse.
M. Kehoe: ...régional. M. Moreau: Oui.
M. Kehoe: Disons qu'un fournisseur de matériau ou un
fournisseur de service ne veut rien savoir d'un cas, est-ce le consommateur ou
le préposé régional qui a la compétence de faire
une plainte?
M. Moreau: À ce moment-là, si c'est le
préposé aux renseignements et si c'est un cas un peu plus
difficile, il le réfère à son représentant
régional. Si c'est une plainte que l'on doit traiter sur le plan
pénal, le bureau régional achemine la plainte à notre
centre administratif, à Montréal, afin que l'on puisse analyser
cette plainte et prendre une décision. Le consommateur a toujours des
recours civils qu'il peut exercer lui-même. C'est pour cela que, lorsque
le problème ne se règle pas entre les parties, à
l'amiable, nous lui expliquons comment faire pour soumettre son cas devant les
tribunaux, habituellement la Cour des petites créances. Si, sur le plan
pénal, il y a un problème, le dossier est transmis au
siège social, afin que l'on puisse analyser ce dossier et voir ce que
l'on doit faire.
M. Kehoe: D'accord.
Le Président (M. Filion): Merci, M. Moreau. M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je veux revenir sur le dossier dont parlait
tantôt mon collègue, M. Godin -je ne me souviens plus de son
comté, je m'excuse - du comté de Mercier, à propos de
Protégez-vous. Il a été question de l'utilité qu'on
en fait et des coûts qui sont directs, mais afférents ou
indirects. S'il y avait privatisation, est-ce que j'ai raison de penser que,
premièrement, ce n'est pas sûr qu'il y aurait rentabilité
sur le plan privé? En tout cas, s'il y avait rentabilité, il
y
aurait certainement diminution du contenu. II pourrait même y
avoir un problème sur le plan de la neutralité. Si on veut
rentabiliser - on est quand même dans le système capitaliste et il
faut rentabiliser; c'est le jeu même de la libre entreprise et de la
concurrence de rentabiliser une entreprise privée, de faire des profits
- est-ce qu'on ne risque pas de compromettre la neutralité, la
rentabilité et la qualité du contenu s'il y avait privatisation?
Est-ce que, même, on ne pourrait pas dire, finalement, parce qu'on est en
train de rentabiliser, que c'est bien plus un investissement que l'on fait dans
le service plutôt qu'une dépense, parce que cela voudrait dire que
si c'est l'entreprise privée... Comme je vous le disais tantôt, on
le retrouve très souvent, vous l'utilisez énormément,
c'est l'outil - avec un grand "O" - de communication et de contact avec le
consommateur. Si on ne l'avait plus pour être capable de passer toute
l'information qui, finalement, devient de la prévention et de
l'autonomie pour le consommateur, cela pourrait vouloir dire utiliser d'autres
moyens ou même une autre revue qui porterait un autre nom, afin
d'être capable de faire passer la même information au consommateur.
Finalement, la privatisation ne vient-elle pas compromettre ce dont je parlais
tantôt: neutralité, rentabilité et qualité du
contenu de la revue comme telle?
M. Moreau: Quand on parle de neutralité, je pense que
toute la crédibilité d'un magazine comme celui-là vient du
fait qu'il est réalisé et produit par un organisme comme
l'office. Cela pourrait être également... Pensons à
l'association des consommateurs, dans le cas du Consommateur canadien. Je pense
qu'ils ont également la crédibilité et la
neutralité nécessaire pour faire un tel magazine, comme
d'ailleurs l'office. Il faut aussi remarquer que dans Protégez-vous il
n'y a pas de publicité. Si on produit un magazine comme celui-là
dans le but de faire des profits, il y a peut-être là quelque
chose d'un peu difficile à concilier. M. Elliott qui est expert dans le
domaine pourra peut-être le préciser tantôt, c'est avec la
publicité que l'on rentabilise habituellement un magazine, plus qu'avec
son tirage, son abonnement. Ce que nous visons, c'est que, le plus rapidement
possible, il ne coûte rien, en termes de fonds publics. On ne pense pas
qu'on va réussir quand même è générer des
profits avec Protégez-vous. C'est possible, ce serait merveilleux si
cela arrivait. On vise quand même à essayer de faire en sorte
qu'il ne coûte rien. En termes de rentabilité, je pense qu'il ne
faut pas penser faire des profits. Un organisme comme l'office a toute la
crédibilité nécessaire pour produire un tel magazine. S'il
n'existait pas, pour l'office, son programme de communications principal serait
amputé, pour autant que les dossiers de fond sont concernés. Il
faudrait sûrement trouver autre chose. Si on trouve autre chose, est-ce
qu'on est capable de trouver quelque chose qui va s'autofinancer, sinon
totalement, du moins en partie? En résumé, tout cela pour vous
dire qu'effectivement l'office considère que ce programme de
communications est important pour lui.
M. Paré: Vous parliez justement de trouver des moyens, non
pas de faire des profits, mais de rentabiliser, c'est-à-dire de payer ce
que cela coûte pour le produire et le distribuer au maximum au
Québec. Avez-vous un moyen ou des idées pour rentabiliser
davantage? Avez-vous un programme d'action, un plan défini pour essayer
d'atteindre cet objectif?
M. Moreau: Avant de répondre à cette question, je
veux vous signaler à nouveau que c'est en très bonne voie. Si
vous permettez, très brièvement, encore une fois, la production
est entièrement autofinancée en termes de contenu
rédactionnel. Je disais tantôt qu'il y a les salaires à
l'interne, il y a les tests de produits et il y a la pige. On parlait d'un
montant d'environ 800 000 $. Enlevons là-dessus un chiffre conservateur
d'augmentation de revenus de 250 000 $ et on vient de diminuer à peu
près à 550 000 $. Tenons pour acquis qu'on doit quand même
faire des tests de produits et n'imputons pas le montant à
Protégez-vous et on diminue encore.
Un autre élément qu'il faut considérer, c'est que
Protégez-vous est le magazine le moins cher sur le marché ou
à peu près le moins cher. M. Elliott, le directeur des
publications, pourra me corriger au besoin. Donc, il y a encore de la place.
Espérons qu'on n'aura pas besoin d'augmenter encore le prix, mais il y a
quand même encore une marge de manoeuvre de ce
côté-là. C'est le moins cher.
Cela étant dit, nous continuons nos campagnes périodiques
de promotion du magazine. Ces campagnes périodiques nous permettent, bon
an mal an, d'augmenter le tirage. On n'a pas pensé à un autre
mode de campagne révolutionnaire. C'est encore finalement l'inclusion de
coupons dans les chèques d'allocations sociales, c'est encore des
promotions ad hoc auprès de groupes particuliers comme les
étudiants. On essaie également d'augmenter notre clientèle
à l'extérieur du Québec avec la revue Protect Yourself et
même aussi avec la revue Protégez-vous. Pour compléter la
réponse à votre question, je demanderais au directeur des
publications d'apporter quelques éléments particuliers.
Le Président (M. Filion): M. Elliott.
M. Elliott (Jacques): On a développé depuis deux
ans, entre autres, le marché des jeunes. Notamment à ce temps-ci
de l'année, à l'automne, on fait des envois massifs dans les
écoles secondaires françaises et anglaises du Québec et de
l'Ontario, ce qui nous permet d'avoir accès à une nouvelle
clientèle. Comme le disait M. Moreau, on ne rate aucune occasion d'aller
faire de la promotion quand une occasion nous est offerte. Je dois dire
qu'à ce chapitre-là, vu le budget investi, qui est d'environ 50
000 $ par année, qui est un budget vraiment très faible si on se
compare à d'autres magazines comme Actualité et Châtelaine,
on a une performance remarquable du fait de la collaboration des autres
organismes gouvernementaux comme la Régie des rentes, la
Société d'habitation, l'Aide financière aux
étudiants, etc. Dans ce sens-là, je pense qu'on pourrait investir
beaucoup plus en promotion en utilisant des moyens conventionnels. Par
ailleurs, je ne suis vraiment pas certain qu'on aurait de meilleurs
résultats en termes de nouveaux abonnés recrutés.
Le Président (M. Filion): Oui, M. le député
de Shefford.
M. Paré: Une petite dernière. Si c'était
envoyé à l'entreprise privée, étant donné
les chiffres qu'on a sortis, est-ce qu'on ne risquerait pas, ou est-ce que cela
ne serait pas presque automatique qu'il y aurait une bonne partie de notre
population qui serait privée d'une revue, si je pense au bilan de
Protect Yourself? Parce que si c'est pour faire des profits...
M. Moreau: Vous voulez dire qu'ils seraient privés de
Protect Yourself?
M. Paré: Oui. Est-ce que, justement, à cause de la
non-rentabilité de ce secteur, on ne viendrait pas mettre
peut-être plus d'emphase sur Protégez-vous pour essayer de le
rentabiliser, peu importe les contraintes et les risques que j'ai
mentionnés tantôt? Est-ce que cela ne serait pas automatiquement
la mort de Protect Yourself, la disparition de Protect Yourself, étant
donné que celui-là n'est pas rentable?
M. Moreau: C'est possible, effectivement.
Le Président (M. Filion): Merci. Dans la même veine,
M. le député de Beauharnois.
M. Marcil: M. le Président, on parle de rentabilité
de revues; on parle également de crédibilité de revues. Il
existe d'autres revues pour les consommateurs qui ne sont pas produites par des
organismes gouvernementaux. Sur le plan de la crédibilité, est-ce
que c'est aussi bon ou moins bon que la revue produite par l'office?
M. Moreau: À mon avis, c'est aussi bon.
M. Marcil: C'est aussi bon? M. Moreau: Absolument.
M. Marcil: Bon. Au point de vue rentabilité,
considérez-vous que ces revues atteignent une certaine
rentabilité? Je donne l'exemple de l'Association des consommateurs du
Canada.
M. Moreau: Elle est subventionnée très largement
par le gouvernement fédéral. Je crois savoir que la subvention
est d'environ 700 000 $ ou 800 000 $. Est-ce que M. Elliott a ce chiffre?
M. Marcil: Pour l'ensemble du Canada, c'est ça?
M. Moreau: Oui, pour la revue Consommateur canadien et Canadian
Consumer, son pendant anglais. Effectivement, la revue Protégez-vous,
hypothétique-ment, pourrait, avec la même
crédibilité, à mon avis, être faite par les
associations de consommateurs au Québec, bien sûr.
M. Marcil: C'est seulement ce que je voulais savoir.
M. Moreau: Mais, effectivement, au même prix, elle ne
coûterait pas moins cher pour autant. Elles auraient les mêmes
coûts de production.
M. Marcil: Non, mais sans mettre en cause la valeur de la revue,
loin de là, je pense que c'est un outil très important. Il ne
faudrait pas que ça disparaisse pour le consommateur.
M. Moreau: Absolument. Les partenaires en consommation que sont
les associations ont autant de crédibilité pour...
Le Président (M. Filion): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Laporte: Pour continuer dans le même sens que le
député de Shefford, j'aimerais savoir... J'ai lu dans les
documents, qui nous sont parvenus au sujet de la revue Protégez-vous,
quant à la clientèle qui y est abonnée, qu'il y a une
bonne partie de la clientèle qui est gouvernementale.
J'aimerais cependant, par rapport à l'objectif fixé par
l'Office de la protection du consommateur qui doit rejoindre une plus large
part de la population et surtout ceux
qui sont plus affectés par cela, avoir une espèce de
profil des lecteurs et des utilisateurs de l'OPC. Je pense qu'à un
certain moment on disait, à l'Office de la protection du consommateur,
que la clientèle était de 30 à 45 ans dans une forte
proportion, 40 % ou quelque chose du genre. En ce qui concerne
Protégez-vous, quel est le profil des lecteurs qui l'utilisent? Parce
que la base réelle de clientèle, je ne suis pas certain,
premièrement, qu'on lise Protégez-vous. Ce n'est pas que ce ne
soit pas une bonne revue, ce n'est pas ça que je remets en cause. Mais
ce qui ressort des tests effectués par Protégez-vous et qu'on
publie dans une large mesure dans les différents médias, cela
semble avoir un impact très direct, ne serait-ce qu'au niveau de
l'information et de la volonté de prise en charge des consommateurs dans
leurs besoins de consommation. J'aimerais avoir juste une petite image à
ce point de vue.
M. Moreau: Oui, sur le profil de la clientèle?
L'information que l'on a à ce sujet remonte à un sondage qui a
été fait en 1980 par la firme SORECOM, qui nous a indiqué
quelle était le profil de la clientèle. Depuis ce temps, nous
pensons que la clientèle n'a pas changé et nous le croyons par
les contacts réguliers que le magazine peut avoir avec ses lecteurs: les
appels téléphoniques qu'on reçoit, les lettres, les
promotions qu'on fait. On croit que le profil, finalement, est encore le
même qu'il était à l'époque de ce sondage
SORECOM.
À ce moment, le profil nous indiquait -j'ai ici quelques
données brutes que je peux vous livrer comme ça - que 55 % des
lecteurs avaient moins de 34 ans, 72 % avaient moins de 44 ans, 56 %
étaient des femmes. Le lecteur était plus scolarisé que la
moyenne. Ce n'est pas une surprise. On sait qu'avec tous nos programmes de
communications à l'office on rejoint plus facilement le lecteur
scolarisé. 52 % sont des professionnels ou des cols blancs, 1,6 % sont
des étudiants. Là-dessus, cela a dû changer, étant
donné que nous faisons, depuis deux ou trois ans, des chroniques
à l'intention des jeunes qui sont largement reproduites par les
professeurs dans les écoles et qui, me dit-on d'ailleurs, servent
parfois aussi dans les cours à l'école. Entre autres, cela va
servir dans des cours de formation personnelle et sociale, volet consommation.
Donc, 1,6 % d'étudiants, je dirais que ça va augmenter. C'est
sans doute fait considérablement au moment où on se parle. (12
heures)
La moyenne des revenus en 1980 des lecteurs de Protégez-vous
était de 19 000 $; 66 % des gens étaient mariés; 7,4 %
étaient membres d'associations de consommateurs; et 55 % des
abonnés venaient de l'extérieur de
Montréal. Ce sondage nous indiquait également qu'il y
avait, à chaque numéro, une moyenne de 4,5 lecteurs. Ce qui nous
permet donc de penser qu'elle est lue par près de 1 000 000 de
personnes, pas totalement mais au moins en partie.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Marquette, sur le même sujet, quelques secondes, m'avez-vous dit?
M. Dauphin: Oui, quelques secondes sur le même sujet, M. le
Président. Je m'adresse encore une fois au président de l'office.
Dans les deux revues, Protégez-vous et Protect Yourself, est-ce que vous
avez occasionnellement des articles ou des avertissements dans les langues
d'origine des diverses communautés culturelles?
M. Moreau: En anglais, en français, mais je pense que nous
n'en avons pas dans d'autres langues.
M. Elliott: Non, mais par ailleurs, l'office a une série
de dépliants qui portent sur les grands secteurs de la loi et qui sont
diffusés partout dans les bureaux régionaux, et, si ma
mémoire est bonne, qui sont dans à peu près toutes les
langues parlées au Québec.
M. Dauphin: Mais pas dans les revues mêmes?
M. Moreau: Non. C'est un choix à faire. Évidemment,
cela pourrait être un projet fort intéressant qui est, cependant,
coûteux. On parlait tantôt de rentabilisation du magazine,
d'autofinancement. Il faudrait voir combien cela coûterait. Ce qui ne
veut pas dire que cela ne doit pas être fait mais il faut être
conscient que cela affecte la rentabilité, à ce
moment-là.
M. Dauphin: D'accord. Merci.
Le Président (M. Filion): M. Elliott, vous vouliez
compléter votre réponse.
M. Elliott: Oui, M. le Président. On a fait une
étude, il y a un an et demi, deux ans, sur cette question. On s'est
rendu compte que pour imprimer chaque mois un dépliant de 16 pages qui
serait encarté dans Protégez-vous ou Protect Yourself, qui
résumerait le contenu du numéro du mois -on parle d'un
dépliant de 16 pages - cela nous coûtait aussi cher que de faire
Protect Yourself. Alors, on a abandonné l'idée pour
l'instant.
M. Dauphin: D'accord. Merci.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Beauharnois, vous avez quelques secondes.
M. Marcil: Oui, dans la même ligne de pensée.
Tantôt, vous avez dit, M. le président, que les autres revues
publiées par d'autres associations de consommateurs avaient une
crédibilité équivalente à celles produites par
l'office. On a également parlé qu'il était possible
d'atteindre la rentabilité, si elles ne sont pas déjà
rentables. L'important d'une revue comme celle-là, c'est le message
qu'on veut transmettre aux consommateurs et au plus grand nombre de
consommateurs possible naturellement. On vise donc l'ensemble de la
population.
Il y a sûrement des rapports qui existent entre l'office et les
autres associations de consommateurs qui produisent d'autres revues. Est-ce
qu'il y aurait possibilité que l'ensemble des messages, des
enquêtes ou des tests qui sont faits par le biais de l'office puissent
être communiqués par les revues déjà existantes
d'autres associations? C'est ma première question.
Ma deuxième question est relative à l'impact du message.
Je pose tout bonnement cette question parce que je ne suis pas
spécialisé en communications mais je voudrais le savoir. Est-ce
que de regrouper dans une même revue, qui a comme titre
"Protégez-vous", parce qu'on sait, quand on lit la revue
Protégez-vous, qu'il y a un message qui s'adresse aux consommateurs
-faites attention à tels produits, etc. - est-ce que cela a plus
d'impact pour le consommateur ou est-ce que cela rejoint plus de consommateurs
que si on avait la possibilité de lire chaque jour, dans un grand
quotidien, dans un quotidien régional ou dans un hebdomadaire, une
section qui toucherait le consommateur et qui serait intitulée
"Protégez-vous"?
M. Moreau: Vous permettez que l'expert dans ce domaine, M.
Elliott, réponde à ces deux questions?
Le Président (M. Filion): M. Elliott.
M. Elliott: Concernant votre dernière question, je pense
que le succès de Protégez-vous tient au fait que les gens
s'intéressent à la consommation et cherchent un outil
spécialisé. On a assisté au Québec, depuis une
quinzaine d'années, à la naissance d'une série de
magazines spécialisés, que ce soit en décoration, en
bricolage, dans le domaine scientifique, etc., et la consommation n'a pas
échappé à cela. Quand on regarde le succès de
Protégez-vous, c'est le plus grand magazine de consommation, en chiffres
absolus, au Canada. C'est, au prorota de la population, un des plus impartants
au monde; c'est donc qu'il y a, au Québec, une espèce de soif
d'information dans le domaine de la consommation. C'est ce qui me fait dire que
s'il y avait, par exemple, dans un quotidien tous les jours une chronique fort
bien faite sur la consommation, elle n'aurait peut-être pas le
succès - toutes choses étant relatives - que Protégez-vous
peut avoir, parce que les gens cherchent un outil spécialisé et
avec Protégez-vous, ils l'ont.
D'autre part, concernant les collaborations qu'on peut avoir avec
d'autres organismes, d'autres coopératives ou d'autres associations de
consommateurs... Notamment les grandes associations de consommateurs, les
grands magazines de consommation dans le monde sont en train de se regrouper
actuellement parce que le prix des tests est quand même
considérable, et il y a de plus en plus de biens de consommation qui,
à l'échelle planétaire, sont rigoureusement les
mêmes, et on est en train de se regrouper actuellement pour faire des
tests qui seraient faits par un organisme; chacun paierait sa part, ce qui
réduirait considérablement les coûts et les
résultats seraient publiés simultanément dans tous les
grands magazines qui adhéreraient à cette coopérative, si
l'on veut.
Le Président (M. Filion): D'accord. Merci. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, si vous le permettez, deux
questions. Hydro-Québec a mis sur pied un comité qui était
destiné à trouver des solutions aux familles à faible
revenu qui ont des difficultés à acquitter la note
d'électricité. Je sais que l'Office de la protection du
consommateur a participé à ce comité. Pourriez-vous me
faire connaître le bilan que votre office dresse des travaux de ce
comité?
M. Moreau: Je ne crois pas que les résultats, que les
travaux de ce comité soient terminés. Mme Beaulieu, responsable
de ce dossier et directrice des communications, va nous apporter, si vous le
permettez, des précisions.
Mme Beaulieu (Suzanne): Alors, effectivement, Hydro-Québec
nous a approchés il y a quelques mois - au printemps dernier - pour nous
demander deux choses: participer à un groupe de travail et identifier
des associations de consommateurs ou des groupes d'action sociale qui seraient
également intéressés à participer à ce
comité. Cela a été fait, le comité doit terminer
son travail à la fin de décembre, donc les travaux se poursuivent
toujours au moment où l'on se parle.
Essentiellement, ce groupe de travail fait deux choses: il étudie
les pratiques de recouvrement qui sont en vigueur à HydroQuébec
dans le but de les assouplir et de les rendre, disons, plus humaines pour
certaines catégories de population qui ont de la difficulté
à payer leur compte d'électricité à
l'échéance prévue.
D'autre part, ce comité doit aussi prendre connaissance de
sondages ou d'études, si vous préférez, qui seront
menées par Hydro-Québec pour avoir une connaissance
précise de la clientèle qui a de la difficulté à
payer son compte d'électricité à temps; car
Hydro-Québec n'a effectivement pas de données précises sur
cette clientèle, pourquoi elle ne paie pas, quels sont ses
problèmes, quels seraient les mécanismes qui permettraient
à cette clientèle de payer son compte d'électricité
tout en n'étant pas prise à la gorge.
M. Moreau: C'est d'ailleurs un dossier qui avait fait l'objet de
rencontres entre Hydro-Québec et l'Office de la protection du
consommateur par le passé et sur lequel nous avons eu l'occasion de
faire des représentations à plusieurs reprises.
M. Boulerice: D'accord. Un peu dans la foulée de
l'intervention que mon collègue de Mercier vous a faite
précédemment avec l'essence. Dans les domaines non régis
par l'office, vous avez lancé des travaux de recherche, à mon
point de vue pertinents, sur des dossiers qui sont évidemment
d'actualité, notamment la déréglementation dans les
secteurs de l'alimentation et des transports. Pourriez-vous me donner plus de
détails sur l'évolution de ces deux dossiers? Y a-t-il des
indications déjà qui se tracent, des conclusions auxquelles vous
êtes arrivés?
M. Moreau: Oui. Si vous le permettez, le président
responsable de ces dossiers à l'office va nous communiquer ces
informations.
M. Dumas (Vincent): J'en ai manqué un petit bout au
début, pourriez-vous reprendre, M. le député?
M. Boulerice: Oui, M. Dumas, avec plaisir. Je disais que dans des
domaines non régis, dont l'alimentation et le transport, vous avez fait
des recherches au sujet de la déréglementation. La question que
je posais: Où en sont les travaux? Est-ce que déjà se
dégagent des indications. Pouvez-vous déjà poser des
conclusions?
M. Dumas: Pouvez-vous me donner un petit moment?
Dans les faits, l'office n'a pas effectué d'étude
particulière sur la déréglementation dans le cas du
transport et de l'alimentation. Plus précisément, dans le cas de
l'alimentation, il a subventionné une étude qui a
été faite par la Fédération nationale des
associations de consommateurs du Québec. Nous avons constaté le
résultat de cette étude, mais il revient à la
fédération d'en faire éventuellement la promotion. Si je
me souviens des indications que j'avais à la fin de l'été,
elle escomptait le faire cet automne.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Dumas: J'ajouterais aussi que dans le cas de la
déréglementation et du libre-échange, dans le cas des
subventions que nous avons proclamées récemment, il y a aussi un
projet de la même fédération sur ce sujet.
M. Boulerice: D'accord, merci.
La publicité destinée aux
enfants
Le Président (M. Fîlion): Cela va? Avec la
permission de mes collègues, à ce moment-ci, je me suis inscrit
pour parler d'un sujet qui touche le champ de compétence de l'office.
Comme probablement plusieurs d'entre vous, j'ai appris ce matin que la Cour
d'appel venait de rendre jugement dans le dossier de Irwin Toy.
Également, votre présentation faisait état du travail
assez colossal effectué par l'office depuis 197B, notamment, concernant
tout le dossier de la publicité adressée aux enfants.
Je voudrais un peu cerner avec vous les enjeux de la décision,
évidemment, sans commenter le contenu de ce jugement de la Cour d'appel.
En ce sens-là, peut-être qu'avec quelques questions on peut y
arriver. D'abord, quelles sont les parties à ce litige?
M. Moreau: Les parties à ce litige sont le Procureur
général du Québec, Irwin Toy, intervenant, l'office et le
Procureur général du Canada, mis en cause effectivement.
Le Président (M. Filion): Mis en cause. D'accord. Quelle
était la poursuite intentée par l'office contre la maison Irwin
Toy? Sur quelles bases cette poursuite... D'ailleurs, comme ce sont des
questions d'ordre juridique, sentez-vous bien à l'aise si vous voulez
refiler la parole à votre directeur des services juridiques, Me
Dagenais, que je vois à votre gauche. Quelle était la base de la
demande ou de la plainte qui était déposée par
l'office?
M. Moreau: C'était une action en nullité
intentée en première instance par Irwin Toy qui invoquait,
à ce moment-là, l'inconstitutionnalité de la loi. Cette
action en nullité a été rejetée en première
instance, portée en appel et alors est intervenu, en appel, un
élément nouveau, c'est-à-dire l'incidence de la
charte.
Le Président (M. Filion): Alors, l'action en
nullité, au départ, n'était pas fondée sur la
charte?
M. Moreau: Non. Pas du tout.
Le Président (M. Filion): D'accord. L'action en
nullité vise à faire annuler quoi, précisément?
M. Moreau: Les articles de loi qui interdisent la
publicité destinée aux enfants.
Le Président (M. Filion): Qui sont quels articles de la
loi?
M. Moreau: Les articles 247 et 248.
Le Président (M. Filion): Article 247: "Nul ne peut faire
de la publicité concernant les modalités du crédit..."
est-ce que c'est cela?
M. Moreau: Non. Pardon.
Le Président (M. Filion): C'est plutôt 248
seulement? Je pense bien que c'est l'article 248.
M. Moreau: On va trouver l'article, ce ne sera pas long, si vous
nous donnez un instant. Ce sont les articles 248 et 249.
Le Président (M. Filion): C'est cela. Article 248: "Sous
réserve de ce qui est prévu par règlement, nul ne peut
faire de la publicité à but commercial destinée à
des personnes de moins de treize ans."
M. Moreau: Voilà.
Le Président (M. Filion): L'article 249 vise à
baliser, si l'on veut, la notion de destination. Est-ce que le message est, oui
ou non, destiné à des enfants qui ont moins... (12 h 15)
M. Moreau: Voilà. Quels étaient les
critères pour établir si le message est, oui ou non,
destiné à des enfants? Ce sont les critères de 249a, bet c.
Le Président (M. Filion): D'accord. Le but visé par
le législateur est évident, mais je voudrais bien vous entendre
dire de nouveau qu'il s'agissait de protéger les enfants de moins de
treize ans contre la publicité et les techniques de
publicité.
M. Moreau: Alors, le but visé par le législateur
était de s'assurer que la publicité destinée aux enfants
s'adresse plutôt aux parents.
Le Président (M. Filion): D'accord. Donc, l'action en
nullité en première instance avait été
rejetée sans qu'ait été plaidée, si je comprends
bien, la question de l'incompatibilité avec la Charte canadienne des
droits.
M. Moreau: Elle n'était pas en vigueur à ce
moment-là.
Le Président (M. Filion): Je comprends également
qu'il n'y a aucune clause dérogatoire à la charte dans la Loi sur
la protection du consommateur.
M. Moreau: L'article 364 de la loi, à toutes fins utiles,
la clause "nonobstant".
Le Président (M. Filion): La clause "nonobstant" a donc
été écartée, si l'on veut. C'est cela?
M. Moreau: Sur cette question, vous me permettez que je passe la
parole à Me Jacques Dagenais.
Le Président (M. Filion): Je vous en prie. Me
Dagenais.
M. Dagenais (Jacques): Sur la clause "nonobstant", il y avait eu
une décision de la Cour d'appel peu de temps avant le jugement Darwin.
Je pense que c'est au printemps 1986 que la Cour d'appel s'est prononcée
sur les clauses "nonobstant", si on veut.
Le Président (M. Filion): D'accord.
M. Dagenais: C'était déjà... Dans le
jugement, on se réfère à la cause de l'Alliance des
professeurs. C'était déjà réglé.
Le Président (M. Filion): C'était
déjà réglé? L'incompatibilité avec la charte
n'avait pas été plaidée en première instance?
M. Dagenais: Non, le jugement de l'honorable juge Hugessen date
de janvier 1982 et la charte est entrée en vigueur en avril 1982. On a
amendé la requête pour permission d'appeler. On a introduit des
nouveaux motifs à cette époque.
Le Président (M. Filion): Sans encore une fois commenter
le jugement dans sa partie litigieuse, s'il n'y avait pas appel du jugement de
la Cour d'appel, s'il n'y a pas un jugement contraire de la seule instance qui
pourrait renverser le jugement de la Cour d'appel, c'est-à-dire la Cour
suprême, est-ce que l'on doit comprendre que la portée du jugement
de la Cour d'appel rendu ces jours-ci ferait en sorte que le législateur
ne pourrait distinguer et "protéger" les enfants d'une publicité
qui leur est dirigée?
M. Moreau: Nous ne sommes pas en mesure de répondre
à cette question immédiatement, étant donné que le
jugement vient de sortir n'a pas encore été analysé,
à l'office du moins. Nous n'avons pas eu l'occasion d'en discuter
encore. Personnellement, je dois vous dire que je ne l'ai pas
encore lu. Je compte le faire bientôt. Pour répondre
à cette question, il faut que nous l'ayons analysé et
examiné à l'interne avant.
Le Président (M. Filion): D'accord. La question suivante
dépendait un peu de la précédente. Est-ce que l'office a
l'intention de recommander au gouvernement, au Procureur général
de porter en appel cette décision de la Cour d'appel? Je dois comprendre
probablement que votre opinion sera rendue après analyse à fond
du jugement qui vient de vous être communiqué.
M. Moreau: Absolument.
Le Président (M. Filion): En ce qui me concerne, cela
va.
M. le député de Sainte-Marie.
Choix des priorités
M. Laporte: Pour revenir un peu aux orientations...
Le Président (M. Filîon): Oui, oui, je n'oublie
pas.
M. Laporte: ...et à la façon de procéder
dans la concertation à l'interne et entre les différentes
associations existantes sur le choix des priorités - ce que vous
souligniez tantôt - que vous aviez à vous donner, parce que le
champ de compétence dans la consommation est très vaste, comme on
le sait, j'ai cru comprendre - vous rectifierez après - qu'il y a trois
ans vous avez eu avec tous les employés, toutes les personnes qui
étaient dans la boîte de l'office, un pas en avant en ce sens et
que cela a donné des résultats positifs. J'aimerais savoir un peu
quel a été le suivi de cela. Cela fait quand même trois
ans. Déjà, vous avez expliqué le plan triennal à
venir, mais en matière de communications horizontales, je pense que
c'est une chose très importante qui est vécue un peu partout.
Également au sujet des suivis qui peuvent être
assurés sur des dossiers - car c'est en constante évolution en
matière de consommation - au sujet du suivi sur le pouls à
prendre des diverses associations, que l'office subventionne, d'ailleurs,
quelle est un peu la méthode que vous employez? En cela, je fais un peu
référence, assurément, à un article de juin 1985
où M. Beauchamp, que vous connaissez bien, je crois, faisait état
que la loi protège mieux le consommateur quand il achète une
chemise que lorsqu'il achète une maison. C'est un peu dans le
phénomène de la concertation... J'essaie de voir un peu avec vous
ce qui en est à ce sujet et comment cela peut fonctionner. Est-ce qu'il
existe - parce que vous parliez aussi d'expertise tantôt et c'est tout
associé ensemble - une expertise que la boîte n'avait pas
elle-même mais qu'on peut retrouver ailleurs? Je me demande s'il y a
cloisonnement ou une forme de ce type sur la production ou à tout le
moins sur ta concertation? Si vous pouviez - il y a une sous-question qui va
venir à cela - m'éclairer un peu sur ce type de fonctionnement
dans la boîte et avec les diverses associations, ne seraient-ce que les
canadiennes?
M. Moreau: Avec les associations de consommateurs, nous avons des
échanges régulièrement afin d'identifier les
problèmes de consommation. Je vous disais préalablement que nous
avons l'occasion, par notre réseau de bureaux régionaux, de voir
quels sont les problèmes que vivent les consommateurs. Alors, les
associations de consommateurs qui ont des clientèles
privilégiées nous indiquent également quels sont, selon
elles, les problèmes des consommateurs. Et on s'aperçoit
qu'habituellement les priorités qu'elles voient sont les nôtres et
on se rejoint assez facilement là-dessus.
Vous faisiez allusion au secteur... Vous disiez tantôt que le
président Beauchamp de l'ACQ disait qu'on était mieux
protégé pour une chemise...
M. Laporte: Oui, un article qui avait paru en juin 1985 et qui
faisait état que la loi protège mieux le consommateur quand il
achète une chemise que lorsqu'il achète une maison. Mais on
revient un peu...
M. Moreau: Alors, il faisait allusion au fait que, finalement, la
Loi sur la protection du consommateur s'applique au domaine mobilier et non pas
au domaine immobilier.
M. Laporte: Peut-être aussi dans le même sens et dans
le même courant, on sait que se loger, se déplacer... On regardait
un peu les statistiques sur ce dont se plaignent les consommateurs, qui avaient
paru justement en février dernier, où on retrouve le nombre de
plaintes: 43 000 en automobile, 18 000 en habitation, 8000 dans les meubles,
6000 en électroménager, 5000 en audiovisuel et vêtement.
Autrement dit, ce qui coûte le moins cher, cela va en décroissant,
et l'automobile a toujours une place prépondérante de même
que l'habitation.
Dans le sens que vous évoquiez tantôt de l'autonomie
toujours prononcée qu'on cherche à effectuer chez les
consommateurs, je ne sais pas si vous avez procédé à une
grille. Parce que cela semble ne pas dérougir, si on peut dire, pour
l'automobile.
Je sais qu'il y a beaucoup de travail qui a été fait au
crédit de l'office, effectivement, mais si ce dernier a essayé
d'analyser et de voir si un jour ou l'autre, même si c'est en
évolution, cela pouvait diminuer et faire une espèce
d'intégration.
Je pense un peu à l'exemple du dépliant que vous avez
produit sur les commerçants itinérants. Ces derniers sont les
premiers intervenants auprès du consommateur et, on s'est rendu compte,
bien souvent - en tout cas au moins sur le terrain - que la première
raison pour laquelle les commerçants, comme des propriétaires ou
des industriels, contreviennent à une loi ou n'importe quoi, c'est
qu'ils ne la connaissent pas. Dans ce même schéma, pour voir quel
travail pourrait être fait pour justement renseigner, à tout le
moins sensibiliser les commerçants... On voit qu'il y a un travail
énorme qui est fait dans les associations de consommateurs et qu'il
commence à y avoir une amorce qui est sortie des rapports de 1982 quant
à l'éducation des plus jeunes au secondaire cette année
et, l'année prochaine, si ma mémoire est bonne, au primaire. Ce
que j'aimerais voir, c'est si, parmi ces premiers intervenants, il n'y aurait
pas un travail intensif à faire pour leur faire prendre connaissance de
ce qui existe, de ce qui se fait, pour qu'il y ait justement des
répercussions.
M. Moreau: C'est une des préoccupations de notre direction
des affaires juridiques qui donne constamment des opinions juridiques aux
commerçants sur la conformité de leur contrat avec la loi de
l'office, par exemple. On fait, bon an, mal an, entre 500 et 1000 opinions
juridiques comme celle-là, verbales habituellement. Les
commerçants sont reçus à l'office aussi pour se faire
expliquer la façon de s'y prendre pour s'assurer que les lois sont
respectées. Mais au-delà de cela, plus important encore, on
participe régulièrement à des congrès, à des
colloques, à des expositions avec des groupes de commerçants. Par
exemple, dans le domaine du crédit, au moins une fois par année,
il y a une rencontre avec l'Association des gérants de crédit
dans le domaine de l'automobile. C'est une collaboration
régulière, une rencontre ponctuelle avec la Corporation des
concessionnaires d'automobiles. On participe à des foires
d'automobile.
Dans le domaine de la publicité, on rencontre des groupes comme
le Publicité Club, l'Association canadienne des annonceurs. Dans le
domaine du voyage, régulièrement, l'Association des agents de
voyages et finalement, un groupe familier avec l'office, ils viennent nous
voir, on les rencontre, on discute de leurs problèmes et des
problèmes des consommateurs. Dans le domaine du meuble, c'est pareil
avec la Corporation des marchands de meubles.
En plus de ces colloques, rencontres et congrès, on
prépare également ce qu'on appelle des lettres d'affaires
à des groupes de commerçants dans des domaines donnés, par
exemple, pour des agents de voyages. Ce sont des lettres d'affaires sur
l'application de la loi et particulièrement sur la tenue des comptes en
fiducie. C'est envoyé à tous les nouveaux détenteurs de
permis d'agents de voyages. Également, tous les nouveaux
détenteurs de permis de vendeurs itinérants reçoivent une
lettre d'affaires qui leur explique quelle est la loi et comment faire pour s'y
conformer. C'est la même chose dans le domaine des studios de
santé. C'est une lettre d'affaires envoyée à tous les
détenteurs de permis de studios de santé, réparateurs de
transmissions, vendeurs d'autos usagées, supermarchés concernant
le marquage des prix. En somme, beaucoup de lettres d'affaires dans beaucoup de
secteurs d'activité.
Il y a également des sessions de formation qu'on donne à
l'intention des nouveaux agents de voyages. C'est nous qui leur donnons parce
qu'on trouve que c'est plus facile de faire cette prévention avec eux
que de devoir faire des enquêtes ensuite pour vérifier la
conformité de leurs livres, principalement en matière de
dépôts en fiducie.
Également, je vous parlais tantôt d'opinions juridiques
auprès des commerçants. Je vous disais qu'on en faisait entre 500
et 1000 par année. Ce sont des analyses de publicité, mais pour
les opinions juridiques, c'est plutôt de l'ordre de 2000 opinions par
année et les analyses de publicité, 500.
Comme vous voyez, il y a également un volet très important
qui est celui de la relation avec les commerçants et sensibilisation aux
problèmes des consommateurs.
Le Président (M. Filïon): On va continuer...
M. Laporte: On finit à 32 h 30.
Le Président (M. Filion): Oui. Juste avant de... Vous avez
un commentaire, monsieur...
M. Paré: J'aimerais revenir très rapidement sur le
sujet dont on a parlé tantôt concernant la décision de la
Cour d'appel. On retrouve à la page 17 le bilan que vous nous avez fait
tantôt et dans lequel un des fleurons importants est: "Nous constatons
l'élimination de la publicité destinée aux enfants." Donc,
depuis près de dix ans, on avait réussi à faire cela, ce
qui faisait l'unanimité au Québec. Quand je relis ce qu'a dit le
juge Vallerand "les tribunaux n'ont pas à intervenir ici, ni substituer
une perception judiciaire des choses à celles clairement
exprimées par la voix des élus de la communauté
concernée", l'Opposition officielle demande effectivement au
gouvernement de porter la cause en appel.
Le Président (M. Filion): Je vous remercie, M. le
député de Shefford.
Je voudrais aviser les gens de !'office ainsi que les collègues
de notre commission qu'étant donné qu'il y aura une séance
d'une autre commission qui vérifiera ses engagements financiers cet
après-midi, on nous a demandé de bien vouloir consentir à
transporter nos travaux à la salle 101B.
Donc, je suspends nos travaux qui reprendront à 14 heures, cet
après-midi, à la salle 101B.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 14 h 24)
Le Président (M. Filion): Reprise de la séance de
la commission des institutions visant à exécuter son mandat en
vertu de l'article 294 de nos règlements.
Encore une fois, pour le bon ordre de nos travaux, je pense que, ce
matin, il y a quand même certaines questions que nous avons en quelque
sorte épuisées, notamment la question des revues
Protégez-vous et Protect Yourself. On a également touché
d'assez près la question du champ de compétence de l'office, mais
il peut demeurer des questions là-dessus. De la même façon,
en ce qui concerne le fonctionnement de l'office, par la force des choses, nous
avons, dans certains cas, exploré ce secteur. En ce qui concerne les
orientations de l'office, avec votre permission, je suggère que l'on
conserve cela pour la dernière partie de nos travaux.
Je vous inviterais donc, à l'exception, encore une fois, des
orientations de l'office, à poursuivre les échanges de vues avec
le président et les gens qui l'accompagnent sur n'importe quel autre
sujet qui a retenu votre intérêt depuis que nous avons
commencé notre étude.
Nous avons changé de local, il faudra parler un peu plus fort. Je
pense que cela s'adresse à moi aussi. Est-ce que vous m'entendez
bien?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Filion): Oui. Je ne sais pas s'il
faudrait protéger les consommateurs de la commission parlementaire et
faire en sorte de parler le plus possible à haute voix. Nos propos
continuent à être enregistrés; cependant, il n'y a pas de
service d'amplification, je vous invite donc à monter un peu le ton de
la voix.
Je sais que M. le député de Mille-Îles m'avait
demandé la parole ce matin. Je le vois d'attaque, je pense, pour amorcer
cette deuxième partie de notre séance. M. le député
de Mille-Îles.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. D'abord, est-ce
qu'il y aurait possibilité d'avoir une information de votre part, M. le
Président, quant à la photocopie de la décision rendue
récemment par la Cour d'appel.
Le Présidait (M. Filion): À l'heure du dîner,
j'ai eu l'occasion de rencontrer le directeur des services juridiques, Me
Dagenais, qui m'informe qu'il a laissé sa copie à
Montréal. À moins qu'un autre membre de votre
délégation... Est-ce que ce serait possible de l'avoir
immédiatement? On en profiterait tout de suite pour en faire des
photocopies aux frais de l'Assemblée nationale au lieu de ceux de
l'office.
M. Moreau: M. le Président, si vous me donnez deux
secondes, je vais essayer de voir si je l'ai ici ou si elle est à mon
bureau.
Le Président (M. Filion): Est-ce que tous les membres de
la commission en désirent une copie? D'accord. Tout le monde.
Or, donc, M. le député de Mille-Îles, le
photocopieur est en train de se réchauffer. Aussitôt que les
copies seront disponibles, elles vous seront distribuées.
M. Bélisle: Excellent, M. le Président. Je vous
remercie beaucoup. Voici la première des questions que j'aimerais
adresser à M, Moreau, M. le Président. J'ai compris ce matin de
par votre première intervention sur le mandat de l'Office de la
protection du consommateur que vous n'aviez pas les moyens ou les outils
nécessaires, que ce soit en ressources financières ou en gestion,
pour faire des études précises sur des points de portée
générale, tels que des études de prix relativement au lait
ou à d'autres produits. Pour cela, je prends votre parole comme
étant... Oui?
M. Moreau: Si vous me permettez une précision
là-dessus, peut-être que cela mériterait quelques
commentaires supplémentaires pour vous dire qu'on peut certainement
faire des études sur des problèmes particuliers, sauf que,
lorsque ces problèmes sont complexes et demandent une expertise
considérable, il peut arriver qu'il soit un peu illusoire de penser
qu'on puisse faire une étude en profondeur, à moins d'avoir des
ressources supplémentaires sur un point en particulier.
M. Bélisle: Je comprends aisément.
M. Moreau: Cependant, il nous est arrivé de faire
certaines études sur certains dossiers qui ne nécessitaient pas
un examen en profondeur.
Programmation non réalisée
M. Bélisle: Alors, M. Moreau, à la page 4 de la
programmation de 1985-1986 - on y a touché en survol ce matin - je vois:
"Interventions de l'office dans les grands problèmes de consommation
même lorsqu'ils ne sont pas spécifiquement régis par les
lois qu'il administre." Je vois, entre autres, "Réactions à des
études ou rapports ou dossiers d'actualité". Première
chose qui est notée, rapport du comité interministériel
sur le prix de l'essence.
Je vais à la page A-8 du même document que vous nous avez
produit et j'ai la description d'un mandat général ou d'un projet
de contenu d'une étude où on fait référence au
"ministre des Finances du Québec qui a mis sur pied en 1984 un
comité interministériel chargé d'étudier pourquoi
le prix de l'essence n'a pas baissé suite à une réduction
de la taxe provinciale."
Si vous nous avez produit ce document dans la programmation 1985-1986,
je suppose qu'il doit y avoir un rapport existant. Je suppose, d'autre part,
que si dans la programmation de l'office vous avez décidé, par
priorité administrative, d'affecter des ressources humaines et/ou
financières, si vous les transformez en ressources financières,
vous avez une étude qui devait être menée par vos gens.
Est-ce que cette étude existe? Est-elle disponible? Combien a-t-elle
coûté? Quelles sont les personnes qui ont rédigé
l'étude? J'ai de la difficulté à comprendre, M. le
président, ce que vous nous avez dit ce matin par rapport è ce
que je lis dans le document qui est ici.
M. Moreau: M. le député, effectivement, cela
faisait partie, comme vous le mentionnez, de la programmation 1985-1986 et cela
n'a pas été réalisé.
M. Bélisle: On doit donc comprendre que vous envisagez,
par priorité administrative, d'affecter des ressources à des
études du type de celles dont, ce matin, vous nous disiez que vous
n'aviez pas de ressources pour les effectuer. Cela nuance votre propos de ce
matin, et de beaucoup même.
M. Moreau: Effectivement, il y a des études comme
celles-là qu'on peut faire. Tout dépend du degré de
complexité. Lorsqu'on les met dans la programmation, c'est qu'on pense
avoir les ressources pour les faire.
M. Bélisle: Maintenant, j'ai une deuxième question,
dans le même ordre d'idées, relativement aux possibilités
d'intervention de l'office quant à des problèmes particuliers
relativement à des marchés spécifiques, le lait, l'essence
ou autre. À la même page, vous nous avez parlé ce matin de
l'étude du MAPAQ sur les habitudes alimentaires des ménages
québécois. C'est exact? Quand vous préparez un programme
et que vous l'insérez dans votre programmation budgétaire pour
présentation à votre ministre ou à la personne qui a
juridiction sur vous et que votre directeur du service de recherche ou
vous-même, parce que vous avez un comité qui revoit les programmes
de chacune de vos directions, notez, au bas de la page 4, 1,5
personne-année, est-ce que je dois comprendre, M. le président,
que c'est un voeu, une intention, une décision arrêtée,
irrévocable de la part de votre organisme, quand vous présentez
votre programmation budgétaire pour l'année courante? Je veux
savoir s'il peut arriver que vous décidiez de ne pas réaliser
telle chose ou de la réaliser autrement. Est-ce que vous
considérez que, lorsque vous présentez pour approbation vos
programmes pour l'année budgétaire, vous devez les suivre, ne pas
les suivre ou plus ou moins les suivre?
M. Moreau: C'est-à-dire qu'on doit effectivement les
suivre et on fait une évaluation périodique de l'atteinte des
objectifs qu'on s'est donnés et de la réalisation de la
programmation. Lorsque les éléments de programmation ne sont pas
réalisés, habituellement, au comité de gestion, on se
demande pourquoi. Il n'y a pas une direction à l'office qui peut laisser
tomber les éléments de programmation sans les passer au
comité de gestion et au conseil d'administration de l'organisme. On
demande pourquoi, effectivement, et cela prend des bonnes raisons pour laisser
tomber un élément de programmation. Quand on pense à ces
études en matière de recherche, je dois vous dire que nous avons
réorienté l'an passé, automne 1985 et début 1986,
les activités de notre direction de la recherche.
À ce moment-là, à l'automne 1985 ou à peu
près, notre direction de la recherche avait comme mandat prioritaire de
réaliser les tests de produits. C'était un mandat prioritaire
avec d'autres mandats qu'on lui donnait, mais ceux-là étaient
prioritaires parce qu'il y avait les incidences de tombée de publication
de la revue. Comme la revue devait paraître tous les mois et comme on
avait promis à nos lecteurs deux tests par mois, c'était donc la
priorité. De telle sorte qu'on s'est aperçu que cela bouleversait
complètement l'échéancier de travail de nos gens à
la recherche. On a envoyé au service des publications la
réalisation des tests et on a réorganisé le service de
recherche. Et depuis l'hiver 1986, le service de recherche s'est vu donner des
mandats pour que, cette fois-ci, il soit en mesure de les réaliser, ce
qui lui était difficile auparavant à cause de la priorité
dont je vous parlais tantôt. C'est effectivement un service où il
nous est arrivé de ne pas accomplir la programmation
qu'on s'était donnée.
M. Belisle: Vous devez comprendre, M. le président, que,
lorsque je regarde à la page 4, que c'est un programme qui fait partie
de l'ensemble des programmes et que vous demandez que des budgets soient
alloués à votre organisme, c'est excessivement difficile pour le
gestionnaire en place, c'est-à-dire le ministre qui a la
responsabilité minitérielle, et même pour les membres d'une
commission parlementaire de pouvoir faire des comparaisons si tel objectif
n'est pas réalisé et si 1,5 personne-année qui
était vouée à remplir deux fonctions - 1,5 personne, cela
peut être 35 000 $ de ressources financières - est affectée
à autre chose.
La question que je vous pose est la suivante. L'année
précédente, 1984-1985, au lieu de l'année 1985-1986, vous
aviez toujours des relevés sur les paniers alimentaires qui devaient
coûter à peu près la même somme de 25 000 $. Cela
vous coûtait en main-d'oeuvre pour faire les relevés à peu
près 25 000 $, je suppose. Votre 1,5 personne-année que vous avez
budgétisée à ce moment-là, c'était
nécessairement pour autre chose que les tests sur les paniers de
provisions. C'est ce que je comprends. Si vous l'aviez l'année
précédente et l'autre année d'avant.,. Je sais que vous
faites cela depuis très longtemps. Cela date de temps immémoriaux
peut-être.
C'est apprécié également, ce qui est fait. J'en
suis au principe de ['"accountability". Ce n'est pas un reproche que je fais
à votre organisme spécifiquement. Il y a plusieurs organismes qui
sont exactement dans le même cas que vous. Vous faites des demandes
budgétaires, vous mettez des personnes-années, nous faisons une
équivalence en termes financiers. Notre rôle, c'est d'être
responsables vis-à-vis de la population. Or, en cours de route, on
s'aperçoit que deux mandats sont tombés sur la base de ce qu'on
nous a demandé comme budget. On arrive à la fin et la personne a
été affectée à autre chose. On a approuvé
deux mandats, 35 000 $, 40 000 $ pour une fonction Z et on se retrouve, en fin
de compte, avec une fonction Y. C'est drôlement difficile d'avoir un
contrôle sur les dépenses de l'État et sur les mandats des
organismes. Vous comprenez mon point, M. le président? Je suis sûr
que vous le comprenez.
Performance de l'office
Deuxième question, M. le Président. Je voudrais venir
à la question de l'évaluation de la performance de l'office.
Quand je regarde les trois derniers rapports annuels, ils sont très
beaux, ils ont tous la même forme que ceux des autres offices que l'on
reçoit habituellement. Je vais aux pages où il y a la liste des
plaintes concernant les domaines régis et non régis par les lois
selon des catégories: habitation, meubles, appareils domestiques,
vêtements, etc. On retrouve cela dans les rapports annuels 1985-1986,
1984-1985, 1983-1984. Cela donne au lecteur, à nous de la commission
parlementaire ou à n'importe quel autre gestionnaire, une vue
très partielle de la réalité.
Ce matin, je vous écoutais attentivement et j'ai pris la page 19
de l'exposé que vous nous avez fait. Y a-t-il une raison
spécifique pour laquelle, chaque année, vous ne pouvez pas
inclure dans votre rapport annuel les données que vous avez
livrées à la commission parlementaire ce matin? Cela pourrait
permettre, l'année prochaine ou l'année suivante, quand vous
n'êtes pas invité à comparaître devant la commission
des institutions, de donner de l'information aux parlementaires des deux
côtés de la Chambre qui vont avoir à regarder vos
crédits budgétaires au printemps prochain.
Vous nous avez dit ce matin à la page 19, et c'est excellent,
cela, et je cite, pour les fins de la commission: "Dans un premier temps, on
suggère au consommateur de faire une démarche auprès du
commerçant et on lui remet un formulaire de plainte, dont une copie est
destinée au commerçant. Selon nos statistiques, 29,8 % des
plaintes se règlent à ce niveau. Si cette démarche se
révèle infructueuse et que la plainte est régie, est
fondée, le bureau entreprend alors une médiation avec le
commerçant; à cette seconde étape, le taux de
règlement atteint 54,1 %."
Je dois comprendre, même si ce n'est pas clair, que ceci est le
taux total incluant tes 29,8 % d'avant. Corrigez-moi si je ne suis pas exact.
Je veux bien qu'on se comprenne pour savoir c'est quoi, la performance.
M. Moreau: D'accord. Sur ce point, si vous le permettez, le
directeur des bureaux régionaux va nous donner les
éclaircissements.
M. Bélair (Yvon): Ce sont quand même deux taux
différents. Le premier calcul se fait sur le simple échange de
formulaires entre le consommateur et le commerçant dans lequel le fisc
n'a aucune intervention active. À cette étape, il y en a
effectivement 29 % qui se règlent. Dans une deuxième étape
- nous recevons copie des formulaires de plaintes - dans certains cas, on
intervient, dans d'autres non. À ce moment, il y a un processus actif
qui se trouve à être la médiation et les 54 %, ce sont les
résultats obtenus à la suite de notre médiation. Cela fait
qu'on a un taux combiné
- on ne peut pas les additionner, mais c'est un taux combiné - de
72 %.
M. Bélisle: L'éclaircissement est très bien
parce que cela n'était pas clair du tout. Il faut que j'ajoute aux 29,8
%, 54 %?
M. Moreau: Oui.
M. Bélisle: C'est cela.
M. Moreau: Environ 72 %, 73 %.
M. Bélisle: Cela est déjà bien. Si je
continue un peu plus loin dans l'exposé de ce matin, on dit: "Si la
médiation échoue, le bureau informe le consommateur." On continue
un peu plus loin. "Une étude de cas faite en 1985 nous apprend que 53,4
% de litiges soumis à ce tribunal..." C'est-à-dire que, dans les
27 % qui restent, d'après ce que je peux comprendre, il y en a environ
la moitié, c'est-à-dire 13 % qui sont réglés
à l'avantage du consommateur. Si on fait un petit calcul global, cela
veut dire normalement - 74 % plus 13 % des litiges en faveur du consommateur -
que cela vous donnerait un taux de réussite de 87 % dans l'ensemble des
plaintes où votre loi a juridiction. Ce n'est pas cela?
M. Moreau: Cette statistique découle des dossiers de
plaintes qui sont ouverts par l'office parce qu'il y a beaucoup d'appels
téléphoniques des consommateurs qui portent plainte, mais pour
lesquels on n'ouvre pas de dossier soit parce que le consommateur, à
notre avis, n'a pas raison, soit qu'une fois informé il comprend mieux
et il retire sa plainte, sans doute également pour d'autres raisons que
les deux que j'ai mentionnées, de sorte que finalement les dossiers de
plaintes que l'on ouvre donnent les statistiques que vous avez vues, que vous
avez citées.
M. Bélisle: M. Moreau, vous comprenez bien mon
problème. Je n'ai pas l'information dans le rapport annuel de 1985-1986.
Je n'ai pas l'information en 1984-1985. Je n'ai pas l'information en 1983-1984.
Vous êtes très aimable de nous fournir cette information.
Peut-être que c'est une des 25 mesures de la performance d'un bureau,
d'un office, d'une commission, d'une régie. Je vous dis que vous auriez
un grand avantage à nous éclairer, ainsi que la population et
ceux qui lisent le rapport, l'année prochaine en ajoutant à votre
rapport un tableau compréhensible du taux de succès des plaintes
portées, obtenues par médiation, réglées en cour
à la satisfaction du consommateur. Cela nous donnerait peut-être
une bonne idée de la performance. En tout cas, sur au moins un des
critères.
M. Moreau: M. le député, permettez- moi de vous
dire qu'à la page 20 je crois savoir qu'on donne certains des
renseignements dont vous avez parlé tantôt. Je lis à la
page 20 du rapport annuel de 1985-1986, dans la colonne de droite, la
prévention en vue de l'autonomie des consommateurs, je lis: En
1985-1986, 29,8 % des plaintes ont été ainsi
réglées à la satisfaction des consommateurs. Un peu plus
bas, cette technique a porté fruit dans une proportion de 54,1 %. Les
deux pourcentages dont vous parliez sont indiqués, sont expliqués
dans le rapport annuel 1985-1986.
M. Bélisle: D'accord.
M. Moreau: Cela étant dit...
M. Bélisle: Pardon?
M. Moreau: Je voulais ajouter que, cela étant dit, il est
fort possible qu'il y ait des renseignements qu'on pourrait ajouter au rapport
annuel et soyez bien assuré que ce n'est pas parce qu'on voulait
éviter de donner certains renseignements. On va essayer de voir si l'an
prochain il n'y aurait pas moyen d'en donner beaucoup plus que cela et
d'ajouter de l'information si elle manque. (14 h 45)
M. Bélisle: Peut-être un tableau...
M. Moreau: Bien sûr, certainement.
M. Bélisle: ...un petit tableau simple, pour pouvoir
comprendre un peu mieux. Ma dernière question, M. le Président,
touche aux associations subventionnées: 644 000 $, 617 000 $
l'année d'avant et 607 000 $ l'année précédente,
c'est cela, à quelques milliers de dollars près.
M. Moreau: La progression décroissante: en 1986-1987, 644
600 $; l'année précédente, 644 600 $; en 1984-1985, 617
400 $; en 1983-1984, 603 200 $; en 1982-1983, 560 000 $.
M. Bélisle: Bon. J'ai vu les formulaires que vous nous
avez transmis, les formulaires de demande d'aide financière. J'ai lu la
section 6.2, concernant la présentation de la demande. Je lis à
l'article 6.1 sur les procédures d'acceptation et l'étude des
demandes par le conseil d'administration de l'office: "Ce comité formule
ses recommandations au conseil d'administration de l'office sur la base des
objectifs, critères et conditions établis dans le présent
programme et des demandes présentées par l'ensemble des
requérants." Bien entendu, l'octroi d'une subvention, c'est un paiement
de transfert, c'est-à-dire une somme d'argent remise à un tiers
pour l'exercice d'une activité que nous-mêmes, on n'assure
pas.
Quelle est la forme de contrôle, mise à part la production
de l'état financier pour un organisme au-dessus de 25 000 $ qui
reçoit une subvention, que vous faites, vous, l'office, aux corps que
vous subventionnez, tels les ACEF, etc? Est-ce qu'il y a des mesures
spéciales? Est-ce qu'il y a des calculs de quotas, de personnes
rencontrées? Est-ce qu'il y a certains indices au moins
élémentaires de performance en termes de
coûts-bénéfices? Est-ce que ce sont les mêmes
organismes qui, d'année en année, sont subventionnés? On
ne pose pas trop de questions, parce que c'est comme cela que c'était
fait l'année précédente. C'est quoi, le mécanisme,
le critère?
M. Moreau: Au-delà du rapport financier, il y a aussi le
rapport d'activité qui doit nous être envoyé et qui est
analysé en détail par un comité interne de fonctionnaires,
c'est-à-dire le secrétaire de l'office et un employé qui
travaille avec lui à ce dossier.
M. Bélisle: Est-ce que ce rapport d'activité est
vérifié sur le terrain par des fonctionnaires de l'office
après production et après étude ou pendant
étude?
M. Moreau: Cette année, ce rapport d'activité a
été effectivement vérifié sur le terrain par
l'employé qui travaille avec le secrétaire de l'office auquel je
faisais allusion tout à l'heure pour un certain nombre d'associations et
c'est probablement une majorité. M. Samuel, secrétaire de
l'office, pourrait peut-être préciser la nature de la
tournée de cet employé pour vérifier les rapports
d'activité.
M. Samuel (Léon): On a fait un programme de visite des
associations, parce qu'elles sont réparties un peu partout dans la
province. L'année passée, il y en a eu à peu près
la moitié qui ont été visitées; on compte cette
année visiter l'autre moitié.
M. Bélisle: Quand vous parlez d'une visite, M. Samuel,
c'est une visite qui dure combien de temps et qu'est-ce qu'on fait lors de la
visite? Quelles sortes de vérifications fait-on?
M. Samuel: C'est une visite qui peut durer une
demi-journée ou une journée, selon l'importance de la subvention
accordée è l'association en question. C'est une visite où
le professionnel chargé du dossier essaie de constater de visu s'il y a
coïncidence ou s'il y a des écarts significatifs entre les
renseignements qu'on demande dans le rapport d'activité et les
états financiers.
M. Bélisle: Est-ce qu'il y a des vérifications
autres que par des visites des gens que vous subventionnez? Par d'autres
moyens, j'entends des appels téléphoniques à des
consommateurs qui auraient été servis lors d'un tel programme.
Est-ce qu'il y a réellement une vérification au sens où on
l'entend?
M. Samuel: Ce n'est pas exclu, mais il n'y a pas de
vérification systématique auprès de consommateurs qui se
seraient adressés à ces associations. Ce qu'on fait, ce sont des
appels téléphoniques assez fréquents, assez
réguliers aux associations. Une autre source de vérification
importante, ce sont les appels qu'on fait aux bureaux régionaux. On fait
de l'information croisée où on vérifie les informations
qu'on a dans les rapports d'activité annuels des associations en
appelant chacun des représentants régionaux de l'office.
M, Bélisle: Pourquoi ne faites-vous pas de
vérification directement auprès des consommateurs?
M. Samuel: Parce que ce serait assez difficile. Les associations
ne sont pas toutes regroupées. Il y a trois grandes
fédérations, mais en régions il y a plein de petites et
moyennes associations qui oeuvrent, soit au niveau local ou au niveau
régional. J'ai de la misère à imaginer comment,
concrètement, on pourrait choisir un échantillon de consommateurs
qui pourrait nous permettre de faire une vérification qui rapporterait
plus qu'elle n'en coûterait à propos de chacune de ces
associations. Ce que je veux vous dire, c'est que cela m'apparaît bien
coûteux pour les résultats que cela pourrait donner, ce genre de
vérification.
M. Bélisle: Si vous me le permettez, M. le
Président, je n'essaie pas de dire que ces associations ne doivent pas
être subventionnées, comprenez-moi bien. C'est que le gouvernement
du Québec, 75,1 % de son budget total, ce sont des paiements de
transfert. La chose qu'on fait, c'est qu'on émet des chèques.
C'est cela qu'on fait comme activité principale ici. Quand vous me dites
que vous doutez, moi aussi je doute parce qu'à un moment donné,
c'est un service à la population que ces associations rendent. Comment
faire autrement qu'en vérifiant auprès de la population qu'elles
disent avoir servie, si elles l'ont de fait servie?
M. le Président, vous le savez très bien, vous avez un
budget hors normes d'environ 25 000 $, 28 000 $, 30 000 $ dans votre
comté et on a 150 associations qui nous demandent des subventions.
M. Boulerice: Vous n'avez pas été coupé
vous?
M. Bélisle: Cela n'a pas été coupé.
M. Boulerice: Moi, oui.
M. Belisle: Vous, M. le député de Saint-Jacques,
vous êtes un cas particulier.
Dans ce cas, tout simplement ce que je veux dire, c'est que quand un
organisme dit: Je donne des services à tel groupe et je fais telle
activité, la vérification, ce n'est pas de demander à
l'organisme s'il l'a fait et d'aller le voir sur place. Non, non. Il produit un
rapport d'activité, mais toi, tu vérifies par une autre
façon et peut-être pas nécessairement par l'information
croisée qui vient de ton bureau régional. Ce serait
peut-être important de commencer à faire de la vraie
vérification. C'est mon seul commentaire.
M. Moreau: M. le député, si vous me permettez
peut-être une remarque.
M. Bélisle: Je permets parce que c'est un problème
qui va revenir avec tous les organismes gouvernementaux. À un moment
donné, si on nous demande d'être "accountable" vis-à-vis de
nos électeurs et d'avoir un contrôle sur les dépenses de
l'État, en retour on va exiger de vous que vous exigiez la même
chose et que vous fassiez respecter les mêmes critères à
ceux à qui vous émettez des chèques qui viennent des fonds
publics.
Le Président (M. Filion): M. le président de
l'office.
M. Moreau: II y a quand même pas 50 %, mais peut-être
40 % du budget qui passent en subventions de projets. À ce moment, c'est
beaucoup plus facile de faire des vérifications sur la qualité du
produit.
Quant aux subventions de fonctionnement, je prends bonne note des
commentaires que vous avez faits. J'aimerais vous signaler, cependant, que,
pour l'autre aspect de la vérification, c'est-à-dire l'examen du
rapport d'activité, il est fait très consciencieusement. Il y a
un comité de fonctionnaires qui passent des semaines et des semaines
à tous les examiner l'un après l'autre, à condenser
l'information, laquelle est soumise ensuite à un comité du
conseil d'administration qui prend également je ne sais combien de
soirées et de fins de semaine pour réétudier ces
dossiers.
Par la suite, ils se réunissent intensivement pendant trois jours
pour faire la discussion en comité. C'est un comité du conseil
où siègent quatre membres, plus le secrétaire de l'office,
qui n'est pas membre du conseil d'administration, pour aboutir à une
recommandation au conseil d'administration lors d'une réunion
régulière.
Tout cela pour dire que, sur au moins cet aspect du dossier, il y a des
énergies considérables qui sont déployées pour
l'octroi de cette somme de 644 000 $. Cela étant dit, je comprends
très bien l'autre aspect de la vérification dont vous nous
parlez.
Le Président (M. Filion): Oui, M. le député
Mille-Îles.
M. Bélisle: Je peux vous laisser aller. J'en ai une
dernière qui va peut-être conclure et après je vais me
taire.
M. le Président, à la page 22 de votre allocution de ce
matin, vous nous parlez de l'évaluation et cela revient souvent dans
votre texte. On évalue souvent, à chaque trois mois, la
performance des directions de service. Cela a l'air d'être un souci chez
vous. Bravo! Je vous en félicite à tout point de vue si c'est
exactement dans cette perspective que les choses sont faites chez vous.
Cependant, permettez-moi un léger doute lorsque vous dites
à la page 22: II y a des cartons préaffranchis qui sont
donnés aux consommateurs pour leur appréciation des services
reçus. Vous recevez près de 3000 réponses et il y en a
97,5 % qui expriment la satisfaction. Je pense que oui, mais je pense qu'il y a
une autre question aussi qu'il faudrait se poser. C'est sûr que vous
avez, par la mécanique et les moyens de BBM, d'autres critères de
mesure ou d'évaluation du contact pour voir jusqu'où votre
message se rend chez le consommateur. C'est assez scientifique, beaucoup plus
scientifique, en tout cas, que ce qui est donné à la page 22
comme mesure de la performance quant à la satisfaction que les usagers
ont de l'office. Je voudrais savoir si vous avez imaginé, pensé
ou songé à développer une méthode, d'autres moyens
que cette phrase de "3000 réponses 97,5 %". Car, pour moi, le carton
préaffranchi, vous le retournez, mais la donnée, quant à
la satisfaction, me semble illusoire présentement.
M. Moreau: Effectivement, il y a peut-être d'autres moyens
de le vérifier, par sondage, par exemple.
M. Bélisle: Vous ne vous trouvez pas un peu mal à
l'aise en mettant cela dans le document, à la page 22?
M. Moreau: C'est un des...
M. Bélisle: Seulement sur le plan intellectuel.
M. Moreau: ...moyens de vérifier. Ce que l'on fait, c'est
qu'on demande aux consommateurs s'ils sont satisfaits des services qu'on leur
donne. Lorsqu'ils ne sont pas satisfaits, le directeur des bureaux
régionaux essaie de voir quelles sont les raisons. D'ailleurs, le
directeur des bureaux
régionaux, sauf erreur, s'occupe lui-même de tous les
appels et de toutes les lettres que l'on reçoit concernant le
réseau des bureaux régionaux à propos desquels il peut y
avoir des insatisfactions.
Cela dit, je conviens qu'il y a peut-être d'autres moyens
d'évaluer la performance. Je pense, par exemple, à des sondages.
Peut-être qu'on pourra voir s'il y en a d'autres. Je veux vous dire
cependant que, lorsque l'on a indiqué quel était le taux de
satisfaction de ce coupon de réponse, nous croyions vraiment que cela
correspondait à la réalité et n'avions sûrement pas
l'intention de présenter des chiffres qui pourraient ne pas être
conformes à la réalité. Nous allons quand même
revérifier la rigueur de tout cela.
Si vous le permettez, le directeur des bureaux régionaux qui,
d'après ma vérification personnelle, a un souci très
serré de la qualité des services, aurait peut-être des
remarques à ajouter là-dessus.
M. Bélair: Effectivement, c'est une mesure. La mesure qui
comme telle ne prétend pas mesurer l'ensemble de la satisfaction des
consommateurs québécois; on en est fort conscients. Elle vise
principalement à mesurer le taux de satisfaction de nos usagers,
c'est-à-dire les gens qui ont, soit fait appel, soit rendu visite ou ont
eu un traitement de dossier à notre organisme. Donc, en ce sens, vous
avez entièrement raison, c'est une mesure partielle.
Par contre, on a quand même d'autres éléments ou
d'autres avenues pour être très attentifs à la
qualité des services que l'on donne à la population. C'est
principalement Communication-Québec qui a un réseau dans toute la
province et qui a également pour mandat de recueillir les plaintes des
citoyens québécois sur des services rendus. Il arrive, à
l'occasion, que Communication-Québec, dans certaines régions,
communique avec nos bureaux pour nous dire: II semble que toutes les lignes
téléphoniques soient occupées, etc. C'est quand même
un indice. On en a quand même relativement peu, si l'on considère
l'ensemble de nos transactions.
Il y a aussi un autre indice, ce que l'an pourrait appeler les plaintes
de façon générale, que ce soit les plaintes dans les
journaux ou des lettres ouvertes parce que -je ne sais pas - nos lignes
seraient toujours occupées, le bureau serait toujours fermé ou
quoi que ce soit. Il y a aussi vos bureaux de comté. Si les gens
étaient reçus de façon cavalière dans nos bureaux
ou que nos actions ne donnaient pas de résultat, je pense que le citoyen
québécois a été habitué à recevoir
des services de l'État et ne se gêne pas pour utiliser tous les
canaux possibles pour exprimer une insatisfaction, s'il y en a une profonde.
(15 heures)
Par contre, je dois avouer que la mesure du taux de satisfaction est
quand même parcellaire, elle ne vise que nos usagers et seulement cela.
La seule chose que je peux ajouter à cet égard, c'est qu'il y a
d'autres organismes gouvernementaux qui ont la technique du
carton-réponse qu'on retrouve même dans l'entreprise privée
quand on va au restaurant, etc. Lorsque dans ma direction j'ai
décidé d'instaurer ce mode de contrôle, il y avait des
expériences passées dans d'autres organismes gouvernementaux, et
les autres fonctionnaires des autres ministères m'ont fortement
déconseillé de le faire pour plusieurs raisons dont, entre
autres, principalement, le fait que les cartons n'étaient pas
signés et qu'il y avait très peu de commentaires.
Je peux vous dire que, sur les 3000 cartons de l'an passé, les
cartons qui n'étaient pas signés avec adresse et numéro de
téléphone, c'était la minorité, je pense que ce
n'était même pas une centaine, et la plupart des cartons n'avaient
pas seulement des crochets pour indiquer satisfaisant, moins satisfaisant ou
pas satisfaisant, mais avaient en plus des commentaires pour la plupart
positifs à 97 % et certains commentaires négatifs. Les
commentaires négatifs ne portent que sur une seule question. Les gens
sont déçus que l'office, malgré son intervention en
médiation, n'ait pas pu régler leur problème. C'est la
majorité des cas négatifs. Moi, personnellement, j'écris
ou je communique par téléphone. L'an passé, cela s'est
élevé à 311 citoyens auxquels j'ai répondu
personnellement.
Le Président (M. Filion): Je vous remercie. M. le
député de Shefford.
M. Paré: Oui. Toujours sur les associations de protection
du consommateur; j'espère que vous n'y avez pas répondu, car
j'étais à l'extérieur à ce moment. Vous avez
parlé tantôt, quand je suis arrivé, de la façon dont
vous sélectionnez les associations de protection des consommateurs qui
vont recevoir une subvention, par des dossiers qui sont remplis et par un
comité qui prend le temps de les étudier à fond.
Au-delà de cette étude qui est faite, pour le choix de ces
personnes qui sont là pour décider lesquelles vont l'avoir,
est-ce qu'il y a des critères de sélection autres que la
façon dont le dossier est rempli ou est-ce que, parmi ces
critères, il y a la longévité de l'association qui le
demande, le nombre de gens que cela représente, l'éloignement par
rapport aux bureaux actuels? Est-ce qu'il y a des critères bien
définis?
M. Moreau: Si vous le permettez, M. Samuel, le secrétaire
de l'office, va répondre à cette question.
M. Samuel: Il y a les critères généraux qui
sont exprimés dans le programme d'aide aux organismes de protection du
consommateur dont vous avez une copie, je crois. Au-delà de ces
critères qui disent essentiellement que la priorité est
accordée à des organismes qui sont vraiment définis en
fonction de la protection du consommateur, c'est-à-dire que leurs
principaux objectifs et leurs principales activités concernent la
protection du consommateur - vous avez vu les chiffres, on reçoit
énormément de demandes, on reçoit des demandes pour plus
de 2 500 000 $ par année - les autres critères sont la
qualité, la pertinence des projets qui nous sont
présentés, de même que le rayonnement, l'impact, je dirais,
le dynamisme des associations de consommateurs. Cela peut s'évaluer de
différentes manières: le nombre de consommateurs qu'elles
rejoignent, la qualité des interventions qu'elles font, aussi la
diversité des interventions qu'elles font.
L'autre chose importante qu'on a mentionnée tantôt, c'est
leur performance évaluée par leurs rapports d'activité et
les moyens de contrôle imparfaits qu'on a de vérifier la
véracité de ces rapports d'activité.
M. Paré: D'après les informations que vous avez, on
accepte à peu près 50 % des demandes qu'on reçoit. On n'a
pas plus d'argent. Est-ce que vous êtes informé, est-ce que vous
êtes au courant de ce qui arrive des autres associations qui ne sont pas
aidées? Est-ce qu'elles sont quand même capables de rendre des
services d'aussi bonne qualité à autant de gens ou si les
demandes qui sont refusées très souvent vont aboutir au fait que
l'association ne continuera pas, ou ne donnera pas les services qu'elle
vaudrait être en mesure de donner si elle avait des fonds?
M. Moreau: Beaucoup d'entre elles sont des associations qui n'ont
pas comme mission principale la protection des consommateurs, mais qui ont
cette mission seulement en corollaire ou de façon très
secondaire. Habituellement, elles continuent à faire ce qu'elles
faisaient avec les autres sources de financement qu'elles ont, mais peuvent,
effectivement, à cause de cela, laisser tomber un aspect particulier de
leur programme d'activités. M. le secrétaire aurait
peut-être des précisions à apporter là-dessus.
M. Samuel: La seule chose que je pourrais ajouter, c'est qu'il y
a une sélection naturelle qui se fait. Celles dont ce n'est pas
l'objectif principal de faire de ta protection du consommateur, lors de la
première sélection, c'est habituellement celles-là qui
sont refusées. Ces organismes, qui sont des organismes à but non
lucratif, s'adressent à différents ministères, au
fédéral comme au provincial, et ce que le président vient
de dire est exact, ils réussissent assez souvent à trouver du
financement ailleurs.
M. Paré: J'aurais une dernière question concernant
les associations de consommateurs. On sait que ces associations ont un certain
nombre de revendications vis-à-vis de l'Office de la protection du
consommateur, entre autres: représentation accrue au sein du conseil
d'administration de l'office, élargissement du pouvoir d'intervention de
l'office dans le cas de certains vides juridiques, consultations plus
fréquentes entre l'office et les associations, délai plus rapide
pour distribution des subventions. J'aimerais avoir vos commentaires sur cette
demande. Est-ce qu'on y répond en partie plus ou moins importante?
M. Moreau: Sur la question du délai de distribution des
subventions, c'était effectivement un problème il y a quelques
années, à l'époque où, l'année
budgétaire commençant le 1er avril, ce n'était qu'en
décembre qu'on distribuait l'argent. Or, on sait qu'on fonctionne selon
l'année financière du gouvernement et que les associations
doivent loger leurs demandes à partir de cette même année
financière. On a effectivement remédié à cette
situation de sorte que, maintenant, l'offre de subvention se fait bon an mal an
depuis trois ans au mois d'août et les subventions sont reçues en
septembre. Ce qui est important pour les associations, c'est de savoir quel
montant elles auront et elles le savent en août depuis au moins trois
ans. Donc, il est difficile, compte tenu du cycle budgétaire et des
étapes à franchir qui sont quand même longues, comme je
l'ai expliqué tout à l'heure, avant d'arriver à l'octroi
des subventions, de faire plus rapidement que cela, parce qu'une fois
passées toutes les étapes de l'office, il y a également
approbation par le Conseil du trésor. Donc, finalement, il est difficile
de prévoir qu'on puisse réduire le délai et annoncer les
subventions avant août de chaque année. Je pense que la
majorité des associations de consommateurs, d'ailleurs, le
comprennent.
Concernant le deuxième point, la consultation, c'était
effectivement un reproche qui nous a semblé fondé, il y a
quelques années, et qu'on a tenté de corriger,
spécialement depuis trois ans. Tout n'est pas encore parfait, mais je
crois que les associations là-dessus aussi reconnaissent que l'office a
fait un grand bout de chemin, que la consultation se fait maintenant de
façon régulière. Je pense, entre autres, à la
consultation qui se fait, en plus de celle avec les représentants
régionaux, avec la
direction des affaires juridiques, là où principalement
les associations de consommateurs ont des commentaires à formuler. Il y
a maintenant des rencontres régulières avec les associations de
consommateurs, avec cette direction et, en dehors de ces rencontres
régulières, le directeur des affaires juridiques, comme
d'ailleurs le directeur du contentieux sont toujours très disponibles
pour recevoir tous les appels en provenance des associations et auxquels on
donne priorité.
Quant à la représentation au sein du conseil
d'administration, rappelons-nous que la loi prévoit que les membres du
conseil d'administration sont nommés pour leur capacité à
fournir un apport en matière de protection et, plus
précisément, si je lis l'article: "Les membres de l'office
doivent être des personnes qui, en raison de leurs activités, sont
susceptibles de contribuer d'une façon particulière à la
solution des problèmes des consommateurs." Les gens qui viennent des
associations de consommateurs, de toute évidence, satisfont à ce
critère prévu par la loi, mais ne doivent pas représenter
non plus le groupe pour lequel ils peuvent éventuellement être
nommés à un conseil d'administration. Ils viennent comme
individus et non pas comme représentants d'une association en
particulier. Donc, je pense qu'on peut affirmer que ces gens-là
satisfont à ce critère. Cependant, on peut également dire
que d'autres personnes qui ne sont pas des associations peuvent aussi bien
satisfaire à ce critère. Or, comme elles ne sont pas là
pour représenter leur association, la question qu'on peut se poser,
c'est: Est-il nécessaire qu'il y ait des représentants provenant
des associations? À cette question, je pense que c'est toujours le
ministre responsable qui doit répondre.
M. Paré: Merci.
M. Moreau: II y en avait une autre également qui
concernait l'élargissement...
M. Paré: Des pouvoirs d'intervention.
M. Moreau: ...des pouvoirs d'intervention de l'office.
M. Paré: Dans certains cas de vide juridique.
M. Moreau: C'est difficile de parler de vide juridique. Il n'y a
pas beaucoup de secteurs où il y a un vide juridique. Par exemple, dans
le domaine de l'habitation, il y a certainement tous les recours prévus
au Code civil, entre autres. Il y a sûrement des améliorations
à apporter. Quand on pense à l'élargissement, certaines
associations de consommateurs, réclament certaines choses et d'autres,
autre chose. Je sais que, par exemple - quelqu'un y a fait allusion ce matin -
l'ACQ parfois réclame l'élargissement au secteur immobilier et
c'est surtout à ce secteur qu'on fait allusion quand on en parle.
Dans le domaine immobilier, on doit dire que l'office a
déjà une partie de juridiction; le domaine de la
rénovation domicilaire est présentement régi par la loi.
On sait qu'il y a des articles qui font partie de la loi de !a Commission du
bâtiment qui ont pour effet de permettre éventuellement, s'ils
étaient en vigueur, que le chapitre 2 de la loi de l'office sur les
pratiques de commerce s'applique également au domaine immobilier.
Je crois savoir qu'il y a des démarches présentement
entreprises. Je ne pourrais pas vous dire, parce que je ne le sais pas,
où elles sont rendues, mais il y a des démarches entreprises dans
ce sens.
M. Paré: Spécifiquement, quant à la loi du
bâtiment, dont ces articles devaient entrer en vigueur au mois
d'août 1986 et qui ne le sont pas, est-ce que ce qui est retenu
là-dedans, pour permettre à l'office d'aller dans le secteur
immobilier, allait dans le sens de vos demandes ou des demandes que vous
receviez des différentes associations ou des demandes du consommateur en
général au Québec au niveau de l'habitation?
M. Moreau: Effectivement, c'est une demande qui vient des
associations de consommateurs et également des consommateurs. Quand on
regarde les plaintes en provenance des bureaux régionaux, on voit que
l'automobile est le secteur le plus important, l'habitation aussi, mais
l'aspect rénovation domiciliaire à l'intérieur de
l'habitation est très important. Il y a également toutes sortes
d'autres questions qui sont posées dans le domaine de l'habitation, par
exemple, les fausses représentations, les vices cachés, le
non-respect des garanties.
M. Paré: Donc, si ce qui devait entrer en vigueur dans la
loi du bâtiment en août était là, cela irait dans le
sens de régler beaucoup de problèmes de consommateurs et dans le
sens où vous avez fait des demandes. Vous seriez prêts à
procéder de ce côté si on vous le permettait.
M. Moreau: II faut dire que ce qui crée un achoppement sur
ce dossier depuis passablement longtemps, c'est que c'est un problème de
ressources. On sait que, pour pouvoir assumer cette responsabilité, cela
prend des ressources supplémentaires, étant donné que
notre réseau, entre autres, des bureaux régionaux est
saturé avec les demandes qu'il reçoit, étant donné
qu'il est difficile également de faire des choix dans
les demandes qu'on reçoit. Quand on dit qu'on est mieux
protégé pour, je ne sais trop quoi, un grille-pain que pour une
maison, c'est vrai, sauf que, si on était capable de faire un certain
choix dans les demandes qui nous parviennent au bureau régional, cela
serait plus facile. On pourrait même, sans ressources
supplémantaires, peut-être accorder la priorité à ce
genre de chose, mais on ne peut pas le faire, parce qu'on ne peut pas faire de
la discrimination dans les appels qu'on reçoit. Cela dit, le
réseau étant saturé, pour être en mesure de donner
ce service, cela prend des ressources supplémentaires.
M. Paré: Donc, cela prendrait des ressources
supplémentaires pour l'appliquer correctement, sauf que, si on le
mettait en application tout de suite, cela donnerait au moins au consommateur
une protection qu'il n'a pas présentement.
M. Moreau: Absolument. Donner le pouvoir au consommateur,
régir ce champ d'activité sans avoir les ressources, cela
crée d'autres problèmes aussi qui ne sont peut-être pas
souhaitables.
Le Président (M. Filion): Dans la même veine, quelle
est la dimension des ressources nécessaires à l'office pour
pouvoir raisonnablement recevoir ce nouveau mandat qui est en suspens? (15 h
15)
M. Moreau: C'est un minimum de 17 postes, pour être capable
de le recevoir. Parce qu'il faut se dire que le domaine des pratiques de
commerce déloyales dans le domaine immobilier, en soi, ce n'est pas
considérable, sauf que le consommateur qui téléphone,
très souvent, déborde cet aspect régi et nous parle de ses
problèmes de consommation, dans le domaine immobilier, qui sont beaucoup
plus vastes que cela. Si les appels étaient vraiment limités
à cela, peut-être que cela prendrait un peu moins de ressources,
mais, d'après les évaluations qu'on a faites, cela prend à
peu près 17 postes, entre autres, une moyenne de un
préposé aux renseignements par bureau -nous avons douze bureaux -
et cinq avocats-enquêteurs.
Le Président (M. Filion): Ce qui signifie une somme, en
chiffres, en dollars de Sa Majesté, d'environ combien? 500 000 $, 750
000 $?
M. Moreau: D'après nos évaluations, de 400 000 $
à 450 000 $.
Le Président (M. Filion): De 400 000 $ à 450 000
$.
Administration
M. Laporte: En termes de ressources, je regardais les
différents rapports - je voudrais comprendre un peu la mécanique
- et en 1983-1984, il y avait 227 postes, dont 206 occupés par des
employés réguliers. Il manquait, à cette époque,
des postes à combler, huit professionnels et onze préposés
aux renseignements. En 1984-1985, il y avait 226 postes dont 213 occupés
par des employés réguliers et, en 1985-1986, 223 postes
d'alloués et 221 d'occupés. J'aimerais comprendre un peu parce
qu'on parle souvent depuis tantôt et même depuis ce matin des
énergies qui peuvent être déployées par rapport aux
priorités, en fonction des ressources. Dans quelle mesure ce budget
est-il pris soit pour donner des contrats ou pour engager des employés
occasionnels? Je voudrais connaître la progession. On retrouverait
pratiquement quelque chose comme 21 postes, en 1983-1984, pour ainsi dire -
c'est la question que je pose - qui n'étaient pas comblés,
quelque chose comme treize, en 1984-1985, et seulement deux en 1985-1986.
M. Moreau: Quand vous regardez le nombre de postes alloués
à l'organisme, d'année en année, cela peut être
difficile à suivre parce que, depuis cinq au six ans, depuis 1981-1982,
il y a eu des compressions de postes, chaque année.
M. Laporte: De 227 à 226 à 223?
M. Moreau: Oui, c'est cela. Cependant, il y a des ajouts de
postes aussi parce que, au cours d'une année, on a reçu la
responsabilité de la Loi sur les agents de voyages, ce qui, d'un seul
coup, nous a donné treize postes pour administrer cette loi.
C'était un mandat nouveau que l'on recevait et ces postes étaient
ailleurs dans un autre ministère. Cette responsabilité nous a
été remise de même que les ressources qui allaient avec.
Donc, cela a augmenté le nombre de postes autorisés pour
l'office. Il faut dire aussi qu'il y a des compressions de postes
d'année en année. On doit soustraire des postes, on ajoute les
nouveaux postes dus à ce nouveau service. En plus, il y a des postes qui
nous arrivent parce qu'ils nous sont, si vous voulez, jusqu'à un certain
point, donnés par d'autres organismes, postes et budget. Ce sont des
choses qui arrivent et nous en avons eu six comme cela.
M. Laporte: Je veux essayer de bien saisir ce que j'ai comme
information entre les mains. Vous me dites qu'en 1985-1986 il y a 223 postes.
C'est ce que je vois dans le rapport. Vous me dites que ce chiffre, comme ceux
des années antérieures, n'est pas nécessairement le
chiffre réel parce qu'il y a des ajouts.
M. Moreau: C'est le chiffre réel.
M. Laporte: Comment est-ce que je fais pour essayer de me
démêler là-dedans?
M. Moreau: C'est effectivement le chiffre réel. Ce que je
veux vous dire, c'est que cela fluctue à la hausse et à la baisse
d'une année à l'autre et on ne sait pas trop comment cela se fait
que, parfois, il y a plus de postes que l'année précédente
alors qu'il y a des compressions de postes depuis cinq ans. Le chiffre que vous
avez pour une année, c'est effectivement le nombre de postes
autorisés.
M. Laporte: D'accord, comme les treize que vous mentionniez
tantôt.
M. Moreau: C'est cela. Ils ont été inclus il y a
quatre ans environ. Le chiffre que vous voyez, c'est effectivement le nombre de
postes autorisés.
M. Laporte: Cela m'intrigue un peu. En 1983-1984, c'est quand
même loin, il y avait huit professionnels et onze préposés
aux renseignements. En termes de travail qu'ils peuvent effectuer, j'imagine
que ce doit être considérable ne serait-ce que dans le
développement - on en parlait ce matin ou cet après-midi - dans
le choix des priorités ou dans les recherches qu'il faut faire pour
avoir une certaine expertise. J'imagine que les professionnels sont
habilités, à ce moment-là, à être
engagés ou n'importe quoi, en ayant une demande si elle n'est pas
comblée. C'est ce que j'essaie de saisir.
M. Moreau: Excusez-moi, est-ce que vous parlez des postes
vacants?
M. Laporte: Là, on parle des postes réguliers. Si
on prend l'exemple le plus récent, 1984-1985 - le plus probant, c'est
1983-1984 - il y a 223 postes alloués et il y en a 221 d'occupés;
donc, il en manque deux. L'année d'avant, vous aviez treize postes qui
n'étaient pas occupés. C'est ce que vous disiez tantôt.
M. Moreau: C'est parce qu'ils sont vacants à ce
moment-là. Quand on fait le rapport, ce sont les postes qui
n'étaient pas comblés, qui pouvaient être en voie de
l'être, mais qui n'étaient pas comblés parce que quelqu'un
était parti de l'organisme, à la suite d'une mutation ou pour
aller dans un autre organisme au ministère, et on n'avait pas
remplacé cette personne ou ces personnes au moment où
l'année s'est terminée.
M. Laporte: J'ai terminé sur l'administration. Puis-je y
aller sur les organismes?
Le Président (M. Filion): Vous vouliez continuer
sur...?
M. Laporte: Sur les organismes.
Le Président (M. Filion): II n'y a pas de problème.
Allez-y, M. le député.
Subventions aux organismes de protection du
consommateur
M. Laporte: On a eu l'occasion, effectivement, comme
parlementaires, à plusieurs reprises de regarder différents
organismes et je dois avouer que je trouve intéressante la formule
utilisée à l'Office de la protection du consommateur. Bien
souvent, on se retrouve du mauvais côté de la table. On dit que
c'est pour vous critiquer et qu'on ne présente pas des
éléments positifs. C'est intéressant d'utiliser les
ressources qui sont déjà en place, parce qu'on sait que ces
dollars sont multiplicateurs. Bien souvent, donnez 20 000 $ à un
organisme et il va faire 60 000 $ avec. Par expérience, on a pu vivre
à plusieurs reprises des situations de ce style-là. C'est
intéressant de former une dynamique à l'intérieur de ce
qui peut déjà exister pour que cela puisse
bénéficier à un organisme central comme l'Office de la
protection du consommateur.
Je regarde, cependant, les différents critères qui nous
ont été soumis pour les projets, la possibilité, entre
autres, de mobilisation et d'autofinancement de l'organisme et le fait que cet
organisme doive être ce qu'on appelle communément un OSBL, un
organisme sans but lucratif. Selon le règlement qui a été
édicté, il faut que l'organisme ait quand même un certain
rayonnement dans son coin pour avoir les répercussions qui s'ensuivent.
Il faut que cela soit aussi un organisme à but non lucratif, par
définition. Vous avez dans le rapport que vous nous avez soumis et dont
vous nous avez parlé ce matin, la nouvelle tendance ou, à tout le
moins, de donner certains contrats à des universitaires pour certaines
recherches. On voit dans les différents rapports de 1983 à 1986
que des individus ont reçu des contrats de l'Office de la protection du
consommateur. Une des premières questions que je pose est celle-ci!
À quoi peut-on attribuer effectivement cette espèce de changement
là?
L'autre aspect que j'aimerais aussi souligner est
l'élément d'automatisme. Il y a eu 98 demandes de subvention en
1983-1984; en 1984-1985, 88 demandes, en 1985-1986, il y a eu 66 demandes. Cela
ne change pas les coûts, mais on sent une nette régression due
possiblement au fait que les demandes sont déjà pratiquement
entérinées ou, à tout le moins, pratiquement
sanctionnées avant qu'elles aient abouté à l'Office de la
protection du consommateur. C'est peut-être
une interprétation personnelle, mais, à tout le moins,
c'est l'apparence que cela donne, que les organismes qui ont demandé
bien souvent des subventions au fil du temps sont ceux qui sont reconduits par
une quasi-automaticité dans les diverses subventions.
J'ai premièrement une crainte. Je ne dis pas qu'ils ne font pas
un bon travail, mais je me demande où on peut faire ressortir d'autres
éléments nouveaux. Je crois que c'est très
intéressant de regarder ne serait-ce que les groupes qui fonctionnent en
alphabétisation et la clientèle spécifique qu'eux aussi
touchent en tant que consommateurs. Ils n'ont sûrement pas un rayonnement
national, mais ils ont des problèmes très particuliers. Ce sont
les premiers touchés en termes de consommation. C'est une
préoccupation que j'ai. Comment ce type d'organisme peut-il
émerger et recevoir un certain appui de l'Office de la protection du
consommateur, à cause, justement, de cette espèce de
plafonnement, de ce que je pourrais considérer comme une reconduction
pratiquement automatique de cela?
À cela aussi vont s'ajouter d'autres éléments
nouveaux que j'ai trouvés intéressants, entre autres - ce ne sera
pas long, je vais conclure - les nouvelles démarches qui ont
été entreprises sur les besoins de consommation des personnes
âgées, toute la polémique et la problématique sur
les arrangements funéraires, les préarrangements et tout cela,
sur le compte en fiducie. Ce sont tous des éléments nouveaux que,
j'imagine, dans le plan triennal, vous allez définir. Si
déjà vous pouvez pousser dans ce sens-là, cela va nous
donner une orientation. À tout le moins, cela ne permet pas à des
organismes qui sont effectivement prêts peut-être de suivre de
nouvelles orientations ou de pousser là-dessus.
J'ai plusieurs questions, j'enchaîne parce que cela va
peut-être me permettre de me fermer après. Vous avez aussi un
rôle de soutien ne serait-ce qu'en forme de technicité ou d'apport
que vous voulez apporter à ces différents organismes. Il y a eu,
à une certaine époque, sur la mousse d'urée
formaldéhyde, effectivement, des problèmes assez significatifs et
des coûts qui étaient engendrés face à cela pour les
consommateurs. Je sais qu'il y a eu des sommes qui ont été quand
même assez considérables; je pense que c'est 1 511 000 $, quelque
chose du genre, qui ont été versés comme une espèce
de soutien technique. J'aimerais avoir quelques précisions
supplémentaires à ce sujet. Au niveau des différents
organismes et du rôle de soutien par rapport à la dynamique
vécue, organismes, Office de la protection du consommateur, ce sont les
questions que j'avais à poser.
Le Président (M. Filion): M. Moreau, il y a plusieurs
questions.
M. Moreau: Je vais laisser la parole au secrétaire sur le
dossier des subventions dont il est responsable. J'aimerais peut-être
répondre à la question sur la mousse d'urée
formaldéhyde. Effectivement, le gouvernement du Québec...
Le Président (M. Filion): Pouvez-vous parler un peu plus
fort, s'il vous plaît?
M. Moreau: Le gouvernement du Québec a
décidé, en 19B2, de financer les causes types de la MIUF, celles
qui avaient été choisies en accord entre le juge en chef de la
Cour supérieure et les avocats représentant les parties dans le
dossier. Ce qui était, à ce moment, prévu, c'est que
l'office s'occupant de l'administration et du financement des causes types
devait payer les honoraires d'avocats et les expertises qui seraient faites. En
honoraires d'avocats, au 31 mars 1986, l'office a versé un total de 1
213 000 $ et, pour l'année qui a suivi, depuis le 1er avril 1986, la
note d'honoraires est présentement de 247 000 $ pour un total
actuellement depuis le début de ce procès de 1 460 000 $. En
expertise, les sommes versées à ce jour sont de 855 000 $.
Ce sont les chiffres d'honoraires autant pour les avocats que pour les
experts et la somme totale engagée jusqu'à maintenant avec
quelques autres frais, comme les frais juridiques, la sténographie,
s'élève à 2 600 000 $. C'est un procès dont la
demande a duré au-delà de deux ans. On en est présentement
à la preuve de la défense. Cette preuve est relativement
avancée, mais peut durer encore longtemps. Les prévisions, c'est
que ce procès va durer encore certainement un an, peut-être
plus.
M. Laporte: Ce n'était pas tellement sur la pertinence. Je
pense bien que les consommateurs qui sont affectés par cela sont les
premiers à se réjouir de cette mesure. Là, je prends un
peu en considération que l'Office de la protection du consommateur et le
gouvernement provincial ont pris fait et cause un peu là-dessus et ont
apporté leur soutien à tout le moins technique là-dessus.
Est-ce qu'il y a eu des approches, ne serait-ce qu'au niveau des diverses
instances fédérales pour avoir une participation
financière à ce niveau? Deuxième question, quelle est la
possibilité pour les consommateurs d'avoir des éléments de
récupération par rapport à ces six ou cinq causes
types?
M. Moreau: Le gouvernement fédéral a
dépensé - c'est approximatif mais je pense que c'est à 10
000 $ près, mon approximation - 260 000 000 $ dans ce
dossier en indemnités pour le "démiufage", pour enlever la
MIUF dans les maisons. Ce n'est pas terminé, le "démiufage". Ce
programme est maintenant terminé. La Société canadienne
d'hypothèques et de logement est un des défendeurs dans la cause
parce qu'il y a d'autres dommages. Là, ce sont les dommages aux
résidences, mais il y a également tous les autres dommages, comme
les dommages à la santé s'ils sont prouvés,
évidemment. Quelles sont les chances de récupération? Cela
va dépendre de l'issue du procès. À ce moment, cela va
dépendre également des parties condamnées et de la
solvabilité des parties condamnées.
M. Laporte: Merci.
M. Moreau: Sur la question des associations de consommateurs, le
responsable du dossier, M, Samuel, va répondre. (15 h 30)
M. Samuel: II y avait plusieurs questions dans votre
intervention. Vous me couperez la parole quand vous voudrez, surtout si
j'oublie des choses. La première des choses que je voudrais noter, c'est
que l'évolution des chiffres en ce qui a trait au nombre de demandes, au
nombre de requérants c'est un peu trompeur, parce qu'il y a deux
événements qui se sont passés qui expliquent ces
variations. D'une part, il y a quelques années, vers 1982-1983 ou
1983-1984...
Le Président (M. Filion): Avec votre permission, pour
l'information des membres de la commission, on fait référence
actuellement à la page 24, au tableau 7 du document de recherche qui
vous a été distribué.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Filion): Je vous en prie.
M. Samuel: Concernant les associations membres des trois
fédérations, l'Association des consommateurs du Québec, la
FACEF et la FNACQ, il y a une disposition du programme qui dit que ces
associations peuvent faire des demandes individuellement ou encore que la
fédération peut faire une seule demande au nom du groupe. Dans le
cas de l'ACQ, ce qui se produisait au début de la période qui est
prise en référence, c'est qu'il y avait des demandes
individuelles faites par chacune des sections de l'association. Maintenant, la
fédération fait une seule demande pour l'ensemble de ses
composantes. Donc, c'est une première explication de la diminution du
nombre apparent de demandes. La deuxième chose, c'est qu'à
l'époque, les chercheurs universitaires avaient accès aux
programmes de subventions de l'office et n'y ont plus accès maintenant.
C'est un autre programme dont on a parlé qui est le contrat de services
qui, lui, s'adresse à la fois aux associations et aux chercheurs
universitaires. Mais, depuis le début de la période
envisagée, le montant total des demandes en dollars est resté
à peu près le même.
Une autre partie de votre intervention portait sur le fait qu'il y
aurait un certain automatisme dans l'octroi des subventions. Les associations
et, surtout, les grandes fédérations ont demandé à
plusieurs reprises qu'on modifie le programme pour qu'il y ait des subventions
statutaires accordées aux associations, qu'il y ait une subvention de
fonctionnement statutaire de tel montant, par exemple, qui serait
accordée année après année. L'office a
évalué ces demandes et a toujours refusé qu'il y ait des
subventions statutaires de telle sorte que, vu par les associations, à
tout le moins, il n'y a pas un automatisme aussi grand que ce que vous pensez.
Bien sûr qu'il y a certaines associations comme les
fédérations qui... Il ne faut pas oublier que ces
fédérations sont installées depuis longtemps ici au
Québec, qu'elles regroupent plusieurs associations et ont une
performance jugée acceptable. C'est bien sûr que, pour ces trois
fédérations, il serait pour le moins curieux que, d'une
année à l'autre, il y ait une diminution considérable,
quoique cela se soit déjà présenté. Mais, pour
l'ensemble des associations, il n'y a pas d'automatisme, je me
répète; c'est, au contraire, une de leurs revendications de
mettre un automatisme plus grand dans l'attribution des fonds du programme de
subventions.
M. Laporte: M. le Président, si vous me le permettez, un
des critères que vous avez regardés chez les divers organismes
qui sont subventionnés, concerne la part d'autofinancement. Quand je dis
autofinancement, je ne regarde pas ce que le gouvernement fédéral
peut donner. Est-ce que je peux avoir une idée de ce que cela
comporte?
M. Samuel: Cet autofinancement est variable. Si on prend un cas
extrême, l'Association pour la protection des automobilistes a un
membership très élevé de telle sorte que ses subventions
représentent la portion la plus faible. Cela représente au
maximum 20 % de son financement. Par contre, il y a d'autres associations qui
dépendent de façon beaucoup plus grande des subventions
gouvernementales. Je dirais que, sauf certaines petites associations en
régions, elles sont rares les associations qui dépendent
uniquement de l'office pour plus de 50 % de leur financement. La
majorité des associations coopératives d'économie
familiale, les ACEF, par exemple, et d'autres associations qui font un peu le
même genre
de travail en milieu urbain, sont fortement financées par
Centraide. Mais on peut considérer que c'est de l'autofinancement
puisque Centraide, c'est une façon de recueillir des fonds pour financer
les groupes populaires.
M. Laporte: Dans le financement des organismes, souvent on
regarde ce qu'il n'est pas possible de faire, un par rapport à l'autre.
À titre d'exemple - et vous l'avez mentionné - l'APA est un
organisme qui, par le biais de ses membres et autres, a une grande part
d'autofinancement. Je suis persuadé qu'elle crierait si on lui coupait
les vivres à l'Office de la protection du consommateur. On se sert de
cet exemple pour schématiser au niveau des autres. Est-ce
réellement pertinent de subventionnner un organisme de ce type qui peut
se suffire à lui-même au lieu de permettre possiblement, comme je
le soulignais tantôt, l'émergence de nouvelles idées ou de
nouvelles choses, avec le cadre financier qu'on a?
Dans les critères de sélection, est-ce parce que c'est
l'APA et qu'elle est bien connue que nécessairement on va la
subventionner? C'est un peu ce type de question. Je ne critique pas l'APA, ce
n'est pas tellement cela. J'essaie juste de voir au niveau du mécanisme
comment cela peut fonctionner et quelles sont les possibilités,
même internes, pour qu'on puisse toujours stimuler et mettre des choses
de l'avant qui sont nouvelles, pour qu'on puisse toujours avoir un
"turnover"?
M. Samuel: Premièrement, je pense qu'il n'y a pas de
réponse absolue à la question que vous posez. Je donnerais deux
éléments de réponse: le premier, c'est que le nombre de
plaintes dans le domaine de l'automobile, vous l'avez vu par les exposés
qu'on vous a faits antérieurement, c'est le premier secteur de plainte.
Plus il y a d'intervenants qui se font le chien de garde dans ce domaine, ce
n'est sûrement pas nuisible aux consommateurs; donc, c'est un secteur
où c'est justifié de mettre encore de l'énergie et de
l'argent.
D'un autre côté, si on appliquait ce raisonnement de ne
plus subventionner l'APA parce que son autofinancement, ses autres sources de
financement sont élevées, qu'elle a relativement beaucoup moins
de problèmes que les autres associations, il me semble que ce serait un
frein à l'initiative des associations qui recherchent activement cet
autofinancement. Cela pourrait être interprété par les
associations, autrement dit, comme un encouragement à une
dépendance plus grande de l'État plutôt que la recherche
active d'autofinancement.
M. Laporte: Autrement dit, ce que vous soulignez c'est que c'est
une espèce de stimulant le fait de dire que le gouvernement va toujours
participer, dans une certaine mesure, au financement de cet organisme.
M. Samuel: Le message qu'on essaie de passer aux associations de
consommateurs, c'est qu'on encourage fortement l'autofinancement.
M. Laporte: Une dernière question, si vous me permettez,
M. le Président. Quels sont les incitatifs, les moyens qu'on laisse
à ces types d'organismes pour qu'ils se prennent en charge pour
reprendre l'expression globale de la philosophie de l'Office de la protection
du consommateur? Vous dites que vous incitez fortement, vous préconisez
que les organismes puissent fortement s'autofinancer.
M. Samuel: Un incitatif, c'est celui-là. On ne
pénalisera pas une association qui démontre des efforts
évidents d'autofinancement et qui démontre des résultats
en coupant nécessairement sa subvention.
M. Laporte: Merci.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Chapleau m'avait demandé la parole. Il est absent, les absents ont
toujours tort. M. le député de Saint-Jacques également...
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce,
déjà!
Juridictions québécoise et
canadienne
M. Scowen: Plus tôt que prévu. Je voulais juste
faire une petite réflexion avec vous au sujet de cette question de
partage des compétences fédérales-provinciales. Je
présume que le fédéral a un ministère de la
protection du consommateur. A-t-il un bureau semblable au vôtre?
M. Moreau: Le ministère s'occupe de certains dossiers
particuliers comme les produits dangereux, la publicité trompeuse un peu
comme nous, mais sous l'angle de la concurrence déloyale. Ce qui le
porte à agir, c'est lorsqu'une entreprise peut se plaindre que son
concurrent fait quelque chose de "unfair". C'est la Loi relative aux
enquêtes sur les coalitions. Donc, les produits dangereux, la Loi
relative aux enquêtes sur les coalitions, les poids et mesures
également, la loi des aliments et drogues...
M. Scowen: Tout ce qui est de l'étiquetage...
M. Moreau: Voilà, les mentions obligatoires sur les
étiquettes de produits, aliments et drogues également. Ce sont
les principaux secteurs du ministère fédéral de la
Consommation et des Corporations.
M. Scowen: Ont-ils des bureaux où le consommateur peut
s'adresser dans les régions?
M. Moreau: Oui, ils ont des bureaux bien que, là-dessus,
ils ont éliminé le service individualisé au consommateur.
Ils avaient des bureaux à Québec, à Montréal et, je
pense, aussi à Trois-Rivières et à Sherbrooke. Ils les ont
restreints à Montréal, c'est tout, peut-être à
Québec, je pense - Montréal seulement. Donc, au Québec, il
n'y a plus que le bureau de Montréal, qui ne prend plus de plaintes
individualisées de consommateurs.
M. Scowen: Peut-être qu'on peut prendre seulement trois
minutes de réflexion, à titre de consommateurs canadiens et
québécois, parce qu'on est les deux à la fois. Quand on
fait des achats et des transactions, on est obligé de
réfléchir, dans notre système fédéral,
à savoir si le geste que l'on pose est un geste provincial ou
fédéral. Je constate que dans votre mandat la première
partie est très claire. Vous avez la responsabilité de surveiller
l'application de la Loi sur la protection du consommateur et toute autre loi.
Si je comprends bien, notre loi concerne surtout les contrats et un peu la
publicité.
M. Moreau: Et les pratiques de commerce déloyales en
général.
M. Scowen: Et les pratiques de commerce déloyales en
général, qui relèvent de notre juridiction sur le
commerce, comme telle. En plus, il y a une liste impressionnante de choses
beaucoup plus générales que vous faites, comme recevoir les
plaintes des consommateurs. Par exemple, si vous recevez d'un consommateur une
plainte qui est de juridiction fédérale, est-ce que vous envoyez
la personne au fédéral? Le deuxième ou troisième
point, c'est d'éduquer et de renseigner la population sur tout ce qui a
trait à la protection des consommateurs. Est-ce que, dans le domaine de
l'éducation et des renseignements à la population, vous faites
cette éducation de façon globale, en ce qui a trait à la
protection du consommateur dite québécoise? Est-ce que vous
faites un peu de formation du consommateur canadien aussi? Je pose la question
parce que je suis à la fois consommateur québécois et
canadien et, comme vous-même, je suis aussi contribuable
québécois et canadien. On a beaucoup de gouvernements au
Québec et au Canada. Je vous pose les questions suivantes: Y a-t-il du
chevauchement? Y a-t-il une harmonisation des travaux, faites-vous la
distinction que je viens de faire entre le consommateur provincial et le
consommateur fédéral? Comment réagissez-vous à
cette question, en général? J'imagine que vous vous êtes
posé la question vous-même à plusieurs reprises.
M. Moreau: En termes de réception de plaintes de la part
des consommateurs, on disait ce matin qu'il y avait des plaintes qui
étaient régies par la loi et d'autres qui ne l'étaient
pas. Lorsque les plaintes ne sont pas régies par la loi, on essaie quand
même, dans notre réseau de bureaux régionaux, de donner
l'information au consommateur lorsqu'on la possède. On essaie
également de lui donner les outils avec lesquels il pourrait se
renseigner et avoir une réponse à ses problèmes. Donc, on
essaie autant que possible de régler le problème avec lui,
même si la loi ne s'applique pas, je parle en termes d'information.
Maintenant, en matière d'enquête, il peut arriver - vous
parliez de chevauchement - effectivement, à cause de la Loi relative aux
enquêtes sur les coalitions et notre loi, qu'il y ait chevauchement.
À ce moment-là, la direction des affaires juridiques ne fait
jamais d'enquête à moins de se concerter avec le
fédéral. Mon collègue, Me Dagenais, pourra sans doute
tantôt apporter des éléments de réponse plus
substantiels sur cette question. (15 h 45)
Pour l'autre aspect de votre question, en termes d'information et
d'éducation a la population, par exemple, on a un magazine qui s'appelle
Protect Yourself. Justement, le souci qu'on a eu en le mettant sur pied,
surtout lors de la mise en vente, c'était de faire en sorte que son
contenu soit pancanadien. Cela a été une préoccupation
constante, de sorte qu'il a un contenu original d'au moins 50 %, si ce n'est 60
%, et qu'il a un contenu qui est ta traduction de Protégez-vous pour le
reste, parce qu'elle pouvait s'appliquer pour n'importe quel consommateur,
d'où qu'il vienne. C'est ainsi qu'on trouvait dans cette revue des
sujets qui n'intéressaient pas nécessairement le consommateur
québécois francophone mais qui intéressaient le
consommateur québécois anglophone et le consommateur canadien en
général, parce que son équipe de rédaction
était composée d'anglophones qui connaissaient la fibre de leur
milieu. L'éducation à la consommation, pour autant que le
magazine soit concerné, reflétait bien cela. Peut-être
qu'il y a des éléments de la question qui m'échappent.
M. Scowen: Je n'ai pas de réponse à ma question.
C'est pourquoi je l'ai posée effectivement. Si je comprends bien, vous
avez décidé que vous avez une responsabilité envers les
citoyens qui habitent le territoire québécois en ce qui concerne
le rôle de consommateur tout court. Le contrôle exercé par
un gouvernement, soit fédéral, soit provincial, dans votre
mandat, selon vous, a un aspect plus large qui vise surtout le
consommateur comme tel plutôt que les lois et les
règlements.
M. Moreau: C'est plus large que les lois qu'on administre. On
essaie, c'est l'une de nos orientations, de déborder également
sur les problèmes de consommation qui ne sont pas nécessairement
régis par notre loi, mais qui sont des problèmes de consommation
pour les citoyens québécois. À titre d'exemple, quand
Protégez-vous, parce que c'est un outil d'éducation important,
fait des dossiers de fond sur, par exemple, les subventions gouvernementales en
matière d'habitation, il faut qu'il nous raconte quels sont les
régimes fédéraux de subventions, comme le régime du
Québec, afin que le consommateur, dans un régime comme celui
qu'on a, puisse connaître tous les mécanismes et tous les moyens
pour lui de bénéficier de ce que les gouvernements mettent
à sa disposition. Peut-être que, là-dessus, M. Elliott
pourra compléter.
M. Elliott: Je comprends très bien votre question et je
dois vous dire que c'est effectivement un souci constant qu'on a. Pour
reprendre l'exemple que vous a donné M. Moreau, il serait impensable que
dans Protégez-vous, dans un dossier sur l'habitation, par exemple, on
fasse état des subventions offertes par le gouvernement du Québec
et non pas de celles offertes par le gouvernement fédéral. Dans
tous les articles de Protégez-vous, lorsqu'il y a des incidences
fédérales, on en parle nécessairement. Il faut que le
consommateur soit au courant de tous ses droits, ses recours, ses
responsabilités comme consommateur qui, comme vous le disiez tout
à l'heure, est administré par deux ou trois niveaux de
gouvernement.
M. Scowen: Je n'étais pas du tout impliqué dans le
rapport Gobeil mais, en vous écoutant, en regardant vos 221 postes et
l'étendue de votre mandat, il aurait pu penser que ces gens surveillent
l'application de notre loi et que, pour le reste, si M. Ryan veut faire de
l'éducation collective sur la consommation ou comment dépenser
votre argent d'une façon saine, qu'il le fasse sous la rubrique
"Éducation". Mais, pour le reste, on n'a pas besoin de cela simplement
pour s'assurer que les lois du Québec sont respectéees. Cela n'a
pas été une autre façon de voir le problème,
j'imagine?
M. Moreau: Ce n'est qu'un mandat, celui-là de faire
respecter les lois. Mais je donne un exemple bien anodin. Beaucoup de
consommateurs ont eu et ont toujours des problèmes lorsqu'ils font une
transaction pour acheter un véhicule usagé. Cela n'est pas
régi par nos lois, on n'a pas de dispositions là-dessus. Lorsque
cette transaction est faite entre deux consommateurs, parce que la loi
s'applique toujours lorsqu'il y a une relation consommateur-commerçant,
c'est un exemple anodin pour vous dire que, là-dessus, on prépare
habituellement des bulletins d'information dans lesquels on renseigne les
consommateurs autant sur leurs obligations que sur leurs droits. Lorsqu'ils ont
des problèmes comme celui-là, ils téléphonent pour
se plaindre et on leur donne l'information, soit verbalement, soit en leur
faisant parvenir le document dans lequel ils ont tout ce qu'il faut pour savoir
à quoi s'en tenir. C'est un exemple bien anodin pour vous dire que tout
ce qui n'est pas régi par notre loi lorsque ce sont des problèmes
de consommation, on s'en occupe également. On donne autant
d'information, on fait autant d'éducation à la consommation dans
ces secteurs. Je reprenais l'exemple tantôt de nos programmes de
communication, je parlais de Protégez-vous, mais il y a tous les autres
également où on parle autant de problèmes de consommation
régis par nos lois que de ceux non régis.
M. Scowen: Est-ce que, en général, vous êtes
satisfait de l'étendue de vos activités par rapport à
celles du fédéral dans le sens de ma question? J'imagine que vous
avez déjà réfléchi là-dessus. Est-ce que
vous avez des...
M. Dagenais: Je pourrai faire un commentaire. Une
précision au départ, c'est qu'il y a une juridiction concurrente
entre les deux, en ce sens que la loi que le fédéral applique
traite de la publicité trompeuse. Quant à nous, celle qu'on
applique est plus générale, elle porte sur les pratiques
commerciales déloyales, ce qui inclut la publicité trompeuse.
Chaque fois qu'il y a un élément de publicité trompeur, il
y a toujours une concertation pour qu'on ne soit pas tous les deux à
enquêter. Chaque semaine, il y a une revue des dossiers qui se fait entre
les deux parce qu'on n'est pas intéressé à la
multiplication de nos efforts.
Pour le reste, je ne sais pas si cela répond à un des
éléments que vous avez soulevés, il y a des
éléments qui sont propres dans les pratiques commerciales; par
exemple, la fraude en matière de réparation ou la fraude dans une
représentation à un consommateur lors d'une transaction, ce n'est
pas de la publicité trompeuse, c'est une pratique déloyale.
Peut-être un autre élément, une perspective qu'on
peut amener là-dessus, c'est que toutes les provinces, sauf une - je
pense que c'est une des provinces de l'Ouest, le Manitoba ou la Saskatchewan -
ont une loi sur les pratiques déloyales. Le Québec a
été une des dernières à adopter cette loi qui n'a
pas de pendant au fédéral.
Le Président (M. Filion): Cela va? Avec
votre permission, M. le député de Shefford, je me suis
incrit moi-même pour trois petites choses.
Règlement sur les garanties
supplémentaires
D'abord, est-ce que je me trompe, mais le règlement concernant
les garanties supplémentaires est en vigueur ou est sur le point de
l'être. Quel est l'état du dossier à ce stade-ci?
M. Moreau: II est en vigueur depuis décembre 1985.
Finalement, il a fait en sorte de s'assurer qu'il n'y ait plus de
déconfiture de compagnie qui laisse en plan des milliers de
consommateurs, comme on l'a vécu avant que cette loi ne soit en
vigueur.
Le Président (M. Filion): D'accord.
M. Moreau: Je pense que la situation actuellement est vraiment
maîtrisée. Les autres provinces qui sont aux prises avec le
même problème - M. Dagenais pourra préciser au besoin -
n'ont pas encore de loi, mais cherchent également un moyen de
régler ce problème; chez nous, il est réglé.
Le Président (M. Filion): Est-ce que ce règlement
sur les garanties supplémentaires ne s'applique qu'aux voitures ou
s'applique à l'ensemble du marché, par exemple? Je voyais
récemment la publicité d'American Express qui nous invite
à aller acheter une garantie supplémentaire sur tous les objets
électriques de consommation, etc. À ce moment, je me posais la
question suivante: Est-ce que le règlement est restreint aux voitures ou
s'il s'applique aux garanties offertes par certaines compagnies aux objets de
consommation en général?
M. Moreau: II est restreint aux voitures parce que les montants
en jeu pour les mitliers de consommateurs étaient de plusieurs centaines
de dollars. Quand une entreprise fermait, ils perdaient tous de 200 $ à
800 $ d'un seul coup. Donc, c'était réellement un
problème.
Dans le domaine des appareils domestiques, on vit la même
situation, on la surveille d'ailleurs de très près.
Jusqu'à maintenant, l'opinion de l'office veut qu'il soit
préférable de ne pas réglementer dans ce secteur, parce
que la perte du consommateur est relativement minime, elle est d'environ 25 $
ou 50 $. Ce qu'on a fait dans ce secteur, on s'est assuré auprès,
entre autres, d'une entreprise, et elle est à peu près la seule,
on a pris des moyens, même si c'est non régi, pour qu'elle donne
un cautionnement au cas où elle fermerait ses portes.
Donc, on a négocié avec elle un règle- ment bien
particulier pour s'assurer que cela protégerait les consommateurs,
quoique ce n'est pas une protection absolue. En parallèle, nous avons
sorti un document d'information, dans notre réseau de bureaux
régionaux, pour informer le consommateur sur les avantages et les
inconvénients de ce type de garantie prolongée en disant au
consommateur quelle était la durée de vie des appareils, en lui
demandant, avant de s'engager, de bien calculer combien cela lui
coûterait à chaque année, quelles sont les chances de bris
mécanique de ces appareils et de prendre ensuite une décision
éclairée d'en acheter ou de ne pas en acheter une fois qu'il aura
fait cette démarche.
Il y a également ceux qui vendent des garanties prolongées
et qui sont des fabricants. Avec eux, habituellement, il n'y a jamais de
problème. D'ailleurs, c'est dans le domaine de l'automobile aussi et ils
ne sont pas soumis à la loi parce que leur première tâche,
leur première fonction est de vendre des produits, de vendre des
automobiles. Donc, tes fabricants d'automobiles sont exclus parce qu'ils
vendent des automobiles et subsidiairement donnent des garanties.
Ce qui comportait un danger, c'était ceux qui faisaient le
commerce de vendre uniquement des garanties. Donc, dans le domaine des
appareils domestiques, c'est pareil, les compagnies qui sont des fabricants ne
représentent pas à toutes fins utiles de danger, ni d'ailleurs
les grosses chaînes de magasin comme Sears qui en donnent et pour
lesquelles on n'a jamais eu de plainte.
Le Président (M. Filion): Par curiosité, quel est
le nom de la corporation avec laquelle vous vous êtes entendu sur une
base bona fide pour obtenir...
M. Moreau: La Compagnie Rayfor. Le Président (M.
Filion): Rayfor.
M. Moreau: Rayfor. Je peux vous dire plus particulièrement
- j'ai ici une précision - qu'effectivement les coûts moyens par
consommateur se situent entre 30 $ et 60 $ par année. Il y a eu, avec
cette compagnie... On m'informe plus précisément que l'engagement
pris par cette compagnie est un engagement volontaire, comme il est
prévu dans la loi dans les pouvoirs du président. Cette compagnie
s'engage à avoir un fonds de réserve afin d'indemniser les
consommateurs. Les associations de consommateurs avec lesquelles on a
transigé ce dossier et qui avaient elles-mêmes reçu
beaucoup de plaintes sont tout à fait d'accord avec cette approche.
Le Président (M. Filion): Pour revenir au cas des
garanties prolongées, puisque c'est le terme légal, "garantie
prolongée"... Est-ce
cela?
M. Moreau: Oui.
Le Président (M. Filion): C'est dans le cas des voitures
usagées ou neuves ou usagées seulement?
M. Moreau: Autant usagées que neuves.
Le Président (M. Filion): Autant usagées que
neuves.
M. Moreau: Lorsque le commerçant et quelqu'un dont la
fonction principale est de vendre des garanties prolongées parce qu'il
n'a pas...
Le Président (M. Filion): D'accord. Vous avez dît
que le règlement est en vigueur depuis décembre 1985 et que,
heureusement, nous avions échappé peut-être à la
faillite de certaines de ces compagnies depuis décembre 1985?
M. Moreau: Depuis décembre 1985, elles sont
surveillées et il n'y a aucun problème de faillite avec les
compagnies à moins que M. Dagenais ait des précisions à
apporter.
Le Président (M. Filion): D'accord.
M. Moreau: De toute façon, il y a les protections
financières que contient la loi là-dessus, protections
financières sur le fonds de réserve, entre autres.
Le Président (M. Filion): Sur ce sujet, allez-y, M. le
député.
M. Scowen: J'imagine que vous avez un juriste parmi vous
aujourd'hui. Les choses dont vous parlez ne sont pas très loin d'une
police d'assurance, une garantie prolongée... Est-ce qu'il y a quelqu'un
qui est capable de me faire la distinction entre une garantie prolongée,
un cautionnement et une police d'assurance qui, normalement, doit être
contrôlée par M. Bouchard? Une garantie prolongée devient,
à un moment donné, une police d'assurance, n'est-ce pas?
M. Dagenais: La seule différence, c'est que dans la loi on
a dit que ces contrats n'étaient plus régis par la Loi sur les
assurances; c'était de l'assurance, mais l'inspecteur
général ne voulait pas s'en occuper et cela n'entrait pas dans la
politique parce qu'il reste que ce sont de petites entreprises et pour s'en
occuper il aurait fallu qu'il leur applique les normes des compagnies
d'assurances avec une capitalisation initiale de 2 000 000 $, fonds de
réserve, etc.
Ce sont généralement de petites entreprises. Il y en a une
qui est assez grande qui fonctionne dans tout le Canada, mais la majeure partie
sont de petites entreprises avec des chiffres d'affaires de 500 000 $, 750 000
$ et c'était impossible. Il a tenté de leur appliquer les normes,
mais cela a été...
M. Scowen: II a quand même dit qu'il était
prêt à les laisser fonctionner.
M. Dagenais: C'est-à-dire qu'on a fait un "switch" dans la
juridiction. La juridiction sur ces entreprises a été
cédée à l'office. Cela reste des contrats d'assurance. En
ce sens le Code civil s'applique, mais la Loi sur les assurances ne s'applique
pas, non plus que la juridiction du surintendant. Nous, on a
hérité de cette juridiction et on a fait une loi
spécifique.
M. Scowen: Vous êtes devenu le surintendant des petites
compagnies d'assurance.
M. Dagenais: C'est que ce sont des compagnies qui ne font que
cela-dé heures)
Le Président (M. Filion): Juste pour terminer les quelques
points que je voulais soulever... Je reviens encore une dernière fois
sur la question de l'automobile. Je pense qu'en 1984 et 1985 nous avions
assisté, sauf erreur, à la faillite d'au moins une de ces
compagnies qui offraient cette garantie prolongée ou ce contrat
d'assurance. Combien y avait-il eu de compagnies qui avaient fermé leurs
portes au grand détriment, évidemment, des consommateurs?
M. Moreau: II y a eu quatre ou cinq compagnies qui ont fait
faillite pendant cette période-là, effectivement, qui
n'étaient pas capables de subsister parce qu'elles vivaient avec les
contrats qu'elles vendaient. Donc, autrement dit, elles ne gardaient pas les
réserves nécessaires pour les sinistres à venir.
Le Président (M. Filion): D'accord. Deuxièmement,
en ce qui concerne le secteur immobilier, tantôt vous m'avez
précisé que ce mandat, qui est prévu par la loi mais qui
est actuellement suspendu parce que les articles ne sont pas encore
entrés en vigueur, demanderait normalement l'octroi de vingt ou
vingt-cinq postes additionnels, une somme équivalant à 400 000 $
ou 450 000 $. On a également vu tantôt, à votre
présentation et par la suite, que le secteur de l'immobilier
était un secteur qui faisait de plus en plus l'objet de demandes
d'information de la part des consommateurs québécois.
Êtes-vous en mesure de nous dire à quel niveau ou à quelle
étape en est rendu l'office sur la possibilité de recevoir ce
mandat et les ressources nécessaires pour
effectivement l'assumer?
M. Moreau: Je vais juste peut-être préciser, si vous
permettez, que, de plus en plus, ce n'est pas le secteur qui cause des
problèmes. Cela ne varie pas. Bon an, mal an, l'automobile est
numéro un, l'habitation est numéro deux et, dans l'habitation, il
y a évidemment une partie des problèmes qui concerne la
rénovation domiciliaire sur laquelle on a juridiction.
Ceci étant dit, comme je vous mentionnais tantôt, je crois
savoir que des démarches sont entreprises, évidemment pas
à l'office parce que c'est pour l'octroi de resssources, et au moment
où on se parle ce n'est pas l'office qui mène le dossier, c'est
plutôt le bureau du ministre responsable... Je ne pourrais pas vous dire
à quelle étape ils sont rendus, je ne le sais pas.
Subventions aux associations de consommateurs
Le Président (M. Filion): D'accord. La troisième
question concerne les subventions aux associations de consommateurs. J'ai
été frappé également par la diminution du nombre de
demandes. Je pense que la réponse que vous avez donnée au
député de Sainte-Marie m'a raisonnablement satisfait. Ce qui me
frappe, par exemple, c'est le montant global de l'enveloppe qui est
accordée aux associations de consommateurs, - vous me corrigerez si je
me trompe -puisqu'une partie de cette enveloppe va à des contrats de
services avec les associations... Je me trompe là-dessus?
M. Moreau: C'est en supplément. C'est 60 000 $ en
supplément du budget de transferts.
Le Président (M. Filion): Donc, l'enveloppe qu'on a est
constituée exclusivement de subventions aux associations de
consommateurs.
Ce qui m'a frappé, c'est le peu d'augmentation de cette enveloppe
depuis 1980. Les associations de consommateurs en particulier continuent
évidemment à réclamer des montants additionnels. En
regardant le tableau qui nous avait été préparé par
la division de la recherche, j'ai noté qu'entre 1980 et 1986 l'enveloppe
globale avait augmenté d'à peu près 10 %, en chiffres
absolus.
M. Moreau: Ce sont les paramètres du Trésor pour
les budgets de transferts. Il est important de signaler qu'il n'y a pas eu de
coupures depuis quelques années dans le budget des subventions
malgré le fait que le fonctionnement de l'organisme ait subi, lui, des
coupures, des compressions.
On peut dire, effectivement, que le budget n'a pas augmenté
beaucoup. Cependant, compte tenu de l'absence de compressions, on peut le
considérer jusqu'à un certain point - et c'est une consolation
-comme un plus. Ceci étant dit, il est évident que les besoins
des groupes de consommateurs sont sans limite. Les demandes des associations
totalisent une somme de 2 500 000 $, bon an, mal an et, évidemment, cela
ne parvient pas à satisfaire à toutes les demandes des
associations, bien sûr.
Le Président (M. Filion): Dans ce cas-ci, les chiffres
parlent un peu. En 1980-1981, 582 000 $; en 1986-1987, 644 000 $; une
augmentation de 62 300 $, ce qui équivaut â environ 10 %. Ma
question est la suivante: Est-ce que les associations de consommateurs sont en
mesure de jouer pleinement le rôle pour lequel elles ont
été mises au monde avec un budget qui, en six ans, a
augmenté de 10 %?
M. Moreau: Évidemment, c'est relatif. Les associations de
consommateurs pourraient certainement faire davantage avec un budget plus
élevé. Sauf que les associations de consommateurs... Je pense
entre autres aux fédérations; ces dernières ont eu des
augmentations continuelles d'une année à l'autre depuis quelques
années. Comme le secrétaire le disait tantôt, on les incite
fortement à essayer de diversifier leurs sources de financement de
façon qu'elles puissent augmenter leurs ressources financières.
Peut-on espérer que c'est avec les ressources gouvernementales qu'elles
pourront substantiellement augmenter leur budget de fonctionnement? Cela n'est
pas évident. Les associations devraient peut-être essayer de
trouver d'autres sources de financement aussi.
Le Président (M. Filion): Les associations ne
reçoivent-elles pas des subventions du ministère
fédéral de la Consommation et des Corporations?
M. Moreau: Elles en reçoivent très peu. Il y a
l'Association des consommateurs du Canada qui en reçoit et qui prend une
bonne partie de ces subventions pour le magazine Le Consommateur canadien et
Canadian Consumer. Je disais, ce matin, qu'il me semble que c'est aux alentours
de 800 000 $ par année et il reste quelques centaines de milliers de
dollars, parce que la subvention fédérale est aux alentours de 1
000 000 $. Elle est répartie entre les locaux de cette association
pancanadienne, de sorte que chacune reçoit pour sa province un petit
montant.
La fédération garde 100 000 $ en fonctionnement et
retourne à ses locaux provinciaux 10 000 $ en moyenne pour
chacun.
Le Président (M. Filion): Cela va.
M. Marcil: M. le Président, pour les subventions, est-ce
que ce sont habituellement les mêmes organismes qui font les demandes?
Distribuez-vous les subventions à peu près aux mêmes
organismes? Ce sont presque toujours les mêmes qui viennent des
mêmes régions.
M. Moreau: Le secrétaire pourrait apporter des
précisions là-dessus. Effectivement, il y a une diminution
d'associations qui demandent des subventions. On le mentionnait tantôt.
Certaines d'entre elles n'en demandent pas parce qu'elles ne répondent
pas aux critères. Elles en demandaient au début et elles ont
cessé.
Quant aux associations qui répondent aux critères, la
majorité d'entre elles reviennent d'année en année et
reçoivent des subventions lorsqu'elles performent. Certaines d'entre
elles n'en reçoivent plus et on les prévient souvent à
l'avance. Parfois on leur dit que la performance de l'année
mérite encore une subvention, mais diminuée, et que, si les
performances ne s'améliorent pas, il y a risque qu'il n'y ait plus de
subvention l'année suivante. Chaque année, il y a un certain
nombre d'associations auxquelles on envoie ce genre de message.
Le Président (M. Filion): Merci. M. le
député de Chapleau.
Poursuites pénales
M. Kehoe: Merci, M. le Président. M. Moreau,
jusqu'à maintenant vous avez beaucoup parlé des orientations et
plus spécifiquement de la prévention et de la protection du
consommateur. J'ai une courte question à vous poser concernant la
médiation. Est-ce un aspect important du travail de l'office, dans le
sens que si la médiation échoue entre les parties le dernier
choix pour le consommateur est de prendre action? C'est le seul recours qu'il
a; mais, après que la médiation a échoué, quels
pouvoirs l'office peut-il avoir? Est-ce que ce sont des pouvoirs de
publicité auprès du fournisseur de ce service qui n'a pas rempli
ses promesses? Comment cela fonctionne-t-il après que la
médiation a échoué?
M. Moreau: Sur le plan du recours civil du consommateur, lors de
la médiation, l'office ne prend pas et n'a pas de moyen coercitif sur le
plan civil. L'office essaie plutôt de rapprocher les parties pour
qu'elles en arrivent à une entente sur le litige civil qui les occupe.
Si les parties n'en arrivent pas à une entente, jamais l'office ou le
bureau régional ne présume que l'une des deux parties est en
tort. II informe plutôt le consommateur que s'il maintient sa
réclamation il a à sa disposition le tribunal et que c'est son
dernier recours. Il n'y a pas, à ce moment-Ià, de publicisation
ou il n'y a pas de pression sur le commerçant. C'est sa liberté
de ne pas vouloir accéder à une demande d'un consommateur.
Évidemment, s'il y a eu infraction à la loi, le dossier
prend un autre cheminement. Le dossier s'en va à notre Direction des
affaires juridiques pour analyse. II peut y avoir à ce moment des
poursuites intentées contre le commerçant parce qu'il y a
infraction à la loi. Mais, quand on pense à la médiation,
il n'y a pas nécessairement infraction pénale à notre loi.
Cela peut n'être qu'une mésentente entre le consommateur et son
commerçant.
M. Kehoe: Est-ce que l'office dispose du pourcentage des plaintes
déposées après la médiation? Est-ce que vous
déposez plusieurs plaintes pénales durant une année?
M. Moreau: Nous intentons environ de 400 à 600 poursuites
à chaque année, mais avant d'intenter des poursuites nous
envoyons aussi des avis au commerçant dans lesquels on lui explique
qu'il est en infraction à la loi et qu'il doit respecter cette loi. Par
exemple, en 1985-1986, nous avons intenté 399 poursuites.
M. Kehoe: Au pénal.
M. Moreau: Toujours au pénal. Nous avons envoyé,
plutôt que des poursuites, 790 avis à des commerçants et
mené 1060 enquêtes, obtenu 458 jugements des tribunaux pour un
montant d'amende de 514 000 $.
M. Kehoe: Quand vous parlez des avis, ce sont des avis à
quel sujet?
M. Moreau: Ce sont des avis pour informer le commerçant
qu'il est en infraction à la loi et lui expliquer en quoi il est en
infraction et ce qu'il devrait faire pour respecter la loi. Je dois vous dire
là-dessus que nous avons une politique concernant les poursuites.
Lorsqu'un commerçant commet une infraction, il n'est pas poursuivi
automatiquement. D'après cette politique, nous intentons des poursuites
dans les cas de mauvaise foi du commerçant, lorsqu'il y a tromperie,
publicité trompeuse ou encore récidive.
Il y a des cas particuliers où nous intentons des poursuites
automatiquement parce que ce sont des problèmes de consommation
sérieux et récurrents. Par exemple, lorsque les agents de voyages
commettent des fautes graves comme des atteintes aux comptes en fiducie, qu'ils
ne respectent pas les dispositions sur la fiducie.
Ce sont des poursuites lorsque, par exemple, les studios de santé
ne respectent pas la loi et perçoivent en un seul versement le plein
montant, étant donné que ce sont des contrats à
exécution successive. Lorsqu'un studio de santé - il y en a eu
beaucoup par le passé - ferme ses portes, encore une fois il y a des
milliers de consommateurs qui perdent complètement leur argent. Pour
éviter cela, la loi prévoit que le commerçant ne peut pas
percevoir le montant du contrat en moins de deux versements. Là-dessus,
nous devons être très sévères parce que par le
passé il y a eu beaucoup de fermetures. Donc, première
infraction, une poursuite. Un autre cas, ce sont les vendeurs
itinérants.
Il n'y a pas de poursuite lorsque ce sont des infractions techniques.
Quand ce sont des infractions techniques, nous ne poursuivons pas, nous avisons
le commerçant, nous l'informons de la façon de respecter la
loi.
Dans les cas où l'infraction est commise par un employé,
mais manifestement à rencontre d'une politique d'une entreprise, nous ne
poursuivons pas la première fois l'entreprise. Donc, nous essayons de
poursuivre dans les cas où vraiment il y a mauvaise foi, où
l'infraction est sérieuse ou qu'il y a de la fraude.
M. Kehoe: D'accord.
Le Président (M. Filion): Dans le même esprit, au
pifomètre, le taux de succès des poursuites pénales
intentées par l'office m'apparaît comme étant
particulièrement élevé. Est-ce que je me trompe en disant
que l'office s'est bâti d'abord une crédibilité devant les
tribunaux et devant l'opinion publique en général puisqu'on
diffuse assez largement les jugements lorsqu'il y en a? Deuxièmement,
est-ce que mon impression est correcte, à savoir que le taux de
succès devant... (16 h 15)
M. Moreau: Elle est correcte effectivement. Dans au moins 80 %
des cas, nous obtenons un jugement favorable. Cela varie entre 80 % et 90 %.
Cependant, au-delà du tableau positif que vous décrivez, on s'est
bâti une certaine crédibilité; notre service
d'enquête aussi, à mon point de vue, est très
compétent. Je dois dire aussi que beaucoup de commerçants
plaident coupables. Dans ces cas, forcément, ce sont autant de cas que
nous gagnons par défaut.
Le Président (M. Filion): Dans les cas où il y a un
avis, est-ce que vous avez un pourcentage sur le nombre de commerçants
qui se conforment à l'avis sans que des poursuites soient
nécessaires?
M. Dagenais: De la façon qu'on fonctionne, étant
donné le nombre d'avis qui est envoyé, on n'a pas les ressources
nécessaires pour aller revisiter en règle générale
l'entreprise. On se dit qu'on va en entendre parler si la compagnie ne se
conforme pas. On adopte une attitude d'attente et si une plainte revient dans
un avenir relativement rapproché, en dedans d'un an ou de deux ans,
à ce moment on le considérera comme une récidive. On ne
fait pas un suivi ou une seconde enquête.
Le Président (M, Filion): Dans le même esprit,
monsieur.
M. Laporte: ...des subventions aux organismes et j'aurais deux
sous-questions.
Le Président (M. Filion): La-dessus, je voulais
reconnaître le député de Shefford, le député
de Mille-Îles et ensuite, si vous voulez, je vais vous inscrire. M. le
député de Shefford.
M. Laporte: Pas de problème.
M. Paré: Je voudrais revenir sur certains sujets
traités par les intervenants au cours des dernières minutes.
Lorsqu'on a parlé du fonctionnement ou du rôle global de l'office,
l'esprit c'est de voir la protection du consommateur dans sa globalité -
je dois dire que je partage cet esprit - et cela vous amène à
aller dans des domaines non régis. D'après les pouvoirs que vous
avez présentement, si je comprends bien, votre pouvoir d'intervention se
limite à l'information au consommateur et aux travaux de recherche.
Est-ce que vous vous êtes dotés ou avez-vous l'intention de vous
doter d'une véritable politique d'intervention dans les domaines non
régis? Est-ce que vous allez recommander des amendements à
certaines lois pour vous permettre justement d'aller au-delà de cela? II
y a des domaines qui ne sont pas couverts et que vous voulez protéger le
consommateur dans sa globalité, cela prendra des pouvoirs. Est-ce que
vous' envisagez d'aller dans ce sens?
M. Moreau: On peut dire que, la loi étant en vigueur
depuis maintenant plus de cinq ans, une des préoccupations
au-delà du préventif était aussi de faire respecter cette
loi et d'assainir les pratiques de commerce. On s'est donné un plan
triennal il y a trois ans dans lequel on a accordé beaucoup d'importance
à la prévention mais dans lequel également on croyait
qu'il fallait nettoyer certaines choses. Présentement, on est sur le
point - je le disais ce matin -d'entamer un autre plan triennal et il y a toute
cette réflexion qu'il faut faire. Une des avenues effectivement que nous
envisageons, c'est d'accorder beaucoup plus d'importance à ce type de
dossiers pour l'avenir, d'autant plus que l'assainissement
des pratiques de commerce, par exemple, ça va bien
présentement, ça roule bien. C'est une surveillance qui doit
être constante, mais je dirais que l'erre d'aller est maintenant obtenu
et on peut passer à d'autres préoccupations. Cela fera
certainement l'objet de notre réflexion dans les prochains mois pour en
arriver à un nouveau plan triennal.
M. Paré: Dans un autre domaine, on parlait tantôt de
l'implication du gouvernement canadien ou les comparaisons avec les autres
provinces. Justement, il y a eu ces derniers jours ou il va y avoir une
conférence fédérale-provinciale des ministres responsables
de la consommation et des corporations, vous en avez certainement entendu
parler. Parmi les sujets traités, en ce qui concerne l'harmonisation
entre les provinces et les territoires, on parle d'exigences de divulgation du
crédit, de fonds d'indemnisation et de cautionnement, de la Loi sur la
faillite, de la loi sur les brevets référant aux produits
pharmaceutiques, de la Loi sur l'intérêt et de la nouvelle Loi sur
la concurrence. En vertu de l'orientation de globalité qu'on a et en
vertu des lois et des interventions qu'on fait pour protéger le
consommateur, est-ce que nous avons des avantages à aller dans une
harmonisation avec les autres provinces?
M. Moreau: Cette conférence a eu lieu incidemment la
semaine dernière. Le directeur des affaires juridiques a assisté
à cette conférence. Il peut vous en parler sans doute
brièvement et certainement qu'il peut peut-être apporter quelques
commentaires sur l'intérêt que l'on peut retirer à ce genre
de conférence.
M. Paré: L'avantage à harmoniser... M. Moreau:
...harmoniser.
M. Paré: En fait, c'est une comparaison que je vous
demande avec ce qui existe dans les autres provinces. A-t-on avantage à
harmoniser nos politiques avec celles des autres provinces?
M. Dagenais: Le problème de l'harmonisation se pose
particulièrement en matières commerciales pour les entreprises
qui ont à transiger d'un océan à l'autre et qui aimeraient
bien avoir un seul type de contrat. Évidemment, au Québec, il y a
toujours la question de la langue qui fait qu'il doit y avoir un contrat en
français, mais au-delà de cela la question de l'harmonisation a
été posée lors de la rencontre. Ce qui était
à l'ordre du jour, c'est dans le domaine de l'intérêt parce
que toutes les provinces et le gouvernement fédéral, en plus, ont
une loi sur les contrats de crédits et chaque province a une
définition... Je me reprends plus clairement. Au niveau de la
divulgation, ce qui est essentiel dans les lois sur les crédits, c'est
que l'on divulgue clairement au consommateur ce qu'il est appelé
à payer. Les situations que ces lois-là ont corrigées, la
loi du Québec et celle des autres provinces, c'était, par
exemple, lorsqu'on alléchait le consommateur avec un taux de 13 %, mais
il y avait des frais d'intérêt, des frais d'assurance, des frais
de ceci et de cela, ce qui faisait un taux de 25 %. Toutes les provinces et le
gouvernement fédéral, en ce qui concerne la Loi sur les banques,
ont adopté une loi sur la divulgation des taux d'intérêt
pour que ce soit, si vous me permettez l'expression, "all inclusive". Quand
c'est 17 %, c'est complet.
Il y a de petites différences d'une province à l'autre,
mais cela reste de petites choses, parce que les lois sont sensiblement
analogues, elles ont été inspirées les unes des autres. Il
reste de petites différences. On ne considère pas que c'est un
gros problème présentement parce que, par exemple, les banques ne
nous ont pas parlé de cette question depuis des années; cela
semble aller assez bien. Mais il reste que, comme question de principe, les
gens autour de la table se sont entendus pour dire: Oui, on devrait faire un
groupe de travail et tenter, tout en gardant les spécificités
provinciales, d'harmoniser encore plus si nécessaire. On ne peut pas
être contre ce sujet.
Je termine là-dessus. Cela s'est posé en matière de
législation sur le crédit seulement, la Loi sur la faillite
étant évidemment à l'échelle canadienne tout comme
la Loi sur les brevets pharmaceutiques, également.
M. Paré: Je vais aller sur d'autres dossiers comme les
agences de voyages ou des choses comme cela. Complète-t-on des dossiers
qui étaient déjà entamés?
Le Président (M. Filion): On a beaucoup parlé des
subventions aux associations de consommateurs. Je comprends que vous voulez
revenir là-dessus?
M. Laporte: C'est cela. Cela ne sera pas long, c'est seulement
une question d'éclaircissement.
Le Président (M. Filion): D'accord. Je rappelle aux
membres de la commission qu'il nous reste environ 90 minutes.
M. Laporte: Ma première question s'adresse au
président. Elle porte sur l'évaluation, en termes de
médiation, d'organismes comme le Bureau d'éthique commerciale,
l'évaluation qui en a été faite, si une évaluation
a été faite, ou à tout le moins la pensée de
l'office là-dessus en
termes d'intervention. Il est intervenu à quelques reprises.
L'autre question, c'est un point d'éclaircissement. J'ai
été heureux de constater la remarque du président de la
commission à savoir que les subventions données aux organismes
n'étaient pas coupées, mais même légèrement
augmentées. Je regarde dans un document de la Presse, en septembre 1985,
où on fait référence à des subventions
données à des organismes de l'ordre de 644 600 $. J'essaie de
voir d'où vient ce montant. C'est à titre d'information et
d'éclaircissement. Je regarde dans le rapport annuel 1985-86, le montant
est de 636 600 $, et celui de l'année précédente est de
617 400 $. D'où vient la différence entre les deux montants?
C'est simplement cela.
M. Moreau: C'est une association de consommateurs qui s'est
désistée dans la réalisation de ses projets et qui a remis
l'argent.
M. Laporte: Concernant l'évaluation sur le travail
effectué par le Bureau d'éthique commerciale?
M. Samuel: Dans le processus de médiation, on a
effectivement collaboré avec divers comités que l'on pourrait
appeler des comités d'arbitrage. Ce sont des comités mis sur pied
par les secteurs commerciaux ou manufacturiers qui ont pour but principal de
régler les litiges qui opposent leurs membres ou les commerçants
d'un secteur commercial. On collabore activement avec trois principaux
comités. C'est effectivement le Bureau d'éthique commerciale...
Dans le comité d'arbitrage des manufacturiers automobiles, les
principaux participants - de mémoire - sont Ford, GM et Chrysler.
Dernièrement, il y a eu un manufacturier japonais, je crois que c'est
Toyota ou Datsun, qui s'est joint aux autres.
On collabore également avec le comité des fabricants de
meubles du Québec qui ont mis sur pied un comité conjoint avec la
Corporation des marchands de meubles du Québec et l'Association des
fabricants de meubles. C'est un comité d'arbitrage qui a pour but
principal de régler tous les litiges qui touchent la question des
meubles.
Enfin, le troisième est le comité d'arbitrage des
maîtres buandiers. Donc, tout litige qui a trait à des
défauts produits aux vêtements à la suite d'un nettoyage
à sec peut être présenté à ce
comité.
D'ailleurs, il y a une rencontre cet après-midi avec le BEC et
l'équipe de ma direction. En ce qui concerne l'automobile, le principal
problème, c'est que les gens s'en servent très peu malgré
le fait qu'on a même une brochure qui parle des diverses avenues pour
régler les problèmes. Les gens y ont peu recours. L'année
passée, de mémoire, il y a eu cinq ou six cas
présentés au comité d'arbitrage.
II y a quand même plusieurs facteurs qui expliquent ce
phénomène. D'une part, le BEC dirige le comité d'arbitrage
principalement à Montréal. Donc, il n'est pas présent en
régions. Deuxièmement, c'est un comité d'arbitrage qui
oblige les parties à adhérer à la décision de
l'arbitre. Le BEC est quand même identifié, je crois, dans la
tête des consommateurs, comme étant aussi principalement une
organisation de commerçants. Quand on se retrouve devant les grands
manufacturiers automobiles, les gens ont tendance à penser qu'ils
n'obtiendront peut-être pas justice comme cela pourrait se faire à
un autre forum, dont principalement la Cour des petites créances.
Malgré ces résultats un peu décevants -on avait mis
beaucoup d'énergie à négocier toute notre information,
transfert de dossiers, etc. - on demeure toutefois optimistes. Cela peut
être quand même une voie de solution fort avantageuse pour le
consommateur. D'une part, on n'embourbe pas les tribunaux avec des causes quand
on sait déjà qu'il y a des délais très longs.
Deuxièmement, cela fait aussi partie de notre philosophie de traiter
à nouveau les plaintes à l'office où l'on essaie de
favoriser la conciliation et d'amener les parties à s'entendre pour
régler les problèmes.
Donc, on est en train de réévaluer en profondeur, avec le
BEC, les problèmes auxquels il fait face, de mieux analyser les causes
et de favoriser autant que possible cette avenue. Pour ce qui est du BEC, c'est
le principal problème qu'on a connu. Il y a aussi une certaine
résistance des manufacturiers automobiles. Lorsqu'il y a un jugement
d'arbitre qui devient favorable au consommateur, il y a toujours la menace des
manufacturiers de se retirer du comité d'arbitrage. À ce
moment-là, je pense que le BEC se trouvait dans une position un peu
conflictuelle.
Le Président (M. Filion): Tantôt, j'avais interrompu
l'intervention du député de Shefford. Alors, ce sera M. le
député de Shefford et, ensuite, M. le député de
Mille-Îles. (16 h 30)
Agences de voyages
M. Paré: Je veux aller dans des dossiers un peu plus
précis et peut-être moins globaux. On sait que pour les agences de
voyages on a connu - j'espère qu'on n'en connaîtra plus - et on
risque de connaître encore des problèmes, même si pour
détenir un permis il faut absolument un cautionnement et participer au
fonds collectif. Je veux parler du traitement des dossiers comme tels pour le
consommateur. C'est
arrivé dernièrement et je prendrai cet exemple pour que
l'on puisse comprendre la situation vécue par des citoyens qui n'ont pas
prévu que cela leur arriverait. Ces gens vont au Maroc et apprennent
dans l'avion que leur compagnie est en faillite - vous devez savoir de quelle
compagnie je parle, c'est arrivé tout dernièrement - et ils ne
savent pas ce qui va leur arriver au Maroc. Effectivement, il n'y a plus
personne qui s'occupe d'eux et ils doivent se débrouiller pour trouver
un hôtel, parce qu'il n'y a rien de payé et rien de
réservé. C'est sûr qu'en arrivant ils font une
réclamation d'après des factures qu'ils ont ramassées dans
les hôtels qu'ils ont pu se trouver. Jusqu'à quel point tient-on
compte des problèmes et peut-on compenser pour les inconvénients,
pour la perte de jouissance d'une certaine façon? On part en vacances
pour ne pas avoir de problèmes et on se ramasse avec quinze jours ou
trois semaines de problèmes, à changer de chambre en fonction de
la disponibilité que l'on retrouve dans les hôtels et, au lieu
d'être sur la plage, on peut se ramasser en plein centre-ville. Dans
l'exemple qui nous concerne, on a payé toutes les factures. C'est pour
cela que j'essaie de comprendre jusqu'à quel point on a une certaine
préoccupation des compensations. On a payé 75 $ pour les
problèmes occasionnés. Sur quoi se base-t-on pour apporter une
certaine compensation pour les inconvénients subis lors d'un voyage ou
lorsque cela nous arrive et qu'on est en route?
M. Moreau: D'abord, je veux vous dire que, lorsque les
consommateurs se retrouvent dans cette situation à l'étranger et
qu'il y a une agence de voyages qui ne remplit plus ses obligations, à
ce moment-là une fiduciaire est nommé par le président de
l'office pour administrer les affaires de la compagnie et s'assurer que tous
les services achetés par les consommateurs leur soient
immédiatement fournis. Lorsque nous apprenons qu'une compagnie est en
déconfiture et si, par exemple, c'est vendredi après-midi, on
s'en occupe immédiatement et on fait tout le nécessaire pour
trouver un fiduciaire; le président de l'office tient une audition pour
enlever le permis au besoin et nommer un fiduciaire; on convoque chez nous le
fiduciaire immédiatement; nos gens travaillent avec lui au besoin toute
la fin de semaine et quasiment instantanément les gens à
l'étranger continuent à recevoir le service. Ils peuvent avoir un
problème d'inquiétude pendant douze heures, mais aussitôt
que l'on est saisi du dossier on met le processus en marche.
Cependant, il arrive que des consommateurs subissent effectivement des
dommages comme ceux que vous mentionnez, qu'ils ont des services, mais de
beaucoup moins bonne qualité. À ce moment-là, lorsqu'ils
veulent être indemnisés pour cela -et la loi prévoit qu'ils
peuvent l'être - il faut qu'ils intentent une poursuite en Cour
provinciale, obtiennent jugement, parce que nous ne pouvons quand même
pas évaluer l'ampleur du préjudice subi et, lorsqu'ils ont un
jugement, comme la compagnie est en faillite, à ce moment-là
notre fiduciaire les paie à même les cautionnements et le fonds
collectif.
Le Président (M. Filion): Si mon confrère me le
permet, je dirai très rapidement que j'ai vécu une telle
situation. Vous avez raison, l'office réagit le plus vite possible. Mon
collègue, le député de Shefford, a raison, parce que j'ai
vécu l'envers de la situation. C'est impossible de tout prévoir
dans les destinations de l'agence de voyages. Ce que j'ai vécu au Maroc,
c'est que l'hôtelier refusait d'honorer en quelque sorte l'espèce
de bon que l'on remet au voyageur dans un voyage organisé.
L'hôtelier refusait de l'honorer, ayant lui aussi appris que la compagnie
était en faillite et souvent, dans bien des cas, l'hôtelier
n'avait pas reçu les chèques correspondant aux locations qui
étaient déjà intervenues. D'ailleurs, au Maroc, j'ai vu
des gens autour de moi vivre cette situation. Je me dis que c'est impossible de
tout prévoir. L'office ou le fiduciaire ne peut pas avoir un
représentant partout pour dire à l'hôtelier: Ne vous
inquiétez pas. Par contre, après quelques jours, comme l'a
souligné le député de Shefford, sans le bagage
d'inconvénients et d'ennuis qui est inhérent à ces
situations, les gens ont quand même réussi à se reloger de
façon convenable.
M. Moreau: II y a effectivement des pays où on a
rencontré certaines difficultés comme celles-là. Vous avez
parlé du Maroc, il y a aussi le Mexique. Malgré le fait que notre
fiduciaire envoie des télex aux hôteliers pour leur dire que c'est
couvert et que c'est payé à ce moment-là par les fonds
collectifs et les cautionnements, il y a quand même des hôteliers
qui pensent que leur réclamation ne sera pas honorée et qui
peuvent effectivement avoir cette réaction de ne pas donner le service.
Dans les cas comme ceux-là, effectivement, cela cause des
inconvénients. Il faut que nous tentions de reloger ces gens dans
d'autres hôtels. C'est notre fiduciaire à ce moment-là qui
fait des ententes à l'étranger avec d'autres commerçants
pour régler ces problèmes. C'est un fait que cela peut arriver
lorsque les hôteliers refusent les télex et les garanties de
remboursement qu'on leur donne.
Studios de santé
M. Paré: Merci. Un autre dossier dont
on a entendu parler passablement - vous l'avez même
spécifié un peu tantôt - c'est celui des studios de
santé. On sait qu'on a connu plusieurs problèmes, plusieurs
fermetures, donc plusieurs victimes, finalement. À la suite du
précédent judiciaire concernant une plainte dans un studio de
santé, le fait d'avoir pu s'en prendre directement à
l'administrateur, est-ce que cela a changé un peu la situation? Est-ce
que cela s'est amélioré? Est-ce que cela va mieux de ce
côté-là? Est-ce que le consommateur peut se sentir un peu
plus en sécurité?
M. Dagenais: II y a eu une amélioration. Cela a pris du
temps.
Le Président (M. Filion): Allez-y, Me Dagenais.
M. Dagenais: Il y a eu un assainissement qui est, je dirais,
relativement récent. C'est venu après qu'on a finalement pu
évincer deux principaux chevaliers d'industrie qui grenouillaient dans
ces secteurs. Cela a été assez long de les éliminer. On a
réussi par des condamnations pénales et également en
innovant, si je peux dire, en soulevant le voile corporatif et en intervenant
dans une poursuite civile. En étant les instigateurs d'une poursuite
civile où, finalement, l'administrateur, qui était un des deux
chevaliers d'industrie dont je vous parlais, a été
condamné personnellement à rembourser 40 000 $ aux membres de ses
divers studios - il en avait ouvert une dizaine dans la province - parce que le
juge a considéré que, même en dépit du voile
corporatif, il avait une connaissance personnelle des mauvaises finances de son
entreprise et qu'il n'avait pas d'affaire à vendre des abonnements
à quelques semaines de la fermeture, cela a réglé en bonne
partie le problème.
Ce qui a beaucoup aidé également, c'est une nouvelle
chaîne qui s'est installée - que je qualifierais de très
sérieuse, enfin, qui nous semble assez sérieuse - la chaîne
Nautilus, qui est très bien gérée. Les
intéressés ont présentement une quinzaine de studios et
ils ont acheté beaucoup de studios qui étaient en plus ou moins
bonnes affaires. Ils sont en train de prendre beaucoup d'expansion dans la
province. Je pense même qu'ils s'en vont sur le marché de la
Bourse, également; ils font une offre publique. Cela a amené un
partenaire très sérieux dans le domaine des studios de
santé, ce qui manquait auparavant parce que c'est une industrie
très fragmentée, sans aucune association
représentative.
En conclusion, cela regarde mieux que cela a jamais regardé
depuis les six ans qu'on applique la loi.
Une voix: C'est plus en santé qu'avant.
M. Dagenais: Ce qu'il y a d'amusant -je peux peut-être
conclure là-dessus - c'est que les problèmes des studios de
santé, quand on va dans des conférences
fédérales-provinciales ou même à l'occasion de
rencontres de collègues aux États-Unis, c'est à
l'échelle nord-américaine. Cela attire, je pense, des chevaliers
d'industrie parce que cela demande très peu de capitalisation. Vous
louez un local; vous louez les équipements; vous percevez tout de suite
l'argent pour quelque chose que vous rendez dans un mois. Vous pouvez vendre
des abonnements ad nauseam parce que les gens, finalement, au bout de quelques
mois ne persévèrent pas. À un moment donné, quand
vous avez écrémé le marché, qu'il y a moins
d'abonnements qui viennent ou que c'est l'été, par exemple, les
gens s'amusent dehors, alors là vous fermez.
Je pense que c'est comme cela qu'on s'explique pourquoi ce secteur est
critique même à l'échelle nord-américaine.
Le Président (M. Filion): Les clubs sportifs, les clubs de
tennis, etc., ne sont pas compris dans la définition du secteur.
M. Dagenais: Non, c'est immobilier, un club de tennis, un club de
golf, etc. On tes considère comme de l'immobilier. C'est effectivement
immobilier. On loue une surface.
Le Président (M. Filion): On rapporte ceci. Je dis cela en
passant, je ne veux pas lancer de mauvaises rumeurs. On a assisté
à une prolifération de clubs de tennis, clubs de racquetball,
clubs de squash et, pour une raison ou pour une autre, il y a une diminution de
l'intérêt un peu chez les gens. Alors, je me demandais s'il y
avait protection advenant le cas où nos abonnements de tennis ne
seraient pas respectés à court terme, mais vous avez
répondu à la question.
M. Dagenais: Une des grandes différenciations en ce qui a
trait aux clubs de tennis, squash, racquetball, etc., c'est que cela demande
des investissements initiaux assez considérables. Alors, il faut quand
même être assez sérieux pour avoir accès à ces
capitaux. Cela fait la discrimination au départ.
Le Président (M. Filion): Je vous remercie. M. le
député de Mille-Îles ou M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: C'est un peu dans le même problème,
sauf que moi ce n'est pas un club sportif. Je sais que cela a fait les
manchettes. Il y a près de chez moi une de ces fameuses sectes
religieuses qui, ces derniers temps, sans en nommer aucune, ont siphonné
des montants assez astronomiques à
des gens peut-être moins bien équipés que nous face
à cela. Où est-ce que vous en êtes à l'office face
à ces chevaliers?
M. Moreau: Les poursuites sont pendantes présentement,
M. Boulerice: Elles sont pendantes présentement. D'accord,
nous n'irons pas plus loin à ce moment.
Le Président (M. Filion): En vertu de quoi sont
intentées les poursuites dans ce secteur?
M. Moreau: C'est la perception des montants en un seul versement
alors que ce sont des services à exécution successive et que !a
loi prévoit qu'ils doivent être perçus en un minimum de
deux versements. Également on me dit que...
Le Président (M. Filion): S'il vous plaît!
M. Moreau: ...lorsqu'il y a annulation du contrat
conformément à la loi... La loi prévoit que dans certaines
circonstances on peut annuler le contrat et, même si tout se fait dans la
légalité, il n'y a pas de remboursement. Alors, il y a poursuite
également sur cela.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Mille-Îles.
M. Belisle: Pour revenir à une question du début de
l'après-midi, je regarde les documents qui nous ont été
remis, intitulés "Programmation 1985-1986", Direction des
communications, 20 février 1985, version revisée 4 mars 1985,
texte final approuvé par le conseil d'administration; "Programmation",
Direction des bureaux régionaux, 28 février 1985;
"Programmation", Direction des affaires juridiques, 4 mars 1985; documents qui
sont numérotés 277-A, B, E, D et suivants. C'est la même
chose pour l'année 1986. Il y a des documents qu'on a reçus
effectivement et qui sont datés du 5 mars 1986, Direction des
communications. Première question: À qui sont-ils remis
annuellement?
M. Moreau: Ces documents circulent à l'intérieur de
l'office, ils sont préparés par les directions. Ils sont
discutés et approuvés en réunion de gestion,
c'est-à-dire la réunion des gestionnaires, et soumis pour
approbation au conseil d'administration.
M. Bélisle: Ces documents, dans la forme où nous
les recevons présentement, sont-ils présentés sans cette
même forme pour discussion aux membres du conseil d'administration?
M. Moreau: Oui.
M. Bélisle: Bon. Est-ce que vous avez d'autres tableaux
explicatifs? Est-ce que vous avez d'autres données qui vous sont
fournies au conseil d'administration à part les documents du 4 mars
1985, du 20 février 1985 et, relativement à la Direction des
communications, du 5 mars 1986? Est-ce qu'il y a d'autres choses qui vous sont
données pour comprendre les indicateurs de mesure, etc.? Y a-t-il
d'autres informations documentées, écrites et chiffrées
qui vous sont données?
M. Moreau: II n'y a pas d'autres documents comme tels mais pour
eux, c'est une suite d'évaluation en évaluation et de
programmation en programmation, de sorte qu'ils connaissent le contexte. Il n'y
a pas effectivement d'autres documents qui leur sont remis à moins que
sur un dossier particulier on ait fait une étude ou qu'on ait
préparé un document pour faire adapter une position par
l'organisme.
M. Béiisle: Vous voulez me dire que les membres du conseil
d'administration lorsqu'ils ont ces documents qui leur sont
présentés -je prends un exemple au hasard Programmation,
activités et moyens, promouvoir la Journée internationale des
droits des consommateurs, le 15 mars 1987, indicateur de mesure, nombre
d'activités, nombre de participants et impact dans les médias...
Quelle est l'information technique quantifiée? Vous accordez une
importance primordiale qualitative et quantitative à cela à la
page 9 de votre allocution de ce matin. Je pourrais prendre n'importe quel des
indicateurs de mesure dans n'importe quel des programmes et des documents que
votre conseil d'administration reçoit. Si j'étais assis au
conseil d'administration moi-même, je vous dirais: Écoutez...
Prenons-en un autre: "indicateurs de mesure: favoriser l'information, la
consultation, la rétro-information, soutien technique", vous marquez:
nombre de sessions organisées. Je dirais: C'est bien beau, mais combien
de sessions a-t-on organisées cette année comparativement
à l'an dernier? Quelle information ai-je? (16 h 45)
M. Moreau: Le gestionnaire est présent et donne toutes ces
réponses aux membres du conseil d'administration.
M. Bélisle: Et le conseil d'administration interroge sur
chacun de ces indicateurs de mesure?
M. Moreau: Absolument.
M. Bélisle: Combien de temps est-ce que cela prend?
M. Moreau: Cela prend une journée pour voir les quatre
directions.
M. Bélisle: D'accord. Par la suite, quand vous faites
votre demande au ministère - vous êtes sous la juridiction du
ministère de la Justice - reprenez-vous ces mêmes documents? Les
retournez-vous au cabinet du ministre avec des informations chiffrées et
quantifiées quant aux indicateurs de mesure?
M. Moreau: Ils sont disponibles effectivement pour le
cabinet.
M. Bélisle: Ils sont établis sur papier.
M. Moreau: Ce sont les mêmes documents qui sont disponibles
pour le cabinet effectivement.
M. Bélisle: Si vous me dites que ce sont ces mêmes
documents, M. Moreau, qui sont disponibles pour le cabinet, le cabinet n'est
aucunement en mesure de savoir ou d'avoir la connaissance ou l'information que
le conseil d'administration a verbalement lorsqu'il interroge les directeurs
des services.
M. Moreau: II est en mesure d'avoir toute l'information qu'il
veut bien demander.
M. Bélisle: Autrement dit, le ministre concerné,
c'est à lui de poser les questions pertinentes quant aux indicateurs de
mesure pour savoir le contenu exact.
M. Moreau: C'est à nous de lui donner l'information
nécessaire. On la lui donne effectivement par ces documents.
M. Bélisle: Ce n'est pas ce que vous venez de me dire, M.
Moreau.
M. Moreau: C'est la programmation. Vous avez également les
documents d'évaluation. Vous le mentionniez tantôt. Aux quatre
mois, on évalue l'atteinte des objectifs et la réalisation de la
programmation. Dans le document d'évaluation que vous avez, on vous dit
si cela a été fait ou non et, si cela n'a pas été
fait, pourquoi. Vous avez à la fin, à ta dernière page
d'une évaluation, un résumé des éléments de
programmation qui n'ont pas été réalisés. On dit
pourquoi et s'ils doivent être réalisés dans la
période suivante ou s'ils sont abandonnés. S'ils sont
abandonnés, c'est parce que le comité de gestion était
d'accord. Il l'a soumis au conseil d'administration qui l'a accepté pour
les raisons qui ont été exposées à ce
moment-là.
M. Bélisle: D'accord. Je vous accorde, M. Moreau, que vous
avez raison par rapport aux programmes qui ont été
délestés, qui n'ont pas été réalisés
pour des raisons qui sont peut-être très bien fondées. Pour
les programmes qui ont été réalisés, pour les
services offerts, pour les activités faites et tout le reste, il n'y a
pas d'information comme telle, chiffrée et quantifiée qui part de
chez vous, de l'office, et qui est transmise au cabinet du ministre. En tout
cas, je n'en vois pas, peut-être qu'il y en a, mais je n'en vois pas.
J'aimerais que vous me disiez s'il y en a.
M. Moreau: II n'y en a pas sur chacun des éléments
de programmation.
M. Bélisle: II n'y en a pas.
M. Moreau: C'est-à-dire qu'il y a des rencontres avec le
cabinet, des discussions de dossiers ad hoc, mais il n'y a pas, parce que ce
serait un travail à temps plein, de discussion sur chacun des
éléments de programmation et il n'y a pas non plus un
exposé sur chacun de l'atteinte des objectifs et de la
réalisation de la programmation comme on fait en réunion de
gestion parce que - le président est disponible pour le faire - ce
serait un travail à temps plein à ce moment-là ou presque;
ce serait considérable effectivement, mais il est disponible pour le
faire.
Le Président (M. Filion): Finalement, non pas pour
diminuer la portée du questionnaire précédent, mais je
dois comprendre que les gens de l'office sont à la disposition des
fonctionnaires du Conseil du trésor ou du ministère de la Jutice
pour échanger des renseignements sur n'importe quel aspect de
l'administration ou de la programmation de l'office.
M. Moreau: Absolument.
Le Président (M. Filion): Comme cela se fait pour
n'importe quel autre organisme.
M. Moreau: Absolument.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Oui. Parmi vos grandes orientations, on retrouve
une approche globale. J'aimerais savoir si, avec l'expérience que vous
avez vécue - ce n'est pas la première année - cela permet
effectivement de régler plus vite les problèmes et un
remboursement plus sûr pour les consommateurs lésés.
M. Moreau: Dans les plaintes qui arrivent à l'office et
lorsque c'est régi, effectivement l'approche globale a des avantages
considérables parce qu'elle se fait dans un processus d'analyse des
dossiers.
Nous avons un secteur d'activité à l'office qui s'appelle
"l'unité d'analyse". L'unité d'analyse est composée de
trois personnes: un avocat, un représentant des bureaux régionaux
et un enquêteur. Ces trois personnes sont là parce qu'elles ont
beaucoup d'expérience de l'organisme. Par exemple, le
représentant des bureaux régionaux a été
représentant régional pendant plusieurs années,
connaît l'organisme sur le bout de ses doigts. L'enquêteur en est
un de grande expérience et l'avocate au dossier est à l'office
depuis de nombreuses années. Elle a travaillé au contentieux.
C'est une équipe multidisciplinaire qui reçoit tous les
cas en provenance des bureaux régionaux. Ils sont tous analysés.
Ils sont tous classés selon l'importance, selon la récurrence,
et, là, les décisions sont prises sur le choix des dossiers qui
doivent être traités afin de leur donner un traitement global.
Lorsque des poursuites, par exemple, sont intentées, on expliquait
tantôt quels étaient les critères de poursuite, la
politique de poursuite de l'organisme, mais on tient compte beaucoup de la
récurrence des plaintes lorsque c'est un cas qui mérite action.
Lorsque, par exemple, un ensemble de consommateurs est touché, il y a
une action globale qui est faite pas nécessairement sur le plan
pénal, mais cela peut être également une action
auprès du commerçant, afin que des négociations
aboutissent finalement à une indemnisation des consommateurs. On peut en
arriver à une indemnisation de l'ensemble des consommateurs
touchés. On peut en arriver également, quand ce n'est pas
possible, à une poursuite pour finalement s'assurer que cette pratique
va cesser dans l'avenir.
Si on revient à cette unité d'analyse et au traitement
global, je dois vous mentionner que la tâche reliée à cette
fonction consiste à identifier les thèmes, les sujets ou les
commerçants qui sont particulièrement préoccupants. Une
fois qu'ils sont identifiés, on les regroupe de façon à
faire une rationalisation des interventions. On identifie et on administre les
priorités. On s'assure, finalement, d'une meilleure coordination des
interventions contre des commerçants qui agissent aussi dans plusieurs
régions. On veut s'assurer qu'un traitement global va régler le
problème, non seulement à Montréal, mais partout au
Québec lorsqu'ils font des affaires partout ailleurs.
Donc, on peut dire que le traitement global a pour effet de
régler un ensemble de dossiers de consommateurs, évite des
actions particularisées par un ensemble d'employés. C'est fait
par cette unité dont je vous parlais et qui recommande des actions
à l'office, soit des enquêtes, soit des poursuites ou soit des
négociations pour règlement global.
Accessibilité aux services
M. Paré: Merci. Au sujet de l'accessibilité aux
services pour les clientèles éloignées au Québec,
parce qu'on sait que le territoire est grand, qu'il y a des communautés
qui sont assez loin des grands centres, qu'il y a douze bureaux au
Québec, est-ce qu'on peut dire qu'on a tous à peu près,
peu importe où on se trouve, l'accessibilité facile, pratique?
Est-ce que tous sont desservis et bien desservis?
M. Moreau: Les plus éloignées sont desservies. Par
exemple, il y a accessibilité gratuite par Zénith pour les
consommateurs de l'Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord, la
Gaspésie, les Îles-de-la-Madeleine ainsi qu'une partie du
Bas-Saint-Laurent. Dans d'autres régions éloignées,
où ce service n'est pas gratuit, il y a une politique de rappel. Lorsque
le consommateur nous soumet un cas, on peut le rappeler. À ce moment, il
ne paie pas les frais d'interurbain. Cela nous coûte présentement
à notre budget une somme de 85 000 $ qui est affectée à
cela.
M. Paré: II y a 85 000 $ de frais
téléphoniques pour l'ensemble des régions?
M. Moreau: Voilà. Évidemment, on aimerait bien
établir cette accessibilité gratuite à toutes les
régions du Québec, sauf que cela coûterait très
cher. Cela coûterait au-delà de 400 000 $. On se dit, finalement,
qu'il est préférable, étant donné que les
ressources sont limitées, de donner cet accès aux régions
éloignées, étant donné que les gens qui vivent en
périphérie des bureaux régionaux ont quand même un
accès à un coût beaucoup plus réduit. Si vous
appelez, par exemple, de Drummondville au bureau de Trois-Rivières, cela
ne coûte pas cher. Vous avez quand même un accès, ce que
vous n'avez pas lorsque vous êtes très loin, comme aux
Îles-de-la-Madeleine.
M. Paré: Les 85 000 $, c'est le Zénith et le
rappel. C'est le total des deux.
M. Moreau: Ce sont les interurbains. M. Paré:
D'accord.
M. Boulerice: Vous permettez, M. le Président, j'ai une
brève question dans la même foulée.
Le Président (M. Filion): Oui, M. le député
de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Pour ce qui est de l'accessibilité,
avez-vous une espèce de formule de kiosques et comptoirs
itinérants qui circulent à l'intérieur du Québec,
principalement dans les centres commerciaux'
M. Moreau: Nous avons déjà fait cette
expérience à quelques endroits, sauf que nous avons dû
l'abandonner parce que nous donnons un service par le truchement de nos bureaux
régionaux qui, comme je le disais, accaparent finalement
complètement notre personnel.
Dans les cas où nous sommes allés dans les expositions,
prenons l'exemple du Salon de l'habitation, il faut que nos employés,
nos préposés aux renseignements soient présents sept jours
par semaine d'à peu près 9 heures le matin à minuit ou 11
heures le soir, de sorte que pendant ce temps-là, ils ne sont pas dans
leur bureau régional.
Je vous disais tantôt que la capacité de réception
des demandes des consommateurs est complètement saturée, et non
seulement ils ne sont pas présents mais on ne peut pas leur demander de
travailler sept jours par semaine, 18 heures par jour sans leur donner du temps
compensé, de sorte qu'il y a un impact négatif important sur
notre réseau de bureaux régionaux dans les deux ou trois semaines
qui suivent la fin d'une exposition.
Pour ces raisons, nous avons dû abandonner cette présence
à l'aide de kiosques ou dans les expositions. On avait pensé,
effectivement, installer des kiosques dans certains centres commerciaux, mais
ce n'est pas possible pour cette raison. C'est un choix qui a été
fait.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Au sujet de la réparation d'appareils
domestiques, on apprend dans la documentation et, je pense même dans
votre exposé de ce matin, les effets des opérations
témoins en ce qui concerne les réparations de
téléviseurs ou d'appareils ménagers. Cela a-t-il vraiment
un effet dissuasif sur les commerçants qui pouvaient avoir des pratiques
non correctes. Pratiquez-vous toujours et de plus en plus cette
opération témoin?
M. Moreau: Oui, l'effet dissuasif est important parce que les
condamnations qu'on obtient habituellement le sont, à toutes fins
utiles, pour des raisons de fraude. Comme les condamnations sont
publicisées, l'effet pour le commerçant qui fait cela est
catastrophique dans sa région, surtout s'il demeure dans un petit centre
à l'extérieur de Québec ou de Montréal. C'est ainsi
qu'on a vu, par exemple, qu'il y avait beaucoup moins de récidives dans
ces régions, parce que c'est beaucoup plus dangereux pour le
commerçant que dans les grandes villes comme Québec ou
Montréal où le taux d'infractions demeure quand même
élevé. Bon an mal an, il y a à peu près un
commerçant sur trois qui effectivement commet une fraude lorsqu'on fait
une opération témoin.
Quand on dit un commerçant sur trois, c'est beaucoup, mais on y
va contre les commerçants à propos desquels on a beaucoup de
plaintes. Donc, en partant, ce sont des commerçants qui sont
soupçonnés sérieusement de commettre des délits
comme ceux-là.
M. Paré: On retrouvait aussi, toujours concernant les
appareils ménagers, dans la Presse du mois de mai dernier, ceci:
L'Office de protection du consommateur devrait réglementer la
prolongation des garanties des apparareils électroménagers. Qu'en
pensez-vous, avez-vous entrepris des démarches là-dessus?
M. Moreau: C'est le secteur des garanties prolongées dont
on a parlé précédemment. Dans ce dossier, notre
recommandation est de ne pas réglementer ce secteur, étant
donné que les montants investis par les consommateurs ne sont que de 30
$ à 60 $ par année et étant donné que, finalement,
il y a très peu d'entreprises qui sont susceptibles d'occasionner un
danger, on en parlait tantôt. On pense que l'information au consommateur
sur les avantages et les inconvénients d'acheter de telles garanties lui
permet de prendre une décision en toute connaissance de cause.
Publicité trompeuse
M. Paré: Au sujet de la publicité trompeuse, je
vais vous donner un exemple qui m'a été rapporté, je ne
sais pas si c'est vrai, mais que faites-vous dans ces cas-là?Cela me préoccupe, parce que je l'ai vu. Dans ma région, il
y a des vendeurs itinérants de pierres tombales qui mettent même
de la publicité dans les journaux. Il semblerait que cela ait
été porté à votre attention. Il s'agit de
publicité écrite de la part de vendeurs itinérants. On
peut y lire: "Manufacturiers de monuments" alors qu'ils ne sont absolument pas
manufacturiers mais seulement vendeurs.
Est-ce vrai ce que j'ai entendu - parce que j'ai rencontré
quelqu'un la semaine passée à cet égard - est-ce vrai que
ce genre de publicité, en fait qui n'est pas vraie, se pratique sur une
grande échelle, êtes-vous intervenus dans certains dossiers? (17
heures)
M. Dagenais: Les cas que vous avez en tête nous ont
été référés. On est intervenu dans un de ces
cas. Il y en avait plusieurs qui nous avaient été
référés. D'ailleurs, l'entreprise qui se plaignait est un
vieux client de l'office, en ce sens que depuis 1980 elle nous signale les noms
de compétiteurs qui... On a déjà fait plusieurs
enquêtes à la suite des initiatives de ce commerçant. Cette
fois-ci, il y avait certaines entreprises qui étaient de
véritables manufacturiers. Il y
en avait un, entre autres, qui n'était pas manufacturier parce
que, effectivement, il faisait faire les pierres, sauf que c'était
quelqu'un plein de ressources qui a déniché une définition
- je pense que c'est dans le Robert - disant que le manufacturier est quelqu'un
qui fait ou qui fait faire. Il était bien fier de nous dire cela. On lui
a dit que "fait faire", c'est dans le cas de quelqu'un qui a une entreprise et
qui fait faire par ses employés et non quelqu'un qui fait faire par
n'importe quelle autre entreprise. À ce moment, tout détaillant
ou toute personne fait faire quand elle commande. Un vendeur de meubles
commande ses meubles à l'usine. Ce cas, nous l'avons retenu comme
étant un cas où la personne ne pouvait pas dire qu'elle
était manufacturier, Je ne peux pas vous donner de résultat, mais
il n'y aucun doute dans mon esprit que si cela n'a pas cessé à
l'heure actuelle, cela va cesser. Dans ce cas, on a intimé à la
personne de cesser.
M. Paré: J'en aurais encore, si...
Le Président (M. Filion): Oui? Allez-y.
M. Paré: Quand il y avait le ministère des
Relations avec les citoyens, des rencontres et des recommandations avaient eu
lieu. Vous vous étiez entendus, entre autres, sur les services continus,
etc. Est-ce que tout ce qui avait été discuté a
été mis en vigueur sur le plan des relations avec les
citoyens?
M. Moreau: Oui. Là-dessus, je vais céder la parole
au directeur des bureaux régionaux. Je dois vous dire à ce sujet
qu'effectivement on s'était fait déléguer par ce service
la surveillance de nos propres opérations, autrement dit
l'autosurveillance. C'est un dossier auquel on a toujours attaché
beaucoup d'importance et pour lequel on essaie d'avoir la meilleure performance
possible. Le directeur des bureaux régionaux pourrait peut-être
nous faire un bilan de ce qui a été fait dans ce sens.
M. Bélair: Dans l'ensemble des recommandations faites par
ce ministre délégué aux Relations avec les citoyens, il y
en avait plusieurs qui n'avaient pas d'application à l'office
puisqu'elles étaient déjà dans les moeurs de
l'organisation depuis sa fondation. À titre d'exemple, tout le concept
du pilotage des dossiers, c'est-à-dire que le même fonctionnaire
puisse prendre la plainte du début jusqu'à la fin pour que le
citoyen ne soit pas perdu et que, lorsqu'il téléphone à un
bureau gouvernemental, il sache qui traite son dossier. C'est un exemple. II y
avait quand même une foule de recommandations qui étaient
déjà acquises à notre organisme.
Il restait principalement deux points.
D'abord, le service continu au citoyen qui existe présentement
dans toutes les régions à l'exception des bureaux où le
nombre de ressources humaines ne permet pas l'ouverture à l'heure du
lunch. Ce sont les bureaux de Gaspé, Sept-Îles, Rouyn,
Saint-Jérôme et Rimouski. Il ne faut pas oublier que lorsqu'on
ouvre de midi à 13 heures, on est obligé de décaler
l'ensemble du service à la clientèle à partir de 11 h 30
et de l'étaler jusqu'à 13 h 30. Or, dans ces bureaux, on a un
employé, on a un préposé. À ce moment-là, il
faut absolument qu'il prenne son heure de repas. Par contre, pour pallier cette
situation, on a doté ces bureaux, comme tous les autres bureaux
d'ailleurs, de répondeurs automatiques aux appels. Ces bureaux s'en
servent pour que, à l'heure du lunch, les gens aient le message que le
bureau est fermé et que pour les citoyens qui veulent bien laisser leur
nom et leur numéro de téléphone, le bureau régional
se fera un plaisir de communiquer avec eux immédiatement après
l'heure du repas. Donc, c'est un problème réglé.
Tous nos bureaux sont ouverts de 8 h 30 à 16 h 30, à
l'exception du bureau de Montréal qui est ouvert jusqu'à 17
heures. Dans la région de Québec, en tout premier lieu on
était ouvert jusqu'à 17 heures, mais de toute évidence, on
se rendait compte qu'après 16 h 30, on n'avait pas d'appels. Donc, on
l'a ramené à 16 h 30.
L'autre point sur lequel il fallait principalement travailler à
l'office, c'est l'accès aux handicapés, l'accès de nos
bureaux régionaux aux handicapés. Au cours de la dernière
année, on a réglé certains bureaux. Si ma mémoire
est bonne, il y avait Jonquière et un autre qui s'est
réglé, Sept-Îles. Il reste présentement les bureaux
suivants qui ne sont pas accessibles ou, s'ils le sont, c'est vraiment
compliqué. Il y a le bureau de Longueuil, sauf qu'à cause de
l'architecture même de l'édifice, et c'est en location
privée, cela demanderait des investissements absolument astronomiques.
Notre option est déjà prise, nous allons déménager
à l'édifice Montval qui est déjà un organisme
gouvernemental et qui est accessible.
Il y a le bureau régional de Québec qui est situé
au même endroit que le centre administratif. Il n'est pas accessible aux
handicapés. Le problème principal de cet édifice est le
fait qu'il est classé monument historique, donc toute réparation
ou toute modification à l'architecture implique plusieurs intervenants:
le ministère des Affaires culturelles, la ville de Québec, etc.
et encore une fois, à des coûts assez élevés.
Cependant, le problème va se régler prochainement car l'office,
situé au 6 de l'Université, va déménager
bientôt dans de nouveaux locaux, puisque le propriétaire, le Petit
séminaire de Québec, reprend
possession. Donc, c'étaient les deux principaux points qu'il
restait à régler au moment de la délégation
à l'office et à l'exception de ces deux bureaux qui vont se
régler très prochainement, l'ensemble des dossiers a
été réalisé.
On continue quand même, même s'il n'y a plus un ministre
responsable comme tel de ce secteur. À l'office, on a quand même
constitué un groupe de fonctionnaires qui a le mandat principal
d'analyser tous les problèmes de service à la clientèle et
relations avec les citoyens et il peut nous conseiller sur les mesures à
prendre pour améliorer le service comme tel.
Préarrangements funéraires
M. Paré: D'accord. Dans un autre domaine, concernant les
préarrangements funéraires, on sait que le ministre entend
réglementer par un projet de loi qui devrait être
déposé à l'automne. Avez-vous été
consulté et si oui, quel est l'essentiel des recommandations que vous
avez apportées concernant ce dossier?
M. Moreau: Oui, effectivement, nous avons été en
constant rapport avec le personnel du bureau du ministre sur ce dossier. Nous
l'avons, finalement, discuté avec lui. Nous avons, à sa demande,
consulté des groupes concernés et, comme le ministre l'a
annoncé, il compte déposer cette loi à l'automne et,
essentiellement, ce qu'elle vise, c'est de s'assurer que les entreprises de
thanatologues déposent en fiducie une partie, sinon totale, du moins
très importante, des sommes qu'elles perçoivent pour les
préarrangements funéraires. C'est la principale disposition
autour de laquelle gravitent des dispositions secondaires dont je demanderais
peut-être à Jacques Dagenais de nous donner un bref
résumé.
M. Dagenais: La disposition de base est que les montants d'argent
seront déposés entre les mains d'un fiduciaire qui ne pourra
remettre l'argent que lorsqu'il y aura décès et preuve de
prestation des services. Ensuite les intérêts s'accumuleront dans
une certaine mesure, peut-être pas la totalité des
intérêts, à tout le moins selon l'indice des prix à
la consommation pour que dans une quinzaine d'années... En moyenne, dans
l'industrie, il s'écoule environ quinze ans entre la signature du
contrat et le malheureux moment où on rend le service. Alors, il faut
qu'il y ait suffisamment d'argent dans quinze ans pour rendre ce service.
Il va y avoir aussi des possibilités d'annulation qui vont,
disons, beaucoup déroger au droit commun, parce que c'est un peu
spécial de s'engager à quelque chose dont la période de
livraison est de quinze ans. Il y a tellement de choses qui peuvent changer. Il
y a quelques années, on ne parlait pas d'incinération alors que,
maintenant, près de la moitié des gens choisissent
l'incinération. Alors, on peut vouloir changer un contrat parce que les
moeurs changent, parce que l'entreprise peut changer, l'entreprise peut ne pas
avoir le prestige qu'elle avait originellement et qui était un des
motifs de choix, etc.
M. Scowen: Je vais vous poser la même question une
deuxième fois. Quelle distinction faites-vous entre une telle affaire et
une police d'assurance-vie?
M. Dagenais: C'est différent. M. Scowen: Oui?
M. Dagenais: On vous vend immédiatement un service, on
vous prend l'argent tout de suite et on vous livre la marchandise seulement
lorsque... Le risque est sûr; il n'y a pas de risque.
Le Président (M. Fîlïon): C'est cela. Si vous
me permettez, Me Dagenais. Je me rappelle nos cours de droit. A la
différence d'une police d'assurance, c'est que, dans ce cas-ci, la
prestation de service, qui est la contrepartie du paiement, est certaine. Dans
le cas d'une police d'assurance, le mot le dit, on assure un risque qui n'est
pas sûr de se réaliser, alors que, dans le cas de la livraison
d'un arrangement funéraire, dans ce cas-ci, à moins que le
gouvernement libéral change le cours des choses, cela a bien l'air que
cela va continuer à être certain.
M. Dagenais: II y a un élément additionnel
aussi.
Une voix: Nous sommes forts, mais pas è ce
point-là.
Le Président (M. Filion): ...
M. Dagenais: Une assurance, c'est aussi une compensation
monétaire lorsqu'une éventualité surgit. Dans ce cas-ci,
on ne vous compense pas monétairement; on vous enterre, on vous
fournît un cercueil, on vous vend d'avance un bien.
M, Scowen: Les nuances sont très minces.
M. Dagenais: Pardon?
M. Scowen: C'est une question de nuance. Ou bien on vous remet 10
000 $, ou bien on vous remet 10 000 $ de services funéraires.
M. Dagenais: C'est peut-être une
nuance, mais elle est capitale dans le domaine de l'assurance. Ce n'est
pas une indemnité que l'on vous donne, c'est un service qu'on vous rend
et que vous avez payé d'avance.
Le Président (M. Filion): Est-ce que vous voulez
continuer? Vous étiez en train de nous relater, Me Dagenais... Je ne
sais pas si monsieur... Oui? Vous étiez en train de brosser le tableau
de ce que devrait être normalement...
M. Dagenais: ... les deux...
Le Président (M. Filion); ...la législation en
matière d'arrangements funéraires. Peut-être qu'on vous a
interrompu.
M. Dagenais: Ce sont finalement les grands points, je dirais, les
"highlights" qui sont déjà publics, qui ont été
rendus publics par le ministre. Je pense que, pour les détails, par
courtoisie pour le ministre, on doit le laisser les dévoiler lorsqu'il
va le juger approprié.
Le Président (M. Filion): Si je me permets d'intervenir,
c'est uniquement pour faire un commentaire. Le point majeur là-dedans,
ce qui me révolte un peu, c'est de savoir que des gens bien
intentionnés qui arrivaient à un certain âge
prévoyaient. Il faut prévoir dans la vie et c'est excellent.
À 65 ans, ils déboursaient une somme X qui correspondait,
à ce moment-là, à peu près à la valeur des
services rendus - si on peut appeler cela un service, que de se faire enterrer,
mais enfin... mais pour la personne, comme vous l'avez bien souligné Me
Dagenais, il s'écoule une période de quinze ans entre le moment
où l'arrangement est pris et le moment où la triste
éventualité survient. Pendant ce temps-là, les
intérêts bénéficient à qui?
Une voix: Le coût change aussi.
Le Président (M. Filion): Le coût change. D'accord,
il y a un calcul à faire, mais quand même...
M. Marcil: ...te faire enterrer dans quinze ans.
Le Président (M. Filion): Les gens avaient l'impression
qu'ils faisaient une excellente affaire; je n'en suis pas si sûr que
cela, mais de toute façon... Je pense que c'est un aspect de la loi. Il
y en a d'autres également qui ont été soulevés et
qui sont dus aux caractéristiques un peu curieuses du service qui est
rendu.
M. Marcil: On pourrait poser la question suivante. D'après
votre expertise, quelle est la moyenne d'augmentation des coûts dans
cette industrie, si on peut appeler cela une industrie?
M. Dagenais: Cela suit l'inflation. Les intérêts,
historiquement, selon les études actuarielles qu'on a pu consulter, en
général, si on prend les trente dernières années,
se situent entre 2 % et 3 % au-delà de l'IPC. Donc, c'est l'essence
même des intérêts que de rapporter un peu plus que
l'inflation.
Le Président (M. Fîlion): Je vous remercie.
M, Paré: II y a aussi un facteur qu'il faut
considérer. Si l'entreprise meurt avant nous, il faut que quelqu'un
prenne la relève.
Le Président (M. Filion): C'est cela. M. Paré:
Habituellement, c'est rentable.
Le Président (M. Filion): C'est vrai qu'il n'y a pas
beaucoup de faillites dans ce secteur au Québec.
M. Dagenais: II n'y a pas beaucoup de chevaliers de l'industrie
là-dedans. C'est un genre d'industrie qui n'attire pas les aventuriers.
C'est assez spécial, il faut une vocation j'imagine. (17 h 15)
Le Président (M. Filion): En plus, elle a une
caractéristique spéciale. C'est l'industrie où les
relations entre l'entreprise et la famille du défunt, ou de la
défunte, se font à des moments bien particuliers. Après le
décès d'un être qui nous est près, parce que
généralement les gens qui s'occupent de faire enterrer leur ami
ou leur parent sont affectés par ce décès et, en plus, ils
doivent transiger une opération qui est maintenant rendue passablement
coûteuse, en ce sens-là, encore une fois c'est là un tas de
facteurs qui viennent renforcer 13 nécessité de s'y pencher. Il y
a des secteurs qu'il faut réglementer.
Secrétariat central des
commerçants
M. Paré: Maintenant, un autre sujet. On retrouve à
quelques occasions dans les rapports que vous nous avez soumis, le thème
ou la concrétisation du Secrétariat central des
commerçants. J'aimerais que vous me donniez plus de détails sur
sa nature, ses activités et ses fonctions.
M. Moreau: Le Secrétariat central des commerçants,
c'est finalement l'endroit où sont regroupés pour tout
l'organisme tous les dossiers des commerçants. Avant, il y a environ
deux ans, les dossiers des commerçants étaient dans les
directions, là où ils étaient traités, alors que
maintenant
cela constitue, à toutes fins utiles, la mémoire
collective de l'office concernant les transactions qu'il fait avec les
commerçants.
C'est par le secrétariat central que l'on peut savoir, par
exemple, combien il y a de plaintes contre un commerçant, quelle est la
nature des plaintes, s'il y a des interventions, où elles en sont
rendues et ce qui se passe dans le dossier. Donc, cela compile tout ce qui
concerne un commerçant.
Cela permet de donner une information complète en un seul lieu
physique sur un commerçant et cela renseigne rapidement et de
façon accessible sur le portrait global d'un problème de
consommation avec un commerçant en particulier.
M. Paré: C'est une banque de données sur les
commerçants avec qui vous avez eu affaires.
M. Moreau: C'est cela. M. Paré: Strictement. M.
Moreau: Exactement.
M. Paré: D'accord. M. te Président, je ne sais pas
s'il y a d'autres questions d'ordre général. Je serais presque
rendu aux priorités. Tel qu'on s'était entendu, on les gardait
pour la fin.
Le Président (M. Filion): D'accord.
M. Paré: Priorités ou les orientations pour
l'avenir.
Le Président (M. Filion): Oui.
M. Paré: À moins que des collègues aient des
questions à poser sur...
M. Camden: M. le Président.
Le Président (M. Filion): Oui, M. le député
de Lotbinière.
Commerçants itinérants
M. Camden: Alors, j'ai une question à poser. En prenant
connaissance du document "Les droits et obligations du commerçant
itinérant" on peut y lire: Le contrat conclu -de ceux qui font exception
- avec un expert en sinistres. Est-ce que ces gens-là ont fait l'objet
d'une analyse ou d'une évaluation de leur approche avec les
consommateurs? Certains de ces individus profitent du désarroi et des
problèmes des gens pour faire des affaires. Est-ce que cela
relève strictement du domaine des assurances ou si vous vous êtes
penchés sur ce secteur d'activité?
M. Dagenais: D'une part, déjà ils sont sous la
juridiction du Surintendant des assurances. Ils sont également, à
toutes fins utiles, les courtiers en assurances; ils sont une corporation
professionnelle. C'est cela, en fait. Finalement, pour ces raisons
fondamentales, on estimait qu'il y avait déjà du monde qui s'en
occupait ailleurs et que cela n'était pas nécessaire qu'il y ait
deux personnes qui s'en occupent.
M. Camden: Êtes-vous au fait qu'il y a effectivement des
abus? Est-ce que des concitoyens communiquent avec l'office pour
déposer, à l'occasion, des plaintes ou faire part à
l'office de certaines récriminations qu'ils ont à l'égard
de ces gens qui profitent des événements?
M. Bélair: On a eu des problèmes avec les experts
en sinistres, il y a environ trois ans. It y a eu une recrudescence, surtout
dans la région de Montréal, de plaintes à cet
égard, mais depuis trois ans on n'en a vraiment pas entendu parler.
Est-ce que le Surintendant des assurances a resserré sa surveillance
dans ce secteur-là? On n'a vraiment pas eu de plaintes... De
mémoire, cela remonte à trois ans où on a vraiment eu un
phénomène qui sautait aux yeux, donc, un nombre plus
élevé de plaintes, de sorte que présentement, on a
sûrement des plaintes, mais pas en nombre suffisant pour devoir
entreprendre une action de la part des bureaux régionaux si cela remonte
à trois ans.
M. Camden: Merci.
Le Président (M. Filion): Avec la permission du
député de Lotbinière, pour le contrat conclu avec l'expert
en sinistre dont il est question dans la brochure mentionnée, l'expert
en sinistre, ici, est-ce que ce n'est pas plutôt l'évaluateur de
dommages? Est-ce que c'est de celui-là qu'on parle? On ne parle pas d'un
assureur, on parle de l'évaluateur de dommages, c'est cela. C'est dans
ce sens, un "ajusteur" un petit peu, c'est cela? Ou quelqu'un qui vient
faciliter "l'ajustement" d'une réclamation.
À ce sujet, je vous félicite d'avoir prévu comme
exception à la règle du délai de dix jours pendant lequel
le consommateur peut annuler une transaction, le contrat de vente d'un billet
de loterie, sinon, les guichets de Loto-Québec seraient remplis assez
souvent.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'ai une question à poser concernant les
commerçants itinérants afin de mieux comprendre. Est-ce que ces
règles s'appliquent autant aux services qu'aux biens?
M. Moreau: C'est autant pour les services que pour les biens,
effectivement.
M. Scowen: Prenons par exemple que je suis en train de refaire
mon salon. J'embauche un peintre et un électricien et par la suite
quelqu'un pour laver les tapis et les fenêtres. C'est donc quatre
contrats. Je signe les contrats lundi. Les services sont dispensés
mardi, mercredi, jeudi, et vendredi on m'envoie la facture. Je dis que je ne
suis pas satisfait. Je fais appel à vos règles, ici, et je refuse
de payer. C'est évident qu'on ne peut pas récupérer la
peinture, le savon et le travail qu'on a fait. Qu'est-ce qui arrive si
quelqu'un veut tout simplement éviter de payer les services qui ont
été rendus par des fournisseurs? Dans ce domaine, est-ce qu'il y
a des cas? Qu'est-ce qui se passe?
M. Bélair: D'abord, il y a quand même certaines
exceptions à cette règle générale, la
première étant que sauf pour quelques travaux de
rénovation prévus à l'article 7 du règlement
général, entre autres, de mémoire, réfection de
toiture, recouvrement extérieur, dont du "siding", etc., à chaque
fois qu'un consommateur fait appel lui-même, c'est-à-dire que le
consommateur sollicite le commerçant, ce n'est pas de la vente
itinérante. Donc, dans votre exemple, quand vous
téléphonez à votre peintre et lui dites: Venez faire le
salon, qu'il vient chez vous, conclut le contrat avec vous et entreprend la
peinture, il n'est pas un vendeur itinérant. Donc, le consommateur ne
peut pas annuler le contrat dans les dix jours.
M. Scowen: Cela c'est en vertu d'un règlement.
M. Bélair: Non, c'est en vertu de la loi, parce qu'il y a
deux conditions. Il y a ta sollicitation. Il ne faut pas que le consommateur
sollicite lui-même le commerçant à venir conclure un
contrat ailleurs qu'à sa place d'affaires sauf dans les exceptions
suivantes: toiture, revêtement extérieur de bâtiment. Je
crois qu'il y en a deux qui m'échappent?
Une voix: Portes et fenêtres.
M. Bélair: Portes et fenêtres. Dans ces
cas-là, même si un consommateur appelle un commerçant dans
ces secteurs d'activité et que le contrat est conclu ailleurs
qu'à la place d'affaires - ces deux conditions - le commerçant
est quand même soumis à l'annulation du contrat dans les dix
jours.
Mais de fait, ce qui se produit c'est que s'il y a des cas d'urgence -
réparer une toiture de toute urgence parce que c'est l'hiver, etc. - le
consommateur a quand même son droit théorique, mais purement
théorique, de l'annulation dans les dix jours. Cependant la plupart des
tribunaux n'ont pas retenu ces prétentions parce que là, il y a
un autre principe de droit qui entre en considération: l'enrichissement
sans cause. À ce moment, tous les consommateurs qui voudraient se
prévaloir de la faculté de résolution tandis que les
travaux ont été faits et dans des circonstances semblables les
juges n'ont pas accordé l'annulation du contrat parce qu'il y aurait eu
enrichissement sans cause.
M. Scowen: J'appelle un plombier à minuit parce qu'un
tuyau a explosé, il vient et il fait les réparations. Je refuse
alors de le payer. En vertu de ta loi pour avoir droit à ce paiement,
est-il obligé d'aller en cour?
M. Bélair: Oui, si le consommateur refuse de payer, mais
ce n'est pas en vertu de notre loi. Dans ce cas, c'est très clair, un
plombier ce n'est pas des portes, des fenêtres, une toiture et le
recouvrement de bâtiment. À ce moment, c'est le consommateur qui a
appelé un homme de métier, un plombier, et ce n'est pas de la
vente itinérante. Donc, te consommateur ne peut pas dire: Bien non, je
ne te paie pas parce que j'ai dix jours pour annuler et j'annule. Ce n'est pas
de la vente itinérante.
M. Scowen: Supposons que vous receviez une brochure à la
poste où c'est écrit: On va laver vos vitres ou on va laver vos
tapis. Vous téléphonez à ces gens à la suite de la
réception de cette petite feuille. Les gens viennent. Est-ce qu'ils
sont...
M. Bélair: Non, on a une règle
d'interprétation qui dit que la sollication doit être quand
même individualisée et personnalisée. Donc, le
commerçant qui laisse tout simplement une publicité très
générale aux milliers de portes de son quartier, ce n'est pas une
sollicitation active individualisée. Par contre, la même
publicité adressée à votre nom personnel et à votre
adresse, là oui. Mais la plupart du temps, ce sont simplement des
imprimés qui sont laissés parmi une foule d'autres
imprimés et ce n'est pas de la vente itinérante, parce que la
sollicitation n'a pas été directe auprès d'un consommateur
individuel. Pour le même cas, ce serait de la vente itinérante si
un soir, alors que vous êtes assis tranquille à ta maison,
ça sonne à la porte et que le nettoyeur de tapis vous sollicite
personnellement pour nettoyer le tapis. Vous signez le contrat, vous avez dix
jours pour annuler.
M. Scowen: Si c'est par écrit ou personnellement, il y a
une distinction.
M. Bélair: Oui.
M. Scowen: Si je possède le Recouvrement de toitures
Scowen Inc. et que quelqu'un me demande de faire le recouvrement de son toit,
si j'insiste pour que la
personne vienne à mon bureau et que le contrat est alors
signé à mon bureau, la règle de dix jours n'est pas
applicable. Mais si je me déplace chez lui pour signer le contrat, la
règle de dix jours est applicable?
M. Bélair: Le principe c'est celui de solliciter ou de
conclure ailleurs qu'à sa place d'affaires. Même si le contrat est
signé à votre commerce, si vous avez sollicité activement
le consommateur chez lui pour ce contrat, vous êtes un vendeur
itinérant. Il y a les deux conditions. Il y a la sollicitation et il y a
la conclusion du contrat.
M. Scowen: Est-ce que je peux vous demander la distinction que
vous faites entre le recouvrement d'un toit et la construction d'une
véranda?
M, Dagenais: Historiquement, les cas où il y avait
vraiment de la fraude c'était les revêtements d'aluminium, les
vendeurs de portes et fenêtres et de toitures. Ce sont des secteurs
où historiquement il y avait des problèmes. C'était
des...
M. Bélair: II y avait beaucoup de commerçants qui
ratissaient un quartier, qui concluaient des contrats et qui disparaissaient
tout simplement. C'était vraiment un secteur un peu particulier.
M. Scowen: À première vue, cela a l'air
d'être d'une complexité spectaculaire tous ces... Est-ce qu'il y a
plusieurs plaintes dans ce domaine? Est-ce que cela fonctionne bien?
M. Dagenais: II y a effectivement beaucoup de plaintes. Avant de
continuer sur cela, j'aimerais quand même vous dire que, comme
organisation, si quelqu'un nous appelle, s'est fait faire un travail, annule et
refuse de payer, il ne trouvera pas une oreille sympathique chez nous, on n'a
pas de temps à perdre avec ces cas. Il y a trop de choses importantes
à faire pour qu'on s'occupe de choses du genre. Maintenant, les secteurs
dans la vente itinérante où on porte une attention
particulière sont ceux où il y a des fraudes plus substantielles.
Par exemple, dans le domaine de la rénovation, il y a certains
rénovateurs qui oeuvrent en province et qui prennent des acomptes
substantiels, 1000 $ ou 2000 $, souvent auprès de gens âgés
ou de gens plus crédules et qui disparaissent avec l'argent ou qui
viennent faire de petits travaux, demandent encore 1000 $ ou 2000 $ et
là disparaissent dans la brume. Ils écrèment les
régions. On porte une attention particulière au domaine de la
rénovation. Dans la vente itinérante, c'est tellement vaste qu'on
y va par discrétion administrative selon les tendances.
(17 h 30)
II y a quelques années, dans le domaine de l'isolation,
étant donné qu'il y avait beaucoup de subventions à
l'isolation, il y a eu beaucoup d'aventuriers dans ce domaine. Dans le domaine
de la biénergie, quand il y a des subventions, il y a beaucoup
d'aventuriers. À ce moment-là, on fait un "focus" dans ce
domaine-là et un certain nettoyage. Pour le reste, il faut oublier
certaines choses, parce que tellement de choses se vendent en vente
itinérante.
M. Moreau: C'est cela. Un autre exemple également, c'est
la fausse représentation pendant un bon bout de temps.
Énormément d'entreprises sollicitaient les consommateurs sous de
faux prétextes, des jeunes qui disaient qu'ils étaient d'anciens
détenus et qui demandaient de l'argent pour les aider à se
réhabiliter. Nous avons fait des enquêtes pour découvrir
que ce n'était pas vrai du tout.
Par la suite, dans la même veine, il y a eu des vendeurs
itinérants qui faisaient de l'intimidation, et des jeunes qui passaient
et qui laissaient voir aux gens qu'il était peut-être
préférable effectivement de donner une souscription. Dans ces
dossiers, on s'occupe de ce type de choses, on mène des enquêtes
dans ce secteur, et, comme président, j'ai eu d'ailleurs à tenir
des auditions dans ces cas-là pour enlever des permis, parce que le
problème, c'est que parfois, lorsqu'on fait une demande de permis, des
gens comme cela font une demande de permis, il faut leur donner le permis,
parce que effectivement ils remplissent toutes les conditions. Sauf qu'une fois
le permis donné, ils se promènent avec un permis de l'office,
font de la fausse représentation. Ils disent: Vous voyez, j'ai un permis
de l'office. Les gens sont en confiance, les gens pensent qu'avoir un permis de
l'office, c'est une attestation de l'honnêteté des
commerçants, ce qui n'est pas le cas. Il y a eu énormément
de problèmes. À un certain moment, les gens ratissaient des
secteurs complets, des villes de la province au complet avec de la fausse
représentation. On a pas mal nettoyé, mais cela est
récurrent, cela revient. Cela arrête et, après une couple
d'années, cela recommence. C'est cela vraiment qu'on essaie de
surveiller dans le domaine de la vente itinérante.
Le Président (M. Filion): Je vous remercie. M. le
député de Shefford.
Remorquages dans les stationnements
privés
M. Paré: Un autre point particulier. Êtes-vous
intervenu ou avez-vous l'intention d'intervenir en ce qui concerne les fameux
remorquages systématiques dans les stationnements privés à
Montréal?
Une voix: C'était à Québec aussi. M.
Paré: Dans certains endroits.
M. Moreau: II y a eu différentes interventions de
l'office. Le ministre responsable des consommateurs a eu des demandes de part
et d'autre et a demandé l'opinion de l'office là-dessus. Nous,
l'opinion que nous lui avons transmise, c'est que nous croyons que ce n'est pas
un secteur qui demande une réglementation, qui demande une
législation, c'est un secteur qui demande, parce que nous avons fait
enquête même si c'est un domaine non régi, certainement une
information beaucoup plus adéquate des consommateurs qui ne connaissent
pas leurs droits dans ce type de dossiers ni ceux des propriétaires de
terrains.
À la demande du ministre responsable de la Protection du
consommateur, nous avons préparé un document d'information que
nous mettons à la disposition des consommateurs qui le demandent
à notre réseau de bureaux régionaux et où tous les
droits des consommateurs et commerçants sont expliqués. C'est le
premier volet. Il y en a un deuxième qui ne relève certainement
pas de nous, c'est la possibilité qu'éventuellement des
modifications à des règlements municipaux puissent régler
le problème. Il y a des groupes comme l'APA qui ont effectivement
demandé, je crois, aux candidats à la mairie de Montréal
quelle était leur position là-dessus. Il me semble qu'un des
candidats, entre autres, a parlé de la possibilité de modifier le
règlement qui permettrait à la municipalité de s'occuper
de ce secteur en remorquant les automobiles près des lieux où
elles sont stationnées illégalement.
Le Président (M. Filion): Une sous-question: Quels sont
les droits du propriétaire de la voiture?
M. Moreau: Les droits du propriétaire existent, entre
autres, lorsque la signalisation est inadéquate. Vous stationnez sur un
terrain comme celui-là, il y a une signalisation qui est
inadéquate, il est possible que le tribunal vous donne gain de cause.
Si, effectivement aussi, on brise votre véhicule, vous avez certainement
un recours.
Le Président (M. Filion): Oui, cela est clair.
M. Moreau: Mais s'il y a une signalisation adéquate, notre
opinion est que le propriétaire du terrain a raison. Ce n'est
peut-être pas sympathique qu'il ne laisse pas les étrangers
stationner, mais toujours est-il qu'il est propriétaire et que c'est son
droit.
Le Président (M. Filion): D'accord. M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je suis prêt à passer à
l'avenir maintenant qu'on a regardé le passé et le
présent.
M. Scowen: Sur le passé, est-ce que je peux poser une
courte question? Je me demandais si un citoyen vous avait déjà
demandé de protéger les Québécois contre les
promesses excessives des politiciens.
M. Moreau: On a toujours considéré que les
politiciens n'étaient pas des commerçants qui s'adressent
à des consommateurs, donc que ce n'était pas régi par
notre loi.
Le Président (M. Filion): Il n'y a pas de loi qui
empêche les politiciens de...
M. Dagenais: C'est du passé, si je comprends bien.
M. Scowen: C'est pourquoi je voulais faire la distinction.
Le Président (M. Filion): II y aurait sujet à une
belle enquête. M. le député de Shefford.
Les grandes orientations
M. Paré: Dans les documents que vous nous avez soumis, on
retrouve, pour 1987-1988, cinq grandes orientations qui sont la
prévention, l'approche globale, l'amélioration des services,
l'accroissement des interventions et l'amélioration de la
cohésion interne. Je pense qu'on ne peut pas être contre. En
même temps, vous soumettez un thème annuel. Vous avez choisi cette
année un segment de la clientèle à faible revenu. Comment
allez-vous identifier les gens et les dossiers? Comment allez-vous essayer de
privilégier ce secteur? En termes concrets, qu'est-ce que cela veut
dire?
M. Moreau: Déjà, on essaie de le faire. Avec la
clientèle à faible revenu, la clientèle la moins
favorisée, la difficulté que l'on rencontre, c'est de la
rejoindre. Elle ne s'adresse pas à nos bureaux régionaux. Elle ne
lit pas les journaux. Elle ne lit pas les revues de consommation. Elle est donc
difficilement accessible. Ceux qui réussissent à la rejoindre, ce
sont les relayeurs, les gens qui vivent en milieu défavorisé. Par
exemple, il y a des organismes gouvernementaux ou paragouvernementaux comme les
CLSC et il y a également des groupes de consommation qui se
spécialisent justement dans le travail auprès des gens les moins
favorisés sur le plan financier ou sur le plan de l'instruction. On
essaie, à ce moment-là, de donner aux relayeurs toute la
matière dont ils peuvent se servir pour aider les consommateurs
défavorisés.
Par exemple, en ce qui concerne les analphabètes, nous avons
préparé du matériel pédagogique, entre autres, des
albums de bandes dessinées que nous avons mis à la disposition
des relayeurs en consommation, des CLSC et des groupes de consommation, de
façon à expliquer à ces gens les problèmes de
garantie, les problèmes de vente itinérante et les
problèmes des voitures d'occasion. Ce sont trois secteurs où ils
sont vulnérables. Nous avons également préparé des
guides pédagogiques à l'intention des alphabetiseurs dans le
domaine du logement, de la publicité et du budget.
Pour le thème dont vous parliez, nous attachons également
une importance particulière aux personnes âgées qui sont
particulièrement vulnérables, entre autres, à la vente
itinérante. À cet effet, notre direction des communications
entretient des relations continuelles avec les fédérations de
l'âge d'or afin de leur donner des programmes d'information sur les
droits des consommateurs et des personnes âgées. Nous entretenons
finalement des relations avec des relayeurs en faisant des tournées. Par
exemple, une tournée dans le Bas-Saint-Laurent nous a permis, pendant
deux jours, de rencontrer 68 représentants de 59 organismes
gouvernementaux, afin de voir avec eux de quelle façon ils pouvaient
faire passer le message de la protection des consommateurs dans
différents domaines auprès de leur clientèle. Je ne sais
si cela répond à votre question.
En tout cas, pour le passé, le thème dont vous parliez,
c'est ainsi qu'on essaie de le réaliser. On ne fait effectivement que
commencer. Cela fait peut-être deux ans qu'on est particulièrement
actif dans ce domaine. Cela fait partie de nos priorités pour l'avenir,
d'essayer de plus en plus de rejoindre les clientèles
défavorisées par ces moyens.
Un autre exemple. On parlait d'éducation à la consommation
dans les écoles. II y a également les enfants en
difficulté d'apprentissage. Nous sommes présentement à
mettre au point un guide pédagogique à l'intention des
professeurs qui enseignent aux enfants en difficulté d'apprentissage
parce que ces derniers seraient en reste par rapport aux jeunes
Québécois qui, présentement, peuvent
bénéficier de cours de formation en consommation. Pour l'avenir,
nous allons certainement accentuer auprès de ces clientèles
particulières. C'est une préoccupation de l'office. Je pense que,
pour la préparation de notre prochain plan triennal, cela va occuper une
partie de notre réflexion.
M. Paré: Au-delà des orientations et du
thème dont on vient de parler et cela répond, en tout cas...
Voyez-vous des secteurs d'activité qui vont être
privilégiés en 1987-1988 de façon particulière?
M. Moreau: Sans anticiper effectivement sur la réflexion
qui s'amorce, je vous disais précédemment que nous pensons avoir
nettoyé bien des secteurs de consommation. Il y a bien des choses qui ne
reviennent plus maintenant, entre autres, dans le domaine de la
publicité trompeuse. On en voit de moins en moins- On la surveille
constamment, mais cela prend quand même moins d'effectifs, moins
d'efforts, moins de ressources.
Il y a sûrement moyen maintenant de privilégier une
concertation un peu plus grande avec les commerçants. Je vous disais
également précédemment qu'on essaie de les rencontrer par
différents moyens, mais notre intention est certainement de proposer,
lorsqu'on va élaborer nos orientations, des nouveaux moyens de
concertation avec les commerçants et peut-être le milieu des
affaires en général.
Le Président (M. Filion): Un peu pour faire de la
prévention?
M. Moreau: Exactement, dans un but préventif. Dans le but
aussi de bien comprendre les buts que nous poursuivons, de nous assurer que les
commerçants voient bien quelle est l'action que l'on mène
auprès d'eux, que ce n'est jamais, du moins à notre point de vue,
dans un but de harcèlement. Bien au contraire, l'office n'est pas et n'a
jamais été contre les commerçants; l'office essaie de
protéger les consommateurs mais essaie de le faire de façon
harmonieuse avec les commerçants. Je vous parlais
précédemment de la politique de poursuite de l'office. Je ne suis
pas certain que tous les commerçants savent que, du moins en principe,
on essaie de l'appliquer de cette façon-là. Il y a
peut-être un effort à faire de ce côté-là.
Le Président (M, Filion): II y a quand même deux
secteurs bien sectoriels dont l'immobilier; on en a parlé un peu plus
tôt aujourd'hui. Il y a également celui qui, je pense, a
été uniquement évoqué soit l'inspection obligatoire
des véhicules usagés qui est également, sauf erreur, une
disposition contenue dans la loi, mais qui n'est pas encore entrée en
vigueur.
M. Moreau: Oui, l'inspection obligatoire des véhicules
usagés relève cependant de la Régie de l'assurance
automobile. La Régie de l'assurance automobile, qui ne fait pas,
effectivement, d'inspection obligatoire a l'intention, je pense, de le faire
sous d'autres formes. Autrement dit, est-ce nécessaire de faire une
inspection obligatoire des véhicules chaque fois qu'un véhicule
usagé est vendu?
Cela n'est pas évident aux yeux de la régie. Alors,
actuellement, la régie se demande de quelle façon elle va
effectivement remplir son mandat dans ce domaine.
Le Président (M. Filion): Je comprends que ce sera la
responsabilité de la RAAQ et non pas de l'office.
M. Moreau: Actuellement, en tout cas jusqu'à maintenant,
c'est une responsabilité de la Régie de l'assurance automobile.
Tout ce que cela permet, finalement... Nos articles s'appliquent mais c'est
à elle de faire cette inspection si elle décide de la faire. La
régie la fait déjà dans le cas des véhicules
publics, mais elle en est aux cas des véhicules des particuliers. Le
parc automobile au Québec étant ce qu'il est, c'est un travail
considérable, évidemment si elle le fait.
Le Président (M. Filion): Dois-je quand même
comprendre de vos réponses d'aujourd'hui que l'office est prêt
à recevoir et à accomplir le mandat en ce qui concerne le secteur
immobilier qui, je l'ai noté tantôt, notamment à la lecture
du rapport annuel qui est au deuxième rang au chapitre des demandes de
renseignements ou de plaintes...
M. Moreau: L'office est certainement prêt à le faire
et l'office y croit aussi.
Conclusions
Le Président (M. Filion): À ce moment-là,
c'est complet. Je vous inviterais, M. le président, si vous le jugez
à-propos, à adresser quelques remarques de clôture aux
membres de la commission. Ensuite, j'inviterais les membres, s'ils le
désirent, à adresser eux aussi quelques remarques visant à
terminer nos travaux, du moins la partie de nos travaux qui concerne l'audition
que nous avons tenue aujourd'hui. L'autre partie de nos travaux a pour but - je
tiens à l'expliquer publiquement - de se réunir entre nous et de
décider, le cas échéant, de faire des recommandations ou
de ne pas en faire. Cette partie des travaux, évidemment, se tiendra
à huis clos, entre les membres de la commission. (17 h 45)
En ce qui concerne, donc, cette première partie de nos travaux
qui était l'échange de vues fort fructueux que nous avons eu
aujourd'hui, j'invite les membres, s'ils le désirent, à...
D'abord, je vous invite à adresser, si vous le jugez à propos,
quelques remarques.
M. Moreau: Je me plairais à vous dire que les
gestionnaires de l'office - on a eu l'occasion d'en parler - étaient
fort satisfaits de cette occasion de venir vous rencontrer et de pouvoir
répondre à toutes vos questions. Les gestionnaires de l'office
croient que les interventions que vous avez faites vont nous aider - cela tombe
très bien que ce soit à ce moment-ci - à
réfléchir sur les nouvelles orientations que l'on doit se donner,
à tenir compte des commentaires que vous nous avez formulés
souvent dans vos questions. Je peux vous assurer que pour nous cette rencontre
est fort enrichissante et va nous aider à préparer notre prochain
plan triennal.
Le Président (M. Filion): Merci. M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je voudrais vous remercier aussi parce que si on
vous a posé beaucoup de questions, je dois dire qu'on a eu de
très bonnes réponses claires et précises. Cela nous a
permis de faire le tour, de comprendre davantage. Je dois dire - si je fais
référence à ce que je disais ce matin -qu'on est vraiment
heureux des progrès qui ont été accomplis depuis quinze
ans à l'office. On a même, dans mon cas, beaucoup d'admiration
pour la capacité de l'office de voir les problèmes au moment
où ils se présentent et même de planifier parce que si on
regarde les objectifs, les orientations que vous vous fixez, c'est une
amélioration de la qualité, plus de prévention, plus
d'information dans le sens d'un mot que vous avez utilisé et que je vais
retenir, "de globalité" au niveau de la protection du consommateur, de
voir le consommateur non pas en fonction d'un problème précis,
mais en fonction d'un consommateur général dans tous les domaines
et dans son fonctionnement quotidien.
Comme je le disais ce matin à l'ouverture, je suis plus convaincu
que jamais que l'office fait vraiment un bon boulot. Je suis d'accord aussi
dans le sens d'aller dans des domaines non régis de façon
à permettre aux plus démunis, spécialement les personnes
âgées et les autres, de sentir que leur Office de la protection du
consommateur est un office sur lequel ils peuvent compter, si ce n'est pas pour
les aider parce que c'est non régi, au moins, pour les conseiller, les
informer, les diriger. Tout ce que j'ai à dire, c'est encore une fois
merci et bravo.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce,
M. Scowen: En mon nom personnel, M. Moreau et vos
collègues, je veux vous féliciter de la préparation, parce
qu'on entend au fil des années beaucoup de présentations. Je vous
assure que la vôtre était bien faite. La préparation et la
présentation même, les réponses, étaient claires,
directes et fort intéressantes. Je vous félicite de la
qualité de votre préparation très sincèrement. Je
pense que vous nous avez donné l'occasion de réfléchir
un peu sur les orientations que doit avoir ta commission. Comme vous
l'avez dit, cela va peut-être vous donner l'occasion de
réfléchir davantage aussi. Il y a certainement lieu, quant
à moi, de regarder à nouveau les divers volets de vos objectifs
et de tenir compte, bien sûr, des contraintes budgétaires, parce
qu'il y a beaucoup de choses qu'on aimerait faire ici au Québec avec les
fonds publics dans tous les ministères et tous les organismes.
C'est certain que nous avons des choix difficiles à faire qu'il
faut faire d'une façon responsable. Personnellement, cela a
été une journée très intéressante et je vous
remercie beaucoup.
Le Président (M. Filion): Merci, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. M. le député
de Sainte-Marie.
M. Laporte: Un peu dans le même sens, sans être
répétitif, on n'a pas eu l'occasion au début de faire ces
remarques. La première s'adresserait au président et à ses
membres pour les féliciter du travail qu'ils ont fait là-dessus
et aussi du document qui nous a été retransmis par le
président de la commission, travail effectué par les deux
recherchistes. C'est un petit travail que j'ai trouvé très
intéressant qui m'a permis de mieux concevoir l'ensemble de la
documentation qui nous est parvenue. Des diverses discussions qu'on avait eues
concernant l'Office de la protection du consommateur ou à tout le moins
ce qu'on peut en entendre assez facilement des différentes
organisations, c'est qu'il est efficace et jouit d'une bonne
réputation.
À titre d'exemple, sa flexibilité - je pense que c'est
important votre réaction et votre comportement, il y a trois ans, sur la
concertation que j'ai appelée à un certain moment ce matin
"horizontale" - m'apparaît à ce niveau d'une importance capitale
pour se réaligner et dire qu'à l'heure du dîner, des gens
peuvent nous rejoindre, et, à ce moment-là, on va ouvrir des
lignes téléphoniques, ce qui ne se faisait pas au début.
C'est aussi une chose qui m'apparaît importante. C'est un service offert
à la population et la population est à la fois travaillante mais
le fait aussi avec des heures flexibles. C'est un caractère qui est
à regarder, même s'il ne paraît pas minime.
Ce qui m'apparaît toujours très intéressant, c'est
la mobilisation des diverses forces et l'utilisation que l'on peut en faire
dans le milieu, même par les petites organisations communautaires. Et je
me suis aperçu avec le temps, même si je suis issu du milieu
communautaire, des différents comportements et de l'utilisation que l'on
peut faire des commerçants comme on les appelait dans ce cas-ci.
Les questions ont été un peu dans ce sens-là ce
matin et cet après-midi, et, dans l'orientation future de l'Office de la
protection du consommateur, je crois que vous allez de plus en plus, et
même si c'était déjà fait, verser vers cet
accès, à tout le moins tourner vers l'utilisation des premiers
intéressés qui bien souvent - je m'en aperçois
régulièrement - ne sont pas informés.
On dit souvent que la loi doit être connue, qu'on n'est pas
sensé l'ignorer, mais même les professionnels et mes
confrères peuvent le dire ici: La journée où on va
connaître toutes les lois, cela n'est pas aujourd'hui. C'est à peu
près comme un gros ministère, cela prend un système
informatique pour le comprendre.
Ce que je retiens aussi, c'est que le développement des
différents axes que l'office va prendre tient compte des
réalités présentes. On a un vieillissement de la
population qui, à un certain moment, n'a peut-être pas
été sensibilisée à tout le problème de la
consommation et à toutes les nouvelles choses que la consommation
attire. Que cela soit télévisé, informatisé ou
autre, vous travaillez en fonction de cette clientèle et vous la suivez.
En ce sens-là, il y a beaucoup de personnes âgées qui vont
s'en ressentir. C'est d'une importance capitale.
Il y a un autre point bien important, tout le temps dans la
sensibilisation des gens à se responsabiliser et à se prendre en
main, c'est le cours qui a commencé cette année dans diverses
écoles. C'est une chose que l'on aurait dû faire voilà
déjà quelques années et qui avait déjà
été prévu en 1982-1983. D'après ce que j'ai pu voir
et analyser, c'est une chose qui aurait dû commencer même au
primaire et au secondaire en 1986. On n'a malheureusement pas pu faire
ressortir pourquoi cela n'avait pas commencé en 1986, mais, à
tout le moins c'est amorcé au secondaire et cela va continuer pour les
années à venir au primaire.
Je crois bien, même au risque de perdre l'Office de la protection
du consommateur dans dix ou quinze ans - on ne sait jamais - que c'est une
initiative qui est tout à l'avantage de ses artisans. C'est ce que
j'avais à dire de l'Office de la protection du consommateur. Je vous
remercie bien encore.
Le Président (M. Filion): D'accord. De mon
côté, je dois vous dire, M. Moreau, ainsi qu'à votre
équipe, que j'ai toujours été frappé par ce que
j'ai appelé tantôt la crédibilité. C'est important
en politique, mais c'est important aussi pour tous les organismes qui font
affaire avec le public,
À mon sens, l'office a réussi au fil des années
à se bâtir en agissant avec beaucoup de sérieux, de
professionnalisme, d'esprit de justice et d'équité aussi dans ses
relations, sans préjugés, à se bâtir une
crédibilité, ce
qui est peut-être le plus important de tous ses actifs.
Quand j'ai tu dans le rapport Gobeil -et je cite "Que le mandat de
l'office soit circonscrit à la certification des occupations
visées à l'origine et qu'il soit délesté de choses
comme la revue Protégez-vous..." - je dois vous dire que je ne suis pas
tombé en bas de ma chaise, j'étais déjà
tombé avant, parce que le rapport Gobeil m'avait déjà
projeté au XVIIIe siècle. Je dois vous dire que, dans le cas de
l'office, cela m'était apparu comme étant particulièrement
injuste et qu'une conclusion semblable qui était mal
étayée, pas du tout étayée, n'avait pas du tout sa
place quand on a la prétention de faire un rapport sérieux sur
les organismes de l'État.
Je dois vous dire également que j'apprécie beaucoup
l'approche que vous avez développée au fil des années,
encore une fois, en ce qui concerne l'autonomie du consommateur. C'est trop
facile de prendre le parti des pauvres ou du pauvre consommateur et de
considérer les commerçants comme des méchants. Cela fait
longtemps que vous êtes sortis de là - j'en suis sûr - cela
fait longtemps que les communications, les rapports et les réflexions
que vous entretenez à l'office sont absents de ce type de
préjugé.
L'autonomie du consommateur comme l'autonomie dans tout, c'est
l'idéal. C'est ce vers quoi il faut viser et c'est ce que l'office a
réussi, grâce notamment à ses communications. Mais, il faut
continuer dans ce secteur, bien sûr, notamment grâce à ce
que le rapport Gobeil qualifie de chose, mais qui constitue en l'occurrence une
revue de grande qualité, qui a permis à des milliers de
consommateurs et consommatrices du Québec de prendre conscience d'abord
des réalités, de prendre conscience de leurs droits. Pour moi, ce
n'est pas une chose, c'est un instrument, un outil précieux
d'éducation.
En ce sens, on a évoqué, aujourd'hui, différents
secteurs qui pourraient faire l'objet d'études. Le député
de Notre-Dame-de-Grâce l'a mentionné et d'autres aussi: Pourquoi
n'étudiez-vous pas ce qui concerne le prix du lait ou n'importe quel
autre secteur? Vous avez, à mon sens, fort bien répondu: Cela
nous prend des ressources pour intervenir devant les multiples paliers de
gouvernement qui s'interrogent sur la consommation. Parce que la consommation,
c'est un acte large. Au moment où nous nous parlons, nous consommons
tous de l'électricité dans nos maisons. En voilà une forme
de consommation. On consomme continuellement, finalement. Je ne pense pas que
la société dans laquelle on vit soit près d'arrêter
cette tendance.
Dans ce sens, évidemment, il y a des contraintes
budgétaires, vous en avez déjà vécu. Je regardais
la progression de votre budget depuis une dizaine d'années. En ce sens,
je pense qu'il y a eu des contraintes budgétaires sérieuses qui
ont été vécues par l'office. Bien sûr, l'office
n'est pas là dans sa petite tour d'ivoire. Il vit au Québec et
participe à l'ensemble des contraintes financières du
Québec. Par contre, si on veut que l'office continue à jouer le
rôle qu'il a joué et affronte les défis nouveaux au niveau
de la technologie - on n'a pas abordé ce sujet, mais je voyais les
appareils électriques qui sont rendus en quatrième ou
cinquième place, c'est un domaine qui est à venir - si l'office
veut accomplir son mandat, celui qu'il détient en vertu de la loi, et
celui qu'il essaie de donner au fil des années, cela lui prend des
ressources.
Un mot en terminant. En termes de consommation - c'est une opinion bien
personnelle comme toutes celles qui sont évoquées autour de la
table - je pense qu'au Québec, dans une dizaine ou une quinzaine
d'années, on est passé véritablement de l'âge de
pierre à un âge relativement civilisé. Mais, pour y
demeurer, il faut continuellement faire l'effort que vous faites,
c'est-à-dire vous mettre à la page. En ce sens, en tout cas, en
mon nom personnel et au nom de ma formation politique, vous pouvez être
assurés de notre concours dans la recherche de ces ressources et dans la
recherche de la remise en question que vous faites périodiquement.
Cela dit, je voudrais, au nom des membres de la commission, remercier
les recherchistes, Mme Danielle Bédard et M. Maurice Pellerin, qui nous
ont préparé les documents qui nous ont été si
utiles au cours de notre journée. Je voudrais également remercier
la secrétaire de la commission, Mme Giguère, qui a
consacré de précieuses heures à faire en sorte que nous
puissions disposer de tous les documents nécessaires à nos
travaux. Je voudrais également vous remercier pour le sérieux que
vous avez apporté à la préparation et à l'exercice
d'aujourd'hui. C'est un exercice nouveau, peu connu, qui découle de la
réforme parlementaire de 1984, mais que cette commission a accompli au
meilleur de ses capacités et avec relativement de succès.
Nous devons, comme je l'ai dit tantôt, nous livrer à la
deuxième phase qui est celle, le cas échéant, de
recommander des orientations différentes, ou les mêmes, ou peu
importe. Ce seront des discussions qui auront lieu entre nous. Encore une fois,
merci.
J'invite les membres de la commission, en tout cas, je leur rappelle que
nous siégeons demain à 10 heures pour entendre la Commission des
droits de la personne, à la salle Louis-Hippolyte-Lafontaine. J'ajourne
donc nos travaux à demain 10 heures.
(Fin de la séance à 18 heures)