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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Bienvenue à cette séance de la commission des
institutions. Il me fait plaisir de constater le quorum à notre
séance de ce matin. Je rappellerais maintenant le mandat de la
commission: procéder à l'étude des prévisions
budgétaires du Directeur général des élections pour
l'année financière 1986-1987.
Je demanderais à la secrétaire d'annoncer les
remplacements.
La Secrétaire: M. Boulerice (Saint-Jacques) est
remplacé par M. Rochefort (Gouin); M. Johnson (Anjou) par M. Dufour
(Jonquière); M. Lefebvre (Frontenac) par M. Doyon (Louis-Hébert);
M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce) par M. Polak (Sainte-Anne).
Le Président (M. Filion): Et il y a une correction.
La Secrétaire: II y a également une modification:
M. Fortin (Marguerite-Bourgeoys) est remplacé par M. Doyon
(Louis-Hébert) et M. Paré (Shefford) est remplacé par M.
Chevrette (Joliette).
Le Président (M. Filion): C'est cela.
Bienvenue, M. le Directeur général des élections.
Je crois que vous avez préparé un texte à l'intention des
membres de la commission et je vous inviterais à nous faire part de vos
remarques préliminaires, s'il y en a.
M. Côté (Pierre-F.): Merci, M. le Président.
On doit vous distribuer actuellement le texte dont je veux vous faire part.
Est-ce que vous l'avez en main? Est-ce qu'il a été
distribué?
Le Président (M. Filion): Oui. Je crois que c'est
déjà fait, M. le Directeur général des
élections.
Remarques préliminaires M. Pierre-F.
Côté
M. Côté (Pierre-F.): M. le Président, MM. les
membres de la commission des institutions, pour la quatrième
année consécutive, je me présente devant une commission de
l'Assemblée nationale pour faire le point sur l'administration du
Directeur général des élections et y présenter les
prévisions budgétaires conformément aux dispositions de
l'article 485 de la Loi électorale et de l'article 116 du
règlement de l'Assemblée nationale.
Il me fait plaisir de venir rendre compte devant les parlementaires de
l'exécution des responsabilités qui sont celles du Directeur
général des élections. Cet exercice annuel est important
pour le maintien des bonnes relations qui existent entre l'institution qu'est
le Directeur général des élections - vous savez
évidemment que cela désigne à la fois le titulaire du
poste et une institution - et l'Assemblée nationale. Il me permet de
mettre en lumière nos activités et de répondre à
toutes les questions relatives à la façon dont je m'acquitte de
mes fonctions. De plus, cela rn'apparaît également une bonne
occasion d'informer les électeurs du mandat qui m'est confié par
la voie de leurs représentants.
La vie démocratique repose sur la vigilance de tous pour en
maintenir la qualité et en améliorer le fonctionnement. À
cet égard, une préoccupation soutenue et une attention constante
de tous les électeurs peuvent faire en sorte que notre système
démocratique s'épanouisse dans le respect des libertés
fondamentales et ce, à tous les paliers de gouvernement.
Comme ce fut le cas lors des présentations
précédentes, et afin d'avoir une meilleure perspective de la
situation, il m'apparaît important de commencer cette commission en
faisant un bref rappel de certaines activités majeures qui se sont
déroulées au cours du dernier exercice financier et en signalant
brièvement quelques événements importants qui jalonneront
la prochaine année. J'aborderai ensuite plus directement les chiffres en
commentant le rapport financier préliminaire du dernier exercice
financier et en analysant avec vous mes prévisions budgétaires
pour la présente année financière.
Il est évident que l'événement le plus marquant de
la dernière année a été la tenue des
élections générales le 2 décembre dernier. Vous
vous rappelez qu'une refonte majeure des lois électorales a
été effectuée en décembre 1984; cette refonte,
entrée en vigueur le 13 mars 1985, en plus de regrouper trois lois,
apportait des modifications importantes aux dispositions
législatives en vigueur. Les premiers mois de l'année 1985
ont donc été employés à la préparation du
matériel nécessaire à la tenue d'une élection
générale, à une révision des directives, guides et
manuels, a l'impression des lois et des extraits de lois et à des cours
de formation des directeurs et secrétaires du scrutin - ces cours se
sont d'ailleurs poursuivis en octobre - à l'établissement d'un
fichier des ressources institutionnelles et communautaires des circonscriptions
électorales pouvant être utilisées lors d'un
événement électoral et à la délimitation des
sections de vote.
Je pourrais ajouter deux informations supplémentaires qui ne sont
pas dans le texte pour vous faire savoir - seulement à titre
d'information - que l'an dernier, on a un service de renseignements
auprès des électeurs et dans le courant de l'année, on a
répondu à plus de 30 000 demandes de renseignements a notre
centre d'information. Une autre information qui vous intéressera
peut-être, nous avons actuellement 395 dossiers d'ouverts au contentieux,
présentement. Je pourrai évidemment vous donner plus de
précisions sur l'un et l'autre de ces chiffres plus tard.
Le 3 juin 1985, il y eut quatre élections partielles dans les
circonscriptions électorales de Bertrand, Bourget, L'Assomption et
Trois-Rivières. Le 20 janvier 1986, s'est tenue une élection
partielle dans la circonscription électorale de Saint-Laurent.
À la fin de septembre, nous avons procédé au
recensement annuel qui n'a pas été suivi d'une révision
des listes électorales en vertu des dispositions de la nouvelle Loi
électorale. 1985 a également été marquée par
l'adoption d'une nouvelle carte électorale qui a été
publiée à la Gazette officielle le 29 mai 1985.
Au cours de la dernière année, il y a eu six
réunions du Conseil consultatif. Cet organisme joue un rôle
très important auprès du Directeur général des
élections. La fonction "conseil" que remplissent les membres de ce
conseil permet une application harmonieuse de la Loi électorale; c'est
en quelque sorte une chambre de compensation et c'est toujours un lieu
d'échanges d'idées fructueux.
Nous avons eu au cours de 1985 un mandat particulier concernant les
élections scolaires. Cependant, le 25 juin 1985, le juge André
Brossard de la Cour supérieure a invalidé la Loi sur
l'enseignement primaire et secondaire public et émis une injonction
permanente m'interdisant d'appliquer les dispositions de cette loi me
concernant; elles avaient trait à la confection de la liste
électorale et à la tenue du scrutin scolaire. Ce jugement a donc
eu pour conséquence directe d'annuler les élections scolaires
fixées au 9 décembre 1985 et, par le fait même, de rendre
caduques certaines dépenses importantes déjà
engagées pour le tenue de ces élections; les efforts et le
travail considérables que nous y avons consacrés ne sont
toutefois pas perdus a cause de l'expérience acquise dans ce
domaine.
La Commission de la représentation électorale a
effectué des travaux relatifs à la délimitation en
districts électoraux de 43 municipalités. Elle a tenu des
audiences publiques à Laterrière, Saint-Calixte, la ville de
Saint-Laurent, La Pêche et Hull.
Pour effectuer ses travaux, je tiens à vous rappeler que la
Commission de la représentation électorale n'ayant pas de
personnel à son emploi, c'est le Directeur général des
élections qui fournit à la commission dans l'accomplissement de
ses fonctions toute l'aide nécessaire, y compris l'apport de son
personnel. L'évaluation du nombre de personnes et du temps qu'elles
consacrent au service de la commission n'est pas toujours facile. Sauf les deux
autres commissaires et une employée qui y travaillent exclusivement,
tout le personnel qui effectue des travaux pour la commission travaille
également pour le Directeur général des élections,
réalisant ainsi parfaitement, au plan des ressources humaines, l'un des
objectifs de l'intégration administrative de 1982.
Je veux vous signaler - j'en ai eu le texte final seulement hier - pour
votre information, s'il y en a parmi vous qui sont intéressés,
que nous allons rendre public dans les prochains jours un document
d'information sur le travail que nous effectuons dans le domaine municipal.
Alors, cela couvre les trois grands secteurs dont nous nous occupons et tout ce
qui a été fait. J'ai ici le document, si cela vous
intéresse, vous pourrez en avoir un exemplaire. Ce sont les trois grands
secteurs d'activité d'intervention dans le domaine municipal.
Cette revue de certaines activités du Directeur
général des élections pour la dernière année
se retrouvera de façon plus élaborée dans le rapport
annuel qui sera déposé en septembre.
Contrairement à ce que certains pourraient peut-être
croire, l'année qui suit des élections générales
est une année fort chargée. Permettez-moi de vous signaler
quelques-unes de ces activités postélectorales. Nous sommes
à terminer présentement: le retour et le traitement de plus de
360 tonnes de matériel électoral de toute sorte; la
vérification des documents qui ont servi à l'émission de
plus de 125 000 chèques pour le paiement du personnel électoral -
directeur du scrutin, secrétaire, aide, réviseur,
aide-enquêteur, scrutateur, secrétaire du bureau de vote, primo,
et le reste - pour le paiement également des locaux ayant servi à
la révision, au vote par anticipation et au scrutin, des locaux des
directeurs du scrutin, des installations téléphoniques, de
la location d'équipements de bureau.
Nous poursuivons la vérification et le suivi de près de
700 rapports de dépenses électorales; le remboursement de
dépenses électorales de 247 candidats; la vérification et
le suivi de 25 rapports financiers de candidats indépendants
autorisés; le traitement des problèmes inhérents aux
rapports des dépenses électorales - remise tardive, erreurs,
infractions - le réapprovisionnement en formules et en matériel
électoral de toutes sortes - 175 types de formules, de matériel
et d'accessoires - la révision et la modernisation des formules et de
nos procédés administratifs à la suite de
l'expérience des dernières élections
générales.
Nous entreprendrons la révision de la carte électorale.
Vous me permettrez d'insister un peu plus sur ce dernier point. En vertu de la
Loi sur la représentation, la Commission de la représentation, et
par le fait même le Directeur général des élections,
avec l'apport de son personnel, doit normalement, dans les douze mois suivant
la date des élections générales, revoir la
délimitation des circonscriptions électorales. En adoptant, le 27
mars dernier, la Loi sur la délimitation des circonscriptions
électorales, l'Assemblée nationale a suspendu les
opérations se rapportant à la délimitation des
circonscriptions électorales jusqu'au 2 décembre 1986 et a
prévu que le rapport qui, en vertu de l'article 25 de la Loi sur la
représentation électorale, devait être remis au plus tard
le 2 décembre 1986, devra être remis au plus tard le 15 septembre
1987.
Ainsi, lorsque la commission reprendra ses travaux sur la carte
électorale le 2 décembre prochain, elle devra presser le pas afin
de respecter la date du 15 septembre 1987 mentionnée dans le projet de
loi 23.
Nous envisageons la mise en marche de certains groupes de travail
concernant particulièrement les listes électorales, les
amendements à la Loi électorale et le vote des
Québécois hors Québec. Nous avons mis en marche la tenue
d'un concours public pour la nomination, à l'automne prochain, des 107
directeurs du scrutin dont le mandat de cinq ans venait à
échéance. Nous tiendrons évidemment à leur
intention des cours de formation.
Les activités postélectorales dont j'ai fait état
s'ajoutent aux activités permanentes du Directeur général
des élections. Le rappel de quelques-unes de ces activités permet
de répondre de façon partielle à la question qui nous est
si souvent posée: Qu'est-ce que vous faites entre deux élections?
À titre d'exemple, soulignons deux domaines d'activités
permanentes: La vérification et le suivi de quelques 450 rapports
financiers de tous les partis politiques et de chacune de leurs instances, la
mise à jour du registre des partis politiques, l'autorisation de tout
nouveau parti politique et le maintien d'autorisation ou leur retrait, le cas
échéant, constituent des activités continues.
Nos responsabilités dans le domaine municipal sont nombreuses et
variées. Elles se rapportent à trois domaines spécifiques:
Premièrement, la délimitation des districts électoraux
municipaux; deuxièmement, le financement des partis politiques
municipaux et le contrôle des dépenses électorales;
troisièmement l'aide apportée aux présidents
d'élections municipaux. 61 municipalités devront se diviser en
districts électoraux municipaux au cours de la présente
année en vue des élections de 1987. La Commission de la
représentation électorale devra procéder à
l'analyse et au suivi des projets de règlement et des règlements
de division des districts électoraux de ces municipalités. 56
municipalités sont actuellement assujetties au chapitre VII de la Loi
sur les élections dans certaines municipalités. Cela signifie
plus particulièrement: l'autorisation et le retrait d'autorisation des
partis politiques municipaux; ta préparation de documents de soutien aux
intervenants (les représentants officiels, agents officiels,
présidents d'élection, trésoriers) la formation des
trésoriers; le suivi des rapports financiers et des rapports de
dépenses électorales; le traitement des plaintes et des
problèmes inhérents à la remise des rapports - il y a eu
35 autres dossiers ouverts au cours du dernier exercice financier à ce
sujet - et l'information du public.
En vertu des dispositions des articles 18 et 19 de la Loi sur les
élections dans certaines municipalités, nous apportons de l'aide
aux présidents d'élection municipaux. C'est un travail constant,
si on se fie à ce qui s'est passé l'an dernier. La
présente année sera fort occupée. En 1985, il n'y a eu que
trois dimanches où il n'y a pas eu d'élection municipale. Il y
aura 988 municipalités en élection cet automne dont 20 ayant 20
000 habitants ou plus, impliquant quelque 3 500 000 électeurs.
Au cours des dernières années, j'ai souvent
préconisé et beaucoup insisté sur la
nécessité de réviser l'ensemble des dispositions
électorales municipales disséminées dans plusieurs
pièces législatives différentes dans l'objectif d'une plus
grande cohérence et d'une plus grande uniformisation des règles
électorales. M. André Bourbeau, ministre des Affaires
municipales, a récemment fait connaître son intention de
déposer un projet de loi sur les élections et les
référendums dans les municipalités. Nous continuerons
à apporter notre plus entière collaboration pour la
réalisation de cette réforme, comme le permet l'article 5 de la
Loi électorale, à titre de consultant sur toute
législation à caractère électoral.
Le ministre de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et
de la Science, M. Claude Ryan, déclarait pour sa part récemment,
son intention de revoir les dispositions électorales régissant
l'élection des commissaires. Lors d'une commission parlementaire
à laquelle j'avais été convié au moment de
l'étude de la loi 3, j'ai déjà fait part du bienfait
qu'apporterait un rajeunissement des dispositions électorales scolaires.
Je demeure donc également disponible pour participer à cette
amélioration du système électoral scolaire.
Passons maintenant à la partie de cette représentation
relative au rapport financier préliminaire de l'exercice
budgétaire 1985-1986 et aux prévisions budgétaires pour
l'exercice 1986-1987. Le 27 mars dernier, j'ai transmis au président de
l'Assemblée nationale les exemplaires du rapport financier
préliminaire pour l'exercice budgétaire 1985-1986 du Directeur
général des élections, ainsi que des exemplaires des
prévisions budgétaires pour l'exercice 1986-1987.
Au tableau 1 du rapport financier, vous trouvez une estimation des
dépenses au 31 mars 1986 ventilées par catégories et
supercatégories.
Aux prévisions initiales 1985-1986 de 31 234 600 $ est venu
s'ajouter, en cours d'année, un montant de 28 000 000 $ pour la tenue
des élections générales du 2 décembre dernier,
portant ainsi nos crédits à 59 234 600 $.
Cependant, à la troisième colonne du tableau 1, on
remarque un total de 51 300 000 $ comme dépenses estimées au 31
mars 1986. Ce montant comprend entre autres les sommes dépensées
pour la tenue des activités électorales. Ces
déboursés ont été inférieurs aux
prévisions ce qui explique l'écart de 7 504 100 $ au niveau de la
catégorie "autres dépenses".
Les dépenses réelles reliées à
l'administration du système électoral se chiffrent donc à
7 934 600 $ de moins que prévu.
De plus, il m'apparaît utile de vous donner une ventilation
sommaire des coûts des principaux événements qui se sont
tenus lors du dernier exercice. Vous avez ces chiffres sur le tableau devant
vous: les prévisions, les coûts et les écarts dans le cas
du recensement, des élections générales, du scrutin
scolaire et des autres activités -élections partielles, sections
de vote et matériel électoral.
Au tableau II des prévisions budgétaires 1986-1987, on
retrouve un estimé préparé suivant les paramètres
établis par le Conseil du trésor s'élevant à 10 560
200 $ dont 1 119 000 $ pour le versement des allocations aux partis politiques,
757 400 $ pour les dépenses électorales et un montant de 8 683
800 $ pour les dépenses d'administration.
Par ailleurs, j'attire votre attention sur le fait que depuis le
dépôt de notre budget au président de l'Assemblée
nationale, l'application de la loi 32, adoptée le 27 mars 1986, qui
avait pour objet la publication des sommaires des rapports de dépenses
électorales de l'élection générale du 2
décembre dernier, nécessite une dépense d'environ 290 000
$ non incorporée aux prévisions actuelles.
Il faut toutefois souligner que cette loi permet une économie de
210 000 $ puisqu'elle remplace, relativement aux élections
générales du 2 décembre 1985, la publication dans les
journaux des sommaires des rapports de dépenses électorales de
tous les candidats par la publication des sommaires des rapports des seuls
candidats qui ont droit à un remboursement de leurs dépenses
électorales. Cette décision de modifier la loi concernant ces
publications a été prise à la suite d'une consultation
auprès des membres du Conseil consultatif.
Lors de la préparation des prévisions budgétaires,
nous avons fait un effort de réduction des dépenses. Ce faisant,
j'ai cru que je pouvais peut-être prendre le risque de réduire mes
prévisions relatives au réapprovisionnement du matériel
électoral.
Après mûre réflexion et après avoir
demandé conseil, j'en arrive aujourd'hui à la conclusion
qu'à cause d'une des premières responsabilités qui incombe
au Directeur général des élections, qui est celle
d'être toujours prêt à toute éventualité, il
me faut être en mesure de faire face à n'importe quel moment
à la tenue d'un événement électoral. En
conséquence, j'engagerai dès cet automne les sommes d'argent
requises pour un réapprovisionnement minimum de matériel. Ce
déboursé sera de l'ordre de 500 000 $ de plus que ce que comprend
les prévisions remises au président de l'Assemblée
nationale et que vous avez en main.
Finalement, l'adoption de la "Loi sur la délimitation des
circonscriptions électorales", le 27 mars dernier, qui a eu pour effet
de suspendre les travaux de la Commission de la représentation
électorale jusqu'au 2 décembre 1986, permettra de reporter
à la prochaine année fiscale des déboursés de 83
000 $. Les prévisions budgétaires de 202 000 $ doivent donc
être modifiées pour se lire 119 000 $.
Je vous remercie de votre attention, M. le Président et MM. les
membres de la commission, et je suis à votre disposition pour
répondre à toute question que vous jugerez pertinente concernant
les responsabilités qui m'incombent, les rapports financiers
préliminaires et les prévisions budgétaires.
En terminant, M. le Président, avec votre permission, je voudrais
présenter mes collaborateurs immédiats: à l'extrême
droite, M. Jean-Luc Lemieux qui est adjoint à la
représentation électorale; immédiatement à
ma droite, M. Jean Jolin qui est adjoint au scrutin; à ma gauche, M.
Jean Lambert qui est adjoint au financement des partis politiques et il y a
évidemment d'autres personnes qui sont ici pour nous seconder, le cas
échéant.
Le Président (M. Filion): Bonjour messieurs. Merci M. le
Directeur général des élections. J'inviterais maintenant
le porte-parole de l'Opposition à adresser, s'il le désire,
quelques remarques préliminaires.
M. Dufour: Comme d'habitude, M. Côté, le Directeur
général des élections, nous présente toujours un
rapport succinct de l'ensemble de ses activités. On ne doute pas qu'il y
a beaucoup de travail à faire, surtout dans une année suivant une
élection. Pour nous, la mise en place de cette commission va nous
permettre d'aller un peu dans le détail sur les activités des
partis politiques et essayer de trouver, à travers cette
démarche, le plus d'éléments susceptibles de nous
renseigner, de nous permettre de nous rendre compte de la vitalité des
partis politiques et aussi du respect des lois existantes qui nous guide dans
ces actions.
Le Président (M. Filion): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui veulent adresser des remarques
préliminaires? Non. Donc je vous convie à l'étude des
crédits du Directeur général des élections.
Période de questions
M. Dufour: Je m'adresse au Directeur général des
élections pour savoir s'il y a des remarques autres que celles contenues
dans sa mise en page ou dans ce qu'il nous a dit au départ et qui est
écrit concernant les élections générales du 2
décembre au Québec. Est-ce qu'il y a des éléments
qui ne sont pas contenus là-dedans et que vous auriez à faire,
comme remarques? Est-ce que vous avez constaté, par exemple, que dans la
loi comme telle, on pourrait apporter des modifications, des changements,
des...
M. Côté (Pierre-F.): Je ferai peut-être
référence à ce que j'ai déjà dit il y a
quelques semaines, il y a quelques jours, concernant une amélioration
qui pourrait être apportée à un article de la loi sur les
rapports financiers des partis politiques. C'est une amélioration qui
peut être étudiée avec soin, je pense. Et puis je tiens
à préciser, à ce sujet, que j'ai bien mentionné que
les partis politiques agissent dans la plus stricte légalité,
présentement, à cet égard.
D'autre part, il y a certainement des modifications, des
améliorations ou des suggestions qui pourraient être
éventuelle- ment apportées à la Loi électorale,
à la suite de l'élection générale du 2
décembre. Une élection générale nous permet de voir
d'une façon très concrète quelles peuvent être les
difficultés, les failles ou les améliorations qui pourraient
être apportées.
Mais je tiens à terminer sur une remarque très
générale et vous dire que, à mon avis, les
élections générales du 2 décembre se sont
déroulées de façon pas mal extraordinaire. En ce qui me
concerne, sur le plan de l'administration, cela s'est bien
déroulé.
M. Chevrette: ...Ha! Ha! Ha!
M. Côté (Pierre-F.): Est-ce que cela répond
à votre question, M. le député?
M. Chevrette: Pas tout à fait, mais on s'en reparlera. Ha!
Ha! Ha!
M. Dufour: Peut-être qu'actuellement on pourrait savoir du
Directeur général des élections s'il y a des causes
pendantes, des enquêtes ou des dossiers ouverts par rapport aux
élections en général.
Dossiers relativement au financement des
partis
M. Côté (Pierre-F.): J'ai mentionné tout
à l'heure un chiffre global du nombre de dossiers. Alors, il faut
peut-être distinguer très clairement ce qu'on appelle, nous, dans
notre jargon administratif, le nombre de dossiers ouverts et le nombre, je
dirais, de plaintes ou de cheminements que ces dossiers peuvent avoir.
À la suite des élections générales, il y a,
actuellement, en regard du financement des partis politiques, 175 dossiers
d'ouverts. Alors, ces dossiers, c'est soit à la suite de plaintes, soit
des dossiers qui sont ouverts par nous à la suite d'études que
nous faisons. Il y a une quarantaine de plaintes qui suscitent l'ouverture de
60 dossiers et 115 qui sont ouverts par nous.
Là-dessus, je dois vous dire que l'étude de ces dossiers
se fait d'une façon régulière, alors qu'il y en a un
certain nombre qui se ferment. Il y en a d'autres qui peuvent peut-être
aller plus loin, mais après étude des dossiers, on communique
avec la personne et on dit: Écoutez...
Voici comment nous procédons quand on a des plaintes. Quand on a
une plainte, quant à nous, nous posons des questions sur ce qui pourrait
être une irrégularité. D'abord, c'est transmis au
contentieux - il y a un avocat qui en a la responsabilité - et nous
procédons, si c'est nécessaire, à une enquête par
l'intermédiaire de trois enquêteurs qui sont à mon
service.
Ces enquêteurs font l'étude des cas, soumettent un rapport
et, subséquemment, le
contentieux détermine s'il y a matière à
procès ou non. Ils me soumettent une recommandation. C'est moi qui ai la
responsabilité de prendre la décision à savoir s'il y aura
une poursuite ou pas. (10 h 30)
Avant d'intenter une poursuite, j'établis trois critères.
Le premier, c'est qu'il y ait véritablement une infraction
sérieuse à la loi; non pas une infraction mineure ou pas trop
importante. Deuxièmement, c'est que la cause soit bien
préparée. Je veux dire que l'on ait des chances de la gagner et
qu'on ait une preuve solide. Il ne sert à rien d'intenter des poursuites
pour le plaisir de le faire et se faire retourner ou rabrouer par le tribunal.
Finalement, comme troisième critère, il faut que les causes que
nous prenons aient valeur d'exemple. Cela, afin d'éviter qu'une plainte
entraîne automatiquement une poursuite devant les tribunaux.
Ce sont les trois critères que je voulais mentionner. Cette
façon de procéder protège bien, je pense, la
confidentialité qui est nécessaire dans ces cas-là; bien
que contraire à d'autres juridictions, elle permet une grande
discrétion dans le traitement de ces dossiers. Elle permet aussi, quand
on va devant les tribunaux, d'avoir les causes les plus solides et les mieux
étayées possible.
M. Dufour: Quand vous dites que vous voulez que cela serve de
valeur d'exemple et qu'en même temps, vous devez étayer cela avec
une grande discrétion, cela ne me semble pas...
M. Côté (Pierre-F.): Je vais vous donner certains
exemples. Pour vous en mentionner un qui me vient à la mémoire et
que je cite assez souvent quand je donne ces critères - j'aurais
peut-être dû vous le dire tout à l'heure - c'est le cas,
dans une municipalité où la contribution permise est de 500 $,
d'une dame d'un certain âge qui avait un certain revenu et qui a
donné 700 $ à un parti politique. Formellement, il y a une
infraction à la loi. Plutôt que de poursuivre cette personne, on a
communiqué avec elle et on l'a informée. On a communiqué
également avec les représentants du parti politique et il y a eu
remboursement. Il n'y a donc pas eu de poursuite de ma part parce que, dans ce
cas-là, il nous semblait évident que de la façon dont les
choses s'étaient passées, cela n'aurait pas une valeur d'exemple
à tout casser.
Le Président (M. Filion): Sur le même sujet, M. le
ministre...
M. Gratton: Non, pas nécessairement sur le même
sujet, M. le Président.
Le Président (M. Filion): Non. D'accord. Allez-y.
M. Rochefort: J'aurais une question sur le même sujet, M.
le Président.
Le Président (M. Filion): Oui, M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je voudrais moi aussi
souhaiter la bienvenue au Directeur général des élections
ainsi qu'à l'ensemble de ses collaborateurs. À la suite des
questions soulevées par le député de Jonquière,
j'aimerais savoir de la part du directeur général s'il amorce de
son propre chef certaines enquêtes ou s'il n'intervient qu'à la
suite de plaintes qui sont déposées.
M. Côté (Pierre-F.): Non. Certainement que nous
amorçons un certain nombre de dossiers à la suite de ce que nous
constatons ou de l'étude qu'on fait, par exemple, des rapports
financiers. Il y a des plaintes qui sont portées, et même par
nous. Nous ouvrons des dossiers et nous étudions la situation. J'ai
mentionné un chiffre, tantôt. À la suite des
dernières élections générales, il y a 42 plaintes
qui proviennent de l'extérieur et 115 sont des dossiers ouverts par
nous. Quand on parle d'un dossier ouvert, c'est qu'aussitôt qu'on a
raison de croire qu'il y aurait une irrégularité dans un cas, par
exemple, une contribuation illégale, une contribution qui ne correspond
pas aux exigences de la loi, nous ouvrons un dossier.
M. Rochefort: M. le Président, évidemment, je ne
veux pas demander au directeur général de nous dévoiler le
contenu des dossiers qui sont ouverts, mais je veux essayer de bien voir la
distinction possible ou plutôt la différence possible entre les
plaintes qui viennent de l'extérieur et les dossiers provenant des
services du Directeur général des élections. J'imagine
qu'il y a quand même une différence entre la nature des
enquêtes qui sont ouvertes.
J'imagine bien qu'une plainte qui vient de l'extérieur, cela peut
être un citoyen ou un organisateur d'une formation politique qui dit:
Écoutez, j'ai regardé le rapport du candidat X, Y et Z et il
déclare X et, moi, j'ai l'impression d'avoir vu plutôt deux X. Je
pense que c'est le type de plaintes qui vient de l'extérieur et, en
même temps, j'ai l'impression que c'est le type de dossiers que le
directeur général pourrait difficilement ouvrir puisqu'il n'est
pas sur le terrain pour observer... Et je ne sais pas trop si les directeurs de
scrutin, eux, ont le mandat d'essayer de voir ce qui s'est passé dans la
circonscription électorale et de voir dans quelle mesure c'est conforme
au rapport qui est déposé.
Mais pour celles de l'intérieur, est-ce que je me trompe ou - le
directeur général pourrait préciser - si les dossiers qui
sont ouverts, qui sont amorcés, sont simplement
comme celui de tantôt? Quelqu'un a donné 700 $ plutôt
que 500 $; là, ça paraît, la loi dit X et c'est allé
au-delà. Ou bien un candidat qui aurait dépassé son
plafond de dépenses permises. C'est donc uniquement à partir
d'une vérification que je qualifierais de comptable des données
qui lui sont transmises.
M. Côté (Pîerre-F.): Je vais vous donner des
exemples. Si vous en avez besoin d'autres... J'avais demandé une
information et j'ai le document devant moi. Deux exemples de dossiers qu'on
ouvre. Le défaut de produire un rapport de dépenses
électorales, on en compte 66 comme cela sur 175. Un défaut de
nommer un agent officiel. Ce sont des dossiers qui sont ouverts chez nous. Je
ne voudrais pas me tromper dans les énumérations, j'en ai
plusieurs, je veux savoir si elles viennent de nous ou... Je vais demander
au...
J'ai deux autres exemples si vous permettez. À la suite des
rapports qu'on reçoit, des dossiers sont ouverts par nous, il y a des
écrits, de la publicité ou des textes qui devraient être
considérés comme dépenses électorales et qui ne le
sont pas, on en a deux comme cela.
M. Rochefort: Excusez, M. le Président. Quand vous dites:
"des textes qui devraient être considérés comme des
dépenses électorales et qui ne le sont pas..." qui ne sont pas
des dépenses ou qui n'ont pas été déclarés
comme telles.
M. Côté (Pierre-F.): Par exemple, ils n'ont pas la
bonne identification, ils n'ont pas l'identification de l'agent officiel ou ils
ne sont pas identifiés, c'est un exemple, ou le nom de l'imprimeur n'y
apparaît pas.
M. Rochefort: M. le Président, plus
précisément, si on reste sur cet exemple, je répète
ce que j'ai dit tantôt, je ne veux pas entrer dans le cas précis,
mais à partir de quoi vos services sont-ils en mesure d'entreprendre une
enquête dans un dossier comme celui-là? Quelqu'un vous envoie un
journal distribué par un candidat et il n'y a pas de nom d'agent
officiel à la fin du journal. Comment êtes-vous en mesure
d'amorcer une enquête sur un dossier comme celui-là? Il faut que
ce soit porté à votre connaissance. J'imagine que puisqu'il n'y a
pas de nom d'agent officiel au bas du journal en question, ce n'est inclus dans
le rapport d'aucun agent officiel.
M. Côté (Pierre-F.): Cela vient,
premièrement, des rapports que l'on reçoit des candidats qui
doivent identifier leur publicité. On fait l'étude de ces
dossiers et si l'information n'apparaît pas à partir de ce
moment-là on ouvre un dossier, ou si cela vient de renseignements qui
nous parviennent de l'extérieur. Ce n'est pas seulement amorcé
par nous. À un moment donné, des gens nous disent: II y a tel
dépliant, telle affiche ou telle publicité qui a
été faite qui n'est pas suffisamment identifié, et ils
portent cela à notre connaissance. Nous sommes abonnés à
pratiquement tous les journaux et nous faisons cette étude d'une
façon assez suivie.
Vérification des comptes
M. Rochefort: J'ai une autre question un peu plus
générale, mais sur le même sujet. Je me suis souvent
interrogé sur la capacité, la possibilité des services du
Directeur général des élections d'être suffisamment
bien équipés, bien instrumentés et suffisamment munis du
personnel requis pour être en mesure d'aller au-delà de ce que
j'appelle un peu la vérification comptable. On a le rapport ici. Est-ce
que cela dépasse le plafond? II manque telle facture; sur tel
dépliant il n'y a pas de nom d'agent officiel, etc. Tant sur les
rapports d'agent officiel de candidat que sur les copies de reçus des
souscripteurs au financement d'un parti politique, êtes-vous vraiment en
mesure de faire une étude rigoureuse de tout cela et donc de porter des
plaintes? Au volet des dépenses électorales, au-delà de ce
que vous pouvez observer par la vérification comptable, au-delà
de ce que les citoyens peuvent vous soumettre comme plaintes, à partir
d'une connaissance du rapport des dépenses électorales ou d'un
candidat X, Y, Z, et de dépenses qu'il aurait effectivement faites,
est-ce que les directeurs de scutin ont le mandat de suivre un peu plus
précisément l'évolution des dépenses
électorales des candidats et de vous faire des remarques, par exemple,
sur le contenu des rapports des différents agents officiels en regard de
ce qu'ils ont été à même d'observer au cours de la
campagne électorale dans leur comté?
M. Côté (Pierre-F.): Pour la dernière partie
de votre question, les directeurs de scrutin ne font pas ce travail, sauf si on
leur demande de nous fournir le matériel sur lequel ils mettent la main,
le matériel publicitaire dans leur circonscription électorale. Je
ne peux pas dire de cette façon que c'est un travail soutenu et suivi de
la part des directeurs du scrutin. Cela n'entre absolument pas dans leurs
responsabilités actuelles. Je ne dis pas que cela ne pourra pas
être fait à l'avenir, cela pourrait être envisagé.
Mais pour le moment, ils ne le font pas.
Quant au système de vérification que nous avons
présentement, il est bien certain, par exemple, que si nous avions 100
ou 150 vérificateurs de plus, on ferait un travail beaucoup plus
fouillé. Cependant, je dois dire
que ce qui nous aide à faire un travail qui, je pense, est quand
même satisfaisant présentement, c'est l'attention que portent les
partis politiques à toutes ces questions et aux questions des rapports
financiers et tout ce qui y touche, et le public également.
Présentement, je pense qu'il y a suffisamment de publicité ou de
renseignements à propos de cela. Si on regarde, par exemple, ce qu'on a
publié récemment dans les journaux sur les rapports des
dépenses électorales, il y en a suffisamment pour que des gens
intéressés communiquent avec nous et attirent notre attention sur
ce qui peut leur apparaître des irrégularités.
D'autre part, je dois dire que dans l'ensemble - je donne mon
impression, l'an prochain, je pourrai peut-être être dédit
par les chiffres qu'on vous fournira à ce moment sur les poursuites qui
auraient été envisagées, mais on saura plus facilement
à la fin de l'année quelles seront les poursuites qui vont suivre
l'élection générale - il n'y a pas mer et monde
d'irrégularités ou d'infractions. Il y en a, mais je n'en ai pas
l'impression - je vous parle d'impression, parce que comme j'ai dit, on va le
savoir de façon beaucoup plus précise à la fin de
l'année... Il n'y a pas de situations que je dirais catastrophiques. Je
ne dis pas que ce n'est pas améliorable ou qu'on ne peut pas
améliorer la situation, loin de là. Par exemple, à la
suite des élections, on a engagé un grand nombre de comptables
pour nous aider à faire toute la vérification. On a établi
tout un système, toute une mécanique de procédure et de
suivi très fouillés pour accélérer le remboursement
des dépenses électorales. Cela encore nous a été
très bénéfique et cela nous a donné des
informations très précises. (10 h 45)
Le Président (M. Filion): Sur le même sujet, M. le
ministre. Ensuite, ce sera M. le député Sainte-Anne.
M. Gratton: Est-ce que la meilleure garantie qu'on a que ce genre
de choses va être porté à l'attention du Directeur
général des élections, s'il y avait une
prolifération de ces manquements à la loi, ce ne serait pas des
candidats défaits eux-mêmes, je présume, s'il se passait de
façon systématique des accrocs à la loi quant aux
dépenses électorales? On sait que les candidats défaits
sont normalement assez prompts à accuser, s'il y a le moindre doute,
l'adversaire d'avoir trop dépensé. Je pense que c'est de
là que proviendrait dès le départ la plupart des plaintes.
Si je ne m'abuse, j'interprète vos propos, M. le Directeur
général des élections, en ce sens que ce n'est pas notoire
et que ce n'est pas généralisé à la suite des
élections, depuis quelques années.
M. Côté (Pierre-F.): Vous avez raison. Mon
impression, c'est que ta situation n'est pas catastrophique au point
d'être portée à la connaissance du public, de façon
éclatante. Par ailleurs, je voudrais compléter la réponse
que j'ai donnée à M. le député de Gouin tout
à l'heure. II y a une information que j'ai oublié de mentionner
quand vous parliez des directeurs de scrutin. Les directeurs de scrutin ont en
main une copie de tous les rapports. C'est par l'intermédiaire des
directeurs de scrutin que c'est accessible au public. Ce n'est pas une source
d'information très utilisée, mais c'est un moyen.
Quant à ce que vous venez de dire, M. le ministre, je vous parle
d'impression. Je veux être bien clair sur cela, on verra à
l'étude de tous les dossiers qu'on a s'il y a des cas très
sérieux. Je sais, pour le moment qu'il va peut-être y avoir un
certain nombre d'infractions, mais il n'y a rien de majeur à un point
tel qu'il faudrait attirer votre attention sur cette question.
Le Président (M. Filion): Merci. M. le
député de Sainte-Anne.
Endroit du vote
M. Polak: M. Côté, juste une courte question dans le
même ordre d'idées que celui du député de
Jonquière, qui vous a demandé comment faire pour améliorer
le système. À ce moment, vous avez parlé de financement.
Je voudrais parler d'un autre élément, c'est-à-dire le
droit de vote ou l'encouragement fait aux citoyens de voter.
J'ai eu une expérience - ce n'est pas seulement dans mon
comté, c'est dans plusieurs comtés à Montréal -
c'est que les personnes âgées étaient presque
empêchées de voter. J'ai trouvé cette situation, en
décembre 1985, assez difficile à accepter. Le problème
c'est qu'il y a des personnes âgées qui demeurent dans des HLM.
Auparavant, je me rappelle très bien, en 1981, ces gens votaient dans
leur édifice, il y avait un bureau de scrutin dans l'édifice.
Cette année, les endroits pour voter ont été
changés pour se rendre dans une école. Je comprends l'Idée
qu'on veuille aller dans des endroits publics, les écoles, etc., mais
ces gens étaient forcés de marcher deux ou trois coins de rue
pour exercer leur droit de vote et je peux vous assurer qu'ils ne sont pas
sortis.
Concernant la température, c'était tellement - même
si vous êtes encore un jeune homme, M. Côté, j'ai beaucoup
de personnes âgées dans mon comté qui ont de la
difficulté à traverser même la rue - froid, le vent
sifflait et on a vu directement comme résultat qu'il y a beaucoup de
gens qui n'ont pas voté. Ils ont dit: On doit traverser la rue, on ne
courra pas le risque
de se casser une jambe. Ils parlaient ainsi et je ne les blâme
pas.
J'ai personnellement téléphoné au directeur local
d'élection, dans le comté de Sainte-Anne, qui a dit: Vous avez un
bon point, je ne peux rien faire, il faut vérifier avec Québec.
On a même vérifié avec Québec, c'est toujours
à la dernière minute, les endroits ont déjà
été déterminés. J'ai même vu des
télégrammes qui ont été envoyés de plusieurs
comtés. J'ai même rejoint le conseiller juridique de notre
formation politique pour lui demander si on pouvait faire quelque chose.
Même s'il s'agit de quelques dizaines de personnes qui, comme cela,
perdent leur droit de vote, je trouve cela vraiment inacceptable. Qu'est-ce
qu'on peut faire?
Je ne sais pas si le texte de la loi a été changé
ou si c'est interprété de façon trop stricte. C'est
arrivé dans ma circonscription électorale et le même
événement s'est produit dans le comté de Saint-Henri, la
circonscription voisine, celle de M. Hains. On était tous les deux
impliqués là-dedans. J'aimerais savoir si vous avez eu d'autres
commentaires d'autres comtés concernant ce problème.
Deuxièmement, que peut-on faire pour qu'à l'avenir cela ne se
reproduise plus? Vraiment, il faut à tout prix éviter qu'un
citoyen perde son droit de vote.
M. Côté (Pierre.-F): Vous avez raison, M. le
député, c'est un problème sérieux qui a
été soulevé non seulement dans votre circonscription
électorale, mais dans d'autres également. Je résumerais le
problème de la façon suivante: La Loi électorale
prévoit que les bureaux de vote doivent être regroupés dans
des endroits publics. Tout le problème, c'est la notion: Qu'est-ce qu'un
endroit public?
Jusqu'à maintenant, ce qu'on a interprété, de la
façon qu'on applique la loi, c'est qu'un endroit public c'est
plutôt un endroit comme, par exemple, les écoles ou un endroit
plus communautaire, un centre hospitalier ou un centre d'accueil. La grosse
question qu'on s'est posée face à la situation que vous soulevez
est: Est-ce qu'un HLM, une maison pour personnes âgées est un
endroit public ou non? Est-ce qu'on peut regrouper, dans ces endroits, des
bureaux de vote?
Pour le moment, notre réponse, cela a été non
à cause de la façon dont on pense que la loi est formulée.
Si ce n'est pas une reformulation de la loi qu'il faudrait faire, il faudrait
peut-être revoir attentivement avec le conseil consultatif, la
façon dont cela pourrait se simplifier ou se définir. Pour ma
part, je pense que cela prendrait peut-être une précision, une
explicitation dans la loi à ce sujet.
M. Polak: J'aurais une dernière remarque là-dessus.
Dans ces édifices, il y a toujours des salles communautaires, vous le
savez bien. Il n'y a aucun problème au point de vue d'aménager
l'endroit. C'est aussi bien équipé qu'une école, donc ce
n'est pas un problème.
Évidemment, dans mon temps, les rumeurs circulaient que le
gouvernement était pour bien expliquer cette affaire-là, parce
que c'était bien connu que les personnes âgées votaient
plutôt de notre bord. J'ai vu les statistiques dans mon comté, M.
le Président, c'est vrai. Même dans les édifices où
on ne se rendait pas voter, j'ai eu 95 % des votes. J'étais encore plus
furieux parce que j'ai dit: Ilsont fait cela exprès pour
empêcher le droit de vote à ceux qui voteront libéral. Vous
savez comment le monde pense. C'est pour cela que je voudrais que cela soit
discuté et à l'avenir qu'on n'ait plus ce problème. C'est
un problème qu'on peut régler facilement.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouin sur ce sujet-là, tout en rappelant aux membres de la commission
que notre mandat doit, dans le temps, se limiter à 12 h 30. Plusieurs
membres de la commission vont demander la parole, je les inviterais à
poser leurs questions de façon la plus utile et la plus brève
possible.
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Sur le même sujet, M. le Président,
concernant la dernière affirmation du député de
Sainte-Anne, dans un premier temps, je lui rappellerai que ce ne sont ni les
partis politiques ni le gouvernement qui détermine le lieu des bureaux
de scrutin, mats les directeurs du scrutin.
Deuxièmement, je dirai au député de Sainte-Anne que
s'il croit ou s'il pense être en mesure de prouver que le gouvernement
aurait fait des pressions pour éviter que des bureaux de scrutin se
retrouvent dans des HLM ou autres endroits publics de cette nature, il n'a
qu'à faire des affirmations précises, déposer des cas
concrets et soulever des dossiers précis. Si tout ce qu'il a à
nous dire, c'est qu'il pense... qu'il a eu l'impression que... M. le
Président, il repassera après les prochaines
élections.
M. Polak: Non, monsieur, c'est la vérité, c'est
arrivé dans mon comté. Je peux vous mentionner le nom des
édifices ou, en 1981, on votait...
M. Rochefort: Bien, c'est cela, soyez précis.
M. Polak: ...et cette année-là, on ne votait
pas.
M. Rochefort: Vous dites que c'est le gouvernement qui
empêchait de faire cela?
M. Polak: Je n'ai pas dit cela, j'ai constaté le
résultat.
M. Rochefort: Faites bien attention!
M. Polak: Qui a dit cela? Est-ce une mauvaise
interprétation? Le public a droit... J'ai dit, mais sans doute, c'est
vrai, je n'ai pas de preuve comme cela. C'est une rumeur qui circulait et on
voudrait éviter cela.
M. Rochefort: Soyez prudent dans les insinuations que vous
faites, M. le député de Sainte-Anne.
Le Président (M. Filion): Dans le même sens, M. le
député de Sainte-Anne, vraiment en dehors de toute partisanerie,
je pense qu'il faut constater deux choses au Québec:
premièrement, l'évolution de nos moeurs électorales qui a
favorisé de façon générale la meilleure expression
du vote possible par les citoyens et citoyennes du Québec.
Deuxièmement, je le dis, je pense qu'on peut le constater, il y a eu un
progrès dans les quinze, vingt dernières années,
progrès auquel a participé le gouvernement du Parti
québécois, visant justement à permettre l'expression du
vote des citoyens et des citoyennes. En ce sens-là, je dois dire que je
partage entièrement l'avis du député de Gouin, tout en
rappelant peut-être aux membres de la commission que ce n'est
peut-être pas l'endroit pour susciter ce type de débat.
Le Directeur général des élections est avec nous
jusqu'à 12 h 30, c'est court. Évidemment, sans restreindre la
portée de vos questions, je vous inviterais à faire en sorte que
vos questions puissent être utiles à l'ensemble de la
commission.
M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, vous ne vous surprendrez pas
si je ne partage pas tout à fait votre point de vue là-dessus.
Sur la même question, je pense qu'il y a effectivement eu des
progrès de faits au cours des dernières années, cela
depuis un bon bout de temps, quant à la facilité qu'on accorde
d'exercer le droit de vote à une certaine catégorie de citoyens,
à l'ensemble des citoyens.
Il y a un domaine où cela a été en
régression, je n'en accuse absolument personne. Le Directeur
général des élections le disait lui-même
tantôt; on a interprété, dans la loi, le sens d'"endroit
public" comme excluant un foyer d'accueil.
M. Rochefort: Non.
M. Gratton: Est-ce que j'ai bien compris le Directeur
général des élections?
M. Rochefort: Absolument pas, absolu- ment pas.
M. Gratton: On a interprété la loi comme excluant
la possibilité qu'il y ait un bureau de scrutin dans un foyer d'accueil,
dans un HLM, par exemple?
M. Côté (Pierre-F.): Dans un HLM?
M. Gratton: Oui,
Une voix: II y en a eu chez nous.
M. Gratton: Oui, je sais qu'il y en a eu chez vous, mais je me
reparte à ce que disait le Directeur général des
élections.
M. Côté (Pierre-F.): Il y en a eu dans les centres
d'accueil, dans les centres hospitaliers.
M. Gratton: Dans les HLM?
M. Côté (Pierre-F.): Dans les HLM, je ne crois pas;
en règle générale, il n'y en a pas eu.
M. Gratton: Mais s'il n'y en a pas eu, est-ce que c'est parce
qu'on a décidé que la loi ne le permettait pas?
M. Côté (Pierre-F.): Oui. Vous avez raison de ce
point de vue, j'ai même fait part à une personne qui m'a
adressé des remarques là-dessus que, à mon avis - je
répète un peu ce que j'ai dit tout à l'heure, M. le
ministre - tout dépend de la définition qu'on donne aux
dispositions de l'article 219 quand on parle d'endroits publics, au fait que
cela doit être groupé par secteurs électoraux. À
partir de là on a interprété, nous, on a appliqué
la loi de façon à en exclure règle générale
les HLM. Je crois, moi je suis d'avis - on pourra peut-être diverger
d'opinions - que pour avoir une autre situation il faudrait modifier la
loi.
M. Gratton: C'est tout ce que je veux dire: effectivement on a
l'intention de modifier la loi pour faire en sorte qu'on élargisse au
maximum la possibilité pour les gens d'exercer leur droit de vote. C'est
aussi simple que cela. Moi, je ne conteste pas l'interprétation qu'on a
faite de la loi. Je constate tout simplement qu'il y a des endroits où
la possibilité de voter n'a pas été facilitée par
cette interprétation de la loi, par la loi elle-même telle qu'elle
a été interprétée, et que donc on va changer la loi
en conséquence.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Moi, j'aurais peut-être une remarque à
faire concernant l'affirmation du
ministre responsable de la loi. Effectivement, je pense qu'il y a un
élément très important qu'il faut préserver; c'est
d'abord la confidentialité du vote. Plus vous allez morceler les
endroits où on va voter, plus on va être capable d'identifier
d'où les votes proviennent. Je ne vois pas pourquoi on ferait une classe
spéciale pour les HLM. Ce sont des gens déjà qui ont une
certaine marginalisation dans notre société. Si, en plus, on va
encore leur donner la place... je ne parle pas des personnes âgées
c'est différent à mon point de vue, mais des HLM, un instant,
s'il faut marginaliser ces gens, ils sont capables de se déplacer, que
je sache.
M. Gratton: Ce n'est pas ce dont il s'agit, M. le
Président. On dit simplement que, au jugement du directeur
général de scrutin, dans un comté, on peut installer un
bureau de scrutin dans un HLM ou dans un complexe quelconque pour faciliter
l'exercice du droit de vote, il pourra le faire. Ce n'est pas le gouvernement
ni la loi qui va aller préciser dans quel HLM. Qu'on ne nous prête
quand même pas ces intentions non plus.
M. Dufour: Non, c'est justement parce que ce sont des sujets
où il peut y avoir de la discussion et il me semble que, avant de dire
des choses, il faut s'assurer que les mots veulent bien dire des choses exactes
et précises. Je vous dis; le vote a été facilité en
grande partie. Je partage le point de vue de mon collègue de Gouin
à l'effet qu'on l'a favorisé autant que possible: c'est vrai au
point de vue municipal, c'est vrai au point de vue scolaire. Il y a
peut-être des améliorations à apporter, mais il faut y
aller avec mesure et avec attention; c'est ce qu'on veut souligner.
M. Gratton: C'est ce qu'on va faire.
M. Dufour: Les questions que j'aurais aimé poser... c'est
qu'effectivement le directeur des élections nous dit: II y a à
peu près 175 plaintes devant lui. Il nous a dit: cela prend des
infractions sérieuses. Est-ce que vous considérez, est-ce que
vous êtes avancé suffisamment actuellement pour dire: Oui, il y a
des plaintes sérieuses qui ont été portées, soit
par nous, soit par d'autres? Il y a une deuxième question qui n'est pas
rattachée nécessairement, dans les partis politiques, les
remboursements sont-ils complétés?
M. Vallières: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Richmond, sur une question de règlement.
M. Vallières: C'est une suggestion pour améliorer
la procédure. Le député est intervenu tantôt
à la suite d'une remarque du ministre. Vous aviez, je pense, reconnu
d'autres collègues de ce côté-ci de la table. Je ne veux
pas en faire un blâme au député, mais il aborde un autre
sujet. On avait, de ce côté, des questions à poser sur le
même sujet.
Le Président (M. Filion): Je comprends qu'il y ait
certains membres qui veulent s'exprimer sur ce sujet. J'inviterais le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. Concernant les endroits
où se tient le vote, le scrutin, je pense que c'est une des
considérations importantes dont on doit tenir compte. Il y a des
inquiétudes qui ont été manifestées par mon
collègue de Sainte-Anne et je les partage. Ce n'est pas tout que
légalement les choses soient correctes; il faut que, au niveau des
électeurs, ils aient l'assurance que les choses se passent correctement
et qu'il n'y ait pas de changements qui peuvent être discriminatoires
à leur égard. C'est bien important que ce soit perçu ainsi
de la part des gens qui vont exercer leur droit de vote. J'aimerais vous
souligner là-dessus, M. le Directeur général des
élections, qu'il y aurait peut-être avantage, quand il s'agit de
délimiter les territoires des secteurs de vote et des sections de vote,
de tenir compte de certaines concentrations d'électeurs. Dans le
comté de Louis-Hébert plus particulièrement, il y a
certaines concentrations d'électeurs qui peuvent venir de
communautés religieuses, entre autres. J'ai perçu chez certaines
de ces personnes une hésitation à aller exercer leur droit de
vote parce qu'elles composaient dans certains cas une majorité ou une
très forte proportion de certains bureaux de scrutin. La liste
électorale était composée en majorité de personnes
qui appartenaient à une communauté religieuse et, à tort
ou à raison - cela importe peu - ces gens étaient craintifs de se
voir identifiés à un parti comme à l'autre. (11
heures)
Dans les circonstances, je me dis - cela ne vient pas en contradiction
avec la possibilité de faciliter le vote en ayant des bureaux de scrutin
à certains endroits qui ont été mentionnés par mes
collègues ici -pour autant qu'on puisse répartir ce vote comme
venant d'un territoire qui serait élargi ou plus grand d'une
façon ou d'une autre, de manière que les gens qui votent ou les
gens qui sont invités à voter et qui ont le droit de vote
puissent venir et soient dilués dans l'ensemble de ce bureau de
scrutin.
C'est une situation qui vaut la peine d'être étudiée
et qui pourrait être corrigée facilement. C'est important de
souligner que
cela peut être fait sans coûts supplémentaires. On
viendra peut-être tout à l'heure sur ce que nous coûtent les
élections au Québec; cela nous coûte très cher. On a
un service en Cadillac au Québec en ce qui concerne les
élections. On se promène en Cadillac aux élections. On a
peut-être de bonnes raisons. C'est un choix de société
qu'on peut avoir fait, mais dans un cas comme cela - je désire le
souligner en passant - il n'y pas de coûts supplémentaires.
Quand on délimite le territoire d'une section de vote où
il y a une communauté religieuse de 150 à 175 votants
possiblement, je ne vois pas pourquoi on n'en prendrait pas la moitié ou
le tiers qui irait d'un côté, le tiers qui irait à l'autre.
Ces gens accepteraient cela facilement. Cela faciliterait le vote et cela ne
coûterait rien. C'est une considération importante.
Je ne sais pas, M. le directeur général, si vous avez
considéré cette possibilité comme instruction à
donner aux directeurs du scrutin sur le terrain, pour tenir compte de ce
facteur qui me paraît ne pas être toujours considéré,
en l'occurrence?
M. Côté (Pierre-F.): On me signale - et si mon
souvenir est exact, vous pourrez peut-être me corriger - que dans la
plupart des cas où notre attention est attirée suffisamment
longtemps avant le scrutin, dans les situations que vous mentionnez comme les
communautés religieuses, on s'est efforcé de corriger dans le
sens que vous mentionnez.
Il entrera même une disposition dans la loi qu'on pourrait
peut-être retrouver à l'avenir qui dit de façon explicite
que -nous, on emploie une expression qui rend bien l'image - le vote de
communautés religieuses devrait être "noyé" réparti
dans d'autres sections de vote. On s'est efforcé de le faire mais il y a
certainement des cas où cela n'a pas été fait de
façon complète et satisfaisante.
C'est un travail, comme vous le mentionnez, qui peut, à mon avis,
dans la plupart des cas, être fait, sauf dans certains endroits - je
pense à certains points de la ville de Québec - où il y a
une forte concentration de communautés religieuses qui fait que le
nombre des électeurs dans ce point ne facilite pas cette division, parce
qu'il faut qu'elle soit faite à l'intérieur de secteurs
électoraux. C'est une contrainte de la loi. On ne peut pas
déborder le secteur électoral dans lequel est la section de
vote.
Alors, il y a certains cas où c'est plus difficile, mais dans la
majorité des cas, vous avez raison. Il faut procéder de cette
façon en divisant les électeurs.
M. Doyon: Une autre chose, M. Côté. En ce qui
concerne plus particulièrement le vote des étudiants, j'ai eu
l'occasion, lors de la campagne électorale, de rencontrer la presque
totalité des étudiants qui demeurent dans des résidences
d'étudiants, particulièrement à l'Université
Laval.
En rencontrant les étudiants - je m'en suis aperçu et ils
le disaient spontanément -je leur disais: Vous allez voter le 2
décembre. Je vous demande votre appui, je peux compter sur vous, etc.,
comme on le fait normalement dans ce genre de choses. Très souvent -
cela arrivait très régulièrement - ils me disaient:
Écoutez, M. Doyon, on ne sait pas où on va aller voter. On ne
sait pas si on va voter chez nous ou si on va voter dans Louis-Hébert.
Je disais: Comment cela se fait-il? Ils disaient: Nos parents nous ont
enregistrés à Saint-Georges-de-Beauce, par exemple, et nous
aussi; on est sur la liste électorale. La preuve c'est que j'avais leur
nom sur la liste électorale et sans vouloir tricher en aucune
façon. Il n'y avait pas de mauvaise foi là-dedans.
Les parents disaient: On ne sait pas. Il va peut-être être
ici; il va peut-être venir pendant le long congé. On ne veut pas
le priver de son droit de vote. Donc, ils l'inscrivaient et l'étudiant
s'inscrivait lui-même, soît spontanément ou soit à la
révision de la liste électorale.
C'était fréquent. On se retrouvait avec des
étudiants et des étudiantes qui étaient forcément
sur deux listes électorales. Cela a créé un
problème. Je pense que la loi est très claire là-dessus:
On n'a pas le droit d'être inscrit sur deux listes électorales
différentes. Il faut être inscrit seulement à un endroit.
Dans les circonstances, les étudiants et les étudiantes me
faisaient valoir que, finalement, ils voyaient peu d'utilité à
être inscrits comme étudiants à l'Université Laval,
par exemple. Ils m'expliquaient cela en disant: Nous autres, il nous reste un
an à l'université, M. Doyon. On ne sera pas en mesure
d'évaluer votre mandat, dans quatre ou cinq ans, parce qu'on ne sera
plus là. On en vient à un problème un petit peu plus
fondamental. J'aimerais qu'on examine cela.
Généralement et compte tenu des étudiants qui
viennent et qui partent dans un comté où il y a une forte
concentration d'étudiants - dans Louis-Hébert, on parle de 10 000
à 12 000 étudiants - qui ne seront pas là dans cinq ans,
finalement, ils sont amenés à voter pour un candidat ou une
candidate, à l'élire ou à le défaire, alors que le
véritable endroit où ils ont leurs racines n'est pas l'endroit
où ils font leurs études. Ils sont seulement de passage
là. Cela se relie au problème dont on parlait. C'est tellement
vrai que, spontanément, ils se font inscrire chez leurs parents en
même temps, ils savent qu'ils ont le droit de se faire inscrire à
l'endroit de leurs études où ils sont censés avoir leur
domicile, selon la loi. Ils se demandent si, vraiment - j'ai eu ces
réflexions; moi, je n'en fais pas de différence parce que
je n'ai pas à me plaindre du vote étudiant - c'est normal qu'on
invite des gens à voter pour un candidat alors qu'il est presque
assuré à 80 % des cas qu'ils ne seront pas là à la
prochaîne élection pour évaluer le mandat de la personne
qu'ils élisent pour les représenter à l'Assemblée
nationale.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, justement, c'est un
problème assez considérable que vous soulevez. C'est toute la
dimension de l'application de l'article 60, pour nous, et dans lequel il est
permis aux étudiants, aux travailleurs, aux personnes
hospitalisées, au moment de la révision, de s'inscrire à
l'endroit de leur domicile. C'est toute la notion du domicile qui est en cause
et que vous soulevez. Est-ce qu'il y aurait lieu de penser à des
modifications qui seraient dans le sens de ce que vous soulignez? Pour ma part,
je ne suis pas en mesure de me prononcer aujourd'hui là-dessus. Je pense
que c'est une question qui devrait être étudiée avec soin
par le législateur. Je ne sais pas trop quoi vous répondre
là-dessus et surtout sur le point que vous mentionniez à la fin
de votre intervention. C'est un point que je trouve intéressant mais sur
lequel je ne pense pas être en mesure de me prononcer. Est-ce qu'on doit
voter pour quelqu'un qui va être un futur membre de l'Assemblée
nationale ou pour quelqu'un qui a été membre de
l'Assemblée nationale? Il y a tout un problème qui est en cause
au sens de l'élection, je dirais.
M. Doyon: Souvent, c'est ni l'un ni l'autre, parce qu'une
personne peut être aux études depuis six mois ou un an seulement
et elle est appelée à voter sur le travail qui a
été fait par un membre de l'Assemblée nationale qu'elle
connaît peu ou pas et qu'elle ne sera pas en mesure d'évaluer lors
de la prochaine élection non plus, puisqu'elle aura quitté, ses
études étant terminées.
M. Côté (Pierre-F.): Par ailleurs, ce que je peux
vous dire à l'égard de ce problème du choix qu'ont ces
catégories de personnes, les étudiants en particulier, il y a eu
beaucoup d'efforts dans l'information qui a été donnée
à l'occasion de la dernière campagne électorale. Nous nous
sommes efforcés de les renseigner le mieux possible. Qu'ils soient
inscrits à deux endroits, comme vous le mentionniez, il est
évident que ce n'est pas légal. Mais nous nous sommes
efforcés de les renseigner le mieux possible sur le choix que la loi
leur permettait.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Beauharnois.
M. Marcil: Concernant...
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président. Je veux bien... Mais je pense qu'on va recommencer à
fonctionner par alternance parce que, de toute évidence, on était
rendu au vote des étudiants. Où devraient-ils avoir droit de
vote? Là où ils étudient ou là où ils
habitaient auparavant? On est très loin de l'utilisation des salles de
HLM comme lieu public de scrutin. Je veux bien, quand on demeure strictement
sur le même sujet, qu'on ne respecte pas l'alternance mais, en dehors de
cela, M. le Président, je vous demande d'appliquer les règles
traditionnelles de notre Assemblée.
Le Président (M, Filion): Voici, M. le
député de Gouin. J'inviterais les membres de la commission -
parce qu'on est tous en politique et qu'on a tous connu une ou plusieurs
élections, chacun de nous peut relever 42 points sur lesquels on
pourrait entretenir le Directeur général des élections
pendant trois jours - à tenter de soulever des blocs de sujets. Sinon,
comme je l'ai dit tantôt, il nous reste à peine une heure vingt
minutes, nous ne pourrons pas faire des travaux de cette commission des travaux
utiles pour nous.
Le problème des étudiants, et je ne veux pas minimiser
votre intervention, M. le député de Louis-Hébert, ou le
problème des HLM, on pourrait soulever 40 sortes de problèmes et,
à ce moment-là, avancer difficilement à l'intérieur
du mandat qui nous est confié, à savoir celui d'étudier
les prévisions budgétaires, donc un peu les grands ensembles.
Malgré tout cela, M. le député de Gouin, je ne me
sens pas lié par le principe de l'alternance à ce moment-ci. Je
fais référence notamment à la décision qui a
été rendue par plusieurs de mes collègues. Comme je l'ai
dit, étant donné que le député de Beauharnois m'a
demandé la parole il y a déjà un certain temps, je
remarque, par ailleurs, que quant au reste des inscriptions que j'ai, c'est le
principe de l'alternance. Si vous voulez, on va laisser le député
de Beauharnois intervenir et, ensuite, le hasard fait que le principe de
l'alternance va être respecté dans l'octroi des prochains droits
de parole.
M. Rochefort: M. le Président, je me permets un seul
commentaire là-dessus, et ce sera le dernier en ce qui me concerne. Je
vous dirai que, quant à moi, le principe de l'alternance doit être
respecté en commission parlementaire, notamment au moment de
l'étude des crédits. Là, où on ne le respecte pas
de façon intégrale, c'est lorsqu'on étudie les
crédits d'un ministère où il y avait une entente 90-10. Il
est évident que pour arriver à 90-10, on ne peut pas respecter
l'alternance. Mais ici, à la commission, la tradition est de fonctionner
un peu comme
dans les commissions d'étude de projets de loi ou des choses
comme cela, et non pas dans les commissions d'étude de crédits
des ministères, puisqu'il n'y a pas d'entente de 90-10 pour une telle
commission et que le Directeur général des élections n'est
pas un ministre membre d'une formation politique, mais une personne
nommée par l'Assemblée nationale.
M. le Président, je suis bien prêt à consentir
rapidement à respecter la décision que vous rendez, mais je vous
demande de revenir à la pratique pour une telle commission.
Le Président (M. Filion): Je prends note de vos
observations, M. le député de Gouin. M. le député
de Beauharnois.
M. Marcil: M. le Président, pour respecter le principe de
l'alternance, il faudrait que les gens s'inscrivent...
M. Rochefort: On est inscrit, M. le Président.
M. Marcil: ...et non pas improviser des questions au fur et
à mesure qu'une personne intervient. M. le Président et M. le
directeur général, la question revient toujours au loyer comme
tel. Quand vous établissez un budget pour la location de salles pour
justement permettre le déroulement, êtes-vous limités en
termes de sommes d'argent pour la location de ces...? Pour être plus
précis, on a parlé tantôt du lieu de scrutin. On sait que
le principe fondamental qu'il faut respecter, c'est l'accessibilité pour
les gens d'aller voter. Je prends un exemple bien concret et je pense que cela
se passe dans plusieurs comtés: le choix des écoles, comme tel,
à l'époque de Duplessis, il n'y a aucun rez-de-chaussée
dans ces écoles. Chez nous, plus de la moitié des endroits qui
ont été retenus pour le scrutin ont posé des
problèmes de barrière architecturale. On se ramasse dans des
sous-sols d'églises où on descend environ 20 marches ou bien dans
un deuxième étage d'un aréna où il y a autant de
marches à monter. Cela empêche réellement des gens de
sortir pour aller voter.
On a parlé tantôt de HLM. Pour préciser, ce sont des
bâtiments modernes et très accessibles à presque n'importe
quels types d'individus, qu'ils soient handicapés, vieillards ou ainsi
de suite. Au lieu de concentrer des lieux de scrutin dans des sous-sols
d'églises, on pourrait peut-être les concentrer dans des
bâtiments un peu plus accessibles à la population. C'est
uniquement en termes de barrières architecturales que je soulève
la question, de là l'importance des budgets alloués au niveau des
locations de salles.
M. Côté (Pierre-F.): Si vous permettez, je vais
répondre à votre question en deux parties. L'article 220 de la
Loi électorale prévoit qu'une municipalité, une commission
scolaire et un établissement construit en vertu de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux doivent permettre l'usage
gratuit de leurs locaux. Alors, il n'y a pas de problème. Non, tes HLM
ne sont pas compris là-dedans, pas de la façon dont on comprend
la loi présentement. Je reviens à ce que j'ai dit tout à
l'heure. Les coûts afférents à cela sont les coûts
d'administration, ce ne sont pas les coûts de location, si, par exemple,
il nous faut engager le concierge pour ouvrir ou fermer l'école. (11 h
15)
Par ailleurs, pour répondre à l'autre partie de votre
question, c'est une autre disposition de la loi qui prévoit - l'article
191 - qu'on doit, autant que possible, rendre les bureaux de vote par
anticipation accessibles aux personnes handicapées. L'effort est mis
présentement pour les personnes handicapées. Dans le sens
très large, ce sont des personnes qui ont des difficultés de
déplacement, par exemple, pas nécessairement handicapées
physiques graves, mais les personnes âgées qui ont peut-être
de la difficulté à se déplacer. L'effort est mis pour que
ces personnes, actuellement, votent dans toute la mesure du possible lors du
vote par anticipation. Nous avons émis des directives très
claires aux directeurs du scrutin et ceci coûte assez cher, pour que ces
endroits soient accessibles. Alors, il y a des rampes d'accès qui sont
construites si nécessaire; mais on fait cet effort auprès des
bureaux de vote par anticipation et on ne l'a pas
généralisé pour tous les bureaux de vote le jour du
scrutin même. On n'a pas généralisé parce que cela
exigerait des frais trop élevés.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je ne m'étendrai pas sur le sujet des HLM. Ce
ne sont pas des endroits pour aller voter, ils ne sont pas organisés
avec de grandes salles, etc. Ma question était, celle que j'avais
posée tout à l'heure et pour laquelle je n'ai pas eu de
réponse: Est-ce que les remboursements des comptes actuellement devant
vous sont complétés?
M. Côté (Pierre-F.): On m'informe que le
remboursement possible total des dépenses électorales est de
l'ordre de grandeur de 3 300 000 $. Les avances qui ont déjà
été versées aux candidats sont de 2 500 000 $; il reste
donc 800 000 $ à verser sur les 3 300 000 $ dont je parlais tout
à l'heure. Depuis la production des rapports, ce qui a été
versé sur les 800 000 $, c'est 300 000 $. II reste à effectuer
des
remboursements pour une somme approximative de 500 000 $, ce qui est en
voie, et on prévoit que d'ici à deux à trois semaines au
plus, ce sera terminé, les 500 000 $ qui restent vont être
versés aux candidats.
M. Dufour Je soulevais la question parce que, effectivement, il y
a des gens qui ont des emprunts et il y a des coûts qui sont
rattachés à cela. Il n'y a pas de remboursement pour cela. Vous
avez une limite de remboursement et les intérêts qui sont
facturés ne sont pas comptés dans vos remboursements.
M. Côté (Pierre-F.): Le problème est le
suivant, M. le député: avant d'effectuer un remboursement
définitif, il faut que nous procédions à l'étude du
rapport.
M. Dufour: N'y aurait-il pas moyen de trouver une meilleure
formule? Vous avez déjà trouvé le moyen de faire des
avances au début et il y aurait peut-être 90 % qui pourrait
être remboursable. Je sais que cela cause des problèmes à
des organisations.
M. Côté (Pierre-F.): Cela devait être pire
avant qu'il y ait une avance sur le remboursement.
M. Dufour: Non, on n'est pas pour le pire. Je vous dis que je
m'oppose toujours carrément quand quelqu'un me dit: C'est moins pire.
J'accepte difficilement que quelqu'un me réponde de cette façon
en disant: C'est moins pire.
M. Côté (Pierre-F.): Non, non, je m'excuse, je le
disais à la blague. Je ne veux pas vous offusquer, je vous en prie.
M. Dufour: On ne vous en tiendra pas rigueur.
M. Côté (Pierre-F.): Pour nous, le restant des
remboursements est fait à partir de l'étude que l'on fait des
rapports. Une des difficultés, si on versait le montant global, serait
d'aller rechercher l'argent versé en trop.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Richmond.
M. Vallières: M. le Président, Je demanderais la
permission de permuter mon tour avec le leader. Il a déjà
demandé la parole.
Le Président (M. Filion): M. le ministre
délégué à la Réforme électorale.
M. Gratton: Très brièvement, M. le
Président. Je note que, dans vos prévisions budgétaires
pour cette année, à la catégorie Communications, vous
inscrivez 524 000 $, alors que, si je ne m'abuse, l'estimation des
dépenses actuellement faites, en réalité, l'an dernier
était de 484 000 $. Compte tenu qu'il y a eu des élections l'an
dernier et qu'on ne prévoit pas d'élection générale
cette année, je me demandais comment on expliquait l'ajout d'unequarantaine de mille dollars à la catégorie
Communications.
M. Côté (Pierre-F.): Si vous me le permettez, M. le
ministre, il y a une chose que je veux préciser tout de suite. Dans
cette catégorie Communications, qui est assez considérable -
c'est une catégorie qui est imposée par le système
parlementaire -entre la téléphonie pour 235 000 $ et les
prévisions budgétaires de l'an dernier qui étaient de 550
500 $, les dépenses que vous avez mentionnées étaient
de... On a réaménagé ces prévisions à 522
500 $ au cours de l'année. Les dépenses étaient de 480 550
$; il y a eu un écart de 37 950 $. Cette année, l'écart de
nos prévisions avec les prévisions de l'an dernier est de 26 500
$. La principale explication de cet écart de prévisions vient de
ce qu'on prévoit dépenser pour la Commission de la
représentation électorale en ce qui a trait à la
publicité dans les journaux, en particulier pour les travaux que nous
allons faire à l'égard de la carte électorale.
M. Gratton: C'est environ 300 000 $? Comme on sait que cela a
été retardé, est-ce qu'on aura besoin de ces 300 000 $,
compte tenu de l'adoption de la loi 22 ou de la loi 23 qui suspendait les
travaux de la commission pour un certain temps, c'est-à-dire jusqu'au 2
décembre?
M. Côté (Pierre-F.): Je m'excuse, je n'ai pas
très bien saisi.
M. Gratton: Si vous avez 300 000 $ en publicité qui est
surtout axée sur les travaux de la Commission de la
représentation électorale par rapport à la refonte de la
carte et qu'on a suspendu ces travaux jusqu'au 2 décembre par le biais
de la loi 22 ou de la loi 23, je ne sais laquelle, est-ce que vous
prévoyez toujours avoir besoin de ces 300 000 $?
M. Côté (Pierre-F.): Il faudrait que je
précise que le montant de 300 000 $, c'est la différence entre le
montant de 235 000 $ que j'ai donné tout à l'heure et le montant
de 500 000 $ qu'on prévoit. Je vais vous donner les différents
postes que comprend cette ventilation de la catégorie 3 des
communications: téléphonie pour 235 000 $; publicité pour
40 000 $ - là, je m'excuse, ce n'est pas uniquement de la
publicité pour la commission, mais c'est de la publicité
égale-
ment pour le travail qu'on a à faire en regard des
municipalités - publications du ministère pour 90 000 $; frais de
poste pour 25 000 $.
Je vais me reprendre, M. le ministre, pour vous donner plus en
détail... Je m'excuse, vous permettez que je consulte à nouveau
mes collègues?
M. le ministre, ce sont les frais de voyages que l'on fait chez nous, 75
000 $; les frais de poste, 25 000 $; les communications
téléphoniques, 235 000 $; la publication que l'on fait chez nous,
38 000 $. Ce sont les quatre grands postes, pour un total de prévisions
de 524 000 $.
M. Gratton: La téléphonie, 235 000 $?
M. Côté (Pierre-F.): C'est cela.
M. Gratton: La publicité, 40 000 $?
M. Côté (Pierre-F.): La publicité c'est 38
000 $.
M. Gratton: 38 000 $.
M. Côté (Pîerre-F.): 40 000 $, pardon.
M. Gratton: 40 000 $.
M. Côté (Pierre-F.): 40 000 $.
M. Gratton: D'accord. Frais de voyage, 75 000 $?
M. Côté (Pierre-F.): C'est cela.
M. Gratton: Est-ce que ce sont les frais de voyage excluant les
déplacements de la commission de la représentation?
M. Côté (Pierre-F.): Cela les inclut.
M. Gratton: Donc, on peut s'attendre qu'il y ait des
économies de ce côté?
M. Côté (Pierre-F.): Oui, il peut y avoir une
économie là.
M. Gratton: C'est M. Gobeil qui va être content! L'autre
poste?
M. Côté (Pierre-F.): Les frais de poste? M.
Gratton: L'autre poste? M. Côté (Pierre-F.): Frais de
poste. M. Gratton: Frais de poste, 25 000 $? M. Côté
(Pierre-F.): 25 000 $.
M. Gratton: Dans votre rapport, vous avez parlé de
l'établissement d'un fichier, l'an dernier, des ressources
institutionnelles et communautaires des circonscriptions électorales.
Est-ce que ce genre de choses, on le retrouverait au poste Communications?
M. Côté (Pierre-F.): On trouve cela à la
catégorie 11, dans les événements électoraux.
M. Gratton: D'accord. Il y a seulement une chose, M. le
Président. Est-ce que le Directeur général des
élections pourrait nous fournir - pas aujourd'hui mais dans les semaines
qui viennent - une ventilation des épargnes qu'on compte réaliser
vu la suspension des travaux de la Commission de la représentation
électorale? Présentement, on a l'exemple des frais de voyage. Je
suis sûr qu'il y a d'autres éléments de dépenses
qui, normalement, sont déjà inclus dans les crédits, dans
les prévisions budgétaires. Est-ce que vous pourriez nous faire
parvenir cela?
M. Côté (Pierre-F.): Ici M. le ministre, si vous le
voulez, j'ai le détail du chiffre de 83 000 $ que j'ai mentionné
tout à l'heure dans mon exposé.
M. Gratton: C'est 83 000 $ au total.
M. Côté (Pierre-F.): C'est 83 000 $ au total qu'on
prévoit pouvoir ne pas débourser, épargner à la
suite de l'adoption de la loi qui reporte les travaux de la commission.
M. Gratton: Quelle serait la ventilation de cela?
M. Côté (Pierre-F.): Dans la catégorie 03, la
diminution est de 73 000 $. Dans la catégorie 04, l'épargne est
de 10 000 $.
M. Gratton: Quelle est la catégorie 03? Est-ce que ce sont
les communications?
M. Côté (Pierre-F.): Les communications,
catégorie 03, c'est 73 000 $.
M. Gratton: 73 000 $. Et la catégorie 04?
M. Côté (Pierre-F.): Catégorie 04, 10 000
$.
M. Gratton: Est-ce que ce sont les services?
M. Côté (Pierre-F.): Oui.
M. Gratton: D'accord. Une dernière question, M. le
Président. Où retrouve-t-on la différence? Les quatre
grands postes que vous m'avez donnés totalisent environ 375 000 $. Les
autres 150 000 $, qui nous amènent à 524 000 $ qu'on retrouve
dans les
prévisions budgétaires, sont prévus pour quelle
dépense?
M. Côté (Pierre-F.): Au lieu de 524 000 $, il faut
lire autrement maintenant. Il faut enlever 83 000 $ sur 524 000 $.
M. Gratton: Donc, il reste environ 67 000 $.
M. Côté (Pierre-F.): Oui. La différence, M.
le ministre, je pourrais vous la fournir. De toute façon je ne l'ai pas
avec moi ici.
M. Gratton: C'est ce que je vous suggérais
tantôt.
M. Côté (Pierre-F.): Oui. M. Gratton:
D'accord.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouin.
Amendements souhaités à la Loi
régissant le financement des partis politiques
M. Rochefort: Oui, M. le Président, je voudrais aborder un
sujet qui a fait l'actualité récemment et qui a
nécessité une intervention du Directeur général des
élections au moment du dépôt des bilans financiers des
différentes formations politiques de même que la liste des
souscripteurs aux différentes formations politiques puisqu'on sait que
tout souscripteur de plus de 100 $ doit être inscrit dans le rapport de
chacune des formations politiques.
M. le Président, je veux souligner que le directeur
général, au moment du dépôt de ses rapports et des
listes de souscripteurs pour chacune des formations politiques, a
rappelé qu'il souhaitait que des amendements soient apportés
à la Loi régissant le financement des partis politiques de
façon non seulement à en respecter la lettre, mais aussi
l'esprit. Il faisait allusion, plus spécifiquement, à la
procédure utilisée qui va carrément à l'encontre de
l'esprit de la loi qui voulait que le document rendu public à chaque
année par le Directeur général des élections
permette à quiconque s'intéresse à ces questions,
rapidement, facilement, d'avoir accès à la liste des citoyens et
citoyennes électeurs qui souscrivent à une formation politique un
montant de plus de 100 $ à chaque année. On sait que la formation
politique qui est actuellement au pouvoir remet depuis deux ans une liste
centralisée qui n'est pas dressée par ordre alphabétique,
qui n'est pas dressée par ordre de comté et qui ne regroupe pas
les unes à la suite des autres les souscriptions faites à
différents moments par un même individu. (11 h 30)
De la façon dont cela est présenté, M. le
Président, c'est carrément un fouillis total dans lequel
personne, absolument personne, ne peut se retrouver et qui va donc à
l'encontre carrément de l'esprit de la loi qui était de fournir
l'information à quiconque voulait l'obtenir de façon simple,
claire et parfaitement transparente. Ce qui est d'autant plus surprenant, c'est
que c'est un processus qui a vu le jour il y a deux ans seulement, alors que la
loi existe dans les mêmes prescriptions, dans les mêmes
définitions et dans les mêmes articles depuis 1977. On se demande
si c'est la venue de l'élection qui, tout à coup, a
impliqué une façon différente de procéder, une
façon moins transparente, moins ouverte, moins accessible et moins
facilement disponible pour l'ensemble des citoyens qui s'intéressent
à ces questions.
Deuxièmement, M. le Président, ce qu'il faut souligner,
c'est que le chef du Parti libéral du Québec et actuel premier
ministre du Québec avait pourtant pris l'engagement, l'an dernier, de
faire en sorte que sa formation politique change sa façon de
procéder quant à la fourniture, quant à ta
présentation, quant à la forme que prendrait la liste des
souscripteurs de plus de 100 $ de sa propre formation politique. Je cite, M. le
Président, une déclaration du premier ministre, qui était
à l'époque chef de l'Opposition et chef de sa formation
politique, dans une entrevue au quotidien Le Soleil du mercredi 29 mai 1985,
à M. Michel David. M. Bourassa s'était engagé à
simplifier la liste des contribuables que le Parti libéral du
Québec doit présenter pour se conformer à la loi. Cela
faisait écho non seulement à des représentations, à
des interventions qui avaient été faites par le Parti
québécois devant cette nouvelle façon de procéder
qui est une illustration d'un manque de transparence totale, donc de
déviation de l'esprit de la Loi régissant le financement des
partis politiques, mais aussi à des interventions faites par des
journalistes, des éditorialistes et des citoyens et des citoyennes qui
ont vu là un stratagème qui pouvait les priver d'une information
que la loi rendait obligatoire et devait rendre facilement accessible.
Plus profondément, M. le Président, cela suscite des
interrogations chez bon nombre de citoyens, le fait que cela ne soit pas
possible d'identifier facilement qui sont les souscripteurs de la caisse
électorale du Parti libéral du Québec, les gros
souscripteurs de 100 $ et plus. Cela suscite des questions qui sont d'autant
plus importantes que cette formation politique est maintenant au pouvoir et
qu'il est absolument impossible d'utiliser ces listes pour vérifier dans
quelle mesure les règles d'éthique, les règles de conflit
d'intérêts, les règles de favoritisme politique sont
bien
protégées pour éviter que cela se produise à
partir d'un instrument fondamental comme celui que les Québécois
se sont donné en 1977. On a adopté une loi sur le financement des
partis politiques qui non seulement faisait en sorte que seul un
électeur pouvait souscrire à la caisse électorale d'un
parti politique, mais qui faisait aussi en sorte que des caisses occultes
n'existeraient plus puisque toute contribution de 100 $ et plus devait
être rendue publique dans une forme et selon des prescriptions
précises qui rendaient cette information accessible.
Je veux aussi souligner» M. le Président, qu'il y a une
incongruité, quant à nous, qui doit être corrigée
aussi dans la Loi régissant le financement des partis politiques. On
sait que seul un électeur, seul quelqu'un qui a les qualités
d'électeur peut souscrire à la caisse électorale d'un
parti. Pour avoir les qualités d'électeur, M. le
Président, il faut, lorsqu'on se fait inscrire, être inscrit
là où on a notre domicile permanent, notre résidence
principale.
Ce que l'on observe, encore une fois, dans le rapport du Parti
libéral, ce sont des souscripteurs qui donnent l'adresse de leur bureau
professionnel, de leur place commerciale ou de leur place d'affaires et non pas
l'adresse à laquelle ils habitent, donc avec laquelle ils peuvent
obtenir qualité d'électeur et, donc, être inscrits sur une
liste électorale d'où la difficulté de relier un
souscripteur à sa qualité d'électeur, parce que l'adresse
donnée n'est pas celle de sa résidence personnelle.
Problème de transparence, parce que la liste n'est pas
dressée par ordre alphabétique, parce que la liste n'est pas
présentée par ordre de circonscription électorale, parce
que la liste ne met pas dans un ordre consécutif les souscriptions d'un
même citoyen à une même formation politique. J'aimerais
demander au directeur général s'il est en mesure rapidement de
soumettre des projets d'amendement qui nous permettraient de mettre fin d'une
façon définitive à une telle façon de
procéder qui va à l'encontre, de toute évidence, de
l'esprit de la Loi régissant le financement des partis politiques. Par
la suite, M. le Président, j'aurai un certain nombre de questions que je
souhaiterais adresser au ministre responsable de la réforme
électorale.
Le Président (M. Filion): M. le Directeur
général des élections.
M. Côté (Pîerre-F.): Oui, si vous le
permettez, M. le député, j'aimerais - sans entrer dans une
polémique, toutefois préciser une chose puisque vous avez fait
référence à ce que j'ai dit au moment de la
présentation des rapports financiers. J'ai bien précisé
à ce moment-là qu'à mon avis la difficulté existait
à l'égard des deux partis politiques. Je voudrais bien qu'on
n'interprète pas mal ce que j'ai dit à ce moment-là. Les
efforts pour améliorer l'application de l'article 392 de la loi,
à mon avis, devraient être faits par tout le monde. Il y a deux
façons de procéder. H y a une façon de faire volontaire de
la part des partis politiques ou des amendements à l'article 392. II
faudrait voir de quelle façon plus précise et
détaillée en arriver à un résultat beaucoup plus
clair sur le plan de la compréhension des annexes, des rapports des
sommes de 100 $ et plus.
M. Rochefort: M. le Président, oui, j'ai pris bonne note
des commentaires du directeur lors de la présentation où il
disait que c'était présent dans les deux formations politiques.
Mais je tiens à noter, pour l'information de tous ceux et toutes celles
qui suivent nos travaux, qu'il y a une différence notoire au niveau des
deux formations politiques.
D'une part, le Parti québécois fonctionne de la même
façon depuis l'adoption de la loi. Il n'a jamais changé sa
façon de présenter ses rapports.
Deuxièmement, au-delà de 95 % des souscriptions qui sont
faites au Parti québécois sont présentées par ordre
de comté. Il y a effectivement des souscriptions qui sont faites
à l'instance dite nationale, donc au niveau national du Parti
québécois, qui peuvent être faites à l'occasion par
des gens qui ont déjà donné dans des comtés. Elles
sont toutes identifiées par comté et elles sont toutes par ordre
alphabétique. Ce qu'on retrouve au Parti libéral, c'est aucune ou
à peu près aucune somme identifiée à des
comtés; elles sont toutes identifiées au niveau national, toutes
dans un ordre qui est un fouillis total, absolument aucun ordre de
comté, aucun ordre alphabétique et, je le répète,
dans un ordre qui évite aussi qu'on puisse additionner les souscriptions
qu'une même personne peut avoir faites.
Troisièmement, je souligne que le premier ministre du
Québec qui était le chef du Parti libéral l'an dernier,
à cause de cette situation qui a vu le jour pour la première fois
dans cette ampleur l'année dernière dans sa formation politique,
avait pris l'engagement que sa formation politique changerait, sans attendre
des amendements à la Loi électorale, la forme de la
présentation de la liste de ses souscripteurs. En conséquence,
non seulement je demande au directeur général de préparer
des projets d'amendement qui nous permettront de légiférer
rapidement pour respecter en totalité et dans son
intégralité l'esprit de la loi sur le financement des partis
politiques, mais je demande précisément au ministre responsable
de la réforme électorale s'il a l'intention de donner suite
à un engagement du chef de sa formation politique, qui date
de l'année dernière, et de rencontrer les exigences de
transparence et d'accessibilité des souscriptions aux formations
politiques.
Quant à nous, M. le Président, je dis immédiatement
que nous sommes entièrement d'accord pour participer rapidement, par
consensus des formations politiques, pour que de tels amendements soient
déposés et adoptés rapidement.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Richmond, je comprends que vous pourriez laisser la parole à M. le
ministre.
M. Vallières: Très brièvement... M.
Gratton: Sur le même sujet.
M. Vallières: Je pense qu'une question a été
posée au ministre. Si on lui permet de répondre, je pense que je
vais reprendre mon droit de parole subséquemment.
Le Président (M. Filion): D'accord.
M. Gratton: M. le Président, effectivement, quand le
député de Gouin dit qu'il y a une différence notoire entre
le Parti libéral et le Parti québécois sur le plan du
financement des partis politiques, j'en conviens dès le départ,
notamment sur les résultats et sur ce que les campagnes de financement
donnent et, également, sur la façon de faire les rapports au
Directeur général des élections. Moi aussi, j'ai lu les
mêmes articles et les mêmes déclarations du Directeur
général des élections et j'ai compris la même chose
que le député de Gouin, sauf que je ne fais pas de
différence entre ce que fait le Parti québécois et ce que
fait le Parti libéral de ce côté. Peut-être bien que,
si le Parti québécois connaissait le même succès
dans ses campagnes de financement que les nôtres, il comprendrait le sens
et les difficultés que nous pouvons avoir à fournir les
informations par ordre alphabétique, par ordre de comté.
Le député de Gouin dit: On a retrouvé dans les
souscriptions du Parti libéral des gens qui donnent leur adresse
d'affaires. Je lui soulignerai que j'en ai trouvé chez le Parti
québécois. Je l'invite à consulter les listes dans le
comté de Hull et je vais lui donner des adresses. Il va constater, M. le
Président, que ces gens n'ont pas donné leur adresse de
résidence. La raison pour laquelle ils ne l'ont pas donnée, c'est
que c'étaient des résidents de l'Ontario. Donc, si on veut jouer
aux vierges offensées de l'autre côté, moi, je veux bien,
mais on va quand même appeler les choses par leur nom.
Quant aux amendements à la Loi électorale, effectivement,
il y aura des amendements à la Loi électorale. Je l'ai
déjà dit ici, en commission parlementaire, lorsqu'on a
étudié les projets de loi 22 et 23. Mais, M. le Président,
on n'apportera pas des amendements à la Loi électorale à
la pièce. S'il y a lieu de préciser les articles dont a
parlé le Directeur général des élections, nous y
verrons. Nous avons l'intention également de nous poser les questions
appropriées et d'en arriver a fournir les réponses, à
savoir si on doit modifier la Loi électorale pour empêcher, par
exemple, que des organismes ou des associations puissent exprimer un point de
vue, comme cela a été le cas au cours de la dernière
campagne électorale, sans que cela constitue des dépenses
électorales.
Il semble, selon l'interprétation qu'en a faite le Directeur
général des élections, que certaines organisations,
certains organismes et certaines associations peuvent se trouver
lésés dans leur liberté d'expression. On va trouver la
façon de faire en sorte que la loi dise ce qu'elle veut dire et que,
notamment, on ne brime le droit de parole de personne.
Quand, par exemple, on a interprété la Loi
électorale comme empêchant un politicien de publier ou de vendre
un livre en cours de campagne, cela nous apparaît et ce n'est pas
seulement à nous que cela est apparu inconvenant, c'est au Conseil de
presse, à la Commission des droits de la personne. Je le dis avec
beaucoup d'aise, j'ai l'intention très prochainement de demander
à ces organismes et à d'autres de nous faire des recommandations
quant aux possibilités d'amendements.
Il y aura donc des amendements à la Loi électorale
touchant au financement des partis politiques, touchant à ce que
constituent des dépenses électorales et touchant à
l'exercice du droit de vote. Mais, comme je l'ai déjà
indiqué, M. le Président, ce sera fait dans un tout et non pas
à la pièce simplement parce qu'on a une formation politique qui
nous dit: Nous, on est prêt à aller rapidement là-dessus,
mais moins rapidement sur d'autres aspects de la loi. On fera tout cela en
même temps.
On s'est donné l'échéancier suivant: on
procédera dès l'automne prochain à régler la
question de la délimitation électorale de la Commission de la
représentation électorale. Je me suis engagé à
déposer un projet de loi à l'automne, au plus tard, après
consultation de l'ensemble des intervenants, y inclus les membres de
l'Opposition. On va respecter cela. Immédiatement après, on
attaquera les amendements nécessaires à la Loi électorale
comme telle. Mais qu'on ne vienne pas, du côté du Parti
québécois, porter des accusations, surtout lorsqu'il s'agit de
choses qu'on fait soi-même.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Gouin, sur le même sujet?
M. Rochefort: Oui, sur le même sujet, M. le
Président. Dans un premier temps, je
dirai au ministre que ce que nous souhaitons, c'est qu'il prenne
l'engagement formel aujourd'hui de donner suite è l'engagement de son
chef qui date de l'année dernière...
M. Gratton: Je n'ai pas d'engagement à prendre au nom du
chef, M. le Président.
M. Rochefort: ...d'assurer...
M. Gratton: Voyons doncl (11 h 45)
M. Rochefort: ...l'ensemble des Québécois et des
Québécoises que les campagnes de financement en cours et à
venir seront soumises aux nouvelles dispositions de la loi quant à la
présentation transparente et accessible des souscripteurs de toutes les
formations politiques.
Nous tenons à ce que les actuelles et prochaines campagnes de
financement de toutes les formations politiques respectent non seulement la
lettre, mais l'esprit de la Loi régissant le financement des partis
politiques. Nous souhaitons donc que le ministre prenne l'engagement de
procéder rapidement pour que ces différentes campagnes qui sont
en cours et à venir respectent l'esprit de la loi et qu'on y apporte
donc les amendements nécessaires. Quant à nous, nous fournirons
tous les consentements nécessaires pour que ces changements soient
apportés rapidement.
Quant aux autres changements, pour corriger le ministre, nous n'avons
jamais voulu faire d'autres changements moins rapidement. Nous sommes
disponibles, nous vous l'avons répété. Lorsque nous avons
étudié les deux projets de loi sur le recensement et sur la
délimitation de la carte électorale, je vous ai offert à
de multiples reprises la participation pleine et entière et la
collaboration de l'Opposition pour qu'on fonctionne rapidement et à
partir de consensus, comme on l'a toujours fait alors que le Parti
québécois était au gouvernement. Je réitère
cette offre de collaboration, non seulement pour la question de la transparence
de la présentation des rapports des souscripteurs des différentes
formations politiques, mais pour l'ensemble des réformes que le ministre
voudrait apporter.
D'autre part, je m'inscris en faux contre l'argument du ministre quand
il dit que, puisqu'on a ramassé beaucoup d'argent, cela devient plus
compliqué. D'abord, je soulignerai au ministre que, l'année
dernière, le Parti québécois a ramassé
au-delà de 6 000 000 $ en tout et partout, dans l'ensemble de ses
campagnes. Si le ministre veut essayer de prétendre que sa formation
politique a ramassé plus, je lui dirai que ce n'est absolument pas le
cas. Nous avons ramassé au-delà de 6 000 000 $ et cela ne nous a
pas empêchés de présenter les rapports d'au moins 95 % des
souscripteurs dans une forme pleinement transparente et accessible à
l'ensemble de la population. J'ai expliqué que les 5 % posaient des
problèmes à cause de l'instance nationale. Je
répète que nous sommes prêts à faire ces
changements. Mais que le ministre ne vienne pas nous dire que, parce que sa
formation politique a ramassé beaucoup d'argent de plusieurs donateurs,
cela devient difficile à compiler. Imaginez-vous que, quand un
ordinateur compile 1000 dons, il peut très bien en compiler 100 000. Le
ministre ne nous fera sûrement pas croire qu'on compile cela à la
mitaine chez eux.
D'autre part, quant aux accusations que le ministre vient de porter sur
des dons qui auraient été faits par des citoyens qui n'ont pas la
qualité d'électeur au Québec, dans la circonscription de
Hull, si ce que le ministre dit est juste, pourquoi n'a-t-il pas porté
plainte? Pourquoi n'a-t-il pas demandé que des poursuites soient
déposées afin que les lois du Québec soient
respectées? Qu'il assume non seulement ses responsabilités de
citoyen, de parlementaire, mais aussi de ministre et qu'il voie à ce que
les lois soient respectées. Jamais l'Opposition, jamais le Parti
québécois ne lui tiendra rigueur de poser des gestes visant
à faire respecter les lois!
M. le Président, à chaque fois qu'un citoyen du
Québec, qui plus est député et ministre, est conscient
qu'une loi aussi importante n'est pas respectée, une loi qui est dans
son champ de responsabilité ministérielle puisqu'il est ministre
délégué à la Réforme électorale, il
doit assumer pleinement ses responsabilités et faire en sorte que nos
lois soient respectées et nous l'appuierons toujours lorsqu'il fera en
sorte que nos lois soient respectées.
Finalement, M. le Président, sur les deux autres modifications
auxquelles le ministre vient de faire allusion, à savoir les politiciens
qui, tout à coup, en période électorale, deviennent
écrivains, je lui dis tout de suite que je souhaite qu'il procède
de façon à obtenir un consensus de l'ensemble des formations
politiques sur ces questions, comme le Parti québécois l'a fait,
lorsqu'il était au gouvernement, en matière de loi
électorale.
M. le Président, je dirai qu'il faut être capable de faire
des choix dans une société. Il est vrai qu'il y a eu des
représentations du Conseil de presse, de certains éditorialistes,
de certaines associations, pour qu'on puisse être en même temps
politicien, candidat à une campagne électorale et
écrivain, mais il faut avoir des priorités dans une
société. C'est plus grave de permettre de contourner la lettre et
l'esprit de la Loi électorale que de prétendre qu'il faut donner
la possibilité à tous et chacun d'écrire.
La campagne dure 30 à 35 jours au Québec. Que les
ministres, députés et
candidats des formations politiques qui ont des talents
d'écrivain le fassent quand ils voudront. Mais je n'ai pas l'intention
de donner mon consentement pour que nous puissions contourner la loi, parce que
c'est ce à quoi nous assisterions. Nous contournerions le principe du
plafond des dépenses électorales qui a été
établi non pas par le Parti québécois, mais par le Parti
libéral durant la révolution tranquille de 1960 à 1966.
Cela a été une bonne réforme et elle doit être
respectée.
Deuxièmement, la même chose, M, le Président, quant
à la possibilité de la participation de différentes
associations aux campagnes électorales. Là aussi il est vrai
qu'effectivement on peut prétendre que cela brime une certaine
possibilité de droit de parole et tout cela, mais pour les mêmes
raisons, parce qu'il faut établir des priorités, qu'il faut faire
des choix, ce serait une porte largement ouverte à des abus, à
des processus qui viseraient à contourner l'esprit et la lettre des lois
régissant le financement des partis politique et le contrôle des
dépenses électorales.
M. le Président, je répète, je dis au ministre:
Soyez prudent sur ces matières parce que nous serons vigilants, nous
exigerons le consensus des formations politiques pour retoucher de façon
aussi profonde, même si à première vue cela a l'air anodin,
les grandes articulations, les grands principes fondamentaux de nos lois en
matière de contrôle de dépenses électorales et de
financement des partis politiques.
M. le Président, un sujet fait consensus maintenant dans les
formations politiques, si je prends bien les paroles du ministre et celles du
premier ministre, l'an dernier, pour dire qu'il faut non seulement que la
lettre, mais aussi que l'esprit soit respecté quant à la
divulgation des sources de financement des partis politiques. Je vous le
répète: Nous vous pressons de procéder de façon que
les campagnes de financement actuellement en cours et à venir dans
toutes les formations politiques au Québec soient sous la juridiction de
nouvelles dispositions de la loi, ce qui évitera qu'on se retrouve avec
des documents qui respectent bêtement la lettre, mais absolument pas
l'esprit, et qui contreviennent à cette volonté de faire en sorte
que les souscripteurs des formations politiques soient connus, au vu et au su
de tous, pour éviter toute pratique de favoritisme, de patronage et de
conflit d'intérêts comme le Québec en a subi au cours des
années que le ministre a bien connues.
Le Président (M. Filion): M. le ministre, si vous voulez
répondre.
M. Gratton: Très brièvement, M. le
Président, je veux simplement dire qu'effectivement il y aura des
amendements à la Loi électorale qui toucheront à
l'ensemble de la loi, au moment où ces amendements seront
prêts.
Je retiens la leçon de morale que me fait le député
de Gouin sur les façons qu'ont les partis de s'acquitter de leurs
obligations à l'égard de la loi telle qu'elle existe
présentement. Effectivement, il y a une différence profonde
d'approche entre le Parti québécois et le Parti libéral,
non seulement sur le financement des partis politiques, mais également
sur l'exercice du droit de vote. Il semble que dans le Parti
québécois on soit encore obsédé par les
possibilités qui ont déjà existé. Le
député me dit: Le ministre en est fort conscient. Je veux lui
rappeler que je ne suis ici que depuis treize ans. Je n'étais pas
là il y a 40 ans. Ce à quoi fait référence le
député de Gouin m'apparaît être une situation qui
existait peut-être il y a 40 ans, mais qui n'existe plus depuis fort
longtemps.
M. le Président, je prends bonne note des remarques du
député de Gouin et je lui indique qu'effectivement il y aura des
amendements qui seront proposés à la Loi électorale en
temps et lieu. Je lui suggère, s'il a quelques cas d'espèce
à souligner où la loi n'aurait pas été
respectée par quiconque, de le faire savoir. Il laisse planer des doutes
sur la façon dont le parti ministériel a procédé
lors de ses dernières campagnes de financement. Que je sache, il n'y a
eu aucun accroc aux dispositions de la loi quant à la divulgation, quant
à l'émission des reçus, quant à la
non-possibilité pour des personnes morales de souscrire, ce dont nous
n'avons jamais convenu. Le député de Gouin devrait
peut-être se souvenir, lorsqu'il parle des consensus nécessaires,
que nous n'avons jamais souscrit, au moment de l'adoption de la Loi
régissant le financement des partis politiques, à la notion
d'exclure les personnes morales. Nous nous y sommes conformés et nous
entendons continuer à nous conformer à cette disposition de la
loi, mais encore ne faudrait-il pas qu'il interprète mon désir
d'obtenir les consensus les plus larges comme étant la
nécessité d'obtenir l'unanimité. Je ne m'y suis jamais
engagé et je ne m'y engage pas encore aujourd'hui.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Richmond.
Fonctionnement et services
M. Vallières: M. le Président, je voudrais revenir
aux crédits, au programme Fonctionnement, à la catégorie
services. J'ai quelques questions à poser au Directeur
général des élections. On prévoit des
dépenses budgétaires de 774 500 $ alors que l'estimation
1985-1986 est de 792 700 $, soit un écart de 18 200 $. Est-ce que le
Directeur général des élections peut nous dire,
puisque nous venons de traverser une élection générale, si
cette prévision tient compte du fait - je remarque qu'il y a très
peu de différence entre les deux - que dans la prochaine année il
n'y aura pas d'élection générale? Comment justifie-t-on ce
faible écart qui sépare les estimations et les prévisions
budgétaires?
M. Côté (Pierre-F.): L'ensemble de ces
catégories - c'est une réponse de caractère
général et cela va peut-être répondre d'avance
à d'autres questions de cette nature - sauf la catégorie 11, se
rapporte généralement à l'administration
générale des élections. La catégorie 11 se rapporte
de façon plus spécifique à un événement
quand il s'en présente un, soit une élection partielle, soit une
élection générale ou un recensement. Pour la question des
services, l'écart n'est pas très grand parce que c'est
l'ensemble, des services. Pour vous donner une idée, cette
catégorie couvre une taxe d'affaires pour immeubles qui est de 218 000
$. Cela est inévitable. Le développement informatique qui se fait
actuellement au bureau d'une façon très prudente, progressive et
non exagérée à mon avis, est réparti sur quelques
années et est de l'ordre de 210 000 $. Le gardiennage et la
sécurité des immeubles: pour notre immeuble sur la rue de la
Pérade c'est 68 000 $. Cela vous donne un ordre de grandeur des
différents postes qui entrent dans cet élément.
M. Vallières: La question que je me posais c'est que,
lorsqu'on vit une année d'élection générale,
j'imagine que les différents services juridiques, financiers,
comptables, techniques et autres dont vous faites usage sont certainement
utilisés de façon plus intensive. Donc, qu'est-ce qui fait qu'il
n'y ait pas un plus grand écart? Ce ne sont pas des frais fixes. Est-ce
que ce sont des frais fixes?
M. Côté (Pierre-F.): Quand on compare avec l'an
dernier, il faut se souvenir que les prévisions de l'an dernier - ce
qu'on a effectivement dépensé - et les prévisions de cette
année... Quand on a établi celles de l'an dernier, on n'a pas
établi ces catégories en fonction d'une élection
générale. Ce sont les catégories de fonctionnement, je
dirais, normal de notre bureau.
M. Vallières: Cela va. En ce qui concerne le service
juridique, est-ce que vous pouvez nous donner une idée des coûts
précis de ce service? Comment procédez-vous? Est-ce que ce sont
des firmes que vous embauchez pour ce service juridique? Comment le choix
est-il effectué de ces différents...
M. Côté (Pierre-F.): Il y a d'abord le service
juridique et ce sont les avocats de mon bureau qui font cela. Pour le service
juridique de l'extérieur, la prévision est de l'ordre de 50 000
$, cette année et je fais essentiellement affaires avec un bureau, qui
est le bureau de Tremblay, Morisset et associés, à
Québec.
M. Vallières: Le processus de sélection... Cette
firme est à votre service depuis longtemps, j'imagine?
M. Côté (Pierre-F.): Cela fait plusieurs
années que je fais affaires avec cette firme. Il est arrivé qu'on
demande des opinions juridiques à un bureau d'avocats de Montréal
pour fouiller davantage une question. Mais, cela fait plusieurs années
que c'est M. Tremblay, de cette firme, en fait, qui est le principal conseiller
juridique pour le Directeur général des élections.
M. Vallières: C'est un montant de 50 000 $ pour les
honoraires qui sont reliés...
M. Côté (Pierre-F.): Pour les prévisions.
M. Vallières: Si on se base sur les années
antérieures, cela donne quoi?
M. Côté (Pierre-F.): L'an dernier, cela a
été le double.
M. Vallières: Le double.
M. Côté (Pierre-F.): On a déboursé le
double du montant qu'on prévoit cette année.
M. Vallières: Comment peut-on justifier cela? La
prévision de cette année, les services juridiques qui ont
été encourus, par exemple, pendant la dernière campagne
électorale, j'imagine que le groupe qui s'en occupe a travaillé
plus intensément. C'est comptabilisé dans les 50 000 $ de vos
prévisions ou dans les 100 000 $ dont vous venez de parler? (12
heures)
M. Côté (Pierre-F.): La majeure partie est dans les
100 000 $. Cela couvre également la somme versée aux
enquêteurs qui sont à notre disposition. Ce n'est pas seulement le
bureau d'avocats, dans les sommes que je vous donne. Les 100 000 $ ou les 50
000 $, cela couvre également les trois enquêteurs qui sont
à notre service. Ce n'est pas seulement le bureau d'avocats qui
est...
M. Vallières: D'accord. Maintenant, les enquêteurs
sont-ils engagés par la firme d'avocats? Par vous?
M. Côté (Pierre-F.): Les enquêteurs sont
engagés par mot. Les trois enquêteurs
qu'on a sont des gens à leur retraite, des anciens de la
Sûreté du Québec qu'on engage sur une base de cas.
M. Vallières: J'imagine que cette firme n'est pas la seule
qui puisse faire les services juridiques dont vous avez besoin. Est-ce
qu'à votre connaissance, dans les autres directions gouvernementales,
les autres services gouvernementaux, c'est la même procédure qui
prévaut dans l'embauche d'une firme pour des travaux de cette nature au
niveau juridique?
M. Côté (Pierre-F.): Pour moi, ce qui
m'apparaît essentiel - je ne sais pas comment est-ce qu'on procède
dans les autres ministères - c'est de faire affaires avec une firme et
des avocats en qui j'ai une entière confiance et dont la
compétence est bien reconnue. Jusqu'à maintenant, les opinions
juridiques que j'ai reçues de cette firme en particulier, qui ont
été, dans bien des cas, largement diffusées pour faire
suite à des demandes, par exemple, lors de la dernière campagne
électorale, ce sont des spécialistes dans le domaine du droit
administratif. Ils me donnent entière satisfaction.
M. Polak: ...l'interprétation de mes HLM.
M. Vallières: M. le Président, je voudrais
continuer, s'il vous plaît, mes questionsl Concernant les services
techniques qui sont offerts, est-ce que vous allez également vers le
secteur privé et quelles sont, si tel est le cas, les firmes dont les
noms sont retenus? Quelle est la façon de procéder pour
l'embauche'
M. Côté (Pierre-F.): Les services techniques
auxquels vous faites référence, je ne saisis pas très bien
à quel endroit.
M. Vallières: Ce serait dans la ventilation des services.
On m'a indiqué qu'il y avait les services juridiques, les services
financiers et comptables...
M. Côté (Pierre-F.): Je parlais d'informatique
également. C'est peut-être la chose à laquelle vous faites
référence.
M. Vallières: On me dit aussi qu'il y aurait des services
techniques qui seraient l'objet de dépenses chez vous.
M. Côté (Pierre-F.): Concernant les autres services
techniques, il y a eu des ingénieurs qu'on a engagés pour
l'immeuble, il y avait certains problèmes qui se posaient, on a
déboursé environ 7000 $. Aussi, pour le traitement informatique,
à la suite de soumissions, on a engagé la firme DMR pour nous
aider à l'implantation de notre système informatique; c'est de
l'ordre de 100 000 $.
M, Vallières: Ce serait à la catégorie
"autres services" que l'on retrouve dans la ventilation de...
M. Côté (Pierre-F.): Dans cette
catégorie.
M. Vallières: Dans la catégorie 04, services,
pourriez-vous me faire la ventilation de ce qu'on retrouve comme services'?
M. Côté (Pierre-F.): Services de génie,
services juridiques, administration, formation et enseignement, personnel de
soutien, service audiovisuel et art graphique, presse électronique,
comités et commissions, jurys de sélection de firmes,
assurance-responsabilité publique, véhicules automobiles et
aéronef - on n'a pas d'aéronef à notre disposition, c'est
la catégorie qui se lit comme cela - la taxe d'affaires, je l'ai
mentionné tantôt, les services municipaux, le gardiennage et la
sécurité, réception et frais d'accueil, abonnement
à des revues et journaux, cotisation des associations, traitement
informatique, main-d'oeuvre informatique.
M. Vallières: D'accord. Une dernière question, M.
le Président. Tantôt, on y a fait allusion - je sors cependant de
la catégorie, je pense - concernant des plaintes qui auraient pu avoir
lieu à la suite de la publication des rapports des dépenses
électorales; est-ce que, de façon précise, vous êtes
en mesure de nous indiquer s'il y a eu dépôt de plaintes
officielles'?
M. Côté (Pierre-F.): S'il y a eu des poursuites
d'intentées?
M. Vallières: S'il y a eu des poursuites
d'intentées.
M. Côté (Pierre-F.): Il y a présentement, en
relation avec le chapitre sur le financement des partis politiques, onze
poursuites qui sont en cours. Je peux vous les énumérer, si vous
voulez, parce que c'est public. En relation avec le scrutin, si on veut
distinguer financement et scrutin, il y a quatre poursuites qui sont en
cours.
M. Vallières: Est-ce que vous pourriez les
énumérer?
M. Côté (Pierre-F.): Je vais vous donner les onze et
les quatre. Je vais vous dire au moins rapidement de quoi il s'agit. Dans la
question du financement, c'est toujours le Directeur général des
élections versus... Dans le premier cas, c'est Jacques
Daigle, un dépassement de contribution limitée à
3000 $. Il y en a une autre à la corporation municipale de
Saint-Cuthbert. Je vous ai dit onze, mais je vous demande une minute parce que
je voudrais vérifier un point avec mon contentieux. Je voulais
vérifier un point et c'est bien cela. Les deux premières sont
réglées. Ils ont plaidé coupables dans les deux cas que je
viens de vous donner. Le troisième, c'est un conseiller municipal, M.
Réal Brizard de Joliette, qui a versé une contribution à
un non-électeur, c'est réglé. Dans le cas de...
M. Chevrette: Un conseiller municipal de Joliette, M. Brizard. Je
ne le connais pas et je les connais tous.
Une voix: Pour la municipalité de Saint-Cuthbert.
M. Chevrette: Ce n'est sûrement pas cela.
M. Côté (Pierre-F.): C'est dans la circonscription
électorale-Une voix: De Saint-Cuthbert ou de
Joliette?
M. Côté (Pierre-F.): Dans le district judiciaire...
Je me suis trompé. J'ai donné une mauvaise information...
M. Chevrette: Ah!
M. Côté (Pierre-F.): Excusez-moi.
M. Chevrette: Parce qu'à Joliette, imaginez-vous donc que
je les connais pas mal.
M. Côté (Pierre-F.): Vous faites bien de me
corriger. Non, c'est à Saint-Cuthbert.
M. Chevrette: M. Brizard de Saint-Cuthbert dans le comté
de Berthier.
M. Côté (Pierre-F.): Oui. Mais c'est parce que c'est
dans le district judiciaire de Joliette. C'est là la difficulté
et c'est pourquoi j'ai mentionné Joliette.
M. Chevrette: C'est cela. Mais c'est un gars du comté de
Berthier.
M. Rochefort: C'est dans le duché de Joliette, mais pas
dans le comté.
M. Chevrette: Parce que je connais un M. Brizard dans le
comté de Berthier. C'est important de le savoir.
M. Côté (Pierre-F.): Il y a une autre cause qui
s'est réglée également contre M. Jean-Paul
Fréchette, un représentant officiel; une autre contre Mme
Jean-Paul Lavallée a été réglée
également; une autre contre Mme Germaine Goyette également, qui a
accepté une contribution d'un non-électeur, c'est en cour; contre
Véronneau & Cie, qui a versé une contribution pour savoir qui
était l'électeur, c'est en cour également. Ce sont celles
qui ont trait au financement.
Celles qui ont trait au scrutin. Je vais vous en donner quatre qui ne
sont pas encore réglées et qui sont toujours en cour: M.
Jean-Yves Bouliane, dans le district judiciaire de Québec, a
déclaré faussement connaître les personnes ayant
apposé leur signature sur la déclaration de candidature. Il y a
trois chefs d'accusation: A déclaré faussement que les personnes
dont les noms apparaissent sur la déclaration ont apposé leur
signature en sa présence. A déclaré faussement que deux
électeurs, dont les noms apparaissent sur sa déclaration,
étaient des électeurs de sa circonscription
électorale.
L'autre cas, c'est contre Mme Ghislaine Beaudet, dans le district
judiciaire de Montréal: A recueilli des signatures d'appui pour un
candidat sans être son mandataire. A déclaré faussement que
les personnes dont les noms apparaissent sur la déclaration de
candidature avaient apposé leur signature en sa présence. A
apposé sur la déclaration de candidature comme signature d'appui
celle d'autrui.
Il y a une autre cause dans le district judiciaire de Québec,
contre M. Bernard Côté, qui a voté plus d'une fois lors de
l'élection générale.
M. Chevrette: II y a un mort qui a voté à
Saint-Pierre et on ne l'a pas relevé.
M. Côté (Pierre-F.): Il y en a une autre dans le
district judiciaire de Montréal. Celle de M. Caverzan, qui a agi comme
recenseur sans avoir la qualité requise.
Ce sont les causes qui sont en marche présentement. Non pas en
cour nécessairement parce qu'il y en a qui sont réglées.
Mais ce sont celles qui sont en marche présentement. Est-ce que cela
répond bien à votre question?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Filion): M. le député de
Joliette.
Les dîners-bénéfices
M. Chevrette: M. le Président, je me suis
délecté un soir dans les volumineux rapports de M.
Côté et son équipe. Ce qui m'a frappé, dans le
premier volume en particulier, c'est l'argent qui est injecté dans le
financement des partis politiques en ce qui a trait aux repas; les
déjeuners, les dîners, les brunchs et les cocktails.
Vous en avez pour un montant de 1 872 989 $, exclusivement dans les
quatre premières pages du volume I, pour le Parti libéral du
Québec. Un montant de 1 872 000 $, c'est quand même
énormément d'argent. Quand on regarde la colonne du coût
des billets, si on regarde la grande partie de ces sommes, c'est de 100 $ et
plus. Les sommes de 10 $, elles, rapportent 2000 $ ou 3000 $. Mais on est rendu
à des soupers de 100 $, 125 $ et 150 $. Mon propos se situe au-dessus
des 100 $ pour bien expliciter parce que l'esprit de la loi est de rendre
public le nom de tout souscripteur d'un montant de plus de 100 $. Donc, tout
repas, tout brunch, tout cocktail, tout dîner, tout souper au-dessus de
100 $ devient, à toutes fins utiles, selon l'esprit de la loi, du
camouflage par rapport au financement des partis politiques, par rapport
à l'esprit même de la loi sur le financement politique.
Une voix: C'est l'esprit...
M. Chevrette: J'ai droit à l'expression de mon opinion, M.
le Président.
Le Président (M. Filion): M. le député, vous
avez la parole. Continuez, je vous en prie.
M. Chevrette: J'en suis convaincu pour avoir assisté au
débat sur l'adoption du projet de loi sur le financement des partis
politiques, mais l'esprit de la loi a toujours été de faire
connaître publiquement les noms de ceux qui souscrivaient à un
parti politique pour plus de 100 $. La preuve, c'est que c'est même
affiché dans les journaux. N'importe quel nom dans vos rapports, vous le
savez très bien. Annuellement, dans la région chez nous, le nom
de ceux qui ont donné 100 $ et plus paraît dans les journaux
locaux et régionaux parce que l'obligation est faite aux partis
politiques de les publier. Quand vous arrivez avec un souper de 1000 $ c'est
marqué: revenus: 44 000 $ ou 54 000 $ ou 201 000 $ à
Montréal, par exemple, pour un souper à 250 $. Vous en avez comme
cela une série assez éloquente dans les pages 1, 2 et 3 du volume
1 par le Parti libéral du Québec,
Cela veut donc dire que l'électorat québécois ne
sait pas, pour un montant très important peut-être de 1 000 000 $
ou de 1 200 000 $ - je n'ai pas le décompte précis - d'où
vient cet argent. Vient-il exclusivement d'hommes d'affaires qui, en catimini,
peuvent rencontrer quelqu'un? Vient-il d'entrepreneurs routiers qui paient 500
$ pour aller écouter le ministre des transports ou 1000 $ pour aller
rencontrer M. le premier ministre de passage. On ne le sait pas. On a des
preuves de cela. Dans le comté de Saint-Jean, à 1000 $ le
couvert.
On en a parlé durant la campagne électorale - c'est facile
de ramasser 33 000 $ vite-ment: il faut 33 personnes. Vous avez seulement
à en recevoir 45, cela paie le souper et on ramasse...
Le Président (M. Filîon): À l'ordre, s'il
vous plaît! Pourrait-on laisser le député de Joliette
terminer son intervention? M. le député de Frontenac et M. le
député de Beauharnois, je vous inviterais à laisser le
député de Joliette terminer son intervention,
M. Chevrette: Donc, M. le Président, c'est là
carrément, à mon avis, une façon de détourner
l'esprit même de la loi qui indique que personne, parmi les hommes
publics, ne peut, sans divulgation publique, pour l'intérêt
même de l'individu, de l'élu... Le premier ministre qui se ramasse
dans une salle devant 30 personnes qui ont versé 1000 $, ces 30
personnes obtiennent un pouvoir énorme d'influence, surtout si c'est
fait à la cachette.
Ici à Sainte-Foy, il y a trois semaines à un mois,
après le retour du Saguenay-Lac-Saint-Jean du premier ministre M.
Bourassa, le premier ministre Bourassa se réunit dans Sainte-Foy
à 3000 $ le couvert nous dit-on. Et on a refusé aux journalistes,
on a refusé à la presse écrite et parlée d'aller
faire un tour dans la salle pour identifier les binettes des gens qui vont
aller écouter en catimini un homme politique qui est censé, en
vertu d'un loi du Parlement, rendre publics les noms des donateurs de ces
sommes.
M. Gratton: Question de règlement.
M. Chevrette: Je vous avoue que, personnellement...
Le Président (M. Filion): M. le ministre, sur une question
de règlement.
M. Gratton: Oui, M. le Président. Le leader de
l'Opposition le sait fort bien, il est en train de mal informer
l'Assemblée et les membres de la commission lorsqu'il prétend que
des choses sont faites sans respecter la loi. Je le prie de citer des cas
précis.
Le Président (M. Filion): M. le ministre...
M. Gratton: Dans tous les cas dont il parle, des reçus
officiels ont été émis et des rapports sont faits au
Directeur général des élections.
Le Président (M. Filion): ...si vous voulez, je vais vous
donner la parole tantôt...
M. Gratton: J'espère!
Le Président (M. Filion): ...quand ce
sera le tour de votre formation, mais ce n'est pas une question de
règlement, vous en conviendrez avec moi. M. le député de
Joliette, vous pouvez continuer.
M. Chevrette: J'y reviens, M. le Président. S'il y a des
reçus en bonne et due forme, il devrait y avoir promulgation par le
président du financement des partis politiques pour qu'on puisse savoir
qui a versé 3000 $ pour un souper. C'est cela qui est l'esprit de la
loi. Je n'induis personne en erreur en disant qu'entre la lettre et l'esprit de
la loi il y a un monde et que vous êtes en train, par la publication de
gros soupers à 1000 $, de contorsionner carrément cette loi qui,
à mon avis, se voulait précisément un instrument juridique
pour éviter qu'on puisse en arriver à avoir des sommes
mirobolantes sans que les noms soient divulgués. 1, Place Dupuis ou 1,
Carré Philipps cela ne me dit rien non plus. Le député de
Gouin en parlait tantôt. Il y a des gens qui donnent carrément
leur adresse d'affaires, qu'on vérifie quand on a des noms. Je prends
des exemples concrets: À Saint-Hippolyte, à 500 $, je suis
convaincu que si on avait dit "votre nom va sortir", il y a peut-être des
individus qui n'y seraient pas aller. Parce qu'on connaît encore les
vieilles traditions politiques. En leur assurant que cela passe par un billet
de lunch, ce n'est pas grave. Pourtant, 500 $... Le gars qui donne 100 $
correctement dans une campagne électorale, son nom peut sortir dans le
journal. Mais le gars qui donne 500 $ à un souper, c'est divulgué
par un brunch qui rapporte 44 000 $. Ce n'est pas cela l'esprit de la Loi
électorale, j'en suis persuadé, M. le Président. (12 h
15)
C'est rendu que dans la Beauce - je ne sais pas si c'est pour une faveur
à obtenir ou une faveur obtenue - c'est 1000 $ par la poste. En
politique, un don anonyme par la poste, je vous avoue que... M. le
Président, vous me permettrez d'en douter fortement. Ordinairement,
quand ce sont des faveurs obtenues ou à obtenir, ce sont des
procédés qui tiennent des années quarante. Quand je pense
à Sainte-Thérèse, trois soupers, deux à 100 $ dans
une seule circonscription électorale. Est-ce pour éviter la
divulgation des noms, M. le Président? 1000 $ à Saint-Jean, 250 $
à Montréal, 250 $ à Dollard-des-Ormeaux, et je continue la
liste. Il y a au-delà de 1 000 000 $ pour lesquels les citoyens du
Québec ne sauront pas qui a contribué.
Ce n'est pas cela l'esprit de la loi. On a assez écouté
les discours en Chambre et je me souviens que, lorsqu'on a
présenté la loi, on ne cherchait pas de moyens
détournés pour éviter que les citoyens du Québec
puissent voir des gens se promener d'un cocktail à l'autre, d'une
circonscription électorale à l'autre, pour de forts montants,
mais sous forme de cocktails: 3000 $ dans le cocktail ici, 2000 $ dans le
cocktail là. Mais ils ont des reçus. Mon oeil, des reçus!
Ce n'est pas cela l'esprit de la loi. Je m'en prends à l'esprit de la
loi. Même le premier ministre s'y serait prêté à
Sainte-Foy, et je le répète, il y a à peine trois
semaines, partant d'une tournée du Saguenay-Lac-Saint-Jean, il refusait
l'accès à la presse écrite et parlée pour ne pas
que les binettes soient vues.
M. le Président, si c'était très ouvert, comme ils
l'ont dit, il ne doit pas y avoir d'inconvénient à permettre
à la presse d'assister à un souper-causerie où le premier
ministre expose à des hommes d'affaires ses vues de
développement. Qu'est-ce qu'on discute à huis clos quand on ne
permet pas à la presse, à 3000 $... Cela sent exactement ce qu'on
sentait avant d'arriver au pouvoir en 1976. À mon avis, c'est
carrément du camouflage. On devrait amender la loi pour ne pas
permettre... Je ne m'en prends pas au président de la commission du
financement des partis politiques. Ce n'est pas cela du tout. Je m'en prends
aux pratiques qui ont été développées...
M. Gratton: Le Directeur général des
élections.
M. Chevrette: ...et à ce que l'on appelle un "borderline"
en application de la loi qui camoufle carrément les dons. Cela sert
carrément à mettre au grand jour, partant de la Beauce-Sud avec
les dons anonymes, allant à un lunch et en pleine soirée, il y a
4000 $ en dons anonymes qui arrivent durant un cocktail. Cela doit être
difficile à identifier, un gars qui donne 4000 $ anonymement dans une
soirée. Imaginez-vous donc! Que cela doit être difficile! À
un moment donné, il tombe 4000 $ dans la caisse. Anonyme mon oeil! C'est
bien de valeur mais, quand on reçoit 4000 $, on sait d'où cela
vient. Ordinairement celui qui le donnerait, imaginez-vous qu'il viendrait te
taper sur l'épaule et dirait: As-tu vu ce que je viens d'échapper
dans l'assiette? Voyons! Il ne faut pas être des naïfs. Il faut
arriver en ville. Cela n'a pas d'allure d'entendre cela depuis tantôt.
C'est carrément du camouflage, M. le Président.
Le Président (M. Filion):
Merci, M. le
député de Joliette. M. le ministre délégué
à la Réforme électorale.
M. Gratton: M. le Président, le moins que l'on puisse
dire, c'est que l'intervention du leader de l'Opposition n'a pas brillé
par son objectivité ni par son souci de faire la part des choses. Il
voudrait faire croire à la population et aux membres de la commission
que les rapports des associations de comté
qui sont inclus aux rapports du Directeur général des
élections sont les seules divulgations. Il nous dit: On fait état
de dons anonymes de 4000 $ à une réunion quelconque. Mais il sait
que c'est complètement faux. II sait que cela n'est que le sommaire qui
est inclus au rapport, mais que pour chacune des contributions, s'il y a un
dîner bénéfice, un cocktail bénéfice ou quoi
que ce soit, organisé par quiconque, M. le Président...
M. Chevrette: Question de privilège ou de
règlement.
M. Gratton: II n'y a pas de question de privilège en
commission, M. le Président.
M. Chevrette: De règlement.
Le Président (M. Filion): Question de règlement, M.
le député de Joliette.
M. Gratton: Cela a besoin d'en être une.
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
M. Gratton: ...tantôt.
M. Chevrette: Est-ce que j'ai le droit?
Le Président (M. Filion): Je vous reconnais, M. le
député de Joliette, sur une question de règlement.
M. Chevrette: À la page 2 du volume 1 des cotisations
libérales: 4224 $, dons anonymes! Est-ce une fausseté?
Voyons!
Le Président (M. Filion): M. le député de
Joliette, vous conviendrez...
M. Chevrette: C'est pour qui, ces 4000 $? Un reçu à
qui?
Le Président (M. Filion): M. le député de
Joliette, vous conviendrez avec moi encore une fois que, comme cette question
de règlement, d'ailleurs, a été soulevée
précédemment par le ministre, il ne s'agit pas d'une question de
règlement. Je demanderais donc aux membres de la commission
d'écouter le ministre délégué à la
Réforme électorale.
M. Gratton: Pour l'information du leader de l'Opposition, sur
quelque 6 000 000 $ que nous avons réussi à obtenir en dons et
contributions, il y a un grand total de 18 000 $ qui constituent les dons
anonymes dont il parle. Un montant de 18 000 $ sur 6 000 000 $, c'est avec cela
que le leader de l'Opposition voudrait faire scandale. Il se sert d'un
exemple...
M. Chevrette: Ce n'est pas vrai.
M. Gratton: Là, il dit que ce n'est pas vrai. Qu'il prouve
donc que ce n'est pas vrai au lieu de faire des accusations gratuites! II se
sert, et c'est la définition même de la démagogie, d'un
exemple, le monte en filigrane pour nous dire: Voici...
M. Polak: Ce sont des accusations graves...
Le Président (M. Filion): M. ledéputé de Sainte-Anne, s'il vous plaît! Je vous
demanderais de respecter...
M. Polak: Oui, j'ai dit qu'il était
démagogue...
Le Président (M. Filion): ...le droit de parole qui est
actuellement confié à votre collègue, le
député de Gatineau et ministre délégué
à la Réforme électorale. S'il vous plaît, M. le
député de Sainte-Anne!
M. Polak: ...de démagogue...
M. Chevrette: Cela vous fait donc bien mal, votre affaire. Vous
avez bien peur.
Une voix: Ce n'est surtout pas vrai. M. Polak: ...
M. Gratton: M. le Président, le leader de l'Opposition
voudrait essayer de faire croire aux gens que, lorsque le Parti libéral
organise un cocktail bénéfice ou un dîner
bénéfice, ceux qui achètent des billets... Il a même
dit que, si les gens savaient que leur nom va être publié, ils
n'iraient pas à l'activité bénéfice. Il l'a dit en
toutes lettres, M. le Président.
Une voix: C'est toi qui es malade. Une voix: C'est
épouvantable... Une voix: Va donc chez le diable!
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaît! Il nous reste seulement cinq minutes avant la fin de notre
séance...
M. Chevrette: ...
Une voix: IIy en a qui ont besoin de vacances.
Le Président (M. Filion): Le ministre me le permettra, nos
travaux ayant commencé à 10 h10 et étant
prévus jusqu'à 12 h 30, est-ce que nous pouvons nous entendre
maintenant pour que les travaux de la commission soient suspendus dix minutes
après l'heure prévue, soit à 12 h 40?
M. Gratton: M. le Président, si on peut me permettre de
dire ce que j'ai à dire....
Le Président (M. Filion): Allez! Allez!
M. Gratton: ...peut-être bien qu'on pourra terminer
à temps.
Le Président (M, Filion): Bien. Alors, je reposerai la
question tantôt. M. le ministre.
M. Gratton: Je dis donc que ce que le leader de l'Opposition
tente de faire, c'est de prendre l'exemple d'un rapport d'un comté
quelque part où il y a eu des contributions anonymes. Encore faudrait-il
vérifier s'il n'y en a pas du côté du Parti
québécois. Évidemment, il y en aura sûrement moins
de ce côté-là, j'imagine.
Donc, je l'affirme, il y a un montant total de 18 000 $, sur un total de
6 000 000 $, qui est rapporté comme étant des dons anonymes. Dans
tous les autres cas, que ce soit pour l'achat d'un billet à un
dîner bénéfice, à un cocktail bénéfice
ou à une activité bénéfice quelconque, dès
que le billet coûte plus de 100 $, un reçu officiel est
émis. Il y a divulgation chez le Directeur général des
élections et il y a également divulgation dans le rapport du
Directeur général des élections. C'est tout à fait
malhonnête, et j'emploie le terme sciemment, de la part...
Des voix: C'est excessif...
M. Gratton: ...du député de Joliette, de vouloir
prétendre que, si les gens savaient que leur nom va être
divulgué comme personne ayant contribué au Parti libéral
du Québec, ils n'iraient pas aux activités
bénéfices. Mais ils le savent puisqu'on le leur indique en leur
remettant un reçu officiel où il est écrit que toute
contribution de plus de 100 $ est divulguée publiquement.
M. Vallières: Je pense qu'il n'a jamais fait de
financement.
M. Gratton: Je comprends, mais ce que semblerait vouloir le
député de Joliette, ce serait qu'on lui fournisse une liste de
ceux qui viennent à chaque activité bénéfice, par
activité bénéfice. A quelles fins? Aux fins d'identifier
ceux qui contribuent au Parti libéral? Mais vous pouvez trouver cela
dans le rapport du Directeur général des élections.
M. Vallières: Pour mieux les punir
éventuellement.
M. Gratton: Mais ce n'est quand même pas ma faute si
personne ne veut payer cinq cents pour aller voir les péquistes de ce
temps-là. Mais ce qu'on a fait, ce qu'on continue de faire et ce que la
loi non seule- ment dans son esprit, mais dans sa lettre permet de faire, c'est
de réunir des partisans du Parti libéral qui sont prêts
à contribuer 100 $, 200 $, 300 $, 400 $ ou 1000 $, ou 3000 $ - la loi
permet jusqu'à 3000 $ - et c'est divulgué.
M. Chevrette: Envoyez cela en vrac au Directeur
général des élections.
M. Gratton: M. le Président, on l'a eu tantôt en
vrac du député de Joliette, demandez-lui donc de respecter mon
droit de parole, comme j'ai respecté le sien. C'est divulgué,
c'est fait selon la lettre même de la loi. Le député de
Joliette voudrait nous faire croire, M. le Président...
M. Lefebvre: A l'ordre, le petit gars de Joliette! À
l'ordre!
M. Chevrette: À l'ordre, le baveux!
Le Président (M. Filion): Je vous demanderais de bien
vouloir laisser le ministre terminer son intervention.
M. Lefebvre: Je vais t'en faire un "bum"!
M. Bissonnet: M. le Président, pourriez-vous demander au
député de Joliette d'être calme, il y a toujours des
limites!
M. Polak: Qu'il retire ses paroles!
Le Président (M. Filion): M. le député de
Sainte-Anne en particulier, pourriez-vous respecter le droit de parole du
ministre...
M. Polak: M. le Président...
Le Président (M. Filion): ...et tous les autres membres de
la commission de même. Merci.
M. Polak: ...qu'il arrête ses fausses accusations!
Le Président (M. Filion): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Gratton: M. le Président, quand le député
de Joliette essaie de faire croire que la population n'est pas en mesure de
savoir qui contribue au Parti libéral du Québec...
Une voix: C'est faux!
M. Gratton: ...il le sait, c'est totalement faux!
Le Parti québécois a fait un art consommé de voir
partout, chez les autres, des défauts de toutes sortes. Nous avons
voté avec le gouvernement au moment de l'adoption de la loi 2 sur le
financement des
partis politiques, même si nous n'étions pas d'accord avec
certains de ses articles. J'ai mentionné tantôt, par exemple, que
nous nous opposions à ce que seules les personnes physiques puissent
contribuer. Nous l'avons dit clairement et nous avons voté contre les
articles du projet de loi 2 à cet effet. Mais depuis l'adoption de cette
loi, M. le Président, nous l'avons respectée
intégralement. Je mets au défi n'importe quel membre du Parti
québécois, n'importe quel député du Parti
québécois, de venir faire la preuve qu'il y a eu quoi que ce soit
d'illégal ou même d'inconvenant dans ce que le Parti
libéral du Québec a fait dans ses campagnes de souscription.
En terminant, M. le Président, je dirai à l'intention du
député de Gouin, qui faisait tout un plat tantôt de
l'engagement du premier ministre et chef du Parti libéral, M. Bourassa,
de faire en sorte que les rapports au Directeur général des
élections soient faits d'une façon qui respecterait mieux la
lettre de la loi. Le député de Gouin laissait sous-entendre que,
depuis, cet engagement n'avait pas été respecté. C'est
faux! C'est complètement faux! Il n'y a pas eu de rapport encore, M. le
Président, sur la dernière campagne de financement. Je prierais
le député de Gouin d'attendre que ce rapport soit fait et,
à ce moment-là, il pourra juger et porter des accusations, comme
on est si friand de le faire aussi facilement du côté du Parti
québécois.
Le Président (M. Filion): Bon, alors...
M. Gratton: Quant à nous - je n'ai pas terminé, M.
le Président - cette espèce de tempête dans un verre d'eau
que l'Opposition officielle tente de soulever aujourd'hui, c'est du pareil au
même, c'est du déjà vu, c'est du déjà
vécu. On a constaté cela depuis que le Parti
québécois existe. Il y a eux, qui sont purs, et il y a les
autres! On l'a constaté non seulement dans le domaine du financement des
partis politiques, on l'a constaté dans presque tous les grands
débats depuis la création du Parti québécois. Il y
a eux, les purs...
M. Polak: De vrais démagogues! Une voix:
Hypocrites!
M. Gratton: ...eux qui représentent la
vérité, eux qui représentent ce qui est bien, ce qui est
bon pour le Québec et il y a les autres. En matière de
financement des partis politiques, M. le Président, on le sait fort
bien, le Parti québécois avait imaginé sa loi en fonction
d'habitudes qui étaient différentes, au Parti
québécois, des habitudes du Parti libéral.
Le Président (M. Filion): M. le ministre, je suis
obligé de vous interrompre parce qu'il est 12 h 30, l'heure
prévue pour la fin de nos travaux. Avons-nous le consentement des
membres de la commission pour reprendre le temps perdu au commencement de la
séance et terminer...
M. Rochefort: Le Parti québécois consent que nous
continuions...
Le Président (M. Filion): ...à 12 h 40
M. Rochefort: ...10 minutes puisque nous avons perdu 10 minutes,
de 10 heures à 10 h 10.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Filion): Consentement?
M. Gratton: Absolument pas, M. le Président. Je ne
consentirai pas à écouter...
Une voix: Vous êtes des peureux!
Le Président (M. Filion): S'il vous plaît! À
l'ordre! À l'ordre!
M. Gratton: ...les accusations non fondées du Parti
québécois.
Le Président (M. Filion): La commission approuve-t-elle
les...?
M. Marcil: Cela vous prendrait des vacances pour vous calmer un
peu!
Le Président (M. Filion): M. le député de
Beauharnois, s'il vous plaît!
M. Polak: Attendez-moi.
Adoption des crédits
Le Président (M. Filion): La commission approuve-t-elle
les prévisions budgétaires du Directeur général des
élections pour l'année financière 1986-1987?
M. Gratton: M. le Président, en l'absence du Parti
québécois, nous adoptons les prévisions budgétaires
du Directeur général des élections. D'ailleurs, si vous me
le permettez, j'aimerais remercier le Directeur général des
élections et les officiers qui l'accompagnent.
M. Rochefort: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Filion): Question de règlement, M.
le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, de deux choses l'une: ou la
commission ne peut poursuivre ses travaux ou elle peut les
poursuivre. Si elle peut les poursuivre, je suis inscrit.
M. Gratton: Est-ce que vous contestez la décision du
président qui a demandé si on adoptait les crédits?
M. Rochefort: À 12 h 30 le président a
demandé s'il y avait consentement pour poursuivre et le Parti
québécois a donné son consentement. Vous dites non, alors
la commission a terminé ses travaux.
M. Gratton: Est-ce que c'est le président qui
préside ou si c'est vous?
Le Président (M. Filion): J'ai demandé si la
commission approuvait les prévisions budgétaires du Directeur
générai des élections pour l'année
financière 1986-1987.
M. Rochefort: Adopté.
M. Gratton: Adopté. M. le Président, je remercie le
Directeur général des élections et ses...
Le Président (M- Filion): La commission ajourne ses
travaux sine die. M. le Directeur général des élections et
votre équipe, je vous remercie. Je sais que ce n'est pas la
première fois que vous assistez à ces séances.
(Fin de la séance à 12 h 36)