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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Comme nous avons quorum, nous allons commencer les travaux de la
commission. Est-ce qu'il y a des remplacements, Mme la secrétaire? Non.
Je déclare la séance ouverte.
Je veux tout d'abord vous présenter les membres de la commission
parlementaire. Du côté de l'Opposition, il y a M. Claude Filion,
le député de Taillon, le président de cette commission,
mais aujourd'hui, il agira comme porte-parole de l'Opposition; il y a
également le député de Shefford. Du côté
ministériel, il y a le député de Mille-Îles, le
député de Richmond, M. Vallières, de même que votre
humble serviteur, le député de Beauharnois.
M. le ministre et M. le porte-parole de l'Opposition, selon les ententes
établies, nous vous laisserons le temps de vous préparer et nous
adopterons les crédits programme par programme. C'est ce qui a
été convenu? Cela va.
Pour vous rappeler le mandat de la commission, il s'agit de
procéder à l'étude des crédits du Solliciteur
général. La répartition du temps a déjà fait
l'objet d'une entente entre les deux leaders. Il est 10 h 15, et cinq heures
nous sont allouées pour l'étude de ces crédits. Nous
allons, ce matin, siéger jusqu'à 12 h 30 et nous continuerons cet
après-midi; à moins que vous ne vouliez qu'on poursuive
jusqu'à 12 h 45? Ce matin, c'est de 10 heures à 12 h 30. On
récupérera cet après-midi. Cela va?
M. le minsitre, à vous la parole.
Remarques préliminaires M. Gérard
Latulippe
M. Latulippe: Merci, M. le Président. Nous sommes
aujourd'hui réunis pour faire l'étude détaillée des
crédits alloués à ce qui sera le futur ministère du
Solliciteur général. En tant que Solliciteur
général, je suis responsable en particulier de deux secteurs
névralgiques: le secteur des services correctionnels et le secteur de la
sécurité publique. Le premier comporte deux volets
inséparables l'un de l'autre: la détention et la probation. Quant
à la mission que j'exerce en matière de sécurité
publique, elle couvre à la fois l'administration de ta Loi de police et
la responsabilité d'assurer la sécurité de la
collectivité pour l'ensemble de la province; elle comporte aussi une
juridiction directe sur la Sûreté du Québec.
Par ailleurs, l'ensemble de mes attributions fait relever de moi
plusieurs organismes: la Commission de police, la Commission
québécoise des libérations conditionnelles, la
Régie des permis d'alcool, le Bureau des coroners. Les crédits
qui feront aujourd'hui l'objet d'une étude détaillée se
regroupent sous trois secteurs. Dans le secteur des institutions judiciaires,
nous étudierons les éléments portant sur les
enquêtes, les décès et les incendies. Dans le secteur de la
gestion juridique du cadre socio-économique, nous étudierons le
contrôle des permis d'alcool. Dans le secteur des institutions
pénales, nous étudierons la garde des détenus, leur
réinsertion sociale, les services correctionnels et la Commission
québécoise des libérations conditionnelles. Dans le
secteur de la sécurité publique, nous étudierons certains
éléments identifiés comme recherche et programmation,
formation et perfectionnement des policiers, sécurité et
protection, expertise médico-légale et police scientifique.
Toujours dans le même secteur de la sécurité publique, nous
étudierons le programme de normalisation et de surveillance de
l'exercice des fonctions de police. Enfin, nous étudierons le programme
de la Sûreté du Québec tant au niveau de la protection de
la société, des citoyens et de leurs biens qu'en regard de la
gestion interne et du soutien qu'il requiert. L'ensemble des crédits
à voter est de l'ordre de 477 566 700 $. Nous les débattrons au
fur et à mesure de l'étude des différents programmes et
éléments de programmes ci-dessus mentionnés.
Cette séance d'étude détaillée des
crédits est importante. Elle nous permet de faire le bilan des
activités et des opérations des différentes organisations
qui sont sous ma responsabilité. Elle m'offre également
l'occasion d'élaborer les priorités et les orientations qui me
guident et me guideront au cours de l'exercice du mandat qui m'est
confié. Mon entrée en fonction comme Solliciteur
général, le 12 décembre dernier, a été
marquée par le dépôt le jour même du rapport du
Protecteur du citoyen sur le respect des droits des personnes
incarcérées dans les centres de détention du
Québec, J'ai immédiatement entrepris l'étude du rapport et
fait en sorte que des correctifs soient
apportés dans les cas qui le requièrent. Cette
démarche nous fournit l'occasion de renforcer la qualité des
échanges entre nos organisations pour améliorer la situation des
personnes incarcérées.
D'ailleurs, l'étude du rapport du Protecteur du citoyen, de
même que ma visite de certains centres de détention et de certains
centres de transition, ont suscité chez moi une réflexion
profonde sur notre système correctionnel au Québec. On doit,
entre autres, prendre conscience que le dispositif mis en place pour assurer le
traitement de la délinquance adulte ne répond pas
adéquatement aux besoins reliés à la clientèle
visée. C'est la raison pour laquelle j'ai mis sur pied un comité
d'étude sur les alternatives à l'incarcération dans la
perspective de rechercher les outils correctionnels appropriés pour nos
délinquants, en ayant à l'esprit qu'il faut préserver le
caractère punitif, l'aspect d'exemplarité et les objectifs de
dissuasion et de réhabilitation sociale nécessaires. Toutes nos
institutions carcérales n'offrent pas les ressources propices pour
traiter adéquatement nos délinquants, sans compter qu'un certain
nombre de ces établissements sont désuets quant à leur
structure même. C'est la raison pour laquelle j'ai, entre autres,
annoncé la fermeture de la prison de Trois-Rivières. D'autres
centres de détention fermeront leurs portes le 15 juillet prochain,
à savoir: le centre de détention de Mont-Laurier, de Matane, de
Percé, de Saint-Joseph-de-Beauce, de Cowansville et de Rouyn. Quant au
centre de détention de Joliette, ses opérations seront
réduites à partir de cette date même. Cette décision
prend appui sur différentes orientations bien définies.
D'abord, il y a lieu d'utiliser au maximum les alternatives actuelles
à l'incarcération. Cette décision a été
prise en tenant compte de notre système actuel, notre réseau
actuel d'alternatives à l'incarcération. Cette décision
tient compte aussi que nous sommes en train de repenser l'utilisation du
dispositif correctionnel et, en particulier, les mesures sentencielles
appliquées par nos tribunaux, à savoir l'emprisonnement, la
probation, les travaux communautaires, etc. Le besoin d'appliquer aux services
correctionnels du Québec un cadre général de planification
des établissements de détention prévoyant un
développement intégré de l'ensemble de son réseau
en fonction de l'évolution et des besoins de chacune des régions
constitue une autre raison pour laquelle j'ai pris cette décision.
Enfin, le respect des contraintes budgétaires auxquelles nous avons
à faire face en raison de la crise économique que vit le
Québec constitue une autre des raisons.
J'ai également amorcé une démarche qui nous
conduira vers la rénovation de l'organisation policière au
Québec. À cet égard, le processus que j'entends poursuivre
devra nous donner des résultats dès 1987. À ce chapitre,
la réorganisation que nous entendons faire devra répondre aux
principales attentes de la collectivité québécoise:
d'abord, l'efficacité et l'amélioration des services policiers,
ensuite, le rapprochement à effectuer entre la police et la
communauté qu'elle dessert et, enfin, l'accroissement de l'efficience et
une juste répartition du fardeau fiscal qu'entraînent les
coûta inhérents aux opérations policières.
Il existe de plus, dans un autre ordre d'idées, un consensus
autour de la nécessité de créer un ministère du
Solliciteur général de façon à mieux cerner la
réalité complexe de la sécurité publique et des
services correctionnels, et aussi d'accorder à ces questions toute
l'attention politique que notre société est en droit de
réclamer.
Pour l'instant, les crédits relatifs à ce futur
ministère sont les suivants: en l'occurrence, les communications, le
personnel, l'administration, la vérification et l'évaluation,
ainsi que la direction du ministère, qui sont provisoirement inscrits au
programme d'administration du ministère de la Justice. Ils seront
répartis à la suite de l'entrée en vigueur de la loi
créant le ministère du Solliciteur général.
Les activités et les opérations des organismes sous ma
juridiction, et leurs objectifs sont les suivants: la Direction
générale de la probation et des établissements de
détention, qui fournit aux contrevenants adultes des services de
probation, tente de faciliter la réinsertion sociale des contrevenants
et prouvent la participation de la communauté à la
prévention de la délinquance de même qu'à la
réinsertion sociale des contrevenants en plus d'assurer la garde des
personnes incarcérées.
Si on fait un bref tour d'horizon sur la clientèle
carcérale, la clientèle des centres de détention, on
s'aperçoit qu'au Québec nous avons peu de criminels lourds.
Contrairement à la perception répandue dans le public, la
clientèle carcérale du Québec n'est pas dangereuse. Les
détenus ont en moyenne 24 ans; 75 % de la population carcérale
subit une peine d'emprisonnement de moins de trois mois; 86 % doivent purger
une peine de moins de six mois; 38 % ont été
incarcérés à la suite d'infractions relatives à la
circulation.
Dès lors, on peut certes se permettre de douter du fait que
l'emprisonnement constitue le traitement adéquat pour ce genre de
délinquants, d'autant plus que dans nombre de cas ceux-ci sont
incarcérés à défaut de paiement de l'amende.
Quelques mots maintenant sur la Commission québécoise des
libérations conditionnelles. La Commission québécoise
des
libérations conditionnelles agit comme organisme
décisionnel responsable de l'application des modalités de la
libération conditionnelle. Par ailleurs, l'orientation
générale donnée par la commission à ses politiques
et pratiques est à l'effet de donner aux agents de surveillance
responsables des cas soumis les moyens nécessaires pour assumer leur
rôle en tenant compte des particularités individuelles de chaque
cas.
Il est important de constater que, de 1980 à 1985, sur 75 % des
demandes de libération conditionnelle qui ont été
accordées, aucune récidive n'a été
enregistrée. Par ailleurs, 65 % des personnes qui se sont vu refuser
leur demande de libération conditionnelle ont récidivé.
Ces chiffres nous démontrent la qualité des décisions
rendues par la commission.
Un autre élément important à considérer,
c'est l'utilisation des ressources communautaires qui relèvent de mon
ministère. Le nombre de clients référés dans les
ressources d'hébergement communautaire a augmenté de 5,6 % dans
les ateliers de réinsertion sociale par le travail, de 36,7 % dans les
ressources spécialisées, telles que l'Institut Pinel, tandis que
le nombre d'évaluations psychiatriques et psychologiques faites par des
ressources professionnelles a augmenté de 37 %. Tout le réseau de
ressources communautaires doit être mis à contribution de plus en
plus dans notre système carcéral québécois.
Concernant la sécurité publique, il faut dire qu'il y a eu
une augmentation de 3,19 % du nombre des infractions au Code criminel en 1985,
En fait, ce qui est important de savoir, c'est que le taux de
criminalité au Québec se situe bien en deçà de
celui que l'on retrouve dans la presque totalité des provinces
canadiennes.
Quelques mots sur mes priorités comme Solliciteur
général pour l'année 1986-1987. D'abord, la loi sur le
ministère du Solliciteur général; deuxièmement, la
rénovation des services policiers au Québec. Hier, nous avons
donné le coup d'envoi à une vaste et importante opération,
la rénovation de l'organisation policière au Québec.
J'entends réaliser cet exercice avec la participation active des
principaux intervenants concernés par cette question et les membres du
milieu policier.
La désuétude de nos organisations policières est
particulièrement mise en relief par la multiplicité
inusitée de petits corps de police et la répartition
inéquitable des coûts inhérents à la protection de
l'ensemble des citoyens. Il est prévu que ce vaste processus
débouche dès 1987 sur les modifications qui s'imposent pour la
mise en place de nouvelles structures policières au Québec.
Un autre de mes objectifs, c'est l'amélioration des services
correctionnels au
Québec. Dans le but de concrétiser l'orientation
favorisant le recours aux sentences en milieu ouvert par rapport à
celles en milieu fermé, comme l'incarcération, j'ai formé
un groupe de travail constitué de personnes reconnues pour leur
compétence dans le domaine judiciaire et correctionnel. Il s'agit de
recommander un plan d'action pour la mise en oeuvre progressive de mesures
alternatives à l'incarcération touchant les domaines de la
prévention, de la déjudiciari-sation, des alternatives à
l'incarcération et de la réinsertion sociale des contrevenants.
Il s'agit d'aller beaucoup plus loin que les démarches qui ont
été faites dans les dernières années à ce
sujet. (10 h 30)
Finalement, il est important dans le cadre actuel de faire la promotion
des programmes alternatifs existants. Un recours plus fréquent aux
programmes existants en milieu ouvert sera encouragé. Parmi ces
programmes, il y a entre autres la mesure probatoire, la mesure de travail
communautaire, la mesure de libération conditionnelle et de
l'hébergement communautaire. Ces programmes, en plus d'être des
alternatives éprouvées à l'incarcération,
s'inscrivent conformément aux orientations que j'ai mises de l'avant
dans l'exercice de mes fonctions de Solliciteur général et dont
je viens de faire mention. Le programme des travaux communautaires, de
même que les maisons d'hébergement et les centres de transition
feront l'objet d'une attention particulière.
Un projet de relance du programme de travaux communautaires est en
préparation. Le coût d'envoi de cette relance s'amorcera en mai
prochain. Les principaux intervenants, à savoir la magistrature, le
substitut du Procureur général, les avocats de la défense,
les agents de probation, les responsables d'organismes communautaires qui ont
fait de cette mesure substitutive à l'incarcération un
succès, seront de nouveau mobilisés pour concrétiser
encore davantage. Il y a lieu aussi de continuer d'améliorer les
conditions de détention.
Tous ces objectifs doivent s'insérer à l'intérieur
des crédits actuels du Solliciteur général. Ils
s'établissent actuellement à 479 000 000 $, soit une augmentation
de 2 887 700 $ par rapport à ceux de l'année
précédente. Cette augmentation s'inscrit dans le cadre des
préoccupations gouvernementales de redresser les finances publiques du
Québec et de rationaliser les dépenses tout en optimisant les
services offerts. La contribution du Solliciteur général aux
efforts de rationalisation des dépenses gouvernementales est de 6 643
500 $ et elle se répartit dans les programmes suivants: D'abord, le
contrôle des permis d'alcool, pour 253 300 $; le programme relatif
à la garde des détenus et de réinsertion sociale des
délinquants, pour 2 714 300 $; le programme
relatif à la sécurité pubique, pour 550 000 $; le
programme relatif à la normalisation et surveillance à l'exercice
des fonctions de police, 225 900 $ et la Sûreté du Québec,
2 900 000 $.
Cette compression de 6 643 500 $ représente une réduction
de 1,4 % des dépenses prévues. Parmi les mesures retenues pour
réaliser l'objectif de rationalisation, il faut souligner celle
concernant le regroupement d'établissements de détention
représentant une réduction de dépenses de 1 400 000 $,
soit 21 % du montant total des réductions. Aussi, les services
auparavant dispensés à Mont-Laurier, Rouyn, Matane, Percé,
Cowansville et Saint-Joseph-de-Beauce le seront désormais à
Saint-Jérôme, Amos, Rimouski, New-Carlisle, Waterloo ou Bordeaux
et Québec. De plus, la réduction des activités de
détention à Joliette est un autre des éléments
compris dans cette mesure.
Il est important de souligner ici que le personnel des
établissements qui fermeront le 15 juillet prochain sera
relocalisé dans d'autres centres de détention. Il n'y a donc
aucune perte d'emplois permanents directement reliée à cette
opération. Outre la mesure visant la fermeture de certains
établissements, il est important de souligner les principales mesures
qui généreront des économies substantielles en 1986-1987.
Ces économies résident notamment dans la réduction et le
report d'achat d'automobiles, d'équipements de
télécommunication et de diverses autres fournitures à la
Sûreté du Québec.
On peut, de plus, expliquer ces économies par la réduction
du taux d'encadrement des surveillants dans les établissements de
détention. À ces économies, il faut ajouter la
réduction des dépenses résultant d'une rationalisation de
gestion. À cette fin, le budget des directions générales
et organismes a été réduit de l'ordre de 5 % dans la
plupart des cas, afin de participer à l'effort de rationalisation des
dépenses publiques, tel que préconisé par le
président du Conseil du trésor.
J'ai voulu présenter aux membres de la commission un portrait,
d'une part, des réalisations, et, d'autre part, des grandes orientations
que je me propose de faire dans l'année qui vient et, enfin, de vous
donner le portrait véritable de ce qui constitue pour moi l'ensemble des
crédits de ce qui sera te futur ministère du Solliciteur
général.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre. M. le
porte-parole de l'Opposition.
M. Claude Filion
M. Filion: M. le Président, le ministère en devenir
du Solliciteur général est une jeune entité qui a
été longtemps une partie dynamique, progressiste et vitale au
sein du ministère de la Justice. Regroupées sous un seul ministre
responsable, à la suite de la décision du gouvernement
précédent de nommer le premier Solliciteur général
depuis une dizaine d'années, les directions générales
évolueront maintenant de leur propres ailes, unies, et nous sommes
évidemment de ceux qui voient d'un bon oeil la restructuration qui
permet ainsi l'autonomie du ministère du Solliciteur
général.
En effet, les importantes responsabilités qui y sont
dévolues méritent des ressources humaines à temps plein et
exclusives, y compris en ce qui concerne le titulaire du ministère
lui-même. Bien sûr, les contacts doivent être
fréquents entre les deux ministères - celui du Solliciteur
général et celui de la Justice - mais l'aspect multidimensionnel
d'un nombre grandissant de dossiers fait de cette nécessité le
lot d'à peu près tous les ministères.
Dès le début de l'examen des crédits du
ministère, nous avons été confrontés à la
même embûche d'imprécisions, à savoir que le document
général déposé par le président du Conseil
du trésor ne correspondait pas au cahier explicatif des crédits
du ministère et, également, que les coupures budgétaires
n'étaient pas clairement exprimées. Rappelons que le document du
Conseil du trésor mentionne ce qui suit en ce qui concerne le
ministère du Solliciteur général. Au chapitre des
coupures, Rationalisation et autres mesures - c'est un terme qu'on a
retrouvé dans l'ensembles des ministères... Rationalisation et
autres mesures en ce qui concerne la Sûreté du Québec, 2
900 000 $; Rationalisation interne et autres mesures, 3 500 000 $.
En ce qui concerne les activités prioritaires, il était
fait mention d'une somme de 2 100 000 $ allouées pour la mise en
application de la nouvelle Loi sur les coroners. Or, en comparant ces chiffres
avec ceux fournis par le ministère, nous constatons, d'une part, que la
mise en application de la nouvelle Loi sur les coroners, programme 1, ne
justifie une augmentation que d'environ 1 000 000 $, tandis que les coupures
à l'élément 1 du programme 6 de la Sûreté du
Québec seraient de l'ordre de 12 500 000 $. Il conviendra donc, surtout
à la lumière des chiffres que nous donnait tantôt le
ministre, qu'on fasse le point là-dessus, car nous devons rappeler
qu'à la commission du budget et de l'administration, l'Opposition a
été incapable d'obtenir des données claires et
précises sur la ventilation des compressions et des coupures
effectuées par le gouvernement libéral. On sait qu'un
comité de bénévoles a été formé par
le gouvernement libéral pour procéder à
l'évaluation de l'ensemble de l'activité gouvernementale. Nous
espérons que le
ministère du Solliciteur général, compte tenu de
son mandat, a su se mettre à l'abri, peut-être pas du
Trésor, mais tout au moins de celui du gouvernement parallèle que
constituent les comités de bénévoles décideurs.
Nous aurons l'occasion de passer en revue tes effets de la nouvelle Loi
sur les coroners conçue par le gouvernement précédent,
adoptée par l'ancienne Législature et dont l'entrée en
vigueur a été fixée, en novembre dernier, au 3 mars 1986.
En ce qui concerne le contrôle des permis d'alcool, certaines questions
seront examinées, notamment sur le dernier rapport de la régie
portant sur le vin libre en restaurant. Il en va de même pour tout le
secteur de la sécurité publique qui occupe à lui seul une
large part, 370 000 000 $, soit plus des trois quarts de l'ensemble du budget
du ministère. Le ministre ayant annoncé son intention de
procéder à la réorganisation des forces policières,
comme nous l'apprenions encore une fois ce matin, à la suite de la
conférence de presse qu'il a donnée hier, nous
apprécierons, au cours de l'exercice parlementaire qui commence,
connaître les grands axes de cette réorganisation. Dans cette
réalisation, j'ose espérer que la Sûreté du
Québec jouera un rôle central car ce corps policier constitue
maintenant une force professionnelle efficace et fiable au service de toute la
population aux quatre coins du Québec. La question de la formation des
policiers retiendra également notre attention.
D'un autre côté, les coupures à la
Sûreté du Québec sont peu ou pas connues. Encore ce matin,
nous entendions de la bouche du Solliciteur général certaines
précisions quant à ces coupures. Nous apprécierions donc
faire le point là-dessus. Y aura-t-il fermetures de postes totales ou de
nuit, transfert de fonctions des postes de policiers à des postes de
civils, spécialisation de la Sûreté du Québec en
matière d'enquêtes criminelles, disparition de certains corps de
police municipaux avant la réorganisation des forces policières,
etc.? Quelle est la véritable nature des décisions prises ou
à prendre à la Sûreté du Québec et quel est
leur impact sur les services effectivement rendus? Nous devrons, avec le
Solliciteur général, faire toute la lumière
là-dessus. Sur un autre plan, force est de constater que le ministre n'a
pris, depuis son assermentation, que très peu de décisions,
à part évidemment la formation de comités ou
l'énoncé de politiques; et curieusement, à peu près
toutes ces annonces ou décisions se retrouvent au chapitre de la
détention.
En effet, depuis le 12 décembre, nous avons eu droit de la part
du ministre à l'expression de son intention de développer les
ressources alternatives à l'incarcération. Ce discours - nous
tenons à le souligner immédiatement au ministre - rejoint
parfaitement les préoccupations de l'Opposition. En ce sens, il peut
être assuré de notre entière collaboration. Est-il utile de
rappeler que c'est sous le gouvernement du Parti québécois que la
recherche d'alternatives à l'emprisonnement a donné des fruits
dont le système des travaux communautaires et celui des travaux
compensatoires comme solution au non-paiement d'amendes ne sont que quelques
exemples? Il faut y ajouter la création, encore une fois par le
gouvernement du Parti québécois, de la Commission
québécoise des libérations conditionnelles ainsi que
l'utilisation de plus en plus accrue de ressources d'hébergement
communautaire pour détenus non violents. Ce sont là des
réalisations d'alternatives concrètes. Or, depuis les discours du
ministre, rien de palpable n'a été produit concrètement
par le ministre, ce qui ne l'a pourtant pas empêché paradoxalement
d'annoncer précipitamment une série de mesures touchant les
institutions pénales et qui sont parfaitement incohérentes avec
l'absence claire de développement des ressources alternatives, je dirais
de "nouvelles" - entre guillemets - ressources alternatives.
Quelles sont ces décisions? Fermeture de six
établissements de détention: Saint-Joseph-de-Beauce, Cowansville,
Percé, Matane, Rouyn et Mont-Laurier. Réduction des
activités de la prison de Joliette, qui sera fermée les fins de
semaine. (10 h 45)
L'incohérence ne s'arrête pas là. Le Solliciteur
général est-il conscient du problème de surpopulation des
prisons provinciales? À Bordeaux, le surplus de prisonniers
dépasserait plusieurs centaines tandis qu'à Orsainville, le
bordereau indiquerait un surplus supérieur à une centaine. II
s'agit là d'individus qui ont été sentenciés par
les tribunaux dans le respect de nos règles de droit qui tiennent
compte, rappelons-le, de la réhabilitation des détenus mais aussi
de la protection de la société. Le Solliciteur
général n'ignore sûrement pas que les sentences qu'on
appelle de fin de semaine ne sont à peu près pas
exécutées parce qu'elles ne peuvent plus l'être faute de
place. Également, en ce qui concerne les courtes sentences de trois
mois, par exemple, qui sont ordonnées par le tribunal,
j'apprécierais savoir du Solliciteur général s'il est
exact que ces sentences ne peuvent plus, au moment où on se parle,
être exécutées. Pourquoi le Solliciteur
général n'a-t-il pas attendu la mise en place de ces nouvelles
ressources alternatives à l'emprisonnement avant de décider, sans
consultation avec les intervenants, de la fermeture de prisons, alors que les
principales prisons sont déjà surpeuplées?
Assurément, le ministre a mis la charrue devant les boeufs et ce,
malheureusement, au mépris de l'institution
judiciaire, au mépris des régions et, dans certains cas,
contrairement aux engagements électoraux de son propre parti.
Quel est donc le prix récolté pour la fermeture de ces
établissements? Un butin de 1 200 000 $, soit environ 200 000 $ par
établissement fermé. Cependant, ce n'est pas là
l'économie réelle, car il faut y soustraire tous les frais de
transport des détenus et des prévenus, notamment à
l'occasion des présences nécessaires devant les cours de justice
qui, elles, demeureront dans la municipalité où est située
la prison dorénavant fermée, à moins que l'on apprenne la
semaine prochaine, de la bouche du ministère de la Justice, que les
palais de justice seront fermés dans ces endroits. Au surplus, ce sont
les municipalités qui devront assumer les coûts et les
désavantages inhérents aux décisions du ministre au
chapitre de la perte d'activités économiques et au chapitre de
certaines dépenses. Or, on le sait, les budgets des municipalités
sont déjà extrêmement hypothéqués et les
alourdir davantage ne peut qu'affecter les contribuables des
municipalités concernées. Mais il y a plus, car voici
quelques-unes des conséquences prévisibles à la suite de
la décision du ministre: dépenses et inconvénients
reliés à la relocalisation des agents de la paix en institution
pénale, déracinement des détenus de leur milieu, avec les
inconvénients pour les familles et les 'visiteurs, mais surtout avec tes
effets que cela peut avoir sur leur réhabilitation; également,
difficulté pour les prévenus de communiquer avec leur avocat,
droit reconnu par la charte des droits.
Nous ne reconnaissons pas, M. le Président, dans la
décision du ministre, le discours qu'il avait tenu dès sa
nomination sur l'importance d'une plus grande humanisation dans le traitement
des prisonniers. Nous n'avons pas reconnu non plus le souci d'humanisation que
nous partageons dans les deux autres décisions qu'a prises le ministre,
à savoir le maintien du centre de Parthenais. Â ce sujet, je tiens
à signaler que, contrairement à tous les ministres de la Justice
et à tous les solliciteurs généraux qui l'ont
précédé, le Solliciteur général actuel est
le premier à ne pas vouloir s'engager dans la voie peut-être
difficile mais pourtant recommandée par le Protecteur du citoyen de la
fermeture du centre de détention de Parthenais. Il est remarquable que
l'actuel Solliciteur général crée un
précédent en annonçant qu'il ne fermera pas Parthenais et
qu'il maintiendra également la prison de Sherbrooke. Le Solliciteur
général, en ce qui concerne la prison de Sherbrooke, sonne ainsi
le glas de la nouvelle prison là-bas, dont le dossier était
pourtant rendu, me dit-on, à une étape presque de
réalisation.
Enfin, M. le Président, on peut s'interroger sur la nature et la
qualité des rapports entre le Solliciteur général et les
agents de la paix en institution pénale au niveau des relations du
travail. Le dossier de la fermeture des prisons augure donc mal à l'aube
des négociations sur les ententes collectives. J'aurai donc certaines
questions au sujet de la motivation des travailleurs et travailleuses
directement en contact avec les détenus.
Pour terminer ce dossier des institutions carcérales, nous
aimerions souligner au Solliciteur général qu'il n'est pas trop
tard pour reconsidérer les décisions qu'il a prises
prématurément et de façon incohérente. Cette
commission des institutions, que j'ai l'honneur de présider, pourrait
étudier sérieusement, avant le 15 juillet, les impacts
réels des hypothèses contenues dans son dossier. Notre
collaboration lui sera acquise s'il décide d'obtenir un nouvel
éclairage dans la réalisation d'un devoir dont la première
partie est mal bâclée. Nous sommes donc hautement
préoccupés par l'absence de logique des décisions du
Solliciteur générai. Les grands discours qu'il a tenus ne
concordent pas avec les décisions qu'il prend et les décisions
sont prises sans consultation avec les milieux intéressés.
Encore ce matin, en prenant connaissance des résultats de la
nième conférence de presse du Solliciteur général,
nous avons constaté la création d'un autre comité. Ce
comité disposera d'un mandat extrêmement important, celui
d'étudier tout le problème de la réorganisation des forces
policières au Québec. Qu'est-ce qu'on y constate? J'ai
été estomaqué, M. le Président, de constater qu'il
n'y a aucun représentant des municipalités à ce
comité, qu'il n'y a aucun représentant des effectifs policiers
eux-mêmes, c'est-à-dire ceux qui sont principalement
préoccupés par les impacts des décisions qui viendront,
les policiers et les municipalités. On y retrouve, et ce sont
sûrement des personnes de fort bonne foi - je ne sais pas si c'est un
comité de bénévoles, on verra plus tard - deux personnes
qui viennent du milieu des affaires, deux personnes qui viennent du milieu de
l'éducation, l'ancien directeur de la Sûreté du
Québec, M. Saint-Pierre - on ne peut pas douter de son expérience
- et un avocat. Où sont les représentants des
municipalités à ce comité dont, encore une fois, les
travaux seront extrêmement importants pour l'avenir des forces
policières au Québec? Où sont les représentants des
policiers eux-mêmes? Syndicat ou pas, dans ce comité, il est
renversant que le Solliciteur général ait fait ft de cette
consultation tout à fait normale avec deux groupes qui, de façon
vitale, sont intéressés par les travaux.
Encore une fois, cela a été la même chose dans le
cas de la décision de fermer des prisons prise par le Solliciteur
général.
Voilà un autre exemple du peu de cas que fait le gouvernement du
Parti libéral de la consultation et de la participation des
régions aux prises de décisions. On le sait, ce gouvernement a
aboli le ministère de la concertation. Dans plusieurs ministères,
on retrouve la mise de côté des règles que les
gouvernements précédents avaient créées pour
consulter les intervenants et les faire participer aux prises de
décisions.
Je cite d'ailleurs à ce sujet les propos rapportés dans le
Devoir de ce matin du président de l'Union des municipalités
régionales de comté, M. Nicolet, qui dit ceci, et ce n'est pas
moi qui le dis: "Mais le temps où le gouvernement
québécois annonçait une réforme affectant le milieu
municipal en l'excluant du processus paraissait, depuis un bon moment,
révolu, aux yeux de M. Roger Nicolet. "C'est ce que nous avions compris,
a-t-il déclaré au Devoir..." "Depuis la réforme de la
fiscalité municipale, le gouvernement québécois, par
l'entremise du ministère des Affaires municipales, et le monde
municipal..." avait mis sur pied des tables et des mécanismes de
consultation.
On continue: "...M. Nicolet ne croit pas se méprendre sur les
intentions véritables du gouvernement en enclenchant un processus de
réforme de la police. "Tout le monde sait qu'il s'agit de nous faire
payer." On sait que derrière tout le dossier de la réorganisation
des forces policières se cachent des enjeux financiers extrêmement
importants pour les municipalités et pour les gouvernements. Le
Solliciteur général détient la responsabilité
d'importants dossiers, ceux de la sécurité publique et de la
réorganisation annoncée des forces policières, on l'a vu,
n'étant pas les moindres. Nous espérons que nous retrouverons
dans l'avenir moins de discours, mais plus de cohérence, moins de
discours et une meilleure conscience tant des réalités
régionales que nationales, et ce, pour le plus grand bien des effectifs
policiers, des administrateurs du ministère et des réseaux et,
enfin, pour le bénéfice de la population en
général.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le porte-parole de
l'Opposition. Compte tenu que nous avons terminé les remarques
préliminaires, j'appellerais le programme 1, c'est-à-dire
Enquêtes sur les décès et les incendies. J'inviterais les
membres de cette commission à procéder à la période
des questions.
Enquêtes sur les décès et les
incendies
M. Filion: Sur le programme 1, M. le Président, je pense
que le Solliciteur général a capté le message dans mon
discours. Le document déposé par le président du Conseil
du trésor faisait mention d'une somme de 2 100. 000 $ annoncée
à titre d'activités prioritaires précisément pour
la mise en application de la nouvelle Loi sur les coroners. D'autre part, en
examinant le Cahier explicatif des crédits 1986-1987, j'ai
retrouvé une somme - vous pourrez me corriger, M. le Solliciteur
général - d'un peu plus de 1 000 000 $. Est-ce que le ministre
pourrait faire le point là-dessus pour éclairer ma lanterne?
M, Latulippe: Le budget initial de 1985-1986 sous l'ancienne loi
était de 1 945 000 $. Il y a eu un budget supplémentaire en
1985-1986 pour la nouvelle loi, parce que la Loi sur les coroners, la loi
concernant la recherche sur les décès, est survenue l'an dernier.
Un budget supplémentaire de 1 090 000 $ a été
accordé, pour un total de 3 035 000 $. Le budget de 1986-1987 est de 4
111 000 $. Il y a donc un écart de 2 166 000 $. Cet écart
provient des deux facteurs suivants: tout d'abord, des crédits
supplémentaires de 1985-1986 de 1 090 000 $ et des nouveaux
crédits en 1986-1987 de 1 076 000 $, ce qui constitue effectivement
l'écart dont vous parlez de 2 166 000 $ qui a pour objectif de permettre
au bureau du coroner d'administrer la nouvelle loi sur la recherche des
circonstances des décès.
Je vous souligne, M. le Président, que cette nouvelle loi est
entrée en vigueur le 3 mars et qu'elle est survenue, c'est vrai, sous un
régime du gouvernement du Parti québécois, mais je vous
souligne qu'elle est survenue à la suite de débats et à la
suite d'une lutte de tous les moments menée par l'ancien porte-parole
libéral en matière de justice, à l'époque, M.
Herbert Marx, qui est devenu ministre de la Justice et qui a constamment
talonné le gouvernement de l'époque dans le but d'en arriver
à des modifications substantielles et fondamentales à l'ancienne
Loi sur les coroners, qui datait pratiquement du moyen âge. C'est
à cause du porte-parole en matière de justice, M. Marx, que nous
n'avons plus le concept du témoin principal. C'est à cause de la
lutte continuelle du porte-parole en matière de justice, M. Marx, qu'on
en est arrivé à changer le concept de verdict. Je pense que
l'Opposition libérale de l'époque a été
"instrumentante" dans le développement de cette nouvelle loi.
D'ailleurs, je souligne au parte-parole de l'Opposition que nous avons,
à l'époque comme Opposition, une fois les amendements
apportés, voté pour cette loi. (11 heures)
M. Filion: Nous sommes au début de l'examen des
crédits. Il nous reste quatre heures de travaux. Je ne sais pas si on
veut être sérieux, essayer de comprendre, d'avancer, surtout
répondre aux interroga-
tions, certaines que vous avez soulevées; mot, je les ai
soulevées. Si nous faisons référence à tout ce qu'a
dit l'ancien critique de l'Opposition et maintenant ministre de la Justice,
notamment dans les termes de prison cela peut être dangereux. Je n'ai pas
l'intention de relever tout ce qu'il a dit parce qu'une bonne partie est
contradictoire avec ce que vous faites.
Je prends bonne note que vou3 approuvez cette loi qui a
été adoptée, je vous le rappelle, par un Parlement dans
lequel vous et moi n'étions pas, sauf erreur. Non? En tout cas, je n'y
étais pas, ce n'est pas une erreur. En ce sens, comme je vous l'ai dit,
l'actuel ministre de la Justice a dit énormément de choses. En ce
qui concerne le ministère du Solliciteur général, j'ai
décidé d'écarter toutes les déclarations de
l'ancien critique, parce que je n'en finirais pas de relever des contradictions
avec ce qui peut se passer, ce qui s'est passé, ce qui va se passer dans
l'avenir, sûrement, et tout ce qu'il a dit.
Maintenant, je prends bonne note. Je suis satisfait de l'explication que
vous me donnez sur les crédits. Si je comprends bien, ce sont des
crédits supplémentaires qui font la différence quant aux 2
000 000 $ d'activités prioritaires sur les enquêtes du
coroner.
En ce qui concerne cette nouvelle loi et l'application de cette nouvelle
loi - il est peut-être un peu tôt mais quand même -est-ce que
le ministre, pour mon information, peut déjà me donner des
réponses quant à l'administration et à l'organisation de
ce programme, compte tenu de la nouvelle loi qui... cela ne fait même pas
deux mois maintenant? Je ne sais pas si le Dr Grenier est ici?
M. Latulippe: II est ici, oui.
M. Filion: Oui? Ah! Bon. Alors, je le salue en passant et je le
félicite.
Est-ce que le Solliciteur général peut m'informer un peu -
c'est le début - du nombre de décès, étudié,
qui peut passer on le sait de quelque chose comme 5000 à 15 ' 000 par
année. J'ai remarqué les changements d'effectifs également
de 31 permanents à 52 permanents. Pourrait-on d'abord me dire si tous
les effectifs ont été comblés?
M. Latutippe: Comme vous voyez au livre des crédits, nous
avons prévu quinze coroners permanents. La distinction majeure au plan
des effectifs se situe à deux niveaux: Au niveau des coroners permanents
où nous passons de six jusqu'à quinze et au niveau des
employés de bureau, des employés de soutien, où nous
passons de neuf à quatorze.
Le poste des coroners permanents n'a pas été
entièrement comblé. Il y en a eu douze de comblés
jusqu'à maintenant et un des coroners, Maurice Laniel, est actuellement
malade. Nous allons graduellement combler les postes qui sont encore ouverts,
non comblés au livre des crédits. Nous sommes allés
graduellement dans le but de voir - parce que c'est tout récent comme
vous l'avez mentionné - comment évoluerait l'application de cette
loi.
M. Filion: Le ministre compte bien combler les effectifs de
quinze coroners permanents?
M. Latulippe: Oui. Les effectifs mentionnés au livre des
crédits, nous comptons les combler.
M. Filion: M. le ministre, est-ce que le budget est suffisant,
compte tenu, encore une fois, de l'augmentation des décès
étudiés, qui va passer de 5000 à 15 000, étant
donné la nouvelle orientation prévue par la loi? Il me semble
avoir lu dans la revue de presse, dans le Soleil, sauf erreur, qu'il semblait
plus réaliste à l'époque, aux yeux du coroner en chef,
d'avoir un budget d'environ 6 000 000 $. Là, nous avons un budget de 4
000 000 $. Est-ce que le ministre est satisfait que le Bureau du coroner va
avoir les ressources financières suffisantes pour mener à bien
les objectifs contenus dans la nouvelle loi?
M. Latulippe: Oui. Effectivement, nous sommes persuadés
que le budget actuellement de 4 100 000 $ est suffisant. Lorsque vous faites
référence à un budget qui était, à
l'origine, supérieur, il faut préciser qu'il y a eu des
modifications à la loi, entre autres, toute la question des avis qui
devaient être donnés à l'origine - et cela a
été aboli -dans des cas d'incinération. Déjà
là, je pense que nous sommes en mesure, sur ce qui était
prévu à l'origine, d'épargner environ 1 000 000 $. Par
ailleurs, il y a évidemment, par exemple, les cas d'autopsie.
Maintenant, il est fort probable qu'il y ait moins de cas d'autopsie du fait
que les coroners investigateurs peuvent faire une analyse extérieure du
cadavre et cela ne nécessiterait pas, dans tous les cas, d'autopsie.
Nos évaluations sont qu'effectivement... Et, compte tenu de
l'évaluation actuelle, nous serons très facilement en mesure de
respecter les obligations prévues par la loi avec le budget qui nous est
actuellement alloué. Un autre point qu'il faut souligner, c'est qu'il y
a ou qu'il y aura ce que l'on appelle les coroners auxiliaires qui sont des
infirmières et qui vont nous permettre de réduire le coût
de certaines investigations comme, par exemple, les cas de décès
en centre d'accueil. Ce sont là des mesures qui
nous permettent d'être plus efficaces avec un budget qui est quand
même substantiel pour l'application de la nouvelle loi.
M. Filion: Les coroners auxiliaires, en bonne partie - ce n'est
pas en totalité, j'ai l'impression - seront des infirmières.
M. Latulippe: Ce seront des infirmières ou des infirmiers,
les coroners auxiliaires.
M. Filion: En totalité ou en bonne partie? Il doit y avoir
quand même d'autres...
M. Latulippe: Le concept de coroner auxiliaire a justement
été fait dans le but que ce soient des infirmières ou des
infirmiers. En totalité, ces personnes seront des infirmières ou
des infirmiers.
M. Filion: Est-ce que le recrutement est commencé?
M. Latulippe: Le recrutement des coroners auxiliaires est
commencé. Les concours sont lancés. Nous procéderons
normalement comme nous l'avons fait, d'ailleurs, pour tous les coroners
permanents investigateurs ou enquêteurs, nous suivrons le processus
normal et nous engagerons ces personnes au fur et à mesure que les
besoins se feront sentir. Évidemment, comme vous le savez, concernant
l'application de la nouvelle loi, avant que la population y soit
habituée, avant que tous les processus soient mis en place, avant que le
rouage soit fait, il y a quand même un certain nombre de mois, avant
qu'on ait atteint ce rythme de croisière. Donc, l'embauche se fait
graduellement, comme nous avons procédé jusqu'à maintenant
pour le cas des coroners investigateurs et celui des coroners
enquêteurs.
M. Filion: Est-ce qu'il y a un chiffre, quand même, que
vous voulez atteindre en ce qui concerne le nombre de coroners auxiliaires?
J'ai compris que vous étiez pour suivre l'engagement au fur et à
mesure des besoins mais, quand même, avez-vous des prévisions?
M. Latulippe: Actuellement, comme je vous l'ai dit, notre
intention est de procéder graduellement parce que nous allons voir
jusqu'à quel point ils seront nécessaires, jusqu'à quel
point, finalement, leur charge de travail sera lourde. Nous croyons que nous
devrons, au début, en engager environ quatre pour la région de
Montréal et deux pour la région de Québec. Comme je vous
l'ai mentionné tout à l'heure, ce rôle de coroner
auxiliaire est un peu un rôle périphérique par rapport au
rôle des coroners investigateurs et par rapport au rôle des
coroners enquêteurs.
Périphérique dans Je sens que, finalement, un de leurs
rôles principaux est en fonction des avis de décès qui ont
lieu et qui auront lieu dans les centres d'accueil parce qu'il s'agit
là, comme vous le savez, d'un des éléments additionnels de
cette nouvelle loi, de pouvoir se pencher sur les cas de décès en
centre d'accueil dans le but d'être capables non seulement de retracer
les causes et les circonstances, mais de voir si, finalement, on ne pourrait
pas, par ces analyses, améliorer la santé publique au
Québec.
M. Filion: Vous mentionniez tantôt, M. le Solliciteur
général, M. le Président, la question de
l'incinération. La nouvelle loi ne prévoit aucun mécanisme
de contrôle quant à l'incinération des cadavres.
Étant donné que l'incinération détruit toute preuve
relativement aux circonstances d'un décès - j'ai bien
l'impression que cela détruit toute preuve, il ne doit pas en rester
beaucoup, une fois que les cendres sont dans l'urne - cela doit être pas
mal difficile de faire une enquête. Étant donné, d'un autre
côté, qu'il y a un certain degré de contrôle qui est
nécessaire, qu'entend faire le ministre au sujet de cette question
d'incinération des cadavres?
M. Latulippe: Comme vous le savez probablement - finalement, je
vais vous renseigner là-dessus - avant toute incinération, on
doit avoir une autorisation du coroner. Vous pouvez facilement comprendre que
l'autorisation du coroner est un des éléments qui nous garantit
qu'il n'y aura pas de problème avec les cas d'incinération.
Deuxièmement, comme vous le savez - sinon, je vais vous l'apprendre - il
y a la Loi sur la protection de la santé publique qui effectivement
couvre encore ces cas d'incinération.
Je pense qu'il faut bien comprendre aussi que dans notre
société la façon dont on dispose de ces personnes
décédées... l'incinération est évidemment un
des phénomènes qui fait partie de l'évolution sociale
actuellement au Québec. Je ne pense pas que l'on doive, par des mesures
quelconques, restreindre ce recours lorsque des familles, par choix,
décident qu'elles doivent plutôt procéder à
l'incinération des personnes décédées. Je pense
qu'on doit respecter cette volonté des familles dans des circonstances
semblables.
M. Filion: Je partage votre point de vue là-dessus. Je
dois comprendre qu'actuellement, depuis deux mois, chaque incinération
est précédée d'une permission donnée par le
coroner, selon ce que vous me dites?
M. Latulippe: On peut dire qu'effectivement oui. Comme je vous
l'ai mentionné tout à l'heure, la loi entre en
vigueur et il y a quand même une adaptation. Comme vous pouvez
certainement le comprendre, lors de l'application d'une loi, il y a les rouages
qui sont à être mis en place. Mais on peut dire que cette
disposition, jusqu'à maintenant, est en bonne voie d'application et de
réalisation.
M. Filion: En ce qui me concerne, M. le Président, je suis
prêt à passer à l'adoption des crédits du programme
1. Je veux juste revenir au budget global du coroner. Encore une fois, il m'est
apparu que la somme de travail occasionnée par la nouvelle Loi sur les
coroners était tout à fait considérable, non seulement
parce que dans certains cas, on doit appliquer des nouveaux mécanismes
dans des nouveaux secteurs, mais aussi parce que le volume prend des
proportions beaucoup plus considérables.
Je ne doute pas une seule seconde de l'efficacité des ressources
humaines qui sont en place. Cependant, je suis un peu préoccupé -
il y a juste 24 heures dans une journée et apparemment il faut en dormir
quelques-unes, et juste sept jours dans une semaine, à moins qu'on
rechange le calendrier - par les ressources du coroner. (11 h 15)
Je me dis que les attentes sont énormes sur le plan de la
population en général. On connaît l'impact qu'a eu
l'adoption de la nouvelle Loi sur les coroners. Les responsabilités,
elles, par exemple, sont en place, parce que la loi ne fait pas de distinction
entre une situation nouvelle et une situation ancienne. La loi fixe des
responsabilités et il appartient aux autorités de relever ces
responsabilités.
Dans ce sens, j'ai l'impression que le ministre sera appelé
à faire un pèlerinage au Conseil du trésor au cours de
l'année, je ne sais pas, mais je voudrais lui dire que, de notre
côté, il aura notre soutien dans cette recherche de fonds
supplémentaires, s'il en a besoin; s'il n'en a pas besoin, tant mieux.
Sans avoir été au fond des choses - je voyais votre sous-ministre
qui opinait - il m'est quand même apparu, en lisant la loi, en regardant
les budgets, qu'il y avait une légère disproportion, mais je suis
quand même rassuré par vos propos de ce matin et je suis
prêt à adopter, à l'unanimité, le programme 1.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre.
M. Latulippe: Permettez-moi, M. le Président, d'être
moi-même également inquiet, au début de cette étude
des crédits, de la philosophie de gestion de mon collègue de
Taillon. Ce qu'il nous dit, c'est qu'avant que l'on connaisse l'impact d'une
loi, avant qu'on puisse réaliser la charge de travail, il faut donner un
budget monstre à un organisme au cas où l'application de la loi
prendrait une proportion démesurée ou une proportion gigantesque.
Je pense que c'est mettre la charrue devant les boeufs. Je pense que, comme
gestionnaire raisonnable, il faut être en mesure d'évaluer de
façon raisonnable l'impact d'une loi, de donner un budget raisonnable et
non pas de tenter, avant la mise en oeuvre d'une loi, de donner un budget qui
soit hors de proportion et qui prévoie absolument toutes les
possibilités, et c'est malheureusement de cette façon, dans les
années passées, qu'on a vécu dans le secteur public. On a
gonflé les budgets, on a gonflé la taille de nos organismes et
c'est malheureusement à cause de cela aussi qu'on en est arrivé
au Québec à la situation qu'on vit actuellement, une situation
difficile au niveau économique.
Je préfère, comme philosophie de gestion, qu'on puisse
être objectif, qu'on puisse être en mesure de donner des budgets
réalistes, en évaluant de façon précise et de
façon. réaliste les besoins, les impacts d'une loi, parce que,
vous savez, on ne connaît pas encore l'ampleur que prendra cette loi.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, il faut que cela évolue au fil
des mois et je pense que le budget que nous avons consacré à
l'application de cette loi est non seulement réaliste, mais il est
suffisant pour permettre qu'elle soit appliquée telle qu'elle a
actuellement été adoptée.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre.
M. Filion: M. le Président, le Solliciteur
général a peut-être oublié que, dans ses grandes
lignes, le budget du coroner est un budget qui a été fixé
par le gouvernement précédent; il n'y a pas eu de modification.
Je lui posais la question, à savoir s'il était satisfait, compte
tenu du fait que le nombre de décès - on commence à avoir
des chiffres - passe de 5000 à 15 000. Si le Solliciteur
général voulait que j'aille plus loin - je ne pense que ce soit
dans son intérêt que je le fasse - je pourrais noter certains des
arguments qui ont été avancés pour un budget
supérieur.
Ma question, comme je l'ai dit, était de savoir si le budget
était réaliste. Gouverner, c'est aussi prévoir, bien
prévoir les choses. Il ne s'agit pas de donner un budget hors de
proportion; ce n'est aucunement ce que j'ai souligné. Ce que j'ai
souligné au ministre, c'est qu'on est face à l'application d'une
nouvelle loi et, donc, qu'il faut faire preuve de souplesse durant l'exercice
budgétaire pour être capable d'affronter les imprévus, tout
en sachant que gouverner, c'est tenter de prévoir le maximum de choses
possible.
Le Président (M. Marcii): Merci, M. le porte-parole de
l'Opposition.
M. Latulippe: Je voudrais aussi ajouter que le budget qui est
actuellement devant vous a été établi par notre
gouvernement parce que, auparavant, le budget était supérieur
à 4 100 000 $. Nous avons procédé à choisir
à budget, nous avons procédé aussi, dans ce secteur,
à l'établir, et c'est nous qui l'avons établi. Le
gouvernement précédent avait prévu un budget
supérieur à 4 100 000 $.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre. Nous
pouvons conclure que le programme 1, Enquêtes sur les décès
et les incendies, est adopté.
M. Bélisle: M. le Président. Le Président
(M. Marcii): Oui.
M. Bélisle: Si vous me permettez. Si vous voulez
procéder à l'adoption élément de programme par
élément de programme, j'aurais une question avant de
compléter la section et de passer au vote par la suite, si vous voulez
bien?
Le Président (M. Marcil): Oui, rapidement, puisque si nous
voulons absolument compléter l'étude des six programmes que nous
avons à étudier dans une période de cinq heures,
c'est...
M. Bélisle: M. le Président, si vous me le
permettez... Le Président (M. Marcii): Allez-y.
M. Bélisle: ...ce sera le plus court possible mais pas
nécessairement rapide. Je lisais également, comme l'a fait le
député de Taillon, porte-parole de l'Opposition dans ce domaine,
à la page 3 du cahier des crédits budgétaires
préparé par le Solliciteur général et son
équipe, les montants relatifs à cette première section,
éléments du programme 1. Quelqu'un tout à l'heure m'a
apporté le projet de loi 36 sur la Loi sur la recherche des causes et
des circonstances des décès. Je vais avouer très
candidement et très naïvement mon ignorance de toutes les
dispositions de la loi. Je pense que c'est de mise de le faire, au
départ. Mais je voudrais demander ceci au Solliciteur
général. Toutes les dispositions de cette loi qui sont relatives
aux centres d'accueil... Je lis à la page 3 du document qui nous a
été présenté et je cite: "L'écart à
cet article s'explique, d'une part, par l'augmentation de la juridiction du
coroner eu égard aux nouveaux avis obligatoires à lui être
donnés. Exemple: centres d'accueil, 4000 décès sur une
base annuelle. D'autre part, la nouvelle loi oblige le coroner à faire
une étude beaucoup plus poussée et détaillée de
chacun des cas. Il doit en effet chaque fois établir la cause
médicale du décès." On retrouve cela aux articles 34 et
suivants de la nouvelle loi. Je voudrais connaître l'opinion du
Solliciteur général sur ces nouvelles dispositions de la loi.
Est-ce que, personnellement, il est en accord avec ces dispositions ou s'il
envisage des amendements ou non? Est-ce qu'il est satisfait de ces mesures de
protection additionnelle? Et s'il y a des mesures de protection additionnelle
pour des gens en centre d'accueil... Ma réaction toute simple, c'est que
j'ai de la difficulté à comprendre le but visé par le fait
qu'on demande des avis, expertises médicales, causes médicales de
décès pour des gens qui sont en centre d'accueil, dans des
institutions privées et paragouvernementales. Je ne sais pas si,
personnellement, j'étais dans un centre d'accueil, j'accepterais un tel
fait, j'accepterais qu'on procède d'une telle façon alors que je
ne décède pas à la maison. Je comprends mal la
distinction. Il me semble qu'il y a deux classes de citoyens dans la
société: ceux qui peuvent se permettre de décéder
à la maison et ceux qui décèdent en centre d'accueil. Ceux
qui décèdent en centre d'accueil, ils ont droit à plus
d'attention de la part de l'État. Ceux qui décèdent
à la maison, c'est différent. J'ai beaucoup de difficulté
sur le plan intellectuel à comprendre la mécanique. Etant
donné que la mécanique représente un coût important
en période de restrictions budgétaires, j'apprécierais
grandement, M. le Solliciteur général, que vous éclairiez
ma modeste lanterne.
M, Latulippe: Je voudrais dire au député de
Mille-Îles que, moi aussi, actuellement, je m'interroge
sérieusement sur ces dispositions de la loi. Pourquoi, actuellement,
à la suite du décès d'une personne en centre d'accueil,
doit-on donner un avis obligatoire au coroner? Et, un coroner investigateur va
faire une investigation médicale du cas de décès en centre
d'accueil. Il y a des milliers de personnes qui décèdent en
centre d'accueil. Quels problèmes spécifiques peut-il y avoir par
rapport à une personne qui décède en centre d'accueil et
une personne qui décède chez elle?
M. Bélisle: Peut-être parce qu'il y a un doute.
M. Latulippe: Les personnes qui décèdent en centre
d'accueil n'ont-elles pas déjà, même plus que les personnes
qui décèdent chez elle, tout un réseau de soins
médicaux permettant de s'assurer que les soins médicaux qui ont
été donnés aux personnes en centre d'accueil avant
qu'elles décèdent soient des soins adéquats? Je pense
qu'au contraire, il y a une présomption beaucoup plus forte sur
tout notre réseau en centre d'accueil, sur le faitque tes soins
donnés à ce9 personnes en centre d'accueil ont été
bons, ont été adéquats. Je m'interroge actuellement
là-dessus. C'est un des sujets sur lequel je désire pousser plus
loin ma recherche et mes renseignements parce que c'est une question que je me
pose.
Le Président (M. Macil): Merci, M. le ministre, est-ce
qu'on peut conclure que le programme 1 est adopté?
M. Filion: Juste avant, dans la foulée...
Le Président (M. Marcil): II est seulement 11 h 30.
M. Filion: ...du questionnement...
Le Président (M. Marcil): II nous reste seulement cinq
programmes...
M. Filion: ...du Solliciteur général... Le
Président (M. Marcil): ...à voir.
M. Filion: ...que préconiserait-il en dehors de la formule
actuelle? Parce que tantôt, je l'entendais dire: C'est une bonne chose
que le coroner auxiliaire, cela nous donne un coup de main, cela coûte
moins cher, etc. Or, dans la foulée de son questionnement, que
préconiserait-il?
M. Latulippe: Tout à l'heure, je vous ai mentionné
qu'il y avait actuellement dans la loi le concept de coroner auxiliaire, sauf
que mon questionnement est plus fondamental sur la nécessité des
avis et surtout sur la nécessité des investigations. Je ne suis
pas en mesure actuellement de vous annoncer une modification à la loi,
mais je suis en mesure de vous dire que je me pose des questions
sérieuses sur l'opportunité de cette disposition. En temps et
lieu, je serai en mesure de faire les annonces pertinentes.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre.
Maintenant...
M. Bélisle: Si la réponse du Solliciteur
général est... À mon tour de prendre bonne note que, dans
quelque temps, on aura peut-être d'autres avis de sa part concernant ce
point spécifique qui, à mon humble avis, jette un doute sur nos
institutions publiques.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député de Mille-Îles.
Je répète: Est-ce que je peux conclure que le programme 1
est adopté?
M. Filion: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Programme 2, Gestion juridique
du cadre socio-économique, Contrôle des permis d'alcool.
Gestion juridique du cadre
socio-économique
M. Filion: Deux questions techniques sur le programme 2. Les
baisses notées à la supercatégorie "Fonctionnement de
personnel" sont-elles dues uniquement à la réduction des
effectifs? également, je sais que les collaborateurs du ministre peuvent
prendre des notes, j'aimerais avoir des explications sur la diminution à
la catégorie "Autres rémunérations" considérant que
le nombre d'employés occasionnels demeure le même,
c'est-à-dire quatre.
M. Latutippe; Pouvez-vous répéter votre
première question, je ne l'ai pas saisie?
M. Filion: Les baisses à la supercatégone
Fonctionnement de personnel sont-elles dues uniquement à la
réduction des effectifs? Je ne crois pas. En 1985-1986, je ne sais pas
si vous avez les chiffres? Cela part de 2,9 à 2,7.
M. Latulippe: Je suis en mesure de vous dire que c'est dû
à deux facteurs. C'est l'effet, d'une réduction des effectifs de
109 à 107. Comme vous allez le constater, en ce qui concerne la
régie, nous sommes à implanter des systèmes
informatisés de gestion. Ce qui peut avoir un effet sur le niveau des
effectifs, ce sont ces deux conséquences, ces deux facteurs qui
effectivement se reflètent dans la variation de 115,7 que vous retrouvez
à la super-catégorie "Fonctionnement de personnel". Je voudrais
ajouter qu'il y a aussi le facteur de la réduction des employés
à tpmps partiel dans ce chiffre. Il y avait 31 400 employés
à temps partiel qui étaient requis à l'époque pour
faire fonctionner le système d'information au niveau des permis, le
système manuel que nous avions à l'époque. (11 h 30)
M. Filion: D'accord. Egalement, dans le cahier des
crédits, on a remarqué une réduction annoncée,
prévue, ou souhaitée, de 40 % du personnel de la régie,
sur une période de trois ans. Je vois le ministre qui fronce les
sourcils. Je l'envoie au programme 2, élément 1, page 4 du cahier
explicatif des crédits et je lis: "Cette nouvelle conception
administrative a été rendue nécessaire à la suite
de la réduction de 40 % des effectifs de la régie, sur une
période de trois ans et elle permettra de prendre avantage..."
Cette réduction de 40 % sur trois ans est sur quelle
période de trois années exactement? Est-ce la première, la
deuxième; ou l'année 1986-1987 constitue-t-elle la
troisième? Où se situe-t-on dans le
calendrier?
Deuxièmement, j'aimerais avoir l'opinion du Solliciteur
général sur cette politique de réduction. Pendant que le
ministre consulte, je voudrais saluer M. le président de la Régie
des permis d'alcool, M. Laflamme.
M. Latulippe: II y adeux facteurs qui ont provoqué
cette réduction de personnel au fil des dernières années.
C'est la troisième année, les deux autres années se sont
passées sous le gouvernement précédent. Je vous rappelle
que, autant moi que vous, nous n'étions pas là. Cependant,
à l'époque, il y a eu cette décision de faire en sorte que
les inspecteurs soient remplacés par des agents de la
Sûreté du Québec. Vous savez que maintenant, le
contrôle des permis d'alcool est fait par les agents de la
Sûreté du Québec. C'est un des facteurs - le remplacement
de ces inspecteurs, au fil des ans, par les agents de la Sûreté du
Québec - qui se réflète dans cette réduction de
personnel.
Le deuxième facteur - celui que je vous mentionnais tout à
l'heure - c'est l'informatisation de la gestion des permis d'alcool, qui apermis d'avoir beaucoup moins de travail manuel, de travail de soutien,
pour les fins de la gestion des permis d'alcool. Le système
informatisé a été implanté au cours des
dernières années. Ce sont les deux facteurs, les deux volets, qui
justifient cette réduction de personnel. Nous sommes à la fin de
la démarche qui a débuté il y a trois ans.
M. Filion: L'année 1986-1987 étant la
dernière année?
M. Latulippe: Effectivement, c'est la dernière
année.
M. Filion: D'accord. Un autre sujet, toujours à
l'intérieur du même programme, M. le Président...
M. Latulippe: Nous sommes à la fin du processus de
l'implantation du système informatique.
M. Filion: C'est cela.
M. Latulippe: Cela se poursuit, mais c'est presque la fin.
Évidemment, s'il est possible pour nous, d'améliorer encore la
qualité de la gestion, s'il est possible dans l'avenir, de rationnaliser
encore le fonctionnement, je pense que ce sera notre devoir de le faire et nous
allons tenter de faire notre devoir.
M. Filion: Est-ce que le ministre entrevoit - après avoir
réussi cette réduction quand même assez sensationnelle -
pour les années qui viennent, d'autres compressions ou d'autres
réductions de personnel à la régie?
M. Latulippe: Je pense que vous le voyez, pour l'analyse des
crédits de cette année, c'est assez clair. Notre effectif, de 113
qu'il était en 1985-1986, est rendu à 111. C'est le niveau
d'effectif que nous aurons pour les crédits pour lesquels nous sommes
ici aujourd'hui.
Contrôle des permis d'alcool
M. Filion: M. le Président, je voudrais maintenant aborder
avec le Solliciteur général, la question du vin libre. On sait
que tout récemment, il y a à peine un mois, la régie
rendait public son rapport sur le phénomène du vin libre. Je ne
voudrais pas tenter de résumer le rapport qui est relativement
volumineux. La solution proposée était l'émission d'un
permis de restaurant pour vendre, d'un permis de restaurant pour servir, les
deux permis étant exclusifs. Grosso modo, du côté des
restaurateurs qui détiennent évidemment un permis pour vendre, on
a plutôt montré une insatisfaction quant au rapport. Cependant, du
côté des restaurateurs ou pratiquants de vin libre, on s'est
montré relativement satisfait des conclusions du rapport. J'ai cru noter
qu'un autre comité avait été formé par le ministre,
sauf erreur, un comité interministériel, pour étudier les
conclusions du rapport et, sauf erreur, selon le communiqué qu'avait
émis le Solliciteur général, je crois que son rapport
était attendu pour le mois de juin.
J'aimerais quand même, au-delà de ces comités, qu'on
puisse échanger des propos un peu ensemble là-dessus, M. le
Solliciteur général. Est-ce que vous êtes, grosso modo,
favorable aux conclusions du rapport?
Concept du vin libre
M. Latulippe: Je suis heureux de la question de mon
collègue de Taillon parce que cela me permet de pouvoir discuter avec
lui non seulement du concept du vin libre, mais plutôt de la source.
Pourquoi a-t-on vécu, pourquoi vivons-nous aujourd'hui avec ce
réseau, qui est quand même assez limité jusqu'à
maintenant - il est plutôt concentré dans l'espace - le
réseau de restaurants qui acceptent le vin libre? Cela veut dire que les
gens peuvent apporter leur bouteille de boisson et consommer sur place. Je
pense que la source du problème vient du prix des vins. Je pense qu'on
peut facilement dire qu'au Québec le prix des vins dans nos restaurants
est très élevé. Le rapport en a fait clairement
état. Pour déterminer le prix des vins, selon la façon
dont on fonctionne dans notre réseau de restauration, on prend le prix
de base payé à la régie et on le multiplie par deux et
souvent même par trois. Cette situation est différente, dans
d'autres provinces, entre autres, en Colombie
britannique. Le fait que nous payons des prix assez élevés
pour les vins a donné ouverture - il y a eu, à un moment, une
coquille dans la loi - au phénomène du vin libre, une ouverture
à un type de restauration qui est différent, pour permettre aux
gens, à certaines personnes de notre société de pouvoir
aller au restaurant, de pouvoir aller dans des quartiers spécifiques de
Montréal et d'y consommer du vin à meilleur coût, de
pouvoir faire un choix quant au mode de consommation du vin.
Mais cela remet en question beaucoup de choses. Cela remet en question
le prix des vins. Cela touche plusieurs secteurs d'activité. Cela ne
touche pas uniquement le ministère du Solliciteur général.
Je suis principalement préoccupé par la tranquillité
publique. Il est évident que je suis personnellement... J'ai reçu
le rapport de la commission et j'ai un préjugé favorable pour ce
rapport parce que, d'une part, si on en venait à accepter le concept du
vin libre, il est évident que, pour la tranquillité publique, il
est important que l'on contrôle strictement ce type d'activité.
Cependant, je pense que cela implique aussi d'autres personnes. Cela implique
aussi nos pratiques en matière de petites et moyennes entreprises. Cela
touche directement des petites et moyennes entreprises du Québec.
M. Filion: La formation de votre comité...
M. Latulippe: Si vous me le permettez...
M. Filion: D'accord, mais vu que vous êtes dans ce
propos.
M. Latulippe: ...M. Filion, je vais terminer. Je pense que je
dispose, M. le député de Taillon, encore...
M. Filion: D'accord, mais vu que vous êtes sur ce
sujet.
M. Latulippe: Je voudrais continuer parce que je pense qu'il est
important que je puisse, devant la commission, exprimer véritablement
l'ensemble du problème. Donc, cela touche les petites et moyennes
entreprises. Cela touche la liberté de concurrence. Cela touche aussi
tout le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, et celui
du Tourisme en particulier parce que ces restaurants sont concentrés
dans des régions, surtout à Montréal, où il y a une
présence importante de touristes. Cela touche aussi le ministère
du Revenu, les pratiques en matière de taxation, le coût de la
taxation. C'est pour cela que j'ai voulu m'associer à d'autres
ministres, aux ministres qui sont spécifiquement concernés, que
ce soit M. Picotte, M. Daniel Johnson, au ministère de l'Industrie et du
Commerce, M. André Valterand, ministre délégué aux
PME ou M. Gratton, du Revenu, pour que l'on puisse avoir une solution qui ne
vise pas uniquement l'aspect du Solliciteur général, qui ne vise
pas seulement l'aspect de la protection de la tranquillité publique,
mais qui vise aussi la problématique plus globale entourant
l'activité économique de la production, de la vente et de la
consommation de boissons alcooliques au Québec.
Donc, je pense que, aujourd'hui, il faut avoir - et je me devais de
l'avoir - une vision plus globale que celle de mes responsabilités
strictes comme Solliciteur général. C'est la raison pour laquelle
je ne suis associé à mes collègues. Nous allons agir
rapidement pour véritablement solutionner le coeur du problème,
celui dont je vous ai fait état tout à l'heure.
M. Filion: M. le Président, je pense que le dossier est
intéressant et il est symptomatique d'une série d'attitudes.
Évidemment, la Régie des permis d'alcool, avec à la
tête - je regardais la signature du rapport - le
président-directeur général, le
vice-président-directeur général adjoint et le
régisseur, dans ce qui m'est apparu, en tout cas, une étude
exhaustive mais, encore une fois, je ne l'ai pas lu en détail...
MM. Laflamme, Laurence et Boulet nous remettent un rapport. Qu'est-ce
que le Solliciteur général fait? II vient de nous le dire. On
crée un comité.
Pour créer un comité on va aller chercher du monde du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, de l'Industrie
et du Commerce - toujours à l'intérieur du gouvernement - un
ministre délégué aux PME, des gens du ministère du
Revenu - on pense aux sous - et, évidemment, c'est le Solliciteur
général qui forme le comité. Mais, est-ce que le ministre
a songé une seule seconde, peut-être, à inclure dans ce
comité au plus sacrant - il n'est pas trop tard pour le faire - des gens
de la Protection du consommateur? Est-ce que les consommateurs ne sont pas une
partie drôlement intéressée au problème du vin
libre? Où sont les représentants des groupes de consommateurs?
D'ailleurs, encore une fois, on reste à l'intérieur du
gouvernement. Alors, est-ce qu'on a peur de sortir à l'extérieur
du gouvernement? Même si on restait à l'intérieur du
gouvernement, pourquoi ne pas inclure des gens délégués
par le ministre responsable de la Protection du consommateur?
Si on prend la peine d'aller chercher des gens, imaginez-vous, du
cabinet du ministre délégué aux PME qui n'a pas de
ministère, lui, à part cela, mais à qui on demande quand
même des ressources pour assister à des réunions une fois
par trois semaines sur le rapport sur le vin libre, pourquoi pas des gens
délégués par le
ministre responsable de la Protection du consommateur?
M. Latulippe: Je voudrais...
M. Filion: Deuxièmement, toujours sur ce comité.
J'ai retrouvé le communiqué de presse: Le comité
interministériel aura pour mandat d'étudier la
problématique globale entourant l'activité économique de
la production, de la vente et de la consommation de boissons alcooliques au
Québec. C'est à peu près le mandat qu'avait le
comité. Je pense que le comité interministériel est un
comité gouvernemental. Au lieu d'étudier les
problématiques, il devrait étudier les conséquences
pratiques - et politiques, s'il le veut - des recommandations contenues dans un
rapport préparé par des gens qui possèdent l'expertise
appropriée dans un secteur.
On retrouve un peu partout au gouvernement des comités; ici, ce
ne sont pas des comités de bénévoles, mais c'est ce qu'on
retrouve un peu partout. Là, c'est un autre comité. Une
étude pour faire l'étude de l'étude. C'est la même
chose sur le rapport Beaudry de votre collègue. C'est la même
chose dans les autres commissions parlementaires où on a eu la chance
d'étudier. On fait des rapports sur les rapports des rapports. Mais, il
faut faire attention parce que les comités, à un moment
donné, vont finir par remettre leurs rapports. À ce
moment-là, en dehors des grands discours, il va falloir prendre des
décisions et des bonnes, en concertation avec ceux qui vivent les
réalités.
Et, dans ce cas-ci, pour revenir à la question du vin libre, M.
le Président, je dis ceci: Le consommateur est sûrement une partie
intéressée. Il est remarquable qu'on ait réussi à
inclure des gens du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche dans ce dossier alors qu'il n'y a personne de l'Office de la
protection du consommateur ou du ministre délégué à
la Protection du consommateur.
Quant à faire des comités, vous pourriez peut-être
en faire de bons. (11 h 45)
M. Latulippe: Je comprends les préoccupations de mon
collègue de Taiilon. Je vois qu'il brandit le rapport sur le vin libre.
J'espère que mon collègue l'a lu. J'espère aussi qu'il a
pu lire la table des matières parce qu'il pourra constater que les
consommateurs ont participé. Non seulement ils ont participé,
mais ils ont été entendus devant la commission. Non seulement ils
ont été entendus devant la commission, mais la commission a eu
une oreille très attentive face aux représentations des
consommateurs. Je vous le souligne. C'est même à la page 249 du
rapport, M. le député de Taillon. Je pense que nous avons
été fort conscients de la présence des consommateurs.
D'ailleurs, si vous regardez, il n'y a pas seulement les consommateurs qui sont
impliqués, il n'y pas de restaurateur dans mon comité, il n'y a
pas d'hôtelier. Ces personnes ont été entendues là
où elles devaient être entendues.
Quant au deuxième aspect de votre question, M. le
député de Taillon, oui, le gouvernement libéral n'agit pas
à la hâte, dans la précipitation. Le gouvernement
libéral n'est pas un gouvernement qui improvise, comme on l'a
malheureusement vécu dans les années passées. Oui, quand
nous gouvernons, il est important que nous puissions avoir toutes les facettes
d'un problème. Il est important que nous puissions, entre ministres,
coopérer. Il est important que nous agissions de façon
réaliste, posée, en ayant des solutions qui collent
véritablement aux problèmes. Il est impartant de ne pas
improviser. C'est vrai, M. le député de Taiilon, c'est la
façon dont je procède, c'est la façon dont les ministres
procèdent actuellement. Vous n'avez pas à craindre. Nous
n'arriverons pas avec des solutions improvisées, comme nous l'avons
malheureusement vécu dans les années passées. C'est ce que
les citoyens du Québec cherchent aujourd'hui. C'est la raison pour
laquelle nous avons été élus. C'est la raison pour
laquelle nous continuerons de former le gouvernement.
M. Filion: Pas de décision précipitée, sauf
quand vient le temps d'appliquer les coupures décrétées
par les groupes de bénévoles qui ont décidé de
comprimer les dépenses de l'État. À ce moment, on ne se
gêne pas. On ferme des prisons, rien de moins, pour sauver 200 000 $ par
prison. Là, on en prend des décisions précipitées.
Je l'ai dit tantôt dans mon discours d'ouverture, il est remarquable
qu'à peu près les seules décisions du ministre aient
été prises dans le secteur de la détention. Dans le reste,
je vous le concède, il n'y a pas eu de décision
précipitée. Au contraire, on assiste à une joyeuse
éclosion presque printanière de comités. À peu
près un par semaine. J'en ai fait un petit "listing" de ces
comités. Uniquement en ce qui concerne le Solliciteur
général, ça s'en vient pas pire. Ce que je disais au
Solliciteur général, non pas que ce ne soit pas correct de former
des comités, c'est correct, mais il faudrait s'organiser pour qu'ils
soient bien formés, d'une part. Deuxièmement, il faut s'attendre
que les rapports viennent, à un moment donné.
Maintenant, pour revenir à la question du vin libre, je pense que
le Solliciteur général n'a pas compris ma question. C'est bien
sûr, je l'ai dit tantôt, que ce rapport était exhaustif,
avait fait le tour, avait consulté des gens, mais le mandat que vous
avez donné à votre comité interministériel,
c'est le mandat de refaire tout le tour de la problématique. Si
vous refaites tout le tour de la problématique, incluez le verset des
consommateurs. Dans ce dossier, comme dans beaucoup d'autres, il semble que le
gouvernement du Parti libéral, qui a aboli le ministère de la
concertation, oublie des acteurs importants.
M. Latulippe: Je pense, malheureusement, que mon collègue
de Taillon n'a pas saisi, compris, finalement, l'importance et compris surtout
que, comme gouvernement, le problème du vin libre était pas mai
plus vaste et il a pas mal plus de conséquences que de tout simplement
penser aux gens ou aux personnes qui se présentent avec leur bouteille
de boisson dans un restaurant rue Dulude. C'est un problème, M. le
député de Taillon, qui est plus vaste que ça, qui est plus
global que ça, qui implique notre politique sur la façon dont on
établit le prix des vins, qui est plus général, qui
implique aussi toute la question de l'application de la loi, la LIMBA, parce
qu'il est important que nous soyons sévères dans cette
application de la loi.
C'est un problème qui est plus global, qui est plus complexe que
ce que vous mentionnez. Je vous convie à passer à travers le
rapport, parce qu'il est certain que ce rapport nous amène des
éléments intéressants sur la situation. Mais justement, la
solution implique d'autres personnes, d'autres ministères. C'est une
solution qui viendra de façon raisonnable, dans les mois qui viennent,
solutionner le problème auquel on a fait référence.
M. Filion: M. le Président, en ce qui concerne le prix des
vins, il faut dire que les taxes additionnelles décrétées
par le Conseil des ministres n'aident pas à régler cet aspect de
la disproportion qui existe dans le prix des alcools au Québec et
ailleurs.
Je suis content que le Solliciteur général soit sensible
à cette question. Peut-être que son collègue du Revenu, le
ministre des Finances, va vouloir nous lever d'autres impôts sur les
biens dits luxueux. On dit: C'est luxueux, l'alcool et le tabac. Mais on a
même taxé l'essence; c'est plus malheureux. L'alcool et le tabac
sont des biens luxueux, on y va'.
Je pense qu'on est rendu les champions. Votre gouvernement a
donné une joyeuse escalade aux prix de l'alcool et du vin. En ce sens,
M. le Président, je suis heureux de voir que le Solliciteur
général est sensible à cette dimension. Le ministre des
Finances nous annonce le budget pour le 1er mai ou une autre date; Je ne sais
pas si cette affaire est réglée, mais peu importe, autour du 1er
mai; cela va être réglé cet après-midi. On va avoir
le discours sur le budget du ministre des Finances.
Cela va se discuter un petit peu, j'espère, au Conseil des
ministres et non pas juste dans les comités de sages
bénévoles, pour qu'on puisse commencer à songer à
ces questions. N'importe lequel d'entre nous qui aime un peu le vin constate,
en allant aux États-Unis, une disproportion incroyable de prix pour les
bouteilles de vin. Quand on va dans les autres provinces, c'est la même
chose.
Je lisais un article de la Gazette - je ne sais pas si le Solliciteur
général est au courant - du 22 mars, en ce qui concerne la
contrebande de l'alcool. Cet article fait état d'un problème de
contrebande de boissons alcooliques entre le Québec et le New Hampshire.
Pourquoi? Ce n'est pas compliqué. C'est parce que cela coûte
mauditement moins cher là-bas.
Si on est capable de remplir de gros camions et d'amener cela au
Québec, cela devient un commerce bien sûr illégal, mais
fort lucratif. Ce seraient des Québécois qui, selon l'article,
importeraient de l'alcool obtenu à prix prohibitif aux États-Unis
pour faire un profit considérable en le revendant au Québec.
En ce sens, je veux demander au Solliciteur général s'il
est au courant de cet aspect du problème, c'est-à-dire de la
contrebande de l'alcool. Qu'est-ce qu'il entend faire, étant
donné qu'il assume également les deux responsabilités,
celle de la sécurité et celle de la régie des permis
d'alcool. II doit avoir réfléchi à ce problème.
Est-ce qu'il y a un comité en marche? Qu'est-ce que le ministre a fait
ou qu'est-ce que le ministre entend faire concernant le problème de la
contrebande de l'alcool qui, M. le Président - je pense que c'est
important de le souligner - a des effets non pas théoriques, mais des
effets concrets sur le marché québécois et qui affectent
les gens?
Encore une fois, quand on regarde ce qui se passe en Europe,
notamment... Parce que la qualité de cet alcool est un point
d'interrogation. On sait ce qui s'est passé avec le vin italien. Je suis
sûr que les gens à la régie, notamment, doivent
connaître ce dossier 100 fois plus que moi. En Europe, cela a
causé beaucoup de problèmes.
En ce sens, quelles sont les actions qu'a posées le ministre
concernant la contrebande de l'alcool et quelles sont ses intentions à
propos de ce dossier?
M. Latulippe: Je voudrais revenir un peu en arrière sur le
discours fleuve de mon collègue de Taillon. Lorsqu'il a dit: On est
devenu au Québec des champions en matière de taxes. Oui, c'est
vrai pour le gouvernement précédent. Vous êtes devenus des
champions en matière de taxes. Oui, ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on
paie notre vin... Je suppose que le député de Taillon,
même
lorsqu'il n'était pas à l'Assemblée nationale,
buvait aussi du vin. Je suppose que le député de Taillon, il y a
quelques mois, allait aussi au restaurant et constatait aussi, à
l'époque, que le prix des vins au Québec était très
élevé. Je suppose aussi que le député de Taillon,
à l'occasion - je vois qu'il a voyagé au New Hampshire ou
ailleurs - a pu constater...
M. Filion: Je ne sais pas pourquoi le Solliciteur
général fait une réflexion sur un voyage au New Hampshire.
Quiconque a été le moindrement attentif à mes
propos...
M. Latulippe: Je voudrais répondre au discours fleuve.
M. Filion: Je n'ai jamais dit que j'avais été au
New Hampshire.
Le Président (M. Marcil): Le ministre a la parole. Est-ce
qu'on peut lui permettre de continuer?
M. Latulippe: Effectivement, vous étiez les champions de
la taxation au Québec. Vous parliez, dans votre discours fleuve, de la
création de quelques comités qui vont, à très court
terme, régler des problèmes importants. Mais que dire du nombre
effarant Je pourrais vous en faire la liste éventuellement - de
commissions d'enquête de toute nature que le gouvernement
précédent a faites, refaites et "rerefaites" sans résultat
concret. Je pense que nous avons entrepris une démarche tout à
fait différente.
Enfin, pour répondre à votre troisième
préoccupation, je peux vous dire que je suis également
préoccupé par la situation dont vous faites état, en
rapport avec le commerce peut-être illégal de boissons
alcooliques. Je pense que le problème existait probablement et
même certainement auparavant. Je vous le dis, c'est un des facteurs qui
me préoccupent. Nous sommes à regarder comment la LIMBA, la loi
pourrait être amendée dans le but, finalement, d'en arriver
à des restrictions beaucoup plus fortes, dans le but de donner des dents
à cette loi pour contrôler toute situation illégale qui
pourrait survenir en rapport avec le commerce des boissons alcooliques.
M. Filion: Est-ce que le ministre a posé des gestes? C'est
cela, ma question.
M. Latulippe: Les gestes que nous sommes en train de poser, c'est
effectivement de revoir les dispositions de la loi, les dispositions de la
LIMBA, et, en temps et lieu, nous serons en mesure de faire les annonces
pertinentes pour faire en sorte que cette loi ait beaucoup plus de dents, ait
beaucoup plus de mordant pour être en mesure de contrôler les
situations dont nous avons hérité du passé.
Le Président (M. Marcil): Est-ce qu'on peut permettre au
député de Mille-Îles d'intervenir?
M. Filion: Oui, avec grand plaisir.
M. Bélisle: Dans la même veine que ce que le
député de Taillon vient de nous souligner relativement à
la contrebande, ce qui m'intéresse, M. le Solliciteur
général, c'est surtout l'aspect général des
infractions à la Loi sur les permis d'alcool. J'ai été
estomaqué d'apprendre, la semaine dernière, à la
commission du budget et de l'administration, que d'autres infractions, à
la loi sur les loteries... le président de Loto-Québec a fait
savoir en commission parlementaire qu'il y avait au-delà de 600 000 000
$ par année de manque à gagner à cause des jeux
illégaux dans notre société.
Ma question est la suivante. Je voudrais savoir si vous possédez
des estimations de pertes de revenus gouvernementaux quant aux infractions qui
peuvent se produire présentement dans notre société
relativement à la Loi sur les permis d'alcool. Autrement dit, est-ce
qu'il y a un manque à gagner important de la part du gouvernement du
Québec à cause d'infractions dont vous avez connaissance ou dont
vous présumez l'existence qui nous empêchent de toucher des sommes
importantes?
M. Latulippe: C'est même la Société des
alcools qui a procédé à certaines évaluations. Le
fisc perd au-delà de 50 000 000 $ par année, selon les
évaluations de la Société des alcools, en rapport avec les
infractions à la LIMBA. C'est la raison pour laquelle nous devons
procéder à des amendements à cette loi pour qu'elle ait
véritablement des dents, et dans le but d'avoir tous les moyens à
notre disposition de l'appliquer, pour éviter que se continue cette
situation héritée du passé. (12 heures)
M. Bélisle: Une dernière question, M. le
Solliciteur général. Je vois que le budget à
l'élément Contrôle des permis d'alcool est de 4 776 000 $
pour l'année 1986-1987. Serait-il possible de nous dire - on parle
toujours, bien entendu de bénéfices économiques -quels
sont les revenus perçus par le contrôle des permis d'alcool au
Québec, en contrepartie? II y a le coût du programme, il y a aussi
le bénéfice. Moi, j'aimerais faire mon petit rapport
coûts-bénéfices pour mon information personnelle.
M. Latulippe: II y a deux facteurs dont on doit tenir compte: les
permis, d'une part, et ce que la Société des alcools
perçoit en
conséquence de l'application de la loi. Les permis: nous pouvons
chiffrer à 7 900 000 $; ce que la Société des alcools
perçoit, c'est aux alentours de 40 000 000 $. On se rend bien compte que
quand vous faites cette analyse coût-bénéfices, avec le
budget que nous allouons à la commission, c'est très positif.
M. Bélisle: Merci, M. le Solliciteur
général.
Le Président (M. Marcil): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. Filion: J'ai cru comprendre que vous avez soulevé la
question des revenus des jeux illégaux en mon absence. C'est cela?
M. Bélisle: Alors que vous étiez absent de la
Chambre, M. le député de Taillon, oui, j'ai soulevé la
même question que nous avons eue la semaine dernière à la
commission du budget et de l'administration.
M. Filion: D'accord. Je voudrais...
M. Bélisle: Nous avons appris qu'il y a avait
au-delà de 600 000 000 $ dans les jeux illégaux, qui
étaient perdus par le Québec à chaque année.
Lorsqu'on parle de restrictions budgétaires, comme vous devez bien le
comprendre, c'est très important de voir où nous pouvons ramasser
les sous supplémentaires pour des services de base.
M. Filion: J'ai des questions sur cet aspect. Je vais les poser,
si tout le mande est d'accord, quand nous serons rendus au bon programme.
M. Bélisle: C'est votre interprétation, M. le
député de Taillon.
M. Filion: Si nous étions à la commission de...
Comme je vous le dis, j'ai des questions prévues là-dessus.
Alors, je vais attendre un peu plus tard cet après-midi.
Le Président (M. Marcil): II a seulement fait un
rapprochement avec les contraventions aux permis d'alcool, les pertes
d'argent.
M. Filion: En ce qui nous concerne, M. le Président, nous
sommes prêts à adopter le programme 2.
Le Président (M. Marcil): Vous êtes prêts
à adopter le programme 2?
M. Filion: Je ne sais pas si... Oui, d'accord.
Le Président (M. Marcil): Adopté. Nous passons au
programme no 3.
M. Filion: Au programme 3...
Le Président (M. Marcil): Garde des détenus et
réinsertion sociale des délinquants.
Garde des détenus et réinsertion sociale
des délinquants
M. Filion: D'abord, je voudrais savoir du Solliciteur
général quel est l'état de la surpopulation à la
prison de Bordeaux. J'aimerais qu'il me donne les chiffres sur la situation
réelle à la prison de Bordeaux. Ensuite, peut-être du
même souffle, pour éviter deux séries de recherche,
à Orsainville.
Je suis tout surpris de voir le temps que cela prend pour faire le point
sur une question aussi importante, fondamentale.
M. Latulippe: C'est bien certain que c'est une question
importante et fondamentale, mais c'est aussi une question qu'il faut voir sous
différents angles. D'abord, si on nous parle de surpopulation, il est
important que mon collègue de Taillon connaisse l'état de la
situation dans l'ensemble du Québec. Il est important de savoir que,
dans l'ensemble du Québec, nous avons dans notre système
carcéral 3105 places, pour l'information du député de
Taillon. Il est impartant aussi qu'il connaisse qu'en moyenne nous utilisons
2600 places sur ces 3105. Il est important aussi de savoir que la région
de Québec, puisqu'il m'a posé la question sur Québec, se
conçoit comme une région, c'est la région administrative
03, que cette région comprend 500...
M. Filion: M. le Président...
M. Latulippe: ...centres de détention...
M. Filion: ...ma question porte sur Bordeaux et Orsainville.
M. Latulippe: Non, la question porte sur le centre de
détention de Québec...
M. Filion: Non, non, ma question...
M. Latulippe: ...et sur Bordeaux. Il est important...
M. Filion: Ma question porte sur Bordeaux et Orsainville.
M. Latulippe: ...que mon collègue puisse avoir une vision
réelle de la situation et puisse comprendre comment on fonctionne dans
notre système carcéral. Effectivement, par exemple dans la
région de Québec, les besoins en matière
d'incarcération doivent se compter en fonction de la région
elle-même et non pas uniquement centre par centre. Dans la région
de Québec... Il y a beaucoup
d'impacts dans cette question, M. le député de Taillon.
Maintenant...
M. Filion: Ma question est simple, M. le Président, quand
même.
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Filion: On a uniquement cinq heures à accorder à
nos travaux. Je pose une question très précise au Solliciteur
général et il est en train de me...
M. Bélisle: Question de règlement, M. le
Président.
M. Filion: ...donner un cours sur l'organisation des prisons et
l'organisation...
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît. À
l'ordre!
M. Filion: ...des régions au Québec.
M. Bélisle: Question de règlement, M. le
Président.
M. Filion: Je connais les régions au Québec, M. le
Solliciteur général.
M. Bélisle: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Oui, M. le député
de Mille-Îles, sur votre question de règlement.
M. Bélisle: M. le Président, je me vois contraint
de rappeler au député de Taillon trois articles du code, les
articles 287, 284 et 209. Si une question est posée, le ministre a tout
son temps de réponse et jusqu'à 20 minutes pour y
répondre. En plus, l'article 287 nous dit très bien qu'il peut
intervenir aussi souvent qu'il le désire quand une question lui est
posée lorsqu'il est en étude des crédits. Alors, la
question mérite une réponse. Malheureusement, si c'est une
question aussi large qu'une autoroute que le député de Taillon
pose, il faut qu'il s'attende à recevoir une réponse aussi large
qu'une autoroute. Alors, qu'il patiente en permettant au Solliciteur
général de répondre.
M. Latulippe: Si on revient aux centres de
détention...
M. Filion: M. le Président, je veux juste relever dans les
propos du député de Mille-Îles...
Le Président (M. Marcil): Est-ce que c'est une question
de...
M. Filion: Ma question n'est pas large comme une autoroute, au
contraire. Elle est très précise. Si vous voulez, on peut faire
une petite maïeutique ensemble, on va commencer avec le nombre de cellules
à Bordeaux, cela va aller plus vite. Je vais vous poser des questions
précises, si vous aimez mieux cela...
M. Latulippe: M. le Président, j'aimerais...
M. Filion: ...pour arriver à avoir la lumière.
M. Latulippe: ...être en mesure de terminer ma
réponse à mon collègue de Taillon.
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît! On va laisser ta chance au ministre de terminer sa
réponse.
M. Latulippe: Donc, on va y arriver. Quand on regarde la
région de Québec qui comprend plusieurs centres, nous avons 612
places. Quand on regarde le centre de détention de Québec, en
particulier, il y a 505 cellules. Quand on regarde les besoins de la
région de Québec, de la région 03, on se rend compte que
489 cellules sont requises sur une base annuelle pour répondre à
la demande. Nous n'avons pas de surpopulation dans la région de
Québec. Nous n'avons pas de surpopulation à Québec. Il ne
faut pas générer des craintes inutiles, bien au contraire. Nos
équipements carcéraux sont amplement suffisants dans la
région 03, même en l'absence de la prison de
Saint-Joseph-de-Beauce. En ce qui concerne la situation à Bordeaux en
particulier, actuellement je peux vous dire qu'il y a, au moment où on
se parle, une population interne de 797 personnes. Je peux vous dire que la
capacité de Bordeaux est de 850 places. I! ne faudrait certainement pas
tenter de faire croire à la population que nous vivons au Québec
constamment des problèmes de surpopulation dans notre système
carcéral.
M. Fillion: M. le Président, d'abord le Solliciteur
parlait d'offre quand il parlait de places en prison. Pardon, il parlait de
demande. Ce n'est ni une offre ni une demande, c'est une
nécessité. Les gens qui vont là, ce n'est pas parce que la
demande est forte, c'est vraiment parce que c'est une nécessité.
Quand on parle de détention, nous sommes en train d'appliquer,
d'exécuter des ordonnances du pouvoir judiciaire.
Deuxièmement, est-ce qu'il est exact, le Solliciteur
général devrait le savoir-Plusieurs personnes sont
condamnées à des termes de prison dans la région de
Montréal, ils vont tous à Bordeaux. Je l'ai dit tantôt, il
y a des condamnations à des fins de semaine, il y a aussi des
condamnations à de
courtes sentences de prison. Est-ce qu'il est exact que les sentences de
fins de semaine ne sont pas ou presque pas exécutées à
Bordeaux parce qu'il n'y a pas de place? Est-ce qu'il n'est pas exact - on sait
qu'un individu qui est condamné à une peine de prison n'est pas
admissible à une libération conditionnelle avant le tiers de sa
peine -que, dans l'état actuel de la surpopulation à Bordeaux, un
individu sans antécédents judiciaires - prenons un cas simple
condamné à trois mois de prison ne purgera même pas le
tiers de sa peine, faute de place? Si on veut raccourcir encore plus, prenons
une sentence de 45 jours de prison continue ordonnée par
l'autorité judiciaire -cet individu devrait normalement purger 15 jours
de prison n'étant pas admissible à une libération
conditionnelle - est-il exact qu'à cause de l'état de
surpopulation que le Solliciteur général nie, si je compends bien
sa réponse... Vous avez nié tantôt qu'il y a un état
de surpopulation à Bordeaux et à Orsainville, si j'ai bien
compris votre réponse.
M. Latulippe: Les sentences intermittentes, dans un premier
temps, c'est votre première question, à Bordeaux ou ailleurs,
sont actuellement exécutées toujours dans les limites de la
capacité de Bordeaux.
Votre deuxième question sur les libérations
conditionnelles, je peux vous dire -j'espère que mon collègue de
Taillon est au courant - que nous avons effectivement, dans nos centres de
détention, des programmes d'absence temporaire et que ces programmes
permettent aux détenus qui n'ont pas nécessairement purgé
effectivement le tiers de leur sentence mais qui peuvent, dans un but de
réinsertion sociale, être en situation d'absence temporaire... ce
sont là des programmes qui s'appliquent équitablement pour toutes
les sentences, quelle que soit leur durée. Ce sont là des
programmes qui sont nécessaires pour la réinsertion sociale des
détenus. Vous savez, M. le député de Taillon - je l'ai dit
au début - les détenus dans nos centres de détention au
Québec ne sont pas des personnes qui, généralement, sont
dangereuses. Ce sont des personnes qui ont beaucoup plus besoin de l'aide de la
société et de l'appui de la communauté. La philosophie
carcérale de la séquestration la philosophie carcérale de
garder le monde en dedans, surtout dans les cas où il s'agit de
détenus ou de personnes qui sont condamnées à des peines
légères, c'est fini au Québec. Je pense que, pour la
meilleure protection du public, pour éviter la récidive des gens,
il faut les réinsérer socialement. Quant à moi, les
programmes d'absence temporaire, les programmes d'alternative à
l'incarcération, ce sont des moyens non seulement d'aider les
détenus à se réinsérer socialement, mais ce sont
aussi des moyens de protéger la société, parce qu'une
personne que l'on réinsère dans la société, c'est
une personne qui ne sera plus, qui ne sera jamais un récidiviste. (12h 15)
M. Filion: M. le Président, les beaux discours, nous en
sommes, je l'ai dit tantôt. Les ressources alternatives à
l'emprisonnement, c'est clair. D'ailleurs, vous vous inscrivez parfaitement
bien dans la foulée de tout ce qui a été fait au
Québec par vos collaborateurs dans les années passées.
C'est clair, par exemple, que le travail de la Commission
québécoise des libérations conditionnelles est excellent.
C'est clair en ce qui concerne le programme d'absence temporaire ou le
programme de congé humanitaire - je pense que c'est ainsi qu'on
l'appelle au ministère - que ce sont des programmes qu'il faut mettre de
l'avant. Ce que j'essaie d'expliquer au Solliciteur général, pour
essayer de voir s'il en est conscient, c'est d'abord - c'est cela qui est
inquiétant... D'après vous, M. le Solliciteur
général, est-ce qu'il existe un problème de surpopulation
à Bordeaux, oui ou non? Et un problème de surpopulation doit se
comprendre comme suit. Tantôt, vous m'avez dit, concernant les sentences
de fin de semaine, qu'elles sont purgées, mais dans la limite de la
capacité de Bordeaux; ensuite, en ce qui concerne les courtes sentences,
dans la limite de la capacité de Bordeaux. Mais ma question porte
précisément sur la limite des grandes prisons
québécoises que sont Bordeaux et Orsainville. Dans ce
sens-là, pour mettre un peu le Solliciteur général sur la
piste - on évalue, grosso modo, à 830 ou 850 le nombre de
cellules à Bordeaux - est-ce qu'il n'est pas exact que, dans une
situation normale - je ne dis pas des programmes de congé humanitaire et
des programmes d'absence temporaire - le nombre de détenus - je ne parle
pas en l'absence d'application de ces programmes - serait d'environ 1300?
Est-ce que c'est possible si les sentences de fin de semaine étaient
appliquées et si les courtes sentences étaient
exécutées, dans la proportion d'un tiers, c'est-à-dire
dans la proportion, grosso modo, prévue par la loi?
M. Latulippe: Je voudrais soulever un point en réponse
à la question du député de Taillon. Quand le
député de Taillon nous dit que les alternatives à
l'incarcération, dans le passé, ont été
développées, je peux lui dire que ce n'étaient pas
véritables alternatives à l'incarcération. Dans plusieurs
cas, ces mesures ont été utilisées comme des additions
à l'incarcération. On incarcère au Québec autant
qu'on incarcérait il y a dix ou quinze ans.
Ce qu'il faut faire, les orientations qu'on doit prendre, c'est que ces
mesures deviennent de véritables alternatives à
l'incarcération. Deuxièmement, en ce qui concerne la
surpopulation des prisons et, en
particulier dans la région de Montréal, il est
évident qu'à certains moments durant l'année, il peut
survenir et il survient, à Montréal ou ailleurs, une
surpopulation. Il arrive certaines périodes durant l'année
où il y a un surplus de détenus. Mais, vous savez, on ne
construit pas un pont parce qu'il y a du trafic à 17 heures. Je ne
construirai pas une prison juste parce que pendant un mois ou trois semaines,
il y a quelques détenus de plus. Je préfère prendre ces
sommes d'argent, M. le député de Taillon, pour la
réinsertion sociale des détenus tout au long de
l'année.
M. Filion: Alors, est-ce que c'est nécessaire de fermer
des prisons, par exemple? C'est cela la question, M. le Président. On a
besoin - et le Solliciteur général en a besoin, étant
donné l'importance de ses fonctions - d'un peu de cohérence. II
nous dit et nous le répétons: il faut développer des
ressources alternatives à l'incarcération.
D'ailleurs, soit dit en passant, je n'ai rien vu dans ses budgets qui
soutienne une intensification des ressources alternatives à
l'incarcération. On y viendra un peu plus tard. Mais rien dans les
budgets soutient de façon substantielle l'intensification des efforts du
ministère dans les ressources alternatives à
l'emprisonnement.
Deuxièmement, je l'ai dit tantôt, il n'y a rien de concret
pour aller plus loin que ce qui a été fait par le gouvernement
précédent en matière de ressources concrètes
alternatives à l'emprisonnement. Quand le ministre nous dit, et c'est
incroyable, que le programme de travaux communautaires n'est pas une
alternative à l'emprisonnement, franchement; et quand on pense
également à la création de la Commission
québécoise des libérations conditionnelles, ce sont
là des actions concrètes visant à permettre une solution
autre que l'emprisonnement pour les détenus.
Or, d'une part, M. le Président, il y a une incohérence
à ce niveau, comme je l'ai dit dans mon discours d'ouverture; le
ministre met ses bas après ses souliers. Parce que dans ce cas-ci, ce
qu'il aurait fallu faire aurait été fort simple:
développons ces ressources alternatives à l'emprisonnement et
ensuite on pourra regarder ce qui se passe du côté des prisons.
Encore une fois, le rôle du ministre, je l'ai dit tantôt... Mais un
juge du tribunal de la Cour des sessions de la paix, n'importe où au
Québec, ou d'une Cour supérieure, qui condamne un individu
à la prison, tient compte de différents facteurs. Il tient compte
des possibilités de réinsertion dans la société. Il
tient compte de ce qu'on appelle tous les facteurs subjectifs, y inclus la
réhabilitation de l'accusé et du détenu. II tient compte
de ce facteur mais il tient aussi compte des facteurs dissuasifs, comme on les
appelle, facteurs importants pour la protection de la
société.
Quand un juge, quel qu'il soit, au Québec - et encore une fois,
ce sont là nos règles de droit, à moins que le Solliciteur
général veuille les changer, auquel cas il devrait en parler
à son collègue, le ministre de la Justice - ordonne
l'incarcération d'un individu pour une certaine période de temps,
à ce moment, le pouvoir judiciaire s'attend que le pouvoir
exécutif représenté par le Solliciteur
général, remplisse sa partie des obligations. Je veux bien qu'on
tienne compte des moyens et je suis tout à fait d'accord avec les
programmes qui peuvent exister à l'intérieur du système
carcéral pour favoriser la réinsertion des détenus, au
lieu de l'emprisonnement strict. On le sait, c'est évident que les
prisons ne sont pas le meilleur endroit pour réhabiliter les gens.
Idéalement, ce devrait être au chaud, mais en attendant,
des prisons, que voulez-vous, il en faut quelques-unes. Il en faut. Le
Solliciteur général a la responsabilité uniquement des
prisons, non pas la responsabilité des pénitenciers. C'est
évident que dans les prisons, on trouve des individus qui sont
condamnés moins lourdement que dans le cas des pénitenciers.
Mais, un peu de cohérence de la part du Solliciteur
général! Qu'il développe d'abord ses ressources
alternatives. Qu'il règle son problème de surpopulation, auquel
il ne m'a toujours pas répondu, à moins qu'il fasse l'autruche
sur les problèmes à Bordeaux, qui sont pourtant de
notoriété publique dans les milieux judiciaires. Et ces
problèmes de surpopulation à Orsainville aussi. Avant de fermer
des prisons ailleurs, ce qui va venir par la force des choses aggraver le
problème de la surpopulation, je pense que le ministre aurait dû
vérifier l'état, les données factuelles de la situation.
I! aurait dû regarder la réalité en face au lieu de se
lancer dans de grands discours pour l'humanisation des prisons et après
cela, il est incapable de tenir... Parthenais? incroyable! Il faut y avoir
été. Je ne sais pas si le Solliciteur général y est
allé. Ça doit.
Tous les ministres de la Justice avant lui, toutes les autorités
politiques responsables ont décidé de fermer Parthe-nais. Ce
n'est pas facile. Je l'avoue que ce n'est pas facile. J'offre ma collaboration
au Solliciteur général pour trouver une solution. Parce qu'il
faut en construire ailleurs. Curieusement, le Solliciteur général
a dû l'apprendre, les prisons, quand on les ferme les gens n'aiment pas
ça, mais quand vient le temps d'en construire une nouvelle quelque part,
là c'est moins drôle. Il y a l'opinion publique. Il faut tenir
compte de l'intérêt des gens, j'en suis. Quant à son
discours d'humanisation, dans le cas de la fermeture des prisons, j'irai un
peu
plus loin.
Qu'il fasse le tour des six endroits où il vient de fermer des
prisons et qu'il vienne me reparler d'humanisation quand on pense aux
inconvénients pour les gardiens de prison, quand on pense, dans certains
cas, aux rénovations qu'avaient faites pas plus tard que l'an dernier
certains directeurs de prison, quand on pense aux programmes de
réinsertion sociale qui pouvaient exister dans ces six endroits et sur
lesquels le ministre vient de mettre la hache de façon
inconsidérée!
J'aimerais bien parler, avant qu'on pousse plus loin la discussion, de
la question de la surpopulation pour qu'on se comprenne. Est-ce que le
Solliciteur général admet, oui ou non, le problème de la
surpopulation à Bordeaux et à Orsainville?
Le Président (M. Marcil): J'aurais une question technique,
avant de débuter, M. le ministre. Il nous reste environ quatre minutes.
Je vais permettre au ministre d'intervenir et le député de
Mille-Îles avait levé la main pour une question. Cela va aller, M.
le ministre?
M. Latulippe: Oui. En ce qui concerne Parthenais, puisque mon
collègue y a fait référence, il aurait dû être
le conseiller de l'ex-ministre de la Justice et de l'ancien ex-ministre de la
Justice, autant le chef de l'Opposition actuelle, autant M. Bédard, qui
avaient annoncé à plusieurs reprises la fermeture de Parthenais.
Il aurait dû être auprès d'eux à ce moment pour leur
faire savoir comment solutionner le problème de Parthenais.
M. Filion: Ils ne l'ont pas abandonné, eux, par
exemple.
M. Latulippe: Mais, monsieur...
M. Filion: II n'ont pas abandonné; ils n'ont pas
jeté la serviette.
M. Latulippe: ...j'aimerais être en mesure de terminer.
M. Filion: Ce que le Solliciteur général actuel
fait.
M. Latulippe: Quand mon collègue de Taillon parle de
surpopulation et essaie de monter cela en épingle, il faudrait
rétablir les faits. Il faudrait peut-être aussi que mon
collègue prenne son crayon et son papier pour compter, parce
qu'effectivement il y a 3105 places au Québec. Il y a 29 centres de
détention. Les fermetures que l'on s'apprête à faire ne
touchent, compte tenu des réaménagements, que 47 places sur
3105.
Il ne faudrait pas commencer à exagérer la situation quand
on regarde pourquoi on ferme ces centres, quand on regarde les besoins
régionaux. J'ai fait état, tout à l'heure, de la situation
dans la région de Québec.
M. Filion: C'est incroyable, M. le Président! Il n'est pas
en train de me dire -juste pour qu'on se comprenne - qu'il y a juste 47 places
dans les six centres de détention.
M. Latulippe: M. le Président, j'aimerais bien que mon
collègue...
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Taillon et M, le ministre, à l'ordre! On va permettre au ministre de
terminer sa réponse.
M. Latulippe: Quand on regarde la situation, comme on l'a vu dans
la région de Québec, où effectivement, on est en mesure de
satisfaire les besoins de détention, quand on regarde en plus les
institutions qu'on ferme quand on regarde le type de centres de
détention que défend mon collègue... À
Saint-Joseph-de-Beauce, par exemple, le centre a été construit en
1860; à Trois-Rivières, en 1815; à Joliette, en 1860. Mon
collègue aurait dû faire partie d'un gouvernement du XIXe
siècle. Je pense qu'il fait un débat qui aurait valu au XIXe
siècle. Mais pas aujourd'hui, au moment où on se parle. Je
suppose que mon collègue a dû visiter certains de ces centres.
Est-il en mesure de nous dire que la façon dont ces centres sont
construits, sont constitués, que les équipements qu'on y retrouve
sont encore valables, compte tenu de la philosophie carcérale qu'on doit
avoir au XXe siècle, en 1986? Quand il n'y a pas de toilettes, quand il
n'y a pas de lavabos, quand il n'y a pas de salles communautaires, pensez-vous
qu'on peut, dans ce type de prison du XIXe siècle, être en mesure
d'avoir véritablement une philosophie moderne de réinsertion
sociale?
Parlons-en de la réinsertion sociale. Justement, en ce qui
concerne particulièrement Saint-Joseph-de-Beauce, c'est vrai qu'il y a
un réseau de programmes de réhabilitation sociale qui sont bons
et qui sont effectivement réalisés dans cette région. Nous
allons les continuer et nous allons les développer. Si cela s'est
développé dans la Beauce, c'est que nous avions là une
communauté qui était favorable à la réinsertion
sociale, une communauté qui ne se basait pas uniquement sur des
équipements du XIXe siècle, mais une communauté qui
était apte à contribuer au développement de ses
détenus.
Je terminerais sur certains points. Mon collègue se porte
à la défense d'une prison comme Percé. Savez-vous combien
cela coûte à Percé? Cela coûte 150 000 $ la place et
il y a deux cellules qui sont utilisées.
M. Filion: C'était un engagement du Parti
libéral.
M. Latulippe: Cela coûte 150 000 $ la place et mon
collègue de Taillon se porte à la défense de coûts
semblables. À Mont-Laurier, savez-vous combien cela nous coûte par
jour pour maintenir un détenu? Plus de 200 $ par jour pour garder un
détenu dans la prison de Mont-Laurier.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, ai vous voulez
conclure, compte tenu que le temps s'écoule.
M. Latulippe: En conclusion, je pense que nous avons fait des
choix qui étaient raisonnables, des choix qui tenaient compte de la
population carcérale et, surtout, des choix qui mettaient de l'avant
notre désir de réinsertion sociale des détenus au
Québec.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre. Nous
allons continuer les travaux cet après-midi avec la question du
député de Mille-Îles. Cela va?
M. Filion: À quelle heure?
Le Président (M. Marcil): Immédiatement
après la période des questions.
(Suspension de la séance à 12 h 32)
(Reprise à 15 h 41)
Le Président (M. Marcil): Nous reprenons les travaux de la
commission. Lorsque nous avons ajourné, nous nous étions entendus
pour laisser la parole au député de Mille-Îles.
Services correctionnels
M. Bélisle: M. le Président, ma question s'adresse
au Solliciteur général relativement au programme 3,
élément 1, Services correctionnels, où je vois qu'il y a
une diminution du montant des crédits demandés de 101 086 000 $
en 1985-1986 à 97 300 000 $ en 1986-1987, soit une diminution de 3 700
000 $ approximativement.
M. Filion: Est-ce qu'on a quorum?
Le Président (M. Marcil): Nous sommes cinq.
M. Filion: Nous sommes quatre.
Le Président (M. Marcil): Non, le député de
Richmond...
M. Filion: Ah! c'est vrai! D'accord.
Le Président (M. Marcil): ...le député de
la... Nous sommes cinq.
M. Filion: Oui, j'avais oublié le député de
Sainte-Marie. Je m'excuse, M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Non, cela va, M. le député de
Taillon. Est-ce que cela va, M. le Solliciteur général? Je prends
tout simplement le Cahier explicatif des crédits, 1986-1987, à la
première page, secteur institutions pénales, 03, troisième
case, 01, Services correctionnels. C'est le document que vous nous avez remis
que j'ai en ma possession. Est-ce que cela va?
M. Latulippe: Oui.
M. Bélisle: Alors, compte tenu de ce préambule, M.
le Solliciteur général, et compte tenu des remarques faites ce
matin, j'écoutais le député de Taillon parler de -j'ai
noté - "rénovations inconsidérées des directeurs de
prison". J'ai bien écouté, j'ai bien noté au fur et
à mesure que vous donniez cette expression "des rénovations
inconsidérées des directeurs de prison". M. le Solliciteur
général, j'ai entendu dire - c'est peut-être une rumeur non
fondée - qu'à la prison de Trois-Rivières il y a eu des
travaux qui ont été faits l'année dernière non pas
à un coût modique, mais à un coût d'environ 400 000 $
pour le sablage au jet de sable des murs de l'institution. Je crois comprendre
que, cette année, l'institution sera démolie et qu'une nouvelle
institution sera construite à cet endroit. Je me pose la question
suivante: Est-ce que la diminution dans les crédits demandés de
101 086 000 $ à 97 300 000 $, ce sont des économies de cet
ordre-là, des dépenses inconsidérées que vous avez
coupées à ce chapitre?
M. Filion: Je ne veux pas empêcher la réponse du
Solliciteur général; cependant, pour votre information, je n'ai
jamais parlé de rénovations inconsidérées. J'ai
parlé des rénovations, je n'ai jamais dit
"inconsidérées". Alors, quand même, je ne vous
empêche pas de débattre avec le Solliciteur général
de la question de la prison de Trois-Rivières, mais je n'ai jamais
employé cette expression-là. (15 h 45)
M. Latulippe: Je ne débattrai pas à savoir si mon
collègue de Taillon a prononcé ou non ces paroles. Il a
certainement mentionné qu'il y avait eu des rénovations. Je
dirais qu'il y a eu des rénovations considérables et
inconsidérées; en particulier, je vous souligne ce que le
gouvernement péquiste, votre gouvernement, a fait dans les années
passées. Vous savez que j'ai eu à
fermer la prison de Trois-Rivières. Je ne sais pas si le
député de Taillon connaissait Ea situation à la prison de
Trois-Rivières, une prison qui a été construite au
début du XIXe siècle, une prison où les conditions de vie
des détenus à l'intérieur étaient
déplorables, tout à fait déplorables; des conditions de
vie tout à fait inhumaines. Pendant que ces personnes, non seulement les
détenus, mais les travailleurs, les agents de la paix, travaillaient
à l'intérieur de cette prison, le gouvernement passé
trouvait préférable, plus cohérent, de dépenser 400
000 $ durant l'année 1984-1985 pour "sandblaster" les murs de cette
prison du début du XIXe siècle, plutôt que d'investir ces
sommes à améliorer les conditions de vie des détenus
à la prison de Trois-Rivières ou ailleurs.
M. Filion: M. le Président, tout en restant à
l'intérieur du même programme, j'ai peut-être certaines
réflexions parce que je voudrais qu'on étudie un peu plus
certains aspects du programme. Je voudrais souligner ceci: En ce qui concerne
d'abord la prison de Trois-Rivières, sauf erreur, c'est une nouvelle
construction d'environ 11 000 000 $, grosso modo. Or, je ne sache pas, qu'il va
y avoir démolition de l'ancien édifice. Au contraire, j'ai cru
comprendre des découpures de presse que l'ancien édifice va
rester. Je ne sais pas, je n'étais pas là, mais peut-être
que c'est une réponse à la question du député de
Mille-Îles.
Cependant, il y a certaines choses qui valent la peine d'être
mentionnées. À plusieurs reprises depuis le début de nos
travaux, le Solliciteur général a fait mention qu'il s'agit de
vieilles prisons, etc. Je vous ferai remarquer qu'on est ici dans un
édifice qui a lui-même au-delà de 100 ans et que certaines
constructions qui datent, qui ont un petit peu de barbe, dans certains cas
peuvent, à peu de frais, si elles sont bien entretenues, si elles sont
bien rénovées, continuer à jouer le rôle de leur
vacation, en quelque sorte. En deux mots, ce n'est pas parce qu'un
édifice a été construit en 1940 ou en 1840 que pour moi, a
priori, c'est un critère. II faut regarder l'état de
l'édifice et, dans ce cas-ci, l'état de la prison, etc.
J'ai mentionné également - on reviendra à la prison
de Percé - que dans certains cas les fermetures sont faites
contrairement aux engagements précis du Parti libéral durant la
campagne électorale. Cette attitude de mettre de côté les
engagements qu'il a pris pendant la campagne électorale est
généralisée pour le Parti libéral, maintenant qu'il
a pris le pouvoir. Si le Solliciteur général le veut, dans le cas
des prisons,, j'ai encore une fois monté un petit dossier mais je me
dis: Le Solliciteur général n'était pas là et moi
non plus. Donc, prenons le dossier un petit peu à neuf. Cependant, quant
aux engagements de son parti, il faudra que le gouvernement explique à
la population qui, lorsqu'elle se fait raconter des promesses par un parti
politique qui est en quête de votes, écoute... Quand une
population écoute, elle se construit à juste titre des
expectatives, des attentes et, quand celles-ci ne sont pas remplies, on
crée de la frustration. C'est précisément ce que le
Solliciteur général a fait dans son dossier, peut-être
malgré lui, parce que je suis convaincu qu'il n'était pas
à Percé comme les candidats libéraux l'ont
été. II se trouvait impliqué dans cette opération
qui se généralise au gouvernement, pas juste au ministère
du Solliciteur général mais dans l'ensemble des '
ministères, où on a promis des choses à la population et
où on est incapable maintenant de respecter nos engagements et nos
promesses.
Pour ces frustrations, M. le Solliciteur général,
étant donné que vous êtes responsable en plus des corps de
police, je dois vous dire qu'on a un prix à payer en ce qui regarde le
climat social. Le tollé de protestations qui a accompagné vos
décisions de fermeture des prisons n'est pas étranger aux
attentes et à l'expectative que votre parti a créées dans
la population.
Avant de passer à un autre sujet, je voudrais souligner, en ce
qui concerne la surpopulation des prisons - je n'ai pas réussi ce matin
à obtenir des précisions de la part du Solliciteur
général - qu'il y a une distinction à faire entre les
cellules qui sont effectivement occupées à Bordeaux - le
Solliciteur général nous parlait, je pense, d'environ 790, 800 ou
quelque chose comme cela, sur 830 ou 850 - et le bordereau de
dépôt - je ne sais pas si on l'appelle comme ça - en tout
cas, le bordereau de réception ou de dépôt, où on
doit recevoir un certain nombre d'individus qui, comme je l'ai dit ce matin,
nous viennent du pouvoir judiciaire. Encore une fois, je ne sais pas si le
Solliciteur général veut m'apporter des précisions
là-dessus. Ce qui m'intéresse comme chiffres c'est, en ce qui
concerne Bordeaux ou Orsainville, quel est le bordereau en ce qui concerne ces
deux prisons? Est-ce que le ministre est en mesure de répondre à
cette question?
M. Latulippe: Mon collègue de Taillon parle longtemps et
pose plusieurs questions dans son discours. Je voudrais brièvement lui
dire que je suis d'accord avec lui que, lorsqu'un gouvernement gouverne mal,
cela cause des frustrations. C'est pour cela, M. le député de
Taillon, qu'on est au pouvoir depuis le 2 décembre.
Deuxièmement, vous avez parlé de cette enceinte qu'est
l'Assemblée nationale. C'est vrai. Je vous rappelle aussi certaines
modifications: des tuiles à l'entrée de l'Assemblée
nationale, 250 000 $. Vous n'étiez pas là, probablement, M. le
député de
Taillon, et si vous aviez été là vous auriez
convaincu votre gouvernement de ne pas faire de telles dépenses.
Vous parlez aussi du maintien et vous dites: Finalement, des prisons du
début du XIXe siècle, si c'est bien aménagé, on
peut toujours les garder pour quelques siècles à venir. Mais je
voudrais vous souligner que de la construction d'une prison dépend aussi
une philosophie carcérale. À l'époque, M. le
député de Taillon, la philosophie carcérale, au
début du XIXe siècle, était basée sur la
séquestration. Vous avez probablement visité certaines de ces
vieilles prisons. Vous pouvez facilement constater qu'à
l'intérieur de ces prisons, ce n'était pas aménagé
dans le but de favoriser la réinsertion sociale des détenus. Les
nouvelles prisons, celles qui resteront, seront beaucoup plus ouvertes, seront
aménagées avec des aires beaucoup plus ouvertes, avec des aires
où on va pouvoir pratiquer, avoir des programmes occupationnels, des
programmes qui vont nous servir à réhabiliter les détenus.
Lorsque les conditions de vie à l'intérieur de ces centres de
détention sont exécrables, écoutez, une prison peut
devenir une école du crime.
Je pense que ce qui est préférable - et c'est cela qui est
bon socialement - c'est de faire en sorte, autant lorsqu'une personne est
à l'intérieur du centre de détention que lorsqu'elle est
en milieu ouvert, de s'assurer qu'elle va être
réinsérée dans la société. Quand on parle
des centres de détention qui datent d'une centaine d'années, ils
n'étaient pas conçus en fonction des objectifs que l'on a
aujourd'hui, de nos objectifs de réinsérer socialement nos
détenus.
M. Filion: C'est ma dernière question'' Ma question sur le
bordereau à Bordeaux, Montréal et à Orsainville,
Québec.
M. Latulippe: Je répète à mon
collègue de Taillon qu'il arrive à l'occasion qu'il y ait de la
surpopulation dans nos prisons. Je le répète parce qu'il me
repose exactement la même question. Je vais être obligé d'y
répondre encore de la même façon. On ne construit pas un
pont parce qu'il y a du trafic à 17 heures. Je vais encore être
obligé de lui dire qu'effectivement on a 3105 places au Québec
dans les centres de détention et qu'effectivement on en utilise en
moyenne 2600. Je vais aussi être obligé de lui dire que la
protection de la société ne se fait pas uniquement dans les
centres de détention, c'est aussi dans les maisons de transition. On a
un réseau de maisons de transition où les détenus,
où les personnes peuvent séjourner pendant une certaine
période de temps. C'est un milieu plus ouvert, mais on a quand
même là un contrôle strict sur nos détenus. Lorsqu'on
pense à notre système correctionnel, il ne faut pas penser
uniquement en termes de prison, il faut penser en termes d'ensemble du
réseau. Je pense que mon collègue aurait avantage à
actualiser ses nations en matière de philosophie carcérale pour
comprendre que le système est plus complexe, est plus
élaboré que simplement une prison avec des barreaux.
M. Filion: Selon les informations qu'il m'a été
possible de recueillir, je répète ce que j'ai dit ce matin, les
sentences de fins de semaine, les courtes sentences ne sont à peu
près pas exécutées, dû à la surpopulation des
deux prisons que j'ai mentionnées. Vous me dites: II reste de la place.
Cela dépend où il y a de la place. On ne prend pas quelqu'un qui
a été arrêté à Chicoutimi pour l'emmener
purger une peine à Sherbrooke, s'il y a de la place à Sherbrooke.
Cela n'aurait aucun sens. Encore une fois, selon les informations dont je vous
ai livré certaines bribes... Vous me dites: Occasionnellement, il peut y
avoir des problèmes de surpopulation dans les prisons. J'en suis. Cela
peut arriver occasionnellement. Tant mieux, dans le fond, pour les
détenus. Mais il faut penser aux institutions judiciaires aussi.
Pour ce qui est des sentences de fins de semaine, des courtes sentences,
de façon à peu près systématique on a des
problèmes de surpopulation. On ne construit pas un pont parce qu'il y a
du trafic à 8 h 30 et à 17 heures mais, quand la voie principale
est bloquée 24 heures par jour, sept jours par semaine, en bon
administrateur, on cherche à diriger le flot en créant de
nouvelles ressources.
Si le Solliciteur général me dit: Écoutez, on a de
petits problèmes occasionnels, d'accord. Je vais prendre sa parole. Mais
si, comme il semblerait, dans certains milieux - le Solliciteur
général a pratiqué le droit, d'ailleurs, dans la
région de Montréal - systématiquement ou à peu
près, le problème a pris une proportion telle que la
surpopulation est rendue chronique dans ces deux établissements, je
pense qu'il serait malaisé pour lui de me répondre que c'est
juste un petit problème occasionnel. C'est ça que je veux savoir
de vous.
M. Latulippe: Pour ce qui est des sentences intermittentes,
actuellement à Bordeaux, les gens qui ont à les purger les
purgent au rythme d'environ 150 par fin de semaine. Les gens, au fil des
semaines, alternent évidemment. Donc, on doit dire qu'effectivement les
sentences intermittentes sont purgées et chacun vient à son tour,
à toutes fins utiles, au rythme de 150 par fin de semaine. Au niveau des
courtes sentences, je peux vous assurer aussi que les courtes sentences sont
purgées. Mais je dois aussi vous dire que les personnes qui sont
condamnées à de courtes sentences ont aussi
droit aux mêmes avantages, aux mêmes chances, je dirais, que
les personnes qui sont condamnées à de longues sentences.
D'une personne condamnée à une sentence d'un mois,
dira-t-on qu'elle est dangereuse pour une semaine et qu'elle ne l'est plus pour
trois semaines? Est-ce logique de dire lorsqu'on va la prendre et la mettre en
retrait de la société pendant trois semaines ou un mois; Elle a
été dangereuse pendant cette période et elle ne l'est plus
par la suite? C'est notre concept de punition qui doit changer. (16 heures)
Ces gens sont admissibles aux programmes d'absences temporaires, de la
même façon. Ces programmes sont utilisés et ils doivent
être utilisés au maximum. Pour moi, quelqu'un qui a commis un
crime en rapport avec la drogue, qui a pris ou qui a fait du trafic de drogue,
j'aime beaucoup mieux, beaucoup plus, qu'il soit amené à faire
des travaux communautaires, des travaux auprès de personnes qui ont
souffert du problème de la drogue, plutôt que de lui faire purger
une peine d'un mois, de deux mois, de dix mois, d'un an de prison, car il
sortira de là avec les mêmes habitudes de vie qu'il avait au
moment où il est entré.
C'est ce concept de punition - la personne est punie quand même,
mais elle est punie en voyant que le geste qu'elle a posé, que cet acte
criminel posé, a causé des torts dans la société? a
causé des torts aux victimes - ce type de sentence différente,
qui va contribuer à aider ces personnes à changer leurs habitudes
de vie.
C'est le message qu'il faut passer dans la société et
c'est cela que l'on doit de plus en plus implanter dans notre
société. ïl ne faut pas être attaché à
une philosophie du siècle dernier.
M. Filion: M. le Président, concernant tous ces discours,
encore une fois - je l'ai dit ce matin - il y a un problème
sérieux. Les institutions judiciaires sont là pour exercer, pour
appliquer les règles de droit que se donnent les individus en
société. La sentence, à moins que... Le Solliciteur
général, je l'écoute parler; il me dit: Quelqu'un
condamné à dix mois, j'aime bien mieux qu'il aille faire des
travaux communautaires plutôt que de purger une sentence. Cela
m'inquiète.
Ce n'est pas au Solliciteur général à
décider d'une sentence, quand les juges s'appliquent et font des
rapports pré-sentenciels et ont entendu, dans certains cas, le
procès ou entendu les parties. Ce sont les juges qui sont
habilités, au Québec comme ailleurs, à rendre une
sentence. Si un juge condamne un individu à dix ans, je ferais remarquer
au Solliciteur général qu'il n'aura jamais juridiction dans sa
prison sur cette personne; elle va aller dans un pénitencier
fédéral, en vertu de notre système. Je suis inquiet parce
que je participe à la philosophie qui veut que... Je l'ai dit ce matin,
la prison n'est pas, il faut l'admettre franchement, le meilleur endroit pour
réhabiliter les gens, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais, une fois
qu'on sait cela, par exemple, le Solliciteur général a
l'obligation, la responsabilité d'appliquer, comme membre de
l'exécutif, les sentences prévues par les instances judiciaires.
S'il y a des programmes - je les ai mentionnés ce matin - de
congés humanitaires ou de congés temporaires, peu imparte, la
Commission des libérations conditionnelles est là pour jouer son
rôle également, j'en suis, c'est excellent. Mais, encore une fois,
sans avoir réussi à développer d'autres ressources
à l'emprisonnement, le discours du Solliciteur général
m'inquiète à ce stade-ci parce que, encore une fois, il a une
responsabilité. S'il se ferme les yeux sur...
Par exemple, on dit qu'on va mettre à la disposition non pas la
demande parce que l'offre et la demande dans ce milieu... On ne demande pas
fort d'aller en prison. Enfin, on subit le châtiment ou la sentence qu'a
exercée un juge. L'exécutif doit mettre à la disposition
des prévenus et des détenus un équipement suffisant pour
pouvoir recevoir décemment le nombre approprié de personnes qui
sont sentencées. Le Solliciteur général n'est pas
là pour décider si la sentence est bonne ou non. Dans ce cas, ce
que je soulève comme question, cela concerne nos équipements.
D'ailleurs, le gouvernement du Parti libéral, entre 1970 et 1976, a
lamentablement failli dans leur renouvellement. Entre 1976 et 1985, un effort
sérieux a été fait par le gouvernement pour renouveler son
voeu; un parc d'équipement, il en faudra toujours un, peu importent les
discours du Solliciteur général à cet effet. Ma question
est: Le pouvoir exécutif ici devant nous offre-t-il les
équipements suffisants pour permettre de donner suite aux
décisions rendues par les instances appropriées? Je dois vous
dire que je n'ai pas eu de réponse, je ne voudrais pas revenir longtemps
là-dessus cet après-midi, mais votre discours
m'inquiète.
M. Latulippe: Je pense que mon collègue de Taillon aime
beaucoup les monologues et n'écoute pas les réponses qu'on lui
donne, qu'on lui sert, mais je peux le rassurer qu'actuellement, dans notre
système carcéral, nous administrons les sentences telles qu'elles
sont données par les tribunaux du Québec. Nous avons les
équipements nécessaires pour administrer ces sentences telles
qu'elles sont données, telles qu'elles sont rendues par les juges du
Québec.
Nous avons, par ailleurs, différents programmes pour faciliter la
réinsertion
sociale des détenus. Là-dessus, j'imagine que vous y
reviendrez, notre Commission des libérations conditionnelles est
distincte de ce qui se passe dans les autres provinces puisque, au
Québec, comme vous le savez, la question des absences temporaires est
administrée par le directeur, par les centres de détention
eux-mêmes, chez les détenus de moins de six mois- La Commission
des libérations conditionnelles s'occupe des détenus de plus de
six mois tandis que, dans d'autres provinces, la Commission des
libérations conditionnelles a juridiction autant sur la question dite
des absences temporaires que sur celle des libérations à plus
long terme. Je pense que, là-dessus, la particularité de notre
régime fait l'honneur de notre système. Dans nos prisons, nous
administrons des régimes d'absences temporaires, et cela n'a pas pour
effet, ni pour objectif, de modifier les sentences des tribunaux qui sont
effectivement administrées de façon correcte par nos
établissements, et nous avons les équipements pour ce faire.
Mais, comme le disait mon collègue, on a aussi un effort à faire
pour renouveler certains équipements. C'est la raison pour laquelle j'ai
poussé, entre autres, sur le dossier de la construction d'une prison
à Trois-Rivières, puisque cela faisait presque sept ans que vous
l'annonciez que rien n'avait été fait durant cette
période.
Ressources alternatives à
l'emprisonnement
M. Filion: On me signale, méchamment ou gentiment, que
cela faisait sept ans que l'actuel ministre de la Justice était contre.
Parlons maintenant des ressources alternatives à l'emprisonnement. Je
pense bien qu'en dehors de questions que j'ai soulevées sur la
surpopulation, sur lesquelles te Solliciteur générai ne me
rassure que partiellement, le développement des alternatives à
l'emprisonnement va toujours demeurer pour n'importe quelle
société, à mon avis, le meilleur investissement qui soit.
Encore là, je suis inquiet en vérifiant votre budget de n'y rien
retrouver en ce qui concerne le développement et la préparation
de nouvelles ressources alternatives. Dans ce sens, le ministre peut-il
m'indiquer de façon précise quels sont les montants
supplémentaires engagés en vue de concevoir et de mettre en
oeuvre les ressources alternatives à l'emprisonnement, plus
particulièrement à l'intérieur du programme substitutif
à l'incarcération? J'aimerais aussi retrouver des montants
supplémentaires consacrés à la probation, aux services
communautaires, aux maisons de transition. Ces budgets ne subissent-ils pas une
diminution?
M. Latulippe: Je suis d'abord heureux de voir que le
député de Taillon est tout à fait d'accord avec les
objectifs du gouvernement libéral en matière carcérale,
correctionnelle. J'en suis heureux et je l'en félicite. Pour ce qui est
de toutes les mesures relatives à la réinsertion sociale des
détenus, autant les travaux communautaires, les travaux compensatoires,
les maisons de transition, j'ai pris la peine... Dans les crédits que
nous étudions aujourd'hui, malgré les compressions
budgétaires que vous connaissez au gouvernement, il n'y a rien -et je
n'ai pratiqué aucune compression - qui affecte l'ensemble de la
réinsertion sociale. J'ai même l'intention de procéder
à une relance, dès le mois de mai, du programme de travaux
communautaires en sensibilisant, comme vous l'avez dit tout à l'heure,
entre autres, la magistrature, les procureurs de la couronne, les intervenants
aux bienfaits des travaux communautaires. C'est une démarche que
j'entreprends immédiatement.
C'est aussi une des raisons pour lesquelles, lorsque j'ai eu à
faire face à des choix budgétaires, qui, comme pour tous les
membres du Conseil des ministres, étaient difficiles, puisque nous avons
hérité cette situation du passé, j'ai d'abord choisi de
procéder en ce qui concerne les équipements carcéraux qui
avaient une faible capacité d'hébergement, dont le coût de
fonctionnement était élevé, plutôt que de toucher
à tout notre système de réinsertion sociale. C'est un
choix que j'ai fait à la base et c'est la raison pour laquelle tout le
réseau n'est pas touché en ce qui concerne la réinsertion
sociale des détenus.
M. Filion: Soyons quand même, je ne sais pas, un peu
logiques. Les ressources alternatives à l'emprisonnement, c'est un pan
de mur dans l'ensemble du dossier. Ce n'est pas toute la pièce au
complet et, dans ce sens-là, le Solliciteur général a
annoncé la création d'un comité qui va étudier
encore une fois les nouvelles ressources alternatives. Maintenant, ce
comité, qui, je pense, doit remettre son rapport en août 1986, ne
l'a pas encore fait, évidemment.
Deuxièmement, je prends acte de l'admission du ministre selon
laquelle aucun budget sur les alternatives n'a reçu d'argent
supplémentaire dans les crédits de 1986-1987. Or, à partir
de ce moment-là, j'aimerais savoir du Solliciteur général
pourquoi il n'a pas attendu le rapport du comité qu'il a mis sur pied et
pourquoi il n'a pas attendu l'obtention de montants d'argent
supplémentaires avant de prendre ces décisions.
M. Latulippe: Je comprends que mon collègue de Taillon
voudrait mettre la charrue avant les boeufs et déjà engager des
ressources additionnelles sur des alternatives nouvelles à
l'incarcération avant...
M. Filion: C'est votre discours.
M. Latulippe: Non, ce n'est pas mon discours.
M. Filion: C'est votre discours.
M. Latulippe: M. le député de Taillon, si vous me
permettez. Donc, il vaudrait qu'on fasse cela avant d'avoir le résultat
et les recommandations concrètes de ce comité sur les
alternatives à l'incarcération. Cependant, ce que je vous dis,
c'est que nous allons, dans un premier temps, immédiatement, utiliser au
maximum ces alternatives. Nous allons les offrir au maximum aux principaux
intervenants, dont la magistrature. C'est pour cela que je vous redis que nous
allons relancer le programme de travaux communautaires dès le mois de
mai. Je pense, et je vous pose la question, dans le fond: Vaut-il mieux
dépenser d'abord avant de faire des économies ou faire des
économies pour pouvoir les dépenser de la meilleure façon?
Mon collègue, à toutes fins utiles, malheureusement, veut mettre
la charrue avant les boeufs.
M. Filion: Le Solliciteur général n'a pas
aimé mon expression, ce matin. Je m'aperçois que cela l'a
fatigué. Maintenant, on va quand même se comprendre. Pour vous,
est-ce qu'une absence de coupure est un développement?
M. Latulippe: Je pense que...
M. Filion: Parce que c'est ce dont on parle. (16 h 15)
M. Latulippe: ...mon collègue de Taillon n'a pas encore
compris - pourtant, c'est facile - la façon dont on a exercé nos
choix budgétaires en matière de services correctionnels. Nous
avons choisi de protéger l'ensemble des programmes de réinsertion
sociale, les réseaux de maisons de transition, les programmes de travaux
communautaires, les programmes occupationnels à l'intérieur des
centres de détention. Et nous avons décidé plutôt
d'effectuer ces compressions, en partie, sur des équipements
carcéraux qui, pour certains, étaient désuets, pour
d'autres avaient une faible capacité d'hébergement, pour d'autres
n'étaient à peu près pas utilisés ou très
peu utilisés.
En plus de procéder ainsi, nous avons protégé
l'emploi de tout le personnel permanent de ces centres de détention.
Nous n'avons coupé aucun poste permanent. Nous avons
exécuté ces compressions en protégeant l'emploi du
personnel. Je pense que nous avons réussi à atteindre des
objectifs qui étaient conséquents avec notre démarche,
respectueux du personnel, et nous avons aussi touché à des
équipements qui, pour plusieurs, étaient désuets et
insuffisants.
M. Filion: Comment le Solliciteur général peut-il
espérer faire des développements dans les ressources
alternatives, réinsertion, travaux communautaires, maisons de
transition, sans argent neuf?
M. Latulippe: Je m'aperçois que mon collègue de
Taillon garde cette philosophie -pourtant, il est nouveau à
l'Assemblée nationale - que le Parti québécois a
véhiculée pendant tant d'années et qui nous a
amenés dans ce gouffre financier. Pour lui, développement veut
dire dépenses gouvernementales. Je comprends qu'il ne peut pas s'en
sortir, c'est un carcan que le gouvernement nous a légué, une
situation qu'on vit parce que vous nous l'avez léguée avec cette
philosophie depuis neuf ans. Je comprends, M. le député de
Taillon, mais, vous savez, nous ne sommes plus à l'époque du
gouvernement passé. Pour nous, développement ne veut pas
nécessairement dire dépenses gouvernementales.
M. Filion: Dans ce secteur-là, le Solliciteur
générai pense être en mesure de faire un
développement relativement substantiel sans argent neuf?
M. Latulippe: Je pourrais donner des exemples à M. le
député de Taillon. Je vais probablement vous l'apprendre, nous
avons dans notre système... Ce que nous tentons de faire, c'est que la
communauté Side les détenus à s'en sortir. Vous savez, par
exemple, qu'il existe des situations où les détenus iront
travailler dans des entreprises privées. D'ailleurs, vous avez vu, dans
la région de la Beauce et dans d'autres comme Sherbrooke, c'est ce qui
se passe. Ils sont aidés par des entreprises qui les emploient. En
d'autres endroits, ils sont aidés par des ressources communautaires. Ils
reçoivent un support de l'ensemble de la communauté. Cela ne
coûte pas des millions ni des milliards de dollars. Il s'agit de faire en
sorte que la communauté joue son rôle auprès de ces
personnes qui sont les plus démunies de la société, comme
dans d'autres secteurs elle est appelée aussi à jouer son
rôle.
Je le répète: Dépenses, pour nous, n'égalent
pas nécessairement développement. Le développement vient
aussi de la meilleure utilisation ou d'une utilisation maximale et optimale de
nos ressources et, en particulier, de nos ressources humaines.
M. Filion: Je pense que le Solliciteur général
m'avait compris. C'est bien sûr que dans n'importe quel programme on peut
utiliser les ressources qu'on a, multiplier, demander des efforts, etc., pour
obtenir une meilleure productivité des ressources humaines; on en est
conscient.
Il est bien évident - je pense que te
Solliciteur général aura à la découvrir,
parce que semble-t-il qu'il ne le sait pas encore -que, dans plusieurs cas, le
développement et ce qu'on a demandé aux ressources humaines qui
sont à l'intérieur de ces services, c'est déjà pas
mal maximal. D'un autre côté, j'écoute finalement le
Solliciteur générai nous parler des ressources alternatives. II
reconnaît en quelque sorte le bien-fondé des ressources qui ont
été mises en place par le gouvernement précédent.
Il fait une grosse soupe de cela, il tient un grand discours et il
développe un comité dont il n'attend même pas le rapport
pour prendre ses décisions, par ailleurs.
M. Latulippe: Si vous me le permettez, M. le Président, je
vais donner deux exemples à mon collègue de Taillon pour mieux le
renseigner sur ce que j'entends par une meilleure utilisation des ressources, y
compris les ressources humaines. Premièrement, le rôle de l'agent
de la paix. Auparavant, l'agent de la paix était un gardien qui ouvrait
et fermait les portes des prisons. Il était gardien de prison.
Une voix: Un geôlier.
M. Latulippe: Un geôlier. Effectivement, on a
développé aussi des ressources, des criminologues, des ressources
professionnelles, qui se sont additionnées, mais si les agents de la
paix - c'est ce à quoi nous nous engageons actuellement puisque nous
leur donnons les cours de formation; c'est ce qui se passe, c'est notre
objectif et c'est ce que nous faisons -deviennent des agents directs, avec une
relation d'aide directe auprès du détenu pour les aider à
se réinsérer socialement, on aura besoin beaucoup moins de
services professionnels. Ces gens-là devront avoir un rôle de
soutien auprès des agents de la paix et on n'arrivera pas à une
situation de dédoublement des ressources.
Je vais vous donner un deuxième exemple, les travaux
communautaires; et on s'entend, le député de Taillon est d'accord
avec moi pour dire que vaut mieux prendre un jeune qui a fait le trafic de la
drogue ou qui a consommé de la drogue et le faire travailler
auprès des personnes qui souffrent à cause des problèmes
de drogue plutôt que de le laisser en prison. Il est d'accord
là-dessus. Je voudrais lui dire qu'il s'agit là d'un bon geste
social, mais qu'en plus, cela coûte 2,25 $ par jour pour une sentence de
travaux communautaires par rapport à une moyenne de 85 $ par jour pour
le même jeune qu'on va garder dans une cellule. Vous comprendrez
qu'à ce moment-là on a besoin de beaucoup moins de ressources et
on peut utiliser, de façon beaucoup plus maximale, les mêmes
ressources en procédant ainsi, en même temps qu'on est capable
d'atteindre des objectifs de protection de la société et de
réinsertion sociale de nos détenus. Je veux simplement vous
souligner que nos détenus ont en moyenne, au Québec, 24 ans.
Réaménagements à
Parthenais
M. Filion: En ce qui concerne les travaux communautaires, je
ferai remarquer deux choses au Solliciteur général.
Premièrement, ce sont les juges qui décident d'une sentence de
travaux communautaires. Deuxièmement, ce sont des réformes qui
ont été faites par le gouvernement précédent. Cela
dit, en ce qui concerne les sentences de travaux communautaires, c'est
sûr que cela coûte moins cher. Ce n'est pas le Solliciteur
général qui va contrôler le nombre de sentences de travaux
communautaires, à moins qu'il ne nous dise qu'il a une autorité
quelconque sur les juges, et je ne pense pas que cela avance
jusque-là.
Cela dit, M. le Président, avec la collaboration du Solliciteur
général, je voudrais aborder certains cas précis
d'équipement. D'abord, en ce qui concerne la prison Parthenais, vous
avez entendu ma déclaration d'ouverture. Est-ce que je pourrais
connaître votre position là-dessus? Plus particulièrement,
combien vont coûter les réaménagements dont vous avez
parlé et quel est l'échéancier des travaux de
réaménagement de Parthenais? Également, s'il était
assez aimable de répondre à l'affirmation que j'avais faite dans
mon allocution d'ouverture, à savoir qu'il est le premier Solliciteur
général, ou ministre de la Justice, depuis belle lurette qui non
seulement ne s'engage pas à faire les efforts nécessaires et pas
faciles pour fermer Parthenais, mais qui, au contraire, s'engage à
garder Parthenais ouvert comme centre de détention.
M. Latulippe: Oui, c'est vrai. Je suis le premier Solliciteur
général, quand je regarde les précédents ministres
de la Justice de votre gouvernement, à ne pas avoir annoncé la
fermeture de Parthenais pour éviter de faire face aux problèmes
de Parthenais.
M. Filion: Vous avez dit que, pour éviter de faire face
aux problèmes de Parthenais, vous annoncez que vous ne fermerez pas
Parthenais. Est-ce que c'est cela?
M. Latulippe: Je voudrais simplement vous rappeler, M. le
député, que les ministres de la Justice qui m'ont
précédé, à différentes occasions ont
annoncé publiquement, à grand renfort de publicité, la
fermeture de Parthenais. Or, ils n'ont jamais fermé Parthenais. Par
ailleurs, ce à quoi je procède actuellement... Il est
évident que je ne le peux pas et je dois réaliser que demain
matin Parthenais ne peut pas être fermé. Je
n'ai pas de baguette magique pour construire en une nuit une prison, un
équipement carcéral. Ce n'est pas possible.
M. Filion: Sauf à Trois-Rivières.
M. Latulippe: M. le député de Taillon, si vous
permettez que je termine ma réponse. Cependant, ce que j'ai entrepris de
faire, c'est de tenter deux choses. D'abord, de réduire la population
carcérale à Parthenais en utilisant différentes
méthodes, en tentant et en y réalisant une réduction des
séjours de courte durée parce que, comme vous le savez, un des
problèmes de Parthenais est le fait qu'effectivement il y a un nombre
considérable d'entrées et de sorties de courte durée.
Déjà, entre autres, il y a un agent de liaison de la
Sûreté de Montréal qui y a été mandaté
parce que nous voulons, comme vous le mentionniez, en concertation avec les
services policiers et Ies procureurs de la couronne, procéder rapidement
aux enquêtes sous caution parce qu'on s'est rendu compte qu'une
proportion importante des personnes qui sont admises à Parthenais et qui
y restent une journée ou deux sont par la suite libérées
sous caution. Si on procède immédiatement aux enquêtes sous
caution il est évident que l'on va éviter un nombre
considérable de séjours de courte durée à
Parthenais.
Deuxièmement, nous allons réduire les séjours de
longue durée à Parthenais. Nous le faisons non seulement en
concertation avec les services correctionnels, mais avec les procureurs de la
couronne en particulier et les autres intervenants, pour tenter de
réduire les séjours de longue durée à
Parthenais.
Finalement, nous allons procéder à certains
réaménagements à l'intérieur. Nous sommes
actuellement à faire les démarches en ce sens. Si vous avez...
Oui, j'ai visité Parthenais. Probablement que vous l'avez fait, vous
aussi. Je l'imagine. Je l'espère. Vous vous rendez compte, quand vous
visitez Parthenais, qu'il y a des problèmes au niveau des conditions de
vie des détenus. En d'autres termes, entre autres, les chemins de ronde.
Si vous avez vu Parthenais, vous constatez qu'il y a trop de barreaux, que
c'est aliénant.
Il y a différents problèmes avec la cour
extérieure. Il y a des problèmes internes et des
réaménagements qui doivent être entrepris, qui seront
entrepris pour améliorer à court terme les conditions de vie
à l'intérieur de Parthenais même et ceci, joint à la
réduction des séjours de courte durée, de longue
durée et aussi aux cas psychiatriques, va nous amener à trouver
une solution à court terme, une solution immédiate, sans avoir a
annoncer à tous les six mois la fermeture de Parthenais en ne faisant
rien, comme vous l'avez fait pendant neuf années de pouvoir.
M. Filion: Je ne sais pas si le Solliciteur général
a lu le rapport du Protecteur du citoyen. Peut-être qu'il peut ne pas se
fier, s'il le désire, aux engagements, aux déclarations de bonne
foi, indépendamment de la politique, faites par l'ensemble de ses
prédécesseurs. Également, s'il ne veut pas se fier
à la prise de position de l'actuel ministre de la Justice en ce qui
concerne Parthenais, s'il veut mettre cela de côté et faire fi de
cela - parce que c'est à cela qu'on assiste actuellement - j'aimerais
quand même que le Solliciteur général nous explique
certaines choses: Premièrement, est-ce que vous avez bien lu le rapport
du Protecteur du citoyen sur Parthenais? Deuxièmement, comment
pouvez-vous l'écarter comme cela? Et aussi, comme questions
subsidiaires, je lui rappelle les questions que j'avais posées: Combien
vont coûter les réaménagements à la prison de
Parthenais et quel est l'échéancier de réalisation de ces
réaménagements à Parthenais? (16 h 30)
Je voudrais quand même souligner ceci. Peut-être que le
Solliciteur ne m'a pas compris ce matin. Les ministres de la Justice qui l'ont
précédé... Je l'ai dit, d'ailleurs, fermer une prison,
cela a l'air que c'est impopulaire et en construire une nouvelle dans une
communauté, cela a l'air que c'est impopulaire aussi. Ce n'est pas
facile. Je sais que les prédécesseurs du Solliciteur
général ont fait des efforts. Entre autres, on a parlé de
La5alte pendant un certain temps, etc. Je ne dis pas que c'est une chose facile
que de réussir, dans la région de Montréal, la
construction d'une nouvelle prison. Mais, par exemple, ce que le Solliciteur
général devrait faire, quand c'est recommandé par le
Protecteur du citoyen et à peu près tout le monde de sensé
qui a passé plus que cinq minutes ailleurs qu'au rez-de-chaussée
de Parthenais, c'est de fermer la boîte. On apprend plutôt qu'il ne
veut pas fermer le centre de détention. J'aimerais cela qu'il
m'explique, eu égard au rapport du Protecteur du citoyen et,
deuxièmement, en termes de sous, parce que cela est concret, des murs
ça coûte des sous... Il ne pourra pas me dire: On va
développer les murs actuels, on va faire un comité. Quel est son
échéancier de réalisation des
réaménagements?
M. Latulippe: Je suis heureux de voir que mon collègue me
parle du rapport du Protecteur du citoyen qui, la journée même de
mon entrée en fonction, m'arrivait en dépeignant cette situation
qui existait pendant les dernières années, pendant plusieurs
années, pendant les années où vous
étiez au gouvernement dans nos prisons québécoises.
Je peux vous dire aujourd'hui -et je pense que le Protecteur du citoyen l'a
déclaré publiquement - que mes services correctionnels, les
services correctionnels de notre ministère et notre attitude dans le
dossier, les démarches que nous avons entreprises, et cette
coopération que nous avons donnée au Protecteur du citoyen,
étaient tout à fait exceptionnelles dans le but de satisfaire et
de résoudre les différents problèmes que soulevait le
rapport du Protecteur du citoyen.
Nous n'avons pas fait de comité. Nous avons agi
immédiatement, de concert avec le Protecteur du citoyen, par
différentes mesures. La fermeture de la prison de Trois-Rivières
en était une. La discipline. Les problèmes relativement aux soins
de santé dans les prisons. La formation du personnel. La
confidentialité du dossier médical. Les problèmes que les
détenus avaient en rapport avec leur courrier. Les problèmes que
les détenus avaient en rapport avec leurs heures d'exercices. Les
problèmes que les détenus avaient en rapport avec les
requêtes qu'ils passaient, qu'ils donnaient à l'administration.
Tous ces cas ont été en bonne partie résolus avec la
coopération du Protecteur du citoyen et de nos services
correctionnels.
Là-dessus, nous avons agi rapidement et nous avons
été en mesure d'apporter les correctifs requis. C'est le
Protecteur du citoyen lui-même qui l'a mentionné. Pour ce qui est
de Parthenais, le Protecteur du citoyen ne visait pas directement, ne parlait
pas directement de la qualité de vie. Il faisait référence
à des études antérieures. Nous sommes les premiers
à nous attaquer directement aux problèmes de la qualité de
la vie, aux problèmes des détenus, aux problèmes de la
surpopulation, si on veut, au niveau des prévenus, parce que ce sont des
prévenus à l'intérieur de Parthenais. Nous sommes les
premiers à avoir posé des gestes concrets en rapport avec
Parthenais. Je peux vous dire que je suis fier de ce que les services de notre
ministère ont fait à la suite des rencontres, à la suite
des instructions que je leur ai données au sujet du rapport du
Protecteur du citoyen.
Je peux vous lire une lettre du Protecteur du citoyen et je vous en
donne lecture, lettre qui a été adressée à mon
sous-ministre en date du 24 février 1986. "Je vous remercie de votre
lettre du 12 février ainsi que du dossier qui l'accompagnait - je peux
déposer cette lettre. Je n'ai pas eu le temps d'étudier en
détail le document que vous m'avez soumis, mais déjà je
peux me réjouir de la diligence et du sérieux avec lesquels vous
donnez suite au rapport sur les droits des personnes incarcérées.
Mon prochain rapport annuel en fera état. "Je suis également
heureux de constater que nous sommes tout à fait sur la même
longueur d'onde. Les récentes déclarations du Solliciteur
général viendraient le confirmer, s'il m'était encore
permis d'en douter. "Mes représentants au comité que nous avons
formé me disent que les travaux avancent rapidement et permettent
d'espérer des résultats concrets, dont certains, d'ailleurs, sont
déjà atteints." Cela, c'était le 24 février 1986.
Je voudrais déposer devant cette commission cette lettre du Protecteur
du citoyen.
M. Filion: Si je comprends bien, le Solliciteur
général est fier de réaménager Parthenais au lieu
de le fermer, alors qu'en rupture avec... Est-ce que le Solliciteur
général est allé à Parthenais? Me permettez-vous
cette question? Vous n'êtes pas obligé de me répondre.
M. Latulippe: Oui. Est-ce que le député de Tallion
est allé à Parthenais?
M. Filion: Oui, j'y suis allé.
M. Latulippe: Alors, on se comprend.
M. Filion: On se comprend. Dans ce sens, encore une fois, M. le
Solliciteur général, j'apprécierais, avant de conclure sur
Parthenais en ce qui me concerne, que vous puissiez répondre à ma
question sur le réaménagement physique de Parthenais. Est-ce
qu'il est en marche? Quels sont les plans? Quel est le budget et où est
le budget?
M. Latulippe: Les démarches sont entreprises actuellement
avec l'aide de consultants pour identifier les aménagements que l'on va
faire - il faut commencer par le début. C'est ce qu'effectivement nous
sommes en train de faire, des démarches pour procéder à
des modifications aux équipements à l'intérieur de
Parthenais. Ces démarches, avec l'aide des gens de la détention
et d'un consultant, sont actuellement en marche, avec les architectes du
ministère.
M. Filion: Et les gens du Conseil du trésor?
M. Latutippe: II est évident que cela va coûter
certainement moins cher que votre projet. Vous n'étiez pas au
gouvernement, M. le député de Taillon. Moi non plus, mais vous
étiez conseiller à l'époque, je pense, du premier
ministre.
M. Filion: Pas à la Justice.
M. Latulippe: Mais cela coûtera certainement moins que les
40 000 000 $ pour construire la prison à LaSalle. Comme vous le dites et
comme vous l'avez si bien dit, il faut en construire. Vous avez
tenté
d'en construire à LaSalle, on voit ce que cela a donné
quant au sort des détenus de Parthenais.
Vous savez, la première étape, ce sont les
aménagements. Comme je le répète, il est impossible en une
nuit, il était tout à fait impossible de concevoir de fermer
Parthenais en l'espace d'une nuit - c'est un peu l'espoir que nous donnaient
constamment les anciens ministres de la Justice - sans changer la situation de
Parthenais.
M. Filion: Le Solliciteur général est-il au courant
que le Conseil du trésor a toujours souhaité garder Parthenais
ouvert?
M. Latulippe: Êtes-vous en train de me dire que le ministre
responsable du Conseil du trésor, du temps de votre ancien gouvernement,
souhaitait garder Parthenais ouvert?
M. Filion: Je suis en train de vous demander si, vous, vous
étiez au courant que les officiers du Conseil du trésor ont
toujours souhaité ou combattu - si on veut mettre cela dans ce sens - la
fermeture de Parthenais?
M. Latulippe: Êtes-vous en train de me dire que, sous
l'ancien gouvernement, c'étaient les fonctionnaires du Conseil du
trésor qui prenaient les décisions, et non le ministre
responsable du Conseil du trésor?
M. Filion: Avez-vous discuté avec votre collègue
responsable du Conseil du trésor de la fermeture de Parthenais?
M. Latulippe: Comme vous le savez, lorsqu'il est venu, entre
autres, à la prison de Trois-Rivières, lorsque nous avons eu un
projet précis, lorsque nous avons eu des échéanciers
à suivre, dans chacun des cas, nous les avons soumis au Conseil du
trésor. Nous défendons notre dossier et je peux vous dire que
nous avons l'oreille du Conseil du trésor. J'imagine, d'après vos
propos, qu'auparavant ce n'était pas le cas, sous l'ancien
gouvernement.
M. Filion: Le Solliciteur général a-t-il
défendu auprès de son collègue responsable du Conseil du
trésor l'hypothèse de la fermeture de Parthenais?
M. Latulippe: Je trouve curieux que mon collègue veuille
toujours mettre la charrue devant les boeufs. Dans une première
étape, comme vous le savez, il s'agit, d'une part, d'évaluer
spécifiquement quels sont les aménagements que l'on va faire;
dans un deuxième temps, d'en évaluer les coûts et, dans un
troisième temps, de faire les propositions requises au Conseil du
trésor en lui donnant effectivement les avantages, les
inconvénients, en faisant, par exemple, la comparaison avec la
construction d'autres équipements. Je peux assurer mon collègue
de Taillon que nous avons aujourd'hui un ministre responsable du Conseil du
trésor qui est une personne en charge du Conseil du trésor, c'est
lui qui prend les décisions au Conseil du trésor et il est
capable d'évaluer, avec le Solliciteur général, l'impact,
les coûts et les avantages des aménagements qui auront à
être faits à Parthenais.
M. Filion: M. le Président, en terminant sur Parthenais en
ce qui me concerne, je prends note du fait que le Solliciteur
général a rendu les armes en ce qui concerne la fermeture de
Parthenais et que l'hypothèse de la fermeture de Parthenais n'a pas
été discutée avec son collègue du Conseil du
trésor, selon son absence de réponse à ma dernière
question. De notre côté, réaménagements mineurs ou
pas, Parthenais restera toujours la boîte que tous les ministres de la
Justice, l'actuel ministre de la Justice et le Protecteur du citoyen ont
décrite, avant lui, c'est-à-dire une boîte que n'importe
quel administrateur responsable verrait à fermer.
M. Latulippe: Je voudrais conclure moi aussi sur Parthenais en
disant que les ministres de la Justice qui m'ont précédé,
ceux du précédent gouvernement, ont constamment annoncé la
fermeture de Parthenais dans le but d'en faire des annonces publiques, dans le
but d'en faire une promotion publique sans, effectivement, réaliser quoi
que ce soit de concret, aucun geste positif, aucun geste concret, en rapport
avec la situation de Parthenais, les aménagements de Parthenais et,
surtout, en rapport avec les conditions de vie non seulement des
détenus, souvent des prévenus qui y restent l'espace d'une nuit,
mais aussi en rapport avec tout le personnel qui y travaille, rien de concret
pendant neuf ans de gouvernement du Parti québécois.
Dossier de la prison de Sherbrooke
M. Filion: Et avant cela. Je pense que c'est Kennedy qui disait
que ceux qui ne réussissent pas à garder un idéal vivant
ne devraient pas faire de politique.
En ce qui concerne la prison de
Sherbrooke, puis-je connaître la position du Solliciteur
général?
M. Latulippe: Vous avez mentionné qu'il faut garder les
espoirs vivants, mais à force de faire des conférences de presse,
a force de susciter des espoirs, on finit par créer le désespoir.
Quand vous me parlez de la situation à Sherbrooke, je suis fort
conscient qu'effectivement nous avons et nous devrons - c'est l'un des
équipements qui doit être renouvelé, comme
Trois-Rivières - procéder
effectivement à avancer dans ce dossier de Sherbrooke puisque,
comme dans le cas de Trois-Rivières, la situation de la prison de
Sherbrooke - j'ignore si mon collègue s'y est rendu - demande
effectivement des modifications, demande à être
considérablement réévaluée puisque, comme vous le
savez, il s'agit d'un équipement qui est fort désuet. Vous savez
aussi, comme moi, que dans la région de Sherbrooke, il y a un besoin
dans cette région du Québec d'un équipement
carcéral qui est plus conforme à la philosophie carcérale
des années que nous vivons actuellement.
M. Filion: Leministre écarte-t-il la
possibilité de la fermeture de la prison de Sherbrooke?
M. Latulippe: Je peux vous dire qu'il aurait été
préférable pour l'ancien gouvernement de donner une
priorité aux centres de détention plutôt que d'en donner
aux palais de justice. (16 h 45)
M. Filion: Oui, mais maintenant, c'est vous, et je vous pose une
question bien simple.
M. Latulippe: Pour mon gouvernement et pour mot, la situation
à Sherbrooke me préoccupe et c'est une priorité. Je n'ai
aucunement l'intention de procéder à la fermeture de la prison de
Sherbrooke. J'ai beaucoup plus l'intention de procéder à
renouveler cet équipement.
M. Filion: Vous voulez dire réaménager?
M. Latulippe: J'ai dit "renouveler cet équipement".
M. Filion: Bon, alors...
M. Latulippe: Je ne parle pas de réaménagement. Je
pense qu'il va falloir - je l'ai dit lorsque je suis ailé à
Sherbrooke -que nous ayons un nouvel équipement dans la région de
Sherbrooke.
M. Filion: Je n'ai pas fini, M. !e Président. J'ai
manqué le dernier mot de la réponse sur Sherbrooke. Je m'excuse,
moi aussi, je suis avec un collaborateur.
M. Latulippe: Je n'ai pas saisi.
M. Filion: J'ai manqué vos derniers mots sur la prison de
Sherbrooke.
M. Latulippe: J'ai dit qu'effectivement il va falloir qu'on
renouvelle cet équipement. J'ai dit que la situation à Sherbrooke
me préoccupait. C'était, au niveau de la planification des
équipements au Québec, une de mes priorités. J'ai
réglé, je pense, la question de Trois-Rivières. Je
m'attaquerai bientôt à la question de Sherbrooke.
M. Filion: Mais dans ce cas-ci, en écartant la
possibilité de la construction d'une nouvelle prison?
M. Latulippe: Absolument pas!
M. Filion: Absolument pas? Vous ne l'écartez pas?
M. Latulippe: Nous n'écartons pas la construction d'une
nouvelle prison à Sherbrooke. Ce que je vous dis, c'est qu'en ce qui
concerne la région de Sherbrooke, c'est un dossier dont je m'occupe
actuellement. Lorsque je serai en mesure de faire des annonces publiques en
rapport avec cette région, il me fera plaisir de le faire et de vous en
faire part de même qu'à !a population de Sherbrooke et du
Québec.
Fermeture de la prison de
Saint-Joseph-de-Beauce
M. Filion: En ce qui concerne la prison de Saint-Joseph-de-Beauce
dont le Solliciteur général a annoncé la fermeture pour le
15 juillet - le ministre a sûrement écouté une partie de
mon allocution d'ouverture avant d'entrer dans le fond du dossier - est-ce que
la décision du ministre est finale et irrévocable ou s'il
envisage, à la suite, peut-être, de ce que j'ai dit, et surtout de
ce qui a été dit par les différents intervenants, la
possibilité de reconsidérer sa décision?
M. Latulippe: Lorsque, comme ministre, je prends une
décision... Comme mes collègues au gouvernement... Nous sommes un
gouvernement responsable, un gouvernement qui prend ses décisions...
J'ai pris une décision, ce n'est pas pour changer d'idée à
toutes les 24 heures.
M. Filion: Ce n'est pas mal d'admettre ses erreurs de temps en
temps, vous savez.
Le Président (M. Marcil): ...vous permettez?
M. Filion: Je vais juste terminer sur la prison de
Saint-Joseph-de-Beauce.
Le Président (M. Marcil): D'accord, cela va. Allez.
M. Filion: D'accord. Est-ce que le Solliciteur
général a pris connaissance du volumineux dossier,
préparé par les gens qui vivent la situation, concernant la
prison de Saint-Joseph? Est-ce qu'il a pris connaissance des coûts
réels de sa décision, surtout que l'économie
envisagée par le Solliciteur
général et le Conseil du trésor n'est
peut-être pas une économie réelle en fin de compte, compte
tenu, notamment, du problème de transport - je l'ai souligné - du
déplacement des détenus, etc.? Est-ce qu'il a pris note des
représentations du Barreau, de la municipalité, du personnel, des
agents et -pourquoi pas? - des détenus, à savoir que la fermeture
de la prison de Saint-Joseph-de-Beauce est un geste antisocial, inhumain, qui
va occasionner pour la population, des inconvénients, des ennuis et des
frais, qui sont bien supérieurs à l'économie
projetée par le Solliciteur général? Encore une fois, les
décisions prises par le Solliciteur général ont
été prises sans consultation. Dans certains cas, on parle de
régions qui sont éloignées, où le tissu social
s'est créé indépendamment de ce qui peut se passer
à Montréal ou à Québec et, sans consulter les
intervenants dans ces dossiers, le ministre a décidé
unilatéralement de procéder à la fermeture de prisons.
Maintenant, on voit les conséquences sur le plan humain, sur le plan
économique, sur le plan de la justice, également.
J'ai souligné le problème de la communication - j'ouvre
une parenthèse là-dessus - entre les détenus et leurs
avocats. J'ai souligné également le fait - ce n'est pas un
problème, c'est une situation réelle - que le palais de justice
est situé à l'endroit où était située la
prison. C'est une réalité à côté de laquelle
on ne peut passer. Vous imaginez le cas des prévenus qui vont devoir
revenir pour leur comparution, pour leur enquête sous cautionnement,
peut-être dans certains cas pour une décision sur leur
enquête sous cautionnement, pour leur enquête préliminaire
pro forma, pour leur enquête préliminaire, pour une communication
de preuves peut-être ultérieures, pour une préparation de
procès, pour un procès qui, dans certains cas, peut être
continué, pour des représentations sur sentence, pour la sentence
elle-même, etc.
Est-ce que le Solliciteur général a vraiment tenu compte
de l'ensemble des frais, des inconvénients, des ennuis pour tes
visiteurs, entre autres, et pour les détenus eux-mêmes? À
Saint-Joseph-de-Beauce, on le sait, dans le dossier qu'a entre les mains le
Solliciteur général, il était dit au sujet de la
réinsertion sociale... Le ministre en faisait cas tantôt. Or,
Saint-Joseph-de-Beauce, c'était justement un endroit où ce
programme fonctionnait merveilleusement bien parce qu'il y avait une bonne
intégration de la politique, si on veut, d'alternative et de la
politique de réinsertion sociale qui s'était créée
dans le milieu. C'est la même chose, finalement, dans à peu
près tous les endroits où le ministre a fermé des prisons.
Et, là, on va demander à ces prisonniers d'aller purger leur
peine ailleurs, les déraciner de leur milieu, de leur potentiel de
réhabilitation qui est archi-important dans le contexte. Or, est-ce que
le ministre a tenu compte des frais occasionnés pour les
municipalités qui devront, dans plusieurs cas, notamment à
Saint-Joseph-de-Beauce, commencer à promener le monde?
Quand j'ai vu la décision en ce qui concerne Joliette... Cela ne
se ferme pas, une prison, à un moment donné, pour les
prévenus. Alors, à Joliette, on veut fermer la prison le vendredi
soir. Les gars vont aller ailleurs. Je lierai remarquer au Solliciteur
général, qui a déjà pratiqué le
métier d'avocat, que, souvent, en ce qui concerne les prévenus,
les avocats communiquent avec leur client la fin de semaine. Or,
précisément, dans le cas de Joliette, cela va être un cas
où les détenus vont être ailleurs que dans le district de
Joliette. C'est facile pour les détenus à ce moment de
communiquer avec leur avocat.
Est-ce que le Solliciteur général, devant le tollé
de protestations unanimes, de tout le monde, de tout ce qui bouge comme vie
régionale dans ces coins-là, n'est pas prêt, M. le
Président, à considérer que peut-être il a fait une
erreur? Peut-être a-t-il fait une erreur dans ces cas-là? Je l'ai
dit dans mon discours. Le Solliciteur général est ici, c'est la
commission des institutions et on peut examiner ces cas-là un à
un, si vous voulez, et essayer d'apporter d'autres solutions qu'une fermeture
unilatérale sans consultation qui, dans certains cas, non seulement sur
le plan économique mais sur le plan humain... Je laisse le Solliciteur
général deviner les conséquences sur le plan humain pour
les familles des prévenus et des détenus qui devront se promener
d'un endroit à l'autre alors que te palais de justice lui-même,
c'est-à-dire l'endroit où la justice va être rendue, va
demeurer à l'endroit où était la prison. Mais la prison va
s'en aller, elle. Le palais de justice va demeurer là.
Je regarde le député de Marquette qui est avocat comme
nous. Tout cela, M. le député de Marquette, puisque le
Solliciteur général ne m'écoutait pas au début de
ma phrase, c'est pour réaliser une économie, un butin de 200 000
$ par établissement fermé. Je ne sais pas si le Solliciteur
général a fait les mathématiques appropriées. Il
s'apercevra que ce sont des économies de bout de chandelle
réalisées sur le dos des régions et sans consultation.
Saint-Joseph-de-Beauce est un exemple parfait. Ces gens-là se sont pris
en main pour sensibiliser le ministre, pour sensibiliser les intervenants, pour
essayer de faire réaliser au gouvernement qu'il faisait une grave
erreur. Dans d'autres cas aussi, dans d'autres régions, cela s'organise
dans ce sens-là pour sensibiliser le ministre.
Ce que je lui demanderais aujourd'hui, c'est de prendre en
considération les facteurs qu'il ne connaissait pas au moment où
il a pris sa décision prématurée et d'ouvrir une
porte au moins à une reconsidération de décision.
Le Conseil du trésor, vous le savez, je l'ai dit, abat son couperet,
mais plusieurs de vos collègues ont réussi à expliquer aux
gens du Conseil du trésor que certaines coupures étaient
carrément disproportionnées par rapport à l'objectif
recherché. À Saint-Joseph-de-Beauce, à Rouyn, à
Matane, à Mont-Laurier, à Percé, à Joliette, c'est
le cas.
M. Latulippe: Je comprends que M. le député de
Taillon mêle un peu tout parce qu'il ne connaît pas toutes les
données du dossier. Il entend les rumeurs par-ci, les rumeurs
par-là, il discute avec un tel par-ci, un tel par-là. Je
comprends qu'il puisse avoir mêlé les pommes, les choux et les
carottes. Mais je pense qu'il est temps que je lui explique la situation. Tout
d'abord, c'est un point qu'il doit connaître, je pense, puisqu'il a
lui-même pratiqué le droit à peu près à la
même époque que moi: il n'y a pas au Québec de prison
à chaque endroit où il y a un palais de justice.
M. Filion: ...vous en enlevez dans le coin où il y a un
palais de justice.
M. Latulippe: M. le député de Taillon, je pense
qu'on vous a laissé parler. Quand on regarde la situation à
Saint-Joseph-de-Beauce... J'ai rencontré, à l'initiative du
député du comté, les différents intervenants et
j'ai eu un échange direct et franc avec les principaux intervenants de
la région. J'ai mentionné à ces intervenants, ayant pris
connaissance de leur rapport, que sur plusieurs points je n'étais pas
d'accord avec les chiffres qu'ils me soumettaient.
Parlons de la situation à Saint-Joseph-de-Beauce telle qu'elle a
été présentée dans le rapport auquel vous faites
référence. Le coût d'abord. Vous savez qu'à
Saint-Joseph-de-Beauce, c'est un équipement qui a quand même une
capacité réduite, 35 cellules. Vous savez et vous devriez savoir
qu'à Saint-Joseph-de-Beauce le coût par jour d'un détenu
est de 99 $, lorsque l'on regarde la présence et le coût par place
dans l'équipement même, dans l'équipement carcéral.
Vous savez qu'en 1985, l'an dernier, le coût par place à
Saint-Joseph-de-8eauce était de 37 986,14 $.
Les comparaisons qu'ont faites les gens de bonne foi de
Saint-Joseph-de-Beauce étaient basées sur des facteurs
différents. Ils ont fait la comparaison, entre autres, entre
l'établissement de Saint-Joseph-de-Beauce et le centre de
détention de Québec. Or, le centre de détention de
Québec offre des services beaucoup plus complets aux détenus ou
aux prévenus que le centre de détention de
Saint-Joseph-de-Beauce. J'entends par là les services d'infirmerie, les
ateliers internes, externes comme la buanderie, menuiserie, ateliers. Je vous
souligne que le centre de détention de Québec est capable
d'héberger des cas plus dangereux, les cas psychiatriques, entre autres.
(17 heures)
Donc, si on avait à faire une comparaison entre les deux
établissements, il faudrait enlever, strictement parlant, le coût
de ces services qui sont plus importants parce que le centre est plus nouveau,
parce que ce centre est plus développé par rapport à celui
de Saint-Joseph-de-Beauce. Donc, une base de calcul différente.
Deuxièmement, un des points essentiels qu'il faut souligner,
c'est la différence de calcul entre le per diem à
Saint-Joseph-de-Beauce, que nous disons être de 99 $, et celui qu'a
soulevé le comité de Saint-Joseph-de-Beauce comme étant
autour de 55 $. Là-dessus, il faudrait bien que le député
de Taillon comprenne que le calcul des gens du comité de
Saint-Joseph-de-Beauce, en toute bonne foi d'ailleurs, est basé sur la
façon de procéder du ministère sous l'ancien gouvernement
en partie, en 1984, c'est-à-dire en calculant le coût d'une place
à l'intérieur du centre de détention et, en même
temps, le coût des personnes qui sont en absence temporaire; donc, en
faisant l'addition de ces deux types de personnes, celles qui sont dans le
centre de détention et celles qui sont en absence temporaire. Or, les
personnes qui sont en absence temporaire sont aussi utilisées. Elles
sont aussi des personnes qui sont dans des maisons de transition. Je vous donne
un exemple précis pour que vous puissez comprendre.
Le 23 avril 1986, il y avait douze personnes appartenant à
l'établissement de Saint-Joseph-de-Beauce qui étaient en absence
temporaire dans des maisons de transition. Les services correctionnels paient
actuellement 40 $ et quelques cents par jour pour les services rendus à
trois de ces personnes et 28,78 $ pour les neuf autres. Il serait tout à
fait illogique que la direction de détention comptabilise ces gens,
d'une part, dans le per diem de l'établissement, alors qu'on
comptabilise ce per diem au niveau du centre de détention. En ce qui a
trait au per diem d'une personne en absence temporaire, il est de 2,25 $ par
jour. Donc, les bases de calcul sont tout à fait différentes. Il
faut regarder le coût à l'intérieur de cet
établissement.
Concernant le transport, entre autres, pour ce qui est des comparutions,
je voudrais dire qu'actuellement, tant que le centre était ouvert...
Compte tenu du petit nombre de cellules pour la garde des prévenus, il y
en a six pour la garde des prévenus, la majorité d'entre eux
étaient déjà acheminés au centre de
détention de Québec. La responsabilité de faire
comparaître ces personnes incombe à Saint-Joseph-de-Beauce.
Actuellement, la situation est la suivante: on part de Saint-
Joseph-de-Beauce et on se rend à Québec pour aller
chercher un prévenu qui doit, dans certains cas, comparaître
à Thetford-Mines. De là, il retourne à Québec pour
revenir à Saint-Joseph-de-Beauee. Vous comprendrez que, si on part de
Québec, on va faire moins de miltage que si on part de
Saint-Joseph-de-Beauce pour aller à Québec, revenir à
Saint-Joseph-de-Beauce ou à Thetford-Mines et retourner à
Québec. Les coûts du transport reliés aux comparutions
seront diminués plutôt qu'augmentés au moment de la
fermeture de ces établissements.
Quand mon collègue parle du personnel, jusqu'à quel point
c'est inhumain pour ce personnel, je peux vous dire que le personnel de
Saint-Joseph-de-Beauce sera relocalisé. La majorité d'entre eux,
si je ne m'abuse, au-delà de 80 %, ont déjà
accepté, soit 32 sur 34, l'endroit où ils seront
relocalisés. C'est loin d'être dramatique. Ils ont
déjà fait eux-mêmes ce choix. Je voudrais dire à mon
collègue de Taiilon qu'il est exact que la région de
Saint-Joseph-de-Beauce a développé, au fil des ans, un
système, un réseau de réhabilitation sociale qui,
effectivement, est enviable, mais il faut que je dise à mon
collègue de Taillon qu'il y a une différence entre une personne
qui est à l'intérieur d'un centre de détention pour purger
sa peine et une personne qui se trouve à l'extérieur d'un centre
de détention, soit dans un centre de transition - d'ailleurs, il y en a
un à Vallée-Jonction - ou qui se trouve en absence temporaire, ou
en absence temporaire en train de travailler dans une industrie locale. Ce
n'est pas la même chose, M. le député de Taiilon,
d'être en arrière des barreaux ou d'être à
l'extérieur en train de suivre des programmes de réhabilitation
sociale.
Quant à nous, je peux vous dire que je travaille là-dessus
conjointement avec le député local qui fait un travail
extraordinaire, auprès de sa population. Je peux vous dire que nous
allons protéger cette infrastructure de réhabilitation sociale
pour la région. C'est important de le faire. C'est non seulement
important de le faire, mais c'est important d'accroître cela parce que je
pense que les Beaucerons peuvent être à l'avant-garde du
développement des alternatives à l'incarcération au
Québec parce que, déjà, ils ont une expérience dans
ce domaine.
C'est pour cela d'ailleurs que, lorsqu'on calcule le coût par jour
à l'intérieur du centre de détention, cela coûte si
cher; et quand on le calcule en tenant compte de l'infrastructure de
réhabilitation sociale, cela coûte moins cher. C'est parce
qu'effectivement...
M. Filion: M. le Président.
M. Latulippe: ...cette région est performante au niveau de
la réhabilitation sociale. Il n'est pas de notre intention de changer
cette situation. Au contraire, notre intention est d'aller de l'avant au niveau
de la réhabilitation sociale en Beauce puisque, déjà
plusieurs personnes qui sont détenues, en absence temporaire ou dans des
programmes occupationnels, travaillent dans les régions ou effectivement
sont soutenues par la communauté et, en particulier, par le centre de
transition à Vallée-Jonction.
Je pense que mon collègue doit faire cette distinction. Il doit
la faire et il doit vraiment faire un travail beaucoup plus approfondi que
celui d'écouter des rumeurs par-ci, par-là, d'en lancer et d'en
recevoir. J'invite mon collègue à faire un exercice rigoureux. Il
comprendra qu'effectivement, c'est une bonne décision et il se joindra
à moi dans mes objectifs, comme il l'a dit au début, pour
améliorer le réseau de réhabilitation sociale dans la
région de Beauce.
Le Président (M. Marcil): À titre d'information, je
tiens à signaler aux gens de cette assemblée qu'il est 17 heures
tout près de 10 minutes. Nous n'avons pas terminé le programme 3.
Il nous resterait trois autres programmes à étudier. Maintenant,
je vais reconnaître le député de Marquette.
M. Filion: Si le député de Marquette n'a pas
d'objection, je voudrais juste, pendant que c'est assez clair, l'opinion du
ministre qui prêche dans le désert en nous disant qu'un
détenu coûte moins cher quand il n'est pas détenu. C'est
bien évident. Maintenant, ce que le Solliciteur général
aurait probablement intérêt à faire...
M. Latulippe: Cela me surprend que mon collègue ne le
sache pas.
M. Filion: ...M. le Président, c'est d'arrêter de
servir dans sa soupe les analyses parfois déconnectées du Conseil
du trésor qui ne connaît pas les réalités
régionales. C'est parfaitement le rôle du ministre d'être
capable de faire la distinction entre des analyses théoriques dans
certains cas, pas toutes, du Conseil du trésor et les
réalités régionales telles que vécues.
J'ai retrouvé, M. le Président, dans les propos du
ministre, une mathématique infernale, incroyable, qui fait fi des
réalités géographiques et des réalités
telles que vécues non seulement à Saint-Joseph-de-Beauce, mais
dans toutes les autres régions. C'est incroyable que le Solliciteur
général, dans un dossier comme celui-là, se soit fait
remplir par des analyses et des mathématiques déconnectées
des réalités.
Lorsque, dans une municipalité, une ville ou un village, il
existe un palais de justice et une prison et qu'on déménage la
prison en venant nous servir le genre d'analyse hautement contestée que
nous sert
le Solliciteur général, sans écouter, sans prendre
la peine d'écouter les intervenants, je me pose de sérieuses
questions pour l'avenir, de sérieuses questions pour les régions
en particulier car elles, évidemment, ne sont pas dans votre bureau
à tous les jours. Les régions ne vous entourent pas. Quand elles
viennent vous voir, elles n'ont pas les armes sophistiquées des
différentes tables de calcul qu'on peut utiliser quand arrive le temps
d'examiner le coût pour l'État d'un détenu à tel ou
tel endroit. Il y a des frais indirects. Il y a des frais de transport. Il y a
une perte d'activités économiques. Il y a des pertes de salaires
pour des régions, en plus, comme je l'ai dit tantôt, de tout
l'aspect humain à côté duquel le Solliciteur
général choisît cette fois-ci de passer.
Je vais laisser la parole au député de Marquette. J'ai
d'autres questions sur d'autres prisons et je voudrais également
aborder, entre autres, les programmes 4 et 6, qui sont particulièrement
importants.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre.
M. Latulippe: Je vaudrais répondre à mon
collègue de Taillon. Je ne sais pas si... Mon collègue de Taillon
semble obnubilé par les fonctionnaires du Conseil du trésor. Cela
fait deux ou trois fois qu'il m'en parle, en regard à la situation
existant au temps de son ancien gouvernement, ou du temps où, je pense,
il a été conseiller politique. Je ne sais pas s'il a eu des
problèmes à l'époque avec les fonctionnaires du Conseil du
trésor. Je peux vous dire que la situation, que les décisions que
nous avons prises à propos des centres de détention
étaient basées sur des facteurs hautement humains. D'ailleurs, la
meilleure preuve, c'est la façon dont nous avons traité le
personnel de ces centres de détention. J'inviterais mon collègue
à un peu plus de rigueur au niveau de l'analyse et au niveau aussi de
l'objectivité.
Le Président (M. Marcil): Je reconnais le
député de Marquette.
M. Dauphin: Merci beaucoup. Est-ce qu'on peut parler de
côté ou s'il faut parler par en avant? Cela va.
Le Président (M. Marcil): La télévision
n'est pas ici présentement.
M. Dauphin: Une très brève question, M. le
Président - on en a parlé quelque peu tantôt - relativement
aux annonces trimestrielles que l'ancien gouvernement faisait en rapport avec
l'institution de Parthenais. En corollaire avec Parthenais, on parlait souvent
de la ville de LaSalle, l'ouverture d'une nouvelle prison à la ville
de
LaSalle. Pendant au moins sept ans, on a annoncé du
côté de l'ancien gouvernement, qu'on construirait une prison
à la ville de LaSalle. Comme par pur hasard, le 24 novembre 1985, soit
une semaine et demie avant le scrutin provincial, M. Bédard, qui avait
été nommé Solliciteur général à la
toute fin, nous avait envoyé une lettre à savoir qu'il
n'était plus question de construire une prison à LaSalle. Alors,
j'aimerais savoir de vous, M. le ministre -malgré que j'aie lu et me
sois tenu au courant des orientations générales de votre
ministère, ou futur ministère à être
créé prochainement - quelles sont les intentions du
ministère, avec ce qu'on nous a annoncé depuis sept ans et qu'on
a annulé une semaine avant le vote.
M. Latulippe: Je pense que c'était un des sports de
l'ancien ministre de la Justice que d'annoncer la fermeture de Parthenais,
d'annoncer la construction d'une prison à LaSalle, jusqu'au point
où les citoyens étaient contre, d'annoncer à nouveau la
fermeture de Parthenais jusqu'à la veille des élections,
où on se rendait compte de l'opposition des citoyens, où on
annonçait «à nouveau qu'on ne construirait cette fois plus
de prison à LaSalle, avec comme conséquence, à ce
moment-là aussi, qu'on ne fermait pas Parthenais. Quant à nous,
c'est clair, nous l'avons dit et je le répète, ce n'est
certainement pas mon intention de construire une prison à la ville de
LaSalle.
M. Dauphin: Merci beaucoup. Personnel des institutions
carcérales
M. Filion: J'ai quelques questions qui vont être
brèves, pour terminer le programme 3. Je ne veux limiter votre temps de
parole aucunement, mais vous savez que j'aimerais beaucoup traiter avec vous de
la réorganisation des forces policières. D'abord, en ce qui
concerne la maison Tanguay, il doit y avoir eu des développements en ce
qui concerne le processus de médiation, entre autres, avec la Commission
des droits de la personne, et quant aux recommandations de la Commission des
droits de la personne, pour la compensation, pour le fonds des détenus,
et l'amélioration des services médicaux. (17 h 15)
M. Latulippe: Pour ce qui est du fonds des détenus -
j'avais eu l'occasion de vous le mentionner informellement - c'est notre
intention de présenter un projet de loi relativement à la
question du fonds des personnes incarcérées, du fonds des
détenus, autant sur le plan de la personnalité juridique de ce
fonds que sur le plan des questions qui relèvent de la gestion des fonds
locaux des détenus, de l'utilisation de ces
fonds," dans le but d'être en mesure d'atteindre des objectifs de
responsabilisation de la personne détenue en rapport avec ce fonds et en
rapport avec les programmes occupationnels, également, qui
découlent de l'utilisation de ces fonds.
M. Filion: Est-ce un projet de loi, sauf erreur, qu'on peut
envisager pouvoir étudier ici, à l'Assemblée nationale,
avant... C'est-à-dire, est-ce qu'il pourrait être
déposé avant le 15 mai?
M. Latulippe: Je peux vous dire qu'il est dans la machine.
M. Filion: II est dans la machine à saucisses.
M. Latulippe: II devrait probablement, j'espère,
être là pour cette présente session.
M. Filion: D'accord. En ce qui concerne l'amélioration des
services médicaux?
M. Latulippe: II y a plusieurs ententes, comme vous le savez, non
seulement à Tanguay, parce qu'il y a déjà eu une entente
à Tanguay avec les CLSC. Une amélioration s'est effectuée
sur le plan des services médicaux. Sur le plan des soins de
santé, il y a eu une diminution du délai d'attente, entre autres,
qui s'est faite à la suite du rapport. Je peux vous dire qu'il y a des
ententes dans d'autres centres de détention en rapport avec les CLSC sur
le plan des soins de santé.
M. Filion: D'accord, je vous remercie. En ce qui concerne le
fonds des détenus, je suis un petit peu surpris, comme je l'avais fait
remarquer au Solliciteur général, qu'on doive procéder par
législation. Mais je tiens pour acquis... Evidemment, cette analyse a
dû être faite, refaite et surfaite. Advenant le cas où,
comme cela semble être le cas, le Solliciteur général doive
procéder par législation pour reconnaître juridiquement
cette entité, à ce moment, il pourra sûrement compter sur
notre collaboration.
M. Latulippe: C'est un peu plus, c'est plus que seulement
reconnaître juridiquement l'existence du fonds. Le fonds existe
déjà dans la loi. C'est un des facteurs, à ma
connaissance, la personnalité juridique du fonds. Deuxièmement,
il y a d'autres éléments, comme la participation des
détenus à la gestion ou le type de participation qu'ils auront
à la gestion du fonds local, les modalités de gestion, les
modalités d'analyse, les modalités de vérification de ce
fonds.
Ce sont des amendements que nous apporterons à la Loi sur la
probation et sur les établissements de détention.
M. Filion: Je comprends que les pouvoirs réglementaires
actuels ne le permettent pas, c'est cela?
M. Latulippe: C'est cela.
M. Filion: D'accord. Rapidement, encore une fois, vous avez
relevé qu'en ce qui concernait le Conseil du trésor j'avais
l'épiderme sensible. IL semble qu'un projet pilote concernant les
revendications de la Direction générale de la détention
auprès du Conseil du trésor soit en cours et que ce projet
conférerait plus d'autonomie à la direction quant à ses
revendications, en ce sens qu'un contrôle moins strict serait
exercé par le Conseil du trésor.
Or, qu'en est-il, selon le ministre? L'expérience, si elle a eu
lieu, s'est-elle avérée concluante? ...les interventions, M. le
Solliciteur général, pourvu que vous donniez plus de marge, plus
d'autonomie à votre ministère, en bonne partie...
M. Latulippe: J'espère que vous êtes d'accord...
M. Filion: ...parce que, encore une fois, les analyses
mathématiques, vous savez, il faut... Un illustre inconnu, comme disait
l'autre, disait: Les statistiques sont aux hommes politiques ce que les
lampadaires sont aux ivrognes. Ils soutiennent plus qu'ils n'éclairenti
Alors, des fois il faut faire attention aux analyses très bien
chiffrées du Conseil du trésorl
M. Latulippe: Je comprends bien, M. le député de
Taillon, que vous utilisez à vos fins de façon
régulière ce dicton?
M. Filion: Non, vous avez remarqué que j'essaie de ne pas
employer beaucoup de chiffres et de statistiques dans le genre de débats
que nous avons, parce que, précisément, des chiffres, on peut en
trouver à toutes les sauces quand on est bien entouré. Mais, ceci
étant dit...
M. Latulippe: Merci, M. le député de Taillon, de
dire que je suis bien entouré.
M. Filion: Malheureusement, cet après-midi, j'ai eu
beaucoup de chiffres.
M. Latulippe: Nous avons un excellent cabinet, un excellent
personnel politique. Nous avons des députés qui m'entourent qui
sont excellents, un excellent Conseil des ministres et je vous remercie de nous
louanger.
M. Filion: En ce qui concerne le projet pilote? Il a
oublié de dire qu'il avait d'excellents fonctionnaires. Moi, c'est ce
que j'ai remarqué.
M. Latulippe: Ce à quoi vous faites
référence, M. le député de Taillon, c'est ce qu'on
appelle le contrat de productivité. L'objectif des discussions que nous
avons, au niveau de nos sous-ministres et du Conseil du trésor, est
d'arriver à planifier un niveau optimal de ressources, avec ce que cela
comporte comme gestion à l'intérieur de ce niveau optimal de
ressources. Je peux vous dire que nous n'avons pas, pour l'année en
cours, terminé les discussions avec le Conseil du trésor pour
être en mesure d'arriver à une entente au niveau de ce contrat de
productivité, mais c'est l'un de nos objectifs de le faire dans
l'année qui vient.
M. Filion: Je pense que c'est une formule intéressante, en
tout cas à l'oeil, qu'il ne faudrait sûrement pas abandonner pour
permettre - probablement que cela se fait à d'autres endroits aussi -
aux administrateurs de votre ministère d'appliquer des politiques
intégrées.
M. Latulippe: Cela permettrait, entre autres, de lever ou
d'éviter certaines contraintes au niveau administratif. Je pense que
c'est l'un de nos objectifs, que d'améliorer la qualité de la
gestion. Je pense que c'est un objectif qui doit être poursuivi
constamment, lorsque vous occupez un poste de ministre, que d'améliorer
la qualité de la gestion à l'intérieur de votre
ministère. C'est un objectif qui est constamment à renouveler et
c'est ce à quoi nous nous attardons au sein de notre
ministère.
M. Filion: En ce qui concerne la problématique
générale de ceux qu'on appelle les gardiens de prison, ou l'Union
des agents de la paix en institutions pénales - je pense que c'est te
nom le plus français... D'ailleurs, je souligne que le ministre a une
expérience en relations du travail qui n'est sûrement pas
négligeable. Je lisais dans l'une des interviews qu'il a données
au journal du ministère: Nous sommes à une époque
où l'on entre dans de profonds changements au niveau de la gestion du
personnel, au niveau des relations du travail au Québec. De plus en
plus, les travailleurs doivent être amenés à participer,
à se sentir partie prenante de l'entreprise et des décisions de
l'environnement dans lequel ils évoluent. C'est une entrevue que donnait
le Solliciteur général, je pense que c'était au journal du
ministère à l'époque.
Je dois dire au Solliciteur général que je suis d'accord.
Je pense qu'il faut de plus en plus investir dans une meilleure gestion des
ressources humaines, une meilleure participation également des
employés aux prises de décisions, des travailleurs et des
travailleuses, de ceux qui vivent la situation. Vous savez qu'au
ministère du Travail le service de médiation préventive,
au bout de quatre ans de travail, a, quant à lui, mis le doigt sur ce
qu'était le principal fléau en relations du travail. Ce sont ceux
qui sont directement en contact avec le public ou, en tout cas, avec le
travail, ceux qui sont sur la ligne de production et leur contact avec leur
premier supérieur, ceux qu'on peut appeler, dans une grosse usine, les
contremaîtres. C'était là la clé pour le service de
médiation préventive, une étude extrêmement
intéressante.
Je sais que le Solliciteur général participe à
cette philosophie, tout au moins au niveau du discours. Là où je
suis inquiet, c'est quand je vois, à l'occasion de la fermeture des
prisons, premièrement, la non-consultation des travailleurs. En plus de
cela, dans un entrefilet que je n'ai pas voulu conserver, il semblerait que des
représentants de votre syndicat sont sortis vite de votre bureau ou, en
tout cas, il est arrivé un frottement. Cela m'inquiète un peu, M.
le Solliciteur général, de voir qu'au niveau du discours la
tendance tout à fait moderne et contemporaine de faire participer les
gens aux prises de décisions... Il faut les consulter, les mettre dans
le coup. Là où j'ai été inquiet, c'est quand j'ai
vu dans les faits, véritablement, sans parler évidemment des
régions - mettons cela de côté, je ne veux pas susciter de
polémique - les gardiens de prisons, comme on les appelle, les agents de
la paix en institutions pénales ou en milieu carcéral,
représentés par une association accréditée,
être écartés de la prise de décision du ministre.
Encore une fois, il faut mettre les gens dans le coup, aujourd'hui, si on veut
que cela marche. C'est cela la règle. Je pourrais en parler longtemps.
Le Solliciteur général connaît l'intérêt que
je porte et je devine l'intérêt qu'il porte également aux
questions de relations du travail. Mais je dois vous dire que je n'ai pas
trouvé dans les gestes qu'il a posés et les décisions
qu'il a prises, depuis son arrivée au ministère, d'application
concrète de cette philosophie de participation.
Encore une fois, pour terminer là-dessus, lorsqu'on examine la
décision annoncée hier de la création d'un comité
d'étude sur l'important dossier de la réorganisation des forces
policières, on constate qu'il n'y a aucun représentant des
municipalités et aucun représentant des travailleurs
eux-mêmes. Dans ce cas-ci, ce sont les policiers. Je ne veux pas,
là-dessus, encore une fois, en ce qui concerne l'ancien directeur de la
Sûreté du Québec, qui a une expérience
sûrement inestimable... Je suis préoccupé, M. le
Solliciteur général, par la distance qui sépare vos
discours de vos gestes non seulement dans ce dossier mais, en particulier, au
niveau des relations du travail. Vous pourriez peut-être me rassurer.
M. Latulippe: Oui, je sais que mon
collègue de Taillon, comme on me l'a dit, a aussi une
expérience inestimable en matière de relations du travail. Je
dois lui relancer la balle là-dessus. Mon collègue de Taillon, vu
son expérience, comme la mienne en matière de relations du
travail, connaît certainement la différence qu'il faut faire entre
la cogestion et la qualité de vie au travail. La cogestion veut dire,
évidemment, que les employés participent à la gestion et
aux décisions du gestionnaire, lorsqu'on a à faire des choix
budgétaires. Lorsqu'on a à diriger un ministère, je pense
que cela ne se fait pas sous forme d'une cogestion. La responsabilité
publique que nous avons envers la population du Québec, du fait que nous
sommes des élus mandatés par la population pour décider,
pour faire des choix budgétaires, fait en sorte que cela exclue des
notions de cogestion.
Par ailleurs, mon collègue sait fort bien que la qualité
de vie au travail passe par différents facteurs. Elle passe d'abord par
une attitude positive et ouverte vis-à-vis de nos partenaires que sont
les syndicats. Elle passe aussi par une préoccupation constante en
dehors des périodes de négociation de conventions collectives, un
respect des gestes d'administrateurs que l'on pose vis-à-vis de notre
personnel. Je peux vous dire que j'ai procédé en fonction de
cette philosophie que nous partageons tous les deux. Je vais vous donner deux
exemples. Le premier exemple, c'est la façon dont nous avons
traité le personnel qui est relocalisé dans nos centres de
détention. Non seulement n'y a-t-il pas de coupure de postes, non
seulement avons-nous protégé l'emploi de ces personnes, mais nous
les avons rencontrées. Nous assumons les frais de relocalisation. Nous
ne leur avons pas imposé de réaffectations, nous avons
tenté avec elles de leur donner des choix pour qu'elles puissent
être en mesure de choisir les lieux où elles seront
relocalisées. Nous avons préparé une politique d'accueil,
pour ces personnes, dans les nouveaux centres de détention où
elles seront relocalisées. (17 h 30)
Nous avons donc agi vis-à-vis du personnel de la façon la
plus ouverte, la plus humaine possible. C'est la même démarche que
nous avons entreprise vis-à-vis des agents de la paix, quant à
leur formation. Vous savez comme moi que l'amélioration de la
qualité de la vie au travail passe par ia revalorisation des rôles
du travailleur, de la personne qui travaille. Il faut se préoccuper de
la nature de son travail, il faut se préoccuper d'enrichir la
tâche de nos travailleurs, parce que la motivation de ces personnes en
dépend. Souvent, comme vous le savez probablement, M. le
député de Taillon, puisque vous avez pratiqué en relations
du travail, le niveau d'absentéisme des personnes va dépendre de
la motivation qu'elles ont au travail.
En particulier, en ce qui concerne les agents de la paix, nous nous
sommes préoccupés à les former à assumer un nouveau
rôle, un rôle différent, celui d'intervenant direct
auprès de la population des détenus. Nous allons leur donner deux
cours spécifiques cette année, un sur les relations
interpersonnelles, l'autre sur la psychologie du délinquant. Si vous
avez visité Parthenais, j'imagine que vous êtes allé au 13e
étage et que vous avez discuté avec les agents, les surveillants.
Ils ont certainement dû vous dire comment ils ont participé
à développer cette nouvelle philosophie, cette nouvelle relation
d'aide vis-à-vis les détenus. Non seulement se sont-ils
basés ou ont-ils accepté la formation qu'on leur donnait, mais
ils ont pris les devants pour développer eux-même des relations
d'aide différente, nouvelle vis-à-vis de ces détenus. Je
pense que, comme Solliciteur général et comme personne
préoccupée des relations du travail, préoccupé du
bien-être de mon personnel, j'ai agi en conséquence de la
philosophie que nous partageons.
Puisque vous avez soulevé le dossier de la réorganisation
des farces policières et que vous avez parlé de mon
comité, j'aurais aimé que vous assistiez hier à la
conférence de presse pour comprendre le mécanisme parce que, tout
au long des semaines et des mois qui ont précédé, j'ai eu
des relations constantes, directes. D'ailleurs, j'aurais aimé que vous
soyez au congrès de la PPQ pour voir la réception que j'ai
reçue de la part du syndicat des policiers. Parce qu'effectivement, les
policiers, leurs représentants syndicaux, seront impliqués tout
au long de la démarche pour en arriver à une
réorganisation des forces policières. Le comité que j'ai
formé est composé de personnes qui ont un recul, qui n'ont pas
d'intérêt spécifique à défendre, en ce qui
concerne la réorganisation des forces policières. Que ce soient
des personnes provenant des municipalités, il n'y a personne qui
actuellement provient ou travaille dans le milieu policier, il n'y a personne
qui provient des forces policières, des directeurs, des chefs
d'association, des chefs de police.
Personne, finalement, n'a un intérêt spécifique
à défendre sauf que, si vous aviez été en
conférence de presse, vous auriez constaté que la démarche
est double. Il y a une équipe de travail qui aura à bâtir
les scénarios d'organisation, les orientations. Sur cette équipe
de travail, aux différentes étapes de cette équipe de
travail, les intervenants, y compris les syndicats policiers, vont pouvoir et
devoir... Nous allons demander leurs interventions tout au long du processus.
Ils seront non seulement consultés, mais ils seront partie prenante tout
au long du processus. Je pense que la démarche que j'ai entreprise
comme
Solliciteur général et l'attitude que j'ai eue
vis-à-vis des syndicats est positive. Évidemment, la question des
négociations collectives, toute question qui relèvera des
négociations sera négociée en temps et lieu. Mais en
dehors des négociations, puisque nous sommes à
l'extérieur, en partie, pour les dossiers dont je vous ai parlé,
mon attitude est conforme à la philosophie que nous partageons.
M. Filion: M. le Président, j'ai une dernière
question. Peut-être qu'on peut la régler. Je reviendrai sur la
question de la réorganisation des forces policières pour qu'on
puisse finir le programme 3. Ma dernière question: On a parlé
beaucoup des travaux compensatoires pour paiement d'amendes. Je pense que c'est
important, c'est une voie intéressante de ressources. Or, cette loi,
à moins d'entente avec les municipalités, ne concerne pas les
sentences qui peuvent être rendues en cour municipale. Alors, j'aimerais
savoir du ministre s'il existe de telles ententes avec les
municipalités, et s'il peut déposer la liste, s'il l'a, des
ententes avec les municipalités.
M. Latulippe: Je peux vous dire que, malheureusement, entre le
moment où nous avons pris le pouvoir et maintenant, il y a très
peu de municipalités - je pense qu'il n'y en a que quatre - qui ont
voté le décret relatif aux travaux compensatoires. Je peux vous
dire que je crois personnellement que l'emprisonnement pour défaut de
paiement de l'amende - c'était d'ailleurs dans le programme du Parti
libéral lors de la dernière élection - devrait être
aboli complètement. Une des recommandations que me fera le Comité
sur les alternatives à l'incarcération sera de m'identifier,
entre autres, quelles sont les alternatives, parce qu'il y a évidemment
les travaux compensatoires et il peut y avoir d'autres alternatives. Quand on
pense aux personnes qui sont emprisonnées pour défaut d'avoir
payé leur billet de vitesse, est-ce qu'on n'aurait pas d'autres moyens
pour les forcer à payer leur billet, leur contravention, alors qu'ils
ont commis des impairs à la sécurité routière?
M. Filion: Je sais tout cela. On n'a pas besoin de recommencer
à zéro. Si je vous pose la question bien précise, à
savoir, combien...
M. Latulippe: Vous me posez la question, M. le
député, il faudrait...
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaîtl S'il vous
plaît!
M. Filion: Ma question était simple: Est-ce qu'il existe
des ententes? Est-ce qu'il peut déposer la liste? Depuis le début
le Solliciteur général...
Le Président (M. Marcil): M. le porte-parole, s'il vous
plaît! M. le député de Taillon, on va permettre au ministre
de terminer sa réponse étant donné qu'il a 20 minutes.
M. Filion: Le temps est précieux ici comme ailleurs.
Le Président (M. Marcil): Vous avez raison, je l'ai
mentionné aux deux partis depuis le début.
M. Latulippe: Je déposerai la liste des
municipalités qui ont voté ces décrets. Je n'ai pas
d'objection à le faire.
M. Filion: II y en a quatre. C'est cela?
M. Latulippe: À ma connaissance. M. le
député de Taillon, je m'engage à déposer la liste
dès que je pourrai le faire devant cette commission.
M. Filion: D'accord, cela va.
Le Président (M, Marcil): Est-ce qu'on peut conclure que
le programme 3 est adopté?
M. Filion: Sur division.
Le Président (M. Marcil): Sur division. On passe
maintenant au programme 4, "Sécurité publique".
Sécurité publique
M. Filion: On va regarder un peu mon commentaire du début
en ce qui concerne la réorganisation.
Le Président (M. Marcil): Juste une question technique, M.
le député de Taillon. Nous prévoyons terminer à 18
h 24. Cela va?
M. le député de Taillon.
Réorganisation des forces
policières
M. Filion: M. le Président, en ce qui concerne la
réorganisation policière au Québec, je prends le texte de
sa conférence de presse d'hier comme, d'ailleurs, il en fait assez
régulièrement: "Le Solliciteur général s'attaque
à un dossier majeur." C'est le titre. C'est important, on s'y met, je
m'y mets, je me dis: II vient de se passer quelque chose, cela y est, cela
bouge. Cela bouge, M. le Président, et quand on regarde toute la
paperasse, au-delà du brassage de nuages, ce qu'on trouve, c'est un
comité formé de deux banquiers, deux pédagogues,
un ancien directeur de la Sûreté du Québec et un
avocat. Aucun effectif policier, aucun représentant policier en
exercice, aucun représentant de la Commission de police et surtout,
encore devrais-je dire, aucun représentant des municipalités.
Incroyable! Alors qu'on sait tous qu'un des enjeux importants, la
réorganisation des forces policières au Québec, sera la
question des sous des contribuables dans certaines municipalités
où, actuellement, il existe des corps de police, dans d'autres
municipalités où- il n'en existe pas et pour l'ensemble des
contribuables qui paient pour la Sûreté du Québec.
Le Solliciteur général s'attaque à undossier majeur. Il crée un comité. Imaginez-vous! Il aurait
pu faire cela sans déranger personne, avec deux banquiers, comme je l'ai
dit, et personne de la Commission de police, pas un policier en exercice, pas
un représentant des municipalités. C'est inacceptable, M. le
Président! La décision du ministre quant à son
comité d'étude sur la réorganisation des forces
policières est non seulement inacceptable, mais incroyable! Incroyable!
Dans ce sens-là, on peut se demander... Le ministre a donné
plusieurs interviews, depuis quatre mois, à peu près à
tout le monde, en disant: Écoutez, cela s'en vient, la
réorganisation des forces policières, c'est une de mes
priorités, etc. Du brassage de nuages et des discours. Le Solliciteur
général passe à l'action. Imaginez-vous deux secondes la
réaction aujourd'hui des maires des régions, des effectifs
policiers eux-mêmes, que ce soit chez les agents de la paix ou au niveau
de la hiérarchie, la réaction de dépit qui doit exister et
la frustration qui doit exister à tous les niveaux. Le Solliciteur
général aura beau créer les organigrammes qu'il voudra, on
ne passe pas à l'action, on ne s'attaque pas à un dossier comme
celui-là en faisant fi des représentations véritables et
des intérêts qui sont en jeu dans ce cas-ci.
M. le Président, j'ai une courte expérience parlementaire,
qui se limite à quatre mois à peine. Je dois vous avouer que
celle-là, c'a a été le plat. J'ai suivi, j'avais
hâte, j'ai vu le Telbec hier, mais c'est ce matin, finalement, que j'ai
reçu le dossier de presse du Solliciteur général. J'ai
demandé à le voir parce que je ne croyais pas ce que je lisais
dans les journaux. Évidemment, la réaction n'a pas
été longue à se faire sentir. On n'a qu'à lire les
propos du président de l'Union des municipalités
régionales de comté, M, Cholette, pour comprendre...
M. Latulippe: Nicolet.
M. Filion: Pardon.
M. Latulippe: Cholette, c'est l'autre.
Des voix: Nicolet.
Une voix: Celui qui envoie des lettres.
M. Latulippe: Vous ne parlez pas du même programme.
M. Filion: Je cherche son prénom. M. Roger Nicolet. Je
l'ai lu tantôt. Je pense qu'on vient de sonner le glas parce
qu'entreprendre, passer à l'action dans un dossier comme celui-là
d'une façon comme celle-là, je vais vous dire que c'est bien mal
commencer ses devoirs.
M. le Président, j'aimerais que le Solliciteur
général m'explique comment il a pu en arriver à passer
à l'action et à approuver un communiqué de presse
où on essaie de dire sérieusement aux gens que le Solliciteur
général s'attaque à un dossier majeur de cette
façon-là.
M. Latulippe: Mon collègue de Taillon aurait eu avantage
à faire un peu plus que lire les journaux et à suivre ce qui
s'est vraiment passé. Mon collègue de Taillon aurait eu avantage
à voir comment et quelle a été la réaction des
intervenants. Hier - je peux l'en informer - il aurait pu être
présent, c'était public. Il y avait des gens de la
Sûreté du Québec, des corps policiers provinciaux, des
corps policiers municipaux, de l'Union des municipalités, de l'Union des
municipalités régionales de comté. Les présidents
des syndicats policiers, M. Nadon, M. Marcil, M. Turcotte, étaient
présents hier à une rencontre, parce qu'effectivement j'ai
rencontré les intervenants. Non seulement j'ai rencontré les
intervenants hier, mais cela fait plusieurs mois que je les rencontre, un
à un, pour discuter avec eux de la façon dont ils pourraient
coopérer, de la façon dont ils pourraient travailler avec moi,
avec une équipe de travail à la rénovation de l'ensemble
des forces policières au Québec.
M. le député de Taillon, je pense qu'il y a un consensus
sur la nécessité de procéder à une
rénovation importante de nos forces policières au Québec.
Les intervenants sont d'accord. Hier, lors de la rencontre avec les
intervenants - je ne parle pas de la conférence de presse, je parle
d'une rencontre que j'ai eue avec l'ensemble des intervenants, pour expliquer
la façon dont ils participeraient, parce que je les ai consultés,
avant cette démarche, sur le processus que j'allais entreprendre - je
peux vous dire qu'ils ont eu une réaction tout à fait positive,
quant à leur participation à la démarche que j'ai
entreprise hier.
Je leur ai dit qu'effectivement, ils seront impliqués dans
l'équipe de travail qui, au sein de mon ministère,
préparera les scénarios d'organisation. Je leur ai demandé
d'ailleurs, d'ici au 1er juin, de me faire parvenir tous les documents qu'ils
jugeront à
propos, dans le but que l'on puisse s'en inspirer pour procéder
à cette rénovation. Je peux vous dire que j'ai consulté
non seulement le Conseil des ministres, mais aussi, en particulier, certains
des ministres qui sont spécifiquement concernés, dont le ministre
des Affaires municipales et le ministre des Transports. (17 h 45)
D'ailleurs, dans l'équipe de travail, il y aura un des
sous-ministres du ministère des Affaires municipales, M. Jacques
O'Bready qui, comme vous le savez, a déjà été maire
de la ville de Sherbrooke. C'est une équipe qui mettra à
contribution les intervenants. Par ailleurs, finalement, on aura des
décisions à prendre. C'est une démarche qui, comme vous le
dites, est complexe, qui implique plusieurs intervenants. Vous avez, comme
gouvernement, un choix à faire. Il est important que, dans le
comité qui me conseillera spécifiquement sur l'ensemble de la
démarche, sur le choix des scénarios, les personnes qui en font
partie soient des personnes qui aient un recul, qu'elles soient en mesure
d'avoir un recul face aux différents intérêts qui sont
concernés dans cette démarche.
Comme vous l'avez dit tout à l'heure, il y a différents
intervenants qui ont des intérêts divergents, souvent même
opposés. Les personnes que j'ai choisies l'ont été en
rapport avec les éléments les plus importants dans cette
réforme, c'est-à-dire la question fiscale et la question sociale.
Ce sont des éléments importants qui ont amené notre
réforme. Les personnes qui ont été choisies sont
respectées dans toute la société québécoise
pour leur objectivité et leur réalisme. Il suffit de mentionner
M. Pierre Goyette, qui est président de la Banque d'épargne de
Montréal et Mme Dorothy Wills, sociologue. Ces personnes ont un recul
par rapport aux différents intérêts. Mais les intervenants,
y compris les municipalités, non seulement sont concernés, mais
sont partie prenante de la démarche. Il est important que vous le
sachiez, parce qu'on l'a dit et on le redit; et au moins, que vous compreniez
cette démarche, si vous faites un petit effort.
M. Filion: M. le Solliciteur général, vous aurez
beau ajouter tous les mots que vous voulez, mais un comité consultatif,
cela conseille et cela avise les personnes qui prennent les décisions.
En ce sens, je ne sais pas pourquoi vous avez écarté des gens,
qui vivent à tous les jours des situations, pour former ce
comité. Je vous rappellerais qu'au Québec historiquement - vous
le savez d'ailleurs - il y a toujours eu un partage des responsabilités
en matière de sécurité publique, entre le provincial et le
municipal, partage que je dirais historique. On peut se demander si le
Solliciteur général croit toujours à cette
complémentarité des rôles du gouvernement du Québec
et des municipalités en matière de protection policière
sur le territoire québécois.
J'en aurais long à dire. J'aimerais étudier la
Sûreté du Québec avec vous. Je vais limiter mes
commentaires parce que j'ai l'impression que nous pourrions filer
longtemps.
M. Latulippe: Je vaudrais que M. le Président me permette
de répondre à cette dernière intervention du
député de Taillon. Il est exact - je le redis au
député de Taillon et, d'ailleurs, le ministère des
Affaires municipales et son ministre sont concernés -les
municipalités sont et seront partie prenante de la démarche. Il
est exact cependant, que je suis comme Solliciteur, directement responsable de
l'administration de la Loi de police. C'est une loi qui relève de ma
juridiction. Mais il est évident que, même si cette loi
relève de ma juridiction, les municipalités et les
ministères concernés sont importants dans la démarche et
sont impliqués dans la démarche que nous avons entreprise.
Le Président (M. Marcil): Cela va pour le programme 4?
M. Filion: Non. J'ai quelques questions au programme 4. Ce sont
des questions rapides.
M. Latulippe: Programme 4, qui est le programme sur...
M. Filion: "Sécurité publique". Moi, je le connais.
Je suis sûr que vous le connaissez un peu, vous aussi.
M. Latulippe: Excusez, est-ce que je peux poser une question
d'information? Le programme 3, sur la Commission québécoise des
libérations conditionnelles...
M. Filion: Oui, c'est adopté sur division.
M. Latulippe: Commission québécoise des
libérations conditionnelles.
Le Président (M. Marcil): Le programme 3 est adopté
sur division.
M. Latulippe: D'accord.
Le Président (M. Marcil): C'est ça?Programme 4.
M. Filion: D'accord. En ce qui concerne le Laboratoire de police
scientifique et le laboratoire de médecine légale, d'un
côté il y a ce laboratoire et, de l'autre côté, les
nouvelles fonctions, les nouveaux rôles, qui devront être
assumés, qui découlent de la
nouvelle Loi sur les coroners. Est-ce que le ministre peut nous dire
s'il y a coordination - je vois le sous-ministre opiner - s'il y a un
dédoublement, même, dans certains cas? J'ai l'impression que les
ressources de l'une peuvent être fort utiles à l'autre. Une bonne
partie du travail au niveau des coroners pourrait être
allégée par les instruments importants que constituent le
Laboratoire de police scientifique et le laboratoire de médecine
légale. Si le ministre pouvait m1 assurer qu'il n'y a pas de
dédoublement et qu'il y a une bonne coordination, nous passions à
la question suivante. C'est ça?
M. Latulippe: Oui. Effectivement, les coroners ont
été formés par les pathologistes du Laboratoire de
médecine légale. Oui, il y a une bonne collaboration, j'allais
même dire une excellente collaboration.
M. Filion: J'ai l'impression qu'elle va devenir active au point
où il faudrait - je ne sais pas si vous songez à un moment
donné... organiquement rapprocher ces deux.,,. D'abord, est-ce qu'ils
sont situés au même endroit?
M. Latulippe: Non. D'ailleurs, je peux vous dire une chose, c'est
que je pense même que - déjà, c'est commencé
probablement on réussira à avoir moins d'autopsies qu'on n'en
avait, parce que, comme vous le savez, les coroners vont avoir à faire
un examen externe et cela va amener une réduction du niveau des
autopsies.
M. Filion: D'accord. Le Laboratoire de police scientifique et le
Laboratoire de médecine légale sont situés où?
M. Latulippe: À Parthenais. Les avez-vous
visités?
M. Filion: Mais les coroners, est-ce qu'ils ne sont pas à
Parthenais, eux aussi?
M. Latulippe: L'avez-vous visité?
M. Filion: Est-ce qu'ils ne sont pas à Parthenais,
également, les coroners?
M. Latulippe: Les coroners sont à la Place Desjardins.
M. Filion: À la Place Desjardins.
M. Latulippe: Ce n'est pas loin. Je ne sais pas si vous avez
visité le Laboratoire de médecine légale?
M. Filion: M'invitez-vous?
M. Latulippe: Ah oui! vous êtes bienvenu en tout temps, M.
le député de
Taillon.
M. Filion: Cela dépend du cadavre que Ie3 coupures vont
avoir mis sur la table.
M. Latulippe: Pas sur une table. À moins que vous ne
vouliez une autopsie prématurée.
M. Filion: M. le Président, en ce qui concerne l'Institut
de police, ce n'est pas un problème facile et j'ai vu - je ne me trompe
pas - que la formation des policiers était pour faire partie du cadre de
réflexion de votre comité conseiller. Est-ce que je me trompe
là-dessus?
M. Latulippe: Oui, effectivement, c'est un des
éléments.
M. Filion: Indépendamment des travaux du comité,
est-ce qu'on peut savoir vos orientations eu égard à
l'hypothèse de la prise en main par la Sûreté du
Québec du contrôle sur la formation des policiers?
M. Latulippe: M. le député de Taillon, je ne pense
pas que je vais répondre sur des hypothèses. Je pense que vous me
parlez de questions hypothétiques. J'ai mal compris votre question,
alors. Si vous voulez la répéter?
M. Filion: Oui, c'est une alternative.
M. Latulippe: Vous parlez de l'alternative que la
Sûreté prenne en main la formation des policiers?
M. Filion: Oui, je vous énonce cela et comment
réagissez-vous à cette possibilité?
M. Latulippe: M. le député de Taillon, je pense que
nous avons devant nous beaucoup de crédits à analyser, des choses
concrètes et des choses vraiment réelles. On a passé
énormément de temps sur différents sujets. Je ne pense
pas...
M. Filion: Qui va donner...
M. Latulippe: ...qu'il soit d'intérêt de discuter
hypothétiquement, dans les nuages, d'hypothèses "possiblement
hypothétiques". Je pense que vous êtes plus concret que cela, M.
le député de Taillon. Nous avons des programmes concrets à
analyser. Nous avons des crédits concrets. Il nous reste toute la
Sûreté du Québec à analyser, la Commission de
police.
M. Filion: M. le Solliciteur général, la formation
des nouveaux policiers, c'est quelque chose de très concret. Je vous
demande: Écartez-vous la possibilité que cette formation puisse
un jour être donnée
par la Sûreté du Québec?
M. Latulippe: La formation est actuellement donnée parl'Institut de police.
M. Filion: Je le sais.
M. Latulippe: C'est très important, et je vais vous donner
un exemple pour montrer jusqu'à quel point c'est important.
M. Filion: Écartez-vous cette hypothèse-là,
oui ou non?
M. Latulippe: M. le député de Taillon, ce sont des
hypothèses "hypothétiques". Vous naviguez dans des
hypothèses; vous êtes un homme plus concret que cela, M. le
député de Taillon, quand vous...
M. Filion: Écartez-vous cette hypothèse-!à?
Cela est bien concret, je ne vous demande pas de me donner des exemples.
M. Latulippe: Comme avocat en relations du travail, vous
étiez un homme beaucoup plus concret. Avez-vous changé comme
député?
M. Filion: M. le Solliciteur général, ma question
est simple: Écartez-vous, oui ou non, la possibilité que la
formation des policiers soit donnée par la Sûreté du
Québec? Vous me dites oui, non ou peut-être?
M. Latulippe: Non, M. le député de Taillon, je n'ai
pas l'intention de répondre à des questions qui sont
hypothétiques; ce sont des hypothèses que vous montez...
M. Filion: ...
M. Latulippe: ...vous-même. Ce n'est pas mon intention de
répondre à des questions hypothétiques puisque nous avons
des crédits fort concrets à analyser, et je vous convie à
les analyser avec nous.
M. Filion: M. le Solliciteur général, vous
êtes maître de vos réponses, je vais être maître
de mes questions. Je vous questionne sur une orientation. J'apprécierais
beaucoup que vous me répandiez parce que je suis ici pour vous
interroger justement sur vos politiques, sur vos orientations, pour savoir
où on s'en va. Je vous pose la question et je la rends la plus simple
possible. Écartez-vous, oui ou non, la possibilité que la
formation des policiers puisse être donnée par la
Sûreté du Québec?
M. Latulippe: C'est une question très hypothétique
que je n'ai même pas considérée, M. le député
de Taillon.
Actuellement, ce n'est certainement pas dans mes intentions. Si vous
regardez le programme qui est devant nous sur l'Institut de police, vous allez
pouvoir constater de façon très concrète que, pour
1986-1987, c'est l'Institut de police. Et vos questions hypothétiques
demeurent, je pense, très hypothétiques.
M. Filion: Entre une hypothèse et une orientation,
faites-vous une différence?
M. Latulippe: Vous savez que déjà, à
l'Institut de police, il y a des professeurs qui proviennent de la
Sûreté du Québec. Si c'est lateneur de votre
question, certain...
M. Filion: C'est clair, bien oui.
M. Latulippe: ...les gens de la Sûreté du
Québec maîtrisent leurs techniques policières et,
effectivement, viennent enseigner... D'ailleurs, le directeur
général de l'Institut de police provient de la
Sûreté du Québec, mais, dans l'année qui vient, les
orientations sont précises. Je crois à l'institution qu'est
l'Institut de police. Pour moi, elle dépend de ma Direction
générale de la sécurité publique et je n'ai pas
l'intention de changer la situation qui existe actuellement.
M. Filion: M. le Président, le ministre de la Justice
déclarait récemment qu'il entrevoyait la possibilité d'une
loi limitant le pouvoir de négociation de la couronne avec les
délateurs. Quelles sont les intentions du Solliciteur
général à ce sujet?
M. Latulippe: Je pense que vous pourrez poser la question... Je
pense que les projets de loi du ministre de la Justice concernent le ministre
de la Justice. Je pense que vous êtes, M. le député de
Taillon, le député de l'Opposition qui êtes critique en
matière de justice. Je n'ai pas à répandre sur les projets
de loi de mon collègue, le ministre de la Justice.
M. Filion: ...cela concernerait les policiers. Si cela concerne
les policiers, cela vous concernerait. Quelles sont vos intentions
là-dessus compte tenu que votre collègue, le ministre de la
Justice, a laissé entrevoir, dans un article paru dans la Gazette, la
possibilité d'une loi limitant le pouvoir de négociation avec les
délateurs?
M. Latulippe: Si, éventuellement, il y a un projet, si
jamais, hypothétiquement, il y avait un projet de loi dans le sens que
vous mentionnez, qui affecterait d'une façon ou d'une autre les forces
policières, il est évident qu'à ce moment-là je
serai consulté et que je serai en mesure de me faire une opinion. Je
serai en mesure surtout de
pouvoir discuter ouvertement et franchement avec vous en ayant quelque
chose de concret, parce que, comme vous le savez, on procède d'abord
à des consultations interministérielles. Â ce
moment-là, je serai en mesure d'en discuter ouvertement avec vous et,
éventuellement, avec l'assemblée. (18 heures)
M. Filion: Votre absence de réponse, M. le Solliciteur
général, pourrait me pousser à vous poser certaines
questions concernant notamment les conditions de détention des
délateurs et, également, sur le budget des délateurs,
comment on peut le retrouver dans vos budgets, mais je vais m'en abstenir.
Cependant, pour une question aussi générale que celle-là,
je pense que vous avez pris connaissance de l'opinion de votre collègue,
le ministre de la Justice. Je ne vous demande pas, encore une fois, de me
donner des réponses précises - ce ne sont pas des
hypothèses - je vous demande des orientations là-dessus. Je suis
extrêmement déçu de ne pouvoir obtenir de votre part une
collaboration - sur cette question, peut-être pourriez-vous invoquer
certaines raisons - sur l'ensemble des questions que j'ai soulevées.
M. Latulippe: M. le Président, M. le député
de Taillon, encore là, je trouve tout à fait hors propos et
inapproprié, surtout de discuter hypothétiquement d'un projet de
loi hypothétique, que peut-être le ministre de la Justice serait
en train de concevoir ou d'étudier. Je pense que lorsqu'on discute d'un
projet de loi, M. le député de Taillon...
M. Filion: Mais voyons donc, c'est bien la philosophie du Parti
libéral...
M. Latulippe: ...on en discute avec...
M. Filion: ...si on ne discute pas des projets de loi, voyons
donc!
M. Latulippe: M. le député de Taillon, je pense
qu'on en discute lorsqu'on a quelque chose de concret entre les mains.
M. Filion: Voyons donc!
M. Latulippe: Que le ministre de la Justice soit en train
d'évaluer ou de songer finalement à la situation des
négociations avec les délateurs, parfait, j'en suis. Maintenant,
que l'on discute d'un projet de loi, bien on en discutera. Mais je pense que
vous aurez la chance de le faire lorsque ce projet de loi sera discuté
et déposé à l'Assemblée nationale.
M. Filion: M. le Président, ce que j'entends me renverse.
Voyons donc! On ne parle pas d'un projet de loi. Je regarde le
député de Marquette qui a la plus grande expérience parmi
nous. Voyons donc! On ne parle pas des projets. Cela se parle, ce n'est pas
quelque chose de sacré. On peut discuter d'un projet de loi, on peut
échanger là-dessus. D'ailleurs, on demande à la
société de réfléchir aux droits, ce n'est pas juste
dans les comités de bénévoles. Et on l'a appris cet
après-midi, ce sont des bénévoles qui étaient fort
bien payés, un peu mieux payés d'ailleurs que ce qu'on retrouve
dans leur salaire habituel. Ce n'est pas juste dans les comités de
bénévoles, décideurs du gouvernement parallèle du
Parti libéral, où on va discuter de ce qu'est un projet de loi
qui s'en vient. On peut bien en discuter ici. Ce ne sont pas des
hypothèses. Des orientations et de la discussion, dans certains cas,
peuvent jaillir de bonnes idées.
J'ai passé une heure avec le Solliciteur général
pour tenter d'avoir une orientation claire quant aux alternatives sur les
mesures d'emprisonnement. Je n'ai rien obtenu. Je lui demande quelle est son
orientation vis-à-vis d'un projet de loi semblable. Il ne me
répond pas. Il se réfugie derrière quoi? Est-ce que c'est
au Canadian Club, au Mount Steven Club, que vont se décider les projets
de loi qui vont affecter le Québec, partout? Juste parce que cela est
une hypothèse qu'on dépose un projet de loi, on ne voudrait pas
en discuter. Vous prenez le mauvais exemple sur votre premier ministre qui
essaie de jouer le même jeu. Voyons donc, an est élu par le peuple
ici. On est 122, on peut se parler. Vous déciderez ce que vous voudrez
dans le projet de loi que vous allez déposer devant le Parlement, mais
il faut en discuter, échanger. Je ne pense pas que cela soit uniquement
avec vos comités consultatifs - fussent-ils aussi mal foutus que celui
que vous avez composé hier - que cela va se décider. Je pense
qu'il ne faut pas avoir peur de la discussion. Je ne pense pas que le
Solliciteur général, lorsqu'il pratiquait le droit, en avait
peur. Je ne vois pas pourquoi il aurait peur maintenant d'échanger sur
ce qui s'en vient pour le Québec. C'est pour cela que la population nous
a élus. C'est pour cela que la population vous a élu, du bon
bord. La preuve: vous êtes ministre et vous avez des
responsabilités ministérielles. Quant au reste, cessez de vous
réfugier derrière je ne sais quoi. Les décisions se
prennent-elles ailleurs? Dites-nous-lel
M. Latulippe: Je suis déçu de voir que mon
collègue de Taillon préfère discuter de projets de loi
hypothétiques, de questions hypothétiques, plutôt que de
discuter de crédits, de sujets aussi importants, par exemple, que
l'embauche à la Sûreté du Québec. Je suis
très étonné que mon collègue préfère
discuter de questions hypothétiques, plutôt que de discuter du
fait que depuis cinq ans - alors qu'il n'était pas au gouvernement - les
ministres de la Justice qui nous ont précédés ont
gelé
l'embauche à la Sûreté du Québec, ont
procédé à des attritions de postes systématiques,
350 policiers de moins depuis cinq ans.
Je suis surpris que mon collègue de Taillon préfère
discuter, dans les nuages, de projets hypothétiques plutôt que
d'attendre le moment où ces projets de loi seront concrets, plutôt
que de discuter de choses aussi importantes, aussi concrètes que celles
de la sécurité publique au Québec, de l'embauche à
la Sûreté du Québec, de la question des policiers au
Québec et de la réorganisation policière.
C'est beaucoup plus concret, ce que l'on retrouve dans ces
crédits, M. le député de Taillon, que des questions
hypothétiques. Est-ce que l'Opposition craindrait que se soulève
en commission parlementaire la façon dont l'ancien gouvernement a
traité ta sécurité publique au Québec? M. le
député de Taillon, c'est l'actuel chef de l'Opposition qui disait
que "la police c'était un mal nécessaire" au Québec. M. le
député de Taillon, pour le gouvernement libéral, la
sécurité publique est une nécessité au
Québec. Ce n'est pas un mal nécessaire, comme le disait votre
chef. J'aimerais qu'on discute de la situation actuelle par rapport à
celle que l'on a vécue durant les années qui ont
précédé, par rapport, je vous le rappelle, aux conflits en
1984...
M. Filion: ...citation, on va en discuter n'importe quand, M. le
Solliciteur général, n'importe quand.
M. Latulippe: ...aux conflits en 1985, aux conséquences de
ce conflit sur la sécurité publique, aux conséquences de
ce conflit sur la sécurité routière. Je vous convie
à en parler maintenant, alors qu'il nous reste une quinzaine de minutes,
M. le député de Taillon.
M. Filion: M. le Président, quand une hypothèse est
rendue à une étape où l'on songe à présenter
un projet de loi, ce n'est plus une hypothèse. Cela veut dire que c'est
devenu une matière sérieuse.
Deuxièmement, en ce qui concerne la dernière
envolée du Solliciteur général: n'importe quand! Et
j'imagine déjà... à entendre un peu les propos "c'est un
mal nécessaire", déjà il y a le mot "nécessaire";
c'est une nécessité. C'est un mal, probablement dans le sens - et
le Solliciteur général l'aura compris - où, dans le fond,
dans une république - j'allais dire de Platon - idéale... on dit
que cette république n'existe pas...
Puisque le Solliciteur général, et nous d'ailleurs, sommes
préoccupés par la situation à la Sûreté du
Québec... Je ne sais pas s'il a saisi mes interventions
chiffrées, dans mon allocution d'ouverture, mais est-ce qu'il peut faire
le point là-dessus? Je n'ai pas réussi à saisir exactement
où la somme de 12 500 000 $ qui est comprise que vous retrouvez à
l'élément l du programme 6...
M. Bélisle: Est-ce que je dois comprendre que le programme
4 est adopté?
M. Filion: Voulez-vous qu'on étudie les trois
ensemble?
M. Bélisle: C'est qu'on a adopté une...
Le Président (M. Marcil): Est-ce qu'il y a consentement
à ce qu'on les étudie globalement?
M. Filion: Est-ce qu'il y a consentement à ce que nous
étudiions les trois ensemble?
M. Bélisle: J'aimerais qu'on continue de la façon
que vous vous êtes entendus ce matin.
M. Filion: Si vous voulez, il n'y a pas de problème.
M,.Bélisle: Allons-y donc sur 4, 5; puis, procédons
à 6. Parce que je vous attends, M. le député de Taillon,
sur 6, J'ai une toute petite question à poser là-dessus. Je
voudrais avoir l'occasion d'y arriver.
Le Président (M. Marcil): Est-ce qu'on peut conclure que
le programme 4 est adopté?
M. Filion: Est-ce que le Solliciteur général peut
nous dire quelle est la position qu'il a adoptée après la
réclamation historique du gouvernement provincial au gouvernement
fédéral sur le remboursement des dépenses de frais de
maintien des services policiers au Québec? Quelle est sa position
là-dessus? Ma question est brève. Je voudrais connaître sa
position actuelle.
Le Président (M. Marcil): M. le
Solliciteur général.
M. Latulippe: II n'est pas actuellement dans mes objectifs... Au
moment où on entreprend à l'intérieur de ma juridiction
une rénovation des organisations policières, je ne pense pas
qu'il soit approprié à court terme de relancer
immédiatement tout un débat avec les autorités
fédérales avant de connaître - et c'est ce à quoi
nous nous attardons - quelle est la situation actuelle, parce qu'elle a
évolué au fil des années en rapport avec la participation,
par exemple, dans les autres provinces, des autres provinces aux services qui
sont rendus par la GRC - à l'intérieur des autres provinces. Les
provinces participantes sont actuellement au nombre de huit. Il y aurait une
participation
actuelle accrue de ces provinces au coût des services qui sont
donnés par la GRC. Je pense qu'avant de relancer un débat que le
gouvernement précédent n'a d'ailleurs jamais mené à
terme, il est important de pouvoir évaluer la situation actuelle. Et ce
qui est le plus important actuellement, M. le député de Taillon,
je pense que c'est de pouvoir procéder chez nous? on a du travail
à faire ici au niveau de la rénovation de nos forces
policières. Quand on regarde la Loi de police, quand on regarde la
situation dans laquelle j'ai hérité de cette Loi de police,
à la suite des amendements auxquels vous avez procédé en
1979, oui, il y a énormément de travail à faire, ici au
Québec, au niveau de la rénovation de nos forces
policières.
M. Filion: M. le Président, d'abord, je rappellerais au
Solliciteur général, que ce fut le ministre Jérôme
Choquette, sauf erreur, qui a été le premier à faire la
réclamation au gouvernement fédéral, réclamation
qui a toujours été maintenue par les prédécesseurs
du Solliciteur général actuel. Et je ne sais pas si, dans ce
cas-ci comme dans d'autres, le Solliciteur général, devant des
défis parfais un peu plus durs, va abandonner la cause du Québec.
Je dois vous dire qu'hier c'étaient Ies crédits de son
collègue, le ministre des Relations internationales et ministre
délégué au Affaires gouvernementales canadiennes. Dans ce
sens-là, en terminant, je ne voudrais pas qu'on abandonne cette
réclamation du gouvernement provincial à l'égard du
gouvernement fédéral parce que dans le dossier, peu importe ce
qui se passe, quand on regarde le fond du dossier, c'est-à-dire les
policiers au Québec, en Ontario et ailleurs, on se rend compte que le
Québec n'a sûrement pas tout à fait tort dans sa
réclamation.
M. Latulippe: M. le député de Taillon...
M. Filion: Encore une fois, tous les prédécesseurs
du Solliciteur général, contrairement à l'attitude que
semble adopter le Solliciteur général, ont toujours maintenu
cette réclamation.
M. Latulippe: M. le député de Taillon, je pense
qu'il n'était jamais question, il n'est jamais question d'abandonner
quelque réclamation traditionnelle que ce soit face au gouvernement
fédéral en matière de financement de nos services
policiers. Évidemment, il faut connaître la facture, dans un
premier temps.
Je vous souligne que c'est le ministre des Finances, M. Parizeau,
à l'époque, qui avait de nouveau soulevé le débat
et, que je sache, pendant la période où il a été
ministre des Finances, il n'y a pas beaucoup d'argent du fédéral
qui est venu financer nos services policiers, malgré l'intervention, au
début de son règne, du Parti québécois en rapport
avec le financement de nos services policiers. Mais soyez assuré, M. le
député de Taillon, que, comme Solliciteur général,
personnellement, je n'ai certainement pas l'intention, dans aucun des dossiers
où j'aurai à négocier avec le gouvernement
fédéral, de négocier en position de faiblesse. Je n'ai
certainement pas l'intention de laisser tomber quelque réclamation juste
et raisonnable que ce soit dans les dossiers où je serai appelé
à négocier avec mon collègue, le Solliciteur
général du Canada.
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté. Le programme
4?
M. Filion: Le programme 4, adopté.
Normalisation et surveillance de l'exercice des
fonctions de police
Le Président (M. Marcil): Programme 5,
"Normalisation...
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): ...et surveillance de l'exercice
des fonctions de police", adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Adopté pour les deux
partis. Programme 6, "5ûreté du Québec".
Sûreté du Québec
M. Filion: En ce qui concerne le programme 6, M. le
Président, j'ai eu l'occasion de signaler dans mon discours d'ouverture
comment, à mes yeux tout au moins, la Sûreté du
Québec était devenue, au fil des années, un corps
professionnel extrêmement compétent, fiable, dynamique,
présent un peu partout. J'ai eu l'occasion de souligner également
qu'à mon avis la Sûreté du Québec devait jouer un
rôle central en ce qui concerne la réorganisation des forces
policières sur le territoire du Québec. Cependant, en voyant les
crédits, je suis un peu déçu de constater que la
Sûreté du Québec ne recevait pas les budgets suffisants
pour continuer les efforts qui ont été entrepris au cours des
dernières années. Notamment, dans ces efforts qui ont
été couronnés de succès, je pense qu'il vaut la
peine de souligner, au niveau de la police autochtone, le plan de formation et
d'implantation au Nord, sans parler du travail qu'effectuent les escouades
spécialisées de la Sûreté du Québec. Qu'on
pense à l'escouade d'intervention tactique, le groupe GTI dans le
jargon du métier, à l'escouade canine, à l'escouade
de plongée sous-marine. Également, ce qui m'est apparu
particulièrement important, c'est l'escouade de !a
sécurité routière, où il y avait un besoin de 175
nouveaux postes. Ma question au Solliciteur général: Est-ce qu'il
a discuté avec son collègue du Conseil du trésor afin
d'obtenir les sommes d'argent nécessaires pour assurer le plein
développement de cette force policière unique que constitue la
Sûreté du Québec?
M. Latulippe: Je suis heureux de voir que mon collègue de
Taillon est d'accord avec moi sur le fait que la Sûreté du
Québec est un corps policier efficace. Je dois dire que c'est un corps
policier qui est plus qu'efficace, quand on regarde leur présence et le
taux de solution du crime à la Sûreté du Québec en
rapport avec ce qui existe dans d'autres provinces et dans d'autres
sociétés. Quand on regarde aussi la comparaison des taux de
criminalité au Québec par rapport à ailleurs, on doit
être fier de la 5ûreté du Québec parce qu'elle se
compare avantageusement. On peut dire que c'est un des corps policiers les plus
performants au Canada.
Regardons les budgets de la Sûreté du Québec. On va
en parler, M. le député de Taillon, des budgets. On a un
accroissement budgétaire, cette année, à la
Sûreté du Québec, d'environ 4%. On a des compressions de
l'ordre de 2 900 000 $. Quand on regarde l'évolution des budgets
à la Sûreté du Québec, la façon dont l'ancien
gouvernement a traité la Sûreté du Québec...
M. Filion: Ce n'est pas 4 %. Je crois que vous avez fait une
erreur. C'est plutôt 4 000 000 $ que vous vouliez dire, avec une
variation de 2 %. C'est 4 000 000 $, c'est cela. C'est juste pour corriger,
parce que peut-être...
M. Latulippe: Quand on regarde l'évolution des budgets au
fil des ans et quand on regarde, au cours des dernières années,
par exemple, les péremptions de crédits que le gouvernement
passé a effectuées à la Sûreté du
Québec, ces péremptions de crédits dépassent, dans
plusieurs cas, les compressions de 2 900 000 $ que nous effectuons cette
année.
Je pourrais vous citer des chiffres. Je pense que, il y a deux ans, on a
fait des péremptions qui dépassaient 4 000 000 $; à
d'autres moments, des péremptions qui dépassaient 3 000 000 $ ont
été faites par l'ancien gouvernement, au sein de la
Sûreté du Québec. En partant du principe que c'était
un mal nécessaire, c'est pour cela qu'on a réduit les effectifs.
En partant du principe que c'était un mal nécessaire, c'est pour
cela qu'on en est arrivé à une situation, dès 1984,
où des postes ont été fermés la nuit. Cette
situation a été générée par votre
philosophie que la sécurité publique au Québec
était un mal nécessaire.
M. Filion: Une question, M. le Solliciteur général,
parce que le temps va nous filer entre les doigts. Est-ce qu'il va y avoir des
fermetures de postes, totales ou de nuit, à la Sûreté du
Québec à la suite de l'application des compressions contenues
dans le budget?
M. Latulippe: La réponse est claire. Il n'y aura pas de
fermeture de postes à la Sûreté du Québec. Ce qui se
passe actuellement, ce qui s'est passé il y a quelque temps - et cela,
je vais vous le rappeler -depuis cinq ans, vous avez procédé
à une attrition systématique des postes d'emploi des policiers
à la Sûreté du Québec, jusqu'au point où vous
vous retrouviez, dès 1984, dans une situation où il devait y
avoir des fermetures de postes la nuit.
J'ai décidé, il y a quinze jours, de mettre fin à
cette attrition systématique de postes à la Sûreté
du Québec. Nous avons déclaré que nous procédons
actuellement à la réouverture de l'embauche à la
Sûreté du Québec. Il est important, M. le
député de Taillon, de remplacer le plus rapidement passible les
policiers qui, au fil des mois, au fil des ans, prendront aussi leur retraite,
afin d'éviter que se produise un "gap" de générations que
vous étiez en train de créer dans notre sécurité
publique au Québec avec l'attitude négative que vous avez eue
vis-à-vis des forces policières durant toute la période
où vous avez été au pouvoir.
J'ignore en vertu de quelle philosophie on a pu déclarer et on a
pu agir de la sorte face à la sécurité publique au
Québec.
M. Filion: Le Solliciteur général n'est pas en
campagne électorale...
Le Président (M. Marcil): M. le député
de...
M. Filion: ...juste pour me permettre de terminer, il n'y a pas
de télévision ici. Je pense qu'il faut l'admettre et être
juste, les gouvernements précédents ont permis, dans la mesure de
leurs moyens, à la Sûreté du Québec de se
développer et, comme je l'ai dit tantôt, de se développer
des créneaux d'excellence qui sont remarquables; j'en ai souligné
quelques-uns tantôt et il y en d'autres. Maintenant, malgré tous
vos discours, je constate quand même qu'au niveau des effectifs
policiers, à la Sûreté du Québec, dans vos
crédits, il y a 96 effectifs de moins pour l'an prochain.
Le Président (M. Marcil): Je
reconnaîtrais le député de Mille-Îles, s'il
vous plait!
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Au programme 6,
M. le Solliciteur général, je vois une augmentation, à
l'élément 2, Gestion interne et soutien, de 64 365 000 $ en
1985-1986 à 80 975 100 $ en 1986-1987, soit 25 % d'augmentation...
Une voix: Quelle page?
M. Bélisle: Pardon? Je pose une question. C'est la page
sur les comparaisons par programme et élément, la première
page qui suit votre crédit, dans le Livre des crédits 1986-1987.
C'est le second poste d'augmentation le plus important après le
programme 1, qui était une augmentation de 35 %. J'aimerais avoir une
explication quant à cette masse plus importante au poste de Gestion
interne et soutien. C'est quand même une augmentation de 16 000 000 $; il
y a beaucoup d'argent d'affecté à ce poste.
M. Filion: M. le député de Mille-Îles, vous
savez, il y a trois ou quatre séries de chiffres qui circulent, selon
l'endroit d'où on les reçoit. Le Conseil du trésor nous
dit une chose, le cahier explicatif des crédits du ministère nous
dit autre chose et les crédits, la portion des crédits nous dit
autre chose.
M. Bélisle: Alors, M. le député de Taillon,
n'était-ce pas alors une bonne question que vous auriez dû
poser?
M. Filion: Oui, je l'ai posée dans ma déclaration
d'ouverture et je n'ai pas eu de réponse.
M. Latulippe: C'est une question de réaffectation des
crédits, ce sont les loyers effectivement qui étaient
affectés à l'élément 1 et qui ont été
transférés à l'élément 2.
M. Bélisle: Contrairement à ce que pensait M. le
député de Taillon, ce ne sont pas des employés civils,
mais ce sont des loyers.
M. Latulippe: Effectivement.
M. Bélisle: Merci.
M. Filion: J'ai dit que l'élément 2...
Le Président (M. Marcil): Je regrette, votre temps est
écoulé.
M. Filion: Si je peux me permettre de rectifier, j'ai dit que
l'élément 2 touchait, selon le cahier explicatif des
crédits qui nous a été remis par le ministère du
Solliciteur général, les effectifs civils, alors que
l'élé- ment 1 traitait des effectifs policiers.
Le Président (M. Marcil): Programme 6, Sûreté
du Québec.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Taillon, le programme 6, cela va? Adopté.
Les crédits budgétaires du Solliciteur
général pour l'année financière 1986-1987 sont-ils
adoptés?
M. Filion: Sur division.
Le Président (M. Marcil): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 22)