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(Onze heures cinquante et une minutes)
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): À
l'ordre! La commission élue permanente de la fonction publique est
réunie pour faire l'étude article par article du projet de loi
51, Loi sur la fonction publique.
Sont membres de la commission: M. Assad (Papineau), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), M. Doyon
(Louis-Hébert), M. Fallu (Groulx), M. Gravel (Limoilou), Mme
LeBlanc-Bantey (Îles-de-la-Madeleine), M. Laplante (Bourassa), M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Martel (Richelieu), M.
Rivest (Jean-Talon), M. Tremblay (Chambly).
Les intervenants sont: Mme Bacon (Chomedey), M. Blais (Terrebonne), M.
Caron (Verdun), M. Charbonneau (Verchères), M. Dubois (Huntingdon), M.
Gagnon (Champlain), M. Hains (Saint-Henri), M. Lachance (Bellechasse), Mme
Lachapelle (Dorion).
J'appelle l'article 57.
M. Bisaillon: N'avait-on pas convenu de suspendre les articles 57
à 61 et de revenir par la suite sur cette question-là? On
pourrait commencer à 62.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce
qu'il y a un consentement?
M. Doyon: Un instant, là. J'ai dû me faire remplacer
brièvement hier après-midi par le député de
Jean-Talon, alors que j'étais pris à une autre commission
parlementaire qui touchait aussi les fonctionnaires, particulièrement
les fonctionnaires du ministère des Travaux publics qui a
été aboli. Alors, si je comprends bien, c'est tout ce qui touche
le régime syndical.
M. Bisaillon: En fait, on avait, hier, posé des questions
à partir de l'article 57.
M. Doyon: Oui.
M. Bisaillon: On avait demandé la suspension de ces
articles pour qu'on puisse mieux regarder cela. C'est parce que je vais
peut-être avoir des amendements, éventuellement, à un des
cinq articles. Alors, peut-être qu'on serait mieux de laisser cela en
suspens et d'y revenir plus tard.
M. Doyon: Aucune objection.
M. Bisaillon: Passons à 62.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): D'accord.
Alors, nous laissons en suspens les articles...
Mme LeBlanc-Bantey: J'avais l'impression, quand même, qu'on
avait adopté 58, 59 et 60. Non? Est-ce qu'on avait suspendu 57 et
61?
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Non.
M. Bisaillon: Oui, oui. Effectivement, on avait posé des
questions sur les cinq articles. On avait dit que 58 et 59 ne posaient pas de
problème; c'étaient 57 et 60 qui pouvaient être
reliés à 61.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Alors, nous
suspendons les articles 57 à 61 inclusivement.
M. Bisaillon: Ce serait préférable.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): On y
reviendra globalement.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est psychologique, mais j'aurais voulu en
voir adopter quelques-uns.
M. Bisaillon: Bien, vous en avez déjà trois, Mme la
ministre, d'adoptés: 53, 54, 55.
M. Doyon: L'appétit vient en mangeant.
Mme LeBlanc-Bantey: Je vais essayer de me contenter de cela ce
matin.
Le Président (M. Champagne, Mille-
Îles):
D'accord. J'appelle l'article 62.
Régime syndical
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, j'ai eu l'occasion de
dire à plusieurs reprises que nous maintenions intégralement les
dispositions qui concernent le régime syndical dans la fonction
publique, tout simplement parce qu'il y avait une réflexion
d'amorcée au Comité des priorités sur l'ensemble du
régime des négociations dans les secteurs public et parapublic.
Il y a même eu une décision du Conseil des ministres qui demande
au comité issu du Comité des
priorités de revoir d'une façon particulière le
régime syndical des employés de la fonction publique, compte tenu
qu'il y a un certain nombre de revendications qui reviennent de la part du
syndicat de la fonction publique quant à certaines dispositions sur le
régime syndical. Vous retrouvez donc dans le projet de loi 51 exactement
les mêmes dispositions que vous aviez dans la loi 50, pour les raisons
que je viens d'évoquer.
M. Doyon: M. le Président, sur le régime syndical,
on connaît la démarche du gouvernement. Elle a été
expliquée à plusieurs reprises lors de l'étude de
l'avant-projet de loi. Il y a eu des échanges nombreux avec les
syndicats à ce sujet-là. Ce qui est ressorti de cela, c'est que,
du côté des syndicats, on était prêt à
participer aux consultations qui ont cours actuellement. Cependant, on
craignait que la façon dont le gouvernement traitait toute cette
question donne ouverture à une possibilité de discordance en ce
qui concerne l'intégration de tout ce qui touche le régime
syndical à l'intérieur de la Loi sur la fonction publique
elle-même, que nous revoyons et que nous sommes en train d'étudier
article par article.
Ces inquiétudes ont été formulées à
plusieurs reprises et ont été émises devant nous de
nouveau lors du passage des représentants du Syndicat des fonctionnaires
provinciaux du Québec. Ce que je souhaite vivement, c'est que les
travaux se poursuivent avec diligence et que, dans les meilleurs délais,
on puisse savoir à quoi s'en tenir.
Je me demande si la ministre - je profite de l'occasion - pourrait nous
faire un rapport d'étape à savoir où en sont ces
discussions, quelles sont ce que j'appellerais les propositions
gouvernementales à ce sujet, quel est l'état de la
réflexion du gouvernement à ce sujet. Le gouvernement arrive-t-il
sans proposition précise, tout simplement désirant ajuster ce qui
sera accepté sur les demandes et les argumentations qui lui seront
soumises ou si le gouvernement penche plutôt vers le maintien du statu
quo? Le gouvernement a-t-il fait aux syndicats qui participent à ces
négociations, à ces discussion, des propositions d'une nature
quelconque? Parce que, dans le moment, on n'en sait pas très long. Tout
ce qu'on sait, c'est que le Comité des priorités est saisi de la
question, que quelques rencontres ont eu lieu, et qu'elles vont se
poursuivre.
Je ne voudrais pas, évidemment, qu'on révèle des
choses qui doivent être gardées confidentielles, mais j'aimerais
que le gouvernement nous informe du genre de politique qu'il juge
désirable, qu'il juge souhaitable. Quelles sont les solutions qu'il
propose - s'il en a - pour qu'on ait une idée? D'un côté -
ce serait simplement la juste part des choses - on connaît en gros les
revendications des syndicats à ce sujet, on a une idée de ce
qu'ils veulent, des changements qu'ils proposent. Mais on ne sait
malheureusement pas grand-chose de la position du gouvernement. C'est la bonne
occasion, ici, de s'enquérir de la question et je demanderais à
la ministre de bien vouloir nous donner un certain nombre de renseignements
à ce sujet.
Mme LeBlanc-Bantey: D'abord, en termes
d'échéancier, on m'a avisée que le gouvernement pensait
arriver avec un tableau complet à l'automne 1984. Il se peut que cela
retarde, mais je sais que l'objectif poursuivi devrait être atteint pour
l'automne 1984.
En ce qui concerne spécifiquement l'ensemble des syndiqués
de la fonction publique, plus particulièrement le syndicat de
professionnels et le syndicat des fonctionnaires, qui ont été les
deux syndicats à avoir le plus insisté pour des changements au
régime syndical, des rencontres ont eu lieu jusqu'à maintenant.
Je crois que, tant le comité qui découle du Comité des
priorités, que les syndicats se rendent compte que ce n'est pas une
question facile dans la perspective où, de bonne foi, le comité
issu du Comité des priorités essaie de regarder l'ensemble du
régime syndical dans la lancée des demandes
répétées qui sont venues des syndicats, mais aussi dans la
perspective où, si les syndiqués de la fonction publique devaient
décider ou si le gouvernement devait répondre à leur
demande d'avoir une régime syndical le plus possible rapproché du
Code du travail, il faut qu'en même temps les syndiqués admettent
que cela pose un certain nombre de problèmes et un certain nombre de
profondes remises en question, à savoir que, si, par exemple, le
gouvernement devait aller dans la voie de les rapprocher du Code du travail,
ils devraient en même temps subir non seulement les avantages que
pourraient représenter le Code du travail par rapport au régime
syndical qu'ils ont, mais aussi certains inconvénients. Par exemple, on
sait que la Loi sur la fonction publique donne, entre autres, une
sécurité d'emploi législative, contrairement à ce
qui existe pour ceux qui sont assujettis au Code du travail. Ce sont toutes ces
questions qui sont discutées actuellement avec le comité issu du
Comité des priorités et il ne m'apparaît pas opportun
justement, à ce stade-ci, de faire un rapport d'étape sur les
réactions qui seraient venues d'un ou l'autre des syndicats ou
même de la partie gouvernementale.
Je dois vous dire honnêtement, par ailleurs, que le comité
qui a entendu les syndicats jusqu'à maintenant les a entendus avec la
plus grande ouverture d'esprit et qu'il y aura des discussions qui leur
permettront d'approfondir, d'ici l'été
prochain, un régime syndical qui, sinon serait à leur
satisfaction, en tout cas permettrait à tout le monde de conclure la
question une fois pour toutes, car cela fait de nombreuses années que la
discussion traîne dans le décor.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Y a-t-il
d'autres interventions au sujet de l'article 62?
M. Bisaillon: M. le Président... (12 heures)
Le Président (M. Champagne, Mille-
Îles): M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Je voudrais intervenir non seulement sur l'article
62, mais sur l'ensemble des articles 62 à 74 inclusivement, sur tout ce
qui concerne, finalement, le régime syndical, les modes de
négociation et le mode de règlement des différends.
Pourquoi intervenir sur l'ensemble? Parce que, peu importe ce qu'on va
avoir à dire sur un article ou l'autre de ce projet de loi,
l'idée du gouvernement, l'idée de Mme la ministre est faite et
c'est figé dans le ciment. Tout ce qu'on peut avoir à dire, c'est
qu'on désapprouve cette façon de procéder. Au-delà
de cela, il n'y a aucun amendement qu'on peut apporter. On sait que c'est le
texte intégral de ce qu'il y a déjà dans la loi actuelle.
Quand nous promet-on un changement? Disons à l'automne probablement dans
un texte, mais il n'y aura sûrement pas, dans une loi, avant le mois de
décembre de l'an prochain quelque chose de neuf en termes de
régime syndical.
Je ne peux pas faire autrement, M. le Président, que souligner ma
profonde déception de voir qu'on n'a pas profité de l'occasion
pour, au moins, améliorer un certain nombre d'éléments. La
commission spéciale s'était penchée sur tout le
problème du régime syndical. Elle avait aussi abondamment
consulté. Elle avait consulté des experts extérieurs
à la fonction publique, donc, pas nécessairement des personnes
qui avaient un intérêt partisan à la question.
Je voudrais rappeler que, préalablement au mandat que la
commission spéciale avait reçu de l'Assemblée nationale,
il y avait eu le projet d'une commission spéciale qui devait travailler
avec Mme la ministre de la Fonction publique sur l'ensemble de la question de
la loi 50, mais en particulier aussi sur la question du régime syndical.
Un des aspects du mandat de ce comité, qui devait être aussi un
comité faisant appel à la participation des députés
des deux formations politiques de l'Assemblée nationale, c'était
d'essayer d'uniformiser la Loi sur la fonction publique et le Code du travail,
même si, de façon formelle, cet élément
n'apparaissait pas dans le mandat voté à l'Assemblée
nationale, mandat que je voudrais rappeler et que je vais retrouver
immédiatement.
Le mandat voté par l'Assemblée nationale pour la
commission spéciale se lisait comme suit: "Aux fins d'une
révision de la Loi sur la fonction publique, la commission a comme
mandat de formuler à l'Assemblée nationale des recommandations
sur ce que devrait être le rôle de la fonction publique en
examinant l'ensemble de sa structure d'organisation et ses modes de gestion, de
manière à accroître son efficacité et sa
responsabilité au service de la population québécoise.
Plus spécifiquement, le mandat de la commission spéciale consiste
à recommander des voies de solutions à privilégier et des
stratégies de changements à adopter de façon à
mieux servir la société des années quatre-vingt et,
deuxièmement, à identifier les voies de solutions à
privilégier dans la perspective d'une utilisation optimale des
ressources humaines." C'était le mandat de la commission
spéciale, mais cela ne nous a pas empêchés de garder
à l'esprit ce qui semblait être une priorité pour Mme la
ministre, à ce moment-là, soit de tenter le plus possible
d'uniformiser le fonctionnement des relations du travail dans la fonction
publique et le Code du travail.
On remarquera, d'ailleurs, que dans le rapport de la commission -
à un certain nombre d'autres endroits dans la Loi sur la fonction
publique, j'ai eu l'occasion de le souligner - on utilise un langage
différent de celui qu'on utilise habituellement dans les relations du
travail. J'ai toujours prétendu que c'était cette façon de
procéder qui nous amenait aussi tranquillement à penser que
c'était obligatoire d'avoir un régime syndical différent
dans la fonction publique par rapport aux règles du Code du travail.
La commission spéciale, à cet égard, avait fait un
certain nombre de recommandations qu'on jugeait importantes: des
recommandations en regard des objets de négociation, des recommandations
en regard de l'accréditation, des recommandations en regard des postes
confidentiels. Le Code du travail, ce ne serait pas dangereux de l'appliquer
dans la fonction publique. Ce que le Code du travail prévoit, c'est
qu'un poste confidentiel, cela existe et que, quand un poste est confidentiel,
c'est un poste non syndicable. C'est une notion qui est non seulement dans le
Code du travail, mais qui est acceptée en plus par l'ensemble des
intervenants en milieu de relations du travail.
Ce que la Loi sur la fonction publique dit et d'autres lois, c'est que
ce ne sont pas des postes qui sont confidentiels. Ce sont des secteurs complets
d'activité. Si je travaille au Conseil du trésor, ce ne sont pas
des postes syndicables. Si je travaille pour le Vérificateur
général, ce n'est pas un poste
syndicable, parce que c'est assimilé à la notion d'emploi
confidentiel selon le Code du travail. Pourtant, ce n'est pas la
réalité. La personne qui est téléphoniste, qui est
dactylographe, qui est commis de bureau n'a rien à voir avec des postes
confidentiels pour le Vérificateur général et cela n'a
rien à voir avec le statut d'analyste au Conseil du trésor. Et la
preuve que ce fonctionnement est ridicule, c'est que si on prenait les 400
employés du ministère des Travaux publics qui, actuellement, font
un travail syndiqué, comme employés syndiqués, le seul
fait de les transférer au Conseil du trésor, à moins de le
prévoir autrement, aurait comme effet de leur enlever la
possibilité d'être syndiqués.
Je trouvais cela abusif et je trouve encore cela abusif. Je maintiens
que, malgré la décision du Conseil des ministres et de la
ministre de la Fonction publique de conserver le régime syndical actuel
dans le projet de loi qui est devant nous, on aurait pu au moins régler
cette question. J'ai vu qu'il y avait un article, à la fin dans les
dispositions transitoires, qui parle de cette question. Ce n'est pas sûr
que cela couvre tous les aspects et, dans ce sens, je n'ai pas l'intention de
faire perdre le temps de la commission parlementaire à l'étude
article par article pour indiquer les mêmes affaires constamment. C'est
global, c'est pour l'ensemble du régime syndical qu'on doit remarquer
qu'il y a une absence de volonté d'apporter des changements qui seraient
aussi essentiels au fonctionnement qu'on nous propose dans le projet de loi
actuel.
Compte tenu de tout ce que je viens de dire, pour les articles 62
à 74, je vais me permettre de ne plus intervenir. Veuillez
considérer que mon intervention sur l'article 62 est valable pour chacun
des articles, de 62 à 74, et, lorsque ces articles seront
adoptés, tenez aussi pour acquis qu'ils seront adoptés sur
division.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Oui, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Simplement à ce sujet-là, tout à
l'heure, je ne l'ai pas dit explicitement, mais c'était implicite que
les remarques que j'ai faites s'appliquaient aussi généralement
au chapitre IV qui traite du régime syndical. La façon dont on
procède à l'intérieur de ce projet de loi - et je le
déplorais tout à l'heure - ne permet pas une adéquation
réelle entre la réforme qu'on propose et ce qui s'impose,
finalement, comme nouvelle approche pour le régime syndical. Tout ce
qu'on fait à l'intérieur de ce projet de loi, c'est enlever la
partie qui traitait du régime syndical dans l'autre loi et
l'insérer dans la nouvelle loi sans changements d'aucune façon.
La ministre a déjà fait connaître fort clairement son
intention de ne pas toucher à cela dans le cadre du présent
projet de loi. Dans les circonstances, il n'est pas utile de discuter des
articles un à un, puisqu'on peut difficilement concevoir que des
changements puissent être apportés, compte tenu qu'on n'attend pas
avant le mois d'octobre le résultat des rencontres qui ont lieu avec le
Comité des priorités.
M. le Président, ce que vous pourriez faire, c'est appeler les
articles du chapitre IV, 62 à 74 et ils seront adoptés. Le
député de Sainte-Marie indique qu'il les adoptera sur
division.
Le Président (M. Champagne, Mille-
Îles):
D'accord. Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Très rapidement, pour ne pas prolonger
indûment le débat - on a eu l'occasion d'en parler - j'admettrai
très humblement au député de Sainte-Marie et au
député de Louis-Hébert que j'aurais été
moi-même plus satisfaite si tout le contexte des dernières
années - moins on le rappelle, mieux on se porte - avait permis que nous
puissions, dans les deux dernières années, amorcer une
réflexion en profondeur sur le régime syndical.
Par ailleurs, compte tenu de la décision qu'a prise le Conseil
des ministres de revoir le régime des négociations et compte tenu
qu'il y a un comité mis sur pied qui n'a comme préoccupation que
l'ensemble du régime syndical, il m'apparaît aujourd'hui
infiniment plus prudent pour l'ensemble des syndiqués d'attendre les
réflexions de ce comité qui n'a comme préoccupation que
l'ensemble d'une réflexion sur le régime syndical non seulement
dans la fonction publique, mais aussi dans les réseaux. Il faut que la
fonction publique, dans ce sens, arrime finalement son régime syndical
avec ce qui existera aussi dans les secteurs public et parapublic. Dans ce
sens, il m'est apparu beaucoup plus prudent d'attendre les réflexions et
les recommandations de ce comité pour le bien même, finalement,
des syndiqués que de tenter de le régler actuellement.
J'ai la conviction que ce comité fera son travail
sérieusement, que nos syndicats auront l'occasion de se faire entendre
longuement, parce que c'est loin d'être sûr que le consensus est
fait, d'ailleurs, à l'intérieur de nos syndicats pour savoir
quelle sorte de régime syndical ils veulent eux-mêmes dans la
fonction publique. En tout cas, j'ai confiance que, quand ils auront
terminé leurs travaux de part et d'autre, nous serons en mesure d'avoir
une réflexion beaucoup plus approfondie, beaucoup plus
collée non seulement à la réalité de la
fonction publique et des employés de l'État, mais aussi à
la réalité québécoise. C'est cette raison qui
explique que nous avons
décidé de ne toucher à aucun des
éléments du régime syndical. Je pense que j'ai eu
l'occasion de le dire assez souvent.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): On a
traité globalement du chapitre IV comme tel. Si je comprends bien,
l'article 62 est adopté sur division, l'article 63 est adopté sur
division...
M. Bisaillon: Sur division.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): ...
l'article 64 est adopté sur division...
Une voix: C'est épouvantable.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous êtes sûr qu'il n'y en a pas
là-dedans avec lesquels vous êtes d'accord? Vous devriez les
regarder. Je suis convaincue que si vous les regardez un par un, il y en a avec
lesquels vous seriez entièrement d'accord.
M. Bisaillon: Est-ce que vous accepteriez de les modifier si on
voulait changer un mot? Procédons donc comme on procède, Mme la
ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Sans commentaire.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
65 est adopté sur division, l'article 66 est adopté sur division,
l'article 67 est adopté sur division, l'article 68 est adopté sur
division, l'article 69 est adopté sur division, l'article 70 est
adopté sur division, l'article 71 est adopté sur division,
l'article 72 est adopté sur division, l'article 73 est adopté sur
division, l'article 74 est adopté sur division. J'appelle l'article
75.
Mme LeBlanc-Bantey: À propos des articles 69 à 74,
je vous souligne tout simplement qu'on a déjà adopté une
loi sur les agents de la paix qui a été votée unanimement
à l'Assemblée nationale.
M. Bisaillon: Et on s'est rendu compte, par la suite, qu'il y
avait quelques trous dedans.
Mme LeBlanc-Bantey: Comme quoi?
M. Bisaillon: Une sentence arbitrale et le fait, par exemple, que
le gouvernement la refuserait. Qu'est-ce qui se passe à ce
moment-là? Il y a un vide, il y a comme un trou. On révisera cela
avec le Comité des priorités.
Mme LeBlanc-Bantey: Nous avons eu l'occasion d'en faire la
discussion, ce n'était pas un trou.
Le Président (M. Champagne, Mille-
Îles):
L'article 75 est appelé.
Conseil du trésor
M. Doyon: On pourrait peut-être entendre la ministre
là-dessus, M. le Président.
Mme LeBlanc-Bantey: Je pense que l'article dit par lui-même
ce qu'il a à dire: Le Conseil du trésor est chargé
d'établir des politiques générales de gestion de la
fonction publique et d'en évaluer la réalisation.
M. Doyon: La ministre n'est pas très convaincante en ce
qui concerne cet article.
Mme LeBlanc-Bantey: Pas très quoi?
M. Doyon: Convaincante. Elle répète ce que dit
l'article lui-même. Ce que je veux porter à son attention, c'est
que, contrairement à l'avant-projet de loi que nous avons
étudié, l'article 75 du projet de loi ne contient aucune mention
qui donnerait au Conseil du trésor une obligation d'établir ses
politiques générales de gestion des ressources humaines en tenant
compte des principes édictés à l'article 3, ce qui
était clairement établi, au moins, dans l'avant-projet de loi.
L'article 77 de l'avant-projet de loi, qui était l'équivalent,
disait: "Le Conseil du trésor est chargé, au nom du gouvernement,
d'établir des politiques générales de gestion des
ressources humaines de la fonction publique et d'en évaluer la
réalisation en regard des principes énumérés aux
articles 2 à 7", ce qui était l'équivalent de l'article 3
du présent projet de loi. J'aimerais que la ministre nous éclaire
sur le pourquoi de ce changement qui m'apparaît capital. C'est important.
(12 h 15)
Je remarque, en passant, que le président du Conseil du
trésor, pas plus qu'auparavant, n'est ici, malgré que la ministre
se soit engagée en son nom à savoir que, quand on aurait besoin
de lui, il serait là et que, quand on parlerait du Conseil du
trésor, au moins - cela me paraissait être un minimum - il serait
ici pour nous donner les renseignements dont on a besoin pour savoir de quelle
façon il s'oriente. Le président du Conseil du trésor est
absent. Cela ne me surprend pas, cela a été la méthode
utilisée lors de l'avant-projet de loi. C'est dans la même
lancée. Quand même, je pensais qu'il y aurait amende honorable de
sa part et qu'il tenterait au moins de nous faire l'honneur d'être ici,
non seulement l'honneur car, en fait, c'est pratiquement un droit que cette
commission possède d'être informée de la meilleure
façon possible sur ce qui va guider et être à la base
même de tout ce qui touche la gestion des ressources
humaines. Mais on n'a pas la présence du président du
Conseil du trésor. On est en plein dedans, on est au chapitre V, cadre
institutionnel de la fonction publique, section I, Conseil du trésor, et
le président du Conseil du trésor est absent.
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce que mon collègue me
permettrait?
M. Doyon: Oui.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela permettrait peut-être
d'éclairer la discussion. Mon collègue a effectivement
accepté d'être ici au moment où nous discuterions du cadre
institutionnel en ce qui concerne le Conseil du trésor. Mais, compte
tenu du rythme où nous allions, j'ai pensé que ce point
n'arriverait à la commission parlementaire que cet après-midi; ce
qui fait qu'il avait réservé dans son agenda une
disponibilité à partir de 15 heures cet après-midi. On
pourrait peut-être suspendre tous les articles qui concernent le Conseil
du trésor et revenir à 15 heures, lorsque mon collègue
sera ici.
M. Doyon: C'est une chose faisable et probablement
désirable.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): D'accord?
Cela veut dire de quel article à quel article?
M. Doyon: Toute la section I. Mme LeBlanc-Bantey:
Jusqu'à 85.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Nous
suspendons les articles 75 à 84 inclusivement. Nous mettons ces articles
en suspens, en attendant, cet après-midi, la venue du président
du Conseil du trésor.
M. Doyon: Je pensais que vous étiez pour dire: En
attendant la venue du Messie.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député, j'appelle l'article 85.
Office des ressources humaines
Mme LeBlanc-Bantey: C'est un article qui vise tout simplement
à créer un nouvel office, qui s'appelle l'Office des ressources
humaines, qui va se substituer à l'Office du recrutement et de la
sélection du personnel.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Sainte-Marie, là-dessus?
M. Bisaillon: Quant à moi, cela va.
Le Président (M. Champagne, Mille-
Îles): D'accord. Est-ce que l'article 85 est
adopté?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté. J'appelle l'article 86.
Mme LeBlanc-Bantey: À l'article 86, les commentaires que
je fais, c'est que le projet de loi prévoit que le président de
l'office est nommé par le gouvernement et qu'il exerce les fonctions
attribuées à l'office, tout en étant chargé de son
administration. La durée du mandat du président est d'au plus
cinq ans, au lieu de sept ans.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Avez-vous
des commentaires?
M. Doyon: Cela va, adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: À l'article 86, j'aurais un amendement
à présenter. On sait que l'Office du recrutement et de la
sélection du personnel qui existe actuellement est un organisme qui
dépend de l'Assemblée nationale, en ce sens que ses membres sont
nommés par l'Assembée nationale, ce qui assure à l'office,
en tout cas en ce qui touche le recrutement et la sélection du
personnel, une certaine indépendance par rapport aux différents
ministères et au gouvernement. Je voudrais présenter une motion
pour biffer les mots, à l'article 86, "le gouvernement" et les remplacer
par "l'Assemblée nationale, aux deux tiers de ses membres".
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Nous
parlons de l'amendement. Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Je dirai que je suis contre cet amendement,
compte tenu que le rôle du nouvel Office des ressources humaines tel que
nous l'avons conçu est extrêmement différent du rôle
que jouait strictement l'Office du recrutement et de la sélection du
personnel. Par exemple, dorénavant l'office devra s'occuper de certains
services qu'offrait le ministère de la Fonction publique, qui
dépendaient du gouvernement, que ce soit toute la gestion de
l'information, que ce soit la planification de carrière, que ce soit
tout le développement des ressources humaines, entre autres, toute sa
mission de conseiller le gouvernement sur les programmes d'accès
à l'égalité. Il nous apparaît que ce sont là
des fonctions d'un employeur essentiellement et qu'en conséquence il est
tout à fait normal que le nouvel office, tel qu'il est conçu,
dépende du gouvernement et non de l'Assemblée
nationale.
Pour rassurer le député de Sainte-Marie, parce que je sais
que toute la question de la transparence de la loi le préoccupe, il
reste toujours un organisme qui dépend de l'Assemblée nationale,
qui s'appelle la Commission de la fonction publique qui, elle, verra à
ce que la loi soit respectée, qui verra à faire des
enquêtes, qui verra à entendre des appels. Il nous apparaît
que cet organisme à lui seul est suffisant pour assurer toute la
transparence nécessaire quant au projet de loi que vous avez devant
vous.
M. Bisaillon: Maintenant que le député de Chambly
est arrivé, est-ce qu'on peut demander un appel nominal, M. le
Président?
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Oui, c'est
votre prérogative. Nous sommes ici devant l'amendement qui demande de
biffer les mots "le gouvernement" et de les remplacer par "l'Assemblée
nationale aux deux tiers de ses membres."
M. Bisaillon?
M. Bisaillon: Pour.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Pour. M.
Doyon?
M. Doyon: Contre.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Contre. M.
Gravel?
M. Gravel: Contre.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Contre. Mme
LeBlanc-Bantey?
Mme LeBlanc-Bantey: Contre.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Contre. M.
Tremblay?
M. Tremblay: Contre.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Contre.
M. Doyon: Est-ce qu'on pourrait lui demander contre quoi, M. le
Président?
M. Tremblay: Pour informer le député de
Louis-Hébert, puisqu'il est intéressé de savoir contre
quoi je suis, je dois lui dire que c'est contre le fait que le président
de la commission soit nommé par l'Assemblée nationale. Il doit
être nommé par le gouvernement.
M. Doyon: C'est une très bonne réponse, M. le
député. Continuez comme ça, on a besoin de vous.
M. Tremblay: Je vous remercie.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Cela veut
dire que l'amendement est rejeté.
Nous revenons à la proposition principale, l'article 86 tel qu'il
est devant nous. Est-ce qu'il y a des discussions? Est-ce que l'article 86 est
adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté. M. Bisaillon: Sur
division.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
86 est adopté sur division. J'appelle l'article 87.
Mme LeBlanc-Bantey: L'article 87 me semble suffisamment explicits
en lui-même sans qu'il ait besoin de commentaires.
M. Bisaillon: J'aurais, évidemment, eu un amendement
à l'article 87 si l'amendement à l'article 86 avait
été adopté. Comme je pense qu'il subira le même sort
et que la commission a déjà décidé de disposer de
l'article 86, je serais prêt à adopter l'article 87 sous cette
forme.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
D'accord.
M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Concernant la nomination des vice-présidents qui
sont les principaux collaborateurs, les collaborateurs immédiats du
président, l'avant-projet de loi prévoyait que ces nominations se
faisaient sur la recommandation du président. Est-ce que la ministre
pourrait nous dire pourquoi on a enlevé cette spécification
faisant de la recommandation du président une nécessité
pour la nomination des vice-présidents? Quelles sont les raisons qui
motivent ce changement?
Mme LeBlanc-Bantey: Comme j'ai eu l'occasion de le dire dans les
dernières semaines, cela allait de soi. C'est évident que le
gouvernement fait les nominations des vice-présidents ou des
sous-ministres adjoints sur la recommandation soit du président ou du
sous-ministre en titre. Dans ce sens-là, ça nous apparaissait
superfétatoire de l'indiquer dans la loi.
M. Doyon: La consultation que vous dites aller de soi est une
consultation finalement...
Mme LeBlanc-Bantey: Demandez à mon sous-ministre quelle
expérience il a vécue
chez nous avec le sous-ministre adjoint.
M. Doyon: Si vous me laissiez terminer, vous comprendriez ce que
je veux dire. C'est une consultation qui est laissée au bon vouloir et
au bon plaisir, c'est-à-dire que le gouvernement, même en face
d'une recommandation qui serait contraire, pourrait procéder et pourrait
s'abstenir tout simplement de consulter le président. Cela ne
permettrait pas, dans les circonstances, un fonctionnement satisfaisant. Je ne
vois pas de raison pour laquelle le président ne serait pas
assuré par une spécification législative qu'il sera
consulté et qu'il aura le droit de faire une recommandation au
gouvernement sur la nomination de ses principaux collaborateurs, de ses
principaux adjoints que sont les vice-présidents de l'office.
M. Bisaillon: M. le Président, juste avant que la ministre
intervienne, je voudrais seulement souligner que les articles 53 et 54 qu'on a
déjà adoptés disposaient, dans le fond, de cette question
puisque les vice-présidents deviendront des administrateurs
d'État et qu'à l'article 54 on a déjà adopté
que c'est le gouvernement, sur proposition du premier ministre, qui nomme les
vice-présidents. Évidemment, cela n'empêche pas les
consultations, mais dans le processus ce sont les articles 53 et 54
déjà adoptés qui déterminent la façon de
nommer à l'article 87.
Mme LeBlanc-Bantey: Très pertinent, M. le
député de Sainte-Marie.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
l'article 87 est adopté? M. le député de Jean-Talon, vous
avez une intervention?
M. Rivest: Non.
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Alors, il
est adopté sur...
M. Rivest: Je suis d'accord, M. le Président.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Sans
division. Alors, l'article...
M. Bisaillon: Ne les cherchez pas, M. le Président. Elles
vont venir assez vite.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Non, non.
Enfin, c'est parce que vous aviez considéré, vu que l'amendement
à l'article 86 était rejeté...
M. Bisaillon: La commission s'était prononcée. Vous
savez, M. le Président, que je me rallie facilement à la
règle de la majorité.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Très
bien. On apprécie cet esprit.
Mme LeBlanc-Bantey: On a vu cela à plusieurs reprises.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
87 est adopté. J'appelle l'article 88.
Mme LeBlanc-Bantey: Je pense qu'il se passe de commentaires.
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
88 est adopté. J'appelle l'article 89.
Mme LeBlanc-Bantey: II me semble que lui aussi se passe de
commentaires.
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
89 est adopté.
M. Doyon: Un instant! C'est peut-être le moment de le
souligner ici parce qu'on parle du ministre responsable. Ce qu'on n'a pas
obtenu comme renseignement dans le moment, c'est qui sera le ministre
responsable de l'office.
Mme LeBlanc-Bantey: J'ai déjà eu l'occasion de dire
à M. le président que je ne pouvais indiquer dans mon projet de
loi au premier ministre comment faire ce remaniement ministériel.
M. Doyon: J'imagine que non.
M. Rivest: II faut lui indiquer qui doit être membre du
Comité des priorités parfois.
M. Doyon: Bien oui. C'est ce que j'allais dire.
Mme LeBlanc-Bantey: Ce que nous indiquons au premier ministre par
le projet de loi, c'est qu'à notre avis le ministre responsable de
l'office ne devrait pas être le même que celui qui est responsable
du Conseil du trésor. C'est la seule indication que nous ayons eu la
prétention de faire par ce projet de loi.
M. Doyon: Est-ce que ce sera le même premier ministre? Cela
reste dans le vague. Ce qu'on ne sait pas non plus et on aimerait avoir au
moins des indications là-dessus, c'est s'il y aura un ministre
d'État.
M. Rivest: Tiens, le voilà le premier ministre.
Pierre-Marc, qui vas-tu nommer comme ministre responsable de l'Office des
ressources humaines?
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): S'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il
vous plaît! On revient à l'article 89 et la parole est au
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Ce qu'il serait intéressant de savoir, c'est
s'il y aura un ministre d'État à la réforme
administrative, comme le suggère l'ENAP dans son mémoire, ou un
autre ministre à qui on ajoutera la responsabilité de l'office.
Au moins, on pourrait savoir ce que la ministre pense là-dessus. Ne
serait-il pas souhaitable qu'il y ait, finalement, un ministre dont la
réforme administrative soit la seule responsabilité et dont
dépendrait l'office, parce que tout cela doit s'intégrer? On a eu
l'occasion de le mentionner et d'en faire état assez longuement lors du
discours en deuxième lecture. Malheureusement, on se retrouve avec des
bribes de réforme dont l'imbrication l'une dans l'autre est loin
d'être claire. On aimerait que la ministre nous dise si elle a eu
l'occasion de réfléchir à cette question et si elle ne
pense pas qu'un ministre devrait avoir la responsabilité de cette
question au moins pour donner une certaine unité de direction et de
pensée, de philosophie et d'approche à tout ce qui touche la
réforme administrative.
M. Bisaillon: Pour que vous puissiez intégrer tout cela
dans la réponse, le député de Louis-Hébert se
demande s'il va y avoir un ministre d'État. J'ai plutôt
l'impression qu'il va y avoir des tas de ministres parce que l'article 157 dit
que "le gouvernement désigne les ministres responsables de l'application
des dispositions de la présente loi." J'avais plutôt
décidé de faire le débat à l'article 157. Cela pose
effectivement des questions que de voir apparaître un paquet de
ministres. Alors qu'avant un seul suffisait, demain matin, cela en prendrait
trois; je trouve cela étrange. (12 h 30)
Mme LeBlanc-Bantey: Comment trois?
M. Bisaillon: Un pour l'office. Vous dites "des", avec le
président du Conseil du trésor, cela va faire deux. Vous n'avez
pas l'intention d'en nommer d'autres?
Mme LeBlanc-Bantey: Non.
M. Bisaillon: Ah!
Mme LeBlanc-Bantey: Et nous avons l'intention d'abolir celle de
la Fonction publique.
M. Bisaillon: Alors, pourquoi à l'article 157 n'avez-vous
pas dit: Le président du Conseil du trésor et le ministre
responsable?
Mme LeBlanc-Bantey: De l'Office des ressources humaines? Si vous
voulez, quand on sera rendu à l'article...
M. Bisaillon: Oui. Cela aurait plus fait la distinction dont vous
nous avez parlé tantôt.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est le genre d'amendement que nous pourrons
peut-être...
M. Bisaillon: Envisager.
Mme LeBlanc-Bantey: ...voir à cet article-là. Quant
au reste, je souligne, encore une fois au député de
Louis-Hébert que, quand il sera premier ministre, il aura le loisir de -
ce qui n'est pas pour demain -faire les remaniements ministériels comme
il l'entend, mais cela demeure encore une prérogative du premier
ministre.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
l'article 89 est adopté?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté. J'appelle l'article 90.
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
90 est adopté. J'appelle l'article 91.
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
91 est adopté. J'appelle l'article 92.
M. Bisaillon: Je suis bien prêt à adopter l'article
92, M. le Président, mais vous admettrez avec moi que c'est bizarre un
peu comme texte. On dit, dans un premier temps: "L'office peut, dans son
règlement de régie interne, permettre, aux conditions et sur les
documents qu'il détermine - ce n'est pas partout - qu'une signature
requise soit apposée au moyen d'un appareil automatique ou qu'un
fac-similé d'une signature soit gravé, lithographié ou
imprimé." Alors, cela, je suppose que c'est pour économiser des
énergies. Mais, par la suite, on dit: "Toutefois, le fac-similé
n'a la même valeur que la signature elle-même que si le document
est contresigné par le président ou une personne autorisée
par lui". Je comprends qu'il peut déléguer la signature. Quand je
reçois une lettre du premier ministre où on a utilisé
l'appareil
pour signer, il n'y a pas un authographe à côté qui
m'indique que la personne désignée a vérifié la
lettre. Ce qu'on exige, c'est qu'il y ait une personne en autorité qui
autorise l'utilisation de... Mais elle n'est pas obligée de
contresigner. En tout cas, moi, cela ne me fait rien. C'est vous qui allez
signer, mais quand on prend un appareil automatique, habituellement, ce n'est
pas pour recommencer la "job".
Mme LeBlanc-Bantey: Mais c'est seulement sur le premier document
qu'il y a une contresignature.
M. Bisaillon: Donc, ce que vous voulez dire véritablement,
c'est qu'il doit y avoir une personne autorisée à approuver
l'utilisation de.
Mme LeBlanc-Bantey: Voilà. Et qu'il y ait une
délégation possible.
M. Bisaillon: Parce que ce n'est pas clair que c'est seulement
sur le premier document, dans votre texte.
Mme LeBlanc-Bantey: On a repris ce qui existait dans d'autres
lois, mais on peut vérifier. C'est la formule usuelle.
M. Bisaillon: Oui, mais vous savez, Mme la ministre, étant
donné qu'on est en train d'en réviser une...
Mme LeBlanc-Bantey: Oui, oui, je connais...
M. Bisaillon: ...prendre ce qu'il y a dans d'autres lois,
quelquefois, ce n'est pas toujours...
Mme LeBlanc-Bantey: ...la chanson. M. Bisaillon: ...la
trouvaille du siècle.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
l'article 92 est adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: On n'a pas voulu réinventer le monde.
On est très modeste chez nous.
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté. J'appelle l'article 93.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est plus clair, vous l'admettrez.
M. Bisaillon: Cela s'améliore. À l'article 105,
cela va être correct.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
l'article 93 est adopté?
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté. J'appelle l'article 94.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela existait pour le ministère de la
Fonction publique.
M. Bisaillon: Si le député de Louis-Hébert
me le permet...
M. Doyon: Oui, allez-y.
M. Bisaillon: ...j'aurais peut-être une question à
poser. Je suis d'accord avec l'ensemble du texte. La seule chose, c'est que je
supprimerais un membre de phrase qui, à mon avis, est là
seulement pour le style et n'ajoute strictement rien: "L'office peut, avec
l'autorisation du gouvernement et conformément à la loi, conclure
une entente avec un gouvernement ou un organisme pour faciliter l'exercice des
fonctions qui lui sont confiées par la présente loi". On a
ajouté, entre les deux membres de phrase les mots "en accord avec les
intérêts et les droits du Québec". Première
question: Qui va décider que c'est en accord avec les
intérêts et les droits du Québec? Deuxième question:
Comment peut-on supposer que l'office, après avoir obtenu l'autorisation
du gouvernement, va pouvoir passer une entente qui irait à l'encontre
des intérêts et des droits du Québec? C'est la couche de
vernis sur trois couches de peinture. Alors, enlevons donc "en accord avec les
intérêts et les droits du Québec". C'est sûr que,
quand le gouvernement se prononcera et quand l'office va lui faire une
recommandation qui va être adoptée par le gouvernement, on doit
supposer que cela va être en accord avec les intérêts et les
droits du Québec. Si ce ne l'était pas, qui va juger le
gouvernement? Est-ce que ce sera la population qui va venir décider que
l'article 94 n'a pas été respecté? Ils vont faire cela
effectivement, mais une fois tous les quatre ans. Biffez donc cela et on va
accepter l'article 94 vite, vite.
M. Doyon: Cela risque de prendre cinq ans.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Mme la
ministre, vous avez la parole.
Mme LeBlanc-Bantey: Je trouvais que c'était une
très belle phrase qui...
M. Bisaillon: Oui, oui, c'est effectivement ronflant.
Mme LeBlanc-Bantey: ...n'enlevait rien au projet de loi et qui,
au contraire, le complétait. Le député de Sainte-Marie en
fait une question très importante. Je veux bien la biffer, mais
honnêtement je ne vois
pas pourquoi, on la bifferait. Si on avait dû vérifier
chaque article pour chaque formule de style, peut-être qu'on aurait
dû...
M. Bisaillon: Mme la ministre, je vais essayer de vous
l'expliquer rapidement, parce que je ne veux pas faire un long débat sur
cette affaire. Je voudrais vous expliquer que le fait de l'inscrire, c'est
porter un jugement sur le fait que possiblement une décision du
gouvernement pourrait ne pas être en accord avec les
intérêts du Québec. Quand on sent le besoin de
préciser quelque chose, c'est pour dire: Peut-être que cela ne
pourrait pas l'être.
Mme LeBlanc-Bantey: Ayant compris votre première
argumentation, j'accepterais de la biffer si vous insistez.
M. Bisaillon: J'insiste, madame. J'avais préparé un
amendement que je ne dépose pas.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Oui, mais
un instant, là! Déposez-vous votre amendement?
M. Bisaillon: M. le Président, la façon dont on a
procédé jusqu'à maintenant, c'est que, lorsque la ministre
est d'accord, on s'arrange pour que cela se fasse sans faire une
procédure formelle de dépôt d'amendement. Tout ce que je
demande, c'est de biffer "en accord avec les intérêts et les
droits du Québec" et c'est accepté par la ministre, je pense.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Quand
même, pour que ce soit plus facile, vous présentez...
M. Bisaillon: Certainement. Je peux bien vous le
présenter.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
...l'amendement.
M. Doyon: Sur une question de règlement, M. le
Président. Je ne voudrais pas qu'on s'enfarge - et je ne veux pas que
cela crée de précédent - parce que j'ai des notes et
possiblement que j'aurai des amendements. Je n'ai pas l'intention, quand la
ministre les acceptera, qu'on soit obligé de remettre une feuille de
papier chaque fois. Je pense que c'est la coutume en commission parlementaire.
On a une discussion normale et informelle. On fait état de certains
arguments à la ministre et la ministre dit: Très bien, on va
ajouter tel mot ou très bien, on va enlever tel mot.
M. Bisaillon: On a procédé de cette
façon-là plusieurs fois.
Mme LeBlanc-Bantey: La ministre est souple.
M. Doyon: Non, non, mais c'est parce qu'autrement, si on se met
à demander les bouts de papier à tout moment... Je suis tout seul
dans le moment. La ministre est capable de le faire. Ce n'est pas
nécessaire pour le bon fonctionnement de la commission parlementaire. Si
cela l'était, je me rallierais, mais je n'en vois pas la
nécessité. Je dis cela en passant pour qu'on n'invoque pas ce
précédent tout à l'heure si jamais on a
procédé autrement.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): D'accord.
Il y a assez de souplesse dans une commission parlementaire, mais, lorsque
l'amendement est sur papier, je pense que cela va plus vite et c'est plus clair
aussi pour les travaux. Je demande donc si cet amendement est
adopté.
M. Tremblay: M. le Président, avant de passer au vote, je
voudrais dire que je relis cet article et cette phrase et si c'était
seulement les intérêts, c'est vague, mais les droits, c'est clair.
Même si le gouvernement dans ce cas-là autorisait la commission
à passer une entente, si cela va à l'encontre des droits du
Québec... Je n'utiliserai pas cette expression - elle est un peu
vulgaire -mais c'est effectivement les bretelles avec la ceinture.
Une voix: Une sûreté.
M. Tremblay: Oui. Il me semble que cela limite mieux et ce n'est
pas si grave que cela qu'il y ait un petit bout de phrase dans le projet de loi
qui est supplémentaire.
M. Bisaillon: Je voudrais indiquer au député de
Chambly que c'est peut-être, selon son expression, les bretelles avec la
ceinture, mais qui va boucler la ceinture et qui va enfiler les bretelles? Ce
sont peut-être deux instruments, mais qui va en décider? On doit
tenir pour acquis que l'institution suprême élue par le peuple et
issue du Parlement qui est l'Exécutif, qui est le gouvernement, quand il
va se prononcer, forcément, cela va aller dans le sens des droits du
Québec. Cela ne pourra pas aller à l'encontre, à part
quelques petites erreurs faites de temps en temps, quelques abandons de droits,
mais en dehors de cela...
M. Tremblay: Cela arrive assez souvent que les tribunaux
décident qu'un geste du gouvernement est illégal et, dans ce
cas-là, ce serait la même chose. Il me semble que c'est
courant.
M. Bisaillon: Un tribunal peut décider qu'un geste du
gouvernement est illégal, mais
cela ne veut pas dire que le geste posé était à
l'encontre des intérêts ni des droits du Québec. Là,
qui va pouvoir décider de cela? Ce n'est sûrement pas un
tribunal...
M. Tremblay: Non? Pourquoi?
M. Bisaillon: ...qui va décider que cela va à
l'encontre des droits du Québec, une décision du gouvernement.
J'aimerais cela, moi, que le Conseil des ministres se prononce
là-dessus, s'il était d'accord de faire examiner chacune de ses
décisions pour vérifier si elles sont en accord avec les
intérêts de la population et avec les droits du Québec.
Dans le fond, pensez-y comme il le faut, un Exécutif qui accepterait
cela, il accepte de dire que, chaque fois qu'il se prononce, il ne pense pas
aux intérêts du Québec. Cela n'a pas de sens. Le fait de
l'inscrire ainsi, comme je le disais tantôt, c'est beau, c'est une belle
phrase et c'est vrai, mais cela suppose que, parfois, ça pourrait ne pas
être cela. Or, il faut tenir pour acquis que c'est toujours cela, de la
même façon qu'en Chambre on doit prendre la parole du ministre.
Tout ce qu'il dit, c'est vrai.
Une voix: Tout le temps!
Mme LeBlanc-Bantey: C'est vrai, aussi.
M. Bisaillon: C'est vrai, aussi.
Mme LeBlanc-Bantey: Et cela se vérifie.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Nous en
sommes toujours à l'amendement. Est-ce que l'amendement est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté.
Est-ce que l'article 94 tel qu'amendé est adopté?
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-
Îles):
Adopté.
J'appelle l'article 95.
Mme LeBlanc-Bantey: Pas de commentaires.
M. Bisaillon: Mme la ministre, j'aurais juste une question
à vous poser. Dans tout cet article 95, est-ce qu'à la fin il ne
pourrait pas y avoir un petit ajout? On dit que le rapport doit être
déposé à l'Assemblée nationale. Est-ce qu'on ne
pourrait pas prévoir que ce rapport sera examiné par une
commission parlementaire? On peut indiquer, dans une loi, qu'une commission
parlementaire va se pencher là-dessus, qu'il sera soumis à une
commission parlementaire ou analysé par une commission
parlementaire.
Mme LeBlanc-Bantey: Je pense que le rapport de l'office, dans ce
sens, doit subir le même sort que tous les nombreux rapports qui sont
déposés à l'Assemblée nationale. Je ne vois pas la
pertinence de faire une exception pour le moment.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Je voulais juste souligner qu'une réforme
parlementaire est en cours, dont on verra les aboutissements probablement avant
la fin de cette session, pour être appliquée dès la session
qui vient. Je voulais faire le même commentaire quand on parlera d'avis
sur les règlements; on dit que cela va être publié dans la
Gazette officielle. Dans la réforme parlementaire, cela va être
soumis à l'examen d'une commission parlementaire; je voulais le faire
inscrire sous réserve d'une réforme parlementaire ou du
règlement de l'Assemblée nationale. Autrement dit, qu'on soumette
aussi au règlement de l'Assemblée nationale ces questions. Je
voulais seulement le souligner.
Mme LeBlanc-Bantey: La loi l'empêcherait.
M. Bisaillon: Non, je ne pense pas que la loi
l'empêcherait, Mme la ministre, sauf que, comme on a essayé de
faire des choses spéciales tout en faisant les travaux de la commission,
je me disais qu'il serait agréable de souligner aussi qu'on peut
solliciter l'examen de notre rapport par une commission parlementaire. Ce n'est
pas toujours le contraire, ce n'est pas toujours une commission parlementaire
qui doit contraindre, ce peut être parfois nous qui sollicitons
d'être entendus par une commission parlementaire. C'est le premier
élément.
Soit dit en passant, Mme la ministre, nous, qui étions fiers
d'avoir innové à la première séance de la
commission en faisant témoigner le conseiller juridique et le
sous-ministre en leur nom, j'ai vérifié les galées et
c'est vous qui parlez.
Mme LeBlanc-Bantey: J'ai vérifié, moi aussi, et
j'ai trouvé cela un peu incongru. Je me suis demandé si la raison
était que notre commission serait illégale si ça devait
être un autre nom que celui de la ministre qui paraisse au journal des
Débats.
M. Bisaillon: Je n'en fais pas une motion d'amendement, je ne
fais que souligner qu'il serait intéressant que l'office, par cet
article, sollicite d'être entendu par une commission parlementaire. C'est
tout.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
l'article 95 est adopté?
M. Doyon: Adopté. M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté.
J'appelle l'article 96.
M. Bisaillon: Adopté. M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
96 est adopté. J'appelle l'article 97.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous retrouvez dans cet article les fonctions
et les pouvoirs de l'office dont, bien sûr, certaines fonctions qui
étaient exercées par le ministère de la Fonction publique.
Essentiellement, ce sont des activités de soutien et de conseil
auprès des ministères et organismes et du Conseil du
trésor. On pourrait peut-être laisser le temps à tout le
monde de bien le lire, c'est un article qui est très long.
Essentiellement, les nouveaux pouvoirs de l'office sont à partir du 8e
alinéa. (12 h 45)
M. Bisaillon: C'est juste une remarque. On parle de toutes les
fonctions de l'office. Dans le rapport de la commission spéciale, il y a
un sujet dont on a parlé un peu, mais qu'on n'a pas, selon moi,
suffisamment développé. Cela me frustre toujours qu'on parle de
la gestion des ressources humaines sans identifier un élément
fort important. Particulièrement dans l'application de cette loi, comme
dans l'ensemble des autres innovations, on a souvent dit que c'étaient
d'abord les changements de mentalités et d'attitudes qui étaient
importants et on ne parle jamais du développement des ressources
humaines. Il me semble que cela devrait peut-être apparaître
quelque part de façon spécifique. Je comprends qu'on peut
toujours dire que cela fait partie de la gestion des ressources humaines, mais
je voudrais qu'on y accorde une importance particulière.
Mme LeBlanc-Bantey: Oui, mais à l'alinéa 8 on parle
du développement des ressources humaines.
M. Bisaillon: Oui, c'est en termes de recommandations, mais ce
n'est pas en termes de recherches, d'études ou d'enquêtes.
Je l'aurais vu plus à 10 ou à 12. Mme LeBlanc-Bantey:
À 10?
M. Bisaillon: En tout cas, je n'ai pas d'objection, c'est
seulement que je veux souligner que c'est souvent un secteur d'activité
qui est négligé. L'expérience démontre que,
souvent, dans les ministères, ce sont les premiers budgets qui sautent.
Alors, si on veut faire vraiment des réformes en profondeur, cela va
être l'élément capital.
M. Tremblay: J'ai l'impression que le député
voudrait mettre des bretelles avec la ceinture.
M. Bisaillon: Vous avez bien raison. Me rendant compte que les
bretelles n'ont pas suffi jusqu'à maintenant, je
préférerais avoir une ceinture.
Mme LeBlanc-Bantey: Je répondrai au député
de Sainte-Marie que c'est justement parce qu'on pensait que ce qui est
proposé, entre autres à l'alinéa 8, est important qu'on
donne le pouvoir à l'office de proposer au gouvernement et au Conseil du
trésor des mesures pour améliorer soit la dotation ou le
développement des ressources humaines et non pas seulement de faire des
recherches.
J'aime l'intervention du député de Sainte-Marie, je la
trouve très pertinente, mais il m'apparaît que, de la façon
dont cet article est rédigé, nous insistons suffisamment pour
voir à ce que cet élément ne soit pas
négligé.
M. Bisaillon: Je vais me permettre un dernier bref commentaire,
si vous le permettez, M. le Président. Au 12e alinéa, on dit:
"d'instaurer et de maintenir, en collaboration avec les ministères et
organismes conformément aux politiques établies par le Conseil du
trésor, un système de planification et de développement de
la carrière du personnel d'encadrement." Vous admettrez avec moi que,
entre le 8e et le 12e alinéa, on donne beaucoup d'importance au
développement de la carrière du personnel d'encadrement, ce qui
va supposer des programmes de perfectionnement. Peut-être que, là,
on pourrait ajouter aussi cette notion. C'est qu'il y a une insistance
additionnelle, c'est "instaurer et maintenir".
M. Sarault (Pierre): Le 12e alinéa vise
spécifiquement, dans le fond, un système de gestion de la
carrière du personnel d'encadrement et particulièrement, si vous
voulez, de ce qu'on a actuellement dans les classes 3, 2, 1, soit environ 600
personnes qui sont d'éventuels, de futurs sous-ministres adjoints ou
sous-ministres et où il y a intérêt à faire une
planification de carrière beaucoup plus spécifique qu'aux
autres
niveaux de la fonction publique. C'est la raison pour laquelle vous avez
un alinéa spécifique là-dessus, où il y a une
volonté particulière de faire un suivi, une planification de
carrière de ces gens. Cela n'exclut, évidemment, pas les autres
gestes sur les autres, la proposition par l'office au conseil ou au
gouvernement de mesures vis-à-vis du développement en
général ou des recherches sur la gestion qui comprend, comme on
l'a vu à un article précédent dans le cas des
responsabilités des ministères, toute une série de choses:
planification, organisation et développement. Cela n'empêche pas
l'office, au contraire, de faire des recherches sur l'ensemble, mais cela lui
donne un mandat additionnel spécifique vis-à-vis le personnel
d'encadrement supérieur.
M. Bisaillon: Cela va, M. le Président, mon message est
passé.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, merci. Sur cet article 97, qui établit les
fonctions de l'office, ce que je voudrais souligner, c'est que la loi fait de
l'Office des ressources humaines l'organisme expert en ressources humaines. On
lui demande, entre autres choses, de conseiller le gouvernement, de proposer
des mesures pour améliorer la gestion et le développement des
ressources, d'effectuer des recherches, des études et des
enquêtes, de développer un système intégré
d'information pour la gestion des ressources humaines, etc.
Donc, c'est un organisme qui devient l'expert dans ce domaine. Je me
demande pourquoi, à ce moment, étant donné qu'il est celui
à qui ces fonctions sont finalement dévolues et qui serait le
mieux équipé pour procéder à l'autre étape,
c'est-à-dire la conception des politiques de gestion des ressources
humaines, on confie plutôt cela au Conseil du trésor.
D'ailleurs, l'ENAP, dans son mémoire, faisait une remarque fort
opportune à ce sujet. Je vais la lire. À la page 7 de son
mémoire, on disait: "L'avant-projet de loi confie actuellement à
l'office la mise en oeuvre des politiques de gestion des ressources humaines
conçues par des ministères ou autres organismes du gouvernement.
Afin d'assurer une meilleure mise en oeuvre de telles politiques et d'utiliser
de façon optimale l'expertise que l'on trouvera à l'office,
l'école se demande s'il n'y aurait pas lieu de confier à cet
office, en plus de leur mise en oeuvre, la conception de ces politiques." Je
pense que c'est particulièrement pertinent. Dans les remarques qui ont
été faites par des gens qui se sont présentés
devant la commission parlementaire lors de l'étude de l'avant-projet de
loi, il est opportun de rappeler à la ministre les remarques qui ont
été faites, par exemple, par le Syndicat des fonctionnaires
provinciaux qui disait: "Nous estimons que l'Office des ressources humaines
doit être ..." Il revenait sur la question de l'indépendance du
pouvoir politique. En ce qui concerne l'Association des cadres
supérieurs du gouvernement du Québec qui faisait un certain
nombre de remarques, plus particulièrement en ce qui concerne ce qui
était l'alinéa 7 de l'article 101 qui est devenu, je pense,
l'alinéa 12 de l'article 97, voici ce qu'elle disait: "En ce qui
concerne les cadres supérieurs et les administrateurs de l'État,
nous croyons que la planification et le développement de leur
carrière devraient relever d'un interlocuteur de haut niveau tel que le
Secrétariat à la réforme administrative aux emplois
supérieurs ou un vice-président de l'Office des ressources
humaines à qui serait confié ce seul mandat. Il faudrait,
toutefois, que cet interlocuteur jouisse de garanties d'indépendance et
d'autonomie lui permettant de remplir sa mission avec efficacité,
impartialité et justice. Le regroupement de la planification et du
développement de la carrière des gestionnaires supérieurs
de l'État permettrait d'envisager l'adoption d'un véritable plan
de gestion des emplois supérieurs. Il deviendrait alors possible
d'établir des politiques de perfectionnement et de mobilité
permettant aux gestionnaires supérieurs d'acquérir des
connaissances nouvelles et une expérience diversifiée, leur
permettant ainsi d'offrir un meilleur rendement. Les titulaires des emplois
supérieurs disposeraient enfin d'un véritable plan de
carrière."
C'est une lacune qui a été soulignée à
plusieurs reprises, de diverses façons, au niveau des cadres
supérieurs. On n'a pas de plan de carrière, on n'a pas de
proposition précise de plan de carrière. Cela semble aller au
petit bonheur la chance, finalement. Les cadres supérieurs ressentent
ça et le déplorent.
Je veux parler un peu de la façon dont les choses se passent au
gouvernement fédéral où j'ai été
fonctionnaire pendant de nombreuses années. Je me souviens que,
dès le début de ma carrière au ministère des
Affaires extérieures au gouvernement fédéral, j'avais une
idée du cheminement que je serais, au fil des ans, amené à
suivre à partir d'emplois qui demandaient moins d'expérience, qui
demandaient moins de connaissances: troisième secrétaire
d'ambassade, deuxième secrétaire d'ambassade, vice-consul,
conseiller en ambassade. Il y avait toute une série de choses, on
connaissait le cheminement, on avait une idée du profil normal d'une
carrière au ministère des Affaires extérieures.
Il semble que c'est ce genre de chose
qui manque. J'imagine que l'office pourra pallier à cette lacune.
Je le souhaite vivement. Pour continuer un peu dans la même veine, je
souligne à la ministre - ce sera la fin de mon intervention à ce
sujet -ce que disait l'Association des cadres supérieurs du gouvernement
du Québec à la page 4 de son mémoire: "L'Office des
ressources humaines a pour fonction, entre autres choses, d'instaurer et de
maintenir, en collaboration avec des ministères, des organismes et,
conformément aux politiques établies par le Conseil du
trésor, un système de planification et de développement de
la carrière du personnel d'encadrement. Le personnel de maîtrise
de direction étant défini comme faisant partie du personnel
d'encadrement, nous nous interrogeons sérieusement, compte tenu des
besoins et des attentes de tous les gestionnaires que nous représentons,
à savoir quelle sera l'implication du syndicat des cadres au niveau de
la consultation, de l'application, de l'utilisation d'un tel système
préconisé et des recommandations que nous pourrons faire en cette
matière." Ce sont les remarques que je voulais porter à la
connaissance de la ministre. J'aimerais avoir ses réactions à ces
commentaires, si c'est possible.
Mme LeBlanc-Bantey: Réaction à la première
remarque. Vous posez tout le problème qu'on a vécu entre le
ministère de la Fonction publique et le Conseil du trésor, ce qui
explique que nous avons changé sensiblement les structures pour abolir
le ministère de la Fonction publique et créer un nouvel office
auquel nous donnons surtout des fonctions de support et de conseil envers les
ministères. Nous laissons au Conseil du trésor toute
l'élaboration des politiques pour la simple et bonne raison qu'on a eu
l'occasion, à de multiples reprises, de parler, tant à la
commission Bisaillon, même si elle ne s'était pas prononcée
spécifiquement sur les changements de structures, des nombreux
chevauchements qu'il y avait entre le Conseil du trésor et la Fonction
publique. C'était tout à fait normal que, lorsque la Fonction
publique arrivait avec l'élaboration de politiques etc., compte tenu des
coûts que cela pouvait entraîner, parce qu'effectivement, quand on
parle de la Fonction publique, on parle d'un certain nombre de personnes, nous
devions nous adresser au Conseil du trésor pour qu'il fasse une analyse
de ces politiques qui étaient élaborées au
ministère, ce qui entraînait, finalement - on l'a dit et je le
répète encore une fois - des chevauchements, du temps perdu,
etc.
Nous pensons que les nouvelles structures qu'il y a dans le projet de
loi actuel vont être beaucoup plus non seulement efficaces, mais
efficientes et que, dans ce sens, l'office ne doit conserver que le rôle
que nous lui avons donné, qui est un rôle de support-conseil et
aussi d'aiguillage, si vous voulez, par rapport au Conseil du trésor,
quant à certaines recommandations ou à certaines mesures qu'il
pourrait lui proposer. Dans ce sens, je n'ai aucun doute que ce qui est dans la
loi est la meilleure solution aux nombreux problèmes et aux nombreuses
discussions qui ont eu cours au ministère de la Fonction publique depuis
une bonne dizaine d'années.
Quant au problème des cadres que vous soulevez, on a eu
l'occasion de reconnaître, à plusieurs reprises, c'est vrai, que
nous avions pris un retard énorme sur la gestion de la carrière
de nos cadres. Nous avons quand même fait au ministère de la
Fonction publique, depuis trois ou quatre ans, un effort assez extraordinaire
dans ce sens-là. C'est aussi la raison pour laquelle on a prévu
spécifiquement l'alinéa 12 pour souligner l'importance de trouver
des façons de gérer efficacement la carrière de nos cadres
dans la fonction publique. Il me semble, encore une fois, par l'alinéa
12, que nous répondons aux problèmes que vous soulevez.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
l'article 97 est adopté?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-
Îles):
Adopté. J'appelle l'article 98.
Mme LeBlanc-Bantey: 98, il faut dire que l'office
procédait déjà au placement des fonctionnaires mis en
disponibilité.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce
qu'il y a des commentaires? M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Un instant. Cet article-là me permet de poser
tout le problème des employés sous-utilisés qui...
Mme LeBlanc-Bantey: II y a un vote. Est-ce qu'on pourrait
suspendre?
Une voix: II y a un vote.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): La
commission élue permanente de la fonction publique suspend ses travaux
jusqu'à cet après-midi, 15 heures.
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce qu'on pourrait s'entendre pour,
dès 15 heures, commencer avec le président du Conseil du
trésor?
(Suspension de la séance à 12 h 58)
(Reprise de la séance à 15 h 19)
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): À
l'ordre! La commission élue permanente de la fonction publique poursuit
son étude, article par article, du projet de loi 51, Loi sur la fonction
publique. Ce sont les mêmes membres que ce matin, mais on me demande de
remplacer M. Laplante (Bourassa) par Mme Lachapelle (Dorion). Il y a un
consensus? D'accord.
Alors, ce matin, MM. les membres de la commission, on a exprimé
le désir de rencontrer le président du Conseil du trésor
au sujet des articles 75 à 84 inclusivement. Mme la ministre, à
vous la parole.
Mme LeBlanc-Bantey: Je pense que les collègues de
l'Opposition ont demandé - des deux Oppositions - que mon
collègue, le président du Conseil du trésor, soit à
la commission au moment de la discussion de ces articles-là. Vous avez
dû constater qu'il a rempli son engagement et, par conséquent, moi
aussi, qui m'étais engagée à obtenir la présence du
président du Conseil du trésor, présence qui a
été sollicitée à plusieurs reprises. En
conséquence, je vais laisser les collègues de Louis-Hébert
et de Sainte-Marie, en fonction des articles qui viennent, poser leurs
questions au président du Conseil du trésor.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): À
moins qu'il n'y ait des remarques préliminaires, on peut aussi appeler
l'article. J'appelle l'article 75.
Conseil du trésor (suite)
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai aucun commentaire sur cet
article.
M. Doyon: Quand nous avons abordé l'article 75 ce matin,
j'ai eu l'occasion de faire un certain nombre de remarques que je vais
reprendre à ce moment-ci, brièvement, vu que nous avons le
privilège d'avoir parmi nous le président du Conseil du
trésor. Je me réjouis de la chose, tout en regrettant qu'il n'ait
pas accordé le même privilège à cette commission
lors de l'étude que nous avons faite de l'avant-projet de loi.
Premièrement, cela aurait permis de donner un éclairage
particulier aux travaux de la commission et cela aurait surtout permis aux
nombreux intervenants qui ont présenté des mémoires et qui
sont venus défendre leur point de vue ici, à la commission
parlementaire, de faire valoir directement, avec des chances d'explications de
sa part, au ministre et président du Conseil du trésor un certain
nombre d'inquiétudes qu'ils entretenaient à l'égard de ce
projet de loi. Je le regrette vivement, cela a été exprimé
à ce moment-là et cela a été exprimé de
diverses façons et à diverses occasions par des gens qui,
justement, sont venus devant cette commission, à la fin du mois de
septembre dernier.
Ceci étant dit, j'ai attiré l'attention de la ministre sur
une première chose qui me frappait dans l'article 75. C'est que
l'article 75 du projet de loi, contrairement à ce qu'on retrouvait dans
son équivalent, l'article 77 de l'avant-projet de loi, ne fait pas
allusion au fait que les politiques générales de gestion des
ressources humaines, dont la rédaction incombe au Conseil du
trésor, que ces politiques de ressources humaines, dis-je, n'ont pu
être préparées, selon l'article toujours, en regard des
principes énumérés aux articles 2 à 7, tel que le
disait l'article 77. Et ces articles 2 à 7 sont devenus l'article 3,
à toutes fins utiles, du projet de loi 36. Alors, je demandais à
la ministre, peut-être qu'elle les a déjà, ou le ministre
et président du Conseil du trésor pourra nous donner les
explications qui s'imposent à ce sujet et nous rassurer sur le fait que,
même si l'article 75 ne l'indique pas, le Conseil du trésor
restera obligé de tenir compte des grands principes
énumérés à l'article 3 du projet de loi 36.
Au-delà de cette première information que je demande, il y
a toute la question des politiques générales de gestion, qui
doivent être énoncées par le Conseil du trésor.
Alors, ce que je demanderais au président du Conseil du trésor...
C'est que, bien sûr, les politiques de gestion qui seront
énoncées seront basées sur la responsabilisation, sur
l'imputabilité des gestionnaires ou des fonctionnaires en
général, sur la mise en place d'un nouveau système qui
permettra de définir des objectifs et d'établir les moyens dont
disposent les gestionnaires pour les atteindre. Mais, au-delà de ces
généralités, j'aimerais que le président du Conseil
du trésor, pour cette commission et pour les gens qui, finalement, vont
vivre sous l'empire de cette réforme administrative, nous donne des
éclaircissements, une idée, un aperçu de ce qu'il entend
faire, de l'approche que le Conseil du trésor privilégie
vis-à-vis de la gestion des ressources humaines, de sa philosophie, de
pensée à ce sujet-là, enfin tous les renseignements qui
peuvent être utiles pour mieux apprécier le pouvoir
considérable que la loi confie au Conseil du trésor, de
façon que nous sachions à quoi nous en tenir et que l'adoption de
ce projet de loi, plus particulièrement de l'article 75, ne constitue
pas à toutes fins utiles la signature d'un chèque en blanc.
Mme LeBlanc-Bantey: Très rapidement, parce que le
député de Louis-Hébert a fait allusion à des
amendements qu'on a faits dans le projet par rapport à l'avant-projet de
loi. Il s'agissait strictement de répondre à des
représentations venues de certains
groupes, dont le syndicat de professionnels, qui s'inquiétaient,
par exemple, des analyses juridiques qui pourraient être faites en
fonction des principes. Vous vous rappelez tout le débat qu'on a eu sur
l'interprétation juridique qui pouvait être faite des principes et
qu'on a transformé en objet, ce qui lui donnait la valeur d'un
préambule. Afin de rassurer un certain nombre de personnes qui
s'étaient inquiétées de la formulation de l'article tel
qu'il était rédigé, nous avons enlevé les principes
auxquels vous faites allusion. Maintenant, je laisse la parole à mon
collègue.
M. Bérubé: Je pense qu'on peut aussi plaider que,
dans la mesure où l'objet de la loi est clairement défini dans
les articles de 2 à 7, les articles 2 et 3, et subséquemment dans
les normes d'éthique, il est clair que le législateur
n'étant pas censé parler pour ne rien dire, s'étant
exprimé au début de la loi, n'a pas à se réexprimer
à tout bout de champ à l'intérieur de la loi pour
réaffirmer des principes sur lesquels il s'est déjà
prononcé antérieurement. Je pense que c'est une question de
clarté aussi.
Si on examine l'action du Conseil du trésor depuis un certain
nombre d'années, je pense qu'il faut, d'une part, souligner la
perception inexacte du rôle du Conseil du trésor dans
l'administration gouvernementale. En effet, on a tendance à voir le
Conseil du trésor comme un organisme à caractère purement
budgétaire chargé de réduire les dépenses. Et,
certes, la conjoncture économique que nous avons traversée
n'était pas sans faciliter une telle perception par la population. Mais
il faut bien se rendre compte que le Conseil du trésor est, en fait,
responsable de la gestion des dépenses. Les grandes enveloppes, les
grands équilibres sont décidés par le gouvernement sur
recommandation du ministre des Finances et, évidemment, on prend en
ligne de compte l'objectif de dépenses, c'est-à-dire les besoins
gouvernementaux pour le maintien des programmes existants, la mise en place de
nouvelles activités résultant de propositions des
ministères, décidées et recommandées par le
Comité des priorités au Conseil des ministres.
Donc, c'est bien sûr que l'on prend en compte l'aspect des
dépenses dans la préparation du budget. Mais, fondamentalement,
on doit aussi prendre en compte, premièrement, les objectifs d'emprunt
que l'on cherchera à ne pas aligner essentiellement sur le niveau des
investissements, de manière à ne pas devoir financer par emprunt
des dépenses courantes. On tiendra compte également de la
capacité de nos concitoyens, donc du fardeau fiscal que l'on veut bien
leur imposer, et il appartient au ministre des Finances de faire cette
recommandation quant aux grands équilibres.
Le Conseil du trésor a donc un rôle de préparation,
si on veut, des besoins budgétaires de l'administration, compte tenu des
décisions politiques qui ont été prises par le
gouvernement. Et c'est l'aspect qui, généralement, est mal
compris. Le rôle du Conseil du trésor est simplement de donner
suite aux décisions politiques de l'État. C'est-à-dire que
le gouvernement ayant pris une décision quant à l'implantation
d'un programme, il faut qu'il y ait un organisme quelque part qui s'assure tout
au long de l'année, premièrement, que ces programmes sont bel et
bien mis en place par les ministères; deuxièmement, qu'ils
atteignent bel et bien les objectifs qui ont été approuvés
par le gouvernement; troisièmement, que cela se fait à
l'intérieur de l'enveloppe budgétaire globale que le gouvernement
a autorisée pour ce type d'activité.
Donc, ce que le Conseil du trésor fait, c'est de rechercher
l'adéquation entre les besoins financiers des ministères pour
remplir les objectifs, les objectifs poursuivis, les moyens mis en oeuvre et
les décisions gouvernementales. C'est, fondamentalement, le rôle
du Conseil du trésor. Donc, ce n'est pas fondamentalement un rôle
de garde-chiourme des dépenses publiques. C'est beaucoup plus que cela.
C'est un rôle de vérification de l'atteinte des objectifs
politiques de l'État dans la gestion quotidienne. Or, lorsqu'on examine
l'action du Conseil du trésor depuis 1976, on constate que, par exemple,
jusqu'à 1976, toutes les dépenses de plus de 25 000 $ devaient
être approuvées individuellement par le Conseil du trésor.
Le Conseil du trésor était donc un organisme politique
intervenant fréquemment dans la décision des dépenses,
dans les menus détails. (15 h 30)
Aujourd'hui, je dirais que 95% des dépenses ne sont jamais
examinées par le Conseil du trésor. Au contraire, ce que nous
examinons, ce sont les normes, donc l'adéquation entre les objectifs du
programme tels qu'acceptés par le Conseil des ministres et l'ensemble
des règles que devra respecter l'administration, de manière que
les dépenses soient bel et bien faites là où le
gouvernement a décidé qu'elles devaient être faites.
Également, le Conseil du trésor verra à ce que les
crédits votés par le Parlement soient respectés et qu'il
n'y ait pas de dépassement de telle sorte qu'on viole, en fait, une
décision politique du Parlement qui a choisi d'allouer des
crédits pour tel et tel type d'activités, tel et tel type de
programmes. On s'attend que le gouvernement respecte cette décision.
Le Conseil du trésor doit avoir comme objectif de s'assurer que
la loi sur les crédits est respectée dans ses détails
et,
deuxièmement, que les objectifs des programmes sont
également respectés. De plus en plus, le Conseil du trésor
le fait par le biais d'un cadre normatif qu'il approuve, ainsi qu'il approuve
les enveloppes budgétaires en question, et laisse ensuite
l'administratif totalement autonome. Ceci fait parfois dire à certains
de mes collègues qu'aujourd'hui, au Québec, un ministre ne peut
plus signer une dépense si elle excède 5000 $ alors qu'un
fonctionnaire peut souvent engager des dépenses de plusieurs millions de
dollars sur sa seule signature et même pour des années futures. De
fait, on pourrait dire que l'administration publique a peut-être souvent,
maintenant, plus d'autonomie que n'en a le ministre. C'est oublier cependant
que le fonctionnaire le fait dans un cadre normatif qui a été
approuvé par le Conseil du trésor, qui a été
préparé par le ministère et qui a été
approuvé par le Conseil du trésor. Donc, tout notre objectif
depuis 1976, c'est de décentraliser la décision en
définissant un cadre parfois très général,
très vague, d'autres fois plus resserré, selon l'objectif
poursuivi par le gouvernement et aujourd'hui, le Conseil du trésor joue
essentiellement ce rôle.
Deuxièmement, je dirais que, depuis quelques années
maintenant, le Conseil du trésor s'est engagé dans ce que
j'appellerais de l'évaluation de programme, de façon beaucoup
plus systématique, c'est-à-dire que nous remettons en cause les
activités, soit des activités horizontales, de communications ou
de gestion de personnel, ou encore des activités verticales, tel un
programme donné de subventions ou de crédits dans un domaine
donné. Le Conseil du trésor effectue donc ce type d'analyse pour
s'assurer que des sédimentations successives au cours des années
n'ont pas fait en sorte qu'aujourd'hui un programme ne correspond
peut-être plus tellement à des objectifs politiques que le
gouvernement s'est fixés.
Troisièmement, le Conseil du trésor, depuis un certain
nombre d'années, a amené les ministères à effectuer
eux-mêmes des rangements de priorités dans leurs activités,
de telle sorte que l'on puisse soumettre au gouvernement non seulement des
priorités de nouvelles dépenses, mais également des
remises en question d'anciennes dépenses. Il est clair que les
programmes d'évaluation que nous menons ont souvent comme
conséquence que nous identifions des cibles qui peuvent être
soumises éventuellement au Conseil des ministres comme hypothèses
de compressions budgétaires, c'est-à-dire que, constatant que
certains programmes ne répondent peut-être plus tellement aux
besoins de l'heure, à ce moment, on suggère que le gouvernement
remette en question de tels programmes, ce qui est parfois difficile à
faire pour un ministère parce que le ministère a tendance
à s'attacher à ces programmes.
Le Conseil du trésor a cherché de plus en plus à
décentraliser les prises de décision qui sont maintenant à
95% faites dans les ministères. Il y a relativement peu de
décisions qui reviennent maintenant au Conseil du trésor, d'une
part. D'autre part, il a eu tendance à se concentrer dans une
évaluation a posteriori de la performance de nos programmes et,
troisièmement, à s'assurer par une remise en question des
activités gouvernementales qu'un véritable processus de
priorisation des dépenses gouvernementales soit rendu possible. Le
Conseil du trésor doit de plus en plus mettre l'accent sur un appareil
administratif flexible, autonome et qui peut assumer la responsabilité
des décisions qu'il prend à l'intérieur d'un cadre
normatif préparé par l'appareil lui-même mais
approuvé, à ce moment, au niveau politique par le Conseil du
trésor.
M. Doyon: Le président du Conseil du trésor vient
de nous expliquer le fonctionnement du Conseil du trésor, vient de
donner un cours sur la mécanique interne du Conseil du trésor, en
fait, sa perception du rôle du Conseil du trésor. À moins
que je ne me sois mal exprimé ou, en tout cas, que je ne me sois mal
entendu moi-même, ce n'est pas cela que j'ai posé comme question.
La question que j'ai posée au président du Conseil du
trésor se rapportait directement à l'article 75 que je vais
prendre la peine de lui lire: "Le Conseil du trésor est chargé,
au nom du gouvernement, d'établir des politiques générales
de gestion des ressources humaines de la fonction publique et d'en
évaluer la réalisation." Ce que je lui ai demandé,
au-delà de ce que je présumais être sa réponse,
au-delà du principe d'imputabilité de son plan d'implantation,
au-delà de ce qui se veut être une responsabilisation en
général de la fonction publique, c'est quelles sont les
approches, quelle est la philosophie qui va guider le Conseil du trésor
dans l'établissement de ses politiques générales et dans
l'évaluation qu'il va en faire. C'est cela ma question.
Ce que le président du Conseil du trésor vient de nous
donner, c'est une répétition moins intéressante que son
discours de deuxième lecture qui n'avait aucun rapport avec le projet de
loi qu'on est en train d'étudier. Je comprends qu'il est porté
à répéter souvent les mêmes discours, mais je lui
demanderais de faire un effort. Une fois n'est pas coutume non plus. Je lui
demanderais de nous donner les réponses aux questions que je pose qui
sont très simples. Comment le Conseil du trésor envisage-t-il de
s'acquitter de ses responsabilités, à l'intérieur du cadre
qu'il vient de nous expliquer concernant le fonctionnement mécanique? Ma
question n'est pas autre que
cela. Je n'ai pas eu de réponse. Si on n'a pas de réponse,
je n'insisterai pas indéfiniment non plus.
M. Bérubé: La question du député de
Louis-Hébert est d'un tel vague que, ayant insisté sur les
principes - je lui ai donné les principes qui sous-tendaient notre
action -s'il veut des précisions sur tel et tel aspect de la gestion,
à ce moment-là, il faudrait qu'il aille au fond du
problème, d'abord qu'il arrive à clarifier sa pensée et,
généralement, ses questions traduisent un peu de confusion au
niveau de sa propre pensée. Il espère que, par mes
réponses, il puisse éventuellement se laisser orienter vers des
questions plus précises, mais je pense que je préférerais
attendre une réflexion plus détaillée sur les
problèmes de gestion plus spécifiques auxquels il veut faire
référence et, à ce moment-là, j'essaierai d'y
répondre.
M. Doyon: J'aurais quelque chose à répondre
là-dessus, mais je pense que le député de Sainte-Marie va
peut-être exprimer ce que je dirais.
M. Bisaillon: M. le Président, pourrait-on demander au
président du Conseil du trésor - dans le fond, on doit
reconnaître qu'il a accepté de bon gré de venir se
présenter devant la commission au moment où on devait
procéder à l'étude de ces articles - de se
départir, même si ce n'était que pendant la demi-heure
qu'on va passer ensemble, de sa façon habituelle d'agir en commission
parlementaire? Dans le fond, on n'est pas ici pour s'opposer; on est ici pour
essayer de discuter d'un projet de loi qui veut changer les pratiques qu'on
connaît dans la fonction publique, qui veut faire en sorte d'obtenir une
fonction publique qui soit plus efficace, plus moderne, plus souple, plus
adaptée aux services aux citoyens. C'est l'objectif qu'on poursuit,
autant de ce côté-ci que de l'autre côté. Dans ce
sens, les inquiétudes qu'on a exprimées allaient dans le sens
d'une trop grande centralisation au Conseil du trésor.
Je ne demande pas mieux que de me faire convaincre que cela peut
être tout aussi efficace que ce soit au Conseil du trésor, mais ce
n'est sûrement pas la façon dont le ministre procède
actuellement qui va me rassurer.
Si je reviens à la question du député de
Louis-Hébert et à un des éléments qui
apparaissaient dans le mémoire de la commission spéciale, quand
on a fait les travaux de la commission spéciale, je me souviens du jour
où les sous-ministres, pour la première fois d'ailleurs -
c'était une première - sont venus témoignés devant
la commission comme sous-ministres, comme groupe. Je me souviens que le
sous-ministre du Conseil du trésor nous avait expliqué que, dans
le fond, pour être efficace, probablement qu'il fallait que le Conseil du
trésor demeure un petit organisme, qu'il ne se développe pas trop
finalement pour continuer à jouer véritablement son
rôle.
Or, ce à quoi on assiste, c'est exactement le contraire
actuellement. Le projet de loi qu'on étudie donne davantage de
prérogatives et de devoirs au Conseil du trésor. D'autres projets
de loi qui sont à l'étude devant l'Assemblée nationale
ajoutent des mandats au Conseil du trésor. Je pense, entre autres,
à toute cette section des Travaux publics qui va passer bientôt au
Conseil du trésor. Ce sont des tâches additionnelles dont va se
voir charger le Conseil du trésor. La tendance qui était
souhaitée par les gestionnaires qui se sont présentés
devant la commission spéciale, et selon les études qu'on avait
faites, c'était plutôt qu'on se dirige vers une
décentralisation vers les ministères et organismes et qu'on
délègue les pouvoirs véritablement avec les ressources et
les responsabilités que cela comporte aux sous-chefs,
c'est-à-dire aux sous-ministres et aux dirigeants d'entreprise. Dans le
projet de loi actuel par rapport à l'avant-projet, on ne retrouve plus
cette notion de la délégation. Je trouve que la question que le
député de Louis-Hébert a posée tantôt reprend
encore davantage de sens. Compte tenu des tâches additionnelles que le
Conseil du trésor va se voir confier, compte tenu du fait aussi que,
pour l'ensemble, les morceaux qu'il faut mettre en place sont
décentralisés au maximum, dans quel état d'esprit le
Conseil du trésor - et le président du Conseil du trésor,
en particulier - reçoit-il ce cadeau et qu'en fera-t-il? C'est cela, la
réponse qu'on veut obtenir.
M. Bérubé: Je pense que la question focalise
déjà des aspects plus précis de vos préoccupations
et, là, c'est plus facile de répondre. Je pense avoir
répondu tantôt dans mon exposé un peu plus long au moins
aux grands principes qui sous-tendent notre réflexion.
D'une part, vous craignez la trop grande centralisation. Justement, ce
que je vous ai fait comme démonstration, c'est qu'on a fait l'inverse.
Voici la tendance, et, quand je dis "tendance", c'est que, si je vous dis que
95% de toutes les décisions ayant un impact budgétaire - et on
sait que la plupart des décisions gouvernementales doivent un jour ou
l'autre en avoir un - échappent maintenant au Conseil du trésor
dans une véritable délégation... Donc, tout l'effort au
Conseil du trésor a justement porté vers la
décentralisation en cantonnant le Conseil du trésor à
l'intérieur d'un rôle plus précis qui est l'approbation
d'un cadre qui définit les balises à l'intérieur
desquelles le gouvernement entend voir les décisions se
prendre. Donc, le Conseil du trésor, de plus en plus, se limite
à la détermination de ce cadre et ne s'intéresse plus
à l'approbation de décisions ponctuelles, sauf lorsqu'il y a
dérogation.
Par exemple, si le ministre X a défini des objectifs d'aide
financière ou de développement de certains organismes dans un
domaine Y, il a fait approuver une enveloppe budgétaire qu'il a fait
voter à l'Assemblée nationale. Il a défini les objectifs
et ce que le Conseil du trésor verra, c'est que tous les citoyens
concernés soient traités de façon équitable, donc,
que les balises utilisées par l'administration seront telles que tous
les citoyens seront égaux devant ce programme. Or, il peut cependant se
produire - comme cela se produit de temps en temps - qu'un ministre veuille
intervenir dans un domaine particulier qui ne cadre pas avec le programme tel
qu'il est défini. Il doit venir à ce moment-là pour une
approbation ponctuelle au Conseil du trésor et venir en
dérogation. Nous avons à traiter des cas de dérogation au
Conseil du trésor et que nous ne pourrons jamais éviter puisque
ce sont, par définition, des cas qui échappent à la
définition du cadre plus général à
l'intérieur duquel oeuvre le ministère. Mais l'essentiel de notre
travail a consisté à fournir les cadres les plus larges possible
de manière à éviter ce type de dérogation et de
manière à minimiser le nombre de décisions prises au
Conseil du trésor. Au contraire, nous mettons l'accent sur
l'évaluation a posteriori de l'efficience de nos programmes ou de
l'efficience de nos activités.
Donc, toute notre action depuis 1976 va dans le sens d'une
décentralisation de la prise de décision, d'une plus grande
responsabilisation de l'employé ou du gestionnaire de l'État et
d'un contrôle a posteriori par le Conseil du trésor. Si vous me
posez la question, à savoir: Dans quel sens le Conseil du trésor
va-t-il lorsqu'il parle de gestion des ressources humaines? il va dans un sens
très précis. Puisque de plus en plus les décisions doivent
être prises dans les ministères et non au Conseil du
trésor, il est important ' que les politiques de gestion du personnel
qui peuvent être définies au Conseil du trésor soient
essentiellement modulées en fonction des ministères, en fonction
des besoins locaux, qu'elles soient donc extrêmement flexibles. Nous
croyons donc que, de plus en plus, le ministère doit assumer sa
responsabilité face à la gestion de ses effectifs. À ce
moment, le Conseil du trésor verra simplement à définir
des règles d'équité générale pour s'assurer
quand même qu'il n'y a pas d'aberration dans les procédures
administratives mises en place pour la gestion des effectifs dans les
différents ministères. (15 h 45)
Nous nous contenterons donc d'approuver un cadre général
qui vise essentiellement des objectifs d'équité, d'efficience,
mais nous laisserons aux ministères le soin de pousser très loin
la gestion de leurs effectifs. C'est en ce sens que le présent projet de
loi tire la conclusion qu'on doit supprimer le ministère de la Fonction
publique car, à ce moment, on se trouvait à multiplier les
intervenants. Si on accepte le principe que doit exister un cadre
général, il faudra bien qu'il y ait un organisme quelque part
pour définir le cadre général. D'autre part, si on accepte
le principe que la gestion doit être très
décentralisée, il faudra faire en sorte que tous les gestes
quotidiens soient pris dans les ministères à l'intérieur
d'un très large degré d'autonomie.
Dans ces conditions, on se retrouvait avec un ministère
intermédiaire dont on avait peut-être de la difficulté
à voir le rôle puisque le cadre doit nécessairement
être défini quelque part et c'est au Conseil du trésor que
revient la définition de ces cadres. Qu'avons-nous constaté? Nous
avons constaté qu'effectivement on dédoublait absolument tout.
Par exemple, si on prend les règles de classification, il est vrai
qu'elles sont préparées au ministère de la Fonction
publique, mais, comme elles doivent être approuvées par le Conseil
du trésor, nous avons une deuxième organisation administrative
qui surveille les règles de classification mises en place par le
ministère de la Fonction publique. On avait tout simplement deux
organismes faisant exactement la même chose.
Dans ces conditions, il m'apparaît évident qu'on doive
définir un cadre à une place et c'est l'endroit politique par
excellence où le Conseil des ministres délègue certains
pouvoirs de gestion quotidienne. Le cadre est donc défini au Conseil du
trésor - comme conseil des ministres délégué, si on
veut - et la gestion quotidienne, elle, est laissée carrément
entre les mains des ministères qui devront assumer un rôle
beaucoup plus grand dans l'implantation de toutes les mesures
envisagées.
M. Bisaillon: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait répondre à la deuxième partie? Comment
explique-t-il le fait que, dans le projet de loi actuel, par rapport à
l'avant-projet, les possibilités de délégation...
L'article qui parlait de délégation de pouvoirs du Conseil du
trésor vers les ministères est disparu. Me permettrait-il par la
suite de poser une question à son sous-ministre quant à
l'application sur le plan administratif?
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce que le député de
Sainte-Marie accepterait que je
réponde à la première partie de la question?
M. Bisaillon: C'est bien évident. Tout ce qu'on veut, ce
sont des réponses.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous avez assisté à la
commission parlementaire avec nous et vous avez entendu un certain nombre de
groupes, surtout les syndicats, s'inquiéter sérieusement de
certaines délégations possibles par le Conseil du trésor
entre autres, par exemple, toute la négociation des conventions
collectives, etc. À la révision de l'avant-projet de loi pour
formuler un meilleur projet, compte tenu de toutes les représentations
qui avaient été faites, on a réalisé
qu'effectivement les responsabilités qu'on avait laissées au
Conseil du trésor étaient celles qui, à notre avis,
devaient vraiment aller au Conseil du trésor et que, de toute
façon, en pratique, il n'était pas préférable de
déléguer ces responsablités, que ce soient les
négociations des conventions collectives, etc., ce que vous voyez. C'est
la simple raison pour laquelle la disposition qui prévoyait la
délégation a été enlevée parce que, dans les
faits, il était préférable qu'il n'y ait pas de
délégation en ces matières.
M. Bérubé: J'illustrerai à l'aide d'un
exemple...
Mme LeBlanc-Bantey: ...il n'y a eu aucune incitation du Conseil
du trésor pour nous faire enlever cette délégation.
M. Bérubé: Non, effectivement. Elle nous est venue
directement du ministère comme recommandation et on y a souscrit dans la
mesure où... Prenons simplement l'exemple de l'article 75 que nous
discutons. "Le Conseil du trésor est chargé d'établir des
politiques générales de gestion." Il est chargé
d'établir des politiques. Il ne peut déléguer un pouvoir
que l'Assemblée nationale lui a confié. Quand on regarde les
pouvoirs qui lui restent, il ne lui reste que des pouvoirs
d'établissement de politiques de cadre général qui doivent
s'appliquer à tous. Dans la mesure où c'est tout ce qu'on lui a
laissé comme autorité, soit celle d'établir des
politiques, il ne peut déléguer ce pouvoir d'établir des
politiques, sinon il n'y a plus personne qui va le faire. À ce moment,
les politiques n'existeront plus si on délègue ce pouvoir. On
aura des politiques multiples, variables, suivant les secteurs, et ce n'est
certainement pas l'intention du législateur de dire que les politiques
générales du gouvernement seront différentes selon qu'on
travaille dans un ministère ou dans un autre. On dit: II doit bien
exister un certain cadre qui s'appliquerait à tous. À partir du
moment où on décide que ce cadre s'applique à tous, il
faut bien trouver un organisme qui est au-dessus des ministères et qui
peut concevoir ces cadres, c'est le Conseil du trésor. Il n'y avait pas
vraiment lieu de déléguer, je pense, un pouvoir
d'établissement de politique générale.
Mme LeBlanc-Bantey: Non seulement il n'y avait pas lieu, mais il
était carrément préférable, à notre avis,
quant aux matières qui sont restées, que ça ne soit pas
"délégable".
M. Bisaillon: Est-ce que je pourrais demander à M. Tessier
si, au plan administratif, le fait que le Conseil du trésor
reçoit actuellement un certain nombre de mandats additionnels, et au
strict plan de l'administration, cela ne va pas un peu à l'encontre des
positions développées par le groupe de sous-ministres qui
disaient que le Conseil du trésor avait avantage à rester une
structure légère, souple et pas trop importante en nombre,
finalement?
M. Bérubé: Vous pouvez y aller,
l'imputabilité étant ce qu'elle est dans l'esprit du
député de Sainte-Marie. Si jamais j'avais le malheur de parler
à votre place...
Mme LeBlanc-Bantey: Ce n'est pas grave, c'est le nom...
M. Bisaillon: Je vous signalerai, M. le ministre, que c'est
vraiment ce que je voulais vérifier.
M. Bérubé: ...on en aurait au moins pour trois
heures de négociations avec M. le député de
Sainte-Marie.
Mme LeBlanc-Bantey: Je souligne à M. Tessier que j'ai fait
l'expérience et, même quand c'est M. Sarault qui parle, cela
paraît sous mon nom.
M. Tessier (Robert): Ce que j'avais dit, M. le
député de Sainte-Marie, pour être plus précis,
lorsque j'ai parlé de la nécessité d'éviter un
gonflement de l'ampleur du secrétariat du conseil, autant que je m'en
souvienne, la question qui avait été posée portait,
à l'époque, sur le transfert intégral du ministère
de la Fonction publique au Conseil du trésor. Ce que j'avais
expliqué, c'est qu'il serait difficile pour un organisme de la nature de
celui du conseil, un organisme de normalisation et de contrôle, d'assumer
dans le même temps des responsabilités opérationnelles dans
un secteur particulier, alors qu'il doit faire des règles
générales d'application. Je pense que la loi actuelle respecte
effectivement ce principe où les seules responsabilités qui sont
transférées au conseil sont des responsabilités de
normalisation et de contrôle. Les responsabilités
opérationnelles du ministère sont déléguées
à l'Office des ressources
humaines.
En pratique, si vous regardez les champs qui vont nous être
confiés par cette loi, à toutes fins utiles, on les
exerçait déjà. Les règlements de la Fonction
publique devaient faire l'objet d'analyses au Conseil du trésor, les
mandats de négociation du ministère de la Fonction publique
étaient établis conjointement avec le Conseil du trésor,
pour ne pas dire visés par le Conseil du trésor. Alors, je pense
que, en pratique, nonobstant le rôle important du ministère de la
Fonction publique...
Mme LeBlanc-Bantey: On a trouvé cela très...
M. Tessier: ...je ne crois pas qu'il s'agisse là d'un
accroissement considérable et insupportable du rôle actuel du
Conseil du trésor. Pour ce qui est du gonflement de l'effectif, je
présume qu'on fera les adaptations nécessaires pour disposer des
effectifs nécessaires, compte tenu de l'orientation politique
générale qu'a décrite le président du Conseil du
trésor.
M. Bérubé: J'ajouterai également qu'il y a
peut-être des chances qu'on économise du temps et de
l'énergie à concilier parfois des points de vue qui peuvent
être différents. J'ajouterai surtout que le problème de la
détermination du niveau des emplois, des plans d'organisation, par
exemple, qui sont maintenant délégués dans les
ministères, constitue un allégement à cet égard des
responsabilités du Conseil du trésor puisqu'il y a une
volonté de retourner cela dans les ministères, d'une part, ce qui
est maintenant permis, et, d'autre part, comme le soulignait mon sous-ministre,
la plupart des responsabilités qui nous sont confiées ici, de
toute façon, nous étaient déjà confiées.
Alors, on se retrouvait avec deux organismes gouvernementaux qui devaient
statuer sur exactement la même chose. Je peux vous dire que cela ne
devait pas être toujours agréable pour le ministère
responsable de toujours se retrouver pris en sandwich. Ce n'est pas facile.
M. Bisaillon: Avez-vous déjà songé à
faire disparaître le Conseil du trésor?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Mme LeBlanc-Bantey: On y a songé, mais vu
l'impossibilité, on s'est résigné à faire
disparaître la Fonction publique. Ah! Ah! Ah!
Une voix: C'est un rêve que tout le monde partage.
Mme LeBlanc-Bantey: On savait qu'on aurait une unanimité
et des appuis considérables.
M. Bérubé: Donc, strictement parlant, les pouvoirs
qu'il nous reste sont des pouvoirs que, de toute façon, le Conseil du
trésor exerçait et pour lesquels il y avait déjà
des directions en place. Je ne dis pas qu'il ne faudra pas les étoffer,
parce qu'il y avait un travail de déblayage, de débroussaillage,
peut-être, d'enquête, par exemple, qui existait au ministère
de la Fonction publique et qui n'existait pas chez nous puisqu'on utilisait
l'information fournie par le ministère de la Fonction publique, mais il
demeure que fondamentalement l'activité devait déjà
être effectuée au Conseil du trésor dans la plupart des cas
qui sont là. Il y a un certain nombre d'activités qui nous
étaient confiées antérieurement et qui vont maintenant
directement dans les ministères.
Donc, l'effet global, en toute probabilité, sera peut-être
d'accélérer la prise de décision et même
d'alléger l'appareil gouvernemental au niveau du Conseil du
trésor. Mais peut-être que dans la période de transition,
au moment où on mettra en place un nouveau modus vivendi, il n'est pas
impossible qu'il y ait un gonflement des effectifs pendant un certain nombre
d'années et un certain gonflement permanent des effectifs, étant
donné quand même que certaines fonctions qui pouvaient être
exercées par le ministère de la Fonction publique
antérieurement devront désormais être exercées chez
nous. Mais, dans l'ensemble, ce sont fondamentalement les mêmes
missions.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Louis-Hébert sur l'article 75 encore?
M. Doyon: Oui, toujours sur l'article 75, M. le Président.
Les remarques que nous fait le président du Conseil du trésor
confirment ce que nous soupçonnions déjà, à savoir
qu'à toutes fins utiles le ministère de la Fonction publique
était devenu dans bien des cas la cinquième roue du char et qu'il
avait plus ou moins d'utilité à cause de la place qu'au fil des
ans et au fil de son appétit le Conseil du trésor a pu prendre.
Quoi qu'il en soit, ces craintes et cette perception ont été
maintes fois mentionnées par des gens qui sont passés devant
cette commission.
Plus spécifiquement, je continue de remarquer que le ministre
responsable du Conseil du trésor n'a pas véritablement
indiqué quel genre de politiques générales il entendait
adopter. Pour nous guider, pour nous donner une idée, il nous a
expliqué qu'il visait à la décentralisation, à
l'allégement, à la délégation, mais au-delà
de cela, j'imagine que ce sera un peu plus étoffé, le genre de
politiques générales.
J'aimerais savoir, premièrement, si ces politiques
générales prendront la forme de directives, de règlements,
d'énoncés, quelle que soit l'appellation qu'on leur donnera.
Est-ce que ces énoncés de politique seront publiés, feront
l'objet d'une publication ou d'une prépublication pour donner lieu
à certaines discussions préalables avant qu'ils soient
adoptés définitivement, de façon à favoriser une
consultation?
Pour ce qui est de la consultation, l'Association des cadres
supérieurs du gouvernement du Québec a des craintes à ce
sujet. L'association s'exprimait ainsi quand elle a présenté son
mémoire à cette commission. Je lis le texte tel qu'il
apparaissait à la page 40: "Afin d'éviter que le Conseil du
trésor ne soit coupé de la réalité administrative
propre à chaque ministère et à chaque organisme, nous
demandons que l'article 77 - c'est devenu maintenant l'article 75 - de
l'avant-projet de loi se lise comme suit: En collaboration avec les
sous-ministres, les dirigeants d'organismes et les gestionnaires, le Conseil du
trésor est chargé au nom du gouvernement, etc." Est-ce que le
ministre responsable du Conseil du trésor peut nous dire si cette
procédure de collaboration, de consultation avec les gestionnaires, ceux
qui deviennent dans le projet de loi des administrateurs d'État, sera
mise en place? Il est proposé par l'Association des cadres
supérieurs d'insérer cette obligation d'agir pour le Conseil du
trésor en collaboration avec les administrateurs d'État. (16
heures)
J'aimerais savoir du président du Conseil du trésor
quelles sont ses vues à ce sujet et j'aimerais savoir aussi, compte tenu
de ce nouveau projet de loi et des nouvelles responsabilités qui sont
quand même confiées au Conseil du trésor et qui le sont
d'une façon exclusive dans certains cas - il n'y aura plus
d'empiétement, de dédoublement, ce qu'il mentionnait tout
à l'heure - s'il prévoit qu'il y aura une certaine
restructuration au sein du Conseil du trésor, justement pour que le
Conseil du trésor puisse faire face à ses nouvelles
responsabilités. S'il envisage une telle restructuration, quelle forme
prendra-t-elle? Il est important pour les gestionnaires, il est important pour
les fonctionnaires, de savoir avec qui ils auront affaire. J'imagine que le
Conseil du trésor, au niveau de la structure administrative de
l'organisme lui-même, s'est déjà penché sur ce
problème, a étudié les implications du projet de loi 36 au
niveau administratif. J'espère que le président du Conseil du
trésor est en mesure de donner des réponses à ces
questions.
M. Bérubé: Oui. Je dirais même que cela
devrait faciliter cette consultation, cette concertation des intervenants.
À de nombreuses reprises, par exemple, j'ai refusé
méthodiquement d'accueillir des représentants d'associations de
cadres, par exemple, voulant m'entretenir de telle ou telle question relevant
du ministère de la Fonction publique, au nom du principe que le Conseil
du trésor, approuvant, devant ratifier, si on veut, les propositions de
règlement fournies par le ministère de la Fonction publique,
laisse chaque ministre responsable dans son secteur libre de rencontrer qui il
veut, de tirer les conclusions qu'il veut bien tirer et de soumettre au Conseil
du trésor, pour analyse et ratification finale ou recommandation au
Conseil des ministres, ses propositions telles que modifiées à la
suite de la concertation.
Or, je pense qu'il ne faut quand même pas être naïf et
qu'il faut être bien conscient qu'il est arrivé assez
fréquemment que les gens aient voulu accéder directement au
Conseil du trésor, sachant que l'oreille pouvait être sensible au
niveau du ministère, mais moins au niveau du Conseil du trésor,
et, par conséquent, on aurait voulu pouvoir frapper à la bonne
porte de manière à pouvoir influencer directement celui qui,
somme toute, prenait la décision finale. Par exemple, dans le cas des
politiques de gestion du personnel - ou l'inverse peut-être - il est
évident qu'à partir du moment où le cadre est
défini par le Conseil du trésor et élaboré par
celui-ci, il faudra bien être l'endroit où on va répondre
directement aux interrogations que les gens concernés auront. Par
conséquent, cela obligera le Conseil du trésor à
accueillir plus directement, un peu comme nous le faisons, par exemple - je
prendrai cet exemple - dans les négociations des politiques salariales
avec le front commun. À ce moment, c'est le Conseil du trésor qui
mène directement ce type de négociations avec comme
conséquence que nous sommes impliqués directement avec les
intervenants, ce que nous ne faisons pas chaque fois qu'il y a un
ministère tampon entre les deux.
Or, dans le cas des politiques dont on parle, étant donné
qu'il n'y aurait plus de ministère tampon entre ceux touchés par
les politiques et ceux qui élaborent les politiques, cela ne peut
conduire à ce moment qu'à une interaction beaucoup plus
directe.
Mme LeBlanc-Bantey: Seulement là-dessus, je voudrais quand
même rectifier le début de l'intervention du député
de Louis-Hébert qui dit que la Fonction publique était la
cinquième roue du carrosse. Pour être plus honnête, je
dirais qu'elle était la quatrième roue du carrosse et que
c'était explicitement...
M. Doyon: Vous avez eu une crevaison.
Mme LeBlanc-Bantey: J'ai décidé de faire face
à la réalité, ce qui est généralement le lot
des femmes d'ailleurs. C'était prévu explicitement dans la loi.
La ministre de la Fonction publique n'avait d'autre pouvoir que de parler par
règlements et la loi 50 prévoyait que lesdits règlements
devaient nécessairement être approuvés par le Conseil du
trésor. C'est une ambiguïté qu'on règle par le projet
que vous avez devant vous.
M. Doyon: Le président du Conseil du trésor a
répondu - en tout cas a fait une tentative de réponse,
d'éclaircissement - sur la question de la consultation et de la
collaboration avec les principaux gestionnaires. Il reste toute la question de
la restructuration interne du Conseil du trésor sur laquelle j'ai
posé des questions face aux nouvelles responsabilités. Je sais
que, tout à l'heure, il nous a dit que cela n'impliquait pas grand-chose
finalement. J'aimerais l'entendre un petit peu plus à ce sujet parce
qu'il n'y a pas eu de sa part de réponse spécifique, ni
d'ailleurs sur le fait, quand je lui posais une question en ce qui concerne la
publication, un petit peu à la façon des règlements, des
énoncés de politique du Conseil du trésor ou d'une
prépublication quelconque qui serait de nature à provoquer une
prise de conscience de ce qui s'en vient et aussi à pouvoir mettre sur
la place publique, au sein de la fonction publique, au sein des
administrateurs, au sein des gestionnaires, toutes les nouvelles politiques qui
pourraient apporter des changements considérables dans la façon
de voir les choses, de nouvelles approches, de nouvelles philosophies...
J'aimerais que le président du Conseil du trésor nous indique de
quelle façon il voit ce côté des choses. Est-ce que la
Gazette officielle, par exemple, sera mise à contribution, ou si cela
prendra une autre forme? Comment voit-il la publicité des
énoncés de politique dont faisait mention l'article 75?
M. Bérubé: D'une part, je pense que l'idée
du député de Louis-Hébert de procéder par la
prépublication avant la décision formelle par les ministres du
Conseil du trésor n'est peut-être pas en soi une idée
à rejeter. Au contraire, je pense qu'elle permettrait une discussion
plus ouverte, et je suis assez d'accord avec cette approche. Est-ce que,
cependant, on doit procéder par le biais de la Gazette officielle?
Là, j'aurais plutôt tendance à être négatif,
au sens où la Gazette officielle s'adresse à l'ensemble des
citoyens du Québec. C'est un instrument coûteux, alors que, si on
parle de politique administrative, on s'adresse essentiellement à ceux
qui sont concernés, donc à l'appareil gouvernemental, et il
faudrait certainement un mécanisme plus souple, moins coûteux,
moins onéreux, pour rejoindre les gens concernés. Mais
l'idée de prépublication avant décision finale du Conseil
du trésor, c'est effectivement un concept valable parce qu'il permet,
à ce moment-là, le débat.
J'oserais même croire que ce serait plus facile
qu'antérieurement. Pas vraiment, puisque le ministère de la
Fonction publique pouvait faire exactement la même chose, mais dans la
mesure où le pouvoir politique n'a pas à intervenir, il est clair
qu'entre une politique administrative élaborée par les
gestionnaires du Conseil du trésor et son autorisation politique, il y a
des étapes à franchir qui se prêtent bien, justement,
à la concertation. Comme elle n'implique pas encore de décision
politique, il est très facile de la soumettre à la discussion et
de la modifier dans le sens que l'on voudra. Tandis qu'une fois que le
gouvernement s'est prononcé sur un énoncé politique,
évidemment, ceci a tendance, généralement, à couler
les positions dans le ciment et à rendre les modifications plus
difficiles. Donc, je pense que la notion de prépublication de politiques
administratives avant qu'elles soient approuvées par le gouvernement est
peut-être de nature à faciliter les choses. J'entends pour les
grandes politiques administratives, parce que, s'il fallait que toutes les
décisions du Conseil du trésor fassent d'abord l'objet d'une
prépublication, je pense que cela commencerait à poser certains
problèmes de lourdeur administrative. Mais, pour les grands projets,
cela m'apparaît évident que, si l'on veut établir un climat
qui soit davantage de concertation, de travail où les objectifs seront
perçus, c'est peut-être le gros de la démarche à
engager maintenant au Conseil du trésor.
Comme vous le savez, j'ai un nouveau sous-ministre adjoint responsable
de la productivité, productivité qui doit être bien
perçue au sens de "adéquat". En général, on a une
très mauvaise conception de la productivité, puisqu'on voit la
productivité au sens de la thésaurisation des tâches,
où on accélère les cadences pour faire travailler les gens
plus fort, alors qu'aujourd'hui, la notion de productivité n'a rien
à voir avec les cadences de travail, mais avec l'organisation du
travail. On peut avoir deux usines, l'une très peu productive, où
les travailleurs s'époumonent comme ce n'est pas possible, et avoir
à côté une usine très productive, où les
travailleurs travaillent dans des conditions absolument idéales de
climatisation, d'insonorisation et de repos, avec des tableaux de
contrôle complètement automatisés. Et pourtant, ce sont des
travailleurs très productifs. Donc, la notion de productivité
fait davantage appel à des concepts tels que la motivation,
c'est-à-dire la perception par l'ensemble des intervenants des objectifs
poursuivis par l'appareil
administratif et donc une participation de chacun à la poursuite
de ces objectifs; elle fait donc appel beaucoup plus à la communication,
à l'échange. Et si on veut changer complètement nos modes
de gestion, et il est clair que les tendances à la bureaucratisation que
l'on a observées dans toutes les économies occidentales, si elles
doivent être inversées, ne peuvent l'être que par la
conception d'un appareil administratif beaucoup plus vivant où les gens
participent aux objectifs en les ayant compris et en les ayant assumés
eux-mêmes, ce qui implique à ce moment-là une diminution
importante du contrôle normatif tel qu'on l'a conçu dans le
passé. Et je pense que cette révolution dans nos modes de gestion
nous amène à des concepts tels que celui que vous soulevez, M. le
député de Louis-Hébert.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Avez-vous
d'autres commentaires à faire concernant l'article 75?
M. Bisaillon: Oui, c'est dans le texte de l'article 75, M. le
Président. On dit que le Conseil du trésor est chargé "au
nom du gouvernement". Je me pose des questions sur l'utilité de placer
à cet endroit "au nom du gouvernement". Je comprends que ce qu'on veut
indiquer, c'est que le fait de l'inscrire là empêche le Conseil
des ministres nécessairement de statuer à nouveau; mais il me
semble que c'est une pratique interne. Forcément, si le Conseil du
trésor agit, c'est parce que la loi l'autorise à agir dans ce
domaine et, si la loi l'autorise à agir, c'est à la fois parce
que l'Assemblée nationale l'a voté ainsi et, on peut le supposer,
parce que probablement le Conseil des ministres en a décidé
ainsi. Il me semble que "au nom du gouvernement" devient, comme dirait notre
collègue de Bourget, superfétatoire.
Mme LeBlanc-Bantey: II semblerait que ce soit une simple
concordance parce qu'à plusieurs occasions on fait allusion au
gouvernement dans le projet de loi.
M. Bisaillon: Oui, mais peut-être que les mêmes
remarques auraient pu s'appliquer ailleurs. Quand une loi donne un mandat
à un organisme ou à une personne, c'est par le fait même le
gouvernement, inclus dans l'Assemblée nationale, qui le donne.
Mme LeBlanc-Bantey: M. Sarault va vous expliquer s'il y a une
vraie raison de le laisser.
M. Bérubé: Ce n'est pas M. Sarault, c'est la
ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Je nomme M. Sarault pour que ce soit inscrit
dans la journal des Débats que c'était bien lui qui parlait,
même si c'est mon nom qui est inscrit. C'est cela
l'imputabilité.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Allez-y, M.
le sous-ministre.
M. Sarault: Une des raisons qui nous a amenés à le
laisser - à part celle dont Mme LeBlanc-Bantey vient de vous parler, qui
est celle où on fait référence à l'occasion au
gouvernement, alors qu'on sait que, de façon générale, ce
sera le Trésor -c'est pour que les politiques générales
puissent aussi, dans le fond, être établies par le Conseil des
ministres. De façon générale, il est évident que
c'est le Conseil du trésor qui le fait. Si vous regardez le
libellé, on n'a pas dit que le conseil est chargé
d'établir les politiques générales de gestion, mais des
politiques générales de gestion; ce qui veut dire que le Conseil
des ministres pourra en établir comme telles, le Trésor de
façon générale, mais il ne doit pas y avoir, à un
moment donné, d'interprétation que cela ne puisse pas venir
d'ailleurs que du conseil.
M. Bisaillon: Remarquez, M. le Président, que je n'ai pas
d'objection à le laisser. Mais je veux seulement répondre
à M. Sarault là-dessus que je ne vois pas comment une loi, dans
le fond, pourrait l'empêcher; même si le Conseil du trésor
en est mandaté, par son fonctionnement interne, le Conseil des ministres
pourrait toujours de toute façon intervenir sur la question. Une des
bonnes façons, lorsque le Conseil du trésor ne fonctionne pas,
c'est de changer les cinq ministres qui en font partie. C'est toujours la
prérogative du chef du gouvernement de faire cela.
Dans le fond, ce que le projet de loi indique, c'est que la
responsabilité est au Conseil du trésor. Mais on sait fort bien
que, si le Conseil des ministres voulait aller au-delà ou faire
préciser quelque chose d'additionnel au Conseil du trésor, il
ferait un débat interne entre les membres du Conseil du trésor et
les membres du cabinet. En tout cas, je n'ai pas d'objection à le
laisser. Je ne veux pas faire un débat trop long, mais je voulais
seulement indiquer que, d'après moi, c'est quelque chose qui va de
soi.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Dois-je
comprendre que l'article 75 est adopté?
M. Bisaillon: À moins qu'on n'ait des objections majeures
à l'enlever. Avez-vous des objections majeures?
M. Bérubé: On pourrait en avoir.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous nous avez incité à la
prudence à plusieurs reprises.
M. Bisaillon: Laissons-le.
Mme LeBlanc-Bantey: Ma prudence m'incite à ne pas
l'enlever pour le moment.
M. Bisaillon: C'est très généreux.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
75 est adopté.
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté. J'appelle l'article 76, et vous avez un amendement. L'article 76
est modifié de la façon suivante: Premièrement, par le
remplacement, à la dernière ligne du premier alinéa du mot
"d'emploi" par les mots "d'emploi ou aux grades". Si on traite tout de suite
de...
M. Bérubé: "...conditions minimales d'admission aux
classes d'emploi ou aux grades".
Mme LeBlanc-Bantey: Oui. C'est une concordance, encore une fois,
avec un article qu'on a déjà amendé, je pense, hier, pour
répondre aux conventions collectives.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Si on
dispose de l'amendement, adoptez-vous l'amendement?
M. Doyon: La ministre nous indique que c'est tout simplement de
concordance. De concordance avec quoi exactement?
Mme LeBlanc-Bantey: Dans le cas des professionnels, au lieu d'y
avoir des classes à l'intérieur des corps d'emploi, ce sont des
grades.
On avait déjà amendé la loi 50, comme je l'ai
expliqué hier...
M. Bisaillon: Grades III, II, I.
Mme LeBlanc-Bantey: ...pour répondre à certaines
ententes qu'il y avait eues lors des négociations de conventions
collectives.
M. Doyon: L'amendement est adopté. (16 h 15)
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
L'amendement est adopté. On va passer au deuxième amendement;
ensuite, on reprendra globalement 76. Deuxièmement, par le remplacement
du dernier alinéa par le suivant: "II fixe les conditions et les
modalités d'intégration des fonctionnaires à une classe
d'emploi ainsi que les conditions et les modalités pour
l'identification, la mise en disponibilité et le placement des
fonctionnaires permanents qui sont en surplus dans un ministère ou dans
un organisme.
Mme LeBlanc-Bantey: En fait, on ajoute le mot "conditions" pour
préciser davantage parce que le mot "modalités" a un sens
plutôt vague, plus général et il peut être
nécessaire d'établir des conditions, surtout dans le cas de la
mise en disponibilité et du placement des fonctionnaires. Je suis
sûre que le député de Sainte-Marie sera d'accord avec la
précision qu'on y ajoute parce que c'est, entre autres, un sujet de
préoccupation sur lequel il a longuement épilogué.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Je suis effectivement d'accord avec l'amendement.
La seule chose que je me pose comme question, c'est au deuxième
alinéa de 76.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): On y
reviendra.
M. Bisaillon: Comme on parle de disponibilité, M. le
Président, et que l'amendement vise la disponibilité, je trouve
qu'elle est absente, cette notion de disponibilité, dans le
deuxième alinéa et il me semble que c'est maintenant qu'on
pourrait en parler.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est la fameuse séquence.
M. Bisaillon: C'est parce qu'on dit: "II définit les modes
de dotation qui peuvent être utilisés pour combler des emplois,
notamment, l'affectation et la mutation." Moi, il me semble que, comme ce n'est
pas impératif, comme il n'y a pas d'ordre là-dedans et que c'est
un mode de dotation, le fait d'utiliser le personnel en disponibilité,
on devrait l'indiquer.
M. Bérubé: C'est une règle
d'affectation.
M. Bisaillon: Pardon?
M. Bérubé: À ce moment, le recours aux
effectifs en disponibilité implique une modification aux règles
d'affectation.
M. Bisaillon: Pas nécessairement. La règle
d'affectation, c'est à l'intérieur d'un même service, d'une
même organisation, alors que la disponibilité peut chevaucher
d'une organisation à l'autre. On peut, en se servant du personnel mis en
disponibilité, procéder par affectation si c'est à
l'intérieur d'une organisation, ou par mutation si c'est entre deux
organisations. La notion d'utilisation du personnel mis en disponibilité
ne fait pas référence nécessairement à un seul mode
de dotation. On peut utiliser plusieurs modes de dotation pour ce faire.
M. Bérubé: Mais c'est prévu, à ce
moment, dans le règlement d'affectation ou dans le règlement de
mutation.
Mme LeBlanc-Bantey: II est clair qu'affectation et mutation ont
été mis là simplement pour une meilleure
compréhension du type de choses dont on parlait. C'est notamment pour
que les gens comprennent un peu; si on en fait une nomenclature, à ce
moment, on est aussi bien de... Cela changerait l'approche
complètement.
M. Bisaillon: M. le Président, on va d'abord disposer de
l'amendement et je vais revenir avec cette question.
M. Bérubé: C'est dangereux même.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): D'accord.
Si on dispose du deuxième amendement, est-ce que vous adoptez le
deuxième amendement?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté. Revenons à la proposition principale de tout
l'article 76, maintenant.
M. Bisaillon: Je vais laisser parler le député de
Louis-Hébert.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Premièrement, je ne sais pas si la ministre a -
pour prévenir... Elle a peut-être une présentation à
faire de l'article. Si elle a quelque chose au-delà de ce qui
apparaît dans l'article 76, ce que je veux dire, c'est que je suis
prêt à l'écouter.
Mme LeBlanc-Bantey: La seule chose que je vois très
rapidement, c'est qu'en regard de l'avant-projet, on a précisé
que les effectifs... Voyez la notion d'effectifs maximaux, cela a
été fait pour laisser une marge de manoeuvre aux sous-ministres
et aux dirigeants d'organismes tout en laissant, bien sûr, la
possibilité au Trésor de ne pas laisser les gens aller tous
azimuts. Il y a aussi une notion de condition minimale d'admission qui est
introduite. Comme l'a dit M. Sarault, les mots "affectation" et "mutation" sont
là simplement pour préciser le sens de la disposition.
M. Doyon: À cet effet particulièrement, tout
d'abord en ce qui concerne les effectifs maximaux, je rappellerai à la
ministre que la commission spéciale de la fonction publique recommandait
justement, à la recommandation 32, l'allocation aux sous-ministres ou
dirigeants d'organismes, sur une base annuelle, d'une enveloppe
budgétaire globale qu'ils géreraient selon les besoins
organisationnels de l'organisme ou du ministère. On ne retrouve pas
cela, évidemment, dans la notion d'effectifs maximaux. C'est beaucoup
plus encadré. C'est une autre façon de présenter les
choses et cela ne rejoint pas ce qu'on retrouve à la commission
spéciale, parmi des recommandations, particulièrement la
recommandation 32.
Je pense que c'est le moment aussi de signaler à la ministre que
la recommandation 42 de la même commission voulait que, à la suite
de l'éventuelle révision de la classification, tout le champ de
la détermination des niveaux d'emploi soit complètement
décentralisé en ce qui a trait aux sous-ministres et dirigeants
d'organismes qui géreraient leurs effectifs à partir d'une
enveloppe globale. Alors, c'est conséquent par rapport à la
recommandation précédente que j'ai mentionnée.
On retrouvait, à la recommandation 103 de la commission
spéciale, une recommandation pour considérer la
possibilité d'inclure dans les matières négociables
certains éléments dont les modalités de promotion des
employés, la durée et la période d'emploi à titre
temporaire. À regarder ce que la commission spéciale disait
à ce sujet, le syndicat des fonctionnaires du Québec estimait que
le gouvernement devrait tenir compte des revendications du syndicat quant
à la négociation des règlements de classification, et
également, du mode de dotation qui devrait être utilisé
pour combler les emplois. Finalement, le syndicat des cadres du gouvernement
proposait que ce qui était l'article 78 de l'avant-projet de loi se lise
dorénavant comme suit - on allait dans le même sens que la
recommandation de la commission spéciale: Le Conseil du trésor
définit des normes pour l'établissement des effectifs requis pour
la gestion, etc. On voit donc en filigrane, dans toutes ces remarques, qu'on
vise à une plus grande responsabilisation des gestionnaires, des
sous-ministres et à une application pratique du principe de la
délégation.
Il a été mentionné tout à l'heure - je suis
sûr que le député de Sainte-Marie va revenir
là-dessus - que, pour tout ce qui concerne la dotation et la
façon dont on l'indique au deuxième paragraphe, la commission
était beaucoup plus précise là-dessus, indiquait une
séquence, etc. Je vais laisser le député de Sainte-Marie
expliciter cela. Il exprimera sûrement le point de vue que cela
n'alourdirait pas la loi d'une façon considérable ou prohibitive,
si on indiquait toute la séquence plutôt que de se limiter
à de simples exemples, comme semble le faire le paragraphe 2 de
l'article 76.
M. Bérubé: Malheureusement, je ne peux pas partager
ce point de vue pour
plusieurs raisons. D'une part, parler d'une enveloppe globale pour
l'ensemble des dépenses administratives, c'est en même temps, je
pense, ignorer l'aspect particulier des dépenses salariales, et je pense
aux effectifs réguliers ici; je ne pense pas aux effectifs occasionnels,
j'aurai l'occasion d'en parler plus loin.
En effet, l'employé qui se voit conférer la permanence
d'emploi, dans un cadre d'emploi qui implique aussi un régime de
retraite, engage le gouvernement sur une très longue période de
temps. C'est donc une dépense éminemment récurrente. Or,
il est important que le gouvernement soit en mesure justement, étant
donné l'engagement à long terme qu'implique le recrutement d'un
individu, de porter un jugement très spécifique sur ces
engagements à long terme que prend l'État. Il y a donc une
différence très grande entre une dépense ponctuelle,
conjoncturelle, annuelle, qui n'a pas de caractère récurrent, et
une autre dépense qui va s'étaler, elle, sur 10, 20, 25, 30
ans.
Deuxièmement, je pense qu'il ne faut pas se voiler la face et
feindre d'ignorer ces phénomènes de sédimentation que l'on
observe dans l'appareil public et cette tendance à l'alourdissement de
l'appareil public. En effet, lorsque des besoins précis se font sentir,
besoins qui apparaissent justifiés à long terme, on recrutera des
effectifs additionnels. Il se produit cependant fréquemment que, les
missions évoluant, on soit amené à avoir moins besoin de
ces effectifs et, au lieu de mettre l'effort sur la mobilité et sur la
formation pour les réallouer ailleurs ' et leur permettre d'utiliser la
pleine mesure de leurs talents, on aura souvent tendance à
procéder par recrutement d'effectifs nouveaux pour faire face à
des besoins nouveaux.
On observe continuellement, dans tout appareil bureaucratique, un
alourdissement qui vient de cette sédimentation successive accompagnant
les multiples programmes qui ont été approuvés par
l'État au cours des années. Il est donc important que le
gouvernement porte un jugement sur le total des effectifs, de telle sorte qu'il
force l'administration à mieux gérer ses effectifs, justement en
y imposant un plafond, d'où la notion de maxima. C'est ce plafond
d'effectifs qui fait en sorte que l'administration sera obligée, pour
faire face à de nouveaux besoins, de concevoir des programmes de
formation continue de manière à procéder à des
réaffectations et à mieux utiliser son personnel. Donc, il est
important que l'État se prononce sur ce volume d'effectifs, tant pour
forcer l'administration à faire continuellement un meilleur usage de ses
ressources humaines que pour contrôler également les engagements
à long terme qu'implique le recrutement d'un effectif additionnel.
Évidemment, cela ne s'applique pas aux occasionnels, ce qui nous
a amenés d'ailleurs, depuis un an et demi, à ne plus vouloir
approuver un volume de postes pour les occasionnels, mais à approuver
plutôt une masse, parce que comme il n'y a pas là d'engagements
à long terme, comme un occasionnel doit, par définition,
travailler à un poste qui n'est pas permanent - et les directives du
Conseil du trésor à cet égard sont très claires -
normalement, l'administration d'un ministère ne peut pas recruter un
occasionnel pour effectuer un travail de nature permanente. Le contrôle
que nous faisons au Conseil du trésor lorsqu'on nous demande des postes
d'occasionnels est toujours sur la nature du travail. S'il s'agit
véritablement d'un effort additionnel temporaire ou de l'implantation
d'un nouveau programme qui implique une accumulation de travail - mais
temporaire -à ce moment-là, nous approuvons des postes
d'occasionnels, mais, lorsque le travail en question nous apparaît
davantage un travail relevant de l'activité régulière du
ministère, nous refusons l'octroi d'occasionnels et exigeons que ce soit
du personnel permanent à la place qui soit engagé. Donc, dans le
cas des occasionnels, à cause du caractère particulier de
l'engagement à moins long terme et de la plus grande mobilité, on
peut procéder par le biais d'une enveloppe, et c'est ce que nous faisons
maintenant depuis un an. Je pense que cela m'apparaît approprié,
mais prendre ce concept valable pour du personnel en rotation continue et
l'appliquer à du personnel permanent où, là, on risque
d'observer un phénomène de sédimentation important, je
pense que c'est dangereux.
Quant à la définition des normes pour
l'établissement des effectifs requis, je pense que, là, ce serait
s'immiscer beaucoup trop directement dans la gestion d'un ministère. En
effet, il y a tellement de cas différents. On ne gère pas un
programme de création d'emplois comme on gère, par exemple, un
programme de soutien du revenu, comme on gère, par exemple, un programme
de transfert. On ne gère pas un programme de recherche dans un
laboratoire comme on gérera un programme d'exploration géologique
sur le terrain ou comme on gérera - je ne sais pas - l'administration
d'un programme d'aide aux agriculteurs sur le terrain. Donc, les cas sont
tellement vastes que vouloir imaginer un cadre normatif qui permette
d'atteindre les objectifs gouvernementaux qui visent à éviter la
sédimentation, qui visent à contrôler les engagements
à long terme, vouloir définir un cadre qui soit suffisamment
lâche pour pouvoir couvrir toutes les situations est fort peu probable.
La réalité sera que le cadre normatif que l'on cherchera à
mettre en place limitera finalement la possibilité pour
l'administration
de prendre les décisions qui s'imposent quant à ses
effectifs. Donc, il m'apparaît beaucoup plus logique de fixer des
effectifs globaux, autorisés par le Conseil du trésor, et de
laisser à ce moment-là le ministère gérer,
finalement, son administration. Il m'apparaîtrait très difficile
d'imaginer un cadre normatif qui pourrait s'appliquer à des situations
aussi diverses que celle que j'ai décrite. (16 h 30)
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, le président du
Conseil du trésor parle comme un grand livre. Il a parfaitement raison
dans l'avant-dernière partie de son intervention.
M. Bérubé: Le député de Sainte-Marie
exagère quand il dit "parfaitement". Seul Dieu est parfait.
M. Bisaillon: J'ai dit seulement dans l'avant-dernière
partie aussi, vous avez remarqué. Donc, tout n'était pas parfait.
C'est exactement dans ce sens-là que la commission spéciale
recommandait que le processus de dotation devait être dans le projet de
loi. C'était précisément pour atteindre ces objectifs dont
il parlait. Il m'a amené à en reparler mais comme j'ai
déjà indiqué à la ministre dès le
début des audiences de la commission que je ne reviendrais pas sur cette
question-là et que j'en avais fait mon deuil, je suis convaincu que cela
demeurerait non seulement la méthode la plus précise mais
sûrement la plus efficace et la meilleure qu'on puisse choisir dans les
circonstances. Comme c'est votre projet de loi et que vous le voulez comme
ça, on va vous le laisser comme ça. Je vais vous indiquer
cependant qu'à l'article 76, quant à l'aspect que je soulevais
tantôt, le fait d'apporter un exemple - Je m'excuse, je ne trouve plus
mes yeux. Ah! les voilà -la façon ou ce sur quoi va porter la
définition des modes de dotation faite par le Conseil du trésor,
cela peut donner l'impresion d'être restrictif.
Quand on dit: II définit les modes de dotation qui peuvent
être utilisés pour combler des emplois, c'est ce qu'on veut dire,
que le Conseil du trésor va définir de quelle façon les
modes vont combler des emplois. Cela va couvrir tous les modes de dotation.
Pourquoi dire: notamment l'affectation et la mutation? Cela m'a amené
tantôt à vous parler de la mise en disponibilité et de la
façon dont on procéderait là-dessus. Cela pourrait
m'amener à vous poser la question: À quel moment allez-vous
autoriser le recrutement? Vous comprenez je pense qu'il serait
préférable de biffer "notamment l'affectation et la mutation".
C'est donné là comme exemple mais ça peut donner
l'impression que c'est restrictif.
Disons tout simplement quel sera l'objet du travail du Conseil du
trésor. Il définit les modes de dotation qui peuvent être
utilisés pour combler des emplois. Et, en les définissant, il va
indiquer l'ordre dans lequel il voudrait probablement que cela se fasse pour
que cela réponde aux critères d'efficacité et de meilleure
utilisation des ressources humaines puisque c'est un objet du projet de
loi.
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, je devrai encore une
fois me soumettre à la grande sagesse du député de
Sainte-Marie. J'accepte donc l'amendement qu'il nous suggère.
M. Bisaillon: N'en jetez plus, la cour est pleine.
M. Bérubé: Je voudrais seulement souligner un
point. Je pense que le député de Sainte-Marie a raison lorsqu'il
dit que toute nomenclature est dangereuse dans une loi car elle permet parfois
de présumer des exclusions, ce que le législateur ne veut pas.
Par contre, je dois lui souligner aussi qu'un des grands problèmes de la
loi, souvent, c'est son hermétisme, avec comme inconvénient que
les citoyens ne s'y retrouvent pas. Les nomenclatures ont donc l'avantage de
permettre aux citoyens de comprendre. Par contre, l'absence de nomenclature a
l'avantage de permettre une plus grande précision et éviter une
exclusion qui n'est pas voulue par le législateur. En toute franchise,
vous avez raison sur le fond, il est toujours préférable
d'éviter les nomenclatures. Par contre, pour la compréhension du
laïc qui n'a pas la très grande expérience du
député de Sainte-Marie dans la fabrication des lois, les
nomenclatures ont quand même des avantages.
M. Bisaillon: On sera d'accord pour admettre que le mode de
recrutement...
Mme LeBlanc-Bantey: C'est vrai que mon collègue de Matane
a raison sauf que dans...
M. Bérubé: C'est plutôt que je vous donne
raison.
Mme LeBlanc-Bantey: ...le genre des mots qui sont ici comme
"dotation", "affectation", "mutation," il faut a priori, malheureusement,
admettre qu'il n'y a pas beaucoup de citoyens qui, de toute façon, vont
comprendre les mots qui sont là. Comme ministre de la Fonction publique,
à moi toute seule, cela m'a pris deux ou trois
mois pour en comprendre le sens. Alors, on n'essaiera pas de croire que
tout le monde va comprendre ça naturellement.
M. Bisaillon: Est-ce que je dois comprendre, M. le
Président, pour votre gouverne et votre bon entendement, qu'on biffe
"notamment, la mutation et l'affectation"?
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
L'affectation et la mutation, d'accord. Est-ce que cet amendement est
adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté. M. Bisaillon:
Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
L'amendement est adopté.
Maintenant, est-ce que l'article 76 est adopté tel
qu'amendé?
M. Bisaillon: Adopté. M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté. J'appelle l'article 77.
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai aucun commentaire à faire, je
pense que cela dit très bien ce que cela doit dire. J'ai l'impression
que mes collègues devraient être d'accord avec l'article 77 de
part et d'autre.
M. Bisaillon: On n'a pas précisé si c'était
à la baisse ou à la hausse et, avec le président du
Conseil du trésor, il faut être prudent. Quant à moi, je
n'ai pas d'autres commentaires sur l'article 77.
M. Bérubé: On devrait dire: Dans le cadre d'une
politique de rémunération bien comprise.
M. Bisaillon: C'est ce que je craignais.
M. Doyon: Moi, j'aurais une ou deux questions très
brèves là-dessus. Dans quels cas... Est-ce qu'on pourrait nous
donner des exemples de justification de paiement de rémunération
excédentaire, en sus du traitement régulier d'un
fonctionnaire?
M. Bérubé: Oui, les primes. Par exemple, des primes
dans le Nord, des primes pour du travail dangereux.
M. Doyon: Des primes d'éloignement? M.
Bérubé: Oui.
Mme LeBlanc-Bantey: II y a encore les performances.
M. Bérubé: Oui, les performances et, par exemple,
le régime de rémunération au mérite. Il y a une
quantité de cas.
M. Doyon: Est-ce réglementé d'une façon ou
d'une autre? Est-ce qu'il y a des barèmes? Est-ce qu'il y a une
politique connue là-dessus?
M. Bérubé: Bien oui. Dans le cas du personnel
syndiqué, évidemment, cela fait l'objet de certaines discussions.
Dans le cas du personnel d'encadrement, cela fait également l'objet de
discussions, bien que l'accord comme tel ne soit pas soumis au Code du travail
au même sens que la négociation avec les syndicats de la fonction
publique mais, effectivement, il y a un cadre.
M. Doyon: Cela ne s'apparente pas à une sorte de boni,
finalement, dans certains cas, si on parle de prime au rendement, à la
performance?
M. Bérubé: Oui. Maintenant, c'est un boni qui est
versé, dans le cas des primes au rendement, sous forme forfaitaire dans
le cas des cadres, par exemple, sur la base d'une notation en s'assurant quand
même que le gestionnaire est tenu d'effectuer un véritable
rangement de ces cadres travaillant sous sa direction, c'est-à-dire
qu'il ne peut pas répartir plus de 30%, je pense, des notations dans les
catégories A et B, ce qui le force donc à prendre des
décisions, à faire des choix. Cependant, on définit un
cadre pour la répartition des bonis de manière qu'on n'ait pas de
situations excessives.
M. Doyon: Est-ce que la politique générale du
Conseil du trésor est de limiter au minimum ces primes, ces bonis ou ces
suppléments de salaire? Est-ce qu'il y a une limitation, une tendance
à la limitation afin d'éviter de généraliser cela
en autant que faire se peut?
M. Bérubé: Je ne pourrais pas dire. Je n'observe
pas de tendance ni à la hausse, ni à la baisse. Je dirais que
nous oeuvrons dans la tradition la plus stricte.
M. Doyon: Le problème que cela cause... Le
président du Conseil du trésor doit être conscient que les
salaires doivent s'inscrire à l'intérieur d'une échelle
connue, négociée, qui ne laisse pas place à l'arbitraire.
Pour ce qui est des primes qui sont versées aux syndiqués, selon
les articles ou les dispositions de la convention collective,
évidemment, cela ne pose pas de problème, mais il faudrait
éviter de généraliser tout ce qui s'appelle boni parce
qu'il y aura finalement une politique salariale différente. En tout cas,
la politique salariale
sera difficilement saisissable et c'est mon inquiétude. La note
que j'ai est à savoir que la commission spéciale sur la fonction
publique recommandait plutôt une réévaluation des emplois.
Quand on considère que quelqu'un fait un travail qui va au-delà
de ce qu'on lui demande, au-delà de sa classification, au-delà de
son rang, qu'on procède par une réévaluation de l'emploi
plutôt que de tout simplement prendre une solution de cataplasme, une
solution de facilité et se contenter de verser ce qui est,
éventuellement, un boni.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous faites allusion à un individu
qui, temporairement, pourrait se voir affecter des tâches
supplémentaires à sa classification. Dans ce sens-là, je
pense qu'il est préférable de maintenir le boni plutôt que
de réévaluer le poste à la hausse alors que,
peut-être six mois ou un an plus tard, il fera les tâches qui sont
véritablement conformes à son plan de classification ou aux
raisons pour lesquelles cette personne occupe ce poste.
M. Doyon: Oui, mais on ne peut pas indéfiniment
perpétuer un système qui fait que le salaire que quelqu'un
reçoit est au-delà de ce qui est prévu dans les
règles, pour des raisons, par exemple, de rendement supérieur
à la moyenne ou excédentaire. D'après moi, si sa
tâche exige de lui, pour qu'il la remplisse adéquatement, un
rendement au-delà de ce qu'on attend de quelqu'un qui a telle
classification, c'est que ce poste devrait être tout simplement
réévalué.
Mme LeBlanc-Bantey: Oui, il y a un article dans la loi
d'ailleurs, M. le député de Louis-Hébert, qui
prévoit qu'on puisse réévaluer des postes à la
hausse, bien sûr, sur règlement de l'office et avec une
déclaration d'aptitude de l'office. Je crois que vous n'avez pas lieu de
vous inquiéter parce qu'il y a déjà une disposition qui
prévoit cela.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): S'il n'y a
pas d'autre question, est-ce que l'article 77 est adopté?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté. J'appelle l'article 78.
M. Doyon: Cet article est important. Ce que j'espère c'est
que tout simplement le Conseil du trésor fera le suivi de l'application
de ces programmes. Au niveau de l'établissement des programmes, au
niveau des objectifs, au niveau des voeux pieux, on a eu notre quota de cela.
On a eu des 9,2%, des 9,8% pour des catégories d'emploi alors qu'on se
retrouve avec, finalement, dans les faits, des diminutions de 2,2% de ce qui
était à 1,8%, et des choses comme cela. Il ne s'agit pas tout
simplement d'établir les programmes d'accès à
l'égalité, mais il faut aussi que le président du Conseil
du trésor soit bien conscient qu'au-delà de
l'établissement des programmes d'accès à
l'égalité dans l'emploi, il faut qu'il y ait un suivi qui va
imposer aux gestionnaires ou à quiconque - je ne sais trop - qui peut
être tenu responsable de la mise en place et de la concrétisation
de ces programmes de voir à ce que des objectifs précis soient
fixés, de mois en mois s'il le faut ou d'années en années
si c'est suffisant. On va demander des comptes à ceux qui seront
chargés de mettre en place ces programmes, de voir à leur
application et en même temps le Conseil du trésor, qui aura
établi les programmes, va se faire un devoir de mettre entre les mains
des gestionnaires, des gens qui sont chargés de l'application de ces
programmes, les outils nécessaires pour atteindre ces objectifs. Dans le
régime d'imputabilité dans lequel on s'engage lentement, il est
sûr qu'une fois que les programmes auront été
établis, que le régime d'imputabilité va obliger la
reddition de comptes par les gens qui en sont chargés, ils auront
évidemment la possibilité de faire valoir que, malgré les
programmes, ils ne disposaient pas des moyens qui leur étaient
nécessaires pour les appliquer. Jusqu'à maintenant, force nous
est de constater que cela n'a pas été un succès en ce qui
concerne ces programmes. On n'a pas vu de grosse amélioration. La
situation des femmes, la situation des handicapés, la situation des
anglophones et des allophones à l'intérieur de la fonction
publique reste très déficiente, insatisfaisante. J'espère
que le coup de barre qui s'impose va être donné d'une façon
vigoureuse et rapide.
Une voix: Adopté.
Mme LeBlanc-Bantey: Ah non, non, j'ai des commentaires!
M. Doyon: Mais enfin, en critiquant...
M. Bisaillon: M. le Président, peut-être que je
pourrais faire mon intervention, ce qui permettrait à la ministre de
nous répondre...
Mme LeBlanc-Bantey: ...M. le ministre. M. Bisaillon:
...à tous les deux.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): D'accord.
Alors M. le...
M. Bisaillon: J'ai juste une intervention et je ne reviendrai pas
là-dessus après.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
...député de Sainte-Marie, à vous la parole.
M. Bisaillon: Je ne sais pas si la ministre se souvient qu'au
tout début de la commission, je l'avais invitée à beaucoup
de prudence. Cela, d'après moi, c'est le meilleur article où la
prudence doit s'appliquer. J'ai fait une suggestion ce matin à la
ministre sur un autre article, que je vais répéter pour l'article
78 et j'aimerais qu'elle prenne davantage en considération cet
article-là. Je trouve que c'est un beau sujet pour ajouter un
troisième petit paragraphe qui pourrait dire: Ce rapport doit être
soumis à l'examen d'une commission parlementaire. Que annuellement, si
on veut avoir des résultats, on demande au Conseil du trésor et
à son président de venir en discuter à une commission
parlementaire. Je pense que ce serait une occasion de creuser un peu le sujet.
Et si on avait des objections à procéder de cette
façon-là, Mme la ministre, il faudrait déjà
craindre. Normalement on ne devrait pas avoir d'objection à soumettre un
rapport qui va sûrement être très positif, qui va
sûrement être très bon, on ne devrait pas avoir d'objection
à endosser cette recommandation-là. S'il y avait des objections,
Mme la ministre, à votre place j'aurais peur. (16 h 45)
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce que vous avez terminé?
M. Bisaillon: Oui, oui.
Mme LeBlanc-Bantey: Je vais d'abord commencer par l'intervention
du député de Louis-Hébert. J'ai accepté l'autre
jour en Chambre, par sympathie pour mes collègues parce qu'il
était minuit et que des gens devaient siéger une partie de la
nuit, de ne pas reprendre une avalanche de démagogie qu'on a dû
entendre à propos du programme d'accès à
l'égalité en ce qui concerne les communautés
culturelles.
M. Bérubé: Non, ce n'est pas de la
démagogie.
Mme LeBlanc-Bantey: Je dirai que pour l'ensemble... C'est encore
plus...
M. Bérubé: Ce n'est jamais démagogique, il
ne s'en aperçoit pas.
Mme LeBlanc-Bantey: Je dirai que pour l'ensemble, les programmes
d'accès à l'égalité, j'étais la
première à l'admettre...
M. Doyon: Disons qu'on a fait une erreur quand on a
demandé au président du Conseil du trésor...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): S'il vous
plaît!
M. Bisaillon: Je m'étonne, M. le député de
Louis-Hébert, que vous ne fassiez que vous en apercevoir.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): À
l'ordre, s'il vous plaît! Mme la ministre vous avez la parole.
M. Doyon: Excusez-moi.
Mme LeBlanc-Bantey: Je disais que pour l'ensemble, on est
obligé de constater qu'il n'y a pas effectivement de résultats
très spectaculaires ou spectaculaires autant que j'aurais voulu qu'ils
soient dans les programmes d'accès à l'égalité.
Nous aurons l'occasion de faire le bilan dans les prochains mois. Par ailleurs,
je pense que vous aurez l'occasion de constater à ce moment-là
que, malgré la crise, malgré le fait que beaucoup de
catégories d'employés ont été diminuées
compte tenu des attritions de postes, etc, les clientèles visées
par les programmes d'accès à l'égalité se sont
maintenues d'une façon très honorable et, dans certains cas, ont
même progressé. Compte tenu du contexte, cela m'apparaît un
élément important à souligner.
Par ailleurs, en ce qui concerne les communautés culturelles,
c'est vrai que cette politique est plus nouvelle que les deux autres et qu'il y
avait une certaine période d'ajustement à faire entre, d'une
part, le CIPACC, le comité chargé de la surveillance et de
conseiller la ministre de la Fonction publique et que la politique a
été prête à être mise en branle autour de
l'automne dernier, pour être plus précise autour de janvier
dernier, je crois. Il y a eu des efforts énormes faits par l'Office de
recrutement pour tenter d'inciter les membres des communautés
culturelles à faire des demandes de recrutement dans la fonction
publique. Je crois que le rangement par niveaux dans ce sens-là a
été efficace.
Par ailleurs, il est vrai que sur le nombre, les statistiques disent que
dans la fonction publique il y a moins de membres de communautés
culturelles que certaines autres catégories ou moins que la
représentation dans la société le justifierait. Il faut
souligner que ces gens qui sont partis de la fonction publique n'ont pas
été mis dehors, ils sont partis d'eux-mêmes et qu'au
recrutement, l'office a fait un effort spectaculaire pour réinciter ces
clientèles à revenir dans la fonction publique.
Quand on laisse entendre que globalement il y a moins de monde dans la
fonction publique parce que le gouvernement n'est pas intéressé,
il faut quand même être un peu moins superficiel et tenter d'abord
de voir quelles sont les raisons pour lesquelles
certaines personnes sont venues dans la fonction publique et en sont
parties. C'est une analyse que nous sommes en train de faire. Il se peut que,
par exemple, des membres des communautés culturelles viennent prendre
une expérience dans la fonction publique et que, compte tenu de cette
expérience, cela leur donne des possibilités d'aller chercher des
emplois dans d'autres secteurs de la société. C'est ce que nous
sommes en train d'analyser. Par ailleurs, il se pourrait que dans certains cas
il y ait un peu d'ostracisme. Les preuves que nous en avons jusqu'à
maintenant ne nous permettent aucunement de conclure dans ce
sens-là.
Je ne voudrais quand même pas que le député de
Louis-Hébert, à la façon de deux collègues en
Chambre l'autre jour, discrédite le travail qu'ont fait dans l'ensemble
des ministères tous les gens qui se sont occupés des politiques
d'égalité en emploi, surtout que je crois honnêtement que
le bilan qui sera fait prochainement, même s'il n'est pas spectaculaire,
sera honorable, compte tenu du contexte.
M. Bérubé: Bravo.
Mme LeBIanc-Bantey: Quant à la suggestion du
député de Sainte-Marie, je lui dirai que, par rapport à
l'avant-projet de loi, il y a quand même un pas important qui a
été franchi à l'article 78 qui oblige le Conseil du
trésor et le gouvernement à faire rapport à
l'Assemblée nationale sur le degré de réalisation des
programmes d'accès à l'égalité, ce qui est nouveau
par rapport à ce qui existait auparavant.
D'autre part, le Conseil du trésor doit aussi consulter la
commission des droits sur l'élaboration des politiques d'accès
à l'égalité. Par ailleurs, il m'apparaîtrait
présomptueux à ce moment-ci, par une loi, de décider
à l'avance des travaux de l'Assemblée nationale. Pour une, bien
sûr, je trouverais que ce serait très sain
qu'éventuellement il y ait des commissions parlementaires qui permettent
aux parlementaires d'interroger le Conseil du trésor et d'autres
personnes impliquées dans l'élaboration des politiques et dans le
degré de réalisation des programmes d'accès à
l'égalité.
Je pense que rien n'empêchera le bureau de l'Assemblée
nationale, les parlementaires, de revendiquer de telles commissions et je serai
la première à appuyer ouvertement nos démarches dans ce
sens. Par ailleurs, je le répète, il m'apparaîtrait
présomptueux d'organiser les travaux de l'Assemblée par le projet
de loi sur la fonction publique.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'article?
M. Bisaillon: Je ne sais pas si le député de
Louis-Hébert a autre chose.
M. Doyon: Non.
M. Bisaillon: Je serais quasiment tenté, seulement pour
indiquer que cette commission avait au moins souligné cette
possibilité que ce rapport annuel soit soumis à l'examen d'une
commission parlementaire, de transformer ma suggestion en motion, ce qui
n'allongera pas beaucoup nos travaux mais qui nous permettra de nous prononcer
de façon nominale sur le sujet.
M. le Président, je fais motion pour qu'on ajoute à
l'article 77 un troisième paragraphe qui se lirait comme suit.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): C'est
l'article 78.
M. Bisaillon: Oui, l'article 78 qui se lirait comme suit: Ce
rapport doit être soumis à l'examen d'une commission
parlementaire.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Vous
demandez...
M. Bérubé: Qui a droit de vote ici? Une voix:
Pas vous.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Voici.
C'est que...
M. Bérubé: J'additionne rapidement les
intervenants. Avez-vous le droit de vote?
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): J'ai droit
de vote en cas d'égalité. Enfin, est-ce qu'on pourrait
suspendre...
M. Bérubé: Dans des conditions comme cela, cela
m'amène parfois à prendre la parole pendant des heures et des
heures pour permettre au quorum adéquat de...
M. Bisaillon: N'ayez pas peur. M. Bérubé:
Bon.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Sainte-Marie, est-ce que vous accepteriez qu'on
suspende à la fois l'article et la motion?
M. Bisaillon: Oui, oui. On ne leur jouera quand même pas le
coup.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Cela va.
Alors...
M. Bisaillon: Cette fois, on va
suspendre et l'amendement et la motion.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): D'accord.
J'appelle l'article 79.
M. Bisaillon: M. le Président, c'est le genre d'article
qui me fait ch...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Attention.
M. Bisaillon: ...chaque fois le même effet. Chaque fois le
même effet. Vous avez tous eu peur, n'est-ce pas? L'avez-vous lu comme il
faut, M. le Président?
Mme LeBlanc-Bantey: Quel article?
M. Bisaillon: L'article 79. L'avez-vous lu comme il faut? "Le
Conseil du trésor peut, en tout temps, vérifier ou mandater une
personne ou un organisme pour vérifier..." On ne fait pas que
vérifier, on vérifie qu'on vérifie. "Le Conseil du
trésor peut, en tout temps, vérifier ou mandater une personne ou
un organisme pour vérifier l'application de ses politiques et de ses
programmes." C'est un article qui n'a pas de sens en français. Il est
incompréhensible. Le "ses", est-ce que ce sont les politiques du Conseil
du trésor ou si ce sont les politiques des organismes? Puis est-ce que
"organismes" est absolument nécessaire? "Une personne", cela peut aussi
être une personne morale. Et, d'après moi, le premier
"vérifier" est de trop.
D'après moi, M. le Président, c'est un article où
il y a des choses qui ont été oubliées dans la
transcription parce qu'en français, il n'a pas beaucoup de sens. Je ne
vous dis pas que l'objectif n'est pas bon. Je suis d'accord avec l'objectif que
le Conseil du trésor mandate des personnes pour vérifier
l'application de... On dit: "Le Conseil du trésor peut, en tout temps,
vérifier ou mandater une personne..." Pour faire quoi? Pour
vérifier. Retenons seulement les deux pans de la phrase: Le Conseil du
trésor peut vérifier ou mandater... pour vérifier.
Qu'est-ce qu'il vérifie pour vérifier? En français,
vérifier ou mandater pour faire quelque chose. On vérifie ou on
mandate pour vérifier. C'est l'un ou l'autre. Enlevez "mandater". On
vérifie pour vérifier. C'est ce que cela dit en français
et ce n'est pas du français. Ce n'est pas ce que vous vouliez dire. Vous
vouliez dire que le Conseil du trésor voulait mandater une personne pour
vérifier ses politiques et ses programmes, et que ce mandat pouvait
faire l'objet d'une vérification. C'est sûrement ce que vous
vouliez dire.
M. Bérubé: Non.
M. Bisaillon: Non? Bien, votre "vérifier"...
Mme LeBlanc-Bantey: On peut dire: II peut vérifier
lui-même ou il peut mandater quelqu'un pour vérifier.
M. Bisaillon: Si vous voulez m'expliquer cela en français,
vous allez avoir des troubles sérieux.
M. Bérubé: On va expliquer cela au
député de Sainte-Marie. Cela m'apparaît tellement
évident.
M. Bisaillon: C'est ce qui est le drame.
M. Bérubé: Cela m'apparaît tellement
évident. Ce n'est pas moi qui ai rédigé la loi, mais cela
m'apparaît absolument clair et limpide. D'une part, si le gouvernement,
si le Conseil du trésor doit élaborer des politiques, par
exemple, d'égalité à l'emploi, et que, de plus, il doit
soumettre un rapport à l'Assemblée nationale pour effectuer un
suivi de l'application de ces politiques, il est clair qu'il peut avoir
à requérir de l'information concernant l'implantation de ces
politiques dans les ministères. Il est également clair que, s'il
a besoin de cette information, il doit donc s'adresser aux ministères et
aller même sur place mesurer la réalisation des objectifs
définis dans les politiques, et cet article empêche un
ministère de refuser sa collaboration. Il dit tout simplement que le
Conseil du trésor peut, en tout temps, vérifier l'application de
ses politiques et de ses programmes. Il donne donc le pouvoir d'enquête
et de mesure dans les ministères de l'application de ses politiques. De
la même façon...
M. Bisaillon: Ou mandater une personne pour faire cela.
M. Bérubé: Ou mandater une personne pour faire
cela.
M. Bisaillon: Bon! Cela, vous le dites comme il faut. Quand vous
me le dites comme cela, c'est bien dit. Mais quand vous le dites comme vous
l'avez écrit, c'est mal dit en français. Vous dites:
"Vérifier pour vérifier". Comprenez-vous ce que je veux vous
dire? Le Conseil du trésor peut, en tout temps, vérifier. C'est
cela que je veux vous dire. Le Conseil du trésor peut en tout temps
vérifier l'application de ses politiques ou encore mandater quelqu'un
pour procéder au même travail. C'est cela.
M. Bérubé: Mais c'est exactement cela. C'est
que...
M. Bisaillon: C'est du mauvais français. C'est tout ce que
je vous dis.
Mme LeBlanc-Bantey: Avez-vous une formulation très
française à votre goût?
M. Bisaillon: Celle-là.
M. Bérubé: Moi, j'ai l'impression aussi... Le
député de Chambly a la réponse.
M. Tremblay: En fait, on pourrait enlever "en tout temps", ce qui
ne change rien. Et, après le premier "vérifier", mettre une
virgule et mettre un autre virgule après le deuxième
"vérifier". Là, cela change tout l'aspect.
M. Bisaillon: C'est parce que le premier "vérifier", c'est
vérifier l'application de ses politiques et de ses programmes.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Bisaillon: Bon. Et la deuxième partie, c'est "ou
mandater une personne ou un organisme pour vérifier". D'accord? Donc,
votre deuxième membre de phrase... Écoutez, je ne sais pas si je
vais jouer au professeur de français... Mais, admettons que c'est cela,
ma "job" d'habitude. Je vais accepter votre suggestion tout de suite
après.
M. Bérubé: Oui.
M. Bisaillon: Mandater une personne ou un organisme pour
vérifier l'application de ses politiques et de ses programmes, c'est une
première partie. L'autre possibilité, c'est que le Conseil du
trésor le fasse lui-même. S'il le fait lui-même, il va
vérifier l'application de ses politiques et de ses programmes. Mais, dit
comme cela, ce n'est pas cela que vous dites. Le premier "vérifier" est
lié au deuxième "vérifier". C'est vérifier pour
vérifier.
M. Bérubé: D'accord.
M. Doyon: La solution à ce problème, M. le
Président, si vous permettez... Je pense que l'article pourrait se lire
comme suit, M. le député de Sainte-Marie. C'est ce qu'on veut
faire. "Le Conseil du trésor peut, en tout temps, vérifier
l'application de ses politiques et de ses programmes ou mandater une personne
ou un organisme pour le faire".
Mme LeBlanc-Bantey: C'est cela.
M. Doyon: C'est comme cela qu'on écrit en
français.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): C'est
très bien. Alors, nous allons prendre...
M. Bisaillon: Et on peut enlever "organisme", parce que le mot
"personne" comprend "organisme".
M. Doyon: Ce n'est pas la trouvaille du siècle, mais c'est
mieux que vos virgules.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela comprend "organisme", le mot
"personne"?
M. Doyon: Je comprends qu'on se serve de ce qu'on a.
M. Tremblay: Je ne prétends pas être un
spécialiste du français.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Oui, mais
je ne sais pas si quelqu'un a pris...
M. Doyon: C'est très simple, M. le Président.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Le Conseil
du trésor peut...
M. Doyon: ...peut, en tout temps, vérifier l'application
de ses politiques et de ses programmes...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
D'accord.
M. Doyon: ...ou mandater une personne ou un organisme, non?
Mme LeBlanc-Bantey: Ou un organisme. J'aimerais bien maintenir
"organisme".
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Ou
mandater...
M. Bisaillon: C'est compris. Une personne, en loi, c'est une
personne morale aussi. Un organisme, c'est une personne morale.
Mme LeBlanc-Bantey: Non. Selon ce qu'on me dit, non. Cela ne
devrait pas vous déranger de le laisser?
M. Bisaillon: Alors, laissez-le. M. Doyon: Ou un
organisme.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Ou un
organisme...
Mme LeBlanc-Bantey: Pour le faire.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Pour le
faire. (17 heures)
M. Bisaillon: On aurait dû l'écrire tous les deux,
la loi.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Vous avez
un amendement.
Mme LeBlanc-Bantey: Admettez donc que c'est une belle loi dans
son ensemble. Il y a des bibittes.
M. Bisaillon: Dans l'ensemble ce n'est pas pire, mais c'est dans
les détails que cela accroche.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela n'a pas tellement accroché dans
les détails jusqu'à maintenant.
M. Tremblay: Cela me rappelle le temps où le
député de Sainte-Marie et moi-même nous nous sommes
connus.
M. Doyon: II a l'air de préférer l'oublier.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): À
l'ordre, s'il vous plaît! L'article 79 ici est retiré pour un
amendement. L'amendement est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
L'amendement 79 est adopté.
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce que l'article 79 est
adopté?
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Oui.
L'article 79 est-il adopté tel qu'amendé?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté. J'appelle l'article 80.
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
M. Bisaillon: J'ai juste une question, à la
dernière partie du paragraphe: "II signe ses conventions collectives, en
surveille l'application - et là on marque - et en coordonne
l'interprétation." Je pense que je sais l'objectif que vous poursuivez,
c'est-à-dire vérifier non seulement la façon dont c'est
appliqué, mais dont elle est comprise par les gestionnaires de
différents... Il faudrait trouver un autre terme
qu'interprétation, parce que l'interprétation d'une convention
collective, une fois qu'elle est signée, cela appartient à un
juge de tribunal ou à un arbitre. Cela n'appartient pas à un
organisme qui est partie d'ailleurs à cette signature. Je comprends
l'objectif que vous poursuivez; c'est de coordonner non seulement
l'application, mais la façon de concevoir l'application, alors que
l'interprétation, cela fait référence au sens, au jugement
qu'on porte sur la convention.
M. Bérubé: On coordonne l'application
patronale.
M. Bisaillon: Je suggérerais tout simplement de dire: II
signe ses conventions collectives, en surveille et en coordonne
l'application.
M. Bérubé: Je m'excuse de vous avoir volé le
mot. Je n'ai pas réalisé que le transfert de pensée nous
avait mis sur la même longueur d'onde.
M. Bisaillon: Pour une fois, profitons-en.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
vous en faites un amendement ferme?
M. Bisaillon: Je ne sais pas s'il est ferme, M. le
Président, mais il est là. Ce serait de dire tout simplement: II
signe -dans le deuxième paragraphe - ses conventions collectives, en
surveille et en coordonne l'application.
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce que cela va à nos juristes?
D'accord.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
l'amendement est adopté?
Mme LeBlanc-Bantey: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
L'amendement est adopté. On revient à l'article 80, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Cela rencontre exactement la remarque que j'allais
faire, où on avait une demande fort pertinente du Syndicat des
fonctionnaires provinciaux de Québec, qui faisait état de la
nécessité d'établir une autorité claire dans tout
ce qui concerne la gestion du personnel de la fonction publique. Quand on avait
"en coordonne l'interprétation" cela donnait ouverture à toutes
sortes de manières d'appliquer, finalement, les conventions collectives.
Ce qu'eux semblaient suggérer - et là on atteint le même
but, je n'insisterai pas - c'était qu'on donne la responsabilité
au Conseil du trésor de déterminer l'application et
l'interprétation, de façon qu'il n'y ait qu'une seule
autorité en matière de gestion du personnel. Mais par
l'amendement qui a été proposé par le député
de Sainte-Marie, on rencontre cet objectif. L'article est adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Tel
qu'amendé.
M. Doyon: Tel qu'amendé.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): J'appelle
l'article 81.
Mme LeBlanc-Bantey: À l'article 81, j'aurais deux
commentaires, très rapidement, en regard de l'avant-projet. On a
remplacé l'office par la Commission de la fonction publique, donc le
Conseil du trésor peut exclure certaines catégories, mais
après consultation de la Commission de la fonction publique; et on a
ajouté le deuxième alinéa, qui prévoit qu'on ne
peut soustraire un emploi ou une catégorie d'emploi du régime
syndical. C'était pour répondre à certaines
inquiétudes entre autres qui avaient été
évoquées, bien sûr, par les organisations syndicales.
Autrement dit, si on extrait une ou des catégories d'emplois de la
fonction publique, on ne peut les soustraire du régime syndical.
M. Doyon: Les remarques étaient très nombreuses
à ce sujet. Le Syndicat des fonctionnaires s'était
prononcé là-dessus et la CUQ l'avait fait. Dans un même
sens, on trouvait que cela accordait des pouvoirs démesurés au
Conseil du trésor. Tel qu'amendé, cela nous paraît plus
acceptable.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
l'article...
M. Bisaillon: M. le Président, j'ai quelques
commentaires.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: D'abord en termes de contenu, je suis en
désaccord tout à fait. Je trouve qu'il y a des motifs
invoqués... Pour un motif d'urgence, on peut savoir habituellement ce
que cela peut représenter un motif d'urgence, mais pour des raisons
pratiques, cela peut être large et être n'importe quoi finalement.
Intérêt public, on a une notion de ce que cela veut dire, mais des
raisons pratiques, je trouve que tout peut être pratique finalement. Il
peut être pratique qu'il n'y ait rien autour de nous et qu'on soit les
seuls à décider. Je trouve cela trop large. Je ne veux pas faire
de débat longtemps là-dessus, je veux seulement vous indiquer que
je trouve cela trop large et que, quant à moi, lorsque cet article sera
adopté, ce sera sur division. Je trouve que c'est trop englobant.
Par ailleurs, on dit "soustraire des dispositions de la présente
loi qu'il indique". Je trouve encore une fois que c'est mal dit. Ce que vous
voulez dire, c'est "soustraire des dispositions qu'il indique de la
présente loi", parce que le "qu'il indique", cela peut faire
référence à la présente loi. Il peut soustraire des
dispositions qu'il indique de la présente loi.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela peut être un compromis
intéressant.
M. Bisaillon: Je trouve cela plus clair en tout cas, parce que,
là, cela peut faire référence au membre de phrase qu'il y
a immédiatement avant. Non, je ne l'améliorerai pas, je suis
contre améliorer. C'est seulement de dire "soustraire des dispositions
qu'il indique de la présente loi".
M. Bérubé: On accepte l'amendement du
député de Sainte-Marie. On serait prêt à voter sur
la motion principale, telle qu'amendée.
M. Bisaillon: Sur division toujours.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Louis-Hébert, avez-vous un commentaire?
M. Doyon: Non, j'ai fait mon commentaire tout à
l'heure.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Vous avez
fait votre commentaire. Est-ce que vous acceptez...
Mme LeBlanc-Bantey: J'accepte l'amendement du
député de Sainte-Marie et je suggère qu'on adopte
l'article.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Sainte-Marie, pourriez-vous... Je pense qu'il le
rédige.
Une voix: II l'a fait.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Ce n'est
pas cela, je pense qu'il rédige son amendement.
L'amendement à l'article 81 est-il adopté?
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): L'article
81 tel qu'amendé est adopté...
M. Bisaillon: Sur division.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): ...sur
division. J'appelle l'article 82.
M. Bérubé: En fait, si l'Opposition est
divisée, il n'y a pas de problème. On le sait depuis
longtemps.
Mme LeBlanc-Bantey: À l'article 82, M. le
Président, je n'ai pas de commentaire.
M. Bérubé: Le député de Sainte-Marie
doit être tout aussi divisé que tantôt.
Mme LeBlanc-Bantey: II faudrait peut-être souligner
à l'article 82, par ailleurs, que le rapport doit être
déposé dans les 30 jours plutôt qu'une fois l'an telle que
la coutume
le veut pour la commission.
M. Bisaillon: J'ai une courte question à poser sur
l'article 82. On a dit à l'article 81 que cela ne pouvait pas avoir
comme effet de soustraire des articles 62 à 74. C'est cela?
Mme LeBlanc-Bantey: Oui.
M. Bisaillon: Sauf qu'au-delà des articles 62 à 74,
il y a tous les emplois à caractère confidentiel. Cela ne se
retrouve pas dans les articles 62 à 74, la notion d'emploi confidentiel.
Où la retrouve-t-on? Ce qu'on suggère, c'est que ce soit au
niveau du Tribunal du travail que cela se...
Mme LeBlanc-Bantey: Remarquez que quand on parle des articles 62
à 74, ce sont des articles de la loi qui touchent au régime
syndical. De toute façon, le Trésor ne peut pas soustraire de
dispositions en dehors de celles inscrites dans la Loi sur la fonction
publique. Des dispositions qui seraient dans le Code du travail et qui
toucheraient à la confidentialité, par exemple...
M. Bisaillon: Je n'ai pas retrouvé à
l'intérieur des articles 62 à 74 les dispositions permettant
d'exclure de l'unité syndicale pour raison d'emploi confidentiel...
Mme LeBlanc-Bantey: C'est dans le Code du travail.
M. Bisaillon: C'est dans le Code du travail sauf qu'il
s'applique... D'accord, vous avez raison. C'est dans le Code du travail qu'il y
a une disposition spéciale concernant la fonction publique.
D'accord.
Mme LeBlanc-Bantey: Donc, est-ce que l'article 82 est
adopté?
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Est-ce que
l'article 82 est adopté?
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-
Îles):
Adopté. J'appelle l'article 83.
Mme LeBlanc-Bantey: À l'article 83, je n'ai pas de
commentaires spéciaux.
M. Doyon: Aucun problème. Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-
Îles):
L'article 83 est adopté. J'appelle l'article 84.
Mme LeBlanc-Bantey: Je suggère un amendement à la
demande du député de Sainte-Marie.
M. Bérubé: Encore?
Mme LeBlanc-Bantey: Enlever les mots "en accord avec les
intérêts et les droits du Québec". Le Conseil du
trésor ne peut faire autrement que d'agir en accord avec les
intérêts et les droits du Québec. Il semble que ce soit
superfétatoire et nous l'avons déjà enlevé
ailleurs.
M. Bérubé: De toute façon, si je devais me
référer à l'action du Conseil du trésor depuis que
nous sommes là, cela a toujours été le cas. Et, par
conséquent, vous avez raison, M. le Président. Il n'y a aucun
doute là-dessus. Je pense qu'il faut les supprimer. Mais il faut quand
même penser à l'hypothèse que, peut-être dans 25 ou
30 ans, un autre parti pourrait prendre le pouvoir avec un idéal moins
élevé pour le Québec et qu'à ce moment-là,
il en soit autrement. Est-ce qu'on devrait quand même se méfier de
l'élimination d'un tel article?
Mme LeBlanc-Bantey: J'aimerais entendre...
M. Bérubé: Le député
libéral.
Mme LeBlanc-Bantey: ...et le député de Sainte-Marie
sur l'inquiétude... parce que moi-même, ce matin, j'ai eu ce
réflexe que je n'ai pas verbalisé mais que j'ai quand même
eu. Répétez donc pour le député de
Sainte-Marie.
M. Bérubé: En fait, je ne m'adressais pas vraiment
au député de Sainte-Marie, comme tout le monde l'a compris.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est lui ce matin qui nous a dit que
c'était superfétatoire.
M. Doyon: Si le président du Conseil du trésor
insiste vraiment pour avoir ma réaction, je vais la lui donner de but en
blanc. C'est que sûrement - et je n'ai aucun doute là-dessus,
c'est pour cela que je fais partie du Parti libéral du Québec -
les intérêts du Québec sont beaucoup mieux servis et ses
droits beaucoup mieux protégés par le Parti libéral du
Québec qu'ils ne le sont par le Parti québécois. C'est
pour cela que je fais partie du Parti libéral. C'est aussi simple que
cela. Et je comprends qu'il ne partage pas mon opinion là-dessus, comme
sur un paquet d'autres choses aussi.
M. Bérubé: Alors, j'en conclurais, M. le
Président, que si le député de Louis-Hébert est
convaincu que son parti agira toujours en accord avec les intérêts
et les droits du Québec, il en va de même pour le parti
gouvernemental et qu'il n'y a aucune chance que le député de
Sainte-Marie arrive jamais au gouvernement, je pense qu'effectivement,
on pourrait accepter son amendement en supprimant les mots en question.
M. Bisaillon: Cela va faire longtemps qu'il va être mort,
lui.
M. Bérubé: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Un instant.
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Adopté. Est-ce que l'article 84 est adopté, tel
qu'amendé?
M. Bisaillon: Vous n'avez pas l'air de nous croire parce qu'on
l'adopte rapidement, M. le Président. Voulez-vous qu'on l'adopte ou
non?
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Bien oui,
enfin, je pose la question.
M. Bisaillon: D'accord, on va l'adopter.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Alors, il
est adopté tel qu'amendé.
M. Doyon: M. le Président, on me permettra quand
même, avant de passer à la section 2, de me réjouir du fait
qu'on ne retrouve plus l'article 88 de l'avant-projet de loi qui permettait au
Conseil du trésor de déléguer ses pouvoirs, tous ses
pouvoirs, ce qui permettait ainsi une multiplication infinie des politiques de
gestion des ressources humaines. Et ce principe du delegatus non potest
delegare se trouvait battu en brèche par l'article 88...
Mme LeBlanc-Bantey: C'est pour le citoyen ordinaire?
M. Doyon: Et... Pardon?
Mme LeBlanc-Bantey: C'est pour le citoyen ordinaire, ce que vous
venez de dire?
M. Doyon: Ah oui.
M. Bisaillon: Ne vous en faites pas, à 17 h 15, le citoyen
ordinaire a bien compris que ce n'était pas ici qu'il fallait qu'il
écoute.
M. Doyon: Ce qui me réjouit aussi, c'est le fait que cet
article 88 qu'on retrouvait dans l'avant-projet de loi permettait au
sous-ministre d'hériter de responsabilités qui faisaient
qu'eux-mêmes vérifiaient l'application de politiques qu'ils
avaient été chargés d'appliquer, ce qui était un
non sens. Et on doit se réjouir que cette version du projet de loi ne
contienne pas de telles hérésies. Ce dont on ne peut
s'empêcher de s'étonner, c'est que l'avant-projet de loi qui
était quand même la douzième, la treizième ou la
quinzième version ait pu en contenir une de telle nature. Je me
réjouis qu'on l'ait élaguée et qu'on ne la retrouve pas au
projet de loi que défend la ministre devant cette commission
parlementaire. (17 h 15)
M. Bérubé: M. le Président, quant à
moi, je voudrais remercier la commission parlementaire de m'avoir accueilli
pour discuter du rôle du Conseil du trésor dans l'avenir, en ce
qui a trait à la gestion plus directe peut-être des effectifs de
l'État, par le biais d'un cadre et une administration
décentralisée. J'ai beaucoup apprécié ces quelques
instants que j'ai passés avec la commission. J'ai surtout retenu des
interventions du député de Sainte-Marie, que je parlais comme un
grand livre, d'une part, et que, d'autre part, il était parfaitement
d'accord avec moi. M. le Président, je ne pouvais pas vraiment en
espérer autant de travail à cette commission. Je voudrais
témoigner mon appréciation pour la collaboration.
M. Bisaillon: Le pis qui pourrait lui arriver, c'est que je ne
réponde rien!
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Alors
voici, nous avons des articles en suspens. Nous étions rendus, ce matin,
à l'article 98. Est-ce que vous revenez aux articles en suspens ou on
peut revenir à la fin à tous les articles en suspens et on peut
appeler...
M. Bisaillon: Est-ce que je peux...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
...l'article 98...
M. Bisaillon: ...poser, à ce stade-ci, une question, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Oui, avec
plaisir.
M. Bisaillon: II est déjà 17 h 40. Je voudrais
connaître... Ce matin, on s'est rendu à quel article?
M. Doyon: À 98, je pense. Mme LeBlanc-Bantey:
À 98.
M. Bisaillon: À 98. Je voudrais connaître quelles
sont les contraintes de temps qu'on a. Est-ce qu'on compte arrêter
à l'heure du souper pour reprendre lundi ou
si...
M. Doyon: On pourrait reprendre lundi. M. Bisaillon: On
reprend lundi.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Oui.
Enfin...
M. Tremblay: Je pense, M. le Président, qu'on ne passera
pas à travers tout cela, même à 20 heures ou à 21
heures ce soir. Je pense qu'on en a au moins pour toute la journée de
lundi, jusqu'à minuit.
Mme LeBlanc-Bantey: Moi, je suis plus optimiste quand
même.
M. Bisaillon: Oui, je ne pense pas qu'on en ait jusqu'à
minuit, lundi, en commençant lundi matin et on devrait terminer avec ce
qu'il nous reste. Ce qu'il reste, c'est un certain nombre de dispositions... Il
y a évidemment l'organisation de la commission; au niveau de la
commission, il y a peut-être un débat à faire. Après
cela, ce sont tous des articles de...
Mme LeBlanc-Bantey: De concordance dans la plupart des cas.
M. Bisaillon: II y a un gros débat sur la
réglementation, après cela ce sont des dispositions transitoires
qui ne posent pas tellement de difficultés, à première
vue.
M. Tremblay: Ma courte expérience, même si elle est
courte à l'Assemblée nationale, m'incite à ne plus
espérer que des travaux de cette sorte se fassent d'une façon
rapide. Cela prend le temps que cela prend. En tout cas, je pense qu'on en a
pour la journée de lundi.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Oui.
M. Tremblay: On verra lundi.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Tout cela
pour dire, je pense qu'on se comprend, qu'on terminerait ce soir à 18
heures et que l'étude de ces articles serait reportée à
lundi 10 heures, comme la Chambre nous l'a ordonné.
Le personnel des cabinets des ministres
M. Bisaillon: D'accord, M. le Président. J'aurais une
demande à adresser aux membres de la commission. On pourrait continuer,
pour l'instant...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
Jusqu'à 18 heures.
M. Bisaillon: ...là où on en était rendu cet
après-midi quand on a arrêté. Et j'avais annoncé un
certain nombre d'amendements que je voulais présenter. Est-ce qu'il me
serait possible, avant la clôture de ce soir, de les présenter
sans qu'on les discute nécessairement pour qu'on puisse en disposer
lundi, en fin de journée?
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
M. le député, enfin je vais vous poser la question: Est-ce
que ces amendements-là sont prévus, sont écrits?
M. Bisaillon: Bien sûr, M. le Président.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Ah,
d'accord.
M. Bisaillon: J'écris tout, M. le Président. Vous
avez pu voir que j'écrivais tout.
M. Tremblay: II a beaucoup de talent à part cela.
M. Bisaillon: J'ai même écrit biffé
tantôt.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): En
principe, les greffiers ont de la difficulté à coordonner
l'action parce qu'il y a beaucoup d'amendements...
M. Bisaillon: Vous auriez dû voir...
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): ...et on
veut que ce soit clair.
M. Bisaillon: ...ce que c'était hier à la
commission de la justice avec la Loi des coroners. Cela aurait
été la panique.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Alors je
pense que personne n'a d'objection...
Mme LeBlanc-Bantey: Pas du tout.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): ...à
ce qu'on dépose...
Mme LeBlanc-Bantey: Oui, cela nous permettrait d'y
réfléchir en fin de semaine.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Alors,
nous...
M. Bisaillon: Entièrement d'accord.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles):
...acceptons, cela va.
M. Bisaillon: M. le Président, je vais en présenter
au moins un. C'est toute la question - évidemment, je reviens à
l'article
26, on avait suspendu l'adoption de l'article 26 et c'est autour de
cette question que tournent mes préoccupations. C'est finalement toute
cette question du personnel politique des cabinets que je me chargerai
tantôt d'essayer de catégoriser selon la provenance. Pourquoi
cette préoccupation que j'ai à ce sujet? C'est, d'une part, parce
qu'au moment où la commission spéciale de la fonction publique a
fait ses travaux, les députés des deux partis qui
siégeaient à cette commission ont été
alertés sur le problème, non seulement de l'existence mais du
fonctionnement et du rôle des cabinets politiques. Ils ont aussi
été alertés sur l'importance de se pencher sur la question
de l'intégration entre le personnel régulier de l'administration
publique et le personnel de cabinet. C'est donc un premier
élément qui m'a amené à me pencher, avec mes
collègues de la commission, sur cette question des attachés
politiques.
La deuxième raison qui m'amène à me
préoccuper de cette question c'est le développement de la notion
même de personnel politique. C'est une notion qui, dans le fond, est
récente dans l'histoire de notre fonctionnement parlementaire et
administratif. C'est une notion récente. Les premiers cabinets - on ne
pouvait même pas appeler cela des cabinets à l'époque - les
premiers attachés politiques sont apparus à peine dans les
années 1964-1966. Cela s'est développé tranquillement,
mais cette notion d'attachés politiques a pris son envol vers les
années 1972. C'est donc tout à fait nouveau comme
phénomène mais c'est, à cause même de
l'évolution de l'administration publique, un phénomène
qu'on va devoir étudier de plus en plus comme un phénomène
normal d'administration publique.
L'évaluation de cette question est beaucoup plus importante qu'on
ne semble le croire. Habituellement, quand on parle de cette question des
attachés politiques, on est tenté d'entacher cette discussion
d'une notion partisane. Je pense qu'il faudrait à un moment donné
sortir de cette partisanerie qui nous fait envisager la question des
attachés politiques de façon différente selon qu'on est
d'un côté ou de l'autre de la clôture. Quand je parle d'un
côté ou de l'autre de la clôture, je ne parle pas seulement
d'être du côté de l'Opposition ou du côté
ministériel; je parle aussi d'être du côté de
l'administration publique par rapport à la politique.
C'est, je le disais tantôt, une notion qui tend à se
développer et qui va être de plus en plus importante. Au fur et
à mesure que l'administration publique va être raffinée, au
fur et à mesure où l'administration publique et son
fonctionnement vont être de plus en plus parfaits, au fur et à
mesure où l'administration publique va être, comme on l'a
décrite, moderne, souple, efficace, au service des citoyens, plus on va
assister à cela, plus aussi le rôle des élus va être
modifié. Mais quand je parle des élus, je ne parle pas seulement
de ceux qui sont appelés à siéger au Conseil des
ministres, je ne parle pas seulement de l'exécutif, je parle aussi de
ceux qui vont siéger à l'Assemblée nationale, donc du
législatif.
Le rôle des députés va être modifié. Au
fur et à mesure où ce rôle des députés, donc
des ministres, va se modifier, l'importance d'être entouré de
personnel qui va être aux aguets quant aux nombreuses questions qui vont
venir de l'administration et aux nombreux problèmes qui vont être
amenés par l'administration aux hommes et aux femmes politiques grandira
ces cabinets politiques vont prendre de plus en plus d'importance.
Peut-être pas en nombre mais sûrement en termes de rôle, de
fonction et d'occupation.
Ce n'est pas moi qui ai trouvé cela. Si on lit actuellement tout
ce qui peut s'écrire sur l'administration publique, on voit que de plus
en plus il y a un certain nombre de spécialistes qui se penchent sur
cette question des attachés politiques et des cabinets politiques. Dans
le fond on est jeune quand on parle de cette question ici au Québec.
Partout ailleurs dans le monde cette notion existe depuis longtemps et a
été assimilée à l'administration publique.
Malheureusement, le gouvernement, lorsqu'il a voté la loi 50, a
fait une analyse à courte vue en bloquant un fonctionnement qui
comportait peut-être des exagérations, ou c'était
peut-être pour essayer de contrôler un certain nombre d'abus. Mais,
chaque fois qu'on veut contrôler des abus et qu'on va trop loin, on
obtient des effets contraires à ce qu'on recherchait. La mesure qui a
été adoptée dans la loi 50, concernant les attachés
politiques, a été une erreur d'évaluation de la part du
gouvernement. Cela a développé - on a des chiffres, je vais en
parler tantôt - et c'était déjà évident que
cela la développerait, une difficulté à aller recruter des
attachés politiques de grande compétence et pouvant être
intéressés à laisser des fonctions qu'ils occupaient dans
d'autres domaines, des fonctions qui leur assuraient une sécurité
d'emploi ou des conditions de vie intéressantes. Le fait que, par la loi
50, on a exclu totalement toute possibilité d'intégration
éventuelle dans la fonction publique pour du personnel de cabinet, pour
des attachés politiques, le fait d'avoir exclu cette possibilité
a fait en sorte que c'est ce qui était prévisible lorsque nous
avons fait nos travaux, c'est ce que nous avons écrit lorsqu'on a
écrit le rapport de la commission spéciale. On a dit: Cela rendra
le recrutement difficile et quasi impossible pour atteindre un fonctionnement
de personnel politique qui puisse s'ajuster aux
modifications qu'on fait dans l'administration publique et à
l'évolution que l'administration publique connaît.
C'est ce qu'on écrivait il y a deux ans, et pour répondre
à ce besoin, il y a deux ans, qu'on prévoyait - on n'avait pas de
chiffres au moment où la commission a fait ses travaux - pour
éviter d'empirer le problème qu'on avait remarqué, on
avait fait une recommandation qui, selon nous, était raisonnable.
C'était une recommandation qui avait comme objectif à la fois de
permettre un recrutement intéressant du personnel politique, qui pouvait
permettre ce recrutement par des modalités d'intégration
éventuelle, et, en même temps, de limiter des injections trop
massives dans la fonction publique. On avait donc fait une recommandation pour
qu'après quatre années de service continu dans une fonction de
personnel politique, il y ait une possibilité, celle qui existait dans
le passé, mais après un an, d'être intégré
après quatre ans, dans la fonction publique aux mêmes conditions
que les fonctionnaires. Cela veut dire être soumis à une
évaluation des aptitudes et recevoir un classement, comme l'ensemble des
autres fonctionnaires.
Cette recommandation, on l'avait faite après y avoir
réfléchi énormément. Dans un même souffle, la
commission avait aussi porté le jugement que, tout en permettant un
recrutement de qualité, il fallait s'assurer qu'on ne grossisse pas
indûment les cabinets politiques. On avait donc prévu une mesure
qui appelait la participation de fonctionnaires de la fonction publique pour
venir travailler à l'intérieur des cabinets. Cela avait un double
objectif, c'était à la fois d'éviter un grossissement des
effectifs de personnel de cabinet recruté à l'extérieur,
mais aussi de permettre une meilleure jonction entre l'appareil et le
politique, et faire venir à l'intérieur des cabinets des
fonctionnaires de carrière qui pourraient faire profiter de leur
expérience et de leur connaissance de l'appareil public le personnel
politique qui encadre et qui entoure les ministres ou les personnes
responsables.
Quand on parle de cabinets politiques, je tiendrais à souligner
que c'est à la fois pour les membres de l'Exécutif et aussi pour
ceux qui exercent une fonction législative reconnue. Cela veut dire les
whips des partis politiques, les leaders des partis politiques et le chef de
l'Opposition officielle ou des Oppositions, si jamais on avait un Parlement
à plusieurs Oppositions. C'était la proposition de la commission
spéciale. (17 h 30)
Qu'est-ce que je remarque aujourd'hui quand j'analyse les chiffres que
la ministre nous a fournis cette semaine? J'avais posé la question. Si
la recommandation de la commission était appliquée, combien de
membres des effectifs des cabinets politiques sans statut, c'est-à-dire
qui ne sont pas déjà des fonctionnaires, pourraient être
intégrés dans la fonction publique? Je remarque que ceux qui
répondent aux critères de plus de quatre ans, il y en a 30
actuellement. Ceux qui, dans six mois ou un an, pourraient s'ajouter, c'est 46.
Cela indique donc qu'une procédure comme celle que la commission
recommandait, cela ne suscite pas des entrées massives dans la fonction
publique. Sur une période de cinq ans, recevoir 76 personnes, c'est
moins que ce qu'on a toujours intégré depuis les débuts
sous une forme ou sous une autre. Ce qui est plus dramatique dans les chiffres
que la ministre nous a fournis, ce sont les chiffres qui correspondent au
service de zéro à un an -regardez cela - 114; d'un à deux
ans: 102. On a donc là maintenant la preuve de ce que la commission
spéciale avançait. Cela empêche le recrutement et cela fait
qu'on va assister à un taux de roulement effarant.
Qu'est-ce que ce taux de roulement va provoquer? Cela va provoquer,
d'une part, des difficultés avec l'administration publique, avec les
fonctionnaires et le personnel d'encadrement. Pourquoi? Parce que, étant
toujours en face de personnel politique nouveau, sans expérience, sans
connaissance de l'appareil de la fonction publique, cela va créer des
conflits. Ce sera une situation conflictuelle. Cela va aussi amener le fait que
les gouvernements vont peut-être être tentés de s'encadrer
de façon différente. C'est un danger qui nous guette. Les
nominations par la bande, les intégrations dans la fonction publique par
la bande. C'est peut-être à cela qu'on va assister à
l'avenir si on n'apporte pas immédiatement des correctifs.
M. le Président, je voudrais qu'il soit bien clair que je n'ai
rien à gagner quand je parle de cela. On ne peut pas m'accuser de
vouloir me monter des effectifs demain et on ne peut pas m'accuser de vouloir
m'en monter aujourd'hui non plus. Je pense que je suis le mieux placé,
justement, pour dire aux gens qui sont du côté ministériel:
Faites attention, vous êtes en train non seulement de vous enferrer, mais
de nous enferrer pour l'avenir dans une situation qui est déjà
inacceptable et qui va empirer au fur et à mesure où les mois et
les années vont s'ajouter. Je suis bien placé pour dire à
l'Opposition: Examinez cela sans partisanerie en essayant de traiter cette
question de façon différente de celle que l'Opposition du Parti
québécois dans le temps, avant 1976, a utilisés face
à certaines questions. On sait -et je n'ai rien à cacher - que le
type d'opposition que l'Opposition, de 1973 à 1976, a faite sur la
question, par exemple, du salaire des députés, des effectifs et
du personnel, cela a amené le gouvernement actuel dans une situation
dont il ne peut plus se sortir. Je dis à l'Opposition: Ne faites pas
le même genre d'erreur que l'Opposition du Parti
québécois, de 1973 à 1976, a été tenue de
faire. Réfléchissons plutôt à la question en
fonction de l'administration publique et de l'importance que, dans le cadre du
fonctionnement de cette administration publique, il y ait un lien direct et un
lien de compétence qui puissent s'exercer entre le personnel politique
et le personnel de l'administration publique.
Dans ce sens, il faut aussi bien comprendre le fonctionnement de
l'article 26 et de la loi actuelle. Que dit l'article 26? Il dit: Quand un
fonctionnaire - quelqu'un qui est déjà fonctionnaire - vient
travailler pour une période de temps X dans un cabinet politique, ce
fonctionnaire, pendant tout le temps qu'il est dans le cabinet politique, est
sur une masse salariale qui n'est plus celle de son ministère, mais qui
est celle du cabinet, selon la Loi sur l'Exécutif, je pense. Lorsqu'il
abandonne ses fonctions dans le cabinet, il retourne dans la fonction publique,
il retourne à son poste et il y a une procédure prévue
pour se faire réévaluer par l'Office des ressources humaines qui,
après cela, l'intègre dans des postes de la fonction publique.
Cela est une situation. Ma demande sera d'appliquer le même mode de
fonctionnement au personnel de cabinet qui répond aux critères
que la commission spéciale, à l'unanimité, a mis de
l'avant.
Cela va supposer, cependant, l'inclusion de cette orientation, cela va
supposer des modifications à l'article 27 et des modifications à
l'article 138 que je vais indiquer. Mon amendement pourrait se lire comme suit.
Finalement, c'est l'ajout, après 28, d'un 28.1 qui préciserait
ceci: 1 "Les membres du personnel d'un cabinet de ministre ou d'une autre
personne visée à l'article 124.1 de l'Assemblée nationale
- cela veut donc dire les leaders des partis, whips des partis et chef de
l'Opposition - recrutés à l'extérieur de la fonction
publique deviennent membres de la fonction publique après quatre
années de service de façon continue auprès d'une ou
plusieurs personnes énumérées plus haut." J'ai
marqué de façon continue pour que ce soient les mêmes
critères que ceux qui seront dans la loi pour les fonctionnaires, pour
la permanence; il va y avoir un règlement qui va définir ce que
cela sera de façon continue. Ces mêmes critères pourront
s'appliquer. 2 Lors de sa nomination, cette personne fait l'objet d'une
évaluation et se voit attribuer un reclassement par l'Office des
ressources humaines. Elle conserve ce classement aussi longtemps qu'elle est
employée dans un cabinet. 3 Le jour de sa démission, le jour de
sa révocation ou à la date et à la date où le
ministre et les personnes désignées à l'article 124 - je
ne répéterai pas toujours - cessent d'occuper leurs fonctions, le
membre de personnel de cabinet qui répond aux critères et aux
conditions prévus dans le premier paragraphe - c'est-à-dire ceux
que j'ai énumérés tantôt - peut requérir de
l'Office des ressources humaines une nouvelle vérification de ses
aptitudes. 4 L'Office des ressources humaines procède à
l'intégration de cette personne selon les modalités
prévues aux articles 26, 27, 28 de la présente loi,
c'est-à-dire que les mêmes règles qui s'appliquent pour les
fonctionnaires qui étaient dans les cabinets s'appliquent pour le
personnel politique de plus de quatre ans ayant la possibilité
d'intégrer la fonction publique.
Le fait de retenir cet amendement, M. le Président, nous
amènerait probablement à modifier l'article 27 et à
enlever la notion de "par priorité". Si je rappelle aux membres de la
commission le fonctionnement, lorsque des personnes sont
intégrées dans la fonction publique et proviennent des cabinets,
ce qui était prévu, c'est qu'elles étaient
intégrées de façon prioritaire. Dans le cas où on
retiendrait mon amendement, on enlèverait "de façon prioritaire",
cela veut dire que l'office placerait le personnel dans un ordre selon les
postes ouverts et correspondant aux classifications que l'office a reconnues
à cette personne, mais sans brimer les fonctionnaires déjà
membres de la fonction publique, déjà à l'intérieur
d'un poste à la fonction publique.
Cela nous amènerait aussi à préciser, à
l'article 138 du projet de loi qui modifie la Loi sur l'Exécutif,
à 11.5, le fait que chaque ministre, le chef de l'Opposition, le
président et les vice-présidents de l'Assemblée nationale,
les leaders du gouvernement et de l'Opposition, les whips des groupes
parlementaires peuvent nommer les personnes nécessaires au bon
fonctionnement de leur cabinet, en conservant l'article 11.6 où on dit
que les normes pour procéder à l'engagement sont
déterminées par le Conseil du trésor. Je pense, oui, que
c'est le Conseil du trésor. Cela nous ferait donc un ensemble qui serait
cohérent et qui permettrait de penser qu'on pourrait avoir un jour une
intégration du politique et de l'administratif tout en respectant
l'autonomie de ces deux secteurs d'activités.
M. le Président, j'invite les membres de cette commission
à réfléchir sur cet amendement. Je veux
réitérer que je le fais en étant assuré, à
la suite des travaux que j'ai faits avec d'autres collègues de
l'Assemblée nationale et à la suite de réflexions et de
travaux que j'ai faits par la suite, depuis deux ans, que c'est une condition
essentielle si on veut justement permettre une intégration du politique
et de l'administratif et aussi si on veut faire en sorte que l'administration
publique continue à évoluer sans se couper du milieu
politique
qui doit fixer les grandes orientations.
Je répète que je le fais en ne pensant pas de façon
partisane. Je me fous éperdument de savoir que, demain, cet amendement
pourra servir à des personnes qui auront travaillé comme
personnel de cabinet pour le Parti libéral, pour le parti vert ou pour
le parti bleu ou pour le Parti québécois. Ce qui
m'intéresse, c'est qu'on ait un mode de fonctionnement qui soit
identique pour tout le monde, qui rende justice aussi, non seulement aux
personnes qui travaillent dans des fonctions politiques, mais aussi à
ceux qui sont déjà dans l'administration publique.
Je voudrais indiquer aussi, pour désamorcer le fait que cela peut
prendre des proportions énormes, que si on appliquait cela aujourd'hui
ou d'ici un an, c'est 76 personnes au maximum, alors que le système
antérieur qu'on avait a quand même permis à un gouvernement
du Parti québécois de faire intégrer, après un an,
des personnes qui sont dans la fonction publique maintenant, parce que celles
qui étaient là au moment où la loi 50 a été
adoptée, si elles avaient un an de service, avaient la
possibilité d'être intégrées dans la fonction
publique et aussi un certain nombre de personnes qui ont travaillé dans
d'autres cabinets, soit sous le gouvernement du Parti libéral ou soit
sous le gouvernement de l'Union Nationale, quoique, ce fût en nombre
moins important parce que, comme je l'ai expliqué tantôt, ce
n'était pas une notion qui avait démarré, qui avait pris
son envol correctement. Il faudrait quand même voir les chiffres et se
rendre compte que, toute proportion gardée, il y a effectivement une
augmentation avec les années du nombre de personnes qui sont
appelées à travailler à des postes d'encadrement de
cabinet.
On remarque qu'il y en avait 545 autour des années 1975-1976,
alors qu'il y en a 627 en 1983. D'abord, il faut savoir que, dans les deux cas,
il y en a une proportion qu'on ne peut pas identifier qui sont
déjà des fonctionnaires. Pensons aux secrétaires, par
exemple, ou aux téléphonistes qui sont considérées
comme du personnel de cabinet, mais qui sont aussi de la fonction publique, qui
sont des fonctionnaires. Dans ces deux nombres, autant ceux de 1975 que ceux de
1983, il y a du personnel qui est déjà de la fonction publique,
ce n'est pas entièrement du personnel d'encadrement politique
recruté à l'extérieur. Cela peut donc diminuer aussi la
portée des chiffres, même pour ceux de 1975. Il est donc important
de resituer cela dans son contexte.
Je demanderais, M. le Président...
Mme LeBlanc-Bantey: Juste une question là-dessus. Quand
vous mentionnez les deux chiffres, c'est tout le monde, y compris les
secrétaires.
M. Bisaillon: Oui, oui. C'est cela que je disais.
Mme LeBlanc-Bantey: Non. Vous faisiez allusion au fait qu'il y
avait peut-être des gens qui ne comptaient pas dans les chiffres parce
qu'ils étaient déjà dans la fonction publique, mais c'est
tout le monde.
M. Bisaillon: Non, c'est le contraire que j'ai dit. J'ai dit que,
dans les 545, il y avait des gens qui étaient déjà des
fonctionnaires...
Mme LeBlanc-Bantey: Ah! D'accord; oui, oui.
M. Bisaillon: M. le Président, on ne disposera pas de
cette question ce soir - j'en étais fort conscient, c'est d'ailleurs
dans ce sens que j'ai voulu la présenter pour qu'on se donne le temps
d'en parler et d'en discuter -mais je demanderais à mes collègues
de la commission de continuer à réfléchir à cette
question pour qu'on puisse faire un débat. Si ce n'était pas
retenu, je voudrais bien qu'on comprenne que je n'aurai aucune rancoeur envers
chacun des membres de la commission. C'est une question qu'on se doit de
discuter ouvertement et sans faire de procès d'intention. Sauf que,
comme ce n'est pas dans le projet de loi, je dois conclure que la ministre a
déjà discuté de la question et que le Conseil des
ministres, devant lequel le projet de loi a été examiné, a
aussi disposé de cette question. J'aimerais bien d'abord savoir de la
ministre - cela ne nous donnerait rien de réfléchir de longues
fins de semaine et de longues heures sur cette question - si elle est
disposée à retourner au Conseil des ministres pour
présenter l'argumentation et nous faire part des nouvelles orientations
ou du maintien de l'orientation actuelle de la part du Conseil des
ministres.
Le Président (M. Tremblay): Mme la ministre. (17 h 45)
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, je dois avouer que le
député de Sainte-Marie a apporté un certain nombre
d'arguments qui méritent, à mon avis, d'être
regardés. J'ai déjà laissé entendre au cours du
discours de deuxième lecture que si, effectivement, je devais avoir un
voeu unanime de cette commission parlementaire autour de toute la question des
attachés politiques dans la perspective où je crois que le
député de Sainte-Marie a très bien situé le
problème, dans la perspective où il ne s'agit pas de
problème partisan, mais d'un problème qui concerne non seulement
toutes les relations entre l'administratif et le politique, mais aussi de
certains individus qui sont carrément affectés par cette
situation; compte tenu, encore une fois, d'un certain nombre
d'arguments apportés par le député de Sainte-Marie
si, au début de la semaine prochaine, mes collègues, de part et
d'autre, étaient unanimes à recommander une pareille
intégration dans la Loi sur la fonction publique, j'accepte dès
maintenant de soumettre à nouveau le problème au Conseil des
ministres.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Le problème que soulève le
député de Sainte-Marie est une question sérieuse qui
mérite une étude et une attention qui puissent
s'échelonner sur au moins quelques jours. Ce qui me frappe
là-dedans, c'est que, tout d'abord, nous avons un projet de loi qui a
été présenté par la ministre, qui a
été défendu au Conseil des ministres. C'est le projet de
loi du gouvernement à ce sujet. Le gouvernement doit nous faire des
propositions précises. Que la ministre nous dise qu'elle est prête
à soumettre cela avec recommandation favorable au Conseil des ministres
ne nous indique pas quelle est la position du gouvernement là-dessus. Au
contraire. Si nous devons nous guider sur ce qu'est le projet de loi 36, je
dois en conclure que le gouvernement a déjà pris une
décision là-dessus. Maintenant, le problème qui est
soulevé est une question que nous pourrons débattre assez
longuement.
De mon côté, j'ai eu l'occasion d'en parler avec les autres
députés du parti que je représente ici. Je serais
prêt, devant les explications qui nous sont fournies par le
député de Sainte-Marie, de représenter tout le
problème, toute la question et je ferai connaître, en temps et
lieu, ce que sera la position du parti à ce sujet. Ce que je voudrais
faire remarquer, en passant, c'est que le problème qu'on présente
comme étant un problème absolument crucial n'est peut-être
pas aussi crucial qu'on le croit, quand on considère que les personnes
qui acceptent d'oeuvrer pour les ministres et qui acceptent d'oeuvrer dans des
cabinets, et aussi du côté de l'Opposition, le font en
connaissance de cause, en connaissant les aléas de ces emplois.
L'argument est que, de la même façon qu'on permet à un
fonctionnaire qui s'en va travailler dans un cabinet de ministre de retourner
dans le ministère ou à la fonction publique d'où il vient,
on devrait avoir quelque chose d'équivalent pour permettre à
quelqu'un qui n'est pas issu de la fonction publique de pouvoir y retourner.
Cette logique voudrait plutôt qu'on oblige quelqu'un à reprendre
une personne qui n'est pas issue de la fonction publique, qui est issue de
l'entreprise privée, du secteur privé et qu'on oblige ces
personnes à être reprises dans le même type d'emploi.
Ce qu'il faut éviter de faire à tout prix, c'est de
créer des portes de côté pour l'entrée à la
fonction publique. Il faut soupeser la balance des inconvénients, voir
ce que cela implique, voir s'il est désirable que quelqu'un qui a
été appelé à travailler, et c'est normal... C'est
pour cela d'ailleurs que les cabinets politiques ont été
formés, c'est pour différencier ces gens, au niveau du travail
qu'on leur demande, au niveau de services qu'ils ont à rendre, au niveau
de l'approche générale qu'ils ont dans les fonctions qu'ils
occupent, pour les différencier des fonctionnaires, des membres de
l'administration publique qui eux sont des gens qui doivent tout simplement
exécuter, sans préférence politique et en faisant
abstraction de leurs opinions personnelles au niveau politique, sans
partisanerie, les directives, les programmes et les diverses politiques qui
sont mis de l'avant par le gouvernement, pour empêcher des
problèmes de conscience, pour empêcher qu'on ait, dans certains
cas, à demander des interventions de nature purement politique à
des gens qui, avant tout, sont des fonctionnaires, des membres de la fonction
publique.
Cela a amené la nécessité de créer les
cabinets qui se sont développés parce qu'on n'échappe pas,
avec le développement de l'État moderne à cette
nécessité que des gens soient motivés politiquement
à travailler pour des idées, pour des idéaux en
conformité avec des principes d'un parti politique ou d'un autre. C'est
une réalité.
On a voulu éviter de placer dans une situation ambiguë, pour
certaines tâches, des personnes à qui normalement on aurait pu
avoir recours pour l'exécution de ces tâches et on a, comme cela,
formé des cabinets de ministre, de chef de l'Opposition, de leader,
etc., parce qu'on voulait que les choses soient claires, qu'il n'y ait pas trop
- en tout cas, le moins possible - d'ambiguïté à ce
sujet-là.
Ce qu'il faut éviter de faire, c'est de recréer
l'ambiguïté et de créer une situation où les membres
d'un cabinet devront penser à leur retour éventuel à
l'intérieur de la fonction publique, au travail qu'ils auront à
faire avec des fonctionnaires, par définition, neutres ou sans
allégeance politique connue ou définissable, ce qui est normal
chez les fonctionnaires. Il faudra aussi éviter que ces mêmes
personnes soient obligées de tenir compte de l'éventualité
de leur départ du poste qu'elles occupent ou encore, plus simplement,
que des personnes se servent de cette façon d'entrer à
l'intérieur de la fonction publique.
Ce sont là des considérations qui valent la peine
d'être étudiées. Je ne dis pas que j'ai une opinion
déterminée ou arrêtée sur le sujet. La question va
être étudiée et, selon ce que la ministre nous dira, je
ferai connaître la position qui sera la nôtre. La ministre nous dit
que, devant le voeu
unanime de cette commission, elle s'engage à exposer au Conseil
des ministres - c'est comme cela que j'ai compris sa proposition -avec ce qui
me semble être de sa part une recommandation favorable, un amendement de
la nature de celui qui est fait par le député de
Sainte-Marie.
Quant à moi, ma position, dans le moment, est d'attendre que le
gouvernement nous fasse connaître sa position là-dessus pour ne
pas fonctionner sur la base suivante: si vous êtes d'accord, si tout le
monde est d'accord, on va vous faire telle proposition. Faites votre
proposition, mettez-la sur la table, dites-nous ce que vous voulez, dites-nous
ce que vous préconisez, on va en discuter à sa valeur, à
son mérite et on va le faire en toute ouverture d'esprit, et on ne
s'engagera pas. On ne peut pas s'engager à donner, comme cela, un
chèque en blanc, un engagement formel de quelque nature qu'il soit
à la ministre avec une proposition qui serait dans le sens d'une
intégration des membres des cabinets politiques à
l'intérieur de la fonction publique. L'Opposition serait d'accord avec
cela sans avoir vu le véritable sens de la proposition, sans être
en mesure de l'apprécier à sa juste valeur.
Ce que je souhaite vivement, cependant, c'est que la ministre nous fasse
connaître quelle est la position du gouvernement là-dessus,
à quelle enseigne il loge, ce qu'il veut faire, ce qu'il propose de
faire et là, on en discutera.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Rapidement, M. le Président, d'abord pour
remercier le député de Louis-Hébert de cette ouverture
qu'il vient de manifester en disant: On n'est pas fermé sur la question
et c'est un point qu'on va discuter, surtout qu'il va faire l'objet de
consultation et de discussion à l'intérieur de son groupe
parlementaire, ce que je trouve tout à fait normal. Il est sûr que
ce genre de position doit être discuté. J'apprécie aussi le
fait que la ministre se soit engagée à représenter cette
question au Conseil des ministres, advenant qu'on fasse une discussion qui lui
donne suffisamment d'éléments pour retourner au Conseil des
ministres; vous vous douterez bien que je n'ai pas livré l'ensemble de
mon argumentation, étant donné que je savais qu'on reprendrait
cette discussion-là un peu plus tard. Il y a d'autres
éléments que ceux que j'ai énoncés qui peuvent
être pris en compte dans toute cette discussion-là.
Je me réserve la possibilité de les discuter avec les
membres de la commission lorsqu'on reviendra sur cette question la prochaine
fois.
Le Président (M. Champagne, Mille-
Îles): Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: J'aimerais réserver mes commentaires
à la semaine prochaine, au moment où l'on fera la discussion. Si
j'ai bien compris, vous nous faites une proposition, M. le député
de Sainte-Marie, que vous laissez sur la table, pour nous laisser, pendant la
fin de semaine, à tout le monde, le temps de
réfléchir...
M. Bisaillon: C'est cela. J'annonçais, Mme la ministre, un
amendement qui sera mis sur la table officiellement quand on se reverra, la
semaine prochaine.
Mme LeBlanc-Bantey: D'accord.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): Cela irait.
Est-ce que je peux comprendre qu'on pourrait clore nos travaux pour ce soir?
Alors, la commission élue permanente de la fonction publique ajourne ses
travaux à lundi, 10 heures. Merci.
(Fin de la séance à 17 h 57)