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(Onze heures trente-cinq minutes)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la fonction publique reprend ses travaux dans le but
d'étudier article par article le projet de loi 51, Loi sur la fonction
publique.
Les membres de la commission sont: MM. Assad (Papineau), Bisaillon
(Sainte-Marie), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), M. Doyon
(Louis-Hébert), Mme Lachapelle (Dorion), M. Charbonneau
(Verchères), Mme LeBlanc-Bantey (Îles-de-la-Madeleine), MM. LeMay
(Gaspé), Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Martel
(Richelieu), Rivest (Jean-Talon), Tremblay (Chambly).
Les intervenants sont: Mme Bacon (Chomedey), MM. Blais (Terrebonne),
Caron (Verdun), Gravel (Limoilou), Dubois (Huntingdon), Gagnon (Champlain),
Hains (Saint-Henri) et Lachance (Bellechasse).
Le rapporteur à la commission est M. LeMay, député
de Gaspé.
Tel qu'entendu lors de la dernière réunion, il y avait eu
une proposition qui se lisait comme suit: Que la commission, à la
reprise de ses travaux, soit le mardi 6 décembre prochain - donc
aujourd'hui - ou à toute autre date décidée par
l'Assemblée nationale, entende M. Harguindeguy, président du
Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec, et ce, pour une
période limitée à une heure. Tel qu'entendu, nous allons
entendre M. le président du syndicat, M. Harguindeguy. Avant de prendre
la parole et de présenter votre mémoire, je vous invite à
présenter les personnes qui vous accompagnent.
M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Avant qu'on entende le président du Syndicat
des fonctionnaires provinciaux, pourrais-je me permettre de poser une question
à la ministre? Cela sera très rapide. On a été
alerté par un autre problème présenté par le
Syndicat des conseillers en gestion du personnel du gouvernement du
Québec, le problème n'est pas du même ordre. Il ne s'agit
pas que ces gens comparaissent devant la commission, mais au moins qu'ils
soient renseignés sur le cheminement de leur dossier concernant leurs
conditions de travail. Selon les renseignements qu'on a, cela aurait dû
normalement faire l'objet d'une décision du Conseil des ministres le 29
novembre dernier.
Est-ce que la ministre peut nous dire si les conseillers en gestion de
personnel se verront attribuer des conditions de travail spécifiques et
dans quels délais?
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, mon sous-ministre
adjoint aux relations de travail a rencontré les conseillers en gestion
du personnel ce matin. Je dois en discuter avec lui et avec les autres
personnes de mon ministère impliquées dans les prochains jours.
Je verrai s'il y a lieu d'aviser la commission des suites que nous entendons
donner à leurs revendications.
M. Bisaillon: Est-ce qu'il est exact que c'est actuellement
bloqué au Conseil du trésor?
Mme LeBlanc-Bantey: Je dois dire honnêtement que les gens
de ce syndicat sont entrés en contact avec le ministère lundi. Il
y a eu une rencontre ce matin. Il n'y a pas lieu de donner des informations
supplémentaires sur le dossier ce matin pour la simple raison que je
n'ai pas convoqué de réunion encore et que cela devrait se faire
dans les prochains jours.
M. Bisaillon: On y reviendra jeudi.
Le Président (M. Paré): Est-ce que cela
répond à votre question? Tel qu'entendu, la parole est à
vous, M. Harguindeguy.
Audition du président du SFPQ
M. Harguindeguy (Jean-Louis): Merci, M. le Président. Nous
tenons à vous remercier de nous donner cette dernière occasion de
nous faire entendre. À ma gauche, m'accompagnant ce matin, compte tenu
de certaines indisponibilités des membres de l'exécutif, M. Yvan
Plourde, un représentant régional de la région de
Québec; à ma droite, M. Richard Thibodeau, également un
des représentants régionaux de la région de
Québec.
J'ai également pris des dispositions à la fin du mois
dernier pour transmettre à chacun des membres de l'Assemblée
nationale une copie du mémoire. Ce matin, je n'ai pas l'intention de
faire la lecture de l'ensemble du mémoire, sachant que votre temps est
précieux, mais de m'en tenir aux points essentiels. J'imagine que vous
pourrez toujours, à la rigueur, vous y référer puisque
à compter de la page 8 et des pages suivantes, ce sont des
commentaires qui sont formulés selon les articles du projet de loi. Dans
quelques cas, nous avons certains points d'interrogation; dans d'autres, ce
sont des revendications que nous avons à vous formuler.
Si vous le voulez bien, nous pouvons débuter immédiatement
avec une certaine disposition que vous n'avez peut-être pas encore vue,
en ce qui concerne l'étude article par article. Il s'agit des droits
politiques. Cela débute avec les articles 23 et suivants. Je vous ferai
grâce du reste, j'imagine que vous l'avez déjà lu.
Au point de départ, c'est d'abord la distinction qui est faite.
On élimine le droit qu'un fonctionnaire peut avoir aujourd'hui de se
présenter à une élection fédérale; je crois
qu'il y aurait lieu de le prévoir. Autrement, les gens seraient dans
l'obligation de remettre leur démission aux fins de se présenter
comme candidat. Mais les points d'interrogation, c'est particulièrement
en ce qui concerne l'article 26 où on comprend mal le cheminement,
même si on n'est pas intéressé, mais cela peut avoir une
implication pour les membres que je représente. À l'article 26,
on prévoit qu'un employé qui travaille dans un cabinet de
ministre peut, au cours de son emploi, demander à l'office de lui donner
un avis sur le classement qu'il pourrait se voir attribuer dans la fonction
publique s'il cessait d'être employé. C'est donc un avis qu'on
donne.
A l'article 27, on prévoit quelles sont les dispositions
applicables lorsque, effectivement, l'employé cesse d'être dans un
cabinet de ministre. À l'article 28, on prévoit les dispositions
qui seront applicables éventuellement si l'Office des ressources
humaines ne peut effectuer le placement de ces employés. Puisque cela
concerne nos membres, compte tenu de la mise en disponibilité des gens
qui sont en surplus dans les ministères, ma question est la suivante:
À quel classement, d'abord, l'employé sera-t-il
éventuellement mis en disponibilité auprès de l'office?
Est-ce que c'est son classement actuel? L'article 27 prévoit que
l'office attribue un classement uniquement pour combler un emploi qui est
vacant. À défaut d'un emploi vacant, est-ce que cela sera le
classement reconnu, si on veut, en vertu des dispositions de l'article 26 ou si
c'est effectivement son classement actuel? Il me semble que le projet de loi
aurait intérêt à être plus clair dans cette
matière, parce que cela a nécessairement des conséquences
sur nos membres, chez nous, qui pourraient passer après d'autres
employés mis en disponibilité. On pourrait sûrement se
pencher sur cela.
Il y a, bien sûr, la question des recours prévus à
l'article 32. Vous avez maintenu les recours actuels, sauf qu'à
l'article 33 vous avez rajouté un aspect qui est nouveau et qui ne
faisait pas l'objet de l'avant-projet de loi; c'est la possibilité pour
la commission de refuser d'entendre un appel pour des motifs frivoles ou de
mauvaise foi. On estime qu'il y a quand même une absence de recours pour
l'employé qui se verrait rendre une décision selon l'article 33.
À moins de demander à la commission de réviser à
nouveau sa décision, il n'y a en fait aucun recours possible pour
l'employé, à moins d'un accès de juridiction, mais il n'y
a pas de motif indiqué, il n'y a pas de preuve; en fait, aucune
justification ne doit être donnée par la commission. C'est un
refus tout simplement, du revers de la main. On dit: On n'entend pas votre
appel parce qu'il est frivole; il n'y a pas d'audition; rien n'est prévu
comme tel. Il n'y a pas de possibilité même pour nos membres de se
faire représenter auprès de la commission, à moins que la
commission ne l'établisse par règlement, mais, jusqu'à
maintenant, ce n'est pas prévu.
Il me semble que cela a des conséquences pour nos membres. On
voudrait quand même que les recours soient clairement indiqués. Je
pense aussi que le pourcentage d'appels déposés, si on se fie au
rapport de l'Office du recrutement et de la sélection du personnel, pour
l'année 1982-1983, ne justifie pas un tel article. L'office, dans son
rapport, indique qu'il n'y a eu que 110 appels soumis sur 5101 candidats, soit
2,2%. Il me semble que le pourcentage n'est pas si exorbitant qu'il justifie
une telle disposition dans le projet de loi.
La partie la plus importante qui nous concerne, c'est sûrement la
dotation, à la section II. Ce sont peut-être les articles les plus
importants pour nos membres. À l'article 40 - je pense que vous avez eu
récemment l'occasion de discuter également de ce fameux sujet des
promotions qui ont été données par favoritisme - on a des
craintes que le deuxième alinéa de l'article 40 ne crée
cette possibilité de patronage puisque, contrairement aux dispositions
actuelles de la loi et de la convention collective qui nous régit, un
fonctionnaire dont l'emploi sera réévalué, ce qui
présuppose qu'on lui a donné l'attribution équivalant au
classement supérieur, pourra être promu sans qu'il y ait de
concours. À l'heure actuelle, dans les mêmes situations, si un
poste était réévalué à la hausse, il y avait
quand même une obligation de tenir un concours, donc d'y rendre
admissibles les personnes qui répondaient aux conditions d'admission.
Cela s'est déjà vu que des employés assumant des
responsabilités supérieures à leur classement n'aient pas
réussi le concours. Donc, la promotion était donnée
à d'autres personnes que ceux qui, effectivement, avaient occupé
temporairement cet emploi.
(11 h 45)
Pour nous, dans le contexte, avec les réductions d'effectif qui
surviennent, cela crée des difficultés ou des
appréhensions. Finalement, on va revenir à ce qui a existé
il y a près de 20 ans, c'est-à-dire que l'employeur pourra
choisir les personnes qu'il désire promouvoir. Dans la situation
actuelle, il y avait quand même suffisamment de restrictions dans la loi.
Je ne nie pas qu'au début de l'application de la loi 50, il y ait eu des
abus de part et d'autre. C'est vrai qu'il y a des membres qui se sont
qualifiés à des concours à l'extérieur de leur
territoire immédiat, de leur port d'attache et qui, par la suite, ont
revendiqué, en vertu de l'article 15.09 de la convention, de l'article
78 de la loi actuelle, l'attribution d'un nouveau classement. Cela avait quand
même été limité par la suite par des amendements
apportés à la loi et à la réglementation qui
prévoyaient des restrictions quant à l'admission à des
concours sur une base géographique.
Il nous a semblé que ces dispositions étaient suffisantes
pour permettre aux gens d'avoir accès à des postes
supérieurs parce que, avec les compressions budgétaires, les
réductions d'effectif et tout le reste, les promotions sont de plus en
plus rares. D'ailleurs, l'office lui-même dit que cela a
été beaucoup moins ardu que pour les années
précédentes. Pour nous, l'article 40 est un des points majeurs
qui nous laissent entrevoir l'ouverture de portes qu'on ne souhaite pas. Je
pense que, dans la fonction publique, depuis 20 ans, on a essayé
d'établir des règles équitables pour tout le monde. Nous
appréhendons que cela soit l'ouverture souhaitée par plusieurs
gestionnaires et possiblement aussi par plusieurs membres.
Quant à l'article 41, par rapport à l'article 101, nous
avons des restrictions ou des réserves. Vous avez indiqué,
à l'article 40 de l'avant-projet de loi, qu'on pouvait exiger des
conditions additionnelles pour être admissible à un concours.
Auparavant, l'article 40 de l'avant-projet de loi prévoyait que le
sous-ministre pouvait établir ces conditions. À l'article 41,
vous dites que c'est l'Office des ressources humaines qui établit ces
conditions. Malheureusement, en vertu de l'article 101, c'est un pouvoir qui
pourra être délégué au sous-ministre; cela nous fait
craindre qu'on ne revienne sensiblement aux dispositions de l'article 40 de
l'avant-projet de loi. L'office peut déléguer l'ensemble de ses
pouvoirs, mis à part trois ou quatre fonctions qu'il ne pourra pas
déléguer.
S'il y a des conditions d'admission, il faudrait qu'au point de
départ cela fasse... On ne dit pas s'il y aura un règlement en ce
sens. Je pense que l'office déterminera, mais ce n'est pas
nécessairement une réglementation prévue pour cela. On dit
que l'office a pour fonctions d'établir... Mais je ne pense pas. Il n'y
est pas. Il est marqué: "... a pour fonctions d'établir les
conditions...", mais cela peut être délégué. Cette
partie rejoint un peu les revendications formulées lors de
l'avant-projet de loi parce que cela permettra au sous-ministre
d'éliminer, a priori, une série de candidats qui pourraient
être admissibles.
Quant à l'article 48, le rangement par niveau, on sait que cela
tient au coeur de la ministre. À l'article 51, on estime qu'il devrait y
avoir une disposition qui garantirait, tout en respectant le rangement par
niveau à la suite d'un concours, une certaine équité pour
l'ensemble des membres qu'on représente. Même si, au niveau du
recrutement, vous êtes libre - je pense qu'on n'est jamais intervenu
là-dessus pour choisir qui vous voulez nommer comme fonctionnaires, nous
nous contentons de leur donner des services lorsqu'ils sont embauchés -
on vous demande dans le mémoire, au niveau de la promotion, de permettre
à l'administrateur, en fait au sous-ministre, de faire son choix parmi
les personnes de même niveau.
Pour ce qui est des concours de promotion et d'avancement de classe, on
désire qu'on tienne compte d'un critère qui serait
l'ancienneté. À notre avis, c'est celui qui donnerait le plus de
justice puisque, de toute façon, on établit que la
compétence des gens qui font l'objet d'un rangement par niveau est
relativement égale - il n'y a qu'une différence de 20 points
entre le premier et le dernier à ce niveau-là - on présume
qu'étant sensiblement compétents et ayant les mêmes
possibilités, connaissances techniques et théoriques, le seul
critère qui devrait intervenir, pour donner justice à tous, est
l'ancienneté. À l'article 51, les gens vont se retrouver sans
recours possible quant au choix qu'effectuera le gestionnaire. Même si,
jusqu'à maintenant, on a vécu avec des programmes d'accès
à l'égalité qui permettaient un tel rangement par niveau
-on n'a aucune objection à cela, on vous le dit d'ailleurs dans le
mémoire - on voudrait quand même s'assurer d'une certaine
impartialité dans les promotions qui seront éventuellement
effectuées, la loi actuelle ne permettant pas cette disposition.
Au régime syndical, là également, on aurait
souhaité qu'on fasse l'étude en même temps parce que
c'était extrêmement interrelié. On traite de nos conditions
de travail et de nos possibilités de carrière qui sont quand
même, normalement, des sujets négociables dans l'entreprise
privée. C'est vrai qu'on a effectivement rencontré le
Comité des priorités tout récemment. On lui a
indiqué notre position là-dessus: on est prêt à
prendre et les avantages et les inconvénients qui découleront de
l'application du Code du travail. Cependant, on aurait
souhaité que tout ce qui concerne nos conditions, mis à
part peut-être des changements de structure qui nous occasionne moins de
difficultés, pour tout ce qui concerne finalement les conditions de
travail, d'exercice du droit des employés, que le tout soit suspendu
jusqu'à ce que les modifications envisagées au régime
syndical soient soumises à l'Assemblée nationale.
Je pense qu'on a quand même démontré, lors de la
rencontre du Comité des priorités, jusqu'à quel point on
était prêt à modifier de façon assez importante le
régime qui prévaut. On aurait donc souhaité... On ne voit
pas l'urgence d'appliquer ces modifications tant et aussi longtemps qu'on ne
connaîtra pas ce qui nous attend au niveau du régime syndical. Je
ne sais pas non plus, on n'a pas eu d'indications, à savoir quel
était l'échéancier qui serait envisagé pour
discuter éventuellement de cette matière, mais il nous semble
quand même important, on devrait être en mesure de pouvoir traiter
du tout. On ne voit par l'urgence de légiférer
immédiatement quant au reste de nos conditions de travail sans tenir
compte de nos aspirations au niveau du régime syndical.
Pour ce qui est des structures au niveau du Conseil du trésor, la
loi ne crée pas l'obligation au conseil, contrairement au
ministère de la Fonction publique aujourd'hui, de publier les divers
règlements qu'il va adopter. On ne parle pas nécessairement de
règlements, parce qu'on parle de déréglementer, mais il y
aura quand même des politiques ou des décisions qui seront prises.
Je ne sais pas quel titre on leur donnera, mais on ne le retrouve pas dans la
loi. On sait que ce sont des décisions parce que c'est le Conseil du
trésor qui établit ceci ou cela, mais on souhaiterait, au point
de départ, que cela soit quand même rendu public, si on veut
savoir à quoi s'en tenir. Il nous semble qu'il serait important que la
loi prévoie l'obligation pour le Conseil du trésor de publier ces
choses.
Dans l'expérience qu'on vit à l'heure actuelle, il y a
quand même certaines matières dont le Conseil du trésor
détermine l'application, pour lesquelles on a de la difficulté
à obtenir des copies. Il y a énormément
d'arrêtés en conseil, de CT, de directives qui ne sont pas
nécessairement portés à notre connaissance, qui demeurent
privés. Je pense que, dans le domaine de la gestion, il devrait quand
même y avoir une certaine transparence. Le Conseil du trésor va
dorénavant obtenir les mandats quant à la classification, la
dotation, tout ce qui concerne le mouvement de personnel dans la fonction
publique. On estime qu'il serait donc important de prévoir que ces
décisions qui nous affectent soient portées à la
connaissance des personnes concernées. On dit que nul n'est censé
ignorer la loi, mais...
Habituellement, la loi est connue de tous, mais des règlements
qui en découlent - Dieu sait s'ils sont nombreux - on ne peut pas
prétendre la même chose.
Au niveau du rapport également, on a formulé certaines
recommandations quant au programme d'égalité en emploi. On estime
qu'elles devraient encore faire l'objet de négociations, même si
c'est le Conseil du trésor qui sera chargé d'établir ces
programmes. La seule obligation que vous lui créez, c'est de faire
rapport à l'Assemblée nationale une fois l'an. C'est un aspect
qui est nouveau. Lorsque nous vous avions rencontrée, Mme la ministre,
vous nous aviez indiqué que vous étiez encore en réflexion
sur ce sujet. Sauf qu'on souhaiterait que, dans ces circonstances, par la
suite, la commission parlementaire soit convoquée pour permettre aux
divers intervenants de pouvoir faire part de leurs opinions sur ce rapport. Il
n'y a rien qui prévoit qu'effectivement... Bien sûr, c'est
laissé à votre décision. L'Assemblée nationale peut
décider ou non de réunir la commission parlementaire. Je pense
que, si on veut quand même intervenir éventuellement dans ces
programmes, il serait important qu'on puisse le faire et qu'on puisse donc
éventuellement émettre notre opinion devant les membres de
l'Assemblée nationale qui auront à se pencher sur le sujet;
à l'heure actuelle, il n'y a pas cette obligation. C'est quand
même un aspect qui est nouveau.
Sur les articles 81, 82 et 83, nous avons quelques points
d'interrogation. Vous êtes revenus à la situation actuelle en
prévoyant que, dans le cas où le. Conseil du trésor
exclurait certains groupes d'employés de l'application de la loi, ils
demeurent quand même assujettis au régime syndical. Compte tenu de
cette disposition, on comprend mal qu'il faille - à moins qu'on ne
précise que cela ne s'applique qu'aux employés qui ne sont pas
assujettis - qu'en vertu de l'article 83 du projet de loi, le Conseil du
trésor détermine la rémunération, les avantages
sociaux et les autres conditions de travail des personnes dont l'emploi est
soustrait des dispositions de la présente.
Le fait de demeurer assujettis au régime syndical, quant à
nous, cela présuppose que les dispositions du décret ou de la
convention collective continuent de s'appliquer. Quant à nous, l'article
83 ne devrait donc s'appliquer qu'aux personnes qui ne sont pas couvertes par
le régime syndical. Il pourrait y avoir des nouvelles catégories
d'employés qui n'auraient jamais été syndiqués -
cela pourrait être le cas - mais il y a une certaine contradiction par
rapport à ceux qui seraient déjà couverts par l'article 81
du projet de loi.
Quant au rapport: Le Conseil du trésor fait rapport des personnes
qu'il a soustraites à l'Assemblée nationale. On souhaiterait
également que, pour les personnes ou les groupes
concernés, le rapport soit rendu disponible. Ceci n'est pas le cas
à l'heure actuelle car le tout reste à l'Assemblée
nationale. Je ne doute pas que les gens de l'Assemblée nationale seront
intéressés. Comme vous avez tellement de chats à fouetter,
je comprendrai que vous ne pouvez pas tout voir.
Au niveau des effectifs, le tout est quand même relié
à la possibilité d'exclure. Il y aurait sûrement un
objectif à viser au niveau de la réduction des effectifs. On
laisse sous-entendre parfois dans des déclarations publiques, même
à l'Assemblée nationale - c'est du moins celle que j'ai entendue
- que, depuis quelques années, on a réussi à
réduire les effectifs de façon sensible. Dans certains
organismes, on prétendait qu'on avait même réduit de 11%,
entre autres aux Travaux publics.
C'est peut-être vrai qu'il y a une certaine diminution au niveau
des employés permanents, sauf que, de façon globale, sur les
effectifs qui émargent au budget de la province, c'est peut-être
moins vrai. Nous comprenons mal, en tant que syndicat, qu'on puisse
effectivement administrer avec près de 11 000 employés
occasionnels qui sont régulièrement en emploi à chaque
période de paie; que certains employés reviennent parce que ce
sont des travaux saisonniers, cela va de soi. On ne s'est jamais opposé
au fait que, dans certains ministères ou organismes, il y ait des
périodes plus importantes que d'autres qui impliquent
nécessairement des ajouts d'effectifs. Se retrouver avec 6000
employés occasionnels à chaque période de paie qui
occupent des emplois pour, censément, des surcroîts de travail,
des projets spécifiques, etc. Il me semble que globalement, sur
près de 33 000 personnes permanentes, c'est un pourcentage passablement
élevé d'employés occasionnels.
Avec la réglementation actuelle, j'ai l'impression - j'imagine
que ce sera le Conseil du trésor, cela relève déjà
de lui actuellement - qu'il devrait y avoir quelqu'un quelque part qui se pose
de sérieuses questions sur l'utilisation qu'on fait au gouvernement de
cette catégorie d'employés. Le nombre d'employés
occasionnels, donc temporaires, qui passent à l'intérieur de la
fonction publique n'a donc plus aucun sens. Je parle seulement du nombre qui a
été effectivement payé. Cela n'indique pas encore - on est
présentement à le sortir et, un jour, on pourra vous le fournir -
le nombre de nominations qui ont pu être effectuées. Des fois, il
y a des employés occasionnels qui peuvent venir trois mois. Ils partent,
d'autres reviennent et ainsi de suite. Le nombre peut peut-être doubler
ou quintupler, on ne le sait pas. Il faut quand même tenir compte que
cela représente un coût. Quand on initie un nouvel employé,
il y a quand même une productivité qui est moindre, du moins pour
la période d'initiation. Les services ne sont pas nécessairement
les mêmes que ceux... (12 heures)
Compte tenu des lois et des divers règlements, il me semble que,
lorsqu'on parle de productivité et de meilleurs services à la
population, ce qui semble être à la base du projet de loi, on
devra également tenir compte de cet aspect pour déterminer si
effectivement il n'y aurait pas lieu de prévoir d'autres
catégories d'employés ou des effectifs différents au lieu
de faire l'usage d'employés occasionnels. Il nous semble qu'il y a une
certaine contradiction dans les objectifs qu'on vise, l'efficience et la
productivité, avec l'utilisation de cette catégorie
d'employés. Non pas que je mette en doute leur capacité ou quoi
que ce soit, mais le système fait en sorte que ce n'est sûrement
pas le moyen le plus rentable. C'est quand même drôlement
important. Je pourrai vous citer des chiffres. J'ai fait le relevé hier
des derniers six mois et, régulièrement, il y a au moins 11 000
personnes qui sont des employés occasionnels strictement dans des
catégories d'employés que nous représentons: techniciens,
employés de secrétariat, employés de bureau et ouvriers.
Il peut y en avoir à d'autres niveaux, j'imagine. Chez les
professionnels, il y en a également. Donc, c'est une main-d'oeuvre qui,
à mon sens... Quelqu'un devrait, à l'Assemblée nationale,
au moins se pencher sur le sujet, car ce sont des données qui
n'apparaissent pas, habituellement, dans beaucoup de rapports, dans aucun
rapport, je dirais, si ce n'est des effectifs permanents. Le reste est
englobé dans des enveloppes budgétaires autorisées pour
les divers ministères et, parfois, ce n'est pas toujours indiqué
que cela concerne des effectifs; ce sont des projets, des programmes, etc.
Donc, les normes sont difficilement vérifiables. Cela commence à
être un problème réel et je pense qu'il y aurait lieu de se
pencher là-dessus. Comme vous profitez de l'occasion pour modifier la
loi, je pense qu'il y a des questions à se poser à ce sujet.
Concernant l'Office des ressources humaines, nous souhaiterions que ce
soit un organisme également indépendant, qui relèverait de
l'Assemblée nationale. On vous l'a indiqué. Il y a un article
auquel on souhaiterait qu'une modification soit apportée pour clarifier
le tout. Ce sont les revendications que nous avions formulées sur le
projet de loi 12, que vous avez déjà déposé il y a
quelques années. En fait, c'est à l'article 98 du projet de loi:
Quant au placement des employés, la loi ne crée pas d'obligation
à l'office - contrairement à ce qui était prévu
dans l'avant-projet de loi, à ce qui avait également
été prévu dans la loi actuelle par des amendements - que
l'office,
dans ces cas-là, doive faire le placement selon les règles
du Conseil du trésor ou ce qui est prévu dans une convention
collective. Je vous fais aussi remarquer que, quant à ce placement, il
n'y a pas non plus de recours pour les employés qui feraient l'objet de
placement par l'office, à moins qu'ils ne soient syndiqués chez
nous; mais la loi touche aussi d'autres catégories d'employés.
D'abord, on demande qu'il y ait des règles connues pour le placement.
Donc, ce peut être celles établies par le Conseil du
trésor, qui devient le gestionnaire, ou par les conventions collectives
qui sont également négociées avec le Conseil du
trésor, afin que les membres sachent sur quelle base leur placement va
éventuellement se faire. Aussi, je pense que c'est normal qu'ils aient
un recours pour se prémunir contre la non-application de ce
règlement.
Il y a également le pouvoir de délégation. Il nous
semble qu'à l'article 100, paragraphe deuxième, l'office peut
éventuellement déléguer pratiquement tous ses pouvoirs
à l'exception de ceux qui lui sont dévolus aux articles 25, 27,
28 -l'attribution d'un classement soit pour les ex-députés ou
pour le personnel qui vient d'un cabinet de ministre - ou les paragraphes 5, 6
et 7 de l'article 97 concernant la promotion sans concours, les examens de
changement de grade et l'avis sur le classement d'une personne qui le demande,
entre autres sur la rétrogradation. Donc, tous les autres pouvoirs, les
autres fonctions de l'office, entre autres celle d'établir les
conditions de réduction du nombre de candidats, de la
vérification et de tout le reste, sont tous des pouvoirs qui peuvent,
éventuellement, être délégués.
L'expérience nous démontre que, dans le cas de concours, l'office
a effectivement délégué tous ses pouvoirs aux
ministères et organismes. Dans ces circonstances, même si l'office
délègue tout ça, cela revient à dire qu'on va se
retrouver encore avec une vingtaine de fonctions publiques, parce que tout va
être finalement décidé par le sous-ministre ou des gens de
l'organisme. On s'est opposé à une telle délégation
de pouvoirs et on estime que, dans le cas de la gestion de personnel, notamment
sur les matières qui concernent le classement et la promotion, il
devrait y avoir uniformité dans l'application. C'est pour cela qu'on
vous réitère nos demandes aux fins de limiter ces pouvoirs de
délégation. Le seul pouvoir qu'on estime pouvoir être
délégué pour des questions pratiques et aussi
économiques - c'est d'ailleurs l'un des buts poursuivis par la loi
-c'est la tenue des concours. On voudrait que ce soit fait selon, bien
sûr, les règles établies par l'Office du recrutement.
Quant à la Commission de la fonction publique, il y a une seule
demande qu'on a à formuler et qui avait déjà
également été formulée. Cela tient compte d'une
situation qu'on ne règle pas. La commission n'a pas le pouvoir de
régulariser des situations qu'elle a établies comme étant
contraires aux dispositions de la loi et des règlements. Il y a un cas,
entre autres, où cela fait déjà presque un an qu'on fait
des démarches partout. La commission a établi que la
titularisation de ces employés avait été contraire aux
dispositions de la réglementation en vigueur et le ministère -qui
est en plus le ministère de la Justice -n'y a pas donné suite. On
envisage de prendre des procédures judiciaires.
Il nous semble que, dans un domaine de gestion, de relations de travail
- le terme le dit; "relations de travail", cela présuppose
déjà une certaine ouverture d'esprit - on devrait au moins, au
point de départ, appliquer les recommandations qui sont là. Sauf
que personne n'a ce pouvoir. La commission n'a pas le droit d'imposer sa
décision à quelque ministère que ce soit. Même si
elle est là pour étudier les plaintes qui sont formulées
et qu'elle doit même faire rapport à l'Assemblée nationale,
la liberté de suivre ou non les recommandations est quand même
laissée à l'arbitraire des ministères ou des organismes.
Il nous semble que, dans ces circonstances, la commission devrait pouvoir
être considérée comme étant un tribunal qui tranche
à un certain moment dans l'application, à savoir si c'est
conforme ou non, si c'est en conformité avec la loi ou les
règlements en vigueur. Sans quoi on se retrouvera encore dans la
même situation que celle qui prévaut actuellement.
Pour ce qui est aussi de l'article 134, on a une certaine revendication
à formuler, qui est peut-être nouvelle mais qui tient quand
même compte d'un autre projet de loi qui est présentement
débattu aussi devant l'Assemblée nationale, le projet de loi 18,
Loi sur la Société immobilière du Québec. On a
déjà formulé certaines recommandations sur ce point. Je
pense que vous les connaissez, je n'y reviendrai pas. On les fera
peut-être en d'autres lieux sur le projet de loi 18. Mais l'article 134
reconduit essentiellement, si on en fait les concordances pour tenir compte des
modifications de structure dans le projet de loi, à l'article 1,
troisièmement, du Code du travail au niveau de la détermination
de ce qui peut être considéré comme étant un
fonctionnaire confidentiel. Sauf que, jusqu'à présent, le
principe qui a été à la base de cette définition
est que ces employés étaient impliqués dans un processus
de relations de travail, donc, pouvaient prendre connaissance des dossiers qui
concernaient les employés. Ils étaient impliqués
directement dans l'application de la loi ou des dispositions des conventions
collectives. Sauf que, avec le projet de loi 18, il est probable que,
particulièrement, le service d'appro-
visionnement du ministère des Travaux publics soit
transféré au Conseil du trésor pour continuer à
assumer les responsabilités qui lui sont propres. Or, si l'on regarde
les dispositions du Code de travail, l'article de loi, automatiquement, ces
personnes pourraient devenir ou être considérées comme
étant non syndicables. Lorsqu'on demande ce qu'est un fonctionnaire
confidentiel, on dit que c'est un fonctionnaire du gouvernement dont l'emploi
est d'un caractère confidentiel. Tel est l'emploi, comme on le dit
brièvement dans le troisièmement, d'un fonctionnaire du Conseil
du trésor. Ce qui fait que, finalement, si ces personnes étaient
rattachées au Conseil du trésor, le ministère, en fait le
gouvernement, serait justifié, en vertu de l'application de la loi, de
les considérer comme étant non syndicables.
Éventuellement, cela pourrait aller plus loin et pourtant ce n'est quand
même pas, essentiellement, le critère de confidentialité
qui était à la base de cet amendement au Code du travail. On a
déjà eu gain de cause dans un cas, en vertu de l'ancienne loi -
mais elle avait été modifiée pour nous le faire perdre -
au sujet d'employés qui travaillaient dans un certain service du
personnel. C'est pour cette raison que je voudrais protéger les quelque
400 personnes qui peuvent être concernées strictement par le
projet de loi 18. Il peut possiblement y en avoir d'autres.
L'une des dernières revendications que nous avons à vous
formuler concerne l'article 151. Nous avions déjà indiqué
également que nous vivions une situation similaire. Parmi les
occasionnels qui sont à l'emploi, il y en a quelques-uns qui
répondraient possiblement aux critères du premièrement et
du deuxièmement de l'article 151, sauf que nous n'avons pas eu de
comité conjoint formé à cette fin pour identifier de
façon paritaire le statut de ces personnes. On souhaiterait que
l'article 151 soit plus ouvert, dans le sens qu'il puisse permettre de
façon générale à des occasionnels qui pourraient
être identifiés par un comité conjoint et qui
répondraient aux critères du premièrement et du
deuxièmement de l'article d'être nommés sans que cela
implique nécessairement un amendement éventuel à la Loi
sur la fonction publique. Sans quoi, si vous l'adoptez telle quelle, si on
identifie les situations identiques, on sera dans l'obligation de faire un
nouvel amendement au projet de loi. Je pense que c'est le genre de situation
qui pourrait se régulariser assez rapidement.
Le dernier point, finalement, est l'article 158. Vous créez
dorénavant l'obligation au Conseil du trésor de faire rapport
à l'Assemblée nationale, au plus tard dans les cinq ans, de
l'application de la loi, pour pouvoir en discuter au mérite, continuer
ou pas ou apporter des modifications.
On a déjà vécu une certaine exprience au niveau du
gouvernement, parce que la première Loi sur la fonction publique a quand
même été préparée à la suite de
travaux d'un comité législatif qui était un comité
paritaire. Comme cela concerne la gestion où, en fait, les associations
syndicales sont drôlement impliquées dans tout le processus, il me
semble qu'il serait de mise que ce soit le Conseil du trésor, mais
qu'avant il y ait un comité de formé et qui comporterait des
représentants d'associations syndicales impliqués dans le
processus de gestion. On avait également indiqué la
dernière fois, lorsqu'on a comparu en commission parlementaire, non pas
pour le projet de loi parce qu'on a été consultés par la
suite, mais que l'avant-projet de loi avait été
déposé sans consultation au préalable des syndicats. Je ne
parle pas d'être consulté préalablement aux membres de
l'Assemblée nationale sur le texte ou le contenu du projet de loi, mais
il nous semble que, sur les orientations, il serait sûrement possible de
pouvoir discuter à l'intérieur d'un comité. Cela
éviterait d'abord de nous entretenir aussi fréquemment qu'on le
fait sur des aspects qui pourraient se régler avec les fonctionnaires
qui vont nécessairement faire les travaux.
J'imagine que ce rapport va être préparé par les
fonctionnaires qui vont faire un rapport d'étapes. Il me semble que les
associations syndicales, tout comme les gestionnaires, seront impliquées
dans le processus. Il faut que les représentants d'associations
syndicales puissent également être impliqués dans ce
processus, pour au moins vous donner, au point de départ, une vue
d'ensemble de la compréhension que peuvent avoir chacun des
intéressés. C'est essentiel. Vous avez, aux pages 8 à 15,
les recommandations que nous formulons quant au projet de loi
déposé. Je vous remercie.
Le Président (M. Paré): Je vous remercie beaucoup.
La parole est maintenant à Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Merci, M. le Président. Je veux
remercier les représentants du Syndicat des fonctionnaires d'être
ici ce matin. Je ne les remercierai pas trop chaleureusement, parce que, tel
que je les connais, ils vont revenir dans deux jours. Le moins que je puisse
dire, c'est que M. Harguindeguy et son exécutif ont de la suite dans
leurs idées. J'espère qu'ils pardonneront aussi à la
ministre d'avoir autant de suites dans ses idées, dans certains cas.
Je vais tenter de reprendre point par point l'ensemble des
problèmes qu'a soulevés M. Harguindeguy. Il en a soulevé
une bonne vingtaine dont certains sont dans la lignée des
premières représentations qu'il a faites et d'autres qui sont
nouveaux, compte tenu
du projet. Je trouve que c'est normal aussi, quand ils les ont vus,
d'arriver avec des propositions d'amendements.
Le premier point était que vous n'êtes pas d'accord... Je
suis convaincu que le député de Louis-Hébert vous donnera
un appui non équivoque sur le nouveau projet qui prévoit qu'on ne
donne pas les mêmes privilèges à nos fonctionnaires qui
décideraient de se porter candidats à une élection
fédérale plutôt qu'à une élection
provinciale. La logique, qui était et qui est toujours derrière
cela, est qu'il m'apparaît qu'à nos fonctionnaires de
l'État du Québec, en tant que tels, compte tenu de leurs
responsabilités vis-à-vis de cet État, de leur
loyauté et de leur allégeance, il est normal qu'on leur donne un
certain nombre de privilèges s'ils veulent participer à des
élections et, bien sûr, dans ce sens, qu'on élargisse si
possible le bassin de candidats possibles pour des élections
provinciales. Par ailleurs, il m'apparaît que la même logique ne se
défend pas du côté du fédéral.
Dans ce sens, je n'ai pas cru bon de retenir jusqu'à maintenant
les propositions ou les demandes qui nous avaient été faites.
C'est une question que je vous pose parce que j'ai pris la peine, à la
suite des dernières commissions parlementaires, de relire les
dispositions qu'il y a dans les conventions collectives. Il m'apparaissait
qu'à cet égard - et votre convention en particulier - elles
étaient extrêmement généreuses - vous allez le
reconnaître - sur les possibilités de congés sans solde,
etc., pour des fonctionnaires qui voudraient participer, non seulement à
une élection provinciale, mais aussi à une élection
municipale ou scolaire; en fait, tout le dossier des charges publiques. Si ma
mémoire est bonne, il y en avait une demi-douzaine de pages dans vos
conventions qui prévoyaient ce genre de situation. Cela m'est apparu
suffisamment détaillé pour permettre à un fonctionnaire
qui voudrait se présenter sur la scène fédérale, en
vertu d'une convention collective, de revendiquer un congé sans solde et
de s'assurer un certain nombre de protections. (12 h 15)
Vous avez fait allusion à deux ou trois articles qui concernent
les fonctionnaires membres de cabinets. Je vais examiner plus
précisément les inquiétudes que vous avez. Je vous dirai
simplement ceci. Au moment où on se parle, à ma connaissance, il
y a eu certains amendements qui ont été apportés pour
prévoir que l'expérience d'un fonctionnaire dans un cabinet
puisse être reconnue. Ce n'est pas de tradition de reconnaître
l'expérience d'un membre de cabinet. Par ailleurs, il se peut fort bien
qu'une personne travaillant dans un cabinet acquière une
expérience qui lui vaille une nouvelle déclaration d'aptitudes
pour lui donner un classement qui soit supérieur à celui qu'elle
a lorsqu'elle arrive dans un cabinet. Cela m'apparaît tout à fait
normal qu'on prévoie ce genre de dispositions. C'est toujours dans des
dispositions de compétence et d'équité envers eux, ce qui
n'est pas nécessairement le cas actuellement, et d'équité
envers les autres membres qui composent la fonction publique.
J'ai compris que vous vous opposiez à une nouvelle disposition
que nous avons dans la loi, qui est le droit pour la commission de refuser un
appel qui serait frivole, superflu ou de mauvaise foi. Cette disposition a
été mise dans la loi. Pour être très juste et
très honnête, on y avait pensé, mais il y a, me
semble-t-il, un groupe ou deux qui nous ont fait la demande lors des audiences
de la commission parlementaire. Si ma mémoire est bonne - je ne sais pas
si mes collègues se le rappellent - les conseillers en gestion du
personnel, entre autres, nous avaient demandé d'introduire une
disposition comme celle-là. Cela ne m'apparaît pas
exagéré dans la mesure où je me dis: Si la commission juge
qu'un appel est frivole, vexatoire ou superflu, il est clair que, même si
elle n'a pas le droit de refuser l'appel, le jour où elle va entendre la
preuve du plaignant, j'imagine qu'elle va en arriver à la même
conclusion, c'est-à-dire que c'était frivole, que c'était
superflu et qu'il n'y a pas lieu de rétablir les faits de la
façon dont le plaignant le demande. C'est une disposition qui peut
permettre une économie de temps et d'argent et qui peut permettre
à la commission de s'attarder véritablement aux appels qui
méritent d'être entendus et qui méritent des
rectifications.
Vous êtes toujours contre l'article 40. Sur cela, vous avez
beaucoup de suite dans les idées. Vous refusez qu'on puisse faire de la
promotion. Je vais le relire pour me rappeler les dispositions exactes. Les
réévaluations à la hausse, je m'en excuse... On avait mis
ces dispositions et plusieurs personnes avaient reconnu que c'était tout
simplement admettre une situation de fait et qu'il y avait, de toute
façon, toutes sortes, entre guillemets, de "gamiques" qui se faisaient
dans les ministères pour en arriver au même résultat et
qu'il était mieux de prévoir une disposition.
Par ailleurs, à la suite de nombreuses représentations,
nous avons prévu que cela se ferait à la suite d'un
règlement de l'office; alors, cela ne se fait pas de n'importe quelle
façon. C'est l'office lui-même qui va donner une
déclaration d'aptitudes. On verra ce que vous avez à dire sur
cela, mais il m'apparaît que c'est un maximum de garanties et que cela
n'ouvre pas la porte trop grande à des supérieurs qui voudraient
favoriser certains fonctionnaires au détriment d'autres.
Vous êtes contre l'idée que les conditions d'admission
prévues par l'office
puissent être déléguées. Par ailleurs, c'est
tout le sens du projet de loi. Nous avons un projet de loi orienté vers
la délégation, la responsabilisation. C'est vrai que cela peut
donner lieu, à certains endroits, à des abus ou encore à
des irrégularités, mais, quand l'office donne une
délégation, si, après vérification, il
s'aperçoit qu'il y a des gestionnaires qui abusent de ces
délégations ou qui les assument d'une façon qui ne
correspond pas aux objectifs visés, l'office peut reprendre sa
délégation n'importe quand. Encore là, cela
m'apparaît suffisamment précautionneux pour que nous puissions
laisser une disposition comme celle qui est prévue, afin de laisser aux
ministères qui font leur travail correctement et qui demandent de
prendre plus de responsabilités de pouvoir le faire. Quant à ceux
qui abuseront, l'office, naturellement, reprendra les
délégations. Pour reprendre une expression que tout le monde
connaît, il leur apprendra à vivre.
J'en arrive au fameux rangement par niveau. Là-desssus, vous avez
raison, je suis aussi têtue que vous. Je pense que vous avez quand
même cheminé un peu, dans la perspective où vous nous
dites: Au recrutement, finalement, pour les programmes d'accès à
l'égalité, on peut comprendre. Mais vous venez nous dire:
À la promotion, ce n'est plus correct, cela devrait se faire tout au
moins par ancienneté. Je vous dis qu'après deux ans et demi
d'expérience des programmes d'accès à
l'égalité à la fonction publique, je crois que c'est au
contraire par le biais de la promotion qu'il y a véritablement lieu de
rétablir une équité, tout au moins pour les femmes qui
sont en très grand nombre dans la fonction publique. Le problème
des femmes dans la fonction publique, ce n'est pas un problème de
quantité ou d'ordre numérique, c'est un problème de femmes
qui sont confinées dans des tâches hiérarchiquement
inférieures, en très grande majorité, comparativement aux
hommes. Si on veut véritablement donner une chance à ces femmes
de progresser dans les structures hiérarchiques, c'est bien plus par la
promotion que par le recrutement. Vous venez me dire: À la promotion,
quand on fait du rangement par niveau, cela devrait être par ordre
d'ancienneté. Mais, pour reprendre l'expression de mon chef de cabinet
bien-aimé, que tout le monde connaît finalement: Les plus
anciennes des femmes sont des mâles. Des mâles, bien sûr,
compte tenu de l'ensemble des choses qu'on a déjà dites,
francophones, considérés comme étant en parfaite condition
physique. Dans ce sens, il m'apparaît que la recommandation que vous nous
faites va tout à fait à l'encontre des perspectives que, quant
à moi, je dégage actuellement, après deux ans et demi
d'expérience et de bilan des programmes d'accès à
l'égalité, pour faire avancer justement la cause de la condition
féminine dans la fonction publique ou des autres groupes qui sont
traditionnellement sous-représentés.
Quant à moi, pour le moment, mon cheminement n'a pas
évolué là-dessus. J'aime autant être très
franche pour ne pas vous laisser trop d'illusions quant à la
réaction que j'ai à votre suggestion.
Quant au régime syndical, vous avez admis qu'il y avait eu des
rencontres avec le Comité des priorités. Vous lui avez d'ailleurs
fait des propositions. Je dois vous dire que, dans votre proposition, je vous
ai trouvé correct tout au moins quand vous revendiquez le même
régime syndical que le secteur privé et que vous êtes
prêt à en assumer non seulement les avantages mais aussi les
inconvénients. Je pense que c'est une position cohérente qui se
défend. On verra ce que le Comité des priorités
décidera d'en faire et vous aurez certainement l'occasion, au cours des
prochains mois, de cogner sur le clou et de tenter de le convaincre.
L'échéancier qui est prévu, à ma connaissance, pour
tout l'ensemble, finalement, de la réforme des négociations dans
le secteur public et parapublic, c'est l'automne 1984. Si le Comité des
priorités devait retenir certaines de vos suggestions, j'imagine que
vous en auriez des nouvelles d'ici à la fin du printemps, pour que l'on
puisse déposer un projet de loi à l'automne.
Vous demandez que les politiques du Conseil du trésor soient
publiées. Dans votre mémoire, vous faites allusion au fait que
cela devrait être par le biais de la Gazette officielle. Quant à
moi, je ne suis pas convaincue que cela soit le meilleur biais. La Gazette
officielle, c'est finalement un moyen de diffusion à l'ensemble du
public et les politiques de gestion du Conseil du trésor
intéressent plus particulièrement non seulement les gestionnaires
- je le conçois -mais les syndiqués aussi. Par ailleurs, à
ce qu'on me dit, les politiques du Conseil du trésor sont
déjà actuellement toutes enluminées, si vous me permettez
l'expression, et elles sont disponibles à tous ceux qui en font la
demande. On m'a même dit qu'on avait la conviction que, de toute
façon, votre syndicat avait certainement la brique qui contient
actuellement les politiques du Conseil du trésor. On prétend que
votre inquiétude est non fondée parce que, entre autres, mon
collègue me disait qu'il avait lui-même déposé
l'ensemble des politiques, entre autres à la commission des engagements
financiers. Je ne sais pas s'il y avait des collègues qui sont ici
autour de la table, mais paraît-il qu'elles sont disponibles.
L'égalité en emploi. Vous remarquez qu'effectivement, on a
quand même fait un autre bout de chemin depuis l'avant-projet de loi qui
oblige le Conseil du trésor à déposer
à l'Assemblée nationale chaque année le bilan des
résultats. Cela m'apparaît très important dans la
perspective où j'espère bien que l'Assemblée nationale,
quand elle aura à chaque année le bilan des programmes
d'accès à l'égalité, sera fort bien outillée
pour, effectivement, relancer le Conseil du trésor, l'aiguillonner et,
en même temps, replacer les choses dans une perspective plus
équitable, s'il y a lieu, contrairement à ce qui existe
actuellement où, finalement, c'est tout simplement le gouvernement qui
fait rapport des programmes d'accès à l'égalité
sans que l'Assemblée nationale soit nécessairement saisie des
données de ces programmes.
Il faut dire qu'il y a aussi un bout de chemin qui est important,
même s'il ne va pas aussi loin que certains groupes l'auraient voulu, qui
oblige le Conseil du trésor à consulter la commission des droits
dans la préparation de ces programmes. Si le Conseil du trésor
est obligé de consulter la commission des droits pour la
préparation de ces programmes, il va devoir lui donner suffisamment
d'information pour que la commission des droits, qu'elle soit d'accord ou non,
puisse à l'occasion de son rapport annuel, de la même façon
qu'elle le fera pour l'ensemble des autres entreprises de notre
société, se prononcer sur l'efficacité des programmes
d'accès à l'égalité dans la fonction publique.
On en arrive au problème des occasionnels. Vous avez
mentionné qu'il y avait un nombre beaucoup trop important d'occasionnels
et cela ne vous semble pas normal. Ma position là-dessus est la
suivante: Je pense qu'il y aura toujours un besoin d'occasionnels dans la
fonction publique. Qu'on pense, par exemple, aux ouvriers de voirie ou autres,
c'est une nécessité. Par ailleurs, il se peut qu'effectivement il
y ait eu des abus dans certains ministères quant à l'utilisation
des employés occasionnels. Je crois qu'il y a eu une certaine cloche
d'alarme sonnée au Conseil du trésor. Au ministère de la
Fonction publique, on a eu l'occasion de faire certaines représentations
et j'ai l'impression qu'une disposition comme celle qu'on a dans le projet de
loi, qui prévoit qu'après cinq ans, certains employés avec
lesquels nous nous sommes entendus et qui sont à des postes permanents
soient réintégrés, je crois que cette
disposition-là commence à faire réfléchir les
ministères sur l'utilisation qu'ils font des emplois occasionnels et,
dans certains cas, il faut le reconnaître, une utilisation abusive.
Pour demeurer sur le même sujet, vous nous avez aussi
demandé d'avoir une ouverture d'esprit certaine quant aux occasionnels
qui se trouveraient dans la même situation que ceux du syndicat de
professionnels et sur laquelle on s'était entendu. C'est clair qu'on va
continuer à en discuter et que, paritairement, nous nous entendrons pour
donner à vos employés qui sont à des postes permanents
depuis cinq ans et plus les mêmes droits que ceux que nous donnons aux
employés professionnels.
Vous reprenez toute la question de l'office, de l'Assemblée
nationale, du gouvernement. Nous croyons sincèrement, compte tenu des
responsabilités nouvelles dévolues à l'office, que
beaucoup de ces responsabilités sont davantage des
responsabilités qui doivent être du ressort gouvernemental. Dans
ce sens-là, il est tout à fait logique que l'office
dépende du gouvernement. Je sais que c'est une disposition qui n'est pas
acceptée par un certain nombre de groupes - j'imagine que mes
collègues auront l'occasion d'en rediscuter - mais, quant à nous,
cela nous apparaît tout à fait cohérent dans la suite du
projet de loi. Il y a toute la question de la délégation de
l'office. Encore là, c'est vrai que beaucoup de responsabilités
peuvent être déléguées, mais cela nous semble aller
dans la cohérence poursuivie par le projet de loi de donner de plus en
plus de responsabilités aux ministères. Bien sûr qu'en
conséquence, les ministères devraient rendre des comptes. C'est
tout un ou tout l'autre. Comme je l'ai dit à plusieurs reprises: ou on
réglemente et on prévoit tous les endroits où il pourrait
y avoir discrétion abusive ou, au contraire, on fait confiance aux
ministères et on va corriger là où il y a des situations
abusives. Je crois que, dans ce sens-là, la cohérence de la
délégation de l'office est la cohérence du projet de loi.
Je crois qu'on a quand même, par rapport à l'avant-projet,
tenté de cerner certaines dispositions pour éviter d'ouvrir des
portes trop grandes. On verra d'ici à la fin de la commission, mais je
vois difficilement comment on pourrait aller plus loin sans entacher ou
démolir toute la volonté d'imputabilité qu'il y a dans ce
projet de loi. (12 h 30)
Vous nous faites une suggestion sur la Commission de la fonction
publique. Vous voudriez qu'elle puisse régulariser les situations. Vous
avez mentionné un cas. Si vous me le permettez, je vais vous poser une
question. Généralement, quand la commission rend une
décision ou quand elle fait une enquête, est-ce que les
ministères, vis-à-vis de la décision de la commission de
régulariser la situation, tout au moins de la décision de la
commission sur les faits qui sont invoqués devant elle, en tiennent
compte ou si c'est l'inverse? Vous mentionnez un cas. Si c'est un cas sur
quelques centaines par année, de la même façon qu'on s'est
dit qu'on ne va pas tout réglementer pour prévoir un cas qu'on
ira corriger en temps opportun s'il y a lieu, de la même façon je
me dis: II n'y a peut-être pas lieu de prévoir la disposition que
vous
nous demandez. Je vais vous laisser parler là-dessus, à
savoir si c'est d'ordre général ou d'ordre particulier.
Quant aux fonctionnaires confidentiels, toute la problématique
sera analysée dans la perspective de la révision du régime
syndical, s'il y a lieu. La seule chose que je peux vous dire là-dessus,
c'est que vous avez fait allusion à certains fonctionnaires des Travaux
publics qui iraient au Conseil du trésor. Je peux vous dire dès
maintenant qu'on va regarder les recommandations que vous nous faites et on
verra s'il y a lieu d'éviter d'ajouter des fonctionnaires dits
confidentiels pour le moment.
Je termine en disant qu'effectivement vous faites une recommandation
pour le prochain ministre qui sera responsable de l'application de cette loi.
Vous comprendrez que je ne peux prendre d'engagement en son nom. Je dois dire
tout de suite à mes collègues qu'on s'est entendu pour qu'il
vienne en commission parlementaire quand il s'agirait de discuter des pouvoirs
du Conseil du trésor et de ses responsabilités. Par ailleurs, je
vous soulignerai que c'est vrai que l'avant-projet n'avait pas fait l'objet de
consultations mais je dois vous dire que, s'il y a eu un avant-projet, c'est
justement parce que, vu que le contexte - qu'on ne reprendra pas ici - et, en
même temps, les disponibilités de temps n'avaient pas fait que
nous ayons pu vous consulter avant de faire ce dépôt à
l'Assemblée nationale, nous avons choisi de faire un avant-projet pour
permettre que le projet de loi reflète certaines de vos
préoccupations. Je crois que vous admettrez que, dans le projet de loi,
il y a un certain nombre d'amendements qui découlent directement des
revendications qui nous avaient été faites par le Syndicat des
fonctionnaires. J'ai parlé longuement, mais c'est terminé.
Le Président (M. Paré): La parole est à
vous, M. Harguindeguy.
M. Harguindeguy: Merci, M. le Président. Pour
répondre à la question précise de Mme la ministre, c'est
vrai que, généralement, les recommandations de la commission sont
respectées, sauf qu'on fonctionne un peu comme vous. On fonctionne avec
des exceptions qu'on ne règle pas. J'ai des situations - que je n'ai pas
notées - où la commission avait pris certaines décisions
pour rendre des concours illégaux. On a réglé le
problème parce que le ministère a aboli le poste et a dit: On
n'en fait plus de concours; comme cela, il n'y aura pas de problème.
Cela s'est réglé aussi. Si on considère que la
décision de la commission a été respectée, je serai
obligé de dire qu'il y a plus d'un cas parce que c'est arrivé
assez fréquemment, du moins à trois ou quatre reprises.
Dans le dernier cas, on a justement la preuve que la
délégation de pouvoirs que le projet de loi veut faire pour le
sous-ministre et les gens de l'organisme va peut-être prêter
à des abus. À l'heure actuelle, en tout cas, la Régie des
permis d'alcool, malgré qu'elle n'en ait pas le pouvoir, a quand
même déjà titularisé certains employés
à des postes supérieurs. La commission avait établi que
c'était contraire au règlement. Il n'y a aucune situation qui n'a
été modifiée depuis ce temps. Imaginez-vous, quand les
ministères et organismes auront ce pouvoir officiellement, à quoi
on pourra s'attendre.
Ce sont là nos craintes à l'heure actuelle. C'est pour
cela qu'on a soumis certaines recommandations quant à des
précautions qu'on devrait prendre dans l'application de la loi parce que
je pense qu'on prend un virage assez important par rapport à la
situation actuelle. J'ai l'impression qu'on va peut-être vivre certains
problèmes particuliers qu'on n'aura pas eu le temps de prévoir si
on prend tout cela en même temps. Il me semble que c'est un changement
assez radical qui est opéré par le projet de loi 51.
Quand même, je voudrais aussi me permettre... Il y a une
précision drôlement importante que je me sens le devoir de faire
parce que j'ai l'impression qu'on ne se comprend peut-être pas
mutuellement. On n'a absolument rien contre les programmes d'accès
à l'égalité, c'est-à-dire permettant la nomination,
dans des programmes spécifiques pour les femmes, les communautés
culturelles ou les handicapés, et favorisant, mais à
l'intérieur de concours de promotion, cette catégorie de
personnes - on dit cela à la page 11 du mémoire - sauf que votre
rangement par niveau tel que proposé, avec la possibilité
à l'article 51 de faire la nomination au choix, va également
s'appliquer - c'est là qu'on revendique que, dans le cas de promotions,
on tienne compte de l'ancienneté - à des concours où vous
aurez seulement des hommes ou seulement des femmes. Il n'y aura pas d'autres
catégories de personnes qui vont être là. Vous aurez
peut-être seulement les handicapés. Dans ce cas-là, c'est
peut-être exagéré. Prenez les employés de
secrétariat, vous avez de forte chance que les candidats qui vont
être là seront des femmes. À l'heure actuelle, ce n'est pas
un concours qui se tient en vertu d'un programme d'accès à
l'égalité. Or, avec le projet de loi tel qu'il est
formulé, vous allez permettre aux gestionnaires de faire les choix parmi
seulement des femmes. À l'inverse, si vous avez un concours d'ouvriers
de voirie où, généralement, ce sont seulement des hommes
les chances sont bonnes que ce soit seulement cela - là aussi le
gestionnaire va pouvoir faire son choix. Ce qu'on revendique, dans ce
cas-là, s'il y a le rangement par
niveau, c'est qu'on tienne compte de l'ancienneté. Vu qu'on a
établi qu'il y avait un nombre X de personnes dont la compétence
était relativement égale, on estime qu'une décision
impartiale pourrait être prise si on tient compte dans ces cas-là
de l'ancienneté.
Quand vous avez des programmes d'accès à
l'égalité où, au gouvernement, dans certaines
catégories d'emplois, cela ne correspond pas à la moyenne
reconnue au Québec, en fait les critères actuels, que vous teniez
un concours en vertu d'un des programmes d'accès à
l'égalité pour favoriser la promotion des femmes, on ne
revendique pas dans ce cas-là qu'on tienne compte de l'ancienneté
pour nommer un homme. On est d'accord avec le principe que, dans ces
cas-là, on applique la procédure actuelle.
Lorsque vous aurez d'autres concours, qu'est-ce qui vous donne plus la
garantie que... Si vous avez un concours qui n'est pas un concours en vertu
d'un programme d'égalité en emploi, un concours de technicien en
administration entre autres, vous pouvez avoir quatre hommes et quatre femmes
au premier niveau. La loi, à l'heure actuelle, ne nous donne pas plus la
garantie que nécessairement le gestionnaire va nommer une femme,
même si elle est au premier niveau. Vous lui laissez le libre choix. Il
peut aussi bien prendre un homme qu'une femme. À moins de dire que,
dès le moment où il y aura tant de candidats d'un tel sexe, c'est
un programme d'accès et on favorise cela. Je pense qu'il faut quand
même regarder cela dans son ensemble. L'application qui va en être
faite concernera tous les genres de concours, indépendamment des
catégories de personnes qui vont être déclarées
aptes. On estime que là, c'est drôlement dangereux.
J'ai aussi parlé de la réévaluation à la
hausse. On verra et on essaiera de vous suivre à la trace, car on est
assez persistants dans ce domaine. On va sûrement se faire un inventaire
pour se situer un peu d'ici quelque temps, voir un peu l'expérience
qu'on aura vécue. On va sûrement se préparer pour le
rapport dans cinq ans.
Je voudrais peut-être vous faire quelques remarques en terminant.
Je ne veux pas revenir sur chacun des aspects que vous avez touchés, Mme
la ministre. Je pense que notre mémoire est là et qu'on peut
sûrement diverger d'opinion. Je voudrais seulement dire qu'au niveau des
élections fédérales - non pas que j'aie des ambitions
politiques, je n'en ai pas, à quelque niveau que ce soit - le
décret ne permet pas à l'heure actuelle à un membre
d'avoir un congé sans solde pour une élection
fédérale. C'est vrai qu'on a une énumération de
postes au niveau municipal, scolaire, des associations, etc., au Québec,
dans toutes les corporations de ce genre. Sauf qu'à l'heure actuelle,
pour une élection fédérale, c'était la loi qui nous
donnait ce droit d'avoir un congé sans solde. On peut difficilement
obtenir un congé sans solde pour se présenter comme candidat
à une élection fédérale en justifiant sa
candidature à une élection municipale. Cela ne pourrait pas
fonctionner.
D'autre part, l'article 31 du décret prévoit que vous
pouvez obtenir un congé sans solde et c'est vrai. C'est pour un motif
jugé valable par le sous-ministre, ce qui est quand même une
décision unilatérale. C'est lui qui évalue si, oui ou non,
il l'accorde. Donc, ce n'est quand même pas un droit comme cela l'est
dans la loi actuelle. C'est secondaire. Si c'était seulement cela, il y
aurait peut-être moins de fonctionnaires québécois qui
auraient des ambitions politiques au fédéral. Ce serait
peut-être une bonne chose. C'est secondaire.
Il y a des points plus importants et je vous demanderais de tenir compte
un peu plus de nos revendications. C'est réellement ressenti par les
membres chez nous. Si on ne veut pas créer... Je pense que le climat
commence à revenir. La réhabilitation est quand même assez
longue. Je pense qu'il ne faudrait pas trop ajouter de gros changements dans la
progression de leur carrière. Je pense que cela pourrait se faire par
étapes pour obtenir une progression normale et on est prêt
à en discuter. Je pense qu'on devrait en tenir compte et ne pas trop
chambarder ce qui existe présentement. C'est la perception des membres
à l'heure actuelle.
Le Président (M. Paré): Je vous remercie. M. le
député de Louis-Hébert a demandé la parole.
À ce moment-ci, étant donné que cela fait une heure,
j'aurais besoin du consentement des membres de la commission pour poursuivre
l'audition des représentants. On a le consentement pour continuer
jusqu'à 13 heures. La parole est à vous, M. le
député de Louis-Hébert.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela dépend pour qui vous votez.
M. Doyon: Merci, M. le Président. Vous le saurez toujours
trop tôt. Mes premiers mots sont évidemment des mots de bienvenue
envers le président, M. Harguindeguy, M. Plourde et M. Thibodeau. Je
suis heureux d'avoir eu l'occasion d'entendre... Je pense que cela en valait la
peine et on a tout lieu de se féliciter d'avoir réussi à
convaincre -cela n'a pas été facile, je vous l'assure - la
ministre de vous donner la chance de vous faire entendre de nouveau. Elle a
quand même accepté, mais elle a mis une limite de temps. Et,
déjà, devant le poids des arguments et des représentations
que vous faites, on s'aperçoit que la limite d'une heure qu'elle avait
mise, qui était une limite
très sérieuse et très...
Mme LeBlanc-Bantey: Je pose une question de privilège: que
nous avons mise en collaboration. C'est une question de règlement
plutôt.
M. Doyon: Cette période d'une heure est prolongée,
fort heureusement. Je ne reprendrai pas, M. Harguindeguy, tous les points que
vous avez soulevés, parce que cela nous obligerait à faire, en
l'espace de quelques minutes, l'étude du projet de loi, ce qui,
évidemment, n'est pas possible. Ce que je veux vous dire, c'est que, sur
les points que vous soulevez, que ce soit concernant les élections - ce
sont des points que j'ai eu l'occasion d'apporter lors de l'étude en
deuxième lecture - que ce soit concernant le recours que vous mentionnez
selon les articles 32 et 33 du projet de loi, vous parlez d'une façon
fort à propos des réticences que vous avez et de ce que vous vous
posez comme questions concernant l'article 40. Ce sont là des
réflexions qui vont nous servir quand nous serons rendus à cet
endroit dans le projet de loi.
Vous vous inquiétez de toute la question de la probation et de la
permanence, à l'article 11 de votre mémoire. Je pense que c'est
fort à propos là aussi. Ce sont des points qui se
soulèvent dans mon esprit également et qui avaient
déjà été portés à notre attention.
Nous allons avoir l'occasion d'y revenir. Je pense que vous avez raison de
demander qu'il y ait un système quelconque, qui soit connu, de
façon que les gens qui ont eu l'occasion de travailler et qui n'ont pas
encore leur permanence puissent avoir un certain droit de rappel, qu'il puisse
y avoir une liste de rappel quelconque selon un système connu, qui soit
en vigueur de façon que les gens qui travaillent puissent savoir
à quoi s'en tenir et que, finalement, la société soit
gagnante sur le plus de points possible.
Vous vous inquiétez - et je pense que les assurances que vous
donne la ministre de la Fonction publique ne sont pas suffisantes -de ce qu'il
advient des énoncés de politique du Conseil du trésor
concernant la publicité, la connaissance publique de ses
énoncés de politique. On sait que, déjà, dans la
réglementation ministérielle, il y a des difficultés
énormes en ce qui concerne la connaissance que le public et les gens qui
sont touchés par une réglementation quelconque doivent avoir de
cette réglementation. Quand on considère que les
énoncés de politique du Conseil du trésor ne sont pas de
la réglementation non plus, on peut s'inquiéter fort justement,
à savoir si tous les gens qui sont concernés, qui sont
touchés par cette forme de réglementation auront accès au
contenu de ces énoncés de politique.
Vous vous étonnez et vous demandez un règlement plus
acceptable, un règlement de fond, finalement, de tout le problème
des occasionnels. J'ai eu l'occasion d'en traiter assez longuement lors du
discours que j'ai fait sur ce projet de loi en deuxième lecture. La
ministre dit qu'on va se pencher sur le problème, qu'on va regarder cela
de plus près, qu'il est fort possible qu'il y ait lieu d'apporter des
améliorations. Ce que je réponds, c'est que non seulement il est
fort possible qu'il y ait lieu d'apporter des améliorations, mais il est
prouvé que des améliorations sont nécessaires.
Vous avez mentionné en passant l'inquiétude que vous avez,
la préoccupation que vous avez en ce qui concerne le sort des
fonctionnaires qui sont actuellement employés par le ministère
des Travaux publics et qui vont passer, s'ils en font la demande, à la
Société immobilière du Québec. Je pense que,
là aussi, il va falloir être prudent, très vigilant. Vous
avez un certain nombre de points de vue à faire valoir à ce
sujet. Et certains articles de la loi sur cette Société
immobilière du Québec devront être éclaircis pour
que les fonctionnaires puissent savoir à quoi s'en tenir, pour qu'on
puisse finalement savoir à quoi s'en tenir sur les pouvoirs qui seront
accordés à cette Société immobilière du
Québec en ce qui concerne les relations de travail ou la gestion des
ressources humaines purement et simplement. (12 h 45)
Si vous passez aux articles 134, 151 et 158, là aussi, il va
falloir améliorer ou demander certains éclaircissements à
la ministre. Surtout en ce qui concerne l'article 134, il me venait à
l'idée, Mme la ministre, que, lorsqu'on parle d'emplois confidentiels
dans le cabinet d'un ministre ou d'un sous-ministre, il faudra peut-être,
compte tenu des demandes que le président de l'Assemblée
nationale nous a faites, regarder s'il n'y aurait pas lieu - je regardais la
lettre qu'il nous a fait parvenir - d'ajouter ici toute la question des
députés ou des gens qui accepteront de travailler pour les
députés, compte tenu de la réforme qui est faite dans ce
domaine. Je ne vois pas, dans la lettre du président, quoi que ce soit
qui ait rapport à cela et je pense qu'il serait bon qu'on se penche sur
la question, à savoir si les employés qui travailleront avec les
députés seront considérés comme des employés
qui occupent un emploi à caractère confidentiel.
Je ne veux pas prendre trop de temps, mais je voudrais attirer votre
attention sur un point qu'on a discuté tout dernièrement,
à la dernière séance de la commission, avec M.
Harguindeguy. Nous avons longuement discuté et tenté de
convaincre la ministre des implications qu'avait l'article 9 du projet de loi
qui se lit comme suit: "Le fonctionnaire ne peut, directement ou
indirectement,
utiliser à son profit un bien de l'État ou une information
qu'il obtient en sa qualité de fonctionnaire." Je pense que tout le
monde a accepté qu'il ne devait pas y avoir d'abus de ce
côté et qu'on ne devait pas aller à un tel degré
d'utilisation des biens de l'État pour que cela devienne quelque chose
de la nature d'un détournement de fonds. Mais, nous portions à
l'attention de la ministre que -vous, vous parlerez tantôt si vous avez
quelque chose à dire - utilisé comme la lettre de l'article
l'indique, cet article de loi va très loin parce qu'il défendrait
à la limite et à l'absurde l'utilisation du
téléphone par une secrétaire pour informer son mari
qu'elle va être en retard, etc. Il défendrait même
l'utilisation d'un simple papier pour écrire un numéro de
téléphone personnel, que ce soit pour une secrétaire ou
pour une autre personne, de sexe masculin ou de sexe féminin, et cela
n'a aucune importance.
J'aimerais savoir, en tant que personnes qui vivez dans le milieu, ce
que vous pensez d'un article qui est aussi catégorique que cela. De
notre côté, on avait peut-être indiqué une voie de
solution à la ministre en disant qu'on aurait peut-être avantage
à introduire dans ce projet de loi la notion d'abus qui devrait
être désapprouvé et interdit. C'est une solution qui n'a
pas semblé satisfaire la ministre et qui n'est peut-être pas non
plus satisfaisante, je ne sais trop. J'aimerais simplement connaître
votre réaction parce que cela donne ouverture à toutes sortes de
harcèlements, à toutes sortes de tatillonnages de la part de tous
les gens qui se guettent et se demandent si l'on ne donne pas ainsi ouverture
à certaines critiques basées uniquement sur une
interprétation stricte et littérale de cet article 9 qui est l'un
des articles qu'on a étudiés assez longuement, à la fin de
la semaine dernière. Je vous demande votre réaction à ce
sujet, M. Harguindeguy.
La Présidente (Mme Lachapelle): M.
Harguindeguy.
M. Harguindeguy: Sur l'article 9, vous constaterez que nous
n'avons pas fait de recommandations; c'est que nous vivons déjà
avec sensiblement le même article, puisque c'est déjà
prévu dans le code d'éthique et de discipline. C'est un transfert
de textes je dirais. Donc, on l'a déjà vécu. On a
déjà une vaste jurisprudence aussi dans ce domaine. Donc, quand
il a été présenté dans l'avant-projet de loi ou
dans le projet de loi, il ne nous a pas créé de difficulté
puisqu'on vit déjà depuis presque 15 ans avec ce régime.
C'est déjà dans le code d'éthique. C'est d'ailleurs pour
cela que, plus loin, on revendiquait qu'on ne voyait pas la
nécessité pour le gouvernement de préparer un nouveau code
d'éthique, des règles d'éthique ou des sanctions, parce
our tout est pratiquement prévu dans le projet de loi. On a aussi une
jurisprudence qui définit déjà ce que c'est qu'utiliser
à son profit un bien et même utiliser une information qu'on
obtient en qualité de fonctionnaire. On a déjà eu cela en
pratique.
M. Doyon: Mme la Présidente, avec votre permission,
j'aimerais porter à l'attention de M. Harguindeguy que je suis d'accord
qu'avec le code d'éthique, vous avez une jurisprudence qui a
probablement déterminé les paramètres à
l'intérieur desquels on peut évoluer à ce sujet, mais, ce
que je veux porter à votre attention, c'est que maintenant on sera pris
avec un article de loi et qu'on se retrouvera probablement devant des tribunaux
qui seront appelés à regarder si un article de loi est clair ou
non et ils devront se baser uniquement sur les mots utilisés dans cet
article. Comme on est avec un nouvel article qui ne se retrouve pas dans une
ancienne loi, mais qui était plutôt dans un code d'éthique,
les juges regarderont possiblement l'article en lui-même. Il y a une
inquiétude que j'avais et, si le syndicat me dit qu'il n'y a pas de
problème de ce côté, tant mieux! Mais ne voyez-vous pas une
possibilité que certains membres de votre syndicat soit en butte
à des difficultés inutiles à ce sujet? Ce que l'on veut
interdire finalement, c'est l'abus. On ne veut pas défendre, j'imagine,
à une personne de se servir du téléphone - et Mme la
ministre nous l'a confirmé la semaine dernière - pour avertir un
ami ou un parent d'une telle chose même si c'est une affaire personnelle.
Ce que l'on veut, c'est éviter un abus. Si on fait une interdiction
globale et stricte, ne risque-t-on pas de créer des problèmes
inutiles? Si vous me dites que vous n'avez aucune crainte de ce
côté, tant mieux!
M. Harguindeguy: Sur l'article 9, on n'a pas de crainte. Nos
craintes se situent beaucoup plus à l'article 124 du projet de loi qui
prévoit que le gouvernement pourra éventuellement préciser
les normes d'éthique et de discipline prévues dans la
présente loi, en établir de nouvelles, également
définir des mesures disciplinaires applicables à un fonctionnaire
et en examiner les modalités d'application. Ce sont beaucoup plus ces
deux aspects, comme on vous l'indique dans le mémoire, qui nous
créent certaines appréhensions. Quant au reste, on craint moins
l'article 9, parce qu'on vit avec depuis quinze ans; alors, pour nous, c'est
connu. On connaît un peu les paramètres selon lesquels les
fonctionnaires peuvent manoeuvrer. C'est aussi matière à
arbitrage selon la convention collective. Alors, celui-là ne nous
crée pas de difficulté. C'est l'article 124 qu'on
appréhende beaucoup plus.
M. Doyon: Alors, M. le Président, pour terminer et pour
permettre à mon collègue de Sainte-Marie d'avoir quelques minutes
à sa disposition, je vais répéter que les points
portés à notre attention vont nous permettre de faire une
étude encore plus approfondie, plus suivie et plus prudente surtout du
projet de loi qui est devant nous. Je vais personnellement, au nom de
l'Opposition, faire le maximum pour faire valoir les points qui m'apparaissent
être bien fondés - il y en a plusieurs - de la façon la
plus convaincante possible en me servant, dans la plupart des cas, quand
l'occasion se présentera, des arguments que vous avez
présentés devant cette commission. Je vous remercie.
Le Président (M. Paré): La parole est maintenant
à M. le député de Chambly.
M. Bisaillon: M. le Président.
Le Président (M. Paré): Oui, M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: J'avais demandé la parole.
Le Président (M. Paré): Oui, mais on fait toujours
l'alternance.
M. Bisaillon: Oui, mais, M. le Président...
M. Tremblay: M. le Président, je n'ai vraiment pas
d'objection à ce que le député de Sainte-Marie passe avant
moi.
M. Bisaillon: J'accepte et je vais saisir l'occasion. Je ne
perdrai pas de temps. Si vous me le permettez, je reviendrai sur cette question
au début de la prochaine séance pour que cela ne passe pas comme
une lettre à la poste. Étant donné que j'ai juste quelques
minutes, je vais les utiliser sur le contenu pour faire quelques commentaires
au Syndicat des fonctionnaires et pour poser deux questions.
Le premier commentaire, c'est au sujet de l'article 32 et de l'article
33. J'avais relevé l'ajout qu'on voit apparaître à
l'article 33, c'est-à-dire la possibilité pour la commission de
repousser une demande d'appel pour des motifs qu'elle juge frivoles. Je tiens
à indiquer à la ministre qu'il y a eu une recommandation qui
allait dans ce sens, c'est une recommandation, entre autres, de la commission
spéciale, mais à partir du moment où on appliquait les
possibilités de recours à l'ensemble des citoyens.
C'est-à-dire que la recommandation de la commission disait: La
Commission de la fonction publique pourrait à sa face même
repousser la possibilité d'entendre un appel comme cela se produit en ce
qui concerne le niveau du Tribunal du travail, mais, si on ouvre les appels au
public, c'est-à-dire au niveau du recrutement, pour ce qui était
des fonctionnaires déjà en place, il nous semblait que la
règle actuelle devait se continuer. Alors qu'on en demandait plus large,
on se retrouve dans un corridor encore plus étroit que celui où
on fonctionnait avant. Le motif frivole serait acceptable comme
possibilité pour la commission pour autant que les possibilités
d'appel soient plus larges et plus étendues et pour autant que cela
s'adresse aux citoyens.
Le deuxième commentaire, c'est ce que le syndicat a
souligné concernant, par exemple, un problème qu'on va vivre,
c'est-à-dire la loi 18, l'intégration d'une section du
ministère des Travaux publics au Conseil du trésor. Cela illustre
ce que je vous ai souligné vendredi. Même si le Comité des
priorités siège ou discute du régime de
négociation, cela ne dispose pas pour autant des autres questions qui
pourraient être réglées maintenant. Nous aurons donc
près de 400 employés qui, par le seul fait de continuer à
faire leur travail au Conseil du trésor plutôt qu'à
l'intérieur des ministères ou d'une société, vont
se retrouver inclus dans la non-confidentialité. C'est exactement ce qui
est vécu par exemple au bureau du Vérificateur
général où un bon nombre d'employés ne sont pas
accessibles à la syndicalisation. Nous comprenons mal comment, d'une
journée à l'autre, tout en continuant à faire le
même travail, on ne deviendrait plus accessible. C'est ce qu'on
soulève comme problème et c'est cela qu'on pourrait régler
maintenant dans le projet de loi actuel, sans attendre nécessairement
les décisions ou les orientations du Comité des priorités.
Pour ce faire, je vous référerais à la recommandation de
la commission spéciale qui avait prévu un moyen de s'en sortir,
c'est-à-dire d'appliquer le Code du travail, qui laisse une marge de
manoeuvre et une possibilité de représentation pour l'employeur
auprès du Tribunal du travail.
Je terminerai avec deux questions, M. le Président.
Premièrement, sur la question de la loi 18 en rapport avec la Loi sur la
fonction publique, j'aimerais que le Syndicat des fonctionnaires nous explique
davantage les éléments de la Loi sur la fonction publique qui
peuvent être impliqués dans l'autre loi, c'est-à-dire
l'autre projet de loi le projet de loi 18.
La deuxième question: Vous avez suggéré qu'il y
ait, au niveau des concours de promotion, un deuxième critère qui
soit utilisé. Il y aurait toujours le critère - si j'ai bien
compris - d'égalité à l'emploi, mais vous en ajoutez un
deuxième au cas où le critère d'égalité
à l'emploi ne serait pas déterminant; vous ajoutez le
critère de l'ancienneté. Ma question va dans le sens de vous
demander: Est-ce que vous ne pensez pas qu'il pourrait y avoir d'autres types
d'éléments dont on devrait tenir compte au
moment d'un concours de promotion? La commission avait fait
l'étude qu'à partir du moment, par exemple, où on mettait
les candidats d'un même niveau sur le même pied, il y aurait
peut-être avantage pour le gestionnaire d'évaluer ces candidats
avec le personnel qui travaille déjà dans son service. Un des
critères que le gestionnaire peut retenir, cela peut être, par
exemple, les possibilités pour une personne plutôt qu'une autre de
travailler ou de s'intégrer à l'équipe déjà
existante dans son service. Souvent, ce ne sont pas nécessairement des
critères d'ancienneté qui vont nous le déterminer. Comment
envisagez-vous cet aspect? Comment pouvez-vous répondre à
cela?
M. Harguindeguy: D'abord, pour répondre
immédiatement à la deuxième question, c'est qu'il faut
tenir compte que, pour l'établissement de concours, l'Office des
ressources humaines peut déjà constituer ou établir des
règlements qui déterminent l'admissibilité aux concours.
On peut tenir compte de la zone géographique; en fait, vous l'avez
à l'article - attendez un peu -dans l'ancienne loi, vous l'avez à
l'article 68, où il y a des possibilités pour l'office de
déterminer, par règlement, les zones géographiques et les
critères d'appartenance. Je pense que vous l'avez encore dans le projet
de loi. Déjà, au point de départ, vous pouvez limiter
l'admissibilité des candidats à certains concours.
M. Bisaillon: J'ai peur, M. Harguindeguy, que cela ne
réponde pas à ma question.
M. Harguindeguy: Une fois que vous avez limité le bassin
de population - comme c'est le cas actuellement, où vous pouvez limiter
un concours à un ministère donné, à une zone
géographique donnée - on effectue le rangement par niveau des
candidats déclarés aptes. Le rangement par niveau est un
désir de la ministre; on sait qu'on va le garder pour tout le monde.
À part les programmes d'accès à l'égalité
dans l'emploi, l'ancienneté va, par la suite, primer. Une fois que
toutes les étapes préliminaires d'élimination sont
appliquées par l'office en déterminant les conditions
d'admission, si, dans un ministère donné, on veut tenir compte
seulement des candidats disponibles à l'intérieur du
ministère, on peut déjà le faire à l'heure
actuelle. Des concours peuvent être limités au ministère X
et les autres ne peuvent pas s'y inscrire.
M. Bisaillon: Ma question était de savoir: Est-ce que,
comme critère de choix entre trois personnes... Supposons qu'il y a
trois candidats retenus par le jury sur le même pied et que je suis
déjà un employé au service du ministère, dans le
service du gestionnaire qui a à choisir un des trois, on pourrait
peut-être décider que j'aurais plus de facilité à y
travailler parce que je suis déjà en place. Il serait
préférable qu'il choisisse votre représentant
régional de droite plutôt que vous-même pour travailler avec
moi.
M. Harguindeguy: Oui, mais, si on commence à faire cela,
la porte sera ouverte à tous les cas et on va continuer comme
maintenant. Comme vous avez déjà dans les concours la
participation du supérieur immédiat qui peut déjà
favoriser certains candidats comme on a eu l'occasion de le démontrer
dans certains appels, on estime que c'est amplement suffisant dans
l'immédiat. (13 heures)
Quant à la loi 18, on estime qu'il n'y a pas de justification
pour exclure de l'application de la Loi sur la fonction publique les
employés qui appartiennent à la nouvelle société
immobilière. Je pense que tous les débats qui ont cours à
l'heure actuelle, du moins ceux que j'ai pu entendre hier en deuxième
lecture, me font penser qu'on n'est pas justifié de les exclure. Le
ministre du Revenu a même établi que le ministère avait
réduit ses effectifs de 10%, qu'il avait augmenté la
productivité et c'est essentiellement ce que recherche le projet de loi
18, c'est-à-dire de rendre la société immobilière
compétitive. Cependant, on est conscient qu'il y a des contraintes
imposées par la Loi sur l'administration financière, mais cela
n'empêcherait pas la société immobilière de
fonctionner avec des employés assujettis à la loi. Notre statut
particulier fait en sorte que ces gens-là ne sont pas assurés de
garder le même syndicat. Cela peut aussi créer des
problèmes pratiques au niveau du fonctionnement. Il faut penser que le
ministère des Travaux publics a des employés à
Québec et à Montréal, qui sont les gros centres, mais vous
en avez un petit nombre en région: Rimouski, Sherbrooke, Rouyn,
Trois-Rivières; donc, même au point de vue du service, c'est peu
probable qu'ils aient des services adéquats. D'autre part, même
s'il y a des possibilités parce qu'il y a des amendements qui s'en
viennent, cela ne garantit pas pour l'avenir non plus.
Si on prétend que, pour être efficace, il faut que la
société mobilière ne soit pas assujettie à la Loi
sur la fonction publique, cela serait le meilleur motif pour exclure
précisément tous les ministères de l'application de la
loi. Si ce n'est pas efficace pour un ministère, ce n'est pas efficace
pour les autres non plus. Les orientations amenées par l'avant-projet de
loi ou le projet de loi, sur lesquelles on n'a pas d'objection et qui sont
quand même pour faire assumer une certaine responsabilité,
devraient être suffisantes pour obtenir, en fait,
l'efficacité recherchée par le gouvernement là-dessus.
Qu'ils soient exclus de l'application de la Loi sur l'administration
financière, je pense que cela vous regarde; je n'ai absolument rien
à dire là-dessus. Mais j'ai l'impression que les plus grandes
contraintes se situent à ce niveau, au niveau de la gestion du personnel
et des possibilités... Pour réduire les effectifs actuels, les
possibilités existent. Si on regarde au niveau des effectifs, ce qui est
arrivé à BCBC, cela ne justifie pas non plus une telle
décision. Toute proportion gardée, la réduction des
effectifs dans les dernières cinq années - à part la
première année d'implantation où cela a baissé
d'environ 400 personnes - c'est la même situation qu'ici avec le
transfert à d'autres ministères. Il y a seulement 110 postes qui
ont été réduits dans les dernières cinq
années à BCBC pour une population de 2 000 000 de personnes; ils
sont partis de 1244 à 1134 à l'heure actuelle. On ne comprend
absolument pas les justifications qu'il y a de les exclure à
l'application de la loi.
Dans la Loi sur la fonction publique, vous n'avez pas le pendant des
articles 45 et 46 du Code du travail qui assure à ces gens la
continuité syndicale qu'ils ont à l'heure actuelle. C'est pour
cela que tout s'entremêle si on veut faire une revendication, mais on est
pris avec deux ou trois projets de loi différents. On ne peut pas faire
le même débat à la même place.
Le Président (M. Paré): Est-ce que vous avez
terminé?
M. Tremblay: Seulement une très courte intervention, M. le
Président.
Le Président (M. Paré): II faudrait qu'elle soit
très courte parce qu'il est passé 13 heures.
M. Tremblay: Elle sera d'environ une minute.
Le Président (M. Paré): Est-ce qu'il y a
consentement?
Une voix: Comment consentement? Une voix:Oui,
d'accord.
Le Président (M. Paré): D'accord. Vous avez une
minute.
M. Tremblay: M. le Président, je pense qu'il y aurait
lieu, à la suite des revendications du Syndicat des fonctionnaires
provinciaux du Québec, de reconsidérer les articles 23, 24 et 25
qui traitent de la possibilité pour des fonctionnaires d'être
candidats aux élections fédérales. Je serais d'accord pour
qu'on inclue dans cette possibilité les fonctionnaires pour les
élections fédérales parce qu'il y a des
éléments intéressants qui pourraient être candidats.
On sait combien le Québec aurait besoin de représentants
efficaces sur la scène fédérale. Il ne faut pas rater -une
occasion de s'offrir des députés fédéraux qui
seraient efficaces.
Le Président (M. Paré): Votre minute est
écoulée. Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Les gens ont le droit de parole chez nous. Je
termine en remerciant le président du Syndicat des fonctionnaires. Je ne
peux pas m'empêcher de revenir sur le rangement par niveau parce qu'il y
avait aussi, à la base de tout cela, un principe selon lequel, dans la
mesure du possible, il faut éviter les mesures d'exception pour les
femmes et les membres visés par les programmes d'accès à
l'égalité. J'ai eu l'occasion de dire à plusieurs reprises
que ces catégories se faisaient malheureusement, à mon avis -
mais c'est le cas, il faut vivre avec cela - avec beaucoup trop d'autocensure
et elles sont victimes d'un certain climat quand elles
bénéficient de mesures d'exception. Je trouve suffisamment odieux
- et je vais être "gentil" - que, pour au moins 50% de la population - on
pourrait même dire une majorité - on en soit encore à
être obligé de faire des programmes d'accès à
l'égalité, compte tenu de tout le cheminement historique. Dans
cette perspective, je me dis tout au moins que, chaque fois qu'une mesure
deviendra normale, surtout une mesure qui concerne au moins 50% de la
population et non pas une mesure d'exception, je pense que notre
responsabilité est d'aller dans ce sens-là. Je vous l'ai dit au
début; je comprends que vous avez présenté votre
proposition très habilement et qu'elle pouvait sembler très
justifiable, mais, à mon avis, il n'est pas question - pour autant que
je suis concernée et chaque fois que cela sera possible - de continuer
à faire des mesures d'exception quand on peut faire des mesures d'ordre
général pour au moins 50% de la population et plus.
M. Bisaillon: On se rend compte qu'elle a dit: Je vais être
"gentil".
Mme LeBlanc-Bantey: Parce que j'ai parlé de 50%-50% au
lieu d'une majorité.
M. Bisaillon: Le ministre a dit: Je vais être "gentil".
Mme LeBlanc-Bantey: J'ai l'impression que vous avez mal
compris.
M. Bisaillon: Elle doit devenir... Cela doit être parce
qu'elle a beaucoup
d'ancienneté.
Mme LeBlanc-Bantey: Je deviendrais victime du vocabulaire sexiste
autour de moi.
M. Bisaillon: Selon son chef de cabinet, c'est parce qu'elle a
beaucoup d'ancienneté.
Le Président (M. Paré): Je remercie à mon
tour M. Harguindeguy et ceux qui l'accompagnent d'être venus se faire
entendre à la commission.
M. Harguindeguy: J'émets là-dessus le souhait que
vous en teniez compte.
Le Président (M. Paré): Encore une fois, merci. La
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 07) ■