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(Dix-neuf heures cinquante minutes)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît, mesdames et messieurs! La commission permanente de la fonction
publique commence ses travaux dans le but d'étudier les crédits
pour l'année 1983-1984.
Les membres de la commission sont: MM. Assad (Papineau), Bisaillon
(Sainte-Marie), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), MM. Doyon
(Louis-Hébert), Fallu (Groulx), Gravel (Limoilou), Mme LeBlanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine), MM. LeMay (Gaspé), Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Gagnon (Champlain), Rivest (Jean-Talon),
Tremblay (Chambly).
Les intervenants de la commission sont: Mme Bacon (Chomedey), MM. Blais
(Terrebonne), Caron (Verdun), Charbonneau (Verchères), Dubois
(Huntingdon), Martel (Richelieu), Hains (Saint-Henri), Lachance (Bellechasse),
Mme Lachapelle (Dorion).
Je demanderais que l'on désigne un rapporteur de la commission.
Est-ce qu'il y a des suggestions?
Une voix: M. le député de Groulx.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Groulx. Pas d'objection?
M. Fallu: Pas d'objection, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Alors, le rapporteur sera
M. Fallu, député de Groulx. Est-ce qu'il y a une entente
quelconque sur la façon de procéder ou si l'on aborde une
discussion générale?
Mme LeBlanc-Bantey: Je vais commencer par faire des remarques
préliminaires.
Le Président (M. Paré): D'accord. La parole est
à vous, Mme la ministre, pour vos remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Denise
LeBlanc-Bantey
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, je voudrais d'abord
m'excuser auprès de mes collègues et des gens qui m'accompagnent
de mon petit retard. Comme je l'ai dit à quelques-uns, j'étais
prise par la guerre du golfe au coeur de Madelipêche. Une voix:
Qui a gagné?
Mme LeBlanc-Bantey: C'est nous qui allons gagner, vous allez
voir. J'espère que même les gens d'en face comprendront que la
préoccupation de 550 chômeurs et pêcheurs des îles
excusera mon retard.
Cela dit, je voudrais d'abord vous présenter M. Sarault, pour
ceux qui ne le connaissent pas, le sous-ministre en titre. Il y aussi M.
Lefebvre, qui représente la Commission de la fonction publique et M.
Bélanger qui représente l'Office du recrutement.
Avant de nous consacrer à l'étude proprement dite des
crédits de mon ministère, je voudrais, dans un premier temps,
vous parler de ce qui s'est fait au ministère de la Fonction publique,
au cours de la dernière année. Dans un deuxième temps, je
vous parlerai de ce que nous entendons entreprendre ou poursuivre pour
l'année en cours. Je vous ferai part également de mes
commentaires sur certains problèmes relatifs à la fonction
publique et des moyens envisagés pour les régler.
Deux événements majeurs ont caractérisé le
précédent exercice financier. D'une part, parallèlement au
dépôt du rapport de la commission spéciale sur la fonction
publique, en juin dernier, d'intenses travaux ont été
effectués devant mener à un projet de réforme en
profondeur de la loi actuelle. D'autre part, plusieurs rencontres ont eu lieu
avec les représentants des divers syndicats rattachés à la
fonction publique, afin de tenter de renouveler les conventions collectives.
Cela fonctionne mal, n'est-ce pas? Cela va?
Une voix: C'est à cause du haut-parleur, mais vous devez
être enregistrée.
Mme LeBlanc-Bantey: Alors, on va parler, si vous voulez, en
premier lieu, des négociations. Je ne reviendrai pas sur le contexte
économique difficile vécu tant au Québec qu'ailleurs au
Canada. Néanmoins, j'insisterai pour dire que les temps actuels nous ont
imposé le devoir d'intensifier davantage l'effort de rationalisation
déjà entrepris dans la fonction publique, étant
donné que les ressources de plus en plus limitées de
l'État obligent ses gestionnaires, comme je l'ai déjà dit,
à faire plus avec
moins.
Regardons d'abord l'aspect normatif. Hausse de la productivité,
souplesse dans les mécanismes de gestion de personnel et harmonisation
des conditions de travail des employés. Tels étaient les grands
objectifs poursuivis par le gouvernement. Il fallait, en un mot, prévoir
certains réaménagements importants dans les conventions
collectives actuelles.
À titre d'exemple, l'un des obstacles à une meilleure
gestion du personnel résidait dans la trop grande rigidité de la
clause des 50 kilomètres. Aussi, le ministère de la Fonction
publique a-t-il voulu ramener de dix-huit à six mois le délai
pendant lequel un employé ne peut être déplacé
à plus de 50 kilomètres de son lieu de résidence à
son travail actuel.
Le ministère de la Fonction publique est, comme vous le savez,
représentant patronal auprès de douze tables de
négociation, regroupant au total quelque 45 000 employés
syndiqués. Il y a des tables qui font parler d'elles plus que d'autres,
mais il y en a quand môme une douzaine. Une entente est intervenue avec
le groupe des médecins et celui des chirurgiens dentistes. Du
côté du Syndicat des professeurs de l'État du
Québec, la négociation a été plus longue.
Commencée avec le dépôt patronal du 21 septembre 1982, elle
s'est poursuivie jusqu'au 7 décembre de la même année pour,
finalement, en arriver à une entente le 22 mars dernier.
Quant au Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec, la
négociation a commencé le 14 juillet 1982, date où le
syndicat faisait son dépôt. Est-il besoin de le souligner, le
syndicat des fonctionnaires a été le seul syndicat à faire
part de ses demandes avant même que le gouvernement ne produise son
dépôt. Dès lors, les séances de négociation
se sont succédé et après cinq mois et demi,
c'est-à-dire en décembre 1982, la plupart des articles de la
convention avaient été paraphés par le syndicat. Seuls les
articles relatifs aux heures de travail, à la
rémunération, aux disparités régionales et aux
frais de déplacement étaient en suspens au moment de
l'intégration du législateur.
En date du 1er février 1983, les deux parties
signaient une entente amendant les conditions de travail fixées au
décret sur les points suivants: La rémunération de
certains corps d'emploi - il s'agit ici des corps dits discriminés - la
garantie d'une semaine de travail de 35 heures, le travail à temps
partiel et les disparités régionales. Dans le but d'harmoniser
davantage les conditions de travail des employés tout en respectant la
spécificité des différents groupes, certaines conditions
acquises chez les professionnels ont été consenties aux ouvriers
fonctionnaires: le perfectionnement et la stabilité d'emploi pour une
durée de six mois.
On ne m'en voudra pas de relever un autre élément de la
négociation qui me préoccupait au plus haut point, je veux parler
ici de la protection des bas salariés. Ces employés se regroupent
dans l'unité ouvriers fonctionnaires et on y retrouve un grand nombre de
femmes dont plusieurs sont soutiens de famille. Si difficiles qu'ont pu
être ces négociations où préalablement un effort
salarial a été exigé de chacun, je me réjouis du
travail abattu par le ministère de la Fonction publique et du fait que
mes représentations ont été entendues protégeant
ainsi intégralement le traitement des bas salariés et
requérant des autres employés un effort proportionnel au niveau
du revenu.
Du côté des professionnels et professionnelles du
gouvernement, la négociation s'est poursuivie de septembre 1982 à
la fin d'avril dernier. Pour nous, et compte tenu des objectifs que nous nous
étions fixés, il ne pouvait être question de reconduire la
convention collective de 1979 à 1982, période où
prévalait un contexte fort différent de celui que nous vivons
présentement.
Cinq points ont retenu particulièrement l'attention et ont fait
l'objet de discussions. Il s'agit des occasionnels, des corps d'emploi dits
discriminés, de l'horaire de travail, de la stabilité d'emploi et
de la carrière, précisément le grade 1, pour ceux qui sont
plus familiers avec ce dossier.
Sur chacun de ces points, nous croyons que l'ensemble des propositions
faites répondent le mieux possible aux préoccupations des
employés, sans pour autant compromettre les objectifs d'une fonction
publique efficace au service des citoyens.
Au total et en date du 28 avril, 42 aménagements au décret
furent déposés à la table des négociations. Le
syndicat de professionnels a refusé, avant les fêtes, de parapher
quelque article que ce soit. Du 1er février au 28 avril, plus de 200
heures de négociation ont porté sur les cinq points que je viens
d'énumérer. Des aménagements intéressants auraient
pu être apportés sur chacun de ces éléments.
Malheureusement, l'exécutif syndical a recommandé le rejet de ces
propositions qui, toujours dans le contexte actuel, nous paraissent possibles,
réalistes et équitables.
Les résultats du vote entrepris auprès des membres sont
maintenant connus. 30% des membres du syndicat ont voté et 80% ont
opté pour le rejet de nos propositions. Je regrette cette
décision qui a pour conséquence d'empêcher la signature
d'une nouvelle entente. Je me demande même si c'est sain qu'une faible
minorité - un peu moins de 25% - puisse déterminer l'avenir d'un
groupe dans le travail aussi essentiel pour le bon fonctionnement du
gouvernement.
En ce qui concerne le groupe des agents de la paix, on se rappellera
d'abord la proclamation de la loi no 22, le 8 janvier 1982. Cette loi
permettait aux différents groupes d'agents de la paix de former des
unités syndicales distinctes. Le processus des négociations a pu
être déclenché à partir du moment où les
différents groupes reconnus nous ont fait part de leur demande. Au
total, six groupes syndicaux représentent les membres exerçant
les fonctions d'agent de la paix dans des secteurs d'activité
spécifique. Il y a les institutions pénales, la faune, les
transports, les édifices gouvernementaux, les pêcheries, le
Tribunal de la jeunesse, et enfin, les gardes du corps.
Tout en reconnaissant les particularités de chacun des groupes,
il nous est apparu que les conditions de travail devaient être
négociées dans les mêmes paramètres utilisés
par les autres employés de l'État.
Dans tous les autres cas, un bon nombre d'articles de la convention
collective furent paraphés au fur et à mesure que les
séances de négociation se sont poursuivies de septembre 1982
à avril 1983. Toutefois, un litige majeur sépare la partie
patronale des parties syndicales. Il y a présentement arbitrage de
différends en matière de rémunération et d'heures
de travail avec les syndicats représentant les membres des institutions
pénales, de la faune, des transports et des constables spéciaux.
Les discussions se poursuivent encore avec l'Association des gardes du corps.
(20 heures)
Pour ce qui est des agents de la paix de la fonction publique,
c'est-à-dire ceux qui représentent les gens du Tribunal de la
jeunesse et ceux des pêcheries, nous devons attendre la fin de la
consultation, le 25 mai, pour savoir si le syndicat entend déposer une
demande d'arbitrage ou poursuivre les négociations.
Enfin, considérant les objectifs que je soutenais et
défendais comme ministre de la Fonction publique, il est un certain
nombre de dossiers qui, demeurant une préoccupation constante, ont pu
avancer de façon très encourageante et, dans certains cas, des
progrès ont été enregistrés au cours des
négociations. Consciente des problèmes engendrés par
l'application rigide des principes sous-tendant la loi 50, j'ai annoncé
à l'automne 1981 la création d'un comité spécial
qui verrait à formuler des recommandations sur ce que devrait être
le rôle de la fonction publique. La commission a déposé son
rapport - je vois que le député de Jean-Talon commence à
écouter - et, comme je le disais tantôt, j'ai eu l'occasion de
faire connaître à l'Assemblée nationale, en mars 1982, lors
du débat sur la motion du député de Sainte-Marie, mes
premières réactions à la suite du dépôt de ce
rapport.
Permettez-moi de vous dire que les principales recommandations
formulées par les membres de la commission spéciale guident le
projet de loi qui sera bientôt présenté au Conseil des
ministres. J'espère, par ailleurs, comme je l'ai déjà dit,
que les membres de la commission ne s'attendent pas à retrouver les 145
recommandations du rapport dans le projet de loi. Bon nombre de ces
recommandations s'adressent à plusieurs ministres dont certaines
directement au Conseil des ministres...
M. Rivest: Pour autant qu'il y en ait de votre cru, Mme la
ministre, on n'a pas d'objection à ce qu'il y en ait 146.
Mme LeBlanc-Bantey: Je vous réserve toutes les surprises.
D'autres, d'ordre technique, peuvent être applicables sans faire l'objet
d'un projet de loi. Sans vouloir faire de mathématiques, je dirais
qu'une bonne quarantaine de recommandations amènent des changements, non
seulement à la Loi sur la fonction publique mais aussi aux lois d'autres
ministères. Vous aviez pris un mandat très, très large.
Les recommandations affectent nécessairement plusieurs intervenants qui
auront avantage à uniformiser leurs points de vue. Des amendements
devront être mis de l'avant de la part de tous les secteurs
impliqués.
Le projet de loi que je déposerai bientôt au Conseil des
ministres reprend donc les principaux thèmes avancés par les
membres de la commission. Premièrement, il y a le service aux citoyens.
Je sais que c'était la priorité des priorités des membres
de la commission, sinon leur obsession, lors des travaux de la commission. La
Loi sur la fonction publique sera davantage orientée vers le citoyen
plutôt que vers les travailleurs de la fonction publique. Ce principe qui
veut que l'appareil administratif public n'existe que pour servir les citoyens,
leur rendre des services, répondre à leurs besoins, sera
explicitement reconnu dans la loi. À l'instar des membres de la
commission, nous en avons fait, nous, du ministère de la Fonction
publique, notre préoccupation constante et c'est ce qui a
justifié bon nombre de choix qu'on retrouvera dans la nouvelle loi. Nous
demanderons ainsi dans l'avenir aux fonctionnaires, peu importe le niveau
hiérarchique où il se situe, de considérer le citoyen
comme un client, consommateur de biens et de services plutôt que comme un
administré.
Deuxièmement, en ce qui concerne l'imputabilité,
après le service aux citoyens, je dirais que c'est mon deuxième
choix. Je dirais même, sans trop me tromper, qu'il n'y a pas beaucoup de
gens qui savent ce que cela veut dire. Les travaux de la commission Bisaillon
ont été très fouillés là-dessus, sauf les
gens de la commission Bisaillon.
M. Rivest: Sauf les administrateurs de la Société
de développement de la Baie James.
Mme LeBlanc-Bantey: Ils commencent à l'apprendre, mais ce
n'est pas nécessairement ce type d'imputabilité qu'ils
recherchaient, que nous recherchions et que vous recherchiez par vos travaux
à la commission. L'imputabilité est donc un concept nouveau dans
la fonction publique. Incidemment, je prétends que cette commission est
en train de nuire à l'imputabilité que vous vouliez implanter,
vous en supporterez les conséquences...
M. Bisaillon: ...un autre type de spectacle
d'imputabilité.
Mme LeBlanc-Bantey: ...je n'ai pas suivi les travaux de
l'éducation. Je suis convaincue que s'il y a eu spectacle, ce dont je
doute, c'était certainement beaucoup plus élégant et
nuancé que le spectacle auquel nous avons droit depuis quelques
semaines.
M. Rivest: C'était juste plus court.
Mme LeBlanc-Bantey: Le concept d'imputabilité, tout en
rappelant la notion de responsabilité, la relie étroitement
à la délégation de l'autorité et des moyens
nécessaires à l'atteinte d'objectifs
prédéterminés. L'imputabilité n'est pas un objectif
en soi, c'est un véhicule qui nous permet d'atteindre des
résultats. C'est ce véhicule qui nous permettra de
réaliser les objectifs que nous nous sommes fixés, soit la
priorité à donner aux services aux citoyens et la
productivité des agents de l'État. Ce système ne peut
exister si on ne consent pas à décentraliser le pouvoir de
décision. En effet, comment peut-on demander à un gestionnaire
d'être imputable de ses actions si on ne lui donne pas tous les moyens
dont il a besoin pour les mener à terme? Pour ce faire, nous devrons
déréglementer notre administration au bénéfice des
ministères. C'est donc une autre condition au bon fonctionnement d'un
système d'imputabilité.
Incidemment, j'aimerais qu'on trouve un synonyme à cela. Je ne
sais pas ce que vous en pensez, mais j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de
monde qui a de la difficulté à vivre avec le mot
"imputabilité".
Par leur réglementation et leurs directives, les organismes
centraux rendent difficile l'évaluation des résultats obtenus.
C'est pourquoi, je le souligne, ce système exige des contrôles a
posteriori plutôt qu'a priori.
Vous conviendrez avec moi, cependant, qu'il faut procéder
progressivement et avec précaution dans l'implantation d'un tel
régime. La nouvelle loi ne peut, à elle seule, favoriser
l'application progressive d'un véritable régime
d'imputabilité. La volonté soutenue des gestionnaires de
l'État est absolument nécessaire à la réalisation
de cet objectif et, j'ajouterai, le , changement de mentalité chez
l'Opposition.
Le troisième thème, tiré lui aussi du rapport de la
commission Bisaillon, c'est la productivité. C'est un concept qui peut
difficilement faire l'objet d'un projet de loi, vous en conviendrez. Le
gouvernement peut établir des standards de productivité. Il peut
également, par des politiques et des directives, favoriser une plus
grande productivité des structures et des ressources qui y oeuvrent. On
définit habituellement la productivité comme étant le
rapport entre les biens ou des services produits et les ressources
utilisées pour les obtenir. La productivité fait également
appel à la notion de rendement. C'est différent de
l'efficacité ou de l'efficience. Essentiellement, cela veut dire encore
là faire plus avec moins. Je dirais même faire plus et mieux avec
moins.
Il ne faut pas pour autant oublier dans cette démarche de la
productivité l'élément le plus important de toute
organisation quelle qu'elle soit: la personne humaine. Toutes les personnes
employées de l'État doivent être considérées
comme des éléments intelligents et actifs, participant de
façon créative au fonctionnement et à l'évolution
de l'organisation. C'est grâce à leur préoccupation de bien
servir les citoyens, leur engagement dans la réalisation des objectifs
et dans la solution des problèmes que les fonctionnaires ont l'occasion
de se réaliser personnellement en assumant leurs
responsabilités.
Il y a évidemment d'autres thèmes dans le projet de loi
dont un quatrième que j'appellerai la responsabilisation des
gestionnaires.
Nous ne pouvons demander aux fonctionnaires d'être productifs si
nous ne leur donnons pas les moyens de l'être. Un des moyens,
croyons-nous, c'est la délégation d'autorité. Je ne ferai
pas un long discours pour vous convaincre du manque d'autonomie des
ministères et des gestionnaires en place. C'est bien connu que leur
marge de manoeuvre est assez mince et qu'ils n'ont pas la latitude voulue pour
prendre des décisions appropriées au moment opportun. Le projet
de loi accorde donc plus d'autorité en matière de gestion des
ressources humaines aux administrations des ministères et organismes. Il
faudra, ce faisant, redéfinir certains rôles exercés
actuellement par les autorités centrales et mettre l'accent sur la
délégation de pouvoirs. La mise en oeuvre des programmes
gouvernementaux sera déléguée à chaque
ministère, les autorités disposant de pouvoirs leur permettant
d'exercer efficacement les mandats qui leur sont confiés avec les moyens
qu'ils jugent appropriés.
La réglementation très lourde que l'on connaît
actuellement en matière de gestion des ressources humaines est de
beaucoup diminuée dans le projet de loi. La formule actuelle a
certainement eu sa raison d'être, mais le contexte et les
mentalités nous obligent à la revoir parce que trop contraignante
et grande consommatrice de temps et d'énergie. Ainsi, il serait
préférable que les organismes centraux fassent connaître
les orientations qu'ils entendent donner dans telle ou telle activité en
émettant des politiques appuyées au besoin par des directives
générales qui laisseraient à chaque ministère une
plus grande marge de manoeuvre lui permettant de tenir compte en premier lieu
des exigences tant des services au public que de la productivité de
l'organisation.
Le nouveau projet de loi tend également vers un équilibre
plus juste entre les devoirs et les droits des employés afin
d'imprégner davantage chez ces derniers la notion du service au public.
On a souvent dit que l'actuelle Loi sur la fonction publique était en
quelque sorte une autre convention collective pour les employés
contenant toute une panoplie de droits. Nous avons, sans rogner sur les droits
acquis, établi clairement les devoirs auxquels est astreint un
employé dans le type de fonction publique que nous entendons nous
donner, c'est-à-dire axée sur le service aux citoyens.
Aussi, les mécanismes d'application du principe du mérite
ont été révisés afin de tenir compte davantage
d'impératifs, tels l'accès à l'égalité,
l'efficacité administrative et les besoins organisationnels. C'est ainsi
que, comme le recommande la commission Bisaillon, nous envisageons, lors de
concours de recrutement et de promotion, le rangement par niveau des candidats
déclarés aptes à occuper des fonctions
déterminées.
Tout ce remue-ménage amène des adaptations de niveau des
structures. C'est ainsi que, comme je l'ai déjà annoncé,
et le premier ministre l'a repris dans son discours inaugural, le
ministère de la Fonction publique sera aboli.
La qualité et l'accessibilité de services aux citoyens, la
productivité des employés de l'État,
l'imputabilité, la responsabilité des organisations et de leurs
gestionnaires par une plus grande délégation de pouvoirs, une
déréglementation, le maintien du régime du mérite
en assouplissant son application et la promotion de l'égalité en
emploi, voilà les grandes orientations qui se dégagent du projet
de loi que nous entendons piloter à l'Assemblée nationale
bientôt.
Comme vous le voyez, M. le Président, nous avons eu et nous avons
encore du pain sur la planche de ce côté.
Les derniers mois écoulés n'ont pas été
seulement consacrés à la réforme de la fonction publique,
comme vous le savez, on a déjà parlé des
négociations. Je voudrais maintenant faire le point sur les programmes
d'accès à l'égalité.
Avant de faire le point sur les trois programmes, je voudrais vous
parler du classement-moquette et de l'équivalence en emploi. La
recherche d'une solution au problème du classement-moquette,
c'est-à-dire de la secrétaire classée en fonction du
statut de son patron ou de l'épaisseur du tapis de son patron, en est
donc à sa phase terminale. Un comité composé de
représentantes du Secrétariat à la condition
féminine et du programme d'égalité en emploi de mon
ministère, d'un représentant de la classification et de la
rémunération de même que d'un représentant du
Conseil consultatif de la gestion du personnel me faisait rapport à la
fin de l'été 1982. La solution proposée par ce
comité et retenue par le ministère fait disparaître toute
référence au classement-moquette, mais également et
surtout permet d'offrir aux employées de secrétariat une
perspective de carrière et un enrichissement de leurs fonctions. Le
ministère soumettait en novembre une demande de mandat au
secrétariat du Conseil du trésor portant sur le regroupement des
emplois, les échelles de traitement ainsi que les modalités
d'intégration des employés visés. En décembre 1982,
dans le cadre des négociations, je me suis engagée formellement,
par la voie d'une lettre d'entente avec le Syndicat des fonctionnaires,
à consulter le syndicat et à mettre en oeuvre la solution retenue
dès le 1er juillet 1983.
Le ministère s'est aussi préoccupé de la
rémunération et de la classification de certains corps d'emploi,
fonctionnaires et professionnels, au sujet desquels il existe une
hypothèse de disparité salariale sur la base d'une discrimination
fondée sur le sexe. Au cours de l'année, le ministère a
mis sur pied un comité qui s'est penché sur cette question dans
la perspective envisagée par la Commission des droits de la personne.
Composé de représentants du Secrétariat à la
condition féminine et du programme d'égalité en emploi et
des mêmes représentants, grosso modo, que tout à l'heure,
le comité a fait des recommandations portant, notamment, sur
l'importance de décrire plus précisément les emplois, sur
l'utilisation d'une méthode d'évaluation par points-facteurs
reconnue par la Commission des droits et sur une analyse comparative qui
pourrait, dans certains cas, mener à des regroupements d'échelles
salariales.
L'évolution de ce dossier s'est ensuite déroulée
dans le cadre de la dernière négociation. Nous avons, en effet,
accepté de poursuivre notre recherche avec la partie syndicale en
offrant de mettre sur pied des comités paritaires chargés
d'établir, le cas
échéant, la discrimination sexuelle et d'étudier
les équivalences de ces corps d'emploi à forte concentration
féminine par rapport aux autres corps d'emploi. S'il y avait
recommandation unanime du comité disant qu'il fallait corriger la
situation, le gouvernement s'est engagé à rajuster les salaires
de ces corps d'emploi rétroactivement au 2 avril 1983. Quatre corps
d'emploi des fonctionnaires feront l'objet de cette étude conjointe
entre le ministère et le Syndicat des fonctionnaires qui a
accepté la proposition gouvernementale. Six corps d'emploi chez les
professionnels pourraient faire l'objet d'une étude similaire si le
syndicat y consentait.
Les programmes d'accès à l'égalité. La
dernière négociation aura fourni l'occasion de donner aux
programmes d'accès à l'égalité dans la fonction
publique une dimension nouvelle dont je me réjouis. L'élaboration
de ces programmes se fera désormais conjointement avec le syndicat dans
les cas où il y a, bien entendu, entente avec le syndicat à ce
sujet. Je le répète: Je m'en réjouis. Je crois que les
personnes visées par ces programmes auront ainsi l'occasion d'exercer
une double pression s'il s'avérait que, malheureusement, l'implication
de l'une ou l'autre des parties se mettaient à faiblir, j'entends ici
tant la partie patronale que syndicale. Mais je crois plutôt que les
programmes d'accès à l'égalité profiteront de cette
démarche conjointe dans la mesure où elle élargit le champ
de la sensibilisation au phénomène de la discrimination
systémique et favorise la collaboration dans la recherche des meilleurs
moyens pour promouvoir l'égalité. C'est donc un tournant
important que les programmes d'accès à l'égalité
actuellement en vigueur dans la fonction publique sont prêts à
effectuer.
C'est d'ailleurs avec une certaine fierté que, en tant
qu'employeurs nous poursuivrons notre démarche d'égalité
en emploi avec ces futurs partenaires. Les programmes d'accès à
l'égalité implantés dans la fonction publique me semblent
relativement en bonne santé.
Un bref bilan, maintenant, de ces programmes. On va commencer par celui
des femmes. Les gestes posés par les ministères et organismes de
même que par les organismes centraux se reflètent dans
l'évolution de la représentation féminine dans la fonction
publique. En situant la politique dans le contexte inévitable des
compressions d'effectifs et d'un gel du recrutement, et bien que cette
évolution ait été examinée sur une période
relativement courte, soit de mars 1980 à septembre 1982, donc, une
période de trente mois, les résultats me semblent encourageants
et stimulants pour l'avenir. Globalement, l'effectif total de la fonction
publique a diminué de 1% durant cette période. Par contre,
l'effectif féminin a connu une hausse de 1% et la présence des
femmes est de 2% supérieure. (20 h 15)
Toutes les catégories d'emplois, à l'exception de celle
des ouvriers, indiquent une tendance à la hausse de la
représentation féminine. L'effectif féminin
régulier de la fonction publique, sur une période de 30 mois, a
connu 34,28% de l'augmentation du nombre de cadres, 42,02% de celle des
professionnels et 100% de celle des techniciens.
Ces chiffres sont tirés du bilan de la politique
d'égalité en emploi pour les femmes, implantée depuis mars
1980 - je le répète - et couvrant la période
s'étendant jusqu'au 30 septembre 1982. Ce bilan, que je compte rendre
public dans les semaines qui viennent, expose de façon exhaustive
l'ensemble des interventions des ministères et organismes. Les
statistiques concernant la représentation féminine ne sont, du
reste, qu'un indicateur parmi bien d'autres des résultats de
l'implantation de la politique. Bon nombre d'interventions concourent à
fournir des résultats qui ne se concrétisent qu'à moyen ou
à long terme. D'autres amènent des changements qui sont plus ou
moins quantifiables. Dans l'ensemble, je peux affirmer que l'accès
à l'égalité pour les femmes est devenu, dans la fonction
publique, un aspect de la gestion des ressources humaines dont on ne pourra
dorénavant faire fi. Cette politique, à mon avis, est
implantée de façon irréversible.
Les personnes handicapées. Plus jeune d'un an, la politique
d'accès à l'égalité à l'intention des
personnes handicapées connaît, elle aussi, une implantation
marquée par des résultats. Les données actuellement
disponibles permettent d'affirmer que, sur un total de 39 ministères et
organismes regroupant 39 580 employés, on compte 1195 personnes
handicapées, soit 3,02% des effectifs recensés.
De plus, comme il avait été prévu, 50 postes
d'intégration au milieu de travail sont créés et sont
actuellement occupés par autant de personnes handicapées dans 18
ministères et organismes. Plus spécifiquement, depuis les cinq
dernières années, les mécanismes d'attraction ont permis
de faire passer de 142 à 398 le nombre de personnes handicapées
admises aux concours. Sur un total de 912 personnes admises aux concours
pendant cette période, 98 personnes handicapées ont
été déclarées aptes. Plus particulièrement -
et je le souligne de nouveau - malgré la compression des effectifs et le
gel du recrutement, la première phase de la politique a permis à
24 personnes vivant avec un handicap d'être embauchées pour des
emplois réguliers dans 8 ministères et organismes de la fonction
publique.
Des efforts ont également été
déployés, d'une part, pour maintenir à leur emploi des
personnes qui deviennent handicapées et qui étaient
déjà au service des ministères et, d'autre part, pour
assurer une accessibilité totale aux locaux gouvernementaux en
éliminant les obstacles physiques. Il m'apparaît évident
que la présence accrue de personnes handicapées dans la fonction
publique constitue en elle-même un élément
déterminant des changements non seulement architecturaux, mais
également culturels. Pour que tombent les barrières des
préjugés et des édifices, cette politique doit donc se
poursuivre et accentuer ses efforts.
Quant à la communauté culturelle, qui a fait parler d'elle
plus particulièrement ces derniers temps, je dirai - et vous me
comprendrez - qu'elle fera d'abord l'objet de certains commentaires rendus
nécessaires à la suite du dépôt récent du
rapport du CIPACC. En effet, le contenu de ce rapport, en ce qui concerne
l'accès à la fonction publique, a l'allure d'un procès
d'intention dont les effets ne peuvent être que nocifs si les faits ne
sont pas relatés dans leur juste perspective. Les effets seront nocifs
dans la mesure où le CIPACC, projetant de la fonction publique une image
de fermeture, démobilise les fonctionnaires dont les efforts sont
minimisés et alimente les querelles ethniques que le plan d'action
à l'intention des communautés culturelles tente pourtant de faire
disparaître.
J'aurais d'abord souhaité - et je le dis très franchement
- plus d'honnêteté de la part du CIPACC. Entre septembre 1982 et
mars 1983, soit entre le moment de la rédaction et le moment de la
parution du rapport, le CIPACC aura eu l'occasion de modifier sa perception
négative de la fonction publique. En vain ai-je espéré
que, par la voix de son président, le CIPACC modifie publiquement le
jugement sévère et immérité qu'il portait en
septembre 1982 sur la fonction publique.
Je signale que la lenteur d'exécution dont nous accuse le CIPACC
est reliée directement aux résistances mêmes du CIPACC
à accepter au départ les ajustements structurels rendus
nécessaires en raison, notamment, de certains remaniements
ministériels subséquents à la conception du plan d'action.
L'objectif n'était d'ailleurs pas d'écarter le CIPACC, mais de
définir les rôle et mandat de chacun des intervenants de
façon cohérente et fonctionnelle. L'impression
véhiculée par le CIPACC, à savoir que nous avions
éliminé sa participation du volet accès à
l'égalité dans la fonction publique, est également fausse.
Le CIPACC, au contraire, a le pied dans le meilleur des étriers. Son
président, en effet, siège au comité
d'égalité en emploi qui, comme les comités aviseurs des
deux autres politiques, est chargé de surveiller l'évolution des
plans d'action et de me conseiller sur toute modification jugée
nécessaire au succès de la politique.
À ma connaissance, et je défie le président du
CIPACC de le nier, ce comité aviseur est très actif. Depuis sa
mise sur pied en décembre 1982, il s'est déjà tenu quatre
réunions au terme desquelles le comité vient de me remettre son
premier rapport.
La parution du rapport du CIPACC, décalée de six mois
après sa rédaction, ne tient évidemment pas compte de
l'état actuel de la situation. Or, le rythme des opérations se
sera nettement accéléré depuis le 15 septembre 1982, au
moment où démarrait officiellement la politique dans les
ministères par une rencontre avec les agents ministériels.
Jusqu'à maintenant, 25 plans d'action ont été
déposés. Je compte effectuer une relance pour que nous
parviennent les plans des retardataires dans les plus bref délais. Mis
de l'avant au cours de l'année dernière, le programme de stages
coopératifs pour étudiants d'universités non francophones
commence à porter ses fruits. Nous comptons embaucher comme stagiaires
dans la fonction publique, pour l'été qui vient, cinq
étudiants au niveau du baccalauréat et quatre au niveau de la
maîtrise.
L'inventaire des effectifs membres de communautés culturelles
dans la fonction publique a également été actualisé
au cours de l'année 1982. Cet inventaire, qui est maintenant disponible,
établit qu'en juin 1982 on trouve 1745 employés membres de
communautés culturelles sur un total de 69 227 personnes
réparties dans 57 ministères et organismes du gouvernement. Dans
la mesure où la proportion est maintenant de 2,5%, nous n'accusons donc
qu'une diminution de 0,2% par rapport à 1979. Les employés du
gouvernement ayant la sécurité d'emploi, l'on peut facilement
présumer que la diminution des effectifs membres de communautés
culturelles est liée à des décès, des mises
à la retraite ou des départs volontaires.
La ventilation effectuée selon l'âge et les années
d'expérience dans la fonction publique corrobore cette affirmation. En
effet, la baisse se situe surtout au niveau des groupes âgés de 24
ans et moins ou âgés de 45 ans et plus. Plus
particulièrement, la baisse se fait sentir parmi les employés
dont le nombre d'années d'expérience dans la fonction publique
est inférieur à cinq ans.
Nous nous posons donc certaines questions. Les jeunes employés
quitteraient-ils volontairement la fonction publique pour des emplois qu'ils
jugent plus conformes à leurs aspirations? Devons-nous nous demander si
les membres issus des communautés culturelles ont tendance à
considérer la fonction publique comme une espèce de tremplin
à partir duquel ils acquièrent une expérience de travail
utile pour un autre
emploi? Ce phénomène est évidemment
inquiétant. Si l'attrait est de nature temporaire de leur part, un
recrutement même massif de membres de communautés culturelles
aurait somme toute peu de chance de modifier de façon permanente la
représentation globale des membres des communautés
culturelles.
Quoi qu'il en soit et malgré l'appréhension que nous
tentons peut-être de combler un panier percé, les données
actuellement disponibles démontrent l'effort fait par la fonction
publique pour promouvoir et recruter des candidats issus des communautés
culturelles. Ces données remontent au 15 septembre 1982, date à
laquelle est entré en vigueur le règlement sur le rangement par
niveau dont j'aurai l'occasion de reparler et couvrant la période allant
jusqu'au 14 février 1983.
À titre indicatif de l'effort, la période étant
relativement courte, les résultats sont les suivants. Dans les cas
où il y a eu matière à procéder à du
rangement par niveau, soit dans les cas où des membres des
communautés culturelles, des personnes handicapées ou des femmes
pouvaient se présenter à des concours, il s'est tenu, entre le 15
septembre 1982 et le 14 février 1983, dix concours de promotion et un
concours de recrutement pour les emplois supérieurs. Chez les
professionnels, il s'est tenu cinq concours de recrutement et, chez les
fonctionnaires, un concours. Les résultats, qu'on en juge, me semblent
encourageants pour une si courte période.
Les concours de recrutement ont permis la nomination de neuf membres de
communautés culturelles sur un total de 38 personnes recrutées;
24 de ces dernières ont été nommées à des
emplois d'analyste en informatique et 6 à des emplois d'analyste en
protection du territoire agricole. Les autres concours de promotion ont permis
à 7 membres de communautés culturelles d'obtenir une promotion
sur un total de 12 personnes promues. Dans l'ensemble de ces concours, 50
personnes ont été titularisées dont 16 membres de
communautés culturelles; 12 personnes ont été
titularisées chez les cadres supérieurs dont 7 membres de
communautés culturelles; 36 autres ont été
titularisées chez les professionnels.
Ces quelques chiffres m'amènent à vous livrer deux
considérations. La première touche l'objectif quantitatif
à atteindre en termes de représentativité des membres des
communautés culturelles dans la fonction publique. Le document "Autant
de façons d'être Québécois" laisse entendre que le
gouvernement a mis de l'avant un objectif de 9,5%. Or, comme le souligne dans
son rapport le comité aviseur de la politique à l'intention des
communautés culturelles et auquel, je le répète, participe
le président du CIPACC, l'évolution de la fonction publique
montre qu'on ne peut envisager pareil objectif qu'en le faisant porter sur une
période plus longue de temps que celle qui est
généralement évoquée.
La diminution draconienne des postes offerts au recrutement de
même que la réduction des effectifs contrastent,
singulièrement du reste, avec la période antérieure
d'expansion dans la fonction publique, au cours de laquelle avait
été conçu le plan d'action à l'intention des
communautés culturelles. Il me paraît, en conséquence, plus
réaliste et plus honnête envers les membres des communautés
culturelles de même que plus mobilisateur pour les fonctionnaires
responsables de cette politique de considérer la proportion annuelle des
entrées consacrées aux membres des communautés culturelles
par rapport à l'ensemble des nouveaux arrivants dans la fonction
publique.
La deuxième considération touche le rangement par niveau,
qui s'avère, depuis le 15 septembre 1982, une formule qui a le
mérite de pondérer, pour les trois clientèles
visées par les programmes d'accès à
l'égalité, ce que les méthodes d'évaluation et de
sélection des candidats et candidates contiennent encore de
discriminatoire. Le rangement par niveau constitue, en effet, un moyen par
lequel peut s'opérer un redressement de la situation des groupes
historiquement discriminés et pallie les effets d'exclusion des formules
antérieurement utilisées. En passant, je voudrais souligner que
nous avons dû amender la Loi sur la fonction publique en juin dernier
pour rendre légales cette approche de redressement et les mesures
qu'elle requière.
Les articles qui autorisent la fonction publique à
procéder à l'élaboration des programmes d'accès
à l'égalité s'appliquent malgré l'actuelle Charte
des droits et libertés de la personne. Comme en témoignent les
récents amendements à la charte, ces programmes correspondent
à l'évolution de la connaissance que nous avons acquise de la
discrimination systémique et des remèdes que l'on doit y
apporter.
Je voudrais, pour clore ce chapitre sur les programmes d'accès
à l'égalité, souligner un de leurs mérites dont on
fait trop peu état. L'approche de ce programme est au coeur de la
nouvelle philosophie qui s'est dessinée en gestion du personnel de la
fonction publique. Pour en revenir au projet de loi sur la fonction publique,
il y aura, comme le veut le processus d'adoption d'une loi, une commission
parlementaire qui entendra tous les intervenants désireux de se
prononcer sur le projet que nous leur soumettrons.
En conclusion, je vous dirai simplement que même si, à plus
ou moins brève échéance, nous nous ferons hara-kiri, soyez
assurés que ce que nous avons entrepris, nous
le mènerons à terme. Merci, M. le Président. Je
remercie également mes collègues de leur patience.
Le Président (M. Paré): Merci. M. le
député de Louis-Hébert.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: Merci. M. le Président, la ministre vient de
nous exposer sa vision des choses. Elle me paraît
légèrement idéalisée. Malheureusement, comme c'est
notre devoir, à nous de l'Opposition, que nous examinions la
réalité, je dois me rendre compte qu'il y a beaucoup de souhaits
qui se retrouvent dans le discours de la ministre et qu'on a entendus de sa
bouche ou de celle de certains autres membres de sa formation politique.
D'abord, je voudrais souligner que, depuis déjà assez
longtemps, nous entendons parler de gel des effectifs, de réduction dans
la fonction publique, de contrôles du nombre de fonctionnaires, etc., le
premier ministre y avait consacré quelques paragraphes dans son discours
inaugural du 5 novembre 1980, où, déjà, lui-même,
regardait en arrière sur les quatre ans et indiquait que, depuis quatre
ans, le gel des effectifs ou, comme on dit, la croissance zéro, nous
l'avons appliqué d'une façon plus serrée, etc.
On retrouve le même message dans le message inaugural du 9
novembre 1981, où encore il se réfère à la
croissance zéro. De nouveau, le 23 mars 1983, il parlait d'une cure
d'amaigrissement qui était nécessaire dans le secteur public. Le
refrain qui est repris aujourd'hui est fort connu. C'est un refrain qui est
presque entré dans le domaine du folklore tellement on l'a entendu de
toutes les façons et par différentes personnes. (20 h 30)
Ce que nous allons tenter de savoir ici est ce qui s'est fait dans ce
domaine, quelle a été l'évolution et à quoi on peut
s'attendre, sur la base des renseignements que la ministre sera appelée
à nous fournir. Il est évident que, si on fait un relevé
des postes d'encadrement supérieur de 1977 à 1981, on
s'aperçoit que le nombre de postes est passé de 3118 au 30 juin
1978 à 3891 au 30 juin 1981 d'après les chiffres qui me sont
fournis, soit une augmentation de 773 postes d'encadrement supérieur sur
une période de quatre ans. Une augmentation d'environ 25%. Il est
révélateur à ce sujet de s'apercevoir que la masse
salariale a évidemment suivi une courbe semblable et que la proportion
des emplois d'encadrement supérieur par rapport au nombre total
d'employés est passée d'un sur 20 au 30 juin 1978 à un sur
14,7% au 30 juin 1981 sur une période de trois ans. Les chiffres plus
récents ne nous étant pas actuellement disponibles, je ne vois
pas de raison de croire qu'il y ait eu véritablement une
amélioration de ce côté. Si cela continue comme cela, il
est bien sûr qu'il y a de plus en plus de chefs pour de moins en moins
d'Indiens. Finalement même si - et c'est cela qu'il faut regarder -
même si la ministre peut nous faire valoir des réductions dans le
nombre d'employés, on s'aperçoit que d'une façon
très curieuse la masse salariale augmente et une partie des causes de
cette situation réside dans le fait que le nombre de personnes
affectées à l'encadrement supérieur augmente
continuellement.
Du côté des effectifs globaux de la fonction publique,
comme je le disais tout à l'heure, les employés réguliers
à temps complet, d'après les chiffres que je possède, sont
passés au 30 juin 1978 de 62 904 à 57 394 au 30 juin 1981, ce qui
indique une diminution des 5 510 postes. Malgré ce fait, on retrouve de
plus en plus de personnel de cadre. L'augmentation du personnel de cadre est de
l'ordre de 770 ou 775 postes. Il faut se poser des questions.
Du côté du personnel politique - je pense qu'il est
nécessaire d'en parler - nous aurons l'occasion d'en parler plus
longuement: les secrétaires particuliers et secrétaires
particuliers adjoints, directeurs de cabinet, attachés politiques,
employés de soutien. On remarque une augmentation pour les années
1979-1980 à 1980-1981 de 38% de ces postes. C'est-à-dire que l'on
passe de 218 postes à 300 postes d'employés qui font du travail
purement politique, c'est-à-dire des secrétaires particuliers,
des secrétaires particuliers adjoints, etc. On retrouve pour ces
personnes une augmentation de la masse salariale de cette catégorie
d'emploi de 44%. Ce sont des chiffres qui parlent d'eux-mêmes, qui sont
extrêmement inquiétants. Il semblerait qu'ils n'ont pas subi de
réduction. Nous aurons à nous inquiéter.
Mon collègue de Jean-Talon probablement aura l'occasion d'aborder
le sujet du sort réservé à ce personnel dans le nouveau
projet de loi qui abolira le ministère de la Fonction publique: quelles
seront les dispositions qui seront prises par le gouvernement concernant ce
personnel advenant, comme c'est fort probable et l'espoir de plus en plus de
gens de la province de Québec, que le gouvernement actuel cède la
place à l'Opposition? Je crois qu'il est de notre devoir de nous
inquiéter dès maintenant de ce que sont les intentions du
gouvernement à ce sujet. J'ai l'intention de laisser mon collègue
de Jean-Talon - cela ne sera peut-être pas très long non plus
-approfondir cette question.
En ce qui concerne l'abolition du ministère de la Fonction
publique nous aurons l'occasion d'y revenir beaucoup plus longuement. Je ne
sais pas à quel niveau est la préparation de ce projet de loi. Il
semble
qu'il y ait eu un certain nombre de versions qui ont été
préparées. On en a peut-être dix, onze ou douze. La
ministre pourra nous dire où nous en sommes, quelles sont ses intentions
à ce sujet. Est-ce qu'elle prévoit en saisir l'Assemblée
nationale avant la fin de la présente session? Elle a parlé d'une
commission parlementaire: je m'en réjouis parce que c'est absolument
essentiel que les intéressés aient l'occasion de se faire
entendre et de faire connaître leur point de vue. Mais il est important
de savoir dans quels délais ces choses vont se faire. Nous pourrons,
quand nous aurons en main le projet de loi, faire connaître notre
position finale, mais il y a déjà un certain nombre de principes
issus de la commission Bisaillon qu'on retrouve et que nous, de l'Opposition,
tenons à voir repris dans le projet de loi qui nous sera
présenté par Mme la ministre en temps et lieu.
En ce qui concerne ces principes, vous me permettrez de dire un mot plus
particulièrement sur l'imputabilité. Il est sûr qu'on peut
faire les gorges chaudes de ce principe et soi-disant déplorer que, lors
de la commission de l'énergie et des ressources, certains membres de
conseils d'administration d'organismes publics appartenant à
l'État aient été appelés, invités, à
rendre des comptes sur une certaine partie de leur gestion. Les hauts cris
qu'on a jetés à ce moment sont en grande partie, selon moi,
empreints d'hypocrisie. Je ne pense pas qu'on puisse espérer
siéger à un conseil d'administration d'une société
d'État, virer des centaines de millions de dollars, prendre des
décisions en ce qui concerne des contrats et l'engagement de personnel
et s'étonner que les élus du peuple soient appelés
à poser des questions là-dessus et qu'on le fasse d'une
façon qui oblige les personnes qui ont accepté ces postes et qui
siègent à ces conseils d'administration à rendre des
comptes à la satisfaction des élus.
En tant que parlementaire, en tant qu'élu, je n'ai aucune excuse
à faire à qui que ce soit d'avoir posé les questions que
j'ai eu à poser et que mes collègues ont eu à poser. Si on
n'est pas prêt à accepter ces règles du jeu, je pense qu'on
n'a tout simplement pas affaire là. Il nous appartient, en tant que
parlementaires, de contrôler la façon dont sont administrés
les fonds publics et je ne pense pas qu'on puisse espérer faire notre
devoir si on n'a pas le courage - et cela en prend une certaine quantité
- de poser des questions à des gens qui sont des fonctionnaires ou des
administrateurs de sociétés d'État. Je ne voulais pas
laisser sous silence les reproches qui nous ont été faits,
à nous de l'Opposition, concernant certaines questions que nous avons
été dans l'obligation de poser à des gens qui avaient
accepté des postes au sein d'un conseil d'administration.
J'ai écouté la ministre très attentivement et je ne
retrouve rien dans ses remarques concernant ce qu'elle a l'intention de faire,
la suite qu'elle entend donner au programme en ce qui concerne les
fonctionnaires sous-utilisés ou inutilisés, les gens à qui
on donne un nom que je n'aime pas beaucoup, les "tablettes". Les fonctionnaires
sous-utilisés ou inutilisés doivent faire l'objet d'un programme
qui permette leur réintégration, leur réinsertion à
la fonction publique, afin qu'ils gagnent leur sel et que les citoyens du
Québec qui les paient, finalement, en aient pour leur argent.
Je pense que la ministre devra nous faire part de ce qui se passe dans
ce domaine. Selon les renseignements que je possède, ce programme, s'il
n'est pas totalement délaissé, est au moins au neutre et c'est
totalement insatisfaisant. Il nous faudra avoir des améliorations de ce
côté. Il est facile pour la ministre de nous demander, à
nous de l'Opposition, de lui fournir le nombre de personnes qui sont
inutilisées ou sous-utilisées. Je ne suis pas en mesure de
fournir des chiffres permettant à la ministre de préparer les
programmes dont elle a besoin. L'essentiel, c'est que c'est la
responsabilité actuelle du ministère de la Fonction publique de
faire ces inventaires, d'étudier le problème et d'y apporter des
remèdes.
À plusieurs reprises dans le passé - je sais que cela a
été le cas l'an dernier - la ministre a fait allusion à
certaines améliorations qui devaient être apportées de
façon à corriger cette situation. Je ne sais pas ce qui a
été fait, quels résultats cela a donnés, quels sont
les fonds qui ont été consacrés, combien de personnes ont
été affectées par ces programmes, s'ils existent encore.
Je voudrais bien que la ministre puisse nous éclairer là-dessus
à la première occasion.
Puisque la ministre a dit un mot des négociations, je pense qu'on
ne peut pas parler des négociations sans déplorer vivement la
façon dont les choses se sont passées dans la fonction publique,
avec les fonctionnaires comme dans le cas des autres employés des
secteurs public et parapublic. On a assisté à une
opération législative qui n'avait aucun précédent
dans l'histoire législative du Québec. On a eu les lois 68, 70,
105, 111 et encore, nous avons devant nous à l'Assemblée
nationale les séquelles de ce train législatif avec le projet de
loi no 8 dans lequel on nous demande de réadopter ces lois que nous
avons dénoncées et que la population en général a
dénoncées. Nous nous trouvons dans une situation où le
climat des relations de travail s'est détérioré d'une
façon absolument sans précédent. Cela est dû
à la façon du gouvernement d'administrer les relations du
travail, de penser qu'on pouvait, parce qu'on avait le gros bout du
bâton,
imposer sa volonté aux employés du secteur public, plus
particulièrement à ceux de la fonction publique. Je sais
qu'actuellement les problèmes demeurent en ce qui concerne les
professionnels. On connaît une certaine situation qui vient d'être
rendue publique, par le président du syndicat des professionnels qui
annonce que son syndicat et ses membres sont en train de s'installer dans une
forme de résistance passive vis-à-vis du gouvernement. La
première réflexion qui me vient à la suite de cela, c'est
que finalement ceux qui en paieront le coût, à cause de
l'entêtement du gouvernement, de son refus de négocier, de son
refus d'accepter de prendre des mesures qui auraient permis de s'entendre sur
un contrat de travail - on dit que cette chose-là se passe chez les
professionnels; or, elle s'est passée partout, dans tous les secteurs
qui ont été touchés par le gouvernement en ce qui concerne
les relations du travail, les professionnels ne sont pas une exception -ceux
qui vont payer le coût de cette opération dont le gouvernement est
grandement responsable, ce seront les contribuables, les citoyens et les
citoyennes du Québec. Dans la situation de crise que nous vivons
actuellement, le gouvernement aurait dû tout faire pour éviter que
cela ne se produise et que les citoyens du Québec, les
Québécois et les Québécoises ne soient mis dans une
situation où ils n'auront pas les services pour lesquels ils paient le
gros prix.
Je pense que cela vaut la peine d'être souligné. Comme
épiphénomène à toute cette situation de mauvaises
relations du travail, on ne peut pas non plus passer sous silence les
ultimatums qui sont devenus monnaie courante pour le gouvernement. Je dois le
souligner, plus particulièrement quand on songe à la
réaction du gouvernement et du premier ministre en ce qui a trait
à certaines allusions, certaines déclarations qui ont
été faites par certains dirigeants syndicaux concernant
l'intention qu'ils pouvaient avoir de se porter défenseurs de
l'intérêt public quand ils étaient témoins de
certaines malversations ou de certaines choses anormales. Quand le premier
ministre, au moyen d'ultimatums, menace de congédier,
c'est-à-dire qu'il menace de la peine capitale au niveau des relations
du travail les fonctionnaires qui oseraient dénoncer certains abus
gouvernementaux, je pense qu'il devrait avoir à l'esprit que pour
obtenir la confiance et la loyauté de ses employés, de ses
fonctionnaires, il faut la mériter. C'est une voie dans les deux
sens.
Je me réfère plus particulièrement, et je l'ai sous
les yeux, à un éditorial qu'écrivait le 28 avril 1983 M.
Jacques Dumais. Je pense, M. le Président, que je ne pourrais mieux
faire que d'en dire certains extraits qui résument ma pensée et
qui font la part des choses sur un sujet qui est extrêmement
sérieux, écrit par quelqu'un qui est indépendant, un
éditorialiste qui a regardé la position des deux parties et
qui...
M. Bisaillon: Cela doit être très bon. C'est un
indépendant? Excellent. (20 h 45)
M. Doyon: ...regardant la situation des deux parties, a
posé un jugement qui me paraît...
Mme LeBlanc-Bantey: ...
M. Doyon: ...éclairé, tenant compte des
difficultés de fonctionnement qu'il peut y avoir à ce sujet.
Voici ce que disait M. Jacques Dumais dans son éditorial du 28 avril:
"Loyauté dans les deux sens"' C'est le titre de son article. "Dans son
discours inaugural de mars, le gouvernement Lévesque entend
"responsabiliser" davantage ses employés en leur déléguant
plus de pouvoirs. Ceux-ci devront progressivement être comptables de
leurs actes. C'est l'imputabilité. Mais qui dit responsabilité
dit aussi loyauté. C'est là que le bât blesse après
une ronde acrimonieuse de négociations avec les professionnels de
l'État. "Depuis une quinzaine, la confidentialité de certains
documents gouvernementaux s'amenuise. Des renseignements très critiques
de fonctionnaires à l'égard de programmes d'aide à
l'emploi font leur tour de presse. Et on relie parfois à une revanche
des professionnels ces fuites impliquant la moralité du premier ministre
(l'affaire LG 2) ou celle de son lieutenant au ministère de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme (l'affaire Biron). "S'il y a effectivement un lien
de cause à effet entre les relations de travail viciées et ces
fuites, on comprend que les ministériels et les cadres supérieurs
de la fonction publique s'inquiètent. Là où il n'y a plus
de confiance, il n'y a plus de loyauté et d'aucuns peuvent diluer
singulièrement leur serment d'office. Dans une intervention
récente, le secrétaire du Conseil exécutif, M. Louis
Bernard, a justement rappelé que s'annihile la capacité de
gouverner quand la loyauté fout le camp. "M. Bernard devrait toutefois
se rappeler que lorsqu'il était le chef de cabinet du chef de
l'Opposition péquiste de 1970 à 1976, les fuites de documents
abondèrent au détriment de la capacité de gouverner du
premier ministre Bourassa. Sauf erreur, il ne se trouva guère
d'éléments péquistes pour le déplorer à
l'époque. "M. Bernard a raison de rappeler la "nécessité
absolue" d'une loyauté sans laquelle la qualité du service public
se détériore. Mais le phénomène qu'il
dénonce n'est pas plus apocalyptique aujourd'hui qu'hier, hormis pour
des élus récoltant ce qu'ils sèment. La loyauté
jouant dans les
deux sens, le blitz gouvernemental de l'an dernier contre l'ensemble des
salariés de l'État était-il plus loyal que
méprisant? "Une fuite de documents, même de nature confidentielle,
se situe quelquefois dans l'intérêt public. Le gouvernement
Lévesque s'est fait élire, en 1976, sous l'étiquette de la
transparence institutionnelle. Récusant l'abus du secret d'État,
il a même créé une Commission d'accès à
l'information gouvernementale dans le but de le revitaliser. Il vaudrait donc
mieux que l'État retourne loyalement aux sources avant de faire la
morale à ses serviteurs."
M. le Président, je pense qu'il s'agit là d'une vue
d'ensemble du problème auquel le gouvernement a à faire face
actuellement. Qu'il ne se leurre pas. Il va continuer à faire face
à ce problème tant et aussi longtemps qu'il n'aura pas
mérité la confiance et la loyauté de ses employés.
Là-dessus, je le dis sincèrement, il a du chemin à faire.
La cause n'est pas gagnée et ce qui est malheureux là-dedans,
c'est que le gouvernement prenne une attitude de braquage et d'affrontement qui
vise tout simplement à écraser ce qu'il perçoit comme
étant de l'opposition de la part de ses employés. C'est une
fausse attitude qui ne mène nulle part et qui ne pourra, pour autant que
le gouvernement est concerné, que continuer les problèmes qu'il
vit déjà.
Je pense que le gouvernement devrait accepter que pour que des
employés travaillent loyalement, avec confiance, le gouvernement doit
les traiter d'une façon honorable, d'une façon où on en
fait des collaborateurs, on en fait des gens sur qui on peut se fier, des gens
qu'on respecte et non pas des gens qu'on désire écraser et
à qui on désire par tous les moyens, y compris le dernier moyen
qui est le moyen ultime, parce qu'il n'y a pas de moyen qui peut aller
au-delà de cela, celui d'imposer des conditions de travail par voie
législative. On ne peut aller plus loin que cela, on ne peut faire pis
que cela.
M. le Président, réalise-t-on que l'employeur qui, pour
faire accepter des conditions de travail à ses employés, utilise
le lock-out, ne fait rien en comparaison - et pourtant c'est une arme terrible,
c'est une arme qui est dénoncée par tout le monde -de ceque le gouvernement a fait? Le lockout n'a pas de signification parce que
le gouvernement a fait pis que cela. Il n'a pas dit: Je ferme les portes et
tout cela. Ce qu'il ne pouvait pas faire, admettons. Il a fait pis que cela. Il
a dit: Vous allez travailler à des conditions que je vous dicte.
Imagine-t-on, un moment, un seul employeur pouvant se permettre de faire cela
et espérer obtenir de la part de ses employés une collaboration
de quelque nature que ce soit? On ne dira jamais assez fort que cette situation
est absolument déplorable et qu'elle doit amener le gouvernement
à une réflexion sérieuse et rapide sur une
amélioration de la situation, sans quoi, nous allons nous retrouver dans
l'impossibilité d'utiliser une machine qui coûte des centaines et
des centaines de millions au gouvernement et, par voie de conséquence,
à la population du Québec. Je pense que c'est important de
souligner cela en passant.
Quand on nous a présenté la pile de documents sessionnels
que nous avons dû étudier à la vapeur, c'est-à-dire
repasser rapidement avec les faibles moyens dont nous disposons... On ne peut
comparer l'équipe qui est derrière moi et l'équipe qui est
derrière la ministre; je ne lui reproche pas d'être mieux
équipée que moi, mais, je pense que, avec toute la
qualité...
Mme LeBlanc-Bantey: ...personnel politique.
M. Doyon: ...toute la qualité - je comprends cela - du
personnel que nous avons, l'Opposition ne peut évidemment pas faire le
poids avec l'appareil gouvernemental. Quand je parle, nous, de l'Opposition, de
la situation dans laquelle nous étions...
M. Rivest: II y a de biens meilleurs députés de
notre côté.
M. Doyon: Oui, c'est vrai. La population est prête à
dire la même chose.
Mme LeBlanc-Bantey: La population a jugé à la
dernière élection.
Une voix: Mais ils le regrettent.
Mme LeBlanc-Bantey: Ils ont choisi quelques
députés.
M. Doyon: Ils s'en mordent les pouces. Mme LeBlanc-Bantey:
On verra.
M. Doyon: Oui. Ce que je voulais dire, M. le Président,
c'est que la pile de documents sessionnels, les milliers et les dizaines de
milliers de pages - on ne parle pas de milliers, on parle de dizaines de
milliers de pages - qui ont été déposées, ce qui
était déjà impressionnant, réalise-t-on que nous
avons eu à peine quelques heures pour étudier ces documents?
Quelle garantie êtes-vous en mesure, malgré le nombre de
fonctionnaires dont vous disposez, d'apporter à la population du
Québec que nous nous sommes franchement et équitablement
acquittés de notre tâche de parlementaires, de notre tâche
de législateurs, de notre tâche de personnes qui disposions d'une
arme, l'arme ultime comme je le disais tout à l'heure, dans ce sens que
nous avons été dans l'obligation, sous la menace de la
majorité ministérielle, d'adopter sans étude
finalement, des documents sessionnels, des projets de loi qui sont devenus des
lois qui régissent maintenant les relations du travail de centaines de
milliers d'employés? Quand je songe à cela, je me demande si nous
ne devrions pas faire un sérieux examen de conscience, parce que la
population est en train de se poser les mêmes questions concernant cette
façon de s'acquitter de notre tâche de législateur.
La ministre a eu l'occasion de parler, de faire état de ces
programmes d'égalité en emploi en ce qui concerne les femmes.
Elle y est allée de nombreux pourcentages d'augmentation, etc. J'ai
remarqué, ma collègue de Chomedey y reviendra sûrement,
qu'elle nous a fourni des pourcentages et qu'on parlait très peu - je ne
les ai pas entendus, en tout cas - de chiffres absolus. Combien le pourcentage
représente-t-il de personnes? Évidemment, un pourcentage de 50%
peut être très impressionnant, à première vue, cela
peut être très impressionnant. C'est facile de se péter les
bretelles avec 50%. Sauf que, si on fait du 50% en faisant passer de 10
à 20, ce n'est pas très impressionnant sur un nombre total. Je
dis cela comme cela, ce n'est peut-être pas de 10 à 20. Mais
j'aimerais connaître des chiffres exacts en ce qui concerne
l'augmentation de la présence féminine dans les divers corps
d'emploi. On nous a parlé de pourcentage, c'est très bien les
augmentations de pourcentage, mais étant donné que les
améliorations nécessaires étaient tellement
considérables et qu'on partait de tellement loin, est-ce que cela veut
dire quelque chose? Ce sont les questions qu'il faut se poser.
On nous a parlé d'augmentations en ce qui concerne les
handicapés. Les chiffres qui me restent à l'esprit - parce que je
n'ai pas eu l'occasion d'avoir le texte de la ministre avant et, donc, je n'ai
pas à ma disposition les notes de la ministre - c'est qu'une dizaine de
handicapés ont eu accès à la fonction publique à la
suite du programme d'égalité en emploi. Vous allez me dire que
c'est mieux que rien, mais qu'est-ce que c'est? C'est une goutte d'eau dans
l'océan. Je comprends qu'on ne peut pas tout faire en même temps,
mais je ne peux pas non plus féliciter la ministre pour avoir
réussi, dans un programme de l'envergure de celui qu'elle nous avait
annoncé, purement et simplement à mettre sur les listes
d'aptitude d'après ce que j'ai compris des chiffres qu'elle m'a
donnés - une dizaine ou une douzaine de personnes.
Elle nous a fait une revue de sa perception de l'oeuvre du CIPACC et du
travail que le CIPACC faisait. Je pense que, là encore, on se retrouve
dans une situation où on nous avait laissé miroiter des
améliorations considérables. On nous avait parlé
d'objectifs à court terme. Quand on parlait d'objectifs, on ne nous
référait pas à la semaine des quatre jeudis, mais on nous
promettait quelque chose dans un avenir prévisible. Il n'y a pas
longtemps de cela, c'est l'an dernier. Je pourrais le retrouver parce que j'ai
ici la transcription du journal des Débats, mais je ne le ferai pas
parce que c'est inutile dans le moment. On nous avait parlé d'un
objectif de 9,5%. Qu'en est-il actuellement en ce qui concerne les
communautés ethniques?
On s'aperçoit que le pourcentage des représentants des
communautés ethniques à l'intérieur de la fonction
publique québécoise a effectivement diminué. Je vous
soumets que ce n'est pas comme cela qu'on va avancer. Cela n'est jamais en
reculant qu'on avance ou, si c'est comme cela, je ne comprends plus rien car le
fil d'arrivée est du mauvais côté. Je ne vois pas comment
on peut se réjouir d'avoir moins diminué que l'an dernier ou que
les années précédentes. Je dois dire que ce n'est pas
très fort et c'est plus ou moins réconfortant pour ceux qui
s'attendent à un peu de justice à ce niveau.
Ce sont les remarques préliminaires que je voulais faire. J'aurai
un certain nombre de questions à poser. Je sais que mon collègue
de Jean-Talon veut aborder la question du projet de loi qui abolira la fonction
publique. M. le Président, je poserai des questions spécifiques
tout à l'heure, avec votre permission.
Le Président (M. Paré): Alors, avant de... Est-ce
que vous voulez répondre immédiatement?
Mme LeBlanc-Bantey: Je pense que oui, cela mériterait
quelques commentaires.
Le Président (M. Paré): Alors, la parole est
à vous, Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: J'ai peur d'en oublier parce que M. Doyon a
été très généreux de ses commentaires et de
ses analyses. Je vais tenter de reprendre quelques-unes des affirmations qu'il
a faites ou de répondre à quelques-unes des questions qu'il a
posées.
D'abord, j'ai cru comprendre qu'il admettait qu'il y avait effectivement
eu diminution d'effectif dans la fonction publique. Cela est quand même,
par rapport aux progressions constantes qu'on a connues, un virement assez
radical, il l'admettra. Effectivement, il y a eu, sur le nombre total,
diminution d'effectif malgré le fait qu'on ait créé de
nouveaux services ou que de nouveaux organismes aient été mis sur
pied.
Il a souligné le problème de l'encadrement
supérieur. Il ne me l'apprenait
pas car j'ai été une des premières à le
souligner et à dire qu'effectivement il ne faudrait pas, à
l'occasion du gel de recrutement dans la fonction publique, se retrouver avec
une fonction publique où l'on compte plus de chefs que d'Indiens. Si ma
mémoire est bonne, c'est lors du dépôt patronal aux
syndicats que j'ai effectivement dénoncé cette situation.
Nous avions constaté, avec le Conseil du trésor -
j'imagine que le député de Louis-Hébert sait que c'est le
Conseil du trésor qui a le contrôle de l'effectif et de la
rémunération - que nous avions tendance à couper certains
postes à la base parmi les fonctionnaires et, par ailleurs, à
augmenter le taux d'encadrement. Le Conseil du trésor a trouvé
une façon de détourner cette tendance qu'avaient certains
gestionnaires et, depuis six mois, il exige non seulement des coupures
d'effectif, mais il double la coupure sur la masse salariale. Cela a comme
conséquence que, quand les gestionnaires coupent parmi l'effectif, ils
sont nécessairement obligés, pour rejoindre l'objectif,
d'atteindre le double de la coupure sur la masse salariale sans
nécessairement être obligés de couper parmi les postes les
mieux payés dans la fonction publique. (21 heures)
Or, que le député de Louis-Hébert le souligne, je
pense que cela n'est pas mauvais. Plus on va en parler, plus les gouvernements
et les gestionnaires seront sensibles à cet aspect, mais je vous
souligne que nous avons déjà pris les moyens pour éviter
que les réductions d'effectifs se fassent plutôt à la base
qu'en haut de la structure.
Du côté du personnel politique, je vous avouerai, par
rapport à la loi, que nous continuons de réfléchir au
problème. En attendant, je pourrais peut-être inviter le
député de Louis-Hébert à lire ce qu'en disait le
rapport Bisaillon et à nous donner son opinion. Elle pourrait être
de bon aloi. Il a demandé nos intentions sur le projet de loi. Je lui
dirai que j'ai l'intention de déposer le projet de loi avant la fin de
juin pour une éventuelle commission parlementaire avant l'automne afin
que nous puissions l'adopter avant décembre prochain. Idéalement,
nous aurions voulu le déposer et l'adopter avant le mois de juin. Par
ailleurs, vous comprendrez que, compte tenu des négociations, cela n'a
pas été possible d'y consacrer tout le temps que nous aurions
voulu. Comme nous tenons à la plus large consultation possible à
propos de ce projet de loi, nous avons donc pensé qu'il serait pertinent
de le déposer pour adoption à l'automne.
Je reviendrai sur l'imputabilité et sur les commentaires qu'a
faits le député de Louis-Hébert sur la façon dont
cela se passe à la commission de la SEBJ. Je pense qu'en
général les gestionnaires n'ont pas d'objection à rendre
compte de leur gestion. Étant donné le prix que les citoyens les
paient et la compétence qu'on attend généralement d'eux,
je pense que l'ensemble de nos gestionnaires sont prêts à rendre
compte de leur gestion. Ce que nos gestionnaires aiment moins et ce que les
ministres ont dénoncé depuis le début de la commission,
c'est de donner l'impression à des citoyens que des gestionnaires
puissent être coupables de quelque geste que ce soit alors qu'a priori
personne n'a fait la preuve que les gens de la SEBJ avaient été
de mauvais gestionnaires. L'objectif de la commission n'était pas de
prouver qu'ils avaient été de mauvais gestionnaires, sauf que par
la façon dont les travaux se sont déroulés en commission,
dès le début, on donnait l'impression à la population du
Québec qu'il y avait des accusés qui étaient certains
administrateurs de la SEBJ et qu'ils étaient là pour donner la
chance à l'Opposition de prouver qu'ils étaient coupables.
Coupables de quoi? Personne ne le savait; les citoyens l'ignoraient. Mais il
s'est créé autour de cette commission un climat que,
personnellement, je vous avoue... Je vous ai dit que je n'ai pas eu beaucoup
l'occasion de suivre les travaux. Mais durant les quelques heures où je
les ai suivis, j'ai trouvé que l'Opposition donnait l'impression
à la population du Québec que les gestionnaires étaient
des coupables en puissance et que la commission les condamnerait
éventuellement pour quelques mauvaises actions qu'ils avaient du
commettre.
C'était le climat de cette commission et je pense que si jamais
nous devions en arriver à une imputabilité devant
l'Assemblée nationale, il faudrait quand même qu'on donne
l'occasion à nos gestionnaires de s'exprimer dans un climat de
confiance, un climat correct, à moins qu'effectivement ils aient
été trouvés coupables de quelque geste
repréhensible. Je pense que si nous voulons en arriver un jour à
un régime d'imputabilité réelle devant l'Assemblée
nationale, il faudra que l'Opposition réfléchisse à sa
façon d'agir dans le dossier et qu'elle change ses habitudes en
commission parlementaire. Je doute qu'avec ce genre d'attitude nous puissions
même trouver des administrateurs intéressés à
siéger à des conseils d'administration, s'il faut que, a priori,
ils soient coupables sans avoir une chance de faire la preuve de leur
compétence ou de leur incompétence.
M. Rivest: Si on interdit au premier ministre de se mêler
de choses qui ne le regardent pas, ni de près ni de loin...
Mme LeBlanc-Bantey: Le député de
Louis-Hébert a parlé aussi des fonctionnaires qui étaient
sous-utilisés ou non utilisés. Je pense que les fonctionnaires
sous-utilisés,
compte tenu de la réduction d'effectifs et du
dégraissage...
M. Doyon: ...intervention.
Mme LeBlanc-Bantey: Je répondais à votre question
sur les fonctionnaires sous-utilisés ou non utilisés.
M. Doyon: Merci, Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Pour les fonctionnaires sous-utilisés,
je pense que, compte tenu du dégraissage qui s'est fait dans la fonction
publique, par la force des choses, parce que tant qu'il y avait des effectifs
et tant qu'on pouvait les augmenter, on pouvait peut-être se permettre de
cacher des gens dans des garde-robes sans que cela devienne trop
évident... Mais, dès le moment où on oblige les gens
à utiliser au maximum leur personnel et à faire des
réductions d'effectifs constantes, on a généralement
tendance chez les gestionnaires à utiliser les ressources qu'on a
à sa disposition. De plus, nous avons mis sur pied une banque de mises
en disponibilité qui permet à des gens non nécessaires ou
non utilisés dans un ministère ou ailleurs de trouver un emploi
dans un autre ministère ou un autre organisme où, effectivement,
leur compétence serait mieux utilisée pour l'ensemble des
citoyens. Il y a aussi, bien sûr, ce qui a continué le programme
de renouvellement de carrière où, jusqu'ici, dans ce programme,
cela a permis à environ 140 personnes de se recycler, de se retrouver;
sur 140, je crois que nous en avons 93 qui ont retrouvé des emplois
ailleurs et qui ont été dans un autre poste ou dans un autre
climat de travail plus "performant", si vous voulez.
Par ailleurs, il s'est aussi mis sur pied un comité de ce que
j'appellerais des "ministères-familles", avec des sous-ministres pour
permettre, là où on détectait des problèmes de
fonctionnement justement, de tenter de les régler sur une base à
l'amiable entre les différents ministères, pour les utiliser
là où on en avait besoin.
Il se continue, bien sûr, au ministère de la Fonction
publique, ce qu'on appelle le Centre de consultation individuelle... S'il y a
un fonctionnaire ou un professionnel ou quelqu'un qui ne se sent pas bien dans
son milieu de travail, qui ne fonctionne pas bien, il peut faire appel à
ce centre de consultation et tenter de détecter les problèmes qui
l'affectent et de quelle façon il pourrait améliorer son sort
à l'intérieur de sa boîte.
Donc, je pense que nous allons continuer d'avoir cette
préoccupation-là. Je pense que nous avons pris des moyens pour
éviter que des gens soient sous-utilisés ou non-utilisés
et pour faire en sorte que les ressources que nous avons soient
utilisées au maximum au profit des citoyens et de la structure.
Du côté des négociations, je dirai que, moi aussi,
je déplore la façon dont certaines choses se sont passées.
Je rappellerai au député de Louis-Hébert que tout cela a
commencé en avril 1981 - c'est bien cela, on a tellement passé de
temps là-dedans qu'il me semble que le temps a été plus
long -alors que nous avions offert aux syndicats de consentir à
réouvrir leur convention collective, compte tenu de la crise
économique et compte tenu du fait que nous voulions aussi partager les
ressources du gouvernement par rapport aux plus démunis. Les syndicats
ont refusé. Nous n'avons pas rouvert les conventions en juillet. Par
ailleurs, nous avions toujours l'espoir que nous en arriverions à une
entente avant le mois de janvier. Nous avons dû poser certains gestes
aussi parce que nous voulions protéger les bas salariés et que,
pour protéger les bas salariés, il fallait le faire par le biais
législatif avant le mois de janvier.
Sur le plan des négociations elles-mêmes, je vous rappelle
que, avec le syndicat des fonctionnaires, lorsque nous avons adopté les
décrets au mois de décembre, nous avions, à toutes fins
utiles, paraphé l'ensemble des clauses sur le plan normatif. Nous avions
paraphé l'ensemble des clauses parce que le syndicat des fonctionnaires,
dès juillet dernier, avait entrepris de négocier d'une
façon sérieuse, d'une façon correcte pour tenter d'en
arriver à une entente avec autant de bonne foi que la partie patronale a
mis dans ce dossier. La preuve, c'est que nous avons fini par en arriver
à une entente au mois de février.
Du côté des professionnels, nous avons mis la même
énergie, je dirais même, la même bonne foi - non seulement,
je le dis, mais je le proclame - nous avons négocié pendant tout
près de 400 heures, entre 350 et 400 heures, sauf qu'il n'a pas
été possible d'en arriver à une entente parce que ce
syndicat, pour en arriver à une entente, voulait ou a toujours eu
l'attitude du "tout ou rien": ou, à toutes fins utiles, on lui donnait
tout ce qu'il demandait ou, à toutes fins utiles, il ne signait pas.
Comme preuve de notre bonne foi, depuis le mois de janvier, nous avons
été prêts à soumettre une quarantaine d'amendements
aux décrets. Nous avons tout révisé: virgules,
points-virgules, synonymes, changements, etc. Nous avons passé des
heures inouïes à tenter, par tous les moyens possibles, d'en
arriver à une entente.
Je dis et je le proclame encore aujourd'hui que ce qu'il y a sur la
table, pour le syndicat des professionnels, est parfaitement honorable. C'est
parfaitement correct. Si le syndicat avait eu, je le dis en
toute conscience, l'intérêt de ses membres, il serait venu
signer. Il aurait suggéré à ses membres de signer les
propositions que le gouvernement et que le ministère de la Fonction
publique ont mises sur la table. Alors, s'il n'y a pas eu de signature, dans le
cas de ce syndicat-là, je vous dis que ce n'est pas parce que nous
n'avons pas déployé tous les moyens et toute la bonne foi pour y
arriver.
Par ailleurs, M. Doyon, vous avez parlé abondamment de la
qualité des services aux citoyens et de la nécessité de
rendre des services aux citoyens. Les récupérations que nous
avons faites sur le plan normatif du côté du syndicat des
professionnels visaient justement à être capable d'utiliser nos
gens là où on en a besoin pour rendre des services aux citoyens.
S'il n'y a pas eu d'entente, je vous le dis, je n'en ressens aucune
culpabilité, pour notre part, du côté du ministère
de la Fonction publique, connaissant tous les efforts que nous y avons mis,
toutes les journées que les fonctionnaires ont passées sur cela.
Je dis toujours que si le syndicat avait voulu en arriver véritablement
à une entente, l'entente serait signée.
Je pense que je vais attendre les commentaires de la
députée de Chomedey pour parler des programmes
d'égalité en emploi parce que M. Doyon a laissé entendre
qu'elle en discuterait. Cela va pour le moment.
Le Président (M. Paré): C'est terminé.
Avant de poursuivre, il y a deux députés qui ont
demandé la parole. J'aimerais savoir si on continue sur les notes
préliminaires ou si on entreprend le programme 1?
M. Rivest: On continue sur les notes préliminaires.
Le Président (M. Paré): II y a consentement des
deux côtés pour qu'on poursuivre. D'accord.
La parole est maintenant au député de Sainte-Marie.
M. Guy Bisaillon
M. Bisaillon: M. le Président, ce sont des commentaires
préliminaires qui seront brefs - la ministre le comprendra - que je
ferai évidemment, sans agressivité, avec beaucoup de plaisir
même. De cette façon, je vais peut-être pouvoir
réussir à dérider son chef de cabinet, ce qui n'est pas
une mince tâche, on en conviendra.
Mme LeBlanc-Bantey: On aime rire tout bas.
M. Bisaillon: Alors il faudra m'expliquer la recette, Mme la
ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Pourquoi?
M. Bisaillon: La ministre, dans ses commentaires, a
souligné que la commission avait pris un mandat, très large. Dans
le fond, la commission a répondu au mandat qui lui avait
été fixé. Ce mandat était très large. Il est
évident que l'on ne s'attendait pas, je pense, comme participants
à cette commission parlementaire que la ministre nous annonce sur chacun
des points du rapport de la commission une acceptation du ministère de
la Fonction publique parce qu'on était effectivement conscient qu'un
certain nombre de ces recommandations visaient d'autres ministères ou
d'autres organismes.
Par ailleurs, j'ai noté avec plaisir que la ministre nous annonce
que, dans un projet de loi éventuel, un certain nombre
d'éléments majeurs du rapport de la commission spéciale
ont été retenus. Le fait qu'on axe la priorité ou la
prochaine loi de la fonction publique sur les services aux citoyens, c'est
évidemment conforme non seulement aux travaux de la commission mais au
rapport que la commission avait produit. Il restera évidemment à
voir dans le détail comment dans chacun des articles, cela s'articulera.
Est-ce que les articles du projet de loi qui sera déposé
correspondront effectivement aux voeux, aux annonces d'intentions de la
ministre à cet égard?
Pour ce qui est de l'imputabilité, je voudrais, à cause de
tout ce qui s'est dit, apporter tout de même un certain nombre de
précisions sur ce que la commission a voulu dire quand on a parlé
d'imputabilité. Quant à nous, quand on parlait
d'imputabilité non seulement au niveau des cadres supérieurs mais
pour l'ensemble de l'appareil de la fonction publique, évidemment en
procédant par étapes, on est d'accord avec la ministre pour
admettre que ce n'est pas quelque chose qui va se faire du jour au lendemain,
que c'est sur du moyen et du long terme qu'on y arrivera tout au long de la
structure. Mais quant à nous, ce que l'on visait c'était le fait
de répondre de l'administration d'un ministère ou d'un organisme.
Cela veut dire que les quelques tentatives qui ont été faites et
qu'on nous avait annoncées comme des essais d'imputabilité n'ont
pas été concluantes, selon moi, non pas parce que
l'imputabilité ce n'est pas bon en soi, mais parce que ce n'était
pas un exercice d'imputabilité justement. Quand par exemple, les
sous-ministres de l'Éducation sont venus témoigner devant la
commission qui se penchait sur le conflit dans le milieu de l'enseignement, je
pense qu'à un certain moment, ils ont effectivement fourni aux
parlementaires des explications sur les implications administratives d'un
règlement allant dans un sens ou dans un autre.
(21 h 15)
Jusque-là, on était carrément dans
l'imputabilité mais, à partir du moment où les mêmes
sous-ministres ont profité de la plate-forme qui leur était
donnée pour dévier légèrement et donner une
interprétation politique, c'était une opération normale
à laquelle on les avait conviés et à laquelle ils ont
participé, mais cela n'était pas de l'imputabilité comme
on en parle, comme le rapport de la commission en parle. Ce n'est pas ce genre
d'imputabilité qu'on veut implanter dans la fonction publique.
Mes propos ne visent pas, Mme la ministre va le comprendre, à
critiquer de quelque façon que ce soit la façon dont les
sous-ministres de l'Éducation se sont comportés au niveau de la
commission. Ils se sont effectivement acquittés de leur mandat et ils
ont effectivement répondu aux attentes qui leur avaient probablement
été signifiées. C'était de bonne guerre que cela se
passe de cette façon, dans les circonstances, mais cela ne devrait pas
être assimilé à de l'imputabilité. Là-dessus,
je pense que le leader du gouvernement a fait une erreur qui pourrait, si on
répétait ses gestes, ses interprétations, porter atteinte,
selon moi, à l'application du principe de l'imputabilité au
niveau de l'ensemble de l'appareil de la fonction publique.
Ce sont des précisions quand même importantes. Cela suppose
la mise en place de l'imputabilité. Cela suppose aussi un partage des
responsabilités entre les ministres et les hauts fonctionnaires,
c'est-à-dire les présidents d'organisme et les sous-chefs; un
partage des responsabilités que les parlementaires aussi devront
comprendre. Il faut aussi se mettre dans la tête que c'est un long
cheminement et une longue éducation que même les parlementaires
vont avoir à subir. Les parlementaires eux-mêmes vont devoir non
pas s'autocensurer, mais au moins limiter le cadre des questions qu'ils
adressent à des administrateurs concernant l'administration et, au fur
et à mesure que les parlementaires se limiteront à cet aspect,
l'imputabilité pourra donner des résultats. À partir du
moment où les parlementaires voudront utiliser les administrateurs
à des fins plus politiques ou partisanes, il est évident que
l'imputabilité ne pourra pas donner les résultats qu'on peut
attendre.
C'est la partie publique de l'imputabilité, mais il ne faudrait
pas oublier qu'il y a tout le reste de l'application de l'imputabilité
qui est à l'intérieur d'une structure de ministère ou
d'organisme. La partie visible, ce sera le sous-ministre qui témoignera
peut-être devant une commission parlementaire si jamais on se rend
là. L'imputabilité, ce sera le sous-ministre, donc la personne la
plus visible, qui va répondre de son administration, mais la partie
cachée - qui sera peut-être la plus efficace - est celle qui sera
quotidienne et qui va impliquer chacun des cadres du ministère, chacun
des fonctionnaires du ministère. Elle devra répondre aux attentes
qu'on lui avait déjà préalablement signifiées. Je
pense que ce ne sera pas une partie visible, mais ce sera une partie qui va
forcément améliorer le rendement de l'appareil public.
Je ne peux faire autrement, Mme la ministre, que de vous signifier mon
contentement de voir qu'enfin vous avez réussi - et je vais le dire
comme je le pense - malgré tout et probablement à contre-courant,
à régler un dossier qui attendait sur les tablettes depuis dix
ans. Vous avez réussi à imposer un règlement au
problème du classement-moquette. Depuis déjà longtemps les
gens se frottaient les mains et se réunissaient en comité pour
trouver des solutions à ce problème. Là, on nous annonce
que le 1er juillet 1983, de façon évidente, grâce au
travail que vous avez fait dans ce dossier et à notre implication, le
dossier classement-moquette est maintenant réglé.
L'aspect que vous n'avez pas réglé et dont vous ne nous
avez pas parlé dans vos notes, c'est l'autre type de classement-moquette
que la commission avait souligné, c'est-à-dire le statut des
secrétaires de comté, du personnel engagé par les
députés de l'Assemblée nationale à même une
masse salariale de l'Assemblée nationale et qui n'a pas le même
statut selon que l'employeur est un simple député ou encore un
ministre. Ils font pourtant, au niveau d'un comté, le même travail
mais, parce que le statut de l'employeur est différent, parce que dans
un cas c'est un ministre et dans l'autre c'est un député, ils
n'ont pas les mêmes privilèges, les mêmes
prérogatives et le même traitement. Je pense que la Loi sur la
fonction publique que vous allez déposer, le projet de loi sur la
fonction publique, devrait régler cela tout en se prononçant de
façon définitive sur tout le personnel politique.
Évidemment, je me référerai encore à la
recommandation de la commission. Il semble que le problème qu'on a
à régler est non seulement un problème de nombre, mais
aussi et surtout un problème d'encadrement du travail. Que doit faire un
attaché politique par rapport à des fonctionnaires permanents
dans un ministère? Je pense que cela est la source de bien des conflits,
de bien des incompréhensions, le fait qu'on n'ait pas encore
réussi à encadrer le travail des attachés politiques.
Cette notion d'attaché politique est une réalité qu'on ne
pourra pas mettre de côté. Alors, que les fonctionnaires, que les
hauts cadres qui ont de la difficulté à vivre avec ce
phénomène des attachés politiques le tiennent pour acquis.
C'est quelque chose qui est maintenant entré dans nos mentalités,
qui se pratique de façon régulière ailleurs. Il me semble
qu'on devrait cependant s'assurer, par le projet de loi, que
ces attachés politiques pourront avoir un statut qui permette un
recrutement facile à l'extérieur, tout en répondant
à des attentes qui avaient été signifiées par les
cadres supérieurs, c'est-à-dire qu'on puisse utiliser à
l'intérieur de ce qu'on appelle les cabinets ministériels des
fonctionnaires de carrière qui sont en fin de carrière, qui ont
une expérience non seulement du ministère, mais peut-être
aussi de l'ensemble de l'appareil de la fonction publique, et que ces personnes
puissent agir à titre de conseiller spécial auprès des
ministres. Cette jonction des attachés politiques venant de
l'extérieur et plus particulièrement dévoués au
ministre comme tel, l'ajoutés au personnel de gens d'expérience
et de carrière, qui n'ont plus rien à gagner sinon de terminer
une carrière en ayant l'assurance qu'ils peuvent encore influencer un
certain nombre d'orientations, qu'on ferait agir à titre de conseiller,
serait peut-être une jonction utile entre ces deux types de fonctions
essentielles: celle du conseiller fonctionnaire permanent et celle de
l'attaché politique qui a statut moins permanent, plus partisan aussi,
plus directement politisé - pas politisé, mon terme est mal
choisi, mais partisan - plus directement attaché à la personne du
ministre ou des ministres.
Je vous souligne, Mme la ministre, que si vous avez endosssé les
éléments majeurs du rapport de la commission, c'est-à-dire
les services aux citoyens, l'imputabilité, la productivité, il en
manque un dont vous ne nous avez pas parlé dans votre
présentation: c'est l'utilisation maximale des ressources humaines. J'ai
été amené - je ne veux pas dire que cela n'est pas votre
préoccupation, mais vous ne nous avez pas laissé voir dans les
annonces que vous nous faisiez de projets de loi que cela prendrait
l'orientation proposée par la commission - à constater, au moment
de l'étude des crédits d'autres ministères, qu'il nous
restait encore beaucoup de chemin à parcourir quant à une
utilisation maximale des ressources humaines, en termes non seulement
d'organisation interne dans un ministère, mais aussi au regard
d'échanges interministériels de la main-d'oeuvre disponible.
À cet égard, la commission avait proposé une
méthode un peu drastique aux yeux de certains, qui était de
mettre dans la Loi sur la fonction publique une procédure obligatoire
inscrite qui forcerait pendant un certain temps les gestionnaires à se
conformer à cette procédure.
Bien sûr, je sais que des sous-ministres vont m'objecter que cela
va à l'encontre du principe d'imputabilité. Je répondrai
que, là comme dans d'autres choses, les principes sont aussi faits pour
être limités à certains moments. De la même
façon qu'une convention collective limite le droit de gérance, de
la même façon que le principe du mérite est limité
ou assoupli par le rangement par niveau, de la même façon le
principe de l'imputabilité serait limité par une obligation
ferme, en termes de sélection de personnel, à une
procédure qui serait peut-être plus exigeante et qui forcerait
peut-être davantage les gestionnaires à utiliser les ressources
déjà existantes. Il est plus facile d'enlever quelque chose dans
une loi lorsqu'elle a donné ses résultats que de se rendre
compte, trois, quatre ou cinq ans après sa mise en application, qu'on
aurait peut-être dû le mettre la première fois. J'aimerais
mieux voir, dans le projet de loi, apparaître la procédure
d'embauché et de sélection de personnel, quitte à ce que
deux ans, trois ans, quatre ans après, au moment où cela aura
donné ses effets, on puisse la faire disparaître,
c'est-à-dire l'enlever du projet de loi. Ce serait plus simple que de se
rendre compte, quatre ans en retard finalement, qu'on a peut-être
manqué le bateau.
Mme la ministre nous a dit qu'il y aurait une disparition du
ministère de la Fonction publique. On a très peu de
détails sur la façon dont cela sera fait. Évidemment, on
va attendre un projet de loi. Mais, est-ce que je comprends que, entretemps, un
certain nombre de réaffectations de services dispensés
actuellement par le ministère de la Fonction publique pourraient
être faites avant même le dépôt d'un projet de loi?
Est-ce qu'il y a un certain nombre de services qui pourraient être
transférés à d'autres ministères ou à
d'autres organismes? Et qu'en sera-t-il? À ce sujet, la commission
n'avait pas de position. Elle avait présenté, dans son rapport,
une solution: c'était une case ou l'autre, selon les choix politiques
à faire au ministère de la Fonction publique. On disait: quand
les personnes politiques auront fait leur choix, on choisira la structure qui
est un outil qui doit l'accompagner. Vous avez, il me semble, maintenant
annoncé le choix qui a été fait, c'est-à-dire la
disparition du ministère de la Fonction publique. Qu'en sera-t-il de la
commission de la sélection - de l'office, je m'excuse, je ne voulais pas
insulter le président de l'office - de l'Office du recrutement et de la
sélection du personnel et de la Commission de la fonction publique?
Est-ce que ces deux organismes vont continuer d'exister? Est-ce que leur mandat
sera différent? Est-ce qu'on va ajouter aux tâches qu'ils ont
actuellement? Comment cela peut-il s'organiser, ou comment cela peut-il
être conçu, au moment où on se parle, par la ministre? Il y
a peu de renseignements à ce sujet dans les notes que la ministre nous a
livrées au départ.
Je vous souligne quelques petits problèmes au sujet desquels vous
pourrez peut-être me répondre, au fur et à mesure où
on avancera dans l'adoption des crédits. Je vous signale qu'il y a eu,
récemment, un
problème à l'Office de protection du consommateur
où des agents d'information ont vu leur statut modifié par un
changement de classification. Je signale à la ministre qu'il s'agissait
de femmes à 100%, si je ne me trompe pas ou à 80% sûrement.
C'est une façon qu'on utilise souvent, la modification de la
classification. C'est non seulement une baisse de statut, mais c'est aussi un
plan de carrière qui devient différent. C'est aussi beaucoup
moins de possibilités d'avancement dans la structure et beaucoup moins
de possibilités de promotions parce que cela limite les passages
éventuels. Je me demande ce que la ministre a pu faire comme
interventions dans ce dossier. Si elle n'a rien fait, est-ce qu'elle a
l'intention de se préoccuper de cette modification du statut de
personnes qui ont directement affaire avec le public et qui ne font pas que de
la référence, mais qui font du conseil? Il me semble que
là, on a fait un abus d'un classement particulier.
La ministre nous a parlé de corps d'emplois, de quatre corps
d'emplois qui avaient été modifiés. Est-ce qu'on pourrait
savoir lesquels? Vous parliez, à un moment donné, de quatre corps
d'emplois chez les professionnels, ou le contraire, quatre corps d'emplois chez
les fonctionnaires et six corps d'emplois chez les professionnels qui allaient
être modifiés par voie de négociation ou de consultation.
Est-ce qu'on pourrait savoir desquels il s'agit?
Finalement, concernant le taux d'encadrement, la ministre a
indiqué qu'elle avait déjà dénoncé le fort
taux d'encadrement qui peut exister dans la fonction publique. Quelles sont les
mesures qu'elle entend prendre aux fins de diminuer le taux d'encadrement? On
notera aussi que la commission avait parlé du taux de professionnels qui
nous semblait aussi un peu élevé. Et, qu'a retenu la ministre des
recommandations de la commission à l'égard des cadres? Est-ce
qu'il y aura une double permanence pour les cadres: une permanence dans la
fonction publique et une permanence dans la fonction de cadre? Ou si on
endossera les recommandations de la commission d'avoir la notion de
réévaluation régulière qui pourrait être aux
trois ans, aux quatre ans, aux cinq ans, selon un terme qu'on spécifie,
mais qui indique un moment dans l'année, dans la carrière
où, forcément et de façon automatique, le cadre est
réévalué. Cela complétait les quelques notes que
j'avais prises sur ce que la ministre nous avait livré dans son
intervention de départ. Je reviendrai sur les programmes, par la suite,
pour poser d'autres questions. (21 h 30)
Mme LeBlanc-Bantey: D'abord, je voudrais remercier le
député de Sainte-Marie pour ses compliments à
l'égard du dossier du classement-moquette. Je les prends
i volontiers, surtout que cela n'arrive pas souvent. Ce n'est pas
un ministère, la Fonction publique, où on est placé pour
recevoir très souvent des compliments, surtout en année de
négociation. Ceci étant dit, je lui dirai que cela a
été plus facile à passer qu'il ne le croit, que la
résistance dont il parle, effectivement, a été une
résistance assez souple et que l'ensemble du gouvernement...
M. Bisaillon: ...résistance.
Mme LeBlanc-Bantey: ...considérait qu'effectivement, le
dossier avait assez duré et qu'il fallait qu'on le règle.
Il a parlé beaucoup du personnel politique et du statut des
secrétaires de comté. Je vous ai dit tout à l'heure
qu'effectivement, nous sommes en train de travailler, notre travail n'est pas
encore terminé, il y a tout le dossier du personnel politique.
Je vous dirai, cependant, ce que j'en pense personnellement. Je pense
que, effectivement, il y a du personnel politique, c'est une race de monde avec
laquelle il va falloir que la machine, l'Opposition, y compris, et tout le
monde s'habituent à vivre et que, effectivement, nous avons, dans la
fonction publique, des employés qui sont "superprotégés"
qui sont les employés permanents et réguliers de la fonction
publique. Ils sont non seulement protégés par leur convention,
ils sont aussi protégés par la loi actuelle de la fonction
publique. Nous avons, à côté, une catégorie
d'employés, le personnel politique, qui ne jouit d'aucune protection.
Bien sûr, il y a tout le problème des secrétaires de
comté, parce qu'elles sont encore moins bien
rémunérées que le personnel politique. À mon avis,
quand nous avons adopté la loi 50, nous sommes allés d'un
extrême à l'autre. Je pense que c'était effectivement
exagéré que des gens entrent dans des cabinets politiques et que,
après un an, acquièrent une permanence pratiquement automatique.
Je ne favoriserais pas ce genre de retour en arrière aussi
exagéré que cela l'était.
Par ailleurs, je pense que le mouvement de la pendule est allé un
peu trop loin et qu'on demande à notre personnel politique, sur la
simple foi d'une mission qu'ils accompliraient au nom d'un parti ou un autre,
de vivre une insécurité, qui à mon avis, m'apparaît
inacceptable.
Par ailleurs, je comprends que c'est un problème qui n'est pas
facile. Il y a beaucoup d'opinions diversifiées, non seulement entre
nous, mais aussi dans la société en général. Ce que
j'espère, c'est que nous en arriverons, avec la Loi sur la fonction
publique qui s'en vient, avec certaines mesures de protection pour ce personnel
et aussi, en même temps, des
balises qui feraient qu'on éviterait la situation qu'on
connaissait auparavant où il suffisait d'entrer un an au service de
n'importe quel ministre pour avoir la permanence à vie dans la fonction
publique, compétent ou non. En tout cas, j'espère qu'on arrivera
avec un ensemble de mesures qui feront qu'on évitera cette
exagération et que, par ailleurs, on évitera l'exagération
actuelle qui fait que les employés politiques n'ont absolument aucun
droit. Il y a toute la question du nombre. Tout cela sera à discuter si,
effectivement, le Conseil des ministres décide d'accorder des
protections supplémentaires à nos employés. Mais il est
clair que l'Opposition, bien sûr, sera consultée
là-dessus.
Le problème des secrétaires de comté, il faut
décider si cela se règle - parce que ce n'est pas clair non plus
- par le biais de ta Loi sur la fonction publique ou le biais de la Loi sur
l'Assemblée nationale. Mais je pense, comme le député de
Sainte-Marie, que, par ailleurs, nos secrétaires de comté sont
parmi les employées les plus mal traitées comparativement aux
droits qu'ont les employés de la fonction publique et même au
statut qu'a le personnel politique. Il serait important, je pense, que
l'Assemblée nationale accepte de voir ce problème dans son
ensemble et de faire des recommandations.
Le député nous parle d'utiliser au maximum les ressources
humaines et il voudrait que nous mettions une séquence dans la loi. Il
verra, quand la loi sera déposée, si la séquence y est ou
non.
M. Bisaillon: Je m'en doute.
Mme LeBlanc-Bantey: Par ailleurs, le député nous a
parlé, avec d'autres députés, durant tout le rapport de la
commission Bisaillon, de la déréglementation. Ce que nous avons
vraiment voulu, avec la nouvelle loi, c'était limiter au maximum la
réglementation, faire en sorte que, dans la fonction publique, nous ne
soyons plus obligés, pour régler le problème d'une
personne, comme je l'ai vu depuis que je suis ministre, faire un
règlement. On voudrait qu'on puisse s'administrer,
déléguer aux ministères la gestion de leur personnel et on
voudrait qu'ils prennent leurs responsabilités. Cela aussi est
l'imputabilité.
Par ailleurs, je pense que le problème qu'ils soulèvent,
même s'il n'est pas dans la loi, peut se régler. Si on voit qu'il
y a des exagérations, cela peut se faire par le biais d'une directive ou
d'un règlement, mais je vous souligne que nous avons quand même eu
comme préoccupation l'utilisation maximale des ressources humaines,
d'abord, par le gel du recrutement qui oblige les gestionnaires à
utiliser au maximum les ressources qu'ils ont et par la mise sur pied d'une
banque de mises en disponibilité.
La raison pour laquelle nous avons voulu que le recrutement et la banque
des mises en disponibilité se joignent, c'est parce que nous avons voulu
que la mise en disponibilité soit effectuée par l'Office du
recrutement pour qu'un ministère qui fait une demande de recrutement
à l'office soit averti qu'il y a peut-être, dans ce corps d'emploi
ou dans ce genre de poste, des personnes qui sont disponibles. C'est aussi pour
obliger les ministères à recourir à la banque des mises en
disponibilité.
M. Bisaillon: Dans la banque des mises en disponibilité
qui existe actuellement, est-ce qu'il y a des critères qui seront
utilisés pour la mise en disponibilité? Le critère
d'ancienneté, par exemple, est-il utilisé?
Mme LeBlanc-Bantey: Oui, il y a un critère
d'ancienneté et les directives ont été
préparées en consultation avec le syndicat. Par ailleurs, c'est
un phénomène nouveau. C'est un nouveau type de
préoccupation qu'on a dans la fonction publique. Il faut laisser le
temps aux structures et aux gens de s'ajuster, si vous voulez, à ce type
de mécanisme, mais nous avons tenté de prévoir le maximum
de protection pour les gens qui sont affectés par les mises en
disponibilité.
Le député a parlé de la disparition du
ministère. Il verra, quand la loi sera déposée, quels sont
les objectifs que nous avons vis-à-vis de l'Office du recrutement et la
Commission de la fonction publique. Je peux lui dire qu'il n'est pas question,
tant que la loi ne sera pas déposée et adoptée, de
transférer certains services du ministère de la Fonction
publique. Les petites coupures de services qu'il aurait pu y avoir dans
la fonction publique ont été effectuées dans le cadre de
l'opération de la rationalisation du trésor et des
réductions, si vous voulez, des ressources et des moyens. Mais les
services essentiels de la fonction publique vont demeurer tant que les
structures ne seront pas en place et tant que les choses ne se seront pas
faites avec suffisamment de temps et de souplesse pour permettre et aux gens et
aux structures de s'adapter.
Il n'est pas question, parce qu'on dit qu'on abolit le ministère,
de tout chambarder du jour au lendemain. Il faut être conscient qu'il y a
non seulement des structures à ajuster, mais qu'il y a surtout des gens
concernés par un changement structurel comme celui-là. Bien
sûr, nous prendrons le temps qu'il faut pour que les choses se passent le
plus correctement et le plus en douceur possible, tout en répondant,
bien sûr, à nos objectifs.
Il a aussi parlé du taux d'encadrement. S'il me permet de lui
répondre ainsi, quant à la notion des cadres, quant à la
notion de la réévaluation, etc., il verra, au moment de
l'adoption de la loi, si nous avons cru nécessaire de
régler cela par le biais de la loi, si nous réglerons cela
autrement ou si, effectivement, nous répondons à ces objectifs
dans ce sens-là.
Quant aux corps d'emploi discriminés, il s'agit de quatre corps
d'emploi de fonctionnaires. Jusqu'ici, nous n'avons rien réglé.
Je veux être honnête. Nous avons accepté de créer un
comité, avec le syndicat, donc, un comité paritaire qui va
étudier la question de ces corps dits discriminés chez les
fonctionnaires. Il s'agit des bibliotechniciens, des techniciens en
information, des inspecteurs d'établissements hôteliers et des
techniciens en économie domestique. Nous avons accepté de mettre
sur pied ce comité paritaire. Il a pour mandat de nous dire si, oui ou
non, dans le cas de ces corps d'emploi, il y aurait discrimination par rapport
à d'autres corps d'emploi. Si, le cas échéant, la preuve
en est faite, nous rajusterons rétroactivement les salaires. Mais, bien
sûr, il s'agit de questions extrêmement complexes et cela prendra
un certain temps avant qu'on ait la réponse.
Dans le cas des professionnels, actuellement, le syndicat n'a pas
accepté la suggestion ou la proposition que nous avons faite. Donc, pour
le moment, le comité ne siège pas.
Du côté des techniciens en information de l'OPC, je dirai
au député de Sainte-Marie que c'est effectivement un
problème qui nous a beaucoup préoccupés et qui a beaucoup
préoccupé, je le souligne, le secteur égalité en
emploi, chez nous, parce qu'il s'agissait, dans la plupart des cas, de femmes.
Toujours dans le contexte de l'imputabilité, je vais demander à
mon sous-ministre de vous dire exactement où nous en sommes dans ce
dossier.
C'est un problème, évidemment, qui est plus large que
l'Office de la protection du consommateur. C'est le cas de toute une
série d'emplois qu'on a intitulés "préposés aux
renseignements" et qu'on retrouve dans plusieurs autres ministères,
outre l'Office de la protection du consommateur. Une analyse a
été faite d'ailleurs à la demande de plusieurs de ces
ministères pour trouver un nouveau corps d'emploi qui corresponde au
niveau de fonctions qu'on retrouvait dans les organismes qui avaient à
donner des renseignements à diverses personnes. Ce corps de
préposés aux renseignements a été analysé
relativement aux fonctions exercées à l'Office de la protection
du consommateur. Il a été démontré que ce
n'était pas le niveau "technicien en information" mais le niveau
"préposé aux renseignements" qui correspondait au nouveau
corps.
D'ailleurs l'office a reconnu ce fait. Il a déjà
engagé un certain nombre de préposés aux renseignements
pour remplir la fonction en question. Le syndicat des fonctionnaires a aussi
reconnu le niveau de l'emploi. Il y a eu toute une série de discussions
en ce qui concerne l'intégration des personnes concernées.
On se trouve donc devant un problème où vous avez des
personnes qui sont surqualifiées pour le niveau de fonctions à
exercer. Il y a des règles qui sont prévues relativement aux
personnes qui sont touchées par une intégration à la
baisse dans les conventions collectives. Est-ce que pour un cas comme
celui-là on doit suivre une procédure différente, plus
généreuse que pour l'ensemble du monde? C'est la question qu'on
doit se poser, dans le fond.
M. Bisaillon: Est-ce qu'on peut l'envisager sous l'angle aussi de
la qualité des services aux citoyens? Il existe selon moi une
différence entre un préposé aux renseignements qui va
normalement faire de la référence, c'est-à-dire qui va
indiquer à quel endroit on va obtenir le renseignement, et quelqu'un qui
va expliquer la loi, expliquer les droits et éventuellement acheminer le
dossier et faire suivre la procédure. Comme vous l'avez souligné,
cela suppose aussi que les qualifications de base qui sont exigées de
ces personnes ne sont pas les mêmes. On ne demandera sûrement pas
la même formation à un préposé aux renseignements
qu'à un technicien en information ou à la personne qui va
expliquer la loi aux citoyens. Est-ce que la qualité du service va
être la même? C'est une préoccupation qu'on doit avoir.
Mme LeBlanc-Bantey: Pour nous, évidemment, le
problème peut difficilement se poser en se demandant: Est-ce que c'est
le bon niveau de services aux citoyens? Nous, on prend la description des
fonctions que le ministère a établie, ce que lui veut faire avec
cela. On dit: Cela est de tel niveau. On n'a pas remis en question le niveau,
la quantité, le type de fonctions que le ministère voulait faire
exercer par ces personnes. Mais cet ensemble de fonctions impliquait que
c'était de niveau "préposé aux renseignements". Il n'est
pas impossible que vous puissez dire: On va ajouter d'autres fonctions à
cela, ce qui va donner un niveau différent; ou en enlever, ce qui va
donner un niveau moindre. C'est à l'office de juger quel est le niveau
de fonctions qu'il faut donner à ce monde pour avoir le service optimal
aux citoyens au moindre coût.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Jean-Talon.
M. Jean-Claude Rivest
M. Rivest: M. le Président, je n'emploierai pas la formule
de mon collègue de Sainte-Marie. Brièvement, d'abord, sur les
négociations. Les intentions de Mme la
ministre sont bien nobles. Ce qu'elle nous annonce en ce qui concerne
les suites qu'elle entend donner aux travaux de la commission qu'a
présidée le député de Sainte-Marie est
intéressant et ouvre des perspectives que nous accueillons avec joie,
bien sûr, jusqu'à preuve du contraire, lorsque nous aurons vu
chacune des modalités qui donneront suite à cela. Il reste une
chose des suites de la négociation. Mme la ministre en est sans doute
consciente, il y a eu d'abord un discours gouvernemental qu'on doit relever, je
pense. Un discours gouvernemental qui a été certainement
perçu par les membres de la fonction publique comme un discours de
discrédit à l'endroit des employés du secteur public
lorsqu'on les a plus ou moins traités d'enfants gâtés, de
non productifs, dans toutes les comparaisons qu'on a faites avec les
employés du secteur privé. Premièrement, les membres de la
fonction publique s'en souviennent - et ils savent que des porte-parole, en
partant d'ailleurs du premier ministre, du président du Conseil du
trésor entre autres - cela va rester également. Et lorsque Mme la
ministre nous fait part de ses projets pour améliorer la
productivité, le rendement, enfin tout cela, il va y avoir une
hypothèque extrêmement sérieuse. (21 h 45)
Deuxièmement, c'est qu'il ne faudra pas oublier non plus que
jusqu'en 1985, jusqu'au 31 décembre 1985, l'ensemble des conditions de
travail seront des conditions de travail que le gouvernement aura
imposées. Je comprends qu'il y a eu des ententes amendant les
décrets ou aménageant les décrets, mais le mot "entente"
dans ce cas est abusif par rapport à ce qu'on considère une
entente normale entre un patron et ses employés, et cela aussi aura un
effet extrêmement sérieux.
Comme première question je voudrais poser - peut-être que
la ministre pourra retenir cela - tout le problème de la comparaison au
niveau de la rémunération entre le secteur public et le secteur
privé. Je sais que le Conseil du trésor a un rôle
déterminant. C'est d'ailleurs lui qui a fixé
unilatéralement - d'ailleurs selon ses propres chiffres, selon le bureau
de la rémunération relevant du Conseil du trésor - qui a
décidé que c'était, selon le calcul de ses
économistes, 14 ou Il et que les offres gouvernementales les ramenaient
à 4,8.
Alors je ne sais pas si au niveau du ministère de la Fonction
publique ce problème... Parce que tout le problème, au cours de
la négociation, a consisté finalement de part et d'autre à
remettre en cause la crédibilité des chiffres avancés par
le gouvernement et imposés, à toutes fins utiles, par le
gouvernement. Est-ce qu'au niveau du ministère de la Fonction publique
il y a maintenant, compte tenu de cette expérience, des amorces qui ont
été faites de façon à ce que sur une base
permanente - via le Conseil du trésor ou, enfin je pense qu'au niveau du
ministère de la Fonction publique c'est un problème qui doit sans
doute vous préoccuper - la détermination des écarts de
rémunération entre le secteur public et le secteur privé
soit faite sur une base paritaire? C'est-à-dire que les
économistes, les experts du gouvernement puissent s'asseoir avec les
représentants des travailleurs ainsi que probablement des
représentants du secteur privé - il faut commencer dès
maintenant en vue de la prochaine ronde - de manière à ce que ce
fameux problème... Tout le monde est pour qu'il y ait une juste
parité dans la rémunération entre les employés du
secteur public et du secteur privé. C'est extrêmement technique.
Vous avez eu les études qui ont été publiées en
cours de négociations par des gens complètement en dehors du
gouvernement ou des syndicats, des universitaires, lesquelles ont remis en
cause les affirmations du gouvernement. Or c'était la pièce
maîtresse du gouvernement. Je demanderais à Mme la ministre - soit
jusqu'à ce que le ministère de la Fonction publique disparaisse
ou enfin que dans le suivi qui sera fait dans l'autre organisme - que cette
question soit approfondie de façon à ce qu'on lève au
moins cette hypothèque pour l'avenir.
Alors sur les négociations j'endosse pleinement les
préoccupations de mon collègue député de
Louis-Hébert lorsqu'il met en doute... lorsqu'il parle du climat actuel
dans la fonction publique. Singulièrement du côté des
professionnels, le gouvernement a vraiment toute une côte à
remonter et d'ailleurs l'épiphénomène des fuites est
purement un résultat... Enfin, tout le débat qui s'est
levé à travers cela, c'est qu'il y a un malaise profond à
ce niveau.
Je voudrais demander aussi en deuxième lieu à Mme la
ministre de la Fonction publique... par exemple, du côté du
syndicat des fonctionnaires c'est quand même plus calme. Est-ce qu'il y a
un modus vivendi qui est établi? Est-ce qu'il y a eu des efforts de la
part du ministère de la Fonction publique pour essayer d'apaiser les
tensions qui ont existé et qui ont atteint un sommet assez
considérable? Sur la façon dont Mme la ministre parle des offres
qu'elle maintient au niveau du syndicat des professionnels, c'est sans doute
très légitime de sa part d'en parler de la manière dont
elle en a parlé dans son introduction mais il reste que c'est un peu,
finalement, la version patronale et qu'il peut y avoir une autre thèse -
un peu beaucoup la version patronale. Et d'ailleurs, avec beaucoup de
condescendance, vous parlez de vos offres raisonnables qui sont gentilles etc.,
sauf que malheureusement cela doit faire l'objet de négociations et cela
n'a pas été possible dans les conditions actuelles.
Deuxièmement - parce que je ne veux
pas m'éterniser c'est d'ailleurs relié aux
négociations - dans votre projet de loi, j'ai remarqué que les
grands principes ne parlaient pas - sauf erreur - de ce qui arrivait à
l'article 116 et au régime syndical. Les exclusions qui étaient
mentionnées - je vous rappelle les recommandations du rapport Bisaillon
que j'avais tout à l'heure, dans le résumé des
recommandations, il y avait des recommandations précises, je ne les
citerai pas pour ne pas allonger inutilement - y a-t-il des modifications dans
le projet de loi au régime syndical, c'est-à-dire les
matières non négociables? Je comprends que dans les
négociations qui viennent de se terminer, rien n'a été
négociable. Cela a été une extension assez colossale de
l'article 116. J'imagine que, puisque tout a été imposé
par décret, vous avez quelque peu donné une portée plus
considérable qui n'allait certainement pas, dans ce domaine-là,
dans le sens des recommandations du rapport Bisaillon. Le rapport Bisaillon
proposait de modifier l'article 116 pour rendre négociables certaines
choses qui ne l'étaient pas dans le cadre... Remarquez qu'on a
été assez prudent, on n'a pas mis tout le paquet, la
classification, etc. On était quand même assez
réservé sur nos commentaires à cet égard. Je
voudrais également avoir, si vous le permettez, Mme la ministre,
quelques précisions à ce sujet.
Troisièmement, sur les cabinets ministériels, le nombre
est vraiment rendu, à mon avis, à un niveau excessif, nettement
excessif. Si on regarde d'ailleurs au niveau de l'administration... Oui, oui,
c'est nettement excessif. Faites le tour de toutes les provinces canadiennes, y
compris le gouvernement fédéral. Prenez-le comme modèle,
cette fois-là. Vous allez voir qu'au gouvernement fédéral,
les cabinets ministériels...
Mme LeBlanc-Bantey: ...le secrétariat pour l'unité
nationale que me rappelle le député.
M. Rivest: Non, non, cela est un gadget à
côté de la question. La vraie question est les cabinets
ministériels. Premièrement, les cabinets ministériels sont
complètement devenus... Le nombre est vraiment trop grand. Je pense que
la ministre, d'ailleurs, a évoqué dans une de ses réponses
qu'on pouvait se poser des questions sur le nombre, compte tenu de la
sécurité. Je suis bien sympathique à donner une
sécurité ou un statut aux membres des cabinets
ministériels - comme le disait le député de Sainte-Marie,
c'est un mal nécessaire - mais qu'il y ait un nombre raisonnable de
cabinets ministériels. Les chiffres, par rapport à 1976, si vous
voulez parler de vertu ou de non-vertu, je pense que c'est le double. Au moment
où le gouvernement a été élu, on avait 693; on est
rendu à 1200...
M. Doyon: Cela comprend tout le monde.
M. Rivest: Tout le monde. Le rapport est de deux à un. Le
nombre ce n'est pas un problème. Le statut des membres de cabinets
ministériels, cela en est un autre, mais le gros problème dans la
fonction publique, ce n'est ni le nombre, ni le statut des personnes - ce sont
des problèmes d'ordre politique auxquels le gouvernement doit
s'intéresser -mais quand on regarde la fonction publique, ce sont les
rapports entre les membres des cabinets politiques et les membres de la
fonction publique. Cela est un problème et si vous causez avec des
administrateurs supérieurs du gouvernement, ils en parlent. Qui fait
quoi exactement? Est-ce qu'il y a quelqu'un, quelque part, qui
réfléchit à ce qu'un cabinet ou un entourage
ministériel fait par rapport au personnel de direction,
c'est-à-dire à la filière administrative? Je vais vous
donner un exemple que je soulève à chaque année lors de
l'étude des crédits du ministère des Affaires
intergouvernementales parce que je le trouve absolument invraisemblable, le cas
où un membre de cabinet politique est à Hull. Cette personne agit
comme correspondant, elle informe le ministère des Affaires
intergouvernementales des activités du gouvernement canadien, ce qui est
nettement une responsabilité qui devrait être dévolue
à un membre de la fonction publique. C'est un exemple. Deuxième
exemple, on n'a aucune espèce de balises, de normes, de politiques pour
dire que les membres des cabinets ministériels sont là pour aider
le ministre dans l'accomplissement de ses tâches ministérielles,
informer, faire certaines tâches, enfin essayer d'aider. Je pense qu'il
en faut. Je ne veux pas non plus... Mais la définition des politiques,
où est-ce que cela se situe? Il y a eu des déclarations du
premier ministre en 1976, comme quoi les sous-ministres devaient endosser les
politiques générales du gouvernement. Cela a été
interprété de différentes façons. Je conviens
volontiers qu'un nouveau gouvernement qui arrive a des orientations, dans les
domaines économique, social et culturel, qui peuvent être
différentes de celles du gouvernement précédent, mais il
n'est pas nécessaire d'avoir des cabinets ministériels pour
surveiller et imposer cela. Les sous-ministres et le personnel supérieur
de la fonction publique sont assez professionnels et assez intelligents pour
faire la lecture des orientations générales du gouvernement.
Remarquez que ce n'est pas propre à votre gouvernement; je vais
être bien honnête avec vous, lorsqu'on était au
gouvernement, il y a eu des problèmes du même ordre que ceux qui
se posent
actuellement, sauf qu'ils ont pris une espèce d'ampleur qui
m'apparaît nettement démesurée. Je tiens à le
signaler. C'est pour cela que j'invite la ministre non seulement à
réfléchir sur le nombre excessif, non seulement à
s'intéresser, comme la commission Bisaillon l'a évoqué, au
statut -je conviens que c'est un problème - mais également
à s'intéresser à ce que fait un cabinet ministériel
par rapport à la direction supérieure d'un ministère. Cela
m'apparaît un problème important auquel vous devriez
réfléchir.
Ma quatrième remarque préliminaire concerne
l'imputabilité. Je pense que ce qu'on a essayé de faire à
la commission Bisaillon, c'est de dégager au niveau des politiques de
gestion du personnel des espaces pour les administrateurs, pour les
supérieurs et aussi pour les fonctionnaires, de façon qu'ils
puissent répondre de cela. Quand on a parlé, par exemple, de la
commission sur la Baie-James, au fond, ce n'est pas un problème - si
problème il y a en regard de l'imputabilité - qui est lié
à la notion même d'imputabilité ou à ce que le
rapport Bisaillon voulait évoquer. C'est ce que vous allez probablement
reprendre, j'imagine, dans le projet de loi sur la fonction publique.
Si problème il y a, c'est un problème de nature
parlementaire, c'est-à-dire que cela touche l'imputabilité parce
qu'il y a des fonctionnaires qui arrivent devant une commission parlementaire.
C'est un forum politique, par définition, et qui n'a pas de
règles. Personne n'a pensé à des règles, mais dans
le rapport Bisaillon on mentionnait des choses au plan de
l'imputabilité. Il ne faut pas non plus que la ministre de la Fonction
publique, en appliquant les recommandations... Elle l'a même
souligné; entre autres, au niveau de l'imputabilité, c'est
très clair. Je pense bien que c'est justement sa perception des choses,
mais il faut qu'il y ait quelqu'un, quelque part, qui se préoccupe de
savoir si ce n'est pas cela. À l'intérieur du projet de loi, Mme
la ministre de la Fonction publique dégage une responsabilité de
gestion, etc., de l'administrateur. Prenons les administrateurs
supérieurs, soit au niveau de leur personnel, qu'ils soient responsables
des budgets, etc.
Tout cela, c'est une dimension, mais cette imputabilité doit
être "sanctionnable" d'une façon ou d'une autre. La façon
la plus logique, quand on parle de cela, c'est de dire que cela doit aboutir
à une commission parlementaire. Là, il faut que le gouvernement
soit équipé et qu'il ait la volonté politique - non pas de
Mme la ministre de la Fonction publique, mais du gouvernement - de dire, quand
un haut fonctionnaire ou un gestionnaire supérieur de l'État doit
répondre de ses actes administratifs, sur quelle base et dans quel cadre
il le fera. Cela, nulle part, on n'a vu le commencement. Cela serait bien que
Mme la ministre nous parle d'imputabilité dans son projet de loi, mais
si le gouvernement n'accompagne pas cela de mesures parlementaires et
même budgétaires au Conseil du trésor, de mesures
ancillaires - je ne sais pas laquelle est ancillaire ou principale - on va
rater notre coup pour vrai. Il va y avoir une imputabilité, mais une
imputabilité de hiérarchie, c'est-à-dire face au
supérieur immédiat, mais ce ne sera pas l'imputabilité
dont on a parlé dans le rapport Bisaillon. Là, on est un peu pris
de court.
Mme la ministre de la Fonction publique, dans son discours
d'introduction aux crédits, en a parlé, mais elle en a
parlé juste pour les fins de la fonction publique, bien sûr. Il
faudrait aussi trouver les autres morceaux du puzzle de quelque intervenant
gouvernemental. Cela, on ne l'a pas encore vu beaucoup. Alors, je ne voudrais
pas qu'on prenne l'exemple de la commission parlementaire sur le saccage de la
Baie-James comme disposant absolument de la question ou disant qu'il y a
là des dangers. S'il y a là des dangers, le gouvernement n'a rien
fait. Remarquez que c'est le gouvernement qui a convoqué cette
commission. Que voulez-vous? C'est bien dommage, mais c'est cela. (22
heures)
L'autre plan, le député de Sainte-Marie l'a très
bien souligné, c'est de savoir ce qu'un sous-ministre va faire. Moi
aussi, en écoutant les sous-ministres de l'Éducation s'exprimer
en toute bonne foi, j'en conviens volontiers, dans le cadre des
négociations, sujet qui était éminemment politique...
j'écoutais le sous-ministre de l'Éducation donner le point de vue
du gouvernement. Je ne sais pas si c'était de l'imputabilité,
mais je me suis demandé à quoi servait un ministre. Quand un
sous-ministre est en mesure de parler de la façon dont les
sous-ministres parlaient, on n'a plus besoin d'un ministre. Ils parlaient aussi
bien qu'un ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Beaucoup de sous-ministres sont capables de
faire cela.
M. Rivest: Je sais, mais vous comprenez ce que je veux dire.
Quand le sous-ministre va aussi loin que de définir, donner des
orientations et défendre les orientations et les politiques
gouvernementales, je pense que c'est aller trop loin, que l'imputabilité
dont on parle...
Mme LeBlanc-Bantey: Mon sous-ministre dit qu'ils n'ont pas
l'intention de se débarrasser des ministres.
M. Rivest: Pardon?
Mme LeBlanc-Bantey: Mon sous-ministre
dit qu'ils n'ont pas l'intention de se débarrasser des
ministres.
M. Rivest: Non. C'est un autre problème qu'il faudra que
le gouvernement regarde de très près. Tout le monde parle de
l'imputabilité, enfin, tout le monde en parle, c'est une façon de
dire. Je cherche une volonté politique. Qui la donnera? Je cherche une
volonté qui intègre les différents éléments,
parce que si on ne fonctionne que par morceaux, il y a aura une
résistance au niveau des hauts fonctionnaires, et je la comprends, parce
qu'ils ne sauront pas du tout dans quoi ils vont s'aventurer. C'est
également un problème. Je pense bien que la loi de Mme la
ministre ne pourra pas complètement disposer de cela.
En ce qui concerne la loi, j'ai eu quelques échos d'un projet
quelconque sur le projet de loi. Je l'ai parcouru. Il y a des choses
très intéressantes. J'aurais pu répondre à
certaines questions du député de Sainte-Marie. Je connais tous
les nouveaux termes: les administrateurs d'État, l'Office des ressources
humaines...
Mme LeBlanc-Bantey: ...au Conseil des ministres.
M. Rivest: Le Conseil du trésor progresse pas mal. Il y a
une chose, c'est que je n'ai pas trop aimé retrouver l'essentiel des
règles d'éthique dans le projet de loi. Vous vous rappelez qu'on
avait demandé que cela fasse davantage partie -d'ailleurs, les syndicats
l'avaient demandé -des conventions collectives. Je pense qu'il serait
peut-être intéressant - c'est cela, merci, M. le Président
- de parler de règles d'éthique aussi générales et
minimales aux syndicats. D'ailleurs, ils l'ont demandé lorsqu'ils sont
venus témoigner devant notre commission.
En ce qui concerne le pouvoir de réglementation, vous parlez de
déréglementer, mais j'ai peur de la porte de sortie que seront
les directives qui finiront par être aussi... Enfin, je ne veux pas
m'étendre là-dessus.
Mme LeBlanc-Bantey: On en reparlera en temps et lieu.
M. Rivest: Je ne veux pas en reparler ou en parler plus qu'il ne
le faut dans les détails. Les préoccupations du
député de Sainte-Marie sur le classement et tout cela trouvent
leur écho d'une façon intéressante. Mais je...
Une voix: C'est l'avant-projet de loi.
M. Rivest: Oui, je parle de l'avant-projet de loi.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela doit être la deuxième
version qu'il a.
M. Rivest: Non.
Mme LeBlanc-Bantey: II y en a eu douze jusqu'à maintenant.
Il y en aura dix avant qu'il n'arrive...
M. Rivest: Montez dans l'échelle des douze.
Mme LeBlanc-Bantey: II y en aura dix encore avant qu'il ne soit
déposé à l'Assemblée nationale.
M. Rivest: C'est plutôt douze. Vous savez, il y a douze
mois dans l'année et ma version retourne plutôt vers
l'automne.
Mme LeBlanc-Bantey: Spéculez!
M. Rivest: J'ai passé le printemps, l'été.
Je suis cela avec énormément d'intérêt.
Mme LeBlanc-Bantey: Spéculez!
M. Rivest: Je vais vers la fin de l'automne. Je ne sais pas
à combien vous arriverez, finalement.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est pour éviter les fuites des
professionnels, c'est pour cela qu'on fait beaucoup de versions.
M. Rivest: C'est cela.
Une voix: La confiance règne, si je comprends bien.
Mme LeBlanc-Bantey: J'ai quelque chose à dire
là-dessus, d'ailleurs.
M. Rivest: Ce sont les remarques... Je n'en ai pas dit beaucoup.
Remarquez que j'ai été assez réservé.
En ce qui concerne la question de la banque de disponibilité, je
voudrais une autre précision de Mme la ministre. Est-ce que
l'idée dont on avait parlé de disponibilité
interréseaux est étudiée au ministère? Est-ce que
c'est une chose qui vous intéresse, qui est possible ou impossible?
Il y a un autre problème que je voudrais que Mme la ministre
souligne, c'est la question du travail à temps partiel, qui a
été débattue à maintes reprises, et on n'a pas
encore de... La question du temps partiel, ma collègue, la
députée de Chomedey, pourra l'évoquer, parce que cela
concerne davantage les femmes.
La Commission de la fonction publique, vous avez dit qu'elle allait
devenir un ombudsman.
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai jamais dit cela.
M. Rivest: Non? Moi, je peux vous le dire, en tout cas.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela dépend de ce que vous en pensez
vous-même, mais on n'a jamais dit cela.
M. Rivest: Est-ce que vous pourriez me donner des
précisions sur le problème de l'acquisition du statut de
permanence dans la fonction publique dans votre projet de loi? Je ne vous
demande pas de réponse précise telle que: Nous allons faire ceci.
Mais, quelle hypothèse de travail... Pardon? Enfin, je pourrais vous
poser beaucoup d'autres questions, mais j'abuserais du temps et je ne voudrais
pas.
Une voix: Ne vous gênez pas.
Le Président (M. Paré): Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Ah, mon Dieu, ce qu'il en a dit! Je voudrais
d'abord parler du climat dans la fonction publique. Je pense qu'il faut
arrêter... Il ne faut pas non plus exagérer. Je ne
prétendrai pas que les choses ont été pour le mieux dans
le meilleur des mondes depuis un an. Par ailleurs, je pense que le climat est
relativement bon dans la fonction publique. Et, à ma connaissance, les
ministres et les hauts fonctionnaires ne se plaignent pas d'un climat malsain
dans la fonction publique. C'est clair. Il y a eu l'année difficile que
tout le monde connaît. Je ne prétends pas, non plus, qu'elle n'a
pas laissé de cicatrices, mais je pense que le climat est bon dans la
fonction publique et, en particulier, je pense que c'est à cause du fait
que les fonctionnaires et les professionnels - même si, avec les
professionnels, nous n'avons pas encore réussi à en arriver
à une entente - l'ensemble de ces gens sont conscients que,
effectivement, les gestes que le gouvernement a dû poser cette
année étaient nécessaires même s'ils étaient
douloureux à supporter. Je pense qu'avec le temps, les cicatrices se
fermant, beaucoup de ces gens présument et, finalement, comprennent que
le gouvernement n'avait pas le choix.
Du côté des fonctionnaires, vous nous avez demandé
si on avait fait des efforts, surtout parce que là c'était
réglé. Je pense qu'on a fait tellement d'efforts qu'on a
réussi à en arriver à une entente; c'était une
entente sur le normatif. Le syndicat était, je crois, sorti heureux de
sa négociation. Surtout que, compte tenu de l'objectif que nous avions
d'harmoniser les conventions collectives, nous avons pu donner certains
bénéfices aux fonctionnaires dont bénéficiaient
déjà les professionnels. Car je l'ai déjà dit, pour
moi il n'y a pas d'élite dans la fonction publique; il y a des gens qui
travaillent tous ensemble au service des citoyens. Je pense que, dans la mesure
du possible, les conditions de travail devaient s'harmoniser.
Du côté des salaires, je vous souligne -et là, je
vous ramène tout de suite à la comparaison privée/publique
- que, dans le cas des bas salariés, on n'a pas tenu compte du tout de
la comparaison avec le secteur privé. Et je vous avoue que,
personnellement, j'aurais été contre le fait qu'on puisse tenir
compte de la comparaison avec les bas salariés dans le secteur
privé, surtout dans le cas des services où il y a beaucoup de
femmes, dans les services qui ne sont pas toujours très bien
rémunérés dans le secteur privé et où il n'y
a pas toujours les conditions de travail auxquelles - elles ou ils, qu'importe
- aurait droit le groupe de salariés visés. Et dans ce sens, je
pense que la politique du gouvernement de protéger au maximum les bas
salariés tenait compte aussi du fait qu'on ne peut pas se baser sur la
façon qu'a le secteur privé de traiter certaines
catégories d'emplois pour leur faire subir le même sort ou leur
donner les mêmes conditions salariales. Il y avait donc l'objectif, bien
sûr, de les protéger au maximum, compte tenu de leurs salaires,
mais aussi de reconnaître que nous avons, comme gouvernement, une
responsabilité par rapport à certains corps d'emplois qui ne sont
pas nécessairement bien traités dans le secteur privé.
M. Rivest: Si Mme la ministre me permet une précision:
Lorsqu'elle parle des bas salariés, cela représente combien de
fonctionnaires sur le total?
Mme LeBlanc-Bantey: Dans le syndicat des fonctionnaires ils sont
autour de 35 000 salariés; sauf les techniciens qui sont à un
salaire plus élevé, c'est l'ensemble du syndicat. Il s'agit de
secrétaires, d'ouvriers, d'agents de bureau, etc. Bon, bien sûr,
tout le monde n'a pas été protégé au maximum, mais
le nombre de ceux qui gagnent moins de 16 500 $, si je me souviens bien, se
situe entre 25 000 et 30 000 syndiqués. Alors, c'était quand
même une énorme proportion du syndicat des fonctionnaires et - je
le répète - je suis très fière qu'on ait finalement
protégé, non seulement le pouvoir d'achat de ces bas
salariés, mais qu'on ait reconnu comme gouvernement que cela aurait
été injuste d'enligner ces gens-là sur le secteur
privé.
Par ailleurs, dans le secteur privé, les professionnels sont
très bien payés et les politiques de rémunération
qu'il y avait dans la fonction publique visaient à les ajuster au
secteur privé. Je ne sais pas si vous êtes au
courant, mais généralement les cadres supérieurs
dans la fonction publique sont moins bien payés que dans le secteur
privé, mais là encore, ils ont des conditions de travail
généralement plus avantageuses -sécurité d'emploi,
etc., - que les cadres du secteur privé n'ont pas. Donc, il y a, je
pense, un équilibre qui fait que la rémunération
proposée par le gouvernement, quant à moi, me semblait
extrêmement équitable. Et je pense que les syndicats ou les
syndiqués - et finalement, je pense, certains syndicats - reconnaissent
que l'approche qu'avait le gouvernement était juste pour l'ensemble de
son personnel.
Je reviens donc sur le climat. Je vous dis que le climat est loin
d'être aussi mauvais que vous le prétentez dans la fonction
publique et j'en félicite, d'ailleurs, les fonctionnaires et les
professionnels qui, finalement, ont en partie assumé les efforts que
nous avions demandés, les sacrifices qui étaient douloureux. Je
ne nie pas qu'il y ait eu, à un moment donné, des discours qui
aient pu donner à croire qu'on ne faisait pas confiance à nos
employés ou qu'ils n'étaient pas aussi productifs qu'on l'aurait
voulu. Je pense que les discours ne disaient pas cela. Il se peut que, compte
tenu du contexte, compte tenu du climat surtout qu'il y avait à ce
moment-là et compte tenu des attitudes, bien sûr, compte tenu de
l'opération qu'on avait à faire, on ne pouvait pas leur demander
d'interpréter nos discours positivement. Sauf qu'à plusieurs
reprises, j'ai mentionné - d'autres collègues l'ont
mentionné - le travail, la compétence de nos employés et
la nécessité qu'on avait de ces employés au service des
citoyens. Je me dis que finalement c'était peut-être bien plus le
contexte que les discours qui ont pu donner l'impression qu'on avait un certain
mépris pour nos employés.
Par ailleurs, il faut reconnaître que c'est vrai que nos
employés de la fonction publique et du secteur public par rapport
à d'autres employés dans le privé sont infiniment mieux
traités et qu'ils étaient infiniment mieux placés pour
résister à la crise économique par rapport à
d'autres groupes d'employés. Je vous dirais, à titre d'exemple,
que chez nous - cela c'est le genre de discours qui a été tenu
durant les négociations, mais c'était la réalité -
il y a certains travailleurs d'usine qui ont la moyenne de salaire de la prime
d'isolement que les employés du secteur public ont. Il faut quand
même reconnaître ces réalités. C'est vrai que les
salariés du secteur public étaient mieux placés pour
résister à la crise.
Sur la question des fuites, je l'ai -effectivement, certains
professionnels en ont fait une stratégie - interprétée,
à ce moment-là, comme une menace de chantage. Je pense qu'il n'y
en a pas eu tant que cela. Je pense aussi que même s'il y a des fuites,
il ne faut pas nécessairement les interpréter comme des fuites
venant des professionnels dans la mesure où, de la même
façon comme quelqu'un l'a souligné, qu'il n'y avait pas
unanimité dans le temps de votre gouvernement, il n'y a pas
unanimité non plus au sein du gouvernement. On n'a pas tous des gens
vendus aux politiques du gouvernement ou à la cause du gouvernement. Le
député de Louis-Hébert a certainement beaucoup d'amis dans
la fonction publique et le député de Jean-Talon aussi, qui de
temps à autre, sont peut-être intéressés à
leur souligner certains aspects de la gestion gouvernementale. Cela peut
être des professionnels comme n'importe qui d'autre.
M. Doyon: Que vous le croyez, c'est sain pour vous.
Mme LeBlanc-Bantey: Pardon!
M. Doyon: Que vous le croyez c'est sain pour vous. La crainte est
le commencement de la sagesse, là-dedans.
Mme LeBlanc-Bantey: Par ailleurs, il est vrai que le gouvernement
ne pouvait accepter une menace de chantage telle qu'elle était
proférée par le syndicat des professionnels et qu'effectivement
les employés du gouvernement sont tenus à un certain code
d'éthique. Je pense qu'en général les gens le
reconnaissent et qu'ils s'y tiennent. Par ailleurs, s'ils devaient, en
conscience, constater qu'effectivement il se pose des gestes dans
l'administration gouvernementale qui vont à l'encontre des citoyens,
qu'ils le fassent qu'ils aient le courage de le faire par le syndicat ou
autrement, mais qu'ils ne le fassent pas d'une façon
déguisée selon leur propre jugement tout en, si vous voulez,
manquant à leur code d'éthique le plus
élémentaire.
M. Rivest: Raison de plus pour que le code d'éthique soit
négocié et convenu.
Mme LeBlanc-Bantey: II aurait fallu que le syndicat, entre
autres, le syndicat des professionnels, accepte de négocier quelque
chose. Je pense que je l'ai dit et je le répète, on a fait
tous...
M. Rivest: Oui, mais avec vos décrets, franchement.
Mme LeBlanc-Bantey: ...les efforts nécessaires pour
négocier. La preuve, c'est qu'on est arrivé à une entente
avec les fonctionnaires et non pas avec les professionnels.
M. Rivest: Franchement!
Mme LeBlanc-Bantey: Vous parlez de l'article 116...
Le Président (M. Paré): Un à la fois, s'il
vous plaît!
M. Rivest: Le député parle, c'est très
rare.
Le Président (M. Paré): J'entends des deux
côtés et j'aimerais entendre seulement Mme la ministre, s'il vous
plaît.
M. Rivest: Ce n'est pas votre rôle, vous autres.
Le Président (M. Paré): S'il vous plaît!
Mme LeBlanc-Bantey: L'heure est tardive, les gens se
dissipent.
Une voix: Vous dérangez.
M. Rivest: C'est rendu, s'il faut qu'ils se mettent à
parler en plus.
Mme LeBlanc-Bantey: Sur la question... M. Doyon: Ils ont
assez de voter. M. Rivest: Oui, franchement. M. Doyon: Au prix
qu'ils sont payés.
Le Président (M. Paré): A l'ordre, s'il vous
plaît! (22 h 15)
Mme LeBlanc-Bantey: Sur la question du régime syndical, M.
le député de Jean-Talon, vous avez fait allusion à
l'article 116. Vous le savez, on l'a annoncé à plusieurs reprises
et la dernière ronde de négociations en a été la
preuve évidente, le système actuel, tel qu'il fonctionnait,
présentait certaines lacunes très graves. Le gouvernement a
annoncé son intention de réviser l'ensemble du dossier des
négociations dans le secteur public. Je vous avoue que jusqu'ici,
personnellement - et je vous répète que la loi n'a pas
été présentée au Conseil des ministres - je serais
plutôt favorable au statu quo pour le moment et à réviser
le régime syndical de la... Voilà...
M. Rivest: ...quant à la discussion sur les chiffres, sur
les paragraphes et...
Mme LeBlanc-Bantey: Je vous le dis, je ne sais pas quelle version
vous avez, mais, pour le moment, j'en suis encore à la dernière
version sur ce point-là.
M. Rivest: Ah! c'est une bonne version. Ce doit être la
dernière.
Mme LeBlanc-Bantey: Je serais plutôt favorable à
l'idée d'attendre que la réflexion globale se fasse, y compris
dans la fonction publique, et qu'on voie à ce moment-là ce qu'il
y aurait lieu de faire pour améliorer ou non le régime syndical
dans la fonction publique.
Vous avez parlé abondamment des cabinets ministériels et
de leur nombre. Moi, je ne sais pas, j'ai seulement six attachés
politiques chez nous... cela ne me paraît pas exagéré.
M. Rivest: Vous avez un excellent chef de cabinet, pourquoi avoir
six adjoints?
Une voix: Six! C'est épouvantable!
Mme LeBlanc-Bantey: Vous dites qu'il n'y a aucune balise. Je vous
rappelle qu'il y a quand même des balises car il y a une masse salariale.
Si des ministres et des employés politiques préfèrent
travailler pour moins cher ou pour plus cher, engager du monde qui
nécessite un salaire plus élevé, il y a quand même
la balise de la masse salariale avec laquelle vous composez d'ailleurs aussi
dans l'Opposition.
M. Rivest: Justement. Excusez-moi, M. le Président. Quant
à la masse salariale, tout ce que Mme la ministre vient de dire est
vrai. Mais le problème que j'ai soulevé, c'est que le personnel
politique du chef de l'Opposition n'a aucun problème avec les hauts
fonctionnaires. Je vous ai parlé d'un problème de rapports des
cabinets ministériels avec les hauts fonctionnaires.
Mme LeBlanc-Bantey: Je reviendrai sur cela après. J'en
suis encore sur le nombre.
M. Rivest: Ah! Excusez-moi. Je suis toujours en avance d'une
version.
Mme LeBlanc-Bantey: Je trouve que c'est peut-être une
analyse très superficielle que vous faites parce que vous parlez d'un
certain nombre par rapport à 1976 jusqu'à aujourd'hui.
M. Doyon: Bien, du simple au double, Mme la ministre.
Une voix: C'est officiel...
Mme LeBlanc-Bantey: Je ne sais pas comment vos chiffres
étaient comptabilisés. Par ailleurs, dans les cabinets,
actuellement, il y a beaucoup d'employés de soutien qui sont des
employés de la fonction publique...
M. Doyon: Ils soutiennent qui?
Mme LeBlanc-Bantey: Ils soutiennent le personnel politique.
M. Doyon: Bon! Exactement. Alors...
Mme LeBlanc-Bantey: C'est normal, ils ont besoin de soutien, ils
travaillent très fort et il est très normal qu'ils aient des
employés de soutien qui, effectivement, les aident dans leur
tâche. Il y a aussi, dans beaucoup de cabinets, des
réceptionnistes, par exemple, qui servent tant le sous-ministre que le
ministre. Dans d'autres cabinets, les réceptionnistes font partie du
personnel administratif. Il y a les messagers, etc., etc.,
M. Rivest: Du simple au double, de 1976 à 19821
L'inflation, enfin, trouvez quelque chose!
Mme LeBlanc-Bantey: Vous avez vos propres chiffres. Moi, je n'ai
pas vos chiffres et j'ai le droit de m'en méfier jusqu'à nouvel
ordre.
M. Rivest: Bien, nos chiffres sont vrais car ils sont
basés sur des documents gouvernementaux.
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai pas plus confiance qu'il faut
là-dedans. Bon. Alors, on va vérifier les chiffres et on aura
l'occasion de faire la discussion sur le nombre.
M. Rivest: Ah! mon Dieu!
Mme LeBlanc-Bantey: Quant aux énormes chicanes ou aux
grands drames qu'il y aurait soi-disant entre les attachés politiques et
l'administration, je ne vous cacherai pas que, de temps à autre, il y a
des discussions viriles dans notre entourage entre la vision administrative
d'un certain problème et la vision que certains attachés
politiques peuvent en avoir; pas nécessairement une vision partisane,
mais une vision strictement différente parce que les attachés
politiques sont aussi, parfois, plus près des citoyens, près des
gens qui vivent ces problèmes, et comme ils ne sont pas, si vous voulez,
soumis...
M. Doyon: ...aux ordres de la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce que je pourrais continuer?
M. Rivest: Allons donc!
Mme LeBlanc-Bantey: Comme ils ne sont pas soumis, si vous voulez,
aux aléas, aux problèmes de la gestion, à tous les
mécanismes, il leur paraît que des choses pourraient être
résolues de façon plus simple, plus facile et plus rapide...
M. Rivest: Les fonctionnaires sont capables de faire cela.
Mme LeBlanc-Bantey: ...et différemment. C'est un personnel
compétent, intelligent, qui se pose des questions et qui rend un
jugement. Mais qu'il y ait des discussions, il y en a entre les fonctionnaires.
Il y a régulièrement des discussions entre l'équipe des
sous-ministres chez nous, je l'espère bien, et l'ensemble des
fonctionnaires, et, en fin de compte, il finit par se dégager un
consensus. Moi, je ne comprends pas les drames...
M. Rivest: Ce ne sont pas de bons exemples. Vous avez un bon
sous-ministre et un bon chef de cabinet. Mais allez parler aux autres et vous
allez voir les problèmes qu'il y a. Parlez aux fonctionnaires et vous
allez vous rendre compte...
M. Doyon: Parlez aux gens de l'Agriculture.
M. Rivest: Vous savez très bien ce que je veux dire.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela dépend. S'il y a des endroits
où il y a des sous-ministres qui sont libéraux et des
attachés politiques péquistes qui ne voient pas du tout les
choses de la même façon, cela peut causer des drames.
M. Rivest: Allez à l'Agriculture, allez à
l'Environnement.
Mme LeBlanc-Bantey: Mais ce n'est pas parce qu'il y aurait
certains drames à certains endroits qu'il faut en dégager des
constats généraux. Bon. Ceci étant dit, je vais donc
fermer la parenthèse là-dessus. Je trouve que vous avez tendance
à faire de grands drames, tant là-dessus que sur le climat dans
la fonction publique.
Le Président (M. Paré): S'il vous plaît!
M. Rivest: Si vous le permettez, Mme la ministre, je vous ai
demandé de faire un effort, de préciser les
responsabilités des uns et des autres. Il me semble que vous pourriez
regarder cela.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est un effort qu'on va faire tous ensemble,
s'il y a lieu.
M. Rivest: Oui, faites-le, c'est cela. Est-ce que vous me le
promettez pour les crédits de l'an prochain, bien que votre
ministère soit aboli?
M. Doyon: Promettez, promettez!
Mme LeBlanc-Bantey: Non, il faudrait d'abord que je sois
là pour l'étude des crédits.
M. Rivest: Généralement, aux crédits, les
ministres promettent n'importe quoi.
Mme LeBlanc-Bantey: J'ai la chance, cette année, de ne pas
être sûre d'être là l'année prochaine pour les
crédits. C'est merveilleux comme situation.
M. Rivest: On parlera au Conseil du trésor. C'est
l'article...
Mme LeBlanc-Bantey: Mon chef de cabinet qui est un excellent chef
de cabinet, qui a un bon jugement me dit que M. Rivest a l'expérience
d'un ministre qui promet n'importe quoi aux crédits.
Sur la question de l'imputabilité, effectivement, vous avez
raison - je prends des habitudes avec vous - il appartient à la Fonction
publique de régler les problèmes de l'imputabilité par
rapport à la gestion même. À mon avis, ce sera à
l'Assemblée nationale et au gouvernement de régler l'autre patte
de l'imputabilité qui est la question de permettre que les
sous-ministres puissent rendre compte du travail des gestionnaires à
n'importe qui, à l'Assemblée nationale. Je vous avoue que c'est
un dossier qui m'intéresse, auquel j'ai toujours été
sympathique. J'ai perdu un peu de sympathie, je l'ai dit très
honnêtement, dans les dernières commissions qu'on a vues mais,
comme l'a souligné très justement le député de
Sainte-Marie et le député de Jacques-Talon... J'ai lu les
journaux...
M. Doyon: Je me fie au premier ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Je me fie aux journalistes, vous vous fiez
aux journalistes aussi. Comme l'a souligné le député de
Sainte-Marie, il est vrai qu'il y a aussi une question de changement de
mentalité de la part des parlementaires tant de l'Opposition que du
parti ministériel. Même si je n'ai pas suivi le sous-ministre de
l'Éducation, quand un "administratif" se fait poser des questions sur
une base purement politique, il n'a peut-être pas d'autres choix que de
répondre aux questions qu'on lui pose.
Pour ce qui est des autres questions, M. le député de
Jean-Talon, je vous dirais que sur le temps partiel nous serons en mesure
très bientôt de déposer une politique applicable à
la fonction publique. La disponibilité interréseaux, on ne s'est
pas attaché très fortement à cela parce que, lorsque les
postes sont comblés partout, c'est bien beau de permettre à des
gens des réseaux d'entrer dans la fonction publique mais, s'il n'y a pas
de place, il n'y en a pas. À l'inverse, c'est la même chose. Par
ailleurs, nous avons déjà amendé la loi pour permettre de
faire des concours réservés aux institutions d'enseignement pour
régler le problème des mises en disponibilité de
professeurs.
M. Rivest: Juste une précision. Le recrutement des jeunes
universitaires - j'en parle et, d'ailleurs, mon collègue de
Louis-Hébert est sensible à cela étant donné qu'il
est de la région de Québec - puisqu'il y a très peu de
postes, les fonctionnaires sont déjà dans la fonction publique
pour la région de Québec. Les jeunes en général,
dans tout le Québec, comment vont-ils faire pour entrer dans la fonction
publique, d'une part? Comment se fera le renouvellement de la fonction
publique? Il faut tout de même qu'il y ait des portes d'entrée
quelque part.
Mme LeBlanc-Bantey: Dans la loi actuelle, il est
déjà prévu...
M. Rivest: Oui, oui, je sais.
Mme LeBlanc-Bantey: ...des concours auprès de certains
bassins, y compris les bassins universitaires.
M. Rivest: Vous en faites beaucoup?
Mme LeBlanc-Bantey: M. Bélanger pourrait peut-être
répondre à la question sur ce sujet.
M. Rivest: Quel est le nombre de jeunes, cette année, qui
sont entrés dans la fonction publique?
Mme LeBlanc-Bantey: Cette année, il y a eu uniquement un
concours en informatique.
M. Rivest: Bon Dieu!
Mme LeBlanc-Bantey: II n'y a pas de poste.
Dans toutes les universités du Québec on a recruté
- de mémoire - une quarantaine d'informaticiens.
M. Rivest: Vous voyez le problème, d'après les
informations qu'on nous donne. Dieu sait que le comté de
Louis-Hébert et le comté de Jean-Talon sont concernés, il
y a beaucoup de jeunes qui viennent nous voir; cela veut dire qu'à
toutes fins utiles il n'y a plus de jeunes qui entrent maintenant dans la
fonction publique. C'est un problème majeur.
Mme LeBlanc-Bantey: On a décidé, comme gouvernement
- vous étiez d'accord avec cela, je pense - d'avoir comme objectif
général de tenter de limiter au minimum ou au maximum les
effectifs dans la fonction publique. Je reconnais que tant pour les jeunes, que
pour les femmes, que pour les membres des communautés culturelles, que
pour les personnes handicapées, pour toutes
ces catégories qui ont été traditionnellement un
peu lésées dans l'embauche dans la fonction publique, la
conjoncture n'est pas excellente. Sauf que la conjoncture actuelle ne durera
pas toujours non plus. Ce qu'il faut, je l'ai dit à plusieurs reprises,
dans le cas des programmes d'égalité en emploi, c'est quand
même de mettre en place toutes les mesures, tous les moyens,
préparer la maison, si vous voulez, pour que quand la conjoncture sera
meilleure les gens impliqués soient stratégiquement bien
placés pour profiter au maximum d'une conjoncture qui pourrait
s'améliorer.
M. Doyon: On va être rendu vieux.
Mme LeBIanc-Bantey: J'espère que non. Vous êtes
très pessimiste sur l'avenir. J'aurais tendance à croire que les
choses devraient s'améliorer dans les prochaines années, je
l'espère bien.
Le Président (M. Paré): Est-ce que vous avez
terminé la réponse?
M. Rivest: Oui.
Le Président (M. Paré): Avant de donner la parole
au député de Papineau nous allons suspendre les travaux durant
quelques minutes, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 22 h 26)
(Reprise de la séance à 22 h 35) Discussion
générale
Le Président (M. Paré): À l'ordre, mesdames
et messieurs!
Je demanderais aux gens dans la salle, s'il vous plaît, de
reprendre place et de garder silence. Les travaux de la commission
reprennent.
Avant la suspension, la parole était au député de
Papineau.
M. Assad: Mme la ministre, depuis les projets de loi nos 90 et
105...
Une voix: 70.
M. Assad: 70, excusez.
Mme LeBIanc-Bantey: 70...
M. Assad: Vous avez mentionné tout à l'heure
qu'à la fonction publique, il y avait évidemment des cicatrices,
que tout n'était pas pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Premièrement, après l'événement des lois nos 70 et
105, de quelle façon allez-vous rétablir la motivation et la
question de la productivité? Parce qu'à la commission
spéciale Bisaillon, cette question de la productivité et de la
motivation venait à la surface chaque fois qu'on recevait des
fonctionnaires de différents ministères. Je crois que depuis
l'adoption des lois 70 et 105, il y a assurément un malaise qui existe
encore. Je me demande quelles sont les mesures que vous pourrez prendre pour
rétablir cet équilibre.
Deuxièmement, hier matin, les députés
ministériels et nous aussi avons été invités
à rencontrer ces personnes de l'Association canadienne des
manufacturiers. À la table où j'ai assisté et à
plusieurs autres, une question est revenue souvent sur les lèvres des
personnes qui sont toutes de l'entreprise privée évidemment:
elles s'inquiètent beaucoup et avec raison de l'écart qui existe
entre la fonction publique et l'entreprise privée. On ne discutera pas
des conditions de travail ni des avantages sociaux, la sécurité
d'emploi est une impossibilité dans le secteur privé - on met
cela de côté - mais encore ils s'inquiètent de
l'écart qui existe. Ils trouvent, dans plusieurs endroits au
Québec, vu qu'ils sont obligés d'être en concurrence avec
le gouvernement du Québec et tout aussi bien avec le gouvernement
central qu'ils ont beaucoup de difficulté à garder des
employés qu'ils considèrent très productifs et
motivés parce qu'ils ont l'occasion d'aller soit au gouvernement
central, soit au gouvernement du Québec.
C'est un problème réel qui existe. Je crois que le
ministère de la Fonction publique, vu nos politiques salariales, etc., a
des ramifications énormes et on ne se rend pas compte jusqu'à
quel point cela dérange l'entreprise privée. Non seulement pour
la grandeur... Je peux vous parler de la région que je représente
- nous avons un centre administratif à Hull, évidemment le
gouvernement central à Ottawa - où cette question est un
problème qu'on vit quotidiennement. C'est surprenant de voir les gens
qui sont dans l'entreprise privée, qui postulent un emploi aux deux
gouvernements et même, au municipal.
Mais on va continuer notre discussion sur l'écart. De quelle
façon envisagez-vous dans l'avenir maintenir un équilibre qui
n'existe pas dans le moment?
Mme LeBIanc-Bantey: D'abord sur la productivité, je dis ce
que j'ai déjà dit. Très rapidement, je pense que
même s'il reste des cicatrices à fermer, je n'ai pas de raison de
croire que la productivité a diminué dans la fonction publique.
Nous n'avons pas de plaintes à cet égard par les
ministères. Je pense que la responsabilité de chaque gestionnaire
comme de chaque chef d'équipe est d'agir le mieux possible avec ses
employés dans un meilleur climat d'harmonie et de continuer le genre de
relations du travail qui, de toute façon, a cours dans la
fonction publique, qui est de traiter ses employés
équitablement et de leur donner le maximum de travail qui corresponde
à leurs attentes et de les féliciter en conséquence s'ils
remplissent bien leur boulot.
Jusqu'à ce jour, on n'a pas de raison de penser qu'effectivement
la productivité a été vraiment affectée par le
climat. Cela l'a été temporairement et on a, au contraire, toutes
les raisons de penser que les choses se rétablissent, que les gens sont
retournés au travail en étant conscients que les gens qui
risqueraient d'être pénalisés si en fin de compte ils
faisaient de la résistance passive, comme le dit l'exécutif
syndical, seraient les citoyens et moi, je vous dis que la majorité des
employés de la fonction publique en sont conscients. En
conséquence, ils font bien leur travail, en conscience, et avec la
compétence qu'on leur connaît. Je vous avoue que votre discours
sur le public et le privé m'a un peu plus surprise. D'un
côté, le député de Louis-Hébert nous dit
qu'on a été épouvantable avec les syndiqués et
d'autre part, vous venez nous dire qu'on n'a pas été assez
terrible, parce que l'Association des manufacturiers...
M. Rivest: Vous avez très mal compris, on a dit que vous
n'aviez pas négocié.
M. Doyon: M. le Président...
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît'. À l'ordre!
M. Doyon: C'est ce qu'on vous reproche.
M. Bisaillon: Défendez-la, défendez-la.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous ne pouvez pas me reprocher cela,
j'ai...
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît; La parole est maintenant à la ministre...
Mme LeBlanc-Bantey: ...vous ne pouvez pas nous reprocher cela, on
a négocié 400 heures avec les professionnels. Ceci étant
dit...
M. Rivest: En connaissant les résultats à
l'avance.
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rivest: Les décrets étaient faits à
l'avance.
Mme LeBlanc-Bantey: Non, non, sur le salarial, mais sur le
normatif... Même sur la question salariale, il y avait de nouvelles
propositions qui étaient intéressantes. Ceci étant dit, je
suis en train de répondre au député de Papineau et je dis
que le gouvernement, dans cette négociation sur le plan salarial, a
tenté autant que possible d'ajuster les plus hauts salariés au
secteur privé et les conventions ou les décrets qui ont
été adoptés par l'Assemblée nationale
prévoyaient cette réduction de l'écart entre le
privé et le public sauf pour les bas salariés. Je maintiens que,
pour les bas salariés, il aurait été injuste de maintenir
la même politique parce qu'il s'agit généralement
d'employés qui travaillent dans des services très souvent non
syndiqués et qui n'ont pas toujours les conditions de travail et les
conditions salariales qu'ils mériteraient d'avoir s'ils avaient des
rapports de forces différents avec leur patron. Si le
député de Papineau et si l'Association des manufacturiers
canadiens sont encore préoccupés par cet aspect-là,
franchement, je ne vois pas ce qu'on pourrait faire de plus cette année.
Je trouve que l'effort qu'on a demandé aux syndiqués est
déjà assez lourd à supporter et je pense qu'en
conséquence l'association devrait être très heureuse.
M. Rivest: Si vous le permettez, Mme la ministre, c'est que, sur
cette question des écarts de rémunération - je vous l'ai
répété deux fois à l'Assemblée, je vous l'ai
redit ce soir - il est très difficile techniquement, avec les
comparaisons des corps d'emploi... N'y a-t-il pas une autre méthode pour
résoudre... Parce que tout le monde souhaite qu'il y ait une juste
parité et que le gouvernement, le Conseil du trésor, avec tous
ses experts, avec les experts des centrales syndicales en discutent. J'ai
passé une journée avec les gens de la CSN au moment du
débat, ils nous ont démontré, selon leur point de vue,
comment la méthode de calcul du Conseil du trésor pouvait avoir
des déficiences sur le plan technique. Pourquoi le gouvernement - il y
aura une ronde en 1985 - dans les prochaines semaines, dès cet automne,
les experts du Conseil du trésor, les experts des centrales syndicales
sur la politique de rémunération, sur le calcul de la
rémunération et des gens du secteur privé - ce
qu'évoque le député de Papineau - ne se
réuniraient-ils pas pour déterminer ensemble - parce qu'il s'agit
d'une question éminemment technique et très complexe - les
écarts pour en arriver à un chiffre selon les catégories
que vous avez vous-même évoquées? Pour les cadres, il n'est
pas nécessairement vrai que c'est plus dans le secteur privé
que...
Mme LeBlanc-Bantey: Les plus hauts...
M. Rivest: ...les cadres les plus hauts dans le...
Mme LeBlanc-Bantey: ...secteur privé.
Par ailleurs, chez les cadres intermédiaires, c'est probablement
plus équilibré.
M. Rivest: ...privé que, par rapport au secteur public,
c'est vrai. Par contre, pour d'autres catégories d'emploi, pour les bas
salariés, les gens de l'Association des manufacturiers canadiens
pourraient peut-être les payer autant que le secteur public.
Mme LeBlanc-Bantey: Je vous dirai tout simplement...
M. Rivest: C'est une suggestion que je fais au
député de Papineau très amicalement.
Mme LeBlanc-Bantey: Je dirais tout simplement au
député de Jean-Talon que sa suggestion d'une forme de
comité paritaire est une excellente suggestion que les ministres
impliqués dans les négociations avaient déjà
retenue. Je n'étais pas à la table centrale des
négociations mais je suppose que cela a été
déposé à ce moment-là aux syndicats parce qu'il
s'agissait effectivement d'une suggestion sur une façon dont les
ministres impliqués dans les négociations, dont le Conseil des
ministres envisageait de régler une fois pour toutes les nombreux et
multiples débats qu'il y a à chaque ronde de négociations
relativement aux secteurs privé et public. Vous avez de bonnes
idées de temps à autre, M. le député de
Jean-Talon.
M. Assad: II y a juste une chose que j'avais oubliée, Mme
la ministre. Pourriez-vous nous dire brièvement où en sont
rendues les négociations avec les...
Mme LeBlanc-Bantey: ...agents de la paix.
M. Assad: Oui.
Mme LeBlanc-Bantey: Nous avons trois corps d'agents de la paix en
arbitrage: les gardiens de prison, les agents de la faune et les constables
spéciaux... transport, faune et détention. Nous attendons les
résultats du syndicat du Tribunal de la jeunesse et des Pêcheries,
qui sont en consultation. Les Travaux publics sont aussi en arbitrage. Il y a
le sixième qui est lequel? Les constables spéciaux ou les gardes
du corps du gouvernement. Les gardes du corps, c'est une nouvelle
accréditation, c'est quand même assez spécial. Pardon? (22
h 45)
M. Doyon: Cela comprend combien de membres?
M. Rivest: Un par corps.
Mme LeBlanc-Bantey: Ils sont une quarantaine. Nos gardiens de
l'Assemblée nationale sont aussi à l'arbitrage actuellement. Le
résultat du premier arbitrage, celui des gardiens de prison, devrait
sortir très bientôt. Je voudrais vous dire que du
côté des agents de la paix - je l'ai déjà dit dans
mon discours d'introduction - là où cela a été
surtout difficile, c'était sur la question salariale parce que, bien
sûr, nous demandions à nos agents de la paix les mêmes
efforts que ceux que nous avions demandés aux autres salariés des
secteurs public et parapublic. Bien sûr, ils n'acceptaient pas les
paramètres salariaux qui avaient été fixés. C'est
surtout au niveau salarial que, dans l'ensemble de ces corps d'emploi, cela a
bloqué.
M. Assad: Mais cela fait 30 mois.
Mme LeBlanc-Bantey: Cela fait 30 mois, mais que voulez-vous, il
n'était pas question pour nous d'appliquer aux agents de la paix des
paramètres salariaux différents de ce qui avait été
imposé à l'ensemble des employés des secteurs public et
parapublic.
M. Bisaillon: Ne pouvait-on pas leur appliquer les mêmes
dispositions que pour les policiers provinciaux?
Mme LeBlanc-Bantey: Je négocie avec les agents de la paix,
je ne négocie pas avec les policiers.
M. Bisaillon: On n'a rien demandé aux policiers.
Mme LeBlanc-Bantey: La convention collective des policiers n'a
pas été renouvelée cette année. On verra lors de la
prochaine convention ce que le gouvernement choisira de faire.
M. Bisaillon: Le moment des troubles est passé
maintenant.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Champlain.
Une voix: Ah, grand Dieu!
M. Gagnon: M. le Président, je ne voudrais pas allonger
les débats. On a dit tantôt qu'on ne parlait pas beaucoup. C'est
un fait qu'on ne parle pas beaucoup de ce côté-ci, mais on
écoute. Je voudrais seulement relever un certain nombre de
contradictions que j'ai entendues au cours de la soirée. Cela
m'apparaît assez curieux quand on écoute les discours qu'on a
entendus de l'autre côté. À un moment donné on nous
reproche de ne pas diminuer assez le nombre de personnes dans la fonction
publique. Cela a été dit dans un discours du député
de Louis-Hébert.
M. Doyon: Non, non, non. Ce que j'ai dit... Non, non, non.
M. Gagnon: Par la suite... J'ai la parole, si je n'ai pas bien
compris, on pourra le reprendre.
M. Rivest: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Paré): ...le droit de reprendre la
parole par la suite.
M. Gagnon: Attendez que j'aie terminé au moins.
M. Doyon: J'ai une question de règlement, je regrette.
Le Président (M. Paré): Vous savez qu'en
commission, il est toujours possible de reprendre...
M. Doyon: Vous aurez la parole par la suite.
Le Président (M. Paré): ...la parole pour
s'exprimer.
M. Doyon: C'est parce que le mal va être fait et ce sera
plus difficile.
Le Président (M. Paré): La parole est maintenant au
député de Champlain.
M. Doyon: J'aimerais autant régler cela tout de suite.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous en avez fait suffisamment qu'on n'a pas
repris.
M. Gagnon: J'ai compris des contradictions qui me paraissent
flagrantes. Un peu plus tard, je pense que c'est le député de
Jean-Talon qui nous reproche de ne pas ouvrir assez la machine de la fonction
publique. On dit: On n'a pas assez de personnes qui entrent dans la fonction
publique. On a posé des questions, à savoir combien il y a eu de
concours au cours des derniers mois. Un peu plus tard, on nous reproche d'avoir
coupé les salaires et on dit qu'on a été inhumain. Par la
suite, on entend dire qu'on paie trop puis qu'on crée une mauvaise
concurrence au secteur privé. C'est ce que je viens d'entendre dire.
Ensuite on nous dit que le personnel politique est devenu
réellement trop nombreux. Le député de Jean-Talon dit:
Vous avez des sous-ministres, des gens capables de véhiculer l'option
politique. Même si le gouvernement change, des orientations politiques
peuvent être véhiculées par les sous-ministres et les hauts
fonctionnaires, c'est ce qu'on a entendu dire. Par la suite on fait desreproches aux sous-ministres qui, en commission parlementaire de
l'éducation, ont pris des positions ou ont véhiculé des
positions politiques. Ce sont les points que je voulais soulever, le fait que
depuis 20 heures ou 19 h 30, quand on a commencé cette commission... Je
pense que si on avait voulu noter d'autres contradictions, on en aurait eu
toute la soirée. Je voulais seulement soulever cela, Mme la ministre de
la Fonction publique, pour voir si vous avez constaté les mêmes
contradictions dans les discours de l'Opposition.
Mme LeBlanc-Bantey: Elle n'a pas encore refait son unité,
c'est évident. Elle a bien de la misère, il faut être
compréhensif.
M. Rivest: Vous lirez Aristote sur le principe de contradiction.
Vous verrez, c'est une très bonne chose.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Champlain.
M. Rivest: Cela a été repris d'ailleurs par saint
Thomas.
Mme LeBlanc-Bantey: Je pensais que vous alliez nous parler du
principe de Peter.
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Champlain a posé une
question. Voulez-vous répondre?
M. Doyon: Ce n'était pas vraiment une question, M. le
Président. Je suis certain que ce n'est pas une question.
M. Gagnon: C'était seulement pour faire remarquer qu'on
n'avait aucune tolérance de l'autre côté. On cherche encore
et on va chercher longtemps. J'ai l'impression que...
Mme LeBlanc-Bantey: ...entièrement raison, d'ailleurs.
M. Doyon: L'incohérence que voit le député
de Champlain est probablement due au fait que, étant dans le Parti
québécois, il est habitué à un monolithisme qui
n'est pas le propre du Parti libéral.
Mme LeBlanc-Bantey: ...avec le député de
Sainte-Marie.
M. Doyon: Chez nous, on a le droit de différer d'opinion
sur certains points.
M. Gagnon: ...quand c'est la même personne qui le
prononce.
M. Doyon: En même temps, il est facile pour le Parti
québécois, pour la ministre de la Fonction publique, de nous
faire état de ses bonnes intentions. Je
pourrais la croire sur parole lorsqu'elle dit: On aimerait faire plus
pour les femmes. On aimerait donc faire plus. On commence à faire plus.
On nous sort des chiffres: Diminution de 1%, augmentation de 1%, la
présence des femmes est de 2% supérieure. On ne sait pas - je
vous posais la question tantôt - quels sont les chiffres absolus, les
chiffres concrets. Je n'ai jamais eu de réponse là-dessus. C'est
facile de parler des femmes avec des paroles sur lesquelles on ne peut faire
autrement que d'être d'accord, de parler des handicapés et de
dire: On voudrait donc faire plus! On en a engagé 24; il y en a eu 98
qui se sont qualifiés, mais, malheureusement, on ne peut pas faire
plus.
En même temps, dans le même souffle, elle énonce le
CIPACC. Mme la ministre n'y va pas avec le dos de la cuillère. Elle met
en doute - il faut le faire, je pense que cela va très loin -
l'honnêteté du CIPACC comme si ces gens avaient des buts
absolument inavouables. En même temps que la ministre fait tout cela, une
fois qu'elle a exprimé ces voeux pieux, ces souhaits - heureusement, ils
sont de nature moins religieuse que les souhaits du premier ministre - elle
nous dit: Écoutez, il y a une chose qu'il faut réaliser, c'est
que la conjoncture n'est pas bonne. Il n'y a pas grand risque, en ce moment, il
n'y a pas grand risque à dire: On voudrait faire mieux et on voudrait
faire plus, mais la conjoncture ne nous le permet pas. En même temps,
elle demande... Ce n'est pas elle qui - elle en reçoit peut-être,
mais elle en reçoit peut-être moins que moi et le
député de Jean-Talon - reçoit des jeunes finissants de
l'Université Laval dans les facultés de foresterie, génie
mécanique et autres qui viennent demander à
brûle-pourpoint... Quand on vient voir le député dans des
comtés comme ceux de Jean-Talon et Louis-Hébert, c'est parce
qu'on a tout essayé. Je vais vous dire pourquoi, c'est parce qu'on est
à même...
Mme LeBlanc-Bantey: ...
M. Doyon: Je vais vous expliquer pourquoi - je connaissais cette
réponse -c'est parce qu'on est à même les ressources
gouvernementales. On n'est pas aux îles-de-la-Madeleine où il faut
faire appel à la députée pour savoir à qui
s'adresser à l'intérieur de l'appareil gouvernemental. On a,
à sa porte même, toutes les possibilités...
M. Bisaillon: Ce n'est pas nécessaire: depuis six ans il y
a beaucoup d'édifices gouvernementaux aux
Îles-de-la-Madeleine.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est cela. Communication-Québec et
tous les services nécessaires.
M. Doyon: Pour continuer mon idée, M. le Président,
la députée en reçoit probablement quelques-uns. Mais que
doit-on répondre comme député aussi bien de Jean-Talon, de
Papineau que de Louis-Hébert aux jeunes étudiants et
étudiantes qui, tous les lundis, viennent à nos bureaux et
disent: J'ai étudié trois ans au cégep de peine et de
misère. J'ai quatre ans d'université. J'ai peiné avec des
bourses qui étaient toujours en retard, avec du travail que je n'avais
pas l'été, etc. Maintenant, j'ai un diplôme, le
voilà, M. le député. Je me cogne le nez à la porte
de tous les ministères de la fonction publique. On n'engage personne.
Qu'est-ce qu'on répond? On leur dit: Qu'est-ce que vous voulez? La
ministre nous a dit qu'elle ferait quelque chose, mais que la conjoncture n'est
pas bonne. De quoi avons-nous l'air? Pensez-vous qu'on va dire cela aux jeunes
diplômés? On n'est pas capable de leur tenir ce discours.
Il est facile, Mme la ministre, à 23 heures le soir de dire aux
personnes qui se cherchent un emploi, qui, traditionnellement dans notre
région de Québec se sont fiées sur la fonction publique
québécoise pour se trouver un emploi, vivre honorablement et
avoir droit à ce à quoi nous avons eu droit: Qu'est-ce que vous
voulez, M. le député, l'Opposition n'est pas cohérente et
la conjoncture est mauvaise. Je regrette beaucoup, mais ce n'est pas le genre
de réponse que je peux me permettre de donner à mes
électeurs et à mes commettants de l'Université Laval, du
cégep Garneau, du cégep Sainte-Foy et du cégep Champlain.
Je ne peux pas leur dire cela. Je n'oserais pas leur donner cette
réponse. Que vous me la donniez à moi m'autorise à donner
la réponse que la ministre de la Fonction publique m'a dit qu'on n'y
pouvait rien, que, malheureusement, la conjoncture était mauvaise et que
cela irait mieux plus tard. Sauf que, quand on est finissant
d'université et qu'on finit au mois de décembre, ou au mois de
mai, ou au mois de juin, un an, c'est énorme dans la vie d'un jeune,
à l'âge de 23, 24 ou 25 ans. Et leur dire que l'année
prochaine, cela va peut-être aller mieux, sans leur donner plus de
garantie, il ne faut pas avoir froid aux yeux pour faire cela. Moi, je ne me
sens pas capable de faire cela, parce que je me souviens du temps où
j'étais jeune et ce n'est pas une réponse qui m'aurait satisfait.
Et je ne me sens pas capable de le faire. Que le député de
Champlain nous accuse d'incohérence de dire qu'il faudrait que les
débouchés traditionnels qui ont été ceux des jeunes
Québécois de la région de Québec, des
universitaires aussi bien de Montréal que de Sherbrooke, où la
fonction publique était un débouché important, un
débouché traditionnel et important... Et qu'on vienne, du jour au
lendemain pratiquement, dire que ce débouché n'existe plus, je
regrette beaucoup,
mais je ne suis pas capable de tenir ce discours et je ne suis pas
capable de mettre la faute purement et simplement sur la conjoncture
économique.
Mme la ministre, j'ai un certain nombre de questions à vous
poser. Je reviens à celle que j'ai posée tout à l'heure.
Je voudrais savoir ce que cela représente, en chiffres concrets, ce que
vous nous dites à la page 24 de votre allocution, quand vous dites que,
"...globalement, l'effectif total de la fonction publique a diminué de
1%. Par contre, l'effectif féminin a connu une hausse de 1%. Et la
présence des femmes est de 2% supérieure." C'est quoi, en
chiffres? L'effectif total de la fonction publique a diminué de 1%. Il
est passé de combien à combien? Par contre, l'effectif
féminin a connu une hausse de 1%. Il est passé de combien de
femmes à combien de femmes, dans quel espace de temps?
M. Rivest: Et dans quelles catégories d'emplois?
M. Doyon: Et dans quelles catégories d'emplois? Et la
présence des femmes est de 2% supérieure à quoi et depuis
quand? C'est le genre de chiffres que j'aurais aimé avoir tout de suite
dans votre allocution. Cela m'aurait évité de poser une question
qui va tellement de soi.
Mme LeBlanc-Bantey: Êtes-vous fâché pour vrai?
Oui, je l'ai.
M. Doyon: Non, non, je ne suis pas fâché, mais cela
nous oblige à rester plus longtemps que prévu.
Mme LeBlanc-Bantey: Ce n'est pas grave cela.
M. Rivest: Pour les jeunes, aussi Mme la ministre, franchement,
vous devriez faire...
Mme LeBlanc-Bantey: Est-ce que c'est tout?
M. Doyon: C'est tout pour le moment. Mais, je ne sais pas si vous
préférez, Mme la ministre - parce que je veux quand même
revenir sur certaines autres choses, mais j'ai peur que vous négligiez,
comme vous l'avez fait... L'expérience précédente m'a
montré que je suis mieux de ne pas poser trop de questions à la
fois parce qu'il s'en perd en cours de route. J'aimerais peut-être que
vous disposiez...
M. Rivest: Cela mélange les députés
ministériels.
M. Doyon: Cela mélange les députés
ministériels, oui. Ils se sentent obligés de...
Bon, en tout cas. Alors, peut-être qu'on pourrait revenir sur
d'autres questions après.
Mme LeBlanc-Bantey: Le député de
Louis-Hébert nous reproche de ne pas répondre à toutes ses
questions. Il admettra qu'il n'est pas toujours facile à suivre.
M. Doyon: Vous trouvez cela, vous?
Mme LeBlanc-Bantey: Je vais répondre d'abord à des
questions très précises. Quand je dis que la conjoncture n'est
pas bonne, c'est vrai. Par ailleurs, il ne s'agit pas seulement de bonnes
intentions. Je pense que malgré la conjoncture - je le souligne - la
performance des programmes d'égalité en emploi a
été très respectable, tant chez les femmes, chez les
personnes handicapées, que chez les membres des communautés
culturelles.
Quant au problème des jeunes que vous soulevez, j'espère
tout de même que vous ne vous attendez pas à ce qu'on règle
tout le problème du chômage des jeunes ici ce soir. Il est vrai
que le fait qu'on ferme le recrutement dans la fonction publique peut causer un
problème temporaire dans la région de Québec et ailleurs
au Québec. Par ailleurs, il est vrai aussi que ce sont
traditionnellement les gens de Québec qui ont profité - donc les
jeunes de Québec - de la fonction publique du Québec. Mais, il
n'y a pas seulement à Québec que les jeunes ont des
problèmes de chômage. Je pense qu'il va s'agir de trouver, selon
les volontés gouvernementales, une stratégie globale qui nous
permette de régler, en tout cas le mieux possible, le problème du
chômage chez les jeunes.
Quant aux statistiques que vous nous demandez par rapport aux femmes, le
député de Jean-Talon a posé une question très
pertinente en demandant dans quelles catégories d'emplois il y avait eu
augmentation de femmes, parce que, effectivement, ce n'est pas
généralement chez les fonctionnaires qu'on a besoin d'avoir plus
de femmes. Au contraire, s'il y avait lieu de faire un programme
d'égalité en emploi, éventuellement, pour les hommes,
peut-être que la réalité nous dira dans cinq ans de faire
ce type de programme, parce que généralement, le nombre de femmes
ne manque pas dans ces emplois inférieurs - je dis inférieurs.
Chez les emplois supérieurs, du 31 mars 1980 au 31 mars 1983, si vous
voulez, je pourrais vous donner les chiffres à partir de l'an dernier,
mais à partir du début de la politique, les femmes sont
passées de 71 à 190. Bon. Vous voulez des chiffres précis.
Alors, cela m'apparaît quand même une augmentation
intéressante. Dans les emplois de gérance, et là,
effectivement, on a eu un problème: les emplois sont passés de
328 à 306. C'est une catégorie où,
effectivement, le nombre de femmes a diminué plutôt
qu'augmenté et je ne sais pas s'il y a des explications précises
à cela, par exemple quels sont les facteurs qui ont provoqué
cette diminution, mais ce sont les chiffres que j'ai. (23 heures)
M. Doyon: Quelle date, Mme la ministre?
Mme LeBlanc-Bantey: Du 31 mars 1980 au 31 mars 1983. Du
côté des professionnels, il y avait 1652 femmes et nous sommes
rendus à 2131.
Une voix: Combien avez-vous dit?
Mme LeBlanc-Bantey: II y avait 1652 femmes et nous sommes rendus
à 2131. Donc, là, il y a eu quand même une augmentation
assez sensible. Du côté du personnel de bureau, les femmes ont
augmenté mais, en fait, ce n'est pas tellement dans ces
catégories qu'on vise à augmenter le nombre de femmes. C'est
passé de 13 489 à 14 857. Chez les agents de la paix,
catégorie d'emploi où on retrouve très peu souvent de
femmes, pas seulement à cause de la mauvaise volonté, si vous
voulez, des gens de la fonction publique ou de la mentalité ou de la
société, mais souvent, aussi, parce que c'étaient des
secteurs qui, à cause du genre d'éducation qui était
traditionnellement dévolu aux femmes, sont apparus moins attrayants pour
les femmes, et c'est souvent dû aussi au bassin de candidatures qu'on
peut trouver, quand même, c'est passé de 91 femmes à 107.
Cela n'a pas diminué. Chez les ouvriers, on est passé de 127
à 99 femmes. Cela a diminué. Mais ce n'étaient pas non
plus les objectifs de la politique de l'égalité en emploi
d'augmenter le nombre de femmes chez les ouvriers. Alors, ce sont les corps
d'emploi chez les femmes. Est-ce que cela répond à votre
question?
M. Doyon: Oui, cela répond à ma question, Mme la
ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Chez les personnes handicapées, vous
avez parlé de quelques postes. Il y a 50 postes qui ont
été créés, mais il y a eu 24 postes où des
personnes handicapées se sont, semble-t-il...
M. Rivest: Concernant les personnes handicapées, est-ce
que le gouvernement satisfait aux politiques qui ont été
énoncées par exemple vis-à-vis du secteur privé, ou
si vous faites plus?
Mme LeBlanc-Bantey: Je pense qu'on fait plus. Il y a eu
énormément de sensibilisation au niveau des ministères et
des organismes. Il ne s'agit pas seulement d'engager des personnes
handicapées. Il faut que le milieu de travail aussi soit accueillant aux
personnes handicapées.
M. Rivest: Mais ce que vous demandez à l'entreprise
privée, j'imagine que le gouvernement le fait?
Mme LeBlanc-Bantey: Oui. Bien, effectivement, je crois que
l'entreprise privée, compte tenu du fait qu'il faut quand même
souligner que la fonction publique du Québec est le premier organisme au
Québec, si vous voulez, à développer des programmes
d'égalité en emploi... C'est peut-être pour cela que ces
politiques ont pris un certain temps d'implantation parce que c'est tout un
changement de mentalité et de gestion, une nouvelle approche qui
favorise l'imagination, qui favorise, à l'intérieur des
ministères, des idées originales qui peuvent s'adapter dans un
ministère et moins dans l'autre. Dans ce sens-là, je pense que la
fonction publique a été le premier organisme, le premier
employeur à établir des politiques d'égalité en
emploi. Ce qui fait que, j'espère bien, que le secteur privé,
compte tenu de l'expérience qu'on a acquise, des ajustements qui
continuent de se faire et des lacunes qu'on peut percevoir, au fil des jours et
au fil des événements, dans la façon dont cela fonctionne
dans un ministère par rapport à un autre - mais il reste que je
pense qu'on a acquis une bonne expertise - en profitera pour venir consulter
des gens dans la fonction publique qui sont affectés à ces
préoccupations. Entre autres, je sais qu'il y a déjà eu
des contacts de la part d'un organisme comme Hydro-Québec. Il y a aussi
des gens dans les réseaux qui commencent à se préoccuper
des politiques d'égalité en emploi et qui viennent chercher des
renseignements chez nous.
M. Rivest: Pour ce qui est de l'égalité en emploi
pour les femmes, par exemple, je sais que vous les avez, mais j'aimerais que la
ministre nous donne les objectifs ou un échéancier. C'est beau de
dire que cela a augmenté de tant à tant, mais que visez-vous avec
la politique? Que recherchez-vous? Vous dites que vous avez fait des
progrès, que vous savez que ce n'est pas suffisant. Mais est-ce qu'il y
a des objectifs précis? Est-ce qu'il y a une démarche, un
échéancier ou, enfin, des méthodes? Je sais qu'il y a les
concours réservés, etc.
Mme LeBlanc-Bantey: Les objectifs quantitatifs que nous avons
sont de retrouver, dans chaque secteur de la fonction publique
québécoise, le reflet de la présence des femmes sur le
marché du travail. Par exemple, c'est comme cela que fonctionne le
rangement par niveau. Actuellement, cet objectif est d'environ 35%. Quand il y
a un
poste d'ingénieur d'ouvert, par exemple, on sait fort bien qu'il
n'y a pas dans la fonction publique québécoise 35% de femmes
ingénieurs. Donc, c'est le genre de concours qui requiert
automatiquement un rangement par niveau. Ce qui n'est pas le cas pour les
agents de bureau, parce qu'elles sont surreprésentées. L'objectif
est de retrouver le témoignage de la réalité des femmes
dans la société québécoise, mais pas par corps
d'emploi. Ce n'est pas parce que dans l'entreprise privée on ne
trouverait que 2% de femmes qu'il faudrait qu'il y en ait seulement 2% chez
nous. Je pense qu'on a un rôle de leadership et de modèle à
jouer.
Les autres objectifs que nous poursuivons actuellement à court
terme pour que cela puisse s'élaborer ou avoir des effets à plus
longs termes... Je soulignais la difficulté d'avoir une présence
des femmes plus marquée dans les postes supérieurs de la
hie'rarchie. Il y a beaucoup de cours de perfectionnement et de sensibilisation
des femmes à des plans de carrière, à des
expériences d'encadrement, des expériences de gestion, ce qui, au
fur et à mesure que les femmes elles-mêmes se sentiront plus
motivées, plus sécurisées par rapport à des
domaines avec lesquels elles sont moins familières, va nous fournir des
bassins beaucoup plus larges parce qu'on ne peut pas engager plus que les gens
qui demandent de venir chez nous non plus. Il y a certains concours où,
entre autres, il n'y a aucune femme qui postule. Parce que les bassins sont
beaucoup plus étroits et qu'elles sont bien là où elles
sont, ou parce que pour des raisons ou d'autres elles se ne sentent pas
motivées ou sont insécures. Ce n'est pas seulement le nombre qui
compte, mais nous travaillons aussi sur les changements de mentalité
tant à l'intérieur de la gestion de la machine que chez les
femmes elles-mêmes pour qu'elles-mêmes revendiquent, si vous
voulez, ce genre de situation.
M. Rivest: II y a eu certaines difficultés qui ont
été évoquées en ce qui concerne, par exemple, les
jurys. Êtes-vous satisfaite de la façon dont les jurys
procèdent en ce qui concerne les programmes d'égalité en
emploi?
Mme LeBlanc-Bantey: Je pense qu'il y a eu beaucoup d'efforts de
faits sur les programmes d'égalité en emploi par l'Office du
recrutement et de la sélection du personnel. Je tiens à souligner
d'ailleurs leur effort et leur travail qui fait qu'on retrouve maintenant, sur
l'ensemble des jurys de sélection des femmes. Nous, la raison pour
laquelle on préconisait le rangement par niveau, c'est qu'on se dit que
la règle du mérite est très étanche, mais elle a le
défaut de véhiculer aussi les préjugés qu'ont les
individus autour d'un jury de sélection. À un moment
donné, à compétence égale, quels sont les facteurs
qui jouent si un gars décide que pour lui une femme ce n'est pas
compétent, sauf à certains endroits? C'est évidemment le
préjugé qui va jouer quand c'est lui qui va choisir la personne.
Alors, le fait d'avoir des femmes sur des jurys de sélection où
idéalement, au fur et à mesure que la politique
s'élaborera, des membres des communautés culturelles, etc.
M. Rivest: Quelle est la proportion des femmes au moment
où on se parle dans les jurys de sélection?
Mme LeBlanc-Bantey: II y a généralement une femme
par jury de sélection, qui est de trois membres en moyenne. Le
problème qu'on a, justement, c'est que c'est difficile de trouver des
femmes pour les jurys de sélection parce que nos bassins sont là
aussi assez minces et que ce sont souvent les mêmes qui s'y retrouvent.
Mais 85% des jurys sont maintenant mixtes. C'est tout de même une
proportion intéressante. Je pense que c'est une des raisons qui
expliquent que chez certains types d'emploi il a plus de représentation
féminine qu'il n'y en avait.
M. Doyon: Pour revenir à d'autres questions, j'aimerais
savoir de Mme la ministre ceci. On se rend compte qu'il y a une pléthore
d'organismes divers qui ont été créés ces
dernières années. J'ai quelques exemples ici qui me viennent
à l'idée, sous les yeux. Le Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement, la Commission des biens culturels, la Commission de toponymie,
l'Institut québécois de recherche sur la culture, etc. Tous ces
organismes existent. Est-ce qu'un certain nombre de ces organismes ont des
fonctionnaires qui échappent à la fonction publique? Combien de
ces fonctionnaires qui sont payés par l'État - j'entends par
fonctionnaires des gens qui sont payés par l'État à
même les fonds publics - ne sont pas comptabilisés finalement dans
les effectifs de la fonction publique proprement dite, n'étant pas
soumis à la Loi sur la fonction publique?
Mme LeBlanc-Bantey: On n'a pas la réponse précise
à votre question.
M. Doyon: Vous n'avez pas de réponse sur cela.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est clair qu'il y a certains organismes qui
échappent à la Loi sur la fonction publique, mais je n'ai
pas...
M. Doyon: Je vous signale que j'ai eu l'occasion de siéger
à un certain nombre de commissions parlementaires. Je pense par exemple
à la commission parlementaire qui a
regroupé les trois organismes voyant au fonctionnement
électoral, la commission sur la carte électorale, le bureau du
Directeur général des élections, celui du Directeur du
financement des partis politiques. Il y a tout de même peut-être
200 fonctionnaires dans cela qui, effectivement, échappent... 140 ou
150, en tout cas, le but de mon propos n'est pas le nombre lui-même,
c'est de signaler qu'à ma connaissance il arrive qu'un certain nombre
d'employés de l'État échappent à la Loi sur la
fonction publique et je pense que par voie de conséquence ils ne sont
pas comptabilisés dans les fonctionnaires qui sont
contrôlés. Je voulais savoir si vous aviez fait... Enfin si vous
ne le faites pas je me demande qui va le faire.
M. Rivest: II y a aussi le problème, Mme la ministre, des
occasionnels.
Mme LeBlanc-Bantey: Je m'excuse. La seule chose que je puisse
répondre là-dessus c'est que généralement les
sociétés qui ont des fonctions proprement gouvernementales, les
organismes sont généralement soumis à la Loi sur la
fonction publique et dans nos effectifs généralement nous
comptabilisons ces effectifs: entre autres, je pense que la CSST, un organisme
comme celui-là, la RAMQ, etc.
M. Rivest: C'est un très mauvais exemple parce qu'eux en
ont engagé du monde.
Mme LeBlanc-Bantey: Ils sont quand même...
M. Rivest: Pour une affaire totalement inefficace.
Mme LeBlanc-Bantey: Mauvais exemple ou non selon vous. Je n'en
suis pas sûre.
M. Rivest: II y en a là qui font des cadeaux, des hauts
salariés.
Mme LeBlanc-Bantey: Je ne me fie pas encore une fois à
votre jugement là-dessus. Ils sont comptabilités dans nos
employés. Le genre d'organismes qui ne sont pas comptabilisés ou
qui ne sont pas soumis à la loi, ce serait la Société de
développement des industries culturelles, ce qui est vraiment en dehors
du mandat gouvernemental.
M. Doyon: En tout cas j'aimerais qu'éventuellement, je ne
sais pas à quelle occasion, la ministre puisse nous fournir des
renseignements là-dessus. J'aimerais aussi savoir quels sont les
chiffres exacts... Quel est le nombre exact de fonctionnaires actuellement
membres de la fonction publique québécoise? Quel est le chiffre
au 31 mars 1983?
Mme LeBlanc-Bantey: Autour de 57 000, 58 000 plus environ 10 000
employés occasionnels.
M. Doyon: Donnez-moi des chiffres plus précis, s'il vous
plaît.
M. Rivest: Combien d'employés occasionnels?
Mme LeBlanc-Bantey: 57 013 employés permanents. Et je
crois que les occasionnels étaient d'environ 9000 ou 10 000 si cela n'a
pas diminué.
M. Rivest: Cela a augmenté ou baissé? Mme
LeBlanc-Bantey: Cela a baissé. M. Rivest: Les
contractuels?
M. Doyon: Avez-vous des contractuels là-dedans?
Mme LeBlanc-Bantey: Je ne comptabilise pas les contractuels. Il
faudrait que vous demandiez cette information à mon collègue du
trésor. Mais les contractuels aussi - bien sûr il y a des
contractuels - ont baissé et je n'ai pas les chiffres. Je ne sais pas si
M...
M. Doyon: Les renseignements que j'ai, Mme la ministre, sont
qu'on a tenté d'avoir des chiffres auprès du Conseil du
trésor en ce qui concerne justement les contractuels pour savoir combien
il y en avait. On me signale qu'on peut avoir ces renseignements aux
engagements financiers et il faudrait traîner notre machine à
calculer pour en faire l'addition tous les mois parce que des fois c'est
joliment impressionnant. Je vous signale, Mme la ministre, que pour ce qui est
des...
Mme LeBlanc-Bantey: ...du personnel politique.
M. Doyon: Pour ce qui est des contractuels justement au Conseil
du trésor on n'est pas en mesure de nous fournir des chiffres.
J'espère qu'à un moment donné on pourra savoir combien de
personnes le gouvernement du Québec paie, combien de personnes le
gouvernement du Québec engage et combien cela coûte. Parce qu'on
nous dit: Pour ce qui est des occasionnels on est dans les 9000 ou 10 000. Ce
n'est pas tout à fait sûr. Et pour les contractuels on nous dit:
Adressez-vous au Conseil du trésor. C'est justement ce qu'on a fait et
il y une suggestion supplémentaire du député de Champlain
qui dit: Suivez de près la commission des engagements financiers. Il
faudrait ces chiffres.
M. Rivest: C'est élémentaire.
M. Doyon: II faudrait avoir ces chiffres.
M. Rivest: Parce que sans cela votre discours veut dire que vous
avez réduit les effectifs. Il tourne à vide si effectivement il y
a un paquet de morceaux qui vous échappent.
M. Doyon: Parce que même aux engagements financiers il nous
arrive de poser des questions et demander des renseignements sur les
contractuels. J'avais ici une demande de renseignements que j'avais faite
concernant Me François Aquin, qu'on a eu l'occasion de voir à la
commission parlementaire sur le "saccrage" comme il est convenu de l'appeler,
le "saccrage" de la Baie-James, et on avait posé des questions
là-dessus. Je vous signale que les montants consacrés à
des engagements de contractuels de la nature de celui qui a été
fait avec Me François Aquin ce sont des montants considérables
puisqu'on parle de montant de 78 000 $. Je vous signale et cela vous
intéressera sûrement personnellement, Mme la ministre, parce qu'on
a engagé Me François Aquin pour 78 000 $ au mois d'août
1982 pour une période d'un an pour s'occuper - et je vais lire ici
l'engagement financier: "On a engagé Me François Aquin pour agir
à titre d'agent négociateur dans le cadre du renouvellement de la
convention collective - quel euphémisme, renouvellement de la convention
collective - du syndicat des professionnels du gouvernement pour une
période de 48 semaines", c'est-à-dire près d'un an. Quand
on sait que dès le mois de décembre et même avant cela les
décrets étaient prêts, je ne vois pas ce que Me Aquin a
négocié pour 78 000 $. On l'a engagé au mois d'août,
les décrets ont été passés le 10 ou le Il
décembre si je me souviens bien et ils étaient prêts
dès le mois de novembre puisque le premier ministre les avait
annoncés. (23 h 15)
M. Gagnon: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Mme LeBlanc-Bantey: Votre séquence -pour reprendre une
expression favorite du député de Sainte-Marie - n'est pas tout
à fait exacte. On a effectivement engagé M. Aquin au mois
d'août parce que nous espérions obtenir un accord avec le syndicat
des professionnels. Nous avons d'ailleurs, avant le mois de décembre,
négocié pendant environ 200 heures. Ce que vous avez vu aux
engagements financiers, c'était le montant du contrat prévu pour
un certain nombre d'heures - quoique avec les professionnels, c'est toujours
dispendieux parce que cela ne va pas vite - mais ce qui a été
effectivement versé à Me François Aquin qui a
démissionné au cours de l'automne parce que justement il
était trop occupé pour s'occuper de la négociation des
professionnels - Bruno Leclerc l'a remplacé et après les
fêtes, Me Drouin - c'est 17 449 $. M. Doyon, il y a déjà
deux fois que vous véhiculez vos 80 000 $, il est faux et je voudrais
que vous le sachiez, ce ne sont pas 80 000 $ qui ont été
versés, ce sont 17 449 $. Je pourrais même vous donner le nombre
d'heures que M. François Aquin a passées à la table des
professionnels - je ne sais pas si on les a ici...
M. Rivest: Comment se fait-il, Mme la ministre, que vous pouvez,
dans le cas de M. Aquin, comme cela à brûle-pourpoint, fournir
autant de détails et que vous ne pouvez pas me donner le nombre de
contractuels que le gouvernement a engagés, au total, me dire combien
cela a coûté, le nombre d'occasionnels, le nombre d'organismes qui
échappent à la Loi sur la fonction publique...
Mme LeBlanc-Bantey: Le nombre précis d'occasionnels, je
pourrais vous le donner...
M. Rivest: ...c'est le portrait global. Combien de personnes
payez-vous par année? Après cela, quand vous direz que vous avez
réduit les effectifs étant donnée la conjoncture, comme
vous ditez, on dira: Bravo, Mme la ministre, mais pour l'instant on
réserve notre bravo jusqu'à ce que vous nous fournissiez
l'ensemble du portrait.
Mme LeBlanc-Bantey: Nous avons non seulement réduit les
effectifs, nous les avons diminués.
M. Rivest: Votre oeuvre est inachevée, madame.
Mme LeBlanc-Bantey: Par ailleurs le député de
Louis-Hébert se plaint qu'on ait réduit les effectifs. Il
faudrait d'abord que vous sachiez ce que vous voulez...
M. Rivest: On veut avoir des informations. On veut savoir
d'où on part.
Mme LeBlanc-Bantey: Je ne peux pas d'une part réduire les
effectifs et d'autre part créer des emplois pour tous les jeunes qui
sortent de l'université et des cégeps de la ville de
Québec.
M. Rivest: ...nous engueulez quand vous ne nous donnez pas le
portrait.
M. Fallu: II faudrait également qu'ils préparent
leurs crédits, M. le Président, parce que ces
réponses-là sur François Aquin sont à la page 94 et
qu'il y a deux jours qu'ils les ont devant eux.
M. Doyon: Le, le...
M. Gagnon: J'avais demandé la parole tantôt sur une
question de règlement. Mme la ministre a donné la réponse
pour Me François Aquin. Je voudrais dire au député de
Louis-Hébert qu'à chaque fois qu'il vient aux engagements
financiers, le président ou Mme la vice-présidente du Conseil du
trésor donne toujours ces explications-là. Quand on prend les
chiffres des engagements financiers, ce n'est pas de l'argent
dépensé, c'est un engagement, comme Mme la ministre vient de le
dire. Vous avez toujours eu cette réponse-là aux engagements
financiers.
M. Rivest: ...c'est 25 000 $.
M. Doyon: Vous même, M. le député de
Champlain, vous me référiez à la commission des
engagements financiers.
M. Bisaillon: Si on étudiait les crédits.
M. Doyon: On peut faire cela. Parce qu'on est dans les
crédits, je voulais savoir qui a remplacé Me Aquin?
Mme LeBlanc-Bantey: Bruno Leclerc. Je vais vous dire combien nous
lui avons donné: 24 818 $...
M. Doyon: Oui, c'est intéressant! M. Fallu: C'est
à la page 94.
M. Doyon: J'aime mieux vous l'entendre dire, Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: ...vous l'avez effectivement dans vos
crédits comme l'a rappelé le député tout à
l'heure. Mais l'engagement initial, pour être sûr que personne ne
se trompera dans les chiffres, le montant autorisé était de 46
080 $ et nous lui avons versé 24 818 $.
M. Doyon: À quelle date a-t-il été
engagé?
Mme LeBlanc-Bantey: II a été engagé au
moment où M. Aquin a démissionné jusqu'à Noël,
vers le mois d'octobre, je suppose. Je ne pensais pas que la date de
l'engagement était importante pour les crédits. Je suis
désolée, l'année prochaine j'avertirai mon successeur de
prévoir les dates.
M. Doyon: Ce qui est quand même important, Mme la ministre
- et c'est le but de ma question - c'est qu'il y a des dates qui sont connues
et qui ont marqué l'histoire des relations du travail au Québec.
C'est l'adoption des décrets. À partir de là, je ne vois
pas ce qu'on a pu négocier. Il est important de savoir quand on a
engagé quelqu'un et combien cela a coûté pour l'engager
pour cette période de temps-là, puisqu'on sait qu'à partir
de telle date, il est faux qu'on puisse avoir négocié quoi que ce
soit puisque les décrets sont entrés en vigueur. Vous allez me
dire qu'il y avait des aménagements qui ont été faits,
mais à ce que je sache, avec les professionnels, cela a
été une fin de non-recevoir. Il n'y a donc rien qui s'est
passé de ce côté-là.
Mme LeBlanc-Bantey: Nous avons commencé à
négocier de bonne foi à partir de juillet dernier. Ce que vous me
dites c'est que même l'effort de négociation qu'on a fait, on
n'aurait pas dû le faire. Est-ce que c'est cela que je dois
comprendre?
M. Doyon: C'est faussement interpréter mes paroles.
Mme LeBlanc-Bantey: Nous avons tellement bien
négocié que nous avons signé toute la partie normative
avec le syndicat des fonctionnaires. Par ailleurs, avec le syndicat des
professionnels, nous n'avons pas réussi à signer une entente.
Ceux qui, traditionnellement, négociaient avec le syndicat des
professionnels savent que le syndicat des professionnels est un syndicat qui
généralement est heureux quand il obtient la totalité de
ses revendications. Ce qui ne pouvait être le cas, pour la simple et
bonne raison qu'en fonction de certains objectifs de rationalisation et de
services aux citoyens, nous pensions qu'il devait y avoir des amendements aux
conventions collectives actuelles. Nous avons cependant de bonne foi fait tous
les efforts et mis le prix qu'il fallait pour tenter d'en arriver à une
entente. La preuve, c'est que nous avons négocié pendant tout
près de 400 heures. C'est vrai que cela coûte de l'argent, mais on
avait le choix entre ne pas négocier du tout ou tenter d'en arriver
à un règlement. Ce que nous avons fait, en gens responsables qui
voulaient négocier de bonne foi et en arriver à une entente.
M. Doyon: Une autre question...
Mme LeBlanc-Bantey: Par ailleurs, je vous rappellerai que, comme
ministre de la Fonction publique, en juillet dernier, j'avais la conviction ou
la naïveté de croire que même avec le syndicat des
professionnels nous en arriverions à une entente. J'ai donc
engagé des négociateurs pour négocier avec ce
syndicat.
M. Doyon: Une question supplémentaire, Mme la ministre de
la Fonction publique. Dans vos remarques préliminaires vous avez
mentionné l'objectif de 9,5% pour ce qui
était des communautés ethniques. Vous l'avez quand
même édulcoré en disant que ce n'était pas un
objectif réaliste et qu'il devait prendre forme dans un laps de temps
indéfini. Je voudrais savoir de vous, très
précisément, premièrement, si vous considérez
toujours cet objectif de 9,5% comme étant désirable.
Deuxièmement, laissez-vous tout simplement ouverte la période de
temps dans laquelle cet objectif -s'il est désirable ou pas, on verra -
devra être réalisé et atteint?
Mme LeBlanc-Bantey: Non seulement je pense que l'objectif est
désirable, mais il va falloir que la fonction publique soit
effectivement, là comme ailleurs, le reflet de l'ensemble de la
société québécoise. Lorsque le plan d'action a
été préparé, nous étions dans une
conjoncture entièrement différente où il n'y avait pas de
réduction d'effectifs et où, au contraire, la fonction publique
continuait d'augmenter ses effectifs. Donc, ce que je dis, c'est que les
délais prévus dans le plan d'action à l'intention des
communautés culturelles pour en arriver à cet objectif vont
devoir nécessairement être prolongés. Comme le recrutement
est gelé et qu'il est beaucoup plus lent, par conséquent, la
conclusion tout à fait réaliste et honnête - c'est pour
cela que je le dis, parce qu'il faut être honnête envers les gens
des communautés culturelles - c'est que cela va aller moins vite que si
on avait continué d'augmenter les effectifs de la fonction publique et
de les grossir.
Je voudrais quand même reprendre là-dessus vos propos de
tout à l'heure...
M. Rivest: Seulement sur votre dernière remarque, quand
une politique gouvernementale et un objectif sont fixés, comme mon
collègue le soulignait et comme vous le soulignez vous-même, de
faire un programme d'égalité en emploi, etc., et qu'il se produit
des facteurs, appelons-les donc, pour les fins de la discussion, d'ordre
conjoncturel, il faut que les gens soient avisés, et les premiers
concernés. Quand corrigez-vous de façon officielle le tir? Vous
dites: Telle politique, tel programme est mis de côté, en
veilleuse pour tel... À ce moment-là la machine tourne à
vide et il me semble qu'il y a des clarifications et des ajustements de
politiques qui devraient être faits publiquement, pas à l'occasion
d'une conversation de la nature de celle qu'on a ce soir.
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, je soulignerai au
député de Jean-Talon que non seulement les gens visés ont
été consultés, mais je sors ces constatations à la
suite du dépôt d'un rapport qui m'a été remis par le
comité aviseur de la ministre de la Fonction publique sur la politique
d'égalité en emploi à l'intention des communautés
culturelles, auquel comité siège le président du CIPACC,
qui est le comité d'implantation de la politique du plan d'action
à l'intention des communautés culturelles. Il est donc le premier
avisé puisqu'il participe à ce comité, à la
façon dont les plans d'action s'élaborent à la Fonction
publique et aussi aux résultats qu'on peut en attendre à court,
à moyen et à long terme. J'ai évité justement de
faire des déclarations publiques autour de cela parce que j'attendais le
rapport du comité qui a pour mission de me conseiller et de m'alerter si
les choses ne se passent pas bien.
M. Rivest: Je ne comprends cela, Mme la ministre.
Mme LeBlanc-Bantey: Voilà la raison pour laquelle j'ai
trouvé que les déclarations du président du CIPACC
étaient - en tout cas, je le dis comme je le pense - un peu
irresponsables parce que, au moment où il a fait son premier rapport, le
comité n'avait pas commencé à fonctionner, les politiques
pour en arriver à une meilleure représentation à
l'intention des communautés culturelles n'étaient pas mises en
branle. Il a laissé couler un rapport de septembre dernier au moment
où le comité n'avait pas commencé à fonctionner
alors que, depuis ce temps, il y a eu énormément d'efforts de
faits de la part du comité et de la part des fonctionnaires dans
l'ensemble des ministères vous parlez de revaloriser les fonctionnaires,
vous devriez écouter cela -pour être équitable envers les
membres des communautés culturelles. Venir leur dire qu'il ne se fait
rien ou que le travail qui se fait n'est pas correct ou qu'on ne veut pas les
voir à la fonction publique, c'est irresponsable, c'est
démobilisateur, c'est, finalement, ne pas reconnaître la bonne
volonté des gens de la fonction publique qui ont travaillé
là-dessus. C'est pour cela que j'ai trouvé cela injuste pour ces
gens. C'est pour cela que j'ai réagi aussi explicitement aujourd'hui par
rapport à l'attitude de M. Chambers qui a reconnu lui-même, par la
suite, qu'il y avait eu des efforts de faits; sauf qu'il a laissé aller
le rapport sans rajuster le tir et en donnant l'impression aux gens des
communautés culturelles que la fonction publique était tout
à fait fermée à leurs revendications. Ce n'était
pas correct. Je le répète: C'était irresponsable.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Je voudrais seulement faire un commentaire sur les
documents. Je ne les ai eus que ce soir. On ne peut pas me reprocher de ne pas
avoir trouvé la page
94, quoique j'avais lu la page 94. Mais la ministre, tantôt,
disait: J'avertirai mon successeur d'avoir à préparer un certain
nombre de documents, de mettre les dates...
Mme LeBlanc-Bantey: ...la date d'engagement.
M. Bisaillon: Est-ce que je pourrais signaler à la
ministre que c'est assez difficile de procéder à l'étude
des crédits avec les documents qu'on a eus, parce que c'est un ensemble
de chiffres? Cela aurait été préférable d'obtenir,
pour chacun des programmes et des éléments de programmes, les
objectifs poursuivis par les éléments. Cela nous indique un peu.
Là, tout ce qu'on a, ce sont des feuilles mathématiques, mais on
n'a pas les objectifs poursuivis par les programmes. Il me semble que, dans
l'ensemble des ministères on a habituellement ces renseignements pour
procéder à l'étude des crédits. Je dois vous avouer
que c'est assez difficile de se retrouver dans ce document, parce qu'il y a des
éléments, par exemple, qui apparaissent à plusieurs
endroits et on n'est pas capable de faire de compilation de cela. Je vous
signale que c'est difficile de travailler.
Mme LeBlanc-Bantey: Je prends note de vos commentaires.
M. Bisaillon: Deuxièmement...
Mme LeBlanc-Bantey: Nous allons apprendre à nous
"déjargonniser" nous aussi.
M. Bisaillon: En parlant de "déjargonniser", Mme la
ministre, est-ce que vous pourriez m'indiquer ce que veux dire CIPACC?
Mme LeBlanc-Bantey: Le Comité d'implantation du plan
d'action à l'intention des communautés culturelles.
M. Bisaillon: C'est un autre travers, aussi.
Mme LeBlanc-Bantey: Je l'ai dit tout à l'heure, M. le
député de Sainte-Marie; vous n'écoutiez pas, je l'ai dit
tout à l'heure.
M. Bisaillon: C'est un travers qu'on a souvent dans la fonction
publique d'utiliser des sigles, pas à tort et à travers, mais
abusivement. Il y a un organisme qui existe au niveau du ministère de la
Fonction publique qui vise à louer ses services. C'est une espèce
de groupe conseil qui signe des ententes avec des organismes ou d'autres
ministères. Je voudrais savoir si ce groupe existe toujours, quels sont
les budgets affectés à ce groupe de travail, combien il y a de
personnes impliquées et est-ce qu'on a, dans le cadre d'une
révision de programmes au niveau du ministère, repensé
l'existence même de ce groupe?
Mme LeBlanc-Bantey: Le BCO existe toujours.
M. Bisaillon: Le quoi?
Mme LeBlanc-Bantey: Le BCO, puisque vous dites que vous n'aimez
pas... Le Bureau de consultation en organisation existe toujours. Il a fait
partie de l'analyse de ce qu'on parlait, des 15% d'activités que le
gouvernement a demandé de sortir des moins prioritaires au niveau du
gouvernement l'année passée. Cela nous a amené à
dire que c'est un service qu'on offre aux autres ministères. S'ils n'en
veulent pas, il n'est peut-être pas nécessaire de le garder. Il y
a quand même des organismes privés qui offre de la consultation en
organisation et, à la limite, on pourrait y aller. Ce qu'on a
décidé de faire, c'est de facturer les services du Bureau de
consultation en organisation pour l'année 1983-1984 et ainsi pouvoir
mieux apprécier l'utilité pour les ministères de cette
organisation.
M. Bisaillon: Donc, je comprends que, pour 1983-1984, le Bureau
de consultation en organisation existe toujours.
Mme LeBlanc-Bantey: II existe toujours.
M. Bisaillon: II comprend combien de personnes.
Mme LeBlanc-Bantey: II n'y a pas tellement de personnes. Il y a
huit personnes actuellement au bureau de consultation. Justement, on a un
certain nombre de postes vacants qu'on a décidé de ne pas combler
en attendant que, dans le fond, l'expérience qu'on fait cette
année puisse se conclure. Mais, cela va suivre les besoins de la
clientèle. À ce jour, les derniers chiffres que j'avais
montraient 60 000 $ de commandes à garder. (23 h 30)
M. Bisaillon: Je m'excuse, j'ai peut-être mal compris. Les
huit personnes, cela représente quoi comme budget?
Mme LeBlanc-Bantey: Ah, comme budget?
M. Bisaillon: Comme budget pour l'année. Non seulement le
salaire, mais aussi je suppose qu'il doit y avoir du fonctionnement qui est
inhérent à cela?
Mme LeBlanc-Bantey: Permettez-moi de me référer au
cahier.
M. Bisaillon: Oui, certainement.
Mme LeBlanc-Bantey: Pendant ce temps, je pourrais quand
même souligner que la démarche que nous avons décidé
d'entreprendre dans le cas de ce service qu'on offrait au ministère
n'est pas exceptionnelle. Par exemple, le ministère des Communications
va régulièrement facturer d'autres ministères pour des
services qu'ils offrent aux ministères. C'était dans ce contexte
qu'il nous apparaissait que ce n'était pas une mauvaise idée,
justement, de vérifier les besoins de la clientèle et, en
même temps, de facturer au ministère le service qu'on leur
offrait.
À la page 50 du cahier, le budget pour l'année 1983-1984
est de 337 000 $ par rapport aux dépenses de la dernière
année de 340 000 $, ce qui est à peu près
équivalent à ce qu'on avait dépensé pour la
dernière année.
M. Bisaillon: Le ministère de la Fonction publique passe
un certain nombre de commandes de recherche à l'extérieur aussi.
J'ai vu qu'il y avait une annexe où on indique les montants qui ont pu
être dépensés par le ministère de la Fonction
publique.
Mme LeBlanc-Bantey: Ils sont très modestes d'ailleurs.
M. Bisaillon: C'est un cri de joie. J'ai vu tantôt une
annexe où on indique un certain nombre de recherches qui ont
été commandées par le ministère de la Fonction
publique et il me semble qu'il y en a qui se rapprochent étrangement de
l'organisation du travail. Alors, comment pouvez-vous m'expliquer que le
ministère de la Fonction publique, ayant à l'intérieur de
ses cadres, un organisme qui s'appelle le Bureau de consultation en
organisation, espérant pouvoir facturer les travaux de ce groupe de
travail aux différents ministères, s'adresse à
l'extérieur pour faire faire des travaux que le Bureau de consultation
en organisation aurait peut-être pu faire?
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai pas le souvenir de cela,
remarquez.
M. Bisaillon: Je vais la retrouver.
Mme LeBlanc-Bantey: II n'est pas impossible, par contre, qu'un
contrat à très court terme pour un besoin très
spécifique du ministère ait été donné
à l'extérieur, à cause de l'impossibilité du bureau
de consultation de nous rendre le service à l'intérieur du
délai prévu. Si on avait été convaincu que le
bureau en question était inefficace, je pense qu'on aurait tout
simplement aboli ce bureau plutôt que de faire la démarche qu'on a
faite cette année.
M. Bisaillon: Je vais me permettre de faire un commentaire, M. le
Président, plutôt que de poser une question. Quant à moi,
je trouve - et cela ne porte pas de jugement du tout sur la qualité du
travail qui peut être effectué par les personnes qui travaillent
à l'intérieur du bureau de consultation - que c'est un mode
d'organisation qui aurait dû être supprimé depuis
déjà un certain temps, parce que - à moi, en tout cas - il
m'a semblé évident que cela ne répondait pas aux besoins
des ministères, que les ministères préféraient
s'adresser à l'extérieur, à des firmes avec lesquelles ils
avaient déjà fait affaires, par exemple, et qu'on aurait pu, de
façon peut-être plus utile, utiliser ces ressources à
l'intérieur du ministère. C'est le commentaire que je vous
passe.
Mme LeBlanc-Bantey: Sauf que la solution que nous avons choisie
nous permettra justement de vérifier si vous avez raison.
M. Bisaillon: Alors, l'an prochain, vous allez me dire que
j'avais raison?
Mme LeBlanc-Bantey: Si les ministères ne passent plus de
commandes, on verra. Par ailleurs, la preuve n'est pas faite qu'effectivement
cela ne répondait pas à un besoin de certains
ministères.
M. Bisaillon: Est-ce qu'il n'est pas exact que, par exemple - je
vous donne un exemple...
Mme LeBlanc-Bantey: Je me rappelle avoir eu des commandes
personnelles de certains collègues par rapport à ce bureau et
qu'ils aient été satisfaits.
M. Bisaillon: Est-ce qu'il n'est pas exact qu'à un moment
donné le bureau de consultation se serait orienté vers la
dispensation de cours? Si c'est exact, est-ce que cela n'indique pas que les
commandes, en termes d'analyse des dossiers ou en termes de contrats,
n'étaient pas suffisantes pour occuper nécessairement tout le
monde à l'intérieur?
Mme LeBlanc-Bantey: Moi, je dis que les commandes dont j'ai
été témoin n'étaient pas des commandes de cours,
mais véritablement des commandes de consultation en organisation et que
les réflexions qui me sont parvenues par la suite ont fait que les
ministères ont été très satisfaits des
services.
M. Bisaillon: Bon. Alors, on va attendre les résultats
l'an prochain.
Mme LeBlanc-Bantey: Oui, c'est cela.
M. Bisaillon: Dernière question concernant le
développement des ressources humaines. Quelles ont été les
sommes dépensées par le ministère de la Fonction publique
en perfectionnement aux différents niveaux, c'est-à-dire pour les
cadres et pour les professionnels? Aussi, est-ce qu'il y a eu des sommes
affectées au perfectionnement des autres types d'employés?
Mme LeBlanc-Bantey: Avant d'avoir les chiffres précis, je
peux vous dire que, effectivement, pour le perfectionnement consenti chez les
professionnels, les sommes étaient plus élevées que chez
les fonctionnaires. Nous avons, d'ailleurs, dans la convention collective que
nous avons signée avec les fonctionnaires, prévu un pourcentage
fixe de perfectionnement qui fera qu'à l'avenir ils auront droit
à des sommes plus importantes que celles qui avaient été
consenties jusqu'alors. On va trouver les chiffres, cela ne sera pas long parce
qu'ils sont effectivement quelque part dans le cahier. Vous allez retrouver les
mêmes constatations.
M. Bisaillon: En donnant les chiffres, est-ce qu'on pourrait
aussi les comparer avec les montants qui ont été versés
l'an dernier pour voir quelle a été la progression des sommes
affectées au perfectionnement?
Mme LeBlanc-Bantey: II y a eu en tout 5 000 000 $ environ - c'est
bien cela -consacrés au perfectionnement, dont 182 000 $ aux agents de
gestion du personnel, environ 2 000 000 $ aux membres du syndicat des
professionnels qui, eux, avaient des clauses dans leur convention collective
précédente qui faisaient que, finalement, ils
récupéraient la grosse part du gâteau. Chez les
fonctionnaires, il y a eu 1 635 000 $. Chez les agents de la paix, environ 346
000 $. Chez les ouvriers, environ 274 000 $ et chez les enseignants, 24 900
$.
M. Bisaillon: Par rapport à l'an dernier, ce sont 5 000
000 $ environ pour cette année.
Mme LeBlanc-Bantey: Par rapport à l'an dernier, sur le
montant total?
M. Bisaillon: Oui, sur le montant total.
Mme LeBlanc-Bantey: Je n'ai pas la réponse, je pense. Mais
ce que je peux vous dire c'est que, par rapport à l'an dernier, je n'ai
pas l'impression que les proportions entre les différentes
catégories ont vraiment changé. Mais j'espère que, pour
l'an prochain, certainement que les proportions auront changé et que les
fonctionnaires ainsi que les autres groupes auront leur part équitable
du gâteau.
M. Bisaillon: Maintenant, est-ce que la ministre pourrait
m'indiquer quelles étaient les orientations de ce perfectionnement?
Est-ce que cela répondait, selon les différentes
catégories - je suppose que cela peut être différent -
à des besoins personnels de perfectionnement? Est-ce que cela
répondait à des besoins de développement de
l'organisation? Est-ce que c'était dans le cadre d'un plan de
réorientation des activités du ministère?
Mme LeBlanc-Bantey: Les objectifs de ce perfectionnement,
généralement - je ne dis pas qu'il n'y a pas eu d'exception
-étaient de répondre à des besoins de l'organisation. Par
ailleurs, je vous avoue qu'un des autres objectifs, que j'espère voir
imprégné de plus en plus grâce aux sommes consacrées
au perfectionnement, c'est la politique d'égalité en emploi,
qu'il s'agisse des femmes, des membres des communautés culturelles ou
des personnes handicapées. Mais, généralement, les
objectifs sont justement de répondre à des besoins
organisationnels.
M. Bisaillon: Dernier élément au programme...
Est-ce qu'il y a des compléments de réponses? Cela va? Quant au
programme Formacadres - cela va être ma dernière question - il
regroupe ou s'adresse à combien de fonctionnaires actuellement? Quel est
le coût de ce programme? Est-ce qu'il y a une augmentation et du nombre
et du coût par rapport à l'an dernier?
Mme LeBlanc-Bantey: On pourrait demander à M. Lalande, qui
est le porte-parole de ce programme, de répondre à vos
questions.
Les effectifs, au 1er avril 1982, étaient de 42. Au
1er avril 1983, ils étaient de 46.
M. Bisaillon: Et le coût de l'ensemble du programme?
Mme LeBlanc-Bantey: Le coût de l'ensemble du programme
était de...
M. Bisaillon: De 2 488 000 $. Mme LeBlanc-Bantey: C'est
cela.
Le Président (M. Paré): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Sainte-Marie?
M. Bisaillon: Encore une précision. C'est par rapport
à 2 100 000 $ pour l'an passé.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est la proposition budgétaire de
cette année par rapport à l'autre proposition budgétaire
de
1982-1983 qui était de 2 435 000 $.
M. Bisaillon: Mais je comprends que pour le programme
Formacadres, l'an passé, il y a eu un montant de 2 135 000 $
effectivement dépensés.
Mme LeBlanc-Bantey: Exact.
M. Bisaillon: Est-ce qu'on a procédé à une
évaluation du programme Formacadres, par exemple pour la période
des cinq dernières années, de ceux qui ont profité du
programme Formacadres. Où peut-on les retrouver actuellement dans la
structure organisationneIle? Est-ce que c'est un programme qui a servi à
développer des cadres et une fois leur développement ou leur
formation terminés est-ce qu'on les retrouve? Est-ce qu'on les utilise
comme cadre.
Mme LeBlanc-Bantey: Je pourrai répondre par année
d'entrée dans le programme. Depuis le début du programme, si on
prend l'année 1974-1975, il y a eu dix candidatures retenues et,
actuellement, il y a un total de neuf finissants, il y en a quatre qui sont
cadres. En 1975-1976, il y a eu six candidatures retenues, il y a maintenant
quatre finissants, il y en a deux qui sont cadres. En 1976-1977, il y a eu neuf
candidatures retenues, il y a un finissant et il ou elle est cadre. En
1977-1978, il y a eu neuf candidatures retenues, il y a quatre finissants, il y
a un cadre. En 1978-1979, il y avait 17 candidatures retenues, il y a
maintenant trois finissants et un cadre.
M. Bisaillon: Quand vous dites qu'il y a maintenant trois
finissants, c'est parce que le programme peut s'étendre sur plusieurs
années.
Mme LeBlanc-Bantey: Maintenant, je pourrais donner aussi le fait
qu'il y a eu des désistements en cours de programme. Il y a des gens qui
avaient deux ou trois ans dans le programme et qui se sont retirés du
programme pour diverses raisons. Il y avait également un certain nombre
de cadres chez les gens qui se sont retirés du programme de cette
façon.
M. Bisaillon: Cela c'était pour 1978-1979.
Mme LeBlanc-Bantey: Oui. Maintenant il n'y a pas de finissant
depuis les entrées 1979-1980.
M. Bisaillon: II n'y a pas de finissant.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est-à-dire que pour ceux qui sont
entrés en 1979-1980, ils ne sont pas encore sortis.
M. Bisaillon: C'est un programme de cinq ans, quatre ans.
Mme LeBlanc-Bantey: Un programme entre trois et cinq ans. Selon
les capacités et le potentiel des jeunes.
M. Bisaillon: Si je prends jusqu'aux années 1978-1979, sur
21 finissants il y a huit cadres, ce qui fait à peu un pourcentage de
25% ou un peu plus?
Mme LeBlanc-Bantey: Parmi les finissants qui étaient
entrés en 1974-1975, il y a neuf cadres et sept cadres parmi ceux qui
sont partis en cours de programme.
M. Bisaillon: Vous voulez dire qu'il y a des gens qui n'avaient
pas terminé leur formation mais qui sont cadres actuellement.
Mme LeBlanc-Bantey: C'est cela.
M. Bisaillon: Donc, qui ont été nommés
cadres probablement pendant qu'ils étaient à l'intérieur
du programme Formacadres sans l'avoir terminé nécessairement.
Mme LeBlanc-Bantey: Non, à la suite de.
C'est-à-dire qu'il y en a qui espèrent devenir cadres, ils
quittent et à ce moment ils peuvent participer à des
concours.
M. Bisaillon: Cela ferait donc un taux de rendement d'utilisation
qui approcherait davantage 50% que les 30% dont on parlait tantôt, c'est
cela? Cela ferait 18 sur 34.
Mme LeBlanc-Bantey: Oui. Parmi les finissants, il y en a qui ont
été finissants l'an passé et même depuis quelques
mois. Cela prend un certain temps avant que l'individu se
réinsère dans un ministère, puisse participer à des
concours et finalement soit nommé cadre.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Jean-Talon.
M. Rivest: En regard du programme de développement des
ressources humaines, c'est bien beau les budgets et tout cela, mais dans le
rapport de la commission spéciale, on avait souligné des points
de contenu. Dans sa déclaration d'introduction, Mme la ministre a fait
état du projet de loi. Comme j'ai eu la chance et le privilège
insigne de prendre connaissance de la huitième version je retrouve bien
des énoncés de principe comme quoi le développement des
ressources humaines... Ce qui m'inquiète, c'est que derrière le
projet de loi, il y a des réalités, il y a des programmes, il y a
des difficultés... Il y avait par exemple au ministère de la
Fonction publique. (23 h 45)
C'est bien beau, les programmes de développement, mais ce sont
les ministères qui les font et on avait constaté, je pense,
certaines difficultés par rapport à la surveillance que le
ministère de la Fonction publique faisait des ministères. Est-ce
qu'ils font effectivement des programmes de développement? Plusieurs
difficultés dans l'application, dans la nature de ces programmes ont
été soulevées. On en a malheureusement très peu
parlé et je ne veux pas revenir là-dessus, étant
donné l'heure, mais il y a au moins un point sur lequel je voudrais
revenir: le mécanisme d'évaluation du rendement des
fonctionnaires. Là-dessus, il y a des difficultés
considérables. Est-ce que, sur le plan administratif, le
ministère a pris des mesures pour essayer de faire en sorte que ces
fiches de rendement, le résultat soit plus crédible que ce qui se
faisait parce qu'il y a beaucoup de gens dans la fonction publique, comme tout
le monde le sait, qui remplissent cela un peu machinalement.
On en a longuement parlé dans le rapport de la commission
spéciale, Mme la ministre, parce qu'évidemment le projet de loi
retient beaucoup son attention mais il reste que, derrière le projet de
loi, derrière les intentions qui vont être reprises d'ailleurs
dans la loi, il y a le contenu des pratiques qu'on n'a pas examiné mais
qu'on aurait peut-être dû. Au moins pour l'évaluation du
rendement, il y avait des choses qui pouvaient être faites au niveau des
instruments d'évaluation, au niveau de la façon dont la notation
était faite. Enfin, vous savez un peu ce que je veux dire. Est-ce qu'il
y a eu des choses, est-ce que sur le plan administratif, au lieu de faire des
versions multipliées de votre projet de loi, vous avez du temps pour
vous occuper des programmes et de la gestion et de corriger ce qui ne
fonctionne pas dans les programmes?
Mme LeBlanc-Bantey: Dans le cas des programmes de
perfectionnement, il y a effectivement un certain contrôle exercé
par la fonction publique. Par ailleurs, il va falloir qu'on se décide.
Ou on veut déréglementer ou on veut déléguer des
responsabilités aux ministères. Ou on leur fait confiance, ou on
ne leur fait pas confiance. Parce qu'il y a, vous l'admettrez, dans le rapport
- je le dis très gentiment -certaines difficultés d'ajustement ou
même certaines incohérences. Dès le moment où on
décide de déléguer et de faire confiance aux
ministères et de les rendre imputables de leurs gestes, on ne peut pas
non plus les réglementer par-dessus la tête comme ils le sont.
Déjà, selon ce que vous dites, ils ne seraient pas suffisamment
réglementés parce qu'il faudrait des contrôles beaucoup
plus sévères. Ils reste qu'actuellement il y a des
contrôles qui se font sur la notation. Nous sommes en train de
travailler...
M. Rivest: Vous permettez? Vous avez dépensé 5 000
000 $.
Mme LeBlanc-Bantey: Sur des...
M. Rivest: Vous avez affecté 5 000 000 $ au programme de
développement.
Mme LeBlanc-Bantey: II y a eu des contrôles.
M. Rivest: Vous ne vous êtes pas inquiétée,
au cours de l'année, de ce qui est arrivé de ces 5 000 000 $ au
ministère?
Mme LeBlanc-Bantey: Chaque ministère a la
responsabilité de développer, en fonction de la loi actuelle, ses
ressources humaines et de les utiliser au meilleur de ses compétences
et, effectivement, aussi de gérer le perfectionnement. Il y a un certain
contrôle de la part du ministère de la Fonction publique, mais la
loi prévoit que chaque ministère est responsable de sa gestion
et, au contraire, on pense qu'il n'est pas suffisamment responsable.
Voilà pourquoi on voudrait que les organismes centraux soient moins
présents et qu'ils contrôlent, dans certains cas, beaucoup plus a
posteriori qu'a priori.
M. Rivest: Je comprends cela, mais cela ne vous inquiète
pas comme ministre de la Fonction publique... On m'a dit, sauf erreur, que dans
les coupures les ministères, quand ils ont décidé de
couper, un certain nombre de ministères ont pu couper dans les... Ce
sont toujours les programmes de développement et de formation des
ressources humaines qui écopent et je pense que c'est exact. Enfin, il
ne faut pas généraliser, mais c'est ce qui arrive.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous avez raison, oui.
M. Rivest: Quand vous faites de beaux discours et des
énoncés de politique comme quoi il faut améliorer la
qualité de la gestion, la formation du personnel, etc., tout cela est
bien joli mais, quand on arrive à la fin, on s'aperçoit que c'est
souvent le parent pauvre de l'administration et de la gestion des ressources
humaines dans la fonction publique.
Enfin, je ne veux pas faire un débat là-dessus,
étant donné l'heure, mais sur l'évaluation et la notation
vous avez carrément votre mot à dire et il y a des
difficultés considérables à cet égard.
Mme LeBlanc-Bantey: On est en train
de travailler là-dessus. Nous sommes en train de travailler
là-dessus et je pense qu'effectivement vous en avez parlé dans
votre rapport, c'était un problème dont on était
conscient. Je pense qu'il va falloir en arriver à des fiches de notation
et de rendement beaucoup plus proches de la réalité que celles
auxquelles on était habitué.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, j'ai quatre brèves
questions ou considérations, après quoi, si tout le monde est
d'accord, nous pourrons procéder très rapidement à
l'adoption des programmes, compte tenu de l'heure.
La première chose que j'aimerais demander à la ministre,
c'est ceci. Elle se souviendra, lors de l'étude à la vapeur qu'on
avait faite des documents sessionnels, que j'avais porté une chose
à son attention. Cela concernait la permanence accordée aux
nouveaux employés. J'avais soulevé la question des occasionnels
qui devenaient permanents à la suite d'un concours. J'avais
demandé à la ministre si la convention collective serait
aménagée de façon à tenir compte du cas des
occasionnels qui ont occupé la même fonction pendant un certain
temps et qui, à la suite d'un concours, deviennent des employés
permanents. Est-ce que cela a été corrigé - parce que je
pense qu'il y avait une lacune dans les documents sessionnels, dans le
décret qu'on nous avait présenté - est-ce qu'on n'exige
pas des occasionnels le même temps pour obtenir la permanence que s'ils
entraient tout simplement dans de nouvelles fonctions, alors qu'ils ont eu
l'occasion d'occuper le même poste d'une façon
répétitive comme employés occasionnels? Est-ce que la
ministre peut m'informer et je vais procéder rapidement à une
autre question après cela.
Mme LeBlanc-Bantey: Là-dessus, je dois vous dire que nous
étions arrivés, à toutes fins utiles, à une entente
de principe sur l'ensemble du dossier des occasionnels avec le syndicat. Comme
le syndicat a refusé de signer une entente avec le gouvernement, ce qui
a été négocié depuis le mois de décembre au
moment où vous aviez posé cette question est sur la table, mais
tant qu'ils ne viendront pas le chercher dans un règlement global, le
dossier des occasionnels ne sera pas plus réglé que d'autres
dossiers qui restent en suspens, comme le grade 1 et les horaires de travail,
sauf certains aménagements auxquels nous nous étions
déjà engagés avant le début des négociations
à la suite d'un rapport qui avait été déposé
relativement aux occasionnels.
M. Doyon: Deuxièmement, le premier ministre a, à un
moment donné - je me réfère à une coupure de
journal du 19 février 1983 - annoncé que les fonctionnaires ne
seraient plus soumis... Enfin, il a dit qu'il songeait à retirer le
secteur public du Code du travail pour le doter d'un régime particulier
qui serait moins souple. C'est ce que le journal rapporte. Est-ce que la
ministre peut nous éclairer sur la nature du régime qui pourrait
être celui sous lequel se feraient les prochaines négociations?
Y-a-t-il eu des premières consultations? Est-ce que la ministre a
été partie à ces consultations?
Mme LeBlanc-Bantey: Le premier ministre s'est engagé
à tenter, d'ici les prochaines négociations, à...
M. Rivest: Quand s'est-il engagé à cela?
Mme LeBlanc-Bantey: II s'est engagé à plusieurs
reprises, y compris le 19 février comme le mentionne...
M. Rivest: II s'est engagé pendant la campagne
électorale de 1976, lors du débat à CKAC. J'étais
là.
Mme LeBlanc-Bantey: J'ai dit à plusieurs reprises, cela
pouvait... Vous pouvez partir de la date que vous préférez. Il
s'est engagé à réviser l'ensemble des problèmes de
la négociation dans la fonction publique. Je n'ai pas besoin de vous
dire qu'il n'y a pas très longtemps que le climat est plus harmonieux,
même s'il ne l'est pas tout à fait avec tout le monde, avec le
syndicat du secteur public. Il est clair que cette démarche-là ne
peut pas se faire d'une façon unilatérale du côté du
gouvernement. Pour le moment, j'ai certaines idées dont je ne vous ferai
pas part ce soir à l'heure qu'il est. Il est clair que le gouvernement
va tenir son engagement et je tiendrai à mettre mon grain de sel
très certainement compte tenu de l'expérience que j'ai
vécue personnellement dans le secteur des négociations.
M. Doyon: En parlant de grain sel, est-ce que la ministre peut
nous dire si elle aura un grain de sel à mettre en ce qui concerne
l'exercice du droit d'association par les cadres? De plus, peut-elle nous dire
quelles sont les relations, s'il y en a, qu'elle entretient avec l'Association
des cadres supérieurs et l'Association des cadres...
Mme LeBlanc-Bantey: Je pense que nous entretenons - mon chef de
cabinet y compris et tous les gens chez nous -d'excellentes relations avec
l'Association des cadres. Quant à la question précise du droit
d'association, je dois vous dire que, personnellement, je n'ai aucune objection
au
syndicalisme des cadres. Par ailleurs, je vous avoue que, selon une
discussion que j'ai eue avec l'Association des cadres, je crois que j'allais
plus loin que ceux qui revendiquaient, car ils ne veulent pas d'une forme de
syndicalisme traditionnel comme celui qu'on a connu au Québec. Ils ne se
voient pas dans une association de même type. Par ailleurs, bien
sûr, ils ont une association de plus en plus articulée et qui
cherche à défendre les droits des cadres comme d'autres
syndicats. Dans ce sens-là, nous tentons d'être aussi justes et
raisonnables avec eux que nous avons tenté de l'être avec les
syndiqués.
M. Doyon: Cela promet.
M. Rivest: Je comprends qu'ils ne veulent pas le syndicalisme que
vous leur proposez. Ce n'est pas très rassurant, mais c'est moins grave
que si la ministre nous annonçait qu'elle a un préjugé
favorable aux cadres. Il faudrait sérieusement s'inquiéter de ce
qui va leur arriver.
Mme LeBlanc-Bantey: Si le député de Papineau
était là, il ne serait pas du tout d'accord avec vous sur le sort
que nous avons réservé à nos employés.
Une voix: C'est le principe de la contradiction!
M. Doyon: Pour finir, j'aimerais savoir de la ministre où
en est actuellement toute la question des relations avec le syndicat des
professionnels du Québec. Quelle est la situation, aujourd'hui, à
l'heure où on se parle? Quels sont les prochains gestes que le
gouvernement va poser? Se braque-t-il dans une attitude d'entêtement en
disant: On a la vérité et vous allez céder, nous, on ne
cède pas?
Mme LeBlanc-Bantey: Cela n'a jamais été notre
attitude avec le syndicat des professionnels.
M. Doyon: Ah bon!
Mme LeBlanc-Bantey: Bien au contraire, je réitère
que, s'il y a eu une attitude de braquage, cela n'a pas été de
notre bord. Nous avons un projet de règlement global sur l'ensemble des
plans en litige qui nous apparaît très raisonnable et sur lequel
on a passé de nombreuses heures avec nos négociateurs au tarif
horaire que vous avez vu. Je continue de penser que ces propositions sont
très raisonnables, qu'elles sont très équitables pour nos
professionnels et que si l'exécutif syndical avait vraiment à
coeur le sort de ses membres à l'intérieur de la fonction
publique, il viendrait chercher les propositions qui sont sur la table parce
que c'est infiniment mieux que ce qu'il y a dans la loi 105. Ce que
j'espère, c'est qu'effectivement l'exécutif va, un de ces jours,
revenir chercher les propositions que le gouvernement a mises sur la table.
Par ailleurs, je vous dis que s'ils se maintiennent dans l'attitude
où il faudrait absolument que le gouvernement leur donne tout ce qu'ils
veulent pour qu'ils soient heureux, il sera impossible d'en arriver à
une entente parce que je crois que nous avons fait, de notre part, un ensemble
de compromis et que, compte tenu des objectifs que nous avons de qualité
des services aux citoyens et des objectifs de rémunération qui
ont été aussi évoqués et de productivité de
la fonction publique, je pense que cela serait extrêmement difficile et
que ce serait injuste envers d'autres syndicats qui ont signé, que nous
allions plus loin que les compromis que nous avons déjà faits
avec le syndicat des professionnels.
M. Doyon: Je m'aperçois par la longueur des
réponses de la ministre que les vieilles habitudes de l'Assemblée
nationale sont difficiles à perdre. J'avais limité mes questions
à quelques mots seulement, expressément, espérant avoir
des réponses du même ordre. Les vieilles habitudes de
l'Assemblée nationale sont difficiles à perdre. M. le
Président, je n'ai pas d'objection qu'on passe à l'adoption des
crédits, programme par programme.
Adoption des programmes
Le Président (M. Paré): Est-ce que le programme 1
avec les éléments 1 à 6 est adopté?
M. Bisaillon: Adopté. M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
le programme 2 est adopté?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
le programme 3 est adopté?
M. Doyon: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
le programme 4 est adopté?
M. Doyon: Adopté?
Une voix: On peut prendre un vote là-dessus.
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
l'ensemble des crédits du ministère est adopté?
M. Rivest: M. le Président, on peut permettre aux
députés ministériels de s'exprimer. Après cela,
vous vous plaindrez que vous n'avez jamais rien à dire.
Le Président (M. Paré): J'en conclus que l'ensemble
du budget est adopté.
Là-dessus, je demanderais au rapporteur de faire rapport à
l'Assemblée nationale dans les plus brefs délais; il s'agit du
député de Groulx.
M. Rivest: Ah! Voilà...
M. Fallu: Est-ce qu'il faut vraiment faire rapport de tout ce qui
a été dit?
Le Président (M. Paré): Non, seulement le rapport
officiel.
M. Fallu: Seulement de l'adoption, merci.
Le Président (M. Paré): Alors, ceci étant
dit...
M. Doyon: Selon votre capacité seulement.
Le Président (M. Paré): La commission ayant rempli
le mandat qui lui était confié, les travaux sont ajournés
sine die.
(Fin de la séance à 23 h 57)