Journal des débats de la Commission des finances publiques
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 24 septembre 2024
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Vol. 47 N° 55
Étude détaillée du projet de loi n° 62, Loi visant principalement à diversifier les stratégies d’acquisition des organismes publics et à leur offrir davantage d’agilité dans la réalisation de leurs projets d’infrastructure
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15 h (version non révisée)
(Quinze heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Je constate que nous avons quorum. Bienvenue à toutes et à tous. Nous
sommes en mesure d'entreprendre nos travaux.
Comme vous le savez, notre commission est
aujourd'hui réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 62, Loi visant principalement à diversifier les
stratégies d'acquisitions des organismes publics et à leur offrir davantage d'agilité
dans la réalisation de leurs projets d'infrastructures.
M. le secrétaire, bonjour. Soyez le
bienvenu à nouveau parmi nous. Y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Abou-Khalil (Fabre) est remplacée par Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice), M. Poulin (Beauce-Sud) est remplacé par Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides), Mme Cadet (Bourassa-Sauvé) est remplacée par MmeRotiroti (Jeanne-Mance―Viger)et M. Bouazzi (Maurice-Richard) est remplacé par M. Grandmont
(Taschereau).
Le Président (M. Simard) : Alors,
bienvenue à nos nouveaux collègues. Au moment de suspendre nos travaux, la
semaine dernière, nous venions de faire l'adoption de l'article 5, et nous
en étions rendus à la lecture de l'article 6. M. le ministre.
M. Julien : Oui, merci.
Merci, M. le Président. Bien, bonjour, tout le monde. Grand plaisir d'être ici
avec vous aujourd'hui. Donc, l'article 6 :
«6. L'article 20 de cette loi est
modifié par l'ajout à la fin du paragraphe suivant :
«4° Lorsque l'approche collaborative
retenue comprend un partage des risques, des économies générées ou des gains
réalisés et des pertes subies, une mention indiquant que les conditions et les
modalités de ces partages seront convenues entre les parties et précisées dans
le contrat de partenariat.».
Donc, l'article 6 du projet de loi
propose de modifier l'article 20 de la Loi sur les contrats d'organismes
publics afin d'exiger l'ajout d'une mention particulière dans les documents d'appel
d'offres lorsque l'approche collaborative retenue dans le cadre d'un contrat de
partenariat comprend un partage consensuel des risques, des économies des
gains... ou des gains et des pertes.
Donc, rapidement, on avait discuté, lors d'un
article précédent, de ces notions-là. Ce qu'on voulait faire avec l'article 6,
c'est que, dans l'appel d'offres, il est précisé si l'entente va résulter dans
un partage de risques, et dans le contrat suivant l'appel d'offres, ces
éléments-là vont être inscrits de manière détaillée dans le contrat. Donc, à la
fois l'appel d'offres, au préalable, on signifie aux éventuels partenaires qu'il
y aura des notions de partage de risques, de profits, de gains ou de pertes, et
que ceux-ci, naturellement, suite à la négociation dans une perspective de
partenariat, vont être définis et inscrits à l'intérieur du contrat conclu avec
avec les partenaires.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Chère collègue.
Mme Rotiroti : Merci, M. le
Président, et rebonjour à tous ceux qui accompagnent le ministre ainsi que les
députés du côté gouvernemental et mon collègue de Marguerite-Bourgeoys qui m'accompagne
aujourd'hui.
Alors, effectivement, M. le ministre, vous
amenez... vous parlez de l'approche collaborative. Vous dites dans le... puis
je lis le commentaire. Vous dites à l'article 20 de la Loi sur les
contrats des organismes publics, c'est la LCOP, afin d'exiger...
Mme Rotiroti : ...l'ajout de
mentions particulières dans les documents d'appels d'offres lorsque l'approche
collaborative est retenue dans le cadre d'un contrat de partenariat comprend un
partage consensuel des risques, des économies et des gains et des pertes.»
Est-ce que ça pourrait arriver qu'entre les deux partis il n'y a pas d'entente
par rapport à... Parce que vous dites : Les modalités, c'est à ce
moment-là qu'on va les connaître, vrai? Au moment qu'on va rentrer dans cette
approche collaborative.
M. Julien : À l'intérieur du
contrat, ils vont être précisés.
Mme Rotiroti : Parfait.
Alors, dans le contrat, est-ce que ça pourrait, une fois qu'on est rendu là,
que dans... une des deux parties ne consente pas ces modalités-là, ou il trouve
que les modalités, je ne sais pas... il voudrait les changer ou il voudrait en
discuter? Est-ce que c'est ouvert à la discussion ou c'est ça ou rien?
M. Julien : C'est-à-dire
que... c'est-à-dire qu'à partir du moment où est-ce qu'on va l'inscrire dans
l'appel d'offres, là, tous les joueurs savent, dépendant de la nature qu'on va
mettre dans appel d'offres, partage de risques, partage, en fin de compte, de
gains, pertes... Puis il n'est pas obligé d'y avoir tous ces éléments-là à
l'intérieur de l'appel d'offres, mais, si l'intention est de faire un contrat
de partenariat avec partage des risques, il va être nommé à l'intérieur de
l'appel d'offres. Donc, les joueurs qui vont vouloir participer...
Mme Rotiroti : Il faut qu'ils
adhèrent.
M. Julien : Bien, il faut
qu'ils adhèrent, mais après ça, le partage de risques, c'est une entente entre
les deux parties où chacun trouve son bénéfice, parce que, je le réitère, là,
ça ne se fait pas à somme nulle, ça, ça se fait avec des gains à la fois pour
le partenaire et pour le gouvernement. Et c'est à l'intérieur du contrat que
ces limitations-là vont être mises. Et c'est cohérent avec l'article 1,
là, qu'on a voté la semaine dernière.
Mme Rotiroti : Oui, oui, tout
à fait. Mais ma question est : Le partage de risques n'est pas dans
l'appel d'offres en tant que tel. C'est au moment où est-ce qu'on vient... dans
l'approche collaborative, où est-ce que les gens vont en discuter, hein, c'est
là que vous allez établir les modalités.
M. Julien : Dans l'appel
d'offres, il va être inscrit qu'on s'en va sur une entente de partenariat avec
partage de risques. Alors, l'article 6 dit : Il va être inscrit à
l'appel d'offres, clairement nommé, et il va être précisé à l'intérieur du
contrat.
Mme Rotiroti : Oui, mais
allez-y, je vais céder la parole à mon collègue.
Le Président (M. Simard) : ...
M. Beauchemin : ...merci.
J'ai passé des moments durant le week-end à penser à vous, M. le ministre.
M. Julien : Grand bien vous
fasse.
Le Président (M. Simard) : On
peut s'en aller, si vous voulez.
M. Beauchemin : Non, mais
c'est correct...
M. Julien : Non, restez, je veux
avoir des témoins.
M. Beauchemin : Il n'est pas
dans ma palette, donc. Où est-ce que je voulais en venir, c'est que, là, on
vient juste de parler du processus pour se rendre justement à arriver à une
approche collaborative. Vous en avez fait mention, rendu là, on va donc lister
toutes les étapes, les risques potentiels à partager. Et, s'il y a un bénéfice,
voici comment qu'on va être... on va se les partager. Donc, quand on en arrive
à faire cette liste-là de tous les risques, moi, je me dis : Bon, O.K., je
vais être donc dans un contrat de partenariat de gré à gré, là, avec le
gouvernement. On fait la liste de tout... on fait la liste de tous les risques
potentiels. Puis, si jamais ça ne marche pas, c'est 50-50 avec le gouvernement.
Je suis un fournisseur, je parle, O.K., donc c'est 50-50 dans ces risques-là.
Je vais être capable de quantifier le pire scénario, mais disons que, je ne
sais pas, on va faire un contrat qui coûte 100 millions, tous les risques
potentiels, s'il ne fait pas beau, là, O.K., puis que j'en mange la moitié de
ça, ça va me coûter un 20 millions additionnel.
Ça fait que, dans le fond, dans mon prix,
je vais dire... bien, moi, je vais vous dire : C'est
120 millions de dollars. Comme ça, mon risque, là, si jamais ça se
réalise, je vais être couvert. Puis, si jamais ce n'est pas le cas, bien, ça va
être, comme on dit en anglais, du gravy, parce qu'on va avoir donc déjà été
payé pour ça. Ça fait que, là, j'arrive à vous expliquer le réflexe de base
d'un fournisseur de services qui tombe dans cette... dans cette séquence-là
d'événements. Les risques que vous décrivez, étant donné qu'ils vont être
clairement établis, il va être capable de pouvoir mettre un prix en fonction de
tous ces risques-là. On en arrive à la même place qu'avant. J'essaie de
comprendre c'est quoi, la valeur ajoutée du processus.
• (15 h 30) •
M. Julien : Bien,
certainement. Écoutez, bien, puisque vous prenez un exemple qui est intuitif,
mais qui n'est pas réaliste, mais qui, au sens figuré, est intéressant. On va
le prendre, celui-là. Alors, dans un mode traditionnel, mettons que les jours
de pluie amènent des coûts supplémentaires, mettons qu'on... des jours de
pluie, j'aime l'exemple. Alors, il dit : Écoute... Alors là, eux autres,
ils regardent ça. Ils ouvrent puis ils disent : Il faut qu'il soumissionne
sans discuter, là, il faut qu'il soumissionne sur plus bas prix. Puis là il
regarde, puis il dit : C'est-tu, la météo, là, moi, je pense bien que...je
regarde les cinq dernières années, puis il y a eu 32 jours de pluie
pendant cette période-là, puis un jour de pluie, ça me coûte 15 000 $,
moi...
15 h 30 (version non révisée)
M. Julien : ...démobiliser mes
équipes, ça fait que je fais une règle de trois, puis ça me coûte 450 000$
plus... ça me coûte, en fin de compte, 480 000$. Il pogne sa soumission, il
calcule son prix plus 480 000$.
Quand on fait une entente de partenariat,
sur cet exemple-là, là, le risque... parce qu'il y a des risques, en fin de
compte, qui sont plus à la charge d'un puis... mais on va prendre les jours de
pluie. Il s'assoit avec nous autres puis il dit : Écoute, moi, un jour de
pluie, ça me coûte 15000$. Si tu étais allé, en fin de compte, en appel de
soumission, j'aurais pris la pire année, 32 jours de pluie, puis je te l'aurais
mis dans ton prix pour 480 000$. Mais on convient tous les deux qu'un jour de
pluie va démobiliser mon équipe puis c'est 15 000 $ que ça me coûte. Donc,
qu'est-ce qu'on va faire? C'est qu'on va travailler avec ce delta-là, on va
partager le risque puis, s'il y a un jour de pluie, bien, tu sais, tu vas me
rajouter 15 000$.
M. Beauchemin : Bien, je suis
content, je trouve que c'est un super bon exemple.
M. Julien : Alors, s'il se
passe cinq jours de pluie, là, ça va me coûter 75 000$, tandis qu'a priori,
lui, il additionne des risques puis il les met au «worst case», il me dit :
Ça va me coûter 480 000$. Donc, il y a des risques comme ça qui vont être
partagés. Il y a des risques que, s'il ne réussit pas à mobiliser son équipe,
M. le Président, s'il ne réussit pas à mobiliser son équipe puis il y a des
retards, là, on va dire : Écoute, ça, c'est de ta faute. Ça, ça va être
toi qui vas assumer ces frais-là. Des risques de variation de prix, bien, ça va
être... bien, on va payer le juste prix. Alors, au net, là, c'est qu'on va
payer de la réalité plutôt que de payer le pire scénario des éventualités dans
un appel d'offres au plus bas soumissionnaire, actuellement.
M. Beauchemin : C'est un
super bel exemple, puis, honnêtement...
M. Julien : Puis à la fin...
un petit élément, M. le Président, pour terminer, mon collègue a dit de gré à
gré, mais ce n'est pas... on ne fait pas de gré à gré, c'est un appel d'offres
public basé sur l'expertise, l'expérience, les compétences, avec des ateliers,
des vérificateurs externes qui regardent ça, un comité de sélection. C'est zéro
gré à gré. Ce n'est juste pas sur le plus bas soumissionnaire.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Oui, mais on
s'entend qu'il reste juste une personne dans votre processus qui va être
capable de vous offrir une offre là-dessus. Mais le point que...
M. Julien : C'est-à-dire que
l'appel d'offres pour sélectionner ce consortium-là, c'est un appel d'offres
public, et soudainement on fait juste embarquer plus tôt avec eux pour fixer la
suite, tandis qu'avant c'était le plus bas soumissionnaire. C'est un appel d'offres
public, aucun gré à gré.
M. Beauchemin : D'accord,
mais on est dans...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. On va y aller un à la suite de l'autre, sans parler l'un par-dessus l'autre.
M. Beauchemin : On est quand
même rendu... Merci, M. le Président. On est quand même rendu à une situation
où est-ce qu'il y a seulement un fournisseur de services dans la situation
actuelle. Sur votre exemple de la pluie, M. le ministre, vous parlez que ça
coûterait 15 000 $, 32 jours, 482 000$? J'apprécie beaucoup les calculs
mentaux rapides comme ça, félicitations!
Moi, ce que je voulais juste me poser,
comme question, c'est, supposons que le contrat en arrière, là, O.K.... Là, on
parle de ce que ça coûterait s'il pleut, mais le contrat était de 10 millions,
disons, puis là, O.K., vous dites, c'est 75 000$, grosso modo, là, que ce
serait peut-être réaliste, que ça pourrait lui coûter, en termes de pluie.
Bien, peut-être que c'est 10 075 000$ qu'il va donner comme offre de base,
puis, à partir de ce moment-là, on va y aller, de l'avant, puis on va vouloir
partager avec les risques, le différentiel de risque que vous faites avec le
ministre.
Donc, moi, je me mets à la place du
soumissionnaire, bien, le soumissionnaire, ici, il a juste à aiguiser son
crayon puis à se dire : Bon, bien, O.K., le pire des scénarios, ça reste
que c'est ça, si... supposons qu'il pleut 32 jours, bien là, le gouvernement va
me dire qu'il va partager ça 50-50 avec moi, disons. O.K., ça fait que c'est
240 000$ que je vois inclure dans mon prix, comme ça, si jamais le pire se
réalise, bien, je leur ai déjà «pricé» dans mon offre de services.
Ça fait qu'en bout de piste on en arrive à
la même place. C'est juste que, là, c'est tout un processus autre. Ça fait que
j'essaie de vraiment voir, par rapport à votre exemple de la pluie, quelle est
la valeur ajoutée.
M. Julien : M. le Président,
écoutez, on part de loin dans les discussions que j'ai avec mon collègue, parce
que c'est de nouvelle nature, les contrats de partenariat, puis je le conçois,
parce qu'on est... c'est un paradigme qu'on n'est pas habitué dans... avec le
public, mais que... Tous les organismes publics qui l'ont adopté l'ont fait à
bon escient. C'est un processus à livre ouvert. Il n'y a pas : oui, mais
moi, je vais faire un prix, puis lui, il va penser que... Bien non, c'est :
j'ai sélectionné mon partenaire avec qui j'ai le goût de travailler sur un
projet, sur la base de son expertise, la qualité... la qualité de son équipe de
gestion, qui est primordiale, ses compétences, ses connaissances dans un
domaine particulier. Et là on a dit : C'est avec vous qu'on va continuer
le processus. On s'assoit ensemble, à livre ouvert : Bien, écoute, nous
autres on pense qu'on va avoir besoin de x nombre de ressources, la
rémunération de ces ressources-là, c'est tel prix, tel tarif, tel tarif, tel
tarif. Un jour de pluie, nous autres, on dit que c'est 15 000$, mais on va
voir, là, qu'effectivement... quand il y a un jour de pluie qui se produit, là,
on va démontrer que ça nous a coûté 15 000$. Il n'y a pas de préalablement
entendu, c'est... on dit : Ça, là, qu'on...
M. Julien : ...calcul à livre
ouvert, c'est un vrai partenariat. C'est parce qu'on n'est pas habitués parce
que j'entends mon collègue qui dit : Oui, mais lui, il va te mettre un
prix. Non, non, il ne met pas de prix, c'est un contrat qui avance livre
ouvert, dépenses réelles. Alors, ça ne peut pas être plus, mais on n'est pas
habitués. C'est comme... c'est comme s'il y avait une méfiance de l'autre. Mais
non, une fois qu'il est sélectionné, là, le livre est ouvert, le dollar qui
sort, il sort pour vrai, il va sur une paie, il paie de la brique, il paie du
mortier, puis, livre ouvert, on est correct d'y toucher. Je le sais qu'on n'est
pas habitués à ça, mais je vous le dis, ça se fait.
Le Président (M. Simard) : Le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : On va rester
en tout respect de la chose. Juste pour votre information, M. le ministre, j'ai
quand même 32 ans de carrière dans le financement d'entreprises, donc de quoi
vous parlez actuellement, là, j'en ai vu une puis une autre. Une des choses...
M. Julien : ...
M. Beauchemin : ...une des
choses qui va arriver, c'est quand ils vont vous arriver avec un prix et eux
autres dans leur tête, ils vont être tout à fait transparents, ils vont vous
dire : Moi, j'ai besoin d'une marge de 20 % pour être en affaires.
Puis là, bien, vous : O.K., correct, Je vais dire oui à la marge de
20 %, puis on va partager tous les risques. Ça fait qu'ils vont vous dire
c'est quoi la marge qu'ils ont de besoin, le profit qu'il faut qu'ils fassent,
leur rendement sur leur capital. Ils vont vous dire : le minimum que j'ai
besoin de faire pour être en affaires avec le gouvernement, pour moi, prendre
ce risque-là, c'est de faire un rendement, on va dire 15 %, par exemple.
La réalité, c'est que vous ne le savez, pas, vous, M. le ministre, c'est quoi
le vrai rendement de capital qui est exigé par l'entrepreneur pour rencontrer
ses exigences financières. Vous ne savez pas c'est quoi le risque que lui a à
couvrir de son bord quand il fait face à ses actionnaires, quand il fait face à
ses banquiers. Vous ne le savez pas, vous n'êtes pas au courant du modèle
d'affaires à l'interne, puis c'est normal parce que ce n'est pas de
l'information qu'ils vont partager avec vous, M. le ministre. Donc, je répète
ma question ils peuvent bien vous dire : Moi, ma marge, c'est 15 %
dans votre face à vous puis ça va être clair puis bien transparent puis
regardez, tout le monde, je l'ai le 15 %. Ils m'ont dit qu'ils font du
15 %, puis ils font du 15 %, puis ils prennent ce risque-là en plus
240 000 piastres s'il pleut 32 jours. O.K., mais la réalité c'est que ce n'est
pas 15 % qu'ils ont besoin d'avoir pour rentrer dans leurs obligations à
eux. C'est peut-être du 12 %, c'est peut-être du 10 %. Vous ne le
savez pas, M. le ministre, c'est ça la réalité. Vous n'êtes pas au courant de
comment la sauce se fait à l'intérieur de ce fournisseur de service là. C'est
ça la réalité. Vous avez transparence, sur tout à partir du moment où est-ce
que le fournisseur de service s'engage pour vous dire : Voici ce que je
ferai, voici ce que ça va me coûter. tatati tatata, c'est beau. Puis ça, c'est
ma marge à partir de laquelle je vais faire le contrat avec le gouvernement.
Point à la ligne.
Le Président (M. Simard) :
Merci. M. le ministre.
M. Julien : Alors, M. le
Président, je ne suis pas du tout d'accord avec mon collègue, malgré toute ton
expérience du domaine financier. Alors, la marge, c'est une chose, tous les
coûts d'un projet vont être à livre ouvert puis on va même connaître la marge
qu'il souhaite obtenir...
M. Beauchemin : Mais oui,
exactement.
M. Julien : M. le Président.
Être en mesure de l'apprécier à cette valeur-là. Mais à toutes les fois où il
dit 32 jours, pas de jours. Non, non. On vient regarder à livre ouvert, puis
s'il pleut, comment ça a coûté puis qui est-ce qui assume ce risque-là. Alors,
je nous rapporte, là, à l'article 1 qu'on a voté la semaine dernière, qui
nous disait : Partage de risques, cette discussion-là, je vous dis, il y a
une incompréhension, mais, mais je respecte ça. Mais à livre ouvert, avec un taux
de rendement attendu. On a voté l'article 1 qui mettait ces affaires-là.
Ici, l'article 6, qu'est-ce qu'il vise, là, parce qu'on peut bien
continuer, mais c'est l'article 1 qui a mis ça. Ça vise à dire : Aïe
ça, là, ça va être bien écrit dans le contrat, puis ça va être spécifié dans
l'appel d'offres. Alors, pour moi, je pense qu'on a fait, à l'article 1,
le tour de cette question-là. Je vois qu'il y a une incompréhension, peut être
mutuelle sur le concept, mais qui s'est avéré, le partenariat à livre ouvert,
qui est une grande distinction. Pour le reste, bien, je me réfère à
l'article 6.
M. Beauchemin : D'entrée de
jeu, M. le Président, j'ai quand même dit au ministre que j'ai pensé à lui ce
week-end, O.K.. Et donc, j'ai pensé à l'article 1, effectivement. Puis
quand on parle de l'article 6 ici, qui fait référence indirectement, je
pense que c'est permis de pouvoir avoir ce questionnement-là. Et vous venez
juste de le mentionner, M. le ministre. Le fournisseur de service vous arrive
avec la marge qu'il décide d'avoir. Il vous dit : Moi ça me prend
12 %, 13 %, 15 % 20 % et il vous le dit. Puis c'est très
transparent, il vous dit qu'ils veulent avoir. Mais vous ne savez pas, vous en
arrière comment le rendement de capital est important. Vous ne savez pas qu'est
ce que le banquier exige? Vous ne savez pas toutes les conditions de crédit.
Vous vous prenez ça, puis, à partir de ce moment, à partir de ce moment, à
partir de ce montant-là de marge exigée de rendement, comme vous l'avez dit,
exigé. À partir de ce moment-là, on partage les risques puis c'est un
partenariat puis c'est bien le fun puis c'est bien beau et c'est... Force est
de constater, M. le ministre, que dans 12 % ou 15 % de rendement, il
va s'être donné deux ou trois points pour couvrir justement un genre de 240 000
piastres s'il y a 32 jours de pluie, parce que ça va lui coûter ça, si jamais
dans le partenariat il s'engage avec vous...
M. Beauchemin : ...à faire ça.
• (15 h 40) •
Donc, le point que j'essaie de dire, c'est
qu'ici, là, n'importe qui qui va faire une transaction avec le gouvernement,
qui est le moindrement intelligent, va comprendre comment que ça, cette
game-là, se joue. Vous n'avez pas l'information pour prendre la bonne décision
jusqu'au bout du processus, parce que vous ne savez pas c'est quoi, le
rendement, le coût de capital d'emprunt, vous ne savez pas c'est quoi, le
rendement minimum que les actionnaires demandent pour chacun de ces
soumissionnaires-là, vous n'avez pas l'information, M. le ministre. Puis ce
n'est pas de votre faute, là. Il y a 262 000 PME au Québec, chacune
de ces PME-là a des contrats bancaires qui diffèrent l'un de l'autre, ça fait
que vous n'êtes pas... ce n'est pas normal de le savoir.
Ce que j'essaie juste de dire, c'est que
votre approche ne règle pas le problème. Votre approche va faire en sorte que
vous avez de la transparence à partir d'un certain moment donné. Mais là, on
s'est entendu que ces fournisseurs de services là, là, ils vont faire du
15 %, ou du 12 %, ou du 20 %, puis ça, c'est leur modèle
d'affaires, puis on ne peut pas le contester, c'est ça. Ça fait que dans leur
modèle d'affaires, ils vont avoir inclus, eux autres, le potentiel de pire
scénario qui peut arriver dans un partage de risques, c'est sûr et certain. Les
actionnaires vont leur demander d'agir de même.
M. Julien : Là, je ne suis
pas d'accord avec mon collègue. Encore là, c'est un taux de rendement. Il y a
plein de firmes actuellement comme Altus qui font des taux de rendement sur
immobilisations sur infrastructures. On connaît les taux de rendement d'un
marché à un moment instantané par rapport justement au taux d'intérêt prévu.
Alors ça, c'est un... Tu sais, on négocie le taux de rendement de
l'entrepreneur ou du consortium sur des bases connues avec des firmes externes
qui ont des rapports trimestriels qui sont très bien montés puis que mon
collègue connaît très bien. Puis après ça, le reste, c'est à livre ouvert.
Je ne peux pas être plus clair que ça. Il
n'y a pas, là, il n'y a pas : Oui, mais peut-être que, lui, il cache...
Non, non, c'est à livre ouvert, c'est... C'est une vraie pratique mutuelle. On
n'est pas habitués à ça. Je comprends que mon collègue, il est... il semble
plus dire : Non, il y a quelqu'un qui veut tirer profit de... Bien non, c'est...
c'est à livre ouvert, avec un taux de rendement espéré, avec des bases de
comparaison sur un marché concurrentiel.
M. Beauchemin : M. le
Président, quand on est rendu à avoir à utiliser le processus que le ministre
est en train de nous discuter en ce moment, là, de discuter avec nous, on est
rendu qu'on est en mode collaboratif. On est donc rendu un à un, là, on est le
gouvernement avec un fournisseur de services, là. Puis, vous le savez bien, là,
il y a peut-être trois, quatre autres comparables potentiels, puis les autres
vont vous dire c'est quoi, leur taux de rendement, puis ça... Mais la réalité,
c'est que rendu là, si vous décidez d'aller en affaires avec eux, bien, vous
faites affaire avec quelqu'un qui va vous dire : Bien, moi, ma marge,
c'est ça, puis, si vous ne l'acceptez pas, bien ça, c'est correct, ça, c'est
votre choix. Mais, si vous l'acceptez, bien, vous acceptez que cette seule
personne-là a décidé de vous donner un rendement qui est important pour que ses
actionnaires soient contents, qui a donné son rendement pour couvrir des
potentielles pertes, qui a donné le rendement pour couvrir ce que les banquiers
exigent pour le prêt bancaire.
Ça fait qu'étant donné que, rendu au
processus qu'on vient de discuter là, on n'est plus en offres multiples, on est
un, à partir de ce moment-là, si vous acceptez de faire affaire avec ce
fournisseur de services là, vous faites affaire avec le ou la... la business
qui a décidé que, pour elle, cette business-là, le rendement, c'est ça, puis «that's
it». Il n'y a aucune marge de manœuvre, rendu là. C'est ça, le point que
j'essaie de faire...
Puis, si vous avez une sortie à ce
point-là puis que vous êtes capable, là, de... la seule business qui est
capable de faire quelque chose dans le Grand Nord du Québec, puis c'est juste
eux autres avec qui on peut faire affaire, puis, si tout est fantastique, mais
en bout de piste, là, c'est la seule business qui vous a répondu, parce que,
là, vous avez fait les appels pour aller les chercher, puis finalement on en a
eu un, puis ce n'est plus un appel multiple, c'est juste une personne, puis là,
maintenant, on ne va dealer qu'avec cette business-là, bien, cette business-là,
rendu à ce moment-là, là, elle va vous dire : Sais-tu quoi? Moi, c'est du
17 % que j'ai de besoin d'avoir. Maintenant, ça, c'est ma marge. «Going
forward», on fait ça... on va s'entendre sur le reste, 50-50 puis le risque.
M. Julien : Je ne suis pas du
tout d'accord avec mon collègue, malheureusement. Je réitère, hein, je ne suis
pas... Sa compréhension n'est pas celle, en fin de compte, d'un partage de
risques dans un partenariat en infrastructures, c'est-à-dire que ce n'est pas
un «un-à-un», c'est un consortium : avec des concepteurs, avec
architectes, ingénieurs, entrepreneurs, avec le gouvernement, on s'assoit pour
faire le meilleur projet.
Ce que me dit mon collègue, c'est :
Le taux de rendement espéré, là, des entreprises en consortium dans le mode
traditionnel ne change pas dans le mode de partenariat. Donc, on va convenir...
- on est sur base de comparables - c'est à livre ouvert. Ce qu'on fait en mode
traditionnel, c'est qu'ils nous facturent en plus tous les risques de manière
maximale, tandis que là on vient faire un partage de risques.
Je pense avoir donné l'exemple avec la
pluie, qui reste que... C'est un exemple que mon collègue semblait dire :
O.K. Bien, mettons que je prends ça. C'est un exemple que je donne. Mais c'est
ce qui se réalise réellement, et non pas des éventualités qu'on maximise en
réseau catastrophe. C'est... C'est juste bon, c'est à livre ouvert...
M. Julien : ...on connaît le
rendement, on connaît les rendements du marché habituel, on voit des
comparables sur base d'étalonnage à grands volumes. Donc, je ne suis pas du
tout d'accord avec mon collègue, mais, pour moi... je peux continuer de
l'écouter.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Oui. Juste
pour peut-être donner un petit peu d'expérience, là, O.K., j'ai quand même vu à
plusieurs reprises des tables de 40 personnes qui négocient sur quelle va être
la proposition, pour voir comment ça va fonctionner, puis là, bien, ils savent,
ils vont être rendus les seuls à soumissionner pour le gouvernement, puis ils
vont l'expliquer au gouvernement : Voici ce qu'il en est, nous, là, on va
aller faire tel projet dans le Grand Nord. Puis, oui, c'est... tu sais, c'est
du cas par cas, là, ici, là, c'est dans le Grand Nord, ça fait que, là, il faut
trimbaler tout notre monde là-bas puis il faut amener toutes nos ressources
là-bas puis... Ce n'est pas comme un projet à Laval, là, où est-ce qu'on peut
prendre l'autoroute facilement pour s'y rendre. Ça fait que, dans tout ça, ils
vont dire : Bien, moi, mon rendement, à Laval, c'est du 12, mais, dans le
Grand Nord, c'est du 17, et j'ai de besoin d'avoir 17 % de rendement pour
justifier toutes mes dépenses pour me rendre là, puis voici toutes mes
dépenses, puis ils vont toutes vous les donner. Mais, M. le ministre, la
réalité, là, c'est que, rendu là, vous êtes obligé de prendre le prix qu'ils
vont vous donner. Vous êtes obligé de prendre la marge qu'ils vont vous imposer
dans le contrat, à moins que vous avez l'option de dire : Bien, tu sais
quoi, on ne le fera pas, ce projet-là, à moins que vous disiez : On n'y va
pas.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Julien : Encore là, mon
collègue, puis je vous le dis, là, en tout respect, parce que je sais que c'est
quelqu'un qui connaît bien le milieu financier... mais les projets
d'infrastructure, il y a des petits... il y a des petits gaps par rapport à la
compréhension. Sur la Côte-Nord, là, qu'est-ce qui va... qu'est-ce qui
arriverait, le cas échéant puis... c'est bien plus le coût de la marchandise,
le coût du transport. On est à livre ouvert, on va voir les vrais coûts, là,
mais... Alors, ce n'est pas... ce n'est pas le modèle traditionnel où on se
regarde en chien de fusil puis on essaie a priori. Non.
C'est à livre ouvert, alors je vous le
dis, là : Construire sur la Côte-Nord, ça coûte plus cher, amener mes
matériaux, ça coûte plus cher, amener de la main-d'œuvre, ça coûte plus cher,
plus cher, plus cher. On est à livre ouvert, puis il y a un rendement qui est
négocié. C'est comme s'il me disait : Vu que c'est la Côte-Nord, je vais
faire du 17 %. Bien non, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne, à livre
ouvert, c'est... le coût du projet plus dispendieux, puis on s'entend, puis est
capable de le valider. Ton 2X4, il t'a coûté tant, je l'ai dans tes achats, je
l'ai vu, ce n'est pas des prétentions, on est à livre ouvert, puis on paie la
vraie affaire. Puis la même affaire dans les marchés.
Puis là, là, quand on décide de classer un
consortium à l'étape préliminaire, compétence, expertise, meilleure équipe de
gestion de projets, on travaille avec eux puis, à la fin, là, on n'est pas
obligé de se marier. Si ça ne marche pas, là, pas pires amis. Alors là, ce que
mon collègue dit... il fait miroiter plein de risques qui sont juste bien plus
risqués en mode traditionnel qu'en mode de partenariat.
Le Président (M. Simard) : ...Mme
la députée de Jeanne-Mance-Viger.
Mme Rotiroti : Oui, merci.
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, je sais que, peut-être, des fois, c'est
frustrant, M. le ministre, mais il faut quand même... c'est une nouvelle
approche, puis il faut vraiment qu'on soit très clair et transparent pour que
les gens savent exactement en quoi qu'on va s'embarquer. Alors, je sais,
peut-être, des fois on pose peut-être la même question deux fois ou trois fois
de manière différente, mais, je pense, c'est... la raison pourquoi qu'on fait
ça, c'est qu'on est législateurs, et je pense que cette loi-ci doit être
extrêmement claire pour ne pas qu'il y ait aucune ambiguïté et surtout pas que
ça soit interprété pour... que quelqu'un prend ça, puis l'interpréter à sa
façon. Alors, là-dessus, je pense qu'on est entièrement d'accord.
Vous avez dit : Moi, qu'est-ce qui me
frappe, dans qu'est-ce que vous dites, dans l'explication à mon collègue, c'est
que vous dites : On est dans le mode collaborateur, ça veut dire que c'est
deux personnes qui négocient. D'habitude, c'est le gouvernement et le
consortium que vous avez décidé, selon l'appel d'offres. Très bien. Là-dessus,
on s'entend.
Les négociations se font et les
modalités... vous dites qu'il y a des vérificateurs externes qui vérifient pour
s'assurer que les modalités par rapport aux les gains, tout ça, qui sont mises
en place sont vérifiées et sont valables, O.K.?
Dans l'éventualité, est-ce que ça pourrait
arriver qu'une fois que vous passez tout le processus... parce que vous venez
de le dire, à la toute fin de votre intervention, vous dites : Ça ne
marcherait pas... si ça ne marche pas, on n'est pas mariés, si ça ne marche
pas, ça ne marche pas. Mais là ça veut dire que vous tournez... vous retournez
à la table de dessin? C'est quoi, les étapes, mettons, dans l'éventualité où
est-ce que ça ne marcherait pas? Puis vous, votre objectif, dans le projet de
loi, c'est de réduire les délais des projets. C'est pour ça qu'on introduit ce
mode de collaboration là. C'est justement ça, l'objectif de ce projet loi.
Alors, en faisant qu'est-ce que vous dites, si ça ne marche pas, vous retournez
à la case de départ, vous recommencez à zéro. En quoi ça réduit les délais?
• (15 h 50) •
M. Julien : En quoi ça
réduirait les délais? Premièrement, là, quand on regarde une courbe... une
courbe de délais dans des projets majeurs... Parce que, souvent, on dit :
Aïe! Écoute, ça a pris 10 ans à faire ce projet-là. Souvent, les délais ne sont
pas tant dans la réalisation. On observe souvent un 36... 36 mois, là, c'est le
délai de...
M. Julien : ...réalisation,
c'est les phases préliminaires de fixation des besoins qui sont longs puis,
après ça, de trouver le bon concept pour aller de l'avant. On l'a vu, on a fait
des analyses avec sur des cas, des cas traceurs, là, puis on voyait que, sur
huit ans, il y avait souvent six ans, mais, sur 10 ans, il y avait huit ans que
ce n'était pas... Ce n'est pas la réalisation qui était longue. Une fois qu'on
a pris la décision d'aller de l'avant, ça va assez bien. Un mois de
partenariat, c'est la phase de planification, là, on met plus d'enjeux dessus,
mais elle est plus courte en réalité, parce on travaille ensemble à trouver le meilleur
concept et on gagne du temps en réalisation... en planification, ce qui fait
qu'on gagne du temps en réalisation. Puis, au net, là, c'est gagnant, pour
nous, c'est clair. Puis on l'a observé, nos prétentions se sont matérialisées à
hauteur de 26,4 % par rapport aux écoles secondaires auxquelles on
utilisait ça. C'est vrai que ça se peut qu'on n'arrive pas à s'entendre, comme
c'est vrai qu'il peut avoir des appels d'offres au plus bas soumissionnaire qui
sont infructueux.
D'un autre côté, on a nommé, dans l'appel
d'offres, qu'il va avoir un partage de risques, et c'est vrai que c'est
complexe. Mon collègue mentionne des complexités, c'est vrai que c'est
complexe, mais ce n'est pas compliqué. J'exprime ça comme ça. Tu as des frais
puis tu es capable de mesurer à livre ouvert, là, combien m'a coûté ma
main-d'œuvre, comment m'a coûté mon matériel, comment ça a pris de temps. Ça,
là, quand on est un livre ouvert, c'est assez facile. Les éléments qui restent,
après ça, à négocier, bien, c'est quoi, ta marge? Est-ce que ta marge est dans
le marché? C'est quoi, en fin de compte, si les risques se matérialisent, puis
jusqu'à combien tu es prêt à laisser ta marge sur un risque qui va se
matérialiser? Parce que la personne, elle dit : Écoute - je dis n'importe
quoi - je fais 9 % sur un projet de 100 millions, je fais 9 millions, puis
je suis prêt à laisser 50% de mon bénéfice sur différents risques, je veux me
rendre jusqu'à 4,5. Là, soudainement, le partenaire avec qui on est, ça se peut
qu'il laisse 4,5 millions de bénéfice de profit à livre ouvert. Il va
travailler... On va travailler ensemble, parce que lui, il veut le
matérialiser, son profit.
Alors, pour y arriver, il faut qu'il soit
efficient avec nous dans le processus. C'est juste une nouvelle approche où,
quand on est autour de la table, là, les quatre concepteurs, architectes,
ingénieurs, entrepreneurs, gouvernement, on a les objectifs communs puis on a à
cœur la réussite. On a fait des projets comme ceux-là. Moi, je l'ai vécu dans
une autre vie, qui s'apparentait à ça, par exemple, l'amphithéâtre de Québec,
ça a bien été, puis c'était autour de la table, tout le monde était pas mal,
pas mal du même objectif. Donc, c'est ça que ça vit ici. Mais c'est vrai que,
dans certains cas de figure, ça pourrait ne pas fonctionner. Mais la sélection,
la sélection, cher collègue, se fait sur base de compétences, d'expérience.
Alors, c'est une bonne sélection.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre. Chère collègue.
Mme Rotiroti : Oui, je sais que
mon collègue de Marguerite-Bourgeoys veut continuer son intervention, mais
avant, parce que j'ai quand même posé une question très importante et très
spécifique au ministre, il peut mentionner les écoles qu'ils ont fait dans les
projets pilotes du Conseil du trésor qui... on le retrouve dans le mémoire,
d'ailleurs, qui s'est engagé de déposer... de démontrer que celui qui a pris la
voie traditionnelle et celui qui a pris la voie collaborative, qu'il y avait
effectivement des gains puis que le délai était... on avait sauvé de l'argent,
puis qu'il y avait... le délai était moins court. Ça, je m'attends que le
ministre, parce qu'il s'est engagé de le déposer ici, à la commission.
Ceci dit, j'ai demandé une question très
spécifique au ministre, je n'ai pas eu de réponse, malheureusement. Ça se
pourrait que, dans une négociation de collaboration, que les parties, à la fin,
ne s'entendent pas. Alors, dans l'éventualité, et je comprends tout ce que le
ministre vient d'énumérer, d'expliquer, le partage de risques, puis là on va
négocier, puis on va essayer d'arriver à une entente. Mais, dans l'éventualité,
parce que vous ouvrez la porte, vous l'avez dit vous-même, il y a la
possibilité que ça ne fonctionne pas. Si ça ne fonctionne pas, je veux savoir
c'est quoi, les étapes, M. le ministre. Est-ce que vous retournez à la case de
départ? Est-ce que vous... vous refaites l'appel d'offres? Vous allez dans un
mode traditionnel pour revenir à un mode de collaboration, ou est-ce que vous
prenez... vous choisissez, vous choisissez le deuxième, un autre un autre
contractant? Et, si oui, comment vous le choisissez?
M. Julien : Alors, c'est au
niveau de l'appel d'offres - je vais essayer d'être court, parce que ça a de
l'air que je parle trop longtemps - c'est au niveau de l'appel d'offres, en
réalité, qu'on va venir identifier potentiellement trois consortiums. Alors, il
pourrait en avoir trois consortiums et, le cas échéant, qu'avec le premier qui
est sélectionné, qui a le meilleur, le meilleur pointage sur les éléments
qualitatifs qu'on a nommés. Mais, si ça ne fonctionne pas, on pourrait avoir
prévu, à l'appel d'offres, qu'on passe au deuxième consortium.
Mme Rotiroti : Et vous passez
au deuxième, c'est vous autres, vous décidez : Bien là, lui, on le flushe
pour des raisons...
Mme Rotiroti : ...vous
appartient. Et là, on s'en va. C'est parce que d'ailleurs, ce serait quoi les
exemples pour dire : Bien, lui, ça ne marche plus parce qu'il est trop
gourmand? Est-ce que parce que dans les partages de risque ça marche pas? Parce
que c'est en fin de compte, c'est le gouvernement qui va avoir plus de risque
que l'entrepreneur? Ça serait quoi l'élément déclencheur pour dire : O.K.
Là, ça finit. On a négocié. Ça ne marche plus. Goodbye, Charly. Moi, je vais avec
le deuxième.
M. Julien : Alors, c'est
ce qui est bien dans les contrats de partenariat, c'est consensuel. Donc, ces
gens-là, ça investit... Habituellement, ça fonctionne. Alors... Mais c'est vrai
qu'il y aurait des cas qui ne fonctionneraient pas. Alors, les gens
s'investissent puis ils disent : Il faut que ce soit consensuel. Il faut
que, les deux, on ait le bonheur de signer cette entente-là. Alors, s'il n'y a
pas de bonheur des deux, ça met un terme puis on s'en va au suivant.
Mme Rotiroti : Oui. Moi,
je vous dirais, c'est plus que le bonheur que l'entrepreneur veut, c'est aussi
de faire de l'argent, que ça soit rentable. On s'entend.
M. Julien : Alors, son
rendement va être prévu à l'intérieur de l'entente à livre ouvert puis on va
être gagnant des deux côtés. Je vous le dis, actuellement, au plus bas
soumissionnaire, on paye tous les risques de son rendement.
Mme Rotiroti : O.K.
Alors, je répète ma question. Si ça ne fonctionne pas, là, vous allez au
deuxième entrepreneur. Et là vous négociez de la même façon, évidemment, avec
les mêmes modalités. Vous ne changez rien.
M. Julien : Bien, il
faut faire attention. Je réitère, là. Encore là, c'est un changement de
paradigme. Si on veut faire une infrastructure, par exemple, qui passe
par-dessus une rivière, on dit : Voici le volume qu'on a besoin pour que
ça passe par-dessus la rivière. Le besoin est nommé, tel volume, telle
capacité, etc., etc. Mais l'objectif de travailler avec les concepteurs,
architectes, ingénieurs, puis avec l'entrepreneur le plus tôt possible,
c'est... Je n'ai pas dessiné un pont. J'ai décrit un besoin puis on trouve en
fin de compte quelle est la solution optimale. Donc, il n'y a pas vraiment de
motif qu'on ne s'entende pas. Mais peut-être que quelqu'un va dire : Je
n'ai pas le goût de faire ça. Mais je ne comprends pas qu'est-ce qu'il
ferait... qu'est-ce qu'il ferait dans le processus initialement. Mais
l'objectif, c'est, en partenariat, arriver à un projet d'infrastructure
ensemble quand on a nommé, nous autres, le besoin. Le besoin, il est clair,
hein? Mais après ça, la solution, ça appartient au consortium.
Mme Rotiroti : O.K.
Peut-être mon collègue. Je vais revenir, M. le Président. Je vais laisser la
parole à mon collègue de Marguerite-Bourgeois.
Le Président (M. Simard) : Avec
plaisir. Merci. Cher collègue.
M. Beauchemin : ...en
2008, quand vous disiez tantôt, votre exemple d'il y avait 9 millions de marge,
puis là, soudainement, ça ne marche pas bien. Puis finalement, le projet, bien,
il va générer une marge de 4,5 millions. Je peux juste vous dire qu'un
président d'entreprise qui est rendu à une situation où est-ce qu'il va générer
la moitié de ce qu'il avait promis pour ses actionnaires, il n'aura plus de job
rendu la semaine d'après. Ça fait qu'il faut comprendre que, quand il va avoir
eu à dire que, finalement, à 4,5 millions de dollars, comme l'exemple
que vous avez donné, c'est satisfaisant, il va dire : Ah! Ça m'a fait
vraiment mal, là, O.K., mais ça va être satisfaisant pareil pour l'entreprise.
La preuve, c'est que, s'il est encore en poste six mois plus tard, vous allez
comprendre que, finalement, c'était ça qui était le rendement minimum qui était
demandé pour faire en sorte qu'il puisse être heureux.
Mais je reviens sur le concept du
rendement. Donc, allez faire un projet dans le Grand Nord, comme on parlait
tantôt, là, que vous êtes capable de dire : O.K., moi, je veux voir les
coûts de transport, je veux voir des coûts de matériaux, je veux voir des coûts
de ci, je veux voir les coûts de ça. Là, vous, ce que vous me dites, là, c'est
qu'il fasse un projet dans le Nord ou qu'il fasse un projet à Laval, le
rendement qu'il va vouloir exiger pour faire... Le consortium, là, le rendement
qu'il va vouloir exiger pour faire affaire avec nous devrait être le même,
identique, il ne devrait pas avoir de différence. La seule variabilité est
celle de prendre des risques additionnels que d'aller dans le Nord pour faire
le projet. Tout ça va avoir été listé, puis ça va être 50-50, les risques, ou
peu importe la façon que vous voulez les distribuer. Mais leur rendement de
base, là, vous me dites, là, un consortium qui décide de faire un pont sur
l'autoroute 15 à Laval ou qui décide de faire un pont similaire, mais dans
le Nord, le rendement que ce consortium-là devrait avoir est le même. C'est ça
que vous me dites?
• (16 heures) •
M. Julien : M. le
Président, je suis obligé de dire que potentiellement oui. Un projet risqué...
Risque égale rendement. Ici, c'est un projet risqué à livre ouvert. Donc, le
rendement devrait... exigé devrait être le même. Alors, clairement, pour moi,
c'est oui.
M. Beauchemin : O.K.
Donc, M. le ministre, vous êtes d'accord avec moi que n'importe qui devait être
capable de pouvoir faire les analyses parce que, comme vous le savez, là, que
ce soit WSP, SNC-Lavalin ou n'importe quel autre consortium, à la fin de la
réalisation des processus établissent de façon publique le rendement obtenu
pour des actionnaires et/ou les investisseurs. Alors, on peut y aller façon
historique puis de regarder, voir quel a été le... quel a été les rendements.
Donc, ce que vous me dites, c'est que, dans votre nouveau partenariat, on va
être capables de dire : Bien, basé sur ces expériences-là de passées avec
ce consortium-là qui a généré...
16 h (version non révisée)
M. Beauchemin : ...pourcent,
nous autres, ça devrait être du 12 %. Ça fait qu'on va être capable de le
vérifier, là. On va être capable d'avoir cette information-là, très
précisément.
Le Président (M. Simard) : Allez-y,
M. le ministre. Il va s'ouvrir automatiquement.
M. Julien : Ah! merci. Ah! O.K.
Alors, ça va être prévu à l'entente contractuelle, donc, prévu à l'entente
contractuelle.
M. Beauchemin : O.K., puis si
on revient ici l'an prochain, on est en période des questions au salon bleu ou
salon rouge puis on a des exemples de cas où est-ce que ce n'est pas le cas,
bien, à ce moment-là, qu'est-ce qu'on fera, M. le ministre? Qu'est-ce que...
quelle va être la marche à suivre si ce n'est pas le cas?
M. Julien : Je ne comprends
pas la question, M. le Président.
M. Beauchemin : Si...
supposons qu'on a des projets avec un consortium qui a déjà été utilisé de par
le passé par le gouvernement, où est-ce que le taux établi avait été, donc,
annoncé publiquement, et là la promesse était de faire un rendement similaire
sur le prochain projet, mais que ce n'est pas ça, finalement, le rendement, qu'est-ce
qui va se passer rendu là?
M. Julien : Bien, c'est-à-dire
que l'entente contractuelle va prévoir un rendement. Alors, c'est une entente
entre le gouvernement et un consortium. Tantôt, tu sais, on a... ça, c'est des
firmes d'ingénierie, là, alors le consortium est bâti d'ingénieurs, architectes
et entrepreneurs, donc c'est une triade, là, et le taux de rendement est
inscrit à l'intérieur du contrat, puis, naturellement, les contrats sont
protégés par rapport à l'information, comme ceux d'aujourd'hui, là.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de Jeanne-Mance-Viger.
Mme Rotiroti : Oui. Merci
beaucoup. Alors, je veux juste revenir à mon point que je faisais tout à l'heure
avec mon député... le député de Marguerite-Bourgeoys, pour ces questions. On
était... Moi, j'étais plus sur l'approche... on est dans une approche
collaborative. Très bien. Après la soumission, il y a eu trois
soumissionnaires. Premier soumissionnaire, on s'en va dans une approche
collaborative, ça ne fonctionne pas, et là le ministre dit : Bien, on va
choisir le deuxième fournisseur. Très bien, on recommence à la case de départ
avec eux. Bien, je ne dirais pas à la case de départ parce qu'on ne retourne
pas à la soumission.
Dans l'éventualité où est-ce que c'est un
gros projet, il y a... tu sais, il y a quand même des monopoles, il y a... ce n'est
pas tout le monde qui est capable de de faire ces gros projets là, hein, on est
limité dans les fournisseurs et les compagnies qu'on a. Alors, dans l'appel d'offres,
il y a juste un soumissionnaire qui a... qui répond à tous les critères de l'appel
d'offres. Alors, avec ce fournisseur-là, on s'en va négocier et là on se rend
compte que, bien, à la fin des négociations, ça ne fonctionne pas, ça ne marche
plus. Bien là, il n'y a plus un deuxième fournisseur en attente, là, parce qu'il
y en avait juste ça dès le départ. Alors, dans ce cas-ci, est-ce que vous
retournez à l'appel d'offres? Est-ce que... Comment ça va fonctionner?
M. Julien : Alors, encore là,
c'est un changement de paradigme. Je vais prendre un peu de temps, M. le
Président, il ne faut pas m'en vouloir.
Mme Rotiroti : Oui, j'aime ça
quand vous parlez, parce que ça clarifie bien des choses, M. le ministre.
M. Julien : Parce que moi, je
me dis qu'après ça va aller bien plus vite sur d'autres aspects qu'on va
arriver plus tard, tu sais.
Mme Rotiroti : Oui. Bien, c'est
ça.
M. Julien : Quand on est en
appel d'offres, en partenariat, en mode collaboratif, je réitère, c'est un
besoin, souvent, qu'on nomme. Il faut que le besoin soit clair. Par exemple, on
fait un centre hospitalier, j'ai besoin de x 100 lits avec tel, tel soin, etc.
Je ne suis pas dans une solution prédessinée où est-ce que je dis : Voici
le pont, voici le centre hospitalier que je veux, c'est... J'énonce des
besoins, puis je le lance au marché pour avoir des consortiums.
Ce qui peut arriver, dans certains
processus d'appel d'offres avec le plus bas soumissionnaire... je n'ai pas dit
soumissionnaire, parce que, là, on dit : Écoute, le projet que tu veux, je
ne suis pas capable de le réaliser. Tandis que, là, c'est un besoin que je veux
réaliser avec un consortium. Donc, aïe!, on a le goût de travailler ensemble
pour bâtir, admettons, une école secondaire avec telle superficie, pour 1200
étudiants, puis tel, tel lieu, voici les besoins, mais ils ne sont pas
contraints dans la solution, ils sont contraints seulement à répondre au
besoin. C'est ce qui est le plus favorable pour avoir des gens qui ont le goût
de faire un projet.
Souvent, la difficulté, c'est : le
concept est tellement arrêté que la firme regarde ça puis elle dit :
Écoute, moi, un, je ne suis pas capable de faire ça, ce n'est pas ça que j'aurais
voulu faire pour faire l'école en question. Alors, quand on dit, mettons, qu'il
ne fonctionne pas avec trois consortiums ou deux consortiums, le besoin, il est
encore là, là. J'ai encore besoin d'une école dans les Laurentides ou bien d'un
pont, d'un viaduc à tel endroit, ça fait que je vais être obligé de retourner
au marché. Puis quelqu'un dit : Oui, bien, peut-être, quand tu es allé au
marché, ce n'était pas assez clair. Bien non, ça ne peut pas être plus clair
que ça, j'ai énoncé un besoin. Donc, ça devrait être ça qui est le plus
efficace pour avoir des joueurs.
Encore là, c'est démontré qu'on augmente
la concurrence, en mode collaboratif, sur des projets complexes. Faire cinq...
M. Julien : ...d'asphalte, pas
besoin d'aller là. Pour les projets complexes, et les gens... nos vis-à-vis
disent : Nous, on a de l'expertise. On a des bonnes idées, puis on veut
les partager avec vous autres, puis on va trouver la solution optimale. Ça va
être gagnant-gagnant. Alors, c'est l'approche qui favorise le plus de
concurrence, mais ça se peut que, dans certains projets, malgré ça, ça soit
difficile.
Mme Rotiroti : Je comprends
qu'est-ce que vous dites, M. le ministre, mais moi, j'ai le goût de vous poser
la question : Quand vous dites : Nous, on va énoncer des besoins...
Hein, c'est ça la beauté de la chose. C'est que là, en énonçant les besoins, là
les entrepreneurs qui pensent qu'ils sont capables de contribuer, si c'est par
leur expertise, leurs connaissances, etc., vont venir, vont être plus portés à
venir subventionner ou de soumissionner sur le projet. Ça, là-dessus, je pense,
on est d'accord. Vous, vous ne craignez pas que dans certains projets, hein, où
est-ce que l'expertise est limitée... parce qu'il y a... ce n'est pas toutes
les entreprises qui ont les mêmes expertises, on s'entend. Alors, dans
l'éventualité où est-ce que le projet requiert une expertise spécifique que
très peu d'entreprises au Québec ont, que vous avez... vous allez avoir les
mains liées parce que vous n'avez pas le choix d'aller avec cette
entreprise-là.
M. Julien : Au contraire, M.
le Président... puis je faisais ça dans certaines présentations sur le projet
de loi, là, auprès des entreprises. Si vous permettez, je me lève, puis là je
disais : On a une chaise... On a une chaise à bâtir. Si je dis au
marché : Vous devez me faire cette chaise-là. C'est vrai qu'il y a
certains qui vont dire : Tu sais, moi, là, Jonatan... M. le ministre, je
ne travaille pas avec le cuir, ça fait que je ne soumissionne pas. C'est-tu...
O.K., ton footing est en métal, je n'en fais pas. Bon. Alors, je réduis la
concurrence en étant trop spécifique sur la solution, tandis que mon besoin,
c'est, dans la salle Pauline-Marois, on aimerait ça être assis confortablement,
puis il faudrait que la chaise soit... qu'on soit capable de l'ajuster à la
hauteur puis il faudrait qu'elle fasse telle, telle chose. Ça, c'est le besoin.
Alors, aussitôt que je vais plus loin en
précisant le concept sur lequel je veux que les gens soumissionnent plus que
sur le besoin que je veux qu'ils répondent, une chaise qui roule, qui monte,
qui descend, qui est confortable. Plus je restreins ma concurrence... parce
qu'il y a des gens qui disent : Eh! ça, je ne suis pas capable de faire
ça. Mais sais-tu que la chaise, on aurait pu... faire en tissu, mais un tissu
qui se lave, puis ça aurait coûté moins cher, puis ça aurait été... Alors,
c'est ça l'objectif d'un mode de partenariat. C'est : on n'encarcane pas
les entreprises dans un concept. On veut faire affaire avec eux autres pour
répondre à un besoin. Puis là, soudainement, ça ouvre les possibilités à bien
plus d'entreprises qui ne sont pas nécessairement spécialisées dans des détails
comme le cuir, ici, pour la chaise, mais qui disent : Moi, je peux te
faire... je peux répondre à ton besoin de manière optimisée. C'est démontré
que, par rapport au mode traditionnel, je vais augmenter ma concurrence.
Mme Rotiroti : O.K. Bien,
alors, je vais prendre la balle au bond de qu'est-ce que le ministre vient de
dire. Ça veut dire que dans, l'appel d'offres initial... peut être modifié,
dans le sens que lui... le ministre dit : Il y a un... On lance le projet
en appel d'offres. Dans l'appel d'offres, il y a des critères, des modalités,
etc. Quand on arrive à l'approche collaborative, bien, tout est modifiable.
C'est-à-dire que, bien là, écoutez, vous prenez l'exemple de la chaise, qui est
un peu simpliste, M. le ministre, là, mais moi, je parle quand même des gros
projets où est-ce qu'on sait très bien qu'il y a... on est limité dans le
nombre d'entreprises qui sont capables de faire ces gros projets là quand
vous... Parce que l'expertise, vous en avez de besoin, hein, c'est l'objectif,
alors, dans l'éventualité où est-ce que cette expertise est limitée parce qu'il
y a... il y a un nombre limité d'entreprises qui requièrent cette expertise-là,
qu'est-ce que vous allez faire? Vous ne craignez pas que vous allez avoir les
mains liées? Vous ne craignez pas que les prix vont être gonflés? Vous ne
craignez pas qu'au bout de ligne, après toutes ces négociations-là, vous êtes
pogné où est-ce que le contractant vous dit : Bien, savez-vous quoi, M. le
ministre? Ça ne fait plus mon affaire, ça ne fait plus mon affaire, alors
retournez à la table de dessin, parce que moi, je ne veux plus faire le projet.
• (16 h 10) •
Alors, moi, ma question est très
simple : Dans l'éventualité où est-ce que vous dites : Bien, tout est
modifiable... Moi, si l'expert en face de moi me dit : Bien, la chaise,
au lieu de l'avoir en cuir, bien, je peux vous la faire en...
Mme Rotiroti : ...puis ça va
te coûter moins cher, elle va être aussi confortable puis, savez-vous quoi, ça
va faire la job. Bon. Parfait. Mais, alors toutes... vous êtes... vous venez de
modifier. Vous, vous dites : C'est juste mon besoin. Ça fait que votre
besoin, c'est la chaise. Peu importe la façon que la chaise est faite, ça ne
vous concerne pas, c'est ça, vous dites? Alors, comment vous allez vous assurer
que la qualité est au rendez-vous, à ce moment-là? Parce que c'est quand même
un concept qu'on a introduit dans la loi, dans les articles précédents, on a
parlé de qualité. Alors, c'est où le compromis? Qu'est-ce que vous faites?
M. Julien : C'est vrai que
l'exemple de la chaise est simpliste, mais c'est pour qu'on soit en mesure de
comprendre.
Mme Rotiroti : Ça explique
très bien.
M. Julien : Prenons un projet
plus complexe qui nécessiterait... Donc, un pont qui veut, en fin de compte,
traverser une rivière assez large, qui doit durer, à mettons, 100 ans, en
démontrant, en fin de compte, une durée de vie, là, minimale de 100 ans,
qui doit permettre la circulation de 100 000 véhicules, qui doit
avoir telle portée...
Mme Rotiroti : Telle hauteur.
M. Julien : Tout ça est
défini. Mais je n'ai pas dessiné, en fin de compte, que c'était un pont qui
devra avoir cette architecture-là au préalable, puis ces fioritures-là, puis
des contraintes a priori sur un marché, parce que les architectes vont
partir... faire partie du consortium. Donc là, ils disent : O.K., on a un
défi, on a une rivière à traverser, une capacité, des enjeux de portance, des
enjeux d'ingénierie, des prises au sol. Donc, il y a des caractéristiques avec
le besoin, là, qui sont très, très précis, une durée de vie, une qualité, mais
je ne suis pas allé jusqu'à définir la solution, qui elle pourrait amener plein
de contraintes, parce que même un fournisseur dirait : Tu sais, j'aurais
répondu à tout ça, mais tu obliges que ça soit fait, par exemple, en or massif.
Puis là il dit : Bien non... Alors, tu exiges, en fin de compte, des
éléments de matériaux que moi, je ne travaille pas avec ça, mais j'ai un...
moi, j'ai des matériaux qui sont... qui ont la même résistance, la même
capacité, mais tu m'avais contraint a priori. Le consortium ingénieurs,
architectes et entrepreneurs vont s'asseoir ensemble puis ils vont dire :
Nous là, des ponts par-dessus des rivières comme ça, on en a fait beaucoup, on
a beaucoup d'expertise, puis on est champions. Puis après ça la solution va
être déployée. Mais les critères vont être assez précis parce que l'exemple du
cuir puis du tissu, vous avez parfaitement raison, c'est des critères de
qualité, là, vont être optimales, mais je dirais : Pourquoi j'utiliserais
un parement d'aluminium ou bien plutôt un parement de bois? Encore là, là, là,
c'est discutable, là. Si c'est la même durée, pourquoi un plutôt que l'autre?
On veut laisser de la place à l'innovation, à l'initiative du consortium pour
optimiser la solution, mais pas au détriment de la qualité du besoin.
Mme Rotiroti : Merci, M. le
ministre. Alors, je comprends que votre objectif, c'est d'optimiser le projet
et de s'assurer... j'ose espérer qu'on s'assure que le projet aille plus vite
et que ça coûte moins cher aux contribuables. C'est ça, l'objectif. Qu'on a le
meilleur prix, on va dire comme ça.
M. Julien : C'est à dire il y
a plusieurs éléments : on partage le risque, on n'additionne pas des
risques, puis on profite de l'expertise et l'expérience des gens pour trouver
la solution optimale parce qu'à la fois, eux et nous, on a intérêt à ce que le
projet rentre le plus bas possible.
Mme Rotiroti : O.K. Alors,
dans l'approche collaborative, M. le Président, on a le fournisseur qui est
assis en face du gouvernement, on... Je comprends dans qu'est-ce que le
ministre dit, c'est qu'on va partager nos expertises, ça fait qu'on va prendre
en considération que le fournisseur, lui, il est plus à l'aise à travailler
avec un certain matériel, il est plus à l'aise de faire d'une façon. Et là les
ingénieurs du gouvernement, j'imagine, qui vont rentrer dans le débat de
dire : O.K., mais si on fait ça, voici le risque, si on fait ci.
J'imagine, c'est ça, le type de conversation qui peut avoir lieu dans ce type
de négociation là.
M. Julien : Bien,
c'est-à-dire que les critères vont être quand même assez bien élaborés à
l'intérieur, à la fois de l'appel d'offres, pour dire : Je ne suis pas sur
la solution, mais si j'exige des matériaux qui durent 100 ans, il faut que
ça dure 100 ans. Mais peut-être que je ne suis pas obligé d'avoir un pont
à haubans, peut-être que je pourrais avoir une autre nature de pont, là, tu
sais, alors...
Mme Rotiroti : Mais c'est
parce que je trouve qu'on tourne en rond, M. le ministre, avec tout respect,
là.
M. Julien : Bien, moi aussi.
Vous avez raison.
Mme Rotiroti : Oui, je trouve
qu'on tourne en rond, ça fait que je ne sais pas comment qu'on va clarifier
pour qu'on se comprenne, là.
M. Julien : O.K.
Mme Rotiroti : O.K. Alors,
moi, vous me parlez de balises, vous parlez de... les balises, on ne peut pas
les modifier parce que c'est dans l'appel d'offres initial, mais, autour de la
table, on va s'entendre sur... Vous allez prendre en considération l'expertise
que j'ai pour faire le projet que vous voulez. Vous ne mettez pas en péril la
qualité du projet, ça, ça a été très clair. Voyez-vous, ça, ça a été...
Mme Rotiroti : ...ça a été
très clair. Mais c'est quoi pour vous, les éléments, les éléments fondamentaux,
je dirais, excusez l'anglicisme, le «deal-breaker», là, quand vous allez
négocier, qui fait en sorte que, là, vous allez vous dire : O.K., là,
c'est «no deal», comme on dit, pas d'entente?
M. Julien : Ce n'est pas dans
l'objet de l'article. Et, je dis juste, ça se peut qu'on ne s'entende pas.
Parce qu'il faut que les deux mettent leur signature en bas. Je n'envisage pas
ça. Je pense qu'habituellement, dans un... dans un processus de... où les gens
s'investissent dans des projets complexes et majeurs comme ceux-là, ils savent
que c'est un partage de profits, les taux de rendement sont connus. Mais, à la
fin, là, il n'y aura personne qui aura un «gun» sur la tempe, comme on dit,
pour signer, là, mais habituellement, rendu là, au processus, là... Je n'ai
pas... même pas d'exemple, en fin de compte, que ceux qui ont utilisé les
ententes par partenariat après la qualification se sont retirés avant la
signature.
Mme Rotiroti : Il n'y en a
pas?
M. Julien : Tu sais, ce n'est
pas... ce n'est pas dans la nature du processus, mais je ne peux pas forcer
quelqu'un à signer.
Mme Rotiroti : Absolument.
Bien, écoute, on avance, M. le ministre. Effectivement, vous ne pouvez pas
forcer puis vous ne pouvez pas les forcer à signer. Mais l'objectif de cette
collaboration, comme vous allez... vous faites, c'est de réussir à signer à la
fin, puis de réussir à signer, puis avoir un bon deal, comme on dit en bon
québécois.
M. Julien : Oui.
Mme Rotiroti : O.K. Alors, au
moment que vous dites : Je ne peux pas forcer quelqu'un à signer, il y a
toujours la possibilité que le... le fournisseur devant toi... devant vous,
c'est-à-dire, vous dit : Bien, désolé, mais là vous êtes trop gourmand.
Alors, ça ne marche plus. Moi, je me retire, je ne signerai pas l'entente parce
que, là, je n'ai plus le goût de faire le contrat. Là, il y avait deux
questions. Un : Qu'est-ce que vous faites dans ce cas-là? Vous me
dites : S'il n'y a pas un tel... si on est allés en appel d'offres puis il
y a plusieurs fournisseurs, je m'en vais au deuxième fournisseur. Ça, je l'ai
compris très bien. Dans l'éventualité où est-ce que vous faites l'appel
d'offres puis il y a un fournisseur qui est qualifié, qui soumissionne, vous
n'avez pas un deuxième, vous ne pouvez pas aller au deuxième, il n'y en a pas,
il n'existe pas, alors vous retournez à l'appel d'offres.
M. Julien : Mais, encore là,
M. le Président, c'est des questions purement hypothétiques. Parce que les
consortiums à des projets complexes, là, c'est firmes d'architectes, firmes
d'ingénierie, entrepreneurs, habituellement d'envergure, basés sur leurs
compétences et leurs expertises. On va souhaiter... Ça démontre qu'il y a plus
de concurrence quand on va vers là, ça fait qu'on... ça va multiplier les
joueurs qui vont être intéressés à faire le projet. Mais là, tu sais, le cas de
figure où est-ce que j'en ai juste un dans un processus, puis là on ne s'entend
pas, mais oui, il faudrait retourner au marché. Mais... mais c'est... ça va
être beaucoup moins fréquent qu'un appel d'offres traditionnel. J'essaie juste
de dire, nous autres, on essaie d'améliorer le processus d'appel d'offres
traditionnel. On a un partage de risques, on a plus d'expertise, ça l'augmente
la concurrence puis ça diminue les coûts, puis ça diminue les délais. Mais, si
quelqu'un me dit : Est-ce que c'est possible, qu'un jour ça arrive?, bien
oui, ça pourrait, arriver qu'on ne s'entende pas.
Mme
Rotiroti
: Exactement,
M. le ministre. Moi, là, j'essaie juste de voir comment on va se protéger tous
là-dedans. C'est ça, l'objectif. Ce n'est pas vous mettre en porte à faux, là,
ce n'est pas ça que je cherche. Moi, je veux juste être sûre. Vous arrivez avec
un nouveau concept qui n'a pas été vraiment testé. Parce que, quand on regarde
les exemples qu'on a faits, là, moi, je l'ai vu juste dans le mémoire du
Conseil du trésor, là, il y a quelques projets qui ont été faits en mode
collaboratif pendant la COVID, alors... puis, je réitère, vous avez... engagé
de déposer ces documents-là. Vous dites : Bien, l'objectif, c'est de ne
pas arriver à retourner à l'appel d'offres. Très bien. Mais vous dites,
vous-même, que ça pourrait arriver. O.K., parfait. Alors là, on est en train de
légiférer ce nouveau concept-là. Comment on se protège? Comment que le ministre
va se protéger de s'assurer qu'il arrive à son objectif? Son objectif, là, elle
est noble. On est d'accord avec son objectif. L'objectif de ce projet de loi
là, c'est d'être capable de faire des projets, des gros projets, des petits
projets, de les faire plus vite à moindre coût, puis accélérer les projets.
C'est ça, votre objectif, puis on est entièrement d'accord avec vous, M. le
ministre. Mais le cas de figure que vous semblez dire : Ça pourrait
exister, mais que ça n'arrivera pas, moi, le fait que ça pourrait exister, il
faut quand même voir comment on pallie à ça. Parce que ça, ça laisse... ça
laisse l'interprétation dans la loi que : Bien, écoutez, moi, là, je vais
négocier jusqu'au bout, à la fin, là, il y a une petite affaire qui ne fait pas
mon affaire, bien, savez-vous quoi, là, ça tombe à l'eau. Bien, O.K. Dans le
cas de figure que vous semblez dire, bien, ça pourrait, mais ce n'est pas
l'objectif, ça n'existe pas, mais ça pourrait, pour moi, ce «pourrait»-là fait
en sorte qu'on doit avoir une solution si ça arrive...
Mme Rotiroti : ...alors vous
n'avez pas de solution dans ce cas-ci.
• (16 h 20) •
M. Julien : Alors, M. le
Président, je sais que ce n'est pas l'article, mais c'est important.
Mme Rotiroti : Oui, c'est
très important.
M. Julien : Ce n'est pas...
ce n'est pas l'article 6, mais c'est important. Ça arrive bien plus souvent en
mode traditionnel qu'en mode collaboratif. Quand vous dites : Ça ne se
fait pas en Ontario, c'est plus de 100 projets qui sont faits en mode
collaboratif, RPI, même des projets RPI, mode collaboratif le plus... le plus
supérieur, «on budget», tu n'as pas le choix d'être sur le budget parce que
l'entente le prévoit déjà, avec un partage des risques, ça augmente la
concurrence.
Donc, ma collègue dit : Oui, mais il
reste un risque, qu'est-ce que vous allez faire? Bien, au pire des cas, on va
devoir retourner au marché, mais on va retourner au marché pas mal moins
souvent qu'en mode traditionnel, c'est clair, pour nous. Donc, je ne peux pas
dire que le risque n'existe pas, mais il est clairement diminué par rapport au
mode traditionnel pour les projets complexes, où, trop souvent, on n'a pas de
soumissionnaire, parce que trop de contraintes a priori du dépôt de l'appel
d'offres.
Mme Rotiroti : Je ne sais
plus comment poser la question, M. le Président, sincèrement. Je comprends
qu'est-ce que le ministre dit, mais, en même temps, le risque est toujours là.
On veut se comparer à l'Ontario, mais l'Ontario, là, ils ont fait des projets
pilotes avant de modifier la loi.
M. Julien : Nous aussi.
Mme Rotiroti : C'est la même
chose en Australie. En Australie, avec la recherche et innovation, des
projets... ils ont fait des tests. Nous, très peu. Alors, je ne dis pas que
l'approche collaborative ne fonctionnera pas, au contraire. Je dis juste :
Pourquoi que le ministre... c'est lui-même qui amène le cas de figure, c'est
lui-même qui a dit : Ça se peut que ça ne marcherait pas. Moi, je veux
juste m'assurer que le ministre... on se protège, dans tout ça. C'est tout.
Alors, très bien, j'ai très bien compris le concept, quand le ministre m'a
expliqué que l'appel d'offres traditionnel, il y a trois soumissionnaires, on
s'en va en approche collaborative, à la fin, on ne peut pas forcer la personne
de signer, il ne signe pas, le ministre a l'option d'aller au deuxième. Ça, je
ne... Voyez-vous, je n'embarque même pas là-dedans, je suis d'accord avec vous.
Moi, je dis, dans le... dans le cas de
figure où est-ce que vous allez en soumission, M. le ministre, le projet est
gros, il y a une expertise précise que vous cherchez, quasiment un monopole, on
va le... on va se dire les vraies affaires, O.K., dans ce projet-là, et qu'à la
fin du compte ça ne fonctionne pas, c'est quoi, votre recours? Parce qu'il n'y
a pas un deuxième fournisseur pour faire votre projet, comprenez-vous? Et nous,
on veut que ce projet-là se fasse.
M. Julien : Alors, je réitère
que, par rapport au mode traditionnel, on va augmenter la concurrence. Il y a
certains projets d'infrastructure majeure qui sont allés en mode traditionnel,
dernièrement, pour faire des réseaux structurants sans soumissionnaire, où le
marché nous dit : Nous, si ça avait été en mode RPO, en mode collaboratif,
on aurait soumissionné, puis il y aurait eu probablement cinq soumissionnaires.
Donc, ça se peut, dans certains projets, que ça ne fonctionne pas, mais on
augmente de manière considérable le fait que ça fonctionne. Et actuellement ça
arrive qu'il y a des appels d'offres qui sont infructueux. Qu'est-ce qu'on
fait? On est obligé de retourner au marché ou bien on dit : Bien, on ne
réalisera pas le besoin. Alors, je ne peux pas me parer à ces éventualités-là,
mais ça diminue considérablement ces éventualités-là.
Mme Rotiroti : M. le
ministre, vous dites : Dans un appel d'offres traditionnel, on va
augmenter la concurrence. C'est ça que vous venez de dire?
M. Julien : Le contraire.
Mme Rotiroti : Le contraire.
O.K., j'ai mal compris, d'abord. Excusez-moi.
M. Julien : En mode
traditionnel, il y a des réseaux structurants qui sont allés sur le marché sans
soumissionnaires, et les joueurs qu'on rencontre nous disaient : Nous, si
ça avait été un mode collaboratif, ces projets-là, là, non seulement on aurait
soumissionné, quatre de nos concurrents auraient soumissionné.
Mme Rotiroti : O.K. Ça fait
qu'à ce moment-là, si je prends qu'est-ce que vous venez de dire, là, de soi,
vous éliminez l'appel d'offres traditionnel. Bien, vous venez de dire que
l'approche collaborative augmente la concurrence. C'est ça que vous venez de
dire?
M. Julien : M. le Président,
pour des projets complexes, de nature... en fin de compte, non répétitifs, j'ai
toujours mentionné : Bon mode pour bon projet. Faire cinq kilomètres
d'asphalte, la concurrence est féroce, il y a plein de joueurs qui sont
capables de faire 10 centimètres de hauteur d'asphalte sur cinq kilomètres, je
laisse jouer le plus bas soumissionnaire. Dans des projets hyper complexes...
Mme Rotiroti : Comme le pont.
M. Julien : ...plein, plein
de contraintes, on gagne à y aller sur consortium parce qu'ils disent : On
va pouvoir contribuer, nous, à la solution pour répondre à votre besoin...
M. Julien : ...est précis.
Soudainement, il y a de l'intérêt. C'est prouvé partout où est-ce qu'ils
l'utilisent. C'est prouvé chez nous, avec les projets pilotes qu'on a.
Mme Rotiroti : Est-ce que je
peux demander une brève suspension, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : On
va suspendre temporairement.
(Suspension de la séance à 16 h 26)
16 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 16 h 34)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, au moment de suspendre nos travaux, notre collègue de
Jeanne-Mance-Viger nous annonçait son intention de déposer un amendement qu'elle
a préparé, qui se retrouve sous nos yeux en ce moment à l'écran. Alors, chère
collègue, auriez-vous l'amabilité de nous le lire et de nous le présenter?
Mme Rotiroti : Alors, merci, M.
le Président. Alors, je vais vous le lire. L'article 6 : Modifie le
paragraphe 4 proposé à l'article 6 du projet de loi par l'insertion, après «de
ce partage» de «ainsi que les objectifs obligatoires de performance qualitatifs
à atteindre».
L'article modifié se lira ainsi :
Les documents d'appel d'offres doivent
prévoir, entre autres, les critères et les modalités suivant lesquels l'organisme
public procédera à l'évaluation des concurrents et de leurs propositions, des
dispositions permettant à l'organisme public de s'assurer en tout temps du
respect des règles qui lui sont applicables, notamment en matière d'accès aux
documents des organismes publics et de protection des renseignements personnels
et de satisfaire aux exigences de reddition de comptes, des règles portant sur
la situation de conflit d'intérêts, et, lorsque l'approche... et c'est là qu'on
vient d'ajouter, lorsque l'approche collaborative retenue comprend un partage
des risques, des économies générées ou des gains réalisés et des pertes subies,
une mention indiquant que les conditions et les modalités de ce partage, ainsi
que l'objectif obligatoire de performance qualitatif à atteindre seront
convenus entre les parties et précisés dans le contrat de partenariat.
Alors, M. le Président...
Mme Rotiroti : ...si vous
permettez, je vais brièvement l'expliquer. Nous on ajoute : ainsi que les
objectifs obligatoires de performance qualitatifs à atteindre. Ça, c'était une
recommandation de plusieurs groupes. Quand ils sont venus en commission
parlementaire, entre autres l'Association des architectes en pratique privée du
Québec, on avait l'industrie du béton, on avait... on avait, l'AMP,
l'Association des firmes de génie-conseil Québec, Fédération des Chambres de
commerce du Québec, l'Association des achats que j'ai déjà dit et l'Ordre des
ingénieurs du Québec. Alors, dans le fond, ici, qu'est-ce qu'on fait? C'est
qu'on vient introduire un concept qu'on a déjà introduit dans les articles
précédents, c'est-à-dire de parler de qualité. Alors oui, on veut parler du
coût. On veut parler de réduire le délai, réduire le coût, de s'assurer que le
projet se fait et que les Québécois en ont pour leur argent, mais tout ça, on
doit s'assurer que la qualité est là parce qu'on veut la durabilité de nos
infrastructures aussi. On veut s'assurer que nos infrastructures vont être
durables dans le temps et bien faites. Et je pense que c'est exactement ce que
le ministre cherche avec son projet de loi. Et dans la LCOP aussi, on fait
référence dans la loi de tout l'aspect qualité. Alors, c'est pour ça qu'on a
dit, on a convenu que ça serait le moment opportun de voir si on pouvait
introduire pour... revenir sur la performance qualitative qui était dit, de
s'assurer que la qualité est là, d'autant plus que ça va être une négociation
féroce, là, en deux parties qu'on s'assure qu'on ne perd pas de vue de vue, que
là, la qualité est aussi importante que le reste des exigences que le ministre
va amener lors de ces négociations-là.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. M. le ministre.
M. Julien : Oui, merci.
Merci, M. le Président. Écoutez, monsieur, j'ai les mêmes. On a le même
objectif, ma collègue et moi, c'est-à-dire que c'est certain que la qualité,
pour nous autres, c'est primordial puis le mode de réalisation, là, n'entraîne
pas de de de possibilités de réduction de la qualité ou de durée, puis c'est
vrai que certains joueurs comme des architectes sont venus dire :
N'oubliez jamais la qualité, mais le projet de loi ne met pas aucunement en
doute la qualité, bien au contraire. Et malheureusement ce n'est pas le lieu ni
l'endroit pour inscrire ces éléments-là. L'appel d'offres pour appeler les
consortiums à venir sur mode de partenariat va avoir toutes les exigences de
qualité par rapport à l'intérieur de la définition des besoins, la durée, la
qualité. Donc, c'est ça, c'est ça, c'est le même volet qu'un appel d'offres
traditionnel. Donc les consortiums qui veulent soumissionner vont être obligés
de respecter, je dirais, le volet qualité, exigence qui va être inscrite à
l'intérieur de l'appel d'offres. Alors, ce n'est pas ici le lieu, ce n'est pas l'intérieur
du contrat et de l'entente subséquente. Ça fait partie des besoins. Puis, je
l'ai dit, les besoins, ça appartient au gouvernement. Ils sont précisés dans
l'appel d'offres. Et ça, ça, on ne peut pas déroger à ça. Ça fait que c'est là
que ça va être là.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Chère collègue.
• (16 h 40) •
Mme Rotiroti : Je suis
contente d'entendre le ministre, puis je n'ai aucun doute, je le crois. Je
crois sa parole quand il dit que la qualité va de soi. Mais vous comprenez,
comme législateur, s'il n'est pas inscrit, ça peut porter l'interprétation. On
écrit que le prix, c'est important. On écrit, mais pourquoi qu'on n'ajoute pas
la qualité. On sous-entend que tout le monde est de bonne foi autour de la
table. Et savez quoi? Il ne couperont pas les coins ronds et qu'à la fin de la
journée on va avoir le meilleur projet sur la table. Puis je suis convaincu que
c'est exactement ce que le ministre veut. C'est de s'assurer qu'à la fin du
compte, on a le meilleur projet. On a un projet qui est viable puis qu'on a un
projet qui a coûté, qui est allé plus vite, puis il a coûté moins cher au
contribuable. Mais je l'entends. Il dit : C'est primordial la qualité. Là-
dessus, on s'entend, M. le ministre, on est d'accord, c'est primordial. Si la
qualité n'est pas là. Le reste, là. Ça veut dire que votre pont, là, si la
qualité du pont n'est pas là la durée de vie du pont, là ce n'est pas qu'est-ce
qu'on voudrait. On voudrait. Alors pourquoi qu'y a puis, tu sais, nonobstant de
parler, là, je n'ai pas à refaire la genèse de tous les groupes sont venus en
commission parlementaire et qui ont spécifiquement parlé de la qualité que
c'est important. Alors déjà, il y avait une ouverture du ministre parce qu'on
l'a inscrit dans les articles précédents. Il vient de dire que c'est un critère
primordial, que c'est sous-entendu, M. le Président. C'est sous-entendu, ça va
de soi, que la qualité doit être au rendez-vous. Parfait, si ça va de soi.
Bien, il n'y a rien de plus clair de l'inscrire dans la loi pour s'assurer que
tous les...
Mme Rotiroti : ...partenaires
autour de la table sont conscients que ça, là, c'est non négociable, que la
qualité de l'infrastructure n'est pas négociable. Parce que, le jour que le
ministre, il n'est plus là... Le ministre a une certaine expertise dans ce
genre de négociations là, je le concède, mais le ministre, il le sait, un jour
il ne sera plus là, là, il va y en avoir un autre.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous. M. le ministre.
M. Julien : Non, mais je
réitère que ce n'est pas le bon endroit, là. Mais, M. le Président, avant de
quitter pour les vacances estivales, on avait quand même accepté un amendement
à l'article 1 qui... Justement, là, c'était exactement la discussion qu'on
avait eue à l'époque, on dit, bien... Puis on convient même que cet ajout-là,
c'est un... c'est un... un «statement», c'est un... c'est un principe qu'on est
prêts à nommer, mais qui n'amenait pas vraiment de différence, là, par rapport
à... La qualité est toujours exigée, là, dans le processus d'appel d'offres,
mais on avait fait rajouter à la fin de l'article 1 «en respectant la
qualité exigée», là, suite à des discussions, naturellement, avec mes
collègues, puis on a dit : Bien oui! Pour nous, c'est sans l'ombre d'un
doute, là.
Alors, c'est dans l'article 1, «en
respectant la qualité exigée». Tu sais, il n'y a pas de compromis sur la
qualité, au contraire. Ce processus-là, ce n'est pas ça qu'il vise, là,
aucunement. Ça fait qu'on l'a inscrit à l'article 1 de bon cœur, mais ce
n'est pas vrai qu'on va l'inscrire à tous les articles, là. Le 1, c'est le
fondement, il est fondamental. On l'a dit, on le redit, pour nous autres c'est
clair. Je peux relire l'article 1 10 fois, mais on l'a dit. C'est là
qu'on a pris acte clairement qu'on ne doit pas compromettre, aucunement, la
qualité.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Chère collègue.
Mme Rotiroti : Bien, je
vois... je comprends qu'est-ce que le ministre dit, puis c'est vrai, on a fait
le débat sur l'article 1. Il vient de dire : Bien, j'ai donné un
petit bonbon à...
M. Julien : Je n'ai pas dit
ça.
Mme Rotiroti : ...à la
députée pour lui faire plaisir. Ça fait qu'on a rajouté le mot «qualité» dans
l'article 1, et ça va de soi que sur tout le reste c'est non négociable,
la qualité n'est... non négociable.
Par contre, on... il y a certains concepts
qu'on... ça ne nous dérange pas de répéter dans la loi, hein? On revient avec
toujours les mêmes concepts : partage de risques... Mais la qualité, on
l'a mentionnée dans l'article 1, ça va de soi, puis... Bien, je pourrais
dire aussi pour d'autres concepts : Ça va de soi, c'est compris, on a mis
les balises. Puis ça donne quoi de les répéter? On le sait.
Alors, moi, je dis juste : Là, on est
dans une mode collaborative. Le ministre dit : On va créer la concurrence.
C'est sûr qu'on va créer la concurrence, M. le Président, parce que chaque
fournisseur va arriver à la table puis il va négocier. Puis, quand ça ne fait
pas son affaire, bien, savez-vous quoi, qu'est-ce que le fournisseur va faire?
Bien, il va dire : Bye-bye! Ça ne m'intéresse plus, je m'en vais. Alors,
on continue à négocier avec ceux qui vont rester autour de la table, mais on
négocie sur des thèmes précis, sur des modalités précises. Alors, moi, je veux
juste m'assurer que dans ces modalités précises là... que la qualité est non
négociable. Là, le ministre me dit : Bien oui, ce... c'est... ça va de
soi, on le dit dans l'article 1. Mais à nulle part dans l'approche
collaborative on ne vient inscrire que la qualité est de soi.
Puis je vais vous dire une autre affaire,
M. le Président, que je trouve assez ironique. Si on dit que ça va de soi que
la qualité est comprise, alors, comment ça se fait, comment ça se fait qu'on a
l'Association des architectes en pratique privée du Québec, on a l'Institut du
béton, on a l'AMP, l'AMP, les amis — c'est les... ce n'est quand même
pas... hein, c'est les entités qui vont venir vérifier les contrats — on
a l'Association des firmes de génie, on a la Fédération de la chambre... des
chambres de commerce, on a l'Association des architectes en pratique privée du
Québec puis on a les ordres des ingénieurs... Ça, c'est tous des gens, là, qui,
à un moment donné, vont être autour de la table avec des expertises précises,
qui vont venir. Mais jamais... Si eux, ils pensaient que la qualité, comme le
ministre dit, ça va de soi, bien, pourquoi qu'ils prennent le temps de le
mentionner dans leurs mémoires, et de s'assurer, et vous demandent, M. le
ministre, de l'inclure dans votre projet de loi? C'est une demande qu'ils vous
font. Alors, si ça va de soi, je ne vois pas pourquoi ces gens-là arriveraient
en commission parlementaire puis auraient ce souci-là, hein, que, peut-être, la
qualité peut être compromise dans un projet.
En tout cas, moi, je le vois de cette
façon-là. Si le ministre peut me clarifier davantage, bien, je suis prête à
l'écouter.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Julien : M. le Président,
je réitère que c'est à l'intérieur de l'article 1, suite à des
discussions...
M. Julien : ...de même
nature où on a dit que la qualité, c'était primordial, puis que ça ne devait
pas être mis en doute. Donc, pour moi, là, je n'accepterai pas l'amendement qui
est suggéré. L'article 1, c'est un article important du projet de loi, et
il est nommé à l'intérieur de l'article 1.
Le Président (M. Simard) : Merci,
mes chers collègues. D'autres remarques?
Mme Rotiroti : Bien là,
je comprends que le ministre dit non à l'amendement. Alors, écoutez, je
pourrais en suggérer un autre si vous me donnez quelques minutes.
Le Président (M. Simard) : Bien,
d'abord, il faudrait que nous procédions à la mise aux voix de cet amendement.
Alors, s'il n'y a pas d'autre commentaire, nous allons procéder à la mise aux
voix sur l'amendement déposé par notre collègue. Cet amendement est-il adopté?
Une voix : Par vote nominal,
M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Vote
par appel nominal. M. le secrétaire, veuillez procéder, je vous prie.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. MmeRotiroti
(Jeanne-Mance―Viger)?
Mme Rotiroti : Pour.
Le Secrétaire : M. Julien
(Charlesbourg)?
M. Julien : Contre.
Le Secrétaire : M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Contre.
Le Secrétaire : M. Bélanger
(Orford)?
M. Bélanger : Contre.
Le Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
Le Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
Le Secrétaire : Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
Le Secrétaire : Et M. Simard
(Montmorency)?
Le Président (M. Simard) : Abstentions.
Cet amendement est donc rejeté. Et nous allons poursuivre. Chers collègues,
vous nous annonciez?
Mme Rotiroti : ...
Le Président (M. Simard) : Oui.
Alors, nous allons suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 16 h 47)
(Reprise à 16 h 55)
Le Président (M. Simard) : Nous
sommes de retour. Nous avons quorum. Au moment de suspendre, notre collègue de
Jeanne-Mance-Viger nous indiquait son intention de déposer un amendement qui se
retrouve sous nos yeux, à l'écran. Alors, chère collègue, auriez-vous
l'amabilité de nous en faire part?
Mme Rotiroti : Alors, je dois
le relire, c'est ça, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : Oui.
Mme Rotiroti : Excellent.
Alors : Modifier l'article 4 proposé... l'alinéa 4° proposé par l'article
6 du projet de loi par l'insertion, « après «de ces partages», de «ainsi que
les plans et systèmes de gestion de qualité».
L'article modifié se lira ainsi :
«Les documents d'appel d'offres doivent prévoir, entre autres, les critères et
les modalités suivant lesquels l'organisme public procédera à l'évaluation des concurrents
et de leurs propositions; des dispositions permettant à l'organisme public de
s'assurer en tout temps du respect des règles qui lui sont applicables,
notamment en matière d'accès aux documents des organismes publics et de
protection des renseignements personnels et de satisfaire aux exigences de
reddition de comptes; des règles portant sur les situations de conflits
d'intérêts; et lorsque l'approche collaborative retenue comprend un partage
des...
Mme Rotiroti : ...des
économies générées ou des gains réalisés et des pertes subies. Une mention
indiquant que les conditions et les modalités de ce partage ainsi que les plans
et systèmes de gestion de qualité seront convenus entre les parties et précisés
dans le contrat de partenariat.
Le Président (M. Simard) : Merci,
chère collègue.
Mme Rotiroti : Alors, ici, M.
le Président, ça va être ma deuxième tentative d'inscrire la notion de qualité.
Mais je voulais juste vous rappeler qu'ici, là, on est dans les documents, on
parle des documents de l'appel d'offres. Alors, dans le fond, c'est qu'on veut
s'assurer qu'à la base, à la base, le gouvernement, en mettant la notion de
qualité, c'est dans les plans. Alors, les gens qui vont vouloir...
Le Président (M. Simard) : Soumissionner.
Mme Rotiroti : ...soumissionner — merci,
M. le Président — vont le savoir parce que ça va se trouver dans le
document de l'appel d'offres. Alors ça, c'est bien important. C'est comme un
critère parmi d'autres. Alors, on vient d'inscrire ce... la notion de qualité
là, en disant : C'est non négociable. Une fois qu'on le met là, bien,
l'entreprise, hein, qui va soumissionner va le faire en connaissance de cause
et va savoir qu'ils doivent s'entendre sur la qualité, l'instance, le standard
de qualité que le ministre veut pour ce projet-là, et ça devient une clause
contractuelle entre les deux parties. Alors, c'est pour ça que, puis je réitère
là, on est vraiment dans le document d'appel d'offres, on est vraiment au tout
début du processus. Alors, sincèrement, je ne vois pas pourquoi que le ministre
est réticent de l'inscrire à ce moment-ci car lui-même dit que, écoute, la
qualité est non négociable. Mais, si c'est non négociable, ça ne devrait pas
porter un problème.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
Mme Rotiroti : Ça ne devrait
pas causer un problème.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, chère collègue. M. le ministre.
M. Julien : Merci, M. le
Président. Je crois que...
Le Président (M. Simard) : Oui,
oui, rassurez-vous.
M. Julien : Oui, on m'entend
super bien, super bien.
J'entends ma collègue qui dit : «Je
réessaie d'inscrire la qualité, là.» Puis je redis que ce n'est pas l'endroit.
On a eu la même discussion tout à l'heure. Donc, je comprends que les mots ne
sont pas les mêmes, mais comme l'a clairement mentionné au début de son
intervention, ma collègue : Donc, je réessaie d'introduire la notion de
qualité.
Elle est introduite à l'intérieur de
l'article 1. Pour nous, c'est clair et net, ce n'est pas le lieu ici
pour... pour le réintroduire. Alors, on a fait ces discussions-là en juin
dernier puis on a accepté, à l'intérieur de... Ce n'est pas un bonbon. On a
accepté à intérieur de l'article 1 de préciser que c'était... la qualité,
c'est non négociable. Alors, je comprends qu'on a changé des mots, mais c'est
le même objectif, puis c'est la même réponse qu'on n'acceptera pas
l'amendement.
Mme Rotiroti : M. le
Président, je me permettrais de dire que ne suis pas d'accord avec le ministre.
Là, ici, là, c'est très clair, là, c'est les documents d'appel d'offres, c'est
au tout début, M. le ministre, c'est dans vos modalités que vous mettez pour
dire : Voici qu'est-ce qui est non négociable dans l'appel d'offres.
Alors, l'entreprise ou la firme... l'entreprise qui va décider de soumissionner
pour ce contrat-là va savoir, d'entrée de jeu, là, la notion de qualité est
non... et comme toutes les autres modalités que le ministre va énumérer dans
son appel d'offres, là, dans les documents d'appel d'offres, là, bien, la
notion de qualité va se retrouver là-dedans. Alors, je ne vois pas pourquoi,
ils ont... puis je réitère, là, on est dans les documents d'appel d'offres, là,
je ne vois pas pourquoi le ministre est réticent, d'autant plus que je pense
que... et je suis d'accord avec le ministre, il l'a dit à plusieurs
reprises : «La notion de qualité est non négociable. La qualité doit être
là, ça va de soi. Mais, je réitère, on est des législateurs, s'il n'est pas
inscrit dans la loi, ça laisse place à l'interprétation.
• (17 heures) •
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Julien : Je ne suis pas
d'accord avec ma collègue, c'est inscrit à l'intérieur de l'article 1 et
de tenter de l'introduire à l'intérieur de l'article 6, c'est comme s'il y
avait un doute puis qu'on voulait s'assurer que c'est... Mais non, c'est
inscrit dans l'article 1 qui est le fondement de l'entente de partenariat.
Donc, il n'y a plus de doute et il n'y a pas de répétition à avoir. C'est en respectant
la qualité exigée, ça veut dire que l'entente de partenariat, là, doit... De
toute façon, à l'intérieur de l'article 1, respecter la qualité...
17 h (version non révisée)
M. Julien : ...exiger. Ça, ce
n'est pas mis au ballottage à l'intérieur des discussions.
Le Président (M. Simard) : Chère
collègue.
Mme Rotiroti : Oui. Écoutez,
je ne comprends pas... Je comprends que le ministre, bon, c'est fermé. Je pense
que c'est assez clair que, pour lui, ce n'est pas le moment où est-ce qu'on
doit inscrire ce mot-là, c'est déjà inscrit sur l'article 1. Ça veut dire,
ça va de soi, c'est répété dans tout le reste. Moi, je vous dis, dans ce cas-ci,
à l'article 6, on parle des documents d'appel d'offres. C'est au tout
début du processus, M. le Président, c'est au tout début du processus. C'est
toute... L'entreprise qui va subventionner pour avoir le contrat va savoir que
c'est un critère parmi d'autres. Ça va être inscrit noir sur blanc. Et, par la
suite, quand on s'en va en approche collaborative, ça devient une clause
contractuelle entre les deux parties. C'est-à-dire que les deux... surtout le
fournisseur, là, que la qualité ne doit pas être compromise pour aucune raison.
Alors, c'est juste ça que je dis.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
Mme
Rotiroti
: Le
stade... D'ailleurs, le Stade olympique, là, parce que je l'ai ici, là, c'est...
Écoute, je vais vous lire, là, textuellement qu'est-ce qui est écrit dans le
contrat. «L'entrepreneur est responsable de toutes les activités d'assurance et
de contrôle de la qualité nécessaire dans le cadre de la gestion de ces
processus et de ceux des parties liées à l'entrepreneur et des sous-traitants
pendant la durée du contrat.» Écoute, c'est le toit du Stade olympique de
Montréal, ça, c'est dans le contrat. Et là on étant ça aux sous-traitants en
plus, que les sous-traitants sont responsables de s'assurer que la qualité est
au rendez-vous.
Alors, moi, je dis, on est au début... j'en
profite parce qu'on est vraiment au début du processus ici. Je réitère, on
parle des documents d'appel d'offres c'est où est-ce que le ministre va
inscrire ces critères, modalités que l'entrepreneur va étudier en connaissance
de cause quand il va soumissionner? Et le ministre me dit : Ce n'est pas
nécessaire parce que c'est inscrit dans l'article 1. Moi, je dis :
Trop fort ne casse pas, M. le ministre. Alors, j'aimerais comprendre c'est
quoi, votre réticence de l'ajouter à ce moment-ci?
M. Julien : Oui. M. le
Président, il n'y a aucune intention de l'inscrire à ce moment-ci, ces articles-là.
L'inscription à l'intérieur de l'article 1 est inscrite, est claire et c'est
un engagement qui est pris de manière formelle. Ici, c'est comme de venir dire
que ça serait négociable, la qualité. Bien, non, ce n'est pas négociable.
Alors, ça n'a pas lieu d'être là. C'est justement inscrit à l'intérieur de l'article 1
en respectant la qualité exigée. Alors, c'est on ne peut plus clair pour nous
autres.
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie, chère collègue.
Mme Rotiroti : Écoutez, je...
Le ministre dit : C'est clair pour nous. Très bien. Bien, c'est clair pour
vous, M. le ministre, parce que, pour vous, la qualité... Puis vous dites :
C'est important et tout ça. Moi, je veux que ça soit clair pour tout le monde,
incluant ceux qui vont subventionner... soumissionner, excusez pour le contrat.
Alors, je ne sais pas c'est quoi, l'enjeu qui fait en sorte que le ministre est
réticent. Moi, je sais qu'il y a... Quand on a eu les groupes en commission, le
ministre a déjà affirmé qu'il n'y avait pas de valeur ajoutée. Et là vous me
dites : Bien, je l'ai ajouté, je vous ai fait une faveur, je l'ai ajouté
dans l'article 1. Mais vous ne me faites pas une faveur à moi, M. le
ministre. Moi, je vous dis, là, la qualité, pour nous, c'est important.
Alors, si vous dites, pour vous, c'est
autant important, c'est même non négociable pour vous, M. le ministre, bon,
bien, très bien. Alors, trop fort ne casse pas. Là, je réitère, vous êtes dans
le document d'appel d'offres, c'est où est-ce que vous-même vous allez établir :
Voici les modalités, voici les exigences...
Mme Rotiroti : ...pour que l'entrepreneur
qui va soumissionner va le faire en connaissance de cause. Alors, je... tu
sais, tu je prends votre parole, M. le ministre, puis je sais que, pour vous,
la qualité est importante. Je le... je vous le concède, je suis entièrement...
je vous fais entièrement confiance, tiens, je vais dire ça comme ça, mais le
jour que vous n'êtes plus là, ce n'est pas écrit à nulle part. Ce n'est pas un
critère qui doit être mis dans votre document d'appel d'offres, d'entrée de
jeu, au tout début de votre processus, et il n'est pas là. C'est là, là, on le
traite là, là. Puis vous dites : Bien, ce n'est pas... ce n'est pas
important, ça va de soi. Bien, moi, je vous le dis, le législateur doit être
clair dans qu'est-ce qu'on fait. Alors, comme je vous dis, trop fort ne casse
pas. Moi, je pense que c'est... c'est là qu'on doit s'assurer que ceux qui vont
soumissionner savent que la qualité est non négociable. Alors, qu'ils donnent
des prix en conséquence, qu'ils font le projet en conséquence pour qu'on
s'assure que le projet est viable pour longtemps. C'est tout.
Le Président (M. Simard) : Merci,
chère collègue. M. le ministre.
M. Julien : C'est inscrit à
l'article un. Ce n'est pas le bon endroit. C'est vrai, en fin de compte, ce que
dit ma collègue, c'est... la qualité est inscrite à l'article un, c'est précis,
c'est exigé et c'est là qu'il est inscrit au bon endroit.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. D'autres commentaires? Sans quoi, nous... nous allons procéder à la mise
aux voix. Alors, est-ce que l'amendement déposé par notre collègue est adopté?
Un vote par appel nominal. M. le secrétaire, veuillez procéder, je vous prie.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. MmeRotiroti
(Jeanne-Mance—Viger)?
Mme
Rotiroti
:
Pour.
Le Secrétaire
: M. Julien
(Charlesbourg)?
M. Julien : Contre.
Le Secrétaire : M. Thouin
(Rousseau)?
M. Thouin : Contre.
Le Secrétaire
: M. Bélanger
(Orford)?
M. Bélanger : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
Le Secrétaire
: Et M. Simard
(Montmorency)?
Le Président (M. Simard) : Abstention.
Cet amendement est donc rejeté. Et nous revenons à l'étude de l'article six. Y
aurait-il d'autres commentaires à cet effet?
Mme Rotiroti : Je voulais
juste que le ministre me précise, on... pendant qu'on discutait l'article six,
puis l'approche collaborative, il dit : L'objectif, c'est de s'assurer
qu'il y a une concurrence, il est... il est même sûr qu'il y aurait une
concurrence pour venir négocier à la table, avec... avec le partage de risques
et toutes les modalités définies par le ministre. J'ai envie de dire au
ministre : C'est sûr qu'il va y avoir la concurrence, M. le ministre,
parce que les gens sont capables de venir autour de la table puis négocier les
termes qui... là, je vais être très «politically correct», comme on dit en
anglais, hein, qui leur... bien, je dirais, avantageux pour eux, si on peut
dire ça comme ça, là. Puis on a déjà établi dans les discussions ultérieures
que le fait qu'on amène ce concept-là, que... pourquoi qu'on irait dans la voie
traditionnelle, parce qu'ici, là, ça ouvre la porte. Je suis capable de
m'asseoir en face... face à face avec l'organisme public puis négocier mes
termes. Alors, c'est sûr que ça va augmenter la concurrence, mais moi, je veux
savoir comment que le ministre va se protéger dans ça pour s'assurer que ce
n'est pas l'exigence, nécessairement, de l'entreprise, parce que je sais qu'il
y a le partage des risques, mais, qu'en bout de ligne, là... que le ministre
obtient qu'est-ce qu'il veut de l'entreprise qui est autour de la table. C'est
quoi, votre protection là-dedans, M. le ministre?
• (17 h 10) •
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Julien : Toutes les
modalités sont prévues à l'appel d'offres et celles-ci sont non modifiables.
Donc, il n'y a pas d'enjeu.
Mme Rotiroti : Là, il dit que
toutes les modalités... les modalités sont déjà prévues, mais ce n'est pas la
discussion qu'on a eue sur l'article six, là. Les modalités peuvent être en
cours de route modifiées. -Là, il dit : Tout est... tout est... tout est
bien établi au début. Mais non, l'approche collaborative, c'est justement ça.
C'est de dire qu'on prend les expertises des gens qui sont autour de la table,
puis on modifie au fur et à mesure qu'on voit pour avoir le meilleur projet.
Non?
M. Julien : Toutes les
modalités sont inscrites à l'appel d'offres initial, les besoins...
M. Julien : ...besoins, les
éléments, en réalité, qui doivent être respectés, et on travaille sur la
solution optimisée. Donc, ça se fait ailleurs, ça démontre des gains
d'efficience, réduction de temps, réduction de coûts. Maintenant, si mes
collègues pensent que l'approche de partenariat ne fait pas le job, je ne suis
pas d'accord avec eux autres.
Le Président (M. Simard) : Chère
collègue.
Mme Rotiroti : Bien, je ne
suis pas... je ne dirais pas ça. Je ne dirais pas que les... qu'on pense de ce
côté-ci, que l'approche collaborative n'est pas une voie qui est intéressante,
ce n'est pas ça qu'on dit du tout. On dit même qu'on est d'accord avec le
principe. Nous, qu'est-ce qu'on dit, c'est qu'on veut s'assurer que la
concurrence qu'on va créer avec cette approche-là est une concurrence réelle,
dans le sens que ce n'est pas pour gonfler les prix, ce n'est pas où les gens
vont s'entendre de dire : Bien, écoute, je charge tant. Tu sais, on veut
s'assurer qu'on reste loin de l'interprétation que tout est sur la table, que
tout est possible. Je ne veux pas dire le mot, là, parce que c'est... mais je
veux m'assurer que toutes les parties dans cette approche-là sont protégées,
dans le fond, que nous, on s'assure que l'organisme public, qui est le
gouvernement, va en avoir pour son argent en ayant le meilleur projet, avec des
délais réduits, et que le projet, en fin de compte, va être le meilleur projet
qu'on peut avoir pour l'infrastructure qu'on veut... qu'on veut créer. C'est
quand même des fonds publics qu'on engage dans ces... dans ces projets-là,
alors on veut arrêter le gaspillage, mettons.
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. le ministre.
M. Julien : Alors, tous les
experts qui ont... qui sont venus en commission parlementaire nous ont dit que
l'approche collaborative avait des bénéfices. Même l'Autorité des marchés
publics a dit que ça augmentait la concurrence, ça augmente la concurrence, ça
réduit les délais, ça réduit les coûts. Naturellement, si on met en doute, en
fin de compte, l'approche collaborative, bien là, je ne sais pas... je ne sais
pas quoi dire de plus.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Chère collègue.
Mme Rotiroti : Oui. Juste...
Laissez-moi juste vérifier quelque chose, M. le Président...
Le Président (M. Simard) : Bien
sûr. Bien sûr.
Mme Rotiroti : ...très
rapidement.
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie.
Mme Rotiroti : M. le
Président, finalement, je demanderais vraiment une courte suspension parce que
là on parle, puis... deux minutes.
Le Président (M. Simard) : Bien,
en fait, à moins que ce soit pour préparer un amendement... mais vous pouvez
prendre le temps qu'il faut, mais ce sera sur votre temps, parce que, sinon, on
déroge.
Mme Rotiroti : C'est bon, M.
le Président. Alors, écoutez, je pense que le ministre a dit tout qu'est-ce
qu'il avait à dire, puis je ne pense pas qu'à force de le forcer de dire... il
ne parlera pas plus. Il s'est fait dire de ne pas trop parler de toute façon.
Alors, je pense qu'on a fait le tour de la question, ça fait qu'on pourrait
passer au vote, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Sur
l'article...
Le Président (M. Simard) : ...6.
Y a-t-il d'autres commentaires? Sans quoi nous procédons à la mise aux voix.
L'article 6 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Nous poursuivons. Nous en sommes maintenant rendus...
M. Julien : Suspension, si
vous permettez?
Le Président (M. Simard) : Très
bien. On va suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 17 h 16)
(Reprise à 17 h 21)
Le Président (M. Simard) : Nous
sommes rendus à l'étude de l'article 7. M. le ministre, auriez-vous l'amabilité
de nous en faire lecture? Après quoi... Après quoi, je crois comprendre que
vous aurez un amendement à vous soumettre.
M. Julien : Certainement.
Merci, M. le Président. Donc, l'article 7 :
7. L'article 21 de cette loi est
modifié :
1° par l'insertion, dans le
paragraphe 1° et après «des discussions avec», de «, selon le cas, le ou»;
2° par le remplacement, dans le
paragraphe 2°, de «au terme du processus de sélection, négocier avec le
concurrent retenu» par «au cours du processus de sélection de même qu'au terme
de ce processus, négocier avec, selon le cas, le ou les concurrents retenus».
Donc, le commentaire, c'est que l'article
21 de la Loi sur les contrats des organismes publics confère aux organismes
publics une certaine marge de manœuvre dans le déroulement du processus de mise
en concurrence.
Les modifications proposées par l'article
7 du projet de loi découlent du recours et des approches collaboratives qui
caractérisent les contrats de partenariat. Ces approches peuvent faire en sorte
qu'un seul concurrent puisse être retenu après la première étape du processus
de sélection ou que les négociations puissent survenir, pendant le processus de
sélection, avec plusieurs concurrents.
Et on aurait un amendement à apporter.
Le Président (M. Simard) : Oui,
dont vous pourriez peut-être nous faire lecture. Cet amendement est sur
Greffier et il apparaît maintenant sous nos yeux, à l'écran.
M. Julien : Alors,
l'amendement :
Ajouter, à la fin de l'article 7 du projet
de loi, le paragraphe suivant :
«3° par l'ajout, à la fin, de
l'alinéa suivant :
«Dans le cadre des discussions visées au
paragraphe 1° du premier alinéa, un concurrent peut impliquer une entreprise
avec laquelle il prévoit conclure ou a conclu un contrat qui sera rattaché au
contrat de partenariat visé par le processus d'adjudication s'il juge que
l'exercice et les connaissances de cette entreprise favoriseraient l'atteinte
des objectifs du projet.»
Donc, on vient rajouter, là... vise à
permettre la participation active de certains sous-traitants dans les
discussions permettant de préciser le projet.
Le Président (M. Simard) : D'autres
commentaires sur cet amendement, M. le ministre?
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, on va suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 17 h 24)
(Reprise à 17 h 25)
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. le ministre, désolé.
Mme Rotiroti : ...recherchez
dans votre...
M. Julien : Amendement?
Mme Rotiroti : ...amendement,
oui?
M. Julien : Bien, prévoir...
«il prévoit conclure ou a conclu», c'est pour permettre, justement, d'apporter
les notions qui ont été discutées, de mémoire, en consultations particulières,
par rapport aux sous-traitants. Donc, on veut pouvoir les introduire dans
les... dans les discussions. Donc, c'est ça que ça vise, l'amendement, ici, à
«il prévoit de conclure»... demandé, également, là, au mois de juin, le député
de...
Mme Rotiroti : ...Nelligan.
O.K. Puis vous ajoutez un... l'alinéa 3°, qui dit : «Dans le cadre des
discussions visées au paragraphe 1° — de l'alinéa — un
concurrent peut impliquer une entreprise avec laquelle il prévoit conclure ou a
conclu un contrat qui sera rattaché au...
Mme Rotiroti : ...au contrat
de partenariat visé par le processus d'adjudication, s'il juge - s'il juge, ça
veut dire l'entreprise - si l'entreprise juge que l'expertise et les
connaissances de cette entreprise favorisaient l'atteinte des objectifs du
projet. Expliquez-moi ce que vous voulez dire, M. le ministre.
M. Julien : Parfait. Donc, il
y a un consortium, architectes, ingénieurs, entrepreneurs. Puis, soudainement,
à l'intérieur d'un projet, il y a un sous-traitant spécialisé en béton X, Y, Z,
qui a tout intérêt, en fin de compte, à participer aux discussions, parce que,
premièrement, c'est un fournisseur important, soit pour des enjeux techniques
ou pour des enjeux de volume. Alors, on dit : Écoute. Puis il n'a pas
encore conclu son contrat, alors, prévoit ou a compris. Alors, on a mis
«prévoit», parce que, des fois, il n'a pas encore... avec le sous-traitant. On
l'amène à la table des discussions avec un organisme public, la triade
entrepreneurs, ingénieurs, architectes, plus le sous-traitant qui pourrait être
un... Tu sais, à un moment donné, on avait de la difficulté à traiter c'est
quoi, le sous-traitant. Alors, si le consortium regarde ça puis s'il le juge à
propos, amenez-le parce qu'il est important.
Mme Rotiroti : Ça fait que,
dans le fond, c'est l'entrepreneur. C'est le consortium qui décide s'il amène
le sous-traitant selon l'expertise qu'il peut obtenir à la table de négociation.
C'est ça, j'ai bien compris qu'est-ce que vous dites?
M. Julien : C'est dans les
bilatéraux, oui.
Mme Rotiroti : Oui, mais,
dans les ateliers bilatéraux, j'ai toujours pensé que c'était en deux parties.
Là, ce serait le sous-traitant qui se joindrait à ces négociations-là.
M. Julien : Comme on a
mentionné, les bilatéraux, en fin de compte, ce serait l'administration
publique avec le consortium. Le consortium étant une triade, il pourrait venir,
en plus, avec son fournisseur, son sous-traitant important.
Mme Rotiroti : En fait, ça
veut dire que, dans cet échange-là, le consortium peut amener un sous-traitant
qui a une certaine expertise...
M. Julien : Clairement.
Mme Rotiroti : ...une valeur
ajoutée dans les négociations pour dire : Bien, viens au moment qu'on
négocie avec le gouvernement. C'est ça?
M. Julien : Yes.
Mme Rotiroti : Yes! J'ai bien
compris. O.K. Alors, dans aucun cas, M. le ministre, ça serait l'organisme
public qui déciderait du sous-traitant. Ça, ça relève entièrement et uniquement
de le consortium?
M. Julien : Bien oui,
c'est-à-dire que, pour nous, ça va assez de soi. Mais, encore là, je réitère,
là, des discussions des bilatérales, ça se fait pour trouver l'optimisation
dans des objectifs communs. Donc, habituellement, les gens conviennent qu'un
sous-traitant est important à ces discussions-là.
Mme Rotiroti : ...d'accord,
avec vous, pour l'optimisation, M. le ministre, mais vous n'avez pas rendu...
Vous n'avez pas répondu à la question, vous êtes très habile. Alors, moi, je
vais vous répéter Est-ce que, dans aucun cas, ou est-ce qu'il y a la
possibilité que le ministère... l'organisme public amène ou choisit un
sous-traitant sous le prétexte, toujours, comme le consortium, sous le prétexte
de l'expertise que ce sous-traitant-là a et qui pourrait manquer un petit peu à
l'entrepreneur, là. Et vous jugez que cette personne-là, c'est une valeur
ajoutée et doit être autour de la table dans les négociations bilatéraux.
Est-ce que l'organisme public pourrait le faire?
M. Julien : Donc, l'entente
contractuelle entre le consortium et ses sous-traitants lui appartient. On ne
peut pas l'imposer.
Mme Rotiroti : Ça, je
comprends ça. Entièrement d'accord avec vous, M. le ministre. La question, ce
n'est pas ça. Je comprends que l'entrepreneur, lui, a le choix et c'est lui qui
décide selon le contrat. Si, dans ses sous-traitants, il y a une experte dans,
comme vous dites, l'exemple du béton, alors l'entrepreneur, lui, peut décider,
à sa guise, qu'au moment qu'on va parler du... le type de béton qu'on va
utiliser pour faire les infrastructures, que cette personne-là, ce
sous-contractant-là devrait être autour de la table, parce que, savez-vous
quoi, il va être capable de mieux expliquer son produit et... que
l'entrepreneur en question. Alors, ce serait une valeur ajoutée à la
négociation.
• (17 h 30) •
Ma question, c'est dans le cas où
l'organisme public sait ou a connaissance d'un sous-traitant qui a cette
expertise-là, puis je vais donner le même exemple, d'expertise dans le béton,
qui juge qu'au moment où il va expliquer le projet, que cette personne-là,
c'est une valeur ajoutée pour venir à la table...
17 h 30 (version non révisée)
Mme Rotiroti : ...expliquer le
produit, etc., est-ce que l'organisme public a ce pouvoir-là d'amener le
sous-traitant à la table dans les négociations bilatérales... bilatéraux?
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Julien : Bien, c'est à
cause que l'entente contractuelle, là, du consortium avec ses sous-traitants,
ça lui appartient. Alors, ce n'est pas l'organisme public qui peut amener un
sous-traitant d'un consortium à la table. Pour nous autres, c'est très clair, donc
c'est pour ça qu'on l'inscrit de telle façon.
Des voix : ...
Mme Rotiroti : C'est
peut-être un... juste pour ma gouverne. M. le ministre, vous parlez de... vous
faites référence... On parle de sous-traitants quand on jase, puis, dans l'article,
vous dites : «Pendant le processus de sélection avec plusieurs
concurrents». Alors, j'imagine que, dans le... dans la loi, dans les lois,
quand on parle de sous-traitants, on... la notion... le terme, au lieu de dire
sous-traitant, le terme légal, ça serait «concurrent» à ce moment-là? Non.
M. Julien : Non, ici, dans l'article,
et je me ferai corriger si...
Mme Rotiroti : Non, mais je
veux juste être sûre qu'on parle de la même chose.
M. Julien : Le concurrent
ici, c'est un des consortiums. Ils pouraient avoir plusieurs consortiums.
Mme Rotiroti : O.K. Parfait.
M. Julien : Tandis que l'entreprise
avec laquelle... ça, c'est... ça, c'est le sous-traitant. Donc, le
concurrent... Par exemple, je peux avoir des discussions bilatérales avec trois
consortiums, architectes, ingénieurs, entrepreneurs, trois triades, et eux, le
consortium, la triade dit : Je vais t'amener en plus mon gars de béton
parce qu'il y a... parce que, dans ce projet-là, il y a de la valeur ajoutée.
Puis nous autres, on peut... Nous autres, notre relation, organisme public, est
avec le consortium, mais on ne peut pas aller....
Mme Rotiroti : Le concurrent
à ce moment-là?
M. Julien : ...c'est ça, avec
le concurrent qui est le consortium.
Mme Rotiroti : O.K. Oui,
parce que nous, on utilise nos termes, là, mais, dans la loi, ce n'est pas tout
à fait les mêmes termes. Ça fait que je voulais m'assurer qu'on se comprend que
les concurrents dans... je ne veux juste pas... je pense, c'est les
consortiums, on parle des consortiums.
M. Julien : C'est ceux qui
participent à l'appel d'offres.
Mme Rotiroti : Parfait.
Le Président (M. Simard) : Il
n'y a rien?
Mme Rotiroti : O.K. Alors,
laissez-moi juste quelques secondes, M. le Président, s'il vous plaît.
Le Président (M. Simard) : ...nécessaire.
Des voix : ...
Mme Rotiroti : Je pense que l'amendement
est clair, M. le Président. On pourrait passer au vote.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. (Interruption) Pardon. D'autres commentaires sur cet amendement? Sans
quoi ce dernier est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Donc, nous revenons à l'étude de l'article 7, maintenant, tel qu'amendé. Y
aurait-il d'autres remarques? Mme la députée de Jeanne-Mance Viger.
Mme Rotiroti : Oui, juste...
laissez-moi me relire dans qu'est-ce que j'ai écrit, M. le Président... l'article 7,
M. le Président, lors des consultations, il y a plusieurs groupes qui ont
manifesté une certaine inquiétude par rapport à toute la notion... c'est... on
vient de dire... Dans cet article-là, c'est qu'après la première étape de
processus de sélection il y aurait... il y a la possibilité de n'avoir qu'un
seul concurrent et que ça... là, on arriverait dans le stade de négociation des
éléments du contrat, au cours du processus plutôt qu'à terme du processus. Ça
veut-tu dire qu'à...
Mme Rotiroti : ...avec le
concurrent, ce serait pendant qu'on pourrait négocier les éléments du contrat
et pas à la fin, aux termes du contrat. Alors, je veux juste savoir avec le
ministre quels sont les types de dispositions que vous attendez de négocier au
cours du processus de sélection. Est ce qu'on peut... est-ce que vous pouvez
nous donner une idée?
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Julien : Par rapport au...
Bien, c'est-à-dire qu'on...
Mme Rotiroti : Oui, pendant
le processus.
M. Julien : C'est-à-dire on
va venir qualifier des firmes, ou des consortiums, ou des concurrents, là,
appelons-les concurrents, qui sont des consortiums habituellement dans un mode
de partenariat, et on veut pouvoir tenir avant l'adjudication des discussions
bilatérales pour discuter du projet, pour discuter des enjeux :
consortiums, organismes publics. Puis on le fait avec... s'il y a trois
consortiums qualifiés, on le fait en cours avant l'adjudication. Donc, c'est la
modification qu'on apporte, justement, pour regarder la suite des choses, la
nature du projet et les gains potentiels qu'on peut obtenir. Puis on veut avoir
ces discussions-là en bilatéral avec les consortiums pour s'assurer du meilleur
choix à l'adjudication à terme avec un consortium.
Mme Rotiroti : Non, mais ce
n'est pas à terme. C'est-à-dire qu'avant c'était... on gardait ça à la fin du
processus. Là, vous allez changer...
Des voix : ...
Mme Rotiroti : Là, vous êtes
en négociation continuelle pendant tout le processus, tandis qu'avant c'était à
la fin. Là, tout le long, vous pouvez changer, vous pouvez... bien, négocier,
c'est ça, hein : Je t'en donne, tu m'en donnes, hein? «Give and take».
Alors, tout le long du processus. Alors, moi, je veux juste savoir quel genre,
quel type de dispositions vous allez soumettre à cette négociation-là.
Qu'est-ce qui va changer en cours de route? Qu'est-ce qui pourrait changer?
Donnez-moi un exemple, juste pour que je comprenne la logique.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Julien : On va prendre une
petite suspension deux minutes.
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 39)
(Reprise à 17 h 42)
Le Président (M. Simard) : Bien.
M. le ministre, à vous la parole... l'article sept, tel qu'amendé.
M. Julien : Merci. Alors,
pour les précisions de ma collègue, parce que ce n'est pas exactement sur
l'article sept, le processus, l'étape un ou zéro, certains l'appelleraient,
c'est, on va venir qualifier des consortiums. Mettons qu'on a trois consortiums
qui sont qualifiés, base d'expertises, capacité, équipe de gestion, la première
discussion bilatérale qui aura lieu entre le consortium et les organismes
publics vise à identifier les paramètres qu'on qualifierait de financiers,
c'est-à-dire par exemple les frais généraux qui seraient chargés, le cas
échéant, pendant le processus, les marges... les marges bénéficiaires. Donc, on
discute avec les trois concurrents retenus. Et, à terme de ces discussions-là,
ils vont déposer une proposition qui est fixe par rapport à ces enjeux-là de
partage de frais généraux et de... et de marge bénéficiaire. À la lumière de
ça, on dit : Le meilleur joueur des trois, c'est celui-là, bien, il est
contraint par cette proposition-là. Elle, elle devient immuable. Puis là, on va
voir, après ça, des discussions en bilatéral avec le consortium retenu pour
faire le concept du projet et le réaliser. Donc, l'étape en cours, c'est par
rapport aux paramètres financiers des frais généraux, par rapport aux marges
bénéficiaires, pour les fixer dans le temps avec les consortiums qui ont été
préalablement qualifiés, c'est-à-dire qu'on sait qu'ils sont bons selon nos
critères. Donc c'est comme trois étapes : on qualifie, on fixe le
financier, on développe le concept de manière détaillée avec le retenu.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Chère collègue.
Mme Rotiroti : O.K. Alors,
trois concepts dans... Pour lui, dans le fond, c'est les dispositions qui ne
changeront pas, c'est-à-dire, on qualifie, on fixe le prix puis on développe le
concept.
M. Julien : C'est : on
fixe les marges bénéficiaires puis genre les taux de frais généraux. C'est des
taux applicables, mais on n'est pas en train de fixer le prix parce qu'on n'a
pas encore développé le concept ensemble pour...
Mme Rotiroti : Ça fait que
c'est dur à évaluer le prix si tu n'as pas le projet.
M. Julien : C'est ça. Mais on
a fixé des marges puis les frais généraux.
Mme Rotiroti : Très bien.
Excellent. Alors, il y a eu l'association de construction du Québec qui, lors
de les consultations publiques, ont parlé carrément de retirer l'article sept
en disant que ça pouvait perturber l'équilibre et la compétition. Alors, eux,
ils demandent... ils demandaient le retrait complet de l'article sept.
Moi, qu'est-ce qui m'inquiète puis
qu'est-ce que je veux bien saisir dans l'article sept, c'est que les trois
concepts que le ministre vient de nous parler, ça se faisait au terme du
processus. Là, c'est en cours de négociations, en cours de processus qu'on
négocie, dans le fond, ces... les concepts que le ministre vient de réénumérer,
qui fait en sorte qu'on peut faire quasiment du sur-mesure.
M. Julien : Non.
Mme Rotiroti : Non. Pourquoi?
M. Julien : C'est-à-dire que
le consortium avec qui l'administration publique...
M. Julien : ...veut
travailler, c'est pour développer le meilleur concept, la meilleure solution au
moindre coût, mais on doit passer par une étape intérimaire, où on dit :
Est-ce que c'est le meilleur joueur qui est... consortium avec qui je peux
travailler? On qualifie des gens sur... ils sont bons ou pas bons. Puis, après
ça, est-ce qu'ils sont prêts à avoir des mesures financières, marges
bénéficiaires... qui sont agressives? L'étape deux. Bien, on sait qu'ils sont
bons, donc c'est seulement les bons qui nous le procurent. Et là on travaille
ensemble. Toujours, le besoin, lui, il est immuable à trouver le meilleur
concept. Donc, c'est des étapes qui sont obligées. Si quelqu'un a une meilleure
idée pour faire des partenariats, dites-moi là, mais il faut vraiment scinder
ces trois étapes-là qui nous amènent à un bon concept de partenariat, qui sont
successives et nécessaires.
Le Président (M. Simard) : Chère
collègue.
Mme Rotiroti : Alors, dans
ces négociations-là, M. le ministre... parce qu'on est toujours dans des
ateliers bilatéraux, là. On est toujours en train de négocier avec les
consortiums. Évidemment, on vient d'introduire le concept de... le sous-traitant
qui a une expertise qui peut être autour de la table aussi, qui est une valeur
ajoutée, dans le fond, dans les négociations. Ça, c'est très bien. Comment
qu'on peut... Est-ce que, dans les ententes bilatéraux, il y a une tierce
partie ou c'est vraiment le consortium avec l'organisme public? Et je
m'explique : Quand on parle de tierce partie, c'est de s'assurer que tout
qu'est-ce que le ministre est convaincu, est sûr que les modalités vont être
les mêmes, qu'il n'y a pas de doute... qu'on assure l'égalité de chances, dans
le fond, dans tout ça, l'égalité des chances, là. Est-ce que il y a une tierce
partie ou c'est vraiment l'organisme public avec le consortium autour de la
table? Qui s'assure, là, que les conditions, les modalités, que tout est respecté?
M. Julien : Donc, c'est le
vérificateur de processus qu'on a ajouté dans l'article 1, là, de
manière... nommé la semaine dernière.
Mme Rotiroti : ...le
vérificateur de processus est nommé par le ministre?
M. Julien : C'est un contrat
de service qui est fait par l'organisme public.
Mme Rotiroti : O.K. Ça fait
que le contrat de service... Dans le fond, ça veut dire que cette personne-là
n'est pas toujours la même.
M. Julien : Bien...
Mme Rotiroti : Elle peut
changer?
M. Julien : ...dans un
projet, ça va être la même, mais ça ne sera pas la même...
Mme Rotiroti : Oui, tout le
long... tout le long du processus...
M. Julien : ...ça ne sera pas
la même pour tous les projets gouvernementaux.
Mme Rotiroti : C'est ça. Et
comment vous faites pour sélectionner cette personne-là? C'est quoi, les
critères d'avoir cette tierce partie? C'est quoi ses compétences? Est-ce que ça
peut être un sous-ministre? Est-ce que ça peut être une sous-ministre adjointe?
Est-ce que c'est un fonctionnaire qui a une certaine expertise?
M. Julien : Ce sont des
firmes habituellement indépendantes avec... genre, une firme comptable...
Mme Rotiroti : Une firme
indépendante, vous dites?
M. Julien : Oui, qui est
sélectionnée.
Mme Rotiroti : O.K. Puis
sélectionnée comment? Vous allez en appel d'offres?
M. Julien : Alors, celle-là,
c'est un appel d'offres public.
Mme Rotiroti : Un appel
d'offres public?
M. Julien : Oui, mais pas par
partenariat...
Mme Rotiroti : Non, c'est ça.
Puis l'appel d'offres... l'appel d'offres... Pour sélectionner la personne,
évidemment, va dépendre de la... qu'est-ce que vous recherchez en tant que...
...je n'aime pas ça le mot, là.
• (17 h 50) •
M. Julien : Bien, souvent,
dans une autre vie, quand j'étais dans une firme comptable, ce qu'on cherche,
c'est quelqu'un d'indépendant qui s'assure que le processus est fait de bonne
et due forme, sans avantages indus entre les consortiums. Donc ce n'est pas...
ça ne nécessite pas nécessairement une connaissance fine du projet, mais bien
plus une connaissance... une démonstration que le processus se fait selon ce
qui est convenu et en indépendance et s'assurer que celui-là ait l'intégrité et
l'équité dans le processus.
Mme Rotiroti : L'intégrité
puis l'équité du processus, alors c'est sa responsabilité de s'assurer que
c'est respecté. Et c'est quoi son niveau d'imputabilité à ce moment-là? Il n'en
a pas...
Mme Rotiroti : ...une fois
qu'ils s'assurent que l'intégrité du projet est respectée, le processus est
respecté, qu'il y a certaine équité, lui, il n'est pas imputable de rien.
M. Julien : Bien, sa
responsabilité professionnelle, c'est s'assurer, en fin de compte, que le
processus est mené tel que convenu.
Mme Rotiroti : Alors, une
fois que le processus est déclenché puis on part, lui, il a fait ce qu'il avait
à faire, ça fait que c'est fini pour lui.
M. Julien : Quand le
processus est terminé.
Mme Rotiroti : Quand le
processus est terminé?
M. Julien : Oui.
Mme Rotiroti : Et dans
l'éventualité où est-ce qu'il y aurait une contestation, mettons que... dans le
processus, est-ce que ça... un, est-ce que ça peut arriver qu'il y aurait une
contestation? Puis dans l'éventualité où est-ce qu'il y a une contestation,
parce qu'il y a un des partis qui dit : Bien, moi, je n'ai pas été traité
équitablement, est-ce que c'est là que la tierce partie... est-ce qu'il y a une
responsabilité de trancher ou est-ce que ça revient à l'organisme public?
M. Julien : Bien, le
vérificateur de processus, il est là pour s'assurer que le processus suive son
cours, là. Donc, lui, il est là pour dire : Bien, c'est comme ça que ça
doit être fait puis ça a été bien fait. Donc, j'essaie juste de voir, tu sais,
c'est quoi, l'intérêt d'avoir des écarts. Lui, il s'assure qu'il n'y a pas
d'écarts par rapport au processus, comme on en fait dans n'importe quelle
discussion avec plusieurs joueurs. Le vérificateur, il dit : O.K., tout le
monde a eu la même information.
Mme Rotiroti : On essaie
d'avoir un consensus.
M. Julien : C'est ça, puis
tout le monde a eu la même information, surtout. Tu sais, je parle avec trois
personnes en même temps, est-ce que c'est équitable? Puis lui, il est
indépendant, recruté et engagé pour faire ça, puis il s'assure de ça. Donc,
pour moi, c'est un bon chien de garde.
Mme Rotiroti : Oui. Bien,
vous enlevez les mots de ma bouche, un chien de garde, tout à fait, mais on ne
peut pas exclure le fait que, pendant que lui, il essaie de trouver cette
équité-là et tout ça, qu'il y a quelqu'un qui dit : Bien, moi... il
conteste, dans le fond, il conteste cette équité, là. Alors, est-ce que la
tierce partie a le pouvoir de trancher? Est-ce que la tierce partie, s'il y a
une contestation d'un intervenant autour de la table, d'un concurrent autour de
la table, de dire : Bien, moi, je pense que ce n'est pas équitable. Je
comprends que lui, son rôle, c'est ça, mais il peut être contesté, là, il n'a
pas la vérité infuse, on s'entend. Lui, il fait le meilleur qu'il peut dans les
circonstances.
M. Julien : Non, non. Alors,
le vérificateur fait un rapport au terme du processus. Quelqu'un qui ferait une
plainte, l'Autorité des marchés publics peut consulter le rapport, rencontrer
le vérificateur. Donc, c'est le même processus, là, qui est fait avec un
vérificateur externe, puis l'AMP va être en mesure de prendre acte de la
plainte.
Mme Rotiroti : O.K. ça fait
que le vérificateur sera imputable à l'AMP, parce que l'AMP a le pouvoir
d'enquêter sur l'ensemble de l'oeuvre.
M. Julien : Alors, le terme
exact, ce n'est pas imputable, c'est-à-dire que le vérificateur...
Mme Rotiroti : Il doit répondre.
M. Julien : ...il est
contractuel, mais l'Autorité des marchés publics peut prendre connaissance,
questionner le vérificateur s'il y a une plainte. Donc, c'est-à-dire qu'il doit
répondre à l'Autorité des marchés publics, le cas échéant.
Mme Rotiroti : Je veux juste
être bien sûre de qu'est-ce qu'on dit parce que c'est important, quand même. On
parle du vérificateur puis on parle de ses obligations qui sont bien définies.
J'imagine, c'est dans le contrat qu'on va signer où est-ce que ces obligations
sont déterminées, sont dans son contrat. Parce qu'on ne le retrouve à nulle
part dans le projet de loi. Alors, je veux juste être sûre que... et ça serait
tout à fait normal, si c'est le cas, M. le Président, que tout qu'est-ce le
ministre dit, l'obligation du vérificateur de trouver ce consensus, là, de
s'assurer de liquidités, liquidités entre les parties, l'intégrité et tout ça,
ça, c'est tout défini dans le contrat pour choisir ce VG-là.
M. Julien : Bien, M. le
Président, ça ne touche pas l'article 7. On a déjà des vérificateurs de
processus dans les attentes contractuelles. Donc, l'article 7, là,
c'est... donc, on vient mentionner qu'est-ce qu'on veut...
M. Julien : ...s'assurer que
les sous-traitants soient inclus, on a intégré dans l'article 1 le
vérificateur de processus, qui est un concept qui est déjà utilisé, mais, si je
reviens sur l'article sept, pour moi, avec l'amendement qui est apporté pour
prévoir, conclure et conclure, ça ouvre la porte naturellement aux
préoccupations de certains qui disaient : Des sous-traitants devraient
faire partie, là, des discussions potentiellement, c'est ce qu'on vient faire à
l'article sept.
Mme Rotiroti : Et, oui, je
suis d'accord avec vous, M. le ministre, c'est... puis l'enjeu avec l'article
sept, c'est que, là, on vient de changer... parce qu'on dit : C'est en
cours de processus qu'on peut changer des... qu'on peut changer les modalités
et pas à la... au terme du processus, mais... puis je comprends que le VG, là, il
n'est pas inclus dans l'article sept, on mentionne le VG parce que vous... j'ai
posé la question du tierce partie. Vous dites : C'est un VG, on va en
appel d'offres, etc. Parfait. Une fois qu'on est là, on va rester là pour bien
comprendre le concept. Parce que plus tard peut-être, on va... on va faire
référence. Le VG, en appel d'offres, c'est beau, c'est... Vous dites qu'il doit
répondre dans une... ou, si jamais il y a une contestation, lui, il doit
répondre à l'AMP, qui a tous les pouvoirs d'enquête. Très bien, ça, je
l'accorde, c'est dans la loi.
Je demande simplement : Quand vous
allez en appel d'offres, est-ce que les obligations du vérificateur sont
définies au moment du contrat, au moment que vous allez en appel d'offres?
C'est juste ça que je veux savoir, parce qu'on ne le retrouve à nulle part dans
le projet de loi.
M. Julien : Bien,
c'est-à-dire qu'on fait déjà appel à des vérificateurs de processus, ce n'est
pas le VG, mais qui a peut-être le même objectif, spécifiquement sur un processus.
Puis, dans le contrat qu'on fait, avec le mandat qu'on donne, c'est de
s'assurer que le processus est respecté. Ça ne peut pas être autrement. Et le
vérificateur de processus, qui est souvent une firme comptable ou des individus
d'une firme comptable, bien, ils doivent s'assurer que le processus est
respecté. Puis, tu sais, on en fait déjà. Tout ce qu'on vient dire, dans la
loi, c'est qu'il va y avoir un vérificateur de processus, là, qui est exigé.
Mme Rotiroti : Très bien.
(Consultation)
Mme Rotiroti : Au niveau
de... Je peux?
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie, chère collègue.
Mme Rotiroti : Je voulais
juste m'assurer par rapport à la transparence, parce que j'ai une petite
inquiétude au niveau de... de l'accès à l'information. Je m'explique. Il y a
deux contrats contractuels. On a le Stade olympique, le toit du Stade olympique
et le pont de l'île d'Orléans. On a fait une demande d'accès à l'information.
Et c'est deux projets, là, qui ont suivi le processus, là, qu'on vient
d'instaurer ici, c'est du partenariat collaboratif.
J'ai eu accès au contrat à moitié caviardé
pour le toit, mais, pour le pont, on m'a refusé l'accès parce que ça pourrait
mettre en péril les négociations. Alors, je ne sais pas si le ministre voit où
est-ce que je m'en vais avec ça, là. Est-ce qu'avec le niveau... ce nouveau
type de contrat, toujours en parlant du partenaire collaboratif, on vient
soustraire de l'accès à l'information toutes les négociations faites «one on
one», sous le... par le contractant et l'organisme public.
• (18 heures) •
M. Julien : Bien, on
change... on ne change rien, là, par rapport à la situation actuelle, là. Donc,
ce qui est public est public, ce qui n'est pas public n'est pas public. Ça fait
qu'il faudrait que... tu sais, nous autres, là, on vient... on vient apporter
un...
18 h (version non révisée)
M. Julien : ...un nouveau mode
avec des ententes contractuelles. J'entends ce que vous me dites, mais ça n'a
rien à voir avec l'article 7 puis avec les modifications qu'on propose.
Mme Rotiroti : Mais je ne
suis pas d'accord avec vous, M. le ministre. Parce que, dans l'article 7,
là, on est en train de négocier tout le long du processus. Ça veut dire que,
tout au long d'un processus, il n'y a aucune information qui peut sortir parce
que ça peut mettre en péril la négociation? Alors, à ce moment-là, si moi, si
je voudrais faire une demande d'accès à l'information, de savoir où est-ce qu'on
est rendu dans le projet, ça va être un refus, sous le prétexte que... bien, on
est en négociation, ça fait que je ne peux pas dévoiler l'information.
M. Julien : Donc, c'est des
discussions bilatérales d'une entente non conclue avec un vérificateur de
processus qui s'assure que ces discussions-là sont conformes. Ce serait quoi, l'information
qu'on divulguerait?
Mme Rotiroti : C'est parce que,
là, les modalités peuvent être modifiées en cours de route en tout temps. Ça
fait que ça veut dire qu'où est-ce qu'on est parti à la case de départ puis où
est-ce qu'on va être rendu à la fin des négos peut être totalement différent.
Avant, là, tous les... tous les appels d'offres publics, là, on avait accès, c'est-à-dire
qu'on pouvait avoir des détails. La preuve, c'est que j'en... je l'ai pour le
Stade olympique. Alors, dans ce processus-là, mon inquiétude, c'est que, quand
on s'en va dans cette approche-là, bien, il n'y a pas de... ça va être opaque,
on ne peut pas donner aucune information. Ça fait qu'il y a... Le
questionnement de transparence, ça impose... ça s'impose.
M. Julien : Bien, s'impose...
je ne suis pas d'accord. On le mentionne, que les fondamentaux ne seront pas
modifiés. On a mentionné que les bilatéraux qu'on avait avec les consortiums, c'était
sur les frais généraux, sur les marges bénéficiaires pour qu'ils déposent une
proposition à cet égard-là. Donc, il n'y a pas de modification, là, à l'intérieur
du besoin et du contenu de l'entente, là, c'est... Puis là, éventuellement, il
y aura un consortium retenu puis une démarche après ça pour monter un concept,
puis éventuellement, bien, il y a un coût de concept puis de réalisation.
Alors, c'est... Je ne suis pas capable de rejoindre ma collègue, là, par
rapport... Les fondamentaux ne sont pas modifiés, l'appel d'offres, il le
précise puis c'est disponible, ça.
Mme Rotiroti : Je... Oui, l'appel
d'offres est précis, j'en conviens. Mais là, ici, dans l'article 7, vous
introduisez le fait qu'en cours de route vous pouvez changer certaines choses.
M. Julien : Oui. C'est-à-dire
qu'en cours de route on a mentionné qu'il pouvait avoir des discussions sur les
frais... les taux de frais généraux, sur les marges bénéficiaires. C'est ça qu'on
a dit tantôt en cours de route.
Mme Rotiroti : C'est tout?
M. Julien : C'est sur les
éléments financiers pour voir en fin de compte comment qu'on va se gouverner ensemble.
Alors, ça, c'est... ça, c'est le premier.
Mme Rotiroti : C'est ça, c'est
la qualité, fixe, marge de frais généraux et la... après ça, on développe le
concept.
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : On
va suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 18 h 05)
(Reprise à 18 h 06)
Le Président (M. Simard) : Souhaitez-vous
poursuivre dans la réponse?
M. Julien : ...là, je n'avais
pas d'autre réponse à donner.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, chère collègue.
Mme Rotiroti : M. le... M. le
Président, je veux juste... dans le fond, là, je veux juste éviter qu'on s'en
va vers un processus qui va être opaque. Dans le sens que je peux comprendre
qu'il y a certaines informations, là, qu'on ne peut pas donner. Il y a le
secret professionnel. Ça, je ne vais pas là. Je me dis, quand on avait, à la
fin du processus puis, à la fin... puis, à la fin, quand tu faisais une demande
de... voyons...
Une voix : ...
Mme Rotiroti : ...d'accès à
l'information, merci, il y avait certains éléments, évidemment, ça revenait à
moitié caviardé parce qu'il y a certaines informations qu'on ne peut pas
donner. Mais c'était... c'était logique. C'était, à la fin du processus, il y
avait une demande. Si on voulait savoir qu'est-ce qui s'est passé avec un
certain projet, on pouvait. Le fait qu'on l'a, c'est... on peut, en cours de
route... on est toujours en train de négocier tout le long du processus. Alors,
c'est sûr que, tout le long du processus, on ne peut pas faire une demande
d'accès à l'information parce que cette information-là, vous pouvez... vous ne
pouvez pas le divulguer parce que ça pourrait mettre en... même en péril le
contrat.
Alors, est-ce que... J'essaie juste...
Dans le fond, là, je réfléchis à voix haute avec le ministre qu'on s'assure
qu'on ne crée pas une façon de faire où est-ce que ça devient tellement opaque
qu'à la fin on n'aura aucune information sur le prétexte de... parce qu'on
vient d'introduire ce concept-là, à fur et à mesure. Bien là, à fur et à
mesure, c'est normal, vous ne pouvez pas, M. le ministre, divulguer
l'information, parce que ça pourrait mettre en péril le projet en bout de
compte. Ça fait que vous, vous ne craignez pas que ça peut être... que ça peut être...
ça peut être perçu de cette manière-là? C'est juste ce que je veux qu'on
clarifie.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. M. le ministre.
M. Julien : Bon. Alors...
Mme Rotiroti : ...les
contrats ne seront jamais accessibles dans cette approche-là, là.
M. Julien : La Loi sur
l'accès à l'information s'applique, là, comme avant, là. Il n'y a rien de
changé. Bien, je vais compléter ma réponse. On s'en va en appel d'offres. C'est
public, c'est publié, tout le monde savent à quoi s'attendre, Jos Public comme
les consortiums intéressés. C'est là. Là, on commence à faire des bilatéraux.
Je peux toujours bien pas donner de l'accès à de l'information sur de
l'information qui n'est pas écrite, là. Donc, c'est...
Alors là, je ne vois pas, là. Vous
souhaiteriez qu'on filme ça puis qu'on mette ça public. Bien non, ça n'arrivera
pas. Mais un jour, il y a quelqu'un qui va déposer une entente, une soumission
par rapport à... Puis là, bien, encore là, c'est... c'est sujet à la Loi de l'accès
à l'information. Et c'est limite, tu sais, parce qu'il faut que le tiers
dise : Oui, oui, moi, j'ai le goût que ce soit connu. Donc, tu sais, ce
n'est pas... ce n'est pas... ce n'est pas plus obscur ou opaque que les
contrats actuels. Puis les lois sont là pour être respectées. Puis ça donne la
même information. Puis naturellement, il y a des limites à la loi de l'accès
sur l'information. Alors, pour moi, il n'y a rien de changé, puis il y a... il
n'y a pas plus d'opacité, là, par le changement de mode.
• (18 h 10) •
Mme Rotiroti : Bien, écoutez,
M. le ministre, je serais... je serais portée à vous donner raison,
sincèrement, là.
M. Julien : Vous êtes fine.
Mme Rotiroti : Oui. Mais ça
n'explique pas pourquoi que... à moins que vous avez l'explication, puis très
bien, si vous l'avez, ça n'explique pas pourquoi qu'on a deux projets, un
public, là, qui... en appel d'offres, le toit du stade et le pont de l'Île
d'Orléans. J'ai... J'ai de quoi sur le stade, j'ai fait une demande d'accès à
l'information pour les deux projets, mais celui de l'île d'Orléans, de
2.8 milliards...
Mme Rotiroti : ...de dollars,
j'ai zéro, je n'ai aucun accès. C'est un refus total. Tandis qu'avec le stade,
bien, on a quand même... Oui, il y a des sections, elles sont caviardées, mais
on a quand même eu de l'information.
Alors, moi je veux... je vais répéter ma
question. Moi, la façon que j'interprète l'article, c'est de dire que, parce
qu'on est en négociation continue, bien, à ce moment-là, c'est le prétexte de
dire : Bien, écoutez - puis je le comprends très bien, là, qu'est-ce que
vous dites - bien, je ne peux pas... je ne peux pas vous dévoiler, en cours de
route, de la façon qu'on négocie... vous mettre en péril... on va mettre en péril
le projet. Très bien, ça, je vous le concède, je suis entièrement d'accord avec
vous. Vous dites : C'est à la fin, au terme du projet, où est-ce qu'on
peut dévoiler avec la demande d'accès à l'information, selon la demande qu'on
fait, les détails, etc., dépendamment le questionnement qu'on... qu'on fait.
Moi, je vous dis la façon que... il y a...
il y a une certaine interprétation, le fait qu'on négocie, en cours de route,
tout le long du processus, qui est différent de qu'est-ce qui existait avant.
Parce qu'avant, ce concept-là n'était pas sur la table, c'était au terme du
processus. Ça veut dire que les négociations se faisaient à la fin du
processus, bien, la demande d'accès arrivait, puis on est capable de dévoiler
parce que c'est public. C'est rendu public. Là, ce n'est plus le cas. Alors,
tout le long du processus, on est au «park», pour des raisons que vous dites,
parce que vous dites : Je ne peux pas dévoiler l'information, parce qu'on
se ramasse dans une situation où est-ce qu'on peut mettre le projet en péril.
Moi, je vous dis, M. le ministre, on doit se protéger là-dedans. Ça veut dire
que moi... ça veut dire qu'il n'y a aucun contre à ce moment-là... on n'aura
accès à aucun contrat. Vous, vous semblez dire : Ce n'est pas le cas.
M. Julien : Oui.
Mme Rotiroti : O.K. Je suis
prête à vous entendre.
M. Julien : Merci. Donc,
quand le contrat est conclu, puis vous avez parlé tantôt du stade puis du...
puis d'un autre projet, mais il faut que le contrat soit conclu pour avoir
accès à l'information, alors, tu sais, bon. Dans le processus qui est devant
nous, là, première étape, c'est on lance un appel d'offres, l'information est
disponible à tout le monde. Les gens se qualifient. On prend des gens qui sont
qualifiés puis on commence à faire du bilatéral avec eux, avec un vérificateur
de processus pour convenir : frais généraux, par exemple, puis marge
bénéficiaire. Puis éventuellement il y a quelqu'un qui dépose, il va déposer un
document, là, eux autres, ils vont dire : Voici ce que moi, là, mon avis
d'intention ou bien ma proposition... Ma proposition que je vais faire par
rapport à ce projet-là, la voici. Ça, ça rentre dans la Loi sur l'accès à
l'information puis avec ces limitations. Là, on va cheminer avec le meilleur...
la meilleure proposition, puis on va travailler à un concept, puis ça
éventuellement tourner à un contrat, mais lui aussi va avoir la Loi sur l'accès
à l'information. C'est juste qu'il y a différentes étapes dans le processus où
la Loi de l'accès à l'information est... peut être utilisée, mais elle ne peut
pas être utilisée, la Loi d'accès à l'information, s'il n'y a pas de document.
Je veux dire, vous allez me demander de mettre des micros dans la salle? Tu
sais, alors, c'est juste ça. Mais il y a différentes étapes, là. Mais à terme,
il a le contrat, mais il y a aussi les propositions, puis il y a l'appel
d'offres qui est public.
Mme Rotiroti : Parfait.
J'essaie de trouver le document que je serais supposé d'avoir, mais là que je
ne le trouve plus. Donnez-moi deux secondes. Puis je vais vous lire exactement
qu'est-ce que je veux dire, M. le ministre. Vous allez comprendre. Par rapport
à... le pont de l'île d'Orléans. Donnez-moi deux secondes.
(Consultation)
Mme Rotiroti : Excusez. Je ne
veux pas retarder la commission.
Le Président (M. Simard) : ...Prenez
tout votre temps, chère collègue.
Mme Rotiroti : Mais je le
cherche. Je l'avais à portée de la main puis là je le vois plus. C'est juste
pour faire exprès, là, tu sais.
Le Président (M. Simard) : C'est
souvent dans ce cas-là, on le cherche, on ne le trouve pas. Puis on arrête de
trouver... On arrête de chercher puis on le trouve. Prenez votre temps, chère
collègue.
Mme Rotiroti : Oui, c'est ça.
Ah, bien, je... Écoutez, je viens de le trouver.
Le Président (M. Simard) : Bon.
Bravo.
Mme Rotiroti : Donnez-moi
deux secondes.
(Consultation)
Mme Rotiroti : Dans la
demande...
Le Président (M. Simard) :
Allez-y, je vous en prie, chère collègue.
Mme Rotiroti : Connais...
Le Président (M. Simard) :
C'est beau. Tout est beau.
Mme Rotiroti : Je peux aller
me lancer.
Le Président (M. Simard) : Je
connais.
Mme Rotiroti : Non, je
pensais que... non, c'est ça. Ça fait que juste pour reprendre où ce qu'on a
laissé, on parlait de la transparence puis parce qu'on introduit ce concept de
collaboration là, on est en négociation tout le long au courant du processus,
tandis qu'avant c'était au terme du processus, les modalités étaient là, tu
faisais la demande d'accès, on pouvait avoir l'information. Sur le prétexte
qu'on est continuellement en négociation, ne permet pas d'avoir certaines
informations que je comprends très bien parce que c'est des informations des
renseignements financiers qui pourraient, tu sais, entraver les négociations ou
même mettre en péril le projet. Ça, je vous l'accorde et c'est parfait. Je le
comprends. Dans le cas du contrat de l'Île d'Orléans, on dit : la réponse
qu'on a reçue, c'est d'écoutez on ne peut pas vous donner, en vertu de
l'article 27 dans la Loi sur l'accès à l'information, on ne peut pas vous
divulguer des informations sur le prétexte que c'est des négociations en cours,
mais le projet a été annoncé. Alors, moi, je... quand le projet est annoncé
c'est parce qu'on est à terme. Le processus est arrivé à terme, on négocie, on
a tout négocié, on arrive avec un prix parce qu'on a quand même un prix pour le
pont et on ne peut pas, on ne peut pas avoir l'information. Ça fait que moi, je
veux juste m'assurer avec le ministre. Parce qu'on est toujours... Puis je
comprends, là, on est en négociation continuellement pendant tout le processus.
Je viens de vous le dire, là, on comprend ça. On ne peut pas divulguer certains
aspects de ça pour ne pas mettre en péril le projet, mais ça ne peut pas être
une excuse à la fin quand le projet est à terme. Tu n'as pas l'information en
disant : Bien ça, c'est un projet qu'on a négocié en partenariat. Ça ne
peut pas être une condition, parce que nous de qu'est-ce que je comprends, le
ministre voudrait utiliser cette approche-là de plus en plus, pour des raisons
qu'on vient de dire réduire les coûts être efficace, la qualité, etc. Très
bien. Ça fait que si on s'en va vers ça puis on veut l'utiliser davantage, ce
processus-là. Mais ça ne peut pas être une excuse à la fin de dire. Bien, parce
qu'on a négocié tout le long, bien là, ce contrat-là, vous ne pouvez pas avoir
l'information. Comprenez-vous? Alors, je veux juste m'assurer que le cas de
l'Île, c'est un cas particulier et que dans le processus qu'on veut adopter
ici, que d'aucunement, aucunement, ça devient un prétexte qu'on ne peut pas
avoir l'information. Parce que là, c'est une question de transparence. Alors,
je veux juste être sûre que ce n'est pas le cas, M. le ministre.
• (18 h 20) •
M. Julien : Aucunement. À la
fin, ça finit par un contrat. La loi de l'accès à l'information s'applique
contrat par partenariat ou contrat par appel d'offres plus bas soumissionnaire.
D'autant plus qu'il y a des étapes intérimaires avec des vérificateurs de
processus...
M. Julien : ...ça, bien, le
cas de pont de l'île, c'est un cas spécifique. Le contrat a été donné au mois
d'avril, je ne sais pas quand est-ce vous avez fait votre demande, puis ça
s'applique à la loi de l'accès à l'information, là, alors... puis là ce n'est
pas... ce n'est pas... il n'y a pas une décision, là, et on applique la loi de
l'accès à l'information, puis ces éléments-là font partie et respectent la loi
d'accès à l'information. Donc, il n'y a pas d'enjeu supplémentaire avec
l'entente contractuelle qui serait tenue par un partenariat ou l'entente
contractuelle qui arriverait d'un plus bas soumissionnaire dans un mode
traditionnel.
Mme Rotiroti : Ça fait que ça
veut dire que ça ne peut pas devenir une excuse. C'est ça que vous dites, là,
dans aucun cas ça peut devenir un prétexte pour ne pas dévoiler, même à terme,
à la fin, que, parce que ça a été négocié... écoute... Vous comprenez qu'est-ce
que je veux dire? Parce que c'est une approche que vous voulez appliquer... je
ne dis pas «at large», mais dans plusieurs contrats. Alors, le fait que ça a
été négocié à la pièce, je ne veux pas que ça soit le prétexte à la fin qu'on
n'a pas accès à l'information, de dire : Bien, écoute, ça, ça a été
négocié à la pièce, je ne peux pas mettre en péril, ça fait que... faites
attention, je ne peux pas donner cette information-là, je... Ça fait que ça
devient de plus en plus opaque.
M. Julien : Ça n'a rien à
voir par rapport à l'entre contractuelle puis au respect de la loi d'accès à
l'information.
Mme Rotiroti : O.K. Dans
aucun cas, M. le ministre, qu'un contractant peut être sélectionné à huis clos?
Il n'y a aucun cas où l'organisme public pourrait sélectionner un contractant à
huis clos, tout le processus est transparent?
M. Julien : ...sur la notion
du huis clos, je ne comprends pas, mais, si on reprend le processus, c'est un
appel d'offres public avec l'ensemble des éléments et les caractéristiques qui
sont prévues au jour 1. Les consortiums doivent se faire qualifier en
pleine transparence avec des comités de sélection indépendants. Après ça, on
fait des bilatéraux. Il y a une proposition qui est déposée par les
consortiums, celui qui est accepté continue le concept, puis il y a un contrat
qui est signé à la fin pour la réalisation. Donc, j'essaie de comprendre la
notion que vous avez nommée...
Mme Rotiroti : Choisir le
contractant à huis clos.
M. Julien : Ce n'est pas huis
clos, mais...
Mme Rotiroti : Bien,
c'est-à-dire pas d'appel d'offres.
M. Julien : Bien non, bien
non.
Mme Rotiroti : Dans aucun cas
ça ne pourrait arriver.
M. Julien : Mais non.
Mme Rotiroti : O.K. Je veux
juste être sûre, je vous pose la question.
M. Julien : Bien... Le
partenariat, bien non, aucunement.
Mme Rotiroti : Juste pour...
avant qu'on procède, juste pour clarifier les questions que je vous ai posées
par rapport à l'Île d'Orléans. Ça a été annoncé publiquement dans les journaux.
Vous étiez là, à côté... à côté pour l'annonce. Alors, pourquoi à ce moment-là
qu'il y a un refus catégorique de la MTQ pour nous transmettre le contrat du
pont quand le pont, ça a été annoncé? Moi, je considère que tout le processus
de négociation, et tout ça, c'est venu à terme, c'est fait, puis on n'est pas
capable d'obtenir l'information, tandis qu'avec le toit du stade on a eu quand
même partiellement, mais on a quand même eu une certaine information. Avec le
pont, c'est un refus catégorique.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Julien : Pour le pont, c'est
un cas spécifique, mais est appliqué... tous les contrats sont appliqués de la
même façon. Peut-être vous avez fait votre demande, je présume, avant la
conclusion du contrat.
Mme Rotiroti : Oui. Bien,
écoutez, je vais... j'ai pensé à la même question que vous, ça fait que je vais
juste vérifier la date de l'annonce, M. le ministre, puis la date qu'on a fait
la demande d'accès.
Des voix : ....
Mme Rotiroti : ...Donc,
M. le ministre, pour répondre à votre question, l'annonce pour le pont a été
faite le 16 avril. Ensuite, ça a été le... Bon, on parle même de... Le
contrat, la conception, qui qui a eu... quel groupe a été confié... qui a
été... qui a eu reçu le contrat. Nous, la demande d'accès est le 31 mai.
C'est un mois et quelques jours après l'annonce.
M. Julien : Je veux
dire... Pour moi, en fin de compte, le traitement des demandes d'accès sont
faites de manière indépendante. Je ne peux pas préciser, là, votre demande,
comment que c'est agréé, là, tu sais.
Mme Rotiroti : Je ne
demande pas de préciser. C'est un exemple que je vous donne.
M. Julien : C'est à dire
que les contrats sont... sont sujets de la loi sur l'accès à l'information,
tous les contrats. Il n'y a pas de modification. L'article qu'on parle maintenant
n'amène pas de modification là-dessus, et les pratiques qu'on amène dans le
projet de loi pour avoir des contrats de partenariat maintiennent...
maintiennent tout ce qui est accès à l'information sans la détériorer d'aucune
façon.
Mme Rotiroti : Je ne
remets pas en doute qu'est-ce que vous dites, M. le ministre, au contraire.
Moi, j'essaie juste de comprendre et de m'assurer que cet outil-là qu'on a,
hein, parce que c'est un outil parlementaire qu'on a, l'accès à l'information,
reste intègre. C'est-à-dire je ne veux pas, je ne veux pas, puis je veux cette
assurance-là, M. le ministre. Vous, vous semblez de dire : Bien, voyons,
ça va de soi. Quand le contrat est terminé, bien là, c'est public. Puis la
demande d'accès, ça se fait, puis on remet les documents.
M. Julien : Contrat
conclu, aucune modification, aucun élément à apporter dans aucun article ne
vient faire en sorte de mettre en doute ce que vous nommez.
Mme Rotiroti : O.K. O.K.
Ça fait que le fait...
Le Président (M. Simard) : Alors,
bien sûr, vous m'excuserez, bien sûr.
Mme Rotiroti : Oui, je
vais conclure.
Le Président (M. Simard) : Oui.
D'accord.
Mme Rotiroti : Je vais
conclure là-dessus, M. le Président. Vous permettez, là?
Le Président (M. Simard) : D'accord.
Très bien. Avec plaisir.
Mme Rotiroti : Parce que
c'est... C'est quand même très important ce qu'on dit là. Puis il n'y a pas une
autre occasion d'apporter cet élément-là. C'est ici qu'on doit l'apporter.
Alors, moi, je veux juste m'assurer, avant qu'on procède, que, parce qu'on est
en négociation continue, ça ne peut pas devenir un prétexte de dire, même à la
fin du contrat, qu'on ne peut pas obtenir l'information parce que c'est un
contrat qu'on a fait en... voyons, en approche collaborative. C'est juste ça.
Alors, si vous êtes capable de me dire : Tu n'as aucun cas où est-ce qu'on
s'en va dans une approche collaborative, des ateliers bilatéraux, dans ces
cas-là, dans aucun cas ça ne peut compromettre à la fin qu'on finalise puis on
signe le contrat, que ça ne devient pas une excuse pour ne pas avoir
l'information quand on fait une demande à l'accès à l'information. Si vous êtes
capable de me confirmer ça, je vous prends votre... Mais je veux être certaine
de ça, M. le ministre parce que, comme je vous dis, là, après ça, ça va aller
très vite, puis on ne pourra pas revenir en arrière. Alors, je veux juste être
sûre que ce n'est pas... Puis ça, on n'utilise pas ça comme prétexte à la fin.
M. Julien : M. le Président,
je te confirme que ça n'a aucun enjeu spécifique là-dessus. Alors, je ne sais
pas comment le dire de manière plus formelle, mais si elle voulait me
l'entendre dire, je le dis très sereinement.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. D'autres remarques?
• (18 h 30) •
Mme Rotiroti : ...parce
que c'est le cas du pont de l'île d'Orléans. Et on n'est pas capable d'obtenir
d'informations via une demande d'accès à l'information. Alors, vous comprenez
pourquoi je questionne le ministre. Et je le dis encore, je sais que le
ministre, là, est de bonne foi, et je veux le croire dans qu'est-ce qu'il dit.
Sincèrement, je veux, mais sincèrement, là, je ne suis pas très rassurée. Je...
J'ai toujours cette inquiétude-là, M. le ministre. Alors, écoutez, on peut
avancer, mais l'inquiétude demeure, parce qu'on a un... On a la preuve. On a un
cas spécifique qui est dans les mêmes circonstances, puis qu'on n'est pas
capable de l'obtenir. Alors, un, on est capable, l'autre, on ne l'est pas.
Alors, je veux juste être sûre que ça ne devienne pas un prétexte pour être, tu
sais, je vais répéter, là. À force de répéter, ça va peut-être.... On va
peut-être avoir...
M. Julien : Vous allez
avoir la même réponse.
Mme Rotiroti : ...la
même réponse. Bon, parfait. Alors...
Le Président (M. Simard) :
Y a-t-il d'autres remarques...
18 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. Simard) : ...sur
cet article tel qu'amendé? Sans quoi nous allons procéder à sa mise aux voix. L'article
7, tel qu'amendé, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Il est adopté. Nous passons, conséquemment, à l'étude de l'article 8. M. le
ministre, pourriez-vous nous en faire lecture, je vous prie?
M. Julien : Oui, puis on a un
amendement aussi. Je vais commencer par la lecture plus l'amendement pour...
après. Parfait. Donc, article 8 :
8. Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 21, du suivant :
21.0.0.1. Un contrat de partenariat doit
prévoir une procédure de règlement des différends qui découle du contrat.
Est-ce que je peux aller avec la
proposition de l'amendement... Excusez-moi, le commentaire : Considérant
la complexité qu'un contrat de partenariat peut comporter, l'article 21.0.0.1
que l'article 8 du projet de loi propose d'ajouter dans la Loi sur les contrats
des organismes publics demande que tout contrat de partenariat renferme une
procédure de règlement des différends. Et...
Le Président (M. Simard) : ...poursuivre
avec l'amendement.
M. Julien : Avec l'amendement.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Julien : Alors, l'amendement
concernant l'article 21.0.0.1 du contrat des organismes publics :
Insérer, à la fin de l'article 21.0.0.1 de
la loi des contrats d'organismes publics que l'article 8 du projet de loi
propose, «ainsi qu'une obligation pour l'adjudicataire de transmettre à l'organisme
public tout renseignement et tout document que celui-ci demande en lien avec le
contrat.
Alors, commentaires : La modification
proposée vise à s'assurer que l'organisme public puisse obtenir de l'adjudicataire
tout renseignement et tout document lié au contrat. Naturellement, c'est le
fameux article 8, M. le Président, là, par rapport au Vérificateur général. C'est-à-dire
que, pour nous, c'est clair qu'on ne modifiera pas la loi du Vérificateur
général. Le Vérificateur général est là pour vérifier les organismes publics.
Naturellement, on souhaite qu'il puisse avoir toute l'information pertinente à
faire son travail. Alors, s'il voulait obtenir des éléments de l'entente
contractuelle entre l'organisme public et le partenaire du secteur privé, on
passe par la permission de l'organisme public d'obtenir tout document pour la
demande du contrat. Donc le Vérificateur général va pouvoir intervenir avec l'organisme
public et, par l'organisme public, obtenir toutes les informations pertinentes
pour la conclusion du contrat. Parce que le pouvoir d'enquête, c'est l'AMP,
mais on veut que le vérificateur puisse faire son travail de manière efficace,
en ayant toute l'information pertinente à son travail.
Le Président (M. Simard) : Alors,
sur l'amendement, y aurait-il des interventions?
Mme Rotiroti : Bien,
effectivement, M. le Président, l'article 8, on en a parlé d'entrée de jeu, au
tout début, hein, c'était mon collègue de Nelligan qui, lors des
consultations... Parce que c'est quand même une demande de la VG, c'était une
préoccupation, je vous dirais, de la VG d'être capable de faire les
vérifications qui s'imposaient. Et de là est venue la demande de mon collègue
de Nelligan, en disant : Bien, M. le ministre, allez-y, allez voir, si qu'est-ce
que vous... Parce qu'il a même déposé, je réitère, mon collègue de Nelligan a
même posé un amendement dans ce sens-là, qui... Puis, si vous le permettez, je
vais le lire, là, c'est très bref, c'est trois lignes, là, qui disent
essentiellement : Un contrat de partenariat... au 21, cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 21, du suivant :
21.0.0.1. Un contrat de partenariat doit
prévoir une procédure du règlement des différends qui découle du contrat ainsi
qu'une obligation pour l'adjudicataire de transmettre à l'organisme public tout
renseignement et tout document que celui-ci demande en lien avec le contrat
avant, pendant ou après l'exécution du contrat.
Alors, la différence de la proposition
suggérée par le ministre, l'amendement du ministre et celui que mon collègue de
Nelligan avait déposé à l'époque, c'est... lui, la vérification se faisait
avant, pendant et après l'exécution du contrat. Cet amendement-là a...
Mme Rotiroti : ...été rejeté,
alors je... Ça, c'est l'amendement que mon... le... mon collègue de Nelligan
avait déposé, qu'il voulait déposer à l'article 8 en lien avec la demande
que vous avez faite par rapport à la Vérificatrice générale. La nuance entre
qu'est-ce que le... mon collègue de Nelligan demandait et qu'est-ce que vous
dites, M. le ministre, c'est que c'est toujours en lien avec le contrat, mais à
la fin du contrat. Mon collègue de Nelligan, lui, il voulait s'assurer que la
vérificatrice avait le... je dirais, la juridiction, le pouvoir de vérifier
tout le long du processus, c'est-à-dire avant, pendant et après l'exécution du
contrat, et demander de l'information, si nécessaire, sur la nature de... du
contrat.
M. Julien : Bien, non. Bien,
non. C'est impossible. Puis je prends les paroles du VG qui est venu ici. Le
VGQ demande une modification pour faire en sorte... pour faire en sorte que le
contractant, donc le contractant, c'est quelqu'un qui a un contrat, soit tenu
de fournir sur demande - le contractant, sur demande - au Vérificateur général
tout document ou renseignement que ce dernier jugera nécessaire en lien avec le
contrat de partenariat, donc... Tu sais, le VG dit : Le contractant, ça
fait qu'il a un contrat... En lien avec le contrat, je veux avoir tous les
documents. Puis il finit en disant : On ne recommande pas, nous autres, de
modifier la loi du Vérificateur général, là. Le vérificateur exprime son besoin
et laisse le législateur décider du moyen. Donc, il dit : Je veux pouvoir
obtenir les documents du contractant, ça veut dire qu'il y a un contrat,
relatifs... tous les documents qui sont relatifs au contrat. Donc, le VG, lui
exprime ça. Les autres peuvent exprimer d'autres choses. Mais moi, je réponds
aux préoccupations du Vérificateur général, et c'est le moyen qu'on utilise qui
cadre parfaitement avec la demande du VG.
Mme Rotiroti : J'ai devant
moi, M. le ministre, la... le mémoire déposé par la VG où est-ce qu'elle rentre
en détail par rapport à certaines préoccupations. Je vais juste vous lire un
extrait. J'ai des grandes préoccupations quant à notre capacité à obtenir des
contractants... obtenir des contractants toutes les informations, les
renseignements nécessaires pour informer adéquatement les parlementaires sur la
réalisation de ces projets d'infrastructure. Mes préoccupations sont d'autant
plus importantes que plusieurs projets d'infrastructures en vigueur pourraient
voir le jour grâce à des contrats de partenariat au cours des prochaines
années. Puis là je ne lirai pas le mémoire au complet. Et là, elle s'en va à
dire... Elle donne un exemple, ça fait qu'elle dit : Il y a trois
entreprises ambulancières... n'avaient pas accédé à nos documents
d'information, et le motif évoqué... une de ces entreprises était que les
sommes qu'elle avait reçues du gouvernement n'étaient pas des subventions, mais
plutôt des achats de services. D'autres points de vue... Là, elle parle de
l'utilisation des fonds publics, la nécessité de s'assurer qu'il y a un
contrôle parlementaire pour l'intérêt public.
Alors, je reviens à la demande. Puis moi,
encore là, on était de bonne foi. D'entrée de jeu, j'ai mis les cartes sur la
table. Je suis revenue sur la demande de mon collègue de Nelligan en
disant : Il vous a demandé d'aller faire votre devoir, de vous assurer que
l'amendement que vous allez amener à l'article 8... et c'était
conditionnel, M. le Président, parce que j'ai pris la parole du ministre en
disant : On ne retardera pas le projet de loi. On va... On va débuter,
puis rendus là, on aura la conversation. On est rendus là, M. le Président.
Alors, moi, je demande... Si, moi, je fais
des vérifications auprès de la Vérificatrice générale avec l'amendement que le
ministre amène à l'article 8, qu'elle va être satisfaite, puis ça répond à
les exigences demandées de la vérificatrice lors de les consultations
publiques.
• (18 h 40) •
M. Julien : M. le Président,
je reprends. Le VGQ, le Vérificateur général du Québec, demande une
modification - alors, c'est ses mots - pour faire en sorte que le contractant,
c'est-à-dire qu'il y a un contrat qui est conclu, là, c'est le contractant,
soit tenu de fournir sur demande au Vérificateur général tout document ou
renseignement que ce dernier jugera nécessaire en lien avec le contrat, alors
c'est...
M. Julien : ...les documents
nécessaires en lien avec le contrat du contractant, et ce, tout au long de
l'exécution du contrat. Après le contrat par son exécution. Ça, c'est les
paroles du Vérificateur général. Il dit : Ainsi, le mémoire du VGQ ne
recommande pas de modifier la loi sur le Vérificateur général. Le vérificateur
exprime son besoin et laisse le législateur décider du moyen. Donc le VG nous
dit : Moi, je veux pouvoir mettre la main sur tous les documents du
contractant, il dit. Alors, il y a un contrat relatif aux contrats. Nous, on
dit : On est d'accord avec ça, on va faire en sorte que l'organisme public
est en droit d'exiger du contractant externe tous les documents en lien avec le
contrat, sans exception. Donc le vérificateur qui vérifie l'organisme public
lui, dit : Je veux avoir tous les documents du contractant relatifs au
contrat. Lui a le droit de l'exiger. On obtient ce qu'on veut obtenir. C'est
comme ça qu'une vérification du vérificateur général se fait. Maintenant, si
vous me dites : Qu'est-ce que ça ne couvre pas? L'article 8 modifié
par rapport aux besoins du VG, je suis prêt à vous entendre, mais ça couvre
parfaitement ses besoins. Elle n'est pas sur le moyen, elle est sur le résultat
d'être en mesure d'avoir tous les documents d'un tiers par rapport à un contrat.
Et on donne le pouvoir à l'organisme public qui, lui, est assujetti au
vérificateur général.
Mme Rotiroti : Alors, si je
prends le raisonnement du ministre, qu'est-ce qu'il vient de nous dire? C'est
que c'est l'organisme public qui va s'assurer d'obtenir toutes les informations
que la VG va demander par rapport. C'est la responsabilité de l'organisme
public d'aller chercher l'information au contractant et tout tous les
intervenants. Et ça revient à l'organisme public à remettre l'information
demandée par la VG. Je comprends bien. C'est ça que vous voulez dire?
M. Julien : Donc l'amendement
vient dire : ainsi qu'une obligation pour l'adjudicataire, c'est le tiers,
de transmettre à l'organisme public tout renseignement et tout document que
celui-ci demande en lien avec le contrat. Donc dans la vie, le VG débarque dans
l'organisme public, il dit : Aïe, je veux voir les documents. L'organisme
public, il dit : Écoute, je ne les ai pas. Demande-les. Il a le droit de
les demander puis il est obligé, l'adjudicataire, de les fournir. C'est comme
ça que ça va marcher.
Mme Rotiroti : Je pense qu'on
dit la même chose, mais je veux juste qu'on s'assure qu'on disait la même
chose. C'est-à-dire que c'est l'obligation repose sur l'organisme public
d'aller chercher l'information que la VG demande d'obtenir.
M. Julien : C'est comme ça,
parce que le VG...
Mme Rotiroti : C'est-à-dire
que l'organisme public a la responsabilité d'aller vers le contracteur ou celui
qui a fait le projet de dire : j'ai besoin de tel, tel ou tel document
parce que je dois. Vous n'êtes pas dans l'obligation. Bien, je pense que pas
mal vous êtes dans l'obligation de le dire, que c'est une demande de VG parce
qu'elle veut faire des vérifications.
M. Julien : Oui.
Mme Rotiroti : Ça fait que
là, le fardeau repose sur l'organisme public de remettre la documentation à la
VG.
M. Julien : C'est-à-dire
qu'encore là, on ne nomme pas la VG, la loi stipule que l'organisme public peut
obtenir de l'externe, du contractant...
Mme Rotiroti : À n'importe
quel moment.
M. Julien : ...tout document.
Alors,, c'est par lui qu'on passe l'obligation de fournir les documents que le
VG va venir, puisque le VG, lui, il vérifie des organismes publics. Puis
dit : Aïe, elle est où ta démonstration? Le VG ne sort pas, il n'a pas de
pouvoir d'enquête d'aller à l'extérieur. Mais en faisant ça, il obtient toute
l'information nécessaire par le biais de l'organisme public.
Mme Rotiroti : Et ça, c'est
toujours à la fin du contrat, pas pendant ou en cours. C'est toujours à la fin.
M. Julien : Bien.
C'est-à-dire que le VG nommait clairement, M. le Président, disait : Pour
faire en sorte que le contractant, il faut qu'il y ait un contrat soit tenu de
fournir sur demande au VG tout document ou renseignement que ce dernier jugera
nécessaire en lien avec le contrat. Alors, c'est le VG qui dit : je veux
que le contractant fournisse l'information en lien avec le contrat. Ça fait
qu'il est assez clair. Tout au long de son partenariat. Il faut qu'il y ait un
contrat avant.
Mme Rotiroti : Il faut qu'il
y ait eu un contrat...
Des voix : ...
Mme Rotiroti : Dans
l'explication du ministre, on l'entend expliquer le fait que l'organisme public
a le fardeau de soumettre toute la documentation demandée par la VG. On peut...
on peut dire que la transparence, à ce moment-là, est... doit être au
rendez-vous, parce que le public est dans l'obligation de soumettre les
renseignements que la VG demande.
Par contre, le fait qu'on... ce nouveau
concept là de contrat collaboratif soulève quand même une inquiétude auprès de
la VG parce qu'elle prend le temps de le dire, c'est un de ses premiers
éléments, d'entrée de jeu, dans son sens en mémoire, elle dit : «L'actuel
projet de loi présente un risque de limitation de contrôle parlementaire à
l'égard des contrats de partenariat.» Alors, il y a une perception, puis je
pense qu'on en a parlé en long et en large dans l'article, dans les articles précédents,
où j'ai mentionné que, pour aucune raison des contrats de partenariat
deviennent un levier pour... une excuse, je dirais, plus, un prétexte de ne pas
avoir les renseignements en disant : Bien, ça mettrait en péril le projet
ou les négociations, etc.
Ici, on a la VG qui exprime une inquiétude
au même égard en disant, puis elle le dit clairement, que le projet de loi,
parce qu'on introduit le concept de partenariat, il y a un risque de limitation
de contrôle parlementaire. Pour moi, limitation de contrôle parlementaire,
c'est, comme on a parlé tout à l'heure, la demande d'accès à l'information. Ça
veut dire qu'il y a un contrat qui est donné et que... Ça fait sous-entendre
qu'on ne peut pas avoir l'information sur un contrat en question, basé sur le
fait que ça a été négocié par contrat de partenariat. C'était un contrat de
partenariat.
Alors je veux juste... Je ne suis pas
encore rassurée, là-dessus, M. le ministre. Puis vous êtes très convaincant
dans vos explications, vous dites : Ça ne peut pas arriver parce qu'au
terme du contrat la documentation qui est demandée doit être soumise, et, en
plus, c'est votre responsabilité de vous assurer d'aller voir le contractant,
obtenir l'information et la donner à la VG pour s'assurer que tout qu'est-ce que
la VG demande, vous lui remettez. Ça n'en demeure pas moins que l'inquiétude
est là, et elle a été exprimée clairement. La VG l'a fait et d'autres groupes
l'ont fait aussi.
Alors, comment qu'on vient ici rassurer
tout le monde que ce n'est pas le cas, et qu'on ne compromet, dans aucune
manière, cette transparence-là, et que vous nous garantissez que la VG a là le
pouvoir de vérification, tel que demandé dans son mémoire?
• (18 h 50) •
Ça fait que je veux juste qu'on soit très
clair, parce que, je vous dis, M. le ministre, d'entrée de jeu, là, si... on va
passer du temps sur l'article 8 si vous n'êtes pas capable de me rassurer sur
cet aspect-là. C'est un aspect qu'on a amené d'entrée de jeu. Je répète, M. le
Président, on était de bonne foi, j'ai accepté de procéder avec le projet de
loi en disant : Quand on arrive ici, qu'on aurait toutes les garanties et
toutes les...
Mme Rotiroti : ...et toutes
les assurances qu'on répondait à ces demandes-là... la demande de la VG. Je ne
suis pas encore rassurée, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, chère collègue. M. le ministre.
M. Julien : Parfait. Bien...
Mais, écoutez, M. le Président, je ne sais pas comment faire plus que ça, mais
je vais retenter quand même, parce que j'ai les mêmes préoccupations que la VG,
l'organisme, le VG, puis, tu sais...
Mme Rotiroti : ...la députée
de Jeanne-Mance-Viger aussi?
M. Julien : Je pense que oui.
Tu sais, selon nous... la VG disait : «Selon nous, le projet de loi
présente un risque de limitation du contrôle parlementaire à l'égard des
contrats de partenariat», puis on dit : «On souhaiterait s'assurer que le
Vérificateur général puisse exercer pleinement sa mission, qui est de favoriser
par la vérification le contrôle parlementaire sur les fonds et autres biens
publics...», et bon.
Alors, l'enjeu du VG est nommé, puis
tantôt vous avez dit : D'autres l'ont dit, là. Personne d'autre n'a dit
ça, là, spécifiquement par rapport à ça. Mais, dans son rôle, le VG dit :
Écoute, j'ai des préoccupations, puis l'amendement vise à couvrir ces
préoccupations, c'est de dire : La loi dit que l'organisme public peut
obtenir tout ce qu'elle veut comme information auprès du tiers lié au contrat.
Ça fait que, tu sais, ce n'est pas, genre, peut-être si... Non, non.
Légalement, là, le contractant, ou bien le consortium, ou bien celui qui est
avec l'organisme public, là, dans la loi, il doit fournir toute l'information
nécessaire à l'organisme public lié au contrat, et le VG a tous les pouvoirs de
vérifier l'organisme public. Donc, pour moi, c'est... Là, là, on l'a
introduite, cette modification-là, pour rassurer le VG, là.
Alors là, j'essaie juste de voir quelle
information, suite à l'entente contractuelle, ne serait pas incluse dans «tout
renseignement ou tout document que celui-ci demande en lien avec le contrat».
C'est... «tout renseignement ou tout document». Là, là, je ne sais pas comment
je peux être plus fort que ça, légalement, pour dire : Aïe! tu as signé
avec nous autres. Quand on va te demander des... La loi dit que l'organisme
public peut exiger ça de toi. Le VG vient en arrière. Donc, je ne passe pas par
le VG directement, ça serait... ça n'aurait pas de sens, mais je le fais par
l'organisme public, puis le VG dit : Allo! je voudrais que tu lui
demandes, puis l'organisme public va lui dire : Oui, oui, je vais
demander.
Mme Rotiroti : Non, mais ça,
je comprends ça, puis on l'a dit.
M. Julien : Alors, on essaie
juste de voir qu'est-ce que ça ne couvre pas, «tout renseignement, tout
document». Si vous avez une autre proposition de... «et toute autre chose», je
ne le sais pas, mais, tu sais, on est sur les renseignements puis sur les
documents, là. Je veux dire, je ne peux pas être plus fort que ça, légalement.
Mme Rotiroti : Encore
quelques minutes, M. le ministre.
Juste pour ma gouverne, M. le ministre, en
tout temps, l'organisme public peut obtenir la documentation relative au
contrat par... peut faire la demande au contractant ou au consortium. En tout
temps, l'organisme public a le pouvoir de demander cette information-là, ou
est-ce que c'est juste au moment que la vérificatrice le demande?
M. Julien : Bien, il pourrait
le demander, mais il ne pourrait pas l'exiger, ce n'est pas prévu au contrat.
Ici, qu'est-ce que ça dit, là, c'est : «Ainsi, l'obligation pour
l'adjudicataire...» Tu sais, l'adjudicataire, là, c'est le tiers, là. Tu es
obligé, là, tu sais, tu as... tu peux... Alors, je n'ai pas besoin de venir
inclure qu'est-ce qui devrait être «tout renseignement et tout document relatif
au contrat», là. La loi, là, te dit que tu es obligé de les fournir. Ça fait
que je n'ai pas prédéterminé à l'intérieur du contrat qu'est-ce qu'il devait
fournir, tu sais.
Mme Rotiroti : Non, non, absolument.
Ce n'est pas ça que je dis non plus, M. le ministre, ce n'est pas...
M. Julien : Alors, tu sais...
Alors, légalement, là, c'est... tu sais, c'est comme... Tu pourrais prétendre,
là, que tu n'es pas obligé, là, mais, si c'est un renseignement puis c'est un
document relatif au contrat, là, tu es obligé.
Mme Rotiroti : Tu es obligé
de le soumettre.
M. Julien : C'est ça.
Mme Rotiroti : Ce n'est pas
tout à fait ce que je lis, là. ...
Des voix : ...
Mme Rotiroti : Je pense que.
Une voix : C'est important
qu'on clarifie.
M. Julien : On avait une
discussion.
Le Président (M. Simard) : C'est
sur votre temps, M. le ministre, là, en ce moment.
M. Julien : Ah oui? Bien...
je vous attends.
Le Président (M. Simard) : Non,
non, on était vraiment sur votre temps de réponse.
M. Julien : Ah! j'avais fini,
moi.
Le Président (M. Simard) : Bon.
Alors, Mme.
Mme Rotiroti : Oui. Le
ministre a-tu fini sa réponse? Parce que c'est important, la question, quand
même.
Le Président (M. Simard) : Il
semblerait que oui.
Mme Rotiroti : Oui? O.K.
Le Président (M. Simard) : La
parole vous appartient.
Mme Rotiroti : Alors, vous
dites que, dans la loi, l'obligation est là de remettre tout document que ceci
demande en lien avec le contrat. Je comprends que la VG, une fois qu'elle vous
le demande, vous pouvez aller chercher. Moi, la question, c'est la
suivante : En tout temps, que la VG, la demande ou pas, en tout temps, si
l'organisme public a besoin d'avoir la documentation par rapport au
contractant... pourra l'obtenir en tout temps, la loi lui permet d'avoir accès
en tout temps. Oui ou non?
M. Julien : Bien oui, c'est
ça que la loi prévoit. La loi dit ça. Puis, en passant, si le VG en a besoin,
bien, la loi dit ça.
Mme Rotiroti : Bien, tant
mieux, il va l'avoir. Le VG avait aussi, au niveau de... toujours dans le souci
de la transparence, là, puis la reddition de comptes qu'on pourrait faire, elle
avait mentionné certaines terminologies qu'on tient dans le projet de loi. Elle
parlait... quand on parle de tenir compte de l'ensemble des coûts directs et
indirects relatifs aux projets. Ça fait que je pense qu'il y avait une
inquiétude de dire, bon, les... est-ce que l'ensemble de... Les frais directs,
bon, c'est écrit dans le contrat, les frais afférents, les frais indirects,
tout ce genre d'information là, si la VG la demande, va être fournie.
M. Julien : C'est-à-dire que
si c'est une entente contractuelle avec des frais, avec ces éléments-là qui
sont nommés, c'est certain qu'elle va obtenir l'information. Puis ça ne peut
pas être autrement qu'à l'intérieur contractuelle, parce que c'est ça qui
gouverne le paiement des frais directs et indirects.
Mme Rotiroti : Une autre
préoccupation que la VG avait, et je la cite parce que c'est dans son mémoire,
puis elle faisait aussi référence dans son allocution, pendant sa
présentation... elle disait que ce serait "important d'assurer un suivi
régulier et suffisant de la performance des contractants et des risques assumés
par le gouvernement tout le long de la réalisation des contrats". Encore
là, on revient au fait que le concept et la notion d'un contrat collaboratif,
où est-ce qu'on est en continuelle discussion et négociation tout le long. Et
là elle a dit : Des risques assumés par le gouvernement tout le long de
la réalisation. Elle, elle demande qu'il y ait un suivi continu aussi.
Alors, est-ce que vous partagez cette
préoccupation-là, M. le ministre, et, si oui, est-ce que, dans le projet de
loi, on vient de s'assurer qu'effectivement il y a un suivi régulier par
rapport à la performance des contractants et les risques aussi, assumés par le
gouvernement tout le long, tout le long, pas à la fin du projet, tout le long
de la réalisation des contrats?
• (19 heures) •
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Julien : Bien, écoutez,
moi, ça ne fait pas de distinction, entre un contrat au plus bas
soumissionnaire, un contrat en mode collaboratif. Une fois qu'on a signé le
contrat, le chemin pour y arriver est différent, puis on a des gains...
19 h (version non révisée)
M. Julien : ...mais, quand on
fait la réalisation en mode traditionnel d'un contrat, de tout temps le
gouvernement, l'organisme public fait le suivi du respect des engagements
contractuels, tu sais, je veux dire, c'est le propre même d'un contrat de
réalisation. Ça fait que je pense qu'est ce que le VG nous disait, c'est :
Comme dans tous les contrats, demeurons vigilants. Mais je ne vois pas... je ne
vois pas de distinction entre les deux.
Mme Rotiroti : Alors, si vous
ne voyez pas de distinction entre les deux, M. le ministre, pourquoi que c'est
une préoccupation qui est quand même partagée par plusieurs groupes, en disant :
Avec ce nouveau concept là qu'on amène, que c'est un contrat partagé puis il y
a négociation tout court... Ce n'est pas la première fois qu'on a cette
conversation-là. J'ai l'impression que je suis redondante, puis je répète, je
me répète souvent, puis je répète souvent la même chose, mais il y a une
inquiétude du fait qu'on est en train de construire un avion en plein vol. C'est
à peu près ça, parce que, tout le long, là, on négocie, on négocie, négocie. Ça
fait qu'il y a une inquiétude, même la vérificatrice, qu'il n'y a pas
suffisamment de vérification ou de suivi par rapport à la performance des
contrats. Alors, je veux juste m'assurer, tu sais... Je comprends qu'on veut
aller vite puis je vous rassure, M. le ministre, là, il y a quelques articles
après celui-là, mais, après ça, c'est la concordance, puis, tu sais, ça va
aller assez vite.
M. Julien : Mais, honnêtement,
je ne veux pas aller vite, alors, tu sais, mais je veux qu'on touche à du
concret.
Mme Rotiroti : Absolument.
Puis on est dans le concret, là.
M. Julien : Alors. À terme du
processus, là, il y a un contrat qui est signé. Alors, c'est le chemin pour
arriver à la signature du contrat qui est différencié. Mais quand un contrat
est signé, il précise les risques de chacun, il précise en fin de compte les
hauteurs de chacun, puis après ça, la réalisation se fait. Donc je fais un pont
en mode traditionnel en réalisation que je le fais en disant : Bien, en
mode de cohabitation, le partenariat, c'est bien pour vous, c'est la même
célérité dans le suivi de la réalisation. Le chemin pour y arriver nous amène à
des vraies collaborations, mais le contrat à un moment donné, il est signé,
puis lui, là, il fait foi de notre engagement. Pour arriver là, là, ça prend
plus de sueur parce qu'il faut convenir des éléments qu'on se partage, mais c'est
au bénéfice des deux. Mais une fois le contrat est signé, le VG me dirait :
En mode traditionnel, pour bien faire le suivi, je dirais oui. Puis en mode
collaboratif, il faut bien faire le suivi. Je dirais oui. C'est il faut bien s'assurer
que les gens font ce qu'ils ont dit qu'ils allaient faire.
Le Président (M. Simard) : Désirez-vous
poursuivre, chère collègue? Ou vous souhaitez que nous suspendions très
rapidement. Ça vous va?
Mme Rotiroti : Oui, ça serait
gentil parce que j'ai deux appels qui rentrent urgents, là, mais je ne voudrais
pas que ça soit perçu comme quoi je veux acheter du temps, là. Ce n'est pas le
cas du tout, du tout.
Le Président (M. Simard) : Non,
non, non. D'ailleurs, j'ai eu un clin d'œil de mes collègues. On va suspendre
momentanément.
(Suspension de la séance à 19 h 04)
(Reprise à 19 h 09)
Le Président (M. Simard) :
Alors, collègues, nous pouvons poursuivre et je vous rappelle que nous sommes
toujours sur l'article 8, en fait, sur l'amendement qu'avait déposé le ministre
concernant l'article 8.
Mme Rotiroti : M. le
Président, je pense que le ministre a démontré sa bonne volonté. Il explique
que la vérificatrice va être rassurée dans les moyens qu'elle va avoir pour
vérifier, pour faire les vérifications que le projet de loi le permet.
L'amendement n'a aucunement limité le contrôle parlementaire, parce que c'était
ça, sa grande inquiétude. Alors, le temps... En tout cas, le temps... on verra
avec le temps, si... si c'est... si effectivement on répond à ces exigences par
rapport à la VG, ça fait que moi, je serais prête à aller... à passer au vote
sur l'amendement, M. le Président.
• (19 h 10) •
Le Président (M. Simard) :
Très bien. D'autres remarques sur l'amendement? Sans quoi nous allons procéder
à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement déposé par le ministre est adopté?
Adopté. Et nous revenons donc à l'étude de l'article 8 maintenant, tel
qu'amendé. Y aurait-il d'autres remarques à cet égard? Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Mme Rotiroti : Merci, M. le
Président. Alors...
Mme Rotiroti : ...dans la
l'article 8, M. le Président, on dit - c'est une phrase, dans le fond, là - on
dit : «Un contrat de partenariat doit prévoir un processus de règlement
des différends... différends qui découlent du contrat.» Je voudrais savoir
quels types de ...différends que l'approche collaborative pourrait... apporter.
Excusez, on est un peu fatigués, ça fait que... qui est différent, dans le
fond, dans les différends qu'on trouve dans les approches traditionnelles.
Est-ce que ce sont les mêmes ou il y a une différence entre les deux?
M. Julien : Qu'est-ce qu'on
veut introduire ici, c'est que les contrats de partenariat ne sont pas
assujettis aux règlements qui prévoient justement d'avoir ce verbatim-là. Donc,
c'est pour ça qu'on l'introduit là, parce que ça va prendre, à l'intérieur des
contrats de partenariat, une procédure de règlement des différends, parce
qu'ils ne sont pas assujettis au règlement sur... le projet de règlement qui
amène ça. Donc, on veut s'assurer que le contrat le précise à l'intérieur du
contrat, on le met à l'intérieur de la loi.
Mme Rotiroti : O.K. Mais ma
question, c'était... Vous parlez des différends qui découlent du contrat,
contrat du partenariat. Il y a des différends aussi qui découlent d'une
approche traditionnelle. Est-ce que les deux différends, dans chaque cas,
est-ce que c'est les mêmes ou ils sont différents? Si oui, c'est quoi, la
différence entre les deux?
M. Julien : C'est la même
chose.
Mme Rotiroti : C'est les
mêmes.
M. Julien : Oui.
Mme Rotiroti : Est-ce que
c'est... Parce que là on est toujours dans l'approche collaborative, est-ce que
ces différends-là, c'est de même pour... quand on parle du gré à gré? Parce
qu'il y a un processus de règlement différent pour le gré à gré. Alors là, on
vient de dire...
M. Julien : Bien, s'il y a
une clause de processus... de processus de règlement dans le contrat de gré à
gré, ça va être la même affaire.
Mme Rotiroti : C'est toutes
les mêmes, peu importe le contrat, c'est ça que vous dites, là? Moi, je ne suis
pas sûre de ça. .
M. Julien : Oui, parce que
c'est le même que la réglementation, lui est assujetti de gré à gré. Alors, le
contrat de partenariat, c'est parce qu'il n'est pas assujetti à la
réglementation, donc, on vient l'introduire. Mais gré à gré ou appel d'offres,
là... eux autres sont assujettis. On vient juste s'assurer d'un miroir, même
exigence, en fin de compte, que contrat additionnel.
Mme Rotiroti : Si je vous dis
«un contrat de partenariat doit prévoir un processus de règlement des
différends qui découlent d'un contrat», n'est-ce pas? C'est quoi, la procédure
du règlement des différends? Ce serait quoi, l'explication sur.... Je
comprends, c'est le miroir, là, l'effet miroir, mais expliquez-moi un petit
peu.
M. Julien : Si vous
permettez...
Mme Rotiroti : Oui, M. Hudon.
Le Président (M. Simard) : Très
rapidement, cher collègue, parce que...
M. Hudon (Alain) : Oui, merci,
M. le Président. Alors, Alain Hudon, légiste au ministère de la Justice. Quand
on parle de procédure de règlement des différends, on vise notamment la
médiation, l'arbitrage, donc, les mécanismes qui vont être mis en place pour
régler les problèmes qui pourraient survenir dans le cadre de l'exécution du
contrat.
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, malheureusement, compte tenu de l'heure, nous devons ajourner
nos travaux. Mais, ceci étant dit, à nouveau, merci pour votre précieuse
collaboration. Belle fin de soirée à tous.
(Fin de la séance à 19 h 15)