Journal des débats de la Commission des finances publiques
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 28 mai 2024
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Vol. 47 N° 50
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 62, Loi visant principalement à diversifier les stratégies d’acquisition des organismes publics et à leur offrir davantage d’agilité dans la réalisation de leurs projets d’infrastructure
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9 h 30 (version non révisée)
(Dix heures)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, bienvenue à toutes et à tous. Nous sommes en mesure de pouvoir
entreprendre nos travaux, car je constate que nous avons le quorum nécessaire
pour ce faire.
Comme vous le savez, notre commission est
aujourd'hui réunie afin de procéder aux consultations particulières et aux
auditions publiques sur le projet de loi no 62, Loi visant principalement à
diversifier les stratégies d'acquisitions des organismes publics et à leur
offrir davantage d'agilité dans la réalisation de leurs projets d'infrastructures.
Alors, Mme la secrétaire, bonjour,
bienvenue parmi nous. Y a-t-il des remplacements ce matin?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Bélanger (Orford) est remplacé par M. Thouin (Rousseau); M.
Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) est remplacé par M. Derraji (Nelligan); et M.
Bouazzi (Maurice-Richard) est remplacé par Mme Zaga Mendez (Verdun).
Le Président (M. Simard) : Donc,
bienvenue à nos nouveaux collègues. Et, comme vous le savez, avant d'entreprendre,
comme tel, les auditions, nous procédons à des remarques préliminaires. Et sans
plus tarder, je cède la parole à M. le ministre.
Oui. Merci, M. le Président. Bien,
bonjour, tout le monde. Chers collègues, grand plaisir d'être ici avec vous,
aujourd'hui et dans les prochains jours, pour qu'on puisse passer ensemble à la
prochaine étape du cheminement du projet de loi numéro no 62, Loi visant
principalement à diversifier les stratégies d'acquisition des organismes
publics et à leur offrir davantage d'agilité lors de la réalisation de leurs
projets d'infrastructures.
Ce projet de loi, M. le Président, cadre
avec la stratégie... la stratégie québécoise en infrastructures publiques, des
infrastructures de qualité, réalisées plus rapidement et à meilleur coût, c'est
l'objectif du gouvernement, que j'ai présentée... on l'a présentée le 9 mai
dernier, et qui fait suite aux initiatives entreprises par notre gouvernement,
entre autres, relativement aux marchés publics, là, alors étroitement travaillée
avec ma collègue présidente du Conseil du trésor...
10 h (version non révisée)
M. Julien : ...il s'agit d'une
stratégie, M. le Président, ambitieuse, dont les effets vont être durables, qui
visent justement à accélérer la réalisation des projets publics, à obtenir des
meilleurs coups et à assurer davantage d'efficience, surtout au moment de la
planification et de la réalisation des projets, parce qu'on souhaite améliorer
l'état de nos infrastructures publiques au Québec. Notre vision est de doter
les infrastructures... le Québec d'infrastructures de qualité, puisque ces infrastructures-là
sont le reflet de notre identité, et on est encore plus fier quand elles sont
de qualité. Le parc d'infrastructures doit être en bon état pour répondre aux
besoins de la population, aux besoins des missions de l'État. Chaque dollar qu'on
investit dans nos infrastructures doit en donner le plus possible. Et pour
optimiser l'efficience, le coût marginal qui est rajouté en infrastructures, on
doit procéder à des modifications qu'on amène à l'intérieur de la stratégie et
à l'intérieur du projet de loi n° 62 dans le cadre
législatif.
Notre stratégie propose des mesures qui
vont permettre d'améliorer, dès le processus d'idéation, jusqu'à la mise en
service des projets, la réalisation des projets d'infrastructures, tout en
assurant la qualité et la pérennité de nos infrastructures. Donc, on fait un et
l'autre. Pour moi, c'est clair que cette stratégie-là qui a 17 mesures,
dont plusieurs sont à l'intérieur du projet de loi n° 62,
on a l'ambition de pouvoir réaliser des projets d'infrastructure d'envergure
25 % plus rapidement, avec une réduction de 15 % du coût. Quatre axes
dans la stratégie, M. le Président, une planification optimisée, bien
planifiée, bien connaître nos besoins pour pouvoir lancer sur le marché un
environnement d'affaires plus compétitif, justement, augmenter la concurrence,
sans jamais mettre en doute l'intégrité, l'équité, la transparence, qui sont
des valeurs phares de la LCOP, la Loi sur les contrats d'organismes publics et
qui le marché... l'Autorité des marchés publics veille au grain là-dessus. On
veut avoir un État plus agile. Dans nos relations interministérielles, comment
qu'on peut faire plus rapidement et mieux? On veut un meilleur suivi de la
performance et des investissements par rapport à leurs extrants et leurs effets.
Alors, dans ce contexte, la stratégie
québécoise récupère ces quatre axes-là. Plusieurs mesures qui sont
structurantes et on est actuellement ensemble ici pour travailler sur la base
de cette stratégie là, le projet de loi n° 62, qui
vient modifier la Loi sur les contrats d'organismes publics principalement et
la Loi sur les infrastructures publiques.
Alors, je suis très heureux d'avoir
plusieurs groupes qui vont venir discuter avec nous, justement, de leur vision,
de leur appréciation. On est ouverts aux bonifications puisque je suis certain
qu'on a le même objectif. On veut faire mieux, on veut assurer ensemble une
pérennité, nos infrastructures publiques qui sont au cœur de notre mission
étatique. Donc, merci à tous les groupes qui se présentent, merci aux collègues
qui y participent et merci, naturellement, à toute l'équipe administrative qui
nous supporte dans ce beau projet de loi là. Je pense que ça va cheminer
rondement parce qu'on a tout intérêt à pouvoir améliorer l'efficience dans nos
réalisations de projets d'infrastructures publiques au Québec. Merci.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci à vous, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au leader de l'opposition
officielle et député de Nelligan. Cher collègue.
M. Derraji : Merci, M. le
Président, bonjour. Bonjour à tous les membres de la commission, M. le ministre,
son équipe du ministère de la SQI. C'est le premier projet de loi du ministre
depuis qu'il est titulaire du portefeuille des Infrastructures. C'est un projet
de loi qui modifie cinq lois, quatre règlements et qui a comme objectif de
donner plus d'agilité dans les projets d'infrastructures.
Le ministre se fixe des cibles
ambitieuses. Il dit qu'avec ce projet de loi les projets d'infrastructures vont
coûter jusqu'à 15 % de moins et réduire les délais jusqu'à 25 %. M.
le Président, évidemment, il n'y a personne, personne au Québec qui ne va
pas... qui peux, ou qui va espérer, ou qui va être contre que ça coûte moins
cher et que ça se fasse plus vite. Mais l'histoire, malheureusement, l'histoire
et les chiffres... l'histoire récente du gouvernement caquiste en matière de
construction nous laisse un peu perplexes. Je veux juste faire un petit résumé
parce que sinon, je n'ai pas... je n'ai pas, malheureusement, 1 heure pour
en parler, j'ai quatre minutes.
Maisons des aînés, les coûts ont explosé.
On est rendu à 1 million de dollars par porte, pas pour un condo au
centre-ville de Montréal, pas pour une pour une belle grosse maison en banlieue,
on parle 1 million de dollars pour une chambre. Les délais de construction
sont interminables et quand ils sont finalement livrés, ils ont des problèmes.
Le ministre m'a entendu déjà parler de ça lors de l'étude des crédits,
Chicoutimi, Alma, Roberval, problèmes de fissures, infiltrations d'eau,
moisissures. À Mirabel, on a...
M. Derraji : ...un terrain à
l'entreprise de proches d'un membre de la pègre irlandaise, et on l'a payé plus
cher que ce qu'il valait vraiment. Pire encore, on a dû complètement démolir
une aile de la maison des aînés avant même son ouverture en raison des
problèmes de construction. Ça, c'est juste ce qui se passe au niveau des
maisons des aînés.
Espaces bleus, ça vous dit quelque chose,
M. le Président? Le gouvernement avait annoncé un projet il y a trois ans, un
nouveau type de musée qui devrait être déployé dans les 17 régions du
Québec. C'était le legs culturel de la CAQ. Ça devrait coûter
260 millions de dollars. En trois ans, on est passé de
260 millions de dollars à 1 milliard de dollars. On pense
évidemment au troisième lien. Honnêtement, je n'aurai pas assez de temps pour
refaire l'histoire de ce projet. Le troisième lien n'existe toujours pas et
qu'il n'existera probablement jamais. On pense au pont de l'Île d'Orléans.
Le... ministre caquiste des Transports avait dit que ça coûterait quelques
centaines de millions, et, finalement, la nouvelle ministre a dit que ça sera
2,7 milliards pour l'instant.
Je peux passer... quelques minutes sur le
préfabriqué dans les projets d'infrastructure, mais, M. le Président, gardons
en tête tout cela tout au long du projet... de l'étude du projet de loi. Parce
que c'est ce qu'on veut, c'est vraiment que ça coûte moins cher aux Québécois
et qu'on respecte les délais. Je ne peux pas ne pas parler du projet de loi
n° 66 dans l'ancienne législature, la 42. Le gouvernement voulait
accélérer des projets d'infrastructures, ça pressait. Je me rappelle, M. le
Président, une campagne de... sur Twitter, une pression médiatique. Il y avait
même un changement de ministre par la suite pour redéposer un autre projet de
loi, et la loi cible 180 projets d'infrastructure urgents, urgents,
urgents. Bien, vous savez où nous sommes aujourd'hui, quatre ans plus tard,
sachant que le ministre lui-même et le ministère lui-même s'est donné
l'ensemble des outils pour accélérer l'ensemble des projets? 23, 23 des projets
sont terminés. C'est moins du quart. Mais vous allez me dire : Et
concernant les projets qui sont sous la responsabilité du ministre responsable
de l'Infrastructure, combien de projets terminés? Pas un, pas deux, pas trois,
c'est zéro quatre ans plus tard.
Donc, alors, quand le ministre nous dit
qu'il va faire plus vite, et que ça va coûter moins cher, vous comprendrez, M.
le Président, que je suis sceptique, mais on va se donner le temps d'écouter
les groupes. Très heureux de participer dans cette commission. On va écouter
les groupes, mais vous allez m'entendre, M. le Président. Je veux absolument
une assurance que ça va coûter moins cher aux Québécois et qu'on va réaliser
les projets très rapidement. Parce que, malheureusement, en date d'aujourd'hui,
le bilan caquiste en matière d'infrastructure, il n'est pas si... comme on le
souhaite tous.
Alors, M. le Président, hâte à commencer
cette étude des consultations et merci encore une fois.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, cher collègue. Et je cède maintenant la parole à notre collègue de
Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Je tiens à mon tour de saluer tous les collègues de la banquette
ministérielle, M. le ministre, M. le député de Nelligan également. Salut à
toutes les personnes qui vont venir aujourd'hui, demain, dans les prochains
jours, aux différentes consultations et qui vont nous... bon, enrichir le débat
autour du projet de loi n° 62.
Nous abordons l'étude de ce projet de loi,
mais d'abord les consultations... avec un souhait, un souhait qu'on partage de
diversification et, oui, d'agilité dans le processus d'octroi des contrats
publics. Puis je pense qu'il faut se rappeler l'objectif d'abord et avant tout,
avancer des projets d'infrastructure qui sont attendus. On parle de nos
services publics, mais il faut parler également des infrastructures nécessaires
pour une transition, une transition écologique. À cet égard, je pense qu'il est
important de considérer comment ces processus-là vont pouvoir éventuellement,
suite à nos discussions, bénéficier également au développement du transport
collectif, du transport de la mobilité durable partout au Québec, qui est un
chantier important à accélérer, à entreprendre pour... dans la lutte au
changement climatique.
• (10 h 10) •
Le deuxième souhait, c'est qu'on sorte de
l'incertitude. C'est-à-dire, on sait que l'incertitude dans la réalisation des
contrats publics fait en sorte qu'on n'amène pas seulement des retards, on
excède dans les coûts, et ça crée des confusions dans la réalisation de
projets.
Et finalement, nous allons poser
différentes questions et discuter concernant l'attribution... une attribution
équitable des contrats publics.
Le Président (M. Simard) : Merci,
chère collègue.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Le Président (M. Simard) : Votre
temps étant révolu, je cède maintenant la parole aux représentants de
l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec.
Mme Zaga Mendez : Non, on a
un collègue de plus.
Le Président (M. Simard) : Non,
non. Nos règlements font en sorte qu'il y a un président qui préside, et,
malheureusement, notre député étant considéré comme...
Le Président (M. Simard) : ...il
n'a pas de droit de parole durant les remarques préliminaires, à moins... à
moins qu'il y ait un consentement, exceptionnellement, s'il y a consentement,
avec un consentement, on peut tout faire, mais c'était prévu comme ça. Désolé,
collègue.
M. Paradis : Bien, pourtant,
M. le Président, je suis membre indépendant de plusieurs autres commissions, et
on a toujours eu une minute de commentaire introductif. Alors, je vous
invite... je vous invite à me céder la parole pour une minute. Alors, si mes
collègues sont d'accord, d'ailleurs.
Le Président (M. Simard) : Je
comprends ça, mais j'ai besoin, selon le règlement, d'un consentement. Je ne
peux pas vous le donner de facto. Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Simard) : Consentement
aussi du côté de Québec solidaire? Je ne le vois pas encore.
Une voix : Consentement pour
une minute.
Le Président (M. Simard) : Il
y a consentement. Alors, cher collègue de Jean-Talon, à vous la parole...
M. Paradis : Merci beaucoup,
M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Bienvenue.
M. Paradis : M. le
ministre...
Le Président (M. Simard) : ...vous
le savez, c'est de faire respecter des règlements, mais à vous la parole, cher
ami.
M. Paradis : Merci. De
nouveau, merci beaucoup, M. le Président. Chers collègues des banquettes
gouvernementales, de l'opposition, membres de l'Assemblée nationale, personnes
qui participent, salutations. Les objectifs, les intentions visées par ce
projet de loi sont intéressantes, donner de l'agilité à la façon dont on passe
des contrats, partenariats, approche collaborative. C'est intéressant. On a
très hâte d'entendre les gens qui vont venir nous en parler. Ces objectifs-là,
on espère que ça va augmenter la productivité, réduire les coûts, mais il faut
aussi s'assurer que la confiance du public dans les marchés publics demeure,
que la transparence et le traitement intégré équitable de tous les participants
soient assurés. On va être vigilants et on a hâte de vous écouter. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. D'autres remarques, cher collègue de Jean-Talon, ça va? Alors, nous
allons donc procéder à nos auditions comme telles. Et je cède la parole à
l'Association des constructeurs de route et grands travaux du Québec. Mme,
Messieurs, soyez les bienvenus. Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous
présenter? Après quoi vous aurez 10 minutes d'audition.
M. Turgeon (Jean-François) : Oui.
Bonjour, Jean-François Turgeon. Je suis premier vice-président à l'ACGTQ.
Mme Bourque (Gisèle) : Mon
nom est Gisèle Bourque, je suis avocate et directrice générale de l'Association
des constructeurs de routes et grands travaux du Québec.
M. Joncas (Marc) : Bonjour à
tous. Marc Joncas, président du conseil d'administration de l'ACRGTQ.
M. Tremblay (Pierre) : Bonjour,
Pierre Tremblay, je suis directeur des services science, technologies à
l'ACRGTQ. Merci.
Mme Bourque (Gisèle) : On y
va?
Le Président (M. Simard) : Vous
avez la parole.
Mme Bourque (Gisèle) : Alors,
M. le Président, M. le ministre des Infrastructures, Mmes et MM. les députés,
nous vous remercions de l'occasion qui nous est offerte aujourd'hui de vous
présenter le point de vue de l'Association des constructeurs de routes et
grands travaux du Québec à l'égard du projet de loi n° 62. Alors, comme je me
suis présentée tout à l'heure, donc, je ne le referai pas deux fois, accompagnée
des gens qui se sont identifiés également.
Alors, je vous... je me permets de vous
présenter brièvement notre association. L'ACRGTQ a été incorporée en 1944 et
représente la majorité des principaux entrepreneurs et fournisseurs oeuvrant
dans la construction de routes, d'ouvrages de génie civil et de grands travaux.
À ce titre, elle représente plus de 2600 employeurs actifs au sein de
l'industrie de la construction de routes, d'ouvrages de génie civil et de
grands travaux, lesquels emploient plus de 44 500 salariés ayant travaillé
39,6 millions d'heures estimées par la Commission de la construction en
2023.
À titre introductif, l'ACRGTQ salue la
volonté du Gouvernement d'introduire dans la loi la possibilité pour les
organismes publics d'avoir recours à des contrats de partenariat. La
possibilité pour les donneurs d'ouvrage d'utiliser des approches collaboratives
dans le cadre des contrats publics est souhaitable et demandée d'ailleurs par
l'association depuis de nombreuses années déjà. Nous sommes persuadés que
l'introduction de tels modes contractuels contribueront à rendre les organismes
publics attrayants pour les entrepreneurs et que la collaboration découlant de
ces contrats permettra d'améliorer l'efficience et la productivité des
chantiers, tout en réduisant les coûts de réalisation de ceux-ci.
Ceci dit, bien que notre accueil du projet
de loi n° 62 soit favorable, l'association désire tout de même adresser
quelques commentaires et suggestions à la commission. Tout d'abord, la liberté
contractuelle dans le cadre des contrats de partenariat. D'entrée de jeu,
l'ACRGTQ constate qu'il n'est pas prévu de dispositions dans les contrats de
partenariat visant les sous-traitants. Or, il est essentiel, dans l'esprit d'un
contrat de partenariat, que les sous-contrats en découlant soient assujettis au
libre marché. Il serait inconciliable avec l'application de telles dispositions
toute clause de stipulation pour autrui ou imposition de sous-traitants aux
parties, alors que les contrats collaboratifs sont basés sur le principe de la
confiance entre les cocontractants et leur capacité de travailler ensemble. De
ce fait, l'ajout d'un sous-contractant non choisi par l'ensemble des parties
constituerait un risque majeur pouvant nuire à la bonne exécution des travaux.
À cette fin, l'association propose qu'il
soit prévu que les sous-contrats...
Mme Bourque (Gisèle) : ...dans
le cadre des contrats de partenariat soit soumis à l'approbation de toutes les
parties, considérant que chaque partie au contrat initial partage les risques,
de même que les gains ou pertes, et que l'ajout d'un sous-traitant constituera
un élément incontournable dans l'analyse des risques de chaque partie. Une
procédure de sélection pour tous les sous-contractants devrait donc être
déterminée à même le contrat de partenariat à être conclu.
L'instauration des contrats de
partenariat. L'introduction de contrats de partenariat s'inscrit, selon nous,
dans le contexte de la modernisation de l'industrie de la construction, qui a
fait l'objet d'une accélération dans les dernières années. Bien que
l'association se réjouisse de ce tournant essentiel pour l'industrie, celle-ci
est toutefois soucieuse que le secteur génie civil et voirie puisse être en
mesure de bien s'adapter aux changements de paradigmes. C'est pourquoi nous
recommandons que le gouvernement se dote d'une feuille de route permettant de
connaître en amont les projets qui sont réalisés en contrats de partenariat.
Nous demandons qu'une liste détaillée des projets d'infrastructure soit publiée
par le gouvernement à chaque année. Une telle liste pourrait être prévue dans
le Plan québécois des infrastructures.
De plus, nous croyons qu'il serait utile
que les parties à un contrat de partenariat fournissent un bilan une fois les
projets terminés. Ce bilan aurait plusieurs avantages, soit de déterminer les
obstacles et les meilleures pratiques dans les contrats publics afin de pouvoir
bonifier les contrats en fonction des expériences passées qui pourraient servir
à tous les organismes publics. Finalement, cette information pourrait permettre
au Conseil du trésor de formuler une directive en matière de gouvernance et de
gestion des infrastructures publiques orientée vers les contrats collaboratifs
qui pourraient bénéficier à toutes les parties concernées.
La collaboration de l'industrie avec
l'État. L'ACRGTQ soutient que les travaux qui seront effectués en contrat de
partenariat constituent cependant un pourcentage restreint de l'ensemble des
contrats qui seront octroyés par le gouvernement. Or, pour l'association, les
contrats liés à la réfection des infrastructures routières au Québec devraient
pouvoir bénéficier des connaissances de l'industrie afin de trouver des
solutions innovantes pour remédier au déficit de maintien d'actifs dans ce
domaine, et ce, en respectant les objectifs du gouvernement, soit d'effectuer
des travaux plus vite, à moindre coût et étant plus respectueux de
l'environnement.
Concrètement, concernant la réfection et
l'entretien des routes, plusieurs membres de l'association possèdent des
connaissances et techniques de réalisation qui pourraient permettre à l'État de
faire ce type de travaux à moindre coût, en moins de temps et en émettant
considérablement moins d'émissions de gaz à effet de serre et de matières
résiduelles. Nous considérons qu'il serait ainsi dans l'intérêt de la société
que ces entrepreneurs puissent proposer à un organisme public, lorsque
possible, des techniques ou méthodes d'exécution visant à favoriser l'économie
circulaire, comme le recyclage en place d'enrobés bitumineux ou des techniques
permettant d'augmenter le pourcentage de recyclage de ces enrobés.
Or, les règles strictes encadrant l'octroi
des contrats prévues actuellement ne permettent pas aux entrepreneurs de
proposer des variantes à la conception prévue dans les documents d'appel
d'offres, ce qui constitue une opportunité manquée, à notre avis, et est
également un obstacle à l'innovation dans le secteur du génie civil et de la
voirie.
L'ACRGTQ demande donc au gouvernement de
prévoir une procédure permettant aux organismes publics de recevoir, dans le
cadre des appels d'offres publics, une procédure leur permettant des offres
différentes des dispositions contractuelles prévues, à condition que celle-ci
ait une valeur ajoutée basée sur certains critères comme le prix, la durée des
travaux ou l'impact environnemental.
• (10 h 20) •
La possibilité d'annuler la décision du
tiers décideur et les recommandations de la Coalition contre les retards de
paiement dans la construction, dont l'ACRGTQ fait partie. Alors, nous vous
rappelons que nous faisons partie de la Coalition contre les retards de paiement
dans la construction depuis sa création, il y a plus de 10 ans. Nous faisons
nôtres les commentaires et recommandations de la coalition qui ont été
communiqués dans son mémoire. À cet égard, nous demandons donc le retrait de
l'article 13 du projet de loi no 62, qui prévoit une procédure permettant
l'annulation d'une décision du tiers décideur, car celle-ci introduit un
nouveau niveau de complication dans le processus de règlement des différends
qui ne mèneront pas au règlement définitif du règlement. Cette procédure est
superflue, car les parties conservent le recours suivant une telle décision,
contrairement à une décision arbitrale.
Concernant le désir d'attractivité de
l'État, nous devons toutefois porter à votre attention qu'un projet de
règlement prévoit le retrait de l'obligation pour les donneurs d'ouvrage
publics d'exiger des garanties de soumission pour les contrats de plus de...
Mme Bourque (Gisèle) : ...500 000 $,
nous devons soulever qu'un tel retrait risque de créer un sérieux désintérêt pour
ces contrats de la part des entrepreneurs et des sous-traitants compétents.
Nous tenons donc à indiquer que les garanties de soumission sont un élément
essentiel à l'industrie et qu'il s'agit d'une mesure attractive, déjà en place,
qu'il est nécessaire de garder.
En terminant, l'ACRGTQ salue le projet de
loi n° 62 et les démarches de l'État visant à devenir un donneur d'ouvrage plus
attractif. Nous considérons que l'introduction de contrats de partenariat est
un excellent moyen pour y parvenir. Nous encourageons même le gouvernement à
aller plus loin sur cette voie afin de permettre à l'État de collaborer avec
l'industrie afin d'obtenir des ouvrages réalisés plus rapidement, à meilleur
coût et de meilleure qualité. Nous vous remercions de votre attention.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, chère dame. Donc, nous allons aborder notre période d'échange. Sans
plus tarder, je laisse la parole au ministre, et votre groupe parlementaire
dispose de 16 minutes 30 secondes.
M. Julien : Oui, merci, M. le
Président. Écoutez, merci beaucoup pour le document, pour votre allocution qui
amène plusieurs éléments hyperintéressants qu'on va certainement considérer à
certains égards. Aussi, les règlements qui s'en viennent devraient répondre à
certaines préoccupations. Alors, on verra la suite des choses.
Ma première question, vous semblez être
assez ouvert sur les modes collaboratifs. Selon vous, c'est quoi, les facteurs
de succès clés pour réussir ces modes de collaboration? Et comment vous pouvez
exprimer si votre industrie est apte justement à participer de manière positive
à ces modes collaboratifs? Comment vous évaluez le positionnement de votre
industrie?
M. Tremblay (Pierre) : Bien,
évidemment, en ce qui nous concerne, on croit sincèrement que l'application du
mode collaboratif va mettre en cohérence, je dirai, les gens qui sont en
connaissance des projets. Actuellement, on a de la conception, d'un côté, on a
de l'architecture d'un côté, puis on a un entrepreneur exécutant, de l'autre
côté, puis on des sous-traitants fournisseurs, comme tels, qui sont là. Chaque
partie prenante fait en sorte de son... de sa façon de faire les choses, je
dirai, un vase clos. L'objectif du collaboratif, dans notre cas à nous, c'est
de mettre en commun ces connaissances-là, parce qu'exemple une conception basée
sur une manière de faire, exemple, en acier pourrait, à la limite, être
différemment fait, si, demain matin, l'entrepreneur suggère autrement. Donc,
cette collaboration-là de connaissance doit être mis, je dirai, en, comment
est-ce qu'on pourrait dire ça dont, en lien, à la base, à la conception. C'est
à la conception que tout ça doit se passer.
Donc, théoriquement, la mise en commun des
connaissances de chacune des parties va faire en sorte d'éviter les erreurs
puis de proposer des choses beaucoup plus innovantes et améliorées pour,
évidemment, un projet de qualité, des coûts, je dirais, beaucoup plus diminués
et évidemment des échéanciers qui vont être beaucoup plus, je dirai, aménagés
dans le sens où tout le monde va y avoir participé et collaboré en amont. Ça,
c'est, je dirais, à notre sens à nous, ce sont les trois éléments qui sont les
plus adaptés à ça, donc l'optimisation des ressources à la base, au niveau de
la préparation du projet.
M. Joncas (Marc) : Moi,
j'ajouterais que, Marc Joncas, président de l'ACRGTQ et représentant des 800
membres de l'ACRGTQ, j'ajouterais qu'on salue vraiment cette cette nouvelle
façon de faire là. D'ailleurs, ça existe dans plusieurs pays, Australie,
Nouvelle-Zélande, ça existe même en Ontario et dans l'Est du Canada, et ça se
passe plutôt bien. Ça fait que, vraiment, on est pour travailler en équipe, on
veut travailler en équipe, on a... Les membres ont tous levé la main sur ce
type de contrat à notre dernier congrès. Ça fait que les membres sont prêts à
ça. Ça fait longtemps qu'on le demande. On est prêt, on est vraiment prêts et
on bénéficie également, bon, ça a été à retardement, mais de l'expérience des
autres provinces et du meilleur mode de contrat qu'on peut travailler ensemble.
Je pense que c'est... On salue vraiment cette alternative-là.
M. Julien : Parfait.
M. Turgeon (Jean-François) : Au
niveau des facteurs clés de succès que vous parlez, je pense, la collaboration,
le travail d'équipe, je pense que les gens sont prêts à aller vers là, les
nouvelles générations sont prêtes à aller vers là. La planification des
projets, c'est un élément clé pour réduire les coûts et les délais.
Actuellement, de la façon que ça fonctionne au Québec, on arrive avec des plans
et devis qui ont été réfléchis par certaines personnes, puis d'autres gens qui
vont les construire. Donc, évidemment, ce n'est pas optimal, et on est en
retard sur le processus, on n'est plus capable d'intervenir pour la... d'un
point de vue réalisation, parce que les dés sont joués. Donc, l'idée de ça,
c'est de mettre tout le monde à contribution, qui vont travailler ensemble...
M. Turgeon (Jean-François) : ...en
amont, dès le début, pour trouver les meilleures solutions, puis c'est ces
approches-là qui permettent de faire ça. Actuellement, on n'est pas capable de
faire ça dans le marché de la façon que les appels d'offres sont octroyés.
M. Julien : ...tantôt, il y a
des choses qui ont été nommées, puis je voulais avoir... être certain d'avoir
une compréhension adéquate, là. Dans un mode collaboratif où on viendrait
éventuellement, là... dépendant... parce que c'est un éventail, les modes
alternatifs collaboratifs, on peut aller jusqu'au RPI, comme le pont de
Kingston, que vous connaissez bien certainement, mais prenons par exemple un
mode collaboratif où on viendrait qualifier un consortium. Vous avez mentionné
après ça les enjeux de sous-traitants. Là, je me disais... Je veux être certain
de bien les concevoir parce que l'entente contractuelle est entre le donneur
d'ouvrage public et éventuellement un consortium, avec l'approbation, la
démarche, etc., puis, par la suite, bon, les sous-traitants de ce consortium-là,
je n'ai pas bien saisi, là, vos enjeux par rapport à ça. Parce que, pour moi,
ça... pour moi, c'est un marché qui est... qui appartient au consortium et dans
lequel, bien, vous faites... le consortium fait ce qu'il a à faire.
M. Tremblay (Pierre) : Bien,
effectivement, le consortium, il est composé de l'entrepreneur général, de
l'ingénieur-conseil, de l'architecte et du donneur d'ouvrage, je dirai, et
s'attachent, exemple, à l'entrepreneur et autres parties prenantes différents
fournisseurs et sous-traitants qui sont spécialisés dans la conception ou dans
la fabrication de différentes pièces, je dirai, un peu... plutôt techniques. Ce
qu'on mentionne, c'est que ces personnes-là, ces sous-traitants-là ou ces
fournisseurs-là doivent aussi être, je dirai, choisis par le groupe pour être
encore les meilleurs, parce que le groupe, l'important, c'est d'avoir les
meilleures personnes pour le meilleur projet possible, bien installées. Ça fait
que, si on oblige, par les règles actuelles, dans certains contextes, d'avoir
des sous-traitants qui sont, je dirai, dirigés par le fait que le règlement
doit, exemple, aller... là, je pense au bureau... le bureau... le BSDQ, en bon
français, est-ce que c'est vraiment le bon sous-traitant puis le bon fournisseur
qui va être associé au meilleur groupe possible? On n'en est pas convaincus.
Donc, le fournisseur et le sous-traitant, dans certains contextes, a autant
d'importance que l'entrepreneur général. Donc, si on sélectionne le meilleur
groupe pour pouvoir faire le meilleur projet, on doit aussi être conséquent
puis avoir les meilleurs sous-traitants possibles qui sont associés, je dirai,
à la conception du produit lui-même, autant au niveau des fournisseurs qu'au
niveau des sous-traitants.
M. Julien : On va... On va
clarifier, mais on me dit, en fin de compte, que ces projets-là de cette
nature-là ne sont pas soumis à la réglementation que vous mentionnez, mais on
va... on va le valider.
M. Tremblay (Pierre) : C'est...
C'est ça qu'on voulait soulever comme tel, donc...
M. Julien : Le cas échéant,
donc, cet élément-là serait clarifié.
M. Tremblay (Pierre) : C'est
la cohérence de la sélection.
M. Julien : On va... On va le
clarifier. On entend parfois, peut-être par méconnaissance ou parce que...
bien, c'est ça, par méconnaissance probablement, que les modes collaboratifs
amènent plus de risques à la fois de pratiques collusoires ou de risques
d'augmentation des coûts pour le donneur d'ouvrage public. Pouvez-vous me
donner votre point de vue là-dessus?
M. Joncas (Marc) : Écoutez,
nous, on ne le croit pas, on ne le croit pas parce que, déjà, ça existe déjà
ailleurs. Et je pense qu'il peut y avoir des règles, des règles de base
contractuelles où chacun... chaque soumissionnaire a la possibilité d'avoir le
meilleur prix et le meilleur projet possible. Ça existe déjà un peu partout. Ça
fait qu'il n'y a pas de raison que ça soit fait en transparence et avec
énormément... le plus éthiquement possible. C'est... C'est des choses qui
existent déjà. Ça fait que nous, on n'est pas inquiets du tout de ce côté-là.
Je ne sais pas si mes collègues veulent rajouter quelque chose.
M. Turgeon (Jean-François) : Nous,
on a... Moi, personnellement, j'ai participé à plusieurs projets collaboratifs
au Québec, ailleurs au Québec. La collaboration, c'est une question de
confiance. Il faut avoir confiance en... aux individus en qui on travaille. Il
y a plusieurs façons. Là, je comprends qu'on est dans des institutions
publiques. Il y a plusieurs mécanismes de vérification, de préqualification en
amont pour s'assurer... Il y a des... Il y a l'AMP qui existe. Il y a plusieurs
mécanismes au Québec qui sont déjà en place pour s'assurer de ça. Mais, à la
base, une fois que les qualifications... les gens sont sélectionnés, il faut
avoir confiance en le processus, que c'est les bonnes personnes pour réaliser
le bon projet. Si ça ne les est pas, bien, regardez, il va falloir qu'il y ait
des... un post-mortem de ça pour s'assurer de ne pas répéter ces erreurs-là.
Mais nous, pour avoir participé à plusieurs projets collaboratifs dans
différents mécanismes, je vous dirais que ça n'a jamais été un enjeu.
• (10 h 30) •
Mme Bourque (Gisèle) : Et
puis pour renchérir sur ce que vient de dire Jean-François, l'Autorité des
marchés publics est également très, très, très présente. Elle est omniprésente.
Alors, c'est justement un des rôles qu'elle doit... desquels elle doit
s'acquitter. Alors, il y a cette sécurité-là qui existe en permanence.
M. Julien : Parfait. Parfait.
Vous représentez quand même plusieurs...
10 h 30 (version non révisée)
M. Julien : ...46 000
employés, de mémoire, en tout cas ce que j'ai vu, alors un vaste éventail de
votre industrie. En quoi un projet loi comme celui... comme celui-ci... et je
reviens aussi sur le mode collaboratif, qui est un élément important du projet
de loi, comment on peut prétendre que ça va augmenter la concurrence du secteur
privé, puis pourquoi ça le ferait, dans les projets d'infrastructures
publiques?
M. Joncas (Marc) : ...je
pense, vous l'avez vu avec le tramway de Québec et tous les derniers projets,
le transfert de risque était essentiellement transféré à l'entrepreneur...
bien, un peu... un peu au donneur d'ouvrage aussi parce que c'est lui le
payeur, mais entre les deux, il y avait... bon, il y avait les firmes d'ingénieurs,
qui avaient... qui n'avaient à peu près pas de risque. Donc, les contrats
collaboratifs, dépendant comment qu'ils sont faits, en général, le transfert de
risque se fait à chacun, et tout le monde travaille pour le meilleur projet et
le meilleur prix. Donc, moi, je pense que ça va amener plus d'entrepreneurs,
parce qu'aujourd'hui ça fait fuir les entrepreneurs, ça prend des énormes
garanties financières que pas toutes les entreprises peuvent donner. Donc,
ça... nous, on est convaincus que ça va amener plus de gens à la porte pour
faire ces projets-là, parce que le risque est partagé, et c'est fait dans un
mode collaboratif, où on peut... on travaille ensemble pour le meilleur projet.
M. Julien : Parfait. Mais
quand on mentionne ça, quelqu'un pourrait venir dire également : bien, si
le risque est partagé, tandis que dans l'ancien modèle, le risque était pour l'entrepreneur,
quel est l'intérêt, en fin de compte, du donneur d'ouvrage public de partager
le risque? Mais j'avais quand même l'impression qu'aussi pour l'entrepreneur ou
pour le concepteur ou en tout cas pour le marché privé, quand c'est des projets
complexes, il devient difficile de définir de manière précise quels sont les
risques qui vont se matérialiser. Donc, on s'ajoutait des facteurs de risque
qui faisaient en sorte que certains joueurs du marché, vous avez parlé de la...
de la structure financière de ces joueurs-là, ça nécessitait en réalité une
complexité financière puisqu'il y a beaucoup d'inconnues qui étaient sur les
épaules du secteur privé, a priori, même, de la réalisation. Parce que j'essaie
de concevoir pourquoi c'est gagnant-gagnant.
M. Joncas (Marc) : Bien,
exactement. À un moment donné, la plupart des projets des PPP ou des
«design-build», on basait notre offre sur des plans à 20 %, 30 %, ce
qui... ce qui... ce qui, dans le fond, qui amène possiblement beaucoup de
changements dans le futur. Donc, ces changements-là, ils sont palliés par un
gros montant de risques. Donc, le donneur d'ouvrage se trouve à payer pour des
risques qui ne vont peut-être pas arriver. Et en plus, nous, ce qu'on... ce qu'on...
ce qu'on croit vraiment, ce qu'on croit vraiment, c'est qu'on met... on met
tout en œuvre pour avoir le meilleur prix possible puis les meilleures
solutions. Ça fait que déjà, en travaillant ensemble, avec l'ingénieur, avec le
client, on va arriver avec un projet au départ qui est beaucoup moins coûteux,
qui aurait été, dans un mode normal, avec un gros pool de risques. Ça fait que
ça, c'est une grosse différence.
M. Tremblay (Pierre) : Les
risques, en fin de compte, sont beaucoup au niveau de la planification puis de
la conception des choses. Donc, dans la mesure où on est dans un mode
traditionnel, où on doit obéir à ce qu'on nous demande de faire, même si on
voit le risque, par exemple au niveau d'un délai de fourniture et de compagnie,
on ne peut pas réagir. Dans le mode collaboratif, c'est justement ça qu'on va
éviter. Donc, la collaboration, la discussion puis la vision du projet avec l'ensemble
du groupe va permettre justement de diminuer ces risques-là, qui va mener à des
échéanciers ou des délais qui coûtent de l'argent, évidemment. Si on les
prévoit d'avance, on va être capables de trouver des solutions pour justement
pallier à tous ces risques-là. Donc, quand on parle de diminution des risques
puis de partage des risques, on le voit comme étant partage des risques
financiers, mais le risque, il est calculé par rapport au fait que la
conception va nous permettre de les éviter. C'est là, le nœud est là, puis le
gros gain est là.
M. Julien : Parfait. Il nous
reste à peu près trois minutes. Dans des projets, en réalité, je dirais, d'infrastructures
routières, parce que moi, je suis de l'école que le bon mode pour le bon
projet, puis, naturellement, il y a un éventail, quels seraient, selon vous,
les bons projets d'infrastructures, dans leur nature, qui bénéficieraient, en
infrastructures routières, de ces modes collaboratifs? Et lesquels, qui, selon
vous, un mode traditionnel serait... serait toujours pertinent?
M. Joncas (Marc) : Ça, c'est...
c'est vraiment une bonne question. On l'attendait, celle-là, parce que c'est...
c'est un point important de notre... de notre mémoire. Nous, on est... on
est... bien, vous le savez, on est complètement d'accord avec les contrats collaboratifs
et on pense que c'est... c'est...
M. Joncas (Marc) : ...c'est
vraiment fait pour des contrats complexes qui peuvent être plus petits mais
complexes, mais aussi les gros... les gros contrats qu'on connaît de... que ça
soit de transport collectif ou tout ça. Ça fait que ça, on pense... on pense,
nous, que c'est peut-être 15 % à 20 % en montant du... de la tarte
totale des donneurs d'ordre public au Québec.
Après ça, où on... on est plutôt déçu
qu'il n'y est pas rien dans le projet de loi, c'est pour le 80 % des
autres projets que vous parlez, contrats normaux de pose d'enrobés ou quoi que
ce soit au Québec. Nous, on est convaincu que ce... dans ce 80 %-là,
aujourd'hui on se... on se retrouve dans un système trop rigide d'appels
d'offres du plus bas soumissionnaire qui brime l'innovation et empêche des
grosses économies que l'État pourrait faire en changeant ces modes
contractuelles là.
Aujourd'hui, je peux vous expliquer
comment ça fonctionne rapidement, on en dépose des dizaines par jour, des...
des contrats de... du ministère des Transports ou de la SQI. Et, en période
d'appels d'offres, on... on propose des solutions où on est automatiquement
redirigés vers le contrat, donc on ne veut pas savoir qu'est-ce qu'on peut
modifier pour sauver de l'argent. En période d'appel d'offres, on est
pratiquement à 100 % renvoyés au contrat.
Après, quand on a le contrat, le plus bas
soumissionnaire a le contrat, on propose des innovations, on propose du
recyclage, on propose des façons d'économiser avec des montants d'économie en
face. Et malheureusement le système est fait qu'ils doivent refuser toutes ces
propositions-là. Ça, on le comprend, le système est comme ça, mais on ne voit
rien dans le projet de loi aujourd'hui qui permettrait à une portion de ces
contrats-là de proposer.
Nous, ce qu'on propose, c'est d'avoir un
système qui permettrait de proposer des variantes au moment de l'appel
d'offres, que le soumissionnaire puisse proposer une variante où on pourrait
donner un crédit sur un... un certain item, et, bon, le donneur d'ordres
pourrait, avec ces variantes-là, décider du meilleur soumissionnaire et le...
le plus bas soumissionnaire, même dans... dans certains cas.
Le Président (M. Simard) : ...10 secondes
M. Julien : Mais j'entends ce
que vous dites, mais pour moi, quand on dit que ça... ça ne le comprend pas, je
persiste à croire que le mode collaboratif, il est très... il est très
variable, on pourrait aller vers ces éléments-là, tu sais, se tasser du
traditionnel pour permettre ça.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. Alors, je cède maintenant la parole à notre collègue de Nelligan qui
dispose de 10 min 24 s.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. M. Tremblay, Me Bourque, M. Turgeon et M. Joncas,
bienvenue en commission parlementaire. Je n'ai pas beaucoup de temps, mais j'ai
vraiment aimé ce que vous avez dit vers la fin, M. Joncas. Et j'ai
13 minutes, moi, je veux vraiment aller au fond du sujet avec vous. Tout
ce qui est... tout ce que... ce que vous dites sur le projet de loi, je l'ai
lu, notamment retrait de l'article 13, on va en parler plus tard, mais
vous avez dit, corrigez-moi si je me trompe, il n'y a rien dans le projet de
loi qui attaque les 80 %. Et là, on est invité à parler du 20 %. Je
ne dis pas que les 20 %, ce n'est pas important. Les Québécois veulent que
ça ne leur coûte pas cher, ils veulent que les projets se réalisent et ne pas
toujours être renvoyés dans les calendriers grecs. Mais moi, ce qui m'intéresse
aujourd'hui, c'est les 80 %. Bah, vous le savez, ils ne sont pas là, vous
venez de le dire. Mais comment on peut rectifier le tir? Parce que 80 %,
c'est beaucoup aussi d'appels, beaucoup de projets. Je ne sais pas si vous
chiffrez. Vous avez déjà une idée sur ces 80 %?
M. Joncas (Marc) : Une idée
de montant?
M. Derraji : Oui.
M. Joncas (Marc) : Bien, je
pense que le... le budget annuel, c'est 2... 2 milliards, ça, c'est MTQ.
Après, le SQI, je connais moins.
M. Derraji : Mais MTQ,
parlons de MTQ, parce que je sais... Ma deuxième sous-question, c'est le
cheminement de l'innovation, mais restons sur les 80 %.
• (10 h 40) •
M. Turgeon (Jean-François) : Au
niveau... au niveau des variantes, c'est sûr que d'avoir une possibilité
d'apporter des modifications à l'appel d'offres, c'est sûr qu'il y aurait
des... des opportunités d'échéancier et de... de diminution de coûts. À
chiffrer, il faudrait faire l'exercice. Par contre, là devient le principe
d'égalité des soumissionnaires. Comment qu'on juge bien la variante par rapport
au document d'appel d'offres? Là est l'enjeu.
Je vous réfère peut-être à Hydro-Québec,
il l'a fait beaucoup il y a une dizaine d'années, dans les projets de la
Romaine, la baie... la dernière phase de la Baie-James, il y avait la
possibilité de mettre des variantes. Vous pourrez vérifier avec Hydro-Québec la
conclusion de ça, dans certains contrats, ont appliqué ces mécanismes-là.
Ça peut être des variantes également qui
n'ont pas nécessairement... qui vont apporter des modifications techniques,
mais il y a des variantes, par exemple au niveau du phasage des travaux, au
niveau à des dates à respecter qui, en finalité, ne vont pas affecter l'usage.
C'est comme si vous achetez une maison, mais vous dites...
M. Turgeon (Jean-François) : ...à
telle date, il faut que les armoires soient installées puis la peinture à telle
date. Mais la finalité, c'est que la maison soit terminée pour telle date, pour
qu'on puisse y habiter, mais, souvent, dans les contrats, il y a beaucoup de
restrictions qui font que ça rend improductifs nos travaux, mal planifiés, puis
on est obligé de mettre des coûts associés à ça. Donc, si on avait des façons
de faire, dans les mécanismes, pour proposer des suggestions dont le
ministère... dont les gouvernements pourraient tenir compte pour évaluer... Là,
l'enjeu, c'est comment qu'on fait pour avoir un traitement équitable du prix et
des propositions. C'est ça, l'enjeu.
M. Derraji : Oui. Bien,
vous... pas mal d'enjeux extrêmement importants, mais je vais revenir à la
question de départ, parce que M. Jonquas l'a très bien mentionné, là, on parle
de 20 %, mais il y a un risque encore sur la table, vous l'avez très bien
dit, c'est trop rigide. Ce sont vos propos. Le plus bas soumissionnaire, ce
n'est pas quelque chose qui vous aide. Vous dites qu'on ne peut pas savoir ce
qui est modifié, vous parlez du système. Tout ça n'existe pas dans ce projet de
loi, là, donc on a beau étudier ce projet de loi, l'adopter... d'accélérer, ça
reste que, sur la table, le problème va demeurer, au Québec, par rapport à
l'autre partie qu'on ne traite pas dans le projet de loi. Est-ce que j'ai bien
résumé ce que vous avez dit?
M. Tremblay (Pierre) : Bien,
le projet de loi parle de mode collaboratif. On définit le mode collaboratif au
sens large du terme. Il y a différentes façons de collaborer dans un contexte
où on s'en va dans IPD, passez-moi l'expression, on est dans un mode... on
collabore, il y a des équipes qui sont sélectionnées, il y a des gens qui sont
là pour travailler, comme tel, mais il y a d'autres types de modes
collaboratifs. Puis, si on va jusqu'à la fin, un mode traditionnel, plus bas
soumissionnaire conforme, mais, entre les deux, on parle de collaboration, là.
Quand on parle, effectivement... peut
mettre une variante, quand on parle d'une discussion à faire avec un donneur
d'ouvrage sur, je dirais, un projet aussi simple qu'on fait une réfection de
structure... de structure de viaduc, en bon français, il y a toutes sortes de
choses là-dedans qui peuvent être mises en collaboration entre le concepteur,
le propriétaire et l'entrepreneur, pour, je dirais, accepter des méthodes de
construction, par exemple, qui ne sont pas nécessairement claires dans le
devis.
Donc, pour nous, c'est de la
collaboration, ça fait partie un peu de ce que le projet de loi no 62 propose.
M. Derraji : Oui?
M. Joncas (Marc) : Ce que je
voudrais dire, c'est, dans la modification du règlement, le RCTC, c'est
clairement mentionné que le soumissionnaire, ou plutôt le donneur d'ouvrage ne
pourra pas modifier les règles contractuelles ou l'appel d'offres, comme tel,
lorsqu'il aura trouvé le plus bas soumissionnaire. Ça, c'est là qu'on dit qu'il
y a un problème, parce que c'est là que ça devient trop rigide. C'est que les
donneurs d'ouvrage n'auront pas de choix... ils ne pourront pas être ouverts
aux innovations, aux méthodes où on peut donner des crédits parce qu'on fait
différemment. Ils ne pourront pas le faire.
M. Derraji : Oui.
Donnez-nous... donnez-nous des exemples, parce que c'est abstrait pour la tête
de beaucoup de personnes. Moi, j'ai rencontré beaucoup de groupes, qui m'ont
parlé du cheminement d'innovation. Vous voyez l'état de nos routes, si on se
compare avec l'Ontario, vous voyez le... vous avez vu le rapport de la VG en
matière de routes. Est-ce qu'il n'y a pas un lien à faire entre la façon avec
laquelle on gère nos gros projets, petits ou grands, et le cheminement des
innovations que, par exemple, vos membres proposent? Est-ce que vous ne voyez
pas cela?
M. Joncas (Marc) : Bien oui,
effectivement, comme je l'ai dit, de l'innovation, il y en a, en construction,
et il y a les entrepreneurs, ils ont des... ils ont des innovations à proposer
et ils ont des façons de faire... ils ont des façons de faire différentes qui
pourraient améliorer ce fameux 80 %.
Malheureusement, c'est ce qu'on dit,
aujourd'hui, on aurait dû profiter de ces changements de règlement là ou ce
projet de loi là pour venir... peut-être pas les 80 %, total, mais venir
apporter un peu plus de flexibilité aux donneurs d'ordres dans ce domaine-là.
Nous, ce qu'on propose, c'est qu'il y ait
une option de variantes, en appel d'offres, tous les soumissionnaires auraient
droit, et qu'on puisse chiffrer cette variante-là, et le donneur d'ordres, lui
donner la possibilité de l'accepter, cette variante-là.
M. Derraji : Est-ce que c'est
ce que M. Turgeon disait tout à l'heure par rapport aux variantes?
M. Joncas (Marc) : Oui.
M. Derraji : Avez-vous des
exemples de variantes? Et, si vous me dites que les variantes... désolé, je...
oui, un, exemples de variante, deux, vous m'avez... vous avez parlé
d'Hydro-Québec... Qui définit les variantes? Est-ce que... dans le cadre des
contrats de collaboration, est-ce que c'est le donneur d'ouvrage, est-ce que l'entrepreneur...
Qui définit les variantes?
M. Turgeon (Jean-François) : Bien,
je peux donner un exemple très facile, là. C'est que, dans les contraintes
contractuelles, disons qu'actuellement, nous, on est en train de faire un pont,
on reconstruit un pont en deux phases, donc, on démolit la moitié du pont puis
on reconstruit une moitié du pont, l'année prochaine, on va démolir l'autre
moitié puis refaire la moitié. C'est très coûteux, de faire ça comme ça, en
gardant le trafic actif, avec du phasage, des batardeaux, différents...
M. Turgeon (Jean-François) : ...ouvrages
très compliqués à faire en génie civil. Si on avait fait une voie de
contournement, par exemple, mais là ce n'est pas permis parce que l'appel
d'offres n'était pas fait comme ça. C'est un exemple. On aurait pu proposer une
variante. Nous, on va faire le pont dans une seule saison, en une seule phase,
puis on va construire une route de contournement qui va être moins coûteuse.
C'est un exemple de variante, par exemple, qui aurait pu...
M. Derraji : Oui, oui. Je
suis très sensible à ce que vous venez de dire.
M. Turgeon (Jean-François) : Oui.
M. Derraji : Je vais vous
demander un devoir de nous envoyer vos suggestions par rapport aux variantes.
On commence le projet de loi, là. C'est sûr qu'on va avoir des discussions avec
le ministre, mais je trouve ça très innovateur de le demander, parce que c'est
ça, l'agilité. J'en suis sûr et certain que le ministre, il a... Je ne veux pas
lui faire des mots dans la bouche, là, mais je pense que lui aussi a une
volonté d'être agile, mais, s'il vous plaît, envoyez-nous des suggestions de
variantes. Parce que moi, je ne suis pas un expert dans votre domaine, mais ça
fait beaucoup de sens ce que vous venez de... dire... de dire par rapport au
80 %. Surtout ce qu'on veut, c'est que ça coûte moins cher aux Québécois,
et qu'on respecte les délais. Donc, envoyez-nous ce que vous avez... vous venez
de nous dire.
M. Joncas (Marc) : Écoutez...
M. Derraji : Oui.
M. Joncas (Marc) : Excusez-moi,
dans le fond, ce qu'on est après dire, c'est que ce qui se passe dans le cas
d'un contrat collaboratif, où tout le monde se parle et trouve les meilleures
solutions, nous, ce qu'on veut, c'est de l'avoir dans les contrats
traditionnels. C'est un peu la même chose parce qu'aujourd'hui on ne peut pas
se parler en période d'appels d'offres, puis après c'est fermé, on ne peut plus
rien changer. Ça fait que le problème, c'est que les mandataires qui sont
souvent les ingénieurs-conseils qui font le projet, ils travaillent en silo.
Ils ne parlent pas à l'entrepreneur. Ils ne parlent pas au... Bien, ils parlent
au client, mais ils ne parlent pas à l'entrepreneur. Ça fait que la solution,
elle reste pour eux celle-là, mais nous les entrepreneurs, des fois, on a
d'autres, mais on ne peut pas s'en parler. C'est là que le problème démarre, et
c'est pour ça qu'on propose... on aimerait être capables de proposer des
innovations, des changements aux contrats...
M. Derraji : C'est un...
M. Turgeon (Jean-François) : ...oui.
M. Derraji : C'est un bon
point. Il me reste une minute...
M. Turgeon (Jean-François) : Allez-y.
M. Derraji : ...et je ne peux
pas ne pas vous poser cette question. Vous proposez de retirer
l'article 13 du projet de loi. Pourquoi?
Mme Bourque (Gisèle) : Le
projet de loi prévoit une procédure permettant l'annulation d'une décision du
tiers décideur, alors ça introduit un niveau de complication dans le processus
de règlement des différends qui ne mènerait pas de toute façon au règlement du
différend. Alors, on s'éloigne carrément de l'objectif initial de
l'intervention du tiers décideur. Alors, c'est complètement pour nous... et
selon la Coalition sur les retards de paiement également, c'est complètement
superflu, ça alourdit le processus, ça ne permet pas d'atteindre l'objectif
recherché a priori.
M. Derraji : J'ai devant moi
l'étude de l'Australie, et l'étude indique que les différends ont été résolus
selon les modalités de l'entente. Aucune poursuite entre les parties n'a été
recensée. Il y a d'autres aspects au niveau de... sur les coûts. Mais
pensez-vous réellement que, si on maintient le libellé tel qu'il est à
l'article 13, ça va juste alourdir, ça va...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
Mme Bourque (Gisèle) : C'est
le temps, ça... juste du temps. Alors, on veut justement l'intervention d'un
tiers décideur pour accélérer le processus, et là, on rallonge le délai. Alors,
c'est complètement incohérent, selon nous.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Derraji : O.K. C'est très
clair. Merci beaucoup à vous quatre. Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous tous. Je cède la parole à la députée de Verdun, qui dispose de trois
minutes 28 secondes.
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Je remercie M. Joncas, M. Turgeon, Mme Bourque,
M. Tremblay pour votre présentation puis les échanges. Tout à l'heure vous
avez répondu à une partie de ma question, peut-être pour approfondir. Dans vos
propositions, vous prévoyez... vous proposez, en fait, de prévoir chaque année
une liste détaillée des projets d'infrastructure qui seraient, selon des
contrats collaboratifs et d'autres des contrats plus dans la méthode
traditionnelle. Vous avez nommé comme exemple les projets des transports
collectifs, qui pourraient être un bon modèle pour ce type de contrat
collaboratif. Malheureusement, dans le... la façon dont on comprend le projet
de loi, ils ne sont pas assujettis à ce type de contrat là, à moins que je me
trompe, à moins que vous avez une autre lecture, puis je vous invite juste à
discuter là-dessus.
• (10 h 50) •
M. Tremblay (Pierre) : Étant
donné qu'il n'y a pas, justement, de définition, ça fait qu'on imagine que le
donneur d'ouvrage va imaginer les projets qu'il veut bien faire... Donc,
théoriquement, nous on ne l'a pas compris comme étant exclu, je dirais, de tous
les projets qui pourraient être utilisés en mode collaboratif.
Mme Zaga Mendez : Et ce que
vous suggérez, c'est des projets qu'il faudrait que ça soit dans un modèle
collaboratif?
M. Joncas (Marc) : ...c'est
des gros projets complexes.
Mme Zaga Mendez : O.K. Merci.
Peut-être pour aller là-dedans... là-dessus. Vous avez discuté tout à
l'heure... on parlait des connaissances... des partages de connaissances de
l'industrie. Comment avoir des bonnes pratiques qui permettent, oui, le partage
des connaissances tout en sauvegardant aussi une expertise au sein de nos
organismes publics basés sur vos différentes expériences?
M. Tremblay (Pierre) : Notre
opinion ou notre proposition fait en sorte que... On comprend que, quand c'est
nouveau, il y a... il y a différents joueurs, on veut en avoir le plus
possible. On veut que ce soit le plus accessible possible pour tout le monde...
M. Tremblay (Pierre) : ...donc,
on peut comprendre que les premiers projets, il y a un petit groupe, je dirais,
d'intérêt par rapport à... aux propositions qui vont être faites. Le fait de
l'annoncer, le fait de le mettre dans le... dans le PQI, par exemple, le fait
de dire qu'en 2027 il va y avoir tel projet qui va se faire en ce mode-là, ça
peut permettre à des gens qui actuellement ne sont peut-être pas équipés,
passez-moi l'expression, pour être partenaires de ce type de projet là, de se
préparer pour. Donc, ça va permettre à ces gens-là d'embarquer dans la
démarche, d'ajouter de la compétition puis d'ajouter aussi de l'intérêt pour
des groupes qui, des fois, semblent plus... plus petits, parce qu'on ne voit
que les gros... à avoir accessibilité à ça, alors que ce n'est pas toujours le
cas. Donc, le fait de le mettre dans un... dans une prévision va permettre à
ces gens-là de se préparer, de faire en sorte de ce qu'ils ont à faire par
rapport à tout ce qui... le numérique, par exemple, pour être accessible au
moment où le projet va se présenter, et évidemment avoir des groupes d'intérêts
qui vont être efficaces et agile.
Mme Zaga Mendez : Intéressant...
M. Turgeon (Jean-François) : Il
y a plusieurs projets, on a parlé d'envergure, mais on a parlé de complexité.
C'est sûr qu'il y a des projets comme l'île d'Orléans, l'île aux tourtes, le
REM, Champlain, c'est sûr que c'est des projets qui vont pour certaines
entreprises d'une grande envergure, mais il y a des projets plus petits. Je
pourrais vous donner des exemples, des projets qui seraient très applicables à
ça, des projets de réfection dans l'existant. Il y a plusieurs usines à
Montréal, dans la région de Montréal, qui vont se réfectionner avec des travaux
importants qui sont de beaucoup moindre envergure, en milliards, en millions,
mais qui vont intéresser d'autres joueurs. Mais ça, il faut se planifier, le
savoir en avance, puis se préparer, puis bâtir des équipes qui vont être capables
de faire face à ces projets-là... pas faire face, mais...
Le Président (M. Simard) : ...
M. Turgeon (Jean-François) : Oui,
oui. Allez-y.
Mme Zaga Mendez : Il me
reste...
Le Président (M. Simard) :
Quinze.
Mme Zaga Mendez : Quinze
secondes. Bien, écoutez, merci beaucoup pour votre participation. Je... on
n'aura pas le temps de discuter ma prochaine question. Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, chère collègue. Je cède la parole au député de Jean-Talon qui dispose
de deux minutes 38 secondes.
M. Paradis : Bonjour. Ce qui
veut dire essentiellement une question et une réponse. Et moi, je serais dans
la foulée du ministre, tout à l'heure, qui vous disait : Bien, il y a des
croyances par rapport à ce mode-là, que c'est moins de transparence, puis c'est
plus de risques pour l'intégrité, etc. Vous avez dit que vous n'en voyez pas.
Moi, j'aimerais vous amener un pas plus loin. Dans quelle mesure cette nouvelle
forme de contrat, ce nouveau mécanisme favoriserait, donc, la confiance du
public, la transparence et l'équité dans les processus? Puis, pour être un peu
plus précis, je vous amènerais notamment, là, aux pages sept et huit de votre
mémoire où vous parlez de la publication en amont des projets qui seront
réalisés par les organismes et la reddition de comptes par... par la suite. Ça
me semble être des mesures, mais j'aimerais que vous me parliez de ça, dans
quelle mesure ça favorise l'équité des processus, la transparence puis la
confiance du public.
M. Turgeon (Jean-François) : Au
niveau de la confiance... la reddition de comptes, en réalité, c'est pour avoir
une amélioration du processus. L'idée, c'est de toujours que le processus soit
en constante amélioration puis que le gouvernement puis les partenaires
puissent bénéficier des expériences passées. Par rapport à la... votre première
question, c'était par rapport à la confiance en le système, la confiance en le
système, il y a plusieurs principes de qualification, comme je vous ai dit, en
amont, de préqualification, de vérification, il y a des mécanismes déjà qui
sont en place.
Moi, de mon côté, pour avoir participé à
plusieurs, je ne vois pas... Je pense que ce qui va nous donner le vrai
résultat, là, c'est quand on va voir la finalité d'un projet, d'être capable de
le livrer pour vrai plus vite, dans un meilleur coût, puis dans un... dans le
25 % plus rapide, puis 15 % à l'intérieur des délais, je pense que
c'est là qui va être la conclusion puis qui va démontrer à tout le monde que
c'est... ça fonctionne. Tu sais, parce que ça fonctionne ailleurs, pourquoi ça
ne fonctionnerait pas ici? Tu sais, je pense qu'il faut avoir confiance au
système. Il faut travailler en équipe, puis c'est comme ça qu'on va réussir à
aller... à bâtir plus d'infrastructures durables. Puis je pense que c'est ça
qui est l'objectif, là.
Mme Bourque (Gisèle) : Et les
citoyens vont être ravis de voir que ça va plus vite et que ça coûte moins
cher, c'est aussi simple que ça.
M. Paradis : Très bien. Mais
je comprends votre réponse... Vous dites : Il y a déjà des... des clauses
puis des mécanismes qui permettent d'assurer ça. Mais est-ce que vous pensez
que ce projet de loi est une contribution positive aussi, que ce qu'il prévoit
permet d'augmenter la confiance ou c'est grâce aux autres mécanismes seulement?
M. Turgeon (Jean-François) : Moi,
je pense qu'avec ce qu'on voit, depuis les dernières années... je pense que la
confiance avec les prix qu'on voit sur les projets qui se sont réalisés,
d'infrastructures, je pense déjà qu'il y a une perte de confiance, hein?
Pourquoi que le projet du pont de tel endroit, tel endroit coûte tel... tel
prix? Donc, c'est sûr que c'est un... c'est un grand pas, je pense, pour
améliorer la confiance des citoyens vers la capacité, on est capable de bâtir
mieux qu'on le fait là, puis il faut mettre les efforts ensemble pour réussir à
bâtir mieux. Oui, ça va aider pour la confiance.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, Mme, Messieurs, merci pour votre participation très constructive,
sans mauvais jeu de mots, à nos travaux. Sur ce, nous allons suspendre
momentanément le temps de faire place à nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 10 h 56)
11 h (version non révisée)
(Reprise à 11 h 03)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, nous sommes en mesure de reprendre nos travaux. Nous sommes en
présence de représentants de l'Association canadienne du ciment et nous avons
cette fois-ci des personnes qui sont en présentiel et d'autres qui sont en
virtuel. Alors, mesdames, Messieurs, soyez les bienvenus. Auriez-vous d'abord l'amabilité
de vous présenter?
M. Bédard (Luc) : Je débute
par moi. Luc Bédard, je suis le directeur général de l'Association Béton Québec.
Donc, nous représentons les producteurs de béton prêt à l'emploi, plus
communément appelé les gars de «Ready mix». Ça fait que merci de nous
accueillir aujourd'hui.
Le Président (M. Simard) : Vous
avez dit : Les gars de?
M. Bédard (Luc) : «Ready
mix».
Le Président (M. Simard) : Ah
bon! Alors, bienvenue aux boys.
M. Bédard (Luc) : Pour parler
en chinois, bien entendu.
Mme Lasnier (Nathalie) : Bonjour,
tout le monde. Mon nom est Nathalie Lasnier. Je suis la directrice de Tubécon
qui est l'association des fabricants de tuyaux et d'éléments en béton
préfabriqués du Québec.
Le Président (M. Simard) : Bienvenue.
M. Drolet (René) : Bonjour à
tous. René Drolet, je suis le directeur des affaires publiques pour la région
du Québec à l'Association canadienne du ciment. Donc, on représente les
cimenteries à travers le Canada.
Mme Huot (Marie-Josée) : Marie-Josée
Huot, directrice générale de l'Institut d'acier d'armature du Québec.
M. La Haye (Lester) : Pour ma
part, je suis le directeur général de l'Association des entrepreneurs en
coffrage structural du Québec, ceux qui font les moules.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Bienvenue à vous tous. Alors, nous vous écoutons.
Mme Lasnier (Nathalie) : Parfait.
Premièrement, merci à la commission et ses membres. Merci, M. le ministre, de
nous recevoir aujourd'hui. Comme mentionné, nous sommes un regroupement de cinq
associations du grand secteur du béton armé et nous avons rédigé conjointement
ce mémoire qui a été déposé. Donc, nous aussi, on a vécu plusieurs lectures et
relectures, donc on vous comprend.
Comme présentées, nos cinq associations
illustrent le grand secteur du béton armé. On a donc les coffreurs, donc les
moules qui sont fabriqués en chantier ou en usine. L'acier d'armature qui va
être placé à l'intérieur de ces moules-là. Le béton qui va être coulé en
chantier, le béton prêt à l'emploi, ou qui sera fait en usine dans les usines
de préfabrication de béton. Le lien qui nous unit tous, bien, évidemment, c'est
le ciment. Donc l'Association canadienne du ciment est avec nous aujourd'hui.
Donc, à partir de là, vous avez un
portrait quand même global du grand secteur du béton armé au Québec, et le
mémoire d'aujourd'hui fait suite à des journées de rayonnement que nous avons
fait les 7 et 8 mai dernier sur la colline Parlementaire. Nous avons fait
près d'une trentaine de rencontres avec tous les partis de l'Assemblée
nationale. Merci de nous avoir accueillis à cette époque-là. Et nous avons été
chanceux que ça tombe la semaine où le ministre Julien déposait son projet de
loi. Donc, encore une fois, merci de nous recevoir aujourd'hui.
Le secteur du béton armé occupe une place
importante dans le monde de la construction au Québec et ailleurs dans le
monde. En effet, peu de constructions se font sans béton. Avec plus de 35 000 emplois
directs et indirects, l'industrie du béton armé assure une présence tant dans
les grands centres urbains que dans l'ensemble des régions de la province...
Mme Lasnier (Nathalie) : ...aussi,
c'est important, le béton, c'est partout. Les entreprises membres de nos
associations respectives sont dynamiques et misent sur les innovations, les
investissements, tant dans le capital humain, que dans les technologies, les équipements.
Et, en tant que sous-traitant, on vient d'en parler avec le groupe précédent,
un sous-traitant, entreprise spécialisée ou fournisseur, l'Industrie du béton
armé remercie à nouveau la commission d'entendre notre point de vue sur le
projet de loi n° 62 et aussi sur la stratégie québécoise des infrastructures
publiques. D'emblée, l'Industrie du béton armé est favorable au projet de loi
n° 62 et à la stratégie québécoise en infrastructures publiques. Notre mémoire
commente sept articles du projet de loi et fait sept propositions sur la
stratégie. Et nous tenterons de faire le lien entre nos commentaires sur le
projet de loi et la stratégie, sachant que le projet de loi est un outil pour
réaliser la stratégie en infrastructures publiques.
Donc, d'entrée de jeu, le premier
commentaire sur le projet de loi n° 62 touche le chapitre I, donc la Loi sur
les contrats des organismes publics aux articles 1, 5 et 6, qui traitent des
approches collaboratives et des contrats de partenariat pour réaliser des projets
de construction. Ces approches collaboratives sont, en effet, un élément clé
que l'on retrouve dans la Stratégie québécoise en infrastructures publiques.
Elles sont fort intéressantes, mais l'Industrie du béton armé souhaite que les
sous-traitants, les entreprises spécialisées ou les fournisseurs puissent faire
partie de ces échanges-là, de ces collaborations-là dès le début de ce type de
projet. Notre industrie a de nombreuses solutions à proposer qui
contribueraient à atteindre les objectifs de la stratégie. Par conséquent, il
serait souhaitable que les projets, en mode collaboratif, aillent au-delà des
entrepreneurs généraux, la notion du contractant, comme ça a été mentionné dans
le projet de loi, et englobent les autres groupes d'intervenants qui seront
présents sur le chantier. Ce premier commentaire est lié à la proposition 3 sur
la stratégie qui se retrouve dans notre mémoire.
Notre second commentaire sur le projet de
loi n° 62 porte sur les articles 45 à 48 inclusivement. Ces articles proposent
des modifications aux règlements suivants, donc, le Règlement sur certains
contrats d'approvisionnement des organismes publics, le Règlement sur certains
contrats de services des organismes publics, le Règlement sur les contrats de
travaux de construction des organismes publics et le Règlement sur les contrats
des organismes publics en matière de technologies de l'information. Ces quatre
modifications proposées ont un point en commun soit l'élargissement des
pouvoirs du gouvernement lorsqu'aucune soumission conforme n'a été reçue.
Lorsque l'on revient au texte de la stratégie qui vise à accélérer la livraison
des projets, à obtenir de meilleurs coûts et d'améliorer l'état des
infrastructures publiques, il est difficile de comprendre l'établissement de raccourcis
pour l'octroi de contrat. Si un contrat public n'a pas réussi à être
suffisamment attrayant pour que des entreprises déposent des soumissions, c'est
qu'il y a possiblement des problèmes liés aux conditions, spécifications de
l'appel d'offres. Donc, il deviendrait donc important d'identifier ces
problématiques-là, de les solutionner pour ainsi réaliser des projets en
concordance avec la stratégie. Nous sommes d'accord avec le principe
d'augmenter l'agilité et la flexibilité de l'appareil gouvernemental, mais le
tout doit se faire dans le respect des orientations, des axes et mesures qui se
retrouvent dans la stratégie.
• (11 h 10) •
Donc, quant à la stratégie comme telle,
nos propositions identifient certains éléments qui sont dans le texte de la stratégie,
mais peu ou pas attachés à ces quatre axes et 17 mesures. Par exemple, on parle
de constructions durables, je mettrais des guillemets, des constructions
durables, mais la durée de vie des ouvrages n'est pas définie, et c'est un
élément clé. De plus, cette donnée est importante comme élément de conception.
On en a parlé beaucoup, on a entendu parler de la conception des ouvrages,
c'est une information clé à définir, mais aussi pour réaliser les évaluations
environnementales, l'efficacité énergétique, le bilan d'émissions de gaz à
effet de serre ou toute autre analyse qui devrait se faire sur l'ensemble du
cycle de vie de l'ouvrage. Mais quelle vie? Il faut la définir. La stratégie
identifie d'ailleurs qu'une meilleure gestion de ses actifs publics doivent
être faits. On parle, entre autres, ici d'entretien des...
Mme Lasnier (Nathalie) : ...ouvrages,
et ceci implique une approche sur tout le cycle de vie de l'ouvrage. C'est un
beau paragraphe, c'est des belles phrases, mais il faut que ce soit enchâssé
clairement dans des mesures et dans les axes.
La stratégie parle aussi de l'importance
de la résilience des ouvrages. En effet, face aux changements climatiques et
leurs conséquences de plus en plus dommageables et coûteuses - vous avez
probablement tous reçu les deux alertes Amber d'hier sur les tornades, une
tornade, semble-t-il, ne connaît pas les frontières entre les provinces ou les
régions, donc on vit avec ces événements-là maintenant de plus en plus - donc
des analyses de résilience doivent être intégrées aux conceptions des ouvrages.
Ça n'arrive pas par magie, la résilience. Il faut la... Il faut la demander, il
faut que les études soient faites. Malheureusement, on ne retrouve pas de
gestes concrets dans la stratégie à cet effet-là.
La stratégie identifie également que la
provenance locale des solutions et matériaux constitue un élément important. On
est d'accord avec ça. Il faudrait que le gouvernement définisse clairement les
moyens qui seront intégrés lors des appels d'offres ou lors d'adjudication des
contrats pour valoriser la provenance québécoise des produits et des solutions.
Nous avons aussi commenté la stratégie sur
l'importance d'améliorer l'accès aux formations déjà existantes dans le secteur
du béton armé et nous suggérons que l'industrie puisse travailler de concert
avec les divers ministères pour faciliter l'accès aux formations ainsi que d'en
développer de nouvelles.
Notre dernière proposition sur la
stratégie identifie un moyen pour intégrer les propositions de notre mémoire.
En effet, les programmes de projets ou encore la gestion par portefeuilles de
projets qui se retrouvent dans la stratégie ou encore toute autre formulation
liée au financement des projets pourraient et devraient inclure les
propositions présentées dans ce mémoire. Donc, on vous a identifié quoi, on
vous a identifié le pourquoi, et on va même vous identifier le comment.
En conclusion, le gouvernement met de
l'avant une stratégie ambitieuse, et on dirait même nécessaire, pour améliorer
le grand secteur de la construction. Nous y croyons et nous devons donc
travailler tous ensemble pour y... pour y arriver. En particulier, les
approches collaboratives améliorent la communication entre les intervenants et
favorisent le développement de projets mieux conçus et qui s'aligneront avec la
stratégie québécoise en infrastructures publiques. Pour ce faire, l'industrie
du béton armé souhaite être en mesure de contribuer à ces échanges pour
construire des ouvrages résilients, sécuritaires, documentés et intégrés dans
des pratiques de saine gestion des actifs publics. Donc, merci de votre
attention. Et on va être heureux de répondre à vos questions.
Le Président (M. Simard) : Mme
Lasnier, pile-poil dans votre temps. Vous êtes une vraie professionnelle. C'est
extraordinaire. Je cède la parole à M. le ministre, qui dispose de
16 minutes 30 secondes.
M. Julien : Oui, merci, M. le
Président. Merci à vous tous, là, pour la préparation puis le temps que vous y
passez. Puis on s'est... on s'était rencontrés, là, comme vous avez mentionné,
là. Vous avez rencontré plusieurs personnes, au début mai. D'entrée de jeu,
quand vous dites... je pense que vous avez dit, ici j'ai noté : On...
C'est une chance, on en a besoin. Donc, je vois que vous êtes favorable, globalement,
et le plus tôt sera le mieux. Puis, naturellement, vous amenez des éléments
spécifiques intéressants, à la fois pour votre secteur et plus largement. Vous
mentionnez que certains entrepreneurs spécialisés craignent une trop grande
concentration du pouvoir du côté de l'entrepreneur général, dans le cas des
projets majeurs, là. J'espère que c'est bien vous qui mentionnez ça. Il me
semble l'avoir lu. J'essayais de voir c'est quoi, votre perception par rapport
au changement de mode, justement. Puis après ça, on viendra sur les
sous-traitants en sous-question. Mais le mode collaboratif, j'ai l'impression
qu'on vient démocratiser justement ce pouvoir-là, justement, avec le donneur
d'ouvrage et un groupe avec un objectif commun. Est-ce que c'est votre perception?
Ou sinon, exprimez-moi qu'est-ce qu'on devrait faire de plus.
Mme Lasnier (Nathalie) : Bien,
je vous dirais, à prime abord, le mode collaboratif, dans tout projet de
construction, l'importance, c'est la communication, le partage des informations
le plus rapidement possible. Donc ça, on y croit beaucoup. La crainte qu'on a -
puis on... face au changement, on est toujours un petit peu... on a toujours
des craintes, c'est normal - c'est la qualification des entrepreneurs, le... de
rendre ça attrayant, qu'il y ait une bonne compétitivité. Je pense, ça a été
discuté, tout à l'heure. Donc, ça, oui, c'est une forme de crainte. Et c'est
qu'on ne... on n'est pas... à l'heure actuelle, on n'est pas partie prenante
dès le départ. Donc, comme on disait tantôt, du béton, il y en a dans presque
tous les chantiers, ça serait important. Puis des solutions...
Mme Lasnier (Nathalie) : ...ou
innovantes, moins chères, plus rapides. On en a plein. Donc, c'est d'amener ces
joueurs-là, dès le départ, dans les discussions avec les concepteurs, avec les
entrepreneurs. Donc c'est... c'est une crainte. J'imagine que ça va être
évolutif ce... ce projet de loi là et ces pratiques-là. On va s'y faire, on
va... on va participer. Je pense que ça va bien aller en bout de ligne, mais, a
priori, je pense que ça serait important, les modes de qualification, définir
c'est qui le contractant. Est-ce que c'est juste l'entrepreneur général ou
c'est son équipe? Ça, ça pourrait être des pistes de bonification et d'inclure
toutes les parties prenantes dans un projet. Mais là, à l'heure actuelle, ça a
été mentionné tout à l'heure, on parle de projets complexes, on parle de
projets vraiment, là, d'envergure, importants, stratégiques, c'est un peu
normal que ce soit compliqué, puis que ce n'est pas nécessairement tous les
entrepreneurs qui pourraient se qualifier. Ça, on comprend ça. Le 20 %,
puis le 80 %, mais je pense que ça va suivre son cours dans les... une
fois que ça va être implanté.
M. Julien : Oui, mais... mais
juste là-dessus parce que... parce que pour éviter... je veux être certain
qu'on évite, en fin de compte, de répéter des choses qui ne sont pas claires.
Tantôt, la mention de 20-80, c'est dans une perspective en tout cas, puis on a
discussions a posteriori, c'est vrai que les projets hyper plus, plus
complexes, avec un potentiel de collaboratif à la RPI, là, qui est à l'extrême
de la collaboration, ça... ça ne touche pas tous les projets, puis le mode
conventionnel va toujours être bon pour certains projets. Mais pour moi, là,
l'ouverture dans le projet de loi au mode de collaboratif, c'est une ouverture
du bon mode de collaboration selon le bon projet, et on peut venir toucher tout
le 80 %, là, selon différents niveaux pour permettre ces innovations-là.
Le donneur d'ouvrage a la possibilité de dans la loi, et le privé peut le
demander, plus il y a la possibilité. Donc, la discussion va être ouverte pour
un éventail très large.
Mais si on revient sur les parties
prenantes, bon, tu sais, si on va dans un modèle très collaboratif où on a une
espèce de consortium entrepreneurs-professionnels, la notion d'intégrer les
sous-traitants de... c'est-à-dire, il va y avoir des centaines de
sous-traitants. Mais si je fais un projet, par exemple, de pont en béton, bien
naturellement, là, je serais bien fou de pas asseoir, excusez-moi le terme, de
ne pas asseoir le sous-traitant autour de la table, parce que, là, le besoin
est tellement important par rapport à cette collaboration-là que pour moi, ça
va aller de soi. Mais sinon, comment obliger l'intégration de sous-traitants,
sur quels critères, si ce n'est du besoin de l'avoir autour de la table? Parce
que, tu sais, le sous-traitant qui fournit les rivets, tu sais... Alors là,
j'essaie de voir comment ça se ferait qu'un mode collaboratif où l'importance
du... du béton armé est... est primordial en toute logique, le consortium avec
le donneur d'ouvrage va vouloir avoir ces gens-là autour de la table.
Mme Lasnier (Nathalie) : Vas-y,
vas-y.
M. Bédard (Luc) : Au sens que
ce qu'on a entendu, M. le ministre, de la part de nos membres et de certains
membres d'entrepreneurs spécialisés, c'est qu'à l'heure actuelle, comme vous
l'avez très bien mentionné, c'est le consortium. Le consortium qui est composé
de qui? De l'entrepreneur général, des concepteurs, des équipes de conception
et, bien entendu, du donneur ouvrage. C'est ce qui est visé par justement
l'approche collaborative.
• (11 h 20) •
Par contre, mais ce groupe-là, puis dans
le contexte québécois, la multitude, vous l'avez bien dit, hein, souvent de la
centaine d'entrepreneurs spécialisés, mais il y en a beaucoup d'entrepreneurs
spécialisés, puis souvent les généraux, bien, ils ont un champ au sens qu'ils
gèrent le projet. Ils gèrent le projet, puis c'est souvent les entrepreneurs
spécialisés qui réalisent une bonne partie, pour ne pas dire la majeure partie
des travaux.
Et puis bien entendu, quand on parle des
travaux collaboratifs, combien de joueurs seront appelés dans ces modes
collaboratifs là? À l'heure actuelle, plusieurs nous disent : Mais ils
vont être peut-être moins que cinq. Donc, si moins que cinq grands consortiums,
c'est ce qu'on voit dans les dernières années, il y a très peu de grands
consortiums qui soumissionnent sur les projets d'envergure. Donc ça fait en sorte
que les entrepreneurs spécialisés se sentent à risque d'avoir une concentration
justement de ces entrepreneurs-là, puis d'avoir une limitation de la
concurrence. Est-ce que c'est réel ou pas? Mais c'est une perception que ces
gens-là vivent présentement parce qu'ils ne seront pas inclus dans, justement,
les appels d'offres.
D'un autre côté, ce que mentionnait
l'ACRGTQ juste avant nous, c'est qu'ils disaient : Oui, mais si on est
pris avec un sous-traitant, un entrepreneur spécialisé qui a passé par le BSDQ,
mais là, nous autres, on ne le veut pas, lui. Donc, vous voyez un petit peu
l'imbroglio que ça génère au sens que, si on a un faible groupe d'entrepreneurs
généraux qui peuvent appliquer ou soumissionner sur ces...
M. Bédard (Luc) : ...travaux-là,
mais, en bout de ligne, est-ce qu'il y aura suffisamment de soumissionnaires,
encore une fois, pour engendrer, chez les spécialisés, vraiment, une saine
concurrence. C'est le doute que certains entrepreneurs émettent.
M. Julien : ...mais... j'entends
le doute, mais il me surprend un peu, dans le sens que ce qu'on observe
actuellement... Encore là, les modes alternatifs et collaboratifs, c'est un
éventail très large, et, je vous le dis, là, on peut aller jusqu'au très faible
pourcentage. Ce n'est pas juste sur base de complexité et d'envergure. Alors,
chaque mode est le bon pour différents projets, puis des projets moins
complexes bénéficieraient de modes collaboratifs, surtout en termes d'idéations
initiales. Donc, pour moi, c'est un éventail qu'on offre, et la loi, le projet
de loi prévoit cette possibilité là, et sans contrainte.
Maintenant, sur la concurrence, ce qu'on
observe dans le marché, dans les projets complexes et dispendieux... Parce
qu'il y a l'enjeu de, mon Dieu, je ne sais pas trop comment ça va fonctionner,
j'additionne des risques, je ne sais pas comment ça va finir, puis il coûte
cher, puis j'ai de la misère à me financer. Puis là les gens regardent ça, puis
ça devient un frein à la concurrence. Et tous les intervenants qu'on a rencontrés,
à la fois institutionnels, de l'industrie, des ordres professionnels, ils tous
dit : Pour augmenter la concurrence, il faut que tu sois en mode plus
collaboratif, justement, pour avoir une discussion initiale, pour pouvoir
mitiger les risques et les identifier. Donc, entre le statu quo et ce qui est
proposé au projet de loi, bien, c'est... pour moi, c'est clairement une
augmentation de concurrence, parce qu'ils nous ont tous dit : Tel projet,
où il n'y a pas eu de soumissionnaire, ou il y en a eu un, ou il y en a eu
deux, il y en aurait eu cinq, il y en aurait eu sept.
Alors, toutes choses étant égales, par
ailleurs, la modification, bien que vous ayez des préoccupations, va amener
plus de concurrence, selon tous ceux avec qui on discute. Peut-être que ce ne
sera pas suffisant pour... mais, au net, c'est plus de concurrence. À moins que
vous ayez une lecture différente?
M. Bédard (Luc) : Bien, soyez
clairs. Au départ, on veut plus de concurrence, notre mémoire le mentionne, et
puis nous, on le plaide depuis plusieurs années. Cependant, bien, dans la
structure, à l'heure actuelle, souvent, ce qu'on se fait dire, au ministère des
Transports, entre autres, c'est qu'on n'a pas de relation contractuelle avec
vous. La relation contractuelle est avec le général, c'est lui qui a décroché
le contrat. Donc, on aimerait, comme industrie, au niveau du béton armé, parce
qu'on est souvent des entrepreneurs spécialisés ou des fournisseurs de
matériaux, mais être inclus, justement, plus tôt dans cette chaîne-là, et non
pas lors de l'adjudication de contrats, ou quand le consortium a décroché le
contrat. Donc, si on est en mesure d'être impliqués plus tôt, ça va rassurer,
bien entendu, les gens, et puis ça va favoriser, justement, l'implantation et
l'utilisation d'innovations.
M. Julien : Mais, sans mettre
d'obligation d'être impliqués plus tôt, parce qu'on parlait, tantôt, de
certains cas de figure, je reviens sur un projet complexe et d'envergure,
dispendieux, qui nécessite beaucoup de béton armé. Et, puisque le processus
n'est plus sur un mode traditionnel, mais un mode collaboratif, où on vient,
dès l'idéation, concepteur, entrepreneur... et, soudainement, on s'aperçoit que
le principal élément à l'intérieur de ce dossier... de ce projet-là, en termes
de coûts et de complexité, est lié à l'industrie du béton armé, mais ils vont
avoir tout intérêt à vous asseoir autour de la table, ce qui n'était pas le cas
dans des modes traditionnels, parce que c'est difficile, le moins traditionnel,
le plus bas soumissionnaire. Je ne vois pas... Je vois plus difficilement
comment qu'on peut déjà convenir de votre contribution à un échange
collaboratif, sur une solution, mais j'ai l'impression que le mode
collaboratif, sans être parfait, par rapport à votre industrie, va amener,
naturellement, cette discussion-là avec les joueurs.
Mme Lasnier (Nathalie) : Bien,
forcément, on l'espère, M. le ministre, et c'est peut-être dans la définition
du contractant. C'est peut-être l'équipe de contractant, c'est peut-être le
contractant et ses principaux collaborateurs dans son projet. Donc, ne pas être
limitatifs dans la définition du contractant. La perception, elle est peut-être
là. Donc, évidemment, bien, qu'on soit un peu à la remorque de peut-être qu'on
va être invités à participer, peut-être pas — ça dépend des projets — on
aimerait, évidemment, des lignes plus claires là-dessus.
La stratégie parle de développement
durable, parle de résilience, parle de durée de vie, parle d'entretien. C'est
toutes des choses qui peuvent être chiffrées, et, avec le béton, on a
l'information, on a les données et on est capables de collaborer. Donc, quand
on parle du meilleur coût, évidemment, il y a les coûts initiaux, puis il y a
les coûts sur le cycle de vie de l'ouvrage, donc plus vite, moins cher, plus
rapide, meilleur. Il faut peut-être ramener un peu les pendules à l'heure. On
veut des projets durables, qui vont avoir un retour, sur l'investissement de
ces actifs-là, pour la population du Québec. On gère des actifs. Ce n'est pas
des dépenses. Un actif, on veut, idéalement, que, dans le temps, il va prendre
de la valeur, et...
Mme Lasnier (Nathalie) : ...pas
qu'il va en perdre. Donc, on salue beaucoup le volet gestion d'actif et
entretien qu'on voit dans le projet de loi. C'est un peu l'enfant pauvre de la
construction, l'entretien. Donc, bravo pour ce geste-là!
Et, côté industrie, on a parlé de chaussée
tantôt, on a parlé beaucoup de d'autres matériaux, l'industrie du béton peut
contribuer à rendre ces structures-là, ces infrastructures-là durables et
rentables à long terme.
Donc, la notion du coût, ce n'est pas
nécessairement seulement les coûts initiaux. Il faut vraiment mettre dans la
balance aussi la vie de l'ouvrage puis combien qu'elle va... qu'elle va coûter,
cet ouvrage-là, dans le temps également.
M. Julien : Bien, justement,
pour compléter, parce qu'il me reste quelques minutes, durée de vie... puis on
en avait déjà discuté ensemble, de mémoire. C'est certain que, quand on va en
processus d'attribution pour un ouvrage d'infrastructure publique, on souhaite
avoir la pérennité, puis les critères qu'on se donne pour éventuellement être
en mesure de conclure une entente avec un tiers externe, c'est considéré. Mais,
pour vous, ça serait de venir dire... par exemple, c'est considéré, par
exemple, que l'infrastructure soit bonne pour 50 ans, minimalement, puis
dire : Oui, mais moi, je vous en offre une à 80. Vous devriez accepter en
fin de compte que le 30 ans, en valeur nette actualisée, soit bonifié dans
l'offre initiale de manière plus agressive, parce que... parce que votre
prétention, qui est réelle, c'est que vos matériaux durent plus longtemps que
d'autres. Durée de vie... J'amène à votre industrie comme ça?
M. Drolet (René) : Bien,
peut-être un point pour... à ce sujet-là, c'est la la durabilité, oui, mais les
coûts sont... peuvent être aussi beaucoup plus faibles si on le prend sur une
période plus grande. Par exemple, pour reprendre l'exemple de la chaussée, une
chaussée en béton va durer plus longtemps. On avait une étude qui avait été
faite par un économiste indépendant qui démontrait des économies potentielles
de plusieurs millions de dollars par année pour le gouvernement du Québec pour
faire un peu plus de chaussées de béton, là où c'est pertinent, évidemment. Et
donc c'est la durabilité, mais c'est les coûts à long terme. On n'a pas besoin
de refaire la chaussée à tous les sept ans ou à tous les trois ans quand c'est
fait en béton. Donc, en bout de ligne, c'est... c'est des coûts... c'est
d'aller plus loin que le coût initial.
M. Julien : Donc, sur la
valeur nette actuelle, qu'on considère ces éléments-là.
Mme Lasnier (Nathalie) : Exactement.
Juste que ce soit clair. Il y a certaines normes au niveau des ouvrages d'art,
donc les ponts et autres, on... la norme spécifie une durabilité minimale de 75
ans. Là, au moins, c'est chiffré. Malgré ça, on a eu le pont Champlain, dans un
autre mode d'octroi, où là la durabilité, c'était 125 ans. Ils sont allés
au-delà de la norme, qui dit bien minimum 75 ans. Mais, quand vous construisez
une école, un hôpital, un bâtiment institutionnel, est-ce que la durée de vie
de ce bâtiment-là est clairement identifiée en partant? Et ça, on trouve que
c'est un peu ésotérique de faire la recherche puis trouver ces chiffres-là. Ça
devrait être dans une... dans une nouvelle stratégie, avec des nouveaux modes
d'octroi de contrats, que ce soit clarifié. Et, par la suite, là on peut faire
vivre ce bâtiment-là virtuellement, mais simuler combien qu'elle va coûter...
qu'elle va coûter de climatisation, de chauffage, la sécurité incendie, etc.,
et là avoir conçu un meilleur projet. Et là, en mode collaboratif, bien, ces
informations-là sont partagées avec les parties prenantes, comme on disait
tantôt, concepteur, entrepreneur, donneur d'ouvrage. Et là nous, on arrive à la
remorque de ces gens-là aussi pour faire les propositions. Donc...
• (11 h 30) •
M. Julien : Je comprends bien
ça.
Mme Lasnier (Nathalie) : Voilà.
M. Julien : Mais
naturellement... il ne doit plus me rester beaucoup temps, M. le Président,
mais c'est vrai qu'est considéré, à l'intérieur de l'évaluation, en tout cas à
la SQI, pour ce que je connais, le cycle de vie, et c'est un des éléments qui
est évalué avec... multicritères pour faire les... le choix. Donc, on... pour
moi, il est déjà bien considéré, mais peut-être qu'on gagnerait à regarder ça
attentivement, à tout égard, pour tous les donneurs d'ouvrage.
Mme Lasnier (Nathalie) : Oui,
puis là on pourrait extensionner au 80 % qu'on parlait tout à l'heure,
quand c'est les municipalités qui sont les donneurs d'ouvrage. Là, woups! on...
ça se perd peut-être un petit peu plus. Donc, la stratégie est quand même un
excellent document chapeau, là, qui chapeaute toutes ces belles orientations
là...
Le Président (M. Simard) : Merci,
Mme Lasnier.
Mme Lasnier (Nathalie) : ...que
les municipalités devraient utiliser.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, M. le ministre. Je cède la parole au député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Je tiens à vous remercier parce que j'ai lu avec grand intérêt votre
mémoire très, très direct. Je peux vous dire même, vous nous avez facilité la
tâche des amendements. Bien, ça dépend du ministre par la suite, s'il va les
accepter ou pas. Mais, écoutez, profitez, j'ai 10 minutes. Vous allez juste me
donner les arguments, parce que mon premier amendement, il est presque rédigé.
Parlons des sous-traitants. J'ai... J'ai
vu l'échange avec...
11 h 30 (version non révisée)
M. Derraji : ...le ministre.
Vous êtes le deuxième groupe qui parle de ça et vous voulez être impliqué en
amont. Je pense que la problématique est très bien cernée. Vous avez même dit,
article... chapitre I, loi sur les contrats, l'article 156... des approches
collaboratives. Vous, votre industrie considère les approches collaboratives
intéressantes, mais... Mais, c'est ce «mais» qui est très important parce que,
si on ne le règle pas, même l'approche collaborative, je ne veux pas vous
mettre des mots dans la bouche... vouée à l'échec. Pourquoi? Parce que le
projet de loi parle du contractant, mais il oublie, les sous-traitants et les
fournisseurs doivent être... faire partie de ces approches collaboratives, bon.
Il y a deux niveaux : les ajouter dans
l'article dans la loi. Mais j'ai entendu ce que vous avez dit tout à l'heure,
vous voulez être impliqué même en amont, c'est qu'autour de la table... pas
uniquement le maître d'ouvrage. Parce qu'une fois tout est scellé, tout est
fait, terminé, bien, le sous-traitant va faire quoi? Subir. Il n'a pas été
impliqué en amont. Donc, au bout de la ligne, les objectifs escomptés de cette
loi risquent d'être annihilés parce que ça risque d'engendrer des délais, des
coûts supplémentaires parce que le sous-traitant n'a pas été appliqué en amont.
Corrigez-moi si je me trompe, un, par
rapport à l'ajout de sous-traitants, et par rapport au risque de ne pas
impliquer en amont le sous-traitant.
Mme Lasnier (Nathalie) : Bien,
je pense que vous vous reprenez un peu ce qu'on disait. C'est la notion du
contractant. Puis on comprend, là, qu'une institution publique va entrer dans
un contrat avec un contractant. C'est ce qu'on vit, à l'heure actuelle, dans
les modes traditionnels. C'est peut-être une occasion, avec le projet de loi no
62, d'élargir un peu la notion de contractant, qui serait modulable selon les
projets. C'est sûr qu'il n'y aura pas une centaine de sous-traitants qui vont
participer aux discussions, mais qu'il y ait cette souplesse-là, cette
agilité-là d'inclure les principaux sous-traitants, les principaux fournisseurs
pour un projet donné.
Parce qu'après ça on parle de partage de
risques, on parle de délais de paiement, on parle de plein de choses. Bien,
évidemment, comme sous-traitants ou fournisseurs, on est touchés par ces
choses-là. Tant que l'entrepreneur n'est pas payé, on n'est pas payé. Donc, on
fait partie de cette chaîne-là, mais on n'est pas au cœur des discussions.
M. Derraji : Pour le bénéfice
des gens... Ah oui, allez-y, allez-y.
M. Bédard (Luc) : Si je peux
me permettre, surtout dans le monde actuel... À l'heure actuelle, on est dans
une lutte aux changements climatiques, et puis vous avez sûrement entendu
parler des bétons verts ou des bétons bas carbone. Donc, ces bétons verts là ou
des bétons bas carbone, si on se met... les concepteurs se mettent à les
spécifier à outrance, et puis je le souhaite, parce qu'on va réduire notre
empreinte, justement, carbone, notre empreinte, un gaz à effet de serre émis...
Par contre, bien, ces bétons-là ont souvent des comportements qui sont
différents. Donc, si les producteurs de béton ne sont pas impliqués à la base,
bien, les échéanciers, il y a de fortes chances qu'ils ne tiennent plus la
route. Donc, on veut des bâtiments ou des ouvrages bas carbone, par contre,
bien, il faut vivre aussi avec le comportement de ces matériaux-là qui seront
différents des comportements qui sont souvent utilisés, présentement.
M. Derraji : O.K. J'aime ce
que vous venez de dire et ça me pousse à vous poser la question suivante pour
le bénéfice des gens qui nous écoutent : Pour des projets où vous êtes des
témoins, c'est quoi, la moyenne de sous-traitants impliqués en nombre?
Mme Lasnier (Nathalie) : En
mode traditionnel, très peu, parce que, comme ça a été mentionné tout à l'heure,
on vit avec un devis, une conception prescriptive, un contrat vraiment fermé,
et les discussions par la suite sont très, très, très ardues. C'est plus des
confrontations que des discussions.
Là, le mode collaboratif change la donne
complètement, puis on l'espère, de ce côté-là. Il faut juste trouver le modus
operandi pour que les sous-traitants, les fournisseurs, lorsque requis, lorsque
c'est important, puissent être au cœur, main dans la main avec leur
entrepreneur général.
M. Bédard (Luc) : Puis,
Nathalie, tu parles maintenant pour le génie civil. Quand on est du côté
bâtiment, bien, au côté bâtiment, c'est totalement autre chose, au sens que,
juste pour la coquille, si on peut dire, la charpente du bâtiment, bien, ce n'est
pas rare d'avoir jusqu'à huit à 10 corps de métiers différents. Donc, c'est
huit à 10 sous-traitants différents.
M. Derraji : Oui. C'est
excellent parce que vous faites le lien, et je ne sais pas si je me trompe...
parce que je vais faire le lien avec l'article 13. Si je n'inclus pas mes
sous-traitants au départ, c'est que mon article 13, j'augmente les chances qu'on
va y aller... on va y arriver, désolé, on va y arriver. Donc, est-ce que, pour
vous, les clés du succès, c'est vraiment définir et permettre une marge de
manœuvre, d'asseoir sur la même table les sous-traitants, peu importe le
projet, du début jusqu'à la fin, pour que, justement, qu'on s'évite les
problèmes liés à l'article 13?
M. Bédard (Luc) : Bien, l'article...
M. Bédard (Luc) : ...13, je ne
commenterai pas spécifiquement, mais je ne peux pas m'empêcher de dire mes...
M. Derraji : Mais pourquoi
vous ne voulez pas? Pourquoi vous ne voulez pas? Vous êtes en commission, vous
avez le droit de tout commenter. À votre place, je le ferais.
M. Bédard (Luc) : Non, mais
je vais revenir plus sur le mode collaboratif puis ce qu'on plaide depuis le
début. Nous, à l'Association Béton, on a ce qu'on appelle une fameuse «fiche
prébétonnage» et puis on prône les rencontres prébétonnage avec l'ensemble,
justement, des intervenants en chantier pour s'assurer de ne pas avoir de
problème. Donc.... Et puis, quand on le fait, on n'en a pas, de problème, puis,
quand on ne le fait pas, bien, on a des problèmes. Donc, on voit que l'approche
collaborative, ça fonctionne, mais on n'est pas dans un cadre contractuel, on
est dans un cadre opérationnel, on est dans du génie, donc... dans la
réalisation.
Mme Lasnier (Nathalie) : Une
piste de solution, c'est peut-être que, justement, quand on définit le
contractant, en mode projet, que les parties prenantes traditionnelles, donneur
d'ouvrage, concepteur, entrepreneur général, s'entendent sur l'élargissement de
la consultation des participants, et là... Parce que, oui, c'est à géométrie
variable, ça dépend des projets. Mais, en ce moment, en mode traditionnel, on
n'est pas là. Donc, quels seraient les moyens pour être là quand c'est requis,
quand c'est important? Bien, évidemment, notre secteur d'activité, qui est le
béton armé, bien, on pense qu'on risque d'être assez présents pas mal souvent
sur vos projets, et c'est ce qu'on veut.
M. Derraji : Oui. Mais
l'exemple parfait des rencontres pré...
Mme Lasnier (Nathalie) : Prébétonnage.
M. Derraji : ...bétonnage,
là, moi, je pense que c'est un exemple flagrant, là, c'est ce... Vous venez de
faire la démonstration que, si c'est la démarche, vraiment, et de
collaboration, on devrait mettre tout le monde autour de la table. Ça va nous
éviter, en tant que donneur d'ouvrage, si j'ose dire, d'aller utiliser
l'article 13, qui... personne ne le souhaite. D'ailleurs, moi, je vais
avoir des questions sur l'article 13. Mais je ne pense pas que l'intention
de législateur, c'est aller à l'article 13, on ne veut pas se rendre à l'article 13.
Un peu plus loin, vous parlez... 45, 46,
46, 48, ça vous dit quelque chose. Mais, ce qui est très intéressant avec vous,
vous faites le lien avec la stratégie gouvernementale, vous dites que l'octroi
de contrats... «Il est plutôt difficile de comprendre l'établissement de
raccourcis pour l'octroi de contrats.» Pourquoi vous parlez de «raccourcis»?
Mme Lasnier (Nathalie) : De
contrats qui n'ont pas reçu de soumissions conformes. C'est notre point. Ces
quatre articles-là adressent une façon de faire pour procéder quand même quand
tu n'as pas reçu d'appels d'offres conformes. Nous, ce qu'on dit pour ces
quatre articles-là, c'est : Un instant! Comme donneur public, si ton
projet n'a pas été suffisamment attrayant pour attirer des soumissions
conformes, il y a un problème, il y a quelque chose qui achoppe. Donc, au lieu
de se créer un raccourci qui est... probablement existe - je ne suis pas
juriste, mais qui... il y a sûrement une façon de faire - mais ça serait
préférable de revenir aux orientations de la stratégie, d'identifier qu'est-ce
qui a achoppé - est-ce que c'est la conception? Est-ce que c'est le partage de
risques? Les raisons peuvent être multiples - et de dire : O.K., on va
prendre un petit pas par en arrière, bonifier notre projet, peut-être aller en
mode collaboratif - c'est peut-être une avenue si on n'a pas reçu de
soumissions conformes - au lieu de dire : O.K., on va y aller pareil,
donc. Parce qu'il y a une courbe d'apprentissage pour le secteur privé
là-dedans, mais aussi pour le secteur public. Donc, il faut peut être se...
forcer la donne aussi de dire : O.K., on va y aller en collaboratif puis
on va voir qu'est-ce que ça va donner.
• (11 h 40) •
M. Derraji : Vous ramenez un
point important, une courbe d'apprentissage pour le secteur public et aussi
pour le secteur privé. C'est un bon point. Sanction de la loi :
pensez-vous que, dès que la loi est adoptée, doit être... on doit commencer à
aller de l'avant avec l'approche collaborative le plus tôt possible?
Mme Lasnier (Nathalie) : Bien,
pourquoi pas?
M. Derraji : O.K. Donc...
Mme Lasnier (Nathalie) : Pourquoi
pas? Et que ces premiers projets-là... Je ne veux pas utiliser le terme «projet
pilote», parce que «projet pilote», on se donne la chance que ça ne fonctionne
pas. Donc, on veut vraiment que ça fonctionne, mais que ces projets-là fassent
l'objet vraiment d'un suivi, d'une analyse. J'espère, M. Julien, que vous allez
vous tenir au courant très, très étroitement de ces projets-là.
M. Derraji : Il va y avoir un
tableau de bord. C'est à l'image du gouvernement.
Mme Lasnier (Nathalie) : Il
va y avoir... Oui, oui, oui, les tableaux de bord. Ça... Vous venez de
m'allumer beaucoup sur les tableaux de bord. On les aime beaucoup, c'est
«user-friendly», mais... mais un tableau de bord va gérer les données que tu
lui rentres, et ces données-là doivent être valables, doivent être vraiment
bien estimées, parce que, sinon, excusez l'expression en chinois, mais «garbage
in, garbage out». Donc, j'aime bien les tableaux de bord, mais encore.
Et ça revient à notre point au niveau de
la gestion d'actifs. Je pense que c'est au cœur des finances publiques, vous
investissez pour créer des actifs qui doivent être gérés, qui doivent être
connus sur l'entièreté de leur cycle de vie, et ça va être la solution pour que
ces actifs-là maintiennent leur valeur et qu'on arrête de parler de déficit
d'entretien et de vieillissement prématuré. Ça, je pense qu'en 2024, il faut...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. ...
Mme Lasnier (Nathalie) : ...revirer
la machine.
M. Derraji : Je vous
remercie. Je remercie les gens qui nous suivent à distance pour votre excellent
passage en commission. Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, cher collègue. Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup, M. le Président. Je remercie Mme Huot pour la présentation, puis déjà
on a entamé certaines discussions. Merci à toutes les personnes présentes. Tout
à l'heure, j'ai eu une discussion avec le groupe précédemment, ils proposaient
de faire une distinction entre certains projets qui pourraient être d'abord
octroyés par des contrats de partenariat puis d'autres qui pourraient être
faits de façon plus traditionnelle. Quelle est votre opinion là-dessus? Est-ce
que c'est quelque chose qui devrait être publié à l'avance, d'avoir une
certaine prévisibilité?
M. Bédard (Luc) : Bien, la
prévisibilité, ça fait des années au sens que, depuis que... depuis que je suis
dans le monde de la construction, c'est une requête ou une demande
traditionnelle de pouvoir assurer une prévisibilité, qui plus est, mais quand
on est en mesure justement de mieux prévoir, on est en mesure de mieux
s'équiper, puis on est en mesure de mieux s'équiper tant en termes de
ressources humaines que matérielles, donc on est en mesure de mieux voir venir
et puis d'avoir de meilleures solutions et puis d'accélérer l'innovation.
Qui plus est, vous vous souvenez, on a
vécu une certaine pandémie, mais la prévisibilité permet aussi d'aplanir la
courbe, hein? C'est... je ne pensais jamais la ressortir un jour, mais...
Mme Zaga Mendez : Bien sûr.
M. Bédard (Luc) : Donc, bien
entendu, la courbe au Québec, hein, on a l'automne et on a l'hiver, on a l'été.
Donc, l'été... mais on est à pleine capacité, au sens je ne pense pas que
personne va nous dire que le secteur de la construction n'est pas à pleine
capacité l'été, il l'est, par contre, mais est-ce qu'on est à pleine capacité à
l'année? Puis est-ce qu'on se doit de l'être? Donc, on sait qu'on a un gain à
faire en termes de productivité, là, pour aplanir la courbe sur 12 mois.
Donc, ça, c'est une belle proposition qui est en lien direct avec la
prévisibilité, puis la liste, là, comme disaient nos prédécesseurs, la liste de
projets au préalable.
Mme Zaga Mendez : ...super,
donc de savoir en préalable lesquels seront en contrat de partenariat, puis
lesquels iront en... en contrat traditionnel par appel d'offres. Rapidement,
sur l'attribution équitable des contrats, c'est une crainte. C'est-à-dire
est-ce que vous voyez des... des exemples, peut-être dans notre juridiction, ou
c'est... peut-être... peut-être ce n'est pas une, mais de nous dire comment ce
type de contrats par partenariat vont à la fois assurer le bon déroulement, puis
à la fois avoir une transparence, puis une attribution équitable des contrats
publics?
Mme Lasnier (Nathalie) : Mais
c'est peut-être là où la définition du contractant et son équipe pourrait
peut-être rentrer en ligne de jeu. Pour les projets complexes, on sait très
bien que le bassin d'entrepreneurs est quand même plus limité de par la
complexité de l'ouvrage, le besoin en machinerie, en équipe technique, etc.
Donc, ça, c'est connu. Pour le 80 % en mode plus traditionnel, la plupart
de ces projets-là vont très bien et alimentent les autres entrepreneurs. Je ne
veux pas le dire comme ça, mais l'entièreté des entrepreneurs qu'on a au
Québec, de leurs sous-traitants et de leurs fournisseurs, ce n'est pas parce
qu'on est en mode traditionnel que ça ne fonctionne pas non plus. Je pense
qu'aujourd'hui, avec toutes les déclarations que les entrepreneurs doivent
faire, les vérifications qui sont faites, il y a moyen de bien qualifier, bien
suivre l'intégrité de tous ces projets-là. On a eu l'occasion de lire le mémoire
de l'Ordre des ingénieurs qui a été déposé voilà pas longtemps, qui adresse.
Donc, je vous invite peut-être à relire le mémoire de l'OIQ là-dessus, là, qui
est très complet.
Mme Zaga Mendez : Je vous
remercie.
Mme Lasnier (Nathalie) : Merci.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci à vous. Cher collègue de Jean-Talon.
M. Paradis : Merci beaucoup
pour votre mémoire vraiment très intéressant. J'en retiens notamment quatre
choses. Vous nous invitez à faire le lien avec la stratégie québécoise en
infrastructures publiques, à inclure les sous-traitants dans les mécanismes de
collaboration, inclure la notion de durée de vie au centre de toute la
stratégie et aussi inclure des critères pour valoriser la provenance québécoise
des produits, M. le ministre, mais j'aimerais moi aussi revenir à votre
commentaire extrêmement intéressant, qui est à l'effet que... puis là, je ne
veux pas vous mettre des mots dans la bouche, mais j'ai l'impression que vous
nous disent... vous nous... vous nous dites qu'aller tout de suite de gré à
gré, quand il n'y a aucun soumissionnaire, ce n'est pas la bonne solution,
parce qu'il faut d'abord se poser des questions et voir c'est quoi, le
problème, puis évaluer ensuite l'ensemble des options. Et là vous nous dites
que, là, on est en train peut-être d'adopter un raccourci qui va aller à
l'encontre... et peut-être des objectifs de la stratégie. Est-ce que vous êtes
en train de nous inciter à ne pas adopter les articles qui prévoient cette
possibilité-là dans le projet de loi?
Une voix : Bien, je vous
dirais pratiquement oui.
Mme Lasnier (Nathalie) : Définitivement
d'en débattre entre vous. Ça, c'est... ça, c'est clair. Mais je pense que la
stratégie puis le projet de loi n° 62... puis on pourrait même dire 61,
amènent un vent de fraîcheur dans le secteur de la construction, une lucidité
qui est grandement appréciée. Donc, avec ces bases-là, on n'aurait probablement
pas besoin de raccourcir.
M. Bédard (Luc) : Je peux
même...
M. Bédard (Luc) : ...au sens
qu'on dit toujours «le plus bas soumissionnaire conforme». Donc, si on enlève
le mot «conforme», qu'est-ce qui reste?
M. Paradis : Donc, pour vous,
l'important, à ce moment-là, c'est de faire un diagnostic, qu'est-ce qui s'est
passé, pour réévaluer les solutions, plutôt que de se dépêcher d'aller en gré à
gré, alors que, peut-être, dans l'appel d'offres, dans la... dans la conception
des travaux, à un problème?
Une voix : Tout à fait.
Mme Lasnier (Nathalie) : Et
le gouvernement a ces informations-là. Je veux dire les associations
d'entrepreneurs, et autres, et autres, au niveau de l'attrayance des projets
publics et le manque d'attrait, c'est connu. Ça a été déposé, ces
informations-là ont été partagées. Donc, à partir de là, en effet, ces
raccourcis-là, je pense qu'ils ne seraient pas nécessaires.
M. Paradis : Et là-dessus,
vous vous êtes concentrés aux modifications proposées à différents règlements,
aux articles 45 à 48, mais j'imagine que vos commentaires visent aussi
l'article deux, qui lui-même vise à l'inclusion d'un article 13.1 sur les
contrats des organisations publiques? C'est la... C'est parce que c'est le même
principe : si pas de soumission, on va en gré à gré.
Mme Lasnier (Nathalie) : Oui.
Ça c'est... c'est... ça peut-être une pente glissante, disons.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Paradis : Merci.
Le Président (M. Simard) : Alors,
sur ce, Mme Lasnier, merci, bien sûr, à vous et aux collègues qui vous
accompagnaient.
Sur ce, nous allons suspendre nos travaux
et nous nous donnons rendez-vous après la période des questions. Au revoir.
(Suspension de la séance à 11 h 48)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 30)
Le Président (M. Simard) : Chers
collègues, quel bonheur que de reprendre nos travaux ensemble cet après-midi.
Nous poursuivons les consultations particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 62, Loi visant principalement à diversifier les stratégies d'acquisitions
des organismes publics et à leur offrir davantage d'agilité dans la réalisation
de leurs projets d'infrastructure.
Alors, nous allons sans plus tarder
recevoir... nous allons plutôt recevoir sans plus tarder l'Association des
estimateurs et économistes de la construction du Québec. Messieurs, soyez les
bienvenus.
Une voix : Merci.
Le Président (M. Simard) : Auriez-vous
d'abord l'amabilité de vous présenter?
M. Vallerand (Patrick) : Oui.
Patrick Vallerand, donc président de l'association.
M. Lavoie (André) :Ah! bonjour. André Lavoie, secrétaire de l'association.
Le Président (M. Simard) : Alors,
vous disposez de 10 minutes.
M. Vallerand (Patrick) : Bon,
M. le Président, Mesdames et messieurs les membres de la commission, merci de
nous recevoir. Donc, comme j'ai dit, mon nom est Patrick Vallerand. Je suis
président élu de l'association. Je suis ingénieur de formation et conseiller
expert en projets d'infrastructure. Je travaille comme professionnel dans la
construction depuis plus de 30 ans. J'ai été impliqué dans plusieurs
centaines de projets de toutes sortes au Québec et ailleurs au Canada. J'ai
fondé mon propre cabinet-conseil pour accompagner les donneurs d'ouvrage et les
entreprises de l'industrie dans la planification et la gestion de leurs
projets, ainsi que dans le règlement des différends, entre autres, pour aider
les organisations à mener leurs projets plus rapidement et au juste coût. Donc,
je suis accompagné du secrétaire de l'association. André.
M. Lavoie (André) :Bonjour. Mon nom est André Lavoie, ex-président et
maintenant secrétaire de l'association, retraité de SQI depuis novembre 2023. J'occupais
le poste de directeur général de l'estimation. J'ai travaillé plus de 30 ans
dans le secteur public dans la planification des coûts et de la gestion de
projet. J'agis maintenant comme expert stratégique en planification de coûts de
projet et je suis aussi administrateur de sociétés certifiées et,
accessoirement... en estimation et en planification budgétaire de projets...
15 h 30 (version non révisée)
M. Vallerand (Patrick) : ...permettez-moi
d'abord de vous remercier de l'opportunité de contribuer à cette commission
parlementaire. À titre de président de l'association, je m'exprime au nom de
tous les membres pour applaudir le dépôt du projet de loi et saluer le
changement de cap amorcé par le gouvernement du Québec avec sa stratégie
québécoise en infrastructures publiques.
Avant de sauter dans les recommandations
concernant le projet de loi, je crois qu'il est pertinent de bien présenter
notre association, qui demeure relativement peu connue du grand public et même,
je dirais, dans l'industrie de la construction. Comme son nom l'indique, l'association
regroupe des estimateurs et des économistes de la construction. Nous nous
désignons généralement en tant que spécialistes des coûts de projets de
construction. Donc, la mission de l'association est de faire reconnaître les
spécialistes en coûts de construction et de favoriser leur avancement
professionnel par, premièrement, la certification du niveau de compétence de
ses membres, la diffusion des meilleures pratiques, tant après... tant auprès
des membres et des divers intervenants de la construction et des décideurs
publics, l'obtention d'un titre réservé aux spécialistes en coûts et l'encadrement
déontologique de la pratique. Les spécialistes membres de notre association
sont certifiés et travaillent, par exemple, au sein de firmes de génie-conseil,
firmes d'architecture, chez les donneurs d'ouvrage et chez les entrepreneurs
généraux et spécialisés. L'association administre des examens pour valider
leurs connaissances en matière de planification et contrôle de coûts, à cela s'ajoute
un examen de déontologie inspiré d'ordres professionnels de l'industrie de la
construction. En fait, l'association se gouverne comme si elle était un ordre
professionnel davantage qu'une simple association.
C'est donc au nom de tous les membres de
notre profession que nous prenons la parole sur le projet de loi n° 62
aujourd'hui. La stratégie québécoise en infrastructures publiques et le projet
de loi n° 62 sont, selon nous, une rupture avec la culture de méfiance qui
règne au Québec depuis trop longtemps dans l'industrie, culture qui, à notre
avis, est contre-productive et donc désuète si on veut se donner, au Québec,
les moyens de nos ambitions. Mais, surtout, la stratégie et le projet de loi n° 62
sont une rupture et, à tout le moins, un message clair que le gouvernement du
Québec souhaite changer la façon de planifier et de réaliser ses projets en
tirant profit de l'expertise et en collaborant avec l'industrie, soit avec les
entrepreneurs et certains fournisseurs clés dans certains cas, pour trouver des
solutions innovantes, concevoir et réaliser des ouvrages différemment, et ce,
au meilleur coût possible. En fait, qu'ils soient publics ou privés, tous les
projets d'investissement représentent les mêmes enjeux : bien définir les
besoins, trouver les meilleures solutions qui permettent de répondre à ces
besoins et, troisièmement, réaliser les projets au meilleur coût possible. Dans
le cas des ministères et organismes, une composante s'ajoute au problème :
la volonté de réaliser des projets plus rapidement que ce que l'on fait
habituellement.
M. Lavoie (André) :Effectivement, la stratégie présentée par le gouvernement
vise à réaliser des projets 25 % plus rapidement et 15 % moins chers.
De l'avis de l'association, pour réaliser les projets au meilleur coût, il faut
d'abord se donner une solide prévisibilité des coûts en présentant des
estimations budgétaires précises dès la phase d'avant-projet pour tous les
projets d'infrastructures publiques. C'est une condition de succès
incontournable pour permettre aux parties prenantes de mieux planifier le projet
en amont et en réduire le niveau d'incertitude et prendre les bonnes décisions
à chacune des étapes de projet. Pour ce faire, et sur tout projet, un, on
souhaite... on veut impliquer les spécialistes en... ou certifiés dès l'étape d'avant-projet,
je le répète, c'est très important parce que tous les gens doivent être
présents tout au long d'un cycle de vie de tous les projets, définir les
contingences et les réserves de risque adéquates pour tenir compte du niveau de
maturité, de complexité et de la définition des projets, avoir de bons
mécanismes de contrôle et de suivi des coûts, être en phase avec le marché,
vous savez que nous, les spécialistes en coûts, on a une connaissance du
marché, on ne se base pas uniquement sur des données historiques pour être
capables de faire nos prévisions ou être capables un peu d'expliquer qu'est-ce
qui se passe dans le marché, contrôler en faisant le suivi des échéanciers,
vous savez que tout prolongement implique des coûts, ne serait-ce qu'en raison
de l'inflation, les frais des entrepreneurs et aussi certains frais de
financement, contrôler la portée des besoins et des travaux afin d'éviter les
impacts sur les coûts, éviter les «tant qu'à y être» par exemple, partager plus
équitablement les risques en participant aux ateliers sur les risques. Surtout,
il faut bien comprendre et bien maîtriser les facteurs économiques qui
influencent les coûts, entre autres...
M. Lavoie (André) :...le nombre de projets lancés simultanément par les
ministères et organismes et municipalités, le niveau de concurrence du marché
local et régional, dans le fond, bien connaître la région dans laquelle on va
travailler. Hein, vous savez, la pénurie de main-d'œuvre qui est encore très
présente, c'est important de connaître, dans le fond, les bassins de
main-d'œuvre, connaître la disponibilité dans chacune des régions. Ensuite, les
délais de réalisation, le type de projets, la taille de ceux-ci et leurs
particularités, et le transfert de risque parfois indu aux entrepreneurs,
notamment en ce qui a trait aux obligations contractuelles imposées.
Les spécialistes en coûts de projet de
construction ont constamment toutes ces variables à l'esprit lorsqu'ils
travaillent sur un projet d'infrastructure. Quand on leur donne les moyens de
bien faire leur travail, on évite de prendre la surchauffe du marché comme
excuse pour justifier les dépassements de coûts. Bien souvent, la surchauffe du
marché découle d'une conjoncture économique particulière, mais ça ne veut pas
dire qu'elle était imprévisible ni ingérable. Autrement dit, quand les experts
en coûts sont impliqués, on prévient les mauvaises surprises.
On pourrait comparer ce travail à celui de
l'utilisation de la météo pour un agriculteur. Ce n'est pas parfait, mais avoir
une bonne idée du moment auquel le dégel aura lieu permet de mieux planifier
l'ensemencement. Bref, nous sommes d'avis que les cibles de la stratégie sont
atteignables, mais pour y arriver, il faudra surtout s'assurer d'impliquer les
spécialistes en coûts certifiés de façon systématique dans les projets
d'infrastructures publiques.
M. Vallerand (Patrick) : Donc,
pour nous ramener au cœur de l'étude du projet de loi n° 62
et plus spécifiquement, l'association recommande ce qui suit. En marge des
politiques présentées dernièrement, les ministères des organismes publics
s'assurent que tous les projets lancés impliquent l'expertise d'un spécialiste
en coûts certifiés, permettant de vérifier que les enveloppes budgétaires
autorisées sont adéquates dès la phase d'avant-projet. En cours de phase de
planification et de réalisation des projets, les spécialistes en coûts de
construction doivent être activement impliqués pour, un, donner le portrait
juste de l'état des coûts des projets. Vous savez que je fais toujours le
comparatif avec un CFO. Quand on est dans une entreprise, on fait des états
financiers et on fait souvent des états financiers intérimaires. Alors, à ce
moment-là, c'est un peu le parallèle, un projet, c'est une entreprise
temporaire. Donc, il faut avoir les mêmes suivis rigoureux.
Deuxièmement, suggérer des pistes
d'optimisation. On n'est pas juste là à compter les coûts, mais aussi à
proposer des solutions innovantes, assurer une vigie des changements à la
portée des travaux. Donc, on parlait tantôt des fameux tant qu'à y être, ils
sont souvent la cause des dépassements de coûts. Contribuer activement à
trouver des solutions innovantes pour optimiser les coûts de projet.
Troisièmement, on recommande aussi — et
ça, c'est un point très important — que la profession soit reconnue
comme telle au Québec. Considérant que la gestion des coûts de projets
d'infrastructure est une priorité pour le gouvernement, nous recommandons
d'accorder à la profession l'espace qu'elle mérite en l'intégrant dans le
système professionnel québécois. Nous avons d'ailleurs très bien collaboré avec
l'Ordre des évaluateurs agréés du Québec dans cette démarche dans les derniers
mois.
• (15 h 40) •
J'ai presque fini. L'encadrement de notre
profession est incontournable et un garde-fou indispensable pour protéger le
public devant les dépassements de coûts. Soulignons finalement que les
spécialistes en coûts, et là je ne ferai pas mon professeur d'histoire, datent
de plusieurs décennies — vous avez vu que l'association a 50 ans — mais
que la profession découle d'une longue tradition du XVIIᵉ siècle. Les
spécialistes en coûts certifiés, j'ai presque fini, à travers le monde,
notamment dans le monde anglo-saxon et dans le reste de la francophonie,
contribuent activement au succès des projets. Donc, en bref, en bref...
Le Président (M. Simard) : Oui,
en bref, bref.
M. Vallerand (Patrick) : ...le
gouvernement souhaite atteindre... si le gouvernement souhaite atteindre ses
objectifs de réduction des délais et des coûts, ce sont là des initiatives
simples que l'on doit bien à la population qui, rappelons-le, paie toujours la
facture finale des grands projets. Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci,
cher monsieur. Malheureusement, je suis l'arbitre du temps. Vous qui êtes...
d'histoire, vous savez à quel point, pour un historien, le temps est important.
M. le ministre, à vous la parole.
M. Julien : Oui. Merci, M. le
Président. Merci, messieurs, pour votre présentation, pour le document que vous
avez transmis. Je vais y aller sur deux éléments. On va commencer par le projet
de loi, puis, après ça, on reviendra sur ce que vous avez mentionné, parce que,
pour moi, ce n'est pas le projet de loi, mais c'est important.
Alors, si on revient sur la nature du
projet de loi, là, puis admettons que tout le monde est compétent puis qu'on
travaille bien, c'est quoi, votre appréciation à la fois du projet de loi et de
la stratégie québécoise en infrastructures, naturellement sur tout le volet,
vous l'avez nommé, là, mais tout le volet mode collaboratif? Puis j'insisterais
sur un élément, là, puis ça fait deux, trois fois que les gens disent ça, là,
puis ce n'est pas faux...
M. Julien : ...mais
transfert de risques à l'entrepreneur. Je pense qu'il y a quelqu'un qui a dit
ça et pour moi, c'est oui, c'est transfert de risque à l'entrepreneur, mais un
ton entrepreneur, en fin de compte, met ça dans ses contingences. Ça fait qu'en
fin de compte, c'est le gouvernement paye tous les risques, qu'ils se
matérialisent ou non. C'est-à-dire que c'est un faux transfert de risque. Pour
moi, c'est... Parce que c'est... c'est le donneur d'ouvrage qui va finir par le
payer, le risque. Alors, en quoi vous estimez que le mode collaboratif c'est on
mitige les risques? Et en quoi cette méthode-là n'amène pas, justement, des
risques supplémentaires et ne diminue pas la concurrence?
M. Vallerand (Patrick) : ...parler
de ton expérience aussi.
M. Lavoie
(André) :Bien, écoutez, je vais vous
parler de... Vous savez un petit peu d'où je proviens. Évidemment, moi, j'ai eu
la chance de travailler sur les premiers projets collaboratifs au Québec, dont
le dernier sur lequel j'ai activement collaboré, qui est le projet de
remplacement du toit du Parc olympique, qui a été un des premiers au Québec
annoncé officiellement comme était le projet collaboratif. Et je vous dirais,
lorsque je suis arrivé, moi, dans ce dossier-là, on a travaillé à mettre en
place, justement, une culture et une approche collaborative, ne serait-ce que
par le travail en estimation, là. On a commencé avec l'estimation où est-ce
que, dans le fond, on a travaillé à tout le monde, de s'asseoir autour de la
table, d'ouvrir ses livres et effectivement de pouvoir échanger.
Ça fait qu'évidemment, ça nous a même
permis d'aller jusqu'à voir quelles étaient les marges bénéficiaires de chacun
des grands sous-entrepreneurs. Puis, en même temps, eux ont pu nous partager
leurs préoccupations par rapport aux risques dans le projet. Ça, je vous
dirais, ça a été vraiment très enrichissant pour tout le monde, de comprendre
leurs préoccupations. Ça, bien justement, ça permet justement d'avoir un
meilleur partage. Tantôt, vous l'avez mentionné, effectivement, lorsqu'on est
dans une approche traditionnelle, l'entrepreneur devait figurer 100 % des
risques puis il les mettait dans son prix. Tandis qu'en approche collaborative,
on identifie les risques ensemble. Ça devient un portefeuille de risques, évidemment,
puis là, ensemble, on travaille à en faire de la gestion. Ça devient beaucoup
plus intéressant pour tout le monde. Je pense que l'État, ou en fait le donneur
d'ouvrage est gagnant avec cette approche collaborative là.
M. Julien : Parfait. Le
deuxième élément sur lequel vous avez beaucoup insisté, puis c'est bien
collègues, puisque vous les représentez, c'est de venir dire : Les
estimateurs de coûts que... Bien, en réalité, c'est à la fois l'estimateur de
la construction puis les économistes de la construction, les gens que vous
représentez, vous dites : Bien, il faut vraiment que ces gens-là soient au
cœur de ça. Puis moi, bien, je conviens que la qualité que vous décrivez de ces
gens-là, c'est sûr que des gens comme ça, ça doit être au cœur de nos éléments.
Mais j'essaie de concevoir. Vos membres, là, ils font quoi dans la vie par
rapport... dans la... les donneurs d'ouvrage publics, ils sont où, ils sont
distribués comment? On en a certainement plusieurs de vos... de vos membres à
l'intérieur, en fin de compte, des donneurs d'ouvrage publics, non?
M. Vallerand (Patrick) : Je
peux répondre rapidement. André pourra embarquer, mais il y a des estimateurs
dans tout les... dans tout le domaine de la construction, chez les
entrepreneurs, enterpreneurs spécialisés, chez les fournisseurs, chez les
firmes de génie-conseil, chez les firmes d'architecture. Il y en a partout qui
font de l'estimation. Mais ce n'est pas tout le monde qui est certifié, ça veut
dire qui a passé un examen, premièrement, de déontologie, un examen technique
qui permet de démontrer qu'ils ont les compétences pour faire le travail. C'est
la seule nuance qu'on dit. Donc, ce qu'on dit, c'est qu'elles devraient avoir
sur les projets des gens qui ont cette certification-là et qui permettent de
s'assurer que quand les estimations, par exemple, à des moments où on prend un
portrait d'un projet, c'est fait de façon rigoureuse et selon les... selon les
bonnes pratiques selon les règles, selon les règles de l'art.
M. Julien : Parfait. Avez-vous
des exemples où, sans la certification que vous nommez, un projet en a... a été
mal servi par l'estimateur de coût?
M. Lavoie
(André) :Bien, si vous me permettez,
peut-être que je vous amènerais peut-être la petite nuance, dans le fond, de la
différence parce qu'un projet, il n'y a qu'un estimateur qui va faire un
excellent travail, mais l'élément qui est important dans un projet, un grand
projet d'infrastructure, c'est, dans le fond, l'économiste de la construction
va avoir une vision beaucoup plus large du projet que juste les coûts de
construction eux-mêmes. Parce que les coûts de construction, c'est un élément
important, mais il y a aussi une série de coûts indirects qu'on doit considérer
comme les effets du temps, le calendrier, l'inflation, le financement, les
risques, les niveaux de contingence. Tous ces éléments-là doivent être évalués.
Évidemment, ça prend une notion d'économie pour être capable de bien baliser,
ou bien doser, ou bien conseiller, si on veut, là, nos clients par rapport à
ça.
M. Julien : Puis ne
voyez pas, là, mes questions... Parce que... Parce que je sais que les
compétences en cette matière sont primordiales pour mener à bien les projets,
mais ailleurs au Canada, quel modèle qui pourrait ressembler à votre souhait
par rapport à l'intégration de ces normes-là ou de ces...
M. Julien : ...à l'intérieur
des projets en mode collaboratif.
M. Vallerand (Patrick) : En
fait, je pourrais parler du reste du Canada, je pourrais parler de la France
aussi. Pour commencer avec le reste du Canada, en fait, on demande d'être
intégré dans le système professionnel parce qu'on juge qu'il n'y a pas
suffisamment de reconnaissance de cette profession-là, qui est une profession
en soi. Je suis ingénieur de formation, j'ai fait quatre ans d'université, j'ai
fait un cours en estimation. Puis, souvent, on demande à des gens qui ont pris
peut-être un cours, de faire des estimations. Tantôt, vous posiez la
question : Avez-vous des exemples de projets qui... où il y a eu un problème?
Bien, si on regarde, tout projet qui a eu... qu'on part en appel d'offres,
qu'il faut relancer l'appel d'offres parce que les coûts sont plus élevés que
ce qu'on avait estimé, on est dans une situation que quelqu'un n'a pas bien
évalué le marché. On est dans cette situation-là.
Si je reviens, pour le reste du Canada, je
pense que, dans la culture anglo-saxonne, il y a une reconnaissance de cette
spécialité-là qui... il y a des entreprises qui sont créées alentour de cette
spécialité-là, qui offrent ce service-là, puis c'est une reconnaissance qu'à
chaque fois qu'il y a un projet, bien, il faut avoir quelqu'un comme un
économiste. On appelle ça des «quantity surveillor», en anglais, et, en France,
on appelle ça un économiste de la construction. Et d'ailleurs, en France, il y
a des... tout projet public d'un certain niveau doit avoir, en plus... dans
l'équipe de conception, en plus du concepteur, architecte, ingénieur, d'avoir
un économiste de la construction qui accompagne ces gens-là, qui ne fait pas la
conception, il est juste là pour garder un œil sur les finances du projet.
M. Lavoie (André) :Il a la responsabilité des coûts, également.
M. Vallerand (Patrick) : Qui
a la responsabilité des coûts.
M. Julien : À partir du
moment où est-ce qu'on... des dossiers, puis pas uniquement ceux-là, mais, tu
sais, on a toujours un éventail de modes alternatifs et collaboratifs puis,
après ça, on pense toujours, là, l'hypercomplexe, vous avez parlé du toit du
stade, là, qui peut être... ressembler à un RPI, bon. Mais qu'est-ce qu'on veut
venir faire, puis c'est un peu l'élément important, le plus rapidement
possible, les concepteurs, les entrepreneurs, le donneur d'ouvrage, les
estimateurs, tous ceux, en réalité, qui peuvent contribuer, à livre ouvert, à
regarder un projet, avoir les meilleures solutions, bon... Alors, tout le monde
a intérêt à avoir la meilleure estimation à partir du moment qu'on est
collaborateurs.
Donc, j'essaie juste de concevoir
l'entrepreneur ou le donneur d'ouvrage, puisqu'ils sont à livre ouvert et
qu'ils partagent un objectif commun, ils ont intérêt à voir l'estimateur de
coûts, c'est-à-dire cette personne-là qui fait ces estimations-là, qui est la
plus... la plus performante... Donc, j'essaie juste de voir, entre l'imposition
ou dire : C'est tellement nécessaire... Pour moi, ça va de soi, que c'est
nécessaire. Alors, puis... Puis, après ça, est-ce que vos membres... est-ce que
vos membres manquent d'ouvrage? Je suis pas mal sûr qu'ils sont fortement en
demande, malgré la surtaxation.
M. Vallerand (Patrick) : On
ne demande pas toujours qu'il y ait un estimateur, un économiste de la
construction certifié. En fait, dans la plupart des projets, ce n'est jamais
évoqué. On a un estimateur, et le terme «économiste« n'existe pas, d'ailleurs,
et la seule façon qu'il existe, c'est en mettant le mot «certifié» à côté,
parce que ce n'est pas reconnu comme une profession en soi dans l'industrie.
Donc, nous, on veut la faire reconnaître, cette profession-là.
• (15 h 50) •
Et si je reviens sur la question des modes
collaboratifs, je suis d'accord que toutes les parties se mettent ensemble pour
déterminer le juste partage des... l'évaluation ou le bon portrait du projet et
aussi le partage des coûts. Ça, c'est... ça, je vous l'admets, mais on regarde
un petit peu plus large, parce que, nous, on se dit : Ce n'est pas tous
les projets au Québec qui vont se faire en mode collaboratif. C'est des projets
complexes, il va y en avoir une petite tranche, de projets qu'on va dire :
O.K., on va partir en mode collaboratif, mais il faut s'entendre que la grande
majorité, au Québec, des projets vont continuer à se faire dans des modes...
probablement des modes traditionnels. Je pense.
M. Julien : ...mais ce n'est
pas ce que je retiens, bien honnêtement. Je réitère qu'il y a un éventail, là,
tu sais, puis on les a tous qualifiés, CC, CCF... jusqu'à RPI, là. Il y en a
sept, huit, modes alternatifs ou collaboratifs. Oui, il y aura toujours du
traditionnel pur, mais je pense que c'est beaucoup plus que des pourcentages
énoncés... qui vont être dans le mode alternatif et collaboratif que le
20 % énoncé, parce que, oui, des projets complexes et majeurs vont de soi,
mais des projets de 2, 3 millions qu'on a vus ailleurs, en mode collaboratif,
est très, très pertinent.
Donc, on ouvre, on ouvre sur un éventail,
mais, encore là, pour moi, cette contribution-là, mutuelle, avec les gens qui
ont ces certifications-là, la valeur ajoutée est claire, donc. Ici, le message
que vous nous dites, c'est : La certification devrait être intégrée ou
demandée d'office? Vous voulez aller jusqu'où?
M. Vallerand (Patrick) : Bien,
je ferais le parallèle avec les ordres professionnels de la construction. Un
ingénieur...
M. Vallerand (Patrick) : ...un
architecte. Ce qu'on dit, c'est que... Je fais toujours le parallèle avec...
Bien, je ne vous donnerai pas mon exemple. Il y a... Il y a les professionnels,
ingénieurs, architectes, qui font... qui sont des concepteurs, il y a
l'entrepreneur, mais on pense que, comme économistes, si on parle du mode
collaboratif, c'est sûr que tout le monde va amener son savoir-faire, on est en
mode solution collaborative. Ça, je le... je le comprends. Est-ce qu'on a...
Mais je pense que, dans... d'abord, en amont des projets, quand qu'on lance des
projets, avant même de décider qu'on va en mode... en fait, avant de dire
qu'on... qu'on établit le bon budget du projet, on parle aussi d'être impliqués
en avant-projet. Donc là, vous avez la directive, vous avez un dossier
d'opportunité, il y a... il y a... il y a un chiffre qui est lancé, un... une
estimation qui est faite. Donc, nous, notre prétention, c'est qu'on devrait, à
ce moment-là, en amont, avoir un membre certifié de l'association.
Une voix : ...
M. Vallerand (Patrick) : Et
ça, à la fiche d'avant-projet. Je ne sais pas si la directive a changé dans ses
termes, mais dans la fiche d'avant-projet, tu sais, s'assurer que les
contingences, les réserves pour risques sont... sont suffisamment pour tenir
compte des projets, les...
M. Julien : Il reste
2 minutes, puis je voudrais vous entendre sur quelque chose. Nous, on dit
qu'on peut aller jusqu'à 15 % de réduction de coûts et 25 % de
réduction de temps. On a fait naturellement des projets pilotes à étalonnage
puis on est plutôt conservateurs dans cette mesure-là. Certains nous
disent : Vous êtes très conservateurs. D'autres nous disent : Bien,
vous êtes plutôt audacieux. Quelle est votre lecture par rapport à votre
expérience d'utilisation de mode, comme on préconise à l'intérieur de la
stratégie du projet de loi, versus les voies traditionnelles par rapport à ces
données-là?
M. Lavoie (André) :Bien, écoutez, si vous le permettez, je vais... je vais me
lancer. En fait, j'ai fait, en début d'année, une conférence justement sur les
modes collaboratifs en ce qui a trait en lien... en intégration, la... en
intégrant la préfabrication. Puis la conférence que j'ai faite avec les gens de
l'industrie était justement sur le fait que, lorsqu'on était capables de
superposer une série d'activités ensemble, cela nous permettait justement
d'économiser du temps. Puis, lorsque j'économise du temps, j'économise de
l'argent, mais j'optimise également les ressources. Puis, un des éléments qui
est important aussi, que l'industrie devra peut-être voir, c'est repositionner
sa courbe d'effort. Autrement dit, quand je vous dis, on parle, exemple, de la
préfabrication : bien, pourquoi je n'ai pas des entrepreneurs qui ne travaillent
pas à préparer à recevoir mon élément qui est en train de se fabriquer ailleurs
et qui va arriver? Donc, il y a un gain important en termes d'économie de
temps, d'économie d'argent, parce qu'effectivement je réduis le temps, donc je
réduis les frais financiers, je réduis tous les éléments liés à l'inflation.
Donc, il y a un élément intéressant là-dessus qu'on peut regarder. Puis je
pense que oui, effectivement, en regardant les nouvelles façons
d'approvisionner et de préfabriquer, dans des projets, je pense qu'il y a des
gains intéressants qu'on peut aller chercher dans plusieurs projets.
M. Julien : Naturellement,
c'est gains-là, qu'on... qu'on... qu'on nomme, c'est l'ensemble des mesures de
la stratégie, là, superposées, le préfab, entre autres. Ce n'est pas seulement
le changement de la loi et le mode collaboratif, mais c'est tous ces
éléments-là qui sont mis sur les quatre axes. Donc, c'est plausible. C'est plus
que plausible.
M. Vallerand (Patrick) : En
fait... En fait, c'est que le mode collaboratif est un mode innovant en soi au
Québec, mais ça amène l'innovation.
M. Julien : Merci.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci à vous. Et, sans plus tarder, je cède la parole au député de Nelligan,
dont le temps a été légèrement prolongé, étant donné l'absence de Québec
solidaire.
M. Derraji : Oui, merci.
Bonjour. Merci pour votre rapport et votre présence. J'ai écouté avec grand
intérêt votre échange avec le ministre.
Avant d'aller dans le fond des
recommandations, je pense que... Pourquoi vous avez senti le besoin de venir en
commission parlementaire parler des économistes et estimateurs certifiés?
M. Vallerand (Patrick) : Bien,
c'est une bonne question. En fait, c'est notre... On croit que... puis je pense
qu'on l'a dit dans notre mémoire, que c'est... que les... cette profession-là
est peu connue, mal connue, même... même à même l'industrie de la construction.
On a des concepteurs, donc des gens qui font la conception, on s'assure qu'on
répond à des besoins de clients, on s'assure qu'on respecte les codes, mais on
pense qu'il y a un maillon manquant dans la chaîne. C'est d'avoir des gens qui
sont... qui sont reconnus pour que leur seul... leur seul but, c'est de
s'assurer qu'on respecte les enveloppes budgétaires des projets. Puis on ne
réinvente pas la roue, là. On s'inspire aussi de d'autres juridictions. Je
parlais de la France tout à l'heure. Donc, on pense fortement que... bien, nos
membres en tout cas, on croit qu'on veut avoir... on veut avoir cette
reconnaissance-là. Et on pense qu'au Québec, puis avec tout ce qu'on veut
faire, on est... on est mûrs, là, pour avoir cette... professionnelle des
membres.
M. Derraji : Bien, écoutez,
moi, je pense que vous soulevez un point extrêmement important. Parce que votre
lecture des marchés publics et des contrats publics et des projets d'infrastructure,
je pense qu'il n'y a personne aujourd'hui...
M. Derraji : ...je pense que
vous allez aider le ministre à réduire les coûts et à respecter le temps. Parce
que la base, j'ai lu votre mémoire, quand vous dites «intégrer au projet de loi
une exigence visant à ce que tous les contrats d'infrastructures publiques
impliquent, dès la phase d'avant-projet, de tout projet majeur, le spécialiste
en coût de projet de construction certifié». Est-ce que vous êtes en train de
nous dire que le fait qu'on l'échappe avec des coûts faramineux au Québec,
c'est de là où ça commence, c'est de là où on perd le contrôle des projets? On
les annonce à 400 millions, je dis n'importe quoi comme chiffre, c'est le
chiffre que j'ai, parce qu'on m'a informé d'un projet qui traîne dans la SIQ
depuis plusieurs années. Le projet, au départ, ça a été de 400 millions, c'est
rendu 800 millions. Est-ce que vous pensez que le fait de vous inclure au
début, ça va diminuer le coût, ou bien on va se donner juste le vrai coût,
hein, si je peux dire, le vrai coût?
M. Vallerand (Patrick) : Disons
qu'on donnerait, si on avait l'occasion de le faire, on donnerait notre opinion
sur le juste coût. Et le juste coût est basé sur une évaluation, c'est une
projection des coûts dans trois, quatre ou cinq ans, dépendamment de la
complexité du projet, premièrement, mais ça implique aussi des erreurs, des
marges d'estimation. Parce que, quand on estime un projet au tout début, le
projet peut évoluer, puis on sait que ça a évolué, on parlait des... mais
souvent, c'est ça, c'est simplement que le projet évolue, on définit mieux le
projet. Donc, au tout départ, on peut estimer un projet, selon des comparables,
mais on a doit avoir, avec ça, accompagnés des marges, des contingences ou des
marges pour des risques. Et c'est ce type de nuance là qu'on pense qu'on peut
apporter. Oui, un projet peut coûter 400 millions, mais sachez, public, que ça
peut varier plus ou moins 30 %, ça peut varier plus ou moins 50 %,
dépendamment du type de projet, de la nature, puis de sa complexité, et aussi
de la durée dans le temps. Un projet de 10 ans, avec l'inflation, ou un projet
de cinq ans peut varier considérablement. Donc, c'est ce type de nuance là
qu'on peut apporter, comme économistes de la construction, quand on est
impliqué dans les avant-projets.
M. Derraji : Est ce que vous
pensez que la plupart des projets annoncés, on n'annonce pas le juste coût?
M. Vallerand (Patrick) : Je
dirais que je pense qu'on est très optimiste.
M. Derraji : Bien, optimiste
par rapport à quoi? Je n'ai rien compris, désolé. Optimiste par rapport à quoi?
M. Vallerand (Patrick) : Bien,
en fait, on peut avoir... Il y a plusieurs façons d'estimer un projet et on
peut le regarder avec des lunettes très optimistes parce que c'est toute une
gestion de risques, en fait. Si on fait une analyse, Monte Carlo, par exemple,
sur un projet qui s'en vient, on peut dire que le projet a une probabilité de
réalisation de 30 %. On peut utiliser ce budget-là, mais sans savoir si ça
vaut 30 %, s'il y a une probabilité 30 % de respecter le budget ou
non, mais on sait que ça pourrait dépasser de 70.
Donc, on peut avoir une vision très
optimiste, et peut-être, ça peut se réaliser dans votre 400 000...
400 000 $, c'est possible, mais il y a probablement de forts risques
dépendamment comment le projet va évoluer dans le temps, et le temps que ça va
prendre, que ça soit plus élevé.
• (16 heures) •
M. Lavoie (André) :Puis peut-être, si vous me permettez, un petit complément
d'information. Vous savez, le temps qu'on prend au Québec à prendre des
décisions pour autoriser nos projets, bien, ça peut faire en sorte aussi que le
besoin ait évolué entre la pensée, l'étape d'avant-projet puis le moment où on
va l'autoriser. Mais le besoin peut avoir changé, les technologies peuvent
avoir évolué. Donc, il peut avoir plusieurs facteurs qui vont faire en sorte
qu'à un moment donné les coûts peuvent exploser ou peuvent changer, ne
serait-ce que je m'en vais travailler dans une région X, dans un moment où j'ai
fait mon avant-projet, j'avais de la capacité dans le marché pour pouvoir
réaliser. J'arrive trois ans, quatre ans, cinq ans plus tard, je n'ai plus un
projet, mais j'ai 25 projets qui arrivent en même temps. Donc, je viens de
créer une congestion dans la région où je vais faire mon projet. Donc, je peux
m'attendre effectivement à une explosion des coûts importante pour le délai, la
congestion, l'occupation du territoire qui fait en sorte que je n'ai pas les
capacités de pouvoir venir faire ça.
Je vous donne un exemple assez simple.
Voyez-vous, il y a le nouveau projet de l'Hôpital de Vaudreuil-Soulanges, parce
que j'ai travaillé dans ce dossier-là, une partie des coûts de ce projet-là, au
niveau de la main-d'oeuvre, est considérée en condition d'éloignement, parce
que la main-d'oeuvre est à plus de tant de kilomètres, distance. Ce qui fait
que, pour l'entrepreneur, il doit considérer des coûts de déplacement puis des
coûts de pension pour ses ouvriers qui viennent travailler dans le cadre de ce
projet-là. Ça, c'en est un facteur qui n'était peut-être pas... qui n'avait
peut-être pas été évalué au départ. Mais, quand on a travaillé avec le
partenaire dans ce dossier-là, bien, on a pu apprendre ces choses-là, et ça
nous a permis de réajuster notre tir en conséquence. C'était un exemple que je
vous donnais.
M. Derraji : Pour convaincre
les gens autour de la commission, parce que tout ce que vous êtes en train de
dire, ça fait beaucoup de sens, c'est du grand bon sens, comme on dit, si je
peux utiliser l'expression qu'on utilise récemment, donnez-vous un exemple que,
si le fait de ne pas travailler avec vous, de ne pas avoir...
16 h (version non révisée)
M. Derraji : ...des
économistes estimateurs certifiés autour de la table, surtout dans l'approche
collaborative. Donnez-nous des exemples où le fait de ne pas utiliser vos
services risque de... de coûter cher.
M. Lavoie (André) :Combien de projets au Québec ont été faits sur un napperon
où est-ce qu'on s'entend sur... On s'en va au restaurant, je vous fais une
caricature, là, on s'en va au restaurant, là, puis qu'on a le napperon du
restaurant, puis on donne une enveloppe budgétaire, puis dit : Voici le
budget qu'on se donne pour faire des projets.
M. Derraji : Avez-vous un
exemple en tête?
M. Lavoie (André) :Non, je n'en ai pas, mais je... parce que tantôt...
M. Derraji : Mais troisième
lien, moi, c'est à ça que je pense, là.
M. Lavoie (André) :Je ne... je ne me...
M. Derraji : Non, non, mais
vous avez le droit...
M. Lavoie (André) :Je ne connais pas le dossier, là.
M. Derraji : Mais nommez-moi
un dossier que vous connaissez très bien, que ça a été fait sur un napperon, et
ça vous donne... Bien, vous êtes un expert.
M. Lavoie (André) :Oui. C'est un exemple que je vous donne, O.K., que souvent
on a fait cette approche-là.
M. Derraji : Mais il ne faut
pas être dans l'image. Là, vous dites qu'il y a des projets faits sur des
napperons.
M. Lavoie (André) :Oui, ça s'est fait.
M. Derraji : Mais lesquels?
M. Lavoie (André) :Je n'en ai pas d'exemple à vous donner, mais je peux vous
dire, moi, j'en ai dans ma formation que je donne, j'explique les exemples qui
ont été faits comme ça, parce que ça s'est fait beaucoup dans le passé.
M. Derraji : O.K. Ça fait que
c'est très... non, mais ça fait... c'est très intéressant, l'échange avec vous,
parce que, sérieux, je l'ai lu parce que je viens de le lire, j'ai... j'ai la
mémoire fraîche de... de tout ce que vous avez dit, mais dans le cas contraire
que le ministre refuse, dans l'approche collaborative, de vous avoir autour de
la table, ça serait quoi votre réaction?
M. Vallerand (Patrick) : Je
dirais que les... les modes collaboratifs en soi, c'est un antidote à toutes
sortes de maux qu'on a présentement en mode traditionnel. O.K. En soi, le mode traditionnel
non seulement d'être innovant, mais il permet d'avoir un dialogue entre les
parties, entre les parties prenantes d'un projet, donc des entrepreneurs. Donc,
déjà là, ça... les restes dont on parle en mode traditionnel sont atténués par
le fait qu'on se parle, on atténue, qui prend un tel risque. Donc, notre rôle,
je dirais, qui est atténué en disant qu'il y a peut-être moins... je vois
moins, on voit moins d'implications, mais il pourrait y en avoir quand même
dans des modes collaboratifs parce que les gens se parlent. C'est sûr, on...
M. Derraji : Je ne sais pas
si vous avez vu ou assisté à l'émission Dans l'oeil du dragon, moi, vous m'avez
convaincu, je n'ai pas de cash à mettre, là, mais vous m'avez convaincu.
Je ne sais pas si vous suivez un peu ce
qui se passe. On termine avec vous. On commence l'étude détaillée. C'est sûr
que moi, je suis convaincu, j'irai avec un amendement. Vous êtes à ma place, le
ministre vous dit non, il n'est pas convaincu. Vous allez lui répondre quoi?
Je fais deux, trois coups avec vous. On s'en
va, là. Le projet de loi est très important, il faut l'adopter. Moi, je suis
convaincu de vous avoir autour de la table. Je dépose un amendement. Le
ministre me dit : Aïe, M. le député, pas convaincu. Il risque de le
défaire parce qu'ils ont la majorité. Je vais saisir que vous êtes là, je veux
saisir votre présence, vous allez lui dire quoi?
M. Vallerand (Patrick) : Donc,
ça, c'est quoi le... l'amendement, pour être plus précis.
M. Derraji : L'amendement, c'est
ce que vous demandez. Ce que vous demandez, c'est avoir des économistes
estimateurs certifiés autour de la table si on veut aller de l'avant avec l'approche
collaborative. Justement, être impliqué en amont des projets, c'est ce que vous
êtes en train de le demander en commission parlementaire.
M. Lavoie (André) :Mais c'est un petit... un petit peu plus que l'approche
collaborative, c'est notre application dans l'ensemble des grands projets d'infrastructure
dès l'étape d'avant-projet. Parce que, vous savez, il y a le projet... en
avant-projet, il y a le mode... le choix du mode de réalisation n'est pas
encore déterminé, il va être déterminé un peu plus tard. Donc, ce qu'on dit, c'est
impliquez-nous aussi à l'étape d'avant-projet. Par la suite, impliquez-nous
dans la suite des projets, dans les projets dans les modes collaboratifs. O.K.
Il y a une petite... une petite nuance entre les deux, là.
M. Derraji : Non, non, j'ai
compris. Vous dites, vous voulez être impliqué dans la phase avant... d'avant-projet.
M. Lavoie (André) :Oui, tout à fait.
M. Derraji : Oui, c'est ça
votre demande aujourd'hui en commission parlementaire.
M. Lavoie (André) :C'est un élément important pour nous.
M. Vallerand (Patrick) : ...et
tout le cycle de vie des projets, mais et surtout en amont. En amont, mais...
M. Derraji : Oui, oui, mais
en amont, être impliqués en amont et bien sûr suivre le projet. O.K. Mais vous
ne m'avez pas répondu, ce n'est pas à moi, là, c'est... c'est le ministre.
M. Vallerand (Patrick) : O.K.
De ce qu'on comprend du mode collaboratif, c'est que, et il y a toute une
section sur... de publier des... de publier des estimations budgétaires du
projet, hein, c'est ce que je comprends de... du projet.
Donc, contrairement aux modes, sans le
nommer, le mode PPP, qui est un mode partenariat public-privé, où c'était un
contrat forfaitaire donné à une entité. Là, on n'est pas là, on est dans des...
on fait un projet ensemble, on va le... le concevoir et le réaliser ensemble
avec une cible budgétaire, on n'est pas dans un contrat ferme signé, 1 milliard de
dollars : Go, exécutez. On est dans un contrat où on se donne une cible
avec des... des partages de risques. Donc, on considère que, dans cet esprit-là,
on... bon, on a utilisé le mot «garde fou»...
M. Vallerand (Patrick) : ...avoir
pour le côté du gouvernement du moins, avoir des estimateurs économistes
certifiés qui s'assurent que c'est le juste coût qui est publié et c'est le
juste coût du projet et non pas sous-évalué ou surévalué.
M. Derraji : Mais je vous ai
dit, j'achète ça depuis le début, là, je maintiens que je suis d'accord. C'est
très clair, c'est par rapport à la phase d'avant-projet, mais je ne sais pas le
ministre où il loge. Je vous ai dit... il ne me reste pas beaucoup de minutes,
à part cette demande, où vous insistez? Demain, il n'est pas accepté, ça va
être quoi votre réaction?
M. Vallerand (Patrick) : On
va revenir à la prochaine commission parlementaire et on va répéter le même
message. Je veux dire, l'association existe depuis 50 ans, on le répète, mais
là, on sort un petit peu de l'ombre, hein? On se dit : On veut que les
gens nous entendent, on veut que le public nous entende, que le gouvernement
nous entende. Alors, on va continuer à marteler notre message.
M. Derraji : Oui, c'est très
clair. Vous parlez aussi des risques que vous voulez que... que vous vouliez
qu'on précise dans le projet de loi, que le partage des risques, des économies
aux gains réalisés et des pertes subies doivent être fait sur la base des
recommandations de spécialistes en coûts de projets de construction. J'imagine
que vous faites allusion à...
M. Vallerand (Patrick) : Bien...
M. Derraji : Vous ne voulez
pas que ce soit... Précisez, parce que ce n'est pas clair.
M. Vallerand (Patrick) : En
fait, notre vision de la chose, c'est que tout le monde va arriver à la table
dans un mode collaboratif et va... O.K., ça, c'est mon risque, ça, je le
prends, ça, je ne le prends pas. Ça se pourrait qu'il y ait des mésententes
dans qui va prendre le risque pour telle affaire. Alors, nous, ce qu'on
propose, c'est que si l'économiste est là, certifié, il est peut-être capable
d'arbitrer dans cette chose-là puis dire : Bien, ce n'est pas vrai que ce
risque-là t'appartient ou ne t'appartient pas, peu importe, tu dois le prendre
pour x raison. Donc, on pense qu'on peut jouer un rôle, un peu de médiateur, si
on peut dire, dans ce processus-là quand il va y avoir des petits accrochages
par rapport au partage de risques, par exemple.
M. Derraji : Oui. Donc, deux
volets que vous. Vous voulez être impliqués dans la phase avant projet et faire
de l'arbitrage, même en cas de litige de personnes autour de la table.
M. Vallerand (Patrick) : De
l'accompagnement. Arbitrage, je ne sais pas, mais de l'accompagnement, oui.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Alors, nous allons poursuivre avec le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Ce livre-là est
maintenant bien connu au Québec, How Big Things Get Done. Le ministre
l'aime beaucoup. Ce qui est intéressant dans ce livre-là, c'est que ça fait une
revue de l'ensemble des grands projets d'infrastructures à travers le monde. Et
une des conclusions, page 104, M. le ministre, c'est que, souvent, le problème
de dépassement des coûts n'est pas un problème de dépassement des coûts, c'est
un problème de planification des coûts et d'estimation.
Et là, voyons voir si je vous ai bien
suivi dans votre mémoire et dans votre présentation. La première chose que vous
nous dites : Il y a un problème institutionnel, législatif au Québec. Il
n'y a aucune règle actuellement qui encadre l'estimation des coûts rattachés à
des contrats d'infrastructures. C'est bien ça? Le premier problème.
La deuxième chose, vous nous dites :
Il y a un triumvirat de gens qui sont nécessaires pour qu'on réalise un projet
dans des coûts raisonnables ou même à des meilleurs coûts, c'est les
architectes, les ingénieurs, les avocats, les notaires, mais ensuite les
spécialistes en estimation des coûts. Puis là, vous dites : Nous, on n'est
nulle part dans le portrait. Est-ce que j'ai bien compris aussi que vous nous
invitez à faire... à profiter de ce projet-là pour institutionnaliser la présence
des estimateurs de coûts, mais pas seulement pour ces projets-là? Vous nous
dites : Ça devrait être global, ça devrait être pour les projets aussi qui
procèdent de manière traditionnelle, c'est bien ça?
• (16 h 10) •
M. Derraji : Traditionnelle,
oui. Exact.
M. Paradis : Ça va changer
quoi qu'on institutionnalise dans la loi?
M. Vallerand (Patrick) : Bien,
ça va changer que... je pense que le message va être clair qu'il y a des
spécialistes ou des professionnels en coûts qui sont sur chacun des projets,
qu'on leur donne cet espace-là ou ce temps-là pour faire des analyses
appropriées puis bien conseiller les donneurs d'ouvrage dans le projet et
surtout en amont, tantôt vous disiez... parce que c'est un réel dépassement de
coûts, peut être... Parce qu'on compare toujours l'estimation de coûts au
départ avec le coût final. Mais peut-être que c'est le problème, c'est que le
coût initial était peut-être sous-évalué, ou, du moins, ce que je dis toujours,
puis j'ai fait une entrevue à Radio-Canada il n'y a pas longtemps avec Alain
Gravel, j'expliquais qu'il y a des marges d'estimation. Je veux dire, un
projet, quand on fait des comparatifs, peut coûter x, mais il peut être plus ou
moins 30 %, 50 % selon la complexité et le risque qui va avec le
projet.
M. Paradis : Puis si on ne
fait pas ça, là, si on ne suit pas vos recommandations puis on
n'institutionnalise pas, quels risques vous voyez poindre à l'horizon?
M. Vallerand (Patrick) : Bien,
si on parle des... comme je disais tantôt, quand on parle des modes
collaboratifs, il y a une forme de... c'est quoi le mot que j'ai utilisé
tantôt? Ça va... c'est comme un antidote à tous ces mots-là, des mauvaises
estimations, parce que les professionnels et les entrepreneurs qui sont
alentour de la table vont s'entendre sur le partage des risques et un...
M. Vallerand
(Patrick) :
...budget.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Vallerand (Patrick) : Nous,
ce qu'on dit, c'est : En amont... C'est, il faut s'assurer que le
budget...
Le Président (M. Simard) : Merci,
cher monsieur. Merci beaucoup. Malheureusement, le temps est révolu. Nous avons
grandement apprécié votre présence parmi nous cet après-midi, alors au plaisir
de vous retrouver. Comme on dit : Vous ne passez pas assez souvent.
Alors, nous allons suspendre nos travaux
momentanément, le temps de faire place à nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 16 h 12)
(Reprise à 16 h 15)
Le Président (M. Simard) : Alors,
très chers collègues, nous reprenons nos travaux. Merci pour votre habituelle
ponctualité. M. Nadeau, soyez le bienvenu parmi nous. Auriez-vous donc
l'amabilité de vous présenter en vos titres et fonctions.
M. Nadeau (Robert) : Donc...
Le Président (M. Simard) : Par
la suite, vous aurez 10 minutes.
M. Nadeau (Robert) : Effectivement.
Donc, je commence. Donc, Robert Nadeau, je suis ambassadeur du Project
Management Institute, le PMI-Montréal, le chapitre de Montréal. J'étais
administrateur et vice-président il y a quatre ans, et là maintenant, je suis
ici à titre de représentant du PMI avec mes deux collègues qui sont en ligne au
bout. Vas-y, Annie. Allez, Eric.
Mme Thibodeau
(Annie) :Oui. Enchantée. Donc, Annie
Thibodeau, présidente du conseil d'administration du PMI-Montréal. Merci de
nous recevoir.
M. Chiniara (Eric) : Bonjour.
Eric Chiniara, administrateur du PMI-Montréal. Puis désolé de ne pas être avec
vous en présentiel, question de logistique, mais merci quand même de nous
recevoir en ligne.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous d'être là. M. Nadeau.
M. Nadeau (Robert) : Je vais
céder la parole à ma collègue Annie pour l'introduction, après ça, Eric, et je
vais accomplir... avec le gros de l'action.
Mme Thibodeau
(Annie) :Bien, bonjour à tous, M. le
ministre Julien, Mesdames et Messieurs les députés, là. Merci de recevoir
aujourd'hui l'Association des gestionnaires de projets du Québec, le
PMI-Montréal. Donc, on est très, très heureux de participer à cette commission
parlementaire qui va directement au cœur de la mission de notre association
professionnelle. Donc, avec mes deux collègues aujourd'hui, on veut vous parler
de bonnes pratiques de gestion de projets internationalement...
Mme Thibodeau
(Annie) :...reconnu, plus particulièrement,
là, vous faire une brève présentation de qui est le Project Management
Institute, le PMI, et son chapitre local du PMI Montréal, également, vous
présenter quelques constats et observations générales, là, quant à la stratégie
et au projet de loi, là, pour le bénéfice de l'Assemblée nationale, mais aussi
de tous les citoyens du Québec.
Donc, pour ce qui est de notre
association, PMI Montréal fait la promotion de l'innovation et de l'excellence
dans les pratiques de gestion de projet à travers le Québec. Donc, il s'agit
d'une organisation, là, internationale, le PMI, une organisation à but non
lucratif très crédible et réputée, là, qui s'adresse à tous les praticiens de
la gestion de projet. Sa mission est vraiment de diffuser les meilleures pratiques
reconnues en gestion de projet. On parle de plus de 700 000 membres dans
le monde, à travers le Québec, PMI Montréal est le chapitre francophone le plus
important du réseau international PMI. Et nous regroupons, là, près de
6000 membres au Québec, dont plusieurs dans l'industrie de
l'infrastructure. C'est donc un grand plaisir, là, d'être avec vous
aujourd'hui.
M. Chiniara (Eric) : ...bonjour.
Donc, juste un bref historique de notre...notre participation dans les
consultations publiques. Donc, le PMI Montréal est un partenaire de longue date
du gouvernement provincial. Elle a participé à de nombreuses consultations avec
différents ministères et aussi à celles durant la Commission Charbonneau en
2016. Et, depuis 2022, le PM Montréal participe à la tournée des partenaires
dans le cadre de l'élaboration de cette nouvelle stratégie.
En tant qu'organisme neutre et crédible
dans l'écosystème de la gestion de projets au Québec, notre mission est de
promouvoir les meilleures pratiques en gestion de projet et notre seul et
unique souhait à travers cette consultation est de partager notre expertise et
savoir au bénéfice de gouvernements pour des projets de qualité réalisés plus
rapidement, à meilleur coût et bien gérés. Et c'est pour cette raison que notre
opinion compte.
Et les retombées potentielles sont
majeures. Je... Robert, j'imagine, journées à l'écran, on voit les
statistiques. Une enquête effectuée en 2020 par le PMI a résulté en un résultat
qu'en moyenne, pour chaque milliard de dollars dépensé, on estime que
123 millions sont gaspillés en raison de mauvaises performances de projet.
Et, en contraste, les... les projets connaissent plus de 21 % de chance de
succès de... a plus de succès lorsque les pratiques de gestion de projet éprouvées
sont utilisées. Et, avant de passer la parole à mon collègue, je vous laisse
avec une citation de M. Clément Desmers, officier de l'Ordre national du
Québec, qui est gestionnaire de projets de renom au Québec : «La gestion
de projet n'est pas une fin en soi, c'est à la fois un art et une science qui
doit être au service des projets.» Robert, je te cède la parole.
• (16 h 20) •
M. Nadeau (Robert) : Merci,
Éric. Merci, Annie. Merci à tous de nous accueillir. On a... vous a soumis un
mémoire dans lequel il y a plusieurs recommandations et observations. La
présentation qu'on vous fait va faire un bref résumé en quelques minutes des
principaux observations... principales observations qu'on a eues. Dans les
constats généraux, on est agréablement surpris que plusieurs de nos
recommandations lors de la tournée des partenaires se retrouvent dans la
stratégie et même dans le projet de loi. On est... notre voix a été entendue.
Donc, merci. On propose même d'ajouter, au titre de la stratégie, des projets
de qualité, mieux gérés, mieux... à meilleur coût et dans les temps, mettre...
bien gérer aussi, parce que, si on gère bien les projets, à ce moment-là, on se
retrouve à avoir tous un meilleur... un meilleur équilibre des forces.
On met une petite bémol toutefois sur les
attentes qui ont été soulevées dans la stratégie au niveau des pourcentages. Ce
qu'Éric a mentionné est plus crédible. Je ne dis pas que vous n'êtes pas
crédibles, mais on a quand même un répertoire de plusieurs centaines de
projets, qui a mené à nos pourcentages.
Sur les axes, sur l'axe un, oui, la
coordination entre les parties prenantes, c'est superimportant quand on
réapprend à se parler. Mais ce qui est la cause de la plupart des projets qui
vont mal, c'est une mauvaise définition des besoins des usagers et une mauvaise
investigation des conditions des sites existantes et une mauvaise validation
des paramètres du projet. Si on réussit ça, on va y arriver d'une façon plus
efficace.
Dans le côté de l'axe deux, au niveau des
projets plus compétitifs, oui, l'allègement administratif est important pour la
souplesse des modes. On accueille favorablement les modes collaboratifs qui
ajoutent au coffre d'outils des donneurs d'ouvrage pour les meilleurs modes,
mais important que tous les modes soient améliorés. Ce n'est pas...
M. Nadeau (Robert) : ...présentement,
l'objet du projet de loi, mais, dans la réglementation, on pense qu'il y a
possibilité de faire quelque chose.
En ce qui concerne l'État plus agile,
facilité, agilité dans la décision et puis des autorisations, assurons-nous que
l'arrimage des décisions, au niveau des dossiers d'opportunité, dossiers
d'affaires concorde avec le choix du mode, pour ne pas retarder l'approche des
équipes, et ne pas, non plus, empêcher les autres donneurs d'ordres publics,
qui n'ont pas les expertises comme le ministère du Transport et la SQI, d'avoir
accès à des experts du marché. Finalement, au niveau des tableaux de bord... on
va en parler, au niveau de la... des axes, un peu plus loin... des bonnes
données, puis des données basées sur des indicateurs connus, surtout sur... de
la valeur acquise, on y croit fermement.
Maintenant, au niveau de... là, j'aurais
dû changer ma «slide», désolé... donc, premier axe, un, au niveau de la
capacité de l'État, oui, c'est important de suivre la capacité des
mains-d'œuvre... de la main-d'œuvre dans les États, mais c'est important de
suivre la capacité de l'ensemble de l'écosystème, les fournisseurs, les
sous-traitants, les entrepreneurs, et, avec ça, on va avoir une meilleure idée de
comment que notre capacité d'État est capable, et tant en ce qui concerne la
capacité, au niveau de la région, d'avoir le courage de morceler les projets,
pour que les entrepreneurs locaux aient la capacité de les réaliser, sinon, ça
devient des trop gros projets. À Matane, mes petits entrepreneurs, là-bas,
n'ont pas la capacité de prendre des gros projets de multimillions de dollars,
comme on a ici, à Montréal.
La troisième mesure et la quatrième
mesure, c'est plutôt en lien avec la gestion. On accueille favorablement
l'approche de gestion de programme et la gestion de portefeuille. Encore
faut-il que les gestionnaires qui l'utilisent soient bien formés, et ça, c'est
important. Et en ce qui concerne la gestion de programme, d'aller le plein
potentiel de la gestion de programme, et non pas simplement un regroupement de
projets, de faire attention à ça. Du côté de la gestion de portefeuille, il
faut que chacun des projets, qu'on fasse les bons projets, et s'assurer que ces
projets-là soient définis selon les besoins essentiels des clients. De
prioriser les projets sans utiliser l'approche... je ne veux pas le dire, là,
mais l'approche politique, on va s'assurer de faire les bons projets, en temps
et lieu.
Pour ce qui est de l'autre approche, au
niveau des modes collaboratifs, oui, les modes collaboratifs, c'est important,
d'avoir un autre choix de contrat dans notre coffre d'outils. Encore faut-il
qu'on utilise le plein potentiel des modes collaboratifs, c'est-à-dire la
transparence, que tous les membres de l'équipe prennent le projet en priorité,
et non pas des intérêts individuels. Les renonciations des fautes, les
transparences, et que les usagers soient à la table lors des projets, ça, ça va
faire un succès. Mais, encore là, les modes collaboratifs, ce n'est pas la
panacée. Il ne faudrait pas que ce soit au détriment des modes traditionnels.
Donc, il y a un effort à mettre, aussi, pour améliorer les modes traditionnels.
Pour ce qui est des contrats publics,
ayons le courage de nos ambitions, d'aller chercher des bons... des bonnes
firmes, ingénieurs, architectes, mais tous les autres membres de l'écosystème.
Ayons le courage d'augmenter le pourcentage de qualité dans les appels d'offres
et de mettre moins de pourcentage sur le coût. On va être mieux servis, tout le
monde.
Puis, pour les deux autres axes, si je
peux le dire, qui sont importants, l'axe 15 et 16, au niveau des tableaux de
bord, c'est important, des tableaux de bord, encore faut-il qu'il y ait les
données qui les supportent, et que ces données-là soient à jour. Puis, si je
regarde au niveau du «mapping» de la cartographie qui est demandée, si on y va
seulement avec les projets de la SQI, les projets du MTQ, on va manquer de
temps. Oui, il reste une minute, oui, c'est ça?
La Présidente (Mme Mallette) : ...30
secondes.
M. Nadeau (Robert) : Ah! O.K.
Donc, pour ce qui est de... Donc, ayons tous les donneurs d'ordres, autant
publics que les sociétés d'État fédérales.
En conclusion, on a quatre axes ou quatre
conclusions, essentiellement. On est votre partenaire de choix, on va vous
accompagner dans cette transformation-là. On applaudit vos efforts. On veut,
par contre, que tous les donneurs d'ouvrage adoptent des bonnes pratiques de
gestion de projet. On veut une reconnaissance de la profession de gestionnaire
de projet, parce que plusieurs s'improvisent gestionnaires. On veut que la
communauté de pratique, qu'on soit accueillis chez nous et on veut que tout le
monde soit sur... prêts à réaliser les bons projets. Merci.
La Présidente (Mme Mallette) : Merci
beaucoup, M. Nadeau, merci beaucoup. Ce serait à vous, M. le ministre.
M. Julien : Oui, merci, Mme
la Présidente. Bien, merci pour votre travail, puis ce que vous avez amené.
Naturellement, là, on avait déjà eu l'occasion d'en discuter, alors... et,
comme vous l'avez mentionné, on a fait plusieurs éléments, là. Vous... Avec nos
discussions, on a pu améliorer plusieurs éléments puis on est allés chercher...
M. Julien : ...ailleurs, mais
c'est certain que votre groupe est assez orienté sur ces améliorations-là,
puis, dans les suggestions, on en a bien tenu compte.
Je voulais juste... Je ne veux pas faire
un débat de chiffres, là, nous autres, on a pris des cas étalons, en fin de
compte, des écoles secondaires de même nature.
Une voix : ...
M. Julien : Non, quatre. Mais
pas juste ça. C'est à cause que je vois dans votre... Mais, si vous voulez
qu'on y aille, on va y aller, par exemple. Si vous... Si vous me...
C'est-à-dire qu'ici...
M. Nadeau (Robert) : ...juste
que vous avez... Tant mieux, tant mieux si ça fonctionne.
M. Julien : Si vous
permettez...
M. Nadeau (Robert) : Oui,
allez-y.
M. Julien : ...vous parlez du
9.7 %, puis vous marquez ici clairement : «Quant à l'analyse effectuée»...
bon, les gains, vous mentionnez les résultats... initiative de regroupement,
certaines références de résultats puis par rapport au mode. Naturellement,
nous, c'est toutes les mesures, là, tu sais, qu'on essaie d'intégrer, là :
le préfab, le programme... la gestion par portefeuille, la capacité régionale
par rapport justement à l'augmentation de la concurrence et le mode aussi, le
mode. Alors, le mode collaboratif, ce n'est pas lui qui va faire tout, là,
hein? Il y a plusieurs autres mesures qui vont améliorer l'efficience. On va le
mesurer au fur et à mesure. Sur le temps, c'est assez clair parce que, sur le
temps, on voit où on peut agir sur le «timeline» d'un projet, puis, sur les
coûts, bien, on pense d'une quinzaine. Mais on le verra à l'usage, mais je
pense qu'au net, on va gagner, j'espère que c'est plus que moins, bien
honnêtement.
M. Nadeau (Robert) : Exactement.
Je suis d'accord avec vous, M. le ministre. Au minimum, c'est 10. Si ça peut
aller à 15, 20, tous ensemble...
M. Julien : Tant mieux.
M. Nadeau (Robert) : ...tant
mieux.
M. Julien : Ne boudons pas
notre plaisir. Quels sont les facteurs de succès pour la gestion de projet en
mode collaboratif? Puis on a eu ces discussions-là, puis je veux vous
réentendre, là. C'est quoi, le principal facteur de succès de ce mode de
collaboration qu'on veut... qu'on veut faire entre les partenaires?
M. Nadeau (Robert) : C'est
que, un, l'approche contractuelle est différente. On travaille tous,
entrepreneurs, professionnels, clients, usagers, quelques sous-traitants, des
fois, spécialisés, tous autour d'une table avec un objectif : le projet,
et non pas des objectifs individuels. Puis, pour le projet, chacun est prêt à
partager les risques, chacun est prêt à mettre une portion de son profit à
risque pour assurer le succès, et tout le monde travaille à essayer de trouver
des options le plus avantageuses pour le projet. Donc, pour moi, je le vois
comme un avantage gagnant parce que... et qu'on soit capable de tirer avantage
du bénéfice de toutes les parties autour de la table, d'avoir les meilleures
équipes avec nous tout autour de la table.
M. Julien : Puis je ne sais
pas, je ne présume pas de votre réponse, ça fait que j'y vais quand même assez
ad lib, là. Je pense que c'est avec vous qu'on avait eu cette discussion-là il
y a plusieurs mois. Tu sais, il y a beaucoup... il y a de l'humain là-dedans,
il y a de l'expertise, il y a de la compétence, puis dépendant naturellement de
la compétence et de l'expertise des joueurs autour de la table... Alors, bon,
au gouvernement du Québec, il y a... il y a le ministère des Transports, qui
est un gros donneur d'ouvrage, il y a la SQI qui... en termes de nombre de
contrats, c'est le plus gros, mais, tu sais, il y a beaucoup de monde qui
disent : Bien, nous aussi, on aimerait ça en faire, mais c'est souvent des
petites organisations qui n'ont peut-être pas toute l'expertise nécessaire.
Est-ce que ce n'est pas... ce n'est pas un risque? C'est-à-dire il y a un apprentissage
dans la courbe du mode collaboratif, parce que, si on veut... si on veut
collaborer, ça prend aussi une capacité d'avoir cette discussion-là de manière
assez égalitaire.
• (16 h 30) •
M. Nadeau (Robert) : Et
c'était la quatrième conclusion qu'on avait. Donc, merci de me donner le...
l'opportunité de le dire. C'est qu'il existe cette capacité-là et cette
expertise-là au Québec, que ce soit dans les sociétés d'État. Certaines n'ont
pas la capacité au niveau effort, grosseur, mais il existe des firmes et des
individus qui sont capables d'aider. Je l'ai fait dans certains des mandats
avec ma... mon autre vie. Des projets comme la Société des alcools, leur
centre... centre d'entreposage, ils s'en allaient vers une approche forfaitaire
sans avoir bien attaché toutes les conditions du projet. On les a reguidés vers
une approche en gérance. Et le projet, maintenant, il est sur ses ailes et il
vole adéquatement. Gérance s'apparente à la... à un mode collaboratif. Donc,
avant même le projet de loi, on a réussi à amener... à guider le... justement,
là, une société d'État moins bien équipée dans les bonnes... dans les bonnes
voies. Donc, tout le monde peut en bénéficier puis tout le monde est capable
parce que l'écosystème est là pour les soutenir.
M. Julien : J'ai pris votre
commentaire sur le «bien gérer», je l'ai mis... je l'ai mis au crayon, parce
que je ne veux pas réimprimer, mais, pour moi, ça va de soi que bien gérer, ça
fait partie des mesures qu'on veut prendre pour y arriver. Mais on parle
beaucoup d'un éventail de modes de réalisation, parce que, tu sais, souvent les
gens simplifient un peu la chose : collaboratif ou traditionnel. Bon. Puis
j'ai toujours dit : Bien, écoute, il y a alternatif, qui amène des CC, des
CCF. Après ça, on a... on a sept, huit modes distinctifs, puis même qu'on
pourrait même les redécouper dépendant où est-ce qu'on veut les mettre. Alors,
c'est beaucoup...
16 h 30 (version non révisée)
M. Julien : ...plus large
que ces deux notions là, là. Comment qu'on devrait faire l'évaluation du bon
mode à utiliser dans des cas de projet?
M. Nadeau (Robert) : Bien,
ce qu'on prêche, nous, au niveau du PMI, c'est que le donneur d'ouvrage doit
prendre la décision en fonction de la réalité de son projet. Il y a des projets
qui ne s'appliquent pas, qui ne sont pas applicables au mode collaboratif. Il y
a les donneurs d'ouvrage qui veulent à tout prix transférer le risque vers l'entrepreneur.
Il y a d'autres qui veulent justement une approche plus soutenue au niveau de l'entretien,
de l'opération et du «life cycle», excusez l'anglicisme. Et donc les modes plus
alternatifs seraient encore en application. Puis il y a des projets qui sont
encore en train de... Pensez... Pensez juste au port de Montréal. Il veut faire
sa deuxième portion en mode alternatif. Donc, ce n'est pas mort, les fameux
PPP.
Le principe, par contre, M. le ministre, c'est qu'on
doit réapprendre à se parler entre des individus qui sont capables de gérer des
situations et non pas à tout prix de se pointer du doigt pour dire : Ça, c'était
ton contrat. Non. Ça, c'était ton contrat. Et c'est ça l'enjeu des modes
traditionnels actuels, c'est le transfert à tout prix d'un risque de un vers l'autre.
Si on est capables de trouver une façon tous ensemble d'arriver à se reparler,
à ce moment-là, les modes traditionnels, pour les appeler entre guillemets,
vont de redevenir plus attractifs. Puis là, bien, je n'embarque pas dans les
dossiers des délais de paiement, puis des escalades des différends. La... L'approche,
rappelez-vous, on s'était vus à Québec - bien, on est à Québec, là - on s'était
vus dans nos bureaux, justement, avec la question d'avoir les facilitateurs
auprès des projets plutôt que d'avoir des arbitres plus tard, trop tard. Je le
fais dans un des projets pour justement éviter la chicane. Ça marche. Donc, si
on se donne l'ambition de nos moyens, d'avoir à aider tous les modes
équitablement, bien, le mode collaboratif va être encore meilleur et les autres
vont être encore meilleurs aussi.
M. Julien : C'est ça,
mais... Puis on vient distinguer traditionnel, collaboratif puis, je vous dis,
il y a tout un spectre, mais à partir du moment où est-ce qu'on se parle et où
on profite de l'expertise mutuelle et des compétences de l'autre, et dans la
solution. Pas dans le besoin. Le besoin, j'ai le donneur d'ouvrage, il doit
connaître son besoin, il peut être clarifié, mais... Alors, c'est toute... C'est
toute la distinction. Alors, ça devrait être... Je sais que... Le monde, ils
disent : Oui, mais le mode traditionnel va être encore très, très
omniprésent, mais quand les besoins sont à ce point qu'ils ne nécessitent pas
beaucoup de collaboration parce qu'ils sont connus, ils sont récurrents. Mais
est-ce que c'est comme ça qu'on doit le voir?
M. Nadeau (Robert) : Dans
les modes traditionnels, encore là je vous l'ai dit, il y a des études. Tu
sais, les avocats viennent donner des conférences aux entrepreneurs généraux à
chaque année pour les causes principales des litiges dans les projets. Puis les
top cinq, c'est mauvaise définition des besoins du client, conditions du site
existantes mal définies, des plans et devis tout croches, des... pas des bons
interlocuteurs de part et d'autre, puis des changements de programme parce que
les clients changent d'idées au fur de... au fur et à mesure. Si on est capable
de capter ça comme il faut dans les étapes, de ce que mes collègues disaient
tantôt, préalables au niveau des estimations, si on est capable de bien
«packager» ça au départ puis avoir les bons plans et devis, les entrepreneurs
vont faire des bonnes soumissions, puis vont faire des bons travaux. On n'aura
pas le problème des... L'enjeu des projets, des projets forfaitaires qu'on voit
aujourd'hui, ça me donne de la job, tant mieux, mais ça donne de la job à
plusieurs de mes collègues aussi, c'est qu'il manque ces morceaux-là du début.
Puis là, bien, la chicane pogne, puis on est obligé d'intervenir plus tard. Ce
n'est pas toujours la règle, ça reste l'exception, mais c'est important de le
prendre en charge.
M. Julien : C'est sûr.
Donc, l'axe 1 de la stratégie, la meilleure planification, c'est
primordial, mais il y a quand même l'axe 2 où on est en mode aussi
collaboratif, mais aussi bien qu'on aurait planifié puis avoir le bon projet
avec une maturité assez intéressante pour la mettre sur le marché pour éviter
justement, là, les dérives non considérées à la planification, mais quand je
rentre dans l'axe 2, là, d'un mode collaboratif et, malgré ça, l'entrepreneur
ou le concepteur pourrait amener de la valeur ajoutée en disant : J'ai
bien compris. Ta planification est adéquate, mais je peux aller plus loin avec
toi dans la solution. Parce que, pour moi, quand je dis on doit les superposer,
je pense que c'est le bénéfice des deux.
M. Nadeau (Robert) : On
le vit. Un de mes mandats, c'est un... André, on a travaillé ensemble sur le
projet du Parc olympique, on est là-dedans. O.K.? On subit les premiers
soubresauts du projet et, tous ensemble, avec l'entrepreneur, les concepteurs,
on trouve des solutions justement à l'intérieur des enveloppes qu'on s'était
données. Et ces solutions-là, bien, étant donné qu'on est en mode collaboratif,
on cherche la meilleure solution pour le projet, pas pour le portefeuille d'un
ou l'autre. Donc déjà au Québec, ça marche, on a à intérêt le projet. Donc, c'est
pour ça que c'est important de «surfer» sur cette vague-là pour y arriver.
M. Julien : Un élément
qu'on n'a pas eu l'occasion de discuter avec les autres groupes encore, mais...
M. Julien : ...mais, pour moi,
qui m'apparaît important, puis je veux vous entendre là dessus. Depuis à peu
près un an, on est venu mesurer la capacité régionale... malgré qu'il y a un
groupe qui en a parlé tout à l'heure, là, M. André... l'estimateur, André...
Une voix : ...
M. Julien : Pour nous, c'est
des données importantes, cette capacité régionale, parce que, quand on voit
qu'il y a plusieurs projets qui s'en vont dans une région puis on les
superpose... Parce que, si chacun des secteurs amène des projets
d'infrastructures publiques plus d'autres projets privés, est-ce que vous
estimez, ça, que c'est une valeur importante, ou que non, et la mobilité de la
main-d'œuvre puis la mobilité des entrepreneurs devrait pallier à ça. C'est
quoi, votre lecture de ça?
M. Nadeau (Robert) : On
est... Personnellement, là, là, on parle au niveau du PMI, mais en même temps
aussi au niveau personnel, le projet de... la loi, maintenant, que M. Boulet...
fait adopter pour, justement, la fluctuation de la main-d'œuvre ou la migration
de la main-d'œuvre, c'est bien. Là où je vois un enjeu, c'est : à trop
concentrer de projets dans des secteurs en même temps, ça crée une surchauffe
locale. Et excusez l'expression, mais on ne peut pas la générer, la
main-d'œuvre, et les sous-traitants, ils ne peuvent pas venir de n'importe où,
parce qu'à ce moment-là, les coûts augmentent, parce qu'il y a les pensions, il
y a les déplacements, il y a la... les gens travaillent quatre jours parce
qu'ils retournent à leur famille. Donc, il y a une réflexion.
C'est pour ça qu'on aime bien votre idée
du fameux tableau de bord ou de la carte interactive. Ça fait que, si on
s'aperçoit... On ne peut pas empêcher l'industrie d'avancer, tu sais, tu ne
peux pas dire aux industries de Bécancour : Bien, arrêtez de construire un
petit peu, parce que, là, il y a trop d'action. Bien, les clients privés qui
sont là savent qu'il y a un coût associé à ça. Mais ça ne serait pas brillant
pour le gouvernement de dire : Bien, tiens, on va aller rénover ou faire
un hôpital à Bécancour maintenant. Donc, si on arrive à avoir ce
raisonnement-là...
M. Julien : Ordonnancer.
M. Nadeau (Robert) : ...bien,
à ce moment-là, on vient de gérer la pointe régionale. On va la faire au
Saguenay, peut-être, à la place. Donc, c'est là, dans ce qu'on appelle la
gestion de portefeuille et la gestion de programmes, où il existe, par le PMI,
des outils de gestion de cette capacité-là qui nous permettent, avec les chefs
que vous allez nommer au niveau de la gestion de programmes et de portefeuille,
d'établir, ah! ici, on va plutôt aller là, on va prioriser, dans le PQI, ces
projets-là cette année. Ça ne veut pas dire que cette région-là ne l'aura pas
un jour, mais pas maintenant, on va payer trop cher pour ça. Et ça, c'est
démontré dans l'industrie, on le voit.
M. Julien : Parfait. S'il me
reste un petit peu de temps, prévisibilité...
Le Président (M. Simard) : 40
secondes.
M. Julien : Parce qu'on en
publie quand même... bien, on peut peut-être l'améliorer, mais la SQI publie,
aux six mois, là, les projets avec un... pour donner, justement, de la
prévisibilité. Transport, je vais regarder ce que fait transport, parce que
c'est quand même deux gestions différenciées. Je sais qu'on a même suggéré
d'amener, là, ceux qu'on voulait aller en mode plus collaboratif, mais ça, pour
le marché, c'est important, là, de voir cette prévisibilité-là, à tout le
moins, à long terme.
M. Nadeau (Robert) : C'est important.
C'est très discret, encore, là, je la consulte régulièrement, là. Tu sais,
présentement, il y a un projet collaboratif d'annoncé, IPD, c'est le projet de
l'ETS, Campus Dow. Il y a quatre autres projets CCP qui sont des... hybrides
collaboratifs, mais ça ne démontre pas la vraie intention du gouvernement. Ça
représente la vision que la SQI a le droit de dire aujourd'hui avec les projets
pilotes.
• (16 h 40) •
M. Julien : Adoptons le
projet de loi puis on l'aura.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Je cède la parole au député de Nelligan.
Des voix : ...
M. Derraji : Bien, vous avez
le droit d'avoir des messages.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Nelligan, la parole vous appartient.
M. Derraji : Merci. Merci, M.
le Président. Bonjour à vous. Bonjour aux gens qui nous suivent à distance.
Merci pour votre présence.
Écoutez, je n'ai pas le même nombre de
minutes que M. le ministre, mais je vais aller à la page huit avec vous. Et
vous mentionnez que «le recours aux contrats de gré à gré par les donneurs
d'ouvrage doit continuer d'être justifié en assurant que l'objet initial de
l'appel d'offres reste pertinent». Donc, vous, votre remarque par rapport à ce
projet de loi, c'est en lien avec le gré à gré.
M. Nadeau (Robert) : Avec le
gré à gré. Donc le gré à gré, ce qu'on dit, c'est qu'il est toujours possible
en autant qu'il soit justifié. Donc, si, pour l'intérêt public, dans une
soumission x, on s'aperçoit qu'il n'y a pas de soumissionnaire ou qu'un seul
soumissionnaire, bien, si on regarde le cadre du projet et qu'on négocie gré à
gré avec l'entrepreneur, plutôt qu'annuler l'appel d'offres et de recommencer
pour arriver au même résultat qui arriverait dans quelque temps, ne soyons pas
niaiseux, puis allons-y à négocier les termes.
Là où on a un bémol, c'est que... puis ça
arrive trop souvent, c'est qu'on annule l'appel d'offres, on change les termes
du contrat et on négocie gré à gré sous des termes différents. Si l'industrie
avait pu soumissionner sur les termes différents du départ, à ce moment-là, il
y aurait eu plus de compétition. Donc, ayons la transparence, nous, comme État,
de dire qu'on veut, exemple, le projet... je prends le projet du Parc
olympique...
M. Nadeau (Robert) : ...d'avoir...
On a dit : Si on était allés du départ avec une approche collaborative, il
n'y aurait pas eu seulement un soumissionnaire, il y aurait eu d'autres. Donc,
c'est un peu ça que je veux dire, c'est que, oui, la justification, on veut
qu'elle reste puis, si le donneur d'ordre et le donneur d'ouvrage est capable
de justifier pourquoi on va en gré à gré, à ce moment-là...
M. Derraji : Non, c'est très
clair, c'est très clair. Ce matin, beaucoup d'intervenants, ils ont beaucoup
insisté sur la présence des sous-traitants autour de la table. Vous étiez là
avant le dernier groupe des économistes certifiés qu'eux, ils demandent d'être
impliqués en amont du... des projets. Vous, comment vous voyez tout cela?
M. Nadeau (Robert) : Bien,
dans... autant dans les projets collaboratifs que dans les projets
traditionnels, lorsque c'est le temps de faire la définition des besoins du
client et du projet lui-même, tous les intervenants devraient être autour de la
table. Qu'il s'appelle économiste, qu'il s'appelle gestionnaire, qu'il
s'appelle entrepreneur sous-traitant, pourquoi on se priverait de l'expertise
qui existe sur le marché? Or, vous le savez, des fois, les règles
d'approvisionnement empêchent un sous-traitant de venir donner son avis parce
que ça le barrait de la soumission. À ce moment-là, allons chercher des experts
en... je vous donne un exemple. En maçonnerie, puis je... on l'a fait justement
sur un projet avec le New Vic, le client était un peu perdu sur comment aller
pouvoir rénover tous les bâtiments historiques du Nouveau Vic de l'hôpital,
l'ancien Royal Victoria. En utilisant les experts externes, on a pu aller
chercher l'expertise au niveau des sous-traitants spécialisés pour mieux guider
la définition du projet, et, quand le projet est allé en appel d'offres, à ce
moment-là, ces morceaux-là étaient bien attachés. Donc, ce qu'on prêche, nous,
c'est que, qu'il s'appelle économiste, gestionnaire ou quelconques autres
membres de l'industrie, lorsqu'arrive le temps de bien définir les projets,
asseyons-les tous autour de la table. Et, dans le cadre d'un projet
collaboratif, de facto, ils sont là.
M. Derraji : Oui, mais dans
la demande des économistes certifiés tout à l'heure, c'est... on parle de la
notion du coût. Parce que le projet, le fond du projet, c'est quoi? Ce que ce
qu'on veut c'est que... arriver à avoir des projets à moindre coût, d'ailleurs
le ministre s'est donné un pourcentage, et respecter le délai. Sinon, ça va
être juste un énoncé philosophique, qu'on veut atteindre une réduction de coûts
et livrer les projets aux dates souhaitées. Si on n'agit pas en amont, ça va
être juste une... encore une fois, une réplique de ce qu'on a jusqu'à
maintenant.
M. Nadeau (Robert) : Permettez-moi
d'être en désaccord. Encore là, je l'ai vécu pendant un an et demi avec le
projet du Parc Olympique et je vous assure que, lorsqu'on a discuté avec
l'entrepreneur, les sous-traitants et les professionnels, tout le monde autour
de la table, lorsqu'on a changé notre chapeau pour le mettre en approche collaborative,
on s'est dit les vraies affaires. André l'a mentionné tout à l'heure, on a
commencé à avoir la transparence. On est allés voir les soumissions, les
feuilles de temps, les salaires des travailleurs de l'entrepreneur, qui nous a
permis de démontrer que, dans le fond, on payait le vrai prix. On s'est donné
des opportunités de mettre des enveloppes de risque, qu'on a travaillé tous
ensemble. Et aujourd'hui je suis très confortable avec le chiffre qui a été
annoncé et avec l'échéancier qui a été annoncé.
M. Derraji : Mais je ne suis
pas en désaccord avec vous, en fait, on dit presque la même chose. Ce que les
économistes avant vous disaient, c'est qu'ils voulaient être impliqués avant.
C'est juste ça que je veux confirmer avec vous, un.
M. Nadeau (Robert) : On est
100 % d'accord...
M. Derraji : O.K. Là, vous
êtes d'accord.
M. Nadeau (Robert) : Oui.
M. Derraji : Là, vous êtes
d'accord. Deuxième chose, parce que ce n'est pas dans le projet de loi, les
sous-traitants, vous voulez qu'ils siègent ou pas, vous voulez qu'ils soient là
ou pas? Parce que vous venez de dire que ça a marché avec le Parc Olympique.
Partagez avec nous l'expérience du Parc Olympique. Autour de la table, il y
avait qui? Il y avait des... sous-traitants?
M. Nadeau (Robert) : Il y
avait les sous-traitants, parce que c'était... parce que c'était...
M. Derraji : Excellent.
Bien... Mais vous avez lu... permettez-moi, s'il vous plaît.
M. Nadeau (Robert) : Oui.
M. Derraji : Vous avez lu le
projet de loi. Les sous-traitants ne sont pas là.
M. Nadeau (Robert) : Là, dans
un... dans un mode collaboratif...
M. Derraji : Oui.
M. Nadeau (Robert) : Puis,
encore là, je spécifie mode traditionnel de mode collaboratif. Dans un mode collaboratif,
l'équipe qui est autour de la table, si elle juge que c'est pertinent d'aller
chercher le sous-traitant spécialisé en structure d'acier pour avoir la
meilleure expertise de savoir comment que je règle ce problème-là, ce
joueur-là, on va même peut-être proposer de l'embarquer dans l'équipe puis de
lui demander : Es-tu prêt à mettre ton profit à risque? Donc, le mode
collaboratif de facto va amener l'inclusion des sous-traitants.
M. Derraji : Oui, O.K. Mais,
on s'entend, il faut le... Dans un texte, il faut absolument que ça figure, que
le sous-traitant doit être... doit être là. L'article 13, puis je n'ai pas
beaucoup de temps, je comprends ce que vous allez dire...
M. Nadeau (Robert) : O.K.
Allez-y, oui.
M. Derraji : ...l'article 13,
vous en pensez quoi?
M. Nadeau (Robert) : Ça,
c'est la... les différents, le... Pour ce qui est de l'article 13 au
niveau de la...
M. Nadeau (Robert) : ...gestion
des différends, ce que je disais tout à l'heure, c'est que si on fait affaire
avec des intervenants experts, pour aider à éviter l'escalade des débats qui
amènerait à surcharger les tribunaux, respectons les orientations que
l'intervenant expert donne, en autant que c'est sur le sujet fondé. Nous, on va
un peu plus loin que ça, le PMI, on dit : Plutôt qu'aller vers les
intervenants experts, il y a des possibilités, mais revenir en amont avec des
sessions de partnering en ayant des facilitateurs autour de la table, puis ça,
c'est des bonnes pratiques qui sont générées dans l'industrie. Mais moi,
l'article 13, l'écho qu'on a eu par les avocats du PMI, c'est qu'il fait
juste arrimer à ce qui se passe ailleurs au pays au niveau des différentes
juridictions, donc...
M. Derraji : Donc, vous ne
voyez pas d'enjeu à ce que le projet de loi garde l'article 13?
M. Nadeau (Robert) : L'intention
de faire affaire avec des intervenants experts est maintenue, et le seul
élément qu'on a vu avec la présence des avocats de... du PMI, c'est que c'est
un arrimage avec ce qui se passe ailleurs pour avoir une unicité et non pas de
détruire l'approche, de dire : Bien, les intervenants experts quand ils
prennent une décision, les donneurs d'ouvrage disent : Écoute, c'était
cute ce que tu as fait, mais ça ne me tente pas de suivre tes recommandations.
Je vais faire à ma tête. Puis là, le dossier monte en arbitrage et risque
d'escalader devant les tribunaux.
Donc, si l'intention du projet de loi
n'est pas de scrapper l'apport aux intervenants experts, bien, à ce moment-là,
nous, on n'a pas d'objection majeure avec ça.
M. Derraji : O.K.
La Présidente (Mme Cadet) : ...secondes,
M. le député.
M. Derraji : Ah! c'est bon.
O.K. Bien, merci... merci pour votre présence.
La Présidente (Mme Cadet) : Merci
beaucoup, M. le député de Nelligant. Donc, je cède maintenant la parole à la
députée de Verdun. Vous disposez de deux minutes 50 secondes.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup. Je remercie les représentants de PMI-Montréal pour la présentation.
J'ai quelques minutes. Donc, rapidement, on parlait tout à l'heure des
objectifs en amont de réduction des coûts. J'aimerais ça vous entendre un peu
plus là-dessus. Est-ce que vous croyez qu'avoir des objectifs d'économies en
amont, par exemple de réduire de 15 %, est une bonne façon de mener la
conception des projets qui se font par des ententes de partenariat?
M. Nadeau (Robert) : Je pense
que ce qui se passe ailleurs au... il ne faut pas être aveugle à ce qui se
passe au Canada. Donc, si c'est bon ailleurs, pourquoi ça ne serait pas bon
ici? Là où on a... je ne veux pas dire une inquiétude, c'est qu'il ne faudrait
pas qu'on... notre saveur québécoise vienne invalider la plus-value des
approches collaboratives, puis je ne pense pas que c'est l'intention du projet
de loi non plus. J'ai entendu l'approche de la Société québécoise
d'infrastructure sur l'approche de choisir les membres des équipes en
disant : Bien, on va choisir le meilleur architecte, le meilleur
ingénieur, le meilleur entrepreneur puis travailler ensemble en collaboration.
Nous, ce qu'on dit, c'est : Il y a des équipes déjà formées qui sont...
qui ont de la chimie entre eux autres. Utilisons cette approche-là ou ne se...
ne nous privons pas de cette approche-là. Mais oui, c'est démontré qu'ailleurs
les approches collaboratives génèrent des économies de coûts et des économies
d'argent.
• (16 h 50) •
Donc, le prétexte d'utiliser les
pourcentages d'économie pour dire qu'on en a besoin, on ne sauverait même pas
d'argent. Ça vaudrait la peine parce qu'on sauve les chicanes puis on sauve les
différends parce qu'on travaille tous ensemble.
Mme Zaga Mendez : J'entends.
Bien, peut-être... Est-ce que vous sentez qu'il faudrait ne pas voir ça comme
un seul impératif? Est-ce que vous voyez que dans les approches collaboratives,
l'objectif ce n'est pas seulement la réduction des coûts, mais aussi avoir
l'innovation puis aller chercher de nouvelles façons... donc peut-être voir
l'arbitrage entre ces objectifs-là.
M. Nadeau (Robert) : L'approche
collaborative, encore là démontrée, c'est... c'est un éventail de gains
O.K.?Encore là, juste la clause de renonciation à se chicaner entre les membres
de l'équipe multipartite, c'est déjà un gain par rapport à tous les autres
modes. Le fait d'avoir la transparence, c'est déjà un gain. Le fait d'avoir
tout le monde, travailler à quelle façon la plus innovante nous permettrait de
faire le projet à meilleur coût puis à un meilleur échéancier, c'est déjà un
gain. Donc, on y croit. Ce qu'on dit aussi, c'est qu'on ne peut pas tous les
faire en approche collaborative.
Mme Zaga Mendez : C'est ça.
M. Nadeau (Robert) : Tu sais,
ça va être un autre outil, ça va être le Westcott dans le coffre d'outils, mais
des fois ça va être le marteau, puis des fois ça va être l'égoïne qui va être
dans le coffre d'outils.
Mme Zaga Mendez : Combien de
temps...
La Présidente (Mme Cadet) : ...secondes.
Mme Zaga Mendez : ...secondes.
Je vous remercie pour votre...
La Présidente (Mme Cadet) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Verdun. Maintenant, je cède la parole au député de
Jean-Talon. Vous avez deux minutes, neuf secondes.
M. Paradis : Merci beaucoup.
Donc, on comprend que vous valorisez l'approche collaborative, mais vous nous
rappelez aussi que pour l'ensemble des projets, l'importance de la
planification, c'est fondamental. Plus on planifie, moins ça coûte cher...
M. Paradis : ...dans la
livraison de projets de manière plus efficace. On a entendu beaucoup vos commentaires
sur la stratégie, qui est, de fait, vraiment liée à ce projet de loi, mais sur
le projet de loi, là, quand vous pensez justement à cette importance de la
gestion, de regarder la raison ultime pour laquelle on fait les projets,
qu'est-ce que vous nous suggérez, là, qu'est-ce qui manque dans le projet de
loi ou qu'est-ce qui... sur quoi on devrait réfléchir le plus, là, sur le
projet de loi lui-même?
M. Nadeau (Robert) : En toute
transparence, on n'a pas fait un... une revue article par article du projet de
loi, parce que, clairement, ça... c'est là pour amener ce nouvel outil là dans
notre coffre. Ce qu'on a confiance, c'est plutôt avec la stratégie, qui est
l'autre document, qui va permettre, avec les réglementations, de mettre en
place ces mécanismes-là. On n'a plus le luxe de se donner... d'avoir des
donneurs d'ouvrage qui, alors que tout le monde leur dit : tu devrais
aller faire des forages sur ton site pour savoir s'il n'y a pas de la
contamination ou s'il n'y a pas un cimetière, ou bien donc s'il n'y a pas du
plomb dans tes... dans ta structure, puis il dit : Non, non, ça va être
l'entrepreneur qui va le faire en arrivant. Maudite marde! Donnons-nous la
capacité, dans le temps, d'aller faire ces vérifications préalables, puis, peu importe
le mode, l'entrepreneur, les professionnels sauront à quoi qu'ils s'embarquent.
Donc, on ne se retrouvera pas avec quelqu'un qui arrive : oh! Mon Dieu!
Mon pont est tout croche, je suis obligé de tout le recommencer, mais on avait
deux ans pour le vérifier au préalable puis on ne l'a pas fait, on a été un peu
négligents.
M. Paradis : Implicitement,
les articles, qu'on suggère d'ajouter pour prévoir justement cette approche
collaborative, parlent de «cette nécessaire planification». Mais est-ce que
vous pensez que, si on l'inscrivait de manière encore plus explicite, ça
pourrait aider?
M. Nadeau (Robert) : Moi, je
fais confiance à vous tous pour que le texte de la loi vous donnera le luxe
pour aller chercher le plein bénéfice de cette approche collaborative là parce
que...
La Présidente (Mme Cadet) : C'est
tout le temps...
M. Nadeau (Robert) : Et
d'aller... le besoin. Parce que, sinon, on va manquer le bateau.
La Présidente (Mme Cadet) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup, M. Nadeau. C'est tout le temps dont nous disposions.
Donc, merci à vous d'avoir pris part à ces travaux, également, à Mme Thibodeau
et M. Chiniara, qui étaient avec nous en visioconférence.
Donc, on va suspendre quelques instants
pour permettre à l'autre groupe de s'installer. Merci.
Mme Thibodeau
(Annie) :Merci beaucoup.
M. Chiniara (Eric) : Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 54)
(Reprise à 16 h 58)
La Présidente (Mme Cadet) : Bonjour,
tout le monde! Donc, je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de
l'Association de la construction du Québec. Nous avons avec nous Me Pierre
Hamel, Me Gabrielle Darveau-Breton et M. Martin Laurendeau.
Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à
commencer votre exposé.
M. Laurendeau (Martin) : Bonjour.
Alors, je me nomme Martin Laurendeau de la firme Comco Construction en Estrie
puis je suis trésorier de l'Association de la construction du Québec.
Mme la Présidente, M. le ministre, membres
de la commission, je me nomme Martin Laurendeau, trésorier de l'Association de
la construction du Québec et coprésident de la firme comme Comco Construction,
une entreprise d'environ 45 employés en Estrie. Nous sommes basés dans la
région de l'Estrie et nous œuvrons principalement dans le secteur institutionnel
et commercial.
Je suis accompagné aujourd'hui de Me
Pierre Hamel, directeur des affaires publiques et gouvernementales de l'ACQ, et
Me Gabrielle Darveau-Breton, directrice des affaires juridiques, également de
l'ACQ.
En premier lieu, je vous remercie de
l'opportunité qui nous est offerte aujourd'hui de partager notre vision et
notre engagement envers un avenir prometteur pour notre secteur et pour
l'ensemble de notre société.
Pour le bénéfice des membres de la
commission, je voudrais rappeler que l'ACQ est une fédération d'associations
d'entrepreneurs en construction qui œuvrent partout au Québec, servant au
quotidien plus de 20 000 entreprises oeuvrant dans tous les secteurs
de l'industrie.
En vertu de la loi R-20, nous sommes
l'agent patronal négociateur pour les employeurs du secteur institutionnel,
commercial et industriel, donc l'ICI. Nos membres génèrent plus de 62 %
des heures totales travaillées et déclarées dans notre industrie.
En d'autres mots, nous construisons les
maisons des aînés, les écoles, les hôpitaux, les logements abordables, les
tours à condos et les usines. Nous sommes donc concernés au premier chef par
cette réforme.
Par ailleurs, l'ACQ accueille
favorablement le projet de loi. Il permet d'ouvrir les discussions sur les
enjeux importants pour notre industrie, soit l'innovation et la collaboration.
L'élément central du projet de loi, en
l'occurrence le virage résolu vers les contrats en partenariat est nécessaire
et bienvenu. Cette initiative, déjà adoptée par plusieurs autres juridictions
canadiennes, établit les fondations d'un nouveau modèle qui repose sur la
collaboration et avant tout la confiance.
• (17 heures) •
Bien sûr, toute nouveauté amène son lot
d'incertitudes. Quels projets seront réalisés en mode partenariat? Quelles
entreprises pourront y avoir accès? Quel type de changement ou fardeau
supplémentaire cela représente-t-il sur le plan administratif pour les
entreprises qui souhaitent s'ouvrir à ce nouveau mode de réalisation? Est-ce
que les plus petites entreprises y auront accès et seront accompagnées?
Je souligne au passage que 80 % des
entreprises du secteur de la construction ont moins de cinq employés, cinq
employés ou moins, alors que seulement cinq entreprises au Québec possèdent
plus de 500 employés.
Bref, l'ensemble de ces questions
trouveront réponse dans un avenir plus ou moins rapproché.
À court terme, c'est une bonne nouvelle
pour nos... nos grandes entreprises. Leur développement passe nécessairement
par la réalisation de grands projets leur permettant de compétitionner avec les
grandes entreprises canadiennes et étrangères qui soumissionnent sur ce type
de... de contrat.
Pour les autres entreprises, les PME qui
oeuvrent dans le domaine institutionnel et réalisent des projets publics, il
appartiendra aux donneurs d'ouvrage d'oser et de proposer le mode de
réalisation en partenariat pour des projets de plus petite envergure. Chose
certaine, ces mesures n'augmenteront pas le nombre de soumissionnaires à court
terme, mais elles permettront assurément de donner un peu d'air aux donneurs
d'ouvrage en diminuant les coûts et les délais de réalisation des différents
projets.
J'inviterais maintenant notre directeur
des affaires publiques et gouvernementales à vous faire part des enjeux
auxquels nous faisons face et qui ont guidé nos recommandations.
M. Hamel (Pierre) :Merci, Martin. Alors, comme on peut le constater, nous
sommes confrontés en 2024 à une industrie de construction qui, bien que
prospère...
17 h (version non révisée)
M. Hamel (Pierre) :...prospère, nécessite une modernisation. Le projet de loi
n° 51 qui s'est attaqué à la productivité, la flexibilité des métiers et la
mobilité des travailleurs vient à peine d'être adopté que nous nous retrouvons
en commission parlementaire pour proposer une plus grande flexibilité
administrative à la faveur des donneurs d'ouvrage publics leur permettant d'aller
encore plus de l'avant et d'innover. Merci. Il s'agit d'une excellente nouvelle
et nous souhaitons que ces mêmes donneurs d'ouvrage publics exercent pleinement
le leadership nécessaire pour faire de ces changements un succès collectif.
Cependant, pour un très grand nombre d'entrepreneurs,
cette nouvelle est occultée par les modifications réglementaires qui sont
proposées au projet de règlement modifiant le Règlement sur les contrats de
construction, pour lequel la période de... de consultation se terminait le 24 mai
dernier et qui mettent en péril les garanties financières qui ont toujours
protégé les entrepreneurs lors de la réalisation de projets publics, ainsi que
les enjeux de paiement qui continuent de miner l'intérêt de plusieurs
entrepreneurs face aux marchés publics. Les donneurs d'ouvrage sont
réfractaires à l'adoption de mesures visant à réduire le délai de paiement, et
la proposition de recours en annulation d'une décision d'un tiers décideur
prévue à l'article 13 du projet de loi en constitue un exemple.
Les dispositions adoptées en 2022, via le projet
de loi n° 12, en matière de délais de paiement ne sont toujours pas en vigueur
et le règlement d'application n'est toujours pas adopté, que déjà on en limite
significativement la portée, voire même l'intérêt. Qui plus est, les
municipalités, qui constituent une partie très importante des marchés publics,
ne sont toujours pas sous le radar du gouvernement en matière de délais de
paiement.
Sur le plan réglementaire, pour... pour
faire sauver on ne sait véritablement combien aux donneurs d'ouvrage, on
propose de rendre facultatif l'obtention de ce cautionnement de soumission, d'exécution,
de gages, main-d'oeuvre et matériaux. Bien que la garantie de soumission et d'exécution
vise à protéger les donneurs d'ouvrage, le cautionnement pour le paiement des
gages main-d'œuvre, dont on prévoit la disparition, vise spécifiquement à
garantir le paiement des entrepreneurs spécialisés et les fournisseurs qui ont
travaillé sur le projet et qui n'ont aucun lien contractuel avec les donneurs d'ouvrage.
Bref, simplifier les choses pour les
donneurs d'ouvrage ne signifie pas toujours rendre les marchés publics
attractifs ou sécuritaires financièrement pour les intervenants. C'est parfois
tout le contraire. L'ACQ demande au gouvernement d'être vigilant et également
de ne pas sous-estimer l'impact significatif et positif qu'aurait l'assujettissement
des municipalités à la Loi sur les contrats des organismes publics. Maintenant,
je cède la parole à Me Darveau.
Mme Darveau-Breton (Gabrielle) : Merci,
Me Hamel. Alors, pour poursuivre dans la même veine en matière de délai de paiement,
nous proposons dans notre mémoire que des mesures transitoires soient prévues d'ici
l'adoption d'un règlement concernant les délais de paiement, mesures qui
appliqueraient des dispositions similaires à celles prévues à l'arrêté
ministériel 2018-01 aux nouveaux projets de constructions publiques.
Comme l'a mentionné Me Hamel, les
dispositions adoptées en 2022 ne sont toujours pas en vigueur, et les projets
qui voient actuellement jour ne peuvent bénéficier des dispositions qui ont été
appliquées à plusieurs projets pilotes ainsi qu'aux 181 projets dont le
gouvernement a demandé l'accélération via le projet de loi n° 66. Le projet de
loi n° 62 comprend également une disposition concernant les pouvoirs
additionnels de vérification conférés à l'Autorité des marchés publics.
Peut-être est-ce mes réflexes de juriste
qui ressortent, mais je pense qu'à cet égard, une mise en garde s'impose. Cette
disposition vient permettre à l'AMP d'exiger tout document ou tout
renseignement à toute personne ayant déjà été administrateur, associé,
dirigeant, actionnaire ou encore à toute autre personne ou entité liée ou ayant
été liée directement ou indirectement par contrat à cette entreprise, afin de
vérifier si cette entreprise satisfait aux exigences d'intégrité.
Il est également prévu que les documents
et/ou renseignements doivent être divulgués malgré toute restriction de
communication prévue par une loi ou toute obligation de confidentialité ou de
loyauté pouvant lier une personne. L'Autorité des marchés publics pourra, si
elle le souhaite, dans ce cadre, exiger une déclaration sous serment. L'on
comprend donc que ses pouvoirs sont très larges et similaires à ceux chargés d'un
organisme chargé d'une enquête.
Comme vous le mentionnons dans notre
mémoire, nous sommes en faveur de l'intégrité. Cependant, les renseignements
recueillis peuvent être inexacts ou faux et ainsi nuire à l'entreprise visée.
Nous pouvons penser, par exemple, à une relation qui se serait mal terminée ou
à une personne qui souhaiterait nuire à l'entreprise visée par la vérification
pour des motifs autres que l'intégrité. En ce sens, l'exigence de la
déclaration sous serment, bien qu'elle puisse avoir une portée limitée,
constitue quand même une mesure qui fait réfléchir les signataires, qui devrait
toujours être requise selon nous.
En terminant, nous tenons à souligner l'importance
de maintenir le dialogue entre l'ensemble des acteurs de l'industrie. Comme
nous mentionnons dans...
Mme Darveau-Breton (Gabrielle) : ...notre
mémoire, les enjeux reliés aux marchés publics sont nombreux et sont vivants.
Les enjeux d'aujourd'hui ne sont pas les enjeux de demain et ce qui peut
paraître une bonne solution pourrait devenir un problème dans le futur. Une
nouvelle réglementation signifie nouvelle mise en œuvre, nouvelle application,
bref, une adaptation pour l'industrie. Les lieux de rencontre et de discussion
en amont de ces changements ne sont pas légion. Tout comme le gouvernement l'a
fait dans le cadre du projet de loi n° 51 en mettant sur pied un comité
spécifiquement dédié aux discussions visant les enjeux de relations du travail,
une initiative similaire en matière de marchés publics serait de mise, et nous
sommes d'opinion que le ministère des Infrastructures pourrait piloter un tel
forum. Bien que cette recommandation puisse sembler anodine, elle s'avère
particulièrement importante pour l'industrie de la construction au Québec.
Merci pour votre attention.
La Présidente (Mme Cadet) : Merci
beaucoup à tous les trois pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer
la période d'échange. M. le ministre, donc, la parole est à vous pour 15
minutes 30 secondes.
M. Julien : Oui, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Écoutez, premièrement, merci de votre présence.
Merci pour les documents. Merci pour vos doléances. Malheureusement, je vais
dire qu'on est un peu hors cadre par rapport... sur certains par rapport au
projet de loi. Je comprends que le règlement sur les paiements, on l'attend...
avec beaucoup d'intérêt. Je sais que vous avez déjà vu des ébauches. Je pense
que la consultation se termine au 1er juin. Alors, elle n'est pas encore
complétée. Naturellement, là, c'est le volet réglementaire, ce n'est pas le
volet de la loi, mais vous avez parfaitement raison de vous en préoccuper par rapport
à vos organisations. C'est le volet réglementaire, alors on verra la suite.
Je vois quand même... il y a deux...
Alors, je vais aller plus sur les éléments où on n'est pas d'accord, parce
qu'ils sont peu nombreux, puis ça vaut la peine de les clarifier. Alors, toute
la notion, là, du... je pense que c'est... c'est après un appel d'offres
infructueux... puis on a eu plusieurs qui sont venus nous en parler, là. Alors,
je veux juste recadrer puis je vais le voir avec vous. Après un appel d'offres
infructueux, on dit : Sans avis d'intention, à l'intérieur du projet de
loi, on pourrait aller sur gré à gré. Naturellement, ça cautionne... ou ça
mentionne clairement : Selon les mêmes termes et conditions, je ne peux
pas... tu sais, je ne peux pas rien modifier. Donc, j'irais en réalité de gré à
gré avec le... les mêmes, mêmes, mêmes éléments dans lesquels je suis allé sur
le marché. Parce qu'ici... ici, je voyais dans votre texte, là, on pourrait
changer des dates, changer des échéances. Le risque qui est mentionné là, bien,
il serait aussi vrai dans une entente contractuelle formalisée, mais l'entente
vérifiée par l'AMP serait la même exactement. Puis, encore là, pour moi,
c'est... c'est une mesure d'exception, sous certaines considérations. Par
exemple, on est arrivé dans une région, puis il n'y a pas de soumissionnaire,
puis on dit : Bien, on va... on va relancer de gré à gré, on va aller voir
pourquoi.
Alors, vous, votre réticence par rapport à
ces cas d'exception, où on viendrait dire : Oui, mais c'est les mêmes
termes et conditions exactement que celles qu'on a lancées au marché qui a été
infructueux... qu'est-ce qui... qu'est-ce qui vous... qui vous rend
inconfortables?
• (17 h 10) •
M. Hamel (Pierre) :Vous l'avez dit, M. le... Mme la Présidente, vous l'avez
dit, et on l'a bien écrit comme tel, de façon théorique, l'existence de ce
projet-là ou d'avoir un gré à gré éventuel dans les mêmes termes et mêmes
conditions, ça ne crée aucun problème. Ce que nous dit nos entrepreneurs
d'expérience, c'est que c'est susceptible... parce que, quand tu veux aller de
gré à gré et que tu n'as aucun soumissionnaire et que tu dois faire ton
travail, tu vas le chercher, ton gré à gré, tu vas le chercher, ton
soumissionnaire ou l'entrepreneur comme tel. Et peut-être que certains donneurs
d'ouvrage vont être très... comment je dirais, donc, respectent la lettre et
l'esprit de la loi. D'autres vont juste respecter peut-être l'esprit de la loi,
pas nécessairement la lettre.
En d'autres termes, un contrat, quand vous
le signez, il est identique, mais c'est vivant, un contrat. Et, si le donneur
d'ouvrage veut avoir quelqu'un à tout prix, il va dire : Signe-le, le
contrat, comme ça, mais les pénalités, on va s'entendre après, ou le délai,
bien, on va vous donner un peu plus de délai, on ne regardera pas... En
d'autres termes, l'application finale du... de l'élément en premier qu'on
signe, là, c'est... Même dans un contrat qu'on signe plus bas soumissionnaire
conforme, c'est vivant.
Alors, ce que nous disent nos gens, c'est :
Écoutez, là, ça ne sera pas les mêmes termes et conditions dans lesquelles ça
va se réaliser, il y a un risque comme tel qui est important, et c'est ça qu'on
veut amener à l'attention du gouvernement, c'est important.
M. Julien : Donc, il y a un
risque, puis j'entends ce que vous dites, puis moi, je suis un ancien
vérificateur, là, je comprends ce risque-là. D'un autre côté, pour moi... puis,
ce matin, on avait des intervenants qui disaient également : Tu sais, si
tu es allé en appel d'offres public, puis il n'y a personne qui... le problème,
c'est peut-être, en fin de compte, ton projet, puis la nature, puis tu as
peut-être des...
M. Julien : ...modification à
apporter pour retourner au marché, bien... mais alors j'entends bien ça, puis
on aura l'occasion d'en discuter. L'autre élément où... rappelez-moi votre
nom...
Mme Darveau-Breton (Gabrielle) : Gabrielle
Darveau-Breton.
M. Julien : oui, c'est tout
sur le volet vérification.... l'AMP, vérification sur non seulement les
actuelles, mais sur le passé, mais c'est toujours sur le volet intégrité et
toujours, en fin de compte... Parce que j'ai vu dans votre texte, puis j'ai
entendu ça aussi d'autres intervenants : Oui, mais là ça pourrait être
quelqu'un qui est amer puis qui essaie en fin de compte de... Puis là vous avez
parlé, naturellement, de... de la preuve sur... sous serment, mais ça ne sera
jamais de ça, là. L'AMP, puis on les reçoit après vous, je pense, là, l'AMP,
c'est sur des faits démontrables, vérifiables qu'ils interviennent, là, ce
n'est pas sur des ouï-dire. Alors, j'entends ce que vous me dites, mais l'AMP,
est-ce que vous avez, dans votre perspective, déjà observé que l'AMP, quand il
fait des vérifications, il allait sur des ouï-dire et uniquement sur une déclaration
sous-serment? C'est votre crainte?
Mme Darveau-Breton (Gabrielle) : En
fait, c'est que l'AMP, bien, c'est un nouveau pouvoir qui est octroyé de
pouvoir vérifier auprès... dans ses actionnaires, dans ses administrateurs,
bref, toute personne liée, et ce qui lui est permis, c'est de demander des...
tout renseignement ou tout document. Donc, ce qu'on comprend, c'est que ça...
Là, je comprends, là, vous dites : Pas d'ouï-dire, mais qu'est-ce qui nous
dit que ça n'en sera pas? Il est prévu tout renseignement, tout document, donc.
Puis c'est sûr qu'il y a une personne qui
va... qui va transmettre soit des documents ou des renseignements. Si elle a
une déclaration sous serment à signer, elle va y penser deux fois avant de le
faire. Donc, pour nous, c'est une mesure de protection. C'est un pouvoir qui
est déjà octroyé à l'AMP. C'est prévu dans le projet de loi n° 62 qu'elle
pourra demander une déclaration sous serment. Pour nous, c'est une protection
supplémentaire pour nous assurer évidemment qu'il n'y aura pas de déclaration
mensongère, parce qu'autrement on n'aura aucun moyen de le valider, là, du
moins avec la modification qui est... qui est prévue, on...
M. Julien : Parfait. Parce
que... parce que, pour moi, j'y vois une valeur ajoutée en termes de... ils ont
déjà le pouvoir d'enquête, d'aller sur ces éléments-là pour... pour la
démonstration de l'intégrité, j'entends des craintes qui sont nommées, là,
parce que des fois, là, il y a des choses qui se terminent mal dans la
passation. Donc, on en discutera avec l'AMP lors de leur visite, naturellement.
Globalement, par rapport à votre
association, les modes collaboratifs, comment c'est reçu par... par vos
membres? Et est-ce que vous estimez que les gains pour les donneurs d'ouvrage
et pour l'industrie sont partagés, et c'est une situation gagnant-gagnant
d'aller vers ces modes-là comparativement à ce qu'on vit actuellement?
M. Laurendeau (Martin) : Moi,
personnellement, je considère que tout... tout mode de réalisation qui permet
aux gens de se parler puis de travailler dans l'objectif commun du projet va
apporter des gains significatifs. Présentement, moi, j'opère quand même
beaucoup dans le mode traditionnel, on s'entend, puis ce que je me rends
compte, c'est que les gens sont souvent polarisés en fonction de leurs propres
intérêts. Je trouve très dommage, d'ailleurs, d'avoir vu évoluer les projets
dans les dernières années où chacun est vraiment en protection de sa partie et
non du projet. Et ça amène toutes sortes d'enjeux en cours de route.
M. Julien : Quand on faisait
notre tournée, on a observé aussi des... dépendant, là, peut-être plus avec
certains entrepreneurs généraux, mais peut-être aussi avec vos membres, mais on
nous disait : Ce n'est pas intéressant, même, c'est tellement rendu
complexe, ce n'est pas intéressant de travailler avec les donneurs d'ouvrage
publics. Est-ce que vous entendez ça auprès de vos membres?
M. Laurendeau (Martin) : Effectivement,
moi, j'ai vu la qualité des projets. En fait, pour vous dire, moi, je suis un
passionné de la construction, c'est ce que je fais à tous les jours. Puis je
vous dirais que ce qui va éventuellement précipiter ma sortie, là, qui n'est
pas pour demain, on s'entend, mais c'est le climat travail dans lequel on
opère, c'est vraiment rendu désagréable. Puis je vous dirais que, si vous
regardez les projets qui s'opèrent au niveau public présentement, du moment
qu'on dépasse un an, 12 mois, il y a un nombre significatif d'intervenants
qui sont remplacés en cours de route, puis ça témoigne d'un malaise, là, qui
est assez profond.
M. Julien : Parfait. Sur...
le projet de loi touche les organismes assujettis à la loi sur les contrats
d'organismes publics, puis sur... Là, on ne va pas dans le milieu... dans le
milieu municipal, puisque c'est d'autres cadres juridiques qui...
naturellement, on n'est pas fermés... je pense qu'on n'est pas fermés à l'idée
éventuellement de le regarder avec... avec ma collègue des Affaires
municipales, mais puisque c'est... puisque vous voyez que c'est bon pour les
donneurs d'ouvrage de la fonction... en tout cas, du gouvernement, de la... de
la SQI et ministère des Transports, vous voyez la même chose pour tous les
donneurs d'ouvrage publics pour vous?
M. Laurendeau (Martin) : En
fait, qu'ils soient assujettis à la même réglementation, pour ma part, n'est
peut-être pas l'enjeu principal. Ce que j'ai vu... une amélioration, là, au
cours des dernières années, mais qui est encore à parfaire, c'est l'uniformité
des processus, puis des...
M. Laurendeau (Martin) : ...document.
Moi, j'ai vu le cadre, là, administratif s'alourdir considérablement au cours
des 15 dernières années, et pas nécessairement pour des mauvaises raisons.
Le problème, c'est qu'on demande à une industrie, qui est à la base des
entrepreneurs, des innovants, de se structurer, mais se structurer sur quoi? On
travaille avec la SQI, qui est un bon donneur d'ouvrage, à ma lecture, on
travaille avec le ministère de la Santé, on travaille avec les écoles, qui ont
adopté... depuis quelques années, mais on est constamment à revoir le
processus. Puis n'importe quelle industrie qui veut devenir productive,
performante, mesurer sa qualité, mesurer son efficacité, à la base, ça part par
une uniformité, puis c'est absent présentement dans le marché.
M. Julien : Parfait. On se
donne, à l'intérieur... Vous avez certainement pris connaissance aussi de la
stratégie. Parce que, tu sais, le projet de loi, en réalité, c'est... c'est les
bases d'une stratégie. On a les règlements, que vous avez mentionnés, sur la
rapidité de paiement, qu'on y travaille, il y a la directive des projets
majeurs, puis on se fixe des objectifs. Puis, encore là, je vais... je vais
toujours revenir là-dessus, tu sais, on déduit jusqu'à 15 % de réduction
de coûts et 25 % de réduction des délais. Et, quand je parle avec certains
secteurs, tout le monde dit : Ça va être... Ça va être plus que 15 %
de réduction de coûts, d'autres me disent... Mais est-ce que, pour vous, à
l'évidence, ce qu'on a dans la stratégie et dans le projet de loi, là,
puisqu'il y a quand même les modes collaboratifs, est-ce que... est-ce que les
gens que vous représentez vous disent : Écoute, clairement, on va être en
mesure de sauver mutuellement temps et argent ou, pour eux, ce n'est pas si clair
que ça?
M. Hamel (Pierre) :Essentiellement, ce qu'on nous dit, c'est qu'il faut se
parler puis qu'on ne se parle plus. On ne communique plus. Le projet de loi
permet de communiquer puis de parler. Puis ça met... ça met en évidence les
lacunes du projet régulier, qui... auxquelles... on ne parle pas puis qu'on est
rendus qu'on est obligés d'avoir une loi pour se faire payer. Vous comprenez,
là? C'est quand même particulier, là, tellement les tensions sont... sont
difficiles. Alors, effectivement, nous, ce qu'on demande, c'est : trouvons
des forums, mettons sur pied un forum pour se parler pour pouvoir baisser la
tension. Puis que ce soit dans les contrats réguliers, sommes forfaitaires ou
les appels d'offres réguliers, ou que ce soient les contrats en mode
partenariat ou les anciens contrats mixtes qui deviennent des contrats... peu
importe, trouvons une façon de se parler. C'est payant. Vous en avez vous-même
fait la démonstration, M. le ministre. C'est... C'est dans ce sens-là qu'on
veut dire. C'est que ça va être payant. Si on se parle, ça va être payant sur
tous les types de contrats.
M. Julien : Mais moi, je
résume ça... Puis se parler, pour moi, ça permet deux choses qui sont assez
distinctes. Ça permet de ne pas se chicaner. Parce que, tu sais, puis je ne
veux pas être simpliste, là, mais des contentieux... le contentieux de la SQI
puis des contentieux des entrepreneurs ou des différents intervenants, là, ça,
ça n'amène pas de... pas de brique et puis pas de mortier, hein? Alors, ça, c'est...
c'est... peu importe l'argent qu'on met là-dedans, là, ce n'est pas... ce n'est
pas productif quand c'est sur confrontation. Puis l'autre élément, c'est de
bénéficier de l'expertise, l'expérience, parce que, quand on se parle, c'est
dire : Écoute, je connais ton objectif, mais as-tu pensé que si on faisait
ça de même, on l'atteindrait? Alors, tu sais, il y a un gain parce qu'on
partage nos compétences et nos expériences au bénéfice d'un projet commun, puis
il y a un gain parce que... Alors, vous les voyez, ces deux gains... ces deux
gains là? Puis est-ce que... est-ce que vos membres sont... se disent :
Aïe, moi, là, j'ai le goût de contribuer à la solution, puis on me... on ne me
laisse pas embarquer ou ils vous disent : Non non, ce n'est pas ça que je vis?
• (17 h 20) •
M. Laurendeau (Martin) : J'ai
la chance d'évoluer dans un petit milieu en Estrie où on a la chance de se
parler, en fait. Puis, dans les dernières années, où c'est devenu très intense,
qu'il y avait beaucoup de... en fait, d'appels d'offres qui n'avaient pas du
tout de soumissionnaires, ou très peu, j'ai eu la chance, à plusieurs reprises,
de parler avec des donneurs d'ouvrage public, puis, des fois, parce que leur
premier appel d'offres n'a pas été fructueux ou, des fois, parce qu'ils ne
voulaient pas arriver face à un mur, puis souvent, on trouvait des solutions.
Ils nous disaient : Qu'est-ce que... Est-ce que tu penses avoir le temps
de soumissionner pour ce projet-là puis le réaliser? Oui, le problème c'est
votre calendrier.
Je vais vous donner un autre exemple qui
est arrivé dans notre région. On a eu quelques maisons des aînés qui ont poussé
en même temps. En même temps que l'industriel est devenu très fort, qui était
peut-être un peu moins sur votre radar, il y avait une pénurie d'électriciens.
Quand on peut se parler en amont... Puis ça ne veut pas dire de faire un projet
100 % collaboratif, là. Un projet peut être collaboratif à 100 % sur
un projet d'une école secondaire de 150, 200 millions, mais sur de plus petits
projets, c'est peut-être des éléments de collaboration, avant le moment d'appel
d'offres, comment le réaliser, de permettre une fenêtre de temps aussi pour la
réalisation, au lieu d'imposer un calendrier qui est à ce point serré qui fait
qu'on...
M. Laurendeau (Martin) : ...on
n'est pas capable de trouver les équipes de travail pour réaliser le mandat.
Des fois, juste en changeant un petit peu les termes, on est capable d'aménager
une capacité de production.
M. Julien : Merci. Ça fait le
tour pour moi.
La Présidente (Mme Cadet) : Ça
fait le tour? Parfait. Merci. Donc, je passe la parole, alors, au député de
Nelligan. Vous disposez de 9 mins 46 s.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour. Merci pour votre présence. Je vais aller droit au but.
L'article 13, on va commencer avec l'article 13 parce que vous avez un
excellent échange avec le ministre, je n'ai rien à ajouter par rapport au mode
collaboratif, mais l'article 13, c'est quoi, votre interprétation? Pourquoi il
est ajouté dans ce projet de loi? Quel message vous avez reçu quand vous avez
vu l'article 13, hein? Dites-nous qu'est-ce que vous en pensez.
M. Hamel (Pierre) :Écoutez, essentiellement, le... on travaille sur les délais
de paiement depuis presque... plus de 10 ans, maintenant, pour essayer de
mettre en place un mode simple, facile, rapide, non judiciarisé, sans avocat,
pour régler rapidement les demandes de paiements puis les règles reliées à des
sommes d'argent qui sont reliées aux contrats.
Il y a des projets pilotes qui ont été
faits. Il y a les 180 projets aussi qui ont été accélérés et qui ont dû être
accélérés en fonction des règles de délais de paiement comme telles. Et il y a
des décisions qui ont été rendues qui sont satisfaisantes pour les donneurs d'ouvrage
ou qui ne le sont pas, et qui sont satisfaisantes pour les entrepreneurs ou qui
ne le sont pas.
En mettant... en mettant cette
décision-là, qui, d'ailleurs, n'est pas finale, ce n'est pas une décision
finale, c'est comme un processus pour déterminer qui doit payer qui, quand,
dans le cadre du projet. C'est un peu comme l'architecte qui détermine, bien
les travaux sont rendus à tel point, on va payer tel point. À la fin, là, ce
n'est pas l'architecte qui décide, c'est le juge, puis c'est la même chose pour
les paiements qui sont... qui sont dus, ou qui ne sont pas dus.
Or, ici, ce qu'on fait, c'est qu'en
mettant l'article 13 on permet d'annuler cette décision-là. Et ce qu'on fait,
c'est qu'on donne cette permission d'annuler cette décision-là dans les 30
jours de la décision. Or, si on regarde pourquoi, là, on dit... les motifs,
c'est : une partie n'avait pas la capacité de participer au processus de
règlement du différend. Est-ce qu'il faut attendre 30 jours de la décision pour
déterminer s'il y avait la capacité ou pas? C'est vraiment... c'est ridicule.
Le différend découle d'un contrat public ou d'un sous-contrat public qui n'est
pas valide. On le sait ou on ne le sait pas, immédiatement, pas besoin
d'attendre une décision qui va prendre 30 à 45 jours, rajouter 30 jours, aller
à la Cour supérieure, attendre la décision de la Cour supérieure, aller en Cour
d'appel, puis dire : Ah! vous avez raison, on annule la décision et là on
vient. On parle d'un an, de l'argent d'avocats, ce qu'on ne voulait pas, initialement.
C'est ça qu'on ne veut pas.
La décision... Le processus de règlement
est mené par une personne qui n'était pas accréditée... accrédite, on le sait
ou on ne le sait pas, s'ils sont accrédités d'entrée de jeu, derechef, sans
coup férir, ipso facto. Écoutez, c'est... Pas besoin d'attendre 60 jours pour
pouvoir dire : Bien, écoute, je vais le contester. Les processus, ils
n'ont pas été suivis. Imaginez-vous, là, moi j'ai un... je demande un paiement,
j'ai... le décideur a 30 jours, plus 15 jours, 45 jours, il prend 48 jours, ou
52 jours, ou 120 jours, et là on reçoit la décision. Si on est favorable, on
n'ira pas en annulation, mais si elle est défavorable, bien là, on a un recours
en annulation.
Tout ça, là, ce que ça fait, plutôt que de
dire : On arrête les choses, on n'est pas d'accord avec la décision, on la
subit, mais on a nos recours en Cour supérieure puis on va y aller, en Cour
supérieure, chercher l'argent qu'on a payé en trop, comme c'est prévu
actuellement. Là, ce que ça fait, ça fait que si les donneurs d'ouvrage ne sont
pas satisfaits de la décision, ils vont obliger les entrepreneurs à prendre des
recours en Cour supérieure pour faire valoir la décision. Sinon, bien là, les
entrepreneurs vont être obligés de... de faire une réclamation, comme ils
peuvent le faire actuellement.
Alors, ce que ça fait, ça, ça soutire
possiblement une des parties à l'obligation d'aller devant les tribunaux en
Cour supérieure pour faire valoir la vraie raison et le vrai motif pourquoi
tout ça est mis en place : pour se faire payer. Alors, l'annulation de la
décision n'a aucun impact sur le paiement...
M. Hamel (Pierre) :...on ne règle pas qui doit payer qui ou quoi, on fait
juste dire que la décision qui était rapide, qui était faite pour être rapide,
pour être... pour pouvoir servir l'industrie, pouvoir servir le développement,
bien là, elle est annulée. Ça fait qu'on prend une autre décision. On ne va
nulle part avec ça. Ce n'est pas... Ça ne crée pas de la... Ça ne crée pas de
valeur, ça ne crée pas de richesse, ça fait juste créer des problèmes. Et si
les entrepreneurs se trouvent dans ces situations-là, obligés d'engager des
avocats pour ça, bien, ça va décourager l'utilisation du système. C'est ça
qu'on veut dire.
M. Derraji : Oui. Bien, je...
À moins que si vous voulez ajouter quelque chose d'autre.
M. Hamel (Pierre) :Non, non, non. Bien, écoutez...
M. Derraji : Non, mais
écoutez, écoutez, vous m'avez...
M. Hamel (Pierre) :Moi, j'ai pas mal tout dit.
M. Derraji : Non, non, mais
vous m'avez impressionné. Écoute, moi, je vous ai oublié, je regardais juste le
ministre. J'espère qu'il a bien pris des notes parce que, sérieux, c'est très
intéressant. Là, moi, je n'ai aucun problème, si vous voulez seconder, je peux vous
donner mon temps et dire qu'il a fait un excellent exposé. Parce que si on ne
vous écoute pas aujourd'hui, écoutez, M. le ministre, franchement, écoute, je
n'ai jamais... et j'ai rarement vu une si bonne implication en commission
parlementaire. Je vous remercie, ça démontre que vous étiez prêt.
Mais moi, j'ai une sous-question.
M. Julien : ...
M. Derraji : J'ai une
sous-question. Qui avait besoin de ça? Pourquoi ? On dit... depuis le début, on
parle de la collaboration. Un esprit de collaboration, c'est que je ne vais pas
penser que ça ne va pas marcher. C'est vrai, on doit toujours mettre en place
des mécanismes pour s'en sortir. Mais une approche où on se dit, dès le départ,
on veut collaborer, est-ce que ça envoie un message négatif? En fait, le but
qu'on cherche avec ce projet de loi, on le perd.
M. Hamel (Pierre) :À l'égard de l'article 13 spécifiquement, je dirais,
là, que lui qui parle de paiement comme tel. Effectivement, comme on dit, la
loi dans l'industrie de la construction, c'est celui qui a l'argent dans ses
poches.
M. Derraji : Oui.
M. Hamel (Pierre) :Alors, quand il y a un risque qu'elle sorte de tes poches,
bien là tu négocies mieux, tu es plus collaboratif, si on veut.
M. Derraji : ...
M. Hamel (Pierre) :On s'entend. Mais si tu as des possibilités de te soutirer
de ça puis de le faire autrement, tu ne paieras pas. Essentiellement, c'est ça.
Malheureusement, c'est ça.
M. Derraji : Ah! oui.
M. Hamel (Pierre) :Et tous ces processus-là font en sorte que ça rend... ça
serait encore plus compliqué de se faire payer alors qu'on voulait trouver une
solution simple pour que ça se règle rapidement sans brimer les droits des
parties une fois le projet réalisé.
M. Derraji : Mais, M. Hamel,
vous êtes très convaincant, avec votre permission, Mme la Présidente, moi, ça
ne me dérange pas. Est-ce qu'ils vous ont convaincu, M. le ministre? Je sais
que je n'ai pas le droit de vous le dire, mais, sérieux, moi, je n'ai pas... Je
suis généreux.
M. Julien : Vous pouvez dire
qu'est-ce que vous voulez?
M. Derraji : Vous pouvez leur
poser la question par rapport à l'article 13, c'est le fond. Moi, je vais
arrêter de poser des questions sur l'article13. Vous avez vu les anciens groupes,
qu'est ce qu'ils ont dit. Mais, sérieux, le premier groupe qui nous a expliqué
clairement les enjeux avec l'article 13. Je sais que votre volonté c'est
de la collaboration. Moi, je n'ai aucun problème. Vous voulez utiliser mon
temps, leur poser la question sur le fond du 13 parce que je veux qu'on règle
cette question. Moi, je n'ai pas de problème, si... Dans un esprit de
collaboration, je vous offre quelques secondes par rapport à l'article 13.
M. Julien : Bien, merci,
merci.
M. Derraji : Ce qu'ils
ramènent, c'est très important. Moi...
• (17 h 30) •
M. Julien : Alors, merci.
Alors, je vais prendre ce temps-là. Alors, j'entends bien ce que... ce qui est
mentionné. Naturellement, là, quand on ira dans l'article par article, on verra
la teneur de l'article 13. Parce que vous mentionnez des choses qui
peuvent laisser présager que c'est beaucoup plus en termes de processus...
non-respect du processus, bien que vous ayiez nommé plusieurs éléments, en fin
de compte, qui pourraient nous amener à l'utilisation, de part et d'autre,
hein? Ce n'est pas... Ce n'est pas juste le donneur d'ouvrage public, mais
c'est aussi l'autre partie qui pourrait l'utiliser. Mais j'entends bien ce que
vous me dites. Puis c'est vrai qu'en apparence c'est comme si on alourdit
quelque chose qu'on veut régler, alors on verra si on peut le circonscrire et
comment on peut le faire, de manière plus spécifique, sur le non-respect du
processus de cet indépendant-là. On le regardera attentivement, parce que vous
n'êtes pas le premier à le mentionner. Mais vous êtes celui qui l'a fait avec
une verve assez convaincante.
M. Derraji : En termes de jeu
d'échecs, vous venez de faire un échec et mat. Parce que, sérieux, il vient
de...
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Derraji : ...il vient
de... d'avouer son ouverture. Moi, j'adore ce genre de collaboration.
D'ailleurs, c'est mon attitude. C'est un... C'est une...
Des voix : ...
M. Derraji : Ah oui, c'est
une bonne nouvelle. C'est une bonne... C'est une...
Une voix : ...
M. Derraji : Oui. C'est une
bonne ouverture. Mais, sérieux, parce que vous êtes le premier qui l'explique
très bien. Moi, j'aime... j'aime ce que le ministre vient de dire, parce que,
de part et d'autre, on peut l'interpréter, mais je ne pense pas que l'idée de
les... le législateur, c'est rendre la chose beaucoup plus complexe. Ce qu'on
vous suggère, prenez le temps. Moi, je ne sais pas à quel moment on va
commencer à l'étude détaillée, mais, si vous avez des commentaires pour soit
clarifier... Je sais que vous, votre demande, elle est très claire. Vous
recommandez au gouvernement le retrait tout simplement de l'article 13.
Mais, à la lumière de ce qui a été expliqué, mentionné par le ministre
maintenant, proposez-nous des amendements par rapport à l'article 13. Dans
un monde idéal, écoutez, on va l'amender, on va l'enlever, mais il...
17 h 30 (version non révisée)
M. Derraji : ...il faut se
donner quand même... si j'ai bien compris la présentation du ministre, d'aller
vraiment dans le détail de l'article 13. Merci...
La Présidente (Mme Cadet) : C'est
tout le temps... Merci beaucoup, M. le député de Nelligan, c'est tout le temps
dont vous disposez. À vous maintenant la parole, Mme la députée de Verdun. Vous
avez 3 min 15 s.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup. Merci encore une fois pour votre présentation. Étant donné qu'on n'a
pas beaucoup de temps, je vais aller directement à ma question, c'est par
rapport à votre recommandation 8, ce qui concerne d'étendre l'application
de la LCOP et les règlements qui découlent ainsi, la juridiction de... excusez
moi, l'ensemble des municipalités. J'aimerais ça vous entendre un peu plus là-dessus,
pourquoi c'est important que ça touche aussi les municipalités puis les
contrats octroyés par les municipalités.
M. Laurendeau (Martin) : En
fait, moi, j'opère régulièrement des projets avec les municipalités. Puis je
comprends que c'est un peu différent des organismes publics, mais nous, ce qui
est important, c'est l'uniformité des processus puis l'uniformité du règlement
des différends, du cadre de gestion. On n'est pas toujours en confrontation,
mais c'est important que les entrepreneurs aient un processus uniforme pour qui
travailler. Puis je peux vous dire que depuis presque 20 ans, mon implication
au niveau de l'ACQ, ça a toujours été un enjeu que les municipalités étaient...
ce que je pourrais dire une bibitte à part du reste du gouvernement. Ça a
toujours causé des problèmes. Puis, aujourd'hui, ce qu'on voit de plus en plus,
c'est que les municipalités ont de plus en plus de gros projets, elles ne
bénéficient pas nécessairement d'infrastructures, surtout quand on parle de
petites municipalités. Des fois, vous seriez surpris de voir qu'ils n'ont à peu
près pas de services techniques. Donc, la protection d'une loi, d'une
réglementation qui est uniforme, nous aide à conduire les projets puis il y a
beaucoup moins... ça donne beaucoup moins de confrontations puis de litiges.
Mme Zaga Mendez : ...Est-ce
qu'il y a d'autres conséquences de ne pas le faire, de ne pas étendre aux
municipalités? Là, vous avez parlé d'uniformité. Est-ce que vous sentez que ça
crée aussi deux types de chantiers, de scénarios, là, pour les appels d'offres?
M. Laurendeau (Martin) : Je
ne suis pas sûr de bien répondre... de comprendre, mais vas-y.
M. Hamel (Pierre) :Il y a différentes approches. Les municipalités peuvent faire
à peu près ce qu'ils veulent dans leur contrat. Évidemment, il y a la Loi sur
les cités et villes, la loi sur... et, bien... puis il y a une partie... ils
sont déjà assujettis par une partie au niveau des contrats, là, en matière de l'Autorité
des marchés publics puis les... Alors, ils sont à cheval entre la Loi sur les
contrats des organismes publics, mais ils ont aussi leur loi. Mais ils veulent
que, dans leur loi... parce que c'est à cause de l'autonomie municipale, ils
veulent avoir les mêmes dispositions que dans la Loi sur les contrats des
organismes publics. Mais, des fois, il y a des petites variantes. Ce qu'on
explique, ce qu'on essaie de faire depuis des années, on a réussi à le faire
avec... en 2008 avec la création de la Loi sur les contrats des organismes
publics, c'est d'avoir de l'uniformité dans le cadre administratif et
législatif et réglementaire pour les entrepreneurs, pour les ingénieurs, pour
les architectes, pour les estimateurs, pour tous ceux qui travaillent dans les
municipalités, dans les commissions scolaires, dans les universités qui
partagent le même type de gestion, comme on dit, et qui favorisent tout
simplement une uniformité pour construire de la jurisprudence, développer des
processus, etc.
La Présidente (Mme Cadet) : Merci
beaucoup, Me Hamel.
M. Hamel (Pierre) :Merci.
La Présidente (Mme Cadet) : C'est
terminé. Donc, merci. Donc, à vous maintenant la parole, M. le député de
Jean-Talon, pour 2 min 29 s.
M. Paradis : Merci beaucoup.
Vous avez des recommandations fort claires, bien, notamment sur l'article 13
dont vous avez discuté avec mon collègue le député de Nelligan. Je vois que
vous recommandez aussi le retrait de l'article 7 et vous recommandez
également le retrait, je pense, complet, de l'article 2, celui qui permet
d'octroyer de gré à gré des contrats au terme d'un appel infructueux quand il n'y
a pas de... aucune soumission conforme. J'imagine que cette recommandation-là s'applique
aussi aux dispositions corollaires plus loin dans le projet de loi, les
articles 45, 46, 47, 48, là, qui prévoient la même chose pour les...
Des voix : ...
M. Paradis : Oui, très bien.
Dans les angles morts du projet de loi n° 50... du
projet de loi n° 62, j'ai bien noté aussi que vous
parlez du problème qu'il y a peu d'entreprises qui vont pouvoir se qualifier
pour ce nouveau processus-là, et donc il y a un risque de réduction de la
concurrence si on l'utilise. Vous nous parlez de formation, de l'importance de
la formation pour que plus d'entreprises puissent se qualifier, mais aux fins
du projet de loi, est-ce que vous avez des recommandations particulières sur
les dispositions que vous allez... que nous allons étudier, compte tenu de
cette crainte que vous exprimez?
M. Hamel (Pierre) :Sur le plan législatif, je ne sais pas jusqu'où...
M. Hamel (Pierre) :...il serait opportun d'aller, mais ce que... ce qu'on veut
expliquer, c'est que l'outil qu'on donne aux donneurs d'ouvrage publics, là,
c'est eux qui doivent le développer. C'est eux qui doivent exercer un
leadership puis aller chercher la concurrence, aller chercher... s'assurer que
les entreprises grandissent avec le phénomène et puissent faire quelques
projets pour apprendre à fonctionner, avoir du personnel, être capable de
développer de la gestion, parce que c'est beaucoup de gestion ça. C'est... On
est ailleurs, et pour les donneurs d'ouvrage, et pour les entrepreneurs. Alors,
c'est ça qu'on veut dire. On veut permettre aux donneurs d'ouvrage d'avoir une
espèce d'obligation de développer ou d'exercer le leadership pour amener
l'industrie avec eux, parce que les entrepreneurs, ils répondent à l'industrie.
Quand même qu'on serait capable d'aller sur la Lune, si les donneurs d'ouvrage
ne veulent pas aller sur la Lune, ça ne sert à rien. Ça fait qu'on répond aux
donneurs d'ouvrage, puis ce qu'ils veulent, si c'est clair, si c'est précis, on
va s'organiser tranquillement, puis on va se rendre là, mais on a besoin que
tout le monde embarque.
La Présidente (Mme Cadet) : 10 secondes.
M. Paradis : Est-ce que la...
une meilleure définition des projets visés, parce que vous en parlez dans votre
mémoire, c'est aussi une partie de la solution peut-être?
La Présidente (Mme Cadet) : En
une seconde, allez-y.
M. Hamel (Pierre) :Oui, une partie.
La Présidente (Mme Cadet) : Merci
beaucoup. Donc, cette période d'échanges, donc, est terminée. Donc,
Me Hamel, M. Laurendeau, Me Darveau-Breton, merci pour votre
contribution à ces travaux. Je suspends cette commission jusqu'à
19 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 38)
18 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 19 heures)
La Présidente (Mme Cadet) : À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des finances publiques reprend ses
travaux. Donc, je demande, donc, à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques, c'est le cas de
le dire.
Donc, je souhaite maintenant la bienvenue
à nos prochains intervenants, donc, de l'Autorité des marchés publics, M.
Bouchard, Mme Marcoux, M. Trudel et M. Vézina. Donc, à vous la parole.
Mais, bien, avant ça, donc, aujourd'hui,
nous poursuivons les consultations particulières et auditions publiques sur le
projet de loi no 62, Loi visant principalement à diversifier les stratégies d'acquisitions
des organismes publics et à leur offrir davantage d'agilité dans la réalisation
de leurs projets d'infrastructures.
Donc, comme, donc, la séance a commencé à
19 heures, donc, je n'ai pas besoin, donc, de demander votre consentement pour
poursuivre au-delà de l'heure prévue. Donc, vous pouvez commencer votre exposé
d'une durée de 10 minutes. Merci.
M. Trudel (Yves) : Merci.
Alors, Mme la Présidente, M. le ministre responsable des Infrastructures, Mmes,
MM. les députés, j'ai le plaisir de m'adresser à vous dans le cadre des
consultations particulières sur le projet de loi no 62.
D'emblée, je vous rappelle brièvement le
rôle de l'Autorité des marchés publics. Depuis cinq ans, l'AMP a le mandat d'assurer
la surveillance des marchés publics au Québec. Nous agissons auprès des
organismes publics et municipaux afin qu'ils respectent le cadre normatif de
gestion contractuelle auquel ils sont assujettis, notamment la Loi sur les
contrats des organismes publics. Notre travail s'effectue également en matière
de vérification d'intégrité des entreprises, afin de nous assurer que seules
les entreprises intègres aient accès aux marchés publics et obtiennent les
contrats, et ce, afin de favoriser une plus grande concurrence.
Dans l'optique où nous souhaitons voir un
changement de culture en gestion contractuelle, depuis 2020, nous innovons par
notre approche d'intervention, qui se veut une manière proactive d'identifier
les manquements avant que le préjudice ne soit causé, et donc, de permettre à
la concurrence de s'exercer. Cette approche...
19 h (version non révisée)
M. Trudel (Yves) : ...d'intervention
auprès des organismes publics et des municipalités aura permis l'apport de
correctifs pendant le processus d'appel d'offres.
Au cours des deux dernières années, nous
sommes intervenus dans environ 1 500 processus d'appels d'offres ou
lors de publications d'un avis d'intention afin de conclure un contrat de gré à
gré, ce qui représente une moyenne de trois fois par jour.
Le succès des interventions de l'AMP se
caractérise par sa présence sur le terrain. Nous intervenons dans les bureaux
des entreprises, visitons les chantiers, rencontrons des donneurs d'ouvrage et
des entrepreneurs directement où les travaux s'effectuent. Ces visites nous
procurent énormément d'informations sur la façon dont le marché se comporte,
sur les problématiques rencontrées, les facteurs qui affectent la concurrence,
la transparence et l'équité au sein des marchés publics, notamment le peu de
soumissionnaires répondant aux appels d'offres.
C'est donc sur la base de notre expertise
développée au fil des ans et la connaissance du marché et des échanges que nous
avons avec nos différents partenaires que nous formulons nos constats au regard
de ce projet de loi.
Nous tenons d'abord à vous mentionner que l'AMP
souscrit aux objectifs et aux orientations visés par ce projet de loi. D'ailleurs,
l'AMP salue tout changement législatif permettant une plus grande agilité aux
marchés publics tant que ces changements n'ont pas pour objectif d'exclure les
organisations publiques des règles, et que les changements ne restreignent pas
la concurrence, l'équité et la transparence.
Ce projet de loi confère notamment à l'AMP
des pouvoirs additionnels lui permettant d'exiger de toute personne de lui
remettre des documents et des renseignements pertinents nécessaires aux fins de
vérifier si une entreprise satisfait aux exigences d'intégrité. Cette
disposition permettra à l'AMP de compléter ces vérifications auprès des tiers
concernés.
Finalement, cette disposition est d'autant
plus importante que nous constatons, à l'intérieur de nos mécanismes de
surveillance, de plus en plus la présence du crime organisé, de la collusion et
le partage de territoire.
Bien que les objectifs de ce projet de loi
soient louables, il est important pour l'AMP de soulever quelques dispositions
qui, à notre avis, constituent des risques pour les marchés publics. D'une
part, sur la capacité de l'AMP d'exercer la surveillance... sa surveillance et,
d'autre part, sur les brèches qui pourraient s'ouvrir quant à l'absence de
concurrence dans certains appels d'offres et à la transparence du processus
contractuel.
Actuellement, lors de l'attribution d'un
contrat de gré à gré pour motif qui ne servirait pas l'intérêt public, un avis d'intention
de 15 jours est publié au Service électronique... au Système électronique d'appel
d'offres avant la conclusion du contrat. Ceci permet à l'organisme public de
signifier son intérêt à travailler avec un fournisseur potentiel. Suivant la
publication, d'autres fournisseurs peuvent faire part de leur intérêt en
fonction de leur capacité à réaliser le contrat. Avec le p.l. 62, cet avis
d'intention ne serait plus requis, notamment lorsqu'aucune soumission conforme n'a
été présentée dans le cadre d'un appel d'offres avec certaines conditions, dont
celles prévues à l'appel d'offres demeurant les mêmes, à l'exception du délai
de réalisation.
Pour l'AMP, cela pose certains enjeux. D'abord,
un enjeu de transparence puisque l'on ne connaîtrait le fournisseur ciblé qu'une
fois le contrat conclu, ce qui va à l'encontre des principes de transparence de
la LCOP. Cela empêcherait l'AMP de jouer son rôle de surveillance avant l'octroi
du contrat, puisque... puisqu'elle pourrait agir de façon plus limitée
uniquement qu'au terme de la conclusion du contrat, alors que présentement,
nous intervenons en amont. Il n'y avait pas non plus de possibilité pour une
entreprise qui s'estimerait lésée de porter plainte pendant le processus d'attribution.
De plus, cette façon de faire pourrait
avoir le caractère insidieux, où des entreprises ne soumissionneraient pas sur
les contrats en attendant de recevoir une invitation à conclure un contrat de
gré à gré, et ce, particulièrement dans les régions où il y a peu de
concurrence. Les coûts de réalisation pourraient ainsi être plus élevés qu'anticipé
lors du lancement de l'appel d'offres.
D'autant plus qu'en matière de contrats de
gré à gré, nous sommes à même de constater une tendance à la hausse du recours
à ce type de sollicitation. Selon les données produites par le secrétariat du Conseil
du trésor, le recours au gré à gré a augmenté de 30 % dans les trois
dernières années. En comparaison, le recours à l'appel d'offres public n'a
augmenté que de 8 % pendant la même période. Nous avons déjà de l'information
d'entrepreneurs qui soulignent de ne pas vouloir participer aux appels d'offres,
car les besoins y sont mal définis. Les donneurs d'ouvrage veulent aller trop
vite...
M. Trudel (Yves) : ...causant
ainsi des problématiques lors de l'exécution.
Comme mentionné précédemment, l'objectif
de réaliser les projets plus rapidement et à moindre coût ne doit pas se faire
au détriment des bonnes pratiques et de la qualité. Nous désirons ici citer en
exemple le travail de surveillance de l'AMP réalisé dans le cadre des
180 projets visés par la Loi sur l'accélération de certains projets
d'infrastructure, particulièrement pour la construction des maisons des aînés,
de même que celui réalisé dans le cadre de l'examen de la gestion contractuelle
du ministère des Transports et de la Mobilité durable durant... dont le rapport
de notre surveillance a été déposé en novembre dernier.
Les témoignages recueillis auprès des
entrepreneurs et des donneurs d'ouvrage nous indiquent clairement que la
plupart des manquements sont liés à un manque de planification qui se veut
l'étape la plus importante puisqu'en découlent l'analyse des besoins,
l'estimation des coûts et l'analyse du marché.
Il ne faudrait pas qu'un projet, aussi
pertinent soit-il, réalisé dans un laps de temps trop court et à moindre coût,
finisse par coûter plus cher à long terme aux contribuables québécois en raison
d'étapes sacrifiées au nom des délais et des coûts.
Une étude récente des HEC Montréal à
propos des coûts des projets de transport collectif au Québec apporte
d'ailleurs un éclairage sur les impacts d'un manque de planification par la
CDPQ Infra pour le projet du REM, qui a entraîné des retards de trois ans et
une augmentation des coûts de 45 %.
Une étude souligne également l'importance
de l'étape de planification sous la formule «think slow, act fast», donc
prendre plus de temps à l'étape de la planification et, une fois celle-ci bien
complétée, on pourra agir plus vite.
Nous proposons quatre amendements qui nous
apparaissent importants : que l'autorisation ministérielle permettant à un
organisme public de conclure un contrat de partenariat puisse être accompagnée
de conditions déterminées par ce ministre s'il le juge opportun; que l'AMP
puisse émettre des recommandations au ministre responsable, à l'instar de ce
que sa loi constitutive lui permet de faire à l'égard du président du Conseil
du trésor et du ministre responsable des Affaires municipales; que l'AMP ait
accès aux renseignements et aux documents disponibles dans la salle de
documentation électronique, non seulement dans le cas d'une plainte, mais en
tout temps en lien avec sa mission de surveillance.
Concernant l'article 2 du p.l. 62
faisant référence à l'article 13.1 de la LCOP, nous recommandons que les
détails du contrat conclu sans publication d'avis d'intention soient inscrits
lors de la conclusion du contrat au SEAO.
De plus, nous remarquons qu'à
l'article 9 une différence de traitement quant au moment de la détention
de l'autorisation... de l'autorisation de contracter entre un contrat de
partenariat et les autres catégories de contrats tel qu'il a été adopté en 2022
dans le cadre de la Loi 18.
• (19 h 10) •
En conclusion, vous aurez donc compris que
l'AMP doit pouvoir continuer à exercer son rôle de surveillance des marchés
publics et s'assurer que les fonds publics sont bien investis, il en va du
maintien de la confiance des contribuables québécois à l'égard des
organisations publiques qui investissent l'argent de nos taxes et de nos impôts
pour bâtir et maintenir en état des infrastructures dont ils ont besoin.
Je termine en mentionnant que l'avis de...
que de l'avis de l'AMP, peu importe les modifications qui seront apportées au
cadre normatif par ce projet de loi, tant et aussi longtemps que les donneurs
d'ouvrage ne consacreront pas le temps nécessaire à la planification des
projets d'infrastructure, à la définition des besoins et à la qualité des
devis, l'explosion des coûts et des délais de réalisation dans les projets
d'infrastructure continueront de survenir.
Soyez assurés que tout notre personnel est
investi, mobilisé et déterminé à réaliser la mission de surveillance de l'AMP
telle que vous nous l'avez confiée.
La Présidente (Mme Cadet) : Merci.
M. Trudel (Yves) : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Cadet) : Merci
beaucoup à vous. Donc, M. le ministre, la parole est à vous pour
16 min 30 s pour la période d'échange.
M. Julien : Merci, Mme la
Présidente. Bien, merci beaucoup pour votre présentation. J'anticipais celle-là
avec un peu fébrilité, parce que vous êtes un peu notre caution morale dans...
dans ce dossier-là, hein, toute la crédibilité quand l'Autorité des marchés
publics vient ici. Tu sais, l'industrie souhaite des choses puis, bien, la
crédibilité est beaucoup axée sur votre point de vue par rapport aux enjeux de
concurrence, aux enjeux d'équité, d'intégrité. Alors, je suis... je ne suis pas
agréablement surpris parce que je ne suis pas surpris, je pense qu'on est à la
bonne place, mais je suis heureux et satisfait de voir votre appréciation
générale et les éléments que vous... vous pointez de manière spécifique.
Vous avez parfaitement raison, pour nous,
la planification c'est... c'est l'élément fondamental en termes de maturité et
de préparation pour permettre les...
M. Julien : ...efficience dans
un processus de réalisation de projets. C'est sûr que la loi, ce n'est pas...
tu sais, la stratégie prévoit des mesures très robustes, à la fois en termes de
capacité de marché et de maturité des avant-projets, via différents règlements
et directives. Alors, pour nous, c'est essentiel, puis on joint complètement
vos commentaires à cet effet-là. Puis ce n'est pas nécessairement à l'intérieur
de la loi qu'on y arrive, mais à travers différents... différents gestes
réglementaires.
Vous avez aussi des recommandations. Puis,
d'entrée de jeu, là, la trois et la quatre, là, c'est celles où est-ce que vous
dites : On aimerait ça qu'à l'AMP avoir accès... accès aux documents
disponibles, là, dans la salle de documentation, bien... bien honnêtement, je
ne vois pas d'enjeu, donc on va voir comment qu'on peut s'assurer de ça. Et le
4, je comprends bien que ce qu'on souhaite, c'est que, si on s'en va dans
une... dans le 13.1 de, sans avis d'intention, qu'il n'y ait pas de délai
entre... entre l'autorisation du contrat et sa publication pour que vous l'ayez
séance tenante, pour pouvoir agir, en tout cas, plus au moment opportun, le cas
échéant, que ça arrive... c'est bien ma compréhension de votre recommandation
quatre?
M. Trudel (Yves) : Tout à
fait.
M. Julien : Parfait.
M. Trudel (Yves) : Exactement
ça.
M. Julien : Parfait.
M. Trudel (Yves) : Il faut
comprendre, Mme la Présidente... il faut comprendre ici, ce qu'on veut dire,
c'est qu'on comprend qu'après un appel d'offres infructueux, parfois deux, à un
moment donné, le ministère doit livrer ce qui est prévu pour le besoin du
citoyen en fonction d'une infrastructure quelconque. Donc, on est capable de
comprendre qu'en faire trois ou quatre, ça ne donnera pas grand-chose. Ceci
dit, avec notre modèle d'intervention, avec l'avis d'intention, on est capable
d'agir quand on voit la publication de l'avis d'intention. Et, à ce moment-là,
bien, on suit le projet.
Présentement, dans la loi actuelle, c'est
30 jours après la conclusion d'un contrat qu'on doit l'inscrire au SEAO.
Dans ce 30 jours là, c'est trop long pour nous parce qu'on ne sera pas
capable de faire notre travail efficacement. Et ce qui va arriver, en principe,
les travaux vont avoir débuté, puis là on va devoir prendre une décision, ou on
résilie, ou on suspend, ou on dit à l'organisme public : Recommence. Donc,
au tout début, lors de la conclusion du contrat, si vous gardez cet article-là
dans le projet de loi, ça nous permettra d'agir avant que les travaux
commencent, et là on rendra la décision qu'on a à rendre.
Ce qui est important de retenir ici, c'est
qu'à date, en cinq ans, on n'a jamais, jamais mis fin à un contrat de gré à gré
d'importance, ce n'est pas arrivé. On a agi en amont, on est intervenu en amont
souvent. Là, on pourrait probablement, si la loi est adoptée telle quelle, puis
cet article-là, il serait possible qu'on résilie des contrats puis qu'on
suspende des contrats comme... comme les pouvoirs qu'on a pour le faire.
M. Julien : Parfait. Donc, ce
délai-là, en fin de compte, de publication, plus il est long, moins, en fin de
compte, ça vous permet d'agir. Vous n'avez pas l'information, donc. Alors, si
moi, c'était séance tenante... bien, c'est-à-dire le moment de le saisir, là,
mais une journée , là, mais...
M. Trudel (Yves) : Oui, oui.
M. Julien : Mais pas
30 jours, comme...
M. Trudel (Yves) : Exactement.
M. Julien : Bon, O.K.,
parfait. Mais il y a plusieurs choses. On observe, on a... on a sorti des
statistiques, là, pour... pour préparer la stratégie sur le... Pour moi, un des
indicateurs que ça va bien ou moins bien, c'est on... sorti pour tous les
appels d'offres publics à travers le Québec, le nombre de soumissionnaires
moyen entre 2018 puis 2022-2023, 2018-2019, 2022-2023. Ce qu'on a observé, là,
c'est... c'est passé, sur les milliers de contrats qui ont été donnés, de
3,78 soumissionnaires en moyenne à 3,29 en moyenne. Alors, quelqu'un va
dire : Bien, c'est encore au-dessus trois, mais c'est une réduction de
13 % sur un volume de plus... de milliers de contrats au Québec. Alors,
c'est une réduction du nombre de soumissionnaires moyen par appel d'offres
public. Comment vous expliquez cette réduction-là?
M. Trudel (Yves) : Cette
déduction-là?
M. Julien : Cette
réduction-là.
M. Trudel (Yves) : Présentement,
on est en train d'analyser ce facteur-là parce que c'est préoccupant, que...
qu'on augmente les contrats en gré à gré et qu'on diminue les soumissions dans
les appels d'offres publics. C'est préoccupant pour nous, et on est en train
d'analyser cette situation-là. On en a encore pour plusieurs mois d'analyse.
M. Julien : Mais quand...
moi, ma préoccupation, c'est-à-dire que, quand je m'en vais en appel d'offres
public, puis j'ai moins de soumissionnaires, puis... puis ce que j'entends dans
le marché, parce que, tu sais, le marché peut dire des choses, l'industrie peut
me dire des choses, puis moi, bien, je dois valider ça. On me dit
souvent : Bien, c'est moins intéressant de faire affaire avec le public
parce que c'est compliqué, parce que c'est lourd, parce que... Puis, en
réalité, on observe une réduction du nombre de soumissionnaires appels d'offres
publics par appels d'offres publics, sur une base de cinq ans, de 13 % sur
un volume de plus de 5000 contrats par année. Donc, ce n'est pas une marge
d'erreur, là, c'est clairement une réduction assez importante...
M. Julien : ... Est-ce que le
mode collaboratif qu'on préconise... Puis vous n'êtes pas contre, bien au
contraire, là, vous dites «plus d'agilité». Nous, on pense que c'est un mode
qui va rendre plus intéressante la relation, la relation entre le secteur
public, le donneur d'ouvrage et l'industrie, justement pour faire en sorte que
les gens soient plus intéressés de faire affaire avec nous. Alors, est-ce que
vous croyez que c'est le cas, quand vous observez ce qui se passe ailleurs? Et
est-ce que, pour vous, ça amène des risques supplémentaires dans ce mode
d'adjudication, là, au-delà des éléments que vous avez mentionnés? Mais vous
n'êtes pas sur le mode collaboratif dans vos critiques. Alors, est-ce que vous
estimez que ça amène des risques supplémentaires, cette attribution... ce mode
de collaboration dans l'entente contractuelle?
M. Trudel (Yves) : Non, je ne
crois pas que ça amène des risques supplémentaires. Au contraire, on y
souscrit, parce que l'objectif de cette loi-là, si je la comprends... si je les
comprends bien, c'est ouvrir à la concurrence. Évidemment, vous comprendrez
qu'«ouvrir à la concurrence», c'est doux à notre oreille, bien entendu. Donc,
moi, je n'y vois pas de problématique et de risque additionnel, non.
M. Julien : Parfait. On a eu
des discussions avec des intervenants préalables, puis alors j'ai dit :
Bien, on... j'allais prendre une expression... on va parler avec la personne
concernée. J'allais prendre une autre expression, parce que... On vient ajouter
à l'intérieur d'un article la possibilité - vous avez le pouvoir d'enquête, à
l'Autorité des marchés publics - la possibilité d'aller voir, en fin de compte,
sur des administrateurs précédents, actionnaires précédents... Puis là, là,
naturellement, là, les... certains commentaires qu'on a reçus de l'industrie,
c'est : Oui, mais vous savez, des fois, ça s'est mal terminé, règlements
de compte, et moi, je leur ai dit, comme étant un ancien vérificateur moi-même
du Vérificateur général, dire : Bien, écoutez, habituellement, c'est ça.
On se base sur des faits, sur des éléments probants, il n'y a pas des ouï-dire
là-dedans. Bon. Mais ils ont persisté dans leur perception.
Alors, rassurez-moi. Comment vous... Par
votre voix, vous pouvez rassurer ces gens-là que ces motifs-là, de pouvoirs
d'enquête supplémentaires sur des administrateurs passés, qu'ils ne devraient
pas le voir comme ils le perçoivent potentiellement, comme... tu sais, ça
pourrait être une vendetta, en réalité, d'un ancien déçu.
M. Trudel (Yves) : En fait,
bien, je comprends peut-être leur inquiétude, mais ça ne peut pas arriver. Je
veux dire, en équité procédurale, on doit... Et là, le pouvoir que vous nous
donnez nous permettra justement de bonifier nos enquêtes, de... nos
vérifications d'intégrité, parce qu'on aura la possibilité... Là, on pense aux
administrateurs et tout, mais il y a des tiers concernés, qui sont par exemple
les institutions bancaires, les cautionneurs, les assureurs.
On a des exemples où on aurait pu avoir
une information qui nous aurait été très pertinente, mais qu'on n'a pas pu
obtenir parce que l'entreprise auprès de laquelle on aurait pu avoir ces
informations-là souhaitait qu'on la contraigne pour sa clientèle. Donc... Mais,
après coup, on a su pourquoi : parce qu'il y a une poursuite en ce moment.
Donc, on... l'information qu'on aurait obtenue, elle aurait été extrêmement pertinente.
Donc, ce n'est pas juste les anciens
administrateurs, et ça, c'est important, parce qu'on doit aussi valider ce
qu'ils nous disent. On va le voir tout de suite... Si c'est une question de
vengeance, vous comprendrez qu'on n'en tiendra pas compte beaucoup, on va s'en
rendre compte rapidement.
• (19 h 20) •
M. Julien : Mais actuellement
vous n'avez pas ce pouvoir-là. Est-ce que vous êtes en train de me dire
qu'actuellement, quand vous faites des démarches, vous êtes restreints, et l'information
que vous obtenez ne vous permet pas de prendre les décisions les plus
éclairées?
M. Trudel (Yves) : Actuellement,
on a... on peut rencontrer des anciens administrateurs, mais parfois ils
souhaitent être contraints pour le faire. On peut rencontrer des employés. Ils
peuvent refuser de nous parler, mais ils peuvent aussi souhaiter nous parler.
On peut penser aux sonneurs d'alerte dans certains cas, où ils souhaiteraient
nous parler, mais ils voudraient qu'on les contraigne pour le faire pour être
capables de dire à leur employeur : Je n'avais pas le choix de répondre à
leurs questions, j'étais obligé.
À ce titre-là, on est un peu restreints
dans nos démarches de vérification et on n'a pas toute l'information qu'on doit
avoir. Mais, même actuellement, un dirigeant pourrait vouloir se venger contre
un collègue dans la même entreprise parce qu'ils ont eu une petite dispute un
peu avant. On le verrait tout de suite. On ne peut pas aller juste sur :
Bien, moi, je vous dis que c'est de même, faites ça. Il va... faudrait
corroborer les dires de la personne, il faut... On s'assure de tout, en fait.
Et ils doivent émettre leurs observations. Une fois qu'on les informe d'un avis
que... d'un avis et qu'on envoie un préavis, bien, ils nous donnent leurs observations.
En fonction des observations, on verrait bien que ce que le témoin nous a
déclaré n'est peut-être pas tout à fait la vérité. On creuserait davantage.
M. Julien : O.K. Tantôt, là,
j'essayais de capter tout ce que vous disiez, puis je pense avoir compris ça.
Vous avez mentionné tantôt certains
risques par rapport à quand on va conclure de gré...
M. Julien : ...sans avis
d'intention après un appel d'offres infructueux, puis comme je vous dis, pour
moi, c'est quelque chose qui nous permet de faire des choses, mais que je ne
souhaite pas qu'on utilise à outrance. Parce que souvent, quand l'appel
d'offres n'est pas fructueux, il faut que tu t'interroges sur... coudon,
qu'est-ce que tu as lancé dans le marché. Mais, des fois, tu sais, on doit
faire un projet absolument, puis dans le marché, on n'est pas capable d'y
répondre, puis il n'y a pas 56 solutions, il faut aller de l'avant, puis
c'est le modèle qu'on utilise. Mais là vous avez dit : On aime moins ça,
là, de mémoire, là, parce que l'entente qui va être conclue, bien, le
fournisseur, bien... Puis la question que j'ai eue avec ma collègue ici, c'est,
ce fournisseur-là, dans l'entente de conclue de gré à gré, selon les seuils,
quand même, il aurait fallu... il faut qu'il obtienne son autorisation de
contracter qui était mise par vous de toute façon, là. Ça, ça ne lui enlève pas
cette obligation-là et l'assurance que ça nous donne, naturellement, selon les
seuils. Donc, j'essaie de voir le risque que vous avez nommé par rapport à ça, là,
j'essaie d'y toucher.
M. Trudel (Yves) : Si je
comprends bien votre question, c'est eu égard à nos propos concernant le moment
de l'autorisation. C'est ça, votre question, au moment de l'autorisation?
M. Julien : Oui. Oui, par
rapport au fait que vous ne pouvez pas intervenir, puis j'essaie de dire :
Oui, mais quel risque que vous souhaitez couvrir par rapport aux contractants,
là, en tout cas, à l'autre partie? J'essaie de voir quel risque que vous ne
couvrez pas.
M. Trudel (Yves) : Si votre
question tourne autour du gré à gré, donc il doit correspondre... ça, ce n'est
pas l'autorisation, là, c'est autre chose, donc je ne vois pas de risque en
autorisation dans ce cas-là. Si votre question c'est autour du gré à gré, la
première question qu'on doit se poser, c'est : Pourquoi qu'il ne
soumissionne pas sur l'appel d'offres? Pourquoi il n'y a pas de
soumissionnaires? Il y a des groupes avant nous qui vous ont exprimé aussi
qu'il y a des entrepreneurs qui considèrent... ils nous l'ont exprimé, des
entrepreneurs nous l'expriment aussi, que le projet est mal ficelé. C'est trop
précis, on n'embarque pas là-dedans. De toute façon, quand on va soumissionner,
ça va être le prix le plus bas. Puis si c'est le prix le plus bas, on sait déjà
qu'on va être obligé d'arriver avec des avenants, on n'arrivera pas dans les
échéanciers, les pénalités sont trop sévères. Donc, ils attendent puis ils ne
soumissionnent pas.
La vraie question, c'est : Pourquoi
ils ne soumissionnent pas sur un appel d'offres? Et là, avec la proposition qui
est faite actuellement, c'est, après un appel d'offres infructueux, bien, on va
signer un gré à gré avec quelqu'un qui devra respecter les termes de l'appel
d'offres.
M. Julien : C'est-à-dire
qu'on peut signer. C'est-à-dire que je ne pense pas qu'on souhaite l'utiliser à
outrance, mais c'est une possibilité qu'on se donne.
M. Trudel (Yves) : Je
comprends. Mais admettons que vous vous donnez cette possibilité-là, bien, il y
a donc cette possibilité-là qui peut arriver. La question première,
c'est : Pourquoi vous ne soumissionnez pas? Et c'est ce que je vous dis
qu'on est en train de faire. On a encore quelques mois à comprendre un peu
partout en région au Québec pourquoi vous acceptez un gré à gré, mais vous
n'avez pas soumissionné sur l'appel d'offres. Les réponses qu'on a jusqu'à
présent, c'est un peu comme une des personnes qui est passée avant nous, bien,
c'est toute croche, c'est mal ficelé, c'est mal planifié. Je vais gérer le
risque au complet, je les connais, je suis habitué de travailler avec ce
donneur d'ouvrage là. C'est toujours problématique, donc je vais attendre
l'appel, je vais négocier mon prix, puis je ferai en fonction de ce qui est
écrit là-dedans, mais je vais négocier mon prix.
M. Julien : C'est ça, donc le
prix va être négocié. D'un autre côté, s'il n'y avait pas eu de
soumissionnaire, il aurait pu déposer ce prix-là puis il l'aurait eu, bien
honnêtement, s'il se qualifiait, mais il ne viendra pas modifier, comme
certains ont prétendu potentiellement, la nature et les délais. Parce que
l'ajout de délais, c'est seulement sur le temps, le temps du processus, mais on
ne rajoute pas des délais, des années, on rajoute le temps du processus.
M. Trudel (Yves) : Non. Oui,
oui, tout à fait. Puis ce qui est changé dans l'article, ce qui est ajouté dans
l'article de loi, sauf ce qui est prévu à l'appel d'offres, c'est le moment de
la réalisation.
M. Julien : C'est ça.
M. Trudel (Yves) : C'est qu'on
comprend aussi que, surtout en région, probablement, il y a des entrepreneurs
qui sont déjà en train de contracter. Quand l'appel d'offres sort, bien, il n'y
a pas la capacité parce qu'il est déjà en contrat. Donc, à un moment donné,
c'est possible qu'à un moment donné il puisse exécuter le contrat. Donc, on
comprend ce volet-là. La question qui se pose, c'est... Et ça, ce sera ma job.
Le hic, s'il y a un hic là-dedans, c'est que si je fais ma job, puis que
j'identifie les manquements, puis que c'est pas le... ce n'est pas en respect
de l'appel d'offres qui était prévu, donc ce qui est fait n'est pas en respect,
là, je vais intervenir. Je pense qu'il y a un grand risque pour le donneur
d'ouvrage aussi parce que mon intervention va aller en fonction de ce qu'on
aura constaté et j'aurai une décision à prendre en fonction de ce que je vais
faire avec les manquements et la décision que j'aurai à rendre eu égard aux
manquements.
M. Julien : Parfait. Mais, tu
sais, il peut arriver, selon certaines conditions, peut-être pas celles qui
sont prévues, que ça reste la meilleure alternative. Puis, pour moi, ça doit
demeurer une exception, mais, parfois, tu sais, il y a une espèce d'obligation
de faire le projet, et là, les appels d'offres sont infructueux. Donc...
M. Julien : ...je vais
être curieux, en fin de compte. On va prendre en considération ce que vous
mentionnez, parce que j'ai également ces préoccupations-là. Je pensais qu'il
était bien, bien capitulé. Je comprends également que, le plus rapidement
possible, de pouvoir donner une information, rendre disponible au moment de
l'entente contractuelle pour vous permettre d'agir plus rapidement avec la
donnée publique, ça aussi, c'est un enjeu qui est important, ne pas attendre
30 jours, mais le plus rapidement possible, donc...
M. Trudel (Yves) : En
fait, c'est une question de...
La Présidente (Mme Cadet) : En
10 secondes.
M. Trudel (Yves) : ...surveillance
pour l'AMP et de transparence pour le processus tel que prévu dans la loi,
c'est... ll y a deux enjeux majeurs là-dedans.
M. Julien : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Cadet) : Merci.
Merci beaucoup. Donc, à vous la parole, M. le député de Nelligan, pour
10 min 24 s
M. Derraji : Combien?
La Présidente (Mme Cadet) : 10 min 24 s
M. Derraji : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour. Merci d'être là. C'est très rassurant de voir votre
présence, surtout que le ministre, je partage ce qu'il a dit par rapport à
cette caution, par rapport à un projet de loi important, et surtout quand on
parle gestion de contrats, mode collaboratif.
Moi, j'ai... J'ai pas mal de questions,
mais je vais vous interpeler par rapport à l'article 13. Il y a beaucoup
de groupes... pas beaucoup de groupes, je vais enlever le mot «beaucoup», il y
a des groupes, trois groupes... le mot «beaucoup», ça suppose qu'il y a une
majorité significative pour que... Je ne peux pas faire ça aujourd'hui. Il y a
des groupes qui demandent à ce qu'on l'enlève. Vous, à la lecture de ce projet,
de cet article, c'était quoi, votre constat, c'était quoi, votre lecture?
M. Trudel (Yves) : Est-ce
que vous parlez de l'article 13 du p.l. no 62 ou l'article 13 de
la LCOP
M. Derraji : Non, non,
non, 62, de... le projet de loi no 62.
Des voix : ...
Mme Marcoux (Nathaly) : Ça
ne relève pas de... L'article 13 du projet de loi no 62 a trait...
M. Derraji : Sur le
tiers décideur.
Mme Marcoux (Nathaly) : Pardon?
M. Derraji : Sur le
tiers décideur.
Mme Marcoux (Nathaly) : Oui,
c'est ça. Là, on n'a pas de difficulté avec cette disposition-là.
M. Derraji : O.K.
Excellent. Je vais vous lire un... je vais vous lire...
(Interruption)
M. Derraji : Oui, c'est
la deuxième fois. Moi aussi, j'ai dit : Écoute, qu'est-ce qui se passe?
Je vais vous lire un... le premier
paragraphe... en fait : L'article 13.1 de cette loi est modifié par
l'insertion, après le premier alinéa, du suivant :
«Malgré le premier alinéa, la publication
d'un avis d'intention n'est pas requise lorsque les conditions suivantes sont
satisfaites.»
Mme Marcoux (Nathaly) : O.K.
Alors, vous êtes...
M. Derraji : Je ne veux
pas...
Mme Marcoux (Nathaly) : Non,
vous êtes dans l'article 13 de la loi.
M. Trudel (Yves) : Là...
Là, on est dans la LCOP.
M. Derraji : Oui, oui,
de la loi. De la loi, oui, oui.
Mme Marcoux (Nathaly) : Oui,
O.K. D'accord.
M. Derraji : Je ne vais
pas reprendre les discussions sur l'avis d'intention, je pense que vous avez
bien répondu à la question. Maintenant, ce qui m'intéresse, c'est l'après.
L'objet du contrat vise uniquement à répondre aux besoins exprimés dans le
cadre d'un appel d'offres public pour lequel aucune soumission conforme n'a été
présentée. Moi, quand j'ai... Vous, à l'AMP, quand vous voyez un tel paragraphe
dans un projet de loi, aucune soumission conforme n'a été présentée, est-ce que
ça ne lève pas des... ça ne soulève pas des questions?
• (19 h 30) •
M. Trudel (Yves) : Tout
à fait. C'est pour ça que je disais qu'on travaille déjà sur ce phénomène-là,
je vais le dire comme ça. Je vais vous donner un exemple. Encore hier on avait
de l'information de l'industrie à l'effet qu'il y a encore présentement des
soumissions de complaisance. Donc, on est capables de comprendre que dans des
endroits, ils ne soumissionnent pas, point. Donc, ils attendent le téléphone.
Donc, bien sûr que ça soulève...
M. Derraji : Oh! Mon
Dieu! Que vous êtes plus rapide que moi. Moi, j'ai cru que ça va prendre
beaucoup de temps avant d'aller directement dans le vif du sujet. Mais comment
on peut éviter, dans le cadre du projet de loi qu'on étudie, des choses
pareilles, de la complaisance?
M. Trudel (Yves) : Bien,
il y a différentes choses. Donc, comme ça a été dit précédemment par d'autres
groupes, et on dit la même chose, donc, c'est une question évidemment de
planification. De la planification en découle l'estimation des coûts, l'analyse
du marché. Puis ce volet-là est super important, puis l'analyse du besoin.
Donc, si c'est mal défini dans un appel d'offres, et les entrepreneurs sont
habitués à lire des appels d'offre mal définis, ce qui fait qu'ils ne
soumissionnent plus. Ça, c'en est une, raison, là. Celle-là, on l'entend
régulièrement. C'en est une, raison. Donc, ils ne soumissionnent plus, ils
attendent un téléphone qui va faire en sorte qu'ils vont négocier. Je comprends
qu'avec l'article proposé, bien, ce sera aux mêmes conditions de l'appel
d'offres. Ça, c'est assez clair, là, donc aux mêmes conditions. Mais je reviens
à ce que je disais tantôt au ministre. Pourquoi il n'y a pas...
19 h 30 (version non révisée)
M. Trudel (Yves) : ...c'est
ça, la vraie question. Alors, pourquoi un contrat serait accordé en gré à gré à
quelqu'un qui n'a pas soumissionné lors de l'appel d'offres? C'est ça, la vraie
question. Personne n'a soumissionné, pourquoi? Mais c'est ça qu'on est en train
de faire. Donc vous comprenez qu'on est là-dedans. Je vous donne des réponses
qu'on reçoit présentement de l'industrie. Donc, ça fait partie des raisons. Il
y a des régions que c'est plus dur que d'autres, il y a moins de concurrence
que d'autres. Ça fait longtemps qu'eux autres se sont dit : Ça sera ton
tour cette année. Tu ne soumissionnes sur rien, je ne soumissionne sur rien, ça
sera à toi cette année et ce sera moi l'année prochaine. On a toutes sortes de
réponses de l'industrie.
M. Derraji : Non, mais c'est
très intéressant ce que vous êtes en train de nous partager, parce que c'est le
portrait de ce qu'on voit d'ailleurs, et on le voit, les coûts qui explosent et
les délais. Mais si ça se fait déjà, pourquoi, pourquoi, en ce moment, dans ce
projet de loi?
M. Trudel (Yves) : Je n'ai
pas compris, je m'excuse.
M. Derraji : Mais ça se fait
déjà, ça se fait déjà que les gens ne se soumissionnent pas, ils attendent l'appel...
M. Trudel (Yves) : Oui, ça se
fait...
M. Derraji : ...un contrat de
gré à gré par la suite. Donc, le modus operandi est le suivant, on lance un
appel d'offres, les gens se concertent, si j'ai bien compris ou j'ai bien
décodé entre les lignes, et après, bien, ils attendent l'appel pour passer au
gré à gré. Donc, ça se fait déjà. Donc ce n'est pas... ce n'est pas nouveau
que... Cet ajout, dans le projet de loi, ça va changer quoi?
M. Trudel (Yves) : Non. Ce qu'on
comprend dans l'article qui est prévu, c'est, considérant la situation, considérant
le besoin d'une infrastructure quelconque, considérant la situation, donc, cet
article-là prévoirait la possibilité de conclure un gré à gré avec les
conditions d'un appel d'offres. C'est ça que ça prévoit.
M. Derraji : O.K. Donc...
M. Trudel (Yves) : Donc, vous
avez raison, ça existe puis parce que ça existe, il y a une espèce d'article
qui vient pallier un peu à ça, on va le dire comme ça. C'est sûr que notre
travail à l'AMP, ça va être de le surveiller. Ce qu'on dit, c'est : S'ils vont
de l'avant avec cet article-là, il faut le surveiller à la conclusion du
contrat, pas après.
M. Derraji : O.K. Comment le
législateur peut, je cherche le mot, mais donner plus de mordant à la loi pour
que justement on ne tombe pas dans des situations pareilles?
M. Trudel (Yves) : Bien, c'est,
puis vous pouvez y aller si ça vous tente, aidez-moi, vas-y, c'est la
planification, je le répète, c'est plate, là, mais c'est comme ça. C'est ça, la
réponse, c'est que les donneurs d'ouvrage, au fil du temps, des années, n'ont
pas mis beaucoup de temps là-dessus. Donc, le volet planification, il est
majeur dans un projet, ce qui fait que, culturellement, il s'est installé, dans
l'industrie, le fait que certains donneurs d'ouvrage, bien, ils ne prennent pas
la peine de les monter correctement : Alors, je veux plus travailler avec
eux autres, je ne soumissionne plus. Ça se peut que j'aie un appel, mais je ne
soumissionne pas, c'est trop demandant, soumissionner sur un appel d'offres,
plutôt que d'attendre un téléphone puis de négocier un contrat de gré à gré.
Le Président (M. Simard) : Vous
voulez venir à l'aide de M. Trudel?
Mme Marcoux (Nathaly) : M. le
Président, Il y aura toujours des mauvaises pratiques qui va se développer. Il
y aura toujours... C'est comme le crime, ça, il y en aura toujours, des
crimes. Il y aura toujours des acteurs du marché qui vont essayer d'en
contourner les règles. L'idée, c'est de voir qu'est ce qu'on met dans le cadre
normatif qui permet d'intervenir sur ces situations-là. Et je peux répéter ce
que M. Trudel a dit, ce qu'on constate, un... une chose qui nous est dite et qu'on
constate, par le biais de nos vérifications et enquêtes, c'est que les bons
joueurs, les acteurs, se désintéressent parfois des marchés publics, parce que
l'offre qui leur est faite est ainsi faite qu'elle place l'acteur dans une
situation, c'est celui qui pourrait soumissionner dans une situation, où les
conditions qui sont proposées ne sont pas favorables à un succès du projet. Il
va être difficile de réaliser le projet tel qu'il est proposé. Alors... et ce
que ce qu'on nomme particulièrement, c'est l'importance de la planification du
temps qu'on met à réfléchir le projet, puis aux conditions facteurs de succès
du projet avant de le proposer.
M. Derraji : Donc l'antidote,
c'est agir au niveau du départ avec la planification. Des acteurs nous ont dit :
Écoutez, les sous-traitants doivent être autour de la table. Est-ce que vous
partagez ce constat?
M. Vézina (Mario) :Oui, par rapport à ça, nous, ce qu'on constate, c'est que
pour des joueurs importants au niveau des sous-traitants, leur présence est
importante...
M. Vézina (Mario) :...parce qu'ils peuvent optimiser les projets par leur
expérience, par leurs connaissances. Donc, pour des sous-traitants importants,
pour un projet particulier, oui, leur présence est très importante. Nous
l'avons entendu à de multiples reprises, ces gens-là veulent contribuer,
veulent nourrir par leurs expertises, leurs expériences, le projet en question
et puis... sauf que cette opportunité-là, ils ne l'ont pas, donc.
M. Derraji : ...par des
groupes qui veulent être... même appliquer en amont.
M. Vézina (Mario) :Oui.
M. Derraji : Les... les
économistes estimateurs agréés, eux, ils voulaient aussi être impliqués.
Pensez-vous que c'est juste, dans l'étape de planification, d'avoir des
estimateurs certifiés autour de la table? Justement par rapport à la notion du
coût, est-ce que c'est quelque chose que vous avez vu dans des projets de... de
contrats de collaboration?
M. Vézina (Mario) :Bien, évidemment, la présence de ces gens-là qui ont une
très grande connaissance de l'industrie de la construction, des matériaux, des
coûts de production. Souvent on voit des écarts entre les estimations et les
prix soumissionnés, donc si ces gens-là sont présents dans le processus pour
participer au processus d'estimation, oui, ça peut être très intéressant.
M. Derraji : Parfait.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup.
M. Derraji : Bien...
Le Président (M. Simard) : Malheureusement,
cher collègue, je suis sûr que vous aurez...
M. Derraji : Merci à vous
quatre. Je... je... Écoutez, on peut les entendre des heures et des heures.
Merci pour votre passage. Merci.
Le Président (M. Simard) : Bien
sûr. En effet, vous avez bien raison, cher collègue. Je cède maintenant la
parole à la députée de Verdun qui dispose de 3 min 28 s.
Mme Zaga Mendez : Bien,
merci, M. le Président. Merci à tous les représentants des... de l'Autorité des
marchés publics d'être avec nous. Je voulais vous poser une question justement.
Dans le... Vous avez dit : Il faut avoir les bons outils, les bonnes
normes pour exercer votre rôle de surveillance et de transparence en ce qui
concerne l'octroi des contrats publics. Avec cette méthode, la méthode
collaborative, est-ce que vous sentez que les bonnes balises sont dans le
projet de loi pour avoir... pour exercer votre rôle, dans le fond?
M. Trudel (Yves) : Oui, oui.
Mme Marcoux (Nathaly) : Le
mode collaboratif, là, pour rejoindre les objectifs dont on a parlé, de mieux
travailler sur la planification, la définition du besoin, tout ça est favorable
à ça. Il n'y a pas de souci avec ça. Les éléments de vigilance, on les a
nommés. Alors, eu égard au gré à gré, on l'a nommé.
Mme Zaga Mendez : Oui, ça, ça
va.
Mme Marcoux (Nathaly) : Alors,
oui, ça va favoriser, effectivement, nous le pensons. Les objectifs poursuivis,
là, on pense que ça peut favoriser, ça peut... Bien sûr, il va falloir voir
l'applicabilité de tout ça puis le succès qu'aura cette méthode-là, mais on ne
peut être que favorable à des objectifs qui visent l'ouverture des marchés.
C'est un constat que nous faisons, qu'il y a un nombre de concurrents limité
pour le type de projet qui est visé par ces mesures-là.
• (19 h 40) •
Mme Zaga Mendez : Est-ce
qu'il existe des projets qu'on devrait favoriser, selon vous, avec cette
approche-là puis des projets qu'on devrait favoriser avec une approche plus
traditionnelle, selon vous?
Mme Marcoux (Nathaly) : Il
est certain que c'est un investissement, là, hein? Donc, que, de contribuer à
un projet en mode collaboratif, il va avoir une implication beaucoup plus tôt,
et il est certain qu'on parle d'une certaine envergure de projet. Et là,
franchement, le gouvernement est plus à même de... d'estimer la quantité de
projets qui pourraient être visés par ces mesures-là alors. Mais maintenant, le
mode traditionnel va demeurer, là, et les... toutes les autres formes de... de
réalisation de projets, il y a tout un portefeuille d'offres qui est à la
disposition des donneurs d'ouvrage pour répondre aux besoins qu'ils ont, et il
est important qu'ils puissent encore disposer de l'ensemble de ce
portefeuille-là, parce qu'il est clair que le... ce qui va encadrer ce type de
contrat là ne sera pas adapté à n'importe quel marché, c'est...
Mme Zaga Mendez : Je
comprends.
Mme Marcoux (Nathaly) : Absolument.
Mme Zaga Mendez : ...pas
combien de temps il me reste?
Le Président (M. Simard) : Alors,
deux minutes... 50 secondes, pardon.
Mme Zaga Mendez : Ça fait
que, rapidement, tout à l'heure, on avait... vous donnez l'exemple sur
comment... on a parlé des contrats de gré à gré. Est-ce que vous avez un
exemple plus précis dans lequel vous... une situation dans laquelle l'AMP ne
pourrait pas jouer son rôle en ce qui concerne... suite à l'adoption du p. l.
n° 62?
M. Trudel (Yves) : Si... on
ne pourrait pas jouer notre rôle s'il était adopté tel quel.
Mme Zaga Mendez : Tel quel.
M. Trudel (Yves) : Notre rôle
de surveillance, on ne pourrait pas le... on ne pourrait pas parce que,
présentement, il serait inscrit au SEAO 30 jours plus tard. Ça, c'est
quand ils les inscrivent dans les délais en plus. Donc, on ne pourrait pas
jouer notre rôle de surveillance.
Mme Zaga Mendez : Ça répond à
ma question. Merci
Le Président (M. Simard) : Chère
collègue, il vous restait 10 secondes, mais donc...
Mme Zaga Mendez : Je vous
remercie beaucoup pour vos...
M. Trudel (Yves) : Merci.
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. le député de Jean-Talon...
Le Président (M. Simard) : ...Jean-Talon.
M. Paradis : Merci. Bonsoir.
Je voulais vous remercier, d'abord, comme l'a fait le ministre, pour votre
mémoire, parce que vous êtes un joueur très important, vu votre posture dans le
domaine. Et vous ne vous êtes pas contenté de généralités, vous nous parlez de
drapeaux rouges et vous parlez de l'importance de la planification. Vous nous
dites que le recours au gré à gré a augmenté de 30 % dans les dernières
années. Puis là, vous nous dites, en citant les HEC Montréal, que bien, aller
plus vite, ce n'est pas nécessairement un signe d'efficacité. Là, vous nous
parlez notamment de la question de l'article 2 du projet de loi, qui est
lié aussi aux articles 45 et 48 sur la possibilité d'aller en gré à gré
quand il n'y a pas de soumissionnaire. Est-ce que j'interprète bien ce que vous
nous dites, c'est que - je veux faire attention de ne pas vous mettre des mots
dans la bouche - mais vous nous dites : N'allez pas là. Ou vous nous
dites : Soyez extrêmement prudents si vous allez là.
M. Trudel (Yves) : Ce
qu'on dit, c'est que tel qu'il est rédigé, l'article, actuellement, si vous
décidez de conserver cet article-là, il faut nous donnez la capacité d'agir le
plus rapidement possible s'il y a des manquements au cadre normatif eu égard à
l'octroi de ce contrat-là. C'est ça qu'on dit. Présentement, libellé tel quel,
on comprend l'objectif derrière ça, je le répète, là, c'est après un ou deux
appels d'offres infructueux, il faut qu'à un moment donné, l'infrastructure se
livre. Présentement, on ne pourrait pas agir, sauf qu'on le saurait 30 jours
plus tard à moins d'une dénonciation. C'est toujours possible qu'il y ait une
dénonciation. Sinon, il faut attendre la publication au SEAO. On fait une vigie
au SEAO quotidienne. Donc, on le verrait passer à un moment donné. Là, il est
trop tard parce que le contrat est conclu. Les travaux sont commencés. Là, on a
toujours l'intérêt public à coeur. Ça fait que, là, on se dit : Il y a des
fonds publics d'investis. On résilie-tu... Est-ce qu'on met fin à ce
contrat-là? On suspend ce contrat-là? Il faut... Il faut avoir ça, nous autres,
en tête tout le temps.
M. Paradis : Et donc, ne
pas avoir d'avis d'intention et donc ne pas permettre à l'Autorité des marchés
publics d'agir, s'il n'y a pas d'avis d'intention, ça ne permettra pas
nécessairement de répondre à la question pourquoi donner un contrat de gré à
gré alors que personne n'a soumissionné, ce qui est la question très pertinente
que vous avez posée tout à l'heure.
M. Trudel (Yves) : Exactement.
La question se pose. Pourquoi l'entrepreneur qui accepte de signer un gré à gré
n'a pas répondu à l'appel d'offres? La question se pose. Des réponses dans ce
cas-là, on en a plusieurs de différents intervenants dans l'industrie. Je l'ai
dit à quelques reprises, vous avez les réponses.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, merci à vous, M. Trudel et merci aux collaborateurs,
collaboratrices pour ce bel énoncé, cette belle présentation. Alors, sur ce,
nous allons devoir suspendre nos travaux, le temps de faire place à nos
prochains invités. C'est toujours un grand plaisir que de vous recevoir,
sachez-le.
(Suspension de la séance à 19 h 45)
(Reprise à 19 h 51)
Le Président (M. Simard) : Bien,
chers amis, nous sommes en mesure de poursuivre nos travaux.
Et nous avons l'honneur de terminer cette
journée en recevant des représentants de l'Association des firmes de
génie-conseil du Québec.
Alors, messieurs, soyez les bienvenus.
Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter, s'il vous plaît?
M. Bigras (Bernard) : AH,
bien sûr. Merci, M. le Président. Donc, Bernard Bigras, président-directeur
général de l'Association des firmes de génie-conseil du Québec.
Donc, je suis accompagné de mon collègue
de gauche, tu sais, commençons par mon collègue Jonathan.
M. Duguay (Jonathan) : Jonathan
Duguay, administrateur à l'AFG.
M. Fecteau (Sébastien) :
Sébastien Fecteau, administrateur à l'AFG aussi.
Le Président (M. Simard) : Messieurs,
soyez les bienvenus. Et vous disposez de 10 minutes afin de faire votre
présentation.
M. Bigras (Bernard) : Bien,
merci beaucoup, M. le Président. D'abord, merci de nous recevoir dans le cadre
de cette commission parlementaire particulière.
D'abord, l'Association des firmes de
génie-conseil est heureuse de participer aux travaux aujourd'hui.
Rappeler d'abord que les firmes de
génie-conseil est un acteur important du développement économique du Québec,
c'est près de 4 milliards de dollars en retombées économiques...
M. Bigras (Bernard) : ...économiques
directs pour le Québec. Plus de 28 000 personnes travaillent dans les fermes de
génie-conseil, des ingénieurs, mais aussi des techniciens, des technologues.
Rappeler aussi que notre association regroupe 70 firmes de génie-conseil au
Québec, l'ensemble des grandes firmes de génie sont membres chez nous, mais
aussi des plus petites firmes et des firmes de taille moyenne. On est heureux
de dire qu'on a collaboré, dans les dernières années, de façon très étroite,
avec le gouvernement, à travers différentes tables d'échange, que l'on pense au
secrétariat du Conseil du trésor, au ministère des Transports et de la Mobilité
durable, la Société québécoise des transports... Société québécoise des
infrastructures, pardon. Et on doit dire que ces tables-là nous ont permis de
grandes avancées.
Maintenant, passons directement à l'objet
de notre rencontre aujourd'hui. Les nouveaux contrats de partenariat sont
définis dans le projet de loi, bien sûr, le projet de loi n° 62, comme ayant
recours à une approche collaborative qui peut notamment comprendre la tenue
d'ateliers, on le rappelle, bilatéraux, une mise en commun des ressources et
des informations liées aux projets d'infrastructure ainsi qu'un partage
consensuel des risques et, selon le cas, des économies générées ou des gains
réalisés et des pertes subies pendant la durée d'un mandat et d'un contrat.
Cette définition laisse beaucoup de place pour nous à l'interprétation. Les
fournisseurs intéressés par des mandats en mode collaboratif devront donc particulièrement
être attentifs aux éléments qui soutiendront cette dénomination dans les appels
d'offres publics. En particulier, le partage des risques et la renonciation
partielle ou complète au recours entre les parties seront les éléments
déterminants pour susciter l'intérêt des fournisseurs et entreprendre un projet
avec une véritable volonté de collaboration.
Lorsque des problèmes surviennent durant
un projet, ce qui est fréquemment le cas, disons-le, dans les projets
d'envergure, ce genre de mode évite, nous le rappelons, des discussions
contre-productives sur la responsabilité de l'une ou l'autre des parties pour
laisser toute la place à la recherche de solutions. La réalisation de projets
intégrés correspond à cette approche. Ce mode de réalisation permet d'optimiser
les ressources en utilisant les forces de chaque membre de l'équipe, soit le
client, le concepteur, l'entrepreneur, les fournisseurs clés et les
intervenants clés. Parmi les avantages, mentionnons une efficacité maximisée
des résultats bonifiés sur des projets complexes où il y a de nombreux
intervenants et davantage de soumissionnaires intéressés.
Recommandation numéro 1 : Favoriser
l'utilisation des modes collaboratifs comme la réalisation des projets
intégrés.
L'utilisation des modes collaboratifs
implique l'établissement d'une véritable culture de collaboration entre les
représentants des organismes publics et les fournisseurs de l'industrie. Ces
modes nécessitent un engagement important des donneurs d'ouvrage et, en termes
de temps, et en termes de ressources expérimentées, ainsi qu'une ouverture et
une transparence à toutes les étapes du projet. Actuellement, ces éléments ne
sont pas toujours observés, alors que rien n'empêche la collaboration de se
manifester dans les projets réalisés en mode conventionnel ou en mode
alternatif. Il faut donc prévoir une période d'adaptation et un certain temps
pour établir cette culture de collaboration chez les donneurs d'ouvrage publics
et les partenaires de l'industrie. Des messages clairs de la part des ministres
responsables et de la haute direction des organismes publics pour envoyer un
signal positif face aux modes collaboratifs et leurs bénéfices potentiels.
De plus, il serait judicieux d'offrir une
formation, autant à l'interne qu'à l'externe, sur les objectifs et la portée
des nouveaux contrats de partenariat. Ailleurs, au Canada, les variantes dans
les approches collaboratives sont très nombreuses, ce qui fait en sorte qu'il
devient difficile de s'y retrouver. Des orientations bien définies et des
informations disponibles, dès le début de l'implantation des contrats de
partenariat au Québec, pourraient certainement contribuer à augmenter l'intérêt
de tous les partenaires et à accélérer leur adhésion.
Dans le même ordre d'idées, l'article 6,
d'ailleurs, du projet de loi modifie l'article 20 de la Loi sur les contrats
des organismes publics par l'ajout du paragraphe suivant, ce que des appels
d'offres doivent prévoir, c'est-à-dire alinéa 4, «lorsque les approches
collaboratives retenues comprend un partage des risques, des économies générées
ou des gains réalisés et des pertes subies...
M. Bigras (Bernard) : ...une
mention, je souligne, une mention indiquant que les conditions et les modalités
de ces partages seront convenues entre les parties. Cet ajout soulève des
questionnements qui pourraient être clarifiés, dans un projet de règlement,
quant aux informations contenues dans les appels d'offres en lien avec
l'approche collaborative. En effet, il semble évident que les conditions et les
modalités mentionnées ci-dessus seront incluses dans un contrat. Cependant, ces
éléments sont importants, et ils devraient faire l'objet d'indications les plus
claires possible dès l'appel d'offres, afin de permettre aux soumissionnaires
potentiels de bien évaluer leur intérêt.
Recommandation n° 2 : Donner des
orientations claires et offrir la formation sur les contrats de partenariat.
Dans les projets d'infrastructures
publiques, comme dans la plupart des projets, les économies les plus
importantes sont souvent réalisées aux étapes préliminaires, lors de la
définition des besoins, de la planification et... de la conception.
L'implication des entrepreneurs en amont des projets aura certainement des
bénéfices significatifs à cet égard. La volonté du gouvernement d'accélérer les
projets et de réduire les coûts est légitime, et l'AFG est d'avis que les modes
collaboratifs offrent le potentiel de générer les bénéfices escomptés pour
certains projets.
Cela dit, en gestion de projet, il est
bien connu que les réductions de coûts et les échéanciers affectent
habituellement la qualité. Ce serait évidemment néfaste de sacrifier la qualité
et la durabilité des infrastructures pour des économies à court terme, et ce
n'est certainement pas le but du projet de loi. L'implication des
professionnels du génie-conseil dès les étapes préliminaires sera donc
essentielle, afin d'être en mesure de proposer, dès le départ, des solutions
qui assurent la qualité et la durabilité.
Recommandation n° 3 : Impliquer
les professionnels du génie-conseil dès les étapes préliminaires pour optimiser
la qualité et la durabilité des infrastructures.
Le rôle des professionnels du
génie-conseil est de conseiller les clients sur les meilleures décisions à
prendre. Avec l'implantation, à grande échelle, des contrats de partenariat, il
sera crucial de préserver le rôle stratégique du génie-conseil auprès des
donneurs d'ouvrage, dès les premières étapes des projets, et durant toute la
réalisation.
Dans certaines variantes des contrats de
partenariat, les firmes de génie-conseil pourraient être davantage appelées à
jouer un rôle de sous-traitant des entrepreneurs en construction. Cette
situation change la dynamique, et fait en sorte que les professionnels du
génie-conseil ne seraient plus en mesure de jouer pleinement leur rôle de
conseillers stratégiques auprès des organismes publics.
Afin de maintenir la valeur ajoutée de ce
rôle stratégique, il serait fort avisé de privilégier des ententes qui
permettent de conserver un lien contractuel direct entre les professionnels du
génie-conseil et les organismes publics. Le libellé du premier alinéa, ajouté à
l'article 3 de la LCOP, pourrait, par exemple, être modifié.
• (20 heures) •
Recommandation n° 4 :
Privilégier un lien contractuel direct entre les professionnels du
génie-conseil et des organismes publics.
Les firmes de génie-conseil seront
certainement avisées de ne pas voir dans la collaboration envisagée une
réduction de leurs obligations professionnelles. En fait, les limites de la
collaboration se situera vraisemblablement là où les obligations des ingénieurs
débuteront. Or, cette dualité entre les obligations est susceptible d'entraîner
certaines frictions. Nous pouvons anticiper certaines situations où la
responsabilité professionnelle d'une firme pourrait être accrue ou davantage à
risque en raison du contrat de partenariat notamment : un, si une mise en
commun des informations liées au projet est effectuée, le défaut de procéder à
une consultation complète de documents rendus accessibles pourrait placer le
fardeau de se renseigner sur les firmes libérant les organismes de leur
traditionnel devoir d'informer; deux, une mise en commun des ressources liées
au projet est effectuée, l'indépendance de l'ingénieur pourrait, pourrait, je
dis bien, être mise à l'épreuve par l'organisme.
Le principe de partenariat est
souhaitable. Cependant, celui-ci ne doit pas avoir pour effet d'accroître la
responsabilité.
Finalement, sur les appels d'offres
infructueux...
Une voix : ...
M. Bigras (Bernard) : ...bien
sûr, on estime que le projet de loi notamment... une exigence voulant que les
conditions du contrat accordé de gré à gré soient les mêmes sur cet énoncé. On
aura peut-être la chance d'en discuter lors de la période de questions.
Le Président (M. Simard) : ...pour
votre collaboration...
20 h (version non révisée)
Le Président (M. Simard) : ...Bigras,
c'est fort apprécié. Alors, je cède la parole à M. le ministre.
M. Julien : Oui, merci. Merci
beaucoup de votre présence. C'est toujours un plaisir de pouvoir discuter avec
vous de ces dossiers-là. Donc, on s'est déjà rencontrés, a priori. Vous avez
amené quand même des éléments que je vais vouloir discuter avec vous.
Vous avez mentionné que c'est ça prenait
une période d'adaptation, que ça prenait de l'expertise, de l'expérience. J'ai
aimé ça, entendre ça, parce que c'est ce que j'en pense. Puis j'ai entendu
certains groupes prétendre que ce n'était pas nécessaire, mais moi, je crois
beaucoup que le mode de collaboration nécessite une modification de paradigmes.
C'est un terme qu'on utilise peut-être de manière... en tout cas, à tout le
moins, de culture, nécessite une adaptation puis une capacité de le faire. Puis
c'est sûr que les grands donneurs d'ouvrage... de la SQI, ministère des
Transports vont avoir une capacité, mais que c'est... ce n'est pas de la magie,
là? Cette recette-là n'est pas bonne pour tous, n'importe quand, n'importe
comment.
Alors... Puis il faut faire de la
formation, vous l'avez mentionné aussi. Alors, marchés publics, la SQI vont
contribuer à faire de la formation. Mais, alors, d'après... selon vous, ça
prend quand même une certaine maturité, une expérience pour pouvoir oeuvrer
dans ces modes-là de manière constructive, à la fois dans le marché et dans le
donneur d'ouvrage?
M. Bigras (Bernard) : Ah!
tout à fait. Tout à fait. Ce n'est pas juste d'un côté de la clôture, là. Le
changement de paradigmes, il se fait autant de notre côté que du côté du
donneur d'ouvrage. Donc, c'est un changement de dynamique complet qui exige une
implication de la part du donneur d'ouvrage, et ça, il faut le comprendre.
Ce qu'on recherche, au fond, là, dans ces
modes-là, là, pour reprendre une expression bien connue, hein, c'est des «top
guns». On veut avoir les meilleurs en place avec les meilleurs projets. C'est
ça, l'objectif. Et lorsqu'on voit, là, à l'étranger, en Australie ou dans le...
ou autres, d'autres projets qui ont utilisé des modes collaboratifs... Parce qu'il
y a des études qui sont sorties puis qui ont démontré que ces modes-là
permettent, dans 80 % des cas, d'arriver, dans l'échéancier de travail,
mais ce n'est pas vrai qu'avec une approche très traditionnelle on va être en
mesure d'atteindre ces objectifs-là. Donc, oui, ça prend les meilleurs, puis on
voit même dans certaines juridictions, là, puis entre vous et moi, là, même des
tests psychométriques, hein, être passé auprès des professionnels des équipes.
Alors, ce qui compte, c'est que tout le
monde est axé sur le projet, puis c'est ça qui est fondamental. Donc, tout le
monde travaille en fonction du projet. On croit, là, vraiment, qu'il y a
beaucoup, beaucoup d'opportunités qui sont appelées à se dégager, et aussi, je
vous dirais, enfin, une synergie entre l'ensemble des intervenants.
M. Julien : Parfait. Tantôt,
vous avez mentionné aussi... bien, tu sais, vous avez beaucoup insisté dans
votre première recommandation, sur le RPI, en fin de compte, pour moi, qui est
le mode collaboratif, là, tu sais, c'est la Cadillac des modes collaboratifs ou
c'est l'extrême du mode collaboratif.
Naturellement, le projet de loi ouvre sur
des modes alternatifs collaboratifs, c'est-à-dire conventionnels,
conventionnels, CC, CCF, CCPP jusqu'à RPI. Tu sais, nous autres, on veut offrir
un éventail, là, pour le bon mode, pour le bon projet, alors... Puis,
naturellement, plus le mode devient raffiné ou complexe, bien, plus cette
culture-là est nécessaire.
Mais, si je reviens avec votre côté de la
clôture, là, les firmes de génie-conseil, est-ce que les petites firmes de
génie-conseil vont pouvoir participer autant que les grandes firmes de génie-conseil
à une approche de nature collaborative? Parce que le monde, ils disent que c'est
souvent des grands projets complexes? Moi, je pense que la complexité est plus
importante, même, que la valeur, parce que c'est souvent la complexité qui fait
qu'on ne sait pas trop où on va aboutir. Parce qu'il y a des projets de
quelques millions de dollars qui gagnent à être en mode collaboratif s'ils sont
hypercomplexes et difficilement prévisibles. Donc, comment les firmes de
génie-conseil qui sont plus petites vont pouvoir bénéficier autant de cette
démarche-là que celles qui sont... qui sont internationales puis...
M. Bigras (Bernard) : Bien, d'abord,
il faut démêler le tout, hein? On parle d'approche collaborative, on parle d'approches
alternatives, on parle... donc, définitions, d'abord, les modes. D'abord, il y
a les modes conventionnels puis les modes traditionnels, hein, pour lesquels on
fait les plans et devis jusqu'à 100 %. On se lance par la suite en appel d'offres
puis on trouve un entrepreneur. Je veux être clair, aujourd'hui, là, il faut
être prudent, là. Il n'est pas question pour nous de rejeter ce mode-là. Ce
mode-là a encore sa place et il doit être utilisé à bon escient pour des
projets. On le dit, ça dépend de l'envergure du projet, ça dépend de sa
complexité. Donc, premièrement, il y a ce mode-là. Deuxièmement, il y a le mode
alternatif où, là, encore une fois, là, il y a un paquet de modes, là, qui sont
existants, des conceptions qu'on...
M. Bigras (Bernard) : …progressifs,
des conceptions, construction, financement. Et là on pourrait... On pourrait
même inclure à ça des gérants de construction. Alors, ces modes-là sont une
autre opportunité. Mais cependant il faut s'assurer que les firmes de
génie-conseil ont une place dans les modes alternatifs. On a de moins en moins
de doute quand on regarde les contrats types en vigueur à l'étranger. Et même
là, ce qui est en train de se développer, là, au Canada, là, on parle du CCDC
30, n'est-ce pas, qui est en vigueur depuis 2018 et actuellement en révision.
Quand on regarde les contrats types, on se
rend compte qu'au bas du contrat, bien, le consultant est là puis il signe.
Est-ce qu'on aura ces mêmes garanties là lorsqu'on sera en mode alternatif? Ça,
c'est une préoccupation pour nous. On veut être là au début du projet et
s'assurer qu'on soit un véritable partenaire. Donc, les contrats de
partenariat, ça doit être un contrat de partenariat. Donc... Et finalement,
comme vous le dites, on a les projets, les projets de réalisation intégrés pour
lesquels, je pense, bien sûr, l'enjeu n'est pas de savoir si les petites firmes
vont être présentes ou pas présentes. C'est que je crois fondamentalement que
ce type de mode de réalisation là, dans un premier temps, doit s'appliquer sur
des projets d'envergure. Donc, il serait extrêmement risqué, à ce stade-ci,
d'utiliser ce mode-là, hein, dans le cadre de projets qui sont plus, je vous
dirais, de moindre envergure. Donc, chaque mode adapté à chaque projet. Je
pense que c'est ça, la formule gagnante. Et je vous dirais que c'est ça,
l'avantage de la stratégie que vous avez déposée. Et c'est ça, l'avantage du
projet de loi, c'est qu'il donne des outils aux donneurs d'ouvrage pour adapter
et utiliser dans la boîte d'outils un mode de réalisation qui sera adapté au
projet.
M. Julien : ...à mon avis, il
donne des possibilités d'emblée et tout le monde sait que ces possibilités-là
existent, donc on va... on va souhaiter qu'elles soient utilisées, puis je
pense que les gens vont l'utiliser, tandis que ce n'était pas d'emblée avant,
mais, mais encore là, je ne suis pas capable de vous prendre au mot parce que
vous avez dit plein de choses dans votre introduction, mais, à un moment donné,
vous avez dit de mémoire : Il faudrait être en mesure de fixer le partage
de risques avant de... Vous avez parlé de partage de risques RPI, les gains
potentiels, les économies, comme... puis être en mesure de préciser ça avant
de... Puis là je me disais : Comment... L'objectif, c'est de qualifier un
consortium, puis après ça, travailler à l'avancement. Puis le qualifier, en
réalité, c'est sur des bases plus qualitatives, avec des ateliers, vous avez
parlé même de tests psychométriques. Puis, une fois qu'on sait qu'on fait
affaire avec le... la bonne gang par rapport à ce mode collaboratif là, bien
là, on chemine ensemble, puis on vient définir ces éléments-là.
Là, vous semblez dire : Il faudrait
définir ces éléments-là a priori, même de les qualifier, je me dis : Bien,
s'il faut faire tout le travail a priori, je comprends mal, en fin de compte,
le potentiel gain de la collaboration qui vise justement à déterminer ça
ensemble.
• (20 h 10) •
M. Bigras (Bernard) : Bien, à
notre avis, le projet de loi ou peut-être un projet de règlement éventuel
devrait établir les principes, hein? Il y a des principes, là, par exemple, à
livre ouvert, on ne voit pas ça, là, dans le projet de loi qui nous a été
déposé actuellement. Pourtant, c'est un principe qui est fondamental dans le
cadre de la gestion de projet. Donc, on pense que ce principe-là devrait être
introduit soit dans le projet de... soit dans le projet de loi, directement ou
ailleurs. La gestion du risque, il ne s'agit pas ici d'avoir une précision,
puisque, naturellement, il y aura une négociation, mais on pense que l'objectif
d'un projet de loi, en tout cas, devrait... au moins d'établir les grands
principes qui vont venir guider au fond le mode, leurs.
M. Julien : ...prétention,
par rapport à cet égard-là, c'est à partir du moment où est-ce qu'on introduit
à l'intérieur de la loi... puis là on rentre dans le comment éventuel, ces
possibilités-là. Quand on va vouloir aller sur le marché, ça va être dans le
processus d'appel d'offres qu'on va venir déterminer ces éléments-là qui vont
être ouverts à tous, puis qui vont être concrets. Donc, le principe... à
l'intérieur d'un règlement, puisqu'on veut de l'agilité dans... dans la
solution, il faudra qu'il soit inclus à l'intérieur de l'appel d'offres, avec
précision pour permettre au joueur de concevoir spécifiquement, parce qu'il y a
autant de recettes qu'il y a de gâteau, là, hein? Mais...
M. Bigras (Bernard) : On
s'entend, on dit la même chose. Ce qu'on dit, cependant, c'est qu'il y a des
principes associés à ces modes de réalisation là qui doivent se retrouver soit
dans le projet de règlement, soit dans le projet de loi. On ne parle pas d'une
détermination des paramètres, là, très exhaustifs.
M. Julien : O.K., les grand
principes.
M. Bigras (Bernard) : Mais il
faut les définir, ces modes-là, ce qui, à notre avis, est absent actuellement
dans la... dans le cadre...
M. Bigras (Bernard) : ...dans
le cadre législatif présenté.
M. Julien : Mais je veux...
mais je veux revenir juste là-dessus parce que pour moi, il y a encore
autant... En tout cas, ce qu'on se disait quand on élaborait le projet de loi,
c'est... c'es la connaissance qu'on en a aujourd'hui n'est peut-être pas celle
de demain, tu sais, parce ça a beaucoup évolué. Ça fait qu'on veut ouvrir sur
des modes collaboratifs, alternatifs, et de vouloir prescrire les principes
aujourd'hui quand on ne sait pas ce que demain nous réserve. Alors, pourquoi ça
ne serait pas à l'intérieur de l'appel d'offres, puisque c'est permis de faire
ces modes-là, que serait défini projet par projet qui nécessitent, en fin de
compte, des mesures particulières? Quelles sont ces... Vous avez... vous dites
«les principes», mais tu sais...
M. Bigras (Bernard) : Oui,
mais...
M. Julien : ...le principe de
partage de risques, et on le conçoit assez bien, mais comme... comment qu'on va
le fixer? Pourquoi on ne le ferait pas appel d'offres, par appel d'offres,
puisque chacun des projets complexes et d'envergure va avoir une recette
particulière dans notre approche au marché?
M. Bigras (Bernard) : Bien,
c'est ce qu'on comprend par le projet de loi. C'est on comprend que c'est ça,
votre... votre intention. Votre intention, c'est de faire en sorte que les
modes de réalisation suivent... puissent suivre l'évolution du marché. Si vous
voulez... si vous lisez notre... notre mémoire, c'est la seule raison pour
laquelle on croit que vous n'avez pas été aussi précis dans les principes
directeurs. Puis j'insiste, les principes directeurs, c'est le rôle du
législateur, à mon avis, d'au moins venir préciser un certain nombre de... de
principes directeurs. On ne vous demande pas d'aller dans le détail. Bien sûr,
c'est l'appel d'offres qui va venir préciser. Mais si le législateur n'est pas
en mesure de venir préciser les principes directeurs qui encadrent un mode de
réalisation, alors là, on est dans le flou, on est dans le mou, puis on est
dans l'insuffisant. Alors, on pense qu'il doit y avoir un leadership qui soit
assumé par le gouvernement et ça, pour nous, c'est fondamental.
M. Julien : On va réfléchir à
ça parce que pour nous, il y a tellement de possibilités...
M. Bigras (Bernard) : Oui.
M. Julien : ...que de venir
l'inscrire, c'est comme si on... ça ne sera jamais exhaustif. Alors, il...
Tandis qu'il y a certains principes du mode collaboratif, tu sais, pour moi,
c'est comme... c'est comme je pourrais... pourrais faire un inventaire puis
dire...
M. Bigras (Bernard) : Ah!
oui.
M. Julien : ...c'est du beau,
pas du tout à total puis le total, ça veut dire qu'il y a ça, ça, ça, dedans,
puis pas du tout, il y a ça, puis dans l'intervalle, il y a plein de choses.
Mais... mais c'est comme... c'est comme des principes généraux, mais après ça,
je vais vouloir vraiment avoir ma recette pour chacun des éléments, bien, pas
moi, mais le donneur d'ouvrage, par rapport... par rapport à... à son risque.
Il me reste peu de temps, mais il y a
quelque chose que je veux comprendre. Je comprends que vous représentez les
firmes de génie-conseil.
M. Bigras (Bernard) : Oui,
c'est ça. Vous ne vous êtes pas trompé.
M. Julien : Non, mais je me
demandais si c'est les professionnels ou les firmes, mais c'est les firmes en
génie-conseil, mais c'est les firmes.
M. Bigras (Bernard) : Ce sont
des firmes qui regroupent des professionnels.
M. Julien : Parfait. C'est
ça. Je me demandais à quelle... à quelle hauteur vous étiez.
Là, vous dites... privilégié d'un lien
contractuel direct. Là, là, j'essaie de voir ce que vous voulez me dire, là,
mais je pense que je le vois, mais j'essaie juste... L'objectif, c'est le
donneur d'ouvrage s'en va potentiellement avec un partenariat consortium
professionnel, entrepreneur, consortium adéquat, parties prenantes, puis on
participe ensemble, puis c'est la grande farandole pour arriver à l'objectif
commun. Puis là, naturellement, là, le donneur d'ouvrage, il signe probablement
avec des partenaires qui sont en... en consortium, puis qui eux se sont
entendus. J'espère bien parce que je ne sais pas ce qu'ils feraient ensemble
sinon. Alors, c'est quoi le lien direct supplémentaire que vous voulez qui
n'est pas inclus là-dedans?
M. Bigras (Bernard) : Qu'on
se comprenne bien, nous on... nous, la question fondamentale en affaires, c'est
qui est notre client, hein.
M. Julien : Oui.
M. Bigras (Bernard) : C'est
ça, la question, qui est notre client. À l'heure actuelle...
M. Julien : Si vous faites
partie d'un consortium... si vous faites partie d'un consortium...
M. Bigras (Bernard) : Oui,
oui.
M. Julien : ...votre trio,
vous avez un client, puis vous vous êtes mutuellement... puis vous êtes... vous
avez convenu, mais...
M. Bigras (Bernard) : Contractuellement.
M. Julien : Ce n'est pas
du... ce n'est pas du un à un, mais ça vous protège quand même. Votre client,
ça reste le donneur d'ouvrage. Je veux juste être certain que ce n'est pas un
lien contractuel supplémentaire au consortium.
M. Fecteau (Sébastien) : Effectivement,
je pense que l'important de ce qu'on veut nous autres, c'est faire partie
prenante de l'équipe, de l'équipe de réalisation collaborative. Ce que l'on
veut s'assurer, c'est qu'il y ait... comme on dit tantôt, il y a plusieurs
teintes de gris, hein, dans...
M. Julien : Oui.
M. Fecteau (Sébastien) : ...dans
la collaboration, dans les types de... dans les différents modèles de... de
réalisation, puis on ne veut pas se retrouver dans une situation où on n'est
pas dans... on n'est pas dans... les éléments ne sont pas... ne sont pas... ne
sont pas là.
M. Julien : Mais juste pour
être certain, là, parce que je... on va manquer de temps.
M. Fecteau (Sébastien) : Oui.
M. Julien : Mais ce n'est pas
un lien direct entre le... la firme de génie-conseil et l'organisme public,
«one on one». Il faut que vous fassiez partie d'un consortium avec un lien
direct puis que vous ayez votre porte... que vous ne soyez pas, en fin de
compte, un sous...
M. Fecteau (Sébastien) : Exactement.
M. Julien : ...du lien
direct.
M. Fecteau (Sébastien) : Exactement.
M. Julien : Donc, un
consortium dans lequel vous faites partie, vous avez convenu, puis vous faites
affaire avec un donneur d'ouvrage public, la firme de génie-conseil est
contente...
M. Fecteau (Sébastien) : ...on
est partie prenante du consortium. Effectivement.
M. Julien : Parfait. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Pas
d'autre commentaire, cher collègue?
M. Julien : Merci.
Le Président (M. Simard) : Sans
quoi, je cède immédiatement la parole au député de Nelligan et leader de
l'opposition officielle. Cher ami, vous disposez de 10 minutes
24 secondes.
M. Derraji : Merci, cher
collègue. Bonjour à vous trois. Merci pour votre rapport. Je vais aller directement
à la page sept, et vous n'êtes pas le premier groupe qui nous parle de cette
recommandation. Et je vais vous lire : «Dans les projets d'infrastructures
publics, comme dans la plupart des projets, les économies les plus importantes
sont souvent réalisées aux étapes préliminaires, ça, c'est votre mémoire, lors
de la définition des besoins, de la planification et de la conception,
l'implication des entrepreneurs en amont des projets aura certainement des
bénéfices significatifs à cet égard.» Il faut être... S'il y a un consensus de
cette première journée, c'est ici, lors de cette étape. Ce que vous dites, dans
la recommandation : «Impliquer les professionnels du génie-conseil dès les
étapes préliminaires pour optimiser la qualité et la durabilité des infrastructures.»
Je ne sais pas si vous avez suivi la commission aujourd'hui, les intervenants,
mais je peux vous dire que tout le monde veut être à cette place. Vous,
pourquoi vous sentez le besoin d'être là?
M. Bigras (Bernard) : D'être
là...
M. Derraji : À cette étape,
pas en commission, commission...
M. Bigras (Bernard) : À la
commission ou à la table... aux étapes?
M. Derraji : À l'étape
préliminaire.
M. Bigras (Bernard) : À
l'étape préliminaire. Bien, écoutez, nous, on croit qu'il y a un certain nombre
d'éléments qui sont des prérequis, appelons ça comme ça, les prérequis à la
bonne gestion de projet. Premièrement, une bonne gestion de projet, c'est une
capacité de la part du donneur d'ouvrage de bien évaluer ses besoins. Premier élément.
M. Derraji : Bien, les
définir, déjà.
M. Bigras (Bernard) : Ça,
c'est la deuxième étape. Donc, bien définir son... son projet aussi en même
temps. Et un coup convenir une bonne définition des projets, une bonne
définition des besoins, parce qu'entre vous et moi, c'est ce qui fait, c'est...
c'est l'élément pauvre, là, dans l'ensemble des étapes de réalisation. C'est
que, bien souvent, on se retrouve avec une mauvaise évaluation des besoins, une
mauvaise définition du projet, et on laisse au fond aux concepteurs le soin...
et surtout dans une approche où on tente de forfaitiser extrêmement rapidement
dans le processus alors que le concept n'est même pas défini. Bien là, je vous
dirais, c'est là la problématique. Ça nous crée deux problématiques, ça nous
crée une problématique de délai, puis d'échéancier, puisque bien souvent il y a
des allers et retours. Donc, ce n'est pas toujours clair. Et deuxièmement, il y
a des coûts qui y sont associés.
• (20 h 20) •
Retenez une chose, hein, en gestion de
projet, là, c'est un peu comme un triangle équilatéral, vous avez, à son
sommet, ce qu'on appelle... ce qu'on appelle au fond le triangle d'or, hein?
Donc, vous avez à son sommet la qualité puis vous avez aux deux bouts
l'échéancier puis vous avez les coûts. Si vous jouez sur les coûts, vous
réduisez les coûts, bien, vous vous ramassez avec un triangle isocèle ou à
l'inverse, si un enjeu, c'est les délais, bien, c'est la qualité qui paie.
Donc, comment on s'y prend pour maintenir la qualité... c'est-à-dire de...
parce que l'objectif du gouvernement, il est clair, là, hein, réduire les
échéanciers puis de réduire les coûts. Puis moi, je l'ai dit à plusieurs
reprises, là, c'est légitime, c'est légitime.
M. Derraji : Oui, mais c'est
justement parce que... c'est justement, quand vous avez vu que le projet de loi
et l'intention du ministre, c'est diminuer les coûts de 15 % et diminuer
le délai de construction de 25 %, vous avez lu le projet de loi.
M. Bigras (Bernard) : Oui,
j'ai lu le projet de loi.
M. Derraji : Ah! Ça se voit
très bien.
M. Bigras (Bernard) : Et la
stratégie aussi, parce que ça va ensemble.
M. Derraji : Oui, oui, je
sais, il y a pas mal de groupes qui ont fait... ils ont saisi le projet de loi
pour parler de la stratégie, on l'a vu, on l'a constaté.
M. Bigras (Bernard) : Oui,
j'ai vu ça.
M. Derraji : Mais
concrètement, aujourd'hui, avec les éléments que vous avez entre vos mains...
Parce qu'on n'a pas encore gagné que vous êtes là, hein, dans l'étape
préliminaire, hein, c'est un combat qu'on va avoir par la suite. Je ne sais pas
si on va l'avoir ou pas, mais pensez-vous réellement qu'on va atteindre les
15 % et les 25 %?
M. Bigras (Bernard) : Écoutez,
moi... nous, on croit que...
M. Derraji : Préliminaires...
préliminaires, ils sont là. Désolé, juste une seconde, ils sont là dans l'étape
préliminaire?
M. Julien : Bien,
c'est-à-dire que les professionnels, on souhaite qu'ils soient inclus dans le
consortium, là...
Le Président (M. Simard) : ...on
va écouter le dialogue...
M. Derraji : Non, mais ce
n'est pas grave, c'est juste, je saisis l'occasion.
Le Président (M. Simard) : Oui,
c'est ça, mais on reprend nos échanges bilatéraux.
M. Bigras (Bernard) : Désolé.
Pouvez-vous répéter la question? Parce que, là, j'ai comme... entre les deux
parties.
M. Derraji : Oui, oui, c'est
mon erreur. J'étais tenté parce que j'ai entendu que vous étiez là. Ça me
rassure. Quand vous avez vu 15 % de diminution des coûts, 25 %
diminution des délais de construction, à la lumière de la lecture du projet de
loi, pensez-vous réalistement qu'on va l'atteindre?
M. Bigras (Bernard) : Je
pense qu'on peut l'atteindre. Moi, je... on est confiants qu'on peut atteindre
les...
M. Bigras (Bernard) : ...objectif
visé par la stratégie québécoise des infrastructures de deux façons. Si on joue
sur les délais, d'une part, il faut réduire la lourdeur administrative. Donc,
ça, c'est, pour nous, fondamental, réduire la lourdeur administrative. Puis
comprenons-nous bien, on ne demande pas, là, que la réglementation soit
nécessairement assouplie. Mais réduire la lourdeur administrative contribuerait
à réduire les délais. Et aussi, si l'approche collaborative... parce que je
pense que c'est ça, le défi du gouvernement, pour maintenir la qualité, tout en
réduisant les coûts et les échéanciers, au centre du triangle, c'est l'approche
collaborative. Si cette approche-là nous permet de... d'avoir, je vous dirais,
beaucoup plus de dynamique au plan de la réalisation de projets, on pense que
c'est faisable.
M. Derraji : Bien, parlons de
l'approche.
M. Bigras (Bernard) : Mais il
y a beaucoup... Je viens d'énoncer beaucoup de prérequis puis de conditions,
là. Ça demande de la maturité du côté des professionnels, ça demande de la
maturité du côté des donneurs d'ouvrage, ça demande de la maturité du côté des
entrepreneurs. Ça, c'est des conditions préalables à la réussite de la
collaboration. Maintenant, oui, on pense que c'est possible.
M. Derraji : Oui. Les
prérequis, c'est ce qu'on va s'assurer, de les avoir. Parce que le but, c'est
qu'on ne va pas voter une loi où ce qui a été annoncé, on ne va pas
l'atteindre. Je ne pense pas qu'aucun Québécois ne va être contre le fait qu'on
va lui dire : Écoute, on va diminuer le coût de 15 % et les délais de
construction de 25 %, va dire : je n'applaudis pas ça. Par contre, ce
que vous êtes en train de nous dire, c'est qu'il y a des prérequis.
M. Bigras (Bernard) : Il y a
des prérequis.
M. Derraji : Et il faut les
mettre en place. Mais parlons des prérequis. Vous, l'approche collaborative,
vous la voyez pour quel type de projets? Est-ce qu'on est en fonction de
complexité, c'est pour tout?
M. Bigras (Bernard) : Bien oui.
Bien, on peut donner quelques exemples de projets collaboratifs qui ont... qui
ont fait leurs preuves aussi...
M. Fecteau (Sébastien) : Oui.
Je dirais les... moi, les projets qui sont complexes, qui ont un certain niveau
de complexité, les projets où les besoins sont plus ou moins bien définis, les
projets où le propriétaire a une grande valeur ajoutée, une bonne connaissance
de l'historique d'opération de l'infrastructure ou de... ou une grande valeur
ajoutée au niveau de l'opération future de l'infrastructure. Bien entendu, ça
prend une certaine envergure parce que c'est... il y a une certaine gouvernance
à mettre en place pour ces projets collaboratifs là. Donc, si ce genre de
projets... de projets là, naturellement, comme on le disait puis comme aussi
des intervenants avant nous disaient, les autres modes de réalisation vont
avoir encore leur place pour des projets qui sont... qui ne respectent pas
nécessairement ces critères... ces critères-là.
M. Derraji : Quand on parle
de la complexité, avez-vous en tête... est-ce que c'est par coût du projet
ou... Est-ce que vous voulez qu'on précise la complexité dans le projet de loi
ou laisser ça aux donneurs d'ordres?
M. Fecteau (Sébastien) : Moi,
j'aurais tendance à le laisser aux donneurs d'ordres. Parce que, si on veut
essayer de définir ça dans un projet de loi, ça va être... je pense, c'est
différent pour chacune des... chacune des infrastructures, là.
M. Derraji : Je ne sais pas
si vous avez vu d'autres mémoires, mais j'ai... j'ai... j'ai le goût de vous
poser cette question. Le Conseil canadien des marchés publics, dans leur
mémoire, ils parlaient de la mise en œuvre : «La mise en œuvre des
modalités associées à ce projet de loi est fondamentale dans le succès de cette
démarche. Une mise en œuvre faite trop rapidement comportera des risques pour
les organismes publics.» Vous en pensez quoi?
M. Bigras (Bernard) : Bien,
on... C'est un peu ce qu'on dit dans notre mémoire. Ce qu'on dit, c'est que ça
va demander une phase préparatoire. Autant... On a parlé de la formation, tout
à l'heure, c'est un exemple, mais on doit aller, là, je vous dirais, de façon
soutenue, mais en même temps, essayer, là, sans parler de projets pilotes,
parce que, de projets pilotes... on est tous un peu tannés d'en entendre
parler, n'est-ce pas, des projets pilotes, mais essayer, là, de trouver le bon
projet, déjà, là, on a beaucoup d'espoir, entre autres, je vous le dis comme
ça, là, dans l'espace innovation, qui a été créé par le projet de loi 12,
la ministre LeBel, qui donne cette possibilité au donneur d'ouvrage, là, de
pouvoir expérimenter, disons ça ainsi, des modes de réalisation du type IPD.
Donc, je pense que le meilleur conseil, c'est de... peut-être de prendre
deux... deux grands donneurs d'ouvrage, là, publics, là, j'en nomme deux comme
ça, mais le ministère des Transports et de la Mobilité durable puis la Société
québécoise des infrastructures, et de leur demander de réaliser des projets.
Puis il faut avoir le droit à l'erreur aussi. C'est aussi fondamental parce
qu'on est dans un contexte québécois. Et ça, j'insiste là-dessus. On va trouver
des contrats, des contrats type, que ça soit des CDC-30 ou des...
M. Bigras (Bernard) : ...c'est
des... 15. Il va être important, pour le gouvernement du Québec, de prendre en
compte la réalité québécoise dans l'application ou l'utilisation de ces
contrats types là. Et j'invite le gouvernement à travailler avec l'industrie
dans la conception de ces contrats types là. On le voit beaucoup. J'ai un
collègue qui disait, pas plus tard que la semaine dernière... qui me parlait de
l'Ontario et qui me disait : On travaille en collaboration avec l'Ontario
pour définir un peu le cadre d'intervention.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Bigras (Bernard) : Donc,
ça, c'est une voie prometteuse.
M. Derraji : O.K....
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci à vous, cher collègue. Alors, je cède la parole à la députée de Verdun,
qui dispose de trois minutes 28 secondes.
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Merci encore une fois pour votre présence et la présentation.
Tout à l'heure, on avait une discussion sur les cibles de réduction de délais
et des coûts. Je veux m'attarder un peu sur la... celle des délais, peut-être
faire appel à votre expertise dans la réalisation de ce type de projet. Est-ce
que vous sentez que les cibles qui sont annoncées sont... pas... je ne veux pas
aller sur le réalisme, mais plus est-ce qu'elles sont arbitraires? Est-ce qu'on
peut fixer ce type de cibles comme ça? Ou est-ce que, dans votre expertise,
vous avez vu des types délais... des délais qui sont semblables ou basés sur
une étude de réalisation de projet?
M. Bigras (Bernard) : Moi, je
pense qu'il serait très audacieux et très risqué d'essayer de définir des
cibles par mode de réalisation. Je vous donne... Je vous donne un exemple d'un
mode de réalisation : conception, construction, financement. Si on prend
les projets qui ont été réalisés en 2019 pour lesquels je regarde le taux d'escompte
de la Banque du Canada, en 2019, qui tournait autour de 2 %, hein, et que
je prends le même projet, hein, puis je le réalise aujourd'hui avec un taux
d'escompte de la Banque du Canada qui tourne, quoi, autour de 5 %, j'ai vu
les derniers chiffres, je ne suis pas sûr... je ne suis pas sûr qu'il y ait un
donneur... je ne suis pas sûr qu'il y ait un donneur d'ouvrage qui prendrait le
risque d'aller sur le marché avec ce type de projet associé à ce type de mode
de réalisation, je ne suis pas sûr qu'on réussirait à avoir des coûts réduits.
Des échéanciers, c'est autre chose. Et donc c'est ça qui est fondamental,
d'essayer de définir en amont un type... l'utilisation d'un mode de réalisation
en fonction d'un type de projet ou d'envergure, comme votre collègue le disait,
d'envergure de projet, c'est extrêmement complexe parce que le contexte peut
être différent. Je vous donne l'exemple de la construction... construction
financement, mais ça pourrait être bien d'autres.
• (20 h 30) •
Mme Zaga Mendez : Merci. J'ai
une dernière question. Tout à l'heure, vous avez parlé la mise en commun de
ressources et comment ceci allait avoir un effet sur les responsabilités.
J'aimerais ça vous entendre un peu plus là-dessus, vous allez... si vous avez
un exemple de... les situations de mise en commun des ressources a un effet ou
s'accroît... Vous avez parlé d'accroître la responsabilité des firmes de
génie-conseil.
M. Bigras (Bernard) : Bien,
je vous dirais que c'est... c'est peut-être plutôt un enjeu de... comment dire,
de protection de la responsabilité professionnelle des ingénieurs. Alors, il
faut se rappeler là que, et je l'ai dit, actuellement, nous, notre devoir,
c'est de conseiller notre client. Alors, il faut s'assurer de bien protéger
notre client. Alors, qui est notre client? Alors, il faut éviter d'être dans
une situation où un professionnel, pour toutes sortes de raisons, là, pourrait
être amené à prendre ou recommander certaines avenues de solution...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Bigras (Bernard) : ...qui
seraient liées à des étapes de réalisation de projet.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. Bigras (Bernard) : Alors,
je résumerais ça ainsi. Donc, il faut protéger le professionnel. Ça, c'est
fondamental.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Je cède la parole au député de Jean-Talon.
M. Paradis : Merci. Bonsoir.
J'aimerais discuter avec vous de votre recommandation numéro trois sur
l'implication des professionnels du génie-conseil dès le... les étapes
préliminaires. Et c'est... c'est un principe de gestion évident, vous l'avez
mentionné. Donc, il faut réfléchir longuement, il faut planifier, il faut que
les joueurs importants soient là dès le départ. D'ailleurs, les estimateurs et
économistes nous ont dit la même chose tout à l'heure, même chose pour les
spécialistes de la gestion. Je le comprends bien.
Maintenant, en ce qui concerne surtout, je
dirais, les grands cabinets de génie-conseil, d'aucuns pourraient prétendre
qu'ils sont déjà très présents dans ces projets-là, y...
20 h 30 (version non révisée)
M. Paradis : ...compris dans
la conception et qu'on a des leçons apprises. Notamment, je suis obligé de
parler de la commission Charbonneau, hein, sur la proximité parfois avec aussi
des employés des uns et des autres qui changent d'un côté.
Alors, est-ce que vous pourriez mettre en
lumière et rassurer les gens, parce qu'on est là aussi pour parler de la
confiance du public, de la transparence puis le traitement équitable et intègre
des processus. Donc, cette proposition-là, comment on l'arrime aussi avec ce
besoin-là de rassurer le public que tous les joueurs sont là pour la
conception, mais ça ne veut pas dire qu'on nuit? Comment on favorise ces
processus-là, finalement?
M. Bigras (Bernard) : Bien,
écoutez, lorsque je lis la recommandation numéro 3, c'est d'«impliquer les
professionnels du génie-conseil dès les étapes préliminaires pour optimiser la
qualité et la durabilité des infrastructures». Revenons sur la qualité et la
durabilité des infrastructures. Prenons l'exemple des coûts, hein? Il y a deux
façons de voir les choses. On peut... on peut voir les coûts comme étant une
dépense à très court terme ou on peut essayer de faire une analyse qui tient
compte du cycle de vie du projet. Donc, nous, on est de ceux qui croient qu'on
doit investir dans l'innovation, on croit qu'on ne doit pas lésiner sur les
coûts s'ils nous permettent des économies sur une période de plus long terme.
Il y a un risque. Il y a un risque, de lésiner sur la conception. Il y a un
risque, de ne pas prévoir des éléments qui, dans la prise de décision
gouvernementale, et on va jusqu'aux appels d'offres, hein, on va jusque...
nous, on... on est de ceux qui croient, là, que, dans les appels d'offres
publics, on devrait tenir compte, dans les solutions proposées, de l'impact sur
le cycle de vie.
Donc, ça, ça nous permet d'optimiser la
qualité puis la durabilité des infrastructures. C'est dans cette perspective-là
qu'il faut voir les choses, parce qu'une infrastructure, il y a un élément qui
doit être associé à l'infrastructure, c'est sa pérennité.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Voilà, la pérennité. C'est un beau mot pour conclure, M. Bigras. Vous qui
avez une si longue expérience parlementaire à la Chambre des communes, c'est un
plaisir que de vous retrouver. Messieurs, merci d'avoir contribué à nos
travaux.
Et sur ce, j'ajoute nos séances. Au
revoir.
(Fin de la séance à 20 h 34)