Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
(Quinze heures vingt-sept minutes)
Le Président (M. Simard) : Chers
collègues, bienvenue. Nous avons quorum et nous sommes en mesure de pouvoir
entreprendre nos travaux.
Comme vous le savez, la commission est
réunie afin d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 60, Loi
autorisant la conclusion de conventions collectives d'une durée supérieure à
trois ans dans le secteur public et parapublic.
Mme la secrétaire, bonjour. Y a-t-il des
remplacements aujourd'hui?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Abou-Khalil (Fabre) est remplacée par M. Sainte-Croix
(Gaspé).
Le Président (M. Simard) : Alors...
Le Président (M. Simard) : ...bienvenue
à notre nouveau collègue. Vous serez sûrement impressionné par la qualité de
cette commission.
Alors, nous débutons par les remarques
préliminaires. Et, d'entrée de jeu, je cède la parole à la présidente du
Conseil du trésor.
Mme LeBel : Oui. Bien, mes
remarques préliminaires se limiteront à peut-être à remercier et saluer tous
ceux qui m'accompagnent, M. le Président, ainsi que mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys avec qui on va avoir le plaisir de faire cette étude
détaillée.
Donc, j'ai avec moi les membres de la
commission, naturellement, qui sont de la banquette parlementaire, mais qui
m'accompagnent plus précisément sur ce dossier-là, plein de gens du Conseil du
trésor, du bureau, la négociatrice en chef, mais particulièrement
M. Jean-Michel Roche, qui est négociateur en chef adjoint, qui, s'il y a
des questions beaucoup plus techniques, pourra se faire le plaisir d'y
répondre, si d'ores et déjà je suis incapable de le faire. Et naturellement,
Émilie Vallée, ma conseillère politique.
Bon, je dirais rapidement que le titre
parle de lui-même, mais qu'il serait très long et trop long d'en ajouter
d'autres choses, donc l'idée, c'est de conclure des conventions collectives
pour la ronde de négociations actuelles qui seront de plus de trois ans qui...
trois ans qui est prescrit par le Code du travail. Bon, pour l'instant, on
ne... on ne s'affaire pas à modifier le Code du travail, mais on note déjà,
d'ailleurs, des conventions collectives, comme vous le savez, dont l'entente de
principe a été entérinée par les membres, qui sont de plus de trois ans, et
nous sommes dans une ronde de négociation où les discussions nous amènent à
penser qu'il y en aura d'autres, potentiellement, de plus de trois ans. En tout
cas, la base des discussions, présentement, est sur une base de plus de trois
ans. Donc, je vais conclure, là, parce que je pense que, dans l'étude, on
aura... détaillée, on aura l'occasion d'en dire encore peut être un peu plus.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous. Je cède la parole au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Donc, bien, écoutez, encore une fois, merci à tous d'être ici
aujourd'hui. Merci à mon équipe pour me supporter dans ce projet de loi qui va
être extrêmement laborieux. Donc, on a bien hâte de pouvoir commencer. Et
merci. Voilà.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci à vous, chers collègues. Y aurait-il d'autres remarques? Nous sommes donc
prêts à poursuivre.
• (15 h 30) •
Nous en sommes à l'étape des motions
préliminaires. Y a-t-il des motions que l'un d'entre vous souhaiterait déposer?
Sans quoi nous allons procéder à l'étude détaillée du projet de loi. Mme la
ministre, pour l'article 1.
Mme LeBel : Oui.
Article 1 : Malgré l'article 111.1 du Code du travail
(chapitre C-27), une convention collective suivant une convention
collective qui expire le 31 mars 2023 peut-être conclue pour une durée de
plus de trois ans dans les secteurs public et parapublic. La référence au
paragraphe d de l'article 22 du Code du travail, contenue à
l'article 111.3 de ce code, doit alors être lue comme une référence au
paragraphe e de cet article 22.
Commentaire. Le premier alinéa de
l'article 1 vise donc à déroger à l'article 111.1 du Code du travail
afin que les prochaines conventions collectives dans les secteurs public et
parapublic puissent avoir une durée de plus de trois ans.
Le deuxième alinéa est une disposition de
concordance qui concerne la période de demande de changement d'accréditation
prévue à l'article 111.3 du Code du travail.
Je disais d'entrée de jeu qu'il y avait
déjà des conventions collectives sur la table qui ont une durée de plus de
trois ans que l'on s'apprête à signer dans les prochaines semaines,
c'est-à-dire celles qui concernent le front commun et la FAE. Et d'autres
conventions collectives, dans cette ronde de négociation là, qui risquent
d'arriver... qui se font sur une base qui est similaire, on verra,
naturellement, on ne présumera pas du résultat des négociations, mais elles se
font potentiellement déjà encore sur une base de cinq ans comme les autres qui
ont été signées jusqu'à présent.
Et c'est la différence entre le projet de
loi actuel et le projet de loi précédent. Vous vous rappellerez, M. le
Président, qu'on avait fait un projet de loi très spécifique sur la convention
collective des gardes du corps et des conseils... des constables spéciaux, qui
avaient des durées de huit et 12 ans, je pense, respectives, donc de plus
de trois ans. Et on ciblait des conventions collectives précises.
Ici, la raison pour laquelle on ne cible
pas simplement le front commun et la FAE, c'est qu'on sait que, dans cette ronde-ci,
compte tenu de ce qui a été entériné jusqu'à présent, les bases de négociation
nous amènent à penser que d'autres suivront. Donc, mais je dois rassurer les
membres de l'opposition, ça ne concerne que les conventions collectives de la
ronde actuelle, donc il y aura une fin à cette exception-là, c'est-à-dire la
prochaine ronde de négociation retombera, s'il n'y a pas des modifications au
Code du travail ou d'autres modifications sous l'égide du Code du travail, qui
est de trois ans. Donc, c'est quand même très spécifique à la ronde de
négociation actuelle.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Oui. Merci,
M. le Président. Donc, juste pour que je comprenne, parce que, bon, là, vous
l'avez dit, c'est vraiment pour la ronde actuelle de négociations. Qu'est-ce
qui empêche à ce que ça soit le... le même principe qui continue? En d'autres
mots, pourquoi ne pas simplement avoir inséré comme un maximum, disons, de dire
pas plus que cinq ans, pas plus que 12 ans? Ou pourquoi... pourquoi ouvrir
la...
M. Beauchemin : ...porte à
aucune date maximum future.
Mme LeBel : Bien, parce qu'on
l'a vu dans la... Bien, il y a... Présentement, sur la table de négociation, il
y a encore, bon, la FIQ, il y a encore les deux syndicats de la fonction publique,
le SFPG et le SPGQ, qui présentement... bon, comme je le dis, on ne présumera
pas de la... du résultat final, mais la base sur... pour... sur laquelle on
discute est une base de cinq, si je ne me trompe pas. Il y a d'autres
syndicats, les constables... les contrôleurs routiers, les agents de la faune
et les services correctionnels, qui présentement sont également dans une ronde
de négociations, je ne veux pas présumer de rien, mais qui pourrait être de
plus de cinq ans, si on se fie à ce qui s'est passé dans... les constables
spéciaux et les gardes du corps. Encore une fois, je ne suis pas en train...
Donc, je pense qu'il faut se permettre de
laisser la négociation, parce qu'il faut comprendre que, si on en arrive à une
base de cinq ans, de trois ans, de cinq ans, de huit ans ou de 12 ans, c'est...
c'est de consentement avec le syndicat qui est en face. Donc, je pense qu'il
faut se laisser, pour cette ronde de négociations là, compte tenu de l'expérience
actuelle de cette ronde, la... la pleine latitude de discuter avec les parties
à la table de négociation. Et on ne modifie pas le Code du travail, parce que
je pense que ça serait à mon collègue au Travail de le faire, et la discussion
sur la pertinence d'insérer, dans le Code du travail, une limite de trois ans
ou de baliser entre trois et cinq ans, ou entre trois et 10 ans, comme
vous le dites... je pense qu'on devrait laisser cette discussion-là sur une
modification pérenne du Code du travail.
Dans le fond, ce qu'on fait ici, c'est qu'on
s'adapte à l'expérience de la négociation actuelle. On ne l'aurait pas fait en
début de négociation. En début de négociation, il n'y a pas de cas de figure
pour nous permettre de penser qu'on serait à cinq, ou à 8, ou à 12. Dans la
négociation précédente, pour vous donner un exemple, cher collègue, je vais
dire à la ronde 20-23, bien, la ronde 20-23 parle d'elle-même, les
conventions collectives se sont réglées à trois ans. Dans la majorité, sinon l'entièreté
des dossiers, je pense, de la ronde actuelle, il y a... il y a beaucoup de
conventions collectives, donc des fois, de temps en temps, il faut que je me
rassure dans mes propos, là, mais donc on n'a pas eu l'occasion de le faire. Ça
fait qu'on ne le ferait pas en début de round de négociations, mais cette ronde-ci
nous a démontré que la tendance était à plus de trois ans. Donc, c'est ça qu'on
veut, si on veut, mettre sur la table, là, pour la durée de cette ronde-ci.
M. Beauchemin : Mais est-ce
que je comprends, donc, qu'une fois que cette ronde de négociation là va être
signée, là, exécutée, exactement, on retourne donc à...
Mme LeBel : Au Code du
travail.
M. Beauchemin : Au Code du
travail, puis sachant très bien que, fort probablement dans trois ans, on va
revenir au même point de départ.
Mme LeBel : Oui, mais je ne
voudrais pas présumer de la raison pour laquelle c'était dans... le Code du
travail disait trois ans. Je pense vous avoir entendu faire la nomenclature
des... quand on a fait l'adoption de principe, la nomenclature des conventions
collectives qui avaient été de plus de trois ans, et ce n'est pas particulier à
2024 ou 2023, là, dans le passé, comme vous avez si bien su le mettre en avant,
il y a eu d'autres rondes de négociations, c'était cinq ans. Pourquoi, dans le
passé, on n'a pas décidé de changer le Code du travail? Je ne veux pas présumer
de tout ça, mais je pense que ça pourrait participer d'une réflexion beaucoup
plus large sur des modifications au Code du travail, là.
Mais, dans le passé également, on a fait
de cette façon-là pour s'adapter à la réalité d'une ronde de négociation plutôt
que de décider de choisir le Code du travail. Et, en toute transparence, je ne
pourrais pas vous dire pourquoi on a choisi, à un moment donné, de garder ça à
trois ans puis pourquoi, au fil des années, on n'a pas choisi de tout
simplement modifier le Code du travail. Mais l'expérience se répétant, les
arguments pertinents pour le faire s'accumulent, j'imagine, là.
M. Beauchemin : ...vous l'avez...
M. le Président. Vous l'avez maintenant, l'expérience d'avoir déjà modifié à
deux reprises déjà, donc c'est la troisième fois cette fois-ci.
Mme LeBel : C'est la deuxième
fois.
M. Beauchemin : Deuxième fois
cette fois-ci. Il n'y a pas eu... Dans le passé, est-ce que vous êtes au
courant de l'historique...
Mme LeBel : Bien, je sais que
dans le passé...
M. Beauchemin : ...péquiste
ou libéral?
Mme LeBel : Je sais que dans
le passé, que ce soit sous le... Le gouvernement péquiste, je ne sais pas s'ils
ont eu le temps de faire des négociations dans... Mais disons que, dans le
passé, il y a eu d'autres rondes de négociations qui se sont terminées à cinq
ans. Et, dans le passé, les gouvernements en place n'ont pas choisi de passer
par une modification pérenne du Code du travail, ils ont choisi de le faire de
cette façon-là. Donc... Et je ne suis pas la ministre responsable du Code du
travail, donc, je suis la ministre responsable des négociations
gouvernementales. Naturellement, mon collègue au Travail est au courant et
adhère à cette modification-là, mais, pour la pertinence de le faire à plus
grande échelle, je n'oserais pas avancer sur ce territoire-là, ça lui
appartient.
M. Beauchemin : C'est juste
que j'essayais de comprendre est-ce qu'il y a une corrélation entre le haut
niveau d'inflation qu'on a eu puis la demande de vouloir le faire de façon plus
allongée, donc de pouvoir protéger une plus grande augmentation face à cette
plus grande inflation. Est-ce que ça serait la «motive» sous-jacente?
Mme LeBel : On pourrait
théoriquement penser... Et là, encore là, je... je module mes propos en
reprécisant à nouveau que je n'étais pas là quand on a décidé que, dans le Code
du travail...
Mme LeBel : ...du travail, que
c'était pertinent de fixer trois ans comme... comme limite à une... à la durée
d'une convention collective. Mais on pourrait penser qu'aujourd'hui on pourrait
trouver pertinent — on, après consultation, discussion et réflexion — de
ne pas avoir de telles limites dans le Code du travail et de laisser tout
simplement place à la négociation. Et je peux vous assurer que dans le cas
actuel, que ce soit huit ans, 12 ans ou cinq ans pour les conventions qui
se... qui sont avérées déjà conclues, je vais le dire comme ça, bien, ça s'est
fait par le processus de la négociation, et il y a un tas d'arguments en faveur
d'une... d'une plus longue durée que celle... que celle de trois ans.
Je vous donne un exemple pratico-pratique.
Une négociation commence quelques mois avant la fin d'une convention
collective, et je vais dire les parties de bonne foi de toute part, là, se...
se règle rarement dans les mois suivants. Il y a souvent une année au moins qui
passe pour diverses raisons. Quand on fait une convention collective de trois
ans, au moment où on conclut la convention collective et qu'on signe et qu'on
met en vigueur les... les clauses et les adaptations, les modifications,
l'expérience de vivre pleinement les effets de la convention collective sont
assez limités. Souvent ça se limite à un an, un an et demi. Donc c'est
difficile après ça, dans l'autre ronde de négociations pour les deux parties,
et la seule raison pour laquelle je me permets d'en parler, c'est que j'ai fait
les deux rondes de négociations, la ronde 2023 et la ronde actuelle. Et
c'est très difficile, quand tu arrives à la table de négociation, parler d'une
clause du passé et de juger de la pertinence de la reconduire ou de la
renégocier ou non quand elle a eu à peine le temps de se déployer sur le terrain.
Et c'est vrai pour les deux parties. Donc, je pourrais vous dire que je suis
personnellement en faveur d'une... d'une durée de convention collective qui
permet à tout le moins de mesurer les effets de la convention avant de la
renégocier. Ça pourrait être trois ans, ça peut... mais les cas de figure
pourraient varier à ce moment-là.
• (15 h 40) •
M. Beauchemin : J'essaie
juste de comprendre, puis je vais prendre les chapeaux de tous les côtés de la
table de négociation pour mieux comprendre. Mais j'essaie de comprendre puis je
me dis : Bon, bien, dans le fond, il n'y a pas aucune raison pour ne pas
avoir modifié le... le Code du travail finalement, là, dans le sens qu'avoir
modifié le Code du travail, bien, ceci n'aurait pas à être fait. Ça aurait été
aussi complexe selon moi de modifier le Code du travail que de faire cette loi
spécifique là.
Mme LeBel : On pourrait poser
la même question au législateur précédent dans les autres gouvernements, dont
le Parti libéral.
M. Beauchemin : Oui.
Mme LeBel : Puis je ne dis pas
ça comme d'une façon partisane, j'imagine.
M. Beauchemin : Non, mais je
la poserais.
Mme LeBel : Oui, mais
effectivement. Mais la raison pour laquelle pour moi il est très délicat, et en
plus que je n'ai pas nécessairement l'information pour vous répondre, je ne
suis pas la ministre responsable du Code du travail...
M. Beauchemin : Oui.
Mme LeBel : Et je ne connais
pas l'historique de cette mesure-là. Peut-être que les syndicats nous
diraient : On n'est pas d'accord pour la modifier parce que ça peut lancer
le signal, en début de convention... de négociation, qu'on cherche des
conventions collectives de l'ordre de trois ans. Mais tout ce que je peux vous
dire, c'est que, quand elles sont signées à plus de trois ans, c'est parce que
les... toutes les parties en place sont d'accord pour la signer à plus de trois
ans.
M. Beauchemin : Mais,
écoutez, peut-être que ça pourrait faire un des éléments de conversation
justement avec les syndicats, de leur offrir de modifier la loi.
Mme LeBel : J'ai beaucoup
d'éléments de conversation avec les syndicats présentement.
M. Beauchemin : Oui,
j'imagine.
Mme LeBel : C'est correct, je
n'en...
M. Beauchemin : J'imagine.
Mme LeBel : Si ça ne vous
dérange pas, je ne suis pas obligée d'en ajouter.
M. Beauchemin : J'imagine.
Mais pour le bon fonctionnement à long terme puis l'efficacité du gouvernement,
je pense que ça serait une bonne idée de...
Mme LeBel : Mais ce serait
probablement, je vous dirais, une conversation à avoir entre deux rondes, et
quand... et si, entre deux rondes, on a plus de temps que moins, on est
capables d'avoir des conversations plus ciblées sur les pratiques habituelles.
Là, on est toujours dans le feu de la convention actuelle et la négociation
actuelle qui fait que...
M. Beauchemin : Mais bientôt
vous allez être dans la prochaine... dans l'entre-deux, là, bientôt.
Mme LeBel : On se le
souhaite.
M. Beauchemin : Oui, c'est
ça.
Mme LeBel : Pour tout le
monde.
M. Beauchemin : Mais j'essaie
de comprendre. Un dernier point, puis après ça, on pourra passer à autre chose,
mais j'essaie juste de comprendre une chose. Ça fait qu'il y a quand même cette
stratégie-là de négociation, de rentrer quelques mois avant, de s'embarquer
dans la négociation. Des fois, ça peut prendre un an, des fois ça peut prendre
deux mois, des fois ça peut prendre beaucoup plus de temps, puis, à cause qu'il
y a cette expiration-là de trois ans, on dirait que ça, ça met la pression.
Rendu là, bien là, il faudrait peut-être qu'on s'entende. Si jamais ça se
rendait jusque là, ça serait comme une barrière force... sinon quoi? Sinon, ça
fait en sorte qu'il n'y a pas rétroactivité. Il y a de la rétro...
Mme LeBel : Ah! il y a de la
rétroactivité dans les paramètres, non, non, il n'y a pas de problème. Les gens
sont payés pour la durée de la convention, puis on le fait dans la dernière
ronde 2023, on a réglé pour trois ans à un an de la fin à peu près, là. Il
y en a qui ont réglé un peu plus vite, mais, disons, en moyenne à un an de la
fin de la convention collective. Je vous dis juste que pour avoir eu le
privilège et... et je vous dirais que, sauf erreur, je suis la seule présidente
du Conseil du trésor qui a fait deux rondes de négociations et encore... et
d'autant plus, deux rondes de... une... une après l'autre...
Mme LeBel : ...je vous dirais
que, pour moi, si je vois un enjeu de mon côté, c'est la difficulté de discuter
de l'effet d'une mesure quand elle n'a pas eu le temps de se déployer. Tu sais,
de dire, je prends un exemple, je ne mettrai pas de mesure particulière, mais
le syndicat m'a dit : Bien, telle mesure qu'on a mise en place ne
fonctionne pas. C'est difficile d'avoir des données probantes quand elle n'a
pas eu le temps de se déployer pleinement, de dire : Est-ce que c'est
vrai? Est-ce que ce n'est pas vrai? Là, je ne présume pas de ce qu'on pourrait
me dire. Et, à l'inverse, c'est la même chose, quand moi, je mets de l'avant
comme gouvernement et un parti gouvernemental avec mes collègues de Santé,
Éducation, à titre d'exemple, dans le parapublic... de l'avant une mesure que
l'on pense efficace ou qu'on veut maintenir une mesure dans la... qui
apparaissait dans la convention précédente parce qu'on la juge efficace, le
syndicat est capable de me répondre la même chose, là : On n'a pas le
temps de l'évaluer.
M. Beauchemin : Mais... mais,
de votre point de vue, Mme la ministre, est-ce que vous voyez une façon de
contrer une stratégie ou est-ce que c'est une... ou est-ce que ça devient une
autre... un autre niveau stratégique en termes de négociation lorsqu'on permet
que ça soit plus longtemps que cinq ans, au niveau de la négociation?
Mme LeBel : Non.
M. Beauchemin : Autant de
votre côté à vous que du côté des syndicats, par exemple? Il y a-tu comme un...
Mme LeBel : Bien non,
cette...
M. Beauchemin : Il y a-tu un
avantage stratégique d'un bord ou de l'autre?
Mme LeBel : Non, mais c'est
probablement cette réflexion-là qui... qu'on devrait avoir de façon plus
précise. Je vous dirais que moi, je suis dans le quotidien de mes négociations
actuelles et je constate que j'ai présentement, dans le... dans la ronde
actuelle, j'ai des conventions à cinq ans, donc je dois avoir un... un projet
de loi de toute façon, et souvent on le fait après. Donc, quand on commence la
ronde de négociation, on le fait sous l'égide du Code du travail qui... qui
précise que les... les conventions ne doivent pas avoir une durée de plus de
trois ans. Après ça, les parties argumentent chacun de leur côté pour une
convention plus grande, mais il y a plusieurs facteurs, là, qui peuvent être
mis de l'avant de part et d'autre. Et ce n'est pas toujours le... ça peut être
le choix du syndicat, autant du gouvernement, là, mais ce que je veux dire,
c'est que...
M. Beauchemin : Mais on
n'enlève aucun levier à enlever cette...
Mme LeBel : Bien, je vous
dirais que je n'ai pas réfléchi à cette question-là, puis je ne m'avancerai pas
là-dessus, mais ce serait certainement la réflexion à y avoir sur une
modification pérenne du Code du travail. Cette réflexion-là, est-ce qu'il y a
un avantage ou un désavantage pour une partie ou une autre d'avoir une limite
dans le Code du travail? C'est la... c'est la pleine question qu'il faut se
poser, là. Moi, je vous dirais que je suis plus dans l'opérationnalité de ma
ronde de négociation que dans la réflexion philosophique. Puis je... quand je
dis ça, je ne dénigre pas le fait qu'il faut se poser la question, mais moi, je
ne suis pas à ce niveau-là au moment où on se parle, mais ce serait une réflexion
à y avoir avec le... avec le ministre du travail, parce que le Code du travail,
si je ne me trompe pas, n'est pas juste dans le secteur public et parapublic
non plus, là. Il y a... il est plus large.
M. Beauchemin : Exact.
Une voix : ...
Mme LeBel : Celle-là est pour
le public, O.K. Parfait.
M. Beauchemin : Non, mais le
Code du travail, c'est effectivement plus large que...
Mme LeBel : Mais c'est plus
large. Donc, est-ce qu'on pourrait le faire juste pour le secteur public,
parapublic, dans le Code du travail? Est-ce qu'on doit le faire plus large?
Est-ce que la réflexion se fait à plus grande échelle? C'est peut-être là la
difficulté de réouvrir le Code du travail à ce niveau-là, qui n'est pas juste
pour le secteur public et parapublic, nécessairement.
M. Beauchemin : Merci. Je n'ai
pas d'autres questions.
Le Président (M. Simard) : Alors,
d'autres remarques sur l'article un? Sans quoi, cet article est-il adopté? Cet
article est-il adopté? Adopté. Nous passons à l'étude de l'article deux.
Mme LeBel : Merci. Article
deux : Malgré l'article 111.1 du Code du travail, une convention
collective suivant une convention collective qui, au moment de sa conclusion,
n'est pas visée à la section trois du chapitre 5.1 de ce code peut être
conclue par un établissement privé conventionné pour une durée de plus de trois
ans. Malgré l'article 65 de ce code, une première convention collective
peut être conclue par un établissement privé conventionné pour une durée de
plus de trois ans. La référence au paragraphe d de l'article 22 du Code du
travail, contenue à l'article 111.3 de ce code, doit alors être lue comme
une référence au paragraphe e de cet article 22. Le présent article
s'applique aux établissements qui deviennent, avant le 31 décembre 2025 ou
à une date ultérieure fixée par le gouvernement, des établissements privés
conventionnés au sens de la loi sur le régime de négociation des conventions
collectives dans les secteurs public et parapublic.
Donc, ici, c'est une situation beaucoup
plus particulière. Commentaire. L'article deux vise les établissements privés
conventionnés du secteur de l'Assemblée... de la santé et des services sociaux.
À titre d'exemple, là, c'est les CHSLD privés conventionnés dont la date
d'expiration des conventions collectives n'est pas nécessairement le
31 mars 2023. Donc, avec des régimes de négociation différents, on n'a pas
nécessairement un arrimage, mais c'est quand même la ronde de négociation
actuelle dont on parle.
Le premier alinéa de l'article deux vise à
déroger à l'article 111.1 du Code du travail afin que la prochaine
convention collective d'un établissement privé conventionné puisse être d'une
durée de plus de trois ans. La prochaine convention collective réfère à la
convention collective suivant une convention collective qui, au moment où elle
a été conclue, n'était pas visée par les dispositions applicables aux secteurs
public et parapublic, puisque l'établissement privé était alors non
conventionné.
Le deuxième alinéa de l'article deux vise
à déroger à l'article 65 du Code du travail afin que la première
convention collective entre un établissement privé conventionné et une
association de salariés puisse avoir une durée de plus de trois ans. Et la
troisième alinéa est une disposition...
Mme LeBel : ...de concordance
concernant la période de demande de changement d'accréditation prévue à
l'article 111.3 du Code du travail. Le quatrième alinéa précise que les
établissements privés visés par l'article 2 sont ceux qui seront
conventionnés avant le 31 décembre 2025 ou la date ultérieure déterminée
par le gouvernement.
Donc, on s'est engagé dans une ronde où on
s'est engagé à conventionner l'ensemble des CHSLD privés non conventionnés
d'ici 2025. Ils vont donc... je vais dire quelque chose qui est peut-être moins
juridique, mais ils vont donc changer de statut pendant la ronde de
négociation, et c'est pour s'assurer qu'on puisse se permettre d'avoir
également, dans leur cas, si la négociation nous porte dans ça, vers des
conventions de plus de trois ans. Donc, c'est comme... comme ils sont dans une
transition, on voulait couvrir la période de transition dans cet article,
résumé très simplement d'ailleurs, le diable étant dans les détails, là,
mais...
M. Beauchemin : Il y a-tu
d'autres entités potentiellement qui pourraient être visées par ça?
Mme LeBel : Oui, bien, c'est
ça. Il reste des établissements privés à conventionner, mais ce seraient
ceux-là qui seraient visés éventuellement. Mais il n'y en aurait pas d'autres.
M. Beauchemin : Donc, CHSLD
point, c'est juste eux autres qu'on vise.
Mme LeBel : Oui, c'est ça.
M. Beauchemin : Mais là la
façon que c'est écrit, ça peut être... ça pourrait potentiellement être autre
chose.
Mme LeBel : Non, bien, pas...
Je peux peut-être laisser, si vous permettez, M. le Président, vu que c'est
plus technique, là, puis on entre vraiment dans le verbatim de l'article et la
façon dont c'est rédigé pour s'assurer que ça ne vise que les CHSLD privés à
conventionner, M. Ross qui est négociateur en chef adjoint et...
Le Président (M. Simard) : Alors,
il y a consentement?
Mme LeBel : Oui.
Le Président (M. Simard) : M.
Ross, pour les fins de nos travaux, pourriez-vous d'abord vous présenter, s'il
vous plaît?
M. Ross (Jean-Michel) : Oui,
Bonjour. Jean-Michel Ross, je suis négociateur en chef au Bureau de la
négociation gouvernementale. Bonjour. Donc, c'est ça, il y a une opération pour
conventionner les privés conventionnés. Et donc ces établissements-là vont
devenir visés par ce qu'on appelle la loi no 37, donc sont visés par la
section du Code du travail qui prévoit la durée d'une convention collective de
maximum trois ans. Donc, ils font partie actuellement de notre négociation.
C'est la raison pour laquelle on doit les intégrer. Donc, les...
• (15 h 50) •
M. Beauchemin : ...pour eux
autres...
M. Ross (Jean-Michel) : Que
pour eux et il y en a à peu près une vingtaine. Je pourrais vous... on pourra
vous donner la liste, mais c'est ce qui est visé.
M. Beauchemin : O.K.
Le Président (M. Simard) : D'autres
remarques?
M. Beauchemin : C'est beau.
Le Président (M. Simard) : Sans
quoi l'article 2 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Et nous passons maintenant à l'article 3. Mme la ministre.
Mme LeBel : Je m'attends à
beaucoup de débats. Article 3 : La présente loi entre en vigueur le
(indiquer ici la date de la sanction de la présente loi).
Le Président (M. Simard) : Des
remarques? Cet article est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Et nous passons maintenant à la fin de l'étude détaillée. Est-ce que le titre
du projet de loi est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Je propose que la commission adopte une motion d'ajustement des références.
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Mme... M.... Cher collègue, auriez-vous des remarques finales à nous adresser?
M. Beauchemin : ...moi, c'est
la première fois de ma vie que je fais quelque chose dans un projet de loi qui
dure 20 minutes, là, on a dépassé d'une minute, là, votre... là. Donc,
voilà. Merci.
Le Président (M. Simard) : Mme
la ministre.
Mme LeBel : ...
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous.
Compte tenu de l'heure, j'ajourne nos
travaux sine die. Au plaisir.
(Fin de la séance à 15 h 51
)