Journal des débats de la Commission des finances publiques
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mercredi 15 février 2023
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Vol. 47 N° 9
Étude détaillée du projet de loi n° 3, Loi sur les renseignements de santé et de services sociaux et modifiant diverses dispositions législatives
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Intervenants par tranches d'heure
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Mallette, Carole
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Caire, Éric
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Setlakwe, Michelle
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Setlakwe, Michelle
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Simard, Jean-François
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Zanetti, Sol
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Caire, Éric
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Simard, Jean-François
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Setlakwe, Michelle
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Caire, Éric
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Marissal, Vincent
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Caire, Éric
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Marissal, Vincent
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Simard, Jean-François
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Setlakwe, Michelle
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Setlakwe, Michelle
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Caire, Éric
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Marissal, Vincent
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Simard, Jean-François
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Setlakwe, Michelle
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Caire, Éric
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Simard, Jean-François
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Marissal, Vincent
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Setlakwe, Michelle
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Caire, Éric
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Simard, Jean-François
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Marissal, Vincent
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Caire, Éric
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Simard, Jean-François
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Setlakwe, Michelle
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Marissal, Vincent
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Caire, Éric
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Marissal, Vincent
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Simard, Jean-François
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Setlakwe, Michelle
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures quarante-quatre minutes)
La Présidente (Mme Mallette) : Bon,
bien, à l'ordre, s'il vous plaît! Donc, ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission des finances publiques ouverte. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques. Merci.
Donc, la commission réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 3, Loi sur les renseignements de
santé et de services sociaux et modifiant diverses dispositions législatives.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) est remplacé par Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont); Mme Rizqy (Saint-Laurent), par M. Fortin
(Pontiac); et M. Bouazzi (Maurice-Richard), par M. Zanetti
(Jean-Lesage).
La Présidente (Mme Mallette) : Merci.
Donc, avant de débuter les remarques préliminaires, je dépose les mémoires
reçus depuis la fin des auditions.
Donc, nous débutons avec les remarques
préliminaires. M. le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, vous
disposez de 20 minutes.
M. Caire : Bien, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, d'entrée de jeu, je resalue évidemment mes
collègues de l'opposition officielle, du deuxième groupe d'opposition, mes
collègues qui m'accompagnent, de la partie ministérielle, vous-même, Mme la
Présidente, Mme la secrétaire. Et, vous voyez, là, on est bien accompagnés pour
cette étude article par article, notamment, pour ce matin, de Me Côté, qui
devrait nous suivre pas mal tout le long de l'étude article par article, qui
sera ma petite conscience qui me dit : Tu ne peux pas faire ça, tu ne peux
pas faire ça. Alors, je rassure tout le monde.
Mme la Présidente, un projet de loi très,
très, très important qui a été, je pense... ce qui a été souligné par, je
dirais, pas <mal…
M. Caire :
...je
dirais, pas >mal tout le monde qui sont venus en consultations
particulières, mais aussi par la plupart des intervenants qui ne sont pas venus
exprimer leurs points de vue directement ici, mais qui l'ont fait par mémoire
ou qui l'ont fait à travers les médias. Et je lisais justement encore ce matin
un commentaire qui allait dans ce sens-là.
Donc, je pense que, sur le principe et sur
le fond, tout le monde reconnaît la pertinence du projet de loi n° 3,
pertinence qui est commandée par un impératif, et un impératif que nous avons
tous, d'améliorer non pas l'efficacité, mais l'efficience de notre réseau de la
santé. La santé, c'est la préoccupation première de tous les Québécois. Quand
on les sonde, quand on leur demande quels sont les sujets qui les préoccupent,
systématiquement, et ce, Mme la Présidente, depuis que je suis en politique et
probablement même bien avant, la santé arrive en tête de liste.
Par contre, il faut l'admettre, et la pandémie
l'a, je pense, souligné de façon particulière, le réseau de la santé a besoin
d'améliorer significativement son efficience pour être capable de répondre aux
attentes élevées des citoyens, des attentes qui sont élevées, oui, mais qui,
dans les circonstances, sont justifiées. Le réseau de la santé, Mme la
Présidente, c'est le principal, et de très, très loin, poste budgétaire du
gouvernement du Québec. Ce sont des dizaines de milliards que les Québécois
investissent année, après année, après année, après année dans leur réseau de
la santé.
Donc, Mme la Présidente, il est tout à
fait raisonnable que les Québécois s'attendent à avoir un service qui est à la
hauteur des investissements, et, il ne faut pas se voiler la face, Mme la
Présidente, ce n'est pas le cas. Ce n'est pas le cas malgré tout le bon vouloir
du personnel de la santé. On a une qualité de soins qui est exceptionnelle. On
a du personnel qui est dévoué, dédié. C'est une vocation, travailler dans le
réseau de la santé, et ce, à tous les niveaux.
Malheureusement, Mme la Présidente, malgré
tout ça, malgré tout ce capital humain, malgré tout ce capital financier, le
réseau de la santé ne répond pas aux attentes des Québécois. Pourquoi? Il y a
plusieurs facteurs qui expliquent ça, Mme la Présidente, mais aujourd'hui on va
en traiter un qui est plus particulier, qui est le facteur auquel le p.l. n° 3
s'adresse, la mobilité de la donnée, la capacité pour le travailleur du réseau
de la santé, et je dis à dessein «le travailleur du réseau de la santé», parce
qu'on a entendu toutes sortes de choses dans les consultations particulières,
mais, au premier chef, le personnel soignant, évidemment, mais aussi le
personnel administratif… pour des raisons d'efficacité, pour des raisons de
décisions justes et appropriées, pour des raisons d'accessibilité aux soins,
Mme la Présidente, ça, ça nous a été mentionné aussi.
• (11 h 50) •
Donc, le p.l. n° 3 s'assure de cette
mobilité de la donnée là en faisant en sorte que la donnée, le renseignement,
l'information n'est plus le fait du lieu où l'information a été collectée ou
n'est plus le fait de la personne qui a collecté l'information, mais soit le
fait de la personne à qui elle appartient, c'est-à-dire le citoyen, le patient.
Avec le projet de loi n° 3, les informations suivent le patient. C'est un
principe fondamental du projet de loi. C'est un principe moteur et c'est en soi
une révolution, Mme la Présidente, dans la gestion et l'administration des
soins et du réseau de la santé. Il est impératif, Mme la Présidente, que les
parlementaires comprennent bien ce principe-là, y adhèrent et y donnent suite,
sans quoi l'efficience du réseau de la santé ne pourra pas être rehaussée. Il
est technologiquement neutre, et c'est une excellente idée que ce soit ainsi.
Ceci étant dit, Mme la Présidente, bien
qu'il soit technologiquement neutre, il ouvre la porte à l'utilisation de
technologies modernes, de technologies sécuritaires et de technologies qui vont
permettre l'efficience du réseau de la santé. C'est la pierre d'assise de
n'importe quelle transformation numérique, c'est la <mobilité...
M. Caire :
...numérique,
c'est la >mobilité de la donnée.
Maintenant, Mme la Présidente, une fois
qu'on a dit ça, les parlementaires, on a été à l'écoute des groupes, des différents
groupes qui sont venus s'adresser à nous. Il y avait, dans les commentaires qui
nous ont été faits, des commentaires qui étaient très pertinents. Nous en avons
tenu compte. Nous en avons tenu compte.
J'ai aussi écouté attentivement ma
collègue de Mont-Royal—Outremont, le collègue de Rosemont,
qui s'est exprimé au nom du deuxième groupe d'opposition, sur l'adoption de
principe. Je les ai écoutés attentivement parce qu'ils avaient des remarques à
faire qui étaient pertinentes. Ils avaient des a priori qui étaient pertinents.
Et donc nous déposerons, Mme la Présidente, sous peu, et j'en ai parlé avec les
collègues, des amendements qui, je le pense, vont répondre à ces a priori et
aux commentaires qui ont été faits. Dans l'objectif de garder le principe
moteur du projet de loi intact, intègre, évidemment, il ne faut pas qu'on
puisse faire en sorte que l'objectif du projet de loi ne soit pas atteint.
Ceci étant dit, il faut aussi répondre aux
a priori qui ont été mentionnés, parce que ce projet de loi là a aussi une
dimension de protection des renseignements personnels. J'y suis
particulièrement sensible, Mme la Présidente, étant le ministre qui a présidé à
l'adoption de la loi n° 64, qui est maintenant
la loi n° 25, qui est la refonte du régime de
protection des renseignements personnels au Québec, qui nous a amenés au niveau
des régimes les plus sévères au monde, la loi n° 25,
et je l'ai entendu en commentaires positifs et en commentaires moins positifs,
mais je pense que c'était nécessaire de le faire, et ça témoigne aussi de la
préoccupation du gouvernement pour la protection des renseignements personnels
et le fait qu'il fallait s'attaquer à ce problème-là, parce que c'était
effectivement un problème, et ça l'est encore.
Donc, compte tenu que le p.l. n° 3 soustrait le renseignement de santé au régime de la
loi n° 25, il était normal… il est normal qu'il
garde en son sein les principes de la loi n° 25,
l'objectif de la loi n° 25 et la capacité à
assurer le plus haut niveau de protection des renseignements personnels, parce
qu'on a entendu ces commentaires-là aussi, et évidemment on souhaite y donner
suite à l'intérieur du projet de loi n° 3 en gardant cet équilibre
difficile et fragile quelquefois entre la mobilité de la donnée et la
protection des renseignements personnels. Je pense qu'on y est arrivés, et en
ayant en tête, là, les amendements que je déposerai au bénéfice des
parlementaires cet après-midi, je pense qu'on y est arrivés en tenant compte des
commentaires qui nous ont été faits.
Donc, Mme la Présidente, je conclurai en
nous souhaitant de bons travaux, de bonnes réflexions. J'ai reçu très
positivement le fait que mes collègues des oppositions se sont dits favorables
au principe. Je comprends évidemment que ce n'est pas un chèque en blanc qui
est donné au gouvernement. Bon, c'est normal tout à fait. Ce n'est pas ce qu'on
demande non plus. Nous aurons donc, je pense, des échanges constructifs, mais
en ayant en tête que le réseau de la santé a besoin… les Québécois ont besoin
que leur réseau de la santé améliore son efficience significativement, et le
projet de loi n° 3 est très certainement la pierre d'assise qui va
permettre d'arriver à ce résultat-là. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Mallette) : Merci,
M. le ministre. J'invite maintenant la porte-parole de l'opposition officielle
et députée de Mont-Royal—Outremont à faire ses remarques
préliminaires.
Mme Setlakwe : Merci, Mme la
Présidente. Et moi aussi, là, je prends l'occasion pour saluer tous les
collègues. Ça me fait plaisir de vous retrouver. On a eu... On a passé beaucoup
de temps ensemble à entendre les différents groupes qui sont venus en
consultations. On a beaucoup de travail à faire ensemble dans les prochains
jours, les prochaines semaines. Donc, salutations à tous ainsi qu'à Me Côté,
assise à la table.
Oui, je réitère notre position sur le
principe. Nous sommes d'accord, à l'opposition officielle, avec le principe du p.l.
n° 3, sous réserve d'un examen approfondi parce qu'on
a vraiment un travail à faire dans le détail. Le diable est dans les détails.
Donc, il faut traiter adéquatement des enjeux dont on a... dont les différents
groupes nous ont fait part et continuent de nous faire part, là, que ce soit
dans des mémoires écrits qu'on continue de recevoir via les médias… Il y a
plusieurs zones d'ombre qui ont été mises de l'avant. Donc, il faut prendre le
temps. Il faut faire une étude approfondie pour <effectivement atteindre...
Mme Setlakwe :
...pour
>effectivement atteindre l'objectif, tout en assurant un encadrement
judicieux.
Et je veux dire d'emblée que vous pouvez
compter sur notre entière collaboration. On va travailler de façon constructive.
Oui, il est vrai que le projet de loi est important. Les objectifs sont
louables. Oui, les Québécois, Québécoises ne sont pas pleinement satisfaits du
réseau de la santé. Je vais m'arrêter là. Et puis, avec le projet de loi n° 3
sur la fluidité de la donnée, c'est définitivement un pas dans la bonne
direction. Je pense que les groupes sont unanimes à le dire.
Donc, rappelons l'objectif rapidement, faciliter
l'accès au dossier médical des patients québécois afin d'améliorer la qualité
des soins et la gestion du réseau de la santé, cet objectif s'inscrivant dans
une tendance de prise en charge accrue par chaque patient de sa propre santé.
Il est important de nommer l'objectif et de le renommer. Il faut le garder en
tête tout au long du processus, parce que, justement, j'en ai parlé, il faut
atteindre un encadrement judicieux, mais il ne faudrait pas faire en sorte
qu'on aille trop loin puis qu'on... que le projet de loi ou que la loi,
éventuellement, n'atteigne pas l'objectif souhaité. Le mot «vigilance» a toute
sa pertinence, là, ce matin. Il va falloir être très vigilant dans l'étude du
projet de loi. Les enjeux qui ont été mis de l'avant sont très pertinents, très
sérieux, et les Québécois, Québécoises s'attendent à ce qu'on s'y attarde, à ce
qu'on y soit sensibles et à ce que le libellé, au bout de l'exercice, en tienne
compte adéquatement.
Donc, je rappelle qu'il faut donner... Il
faut trouver le juste équilibre entre l'atteinte de l'objectif de la loi, une
meilleure mobilité de la donnée médicale, en faciliter la réutilisation pour
une plus grande efficience du système, et la protection des renseignements
personnels des usagers du système, sachant que ces renseignements de santé sont
les données les plus intimes et sensibles détenues par l'administration
publique au sujet de tous les Québécois, sans toutefois, et je le dis encore,
imposer un fardeau indu aux médecins et aux organismes de santé.
On lisait encore ce matin, dans La
Presse, que le p.l. n° 3, certains le croient,
comporte de graves lacunes dans sa forme actuelle. On parle du fait que le
droit du patient de refuser l'utilisation des données contenues dans son
dossier médical, jumelé à l'obligation de rédiger des rapports faisant preuve
de toute utilisation ou communication de données de santé, sera impossible à
respecter. On va s'assurer que ce n'est pas le cas. On va même plus loin en
affirmant que la satisfaction de telles demandes entraînerait la déchéance de
la qualité des soins fournis au patient, compte tenu des limites de la
technologie disponible et de la pénurie de main-d'œuvre. J'ai été
particulièrement interpelée lorsque j'ai lu ces propos ce matin.
Au niveau de la recherche, entre autres,
on craint que l'évaluation supplémentaire des facteurs relatifs à la vie privée
entraîne un ralentissement des demandes d'accès aux données. Déjà, il y a une
lenteur. Déjà, on a entendu que, par prudence, il y a une approche
conservatrice qui est adoptée dans les faits. Donc, tu sais, au fil des
intervenants, il y a parfois une couche de prudence qui est ajoutée, et on peut
ainsi ralentir la fluidité des données. Donc, on va trouver l'équilibre en
s'assurant qu'on n'impose pas un fardeau indu aux professionnels ou aux
intervenants.
Juste un bref rappel sur les
consultations. On a entendu plusieurs groupes. On a reçu de nombreux mémoires,
incluant de groupes qui ne sont pas venus se faire entendre verbalement. Tous
souhaitent ou, en tout cas, pratiquement tous ont plaidé pour un meilleur
décloisonnement. Il y a eu... La vaste majorité des groupes ont émis des
réserves importantes. Donc, soyez assurés de notre vigilance. L'heure n'est pas
à la précipitation. C'est un projet de loi extrêmement important avec une
portée très grande.
• (12 heures) •
Donc, juste un rappel des enjeux. Là, ici,
c'est assez technique, mais, moi, en lisant la loi… le projet de loi, puis je
suis avocate, là, j'en ai lu, là, des lois, des projets de loi, je le trouve...
il est très technique. C'est une mécanique qui n'est pas agréable à lire, mais
il faut... on n'a pas le choix, il faut prévoir une mécanique. Elle est là. Il
manque... J'ai trouvé, quand même, qu'il y avait beaucoup, beaucoup de renvois
à des règlements à venir, et ça se comprend. On veut qu'il y ait une souplesse
dans le futur. On veut pouvoir évoluer, faire des changements. On comprend que
le gouvernement va vouloir le faire sans revenir au processus de modification
de la loi, mais il y a quand même beaucoup d'éléments qui ne sont pas dans la
loi mais qui seront à prévoir dans des règlements. Ça sera à surveiller.
Et même je dirais que le projet de loi… On
saute tout de suite dans la mécanique. Il y a peu d'éléments dans le préambule.
Je pense qu'on devrait songer à ajouter des éléments dès le début, un énoncé
d'intentions et de principes qui pourraient guider…
12 h (version révisée)
Mme Setlakwe : ...d'intentions
et de principes qui pourraient guider tous les acteurs qui seront touchés par
la loi dans le futur. Ça serait utile, justement, pour que, dans le futur, on
se rappelle ces principes-là et qu'on s'assure que, dans l'interprétation
future, on ne perde jamais de vue.
Tu sais, on a parlé, on a eu des échanges,
juste, par exemple, sur la question de la propriété de la donnée, ce n'est pas
quelque chose qui se retrouve dans le projet de loi. Il y a des choses qu'on va
devoir se demander : Est-ce que, pour éviter un flou, pour éviter une
mauvaise interprétation, dans le futur, est-ce qu'on ne devrait pas le dire
explicitement dans la loi?
Rappelons qu'il sera très important que
toutes les balises soient présentes dans la loi pour assurer le respect... le
droit au respect de la vie privée. À prime abord, les concepts sont là, il va
juste falloir voir le concept de nécessité et là il va falloir juste voir s'il
faut resserrer ou même, à certains endroits, desserrer un petit peu,
permettez-moi l'expression.
La question du secret professionnel, là,
ça ne peut pas être pris à la légère, c'est fondamental, c'est un principe
fondamental auquel on ne peut déroger. Le projet de loi n'en parle pas. On
comprend qu'il y a un consentement implicite du patient à partager ses données,
et je pense que la majorité des groupes sont d'accord avec ce concept d'«opting
out». Mais là, la question du secret professionnel, on a vu des groupes en
parler avec beaucoup de conviction et beaucoup d'inquiétude, il ne faudrait pas
que le projet de loi soit attaqué sur la question du secret professionnel.
Tu sais, déjà dans le système actuel, on s'entend
que le secret professionnel existe, il est respecté, et que nos données ne
restent pas entre les quatre murs du médecin, là, nos données circulent d'une
certaine façon dans le régime actuel. Là, on veut l'améliorer, donc je me
demande s'il ne faut pas prévoir quelque chose dans le projet de loi. Il ne
faudrait vraiment pas mettre en opposition le secret professionnel et le
partage des données, que ce soit pour des fins cliniques, des fins de
recherche, d'évaluation du système. Mais le projet de loi, actuellement, il est
muet, il n'en fait pas mention. Quand on veut qu'il soit levé, il faut que ce
soit dit explicitement. Là on n'en parle pas, donc c'est quelque chose qu'il
faut garder en tête.
Les médecins spécialistes nous ont parlé
de leurs craintes quant aux changements proposés qui pourraient nuire à la
relation de confiance, ils sont allés très loin en disant qu'ils s'empêcheraient
peut-être d'écrire certaines notes dans leur dossier. C'est des choses qu'on doit
tenir en tête dans notre analyse.
Je continue. Il faut aussi se rappeler que
le risque zéro n'existe pas, il n'existe pas aujourd'hui, il n'existera pas
dans le futur, mais il va falloir prévoir un régime qui assure la plus grande
étanchéité possible.
Je l'avais mentionné, la semaine dernière
aussi, il y aura probablement, puis ça va au-delà du projet de loi, une
campagne d'information qui sera nécessaire pour informer la population au sujet
du nouveau régime et pour alléger, amoindrir les craintes et, justement, faire
part de tous les bénéfices dont la population va pouvoir jouir, là, de... suite
à ce projet de loi là.
Il y a la question aussi d'éviter toute
confusion avec des lois existantes. C'est complexe, on voit que plusieurs lois
sont modifiées par le projet de loi. Mais il y a plusieurs groupes qui sont
revenus sur le fait qu'il y aurait un chevauchement, que ce soit avec les
dispositions prévues dans les... par les différents ordres professionnels, par
des lois existantes. Ce sera à voir aussi. Il ne faudrait pas qu'on crée de
confusion. Vous avez raison de dire, et je pense que c'est ce qu'on souhaite,
que le régime... qu'il y ait un régime distinct qui soit applicable aux données
de santé pour s'assurer qu'on ne crée pas de la confusion dans le futur.
Il y a des organismes qui sont venus nous
dire : Assurez-vous, s'il vous plaît, qu'on puisse rencontrer notre mission,
qu'on ait accès à toutes les données. Ils ont mentionné le fait que, dans
certains cas, les données doivent circuler, dans d'autres cas, elles peuvent
circuler. Il y a une certaine discrétion qui est laissée à des intervenants,
dans certaines instances, il faut garder ça en tête aussi.
Donc, on a vraiment un exercice, là... J'ai
l'air de m'en aller à gauche, à droite, mais c'est juste pour dire qu'on a
tellement d'enjeux, on a entendu tellement de groupes qui ont mis en lumière
tellement de préoccupations, qu'on a vraiment tout un exercice devant nous. Puis
il faut prendre notre temps, il y a des... les modifications, j'ai hâte de les
voir, qui sont proposées auront un impact sur tout le projet de loi. Donc, on a
un exercice important à venir.
Je pense que je terminerai peut-être
là-dessus. J'ai touché à plusieurs points, je ne veux pas être <redondante...
Mme Setlakwe :
...
peut-être là-dessus. J'ai touché à plusieurs points, je ne veux pas être >redondante.
On les connaît, les enjeux, puis moi, j'ai hâte de me mettre au travail. On a
vraiment un exercice important devant nous. Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, très chère collègue. Je cède maintenant la parole au député de
Jean-Lesage.
M. Zanetti : Oui. Merci, M.
le Président. Merci, tout le monde, d'être ici aujourd'hui. Je vais essayer de
ne pas répéter les choses qui ont été dites. Il y a des critiques... ou des
appréhensions, plutôt, qu'on partage par rapport à l'état actuel du projet de
loi n° 3. Puis j'étais content d'entendre, aussi, le ministre nous
annoncer déjà qu'il y aura des amendements qui vont être apportés suite aux
préoccupations qui ont été exprimées, par ailleurs, avant.
Je nommerais quand même certaines choses
par rapport à la protection de la vie privée. Évidemment, c'est un projet de
loi qui est important, qui va être très utile, mais qui comporte un lot de
risques, je pense que le ministre en est conscient aussi. Il va falloir qu'on
balise ça ensemble de façon à ce que personne n'ait de l'information de trop,
personne n'ait de l'information qui ne soit pas strictement nécessaire à
l'exercice de sa profession ou des soins qu'il va donner aux personnes, et ça,
ça va être assez complexe.
Il y a la question aussi de la recherche
qui va être faite sur les données. Évidemment, faire de la recherche sur des
données, si c'est pour l'intérêt public, c'est positif, on veut que ça arrive.
Maintenant, est-ce qu'il y aura... En tout cas, pour nous, ça va être important
qu'on n'ouvre pas la porte à ce que des données soient transmises pour faire de
la recherche par des compagnies privées à but lucratif, parce qu'après ça
comment... qu'est-ce qu'ils vont faire avec ces données-là? Est-ce qu'ils vont
pouvoir les consulter? Est-ce qu'ils vont pouvoir les avoir? Et, rendus là,
comment pourra-t-on assurer leur sécurité? Donc, tout ça, ce sont des questions
qui sont, évidemment, très préoccupantes et qui vont faire l'objet de
discussions, j'en suis sûr.
L'autre question, aussi, c'est... bon, ça
a été mentionné aussi par la collègue de Mont-Royal—Outremont,
la question des renvois aux règlements. Il y a beaucoup de choses, dans le
projet de loi, qui sont renvoyées à des règlements puis... C'est ça. Bon,
évidemment, on veut de la souplesse pour pouvoir s'adapter, ajuster des choses,
mais, en même temps, il ne faudrait pas créer des situations où, après ça, des
changements importants pour la question de la confidentialité et pour l'éthique
puis la sécurité des données... soient prises sans consultation publique,
c'est-à-dire... Parce qu'on sait que les projets de règlement, bon, évidemment
qu'on peut écrire des mémoires, mais ce n'est pas la même chose qu'un projet
d'une étude détaillée sur un projet de loi, dans lequel les groupes peuvent
venir s'exprimer directement puis dans lequel il y a une étude article par
article faite avec les oppositions.
Alors, je pense que, pour un sujet aussi
sensible que celui-là et dont... Le but, en fait, tout le monde est d'accord, à
la base, là, ça ne cause pas un gros problème, les seules discussions vont être
sur le moyen puis le comment on va le faire. Il va falloir être prudents et
s'assurer que le plus de choses possible... tout en gardant... trouver un
équilibre, finalement, entre la souplesse qui est nécessaire au législateur
puis à l'exécutif pour appliquer ça puis, en même temps, qu'il n'y ait pas de
changement fondamental qui puisse se faire sans l'activité législative qu'on va
faire pour ce projet de loi.
Donc, beaucoup d'autres choses que
j'aurais eu à dire ont été aussi déjà exprimées, je ne veux pas les répéter
pour rien. Mais voilà, ça faisait le tour de mes remarques préliminaires, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci à vous, cher collègue. Y aurait-il d'autres remarques préliminaires?
Sans quoi, nous allons procéder maintenant à l'étape des motions préliminaires,
et je crois comprendre, si je suis bien informé, qu'il y aurait peut-être une
motion.
M. Zanetti : Oui.
Le Président (M. Simard) : N'est-ce
pas, cher collègue de Jean-Lesage?
M. Zanetti : M. le Président,
vous êtes omniscient.
Le Président (M. Simard) : Je
lis dans vos pensées, un clin d'œil suffit.
M. Zanetti : On voit que...
Le Président (M. Simard) : Nous
vous écoutons, collègue.
M. Zanetti : Exact. Alors,
conformément à l'article 244 du règlement de l'Assemblée nationale, je
fais motion afin :
«Que la Commission des finances publiques,
avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 3, Loi sur les
renseignements de santé et de services sociaux et modifiant diverses
dispositions législatives, fasse des consultations particulières et qu'à cette
fin elle entende, dès que possible, la Commission de santé et de services
sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador, concernant
l'autodétermination et la gouvernance des renseignements de santé et de
services sociaux dans les communautés.»
• (12 h 10) •
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, comme le veut la tradition, l'auteur de la motion brise la glace,
si vous me permettez cette expression. Cher collègue, vous disposez de 30
minutes pour entamer le débat.
M. Zanetti : Merci, M. le
Président. Alors, la raison pour laquelle, même s'il y a eu des consultations
particulières, déjà, je souhaite qu'on reçoive également cette institution,
c'est que, bien, elles n'ont pas eu l'occasion de s'exprimer, déjà, dans les
consultations particulières qui ont eu lieu jusqu'ici.
Et par ailleurs leur mémoire révèle quand
même des angles morts importants concernant les enjeux qui touchent les
communautés autochtones, dans l'état du projet de loi n° 3, actuellement,
notamment le fait que... Par exemple, quand on voit, dans leur mémoire, la <recommandation 1...
M. Zanetti :
... notamment
le fait que... Par exemple, quand on voit, dans leur mémoire, la >recommandation 1
dit : «Que les institutions de santé et de services sociaux des Premières
Nations soient autorisées dans le projet de loi, au même titre que tout autre
établissement de santé et de services sociaux, à accéder pleinement aux
renseignements de santé et de services sociaux du ministère de la Santé pour
assurer le continuum de services que requiert la santé et le mieux-être des
usagers des Premières Nations sans égard à leur lieu de résidence.»
Donc, ce que ça révèle, au fond, c'est
que, dans l'état actuel du projet de loi, c'est comme si ces institutions de
santé et de services sociaux des Premières Nations n'étaient pas parmi ceux qui
pourraient avoir accès aux données, ce qui, évidemment, rend... bien, ce qui
est contradictoire, dans le fond, avec le but du projet de loi. Donc, s'il y a
cet angle mort là, j'imagine qu'il y en a peut-être d'autres aussi.
Dans une autre recommandation, par
exemple, on disait que... bon : «Que les conditions associées à la
reconnaissance des institutions de santé et de services sociaux des Premières
Nations en tant qu'organismes reconnus du secteur de la santé et des services
sociaux respectent entièrement le principe d'une gouvernance autonome des
communautés.» Alors, c'est vraiment un enjeu qui est délicat.
Évidemment qu'on pourrait regarder, comme
ça, le mémoire et dire : On va proposer des amendements, mais ils ne
pourraient, à mon sens, qu'être imparfaits et partiels, si on n'a pas vraiment
l'occasion d'avoir, en amont de ces amendements-là qui seront nécessaires, une
véritable discussion directe avec eux sur ces sujets-là. Alors, c'est pour
cette raison-là que je dépose cette motion-là aujourd'hui.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. M. le ministre, vous disposez également, si vous le souhaitez, de
30 minutes.
M. Caire : Non, M. le
Président, je vais faire ça beaucoup plus rapidement. Écoutez, je pense que ça
a été mentionné, on a entendu au-dessus d'une vingtaine de groupes, et la
grande majorité de ces groupes-là étaient des suggestions de mes collègues des
oppositions. Certains groupes se sont désistés, malgré le fait que la motion
ait été adoptée, sur les consultations particulières. J'ai quand même consenti
à ce qu'on les remplace. Je pense que, là, on est rendus à l'étape, M. le
Président, où on doit étudier le projet de loi.
Le Président (M. Simard) : Je
vous remercie, M. le ministre. Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Bien,
d'emblée, j'appuie mon collègue du deuxième groupe d'opposition, on peut
entendre un groupe additionnel, il n'y aura pas d'opposition à ce niveau-là de
notre côté.
J'ajouterais la chose suivante. On a
entendu beaucoup de groupes. Nous, on n'a pas proposé... On aurait pu en
entendre davantage. On a reçu plusieurs mémoires, je pense que les... il y a un
grand, grand nombre d'intervenants qui ont fait valoir leurs points de vue, et
je pense qu'on a vu se dresser... difficile de dire «une liste exhaustive»,
mais les enjeux ont été exposés, ont été énoncés. Donc, nous, on n'a pas jugé
opportun de... à ce stade-ci, de demander que des groupes additionnels soient
entendus. Ceci étant dit, je ne m'oppose pas à la demande de mon collègue.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Y aurait-il d'autres interventions? Malheureusement, cher collègue, nos
règlements ne nous permettent pas de vous redonner à nouveau la parole. Vous
aviez 30 minutes devant vous pour exprimer votre point de vue.
Y aurait-il d'autres collègues qui
souhaitent intervenir, à ce stade-ci? Sans quoi, je vais devoir vous demander
si cette motion est adoptée.
Une voix : Rejeté.
Le Président (M. Simard) : Motion
rejetée. Y aurait-il donc d'autres motions préliminaires que l'un d'entre vous
souhaite déposer? Très bien. Sans quoi, nous allons suspendre momentanément
nos...
M. Zanetti : ...je vais
prendre peut-être un petit temps pour la rédiger, si vous m'accordez une
suspension.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, on va suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 12 h 15)
(Reprise à 12 h 19)
Le Président (M. Simard) : À
l'ordre, chers collègues! Nous sommes prêts à poursuivre. M. le député de
Jean-Lesage.
M. Zanetti : ...quelques
minutes, j'ai constaté que les motions que je voudrais de déposer seraient
probablement irrecevables, fort certainement irrecevables. Alors, je renonce.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, merci pour votre précieuse collaboration.
Ceci étant dit, il y a eu consensus afin
de suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi, alors on se
retrouve plus tard. Au revoir.
(Suspension de la séance à 12 h 20)
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 h 06)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, bienvenue à tous. Je constate que nous avons quorum. Je vous
souhaite la bienvenue.
Nous pouvons donc maintenant procéder à l'étude
détaillée du projet de loi n° 3, Loi sur les
renseignements <de...
Le Président (M. Simard) :
...donc
maintenant procéder à l'étude détaillée du projet de loi
n° 3,
Loi sur les renseignements >de santé et de services sociaux.
Alors, Mme la secrétaire, je crois
comprendre que nous aurions besoin du consentement afin que le député de
Rosemont puisse siéger parmi nous cet après-midi. Y aurait-il consentement, en
remplacement du député de Jean-Lesage? Consentement. Très bien.
Et je crois comprendre que vous
souhaitiez, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont, faire
valoir l'argument... l'article 245 de nos règlements.
Mme Setlakwe : Oui, s'il vous
plaît. Donc, tel que prévu à l'article 245, et conformément à notre
jurisprudence pour cette étude détaillée, je demande à ce que les articles de
ce projet de loi soient étudiés alinéa par alinéa et paragraphe par paragraphe,
là où c'est applicable, et à ce que chacun des articles qu'on propose de modifier
ou d'ajouter dans les lois existantes soit étudié séparément.
Le Président (M. Simard) : Alors,
cela sera fait.
Je tiens à souligner la présence de
représentants de l'Institut québécois d'affaires publiques qui sont ici dans le
cadre d'un colloque. Ils viennent de différents horizons, de différents milieux
de vie, de différentes régions. Alors, bienvenue à toutes et à tous. Et je
souligne en particulier un ancien parlementaire de l'Assemblée nationale très
bien connu, M. Maurice Richard, qui nous fait l'honneur de sa présence.
Bienvenue, cher collègue.
Alors, voilà. Nous en sommes...
Ah oui! Et j'aurais, enfin et finalement,
besoin d'un dernier consentement, celui de pouvoir procéder à l'étude du projet
de loi non pas de manière systématique, mais par bloc de sujet. Y a-t-il
consentement?
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : Selon
la feuille, comme on le dit dans notre jargon, selon la feuille de bingo qui
nous fut préalablement déposé.
Alors, le premier bloc concerne les
articles qui vont de 1 à 16. M. le ministre, à vous la parole pour
l'article 1.
M. Caire : Merci, M. le
Président. Donc, article 1 : «La présente loi a pour objet d'établir
des normes assurant la protection des renseignements de santé et de services
sociaux, tout en permettant l'optimisation de l'utilisation qui en est faite et
leur communication en temps opportun, en vue d'améliorer la qualité des
services offerts à la population et de permettre une gestion du système de
santé et de services sociaux basée sur la connaissance des besoins des
personnes et de la consommation de services.
«Plus précisément, elle établit
différentes possibilités d'accès à ces renseignements et prévoit les cas et les
conditions dans lesquels ils peuvent être utilisés au sein d'un organisme du
secteur de la santé et des services sociaux ou communiqués dans le cadre de ces
accès ou autrement. De plus, elle institue un modèle de gouvernance fondé sur
la transparence ainsi que sur la responsabilité et l'imputabilité des
intervenants et des organismes du secteur de la santé et des services sociaux.»
M. le Président, avec l'accord des
collègues, je ne lirai pas les notes explicatives compte tenu du fait que j'ai
un amendement sur cet article qui va changer passablement la nature de
l'article.
Le Président (M. Simard) : C'est
comme vous le souhaitez, M. le ministre. Voulez-vous immédiatement déposer
votre amendement?
M. Caire : Oui, je
procéderais ainsi, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Il
est déjà sur Greffier, normalement. Oui, tout à fait. M. le ministre, à vous la
parole pour la lecture de cet amendement, s'il vous plaît.
M. Caire : Alors,
l'amendement se lit comme suit : Remplacer le premier alinéa de l'article
1 du projet de loi par l'alinéa suivant :
«La présente loi a pour objet d'établir
des normes assurant la protection des renseignements de santé et de services
sociaux tout en permettant l'optimisation de l'utilisation qui en est faite et
leur communication en temps opportun, à l'exclusion de leur vente ou de toute
autre forme d'aliénation. Elle vise ainsi à améliorer la qualité des services
offerts à la population en simplifiant la circulation de tels renseignements de
façon à ce qu'ils suivent les personnes qu'ils concernent dans leur parcours de
soins et en permettant une gestion du système de santé et de services sociaux
basée sur la connaissance des besoins des personnes et de la consommation des
services.»
• (15 h 10) •
Donc, Mme... M. le Président, pardon, l'amendement
vise à modifier en partie le libellé du premier alinéa de l'article 1 du
projet de loi afin d'y indiquer que la Loi sur les renseignements de santé et
de services sociaux a notamment pour objectif de simplifier la circulation des
renseignements afin que ceux-ci puissent suivre les personnes qu'ils concernent
dans leur parcours de soins.
De plus, l'amendement a pour effet de
préciser que la loi n'a pas pour objet la vente ou toute autre forme d'aliénation
des renseignements.
Donc, M. le Président, on fait suite à
deux commentaires qui ont été faits sur... préciser que le renseignement et le
patient ne font qu'un et ils se suivent, d'une part, et, d'autre part, une
préoccupation que mon collègue de Rosemont a exprimé sur le fait que cette
loi-là ne peut pas avoir pour objet de permettre la vente ou toute autre forme
d'aliénation des renseignements de santé. Donc, voilà. On répond à ces deux
préoccupations-là avec l'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci
à <vous...
M.
Caire
:
...à ces deux préoccupations-là avec l'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci
à >vous. Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Merci pour ces
amendements. Là, j'apprends au fur et à mesure. Donc, on n'a pas, sous les
yeux, une version soulignée qui suit les modifications. C'est cette façon-là de
procéder : on lit la version initiale... O.K. Je m'excuse.
M.
Caire
: ...
Mme Setlakwe : Oui, mais il y
a des... O.K.
M. Caire : Vous avez
l'article tel qu'amendé, tu sais, tel qu'amendé, si l'amendement est accepté,
évidemment.
Mme Setlakwe : Non. Je
comprends. Moi, ça me va... juste pas mettre juste l'emphase sur les mots
exacts qui ont été ajoutés, si je ne me trompe pas. Mais je comprends les
modifications. Effectivement, ça fait suite à des commentaires. Donc, je pense
que c'est opportun d'aller de l'avant avec ça, oui.
Le Président (M. Simard) : D'accord.
Merci beaucoup. M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Oui, merci pour
ça. Attendez, je me retrouve, là, «la communication en temps opportun, à
l'exclusion de leur vente ou de toute autre forme d'aliénation». Pouvez-vous,
M. le ministre, définir ce que vous entendez par «toute autre forme
d'aliénation»? Je crois comprendre que c'est un terme usuel utilisé par les
légistes.
M. Caire : Oui. En fait, si
vous vous souvenez, M. le député, quand on a étudié la loi n° 95,
on reprend exactement le même libellé qui fait en sorte qu'on ne pourra pas
vendre ou céder, parce que vous avez... dans vos commentaires, vous disiez, là :
O.K., il ne veut peut-être pas les vendre, il veut peut-être les donner. Bon, on
ne peut pas les donner, on ne peut pas les vendre, on ne peut pas... Bon. C'est
ça. C'est un peu ce que le... En fait, la vente, ça, c'est clairement qu'on ne
peut pas les vendre, et l'aliénation, c'est qu'on ne pourrait pas les donner
non plus à un tiers à quelque fin que ce soit.
M. Marissal : Et il... Vous
aviez terminé? Vous aviez terminé?
M. Caire : Oui, oui, oui.
Bien, de toute façon, M. le Président, si vous êtes d'accord, je pense qu'on
peut entrer en mode échange, là. Je pense que c'est collaboratif, donc...
Le Président (M. Simard) : Pour
l'instant, ça va très bien. Et tant qu'on sera dans cet esprit-là, on poursuit
comme ça.
M. Caire : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : Et,
si je dois me raviser, je me raviserai.
M. Marissal : Donc, on
s'entend, là. Je comprends que c'est une formulation usuelle qui revient dans
les projets de loi. C'est bon, là, mais on s'entend sur le fait que ça englobe
aussi la vente, la vente explicitement écrite, là. Mais, «aliénation», ça
entend... ça comprend aussi, je vais y arriver, ça comprend aussi la distribution,
par exemple, à des fins commerciales ou autres, là, mais c'est précisément ça
qui me préoccupait.
M. Caire : Oui. En fait,
comme je vous dis, on reprend, parce que ces dispositions-là existent dans
95... bien, maintenant dans LGGRI, donc ça englobait tout renseignement, toute
donnée qui tombe sous la juridiction de cette loi-là. Maintenant, le p.l. n° 3 élargit à l'ensemble des données de santé. Donc, c'est
pour la raison pour laquelle on reprend puis on fait un régime particulier.
C'est la raison pour laquelle on reprend la même formulation. Mais, oui, c'est
la vente, c'est... on vous les donne, on...
M. Marissal : O.K. Et je
comprends que l'amendement que vous faites là remplace carrément l'article 1
tel qu'il était présenté dans le cahier que j'ai ici, devant moi.
M. Caire : C'est-à-dire que
c'est le premier... Le premier alinéa... excusez-moi, le deuxième demeure. Donc,
celui où on dit : «Plus précisément, elle établit différentes possibilités
d'accès», cet alinéa-là demeure.
M. Marissal : O.K. «...dans
le cadre de ces accès ou autrement», on va régler ce truc-là d'abord. Qu'est-ce
que vous entendez par «autrement»?
M. Caire : Bien, je vais
peut-être... Parce que, là, on tombe dans le...
M. Marissal : M. le
ministre... M. le Président, j'ai une suggestion à vous faire, là. Comme on va
travailler plusieurs heures comme ça, en mode échange, c'est plus efficace, auriez-vous
l'amabilité de présenter les gens?
M. Caire : J'ai déjà demandé,
puis le Président a dit oui, tant qu'on reste fins.
M. Marissal : O.K. Mais je
suis toujours fin, moi. La question ne se pose pas.
M. Caire : Je sais. Moi
aussi. Je ne sais même pas pourquoi il a dit ça. Mais il l'a dit. Puis c'est le
Président. Donc, je ne m'obstine pas.
M. Marissal : Mais, si vous
voulez présenter, néanmoins, vous prouver à quel point je suis fin, je vous
demanderais de présenter peut-être les gens qui vous accompagnent à gauche et à
droite, puis vu qu'on va travailler avec eux pendant de longues heures et que
ces gens ont certainement un nom et une fonction.
M. Caire : C'est vrai, oui. Vous
vous avez du flair. Bien, en fait, oui, mais, compte tenu en plus que c'est une
formulation juridique, je vais laisser Me Côté, avec le consentement, Me Côté,
expliquer la formule juridique.
Le Président (M. Simard) : Alors,
je comprends, pour que l'équipe qui accompagne le ministre puisse intervenir,
il y a consentement. Alors, Me Côté, auriez-vous d'abord l'amabilité, s'il
vous plaît, pour les fins de nos travaux, de vous présenter?
Mme G. Côté (Geneviève) : Bien
sûr. Alors, Geneviève G. Côté. Je suis <avocate...
Mme G. Côté (Geneviève) :
...sûr.
Alors, Geneviève G. Côté. Je suis >avocate à la Direction des affaires
juridiques, Santé et Services sociaux.
Quand on parle de «dans le cadre de ces
accès et autrement», c'est que la loi, bon... c'est en lien avec le vocabulaire
spécifique qui est utilisé un peu plus loin dans la loi. On a établi des
possibilités d'accès pour les intervenants ou les chercheurs où on dit qu'ils
peuvent avoir accès, puis, un peu plus loin dans la loi, on a aussi des cas
d'utilisation à l'interne et des renseignements et des cas de communication. Donc,
on a de la communication et de l'utilisation qui se fait pour mettre en œuvre
ces possibilités-là, d'accès des intervenants et des chercheurs. Puis il y a
aussi d'autres communications, là, plus spécifiques, là, par exemple, quand
c'est nécessaire à l'application d'une loi ou autre chose, là, qui ne rentre
pas dans ces... dans les accès qu'on a établis en... un peu plus au début de la
loi. Donc, c'est vraiment... c'est le lien qui est fait avec le reste du
vocabulaire employé dans le projet de loi.
M. Marissal : C'est bon. Ça
va pour moi. Merci.
Le Président (M. Simard) : Oui,
Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Juste
remonter, là, sur la précision comme quoi la loi ne vise pas la vente ou autre
aliénation. Est-ce qu'on fait un lien... Parce que, là, on ne dit pas que c'est
carrément interdit. On dit juste : La loi ne traite pas de ça...
M. Caire : Non. C'est-à-dire
que «la présente loi a pour objet...
Mme Setlakwe : Pour objet
d'établir des normes.
M.
Caire
: ...d'établir
des normes assurant la protection des renseignements de santé et de services
sociaux, tout en permettant l'optimisation de l'utilisation». Donc, on dit :
On veut optimiser l'utilisation qui en est faite ou on veut optimiser leur
communication, mais on exclut que cette optimisation-là puisse être une vente
ou toute autre aliénation.
Mme Setlakwe : Oui. On n'a
pas été clair pour dire que c'était interdit, mais, oui, on dit que c'est...
M. Caire : Bien, en fait,
c'est...
Mme Setlakwe : À l'exclusion
de leur vente.
M. Caire : En tout cas, là
c'est de la logistique, là, mais c'est, d'une part, ça, l'interdit, et, d'autre
part, plus loin, vous allez voir, il y a des sanctions pénales pour quiconque
procéderait à la vente ou à toute autre forme d'aliénation, qui vient compléter
l'intention...
Mme Setlakwe : Parfait.
Parfait. Oui. O.K.
M. Caire : ...du législateur,
de s'assurer que personne ne pourra les vendre.
Mme Setlakwe : C'est bon.
Puis, pour moi, le... de venir préciser «vente ou toute autre forme
d'aliénation», je ne vois pas qu'est-ce qui pourrait ne pas faire partie de
cette expression-là. Toute autre forme d'aliénation, on le cède, on s'en départi,
on le transfère. C'est parfait. O.K.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. D'autres commentaires sur cet amendement? M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Donnez-moi
juste deux petites secondes, je vais finir de lire ça, là. O.K. «La présente
loi a pour objet d'établir des normes assurant la protection des renseignements
de santé et des services sociaux, tout en permettant l'optimisation de
l'utilisation qui en est faite et leur communication en temps opportun», ça,
c'est un énoncé assez large, assez large. On parle bel et bien de
renseignements de santé, de services sociaux, mais leur utilisation n'est pas
définie ni le temps opportun. Je présume que ça viendra plus tard dans les
articles?
M. Caire : Dans les articles
qui vont suivre, oui. On est dans un énoncé de principe, je dirais, là.
• (15 h 20) •
M. Marissal : Je comprends.
Je comprends. De même «qu'elle vise ainsi à améliorer la qualité des services
offerts à la population en simplifiant la circulation de tels renseignements de
façon à ce qu'ils suivent les personnes», encore là, le champ de
distribution... de circulation, je devrais dire, des renseignements sera défini
plus tard dans le projet de loi.
M. Caire : Oui. Oui, oui, oui.
C'est ça.
M. Marissal : Oui. D'accord.
Très bien.
M. Caire : Bien, en fait, ce
qu'on voulait, c'est répondre un peu aux préoccupations qui ont été soumises à
la commission, là, que ce n'était pas que... les données et le patient était
une seule et même chose.
M. Marissal : O.K.
Le Président (M. Simard) : D'autres
commentaires sur cet amendement? Sans quoi nous allons procéder à sa mise aux
voix. Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Nous revenons donc à l'étude de l'article 1 tel qu'amendé. M. le ministre.
M. Caire : Ah! bien, M. le
Président, moi, je n'ai pas de commentaire, là. Je pense qu'on a fait un bon
tour de l'amendement qui devient maintenant l'article.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de Mont-Royal—Outremont?
Mme Setlakwe : Oui, je suis
d'accord.
Le Président (M. Simard) : Ça
vous va?
Mme Setlakwe : C'est... Adopté.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Rosemont.
M. Marissal : On a fait le
tour, oui.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Est-ce que l'article 1, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Nous passons maintenant à l'article 2. M. le ministre.
M. Caire : M. le Président,
l'article 2 se lit comme suit :
«Au sens de la présente loi, est un
renseignement de santé et de services sociaux tout <renseignement...
M. Caire :
... la
présente loi, est un renseignement de santé et de services sociaux tout >renseignement
qui permet, même indirectement, d'identifier une personne et qui répond à l'une
des caractéristiques suivantes :
«1° il concerne l'état de santé physique
ou mentale de cette personne et ses facteurs déterminants, y compris les
antécédents médicaux ou familiaux de la personne;
«2° il concerne tout matériel prélevé sur
cette personne dans le cadre d'une évaluation ou d'un traitement, incluant le
matériel biologique, ainsi que tout implant ou toute orthèse, prothèse ou autre
aide suppléant à une incapacité de cette personne;
«3° il concerne les services de santé ou
les services sociaux offerts à cette personne, notamment la nature de ces
services, leurs résultats, les lieux où ils ont été offerts et l'identité des
personnes ou des groupements qui les ont offerts;
«4° il a été obtenu dans l'exercice d'une
fonction prévue par la Loi sur la santé publique (chapitre S-2.2);
«5° toute autre caractéristique déterminée
par règlement du gouvernement.
«De plus, un renseignement permettant
l'identification d'une personne tels son nom, sa date de naissance, ses
coordonnées, son numéro d'assurance maladie est un renseignement de santé et de
services sociaux lorsqu'il est accolé à un renseignement visé au premier alinéa
ou qu'il est recueilli en vue de l'enregistrement, de l'inscription ou de
l'admission de la personne concernée dans un établissement ou de sa prise en
charge par un autre... organisme — pardon — du secteur de
la santé et des services sociaux.
«Malgré les premier et deuxième alinéas,
un renseignement qui concerne un membre du personnel d'un organisme du secteur
de la santé et des services sociaux ou d'un professionnel qui y exerce sa
profession, y compris un étudiant ou un stagiaire, ou qui concerne un
mandataire ou un prestataire de services d'un tel organisme n'est pas un
renseignement de santé et de services sociaux lorsqu'il est recueilli à des
fins de gestion des ressources humaines.
«À moins que le contexte n'indique un sens
différent, le mot "renseignement" utilisé sans qualificatif dans la
présente loi désigne un renseignement de santé et de services sociaux.»
Donc, note explicative. Cet article vise à
définir la notion de renseignement de santé et de services sociaux qui apparaît
à plusieurs reprises dans le projet de loi, c'est-à-dire les renseignements qui
permettent, même indirectement, d'identifier une personne et qui répondent à
l'une ou plusieurs des caractéristiques énumérées au premier alinéa de
l'article. Ainsi, ne seront pas visés les renseignements qui ne permettent pas
d'identifier une personne, comme des statistiques ou des renseignements
agrégés.
Le deuxième alinéa vise à inclure à la
définition certains renseignements purement identificatoires qui ne répondent
pas à la définition prévue au premier alinéa, lorsqu'ils permettent de fournir
une information sur la santé de la personne concernée, que ce soit parce qu'ils
sont accolés à des renseignements de santé ou de services sociaux ou parce
qu'ils permettent de savoir que cette personne a reçu des soins d'un organisme
du secteur de la santé et des services sociaux. Sont ainsi exclus les
renseignements contenus dans les bases de données portant uniquement sur
l'identité des individus et qui n'apportent aucune information sur leur santé.
Ces derniers renseignements demeurent protégés par la loi usuelle relative à la
protection des renseignements personnels.
Le troisième alinéa vise à exclure les
renseignements qui répondent à la définition du premier alinéa, mais qui n'ont
été recueillis qu'à des fins de gestion des sources humaines... des ressources
humaines, pardon. Pensons, par exemple, à un billet médical conservé dans le
dossier d'un employé.
Enfin, le dernier alinéa de l'article
prévoit, pour alléger le texte de la loi, que le mot «renseignement» réfère à
un renseignement de santé et de services, sociaux, à moins que le contexte ne
s'y oppose.
La définition illustre un changement de
paradigme proposé par le projet de loi, c'est-à-dire que, plutôt que de parler
de dossiers et d'assurer la protection de leur contenu, il est proposé de
définir ce que l'on souhaite protéger sans égard à son support. Ce changement
rejoint la réalité grandissante selon laquelle le contenu des dossiers est non
seulement informatisé, mais également de plus en plus dispersés dans différents
systèmes, serveurs, etc. La définition a été élaborée en considérant les renseignements
de santé et de services sociaux qui se retrouvent actuellement dans les
dossiers cliniques et ailleurs.
Afin de permettre l'évolution dans le
temps de cette définition, l'article prévoit une habilitation réglementaire du
gouvernement permettant d'y ajouter des caractéristiques à mesure que de
nouvelles réalités pourraient se présenter.
Alors, voilà, M. le Président. Et il n'y a
pas d'amendement.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, M. le ministre. Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Merci.
J'aimerais qu'on discute du... Là, je ne veux pas me tromper, là. On est dans,
c'est ça, les paragraphes, paragraphe 5° du premier alinéa, si je ne me trompe
pas, quand on réfère à «toute autre caractéristique déterminée par règlement du
gouvernement». C'est... Ça inquiète des groupes, ça inquiète la CAI, ça
inquiète le CSQ. Et je peux voir que, là, on se laisse quand même... C'est une <définition...
Mme Setlakwe :
...ça
inquiète le CSQ. Et je peux voir que, là, on se laisse quand même... C'est une
>définition qui est clé, là, pour le projet de loi. Et là je suis en
train de voir le commentaire comme quoi...
Juste m'expliquer pourquoi on a prévu
cette souplesse de pouvoir dans le futur. Donnez-moi des exemples. Je veux
juste qu'on discute de ça, parce que ça vient, finalement, laisser trop de
place à un élargissement de la définition, possiblement. J'aimerais ça, être
rassurée là-dessus.
M. Caire : Bien, en fait,
c'est qu'on donne une définition qui est quand même assez précise des éléments
qui deviennent des renseignements de santé. Et, bien que la loi... et la loi
doit être technologiquement neutre, dans les évolutions futures du réseau de la
santé et des systèmes qui seront utilisés à l'intérieur du réseau de la santé,
on se laisse une marge de manœuvre à qu'on se dise : Oups! On a peut-être
oublié quelque chose dans notre définition. Et plutôt que de dire : Bien,
écoutez, on va déposer un projet de loi pour modifier la définition des
renseignements de santé en fonction de la réalité à laquelle on fait face... parce
qu'il faut quand même comprendre, là, qu'on crée un régime assez assez costaud
et qu'on veut que la donnée puisse être mobile et circuler, là, un petit peu
les principes dont on a parlé. Et donc, s'il advenait qu'on se dise : Hé!
je pense qu'on en a échappé un, là, dont on a besoin, évidemment, bien, on veut
pouvoir modifier la définition des renseignements de santé avec des moyens plus
flexibles qu'un projet de loi.
Mme Setlakwe : Je ne sais
pas. Je... Oui, je peux voir. C'est... Je ne sais pas s'il y a moyen d'ajouter
des mots pour un petit peu encadrer cette... Je vais... Je vais y réfléchir,
là. Je peux laisser la parole, pour l'instant, à mon collègue du deuxième
groupe.
Le Président (M. Simard) : Tout
à fait. M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Oui. Bien, j'ai
accroché au même endroit, un peu comme tout à l'heure, dans la définition
beaucoup plus... à l'énoncé plus général, c'est très large, c'est très, très
large, sauf que, dans ce cas-ci, nous n'aurons pas l'occasion d'en rediscuter
plus tard dans le projet de loi, puisque ça sera défini par règlement. Je ne
vous ferai pas tout le pitch, là, sur les règlements, là, je vais garder ça
pour les étapes subséquentes au salon bleu, mais, néanmoins, je pense que ma
collègue met le doigt sur quelque chose, là. Et j'y reviens, c'est
excessivement large, là. «Toute autre caractéristique», c'est doublement large.
«Toute autre caractéristique», c'est vraiment large. «Déterminée par
règlement», c'est large, c'est très, très large. Puis, je répète, là, ça, on
n'aura pas l'occasion de le définir. Je le déplore, en quelque sorte, là, mais
on va avancer dans le projet de loi.
J'ai une question...
M. Caire : ...si je peux me
permettre?
M. Marissal : Allez-y. Allez-y.
• (15 h 30) •
M. Caire : J'entends ce que
mon collègue dit, mais on est dans un contexte où la médecine évolue beaucoup,
la technologie évolue beaucoup, puis c'est toujours... Puis j'ai entendu mon
collègue, là, quand il a fait son intervention sur le principe, là. Je
comprends exactement à quoi il fait référence puis je comprends l'a priori, je
vais le dire comme ça. Mais on est... je pense qu'on est dans un autre
contexte. On est là où on définit ce qu'est un renseignement de santé. Donc là,
on n'est pas dans une... on n'est pas dans une situation où il pourrait y avoir
pénalité pour un individu ou pour un organisme. On n'est pas dans une situation
où il pourrait y avoir un impact autre que de dire : Bien, ça est un
renseignement de santé, et donc il tombe sur le coup de la loi. Puis, à partir
de là, ce que je suggère...
Puis, bon, je le dis encore, dans le
contexte où, tu sais, les technologies évoluent beaucoup, la médecine évolue
beaucoup, il y a des choses qui changent, moi, je pense, en... sincèrement, je
pense que c'est plus ce qui va être fait avec qui devient important que :
Est-ce que tel renseignement est un renseignement de santé puis...
Mais je comprends, là, qu'on se donne une
marge de manœuvre. C'est vrai. Mais là où je pense qu'on peut être plus
attentifs, c'est : O.K., parfait, la définition va changer, ou
potentiellement parce que... Comprenons-nous bien, là : j'entends ce que
mon collègue dit, mais, un règlement, ça reste quand même quelque chose qui est
public. Puis, tu sais, le gouvernement ne peut pas ne pas rendre des comptes
sur un règlement qui serait adopté...
15 h 30 (version révisée)
M. Caire : ...le gouvernement
ne peut pas ne pas rendre des comptes sur un règlement qui serait adopté, qui
serait public. Ce n'est pas quelque chose qui va se faire en catimini. Mais,
dans l'utilisation de ça, je pense que, là aussi, là, il y a une réflexion de
dire : O.K., mais, considérant ça, là, on va peut-être s'arranger pour avoir
des garde-fous. Puis c'est un petit peu ce que je propose avec les amendements,
là, notamment le fait de ne pas être capable de les vendre, de ne pas être
capable de les aliéner, notamment le fait qu'on précise que, tu sais, les
renseignements de santé vont suivre le patient, là. Ça fait que, tu sais, je
pense que c'est dans ces amendements-là qu'on peut peut-être faire en sorte que...
Ce que mon collègue de Rosemont dit est vrai, puis c'est large dans la
possibilité, mais ce n'est pas si large que ça dans l'utilité.
M. Marissal : ...une perche,
là, que je veux prendre. Je sais que vous étiez là — on n'a pas le
droit de dire, à l'Assemblée nationale, qui qui n'est pas là, on a le droit de
dire qui qui est là — vous étiez là lors des allocutions de tout le
monde, de l'opposition, et je tiens à vous remercier, surtout que je devrais
plutôt dire «à saluer le geste», parce que ce n'est pas toujours le cas. Puis
en plus vous aviez vraiment l'air attentif, alors... Non, mais j'apprécie, blague
à part, j'apprécie. En fait, il n'y a pas de blague pantoute, là, j'apprécie
l'échange, ça va faciliter nos affaires. C'est un signe de respect aussi, quant
à moi, que j'apprécie.
J'ai une question plus technique, là, sur
le deuxième... Moi aussi, je vais tout me mêler : deuxième alinéa,
deuxième paragraphe...
M. Caire : ...puis je les
mêle encore.
M. Marissal : C'est l'article 2.
Puis le 1, puis le 2, comment ça s'appelle déjà, là?
M. Caire : C'est des alinéas.
Je pense, les 1, c'est les paragraphes puis ceux qui n'ont pas de numéro, c'est
des alinéas. Bien, je pense. Bon, ça a l'air que j'ai...
M. Marissal : Attendez, il y
a... déjà que je suis mêlé, puis là il y a trois personnes qui me parlent en même
temps. Vous ne m'aidez pas pantoute, là.
M. Caire : S'il y a un numéro,
là, avec un petit rond, ça, c'est un paragraphe, puis, s'il n'y a pas de
numéro, c'est des alinéas.
M. Marissal : D'accord.
M. Caire : Donc, le premier
alinéa, il y a... Le premier alinéa, il a cinq paragraphes.
M. Marissal : Je comprends.
M.
Caire
: Puis
là je regarde Me Côté, puis elle n'est pas entrée en convulsions, c'est un bon
signe, je ne suis pas trop dans le champ.
M. Marissal : Alors, le deuxième...
M. Caire : Toi, tu connais
tout ça, là.
M. Marissal : ...le deuxième :
«Il concerne tout matériel prélevé sur cette personne — on est dans
le détail ici, là...
M. Caire : Oui.
M. Marissal : ...tout
matériel prélevé sur cette personne — dans le cadre d'une évaluation ou
d'un traitement...» Bon, je pense qu'on a compris le principe. Mais tout
matériel prélevé ne se met pas dans un dossier médical, même virtuel, là. Est-ce
qu'on entend d'une banque de prélèvements, là, ou...
M. Caire : Non, non, on
entend le dossier médical, dans le sens où, si je fais un prélèvement, il y a
un résultat.
M. Marissal : D'accord.
M. Caire : Le résultat est
associé à votre...
M. Marissal : Donc, ce n'est
pas la banque biomédicale dont on a déjà...
M.
Caire
: Non,
non, c'est votre dossier médical.
M. Marissal : O.K.
M. Caire : Donc, oui, il va
être stocké à un endroit x, là, comme sur un serveur, là, mais ça reste un
renseignement de santé et un renseignement de santé qui vous concerne.
M. Marissal : Clérical?
M. Caire : Oui.
M. Marissal : O.K. Ça va pour
moi.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : J'ai le droit
de reprendre? Merci. Ça va être souvent comme ça, je pense.
Le Président (M. Simard) : Ah!
tout à fait. Et puis c'est fréquent comme ça, là, qu'on s'échange la parole
d'un groupe parlementaire à l'autre. Et tant que vous disposez de votre temps, il
n'y a aucun problème.
Mme Setlakwe : Merci. Je
maintiens que ça demeure quand même une... ce cinquième paragraphe,
possiblement problématique, dans le sens où... J'essaie de voir, là. On n'est
pas capable, aujourd'hui, de donner des exemples, là? Vous n'êtes pas capable
de me dire, aujourd'hui : Bien, telle caractéristique, ça ne fera jamais
partie de la définition, telle autre, possiblement?
M. Caire : Bien, en fait,
l'objectif est justement... Parce que je ne suis pas capable de vous dire
qu'est-ce qui pourrait changer dans le domaine médical, technologique, qui
pourrait faire en sorte que ce qui n'existe pas aujourd'hui ou ce qui n'est pas
un renseignement de santé aujourd'hui pourrait le devenir. Moi je pense, puis
en tout respect, chers collègues... je pense que c'est une sécurité pour
s'assurer que, si on a besoin de ces renseignements-là dans une prestation de
service médical puis là on se dit: Ah oui! écoute, on n'avait pas pensé à ça
ou... Aujourd'hui, on... Bon, puis je pense que ma collègue va savoir à quoi je
fais référence. Mais, quand, moi, je suis arrivé à l'Assemblée nationale, là,
l'intelligence artificielle, on ne parlait pas de ça. Puis aujourd'hui, bien,
on a les ChatGPT de ce monde qui vont en générer, de l'information, qui vont...
Alors, c'est pour parer à l'imprévisible.
Mme Setlakwe : Oui, je
comprends. Mais aujourd'hui, je pense qu'on ne semble pas être capable de me
donner un exemple, là, d'une caractéristique, <c'est vraiment...
Mme Setlakwe :
...
pas être capable de me donner un exemple, là, d'une caractéristique, >c'est
vraiment... d'une caractéristique qui n'est pas prévue dans les... Parce qu'on
s'entend que, dans la définition, pour que ce soit un renseignement, bien, on
doit remplir deux critères : Un «renseignement de santé et de services
sociaux qui permet, même indirectement, d'identifier une personne et qui répond
à l'une des caractéristiques suivantes». On n'a pas à rencontrer toutes les
caractéristiques. Et il me semble que, 1°, 2°, 3°, 4°, on doit rencontrer l'une
d'entre elles, elles sont formulées de façon assez large. Prenons simplement le
premier paragraphe ou la première... qui décrit la première
caractéristique : «Il concerne l'état de santé physique ou mentale de
cette personne et ses facteurs déterminants, y compris les antécédents médicaux
ou familiaux de la personne.» C'est large.
M. Caire : Oui, je vous le
concède. Je vous le concède, mais... Et c'est pour ça que je vous dis, le
paragraphe 5°, c'est une sécurité qui va faire en sorte
qu'un jour, peut-être, il y a des choses qui vont exister, qu'on ne connaît pas
aujourd'hui, il y a des recherches qui vont avancer, qui vont évoluer, qui vont
nous amener vers une connaissance que nous n'avons pas aujourd'hui, qui vont
devenir, potentiellement, des renseignements de santé et qui pourraient échapper
aux caractéristiques très larges, dont vous parliez à raison, et qui feraient
en sorte que le gouvernement pourrait dire : Bon, bien, je vais les
inclure dans un règlement de façon à ce que je puisse, selon les principes
énoncés dans la loi... que je puisse les utiliser.
Et c'est là où je vous ramène à mon
commentaire précédent, en disant que nous ajoutions des caractéristiques sur ce
qu'est un renseignement de santé. Le principe de la loi, son utilisation,
l'encadrement qui en est fait, la protection des renseignements personnels qui
est prévue sont autant d'éléments qui vont s'appliquer. Donc, l'idée, ce n'est
pas de rajouter des caractéristiques farfelues, c'est vraiment de dire :
Bon, bien, on va s'assurer que, compte tenu de la technologie, de la médecine,
de la recherche, si tant est qu'il advenait que certains renseignements nous
échappent, on est capables de les inclure dans cette loi-là. Mais le principe
de la loi s'applique, l'utilité de la loi demeure et la protection qui va être
fournie par cette loi-là aux renseignements personnels vont s'appliquer aussi.
Mme Setlakwe : Oui, c'est
vrai qu'effectivement tout le régime dont on va discuter à partir de maintenant
va s'appliquer à cette caractéristique inconnue...
M. Caire : Voilà.
Mme Setlakwe : ...qui
pourrait émerger dans le futur.
M.
Caire
: Donc,
c'est vraiment... Puis je vous dirais que, d'expérience, c'est arrivé dans
d'autres domaines, là, où on se dit : Ah! bien, mon Dieu! ce n'est pas
prévu par la loi ou : Ah! bien, mon Dieu! la loi... Alors, il faut
comprendre qu'on... Puis c'est tout l'équilibre dont on se parlait, Mme la
députée, là, entre la mobilité de la donnée, la protection du renseignement
personnel. Je vous dirais que c'est un article qui essaie de s'assurer que, cet
équilibre-là, on va le garder, même dans... Parce qu'une loi comme celle-là, tu
sais, on ne touchera pas à ça avant, quoi, 20 ans, 25 ans,
30 ans, peut-être. La Loi sur la protection des renseignements personnels
avait 40 ans, je veux dire, elle est à la veille de toucher sa régie des
rentes, là.
Une voix : ...
M.
Caire
: Non,
c'est vrai, c'est pour ça qu'elle ne l'a pas eue, d'ailleurs. Non, mais
comprenez-vous? Alors, je pense que d'avoir... Je comprends les craintes qui
ont été exprimées, mais, en même temps, là où je veux rassurer tout le monde,
c'est que, qu'on change, ou qu'on élargisse, ou qu'on rajoute des définitions à
ce qu'est un renseignement de santé, dans la mesure où on est très clairs sur
qu'est-ce qu'on peut faire avec, qui peut faire quoi avec, pourquoi et quelles
sont les protections qu'on va mettre, je pense que la garantie, elle est
beaucoup plus à ce niveau-là.
Mme Setlakwe : Oui, et aussi
les restrictions au droit d'accès...
M. Caire : Aussi.
• (15 h 40) •
Mme Setlakwe : ...qu'un
patient peut... tu sais, peut faire valoir. On va y arriver. J'ai une autre
question, si j'ai le temps.
Le Président (M. Simard) : ...
Mme Setlakwe : Juste pour
être sûre qu'on soit tous sur la même longueur d'onde. Des notes... les notes du
médecin ou des notes de pharmaciens... Là, j'apprends que des pharmaciens ont,
au fil du temps... ils suivent des clients, des patients pendant longtemps,
puis là ils ont une relation avec la famille, les proches, ils notent toutes
sortes de renseignements au fil du temps. Est-ce que ça va faire partie de la
définition de renseignement?
M. Caire : Dans la mesure où
c'est <rattaché à...
Mme Setlakwe :
...temps.
Est-ce que ça va faire partie de la définition de renseignement?
M. Caire :
Dans la
mesure où c'est >rattaché à un renseignement qui permet d'identifier la
personne, O.K., s'«il concerne l'état de santé physique ou mentale de cette
personne et ses facteurs déterminants» puis s'il concerne ses «antécédents
médicaux ou familiaux». Et, si c'est des notes, bien, dans la mesure où je peux
les rattacher à quelque chose qui identifie la personne, la réponse à votre
question, c'est oui.
Mme Setlakwe : Oui. Donc, on
a eu des commentaires à l'effet que, dans l'esprit de certains, là,
pharmaciens, médecins, il y a des choses qui ne rentreront pas et ne feront pas
partie du nouveau régime. Et moi, je fais la même lecture...
M.
Caire
: Je ne
comprends pas ce que vous voulez dire.
Mme Setlakwe : ...c'est-à-dire
que, oui, ça va être un renseignement, et ils vont faire partie du dossier
centralisé auquel les différents intervenants vont avoir accès.
M. Caire : Oui, mais, en même
temps, là, je vous dirais que... et c'est quand on verra qui a accès à quoi,
qui va... qu'on va vraiment circonscrire l'accès à ça. Parce que j'avais
peut-être des petits points de désaccord avec certains commentaires qui ont été
faits, dans le sens où, si ce projet de loi là permet, oui, une mobilité de la
donnée, il permet aussi, à mon sens, une meilleure protection et une meilleure
gestion des accès à la donnée. On va le voir plus tard, là, puis là-dessus,
j'aurai peut-être... je vais être peut-être plus dans mon univers à moi, là,
que la santé à proprement parler.
Mais la gestion des permissions, avec le
directeur réseau de l'information, c'est quelque chose où on peut dire :
Bon, bien, moi, si je me connecte au système, je m'identifie, donc moi, j'ai un
profil, et ce profil-là fait que j'ai accès à certaines informations que je
peux... Par exemple, pour certaines informations, je vais pouvoir les modifier,
je vais pouvoir y avoir accès... premièrement, les modifier, en ajouter, les
supprimer. Mais un autre profil va faire que j'ai le droit de les lire, mais je
n'ai pas le droit de les modifier, je n'ai pas le droit de les supprimer, je
n'ai pas le droit d'en ajouter. Ou un autre profil va faire en sorte que, bien
non, toi, tu ne vois rien de tout ça parce que tu n'as pas accès à ça.
Donc, cette gestion-là va nous permettre
de mieux contrôler l'accès. Et, en plus, chaque fois que je vais accéder, ce
sera journalisé : qui je suis, j'ai accédé à quoi, pendant combien de
temps, j'ai fait quoi avec, est-ce que je l'ai fait juste en lecture, est-ce
que je l'ai fait en écriture, est-ce que je l'ai fait en suppression, est-ce
que je l'ai fait en ajout. Donc, tout ça est journalisé, là, de façon
informatique. Alors, il y a un contrôle beaucoup plus serré qui peut se faire,
de la donnée, du renseignement personnel.
Mme Setlakwe : En espérant la
lumière... Merci de vos explications.
M. Caire : Je suis un peu là
pour ça.
Mme Setlakwe : On va
continuer de se poser des questions. Mais oui, merci.
M.
Caire
: Oui,
parfait.
Mme Setlakwe : Je suis obligée
de mettre en lumière que, possiblement, certains professionnels vont se poser
la question avant d'indiquer des notes.
M. Caire : Absolument, et vos
questions sont tout à fait pertinentes dans ce sens-là, collègue, justement,
parce que ça permet... au-delà de ce qu'on a entendu, ça permet aussi non
seulement de voir l'intention du législateur, mais, je pense, d'élaborer sur
les possibilités que le projet de loi va nous offrir.
Mme Setlakwe : Merci. Ça me
va.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Rosemont.
M. Marissal : Oui. Merci, M.
le Président. Je saisis bien, là, vos explications, mais j'ai plus un
commentaire qu'une question. J'ai un peu tiqué, quand vous avez dit, tout à
l'heure, qu'on ne retouchera pas à cette loi-là avant 15, 20, 25 ans. Mais,
dans la phrase précédente, vous aviez dit : Ça évolue tellement vite qu'on
ne peut pas prévoir maintenant qu'est-ce qu'on va mettre dans les règlements.
En tout respect, ça me paraît un peu contradictoire, parce que l'un amènerait
plutôt à l'autre, selon moi, justement parce que ça bouge très, très, très
vite, puis il va falloir rendre des comptes.
Là, je fais un grand, grand pas en avant
dans le projet de loi puis j'arrive à l'article 266. On n'est pas rendus à
l'article 266, mais...
M. Caire : ...je crois rêver.
M. Marissal : «Le ministre
doit, au plus tard cinq ans après la date de l'entrée en vigueur de l'article 1,
faire rapport au gouvernement sur la mise en oeuvre de la présente loi.» Ça,
c'est typique, là, je pense que c'est imprimé d'avance sur tous les canevas de
tous les projets de loi.
M.
Caire
: C'est
assez standard, oui.
M. Marissal : 25 ans, moi, ça
me paraît long, dans un projet de loi qui touche... Je comprends qu'il est
technologiquement neutre, là, mais il est carrément assis sur la technologie
puis sur l'informatique. Alors, moi, ça me paraît quand même long, surtout qu'à
un moment donné il va falloir les faire, les évaluations des <règlements.
Je...
M. Marissal :
...
quand même long, surtout qu'à un moment donné il va falloir les faire, les
évaluations des >règlements. Je dirais, si je n'étais pas fin... mais je
suis fin, là, on a déterminé ça au départ, là, mais, si je n'étais pas fin, je
dirais que le gouvernement ne peut pas avoir le beurre puis l'argent du beurre,
tu sais, des règlements, comme tu en veux, là, le grand bazar des règlements
puis, après ça, pas de comptes à rendre avant cinq ans. Puis vous savez comme
moi que l'article 266, il est dans toutes les lois, mais l'évaluation des
lois est à géométrie variable, selon les lois et les gouvernements, puis, dans
cinq ans, combien d'entre nous seront encore ici? Sais pas.
M. Caire : Bien, en fait,
oui, il y a l'obligation légale de le faire, vous avez raison. Ceci étant dit,
il va y avoir une reddition de comptes qui va se faire, bon, on va le voir, à
différents niveaux, là... qui va se faire de façon beaucoup plus périodique,
donc plus restreinte, notamment sur les incidents à la journalisation, etc. Je
pense que l'idée du cinq ans qui... effectivement, là, le député de Rosemont a
raison, c'est un article assez général, mais l'idée étant que, si on veut avoir
un échantillon qui est significatif, de façon globale, peut-être est-ce que
cette loi-là devrait se faire...
On l'a fait, collègue, on l'a fait, je
pense, c'était pour la loi qui créait l'AMP. Mais là je vous le dis de mémoire
puis, bon, je ne fais pas tellement confiance à ma mémoire, là. Mais on avait
donné un premier cycle de trois ans puis, après ça, on l'avait fait aux cinq
ans. C'était l'AMP, hein? O.K. Bon, alors ma mémoire ne m'a pas trahi sur
celle-là. Et donc, ça, ça peut être modulé, mais je vous dirais
qu'effectivement, si on veut avoir un échantillon qui est intéressant, on le
fait sur cinq ans.
Et, pour revenir à votre commentaire
initial, bien, c'est justement parce que je pense que, comme législateurs, il
faut essayer de prévoir, je ne dis pas... ce n'est pas une vérité absolue, là,
mais il faut prévoir que ces lois-là ne seront pas modifiées... Tu sais, si on
fait une bonne job, comme législateurs, normalement, ça devrait durer dans le
temps parce que les principes de base auront été bien bien établis. Puis
c'était... dans le fond, je nous lançais des fleurs.
M. Marissal : Oui. Mais il me
semble que s'en remettre à l'exemple de la CAI pour penser qu'une loi a une
durée de vie de 40 ans me semble douteux, je nous mettrais en garde contre
un tel exemple.
M. Caire : Je ne commenterai
pas...
M. Marissal : Parce que vous,
vous avez dit que, quand vous êtes arrivé ici, on ne parlait pas d'intelligence
artificielle. Moi, quand j'ai commencé en journalisme, la grande innovation technologique,
c'était le fax, ça fait que...
M. Caire : Bien, ça, on en
parle encore, par exemple.
M. Marissal : Oui, oui, mais
vous m'avez dit qu'on n'en achète plus, au gouvernement, ça, vous m'avez déjà
dit ça, qu'il n'y a plus aucun achat de fax qui se fait...
M. Caire : Oui, mais c'est
«tough», ces petites bêtes là, hein? On n'en achète plus, mais ça marche
encore.
M. Marissal : Ça marche
encore, c'est bien ça, le problème. Merci.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de Mont-Royal, souhaitiez-vous ajouter quelque chose?
Mme Setlakwe : Peut-être
juste rapidement, pour le fameux paragraphe 5°, je serais
tentée de dire : Laissons-le. Mais, juste pour moi, la nouvelle, là, il
arrive quelque chose, dans un an, deux ans, trois ans, il y a une circonstance
qui apparaît, puis on veut venir combler le vide, modifier, qu'est-ce... comment
ça se passe, le règlement du gouvernement, les délais, les étapes?
M. Caire : Oui. Bon, le
règlement va être rédigé, il va être soumis à l'ensemble des ministères et
organismes de l'administration, qui vont le commenter, le bonifier. Il va
passer par le comité... bien, le Secrétariat à la législation, qui va le valider.
Après ça, il va aller au conseil... au comité ministériel, à un des deux
comités ministériels, si c'est encore la façon de fonctionner, il sera approuvé
par le Conseil des ministres et publié à la Gazette officielle, donc
rendu public à tous et donc possible d'être commenté, et éventuellement
peut-être qu'au salon bleu il y aura des discussions qui se feront autour de ce
règlement-là qui aura été adopté par le gouvernement.
Mme Setlakwe : Merci.
Le Président (M. Simard) : D'autres
remarques sur l'article 2? Sans quoi nous allons procéder à sa mise aux voix.
L'article 2 est-il adopté?
M. Caire : Adopté.
• (15 h 50) •
Le Président (M. Simard) : Adopté?
Une voix : Sur division.
Le Président (M. Simard) : Adopté
sur décision. Nous passons maintenant à l'article 3. M. le ministre.
M. Caire : Merci, M. le
Président. Donc, l'article 3... Excusez-moi.
Des voix : ...
M. Caire : Oui, je le sais,
il est là, regardez, regardez. Je suis full techno.Je vous l'avais dit,
que c'était ma conscience. Donc, article 3 : «Dans la présente loi,
on entend par :
«"établissement" : un
établissement visé par la <Loi sur les...
M. Caire :
...
article 3 : «Dans la présente loi, on entend par :
«"établissement" : un
établissement visé par la >Loi sur les services de santé et les services
sociaux (chapitre S-4.2) ou par la Loi sur les services de santé et les
services sociaux pour les autochtones cris (chapitre S-5);
«"incident de confidentialité" :
une utilisation ou une communication non autorisée par la loi d'un
renseignement, la perte d'un renseignement ou toute autre atteinte à sa
protection;
«"intervenant" : une personne
physique qui offre des services de santé ou des services sociaux au sein d'un
organisme du secteur de la santé et des services sociaux ou qui fournit à une
telle personne des services de soutien technique ou administratif;
«"produit ou service technologique"
: un équipement, une application ou un service requis afin de recueillir, de
conserver, d'utiliser ou de communiquer un renseignement, tels une banque ou un
système d'information, un réseau de télécommunication, une infrastructure
technologique, un logiciel ou une composante informatique d'un équipement
médical;
«"projet de recherche" : une
démarche visant le développement des connaissances, notamment à des fins
d'innovation, au moyen d'une étude structurée ou d'une investigation
systématique.
«Pour l'application de la présente loi,
une référence à l'offre de services de santé ou de services sociaux est aussi
une référence à la prestation de tels services.»
M. le Président, encore une fois, j'ai un
amendement. Comme le soulignait Me Côté, si vous permettez, nous pourrions
faire... je pourrais faire la lecture de l'amendement et avoir la discussion
sur l'amendement et ensuite sur l'article.
Le Président (M. Simard) : Nous
vous écoutons.
Une voix : ...
M.
Caire
: Ben
oui, regarde donc ça!Ça ne sera pas long.
(Consultation)
M.
Caire
: Ben
oui, c'est bon. O.K. Est-ce que c'est... Oui, O.K. Donc, l'amendement se lit
comme suit : Remplacer, dans la définition d'«incident de confidentialité
» de l'article 3 du projet de loi, «une utilisation ou une communication
non autorisée par la loi d'un renseignement» par «un accès à un renseignement
ou toute autre utilisation ou communication d'un renseignement non autorisé par
la loi».
Donc, l'amendement vise à prévoir que la
définition d'«incident de confidentialité» comprend un accès à des renseignements
non autorisés par la Loi sur les renseignements de santé et de services
sociaux. Cette modification vise à préciser qu'un simple accès, même s'il ne
donne pas lieu à une utilisation ou à une communication par la suite, peut être
un incident de confidentialité, s'il n'est pas autorisé en vertu de la loi.
Donc, c'est ça, on vient modifier la
notion d'incident de confidentialité parce que, dans le fond, un accès non
autorisé, s'il n'y avait pas d'autre utilisation, n'était pas au sens de la
définition d'un incident de confidentialité. Donc là, on vient le rajouter.
Le Président (M. Simard) : Alors,
sur l'amendement, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Je salue
l'amendement, il était opportun de le faire, et donc c'est une bonne chose.
C'est parfait pour moi. J'avais noté que certains intervenants avaient demandé
cette modification-là. Donc, oui, c'est parfait.
J'aurais peut-être juste une question
générale par rapport à l'article 3. C'est vraiment... c'est mineur, là,
mais il y a quand même des gens qui l'ont souligné, puis moi, étant avocate, je
remarque aussi qu'il y a des définitions qui se retrouvent ailleurs dans le
projet de loi. Pourquoi on ne les a pas toutes regroupées au début?
Le Président (M. Simard) : Ça
va très bien pour les questions, mais...
M. Caire : Je vais laisser Me
Côté vous expliquer ce bout-là.
Le Président (M. Simard) : Si
vous le souhaitez, puis je ne vais pas trop m'introduire dans le débat, mais on
pourrait peut-être, d'abord, focaliser notre attention sur l'amendement puis
peut-être revenir par la suite sur l'ensemble.
Mme Setlakwe : Ah! mais
l'amendement, je suis d'accord, ça fait que...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Si ça ne vous dérange pas...
Mme Setlakwe : Oui...
Le Président (M. Simard) : C'est
très pertinent comme question, mais c'est peut-être...
Mme Setlakwe : Oui, oui. Merci.
Désolé. Oui, oui, tout à fait.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. M. le député de Rosemont, sur l'amendement.
M. Marissal : Ça va. Merci.
Le Président (M. Simard) : Y
aurait-il d'autres interventions sur l'amendement apporté à l'article 3?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous procédons à la mise aux voix. Cet
amendement est-il adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Mme la députée d'Outremont, nous pouvons revenir à votre question puisque...
Mme Setlakwe : À la question
technique sur...
Le Président (M. Simard) : ...sur
l'article 3 tel qu'amendé.
Mme Setlakwe : Tel qu'amendé.
M. Caire : Bien, en fait, la
réponse que Me Côté me fait, c'est qu'on essaie d'éviter les très longues
listes de définitions. Donc, pour rendre ça peut-être un peu plus digeste,
c'est de mettre les définitions... Bon, là, vous avez les définitions d'ordre
général. Les définitions qui sont peut-être plus collées sur des articles, on
les laisse dans les sections pertinentes.
Mme Setlakwe : Je pense
qu'effectivement c'était ça, le raisonnement. Merci, c'est correct.
M. Caire : Voilà.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de <Rosemont...
M. Caire :
...pertinentes.
Mme Setlakwe :
Je
pense qu'effectivement c'était ça, le raisonnement. Merci, c'est correct.
M. Caire :
Voilà.
Le Président (M. Simard) :
M.
le député de >Rosemont.
M.
Caire
: ...
M. Marissal : Ah! moi, je
pensais qu'on était suspendus, point.
Le Président (M. Simard) : Non,
pas du tout.
M. Caire : Non, non. Bien,
oui, mais à tes lèvres.
M. Marissal : Non, mais je...
non, je n'ai rien pour le moment, ça va, moi.
Le Président (M. Simard) : Ça
vous va?
M. Marissal : Excusez-moi,
là...
Le Président (M. Simard) : D'autres
remarques sur l'article 3 tel qu'amendé? Cet article 3, tel
qu'amendé, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Nous poursuivons par l'étude de l'article 4. M. le ministre.
M. Caire : Je vais faire ça
comme ça, M. le Président. Donc, l'article 4 :
«Pour l'application de la présente loi,
est un organisme du secteur de la santé et des services sociaux — premier
alinéa... non, paragraphe... bon, en tout cas :
«1° le ministère de la Santé et des Services
sociaux;
«2° une personne ou un groupement
visé à l'annexe I ou à l'annexe II;
«3° un établissement, la Régie
régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik instituée en vertu de
l'article 530.25 de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux et le Conseil cri de la santé et des services sociaux de la Baie-James
institué en vertu de la Loi sur les services de santé et les services sociaux
pour les autochtones cris;
«4° une personne ou un groupement qui
n'est pas déjà visé au présent article et qui conclut avec un organisme du
secteur de la santé et des services sociaux visé au paragraphe 2° ou 3° une
entente visant la prestation de services de santé ou de services sociaux pour
le compte de cet organisme;
«5° toute autre personne ou tout
autre groupement déterminé par règlement du gouvernement, dans la mesure que ce
dernier détermine.
«Une personne ou un groupement visé au
paragraphe 4° du premier alinéa n'est toutefois considéré comme un organisme du
secteur de la santé et des services sociaux que pour ses activités liées à la
prestation de services de santé ou de services sociaux pour le compte d'un
organisme du secteur de la santé et des services sociaux visé au paragraphe 2°
ou 3° du premier alinéa.
«Est également assimilé à un organisme du
secteur de la santé et des services sociaux un intervenant qui offre des
services de santé ou des services sociaux au sein d'un tel organisme autre
qu'un établissement et dont les dossiers ne sont pas tenus par cet organisme.
«À moins que le contexte n'indique un sens
différent, le mot "organisme" utilisé dans le qualitatif... — pardon — utilisé
sans qualificatif dans la présente loi désigne un organisme du secteur de la
santé et des services sociaux.»
Et, M. le Président, j'ai un amendement,
donc je vous le lirais. Alors, l'article 4 est modifié ainsi : Insérer,
à la fin du quatrième alinéa de l'article 4 du projet de loi, la phrase suivante
: «De plus, lorsque la présente loi réfère à une personne ou à un groupement,
un tel organisme est compris dans cette référence.»
L'amendement a pour but de préciser que
l'expression «personne» ou «groupement», utilisée à quelques reprises dans la
Loi sur les renseignements de santé et de services sociaux, inclut également un
organisme du secteur de la santé et des services sociaux au sens de l'article 4
de cette loi. Par exemple, la référence à une personne ou un groupement prévu à
l'article 65 du projet de loi peut viser, selon le cas, un organisme du
secteur de la santé et des services sociaux.
Le Président (M. Simard) : Alors,
des commentaires sur cet amendement? Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Merci. Je suis
juste en train de réfléchir. Ça me semble presque un genre de correction, là,
ça me semble très mineur.
M. Caire : Oui, bien, c'est
pour faire suite à la Commissaire à la santé, là, qui disait : Bien,
est-ce que je suis un organisme au sens de la loi? Donc, on vient préciser, là,
que oui, ça les inclut dans la loi.
• (16 heures) •
Mme Setlakwe : Oui, mais elle
était... Là où... Je vous entends, mais il me semble que la commissaire,
elle... C'est parce que l'article 4, il faut le lire, évidemment, avec
l'annexe I et II. Ils étaient spécifiquement nommés... elle était
spécifiquement nommée : Annexe I, Commissaire à la santé et au bien-être.
M. Caire : Oui, mais c'est
une précision qui a été demandée.
Une voix : ...
M.
Caire
: Oui.
Bien, je...
Le Président (M. Simard) : Me
Côté.
Mme G. Côté (Geneviève) : En
fait, la commissaire, elle est nommée comme un organisme du secteur de la santé
et des services sociaux à l'annexe I, je crois, donc, ça, il n'y avait pas de
doute là-dessus. C'est qu'on a des articles qui réfèrent aux organismes. Dans
ce temps-là, il n'y a pas d'enjeu. Mais on a aussi des articles qui sont
d'application plus générale puis qui parlent de... une personne ou un
groupement peut faire ceci, peut faire cela, donc... Et la commissaire avait
mentionné dans ses commentaires : Quand on parle...
16 h (version révisée)
Mme G. Côté
(Geneviève) : ...et la commissaire avait mentionné dans ses
commentaires, quand on parle d'une personne ou un groupement, est-ce que c'est
autre chose qu'un organisme ou est-ce que ça inclut... Donc, ce qu'on vient...
On vient préciser que, quand on est plus général encore que de parler d'un
organisme du secteur de la santé et des services sociaux, on parle, de façon
générale, d'une personne ou d'un groupement, bien, on inclut les organismes
dans cette universalité de personnes et de groupements, là, qu'on vient viser.
Mme Setlakwe : C'est
parfait, donc.
M.
Caire
: C'était
presque ça que j'ai dit.
Mme Setlakwe : C'est
comme ça que je le disais. Merci.
M. Marissal : «Est
également assimilé à un organisme du secteur de la santé et des services
sociaux un intervenant qui offre des services de santé ou des services sociaux
au sein d'un tel organisme autre qu'un établissement et dont les dossiers ne
sont pas tenus par cet organisme.» Pouvez-vous éclairer ma lanterne, là?
Donnez-moi un exemple, là.
M. Caire : Bien oui.
Bien là, en conformité avec la décision du président, peut-être, sur l'amendement,
disposer de l'amendement, et puis, après ça, ça me fera plaisir...
M. Marissal : Oui, vous
avez raison. Vous avez raison, oui, oui.
Le Président (M. Simard) : D'autres
remarques sur l'amendement proposé à l'article 4?
Mme Setlakwe : Sur l'amendement,
non. Non, l'amendement est convenable.
Le Président (M. Simard) : Cet
amendement est-il adopté? Adopté. Et nous revenons à l'étude de l'article 4
tel qu'amendé en poursuivant peut-être sur le commentaire du collègue de
Rosemont.
M. Marissal : Oui.
Alors, je reprends?
Le Président (M. Simard) : S'il
vous plaît.
M. Marissal : «Est
également assimilé à un organisme du secteur de la santé et des services
sociaux un intervenant qui offre des services de santé ou des services sociaux
au sein d'un tel organisme autre qu'un établissement et dont les dossiers ne
sont pas tenus par cet organisme.» J'essaie juste de voir quel cas de figure… à
quel cas de figure on fait référence ici.
M. Caire : Me Côté.
Mme G. Côté (Geneviève) :
Alors, c'est de peu d'application, mais on vise une éventualité qu'on ne
pouvait pas exclure. C'est-à-dire que, par exemple, si on a des professionnels
qui exercent dans un cabinet privé de professionnels, de façon générale, là, l'habitude,
c'est que c'est le cabinet qui tient des dossiers pour les patients, et qu'il y
a un partage, mais on ne pouvait pas exclure l'éventualité où il y aurait des
professionnels qui ont leur propre tenue de dossiers personnels à l'intérieur
du cabinet. Donc, on veut les viser, eux autres aussi. Donc, c'est vraiment ce
cas spécifique d'un professionnel qui tiendrait ses propres dossiers, donc, il
n'est pas… Le professionnel, il n'est pas un organisme, mais on l'assimile à un
organisme quand même.
M. Marissal : O.K. Bien,
vous semblez dire que ça ne sera quand même pas fréquent, là, et que vous
avez...
Mme G. Côté (Geneviève) :
Les discussions qu'on a eues avec différents intervenants, là, nous
laissent croire que ce n'est pas fréquent, effectivement, mais, comme c'est une
possibilité juridique dans certains cas, on ne voulait pas échapper ces
situations-là.
M. Marissal : O.K., puis
pouvez-vous être plus précise? Parce que, là, vous avez des états généraux, là,
sur une situation, mettons, là, comme... pas commune puisque ce n'est pas
commun, mais une situation qui pourrait se présenter.
Mme G. Côté (Geneviève) :
Bien, ma compréhension était... J'ai un exemple qui me vient, qui serait
avec des médecins, mais je ne sais pas si, pour les médecins, ils le font en
pratique, là, mais, si j'avais, par exemple, dans un groupe de médecine de
famille, 14 médecins, puis qu'à la place de tenir un dossier pour le
groupe, bien, Dr Untel, lui, il fait sa propre tenue de dossiers tout seul dans
son petit classeur puis il ne partage pas ses dossiers, donc, ce n'est pas une
tenue de dossiers commune pour le groupe de médecine de famille, mais c'est... les
dossiers du Dr Untel, il fait ça lui-même tout seul. Ça fait que le cabinet
privé de professionnels, l'organisme qu'on vise dans la loi, ça serait le
groupe, donc, ça serait le dossier du groupe, mais on vient quand même
assimiler notre individu qui est plus individualiste dans sa tenue de dossiers,
là. On vient l'assimiler pour venir l'embarquer dans le régime prévu par la loi
aussi.
M. Marissal : O.K. Moi,
je vais avoir un... Peux-tu me remettre la fiche, oui? Je vais avoir un
amendement puis, pour ne pas vous prendre par surprise, là, je vais vous amener
d'abord l'idée générale. Ensuite, j'aurais peut-être besoin d'une petite pause
pour écrire l'amendement. Je veux être cohérent avec mon collègue de Jean-Lesage
qui m'a remplacé momentanément ce matin, là. Les gens des Premières Nations ont
souhaité être inclus, nommément. Il y a un groupe, là, qui est inclus ici, là,
dans ce que vous nous présentez, notamment le Nunavik, ça, ça va, et les Cris,
donc, je devrais dire deux. Par contre, la commission de santé et services
sociaux des Premières Nations du Québec et Labrador, qui, aussi, possède <des…
M. Marissal :
...possède
>des renseignements personnels et quelques organismes de santé, et je
crois bien que leurs organismes de santé collent pas mal à la définition que
vous... qui est présentée ici devant nous, là, souhaite être incluse dans ledit
projet de loi.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Caire : Ah bien! Je vais
attendre de lire l'amendement...
M. Marissal : Très bien, O.K.
M. Caire : ...oui, parce
qu'il faudra faire valider évidemment par les juristes, là, à la lueur de
l'amendement. Je voudrais vous en dire plus, collègue, mais justement je viens
de tâter le terrain.
Le Président (M. Simard) : …qu'on
suspende quelques instants?
M. Marissal : Oui. En fait,
c'est que la mise au jeu que je viens de faire, là, visait à vérifier que je
n'ai pas manqué quelque chose, puis que vous me dites que c'est là, ou que ce
n'est pas là, ou que j'ai...
M. Caire : M. le Président,
peut-être avec le consentement de mon collègue de Rosemont, nous pourrions
avoir cette discussion-là avec les...
Le Président (M. Simard) : C'est
ça, une fois suspendu, très bien.
M. Caire : Puis, après ça, il
décidera s'il veut poursuivre avec l'amendement ou non.
M. Marissal : Très bien,
allons-y comme ça, oui, c'est l'idéal.
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 07)
(Reprise à 16 h 21)
Le Président (M. Simard) : Alors,
collègues, nous poursuivons nos travaux, et j'espère que cet arrêt fut
productif. M. le député de Rosemont, à vous de nous en parler.
M. Marissal : Oui, productif
académiquement. Malheureusement, on arrive dans quelque chose que j'appellerais
probablement un cul-de-sac juridique. Juste pour que les gens suivent, parce
qu'évidemment ils ne sont pas ici pendant les suspensions de nos travaux, ça va
de soi, il y a <quelques organismes...
M. Marissal :
...il
y a >quelques organismes, chez les Premières Nations, qui sont du
domaine de la santé, je vais le dire comme ça, qui ne sont pas couverts par la
loi qui est devant nous, par le projet de loi qui est devant nous, notamment
parce qu'ils ne correspondent pas à la définition juridique qui est celle qui
nous guide, là, dans le projet de loi n° 3. Il y aurait beaucoup d'autres
choses à dire là-dessus, mais, dans le cadre de de l'étude du projet de loi n° 3,
je ne déposerai pas, finalement, d'amendement parce que je conçois, je constate
à regret, cela dit, que ce n'est pas ici que ça peut se régler en raison d'un
cadre juridique qui ne dépend pas du tout du projet de loi n° 3 ni de nos
travaux ici. Mais, que ce soit dit, je pense, ce serait un des chantiers à
lancer avec les communautés autochtones que ces dispensations de soins aient
une valeur et une existence juridique, notamment, afin de participer à ce qu'on
est en train de faire ici, et je conçois à regret, dis-je, que ce n'est pas ici
que je vais régler ça. Merci.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Y aurait-il d'autres remarques sur l'article 4 tel qu'amendé? Mme la
députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Oui, une
première question, en fait, simple, vraiment dans le technique, comme… Pourquoi
on utilise une terminologie différente ou, en fait, pourquoi est-ce qu'on
ajoute les mots, au paragraphe 5°, «dans la mesure que ce dernier détermine»,
alors qu'on n'utilise pas ces mots-là dans le paragraphe 5° de l'article 2 dont
on discutait un peu plus tôt?
Mme G. Côté (Geneviève) :
En
fait, on a certaines précisions dans la loi où on fait une différence entre les
personnes et les groupements visés à l'annexe I et les personnes et les
groupements visés à l'annexe II. Donc, si on... On fait correspondance pour les
paragraphes 1°, 2° et... 1°, 3° et 4°, là, mais, si on en arrive avec rajouter
un organisme par règlement, bien, on voudra pouvoir, dans le règlement, là,
déterminer est-ce qu'on l'assimile au groupe de l'annexe I ou au groupe de
l'annexe II. Donc, on pourrait venir déterminer, là, par exemple, que c'est
un... venir moduler, là, les obligations, là, qu'il est donc... qu'il est un
organisme assujetti au régime, là, d'un ou de l'autre.
Mme Setlakwe : Il me semble
superflu, mais je comprends. Merci de l'explication. Est-ce qu'on va... on
parle des annexes aussi, là, en lien avec...
Mme G. Côté (Geneviève) : Oui.
Mme Setlakwe : Mais, oui,
peut-être qu'on peut aller aux annexes tout de suite. Est-ce que vous avez des
amendements a proposer aux annexes? On peut peut-être attendre ça…
M. Caire : Oui, on a…
l'annexe I, il y a un amendement.
Mme Setlakwe : O.K. Sinon, bien,
est-ce qu'on y va avec ça? Moi, j'avais peut-être une question par rapport au
paragraphe 4° dans l'alinéa un, et un commentaire qui a été formulé
expressément par je ne sais plus trop quel... Ce n'est pas important. Ma
question est la suivante. Est-ce qu'on souhaite exclure nommément les
organismes communautaires qui se préoccupent d'être inclus dans le paragraphe 4°,
alors qu'eux souhaitent, tu sais, conserver toute leur autonomie, la façon dont
ils sont financés, dont ils fonctionnent? On comprend qu'ils ne sont pas
assujettis à cette loi. Est-ce que c'est le cas?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Caire : Bien là, vous
parlez d'organismes communautaires qui vont donner des soins de santé?
J'aimerais ça...
Mme Setlakwe : Bien, qui
donnent... qui ont des informations, qui ont des renseignements.
M. Caire : Mais de santé
et/ou de services sociaux?
Mme Setlakwe : Ça peut
arriver.
M. Caire : Bien, si c'est des
renseignements de santé ou de services sociaux, au sens de la définition qu'on
a donnée, la réponse va être oui.
Mme Setlakwe : Mais, dans le
cadre de leur mandat, eux ne rendent pas des... mais, je pense, c'est une zone
grise, là, parce que, selon moi, l'intention est probablement de ne pas les
viser. Ils rendent... Tu sais, on s'entend qu'ils ont affaire à une clientèle
aux besoins multiples. Ils ont... Tu sais, leur mandat est assez vaste, dans
différents champs d'activité, puis eux, ils fonctionnent avec un financement
tout autre, là. Je pense à PSOC. Et ils pourraient détenir des renseignements.
Bien, eux demandent spécifiquement d'être exclus, qu'il n'y ait pas d'ambiguïté
à ce niveau-là.
M. Caire : En fait, ils ne
sont pas visés, mais, s'ils collectent des renseignements de santé ou de
services sociaux selon ce que… la définition qu'on a donnée de ça, ils vont
être inclus dans… oui.
Une voix : ...
M. Caire : Oui, c'est ça, si
vous regardez le paragraphe 4°, c'est ça. Donc, quand vous parlez de PSOC, ça
veut dire qu'il y a un financement public.
Le Président (M. Simard) : Me
Côté, souhaitez-vous intervenir?
M. Caire : Oui, bien, vas-y.
Une voix : …
M.
Caire
: Bien,
la réponse, c'est que ça pourrait être oui, là.
Mme Setlakwe : Pardon?
M. Caire : La réponse, c'est
que ça pourrait être oui.
Mme Setlakwe : Ça pourrait
être oui?
M. Caire : Oui, s'ils ont
signé une entente, s'ils donnent des... s'ils collectent des informations qui
sont des renseignements de santé et des services sociaux.
Mme G. Côté (Geneviève) : Je
peux peut-être préciser, là, c'est que les organismes communautaire, en soi,
là, ne font pas partie de la liste à l'annexe, là, mais, lorsqu'un organisme
communautaire, par entente avec, par exemple, un établissement de santé et de
services sociaux, rend pour le compte… rend des services pour le compte de cet
établissement-là… Donc, on ne parle pas exclusivement d'avoir reçu un
financement, mais d'avoir vraiment une entente, là, ce que, dans le jargon de
la santé, on appelle une entente 108, là, donc, une entente qui fait... parce
que l'établissement va avoir, entre guillemets, sous-traité certains services,
là, à l'organisme communautaire. On va venir... L'organisme va être visé, mais
uniquement pour ce qu'il a fait dans le cadre de cette prestation de services
là et de cette entente.
Donc, on ne vise pas... Puis ça, c'est le
deuxième alinéa qui le précise, là. Donc, un organisme ou un groupement qui est
visé au paragraphe 4°, il n'est pas visé pour l'ensemble de ses activités, du
fait qu'un jour, une fois, il a signé une entente avec un établissement, là, il
se retrouve à être un organisme du secteur de la santé et de services sociaux
pour tout ce qu'il fait, mais c'est pour ce qu'il fait dans le cadre de cette
prestation de services là, qu'il fait pour le compte de l'établissement.
Mme Setlakwe : Merci. Moi, ça
me satisfait comme explication.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le député de Rosemont.
M. Marissal : …pour moi. Merci.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. L'article 4, tel qu'amendé, est-il adopté? Adopté. Nous passons
maintenant à l'étude de l'article 5.
M. Caire : Alors, l'article 5
se lit comme suit.
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Non,
en fait, ce sera plus tard, Mme la députée.
M. Caire : Donc : «Tout
renseignement détenu par un organisme est confidentiel et, sous réserve du
consentement exprès de la personne qui le concerne, il ne peut être utilisé ou
communiqué que conformément à la présente loi.
«Lorsqu'il est possible d'utiliser ou de
communiquer un tel renseignement sous une forme ne permettant pas d'identifier
directement la personne concernée, l'utilisation ou la communication doit se
faire sous cette forme.
«Pour l'application de la présente loi, un
renseignement est considéré détenu par un organisme même lorsque ce dernier en
confie la conservation à un tiers.»
Donc, le présent article introduit la
règle selon laquelle les renseignements de santé et de services sociaux détenus
par les organismes du secteur de la santé et des services sociaux sont
confidentiels. Ces renseignements peuvent donc être communiqués uniquement
lorsque la Loi sur les renseignements de santé et de services sociaux autorise
leur réutilisation ou leur communication ou lorsque la personne concernée par
les renseignements y consent expressément.
Le deuxième alinéa de cet article établit
le principe selon lequel l'utilisation ou la communication de renseignements
doit, lorsque cela est possible, se faire sous une forme ne permettant pas
d'identifier directement la personne concernée par ces renseignements. Ce
principe d'application vise donc à accroître la protection accordée aux
renseignements en prévoyant que l'utilisation et la communication permettant
d'identifier directement la personne concernée est l'exception et non la règle.
Enfin, le troisième alinéa de cet article
prévoit une présomption selon laquelle un renseignement est considéré comme
détenu par un organisme même lorsque ce dernier en confie la conservation à un
tiers. Cette présomption est une reprise de la règle prévue par l'article
premier de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels. Elle fait en sorte qu'un
renseignement détenu par un sous-traitant d'un organisme du secteur de la santé
et des services sociaux, par exemple un fournisseur de services informatiques,
demeure assujetti aux obligations prévues par la présente loi.
• (16 h 30) •
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Bien, c'est un
article clé dans la loi. Est-ce que... J'aimerais comprendre pourquoi on a mis
les mots sous…
16 h 30 (version révisée)
Mme Setlakwe : ...j'aimerais
comprendre pourquoi on a mis les mots, bien, «sous réserve du consentement
exprès». Moi, je veux juste être sûre qu'il n'y ait pas de confusion, là. Le
consentement, il est implicite?
M. Caire : C'est-à-dire que,
quand vous collectez un renseignement, vous le collectez à une fin très
précise. Et, si vous voulez communiquer ou utiliser le renseignement... Alors,
si vous êtes... Vous êtes devant votre médecin, votre médecin vous pose des
questions, donc vous lui donnez le... vous lui donnez les renseignements, il
les utilise. Si tant est que vous avez besoin de les communiquer, ça prend un
consentement exprès pour le faire. Donc, ça établit la règle générale qui est
que le consentement est toujours requis pour communiquer ou utiliser des
renseignements.
Une voix : ...
M. Caire : Comment?
Une voix : ...
M. Caire : Bien, c'est ça, c'est
ça que j'allais dire, sauf dans les... Il y a quelques cas, là, où,
effectivement, on peut utiliser les renseignements ou on peut communiquer les
renseignements sans le consentement de la personne, mais ça établit la règle
générale. Donc, la règle générale, c'est : vous avez besoin du
consentement exprès pour communiquer ou utiliser des renseignements qui... des
renseignements personnels. C'est ça.
Mme Setlakwe : Merci. Pour l'instant,
ça va, je passerais la parole, je vais peut-être la reprendre.
Le Président (M. Simard) : Cher
collègue.
M. Marissal : Oui, merci, M.
le Président. «Lorsqu'il est possible d'utiliser ou de communiquer un tel
renseignement sous une forme ne permettant pas d'identifier directement la
personne concernée, l'utilisation ou la communication doit se faire sous cette
forme.» Qui décide ça, dans le feu de l'action, là?
M. Caire : Bien là, vous
allez... là, on va le voir...
M. Marissal : Dans le
quotidien d'une administration, là.
M. Caire : Oui, oui. Oui,
oui. Bien, en fait, on va le voir plus tard, là, dans les différentes instances
qui sont instituées par la loi, que ce soit le centre de données, que ce soit
le directeur du réseau de l'information. Je vais aller plus loin, parce qu'il
faut aussi lire le p.l. n° 3 dans le cadre de la loi
sur la gestion et la gouvernance en ressources informationnelles, là, où il y a
différents acteurs, officiers qui sont ciblés par la loi, qui auront les
responsabilités de l'application de la loi.
M. Marissal : Parce que le
deuxième paragraphe, si on le prend a contrario, il dit qu'il est possible
de communiquer un renseignement parfaitement nominatif.
M. Caire : Il est possible de
le faire. Ceci étant dit, je vais reprendre ce que j'ai dit à la collègue, le
régime général, donc l'idée générale c'est que vous devriez toujours donner le
renseignement minimum requis, je vais le dire comme ça.
M. Marissal : O.K. Pourquoi
on ne le dit pas comme ça dans l'article? Pourquoi...
M. Caire : Parce que...
M. Marissal : C'est beaucoup
plus clair, la façon dont vous venez de le dire là, là.
M. Caire : Bien oui, mais, en
même temps, on reprend le libellé qu'il y a dans la loi n° 25.
C'est dit comme ça dans la loi n° 25.
M. Marissal : O.K. Ça va. Je
trouve ça large, là, très, très large, mais je vous crois sur parole, quand
vous dites qu'on aura à déterminer plus tard qui appuie sur les boutons et
quand?
M.
Caire
: Oui.
M. Marissal : O.K.
Le Président (M. Simard) : Alors,
d'autres commentaires sur l'article 5? Celui-ci est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Nous passons à l'article 6. M. le ministre.
M. Caire : Alors, il se lit
comme suit : «Tout consentement à l'utilisation ou à la communication d'un
renseignement détenu par un organisme doit être manifeste, libre, éclairé et
donné à des fins spécifiques. En matière de recherche, il peut viser des
thématiques de recherche, des catégories d'activités de recherche ou des catégories
de chercheurs.
«Le consentement est demandé pour chacune
des fins visées, en termes simples et clairs. Il ne vaut que pour la durée
nécessaire à la réalisation des fins pour lesquelles il a été demandé.
«Lorsque la demande de consentement est
faite par écrit, elle doit être présentée distinctement de toute autre
information communiquée à la personne concernée. Lorsque celle-ci le requiert,
la personne ou le regroupement ayant sollicité le consentement lui prête
assistance afin de l'aider à comprendre la portée de celui-ci.
«Le consentement d'un mineur de moins de
14 ans est donné par le titulaire de l'autorité parentale ou le tuteur. Le
consentement du mineur de 14 ans et plus est donné par le mineur, à moins
que la loi ne prévoie un consentement par le titulaire de l'autorité parentale.
«Un règlement du gouvernement peut
déterminer les modalités selon lesquelles une personne peut manifester un
consentement. Un consentement qui n'est pas <donné...
M. Caire :
...une
personne peut manifester un consentement. Un consentement qui n'est pas >donné
conformément au présent article ou à un règlement du gouvernement, le cas
échéant, est sans effet.»
Donc, M. le Président, le présent article
vise à définir les conditions de validité de tout consentement à l'utilisation
ou à la communication de renseignements de… donné dans le cadre de
l'application de la Loi sur les renseignements de santé et de services sociaux
et les modalités suivant lesquelles doit être donné un tel consentement. Les
quatre premiers alinéas de l'article reprennent les conditions usuelles de
validité d'un consentement, qui sont actuellement prévues dans d'autres lois et
qui sont reconnues par la jurisprudence.
Toutefois, le premier alinéa ajoute une
particularité propre à la nouvelle loi en précisant que dans le contexte
particulier d'un consentement à l'utilisation ou à la communication de
renseignements en matière de recherche, le consentement n'a pas à viser un
projet de recherche en particulier, mais peut viser plus généralement des
thématiques ou des catégories. Cette précision vise à permettre la mise en
place de métaconsentements à la recherche qui, par exemple, pourraient
permettre à une personne de consentir à l'avance à ce que les renseignements
qui la concernent soient utilisés ou communiqués à cette fin.
Le cinquième alinéa de l'article prévoit
la possibilité pour le gouvernement de déterminer, par voie réglementaire, les
modalités selon lesquelles une personne peut manifester un consentement. Il ne
s'agit pas ici de prévoir des conditions différentes de celles qu'exprime cet
article, mais plutôt de déterminer les façons ou les moyens suivants lesquels
une personne peut manifester son consentement. Pensons, par exemple, à
l'utilisation de différentes technologies de l'information. Voilà, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Des commentaires? Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : J'aimerais
juste... Ça me semble bien rédigé. J'aimerais comprendre pourquoi on n'a pas
parlé de consentement à l'accès, là, on s'en tient à l'utilisation, à la
communication de renseignements.
Des voix : …
M. Caire : Vas-y.
Mme G. Côté (Geneviève) : En
fait, un accès tout seul, s'il n'est pas en vue d'une utilisation ou d'une
communication, il devrait... il n'y a pas de finalité, il ne devrait pas avoir
lieu. Quand on est dans les incidents de confidentialité, c'est important de
venir le rajouter parce qu'un accès tout seul, parce que quelqu'un veut aller
fureter, alors qu'il n'a pas d'affaire à le faire, on veut pouvoir le
sanctionner. Mais, dans un cas où il y a... je veux dire, on va consentir,
c'est toujours en vue d'une utilisation ou d'une communication, là.
Mme Setlakwe : Certains ont
demandé que le consentement soit renouvelé après une certaine période de temps,
périodiquement, vous n'avez pas jugé opportun de...
M. Caire : Non. Non, je vous
dirais que... En fait, si vous lisez, je pense, c'est l'article précédent qui
dit qu'un renseignement est collecté à des fins précises, donc il y a un cycle
de vie utile au bout duquel le renseignement va être détruit lorsque la
finalité est atteinte. Normalement, ce que la loi prévoit, cette information-là
va être détruite.
Mme Setlakwe : Et pas
forcément en lien avec le décès de la personne?
M. Caire : Pas forcément,
non, parce que si vous collectez une information pour une prestation de
services de soins de santé, ce qu'on appelle un épisode de soins, l'épisode de
soins est complété, selon la loi, la finalité est atteinte, donc vous pouvez...
vous devriez supprimer le renseignement en question.
Mme Setlakwe : Mais il me
semble qu'on doit pouvoir... là, c'est peut-être moi qui se trompe, on doit
pouvoir les conserver par après pour des fins de recherche.
• (16 h 40) •
M. Caire : Oui. Alors là, ça,
c'est autre chose, mais, à ce moment-là, ils sont anonymisés, selon la loi, on
va le voir dans l'article ultérieur, ils sont anonymisés et utilisés à des fins
de recherche, mais selon les paramètres que la loi établit pour la recherche.
Et le citoyen, comme on le voit, là, peut décider de ne pas donner son
consentement, là, pour des protocoles de recherche. Donc, si lui décide de se
retirer, de retirer son consentement ou de dire : Je ne veux pas que mes
informations servent à des fins de recherche, bien, c'est la disposition sur la
suppression du renseignement qui s'applique.
Mme Setlakwe : Donc, ce n'est
pas nécessaire, selon vous, d'ajouter les mots, disons, au deuxième alinéa, à
la fin, «incluant après la mort si les fins le nécessitent».
M. Caire : Là, excusez-moi,
vous dites : Le consentement... Vous dites quoi? Je m'excuse.
Mme Setlakwe : Oui, un petit
peu plus loin, là, dans ce deuxième paragraphe : «Il ne vaut que pour la
durée nécessaire à la réalisation des fins pour lesquelles il a été demandé.»
M.
Caire
: Il a
été demandé. Voilà.
Mme Setlakwe : Incluant après
la <mort...
M. Caire :
...Il a
été demandé. Voilà.
Mme Setlakwe : Incluant
après la >mort si les fins le nécessitent.
M.
Caire
: Moi,
je n'en vois pas l'utilité parce que, dans les faits, ce que la loi dit, c'est
que je collecte des informations qui sont nécessaires au service que je dois
vous rendre. On parle d'un service ponctuel ou on parle d'un épisode de soins.
Donc, à ce moment-là, il y a comme une fin, une durée de vie utile du
renseignement sur l'épisode de soins où, là, il pourrait y avoir éventuellement
communication d'un renseignement quand on parle d'un épisode de soins. L'épisode
de soins prend fin, vous recouvrez la santé, heureusement, merveilleux, donc
les fins pour lesquelles le renseignement a été collecté sont terminées. Donc,
techniquement, si vous avez spécifié que vous ne souhaitiez pas que vos
renseignements servent à des fins de recherche, ce renseignement-là devra être
détruit. Alors, je n'ai pas besoin de vous demander.
Et, si vous êtes mort, bien, évidemment,
on comprend que, là, il n'y a plus d'épisode de soins à vous donner, donc il n'y
a plus de finalité, donc vos renseignements, à moins, évidemment, qu'ils soient
anonymisés et qu'ils servent à des fins de recherche parce que vous aurez
autorisé ça, ça, c'est autre chose, mais, si vous ne l'avez pas autorisé,
évidemment, si vous êtes décédé, il n'est plus question de donner des soins,
donc il n'y a plus d'utilité à conserver les renseignements, donc ils doivent
être détruits. Donc, je n'ai pas besoin de vous demander le consentement... de
renouveler le consentement pour des informations que je devrai détruire ou
anonymiser, parce que vous m'avez donné le consentement de les anonymiser,
auquel cas ce ne sont plus des renseignements personnels, et là ils tombent
sous le coup des portions de la loi sur la recherche.
Mme Setlakwe : Donc, je vous
suis dans la séquence, merci.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Rosemont.
M. Marissal : Est-ce que l'article 6
vise expressément et exclusivement la recherche?
Une voix : …
M. Marissal : O.K. Bien là, je
suis mêlé, là. En principe, on... en tout cas, c'est ce que j'ai compris de
nos travaux préalables en consultations particulières, le consentement est
présumé jusqu'à preuve du contraire.
M. Caire : Pas tout à fait.
M. Marissal : Allez-y.
M. Caire : Le consentement n'est
pas présumé, le consentement doit être donné, et c'est ça que l'article dit.
Lorsque, moi, je collecte des informations, mettons-le dans le contexte, comme
j'expliquais à la collègue, d'un épisode de soins. Donc, moi, j'ai collecté des
informations pour la prestation de services. Maintenant, je dois avoir votre
consentement exprès pour une utilisation qui n'est pas les fins pour lesquelles
ils ont été collectés, sauf, et là on va le voir plus tard, il y a des
exceptions à la règle qui dit que je peux sans consentement, mais on va les
voir plus tard. Mais la règle générale, c'est : quand j'utilise vos renseignements
personnels, je dois avoir votre consentement; il doit être manifeste, libre,
éclairé et donné à des fins spécifiques; j'ai collecté les renseignements pour
quoi, et c'est à ces fins-là que je peux les utiliser. Ça, c'est le… c'est le
parapluie, c'est la règle générale.
Oui, il va y avoir des exceptions plus
tard pour lesquelles un renseignement peut être utilisé ou communiqué sans le
consentement, mais c'est ça, c'est que la règle générale, c'est : tu ne
peux pas le faire, et il y a des exceptions à cette règle générale là.
M. Marissal : Et pas
uniquement, donc, à des fins de recherche.
M. Caire : Pas uniquement à
des fins de recherche.
M. Marissal : Je comprends qu'à
des fins de recherche ça ouvre une autre....
M. Caire : C'est, à chaque
fois que je collecte un renseignement, j'ai besoin de votre consentement exprès,
pour l'utilisation et la communication, manifeste, libre et éclairé.
M. Marissal : O.K. Allez-y
donc avec un exemple pour qu'on… en tout cas, que, moi, je comprenne mieux, là.
M. Caire : Bien, vous entrez
dans le bureau du médecin, je vous pose des questions sur votre santé en
général, je collecte des renseignements de santé, je me dis… Oui, bonne
question, parce que, si je vous envoie voir un spécialiste, normalement, comme
c'est à des fins... je ne sais pas. Me Côté, avez-vous un bon exemple à nous
suggérer, là?
Mme G. Côté (Geneviève) : Bien,
si je peux continuer sur l'exemple que vous aviez commencé.
M. Caire : Oui, c'était pour
ça que je le faisais, je le sais, je le connais, l'exemple, là, voyons!
Des voix : …
Mme G. Côté (Geneviève) : Le
principe général, c'est que si… J'ai donné des informations à mon médecin, s'il
veut les communiquer à quiconque, là, parce que... pour différentes raisons, il
aurait besoin de mon consentement exprès.
M. Caire : Pour avoir un
deuxième avis, mettons.
Mme G. Côté (Geneviève) : Oui
ou parce que... je ne sais pas... ou....
M. Caire : Hein, je vous
avais dit que je le savais.
Des voix : …
Mme G. Côté (Geneviève) : Toute
communication devrait nécessiter mon consentement. C'est le principe. Ensuite,
c'est vrai que la loi… Plus tard, là, on va venir prévoir des cas où il y a des
communications qui <peuvent...
Mme G. Côté (Geneviève) :
...Plus
tard, là, on va venir prévoir des cas où il y a des communications qui >peuvent
se faire sans consentement pour faciliter la fluidité dont on a déjà parlé.
Donc, puis pour certains de ces cas sans consentement, pour rajouter une
couche, bien, il y a la possibilité pour l'usager de venir dire : Ah! non,
mais celui-là, je ne veux pas. Donc, on a un... puis on va le voir dans quelques
articles plus loin, là, on a certaines possibilités d'«opting out», là, pour
les utilisations qui étaient sans... qui étaient possibles sans consentement,
il y a certaines possibilités d'«opting out». Mais le principe général, par
consentement, c'est toujours possible. Donc, puis à ce moment-là, c'est un
consentement exprès.
Ça fait que si je voulais donner la
permission à mon médecin de communiquer mon dossier à sa femme pour aucune,
aucune raison que je vois pourquoi je ferais ça, mais, si j'y consens
expressément, ça serait permis. Je n'y vois aucun intérêt puis je ne ferais pas
ça, mais le consentement demeure toujours la règle. Donc, c'est toujours permis
de communiquer, avec le consentement exprès de la personne, parce qu'il demeure
en pleine possession.
Un exemple concret, là, qui vient de me
venir, c'est à mon assureur, par exemple. Les assureurs n'ont pas d'accès dans
les dossiers de santé de façon générale, mais si je fais une demande
d'assurance vie, il y a de fortes chances que mon assureur me demande mon
consentement à aller chercher mes dossiers, à aller chercher certains dossiers,
puis je peux décider ou pas de donner mon consentement, et l'assureur, en
conséquence de ce que je lui aurai donné comme consentement, décidera ou pas de
m'assurer, mais c'est le consentement qui demeure la règle, à ce moment-là.
Sans ce consentement-là, on n'en a prévu aucune, communication, à la compagnie
d'assurance, dans la loi parce que, bon, évidemment, c'est à la personne de
décider si elle souhaite le donner, mais ça, c'est un exemple de consentement
exprès, donc qui ne peut pas être implicite, où on pense que du fait d'avoir...
M. Caire : J'en ai déduit que.
Mme G. Côté (Geneviève) : J'ai
déduit, du fait qu'elle m'a fait une demande d'assurance, j'ai déduit, de ce
fait-là, qu'elle consentait. Non, non, il faut qu'il soit exprès, libre,
éclairé, donné à des fins spécifiques pour que la personne soit en mesure de
savoir à quoi elle consent.
M. Marissal : Oui, pour la
compagnie d'assurance, je comprends bien, mais pour la SAAQ, par exemple, ce
serait le même procédé?
M. Caire : Ce serait le même
procédé, ce serait le même procédé dans la mesure... Par contre, là, la SAAQ,
pour délivrer, par exemple, on parlait de la délivrance d'un permis, pourrait
faire la demande et aurait besoin du consentement parce que la… la… voyons, l'information
n'a pas été collectée à ces fins-là.
M. Marissal : Si la SAAQ me
demande un... Peut-être que Me Côté a quelque chose à ajouter au micro.
M.
Caire
: Oui.
M. Marissal : Me Côté?
Mme G. Côté (Geneviève) : Bien,
ce serait sous réserve d'une possibilité prévue dans sa loi d'avoir accès à des
renseignements. Puis, si mon souvenir est bon, il y a un article dans sa loi
qui lui permet d'avoir accès, présentement, là, à certains renseignements.
M. Caire : À certaines
informations.
Mme G. Côté (Geneviève) : Donc,
ça existe déjà, là, mais là, à ce moment-là, c'est la loi qui le prévoit, là.
M. Caire : Mais ça, c'est
l'article où on disait qu'on peut communiquer si le renseignement...
Mme G. Côté (Geneviève) : Puis
c'est prévu expressément.
M. Caire : Si, dans la... est
prévu ou dans la prestation de services qui est prévue par une loi, mais que ce
soit expressément défini ou non, là.
M. Marissal : Si la SAAQ me
demande un renseignement lié évidemment à mon dossier de conduite ou à mon
permis de conduire et que je lui remets, je suis réputé consentant, je présume.
M. Caire : Oui. Voilà.
M. Marissal : Là, c'est plus
la loi de la SAAQ qui s'applique ici.
M. Caire : Oui, mais là,
c'est parce que dans sa prestation de services, donc la loi qui lui dit :
Tu dois donner tel service, la SAAQ a besoin de ce renseignement-là pour donner
le service, donc, à ce moment-là, peut avoir accès, mais c'est vraiment
circonscrit. Mais, de façon générale, c'est la règle du consentement exprès qui
s'applique.
• (16 h 50) •
M. Marissal : O.K. Un autre
point ici : «Lorsque celle-ci le requiert, la personne ou le groupement
ayant sollicité le consentement lui prête assistance afin de l'aider à
comprendre la portée de celui-ci», celui-ci étant un consentement. Je ne veux
pas m'enfarger dans les fleurs du tapis, là, voir des problèmes où il n'y en a
pas, là, mais «le groupement ayant sollicité le consentement lui prêtre
assistance», le groupement ayant sollicité a nécessairement un intérêt qui peut
être noble, cela dit, là, mais est-ce que ce n'est... Il n'y a pas beaucoup de
distance, là, entre la personne ou l'organisme qui fait la demande et le
patient à qui on le demande, puisque c'est la même personne qui lui fait la
sollicitation et qui lui explique pourquoi tu devrais le donner.
M. Caire : C'est-à-dire que
l'obligation qui est faite, c'est d'expliquer la portée du geste. Donc, il faut
prêter assistance, il a l'obligation de le faire. Ceci étant dit, rien
n'empêche la personne qui se dit : Woup! Qu'est-ce qu'il me dit, je ne
suis pas sûre que j'ai tout <compris...
M. Caire :
...la
personne qui se dit : Woup! Qu'est-ce qu'il me dit, je ne suis pas sûre
que j'ai tout >compris, d'aller chercher les renseignements à d'autres
sources. Mais ça, c'est une disposition qu'on... ça aussi, c'est une
disposition que vous allez retrouver dans la loi n° 25,
parce que c'est une chose de... Puis je pense que ça répond aussi un peu, là, à
des remarques qui nous ont été faites par les groupes, de dire que, tu sais,
c'est bien beau dire qu'il y a le consentement exprès, puis le «opting in»,
«opting out», mais, tu sais, les gens comprennent-tu vraiment ce que ça veut
dire, comprennent-tu la portée de ça? Donc, il y a une obligation légale pour
l'organisme d'expliquer le contexte, puis le contexte, il est dans la loi. Donc,
l'organisme ne peut pas non plus faire preuve d'une créativité sans limites,
là, il y a quand même un contexte juridique et légal qui est encadré, là, et
c'est de s'assurer que la personne comprend bien ce que ça veut dire, quand
elle donne son consentement, elle consent à quoi, à qui, pour faire quoi. Donc,
ça s'inscrit quand même, cette aide-là, dans le contexte de la loi, là, ce
n'est pas laissé au bon vouloir de tout le monde de dire n'importe quoi.
M. Marissal : O.K. Est-ce que
vous avez songé, je suis sûr que oui, puis on en a parlé dans les consultations
particulières, puis ça va revenir assez souvent, aux personnes devenues
inaptes, qui ne sont pas en mesure de donner un consentement, là, mais, de
toute façon, pas en mesure de communiquer, point, là?
M. Caire : Normalement, s'il
y a un mandat d'inaptitude qui est donné à quelqu'un qui s'occupe de cette
personne-là, donc la prérogative revient à la personne qui a le mandat
d'inaptitude, un peu comme le mineur de moins de 14 ans, là, où on dit que
c'est le titulaire de l'autorité parentale ou le tuteur. Dans le cas de la
personne qui est inapte, s'il y a un mandat d'inaptitude, bien, c'est cette
personne-là qui va assumer la règle du consentement.
M. Marissal : O.K. Puis
peut-être une dernière question sur celui-ci : Pouvez-vous élaborer sur le
métaconsentement? J'avoue que, pour moi, c'est assez nouveau.
M. Caire : Bien, c'est-à-dire
que, parce qu'on pourrait y aller de façon extrêmement granulaire et dire :
Bon, bien, chaque projet de recherche, chaque chercheur nécessite un
consentement exprès. Là, on fait des catégories pour dire : Bien... Puis
ça va un peu dans le sens de ce qu'on a entendu dans les consultations
particulières, de dire : Bien, moi, je veux que mes renseignements
puissent servir peut-être pour de la recherche sur le cancer, mais je ne veux
pas nécessairement que mes renseignements servent à d'autres choses parce que,
moi, ma préoccupation, c'est ça, c'est la recherche, faire avancer la recherche
sur le cancer. Donc, on y va par ces catégories-là, qui permet de dire :
Bon, bien, oui, O.K., toi, c'est le cancer; toi, c'est autre type de maladie;
toi, c'est... tu peux y aller par catégorie de chercheurs. Donc, on fait des
consentements regroupés pour permettre de cibler, dire : Bien, est-ce
qu'il y a des catégories de chercheurs, est-ce qu'il y a des catégories de
recherche pour lesquelles tu consens ou il n'y a aucune catégorie, tu veux que ça
ne serve à rien du tout.
M. Marissal : Merci.
Le Président (M. Simard) : Collègue,
à vous la parole.
Mme Setlakwe : …revenir, merci,
pour être sûre qu'on soit tous, là, sur la même longueur d'onde, bien, en fait,
je parle pour moi, là, parce qu'on a eu des conversations, des discussions lors
des consultations. Là, on regarde le détail du libellé, on a peut-être parlé à
tort d'un système «opting out», mais je veux juste revenir à l'exemple de base,
là, quand on décrit, là, le projet de loi. Ce qu'on veut accomplir, c'est... Je
me prends en exemple. Moi, je suis suivie à Montréal pour mes soins de santé,
je m'en vais en vacances — je dis n'importe quoi — en
Gaspésie, il m'arrive de quoi là-bas, je suis obligée de consulter. Je passe du
temps chez mes parents, à Thetford Mines, il m'arrive quelque chose ou à un de
mes enfants. Là, on veut que, quand on se retrouve... tu sais, là, j'ai trois
endroits, là, que, dans les trois endroits, tout le monde, tous les
professionnels ont accès à tout le dossier au complet.
M.
Caire
: Oui.
Mme Setlakwe : Ce n'est pas
vrai qu'en Gaspésie, là, ils vont me faire signer un consentement, puis à
Thetford Mines, ils vont me faire signer un consentement.
M. Caire : Non.
Mme Setlakwe : Non. Pourquoi?
Puis après ça, mon exemple b, ce serait entre... Là, on a parlé ici qu'on
veut que l'INSPQ, tu sais, que le bras gauche parle au bras droit, puis que les
infos circulent, l'INSPQ, Hema... bon, RAMQ, commissaire, pour que tout le
monde accomplisse son mandat puis qu'on cesse de toujours retourner vers le
professionnel, vers le médecin déjà débordé pour aller chercher des papiers,
des confirmations, des billets, des notes, etc.
M. Caire : Ce qu'on veut,
c'est établir une règle générale, dire : Le principe de base, là, c'est :
quoi que tu fasses, tu dois demander un consentement exprès. Plus tard, on va
arriver, puis on est dans cette finalité-là, Mme la députée, on est dans cette
finalité, mais plus tard, on va dire : O.K., mais voici les cas où la
règle générale ne s'appliquera pas, où le consentement n'est pas nécessaire. Donc,
et là il y a une <liste...
M. Caire :
...ne
s'appliquera pas, où le
consentement n'est pas
nécessaire. Donc,
et là
il y a une >liste d'exceptions, et ce que vous décrivez
entre dans cette liste d'exceptions là, qui va faire en sorte qu'effectivement
votre médecin de famille, vous avez été soignée en Gaspésie parce qu'il y a eu
un incident, bien, oui, il va avoir accès parce que ces informations-là, ça,
c'est manifestement dans votre intérêt, ça sert à sa prestation de services de
santé, donc les finalités pour lesquelles ça a été collecté sont compatibles
avec les finalités du suivi que lui va faire. Donc, c'est là où on... dans le
fond, on établit un régime général de protection. C'est un peu le même
principe... bien, en fait, ce n'est pas un peu, c'est le même principe que la
Loi sur la protection des renseignements personnels. C'est qu'on établit un
régime, on dit : Tu ne peux rien faire avec ça, sauf ce qui est prévu par
la loi. Dans le fond, c'est un peu ça.
Ici, c'est un régime, là, puis là je vous
fais un exemple, là, ici, c'est un régime de consentement, on dit : Tu
dois demander le consentement pour utiliser ou communiquer les renseignements,
tu dois le faire, puis plus tard on va dire : Sauf dans les cas suivants.
Mme Setlakwe : O.K., mais
allons-y juste, si vous me permettez, là, au bout de la réflexion. Donc, on
avance dans la loi, tu sais, on l'avait déjà lue, là, on arrive à la section
Accès à un renseignement par un intervenant. Un intervenant, c'est un médecin.
M. Caire : Pas nécessairement,
mais aussi.
Mme Setlakwe : Non, non, mais
un intervenant est un professionnel, mais juste dans mon cas simple, là.
M. Caire : Oui, oui. O.K.
Mme Setlakwe : Intervenant...
peut être informé de l'existence d'un renseignement et y avoir accès dans les
cas suivants : il lui est... Tu sais, c'est comme, on dirait que ce n'est
pas dit clairement que c'est fluide, il a accès, puis c'est implicite, le
consentement a été donné. J'aimerais ça qu'on...
M. Caire : Bien, écoutez, à
ce moment-là, on...
Mme Setlakwe : On parle de
quelque chose qui n'est pas clairement dit dans la loi.
M. Caire : Je comprends, puis
on pourra regarder les articles en question puis voir s'il y a lieu de les
travailler, mais l'idée, l'idée ici, c'est de dire qu'en termes de... Parce
que, oui, on a deux volontés dans cette loi-là, il y a la volonté que vous
décrivez très bien, qui est la mobilité de la donnée, puis j'en ai parlé à
satiété, donc vous savez que vous prêchez un converti, mais il faut aussi
établir… parce qu'on soustrait les renseignements de santé à l'application de
la loi n° 25, donc on crée aussi un régime de
protection des renseignements de santé, un régime particulier. Donc, la règle,
là, on établit une règle générale, puis plus tard on va définir les particularités
qui vont faire en sorte qu'il va y avoir cette mobilité-là de la donnée et
cette capacité-là à utiliser les informations dans des cas très précis sans le
consentement, donc de façon plus fluide.
Mme Setlakwe : Me Côté…
Merci, mon collègue. Me Côté, vous semblez avoir une précision à ajouter.
M. Caire : Bien, non, non,
vas-y, vas-y.
Mme G. Côté (Geneviève) : Bien,
je pense que la réponse à votre question se trouve, du moins partiellement,
j'espère, là, mais au premier alinéa de l'article 5 qu'on a étudié
juste avant, où on dit que «sous réserve du consentement exprès de la personne
qu'il concerne, il ne peut être utilisé ou communiqué que conformément à la
présente loi». Donc, le principe, c'est ça, c'est qu'il ne peut être utilisé
que... utilisé ou communiqué, pardon, que conformément à la présente loi. Donc,
la loi va prévoir des utilisations, des communications, mais, en plus de ça, il
y a le consentement. Donc, c'est… le consentement nous permet de sortir de ces
cas d'utilisation ou de communication là qui sont énumérés dans la loi, si, par
exemple, là, je reprendrais mon exemple de l'assureur de tantôt, ça ne fait pas
partie des cas d'utilisation ou de communication que la loi, d'emblée, permet,
mais, avec le consentement, c'est possible. Mais l'utilisation et la
communication, tout au long de la loi, on en a quand même... c'est des
exceptions au principe général, mais on en a quand même plusieurs, là, donc
l'intervenant qui est... l'intervenant en est un, le chercheur en est un autre,
parce qu'il y a de la recherche qui se fait avec consentement, mais il y a de
la recherche qui se fait sans le consentement aussi. Donc, ces… toutes ces
possibilités-là vont être énumérées tout au long, mais le principe est au
premier alinéa de l'article 5.
• (17 heures) •
M. Caire : C'est ça, l'idée,
c'est d'établir un principe général en partant. Puis le principe général, c'est
que, quand tu veux utiliser ou communiquer un renseignement de santé, tu dois
avoir le consentement, qu'après ça, c'est plus facile d'énoncer les exceptions.
Mme Setlakwe : Ça me va.
Donc, c'est ça, moi, 5, là, grosse étoile, 6 aussi. Puis en fait la première
fois que j'ai lu la loi, pour moi, ce n'était pas un régime «opting out», je le
voyais comme ça aussi, là. Tous les principes de protection sont là, c'est
confidentiel, ça prend un consentement manifeste, libre et éclairé, c'est des
termes qu'on connaît. Et là, plus tard, on embarquait dans les échanges,
qu'est-ce qui est permis, qu'est-ce qui doit être partagé, qu'est-ce qui peut
être partagé, la nécessité, tout ça. Puis là, durant nos... quand on a parlé
d'«opting out»... Donc, il n'y a pas d'«opting out», là. Soyons clairs, ce
n'est pas, pour moi, ce n'est pas un régime «opting out».
M.
Caire
: Bien,
en fait, oui, oui, parce que, quand on… quand on parle, bon, du
métaconsentement...
17 h (version révisée)
Mme Setlakwe : ...ce n'est pas
un régime «opting out».
M. Caire : Bien, en fait, oui,
oui, parce que, quand on parle, bon, du métaconsentement, il n'en demeure pas
moins que vous devez le manifester, là. Tu sais, si vous relisez l'article, là :
«Tout consentement utilisé… communication... En matière de recherche, il peut
viser la thématique de recherche, des catégories d'activités de recherche ou des
chercheurs.» Alors, vous avez la possibilité de vous retirer de ces projets-là.
Mme Setlakwe : Oui, mais il
n'y a rien qui…
M.
Caire
: Donc,
on vous donne la possibilité de le faire, mais, si vous ne le faites pas, bien,
comme j'ai dit, plus tard, on va le voir, là, il y a la question de la
destruction de la donnée et/ou de son anonymisation.
Mme Setlakwe : L'échange est
peut-être inutile, mais, pour moi, en fait, là, on met un mécanisme en place
pour faciliter la mobilité et la fluidité, mais il n'en demeure pas moins que tout
ça est confidentiel, et on doit consentir. Oui, moi, je le comprends comme ça.
M. Caire : Mais, plus tard,
il va... Puis c'est là aussi où les groupes sont venus nous faire part de
certaines inquiétudes. Moi, je trouve au contraire que cet échange-là, il est
extrêmement pertinent parce que j'ai aussi dit qu'on est en train de mettre en
place un régime de protection des renseignements personnels qui offre un bon
niveau de sécurité législatif, évidemment, là, je ne parle pas technologique,
mais, non, effectivement, ce ne sera pas le far west avec les données de santé
des Québécois, là, ça c'est clair.
Mme Setlakwe : Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, chère collègue. D'autres remarques sur l'article 6? Conséquemment, cet
article est-il adopté? Adopté.
Sur ce, nous allons suspendre nos travaux
quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 03)
(Reprise à 17 h 18)
Le Président (M. Simard) : Le
papier a néanmoins des vertus, M. le ministre.
(Consultation)
Le Président (M. Simard) : On
va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 19)
(Reprise à 17 h 22)
Le Président (M. Simard) : Très
bien. M. le ministre, à vous la parole. Nous en sommes rendus à l'étude de
l'article 7.
M. Caire : Merci, M. le
Président, qui se lit comme suit :
«Une personne peut restreindre l'accès aux
renseignements la concernant détenus par un organisme en déterminant qu'un
intervenant particulier ou qui appartient à une catégorie d'intervenants
qu'elle indique ne peut avoir accès à un ou plusieurs renseignements qu'elle
identifie.
«Il ne peut être passé outre à une telle
restriction que lorsqu'elle risque de mettre en péril la vie ou l'intégrité de
la personne concernée et qu'il est impossible d'obtenir en temps utile son
consentement pour la lever.»
Donc, le présent article prévoit le droit
d'une personne concernée par un renseignement détenu par un organisme d'en
restreindre l'accès à un intervenant particulier ou qui appartient à une
catégorie d'intervenants. Ainsi, la personne détermine quels intervenants ou
quelle catégorie d'intervenants ne pourront avoir accès à un ou plusieurs de
ses renseignements. Le deuxième alinéa de l'article prévoit une exception
permettant à un intervenant ainsi indiqué de passer outre à une telle
restriction dans la mesure où celle-ci risque de mettre en péril la vie ou
l'intégrité de la personne concernée par le renseignement et qu'il est
impossible d'obtenir en temps utile son consentement pour lever la restriction.
Le Président (M. Simard) : Des
explications supplémentaires?
M. Caire : Non, M. le
Président. Je pense que ça explique assez bien.
Le Président (M. Simard) : Alors,
Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. Le Collège des médecins s'interroge, là, ou, en tout cas, semble
inquiet au niveau de cet article-là, se demande si ça ne pourrait pas donner
lieu à un morcellement, là, du dossier clinique, nuire au travail des
professionnels de la santé. Il s'interroge sur la capacité pour... oui, c'est
ça, des intervenants de dispenser des soins de santé adéquats alors qu'il y a
des informations importantes qui seraient manquantes. Par exemple, il donne
l'exemple des interactions médicamenteuses, mais je comprends l'objectif
évidemment de donner ce pouvoir-là aux patients. Est-ce que vous avez considéré
cette préoccupation du Collège des médecins?
M. Caire : Bien, oui, je vous
dirais que je doute qu'un patient qui a besoin de soins et qui va se faire dire
par un professionnel de la santé... Puis ça revient un petit peu à la
discussion qu'on a eue avec le collègue de Rosemont tout à l'heure, là. Quand
on se fait expliquer la portée du consentement ou du non-consentement, je pense
que ça fait aussi partie de cette obligation-là de dire : Bien, écoutez,
c'est correct, là, vous ne voulez pas que j'ai accès à telle, à telle
information, mais vous êtes conscient ou consciente, là, que voici les
conséquences de ça, là, au niveau de la pratique, donc, mais, en même temps, si
on est d'accord que le renseignement et le patient sont indissociables, bien,
je pense que la règle du consentement doit permettre à quelqu'un de disposer de
ses renseignements comme il, elle l'entend.
Mme Setlakwe : Puis
rappelez-moi comment va se faire déjà cette restriction d'accès. Là, disons
que, je ne sais pas, on est allé consulter un psychologue puis on ne veut pas
que ces informations-là soient partagées à d'autres…
M. Caire : Bien, en fait,
l'assise légale qu'on a aujourd'hui, là, si je transpose ça dans un univers
technologique, va nous donner l'opportunité, comme je vous disais, de créer
certaines catégories. Donc, à la limite, je pourrais dire : Bon, bien,
dans votre profil d'accès, vous, comme professionnel de la santé, j'ai une
indication qui dit que je ne peux pas vous donner accès à tel ou tel
renseignement, donc je vais vous les masquer. Dans un univers physique, bien,
évidemment, là, c'est l'impossibilité ou la non-légalité de transférer certains
éléments du dossier patient. Donc là, ça se fait évidemment par ceux qui ont la
gestion des documents, mais je vous dirais que l'assise légale, là, au niveau
technologique, c'est quelque chose qui se fait relativement bien.
Mme Setlakwe : Est-ce qu'il y
avait une version antérieure du projet de loi qui prévoyait d'emblée qu'il y
ait certaines restrictions d'accès pour certaines catégories de renseignements
plus sensibles? C'est ce que je crois comprendre, là. Donc, pourquoi on a
enlevé cet <élément-là…
Mme Setlakwe :
...enlevé
cet >élément-là? Donc, on ne dit pas d'emblée que certains
renseignements sont considérés sensibles, et donc ne sont pas accessibles.
Pourquoi avoir fait ce changement-là dans… par rapport à une version
antérieure?
M. Caire : On va le faire,
mais plus loin. Ça fait partie des amendements qu'on a déposés, puis on va le
faire plus loin.
Mme Setlakwe : Je comprends.
Merci.
Une voix : …
M. Caire : Je suis désolé.
Le Président (M. Simard) :
D'abord, auriez-vous…
M.
Caire
: Bien
là, c'est juste pour vous gêner un peu. Je vous vois tellement bien.
Mme Setlakwe : Bien, voyons
donc…
Le Président (M. Simard) : Auriez-vous
d'abord l'amabilité de vous présenter?
M. Kobrynsky (Marc-Nicolas) :
Marc-Nicolas Kobrynsky. Je suis sous-ministre adjoint au MSSS.
Le Président (M. Simard) : Nous
vous écoutons, M. le sous-ministre.
M. Kobrynsky (Marc-Nicolas) :
Je voulais simplement dire que le besoin a été identifié. Il revient par
amendement par la suite, mais celui-ci est identifié aussi. C'est-à-dire qu'on
veut donner aux citoyens la possibilité d'identifier certains renseignements.
Je veux juste vous dire, on l'a pognée au Danemark, cette idée-là. Ça fait que
c'est les Danois qui ont instauré cette espèce d'idée d'un individu… peut aller
dans son dossier de santé et identifier des composantes qu'il ne veut pas
partager. On trouvait que c'était une bonne idée pour donner une meilleure
capacité aux citoyens de le faire. Puis, par la suite, cette idée de… qui était
dans le p.l. n° 19, qu'on a enlevée, on souhaite la
remettre suite aux consultations particulières. M. le ministre va arriver avec
l'amendement dans un ou deux articles, je pense… un peu plus loin. Je suis
désolé, mais la notion va revenir.
Mme Setlakwe : Merci, M,
Kobrynsky. Merci.
Le Président (M. Simard) : D'autres
remarques? M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Oui, bien, je
m'en allais là moi aussi, parce qu'outre le Collège des médecins il y a quand
même d'autres groupes qui nous ont fait la remarque. Le libellé, là, de
l'article tel qu'il est devant nous, c'est qu'on restreint... on peut
restreindre le nombre d'intervenants, donc, les récepteurs d'une information,
mais l'information, comme telle, on ne peut pas la restreindre, restreindre sa
circulation. C'est ce que je comprends. On peut dire : Telle personne ne
peut pas avoir accès à mes affaires, mais moi, je ne veux pas que telle affaire
soit disponible ou soit...
M. Caire : C'est à l'article
8.
M. Marissal : Vous y venez plus
tard? D'accord. Juste une question de compréhension ici, là. «Il ne peut être
passé outre à une telle restriction que lorsqu'elle risque de mettre en péril
la vie ou l'intégrité de la personne concernée et qu'il est impossible
d'obtenir en temps utile son consentement pour la lever.» J'essaie de voir dans
quelles circonstances ça pourrait se produire.
M. Caire : Bien, je rentre
chez quelqu'un, il est inanimé, ça va être difficile d'avoir son consentement.
Donc là, moi, il faut que je sache comment je peux intervenir.
M. Marissal : Oui, ça, ça va
de soi.
M. Caire : Sur les lieux d'un
accident… Il y a plusieurs situations où la personne va devoir recevoir des
soins et pour lesquels je ne serai peut-être pas capable d'aller chercher son
consentement. On peut penser à un paquet de situations. Je vous en donne
quelques-unes, là.
M. Marissal : Oui, je ne sais
pas, j'ai en tête, là-dessus, toutes sortes de situations en santé mentale qui
pourraient se produire, là, que quelqu'un est, comment on dit ça en français,
«non responsive», qui n'a plus d'interaction, là, mais qui n'est pas inanimé.
M. Caire : Oui, oui, bien
oui, effectivement, et qui est dangereux pour les autres, effectivement, puis
là, bien, c'est sûr qu'il est en crise. La notion de consentement, à ce
moment-là, effectivement, ce serait un autre exemple, un autre bon exemple où...
M. Marissal : O.K. On va
aller à 8 puis on va regarder vos amendements. L'amendement dont vous parliez
tout à l'heure, M. le sous-ministre, à ma collègue, c'est de quel… duquel s'agit-il?
M. Kobrynsky (Marc-Nicolas) : Geneviève,
est-ce que tu peux me dire il arrive quand? Parce qu'il arrive un petit peu
plus tard que je pensais. Je pensais qu'il arrivait un petit peu plus tôt.
M. Marissal : Au 8, oui.
M. Kobrynsky (Marc-Nicolas) :
C'est ça. Je suis désolé.
Le Président (M. Simard) : Là,
je ne voudrais pas être trop pointilleux, mais préférez-vous qu'on suspende
pour qu'il y ait des discussions informelles sur un article qui n'est pas
encore à l'étude, parce qu'on calcule le temps puis…
M. Marissal : Pour ma part,
ce n'est pas nécessaire. On veut juste savoir de quel article il s'agit, parce
qu'on les a eus, vous comprendrez, tardivement. On les a tous lus.
Le Président (M. Simard) :
Oui, tout à fait.
M. Caire : …l'article 37.1.
M. Marissal : 37.1?
M. Caire : Donc, à 37, on va
ajouter 37.1.
M. Marissal : Super, c'est
bon. Merci.
Le Président (M. Simard) : Ça
vous va, cher collègue?
M. Marissal : Oui, bien sûr.
Le Président (M. Simard) : Parce
qu'on peut suspendre au besoin.
M. Marissal : Non. C'est bon
pour moi. Merci.
• (17 h 30) •
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Y aurait-il d'autres remarques sur l'article 7? Sans quoi nous allons
procéder à sa mise aux voix. L'article 7 est-il adopté? Adopté. Passons
maintenant à l'article 8, M. le ministre, pour lequel il y aura, je crois, un
amendement.
M. Caire : Absolument, M. le
Président. Donc, l'article 8 :
«Une personne peut refuser qu'un
renseignement la concernant, qu'il soit présent ou à venir, soit accessible aux
personnes suivantes à compter du moment où le renseignement est détenu par un
organisme :
«1° son conjoint, son ascendant direct ou
son ascendant... ou son descendant direct — pardon — s'il
s'agit d'un renseignement relatif à la cause de son décès;
2° un chercheur, si l'accès envisagé est...
17 h 30 (version révisée)
M. Caire : ...son décès;
«2° un chercheur, si l'accès envisagé est
à des fins de sollicitation en vue de sa participation à un projet de
recherche;
«3° un chercheur qui n'est pas lié à un
organisme visé à l'annexe I, à un établissement public ou à un établissement
privé conventionné qui exploite un centre hospitalier.
«Le refus prévu au paragraphe 3° du
premier alinéa peut viser un ou plusieurs renseignements et peut porter sur une
ou plusieurs thématiques de recherche ou catégories d'activités de recherche.
«Pour l'application de la présente loi, un
chercheur est lié à un organisme visé à l'annexe I, à un établissement public
ou à un établissement privé conventionné qui exploite un centre hospitalier
lorsqu'il exerce sa profession dans un centre exploité par un tel établissement
ou qu'il fait de la recherche pour le compte d'un tel établissement ou d'un tel
organisme dans le cadre d'un contrat de travail ou de service.»
M. le Président, j'ai un amendement.
Le Président (M. Simard) : Nous
vous écoutons, cher ami.
M. Caire : Alors, l'amendement
se lit comme suit :
Insérer, avant le paragraphe 1° du premier
alinéa de l'article 8 du projet de loi, le paragraphe suivant :
«0.1° son conjoint ou un proche parent, si
l'accès envisagé s'inscrit dans un processus de deuil;».
L'amendement a pour but de prévoir le
droit d'une personne de refuser que son conjoint ou un proche parent puisse,
après son décès, être informé de l'existence d'un renseignement la concernant
et y avoir accès afin de l'aider dans son processus de deuil en vertu de l'article
27.1 du projet de loi dont l'ajout sera proposé par amendement un peu plus
loin. Donc, voilà.
Le Président (M. Simard) : Des
commentaires sur cet amendement? Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Permettez-moi
juste de relire, donc.
Le Président (M. Simard) : Prenez
le temps requis.
Mme Setlakwe : Bien, je
comprends qu'on élargit les cas où une personne peut refuser qu'on... Oui. C'est-à-dire,
on élargit les personnes qui peuvent se voir refuser un renseignement. Qu'est-ce
qui vous a amené à faire cet amendement-là?
M. Caire : Bien, en fait, c'est
qu'on va... suite aux consultations, on s'était fait dire qu'on voulait donner
l'accès aux renseignements plus large que les simples causes du décès. Dans le
cadre du processus de deuil, effectivement, c'est un calque de la loi 25.
Maintenant, si ce droit-là peut être ajouté, ce qui sera le cas à 27.1, il
fallait aussi qu'on prévoie le refus.
Mme Setlakwe : Très bien. Oui.
Merci. Ça va pour l'amendement.
Le Président (M. Simard) : Je
vous remercie. M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Ça va pour l'amendement,
oui.
Le Président (M. Simard) : Cet
amendement est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Nous revenons... pardon, à l'étude de l'article 8 tel qu'amendé. Des
commentaires généraux? Chère collègue de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Désolée, sur l'article
8, il y avait eu une discussion au niveau du paragraphe 3° du premier alinéa.
Certains avaient souhaité, là, qu'il n'y ait pas de... pas forcément de rejet
en bloc, mais qu'on ajoute une plus grande granularité dans le consentement.
Avez-vous considéré ça?
M. Caire : Je ne suis pas sûr
que je comprends votre question.
Mme Setlakwe : C'est à 48,
peut-être, qu'il faut faire ça, oui.
M. Caire : Mais qu'est-ce que
vous voulez dire?
Mme Setlakwe : Non, je pense que
le commentaire était plus... Bien, c'est-à-dire que les chercheurs voulaient
peut-être avoir une situation intermédiaire où on ne rejetait pas d'emblée tout.
On permettait, tu sais, une certaine position mitoyenne.
Non, ça me va. Ça me va pour l'instant. Ça
va pour l'instant. Je vais revenir.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. M. le député de Rosemont.
M. Marissal : O.K., si je
comprends bien, parce que la formulation est parfois un peu torrieuse, là, c'est
que, mettons, moi, je sais que je vais mourir, là, je ne veux pas que quelqu'un
proche de moi sache une certaine chose ou des éléments concernant...
Une voix : ...
M. Marissal : ...mon dossier
de santé. Voilà. Je <peux...
M. Marissal :
...
mon dossier de santé. Voilà. Je >peux donc, préventivement, bloquer
cette information.
M. Caire : Exact.
M. Marissal : O.K. Sous
prétexte, sous-entend l'amendement, que ça favorise le deuil de la personne
proche de moi.
M. Caire : C'est-à-dire que,
dans ce cas-ci, compte tenu du fait qu'on va... il n'y avait pas de disposition
qui prévoyait que l'information du dossier de santé... Les informations
contenues dans votre dossier de santé qui peuvent favoriser votre deuil, ce
n'était pas prévu à la loi que vous y aviez accès. On se limitait aux
informations sur la cause du décès. Il y a des dispositions dans la loi n° 25 qui dit : Oui, mais, s'il y a d'autres
informations qui peuvent favoriser... bien, ici, c'est des informations de
santé, évidemment, qui peuvent favoriser le processus de deuil, on nous a dit :
Ce serait important que les proches puissent y avoir accès. Donc, on va
effectivement ajouter cette possibilité-là. Mais, si on ajoute la possibilité
d'y donner accès, il faut rajouter la possibilité de refuser l'accès, et c'est
ce qu'on fait à l'article 8. Donc, c'est le contrepoids de l'amendement
qu'on va déposer à 27.1.
M. Marissal : Et je comprends
que le droit du défunt... Je cherche le terme légal, là.
Une voix : Préséance.
M. Marissal : Merci. A préséance.
Merci.
M. Caire : Il lit dans les
pensées, hein? Avez-vous vu?
M. Marissal : C'est
extraordinaire.
M.
Caire
: C'est
incroyable.
M. Marissal : Le droit du
défunt, qui a exprimé sa volonté de son vivant, bien sûr, là, a préséance sur
celui de ses proches.
M. Caire : Tout à fait.
Évidemment.
M. Marissal : O.K. Bien, non,
ce n'est pas «évidemment».
M. Caire : Bien, oui, mais...
oui.
M. Marissal : Je peux imaginer
que ça peut aller en cours, une affaire de même, non?
M. Caire : Oui.
M. Marissal : Oui, oui.
M. Caire : C'est ce que
l'article va dire.
M. Marissal : O.K. Ça me va.
Le Président (M. Simard) : D'autres
remarques? Sans quoi, l'article 8, tel qu'amendé est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Nous passons maintenant à l'étude de l'article 9.
M. Caire : Alors, M. le
Président, l'article 9 : «La volonté d'une personne de restreindre ou de
refuser l'accès aux renseignements la concernant en application des articles 7
ou 8 doit, pour avoir effet, être manifestée de façon expresse, selon les
modalités déterminées par règlement du gouvernement.»
Donc, le présent article vise à définir
les conditions et les modalités applicables à la volonté d'une personne de
restreindre ou de refuser l'accès aux renseignements la concernant en
application des articles 7 et 8 de la Loi sur les renseignements de santé
et des services sociaux. Ainsi, une telle volonté doit être manifestée de façon
expresse, selon les modalités déterminées par règlement du gouvernement.
Concernant ces modalités, il s'agit de
déterminer les façons et les moyens suivant lesquels une personne peut manifester
une telle volonté. Pensons, par exemple, à l'utilisation de différentes
technologies de l'information.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de Mont-Royal.
Mme Setlakwe : Non, je n'ai
pas de commentaire particulier sur 9.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le député de Rosemont.
M. Caire : Il est d'accord.
M. Marissal : Ça va.
M. Caire : Je vous l'avais
dit.
Le Président (M. Simard) : Merci.
L'article 9 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Nous passons à l'article 10. M. le ministre.
• (17 h 40) •
M.
Caire
: Article 10 :
«Le droit d'une personne de recevoir des services de santé et des services
sociaux ne peut être compromis par sa décision de ne pas consentir à
l'utilisation ou à la communication d'un... d'un renseignement — pardon — la
concernant détenu par un organisme ou par sa volonté d'en restreindre ou d'en
refuser l'accès en application des articles 7 ou 8.»
Cet article établit la règle selon laquelle
le refus d'une personne de consentir à l'utilisation ou la communication de
renseignements la concernant, dans la mesure où la Loi sur les renseignements
de santé et des services sociaux ne prévoit pas de situation le permettant sans
son consentement, ne doit pas avoir d'effet négatif sur le droit de cette
personne de recevoir des services de santé et de services sociaux. Il en est de
même lorsqu'une personne restreint ou refuse l'accès à des renseignements en
application des articles 7 ou 8 de la nouvelle loi.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Mme la députée d'Outremont.
Mme Setlakwe : C'est parfait
pour 10.
Le Président (M. Simard) : Ça
vous va. M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Oui. J'essaie
juste de voir la concordance de ça avec... avec 7 et 8, oui, parce qu'il y a
référence, là, dans l'article, puis j'essaie de voir. Donnez-moi deux petites
minutes.
Le Président (M. Simard) : Prenez
le temps nécessaire, cher <collègue...
Le Président (M. Simard) :
...le temps nécessaire, cher >collègue.
M. Marissal : On s'entend que
l'article 8 annule une partie de 10, là, en ce sens où on peut... ou 7,
là, 7 ou 8, là, attendez, en cas de force majeure, qu'on ne peut pas obtenir
la... Oui, 7. Évidemment, si la personne n'est pas en mesure de communiquer et
qu'on juge que sa vie est en danger, on va faire... on va passer outre.
M. Caire : Bien, pas
tout à fait. Parce qu'en fait ce que 10 dit, c'est que ce n'est pas parce que
vous vous êtes prévalu des articles 7 et 8 que je peux restreindre votre
droit à recevoir des droits de santé... des services de santé. Donc, si vous
avez dit : Bien, moi, en vertu de 7 ou de 8, là, j'ai pris des
dispositions... Ah! bien, O.K. Bien, moi, je ne te soigne pas d'abord. Non, on
ne peut pas. Vous devez... Votre droit à recevoir des soins de santé ne peut
pas être atténué par le fait que vous vous prévaliez des articles 7 et 8.
M. Marissal : Je
comprends. Ça va de soi. C'est bon pour moi.
Le Président (M. Simard) : D'autres
commentaires sur l'article 10? Conséquemment, cet article est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Nous passons à l'article 11, M. le ministre.
M. Caire : Article 11 :
«La présente loi n'a pas pour effet de restreindre la communication d'un
renseignement détenu par un organisme s'il est exigé par le Protecteur du
citoyen ou par assignation, citation à comparaître, mandat ou ordonnance d'une
personne ou d'un organisme ayant le pouvoir de contraindre à sa communication.
«Sous réserve du premier alinéa, nul ne
peut utiliser ou communiquer un renseignement détenu par un organisme et son
existence ne peut être confirmée aux fins de déterminer le statut d'immigration
d'une personne.»
Le présent article précise que la Loi sur
les renseignements de santé et de services sociaux n'a pas pour effet de
restreindre la communication de renseignements s'ils sont exigés par le Protecteur
du citoyen ou par assignation, citation à comparaître, mandat ou ordonnance
d'une personne ou d'un organisme ayant le pouvoir de contraindre à leur
communication.
De plus, l'article prévoit l'impossibilité
d'utiliser ou de communiquer un renseignement ou d'en confirmer l'existence aux
fins de déterminer le statut d'immigration d'une personne, à moins qu'il ne
soit exigé par le Protecteur du citoyen ou par assignation, citation à
comparaître, mandat ou ordonnance d'une personne ou d'un organisme ayant le
pouvoir de contraindre à leur communication. Cette règle est reprise de
l'article 65.0001 de la Loi sur l'assurance maladie. Cet article est
nécessaire aux fins de maintenir la même limite applicable aux renseignements
de santé et des services sociaux détenus par la Régie de l'assurance maladie du
Québec.
Mme Setlakwe : On a employé
les mêmes... le même libellé.
M.
Caire
: Oui.
Mme Setlakwe : Parfait. Merci.
M. Caire : Oui, oui.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Rosemont.
M. Marissal : Oui. J'ai...
Je vois... Je ne m'explique pas totalement le lien avec l'immigration d'une
personne. Quelqu'un peut me... éclairer ma lanterne?
M. Caire : Me Côté peut
faire ça, certain.
Le Président (M. Simard) : Alors,
Me Côté.
Mme G. Côté (Geneviève) :
En 2021, il y a une disposition qui a été ajoutée à la Loi sur l'assurance
maladie qui prévoit que les renseignements que la régie recueille en
application de sa loi, qui sont, pour l'essentiel, des renseignements de santé
et de services sociaux, ne peuvent être communiqués ou utilisés, et leur
existence ne peut être confirmée.
Là, c'est le même libellé pour déterminer
le statut d'immigration d'une personne. Ma compréhension, puis ce n'était pas...
ce n'était pas mon dossier personnellement, là, mais, ma compréhension, c'est
qu'il y avait une crainte, là, de la part de certaines personnes à statut plus
irrégulier, là, que le fait qu'ils aient cherché des soins soit utilisé pour...
contre eux. Donc, ça visait à prévenir cette utilisation, là, de
renseignements.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous. D'autres remarques? L'article 11 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Nous passons à l'article 12.
M. Caire : «12. Malgré les
dispositions de la présente loi, l'utilisation et la communication des
renseignements relatifs à l'adoption d'une personne de même que la protection
de ces renseignements demeurent régies par le Code civil et les autres lois
relatives à l'adoption.»
Donc, cet article vise à reprendre les
règles énoncées à l'article 2.1 de la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels selon
laquelle l'accès et la protection des renseignements relatifs à l'adoption
d'une <personne...
M. Caire :
...selon
laquelle l'accès et la protection des renseignements relatifs à l'adoption
d'une >personne demeurent régis par le Code civil et les autres lois
relatives à l'adoption, comme la Loi sur la protection de la jeunesse.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Des remarques?
Mme Setlakwe : ...
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Rosemont?
L'article 12 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) :
Adopté. Et nous entrons maintenant dans le chapitre II, à
l'article 13.
M. Caire : Oui. Alors, nous
entrons sur la collecte concernant un renseignement... Chapitre II, donc Collecte
et conservation d'un renseignement, M. le Président. L'article 13 se lit
comme suit :
«Un organisme ne peut recueillir que les
renseignements nécessaires à la réalisation de sa mission ou de son objet, à
l'exercice de ses fonctions ou de ses activités ou à la mise en œuvre d'un
programme dont il a la gestion.»
Donc, l'article... le présent article,
pardon, introduit le chapitre II de la Loi sur les renseignements de santé
et de services sociaux portant sur les règles de collecte et de conservation
des renseignements. Plus précisément, l'article précise les fins pour
lesquelles un organisme peut recueillir des renseignements. De plus, il
spécifie que la collecte doit se limiter aux renseignements qui sont
nécessaires à ces fins.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Des commentaires?
Mme Setlakwe : Non, ça va,
là. Cet article-là est important et il me semble très clair.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous. D'autres remarques?
M. Marissal : Bien, ça va de
soi, en autant que la mission de l'organisme en question est claire et définie
par la loi. Ça va de soi?
M. Caire : Ça va de soi.
M. Marissal : O.K. C'est bon.
Le Président (M. Simard) : Conséquemment,
l'article 13 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) :
Adopté. Nous en sommes maintenant à l'étude de l'article 14.
M. Caire : Oui, M. le
Président, pour lequel je vais faire la lecture de l'article, mais, comme
précédemment, j'aurai un amendement, et donc je passerai tout de suite à la lecture
de l'amendement, si vous êtes d'accord. Alors :
«Tout organisme qui recueille un
renseignement auprès de la personne concernée doit, lors de sa collecte et par
la suite sur demande, l'informer, en termes simples et clairs, des éléments
suivants :
«1° du nom de l'organisme qui recueille ce
renseignement ou pour qui il est recueilli;
«2° des fins pour lesquelles ce
renseignement est recueilli;
«3° des moyens par lesquels ce
renseignement est recueilli;
«4° de son droit d'avoir accès à ce renseignement
et de le faire rectifier;
«5° de la possibilité de restreindre ou de
refuser l'accès à ce renseignement en application des articles 7 ou 8 ainsi que
des modalités selon lesquelles elle peut manifester sa volonté à cet effet;
«6° de la durée de conservation de ces
renseignements.
«Un organisme qui offre des services de
santé ou des services sociaux n'a toutefois pas à informer la personne
concernée des éléments prévus au premier alinéa chaque fois qu'il recueille un
renseignement au cours d'une même période de soins s'il l'a déjà fait, au cours
de cet épisode, en vue de toute collecte de renseignements prévisible.
«De plus, malgré le premier alinéa, un
organisme qui détient des dossiers ayant trait à l'adoption de personnes et qui
recueille un renseignement relatif aux antécédents d'une personne visée dans
l'un de ces dossiers ou un renseignement permettant de retrouver un parent
d'origine ou une personne adoptée n'est pas tenu d'informer la personne
concernée de l'usage auquel est destiné le renseignement.»
Et, M. le Président, l'amendement se lit
comme suit, donc :
Ajouter, à la fin de l'article 14 du
projet de loi, l'alinéa suivant :
«Toute personne qui fournit un
renseignement la concernant suivant le premier alinéa consent à son utilisation
aux fins visées au paragraphe 2° de cet alinéa.»
Donc, l'amendement a pour but d'ajouter un
alinéa à l'article 14 du projet de loi, lequel alinéa est actuellement
prévu par l'article 15 du projet de loi par erreur. Les dispositions de
cet alinéa concernaient l'article 14 du projet de loi et doivent par
conséquent être insérées dans ce dernier article. Donc, on va faire un ajustement
à l'article 15.
• (17 h 50) •
Mme Setlakwe : Oui, je vois.
O.K. Donc, c'était simplement corriger une erreur. Je ne l'avais pas remarqué.
«Toute personne qui fournit un renseignement la concernant...» Ça va.
Le Président (M. Simard) : Collègue
de Rosemont?
L'amendement est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Nous revenons à l'étude de l'article 14 tel qu'amendé. Des <commentaires...
Le Président (M. Simard) :
...adopté.
Nous revenons à l'étude de l'article 14 tel qu'amendé. Des >commentaires?
Sans quoi l'article... Pardon. Chère
collègue.
Mme Setlakwe : Oui. Je vous
reviens dans deux secondes.
Le Président (M. Simard) : Prenez
le temps qu'il faut.
Mme Setlakwe : Vous n'êtes
pas craintif, là, ou vous n'avez pas peur qu'il y ait comme un fardeau trop
imposant, là? Il faut retourner à chaque fois?
M. Caire : Pas nécessairement
à chaque fois, parce qu'on dit : «De plus, malgré le premier alinéa, un
organisme qui détient...» Non, excusez-moi. C'est : «Un organisme qui
offre des services de santé et de services sociaux n'a toutefois pas à informer
la personne concernée des éléments prévus au premier alinéa chaque fois qu'il
recueille un renseignement au cours d'un même épisode de soins s'il l'a déjà
fait, au cours de cet épisode».
Donc, c'est comme une première exception.
Il y en aura d'autres, évidemment, là. Mais, dans le fond, ça vient statuer que
je vous dis, bien, pour qui je collecte l'information, pour faire quoi avec, de
quelle façon. Mais, une fois que je l'ai fait, je l'ai fait. Tu sais, on ne
recommencera pas à chaque fois, à l'intérieur, comme je vous disais, là, d'un
épisode de soins.
Mme Setlakwe : Non, c'est
parce que je vois que le Collège des médecins semblait être... avoir un
commentaire au niveau de cet article-là, mais je vois, moi aussi, que le
deuxième alinéa semble y répondre. «Le collège est perplexe face à la
modification des obligations imposées aux professionnels au moment de la
collecte des renseignements... par rapport à ce qui était prévu dans le projet
de loi n° 19.» Il y a eu un changement par rapport à 19?
M. Caire : Là, ne connaissant
pas 19, je ne pourrais pas... C'est possible, là. Là-dessus, malheureusement,
je ne peux pas... Me Côté, est-ce que...
Mme G. Côté (Geneviève) : Bien,
je revérifie, là, je suis en train de le rouvrir, mais c'est sûr que...
M. Caire : Pas à notre...
bien, en tout cas...
Mme G. Côté (Geneviève) : Il
y a le lien avec la possibilité de restreindre ou de refuser à 7 ou 8, qui
était fait différemment dans le projet de loi n° 19,
donc là, forcément, par concordance, il y a la différence. Mais sinon, sur le
fond, c'est essentiellement la même chose, là.
Mme Setlakwe : «Que la
communication des informations concernant l'utilisation d'un renseignement de
santé, les droits d'accès et la durée prévue à 14... ne soit pas effectuée pour
chaque épisode de soins, mais plutôt, comme le prévoyait le projet de loi n°
19, au moment de l'enregistrement, de l'inscription ou de l'admission dans un
organisme de la santé.» Oui.
M. Caire : Oui, mais c'est
ça, là. C'est parce que, si vous lisez... puis je pense que vous l'avez bien
dit, Mme la députée, là, le deuxième alinéa, je pense, vient éclairer, là, sur
le fait que, oui, c'est vrai qu'à l'admission on va probablement collecter ces
informations-là, mais, pour le reste de l'épisode de soin, là, c'est fait,
c'est fait, là.
Mme Setlakwe : Merci.
Le Président (M. Simard) : D'autres
remarques?
M. Marissal : Oui. On me fait
remarquer, ici, que la CAI avait souhaité voir des précisions à l'article 14,
là, puis je vous le dis comme ça a été noté : «La commission constate que
des éléments importants de transparence prévus aux articles 65 de la Loi sur
l'accès et 8 de la Loi sur le privé, tels que modifiés par la loi n° 25, n'ont pas été repris à l'article 14 du projet de loi»,
je peux vous le lire, là :
«le cas échéant, informer la personne du
nom du tiers qui recueille les renseignements au nom de l'organisme public, du
nom des tiers ou des catégories de tiers à qui il est nécessaire de communiquer
les renseignements aux fins visées par la collecte et de la possibilité que les
renseignements soient communiqués à l'extérieur du Québec;»
Ensuite : «sur demande, informer la
personne des renseignements personnels recueillis auprès d'elle, des catégories
de personnes qui ont accès à ces renseignements, de la durée de conservation de
ces renseignements, ainsi que des coordonnées du responsable de la protection
des renseignements personnels.»
À première vue, là, on retrouve quelques
éléments, là, dans l'énumération qui est faite à l'article 14, mais
l'observation de la CAI était à savoir : Pourquoi est-ce qu'on n'a pas
repris carrément ce qui a déjà été écrit et qui étaient des balises assez
fermes dans la loi sur... la Loi d'accès?
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Caire : Oui. Bien, en
fait, on m'indique que c'est une question où on ne peut pas déterminer d'avance
qui sera le <tiers...
M. Caire :
...on
m'indique que c'est une question où on ne peut pas déterminer d'avance qui sera
le> tiers qui va ou qui pourrait avoir accès aux renseignements de
santé.
Ceci étant dit, je rappelle que les tiers
en question seront soumis aux mêmes règles de loi, là, que... Donc,
effectivement, si ça devient... Il y a cette complexité-là dans le réseau de la
santé qui n'était pas nécessairement la même dans la loi n° 25,
là, parce que, quand on parlait de tiers dans la loi n° 25,
souvent, c'était par sous-contrat ou... donc, c'étaient des entreprises,
c'était... Puis la CAI le dit bien, là, c'était au niveau de la Loi sur le
privé, là. Donc, c'est, par exemple, une agence avec qui vous faites affaire
pour le paiement de... paiement Interac, ou des trucs comme ça, là, mais... Puis
on a apporté des modulations aussi, là, parce qu'il y avait une possibilité,
là, de changer de tiers puis de changer de clientèle, ça fait qu'on a modulé ce
qu'on a fait dans 25.
Ici, bien, c'est parce que vous ne pouvez
pas nécessairement le prévoir, donc je ne peux pas vous le dire parce que je ne
peux pas le prévoir. Par contre, au niveau de la protection et des responsabilités,
l'organisme demeure responsable, et le tiers a les mêmes obligations et mêmes
responsabilités, si tant est qu'il y a un hébergement des données qui se fait.
M. Marissal : O.K.
Pouvez-vous, par ailleurs, définir «épisode de soins»?
M. Caire : C'est une
excellente question, et je vous... Non, mais, en fait, normalement, c'est
l'épisode de soins... puis là corrigez-vous si je me trompe, là, mais,
normalement, c'est que vous consultez pour un problème de santé, et, du moment
où vous consultez jusqu'à ce que vous vouliez solutionner votre problème de
santé, c'est considéré comme un épisode de soins. Mais là, je ne l'ai pas
regardé, il fait-tu «oui» de la tête ou il dit que je suis dans le champ?
M. Kobrynsky (Marc-Nicolas) : Si
vous me permettez, M. le ministre...
M. Caire : Puis, si je ne le
permets pas...
M. Kobrynsky (Marc-Nicolas) :
...
M.
Caire
: Non,
non, vas-y.
M. Kobrynsky (Marc-Nicolas) : De
l'admission à la sortie. En gros, c'est ça qu'on dirait. De l'entrée dans un
épisode jusqu'à la sortie de l'épisode. Ce n'est pas... Donc, quand c'est un
hôpital, c'est de l'admission à la sortie. Quand c'est dans une clinique, c'est
de l'arrivée à la sortie de la clinique. Chacun est un épisode, et... et voilà.
C'est vraiment entrée et sortie.
M. Marissal : ...nécessairement
de consultation à résolution. Parce que, dans un épisode, on peut faire
plusieurs consultations, mais dans, même, plusieurs institutions, en tout cas,
plusieurs hôpitaux, d'une clinique à l'hôpital, de l'hôpital à...
M. Kobrynsky (Marc-Nicolas) : L'épisode
de soins, c'est vraiment dans la notion entrée et sortie.
M. Caire : Donc, ce n'est pas
la même définition que ça, le financement à l'épisode.
M. Kobrynsky (Marc-Nicolas) : Je
présume qu'un épisode de soins répétitifs, donc, on irait voir le médecin pour
la même problématique, possiblement que...
Des voix : ...
M. Kobrynsky (Marc-Nicolas) :
C'est...
M. Tremblay (Pier) : Je peux
intervenir, si vous le souhaitez.
M. Caire : Bien, M. le
Président...
Le Président (M. Simard) : Il
y avait un consentement, tout à l'heure, généralisé pour l'ensemble de l'équipe
qui accompagnait le ministre. Alors, monsieur, pour les fins de nos travaux
puis aussi pour laisser le temps à la caméra, peut-être, de vous capter
correctement...
M. Tremblay (Pier) : Je ne
bouge pas.
Le Président (M. Simard) : ...auriez-vous
le temps de... auriez-vous l'amabilité de vous présenter?
Une voix : ...
M. Tremblay (Pier) : Je
souris. Donc, bonjour. Pier Tremblay. Je suis directeur de la Gouvernance des
données au ministère de la Santé. Excusez. Un petit peu le stress pour parler.
Si on parle d'épisode de soins, il peut y avoir plusieurs consultations : je
me suis cassé une hanche, donc je vais à l'épisode, on répare ma hanche, et là
une réadaptation par la suite. Donc, c'est vraiment l'épisode.
Des voix : ...
M. Tremblay (Pier) : Non, je
pense qu'il y a une... Mais un épisode de soins peut avoir plusieurs
consultations, effectivement, donc plusieurs spécialistes, ou médecins, ou
intervenants qui peuvent participer.
• (18 heures) •
Le Président (M. Simard) : Monsieur,
veuillez poursuivre, s'il vous plaît.
M. Tremblay (Pier) : Je crois
que c'est complet, mon intervention.
Le Président (M. Simard) : Ça
va?
M. Tremblay (Pier) : À ce
moment-ci, je repasserais la parole à M. le ministre.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Caire : Ah! bien, c'est ça.
Je pense que, voilà, vous avez... Mais, en fait...
Mais je comprends, là, ce que le
sous-ministre adjoint dit, effectivement, au niveau de la collecte. Dans la
logique de l'article 14, là, je pense qu'effectivement M. Kobrynsky a raison,
dans le sens où, une fois qu'on a fait la collecte à l'entrée, donc ce qui
faisait dire, possiblement, au médecin : l'admission faisait office de,
mais, considérant qu'il pourrait y avoir plusieurs visites dans un
établissement, bien, à ce moment-là, il n'aurait pas besoin de répéter
l'exercice de collecter la donnée.
Donc, l'épisode, puis là on va avec la
définition qu'on a eue, l'épisode, c'est : Bien, vous avez consultation
avec votre médecin de famille, vous allez consulter...
18 h (version révisée)
M. Caire : ...l'épisode, c'est :
bien, vous avez consultation avec votre médecin de famille, vous allez
consulter un spécialiste, vous revenez au médecin de... Ah! finalement, il y a
un autre spécialiste, il y a une radio, il y a différents soins qui sont
nécessaires pour vous traiter. Donc, ça, c'est un épisode. Mais, aux termes de
l'article 14, justement, là, je n'aurai pas besoin de recollecter à chaque
fois les informations.
M. Marissal : O.K. Merci.
Le Président (M. Simard) : D'autres
remarques sur 14 tel qu'amendé? Conséquemment, cet article est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Nous passons à l'article 15. M. le ministre.
M. Caire : Oui, pour lequel
il y aura aussi un amendement, M. le Président, tel qu'annoncé précédemment.
Donc, l'article 15 se lit comme suit :
«En plus des informations devant être
fournies suivant l'article 14, tout organisme qui recueille un
renseignement auprès de la personne concernée en ayant recours à une
technologie comprenant des fonctions permettant de l'identifier, de la
localiser ou d'effectuer un profilage de celle-ci doit, au préalable, informer
des éléments suivants :
«1° du recours à une telle
technologie;
«2° des moyens offerts pour activer
les fonctions permettant d'identifier, de localiser ou d'effectuer un
profilage.
«Le profilage s'entend de la collecte et
de l'utilisation de renseignements afin d'évaluer certaines caractéristiques
d'une personne physique, notamment à des fins d'analyse de la situation
économique, de la santé, des préférences personnelles, des intérêts ou du
comportement de cette personne.
«Toute personne qui fournit un
renseignement la concernant suivant le premier alinéa consent à son utilisation
et à sa communication aux fins visées au paragraphe 2° de cet alinéa.»
Alors, M. le Président, l'article... c'est-à-dire
que l'amendement à l'article 15 se lit comme suit : Supprimer le
troisième alinéa de l'article 15 du projet de loi.
Donc, l'amendement a pour but de retirer
du dernier alinéa de l'article 15 du projet de loi, lequel alinéa est
prévu à cet article par erreur, les dispositions de cet alinéa concernant l'article 14
du projet de loi... et doivent par conséquent être insérées à ce dernier
article, comme nous l'avons vu précédemment.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, des remarques sur l'amendement? Cet amendement est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Nous poursuivons sur l'article 15 tel qu'amendé. D'autres commentaires? L'article 15,
tel qu'amendé, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
M. le ministre, nous en sommes à l'étude de l'article 16, qui conclut, si
je ne m'abuse...
M. Caire : Ce premier bloc.
Le Président (M. Simard) : ...le
présent chapitre.
M. Caire : Absolument, M. le
Président. Et donc il se lit comme suit :
«Un organisme ne peut conserver un
renseignement qu'il détient au-delà de la durée nécessaire à la réalisation des
fins pour lesquelles il l'a été recueilli ou utilisé, sous réserve d'un
règlement pris en vertu du deuxième alinéa, de la Loi sur les archives
(chapitre A-21.1) ou du Code des professions (chapitre C-26).
«Un règlement du gouvernement peut
déterminer une période minimale pendant laquelle un organisme doit conserver
les renseignements qu'il détient. Cette période peut notamment varier selon la
catégorie de renseignements ou d'organismes visée. Ce règlement ne peut avoir
pour effet de prolonger la durée de conservation des renseignements obtenus en
application de la Loi sur la protection de la jeunesse (chapitre P-34.1)
au-delà des délais prévus par cette loi.»
Donc, cet article prévoit les règles
applicables à la conservation des renseignements détenus par un organisme. La
règle générale est qu'un organisme ne peut conserver de tels renseignements
au-delà de la durée nécessaire à la réalisation des fins pour lesquelles il les
a recueillis ou utilisés. Ces règles... Cette règle générale — pardon — cède
toutefois le pas aux dispositions contraires prévues par la Loi sur les
archives, le Code des professions ou un règlement du gouvernement pris en vertu
du deuxième alinéa de l'article.
Le deuxième alinéa de l'article habilite
le gouvernement à prendre un règlement pour déterminer une période minimale de
conservation des renseignements, laquelle peut varier selon la catégorie des
renseignements ou l'organisme visé. En ce qui concerne les renseignements
obtenus en application de la Loi sur la protection de la jeunesse, cette
période ne peut toutefois pas avoir pour effet de prolonger la durée de
conservation de tels renseignements.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de Mont-Royal.
Mme Setlakwe : Oui. Je me
réfère au commentaire qui nous avait été soumis, là, par le Fonds de recherche.
«Afin de permettre une validation et une reproductibilité des études
scientifiques à long terme et ainsi de favoriser l'enrichissement et des
retombées de la recherche», ils nous demandaient d'«amender l'article 16,
alinéa un de manière à promouvoir un archivage numérique pérenne des données à
des fins de recherche scientifique dans l'intérêt public» et d'amender aussi
43, certains alinéas du projet de loi en ce sens. Est-ce que vous avez
considéré cette demande?
M. Caire : Oui, mais, <en
fait, on...
Mme Setlakwe :
...vous
avez considéré cette demande?
M. Caire :
Oui,
mais, >en fait, on comprend la demande, puis je pense que, dans le fond,
quand on lit l'article, on comprend qu'effectivement il peut y avoir... On
établit, en fait, encore là, une règle générale qui dit : Je recueille un
renseignement pour des fins spécifiques. Quand les fins spécifiques ne sont
plus sous réserve des autres lois, qui ont des dispositions différentes qu'on
respecte, on va détruire le renseignement. Maintenant, de façon réglementaire,
effectivement, le gouvernement pourrait dire : Bon, bien, écoutez,
considérant ce qui a été mentionné, on pourrait garder, ou conserver, ou
archiver les informations pour plus longtemps. Mais l'idée, c'est de s'assurer
qu'il y a quand même un encadrement puis il y a une finalité, au fait de les
conserver, qui est autre que la finalité pour laquelle, évidemment, ils ont été
recueillis.
Mme Setlakwe : Donc, vous
laissez la porte ouverte, si je vous entends bien, à peut-être le faire mais
par règlement. Parce que, là, ils vont plus loin, ils disent : «En matière
de recherche clinique, Santé Canada exige une conservation de 15 ans, alors
que, règle générale, les dossiers de santé sont conservés au moins cinq ans...
Une voix : ...
Mme Setlakwe : ... — oui — après
la dernière consultation. L'archivage pérenne pourrait assurer la conservation
des données afin que celles-ci demeurent facilement découvrables, accessibles,
interopérables et réutilisables.» Oh oui! je me souviens, ils nous avaient invoqué
les principes FAIR, internationalement reconnus.
M. Caire : Bien, c'est-à-dire
qu'on pourrait aller dans ce sens-là, mais, encore là, dans un contexte encadré
par le règlement. Mais, en même temps, et Me Côté me soulignait à juste titre,
si on est dans un protocole de recherche sur 15 ans, la finalité n'est pas
atteinte, là, tant que le protocole de recherche n'est pas arrivé à terme.
Donc, on conserve la donnée.
Mme Setlakwe : Ça va pour
l'instant. Merci.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. D'autres remarques sur l'article 16?
M. Marissal : Oui. On y dit
qu'«un organisme ne peut conserver un renseignement qu'il détient au-delà de la
durée nécessaire à la réalisation des fins pour lesquelles il l'a recueilli ou
utilisé», mais qui détermine ça au premier chef?
M. Caire : Bien, normalement,
quand vous collectez une information, il y a la finalité, là, qui est précisée.
M. Marissal : Oui, mais pas
nécessairement un délai. On peut savoir pourquoi tu le veux, mais pas le délai.
M. Caire : Bien non, pas
nécessairement un délai, parce qu'on ne peut pas prévoir dans quel délai on va
réaliser la finalité.
M. Marissal : O.K., mais là,
il est question de durée, là, dans l'article. Il n'est pas question de
finalité, il est question de durée.
M. Caire : Oui, oui, c'est
ça, oui, sauf qu'«un organisme ne peut conserver un renseignement qu'il détient
au-delà de la durée nécessaire à la réalisation des fins pour lesquelles il l'a
recueilli ou utilisé», donc ce n'est pas... On ne peut pas mettre une date ou
on ne peut pas mettre un délai précis, c'est dépendamment de... pour quelles
fins j'ai recueilli le renseignement et quelle en est l'utilité. Et, si je n'ai
pas accompli ça, bien, je conserve le renseignement, mais, si ça est terminé,
la raison pour laquelle j'ai recueilli et j'utilise les renseignements, si la
finalité est terminée, si j'ai atteint mon but, bien là, c'est...
Ce que ça dit, c'est que, bien,
normalement, tu ne devrais pas conserver les informations en question, mais
évidemment sous réserve des différentes lois, là, parce qu'il y a d'autres
régimes qui existent et qui vont paramétrer ça, ou que, par règlement, le
gouvernement dit : Bon, bien, O.K., on peut autoriser une prolongation
parce qu'il y a une situation exceptionnelle qui fait en sorte que ce ne serait
pas dans l'intérêt public de ne pas te permettre cette prolongation-là.
• (18 h 10) •
M. Marissal : Oui, mais ce
que je comprends de ça, c'est que l'organisme, là, il est juge et partie. Il
dit : Moi, j'ai besoin de tel renseignement, il fait la démonstration que...
je veux m'en servir pour ça, mais il n'a pas à dire d'emblée : C'est sûr
que, dans deux ans, si ça n'a pas abouti, je vais devoir me départir ou
détruire le renseignement.
M. Caire : C'est à dire qu'il
n'est pas juge et partie, au sens où... Bien, d'abord, il faut lire cet
article-là dans tout le contexte de la loi, évidemment, là. Mais, si on prend
l'article comme tel, lorsque le renseignement est recueilli, il y a une fin, et
cette fin-là, elle doit être énoncée. : Je recueille le renseignement <aux
fins de... Et ça...
M. Caire :
... a une
fin, et cette fin-là, elle doit être énoncée. : Je recueille le
renseignement >aux fins de... Et ça, évidemment, là, je ne peux pas
vous... Tu sais, j'imagine qu'on ne peut pas dire : Bon, bien, écoutez,
moi, cette finalité-là, je vais l'atteindre dans deux ans ou je vais
l'atteindre dans six mois.
Donc, la durée de... le cycle de vie
concorde avec la raison pour laquelle — ça sent bon, votre affaire — ...pour
laquelle j'ai recueilli les informations. Mais l'organisme ne peut pas
dire : Bien, écoutez, moi, j'ai atteint mon objectif, j'ai atteint mes
buts, la fin du projet est arrivée, je vais quand même conserver les données.
Il ne peut pas faire ça, sauf si, évidemment, il tombe sous le coup d'autres
lois et/ou que, par règlement, le gouvernement dit : Bon, bien là, il y a
une situation d'exception, par règlement, on va te permettre de le faire.
M. Marissal : Oui, mais, tu sais,
je me souviens, quand les gens de l'INSPQ sont venus ici, là... C'est
fascinant, d'ailleurs, ce qu'ils nous racontaient, là... et qu'ils font
beaucoup de métadonnées, là, ils mettent ça ensemble puis ils font de la
recherche qui va, finalement, nous indiquer ce qui va arriver à la deuxième
génération subséquente, là, je comprends, mais que... Mettons qu'en chemin tu
dises : Ah! bien, on a manqué telle recherche, on va garder la donnée, on
va la récupérer pour faire ça aussi, mais c'est périphérique, c'est à côté, ou
alors : Il y a une erreur méthodologique, puis il faut recommencer, en
principe, c'est fini ou ça n'a pas donné le bon résultat, on recommence. Là, ça
peut durer des années, là. C'est ce pour quoi je vous dis qu'à la fin, qui qui
va dire : Non, O.K., là, ton temps est fini, là, il y a une date de
péremption, là, tu remballes tout ça, puis au revoir?
M. Caire : Oui. Non, mais je
pense... En tout cas, je ne vois pas, là... Je comprends qu'en théorie,
peut-être, mais je ne vois pas... Tu sais, tu fais ton... ce pour quoi tu as
recueilli la donnée, je veux dire, tu sais, à un moment donné, tu ne peux pas
dire : Bien, écoute, ça ne marche pas, mais je continue, je continue, je
continue, surtout dans le cadre d'un protocole de recherche, là, il faut
comprendre. Puis c'est pour ça que je dis : Interprétons l'article 16,
oui, mais avec les autres dispositions de la loi, là. Le protocole de
recherche, si tant est qu'on parle d'un protocole de recherche, je veux dire,
il y a quand même... justement, il y a un protocole, il y a une validation par
les pairs, ça passe par un comité d'éthique, il y a une évaluation des facteurs
relatifs à la vie privée, là, il y a tout un autre mécanisme qui vient
s'enchaîner à ça, là, qui ferait en sorte que je ne vois pas vraiment comment
on pourrait en arriver à dire : Bien, je suis dans une espèce de boucle
sans fin, dans mon protocole de recherche, puis que personne ne dirait rien,
là. Ce serait plutôt étonnant.
M. Marissal : Oui. Bien, tu
sais, la nature même de la recherche, c'est de trouver des affaires, là, et
notamment de nouvelles avenues, là, ce pour quoi on peut démultiplier
l'utilisation d'une donnée. Je peux très bien imaginer que ça puisse aller dans
ce sens-là.
Par ailleurs, «un règlement du
gouvernement peut déterminer une période minimale». Est-ce que le gouvernement
peut déterminer une période maximale aussi?
M. Caire : Bien, la période
maximale étant la fin de...
M. Marissal : Celle
déterminée par l'utilisateur?
M. Caire : ...la fin de vie
utile, oui.
M. Marissal : O.K. Le
règlement, on revient toujours au fameux règlement, c'est assez arbitraire,
c'est assez pointu, c'est assez précis, ça se fera donc au cas par cas, de ce
que je comprends?
M. Caire : Oui. Oui.
M. Marissal : O.K. Puis il y
a un...
M. Caire : Oui, puis dans un
contexte qui est quand même très restreint, là, on parle de déterminer une
période minimale. Il n'y a pas... tu ne peux pas... par règlement, il ne peut
pas faire rien d'autre que ça, là.
M. Marissal : Puis, «un
règlement du gouvernement», c'est qui, le gouvernement, dans ce cas-ci?
M. Caire : C'est le Conseil
des ministres.
M. Marissal : Le Conseil des
ministres?
M. Caire : Oui.
M. Marissal : Pour établir
une période minimale d'utilisation de données personnelles?
M. Caire : Oui.
M. Marissal : O.K. O.K. Pas
d'autre question pour le moment.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. L'article 16 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Alors, nous cheminons, nous passons maintenant au bloc 2 et nous allons
disposer de l'article 17. M. le ministre.
M. Caire : Oui. Merci, M. le
Président. Alors, nous entrons dans le droit d'accès à un renseignement par la
personne concernée et certaines personnes lui étant liées. Donc, Dispositions
générales. L'article 17 se lit comme suit :
«Toute personne a le droit d'être informée
de l'existence de tout renseignement la concernant détenu par un organisme et
d'y avoir accès.
«Toutefois, l'exercice de ce droit peut
lui être refusé momentanément si, de l'avis d'un professionnel de la santé ou
des services sociaux, il en découlerait vraisemblablement un préjudice grave
pour sa santé. Dans ce cas, <l'organisme...
M. Caire :
...
découlerait vraisemblablement un préjudice grave pour sa santé. Dans ce cas, >l'organisme
documente les motifs ayant mené à cette décision et détermine, sur la
recommandation du professionnel, le moment où ce droit pourra être exercé.»
Donc, le présent article introduit au chapitre III
de la Loi sur les renseignements de santé et de services sociaux, lequel
prévoit les droits d'accès d'une personne concernée à des... personne concernée
et de certaines personnes qui lui sont liées — pardon — aux
renseignements la concernant, les conditions de ces droits et les modalités
d'exercice de ceux‑ci.
Plus précisément, l'article introduit la section I de ce chapitre, lequel
regroupe les dispositions générales de ces droits d'accès.
Le premier alinéa de l'article consacre le
droit de toute personne d'être informée de l'existence de tout renseignement la
concernant détenu par un organisme et d'y avoir accès, sauf exception. Ce droit
existant est repris des lois et des règlements qui encadrent actuellement la
protection des renseignements personnels et des dossiers des professionnels de
la santé et des services sociaux.
Ce droit est limité, au deuxième alinéa,
par une exception, souvent appelée «exception thérapeutique», permettant à un
professionnel de la santé ou des services sociaux de ne pas divulguer un
renseignement dans un cas où, de son avis, il en découlerait vraisemblablement
un préjudice grave pour la santé de la personne concernée. Par exemple, le
risque de révéler un diagnostic sombre sans l'encadrement professionnel requis.
Cette exception est déjà présente dans les lois et règlements qui concernent l'accès
aux renseignements de santé et de services sociaux. Voilà.
Le Président (M. Simard) : Des
remarques? Chère collègue.
Mme Setlakwe : Difficile
d'être contre ce principe-là, là, garantir l'accès aux renseignements du
patient en temps réel pour favoriser leur autonomisation. Aucun problème.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Rosemont.
M. Marissal : Définir
«momentanément».
M. Caire : Je vous dirais
que, de ce que j'en comprends, c'est de ramener ça à... le plus court laps de
temps utile en fonction du professionnel. Donc, si on... Par exemple, dans
l'exemple qu'on reprend, on dit : J'ai un diagnostic sombre, je pense que
vous devez être accompagné, bien, une fois que je me suis assuré que vous
seriez accompagné, je vais rendre le renseignement disponible. Donc, l'idée,
c'est que ça ne puisse pas être étiré en longueur par le professionnel. Il faut
qu'il y ait une certaine célérité, mais il faut que les conditions favorables à
la divulgation du renseignement soient rencontrées.
M. Marissal : Oui. Bien là,
vous me voyez venir, là. C'est parce que, «court laps de temps utile», il ne
faudrait pas que ce soit un court ou moyen court laps de temps imposé par
manque de ressources parce que tu es sur la Côte-Nord, puis il n'y en a pas, de
psychologue proche. Il ne s'agit pas faire venir ton frère, là, parce que tu as
le cancer puis tu vas mourir dans trois mois. Mais il n'y en a pas, de psychologue
disponible. Puis ça, «momentanément», ça peut durer deux mois, puis on ne dira
pas à la personne que tu as un cancer puis tu en as pour trois mois.Bien
là, dans l'état des ressources dans le système de la santé...
M. Caire : Non, non, je comprends.
M. Marissal : ...c'est
parfaitement probable, là...
M.
Caire
: Je
comprends.
M. Marissal : ...qu'on
dise : Bien, moi, je ne vais pas lui dire, il n'y a pas d'équipe autour,
la fameuse équipe multidisciplinaire dont on parle tant, là. Il y a des trous
partout, là, dans le réseau.
M. Caire : Je comprends,
mais, en même temps...
M. Marissal : Il ne faudrait
pas que «momentanément» devienne : Ah! bien, coudon, je ne lui donnerai
pas, là, ça va tomber dans une craque, puis, un mois plus tard, on ne lui a
toujours pas dit parce qu'il n'y a pas le filet de services professionnels
autour.
• (18 h 20) •
M. Caire : Bien, je vous
entends, M. le député. Mais je pense que l'idée de l'article, c'est de dire que
le professionnel de la santé constate une situation, il se dit : Bon,
bien, avant de divulguer cette information aux patients, il y a certaines
choses à mettre en place. Dans l'exemple que vous amenez, puis je ne conteste
pas ce que vous dites, là, c'est certainement un scénario qui est plausible,
mais, en même temps, le professionnel ne pourrait pas non plus retarder
indûment, surtout dans un cas comme celui que vous avancez, où je suis atteint
d'un cancer, puis mes jours sont comptés, puis vous ne me le dites pas parce
que, tu sais, il n'y a pas un psychologue proche. Je pense qu'il faut aussi
laisser une marge de manœuvre aux professionnels.
Et, soit dit en passant, si vous lisez
l'article... pas si vous lisez l'article, là, je m'excuse, vous l'avez lu, là,
mais, dans sa formulation, on parle de la recommandation du professionnel.
Donc, dans le fond, on dit aux professionnels : On vous donne la marge de
manœuvre sur la façon et le moment dont vous allez rendre le renseignement
disponible. Mais le «momentanément» leur indique, justement, tu sais : Ne
tardez pas indûment, là, tu sais, je veux dire, la personne a le droit de
savoir, là. C'est ça, le principe général : j'ai le droit de savoir.
Donc : «Toute personne a le droit d'être informée de l'existence de tout
renseignement la concernant détenu par un organisme et d'y avoir accès.» <Donc,
le droit...
M. Caire :
...
l'existence de tout renseignement la concernant détenu par un organisme et d'y
avoir accès.» >Donc, le droit en général, c'est : j'ai le droit de
le savoir. Maintenant, il peut y avoir des situations très précises où, oui, je
vais te le dire, mais je vais quand même essayer d'avoir un contexte favorable
à la divulgation, parce que ça se peut que cette information-là ne soit pas le
fun à digérer, là.
M. Marissal : Y compris si la
personne demande expressément de savoir le résultat des tests, puis diagnostic,
et du pronostic? Y compris s'il demande expressément à son médecin :
Docteur, je veux le savoir, c'est quoi?
M. Caire : Bien, en fait,
effectivement, le patient pourrait le signaler. À la limite, si le médecin ne
divulgue pas l'information, il aura l'obligation de dire pourquoi. Mais
l'information, il ne pourra pas... Il va dire : Oui, j'ai une mauvaise
nouvelle, mais là j'aimerais ça qu'on se voie.
M. Marissal : Bien, il va
avoir l'obligation de le dire à qui, le médecin?
M. Caire : Bien, au patient,
là, je veux dire : «Toute personne a le droit d'être informée...»
M. Marissal : C'est très,
très grave, c'est épouvantable, mais je ne peux pas te le dire parce que je ne
veux pas te le dire.
M. Caire : Non, mais, je veux
dire, ça va être plus : Bien, viens me rencontrer, viens, je veux te voir,
je veux te voir. Quand est-ce qu'on peut se voir? Il faudrait que tu viennes au
bureau. Puis, au lieu de dire : Bien, ah! oui, «by the way», tu as un
cancer, O.K. Bye! On est plus dans cette logique-là.
M. Marissal : Bien non, mais
ce n'est pas de ça dont il est question ici, là.
M. Caire : Bien, c'est de ça
dont il est question.
M. Marissal : J'espère bien
qu'il n'y a pas de médecins, au Québec, qui annoncent à leurs patients au
téléphone qu'ils ont un cancer.
M. Caire : Bien, attention,
attention, M. le député, là, parce que, si on... Je comprends que la loi est,
technologiquement, neutre, mais souvenez-vous des discussions que nous avons
eues et où on disait : Bien, moi, j'ai droit d'avoir accès à toutes mes
informations. Alors, on peut penser qu'un jour mon dossier santé... J'ai un
diagnostic de cancer. Si je vais sur mon dossier santé : Tabarouette... J'ai
reçu mes résultats : Wow! Non, non, ce n'est pas le fun, bien, attends un
petit peu, je ne le mettrai peut-être pas sur mon dossier santé tout de suite, je
vais peut-être appeler la personne puis dire : Peux-tu venir me
rencontrer? On est plus dans cette logique-là.
M. Marissal : «Par exemple,
le risque de révéler un diagnostic sombre sans l'encadrement professionnel
requis.» Si on révèle, il y a quelqu'un qui le révèle. Je présume que c'est le
médecin ou l'infirmière...
M. Caire : C'est le
professionnel de la santé qui fera le diagnostic.
M. Marissal : ...l'infirmière
clinicienne, là, donc il n'y a pas l'encadrement. Ce que je comprends, moi,
l'encadrement, c'est le reste, c'est la structure. Parce qu'une fois que tu lui
as dit, au patient, là : Tu as le cancer, tu en as pour trois mois, il
embarque dans son char, il s'en va chez lui, là. Il n'a pas le soutien qui
dit : Est-ce qu'il y a une TS qui va l'appeler, le lendemain ou même le
soir même? Y a-tu un suivi? Y prend-tu d'autres médicaments? Y-a-tu.... Non
non, mais ce n'est pas... ce n'est pas des détails, là, ce n'est pas des
détails parce que...
M. Caire : Mais je ne vous
dis pas que c'est des détails.
M. Marissal : Il n'y a aucun
médecin qui a le goût de dire à son patient : Tu as le cancer, tu vas
mourir dans quatre mois, s'il peut dire : Momentanément, je peux ne pas le
lui dire tout de suite parce que je considère qu'il n'y a pas la structure et
le filet d'encadrement médical et social, autour, je ne le lui dirai pas.
M. Caire : Je comprends, mais
le médecin, en même temps, ne pourra pas non plus retenir cette information-là
ad nauseam, là,
M. Marissal : Non, de toute
façon, le patient va mourir, ça fait que c'est...
M. Caire : Non, non, mais
même avant, là, je veux dire... C'est parce que l'objectif de la loi, ce n'est
de pas de dire au médecin : Tu lui diras bien quand tu veux, là. Ce n'est
pas...
M. Marissal : Ce n'est pas
ça. L'objectif de la loi, c'est que tu n'es pas obligé de lui dire tout de
suite, même s'il te le demande, parce qu'il n'y a pas un encadrement
professionnel.
M. Caire : Attention, oui,
mais si, de l'avis du professionnel, il y a un risque grave pour sa santé. Il
faut que le professionnel dise : Bien, si je te le dis, il y a un risque
grave pour ta santé. Pas : O.K. tu risques de mal le prendre. Il y a un
risque grave pour ta santé, donc moi, j'ai quand même des choses à faire avant.
Puis je reviens dans mon exemple. On
dit : Tu as le droit d'avoir accès à cette information-là, on veut que tu
y aies accès, et c'est tout à fait normal. Et il existe, et j'ose espérer qu'il
existera de plus en plus, des moyens simples pour donner facilement accès aux
informations. Donc, ça pourrait être, justement, de dire : Bien, avant
d'inscrire cette information-là dans ton dossier santé, dossier de santé du
patient...
M. Marissal : L'inscrire dans
le dossier auquel le patient... auquel le patient a accès.
M. Caire : On va l'inscrire, on
va l'inscrire dans le dossier patient, mais le médecin...
M. Marissal : Ça, on s'entend,
là.
M.
Caire
: ...le
médecin en arrive à la conclusion que, si vous apprenez ça comme ça, ce n'est
pas la bonne façon, donc...
M. Marissal : Mais, les gens
qu'on a consultés et même qui sont venus au-devant, là, pour nous donner des
informations ou des observations sur le projet de loi, ça m'a été dit, ça :
Il faudrait faire attention, justement, là, que, par une trop libre circulation
<incontrôlée...
M. Marissal :
... Il
faudrait faire attention, justement, là, que, par une trop libre circulation
>incontrôlée, quelqu'un prenne son téléphone et regarde son dossier de
santé : Ah! j'ai fait des tests, hier, je vais aller voir, ou il y a un
mois, j'ai fait des tests; ah bien! merde, j'ai un cancer du pancréas, tu sais,
je vais mourir. La personne toute seule, chez elle ou ailleurs... Je comprends
ça, on nous a alertés, ça, il ne faudrait pas que ça arrive. Mais là on parle
d'une divulgation sur un support électronique que la personne consulte, pas la
personne, dans le cabinet du médecin, à qui le médecin dit : Bon, regarde,
tu as quelque chose, là, mais je ne peux pas te dire tout de suite.
M. Caire : Non, non, mais on
n'est pas là, là, on n'est pas là, je veux dire... En plus, je réitère, là, ce
que la loi dit, c'est que l'avis du professionnel de la santé et des services
sociaux, c'est qu'«il en découlerait vraisemblablement un préjudice grave pour
la santé.»
M. Marissal : Oui, bien...
M. Caire : Donc, peut-être
que la... on peut en arriver... Par exemple, la personne pourrait peut-être
mettre fin prématurément à ses jours, si je ne m'assure pas, quand même, d'un
certain encadrement, par exemple. Donc, je vais quand même poser les gestes
nécessaires pour prévenir ça. On ne parle pas de... Puis je comprends votre
exemple, là, tu sais, ce n'est pas juste : il va mal le prendre, c'est
sûr. Je ne connais personne, moi, qui va prendre un diagnostic comme ça puis
qui va se dire : Écoute, hein... C'est sûr. Mais ça ne veut pas dire qu'il
en découle un préjudice grave pour sa santé. Donc, il y a quand même une notion
supplémentaire, pour le médecin, là, à dire : O.K., tu ne lui révèles pas,
mais c'est parce que, là, toi, tu penses qu'il va en arriver à poser un geste
ou qu'il va lui... Tu sais?
M. Marissal : Je ne voudrais
juste pas qu'on subisse un autre effet du manque de personnel, notamment dans
le réseau de l'aide psychosociale, là, qui est gravement déficitaire, au
Québec, puis qu'on attente parfois... Puis on sait ça va se passer où : ça
va se passer principalement dans les régions les plus éloignées du Québec.
M. Caire : Je vous entends,
M. le député de Rosemont, mais à l'inverse, vous et moi, on ne voudrait pas
qu'un médecin ou qu'une information soit divulguée à un patient, que cette...
Le Président (M. Simard) : ...il
y a notre collègue de Mont-Royal—Rosemont...
M. Caire : Mais, si vous me
permettez, M. le Président...
Le Président (M. Simard) : ...qui
souhaiterait, depuis tout à l'heure, vous adresser une question, également.
M. Caire : Oui, mais on ne
voudrait pas que...
M. Marissal : Mont-Royal—Rosemont?
Vous allez lancer des rumeurs encore, là.Mont-Royal—Outremont.
Le Président (M. Simard) :
...c'est différent.
M. Caire : Le DGEQ ne vous ne
l'avait pas dit? C'est fusionné, ces deux comtés-là.
Le Président (M. Simard) :
Alors, cher collègue.
M.
Caire
: Mais
pour compléter ma réponse, là, je comprends puis je suis d'accord avec vous,
mais, à l'inverse, la personne qui dit : O.K., je sors, j'embarque dans ma
voiture puis...
Le Président (M. Simard) : Alors,
chère collègue, merci pour votre patience.
Mme Setlakwe : ...sur cette
question-là, j'étais là durant les consultations, on était tous un peu
préoccupés, justement, par ça, là. Tout est disponible en temps réel, les
résultats apparaissent, on va sur... on prend nos téléphones, on va voir. Puis
on disait... on se disait tous : Dites-nous qu'on est accompagné, si
jamais il y a des très mauvaises nouvelles à communiquer. Donc, moi, au
contraire, ça me rassure de voir ça. Mais la question que je veux... que je
pose, là : On dit, dans le cahier, que cette exception est déjà présente
dans les lois et règlements qui concernent l'accès aux renseignements.
Le Président (M. Simard) : Oui,
succinctement, parce que nous avons...
Mme Setlakwe : Oui. Est-ce
que... Donc, ce libellé-là, il n'est pas neuf?
M. Caire : Non.
Mme Setlakwe : C'est ça, ma
question : Ils existent déjà, ces mots-là?
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : Ce n'est pas
comme si on s'aventure dans une nouvelle terminologie?
M. Caire : Non, non, non. Ce
n'est pas du droit nouveau.
Mme Setlakwe : C'est du
libellé qui existe ailleurs?
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : Bon, ça, ça me
rassure. Puis moi, le dernier... c'était quasiment un commentaire : À
partir du moment où tu élabores un principe, tu énonces un principe, que toute
personne a le droit d'être informée en temps réel de ses renseignements détenus
par...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
Mme Setlakwe : Il faut...
M. Caire : Consentement.
Le Président (M. Simard) :
Veuillez poursuivre.
Mme Setlakwe : Il faut qu'il
y ait une... Il faut qu'il y ait une exception, il faut qu'on la rédige. Puis
je pense... en tout cas, moi, en ce qui me concerne, elle est convenable.
Le Président (M. Simard) : Il
y avait consentement pour que vous puissiez poursuivre, si vous vouliez ajouter
un petit mot.
Mme Setlakwe : Ah! merci.
M. Caire : Oui, oui.
Mme Setlakwe : Ah! c'est ça? O.K.
Le Président (M. Simard) :
Oui, désolé.
Mme Setlakwe : Non, mais c'est
tout. Ça me rassure de savoir que le libellé existe déjà.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, chère collègue.
• (18 h 30) •
Mme Setlakwe : Merci.
M. Caire : M. le Président. À
moins que le député de Rosemont... Puis en aucun temps je veux mettre fin à la
discussion, s'il souhaite poursuivre, mais, si on a fait le tour, avant de
suspendre...
M. Marissal : Ça va, la...
M. Caire : ...je proposerais
que nous adoptions l'article 17, M. le Président.
M. Marissal : Ah oui! Mais
bien sûr.
Le Président (M. Simard) : Alors,
est-ce que l'article 17 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Simard) : Adopté.
Alors, merci à nouveau pour votre précieuse collaboration.
Et, compte tenu de l'heure, nous ajournons
nos travaux. Au revoir.
(Fin de la séance à 18 h 31)