(Dix
heures trois minutes)
Le Président
(M. Simard) : ...je constate que nous avons quorum. Nous sommes
en mesure d'entreprendre nos travaux. Bienvenue à tous.
Comme vous le savez,
la Commission des finances publiques est réunie ce matin afin de procéder à
l'étude du volet Caisse de dépôt et placement du Québec des crédits budgétaires
du portefeuille Finances pour l'exercice financier 2022‑2023. Une
enveloppe de 2 h 30 min a été allouée pour l'étude de ces
crédits.
Mme la secrétaire,
bonjour.
La
Secrétaire : Bonjour.
Le Président
(M. Simard) : Y a-t-il des remplacements ce matin?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Alors, M. Reid (Beauharnois)
est remplacé par M. Tremblay (Dubuc).
Caisse de dépôt et placement
Le Président
(M. Simard) : Bienvenue à notre collègue. Vous connaissez nos
procédures, elles sont bien connues. Nous allons procéder par blocs d'échange
d'environ 20 minutes au cours desquels nous aurons questions et réponses.
Et, sans plus tarder, je cède la parole au critique de l'opposition officielle en
matière de finances, député de Robert-Baldwin. Cher collègue, à vous la parole.
Discussion générale
M. Leitão :
Merci, M. le Président. On saute tout de suite dans le sujet. Alors, à mon tour
de vous souhaiter la bienvenue, chers collègues, M. le ministre, M. Emond,
M. St-Gelais et toute l'équipe du ministère et de la caisse, chers
collègues des partis d'opposition. Alors, nous voilà donc à cette étape de
l'étude des crédits, toujours une étape intéressante.
Et, M. Emond,
nous allons passer, quoi, deux heures, deux heures et quelques avec vous, je
suis certain qu'on va avoir des sujets
intéressants à discuter avec vous. Moi, je vais certainement parler de...
tiens, d'investissement, de risque d'investissement, de contexte
économique international, même des questions de gouvernance de la caisse. Je
vais aborder tout ça, mais j'aimerais commencer par le train, par le REM, les
REM, pluriel. J'avais toute une série de questions que j'avais préparées pour
vous, mais, après l'annonce d'hier, woups! O.K., il faut ajuster, ajuster ces
questions-là. Mais, quand même, je pense que vous vous attendiez un peu à ça
aussi. Je pense que ce sont des sujets très... très intéressants et qu'on doit
essayer de discuter ici.
Je commencerais, si
vous me permettez, par une question toute simple, qui ne l'est pas. Bien sûr,
la Caisse de dépôt a engagé des coûts depuis 2020 dans l'étude, dans l'analyse
du REM de l'Est. Maintenant, le gouvernement, hier, avec la ville de Montréal,
ont annoncé qu'on passe à autre chose. Donc, première question, juste confirmer
avec vous. La caisse, vraiment, maintenant, s'est retirée complètement du REM
de l'Est. Donc, il n'y aura plus, peut-être, une partie ou une autre partie...
Non, non, la caisse est vraiment... n'est pas du tout impliquée dans un
éventuel futur projet de transport collectif qui servirait l'est de Montréal.
C'est bien ça?
Le Président (M.
Simard) : Alors, M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Bien, je pense que votre question...
M. Leitão :
Ce serait adressé à M. Emond, mais, regardez, M. le ministre...
M. Girard
(Groulx) : Alors, est-ce qu'il y a consentement pour que M. Emond
réponde?
Le Président (M.
Simard) : Alors, avec consentement, bien sûr, M. Emond pourrait
s'adresser à nous. Je constate qu'il y a consentement.
M. Girard
(Groulx) : ...
Le Président
(M. Simard) : Oui. Alors,
M. Emond, vous êtes un habitué de nos travaux, et tout le monde vous
connaît, mais néanmoins, là, pour les fins parlementaires que vous connaissez
bien, pourriez-vous d'abord vous présenter?
M.
Emond (Charles) : Oui, avec plaisir. Charles Emond, président et chef
de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Écoutez, vous avez
raison, la caisse ne participera pas dans la nouvelle mouture, là, qui est un
tout nouveau projet qui a été annoncé hier par le gouvernement et la ville de
Montréal.
Il est important de
comprendre et de bien séquencer tout ça. On a eu un mandat qui nous a été
octroyé en mai 2019 par le gouvernement du Québec pour répondre à une
question : Comment relier l'est et le nord-est au centre-ville de la façon
la plus efficace possible? On a fourni une proposition architecturale, on a
fourni une proposition de gouvernance... de
structure de gouvernance avec la ville, à la satisfaction de la mairesse, tout
ça. Donc, on est allés au bout de notre exercice.
Ceci dit, il y a un
nouveau projet, avec des nouveaux besoins qui ont été identifiés par les
instances. Et donc c'est leur prérogative. Ce que ça faisait, ça fait deux
étapes. Ça fait qu'on ne s'est pas retirés du REM de l'Est. L'arrivée d'un
nouveau projet mettait fin automatiquement aux travaux de planification du REM
de l'Est, ce qui nous amène, à ce moment-là, comme le prévoit l'entente,
entente qui est publique, à remettre nos études de façon transparente au
gouvernement pour qu'il puisse continuer ou s'en inspirer, en échange du
remboursement de nos coûts, sans pénalité.
Et, dans le nouveau
projet qui a été annoncé, on nous a demandé si on était intéressés de
participer. Dans ce nouveau projet-là, on n'avait pas assez de détails. Mais,
quand la ville a informé le gouvernement qu'il y avait un nouveau projet, le gouvernement, comme le premier
ministre l'a dit hier, ne s'attendait pas à ce que la caisse participe, pour
une foule de raisons. C'était un nouveau projet avec des nouvelles régions. Il
n'y avait pas de tracé précis.
Nous, quand on rentre
dans un projet, c'est parce qu'il y a eu des études sur la faisabilité
technique, financière. Il y a également
aussi une optimisation des lignes de métro, soit rajouter des wagons. Peut-être
qu'il y aura une... du métro. Et ça, ce n'est pas dans le champ de
compétence de la caisse. On a toujours dit : La caisse n'a pas besoin
d'être la solution à tous les enjeux de transport au Québec.
Donc, il y a eu fin
automatique par l'arrivée d'un nouveau projet de REM de l'Est, et on a décidé
qu'on ne ferait pas partie du nouveau projet, parce qu'on avait déjà fourni une
dizaine de versions, là, dans le REM de l'Est, puis c'était un nouveau projet en soi. Et donc, dans ce contexte-là,
non, on ne participera pas, pour répondre à votre question.
M. Leitão :
Merci. Donc, il y a eu certains coûts que... depuis la fin de 2019, bien
sûr. Bien, je ne sais pas si vous êtes à l'aise de nous confirmer que cela va
quand même... c'est dans l'ordre de grandeur de quelques centaines de millions
de dollars.
M. Emond
(Charles) : Je dirais plusieurs dizaines de millions de dollars,
peut-être un peu aux environs... un peu en bas de 100 millions, mais c'est
dans ce qui est constitué... Parce que je n'ai pas fait le total exact, mais
considérez un peu aux environs de 100 millions de dollars, qui n'est
pas très différent de ce qui a été fait pour des projets similaires, que ce
soit dans le REM 1 ou si on regarde, même, quand il y a eu l'étude pour le
prolongement de la ligne bleue par le passé. C'était à 60 millions pour un
tracé beaucoup plus petit.
Ce que j'aimerais
dire, c'est que c'est des études qui sont à l'étape qu'on appelle les études de
niveau bronze, c'est-à-dire que 90 % du travail est fait. Elles sont
prêtes à aller en appel d'offres. Donc, elles auraient été aussi probablement
dans le cadre d'un projet, même si ce n'était pas du tout le même projet, des
aspects qui sont tout à fait utilisables et puis avec lesquels le gouvernement
et la ville de Montréal peuvent aller de l'avant. Donc, ils l'auraient déboursé
probablement dans un projet équivalent. Et, en ce sens-là, bien, on va fournir
toutes les études, par transparence. On est très heureux d'y contribuer avec le
travail qu'on a fait dans les 14 derniers mois pour amener un projet ambitieux, oui, mais réaliste, réalisable.
Et, avec ça, un consortium est prêt à aller en appel d'offres, là, à 10 %
près. Et donc on va avoir le remboursement des coûts. On a eu confirmation par
le gouvernement dans le cadre de l'entente.
• (10 h 10) •
M. Leitão :
Maintenant, c'est peut-être un peu trop tôt, mais est-ce que la caisse
pourrait être intéressée à participer dans un consortium, je ne sais pas, un
modèle type Vancouver, par exemple, où la caisse participerait à la
construction mais pas nécessairement dans l'exploitation du nouveau système?
Est-ce que ça vous intéresse ou c'est quelque chose que...
M. Emond
(Charles) : Juste pour être clairs, que je réponde bien à votre
question : Donc, est-ce qu'on serait intéressés,
dans le projet qui est le nouveau projet, tout nouveau projet qui a été annoncé
hier, de ne pas le planifier mais le construire?
M. Leitão :
Oui. C'est ça, la question.
M. Emond (Charles) : Non. La caisse, dans son
modèle, assume tous les risques financiers et de construction. Et donc,
pour nous, ce ne serait pas possible d'assumer tous ces risques-là sans gérer
l'autre aspect sur la planification. On gère
quand même l'épargne, la retraite de plus de 6 millions de Québécois.
Donc, dans tous les gestes qu'on pose, il y a une discipline, il y a une
rigueur à chaque jour, et ça doit respecter certains critères. Donc, en ce
sens-là, pour nous, si on n'est pas dans
l'aspect de la planification de ce projet-là, on ne serait pas du côté de
l'exécution de la construction de ce
projet-là, parce qu'il y aurait une asymétrie entre qui nous demande de faire
quoi et qui, en bout de ligne, assume les risques financiers.
M. Leitão : Merci.
J'apprécie votre réponse. Je l'ai posée parce que ça avait été soulevé ici et
là que le modèle Vancouver, entre guillemets, pourrait être utilisé. Mais je
comprends entièrement votre explication.
Dans le temps, et ce n'est pas il y a si
longtemps que ça, dans le premier REM, disons-le comme ça, une des motivations
de la Caisse de dépôt était d'éventuellement pouvoir exporter ce modèle-là et
donc de faire des travaux similaires ailleurs qu'au Québec, au Canada ou
ailleurs dans le monde. Est-ce que vous pensez que ce que certains ont clarifié de... ont classifié d'échec... ce
n'est pas mon... ce n'est pas ce... moi, je ne le dirais pas comme ça, mais,
bon, la situation actuelle pourrait nuire à la Caisse de dépôt,
dans ses futures activités à l'étranger, pour construire des systèmes de
transport collectif comme celui qui était planifié pour Montréal, qui est
toujours à l'oeuvre, le REM 1? Est-ce que vous trouvez que c'est un peu
plus difficile maintenant d'aller chercher des contrats à l'extérieur, étant
donné ce qui vient de se passer avec le REM de l'Est?
M. Emond (Charles) : Absolument
pas. La Caisse de dépôt est l'un des trois plus grands investisseurs
institutionnels au monde en infrastructures. C'est un portefeuille de près de
45 milliards qui est appelé à croître jusqu'à
70 milliards dans les trois, quatre prochaines années. On est sur des
conseils d'administration. On est impliqués sur plusieurs des plus
grandes entreprises de transport collectif dans le monde, ici, sur d'autres
continents.
Évidemment, on parle d'échec. Moi, je vous
dirais qu'on a rempli... On est allés au bout de la question qu'on nous a
posée. C'était très important pour moi. Je suis extrêmement fier du travail qui
a été fait par les gens de CDPQ Infra puis les gens de la caisse qui ont été
impliqués. On a fourni une proposition architecturale qui rencontrait 80 %
des demandes du comité aviseur. J'ai fourni
personnellement, par écrit, une proposition sur la structure de gouvernance,
sur l'aménagement, quand on était rendus à cette étape-là, comme je l'avais
confirmé verbalement il y a plusieurs mois à la mairesse, et, encore, il y a
quelques semaines, elle en était ravie. Donc, quand on dit qu'on ne fait pas de
place à nos parties prenantes, on l'a fait au terme de 140 rencontres avec
la ville dans la dernière année et demie, 150 heures de consultations
qu'on a faites avec le comité aviseur.
Et on avait
aussi un projet qui, de notre point de vue... C'est toujours important, ça, je
pense, de le mentionner, l'acceptabilité sociale, dans nos sondages avec des
firmes reconnues. C'est un projet qui, malgré les critiques dans les
médias, avait 70 % d'appui par les utilisateurs éventuels. On est allés au
bout de ça.
Maintenant, une fois que c'est fait, la décision
revient. On a toujours dit que la caisse, ce n'est pas l'institution qui est
responsable de la planification des transports. Ça revient au ministère des
Transports et ça revient à la ville de Montréal dans ce cas-ci. Et donc, pour
nous, ce n'est pas un échec, parce qu'on est allés, on a répondu à la question
dans un temps rapide, dans des circonstances pas toujours faciles. On l'a
défendu. Et je trouve que c'est un travail
qui était de classe mondiale. Il n'y pas juste la caisse d'impliquée là-dedans.
Il y avait des dizaines et des dizaines d'experts d'ici et à
l'international.
Par rapport à l'international, pour répondre à
votre question, on a de l'intérêt. On regarde certains projets qui sont
intéressants ou qu'on nous approche, mais qui sont à un stade préliminaire, aux
États-Unis, au Canada ou ailleurs. Je vous dirais que c'est une poignée de
projets pour l'instant, parce que notre grande priorité actuellement, c'est de
faire arriver, et qu'on voie le train du REM 1 rouler dans quelques mois
sur la Rive-Sud, qui, pour nous, est une
étape très importante, concrète. Et, en ce sens-là, la caisse, je ne vois aucun
enjeu par rapport à l'attrait que le modèle va avoir, tant comme
investisseur en infrastructures que pour des projets similaires.
Le Président (M. Simard) : M. le
député.
M. Girard (Groulx) : ...
M. Leitão : Je pense que...
Le Président (M. Simard) : Oui. M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Pour
information à notre collègue, parce que je sais que vous n'êtes pas un adepte
des traditions parlementaires, généralement, la longueur de la réponse est
fonction de la longueur de la question. Mais vos réponses sont excellentes.
M. Emond (Charles) : Parfait.
Le Président (M. Simard) : Avec,
chaque fois, une certaine marge de manoeuvre. Alors, M. le député de
Robert-Baldwin, la parole vous appartient à nouveau.
M. Leitão : Bien, si... Je ne me
gênerai pas non plus de vous interrompre si...
M. Emond (Charles) : J'essaie de
vous donner beaucoup de contexte et de transparence.
M.
Leitão : Mais c'est très bien. C'est très bien. Alors là,
vous voyez, j'ai perdu le fil de... Le ministre a fait exprès, hein?
Comme ça, j'ai perdu le...
Le Président (M. Simard) : Mais il
ne faut pas lui prêter d'intentions.
M.
Leitão : Non, il ne faut pas. Donc, parlons de REM. Il y a le
REM 1, et j'y reviendrai aussi avec quelques questions sur ça, mais il y a aussi d'autres projets qui sont un peu
dans le décor, que ce soit sur la Rive-Sud, à Longueuil, que ce soit
vers Laval, etc. Alors, ce que j'aimerais savoir, M. Emond, c'est : À
quelle étape êtes-vous dans ces nouveaux REM? Est-ce que vous avez reçu une
demande formelle du gouvernement pour analyser la viabilité d'un REM à
Longueuil ou on est encore au stade des intentions?
M. Emond
(Charles) : Oui. Très succinctement, pour Laval, le projet d'étude a
été remis au gouvernement, et puis il y a des discussions, là, pour qu'une
décision soit prise, mais elle revient au gouvernement à ce stade-ci. Pour ce
qui est de la Rive-Sud, les études sont en cours.
Mais je reviendrais
aussi à l'essentiel de mon message. On est dans un contexte hors norme de
pandémie qui crée des délais, de
l'absentéisme. Au niveau des chaînes d'approvisionnement, c'est complexe. Il y a
une guerre qui crée une situation d'hyperinflation. Notre grande
priorité actuellement, numéro un, c'est de faire en sorte que le REM, l'antenne
de la Rive-Sud, est livré, qu'il soit opérationnel d'ici la fin de cette année,
comme promis.
M. Leitão : Donc,
Rive-Sud, vous voulez dire le tronçon...
M. Emond
(Charles) : L'antenne Rive-Sud du REM 1, je m'excuse, oui.
M. Leitão : C'est
ça. Brossard—centre-ville,
c'est ça?
M. Emond
(Charles) : Tout à fait.
M. Leitão : O.K. Très bien. Donc, l'autre, sur la Rive-Sud,
est-ouest, ça, c'est en étude, mais, pour que je comprenne bien, vous
n'avez pas encore reçu une demande formelle du gouvernement ou vous avez reçu
une demande formelle du gouvernement?
M. Emond
(Charles) : Oui. Les études sont en cours. C'est si et seulement si on
a reçu une demande formelle du gouvernement. Sinon, la caisse n'initie jamais
de projet seule, en soi.
M. Leitão : Très
bien. Merci de la précision. Donc, vous avez reçu une demande formelle du
gouvernement. Maintenant, tant pour Laval, est-ouest, que Rive-Sud, est-ouest,
étant donné ce qui s'est passé avec le REM de l'Est, comment est-ce que vous... allez-vous ajuster votre planification?
Est-ce que vous allez toujours continuer de favoriser un système aérien?
Pensez-vous qu'il y a lieu d'ajuster le modèle suite à ce qui vient d'arriver
avec le REM de l'Est?
M. Emond
(Charles) : Écoutez, pour ce qui est de Laval, nos recommandations ont
déjà été fournies, mais je vais laisser au
gouvernement, c'est le destinataire du rapport, répondre. Pour ce qui est de la
Rive-Sud, on est en train d'évaluer ces options-là. Alors, c'est à un
stade trop préliminaire pour vous dire quoi que ce soit. Mais on est... on est toujours à même de regarder les besoins puis de
parler avec les différentes parties prenantes dans des projets comme ça.
Ceci dit, ce qu'on
vise toujours à faire, c'est d'établir un système qui est fiable, qui est
fréquent pour les usagers et puis qui va bien répondre à ce que la communauté a
besoin. On s'améliore tout le temps. Je vais vous dire, M. le député, que ce soit entre le REM 1 ou même la
proposition du REM de l'Est, beaucoup de choses avaient changé, hein, il
n'y a personne de parfait. On apprend là-dedans. On évolue, on l'a démontré,
même le REM de l'Est. Il n'y a jamais rien qui est parfait. Puis c'est un
projet qui était différent aussi du REM 1. Donc, on est toujours dans ce souci-là d'amélioration continue, tant dans le
processus que... je dirais, que la technologie, le projet lui-même qui est
utilisé.
• (10 h 20) •
M. Leitão :
C'est ça. Parce qu'il me semble que l'attrait pour la Caisse de dépôt, pour
CDPQ Infra d'avoir un REM 2, REM 3, etc., bon, ce serait d'avoir des
économies d'échelle, donc, d'avoir la même technologie et le même système qu'on
pourrait déployer sur une plus grande distance. Mais peut-être... Corrigez-moi
si je me trompe, mais un tel système est viable financièrement seulement si ça
passe par un modèle aérien. Si ça doit être un autre type de modèle, alors là, ça va changer un peu. Et donc, pour la caisse,
est-ce que ce serait toujours intéressant d'avoir un autre système de
transport avec un autre équipement, une autre technologie, différente de celui
du REM 1?
M. Emond (Charles) : Bien, je vais peut-être
laisser le P.D.G. de CDPQ Infra, si vous me permettez, répondre à ces
questions plus techniques.
M. Leitão :
Certainement.
M.
Emond (Charles) : Mais,
pendant que je le laisse se préparer, ce que je dirais qui est très important,
la caisse n'a pas de visée de
tapisser le Québec de tous les REM et de plus de REM possible. J'aimerais être
très clair là-dessus.
M. Leitão :
Un REM Québec-Montréal? Non?
M. Emond
(Charles) : Oui. On est presque rendus à Trois-Rivières. Mais, vous
savez, néanmoins, on le fait parce qu'on a à coeur aussi le développement
économique du Québec. Puis c'est un élément important de ces infrastructures-là
en termes de qualité de vie, en termes d'accessibilité. C'est une foule
d'avantages, et il faut le voir.
Ceci
dit, si on était pour avoir juste le REM 1, M. le député, c'est un
résultat final qui nous convient. Donc, je
vous dirais, on n'est pas seulement animés par le fait de rentabiliser un
modèle, mais on essaie aussi d'avoir, je dirais, une technologie qui
vaut la peine pour l'usager qui fréquente, qui a une certaine fiabilité et qui
va assez vite aussi pour amener des gains d'efficacité. Mais je vais laisser
Jean-Marc Arbaud, si vous me permettez, peut-être compléter la réponse.
Le Président
(M. Simard) : Alors, monsieur, s'il vous plaît, un instant. Y
aurait-il consentement afin que le M. Arbaud
puisse s'adresser à nous? Il y a consentement. Monsieur, pour les fins de nos
travaux, auriez-vous d'abord l'amabilité, s'il vous plaît, de vous
présenter?
M. Arbaud (Jean-Marc) : Oui.
Bonjour. Je suis Jean-Marc Arbaud, président et chef de la direction de CDPQ
Infra.
M. Leitão : Bonjour.
Le Président
(M. Simard) : Merci, M. Arbaud. Nous vous écoutons.
M. Arbaud
(Jean-Marc) : Je voudrais juste préciser une chose sur le type, le
choix des technologies. Au final, dans chaque étude qu'on fait, on regarde les
différentes technologies disponibles, pas nécessairement juste type REM, et l'impact que le choix des technologies
peuvent avoir sur l'achalandage. Ça, c'est une chose qui est importante.
Et, quand on regarde... Par exemple, on
compare un tramway et des systèmes automatiques. À cause du temps d'accès, ça
peut diviser un tramway par 10, l'achalandage... même système. Je pense que
c'est une chose qui est importante à comprendre.
La deuxième, c'est
qu'on regarde d'abord d'un point de vue économique, donc de capacité à réaliser
un projet. Ça veut dire quel va être l'achalandage à l'origine, puis, à partir
de là, comment il se réalise. Et on n'est pas liés à le faire en aérien, mais
il y a toujours une balance qui est difficile économiquement, parce que ça
coûte plus cher en souterrain.
Mais, dans le cas
particulier qui a été énormément médiatisé, sur le tronçon pour le centre-ville
du REM de l'Est, on a apporté les études et le positionnement pour expliquer
qu'à cause de la nature particulière de la géologie dans le centre-ville de
Montréal, dans cette zone-là, on ne pouvait pas prendre... réaliser une partie
de tunnel. C'était excessivement coûteux, ça, c'est certain, mais aussi
dangereux et sans garantie de finalisation. Puis je peux donner un exemple
précis. Je n'ai même peut-être pas le temps, mais, le début du tunnel sous les
pistes, il y a une zone où on a commencé le tunnel du REM 1...
Le Président
(M. Simard) : En conclusion, s'il vous plaît, M. Arbaud.
M. Arbaud
(Jean-Marc) : Oui. En conclusion, il y a 300 mètres qui ont
exactement la même connotation qu'au centre-ville de Montréal. Dans ces
300 mètres là, on est restés bloqués et on a dû geler la tête du tunnelier
pour en sortir.
Le Président
(M. Simard) : Très bien. M. le député de Robert-Baldwin, vous
avez encore du temps, mais ce serait pris dans votre prochain bloc.
M. Leitão :
C'est ça. Juste vous dire, M. Arbaud...
Une voix : ...
M. Leitão :
Non, non. C'est très bien. On continuera après, parce que, justement,
j'avais des questions, vous avez lu dans mes pensées, sur le REM 1, les
difficultés du REM 1. Donc, on y reviendra après. Je pense que pour
l'instant mon temps est terminé, mais on y reviendra.
Le Président
(M. Simard) : Tout à fait.
M. Leitão :
Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous pour votre collaboration, cher collègue. Je cède la parole à la députée
de Mercier.
Mme Ghazal :
Merci, M. le Président. Bonjour, M. le ministre. Bonjour, chers collègues,
membres de la commission. Bonjour, M. Emond et toute l'équipe.
Je vais continuer
rapidement. Si c'est possible, M. le ministre, on peut... On a beaucoup
d'occasions pour échanger ensemble. Je vais
demander... Je vais poser des questions à M. Emond pour avoir le plaisir
de discuter avec lui.
M. Girard
(Groulx) : Ça ne m'offusque pas. Merci.
Mme Ghazal :
Même, ça vous fait plaisir. Je vais continuer rapidement sur le REM de l'Est.
Est-ce que les compensations qui vont vous être données, pour le projet, là,
qui finalement sera avorté, selon ce que vous avez travaillé... est-ce que ça
va être 100 % du coût, pour lequel vous allez être compensés, ou
uniquement la partie qui va être utilisée pour le projet futur?
M. Emond
(Charles) : Selon l'entente, 100 % du coût.
Mme Ghazal :
100 %. Et j'aimerais savoir : Maintenant que vous avez été exclus
du projet du REM de l'Est, est-ce que vous ressentez ça comme un désaveu de la
part du premier ministre dans les façons de faire de la caisse en matière de
transport en commun, connaissant que ce n'est pas vraiment son expertise?
M. Emond
(Charles) : On ne sent pas de désaveu, parce que ce n'est pas à nous
de décider s'il y a des nouveaux besoins d'identifiés, qu'il y ait un nouveau
projet. Le processus, comment ça fonctionne, c'est : Quand on nous pose
une question avec un mandat, on y répond. C'est ce qu'on a fait avec le REM de
l'Est. On était juste à la phase de planification. Il était fort possible...
Puis je l'ai même dit à la mairesse quand on a fourni notre proposition
architecturale, quand on a commencé à lui montrer les plans : Si vous ne
voulez pas le faire, le projet, Mme la mairesse, c'est bien correct avec nous,
ou si vous voulez faire un autre projet. Ça a toujours été très transparent
dans mes discussions avec le gouvernement et
la mairesse. On y a mis tout notre effort, tout notre coeur, beaucoup de
passion. On est quand même le seul qui est arrivé avec une proposition
concrète. Mais, pour nous, ce n'est pas un désaveu, parce que la caisse
n'a pas besoin d'être la solution à tous les projets de transport au Québec.
Mme Ghazal :
Donc, vous trouvez que c'était une bonne décision, dans le fond, que vous
vous retirez dans ce projet-là... de ce projet-là.
M. Emond
(Charles) : Bien, moi, ce que je vous dis, c'est qu'on n'a pas à juger
du nouveau projet. En arrivant avec un nouveau projet, ça mettait fin au
processus. J'ai rencontré la mairesse il y a peut-être un mois. Je lui ai
fourni la proposition de structure de gouvernance, parce qu'elle voulait que la
caisse s'occupe du transport, elle, de l'aménagement. Elle était ravie de cette
proposition-là. Une dizaine de jours après, elle a appelé le gouvernement pour
dire : Je veux un autre projet. Le gouvernement a dit : Je ne pense
pas que la caisse va embarquer. Ils nous en ont parlé. On a dit : Ça met
fin au REM de l'Est. Il dit : Pensez-vous embarquer dans l'autre? Puis on
a dit non.
Mme Ghazal :
Est-ce que ça enlève votre appétit de continuer? Vous dites que vous ne voulez
pas tapisser le Québec de REM, mais est-ce que ça enlève votre appétit de
continuer à faire des projets au Québec?
M.
Emond (Charles) : Non.
Écoutez, un projet ou des transactions, on les regarde cas par cas,
factuellement, et puis, si quelque chose fait du sens pour l'épargne des
Québécois, on le fait.
Le
REM 1, c'est un exemple de projet de développement économique important
qui fait fructifier les épargnes. Si la thèse... le projet change puis la thèse
n'est plus là, avec les critères qu'on a, on se doit de dire : Bien non,
ce n'est pas pour nous. C'est bien correct.
Mme Ghazal :
Les critères financiers, là, de la caisse.
M. Emond
(Charles) : Tout à fait. Bien, ça et d'autres choses, mais c'est un
élément important, parce qu'on est gardiens de ça.
Mme Ghazal :
O.K. Merci. Je vais aller sur un autre sujet, sur les salaires et les
primes. M. Emond, on apprend que votre rémunération globale, incluant
compensations, etc., est de 6,3... a été de 6,3 millions en 2021. Ça,
c'est, si je ne m'abuse, plus de 25 fois plus que le salaire du premier
ministre de tous les Québécois. C'est plus que le salaire de l'ensemble du Conseil
des ministres. C'est aussi plus de trois fois le salaire du P.D.G. de la caisse
il y a 10 ans, M. Michael Sabia, qui était de
1,74 million de dollars. Moi, je ne connais pas beaucoup de Québécois
qui ont vu leur salaire tripler et même plus
au cours des 10 dernières années. Est-ce que vous trouvez que votre
salaire global, juste à vous, là, je ne parle pas de l'ensemble des
salariés de la caisse... est-ce que vous trouvez que c'est décent ?
M. Emond
(Charles) : Écoutez, c'est difficile pour moi de commenter sur ma
propre rémunération puisqu'elle fait l'objet
d'une politique qui est entérinée. Puis ma rémunération est octroyée par le
conseil d'administration. Mais, si vous me permettez, notre président du
conseil, M. Jean St-Gelais, pourrait répondre à votre question.
Mme Ghazal :
Mais est-ce que vous trouvez ça décent ?
M. Emond
(Charles) : Bien, comme je vous dis, je ne suis pas celui qui
détermine ma rémunération. C'est le conseil
d'administration, avec une formule puis une politique qui est entérinée en
fonction de la performance, d'objectifs qui sont établis.
• (10 h 30) •
Mme Ghazal :
Bien, j'aimerais entendre... vous entendre, monsieur, et par rapport aussi...
Ce que ça disait, c'est que ça allait au-delà du seuil maximal qui est fixé par
les règles du gouvernement, ce salaire-là.
Le
Président (M. Simard) : Très bien. Alors, je crois comprendre que
la question s'adressait à M. St-Gelais, si tant est que M. le ministre
veuille bien que ce soit M. St-Gelais qui réponde.
Mme Ghazal :
Bien, juste peut-être quelques minutes pour préciser, puis je reviendrai
avec... à M. Emond, s'il vous plaît.
Le Président
(M. Simard) : Je vous en prie, madame.
M. Girard (Groulx) : La rémunération, c'est la
responsabilité du conseil d'administration. Je pense que c'est approprié
que M. St-Gelais intervienne, s'il y a consentement.
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. St-Gelais, vous connaissez nos usages. Auriez-vous d'abord l'amabilité,
s'il vous plaît, de vous présenter ?
M. St-Gelais
(Jean) : Oui. Bonjour. Mon nom est Jean St-Gelais, président du
conseil d'administration de la Caisse de dépôt et de placement du Québec.
Le Président (M.
Simard) : Nous vous écoutons, monsieur.
M. St-Gelais
(Jean) : Alors, oui, concernant la question qui est posée, le conseil
d'administration considère que la rémunération du président et chef de la
direction est tout à fait décente et appropriée. M. Emond évolue, puis la
caisse évolue dans le secteur financier, qui est un secteur qui est hautement
concurrentiel, où la rémunération est basée sur la performance, la concurrence,
parce qu'on sait qu'il y a beaucoup, beaucoup d'acteurs dans ce secteur-là, aussi
l'intérêt de tous nos déposants — on a 42 déposants à la caisse, il
faut les satisfaire selon leurs demandes — et puis évidemment la gouvernance, la gouvernance qui suit des pratiques
parmi les meilleures recommandées par le G20, là, le Conseil de
stabilité financière, qui dit comment les choses devraient se passer.
Alors, la
rémunération de M. Emond, il y a trois volets, si on peut dire, qui... qui
la déterminent. Le premier, c'est sa
performance individuelle, qui est évaluée par les membres du conseil. Le
deuxième volet, c'est sur la réalisation des objectifs stratégiques de
la caisse, dans quelle mesure ils ont été réalisés, ces objectifs-là, et,
troisièmement...
Le Président
(M. Simard) : Très bien.
M. St-Gelais (Jean) : ...troisièmement,
sur les résultats, la performance globale de la caisse, qui inclut maintenant,
depuis quelques années, un volet carbone aussi.
Le Président
(M. Simard) : Merci, M. St-Gelais. Mme la députée.
Mme Ghazal :
Merci beaucoup. Je voudrais vous remercier pour votre réponse, qui était déjà
écrite dans le document. J'ai quand même été donner du temps à votre collègue
pour répondre.
Maintenant,
j'aimerais vous entendre, vous, M. Emond. Je sais que vous venez du
secteur privé, où, justement, ce qu'on nous dit, c'est extrêmement
concurrentiel. Puis, si on veut avoir les meilleurs... Je suis... Je suis
certaine que vous avez beaucoup de talent pour faire le travail puis occuper la
fonction que vous occupez, mais jusqu'à quand ?
C'est quoi, la limite, quand c'est trois fois plus que le salaire il y a
10 ans, quand c'est beaucoup plus que le salaire du premier ministre?
Tiens, je vais vous
poser la question autrement, vu que vous avez refusé de me dire si votre
salaire est décent. Mais monsieur, lui, il a accepté puis il a dit qu'il était
décent. J'aimerais vous entendre. Est-ce que vous êtes d'accord avec ce qui a été dit par monsieur? Excusez-moi, j'ai oublié
votre nom. Est-ce que... M. St-Gelais. Est-ce que votre salaire est décent ? Lui, il dit qu'il l'est. Est-ce que vous, vous
considérez qu'il l'est quand même ?
M. Emond
(Charles) : Bien, ce n'est pas moi qui juge de ma rémunération, Mme la
députée.
Mme Ghazal :
Vous ne voulez pas.
M. Emond
(Charles) : Je vous dirais que, sur la rémunération d'ensemble à la
caisse, elle est... elle doit être responsable et minimalement compétitive.
Si on regarde la
rémunération globale à la caisse, salaires et primes, cette année, ça a monté
de 7,3 %. Sur cinq ans, c'est 2,8 % d'augmentation par année. Les
primes, je vais vous donner un chiffre plus élevé. Pour une année, ça a été les
meilleurs rendements absolus et relatifs en plus de 10 ans. C'est
50 % de la valeur ajoutée des 10 dernières années qui a été faite
dans la dernière année. On a battu nos pairs par une marge significative, et la
hausse de la rémunération a été de 13 %. L'année dernière, en 2020, elle a
été en baisse de 8 %, 9 %. Donc, ça varie en fonction de la performance
de l'institution, sur des critères qui sont extrêmement quantitatifs.
Mme Ghazal :
Dans le 6,3 millions, il y a aussi la compensation que vous avez reçue
parce que vous avez décidé de quitter le secteur privé, où vous étiez avant, la
Banque Scotia. Elle était de combien, cette compensation-là, pour nous donner
l'honneur de votre présence dans une société publique?
M. Emond
(Charles) : Bien, pour cette année, cette somme-là est de
1,8 million à peu près.
Mme Ghazal : Et c'était combien
globalement?
M. Emond (Charles) : Bien, c'est
inscrit dans le rapport annuel, là. C'est un montant qui est à peu près de
3,7 millions, je crois, j'arrondis, là, à peu près...
Mme Ghazal : Et, si on n'avait pas
donné... on ne vous avait pas donné 3,7 millions de dollars pour
venir dans notre société publique, la Caisse de dépôt et placement du Québec, est-ce
que vous auriez refusé de venir, avec le salaire moins le 3,7 millions sur
trois ans?
M. Emond (Charles) : Bien, c'était
simplement, je vous dirais, des revenus que j'avais gagnés en 2016, 2017, 2018.
Ils étaient gagnés, et puis je les ai reportés encore trois ans quand je suis
venu. Mais il y a une foule de facteurs qui ont fait en sorte que je me suis
joint à la caisse. C'est le rôle d'une vie, c'est un privilège, et puis je suis
très heureux. Puis il y a une foule de considérations professionnelles et
personnelles qui font que j'ai accepté de me joindre, puis j'en suis très
heureux.
Mme Ghazal : C'est un privilège,
mais qui doit être monnayable, là, avec 3,7 millions de dollars payés
par les Québécois pour que vous vous occupiez du bas de laine des Québécois.
Sinon, vous ne l'auriez pas fait.
M. Emond (Charles) : Non. Ce n'est
pas ça que je dis. Je dis juste que le conseil d'administration a... dans les
discussions avec moi, de le verser, puis c'est un élément factuel qui était là.
Et puis on fait la même chose avec les gens
qu'on essaie... moi, les cadres qu'on approche, quand les gens perdent des
sommes qu'ils avaient déjà gagnées à l'extérieur, pour les attirer. Ça
fait partie des discussions.
Mme Ghazal : Puis, le salaire du
premier ministre, est-ce que vous le trouvez raisonnable?
M. Emond (Charles) : Je n'ai pas...
Mme
Ghazal : Il est combien? Il
n'est même pas 200 000 $, je pense, je ne me rappelle plus c'est
combien, là, ou 250 000 $.
M. Emond (Charles) : Bien, je ne
m'objecte pas à ce que le premier ministre soit payé plus cher. Je n'ai pas
d'opinion sur le salaire ou la rémunération du premier ministre. Je ne pense
pas que c'est de mon ressort ou de ma compétence.
Mme Ghazal : Mais comment est-ce
qu'on explique cet écart-là? Je veux dire, M. le ministre des Finances, il gagne beaucoup moins que vous, mais est-ce
qu'il est moins talentueux? Est-ce qu'il en donne moins aux Québécois
que vous? C'est déjà indécent dans le secteur privé, les salaires mirobolants
et incroyables, mais, quand on est dans une
société d'État puis qu'on a l'honneur et le privilège de servir l'ensemble des
Québécois, n'est-ce pas indécent d'avoir un salaire aussi... une
différence de salaire aussi importante avec la majorité des gens, qui
travaillent très, très fort, eux aussi?
J'essaie
juste de comprendre, de parler avec le Québécois qui est devant moi, pas
uniquement le P.D.G. d'une... de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Est-ce que vous, là, quand vous parlez avec M. et Mme Tout-le-monde, qui
travaillent très, très fort à tous les jours, vous n'êtes pas gêné d'avoir un
salaire aussi élevé?
M. Emond (Charles) : Je pense que
vous me posez des questions par rapport à si je considère que le ministre est
moins talentueux ou que les gens ne travaillent pas fort. Vous m'amenez sur un
terrain, je pense, qui n'est pas du tout représentatif de comment je pense ou
je perçois le fonctionnement de la société. Vous portez des jugements de valeur
sur comment je porte une opinion sur tout cet écosystème-là, et ce n'est pas le
cas. Je suis quelqu'un de respectueux, je
suis quelqu'un de responsable et puis je m'applique à être vraiment intègre et
à rendre les Québécois fiers du travail qu'on fait, moi et mon équipe.
Mme Ghazal : Mais...
Le Président (M. Simard) : ...m'excuse.
Une question de règlement, M. le député de Vanier-Les Rivières?
M. Asselin : ...échanges, M. le
Président, que la députée devrait s'adresser à vous. Est-ce que le règlement a
changé ou...
Le Président (M. Simard) : Non, non.
Écoutez, nos discussions vont quand même bon train, puis il est d'usage que,
lorsque le climat est bon, comme il l'est en ce moment... qu'on puisse avoir
des échanges relativement directs. Mais,
comme d'habitude, bien sûr, je nous invite à la plus grande des prudences. Et
donc nous pouvons poursuivre. Il vous reste 8 min 25 s,
chère collègue.
Mme
Ghazal : Oui. Merci beaucoup, M. le Président...
M. Girard
(Groulx) : ...commente sur cet intéressant sujet ou...
Mme Ghazal :
Non. Merci.
M. Girard
(Groulx) : Non? Parce qu'on aura plusieurs occasions de parler...
Mme Ghazal : ...on
aura d'autres occasions pour échanger.
Le Président (M.
Simard) : Parce qu'évidemment...
Mme Ghazal : Parce que vous allez me dire la même chose,
j'imagine. Mais on aura d'autres... d'autres moments.
Le Président (M. Simard) :
Oui. De toute manière, le ministre peut intervenir quand il le souhaite dans la
réponse posée à la question. C'est d'abord lui qui en est le fiduciaire.
Mme Ghazal : Moi,
c'est vraiment par rapport aux gens, aux Québécois qui écoutent ça.
M. Girard
(Groulx) : Oui, mais...
Mme
Ghazal : Vous savez, il y a
de plus en plus de cynisme dans la population par rapport à nos institutions.
Ça amène des gens, partout à travers le monde, des gens, même, qui vivent de la
pauvreté, malheureusement, à aller dans des partis plus de droite, parce qu'ils
n'ont pas confiance en nos institutions. Puis, quand ils voient des chiffres
mirobolants comme ça, de quelqu'un qui est là pour le service public... C'est
ça, être à la tête d'une société d'État. Comme toutes les sociétés d'État, on
est là aussi pour le service public, pas juste pour s'en mettre plein les
poches. Il y a un cynisme qui augmente. Et, quand nous qui sommes ici, à
l'Assemblée nationale... Quand on parle aux gens, ils ont l'impression qu'on
est là juste pour nous en mettre plein les poches, ce qui n'est pas la réalité
de la grande majorité de tous mes collègues qui sont ici. Mais j'inclus... Il
faut aussi inclure les P.D.G. comme M. Emond, comme ceux qui se votent et qui se paient des primes sur des bases
objectives, dans notre monde capitaliste, où il n'y a pas aucune limite.
Moi, je pense à ces
gens-là qui voient ça, pas seulement ici. Ce n'est pas moi qui... seulement la
députée de Mercier qui vous pose des questions, mais je me mets à la place des
gens qui ont l'impression que leurs institutions sont de plus en plus
déconnectées de leur réalité. Mais je comprends que M. Emond est un petit
peu insensible à ça, puisqu'il refuse de répondre.
M. Girard
(Groulx) : Bien, moi, je vais intervenir sur ce point, là. Je veux
simplement...
Le Président
(M. Simard) : Je nous rappelle quand même à l'ordre et à la
prudence. Il y a des règlements très clairs au regard desquels on ne peut
prêter d'intentions à quelque parlementaire que ce soit, et, à mon sens, ce
type, également, de règlement s'applique aux personnes qui sont présentes et
qui les assistent dans leurs fonctions. Donc, je souhaite qu'on arrête de
prêter des intentions à qui que ce soit. M. le ministre, à vous la parole.
M. Girard
(Groulx) : Bien, j'allais simplement rappeler à tous la taille de
l'institution dont on parle : 420 milliards d'actifs. On parle d'un
des plus gros gestionnaires de portefeuille au monde, dont nous sommes très
fiers, et dont la qualité des employés est une condition pour ses... les
déposants. La caisse a un rôle de fiduciaire. Les déposants, les Québécois
confient à la Caisse de dépôt leur retraite. Et c'est un gestionnaire de
portefeuille qui doit être de classe mondiale, qui est de taille mondiale, et
donc la rémunération doit être compétitive. Et cette rémunération-là est basée
sur la performance, sur la relation par rapport au risque et la performance à
moyen et long terme. Et alors, lorsqu'on regarde les rendements de la caisse,
la performance est bonne un an, cinq ans, 10 ans par rapport à ses pairs,
par rapport à ses indices de référence, et c'est pour ça que la rémunération
est élevée.
• (10 h 40) •
Mme Ghazal :
Donc, si la rémunération n'a pas été aussi élevée, si elle n'a pas
augmenté, pour la haute direction, de
26 %, pour l'ensemble des employés de la caisse, on n'aurait pas eu cette
performance-là. C'est ce que je comprends. Donc, M. le ministre, vous dites que
c'est un salaire décent, 6,3 millions pour le P.D.G. d'une société d'État.
M. Girard
(Groulx) : ...je dis, c'est que, dans la rémunération, il y a une
composante salaire, une composante variable. La composante variable est
fonction du rendement, de la relation au risque, de la performance par rapport
aux indices de référence, les pairs. Donc, on a un gestionnaire de classe
mondiale, on doit payer pour avoir des gens de qualité mondiale.
Mme Ghazal :
...c'est décent? Oui, non, ou je ne veux pas répondre?
M. Girard (Groulx) : C'est en
fonction de l'importance de l'institution, qui est une institution de classe
mondiale. Il faut donc payer des salaires de niveau mondial.
Mme Ghazal : Donc,
c'est décent.
M. Girard (Groulx) : Je n'ai
pas de...
Mme Ghazal : Je ne veux pas
répondre. O.K.
M. Girard (Groulx) : Je ne
commenterai pas cet adjectif. C'est en fonction de la responsabilité. C'est en
fonction de la responsabilité.
Mme Ghazal : O.K. Donc, c'est
justifié. C'est ce que j'entends. Je voudrais aller à un autre...
M. Girard (Groulx) : C'est
justifié. C'est ce que vous entendez.
Mme Ghazal : Très bien. Bon,
mais ce n'est peut-être pas décent. Donc, vous... le ministre accepte de dire
que c'est justifié, mais il n'accepte pas de dire que c'est décent. Je ne sais
pas comment interpréter ça.
M. Girard (Groulx) : Il n'y a
pas de question là-dedans. Est-ce qu'il y a une question?
Mme Ghazal : Oui.
M. Girard (Groulx) : C'est
quoi, la question?
Mme Ghazal : Le ministre
accepte de dire que c'est justifié, mais il refuse de dire si c'est décent.
Est-ce que c'est parce que c'est indécent?
M. Girard (Groulx) : Non, mais
je veux juste vous expliquer comment ça fonctionne.
Mme Ghazal : Non...
M. Girard (Groulx) : C'est qu'on
embauche des consultants...
Le Président (M. Simard) : ...à
l'ordre, là! Pensez à ceux qui...
M. Girard (Groulx) : ...pour...
Le Président (M. Simard) : Non. S'il
vous plaît! À l'ordre! À l'ordre! Non, M. le ministre. À l'ordre! Je voudrais
juste faire un petit rappel. C'est très bien et très sain qu'on ait de bons
débats, mais pensez à ceux qui retranscrivent nos travaux. Si on parle l'un
par-dessus l'autre, on n'avance pas. Alors, on reprend. Cette fois-ci, la
parole est au ministre.
M. Girard (Groulx) : C'est fait
de manière professionnelle et responsable.
Mme Ghazal : ...il y a eu le
rapport de... Là, je voudrais poser ma question à M. Emond. Il y a eu le
rapport de la Vérificatrice générale, en mars, qui dit que c'est très important
de renforcer la détection des conflits d'intérêts et des fraudes. Et on aura
appris aussi, grâce au travail journalistique, qu'il y avait un conflit
d'intérêts qui n'avait pas été révélé, de M. Paul Chin, qui était un V.P.
à la caisse et actionnaire d'un centre commercial, qui a reçu un prêt de 20,5 millions de
dollars. Suite à ce rapport-là de la Vérificatrice générale... Et on sait qu'il
y a eu des révélations en 2019. Il y a eu du ménage qui a été fait à l'époque,
avec votre prédécesseur. Est-ce que le ménage est terminé à la caisse et à ses
filiales?
M. Emond (Charles) : Tout à fait. Je
vous dirais, le travail de la VGQ... L'audit de conformité qu'il y a eu
récemment, là, où est-ce qu'il y a eu plus de 75 000 documents remis
et du travail pendant neuf mois, la VGQ a reconnu que les codes d'éthique de la
caisse sont parmi les plus rigoureux dans l'industrie. On a aussi harmonisé, pour répondre à votre question, ce code
d'éthique là de nos filiales avec celui de la caisse.
Les situations dont vous faites mention ne
pourraient pas se reproduire, et donc, en ce sens-là, je tiens à préciser que
les gens peuvent avoir confiance. La caisse fonctionne de façon extrêmement
intègre, très rigoureuse, très exigeante par rapport à ses pairs. Et, dans
l'industrie, on est déjà à l'avant-garde dans notre secteur. Mais je peux vous dire qu'on accueille favorablement toutes les
recommandations du VGQ qui nous incitent à continuer à améliorer nos
processus. Mais on est à un endroit, déjà, où est-ce qu'on est, de loin, un
standard dans l'industrie en termes de rigueur.
Mme Ghazal : Il me reste très
peu de temps. Est-ce que, donc, vous seriez d'accord pour que la Vérificatrice
générale puisse aussi faire des audits de performance sans demander... sans
demander l'approbation du conseil d'administration?
C'est le seul endroit où elle n'a pas le droit de le faire sans l'approbation
du conseil d'administration. Est-ce que vous
acceptez que ce fait soit changé puis que la VG puisse faire ses audits de
performance sans aucune contrainte de votre part ou de la part du conseil d'administration?
M. Emond
(Charles) : Pour nous, ce n'est pas nécessaire, parce que le comité
d'audit, qui est un sous-comité du conseil d'administration, a déjà, ce qui est
prévu dans sa loi, le mandat d'effectuer ce plan d'optimisation de ressources qu'est
l'audit de performance. Il dépose un rapport à chaque année. Il faut comprendre
que la VGQ assiste à tous nos comités d'audit. Elle est coauditrice de nos
états financiers. Donc, elle voit tout ce qui est fait, jamais soulevé aucune
inquiétude, aucune préoccupation.
Mme Ghazal :
...un deuxième avec la Vérificatrice générale?
M. Emond
(Charles) : On ne pense pas que c'est nécessaire, parce qu'il faut
qu'il y ait une préoccupation, une inquiétude, un enjeu, une perte de
ressources majeure comme... Et, dans ce cas-ci, ce qu'on regarde, c'est que la
caisse a eu ses meilleurs rendements. Elle est bien gérée. On fait aussi...
Mme Ghazal :
...la confiance... Pardon.
M. Emond
(Charles) : ...on fait aussi bien que nos pairs, pour beaucoup moins
cher. Si vous regardez nos pairs, leurs coûts d'opération sont 75 % plus
élevés que ceux de la caisse. Alors, de ce côté-là, pour nous, il n'y a aucun
enjeu. Puis elle voit tout, puis il n'y a jamais eu d'inquiétudes de soulevées.
Mme Ghazal :
Bien, elle, elle le demande. Vous, vous dites non. Le ministre aussi dit
non. C'est la seule exception, à la caisse. Puis, pour la confiance du public,
peut-être que ce serait bien, pour la confiance.
M. Emond
(Charles) : Bien, je pense...
M. Girard
(Groulx) : ...aucune demande formelle en ce sens.
Mme Ghazal :
Bien, je vous le demande. Donc, je vous le demande. Est-ce que vous
acceptez?
M. Girard
(Groulx) : Non.
Mme Ghazal :
O.K.
M. Girard
(Groulx) : Bien, je n'ai pas eu de demande formelle.
Mme Ghazal : O.K. Donc, c'est ça que
ça prend, une demande formelle de la part de la Vérificatrice générale,
puis vous acceptez.
M. Girard
(Groulx) : Je peux vous dire qu'on avait une demande de rétablir les
états financiers, on avait une note aux états financiers, là, puis on l'a fait.
Mme Ghazal :
O.K. Est-ce que vous étiez au courant...
Le Président
(M. Simard) : En conclusion, s'il vous plaît.
Mme Ghazal :
Très bien. Merci. Est-ce que vous étiez au courant du conflit d'intérêts de
monsieur... avec M. Paul Chin, M. Emond?
Le Président
(M. Simard) : ...merci beaucoup. C'est le temps dont nous
disposions pour ce bloc d'échange. Je cède maintenant la parole au député de
Robert-Baldwin, qui dispose de 20 minutes.
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Alors, écoutez, on en reparlera, de ces enjeux-là,
mais je voulais... je voudrais poursuivre là où on était quand on s'est
arrêtés. M. Arbaud, on parlait du REM 1. Et, pendant que vous vous prépariez, comme M. Emond avait dit
avant, j'avais une question... j'ai une question pour M. le ministre, et ça
concerne le REM de l'Est, et donc les changements qui ont été annoncés
hier.
Et
donc un nouveau projet va avoir lieu. Bien sûr, il n'est pas au PQI, au
programme québécois d'infrastructures. On parle quand même de quelque chose qui
pourrait être aux alentours de 10 milliards. 10 milliards, c'est
quand même un montant substantiel. Alors, M. le ministre, en tant que ministre
des Finances, comment vous voyez ça? Comment vous voyez une... Comment
on va financer une telle infrastructure? Parce que, justement, l'attrait du
modèle de la caisse, c'était que la caisse allait assumer une bonne partie des
coûts de financement, et là, maintenant, ça devrait être le gouvernement.
Alors, comment est-ce que vous allez faire pour intégrer ça au cadre financier?
M. Girard
(Groulx) : Bon, alors, comme vous le savez, le PQI... Il y a
trois phases dans le PQI. Il y a à l'étude, en développement et en
réalisation. Et on peut... Pour nos auditeurs, on pourrait dire que le
REM 1 est définitivement en réalisation. Il est à la
veille d'être réalisé, à la gare centrale, pour la branche de la Rive-Sud, puis
le REM de l'Est était en planification.
Et donc les... Lorsqu'un projet, dans le cas...
La distinction, le REM 1 et le REM de l'Est, dans son ancienne mouture,
c'est qu'il était hors bilan, c'est-à-dire que le gouvernement prenait une
position d'équité plutôt que de dette.
Alors, c'était un actif plutôt qu'un passif. Mais l'actif doit quand même être
financé. Alors, un nouveau projet qui serait fait de manière plus
traditionnelle ou comme la ligne bleue, par exemple, bien, ça nécessitera du
financement à long terme et ça s'ajoutera à la dette et au PQI.
Maintenant, je tiens à rappeler à tous, là, que
les finances publiques sont en... dans un excellent état, que nous avons
recommencé à diminuer le poids de la dette, et qu'on voit l'équilibre
budgétaire se pointer à l'horizon, puis que
nos programmes sont bien financés. Alors, finalement, le bilan du Québec, le
bilan... Moi, je suis le fiduciaire des finances publiques pour les
Québécois. La santé financière du Québec est exceptionnelle, et il n'y a aucun
doute qu'on a besoin de faire des
investissements supplémentaires en infrastructures et qu'on a la capacité
financière de le faire.
• (10 h 50) •
M. Leitão : ...et donc je... Je
conclus, de vos propos, que, quand le temps viendra... Parce que c'est... Comme
vous avez dit, là, il y a plusieurs étapes. Ce n'est pas qu'on va aller
emprunter 10 milliards demain matin. Ce n'est pas ça. Donc, on va intégrer ces dépenses au PQI, au programme québécois
d'infrastructures. Mais ma question : Est-ce que cela va prendre la
place d'autres projets qui sont déjà inscrits au PQI — je ne
penserais pas, mais il y a cette possibilité — ou
alors on va rajouter au PQI, qui a maintenant... je pense que c'est
135 milliards...
M. Girard (Groulx) : ...
M. Leitão : 142, voilà — je
suis un peu en retard, hein, les milliards, à un moment donné... — et
donc on va encore rajouter au PQI? Et puis ne parlons pas d'autres projets,
qu'il y en a aussi, parce que...
Et c'est là le sens de ma question. Dans le PQI
aujourd'hui, je pense que c'est... c'est 10 %, à peu près, de projets de
transport collectif. Donc, on parle de 13,5 milliards, 14 milliards
qui sont inscrits aujourd'hui au PQI. Le gouvernement, le premier ministre le
premier, en réponse à nos questions, quand on pose des questions, nous revient toujours avec 55 milliards de projets en
transport collectif. 14 milliards, 55 milliards, j'ai un peu de
difficultés à voir, là, le... à réconcilier ces deux chiffres-là. Et
puis là, maintenant, il y aura un autre montant substantiel qui va s'ajouter.
Donc, ma question est tout simplement :
Est-ce que le PQI va aller à 150, 160 milliards ou est-ce qu'il y aura un
processus de... de priorisation, donc, certains projets qui sont maintenant
inclus au PQI devraient probablement être enlevés pour ajouter des nouveaux?
C'est un peu dans ce sens-là que j'aimerais avoir votre avis, parce que j'ai
toujours de la difficulté à réconcilier les 14 milliards dans le transport
collectif inscrits au PQI et les 55 dont le premier ministre parle souvent. Je
trouve ça un peu...
M. Girard (Groulx) : Alors, le 55,
c'est la valeur nominale ou le notionnel de l'ensemble des projets de transport
collectif qui sont envisagés, et ça inclut, évidemment, la contribution des
autres paliers de gouvernement, tandis que le PQI, c'est la contribution du
gouvernement du Québec. Et, pour ce qui est de votre question, est-ce que ça
veut dire que le PQI va augmenter, bien là, vous... ce serait vraiment
présomptueux de vous annoncer la taille du PQI 2023-2024, parce qu'on
vient de déposer le PQI 2022-2023, puis, en plus, il y aura une élection
d'ici là, et le gouvernement, le prochain ministre des Finances pourra
divulguer. Mais moi, ce qui est important de vous dire, c'est que le Québec a
la capacité financière de faire plus.
Il y a une autre contrainte. Il y a l'aspect
financier... Pour l'aspect financier, je tiens à rassurer tout le monde, nous
avons la capacité financière de faire plus. Et nous faisons déjà beaucoup,
toutes proportions gardées, par rapport à certaines autres provinces. Il y a la
capacité de construction. On ne peut pas avoir... construire plusieurs REM en
même temps, alors que, déjà, le REM, le premier
REM, qu'on appelle le REM 1... On pourrait aussi dire que c'est quatre
REM, hein? Il y a une antenne de la Rive-Sud, il y en a une vers l'aéroport, il
y en a une vers l'ouest puis il y en a une vers le nord. Alors, il y a beaucoup
de ressources, de firmes, d'énergies qui sont canalisées vers cela. Et puis
ensuite il y a les citoyens qui doivent circuler, par exemple, sur l'île de
Montréal, à travers différents chantiers
de... Ça fait qu'il y a un aspect de qualité de vie lorsque... Donc, il n'y a
pas juste des contraintes financières. Il y a des contraintes de
capacité de production puis il y a des contraintes de... ce que j'appellerais,
de qualité de vie des citoyens.
Alors, pour
ce qui est des contraintes financières, le Québec a la capacité. C'est un
crédit AA. On a un bon bilan. Notre dette diminue, on voit
l'équilibre budgétaire. Donc, on a la capacité d'en faire plus.
M. Leitão : ...on en reparlera,
de ça. Nous avons plusieurs... plusieurs opportunités, aujourd'hui et demain,
de revenir... Parce que, oui, en effet, moi, j'aimerais bien revenir sur la
capacité financière, mais on va y aller dans l'ordre,
et là, maintenant, j'aimerais poursuivre avec M. Arbaud au sujet du REM 1,
du REM existant. Mais on reviendra, M. le ministre, sur la capacité
financière.
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. Arbaud.
M. Leitão : Très bien. Mais je
vais poser la question d'abord.
Le Président (M. Simard) : Il
fallait, néanmoins, qu'il puisse prendre place.
M. Leitão : Oui.
Non, très bien. Donc, j'aimerais, oui, revenir sur le REM 1. Comme vous le
savez très bien, c'est un projet qui... pour
lequel j'ai un certain intérêt, pour ne pas dire un intérêt certain. Et, bon,
nous sommes rendus à 2022, et ce n'est pas encore tout à fait terminé. Et donc
j'aimerais qu'on parle un petit peu de ça, pourquoi ce n'est pas encore
terminé. Je suis très conscient des questions d'ordre technique qui ont... qui
ont surgi. Et vous aviez d'ailleurs commencé... Dans le bloc précédent, à la toute
fin, vous aviez commencé en parlant du tunnel au centre-ville, et j'aimerais...
si vous pourriez peut-être nous expliquer un peu plus pourquoi ça a généré les
retards que ça a généré et pourquoi c'était si... si surprenant, d'un côté, et
puis si compliqué de vraiment régler cette situation-là.
M. Arbaud
(Jean-Marc) : Bien, pour le... Vous posez la question pour le
tunnel au centre-ville, sur l'ensemble? Je pense que je vais prendre une
minute pour faire le contexte où on en est.
Là, on travaille vraiment fort pour arriver. On
vise une mise en service de la Rive-Sud à la fin de l'année. Trois étapes fondamentales. La première, c'est...
à la fin de cette semaine, on démarre des tests réels d'opération sur la partie
entre le pont Champlain et le terminal Rive-Sud. À partir du début du mois de
juillet, on vise l'électrification de
l'ensemble jusqu'à la gare centrale et, à partir de là, on démarre les tests
complets en mode de fonctionnement. Ça, ça prend habituellement une
certaine durée. Et on verra la date où on dit : Le système est fiable,
stable, etc., pour ouvrir au public. Mais on vise le 1er décembre, sans
aucune...
Deuxième élément. Quand je suis venu l'année
dernière, on a parlé... Mais il y a beaucoup de choses dans le projet. On est un peu en retard, c'est vrai, mais
on a construit ce projet-là en quatre ans, avec deux ans de pandémie. Puis,
pour le gérer chaque jour au quotidien, maintenir des projets où il y a
4 000... Il y a à peu près 1 000 ingénieurs, en permanence, qui
travaillent sur le projet et 3 000... 3 000,
4 000 travailleurs, et coordonner et continuer leurs réalisations en
période de pandémie, c'est difficile.
Le tunnel,
essentiellement, ce qu'on a trouvé à l'intérieur du tunnel, ce sont des résidus
d'explosifs qui avaient été utilisés pour la construction du tunnel, et
que personne n'avait jamais enlevés, et qui étaient là depuis 100 ans, où
l'ensemble des trains lourds passaient. Donc, suite à ça, on a été obligés de
concevoir des robots pour faire des percements...
oui, bien, vous posez une question sur la dynamite dans le tunnel, des
percements pour qu'il n'y ait pas... dans des conditions sécuritaires.
Et maintenant le tunnel est nettoyé...
Le Président (M. Simard) : Très bien.
Merci.
M. Arbaud (Jean-Marc) : ...et on a
résolu les problèmes techniques.
M. Leitão : Merci. Mais il y a, il
me semble aussi, un enjeu, ou c'est peut-être relié au même, je ne sais pas, en ce qui concerne, donc, l'arrivée, vraiment, au
centre-ville, là. La rue McGill College, en dessous, les terrains étaient
instables, et tout ça. Et surtout, il me
semble, la construction de la station «multipurpose», la station où le REM va
s'arrimer au métro de McGill, ça a été beaucoup plus complexe que ce que
vous aviez anticipé.
M. Arbaud (Jean-Marc) : Oui. On a
trouvé que le tunnel qui avait été construit, c'était la même chose... qui a
plus de 100 ans d'âge, était dans un état de... très endommagé à cause des
infiltrations de sel et sur la durée. Donc, on
a mis au point des techniques pour reconstruire ce tunnel sans ouvrir la
chaussée, en utilisant des techniques de parapluie. Mais l'ensemble de
ces problématiques-là sont derrière nous.
• (11 heures) •
M. Leitão : O.K. Donc, ça avance. Et
donc, là, on vient du côté un peu plus...un peu plus à l'ouest. Parce que, là, regardez, moi, j'y passe presque à chaque
jour quand je suis chez moi, dans le coin de l'autoroute 40,
Pointe-Claire, Dorval, etc., et, à un moment donné, on a vu que les
travaux avançaient rapidement, mais là, depuis un certain temps, on dirait
qu'il n'y a rien qui se passe. Alors...
M. Arbaud (Jean-Marc) : Non, ce
n'est pas tout à fait vrai.
M. Leitão : On dirait. Je ne sais
pas si c'est le cas ou pas.
M. Arbaud
(Jean-Marc) : Non. On est en train de... Je sais, les voies
surélevées sont construites. On a... Il y a à peu près... quasiment
40 chantiers différents d'ouverts à l'échelle du REM. On est en train
d'installer, maintenant, dans toutes ces zones-là, toute la partie électrique,
les câblages, les voies. Donc, il y a des travaux qui se passent, mais
au-dessus des voies surélevées. Et, pour nous, l'ensemble de l'échéancier, à
cause du tunnel, c'est d'ouvrir les autres branches à la fin de 2024.
M. Leitão : Très bien. Merci. Et
c'est là où je voulais aller, parce que... Et on avait parlé de ça avant,
M. Arbaud, avant même la pandémie, en 2019, parce que, dans... Dans notre
coin, il y a une des antennes du REM 1, c'est l'ancienne ligne de
Deux-Montagnes. Et donc ça a causé beaucoup de désagréments aux citoyens qui
utilisaient cette ligne. Et là, depuis déjà un certain temps, évidemment, il
n'y a plus de service. Bon, la pandémie est arrivée, donc ça a changé un peu, là, toute la dynamique, mais là, maintenant,
avec un peu de chance, là, on sort de pandémie, donc on voit déjà un
achalandage à nouveau sur les routes, les autoroutes, etc. Et là les questions
qui nous étaient posées en 2018, 2019 : Quand est-ce que... quand est-ce que je
vais pouvoir prendre le train? Quand est-ce que je vais arriver au
centre-ville? Et quelles sont les mesures de mitigation?
On avait mis... On, c'est-à-dire
la caisse, en collaboration avec la STM, avait mis en place des... des mesures
pour pouvoir quand même aider les citoyens de Deux-Montagnes et de
Pierrefonds-Roxboro, ville Saint-Laurent, de pouvoir quand même se rendre au
centre-ville. Pandémie, tout ça a changé. Mais là qu'est-ce qui va se passer,
là? Parce que les gens me posent la question, et puis... Quand est-ce que je
peux prendre le train? Et qu'est-ce qui va se passer entre-temps? Comment
est-ce que je vais me rendre au centre-ville si le train ne fonctionne pas
avant 2024?
M. Arbaud (Jean-Marc) : Bien, pour
moi, les mesures de... transitoires doivent être maintenues et seront
maintenues. Je n'ai pas eu de... aucune notification puis de... comme quoi ces
mesures transitoires ne seraient pas en place jusqu'à la fin du... jusqu'à la
fin du projet. Mais, la mise en service, je ne veux pas être trop ambitieux,
donc je peux dire qu'elle ne sera... du système, avec une liaison jusqu'à la
gare centrale, à cause des problématiques sur le tunnel, ne sera pas avant la
fin de 2024, peut-être plus tôt.
M. Leitão : Pas avant la fin de...
M. Arbaud (Jean-Marc) : Pas avant
2024, on va dire, le... un des derniers trimestres de 2024.
M. Leitão : Très bien. Merci. Donc,
il y aura à peu près encore deux ans. Et là, vraiment, je porte ça à votre
attention, et je le ferai aussi, bien sûr, avec la ville de Montréal, avec la
STM, parce qu'il va vraiment falloir de... mettre en place ces mesures-là qui
avaient été pensées il y a un certain... il y a deux ans, mais il va falloir
vraiment que ça marche, maintenant, parce
que, là, les gens commencent à dire : O.K., bon, ça va me prendre deux
heures pour aller au centre-ville. Ça ne se peut pas. Alors, il va
falloir ne pas oublier ça, parce que ça faisait partie du deal initial. Très
bien. Donc, ça, c'est pour le REM 1.
Et, toujours dans le contexte de transport
collectif, et ce sera ma dernière question en termes de transport collectif
pour la caisse, vous avez dit, et avec raison : Bon, il y a quelques
milliers d'ingénieurs et de travailleurs spécialisés qui travaillent
d'arrache-pied pour avancer le REM 1, et donc ça va finir par finir.
Qu'est-ce qui va se passer après? Il y a quand même quelques milliers de
personnes que vous avez engagées, des spécialistes. Ce serait quand même
dommage de perdre cette expertise-là, alors... et surtout dans un contexte où
il y a une réelle pénurie de main-d'oeuvre. Donc, laisser partir ces
personnes-là, vous allez... vous ne serez plus capable de les ramener. Alors,
est-ce que vous pensez... Y a-t-il un plan de gestion de ressources humaines,
disons, à moyen terme, pour s'assurer que la caisse détient toujours cette
expertise-là, qui est quand même très particulière, qui est très utile, à mon
avis?
Le Président (M. Simard) : M.
Arbaud.
M. Arbaud (Jean-Marc) : Bien, il y a
deux volets. Il y a l'expertise interne CDPQ Infra, qu'on a effectivement
développée et pour laquelle... Pendant la phase... Honnêtement, pendant la
phase de pandémie, on a un petit peu diminué nos approches. Aujourd'hui, on a
une approche beaucoup plus forte à l'international sur différents projets.
Après, il y a l'expertise qui s'est créée parce qu'attirée par le projet du
REM, où il y a des gens d'un peu partout qui se sont greffés au projet. Et puis
ça, c'est le marché qui va régler ça. Ces gens-là vont se retrouver sur
d'autres projets ailleurs, peuvent être sur des projets avec nous, peut-être
sur des projets avec d'autres entreprises.
M. Leitão : Très bien. Bon, merci.
Merci. On passera maintenant à un autre sujet, M. Emond, on revient, et je
pense qu'un de vos sujets favoris... l'investissement, le climat
d'investissement, les opportunités qu'il y a ou qu'il n'y a pas, les risques.
Nous sommes dans une situation, évidemment, extrêmement complexe qui nous est
arrivée comme ça.
Le Président (M. Simard) : ...également.
M. Leitão : En conclusion...
Le Président (M. Simard) : Vous
pouvez poursuivre, mais ce sera pris à votre prochain bloc.
M. Leitão : On est arrivés déjà au
20 minutes?
Le Président (M. Simard) : Oui,
malheureusement.
M. Leitão : Bien là, M. le
Président! O.K. On reviendra, donc, à la prochaine... pour parler de climat
d'investissement, et pas... je ne demande pas vos conseils, là, où mettre mon
REER, ce n'est pas ça, mais ça pourrait aider
aussi... non, non, mais le risque qui plane aujourd'hui sur les marchés
financiers. Mais ce sera pour après. Merci.
Le
Président (M. Simard) : Merci à vous, cher collègue. Merci à vous. Je cède
maintenant la parole au député de Saint-Jérôme, qui dispose d'environ
10 minutes.
M. Chassin : Alors, merci, M. le Président. Merci. En fait, bonjour, M.
le ministre. Bonjour à tous ceux qui vous
accompagnent, du cabinet, de la caisse, notamment, et M. Côté, le
sous-ministre. Je ne pensais pas nécessairement parler
de REM aujourd'hui, je vous avoue. Évidemment, parfois, à brûle-pourpoint, on a
des questions qui nous viennent en tête, compte tenu du travail de nos
collègues des oppositions, puis j'ai quelques questions très, très naïves mais
très brèves.
Et j'aimerais savoir, d'abord, en termes
d'expertise en infrastructures de transport collectif : Est-ce que le
travail de la caisse est une expertise qui pourrait éventuellement être
exportable, c'est-à-dire qu'au-delà des projets qui existent présentement
est-ce que, dans CDPQ Infra ou dans d'autres instances, cette expertise-là est
vue comme un actif en soi?
M. Emond
(Charles) : Donc, vous me demandez si on pourrait faire des
projets similaires, conceptuellement, au REM, mais à l'extérieur du
Québec. Oui, on a des demandes en ce sens-là. Je pense, pour situer CDPQ Infra,
que je mets avec la caisse, là, de dépôt, on est probablement une des seules
institutions, on en a peut-être trois, quatre, là, dans le monde, qu'on
appellerait des consolidateurs, c'est-à-dire qui peuvent faire l'ensemble d'un
projet qui va du design, de la planification, l'ingénierie, la construction, le
financement et l'opérer. C'est cette combinaison-là sous un seul toit qui nous
distingue à l'échelle mondiale. Combinez cette expertise-là qu'on a développée au
fait que, comme investisseur, comme j'ai dit plus tôt, on est un des plus
grands dans le monde, prenez ça avec le contexte actuel de relance des
gouvernements à travers le monde, où est-ce que l'infrastructure joue un rôle
très important, comme l'a dit le ministre, ici, au Québec, mais également
ailleurs, l'infrastructure est au centre de plans de relance importants à
travers le monde, bien, vous combinez ces deux choses-là, ça fait qu'on a des
opportunités où on nous appelle pour regarder certains projets.
En même temps, j'ai toujours dit, puis on fait
les choses de façon rigoureuse et prudente : On va marcher avant de
courir. On va bien livrer chez nous en premier, ce qu'on s'apprête à faire dans
quelques mois. On en retire beaucoup de fierté. Ça, c'est la meilleure carte de
visite pour faire d'autres projets à l'extérieur.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Cher collègue.
• (11 h 10) •
M. Chassin : Là, c'est peut-être une question un peu plus politique pour
le ministre, mais évidemment on a l'impression que le précédent gouvernement
s'est tourné vers la caisse. Puis là on parle de perception, mais ce n'est pas
une perception qui est tout à fait innocente, en tout cas. C'est une perception
que je partage un peu, là, mais on a l'impression, parfois, que l'ancien
gouvernement s'est tourné vers la Caisse de dépôt pour, en quelque sorte,
contourner un processus de construction d'infrastructures publiques qui est
lourd, qui est long, qui est lent. Est-ce que,
dans des chantiers qui nous attendent ici, au Québec, toujours, on peut penser,
par exemple, aux places en maison des aînés... est-ce qu'on est encore
autorisés à penser un peu en dehors de la boîte puis à se dire : Bien,
peut-être qu'il y a d'autres chantiers qui mériteraient d'avoir ce type
d'opérateur intégré qui, du financement à l'opération, peut accélérer des projets? Je ne vous demande pas si vous en avez
l'intention, mais est-ce qu'on peut continuer d'y penser?
M. Girard (Groulx) : Non, non,
mais c'est une excellente question, probablement plus pour ma collègue la
présidente du Conseil du trésor, mais je vais quand même tenter une réponse,
c'est-à-dire qu'on a toujours le souci d'accélérer la livraison de nos projets
d'infrastructure et de le faire sous contrainte de respect des coûts. Et c'est
pour ça que notre gouvernement a déposé un
plan construction visant à donner des latitudes supplémentaires à la présidente
du Conseil du trésor, la SQI, pour accélérer la livraison.
Et vous avez raison qu'un projet de l'ampleur
telle que celui qu'on appelle le REM 1, mais qui a quatre branches,
c'est... Un des bénéfices, c'était d'accélérer le projet, et on voit... un des
bénéfices importants, et on voit que ce n'est pas parce qu'on a un maître
d'oeuvre qui en fait une spécialité qu'on n'est pas limités par la pandémie puis des contraintes physiques, là. Que ce soit la
caisse ou le ministère des Transports qui aurait découvert des explosifs
dans le tunnel, ça aurait retardé le projet.
M. Chassin : J'apprécie votre ouverture, M. le ministre. Permettez que
je revienne à M. Emond pour une
question très courte, en fait. Est-ce que vous possédez, à la caisse, une
définition opérationnelle d'«acceptabilité sociale»?
M. Emond (Charles) : Tout à fait. Ce
qu'on va encadrer dans ce qu'on appelle toute l'acceptabilité sociale, le S
d'ESG, qui est pour «environnementaux, sociaux et de gouvernance», c'est au
coeur de notre signature. On est reconnus à
cet effet là. On remporte des prix. Et, pour nous, c'est un élément très
important. On définit notre approche comme
du capital constructif. On vise à créer des projets structurants, souvent aux
côtés d'entrepreneurs, avec une mesure de l'impact de la communauté dans
laquelle on s'inscrit. Pour nous, c'est un élément important.
M. Chassin : Puis est-ce que, cette définition-là, vous pourriez nous la
partager, par exemple?
M. Emond (Charles) : Pardon?
M. Chassin : Est-ce que vous pourriez nous la partager? Moi, je serais
intéressé à la voir. Je ne sais pas si elle est dans un rapport annuel déjà.
Peut-être.
M. Emond (Charles) : Oui. C'est au
centre de notre... Le capital constructif, comme je vous l'ai décrit, est au
centre de notre rapport annuel, de notre signature. Et je vous dirais que, dans
le contexte d'aujourd'hui, actuel, c'est notre moment
pour le saisir, parce qu'en tant que fonds de pension qui représente également
les valeurs du Québec à l'international nous sommes vus comme un propriétaire
responsable, consciencieux, de choix. C'est ce qui fait que, quand on compétitionne,
même, souvent, on nous appelle. Je pense qu'on reflète ces valeurs-là, puis on
le fait avec beaucoup de fierté. Puis c'est une façon de gagner, je tiens à le
dire. Ce n'est pas juste pour avoir bonne conscience, ça nous distingue, ça
nous fait gagner des actifs pour le profit des Québécois.
M. Chassin : ...comme, dans le débat public, évidemment, c'est parfois
un concept un peu fourre-tout, là, quand on en entend parler, je serais très
curieux d'avoir la définition opérationnelle sur laquelle vous vous basez.
Puis, sinon, permettez, là, que je revienne à
des questions qui m'intéressent grandement, qui sont, dans le fond, les
rendements de la caisse. Notamment, donc, en 2021, on parle d'un très bon
rendement, de 13,5 %, ce qui avait été un petit peu plus difficile en
2020. Mais c'est surtout la comparaison avec l'indice de référence qui
m'intéresse. Puis là je vous ramène au début du mois d'avril. Michel Girard
avait un peu critiqué l'indice de référence, notamment en mentionnant que la
médiane des gestionnaires de fonds diversifiés rapportée dans l'étude... en
fait, l'univers de performance des fonds communs de gestionnaires de caisses de
retraite du groupe LifeWorks, était à 13,83 %, donc un peu au-dessus du
rendement de 13,5 %.
La caisse se détermine un indice de référence.
J'aimerais savoir comment c'est déterminé puis en quoi c'est la mesure
pertinente.
M. Emond (Charles) : Ce qu'il est
important de comprendre, puis je vais... C'est quelque chose qui est parfois un
peu opaque puis c'est important pour moi que les gens le comprennent. Le
rendement de la caisse, de 13,5 %, celui-là ou de n'importe quelle année,
c'est une vue de l'esprit. Il n'existe pas. C'est la moyenne. Et ça distingue
la caisse des autres fonds de pension qui ont un seul client. On en a 46. C'est
la moyenne. Parce qu'ils ont tous des politiques de rendement, une politique de
risques différente. Certains ne veulent pas prendre de risques, ils ont fait
9 % l'an passé. Et la RRQ, qui prend le plus de risques parce qu'ils ont
une autre politique de placements, a fait 16 %.
M. Chassin : Donc, il n'y a rien de parfaitement comparable. On se
crée...
M. Emond (Charles) : Non. Ce sont
42 clients totalement différents, avec des objectifs différents, ce qui
fait que, quand on compare à la médiane dont
on parle... M. Girard, il ne peut pas parler de rendement sans parler de
risques. À ce moment-là, il faut prendre le déposant, qui est comparable
à des caisses de retraite, mais ça, c'est des caisses de retraite qui sont
entre 500 millions et 2 milliards, très loin de 420. Mais, si on le
compare à la RRQ... Il faut toujours comparer la caisse à ses pairs et avec le
plus gros déposant qu'on a, la RRQ, et c'est 15,9 % qu'on a fait.
M. Chassin : Merci beaucoup.
M. Emond (Charles) : Donc, on a
battu nos pairs à cet effet-là.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. Emond. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Chassin : Je voudrais laisser à M. le député de Sainte-Rose la
dernière minute.
Le Président (M. Simard) : Alors,
cher collègue, il vous reste 1 min 30 s.
M. Girard (Groulx) : Juste
clarifier que vous parliez du Girard journaliste, là.
M. Emond (Charles) : Oui, je
m'excuse, Girard journaliste. J'aurais dû préciser.
Le Président (M. Simard) : Bien
sûr. M. le député de Sainte-Rose.
M. Skeete : Il me reste...
Le Président (M. Simard) : 1 min 20 s.
1 min 20 s.
M. Skeete : Je vais être bref,
parce que... Écoutez, l'opposition, la deuxième opposition, elle se targue de parler d'environnement. Elle n'a pas posé une
question là-dessus. Elle a préféré parler de salaires. On a vu récemment
que la caisse entame un virage, continue, d'ailleurs, un virage pour être plus
consciencieuse dans ses choix environnementaux. Dans les 20 secondes qu'il
reste, pouvez-vous me dire rapidement c'est quoi, votre stratégie à ce
niveau-là?
M. Emond (Charles) : Quatre
piliers : l'intensité carbone, qui va réduire de 60 % d'ici 2025 — on
est à 49 %; tripler nos actifs verts — on a déjà doublé; et deux
nouvelles mesures qui sont arrivées, une enveloppe de transition de
10 milliards pour décarboner les secteurs plus polluants puis sortir la
production de pétrole d'ici la fin de l'année. Dans le monde, je vous dirais,
on nous suit plutôt que d'être en arrière de la parade.
M. Skeete :
Puis permettez-moi de vous dire, en conclusion, là, que je suis
profondément fier de ma caisse. Et merci pour tout ce que vous faites pour
nous. Ça vaut pour l'ensemble de l'équipe. Merci.
M. Emond
(Charles) : Merci beaucoup.
Le Président
(M. Simard) : Il vous restait encore 20 secondes, cher
collègue.
M. Skeete :
Ah! bien, écoutez, allez-y...
M. Emond
(Charles) : Non, mais, écoutez, c'est un élément important. Je pense
qu'on est un leader dans l'industrie — on l'était depuis 2017 — et on
est un des seuls au monde dont la rémunération variable est reliée à
l'objectif... à l'atteinte, pardon, de ces objectifs-là. Ça, ça nous distingue.
Donc, ce n'est pas juste des concepts. Et on a des cibles à court terme, moyen
terme, long terme.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Robert-Baldwin.
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Alors, M. Emond, on va donc commencer, parce
qu'on n'avait même pas commencé dans le bloc précédent, en termes de climat
d'investissement, parce que ça a beaucoup changé. Nous sommes, à mon avis, maintenant dans un nouveau monde, et ce n'est pas
seulement... Bon, il y a, bien sûr, la guerre en Europe, mais, déjà,
avant, on commençait à remarquer qu'il y avait certains changements importants.
Je vais commencer par
une question. Et vous y avez fait allusion avant, mais je pense que c'était
juste un terme qui vous a un peu échappé, mais je ne vous tiendrai pas rigueur.
Mais vous avez parlé d'hyperinflation. Je ne pense pas que ce soit ça que vous
voulez dire, mais je pense que l'idée est que nous sommes maintenant dans une
situation où, en effet, on a un taux d'inflation qui est pas mal plus élevé que
ce qu'on pensait et probablement plus durable. Alors, pouvez-vous nous dire
comment la caisse va s'ajuster à ce nouveau climat? Parce que c'est vraiment
différent, 2022, ce qu'on avait vu avant la pandémie.
M. Emond
(Charles) : Vous avez raison, l'environnement a été hors norme dans
les deux dernières années, une pandémie, suivie maintenant d'une guerre qui
venait exacerber... Cette guerre-là, c'est un choc stagflationniste un peu...
vient pousser l'inflation, qui était déjà en montée, puis vient diminuer la
croissance. C'est des défis qu'on n'a pas vus depuis 40 ans. Et on le voit
aujourd'hui, 2022 va être une année exigeante. Les indices boursiers qui
baissent, en même temps que les indices obligataires, d'à peu près... entre
moins 10 % et moins 25 %, les indices boursiers, depuis le début de
l'année, moins 10 %, les obligations, on n'a pas vu ça depuis 1973, quand
il n'y a pas beaucoup de classes d'actifs où on peut se cacher. Néanmoins, on a
l'avantage d'avoir plusieurs classes d'actifs qui justifient notre stratégie
dans les actifs qu'on appelle un peu moins liquides, qui permettent des actifs
privés, d'avoir des attributs qui combattent
bien l'inflation. Il n'y a jamais de solution parfaite pour s'isoler
complètement puis même un peu, parfois, oui.
• (11 h 20) •
Si on prend
l'infrastructure, je vous parlais d'un portefeuille qui est notre portefeuille
qui croît le plus vite, bien, non seulement
il y a une belle protection de capital, il y a un dividende courant, c'est des
actifs défensifs, mais nos revenus
sont contractuellement ajustés à l'inflation. Donc, on est protégés. Donc, dans
certains actifs à travers le monde, plus il y a de l'inflation, plus on
fait de rendement.
L'immobilier
également est une classe d'actifs qui, à bien des égards, offre une belle
protection contre l'inflation. C'est un
autre portefeuille très important, Ivanhoé Cambridge, l'un des plus gros
portefeuilles dans le monde, parce qu'évidemment aussi, avec des revenus
de location, on peut incorporer des mesures de protection à l'inflation avec
les différents clients.
Placements privés,
bien, on sait qu'il y a des actifs qui ont de belles marges dans le secteur des
services, qui n'ont pas besoin de faire de
gros projets d'immobilisations annuellement, qui fait que, dans un contexte
inflationniste, ça coûte de plus en plus cher. Bien, de cette façon-là,
on réussit à avoir un portefeuille qui, même dans un contexte inflationniste, qui est un poison pour nos déposants
parce qu'ils ont l'élément de passif également... bien, on réussit à mitiger
le plus possible ces facteurs-là.
M. Leitão : Merci. Donc, bien sûr, les risques... les risques
sont beaucoup plus élevés maintenant qu'ils l'étaient il y a trois ans. On espère que les rendez-vous...
que les rendez-vous... que les revenus, que les «return» soient aussi... Bon,
s'il y a plus de risques, on aimerait aussi avoir l'«upside».
On en a parlé tantôt,
le député de Sainte-Rose a mentionné la politique environnementale de la caisse
et donc le souhait... pas seulement le souhait, mais le désir de la caisse de
se retirer des hydrocarbures. Dans le contexte actuel, il y a plusieurs
spécialistes d'investissement qui disent qu'au contraire, étant donné la forte
hausse de prix des hydrocarbures, ce serait peut-être le moment, maintenant,
de... bon, on a peut-être raté la chose de quelques mois, mais de rester, de demeurer avec des
investissements en hydrocarbures. Je ne suis pas en train de vous dire que
c'est ce que je souhaiterais, moi, ce n'est pas ce que je suis en train de vous
dire, mais est-ce que la caisse fait cette réflexion-là ou est-ce que
vous restez toujours déterminés à vous éloigner des investissements en
hydrocarbures, même si, à très court terme, ça peut paraître... Ça peut
paraître attractif de le faire,
mais évidemment, à moyen terme, on ne veut pas ça. Donc, est-ce que
vous... Est-ce que vous ajustez votre stratégie à court terme ou ça demeure
quand même : Non, les hydrocarbures, on n'en veut pas ?
M.
Emond (Charles) : Je pense qu'il faut regarder les hydrocarbures puis
le décomposer, parce que c'est un ensemble de différentes choses. Ce qu'on a
annoncé, c'est qu'on allait sortir de la production pétrolière cette année, la
production pétrolière. Donc, ça veut dire des sociétés qui extraient d'autre
pétrole. Parce qu'on peut débattre du rythme de transition énergétique dans le
futur, mais extraire plus de pétrole, ça, c'est aller dans le sens contraire de
ce qu'il faut aller. C'est comme ça qu'on a basé notre décision. On a
pratiquement terminé, mais, je vous dirais, on fait toujours... Vraiment, quand
on dit qu'on va faire de quoi, on le fait. Donc, on ne change pas nos
convictions.
Deuxièmement, on le
fait de façon prudente et disciplinée pour nos déposants. Donc, par exemple, la
sortie du secteur du pétrole, on a réussi à le faire cette année, à un prix
moyen de 100 $, par rapport à un prix moyen du pétrole qui, sur un an, cinq ans, 10 ans, 20 ans... vous
regarderez, c'était entre 50 $ et 60 $. Donc, on le fait, on demeure
fermes dans nos convictions, convaincus, mais on le fait de façon extrêmement
profitable, alors que la fenêtre est là.
Ceci dit, on n'est
pas sortis de tous les hydrocarbures. Pensons au gaz naturel. Et, dans le contexte
de sécurité énergétique créé par la guerre, nous sommes encore plus convaincus
que le gaz naturel est une source de transition qui est nécessaire.
Et donc c'est une
combinaison de facteurs : on sort du pétrole, on n'est plus dans le
charbon, on a des actifs dans le gaz naturel, qui est important pendant que le
monde transige vers le renouvelable, où on est un des plus grands
investisseurs. Puis en fait le renouvelable a été le gros facteur de rendement,
pourquoi le portefeuille d'infrastructures a eu le meilleur rendement cette
année en plus de 10 ans.
M. Leitão :
Très bien. Merci. C'est là où nous sommes en désaccord. Et je pense que... Je
vous l'avais déjà mentionné, je pense, la dernière fois qu'on s'était parlé, je
pense, que je pense que le gaz naturel... Regardez, moi, je pensais que c'était
ça aussi, en 2015‑2016, que le gaz naturel était une énergie de transition,
mais là, aujourd'hui, je ne pense pas que ce soit le cas, et donc je vous
inviterais à... Et je comprends, là, les enjeux opérationnels que cela
occasionne, parce que vous avez quand même des placements dans des gazoducs et
des compagnies qui distribuent le gaz naturel, mais je vous invite à pousser la
réflexion à ce que le gaz naturel ne soit... n'est pas vraiment une énergie de
transition, parce qu'on le voit, on le voit, maintenant, de façon très claire,
très explicite en Allemagne, où, soudainement, ils se rendent compte qu'ils
sont hypervulnérables parce qu'ils ont adopté... ils ont laissé tomber le
nucléaire. Ils ont... Ils se sont lancés «full-blown» dans le gaz naturel, le
gaz naturel russe, et là, maintenant, c'est tout un problème qu'ils ont.
Donc, moi, je vous
inviterais à réfléchir à cet enjeu-là à plus moyen terme et à peut-être songer
à remplacer vos investissements dans le gaz
naturel, la distribution de gaz naturel, etc., par la production d'hydrogène,
l'hydrogène vert. Et c'est là où j'aimerais avoir quelle est la position de la
Caisse de dépôt en ce qui concerne cette source d'énergie qui, à mon avis, est
une source d'énergie qui est vraiment de transition et qui pourrait, à terme,
remplacer le gaz naturel. Comment vous voyez ça? Est-ce que vous participez à
des investissements dans des projets pilotes
pour développer la production d'hydrogène? On voit qu'en Amérique du Nord on
n'est pas très forts là-dedans. En Europe, par contre, il y a des
projets intéressants. Comment vous voyez ça, l'hydrogène, l'hydrogène vert?
M. Emond
(Charles) : Bien, comme vous, M. le député, je suis d'accord. C'est
une source d'énergie dans laquelle on croit beaucoup. Et d'ailleurs, à cet
effet-là, on a commencé... On a une équipe qui est entièrement dédiée à ça, à
la caisse, et on a d'ailleurs déjà commencé à investir. On fait partie du plus
gros fonds en hydrogène dans le monde, dans
lequel on est un des principaux investisseurs — ça s'est fait dans les derniers mois — une
couple d'autres initiatives également. Donc, on a commencé à déployer
des dollars, pour répondre concrètement à votre question, avec... parmi les
plus grands investisseurs. Ça a des applications aussi par rapport à certains
de nos actifs qu'on a pour les verdir.
On veut être à
l'avant-garde de cette connaissance-là, de cette technologie-là, donc investir
avec, aussi, je dirais, pas juste des investisseurs financiers. On investit
avec des... pardon, des joueurs stratégiques, des industriels, pour qu'on
puisse avoir cette espèce de connaissance là et faire des projets avec eux.
Donc, le choix du partenaire est important.
Donc, je suis d'accord avec vous, c'est quelque chose de prometteur. On est
déjà là-dessus. Puis, par rapport à des plus gros projets de production,
on a beaucoup de demandes. On regarde certaines choses. Jusqu'à présent, il n'y
a rien qui s'est concrétisé, parce qu'il y a, des fois, certaines difficultés,
là, avec certains de ces projets-là, mais je peux vous dire qu'on est vraiment,
là... On a l'intention d'être en avant de la parade, d'être à l'avant-garde
dans l'industrie à cet effet-là.
M. Leitão :
Très bien. Merci. Et ce qui m'amène à parler du portefeuille Québec de la
Caisse de dépôt et... Parce que, dans ce contexte, donc, d'hydrogène vert, je
pense qu'au Québec nous avons quand même un grand atout qui est notre énergie
hydroélectrique et qui peut bien servir à développer la production d'hydrogène
vert. Votre portefeuille Québec, à un moment
donné, il y avait à peu près, quoi, 60 milliards de dollars... Je
veux juste avoir une...
M. Emond
(Charles) : ...avec le secteur public.
M. Leitão : C'est ça. Et le secteur
public, et là je regarde M. le sous-ministre, le secteur public, c'est
essentiellement des obligations du Québec, c'est ça?
M. Emond
(Charles) : ...
M. Leitão : Et
d'Hydro-Québec. Donc, la Caisse de dépôt détient toujours des obligations du
gouvernement du Québec, ce qui est très bien, je n'ai rien contre...
M. Emond (Charles) : ...
• (11 h 30) •
M. Leitão : Je n'ai rien contre
ça, mais, moi, ce qui m'intéresse, c'est le portefeuille privé de... donc,
soit, à peu près, un chiffre rond, 60 milliards. Une bonne partie de ce
portefeuille-là, ce sont des placements privés. J'aimerais savoir si vous avez
une... enfin, je suis sûr que vous en avez, mais une stratégie générale, ou
est-ce que ce sont vraiment des investissements qui sont déclenchés de façon
opportuniste, «opportuniste» dans le sens de, bon, il y a une opportunité ici,
on investit, mais sans nécessairement avoir une vision industrielle, on va
favoriser tel secteur plutôt qu'un autre secteur, ou vous y allez au cas par
cas transactionnel.
M. Emond (Charles) : Bien, le
portefeuille Québec, le 60 milliards dont vous parlez, ce n'est pas
seulement, sans vouloir vous corriger, que
des placements privés en équité. Toutes les classes d'actifs s'y
retrouvent : l'infrastructure, de l'immobilier, des prêts, des
placements privés en équité, des placements publics à la bourse. Donc, il y a
une foule de choses. Toutes les classes
d'actifs s'y retrouvent. Et c'est important, parce que les entreprises du
Québec ont besoin de nous de différentes façons.
On veut également avoir un impact structurant
au Québec de différentes façons. Donc, un projet, parfois, on va regarder des
choses au niveau d'infrastructures, on va regarder deux, trois secteurs qui
sont d'intérêt pour nous. Est-ce qu'il y a
quelque chose à faire au niveau de la fibre optique? Est-ce qu'on pourrait
faire de quoi au niveau des ports? Par rapport, après ça, à
l'immobilier, on va dire : Est-ce qu'au niveau de la logistique, qui est
un secteur important, il y a de quoi à faire? Est-ce que le logement
abordable... Donc, on a des thématiques. Chaque équipe a des objectifs, avec
trois, quatre grands secteurs, parce qu'on veut avoir un impact — je
reviens au capital constructif — dans notre cour arrière, au Québec.
Également, il y a aussi une partie du volume qui
vient vers nous parce qu'il y a une transaction, parce qu'une entreprise est
intéressée, puis il y a également aussi, je dirais, une tranche du type de
clientèle qu'on aborde. La grande entreprise
n'a pas la même approche que du capital de risque pour les entreprises
technologiques ou la moyenne entreprise. Ce sont des équipes dédiées,
avec une approche différente, une expertise différente, parce que, nous, ce
qu'on veut, c'est offrir vraiment un service personnalisé.
Puis on
essaie aussi, M. le député — c'est
très important pour moi, d'où je viens — que
nos gens aillent au-devant, avant
qu'il y ait des besoins d'exprimés par nos entreprises, qu'ils les
accompagnent. Et souvent une discussion mène à autre chose. Puis la
caisse peut aussi beaucoup aider autrement que par simplement les dollars. Des
fois, on fait des maillages. Il y avait la compagnie Lion, d'autobus
électriques. Bon, bien, on n'a pas investi dedans, mais, de l'autre côté, on
est un investisseur au sein d'une grande société d'autobus qu'ils manufacturent
puis on leur a passé une commande. Donc, il y a plein de façons d'aider.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Leitão : Très bien. Merci.
M. Emond (Charles) : Bienvenue.
M. Leitão : Merci. Parce que
c'est là où... En fin de compte, c'est là où j'allais un peu, parce qu'au
Québec nous avons quand même un écosystème financier, et là je regarde
M. St-Gelais parce qu'il a été souvent dans cet écosystème-là, avec
plusieurs joueurs, et plusieurs joueurs majeurs. La Caisse de dépôt est un
joueur majeur. Il y a les banques, les banques privées aussi, bien sûr, les
fonds de travailleurs et il y a Investissement Québec, qui est l'arme, le bras
financier du gouvernement.
Là, j'aimerais... Regardez... Puis je ne vais
pas vous mettre dans une situation où... Si vous ne voulez pas commenter, vous
ne commentez pas, ce n'est pas ça, mais Investissement Québec, depuis deux ou
trois ans, à mon avis, et je poserai la question, d'ailleurs, à M. LeBlanc
demain... mais Investissement Québec se comporte de plus en plus comme une
banque. À mon avis, ce n'est pas ça, son rôle. Alors donc, je vous pose une
question, mais, encore une fois, je comprends, situation peut-être un peu
délicate, mais vous pensez qu'Investissement Québec provoque une espèce de
compétition déloyale dans cet écosystème financier qu'on a développé au Québec
depuis longtemps, où il y avait toujours un certain équilibre? Là, maintenant,
il nous arrive un joueur public, IQ, qui, vraiment, prend de la place. Comment
vous voyez le rôle d'IQ? Mais, encore une fois, si... Je vous laisse aller.
M. Emond (Charles) : Je vais
répondre très succinctement, parce que ce n'est pas de notre ressort de
commenter ce qu'Investissement Québec devrait faire ou ne pas faire, mais je
peux dire que c'est un partenaire extraordinaire. On est en communication
régulière avec eux parce qu'on est sur plusieurs dossiers, dans des rôles
différents, avec des objectifs différents. Et puis souvent, même, quand on voit
qu'un dossier est peut-être plus en lien avec
le mandat de l'un et l'autre, je vais parler avec M. LeBlanc, et puis tout ça
s'exerce très bien. C'est ce que je dirais.
M. Leitão : O.K. Parce que, c'est
ça, il me semble que les rôles sont différents, les rôles devraient être différents entre la Caisse de dépôt, et
Investissement Québec, et les banques, les fonds d'investissement privés. Je
pense que la
caisse a une vocation beaucoup plus commerciale, et c'est très bien. Je ne suis
pas en train de critiquer ça. Investissement Québec devrait avoir un
autre rôle. Mais, encore une fois, c'est une discussion à avoir avec les autres
et pas avec vous.
M. Girard (Groulx) : M. le député,
juste pour être clair, là, la caisse est indépendante, est le fiduciaire des
déposants, qui lui confient 420 milliards d'actifs, et Investissement
Québec est le bras financier du gouvernement. Et donc il y a des interventions qui sont faites, mais, l'écosystème
québécois, il n'y a pas trop de capital, là. Et il y a... Il y a des
gens qui vont dire que la BDC est trop présente, les fonds des travailleurs, la
caisse, Investissement Québec, les banques.
Il y a des plaintes sur la présence des banques. D'autres disent que Desjardins
sont trop gros. Mais une chose est
sûre, on a plusieurs entreprises dynamiques. On a besoin de plus de capital. Et
puis chaque... Les rôles sont clairement définis. Et on a des règles, aussi, lorsqu'on intervient, le
gouvernement, lorsqu'il intervient avec Investissement Québec. On
regarde la taille des interventions gouvernementales dans la structure de
financement.
M.
Leitão : L'enjeu que j'ai dans ce domaine-là... Et je
voyais du coin de l'oeil mon collègue de Bonaventure, j'ai l'impression que...
Une voix : ...
M. Leitão : ...de René-Lévesque,
excusez-moi, excusez-moi. Je pense qu'il va rebondir là-dessus. Je pense qu'un
des enjeux principaux au Québec, c'est le développement économique régional, et
chaque membre de cet écosystème joue son rôle dans le développement économique
régional. La caisse est active là-dessus, bien sûr, mais jusqu'à quel point, M.
Emond, jusqu'à quel point est-ce que la caisse prend en considération les
particularités des différentes régions du
Québec quand il s'agit d'examiner des projets d'investissement qui, peut-être,
d'un point de vue purement financier... ce ne serait peut-être pas... disons
que le rendement va arriver beaucoup plus tard? Jusqu'à quel point est-ce que vous êtes... que la caisse est
prête à être patiente pour contribuer au développement économique régional du
Québec?
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. Emond, en conclusion.
M. Emond (Charles) : Bien, je peux
vous dire que, pour nous, être présents dans toutes les régions, c'est important. Je vais d'ailleurs faire une tournée
régionale. Je vais être à Québec, je vais être à Sherbrooke, je vais être à...
et mon équipe aussi. On veut être présents
sur le terrain. Ça, c'est la première chose, que les gens sentent que la caisse
est accessible et disponible.
Dans un deuxième temps, ce que vous me demandez,
c'est : Est-ce qu'on peut conjuguer notre mandat, notre double mandat de créer des rendements pour nos
déposants et de favoriser le développement économique du Québec? Oui. On
l'accomplit tous les jours. Ça prend une discipline, ça prend de l'initiative,
ça prend de la créativité, mais on y arrive, et les résultats sont là pour le
démontrer.
Le
Président (M. Simard) : Alors, merci. Je cède maintenant la parole au
député de René-Lévesque, et non pas de Bonaventure, qui dispose d'un peu
plus de 20 minutes. Cher collègue.
M.
Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, à mon tour
de vous saluer, chers membres de la commission, M. le ministre, M. le P.D.G. Il
s'est passé un petit quelque chose, tout à l'heure, à la commission sur les
transports. Les gens de CDPQ Infra
étaient attendus avec la ministre déléguée à la Métropole selon l'entente qu'il
y avait entre les parties. Donc, CDPQ Infra n'était pas là. Ils sont
avec nous ce matin. Alors, vous comprendrez que je vais utiliser un peu de mon
temps aussi pour faire le travail sur le REM de l'Est, alors qu'on n'a pas pu
le faire ce matin.
Ma première
question : Qui a donné le mandat à la CDPQ pour travailler à faire les
études sur le REM de l'Est? Qui a été le donneur d'ouvrage pour le REM
de l'Est?
M. Emond (Charles) : C'est
toujours le gouvernement du Québec qui nous donne le mandat.
M. Ouellet : Parfait.
Merci, merci. Merci. M. le ministre des Finances, comment se fait-il que, si le
gouvernement du Québec est le donneur d'ouvrage, il doit compenser la
Caisse de dépôt à la hauteur d'autour de 100 millions pour les études
qu'ils ont réalisées? Expliquez aux Québécois, aux Québécoises comment se
fait-il que les contribuables vont toujours être obligés, avec leurs dollars
d'impôts... rembourser le travail qui a été fait par la Caisse de dépôt, qui sera utilisé par le gouvernement du Québec, cette
fois-ci, pour la nouvelle mouture du transport collectif de l'Est. Je ne
peux pas appeler ça un REM, là. Ce sera peut-être autre chose, là. Mais comment
se fait-il qu'on doive compenser le travail qui a été fait à la CDPQ?
• (11 h 40) •
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est en vertu du contrat entre le gouvernement du Québec et les...
M. Ouellet : Comment se fait-il
qu'on ait signé ce contrat-là?
M. Girard (Groulx) : Bien,
écoutez...
M. Ouellet : Je
veux dire, ce n'est pas un consortium international, là, c'est la Caisse de dépôt et de placement du Québec.
Ce sont les épargnants du Québec qui y cotisent. Alors, j'essaie juste de voir,
là, pour M. et Mme Tout-le-monde, là,
qui comprennent, ce matin : Mon impôt va servir à compenser les pertes
d'autour de 100 millions — ce
que M. Emond semblait nous dire tout à l'heure — pour
les études qui ont été réalisées. Expliquez ça aux Québécois, aux Québécoises, là, pourquoi on paie des
deux côtés, ou, au final, vous allez me dire : C'est juste une
écriture comptable.
M. Girard (Groulx) : Bien, ce
n'est pas du tout une question comptable. Là, je veux être clair, la caisse est
fiduciaire pour les déposants. L'argent des déposants n'appartient pas au
gouvernement, O.K., et c'est un rôle de fiduciaire. Et, dans le contrat du
mandat qui avait été donné, qui avait... D'ailleurs, la lettre était signée du
ministre des Finances et du ministre des Transports, de mémoire, puisque la
caisse relève d'un niveau fonctionnel du ministre des Finances, mais que...
Vous comprenez qu'un projet de transport de cette envergure, tout ce qui est
relié au design et à la conception du projet relevait du ministère des
Transports. Alors, dans le contrat qui a été entendu entre le gouvernement et
la caisse, il était clairement signifié que, si le projet était arrêté dans sa
phase de... par exemple, dans la phase dans
laquelle nous étions, le gouvernement rembourserait les études, en échange de
quoi le gouvernement reçoit la qualité, le travail qui a été fait.
Puis je remercie tous les gens qui ont été
impliqués pour le travail. On a poussé le projet. Il y a des efforts importants qui ont été faits pour arriver au
projet où nous étions. À partir du moment où ce projet-là n'était pas
satisfaisant pour certaines parties prenantes, on...
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le député.
M. Ouellet : Donc, si je
résume, l'impôt des Québécois va rembourser les pertes subies pour un arrêt du
projet du REM de l'Est. Donc, en résumé, c'est...
M. Girard (Groulx) : ...ce
n'est pas des pertes, c'est des frais...
M. Ouellet : Des frais.
M. Girard (Groulx) : ...qui ont
été assumés pour des études, pour du travail qui a été fait.
M. Ouellet : O.K.
Donc, je vais résumer de façon succincte, l'impôt des contribuables va servir à
payer le fait que le gouvernement du Québec s'est trompé pendant
quatre ans.
M. Girard (Groulx) : Non. Bien,
je ne suis pas d'accord avec vous, parce que le...
M. Ouellet : Bien, je veux
dire, on paie.
M. Girard
(Groulx) : Non, mais le travail qui a été fait, il a une
valeur. On a... On est allés... On a donné un mandat visant d'amener un
REM entre l'Est... au centre-ville, et, pour arriver là...
M. Ouellet : O.K. Non. C'est
correct. Ça nous aurait-tu coûté moins cher? Est-ce que ça nous aurait coûté moins cher si ça n'avait pas été CDPQ Infra qui
l'aurait fait? Si ça aurait été les ingénieurs du ministère des Transports, est-ce
que ça nous aurait coûté moins cher?
M. Girard (Groulx) : Ah! bien,
il aurait fallu embaucher des consultants internationaux. Là, on était dans une... On est dans une expertise, là, qui
outrepassait celle du ministère des Transports. Et il y a un travail de qualité
qui a été fait. Celui-ci a une
valeur. Et le gouvernement... Bien, je tiens à dire que le gouvernement
respecte toujours ses contrats.
M. Ouellet : ...trop cher? Est-ce
qu'on a payé trop cher?
Le
Président (M. Simard) : À l'ordre! M. le député de René-Lévesque, je vous
en prie. J'aime bien qu'on ait des débats directs...
M. Ouellet : Oui, oui. Oui,
mais je n'ai pas beaucoup de temps, monsieur...
Le Président (M. Simard) : ...ça
participe à la qualité de nos échanges, mais, s'il vous plaît...
M. Ouellet : Oui, oui. Merci,
M. le Président. La question que les gens veulent savoir, là... CDPQ Infra puis
la Caisse de dépôt ne font jamais rien si ce
n'est pas rentable. M. Emond l'a dit tout à l'heure : On n'est pas
intéressés à travailler dans la nouvelle mouture parce que nous, on
l'avait vu dans son ensemble. Donc, il y avait des frais de 100 millions,
des études, et évidemment ces frais-là faisaient partie du montage financier
qui fait qu'à long terme la Caisse de dépôt serait remboursée pour ces frais-là
qui auraient été engagés. Donc, la question que j'ai pour vous ce matin :
Est-ce que le fait de racheter ces études-là qui ont été faites par la caisse
nous coûte plus cher que si c'était nous qui les avions réalisées, par le
ministère des Transports ou toute autre entité?
M. Girard
(Groulx) : Non, mais le... Il n'y a pas de marge de profit sur le coût
des études, là. Le... C'est simplement une bonne pratique. Il y a eu une
entente entre le gouvernement du Québec et la caisse, et il était entendu, d'ailleurs,
c'était le cas dans le contrat de 2015 pour le REM 1, que, si le projet
était arrêté, les études seraient remises au gouvernement et que les frais
seraient remboursés à la caisse. C'est simplement honorer notre contrat. Puis
c'est notre responsabilité.
M. Ouellet : Dites-moi, M. le
ministre, le REM de l'Est ou la nouvelle mouture aura un maître d'oeuvre.
Pouvez-vous nous indiquer, ce matin, qui sera le prochain maître d'oeuvre?
Parce que la Caisse de dépôt, c'est clair, ne le sera pas. La mairesse Plante,
ce matin, en ondes au 98,5, nous disait que, bon, l'ARTM serait interpelée, la
STM, la ville de Montréal, le ministère des Transports. Mais aujourd'hui, là,
ce que mes collègues voulaient savoir, dans l'autre Commission des transports,
et qu'ils n'ont pas pu savoir : Qui sera le maître d'oeuvre du prochain
réseau structurant collectif dans l'est de Montréal?
M. Girard (Groulx) : Bien, je
pense que c'est trop tôt pour le déterminer, puisqu'on revient à l'étude, on
revient à la conceptualisation du projet. On n'est pas à octroyer le contrat
d'entrepreneur général ou de...
M. Ouellet : ...c'est-tu
le ministère des Transports? C'est-tu l'ARTM? Qui sera le... celui qui sera
responsable de sa qualité, ou qui recevra les doléances, ou qui aura à
travailler pour l'acceptabilité sociale de cette nouvelle mouture là?
M. Girard (Groulx) : C'est trop
tôt pour le déterminer.
M. Ouellet : C'est trop tôt.
Donc, on a annoncé en grande pompe qu'on tirait la plug sur le REM de l'Est, mais, ce matin, les gens de l'est de Montréal,
tout ce qu'ils savent, c'est qu'il y a du monde qui vont se pencher. Ils ne
savent pas comment ça va coûter. Ils ne savent pas qui sera le maître d'oeuvre
pour savoir à qui je dois parler pour participer aux modifications du projet.
Et surtout ils n'ont pas de nouvel échéancier. Ça, c'est un fait ce matin.
M. Girard (Groulx) : Bien, moi,
je vais vous parler en termes de PQI, là. Le REM de l'Est était en
planification, et ce qui était en planification, c'était un transport qui
venait de l'est, de Pointe-aux-Trembles jusqu'au centre-ville. Et c'est ça qui
était en planification.
Là, on enlève
le tronçon du centre-ville, on garde la portion est puis la portion nord. On
revient donc à l'étude. Et c'est
préliminaire de dire qui sera le maître d'oeuvre, qui sera l'entrepreneur, qui
seront les ingénieurs, les architectes, les urbanistes.
M. Ouellet : ...on
a des exemples. Du côté de Québec, le tramway de Québec, on sait que c'est la
ville de Québec qui est le maître d'oeuvre. Est-ce que...
M. Girard (Groulx) : Oui. Puis
du côté de la ligne bleue, c'est le ministère des Transports.
M. Ouellet : Puis du côté du
troisième lien, c'est vous autres. Ça, c'est clair, c'est le gouvernement.
M. Girard (Groulx) : Bien, le
ministère des Transports, là.
M. Ouellet : Oui.
Justement, est-ce que, dans ce cas-là... Parce que, là, on s'entend, là, le...
Dans le PQI, il y avait la partie du gouvernement, mais il n'y avait pas la
partie financée par la Caisse de dépôt. Donc, je présume, monsieur... Vous
allez avoir deux choix, M. le ministre, soit d'augmenter le PQI pour les
10 prochaines années ou couper des projets dans le PQI, parce que
l'argent qui est disponible, elle n'est pas là, là.
M. Girard (Groulx) : Là,
j'aimerais rassurer tous nos auditeurs, là, il n'est pas question de couper
dans le PQI parce qu'on va ajouter des projets. Le Québec est solide
financièrement, tant au niveau de son bilan que de son état des résultats. Le
Québec a le moyen et a du retard au niveau de l'entretien de ses
infrastructures. Et le Québec va continuer à investir dans ses infrastructures
et doit continuer de bien les entretenir. Et il y aura... Le fait que le projet
n'est plus hors bilan, c'est-à-dire en... financé avec une portion équité du
gouvernement et avec le maître d'oeuvre, la caisse, et qu'il pourrait
potentiellement devenir sur le bilan n'affecte en rien les projets existants.
M. Ouellet : Donc, vous
confirmez que vous allez devoir augmenter le PQI, dans ce cas-là.
M. Girard (Groulx) : Bien, j'ai
eu cet échange avec le député de Robert-Baldwin. Je vous rappelle qu'il y a une
élection puis qu'on vient de déposer le PQI 2022-2032. Il est excellent.
On l'a augmenté significativement. On fait des efforts importants dans le
maintien d'actifs. Et puis ces questions-là seront sujets du
PQI 2023-2033.
M. Ouellet : Mais, tu sais, il
faut qu'on soit clairs ce matin, là. Le premier ministre, tambour et trompette,
avec la mairesse de Montréal, nous annonçait qu'on tirait la plug sur le REM de
l'Est. Vous avez annoncé votre volonté d'offrir un transport dans l'est de
l'île de Montréal. On ne sait pas c'est qui, le maître d'oeuvre. On sait que ce n'est pas la Caisse de dépôt qui va payer. Je veux dire,
il ne faut pas prendre le monde pour des valises, là. Ça prend de l'argent.
Donc, vous n'êtes pas capable, avant l'élection, de dire : Oui, oui, oui,
ce sera dans le PQI, on va l'augmenter. Vous nous dites : Attendez à
l'élection, ça fera partie de nos engagements.
M. Girard
(Groulx) : Non, non, ce n'est pas ça que je vous ai dit.
M. Ouellet :
Bien, expliquez-moi, là.
M. Girard
(Groulx) : C'est que, lorsque c'est sur le bilan du gouvernement, là,
c'est financé par la dette. Il y a 200 milliards de dette nette au
gouvernement du Québec, et les immobilisations nettes augmentent de
5 milliards par année en moyenne. Et puis, s'il est nécessaire d'ajouter
10 milliards au PQI pour quelque projet que ce soit, le prochain
gouvernement, le prochain ministre des Finances aura la capacité de le faire,
parce que le bilan du gouvernement du Québec est excellent, ainsi que l'état
des résultats, puisqu'on va revenir à l'équilibre budgétaire de façon
responsable. On prend ça extrêmement au sérieux. On est à un crédit AA. Et on
n'est pas à un projet près au niveau du PQI.
M. Ouellet :
Oui, mais ce n'est pas un projet de maison des aînés, là, on s'entend. M. le
ministre, pour terminer sur le REM de l'Est, c'était ça dans le cas du
REM 1, c'était ça aussi, en tout cas, à moins que je ne me trompe, dans le cas du REM 2, pour que ce
soit intéressant pour la caisse, il fallait qu'il y ait un retour sur l'investissement,
un rendement de 6 % à 8 %. Or...
M. Girard
(Groulx) : 8 %.
• (11 h 50) •
M. Ouellet :
8 %. Or, la caisse ne sera pas là dans le cas du nouveau REM. Alors, on
peut-tu prétendre, M. le ministre, que ça va nous coûter moins cher, cette
nouvelle infrastructure, puisqu'on n'a pas à compenser le rendement à la Caisse
de dépôt, puisque cet argent-là aurait pu servir à faire du rendement sur les
marchés? Il est investi dans des infrastructures. Là, ils se retirent. Donc,
est-ce que vous pouvez dire aux payeurs de taxes, aujourd'hui, que ça va nous
coûter moins cher, la nouvelle mouture du REM de l'Est, puisqu'on n'a pas à
compenser le rendement que la caisse demandait, de 8 %?
M. Girard
(Groulx) : O.K. Bien, je vous rappelle toujours, là, qu'en finances
publiques on maximise sous contrainte et incertitude, là. Alors, effectivement,
la caisse, pour sa portion équité, avait un rendement... a un rendement
préférentiel dans le REM 1 et aurait eu un rendement préférentiel dans le
REM de l'Est. Alors, cette portion-là ne sera pas dans un projet qui
n'impliquerait pas la caisse, mais il n'est pas dit que le projet sera fait
plus rapidement ou au même coût, etc. Je pense qu'il faut faire attention de
généraliser. La structure qui a été choisie pour le REM 1 donnait un
rendement préférentiel à la Caisse de dépôt de 8 %, et le gouvernement du
Québec, lui, vise un rendement de 3,7 %, qui correspondait au coût de sa
dette au moment que la structure du financement du REM 1 a été accomplie.
M. Ouellet :
Donc, pour M. et Mme Tout-le-monde, je vais résumer. La Caisse de dépôt s'est lancée
dans le REM 1 en autant que c'était rentable, et le gouvernement du Québec
était derrière cette rentabilité-là en garantissant un revenu entre 6 % et
8 %. Le ministre a confirmé 8 %.
Ce qu'on sait
aujourd'hui avec votre affirmation, c'est qu'il n'y a plus cette
compensation-là, mais que le nouveau projet pourrait effectivement coûter plus
cher, parce qu'on ne le connaît pas, on ne sait pas sa nouvelle mouture. Mais
on a une certitude, c'est que le gouvernement n'aura pas à compenser l'écart de
rendement qui aurait été perdu, entre parenthèses, la caisse, puisqu'elle n'a
pas investi ces argents-là ailleurs.
M. Girard
(Groulx) : Et on peut penser que la portion au centre-ville,
puisqu'elle était dans une densité plus importante, était plus dispendieuse.
M. Ouellet : Je vais changer de registre. Je vais... Si vous me permettez,
j'aimerais peut-être questionner M. Emond. M. Emond, pour que M. et Mme Tout-le-monde comprennent bien, là,
parce qu'on a parlé... On a parlé un peu de votre rémunération aujourd'hui, puis ça a fait l'objet
de plusieurs chroniques dans les médias. Moi, je veux juste comprendre pour
que je puisse expliquer ça à mes commettants, là. Quand on est allé vous
chercher, vous avez négocié ce qu'on a
appelé une prime compensatoire. C'est quoi, ça, une prime compensatoire?
Expliquez aux citoyens du Québec pourquoi qu'on a dû, pour vous attirer,
vous offrir ce genre de prime là.
M. Emond
(Charles) : Écoutez, je ne sais pas si vous voulez que je réponde ou
que ce soit le conseil d'administration,
parce qu'à l'époque c'est le conseil d'administration qui l'a négociée et
payée, ça fait que, peut-être, je...
M. Ouellet : Bien, vous étiez partie prenante. Je veux dire, ça faisait partie...
C'était un deal, «no deal», là. Je veux dire, si vous n'aviez pas ça...
M. Emond
(Charles) : Bien, c'est très
simple, c'est de la rémunération que j'avais gagnée, mais qui était reportée
dans le temps...
M.
Ouellet : ...que vous aviez gagnée, que vous avez gagnée...
Le Président (M.
Simard) : ...M. le député.
M. Emond (Charles) : ...mais qui était gagnée à la banque en 2016, 2017 et 2018. Et j'allais
perdre ces sommes-là, et puis elles ont été compensées. Puis c'était du
revenu d'emploi gagné, différé et gagné.
M. Ouellet :
Et le montant total de ce montant compensatoire là, il est de combien?
M. Emond
(Charles) : J'ai répondu tout à l'heure. Il est dans la note, au
rapport annuel. C'est à peu près, je pense,
3,9 millions, là, sur trois ans. Et je les ai reportés à nouveau en
arrivant à la caisse. Je ne les ai pas encaissés, je les ai reportés à nouveau. Donc, j'ai encaissé des
sommes, cette année, par rapport à du revenu gagné aussi loin que 2016.
M. Ouellet : D'accord.
Vous avez vu... bien, pas «vous avez vu», on a vu, dans le rapport annuel, que
la Caisse de dépôt a fait un rendement de 13,5 %, si je ne me trompe, ce
qui vous a amené une forte augmentation de votre
rémunération variable. Je suis bien honnête avec vous, là, avec les rendements
qu'ils ont eus puis l'augmentation de salaire que vous avez eue, vous ne
trouveriez pas que ce serait la bonne chose à faire de renoncer à cette prime
compensatoire? Parce que cette prime compensatoire là, à moins que je me
trompe, elle vous a été offerte pour vous attirer,
en fonction de votre expertise, dans un marché qu'on ne connaissait pas. On ne
connaissait pas l'avenir puis les rendements de la caisse. Vous semblez
avoir fait un travail intéressant, avec les résultats qu'on a. Vous avez une
rémunération variable. Vous ne trouvez pas que ça fait assez?
Tu sais, je vous pose
la question bien honnêtement, là. Avec les augmentations que vous avez eues,
avec le rendement variable que vous avez eu, tel qu'il est négocié avec le
conseil d'administration... Je ne veux pas remettre ça en question, mais vous,
là, ce montant compensatoire là qui était des salaires gagnés, mais que vous
avez... que vous allez perdre, vous vous
reprenez quand même assez bien avec les rendements puis la rémunération
variable. Ça ne vous a pas passé par l'esprit, dire : Écoutez, en
cas de titre de charge publique, c'est une fierté d'être le P.D.G. de la Caisse
de dépôt, j'ai des défis, ça va bien... Est-ce que vous voulez... Est-ce que
vous avez pensé dire : Écoutez, pour le
bas de laine des Québécois, là, je vais renoncer à cette prime compensatoire,
je n'en ai pas besoin, avec la rémunération variable que j'ai obtenue,
c'est déjà assez élevé?
Le Président (M.
Simard) : D'accord. Je cède maintenant la parole à M. le ministre,
qui, lui-même...
M. Girard (Groulx) : La rémunération est la
responsabilité du conseil d'administration. Je donnerais la parole à
M. St-Gelais qui est avec nous aujourd'hui.
Le Président (M.
Simard) : Merci. M. St-Gelais.
M. St-Gelais
(Jean) : Merci. Écoutez, bien, premièrement, je vais vous dire que le
conseil d'administration est très heureux puis se considère même chanceux
d'avoir pu recruter Charles Emond, puis qu'il soit notre président-directeur
général aujourd'hui. Dans le secteur financier, la rémunération à laquelle
M. Emond, quand il a quitté la banque, a dû renoncer, elle était gagnée.
C'est ce qui se produit à peu près partout. Si vous quittez de vous-même, comme
M. Emond a choisi de le faire pour aller à la Caisse de dépôt, cette partie-là
de la rémunération, la banque ne la paiera
pas. Alors, il n'y a personne qui quitte avec ça. Quand il va voir son nouvel
employeur, il dit : Je vais perdre ça. C'est négocié. Tout le monde
fait ça. C'est pratique courante. M. Emond fait comme tout le monde a fait. La
caisse... Le conseil d'administration de la caisse a accepté de le donner.
Maintenant, pour sa
rémunération annuelle, le conseil d'administration considère qu'elle est juste
également. Si vous comparez seulement avec
le fonds de pension des professeurs de l'Ontario, qui est à peu près de
242 milliards plutôt que de 420
à la caisse, le chef de la direction, là-bas, gagne 5,7 millions pour la
même année. Pour les employés municipaux,
le fonds de pension des employés municipaux ontariens, c'est
121 milliards, il gagne 5,1 millions, plus que...
Le Président (M.
Simard) : Merci, M. St-Gelais. M. le député, à vous la parole.
M. Ouellet : Donc, si je résume, vous avez un montant
compensatoire d'autour de 3,6 millions, si le chiffre est...
Une voix :
...
M. Ouellet :
3,4?
M. Emond
(Charles) : ...le rapport annuel. Je pense, c'est 3,9 millions.
M. Ouellet : 3,9 millions. Et, dans le rapport annuel,
c'est aussi indiqué que vous avez une prime de séparation de prévue de
3,094 millions lorsqu'il y aura terminaison d'emploi, ça fait que... Un
beau boni à l'entrée puis un beau boni à la sortie. Ça, je veux juste
que ce soit...
M. Emond
(Charles) : Non. Excusez. Si je suis congédié pour cause, ce
n'est pas garanti, ça, à la sortie, du tout, là.
M. Ouellet :
O.K. J'aimerais peut-être vous amener sur un dernier sujet, il ne me reste pas
beaucoup de temps, les actifs en Russie. La Caisse de dépôt avait des actifs
dans de nombreuses sociétés en Russie. Vous avez investi cela au début des années 2000 puis vous avez figé ces
investissements à partir de l'invasion de la Crimée en 2014. Vers
mars 2022, vous avez vendu à forte perte, par rapport à la valeur de
l'année précédente, ces actions. Par rapport à la valeur des actions de l'année
précédente, vous auriez perdu 350 millions. Est-ce que vous détenez
toujours des actions en Russie? Et quelles sont les actions que la CDPQ veut
prendre pour protéger l'économie québécoise dans le contexte de la guerre?
Le Président (M. Simard) : Alors, il
vous reste 50 secondes.
M. Emond (Charles) : O.K. Donc, on
a... Il n'y a pas de stratégie pour investir en Russie. Les titres qu'on
détenait, premièrement, on respectait toutes les sanctions canadiennes, et
c'était dans le cadre de mandats indiciels. Parce
que, quand tu as des mandats de l'indice dans le monde entier, la Russie en
faisait partie indirectement, tu détiens une exposition à ces titres-là.
Et je peux vous dire qu'on a vendu la moitié de ce qu'on détenait avant
l'invasion de la guerre. Il y a certains montants qui sont tous chez des
gestionnaires externes, parce que, dans ces mandats indiciels là, il reste
certaines sommes. Il y a eu des sanctions additionnelles depuis, mais, même
dans le pire des cas, si vous imaginez, même
si ce n'est pas certain, que ces titres-là ne vaudront rien, dans le pire des
cas, c'est absolument, absolument marginal pour la caisse...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci, cher collègue. Je cède maintenant la parole au député de
Robert-Baldwin.
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Alors, j'arrive, je pense,
à mon dernier bloc, n'est-ce pas, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : ...reste
19 min 30 s.
• (12 heures) •
M. Leitão : 19 minutes pour le
dernier bloc. Là, je vais parler très vite. Non, non, non. Mais,
M. St-Gelais, j'aimerais commencer avec vous, pas sur le dernier sujet
dont vous parliez, ce n'est pas ça, mais ça concerne la gouvernance de la
caisse. Vous êtes le président du conseil d'administration depuis, je pense,
octobre 2021, donc relativement récent. Et je dois vous avouer qu'une
chose qui m'avait surpris concerne la gouvernance ou peut-être des manquements
d'éthique au niveau des filiales de la Caisse de dépôt, pas la caisse, je n'ai
aucun problème avec, mais les filiales, notamment Otéra Capital.
En 2019, il y a eu le scandale qui a éclaté
dans les médias. Je vous rappelle qu'à l'époque M. Sabia avait comme piqué
une crise, et, je pense, avec raison, et déclenché une investigation interne,
confié à une firme d'avocats de faire un état de situation de qu'est-ce qui
avait mené à ces écarts-là, et, bon, les décisions ont été prises. Certaines
personnes ont été congédiées ou ont quitté, et on pensait que c'était terminé,
mais, plus récemment, on a été mis au courant, par... encore une fois, par les
médias, qu'il y avait encore des situations potentiellement problématiques. Et
c'est là où vraiment...
Écoutez, vous aussi, M. St-Gelais, vous et
M. le ministre, M. Emond, nous avons tous travaillé dans le système
financier, l'institution financière depuis très longtemps. Et je dois vous
avouer que ça m'avait beaucoup étonné, en 2019, et encore aujourd'hui, de
voir qu'un employé d'une institution financière a aussi des intérêts dans des entreprises auxquelles l'institution financière
prête de l'argent, même s'il n'y a aucun conflit d'intérêts, mais il y a...
il y a une apparence de conflit d'intérêts. Moi, je pensais que cela avait été
réglé en 2019. Il semble qu'il y a encore des situations qui ne sont pas tout à
fait claires.
En tant que président du conseil
d'administration de la Caisse de dépôt, M. St-Gelais, qu'est-ce que vous
pensez de cette situation-là, où un employé de l'organisation, en même temps,
peut avoir des intérêts personnels dans une entreprise qui fait affaire avec
l'organisation?
M. St-Gelais (Jean) : Oui. Écoutez,
merci beaucoup. Le conseil d'administration accorde une très grande importance,
évidemment, aux questions éthiques et comportements des employés de la
direction, de tout le monde à la Caisse de dépôt. Et il y a en place, et dans
les filiales également, comme vous le mentionnez... Et il y a des codes
d'éthique qui sont en place à la caisse, dans ses filiales. Et, de plus en
plus, la caisse veut s'assurer que les codes d'éthique des filiales et celui de
la caisse sont semblables, conformes, puis qu'il n'y a pas de possibilité de
problème de comportement, là, qui ne serait pas acceptable.
Maintenant, des cas comme ce... Le cas auquel
vous faites référence, chez Otéra, a été pleinement divulgué. Il y a peut-être
l'apparence de conflit d'intérêts, dont vous faites partie, là, qui peut être
une... qui peut être délicat, comme... pour la réputation de la caisse, pour
son image. C'est la raison pour laquelle on s'assure, auprès de M. Emond,
auprès de M. Lalande, qui dirige tout le secteur juridique, que des
garde-fous soient mis en place, que, lorsqu'il
y a une transaction qui est faite par un des membres de la direction, puis là
il y a certains niveaux... bien, que ces
transactions-là soient autorisées — c'est
vrai pour les membres du conseil d'administration également — à
l'avance, pour ne pas qu'il y ait de conflit d'intérêts.
Maintenant, est-ce que la caisse devrait aller
plus loin, de regarder, par exemple, ou d'empêcher certains dirigeants de faire
des transactions, de confier totalement leurs épargnes en gestion
discrétionnaire, etc.? C'est des discussions qu'on a avec M. Emond, est-ce
qu'on devrait aller plus loin ou pas, mais, pour l'instant, on a en place des règles qui, à notre avis, fonctionnent bien. Et le cas
dont il a été question, il n'a pas du tout... il n'y avait pas du tout, à ce qui nous a été rapporté, de conflit
d'intérêts de la personne. Ça a été divulgué à l'avance, pas caché, rien. Bon, la
question se pose, est-ce qu'on devrait le permettre ou non. On en discute
toujours.
Le Président
(M. Simard) : Merci. M. le député.
M. Leitão :
Justement, je pense que le... Encore une fois, je ne veux pas aller... Je
ne veux pas personnaliser les choses. Est-ce
que M. Untel... Ce n'est pas ça, le but de ma question, mais c'est le principe
de la situation, c'est-à-dire un haut
cadre d'une institution financière ne devrait pas avoir des intérêts dans une
entreprise qui fait affaire avec cette institution financière. Comme
moi, je siégeais au comité de gestion de risques de la Banque Laurentienne.
C'était tout à fait impensable que je puisse en même temps être actionnaire
d'une compagnie qui a...
Donc, j'invite le
conseil d'administration de la caisse à aller plus loin et, justement, à faire
en sorte qu'une telle situation ne se
reproduise pas, parce que, je pense, pour la Caisse de dépôt et placement du Québec, sa réputation est un atout
énorme, et donc il faut faire tout ce qu'on peut pour protéger la bonne
réputation de la caisse, et, à mon avis, ça passe par ça.
Et c'est là... Il y a
une question qui s'en vient. On avait... Moi, j'avais demandé, il y a quelques
semaines ou quelques mois, le temps passe vite, dans le cadre de ces
allégations qui avaient surgi dans les journaux, que le conseil
d'administration de la Caisse de dépôt rende public le rapport qui avait été
commandé par M. Sabia à l'époque, en 2019,
pour clarifier l'air. Est-ce que... Puisque j'ai ici maintenant le président du
conseil d'administration, est-ce que vous êtes prêts à rendre ce rapport
public?
M. St-Gelais
(Jean) : Bien, écoutez, la réponse simple, c'est non. Les avis légaux
et autres qu'on a... Puis, écoutez, j'ai été
longtemps... J'ai été sept années à l'Autorité
des marchés financiers. Un rapport
d'enquête contient plein d'informations qui s'avèrent, après, non
fondées. On vérifie les choses. Est-ce que M. et Mme Untel a eu des liens,
a eu des choses? Puis ces informations-là,
après, s'avèrent non fondées. Alors, si on rendait les rapports d'enquête
publics, ça pourrait indûment affecter la réputation de gens qui ne
doivent pas l'être.
Ce qui est rendu
public, généralement, lorsqu'on va plus loin, à l'AMF ou ailleurs, c'est ce
qu'on dépose en cour quand on veut poser des
accusations, parce que, là, on a tout vérifié. Puis, ce qu'on peut dire là, on
l'affirme puis on est prêts à aller de l'avant avec ça.
Alors, on ne voudrait
pas qu'un rapport qui a été donné à la direction sur tout ce qui a été vérifié
soit rendu public. On pense que ça ferait
beaucoup plus de dégâts que le bénéfice que ça pourrait apporter. Puis ce n'est
pas la pratique courante de le faire également.
M. Leitão : Très bien. Merci. Mais je
pense que ce serait quand même utile d'au moins savoir s'il y a d'autres hauts
dirigeants d'Otéra ou une autre filiale... Parce qu'il me semble que l'enjeu,
ici, vraiment, ce sont les filiales de la caisse. Encore une fois, je
n'ai pas d'enjeu avec les employés de la caisse, c'est vraiment les filiales,
qui sont des institutions très spécialisées, très particulières. Et donc je
pense que ce serait quand même utile de rendre public, s'il y a d'autres hauts
dirigeants des filiales, sans les nommer, mais : Il y en a deux, trois,
quatre ou zéro qui ont des intérêts dans des entreprises avec qui l'institution
fait affaire.
M. St-Gelais
(Jean) : Bien, écoutez, je vais vous répondre comme tout à l'heure,
avec la haute direction, on regarde tout ça,
puis, avec le conseil d'administration, on va voir s'il y a lieu d'améliorer
les choses. Puis, la recommandation que vous faites, on va la regarder
avec intérêt.
M. Leitão :
Bon, très bien. Mais, regardez, encore une fois, moi, je pense que ce
serait dans l'intérêt public de rendre cette information publique, sans
nécessairement nommer les personnes, là. Ce n'est pas... Moi, ça me... ce n'est
pas ça qui m'intéresse, mais c'est de dire : Il y a encore x nombre de
hauts dirigeants que je trouve... Encore une fois, je trouve la situation assez
particulière que les hauts dirigeants d'une entreprise, d'une institution
financière fassent affaire avec...
Bon, c'est dans ce contexte-là, d'ailleurs, qu'en
tout cas moi, j'interprète les recommandations de la Vérificatrice générale. En
fin de compte, ce que la VG aimerait faire surtout, c'est de pouvoir déclencher
d'elle-même des audits de performance des filiales de la Caisse de dépôt,
et c'est ça qu'elle ne peut pas faire maintenant. Et, étant donné ce
contexte-là, moi, je pense que ce serait tout à fait à l'avantage du public de
donner ces pouvoirs-là ou ce mandat-là, cette possibilité-là à la VG pour
qu'elle puisse enclencher des enquêtes quand elle le souhaite, des audits quand
elle le souhaite. Mais vous avez dit avant, en réponse à une question des
collègues, que, bon, vous ne trouvez pas ça nécessairement utile. Mais, dans le
cas spécifique des filiales, moi, je pense que ce serait utile de permettre à
la VG d'aller plus loin.
M. St-Gelais
(Jean) : Bien, écoutez, moi, je pense également que... le ministre en
a parlé tout à l'heure, je suis du même
avis, que la Vérificatrice générale puis son équipe ont accès à beaucoup...
puis M. Emond l'a mentionné, beaucoup d'informations. Ils sont
présents au comité d'audit de la caisse, qui fait des vérifications de la...
qu'on s'assure qu'on a les bonnes pratiques,
que nos ressources sont bien utilisées, etc. Le Vérificateur général et ses
équipes ont accès à toutes ces informations-là. Ils font le court audit
de nos résultats avec une firme, EY, une firme privée. Ils ont beaucoup d'informations.
• (12 h 10) •
Maintenant, vous savez,
quand le vérificateur décide de débarquer de son propre chef dans des équipes comme la caisse, ça mobilise beaucoup, beaucoup de
personnes, beaucoup de temps pour répondre à toutes les questions puis, souvent,
amener les équipes du vérificateur au même niveau de compréhension des dossiers
qu'eux. C'est long. C'est beaucoup de travaux.
On trouve,
nous autres, qu'on en fait beaucoup puis que la gouvernance de la caisse est
excellente. D'ailleurs, dans le rapport de la Vérificatrice générale,
c'est écrit que les bonnes pratiques sont là. Alors, s'il y avait des enjeux
importants, s'il y avait des dérapages, s'il y avait des années... bien, je
pense que le gouvernement, le ministre des Finances, ses équipes ont le mandat
de demander à la Vérificatrice générale d'aller à tel endroit, dans une filiale
de la caisse ou à la caisse, pour vérifier des éléments qui nous
inquiéteraient.
Maintenant, le conseil d'administration
considère que... il veut que soit... le plus haut niveau de gouvernance soit
mis en place, qu'on ait les meilleures pratiques, qu'on recrute les meilleures
personnes, qu'on ait les meilleurs processus pour gérer les 420 milliards.
On pense qu'on en fait déjà beaucoup, beaucoup, puis que la caisse a beaucoup de rapports à nous fournir, de s'assurer
que tout est en bon ordre, et, à notre avis, pour l'instant, ce ne serait
pas une grande valeur ajoutée de donner ce mandat-là de plus à la Vérificatrice
générale.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Cher collègue.
M. Leitão : Très bien. Bon, nous
sommes en désaccord. Et d'ailleurs, M. le ministre, nous avons le projet de loi
n° 4. Je pense qu'on va le reprendre bientôt, là. J'ai vu qu'il y a une
session de briefing technique. Donc, généralement, ça veut dire qu'on va
probablement passer à l'étape suivante de l'étude détaillée bientôt. Le projet
de loi n° 4, M. St-Gelais, c'est
le projet de loi qui revoit la gouvernance des sociétés d'État, et j'ai
l'impression, comme ça, qu'on va beaucoup parler de cet enjeu-là lors de
l'étude du projet de loi n° 4 qui s'en vient.
Bien, je
comprends votre point de vue, évidemment, M. St-Gelais, et évidemment, si
la décision du législateur est une
autre, bon, vous allez, bien sûr, la suivre. Donc, ce n'est pas ça, la
question. Donc, le législateur va parler bientôt.
M. Girard (Groulx) : Ça me fera
plaisir d'en discuter lors du projet de loi n° 4 ou à tout moment que vous
jugez approprié. Et je suis très confiant qu'on va adopter le projet de loi n° 4
ensemble. Mais je pense que c'est important de rappeler que la caisse est
indépendante, qu'elle est fiduciaire des fonds qui lui sont confiés par les
déposants. La caisse, ce n'est pas le gouvernement du Québec.
M. Leitão : Bien sûr. Entièrement
d'accord avec vous. Mais, quand même, le gouvernement du Québec a un rôle à
jouer, et surtout ici, quand on parle de gouvernance et, encore une fois,
gouvernance des filiales. Et là je pense qu'il y a des choses à faire, mais
nous en discuterons en temps et lieu, de cet enjeu-là.
M. Girard (Groulx) : Avec plaisir.
M. Leitão : Et là je vois que
le temps passe.
Le Président (M. Simard) : ...
M. Leitão : Pardon?
Le Président (M. Simard) : 4 min 30 s.
M. Leitão : Vous êtes sûr de
ça?
Le Président (M. Simard) : Oui.
4 min 34 s, en fait.
M. Leitão : Je vous surveille,
moi aussi.
Le Président (M. Simard) : Ah!
bien oui.
M. Leitão : Et donc, en terminant,
parce qu'il nous manque... le temps passe quand même rapidement, moi,
j'aimerais revenir, M. Emond, au développement économique régional et le
rôle que Caisse de dépôt et placement du Québec a à jouer dans cet aspect-là,
qui, à mon avis, est très important. Le Québec, évidemment, c'est une société complexe. Nous avons des enjeux de développement
régional qui sont complexes, eux aussi, parce qu'une bonne partie de
l'économie des régions, à l'extérieur des grands centres urbains, est encore
basée sur les ressources naturelles, et il y a nécessité de contribuer à
diversifier cette base économique là. Et puis, en plus, il y a les questions
d'ordre environnemental, bien sûr, et une autre question qui se pose
présentement mais qui était dans le portrait depuis très longtemps aussi, de
pénurie de main-d'oeuvre, et donc même, dans certains cas, de déclin de la
population.
Alors, dans ce sens-là, je pense que la Caisse
de dépôt a quand même un rôle très important à jouer, de soutenir des projets
qui pourraient avoir l'air d'être un peu, peut-être, non-traditionnels, mais,
parce qu'ils se situent dans une région plus ou moins éloignée avec des
problèmes de dévitalisation, je pense que la caisse devrait jouer ce rôle-là de
moteur de développement économique régional, alors... et, puisque la caisse a
beaucoup d'antennes un peu partout, donc, vous voyez un
peu ce qui se passe non seulement au Québec, au Canada, en Amérique du Nord de
façon générale, de peut-être avoir un rôle un peu plus proactif et de... Encore
une fois, on ne va pas se mêler avec Investissement Québec, mais, quand vous
êtes au courant qu'il y a un projet d'investissement d'une certaine nature, de le diriger vers une région du Québec où ça
pourrait avoir vraiment un effet très, très mobilisateur et très structurant
pour cette région-là.
Est-ce que... Dans
votre équipe de portefeuille Québec, est-ce que vous avez une équipe, une
petite équipe, une personne qui a cette
mission-là, qui a cette mission de penser à dénicher des projets qui pourraient
être très utiles, très payants pour le Québec à l'extérieur de Montréal
et Québec, par exemple?
M. Emond (Charles) : Vous savez, le Québec, on y pense tous les jours. Moi également, je
suis investi dans ce mandat-là, parce que ça en fait partie, c'est au coeur de
l'action de la caisse. Évidemment, il y a Mme Kim Thomassin qui est
en charge du Québec, mais je tiens juste à corriger quelque chose que vous
dites souvent.
On a une équipe
Québec. Il y a une coordination par cette équipe Québec là qui fait des
placements privés, mais le Québec, c'est l'affaire... et ça, je l'ai répété
verbatim, c'est l'affaire de tous les employés de la caisse. Ils ont des
objectifs en ce sens-là. J'y porte attention. Je viens d'un monde où est-ce
qu'il y avait du démarchage. On le fait à travers les régions. Encore hier,
j'avais des gens dans la Mauricie. On agit. On va au-devant. Et l'important,
c'est d'être présents pour tous ces
projets-là dont vous parlez. Et on a cette créativité-là pour conjuguer ça avec
obtenir des rendements pour nos déposants. Je dis toujours aux gens,
quand il y a un projet : Ça paraît comme peut-être pas possible, c'est
«non, mais», on ne peut pas faire ça, mais on peut faire autre chose. Parfois
également, c'est là que l'écosystème québécois se complète à merveille.
Alors,
je pense que, dans ce sens-là, je peux vous rassurer, là. C'est quelque chose
que je suis personnellement de façon très importante. Vous savez, si on prend
du recul, le Québec... Quand on regarde le Québec, c'est un PIB de 415 milliards. Le niveau d'actifs qu'on a au
Québec, dans une économie de 415 milliards, 60 milliards sur
415 milliards, c'est unique au monde. Il n'y a pas d'autre
investisseur sur la planète qui fait ça si on le compare.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci, M. Emond. Je cède maintenant la parole au député de
Saint-Jérôme. Et votre groupe parlementaire dispose de
10 min 40 s.
M. Chassin : Merci, M. le Président. Et merci à mes collègues, qui m'ont
comme autorisé à revenir, là, tout brièvement. D'abord, M. Emond, j'avais
l'impression que vous aviez terminé, mais vous étiez en train de répondre, là, sur les investissements en Russie quand le bloc
de la troisième opposition s'est terminé. Est-ce que vous aviez terminé?
Est-ce que vous vouliez plus de temps?
M. Emond
(Charles) : ...
17
881
M. Chassin : D'accord. Parfait. Et puis en fait on m'autorise à revenir
simplement pour une petite question d'intendance, principalement, là, parce que
moi, j'avais compris une chose, le secrétariat, autre chose. La définition opérationnelle de l'acceptabilité sociale dont on
avait parlé, est-ce qu'on peut s'attendre à la recevoir à la commission?
M. Emond
(Charles) : Bien, vous l'avez un peu... Vous savez, je n'ai pas une définition,
là, sur deux lignes qui tient, parce que ça s'exprime de plein de façons,
l'acceptabilité sociale. Ce qu'on essaie de dire, c'est... L'aspect social, je
dirais, le S dans l'ESG, c'est une foule de facteurs, c'est comment que la
société à laquelle on investit se comporte. Est-ce qu'il y a une sécurité au
niveau des travailleurs? Est-ce que c'est une société qui paie ses impôts de
façon juste et raisonnable ou ils font de la planification abusive fiscale?
Est-ce qu'ils sont, au niveau de la diversité...
• (12 h 20) •
17
881
M. Chassin : Ça fait qu'il n'y a pas une définition de l'acceptabilité
sociale avec laquelle on évalue, par exemple, le niveau d'acceptabilité
sociale. Ce n'est pas ce type-là de définition.
M. Emond
(Charles) : Bien, c'est une foule de facteurs qui s'adaptent, je vous
dirais, plus qu'une définition très étroite.
Mais on a des critères qu'on suit précisément, parce que la caisse veut... et
trouve que ces éléments-là sont aussi le reflet de sociétés qui sont
plus performantes.
17
881
M. Chassin : Oui, absolument. D'accord. Merci beaucoup. Je laisse la
parole à mes autres collègues.
Le Président
(M. Simard) : Alors, cher collègue, à vous la parole.
17
881
M. Chassin : À moins que le ministre...
Le Président
(M. Simard) : Oui, M. le ministre, je vous en prie.
17
929
M. Girard
(Groulx) : Bien, si vous me permettez une clarification, est-ce que
ces éléments de responsabilité sociale sont dans le bilan... dans le rapport
annuel ou dans un document séparé?
M. Emond (Charles) : Écoutez, on a
ça dans le rapport annuel, on en parle, mais ça fait partie d'une foule de choses. Je vous donne des exemples. Quand on
fait des investissements précis, ces éléments-là sont pris en considération.
Par exemple, est-ce que la société paie sa juste part
d'impôt? Bien, c'est un critère. Alors, on l'a, oui. C'est intégré dans nos
processus au cas par cas.
Le Président
(M. Simard) : Très bien. M. le député de Vanier-Les Rivières.
17
905
M. Asselin : Une
question naïve, un peu, d'un ex-directeur d'école. On entend beaucoup de choses
depuis deux ans relativement à la compétition
qu'il y a dans le marché pour les meilleures ressources : la pyramide
démographique qui s'inverse, les jeunes générations qui mettent plus d'accent
sur la conciliation travail personnel avec la vie personnelle, la pénurie de
main-d'oeuvre qui nous frappe. Le gouvernement fédéral a une statistique, 915 000 postes, c'est
quand même gros, des postes qui sont affichés puis qui ne trouvent pas preneur,
la pandémie aussi. Donc, je voudrais savoir de vous autres, puis M. le ministre
autant que M. Emond ou M. St-Gelais, vous avez une expertise dans ce domaine-là, vous êtes dans
un secteur spécialisé au niveau de la finance, comment le phénomène de
société... Comment ça se traduit à la CDPQ? Est-ce que vous vous considérez
encore compétitifs?
M. Emond
(Charles) : Merci. Vous savez, nos gens sont nos actifs les plus
importants. Si on n'a pas les bonnes personnes, on n'aura pas les bons actifs,
on n'aura pas les bons rendements pour les Québécois. Vous avez raison, c'est
une situation qui est exacerbée actuellement. La guerre des talents, ce n'est
pas juste des mots. Il y a 80 % de plus de postes vacants en 2021 qu'en
2019, selon Statistique Canada. Dans le secteur de la finance, c'est un bassin
de 154 000 travailleurs au Québec, et il y a 10 % de postes qui
sont à pourvoir.
Et le télétravail
vient exacerber une situation complexe. Des firmes de New York, des firmes de
Londres, des firmes de Singapour peuvent être intéressées par l'expertise, qui
est de haut niveau, de calibre mondial, que nos gens possèdent, tout en restant
à Montréal, maintenant. C'est une toute nouvelle bataille dans laquelle ça
s'inscrit. Et je vous dirais qu'il y a une
croissance du taux de roulement, à la caisse, de 50 %, depuis peu, parce
qu'il y a une concurrence accrue pour ces talents-là.
Vous savez, la
caisse, ça paraît gros de l'extérieur. C'est 420 milliards. C'est un des
plus gros fonds de pension au monde. Mais c'est généré... Ça a généré
50 milliards de rendement l'année dernière. C'est l'équivalent du profit des cinq plus grandes banques au Canada,
qui ont 500 000 employés, tandis qu'on le fait avec 1 400 employés. Alors, oui, ils ont un
talent recherché.
C'est des gens qui
sont fiers de travailler à la caisse. On les paie de façon raisonnable, en bas
de la médiane du marché, à l'intérieur de nos règlements, mais on se doit
d'être minimalement compétitifs. Puis on voit qu'il y a des firmes, des banques, les plus grands investisseurs dans le monde qui
les abordent et puis qui, parfois, peuvent offrir le double ou le
triple.
Donc, je ne dis pas
que les gens ont besoin de ça. Je fais juste dire qu'on se doit simplement
d'être aguerris pour simplement être
minimalement compétitifs dans cet environnement-là qui n'est pas près de s'en
aller immédiatement puis qui s'est exacerbé, comme je disais, en raison
du télétravail. Maintenant, tout le monde a accès un peu à tous les employeurs.
Puis les employeurs ne se gênent pas pour venir ici, parce qu'on a un bassin de
talents reconnu.
M. Asselin :
Merci, M. Emond.
Le Président
(M. Simard) : Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Foster :
Bonjour. Salutations à M. Emond, au ministre également,
M. St-Gelais. J'aurais une question à propos de la Caisse de dépôt... et
de placement, excusez-moi, et l'économie du Québec en général. On monte à l'an
dernier, en 2021. Malgré la pandémie, à travers la pandémie, l'économie du
Québec a été résiliente et a très bien performé. Dans ce contexte-là, la caisse
a eu un niveau d'actifs investis au Québec qui a atteint un niveau très élevé,
du jamais-vu. On parle de 78 milliards d'actifs totaux de la Caisse de
dépôt et de placement au Québec. La Caisse de dépôt, on le sait, depuis sa formation, a toujours été
un outil extrêmement important, là, qui a permis à nos entreprises de se développer, de croître, d'atteindre leur
plein potentiel. D'ailleurs, de nombreuses sont devenues de très grands fleurons
québécois, que ce soit dans notre économie ou l'économie nord-américaine. Caisse
de dépôt, c'est plus qu'un bas de laine pour
les Québécois, c'est un des plus importants leviers qu'on a pour dynamiser
notre économie. On est toujours heureux de voir la caisse investir dans
l'économie québécoise. Mais qu'est-ce qui vous a permis d'atteindre un si haut
niveau de rendement l'an dernier, en 2021?
M. Emond (Charles) : Bien,
écoutez, comme j'ai dit quand je suis arrivé, c'est un écosystème que je
connaissais toute ma carrière. Pendant 25 ans, je l'ai desservi. On a une
équipe, sous le leadership de Mme Kim Thomassin, qui fait un très
bon travail, mais c'est également l'affaire de tout le monde. On a des
objectifs pour chaque classe d'actifs. On fait du démarchage. Et puis je vous
dirais que c'est quand on investit dans ces relations-là que ça devient payant.
Je vous donne un
exemple. Il y a comme quatre volets. Premièrement, la croissance. On est là
pour accélérer la croissance des entreprises. Les entreprises du portefeuille
de la caisse ont en moyenne une croissance des revenus de 15 %. Donc, on
fait des projets pour accélérer leur croissance.
Deuxième des choses,
on aime ça que nos entreprises — ça, c'est ce que j'aime le plus — vont
acheter des entreprises à l'étranger. En
cinq ans, on a aidé 350 entreprises à faire 350 acquisitions. En cinq
ans, c'est une par semaine. Ça, c'est exporter le Québec puis importer
des rendements pour les Québécois.
Troisième chose, c'est le volet technologique.
On aime aider les entreprises. On est le plus grand investisseur en capital de
risque au Canada et un des plus gros dans le monde, où est-ce qu'on aide les
entreprises de la nouvelle économie, parce que c'est
comme ça que le Québec va demeurer prospère, et à l'avant-garde, et productif,
avec des entreprises de la nouvelle économie qui vont émerger puis qui, en
fait, aident à prendre des parts de marché par rapport à des entreprises plus traditionnelles. Donc, il faut être
investis dans ça puis aussi de faire des projets structurants, durables,
comme on fait au niveau des entreprises en environnement ou des projets de
transport collectif.
Le Président
(M. Simard) : Merci. Mme la députée.
Mme Foster :
Il reste combien de temps?
Le Président
(M. Simard) : Il vous reste 2 min 13 s.
Mme Foster :
Qu'est-ce qui est en place, à la caisse, pour continuer d'accroître la
présence au Québec? Mais aussi quels sont les secteurs sur lesquels vous misez?
M. Emond
(Charles) : Il y a plusieurs secteurs qu'on aime. Le secteur financier
est intéressant à plein de niveaux, ce qu'on appelle la nouvelle technologie
dans le secteur des finances, tous les aspects de cybersécurité, qui est un élément qui prend de plus en plus
d'importance. On aime beaucoup le secteur de la santé également, en ce sens
que ça peut être intéressant à développer. On a parlé de l'hydrogène vert,
qu'on regardait ça, les nouvelles énergies renouvelables. Alors, il y a une
foule de secteurs. Ceci dit, on ne refuse jamais une entreprise qui vient nous
voir, parce qu'on dit : Vous n'êtes pas dans un des quatre, cinq secteurs
qu'on veut pousser. Ça, je veux qu'on soit très clairs là-dessus. Alors, il y a
une multitude de choses.
L'avantage du Québec,
c'est... au-delà de l'écosystème qu'on parlait tout à l'heure, de plusieurs
joueurs financiers, c'est une économie qui est diversifiée, et ce qui fait en
sorte que c'est l'économie la plus dynamique. Depuis la COVID, le PIB est en
hausse à un niveau 2,2 % plus élevé que pré-COVID. Le reste du Canada a
0,2 %. Bon, il y a des enjeux avec la main-d'oeuvre, mais on va se
féliciter quand même que ce soit un taux de chômage le plus faible au Canada.
Le niveau de la dette est bien géré. Et puis on voit une hausse, quand même,
une croissance du PIB de 2,6 %. Oui, il y a des enjeux, mais c'est les
mêmes enjeux que tout le monde va avoir : la hausse des taux, la guerre et ses conséquences, pénurie de
main-d'oeuvre. Mais nous, on trouve... Puis on regarde dans le reste du pays,
puis je peux vous dire que, quand je vais à Toronto ou ailleurs, c'est une
économie qui fait l'envie non seulement pour son système, écosystème financier,
mais pour la diversité de ses différents secteurs. Ça nous permet d'être en
meilleure position par rapport à d'autres endroits.
Le Président
(M. Simard) : Il vous reste 30 secondes, si vous le
souhaitez.
Mme Foster : Une dernière question très rapide sur les régions.
Vous savez, ce Québec, il est grand, il est beau, mais il est très grand, donc
grand territoire à couvrir. Qu'est-ce que la caisse fait pour les régions?
Est-ce que vous prenez cette
dimension en compte quand vous investissez? Parce que certains investissements
peuvent être plus stratégiques.
Le Président (M.
Simard) : Alors, en 10 secondes, s'il vous plaît.
M. Emond
(Charles) : La réponse, c'est oui. On est présents dans ces
régions-là. On va se promener, d'ailleurs, la semaine prochaine. Moi-même, j'y
vais. Ce que, les entrepreneurs, je veux qu'ils entendent, c'est que la porte
de la caisse est ouverte.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, merci à vous tous. Nous venons de terminer ce premier
bloc d'échange. Comme vous le savez, il n'y aura pas de vote.
Document déposé
Et je dépose les
réponses aux demandes de renseignements de l'opposition.
Compte tenu de l'heure,
nous allons suspendre nos travaux, et on se retrouve après les affaires
courantes. Merci à tous.
(Suspension de la séance à
12 h 30)
(Reprise à 15 h 42)
Le Président (M. Simard) : Bonjour
à tous. Nous avons quorum, nous sommes en mesure de reprendre nos travaux.
Comme vous le savez,
la Commission des finances publiques est à nouveau réunie afin de procéder à
l'étude du volet Revenu Québec des crédits budgétaires du portefeuille Finances
pour l'exercice financier 2022-2023. Une enveloppe de 45 minutes a
été allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Aucun remplacement.
Revenu Québec
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous procédons immédiatement à nos échanges, et je cède immédiatement la
parole au critique de l'opposition officielle et député de Robert-Baldwin. Cher
collègue, à vous la parole.
Discussion générale
M. Leitão : Très bien. Merci beaucoup, M. le Président. Alors,
bonjour, Mme Tremblay, monsieur... je m'excuse...
Une voix : ...
M. Leitão : ...Maranda.
Bonjour, M. le ministre, bien sûr. Alors, on va parler un peu de questions
d'ordre fiscal, et j'aimerais commencer par un enjeu qui a été soulevé
récemment dans les médias mais qui est, disons, dans le portrait depuis déjà un certain temps. Ça concerne
les rapports d'impôt préremplis... enfin, on peut... on peut l'appeler comme on voudra, des rapports d'impôt qui seraient
déjà, en tout cas, partiellement préremplis ou totalement préremplis.
Comme j'ai dit, c'est
un enjeu qui est regardé depuis déjà un certain temps. Ce n'est pas
d'aujourd'hui. Mais, récemment... Et je pense que j'avais vu ça aujourd'hui
dans les médias, aujourd'hui, où Revenu Québec a dit que, bon, après avoir bien étudié la question,
maintenant, on juge que ce n'est pas... Je ne me rappelle pas exactement des
termes, mais on juge que ce n'est pas
pertinent ou que ce n'est pas... Ce serait trop difficile, ou quoi, parce que,
et c'est là où ça m'a accroché un
peu... parce qu'il y avait certains groupes de contribuables qui ne gagneraient
pas, si jamais on allait dans cette direction-là d'avoir un rapport
d'impôt prérempli.
Donc, si vous
pourriez peut-être nous expliquer un peu pourquoi, après analyse, Revenu Québec
a décidé de ne pas poursuivre cette avenue-là et pourquoi est-ce qu'il y aurait
certains contribuables qui ne bénéficieraient pas tellement d'une telle mesure.
M. Girard (Groulx) : ...s'il y a consentement,
je donnerais la parole à Mme Tremblay, notre P.D.G. de Revenu Québec.
Le Président (M.
Simard) : Très bien. Y aurait-il consentement afin que
Mme Tremblay s'adresse à nous?
Des voix :
...
Le Président (M.
Simard) : Mme Tremblay, pour les fins de nos travaux, auriez-vous
d'abord l'amabilité de vous présenter, s'il vous plaît?
Mme Tremblay (Christyne) : Avec plaisir. Alors, je suis Christyne Tremblay. Je suis la
présidente-directrice générale de Revenu Québec.
Le Président (M.
Simard) : ...nous vous écoutons.
Mme
Tremblay (Christyne) : Alors, merci
beaucoup, M. le député, pour la question. Je pense que vous avez tout à fait
raison de soulever cet enjeu au niveau de la préremplie et je peux confirmer
que ça fait partie des projets de Revenu Québec d'étudier qu'est-ce qui peut
être fait en ce sens.
Vous avez raison
également de mentionner qu'il y a déjà eu des travaux, depuis très longtemps,
sur la préremplie. Ce n'est pas un concept qui est nouveau. Il y a eu un projet
pilote en 2007-2008, et là, à ce moment-là, on
avait une préremplie manuscrite, papier, et seulement
13 000 contribuables se sont prévalus de ce type de service là.
Donc, aujourd'hui, en
2022, une préremplie, ça veut dire autre chose. On veut être capables
d'utiliser les technologies, on veut être capables d'utiliser les différentes
possibilités à notre portée pour être capables de faire une différence et de
vraiment simplifier les choses pour certaines catégories de contribuables.
Donc, ça fait partie des travaux de Revenu
Québec. On va le considérer. Et, pour certaines catégories de contribuables,
peut-être, pour lesquels les revenus sont plus prévisibles, par exemple
ceux qui bénéficieraient davantage de prestations gouvernementales, pour les
retraités, pour lesquels on pourrait dire que les revenus sont plus simples,
plus prévisibles, bien, pour ce type de contribuables là, la préremplie serait
quelque chose qui pourrait être intéressant.
Il faut voir aussi
que, même si Revenu Québec dispose de beaucoup de données, il ne dispose pas de
toutes les données qui pourraient arriver en cours d'une année pour un
contribuable. Par exemple, est-ce qu'il y aurait des frais médicaux? Alors,
c'est une information que seul le contribuable détient, qui peut faire une
différence dans sa déclaration de revenus et pour laquelle il faudrait avoir
quand même une certaine validation faite par le contribuable.
Donc, ce qu'on va
faire, c'est qu'on va aller voir ailleurs, où ça existe, des préremplies, donc
en Belgique, Danemark, Finlande, comment ils procèdent, que sont les meilleures
pratiques, comment les contribuables valident les informations, pour être
certains quand même, que, malgré que c'est prérempli par l'administration
fiscale, on a vraiment un portrait exact pour le contribuable, et ensuite dans
quel délai il est acceptable de présupposer que le contribuable est
confortable, qu'il a validé l'information. Donc, ça va faire partie des choses
qu'on va faire au cours des prochains mois.
M.
Leitão : Merci. Et vraiment je vous encourage fortement à poursuivre
dans cette direction, parce que notre régime
fiscal est un peu complexe, c'est le moins qu'on puisse dire, et beaucoup de
prestations gouvernementales, évidemment,
dépendent que le contribuable fournisse son rapport d'impôt pour, après,
pouvoir déclencher ces paiements-là. Donc,
c'est important que tout le monde puisse le faire. Et pour certaines personnes,
c'est un peu complexe de remplir tout ça, donc le préremplissage, ça
pourrait aider, certainement.
Un autre élément qui
pourrait aider aussi, c'est que, de nos jours, bien sûr, nous avons des
logiciels privés qui sont assez puissants et qui peuvent vraiment aider le
contribuable à bien faire sa... bien remplir sa déclaration d'impôt. Mais ces
choses-là ne sont pas données. Bien sûr, ça coûte de l'argent, et ce n'est pas
tout le monde qui a les moyens pour pouvoir
acheter de tels produits et puis avoir aussi l'équipement pour pouvoir les
utiliser. Alors, est-ce que ce serait possible que Revenu Québec puisse avoir
une espèce de... je pense que vous l'avez déjà d'une certaine façon, là,
mais une espèce de logiciel public, que les contribuables pourraient accéder
directement au site Web de Revenu Québec, et qui ne coûterait rien, qui serait
gratuit et relativement simple, mais que, pour un bon nombre de contribuables,
ça pourrait être juste suffisant pour eux, donc, de prendre ce logiciel public,
compléter le rapport d'impôt et puis le soumettre à l'autorité fiscale,
souvent, pour pouvoir obtenir les prestations? Peut-être, ça pourrait être
négocié avec les entreprises privées, et peut-être que c'est quelque chose que
Revenu Québec pourrait payer une certaine royauté aux entreprises privées qui
créeraient un tel outil, mais que, pour le contribuable, pour l'individu, ça ne coûterait rien. Est-ce que c'est quelque chose
que vous envisagez de fournir, donc, ce type d'outil aux contribuables
pour qu'ils puissent accélérer le traitement de leurs rapports d'impôt? Ou
Mme Tremblay.
Le Président (M.
Simard) : Mme Tremblay? Très bien.
• (15 h 50) •
Mme
Tremblay (Christyne) : Merci beaucoup.
Alors, merci pour la question. Nous travaillons en étroite collaboration avec
les concepteurs de logiciels, vous le savez, pour perfectionner, année après
année, et simplifier les choses pour les
contribuables. Les logiciels sont à des coûts abordables, mais je comprends la
sensibilité au niveau de peut-être certains contribuables pour lesquels,
même à coût plutôt modique, au niveau de ces logiciels-là, ça pourrait sembler
être un frein.
Donc, on a quand même
un programme de bénévoles et pour lequel on appuie les contribuables qui
souhaiteraient qu'on les appuie dans la façon de remplir leurs obligations
fiscales. Donc, pour l'an dernier, c'est 153 000 personnes qui ont
fait appel à notre service d'aide en impôt. C'est un programme qu'on a bonifié
cette année pour s'assurer de l'accessibilité. Donc, pour chaque déclaration de
revenus remplie, nous donnons 5 $ au lieu de 2 $. Et il y a, je dirais, un très grand nombre de
personnes bénévoles qui contribuent à ce service-là. C'est
2 800 bénévoles, 510 organismes qui, dans chaque période
de pointe, appuient les contribuables à plus faibles revenus ou plus... ou pour
lesquels c'est plus difficile de remplir les obligations, donc, de le faire.
Donc, on estime que ce service-là vient rencontrer, peut-être, la sensibilité
puis les préoccupations que vous avez, pour être certain que tous les
contribuables ont accès aux services.
M. Leitão : Ce
serait important de nous assurer que tout le monde puisse avoir accès aux
services. Je me rappelle, il y a quelques
années, avec la ministre fédérale du Revenu, on avait annoncé certains montants
pour améliorer le financement des
groupes communautaires qui aident les contribuables. Et je pense qu'il y a
toujours lieu de continuer dans cette
direction et d'augmenter l'aide de Revenu Québec et de l'Agence du revenu du Canada, les deux ensemble. Vous avez mentionné
les 2 $ par... Et ça, je dois vous dire que j'ai eu plusieurs, plusieurs
groupes communautaires, dans mon comté, qui
font ce genre de travail, qui aident les contribuables à remplir les rapports
d'impôt et qui disent : Écoutez, bon, on le fait, mais 2 $,
franchement, c'est...
M. Girard
(Groulx) : C'est 5 $ maintenant.
M. Leitão : Oui,
mais même 5 $, c'est... Ça veut dire, il me semble, qu'il faut quelque
chose d'un peu plus structurant pour que ces personnes-là puissent avoir
vraiment accès, parce que, souvent, ce n'est pas seulement avoir accès aux
logiciels, et tout, mais c'est l'équipement, d'avoir accès à un ordinateur,
d'avoir accès à Internet. Dans les cas que
je vous mentionne dans mon comté, c'est quand même une partie de mon comté où
il y a beaucoup de personnes récemment arrivées, donc des immigrants récents,
des demandeurs d'asile, des personnes au statut précaire. Et donc, pour ces
personnes-là, même si elles ont droit à un certain nombre de prestations, il y
a toujours une difficulté, une certaine
réticence à parler au fisc. Parler au fisc, c'est compliqué pour certaines
personnes. Et ces groupes communautaires là ont besoin de plus d'aide.
Donc, moi, je vous...
Le Président (M.
Simard) : ...
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Moi, je vous encourage à continuer dans cette direction
et de rendre ce financement-là un peu plus stable et un peu plus prévisible
pour ces groupes communautaires là.
Le Président (M.
Simard) : Succintement, peut-être, pour ce dernier... pour ce premier
bloc.
M. Leitão : Est-ce
que c'est terminé, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : Il vous
resterait à peu près cinq secondes, puis vous avez un second bloc.
M. Leitão : Alors,
est-ce que je pourrais vous en poser juste une, question, très rapidement? Et
puis on peut le prendre de mon temps.
Le Président (M. Simard) : Oui, tout
à fait.
M. Leitão : Parce que, si vous
permettez, puisque vous êtes là, Mme Tremblay, et je n'aime pas faire ça,
mais je vais le faire quand même, il y a le cas d'une personne, qui est sorti
dans les journaux, une contribuable qu'à cause d'une erreur de son employeur...
Elle avait gagné 492 $, et puis ça a été indiqué comme 49 000 $,
et puis Revenu Québec a dit : On sympathise beaucoup avec cette question,
mais, vous savez, on ne peut pas nécessairement faire... Mais vous pouvez, vous
pouvez régler ça rapidement. Donc, je vous encourage vraiment à y aller
rapidement. Ce sont des personnes
vulnérables, et le plus rapidement qu'on règle ça, le mieux ce sera pour cette
personne-là. Voilà.
Le
Président (M. Simard) : Alors, merci. Comme nous avons légèrement commencé
en retard, afin de résorber ce temps perdu, j'aurais besoin de deux
consentements : un premier, votre consentement afin que le temps dévolu à la partie gouvernementale soit réputé être déjà
écoulé; et le second, que nous puissions dépasser légèrement nos minutes
de fermeture pour le premier bloc, à 16 h 19 au lieu de
16 h 15. Ça vous irait? Alors, chère collègue de Mercier, vous
disposez de 5 min 45 s.
Mme Ghazal : O.K. Merci beaucoup.
Donc, bien, je vais poser mes questions à Mme Tremblay. Je vais aussi aller sur les déclarations d'impôt
préremplies. Moi, j'ai proposé ça, là, aussi. C'est une vieille idée, mais je
l'ai quand même proposée cette année,
au début de l'année, et il y a vraiment eu... Je ne sais pas si le ministre ou
vous, Mme Tremblay, vous avez parlé avec les gens des organismes
communautaires. Ce n'est pas en donnant de l'argent uniquement pour ce service-là que ça va les inciter à le
continuer. La pénurie de main-d'oeuvre, même pour des bénévoles, elle est
partout. Il y a des gens dans mon comté
qui m'ont donné leurs clés, la clé, là, des organismes, pour dire, de façon
symbolique : Nous fermons notre clinique d'impôt parce qu'on n'y
arrive pas.
Et donc, ailleurs dans le monde, l'Australie,
l'Espagne, le Royaume-Uni, la France tendent à aller vers ça, la déclaration
d'impôt préremplie, même pour l'ensemble des citoyens, pour faciliter le plus
possible ce travail-là, puisque le gouvernement a toutes les informations. Puis
là ce que je comprends, c'est que le ministre dit : Oui, il faudrait, j'ai la volonté qu'on aille là. On n'a
pas trop les détails. Vous, ce que vous dites, c'est que, peut-être plus tard,
en 2027, on va le regarder pour les citoyens qui reçoivent uniquement des
prestations gouvernementales — ce sont des
gens qui souffrent de l'inflation — alors
qu'il y a eu un projet pilote. Moi, je pensais que c'était en 2009. Vous me
dites que c'était en 2007-2008. Mais, je veux dire, je ne comprends pas. Vous
savez, quand on veut rendre quelque chose de
compliqué, on peut rendre ça compliqué, puis, si on a la volonté de le rendre
simple, on peut le rendre simple.
Donc, je
comprends que ce n'est n'est jamais simple, mais est-ce que vous pouvez me dire
c'est quoi, la raison fondamentale qui vous fait attendre puis
dire : Peut-être, au moins pour une catégorie de citoyens — laquelle? — ce
serait en 2027? Qu'est-ce qui est si compliqué que ça? Puis pourquoi vous
dirigez les gens vers des logiciels, alors que
beaucoup de gens n'auront pas la capacité de payer pour ça, surtout ceux qui
reçoivent uniquement des prestations du gouvernement? Je pose la
question à Mme Tremblay, oui.
Mme Tremblay (Christyne) : Merci beaucoup, Mme la députée, pour la question. Alors, on
ne va pas regarder en 2027, on va le faire maintenant. On a déjà commencé à
regarder qu'est-ce qui pourrait être fait pour les préremplies, au moins pour
les clientèles pour lesquelles la situation fiscale, elle est simple.
Mais on ne va pas s'arrêter là. Et on est
vraiment en mouvement. On regarde est-ce qu'on pourrait avoir des parcours
simplifiés. Vous avez mentionné certains contribuables plus vulnérables, nos
aînés, par exemple, ceux qui bénéficient du crédit d'impôt maintien à domicile,
le crédit d'impôt pour les personnes qui sont leurs proches aidants, comment on
pourrait avoir des parcours qui feraient en sorte qu'ils auraient facilement
accès à ces sommes auxquelles ils ont droit.
On pense aux gens qui s'occupent... par exemple,
parfois, des liquidateurs de succession. Donc, ça peut nous arriver à tous et
chacun. C'est un parcours qui peut sembler complexe. Souvent, on est dans
l'émotion, en plus, quand on doit gérer ça.
Donc, on va réfléchir... Bien, on n'est pas en train de réfléchir. Pour les
successions, c'est déjà en place. On a un parcours avec ce qu'on
appelle, nous, une boussole pour guider les gens. Donc, peut-on faire la même
chose?
On a parlé de prétéléchargement de données
fiscales. Donc, c'est aussi une forme de préremplie où vous ouvrez votre
déclaration, et déjà vos données sont là. Donc, c'est une... Pour des gens qui
sont peut-être dans la moyenne, ce sont des façons qui sont très près d'une
préremplie. C'est un demi-million de Québécois et Québécoises par mois, dans
les derniers... avril, mars, qui ont téléchargé leurs données pour faciliter
leurs déclarations de revenus.
Mme Ghazal : Oui, pour la remplir.
Mais une déclaration préremplie, c'est-à-dire que vous la complétez pour ces
gens-là puis vous leur envoyez, vous dites : Est-ce que vous êtes
d'accord? Puis, s'ils sont d'accord, ils disent...
ils n'ont rien à faire. S'ils ne sont pas d'accord, là, ils vous disent c'est
quoi, les informations à corriger. Moi, c'est de ça que je parle. Quand?
Mme Tremblay
(Christyne) : Bien, ce que je vous ai mentionné, c'est qu'on
regarde maintenant qu'est-ce qui pourrait être fait pour les clientèles avec
des situations fiscales qui sont simples.
Mme Ghazal : Puis
quand est-ce que ça va être possible de le faire, vu qu'il y a eu un projet
pilote en 2007-2008, puis c'est déjà passé date parce que c'était papier?
Mme Tremblay
(Christyne) : Bien, on vise au cours des prochaines années, à
plus court terme possible. Tout ce que je
vous ai mentionné, ça se rapproche des préremplies. Donc, il y a préremplies,
les parcours simplifiés, donner aux gens...
Mme Ghazal : Par téléphone? Par
téléphone?
• (16 heures) •
Mme Tremblay
(Christyne) : On peut aussi
travailler par téléphone. On a des gens qui donnent de l'information au
téléphone. Maintenant, on va même plus loin que le téléphone, on fait de
l'accompagnement virtuel. Alors, les gens peuvent avoir de
l'accompagnement sur Teams, et on va les accompagner...
Mme Ghazal : Non, non,
excusez-moi. Les personnes aînées, les personnes à très faibles revenus, ceux
qui... ceux dont les organismes communautaires me parlent, ils n'ont même pas
d'ordinateur, la plupart. Moi, ce que je dis, seulement qu'elles soient
remplies, envoyées, après ça, on verra de quelle façon, puis que les personnes
puissent dire : O.K., je suis d'accord,
puis ça se termine là. Peut-être que M. le ministre vous a donné un échéancier,
parce que vous dites que vous êtes en train d'y travailler pour que ça arrive,
c'est ce que je comprends. Donc, ça va arriver un jour.
Mme Tremblay
(Christyne) : Oui. Ça va arriver.
Mme Ghazal : Depuis 2007. M. le
ministre, est-ce que vous avez donné une échéance pour dire que, O.K., à partir
de telle date, il faudrait que ça commence, au moins un projet pilote ou
quelque chose de concret à nous mettre sous la dent?
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, on est toujours dans des processus d'amélioration continue, vous le savez. Au dernier budget, on a mis beaucoup
d'argent pour le projet VISION, qui vise à simplifier les déclarations pour les
entreprises, O.K.? Je comprends que ce n'est pas ça, votre question, mais je
tiens à le dire parce qu'on a mis des sommes importantes.
Mme Ghazal : Vous avez commencé
par les entreprises. C'est bon.
M. Girard
(Groulx) : Non. Je vous dis ce qui est fait. Les entreprises,
je pense que vous surestimez le nombre de personnes éligibles à cette
déclaration préremplie. Alors, on a 6,8 millions d'adultes au Québec. La
déclaration préremplie, telle que vous la définissez, pour des gens qui ne
reçoivent que des revenus sociofiscaux, que le statut n'a pas changé, on parle
d'à peu près 200 000 personnes. Alors, effectivement, là-dessus, je
vous donne raison, vous en parlez depuis longtemps, il est possible que
cette déclaration préremplie soit bénéfique pour cette clientèle.
Mme Ghazal : Quand?
M. Girard (Groulx) : Je n'ai
pas de délai à vous donner, mais ce que je vous dis, c'est que c'est important,
qu'on le regarde. Et puis, lorsqu'on aura des développements, bien, ça nous
fera plaisir de les communiquer.
Mme Ghazal : Mais il n'y a pas
d'objectif, donc, de délai, de dire une cible, à partir de telle date, au moins
commencer quelque part. Depuis 15 ans qu'on en parle, là.
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire qu'on pose toujours des questions. Comme là, vous avez mentionné
l'aspect que le fédéral avait mis à la disposition la possibilité de faire sa
déclaration au téléphone. Alors, on parle... S'il y a quelqu'un qui parle au
fédéral, c'est bien Mme Tremblay...
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous suspendons...
M. Girard (Groulx) : ...et on
est tellement fiers de l'avoir repêchée du fédéral.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole à l'opposition officielle.
M. Leitão : Très
bien, M. le Président. Alors, cette fois-ci, c'est 11 minutes que j'ai,
n'est-ce pas? Parce que moi, j'avais compris... Avant, je pensais que
j'avais 19 minutes, donc je m'étais lancé dans le...
Le Président (M. Simard) : Bien
oui, votre temps est un peu plus court, voilà.
M. Leitão : Là,
je vais essayer d'être beaucoup plus... beaucoup plus «focused». Pour
revenir, Mme Tremblay, à ce dont on parlait juste, juste avant,
c'est le cas de Mme Nathalie Toussaint, qui était dans Le Journal de
Montréal, je pense, et c'est un cas... En tout cas, moi, il me semble que
ce serait facile à régler pour Revenu Québec, parce qu'il
semble être vraiment une erreur de transmission de données de la part de
l'employeur. Et donc, voilà, je vous invite fortement à regarder ce cas-là
parce que ça aiderait beaucoup cette personne, cette famille.
Mais maintenant je
vais vous parler d'autre chose. Je vais vous parler, et ça n'a rien à voir avec
ce qu'on vient de dire, de blanchiment d'argent, d'évasion fiscale, etc. Une
chose qui n'existe pas seulement au Québec mais qui existe un peu partout, ce sont
des machines, des machines distributrices de bitcoins, de cryptomonnaies, comme
quelqu'un avait dit l'autre jour, c'était un lapsus révélateur, de cryptomanie,
parce que c'est un peu ça.
Alors là, j'ai deux
questions sur ces fameuses machines distributrices de cryptomonnaies, une
question un peu plus, disons-le, philosophique, et je ne sais pas si c'est
vous, Mme Tremblay, ou peut-être M. le ministre. Parce qu'un des objectifs
de ces machines-là, et d'ailleurs les promoteurs le disent très clairement, c'est
une façon d'initier les investisseurs, entre guillemets, à accéder aux
cryptomonnaies comme investissement. Vous pouvez acheter une fraction de cryptomonnaie en 100 $, en
200 $, et, comme ça, vous rentrez dans ce «beautiful world» des cryptomonnaies.
Moi, je ne pense pas que ce soit du tout un «beautiful world». Au contraire,
moi, je pense que c'est extrêmement périlleux de faciliter à ce point-là
l'entrée dans ce marché-là pour des personnes qui ne comprennent vraiment pas
les risques que ce type d'investissement là comprend.
Alors, ma question,
M. le ministre, peut-être, ou Mme Tremblay : Qu'est-ce que vous
faites pour réglementer l'accès à ces
machines-là? Parce que l'enjeu, c'est que c'est ça, l'attrait pour beaucoup de
personnes, c'est l'anonymité d'investir dans les cryptomonnaies. C'est
idéal pour cacher quelque chose. Et je pense que ce n'est pas du tout un bon service public de faciliter d'entrer dans ce
type d'investissement là. D'abord, est-ce que c'est vraiment un investissement? On pourrait en discuter
longuement, mais comment est-ce que vous pensez qu'on devrait réglementer
l'accès à ces machines-là ou est-ce qu'on devrait réglementer l'accès à ces
machines-là?
Le Président
(M. Simard) : Merci. M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Bon, la popularité des cryptomonnaies est indéniable. C'est
un outil récent de spéculation qui n'a pas valeur d'investissement ni de mode
de transaction. Ce n'est pas de la monnaie. Il y a le mot «monnaie» dans
«cryptomonnaie», mais ce n'est pas de la monnaie. Et notre rôle, puis c'est
principalement la responsabilité de l'AMF, c'est de faire de l'éducation, parce
qu'on constate une certaine corrélation entre l'absence de littératie
financière et l'engouement pour les cryptomonnaies. Alors, on doit faire de
l'éducation, de l'éducation sur ce que c'est
et également de l'éducation sur la prévention de la fraude, parce qu'il y a
énormément de fraudes dans ces secteurs-là, là.
Bon, puis, ensuite,
la question du blanchiment d'argent, bien, c'est certain que c'est une question
qui préoccupe la banque centrale, l'AMF, le
gouvernement du Québec, le gouvernement fédéral, le Bureau du Surintendant
des institutions financières, et toute la question du blanchiment d'argent via
l'anonymat qui peut être procuré par les cryptomonnaies. Et, en passant, je
rappelle... j'en profite de rappeler à nos auditeurs que, si vous avez fait des
gains sur la cryptomonnaie, ceux-ci sont imposables, les gains de capitaux, les
revenus. Vous devez les déclarer dans votre déclaration de revenus. Alors, au
niveau des guichets, là, on a un rôle d'inspection. Ça, ça revient à Revenu
Québec.
Et puis ma réponse
est déjà un peu longue. Je vais m'arrêter. Si vous voulez des précisions sur le
rôle de la surveillance des guichets, Mme Tremblay pourra répondre.
M. Leitão :
On va y arriver, mais, avant d'y arriver, je vais rester avec la première
partie de la question, que c'est... justement, c'est l'accès aux machines. Vous
avez dit, M. le ministre, et je suis entièrement d'accord avec vous, que ces
affaires-là n'ont pas vraiment de valeur d'investissement. Ça vaut quelque
chose parce que quelqu'un d'autre va l'acheter. À mon avis, c'est même plus que
ça, c'est un parfait «Ponzi scheme», mais, en tout cas, ça, c'est mon opinion
personnelle, parce que ça... il n'y a aucun rendement, en tout cas.
Alors, ma question.
Vous avez parlé d'éducation et de prévention, très bien, mais pourquoi ne pas
restreindre l'accès? Donc, ça veut dire
l'existence même de ce type de machine, là, ou ce type de distributrice. Parce
qu'ailleurs, je pense au Royaume-Uni,
c'est fortement réglementé. Moi, je... Pourquoi ne pas restreindre l'accès,
diminuer ce nombre de machines et restreindre l'accès à ce type de
machine?
M. Girard
(Groulx) : Bien, malheureusement, ça nous créerait une fausse sécurité
qu'il ne se passe rien dans les bitcoins, ou la cryptomonnaie, ou etc. Les gens
ont accès par des multitudes de canaux. Et moi-même, je vous dirais, je suis
toujours surpris d'où ces produits-là sont annoncés, et au grand jour, et en
toute liberté, sans les avertissements nécessaires. Alors, je me permets de
dire que ça semble être... Il y a une compagnie de cryptomonnaie qui semble
être le principal commanditaire de la soirée du hockey à CBC. Alors là, c'est
les séries éliminatoires. Les cotes d'écoute sont élevées, et puis crypto...
Bon, je ne donnerai pas leur adresse, là, mais je suis surpris de voir que
c'est... avec quelle aisance ces produits-là sont offerts.
Et donc je pense que
de se donner la fausse sécurité que... de bannir les guichets, ça ne résoudrait
pas le problème. Alors, ce qu'on fait, c'est
qu'on les surveille. On va mieux les réglementer. Et puis je pense que
l'article auquel vous faites référence, où on disait : Bon, il y a
des... il n'y a aucune surveillance, les guichets de cryptomonnaies... Mais ce
n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd, là. D'abord, on était... Il y avait
eu un transfert de l'AMF vers Revenu Québec pour cette responsabilité-là, puis
on prend cette responsabilité-là très au sérieux.
• (16 h 10) •
M. Leitão :
Très bien. Mais, encore une fois, je vous invite à regarder ce que le
Financial Conduct Authority, au Royaume-Uni,
vient de faire il n'y a pas longtemps. Ils ont tout simplement interdit,
carrément interdit les guichets automatiques de cryptomonnaies, et je
pense que c'est... qu'on devrait considérer ça.
M. Girard
(Groulx) : J'entends la suggestion. Je pense que le travail
d'inspection qu'on fait pourrait nous amener à juger si une telle position est
pertinente.
M. Leitão : Très bien. Parlons,
justement, du travail d'inspection. Dans une autre vie, M. le ministre, on
avait reçu beaucoup de commentaires en ce qui concerne les machines
distributrices d'argent, là, les machines ATM, qui devraient avoir la fameuse vignette de l'Autorité des marchés
financiers. Le système fonctionnait plus ou moins bien, et, en effet, ce
n'était pas réglementé comme il se fallait. Ça a été transféré à Revenu Québec,
et ce genre de machine, maintenant, est bien réglementé, je pense. Mais
là, avec l'arrivée des nouvelles machines de cryptomonnaies, là, je pense que Revenu Québec devrait être beaucoup plus
active dans l'inspection. Je sais que la pénurie de main-d'oeuvre existe
partout. Vous n'avez peut-être probablement pas assez d'inspecteurs, mais il
faut vraiment... Si on n'arrive pas à les interdire, et moi, je préférerais
carrément interdire ces distributrices-là, alors, celles qui existent, il faut
vraiment les réglementer, les inspecter et ne serait-ce que savoir qui est le
propriétaire de ces choses-là.
M. Girard (Groulx) : ...avec
vous et je suis... Je pense que les inspections, la surveillance vont nous
amener à connaître à qui on a affaire. Et la solution plus restrictive que vous
proposez sera étudiée en temps et lieu, mais je pense que, là, on a du travail à faire. Puis il y a une collaboration
qui est là, Finances, Sécurité publique, Revenu Québec, l'AMF.
M. Leitão : Et
donc, pour rester avec ces activités d'inspection, Mme Tremblay, combien
de personnes est-ce que vous avez à
Revenu Québec? Combien d'inspecteurs est-ce que vous avez maintenant pour faire
ce travail-là, vraiment aller visiter tous ces recoins où se trouvent
ces machines-là?
Mme Tremblay
(Christyne) : Merci. Alors,
on utilise nos inspecteurs qui sont disponibles. On a toute une équipe qui est
déployée sur le terrain. On a été très proactifs. Dès septembre, lorsqu'on nous
a transféré la responsabilité, nous sommes allés, premièrement, en mode
sensibilisation, faire le tour des guichets. C'est plus de
1 000 inspections qui ont été faites depuis septembre.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci beaucoup, Mme Tremblay. Alors, je cède maintenant la parole au
député de René-Lévesque, qui dispose de six minutes.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Donc, à mon tour de vous saluer, gens de Revenu Québec.
Je vais tomber tout de suite dans le vif du
sujet. Ma collègue en a parlé tout à l'heure, pour ce qui est des déclarations
préremplies du rapport d'impôt. Un texte, ce matin, du journaliste Antoine
Robillard rapportait un peu vos propos, à savoir pourquoi on ne devrait pas
aller de l'avant, parce qu'il semblerait que ça pourrait effectivement avoir un certain désavantage pour les salariés au
sens plus large et qu'il pourrait juste... que ce serait plus difficile, dans
le fond, pour ajouter ce qu'il manque. Bref,
j'aimerais comprendre pourquoi est-ce qu'on ne va pas de l'avant. Quand
je lis l'article... Puis je ne veux pas vous mettre des mots dans la bouche,
vous allez probablement me donner la réponse tout à l'heure, mais il existe des
logiciels, déjà, pour importer. Moi, je l'ai essayé. Ça n'a pas marché. J'ai
importé mes informations. Il y a eu un bogue, ça a été importé en double. J'ai
été obligé de reprendre mon rapport d'impôt.
J'ai été obligé de faire affaire avec l'équipe de Revenu Québec pour me
démêler. J'ai eu un excellent service, en passant, de l'équipe, mais c'est le
lot, peut-être, de d'autres Québécois qui importent ces données-là.
Donc,
j'aimerais savoir pourquoi on ne pourrait pas aller un peu plus loin et,
justement, mettre des catégories, à savoir qu'une fois que c'est prérempli
selon le gouvernement tout ce qu'il reste à rajouter, c'est, effectivement,
si j'ai des déclarations en matière de frais de santé, si j'ai des déclarations
pour des frais médicaux ou si, effectivement, j'ai aussi des reçus pour les
dons de charité. Bref, je vois ça facile. De votre oeil, on dirait que c'est
complexe. On est-tu capables de faire un bout de chemin ensemble pour que...
Au-delà du fait que, quand je lis l'article, vous nous dites que ça pourrait être dans cinq ans qu'on pourrait
arriver ou accoucher d'une solution, on est-tu capables de faire ça plus
court?
Mme Tremblay (Christyne) : Je n'ai pas donné de délai, moi non plus. Donc, je vous ai
dit qu'on était déjà dans l'action et qu'on y travaillait, qu'on regardait
qu'est-ce qui pouvait être fait pour les contribuables avec des situations
fiscales simples. Déjà, quand on... on envoie, au début de la période de
pointe, des déclarations à la maison à certains contribuables avec leurs
données. Donc, ça existe déjà d'une certaine façon. On essaie d'être le plus à
l'écoute possible. Est-ce que c'est assez loin? Est-ce qu'on peut faire plus,
comme vous venez de mentionner? C'est ce
qu'on va regarder. Et, parallèlement à ça, on regarde, pour les autres
catégories de contribuables, qu'est-ce qui peut être fait. Est-ce qu'on peut aller plus loin dans le téléchargement?
Est-ce qu'on peut aller vers les parcours simplifiés? Est-ce qu'on peut
faire de l'accompagnement différent?
M. le ministre a mentionné l'initiative de
l'Agence du revenu du Canada, où on travaille par téléphone. On regarde
d'autres administrations fiscales qui ont des chatbots, où on peut accompagner
les contribuables dans leurs déclarations, donc, les prendre encore plus par la
main 24 heures sur 24 grâce à l'intelligence artificielle. Donc, comment
on peut être capables d'aller... d'être innovants, comme on l'a toujours fait ici,
au Québec, le faire au bénéfice des
Québécois, Québécoises? Puis ce n'est pas une chose, c'est plusieurs choses qui
vont aider les 6,8 millions de
contribuables qui, année après année, font comme vous, essaient de faire...
remplir leurs obligations et qui, parfois, bien, ils trouvent que
c'est... il y a des petites difficultés.
M. Ouellet :
Ah! des gros casse-têtes. Pourquoi je vous apporte ça? Parce que moi, j'ai
été sensibilisé. Chez moi, j'avais des groupes, des organisations qui faisaient
ça, entre parenthèses, bénévolement. Ils chargeaient un 5 $ ou un
10 $ pour accompagner des gens à remplir leurs rapports d'impôt, puis ce
n'étaient pas des rapports d'impôt complexes. Or, avec le fédéral, ils ne
peuvent plus offrir ces services de façon tarifaire. Ils doivent faire ça
gratuit. Et, dans certains cas, ces OBNL là
ont tout simplement arrêté de le faire parce qu'ils n'arrivent pas à répondre à
la demande, et, avec la pénurie de main-d'oeuvre aussi, il y a eu une
surcharge des demandes.
Donc, c'est pour ça
que, pour moi, l'option préremplie avec, effectivement, des situations très,
très ciblées, des gens qui n'ont pas de frais de garde, je pense que... Je veux
dire, quand tu es rendu à 65 ans, 70 ans, tu n'as pas d'enfant, ça
fait que les frais de garde, ça peut être exclu, puis qu'on fait juste rajouter
les cases qu'il manque. Parce que, je vous entends, l'intelligence artificielle...
On est encore dans des domaines informatiques qui demandent une certaine
connaissance.
Si c'est prérempli et
déjà préapprouvé, est-ce que ça ne pourrait pas être un effet inverse? Donc,
voici votre déclaration, vous avez juste à dire, oui ou non, si c'est conforme.
C'est vers là, je pense, qu'on devrait aller. Puis, je m'excuse, là, mais vous
me dites que vous n'avez pas fixé de délai, mais êtes-vous capable de me donner
un horizon de temps? Les gens veulent voir le service s'améliorer. Est-ce qu'on
peut penser, dans un an, dans deux ans, max trois ans... Quel est l'objectif
que vous fixez?
Mme Tremblay
(Christyne) : Merci, M. le Président.
Alors, je vais mentionner encore que je n'ai pas de délai. Je pense que c'est
la réponse... La meilleure réponse, c'est : Le plus vite possible. Je
pense que c'est ça, la meilleure réponse. Puis, dès l'an prochain, on a des parcours
simplifiés qui vont arriver.
On a même,
maintenant... On va attribuer des crédits d'impôt, les sommes auxquelles les
contribuables ont droit, sans même qu'ils le demandent. C'est une autre façon
d'être proactifs puis de dire : Bien, la fiscalité, ça peut être simple.
Vous n'avez pas besoin de remplir du papier. Vous avez droit à un crédit
d'impôt, on va vous le donner, on est au courant, sans que vous ayez à le
demander. On va faire ça, par exemple, pour les bénéficiaires qui reçoivent de
l'aide de dernier recours. C'est tout à fait dans la palette de clientèles que
vous mentionnez, qui ont peut-être besoin d'aide. Donc, pas besoin de demander,
on est au courant, on va vous donner les sommes auxquelles vous avez droit.
C'est une autre façon d'aller aider puis de rejoindre cet esprit que vous visez
de la préremplie, donc, de donner aux contribuables des facilités qui sont
vraiment accessibles pour eux.
M. Ouellet : Est-ce
que les gens devront s'acheter un logiciel, dans ce cas-là, pour aller dans la
direction que vous nous indiquez ou il y aura une plateforme sans frais pour
permettre aux gens qui n'ont pas beaucoup de documents fiscaux d'être capables
de remplir sans payer un sou de plus?
Mme
Tremblay (Christyne) : Je pense que, pour
l'instant, on n'a pas encore déterminé les plateformes ou les moyens.
M. Girard
(Groulx) : ...pour clarifier, là, on...
Le Président (M.
Simard) : On n'aura pas le temps de clarifier, M. le ministre.
Malheureusement, c'est déjà la fin de ce premier bloc.
Documents déposés
Et, avant de
terminer, je dépose les réponses aux demandes de renseignements de
l'opposition.
Sur ce, je suspends
momentanément, quelques minutes à peine, le temps de désinfecter les lieux, et
nous reviendrons pour le prochain groupe. Merci beaucoup pour votre
collaboration.
(Suspension de la séance à
16 h 20)
(Reprise à 16 h 30)
Le Président (M.
Simard) : ...reprendre nos travaux. La commission est réunie afin de
procéder, cette fois, à l'étude du volet SAQ
des crédits budgétaires du portefeuille Finances pour l'exercice financier 2022‑2023.
Une enveloppe de 45 minutes est allouée à l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Aucun remplacement, M. le Président.
Société
des alcools
Le Président (M. Simard) : Comme
d'habitude, nous allons procéder par blocs d'échange, et, sans plus tarder, je
cède la parole au porte-parole de l'opposition officielle, le député de
Robert-Baldwin.
Discussion générale
M. Leitão : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, bonjour, Mme Dagenais. Bienvenue. Donc,
on va parler d'alcool, et puis après ça on
parle de jeu, et puis après ça on parle de pot. C'est... Oh boy! On est... Mais
allons-y avec la SAQ.
Donc, comme vous
savez, bien sûr, pendant la pandémie, situation anormale, les restaurateurs ont
dû passer par une période difficile. Et puis, comme c'est généralement le cas,
une bonne partie, bon, c'est la faute à la SAQ, c'est-à-dire que les règles qui
entourent la distribution de l'alcool sont toujours aussi complexes qu'elles ne
l'étaient, et c'est surtout cette... Ce n'est pas... Je ne pense pas que ce
soit directement la SAQ qui a une influence sur ça, mais le fait que la distribution de l'alcool doit
toujours passer par un système complexe d'étampes et de... ce qui fait en sorte
que non seulement ça ajoute du temps, mais aussi des coûts additionnels pour
surtout le secteur commercial, les restaurants et autres.
Alors, est-ce que — et
voilà la question — la
SAQ travaille avec la RACJ, avec le gouvernement, pour essayer de simplifier
les règles de distribution d'alcool? Parce que, là, nos règles de distribution
d'alcool sont... auraient besoin d'une petite mise à jour, parce que c'est
toujours aussi complexe que cela était, et ça, malgré les changements qui ont
été faits. Mais c'est encore complexe et ça ajoute des délais et des coûts
additionnels. Alors, est-ce que c'est quelque chose que vous pouvez faire, de
votre côté, ou, là, on est plutôt du côté de la politique gouvernementale, donc
le législateur, de passer de nouveaux règlements? Comment vous voyez ça?
Le Président (M.
Simard) : Alors, M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : La question est... Avec consentement, je pense que
Mme Dagenais pourrait répondre à la question, puisqu'elle lui est
adressée.
Le Président (M.
Simard) : Très bien. Donc, y a-t-il consentement pour l'intervention
de Mme Dagenais? Il y a consentement.
Madame, vous êtes une habituée de vos travaux. Néanmoins, auriez-vous
l'amabilité, s'il vous plaît, de vous présenter?
Mme Dagenais
(Catherine) : Oui. Alors, bonjour. Catherine Dagenais, P.D.G. de la
SAQ.
Le Président (M.
Simard) : Nous vous écoutons.
Mme Dagenais
(Catherine) : Merci. Alors, évidemment, la SAQ, on a été très
sensibles à la cause, en fait, des
restaurateurs, mais aux conséquences de la pandémie sur les restaurateurs, là,
les deux dernières années. Et d'ailleurs on a mis en place des mesures
pour les supporter durant cette période-là. Notamment, là, au début de la
pandémie, nous avons repris, en fait, des
stocks qu'ils avaient pour mieux les supporter. Et évidemment on a... Même, à
la reprise des affaires, on a été...
on a allégé les processus pour, d'une part, livrer des commandes peut-être un
petit peu plus petites qu'à l'habitude et au niveau des termes de
paiement également. Alors, c'est sûr que la SAQ est très, très à l'écoute de
cela. Et on va continuer de l'être, bien entendu.
M. Leitão : Bien,
merci. Bien sûr, à l'intérieur du cadre réglementaire actuel, qui, lui, est
assez lourd, cette histoire de qui
transporte qui, quoi, comment, est-ce que c'est quelque chose que la SAQ pense
qu'on aurait avantage, collectivement, à libéraliser un peu plus, les
règles de distribution d'alcool, qui nous proviennent encore un peu des temps
de la prohibition, quand il fallait faire attention à qui transporte une
bouteille? Ah! c'est compliqué.
Mme Dagenais
(Catherine) : Bien, le modèle actuel, en fait, fait en sorte que la
SAQ est un des plus gros acheteurs de vins et de spiritueux dans le monde.
Donc, ça nous donne un pouvoir d'achat qui bénéficie autant aux clients, aux consommateurs, mais aussi aux
restaurateurs, qui ont accès à des produits inégalés... (interruption) pardon,
je parle avec mes mains, des produits inégalés qui ne se retrouvent pas dans
aucun autre pays. Et donc on achète... L'achat de ces produits-là est assez
simple. On le reçoit chez nous, et la SAQ se charge de livrer ces produits-là
aux restaurateurs qui le souhaitent. Et,
pour les restaurateurs qui souhaitent s'approvisionner eux-mêmes dans nos
succursales, ils peuvent le faire aussi, également. Alors...
M. Leitão : O.K. Très bien. Merci.
Oui, tout à fait. Mais, là où je voulais aller, et, peut-être, j'aurais dû y
aller plus directement, bien sûr, c'est pour les produits locaux, les
produits locaux, les produits, que ce soient les vins locaux. On connaît les
enjeux du commerce international. Et d'ailleurs on a dû ajuster nos règles,
parce que l'OMC nous avait dit qu'on ne pouvait pas faire ce qu'on voulait
faire. Bon, mais, pour plusieurs producteurs locaux, ils trouvent ça toujours
beaucoup trop complexe, et donc les bouteilles... Et, des fois, il semblerait
que ce n'est pas tout le monde qui a la même compréhension des règles. Et,
encore une fois, je ne pense pas que ce soit quelque chose que la SAQ peut
régler toute seule. Mais, des fois, on dit : Ah non! ta bouteille, il faut
que tu l'envoies à l'entrepôt de la SAQ, puis la SAQ fait la distribution, même
si ça va être distribué dans un commerce local. Donc, la bouteille fait tout un détour. Et puis là : Non, non, non,
ce n'est pas nécessaire de faire ça, on n'a pas besoin de physiquement prendre
la bouteille, ce qui n'a aucun sens.
Mais il semble y avoir
encore beaucoup de confusion dans le marché en ce qui concerne la distribution
de produits locaux. Et les Québécois qui ont une entreprise un peu plus grande,
bon, ça a été réglé, mais les petits distributeurs...
les petits producteurs, pardon, les producteurs artisanaux, ils ne comprennent
pas les règles de distribution. Alors, qu'est-ce que la SAQ peut faire
pour améliorer la distribution de produits artisanaux?
Mme Dagenais (Catherine) : Oui.
Bien, merci de la question, parce que la vente et la distribution des produits québécois fait partie de notre plan
stratégique, de notre plan d'affaires cette année, l'année passée, l'an
prochain, les prochaines années assurément. On était, justement, à la
rencontre... Au moment où on se parle, mon équipe est avec l'association des
distillateurs ici, à Québec, pour leur réunion annuelle. Et on travaille main
dans la main avec toutes les associations,
que ce soit celle des distillateurs, celle des vins ou des cidres, et on essaie
de les aider, justement, pour simplifier le plus possible la
distribution de leurs produits. Notamment, on offre le service d'aller, là où
la production se fait, chercher les stocks et les amener dans nos entrepôts. C'est
ce qu'on fait pour eux. Et on distribue ces produits-là, bien, en fait, dans
nos succursales et dans les restaurants, évidemment, là, qui les commandent,
pour ce qui est des distillateurs.
M. Leitão : Oui. Merci. Parce
qu'en effet je pense qu'il y a... On a besoin de simplifier ce processus-là.
Vous avez dit tantôt que, bon, la SAQ est un gros pouvoir d'achat et, en effet,
un des plus gros au monde. Maintenant, dans le contexte actuel de... bon,
d'inflation, de perturbations dans les transports en vrac de... transports
maritimes... Il n'y a pas assez de bateaux, il n'y a pas assez de conteneurs,
etc., et donc ça se répercute sur le prix... les
prix des produits. Et vous avez dit que, bon, la SAQ a un gros pouvoir d'achat.
Concrètement, comment est-ce que vous avez pu tirer avantage de ce gros pouvoir
d'achat pour continuer à offrir des produits à des prix raisonnables aux
Québécois?
Mme Dagenais (Catherine) : Bien,
alors, la SAQ ne fait pas... n'est pas différente de tous les commerces qui achètent
des produits de partout dans le monde, hein? On fait affaire avec 76 pays
partout dans le monde. 80 % de nos
importations proviennent d'outre-mer. C'est certain que nos contrats de
transport, malgré d'excellents contrats... On a dû, en fait, renégocier
les contrats à la demande de nos fournisseurs, et les coûts de transport ont
augmenté.
Maintenant, c'est la tempête parfaite, hein, au
niveau du transport mais aussi au niveau des changements climatiques, qui ont
de l'impact sur la production. On est dans un contexte inflationniste. La
main-d'oeuvre est rare. Les coûts des
matières sèches augmentent. La guerre de l'Ukraine aussi a de l'impact, aussi,
parce que l'Ukraine est un des pays producteurs de bouteilles de vin.
Alors, tout ça fait en sorte que nos
producteurs... Je vous en parle, on sort à peine, là, d'une négociation de prix, parce que, dans les prochaines semaines, nos
produits vont effectivement augmenter, mais évidemment on a négocié
produit après produit.
• (16 h 40) •
M. Leitão : Et, justement, question
de prix, est-ce que c'est toujours la politique de la SAQ d'avoir des... Donc,
vous ajustez vos prix trois fois par année, quatre fois par année, ou est-ce
que cela se fait au besoin, ou c'est toujours à un moment fixe, trois fois?
Mme Dagenais (Catherine) : En fait,
il y a deux périodes de négociation de prix à la hausse, qui sont en mai et en
novembre. Et, un producteur qui veut baisser ses prix, bien évidemment, on
l'accepte à tous les mois, on refile ça aux clients aussitôt qu'on peut.
Maintenant, l'année dernière, on en a eu trois. Étant donné les frais de
transport qui ont été augmentés, là, en
août... en juillet ou août, autour, là, on a dû augmenter. Mais, clairement,
notre politique d'achat et mise en marché stipule qu'on doit obtenir les
meilleurs prix au Canada, et c'est ce qu'on négocie. Et, si on n'a pas cette
assurance-là...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Malheureusement...
M. Leitão : J'y reviendrai après.
Le
Président (M. Simard) : Oui, on pourra revenir. Sinon, votre temps sera
pris au prochain bloc. Alors, je cède maintenant la parole à la députée
de Mercier, qui dispose de six minutes.
Mme
Ghazal : Bien, merci. Merci beaucoup, M. le Président.
Bonjour, madame... j'ai comme un blanc de mémoire tout d'un coup.
Une voix : Mme Dagenais.
Mme Ghazal : ...Dagenais, oui, c'est
ça. On se connaît. On s'était déjà rencontrées aussi sur un autre sujet, sur la
crise du verre, la commission de la crise du verre, dans un autre siècle, avant
la pandémie, une autre ère, puis j'ai envie de vous entendre là-dessus.
Évidemment, la position, on se rappelle, de la SAQ a changé. Maintenant, vous
vouliez collaborer avec toute la question de la consigne. Il y a eu des projets
pilotes. Je pense que vous avez aussi participé
à ces projets pilotes. Je veux savoir c'est rendu où. Est-ce que vous êtes
prêts que les citoyens, les consommateurs retournent leurs bouteilles,
peut-être pas partout? Je le sais, par exemple, sur Le Plateau, il n'y a
pas d'espace, etc. Ça,
c'est en train d'être vu avec des règlements, et tout ça. Mais est-ce que vous
allez être prêts pour que les gens remettent leurs bouteilles, là, très
bientôt, puis reçoivent la consigne dans des magasins de la SAQ? C'est quand,
déjà? C'est... C'est quand, aussi? J'ai oublié la date, aussi, que ça va
commencer.
Mme
Dagenais (Catherine) : O.K. Alors, bien, premièrement, effectivement, la
SAQ est engagée... Je m'excuse, hein, je ne suis pas les règles.
M. Girard (Groulx) : Non, non, c'est
à vous...
Mme Dagenais (Catherine) : Est-ce
que je peux répondre?
M. Girard (Groulx) : ...elle vous a
adressé la question, vous répondez. Mais je ne suis pas convaincu que vous avez
une date.
Mme Dagenais (Catherine) : Non. Je
n'allais pas parler de date tout de suite.
Mme Ghazal : Bien oui, dans... En
tout cas, oui, allez-y.
Mme Dagenais (Catherine) : Alors
donc, j'allais dire que la SAQ, effectivement, on est engagés dans le projet de
la consigne puis on est fiers de faire partie de la solution. Les deux
dernières années, on a travaillé main dans la main avec les parties prenantes,
qui sont les embouteilleurs, les épiciers, RECYC-QUÉBEC, le ministère de
l'Environnement et le ministre de l'Environnement également, pour, justement,
trouver une solution, pour qu'elle soit simple et efficace pour les citoyens
qui vont retourner les quatre matières, de verre, de plastique, d'aluminium et
de carton.
Et donc on a fait... On a participé au projet
pilote l'année dernière. Un de nos pilotes était à notre succursale Dépôt de Terrebonne — et je salue l'équipe de Terrebonne, parce qu'ils
ont embarqué de plain-pied dans le projet — où on a
installé des machines, des gobeuses qui pouvaient reprendre toutes les
matières. Et donc on a appris, comme groupe, pas que la SAQ mais comme groupe, que c'était important d'avoir des
endroits, des pôles commerciaux qui vont accueillir ces... enfin, toutes
ces matières-là.
Mme Ghazal : Donc, vous êtes prêts.
Je veux dire, là, c'est le projet pilote. Est-ce que vous êtes prêts à les recevoir? Parce que je lisais la date, mais...
c'est que j'ai oublié, là, il y a une date qui est prescrite, là, dans la loi
et à partir de laquelle... mais là elle a été retardée avec la pandémie. J'ai
un peu perdu le fil de ça. Vous, est-ce que vous savez quand est-ce que
vous allez... les gens vont commencer à les apporter et avoir une consigne?
Mme
Dagenais (Catherine) : Bien,
M. Girard l'a dit, je n'ai pas de date. Je sais que le règlement devrait être présenté
à...
M. Girard (Groulx) : Le règlement
n'est pas publié.
Mme Dagenais (Catherine) : C'est ça.
Mme
Ghazal : C'est ça. Mais
c'était supposé être... Coudon, on disait, là... Ah! c'était après, donc en...
l'automne 2022, normalement.
M. Girard (Groulx) : Mais...
Mme Ghazal : Bon, bien...
M. Girard (Groulx) : ...lorsque je
vous dis qu'il n'y a pas de date...
Mme Ghazal : Donc, il n'y a pas
de... O.K. O.K.
M. Girard (Groulx) : Lorsqu'il y
aura un règlement, il y aura une date.
Mme
Ghazal : O.K. O.K. C'est
juste parce que... O.K. Parce qu'au début il y avait un engagement d'une date,
puis après ça, avec la pandémie, ça a
été retardé pour telle autre date, et là il va y avoir un règlement. Mais c'est
juste que...
M. Girard
(Groulx) : Je pense que le
privilège de communiquer la date appartient au ministre de l'Environnement. Mais
cette date-là, elle doit être...
Mme Ghazal : Donc, les citoyens
ne...
M. Girard (Groulx) : ...la plus
rapprochée possible...
Mme
Ghazal : Donc, on...
M. Girard
(Groulx) : ...elle nous tient tous à coeur.
Mme Ghazal :
Donc, on ne sait pas quand les citoyens vont pouvoir rapporter leurs bouteilles
de la SAQ, soit à la SAQ ou dans des endroits, là, les centres de dépôt.
Mme Dagenais
(Catherine) : Non. On n'a pas de date.
Mme Ghazal :
O.K. Vous disiez aussi que vous vouliez augmenter l'embouteillage par des
embouteilleurs locaux pour rendre plus intéressante la réutilisation des
bouteilles recyclées dans le système. Ça, vous en êtes rendus où avec ça?
Mme Dagenais
(Catherine) : Bien, en fait, ça, là, c'est une belle opportunité,
justement, de...
Mme Ghazal :
C'est quoi, la date? Non, ce n'est pas vrai.
Mme Dagenais
(Catherine) : Oui. Bien, ça, c'est tout un... c'est un gros changement
pour les producteurs. Mais ce que j'ai envie de dire, c'est que tout le projet
de société de la consigne est très bien, mais, si au bout de tout ça, la
matière n'est pas recyclée, bien, on aura échoué le projet. Alors, moi, ce sur
quoi on veut travailler puis ce sur quoi
j'ai le contrôle, c'est de travailler avec les producteurs, avec nos
fournisseurs pour augmenter le nombre de vins, de bouteilles de vin qui
sont embouteillées ici, au Québec, mais qui viennent de partout dans le monde.
On a beaucoup de vins
courants. En fait, 80 % des ventes qu'on fait sont des produits en bas de
20 $, et d'embouteiller des marques connues ici, au Québec, et de les
vendre permettrait de créer de la valeur, de réutiliser le verre... en fait, de fondre le verre et de
produire des bouteilles, et ainsi de créer un marché et de la valeur pour le
verre, et de sorte que les producteurs locaux pourraient acheter leurs
bouteilles de verre ici, au Québec, plutôt que de les acheter en Chine, en
Europe ou aux États-Unis. Et les embouteilleurs locaux pourraient aussi faire de
même. Donc, il y aurait une masse critique de... Il y aurait un beau... un
marché pour ça. Et c'est toute l'économie circulaire, de ce qu'on parle.
Mme Ghazal :
Donc, dans le fond, il n'y a pas de cible ou de combien est-ce qu'on va pouvoir
le faire, parce qu'on va attendre que la consigne soit là pour avoir la
matière.
Mme Dagenais
(Catherine) : Bien, en fait, on est déjà en action là-dessus, parce
qu'on est allés en appel d'offres sur des produits embouteillés ici, au Québec.
Donc, il y a des producteurs qui ont répondu à l'appel, et donc...
Le Président (M.
Simard) : Très bien. Encore cinq...
Mme Ghazal :
Une question en cours. Très bien. Merci.
Le Président (M. Simard) : Il vous restait... Je m'excuse, il vous restait
cinq secondes. Désolé, je vous ai coupée trop rapidement. Je cède la
parole au député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci, M. le Président. Alors, on continue, Mme Dagenais. Donc, pour
l'établissement... la politique d'établissement de prix, donc, vous aviez dit
que, bon, il devrait y avoir, maintenant, au mois de mai, une annonce, donc,
un ajustement des prix, et puis que la prochaine devrait être au mois de
novembre. Donc, si... Bon, vous ferez votre annonce bientôt, en tout cas, au
moment opportun, au mois de mai, mais après ça il n'y aura pas d'autre hausse
jusqu'en novembre. Donc, même si, entre-temps, je ne sais pas, moi, au mois de
septembre... si ça devient, donc, point de
vue logistique, encore plus complexe, mais il n'y aura pas d'autre hausse de
prix jusqu'à la hausse qui est cédulée pour le mois de novembre. Est-ce
que c'est bien ça, une maintenant et puis une autre en novembre?
Mme Dagenais
(Catherine) : J'aimerais... En fait, ce que j'aimerais dire là-dessus,
c'est que la SAQ n'est pas à l'abri d'une hausse additionnelle, dépendamment
des circonstances économiques qui vont se produire dans les prochains mois.
J'aimerais dire le contraire, mais je ne serais pas responsable de le faire. Il
y a trop d'impondérables. Il y a beaucoup d'incertitude actuellement sur le
marché, partout dans le monde. Et la hausse des prix qui va être annoncée en
mai porte sur nos produits courants, donc tous les... Quand vous allez en
magasin, les produits qui sont là toutes les semaines, on appelle ça des
produits courants. Ce sont ces produits-là qui vont connaître une hausse.
Après, les produits qu'on dit... qu'on appelle de spécialité ou des produits...
ce sont des lots qu'on achète et qu'on rachète, bien, le prix peut fluctuer
tout au long de l'année parce que c'est en fonction des lots qui sont achetés.
M. Leitão : Très
bien. Merci. Et, même pour les produits courants, bon, un cas de force majeure,
bon, là, il pourrait aussi y avoir...
M.
Girard (Groulx) : Mais il n'y a pas d'intention d'avoir une
troisième hausse. Il y a deux hausses, deux périodes de hausse prévues. Et puis
la société est consciente de cette pratique et puis elle utilise son pouvoir
d'achat pour travailler dans l'intérêt de son actionnaire mais aussi de
ses clients.
• (16 h 50) •
M.
Leitão : Très bien. Alors, pour la SAQ, il y a non
seulement le prix du produit que vous achetez, mais il y a aussi vos coûts d'opération, notamment la main-d'oeuvre,
et d'autres éléments aussi, bien sûr, mais surtout la main-d'oeuvre.
Nous sommes en pleine situation, au Québec, de pénurie aiguë de main-d'oeuvre.
Donc, j'aimerais savoir comment est-ce que la SAQ gère cette situation-là,
sachant que vous employez un nombre relativement important de personnes à temps
partiel, et donc... Voilà, c'est ça. Moi, j'ai l'impression, et vous pouvez me
confirmer si c'est... si ça s'avère vrai ou pas, que ce type d'emploi à temps
partiel, c'est justement le type d'emploi que beaucoup de personnes, maintenant, ne souhaitent pas avoir. Peut-être
que, dans un monde prépandémique, ces emplois à temps partiel étaient
souhaitables, mais là, maintenant, c'est un peu plus difficile.
Alors, est-ce que vous remarquez une difficulté
à engager du personnel? Est-ce que vous allez migrer vers un type d'emploi
plutôt à temps plein ou est-ce que vous allez continuer avec beaucoup
d'employés à temps partiel?
Mme Dagenais (Catherine) : Alors,
bien évidemment...
M. Leitão : Dans vos magasins, je
veux dire.
Mme Dagenais (Catherine) : Donc,
bien, c'est certain, la première chose que j'ai envie de dire, c'est que la SAQ a toujours un souci de performance. Donc,
d'avoir les employés au bon moment à la bonne place est très important
pour nous. La pénurie de main-d'oeuvre nous frappe comme elle frappe tout le
Québec, là. J'ai l'opportunité de parler à
des homologues de d'autres entreprises, et on n'est pas différents des autres
entreprises. On réussit quand même à bien tirer notre épingle du jeu.
Mais, oui, certaines régions du Québec où on a une situation de plein-emploi
sont plus difficiles que d'autres, et on manoeuvre à travers ça pour garder nos
employés.
Je pense que
la clé ici, c'est de garder les employés qu'on a, qu'ils soient temps partiel
et employés réguliers. Et c'est là-dessus qu'on travaille, donc, de donner...
de miser sur l'expérience employé. C'est un de nos piliers, là, de notre plan.
M. Leitão : Mais, présentement, vous
ne... ce n'est pas un obstacle important. Parce que, par exemple, vos
collègues, enfin, des autres entreprises, dans la restauration rapide, par
exemple, eux, ils ont un énorme problème pour aller chercher des travailleurs.
Et, même, certains magasins, des fois, certains restaurants ferment carrément
parce qu'il n'y a pas assez de personnel. Vous, dans le cas de la SAQ, vous
n'êtes pas rendus à cette étape-là. Donc, vous
avez assez de personnel. Je ne dis pas que c'est facile de gérer ça, ce n'est
pas facile, mais vous avez quand même assez de personnel pour garder vos
magasins toujours en opération, ou, à certains endroits, ça commence à être un
problème qui pourrait même mettre en difficulté le nombre d'heures d'ouverture,
par exemple, parce qu'il n'y a pas assez de personnes?
Mme Dagenais (Catherine) : On
n'est pas là en ce moment. En fait, la SAQ, on a des employés dans toutes
nos... dans toutes les régions du Québec. Je dois dire qu'il faut user de
flexibilité. Tu sais, le mot «flexibilité», quand on parle à nos employés,
bien, c'est quelque chose qu'il faut mettre de l'avant et qu'il faudra
continuer à mettre de l'avant dans la négociation avec nos partenaires
syndicaux des différents... que ce soit dans nos entrepôts ou dans nos
succursales.
M. Leitão : Très bien. Une
chose aussi qui... bon, qui a eu lieu pendant la pandémie, et c'est tout à
fait... Enfin, pas seulement à la SAQ. Je pense que beaucoup d'autres commerces
ont découvert ou redécouvert la vente en ligne. Et je pense que, dans le cas de
la SAQ, c'était aussi une façon de continuer à opérer. Est-ce que cela peut
vous encourager, à l'avenir, donc, d'avoir, donc, une présence un peu plus
visible dans le marché en ligne et peut-être un peu moins dans le «brick and
mortar», le magasin physique, ou c'était juste, bon, temporaire à cause de la
pandémie, et là, maintenant, vous allez
revenir au modèle plus traditionnel des magasins, bon, plus grands ou plus
petits, mais des magasins physiques?
Mme Dagenais (Catherine) : Alors,
la vente en ligne est une tendance qui est là pour rester, pour tous les
commerces de détail. La SAQ ne fait pas exception à cette tendance-là.
Aujourd'hui, nos résultats de vente en ligne sont
autour... tournent autour de 4 %. J'ai envie de vous partager un résultat
qui, pour moi, est très... dont je suis très fière, mais dont il va
falloir continuer à l'entretenir.
Léger fait un sondage, l'expérience client, à
chaque année. Notre expérience numérique, on est arrivés en sixième position
canadienne avec une note de 90 %. C'est... Dans le commerce d'alcool,
c'est nettement la meilleure expérience numérique. Alors, moi, ça me dit qu'on
est sur la bonne voie.
Mais, oui, on a des projets de... en fait, de
permettre, de faciliter la vente en ligne davantage, et ça va passer par l'agrandissement de notre centre de
distribution pour permettre un plus grand choix de produits qui seront offerts
à la clientèle et permettre des
livraisons plus rapides, parce que, présentement, on est presque à capacité,
là, dans l'entrepôt. On est...
Alors, ce
sont des bonnes nouvelles. Ça veut dire que ça va bien. On est passés de
2 % à 4 %. En pourcentage, ce n'est pas beaucoup, mais, quand
même, on a... on finit l'année, là, à 130 millions, à peu près, de ventes
en ligne.
M. Leitão : Est-ce
que vous pensez qu'un jour il serait possible d'avoir, donc... dans le cadre de
la distribution en ligne, d'avoir la distribution à domicile? Est-ce
qu'on pourrait y aller ou...
Mme Dagenais
(Catherine) : La livraison à...
M. Leitão :
Votre livraison à domicile.
Mme Dagenais
(Catherine) : La livraison à domicile existe. En fait, la SAQ a été
précurseure, hein? On fait de la vente en
ligne depuis l'an 2000 et, dès l'an 2000, on livrait à domicile. Ce
n'est que depuis 2015 que nous offrons la possibilité aux consommateurs
de se faire livrer en succursale. Et c'est ce qui a fait, je dirais... qui a
rendu plus accessible la vente en ligne,
parce que le consommateur n'est pas à la maison pour recevoir son colis, à part
les deux dernières années, en temps
de pandémie. Mais, sinon, le consommateur préfère, dans 80 % des cas,
venir chercher son colis à la succursale et puis poursuivre la
conversation avec son conseiller.
M. Girard
(Groulx) : Et est-ce que je dois comprendre... Ce que vous cherchez,
c'est la livraison en ligne le jour même, là.
M. Leitão :
Ce serait...
M. Girard
(Groulx) : On n'est pas là.
M. Leitão : On voit nos amis, entre
guillemets, d'Amazon qui peuvent faire ça, mais on n'est pas encore rendus...
Mais,
pour ce qui est de la livraison à domicile, et je reviens à notre conversation
du début en ce qui concerne les règles concernant la distribution d'alcool,
qu'est-ce qu'on fait pour nous assurer que la personne, à la maison, la
personne qui a placé la commande n'est pas son fils?
Mme Dagenais
(Catherine) : Ça, là, c'est le défi que nous avons. Et d'ailleurs,
durant la pandémie, on a cessé notre entente avec Postes Canada parce qu'ils ne
pouvaient garantir la signature du colis. Parce que, quand le colis est livré à la maison, le colis... en fait,
la personne qui reçoit doit démontrer qu'elle a 18 ans, et, si elle n'est
pas... Si c'est votre enfant de
16 ans, on ne laissera pas le colis. Et on paie un supplément pour
s'assurer de la validation de l'âge, qui est, en fait, notre mission de la SAQ,
c'est de faire des ventes responsables, et ça va jusqu'à la livraison à
domicile.
M. Leitão : Très
bien. Dernière question, parce que je vois que le temps avance, dernière
question, ça concerne aussi la vente en
ligne, la distribution en ligne. Est-ce qu'on pourrait avoir, un jour, M. le
ministre, c'est plutôt dirigé à vous... qu'on puisse
commander des produits des autres provinces, qu'on puisse commander du LCBO et
que les autres puissent commander de la SAQ, bien sûr?
Le Président (M.
Simard) : En cinq secondes.
M. Girard
(Groulx) : Dans l'immédiat, non.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci beaucoup. Je cède la parole au député de René-Lévesque, qui dispose
de six minutes.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, à mon tour
de vous saluer, M. le ministre, Mme Dagenais. On va faire un
copier-coller de l'année passée, Mme Dagenais, si vous permettez. Je vous
avais posé des questions concernant les bonis à la SAQ. Vous nous aviez,
effectivement, annoncé, affirmé et appuyé que, malgré le fait que vos collègues
de Loto-Québec et d'Hydro-Québec avaient suspendu les bonus, vous les avez
maintenus. Et on n'avait pas pu obtenir les chiffres. Vous nous aviez parlé de
quelques millions. Là, on le sait. C'était, en 2020-2021, autour de
9,5 millions. Alors, à la question posée dans le cahier des crédits :
Quels sont les bonis versés par la SAQ cette année?, «information non
disponible», et on nous ramène au fait que le rapport annuel n'est pas déposé.
Ça fait que, tu sais,
je ne vous blâmerai pas, là, mais je trouve ça assez ordinaire, en étude de
crédits, de ne pas avoir ces informations-là
parce que le rapport annuel n'est pas déposé. Alors, je ne sais pas, M. le ministre,
si on peut changer le moment où les rapports annuels sont déposés. Puis
je sais que ce n'est pas la faute de Mme Dagenais, là...
• (17 heures) •
M. Girard
(Groulx) : On ne peut pas, M. le député, on ne peut pas changer la fin
de l'année fiscale, qui est le 31 mars.
M. Ouellet : Oui, mais comment se fait-il que j'ai les autres?
Je suis capable d'avoir les informations des autres sociétés, d'autres
sociétés d'État, et non pas la SAQ.
M. Girard (Groulx) : Mais la Caisse de dépôt
n'est pas sur une année fiscale le 31 mars, là. La Caisse de dépôt est
sur une année fiscale 31 décembre.
M.
Ouellet : O.K. Donc, on n'aura jamais les informations. Ce que vous me
dites, c'est qu'on n'aura jamais l'information aux études de crédits. Ce sera
déposé en juin, après la session parlementaire, comme on le voit régulièrement.
M. Girard
(Groulx) : Non, mais ce n'est pas notre intention de cacher...
M. Ouellet : Non,
mais c'est ce qui se passe.
M. Girard
(Groulx) : ...parce qu'il s'est fait un travail remarquable à la SAQ
durant la pandémie. Puis notre rémunération est compétitive, mais elle est
aussi... On a une société à vocation commerciale qui doit embaucher les bonnes
personnes. C'est quand même une grosse business, la SAQ.
M. Ouellet : Je
ne remets pas en question les bonis.
M. Girard
(Groulx) : Alors, dès que l'information est disponible, on va la
divulguer.
M. Ouellet : O.K.
Donc...
M. Girard
(Groulx) : Est-ce qu'on a une date pour la publication du rapport
annuel?
Mme Dagenais
(Catherine) : En fait, le rapport annuel... On a notre comité d'audit
dans deux semaines, de mémoire. Alors, il va être déposé fin mars, là... fin
mai, pardon. Mon équipe est derrière moi.
M. Ouellet : L'année passée, vous n'aviez pas les chiffres,
Mme Dagenais, mais vous nous aviez indiqué que ça représentait quelques
millions. Alors, je me lance cette année. Vers où on va aller pour les... Parce
que vous devez avoir un chiffre, là. Il n'est pas validé par le conseil
d'administration, je comprends ça, mais on va être dans quelles eaux, là?
Mme Dagenais
(Catherine) : On va être dans les mêmes eaux que l'année dernière,
autour de 9 millions.
M. Ouellet : Autour
de 9 millions. Parfait.
Mme Dagenais
(Catherine) : Et on parle de quelque 600 employés qui vont
recevoir la rémunération variable de 9 millions. Et ça, c'est, évidemment,
en fonction des atteintes des objectifs de l'entreprise mais aussi les
objectifs individuels de chacune de ces personnes-là. Alors, ça, je n'ai pas le
montant précis, là.
M. Girard
(Groulx) : L'ordre de grandeur.
Mme Dagenais
(Catherine) : 9 millions.
M. Girard
(Groulx) : Pour 600 employés. Donc...
Mme Dagenais
(Catherine) : C'est 0,26 %, là, de notre chiffre d'affaires.
M. Ouellet : Bien,
merci. Pour moi, ça donne une indication claire, Mme Dagenais.
Les ventes en
ligne...
M. Girard
(Groulx) : ...sujet à l'approbation du conseil d'administration et des
états financiers.
M. Ouellet : Oui,
absolument, absolument. Il y a des règles de gouvernance qu'on va peut-être
modifier dans le projet de loi n° 4...
Mme Dagenais
(Catherine) : Merci de me le rappeler.
M. Girard
(Groulx) : On pourra en parler dans le projet de loi n° 4.
M.
Ouellet : Si vous me permettez une courte question,
Mme Dagenais, ventes en ligne, 2021, on était à 126 millions. 2022,
c'est des chiffres préliminaires, on est à 136 millions, donc un bond de
10 millions. À quoi vous expliquez ça, là? Si vous me dites : Il y a
un contexte pandémique, peut-être, mais est-ce qu'il y a eu de la promotion
faite par la SAQ? Qu'est-ce qui fait qu'on a vraiment jumpé de 10 millions
cette année? Parce qu'on était moins confinés, on s'entend, là. Donc, on a aimé
le service, on a aimé se faire livrer à la maison, ou vous avez diversifié les
produits? Bref, quelle est la justification que vous pouvez nous donner pour
l'augmentation des ventes en ligne?
Mme Dagenais
(Catherine) : Bien, écoutez, plusieurs choses. La première, c'est que
le consommateur a... il y a des nouveaux... les consommateurs qui n'achetaient
pas en ligne, qui ont découvert le site saq.com et qui ont... qui l'ont adopté.
Donc, ils ont continué d'acheter leurs produits. Ça, c'est d'une part.
D'autre
part, on offre... l'offre de produits en ligne, entre autres, tous les produits
du Québec sont disponibles en ligne, et il y a vraiment un engouement pour ces
produits-là, là. Notamment, là, je pense aux prêts-à-boire, qui connaissent
beaucoup de succès tant dans nos succursales que sur le site saq.com.
Donc,
c'est une combinaison, là. C'est un changement du comportement du consommateur,
qui suit les tendances de commerce de détail, là, partout dans le monde.
M. Ouellet : On
a la liste, dans les cahiers de crédits, des 50 produits les plus vendus.
Je me désole que le premier produit québécois arrive en 40e... au
40e rang. À moins que je me trompe, là, c'est Bù Pinot Grigio. Et je
comprends que c'est le Baileys l'Originale qui a été prisé par les Québécois, Québécoises.
Donc, un café Baileys le matin ou le soir, c'est à votre choix, mais c'est ce
qui semble être le plus vendu à la SAQ, ce qui m'amène à vous poser la question
sur les majorations, Mme Dagenais. Dans nos cahiers de crédits, la marge
brute par catégorie, on apprend que, pour les vins, c'est 47,6 %, pour les
spiritueux, on monte à 59,2 %, prêts-à-boire, 31 %, cidres,
26 %, bières, 46 %, pour un total moyen de 50,2 %.
Expliquez-moi, Mme Dagenais. Comment se fait-il que, les spiritueux, on soit à près de 60 %? Quand je dis ça, là,
c'est parce que j'ai en tête nos distilleurs, nos... toutes nos microdistilleries,
un peu partout, qui aimeraient vendre chez eux à moindre coût, sans la
majoration, puis là ils se rendent compte que, lorsque ça passe sur les
tablettes de la SAQ, c'est dispendieux, puis ils ont... Je ne dis pas qu'ils se
font arnaquer, là, mais ils ont l'impression qu'ils n'en tirent pas le
bénéfice, là.
Le Président (M.
Simard) : Très bien. Malheureusement, cher collègue... Mais votre
message est passé, je crois. Je cède maintenant la parole à la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré
et, j'oserais ajouter, île d'Orléans. Madame, vous disposez de
7 min 12 s.
Une voix : ...
Mme Foster : Oui,
mais je n'ai pas... je n'ai pas de problème...
Des voix :
...
Le Président (M.
Simard) : Bon, à l'ordre! À l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Foster : Merci,
M. le Président. Je n'ai pas de problème. Peut-être, de façon concise,
peut-être, si, en une minute, madame veut continuer de répondre, je n'ai pas de
problème. Par la suite, j'aurai mes questions.
Mme Dagenais
(Catherine) : Avec plaisir.
Le Président (M.
Simard) : Mais succinctement, s'il vous plaît.
M. Girard
(Groulx) : Succinctement.
Mme Foster :
Oui, succinctement.
Mme Dagenais
(Catherine) : Oui. Alors, succinctement, bien, d'abord...
Le Président (M.
Simard) : Alors, merci. Non, non, je vous taquine.
Mme Dagenais
(Catherine) : Les distillateurs peuvent vendre à la propriété, comme
vous l'avez dit, avec... en appliquant la marge SAQ mais en excluant la marge
SAQ qui couvrirait les frais administratifs d'opération que la SAQ ne touche
pas, étant donné que c'est vendu à la propriété. Donc, ils n'ont pas le même pourcentage.
Et là j'ai un blanc sur le... quel est le pourcentage qu'ils vendent à la
propriété, mais il est différent.
M. Girard
(Groulx) : Mais je pense que la question du député... Puis là on va
terminer le temps qui vise à répondre à la question de l'autre député, mais je
pense que la question était plutôt sur le niveau des marges des spiritueux,
pourquoi il est si élevé. Vous pourrez y répondre une autre fois.
Mme Dagenais
(Catherine) : Je peux le dire vite, vite, vite, là.
M. Girard (Groulx) :
Allez-y vite, vite.
Mme Dagenais
(Catherine) : Bien, en une phrase, bien, c'est... en fait, c'est
l'historique de la SAQ. Quand la SAQ est
née, en 1921, il y a 101 ans, les spiritueux étaient... en fait, ce
n'était pas perçu comme... c'était dangereux de consommer ces
produits-là, et la marge a été plus élevée. C'est historique.
Le Président (M.
Simard) : ...vous disposez de 5 min 30 s.
Mme
Foster : Parfait. Merci beaucoup, M. le Président.
M. Ouellet : ...
Mme
Foster : De rien, M. le député de René-Lévesque. Alors,
bien, moi, je voudrais m'entretenir, M. le Président, avec
Mme Dagenais également. Je voudrais parler des produits du Québec. Bon,
comme la majorité des produits locaux, vous
savez, nos alcools de viticulteurs, distillateurs, cidriculteurs québécois, ils
ont reçu une grande vague d'amour, entre
autres, depuis la pandémie, entre autres. Les gens ont été encouragés à
consommer local pour soutenir l'économie, bien sûr, du Québec. Et les
Québécois ont découvert ou redécouvert, souvent avec enthousiasme, nos produits
d'ici. J'ai en tête quelques belles
compagnies au Québec. On pourrait en nommer tellement, mais tellement, mais
j'ai en tête, entre autres, Menaud, chez nous, bien sûr, à Clermont,
dans Charlevoix, Pedneault, à L'Isle-aux-Coudres, et j'ai en tête aussi une
belle compagnie, la distillerie Les Subversifs, là, qui est très connue au
Québec, qui est dans le comté de mon
collègue de Richelieu. Je ne sais pas, je pense qu'il n'est plus ici. Mais, bref,
je sais qu'on en discutait récemment. C'est une très, très belle
compagnie également.
Bref, on a du choix au niveau des produits
québécois. Et, à ce qu'on entend parler dans les médias, j'allais vérifier les
chiffres tout à l'heure, en 2020‑2021, il y a eu une vente des... il y a une
hausse des ventes en litres, pour les produits québécois, de 26 %. Donc,
c'est quand même... Ce n'est quand même pas à négliger.
• (17 h 10) •
Au cours des
dernières années, la SAQ a lancé des nouvelles identifications, là, Préparé au
Québec, Embouteillé au Québec, Origine Québec, et tout ça. Au cours de
la dernière année, la SAQ a continué de mettre de l'avant les produits du
Québec. On sait que, dans les 10 dernières années, bon, la SAQ avait été
quand même quelquefois critiquée pour ne pas laisser suffisamment de place aux
produits du Québec. Et c'est important d'encourager nos artisans de chez nous.
Donc, je voudrais que Mme Dagenais puisse me décrire un peu les efforts de la
SAQ pour promouvoir les produits du Québec. C'est quoi, les prochaines
initiatives de la SAQ qui vont permettre de mettre nos produits en valeur?
Mme
Dagenais (Catherine) : Merci de la question. C'est certain que, les
produits du Québec, on les affectionne tous.
On est tous du Québec. On est fiers de les promouvoir, peu importe d'où ils
viennent au Québec. J'ai eu l'opportunité, moi, de visiter... d'en visiter plusieurs dans la dernière année. Ils
ont besoin de nous. Ils veulent travailler avec la SAQ. On a des
employés aussi qui... d'ailleurs, que je salue, qui font un superjob et qu'on
forme pour... puis qu'on va former davantage
dans la première... la prochaine année pour s'assurer d'être au goût du jour et
puis d'être en mesure de promouvoir ces produits-là dans nos succursales.
Donc, avoir une... Ce qui s'en vient, là, dans
la prochaine année, c'est une mise en marché qui est encore plus visible dans
les succursales, avec un affichage plus... je dirais, plus évident, parce que,
parfois... Évidemment, les produits du Québec ont tellement crû dans les deux
dernières années que les gens de succursales ont été habiles, je dirais,
créatifs à créer de l'espace dans nos succursales pour les vendre, mais parfois
ils n'étaient pas tous visibles au même niveau. Alors, on veut travailler
là-dessus dans la prochaine année.
Donc, évidemment, des campagnes médias aussi,
pour supporter. D'ailleurs, dans les prochains... la prochaine semaine, on a
une campagne BAQ où, à l'achat de chaque produit d'ici, qu'il soit Origine
Québec, Embouteillé au Québec, Préparé au Québec, on va redonner un repas aux
Banques alimentaires du Québec. Alors, en même
temps, bien, ça, ça aide la cause, mais, en même temps, on supporte les
produits du Québec. Alors, on va faire ça. Ce sont des initiatives, là,
tout au long de l'année.
Réviser aussi le processus d'introduction de
produits pour que ce soit encore plus rapide, là, parce qu'il y a de plus en
plus de nouveautés.
Et mes collègues m'en voudraient si je ne
parlais pas d'Espace Québec, qui est la section dédiée aux produits d'ici puis
qui met en valeur les produits, les vins du Québec, les produits 100 %
Québec et les autres produits sur saq.com. Et ça, c'est depuis le début de la
semaine. Alors, c'est tout chaud.
Le Président (M. Simard) : ...encore,
chère collègue.
Mme Foster : Il me reste une minute.
Rapidement, tout à l'heure, j'écoutais les échanges au sujet du centre de distribution de Montréal, l'agrandissement.
J'aurais peut-être une ou deux questions là-dessus. Premièrement, est-ce que
ça va engendrer des pertes d'emploi? Puis, deuxièmement, est-ce que vous allez
privilégier des fournisseurs québécois dans la construction, dans
l'agrandissement de ce centre-là, là?
Mme Dagenais (Catherine) : Alors,
bien, quand j'ai annoncé l'agrandissement l'année dernière, pour moi, c'était
important d'annoncer qu'il n'y aurait pas de perte d'emploi. Effectivement, il
va y avoir un... des emplois qui vont bouger au sein de l'entreprise. Il va y
avoir des nouveaux emplois qui vont répondre, en fait, au projet
d'automatisation, là, du centre de distribution.
Et, quant au choix de l'équipementier, on a...
évidemment, on suit les processus d'appel d'offres publics. Et évidemment c'est
important de respecter ça. Et on verra qui...
Le
Président (M. Simard) : Alors, merci, Mme Dagenais. Merci à vous
tous. Nous venons, donc, de terminer ce bloc d'échange.
Document déposé
Avant de suspendre,
je dépose les réponses aux demandes de renseignements de l'opposition.
Alors, on se retrouve
dans quelques minutes.
(Suspension de la séance à
17 h 15)
(Reprise à 17 h 30)
Le Président (M.
Simard) : Chers collègues, nous poursuivons nos travaux. Je constate
que nous avons quorum. Merci à nouveau pour votre assiduité.
Comme vous le savez,
la commission est maintenant réunie afin de procéder à l'étude du volet
Loto-Québec des crédits budgétaires du
portefeuille Finances pour l'exercice financier 2022‑2023.
Comme d'habitude, une enveloppe de 45 minutes est allouée à l'étude
de ces crédits.
Mme la secrétaire, y
aurait-il des remplacements?
La
Secrétaire : Aucun.
Loto-Québec
Le Président
(M. Simard) : Alors, nous allons, bien sûr, procéder par blocs
d'échange, et, comme le veut la tradition, je cède la parole au critique de
l'opposition officielle, le député de Robert-Baldwin.
Discussion générale
M. Leitão : Merci, M. le Président.
Alors, bonjour. Merci d'être là, M. Bergeron, Mme MacDonald, M. le
ministre, bien sûr. Alors, bonjour. Merci.
Donc,
on va parler un peu de Loto-Québec. Évidemment, la période que nous venons de
passer, les deux années de pandémie, ça a complètement chamboulé les activités
de la société.
Il y a une chose que
je dois vous dire. Ça m'a beaucoup dérangé. Je ne pense pas que ce soit quelque
chose que vous pouvez régler, mais peut-être. C'était que, pendant la pandémie,
justement, à la télévision, quand il y avait des événements spéciaux, les
séries de la coupe Stanley l'année dernière, et tout ça, il y avait beaucoup
d'annonces de casinos en ligne, des affaires plus ou moins... plus ou moins
louches. Est-ce que ça veut dire... Quel est votre rôle? Vous n'avez rien à voir
avec ça, là, ce n'étaient pas des annonces de Loto-Québec, mais y a-t-il
quelque chose que la société peut faire pour, justement, avertir ou indiquer
que de telles annonces ne sont pas... ne sont pas appropriées? Je... Ici, le
modèle que j'utilise, par exemple, c'est quelque chose qu'on voit maintenant
souvent. Il y a des réclames, aussi, d'un regroupement qui essaie de dire que
les saveurs dans les vapotages, c'est une bonne chose, qui est tout de suite
suivi par une... un «disclaimer» de Santé Canada disant : Non, non, non,
ce n'est pas une bonne idée. Est-ce qu'il y aurait lieu, peut-être aussi, que
Loto-Québec puisse présenter une espèce de... un «disclaimer» suite à des... à
ces annonces-là de sites de jeux qui sont plus ou moins parallèles?
Le Président
(M. Simard) : Alors,M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : ...prendre la première partie de la question, puis après je
vais passer la parole à M. Bergeron. Je comprends que vous avez le désir
d'échanger avec M. Bergeron et... Je comprends ça. Et bienvenue à
Mme MacDonald. Nous avons un excellent C.A., chez Loto-Québec, et un
nouveau dirigeant qui est le produit d'une autre société d'État. Alors, on l'a
vu évoluer puis on est contents qu'il dirige.
Le Président
(M. Simard) : ...M. le ministre, sans vouloir vous couper, je
crois que Mme MacDonald est la fille
d'un ancien ministre qui a siégé ici et qui était député d'un comté célèbre, le
député de Robert-Baldwin... le comté, pardon, de Robert-Baldwin,
n'est-ce pas? Bienvenue parmi nous, madame. C'est un honneur.
M. Leitão :
Ah! alors, je dois bien me comporter. Excusez-moi.
Le Président
(M. Simard) : Excusez-moi, M. le ministre. La tentation était
trop forte.
M. Girard (Groulx) : Ce n'est pas pour ça
qu'elle est présidente de... du C.A., c'est en raison de ses compétences,
M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Mais,
quand même, il y a parfois des retours de l'histoire comme ça. Il y a parfois
des retours de l'histoire qui méritent d'être soulignés. Alors, M. le ministre,
merci beaucoup.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Alors, je tiens à dire qu'on prend cette situation extrêmement au sérieux. Le jeu, l'offre de jeu légale, au Québec, c'est
l'offre de jeu de Loto-Québec. Et on a observé comme vous la prolifération de plateformes de jeu en
ligne. On prend cette situation au sérieux. Et le rôle de Loto-Québec, c'est de
prendre sa place en tant qu'alternative de jeu responsable. Alors, je
m'arrête ici. Je passe la parole à M. Bergeron.
M. Bergeron
(Jean-François) : Jean-François Bergeron,
P.D.G. de Loto-Québec.
Effectivement, la prolifération de la publicité
des fameux opérateurs illégaux, pour nous, est un souci. Il faut comprendre que
c'est un stratagème, en fait, la publicité qu'ils font, ils le font...
l'annonce de jeux gratuits qu'on... qui se dirige vers leur plateforme de .net.
Mais on sait tous maintenant, hein, je pense que le modèle est clair, que leur
volonté, c'est de diriger le consommateur, le joueur vers les plateformes
payantes. Alors, je vous dirais que c'est un problème beaucoup plus de
réputation, un problème, je vous dirais, social, et c'est préoccupant,
évidemment.
Sans parler de ce que ces opérateurs-là font ou
ne font pas, Loto-Québec vient de lancer une campagne d'information. Parce
qu'évidemment nous, on n'est pas la police, là, sauf qu'on a un devoir, un
devoir au niveau de l'information, parce que plusieurs Québécois sont, je vous
dirais, mélangés entre ce qui est légal et ce qui n'est pas légal. Certains
pensent même que c'est une extension des produits de Loto-Québec. Alors, on
vient de lancer une campagne, je vous dirais que ça fait déjà quelques mois, où
on commence à dire que, si ce n'est pas Loto-Québec, ce n'est pas légal, mais
il y a une campagne, depuis lundi, qui est vraiment destinée à éduquer le
consommateur d'une façon beaucoup plus directe. Alors, je vous dirais, là, que
c'est une nouvelle offensive. Ça, c'est une première chose.
La deuxième chose, bien, Loto-Québec, comme
M. Girard a dit... comme M. le ministre a dit, il faut prendre notre
place. Et, dans la pandémie, Loto-Québec s'est gardé une petite gêne, parce
qu'on trouvait qu'il y avait déjà beaucoup trop d'annonces sur le jeu en ligne.
Loto-Québec ne voulait pas mettre une couche de plus. Donc, on s'est... on a décidé d'être un peu plus discrets.
Et là, bien évidemment, nos campagnes ne sont pas axées sur la promotion
du jeu en ligne mais plutôt sur l'éducation
de ce qui est légal et ce qui n'est pas légal. Donc, on est en action là-dessus.
M. Leitão : Très bien. Merci.
M. Girard
(Groulx) : Mais, cinq secondes, c'est certain que ces
plateformes-là n'ont pas la même responsabilité sociale... les mêmes
considérations pour les responsabilités sociales que nous avons chez
Loto-Québec.
M. Leitão : Tout
à fait. Et donc, je pense, c'est important d'insister sur le fait que ces
annonces-là... enfin, ils veulent vous attraper dans le .net et... où
tout est gratuit, puis on va à côté. C'est une autre histoire.
Maintenant, il y a quelques années, le
gouvernement précédent avait essayé de donner une mission à Loto-Québec,
Espacejeux, pour qu'il devienne la seule et unique plateforme de jeu en ligne.
Donc, Loto-Québec... Mais évidemment les tribunaux... Je pense que ça a été
même jusqu'à la Cour suprême, qui a dit : Bon, non, vous ne pouvez pas
faire ça. Très bien. C'était déjà il y a quelques années. Qu'est-ce qu'on fait
maintenant? Quel est le plan? Parce qu'entre-temps l'offre de jeu et de jeu en
ligne ne passe pas par Loto-Québec, mais elle... il y a une grande prolifération. Alors, est-ce qu'il y a une
tentative de faire une... essayer une nouvelle loi, essayer un nouveau
mécanisme? «What's the plan?»
M. Girard (Groulx) : D'abord,
vous avez raison que la stratégie légale précédente a eu un succès mitigé. Et, oui, nous étudions des possibilités législatives
alternatives. Je ne dévoilerai pas le plan ici, mais c'est certain qu'on regarde
quelles sont nos possibilités légales. Et
c'est notre responsabilité de le faire. Mais on s'attend aussi à ce que
Loto-Québec prenne sa place et informe les citoyens que le jeu
responsable, légal, c'est sur les plateformes de Loto-Québec. Et donc il est
extrêmement important que Loto-Québec prenne sa place. Et le gouvernement a des
responsabilités, et on travaille là-dessus.
M. Leitão : Très bien. Parce
qu'il y a aussi...
M. Girard (Groulx) : Et nous
n'aimons pas du tout l'approche de l'Ontario.
M. Leitão : Mais
c'est là où j'allais, justement. Il y a des modèles, il y a d'autres modèles,
ailleurs au Canada, de faire appel à un plus grand partenariat avec ces
sites-là illégaux afin de les rendre... de les faire entrer dans la grande
tente. Et, si j'ai bien compris de ce que vous venez de dire, M. le ministre,
au Québec, on n'a pas du tout l'intention d'aller dans cette direction-là.
C'est bien ça?
M. Girard (Groulx) : Non, pas
de partenariat avec les sites illégaux.
M. Leitão : Très bien. Mais
vous ne pensez pas qu'il y aurait peut-être un certain mérite à y aller
peut-être un peu pour, justement, les faire
rentrer à l'intérieur d'un cadre qui serait plus responsable, où, justement,
les procédures de vérification d'âge et vérification...
M. Girard (Groulx) : Ma
compréhension de la stratégie de l'Ontario, ce n'est pas que cette
composante-là est prédominante.
M.
Leitão : D'accord, mais pensons à une stratégie québécoise
de «if you can't beat them, join them», c'est-à-dire est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu, dans la recherche pour une nouvelle solution, puisque, la
dernière, la Cour suprême nous l'a invalidée, d'essayer
de travailler avec les sites internationaux, qu'ils rentrent à l'intérieur d'un
parapluie de Loto-Québec où ça deviendrait plus facile de faire toutes les
vérifications nécessaires?
M. Girard (Groulx) : Notre
premier choix, c'est de faire respecter nos lois. Nous étudions nos
possibilités. Puis, comme je l'ai dit, je ne
révélerai pas notre stratégie complète ici. Mais cet enjeu-là, M. le député, il
est extrêmement sérieux. Et le subterfuge qui est utilisé, la confusion
entre le .net, .com, c'est là, et on en est conscients, et on regarde nos
options. Et d'aucune façon je ne... D'aucune façon je ne supporte la présence
de ces sites.
M. Leitão : Oui. Et je suis
presque certain, maintenant qu'on revient aux séries de hockey, les séries de
la coupe Stanley, que, même si le Canadien n'est pas là, bien, il y aura
beaucoup de matchs, et on va voir beaucoup ces annonces-là, là. Ça va se
multiplier.
M. Girard (Groulx) : Certainement,
il y aura des séries de hockey, même si les Canadiens n'y participent pas. J'en
ai vu, d'ailleurs, hier soir, là. J'ai vu une équipe en bleu, là, qui était
tout excitée, mais c'est... Comment je... On n'a pas non plus la pleine
transparence corporative derrière tous ces sites-là, ce qui est un autre enjeu,
parce que ce ne sont pas des compagnies canadiennes, dans bien des cas, et
c'est une autre préoccupation.
M. Leitão : Oui.
Et je finis avec ça, parce que je... Le cas qui avait déraillé, là, ce qu'on a
essayé de faire il y a quelques années, c'était, justement, le CRTC qui
nous disait : Non, non, non, vous ne pouvez pas faire ça. Mais là,
maintenant, le CRTC laisse passer toutes ces annonces-là qui...
• (17 h 40) •
M. Girard (Groulx) : Mais je
pense que...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Girard (Groulx) : ...l'intention
était bonne. Le moyen ne s'est pas révélé être le bon. Nous regardons d'autres
moyens.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci beaucoup. Mme la députée de Mercier, pour six minutes.
Mme Ghazal : Très
bien. J'ai six minutes. Merci, M. le Président. Donc, bonjour,
M. Bergeron, Mme MacDonald. Donc,
comme d'habitude, M. le ministre, quand j'ai peu de temps... Nous, on a
beaucoup de temps à passer ensemble. Je vais en profiter, de la présence
de M. Bergeron, pour lui poser des questions.
En février dernier, vous aviez annoncé que vous
vouliez donner des primes ou des bonis aux cadres, malgré le fait qu'il y ait
eu 2 000 licenciements à cause de la fermeture, là, des casinos, à
cause de la pandémie, et tout ça. Finalement, les bonis ont été versés.
M. Bergeron
(Jean-François) : Non. En fait, ce qu'on
avait dit au mois de février, c'est que c'est une décision qui se prend à la
fin de l'année. Donc, la décision, elle n'était pas prise. Là, elle est prise,
et la décision est qu'on ne versera pas de
boni aux hauts dirigeants, mais on va verser 50 % de la valeur des bonis à
tous les employés autres que les dirigeants, qui ont droit à cette
portion de rémunération incitative.
Mme Ghazal : Puis, quand vous
dites les hauts dirigeants, vous parlez, évidemment, de vous...
M. Bergeron
(Jean-François) : De l'exécutif.
Mme Ghazal : L'exécutif, ça,
c'est combien de personnes?
M. Bergeron
(Jean-François) : C'est huit personnes...
10 personnes, pardon.
Mme Ghazal : Mais les cadres,
les autres cadres de Loto-Québec, eux, ils vont en recevoir ou ils en ont reçu.
M. Bergeron
(Jean-François) : Non. En fait, le montant n'est pas encore établi,
parce qu'on est dans les processus de fin d'année.
Mme Ghazal : Vous regardez la
performance.
M. Bergeron
(Jean-François) : Mais l'intention est
celle-là. Il faut comprendre que...
Mme Ghazal : De donner combien,
vous avez dit? 50 %? Je n'ai pas bien retenu.
M. Bergeron
(Jean-François) : 50 % de leurs
cibles.
Mme Ghazal : O.K. O.K. Je
comprends.
M. Bergeron
(Jean-François) : Il faut comprendre que c'est une année
exceptionnelle, hein? On a eu deux fermetures. On a été cinq mois
fermés, sur 12, et, malgré ça, on atteint les dividendes... les résultats nets
prévus au budget, qui étaient de
1 086 000 000 $... en fait, on les surpasse. Les cadres ont
fait un travail incroyable. On a ouvert deux fois, on a revu les aires de jeu, on a retravaillé, on a créé des
bulles de 250 personnes. Si vous vous en souvenez, là, les mesures
ont changé, là, plusieurs fois...
Mme Ghazal :
Oui, oui, pas mal.
M. Bergeron
(Jean-François) : Donc, il y a eu beaucoup
de travail. On a réduit énormément les frais fixes. Et c'est une année qui nous...
Somme toute, malgré une année particulière, ça fait deux ans, on est la société
d'État qui a été le plus durement touchée,
on atteint les cibles. Et, dans ce contexte-là, l'exécutif se voyait mal,
évidemment, de se verser des bonis, puisqu'il y a eu des mises à pied
temporaires. Il faut comprendre que ces mises à pied là n'étaient pas souhaitées.
Évidemment, quand on n'a pas d'heures à leur offrir, on ne peut pas garder des
employés à la solde...
Mme Ghazal : Donc, vous étiez en train d'y réfléchir. Vous avez
vu peut-être que ce n'était pas une bonne idée à cause de la situation. Mais
les cadres, ça, c'est, quoi, 3 700 cadres, que vous avez, à qui vous
allez verser un boni?
M.
Bergeron (Jean-François) : C'est tout près
de 2 000 employés. Ce n'est pas juste des cadres, en fait, hein, il y a beaucoup plus d'employés qu'il y a de
cadres. Donc, il y a 2 000 employés à peu près, 2 300, pour être
plus précis, là, qui sont éligibles à
un programme incitatif. Donc, c'est de ce groupe d'employés là que je parle
ici, tout à fait.
Mais il fallait... Il
faut comprendre que, pour pouvoir verser les bonis, il faut atteindre les
cibles, et ça, c'est une première chose. Donc...
Mme Ghazal : ...savoir
quand?
M.
Bergeron (Jean-François) : Bien, en fait, avec les derniers
résultats que l'on a... Les données ne sont pas encore finales, mais on devrait atteindre les cibles, même les
surpasser. Donc, dans ce contexte-là, si c'est le cas, l'intention,
c'est de verser 50 % de la valeur.
Mme Ghazal : Puis,
avec vos employés, qui étaient aussi en négociation à ce moment-là... Puis eux
autres, ils étaient choqués d'apprendre qu'on
allait donner des bonis aux cadres. Là, je ne sais pas s'ils faisaient aussi la
différence, il y a les cadres et les
hauts dirigeants. Là, maintenant, c'est... il y a une entente qui est conclue,
une convention collective.
M. Bergeron (Jean-François) : Bien, je ne sais pas de quelle entente que vous parlez, mais on est en
négociation. On a 19 conventions collectives, et il y en a cinq ou six qui
ont été conclues. Il en reste donc une quinzaine, et ça, ça va se
conclure au fil de la prochaine année.
Mme Ghazal : Et
est-ce qu'ils ont des bonis? Je ne connais pas les conventions, et tout ça.
Est-ce que les employés, aussi, syndiqués...
M.
Bergeron (Jean-François) : Bien, il y a
certains employés qui en avaient. L'année passée, il y a eu une transformation
lors de la négociation. Il y a eu de l'incorporation. Donc, ils ont incorporé
la portion incitative à leur salaire de base. Donc, pour ce groupe d'employés
là qui a eu ce transfert-là, évidemment, maintenant, ça fait partie de leur salaire de base. Mais les autres... Il
faut comprendre que n'est pas un cadeau, hein, c'est une portion incitative.
Mme Ghazal : En
fonction de la performance.
M.
Bergeron (Jean-François) : Bien oui, c'est ça. Puis ça fait
partie d'un contrat de travail. Et on parle entre 4,5 % de leur salaire de
base à 12,5 %. Donc, ce n'est pas un cadeau, là. Alors, il faut vraiment
que l'employé ait atteint les différents objectifs.
Mme Ghazal : Les
cadres, c'est combien de pourcentage?
M.
Bergeron (Jean-François) : Bien, ça varie,
c'est ça que je dis, là, ça varie entre 4,8 % à 12,5 %.
Mme Ghazal : Puis justement, pour être performant, il faut que
les gens consomment le produit, là, de Loto-Québec, de toutes sortes de
façons. Puis là vous vendez des coupons Argent Web, qu'on avait appris,
puis ça facilite l'accès au jeu pour des gens qui, par exemple, pourraient être
bloqués par leur banque parce qu'ils n'ont pas de carte de crédit ou ils ne peuvent pas, puis il y a eu des critiques
par rapport à ça. Vous, est-ce que... Qu'est-ce que vous répondez aux
critiques qui dit... Bien, par exemple, La Maison Jean-Lapointe, ils
disent que ça facilite pour des gens qui sont vulnérables. Qu'est-ce que vous
répondez à ça, par rapport à ces coupons Argent Web?
M. Bergeron (Jean-François) : Oui. Il faut comprendre que l'argent Web a été introduit en 2016.
Ça représente à peu près 7 % des dépôts qui se font dans le compte Web.
Donc, ça représente 7 % de ce qui est déposé dans les comptes clients.
C'est une méthode de paiement qui est appréciée. Et c'est une mauvaise
adéquation de faire...
Le Président (M.
Simard) : Très bien.
M.
Bergeron (Jean-François) : ...entre : Il y a un
problème de crédit parce que la personne utilise de l'argent comptant.
C'est une adéquation qu'on ne fait pas.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. Bergeron. Je cède la parole au député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci, M. le Président.
J'aimerais, justement, continuer dans cette direction-là. Donc, si vous
pourriez, donc, continuer, parce que l'enjeu... l'enjeu du jeu compulsif est
vraiment un enjeu important, et donc l'accès au jeu est important. Alors,
comment vous faites pour continuer de bien contrôler l'accès à l'offre de jeu?
Parce que... facilite...
M. Girard (Groulx) : Est-ce que vous
parlez précisément de l'argent Web?
M. Leitão : Oui.
M. Girard (Groulx) : O.K. Continuez
votre réponse...
M. Bergeron
(Jean-François) : Bien, écoutez, ce que j'allais dire, donc,
avec l'argent Web, c'est juste un mode de paiement additionnel. Il y a des gens
qui, pour des raisons, justement, de limite de jeu, préfèrent acheter une
carte. Je vous dirais que 70 % des ventes d'argent Web, ce sont pour des
montants de 20 $ et moins. Donc, c'est une façon, pour les gens, de mettre
un 20 $ sur une carte. Ils jouent la carte. Ça, c'est une première raison.
C'est un amalgame de raisons.
La deuxième raison, c'est qu'il y a des frais
d'avance de fonds. Quand on transfère des sommes d'une carte de crédit à notre
compte jeu, ce n'est pas une transaction de vente, c'est une avance de fonds,
et il y a des frais. Alors, il y a des gens qui préfèrent acheter une carte Web
pour éviter de payer ces frais-là. Il y en a d'autres, c'est pour des raisons de cybersécurité. Ils ne veulent
tout simplement pas mettre des cartes de crédit en ligne, comme bien d'autres.
Et puis donc c'est un amalgame, mais ce n'est pas matériel. Et les profils de
joueur sont exactement les mêmes profils
que ceux qui n'utilisent pas ces modes de paiement là. Donc, pour nous, c'est
loin d'être un enjeu, mais ça permet tout simplement un autre mode de
paiement.
Pour qu'est-ce qui est de la prévention du jeu,
bien sûr, c'est inquiétant. Le jeu n'est pas banal. C'est vrai sur nos établissements terrestres, c'est vrai en
ligne. C'est pour ça que les opérateurs illégaux, pour nous, c'est un enjeu,
parce qu'évidemment ils n'ont pas les mêmes pratiques. Mais, nous, il y a une
panoplie d'outils. Alors, on peut se mettre une limite de temps, on peut
se mettre une limite de montant.
Et il y a aussi accès à l'information. Je vous
dirais qu'on travaille actuellement avec une chaire de recherche pour modéliser
un modèle de données pour identifier les joueurs à risque sans détériorer
l'expérience de jeu pour ceux qui se
divertissent sans risque. Parce que ce n'est pas tous les joueurs qui ont un
problème. Je vous dirais que, dans les données que l'on a, c'est
4,4 % de la population. Alors, je vous dirais qu'il y a possiblement plus
de problèmes d'alcool et de d'autres vices
qu'il y a des problèmes de jeu. Maintenant, ça ne veut pas dire qu'il ne faut
pas prendre ce problème-là au sérieux, et Loto-Québec le prend vraiment
au sérieux. Donc, on a une série de protocoles.
M. Leitão : Très bien.
• (17 h 50) •
M. Girard
(Groulx) : Oui. J'allais vous rappeler notre tradition
parlementaire que votre réponse doit avoir à peu près la longueur de la
question.
M. Bergeron
(Jean-François) : O.K. D'accord.
Le Président (M. Simard) : Non,
mais, M. le ministre... M. le ministre, vous feriez un excellent président.
M. Leitão : Mais, écoutez, je
comprends que c'est un équilibre délicat entre offrir des outils plus modernes et plus efficaces pour faciliter l'accès au jeu
et, en même temps, devoir maintenir un contrôle strict parce que le jeu peut devenir
un problème avec le jeu compulsif, etc. Donc, je vous invite à continuer cet
équilibre-là.
Mais ça a été peut-être mal compris avant, quand
vous avez parlé de paiement Web, et tout ça, ça a été interprété par certaines
personnes, et j'aimerais si vous pouviez clarifier ça, que Loto-Québec
accepterait, au conditionnel, accepterait des bitcoins comme paiement. Est-ce
que c'était le cas, ou est-ce que c'est le cas, ou est-ce qu'il y a eu un
mélange de genres?
M. Bergeron
(Jean-François) : Non. En fait, ce qu'il y
avait... Oui, c'est un mélange, là. En fait, ce que Loto-Québec a dit, c'est
que Loto-Québec doit s'intéresser à de nouveaux modes de paiement, et les
bitcoins, c'est quelque chose qu'on s'intéresse. Maintenant, on est loin
d'avoir pris action. Il faut comprendre ce que c'est, il faut être en avant
pour prévoir. Donc, on est loin d'avoir un plan pour permettre les bitcoins,
mais je ne ferais pas bien mon travail si je
ne m'y intéressais pas. Donc, il faut comprendre ce que c'est, et donc on est
vraiment à cette étape-là. Donc, on est vraiment loin de la coupe aux
lèvres, là.
M. Leitão : En
tout cas, moi, je vous invite fortement à ne pas explorer cette option-là.
M. Girard
(Groulx) : Je pense
que, dans le rapport sur le blanchiment d'argent, ce n'était pas une
recommandation.
M. Leitão : Voilà.
C'est la... Donc, très bien. O.K. Maintenant, j'aimerais parler de casinos,
casinos physiques, là, pas les casinos en ligne, on en a déjà parlé,
mais les casinos physiques. Donc, nous avons, au Québec, Casino de Montréal, Casino du Lac-Leamy. Il y a toujours
celui de Charlevoix, je pense, il fonctionne toujours. Celui du Mont-Tremblant,
pas beaucoup. Je pense que ça n'existe plus, même.
Une voix : ...
M. Leitão : Ça existe encore. Bon,
mais ce n'est pas très fort, il me semble. Mais là où je voulais aller, c'est
justement parce qu'à un moment donné il y a eu une certaine controverse entre
le Casino de Charlevoix et un éventuel possible casino à Québec ou, en tout cas,
une maison de jeux, je pense qu'on appelle comme ça, une maison de jeux
beaucoup plus... beaucoup plus grande et moderne que celle qui existait avant
ici, à Québec. Et je pense que cette maison de jeux a été inaugurée, elle
fonctionne maintenant. Et vous ne pensez pas que ça peut causer cette... une
espèce de... donc, d'affecter négativement l'achalandage du Casino de
Charlevoix, le fait d'avoir une maison de jeux,
à Québec, qui est maintenant beaucoup plus moderne et intéressante, entre
guillemets, que ce qu'elle était auparavant?
M. Bergeron
(Jean-François) : C'est certain qu'il y a
toujours un équilibre à garder avec les différents marchés. Je vous dirais que
le déménagement du Salon de jeux, qui a eu lieu en courant d'année, c'est
exactement le même nombre de machines. Donc, c'est vraiment un établissement dans
un secteur beaucoup plus adéquat. En fait, c'était ça, le mobile n'était pas de
créer une demande plus grande, c'était tout simplement de l'avoir dans un
secteur qui était plus adéquat par rapport au risque à l'égard du jeu. Donc,
c'est dans ce contexte-là et dans ces paramètres-là que le déménagement a été
fait. Et il n'y a aucun débalancement qui a été noté jusqu'à présent avec
Charlevoix. Et loin est l'intention de Loto-Québec d'enlever de l'achalandage.
Je vous dirais qu'au contraire on travaille très fort avec l'équipe sur place,
à Charlevoix, pour restimuler pas juste les ventes du casino, mais du complexe,
parce que c'est un superendroit. Il y a un beau golf, il y a un manoir, et puis
on en est très fiers. Donc, on travaille plutôt dans ce sens-là. Il faut dire
que le Québec, c'est grand, là. Alors, je pense qu'il y a de la place, là.
M. Girard
(Groulx) : Je visite fréquemment pour surveiller l'évolution
de l'amélioration de l'offre à Charlevoix.
M. Leitão : Très bien. Je vous invite
à le faire. Mais parce qu'une bonne partie de la clientèle du salon... du
Casino de Charlevoix, c'étaient des personnes de Québec. Bien sûr, le Québec
est grand, il y a toutes sortes d'autres personnes, bien sûr, qui vont... et
j'invite tous les Québécois à aller visiter Charlevoix, et tout ça, mais une
bonne partie de l'achalandage, c'étaient des
gens de Québec. Et, en modernisant le Salon de jeux, c'est ça, de Québec, même si
le nombre de machines demeure le même, même si l'offre demeure la même, bien,
c'est... Puisqu'on l'a modernisée, on l'a rendue plus attractive, il y a ce
risque-là, donc, de diminuer l'achalandage de l'autre. Mais vous me dites que,
jusqu'à maintenant, vous ne remarquez pas un tel phénomène. Très bien.
Maintenant, on continue avec les casinos. Vous
n'êtes pas sans savoir qu'il y a eu, je ne me rappelle pas exactement quand,
mais il y a quelques mois, je pense, des articles, dans les médias, concernant
les activités, surtout au Casino de Montréal, où il y avait des allégations assez
sérieuses quant au blanchiment d'argent. Donc, il y avait... Disons que les
mesures de sécurité n'étaient pas aussi fortes que ce qu'on pensait. Moi, ça
m'avait beaucoup surpris quand j'ai lu ça parce que, justement, je sais que
c'est quelque chose qui est pris au sérieux par Loto-Québec. Mais il semble que
ça a eu lieu quand même, donc, des personnes qui ont réussi à peut-être passer
à côté des règles, et donc des enjeux de blanchiment d'argent qui sont très
concrets.
Alors,
qu'est-ce que... Donc, vous, comme P.D.G. de l'organisation, quelles mesures
vous avez prises pour vous assurer que, si c'est arrivé, ça n'arrivera plus?
Et, si c'est arrivé, comment ça, c'est arrivé, et qui est responsable,
et... Voilà.
M. Bergeron
(Jean-François) : Bien, je crois que les
allégations dont vous faites référence datent de déjà deux, trois ans. C'était le reportage de J.E., qui, eux,
faisaient état des allégations qui dataient de 2010. Donc, on parle de
12 ans maintenant.
Je vous dirais qu'il y a beaucoup de choses qui
s'est fait vraiment depuis. Comme vous l'avez dit, on a un système de sécurité extrêmement sophistiqué. On
peut suivre un client de l'extérieur à l'intérieur, partout dans l'aire de jeu.
Il y a eu un rapport commandé par le ministre qui a été fait, un rapport
d'audit, et qui a eu plusieurs recommandations. Évidemment, on est en
action. Vous savez, tout partout où il y a un flot d'argent comptant, il va
toujours y avoir un risque de créativité pour blanchir les fruits de la
criminalité, mais je peux vous dire que Loto-Québec est en action et l'a
toujours été.
Ce qu'on a fait, entre autres, un changement
vraiment important, c'est qu'il y avait une vérification diligente qui se faisait à partir de 10 000 $ de
dépôt. Maintenant, c'est à partir de 3 000 $. Donc, on a coupé la
poire en trois. Ça, c'est vraiment beaucoup de travail de vraiment suivre d'où
vient les fonds, d'avoir de l'information sur la provenance des fonds. La façon
que les jetons circulent à l'intérieur du site est, d'une façon sophistiquée,
traquée... surveillée, c'est le terme que je voulais dire. Et je vous
dirais qu'un client ne peut pas rentrer avec de l'argent comptant et sortir
avec un chèque. Ça ne se fait plus maintenant. Donc, s'il
sort avec un chèque, c'est sur la portion qui a été gagnée. Donc, ce n'est pas
la portion qui a été tout simplement jouée et retirée.
Donc, il y a beaucoup de mesures, et j'en passe,
là, qui ont été mises en place pour être de plus en plus imperméables. Et ce ne
sera jamais fini, hein, on devra toujours se battre contre ça. Mais, ceci dit,
on est vraiment très contents des travaux qui ont été faits, et il y en aura
d'autres qui seront faits.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M.
Leitão : Très bien. Et je pense... Donc, je vous incite fortement
à continuer dans cette direction-là, surtout maintenant que la pandémie
est terminée...
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. Leitão : ...on ouvre les casinos,
il faut faire attention.
Le
Président (M. Simard) : Merci, cher collègue. Je cède maintenant la parole
au député de Sainte-Rose, qui... non, pardon, au député de
René-Lévesque. J'allais vous oublier, cher collègue. Vous voyez comment
c'est...
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Bien oui,
six belles minutes. À vous la parole. À vous la parole, cher collègue.
• (18 heures) •
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, à mon tour de vous saluer, gens de chez Loto-Québec. Vous avez répondu tantôt à ma collègue, en partie,
sur les bonus. Donc, ce que je comprends, c'est que, oui, ils seront
versés, non aux hauts dirigeants, mais à 50 % pour les cadres et le
personnel syndiqué. Je tiens à saluer le fait que les hauts dirigeants n'auront
pas accès à ces bonis-là. Je pense que d'autres sociétés d'État devraient
s'inspirer de votre décision. Mais je salue, honnêtement. C'est une bonne
décision.
La question qui tue, qui vient à côté, par
exemple : Avez-vous évalué combien vont représenter quand même ces
sommes-là, là, de bonus?
M. Bergeron
(Jean-François) : Oui. Bien, en fait, les
cibles, si on l'avait versé à 100 %, ça équivaut à peu près à
9 millions. Donc, on peut dire, c'est... là, je n'ai pas la mathématique
parce que l'année n'est pas finie, ça va jouer autour de 4 à 5 millions.
M. Ouellet : 4 à 5 millions.
Merci.
M. Girard (Groulx) : Monsieur est
partisan de la publication plus tôt des états financiers. C'est ce qu'on a
appris dans un échange plus tôt.
M. Ouellet : Oui, pour avoir,
effectivement, les informations, mais, lorsqu'elles sont quand même fournies comme ça, on peut faire confiance aux dirigeants.
Il n'y aura pas de grande différence, je pense, dans le rapport annuel.
J'ai vu la face du ministre, tantôt, quand vous
avez parlé des bitcoins. Il ne faut pas aller là. Moi, je vous le dis tout de
suite, là, le blanchiment d'argent... Je pense que les parlementaires vont être
d'accord aussi, en tout cas, du moins, cette
banquette de l'opposition, mais je présume, aussi, du côté du gouvernement
aussi, le blanchiment d'argent est un enjeu avec les bitcoins. Et là, si
Loto-Québec se met la main dans l'engrenage... En tout cas, de mon humble avis, là, arrêtez vos recherches. Il n'y a pas
d'acceptabilité sociale. Et je ne pense pas qu'une société d'État devrait aller
dans ce sens-là.
Je veux revenir sur ce qui s'est passé cet été,
Loto-Québec et son gratteux Record de chaleur. Loto-Québec l'a reconnu, c'était
une mauvaise décision. Elle avait été programmée d'avance, mais, avec les
chaleurs qu'on a connues et l'impact que ça avait aussi sur les gens, je pense
que ça a été une sage décision de retirer ce billet. Qu'en est-il sur le mécanisme? Est-ce que vous avez
maintenant un nouveau mécanisme pour éviter ce genre de situation là qui n'est
pas socialement acceptable? Et, à la réponse à votre question, j'aurais
peut-être une idée pour vous aider à réfléchir pour d'autres genres de gratteux
qui seraient socialement acceptables.
M. Bergeron
(Jean-François) : Je n'en doute pas. En
fait, bien, d'abord, vous savez, les programmes comme ça, les nouveaux
produits, on en lance une cinquantaine par année. Donc, vraiment... Et, sur
10 ans, vous pouvez faire la math, là, c'est plusieurs produits. Alors, je
vous dirais que celui-là, c'était un mauvais produit dans un mauvais moment. Et on a mis, effectivement, un
mécanisme de plus, donc une dernière balise, là, juste avant de le lancer en
production. Mais, vous savez, la production est faite longtemps d'avance. C'est
imprimé. C'est complexe, hein? Il y a des
numéros de série là-dessus. C'est quand même un jeu de hasard, donc il y a
toute l'intégrité qui vient avec, et c'est un protocole qui est
complexe. Donc, la production est faite plusieurs mois d'avance.
Alors, c'est vrai qu'on aurait pu, on aurait dû,
et on va l'être la prochaine fois... Vous savez, si on compte la moyenne de
fois où un produit a été mal sorti, je pense qu'on peut le compter sur une
main. Donc là, on en a eu un. On a certainement appris. Et on a mis une
nouvelle procédure en place, là, pour pallier ou éviter, même, un tel cas.
M. Ouellet : Ce
qui m'amène à ma deuxième intervention. Évidemment, bon, c'est une société
d'État, et on pourrait donner à Loto-Québec une vocation plus sociale. Alors,
voici des exemples d'idées que Loto-Québec pourrait mettre de l'avant. Exemple,
la loto Atteinte des cibles de GES : alors, si le Québec performe bien en
termes d'atteinte des cibles de GES, bien, on peut gagner plus gros. Et ça, ça
amènerait les consommateurs à voir leur
consommation. Un partenariat entre Loto-Québec et Hydro-Québec : vous
économisez l'électricité, votre facture est moins chère, vous gagnez des
prix.
Donc, je fais des farces, là, mais je pense que
Loto-Québec pourrait avoir cette vision dans ses produits pour être un peu plus
socialement responsable, et d'avoir aussi, dans ses produits, peut-être, une
tournure plus changement des comportements
de la société en fonction des jeux du hasard. Et on pourrait en mettre plein
aussi. Est-ce que le Canadien ferait les séries ou pas? Tu sais, je vous
soumets ça bien humblement, mais je pense que votre équipe marketing est
là-dessus.
M. Bergeron
(Jean-François) : Est-ce que je peux
répondre à votre question?
M. Ouellet : Oh! absolument.
Oui, oui.
M. Bergeron
(Jean-François) : Bien que ce n'était pas
une question. Mais on a lancé, là, cette année, une loterie qui s'appelle
Donnez au suivant, où la loterie est partagée avec une cause qui tient à coeur
à la personne qui gagne. Donc, c'est
50 000 $ qu'on remet à la personne qui gagne et 50 000 $ à
la cause de son choix. Évidemment, il faut que ce soit un OSBL, là, qui soit bien enregistré, là, en bonne et due
forme. Mais on en fait, des produits, là, comme ça. Mais je vais prendre
bonne note de vos suggestions.
M. Ouellet : Oui.
C'est comme Big Brother. C'est correct, c'est une bonne pratique. Il ne
me reste pas beaucoup de temps, je pense, hein?
Le Président (M. Simard) : Il
reste une minute, cher collègue, quand même.
M. Ouellet : D'accord. Moi, je
commence à voir apparaître... Des succursales de Loto-Québec qui sont des points de vente dans des centres d'achats, qui ne
sont pas des points de vente dans les dépanneurs, commencent à fermer. On
manque de main-d'oeuvre. Est-ce que vous voyez ça, vous autres aussi, dans le
grand chapeau Loto-Québec? Est-ce que vous voyez une baisse de ces
points de vente là qui ne sont pas dans des dépanneurs mais qui sont ailleurs,
dans d'autres points de service... commencer à décliner et réorienter ces
ventes-là vers les dépanneurs ou autres ententes qui sont signées?
M. Bergeron
(Jean-François) : En fait, votre question,
elle est très, très bonne. Ce qu'on voit, c'est que les points de vente, c'est
des kiosques qui sont opérés par des OSBL, hein, et on a de la difficulté à
trouver preneur, pour des raisons de
main-d'oeuvre, pour des raisons au niveau de la rentabilité, donc,
effectivement. Et ils ont été maltraités depuis deux ans aussi, comme
bien d'autres commerçants.
M. Ouellet : Avec les centres
d'achats, oui.
M.
Bergeron (Jean-François) :
Donc, oui, c'est vrai qu'on voit une pression. Je vous dirais que ça s'exprime
plus à... en région.
M. Ouellet : En région.
M. Bergeron
(Jean-François) : Mais c'est le cas, on a un enjeu. Alors, on est en
train de réfléchir à ce qu'on pourrait faire avec ça, et la meilleure
façon, c'est de les regrouper, peut-être, en OSBL, plus...
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup.
M. Ouellet : Parfait. Merci.
Le Président (M. Simard) : Je
cède maintenant la parole au député de Sainte-Rose, cette fois-ci, pour de
vrai, pour 6 min 45 s.
M. Girard (Groulx) : Est-ce que
je pourrais utiliser, M. le député...
M. Skeete : Vous avez ma
permission, M. le ministre, avec plaisir.
M. Girard (Groulx) : Je
voudrais revenir sur le rapport d'audit de Deloitte, là, parce que ça a quand
même été un moment important puis un travail
extrêmement sérieux. Je tiens à dire que, dans l'ensemble, Deloitte a fait
plusieurs recommandations d'améliorations mais n'a pas relevé des
manquements, tel que la couverture de presse avait souligné. Parce que la
couverture de presse mettait l'accent sur des événements qui étaient quand
même... dataient, et les pratiques de Loto-Québec
s'étaient améliorées. Je ne dis pas que Loto-Québec était absente de tout
blâme, mais je pense que la couverture était, jusqu'à un... un peu exagérée.
Par contre, le
travail qui a été fait par Deloitte est extrêmement sérieux. Il y a plus de
40 recommandations, là... c'est-à-dire
qu'il y en a 19 que Loto-Québec peut mettre en oeuvre sans modification
législative, il y en a 20 autres qui nécessiteront des
modifications législatives. Et, bien sûr, je compterai sur la collaboration de
la Commission des finances publiques en temps et lieu, ou un autre ministre des
Finances voudra faire des modifications législatives, pourra compter sur la
Commission des finances publiques, parce qu'il y aura du travail législatif à
faire en vertu du rapport de Deloitte. Je m'excuse, j'ai pris trop de temps.
Le Président
(M. Simard) : Cher collègue.
M. Skeete :
Combien de temps qu'il me reste?
Le Président
(M. Simard) : Il reste 5 min 7 s.
M. Skeete : Cinq minutes. Bien, merci
beaucoup, M. le Président. Salutations à tout le monde et aussi l'équipe
qui vous accompagne.
Bien, on a eu la
chance d'en jaser un petit peu hors ondes, je suis un passionné de Loto-Québec,
pas parce que j'aime le jeu, mais parce que
c'est un modèle uniquement québécois qui me plaît, tant la SAQ, tant Loto-Québec,
le fait que, collectivement, on contribue à notre propre financement pour...
Avouer que ça va se passer de toute façon et
de prendre le contrôle de qu'est-ce qui est considéré un vice mais qui, de
l'autre côté, est fait de manière responsable et intelligente, ça me
plaît. C'est une façon de faire qui me plaît.
On avait parlé,
tantôt, des logiciels que vous avez, les systèmes technologiques que vous avez
déployés à l'intérieur de Loto-Québec, et je vous ai fait la petite anecdote
que je ne suis pas le genre de gars à aller m'acheter un billet au dépanneur,
mais j'aime beaucoup l'application Loto-Québec, et tout. Et on voit aussi que
vous avez déployé beaucoup d'efforts sur votre capacité en ligne, surtout
durant la pandémie. J'ai pris bonne note que vous avez même contrôlé un petit peu lors de la pandémie,
justement, pour ne pas trop mettre d'emphase sur le jeu, justement, pour ne pas
nuire à la société québécoise.
Je serais curieux de
vous entendre sur, actuellement, c'est quoi, votre part de marché par rapport
aux autres. On peut parler des sites illégaux, bien sûr, mais surtout par
rapport à vos objectifs, là, où est-ce que vous êtes, et où est-ce que vous
voulez être, et comment vous voyez la suite de cette aventure en ligne là.
• (18 h 10) •
M.
Bergeron (Jean-François) : Oui. Bien,
d'abord, j'aimerais rappeler que Loto-Québec offre le jeu en ligne seulement
depuis 2010. C'est assez récent, dans le fond. Et les opérateurs illégaux
occupaient déjà le marché en 2010. Ce n'est vraiment pas nouveau. En fait, il y
en avait plusieurs centaines. Ce qui est nouveau aujourd'hui, c'est qu'ils
s'affichent, et ils s'affichent beaucoup. Ça, c'est nouveau. Mais ils étaient
là.
Alors, ce n'est pas
le marché gris, je pourrais dire, qui prend la place, c'est Loto-Québec qui
prend sa place. Alors, depuis 2010, on prend de plus en plus de place. On
était, en 2012, à peu près à 20 %, en 2017, on était à 40 %, et là on est tout près de 60 %, O.K.? C'est
difficile, évidemment. La dernière métrique, elle a été prise l'année passée.
Donc là, on a peut-être un petit angle mort cette année — hâte
de voir les nouveaux chiffres — mais je vous dirais que notre souhait,
c'est d'être à 70 %. Ça, moi, je serais heureux avec ça.
Ceci dit, on n'évitera
jamais le marché noir. C'est vrai dans le cannabis, c'est vrai dans l'alcool,
c'est vrai dans le tabac. C'est vrai, il va
y avoir toujours une petite portion de marché noir. Mais, si on pouvait se
rendre à 80 %, 85 % du marché, on ferait un très bon travail.
Mais la prochaine destination, c'est 70 %.
Maintenant, il y a eu
beaucoup d'encre coulée dans les derniers mois sur l'augmentation du jeu en
ligne. Il faut comprendre qu'au Québec, l'année passée, on avait connu
171 % d'augmentation du jeu en ligne, mais on avait connu, en parallèle, 1,3 milliard de jeu, au
total, qui s'est joué de moins, toutes plateformes confondues, par les fermetures
des casinos et des salons de jeux
terrestres. Alors, au total, au Québec, il s'est joué moins à Loto-Québec dans
la dernière année, malgré le
171 % d'augmentation. Ça représente à peu près... Juste pour vous donner
une petite idée, ça représente 400 millions. C'est les ventes qu'on
a sur le Web actuellement.
M. Skeete : Donc, durant la pandémie, ce n'est pas qu'il y a
eu une augmentation de la consommation du jeu, c'est que ça a migré vers
les plateformes en ligne.
M.
Bergeron (Jean-François) : Il y a eu un
transfert, exact, une portion seulement.
M. Skeete :
Bon, une portion, dont un déficit de 400 millions, si je comprends bien.
M.
Bergeron (Jean-François) : Non, un déficit
de 1,3 milliard.
M. Skeete : D'un
milliard. O.K. Parfait. Bon.
M.
Bergeron (Jean-François) : C'est majeur.
M. Skeete : Oui,
c'est majeur. Mais vous vous êtes retenus pour le bien, tu sais, des Québécois.
Ça, je comprends que vous auriez pu faire de la promotion...
M.
Bergeron (Jean-François) : Je crois qu'on aurait...
M. Skeete :
...essayer de boucler la boucle, mais vous avez fait preuve de sagesse à ce
niveau-là, puis je vous en félicite.
Parlons-en un petit
peu, de la part du marché. Puis là vous dites que vous êtes à 70 %.
J'imagine que vous vous comparez aux sites
illégaux, là, qui font fureur un peu partout. Donc, si vous arrivez à
70 %, c'est pour dire que les autres vont être à 30 %.
Deux
questions pour vous. La première, c'est : C'est quoi, l'élément distinctif
de ces compétiteurs-là du marché gris? Qu'est-ce qui fait qu'une personne va
dire : Bien, moi, je ne vais pas aller sur la valeur sûre qu'est
Loto-Québec, je vais aller sur xyz.com puis je vais prendre une chance
avec mon argent? Qu'est-ce qui fait ça?
M. Bergeron (Jean-François) : Bien, il y a plusieurs raisons, mais la première... Juste avant,
c'est... on est à 59 % actuellement, à 60 %. Donc, notre
cible, c'est de s'en aller à 70 %. Je veux juste être sûr qu'on a les bons
chiffres.
Bien, c'est plusieurs
éléments et c'est des pratiques. Ils donnent beaucoup de rabais, ils donnent
beaucoup de crédit. Ils acceptent juste la
carte de crédit. Nous, on vérifie l'âge, on vérifie beaucoup plus, donc le
protocole est plus compliqué.
M. Skeete :
Les barrières.
Le Président (M.
Simard) : Merci beaucoup. Merci à vous, M. Bergeron. Merci,
Mme MacDonald. Ce fut fort intéressant.
Documents déposés
Sur ce, je dépose les
documents qui font suite aux demandes de renseignements de l'opposition.
Nous allons suspendre
momentanément nos travaux environ cinq minutes, tout au plus. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
18 h 14)
(Reprise à 18 h 20)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, nous avons quorum. À nouveau, merci pour votre présence,
votre fidélité, votre assiduité, même.
Donc, comme vous le
savez, nous sommes maintenant réunis afin de procéder à l'étude du volet SQDC
des crédits budgétaires du portefeuille Finances pour l'exercice
financier 2022‑2023, et, comme à l'habitude, nous allons délibérer
ensemble pendant 45 minutes.
Mme la secrétaire, à
nouveau, bonsoir. À cette heure, il faut dire bonsoir. Y a-t-il des
remplacements?
La
Secrétaire : Aucun, M. le Président.
Société québécoise du cannabis
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, nous allons procéder par blocs d'échange, et, pour faire
changement ce soir, à la demande générale, nous allons commencer par le
critique de l'opposition officielle, notre dévoué collègue de Robert-Baldwin.
Discussion générale
M. Leitão : Vous
m'avez presque déstabilisé, M. le Président. Bon, M. Farcy, bonjour. Merci
d'être là. M. le ministre, bien sûr. Donc, après l'alcool et le jeu, là, on va
parler de cannabis. Et c'est très bien. Regardez, je n'ai aucun problème avec
ça et... Vraiment, je n'ai pas de problème du tout avec ça. Et je pense que ce
qui a été fait au Canada, au Québec, la légalisation du cannabis, c'était une
bonne chose. Et voilà.
Bon, maintenant,
quelques années plus tard, est-ce que vous pouvez nous dire où vous estimez la
part de marché de la SQDC? Un des objectifs, évidemment, de ce processus de
légalisation puis de contrôle des ventes par une
société d'État, c'était de graduellement déplacer le marché noir. Aujourd'hui,
vous diriez, quoi, la SQDC a, quoi, 50 % du marché?
Le Président (M.
Simard) : Alors, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Nous avons un
nouveau président de la SQDC suite à un processus de recherche de cadre très
sérieux, et il va se présenter et répondre à la question, avec consentement.
Le Président (M.
Simard) : Alors, monsieur, auriez-vous l'amabilité, comme c'est votre
première, hein, parmi nous, de vous présenter en vos titres et fonctions, s'il
vous plaît?
M. Farcy (Jacques) : Bien sûr.
Bonsoir, tout le monde. Je m'appelle Jacques Farcy, et je suis président et
chef de la direction de la SQDC.
Le Président (M. Simard) : Bienvenue
parmi nous. Nous vous écoutons.
M. Farcy
(Jacques) : Merci. Puis je
vous remercie de m'accueillir pour partager le travail de nos
1073 employés. C'est très apprécié d'être avec vous ce soir.
Alors, comme
vous posiez la question, la mission de la SQDC, c'est, effectivement, de
convertir des consommateurs du marché illégal vers la SQDC, qui est le
seul marché légal au Québec. Et, dans l'année que nous venons de vivre, la chose qui est certaine, c'est les tonnes, le
tonnage vendu par la SQDC. C'est un chiffre dont on peut être absolument
sûrs. Et en fait la SQDC va avoir vendu, cette année, près de 110 tonnes
de cannabis, alors que, l'année dernière, c'était 91 tonnes de cannabis
qui ont été vendues.
Maintenant, vous me posez la question de la part
de marché. C'est sûr que, pour être capable d'estimer la part de marché de la
SQDC et, notamment, la captation du marché illégal, il faut être capable
d'estimer le marché total. Bien sûr, vous comprendrez, ce sont des estimations,
parce que les estimations... on fait face à des gens qui ne déclarent pas leurs chiffres. L'estimation
actuelle du marché ici, au Québec, est de 187 tonnes. Donc, si on rapporte
nos 110 tonnes sur les 187 tonnes, on a une part de marché,
aujourd'hui, de 58 % de captation du marché, à la SQDC.
M.
Leitão : Très bien. Merci. Merci beaucoup. Et, juste pour
m'assurer — moi,
je suis très sensible à ça — comment
on prononce votre nom? Je ne veux pas massacrer...
M. Farcy (Jacques) : Jacques Farcy.
M. Leitão : Farcy.
M. Farcy (Jacques) : Tout à fait.
M. Leitão : Très bien. O.K.
Maintenant, au début, donc, de la création de la SQDC, la légalisation de ce
marché, etc., il y avait, bon, un nombre de fournisseurs qui étaient, bon, en
grand nombre, et il y a eu toutes sortes de développements et toutes sortes
d'entreprises qui ont réussi, d'autres qui n'ont pas réussi du tout. Alors,
j'aimerais si vous pourriez nous faire un petit peu l'état de la situation en
ce qui concerne les fournisseurs de cannabis.
Il y avait un souci de vouloir privilégier et
favoriser les producteurs locaux, mais c'était une industrie qui n'était pas
bien structurée au début. Bon, c'est un peu normal, ça commençait. Il y avait
beaucoup d'opérateurs qui, bon, se lançaient
dans ça pour faire des gains rapides en termes d'évaluation boursière mais qui
n'avaient pas beaucoup d'expérience dans le domaine, et ça s'est évaporé
par la suite.
Aujourd'hui, comment est-ce que vous
caractérisez le marché, donc, de fournisseurs au Québec? Est-ce qu'il y a un
nombre suffisant? Est-ce que vous pouvez trouver le produit ici ou vous faites
appel à des fournisseurs ailleurs au Canada? Où est-ce qu'on est, un peu, dans
cette situation-là?
M. Farcy (Jacques) : Alors, vous
avez rappelé très justement que nous sommes dans une industrie très récente,
trois ans et demi, par rapport aux deux autres sociétés qu'on a vues
précédemment, qui ont un historique beaucoup plus long. Donc, dans cette
industrie naissante, il y a eu, évidemment, beaucoup de péripéties. Je ne
reviendrai pas sur les difficultés de production qui ont eu lieu au moment de
la légalisation. Aujourd'hui, la situation est beaucoup plus stable. Et
d'ailleurs le Canada dans son ensemble fait face à une surproduction de
cannabis.
Pour répondre précisément à votre question,
aujourd'hui, la SQDC fait affaire avec 32 fournisseurs, dont 19, en fait, ont
des installations au Québec, ici.
Et puis vous parliez de notre souhait d'être
capables de donner l'information au client et de lui permettre, au client de la
SQDC, de choisir les produits en étant pleinement informé. Donc, nous avons
lancé, l'année dernière, un identifiant qui donne de l'information, qui
s'appelle Cultivé Québec, et qui permet, en fait, au client de la SQDC de
choisir, s'il le souhaite, des produits québécois. Et cet identifiant, aujourd'hui,
couvre plus de 42 % de nos tonnages vendus à la SQDC. Donc, les Québécois
ont répondu présent et ont souhaité, sans doute, privilégier ces produits, et
je ne peux que m'en féliciter, évidemment.
M. Girard
(Groulx) : Juste préciser, là, que «produit au Québec» n'est
pas nécessairement le fait de compagnies québécoises.
M. Farcy
(Jacques) : Exactement. En
fait, l'identifiant Cultivé Québec permet d'identifier les produits qui sont majoritairement cultivés ici, au Québec. Ça n'a pas
nécessité forcément être des sociétés qui sont pleinement québécoises.
M. Girard (Groulx) : Vous avez
combien de fournisseurs pleinement québécois?
M. Farcy
(Jacques) : Aujourd'hui, dans les fournisseurs pleinement québécois...
On en a à peu près 16, comme je le disais, qui sont pleinement Québécois, mais
il faut bien reconnaître que le développement de l'industrie québécoise du
cannabis s'est fait plus tardivement que dans d'autres provinces. Et
aujourd'hui beaucoup de ces fournisseurs nous fournissent dans des produits en
petites quantités. Et donc c'est quelque chose sur lequel on veut continuer à travailler avec notre industrie pour
lui permettre d'avoir accès, je dirais, et de se développer via la SQDC.
M. Leitão : Très bien. Merci. Un des
objectifs, au départ, et je ne pense pas que c'était... loin d'être l'objectif
principal, mais, une fois qu'on a démarré ça, c'était, bon, de favoriser la
naissance d'une industrie canadienne qui pourrait, par la suite, vendre ailleurs
aussi, puisqu'ailleurs, surtout aux États-Unis, c'est beaucoup plus difficile
de produire légalement le produit.
Alors, avec la connaissance que vous avez de
l'industrie, et vous venez de dire qu'au Canada, en général, on produit
beaucoup plus que ce qu'on consomme, est-ce que vous voyez des opportunités
ailleurs pour vendre du produit canadien? Est-ce que... Je pense qu'en Europe
il y a quand même une certaine volonté d'aller un peu dans la même direction
que le Canada a été, de légaliser. Et, à ce moment-là, bon, au Canada,
maintenant, on a déjà un certain nombre de producteurs qui sont beaucoup mieux
structurés qu'ils ne l'étaient il y a quelques années. Est-ce que vous voyez là une opportunité, pour une
entreprise comme... pour une société comme la SQDC, de jouer un rôle dans cette
matière-là, en termes de contribuer à conquérir des marchés étrangers?
Le Président (M. Simard) : M. Farcy.
M. Farcy (Jacques) : Peut-être,
en fait, ce que je dois partager avec l'Assemblée ici ce soir, c'est que la
SQDC est jugée, ailleurs dans le monde, comme un modèle de réussite. Mais je
dirais qu'au-delà de la SQDC c'est le modèle québécois qui est regardé de près
par beaucoup d'autres pays ou beaucoup d'autres endroits où la législation est
à l'étude pour, éventuellement, soit dépénaliser soit, je dirais, légaliser le
cannabis. Donc, ce modèle québécois fait l'objet de beaucoup d'intérêt parce
que... Et d'ailleurs il est assez unique au Canada, parce qu'il réussit à
mêler, je dirais, la distribution sécuritaire du cannabis avec un objectif
prioritaire de santé publique. Et, comme je le disais, nous sommes les seuls,
au Canada, à avoir cette perspective aussi clairement établie jusque dans nos
pratiques.
• (18 h 30) •
Donc, les autres pays viennent nous consulter
sur ces éléments-là pour comprendre comment nous réussissons à trouver le bon
équilibre pour à la fois mettre à disposition du cannabis sécuritaire,
c'est-à-dire contrôlé, pleinement contrôlé, servir, accompagner nos clients
dans nos succursales et être capables de mettre la santé comme priorité, et non pas des objectifs ou des
indicateurs économiques en premier lieu. Donc, ça, ça génère beaucoup d'intérêt.
Et les gens qui viennent nous visiter sont très curieux de comprendre comment
nous avons réussi ce tour de force en, finalement, si peu de temps.
M. Girard
(Groulx) : Mais la SQDC n'a pas le mandat d'aider les
producteurs de cannabis à vendre à l'international, là.
M. Leitão : Non, non, je
comprends, mais ça pourrait être intéressant.
M. Girard (Groulx) : Bien, ils
n'ont pas le mandat.
M. Leitão : Pour l'instant.
Mais est-ce que c'est quelque chose que le gouvernement pourrait considérer?
M. Girard (Groulx) : Non.
M. Leitão : Non? Dommage, parce
que, justement, bon, il y a un échange d'information. Je me rappelle, par
exemple, que, 2016, 2017, je pense que c'était 2016, j'avais consulté...
j'avais discuté avec les autorités portugaises, parce qu'à ce moment-là le
Portugal avait innové en décriminalisant la possession de toute drogue,
incluant le cannabis, et donc j'étais allé
voir un peu comment ils avaient réussi ça. Et ce qui est intéressant, c'est
que, récemment, justement, les mêmes personnes m'ont demandé d'essayer
de leur expliquer un peu ce que vous venez de dire, en fait, la réussite du
modèle québécois, qui a été beaucoup plus loin que ce qu'ils avaient fait
là-bas.
Et, dans ce
modèle québécois, le nombre de magasins... Vous avez combien de magasins,
maintenant, la SQDC, combien de points de vente?
M. Farcy
(Jacques) : Aujourd'hui, nous avons 88 succursales en
opération et nous avons, en plus, des ventes via sqdc.ca.
M. Leitão : Très bien. Sqdc.ca,
on va y aller dans le deuxième bloc, parce que j'ai des questions, je pense, intéressantes à poser. Mais, pour ce qui est,
donc, des 88 magasins, est-ce que vous avez atteint le... disons, la
taille que vous jugez nécessaire ou il y a encore des plans pour ouvrir
de nouveaux magasins?
M. Farcy
(Jacques) : Alors, pour l'année qui vient de se terminer, on a
atteint notre objectif de 87 succursales. On en a ouvert une la
semaine dernière à Gaspé, qui est la 88e. Et, dans l'année qui vient, nous
pensons ouvrir une dizaine
de succursales. Donc, nous devrions finir l'année à moins de
100 succursales, 98. C'est notre plan pour l'année qui vient.
M. Leitão :
Très bien. Donc, presque une centaine de...
M. Girard
(Groulx) : M. le député, juste rappeler, là, qu'il y a plus de
500 succursales en Ontario, en Colombie-Britannique,
en Alberta, et qu'on a volontairement gardé un nombre de succursales ici, au
Québec, qui était cohérent avec le désir de ne pas faire la promotion de
la consommation.
Le Président
(M. Simard) : Très bien. Alors, le temps serait techniquement
complété...
M. Leitão :
On reviendra. J'ai un deuxième bloc. Ça va.
Le Président
(M. Simard) : ...mais vous pourriez poursuivre, si vous le
souhaitez.
M. Leitão :
On reviendra. Merci.
Le Président
(M. Simard) : Très bien. Alors, Mme la députée de Mercier, vous
disposez de six minutes.
Mme Ghazal :
Très bien. Juste six minutes. Donc, juste pour compléter, ne pas faire la
promotion, surtout pour 18 à 21 ans,
mais, bon, c'est un autre débat. Bonjour, M. Farcy. Félicitations pour
votre nomination, c'était l'automne passé, et bonne chance.
Il y a eu...
Récemment, on a appris qu'il y a eu une grève de deux heures dans 22 de vos
succursales, puis la principale raison, c'est le salaire. Je pense que ce que
vous offrez, c'est 17 $ de l'heure. Le salaire minimum était... il vient d'augmenter, 14,25 $, quelque chose
comme ça. J'ai vu que même McDo offre des salaires à 18 $ l'heure. Vous
savez qu'il y a beaucoup... Il y a une demande, là, des syndicats, de la
société civile, Québec solidaire aussi, d'un salaire minimum à 18 $ de
l'heure. Je ne veux pas que vous vous prononciez sur le salaire minimum mais au
moins pour le salaire chez vos employés, comme société d'État. Est-ce que vous
ne trouvez pas que la SQDC devrait faire mieux que les entreprises privées
comme McDo?
M. Farcy
(Jacques) : Alors, comme vous le citez, comme vous y avez fait
référence, effectivement, on a eu un débrayage de deux heures la semaine passée
dans 22 de nos succursales. Peut-être... Je voudrais juste repréciser, pour le
bénéfice de l'Assemblée, qu'en fait notre typologie est un peu particulière, à
la SQDC. Plus de la moitié de nos
succursales ne sont pas syndiquées. Les employés de ces succursales-là ont
choisi de ne pas se faire représenter par un syndicat.
Mme Ghazal : Pour
le moment.
M. Farcy
(Jacques) : Pour le moment, bien sûr, tout à fait. Puis c'est un choix
qui leur appartient. Ce n'est pas du tout...
M. Girard
(Groulx) : C'est un choix libre.
M. Farcy
(Jacques) : Tout à fait. C'est un choix qui appartient aux employés
qui, nous le constatons... je dirais, le
désir des employés. Donc, plus de la moitié de nos succursales, aujourd'hui,
les employés ont choisi de ne pas se faire représenter pour le moment. Pour les
autres succursales, on a, en fait, deux centrales syndicales avec lesquelles
nous négocions.
Comme
vous le dites, nous sommes à la table. Donc, je souhaite, tout le monde
souhaite que les choses puissent se régler à la table. La discussion ne
comporte pas que le salaire, mais évidemment le salaire est un des éléments
importants à la table.
Je veux préciser
également que, pour nos employés non syndiqués, comme nous le faisons tous les
ans, nous avons, je dirais, amené des
améliorations aux conditions de travail au mois d'avril. C'est la date
anniversaire à laquelle, généralement, on procède à ces améliorations.
Et aujourd'hui, si on prend la perspective d'un employé qui aurait été chez
nous, à la SQDC, depuis la création de l'entreprise, en succursale,
aujourd'hui, il touche plus de 20 $ de l'heure après trois ans et demi
d'ancienneté.
Donc, évidemment,
est-ce qu'on peut essayer de travailler collectivement pour améliorer les
choses? La réponse, c'est oui, et on veut mettre l'énergie à la table pour y
arriver. Mais, je le répète, les conditions de travail de la SQDC sont des
conditions qui sont favorables, qui sont des bonnes conditions. Je souhaite
qu'on travaille pour continuer à les
améliorer, mais, aujourd'hui, on a des conditions de travail qui sont, je
dirais, satisfaisantes. Et d'ailleurs, un des éléments qui est
important, on parlait des succursales qu'on ouvre, on ouvre régulièrement des
succursales, et on voit beaucoup d'employés postuler sur ces postes-là parce
qu'ils trouvent que l'offre globale de la SQDC est séduisante pour eux.
Mme Ghazal : O.K. Je parlais de...
Je disais... Pour le moment, là, les autres qui ne sont pas syndiqués, écoutez,
il y a eu un article aussi qu'on a vu, qu'à la table de négociation — vous
savez de quoi je parle — on
vous accuse, en tout cas, la partie syndicale, de
manoeuvres antisyndicales, de tactiques déloyales et illégales, par exemple de
profiter des éléments de négociation pour offrir des conditions aux employés
non syndiqués, etc. Qu'est-ce que vous répondez à ça? Est-ce que c'est vrai?
M. Farcy
(Jacques) : Évidemment, non,
ce n'est pas vrai. Comme je vous l'ai dit d'emblée, plus de la moitié de nos
employés ne sont pas représentés par des syndicats. Donc, c'est important pour
nous, pour nos employés...
Mme Ghazal : Mais je parle des
pratiques de négociation. Pourquoi est-ce que les syndicats vous accusent
d'actions... de manoeuvres antisyndicales, de tactiques déloyales dans la
négociation...
M. Farcy (Jacques) : Bien, je pense
que la question...
Mme Ghazal : ...et que c'est de
mauvaise foi? Pourquoi?
M. Farcy (Jacques) : Tout à fait. La
question s'adresserait à eux, précisément, de savoir quelle est leur
perspective ou leur logique. Ce n'est pas à moi de répondre par rapport à ce
qu'eux perçoivent. Mais ce que nous, on a amélioré, c'est juste pour les employés
non syndiqués.
Mme Ghazal : Mais est-ce que ça se
passe bien, les négociations, ou vous ne pouvez pas en parler?
M. Farcy (Jacques) : Bien sûr. Non,
non. Écoutez, évidemment, les négociations, on comprend tous le mécanisme de
négociation. Il y a des choses qu'on souhaite obtenir et il y a des choses
qu'on doit laisser aller. Ça fait partie de la négociation. C'est le jeu normal
d'une négociation.
Mme Ghazal : Donc, vous ne rejetez
pas les accusations de manoeuvres antisyndicales.
M. Farcy
(Jacques) : Bien, je ne
comprends pas ces accusations. Mais, une fois de plus, je veux laisser la table
progresser dans ces discussions, parce que c'est à la table que ça se réglera.
Mme
Ghazal : Puis peut-être que c'est publié quelque part, je
n'ai pas l'information, vous avez dit que c'est 17 $, peut-être, à
l'entrée, mais on peut, après trois ans, avoir jusqu'à 20 $ de l'heure.
M. Farcy (Jacques) : Oui, un peu
plus de 20 $. Oui, tout à fait.
Mme Ghazal : Vous, votre salaire,
c'est combien?
M. Farcy (Jacques) : Moi,
aujourd'hui, ma rémunération totale est de 305 000 $.
Mme Ghazal : Donc, beaucoup moins
que le président de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Ça, c'est votre
rémunération globale.
M. Farcy (Jacques) : Tout à fait.
M. Girard (Groulx) : Vous pouvez
répondre oui.
M. Farcy (Jacques) : Oui, je peux
répondre oui. Alors, je réponds oui.
Mme Ghazal : Est-ce que c'est plus
que le ministre?
M. Farcy (Jacques) : Je ne connais
pas le salaire du ministre.
Mme
Ghazal : Ça aussi, c'est public. Et est-ce que vous trouvez
que vous avez un salaire raisonnable et juste?
M. Farcy
(Jacques) : Bien, écoutez,
j'ai souhaité arriver à la SQDC. J'ai vu ce que je pouvais amener à la SQDC.
Je suis très content d'y être et je souhaite mener mon mandat du mieux que je
peux.
Mme Ghazal : Puis, avant, vous étiez
à la SAQ. Donc, vous avez à coeur le service public.
M. Farcy (Jacques) : Oui, oui. Je
découvre comment je peux rendre service au Québec depuis mon arrivée et je le
fais avec beaucoup de plaisir.
Mme Ghazal : Très bien. Donc,
j'espère que ça va mieux se passer. Là, je... Vous, ça a l'air de très bien fonctionner. Vous ne comprenez pas d'où ça vient,
ces allégations-là. Bien, on va suivre ça, là, avec vos employés. Puis réfléchissez
à ça : McDo, à Joliette, 18 $ de l'heure avec la pénurie de
main-d'oeuvre.
M. Farcy
(Jacques) : Merci.
Mme Ghazal : Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci. Je
cède maintenant la parole au député de Robert-Baldwin, qui dispose de
11 min 45 s.
M. Leitão : 11 minutes, M. le
Président? Ça diminue.
Le Président (M. Simard) : À vue
d'oeil.
M. Leitão : Mais, avec l'inflation,
ça avait augmenté.
Le Président (M. Simard) : Ah! que
voulez-vous?
M. Leitão : Là, on est en déflation
de prise de parole. O.K. Donc, on va poursuivre notre discussion, et là j'aimerais parler un peu du... Ah non! On était
avec le nombre de magasins. Donc, à la fin de cette année, on devrait être
aux... la SQDC devrait être aux alentours d'une centaine de magasins.
M. Farcy (Jacques) : 98, oui.
M. Leitão : C'est ça. Et est-ce
qu'une fois que vous avez atteint ça c'est la taille optimale, vous n'avez pas
d'intention de continuer d'augmenter? Ça va rester là, ou on verra, 2023-2024,
on verra, ou vous pensez qu'une centaine de magasins c'est...
• (18 h 40) •
M. Farcy
(Jacques) : Écoutez, je propose de prendre les choses dans
l'ordre. On va se rendre aux 98 succursales, puis on aura
l'occasion de voir les plans de développement ultérieurs, peut-être l'année
prochaine, ou d'en rediscuter ultérieurement.
M. Leitão : Non. Je pose la question,
parce qu'au début, quand la SQDC a été créée et que les magasins ont commencé à
être ouverts, il ne semblait pas y avoir une si grande volonté... enfin,
c'était difficile. Le public, en général,
semblait un peu réticent à avoir des magasins de cannabis à chaque coin de rue.
Les gouvernements avaient, bien sûr,
mentionné : Écoute, on ne va pas ouvrir des magasins à chaque coin de rue.
Mais il y avait toute une série de règlements,
où on doit... où on peut avoir un magasin et où on ne peut pas avoir un
magasin. Mais je pense qu'aujourd'hui, en
disant qu'on s'est rendus à peu près à une centaine, presque 100 magasins,
100 succursales au Québec, ça va peut-être surprendre certaines personnes. Écoutez, moi, je n'ai pas de problème
avec ça, mais je veux juste vous dire que, peut-être, certaines
personnes seront surprises : Ah oui! c'est beaucoup de magasins. Mais,
bon, on va laisser ça comme ça.
Mais vous avez... Oui, il y a les magasins, mais
il y a aussi un programme, un service de vente en ligne de la SQDC. Et j'ai
l'impression, sans nécessairement vouloir révéler si moi, je fais appel à ce
service ou pas, ce n'est pas nécessaire... Mais je connais des personnes qui
font appel à ce service de vente en ligne de la SQDC et qui me disent que ça fonctionne très bien. Ça fonctionne très
bien, au point où, même, pour ce qui est de la livraison à domicile, ça semble
être vraiment un succès et où, presque comme UberEats, on peut voir exactement
où est rendue leur commande et quand est-ce que ça va arriver. Prenez ça comme
un compliment, parce que je pense que... donc, que c'est bien fait.
Mais ma
question et le questionnement que j'ai, c'est que, justement, un peu plus tôt
aujourd'hui, cet après-midi, on parlait avec la SAQ, et elle, elle nous disait
que, dans leur cas, avec la pandémie, et tout, ils avaient comme... pour ce qui
est de la livraison à domicile, ils trouvaient ça un peu plus difficile, parce
que Postes Canada n'était pas capable de
vérifier le... Mais vous, vous semblez faire ça facilement, là. Alors, est-ce
que vous avez une explication pourquoi ça marche bien avec vous, mais ça ne semble pas marcher très bien avec la
SAQ, pour ce qui est de la livraison à domicile?
M. Farcy (Jacques) : Le point est
que nous avons, en fait, deux prestataires de services pour la livraison. Nous
travaillons avec Postes Canada, mais nous travaillons également avec la filiale
d'un de nos autres partenaires logistiques, notamment pour la livraison la
journée même, qui, comme vous le disiez, a connu un très grand succès, d'abord,
sur Montréal et qui, maintenant, est étendue dans le couloir jusqu'à la ville
de Québec.
Et donc, dans le cadre des livraisons effectuées
par Postes Canada, on a connu les mêmes enjeux que la SAQ, parce qu'il était
difficile d'obtenir la vérification de l'âge. Et donc nous avons été amenés à
passer par des systèmes alternatifs autres
pour s'assurer qu'on ait toujours la livraison. Mais une grande partie de
notre, je dirais, flux logistique passait déjà en dehors de Postes Canada, et
donc c'est sans doute ce qui explique le fait que nous avons été capables
de maintenir le service, y compris pendant la pandémie.
M. Leitão : Très bien... et qui
semble bien fonctionner et qui semble avoir une très bonne réputation. Je pense
que beaucoup de vos clients apprécient ce service-là. Mais là la
question : Est-ce que vous êtes... est-ce que vous seriez peut-être trop bons, dans le sens où, donc, ça marche bien?
Parce qu'il y a toujours un équilibre très délicat, même chose avec la SAQ et avec Loto-Québec, un équilibre très délicat entre, donc, le volet commercial de
l'organisation... Et, regardez, on fait ça pour générer des profits
aussi. On n'est pas non plus un organisme à but non lucratif. Donc, il y a le volet commercial et puis il y a aussi les questions
de santé publique, parce que, comme disait un des collègues du ministre des
Finances, le cannabis est légal, mais il n'est pas banal. Est-ce qu'on serait
en train de le banaliser en ayant des mesures ou des procédés de distribution,
de vente qui sont quand même très performants? C'est-à-dire comment est-ce que
vous faites l'équilibre entre cette mission commerciale et santé publique?
M. Farcy (Jacques) : Alors, merci de
me poser la question. Ça va me permettre de clarifier le fait qu'on est toujours
très attentifs, lorsqu'on lance un nouveau service pour nos clients, à
s'assurer qu'il nous permette de remplir notre
mission, mais qu'il ne nous fasse pas basculer dans le cas extrême qui serait,
effectivement, de stimuler le marché, alors que ce n'est évidemment pas
notre mission.
Dans le cadre de la livraison la journée même,
vous savez que nous faisons compétition... Nous voulons capter des clients qui,
aujourd'hui, pour certains d'entre eux, font affaire avec un compétiteur
illégal qui, lui, n'a pas les règles et n'a pas les... je dirais, le standard
que nous, nous nous imposons, et ce compétiteur demeure très actif, d'ailleurs,
aussi sur la livraison directement chez les consommateurs. Donc, aujourd'hui,
avec la livraison la journée même, on est en
mesure de répondre à une attente de nos clients, sans néanmoins stimuler la
demande ou stimuler le marché.
Je rappellerais également que cette livraison
demeure payante pour les clients, que ce n'est pas un service gratuit offert et que, donc, certains des clients,
même s'ils souhaiteraient se faire livrer, préfèrent demeurer... je dirais,
aller visiter leur succursale pour ne pas avoir à payer ce frais additionnel
au-delà de l'achat du produit de cannabis.
M. Leitão : Très bien. Merci. Parce
qu'en effet... Regardez, je pense que nous avons un modèle qui est vraiment
supérieur à celui de l'Ontario, où il y a une prolifération de petits magasins
à gauche et à droite, et ils ne sont pas rentables, et, en même temps, ils
vendent toutes sortes d'affaires. On ne sait pas trop, des fois, qu'est-ce
qu'il y a là-dedans. Donc, c'est... Je pense que le modèle québécois est de
loin supérieur, beaucoup plus efficace.
Mais je vous encourage vraiment à maintenir cet
équilibre santé publique versus nécessité de compétitionner le marché illicite, parce que c'est vraiment un
problème. On parle beaucoup de l'alcool au volant, ça, c'est une chose,
mais la conduite avec facultés affaiblies avec le cannabis, ça aussi, c'est un
problème. Et donc je pense que c'est important
de continuer à maintenir cet équilibre-là de vente, des activités commerciales
et protection de la santé publique.
Un enjeu qu'on avait au début, les premières
années, c'était que, justement, on ne voulait pas avoir de magasin trop proche
d'une école, trop proche d'un endroit où on trouverait beaucoup de jeunes. Et
je pense que les règles actuelles font en sorte que cela n'arrive pas, ne se
passe pas, ce qui est tout à fait louable. Je pense qu'on voulait que ce soit
comme ça. Mais, avec des ventes en ligne quand même assez bien développées,
vous ne pensez pas qu'il y a un risque d'aboutir avec un... donc, une offre de
produits qui passent à côté de ces règles-là de... Donc, les jeunes, comme... par définition, sont beaucoup
plus habiles avec les outils informatiques que moi ou... Je ne parle pas
pour les autres personnes de ma génération, mais, en tout cas, moi, je ne suis
pas très habile avec ça, mais les jeunes le sont. Donc, comment vous voyez ça,
là? D'un côté, on s'assure qu'il n'y a pas de succursale de la SQDC proche
d'une école, mais, en même temps, on a un système de vente en ligne qui est
très bon. Alors, comment est-ce que vous allez faire pour gérer ce dilemme?
M. Farcy (Jacques) : En fait, je ne
suis pas certain qu'il y ait un vrai dilemme, parce que les ventes en ligne
respectent en tout point les obligations légales. Et je rappelle que, bien sûr,
la commande est passée en ligne, mais la vérification
se fait au moment de remettre le produit. Donc, de toute manière, qu'il
s'agisse d'une vente en succursale ou qu'il s'agisse d'une vente sur le Web,
nous respectons les obligations de s'assurer qu'on ne s'adresse pas à
des mineurs de moins de 21 ans. Donc,
le Web ne fait pas exception à nos pratiques de vérification d'âge et de
s'assurer que nous respectons nos obligations légales.
M. Leitão : Très bien. Mais je vous
invite à être très prudents avec ça, je suis sûr que vous l'êtes, mais de
continuer cette prudence-là.
Dernièrement, dernière question. Les produits
dérivés, les produits comestibles, bon, pour l'instant, ce n'est pas permis,
mais, dans certains milieux, on fait pas mal de lobbying pour que ça puisse se
rendre là. Quel est votre avis là-dessus?
Est-ce que c'est quelque chose... Bon, pour l'instant, on comprend que ça ne se
fait pas. Ça ne se fait pas. Mais est-ce que...
M. Farcy (Jacques) : Alors,
peut-être, je peux me permettre une clarification pour nous ce soir...
• (18 h 50) •
Le Président (M. Simard) : ...secondes.
M. Farcy
(Jacques) : En fait, ce qui
est interdit par la loi, ce sont des produits comestibles qui soient attractifs
pour les jeunes. Nous
commercialisons, aujourd'hui, un produit comestible, dont, d'ailleurs, vous
aviez déjà parlé l'année...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci, M. Farcy. M. le député de René-Lévesque, vous disposez de six
minutes.
M. Ouellet : Parfait. Merci, M. le
Président. Donc, à mon tour de vous saluer. On va continuer là-dessus, parce
que j'aurais aussi des interrogations, comme le député de Robert-Baldwin. Donc,
tu sais, sur le site Web de la SQDC, c'est
bien indiqué que... les comestibles non autorisés : «Les friandises, les
confiseries, les desserts, le chocolat ou tout
autre produit attrayant pour les personnes de moins de 21 ans. Cette
interdiction peut aussi viser un produit sucré ou salé.» Et là vous nous dites
que, là, il y a un nouveau produit qui est les biscuits.
M. Farcy (Jacques) : Tout à fait. Il
y a un produit, qui est commercialisé depuis le 5 avril, qui est, en fait,
une bouchée. Je sais que, l'année dernière, il y avait eu des débats dans cette
Assemblée pour s'assurer que le terme même de... «Bouchée moche», je crois,
avait été retenu. Donc, on s'assure, dans le développement des produits... On
est très proches de notre industrie. On s'assure que, dans le développement des
produits comestibles, les produits ne soient
pas attractifs, de manière à répondre à nos obligations légales, qui sont très
particulières, au Québec, par rapport au reste du Canada.
M. Ouellet : Mais pourquoi aller là,
même pour les produits moches, là? Puis, tu sais, je sais qu'il existe plein de choses. Il y a les «gummy-bears» qui existent. Et on a appris, la semaine passée, qu'il y avait d'autres
utilisations aux «gummy-bears», là, mais je n'entrerai pas là-dedans.
Mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a des
produits qui sont attractifs, puis là vous nous dites: Non, mais là on
commencerait avec des petites bouchées. Puis je ne remets pas en question votre
mandat. Tu sais, je sais que la SQDC... Tant qu'à consommer un produit, on peut
consommer quelque chose qui est contrôlé. J'ai vu les annonces à la télévision
aussi pour les produits comestibles : Ça gèle vite, faites attention. Les
gens font des recettes, peuvent s'intoxiquer. Donc, je suis prêt à faire une
contrepartie pour dire : Quand j'achète un produit de la SQDC, il est
contrôlé, je sais ce qu'il y a dedans, je sais la quantité puis j'ai des
conseils pour savoir quand le consommer, c'est quoi, ses effets, puis c'est quoi, son impact. Mais est-ce que c'est
voulu d'aller un petit peu plus loin que des bouchées ou vous nous
dites : On essaie ça puis on n'ira pas plus loin?
M. Farcy (Jacques) : Ce qui est
absolument certain, c'est qu'on veut trouver l'équilibre entre la capacité à répondre aux besoins, aux attentes de nos clients,
tout en mettant notre mission de l'avant. Donc, je le redis, les comestibles
sont déjà autorisés au Québec depuis plus d'un an. Ça nous a pris presque un an
à réussir à avoir ce premier produit, commercialisé depuis le 5 avril
dernier. Donc, on veut s'assurer qu'on trouve le bon équilibre. Et, comme vous
le rappeliez, je crois que c'est un point important, cet équilibre-là, c'est
aussi de se dire que, si ce sont des produits qui sont absolument contrôlés et
vendus par la SQDC, le consommateur sait exactement ce qu'il est en train
d'acheter, notamment en termes de concentration en THC, qui, sur les produits
comestibles, est souvent le problème dans la consommation et dans la
préparation des produits illicites. Donc, c'est vraiment cette ligne
d'équilibre qu'on veut essayer de trouver.
En la trouvant ou en essayant de la chercher, je le redis, on passe énormément
de temps, d'énergie à nous
questionner pour essayer de s'assurer qu'on puisse répondre à la demande sans
stimuler ou sans encourager les gens à y aller.
Donc, sur les comestibles, on a fait un premier
essai. On a le souhait de s'assurer de regarder comment les choses vont et puis peut-être d'aller un petit peu
plus loin sur les comestibles. Quand je dis «un peu plus loin», c'est
quelques autres produits, mais
toujours avec cette ligne de s'assurer que ce ne soient pas des produits
attractifs, et évidemment pas pour les jeunes.
M. Ouellet : Mais le marché...
M. Girard (Groulx) : ...
M. Ouellet : Allez-y, M. le
ministre, oui.
M. Girard (Groulx) : Je veux juste
clarifier deux points. Il y a déjà des boissons.
M. Farcy (Jacques) : Tout à fait.
M. Ouellet : Oui, c'est ça. Oui.
M. Girard (Groulx) : Il y a déjà des
boissons. Puis il y a des gens qui veulent consommer, qui ne veulent pas fumer.
M. Ouellet : Oui. Ça, je comprends
la différence puis je ne mets pas...
M. Girard (Groulx) : Parfait. O.K.
M. Ouellet : Le consommateur peut
consommer son cannabis, ou THC, ou son dérivé de la façon la moins dommageable
possible. Par la fumette, ça peut avoir, effectivement, une incidence. Mais ce
que j'essaie de voir... Est-ce que vous avez fait une étude de marché? Vous
regardez un peu... Parce que, ce qui est vendu, il l'est de façon illégale sur
les médias sociaux ou sur Internet. On peut se procurer des produits illégaux,
comme on a toujours pu se procurer, dans la rue, du cannabis de façon illégale.
Vous avez fait une étude de marché? Il y a vraiment un marché? Il faut que la SQDC soit là? Vous voulez occuper
une place que les organisations criminelles ou les autres compagnies
occupent? C'est important, pour vous, de les remplacer ou...
M.
Farcy (Jacques) : Bien sûr. Bien sûr que c'est important de les
remplacer. Je veux dire, ça fait partie de notre mission de capter le marché
illégal. Et, même si, évidemment, le marché illégal, par définition, est assez
difficile à étudier, on a un point qui est important, qui est de se dire que ce
marché évolue, avec des produits qui sont très
différents et avec des produits qui sont de plus en plus sophistiqués sur le
marché illégal. Donc, ça fait partie de notre mission que d'aller
prendre notre place aussi sur ce type de produits, tout en s'assurant, comme je
vous le disais, qu'ils ne soient pas attractifs et qu'ils ne stimulent pas la
demande.
M. Ouellet : Il
ne me reste pas beaucoup de temps. Ma question va s'adresser au ministre. Vous
êtes d'accord avec moi que la SQDC est en situation de monopole. Vous êtes
d'accord avec moi que la SQDC est une société d'État. Vous êtes d'accord avec
moi qu'elle veut attirer les meilleurs gestionnaires. Vous êtes d'accord avec
ces trois affirmations-là, M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Bien, je n'ai rien contre, là. Continuez. Bien, il doit y
avoir une attrape, là, c'est trop simple.
M. Ouellet : Bien, il n'y a pas de rémunération variable. Il
n'y a pas de rémunération variable, M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : C'était dans la loi...
M. Ouellet : C'est
ça. Donc...
M. Girard
(Groulx) : ...la création de la SQDC.
M. Ouellet : Alors,
pourquoi la SQDC n'a pas la rémunération variable, et d'autres sociétés d'État
en situation de monopole continuent d'avoir la rémunération variable pour
attirer les meilleurs, être capables d'offrir un produit qui répond à la
population et surtout qui a une mission un peu éducative? Je pense que
Loto-Québec fait de l'éducation pour ce qui est du jeu responsable, même chose
pour la consommation avec la SAQ. Donc, comment se fait-il que, du côté de la
SQDC...
M.
Girard (Groulx) : O.K. Bien,
écoutez, on a eu beaucoup de succès avec la SQDC. Je pense que le modèle
qui a été introduit est bon, les changements législatifs, le 21 ans. La
SQDC fait un excellent travail. Mais il faut être conscients que, pour
Loto-Québec et la SAQ, on parle de sociétés d'État qui font plus de
1,3 milliard de ventes par année. Ce sont des beaucoup plus grosses
organisations, qui doivent attirer les meilleurs, et il y a de la compétition...
Le Président (M.
Simard) : Très bien. Merci, M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Il y a beaucoup plus de compétition à Loto-Québec et...
Le Président (M. Simard) : Merci beaucoup, M. le ministre. Merci, M. le
ministre. Je cède maintenant la parole au député de Richelieu. Cher
collègue, vous disposez de sept minutes.
M. Émond : Sept minutes. Merci beaucoup. Merci, M. le
Président, M. Farcy. M. Farcy, bonsoir, M. le ministre. Ça me
fait plaisir de m'adresser à vous. Bienvenue à l'Assemblée nationale.
Je débuterais notre
échange en parlant de la performance financière de la SQDC, si vous le
permettez, parce que la société a réussi à rentabiliser ses opérations
rapidement, hein, dès la première année, et avec une... Vous avez généré des
profits de trimestre en trimestre. J'ai les chiffres, devant moi, qui me disent
que la société a terminé son troisième
trimestre de l'exercice financier 2021-2022 avec un bénéfice net de
26,4 millions de dollars. Alors, c'est un marché, c'est une
société qui est jeune, mais votre croissance est rapide.
Alors,
ma question, pour débuter : Est-ce que vous entrevoyez un certain
plafonnement qui devrait subvenir... arriver assez rapidement ou... Parlez-nous
de vos prévisions, là, au niveau des ventes, au niveau des bénéfices
dans les prochains trimestres, prochaines années.
M. Farcy
(Jacques) : Alors, écoutez, merci de saluer l'excellent travail des
équipes, qui nous amène, effectivement, à des résultats très significatifs
après juste trois ans et demi de légalisation du cannabis et de création de la
SQDC. Je crois que le modèle de la SQDC a été pensé dès le démarrage pour nous
permettre de trouver cette efficacité. On a été particulièrement attentifs à
essayer d'avoir une société qui demeure, je dirais, la plus simple possible.
Évidemment, on veut bien faire les choses, mais on veut garder ça relativement
simple et on veut essayer également de
répondre à ce qu'on comprend des besoins ou des attentes des clients ici, au
Québec, des consommateurs de cannabis.
Donc,
pour l'année qui se termine, évidemment, les chiffres ne sont pas encore
pleinement audités, donc je dirais que c'est plutôt un ordre de grandeur
que je vous donnerai qu'un chiffre exact, parce que j'attendrai que les
résultats soient pleinement audités. Mais, cette année, c'est près de
600 millions de dollars de ventes que la SQDC va faire, et on prévoit
d'avoir un résultat net qui soit légèrement supérieur à
75 millions de dollars pour le Québec. Je rappelle que ce résultat est entièrement versé au Fonds de
lutte contre les dépendances, qui, lui-même, est prévu par la loi pour
deux usages précis. Et, une fois de plus, c'est le législateur qui a prévu ça
dans l'élaboration de la loi ici, au Québec.
Dans la perspective,
tel qu'on voit les choses pour les années à venir, je vous ai parlé du tonnage
qu'on espère faire cette année, donc, près de 109 tonnes, 110 tonnes
de vendues cette année. On souhaite continuer à capter le marché illicite.
Donc, l'année prochaine, on espère que ce tonnage... On travaille pour que ce
tonnage grandisse de manière à aller capter une plus grande part du marché
illicite. On espère pouvoir atteindre 127 tonnes de cannabis vendues
l'année prochaine. C'est la prévision qu'on a avec, notamment, l'impact de
l'ouverture de nos nouvelles succursales, les 10 succursales que nous
allons ouvrir dans l'année, plus l'impact plein, dans une année pleine, des 21 succursales que nous avons ouvertes
l'année dernière. Donc, nous continuons à avoir une perspective de développement
de l'organisation en lien direct avec sa mission, qui est d'aller capter le
marché illégal.
M. Émond :
Donc, c'est une croissance des ventes qui est liée, un, à la captation du
marché illégal. Est-ce que vous avez une
prévision d'augmentation des ventes par succursale ou c'est avec l'ouverture de
vos nouveaux points de vente qui va faire en sorte de vous générer des
revenus supplémentaires?
• (19 heures) •
M. Farcy
(Jacques) : Bien, c'est certain que, quand on ouvre des succursales,
bien sûr, les nouvelles succursales nous amènent des ventes additionnelles,
mais, parfois, elles vont aller chercher des ventes, une partie ou une petite partie des ventes qui étaient déjà
faites dans d'autres succursales, un phénomène qu'on qualifie de
cannibalisation.
Donc, nous n'avons
pas d'objectif, par succursale, de croissance de ventes. Les équipes, à la
SQDC, n'ont pas d'objectif à remplir pour aller vendre des produits. Nous avons
une mission de protection de la santé. En revanche, effectivement, nous nous
assurons que nous positionnons les succursales à des endroits stratégiques pour
continuer à capter le marché illégal.
M. Émond :
O.K. Merci. Vous avez abordé, puis le collègue de D'Arcy-McGee... pas de D'Arcy-McGee,
pardon, de Robert-Baldwin, excusez-moi, cher
collègue, en a parlé tantôt, la migration du marché illégal, a également
dit, à la boutade, que le volet Loto-Québec était destiné à mon collègue de
Laval, puisque les vices sont dans le coin de la
circonscription de Sainte-Rose. Je vous rassure tout de suite, je ne parle pas
du volet criminel. Parce que j'ai le bonheur de représenter la ville de
Sorel, dans ma circonscription de Richelieu.
Mais, toute blague à
part, j'ai déjà dit à votre prédécesseur que la volonté de capter le marché illégal
est quelque chose qui me réjouit beaucoup,
parce qu'effectivement, dans une région comme la mienne, où le marché illégal
du cannabis a déjà eu des proportions assez importantes, là... Je vous rappelle
que Sorel possède 103 magnifiques îles, que je vous invite tous et
toutes à venir découvrir cet été, et puis moi, petit garçon, là... Je vous dis
que ce n'était pas juste du blé qui poussait sur ces îles-là, mais un phénomène
qu'on voit de moins en moins, probablement avec la réussite de la SQDC d'aller
capter une portion du marché illicite.
Peut-être que vous
l'avez dit à mon collègue, je m'en excuse. Parlez-moi de votre estimation de
captation de la SQDC. Quelle part du marché illicite croyez-vous avoir été
chercher? Pour ma gouverne, comment vous estimez ça, d'abord, là? Quelles sont vos analyses? Et quelle est votre
prévision pour la prochaine année ou les prochaines années? Jusqu'où
vous croyez que vous allez être en mesure de vous rendre dans l'élimination du
marché noir du cannabis au Québec?
M. Farcy
(Jacques) : Alors, effectivement, sur la captation du marché, pour
l'année qui vient de se terminer, on a
vendu, donc, 110 tonnes de cannabis, le marché total estimé à
187 tonnes. Donc, si on fait le rapport de 110 sur 187, on est à 58 % de captation du marché à la
SQDC, du tonnage vendu à la SQDC. Donc, ça, c'est le chiffre pour cette année.
Pour l'année
prochaine, on prévoit de vendre 127 tonnes de cannabis. Donc, la question
sera de... comment l'évaluation du marché
sera faite à ce moment-là. Si on le rapporte aux 187 tonnes actuelles
connues, vous remarquez une croissance de la captation du marché noir.
Donc,
ça, c'est quelque chose sur lequel, je le redis, tous nos plans sont orientés
pour essayer d'aller comprendre ce que le marché noir propose et comprendre
comment nous, la SQDC, nous pouvons être une alternative crédible au
marché illégal et au marché illicite. Et c'est ce sur quoi nos
1 073 employés travaillent de manière quotidienne, avec beaucoup
d'engouement...
Le Président (M. Simard) :
En conclusion.
M. Émond :
Est-ce que mon temps est écoulé, dites-moi?
Le Président (M.
Simard) : Il vous reste cinq secondes.
M. Émond :
Je vous remercie, M. Farcy.
M. Farcy
(Jacques) : Merci beaucoup. Merci à vous.
Le Président (M. Simard) : Alors,
très chers collègues, ceci met fin à notre dernière séance d'entretiens pour aujourd'hui.
Nous en aurons d'autres demain, après quoi nous pourrons procéder au vote.
Document
déposé
Avant de quitter, je dépose les réponses du
gouvernement aux questions de l'opposition.
Sur ce,
j'ajourne nos travaux, et on se retrouve demain, à 11 h 15. Merci
beaucoup pour votre précieuse collaboration.
(Fin de la séance à 19 h 05)