(Neuf heures trente-six)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers amis, bonjour à toutes et à tous. Je constate que nous avons quorum. On a
le plaisir de se retrouver ensemble dans la salle Pauline-Marois pour cette
dernière journée d'auditions et de
consultations particulières sur le projet de loi n° 4,
Loi renforçant la gouvernance des sociétés d'État et modifiant d'autres
dispositions législatives.
Auditions (suite)
Nous entendrons cet avant-midi trois groupes,
quatre en après-midi, et nous commençons immédiatement en recevant le
représentant du Conseil provincial du Québec des métiers de la construction. M.
Trépanier, bonjour.
Conseil provincial du
Québec des métiers de la
construction-International (CPQMCI)
M. Trépanier (Michel) : Bonjour, M.
le Président.
Le Président (M. Simard) : Alors,
vous êtes, je crois, un habitué. Vous disposez de 10 minutes.
• (9 h 40) •
M.
Trépanier (Michel) : Je vous remercie. Mmes, MM. les députés, membres
de la commission, M. le Président, tout
d'abord, je tiens à vous remercier de nous donner l'occasion de vous présenter
notre avis sur le projet de loi n° 4.
Mon nom est Michel Trépanier. Je suis le
président du conseil provincial international. Je serai seul aujourd'hui, afin de faciliter les échanges
virtuels, mais je tiens à remercier l'équipe du conseil provincial qui a
travaillé très fort pour l'analyse du projet
de loi et de rédiger notre mémoire. C'est avec beaucoup de fierté que nous
représentons tous nos membres et que nous portons leur message aujourd'hui
devant cette commission.
À la suite d'une analyse du projet de loi
n° 4 déposé par le gouvernement, le conseil provincial international fait les constats suivants. Premièrement, le
projet de loi n° 4 ne tient pas compte des impacts des changements
proposés sur l'industrie de la construction. Deuxièmement, il va à l'encontre
du pluralisme syndical et de l'impartialité du gouvernement dans le choix des
représentants associatifs. Aussi, il porte aussi atteinte grave au paritarisme
dans l'industrie et, de ce fait, à son
équilibre. Il porte aussi atteinte au droit fondamental des travailleurs. Il
fait aussi fi de la structure de
financement de la Commission de la construction du Québec et finalement il
affaiblit le rôle du fiduciaire du régime de retraite du conseil
d'administration de la CCQ.
Tout d'abord, j'aimerais vous parler des impacts
de la transformation de la Commission de la construction du Québec en société
d'État. Comme vous le savez, la mission de la Commission de la construction est
de veiller à l'application de la
loi R-20, Loi sur les relations de travail, la formation professionnelle
et la gestion de la main-d'oeuvre dans
l'industrie de la construction. Par conséquent, elle s'assure du respect des
conventions collectives dans l'industrie, de la gestion de la
main-d'oeuvre et de l'administration des fonds de formation et des régimes
d'avantages sociaux.
À ce titre, elle gère un patrimoine privé dans
une industrie privée. Nous pensons donc qu'une exemption devrait s'appliquer à
la CCQ de par la nature même de sa mission. Elle possède également un pouvoir
réglementaire qui lui permet de réaliser sa mission. Les changements qui sont
donc proposés ont des conséquences importantes qui vont au-delà de
l'organisation en tant que telle mais qui touchent toute l'industrie. À notre
connaissance, aucune analyse d'impact et aucune consultation des partenaires de
l'industrie n'a précédé le dépôt de ce projet de loi, ce qui nous empêche de
voir l'ampleur des conséquences sur l'industrie.
Maintenant, j'aimerais aborder deux aspects qui
nous apparaissent essentiels et qui sont étroitement reliés, le pluralisme
syndical et le paritarisme. Depuis la commission Cliche, dans les
années 70, les gouvernements ont eu à coeur d'améliorer les structures de
l'industrie pour favoriser la participation et l'adhésion au plus grand nombre.
D'ailleurs, c'est pour cette raison que toutes les associations représentatives
sont présentes sur le conseil d'administration de la commission, sur les
différentes tables de négociation, sur les différents comités de travail de la
CCQ et à l'ASP Construction. C'est ce qu'on appelle le pluralisme syndical, et
il permet de s'assurer que l'ensemble des travailleurs soient représentés dans
l'application du régime des relations de travail instauré par la loi.
Rattaché à ce principe de pluralisme vient le
concept de paritarisme. Tel qu'il est démontré à travers l'historique de la
CCQ, l'organisation repose sur le paritarisme patronal et syndical pour
favoriser une culture de collaboration et d'adhésion de tous les partis aux décisions
prises par la commission. L'histoire a prouvé que cet équilibre est bénéfique
pour l'industrie et a été respecté dans toutes les modifications législatives
de la loi R-20 qui ont été faites
depuis plus de 40 ans. Très récemment, le même débat a eu cours concernant
le conseil d'administration de la CNESST, dont le mandat et la structure
sont comparables à celle de la CCQ. Le gouvernement a alors maintenu le
paritarisme au sein du conseil d'administration à cause de ces particularités
du régime.
Un
autre élément qui nous préoccupe est la question de la perte de compétences
découlant de la présence forte d'une forte
majorité d'indépendants. L'industrie de la construction a de nombreuses
particularités et caractéristiques qui sont souvent méconnues des acteurs
externes. Il est donc primordial que les acteurs du milieu aient une place
prépondérante au sein du conseil d'administration de la CCQ. À ce titre, nous
pouvons comparer la CCQ aux ordres professionnels,
qui gèrent également la compétence et l'accès à leurs secteurs de pratique.
Pour un conseil d'administration d'ordre
de 13 à 17 personnes, taille comparable à celle de la CCQ, un maximum de
quatre membres indépendants sont nommés. Cela permet d'assurer un
équilibre entre la connaissance de la profession et la perspective externe des
indépendants. C'est d'ailleurs la répartition actuelle au conseil
d'administration de la CCQ.
La CCQ gère aussi un
régime de relations de travail, et plusieurs matières réglementées par la CCQ
ont d'abord été négociées entre les parties
dans les conventions collectives. La présence des mêmes organisations qui
négocient assure donc la CCQ de légitimité dans la révision de ses règlements.
Pour finir, je
voudrais maintenant aborder les deux derniers éléments de notre mémoire, qui, à
notre avis, justifient que la CCQ soit exemptée de l'application de ce projet
de loi. D'abord, sur la question du financement, selon les états financiers 2020 de la CCQ, plus de 96 % des
revenus de l'organisation proviennent des prélèvements et de la
tarification des services. De ce montant, deux tiers est directement imputé aux
travailleuses et aux travailleurs de l'industrie
de la construction. Puisqu'ils financent les activités de l'organisation, c'est
un droit fondamental qu'ils soient adéquatement représentés. De plus, la
CCQ gère un patrimoine privé dans une industrie privée, contrairement aux
autres sociétés d'État.
Finalement, la question des avantages sociaux.
Pour commencer, la CCQ, par le biais de son conseil d'administration, a
pour but et fonction d'administrer les régimes d'avantages sociaux de
l'industrie de la construction, soit un régime de retraite et un régime
d'assurance. Dans le cas de notre régime de retraite, c'est le conseil
d'administration de la CCQ qui agit à titre de comité de retraite et de
fiduciaire pour l'ensemble des travailleurs de l'industrie. Les membres du
conseil d'administration ont donc toutes les obligations et devoirs que cela
comporte, dont celle de prendre des décisions
dans le meilleur intérêt des bénéficiaires. À ce sujet, le fait que chacune des
associations représentatives ait un membre au sein du conseil
d'administration permet d'assurer une meilleure compétence des fiduciaires pour
servir les besoins des bénéficiaires, puisqu'ils sont les représentants élus,
surtout que notre régime à cotisation déterminée négocié amène... le fardeau du
risque est assumé par la participation... par les participants du régime. Ces derniers désirent donc une
participation active de leurs représentants afin de leur assurer une meilleure
protection.
En conclusion, je me
permets de rappeler pourquoi le projet de loi n° 4 ne devrait pas
s'appliquer à la CCQ. L'industrie de la construction est une industrie privée
où la CCQ a le mandat de s'assurer de l'application d'une loi qui régit les
relations de travail, la formation professionnelle, les avantages sociaux et la
gestion de la main-d'oeuvre. Pour réaliser ce mandat, elle est financée à
96 % par des prélèvements provenant des travailleuses et travailleurs et
d'entreprises privées et gère des fonds, dont un régime de retraite duquel son
conseil d'administration est fiduciaire. Pour réaliser ce mandat, le mandat de
la CCQ, son conseil d'administration, a besoin de pluralisme pour représenter
toutes les parties et que la gestion de la retraite soit faite dans l'intérêt
des bénéficiaires, de paritarisme patronal-syndical pour assurer une adhésion
de toutes les parties, et de compétences pour que les règlements et politiques
soient applicables et appliqués.
Pour nous, le projet
de loi n° 4 n'est ni le véhicule ni le processus qui permettra d'améliorer
la gouvernance de la CCQ, puisqu'il ne tient pas compte des impacts et des
particularités de la loi R-20. Merci pour votre écoute.
Le Président (M. Simard) : Alors, M. Trépanier, merci beaucoup pour
votre intervention. Avant de poursuivre, à ce stade-ci, j'aurais besoin,
Mme la secrétaire, que vous puissiez m'indiquer si nous avons des remplacements
à la commission aujourd'hui.
La
Secrétaire : Aucun remplacement.
Le Président (M.
Simard) : Aucun remplacement?
La
Secrétaire : Aucun.
Le Président (M.
Simard) : Bon, on est content d'avoir nos collègues. Alors, je cède
maintenant la parole à M. le ministre, qui dispose de
16 min 30 s.
M. Girard
(Groulx) : C'est l'équipe A, M. le Président. Merci à tous ceux qui
sont ici. Merci pour votre présentation. C'est très intéressant puis c'est bien
étayé. Je suis bien content qu'on ait cette discussion. Évidemment, nous... la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État
vise l'intérêt supérieur du Québec et à assujettir 46 sociétés
d'État à une loi qui est modernisée. Alors, c'est certain que les
particularités de la CCQ... et je résume vos arguments, c'est que vous ne
voulez pas être assujettis à la loi. C'est un point pertinent. On a l'intention
d'en discuter ensemble, mais moi, je voudrais... j'ai des questions pour vous.
Je comprends le pluralisme syndical puis le paritarisme, je n'ai rien contre.
Si vous considérez que c'est vertueux, très bien. Mais moi, j'ai des questions
pour vous.
Est-ce que vous
croyez à l'indépendance d'un conseil d'administration par rapport à une
société? Est-ce que vous croyez qu'un conseil d'administration doit avoir une
perspective au-delà de représenter les groupes d'intérêts qui composent la
société?
M.
Trépanier (Michel) : J'y crois puis je crois pertinemment que la
commission, présentement, à l'heure actuelle, respecte ce mandat-là.
M. Girard
(Groulx) : Est-ce que vous croyez à la séparation des pouvoirs entre
le président d'une société et le P.D.G. d'une société ou la P.D.G. d'une
société et le président du conseil d'administration, une pratique qui est
établie dans l'ensemble de l'OCDE?
M. Trépanier
(Michel) : M. le ministre, il y a quatre ans, lors du projet de loi
n° 152, notre organisation a proposé cette recommandation de scinder le
poste de P.D.G. entre directeur général et président pour des matières de
meilleure gouvernance. Ça fait qu'on est en total accord avec vous, M. le
ministre.
M. Girard
(Groulx) : Donc, si on changeait ça dans la loi R-20, vous seriez
pour.
M. Trépanier
(Michel) : Exactement.
M. Girard (Groulx) : Très bien. Est-ce que vous croyez à l'importance des membres indépendants
sur un C.A.?
• (9 h 50) •
M. Trépanier
(Michel) : C'est sain d'avoir une contribution des membres
indépendants. Cette contribution doit se
faire avec des principes d'équilibre, M. le ministre, puis, présentement, la
compréhension puis l'analyse du conseil provincial, avec la
participation maintenant de quatre indépendants, cet équilibre avec le principe
de pluralisme et de parité est respecté.
M. Girard
(Groulx) : Est-ce que la contribution des quatre membres indépendants
actuels est positive?
M. Trépanier
(Michel) : Oui.
M. Girard
(Groulx) : Est-ce que vous croyez qu'il est important d'avoir un
comité de vérification, un comité de gouvernance et d'éthique ainsi qu'un
comité de ressources humaines sur un conseil d'administration?
M. Trépanier
(Michel) : Oui, c'est essentiel.
M. Girard (Groulx) : Est-ce que vous croyez que la composition du conseil d'administration
doit représenter la société québécoise?
M. Trépanier
(Michel) : Ici, on parle d'une industrie privée. Ça fait que... Puis
il faut comprendre la mission de la
commission, en étant une société privée, avec les cotisants, puis tantôt j'en
ai parlé, là, 96 % des cotisants viennent d'associations patronales et syndicales par l'entremise d'entreprises et
de salariés. Je crois que c'est une juste représentation de ces
cotisants-là.
M. Girard (Groulx) : O.K. Est-ce que vous croyez qu'il est pertinent de rémunérer les
membres indépendants pour attirer les meilleures personnes, notamment?
M. Trépanier
(Michel) : Je suis d'accord avec vous, M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : O.K. Est-ce que vous croyez qu'il est pertinent que la
société d'État revoie le plan stratégique, le rapport annuel et s'assure d'une
transparence au niveau de la rémunération des hauts dirigeants?
M. Trépanier
(Michel) : Est-ce qu'on parle de celle de la CCQ ou des sociétés
d'État?
M. Girard
(Groulx) : Bien, en fait, ma question porte sur la CCQ.
M. Trépanier
(Michel) : Bien, la CCQ, je ne peux pas vous donner l'affirmative,
parce que je ne considère pas, et... puis je
tiens à vous souligner qu'hier le conseil d'administration a pris une position
unanime que personne au sein du conseil d'administration ne considère la
commission comme une société d'État. Ça fait que je ne peux pas répondre par
l'affirmative.
M. Girard
(Groulx) : J'ai pris acte de la lettre. Je l'ai lue. J'ai reçu... En
fait, j'ai reçu la résolution, je cherchais l'argumentaire. Très bien, ça fait
le tour de mes questions. Je vous remercie beaucoup, puis je vous remercie pour
la qualité de votre mémoire et votre présentation.
M. Trépanier
(Michel) : Je vous remercie, M. le ministre.
Le Président (M. Simard) : Merci à vous, M. le ministre. Je cède maintenant
la parole au député de Sainte-Rose.
M. Skeete : Merci, M. le Président.
Bonjour, bienvenue parmi nous.
M.
Trépanier (Michel) : Bonjour.
M. Skeete :
J'ai quelques questions par rapport à... le rôle des membres indépendants
actuels. Pouvez-vous me donner un aperçu de comment ça fonctionne? C'est quoi,
le quotidien, puis de quoi... c'est quoi, la contribution positive que vous
évoquez auprès du ministre? C'est quoi, cette contribution-là?
M. Trépanier
(Michel) : Bien, ici, il faut faire un recul sur la mission de la
commission, puis je ne ferai pas toute l'élaboration du principe des relations
de travail, mais ce qui est important, je crois, pour nous, par notre
expérience d'organisation, c'est d'être capables d'alimenter le conseil
d'administration dans nos réflexions. Nous, du côté des associations
syndicales, c'est d'amener notre expérience puis la part des enjeux pour nos
travailleuses et nos travailleurs. Du côté des employeurs, ils amènent leurs
préoccupations de leur côté. Après ça, il y a un échange. C'est là, la base du paritarisme. Et l'apport des
indépendants, après cet argumentaire-là, c'est de faire des
recommandations puis amener un angle que... pour nous ramener à un consensus.
Alors, c'est suite
aux discussions des parties paritaires que je trouve qu'il y a une utilité, une
très bonne utilité, puis je trouve ça sain qu'il y ait des membres indépendants
au sein de notre commission, mais je trouve ça extrêmement important de le
mentionner, que ça a besoin d'être fait avec un équilibre.
M. Skeete :
Donc, dans votre façon de voir le rôle de l'indépendant, c'est un peu comme une
vérif à la dernière seconde, là, tu sais, pour être sûr que le patronat et le
syndical se rencontrent. On prend des positions, puis là on valide auprès des
indépendants, ça a-tu de l'allure, puis là, après ça, on peut entériner la
résolution ou la façon de faire. C'est de même que vous voyez ça?
M. Trépanier (Michel) :
Bien, ce qui est intéressant, la base du paritarisme, ce qui est intéressant,
puis, tu sais, je vais être transparent avec
vous, soit on arrive avec des positions que... présentement, on a des non sur
certaines positions, puis, après les échanges avec les parties patronales puis
avec des membres indépendants, souvent on va se rallier. Ce qui amène de l'apport des indépendants dans cet
équilibre-là, c'est qu'ils n'ont pas d'opinion, ils n'ont pas de
préjudice, là, associatif, ça fait qu'ils amènent un regard indépendant. C'est
là, je pense, que le terme «indépendant» vient, là. Puis, du côté des... C'est
leur contribution, je crois.
M. Skeete :
Mais vous avez raison qu'effectivement le rôle des indépendants, c'est de
s'enlever des conflits du quotidien qui
peuvent arriver avec les différents camps. C'est pour ça que la tendance
internationale, c'est d'accroître le nombre d'indépendants, justement,
dans les conseils d'administration, je pense que c'est dans ce sens-là que le
ministre veut aller.
Je serais curieux de
vous entendre sur... Là, vous avez répété plusieurs fois dans votre
argumentaire que vous êtes financés... c'est
du privé, vous avez... de 96 %, j'ai-tu bien entendu, le financement est privé?
Donc, vous, la CCQ, elle, elle est financée avec de l'argent de ses
membres puis des employeurs, puis, bon, là, c'est financé à 96 % de ces
cotisations-là, j'ai-tu bien compris? Parce que je ne suis pas expert dans le
domaine de la construction, je vous demande votre indulgence.
M. Trépanier (Michel) :
Oui, vous avez raison, elle est financée par prélèvement de parts égales
entre les entrepreneurs et les travailleurs. Puis, en plus de ça, il y a des
frais qui sont imputés dans les avantages sociaux. Ça fait que ça regroupe à
peu près 96 % des opérations de la CCQ qui est payable par les
travailleuses et travailleurs et aussi des entrepreneurs.
M. Skeete :
Puis vous, vous faites le comparatif avec la CNESST, vous dites que c'est le
même modèle que ça, c'est autofinancé par ses membres.
M. Trépanier
(Michel) : Mais la différence de la CNESST, nous, le comparatif qu'on
fait, c'est par rapport au paritarisme, par
rapport à la contribution, la contribution de la CCQ, c'est travailleurs,
employeurs. La contribution totale du travailleur représente deux tiers
de la facture, ça fait que les travailleurs paient deux tiers de la facture de
la CCQ. À la commission de la CNESST, ce n'est pas pareil pour la cotisation,
mais le principe de la parité est là.
M. Skeete : Parce
que, moi, dans votre argumentaire, vous évoquez beaucoup l'aspect privé de la
CCQ, mais ce que votre argument oublie, puis
je serais curieux de vous entendre, c'est la grande part de contrats publics
que gère l'industrie de la construction au Québec. Alors, ici, on a un
payeur ou un grand payeur, un client majeur qui vient financer beaucoup de
projets de construction au Québec, vous, vous dites que c'est de l'argent
privé, je pense que c'est vrai, parce que les contrats vont à des entités
privées, mais c'est des oeuvres majoritairement publiques. Alors, comment vous
conciliez ces deux argumentaires-là, pour m'aider à comprendre un peu plus
votre position?
M. Trépanier
(Michel) : Mais, le mandat de la CCQ, on le retrouve à
l'article 4 de la loi, puis son mandat, ce n'est pas de gérer les
chantiers, là, c'est très bien inscrit dans la loi, c'est quoi, son mandat,
c'est de s'assurer à l'applicabilité de la loi et des conventions collectives,
entre autres. Du problème du privé, des investissements du gouvernement, oui, vous êtes le plus grand donneur
d'ouvrage, mais ça n'a aucun lien par rapport aux investissements des
différents projets par rapport au mandat de la CCQ, là. Le mandat de la CCQ,
là, il est clair dans la loi, puis ça n'a aucun impact là-dessus.
M.
Skeete : Ça fait que, même si le gouvernement du Québec
puis le... bien, je ne dirais pas juste le gouvernement du Québec, le
public est le plus grand donneur d'ouvrage, vous, vous êtes d'avis que vous ne
devrez pas être soumis à ces règles-là, car vous êtes différents des autres.
M.
Trépanier (Michel) : Bien, ce n'est pas une question d'être différent
des autres, l'attribution des personnes qui contribuent à l'économie québécoise,
c'est une chose, ici on parle de qui contribue financièrement à l'opération et
le mandat de la commission. Présentement, la contribution du gouvernement
présentement, sur les 200 millions, là, c'est 4 millions, c'est pour
le travail au noir. C'est la contribution du gouvernement présentement puis
c'est la contribution, qu'on peut dire, des contribuables, avec le plus grand
respect que j'ai pour le gouvernement et les contribuables. Présentement, c'est
autofinancé par les personnes de l'industrie, puis on trouve ça juste
raisonnable d'être adéquatement représenté par ces instances-là pour respecter
le mandat de la commission.
M.
Skeete : C'est tout pour moi. Merci beaucoup pour votre
présence en commission. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Simard) : Merci à vous, cher collègue. Je cède maintenant la
parole au député de Vanier-Les Rivières.
M. Asselin : Merci beaucoup, M. le
Président. M. Trépanier, merci d'être là. Je suis quand même un peu
curieux de vérifier quelles sont les positions de l'inter vis-à-vis de
favoriser la diversité un peu dans l'industrie de la construction, les femmes,
les jeunes des diversités culturelles. Comment vous voyez ça qu'on pourrait
promouvoir un peu plus de diversité?
M. Trépanier (Michel) : Bien, on est
en total accord avec le principe de la parité, ça fait qu'on ne peut pas être
plus clair que ça. Ça fait qu'avec la question qui vient avec le principe de
gouvernance, est-ce qu'on est d'accord ou pas, oui, oui, on se doit d'arriver
là et on se...
M.
Asselin : Comment est-ce qu'on pourrait faire ça pour mettre
un peu de pression sur la société puis qu'il y ait eu plus de diversité
dans la construction?
• (10 heures) •
M. Trépanier (Michel) : Mais une des
choses que je peux vous suggérer, respectueusement, puis c'est une proposition qu'on avait déjà faite dans le passé,
du côté que... vu que le gouvernement est le plus grand donneur
d'ouvrage, et c'est le plus grand donneur d'ouvrage, vous devriez, puis avec le
support de l'inter, du conseil provincial, instaurer...
Dans l'octroi des contrats que vous donnez, publics, vous faites des
investissements majeurs sur les routes, les hôpitaux, dans les écoles,
vous pourriez mettre des politiques pour atteindre des quotas de parité ou
d'améliorer le nombre d'adhésions, d'embauches des femmes puis de minorités.
Ça, c'est le premier constat, là, que... si vous nous demandez de faire du changement, puis par l'entremise de vous, en
collaboration avec vous, on peut vraiment faire une différence dans notre industrie. Ça peut commencer
par vous. On prend... On a besoin d'un leadership gouvernemental par
l'entremise de l'octroi des contrats. Puis ça va envoyer un signal aux
investisseurs privés d'avoir les meilleures pratiques. Mais, si vous me
demandez vraiment mon opinion, c'est vraiment là que je pense qu'il faut qu'on
aille.
M. Asselin : Parfait. Merci
beaucoup, M. Trépanier.
M. Trépanier (Michel) : Merci.
Le Président (M. Simard) : Sur
ce, je cède la parole au député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, M. Trépanier, bonjour. Merci d'être là. Donc, vous
avez, de façon très éloquente, présenté votre argument que la loi... que le
projet de loi n° 4 ne devrait pas s'appliquer à la
CCQ. Et je pense que l'aspect principal de votre argument, c'est que la CCQ
n'est pas une société d'État. On pourra en discuter, de ça.
Mais, avant d'y arriver, ce que je trouve
particulier, vous l'avez mentionné, en passant, c'est que vous, enfin l'industrie, vous n'avez pas été consultés par le
gouvernement avant, donc, pour la préparation du projet de loi. Vous
n'avez pas été consultés. Donc, on arrive avec un projet de loi, et c'est une
fois le projet de loi déposé que vous avez... que vous vous êtes rendu compte que vous étiez dans le... vous faisiez
partie maintenant des 43 sociétés d'État. C'est bien ça?
M. Trépanier (Michel) : Bien,
exactement, M. le député. À notre grande surprise, au mois d'octobre, on a eu
le dépôt du projet de loi n° 4, puis jamais quelqu'un
ne nous a présenté un rapport d'analyse d'impact sur notre industrie. Puis ça a
été à notre grande surprise, ça fait qu'il n'y a pas eu de consultation aussi.
Ça fait que, c'est pour ça, on arrive avec vous en commission avec certaines réserves,
puis on ne sait pas où est-ce que ça s'en va. Mais, pour répondre à votre
question, non, on n'a pas été consultés, puis il n'y a pas eu d'analyse
d'impact.
M. Leitão : Très bien, merci.
Donc, ça, c'est clair.
Maintenant, vous avez répété, et d'ailleurs,
hier aussi, vos collègues de la CSN l'avaient mentionné, que la CCQ, c'est un
organisme qui, en fin de compte, gère les conventions collectives, et vous
opérez dans une industrie privée, et que donc vous ne devriez pas être assujettis, éventuellement,
à la loi n° 4. C'est un argument qui se comprend. Je ne
dis pas que je suis complètement contre ça. Je comprends. Et c'est... Il y a
une certaine logique.
Maintenant, j'aimerais juste... Vous pourriez
peut-être nous rassurer un peu, et le ministre a été un peu dans cette
direction, sur le rôle d'un conseil d'administration. Présentement, si j'ai
bien compris, présentement, les membres du conseil d'administration de la CCQ
sont nommés par la partie syndicale, par la partie patronale, et puis les indépendants sont nommés par le gouvernement.
Est-ce que c'est bien ça, le... je résume un peu, mais c'est bien ça...
M. Trépanier (Michel) : Bien,
présentement, on nous demande de soumettre des noms au gouvernement du côté des
associations représentatives, puis ça doit être la même chose du côté des
associations patronales, pour respecter le principe de cinq-cinq. Puis, le mode
de consultation des membres indépendants, on n'est pas liés à ça, c'est
directement le gouvernement qui fait l'attribution puis la désignation.
M. Leitão : O.K. Donc, ce... Si
le... Mais vous pensez que le projet de loi n° 4
vient changer ce processus-là ou... Et, si oui, comment?
M. Trépanier (Michel) : Oui.
Mais, si vous me permettez, M. le député, ça serait bon de revenir en arrière
par rapport c'est quoi, la commission. Tu sais, on a fait l'explication que ça
s'occupe d'une loi, d'une loi, mais ça ne s'occupe pas juste d'une loi puis des
relations de travail. Par l'entremise que son mandat doit appliquer une loi,
elle doit aussi s'assurer des 31 règlements, aussi, qui viennent avec. La
commission a un pouvoir réglementaire pour modifier
31 règlements, les règlements sur la mobilité de la main-d'oeuvre, qui
touchent les régions, sur les avantages sociaux, entre autres. Elle doit
veiller à s'assurer à l'applicabilité des conventions collectives puis son
interprétation. Ça touche quoi? Quatre
secteurs d'activité, 200 000 travailleuses, travailleurs. Ça sert
aussi à administrer deux régimes, 30 milliards de dollars, un
régime de retraite qui est à cotisation déterminée, aussi un régime
d'assurance, qui a un impact sur
341 000 bénéficiaires. Ça sert aussi la gestion de la compétence,
25 métiers réglementés, plus d'une trentaine d'occupations
spécialisées. Ça s'occupe aussi, dans son mandat, de perfectionnement puis du
fonds de formation, plus de 200 millions, plus de
25 000 participants en formation de façon annuelle. Ça s'assure aussi
une gestion de tous les autres fonds.
Ça fait que, quand on fait l'ensemble de tout
ça, notre rôle à nous, associatif, patronal, syndical, c'est de contribuer par
l'entremise de notre expérience... notre association, ça fait que je vais
parler du côté du conseil, on a une riche expérience, on est par une structure
de métier, on est représentatif partout à travers le Canada et aux États-Unis. Ça fait qu'on est capable d'avoir un
argumentaire. On n'a pas toutes les réponses, mais on est capable d'avoir
une contribution positive. À ça s'ajoute la contribution, humblement, que je
peux amener au conseil d'administration. À partir de ce débat-là, la grande
majorité des participants à ce régime-là sont représentatifs. Ça fait que
présentement, à l'heure actuelle, les
échanges se font avec les indépendants aussi. Puis présentement la structure
actuelle, elle représente le mandat de la commission puis aussi
l'intérêt des parties, en respectant le mandat de la commission.
M. Leitão : Très bien. Oui, et je
comprends que la commission elle-même doit avoir toutes ces expertises-là. Elle doit être pour... remplir le rôle que vous
avez décrit, un rôle assez complexe et assez important. Maintenant, le
conseil d'administration, il doit représenter, bon, l'industrie aussi, mais
aussi les règles de base de bonne gouvernance d'un conseil d'administration
doivent s'appliquer et s'appliquent au conseil d'administration de la CCQ.
D'ailleurs, en répondant au ministre, vous étiez d'accord avec les mesures ou
les règles de bonne gouvernance.
Là où j'ai une difficulté avec votre argument,
c'est que je comprends très bien le rôle de la CCQ, mais je comprends aussi
très bien quel est le rôle d'un conseil d'administration en général. Et je ne
pense pas que vous êtes contre la bonne gouvernance et la transparence. Vous
l'avez dit et redit, et c'est très bien. Donc, ce que j'essaie de comprendre,
c'est : Dans quoi le projet de loi changerait le rôle du conseil
d'administration de la CCQ?
M. Trépanier (Michel) : Bien,
présentement, réponse claire, la participation patronale et syndicale, du côté
des travailleurs puis des employeurs, elle va être réduite. On passe de
10 représentants pour alimenter les discussions à quatre. Un autre volet,
ça a un impact considérable sur nos régimes de retraite. Une des choses qui n'a
jamais été mentionnée depuis le début de la commission, c'est le rôle du
conseil d'administration en tant que fiduciaire. Ça fait que, présentement, ce
que ça a, comme conseil d'administration, comme impact sur mes travailleurs,
sur les travailleurs puis les travailleuses, c'est qu'on vient réduire leur
représentation au sein du conseil d'administration de cinq à deux. Ça fait que c'est une grosse réduction. Ça fait que la
représentation, le droit fondamental d'être représenté et d'être entendu
est diminué par ça. On est préoccupé.
M. Leitão : O.K. Je comprends. Donc,
c'est vraiment la composition du conseil d'administration. Si jamais le projet
de loi n° 4 s'applique à la CCQ, donc ça changerait
la composition du conseil d'administration. Et donc, à votre avis, ce
changement-là entraînerait une perte de représentativité des travailleurs et du
patronat aussi.
• (10 h 10) •
M.
Trépanier (Michel) : Oui, et aussi, un autre élément, le mandat de la
commission, en agissant avec le p.l. n° 4, si
on change la composition, je crois qu'on manquerait à l'essence même du conseil
d'administration à l'heure actuelle, on se priverait de compétences, on se
priverait d'analyses, d'expérience. On a besoin d'être alimenté de toutes les parties. Puis, un exemple que je peux
vous donner, après des discussions, des fois, que j'ai avec des entrepreneurs
puis des employeurs au sein du conseil d'administration, la réalité du secteur
résidentiel, du génie civil industriel n'est pas la même. Ça fait que, si vous me privez
de cet échange-là, de cette expertise-là, bien, je crois que je ne
serais pas capable de remplir mon rôle pour respecter le mandat de la
commission. C'est là, le principe du paritarisme, puis c'est la même chose côté
syndical. Ça fait que je crois que le conseil se priverait de beaucoup
d'argumentaires et de compétences si on viendrait réduire la participation des
parties prenantes.
M. Leitão : Très bien. Je pense
que vous faites là un très bon point. Il faut trouver juste un moyen, il me semble, de nous assurer collectivement que les
principes de bonne gouvernance et de transparence s'appliquent aussi au
conseil d'administration de la CCQ, même si le processus de nomination des
membres pourrait être un peu différent, en
particulier. Mais, si on réussit à maintenir ou s'assurer de cette bonne
gouvernance, je pense qu'on pourrait trouver un terrain d'entente.
M. Trépanier (Michel) : O.K.
Si...
M. Leitão : Oui.
M. Trépanier (Michel) : Bien,
si vous me permettez, ce qu'on en dit, puis j'ai fini mon allocution par
rapport à ça, c'est qu'on croit que le p.l. n° 4
n'est pas nécessairement le bon véhicule. Est-ce qu'il y a matière à se
moderniser en situation de gouvernance? On a toujours matière à se moderniser
puis on est ouvert avec ça. Mais c'est le véhicule, le véhicule, présentement
le p.l. n° 4, ne répond pas aux particularités.
Est-ce qu'on est ouvert, avec une analyse d'impact indépendante, avec la
participation des différentes associations, à une réflexion? Tout à fait d'accord
avec vous.
M. Leitão : Très bien. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci. Merci
beaucoup, M. Trépanier, pour votre présentation. Il y a vraiment unanimité,
dans l'industrie de la construction, du fait que le CCQ est comme, si je peux
me permettre, une bibitte à part, donc qu'il ne faut pas qu'elle soit
considérée comme société d'État.
J'aimerais quand même vous entendre sur... parce
que vous n'en parlez pas, vous ne faites pas d'autres propositions. Si, par
exemple, le gouvernement veut s'assurer qu'il y ait plus... qu'il y ait de
l'indépendance sur le conseil d'administration pour servir et les intérêts des
gens qui sont dans l'industrie, que ce soit côté patronal, syndical, et aussi
l'intérêt public, est-ce qu'il y a quand même des choses à améliorer? Si, par
exemple, il accepte de l'exclure du projet de loi n° 4 et de la Loi sur la
gouvernance, est-ce qu'il y aurait des choses à améliorer dans la loi constitutive du CCQ pour arriver à plus
d'indépendance, de meilleures gouvernances que ce que vous faites
actuellement sans ajouter plus d'indépendants?
M. Trépanier
(Michel) : Bien, je pense, à
la base, on se doit d'avoir une réflexion, pas juste sur la composition
du conseil d'administration. On va un peu plus large, c'est la raison même, le
mandat de la commission. Je crois qu'il doit y avoir une réflexion. Puis, les
comités, je vous donne un exemple, les comités paritaires, dont le CFPIC et le
CASIC, les mandats qu'on leur donne, je crois qu'on pourrait leur donner un
plus grand mandat, un plus grand pouvoir contributif pour venir alimenter la
commission. Ça fait que, oui, il y a de la place, beaucoup, à amélioration. Je
pense qu'on doit avoir une consultation sur ce volet-là.
Un enjeu principal par rapport à la composition
du conseil d'administration, notre position était claire, puis... peut-être, je
me répète, je suis désolé, mais de scinder le poste de P.D.G., ça a été amené
en 2018 de notre part, puis on le réitère. Ça, c'est la première mesure.
L'autre mesure, c'est... Du côté de la
composition, on croit qu'elle est adéquate présentement parce qu'elle respecte
le principe du pluralisme, la représentation de toutes les associations, tant
patronales et syndicales. Ça fait que la part des indépendants, elle est
pertinente, elle est adéquate. Ça fait que, présentement, du côté de la
structure, il n'y aurait pas de changement. Est-ce qu'on pourrait changer
d'autre chose? Sûrement.
Mme Ghazal : Vous croyez que
oui. Puis est-ce que, par rapport à la question de la parité, là, je ne parle
pas de la parité syndicale-patronale, mais de la parité homme-femme, ça aussi,
est-ce que...
M. Trépanier (Michel) : Je suis
d'accord avec vous, je ne peux pas être plus clair.
Mme Ghazal : Et qu'est-ce qu'il
faut faire pour améliorer ça, puisque ça fait des années... en tout cas, hier,
on avait la CSN qui disait qu'ils n'y arrivaient pas. Est-ce que vous, vous
avez une réflexion là-dessus?
M. Trépanier (Michel) : Bien,
pour répondre à votre question, est-ce qu'on se doit d'avoir le principe de
parité?, il n'y a pas de si, il n'y a pas de considérant, c'est un principe.
Puis je peux vous rassurer que, sur ce principe-là, le conseil provincial est
100 % d'accord avec ça.
Si vous me parlez qu'est-ce qu'on peut faire
pour améliorer la condition des travailleuses, la rétention, les conditions
d'embauche, ça, c'est un autre sujet, puis, oui, on a plusieurs solutions sur
ce côté-là.
Mme Ghazal :
Par exemple, sur le conseil d'administration, parce que c'est le sujet de la
loi, en ce moment, les cinq syndicats qui sont représentés, c'est tous des
hommes, si je ne me trompe pas, aux conseils d'administration?
M. Trépanier (Michel) : Oui.
Présentement, à l'heure actuelle, du côté syndical, c'est tous des hommes. Mais
présentement, pour rejoindre le principe de la parité, à l'heure actuelle, on
est extrêmement proches. On est à un membre pour atteindre la parité, ça fait
que je crois qu'on y est presque.
Mme Ghazal : Donc, merci. Je ne peux
pas... Mon temps est terminé. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Simard) :
Merci à vous, chère collègue. Encore une fois, désolé. Je cède la parole au
député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, à mon tour de vous saluer, M. Trépanier. Je suis heureux d'avoir fait un peu de représentation
politique pour vous avoir à cette commission. Je pense que votre
éclairage, ce matin, nous amène ici, les membres de la commission, à se poser
les bonnes questions quant à la pertinence d'inclure la CCQ dans le projet de
loi n° 4, mais nous amène à nous poser la question : De quelle façon
on peut, même si on n'inclut pas la CCQ dans le projet de loi n° 4,
travailler à une meilleure gouvernance?
Vous avez fait mention, M. Trépanier, tout
à l'heure, de la volonté assumée, par le passé, de scinder le poste du
président du conseil et de P.D.G.. Ça, je pense que c'est un acquis. Pour ce
qui est de la parité, vous avez fait mention tout à l'heure : Cinq sur six
présentement, donc on peut y arriver, à la CCQ. Donc, ce n'est pas un enjeu. La
rémunération aussi, je n'ai pas entendu, tout à l'heure dans vos commentaires,
votre désaccord quant à la pertinence de divulguer des informations quant à la
rémunération des membres du conseil d'administration, de même que la
rémunération des membres indépendants.
Vous aviez aussi fait une bonne distinction sur
le rôle de la CCQ quant à être fiduciaire aussi des cotisants par rapport au
régime de retraite. Ce que je crois comprendre, M. Trépanier, c'est que ce
que vous nous dites ici, à la commission :
Oui, une meilleure gouvernance, oui, une meilleure transparence, oui à plus de
femmes, mais peut-on garder cet équilibre et cette parité à l'intérieur
du conseil d'administration telle qu'on la connaît actuellement? C'est-à-dire
qu'il y a cinq postes offerts à des associations d'employeurs, cinq postes
offerts à des associations représentatives et quatre membres indépendants, ce
que vous nous dites : Ne touchez pas à ça. Mais, pour ce qui est du reste,
vous êtes partie prenante d'un immense chantier pour travailler à améliorer la
gouvernance. C'est ce que j'entends ce matin.
M. Trépanier (Michel) : Mais vous
m'enlevez les mots de la bouche, c'est exactement ça. Ça fait que votre vision
est exactement ce qu'on propose. Puis, tu sais, je tiens à rassurer les
parlementaires de la volonté toujours actuelle de se moderniser en matière de
gouvernance. Ce qu'on réitère : le fait que, présentement, à l'heure
actuelle, le p.l. n° 4 ne répond pas à cet
objectif-là, mais on pourrait se servir d'un autre véhicule sans aucun
problème. Mais présentement vous avez très bien résumé mes propos, vous les
avez tous touchés.
M. Ouellet : On va aller juste un
petit peu plus loin ensemble. Là, on a le P.D.G., on aura un président du
conseil d'administration. Donc, il y aurait, au sein du conseil, une élection
d'un président du conseil. Pour vous, ça serait..
il y aurait-tu une nomination qui devrait être... alternée, pardon, entre la
partie patronale ou syndicale, puis ça serait un pouvoir supplémentaire, le président du conseil? Ou vous nous
dites : Bien, au sein du conseil, le conseil décidera qui est la
meilleure personne pour le président? Ça pourrait être un indépendant, ça
pourrait être un membre de la partie patronale
ou syndicale. Bref, comment vous voyez la nomination de ce président du Conseil
du trésor... de la CCQ? Pardon.
M. Trépanier (Michel) : Bien, pour
être transparent avec vous, sur le mécanisme d'appointement, la réflexion n'a pas été terminée, là. Nous, c'est
sur le principe du mécanisme pour s'assurer d'une meilleure gouvernance,
pour s'assurer du principe que ceux qui
président le conseil d'administration ne soient pas directement reliés avec les
choses courantes puis son rôle de directrice générale ou de directeur général.
Ça fait que, nous, notre constat, c'est sûr, de scinder les deux postes. Mais de comment qu'on vient attribuer le poste
de président, ça n'a pas été encore très déterminé.
Le
Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, M. Trépanier, merci beaucoup. Cher collègue de René-Lévesque,
désolé, votre temps était écoulé. Merci pour cette belle présentation très
instructive, et au plaisir de se revoir.
Sur ce, nous allons suspendre nos travaux
quelques instants afin d'accueillir nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 10 h 19)
(Reprise à 10 h 27)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, nous sommes de retour et nous sommes en présence des
représentants du Conseil du patronat du Québec. M. Blackburn,
Mme Kozhaya, soyez les bienvenus. M. Dorval se joint aussi à nous,
mais par le biais du téléphone.
Alors, M. Blackburn, vous êtes un habitué,
auriez-vous l'amabilité de vous présenter, votre équipe et de faire votre
présentation?
Conseil
du patronat du Québec (CPQ)
M.
Blackburn (Karl) : Merci, M.
le Président. M. le ministre, chers parlementaires, alors je suis
extrêmement heureux de me retrouver avec vous aujourd'hui. Karl Blackburn,
président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec. Et je vais
demander à mes collègues de se présenter eux-mêmes. Alors, Norma.
Mme Kozhaya (Norma) :
Bonjour. Norma Kozhaya, vice-présidente à la recherche et économiste en chef au
CPQ.
M. Blackburn (Karl) : Et celui qui
est au téléphone.
M. Dorval (Yves-Thomas) :
Oui, bonjour. Yves-Thomas Dorval, je suis président exécutif du conseil
d'administration du CPQ, également certifié administrateur de société par le
Collège des administrateurs de sociétés et membre de six conseils
d'administration.
M. Blackburn (Karl) : Alors, merci.
Le Conseil du patronat du Québec, d'abord, remercie la Commission des finances
publiques de lui fournir l'occasion de soumettre ses commentaires sur le projet
de loi n° 4, Loi renforçant la gouvernance des sociétés d'État et
modifiant d'autres dispositions législatives.
Le thème de la saine gestion et de la saine
gouvernance des organismes publics est de grande importance pour le Conseil du
patronat du Québec. Les sociétés d'État jouent un rôle socioéconomique majeur,
que ce soit par les revenus qu'elle génère, les subventions qu'elles reçoivent,
le nombre de personnes qu'elles emploient ou surtout par leurs missions et leurs
mandats. Leur gouvernance se doit d'être exemplaire.
Le CPQ accueille de façon favorable plusieurs
éléments du projet de loi n° 4 qui modernisent la loi existante et l'inscrivent davantage dans les nouvelles
réalités sociales et économiques se voulant notamment davantage
inclusives et transparentes. Le CPQ ne peut qu'accueillir positivement
l'objectif gouvernemental de renforcer la transparence et l'équité de même que
l'efficacité et d'implanter les meilleures pratiques de gouvernance dans les
sociétés d'État. Parmi les éléments que le
CPQ accueille de façon favorable figurent les dispositions concernant la parité
femmes-hommes de même que la place faite aux jeunes dans les conseils
d'administration, la rémunération des administrateurs et sa divulgation, les
dispositions quant au terme du mandat des administrateurs de même que la
séparation du rôle du P.D.G. et président du C.A.
Le CPQ
apprécie aussi, finalement, la volonté de cohérence exprimée par le
gouvernement dans le préambule du projet de loi. Pour le CPQ, cette
volonté de cohérence doit toutefois tenir compte de la réalité de la mission et
du mandat spécifiques des différents organismes.
Pour ce qui est de la parité femmes-hommes, la
zone paritaire proposée permet une certaine flexibilité qui est souhaitable, envoie un signal fort et contribue à
une plus forte présence des femmes sur les conseils d'administration où
elles sont en ce moment sous-représentées. Les recherches effectuées sur la
question indiquent que cette complémentarité des talents femmes-hommes amène un
très grand nombre d'avantages.
• (10 h 30) •
Le conseil d'administration doit aussi, selon le
p.l. n° 4, comprendre au moins un membre âgé de
35 ans ou moins au moment de sa
nomination. Cette disposition est souhaitable pour mobiliser les jeunes, tirer
profit de leur apport, bénéficier de leur richesse, des échanges
multigénérationnels et pour préparer la relève. Évidemment, il ne suffit pas de
recruter des jeunes à un C.A. Il faut aussi bien les outiller et leur permettre
de prendre leur place, ce qui peut être réalisé, entre autres, par la
formation.
Avant d'aller à des commentaires plus
spécifiques en lien avec des organismes où les employeurs sont plus directement
concernés, nous présentons d'abord des commentaires généraux en lien avec des
conditions d'une gouvernance saine et efficace.
De façon
générale, on peut dire que les critères pour une bonne gouvernance et pour un
conseil d'administration efficace et à valeur ajoutée incluent notamment
de bonnes compétences et connaissances des administrateurs au niveau du secteur d'activité et également des
sujets traités, notamment dans les différents comités, par exemple de
bonnes connaissances en finances et en comptabilité pour les aspects
financiers, en droit pour les aspects juridiques ou en ressources humaines pour
les aspects en lien avec la gestion des ressources humaines; une bonne
compréhension de l'écosystème de l'organisation et de son environnement et de
la législation pour mieux orienter la stratégie; des compétences et qualifications des administrateurs en matière de
gouvernance et de gestion; une présence et une représentation des principales parties prenantes. Ces parties prenantes
peuvent être différentes selon l'organisme, bien évidemment. Il peut
s'agir de la population en général, des employeurs, des travailleurs, des
syndicats, des cotisants, des usagers.
En plus des compétences requises recherchées,
l'offre de formation accessible au plus grand nombre d'administrateurs ou de
futurs administrateurs publics doit faire partie intégrante des considérations
à avoir dans l'objectif d'avoir des administrateurs compétents, mieux à même de
s'acquitter de leurs tâches et assumer leurs responsabilités de gouvernance. Il
faut aussi encourager la certification en gouvernance.
Pour ce qui est de l'importante question de
l'indépendance des administrateurs, nous soulignons que, de façon générale, et selon les experts en
gouvernance, la présence d'administrateurs indépendants est souhaitable.
L'indépendance de l'administrateur n'est toutefois pas garante de sa compétence
et d'un apport efficace et à valeur ajoutée à un conseil d'administration. La
bonne connaissance et la bonne compréhension de l'organisation par les administrateurs sont essentielles pour de meilleures
décisions éclairées, tenant compte de la réalité du milieu. Elles sont
essentielles aussi pour que les membres du C.A. puissent comprendre les vrais
enjeux et poser les bonnes questions à la direction de l'organisme.
Comme le notait l'IGOPP, dès 2008, un élément
majeur d'une bonne gouvernance est la crédibilité d'un conseil. Cette crédibilité des membres du conseil passe, condition
préalable, par leur indépendance vis-à-vis la direction et de
l'actionnaire, mais la crédibilité provient surtout de l'intégrité des membres
du conseil ainsi que du haut niveau et de la pertinence de leur connaissance
des enjeux et des particularités de la société qu'ils seront appelés à
gouverner.
Le CPQ appuie la rémunération des
administrateurs. Celle-ci, sans être une condition suffisante, est propice à la
présence d'administrateurs qualifiés, compétents et davantage motivés et
impliqués. Il ne faut pas sous-estimer le temps nécessaire pour siéger sur des
conseils d'administration. Ce temps dépasse de loin le temps des réunions et
inclut également toute la préparation préalable nécessaire.
Ceci dit, le
CPQ souhaite commenter plus spécifiquement la situation de deux sociétés d'État
où les employeurs sont plus directement interpelés et que le projet de
loi propose d'assujettir à la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État, soit
le Conseil de gestion de l'assurance parentale et la Commission de la
construction du Québec.
L'assujettissement du Conseil de gestion de
l'assurance parentale risque de réduire le nombre de représentants patronaux
sur le C.A. du conseil en contrepartie d'une plus grande présence
d'indépendants. De l'avis du CPQ, les personnes issues des associations
d'employeurs peuvent apporter une grande valeur ajoutée à des conseils
d'administration d'organisations qui s'occupent d'enjeux qui concernent
directement les employeurs, ce, en raison de la connaissance qu'ils ont des
lois, de la réalité de leurs membres et de l'ensemble des enjeux auxquels ils
font face. Nous estimons donc que leur présence est importante, en plus de la
présence des membres indépendants.
Pour ce qui est de la Commission de la
construction du Québec, la CCQ, avec le projet de loi, seulement quatre des 10 membres issus des associations
patronales et syndicales de l'industrie pourront provenir de ces
associations, comparativement à 10 actuellement.
Plusieurs caractéristiques propres à la CCQ et
au secteur de la construction en général nous amènent à soulever des questions
quant à son assujettissement. La CCQ a pour fonction d'appliquer la loi R-20 et
les règlements qui s'y rattachent. Elle est ainsi responsable notamment de
l'application des conventions collectives de l'industrie
de la construction, de veiller à l'application des mesures et des programmes
relatifs à la formation professionnelle, administrer les régimes
complémentaires d'avantages sociaux, et, en ce sens, il y a des différences
fondamentales entre la CCQ et les autres sociétés d'État assujetties à la loi.
Pour le CPQ,
la présence des associations patronales qui négocient des conventions
collectives, dans les différents secteurs, résidentiel, industriel,
commercial, institutionnel, et génie civil, et grands travaux, au C.A. de la
CCQ est importante puisque le rôle de la CCQ est justement de s'assurer de
l'application de ces conventions collectives. Ces associations sont ainsi des
parties prenantes de premier ordre de la CCQ.
Il faut rappeler, par ailleurs, que l'industrie
de la construction est régie par un ensemble de règles dont la complexité et la
lourdeur sont connues et ont été maintes fois soulevées et illustrées.
L'industrie de la construction au Québec est la plus réglementée en Amérique du
Nord, et son mode de fonctionnement est unique. L'expertise et connaissances
pointues des représentants patronaux peuvent être difficiles à trouver chez des
membres complètement indépendants, étant donné surtout la définition large
d'indépendance.
Finalement, la CCQ est financée quasi
exclusivement par les cotisations des employeurs et des salariés. Cela dit, il
ne faut pas oublier les autres parties prenantes de l'industrie, dont les
donneurs d'ouvrage, qui assument ultimement les coûts financiers en lien avec
les termes des conventions collectives négociées. Ainsi, il faudrait retrouver
parmi les administrateurs indépendants des représentants dans les différents
secteurs.
Donc, en conclusion, le CPQ apprécie plusieurs
éléments du projet de loi qui renforce et modernise la gouvernance des sociétés
d'État. Pour le CPQ, la volonté de cohérence doit toutefois tenir compte de la
réalité, de la mission et du mandat spécifiques de certains organismes.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Blackburn (Karl) : Et je vous
remercie, et serons prêts maintenant à répondre à vos questions.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. Blackburn. Je cède maintenant la parole au ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci pour
votre présentation.
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Je pense que ce
n'était pas très controversé, là, ce que vous avez manqué. Merci pour votre
présentation.
Le Président (M. Simard) : Il n'y a
pas de souci, comme on dit.
M. Girard
(Groulx) : O.K. Est-ce que... Outre le conseil de gestion
parentale et la CCQ, là, qu'on pourra discuter, est-ce que je dois comprendre que vous endossez totalement le projet de
loi mais que vous auriez aimé qu'on aille plus loin au niveau de la
formation des administrateurs? Est-ce que je résume bien votre appréciation du
projet de loi?
M.
Blackburn (Karl) : Bien, je pense que vous résumez bien l'appréciation
du projet de loi que nous avons faite à la lecture de celui-ci. Et je ne l'ai
pas mentionné dans notre présentation, M. le ministre, mais le président du
conseil d'administration du CPQ a devant lui un conseil d'administration
paritaire. Alors, on est extrêmement fiers de cela, et les éléments que vous
avez inclus dans le projet de loi vont dans ce sens-là. Et également les
aspects de formation sont excessivement importants.
Et je pourrais
peut-être demander, justement, à notre président du conseil, Yves-Thomas, qui a
une grande expertise, je dirais, au niveau des administrations publiques, de
pouvoir peut-être ajouter certains éléments.
M. Girard
(Groulx) : Là, quand vous dites paritaire, vous parlez de la parité
hommes-femmes, là, pas de la parité syndicat-patronat, là.
M. Blackburn (Karl) :
Oui.Non, c'est ça, hommes-femmes.
M.
Girard (Groulx) :
D'accord. Merci.
M.
Blackburn (Karl) :
Yves-Thomas.
• (10 h 40) •
M.
Dorval (Yves-Thomas) : Oui, bonjour. Alors, bonne année à vous
tous, soit dit en passant, en vous souhaitant une année prospère, avec de la
santé et le bonheur.
Mais, cela dit,
écoutez, oui, on est... Pour répondre à votre question plus directement, M. le
ministre, on est assez favorables avec la plupart des éléments du projet de
loi. On a souligné la question de la formation, qui est très importante. La
notion d'indépendance, elle est quand même très large dans les propositions qui
sont faites, et ça peut conduire parfois à se priver de ressources
spécialisées. Il y a la notion aussi... Parce que vous avez introduit la
représentation des jeunes. Il y a la parité femmes-hommes. Ce n'est pas
nécessaire de tout mettre dans une loi, mais il
devrait y avoir quand même certains principes, certaines orientations pour
s'assurer que les conseils d'administration représentent les parties
prenantes dans leur ensemble. Ça pourrait vouloir dire notamment la diversité
au niveau non pas seulement du genre, mais
les autres types de diversité à l'occasion, que ce soient communautés
culturelles, communautés visibles, autres membres de certains groupes.
Évidemment, ces éléments-là sont... pas nécessaire de les mettre dans une loi
comme telle, parce qu'à un moment donné on devient extrêmement rigides, mais il
faut que ce soit quand même dans la préoccupation de ceux qui nomment les administrateurs
d'avoir une représentation des parties prenantes qui soit satisfaisante.
M. Blackburn
(Karl) : Norma?
Mme
Kozhaya (Norma) : Oui, merci. Peut-être, si je peux rajouter,
effectivement, il faut dire qu'on s'est quand même concentrés sur ces deux
organisations où les employeurs sont plus directement concernés. On n'a pas nécessairement regardé le détail de l'ensemble des
sociétés qui sont présentement assujetties, donc, et c'est pour cela
que, dans la conclusion et dans l'introduction, on dit que, oui, la volonté de
cohérence, elle est importante et on l'appuie. Toutefois, peut-être qu'il y a
certaines sociétés qui ont des réalités un peu différentes qui devraient être
prises en considération, mais on s'est concentrés sur les deux organisations
qu'on a nommées parce qu'on est plus présents sur le C.A. en ce moment, et
c'est des sociétés qui sont un peu différentes des autres, selon nous.
M. Girard
(Groulx) : Bien, sur ce point, je dois dire que, vous savez, on a
annoncé la réforme ou la mise à jour de la Loi sur la gouvernance des sociétés
d'État au budget 2021, et ensuite il y a eu une pandémie. Alors, ça a été...
ça a quand même été un long processus avant qu'on se retrouve ici, mais je ne
vous cache pas qu'on reçoit souvent le commentaire : C'est excellent,
c'est fantastique, bravo, est-ce qu'on pourrait être exclus?
Alors, je suis un peu
étonné de tout ça, là. Vous savez, on louange les vertus des bonnes pratiques
en gestion, mais on ne voudrait pas que ça s'applique à nous. Et ça, moi, j'en
ai une liste, là, dans mon bureau, puis, si j'avais écouté tout le monde, bien, on ne passerait pas de 23 à 46, là. Chacun a
ses petites particularités puis pourrait continuer à faire ses affaires
comme si de rien n'était. Alors, nous, notre objectif, c'est l'intérêt
supérieur du Québec, et on veut que les meilleures pratiques s'appliquent à
l'ensemble des sociétés d'État.
Maintenant, pour ce
qui est de la CCQ, je dirais que l'argument principal de la CCQ, c'est qu'elle
n'est pas une société d'État. Alors, on aura l'occasion d'en discuter entre
parlementaires. Et je pense qu'il a été aussi établi que, même si elle n'était
pas une société d'État, elle aurait des améliorations à faire au niveau de sa
gouvernance. Alors, on va discuter de ça
ensemble. Puis je pense que les consultations particulières ont permis de mieux
connaître les enjeux particuliers à
cette société d'État, mais moi, je veux ramener le débat sur l'ensemble de ce
qu'on essaie de faire.
Et
ma question serait pour... bien, pourrait être pour M. Dorval, mais
certainement, M. Blackburn ou Mme Kozhaya, vous pouvez
répondre aussi. Au niveau de la diversité, du désir que nos conseils
d'administration représentent la société québécoise, est-ce que vous... Votre
commentaire, M. Dorval, était précis, mais suffisamment imprécis aussi.
Est-ce que vous souhaitez l'imposition d'un quota comme nous l'avons pour... ou
d'un... «quota», ce n'est pas un bon mot, je
pense, ça a une connotation péjorative, mais d'un seuil minimum d'une personne
qui s'appliquerait au conseil d'administration, tel qu'on a chez les
moins de 35 ans?
M. Dorval (Yves-Thomas) :
M. le Président, en fait, plus on s'enferme dans des obligations, plus ça
devient d'une complexité assez importante pour compléter la bonne gouvernance
d'une organisation. Moi... Vous savez, la première chose
qu'on apprend dans la formation en gouvernance, c'est qu'on doit représenter
les parties prenantes. On doit être en mesure de bien comprendre les parties
prenantes. Bien, si, dans les parties prenantes, vous avez une forte proportion
de communautés, par exemple, de minorités visibles, de communautés culturelles
ou de d'autres groupes, ça pourrait être des personnes aînées puis ça pourrait
être des... bien, à ce moment-là, il faut prévoir, dans la composition du
conseil d'administration, des gens qui comprennent bien la problématique de ces
parties prenantes là.
Alors, pour moi, je ne suis pas tellement
favorable à mettre trop de contraintes légales. Je suis plutôt du modus de dire : Bien, les orientations que le
gouvernement doit avoir doivent être de prendre en considération cet
élément-là dans la composition d'un conseil d'administration, parce qu'à un
moment donné ça peut devenir très difficile. Ce que, dans notre mémoire, on
soulève, c'est l'importance de la crédibilité et de l'expertise des membres du
conseil d'administration. Il ne faudrait pas que ça devienne seulement une
question de mathématiques, là, pour être capables de combler x nombres.
Mais, vous savez, je donne l'exemple du CPQ,
dans notre conseil d'administration, nous avons trois postes réservés à des
personnes qui doivent travailler et habiter dans des régions autres que Québec
et Montréal, pour assurer, justement, une présence de gens qui comprennent les
problématiques des régions. Ça fait que, nous, c'est une des façons qu'on a de tenir compte des parties prenantes qui sont
membres du CPQ. Ça pourrait être la même chose dans d'autres organisations, sociétés d'État gouvernementales, par
exemple, mais, de là à préciser d'avoir l'obligation d'avoir un certain
nombre, puis là on arrêtera... je pense qu'on va arriver à une complexité un
peu trop grande.
M. Girard (Groulx) : Alors, je pense
que votre réponse, c'était non.
M. Blackburn (Karl) : C'était non.
M. Dorval (Yves-Thomas) :
La réponse, c'est non en termes d'obligation...
M. Girard (Groulx) : D'accord.
M. Dorval (Yves-Thomas) : ...oui en termes d'orientations basées sur les parties
prenantes concernées.
M. Girard (Groulx) : O.K. Le point
de la formation, M. Blackburn, c'est... Je pense qu'il n'y a personne ici qui est contre la formation adéquate des membres
d'un C.A. puis je pense que chaque organisation a la responsabilité,
lorsqu'elle accueille un nouveau membre, de... Je pense que ça fait partie des
bonnes pratiques, là, de lui fournir un cahier d'information, de lui faire
rencontrer les employés clés, de visiter les installations. Est-ce que ça doit
être enchâssé dans la loi, là, cet aspect de
formation là, ou vous vouliez simplement souligner l'importance de ce point-là?
M.
Dorval (Yves-Thomas) : À
tout le moins, c'est de souligner l'importance de ce point-là. C'est
indéniable, c'est clair, pour nous, que cette formation doit être faite aux
nouveaux administrateurs en fonction des organisations précisément en place.
Mais je pourrais peut-être demander, M. le ministre, si vous me le permettez, à
Norma, qui, elle, a eu l'occasion, dans les
derniers jours, de parler directement avec plusieurs organisations, plusieurs
entreprises qui, concrètement,
arrivent avec des éléments importants à ajouter, je pense, et à partager, à ce
moment-ci... et je demanderais certainement à Norma d'ajouter des
éléments à ce niveau-là.
Mme Kozhaya (Norma) :
Merci. Effectivement, si je ne me trompe pas, dans la loi actuelle, il y a des éléments de formation et d'accueil qui sont déjà
prévus. Donc, ça, c'est évidemment le minimum, mais après ça il y a
beaucoup d'autres... Et nous, on pense que ça devrait aussi... La formation
continue devrait faire partie des exigences, sans que ça soit, encore une fois,
encadré par la loi de façon rigide, mais davantage aussi au niveau de
l'importance de cette question-là.
Également, la notion de certification qui
devrait être encouragée, encore, au moins, de certains membres, évidemment ce
n'est pas nécessairement, encore une fois, tous les membres d'un conseil
d'administration, mais peut-être qu'il y a
un minimum, mais c'est davantage au niveau également de l'encouragement, de
l'incitation plutôt que de la rigidité,
parce qu'ultimement l'objectif, c'est toujours d'avoir un conseil d'administration
efficace, à valeur ajoutée, crédible.
Et donc, comme vous le soulignez, de bonnes
pratiques, des meilleures pratiques, ça, c'en fait partie, sans pour autant que ça devienne trop contraignant et
que ça éloigne peut-être des personnes qui ont d'autres compétences, par
le fait même, puis qui ont d'autres apports au conseil d'administration.
M. Girard (Groulx) : Ça complète mes
questions, M. le Président.
• (10 h 50) •
Le
Président (M. Simard) :
Merci, M. le ministre. Y aurait-il d'autres interventions du côté gouvernemental?
M. le député de Sainte-Rose.
M. Skeete : Merci beaucoup, M.
le Président. Merci beaucoup pour votre présence. Toujours un plaisir
d'échanger avec un ancien collègue et d'entendre vos perspectives. Alors, merci
beaucoup.
J'aimerais vous
entendre sur... parce que M. Dorval parlait de la rigidité de
l'encadrement légal de la norme paritaire,
par exemple, ou l'imposition de jeunesse. On le sait, que, dans la dernière
législature, il y avait, bien, un collègue, et maintenant l'ancien député de Sainte-Rose, qui avait fait passer un
projet de loi qui mettait l'obligation des sociétés d'État
à avoir une représentation jeunesse, parce que force était de constater que,
souvent, les enjeux jeunesse n'étaient pas considérés dans les décisions. Puis,
étant jeune, ça, c'est l'ancien vice-président d'une chambre de commerce qui
parle, étant jeune, bien, on n'avait pas accès au pouvoir. Donc, on n'était
jamais sur les conseils parce qu'on n'avait pas accès à ça.
Ça fait que, là,
cette perspective-là, c'est un peu la poule ou l'oeuf. On se retrouvait avec
des enjeux qui n'étaient pas soulevés ou adéquatement représentés dans les
conseils d'administration. Et c'est une loi qui vient changer ça, c'est une loi
qui vient nous dire de faire autrement. Et donc le ministre fait preuve de
cohérence en disant qu'il faut absolument avancer sur ce point-là, mais, si on
ne passe pas la loi, on n'aura pas le changement voulu.
Puis là moi, je suis
le premier à dire que je n'aime pas ça, des lois encadrantes... pas
encadrantes, mais qui imposent des choses. Je suis d'accord avec M. Dorval
que ça peut être très rigide très rapidement, mais c'est quoi, l'outil,
d'abord, pour s'assurer qu'on va avoir ce qu'on veut dans les conseils
d'administration? Parce que, pendant longtemps, les femmes ont été exclues.
Pendant longtemps, les jeunes étaient exclus. Puis, étant aussi l'adjoint
parlementaire sur la lutte au racisme, bien, si ce n'était pas d'une directive
directe imposant à au moins 50 % des conseils d'administration du public
une minorité visible, bien, je ne suis pas sûr qu'on avancerait sur le dossier.
Alors, comment on
fait pour arriver au but que tout le monde, encore une fois, dit qu'ils sont
très d'accord mais que, souvent, les résultats ne sont pas au rendez-vous?
Puis, étant le Conseil du patronat, je suis confiant que vous avez un plan pour
mesurer la définition du succès là-dessus.
M. Blackburn
(Karl) : Bien, d'abord, merci pour votre question. Puis, avant de
céder la parole à Norma, d'abord, on dit souvent que tout ce qui se mesure se
contrôle, et, vous avez raison, il y a certains éléments qui doivent être
assujettis à des mesures un peu plus contrôlantes si on veut atteindre certains
objectifs. Mais, en même temps, il faut éviter de tomber dans un autre côté où,
là, la rigidité vient enlever ou dénaturer, je dirais, la nature même de
l'organisation de par des objectifs... comme l'a mentionné tantôt le ministre,
des objectifs de quotas ou de cibles à atteindre qui, dans certains cas, ne
refléteraient pas du tout la réalité des organisations, dépendamment du nombre
de sièges autour de la table du conseil d'administration. Par exemple, si on
arrive avec des mesures spécifiques, avec des indicateurs... (panne de son)
...venir enlever cette capacité.
M. Skeete :
Excusez-moi, M. Blackburn, c'est parce que, là, je pense qu'on est sûr le...
parce que je suis d'accord avec vous, là, qu'il ne faut pas que ce soit
contraignant, mais le problème, c'est que, mettons, si je donne un exemple du
Conseil du patronat, le Conseil du patronat dit : Bien, tu sais, il faut
qu'on représente les membres, O.K., mais une personne minorité visible qui ne
se voit pas dans le Conseil du patronat ne sera jamais membre et risque de ne
pas devenir patron ou risque de ne pas devenir entrepreneur, qui ferait en
sorte qu'il deviendrait par la suite membre du Conseil du patronat.
Alors,
c'est un peu la poule ou l'oeuf, là. Je serais curieux de savoir, selon vous,
comment on fait pour remédier à ce problème-là sans dire qu'on va se donner
des normes, des cibles contraignantes, parce que je n'aime pas ça moi non plus,
là, les contraintes, là. Puis je comprends ce que vous dites : Moi, je
veux pouvoir répondre agilement aux problèmes qui affectent mon industrie. J'y
suis. Comment qu'on fait, en même temps, pour s'assurer que ça représente la
société générale aussi?
Le Président
(M. Simard) : Très, très rapidement, s'il vous plaît.
M. Blackburn
(Karl) : Peut-être, Norma, à ce moment-là...
Mme Kozhaya
(Norma) : Oui, peut-être rapidement, l'alternative, c'est ce
qu'on appelle se conformer ou expliquer qu'il y ait des orientations, des
volontés. Et puis, si on ne les atteint pas, il faut expliquer pourquoi. C'est
peut-être l'alternative.
Le Président
(M. Simard) : Très bien. Merci beaucoup. Merci pour votre
collaboration. M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Alors, bonjour, Mme Kozhaya, M. Blackburn,
M. Dorval. Merci d'être là. Merci de nous faire part de vos commentaires
sur le projet de loi n° 4. Et, comme vous avez mentionné plus tôt, vous
êtes généralement assez favorables à ce projet de loi, avec certaines questions
sur certains sujets particuliers.
Alors, on va y
arriver, sur ce sujet en particulier, mais, avant de... je parle de la CCQ,
mais, avant d'arriver là, sur une question qui a été soulevée, il y a une
proposition qui nous a été faite hier par Force jeunesse, et que je trouve
d'ailleurs assez intéressante, et moi, je serais prêt à soutenir une telle
proposition, que... c'est inclure dans la loi qu'on puisse aussi avoir un siège
réservé, donc notion de quota sans être quota, là, je pense, «siège réservé»,
c'est plus élégant comme formulation, un siège réservé pour un membre de la
diversité. Et, la diversité, c'est défini, bon, de... Il y a cinq groupes, mais
déjà, les femmes, c'est inclus ailleurs, ainsi que les jeunes. On parle
essentiellement de membres des minorités visibles, personnes handicapées et
autochtones, essentiellement, donc, de réserver un siège pour un membre de ces
communautés-là. Moi, j'ai trouvé ça assez intéressant. Si j'ai bien compris, de
votre côté, c'est quelque chose que vous trouvez intéressant comme objectif,
mais pas nécessairement de l'inscrire dans un projet de loi. Est-ce que c'est
bien ça, mon interprétation de vos commentaires?
M.
Blackburn (Karl) : C'est effectivement l'interprétation puis la
présentation qu'on fait dans notre mémoire. Et je pourrais peut-être demander à Norma d'en ajouter un peu, mais
c'est clair que, dépendamment de l'organisation, dépendamment de sa
situation, dépendamment de son positionnement, de réserver des sièges à
certains groupes peut, des fois, être un peu plus contraignant et ne reflète
pas nécessairement, je dirais, la réalité de l'organisation, d'où la nécessité
d'avoir une certaine flexibilité, avec des grands objectifs, mais
nécessairement en donnant une certaine agilité aux organisations pour être
capables de les rencontrer, dans la mesure du possible, lorsque, par exemple,
leur réalité géographique ou leur réalité de terrain peut s'appliquer dans ce
contexte-là.
Et je sais
que Norma, hier, a participé... elle a, à tout le moins, eu l'occasion
d'entendre les échanges concernant la présentation que vous venez de
faire, et je pourrais peut-être demander à Norma d'ajouter un élément de
réponse.
M. Leitão : Certainement.
Mme
Kozhaya (Norma) : Oui, effectivement, là. Bonjour. C'est-à-dire, encore une fois, on appuie complètement le principe
d'encourager davantage la diversité. Et puis, bon, il faut dire que, quand
même, ce projet de loi là vise les sociétés d'État, donc, en partant, et elles
peuvent être... elles se doivent d'être exemplaires. On pense... c'est-à-dire,
on appuie fortement le principe, et puis nous, on y croit, et puis on
intervient sur beaucoup de tribunes pour dire : Est-ce que la meilleure
façon, c'est que ça soit inclus dans la loi? Peut-être que c'est quelque chose
qui peut être regardé. Qu'est-ce que ça implique pour l'ensemble des sociétés
qui vont être concernées?
Et, à partir de là, donc, ce n'est pas qu'on
pense que c'est nécessairement catastrophique, mais est-ce que c'est la
meilleure solution pour atteindre l'objectif? Est-ce qu'il y a d'autres
alternatives qui peuvent être faites, d'autres orientations? C'est davantage à
ce niveau-là, honnêtement. Et puis on sait qu'effectivement, bon, la diversité,
ça ne veut pas nécessairement dire, comme, ajouter quelqu'un de plus, ça peut
être, évidemment, que ça soit les jeunes, les femmes. Donc, ce n'est pas... Et
j'imagine qu'il faut regarder c'est quoi, les implications pratiques... mais
que nous, on appuie le principe. Est-ce que ça a besoin d'être dans la loi? Je
ne suis pas certaine. Je n'ai pas non plus la réponse. Je ne sais pas si...
• (11 heures) •
M. Leitão : Très bien. Bon, écoutez,
le... Moi, je pense qu'on a assez longtemps... Collectivement, on s'est donné
des objectifs, mais, de toute évidence, les résultats sont difficiles. Ça prend
du temps. Comme par exemple, dans la fonction publique, on a toutes sortes
d'objectifs à atteindre, et, 20 ans plus tard, 30 ans plus tard, il y
a eu un certain progrès, oui, mais on est encore loin des enjeux que le
collègue de Sainte-Rose a mentionnés. Et je pense que nous avons... Ce n'est
pas souvent, mais nous avons devant nous, quand même, un exemple «real life» de
ce qui peut arriver avec la loi n° 693 de 2016, quand on a, donc, inscrit dans la loi l'obligation de
nommer une personne de moins de 35 ans. Six ans plus tard, je pense
que les choses se sont quand même bien déroulées, là, je pense que ça n'a pas
causé un grand bouleversement et ça a donné des résultats. Donc, je pense qu'on
pourrait y aller.
Maintenant, pour ce qui est de la CCQ, donc de
l'exemption que vous voudriez... Enfin, vous remarquez, comme d'ailleurs les
groupes syndicaux qui sont venus avant vous hier, donc, le caractère
particulier de la CCQ. Je comprends
l'argument, mais ma question, et j'aimerais avoir votre opinion peut-être,
M. Dorval, dans tout ça... Et la CCQ, c'est en effet un organisme bien différent de, je ne sais pas, moi... de
Loto-Québec, on comprend ça. Mais, dans tout ça, comment est-ce qu'on s'assure que l'intérêt public soit aussi représenté
par le conseil d'administration de cet organisme-là?
M. Blackburn (Karl) : ...
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Oui, oui. Alors, écoutez,
d'abord, la première chose, il y a des membres indépendants, à la CCQ. Et
d'ailleurs nous, on fait la remarque que, parmi les membres indépendants, on
devrait s'assurer d'avoir des représentants des donneurs d'ouvrage, hein? Parce
que vous savez très bien que, si vous avez une convention collective qui
intervient entre deux parties, parties représentant les travailleurs puis
représentant les employeurs, ultimement c'est le donneur d'ouvrage qui va payer
la facture. Alors, c'est important que le donneur d'ouvrage, qui est aussi, en
passant, soumis à plein d'obligations en termes de... qui ont trait à la
construction, donc, c'est important qu'il y ait, dans les membres indépendants,
des gens qui représentent les donneurs d'ouvrage.
Mais, quand on dit : La CCQ doit être
exclue, je pense, c'était la question surtout de la composition, du nombre
d'indépendants supérieur et la rareté, à ce moment-là, des parties prenantes.
Parce qu'on ne parle pas ici d'administrer un fonds public de taxes, on parle
essentiellement d'une organisation dont... il y a plusieurs éléments de sa
mission, mais, dans sa mission, il y a celle de s'assurer de l'application des
conventions collectives entre des partenaires syndicaux et employeurs. Alors,
c'est sûr que, dans ces conditions-là, c'est comme si vous voudriez que le
conseil d'administration soit un tiers indépendant. Il y a déjà les tribunaux
du travail qui s'occupent des questions de litige en matière d'interprétation
de conventions collectives, alors il ne faut pas que le conseil
d'administration devienne, non plus, un tribunal indépendant. Alors, je pense
qu'il y a un peu de ces éléments-là.
Donc, qu'il y ait la présence de membres
indépendants, je pense que c'est bon et c'est bien, mais il faut faire
attention de diluer, à ce moment-là, la représentation des principales parties
prenantes que sont, notamment, les... Je vais
parler, moi, pour les représentations des employeurs, vous savez, il y a quatre
conventions collectives sectorielles. C'est très différent, en passant,
juste entre l'un et l'autre des secteurs. Entre le résidentiel puis la route et
grands travaux, c'est totalement différent
comme conditions de travail, comme environnement de travail. Donc, juste à
partir de cet exemple-là, ça devient assez difficile de croire qu'on aurait
peut-être juste deux représentants des employeurs, à ce moment-là, qui
couvriraient plusieurs secteurs.
Alors, le point est très
important, hein? Ce n'est pas une question que la CCQ ne doit pas avoir les
meilleures règles de gouvernance. Au
contraire, il peut arriver des situations qu'il faut... qu'il faut trouver, et
il doit y avoir un comité de gouvernance et d'éthique, d'ailleurs, à
l'intérieur, qui a la possibilité de faire des recommandations à son C.A. Mais,
quand on parle de composition, c'est juste de respecter que la présence des
parties prenantes, c'est en nombre suffisant,
et que... le caractère de l'indépendance, oui, mais aussi de tenir compte des
donneurs d'ouvrage, qui, à la fin, paient
la facture et sont soumis également à plusieurs de ces obligations reliées aux
conventions collectives, notamment.
M. Leitão : Très bien. Donc,
l'équilibre actuel, les 5-5-4, donc cinq représentants de la partie patronale,
cinq de travailleurs et quatre indépendants, donc cet équilibre-là, vous
trouvez que ça fonctionne, donc on devrait garder un tel équilibre. Maintenant, ma question, c'est : Comment est-ce
qu'on s'assure, donc... Admettons qu'on gardait ça, O.K., le C.A. de la CCQ va demeurer, avec ses
15 membres distribués de cette façon-là : 5-5-4, bon, plus le
président. Maintenant, comment est-ce qu'on peut s'assurer que les autres
éléments dans le projet de loi, que les bonnes pratiques de gouvernance... comment on peut s'assurer que cela puisse...
doive s'appliquer aussi à la CCQ? Alors, moi, ce qui m'intéresse, c'est
de savoir... Écoutez, que ce soit 5-5-4 ou 4-4-6, enfin, on pourrait en
discuter longuement, mais admettons qu'on reste avec les 5-5-4, comment le
reste du projet de loi pourrait s'appliquer, devrait s'appliquer à la...
comment on devrait encadrer ça pour la CCQ?
Le Président (M. Simard) : Succintement,
s'il vous plaît.
M. Leitão : J'ai trop parlé.
Le Président (M. Simard) : Ce n'est
pas grave. Alors, rapidement.
Mme Kozhaya (Norma) : Alors, peut-être brièvement, il pourrait y avoir des
modifications à la loi R-20. Et puis peut-être qu'il peut y avoir aussi plus de
membres indépendants. Ce n'est pas qu'on tient à la... c'est-à-dire, oui, la
composition actuelle, mais peut-être que...
Le Président (M. Simard) : Très bien.
Mme Kozhaya (Norma) :
...dans le cadre de la loi R-20, il peut y avoir des aménagements.
M. Leitão : O.K. Merci.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci, madame. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci. Merci beaucoup,
madame. Merci, messieurs, pour votre mémoire, votre présentation. Juste pour être certaine, est-ce que vous êtes
d'accord avec le fait que la CCQ soit soumise à la Loi sur la
gouvernance ou vous n'êtes pas en accord? Parce que ce n'était pas clair dans
votre...
M. Blackburn (Karl) : Non.
Mme Ghazal : O.K. Vous n'êtes pas
d'accord.
M. Blackburn (Karl) : Qu'elle ne
soit pas assujettie au p.l. n° 4.
Mme Ghazal : C'est ça, très bien,
pas juste que les membres indépendants soient des donneurs d'ouvrage, et tout ça. Puis, par rapport à la rémunération des
administrateurs, vous dites que c'est une bonne chose, mais il ne faut
pas que ça soit la seule chose. Comment est-ce qu'on peut éviter des problèmes
dans le futur? C'est-à-dire, est-ce qu'il faut que, dans la loi, il y ait des
paramètres précis de cette rémunération-là? La façon que c'est écrit, est-ce
que ça vous satisfait, dans la loi actuelle?
M. Blackburn (Karl) : Peut-être
Norma?
Mme Kozhaya (Norma) : Oui. Peut-être qu'il faut dire, brièvement, au niveau des
principes, oui, c'est bon. Est-ce que... Il
faut dire que, pour le détail, c'est sûr que les attentes, aussi, auprès des
administrateurs où les exigences ne sont
pas les mêmes non plus dans les différentes sociétés d'État, les compétences
requises ne sont pas les mêmes toujours, donc il faut tenir compte de ces réalités-là aussi. Et il faut dire
qu'en général c'est un peu comme... c'est un dédommagement, c'est quand
même du temps qui est consacré, qui est investi. Et, si on veut...vous
voyez. Mais c'est... Encore une fois, les exigences et les besoins sont
différents.
Mme Ghazal : O.K.
Très bien. Merci. Puis, dans votre mémoire, vous dites à quel point, la
question de la parité, vous êtes d'accord
avec ça, 40 %-60 %, à quel point c'est important. Je ne sais pas
quelle était la position du Conseil du
patronat en 2006, lorsqu'on a exigé qu'il y ait cette parité-là sur les
conseils d'administration. Je me rappelle qu'il y a eu beaucoup,
beaucoup de gens qui étaient contre. Aujourd'hui, ça fait l'unanimité. Puis
vous citez une étude de Gouvernance
au féminin, qui a fait une étude auprès de 80 entreprises, donc, des
entreprises privées. Vous êtes d'accord pour les sociétés d'État, de
cette zone parité, vous avez vous-même aussi atteint cette zone-là. Est-ce que
vous êtes d'accord, est-ce qu'on est rendus aujourd'hui, en 2022, à exiger ça
des entreprises privées?
M. Blackburn (Karl) :
Norma, vas-y.
Mme Kozhaya (Norma) : Je pense
que... un peu la réponse que j'avais donnée avant le... Se conformer ou expliquer, c'est peut-être davantage... Et je
crois que les entreprises elles-mêmes ont cet intérêt-là, parce qu'elles
voient que c'est intéressant pour elles.
Mme Ghazal : Pourquoi ne pas l'exiger, comme vous avez accepté
aujourd'hui, en 2022, que ce soit exigé pour les sociétés d'État?
Pourquoi ne pas l'exiger, vu que c'est important puis que ça donne des bons
résultats pour les entreprises, même des
bons résultats financiers, pas juste pour une question d'équité, et de parité,
et de beaux principes, là?
Le Président (M.
Simard) : Brièvement, s'il vous plaît.
Mme
Kozhaya (Norma) : Donc, les sociétés
d'État, c'est différent que des sociétés privées.
Mme Ghazal : Peut-être
en... dans 15 ans, on en parlera. Vous serez peut-être rendus ailleurs.
Le Président (M.
Simard) : Très bien. Merci.
Mme Ghazal : Merci.
Le Président (M.
Simard) : Merci. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci
beaucoup. Donc, à mon tour de vous saluer. Peut-être une première question en
rafale. Hier, lors des consultations, la Vérificatrice générale nous a levé une
lumière jaune, nous demandant de nous pencher sur le projet de loi, qui ne
permettait qu'aux sociétés affiliées exclusivement contrôlées à 100 % par
le gouvernement de procéder à la divulgation
des cinq gestionnaires les plus hauts rémunérés. Elle nous fait mention
qu'avec ce genre de disposition là on ne
capte pas des sociétés affiliées comme Cambridge, ou Otéra, ou d'autres, pour
lesquelles le gouvernement est en position
de contrôle. J'aimerais entendre le Conseil du patronat là-dessus : Est-ce
qu'effectivement on devrait, de façon très transparente, exiger à d'autres
sociétés affiliées sous contrôle du Québec de procéder à la divulgation des
rémunérations des plus hauts dirigeants?
M. Blackburn (Karl) :
Norma.
• (11 h 10) •
Mme Kozhaya (Norma) : Je n'ai
pas... je m'excuse, mais je n'ai pas nécessairement de position là-dessus.
M. Blackburn (Karl) : Yves-Thomas?
M. Dorval (Yves-Thomas) : Oui. Bien, écoutez, la transparence, c'est important. Évidemment, vous
comprendrez qu'il est difficile pour nous de commenter une situation comme
celle-là directement, si ce n'est que de dire : Le principe de transparence doit exister. Alors, c'est sûr qu'en fonction
de ce principe-là je pense que les législateurs peuvent prendre les
décisions adéquates dans la loi en question.
Puis,
vous me permettrez, je dois revenir sur un élément, tantôt, de la rémunération,
que vous avez invoqué, là, est-ce que
ça devrait être prévu dans la loi. En fait, là, il y a... les règlements,
souvent, sont là pour expliciter davantage, puis les choses évoluent dans le temps, les lois n'évoluent pas aussi
rapidement. Mais je vais juste vous donner un exemple, là. Je siège sur certains conseils d'administration,
il y en a un où j'ai passé 387 heures, dans une année, en 2021, là-dessus,
donc c'est 50 jours. C'est normal que
les administrateurs qui consacrent beaucoup d'heures puissent avoir un
dédommagement pour ces heures-là. Puis là je
ne parle pas de moi personnellement, parce que j'ai une rémunération de mon
employeur, mais je parle de façon générale pour des administrateurs
indépendants.
Alors, à partir de ce
moment-là, pour répondre à votre question plus précisément, je vous dirais que,
la transparence, je pense que c'est l'élément fondamental d'une saine gouvernance
et puis que la rémunération doit faire partie des décisions à ce niveau-là.
M. Ouellet : Et
cette rémunération-là, M. Dorval, doit tenir compte, je présume, des
compétences, mais aussi des responsabilités et du temps consacré. Et donc il y
a une énorme différence qui devrait être accordée à cette rémunération-là en
fonction des postes qu'on occupe au sein du conseil et au sein de d'autres
conseils, considérant l'ampleur du défi, là?
M. Dorval (Yves-Thomas) :
Exact.
M. Ouellet : Donc, il n'est pas
question, M. Dorval, de jetons de présence, là, tu sais, de façon unanime,
appliqués partout, là?
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Bien, ça dépend si les
jetons sont calculés en fonction du temps consacré.
Le Président (M. Simard) : Très bien.
Alors, à vous trois, merci beaucoup pour cette belle présentation. Merci
d'avoir contribué à notre réflexion collective.
Sur ce, nous allons suspendre momentanément nos
travaux.
(Suspension de la séance à 11 h 13)
(Reprise à 11 h 16)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, nous sommes de retour et nous avons la chance tout à fait
exceptionnelle de recevoir aujourd'hui des représentants de l'Association des
entrepreneurs en construction du Québec. Alors, Mme la présidente, auriez-vous
d'abord l'amabilité de vous présenter?
Association des
entrepreneurs en construction du Québec (AECQ)
Mme Bertrand (Manon) : M. le
ministre, membres de la commission. Merci, d'abord, de nous avoir permis de... (panne de son). Je me présente, Manon
Bertrand, je suis entrepreneure en construction, présidente de
Construction S.R.B. Je suis également présidente de l'AECQ et je fais partie
également aussi du C.A. de la Commission de la construction du Québec depuis
2012. Aujourd'hui, je suis accompagnée de M. Dominic Robert, directeur
général de l'AECQ. Je vais lui céder la parole.
M. Robert (Dominic) : Merci, Mme la
présidente, M. le ministre, bonjour à tous. Un petit mot sur l'AECQ, en
débutant. Bien, l'AECQ a été créée en 1976 par une loi constitutive de
l'Assemblée nationale. L'AECQ représente tous les employeurs assujettis à la
loi R-20. Son mandat est exclusivement dédié aux relations de travail, et
l'AECQ agit comme porte-parole lors des négociations de conventions
collectives, particulièrement en matière d'avantages sociaux. Je parle ici
d'assurance et de retraite.
Pour le temps qui nous est imparti, je vais
utiliser le document que vous avez déjà reçu. Je souligne que ce document a été
signé par l'ensemble des associations patronales qui sont représentées au
conseil d'administration de la l'AECQ. Et donc, ensuite, bien, ça nous fera
plaisir de répondre à vos questions.
Donc, un premier commentaire sur l'industrie et
la question de la représentativité, vous en avez entendu parler déjà, la prémisse
sur laquelle repose le régime de relations de travail dans l'industrie depuis
1968, c'est qu'il s'agit d'un régime particulier en marge du Code du travail.
Donc, il y a des raisons qui expliquent ce choix législatif là. Principalement,
et c'est ce qui fait qu'on parle d'un régime particulier, c'est, dans le fond,
l'immense défi qui est celui des parties prenantes, incluant la CCQ, de trouver
un point d'équilibre entre quatre secteurs d'activité : des entreprises de
services, des entreprises qui embauchent d'un à cinq salariés, majoritairement,
mais aussi des entreprises qui embauchent 200 salariés, un régime complexe
d'avantages sociaux, 26 métiers, des occupations, donc, ainsi de suite, un
régime d'application générale mais qui couvre quand même l'ensemble des
différents projets de construction. Et donc cette complexité-là, elle se
reflète et elle doit, à juste titre, se refléter dans la composition du conseil
d'administration de la CCQ.
Ce qui est en jeu ici, dans le cadre de ce
projet de loi, c'est la représentativité des parties prenantes. Je parle ici...
spécifiquement, pardon, des associations patronales et leur capacité d'amener
au C.A. les réalités de leurs secteurs, les besoins et les réalités des PME des
diverses tailles qu'ils représentent, qui sont leurs membres et qui vont... et
à qui vont s'appliquer les normes que le C.A. de la CCQ a la responsabilité
d'adopter.
Sur les objectifs de cohérence et d'uniformité
visés par le gouvernement dans la gouvernance des sociétés d'État, je n'insisterai pas là-dessus, mais vous
avez... on vous a déjà soulevé que, la cohérence et l'uniformité, dans
ce cas-ci, avec la CCQ, on la retrouve beaucoup plus du côté de la CNESST que
du côté des sociétés d'État, je dirais, plus traditionnelles.
• (11 h 20) •
Bon, cela dit, on s'explique mal
l'assujettissement de la Commission de la construction du Québec à la Loi sur
la gouvernance des sociétés d'État. C'est vrai que les membres du conseil
d'administration sont majoritairement nommés par le gouvernement. Cependant, il
n'en demeure pas moins que les rôles et responsabilités dévolus à la CCQ sont
intimement liés aux relations du travail. Ça s'exerce dans un contexte
paritaire, en symbiose avec les enjeux découlant de la négociation collective,
de la gestion de la main-d'oeuvre et des obligations légales et réglementaires
des employeurs. De surcroît, on vous l'a déjà souligné aussi, la CCQ ne reçoit
aucun financement public. L'essentiel de ses
revenus, hormis certaines subventions, c'est assumé par des cotisations versées
par les employeurs et les salariés. C'est, grosso modo, à peu près
200 millions de dollars que les employeurs et les salariés envoient à la
CCQ sous forme de prélèvements, par année, pris directement sur leur masse
salariale et sur leurs paies.
Oui, c'est vrai que la CCQ assume des mandats
publics, qui se sont greffés progressivement sur les mandats découlant de la
convention collective et de la négociation collective, mais ceux-ci demeurent
complémentaires et accessoires aux mandats privés.
Sur la modification
de la composition du conseil d'administration, donc, sur les 10 membres
issus des associations patronales et syndicales de l'industrie, seulement
quatre, selon les dispositions du projet de loi à l'étude, pourront
provenir de celle-ci, les six autres étant des administrateurs dits
indépendants, un terme dont la définition et la portée sont à ce point larges
qu'il est incidemment permis de se demander, parmi les personnes susceptibles
de bien comprendre les rouages de l'industrie, à qui le statut d'administrateur
indépendant pourra bien s'appliquer.
Incidemment, cette
notion d'administrateur indépendant mérite d'être précisée, très certainement
une notion qui commande d'être modulée,
analysée à la lumière des mandats de la CCQ, justement, pour assurer que les
personnes qui prennent des décisions ont une connaissance directe et
approfondie de l'industrie et de ses réalités. Il y a ici un enjeu d'adhésion
de l'industrie aux décisions qui sont prises par le C.A. de la CCQ.
Alors, pourquoi on
insiste autant sur la compréhension des rouages de l'industrie par les
administrateurs? Bien, c'est que les
décisions qui sont prises par le conseil d'administration touchent plusieurs
sujets, notamment l'organisation du
travail sur les chantiers, les charges administratives des entrepreneurs, la
formation et la qualification professionnelle de la main-d'oeuvre,
l'administration des régimes d'avantages sociaux, notamment. Et donc les orientations qui sont prises par le conseil
d'administration, de facto, ont de grands effets sur l'écosystème des
relations de travail de l'industrie de la construction, dont la complexité est
indéniable.
Et, quand on parle de
la compréhension des rouages de l'industrie, il faut considérer les éléments
sur lesquels la CCQ peut exercer le pouvoir
réglementaire qui est prévu à l'article 123.1 de la loi. Si le projet de
loi devait être adopté dans sa
version actuelle, il reviendrait donc à un conseil d'administration formé de
neuf administrateurs indépendants sur 13, si on ne tient pas compte de
la P.D.G. et du président du conseil, d'adopter des règlements qui visent
notamment à déterminer les compétences que requiert l'exercice des métiers, les
activités comprises dans un métier, la durée de l'apprentissage des métiers,
les modalités d'application des ratios sur les chantiers, les règles qui
régissent la gestion des bassins de main-d'oeuvre, etc. Et donc, pour nous,
l'exercice d'un tel pouvoir réglementaire doit être dévolu à des personnes qui
détiennent de l'expertise, l'expérience et le recul suffisant pour être en
mesure d'apprécier adéquatement dans... le
contexte dans lequel ce pouvoir-là s'exerce, mais que... les impacts concrets
que les décisions peuvent entraîner sur l'organisation du travail et la
pratique des métiers sur les chantiers. Les relations du travail, ça concerne avant tout les employeurs et les salariés
de l'industrie, et ceux-ci doivent obtenir la garantie que les personnes
qui prennent les décisions qui affectent leur quotidien et leurs activités
professionnelles ont une connaissance directe et approfondie de l'industrie et
de ses réalités.
Par ailleurs,
extrêmement important, on tient à souligner que la loi R-20 prévoit déjà
diverses modalités qui ont pour objet d'assurer une saine gouvernance à la CCQ.
Il y a un comité de gouvernance et d'éthique qui a des responsabilités
d'élaborer le code d'éthique applicable aux membres du conseil
d'administration, qui est déjà en application,
un comité de vérification qui a certaines responsabilités sur la mise en oeuvre
de mécanismes de contrôle interne,
qui est aussi déjà en... fonctionnel. Et, soulignons-le, ces comités sont
majoritairement, à l'heure actuelle, composés de membres indépendants, et donc la loi R-20, elle comporte déjà
des mécanismes qui offrent des garanties suffisantes de bonne
gouvernance en matière d'efficacité, de transparence, d'imputabilité et
d'intégrité.
Donc,
pour ces raisons, on demande que le projet de loi soit modifié de manière à
exclure la CCQ de la liste prévue à
l'annexe I de la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État, telle qu'elle est
modifiée par l'article 22 du projet de loi.
En revanche, on vous
le soulignait d'entrée de jeu, on comprend les objectifs visés par le
gouvernement, et, à cet égard, il nous apparaîtrait beaucoup plus approprié
d'apporter directement certaines modifications à la loi R-20 plutôt que
d'intervenir par le biais d'une loi-cadre. La séparation des postes de
président du C.A. et président du conseil,
par exemple, c'est une initiative qui nous apparaît tout à fait appropriée, par
ailleurs, ça constitue une mesure qui pourrait être mise en place sans
qu'il soit nécessaire d'avoir recours à la Loi sur la gouvernance des sociétés
d'État.
Et je vous laisserais
sur des extraits de la présentation que Diane Lemieux faisait en 2011 dans le
cadre du projet de loi n° 33. Vous vous souvenez qu'il s'agissait du
projet de loi qui abolissait le placement syndical et qui, incidemment,
introduisait quatre administrateurs au conseil d'administration, quatre administrateurs
indépendants au C.A. de la CCQ. Et je cite : «Nous constatons que le
projet de loi conserve la prépondérance des parties dans la gouvernance de la
CCQ. Il est important de rappeler qu'à la base la CCQ est un organisme
paritaire auquel se sont greffés des mandats de nature publique.»
«Je comprends que les
critères d'indépendance fixés par le projet de loi s'inspirent de ceux qu'on
retrouve pour les sociétés d'État dans la Loi sur la gouvernance. Vous aurez
certainement des représentations à l'effet de moduler ces critères afin qu'ils
tiennent compte de la réalité des organismes paritaires.»
D'ailleurs,
j'ajoute que la modulation des critères d'indépendance pour tenir compte de la
réalité d'un organisme paritaire, ça pourrait faire partie des sujets
qui pourraient être abordés dans le cadre d'une analyse plus fondamentale et
plus poussée sous le couvert de la loi R-20, à laquelle seraient conviées
l'ensemble des parties prenantes.
Le Président
(M. Simard) : En conclusion, oui.
M. Robert (Dominic) : Et, en terminant, Mme Lemieux, elle
utilisait une formule extrêmement bien tournée, qui devrait avoir un peu
de résonnance à nos oreilles aujourd'hui : «L'indépendance ne doit pas
être un obstacle à la pertinence.» Et je
termine sur ces mots sur lesquels Mme Lemieux ouvrait sa présentation en
2011 : «La Commission de la construction du Québec n'a de sens que
parce qu'elle est un organisme paritaire.» Merci.
Le Président
(M. Simard) : Merci à vous. M. le ministre, la parole vous
appartient.
M. Girard
(Groulx) : Bien, merci. Très bonne présentation, très appréciée.
Écoutez, l'objectif de la loi est évidemment
d'assujettir l'ensemble des sociétés d'État à la Loi sur la gouvernance des
sociétés d'État et de la moderniser et... de la moderniser avec les
meilleures pratiques de gouvernance qui sont établies.
Je pense que le point
fondamental qui revient, puis ça fait plusieurs fois qu'on en discute, et on
aura... les consultations particulières auront plus que servi l'objectif de
soulever ce point : la pertinence, est-ce que la CCQ est une société
d'État ou non. J'ai reçu la lettre du conseil d'administration. Alors, c'est
bien établi que les différentes composantes
de CCQ nous indiquent qu'elles ne considèrent pas que la CCQ doit être
assujettie à la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État puisqu'elle
n'est pas une société d'État. Alors, je n'aurai pas de questions sur ce point
parce que ça fait plusieurs fois qu'on en parle.
Est-ce que ça va bien présentement au C.A. de la
CCQ? Est-ce que le C.A. de la CCQ sert l'intérêt supérieur de la CCQ?
Mme Bertrand (Manon) : Est-ce
que vous me permettez de répondre à cette question?
M. Girard (Groulx) : Ah!
certainement.
Mme Bertrand (Manon) : Est-ce
que, Dominic, c'est correct?
M. Robert (Dominic) : Bien,
vas-y, Manon, c'est sûr.
• (11 h 30) •
Mme Bertrand (Manon) : Bien,
c'est sûr qu'on... Moi, en étant partie du C.A. de la CCQ depuis 2012, je peux
vous dire qu'on a... oui, c'est sûr qu'on a certains petits enjeux qu'on a
vécus depuis les derniers temps. C'est sûr
qu'on devrait s'améliorer. Je crois que c'est important que chacun doit bien
comprendre son rôle d'administrateur dans cette institution. A-t-on des
ajustements à faire à notre gouvernance? Sûrement. Mais moi aussi, je pense que
tout ceci devrait se faire dans le cadre de la loi R-20. C'est là qu'on
veut en venir. La collaboration de tous, je pense qu'elle va être importante
pour atteindre le succès d'une meilleure gouvernance. Ça, c'est sûr.
Je crois à
l'efficacité d'un C.A. muni d'un profil collectif. Nous, on appelle ça un
profil collectif pour ne pas... pour
prendre le jargon d'une autre institution qui, justement, afin d'avoir une
saine gouvernance, a appelé ça un profil collectif. Mais il faut
s'assurer d'avoir l'expertise autour de la table, puis ça, M. Robert en a
parlé. Comme moi, ma contribution en tant qu'entrepreneure au C.A. de la CCQ,
je pense que c'est primordial qu'on ait des entrepreneurs qui connaissent l'industrie, qui connaissent ce
qui se passe sur les chantiers. On ne peut pas... on ne peut pas sortir de
là.
C'est sûr qu'on a déjà des indépendants à la
table. Ça apporte une valeur ajoutée, ça, c'est sans aucun doute. Mais,
considérant que la majorité du mandat de la CCQ, c'est un mandat privé. C'est
sûr qu'il est... il va sans dire puis il est normal qu'à certaines occasions il
y ait un petit peu plus de débats autour de la table, tu sais. Mais les associations, je peux vous dire, on a eu des
discussions au C.A. de la CCQ. Je peux vous dire que les parties
prenantes sont prêtes à travailler dans le sens d'améliorer les choses, là.
Vous le savez, vous avez dit que vous avez lu la lettre. On ne reviendra pas
sur la position de la société d'État.
Peut-être que
je peux rajouter un petit point personnel. Je vous avouerai que, présentement,
le virtuel ne nous a pas aidés,
depuis deux ans, au C.A. de la CCQ, à avoir des échanges puis une
collaboration optimale, là. Je ne vous cacherai pas que moi-même,
siégeant normalement en présentiel... On est à côté de la partie syndicale. Ça
nous permet... Quand on est en présentiel, ça nous permet de comprendre les
préoccupations de chacun. C'est peut-être mon petit mot que je tenais à vous
dire, faisant partie du C.A. de la CCQ, là-dessus, sur le climat.
M. Girard
(Groulx) : Bien, je vous
remercie. Je pense, c'est un point important, puisque vous le vivez
personnellement. Je vous remercie. Est-ce qu'il y a... Outre... Vous savez, il
y a plusieurs principes, dans le projet de loi
n° 4 : la rémunération des indépendants, l'importance des comités,
l'importance de la revue du plan stratégique, le respect de la parité
hommes-femmes, la diversité, les membres de moins de 35 ans. Est-ce que...
Si je sursimplifie et je dis que vous endossez les principes, mais vous ne
voulez pas que la CCQ soit assujettie à la loi, outre la séparation des
pouvoirs de la P.D.G. et de la présidence du conseil d'administration, est-ce
qu'il y a d'autres améliorations que vous aimeriez voir à la loi R-20?
M. Robert
(Dominic) : Bien, en fait, c'est une bonne question, parce que
vous positionnez bien le débat, M. le ministre. En fait, il faut
toujours comprendre... Je reviens là-dessus, la CCQ, à la base, c'était...
historiquement et de par sa nature, c'est un comité paritaire d'abord. Ensuite,
il y a eu des mandats publics qui se sont greffés.
Puis tantôt
vous demandiez : Est-ce que le conseil d'administration fonctionne bien?
Le conseil d'administration, à mon humble avis, je n'y siège pas, mais,
quand on regarde les mandats publics, où on a besoin d'avoir des orientations fondamentales puis avoir une vision à
moyen puis à long terme, ça fonctionne très bien, là. La planification stratégique qui a été adoptée il y a quelques
années, qui est placardée sur le mur du conseil d'administration, ça a
très, très bien fonctionné. Là où il y a plus de débats, c'est sur les questions
qui relèvent de la nature paritaire. Ça ne veut pas dire que ça ne fonctionne
pas. Ça veut dire qu'évidemment ça soulève des questions.
Maintenant, et donc c'est pour ça que je
reviens, je fais une petite introduction, parce que votre question, c'est : Est-ce qu'il y a d'autres éléments,
dans la saine gouvernance, qui sont inclus au projet de loi qui pourraient
être appliqués à la Commission de la construction du Québec? Certainement, mais
il faudrait toujours les moduler et être certain qu'on tient compte des
réalités... de la réalité que je viens d'expliquer. C'est-à-dire, pour imager
un peu maladroitement l'espèce de bicéphalité, là, il y a l'aspect relations de
travail, comités paritaires, puis l'aspect plus fondamental d'un conseil
d'administration. La parité, oui, on la recherche, évidemment, le fait d'avoir
des personnes qui pourraient accéder au conseil d'administration qui sont des
personnes qui proviennent de groupes mal, peu ou pas représentés, tout à fait, mais, encore une
fois, dans le cadre d'une analyse plus poussée des réalités de notre
industrie, du rôle central qui est joué par
la Commission de la construction, à la lumière de ses mandats, et donc de
moduler tout ça.
Je vous donne un exemple, par exemple, sur
l'indépendance. C'est une notion extrêmement importante, l'indépendance, et par
ailleurs est-ce que, chez les administrateurs qui proviennent du monde
associatif, on doit s'attendre au même degré d'indépendance que les
administrateurs qui proviennent... ou que j'appellerais, entre guillemets, du
public? Ça, c'est une question fondamentale qu'on pourrait résoudre dans le
cadre d'une analyse un peu plus poussée puis
un peu plus adaptée aux réalités de la Commission de la construction du Québec,
qui permettrait à la fois d'assurer une certaine prépondérance, dans la
mesure où on considère que c'est important, compte tenu du financement et des mandats, mais qui permettrait
aussi la représentation, parce que c'est la question de la
représentativité qui est en arrière de tout ça aussi, ce qui fait en sorte que
les gens, comme vous le voyez, bien, cherchent à conserver ce degré de
représentativité là qui est important dans un comité paritaire. On ne peut pas
en faire fi.
M. Girard (Groulx) : Alors, je vous
remercie beaucoup. M. le Président, ça complète mes questions. Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci à
vous. M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci beaucoup, M. le
Président. Alors, bonjour. Merci. Donc, on constate tous, et c'est... ça semble...
Tu sais, ce n'est pas une grande surprise que, donc, du côté patronal et du
côté syndical, il y a une unanimité quant au désir d'exclure la CCQ du projet
de loi n° 4, et je comprends bien les raisons. Vous les avez très bien
indiquées, et ce n'est pas tellement différent non plus de ce que M. Trépanier
nous disait un peu plus tôt aujourd'hui. Et donc, pour vous aussi, c'est
primordial, la question de la représentativité. Donc, le cinq-cinq-quatre, pour
vous, comme composition du C.A., pour vous, c'est un équilibre qui a été acquis
au cours des années, et cet équilibre-là devrait être maintenu. C'est bien ça?
M. Robert (Dominic) : Bien, au-delà
des chiffres, au-delà des chiffres, sur le nombre, et tout ça, moi, je me...
j'ai pris la peine de... Puis je trouvais que la formule de Mme Lemieux
était drôlement bien tournée : l'indépendance ne doit pas être un obstacle
à la pertinence. Dans le fond, c'est quoi, le meilleur modèle, pour le...
l'objet qui est la Commission de la construction du Québec, avec, comme toile
de fond, l'importance de la prépondérance des parties prenantes, l'importance
d'avoir, effectivement, un degré d'indépendance qui rencontre les objectifs visés par le gouvernement dans la
gouvernance des sociétés d'État ou, en tout cas, des conseils d'administration,
en tenant compte de ce que j'ai dit précédemment? Mais, pour répondre
directement à votre question, le modèle actuel, à mon avis, rencontre ces
objectifs-là de prépondérance et de représentativité en fonction des mandats
puis du financement de l'organisation.
M. Leitão : Très bien, et c'est
probablement dû à la nature même de l'organisme. Moi, j'ai l'impression que le conseil d'administration de la CCQ, c'est une
espèce... c'est un conseil d'administration exécutif, dans le sens où
vous prenez des décisions en ce qui concerne la gestion de la commission. C'est
un exemple, un parallèle boiteux, mais, par
exemple, je ne sais pas, moi, le conseil d'administration de la SAQ, bon, c'est
l'équipe de direction de la SAQ qui dirige la SAQ, ce n'est pas le
conseil d'administration. Mais, dans le cas de la CCQ, le conseil
d'administration a un rôle très important,
joue un rôle très important dans les activités, je dirais... presque des
activités «day-to-day». Est-ce que je me trompe ou c'est le cas?
Mme Bertrand (Manon) : Bien, si vous
me permettez de répondre en premier, je ne crois pas qu'on soit tant que ça
dans l'opérationnel, le C.A. de la CCQ. Je crois plus que, quand il y a des...
Vous savez, là, quand on parle de ratios,
quand on parle de métiers, souvent on est pris dans des règlements. Je ne pense
pas que ce soit non plus à l'équipe de direction de changer des
règlements sans l'apport, sans le consentement du conseil d'administration.
C'est plus là que, des fois... Ça, c'est du mandat privé. C'est plus là qu'il
arrive... qu'il va arriver, à l'occasion, qu'il va y avoir des débats qui vont être un petit peu plus entre les deux
parties, mais je pense qu'on arrive quand même avec un... à faire
fonctionner la machine. Parce que c'est sûr que ça concerne vraiment les deux
parties, mais on n'est pas dans l'opérationnel. Il faut toujours penser que
c'est des règlements qui doivent être adoptés au C.A., bien entendu, parce que
ces règlements-là doivent continuer leur processus. Ça fait que je ne pense pas
que c'est dans l'opérationnel qu'on est quand on est à ce moment-là.
M. Leitão : Très bien, merci de la
précision. Et c'est ce genre, donc, de pouvoir d'adopter des règlements qu'on
ne trouve pas nécessairement dans les autres conseils d'administration des
autres sociétés d'État de nature commerciale. Donc, c'est un bel exemple.
Mme Bertrand (Manon) : Exact.
M. Leitão : Maintenant, pour ce qui
est des changements qu'on pourrait ou qu'on devrait amener en termes de règles de gouvernance, de séparation des rôles
P.D.G., président du C.A., transparence, etc., vous, vous préféreriez
que ces changements-là, s'il faut les adopter, et probablement que, oui, il
faudrait les adopter, se fassent dans le cadre d'une révision de la loi R-20
plutôt qu'ici, dans le projet de loi n° 4.
• (11 h 40) •
M.
Robert (Dominic) : Tout à fait, vous avez bien compris. Vous avez bien
compris, en tenant compte puis en consultant l'ensemble des parties prenantes
puis en tenant compte d'effectivement le caractère particulier de
l'organisation, que vous avez, par ailleurs, bien saisi, je pense.
M. Leitão : Donc,
on pourrait très bien dire : Bon, écoutez, dans le projet de loi
n° 4, on va créer une section qu'on va changer la loi R-20, mais ce
n'est pas ça que... Ce n'est pas ça dont on parle ici, vous, c'est une révision
de la loi, une modernisation, une mise à
jour de la loi R-20 en bonne et due forme, avec tout le processus de
consultation. Et donc d'essayer de trouver un consensus, ce n'est pas si rapide
que ça.
Mme Bertrand
(Manon) : Exact, avec les parties prenantes, c'est ça.
M. Robert
(Dominic) : Le processus de... le processus de... L'approche par
loi-cadre est très peu compatible avec le régime qui encadre les relations de
travail dans l'industrie de la construction, si je peux me permettre un tel
commentaire.
M. Leitão : Oui,
vous pouvez élaborer un peu plus?
M. Robert
(Dominic) : Bien, tantôt, je disais que c'est un régime qui est
particulier. Je vais vous donner un exemple très précis de ce que je veux dire.
Il y a quelques années, on a modifié la Loi sur les normes du travail puis on l'a fait via une loi-cadre et puis qui...
L'industrie de la construction était touchée par cette modification
législative, par ailleurs légitime, correcte, dont je ne discute pas le
bien-fondé, mais on s'est rendu compte que de procéder par une loi-cadre, ça ne cadrait pas du tout.
Effectivement, le terme est bien choisi, ça ne pouvait pas s'appliquer dans
l'industrie de la construction pour x, y, z raisons. Puis finalement, en
commission parlementaire, tout le monde en est venu à la conclusion
qu'effectivement une réflexion un peu plus poussée, dans le cadre qu'on
connaît, de celui de la loi R-20, avec les gens réellement impliqués puis
avec une explication puis une prise en compte des réalités de la convention
collective, qui est un peu la pièce maîtresse au centre des activités de la CCQ
dans l'exercice de ses mandats, aurait peut-être permis, dans le fond, d'éviter
bien des problèmes.
M. Leitão : Très
bien. Donc, vous êtes en train de nous dire que probablement que le ministre du
Travail pourrait trouver un peu de temps dans son agenda pour essayer de régler
ça. Écoutez, oui, on était, certains d'entre nous,
aux travaux de la loi... le projet de loi n° 59, et, oui, c'était... il y
avait beaucoup de choses à examiner. Bon, écoutez, merci beaucoup de
votre participation. Et j'ai bien compris, donc, une loi-cadre comme celle-ci,
à votre avis, n'est pas l'outil adéquat pour une telle réforme. Merci.
Le Président (M.
Simard) : Mme la députée.
Mme Ghazal : Merci,
Mme Bertrand, M. Robert, pour votre présentation et votre mémoire.
Donc, on a entendu tous les arguments que vous mentionnez contre le fait que la
CCQ soit considérée comme une société d'État. Je ne sais pas, je ne lis pas
dans la tête du ministre, mais je pense qu'il y a peut-être une ouverture ou
quelque chose... En tout cas, on aura le temps d'en discuter.
Est-ce que... Dans le
fond, dans tout ce que vous nous avez dit, ce serait quoi, le plus grand
désavantage si la loi n'était pas modifiée, puis que ça restait comme ça, puis
qu'on enlevait cet équilibre qui a été trouvé sur le conseil d'administration
de la CCQ? Est-ce que ça pourrait, par exemple, mettre en péril la paix dans
les relations de travail dans l'industrie de la construction? On sait que ça
n'a pas toujours été facile puis qu'il y a eu des moments plus houleux que
d'autres. Est-ce qu'il y a ce risque-là?
M. Robert (Dominic) :
Bien, écoutez, il y a la question de l'adhésion, hein? Tantôt, j'en ai
parlé. Est-ce que ça pourrait aller jusqu'à mettre en péril la paix
industrielle? Bien, non, quand même, il ne faudrait pas non plus... On a quand même réussi... On est habitués, dans
l'industrie de la construction... Bon, il faut toujours un petit peu,
encore, combattre certaines... je dirais, certaines idées préconçues sur notre
industrie. Là, somme toute, ça va relativement bien, là. Je veux dire, on vient
de passer à travers une négociation. On a introduit une petite révolution en
matière d'avantages sociaux puis on l'a fait ensemble avec la partie syndicale.
Alors, moi, ce qui
est important, pour moi, dans le... En fait, dans la composition du conseil
d'administration, est-ce qu'il y aurait des enjeux? Moi, c'est la question de
l'adhésion, parce qu'on l'a dit, ça prend quand même un certain niveau
d'expertise, ça prend quand même un niveau... un certain niveau de... ça prend
un recul par rapport aux questions qui sont traitées, et ainsi de suite. Puis,
là où moi, je trouverais ça un petit peu difficile à motiver ou à... à motiver,
oui, c'est de dire : Bien, écoute, tu es dans un régime de relations de
travail, la base du régime, c'est la négociation
collective, et tu finances une organisation à raison de 200 millions de
dollars par année, mais malheureusement, bien, ce n'est pas toi qui vas
prendre des décisions, ça va être des personnes qui ne sont pas de ton
industrie, qui vont majoritairement te dire... puis gérer ton argent. À mon
avis, conceptuellement, je sais que c'est un peu gros, ce que je vais dire,
mais, conceptuellement, ça ressemble drôlement à de la taxation sans
représentation.
Mme Ghazal :
C'est ça, puis, dans le fond, donc, c'est l'adhésion des gens qui sont autour
de la table. Puis vous dites aussi que tout est déjà là pour permettre cette
indépendance. Vous avez dit qu'on pourrait modifier la loi constitutive de la CCQ. Vous avez nommé... séparé
le président du C.A. et le P.D.G. D'autres, hier, nous ont dit :
Bien, quand ce n'est
pas brisé, ne le réparez pas. Mais vous, vous avez une ouverture, vous
dites : Non, non, non, il faut revoir la loi, notamment pour
séparer ces deux postes-là. Est-ce qu'il y aurait d'autres choses qui devraient
être améliorées?
Le Président (M.
Simard) : Succinctement, s'il vous plaît.
M. Robert
(Dominic) : Bien, succinctement, on est ouverts, on dit... Soyons
clairs, on ne dit pas qu'il n'y a pas de problème, là, puis que tout est beau,
Madame la Marquise. Ce n'est pas ce qu'on dit, mais on dit : S'il y a des
changements à faire... Moi personnellement, je vous dirais que le changement le
plus fondamental puis l'exercice le plus difficile à faire dans le cadre de
l'étude de ce projet de loi là, c'est vraiment la notion d'administrateur
indépendant. Ça, il faut que ce soit travaillé, puis d'amener une composante
d'indépendance chez les administrateurs qui proviennent des associations, à mon
avis, c'est le travail auquel on devrait être convié.
Le Président (M.
Simard) : Merci beaucoup. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet :
Merci beaucoup, M. le Président. Donc, je vais repartir de votre commentaire.
Parce que je suis d'accord, je partage votre position. Après avoir entendu
plusieurs groupes, je demeure convaincu, comme je l'étais depuis le début, que
la CCQ ne devrait pas être assujettie au projet de loi n° 4, mais je suis
aussi convaincu qu'il y a des modifications qui peuvent être apportées à la
CCQ. Et les gens du syndicat de l'Inter, ce matin, nous ont déjà dressé une
liste de choses. Vous le faites aussi dans le mémoire. Vous nous parlez de la
séparation du poste de P.D.G. et de président du conseil. Je vais y aller en
rafale.
La rémunération des
administrateurs, vous n'êtes pas contre ça?
M. Robert
(Dominic) : Non.
M. Ouellet :
La parité hommes-femmes 40 %-60 %, vous êtes d'accord avec ça?
M. Robert
(Dominic) : Très.
M. Ouellet :
La présence d'un jeune de moins de 35 ans?
M. Robert
(Dominic) : Aussi, mais évidemment toujours sous couvert de
compétence, d'expertise et du recul suffisant pour prendre les décisions dans
l'industrie.
M. Ouellet :
Oui. Par la suite, la divulgation des cinq plus hauts salariés?
M. Robert (Dominic) : Je n'ai pas réfléchi plus qu'il ne le faut par
rapport à cette question-là, donc je vais m'abstenir.
M. Ouellet :
Pourquoi je vous pose ces questions-là, c'est qu'on va essayer de gagner du
temps. Si, effectivement, ce que vous nous dites aujourd'hui, ce n'est pas dans
une loi-cadre, mais c'est vers une modification de la loi R-20 et qu'on
ait des consultations, on peut déjà indiquer au gouvernement les parties
prenantes logent à quel endroit, pour qu'on ait rapidement un consensus. Et je
pense que c'est ce qu'on va essayer de faire avec les autres groupes cet après-midi. Si ce n'est pas la loi n° 4 qui peut assujettir la CCQ à une meilleure gouvernance, il y a
des pistes de solution qui peuvent être mises sur la table, et c'est là-dessus
qu'on va essayer de travailler.
Donc, merci beaucoup
d'avoir pris le temps de nous échanger votre position. Et on va travailler à
faire d'une meilleure loi R-20... une loi qui va apporter une meilleure
gouvernance. Et je retiens l'importance de l'expertise au sein du conseil
d'administration de la CCQ.
Le Président (M.
Simard) : Alors, merci. Merci à vous deux. Merci à tous également.
Nous allons, sur ce,
suspendre nos travaux et nous serons de retour à 14 heures. Au revoir.
(Suspension de la séance à
11 h 49)
(Reprise à 14 h 05)
Le Président (M.
Simard) : Alors, chers collègues, bienvenue à tous. Nous avons quorum.
Nous sommes en mesure de reprendre nos activités et nous avons la chance
d'avoir parmi nous la représentante du Réseau des femmes d'affaires du Québec.
Mme Foisy, soyez la bienvenue.
Réseau des femmes d'affiaires du Québec (RFAQ)
Mme Foisy
(Isabelle) : Merci. Bienvenue.
Le Président (M. Simard) : Merci
d'avoir répondu à notre invitation. Comme vous le savez, vous disposez de 10
minutes pour faire votre présentation.
Mme
Foisy (Isabelle) : Alors, la parole est à moi, M. le Président?
Le Président (M.
Simard) : Tout à fait.
Mme Foisy
(Isabelle) : Parfait. Alors, M. le Président de la commission, Mmes et
MM. les députés et les membres de la Commission des finances publiques, bien, je vous remercie de l'invitation, et je
suis heureuse aujourd'hui de représenter le Réseau des femmes d'affaires
du Québec auprès de la Commission des finances publiques.
Alors, je suis
Isabelle Foisy, je suis la vice-présidente du conseil d'administration du
Réseau des femmes d'affaires du Québec et je préside également leur comité
gouvernance. Je suis la présidente et fondatrice d'une entreprise qui s'appelle
Point Cardinal. On est un collectif spécialisé en gouvernance, en stratégie, en
innovation et en développement. Et je siège
sur des conseils d'administration depuis maintenant 30 ans. Et j'ai pu
voir, au fil des ans, quand même, une
belle évolution en termes de présence de femmes sur les différents conseils.
Outre le RFAQ, je siège présentement sur trois autres conseils
d'administration, un dans le domaine de l'éducation collégiale, au collège
André-Grasset, je siège également au conseil d'administration d'un organisme en
santé mentale qui s'appelle Relief et également à la Chambre de commerce et
d'industrie de la Rive-Sud. Je suis titulaire d'une double désignation comme
administrateur de sociétés, certifiée du Collège des administrateurs de
sociétés décernée par l'Université Laval, et je suis également conférencière
sur le sujet de la gouvernance depuis quelques années.
Alors, permettez-moi
de vous rappeler la raison d'être du réseau, qui est d'accélérer la croissance
des entrepreneures et des femmes d'affaires
afin qu'elles connaissent un succès inspirant et qu'elles soient aptes à
rayonner dans le monde entier. Le Réseau des
femmes d'affaires du Québec met en oeuvre des programmes et des activités de
réseautage et de maillage qui inspirent, qui
connectent et qui propulsent les femmes depuis déjà 40 ans. Il est
également l'organisateur du concours et du prestigieux gala du Prix des
femmes d'affaires du Québec. Au cours des 11 dernières années, le RFAQ a
acquis une expertise unique dans l'accès aux chaînes d'approvisionnement des
grandes entreprises pour les femmes entrepreneures. Ses membres sont répartis à
travers tout le Québec. Et, depuis 2010, sa présidente-directrice générale est
quelqu'un que vous connaissez bien, qu'on connaît tous, Ruth Vachon.
Dans un premier
temps, j'aimerais présenter quelques constats concernant plus spécifiquement la
parité hommes-femmes au sein des conseils d'administration des sociétés d'État
et des entreprises. Et puis, par la suite, je partagerai nos recommandations
afin de s'assurer une meilleure représentativité des femmes au coeur des
décisions organisationnelles pour qu'elles contribuent davantage à créer une
société plus juste et plus équitable.
Alors, j'y vais de
nos principaux constats. Alors, tout d'abord, le Réseau des femmes d'affaires
du Québec salue le gouvernement du Québec d'avoir atteint l'objectif de parité
visé par la précédente loi, celle de 2006, qui avait été adoptée à l'unanimité
auprès des 23 sociétés d'État initialement identifiées.
Cette nouvelle
mouture, maintenant, permettant justement d'assujettir 23 sociétés d'État
supplémentaires, est fort importante. Le gouvernement doit jouer son rôle de
leader et utiliser les nombreux outils à sa disposition afin d'accélérer la
transformation sociale, durable et économique du Québec en mettant justement en
place des mesures progressistes en matière d'équité. En ce sens, nous croyons
que le gouvernement peut et doit utiliser d'autres moyens à sa disposition afin
d'accélérer la progression de la parité au sein des conseils d'administration
et d'élargir la disposition à la haute direction des grandes entreprises
publiques et privées.
Depuis l'octroi du
droit de vote des femmes en 1940, le Québec a mis en place des lois et des
programmes favorisant l'autonomie et
l'intégration sociale et économique des femmes. Malgré tout le chemin parcouru,
des barrières systémiques freinent
encore l'ascension des femmes à des postes de haute direction ou à des conseils
d'administration. L'augmentation de la représentation des femmes au sein des
conseils d'administration au Canada se fait encore au compte-goutte. En effet,
entre 2016 et 2018, la proportion des femmes, toutes entreprises confondues,
est passée de 17,8 % à 18,3 %.
Plus encourageant, cette
proportion a bondi au sein des entreprises publiques gouvernementales, passant
de 27,7 % à 36,3 %. Depuis 2018, certaines entreprises cotées en
bourse doivent aussi présenter aux actionnaires la réglementation ayant été
mise en place pour encourager la diversité au sein des conseils
d'administration, justement, afin de se conformer à la loi, la Loi canadienne
sur les sociétés par actions. Depuis, certaines entreprises ont établi des
cibles à atteindre en matière de représentation des femmes au sein des conseils
d'administration, généralement entre 30 %
et 40 %. Le tiers de ces entreprises cotées en bourse,
soit 34,1 %, ont atteint la cible de représentation au moins...
d'au moins 30 % en 2018, tandis que 27,7 % des entreprises privées
ont atteint ce seuil.
• (14 h 10) •
Pour le Réseau des
femmes d'affaires du Québec, tendre vers la parité, c'est bien, mais atteindre
la parité, c'est encore mieux. Pour nous, la parité rime aussi avec la
diversité, car nous portons une attention toute particulière à l'intersectionnalité
afin de s'assurer que les femmes noires, les minorités visibles, autochtones et
la communauté LGBTQ+ et avec handicap aient un accompagnement et profitent des
mêmes opportunités de développement pour développer leur potentiel de croissance
que l'ensemble de la population.
Alors, j'y vais de
nos recommandations, nous en avons sept.
La première
recommandation : soutenir les entreprises qui souhaitent intégrer la
parité et la diversité à tous les échelons de l'entreprise, les employés, les
cadres, la haute direction, les conseils d'administration ainsi que dans la
chaîne d'approvisionnement, en introduisant des femmes entrepreneures à titre
de fournisseur. Il s'agit d'une proposition stratégique pour que... les
entreprises favorisant notamment les critères environnementaux, sociaux et de
gouvernance, donc on parle des ESG, si importants pour l'avenir des
entreprises.
La deuxième recommandation : en matière
d'achat, le gouvernement du Québec devrait privilégier les fournisseurs qui ont
atteint la zone paritaire au sein de leurs conseils d'administration ou qui ont
adopté des cibles à cet
effet. Une certification paritaire a d'ailleurs été développée par une
organisation collaboratrice, qui est La Gouvernance au féminin, afin
d'identifier de telles entreprises.
La troisième recommandation : soutenir
financièrement, au moyen d'un incitatif fiscal ou monétaire, les coûts de la formation d'administrateurs agréés
pour les femmes, les jeunes ainsi que pour les représentants de la
diversité.
La quatrième recommandation : le
gouvernement ne devrait pas se limiter seulement aux sociétés d'État détenues à
100 % par Québec et devrait élargir également ces obligations aux filiales
qu'elles détiennent en majorité. Aussi, toute filiale détenue à 50 % ou plus
par une société d'État devrait d'ailleurs être soumise à ces obligations. Nous
appuyons ici la recommandation de la Vérificatrice générale dans ses propos
qu'elle a émis hier, le 18 janvier, et qui résonnent aussi avec plusieurs
autres recommandations, dont celle de Mme Louise Champoux-Paillé. De
telles politiques, à notre égard, devront être assorties, d'ailleurs, d'un
processus de reddition de comptes dans les rapports annuels ou au parlement.
Cinquième recommandation : créer une base
de données de candidates féminines afin d'assurer la visibilité des femmes
qualifiées pour les postes d'administrateur et de haute direction.
Sixième recommandation : colliger et
diffuser sur les sites gouvernementaux appropriés des données sur la
représentation des femmes et des hommes aux conseils d'administration afin de
renseigner le public et les entreprises sur l'avancement des dossiers ainsi que
les meilleures pratiques en matière de mixité.
Et notre dernière recommandation : en plus
de ce qui est prévu pour les femmes dans le cadre de cette loi, s'assurer qu'un siège est dédié, sur les conseils
d'administration des sociétés d'État, pour des représentants de la
diversité, qu'on parle du peuple autochtone, des personnes handicapées, celles
qui font partie des minorités visibles et des membres de la communauté LGBTQ+,
afin de mieux, évidemment, refléter la composition de la société québécoise.
Donc, l'atteinte d'une plus grande parité
requiert des changements de mentalités, de perception et de façons de faire, et
le gouvernement peut certainement être un moteur crucial pour ce changement. Je
vous remercie.
Le
Président (M. Simard) :
Alors, merci à vous, Mme Foisy. Je cède d'emblée la parole au ministre des
Finances.
M. Girard (Groulx) : Bien, merci pour
votre présentation et le mémoire, que je n'avais pas vu mais que je vais...
C'est ça? D'accord.
Mme Foisy (Isabelle) : En fait, M.
Girard... M. le ministre, je m'excuse, on n'a pas envoyé, je pense, la
documentation. Je pense que c'est ce qui a été dit juste avant la présentation.
Donc, vous êtes...
M. Girard (Groulx) : Je suis à jour.
Mme Foisy (Isabelle) : Vous ne
trouvez pas parce que vous ne l'avez pas, mais ça nous fera plus que plaisir de
vous l'envoyer.
M.
Girard (Groulx) :
O.K. Merci. Simplement, en guise
d'introduction, là, je donnerais quelques commentaires généraux pour
l'ensemble des participants à cette commission. Alors, l'idée de la parité,
évidemment, elle était... elle visait... dans la loi de 2006, elle visait une
parité globale pour l'ensemble des sociétés d'État et des administrateurs. Et
l'évolution que nous proposons en 2022, c'est que cette parité s'applique à
chacune des sociétés d'État. Et c'est évidemment, selon nous, un développement
positif.
Quant à l'élément qui a été soulevé, et puis
c'est très bien que la société civile commente sur les projets de loi et s'y
intéresse, mais j'aimerais être clair, il n'y a absolument aucune femme sur
aucune société d'État qui va perdre son poste en raison de l'adoption de ce
projet de loi. Il y a deux ans de transition pour les mesures sur la
composition des membres des sociétés d'État, et les cibles de
40 %-60 % sont suffisamment flexibles avec le fait que les membres
doivent... ont des mandats de quatre ans, qui seraient renouvelés deux fois. Il
y a un roulement naturel sur les conseils d'administration.
Alors, d'aucune façon, notre intention est,
suite à l'adoption du projet de loi, par exemple, d'éliminer des femmes sur des
sociétés d'État parce qu'une société d'État serait à 62 %, au lieu de
60 %. Alors, je comprends que les... il peut y avoir des interprétations
diverses de sujets qui peuvent être sensibles. Mais notre intention, c'est de
faire une amélioration. C'est-à-dire que le concept de parité, qui était un
concept global, s'appliquerait maintenant à chacune des sociétés d'État, et
c'est donc une avancée.
Et, quant aux cas particuliers, puisqu'on a
identifié les sociétés d'État qui étaient au-dessus du 60 %, bien, le deux
ans de transition permet de traiter aisément ces situations.
Maintenant, à la question... Il y a un débat,
Mme Foisy, c'est : Est-ce que la borne supérieure est nécessaire?
Est-ce qu'on doit viser une parité 40 %-60 % ou on devrait simplement
dire qu'on devrait avoir au minimum 40 % dans chacune des sociétés d'État?
Alors, je vous pose cette question.
Mme Foisy (Isabelle) : Bonne
question. En fait, pour nous, l'idéal, ce serait 50 %, hein, en fait,
qu'on soit égal-égal. Si on devait mettre un chiffre, est-ce que le minimum est
de 50 %? Est-ce que c'est cela où on devrait tendre? Je pense que nous...
Pour nous, c'est d'arriver à la parité qui est l'intention derrière nos
recommandations. Alors, on comprend qu'on part de loin, puis, pour certaines,
on part vraiment de loin. Il y en a qu'on est plus en avance. Vous avez parlé, là, entre autres, là, de celles qui sont à
62 % ou 63 %. Nommons, entre autres, là, Hydro-Québec, Loto-Québec et certaines
d'entre elles, là, qui ont plus que ce qu'on souhaiterait à la base. Mais on ne
se cachera pas que ça fait... on était, en 2022... bien,
ça fait depuis 2022 qu'on est pas mal en bas du 40 %. Alors, pour moi,
c'est une question de philosophie, je vous en ai parlé tantôt, mais il faut
essayer de tendre vers beaucoup plus qu'où on est aujourd'hui, cette progression-là.
Je pense que c'est surtout ça qu'on veut faire. On veut travailler en
collaboration, justement, pour que les femmes prennent leur place et puis qu'on
arrive à au moins être éventuellement à 50 %.
M. Girard (Groulx) : Mais est-ce que vous reconnaissez... ou est-ce que... je ne sais pas si
vous... «reconnaissez», ce n'est pas le bon terme, mais est-ce que vous
acceptez que d'étendre la définition de parité de l'ensemble des sociétés
d'État, l'amener pour chacune des sociétés d'État, c'est un développement
positif?
Mme Foisy (Isabelle) : Tout à fait, tout à fait, tout à fait. On
préfère... pas que ce soit global, mais qu'effectivement on puisse avoir
des mesures, puis ça se mesure davantage pour chacune d'entre elles, puis
s'assurer que... si on le fait de façon individuelle, bien, nécessairement, que
les résultats, de façon globale, seront également atteints.
M. Girard
(Groulx) : O.K. Et là vous m'avez dit... Bien, je vous ai demandé si
on devait enlever la borne supérieure. Vous m'avez dit de hausser la borne
inférieure à 50 %, d'accord? Je répète ma question : Est-ce qu'on
doit enlever la borne supérieure?
Mme Foisy
(Isabelle) : Je ne pense pas. Je pense que... Même, dans notre conseil
d'administration au Réseau des femmes d'affaires
du Québec, on avait l'inverse. On n'avait que des femmes sur notre conseil
d'administration. Puis on tend vers la parité, on a des hommes sur notre
conseil d'administration. Et je pense que la mixité, d'avoir des hommes et des
femmes sur le conseil d'administration, c'est un peu ça, en termes de
gouvernance. C'est de s'assurer qu'on ait une diversité d'opinions, une
diversité de façons de faire, une diversité... d'apporter des gens avec des
compétences et avec des... que ce soit de genres, que ce soient des... une
mixité en termes de diversité culturelle, de jeunesse, de sagesse sur les
conseils d'administration. C'est cette mixité-là qui fait qu'on prend des
meilleures décisions sur un conseil d'administration.
M. Girard
(Groulx) : O.K. Donc, vous préféreriez qu'on vise l'atteinte du
50 % dans chacune des sociétés d'État, plutôt que d'avoir une zone...
• (14 h 20) •
Mme Foisy
(Isabelle) : Bien, en fait, il y aura toujours une... on ne pourra
pas... Je pense que de cibler vers l'augmentation c'est intéressant, d'avoir
une fourchette, c'est bien, parce que ça cadre les choses. Tu sais, comme, vous êtes... Je pense, en termes d'éducation, on
ne peut pas espérer que tout le monde soit à 100 %. C'est
l'amélioration qu'on devrait calculer et puis de mesurer cette... de tendre
vers l'équité, vers le 50 % ou cette fourchette-là, entre 40 % et 60 %,
moi, je pense que c'est une question... ce n'est pas une question de
sémantique. Quand on sera rendus là, là, bien, on sera capables de se reparler
puis de réévaluer les choses, mais je pense qu'on est très loin d'arriver là où on voudrait être. Donc, tendons vers cette
équité-là. Il y a une fourchette qui peut être attendue. Et je pense qu'on
ne devrait pas non plus s'enfarger dans les fleurs du tapis. Dans certaines
sociétés où il y aura plus de femmes, où il y a eu pendant des années plus
d'hommes sur des conseils d'administration, bien, ce qu'on dit, c'est qu'on
doit tendre vers l'équité, vers l'équilibre.
M. Girard
(Groulx) : O.K. Bien, moi, ça complète ma question, M. le Président.
Merci, madame...
Le Président (M. Simard) : Merci à vous, M. le ministre. M. le député de Vanier-Les Rivières, vous disposez de
8 min 40 s.
M. Asselin :
Bonjour, Mme Foisy.
Mme Foisy
(Isabelle) : Bonjour.
M. Asselin :
J'ai entendu, au travers de... dans votre brève présentation, l'utilisation du
terme «barrière systémique». J'aimerais ça
que vous puissiez élaborer là-dessus de par votre expérience dans le Réseau des
femmes d'affaires.
Mme Foisy (Isabelle) : Bien, en fait, on adresse ce point-là, c'est ce
qu'on se dit, qu'on doit vraiment, je pense, comme société, adresser ce
genre de discussion là où les femmes ont une place à jouer importante aux
termes social, développement économique, de développement durable. Et, cette
place-là que les femmes prennent dans la société, on doit aussi le voir
représenté dans différents... par exemple, dans les conseils d'administration.
Et c'est de là où on se dit : Bien, depuis longtemps on en parle. Les
actions commencent à arriver. Et je pense que le gouvernement prend les actions
nécessaires pour justement mettre en place des éléments pour nous permettre de
mesurer l'arrivée de femmes et de s'assurer que les femmes sur les conseils
d'administration puissent prendre toute leur place.
M. Asselin :
Vous aviez en tête un certain nombre de barrières systémiques dont vous pensez
au travers de la nomination sur des C.A. Est-ce que vous avez un peu plus
d'exemples pour qu'on puisse, justement, les mesurer, ces barrières systémiques
là dont vous parlez?
Mme Foisy
(Isabelle) : En fait, ce que je vous propose, justement dans une des
recommandations qu'on vous fait, c'est d'en
parler, de mesurer, de divulguer qui sont ces femmes-là et ces hommes-là qui
siègent sur les différents conseils d'administration. Donc, plutôt que
de parler de barrières systémiques, adressons les façons dont on pourra
s'assurer de mesurer la... d'où on part et où on s'en va. Et je pense que les
actions concrètes qui sont présentées aujourd'hui dans le projet de loi vont
nous permettre justement de mettre en lumière ces femmes et ces hommes-là qui
contribuent à notre société civile sur les différents conseils
d'administration.
M. Asselin :
Parfait.
Mme Foisy
(Isabelle) : Merci.
M. Asselin :
Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Mme Foisy, bonjour. Merci...
Mme Foisy
(Isabelle) : Bonjour.
M. Leitão :
Merci d'être là. Donc, vous avez parlé de sept recommandations. On va y
arriver, mais, avant d'y arriver, vous aviez aussi mentionné que vous
souhaiteriez... que vous souhaitez élargir, donc, le concept de parité à la
haute direction des sociétés. Est-ce que vous parlez des sociétés d'État ou
vous parlez de toutes les sociétés?
Mme Foisy
(Isabelle) : Bien, en fait, on parle des sociétés de façon générale.
Parce qu'on se le dit, là, que ce soit dans les sociétés privées, que ce soit
dans les sociétés publiques, bien, le nombre de femmes à la haute direction, la
proportion, elle est beaucoup plus basse que celle des hommes. Et je pense que
c'est un premier pas qu'on fait aujourd'hui avec les conseils d'administration.
Je pense que c'est un appui intéressant, mais ces statistiques-là doivent aussi... ce n'est pas que sur les conseils
d'administration où on a quelque chose à apporter. On doit aussi parler
au niveau des différentes... Tu sais, on
parlait... on parle surtout du plafond de verre, là. Comment on peut faire pour
que les femmes puissent obtenir ces postes-là
à la haute direction? Donc, est-ce que c'est en s'assurant que les candidatures
qui seront reçues pour les différents
postes... que ce soit dans les sociétés publiques ou privées, qu'on s'assure
d'avoir des femmes de qualité qui
soient aussi considérées, recommandées? Et c'est en ce sens-là que notre
recommandation porte aussi à mesurer et porte aussi à ce qu'on se penche
sur comment on peut faire pour que ces femmes-là puissent avoir accès à des
postes de haute direction dans toutes les sociétés...
M. Leitão : ...mais
ça, ce serait donc... vous ne souhaitez pas nécessairement avoir des... donc de
légiférer sur cela, mais donc d'améliorer l'information, disséminer
l'information de façon plus étendue pour que cet enjeu-là soit suivi de près et
qu'on puisse mieux publiciser.
Mme Foisy
(Isabelle) : Exact. Puis je pense qu'il y a plusieurs sondages, il y a
plusieurs études, là je pense, entre autres,
à l'IGOPP, je pense, entre autres, à plusieurs différentes organisations qui
font le partage des informations d'aujourd'hui... Aujourd'hui, la
législation ne nous amène pas à légiférer sur ça, mais je pense aussi qu'en
ayant des femmes sur les conseils d'administration, qui élisent aussi les
présidents de conseil d'administration... je pense qu'on aura aussi cette
portée-là. On a une responsabilité de faire en sorte que les bons candidats et
les bonnes candidates soient retenus pour les postes de haute direction.
M. Leitão : Très
bien, merci, oui, en effet. Une de vos recommandations, je pense la
numéro 2, vous parlez donc que l'État puisse utiliser son pouvoir d'achat,
donc des achats publics, et qu'il puisse donc diriger... je ne dirais pas exclusivement, mais, en tout cas, de mettre
des balises pour que les entreprises qui font affaire avec l'État
puissent avoir un certain progrès à cet égard-là. Est-ce que cela, à votre
avis, c'est quelque chose qui pourrait être fait pour les grandes entreprises
publiques cotées en bourse ou...
Mme Foisy
(Isabelle) : Bien, de façon générale, moi, je vous dirais que, comme
État, on a aussi à se poser la question :
Qui sont ces fournisseurs-là qui... avec lesquels on fait affaire? Et, bon, il
est intéressant et important de voir est-ce que les fournisseurs de
l'État sont également des fournisseurs détenus à propriété féminine. Mais
est-ce que ce sont des femmes qui détiennent
des entreprises avec lesquelles vous faites affaire et est-ce que c'est une
mesure que vous faites aujourd'hui? Et comment est-ce que ces cibles-là
pourraient aussi être mesurées, suivies, puis qu'on augmente la cible, et qu'on provoque des discussions entre
l'État et les fournisseurs, que ce soient des fournisseurs... peu
importe le fournisseur, qu'on puisse effectivement s'assurer qu'on travaille
avec des des entreprises à propriété féminine?
Et puis il y a une
certification aussi qui existe, j'en parlais dans la recommandation 2, qui
est faite par La Gouvernance au féminin, où on identifie ces entreprises-là, où
ils ont une certification à même leur organisation, je parle d'entreprises privées, mais je suis certaine qu'au gouvernement il
y a quelque chose qui peut être fait également à ce niveau-là, où vous
allez pouvoir mesurer et identifier, puis qu'on vous permettre de bien
comprendre qui sont ces femmes-là à propriété féminine et comment vous pouvez
échanger et faire affaire avec ces femmes-là qui ont des entreprises à
propriété féminine.
M. Leitão : Très
bien. Parce que, vous savez, il y a... de plus en plus, on suggère que, bon,
l'État oriente ses politiques d'achat selon un certain nombre de critères, et
ces critères-là augmentent continuellement, que ce soit pour favoriser l'achat
local, que ce soit pour favoriser les entreprises à propriété féminine, que ce
soit pour les entreprises qui auraient des critères de lutte aux changements
climatiques ou autres critères ESG. Donc, ça, ça commence à faire beaucoup de critères, ils sont tous, d'ailleurs,
pertinents, là, mais comment est-ce que vous voulez... comment est-ce
que vous suggérez qu'on opérationnalise de tels critères?
Mme Foisy (Isabelle) : Mais, la
beauté dans tout ça, je pense que ce n'est pas de prendre ça de façon individuelle mais de regarder ça de cette façon
collective. Une femme peut aussi avoir une entreprise où la diversité
fait partie des critères, où elle peut
également parler de développement durable. Et je pense que, comme on fait
l'évaluation des conseils d'administration puis on regarde quels sont les
différents éléments dont on doit tenir en compte quand on fait soit des achats, on est capable d'évaluer comment est-ce qu'on
peut aussi provoquer de mesurer différents critères. Alors, je pense que
ce n'est pas des critères exclusifs, je pense que ce sont des critères qui sont
mutuellement complémentaires. Et, de faire en sorte qu'on les mesure puis qu'on
en tienne compte, on risque de tendre... on risque de faire bouger l'aiguille, que... si on ne les met pas sur la liste,
bien, les chances qu'on puisse mesurer notre amélioration, en ce
sens-là, bien, devient plus petite.
• (14 h 30) •
M. Leitão : Oui, très bien, tout à
fait. Et puis, parlant de complémentarité, je pense, c'est un peu la même chose
pour les... un siège dédié pour la diversité.
Mme Foisy (Isabelle) : Bien sûr.
M. Leitão : Donc, ce n'est pas
nécessairement qu'il faut absolument avoir une... ça peut... On peut avoir une
jeune femme autochtone comme on peut avoir un vieil homme, c'est-à-dire, ce
n'est pas exclusif.
Mme Foisy (Isabelle) : Bien oui,
c'est ça, c'est bien, exact.
M. Leitão : Très bien. Et d'ailleurs...
Mme Foisy (Isabelle) : Je pense que
c'est ça qui fait la beauté... Pardon, je m'excuse.
M. Leitão : Non, allez-y, allez-y.
Mme Foisy (Isabelle) : Alors, je
voulais vous dire que c'est un peu ça, la beauté des hommes et des femmes qui
contribuent à la société civile, c'est qu'on porte plusieurs chapeaux, et à
nous de bien jouer, de porter le bon chapeau lors des différents rôles qu'on
peut jouer, là, à travers nos occupations.
M.
Leitão : Très bien. J'allais
juste vous dire qu'en effet, pour... Comme c'était aussi une suggestion de
Force jeunesse, donc, d'avoir un siège dédié pour un membre de la diversité,
moi, je pense, c'est une suggestion très, très intéressante, comme aussi, et vous le mentionnez en citant la
Vérificatrice générale, pour les filiales des sociétés d'État. Est-ce que vous avez en tête un niveau de
détention particulier, 50 %, 60 %, ou vous souscrivez à la notion de
contrôle? Donc, une fois que la société d'État contrôle la filiale, donc, les
mêmes critères devraient s'appliquer à la filiale?
Mme Foisy
(Isabelle) : Ce qu'on a
proposé, nous, c'est une filiale détenue à 50 % et plus par la société
d'État.
M. Leitão : Très bien, merci. Une
chose que je trouve aussi intéressante, et qu'on devrait faire plus de ça,
c'est, donc, d'avoir une espèce de base de données, donc, d'avoir une banque de
données avec, donc, des femmes ou d'autres personnes, là, pour ces postes de...
potentiellement, pour être candidate au poste de... membre d'un conseil
d'administration, voilà ce que je voulais dire. Parce qu'en fin de compte,
regardez, bon, on a quoi, une quarantaine de sociétés d'État, une quinzaine de
membres par société. Ce n'est pas tout à fait la même chose pour tous, mais,
quoi, on parle de 600 personnes. Ce n'est quand même pas énorme si on
prend ça dans sa globalité.
Donc, je pense qu'on peut très bien, oui, en
effet, bâtir de telles bases de données, parce que, souvent, et particulièrement
pour les membres des communautés minoritaires, souvent, la grande difficulté,
c'est de trouver un moyen de percer le... de mettre son nom dans une liste
quelque part, de se faire connaître, et c'est souvent ça, le cas, il y a énormément de... beaucoup de personnes très
compétentes de toutes sortes d'origines, de toutes sortes de milieux
mais qui ont une grande difficulté à se faire connaître des milieux qui nomment
des membres des commissions... des conseils d'administration. Donc, une telle
base de données, une espèce... un appel à tous et à toutes, et... pour qu'on puisse, par la suite, bâtir ces choses-là, ce
serait... à mon avis, ce serait très utile, et je pense que l'État peut
contribuer à créer de telles bases de données avec votre collaboration et
d'autres.
Une dernière
chose, vous parlez aussi de... Je pense, c'est votre troisième recommandation,
sur une mesure fiscale, mesure
fiscale pour aider dans l'obtention de la certification d'administrateur
agrégé. Comment est-ce que vous voyez ça?
Mme Foisy
(Isabelle) : Bien, en fait, c'est une formation qui est assez
coûteuse, hein? On parle de 10 000 $, 15 000 $. Et ce n'est
pas accessible à tout le monde de pouvoir avoir cette formation-là, qui est
extraordinaire, pour l'avoir suivie, mais, pour les
femmes, les jeunes puis pour d'autres joueurs où ça devient une barrière à
l'entrée qui est importante, comment peut-on voir de façon... soit en ayant un
incitatif fiscal ou peut-être de défrayer une partie des coûts, pour s'assurer
que la plus grande majorité de gens puisse avoir accès à cette formation-là qui
nous permet d'être des meilleurs administrateurs?
Le Président (M.
Simard) : Très bien.
Mme Foisy
(Isabelle) : Et donc voilà.
Le Président (M.
Simard) : Merci à vous.
M. Leitão :
C'est déjà tout, M. le Président?
Le Président (M.
Simard) : Malheureusement, cher collègue.
M. Leitão :
Alors, Mme Foisy, merci beaucoup.
Le Président (M.
Simard) : Malheureusement. Chère collègue.
Mme Foisy (Isabelle)
: Merci beaucoup.
Mme Ghazal :
Merci beaucoup, Mme Foisy. J'aimerais avoir votre opinion. Si on n'avait
pas légiféré en 2006 pour que... obliger la zone parité ou, en tout cas,
d'avoir au moins 50 % des femmes, je pense, à la zone parité, même à
l'époque, est-ce qu'on serait arrivés au résultat actuel?
Mme Foisy
(Isabelle) : Bien, je pense que, chaque fois qu'on prend un pas de
l'avant puis qu'on met des éléments pour nous permettre de mesurer les choses,
bien, on tend vers ce qu'on cherche à avoir. Alors, je suis d'avis qu'en
légiférant sur un sujet aussi important ça nous permet aujourd'hui de pouvoir
aller encore... puis de prendre un pas
d'autant plus vers l'avant. Alors, je pense que c'est comme des étapes. Alors,
de mettre ces différents échelons là en place nous permet de gravir les
échelons puis de se donner la capacité et les moyens d'atteindre quelque chose
qui, selon nous, est primordial pour représenter l'ensemble de notre société.
Mme Ghazal : Parce
que, si je peux dire, tout le monde est pour la tarte aux pommes. Oui, on est
pour que les conseils d'administration soient les plus représentatifs de la
population, de sa diversité, etc., mais, si on veut vraiment atteindre des résultats... Tu sais, on peut aller dans... avec
des mesures volontaires, comme vous le proposez, et tout ça, mais ça
prend une législation. Par exemple, le ministre vous a posé la question, mais
je veux encore vous entendre, nous, à Québec
solidaire, à cause de l'absence historique des femmes, que ce soit en politique...
là, ici, on parle des conseils d'administration, c'est acceptable en
2022, parce qu'on est seulement en 2022, que la parité, ça soit au moins
50 % de femmes. Je veux vous entendre clairement. Est-ce que vous êtes
pour ça ou vous êtes contre?
Mme Foisy (Isabelle) : Bien, en fait, ce qu'on
dit, nous, là, c'est que ça prend une échelle, ça prend un barème. Et on souhaiterait que ça soit la parité, là,
comme ce que vous expliquez, là, qu'on soit 50 %, mais, des fois, quand
on met des règles trop grandes puis on ne les atteint pas, bien, ça décourage
les gens. Alors, nous, ce qu'on se dit, c'est que, s'il y a un barème entre 40 % et 60 %, bien, ça permet aux
gens de sentir qu'ils contribuent à faire évoluer les choses.
Le ministre en
parlait tantôt, pour changer des gens au conseil d'administration, tout ne se
fait pas du jour au lendemain. De la gouvernance, ce n'est pas «on-off». Alors,
il faut le faire dans le temps puis il faut progresser pour atteindre
l'objectif que le conseil d'administration va se donner, en ayant, je pense,
des guides qui viennent de notre gouvernement,
qui nous aident, entre autres, à atteindre ces objectifs-là. Alors, oui, on
voudrait que ça soit 50 %, mais ce qu'on se dit, c'est que, pour s'y rendre, il faut y avoir des échelons,
des gradations, pour ne pas se décourager puis faire en sorte que les
conseils d'administration puissent aussi évoluer dans le temps.
Mme Ghazal : Puis
qu'est-ce que vous proposez? Le ministre nous dit : Non, non, non, il n'y
aura pas... il va y avoir un roulement naturel qui va faire qu'on va rester,
dans les endroits, par exemple, où on est rendus à 70 % ou proches de
60 %... on a dépassé le 60 %, il va y avoir un roulement naturel qui
va faire que la zone parité va être respectée. Je ne sais pas comment ça va
s'articuler dans la loi. Vous, est-ce que vous proposez une modification dans
la loi pour que, là où on a dépassé la zone parité, où les femmes sont à
70 % ou plus que 60 %... qu'on puisse s'assurer que... bien, que ça ne soit pas pénalisé pour qu'on baisse de
niveau de représentation des femmes? Est-ce que vous proposez quelque
chose ou vous êtes d'accord avec ce que le ministre propose?
Mme Foisy
(Isabelle) : Bien, en fait, moi, ce que j'ai aimé dans ce que le
ministre nous a dit tantôt, c'est qu'il ne veut pas sévir de façon négative
pour s'assurer qu'on enlève des femmes au conseil d'administration. Alors, il
ne faut pas sévir, mais je pense qu'il faut, au contraire, être capable de...
que, les différents éléments qui vont faire partie de la loi, bien, on mette en
place ces éléments-là pour atteindre au minimum la parité qui est demandée, là.
Alors, moi, je pense qu'il ne faut pas sévir puis retirer
des gens au conseil d'administration, mais... c'est ce que le ministre nous a
dit aujourd'hui. Alors, est-ce que je pense qu'on tend vers les bonnes choses?
Est-ce qu'on doit...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci, Mme Foisy.
Mme Foisy (Isabelle) : Merci.
Le Président (M. Simard) : On a
amplement dépassé le temps qui était dévolu à cette section. M. le député de
René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, à mon tour de vous saluer. Je veux juste être certain de bien
comprendre. Lorsque vous faites référence à la recommandation de la VG, à
savoir d'assujettir les sociétés affiliées
sous le contrôle de l'État québécois, elle faisait souvent référence, elle, à
la rémunération, je vous entendais, tout à l'heure, discuter avec la députée de Québec solidaire, et vous faites
aussi référence aux autres mesures, c'est-à-dire, la parité.
Mme Foisy (Isabelle) : On fait
certainement référence à la parité.
• (14 h 40) •
M. Ouellet : O.K. Juste pour le
bénéfice de la commission, je sais que la VG avait signifié des exemples
d'Ivanhoé Cambridge et d'Otéra. Je tiens quand même à signifier que ces deux
conseils d'administration là sont dans la
zone paritaire. Donc, on peut parler de d'autres sociétés d'État, mais celles
ciblées, notamment, pour la rémunération, dont la VG faisait référence,
ne parlaient pas effectivement de cette partie-là qui était incluse pour ce qui
est de la parité pour les femmes.
J'aimerais peut-être ouvrir une discussion très
brève, vous allez me dire, mais je n'ai pas le choix, j'ai très peu de temps,
l'importance de faire de la place à la diversité culturelle, aux minorités et
aux gens de la communauté LGBTQ+. On adresse ça souvent à travers les sociétés
d'État, dans le projet de loi, présentement, mais, du côté des fonctionnaires
du gouvernement du Québec, on n'atteint pas cette représentativité-là. Donc,
est-ce qu'on ne devrait pas plutôt commencer par le fonctionnariat avant de
s'adresser aux sociétés d'État, aux conseils d'administration, ou, selon vous,
on devrait travailler sur les deux fronts?
Mme Foisy (Isabelle) : Bien, en
fait, le projet de loi qui est présenté devant nous n'adresse pas la partie de
la fonction publique. On parle vraiment, là, davantage des conseils
d'administration, puis les études puis ce qu'on propose aujourd'hui, avec le Réseau des femmes d'affaires du Québec,
portent vraiment sur les conseils d'administration.
M. Ouellet : O.K., mais est-ce
que... Si on veut avoir de l'impact dans la société, est-ce qu'on devrait avoir
cette même volonté là pour le fonctionnariat québécois...
Mme Foisy (Isabelle) : Je dirais que...
M. Ouellet : ...d'avoir des
obligations, d'avoir des... on ne va pas parler de quotas, mais d'incitatifs
positifs à avoir des représentants issus de ces communautés-là dans les emplois
occupés?
Mme Foisy (Isabelle) : Bien, si on
parle d'incitatifs positifs, je pense qu'on devrait faire ça dans toute la
société, qu'on parle des entreprises privées, des entreprises publiques, qu'on
parle de notre société d'État, d'avoir une représentativité de tous les genres,
de toutes les différentes communautés culturelles. Quand on parle avec... de la
diversité, bien, effectivement, cette diversité-là apporte beaucoup à notre
société. Donc, je suis d'avis que, oui, on devrait tendre... pour s'assurer
qu'on inclut la diversité dans tous les échelons des entreprises, puis ça
faisait partie, là, de notre première recommandation, que la diversité doit...
on doit s'assurer que la diversité soit bien représentée.
M. Ouellet : Merci beaucoup.
Mme Foisy (Isabelle) : Bienvenue.
Le Président (M. Simard) : Merci à
vous. Alors, Mme Foisy, merci pour cette très belle présentation.
Sur ce, nous allons devoir suspendre
momentanément nos travaux afin de faire place à nos prochains invités. Puis,
Mme Foisy, vous m'aviez dit, avant votre présentation, que vous alliez
venir à Québec cet après-midi en partant de Boucherville. Alors, soyez prudente
sur la route.
Mme Foisy (Isabelle) : Exact, merci,
et bonne fin de journée à tous.
Le Président (M. Simard) : Au
revoir, madame.
Mme Foisy (Isabelle) : Au revoir!
(Suspension de la séance à 14 h 42)
(Reprise à 14 h 46)
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous sommes de retour et nous sommes en présence de représentants de la FTQ-Construction. Messieurs, bonjour à vous
deux. Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter, s'il vous
plaît?
Fédération des
travailleurs et travailleuses du
Québec-Construction (FTQ-Construction)
M. Boisjoly (Éric) : Oui, je me
présente, Éric Boisjoly, directeur général de la FTQ-Contruction et membre du conseil d'administration du C.A. de la CCQ
aussi, et Philippe Lapointe, conseiller syndical à la FTQ-Construction.
Le Président (M. Simard) : Bienvenue
parmi nous. Vous disposez de 10 minutes.
M. Boisjoly (Éric) : Merci. La
FTQ-Construction est le plus grand syndicat de l'industrie, représentant
43 % des travailleurs et des travailleuses. Nous avons été présents à
toutes les étapes du développement de la commission. Nous avons vécu les
décrets des conventions collectives et la création du système actuel de
paritarisme.
La FTQ-Construction demande, donc, de retirer la
Commission de la construction du projet de loi n° 4. On peut améliorer la
gouvernance de la CCQ mais par une modification à la loi R-20, en
conservant la représentation paritaire au conseil d'administration. La CCQ est
un comité paritaire de coordination d'une industrie, un lieu où patrons et
syndicats échangent sur les enjeux qui touchent les relations de travail et la
gestion de la main-d'oeuvre. Ce n'est pas un comité de gestion d'un musée ou
d'une entreprise étatisée. Vous ne pouvez pas appliquer les mêmes critères de
nomination des administrateurs. On l'a dit, plusieurs l'ont dit aussi, on a
besoin d'expertise de l'industrie et on l'a démontré de par le passé.
La CCQ détient des rôles fondamentaux, entre
autres l'application des conventions collectives. Sur son conseil
d'administration, il est question de sujets qui relèvent directement du devoir
de représentation des syndicats envers leurs membres. Il est primordial que
toutes les associations syndicales de l'industrie soient présentes, et ça, le projet de loi n° 33 l'a modifié à l'époque,
et aujourd'hui on vit très bien avec. Si vous avez l'impression qu'on se
répète, c'est parce qu'il y a unanimité dans l'industrie, et aujourd'hui plein
de gens l'ont démontré.
M. Lapointe (Philippe) : On vous
répète que le régime des relations de travail de la construction est
particulier. Il est important de quand même préciser un peu pourquoi puis
comment. En fait, la particularité du régime de la construction est que,
contrairement au droit du travail nord-américain, la construction québécoise
n'est pas basée sur le principe de
l'établissement, mais les relations patronales-syndicales s'appliquent à
l'industrie entière. C'est-à-dire que
nos relations de travail ne se limitent pas à un employeur, un syndicat mais
couvrent toutes les entreprises qui y participent pour les cinq
syndicats en même temps.
De plus, l'industrie est caractérisée par un
côté extrêmement éphémère des milieux de travail. Ce ne sont pas des chaînes de
montage. On n'est pas en train de bâtir des voitures ou des choses que l'on
vend. En fait, ce que l'on vend est le lieu
de travail, et les travailleurs vont d'un chantier à l'autre, d'un employeur à
l'autre. Parfois, ils peuvent passer
une heure sur un chantier. Parfois, ils peuvent en passer six mois, deux ans,
trois ans. Mais l'employé n'a jamais de garantie d'emploi.
Grâce à notre régime, on a réussi à structurer
une façon d'avoir une stabilité au niveau du fonds de retraite, des avantages sociaux, de la paie de vacances, du
régime d'assurance collective, et même d'avoir une assurance d'une stabilité de contrats, peu importe le lieu de
travail et l'employeur avec qui le salarié de la construction va se
retrouver. C'est un choix qu'on a fait, au Québec, pour s'assurer que les gens
qui travaillent dans notre industrie puissent avoir une carrière, et c'est une
façon de faire qui fait l'envie du reste du pays.
Cette précarité a des impacts immenses, par
contre, sur la qualité de vie des travailleurs, travailleuses. D'ailleurs, nous
avons de nombreux défis, par exemple la rétention de main-d'oeuvre, et un
récent sondage montrait que 35 % des gens qui se joignaient à notre industrie
ne restaient pas plus de cinq ans, puis, pour les femmes, cela,
malheureusement, va jusqu'à... 50 % des travailleuses quittent avant
cinq ans.
• (14 h 50) •
Ce qui
m'amène à l'autre question, qui est la représentativité des femmes dans nos
instances. La FTQ-Construction, on va
être clairs, elle appuie le principe d'avoir une parité hommes-femmes sur le
conseil d'administration de la CCQ.
En plus de la participation au Programme d'accès
à l'égalité des femmes dans l'industrie de la construction, la FTQ-Construction
a formé un comité de travailleuses et un comité pour les minorités visibles
afin d'avoir la voix des groupes minoritaires de notre industrie. Cela nous
permet de créer un leadership à l'interne. Le comité des travailleuses est une
instance qui sert de lieu de concertation pour les femmes entre les métiers et
occupations, mais aussi un lieu de
discussion et d'élaboration de nos positions pour notre syndicat. Pour
améliorer le taux de rétention, pour améliorer les conditions de santé,
sécurité et autres, c'est vers elles que l'on peut se tourner. Nous avons aussi
formé l'ensemble de nos représentants et représentantes à l'intervention en cas
de harcèlement psychologique et sexuel, un problème qui est endémique dans
notre industrie.
Au-delà de la
difficulté d'accès des femmes à l'industrie de la construction, la
FTQ-Construction sait qu'il y a un manque de représentativité sur nos
instances, et nous allons agir en conséquence. Par contre, nous croyons que de créer des indépendants nommés par les syndicats
serait une fausse solution pour atteindre la parité. On ne doit pas
aller chercher des gens à l'externe pour
régler la question de la parité sur nos instances. Il faut plutôt demander aux
organisations présentes de s'assurer d'avoir du leadership
de femmes dans leurs rangs plutôt que d'aller chercher à l'externe. L'inclusion de l'exigence de parité dans la
loi R-20 pourrait ainsi pousser les organisations à se diversifier en leur
sein.
M. Boisjoly (Éric) : Si la volonté
du législateur est réellement d'augmenter la diversité, donc, dans notre
industrie, l'inclusion de clauses demandant l'embauche de femmes sur les
chantiers publics permettrait de garantir de
la stabilité des emplois moins précaires aux travailleuses qui en ont
grandement besoin. Ça va nous aider à accueillir des femmes dans nos structures syndicales. En 2020,
seulement 13 % des 25 000 entreprises oeuvrant en construction
ont engagé une femme. En tant que plus grand
donneur d'ouvrage, le gouvernement pourrait faire une différence instantanément.
Pour vous
illustrer l'importance du paritarisme dans notre industrie, j'aimerais vous
parler de la dernière ronde de négociations. La dernière ronde de
négociations montre exactement que la Commission de la construction est la finalité des relations de travail dans l'industrie.
À cause des modifications aux règles concernant les assurances
médicaments, notre régime d'assurance collective connaissait de véritables
problèmes de financement. Ce sont les actuaires de nos organisations et de la commission
qui ont levé le drapeau.
Au cours des années qui ont précédé la
négociation, les parties patronale et syndicale ont échangé sur de possibles
solutions et ont travaillé de concert à l'élaboration de scénarios pour sauver
notre régime, qui couvre 340 000 bénéficiaires. Lorsque la ronde de
négociations est arrivée, nous étions mûrs pour modifier les règles de
financement et conjointement créer une nouvelle formule. Ce qui aurait pu être...
très certainement devenir un conflit de travail s'est soldé par une entente
négociée. Ce sont nos discussions sur les comités paritaires et au conseil
d'administration qui ont permis cela.
Ça vient démontrer l'évolution qu'a eue
l'industrie, et, autant patronal, syndical, aujourd'hui, on est capables de se
parler dans différentes instances qui nous emportent la Commission de la
construction. Ça prend des gens qui connaissent l'industrie pour parler des
vrais besoins de l'industrie, mais ce n'est pas juste une question de
compétences. Les représentants patronaux et syndicaux sont des personnes
décisionnelles pour la négociation, et le conseil d'administration de la CCQ
est le lieu d'échange pour s'entendre sur l'avenir de notre industrie, et on va
continuer à le démontrer dans le futur. Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci à
vous, chers messieurs. Alors, je cède maintenant la parole au ministre des
Finances.
(Interruption)
Le Président (M. Simard) : Il y a un
petit problème de... Ah! là, ça a l'air d'être réglé.
M. Girard (Groulx) : Merci pour
votre mémoire. Merci pour votre présentation et merci pour l'étendue de vos
points de vue, parce que c'est bien, parce que je pense qu'on a peut-être trop
parlé d'un seul sujet. Alors, j'apprécie... personnellement, j'apprécie que
vous... vos recommandations soient plus larges.
En fait, j'aimerais clarifier les aspects de la
Commission de la construction du Québec d'abord, puis on pourra parler des éléments... des autres éléments
ensuite. Outre la recommandation ou la suggestion que la Commission de la
construction ne soit pas assujettie à la Loi sur la gouvernance des sociétés
d'État, les changements à la loi qui régit la CCQ devraient-ils être traités
séparément ou dans le cadre de la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État?
M.
Boisjoly (Éric) : Bien, je pense que plusieurs intervenants l'ont
dit, M. le ministre. La question est bonne, mais je pense que, comme
plusieurs de mes collègues, autant patronaux et syndicaux... Je dirais qu'à
l'interne du C.A... Je pense qu'on commence à démontrer une maturité à
l'interne. Oui, on a eu des frictions, c'est clair, comme n'importe quel
conseil d'administration. Je suis un jeune, malgré le blanc de ma barbe, je
suis un jeune du conseil d'administration. Ça ne fait seulement que deux ans
que je suis là, sauf que j'ai appris à travailler avec autant les membres
indépendants que les membres patronaux. On apprend aussi à se connaître. On
apprend aussi à... On joue notre rôle d'influenceur en étant un administrateur.
C'est ce qu'on a à faire comme rôle, justement, pour influencer, du fait de nos
connaissances de l'industrie. Je pense que la maturité est là puis je pense
qu'en passant par la loi R-20 on est capables d'atteindre... Je pense que
le gouvernement veut... où le gouvernement veut atterrir, je pense qu'on est
capables de faire ça en passant par la loi R-20.
M. Girard (Groulx) : O.K. Bien,
une question que nous aurions à discuter, c'est si c'est pertinent de toucher à
la loi constitutive dans le cadre de ce projet de loi là, là, parce que ça...
La loi R-20, évidemment, pourrait nécessiter
des améliorations dans plusieurs champs d'application qui ne concernent pas la
gouvernance nécessairement, uniquement.
O.K., peut-être un commentaire, parce que
vous... Partout où il y a un représentant... une représentation d'association syndicale, vous voulez... vous vous
opposez à une réduction en faveur de membres indépendants, tel que... On
parle de la RAMQ, Retraite Québec. Je veux juste clarifier, là, que
l'indépendance des conseils d'administration, c'est un principe fondamental,
là, et, nous, c'est... un des principes de la Loi sur la gouvernance des
sociétés d'État, c'est l'indépendance des conseils d'administration, qui vise
évidemment à s'assurer que l'intérêt de la société dans son ensemble soit pris
en compte, et non celui des parties prenantes qui peuvent composer la société.
Alors, c'est bien
certain que, par exemple, chez Retraite Québec, il y a des associations
syndicales dans les régimes de retraite, mais, le C.A. de Retraite Québec, on a
besoin qu'il soit indépendant et qu'il nous donne une évaluation
de la gestion du plan stratégique de Retraite Québec, de la santé de nos
régimes, et ces régimes-là, évidemment, doivent évoluer dans le temps, et c'est
des décisions extrêmement importantes, et l'indépendance est nécessaire. Alors, je prends acte de la remarque
quant au C.A. de la RAMQ puis de Retraite Québec, mais, à première vue,
je vous dirais que je ne suis pas prêt à compromettre, là, la notion
d'indépendance.
M. Boisjoly
(Éric) : ...parce que, là, vous parlez de... Est-ce que vous... parce
que, là, peut-être un mixte... Vous avez peut-être le mémoire de la FTQ
centrale et non pas, peut-être, celui de la FTQ-Construction.
M. Girard
(Groulx) : Oui.
M. Boisjoly
(Éric) : Oui? O.K., c'est bon.
M. Girard
(Groulx) : Effectivement.
M. Lapointe
(Philippe) : Nous n'avons pas rédigé le mémoire de la FTQ centrale.
Nous avons...
M. Girard
(Groulx) : D'accord, c'est mon...
M. Boisjoly
(Éric) : Non, mais il n'y a pas de problème. C'est parce que, là, je
voyais qu'on s'égarait...
M. Girard
(Groulx) : Non, non, mais... O.K., mais c'est un bon point. Vous
voyez, c'est mon manque de finesse dans les connaissances de la FTQ, là, qui
ressort.
M. Boisjoly
(Éric) : Non, mais peut-être juste démontrer au moins...
M. Girard
(Groulx) : Je vous promets d'y travailler.
M. Boisjoly
(Éric) : C'est M. Boyer qui va être content. Il va comprendre que
j'ai lu son mémoire aussi.
M. Girard (Groulx) : O.K., mais parce qu'ils sont des intervenants
fréquents aux consultations prébudgétaires. Mais, vous avez raison, les
aspects de la RAMQ et de Retraite Québec sont dans leur mémoire et non dans
celui de la FTQ-Construction.
M. Boisjoly
(Éric) : Exact, merci.
M. Girard
(Groulx) : O.K., alors, on s'entend. Alors, est-ce que... Je vais...
Je reviendrais, dans ce cas-là, sur la Commission de la construction du Québec.
Est-ce que les rôles de P.D.G. de la Commission de la construction et
présidente ou président du C.A. devraient être séparés?
• (15 heures) •
M. Boisjoly (Éric) : Oui, on est d'accord avec ce principe-là,
justement pour créer une certaine indépendance, là, de la présidence. On
le voit dans différents conseils d'administration. Je siège sur celui du Fonds
de solidarité, puis on a une présidence qui
est indépendante aussi. Avant, c'était le président de la FTQ qui était
d'office. Et aujourd'hui on a fait des modifications puis on trouve ça
très correct de procéder de cette manière.
M. Girard
(Groulx) : O.K. Et comment vous évaluez la contribution des membres
indépendants? Vous êtes là depuis deux ans?
M. Boisjoly
(Éric) : Oui. Bien, je l'ai dit tantôt, ça a été... je suis quand même
un gars de terrain. Je suis un gars qui a commencé dans l'industrie de la
construction, j'ai quand même monté les échelons étape par étape pour me rendre
au conseil d'administration, puis j'ai appris à travailler avec ces gens-là,
puis ils m'ont aussi appris à travailler avec eux. Tu sais, ils m'ont souvent
ramené, à dire : Bien, Éric, tu es un administrateur, tu as le devoir de
nous influencer sur tes connaissances de l'industrie. Puis c'est ce que je dis,
on arrive à une maturité, ce n'est pas toujours parfait, mais je pense qu'on
est sur le point d'y arriver dans un avenir assez rapproché.
M. Girard
(Groulx) : Très bien. Ça va être tout pour moi, M. le Président.
Le Président (M.
Simard) : Très bien. Alors, M. le député de Sainte-Rose, après quoi
nous donnerons la parole au député de Vanier-Les Rivières.
M. Skeete :
Merci, M. le Président. Combien de temps qu'il nous reste?
Le Président (M.
Simard) : 8 min 40 s.
M. Skeete :
Ce ne sera pas huit minutes. Petite question. Merci beaucoup pour votre
présence en commission aujourd'hui. J'aimerais mieux comprendre un petit peu à
quoi ressemble le conseil d'administration aujourd'hui. J'ai le
privilège de porter le chapeau d'adjoint parlementaire au ministre pour la
lutte au racisme et j'aimerais savoir le pourcentage de membres que vous avez
qui sont issus de la minorité, et aussi... ou de la diversité plutôt, et aussi
si vous en avez sur vos conseils variés, et puis c'est quoi, votre plan actuel
pour les inclure, puis aussi le nombre de femmes, juste pour m'éclaircir un peu
sur l'état des lieux.
M. Boisjoly
(Éric) : Bien, le nombre de femmes, je pense qu'on est à un membre
féminin d'être pratiquement égal, avec... si on calcule les membres
indépendants. Sur la minorité, je vous dirais que, présentement sur le conseil d'administration, on n'en a pas, mais
c'est des choses qu'on discute depuis longtemps, incluant de les rentrer
dans l'industrie de la construction, ces
gens-là, aussi. Ça fait que le conseil d'administration travaille aussi à
élaborer des stratégies pour,
justement, inclure les gens des diversités ou des minorités, de par des
modifications réglementaires, on parle seulement que des Premières
Nations, où est-ce que c'est un dossier qu'on est en train de piloter
présentement. Ça fait que c'est des exemples concrets que le conseil
d'administration travaille aujourd'hui, présentement, à essayer de faire une
place à ces gens-là, là.
M. Skeete :
Donc, vous... Oui?
M. Lapointe
(Philippe) : Si je peux me permettre, M. Skeete, pour continuer
sur la question. Bien, sur l'entrée, entre
autres, des personnes issues de la diversité, là, sur... dans la construction,
on est à peine à 2 % présentement, puis la FTQ-Construction a
développé un programme auprès de jeunes issus des minorités qui viennent de
Rivière-des-Prairies et de Montréal-Nord afin de les aider à passer à travers
toutes les barrières administratives que ça prend pour entrer dans la
construction. Puis on a un assez bon taux de réussite, on a près de
200 jeunes qui sont passés juste cet été dans nos formations, afin de
pouvoir intégrer l'industrie de la construction. Puis évidemment on le voit
aussi dans la diversité qu'il y a sur les représentants qu'on embauche au sein
de la FTQ-Construction et les
représentantes. Alors, ça va se refléter dans les instances, mais, pour
l'instant, sur le C.A., c'est nul.
M. Skeete :
Parfait. Merci pour l'information.
M. Boisjoly
(Éric) : Merci.
Le Président (M.
Simard) : Merci à vous, cher collègue. M. le député de Vanier-Les Rivières.
M. Asselin :
Merci, M. le Président. Je voulais simplement vérifier... Et merci pour votre
présence, en passant. J'ai compris... puis je voudrais que vous répétiez ici
pour être certain que ce soit clair, là, vous souhaitez que le nombre de femmes
soit en parité sur le C.A., malgré que, dans l'industrie de la construction, il
y a une minorité de femmes. Alors, qu'est-ce qui vous a portés à faire ce
choix-là? Puis quelle est la raison principale pour laquelle vous, vous
souhaitez qu'on aille vers ça?
M. Lapointe (Philippe) :
Voyez-vous, la question de la parité, c'est un principe, c'est un principe vers
lequel on doit tendre. Puis, au sein de l'industrie de la construction, nous
travaillons afin qu'il y ait des femmes dans tous les types de postes, tous les
métiers et que ce soit reflété partout. Mais, en même temps, la construction et
son C.A., ce n'est pas simplement un organisme qui doit être désincarné de la
société du Québec. Ce qu'on veut, c'est maintenir la représentation des
organisations syndicales, représentation patronale, mais tout en ayant une
diversité de points de vue qui y sont présents. Ce qu'on vous dit, c'est :
Laissez-nous la chance de faire le travail d'avoir ces représentations-là. Ça
fait qu'en fait notre objectif, c'est qu'il y ait plus de femmes aussi dans
l'industrie.
M. Asselin :
O.K.
M. Lapointe
(Philippe) : Oui.
M. Asselin :
Vous êtes quand même d'accord avec ça?
M. Lapointe
(Philippe) : Bien oui, bien sûr. On travaille activement à ce qu'il y
ait plus de femmes dans la construction.
M. Asselin :
Merci beaucoup.
M. Boisjoly
(Éric) : Bien, pour renchérir là-dessus, M. le ministre, si vous me
permettez, on est plus que d'accord. On a un comité de travailleuses, à la
FTQ-Construction, justement, qui nous donne le feedback du terrain, justement,
pour améliorer la venue des femmes dans l'industrie de la construction. Ça fait
qu'on travaille là-dessus puis on travaille aussi conjointement avec la
Commission de la construction pour essayer, justement, de promouvoir le côté
féminin à l'industrie de la construction, là. C'est clair, on est là, là.
M. Asselin :
Merci de ce leadership-là.
M. Boisjoly (Éric) : Merci.
Le Président (M.
Simard) : Alors, M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Très bien. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, MM. Boisjoly et Lapointe, bonjour. Merci
d'être là en tant que FTQ-Construction.
Une voix : Oui, oui.
M.
Leitão : Donc, vous avez
mentionné très clairement dès l'ouverture que, comme d'autres groupes,
d'autres syndicats et côté patronal ont
aussi mentionné avant... de retirer la Commission de la construction du projet
de loi n° 4. Ça semble être un thème assez clair.
Vous mentionnez quelque chose que j'ai trouvé
intéressant, pas dans vos propos mais dans le document que j'ai ici, le
mémoire, votre mémoire, et vous mentionnez quelque chose que j'aimerais vous
demander de commenter un peu là-dessus, qu'il y a peut-être une certaine
confusion et que cette «confusion peut venir du fait qu'avec le temps — et ce
sont vos mots — la
nature même de la CCQ a été dénaturée. Depuis une dizaine d'années, la CCQ
n'agit plus pour servir l'industrie mais tente plutôt de gérer l'industrie», et
que ce serait cette confusion qui, donc... qui peut-être mène à cette tentative
de l'inclure dans le projet de loi n° 4. Pouvez-vous nous parler un peu
plus de ça, donc, pourquoi est-ce qu'on a
évalué vers une... pourquoi est-ce que la CCQ a évolué vers une tentative de
gérer l'industrie?
M. Boisjoly (Éric) : Bien, écoutez,
je l'ai dit tantôt, c'est une... je vais employer l'anglicisme «work in
progress», là, on parle, là... On a fait, dans le fond, un... qui récapitule
des années du conseil d'administration. Puis, je
l'ai dit tantôt, on est sur une évolution, je pense qu'on est en train de
changer la donne, au moins on est en train d'essayer de faire
comprendre... autant du côté patronal, comme le côté patronal essaie de nous
faire comprendre aussi leur point de vue. Puis, je pense qu'on l'a dit tantôt,
les membres indépendants aussi interviennent d'une manière, que je pense qui
est correcte aussi, à nous faire comprendre qu'on a un intérêt
d'administrateur.
Ça fait que je pense que... puis je le redis
encore, je ne veux pas me répéter, mais, la maturité du conseil
d'administration, je pense qu'on est en train de l'atteindre. Oui, il va
toujours... je n'emploierais pas le mot «conflit», mais il va toujours y avoir
des divergences d'opinions, dans un comité paritaire, puis ça, c'est normal.
Puis je pense que c'est à se comprendre puis à se compléter, en incluant les
membres indépendants, qui viennent rajouter un petit «update», là, qui vient de
l'externe, qui vient des fois nous faire réfléchir sur certaines prises de
décision ou certaines situations... Mais je pense que... je ne veux pas me
répéter, encore une fois, mais on est en train d'atteindre la maturité, malgré
les... certains conflits puis certaines mésententes. Mais, au final, il y a des
décisions, qui ne sont pas toujours unanimes, mais il y a des majorités, puis
je pense qu'un conseil d'administration n'est pas toujours obligé d'avoir une
décision unanime, mais il peut y avoir quand même des décisions majoritaires.
Puis c'est ce qu'est le conseil d'administration de la Commission de la
construction du Québec, monsieur.
M. Leitão : Oui. Donc, très bien.
Mais, là où je voulais aller, c'est que... Je ne questionne pas le rôle, ou la
pertinence, ou l'efficacité du conseil d'administration de la CCQ mais le fait
que la CCQ elle-même, au cours des dernières années, semble être en train
d'évoluer vers un modèle qui n'est peut-être pas celui qui avait été prévu au
départ, comme...
M. Boisjoly (Éric) : Bien, c'est sûr
qu'on peut peut-être faire, dans le fond, la parenthèse avec... d'inclure les
membres indépendants. C'est ce qu'on veut dire, tu sais, on a passé de... une
étape. Puis, dans notre mémoire, bien, on a fait l'évolution, je dirais, de la
commission, mais de l'évolution de la construction au Québec depuis 1936. Ça
fait que c'est ce qu'on voulait dire aussi par le fait même que c'est une
évolution, puis il y a des changements qui sont à prendre, puis c'est là qu'on
est, en tant que FTQ-Construction aussi, là. On a nos salariés, c'est eux
autres qui nous éluent lors des congrès, puis on a à les représenter. Ça fait
que c'est un petit peu ce qu'on voulait dire en nos mots à nous. Mais,
Philippe...
M. Leitão : Allez-y, oui.
• (15 h 10) •
M. Lapointe (Philippe) : Si je peux
me permettre, c'est qu'en fait les mandats de la CCQ se sont accumulés avec le
temps. Au moment de sa création, en 1982, il n'y avait pas nécessairement la
gestion de tous les fonds d'avantages
sociaux, il n'y avait pas non plus le fonds d'indemnisation, il n'y avait pas
le fonds de formation, il n'y avait pas la gestion de la main-d'oeuvre.
Alors là, ce qu'on voit, c'est qu'à partir de 1982 jusqu'à aujourd'hui, dans
cette évolution de 40 ans, la CCQ, elle
a accumulé énormément de pouvoirs sur l'industrie. Mais c'en rajoute sur
l'importance d'avoir les mêmes acteurs qui
sont présents pour être capables de continuer d'avoir cette relation organique
qui existe entre les parties privées qui sont présentes, syndicats et
patronat, et l'organisme qui la gère, si on veut, en question.
M. Leitão : O.K. Et, écoutez, je ne
suis pas en désaccord du tout avec la proposition qu'on retire la CCQ du projet
de loi n° 4. Je pense que c'est quelque chose qu'il faut qu'on
réfléchisse, si, surtout, le milieu lui-même, de façon presque unanime, le demande. Donc, je pense qu'on va écouter ça.
Mais par contre il faut quand même s'assurer qu'avec l'évolution des dernières années, là, ce qu'on dit, de tendre
vers... de gérer l'industrie, tous les nouveaux mandats, les nouvelles missions
qui ont été ajoutés à la CCQ, ça demande aussi un conseil d'administration
peut-être plus représentatif, pas seulement de l'industrie, mais de la société
en général.
Donc,
ce que j'essaie de faire, dans ma tête, et en après-midi il y a déjà eu beaucoup
d'heures qu'on a passées ici, donc ce n'est pas très cohérent des fois, mais...
c'est que, si on exclut la CCQ du projet de loi n° 4, bien, il faut quand même trouver un moyen de s'assurer
que le conseil d'administration, même s'il reste avec la composition
actuelle, le 5-5-4, le conseil d'administration soit représentatif de la
société en général, et donc tous les critères dont on a parlé tantôt, de bonne
gouvernance, etc., s'appliquent aussi au conseil d'administration de la CCQ. Si
ça ne se fait pas avec le projet de loi n° 4, il faudrait que ça se fasse
d'une autre façon, mais il faudrait que ça se fasse. Et ça, je n'ai pas
remarqué, vous n'avez pas... vous ne vous opposez pas à ça, vous vous opposez
seulement au fait que cela se fasse avec le projet de loi n° 4, c'est ça?
M. Boisjoly
(Éric) : Exact.
M. Lapointe (Philippe) : Mais le projet de loi n° 4 inclut quand même
le fait que les représentants syndicaux devraient être seulement deux
représentants syndicaux et nommer trois indépendants, nommés par les cinq. Ça,
on s'y oppose.
M. Leitão :
C'est ça. Donc, c'est cette... oui, c'est cette question-là. Et, si on voudrait
maintenir la composition actuelle du conseil d'administration, les
5-5-4, est-ce que, si on faisait ça, en même temps, on pourrait assujettir la
CCQ aux autres provisions du projet de loi n° 4, ou, pour vous, c'est tout
simplement... ne pas mélanger les choses?
M. Boisjoly
(Éric) : Ben, c'est parce qu'on réitère... puis je ne veux pas répéter
ce que nos confrères ont dit, autant patronaux que syndicaux, mais, pour nous,
le financement, le financement de la Commission de la construction vient
démontrer le fait qu'on ne doit pas être assujettis à la loi sur la société
d'État, de par le financement. Puis je ne
veux pas encore répéter ce que nos confrères ont dit, mais ça va être les mêmes
arguments, tu sais, c'est clair.
Puis, juste nos régimes d'assurance et nos régimes de retraite, de par leur
gestion, on prend un financement, qui vient aussi financer la Commission
de la construction du Québec, à même, dans le fond, les fonds des travailleurs,
qui est négocié en paritaire avec les patrons. Ça fait que je pense que, pour
toutes ces raisons, on ne devrait pas être assimilé à cette loi-là.
M. Leitão :
O.K. Très bien. Vous voulez ajouter quelque chose? O.K. Très bien. Message
reçu, merci.
Le Président (M.
Simard) : Merci à vous. Mme la députée.
Mme Ghazal :
Oui. Merci, MM. Boisjoly et Lapointe, merci pour votre mémoire et votre
présentation. Puis j'ai été contente de vous entendre parler de la parité
hommes-femmes. Vous n'avez pas baissé les bras, vous savez qu'il y a moyen
d'améliorer ça, même dans l'industrie de la construction, et vous faites des
efforts, vous en avez parlé. Est-ce que vous pouvez nous donner des exemples?
Qu'est-ce que le gouvernement peut faire pour améliorer la place des femmes
dans l'industrie de la construction? Vous, vous avez parlé de ce que vous, vous
avez essayé de faire. Qu'est-ce que le gouvernement aussi peut faire?
M. Boisjoly
(Éric) : Bien, je vais donner des exemples concrets, je vais prendre
l'exemple de la mobilité provinciale. À une certaine époque, on a eu des
problématiques sur des chantiers éloignés puis, dans les contrats
d'Hydro-Québec, bien, on a instauré une politique d'au moins un certain nombre
d'embauches locales, pour éviter, justement, des conflits qu'on voyait sur les
grands chantiers de la Côte-Nord. Mais je pense que le même exemple devrait
être pris pour les femmes dans l'industrie. On a parlé, là, voilà pas bien,
bien des années, du relancement économique par l'industrie de la construction.
On va investir des milliards de dollars publics pour, justement, relancer l'économie.
Ça fait que je pense qu'en étant le gouvernement on devrait au minimum demander
l'embauche de femmes dans l'industrie de la construction. Puis ça, on l'a dit
aussi dans le mémoire, Philippe l'a dit tantôt, mais ça pousserait aussi les
femmes à entrer dans l'industrie puis peut-être se positionner dans des postes
clés, syndicaux ou patronaux, pour, justement, avancer dans la construction. Je
pense que ça serait une première puis ça serait un bon début. En tout cas, tout
le monde démontrerait qu'on veut mettre l'épaule à la roue.
Mme Ghazal :
Puis vous parlez aussi... parce qu'une fois qu'elles entrent, il faut aussi les
retenir. Mais allez-y, M. Lapointe.
M. Lapointe
(Philippe) : En fait, j'allais exactement dans ce sens-là, c'est pour
dire : On a un problème présentement, il y a une rareté de main-d'oeuvre
dans la construction. Il y a des femmes qui arrivent, remplissent toutes les
conditions pour travailler, mais des employeurs ne veulent pas les embaucher.
Puis les raisons pourquoi ils ne veulent pas les embaucher, ce n'est pas une
raison : elle n'est pas compétente, ou autres, c'est : ils ne veulent
pas embaucher de femmes. Donc, si on peut avoir, chez le plus grand donneur
d'ouvrage... Puis je ne parle pas des minorités visibles, c'est exactement la
même chose qu'on a comme problème, on a des gens qui passent par chez nous puis qui sont des minorités visibles, on les
amène sur les chantiers, puis les employeurs nous les ramènent en disant
qu'ils ne veulent pas les garder, puis sans raison sur compétence, ou autres.
On a un problème dans notre industrie. Alors, si, dans les contrats publics, le
plus grand donneur d'ouvrage de la construction, il y avait une condition qui
dit : Si vous avez des contrats publics, vous devez embaucher au minimum
une femme, bien, vous savez quoi, vous allez faire une différence immédiatement
sur les chantiers.
Mme Ghazal : Pourquoi ils ne veulent pas les garder? Si ce
n'est pas la compétence, c'est par racisme et sexisme? Aussi bête que
ça?
M. Lapointe (Philippe) : Oui.
Mme Ghazal : O.K. O.K.
Le Président (M. Simard) : ...
Mme Ghazal : Oh! C'est terminé?
Le Président (M. Simard) :
Malheureusement.
Mme Ghazal : Très bien. Bien,
merci. Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Bien
malheureusement. M. le député.
M. Ouellet : Merci beaucoup.
Donc à mon tour, M. Boisjoly, M. Lapointe, de vous saluer. Vous êtes
le dernier groupe, aujourd'hui, qu'on entend et qu'on a entendu, hier, sur
toute la notion d'inclure ou pas la CCQ au projet de loi n° 4. Et, à la
lumière des consultations qu'on a eues, la CSN, l'Inter, la FTQ, le Conseil du
patronat, l'Association des entrepreneurs en construction du Québec, la CSD,
dans son mémoire, qu'on n'a pas entendu, et le syndicat de la construction
aussi, tout le monde est unanime, il ne faut pas que la loi n° 4
s'applique à la CCQ. Mais il y a une quasi-unanimité pour que des modèles de
gouvernance soient appliqués à la CCQ, et c'est ce que j'entends aujourd'hui
par vos propos, notamment par la division du poste de P.D.G. et de président du
conseil, notamment pour ce qui est de la parité.
Vous êtes le deuxième groupe aussi qui nous
apportez une solution pour augmenter le nombre de femmes dans l'industrie de la
construction. Et vous faites référence, M. Boisjoly, à ce qu'on a vécu sur la
Côte-Nord. Et ce n'est pas moi qui y étais, c'était mon collègue Marjolain
Dufour qui était là à l'époque, député de René-Lévesque, et effectivement
l'embauche locale, et l'embauche de travailleurs locaux, et même des membres
des Premières Nations, a fait partie des
revendications pour que des gros chantiers, chez nous, puissent bénéficier à
des travailleurs de chez nous.
Et là ce que j'entends aujourd'hui, c'est ce que
vous nous dites, c'est : Allons un peu plus loin et demandons à l'État
québécois, dans ses appels d'offres, de mettre des conditions, dans ses appels
d'offres, pour les gagner, pas juste le meilleur prix, pas juste le délai de
livraison, mais aussi la présence des femmes sur les chantiers. Et j'ai entendu
ça aujourd'hui de la bouche des centrales syndicales mais porté par la bouche
d'hommes.
Donc, messieurs, je veux vous féliciter et je
veux passer un message aussi à l'ensemble des centrales syndicales qui ont eu
ce discours-là : Il y a de la place pour les femmes dans le milieu du
travail, il y a de la place pour les femmes dans le milieu de la construction.
On peut tous en faire un peu plus, et c'est ce que vous nous indiquez
aujourd'hui dans votre mémoire et par votre présentation. Donc, merci beaucoup
d'avoir pris le temps d'avoir indiqué que cet enjeu-là est un enjeu qui était
préoccupant et que le Québec pourrait faire mieux pour la place des femmes en
construction.
M. Boisjoly (Éric) : Bien,
merci beaucoup. Bien, je veux juste rajouter : il faut les faire entrer,
mais, Philippe l'a dit tantôt, il faut aussi les garder. Ça fait que ça, c'est
tout qu'un travail. Puis ça, je pense que tout le peuple québécois est capable
de faire cet effort-là. On est dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre,
puis des femmes, il y en a, puis il y en a plusieurs qui veulent rentrer dans
l'industrie de la construction. Mais il faut aussi les garder. Je pense qu'il n'y a pas personne qui veut passer à côté d'aider
une mère de famille. Il y a des pères de famille, mais il y a aussi des
mères de famille qui veulent bien gagner leur vie. Puis l'industrie de la
construction, c'est un beau tremplin pour une belle famille, avec les avantages
qu'on a, qui sont négociés par la partie patronale et la partie syndicale.
Merci.
M. Ouellet : Merci.
• (15 h 20) •
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. Ceci étant dit, nous arrivons au terme de cette
présentation. Merci à vous deux, messieurs, d'avoir été des nôtres, ce fut fort
apprécié.
Nous allons suspendre nos travaux momentanément,
le temps de faire place à nos derniers invités.
(Suspension de la séance à 15 h 21)
(Reprise à 15 h 25)
Le
Président (M. Simard) : Alors, chers collègues, nous sommes de retour et
nous nous retrouvons en présence du
représentant de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et
publiques, M. Patrick Besner. Bonjour.
Institut
sur la gouvernance d'organisations privées et publiques (IGOPP)
M. Besner (Patric) : Bien, bonjour.
Le Président (M. Simard) : Merci
d'avoir répondu à notre invitation.
M. Besner (Patric) : C'est moi qui
vous remercie de...
Le
Président (M. Simard) :
Alors, vous savez que vous disposez de 10 minutes pour faire votre
présentation.
M. Besner
(Patric) : On y va. M. le Président, M. le ministre, Mmes et
MM. les députés, donc, dans un premier temps, simplement vous dire que
l'IGOPP est un OBNL qui a notamment comme mission de hausser la qualité de la
gouvernance, et on a été un partenaire privilégié, là, des instances
gouvernementales, notamment, depuis 2006, avec la réforme, et notamment avec
l'énoncé de politiques.
Donc, dans un premier temps, j'aimerais
féliciter, dans un premier temps, l'initiative gouvernementale de toucher à
nouveau et d'améliorer, justement, la Loi sur la gouvernance des sociétés de
l'État. Également, j'aimerais profiter de l'occasion de féliciter tous les
légistes et les fonctionnaires qui ont fait un travail exemplaire pour arriver
à où on est rendus aujourd'hui.
Également,
plus particulièrement, félicitations au niveau du gouvernement pour avoir
ajouté plusieurs sociétés qui n'étaient
pas considérées au niveau de la Loi sur la gouvernance des sociétés de l'État;
également, dans la même veine, de permettre
à plusieurs organismes nouveaux d'avoir la séparation entre le président du
conseil et le président-directeur général, je pense que c'est un élément
qui est crucial; également, enchâsser le concept du «holding over», qui veut
dire, lorsque le mandat est terminé, qu'il y ait continuité quand même, jusqu'à
tant qu'il y a une nouvelle nomination ou confirmation; également, d'avoir
retouché au niveau des... de la rémunération et avantages; et, également, au
niveau de l'enregistrement de l'information dans les rapports annuels de
gestion.
Première observation, il serait fort intéressant
d'avoir... un petit peu comme on a eu dans la Loi sur les sociétés par actions
du Québec, d'avoir, au niveau du ministre, l'obligation soit triennale ou aux
cinq ans de faire rapport sur l'évolution et la mise en vigueur de cette
présente loi. Comme vous savez, la gouvernance évolue très rapidement, et je
pense que c'est important de toujours s'assurer d'avoir les meilleures règles
de gouvernance.
Également, au niveau de l'aspect qui est mon
deuxième point, au niveau du rapport annuel, on félicite le gouvernement
d'avoir enrichi le contenu du rapport annuel. On ajouterait, par contre, la
notion au niveau de la formation.
Actuellement, il n'y a pas d'obligation, ou, à tout le moins, ce n'est pas très
clair, au niveau de la législation, si le
rapport doit contenir, par exemple, quelles formations qu'ils auront eues et
quelles formations qui ont été dispensées pour la société comme telle.
Et c'est un corollaire de l'article 22, le paragraphe 6°,
et l'article 18 de la loi actuelle.
Également, il serait important, parce qu'il est
très intéressant à voir, le rapport annuel, par contre... il serait important
d'avoir une information continue, je n'ai pas vu, dans la loi ou dans les lois
spécifiques, et je ne les ai pas toutes analysées... mais qu'on puisse avoir un
encadrement où... lorsqu'il y a une information de disponible, qu'elle soit
portée au niveau du site Web de la société d'État. Je pense qu'il est bien
d'avoir le rapport annuel, mais c'est quand même une fois par année. Ce serait
bien d'avoir de l'information en continu.
Le troisième point est au niveau plus
pédagogique. On constate régulièrement que, surtout au niveau des nouveaux
membres de conseils d'administration, au niveau de l'obligation de
confidentialité, évidemment, le Code civil,
notamment l'article 322, s'applique à tous les conseils d'administration,
notamment des sociétés de l'État. Et il y a implicitement, à l'intérieur de l'obligation d'honnêteté et loyauté, le
devoir de confidentialité. Mais, d'un point de vue pédagogique, il serait important de l'enchâsser au
niveau de la loi, car beaucoup de nouveaux membres ou de membres ne comprennent pas ou ont de la difficulté à
comprendre que le conseil d'administration de la société d'État est
exactement comme le Conseil des ministres. Ce qui est parlé là reste au niveau
du Conseil des ministres, et c'est très important.
• (15 h 30) •
Le deuxième point, également, c'est au niveau de
l'indépendance. Souvent, il y a une erreur qui est faite de la part des membres
du conseil d'administration, pas parce qu'on a été proposé ou suggéré par un
organisme de devenir membre du conseil d'administration que pour autant on doit
défendre les intérêts de cet organisme-là. Et c'est important, cette
indépendance-là, qu'elle soit maintenue.
Également, au niveau du paramètre du deux tiers
au niveau des membres indépendants, c'est excessivement important, et il
faudrait bien s'assurer que toutes les lois constituantes des sociétés d'État
suivent bien cet élément-là, parce qu'il y en a peut-être certaines qui
auraient un peu de difficultés. On n'a pas fait toute la nomenclature, mais ce
serait important de le voir.
En termes d'amélioration, on sait tous qu'au
niveau de la nomination il peut y avoir des délais de temps à autre, pour la
nomination. Donc, au niveau corporatif, il y a une mécanique qui existe, au
niveau du remplacement par le conseil d'administration, lorsqu'il y a une
vacance. On pourrait... par exemple, si, après 90 jours d'une demande de
nomination, il n'y a pas de nomination, le ministre n'est pas en mesure de le
faire, que le conseil, par exemple à 75 % du conseil, puisse faire la
nomination d'un membre du conseil d'administration suite à une vacance. Et je
pense que ça pourrait combler une lacune qui existe actuellement, où certains
membres voient leur mandat... s'il y a une démission, et là on a de la
difficulté à fonctionner à l'intérieur de ça.
Autre point au niveau de la composition du
conseil d'administration. Ce n'est pas un problème idéologique, je pense que
tout le monde s'entend sur l'aspect de la parité. Par contre, d'un point de vue
juridique, si on calcule, par exemple, un conseil
d'administration... par exemple la Caisse de dépôt qui a actuellement
13 membres, si on fait un calcul avec les paramètres de 40 %,
40 % de 13 individus, ça fait 5,2. Donc, on est obligés, à ce
moment-là, d'avoir six personnes d'un genre et sept d'un autre. Ça devient une
gestion importante. Donc, au lieu d'enchâsser une obligation, on croit qu'il
serait préférable d'avoir une politique.
Évidemment que la politique soit suivie au
niveau du rapport annuel, parce qu'au niveau de la gestion du... au niveau du
conseil d'administration, à notre sens, ça pourrait être une problématique,
surtout d'un point de vue juridique. Oui, à
l'article 8, on ajuste en disant que «si, temporairement, le pourcentage
n'est pas atteint», sauf que ça crée beaucoup
d'ambiguïté. Qu'est-ce qui est temporaire : une semaine, un mois, un an?
Et ça pourrait apporter une contestation et geler carrément un conseil d'administration dans sa prise de
décision. Également, si on regarde pour un individu de moins de 35 ans, c'est enchâssé comme étant une
obligation, et on considère, là, qu'il pourrait y avoir des problèmes
juridiques.
Encore une fois, ce n'est pas une question de
philosophie, c'est une question pratico-pratique. Si on... Parce qu'il faut
toujours ramener au niveau du nombre de membres à un conseil d'administration.
Si on a 10 personnes, c'est beaucoup plus difficile d'ajuster le 40 %
à 60 %, par exemple, et c'est pour ça que je crois qu'il faut laisser un
peu de liberté et de possibilité de s'ajuster à chacune des fonctions.
On félicite, notamment, l'ajout au niveau des...
à l'annexe, au niveau des différentes sociétés. On se posait également une question, un petit peu comme le Vérificateur général, relativement au niveau des filiales à 100 %, et il y a probablement, certainement, un compromis qui
pourrait être effectué à cet égard-là. Je comprends que certaines
filiales ont un caractère commercial, mais il y aurait certainement quelque
chose qui pourrait être regardé de ce côté-là.
J'ai... Combien de temps que je dispose encore?
Ou je suis...
Le Président (M. Simard) :
1 min 20 s, mais on va prendre le temps de vous écouter. Allez-y.
M. Besner (Patric) : O.K. Sur
l'aspect technique, à l'article 3.3, il serait bien de rajouter... parce
que, si un conseil ne propose pas une
nomination, le ministre peut, à ce moment-là, procéder à... le gouvernement
peut procéder à une nomination, il faudrait peut-être ajouter :
«Et/ou si le gouvernement n'est pas satisfait de la ou des personnes
recommandées». Et, quant aux recommandations, ce serait peut-être important
aussi de regarder, dans chaque loi habilitante, lorsque certains groupes
peuvent faire une nomination en consultation, qu'ils soient assujettis
également à l'obligation du deux tiers qu'on voit au niveau de la loi.
Autre point technique, à l'article 30, où
on voit que le président du conseil évalue la performance du conseil
d'administration, il serait important également... parce que c'est quand même
le conseil qui approuve les paramètres d'évaluation, donc il y a peut-être un
petit ajustement au niveau de l'article 30, en disant : «Selon les critères
établis par le président et ceux approuvés par le conseil d'administration». Ça
fait un peu le tour de nos commentaires.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci à vous, monsieur. Je cède maintenant la parole au ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien,
merci beaucoup. Et c'est certain que les rapports qui ont été produits par
l'institut de la gouvernance ont été pris en compte dans l'évolution de la loi.
Et c'est certain que l'intérêt pour cette réforme...
il y en a deux, il y a l'étendue de la loi, c'est-à-dire d'assujettir
l'ensemble des sociétés d'État à la loi, mais, bien sûr, de la
moderniser. Alors, vos rapports de 2011, 2017 et 2019 sont très pertinents.
Vous avez... J'ai... Au début, vous avez parlé
d'une obligation de rendre compte à tous les trois ans, cinq ans, une reddition
de comptes. Peut-être vous pourriez préciser ce point?
M. Besner (Patric) : Oui, ça
avait été enchâssé notamment dans la Loi sur les sociétés par actions, où le ministre
des Finances, à l'époque, devait faire un rapport cinq ans après la mise en
vigueur de la législation, lequel rapport a été fait, parce que la législation
a été adoptée en 2011, et, en 2015-2016, il y a eu un rapport qui a été fait,
qui a été déposé à l'Assemblée nationale, pour voir si, effectivement, tout
allait bien au niveau de la législation.
Je suis conscient que ça donne un petit peu plus
de travail au niveau du ministère des Finances. Par contre, compte tenu que la
législation doit être maintenue, comment je pourrais dire, le plus à jour possible...
comme vous savez, il y a beaucoup
d'évolution au niveau de la gouvernance, et je pense que l'État québécois fait
très bonne figure à cet égard-là, mais c'est de continuer et d'enrichir
constamment, sans nécessairement, peut-être, faire à chaque fois une refonte
complète, mais peut-être d'ajuster. Parce que, là, évidemment, en ajoutant les
20 quelques... 24 sociétés additionnelles à la liste, c'est quand même beaucoup
de gestion sur l'ensemble des sociétés, et il y pourrait avoir, justement, des ratés
ou des améliorations à faire. Donc, l'idée à l'intérieur, c'est de se donner un
petit peu une «date» dans le temps pour voir si, effectivement, il n'y aurait
pas des choses qui seraient à modifier.
La raison du
trois ans, dans le milieu de la gouvernance, ça bouge beaucoup, et notamment,
comme la question de l'heure est
toute la question de la diversité... et c'est une question qui doit être
regardée de très près et surtout regardée en fonction du nombre des
administrateurs. Tout le monde est pour le principe, mais il faut regarder
aussi au niveau de l'application. Quand on a un conseil de 10 personnes et
qu'il y a beaucoup de tranches de société, ça devient difficile, à un moment donné, à rester à 10, si on veut avoir une
complète diversité au niveau d'un conseil d'administration.
M. Girard (Groulx) : O.K. Bien,
disons que, pour la revue de la loi, certainement dans la mesure où on donne
une période de transition de deux ans pour les dispositions au niveau des
conseils d'administration, on va s'assurer, là, qu'il y ait eu suivi, ça, c'est
certain. Quant à la modernisation de la loi, je pense qu'on ne devrait pas
attendre 16 ans. Mais je prends note, là, de la pertinence d'un rapport
d'étape peut-être après cinq ans.
Vous
avez parlé de la diversité. Certains groupes ont suggéré que nous demandions un
seuil minimum, comme nous avons pour les personnes de 35 ans et
moins, d'avoir une personne membre de la diversité, au moins une personne de la
diversité sur chaque C.A. Est-ce que vous êtes favorable à une... puis je pense
que vous avez amorcé la discussion sur ça, là, est-ce que vous êtes favorable à
ce que cette... à une telle clause, telle que nous avons pour les moins de
35 ans?
• (15 h 40) •
M. Besner
(Patric) : Je pense que, pour l'instant, c'est important de
garder la fluidité au niveau du gouvernement. Je pense que d'avoir une politique ferme, claire et d'avoir un certain
ajustement... À titre d'exemple, il pourrait peut-être, au niveau de la
diversité, regarder peut-être plus dans la loi habilitante de chacune des
sociétés d'État, compte tenu qu'ils ont des rôles très divers à cet égard-là.
Je prends, par exemple, au niveau du Plan Nord, ce n'est peut-être pas les
mêmes besoins que la Caisse de dépôt à cet égard-là.
Donc, je pense que c'est important de comprendre
parce qu'il y a un élément juridique important là. Et surtout, si on regarde le principe, à l'article 8, du temporaire — moi,
je pense, il faut enlever l'aspect temporaire — ça veut
dire que, que ce soit un objectif ou une obligation, il n'y ait pas de défaut,
ce qui veut dire que la décision du conseil, peu importe sa composition,
serait valide. Parce que le danger à l'intérieur de ça, c'est de se retrouver
où on est dans une impasse, il s'agirait
qu'une des parties veuille suspendre ou, à tout le moins, par voie judiciaire,
par exemple, empêcher un conseil
d'administration de prendre une décision à cause, justement, de la composition
du conseil d'administration. Puis c'est d'ailleurs...
Dans la loi
actuelle, on avait une politique. Je pense que le rôle de la politique
fonctionne bien. De l'enchâsser avec
une obligation, compte tenu du peu grand nombre d'administrateurs, on est
préoccupés sur la mise en application. Autrement dit, certaines sociétés
auraient intérêt à avoir, évidemment, des gens compétents et avec expertise. Et
il faut se donner quand même une marge de
manoeuvre à cet égard-là et faire confiance également au gouvernement
dans sa capacité de nommer les bonnes personnes au conseil d'administration.
Autrement dit, c'est le résultat final qui compte,
et je pense qu'il faut s'entendre à cet égard-là, et pas nécessairement se
mettre trop de barrières dans la prise de décision, parce que ça
revient, à ce moment-là, au conseil d'administration de gérer ça.
Puis tantôt, quand je mentionnais : À
13 personnes, il nous faut six d'un genre, sept d'un autre, ça devient,
des fois, un casse-tête, avec les fins de mandat, de planifier à l'intérieur de
ça. Donc, si on reste avec l'esprit d'avoir une parité, d'avoir une diversité,
je pense que tout le monde est d'accord par rapport à ça, mais se garder une
marge de manoeuvre également.
M. Girard (Groulx) : Très bien.
Est-ce qu'il y a des tendances qui émergent, à laquelle... que, votre vigie de
ce qui se passe, vous aimeriez nous informer et qui ne sont peut-être pas
encore établies comme les meilleures pratiques, mais des éléments sur lesquels
on doit garder une certaine ouverture?
M. Besner
(Patric) : En fait, au
niveau de la... vous faites référence
au niveau de la divergence... de la diversité.
M. Girard (Groulx) : Non, de la
gouvernance dans son ensemble.
M. Besner (Patric) : Bon,
évidemment, on a tout le mouvement, actuellement, ESG, qui est Environment, Social and Governance. Je ne pense pas... on ne pense
pas, pour l'instant, que d'enchâsser dans la Loi sur la gouvernance des
sociétés serait approprié. Je pense qu'il faut conscientiser les différents
conseils d'administration de l'importance à cet égard-là et faire confiance aux
gens du conseil qui vont militer à l'intérieur de ça. Il y a suffisamment
d'informations, et je pense que tous les conseils sont conscients de cette
évolution-là du ESG, et d'en tenir compte à l'intérieur de ça. Et je suis sûr
qu'au niveau du ministre, si vous voyez qu'il n'y a pas assez de mouvement...
je suis sûr qu'un courriel ou un bon appel ferait, justement, avancer les
choses également sur les conseils d'administration.
Il ne faut pas oublier non plus que nous ne
sommes pas... C'est des sociétés d'État, donc il y a quand même un rôle qui est particulier, comparativement au
niveau des sociétés publiques ou des sociétés privées, et on a
amplement confiance à ce que les conseils
d'administration des sociétés d'État emboîtent le pas au niveau de cette
nouvelle tendance là.
M. Girard (Groulx) : O.K. Merci, M.
le Président. Ça complète mes questions.
Le Président (M. Simard) : Merci à
vous. M. le député de Robert-Baldwin.
M.
Leitão : Merci, M. le
Président. Alors, bonjour, M. Besner. Merci d'être là. Si on reste avec le
dernier point que vous avez
mentionné, donc les critères ESG, en effet, c'est à la mode ces jours-ci, et,
bon, vous avez exprimé une certaine réticence. Mais, en même temps, vous
ne pensez pas que ça soit utile de mieux définir les standards, vous savez, qu'est-ce que ça veut dire, ESG? Parce que,
là, ça veut dire différentes choses pour différentes personnes, pour
différentes entreprises, différentes sociétés. Alors, ça serait peut-être
utile, et ça, c'est probablement le rôle du gouvernement, de mieux définir
qu'est-ce que ça veut dire, ESG.
M. Besner
(Patric) : La loi prévoit déjà actuellement la possibilité pour le
gouvernement d'établir des politiques à
l'intérieur de la Loi de la gouvernance. Il y a plusieurs endroits, dans la
loi, qui le permet. Et évidemment, actuellement, la tendance... parce
que le marché n'a pas vraiment de règle du pouce encore bien établie au niveau
de ces critères-là, et on est envahi également avec le «greenwashing», où, bon,
ça paraît bien, dans tous les sites Web et dans toutes
les communications, que, oui, on est «complying» au niveau du ESG, mais il faut
quand même une analyse adéquate par rapport à ça. Et le marché, actuellement,
il n'y a pas de standard. Actuellement, il y a le IFRS qui a quelque chose qui
s'en vient, mais, encore une fois, est-ce qu'il y aura une tendance trop
comptable à ce paramètre-là? Il est possible.
Donc, actuellement,
je pense qu'il faut... Parce qu'on parle de nouveauté. En réalité, c'est une
conscience sociale. Ce n'est pas nouveau à l'être humain, ce n'est pas nouveau
au niveau des conseils d'administration. C'est simplement une expression qui
est faite où c'est un peu le «buzz word» qui vient plus. Mais un bon
administrateur doit avoir à l'esprit, dans son rôle d'administrateur, de
s'assurer d'amener toujours les meilleures informations, ce qui inclut, de ce
temps-ci, au niveau du ESG. Est-ce que ça répond bien à votre question?
M. Leitão :
Oui, oui. Merci. Et, bon, dans ce contexte-là, peut-être que la création du
ISSB, International Sustainability Standards Board, ça pourrait peut-être aider
à ce qu'il y ait ne serait-ce qu'un minimum de cohérence sur les différentes
mesures.
Une chose que nous avions
proposée... et, regardez, je ne vais pas non plus commencer à publiciser les
projets de loi privés que les députés ont déposés, mais, dans ce contexte-là,
nous avions, il n'y a pas longtemps, proposé la création de nouveaux types
d'entreprises, d'entreprises à mission. Et donc, dans ce cas-là, ce serait
peut-être une façon d'adresser cette question-là, donc en créant un nouveau
type d'entreprise qui, dans ses statuts, aurait une mission différente. Donc,
ça pourrait peut-être mieux cibler ces questions-là de ESG et autres critères,
parce que le... ça peut être compliqué pour un conseil administration d'essayer
de conjuguer tout ça. Et donc, si, en partant, la mission de l'entreprise est
définie différemment, ça peut peut-être clarifier les choses.
M. Besner
(Patric) : Oui. Au niveau de tout le mouvement B Corp, il faut
bien comprendre qu'il vient des États-Unis. Aux États-Unis, les administrateurs
ont une obligation de faire fructifier l'argent, notamment en vue des actionnaires, ce que nous n'avons pas au niveau du
système canadien. Donc, le principe du B Corp a moins d'application
au niveau canadien comme tel. Et le danger de tout le mouvement de B Corp,
c'est que... Parce qu'actuellement... Et ça a été enchâssé dans la loi
fédérale, où le conseil d'administration, les administrateurs peuvent tenir
compte des intérêts des «stakeholders». Mais, si on arrive, avec le mouvement
B Corp, de dire : On doit tenir compte, ça devient excessivement
difficile pour les administrateurs parce qu'il y a des décisions court, moyen,
long terme. Et d'essayer de regarder
l'ensemble du portrait... je pense, c'est important de tenir compte, mais
d'avoir une obligation, même si, dans ce mouvement-là, on essaie
d'enlever la responsabilité de l'administrateur, il y a quand même beaucoup de
réflexion à faire sur le rôle de l'administrateur et sa responsabilité
potentielle dans une question d'application au niveau de ces mouvements-là de
B Corp.
M. Leitão :
Très bien. On en reparlera. Merci. Pour ce qui est des filiales des sociétés
d'État, donc, la Vérificatrice générale nous parlait plus tôt de la
notion de contrôle. Donc, dès qu'une filiale d'une société d'État est contrôlée
par la société d'État, donc, les mêmes
critères devraient s'appliquer aussi à cette filiale-là, plutôt que d'établir
un pourcentage de détention très spécifique. Donc, la... et je pense que
vous souscrivez à ça aussi, donc, les filiales des sociétés d'État devraient
aussi souscrire à ces principes-là.
M. Besner
(Patric) : Oui. On pourrait penser aussi à également un contrôle de
fait, pas juste un contrôle de droit, parce
que, par exemple, s'il y a une convention entre actionnaires ou s'il y a
d'autres actionnaires, en théorie, le gouvernement
pourrait détenir 49 % mais être en contrôle de fait au niveau de la
société. Peut être, le principe de dire : Plus de transparence, absolument, je pense que c'est essentiel, mais on
pourrait, pour ces filiales-là qui ne sont pas détenues à 100 %, donner
une certaine capacité au ministre, à ce moment-là, de dire, oui, le principe,
mais il pourrait y avoir des exceptions sur
des points, s'il y a des éléments stratégiques, autrement dit, «comply but
explain», si jamais il y avait une
problématique quelconque, et se donner un peu cette marge de manoeuvre là,
parce qu'on doit penser que ces sociétés, même si c'est des filiales, ont quand même une mission commerciale, et
on doit faire attention à la compétitivité à cet égard-là.
Donc, oui, le
«reporting» nécessaire, mais peut-être avec une possibilité pour le ministre de
faire varier l'information s'il y a des raisons importantes dans un cas
particulier.
M. Leitão : Très
bien. J'aimerais, avec le peu de temps qu'il me reste...
Le Président (M.
Simard) : Il vous reste 3 min 33 s.
M. Leitão :
...vous emmener dans un endroit qui est peut-être un peu délicat, et
sentez-vous très à l'aise de commenter ou de ne pas commenter. Nous avons
entendu parler, aujourd'hui beaucoup et hier, du cas très particulier de la CCQ, la Commission de la construction du Québec. J'aimerais savoir si vous avez une opinion là-dessus. Encore
une fois, je ne veux pas vous mettre... Vous êtes libre de commenter ou pas.
M. Besner
(Patric) : En fait, je crois que certaines problématiques qui ont été
vécues par la CCQ étaient notamment dans une mauvaise compréhension, au niveau
des membres du conseil d'administration, de leur rôle, notamment au niveau de
la confidentialité et de leur impartialité. Parce que, même si une personne est
nommée, elle doit quand même rendre... ses obligations sont envers la société,
pas la personne qui la nomme ou qui la propose.
Et,
c'est pour ça, tantôt je mentionnais qu'il serait important d'enchâsser dans la
présente loi cette dimension-là pédagogique.
Pour un juriste, oui, ça fait partie d'un devoir qui est moindre et inclus dans
le devoir d'honnêteté et loyauté qui apparaît au
niveau du Code civil, mais, pour le commun des mortels, ce n'est pas
nécessairement évident. Et je pense qu'on pourrait utiliser cette occasion-là
pour encadrer et donner une meilleure information pour dire : Ce qui se
parle au conseil d'administration, ça reste confidentiel.
• (15 h 50) •
M. Leitão : O.K.
Mais le point qui avait été soulevé, et aussi par L'Union des producteurs
agricoles, en ce qui concerne le conseil d'administration de La Financière
agricole, c'est qu'étant donné la complexité de leurs industries respectives
ils jugent utile que la composition du conseil d'administration comprenne un
certain nombre de personnes qui reflète la
réalité de l'industrie, donc les cinq membres provenant du milieu syndical, les
cinq membres provenant du milieu patronal, dans le cas de La Financière
agricole, cinq membres représentant les agriculteurs, parce qu'ils amènent une
expertise qui ne serait peut-être pas là si on ne le faisait pas de cette
façon.
Est-ce que... Encore
une fois, sentez-vous très à l'aise, là. Je ne vous demande pas de... mais
est-ce que vous avez une opinion là-dessus?
M. Besner
(Patric) : Oui. Il faut comprendre qu'un conseil d'administration
n'est pas une arène politique, et je pense que c'est important de baliser à
l'intérieur de ça. Un conseil d'administration a le pouvoir, la capacité de
consulter. Il n'y a rien qui empêche, par exemple, à des organisations
quelconques, soit par l'écriture ou autrement, de dire : Ah! vous pensez à tel projet ou à telle chose, prenez
compte de. Mais il faut faire évoluer la gouvernance, où les gens qui y
siègent et qui sont nommés aient comme objectif, oui, d'apporter de
l'information, mais de cesser de se considérer
comme un porte-parole de la personne qui les nomme, parce que, sinon, on arrive
avec des conseils d'administration
qui pourraient être profondément dysfonctionnels. Encore une fois,
l'information peut être véhiculée, mais un membre ne peut pas, du
conseil d'administration, voter, parce que ça ne plaît pas...
Le Président (M.
Simard) : Très bien.
M. Besner
(Patric) : Voilà.
M. Leitão :
Merci beaucoup.
Le Président (M.
Simard) : Merci. Chère collègue, à vous la parole.
Mme Ghazal :
Oui, merci. Merci pour votre présentation et votre mémoire. Je veux être sûre
d'avoir bien compris. Ce que vous dites,
c'est que, dans le projet de loi, par rapport à la parité hommes-femmes, on
devrait enlever ça de la loi puis remplacer ça par une politique?
M. Besner (Patric) :
Exact. En fait, c'est déjà présent, on peut renforcir, c'est à
l'article 43. C'est que, si on crée
l'obligation de la composition, à ce moment-là, par exemple, si deux femmes,
deux hommes, à cause des chiffres, démissionnaient, on pourrait se retrouver
avec un conseil d'administration qui ne pourrait pas prendre de décisions.
Il y a
l'article 8 où on dit «temporairement». Minimalement, ça serait
d'enlever le terme «temporairement» pour être sûr et certain que personne ne
conteste la capacité d'un conseil d'administration de prendre une décision.
Mme Ghazal :
Donc, vous ne dites pas d'enlever la disposition qui dit qu'il faut qu'il y ait
une parité dans la loi, ce qui existait depuis 2006? Ça, vous ne dites pas
qu'il faut l'enlever de la loi?
M. Besner
(Patric) : Non, non, non. On...
Mme Ghazal :
C'est juste quand il y a quelqu'un qui quitte. O.K. Parce que je voulais être
sûre. Parce que, quand vous l'avez présenté, je n'étais pas certaine d'avoir
compris, vu qu'on n'a pas le mémoire, là.
M. Besner
(Patric) : C'est ça. En fait, le point, c'est qu'actuellement ça a été
mis comme une obligation, et je crois que ça doit être laissé sous forme
d'objectif, O.K.? La différence, c'est que, légalement, si on doit faire une composition avec une parité... et il faut bien
comprendre que les conseils d'administration ont généralement un chiffre
impair, donc, le principe de 50 % ne peut pas fonctionner. Et, encore une
fois, à 10 personnes, le 40-60 devient difficile à gérer.
Mme Ghazal :
O.K. Donc, ce que vous dites... Parce que je ne sais pas c'était quoi, votre
position, en 2006, l'IGOPP, vous existez depuis 2005, là, quand on a imposé la
parité 40 %-60 %, qui est maintenue aujourd'hui. Vous, ce que
vous dites, c'est : Il faut enlever ça parce que c'est un peu compliqué et
il faut remplacer ça par une politique. Il faut l'enlever de la loi puis de
l'obligation. Je veux être sûre de comprendre. Est-ce que c'est ça que vous
dites ou vous dites : Non, il faut le maintenir dans la loi?
M. Besner
(Patric) : Il faut le maintenir à titre d'objectif et non
d'obligation. O.K.?
Mme Ghazal :
O.K. Donc, c'est enlever.
M. Besner
(Patric) : C'est... Toute la différence, elle est là, et, à l'article
8, d'enlever le terme «temporaire».
Encore une fois, l'IGOPP a toujours été en
faveur du 40-60, mais il faut quand même regarder le principe de base
d'avoir...
Mme Ghazal : ...obligation légale.
M. Besner (Patric) : Pardon?
Mme Ghazal : Juste pour être sûre,
vous êtes... tout le monde est en faveur de la tarte aux pommes, et tout ça,
puis de l'égalité.
M. Besner (Patric) : Oui, oui.
Mme Ghazal : Il n'y a personne aujourd'hui
qui dit qu'on est contre, mais ce que vous dites, c'est : Il ne faut pas
que ça soit une obligation légale avec les chiffres et qui... on ne veut pas
que la cible soit dans la loi. On veut que les conseils d'administration se
dotent de politiques pour atteindre l'objectif. Je...
M. Besner (Patric) : En fait, à
l'article... je pense, c'est 33 où on dit... Je vais juste reprendre ici...
• (16 heures) •
Le Président (M. Simard) : ...s'il
vous plaît...
Mme Ghazal : ...parce qu'on ne l'a
pas, pour le moment. Donc, peut-être que ça va être écrit de façon plus claire,
puis je vais mieux comprendre, oui?
M. Besner (Patric) : Oui, c'est ça,
c'est qu'actuellement...
Le Président (M. Simard) : Alors, en
conclusion, s'il vous plaît.
M. Besner (Patric) : ...le deuxième
paragraphe, on dit : Là, l'obligation est atteinte, donc... C'est 33 ou 34, au
lieu de «l'obligation doit être atteinte», «est atteinte» par le 40-60. Ça
serait de dire que l'objectif du 40-60 est atteint. À ce moment-là, il y aurait
un degré moins élevé.
Le Président (M. Simard) : Alors.
Merci à vous. Cher collègue, à vous la parole.
M. Ouellet : Merci beaucoup. C'est
fondamental, la précision que la collègue de Mercier essaie d'obtenir, parce
que je ne veux pas qu'on vous mette de mauvais mots dans la bouche, là. Je
crois comprendre que ce que vous nous dites, c'est que, pour être certain qu'il
n'y ait pas de vide quant à la volonté d'être conforme avec l'objectif de
tomber de 40 % à 60 % dans une zone de parité, il faut se donner les
moyens de couvrir des situations qui seraient temporaires,
une vacance, entre autres, ou, dans certains cas, une composition qui n'est pas
complète, avec, comme vous disiez
tout à l'heure, des exemples où on a 5,2 personnes sur un conseil
d'administration. C'est ce que je comprends, là.
M. Besner (Patric) : Exact.
M. Ouellet : Rapidement, sur la rémunération,
j'aimerais vous entendre. On en a discuté tout le long de la commission, je
présume que vous êtes pour la rémunération des administrateurs. Je présume
aussi qu'il est important de tenir compte du type de conseil d'administration,
des responsabilités des administrateurs. Bref, je présume que vous êtes contre
des jetons de présence, mais pour une rémunération adéquate en fonction de la
compétence, de la tâche et de la durée de la responsabilité?
M. Besner (Patric) : En fait, le
jeton de présence est un autre terme pour dire «rémunération». Lorsqu'un
administrateur siège au conseil d'administration, il y a beaucoup de travail
qui est à faire. Donc, peu importe la façon qu'on arrive à faire une
rémunération, on croit qu'il est essentiel qu'elle soit divulguée pour que,
justement, le grand public, les contribuables, connaissent la rémunération.
Donc, oui, effectivement, on est en faveur, justement, de cette transparence-là
au niveau du conseil d'administration.
M. Ouellet : Et est-ce que vous êtes
en faveur aussi d'une différence de rémunération à l'intérieur du même conseil
et d'une différence de rémunération entre des conseils de sociétés différentes?
M. Besner (Patric) : Absolument,
parce qu'il y a des différences importantes au niveau de l'expertise, de la
compétence, si la personne est sur plusieurs comités, son implication. Donc, je
pense que ça doit... on doit avoir une règle de flexibilité à cet égard-là.
J'imagine que le travail d'être sur le conseil d'administration de la Caisse de
dépôt n'est peut-être pas la même chose que, par exemple, sur un conseil autre.
Encore une fois, je crois qu'on doit ajuster en
fonction de l'«exposure», du travail effectué et... parce qu'il y a aussi un
risque réputationnel qui existe, également, en siégeant sur le conseil d'administration. Comme vous savez, il y a
des... la particularité des sociétés d'État, il y a certaines décisions qui sont prises au niveau gouvernemental, et le
conseil d'administration doit suivre dans cette direction-là. Donc, oui, on
peut démissionner comme administrateur, mais on peut avoir aussi un risque
réputationnel.
Le Président (M. Simard) : Très
bien...
M. Besner (Patric) : Donc, je pense
que de demander du bénévolat n'est peut-être pas la meilleure recette pour avoir
les meilleurs éléments à nos conseils d'administration.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Ouellet : Merci.
Le Président (M. Simard) : Bien,
M. Besner, merci grandement pour votre participation à nos travaux cet
après-midi. Ce fut fort apprécié.
Mémoires déposés
Ceci étant dit, avant de conclure nos auditions,
je procède au dépôt des mémoires des organismes et des personnes qui n'ont pas
été entendus.
Je vous remercie à nouveau pour votre précieuse
collaboration.
Et, comme notre mandat est terminé, j'ajourne
nos travaux sine die. Au revoir.
(Fin de la séance à 16 h 05)