(Dix-neuf heures trente-sept
minutes)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, bienvenue à toutes et à tous. Je constate que nous avons
quorum. Nous pouvons entreprendre nos travaux.
Comme vous le savez, la commission est réunie
afin de tenir une séance sur l'étude de la politique budgétaire du gouvernement
et sur l'évolution des finances publiques, prévue à l'article 292 du
règlement de l'Assemblée nationale. Nous accueillons donc le ministre des Finances.
M. le ministre, je vous souhaite la bienvenue.
Alors, nous avons un bloc de discussion qui
alternera de l'opposition à la partie ministérielle, en aller-retour, pendant
tout le temps qui nous est alloué. Avant de commencer, j'aurais toutefois
besoin d'un consentement afin de remplacer le député de Sainte-Rose par le
député du Lac-Saint-Jean. Y aurait-il consentement? Je constate qu'il y a
consentement.
Alors notre séance est de 90 minutes :
25 minutes iront au groupe parlementaire formant le gouvernement,
30 minutes sera consacré à l'opposition officielle, et il y aura
17 min 30 s d'allouées pour la deuxième opposition et 17 min 30 s pour la troisième
opposition. Alors, comme le veut la tradition, M. le député de Robert-Baldwin,
la parole vous appartient.
Discussion générale
M.
Leitão : Très bien. Merci beaucoup, M. le Président. Alors,
bonsoir. Bonsoir, chers collègues, M. le ministre, les membres du
ministère. Bonsoir, plaisir de vous revoir, M. le sous-ministre.
Alors on va y
aller tout de suite, M. le Président, puisqu'il n'y a pas de remarques
préliminaires. M. le ministre, on va y aller avec le point directement à
la page A.6, donc le cadre financier pluriannuel. Et je commence en vous
disant... en vous remerciant, donc, d'avoir publié le cadre financier
pluriannuel. On avait une certaine... en tout cas, un certain doute, peut-être vous resteriez seulement avec les deux
prochaines années, mais nous, on a le cadre financier sur cinq ans, ce
qui est très bien.
Alors, dans ce
cadre financier pluriannuel, on voit plusieurs choses, on commence par cette
année, l'année 2021-2022. Dans
les revenus, surtout les revenus autonomes, on voit une hausse, une hausse
spectaculaire des revenus qui
provient... donc 10,6 % d'augmentation des revenus autonomes en 2021-2022,
qui provient essentiellement du fait que la croissance du PIB nominal,
elle aussi, était au-delà de 10 %.
Mais ma
première question, c'est que vous avez choisi... et je ne dis pas que je suis
d'accord ou en désaccord, mais vous avez choisi d'utiliser la plus grande
partie de ces revenus non planifiés, c'est cette augmentation majeure de
revenus... vous avez choisi d'utiliser une bonne partie de ça pour réduire le
déficit. Pouvez-vous nous dire pourquoi vous avez fait ce choix?
Le Président (M. Simard) : M. le
ministre.
• (19 h 40) •
M. Girard
(Groulx) : Bon, évidemment... Bon, d'abord, bonjour à tous,
et c'est un plaisir d'être avec vous, et, bien sûr, les finances publiques appartiennent aux Québécois. Alors,
c'est très important d'en débattre, et merci d'être ici ce soir, merci à
tout le monde qui participe.
Il y a plusieurs façons de regarder les revenus,
la croissance, je vais sursimplifier en disant que, sur l'horizon
cinq ans, les revenus se sont améliorés de 6 milliards. Je dirais
qu'il y a 4 milliards de revenus autonomes, 2 milliards de transferts
fédéraux, là, je fais vraiment des chiffres ronds, M. le député, le gros des
transferts fédéraux étant l'entente sur les services de garde. Mais il y a
aussi plus de PIB nominal, plus des autres transferts. Et cette amélioration de
6 milliards est répartie, encore une fois, j'arrondis et je sursimplifie
parce que ce n'est pas la même chose à chaque année, la proportion, mais je
dirais 3 milliards sur le déficit, 2 milliards en dépenses courantes,
1 milliard en dépenses d'infrastructures.
Alors, outre vous dire que c'est un équilibre
qu'on a choisi 50-50, sachant qu'on avait quand même un déficit de 5,5 à 7 milliards de déficit structurel et
sachant qu'on n'aurait pas des hausses de revenus et un PIB nominal de plus
de 10 % à chaque année, bien, il était prudent d'en prendre 50 % et
de réduire le déficit structurel immédiatement.
Le Président (M. Simard) : M. le
député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Donc, vous avez choisi
de réduire le déficit structurel rapidement. Très bien. Encore, je ne dis pas
que je suis pour ou contre, mais je voulais que ce soit clairement, clairement
dit. Très bien.
Quand on regarde cette augmentation pour
l'année 2021‑2022 qui provient de cette croissance vraiment hors norme du
PIB nominal, et bien sûr pour les années suivantes, on voit que la trajectoire
de croissance économique devient plus normale, disons-le comme ça, et donc ça
ralentit à l'intérieur d'une fourchette à laquelle nous sommes habitués. Tout ça pour
dire que nous allons avoir des augmentations de revenus, revenus autonomes du
gouvernement du Québec, de l'ordre
de... après 2022‑2023, de 3 et quelques pour cent par année, pendant que les
dépenses des portefeuilles, elles
aussi après 2022‑2023, se stabilisent, si on peut utiliser un tel terme, aux
alentours de quelque chose de
légèrement supérieur. Encore là, je fais des moyennes rapides, donc on
va avoir des dépenses de portefeuille légèrement plus rapides que les dépenses
de revenus autonomes.
Comment est -ce que
vous allez gérer cette équation-là? Parce qu'évidemment, à un moment donné,
soit que les revenus augmentent plus vite, soit que les dépenses ralentissent
plus vite, parce qu'à terme on ne peut pas avoir cet écart qui se prolonge.
M. Girard
(Groulx) : Je vous remercie beaucoup pour cette question, puis,
peut-être pour nos auditeurs, je ne sais pas il est quelle heure, là, c'est
7 h 45, c'est là que le punch de gestion de patrimoine familial, ou
d'entreprise, ou de finances publiques va sortir, là, parce que, clairement, si
vous voulez améliorer votre situation financière à long terme, peu importe
l'entité, vous voulez que vos revenus croissent plus rapidement que vos
dépenses. Et ça, ça s'appelle l'efficacité opérationnelle. Et, si vous ne
faites pas ça, par exemple, dans votre entreprise, bien, votre revenu par action ne croîtra pas puis vous n'avez
pas une entreprise dynamique. Alors, c'était le punch, M. le Président,
et je remercie le député de Robert-Baldwin de... Moi, je regarde l'ensemble,
encore une fois, ça fluctue d'une année à un autre, mais on voit que les
revenus autonomes vont croître de 4 % puis les dépenses de portefeuille,
de 4,2 %. Alors là, ça, pour que le déficit structurel se résorbe, il
faudra avoir probablement une combinaison 0,7 % de mieux, c'est-à-dire
qu'il faudrait que les revenus autonomes croissent d'au moins 0,5 % plus
rapidement que les dépenses. Et là on voit que c'est négatif de 0,2, donc
différentiel 0,7 %.
Et la première chose
que je dirais là-dessus, c'est que, dans les cinq dernières années, les
dépenses réalisées sont inférieures aux dépenses projetées, de l'ordre de 2 à
3 milliards, 3 milliards, c'est vraiment beaucoup, là, mais disons quand on a au moins 2 % de dépenses
projetées qui ne sont pas réalisées à chaque année. Alors, en partant, il y a
un potentiel là pour que le 4,2 %...
bien sûr, il y aura des budgets d'ici là puis il y aura de nouvelles dépenses,
mais il y a un potentiel pour que,
malgré que la projection soit à 4,2 %, les dépenses pourraient être... les dépenses
réalisées pourraient être inférieures aux dépenses projetées.
M. Leitão : O.K.
Merci. Oui, je comprends, parce qu'en effet c'était le cas dans les années
précédentes. Mais ma question est la suivante : Est-ce que, donc, vous
comptez sur ça, sur le fait que les dépenses réalisées sont généralement moins
élevées que les dépenses projetées? Donc, est-ce que c'est ça qui va nous
ramener à l'équilibre à long terme ou est-ce que vous comptez aller chercher
des revenus additionnels?
M. Girard
(Groulx) : Non. Outre les transferts fédéraux... mais là, puisqu'on
est dans la discussion revenus autonomes, dépenses de portefeuille, les
transferts fédéraux sont un peu exclus de cette question. Mais j'aimerais vous
amener... Et là j'espère que je vais trouver la page rapidement. Peut-être que
je suis chanceux et j'avais mis un marqueur. Ah! mais je n'ai pas les années
subséquentes. Ah! Les voilà. O.K., pages H.32, les prévisions du PIB réel pour les années 2024‑2025, à 1,5 %, mais
c'est certain qu'on a l'intention de faire mieux que ça. Mais, par
construction, lorsqu'on fait des projections à long terme, on met les
projections qui sont cohérentes avec le secteur privé. Puis là on voit
que le secteur privé est à 1,6 % en 2024 et puis à 1,5 % en 2025. Et
donc nous, nous sommes à 1,5 %, mais on a l'intention de viser 2 %.
Et, puisque 1 % équivaut à peu près à 1 milliard, bien, si on fait un
demi de 1 %, c'est à peu près 500 millions. Alors, il y a un
potentiel au niveau de la croissance économique, il y a un potentiel dans ce
que j'ai qualifié d'efficacité
opérationnelle, c'est-à-dire que les revenus croissent plus vite que les
dépenses, il y a un potentiel au niveau des transferts fédéraux. Et
c'est ça, le plan de match.
M. Leitão : Merci.
Je voulais aller aussi à cette page-là. J'avais mis un marqueur aussi, mais je
vais y aller un peu plus tard. Mais ce n'est pas grave, on va y aller
maintenant parce que c'est une des questions, à mon avis, fondamentales, parce
que la prévision de croissance du PIB réel, 2024 et 2025, ça peut avoir l'air
très loin, ça, mais à 1,5 % par année, vous nous dites que pour vous, ça,
c'est une espèce de «low case», que vous avez tout à fait l'intention d'aller
plus loin que ça et d'aller vers les 2 %. Moi, je vous dis que j'ai
énormément de difficulté à voir comment on pourrait même atteindre 1,5 %.
Je trouve que même 1,5 %, c'est assez ambitieux, surtout quand on regarde
notre réalité démographique. Nous avons, bon, là, toute la question de la
main-d'oeuvre, parce que, dans une équation très, très simple, très simpliste,
la croissance est le fruit du capital et la main-d'oeuvre. Si la main-d'oeuvre
diminue, bien, il faut que le capital, donc l'investissement, augmente très,
très, très rapidement. Et je pense que c'est comme
ça que vous pensez à aller vers les 2 % par année, avec un investissement
très rapide. Mais comment vous allez faire ça? Qu'est-ce qui va nous...
qu'est-ce qui va faire en sorte que, soudainement, l'investissement au Québec
passe à...
• (19 h 50) •
M. Girard
(Groulx) : En fait, c'est tout ce sujet du PIB potentiel puis de
fermer l'écart de richesse avec l'Ontario, c'est le sujet du chapitre B, où
nous indiquons viser une croissance du PIB par habitant de 2 %, ce à quoi
correspond un PIB réel de 2,5 %. C'est un objectif extrêmement ambitieux,
mais c'est en se donnant des cibles ambitieuses qu'on accomplit de grandes
choses. Et puis c'est avec cette combinaison-là, puisqu'on s'attend à ce que
l'Ontario soit autour de 2,2 % réel et 1,2 % PIB par habitant,
alors 80 % de l'effort devra venir de la productivité et 20 % de la
main-d'oeuvre. Et, encore une fois, j'aime bien donner des chiffres ronds,
10 % de la population active, 10 % du taux d'emploi.
En fait, ce qu'on risque de voir, puis je pense
que vous en êtes conscient, bien, c'est qu'on risque de voir des taux de chômage que nous n'avons jamais vus au
Québec. Alors, on est, là, à 4,5 % et on risque de réussir collectivement
à pousser le taux de chômage plus bas que 4 %. Et on doit aussi stimuler
la population active avec notamment toute la question des jeunes qui ne sont ni
aux études ni en emploi, le taux de diplomation, et travailleurs d'expérience,
et immigration. Ça fait que, je dirais, dans l'effort... Puis c'est ce qu'on
dit dans la section B — puis
la section B est entièrement réalisée par le ministère des Finances, mais en
arrière de ça, il y avait des travaux avec Mackenzie : 10 % de
l'effort, population active; 10 %, emploi; 80 %, productivité.
M. Leitão :
Merci. On reviendra à cet enjeu-là
dans le deuxième bloc. M. le Président, j'ai combien de temps encore?
Le Président
(M. Simard) : Il vous reste encore une minute.
M. Leitão :
Une minute?
Le Président
(M. Simard) : Oui, pour ce premier bloc, mais on peut jouer
encore un peu. Entre les blocs, ça peut se partager. C'est un temps global dont
vous disposez.
M. Leitão :
O.K. D'accord. Donc, O.K., on va aller un petit peu plus qu'une minute, on
ajustera ça au deuxième bloc, parce que j'aimerais revenir aux dépenses, aux
dépenses de programmes, dépenses de missions. On a parlé tantôt... on a dit
tantôt que les dépenses de portefeuille... 4,2 % par année, une moyenne.
Très bien. Mais, si on va, par exemple, à la page A.20, on a un peu plus
de détails en ce qui concerne les dépenses par portefeuille. Et on voit que, bon, en santé et services sociaux, on
est dans les 5 %, 6 % par année. Éducation, là on est à
3,5 % par année. Mais c'est
surtout les autres portefeuilles, les autres portefeuilles, c'est quand même
au-delà de 40 milliards de dollars par année, et on voit que, rendu
à 2023‑2024, la croissance est minime, 0,5 %. On n'a pas ce même type de
tableaux pour les années subséquentes, mais j'ai l'impression que, 2024‑2025,
2025‑2026, les autres portefeuilles vont être aussi à des taux de croissance,
disons, pas très loin de 1 %.
Comment est-ce que
vous allez faire ça? Nous, on nous avait dit... on nous avait accusés d'avoir
le mot qui commence par a. Alors, comment
vous allez garder les dépenses et autres portefeuilles à moins de 1 % par
année, sans aller dans le mot qui commence par a?
M. Girard
(Groulx) : Oui. Je vais essayer de vous...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Je vais essayer de vous
trouver dans la section I plus de détails sur les autres portefeuilles,
alors c'est la page I.47. Et on dit : La faible croissance en 2022‑2023
est principalement expliquée par la fin de la prestation exceptionnelle pour le
coût de la vie. La faible croissance en 2023‑2024 est notamment expliquée par
la fin de la deuxième entente avec le gouvernement fédéral concernant
l'initiative pour la création rapide des logements et la fin de certains
projets d'infrastructures. De 2022 à 2023‑2024, la croissance annuelle des
autres portefeuilles atteindra 6,6 % en moyenne. Il va falloir faire très
attention avec la section Autres portefeuilles en raison de la modification dans les normes comptables et le fait
que les dépenses d'infrastructures, en dehors du périmètre comptable,
passent beaucoup plus rapidement à la dépense, et ça amène des fluctuations
d'une année à l'autre.
Le Président
(M. Simard) : Merci. Alors, est-ce que ça va, cher collègue?
M. Leitão :
On y reviendra.
Le Président
(M. Simard) : Nous restons dubitatifs quant à ce mot qui commence
par a.
M. Leitão :
Oui, en effet.
Le Président
(M. Simard) : M. le député de Saint-Jérôme, à vous la parole.
M. Chassin : Merci, M. le Président. Alors, bienvenue au ministre des Finances. C'est
toujours un plaisir. Bienvenue à son équipe et à son cabinet aussi.
Évidemment, on est
dans des questions de fond tout de suite avec le député de Robert-Baldwin.
Alors, je souhaite aussi rentrer dans des explications qui m'apparaissent
importantes pour bien comprendre l'écart, puis l'écart positif, oserais-je dire,
entre le dernier budget et la mise à jour, nous disons le minibudget de
novembre dernier, où, sensiblement, la
situation financière du Québec s'est améliorée. Alors, d'abord et avant tout,
permettez-moi, M. le ministre des
Finances, de vous lever mon chapeau. C'est toujours des chiffres que l'on
souhaite et, en même temps, il y a toute la question, puis vous l'avez
déjà évoqué en partie, de l'utilisation de ces augmentations de revenus
projetées. Et, même s'il y a une partie de la réponse, je vous pose quand même
ma question pour voir si on peut avoir davantage de clarté sur un certain
nombre d'éléments. Parce que je trouve intéressant de revenir à un article...
et là ça fait une dizaine de jours, là, je vais vous en lire des passages.
Mais, en fait, il y a une analyse de Michel
Girard, dans LeJournal de Montréal, qui, le 26 novembre,
parlait, et c'est le titre de son texte, de Québec, le retour des années
fastes. Et, dans son analyse, lui voyait des revenus supplémentaires de 38 milliards sur les cinq prochaines
années dans la mise à jour économique, par rapport au budget. Et, sur
les 38 milliards dans les prochaines années, 34 de ces 38 milliards
seraient utilisés à titre de dépenses. Alors, évidemment,
c'est son analyse, puis je vous donne un peu les grandes lignes. Donc, ce qu'il
écrit, à part le 38 milliards, c'est que, donc, «sur les
38 milliards de revenus supplémentaires qu'anticipe encaisser le ministre
Girard — pardon,
le ministre des Finances, n'est-ce pas, M. le Président — d'ici
la fin de l'exercice financier 2025‑2026, quelque 34,4 milliards
serviront à couvrir les dépenses additionnelles qu'il entend consacrer aux
portefeuilles ministériels ou aux nouvelles mesures de soutien et de relance
COVID-19, à des paiements de transfert, etc.»
Donc, c'est son analyse à lui, tirée de la mise
à jour du point, là, dans le fond, sur la situation financière. Et je voulais
d'abord et avant tout vous poser la question : Est-ce que, selon vous,
cette analyse est juste? Est-ce qu'il y a des éléments, dans le fond, avec
lesquels vous êtes en accord ou en désaccord?
Le Président (M. Simard) : M. le
ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien, la
réponse la plus sophistiquée que je pourrais vous donner, c'est : Non, je
ne suis pas d'accord avec son analyse, là. D'abord, quand on était à la
page A.6 tout à l'heure, les revenus en 2025‑2026 sont 146 milliards, puis les revenus en 2021 sont de 122 milliards. Alors, 146 milliards moins 122 milliards? C'est un quizz.
M. Chassin : 24 milliards.
M. Girard (Groulx) : 24 milliards.
Ça fait que je ne sais pas d'où vient le 38 milliards ou le 36 milliards.
Ça, c'est le premier commentaire.
M. Chassin :
C'est par rapport au budget, en fait, que lui calculait.
M. Girard (Groulx) : Ah! O.K. Bien,
d'accord. Alors, par rapport...
M. Chassin :
Donc, la mise à jour par rapport au budget de masse.
M. Girard (Groulx) : Lui, il prend
2025‑2026 par rapport à 2025‑2026 au budget?
M. Chassin :
Voilà.
M. Girard (Groulx) : O.K., d'accord.
M. Chassin : Mais, autrement dit, la croissance des revenus prévus, puis
vous l'avez mentionné, est encore inférieure à la croissance des dépenses
prévues.
• (20 heures) •
M. Girard
(Groulx) : Bien, d'abord,
moi, je vous dirais... Je vais redonner le contexte, là. On est en pandémie,
par définition, une épidémie mondiale.
Récession mondiale. Le mot en C de finances publiques. Madame, des défis, des
défis de finances publiques. Le mot en C. Il y en a qui disent qu'on est
en... de finances publiques, mais moi, je dis : On a des défis de finances
publiques, d'accord? Alors, on a...
là, c'est une bonne année, plus de 10 % de PIB nominal, hausse des
revenus extrêmement intéressante, mais on a des dépenses aussi, là. Juste la
pandémie en santé nous coûte 17 milliards. Ça, ce n'est pas... là, je n'ai
pas les excellents programmes pour les entreprises là-dedans, là, puis je n'ai
pas tous les efforts qu'on a faits pour la main-d'oeuvre, là. Alors, on a
beaucoup de revenus, on a beaucoup de défis,
notamment en santé. Mais lorsque... Moi, j'aime bien faire la synthèse de tout
ça. En moyenne, on a 6 milliards de
plus de revenus par année que nous avons choisi de mettre, 3 milliards, on
pourrait dire pour les générations futures, mais aussi pour lutter contre les changements climatiques, préparer à
payer les services futurs : 3 milliards sur le déficit,
2 milliards en dépenses, 1 milliard en infrastructures. Et ça, je
qualifierais ça d'équilibre. Lorsqu'on regarde le cadre financier sur six ans,
bien, on a 4 % de croissance des revenus, et 4... revenus autonomes, et
4,2 % de dépenses de portefeuille, et pour revenir à l'équilibre
budgétaire en 2027‑2028, les revenus devront croître plus vite que les
dépenses. L'effort qu'on va faire au niveau des revenus, ça va être de pousser
la croissance. Au niveau des dépenses, il est possible que les dépenses
réalisées soient inférieures aux dépenses projetées, mais on souhaite que les
dépenses soient réalisées.
M. Chassin : D'accord. Puis, dans le fond, dans cet équilibre ou enfin
cette répartition du 6 milliards, le fait qu'on consacre 3 milliards à la réduction du déficit structurel,
juste pour bien saisir, là, ce que vous dites, c'est que ça ne rapproche
pas nécessairement l'objectif du déficit zéro ou de l'équilibre budgétaire,
c'est pour combattre le déficit structurel. Est-ce que je me trompe?
M. Girard (Groulx) : Effectivement.
Puis c'est important de rappeler à tous, mais je pense que tout le monde dans
cette salle le sait, que la définition du déficit au Québec est différente que
dans les autres provinces. Alors, au Québec,
nous avons un solde budgétaire après contribution au Fonds des générations,
alors que l'ensemble des entités publiques du Canada n'ont pas de fonds
des générations. Et donc, si on regarde l'équilibre budgétaire au sens comptable, comptable, revenus d'opération moins un
déficit d'opération, on va atteindre l'équilibre budgétaire en 2023‑2024.
Mais, parce qu'on
contribue au Fonds des générations, qu'on a notre propre définition, puis
que... puisqu'on part avec un niveau de dette plus élevé que les autres
provinces, ça, c'est le premier point, et que nous avons un programme
d'infrastructures nettement plus agressif que les autres provinces, bien, il
faut continuer à contenir la dette, d'où l'importance du Fonds des générations.
M. Chassin : Puis on se connaît, évidemment, vous et moi, suffisamment, vous savez
que de consacrer un certain nombre de revenus au Fonds des générations,
même si ça doit rentrer dans les revenus puis en ressortir, je trouve que c'est
toujours une mesure de prudence intéressante. Ça y est, c'est terminé.
Le Président (M. Simard) : En
théorie, oui. Vous pouvez puiser...
M. Chassin : Peut-être juste un 10 secondes.
Le Président (M. Simard) : Oui.
M. Chassin : Permettez-moi. Je connais votre sensibilité par rapport au fardeau
fiscal. Puis, dans le 6 milliards, il n'y a rien sur le fardeau fiscal,
précisément, quoiqu'on l'a déjà réduit au début de notre mandat. Est-ce que
ça reste dans vos pensées, M. le ministre?
M. Girard (Groulx) : C'est sûr
que nous avons fait des efforts pour réduire le fardeau fiscal, notamment le
crédit d'impôt maintien à domicile, celui pour les proches aidants, taxes
scolaires, allocations familiales. Alors, tout ça totalise près de
2,5 milliards par année. C'est certain qu'on aimerait réduire encore le
fardeau fiscal, mais un proverbe que j'aime
bien, c'est : chaque chose en son temps. Il faudra d'abord résorber...
d'avoir une vue claire comment résorber le déficit structurel avant de
réduire le fardeau fiscal.
Le
Président (M. Simard) : Très bien. Merci. Madame, chère collègue, la
députée de Mercier, à vous la parole.
Mme Ghazal : Merci,
M. le Président. Bonsoir, tout le monde. Bonsoir, M. le ministre. J'écoutais
les échanges. C'est vraiment très, très intéressant. Puis j'ai envie de
revenir sur le plancher des vaches pour que les gens qui nous écoutent en ce moment, les auditeurs ou les
téléspectateurs, en cette heure de grande écoute, voient qu'est-ce qu'il y a
dans ce minibudget pour eux et elles. C'est ça, vraiment, je pense, le plus
important.
Je voudrais commencer par féliciter le ministre,
oui, parce qu'il faut toujours commencer par les fleurs. Attendez la suite.
Donc, vous avez décidé d'augmenter le crédit d'impôt pour solidarité, et
c'était une proposition qu'à Québec solidaire, nous avions faite, donc que
j'avais faite au nom de ma formation politique, mais vous avez décidé de le
faire, mais en partie seulement. Nous, à Québec solidaire, ce qu'on vous
proposait, c'est d'augmenter... de doubler pendant les six prochains mois le
crédit d'impôt pour solidarité pour permettre de suivre la progression en fonction du salaire des gens, parce que c'est ça
qui est intéressant. Une famille peut gagner, par exemple, avec deux enfants,
jusqu'à 61 000 $ puis recevoir du crédit d'impôt pour solidarité,
mais beaucoup moins qu'une personne aînée qui n'a aucun salaire ou qui est
fixe, là, avec son fonds de pension.
Mais vous, vous n'avez pas décidé de faire ça.
Vous avez décidé d'y aller mur à mur, de donner à tout le monde le même montant. Ce qui fait que, par
exemple, avec votre proposition, une famille de deux adultes avec deux enfants
va recevoir 400 $, alors qu'avec la
proposition que moi, je faisais, cette même famille là pouvait recevoir jusqu'à
780 $. Une mère monoparentale,
avec votre proposition, reçoit 275 $. Avec la proposition que j'amenais,
que Québec solidaire amène, la mère
monoparentale pouvait recevoir jusqu'à 639 $, etc. Pourquoi est-ce que
vous avez décidé de procéder ainsi et de donner à tout le monde, peu
importe leurs revenus, le même montant?
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci pour
la question, puis bienvenue à la Commission des finances publiques, qui, on
aime bien croire, est la meilleure commission de cette 42e législature.
Alors, vous faites maintenant partie de cette équipe.
Alors, je tiens à dire que toutes les
propositions que les oppositions font, dans la mesure où elles sont faites
avant qu'on aille à la presse, sont étudiées. Alors, je remercie, il y a eu des
propositions. Les trois partis d'opposition ont fait des propositions. Elles
sont toutes analysées, elles sont considérées. Des fois, il y a des
propositions qui sont lancées à la période de questions. Le ministère des
Finances analyse tout. On n'a pas d'ego, les bonnes idées peuvent venir de
partout.
Bon, ce que nous avons décidé de faire, c'est
de... Puis nous avons choisi d'utiliser, de cibler les gens qui reçoivent le
crédit d'impôt solidarité, mais on n'a pas modifié le crédit d'impôt
solidarité. Alors, on a pris les 3,3 millions
de personnes qui reçoivent le crédit d'impôt solidarité. Et ça, c'est... les
couples, c'est moins de 56 000 $, et les personnes vivant seules, c'est moins de 51 000 $. C'est la
population, mais ça représente 3,3 millions de personnes.
Et comme le régime fiscal est indexé, toutes les
allocations famille, les seuils, prestations de solidarité, tout le monde
recevait une indexation de 2,6 %. Mais ce qu'on observe, c'est que, dans
la fin de l'année et le début de l'année 2022,
l'inflation va avoisiner plus 4 %, en moyenne, ce qui est beaucoup plus élevé que
le 2,6 % d'indexation. Donc, on a compensé, pour la
mesure de panier de consommation, la différence entre 4 % et 2,6 %.
Alors il y a tout un
calcul, une réflexion, en arrière de ça, basée sur la mesure du panier de
consommation, la différence entre l'indexation du régime et l'inflation
observée.
Mme Ghazal : Mais vous
comprenez que ce qui manque dans votre proposition puis qui existe dans celle
de Québec solidaire, puis je suis contente que vous n'ayez pas d'ego, puis
c'est une bonne chose, ce qui manque, c'est que... Ma proposition est plus
équitable, plus juste, parce que c'est en fonction du revenu ou pas de revenu
de la personne. Alors que, vous, c'est la même chose que les gens soient en
haut de l'échelle de ceux qui reçoivent un crédit d'impôt ou qui reçoivent
0 $, parce qu'on peut n'avoir aucun revenu puis avoir évidemment du crédit
d'impôt pour solidarité, ces gens-là
reçoivent le même montant, alors qu'ils ne sont pas égaux face à l'inflation et
à l'augmentation du coût de l'épicerie.
M. Girard
(Groulx) : Bien, en fait, nous, on a pris tous ceux qui ont
un revenu moyen à faible ou pas de revenu.
Mme Ghazal : Vous êtes d'accord
que tout le monde reçoit le même montant? C'est ce que vous avez fait. Tout le
monde.
M. Girard (Groulx) : Tout le
monde reçoit le même montant...
Mme Ghazal : En fonction de sa
situation.
M. Girard (Groulx) : ...mais
personne n'est fortuné.
Mme Ghazal : Oui, mais il y a
des gens encore moins fortunés.
M. Girard
(Groulx) : Alors, c'est moins de 56 000 $ pour les
couples. Tous les couples de moins de 56 000 $, tous les individus de moins de 51 000 $
reçoivent la prestation exceptionnelle. Et, en fait, c'est que le panier de
consommation, à cette tranche de revenus, contient beaucoup d'aliments
et d'énergie, d'essence. Et donc c'est pour ça qu'on vient compenser le
différentiel au niveau du panier de consommation.
Mme Ghazal : Mais une personne
qui reçoit 0 $ de revenus ou de salaire puis une autre personne... une
famille qui reçoit un salaire, ces deux familles-là vont recevoir 400 $
avec votre proposition.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Mme Ghazal : On ne tient pas
compte de la progression, de la progressivité du salaire.
M. Girard (Groulx) : Mais ça,
la progressivité du régime fiscal, elle existe déjà, là. Là, on arrive avec...
Mme Ghazal : Ailleurs, mais pas
là-dedans. O.K., vous...
• (20 h 10) •
M. Girard (Groulx) : La
prestation n'est pas progressive. Si c'est ça, votre point, je suis d'accord.
Mme Ghazal : Puis pourquoi vous
avez fait ça? Bien, c'est correct, je veux passer...
Le
Président (M. Simard) :
...pensez à nos traducteurs... transcripteurs qui doivent vous décoder, vous
entendre, merci.
Mme Ghazal : Ah! oui. Très bien. En tout cas, moi, je demeure
convaincue... Moi non plus, je n'ai pas d'ego, mais je demeure
convaincue que la nôtre est meilleure, mais, bon, on pourra en rediscuter.
M. Girard (Groulx) : D'accord,
c'est bon.
Mme Ghazal : J'ai une autre
question par rapport aux dépenses. Là, cette année, l'augmentation de dépenses
est, à la page A.6, là, de 11,7 %, alors que, dès l'année 2023‑2024,
c'est seulement 2,8 % et, 2024‑2025, c'est 3,1 %. Je sais que le
ministre ne se préoccupe pas du tout si on est en année électorale ou pas, il
ne regarde pas ça, c'est le hasard de la vie
qui fait ça, mais est-ce qu'il peut nous expliquer qu'est-ce qui va se passer,
pourquoi est-ce qu'il y a un serrage
de ceinture après les prochaines élections? Est-ce que... et là moi, je ne me
gênerai pas, je vais dire c'est quoi, le mot en a, est-ce que la CAQ
nous annonce un retour à l'austérité après le 3 octobre 2022?
M. Girard (Groulx) : Pas du
tout. Pas du tout. Le 11,7 %... Puis moi, je suis un maniaque des notes de
bas de page, et là ça fait trois ans que je travaille avec le ministère, et on
voit, là... lorsqu'on veut comprendre ça vient d'où, le 11,7 % des
dépenses en 2021‑2022, bien là il faut aller lire la note de bas de page n° 4, du 11,8 % : «La hausse de 11,8 % vient
de la mise en oeuvre....» Mais essentiellement ce que ça dit, c'est qu'en 2020‑2021,
il y a des dépenses de portefeuille qui ne sont pas sorties en raison de la
fermeture de l'économie pendant six semaines, ou, par exemple,
en Enseignement supérieur, le fait que les étudiants étaient à distance, et ça
fait qu'il y a eu beaucoup de dépenses qui n'ont pas été réalisées en 2020‑2021,
et donc le dénominateur baisse. Et, puisqu'on calcule un taux de croissance, si
le dénominateur baisse, le ratio augmente. Alors, c'est ça, l'essence de la
note 4 de la page A.6, c'est que le fait que le taux de croissance
soit si élevé en 2021‑2022, une partie, c'est parce que c'est... c'est comme si
je disais : C'est parce qu'il y aura 6 %
de croissance de dépenses, mais il y a aussi 5 % de croissance de
dépenses, l'année d'avant, qui ne sont pas sorties.
Mme Ghazal : Puis, O.K., là, vous parlez du 11,7 %, mais, après ça, les
dépenses vont être beaucoup moindres. C'est ça... les dépenses... la croissance
des dépenses va être beaucoup, beaucoup plus faible. Et d'ailleurs ça me...
M. Girard
(Groulx) : Mais j'allais dire : Il faut garder la ligne dépenses
de portefeuille, là, 4 %, 5 %, 3,1 %, 3,1 %, 4 %,
O.K.? Parce que les fluctuations du service de la dette, c'est moins pertinent
pour ce qui vous préoccupe, je crois, les dépenses de services.
Mme Ghazal :
O.K. C'est 11,8 % après les élections. Excusez-moi, je sais que ce n'est
pas important pour vous, mais après, donc en 2023‑2024, c'est 3,1 %, alors
que là, cette année, c'est 11,8 % en 2022‑2023, c'est 4,1 %. Donc, la
croissance des dépenses baisse quand même. Donc, moi, ce que j'étais en train
de dire ne change pas, même si je change de ligne.
M. Girard
(Groulx) : D'accord.
Mme Ghazal : Mais j'ai une question aussi : Tout à
l'heure... Parce que, là, vous parlez des dépenses projetées. Tout à l'heure
vous avez dit que les dépenses réalisées sont moins élevées que les dépenses
projetées. Donc, on pense qu'on va
dépenser plus, alors qu'on dépense moins. Pourquoi? Est-ce que c'est parce que
finalement on se rend compte qu'on n'a pas tant besoin de ça dans nos
services publics?
M. Girard
(Groulx) : Bien, ça, c'est un des grands mystères des finances
publiques. Mais merci de poser la question. Ça fait déjà cinq ans qu'on a entre
2 et 3 milliards de dépenses qui ne sortent pas à chaque année. C'était le
cas avec l'administration précédente. C'est le cas avec notre administration
après trois ans. Je dirais qu'on est rendu presque à six années où on a... Il y
a plusieurs explications derrière cela. Je vais en essayer quelques-unes. Je ne
sais pas si on va tout expliquer avec ça,
mais d'abord il y a les infrastructures où on a des plans d'infrastructures extrêmement
ambitieux. Et, encore une fois, à chaque
année, on réalise un peu moins que ce qui est projeté. Il y a les embauches.
Souvent, lorsqu'on amène des nouveaux programmes, qui dit nouveau
programme, nouveau budget, nouvelles initiatives, nouveaux investissements, nouvelles embauches, ça prend du temps à les
mettre en place. Je peux y aller d'un dernier point ou non?
Le Président
(M. Simard) : Rapidement, s'il vous plaît.
M. Girard
(Groulx) : Dernier. Bien, lorsqu'il y a plusieurs parties prenantes
dans un projet, comme des organismes sans
but lucratif du municipal, le fédéral, le provincial c'est plus compliqué, les
dépenses sortent moins bien.
Le Président
(M. Simard) : Merci. Mme la députée.
Mme Ghazal : Donc,
ça, c'est peut-être problématique, je ne sais pas si vous allez résoudre ce
mystère, parce que moi, je me suis dit : Coudon, est-ce qu'on a moins
besoin? Je ne pense pas, ce n'est pas ça, la raison, c'est plus de raison
peut-être technique ou d'inefficacité, je ne sais pas. On pourra revenir une
autre fois là-dessus.
On a essayé d'avoir,
d'obtenir des informations de la part du ministre de l'Économie sur la gestion
du PACTE et on n'a pas réussi, mais on va continuer. Et, comme vous avez
remplacé le ministre de l'Économie pendant un certain temps, est-ce qu'il vous
avait autorisé... est-ce qu'il y a eu des dossiers, dans votre bureau, que vous
avez autorisés comme dépenses ou aide à des entreprises en faisant appel à
votre pouvoir discrétionnaire, qui était dans le guide de gestion interne
secret du gouvernement et qui a été révélé par la Vérificatrice générale? Est-ce
que vous avez autorisé des dépenses, oui ou non?
M. Girard
(Groulx) : Merci pour la question. Je tiens à rappeler qu'on a aidé
14 000 entreprises pour 1,5 milliard de prêts et qu'il y avait
urgence, et j'aime bien rappeler à tout le monde qu'on se faisait dire...
Mme Ghazal :
J'ai très peu de temps...
Le Président
(M. Simard) : Allez-y, madame. Allez-y, je vous en prie.
Mme Ghazal :
...je suis désolée, j'ai très, très peu de temps, tout ce que vous dites,
je l'ai déjà entendu plusieurs, plusieurs, plusieurs fois toute la semaine
passée. Donc, ce que je veux savoir : Est-ce que vous en avez eu, vous...
est-ce que vous avez fait appel à votre pouvoir, je ne peux pas dire
arbitraire, discrétionnaire, pour dire : Ils ne répondent pas aux
critères, là, qu'on a annoncés, mais, oui, c'est beau parce qu'on en a besoin,
puis c'est peut-être justifié? Est-ce que
vous l'avez fait? Ça se peut que non, puis je vais me contenter de la
réponse : Non, je n'en ai pas eu.
M. Girard (Groulx) : Bien,
moi, ce que j'aimerais vous dire, c'est que chaque dossier est particulier,
chaque dossier vient avec une analyse d'Investissement Québec, vient avec un
avis du ministère de l'Économie. Et c'est discuté lors d'une rencontre
statutaire avec les personnes responsables d'Investissement Québec, du
ministère de l'Économie.
Mme Ghazal :
Est-ce que vous en avez eu, vous, pendant que vous remplaciez le ministre
de l'Économie?
M. Girard
(Groulx) : Est-ce que j'ai eu quoi, des cas spéciaux?
Mme Ghazal :
Ces discussions-là, oui.
M. Girard (Groulx) : J'ai eu plein de cas
spéciaux. Est-ce que ceux-ci étaient spécifiquement reliés au PACTE? Je
ne crois pas.
Mme Ghazal :
O.K. Donc, vous n'en avez pas eu. Parce que je voulais savoir aussi ça veut
dire quoi, une entreprise stratégique pour l'économie, parce que ça faisait
partie des critères mystérieux, c'est que ça devait être une entreprise
stratégique pour l'économie, puis on n'a pas réussi à avoir de définition de
ça.
M. Girard
(Groulx) : O.K. Mais moi, je pourrais vous donner une définition des
secteurs stratégiques parce que les secteurs
stratégiques ont été nommés dans la mise à jour de... ont été nommées dans la
mise à jour précédente.
Mme Ghazal :
J'irai les chercher, j'irai les chercher, parce que j'ai d'autres
questions.
M. Girard
(Groulx) : O.K., mais j'allais vous donner les trois secteurs.
Mme Ghazal :
Non... bien, rapidement.
M. Girard
(Groulx) : Les sciences de la vie, l'aluminium, puis il m'en manque
un...
Une voix : ...
M. Girard
(Groulx) : L'aéronautique. L'aérospatiale, plus large.
Mme Ghazal : Mais, parmi la dizaine,
ils n'étaient pas dans ces secteurs-là, mais ce n'est pas grave, on va y
revenir de toute façon.
Par rapport aux
primes de rétention aux infirmières, de 1 milliard, qui ont été annoncées,
le ministre de la Santé a dit : Mon Dieu, le ministre des Finances
trouvait que c'est vraiment donc bien beaucoup puis il reluquait cet argent-là.
Comme on voit que ça ne fonctionne pas tant que ça, il se peut qu'il reste un
bon montant du 1 milliard, et qui ne marchera pas, et qui ne sera pas donné
aux infirmières parce qu'elles ne reviennent pas, parce que le plan ne marche
pas. Le montant qui va rester de ce 1 milliard là, qu'est-ce qui va
arriver avec ça? Est-ce que vous pouvez vous engager de ne pas le ramener dans
le fonds consolidé puis de le garder dans le système de santé parce qu'on en a
besoin même s'il ne sera pas donné aux infirmières?
M. Girard (Groulx) : Bien, d'abord, ce n'est
pas comme ça que ça marche, là. C'est-à-dire que, si on vise de
ramener... puis, je pense, le chiffre, c'était plus de
4 000 infirmières à temps plein, là, si... Par exemple, je vais faire
une hypothèse, puis je ne suis pas ministre de la Santé, mais supposons que le
programme réussissait à en ramener 3 000, bien, il va falloir faire des
efforts supplémentaires pour se rendre à 4 000 puisqu'on a identifié un
besoin de... Alors, l'argent qui ne serait
pas utilisé pourrait certainement être utilisé pour compléter le programme et
réussir à accomplir ce qu'on voulait faire lorsqu'on a créé le
programme.
Mme Ghazal :
O.K. Donc, l'argent va rester dans le...
M. Girard
(Groulx) : Mais, par définition, là... puis là je ne veux pas rentrer
dans du superflu comptable, mais, par définition, quand l'argent ne sort pas,
il est dans le fonds consolidé, là. Il n'y a pas de fonds ciblé pour le
programme de rétention de personnel en santé. Si on a visé 4 000 puis
qu'il n'y a pas 4 000, par définition, c'est dans le fond consolidé.
• (20 h 20) •
Le Président (M. Simard) : Allez-y,
chère collègue, il vous reste une minute encore. Non, non, non, Mme la...
M. Girard
(Groulx) : ...il vous reste une minute.
Mme Ghazal :
Ah! mon Dieu. O.K. Je pensais...
Le Président
(M. Simard) : Je vous en pris, madame.
Mme Ghazal : En
2015, dans cette commission, pour les paradis fiscaux, le ministère des
Finances avait évalué à environ 800 millions les pertes fiscales annuelles
pour le Québec. Ça fait un méchant bout de temps, 2015. Est-ce qu'on a les
chiffres à jour, aujourd'hui, par rapport aux pertes à cause des paradis
fiscaux?
M. Girard (Groulx) : Oui...
Mme Ghazal : Combien?
M. Girard (Groulx) : Ce n'était pas
l'objet de la mise à jour, mais je ne sais pas pourquoi, j'anticipais ce genre de questions. Je pourrais vous dire que les
résultats globaux sont de l'ordre de 564 millions par année. Alors, on...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Girard (Groulx) : En
conclusion, on pourrait dire qu'on a au moins réussi à récupérer 564/800e.
Le Président (M. Simard) : Madame,
très rapidement, s'il vous plaît.
Mme Ghazal : Donc, vous dites
qu'il y en a moins à cause de votre... Il y a moins de pertes fiscales, ça, on
est sûr de ça?
M. Girard (Groulx) : Je vous
dis qu'on a... Ce qui a été identifié en 2015, on a embauché du personnel, on a
collaboré avec le gouvernement fédéral, on a fait plusieurs initiatives qui ont
eu du succès. On va continuer.
Mme Ghazal : Si on avait un
directeur parlementaire du budget, il aurait pu évaluer ça.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Mme Ghazal : Oui, merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci à vous. Je cède maintenant la parole à la députée Charlevoix—Côte-de-Beaupré—Île-d'Orléans.
Mme Foster : Ah! c'était déjà à
moi? Non, non, c'était...
Le Président (M. Simard) : Ah!
bien, cher collègue député de Richelieu.
Une voix : ...
Le
Président (M. Simard) : Bien oui! Non, mais... Ça va bien, cher collègue?
Excusez-moi, j'allais vous oublier. Alors, député de René-Lévesque?
Député de René-Lévesque, je vous en prie.
M. Girard (Groulx) : M. le
député de René-Lévesque, c'est à vous la parole.
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie, M. le député, la parole est à vous.
M. Ouellet : C'est à moi?
Excusez-moi.
Le
Président (M. Simard) : Vous avez 17 minutes. C'est moi qui s'excuse.
J'étais persuadé que la parole allait à ma collègue de Charlevoix.
M. Ouellet : Parfait, parfait.
Merci. Bonjour, M. le ministre. Lors de la mise à jour économique de cet
automne, votre gouvernement annonçait 1,1 milliard pour bonifier le crédit
d'impôt pour les frais de garde. On parle donc d'une dépense supplémentaire qui
oscille entre 211 et 225 millions par année. Première question :
Est-ce que les 6 milliards du gouvernement fédéral vont servir à financer
cette mesure?
M. Girard (Groulx) : Oui, si on
veut. Mais le 6 milliards va dans le fonds consolidé. Mais nous... Puis je
vais essayer d'être bref, là, parce vous
avez... Nous nous étions déjà engagés à compléter le réseau. On a signé
l'entente avec le fédéral. Eh oui, on peut certainement dire que
l'argent du fédéral couvre le crédit d'impôt.
M. Ouellet : Vous allez me
donner celle-là : ce crédit d'impôt là ne complète pas le réseau, il fait
juste équilibrer, à votre avis, une situation qui était inéquitable par rapport
aux tarifs de garde. Mais ça, on aura le débat plus tard. Parce que bonifier le
crédit d'impôt, c'est un peu un choix que vous avez fait, puis je vais être
honnête avec vous, on le trouve bien
imparfait. Tout d'abord, parce que, depuis l'annonce du crédit d'impôt, les
garderies privées ont commencé à augmenter à 5 $, à 6 $ et
jusqu'à même 10 $ de plus par jour. Cet argent-là, le gouvernement prétend
le donner aux parents,
mais ça se trouve directement plutôt dans les poches des propriétaires des
garderies commerciales, peut-être même partiellement pour ce qui est des
qualités de service, mais on n'a aucune garantie. Bref, les parents sont
devenus des intermédiaires et pas les bénéficiaires de ce programme-là.
Vous avez prétendu aussi que ça va permettre aux
parents de payer sensiblement le même tarif pour des places à contribution
réduite. Pour nous, c'est une fausse promesse parce le gouvernement se base sur
un tarif pour des frais de garde à 40 $
par jour. Des garderies qui offrent ce tarif, M. le ministre, les parents me
disent qu'il n'y en a pas beaucoup.
Alors, ma
question : Est-ce que vous pouvez nous dire combien de garderies offrent
des places à 40 $ au Québec, puisque ça semble être l'étalon pour
la mesure que vous avez annoncée?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est très simple, on a les données, chez Revenu Québec, puisqu'on administre
le crédit d'impôt, et 39 $ et... mais on va dire 40 $, là, c'est le
tarif moyen, en 2021, qui est payé en garderie non subventionnée. Alors, je
comprends... qui dit tarif moyen dit distribution de probabilités, alors il y
en a qui paient moins, il y en a qui paient plus.
M. Ouellet : Mais est-ce que
vous pouvez me dire combien de garderies au Québec offraient des places à
40 $? Est-ce que ça, vous êtes capable de me le dire?
M. Girard (Groulx) : Combien de
garderies non subventionnées...
M. Ouellet : Offraient des
tarifs, des places à 40 $?
M. Girard (Groulx) : Non, je
n'ai pas cette information-là. Mais je vous répète qu'en vertu de l'information
qu'on a chez Revenu Québec, c'est le tarif moyen qui sera indexé et donc qui
sera à 41 $ l'an prochain.
M. Ouellet : O.K. Donc, vous...
C'est la mesure étalon, mais vous n'êtes pas capable de dire combien, grosso modo, ça pourrait toucher. Puis je vais
creuser un petit peu plus, puis vous allez voir où est-ce que je m'en vais.
M. Girard (Groulx) : Puis ça, c'est
le tarif moyen pour quelqu'un qui est en garderie 260 jours par année.
Puis, si vous êtes à 180 jours, ça va... la neutralité va jusqu'à 58 $.
M. Ouellet : Moi, je peux vous
dire qu'il existe 70 000 places de garderies non subventionnées et probablement
40 000 autres dans un milieu familial non régi et non subventionné.
Donc, ça fait un gros potentiel de garderies. Mais je vais aller plus loin.
Dans certains cas, le crédit d'impôt est si mal balancé que, pour certaines
tranches de revenu familial, le tarif journalier est passé à 4 $ par jour.
La garderie qui pouvait offrir un tel tarif après l'application du crédit d'impôt, je vous l'annonce, M. le ministre, je
vous le donne en mille, elle a augmenté ses crédits au moins pour
revenir au tarif de base qui était celui qui était fixé normalement dans les
CPE.
Donc, ma question, M. le ministre, est-ce que
vous avez fait une étude d'impact de la bonification du crédit d'impôt sur les
tarifs des garderies? Est-ce que, quand vous avez décidé de mettre ça en place,
vous vous êtes dit : Hum, est-ce que ça va avoir un impact sur
l'augmentation des tarifs des garderies?
M. Girard (Groulx) : Je cherche
le graphique pour vous, je vais le trouver, c'est le graphique à la
page E.9, mais je... La pression sur les tarifs de garde non subventionnée
vient du fait que nous améliorons, et nous sommes fiers de faire, les
conditions salariales en milieu subventionné. Et cette pression-là aurait eu
lieu que le crédit d'impôt soit augmenté ou non. Donc, le crédit d'impôt est
bénéfique. Il vient marginalement aider les parents qui sont en garderie non
subventionnée.
M. Ouellet : Donc, ce que vous
nous dites, c'est que, si je comprends bien, là, en augmentant les salaires des
éducatrices en CPE, ça aurait une incidence
dans les autres services de garde qui ne sont pas des CPE et donc il y aurait
une augmentation des coûts payés par les parents, parce qu'au final, il y
aurait une augmentation des salaires pour être compétitifs, et donc le crédit
d'impôt offert vient baisser cet effet-là qu'il y aurait eu... Donc, on vient
baisser la facture de ceux et celles qui étaient dans des garderies privées.
Est-ce que je suis dans l'erreur?
M. Girard (Groulx) : Ce que je
vous dis, c'est que la pression sur les salaires des éducatrices en milieux non
subventionnés n'a rien à voir avec le crédit d'impôt. Elle a à voir avec le
fait qu'on améliore les conditions de travail et salariales en milieux
subventionnés. Ça met une pression sur les milieux non subventionnés. Ça, ça
met une pression sur les tarifs de garde qui sont payés par les parents et que
le crédit d'impôt vient aider marginalement, qui amène une neutralité jusqu'à
40 $ pour 260 jours.
M. Ouellet : Moi, je vais vous
dire, M. le ministre, là, ce qui passe sous silence, c'est que la bonification
du crédit d'impôt se fait surtout pour les familles à gros revenus plutôt que
les familles à faibles revenus. Ceux qui ont eu... qui vont avoir la plus
grosse augmentation du crédit d'impôt, c'est ceux qui gagnent des gros revenus.
À partir d'un revenu familial de 165 000 $, le crédit d'impôt passe
de 26 % à 67 %, pendant que la classe moyenne voit ses frais de garde
augmenter pour aller gober le crédit d'impôt chez les plus nantis.
Donc,
ma question, est-ce que le ministre... est-ce que, M. le ministre, vous pouvez
nous dire quelle proportion de la bonification du crédit d'impôt est consacrée
à chacun des paliers de revenu familial? Est-ce que c'est 100 millions
pour ceux et celles qui gagnent entre 100 000 $ et
165 000 $ et un autre 100 millions pour ceux qui sont
165 000 $ en montant? Bref, est-ce que la grosse partie de l'annonce
va aller dans les poches des familles qui gagnent un revenu plus élevé au
Québec?
M. Girard
(Groulx) : Bien, c'est important, parce que, là, ça, c'est un débat
philosophique.
M. Ouellet :
Oh! non, non, c'est mathématique.
M. Girard
(Groulx) : Non, mais je tiens à vous le dire parce que c'est l'impôt
qui est progressif au Québec et non les tarifs. Alors, l'objectif... Lorsque
vous allez à l'université, vous payez le même tarif, les mêmes frais de
scolarité, indépendamment de votre revenu familial, indépendamment de votre
situation. Tout le monde paie les mêmes
frais de scolarité. Les tarifs de services de garde au Québec, c'est pour tout
le monde. C'est un actif, un joyau du Québec,
les services de garde subventionnés qui sont accessibles à tous. Donc, notre
objectif... puis c'est un choix, là. Les tarifs ne sont pas progressifs
au Québec. C'est l'impôt qui est progressif.
• (20 h 30) •
M. Ouellet :
Oui, mais, quand je vais à l'école puis que je suis à faibles revenus ou je
n'ai pas beaucoup d'argent, je peux avoir accès à des prêts et bourses, ce qui
n'est pas le cas avec les garderies, on s'entend, là. Bon.
Deuxième chose, puis
dites-moi si je raisonne bien, là, parce que j'essaie juste de comprendre
puisqu'on se fait poser la question, les
gens manquent de places en garderie. Les parents sont sortis dans la rue, avec
des poussettes, ils sont venus même ici, à l'Assemblée nationale, nous
dire : J'ai besoin d'avoir une place, je veux retourner sur le marché du
travail. Vous nous dites, tout à l'heure, qu'en augmentant les conditions de
travail dans les milieux subventionnés, ça a
fait une pression induite dans les milieux non subventionnés pour rehausser les
conditions de travail, pour être comparatifs...
M. Girard
(Groulx) : ...puisque c'est le même diplôme.
M. Ouellet : O.K. Donc, il y a une augmentation des prix qui
arrive du domaine du secteur non subventionné, et donc privé. Et là les
parents qui ont une place, n'ont pas une place supplémentaire, vont avoir une
place à moindre coût. J'essaie de comprendre, là, puis je suis 100 %
transparent avec vous, M. le ministre, là, en quoi cette mesure-là va
créer des places supplémentaires? Moi, la lecture que j'ai, c'est qu'il y a des
parents qui ne s'en allaient pas dans les garderies privées parce que c'était
extrêmement cher. Et, par cette mesure, ça devient envisageable d'y aller, mais
on ne peut pas comparer un CPE à une garderie privée non subventionnée. C'est
la lecture que je fais, est-ce que je suis erroné?
M. Girard
(Groulx) : Mais la question, c'est quoi, M. le député?
M. Ouellet : En
quoi cette mesure offre une place supplémentaire aux familles, de qualité, pour
ceux et celles qui en cherchent? Moi, je pense qu'elle est nulle, et c'est
surtout une mesure qui permet juste à ceux et celles qui paient trop cher une
place dans une garderie privée non subventionnée d'être bien heureux avant
l'élection et de dire : Finalement, ça me coûte moins cher pour envoyer
mon enfant dans une garderie. Ça baisse la pression.
M. Girard
(Groulx) : O.K. Alors, si on va à la page E.5, soutenir les
familles, bonifier le crédit d'impôt remboursable
pour frais de garde d'enfants, 1 milliard; compléter le réseau de services
de garde éducatifs à l'enfance, 1,2 milliard.
Il y a aussi 200 millions dans la section pour la formation de
main-d'oeuvre, parce qu'on manque d'éducatrices, plus de 17 000. Il faut en former un autre 7 000, alors
il y a un autre 200 millions. Puis il y a toute l'aspect des négociations,
la bonification pour les employés du réseau subventionné qui n'est pas là,
mais, bref, la bonification du crédit d'impôt,
c'est une mesure d'équité pour les gens qui ont déjà une place en service de
garde non subventionné. Et vous avez raison, ça n'ajoute pas de place,
mais on a tout un plan pour ajouter des places. Et c'est le plan du ministre de
la Famille qui a été travaillé avec le Conseil du trésor, le ministère des
Finances, un excellent plan : 37 000 places sur quatre ans. Puis ça comprend des meilleures
conditions salariales pour les éducatrices, des programmes de formation.
Ça comprend des appels d'offres. Ça comprend de l'aide au secteur des garderies
en milieu familial. Alors, c'est un problème complexe. C'est un défi, puis on
s'y attaque de plusieurs façons.
M. Ouellet : Est-ce
que vous pouvez me dire quand est-ce que la bonification du crédit d'impôt va
terminer? Est-ce qu'il y a une date d'échéance? Est-ce qu'il est prévenu qu'on
revienne en arrière à une date précise?
M. Girard
(Groulx) : Non.
M. Ouellet : Donc, il existe et il va exister dans le temps
encore. Donc, on a un budget sur cinq ans — excusez-moi de vous couper — mais
il va continuer à travers les années. C'est ce que je comprends.
M. Girard
(Groulx) : Mais c'est-à-dire que, pour le couper, ça
prendrait une décision d'un conseil des ministres. Ce n'est pas notre
intention. Puisqu'on vient de le mettre, on n'a pas l'intention de le couper.
M. Ouellet : O.K.
Donc, si je reprends ma prémisse de départ, je vous ai posé la question est-ce
que... dans les 6 milliards qui vous a été offert par le gouvernement du
Canada pour les services de garde, vous m'avez confirmé qu'il y a
3 milliards de cet argent-là qui est utilisé justement dans le budget,
dont une mesure touche la baisse du coût d'une garderie pour une place non
subventionnée, donc une place privée. Donc, vous êtes d'accord avec moi pour
dire qu'on a utilisé l'argent du gouvernement fédéral, pas pour créer des
places supplémentaires mais pour dire à ceux et celles qui sont présentement
dans une place non subventionnée, donc une garderie privée : Vous allez
tout simplement payer moins cher. Et donc l'argent promis, les
6 milliards, ne sert pas à créer des places supplémentaires. C'est ce que
vous avez dit tout à l'heure.
M. Girard (Groulx) : Bon, le
6 milliards, c'est un transfert sans condition. C'est 6 milliards sur
cinq ans. Ça commence, 600 millions la première année, puis c'est
1,6 milliard la cinquième année, bon, puis ça augmente. C'est un transfert sans condition qui reconnaît la
compétence du Québec dans ce champ de compétence, et, en fait, c'est nous
qui a inspiré le programme fédéral. Alors, le 6 milliards s'en va au fonds
consolidé, puis ensuite nous, on s'était déjà engagés
à compléter le réseau, créer 37 000 places. Il y a des coûts associés
à ça. Ça prend du personnel. On s'y attaque, au personnel... au défi. On
est en... On a les aspects formation, on a la bonification des conditions des
travailleurs existantes. On a le nécessaire pour créer les
37 000 places. Mais il reste qu'il y a des gens, plus de
70 000 personnes, qui sont en services de garde non subventionnés,
qui paient beaucoup plus cher. Et là, avec le crédit d'impôt, on amène la
neutralité jusqu'à 40 $.
M. Ouellet : Donc, des
6 milliards obtenus, total, du gouvernement, vous nous avez déjà dit, puis
je pense que je vais vous le faire redire, mais, des 6 milliards... il
n'était pas question que le gouvernement mette 6 milliards dans les
services de garde. Puis vous me corrigerez, mais je pense que vous aviez parlé,
à l'époque, puis c'est encore le cas, de
mettre 3 milliards dans les réseaux de services de garde. Et on a appris
tout à l'heure qu'il y a une partie des bonifications qui est faite pas pour
acheter des places mais qui est faite juste pour baisser le coût des garderies
privées. Cet argent-là a été utilisé
grâce aux 6 milliards. Donc, la question qui tue, M. le ministre : Si
on n'avait pas eu 6 milliards du
gouvernement fédéral, est-ce qu'il y aurait eu cette équité que vous promettez
à tout le monde dans cette mise à jour économique?
M. Girard (Groulx) : Est-ce que, si
on n'avait pas eu le 6 milliards...
M. Ouellet : Oui, parce que, tu
sais, j'attache les ficelles, là. Dans le 6 milliards, vous nous dites que
vous avez utilisé 1 milliard justement pour la bonification, je reprends
vos mots, là, pour la bonification des frais de services de garde. La question
qui tue : Si vous n'aviez pas eu cet argent-là du fédéral, l'auriez-vous
fait?
M. Girard (Groulx) : Écoutez, moi,
quand j'ai fait la mise à jour, je l'avais, le 6 milliards. J'ai pris
trois jours de mes vacances, cet été, pour négocier ça. On l'avait, le
6 milliards, je ne me suis pas posé la question ce que j'aurais fait si je
ne l'avais pas.
M. Ouellet : Donc, il n'est pas faux
de dire que, si cet argent-là n'était pas arrivé, ça n'aurait pas été une
priorité, vous ne l'auriez pas fait.
M. Girard (Groulx) : La pression des
parents... Parce qu'on est au service des citoyens. Alors, il y a 70 000 parents
qui voient des services de garde subventionnés, qui aimeraient avoir une place,
qui n'en ont pas. Et là on amène la neutralité jusqu'à 40 $, 58 $ si
vous êtes à six mois par année ou 180 jours.
M. Ouellet : Et donc les parents qui
n'ont pas choisi une garderie non subventionnée, une garderie privée, parce que
ce n'était pas leur choix, là, vous leur dites : N'attendez pas après le
gouvernement pour une place en CPE. Grâce à notre crédit d'impôt, vous aurez
une place dans une garderie privée à un tarif comparable. Faites ce choix,
c'est le choix qu'on vous propose.
Moi, M. le ministre, je suis totalement en
désaccord. Et probablement, puis je vais terminer là-dessus, il ne me reste pas
beaucoup de temps, j'aurais aimé que ces sommes-là, ces dollars supplémentaires
pour les réseaux de la petite enfance, soient offertes et mises sur la table
dans le cas des négociations pour les filles qui sont dans la rue présentement
et qui demandent un rehaussement de leurs conditions de travail.
M. Girard
(Groulx) : Alors, je comprends que vous n'aimez pas la
bonification du crédit d'impôt remboursable pour frais de garde
d'enfants.
M. Ouellet : Je dis aux Québécois,
Québécoises que ce crédit d'impôt là ne crée pas de nouvelles places et que, majoritairement, les gens qui vont en
bénéficier le plus, ce sont des gens qui gagnent en moyenne plus de
120 000 $ par année.
Et ça, c'est un fait, on l'a validé ensemble.
Le Président (M. Simard) : ...reste
quelques secondes encore, cher collègue.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le
ministre.
M.
Girard (Groulx) : Bien, je tiens à dire qu'on s'est engagés à
compléter les réseaux, et à améliorer les conditions des travailleurs et
travailleuses de ce réseau, et aussi d'aider à la formation. Alors, c'est un
plan qui est complet.
Le Président (M.
Simard) : Très bien.
M. Girard
(Groulx) : Et un des éléments du plan, c'est l'équité pour l'ensemble
des parents.
Le Président (M.
Simard) : Merci à vous. Je cède maintenant la parole au député de
Richelieu.
M. Émond : Oui, merci beaucoup, M. le Président. À mon tour
de saluer les collègues, M. le ministre et son équipe qui l'accompagne.
Et c'est vrai, M. le Président, qu'on est dans une belle commission, la
meilleure commission, probablement.
M. Girard
(Groulx) : La meilleure.
• (20 h 40) •
M. Émond : Et
puis je pense qu'il y a à peu près juste notre collègue le ministre des
Finances pour rendre intéressant, à cette heure tardive, là, puis augmenter les
cotes d'écoute du canal de l'Assemblée. Depuis 19 h 45, lorsque vous
avez fait votre punch, là, je suis convaincu qu'on a augmenté les cotes
d'écoute. Je salue tous les collègues, particulièrement, je ne peux pas le
nommer, mais l'homonyme de M. le ministre, le député, le collègue du
Lac-Saint-Jean, qui est avec nous, dans notre commission, ce soir pour la
première fois. Et je suis convaincu qu'il trouve
le tout très passionnant, lui qui est plus un spécialiste de l'électrification
des transports habituellement, M. le Président. O.K., là, je m'écarte,
mais je reviens dans le propos. M. le ministre...
M. Girard
(Groulx) : Il a une mineure en agriculture aussi.
M. Émond : Revenons à nos moutons, comme disait ma mère. Vous en avez parlé un
petit peu tantôt, M. le ministre, mais je vais vous amener, parce que je
suis convaincu que tous les collègues... Moi, c'est frappant, là, encore lundi,
en circonscription, à chacune de mes
rencontres, on me parlait de pénurie de main-d'oeuvre... de rareté de
main-d'oeuvre, pardon, du mot en r, à
chacune de mes rencontres, M. le ministre, avec... J'étais avec des gens du
secteur de l'enseignement, avec des gens de l'entreprise privée. Tout le
monde parle du phénomène de rareté de main-d'oeuvre. Tantôt, vous en avez parlé
brièvement avec le collègue, mais... et puis vous avez aussi parlé qu'on se
dirigeait vers un taux de chômage historique, là, en deçà de 4 %. Et le
phénomène de rareté de main-d'oeuvre, là... Il y a une situation qui est quand
même paradoxale, parce que, malgré le nombre important de postes à combler, il
y a de nombreuses personnes qui n'arrivent pas à se trouver un emploi, puis
c'est une situation qui a été confirmée par une étude de l'institut du Québec
au printemps dernier.
Alors, moi, je veux
vous amener... Parce qu'il y a de nombreux Québécois, Québécoises, pendant la
pandémie, surtout durant le moment où le Québec a été mis sur pause, qui se
sont mis en mode réflexion, des réflexions personnelles internes, puis beaucoup
de gens, j'en ai dans mon entourage, ont décidé de changer de domaine, de se
réorienter. Alors, ça, ça nous amène inévitablement vers la réorientation de
carrière, de la formation, puis, si on veut à la fois augmenter la productivité
de la main-d'oeuvre, l'employabilité des personnes sans emploi, favoriser une
meilleure harmonisation entre les besoins des entreprises puis celui des
travailleurs, alors, bien, on en a tous convenu, il m'apparaît logique
d'investir, puis vous l'avez fait d'une façon importante dans différentes
stratégies de formation de la main-d'oeuvre. Puis tantôt vous avez dit, M. le
ministre, qu'à l'arrière il y a du travail qui s'est fait avant d'arriver...
entre autres, avec le collègue le ministre de l'Emploi et de la Solidarité
sociale. Mais, dites-moi, quel est le rôle de votre ministère, le rôle du
ministre des Finances, quel rôle vous êtes appelé à jouer pour amener une réponse efficace aux problématiques de
rareté de la main-d'oeuvre auxquelles font face toutes les entreprises
québécoises?
Le Président (M.
Simard) : M. le ministre.
M. Girard (Groulx) :
Bien, nous, notre rôle, c'est beaucoup la cohérence et la rigueur, c'est-à-dire
qu'on s'assure que nos actions à court terme sont cohérentes avec nos objectifs
à long terme, et bien sûr on a le rôle de fiduciaire, de gardien des finances
publiques, on s'assure que chaque dollar investi va avoir un impact marginal le
plus élevé possible.
Alors, dans le cas de
la rareté de main-d'oeuvre, tout ce qui est fait ici est cohérent avec la
section B, où on dit : On veut fermer l'écart de richesse avec l'Ontario,
on dit, ça va prendre un taux de population active... Alors, si on prend ce
qu'on appelle le taux de participation au Québec, il est présentement de 64,2 %.
Ça, ça veut dire que 64,2 % de la population de plus de 15 ans veut
travailler — ça,
ça inclut ceux qui travaillent et ceux qui sont au chômage — et
puis on sait qu'on devra atteindre près de 65 %, 65,5 % pour réaliser
nos objectifs de fermer l'écart de richesse avec l'Ontario.
Le Président (M.
Simard) : Très bien.
M. Girard (Groulx) : Pour ce qui est
de la... Vous voulez me couper la parole, M. le Président?
M.
Émond : Rappelez-moi donc... Je m'excuse, monsieur, rappelez-moi votre
premier chiffre, 60 quelques, pour combler l'écart, là.
M. Girard
(Groulx) : 64,2 %, et puis nous étions à 64,8 % avant la
pandémie, et on aimerait atteindre 65,5 % ou 66 % éventuellement pour
fermer l'écart de richesse avec l'Ontario.
M. Émond :
À 66 %, on comble complètement l'écart qui nous...
M. Girard (Groulx) : On comble 10 % de... 100 % de l'effort qu'on a à faire, on y associe 10 %
de la population active. À 66 %, on l'accomplit. Mais ce n'est pas
66 %, là, il y a des décimales, là, 65,5 %.
M. Émond :
Je comprends. Puis, dans vos prévisions budgétaires — je
suis toujours en lien avec la rareté de la main-d'oeuvre — quelle
stratégie vous adoptez pour s'assurer qu'on va être capables de conserver une
croissance soutenue de l'économie
québécoise, toujours avec le phénomène de la rareté de main-d'oeuvre? C'est
quoi, les effets? Quels sont les effets anticipés sur la relance
économique que ça peut causer?
M. Girard
(Groulx) : Je dirais qu'il y a quatre volets, là, à notre stratégie.
D'abord, il y a : améliorer les conditions
de travail, O.K.? Alors, par exemple, tout à l'heure, j'ai eu l'occasion de
discuter des conditions de travail des infirmières, les éducatrices,
services de garde. Alors, au niveau des services essentiels, on veut attirer
des gens vers les professions éducation, santé, services de garde. Des meilleures
conditions de travail vont encourager plus de personnes
à s'intéresser à ce domaine, à ceux qui l'ont quitté à revenir, ceux qui sont
dans le privé, revenir dans le public. Bref, volet A : améliorer
les conditions de travail.
Volet B :
accroître l'accès, la persévérance, la diplomation, l'acquisition de
compétences. Là, ça, c'est tout ce qui est
relié au collégial, collégial technique, secondaire professionnel,
universitaire, études graduées. Mais trois choses : accès,
persévérance, diplomation. Ensuite, on veut encourager les retraités, les
travailleurs de plus de 60 ans à rester sur le marché du travail, et là je
vois le président mais ça tombe bien, j'arrive à D. On veut attirer des
travailleurs étrangers et des étudiants étrangers. Ces étrangers sont des
immigrants qui vont aider l'offre de travail.
Le Président (M.
Simard) : Merci. Merci, M. le ministre. Merci. Je cède maintenant la
parole au député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : ...combien
de temps j'ai?
Le Président (M.
Simard) : 12 min 10 s, cher collègue.
M. Leitão : 12 minutes.
Très bien. Alors ce n'est pas que je ne vous crois pas, mais je vais me... non,
je vais juste m'assurer que moi aussi, je...
voyons, excusez-moi. Voilà. 12 minutes. O.K. parce que je vais couvrir
trois sujets, M. le ministre :
dépenses, dette et main-d'oeuvre. Commençons par les dépenses, et je vous
amène, M. le ministre, à la page I.44, où on parle de dépenses du
portefeuille de Santé et Services sociaux. Encore une fois, bon, ça se termine
en 2023‑2024. J'aurais bien aimé voir ça aller un peu plus loin et je suis
certain qu'au budget...
M. Girard
(Groulx) : 5 % les années suivantes.
M. Leitão : C'est
ça. C'est ce que je pensais et c'est ça ma question. 5 % de croissance,
parce qu'il y a déjà quelques années de ça, le gouvernement précédent, on
avait... on nous disait, et, je pense, avec raison, que ce qu'on appelle les
coûts de système en santé se situent à peu près à 5 % par année. Ça,
c'était en 2017... 2016, 2017, 2018. Là, maintenant, avec tout ce qu'on a fait
et ce qu'on est en train de faire et que le gouvernement est en train de faire,
les projets ratios, juste les projets ratio
se sont véritablement mis en oeuvre, c'est 1 milliard par année, les
augmentations de... etc., donc tout
ce qui est en train d'être fait. Moi, j'ai l'impression que les coûts de
système en santé, maintenant, sont passés bien au-delà de 5 %. Ça
serait dans les 6 %, peut être 6,5 %. Alors, moi, il me semble que ça
va vous causer un problème. Pas en 2021‑2022 ni en 2022‑2023, mais un peu plus
tard. J'ai l'impression que les dépenses de santé
vont croître plus vite que 5 % par année, ou, si vous voulez les garder à
5 % par année, ça va prendre des efforts de rigueur importants.
• (20 h 50) •
M.
Girard (Groulx) :
D'accord. Alors, je vous amènerais à la section F.17...
à la page F.17, où on discute du transfert canadien en santé, et, en fait,
ce qu'on a, c'est une étude du Conference Board, M. le député, qui dit qu'à 5 %
par année... et là je cherche l'endroit où on parle de ce fameux 5 %,
alors c'est la note 3 de la page F.19. Il est projeté qu'une
croissance des dépenses de santé des provinces et des territoires de 4,15 %
par année en moyenne sera nécessaire pour maintenir... santé, mais que
l'amélioration des services va nécessiter 1,85 %. Donc, à 5 %, selon
le Conference Board, pour l'ensemble des
provinces, on va couvrir les nouveaux médicaments, les progrès technologiques,
l'amélioration du service, les coûts de système.
M. Leitão : Merci.
Mais ça, 5 %, c'est ce qu'on nous disait aussi en 2017‑2018.
M. Girard (Groulx) : Mais cette
étude-là est à jour, là, elle date de cette année.
M.
Leitão : D'accord, mais j'ai l'impression qu'avec ce que le
gouvernement actuel fait... Et je ne dis pas que
ça ne va pas être fait, là, entendons-nous bien. Nous avions d'ailleurs
fortement recommandé de mettre en oeuvre les projets ratios le plus
rapidement possible. Donc, avec tout ce qui se fait, ça va aller au-delà de
5 %. Écoutez, ça, c'est mon opinion, je pense que ça va causer un certain
problème.
Deuxième sujet
passionnant, surtout à 20 h 51, la dette, M. le ministre.
M. Girard
(Groulx) : Section J.
M. Leitão : C'est
ça, dette et, surtout, le Fonds des générations, section J, page 16,
J.16, où on voit, donc, les contributions au Fonds des générations. Donc, ce
que... votre projection, c'est que le Fonds des générations arrivera à
30 milliards... 31 milliards en 2025‑2026. Donc, ça veut dire que
vous allez continuer non seulement à alimenter le Fonds des générations, mais à
le laisser croître au cours des prochaines cinq, six années. C'est ça?
M. Girard
(Groulx) : Oui.
M. Leitão : O.K.
Nous sommes d'accord. Je voulais juste m'assurer que c'était bel et bien le
cas. Parce que, oui, le Fonds des générations a un rôle très important à jouer
dans le... surtout quand la dette du Québec va quand même croître à un rythme qui est rapide. Et, juste pour le bénéfice de
tous ceux qui nous suivent, je suis certain qu'ils sont nombreux, ceux
qui nous suivent présentement, à la page J.23, on voit aussi que les
besoins de financement du gouvernement du Québec sont quand même substantiels.
C'est-à-dire que le gouvernement du Québec doit, bon an, mal an, aller chercher
30 ou 32 milliards de dollars dans les marchés financiers.
M. Girard
(Groulx) : C'est indéniable que la pandémie a augmenté nos programmes
de financement.
M. Leitão : C'est
ça. Et, pour pouvoir continuer à avoir un accès privilégié aux marchés
financiers, pour aller chercher les 30 à 32 milliards par année à des taux
avantageux, comme c'est le cas présentement, le Fonds de générations joue un
rôle très important, et donc le gouvernement actuel veut le maintenir, et je
juge que c'est... nous sommes entièrement d'accord sur cet aspect-là.
Maintenant, là où je
voulais aller, on avait commencé à parler un peu de ça, votre collègue vous a
amené là aussi, c'est sur la main-d'oeuvre, la section B... je pense que
c'est la section B...
M. Girard
(Groulx) : C... D.
M. Leitão : Oui,
mais là où je veux aller, c'est quand on parle de vouloir rattraper l'Ontario.
M. Girard
(Groulx) : Section B.
M. Leitão : Section
B.
M. Girard
(Groulx) : Alors, vous aviez raison.
M. Leitão : Et
là nous avons... à la page B.3 et puis à la page B.4, nous avons des
graphiques que je trouve très intéressants. La page B.3, vous illustrez
l'écart qu'il y a Québec‑Ontario en termes de niveau de vie, que vous mesurez
comme PIB réel par habitant, et donc que, de 2009 à 2021, il y a eu... bon, ça
n'a pas beaucoup bougé, c'est toujours à peu près à 13 %, mais que, si on
tourne la page, on va à B.4, ce qu'on constate, c'est que, de 2021 à 2036,
l'objectif, c'est de fermer cet écart-là. O.K., c'est votre ambition, c'est
votre objectif, et vous avez dit vous-même que c'est un objectif ambitieux.
Mais là ma question,
et le problème que j'ai, c'est que... et la page B.4 illustre cela très
bien, c'est qu'il y a deux lignes, dans la
page B.4, la ligne Québec et la ligne Ontario. Donc, nous avons la ligne
Québec, avec les mesures que vous
prendriez, on en parlera un peu, oui, une augmentation du PIB réel par habitant
qui devrait croître de 47,7 mille dollars à 64,4 mille dollars. Très
bien. On verra si les mesures pour y arriver sont réalistes ou pas. Mais
l'autre partie de la question, et c'est là où j'ai des problèmes, c'est que
vous projetez aussi ce qui va se passer en Ontario, où on passe de
53 900 $ à 64 400 $. Mais là comment est-ce qu'on peut être
si confiants que la croissance du PIB réel par habitant en Ontario va croître à
un rythme plus lent que celui du Québec?
M. Girard
(Groulx) : Bien, en fait, pour l'Ontario, ce qu'on a pris, M. le
député, c'est la moyenne des 10 dernières
années. Alors, on a pris le PIB par habitant en 2009‑2019 et on a projeté ça de
2021 à 2036, tout simplement.
M. Leitão : O.K.,
mais je vous...
M. Girard
(Groulx) : Et je dirais que Québec‑Ontario, là, puis on le voit, là,
pour cette période-là, c'était presque identique. En fait, on le dit à la
page B.6, là, on voit que, 2009‑2019, le PIB par habitant du Québec, 1,1 %,
puis l'Ontario, 1,2 %. Mais, point important, la croissance de la population
est plus forte en Ontario qu'au Québec. Et donc le PIB réel de l'Ontario...
c'est pour ça qu'on prend le PIB par habitant, là, le différentiel de PIB par
habitant est plus grand que le différentiel de PIB réel parce que la population
croît plus vite en Ontario qu'au Québec.
M. Leitão : Très
bien, merci, parce que c'est justement là où je voulais aller. Parce qu'une des
différences qu'il y a entre le Québec et l'Ontario, c'est justement que,
l'Ontario, la population augmente plus vite qu'au Québec. Ça a été le cas
depuis...
M. Girard (Groulx) : On pourrait
dire deux fois plus vite, là. Nous, on projette approximativement 0,5 %
par année pour le Québec puis 1 % pour l'Ontario.
M. Leitão : Oui, oui, en effet. Et
moi, je prétends qu'une juridiction, un État où la population augmente vite
sera aussi un État où la croissance économique va être plus rapide qu'un État
où la population n'augmente pas, où la population
est stable. Donc, le fait qu'en Ontario il y a une croissance démographique
rapide va contribuer à accélérer leur
croissance économique, pendant qu'au Québec, où la croissance démographique est
nulle ou presque, enfin, très lente...
M. Girard (Groulx) : 0,5 %.
M.
Leitão : C'est ça, cela va nous rendre notre processus de
croissance économique beaucoup plus laborieux. Il faut vraiment, comme
vous le mentionnez dans la page suivante, à la page B.5, vraiment avoir
une très forte croissance d'investissement, de la productivité. Et ça, à mon
avis, ça va être très difficile. Donc, la croissance de la main-d'oeuvre, la
population, donc, la main-d'oeuvre, à mon avis, constitue un frein important à
la croissance économique. Et je partage votre ambition de vouloir rattraper
l'Ontario, mais je crains bien qu'on n'arrivera pas à faire ce rattrapage-là
tant et aussi longtemps que notre croissance de population va demeurer très
limitée.
M. Girard (Groulx) : Bien, en fait,
c'est pour ça qu'on utilise le PIB par habitant. Alors, il y aura croissance de
la population au Québec qui sera moins élevée qu'en Ontario, mais, lorsqu'on
regarde les 10 dernières années, le Québec a crû, le nombre d'emplois,
plus rapidement que l'Ontario, mais a été moins productif. Or, de 2021 à 2036, le Québec devra être plus productif que l'Ontario,
puisque la croissance de la population sera inférieure que l'Ontario et
qu'on a l'intention de croître le PIB par habitant plus rapidement. Donc, c'est
pour ça que la page B.5 illustre que 80 % de l'effort devra venir de
gains de productivité et qu'il y aura des efforts. Puis c'est important de dire
aussi : On pense souvent productivité des entreprises, mais on parle aussi
de la productivité du gouvernement.
Le Président (M. Simard) : En
quelques secondes.
M. Leitão : C'est ça, il manque
quelques secondes. Moi, je dis que ça va être tout un défi, M. le ministre, surtout quand on considère que la population...
quand on regarde seulement le groupe 25‑54, les personnes de 25 à
54 ans, au Québec, c'est moins
de 2 % depuis 10 ans. En Ontario, c'est plus 5 %. Il y a un
écart énorme qui va être très difficile...
Le
Président (M. Simard) : Merci à vous, cher collègue. Je cède maintenant la
parole au député de Beauharnois, qui dispose de 6 min 50 s. Six, oui,
6 min 50 s.
M. Girard (Groulx) : Bonjour.
M.
Reid : M. le ministre, bonjour. Merci d'être là. La plus
belle commission et la plus intéressante de l'Assemblée nationale.
M. Girard (Groulx) : La meilleure!
M.
Reid : Les cotes
d'écoute sont extraordinaires. J'ai reçu des textos tantôt, puis vous êtes en
nomination pour un prix pour l'an prochain.
M. Girard (Groulx) : D'accord, puis
on recommence demain, ça adonne bien.
• (21 heures) •
M. Reid : Bien, encore une fois,
merci, salutations à mes collègues. Je vais faire rapidement parce qu'on n'a
pas beaucoup de temps, puis les questions sont toujours pertinentes, c'est
toujours agréable de vous voir puis que vous
nous transmettiez votre savoir et l'importance de l'économie au Québec. On
parle d'exercice budgétaire, on parle de mise à jour économique, qui
sont toujours, bien entendu, des bonnes occasions pour évaluer le portrait
financier puis la situation macroéconomique, mais également d'autres pays dans
le monde. Les indicateurs qu'on utilise, et on en parle depuis tantôt,
soit : la dette brute, la dette nette, la carte de crédit, la capacité
d'emprunt des montants, le service de la dette puis, d'une certaine façon, même
des marchés boursiers.
Avant la pandémie, donc avant mars 2020, l'état
des finances publiques puis la situation financière... la situation économique
du Québec étaient enviables, taux de chômage qui était bas, des revenus qui
étaient optimaux, et les dépenses publiques ont permis des réinvestissements
qui étaient plus que nécessaires, notamment dans les infrastructures, où on
s'est attaqué au déficit de maintien des actifs, et de nombreux travaux qui ont
été mis en branle au niveau transport,
l'éducation et la santé, et je vous dirais que les besoins sont toujours très
grands à cet égard. Puis, au cours de l'hiver puis du
printemps 2020, tout a basculé, on le sait tous, le chômage, apparition de
chômage, déficit budgétaire, l'incertitude
économique, les dépenses en dette publique de toutes sortes ont explosé à cause
de la pandémie.
Moi, j'ai une question à
plusieurs volets, mais, depuis... en fait, si on prend à partir d'aujourd'hui,
est-ce que vous êtes en mesure de nous brosser un portrait rapide de la
situation macroéconomique du Québec actuel? Alors, quel a été l'effet de la baisse importante de l'activité économique sur
notre capacité d'emprunt, notamment? J'aimerais vous entendre là-
dessus, s'il vous plaît.
M. Girard (Groulx) : O.K. Alors, la
situation économique 2021, et là, 2021, là, j'avais un patron, dans mon ancienne vie, qui aimait bien dire qu'on ne devait
pas conclure sur une année tant que l'année n'était pas finie, mais là...
et puis il y avait une expression, en
décembre, il disait : L'année est moins jeune, c'est-à-dire qu'il ne reste
pas beaucoup d'incertitude sur 2021,
là. Le 6,5 % de croissance qu'on prédit, pour 2021, il est bien documenté
parce qu'on a 11/12 des mois derrière
nous. Et c'est une croissance exceptionnelle, le Québec aura mieux fait que l'Ontario,
la moyenne canadienne, les
États-Unis, la moyenne mondiale, 6,5 % de croissance, c'est exceptionnel.
Le PIB nominal à plus de 10 %, 10,8 %, c'est exceptionnel.
Soit dit en passant, les provinces productrices de pétrole au Canada,
d'énergie, devrais-je dire, parce ce qu'il y
a du pétrole et du gaz, vont avoir un PIB nominal supérieur à 20 %. Alors,
c'est une année exceptionnelle pour le Québec, 6,5 % de croissance,
c'est vraiment exceptionnel.
La pandémie a essentiellement doublé le
programme de financement du Québec en 36 heures. Et c'est qu'on a eu... On
a fermé l'économie, et, comme personne... Il faut se rappeler, M. le député,
que le S&P 500 a fait un sommet, le 20 février 2020 le S&P 500
faisait un nouveau sommet. Alors, ça vous donne une idée, dans le marché où les
anticipations mondiales des professionnels... les meilleurs, Asiatiques, les
Nord-Américains, les Européens, tous les meilleurs prévisionnistes au monde, le
20 février 2020, prédisaient que les revenus des entreprises allaient
croître de façon telle qu'on avait un nouveau sommet dans le S&P 500.
Autour du... Je vais vous donner la date exacte, c'est trop intéressant.
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Pardon?
Des voix : Le 11 mars...
M. Girard
(Groulx) : Non, mais, le 11 mars, c'est l'Organisation
mondiale de la santé qui déclare la pandémie. Le 23 mars, le S&P 500 est en baisse de 31 %. Le
23 mars, c'était impossible de se financer pour le gouvernement du
Québec, le gouvernement de l'Ontario, le gouvernement canadien, le gouvernement
de bien d'autres entités. Notre programme de financement a doublé en
36 heures.
Heureusement,
le ministère des Finances a la meilleure équipe de financement au Canada parce
que c'est celle qui s'entraîne le plus, parce qu'on avait des niveaux de
dettes élevés, et donc on a eu de la pratique, O.K.? Puis on est bons. Là, on s'est améliorés, maintenant on a
moins de dettes que l'Ontario, Terre-Neuve. Et on a été les premiers,
grâce à la résilience de l'économie québécoise, la solidité de ses finances
publiques, de ses prévisions budgétaires, notre
cote de crédit AA, on a été les premiers à ouvrir le marché avec des
émissions... en Europe, aux États-Unis et au Canada, des émissions
obligataires à long terme du gouvernement du Québec. Et ça, avec les programmes
d'achat, les banques centrales, ça a permis
de ramener la liquidité dans le marché, et de se financer, et d'assurer, par
exemple, à la Santé, d'avoir tous les moyens dont il avait besoin.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Reid : ...
Le Président (M. Simard) : 10 secondes,
cher collègue.
M. Reid : 10 secondes.
Écoutez, il y avait beaucoup de monde qui nous écoutait, je vous remercie
infiniment, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci.
M. Reid : On va se revoir très
bientôt. Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, M. le député de Beauharnois.
Alors, chers
collègues, notre commission ayant accompli son mandat, j'ajourne nos travaux
sine die. Et, à nouveau, merci pour votre précieuse collaboration. À
bientôt.
(Fin de la séance à 21 h 07)