(Dix-neuf heures quarante-trois
minutes)
Le Président (M. Simard) :
Chers collègues, bonsoir à toutes et à tous. Je constate que nous avons quorum,
nous pouvons donc entreprendre nos travaux.
Comme vous le savez, la commission est réunie
afin d'entendre les intéressés et de procéder à l'étude détaillée du projet de
loi n° 219, Loi concernant un immeuble situé sur la rue University à
Montréal.
Mme la secrétaire, bonsoir. Y aurait-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui,
M. le Président. Alors, M. Asselin (Vanier-Les Rivières) est
remplacé par M. Lemieux (Saint-Jean) et M. Barrette (La Pinière)
est remplacé par M. Arcand (Mont-Royal—Outremont).
Le Président (M. Simard) :
Merci, et bienvenue à ces nouveaux collègues.
Avant de commencer, je vous informe qu'en vertu
de la motion adoptée par l'Assemblée le 25 mai dernier les votes pour ce
mandat devront se tenir par appel nominal, et ce, jusqu'au 11 juin.
Remarques préliminaires
Dans un premier temps, nous allons, bien sûr,
aborder cette étude d'un projet de loi privé. C'est un peu atypique comme
démarche, mais donc nous allons entreprendre cette soirée par nos remarques
préliminaires. Chaque intervenant autour de la table pourra intervenir à sa
guise, mais nous allons d'abord céder la parole à la députée de Westmount—Saint-Louis
afin qu'elle puisse nous présenter brièvement le projet de loi et faire, donc,
ses remarques préliminaires. Chère collègue, soyez la bienvenue. C'est rare
qu'on vous a avec nous, à la Commission de la fonction publique, c'est un
privilège. Donc, je vous cède la parole.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : C'est un
privilège pour moi également. Merci, M. le Président. C'est un plaisir
aussi d'être parmi vous ce soir pour discuter du projet de loi concernant un
immeuble situé sur la rue University à Montréal, le projet de loi d'intérêt
privé, le 219.
Alors, d'emblée, je voulais partager avec les
collègues que ce projet de loi, c'est le fruit d'un travail de terrain depuis un an. C'est le résultat de
beaucoup de rencontres avec plusieurs parties prenantes, incluant les
requérants, le Centre universitaire de santé
McGill, le CUSM, l'université de McGill, plusieurs membres et groupes de la
communauté, Les Amis de la montagne, c'est sûr, mes collègues qui
m'accompagnent ce soir aussi, ainsi que notre équipe.
J'avais aussi quand même des préoccupations,
surtout de conserver une vocation publique du site, parce que, on se comprend,
à Westmount—Saint-Louis,
nous avons aussi des enjeux, alors, pour la valorisation du site, et moi et mon
équipe, nous avons travaillé ardemment sur des propositions qui figurent à
l'intérieur de ce projet de loi, et je dois remercier tous ceux qui en ont cru,
à ces sujets et ces ajouts.
Alors, un petit survol en ce qui concerne le projet
de loi d'intérêt privé. Le Centre universitaire de santé McGill, le CSUM, est aujourd'hui
propriétaire de l'ancien hôpital du Royal Victoria à Montréal. En 2015, avec
l'ouverture du nouveau complexe hospitalier, les activités hospitalières du
Royal Victoria ont été transférées. Depuis 2015, le site du Royal Victoria
ainsi que les bâtiments qui s'y retrouvent ne servent plus à soigner des
personnes malades ou blessées puisque cette activité est dorénavant exercée
dans le nouveau complexe hospitalier du CSUM. Ces immeubles étant
excédentaires, le CSUM souhaite donc s'en départir, en collaboration — excusez-moi — avec
le ministère de la Santé et Services sociaux et la Société québécoise des
infrastructures. Le CSUM collabore, donc, à la démarche gouvernementale à ce
sujet.
Le 22 juin 2018, le gouvernement a autorisé le
CSUM à développer le site du Royal Victoria et à confier la requalification à
la SQI. La SQI entreprend des démarches permettant que les titres de propriété
du site du Royal Victoria lui soient transférés de manière à ce qu'elle soit
gestionnaire de l'ensemble du site, et ce, jusqu'au moment où une partie du
site sera transférée à l'Université McGill. La SQI a donc fait réaliser un
examen des titres de propriété. Cet examen a relevé qu'une partie du site était
la propriété du CSUM en vertu d'une donation qui remonte à 1891. L'acte de
donation prévoit que les immeubles font l'objet des restrictions
suivantes : restriction d'usage ou charge, stipulation d'inaliénabilité et
d'insaisissabilité. C'est des mots qu'on va répéter souvent, M. le Président,
ça fait qu'on va pratiquer. Ces restrictions
empêchent tout transfert de propriété et ne permettent pas de requalifier le
site. Puisque ces restrictions ont été imposées par le donateur dans les titres
de la propriété, la seule façon d'y remédier adéquatement consiste en l'adoption
d'une loi à ce sujet.
La requalification
entraîne un changement de vocation et un réaménagement de tout le site du Royal
Victoria et le transfert de celui-ci par le CSUM à la SQI. La SQI a l'intention
de réaliser la requalification du site en fonction des orientations
gouvernementales et en priorisant les usages publics. C'est important, M. le
Président. Je précise que les usages qui seront développés sur le site ne sont
pas encore connus. Des consultations publiques auront lieu avant de déterminer ces usages. L'Université McGill
occupera une partie du site à des fins d'enseignement, d'apprentissage
et de recherche, axées sur le développement durable et la lutte aux changements
climatiques. Dans le cadre de la requalification du site et du transfert à la
SQI, il est nécessaire de valider l'acte de transfert par Royal Victoria en
faveur du CUSM.
Alors, le projet de
loi d'intérêt privé n° 219 contient, donc, des dispositions pour abolir
les restrictions d'usage ou charges ainsi que toute stipulation
d'inaliénabilité et d'incessibilité apparaissant dans l'acte de donation,
valider le transfert de propriété entre l'Hôpital Royal Victoria et le CUSM et
de prévoir de nouvelles restrictions d'usage afin de s'assurer que les parties
de lots visées ne soient pas utilisées pour des usages résidentiels de type
copropriété ou d'établissement hôtelier commercial, à moins que ces usages ne
soient accessoires ou ne fassent partie d'un projet institutionnel ou public.
Alors, au plaisir
d'avoir des échanges avec les collègues. Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Simard) : Alors, merci à vous, chère collègue.
Avant d'aller plus
loin, il me faut officialiser la présence d'un député qui me tient beaucoup à
coeur. Mme la secrétaire.
La
Secrétaire : Alors,
dans le fond, M. Bérubé (Matane-Matapédia) remplacerait M. Ouellet (René-Lévesque).
• (19 h 50) •
Le Président
(M. Simard) : Très bien. Donc, j'en profite pour souhaiter la
bienvenue également à mon collègue de Matane-Matapédia.
Mme la présidente du Conseil
du trésor, nous pouvons poursuivre avec les remarques préliminaires.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel :
Oui. Bien, alors, ça me fait plaisir, M. le Président, de revenir devant cette
commission. On a eu l'occasion de faire quelques projets de loi de façon plus
traditionnelle. Effectivement, c'est mon projet de... mon premier projet de loi d'intérêt privé. Ça me fait
plaisir d'être avec ma collègue et mes deux autres collègues également,
là, tous mes collègues ici, pour pouvoir travailler sur ce projet de loi qui
est, effectivement, également important pour le gouvernement.
Mais je ne referai
pas tout l'historique du site de la donation, qui part de 1891, où il y avait
un usage pour des soins de santé très spécifiques, usage qui est maintenant
assuré par le CUSM, donc les bâtiments deviennent excédentaires, vous l'avez
bien dit. Et je pense que ce qui est important de dire, c'est que, pour nous,
ce projet de loi là, qui permet, donc, de rectifier les usages, les
restrictions d'usage qui grèvent présentement les titres de propriété, pour
nous permettre d'en faire d'autres usages, est très important et va permettre,
justement, à la Société québécoise des infrastructures, la SQI, d'acquérir dans
son entièreté le site de l'Hôpital Royal Victoria. Je pense que c'est une
manière... Ce projet de loi constitue une manière adéquate, là, de corriger les
problématiques des restrictions qui le font... et je pense que c'est la bonne
façon de s'assurer que le transfert dans les titres de propriété de certaines
parties du site... sont affectés... les restrictions d'usage sont bien
corrigés.
Donc, ça s'inscrit,
M. le Président, dans la démarche gouvernementale de requalification du site
qui a été entreprise en 2018. En effet, l'adoption de ce projet de loi, donc,
est requise pour permettre que les immeubles qui sont actuellement inutilisés
et excédentaires par le CUSM soient donc transférés à la SQI et qu'on puisse en
faire certains usages. Mais, encore là, les valves ne sont pas ouvertes
entièrement. Nous sommes très conscients et soucieux du fait que ce site fait
partie du Site patrimonial du Mont-Royal.
Donc, on a... Et,
bien que... La SQI a la responsabilité gouvernementale de requalifier le site,
mais il y aura effectivement certaines restrictions qui seront discutées. Entre
autres, il est à noter que, dans la partie de l'acte de cessation entre... qui se fera ultérieurement entre McGill et la SQI, il
est précisé que McGill n'utilisera qu'une seule partie du site. Je pense
qu'il faut le préciser, McGill n'utilisera pas... Il restera quand même une
dizaine de bâtiments qui devront trouver usage ultérieur après consultation,
effectivement, comme ma collègue l'a mentionné, par la SQI.
Et la partie du site
qui va être confiée à l'Université McGill devra... c'est notre souhait, là,
qu'elle soit utilisée exclusivement à des fins d'enseignement ou de recherche,
qui inclut les usages complémentaires qui peuvent être associés, dont,
notamment, des résidences pour étudiants, mais de façon très restreinte,
justement, pour usage universitaire simplement. Donc, il restera encore à
déterminer les autres usages, il est trop tôt pour le faire, mais tout ça dans
le respect de notre patrimoine. Et c'est très important que ce site-là, M. le
Président, trouve un second souffle, une autre vie, dans le respect, justement,
du fait qu'il fait partie du Site patrimonial du Mont-Royal. Alors, ça nous
fait très plaisir.
Je vais terminer mes
remarques, parce qu'on aura le temps d'en discuter abondamment, mais, dans
l'essence, là, c'est l'intention gouvernementale. Et on va, naturellement,
voter pour, mais on va discuter, là, de l'article par article en temps et lieu.
Merci.
Le Président
(M. Simard) : Merci. Je cède maintenant la parole au député de
Matane-Matapédia et chef de son groupe parlementaire.
M. Pascal
Bérubé
M. Bérubé :
Merci, M. le Président. Un projet de loi fort important, fort controversé,
proprement scandaleux, si vous voulez
mon opinion, appuyé à la fois par le Parti libéral du Québec et la Coalition
avenir Québec, qui l'aurait cru? Déjà,
dans le titre, Loi concernant un immeuble situé sur la rue University à
Montréal, pas d'adresse, pas de nom. On utilise cette portion de l'avenue Robert-Bourassa que la communauté anglophone
n'a pas voulu qui s'appelle Robert-Bourassa. Ça s'appelle University, et
ça va être ça. Dans un projet de loi privé, on va faire un changement majeur
qui aura un impact considérable sur Montréal, et on va faire ça dans une loi
privée, en fin de session, comme en 2018, avec le Parti libéral, c'était
arrivé. Je me suis dit : On va changer de gouvernement et puis on va
abandonner ce projet. Oh que non! La Coalition avenir Québec, soucieuse de
poursuivre l'oeuvre du Parti libéral, non seulement y souscrit, mais l'accélère
avec le projet de loi n° 61 et le projet de loi n° 66, qui est
adopté.
Ma formation
politique est profondément contre ce projet avec une conviction très sincère.
Ce que nous nous apprêtons à faire est considérable, et j'ai l'impression que
le fait qu'il n'y a pas eu de consultation suffisante sur cet enjeu-là nous
prive d'un débat nécessaire et éclairant. On ne peut pas disposer d'un tel
enjeu aussi simplement dans un projet de loi privé. Ça m'attriste au plus haut
point, M. le Président, et le projet de loi n° 219,
loi concernant un immeuble quelconque situé sur la rue University à Montréal,
ne rend pas justice à l'enjeu.
Vous savez, M. le
Président, le site de l'ancien Hôpital Royal Victoria,
il doit poursuivre sa vocation initiale d'offrir des services sociaux. Nous
demandons, comme bien des gens, que son usage futur et sa propriété soient
décidés et gérés de façon démocratique et écologique, et ce, au service du bien
commun, et ce n'est pas ce qui va se passer avec ce projet de loi, M. le
Président. Trois ans après le déménagement des services de santé de l'ancien
Hôpital Royal Victoria en 2015, un peu plus que ça, le gouvernement du Québec
autorisait l'Université McGill à se doter d'un nouveau campus sur une portion
du site et lui accordait un soutien financier en plus de 37 millions de
dollars pour l'accompagner, quand même.
Cette décision
majeure à propos d'un site public offrant un énorme potentiel pour continuer à
servir la population montréalaise fut prise sans aucune consultation de la
société civile ni des résidents et résidentes du quartier et sans débat à l'Assemblée nationale du Québec. Nous ne sommes
pas foncièrement opposés à ce qu'une section du site puisse être
utilisée comme campus par l'Université McGill, qui a aussi pour vocation de
servir l'intérêt public en matière
d'éducation, mais il faut s'assurer de la pérennité de cette dernière et éviter
que l'Université McGill soit un jour tentée de privatiser certains de
ses immeubles, à l'exemple de d'autres institutions aux abords du mont Royal.
Ce
gouvernement, celui de la Coalition avenir Québec, a une propension, qui est la
même que le gouvernement précédent, de, d'abord, servir les grandes
institutions anglophones. C'est le cas avec le collège Dawson, on en a parlé
abondamment. C'est le cas avec l'Université McGill, l'université la plus riche
au Canada, qui dispose de fonds importants à travers sa fondation. Alors, ce
cadeau de près de 1 million de dollars, on ne le fait pas à l'Université
de Montréal, on ne le fait pas à l'UQAM, on ne le fait pas à Concordia, on le
fait à l'Université McGill.
Alors, je veux saluer
les gens qui ont fait du lobby à l'Université McGill parce qu'ils ont réussi à
convaincre deux formations politiques, deux
gouvernements différents du bien-fondé, pour leur institution, de céder le
Royal Victoria, des terrains
importants, une partie du mont Royal. Ce n'est pas rien. Puis le Royal
Victoria, il a été financé par des fonds de tout le monde au Québec, M. le Président, ça fait partie de notre patrimoine. Mais, pour
trouver la meilleure vocation possible, il faut certainement, certainement
un débat beaucoup plus large que celui que nous aurons aujourd'hui.
Moi, je m'interroge
sur la méthode choisie pour discuter de l'opportunité d'un projet de donation
d'une telle ampleur, 700 millions de dollars au bas mot, qui aura des
répercussions majeures sur le plan de la langue française. J'aimerais que le gouvernement
du Québec note qu'il a déposé un projet de loi, le projet de loi n° 96,
dont le principal objectif, c'est de faire croire qu'il s'intéresse à l'avenir
du français au Québec. Déjà, avec Dawson... et en plus, avec celui-là, c'est déjà
plombé d'avance, M. le Président. Il n'y a pas un acteur sérieux de la langue
qui croit que le gouvernement est sérieux s'il s'enligne dans ces projets-là.
Je le rappelle, non seulement ils adhèrent à ce que le gouvernement libéral
avait mis sur la table, en plus ils l'accélèrent, imaginez. L'enjeu de
l'urbanisme et de l'occupation d'un site colossal en plein coeur du
centre-ville de Montréal aussi, c'est un enjeu.
Des dizaines
d'organismes de la société civile, notre formation politique, plusieurs
acteurs, des intellectuels ont demandé au gouvernement s'il entendait
poursuivre la politique de laisser-aller linguistique du gouvernement précédent,
le gouvernement du premier ministre Couillard. Parmi plusieurs bévues
monumentales de son mandat, bien, il avait décidé de donner, juste après la
session parlementaire du printemps 2018, très précisément le vendredi 22 juin,
l'ancien Hôpital Royal Victoria à McGill.
Aujourd'hui, on a
notre réponse par l'entremise de la présidente du Conseil du trésor, qui a fait
adopter le projet de loi n° 66. On a attendu, avant,
de savoir quelle était l'intention du gouvernement de la CAQ là-dessus. Bien,
c'est à travers un projet de loi privé que la CAQ entend régler pour de bon
cette saga, plutôt discrètement, vous en conviendrez, pas avec toute
l'attention médiatique nécessaire, avec le travail fait par le Parti libéral,
comme quoi la différence en cette matière n'est pas si grande entre le Parti
libéral du Québec et la CAQ.
D'abord, la méthode,
elle est légitime au plan parlementaire. À l'inverse, elle souffre d'un grand
manque de légitimité au plan de l'opinion publique. Déposé en novembre 2020, il
faut s'en souvenir, ce projet de loi, dont le titre est de nature à ne pas
éveiller les soupçons, Loi concernant un immeuble situé sur la rue University à
Montréal — alors,
on pourrait se promener ce soir puis... de quel immeuble il s'agit, pas le
courage de le nommer, M. le Président, pas rien — qui sera lourd de
conséquences s'il était adopté par l'Assemblée nationale, constitue un affront,
rien de moins qu'un affront, à la cinquantaine d'organismes qui s'y opposent,
un puissant affront aux universités francophones, comme l'Université de
Montréal et l'UQAM, un affront enfin à tous les Montréalais et à tous les Québécois, qui méritent, comme citoyens
et comme contribuables, d'être informés sur les retombées de ce projet.
Alors,
c'est la question du moment, M. le Président : Pourquoi le gouvernement de
la CAQ refuse de dire clairement qu'il est favorable à ce projet sur la place
publique, pleinement et sans la moindre hésitation, plutôt que de faire faire le travail par une autre formation
politique? Ça passe en dessous du radar. Ça ne m'apparaît pas
acceptable. On devrait cesser de poursuivre
une politique de laisser-aller linguistique à Montréal, parce qu'il y aura un impact là-dessus. On envoie le message que le
prestige, c'est dans une université anglophone, l'Université McGill. C'est plus
qu'un symbole, c'est du financement. C'est la même chose que Dawson. Montréal,
c'est le coeur du Québec, et ça ne doit pas
être à l'écart du Québec français. Le message qu'on envoie aujourd'hui, il est
épouvantable. Et je sais, M. le Président, que le ministre responsable de la Langue française est totalement
d'accord avec moi, et il ne va jamais le nier. C'est ça pour Dawson, c'est ça pour McGill. Je
regrette qu'il ait perdu toutes ses batailles au Conseil des ministres, mais le
destin du Québec se poursuit. Et, s'il ne
peut pas parler de cela, je le ferai, M. le Président, et je vais continuer de
le faire longtemps.
• (20 heures) •
J'invite le gouvernement,
qui est axé sur les communications, comme l'a reconnu ce matin la vice-première
ministre avec la candeur qu'on lui connaît, à commander un sondage sur ce que
pensent les Montréalais de l'est de l'île et
les Québécois de donner sans vergogne, sans sourciller, sans l'assumer
publiquement, plus de 700 millions à une corporation privée à charte royale,
bien qu'elle reçoive des fonds publics tant du gouvernement du Québec que celui
du Canada. L'Université McGill est privée et, vous savez quoi, elle va le
demeurer.
Je serais très étonné
que les Québécois soient heureux de la réalisation de ce projet s'ils
connaissaient toutes ses implications. Et comment pourraient-ils les connaître,
les sous-peser, les jauger si le gouvernement adhère à la méthode du Parti
libéral, si le gouvernement ne décrète pas un moratoire sur le projet de
donation — possibilité — et
s'il n'y a pas une commission parlementaire réelle à ce sujet? On pourrait
entendre de nombreux acteurs crédibles qui sont intervenus à travers de lettres
ouvertes, notamment, sur cet enjeu, des gens qui connaissent ça, des gens qui
n'ont pas d'intérêt direct, des gens qui souhaitent préserver la montagne,
préserver ce site public.
La méthode,
aujourd'hui, c'est d'utiliser une loi privée pour expédier un projet de
donation d'une telle ampleur. Je tiens à le
dire, c'est inapproprié non pas sur le plan législatif, mais quant au
nécessaire débat démocratique qui exige du temps et de réelles
consultations.
Pourquoi qu'il n'y a
pas eu de réelles consultations? Parce que le gouvernement a inclus le Royal V
dans le projet de loi n° 66 en le
soustrayant à plusieurs exigences — c'est astucieux — dont celle de consultation... de
l'Office des consultations publiques de
Montréal. Symbolique, tellement symbolique. L'agrandissement de McGill figure
parmi les quelque 200 projets visés par le projet de loi n° 66 et pour
lequel le gouvernement souhaite une accélération. Ce n'est pas beau, ça, M. le
Président?
Il y a 100 ans,
lorsque ces terrains se donnaient en servitude, le tout était conditionnel à ce
que la vocation, service à prodiguer des
soins, soit celle qui était permanente. Si cette clause n'était pas respectée,
les terrains devraient revenir au propriétaire. Est-ce que j'en
comprends, et en suivant cette logique, que ces servitudes seraient donc la
propriété de la ville de Montréal? Si on continue l'exercice, pourquoi la ville
de Montréal n'est-elle pas ici pour nous en parler? Ah! on n'a pas voulu les
inviter. Alors, c'est le Parti libéral qui va parler pour la ville de Montréal.
Ce que je veux, c'est de démontrer que cet
enjeu est d'ordre public avant tout et que tout cela doit être débattu plus en
profondeur. Le parti gouvernemental, ce soir, comprendra qu'on n'entend pas à
rire sur cet enjeu-là.
Dans le projet de loi
n° 66, adopté en décembre 2020, le gouvernement de la CAQ est venu
contredire tout effort de protéger le
français, notre langue commune et officielle. Ça doit se savoir. En effet, dans
le projet de loi n° 66, le projet
n° 120, on spécifie que l'aménagement sur une partie du site de l'hôpital
Royal Victoria du Centre universitaire de santé McGill bénéficiera des
mesures permettant l'accélération de projets d'infrastructure. Le gouvernement
cède donc à l'Université McGill l'ancien Hôpital Royal Victoria au complet et
des terrains qui font partie du mont Royal. Il
s'agit là de la cession d'un énorme patrimoine public québécois francophone au
profit d'intérêts particuliers anglophones. Là, ce n'est plus juste des
transferts linguistiques, c'est le transfert d'actifs publics à une fondation
privée. Et nous, on accepte ça, ici, en fait une partie des parlementaires de
l'Assemblée nationale? Je n'ose pas le croire. C'est pourtant une réalité.
Pourquoi sans frais?
Pourquoi à titre gratuit? Qui le gouvernement a-t-il consulté avant de décider
que c'était une bonne idée? Qui? Ce n'est
pas banal, c'est pas mal, même, consternant. Au Parti québécois, on s'y oppose
fermement, à ce projet, M. le Président. C'est sans équivoque pour nous, le
gouvernement aurait dû renoncer à ces investissements et les investir dans les
institutions francophones, qui en ont bien besoin, qui n'ont pas la richesse de
l'Université McGill qui, manifestement, comme pour le Parti libéral, a la cote
pour la Coalition avenir Québec.
Je me ferai un
plaisir, M. le Président, d'indiquer à chacun des députés de la Coalition
avenir Québec qui ont des cégeps sur leurs territoires, des universités... leur
rappeler le choix que le Conseil des ministres a fait pour eux. Aujourd'hui, sous ce projet de loi, le
gouvernement vient se donner des moyens importants pour concrétiser le
projet, parce que, la ministre l'a indiqué tout à l'heure, elle est en faveur
du projet, comme le Parti libéral. C'est incroyable. Une pensée pour mes
anciens collègues du Parti québécois qui doivent vivre avec ça.
Recommençons depuis
le début de cette saga McGill-Dawson, parce qu'on a encore du temps. D'une
part, la CAQ investit 50 millions pour l'agrandissement du collège Dawson,
un cégep anglophone qui est aussi le plus populeux
au Québec. Je ne parle pas du cégep de Matane avec 700 élèves, ici, M. le
Président. En janvier 2021, Dawson a mentionné
que le projet d'agrandissement coûtera 100 millions. Ça monte. Qui va
financer le 100 millions supplémentaire? Le gouvernement? D'autre
part, l'Université McGill pourra profiter d'un investissement majeur de
700 millions en plus de se voir donner une majeure partie de l'ancien
Hôpital Royal Victoria, un précieux morceau du patrimoine public montréalais.
C'est Noël en juin, M. le Président.
Aux crédits 2021‑2022, on
a été attentifs. La ministre de l'Enseignement supérieur a refusé de répondre à
savoir combien le gouvernement allait injecter dans cette cession et cette
réfection. Elle ne voulait pas le dire. On parle de fonds publics, et cette
absence de réponse est inacceptable pour les parlementaires que nous sommes
tous.
Ces deux projets ont plusieurs choses en commun.
Ils ont tous les deux été initiés par l'ancien gouvernement libéral quelques
semaines avant les dernières élections, celles de 2018, et aussi, et pire, ils
vont tous les deux contribuer au recul de la langue française à Montréal ainsi
qu'à l'anglicisation du Québec. Il y a ça en commun. Pour notre langue, ces
deux projets, c'est une catastrophe. En bref, la CAQ et les libéraux, leur
souhait, c'est financer et accélérer l'anglicisation du Québec. En tout cas, si
ce n'est pas leur souhait, c'est le résultat.
Petit comparatif des dernières actions de la CAQ
en matière de langue française : en tout, Dawson et McGill, c'est
750 millions pour financer l'anglicisation et le recul du français;
septembre 2020, la CAQ annonce un maigre 5 millions à l'OQLF pour
financer la francisation par l'embauche de 50 employés. En comparaison,
ces investissements en francisation sont 150 fois moins importants que les
investissements à Dawson et McGill. S'il y a des directeurs généraux de cégeps
francophones du Québec, j'espère que ce message se rend à vous. Mais, pour m'en
assurer, je vais envoyer moi-même cet extrait et ces chiffres à tous les
directeurs généraux des cégeps du Québec, M. le Président.
Les actions de la CAQ en matière de langue
française, en général, sont décevantes. Ce n'est pas pour rien que j'en parle,
parce que ça va conditionner tout le reste. On ne peut pas annoncer qu'on a un
plan costaud et brader le patrimoine populaire montréalais, je veux dire, ça
n'a pas de sens.
Après avoir attendu deux ans avant de déposer un
projet de loi, force est d'admettre que celui-ci ne s'attaque pas aux
véritables enjeux pour freiner le déclin marqué du français au Québec. Oui,
nous abordons cet enjeu au plan linguistique.
On parle de modifications de façade. Enseignement supérieur continuera de créer
une dynamique linguistique inéquitable.
On va financer le plus grand cégep au Québec, encore 50 millions, pour
accueillir encore plus d'étudiants, plus de francophones, choisir les
meilleurs. Une demi-mesure pour interdire l'exigence indue de l'anglais dans
les milieux de travail, aucune mesure pour imposer une immigration francophone
au Québec, demi-mesure pour les entreprises, aucune mesure pour retirer le
statut bilingue des villes où le nombre de francophones est de bien loin
majoritaire de celui des anglophones, aucune mesure pour valoriser la culture,
le français écrit, etc.
Concernant Dawson, sur les 48 cégeps
publics du Québec, un seul, un seul reçoit le privilège de voir son agrandissement
priorisé et accéléré : Dawson, un collège privé et anglophone. Il s'agit déjà
du cégep le plus populeux, avec 8 000 étudiants, 11 000 avec la
formation continue, et c'est un cégep anglophone qui contribue à l'anglicisation de la société québécoise
ainsi qu'au recul de la langue française à Montréal et dans les régions avoisinantes. Si on
fait un comparatif, à l'Université McGill, un investissement de 700 millions
pour 40 000 étudiants, c'est un investissement par étudiant de
17 500 $ par tête, par étudiant; Dawson, 50 millions, environ
8 000 étudiants, c'est 6 250 $.
Je connais plusieurs cégeps qui rêveraient d'être le chouchou du gouvernement de la Coalition avenir
Québec, au même titre qu'ils l'ont été de celui du Parti libéral du Québec.
• (20 h 10) •
Fonds d'immobilisations, très important. Avec
19 % du total, en 2020, McGill touche la plus importante des sommes en
immobilisations de toutes les universités au Québec. Je connais ça un peu, M.
le Président, j'ai été vice-président de la
FEUQ quand j'étais plus jeune. Les fonds d'immobilisations investis dans les
universités francophones et anglophones de Montréal sont à quasi-égalité
sur toute la période 2001 à 2020. Cela est tout de même étonnant étant
donné qu'en 2001, 38 % d'effectifs universitaires seulement est inscrit
dans les universités anglophones sur l'île de Montréal, puis c'est 39,5 %
en 2019. Sur l'île de Montréal, un étudiant pondéré qui étudie en anglais
bénéficie de 56 % de plus de fonds d'immobilisations qu'un étudiant qui
étudie en français, 56 % de plus. Il y a des gens qui devraient regarder à
terre. McGill récolte 68,6 % plus d'argent par étudiant effectif à temps
plein pondéré que sa plus proche concurrente, la grande Université de Montréal.
McGill est donc l'université hégémonique qui est en train, comme un trou noir,
de satelliser et d'aspirer les autres universités dans son orbite.
Ça me fait penser qu'à la fois pour les libéraux
et la CAQ il y a deux systèmes d'éducation supérieure au Québec : les
universités dans les régions puis les universités à charte. Mais, encore là, il
n'y en a qu'une seule qui se démarque autant, c'est l'Université McGill.
Un...où les établissements se débattent pour être mieux financés, avoir des
meilleures infrastructures et, par le fait même, pour avoir de meilleurs profs
et de meilleurs étudiants, on parle ici, bien sûr, des universités francophones
de Montréal, mais aussi de celles en région, qui est notre réseau d'Universités
du Québec puis les cégeps qui gravitent autour d'elles. Le second réseau est
celui de l'opulence, et des dons à 1 milliard, et des agrandissements
mirobolants. Je parle ici de McGill et de Dawson.
Patrimoine. Je renchérirais sur la valeur
patrimoniale importante de cet établissement. On parle ici d'un des emblèmes de
la ville de Montréal. C'est un lieu historique et charnière qui a eu pour
mission le mieux-être des Montréalais et Montréalaises. Le changement de
vocation de cet établissement se doit donc d'être pris avec un sérieux à la
hauteur de son histoire. Il serait clairement plus utile de pérenniser la
vocation initiale de cet établissement en maintenant le giron public.
Les nombreux
groupes qui ont fait des lettres ouvertes depuis plusieurs mois — je les ai avec moi — ont d'ailleurs plusieurs bonnes
idées, mais on ne pourra pas les entendre ce soir. Pourquoi ne pas réutiliser
ces locaux pour aider les organismes communautaires ou le céder au réseau de
l'Université du Québec, qui est présent à Montréal? Il reste qu'il y a quelque
chose d'indécent de faire un don d'une valeur de plus de 1 milliard de
dollars à une organisation qui n'en a pas vraiment besoin, considérant toutes
celles qui pourraient l'utiliser à meilleur escient, M. le Président.
Bien, c'est
ça, le projet qui nous est présenté ce soir, projet de loi privé sur un
bâtiment sur la rue University à Montréal. C'est un déplacement majeur,
majeur d'infrastructure pour la communauté francophone...
Le
Président (M. Simard) : En conclusion.
M. Bérubé :
...qui vont venir s'ajouter à une ghettoïsation accélérée, une hégémonie de
l'Université McGill qui a trouvé une oreille chez le Parti libéral et aussi à
la CAQ.
Le Président (M. Simard) : Merci beaucoup. Merci à vous, cher collègue. Y
aurait-il d'autres députés qui souhaitent intervenir dans le cadre de ces remarques préliminaires? Je cède
maintenant la parole au député de Mont-Royal—Outremont.
M. Pierre Arcand
M. Arcand :
Merci, M. le Président. Simplement vous dire, on aura l'occasion, j'imagine,
article par article, de pouvoir répondre à certaines des interventions, mais je
voulais simplement vous souligner, à ce stade-ci, qu'on a déposé des
amendements, qui, je crois, se retrouvent, à ce moment-ci, dans le Greffier.
Le Président
(M. Simard) : En effet, l'un pour le préambule et l'autre pour
l'article 3, si mes informations sont bonnes.
M. Arcand :
C'est ça.
Le Président
(M. Simard) : Y aurait-il d'autres remarques dans le cadre de la
section portant dans sur les remarques préliminaires?
Auditions
Sans quoi nous allons
procéder à la seconde étape, en fait, à la deuxième étape, nous allons
entreprendre les auditions des intéressés. J'invite maintenant le représentant
du requérant, le Centre universitaire de santé McGill, à se présenter et à nous
exposer les grandes lignes de ce projet de loi.
Alors, mesdames
messieurs, vous disposez de cinq minutes pour cette présentation, après
quoi nous aurons une période d'échange, avec les députés ici présents, de
cinq minutes. M. Gfeller, auriez-vous d'abord l'amabilité de vous
présenter?
Exposé des requérants
M. Gfeller
(Pierre) : Oui. Bonsoir, tout le monde. Merci, M. le Président. Mmes
et MM. les membres de la commission, mon nom est Pierre Gfeller, je suis le
président directeur général du Centre universitaire de santé McGill, et je suis
accompagné de Mme Sophie Mayes, qui est la directrice générale responsable de
la requalification du site de l'Hôpital Royal Victoria à la SQI, et de ma
collègue du ministère de la Santé et des Services sociaux, Mme Carole
Arbour, qui est responsable des dossiers spéciaux et des transactions
immobilières au ministère.
Alors, si vous me le
permettez, M. le Président, le Centre universitaire de santé McGill sollicite
l'Assemblée nationale afin que celle-ci adopte le projet de loi d'intérêt privé
n° 219.
J'aimerais rappeler à
tous, pour éviter toute équivoque, que le Centre universitaire de santé McGill
est une institution du réseau public de santé et des services sociaux du Québec
et que, malgré son nom, c'est une entité complètement distincte de l'Université
McGill.
Le CUSM est le
requérant de ce projet de loi donnant ainsi suite aux intentions exprimées par
le ministère de la Santé et des Services sociaux. Je désire remercier la
députée de Westmount—Saint-Louis,
Mme Jennifer Maccarone, d'avoir accepté de le parrainer. Le CUSM a
travaillé sur ce dossier avec la Société québécoise des infrastructures, la
SQI, jusqu'à sa présentation aujourd'hui.
L'ancien site de
l'Hôpital Royal Victoria dont il est question dans le projet de loi aujourd'hui
est actuellement la propriété du CUSM. Il s'agit, dans notre jargon, d'un
immeuble dit excédentaire, ce site n'étant plus utilisé depuis la construction et la mise en service en 2015, il y a six
ans déjà, du nouveau site Glen, où est situé le nouveau complexe
hospitalier du CUSM et où ont été relocalisés tous les services qui étaient
offerts au Royal Victoria.
Conformément aux
orientations ministérielles du MSSS, du ministère de la Santé et des Services
sociaux, le Centre universitaire de santé
McGill souhaite donc s'en départir en faveur de la Société québécoise des
infrastructures, laquelle procéderait ensuite à sa requalification.
Une partie du site
fait actuellement l'objet de restrictions d'usage et de stipulations imposées
par les donateurs dans l'acte de 1891, lesquelles imposent des conditions au
transfert de propriété. La seule façon de remédier à cet état de situation
adéquatement consiste en l'adoption d'une loi à ce sujet.
Il me fera plaisir de
répondre à vos questions ou, pour les aspects plus techniques, de référer à
Mme Mayes ou à Mme Arbour. Au nom du Centre universitaire de santé
McGill, je vous remercie d'avance pour votre intérêt envers l'adoption de ce
projet de loi d'intérêt privé. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président
(M. Simard) : Alors, merci à vous, M. Gfeller. Y aurait-il
consentement afin que le temps dévolu à la formation Québec solidaire soit reporté
dans sa totalité à celle du Parti québécois? Consentement?
Alors, très bien, nous commençons par Mme la
présidente du Conseil du trésor, qui dispose de 2 min 30 s pour
son intervention.
Mme LeBel :
Oui, merci beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup, M. Gfeller. Donc,
dans le fond, ce que je comprends bien de l'introduction puis ce qu'il faut
bien comprendre, c'est que, quand on parle, bon, de bâtiment excédentaire,
c'est que tous les usages traditionnels ou les usages antérieurs ont été transférés,
là, dans le nouveau bâtiment du CSUM. Donc, les gens... l'esprit de la
donation, à l'origine, qui était d'apporter des soins aux gens sans
discrimination, là, je résume, naturellement, et je simplifie à outrance, là,
est continu, cette mission continue dans le nouveau bâtiment, là?
M. Gfeller
(Pierre) : Oui, Mme la ministre. En effet, tous les services qu'on
retrouvait sur le site du Royal Victoria, qui est situé sur la rue University
et sur l'avenue des Pins, se retrouvent maintenant au site Glen, sur la rue
Décarie, près de l'autoroute 720. Il y a même une partie de cet
édifice-là, ce nouvel édifice, qui s'appelle encore l'Hôpital Royal Victoria.
Donc, tous les services ont été relocalisés dans des installations modernes,
avec des chambres privées, le nec plus ultra des structures hospitalières, à
l'heure actuelle, comme le CHUM. Donc, c'est un hôpital nouveau, depuis 2015,
où on offre tous les services qui étaient offerts au Royal Victoria.
Mme LeBel :
Excusez-moi, je pensais que vous m'aviez adressé la parole. Non?
Le Président
(M. Simard) : Il y a un peu d'écho.
Mme LeBel :
Oui, je m'excuse. Donc, je comprends que, compte tenu de l'acte de donation
d'origine, qui prévoit, là, que les immeubles font l'objet de restrictions d'usage,
de charges, d'aliénabilité, incessabilité, il est indispensable pour le CSUM, justement,
ou le Centre universitaire de santé McGill, d'avoir ce genre de projet de loi
pour pouvoir requalifier le site, le transférer, là, parce que, sinon, le seul
usage possible, c'est l'usage d'origine, c'est-à-dire de donner des soins, là?
M. Gfeller
(Pierre) : Oui. Peut-être que je laisserai Mme Mayes, de la SQI,
répondre en partie à la question, mais la mission originale d'offrir des soins
sans aucune discrimination aux gens de toute religion, de toute couleur, de
toute race... (panne de son) ...sur le site Glen, à l'heure actuelle.
Mme LeBel :
...de faire tout autre usage, à moins d'avoir ce projet de loi?
• (20 h 20) •
M. Gfeller
(Pierre) : C'est que nous, nous n'avons plus besoin de cet immeuble, à
l'heure actuelle, puisque nous avons le site Glen qui remplit de façon très
supérieure les usages qu'on avait au Royal Victoria, et nous n'avons plus
besoin de cet édifice.
Le Président (M. Simard) : Merci, M. Gfeller. Je cède maintenant
la parole à la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone :
Merci, M. le Président. Bonsoir, Dr Gfeller, Me Bégin, Mme Mayes et
Mme Arbour, un plaisir de vous voir.
Tel que Dr Gfeller avait mentionné, moi, je vais céder mon temps à
Mme Mayes pour qu'elle complète la réponse de la ministre qui a été
posée à Dr Gfeller, si elle souhaite répondre puis compléter, certainement.
Mme Mayes
(Sophie) : Bien, je peux
juste... (panne de son) ...je remercie Mme
la députée. Je pourrais
compléter en indiquant que le mandat de la SQI, c'est vraiment de piloter la
requalification du site dans le respect de ses valeurs patrimoniales, en fonction des priorités gouvernementales, bien sûr, et dans le respect de la gestion
responsable des finances publiques, mais le tout, là, afin de redonner vie à cet
ancien complexe hospitalier, en
créant une valeur d'usage pour les pavillons et pour le site.
Donc,
je pense que, comme le Dr Gfeller l'a dit tout à l'heure, le site ne peut
plus servir à sa vocation d'origine, donc ne répond plus aux besoins de
la médecine moderne et des façons de faire pour les soins des patients, donc on
veut trouver une nouvelle vocation, redonner vie au site en trouvant des
nouveaux usages.
Le Président
(M. Simard) : Il vous reste 15 secondes, chère collègue.
Mme Maccarone :
C'est complet pour moi, merci beaucoup.
Le Président
(M. Simard) : Ça passe très rapidement. M. le député, vous
avez 50 secondes.
M. Bérubé :
Merci, M. le Président. Bonsoir. Si votre projet s'est retrouvé dans le
projet de loi n° 61 et le projet de loi n° 66, c'est que vous avez dû
convaincre des membres du Conseil exécutif. J'aimerais savoir quels ministres
vous avez rencontrés dans vos représentations.
M. Gfeller
(Pierre) : Est-ce que la question s'adresse à moi, M. le député?
M. Bérubé :
Aux personnes qui ont fait les représentations pour que votre projet se
retrouve dans un projet de loi du gouvernement.
M. Gfeller
(Pierre) : En fait, le Centre universitaire de santé McGill n'a pas de
projet sur ce site-là, à l'heure actuelle. Nous, nous sommes déménagés
en 2015, cet immeuble-là est excédentaire. Donc, pour répondre à votre
question, je n'ai rencontré aucun ministre par rapport à ce projet de loi.
M. Bérubé :
D'accord. Il n'y a eu aucune représentation faite auprès d'un ministre du
gouvernement actuel?
M. Gfeller (Pierre) : Aucune.
En fait, on a eu une commande du ministère de la Santé et des Services sociaux,
en disant : Il y a lieu de céder cet immeuble-là, il est excédentaire,
vous n'en avez plus besoin, et pour ça, bien, ça doit aller à la SQI.
M. Bérubé :
Merci. Ça m'éclaire beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup. Alors, 50 secondes, c'est vite passé. Vous en avez même eu
55, donc, en bonus.
Alors, voilà qui met un terme à notre première
audition. Mesdames messieurs, merci pour votre contribution à nos travaux. Vous
n'allez pas trop loin parce qu'on se retrouve plus tard dans l'étude de ce
projet de loi.
Mais, pour l'instant, nous allons suspendre
momentanément, le temps de faire place à nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 20 h 23)
(Reprise à 20 h 31)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, nous sommes en mesure de reprendre nos travaux.
Et nous sommes en présence de représentantes de
la Coalition Royal Vic pour le bien public. Alors, mesdames, bienvenue. Auriez-vous
d'abord l'amabilité de vous présenter, s'il vous plaît?
Exposé des opposants
Mme Smith-Kingston (Christa) :
Bien, bonsoir. Moi, c'est Christa Smith-Kingston.
Le Président (M. Simard) :
Mme Constantin?
Mme Constantin (Louise) :
Bonsoir. Louise Constantin.
Le Président (M. Simard) :
Alors, nous vous écoutons.
Mme Smith-Kingston
(Christa) : Bien, bonsoir,
M. le Président, Mmes, MM. les députés. On est les membres de la
Coalition Royal Vic pour le bien public, et la Coalition Royal Vic pour le bien
public a été créée afin d'assurer que la voix des citoyens et des citoyennes
ainsi que des groupes communautaires soit prise en compte dans le projet de
requalification du site de l'ancien Hôpital Royal Victoria. Par le mémoire que
nous présentons ce soir, nous souhaitons faire valoir que son usage futur et la
gestion de la propriété soient décidés et gérés de façon démocratique et
écologique, et ce, au service du bien commun.
Mme Constantin
(Louise) : Le projet de loi n° 219 représente une excellente opportunité pour le
gouvernement de réaliser un projet novateur sur un grand site hospitalier.
Cette requalification représente également une chance inouïe pour la ville de
Montréal et la communauté de contribuer à la mise sur pied d'un projet élaboré
par et pour les citoyennes et citoyens de la métropole. La coalition souhaite
apporter certaines recommandations quant au processus de requalification, processus qui, selon nous, aurait un impact majeur
sur la finalité du projet proposé à la communauté.
Tout d'abord, et tel que mentionné dans le projet
de loi n° 219, le Royal Victoria est incorporé avec la mission d'offrir
des services de santé à toute personne malade ou blessée, et ce, sans
distinction, exclusion ou préférence fondées
sur la race, la couleur, le sexe ou la religion. La coalition croit que c'est
cette vision qui doit perdurer et guider le projet de requalification
mené par la SQI. Elle considère plutôt fondamental que le site maintienne sa
mission historique d'offrir des services de santé et que c'est cette définition
de la santé qui doit être mise à jour afin d'inclure
les enjeux de santé publique et de comorbidité comme la santé mentale,
l'itinérance, l'insécurité alimentaire, la violence conjugale, les
besoins en logements sociaux, etc. Il s'agit donc d'une vision qui prend en
compte l'aspect préventif et non seulement curatif de la santé.
Mme Smith-Kingston
(Christa) : Ensuite, la
coalition considère que les principes de base du développement durable
doivent être explicitement inscrits comme condition sine qua non du projet de
requalification. Le développement durable doit ainsi inclure la
composante sociale, notamment une véritable participation citoyenne.
Dans cette optique, la coalition s'oppose à la
vente partielle ou complète, au morcellement, à la division ou subdivision des
lots rénovés, incluant la portion dédiée au projet de l'Université McGill. La
privatisation du site serait contraire à cette vision de pérennité d'un site
requalifié par et pour la communauté.
La coalition est d'accord
avec le point 3 du projet de loi n° 219, qui
stipule que «les parties de lots visées par les restrictions ne pourront être
utilisées aux fins de l'exercice d'un usage d'hébergement de type copropriété
divise ou d'établissement hôtelier commercial à moins que ces usages ne soient
accessoires ou ne fassent partie d'un projet institutionnel ou public». Cela
étant, nous souhaiterions que la définition de «public» comprenne explicitement
des initiatives communautaires et d'économie sociale.
Par ailleurs, la coalition remet en question le processus
menant à l'inclusion du projet de l'Université McGill sur le site. Cette
décision a été prise derrière des portes closes, sans avis ou consultation
publique, sans appel d'offres, sans débat à
l'Assemblée nationale, en plus d'être assortie d'une subvention
de 37 millions de dollars
accordée par le gouvernement à l'université pour que cette dernière réalise une
étude de faisabilité.
L'investissement d'argent public doit être
assorti de conditions et de garanties. Tout d'abord, l'Université McGill doit
garantir la pérennité de son engagement. D'autre part, elle doit inclure du
logement social pour les étudiants et
étudiantes de son institution. Les grandes institutions d'enseignement doivent s'intégrer à la communauté où elles se trouvent et non
venir troubler la qualité de vie des gens qui y résident.
Mme Constantin (Louise) : En
conclusion, notre mémoire porte sur le projet de loi n° 219,
qui concerne la section du site visée par
l'Université McGill. La coalition... (panne de son) ...et les recommandations que nous faisons aujourd'hui s'y appliquent également. Nous
souhaiterions la tenue d'un véritable débat public sur l'avenir du site du
Royal Victoria qui permette de faire valoir tout le potentiel qu'il offre pour
répondre aux besoins de l'ensemble de la population.
Le Président (M. Simard) :
Merci...
Mme Constantin (Louise) : En
effet, nombreux...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, s'il vous plaît.
Mme Constantin (Louise) :
...oui, nombreux sont les besoins exprimés par les résidentes et résidents du
secteur, mais également par divers groupes communautaires. Mais il semblerait
que le plan directeur soit sur le point d'être déposé. Nous nous interrogeons
sur la prise en compte des préoccupations citoyennes dans le plan directeur.
Nous précisons que nous avons eu très peu de communications, malgré nos
demandes répétées, avec la SQI. Nous vous remercions de votre attention.
Le Président (M. Simard) :
Merci, Mme Constantin. Peut-être que, pour la suite de nos échanges, vous
pourriez éteindre le retour du son, si c'était possible.
Alors, je cède maintenant la parole à la
présidente du Conseil du trésor.
Mme LeBel : Oui. Merci,
Mme Constantin, merci, Mme Smith-Kingston, de vos remarques.
D'ailleurs, je tiens à préciser que... Bon, je pense que, juridiquement
parlant, même les usages que vous proposez pour le site de l'Hôpital Royal
Victoria demanderaient, là, une requalification des titres parce que l'usage,
présentement, qui a été fait par le biais de la donation est extrêmement
restreint, et l'élargir comme vous le souhaitez demanderait qu'on passe par le
processus par lequel on passe présentement.
Je tiens à... Dans le fond, je vais prendre mon
temps pour peut-être vous faire plus un commentaire d'ordre général. Je tiens à
vous rassurer, il y aura effectivement un plan directeur, mais ce plan
directeur fera l'objet de consultations, parce qu'une très grande partie du
site demeure encore à requalifier ou... auquel trouver des usages. Et rien
n'est exclu à ce stade, naturellement, sauf les usages commerciaux, je tiens à
vous rassurer, ce n'est pas l'objectif, mais pas du tout, et là vous allez le voir
dans le projet de loi actuel.
Mais toutes
les idées dont vous avez fait part, les potentiels usages pourront faire
l'objet de la consultation, et ça va très
certainement être tenu en compte par la société... par la SQI par le futur. Il
reste encore, je vous dirais, plus des deux tiers ou près des deux tiers des bâtiments à
requalifier. Donc, je pense qu'on aura des belles discussions sur le plan
directeur.
Je vais vous laisser les quelques secondes qui
me restent, si vous voulez ajouter quelque chose, mais ça sera extrêmement
pertinent de vous entendre lors de la consultation sur l'usage du site en
question.
Le Président (M. Simard) :
Éventuellement, Mme Constantin, en 30 secondes, s'il vous plaît.
Mme Constantin
(Louise) : Oui. En fait, nous, ce qu'on considère, c'est de ne pas
attendre les consultations. Nos demandes, dès la publication d'une
lettre ouverte, étaient que nous participions en amont à l'élaboration du plan
directeur également. Quand il y a une consultation, c'est que, déjà, tout est
défini à l'avance, alors que nous, nous voulions nous insérer dans le processus
dès le début de l'élaboration.
• (20 h 40) •
Le
Président (M. Simard) :
Merci, Mme Constantin. Je cède
maintenant la parole à députée de Westmount—Saint-Louis pour
1 min 40 s.
Mme Maccarone : 1 min 40 s, ce n'est pas très
long. Bonsoir, Mme Constantin, Mme Smith-Kingston. C'est sûr,
c'est un plaisir de vous voir ce soir et de vous accueillir avec nous en ce qui
concerne le projet de loi n° 219.
Vous
savez, nous avons travaillé quand
même ensemble en ce qui concerne quelques modifications à l'intérieur du projet
de loi n° 219, surtout pour
protéger le transfert du bâtiment, pour éviter la privatisation dont vous avez
évoqué dans vos remarques préliminaires.
Alors, je voulais quand même le soulever puis vous remercier pour votre
contribution, parce que c'est très cher, pour nous, d'entendre surtout des citoyens,
surtout des citoyens de mon comté. C'est clair, c'est très important pour moi d'entendre
votre voix et aussi de vous assurer qu'évidemment je reflète le sentiment de la
ministre, et je remercie la ministre de l'avoir dit, que ça ne fait pas partie,
quand même, de ce qui est souhaité par le gouvernement d'aller vers l'avant
avec un développement commercial.
Alors, peut-être, dans les quelques secondes
qu'il nous reste, peut-être vous pouvez parler de ce qui est souhaité de votre
part en ce qui concerne la consultation. Je sais que ça s'en vient, mais qu'est-ce
que vous souhaitez puis qu'est-ce que vous aimerez voir à l'intérieur de ceci?
Le Président (M. Simard) :
...30 secondes, s'il vous plaît. Mme Smith.
Mme Smith-Kingston
(Christa) : Oui. Donc, je
crois qu'à la base on n'est peut-être pas d'accord sur qu'est-ce qui est une
véritable participation citoyenne. Comme Louise Constantin a mentionné,
lorsqu'un plan est développé, puis ensuite
livré, puis là on donne de la vie, ce n'est pas ce qu'on a en tête quand on
parle de participation citoyenne. On veut faire partie du processus du
début jusqu'à la fin pour que la voix de la citoyenne et du citoyen soit prise
en compte en écrivant le plan.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci, Mme Smith. Je cède maintenant la parole au député de
Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Merci, M. le
Président. Bonsoir, mesdames. Alors, vous recevez des félicitations à la fois
de la Coalition avenir Québec et du Parti libéral, mais ça ne change pas votre
position. Moi, je l'ai lu, votre lettre, vous vous
opposez au projet, et on est entièrement d'accord, pour les mêmes raisons, au
Parti québécois. C'est un projet, quant à nous, qui est scandaleux au plan environnemental, au plan de
l'urbanisme, au plan de la consultation démocratique. Alors, qu'est-ce que vous pouvez ajouter pour essayer de
convaincre le parti au pouvoir et le Parti libéral de renoncer à ce projet?
Le Président (M. Simard) :
Mme Constantin.
Mme Constantin (Louise) : Oui.
Bien, en fait, on a déjà fait état, là, de plusieurs éléments à prendre en compte. On sait qu'on vit actuellement une grave crise du logement, de problèmes de gentrification, une crise
d'itinérance, une crise de santé publique, et là on a un site qui est
exceptionnel au centre-ville et qui pourrait servir à résoudre une partie des
problèmes qu'on vit actuellement à Montréal. On a un projet, une vision d'ensemble
qui tient compte non seulement du logement, mais également de toute une vision
d'un vivre-ensemble, que ce soit de l'agriculture urbaine, des services
d'économie sociale, un milieu de vie...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci beaucoup...
Mme Constantin (Louise) : ...et
ça, ça n'a pas été entendu ou, en tout cas, on n'a pas entendu cette
préoccupation-là beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Merci.
M. Bérubé : Nous
vous avons entendu, au Parti québécois. Merci.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, mesdames, désolé, on disposait de très peu de temps. On aurait été
à votre écoute beaucoup plus longtemps, mais on est contraints, là, par nos
travaux. Alors, merci beaucoup de votre précieuse contribution.
Et, sur ce, nous allons suspendre à nouveau
avant de procéder à la prochaine étape.
(Suspension de la séance à 20 h 43)
(Reprise à 20 h 49)
Le Président (M. Simard) :
Bien. Chers collègues, merci pour ce retour et votre ponctualité.
Donc, avant
d'entreprendre l'étude détaillée, comme le veulent nos règlements,
je dois vous demander s'il y a des motions préliminaires. M. le député
de Matapédia-Matane, à vous la parole.
Motion proposant d'entendre M. Gilles Paquin
M. Bérubé :
Merci, M. le Président. Conformément à l'article 244 du règlement de l'Assemblée
nationale, je fais motion afin que «la Commission des finances publiques
tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de
loi n° 219, Loi concernant un immeuble situé sur la
rue University à Montréal, des consultations particulières et qu'à cette fin,
elle entende M. Gilles Paquin, journaliste à la retraite [de La Presse]».
Le Président (M. Simard) :
Chers collègues, on va suspendre quelques instants, le temps de pouvoir
transmettre cette motion à notre secrétariat pour qu'on puisse la mettre sur
Greffier. Ça vous va? On suspend.
(Suspension de la séance à 20 h 50)
(Reprise à 20 h 53)
Le
Président (M. Simard) :
Bien. À l'ordre, s'il vous plaît! Nous sommes en mesure de reprendre nos
travaux.
La motion se retrouve maintenant sur le site
Greffier, vous pouvez tous la consulter. Sans plus tarder, cher collègue, à
vous la parole.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : Merci, M. le
Président. Vous avez entendu les intervenants, tout à l'heure, indiquer que ça
prend une consultation, une démocratie, une contribution de plusieurs acteurs,
et c'est le cas de cet ex-journaliste de La Presse qui s'est beaucoup
intéressé à la question avec un de ses amis avocats, je parle de M. Gilles
Paquin.
Je pense que c'est important d'inviter
M. Paquin, qui a beaucoup écrit là-dessus, beaucoup fait de recherches sur
les implications que ça représente. J'aimerais qu'il soit ici et j'aimerais
qu'on puisse l'entendre. Alors, ce que je vais faire, c'est que je vais
utiliser mon temps pour vous lire ce qu'il pense du dossier. Et j'ai un texte
devant moi que je pourrai déposer par la suite pour le bénéfice de la
commission. Alors ça s'appelle comme suit : Non au don de l'Hôpital
Royal Victoria de plusieurs immeubles et d'une vaste partie du mont
Royal, soit plus de 1 milliard de dollars, à l'Université McGill.
C'est le titre, puis des fois je vais commenter le texte.
«Le moment est venu pour le
gouvernement québécois de la CAQ d'agir selon les principes qu'il [dit]
défendre et qu'il a le devoir de défendre dans l'intérêt de la nation
québécoise — beau mot, "nation", pas mal mieux que "province". Ce
gouvernement doit renoncer à exécuter la promesse abusive faite par le dernier
gouvernement libéral de donner à l'Université McGill plus
de 1 milliard de dollars en subventions et en immeubles publics, dont
une bonne partie du mont Royal, la faisant passer ainsi de "ghetto
McGill" à "forteresse McGill" qu'il lui sera impossible de
contrôler. Le gouvernement doit tout simplement et immédiatement renoncer à
exécuter ce projet de donation scandaleusement abusive et illégale et
socialement injuste et inacceptable.
«Depuis l'annonce de ce projet, dans les
derniers jours du gouvernement libéral — on est en 2018 à ce moment-là,
d'ailleurs il y a eu quelques projets de loi privés, moi, j'avais fait celui
sur le journal La Presse, projet de loi n° 400, pour ceux qui s'en
souviennent — de
nombreux intéressés, dont plus d'une cinquantaine d'organismes de toutes sortes — notamment
les organismes de l'Université McGill — l'ont dénoncé comme étant,
encore une fois, un traitement [privilégié]
accordé [à l'élite] de McGill à l'encontre de l'intérêt commun des Québécois et
des Montréalais, fait à l'insu de la population et de ses institutions
et contraire à leurs besoins et à la justice.
«Devant ces protestations, le gouvernement [du premier
ministre actuel] a semblé avoir un moment d'hésitation [au départ] et il a
[décidé de procéder] à des "consultations" au sujet de la décision
[du gouvernement libéral]. Dans les faits, ces "consultations" ont
été des réunions privées, sur invitation seulement, où n'étaient invités que
des intervenants ne présentant aucun risque de contestation du projet déjà
décidé — ça,
ça semble un trait de caractère gouvernemental, M. le Président. Ces fausses
consultations ont été dénoncées comme elles devaient l'être — vous
l'avez entendu encore tantôt — mais le gouvernement n'a pas encore osé
arrêter le projet dans lequel il semble se croire piégé par la promesse des
libéraux.» Il n'en est rien, il est libre d'arrêter ce projet s'il le souhaite.
D'ailleurs, le premier ministre dit souvent : Quand on se trompe, on le
dit puis on corrige. Alors, voici un bel exemple. Je vais applaudir, moi, s'il
décide de l'abandonner.
«Il est grand temps de le faire — pas
mal là, même. À l'heure de la loi n° 96, qui confirme le danger [...]
d'extinction imminente des francophones, et à l'heure où le gouvernement sent
le besoin de se doter d'une loi constitutionnelle, il est urgent qu'il mette
fin au traitement [abusivement] et injustement favorable des universités et des
cégeps anglophones, au premier chef de l'université McGill, fondée, faut-il le
rappeler, avec l'argent et les biens donnés ou confiés — vous
qui vous intéressez à l'histoire, ça va vous intéresser — aux
Jésuites et aux Sulpiciens par des francophones [et dont ils] ont été
dépouillés par le gouverneur anglais.» Notre argent rendu à McGill, mais ce
n'est pas assez, on en envoie encore. On leur en doit, semblerait-il.
«Comme le montre éloquemment Frédéric Lacroix
dans [le présent] texte Québec préfère les universités anglaises et dans
son livre Pourquoi la loi 101est un échec, il est grand
temps d'accorder aux institutions francophones le traitement que justifie leur
nombre et de mettre fin au traitement [...] injustement privilégié des
établissements anglophones, au premier chef [de] l'Université McGill. Ce n'est
pas en lui donnant [...] 1 milliard de dollars [de plus] qu'on atteindra
cet objectif. Cette énorme injustice a trop duré. C'est maintenant que la
justice doit [commencer].
«M. Lacroix parle très clairement — puis
ça, c'est cité dans le texte de M. Gilles :
«"Au Québec, les universités anglophones
bénéficient d'un net avantage (d'un facteur quatre en proportion au poids
démographique) pour ce qui est des fonds d'immobilisations investis par le
gouvernement du Québec. Sur l'île de Montréal, un étudiant "pondéré" qui étudie
en anglais bénéficie de 56 % de plus de fonds d'immobilisations
qu'un étudiant qui étudie en français.
«"Rappelons que McGill dispose annuellement
de revenus de quelque 1,44 milliard de dollars, [...]possède 1,7 milliard
de dollars dans sa fondation et des biens évalués à 4,9 milliards de
dollars. Alors que l'Université du Québec dépend à 90 % des fonds versés
par le gouvernement et les étudiants du Québec, moins de la moitié du budget de
McGill est dépendant de ces deux sources de revenus. McGill est un véritable
empire financier."»
Vous qui avez enseigné à l'UQO, M. le Président,
vous savez très bien que cette université située en Outaouais ne dispose pas
des moyens de McGill. Et, si vous étiez dans d'autres circonstances, je suis
pas mal sûr que vous me donneriez raison.
«"McGill est également un important
propriétaire foncier — et
ça, il faut le savoir; elle dispose de 730 000 mètres
carrés d'espace dont 613 000 mètres carrés reconnus par le ministère de [...] l'Enseignement supérieur.
Même si McGill n'accueille pas le plus
important effectif étudiant, elle est l'université possédant le plus vaste campus au Québec[...] — déjà."
«À toutes fins utiles, rappelons aussi
que :
«1. Une administration publique n'aliène jamais
son domaine public — c'est
une règle cardinale.
«L'Hôpital Royal Victoria, ses divers immeubles
et les parties du mont Royal en question font partie du domaine public du
Québec et appartiennent à tous les Québécois. Le gouvernement québécois [...] a
le devoir impérieux de respecter l'intégrité de ce domaine public et de ne pas
l'aliéner.
«Il existe ailleurs de nombreux exemples de
solutions au problème que peut poser l'intégrité du domaine public. Un cas récent[...] : l'Hôtel-Dieu de
Paris avait [des] graves problèmes de financement; il fallait à la fois
assurer des rénovations très coûteuses et un financement de roulement tout
aussi onéreux.» Alors, qu'est-ce qu'ils ont fait? «L'administration a donc
décidé de mettre en location le tiers de l'immeuble pour 80 millions
d'euros. Ainsi, on peut rénover tout l'immeuble et obtenir un financement de
roulement. Mais on ne vend pas le domaine public puis on ne l'aliène pas [non
plus]. Et surtout on ne le donne pas à des intérêts privés comme le
gouvernement du Québec veut maintenant le faire avec le mont Royal et l'Hôpital
Royal Vic.» Ça, j'aimerais ça que le gouvernement note ça, parce que c'est une
alternative qui existe, réelle, en France. Et, si on allait vers ça, on
n'aurait pas besoin de faire ce qu'on fait présentement, et il n'est pas trop
tard. En tout cas, je l'aurai dit.
• (21 heures) •
«2. Le don de plus de 1 milliard de dollars
à McGill n'est pas justifié.
«Avant que les libéraux s'engagent à lui céder
l'ancien hôpital et une partie du mont Royal — quand même, une partie du mont
Royal — McGill
avait déjà indiqué qu'elle souhaitait acheter une partie de ce domaine — ça,
c'est le boutte — et
prévoyait [...] de dépenser plus de 700 millions pour [aménager] ce qui
pourrait devenir un nouvel institut.
«Mais depuis que le gouvernement libéral du Québec
a déclaré qu'il allait lui en faire cadeau[...] — gardez votre 700 millions,
c'est un cadeau — la
chancelière de McGill a déclaré qu'elle voulait maintenant en plus recevoir
l'aide de Québec [...] pour accompagner ce cadeau — 37 millions, ce
n'est pas croyable.
«McGill estime maintenant que son projet va
coûter au Québec plus de 1 milliard de dollars et qu'il faut sûrement
ajouter des coûts cachés considérables. McGill a, par exemple, déclaré prévoir
la construction d'un auditorium de 2 000 places — avec
des stationnements, peut-être — sur le mont Royal.» Saviez-vous ça?
«3. La Société québécoise des infrastructures a
fait un examen [partiel]»... partial, plutôt, ce n'est pas pareil.
«La Société québécoise des infrastructures,
chargée d'examiner ce qu'il faudrait faire des immeubles et terrains de l'Hôpital
Royal Victoria, n'a examiné aucune autre possibilité que le don à l'Université
McGill.» C'était ça ou rien. Pourtant, il y a d'autres options. «Elle semble
ainsi ignorer les servitudes inscrites aux donations créant l'Hôpital Royal
Victoria. Ne [serait-ce] pas normal qu'elle examine d'autres possibilités, par
exemple la mise en location d'une part du domaine pour financer la restauration
d'une grande partie de l'ensemble comme [on] l'a fait [pour] l'Hôtel-Dieu de
Paris?» Si on avait eu une vraie consultation, on serait arrivés à un autre
modèle, à moins que ce soit si important de faire comme ça parce que McGill
veut ça, puis il y a au moins deux formations politiques qui veulent absolument
leur donner tout ce qu'ils veulent.
«4. La nouvelle forteresse McGill.
«Il faut aussi savoir que ce projet de McGill
s'inscrit dans un projet beaucoup plus vaste d'investissement et de revalorisation de son immense domaine
immobilier [...] dans le centre-ville de Montréal, ce qu'on appelle déjà — c'est
l'appellation populaire — le
"ghetto McGill", en gros de la rue Peel jusqu'à [la rue] du Parc et
du boulevard [...] Maisonneuve jusqu'à l'intérieur du mont Royal. McGill étudie
déjà depuis plusieurs années des projets pour transformer ces énormes biens
immeubles en tours d'appartements et [de tours] de bureaux. On va passer du
"ghetto McGill" à la "forteresse McGill", qui, dans les
faits, sera fermée aux Québécois francophones sauf aux professeurs, aux
étudiants et au personnel. Les francophones se trouveront dépossédés pour
toujours d'une partie très importante du centre-ville de Montréal[...]. On
reviendra aux beaux jours du "Mille-Carré-Doré" — le
"Golden Square Mile", M. le Président — où
les seuls francophones qui étaient admis étaient les manoeuvres et les
domestiques. C'est ce qu'on appelle maintenant la "requalification"
de McGill.
«5. Le nouveau projet de McGill — vous
allez en apprendre, des choses, ce soir.
«Il faut dire un mot du projet que McGill
prétend réaliser sur le site des immeubles de l'Hôpital Royal Victoria :
il s'agirait d'un important projet international, qui est déjà présenté comme
un projet "canadian" et qui vise à attirer encore plus de professeurs
et d'étudiants anglophones. De plus, il est évident que les fonds publics que
le Québec et le Canada vont mettre dans ce projet n'iront pas aux universités
et aux institutions francophones — oh que non! — ce qui ne fera qu'accentuer l'écart encore
une fois déjà énorme entre le financement des institutions anglophones
et francophones à l'avantage scandaleux de la minorité anglophone, [ce] que
Frédéric Lacroix décrit éloquemment.
«Et bien entendu [...] la réalisation d'un [...]
projet à McGill [empêcherait] la réalisation de tout autre projet du même genre
[...] par un établissement francophone — c'est évident. Pourquoi ne
pourrait-on pas faire un institut regroupant les meilleurs talents des universités
québécoises et de la francophonie? Ou faire le même projet, [avec] McGill [...]
en français? [Nous n'aurions] pas [...] intérêt à financer un véritable projet
international francophone avec l'appui de la francophonie? En encourageant
ainsi aveuglément la réalisation d'un tel projet à McGill, on anéantit la possibilité
de réaliser tout projet d'importance équivalente en français.
«6. Le respect des servitudes inscrites dans les
donations.
«Par ailleurs, il est important de soulever
[...] un obstacle juridique d'importance. Les donations [...] (deux [sommes] de
500 000 $ en 1886 et 1887) ont été faites spécifiquement et
exclusivement pour la création de l'hôpital, et la ville de Montréal a ensuite
loué à cet hôpital les terrains nécessaires "à perpétuité" (en
français dans le texte de la donation).
«[...]Pour ce
qui est des terrains, on sait déjà que, dans la donation de 1887, il est écrit
expressément que, si le Royal Vic
cesse d'exister comme hôpital, les terrains qui lui ont été loués à perpétuité
doivent retourner — à qui? — à
la ville de Montréal», qui n'est pas avec nous ce soir.
Qu'est-ce qu'on dit? «"In
such case the said city of Montréal shall reinter into possession of the above described property." Cela constitue une servitude, qui ne peut être
ignorée», modifiée ou effacée. S'il y a transmission de propriété, les
servitudes doivent être transmises aussi et elles doivent être respectées
absolument. «Il convient de se demander si le gouvernement du Québec — représenté
ici par la présidente du Conseil du trésor — a [...] la propriété [légale]
de ces terrains» et si les servitudes ont été respectées. Bonjour les
surprises.
«On le
voit : il est absolument illégitime et contraire à l'intérêt des
Québécois, des francophones en particulier, de continuer d'insister pour
donner plus de 1 milliard de dollars [du] domaine public et en fonds
publics à l'Université McGill. Le gouvernement du Québec doit agir dans
l'intérêt des Québécois, de tous les Québécois, et non seulement de la minorité
anglophone traditionnelle privilégiée.»
Gilles Paquin, journaliste retraité de La Presse.
Combien de temps il me reste, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : 17
minutes, cher collègue.
M. Bérubé : Cet
enjeu est tellement important, M. le ministre, là. Il l'est au plan
urbanistique, il l'est au plan du patrimoine, il l'est au plan de la langue, il
l'est au plan de l'équité entre les institutions postsecondaires. Je ne blâme pas l'Université McGill de vouloir le Royal
Victoria, de vouloir les bâtiments, parce qu'il y en a plusieurs autres
dont on n'a pas parlé encore, de vouloir une
partie du mont Royal. Je me demande où réside l'intérêt de deux
gouvernements, le gouvernement précédent du premier ministre Philippe Couillard
et le gouvernement actuel de la très nationaliste Coalition avenir Québec — c'est
de l'ironie — à
céder une partie de notre patrimoine à une communauté qui a déjà passablement
d'institutions qui fonctionnent bien. Je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas
qui a convaincu ces gouvernements et à quelle fin. Je sais ce que ça va
rapporter à McGill. Je sais que les universités francophones de l'île de Montréal sont témoins de ce qui se passe, je sais que les cégeps également,
j'ai parlé de la saga de Dawson. Il y a un enjeu d'équité.
Ma responsabilité comme député de Matane-Matapédia,
où j'ai deux collèges, très petits, cégep de Matane, centre d'études
collégiales de la Matapédia, et où 100 % des étudiants qui doivent quitter
pour l'université le font à l'extérieur de ma région, notamment à Rimouski, où
vous et moi, M. le Président, nous avons étudié, on était beaucoup plus jeunes
à l'époque... Bien, ailleurs aussi on a besoin d'équité, d'équité pour chacun
des étudiants, pour la recherche, pour les infrastructures, mais ce n'est pas
ça qu'on a. On augmente l'écart entre McGill et les autres universités, et je
ne peux pas accepter ça.
Je suis aussi un ancien leader étudiant. Je suis
l'ancien vice-président de la Fédération étudiante universitaire du Québec à l'époque où Nicolas Ducharme, maintenant
sous-ministre, était mon président, certains s'en souviendront. Et il y
avait bien d'autres personnes qui sont dans certains cabinets, d'ailleurs,
aujourd'hui, qui m'accompagnaient à l'époque.
Ces enjeux-là, on les connaît très bien et on souhaitait l'équité pour tous,
mais là on augmente, on augmente, les disparités entre les institutions.
L'Université
McGill est riche. Elle a l'avantage d'avoir une philanthropie forte, et tant
mieux. Ses étudiants sont attachés à l'institution, ses anciens étudiants,
et sont plutôt fortunés, plus qu'ailleurs, puis ils ont des immobilisations
importantes et ils dégagent des revenus importants. Ce n'est pas le cas de tout
le monde. Et ce cadeau — parce
que c'est un cadeau qu'on leur fait, on ne
leur demande rien, on leur donne même 37 millions pour les
accompagner — ça vient envoyer plusieurs messages.
D'abord : Continuez de vous développer avant tout le monde. Le
gouvernement du Québec actuel, il va plus loin que les libéraux, il dit :
C'est correct, mais en plus, avec nous autres, ça va plus vite, on fonce plus
vite dans l'anglicisation, ça vous va-tu? Réponse : Ça va être correct.
Quand j'ai parlé de ce projet de loi cet après-midi, il fallait savoir qui
s'inquiétait, «usual suspects», comme on dit, ceux qui... tu es toujours
suspect de vouloir défendre les francophones au Québec.
Donc, il y a un problème d'équité. Il y a le
symbole que ça envoie aussi, que la langue de prestige pour l'enseignement,
c'est l'anglais. C'est ça, le symbole que ça envoie. Aïe! Qu'est-ce que vous
faites à l'Université du Québec à Montréal? Faites quelques kilomètres vers
l'ouest, c'est à McGill que ça se passe. Les universités à charte, c'est pour,
bon, les deuxièmes tours, les troisièmes tours. Ce n'est pas vrai, mais c'est
ça qui se dit.
L'UQAM aurait pu
bénéficier d'un tel legs, un tel cadeau, mais non. L'UQAM est à Montréal, l'Université
de Montréal est encore plus près. Ça aurait pu être le cas, mais non plus.
Alors, qui sont ces lobbyistes si puissants qu'ils
sont capables de convaincre successivement deux gouvernements de céder un
ancien hôpital, des terrains situés avantageusement à Montréal, une
partie du mont Royal puis de se le faire financer en plus avec
37 millions? Ces gens-là sont certainement très doués pour avoir réussi un
tel coup. C'est un coup de force, M. le Président, ce projet de loi. C'est
regrettable qu'il ne soit pas plus suivi, c'est un projet de loi privé. Même le
titre semble tout destiné à ce qu'il ne suscite pas beaucoup de discussion,
hein, «un édifice sur la rue University», quelque part, devinez où. Ah! c'est
un ancien hôpital.
• (21 h 10) •
Trop tard, on a adopté le projet de loi, mais on
va avoir le temps d'en parler. Puis on va regarder des cartes aussi pendant ce
projet de loi. J'ai des cartes avec moi, M. le Président. J'ai aussi quelques
surprises que les législateurs n'ont pas pensées. Ça va être compliqué, de
voter pour ça, pas mal plus qu'on le pense. Quelqu'un, tantôt, en arrivant, a dit : Ah! ça devrait être assez facile. Non,
ça ne sera pas facile parce qu'il y a beaucoup d'intérêts en jeu. Il y a
des intérêts puissants, mais il y a des intérêts démocratiques, écologiques,
d'équité, l'enseignement supérieur. Tout ça, ça a de la valeur au Québec, et
moi, comme parlementaire, ça m'importe, et je suis fier de faire partie d'une
formation politique qui a ça à coeur, et, l'enseignement supérieur, on en a
fait un enjeu d'importance.
Je me souviens très bien, à l'époque où je
travaillais pour le premier ministre actuel, on avait développé le collège Gérald-Godin dans l'ouest de Montréal, ça
a été une belle réussite. Pour la première fois de l'histoire, il y avait un collège francophone dans l'ouest de
Montréal, alors que les jeunes de Sainte-Anne-de-Bellevue, ou de
Senneville, ou de Roxboro, Dollard-des-Ormeaux, Pierrefonds devaient se rendre
au centre-ville de Montréal, bien souvent, ou à André-Laurendeau. On a
développé le cégep Gérald-Godin. C'est une réussite, puis je suis fier de ça,
moi. Humble conseiller politique que j'étais, à l'époque, dans le cabinet du
premier ministre, qui était ministre de l'Éducation, c'était une immense source
de fierté, pour moi, qu'on ait développé, avec le premier ministre Bouchard, le
collège Gérald-Godin.
Mais là on est ailleurs, là. Là, on revient à
des années qu'on croyait révolues, où c'est les grandes universités anglophones
qui... le haut du pavé, puis le gouvernement leur fait des cadeaux en plus. Ça
ne marche pas, M. le Président. On ne peut pas faire ça. Tu sais, je ne blâme
pas McGill. Je ne blâme pas Dawson. Ils font des demandes...
Tu sais, c'est... comme rêve d'université ou rêve de cégep, c'est quoi, votre
rêve le plus fou? Bien, ils l'ont fait. Bien, câline! ils l'ont eu. Ils n'y
croyaient pas. Ils l'ont eu parce qu'on leur donne. Si c'était nous, on ne leur
donnerait pas, il y aurait de l'équité avant d'en remettre à McGill puis
Dawson. On leur en donne.
Alors, je ne sais pas comment se sentent les
gens de Concordia ce soir, ou l'Université de Montréal, ou de l'ETS, ou de
l'UQAM, ou de l'Université de Sherbrooke, l'UQO, l'Université du Québec à
Chicoutimi, l'Université du Québec à
Rimouski. Toutes ces universités, ces centres universitaires de recherche, ils
se disent : Comment on va faire, nous, pour être aussi puissants
dans la communication pour rejoindre le gouvernement puis les convaincre
d'investir chez nous? Parce que McGill, ils sont trop forts. Je ne sais pas
comment qu'ils font, mais ils sont forts pas à peu près... convaincu le premier
ministre Couillard, convaincu le premier ministre actuel. Ils ont mis ça dans
un projet de loi puis ils ont dit : En plus, nous autres... les libéraux
ont mis la barre là, mais, avec la CAQ, nous autres, on le fait aussi puis on
l'accélère.
C'est quelque chose, ce n'est pas rien. Depuis
tout à l'heure, il y a des gens qui suivent la commission qui n'ont jamais
entendu parler du projet de loi avant. Je peux-tu vous dire qu'ils sont en
train de regarder les dossiers, les documents? Puis il y a quelques cabinets
d'avocats à Montréal qui font la même chose présentement, M. le Président, qui se sont mis à regarder ça pour le
plaisir. Ils m'ont écrit tout à l'heure, ils disent : C'est-tu sérieux,
vous faites vraiment ça? Pas les moindres.
Alors, moi, je pense qu'on devrait suspendre
cette étude-là. Évidemment, le Parti libéral, qui propose le projet de loi, ne
voudra pas. Il est habité d'une certaine urgence. Puis la CAQ est déjà allée
bien trop loin avec le projet de loi n° 66. Mais ça n'a aucun sens, ce
projet de loi, à sa face même. On l'a dit combien de fois? Puis ce ne sont pas
des exaltés qui ont dit ça, des gens qui en ont parlé avec professionnalisme.
Alors, le message du Parti québécois est
toujours le même : défendre nos institutions, défendre l'équité. Et ça, ça
ne peut pas marcher. Et je me serais attendu à ce que le gouvernement soit
critique, mais en même temps, comme il avait placé ça dans le projet de loi
n° 66, je n'avais jamais eu la réponse pourquoi c'était là, bien, je me
suis dit : Ça doit être bien important pour eux autres. Ils doivent miser
beaucoup sur les étudiants de McGill, pour ce gouvernement-là, ça doit être
très important. J'imagine, ça a beaucoup voté pour la CAQ à McGill. Ça doit
être ça, quelque chose du genre. Il doit y avoir une cellule de la CAQ, là, des
jeunes de la CAQ. Ça doit marcher du feu de Dieu, M. le Président, bien
important. Bien non, au bar Gerts, là, à McGill, là, tu sais, il n'y avait pas
le comité de la CAQ qui regardait l'élection, là, en 2018, là, à côté du Keg
House, là, il n'y avait pas ça.
Trêve de plaisanteries, on a une responsabilité.
Ici, c'est la Commission des finances, une commission très importante à
l'Assemblée nationale. On regarde des chiffres, puis on compare, puis on
s'assure de l'équité pour les régions du Québec, pour nos circonscriptions,
pour les gens qui en ont besoin. C'est important. On ne peut pas faire
l'économie de faire les comptes et de faire aussi l'économie de ce que ça
représente comme symbole pour le Québec d'accorder autant d'argent, autant de
valeurs mobilières à McGill.
Puis là on a parlé
tantôt de certains bâtiments, le Royal Victoria, mais il y a d'autres
bâtiments, puis, moi, il n'y a rien qui m'indique que ça ne pourrait pas passer
dans le domaine du privé, éventuellement, vendu au profit de McGill, des tours.
Je veux dire, il y a un potentiel exceptionnel à Montréal, là. Chaque mètre
carré est important. On a vu, pas plus tard que samedi dernier, je crois, les
statistiques sur le prix de la construction à Montréal. Quelqu'un qui voudrait s'acheter une maison à Montréal, je veux dire,
combien ça coûte? C'est énorme. Alors, bien sûr que ça intéresse des
promoteurs. C'est sûr que ça intéresse des promoteurs au centre-ville de
Montréal. Ce n'est pas rien, le centre-ville de Montréal.
Donc, moi, je suis
d'avis, comme M. Gilles Paquin à travers la lettre que je vous ai lue, qu'il y
a plusieurs écueils. Tu sais, tous les désavantages, je peux vous les
démontrer. Les avantages, c'est pour qui? La chancelière de McGill? Les
anciens? Tu sais, on récupère le Golden Square Mile «like the
good old days». C'est ça, le plan pour Montréal, le même jour où la
mairesse de Montréal annonce l'arrivée d'un commissaire à la langue française,
qu'on va créer une enclave à Montréal où ça va se passer en anglais
essentiellement? Ça ne marche pas, ça, M. le Président.
Moi, je sais que
l'enjeu de la langue, ce n'est pas gagné d'avance, et, si on perd Montréal,
comme le disait Pierre Bourgault, on perd tout. Et je vous sais sensible à
l'enjeu de la langue française depuis le temps que je vous suis, du Mouton
noir jusqu'à aujourd'hui. La langue, c'est quelque chose d'important parce
que ça conditionne beaucoup de choses. C'est la culture, c'est cette
originalité, mais en même temps c'est stratégique, la langue, c'est
démographique, c'est politique. Si on n'occupe pas l'île de Montréal avec la
langue, bien, l'anglais est présent.
Et d'ailleurs, avec
les transferts linguistiques qui ne se font pas suffisamment, malheureusement,
encore trop de nouveaux arrivants à Montréal vont se tourner vers l'anglais tôt
ou tard. Alors, c'est compliqué, c'est difficile. Alors, la moindre des choses
qu'on peut faire, comme gouvernement, comme Assemblée nationale, c'est
d'envoyer les bons signaux. Alors, si je suis un nouvel arrivant, étudiant
universitaire qui arrive à Montréal cette année et que je suis les débats de
l'Assemblée nationale, je me dis : Il y a plein d'universités, il y a
l'UQAM qui est près de chez moi, qui est l'université francophone où je vais,
j'ai un programme qui m'intéresse, je vais être là pour trois ans, puis je sais
qu'il y en a d'autres, j'ai des amis qui sont dans d'autres universités... Et
là j'apprends que, bon, à l'UQAM, c'est compliqué, il y a des enjeux de financement,
il y a des projets de développement qui sont sur la glace, qu'on aimerait faire
depuis longtemps. Je connais très bien l'UQAM, M. le Président, j'y ai
étudié, j'y ai travaillé aussi. Bon, il n'y a pas tant d'argent que ça, je peux
comprendre, mais là McGill, ils vont bien, presque Ivy League, ils vont
recevoir un don de 700 millions. Ça vaut 700 millions. Mais pourquoi
on ferait ça? Pourquoi ce ne seraient pas celles qui en ont le plus besoin présentement,
comme cette chère UQAM ou l'Université de Montréal? C'est ça qui ne me rentre
pas dans la tête. C'est ça que le gouvernement va faire avec le Parti libéral
du Québec.
C'est dommage. Bien,
plus que ça, moi, ça me fâche, et je vais résister, moi, M. le Président. Je
vais le redire à chaque fois, que c'est un non-sens qu'on en soit rendus là.
Puis, en fin de session, j'apprends ça ce matin, mon équipe, ils sont derrière moi ici, qui me disent : Bien, il faut se
préparer pour ça, c'est là, sans avertissement, il n'y aura pas de débat
au bleu, il n'y aura pas de point de presse là-dessus. Je n'ai pas entendu ni
la présidente du Conseil du trésor, ni la ministre de l'Enseignement supérieur,
ni le ministre de la Santé convoquer la presse pour dire : On fait quelque
chose de majeur, on va donner le Royal Victoria, des terrains puis une partie
du mont Royal à McGill, puis ça se fait bientôt, là, vous devriez suivre ça.
Pantoute. En dessous du radar.
Bien, ce n'est pas
rien. Comme parlementaire, je me sens bousculé par ça et je sens que je suis la
seule voix de toute cette commission qui va parler pour ceux qui ont envie de
parler là-dessus, puis d'échanger, puis de proposer
une vision moderne, puis préserver le patrimoine. C'est autant des francophones que des anglophones, M. le Président, des deux côtés. Il n'y
a pas de solitude là-dessus. Les amants du patrimoine, là, des francophones,
des anglophones... La montagne est importante, puis l'urbanisme, puis
l'aménagement, là, sensé du centre-ville de Montréal. Puis là on arrive avec un
projet digne de l'époque coloniale, où on va céder des actifs importants à la
puissante Université McGill. Moi, je ne peux pas accepter ça, puis ma formation
politique n'acceptera pas ça non plus.
Combien me reste-t-il
de temps, M. le Président?
• (21 h 20) •
Le Président
(M. Simard) : 2 min 12 s.
M. Bérubé :
2 min 12 s. En conclusion, ça fait longtemps que je suis ce
dossier-là parce que je connais bien McGill, et je connais bien le réseau universitaire,
et je sais très bien qu'il y a eu un moment donné où McGill est passée en
avance sur sa capacité de proposer des projets. Tantôt, ce n'est pas pour rien
que je posais la question sur qui approchait qui. Bon, j'ai peut-être mal
compris, mais je comprends que c'est le réseau de la santé qui avait un
excédent, qui avait un bâtiment excédentaire puis qui a fait une offre. Il a
pris le premier qui était à côté puis il a dit : C'est McGill. Un fou dans
une poche, comme on dit, McGill a accepté. Ça, ça serait intéressant, pour le
bénéfice des parlementaires, de savoir qui a
approché qui, hein, au bal, c'est qui qui est allé voir qui, parce que ça
change l'histoire pas mal.
Si le ministère de la
Santé a dit : J'ai des bâtiments excédentaires puis j'en parle à un
groupe, McGill, bien, McGill, il regarde ça puis dit : Bien, certain, que
ça m'intéresse... J'aimerais ça savoir s'ils en ont parlé à l'UQAM. Y a-tu
quelqu'un qui peut me dire ça? Je vois les collaborateurs de la ministre. Je
vois son directeur de cabinet. Il y a quelqu'un
qui a l'information en quelque part. Moi, j'aimerais ça le savoir. Peut-être
que l'UQAM se l'est fait proposer puis ils ont dit : Ça ne nous
intéresse pas. J'aimerais ça le vérifier juste pour être sûr. Même affaire avec
l'Université de Montréal, encore plus proche.
Ça, c'est des
informations qui sont pertinentes pour légiférer, pas passer un projet de loi
rapidement, là, espérer, là, passer un projet de loi rapidement pour une telle
incidence, là. Ça va nous survivre, ça, ce don-là à McGill, là. Ça va être là
bien après nous. Moi, je ne veux pas participer à ça. Moi, je ne veux pas voter
pour ça. Je veux voter contre ça et je sens que je vais porter la voix de pas
mal de monde, pas mal d'organismes, pas mal de citoyens. Puis ça va être encore
pire quand les gens vont découvrir c'est quoi.
Alors,
il n'est pas trop tard pour ne pas être associé à ça. Le Parti libéral y tient,
manifestement. Ils se sont essayés en 2018, ils reviennent. La CAQ, je ne
sais pas d'où ça vient. Je ne sais pas ce qu'ils cherchent à prouver à McGill
ou à la communauté anglophone, mais je leur dis : Reculez, ne soyez pas
là.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Merci à vous, cher collègue. Je cède maintenant la parole à la députée
de Westmount—Saint-Louis.
Souhaitez-vous intervenir à ce stade-ci?
Mme Maccarone :
Non. Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Simard) : Pas de commentaire. Mme la ministre?
Mme LeBel :
Non. Merci.
Le Président
(M. Simard) : Pas de commentaire. Y aurait-il d'autres remarques
que quelqu'un souhaite formuler sur cette motion?
Mise aux voix
Sans quoi nous allons
procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
Oui. M. Bérubé (Matane-Matapédia)?
M. Bérubé :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone :
Contre.
La Secrétaire :
Mme LeBel (Champlain)?
Mme LeBel :
Contre.
La
Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster :
Contre.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Arcand (Mont-Royal—Outremont)?
M. Arcand :
Contre.
La Secrétaire :
M. Simard (Montmorency)?
Le Président
(M. Simard) : Abstention. Cette motion est donc rejetée.
M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé :
M. le Président, si vous le permettez, j'ai une deuxième motion
préliminaire.
Le Président
(M. Simard) : Tout à fait. Alors, nous allons suspendre
momentanément.
(Suspension de la séance à 21
h 24)
(Reprise à 21 h 27)
Le Président
(M. Simard) : Bien, chers collègues, nous sommes en mesure de reprendre
nos travaux.
Et, au moment de
suspendre, le député de Matane-Matapédia nous avisait de son intention de
déposer une motion préliminaire. Cher collègue, à vous la parole.
Motion proposant d'entendre M. Frédéric Lacroix
M. Bérubé :
Merci, M. le Président. Conformément à l'article 244 du règlement de
l'Assemblée nationale, je fais motion afin que «la Commission des finances
publiques tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 219, Loi concernant un
immeuble situé sur la rue University à Montréal, des consultations
particulières et qu'à cette fin, elle entende M. Frédéric Lacroix,
scientifique et auteur.»
Le Président (M. Simard) :
Alors, votre motion se retrouve sur Greffier.
Mémoire déposé
Mais, avant de vous céder la parole, je
m'excuse, je dois simplement vous aviser officiellement du dépôt du mémoire qui
nous a été soumis par la Coalition Royal Vic tout à l'heure. Voilà, c'est
officiellement déposé. Cher collègue, merci.
Motion proposant d'entendre M. Frédéric Lacroix
(suite)
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : À la bonne heure.
M. le Président, qui est Frédéric Lacroix?
Frédéric Lacroix est un auteur, un homme de science, et il est l'auteur du
livre politique de l'année à l'Assemblée nationale du Québec, prix qu'il a reçu
il y a quelques semaines — pour
l'auteur que vous êtes vous-même, ça va certainement vous intéresser — Pourquoi la loi 101 est un échec. Frédéric
Lacroix est une des sommités en matière linguistique au Québec. Il s'est
attardé au dossier de McGill, au dossier de Dawson. Et malheureusement, pour le
projet de loi n° 96, dans sa mansuétude, le ministre
responsable de la Langue française n'a pas cru bon l'inviter. Il a probablement
plus important à inviter, mais il n'a pas cru bon l'inviter. D'ailleurs, j'en
parlerai dans une autre forme. Donc, Frédéric Lacroix, auteur du livre
politique de l'année avec l'Assemblée nationale, a étudié ça, et je vous
partage quelques-unes de ses réflexions sur le dossier.
Je cite Frédéric Lacroix : «Dans mon livre Pourquoi la loi 101 est un échec, je
démontre que les universités anglophones jouissent d'une surcomplétude
institutionnelle d'un facteur trois en faisant le rapport des effectifs étudiants sur le poids démographique. Elles
reçoivent environ 3,7 fois plus d'argent globalement qu'il y a
d'anglophones (langue maternelle) au
Québec.» Ça veut dire quoi? «Ce qui signifie que les universités francophones
sont sous-financées relativement au poids démographique des francophones
au Québec.
«Quand on fait le rapport entre
les fonds d'immobilisation et le poids démographique des anglophones, on constate que les universités anglophones
bénéficient de quatre fois plus d'argent relativement au poids
démographique des anglophones sur la
période 2001‑2020, soit un ratio encore plus élevé que celui calculé pour
le revenu global (à 3,7 fois). La part attribuée aux immobilisations
pour les universités anglophones (32,3 %) dépasse nettement la part
de leur effectif universitaire et aussi la part des revenus globaux que
recueillent ces universités. Ces données renforcent la thèse de
"l'incomplétude institutionnelle" qui mine les universités de langue
française au Québec.»
• (21 h 30) •
Réalité
désagréable pour certains : les universités anglophones sont surfinancées, les universités francophones
sont sous-financées. Cette réalité est connue du gouvernement, et du
gouvernement précédent. Et malgré ça on rajoute 700 milliards de dollars,
700 millions de dollars, dans la corbeille de McGill. Ça, c'est une
réalité.
Si j'étais ministre de l'Enseignement supérieur,
je peux-tu vous dire que je m'intéresserais à rétablir l'équité entre les réseaux, au même titre que certaines
régions, parfois, nous font signe en disant : Dans notre région, en
matière de santé, on est sous-financés. C'est le cas de Lanaudière, par
exemple, qui, régulièrement, depuis des années, arrive avec ce thème.
Alors, qui va défendre le sous-financement des
institutions francophones au Québec? Est-ce que ça va être le Parti libéral du
Québec? Est-ce que ça va être la Coalition avenir Québec? Est-ce que ça va être
Québec solidaire, que je n'ai pas vu encore? Bien, je peux vous dire que moi,
j'en parle ici, nous, on en parle. Si les gens s'intéressent à l'équité dans
les réseaux, ils peuvent compter sur le Parti québécois. Puis, manifestement,
ça va être les seuls envers qui ils vont pouvoir se tourner parce qu'on est les
seuls qui en parlent et que ça semble intéresser.
Mais ce n'est
pas fini sur McGill. Je cite Frédéric Lacroix, encore, il est intéressant :
«Avec 19 % du total en 2020, McGill touche la part la plus
importante des sommes en immobilisation de toutes les universités au
Québec — c'est
les champions. L'Université de Montréal [...] recueille 16,3 % [puis]
Laval 16,9 %. Les sommes affectées aux immobilisations reflètent bien le
rang des universités dans l'écosystème universitaire à Montréal :
McGill d'abord, l'Université de Montréal, Concordia [puis, bien après,] l'UQAM.
À Montréal, McGill est l'université hégémonique qui est en train, comme un trou
noir, de "satelliser" et d'aspirer les autres universités dans son
orbite. L'Université de Montréal, par exemple, a maintenant un recteur issu du
sérail de McGill. [Ce] n'est pas anodin.
«[...]On constate [...] que les fonds
d'immobilisations investis dans les universités francophones et anglophones de
Montréal sont à quasi-égalité sur toute la période 2001-2020. Cela est
tout de même étonnant étant donné qu'en 2001, 38 % de l'effectif
universitaire seulement était inscrit dans les universités anglophones [de]
l'île de Montréal (39,5 % en 2019). Pour les anglophones, la moitié des
fonds d'immobilisations est attribuée à seulement 39,5 % des effectifs.
«[...]Au Québec, les universités anglophones
bénéficient d'un net avantage (d'un facteur quatre — je l'ai dit tout à
l'heure — en
proportion au poids démographique) pour ce qui est des fonds d'immobilisations
investis par le gouvernement du Québec. Sur l'île de Montréal, un étudiant
"pondéré" qui étudie en anglais bénéficie de 56 % de plus de
fonds d'immobilisations qu'un étudiant qui étudie en français.
«Un tel écart laisse
songeur : pour reprendre une terminologie à la mode, serions-nous en
présence d'une discrimination
"systémique" envers les universités de langue française au Québec?
Les juristes qui traitent de discrimination concluent à l'existence d'une telle chose dès lors que des effets
indirects, même involontaires, entraînent une différence de traitement
constante et incapacitante sur la base d'une distinction comme la langue. Ce
qui semble [...] le cas ici.»
Les institutions francophones d'enseignement
supérieur sont victimes de discrimination, et ça n'a pas l'air parti pour que
les deux autres partis qui sont présents avec moi dénoncent ça à soir.
«Cette iniquité de répartition des fonds s'ajoute
aux iniquités d'attribution des fonds de recherche qui favorisent aussi les
universités anglophones ainsi qu'à la politique de déréglementation des droits
de scolarité pour les étudiants internationaux, qui bénéficie presque
exclusivement aux universités anglaises. Celles-ci récoltaient 65 % des
fonds versés par les étudiants internationaux, en 2018-2019, soit
68,6 millions pour Concordia et 89 millions pour McGill...» Combien à
l'Université de Montréal? J'ai dit 68,6 à Concordia, 89 millions à
McGill, 13 millions à l'Université de Montréal.
«McGill, l'aristocrate de notre réseau
universitaire, récolte la somme la plus importante en investissements
d'immobilisations de tout le réseau, et ce, depuis au moins 20 ans (les
données antérieures n'étant pas accessibles). McGill [c'est] 68,6 % plus
d'argent [...] pondéré que sa plus proche concurrente, l'Université de
Montréal.
«Voilà le contexte dans lequel il faut analyser
le don que le gouvernement du Québec s'apprête à faire de l'ancien Hôpital Royal Victoria à McGill, un
projet gargantuesque qui augmenterait de façon très importante la
surface et les étudiants à temps plein reconnus à McGill (ce qui augmentera
ensuite de façon permanente les investissements en immobilisations — ensuite,
ça suit le financement — pour
McGill, la propulsant encore plus haut dans le classement). Le gouvernement du Québec s'apprête à consolider la
position dominante de l'université la plus riche au Québec.
«Rappelons que McGill dispose annuellement de
revenus de quelque 1,44 milliard de dollars (dont 236 millions [...]
d'Ottawa et 365 millions provenant des frais de scolarité), possède
1,7 milliard de dollars dans sa fondation, et des biens évalués à
4,9 milliards de dollars. Alors que l'Université du Québec dépend à
90 % des fonds versés par le gouvernement et les étudiants du Québec,
moins de la moitié du budget de McGill est dépendant de ces deux sources de
revenus. McGill est [devenu un] empire financier.
«McGill est également un important propriétaire
foncier; [...]730 000 mètres carrés d'espaces dont
613 000 mètres carrés reconnus par le ministère de [l'Enseignement
supérieur]. Même si McGill n'accueille pas le plus important effectif étudiant,
elle est l'université possédant le plus vaste campus au Québec», et on a envie
de l'augmenter. Ce qui a fait dire à Frédéric Lacroix dans un ouvrage :
«Québec préfère les universités anglaises.»
Et là je peux vous parler du revenu global des
universités. Vous me dites quand il... il me reste moins de temps, mais je commence : «Les universités
québécoises tirent des revenus de plusieurs sources. Par ordre
d'importance, il s'agit, en moyenne et pour l'ensemble du réseau : un, du
gouvernement québécois (49,9 % des revenus totaux), deux, d'Ottawa
(20,9 %), trois, de droits de scolarité payés par les étudiants québécois,
canadiens et internationaux (16,4 %), et, quatre, d'autres
sources — comme
par exemple dons, fondations, secteur privé — (12,9 %).
«Les subventions versées par le gouvernement du
Québec sont majoritairement normées selon certains critères objectifs (surfaces
d'enseignement en mètres carrés, personnel, effectif étudiant) et devraient
donc être équitablement distribuées entre chaque institution. [...]cela n'est
[cependant] pas le cas pour les autres sources de revenus des universités.
Ottawa, par exemple, investit dans les universités surtout par le biais de
subventions de recherche attribuées par concours. Ce mécanisme d'attribution a
tendance à favoriser les institutions qui ont déjà obtenu des subventions
"d'excellence" par le passé — il s'agit d'un cercle vertueux pour ces
universités, et vicieux pour les autres. On notera, par exemple, que McGill
University, à elle seule, obtient le tiers des fonds versés au Québec par
Ottawa, sous prétexte de "l'excellence" de ses demandes et de ses
chercheurs.» Mais qu'est-ce que cette "excellence"? Bien, «McGill, la
première université fondée au Québec, a toujours bénéficié de l'appui de
l'élite financière anglophone». Le gouverneur anglais du Québec a fait don à
McGill, «à sa naissance, comme une bonne fée, de généreux capitaux de départ
puisés à même les biens confisqués aux Sulpiciens et aux Jésuites — en
plus du capital légué par James McGill, riche marchand écossais esclavagiste.
Son "excellence" est due — en bonne partie — à sa
richesse, richesse due à une iniquité historique, iniquité due à la Conquête
anglaise, injustice jamais redressée ou corrigée.»
Alors, ça, c'est l'histoire du Québec, M. le
Président. C'est ça, l'histoire de McGill. McGill, là, ce n'était pas un chercheur
ou un intellectuel, c'était un riche marchand, esclavagiste en plus. Une université
qui, à bien des égards, n'a pas de leçons à
donner, mais a fait de l'argent avec ses fondations, et tout ça, et réussit très bien.
Puis c'est une grande université, l'enjeu n'est pas là. Notre rôle, ce
n'est pas de n'en supporter qu'une, c'est de les supporter toutes également, de
toutes les supporter, dans les régions du Québec, dans leur diversité, dans
leurs missions.
Et, quand on fait ça, on a beau dire :
Bien, McGill, c'est un joyau qui mérite d'être financé, mais vous dites quoi
aux autres? Combien de personnes dans cette salle sont diplômées de l'Université
Laval, ou de l'UQAM, ou de l'Université de Sherbrooke? Plusieurs. Est-ce que
ces universités ont le droit à ce traitement? La réponse, c'est non. Mais, si vous gagnez la loterie, que vous êtes
allé à McGill dans les dernières années, ou que vos enfants puissent y
aller, bien, ils ont un avantage sur les autres jeunes, les autres étudiants,
et ça, ce n'est pas acceptable.
Alors, je vous ai prouvé qu'en termes de parc
immobilier, en termes de mètres carrés de campus, en termes de fondations, de
revenus, de capacité d'aller chercher des soutiens internationaux, dans tous
les cas McGill est premier. Et on choisit et on retiendra de ce projet de loi
que le Parti libéral, qui propose pour une deuxième fois un projet de loi
privé, et la Coalition avenir Québec qui dit : O.K., mais nous, on va
faire plus, on va même l'accélérer... Bien, c'est ça qu'ils font. Avec tout ce
que je dis là, c'est sûr que ça s'est rendu à eux, mais ils veulent quand même
le faire. Qui qui les a convaincus et pourquoi? Qui a une telle influence sur
le gouvernement national des Québécois et Québécoises? Il
y a quelqu'un à quelque part qui a l'oreille des premiers ministres. Je ne sais
pas c'est qui, mais je connais l'impact. Ça me sidère.
Des fois, je pense au recteur de l'Université du
Québec à Rimouski, qui vient d'arriver, le nouveau, puis j'ai envie de lui
dire : Il faudrait trouver une façon, là, de se faire entendre comme McGill,
je vais donner un coup de main avec d'autres, tu sais, des anciens diplômés, essayer
quelque chose, tu sais. L'enjeu est trop important, l'enjeu est trop important.
Puis le Québec, ça ne peut pas juste être McGill comme université, ça prend de
l'équité. C'est l'argent durement gagné des Québécois, et des Québécoises, et
puis des étudiants qui travaillent pour payer leurs frais de scolarité, des
gens qui ont économisé, pour qui c'est important. Mais il ne peut pas y en
avoir juste pour McGill. C'est une erreur d'avoir proposé à McGill.
• (21 h 40) •
Puis évidemment que l'université est intéressée,
je ne la blâme pas. Si mon message se rend dans le Montreal Gazette, ou
dans le Suburban, ou dans Le Délit français, qu'on me cite
correctement. Je suis plus qu'étonné, je suis scandalisé que deux gouvernements
successifs disent exactement la même chose sur un même enjeu, surtout que le
précédent n'est plus là parce que l'autre l'a remplacé, et celui qui l'a
remplacé a réussi à le remplacer en disant qu'il ne serait pas comme le
précédent. Bien, pas dans ce domaine-là, M. le Président.
Pour ce qui est de l'enseignement supérieur, la
même chose, continuité, il n'y a personne qui va être perdu dans le dossier.
Résumé des épisodes précédents : un gouvernement voulait faire un cadeau
énorme à McGill. Épisode suivant : il est raccord avec le premier, ils
vont procéder puis ils vont même l'accélérer pour passer à autre chose. Je
crains l'autre chose, qu'est-ce qu'il va y avoir après. Ils font la même chose
avec Dawson.
Le malaise, M. le Président, quand je parle de
ça au ministre responsable de la Langue, du genre : Tu le sais bien, que
je suis d'accord avec vous autres, mais le reste de mon groupe, il ne veut pas.
Il me l'a déjà dit, puis moi, je me fais un plaisir de le rappeler, c'est la
vérité. J'aurais aimé ça qu'il ne soit pas le seul nationaliste à la CAQ à
plaider ça. Puis, bon Dieu, j'aimerais ça que les gens... Les gens qui ont
quitté ma formation politique pour aller à la CAQ, j'en connais, j'en vois même
un devant moi là-bas, j'aurais aimé ça qu'ils amènent avec eux cette force d'influence,
j'aimerais ça que ça paraisse. Je me réjouis, moi, pour le Québec, quand on
avance au plan nationaliste. Mais ceux qui décident, manifestement, ce n'est
pas quelque chose qui est considéré.
Ce n'est pas nationaliste, faire ce qu'on fait
là aujourd'hui, là, pas du tout. Au contraire, c'est une capitulation très
claire à l'égard de McGill, qui est la seule bénéficiaire de ça. Ça ne me rend
pas fier, ça ne me rend pas fier du tout. Puis jamais on ne pourra se faire
faire des leçons de nationalisme après avoir voté ce projet de loi là. Moi, je
vais le garder dans ma poche, je pense, je vais le sortir au besoin :
Quand ça compte, là, quand il y a de la grosse argent d'impliquée puis il y a
des décisions qui ont un impact sur des décennies, là, bien, le gouvernement
était présent puis il était là au projet de loi en juin 2021, un mercredi soir,
jusqu'à 22 h 30.
Ça n'a pas d'allure. Moi, j'aimerais ça
qu'après, là, quand on va avoir fini, ce soir, là, les formations politiques
qui sont en faveur retournent voir leur groupe puis disent : Non, non, ça
ne marche pas, comme gestionnaires, on ne prend pas la bonne décision, comme
parlementaires, on ne prend pas la bonne décision, on n'a pas le souci du bien commun quand on fait ça, on
n'a pas le souci de s'assurer de l'équité. Qu'est-ce qu'on va dire aux
autres universités? Qu'est-ce qu'on va dire à l'Université de Montréal puis à
l'UQAM? On va vous trouver un autre terrain à quelque part puis on va vous le
vendre? Bien non, on ne leur dira pas ça. Il y en a pour McGill seulement.
Moi, je suis... j'aimerais ça que ces signaux-là
se rendent au caucus de la CAQ. Je sais certainement qu'il y a des gens qui
pensent comme moi qu'il va falloir commencer par bien financer tous nos petits
cégeps en région, qui sont fantastiques, qui
font des belles choses, qui n'ont pas beaucoup de moyens, mais qui ont de la
créativité. C'est un beau réseau, le
réseau collégial du Québec puis le réseau des universités du Québec aussi, en
Abitibi-Témiscamingue, au Lac-Saint-Jean, au Bas-Saint-Laurent, c'est un
beau réseau, ça mérite d'être encouragé. Mais c'est décourageant pour les
administrateurs de voir ça : encore McGill. Ce n'est pas juste une classe
d'université, là, il faut aider tout le monde. Moi, ça me fait de la peine,
même, ça, pour les autres universités.
Ça me fait penser, une fois, j'avais visité une
école qui a eu vraiment, là, énormément de moyens, ils avaient 10 millions
pour à peu près 100 quelques élèves dans mon comté. Je l'avais visitée, puis
j'étais heureux pour les enfants puis triste en même temps, parce que je savais
que les autres enfants des autres écoles allaient finir par découvrir cette
école-là, ils n'auraient pas accès aux mêmes choses que cette école-là. Alors,
j'étais heureux pour ces enfants-là, mais triste pour les autres. Puis je n'ai
jamais eu d'école qui ressemble à celle que j'ai vue.
Les étudiants universitaires, pour qui la valeur
du diplôme a de l'importance... Finalement, c'est le diplôme, qui, au bout du
compte, a une valeur. Bien, la valeur de McGill va augmenter, puis celle des
autres universités ne va pas augmenter. Mais on peut faire différemment. Vous
pouvez décider qu'on ne fait pas ça. On peut faire d'autres choses à Montréal, on peut faire du logement
social. Ça, c'est bon, même pour des étudiants universitaires. La
créativité au plan écologique, au plan de
l'urbanisme, au plan du design... Les étudiants de McGill sont fantastiques,
ils sont créatifs, ils font des choses, là, incroyables. Donnez-leur,
là, un an, là, pour étudier ce terrain-là puis ces bâtiments-là, là, vous allez
voir qu'ils vont arriver avec quelque chose, là, qui va faire la fierté du Québec
et du monde aussi.
Donnons-nous du temps, il n'y a rien qui presse,
là. Y a-tu quelqu'un qui veut construire un centre d'achats là? Quelqu'un qui
veut passer une route là? Y a-tu quelqu'un qui veut monter un «outlet» sur le
campus de McGill? Je ne pense pas, moi. Bien, pourquoi ça presse comme ça?
Pourquoi ça pressait avant la fin de la législature précédente puis là ça
presse là, là? Ils ne nous ont pas parlé de l'urgence.
Puis ceux qui plaident ça, là, les vrais, là,
ceux qui sont derrière ça, probablement qu'ils nous écoutent ou qu'ils ne nous
écoutent même pas puis qu'ils sont convaincus que ça va passer, bien, aïe! on a
un deal, là, les libéraux sont pour, la CAQ est pour, on est corrects. PQ, on
sait bien... Mais la CAQ, on est surpris, on ne pensait pas...
on pensait qu'ils étaient nationalistes un peu. Ah! ils sont avec nous autres
aussi? Correct. C'est étonnant, c'est étonnant. J'ai pris beaucoup de notes,
depuis tantôt, là, de ça.
Combien me reste-t-il de minutes, M. le
Président?
Le Président (M. Simard) :
11 min 45 s.
M. Bérubé : J'ai
discuté de cette question-là avec mes collègues, dont certains ont les mêmes
enjeux au plan collégiaux, au plan du financement. J'ai parlé du cégep de
Matane, on a parlé du cégep de Baie-Comeau, mon cousin s'occupe des finances.
On a parlé de plusieurs cégeps où j'ai des amis qui sont administrateurs. Le
D.G. du cégep de Chicoutimi est un ami, celui qui était à Victoriaville aussi,
et ils me parlent de l'état des finances. Ils ne savent pas comment ils vont
pouvoir maintenir leurs collèges pour l'avenir, ça va être compliqué. Il n'y a
pas énormément de monde puis il y a de la concurrence. Il y a même le privé qui
est autorisé, de plus en plus, à donner des formations courtes. Ce n'est pas
évident.
Au Québec, on a construit des universités,
beaucoup avec le monde religieux, l'Université de Montréal, l'Université Laval,
l'Université de Sherbrooke, une université à charte, mais on s'est aussi donné,
sous le premier ministre Daniel Johnson père, le réseau de l'Université du
Québec pour démocratiser l'accès partout sur le territoire. Et à un moment
donné j'avais entendu un député qui voulait se faire élire chef de sa formation
politique qui disait qu'il devrait y avoir deux réseaux, il devrait y avoir le
premier réseau, là, des universités à charte, puis ceux qui font la formation
de base, là, le réseau UQ. Ça m'avait tellement choqué quand il avait dit ça.
Il n'avait pas été choisi chef de son parti. Ce n'est pas dans mon parti,
c'était dans un autre. Et il avait séparé ça comme ça, lui. J'avais trouvé ça
épouvantable.
Un étudiant universitaire, là, qu'il soit à
McGill ou qu'il soit à Rimouski, s'engage autant. Il est fier d'aller dans ses
cours, puis il y a des renoncements qu'il doit faire, puis il met de l'effort,
puis il vit les fins de session comme les autres, puis il espère que son
diplôme va lui permettre de réaliser ses ambitions comme étudiant. Mais là je
crains que, quand on va se comparer, on va lever le nez sur d'autres diplômes,
on va dire : Bien, tu aurais bien dû aller à McGill, tu sais, ou tu avais
juste à parler anglais.
Ça, c'est une autre affaire. Ça, on en reparlera,
du projet de loi sur la langue, éventuellement, ce que ça veut dire,
l'abdication de l'enjeu linguistique, qu'on en est rendus à penser que, pour
sauver l'avenir du Québec, pour l'avenir de la langue, ça prend, là, une
astuce, là, qu'on va placer dans la Constitution, tellement épeurante et
tellement contraignante que le Parti libéral du Québec, Justin Trudeau puis
Stéphane Dion seront en faveur. Ça doit être terriblement, là, engageant comme
astuce.
Ça ne vaut rien, M. le Président. Moi, je crois
aux gestes. Tu as de l'argent? Ça parle, ça. Où tu la mets? Tu la mets-tu aux
plus riches ou tu la mets à ceux qui en ont besoin pour se développer? Ça, ça
parle. Une loi, ça parle. Un plan costaud,
il est costaud à partir du moment où les autres trouvent qu'il est costaud. On
l'a sondé cette semaine, il n'est pas très costaud, c'est service
minimum. C'est gênant. Le ministre le premier, il trouve ça gênant. Parlez
avec, il va vous le dire, puis il est dans votre caucus, là, il va vous en dire
bien plus à vous qu'à moi. C'est ça, la réalité.
Puis là il se
joue des gros enjeux, présentement, au Québec. L'enjeu de la langue en est un. L'enjeu de
McGill, c'en est un majeur. L'enjeu du transport, aussi. Comment on va
desservir Montréal, il y a des enjeux importants qui sont liés avec ça :
la ligne bleue, le REM, le SRB Pie-IX, tout ça. Tout ça est politique, et
l'idée, c'est : Desservir qui en priorité? C'est ça, l'enjeu.
Alors, moi, comme parlementaire, je vais toujours
contribuer à adopter les meilleures pièces législatives possible, même si le projet
de loi est voté, puis je ne suis pas en accord. Mais je veux avoir dit tout ce
qui est nécessaire avant qu'on prenne une décision et je crois parfois au
miracle que ça peut faire changer d'idée des partis qui ont décidé peut-être en
caucus, ou que quelqu'un en haut a dit : Bien, c'est ça qu'on va faire.
Donc, c'est pour ça que je vous ai lu Frédéric Lacroix.
J'ai bien plus long que ça de ce qu'il a dit là-dessus. C'est de valeur qu'on
n'ait pas pu l'entendre ici. C'est de valeur qu'il n'est même pas invité, même
pas invité à aller parler sur le projet de loi n° 96. Il n'est pas assez
important, lui. Il a remporté le Prix du livre politique, mais ça ne
vaut rien parce qu'il est critique parfois
sur le gouvernement, puis semblerait-il que ça, ce n'est pas acceptable.
Dommage.
• (21 h 50) •
Il y en a d'autres, personnes, qui vont dire
qu'ils ne sont pas d'accord avec le projet de loi du gouvernement. Tu sais,
quand le premier ministre nous dit que, si on fait la promotion du cégep en
français, qui est une mesure essentielle parmi d'autres, puis qu'on est des
extrémistes — c'est
les mots du premier ministre — puis qu'on découvre dans un sondage qu'il
y a une majorité de francophones qui sont en faveur de la motion, ça fait de
l'extrémisme, ça, M. le Président. Est-ce que le ministre responsable de
la Langue aura le courage de dire au grand Guy Rocher, qui est un nonagénaire
et qui était là avec le grand Dr Camille Laurin lorsque la loi 101 a
été écrite et adoptée... de lui dire : M. Rocher, j'ai lu sur vous,
vous êtes un homme qui m'inspire, mais le premier ministre pense que vous êtes un
extrémiste, et j'ai l'impression qu'il va falloir que je pense comme ça aussi?
Je n'ai pas hâte de voir ce moment-là, M. le Président. Moi, je veux le
regarder, Guy Rocher, puis je veux dire : Quand tu as Guy Rocher dans ton
camp et que tu as la jeunesse qui est en faveur de la mesure, tu es en bonne
compagnie.
Et, sur le dossier de la langue, parce que ça
fait partie du dossier de la langue, fiez-vous, M. le Président, à des
gens qui ont toujours... pour qui ça a toujours été un enjeu fondamental, qui
n'ont pas commencé à penser à ça avant une élection, qui n'en font pas un enjeu
électoral, un enjeu qui les habite pour vrai, qui est à la base de leur
engagement politique, qui les fait, là, frémir, cet enjeu-là, tellement il est
important, celui de la promotion de la langue, celui de la défense de la langue
française, et ça, c'est nous.
Vous savez, j'ai tout
entendu sur ma formation politique. Il y a une chose qu'on a, on a beaucoup de
coeur, M. le Président, puis on a des convictions inébranlables. Puis on a
encore beaucoup de monde qui ont de l'affection, puis qui ont du respect pour
nous, et qui savent que, dans le domaine de la langue, on a une certaine
expertise puis on les mène, les combats. Puis il y a des gens qui ne nous
aimeront pas. Pensez-vous que le Dr Laurin, quand il a fait adopter la
loi 101, ça a été facile? Il s'est fait traiter de tous les mots
possibles, il a même déjà été frappé devant l'Assemblée nationale,
Dr Laurin. Ce n'était pas unanime, à l'Assemblée nationale. Maintenant,
tous les partis se réclament de la loi 101, une grande loi canadienne,
même, semblerait-il, selon Stéphane Dion et Justin Trudeau. En 1977,
l'opposition officielle a voté contre la loi 101, contre la loi 101,
imaginez. Bien, on l'a fait.
Puis, quand, en 2012, j'ai eu l'immense
privilège d'être nommé au Conseil des ministres et que la première ministre
Mme Marois a proposé le projet de loi n° 14, avec la ministre Diane
De Courcy, un projet de loi pour améliorer la loi 101, bien, je pensais
que c'était là, le moment. Bien, les deux formations politiques, ce soir,
qui appuient le don de 700 millions de dollars à McGill étaient contre
notre projet de loi pour améliorer la loi 101. C'est les deux mêmes
formations politiques qui étaient contre notre projet de charte et qui pouvaient
se dire, après, dans le cas d'une : Nous, on va être capables de le faire — oui, ils
sont majoritaires, c'est ça, la différence — mais avec bien moins d'intensité
ou bien moins de cohérence. Toujours mieux de se fier à l'original, M. le
Président, c'est de meilleure qualité puis c'est plus durable. Alors, sur
l'enjeu du français, on est en plein dedans.
Le signal qu'on envoie de prestige puis de la
langue anglaise à l'Université McGill, c'est épouvantable. Je ne sais pas qui a
eu l'idée, mais ce n'était pas une bonne idée. J'aimerais savoir c'est qui.
J'aimerais savoir s'il est toujours dans l'orbite du premier ministre. Comment
on a pu convaincre une telle affaire dans un projet de loi privé où le titre est un affront même de notre
démocratie : Loi concernant un immeuble situé sur la rue University à
Montréal? Je suis franchement déçu qu'une
telle pièce législative nous soit présentée, et qu'elle survive dans nos
annales, et qu'elle va permettre à des gens qui attendent juste ça, de
dire : Enfin, on a le Royal Vic, on a un terrain. C'est une grosse game de
Monopoly où le banquier puis l'acheteur, c'est la même personne. Voilà, M. le
Président. Je vous remercie.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. Y aurait-il d'autres interventions. Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis?
Mme Maccarone : Non, M. le
Président. Merci.
Le Président (M. Simard) : Pas
d'autres... Mme la ministre.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Oui. Peut-être
juste recadrer quelques petites choses, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie.
Mme LeBel : Je pense que c'est
important de préciser, pour les gens qui nous écoutent, que le projet de loi ne
cède rien à personne. Le projet de loi vient lever les restrictions d'usage,
qui étaient très précises, qui avaient été faites dans le cadre de la donation.
Et le projet de loi permettra donc de pouvoir valoriser des installations
patrimoniales de ce site-là, qui ne cessent de se détériorer depuis qu'on a
cessé de les utiliser. Je pense que c'est important de le dire, le projet de
loi actuel ne cède rien à personne, il vient lever les restrictions d'usage.
Ceci étant dit, sur la motion pour consultations
particulières, je n'ai pas d'autre commentaire.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Y aurait-il d'autres remarques? En fait, M. le député de...
M. Pierre Arcand
M. Arcand :
...simplement pour rappeler... parce que, depuis maintenant près de deux heures,
on entend le député de Matane expliquer que les universités francophones n'ont
rien. Or, moi, je viens d'un comté, qui est Mont-Royal—Outremont, dans lequel il y a un campus absolument fabuleux de
l'Université de Montréal, sur des anciens terrains, entre autres, qui s'appelle
le campus MIL, et vous avez là un complexe des sciences à l'avant-garde et qui
avait été initié par notre gouvernement, à l'époque, et c'est une contribution,
évidemment, majeure et une expansion formidable de l'Université de Montréal.
Voilà. Merci.
Mise aux voix
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous. Alors, Mme la secrétaire, pour la mise aux voix, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Oui.
M. Bérubé (Matane-Matapédia)?
M. Bérubé : Pour.
La Secrétaire :
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone :
Contre.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Arcand (Mont-Royal—Outremont)?
M. Arcand :
Contre.
La Secrétaire :
Mme LeBel (Champlain)?
Mme LeBel :
Contre.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster :
Contre.
La Secrétaire :
Et M. Simard (Montmorency)?
Le
Président (M. Simard) : Abstention. Cette motion est donc
refusée. Y aurait-il d'autres motions préliminaires? M. le député de
Matane-Matapédia.
Motion proposant d'entendre
M. André Sirois
M. Bérubé :
M. le Président, conformément à l'article 244 du règlement de l'Assemblée
nationale, je fais motion afin que «la Commission des finances publiques
tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 219, Loi concernant un immeuble situé sur la rue
University à Montréal, des consultations particulières et qu'à cette fin, elle
entende Me André Sirois, avocat auprès des Nations unies.»
Le Président
(M. Simard) : Très bien. Nous allons suspendre momentanément, le
temps d'acheminer le tout au secrétariat.
(Suspension de la séance à 21
h 58)
(Reprise à 22 h 05)
Le Président
(M. Simard) : Alors, chers collègues, nous sommes en mesure de
reprendre nos travaux.
La motion est maintenant
acheminée sur le site Greffier. La parole appartient maintenant au député de Matane-Matapédia.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé :
À la bonne heure, M. le Président.
Conformément à
l'article 244 du règlement de l'Assemblée nationale, je fais motion afin que la
Commission des finances publiques tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi n° 219, Loi concernant un
immeuble situé sur la rue University à Montréal, des consultations
particulières et qu'à cette fin elle n'entende nul autre que Me André Sirois,
avocat auprès des Nations unies.
Le Président
(M. Simard) : ...
M. Bérubé :
Juste avant, vous me permettrez de répondre à une affirmation que la ministre,
la présidente du Conseil du trésor, a eue tout à l'heure en indiquant que ce
n'était pas tout à fait ce que je disais. En fait, on fait sauter les verrous,
mais après ça permet de céder. C'est juste une question d'ordre. Donc, c'est la
première démarche, puis après ça va être possible de céder. On revient au même
point que je disais.
Alors, Me Sirois, qui
est un éminent juriste, nous a transmis une traduction de l'acte de servitude
initial. Ça, ça va éclairer toute la commission. Alors, je l'ai en anglais. Je
ne suis pas tellement bon pour lire en anglais. Je vais vous le lire en français, mais je pourrais fournir à la commission le
texte exact en anglais. Alors, la traduction de Me Sirois, ça, c'est
traduction de l'acte de servitude initial
J'ouvre les
guillemets : «Et, comme il est stipulé dans ledit bail que celui-ci
deviendra nul et non avenu si l'Hôpital Royal Victoria omet d'y ériger et d'y
maintenir en bon état les bâtiments nécessaires et utiles pour un hôpital ou si
des bâtiments qui doivent être érigés sur ledit lot servent à d'autres fins que
celle d'hôpital pour les malades et les souffrants de toutes les croyances et
origines, la ville de Montréal reprendra possession de la propriété décrite
ci-dessous.» C'est ce que je croyais qui se passerait, mais ce n'est pas le
cas. En tout cas, la ville de Montréal ne semble pas trop impliquée là-dedans,
là. Ça se passe avec l'Assemblée nationale, c'est particulier.
Donc, selon Me Sirois, cela veut dire que, un,
la donation concerne les terrains, et ceux-ci restent propriété de la ville de
Montréal, qui les loue par bail emphytéotique; deux, si l'hôpital ne construit pas de
bâtiment sur ces terrains ou si les bâtiments qui auront
été construits sur ces terrains ne servent plus d'hôpital, la ville de Montréal
reprend possession de ces terrains. J'ajouterai que la ville de Montréal
pourrait ensuite décider de donner ces terrains au gouvernement du Québec, mais
les bons avocats de la ville de Montréal devraient alors mettre une nouvelle
servitude stipulant que, si le gouvernement du Québec ne les veut plus, il n'en
a plus besoin, il devra les retourner à la ville de Montréal. André Sirois,
avocat.
Je ne sais
pas pourquoi la ville de Montréal n'est pas plus engagée dans ce débat.
Peut-être qu'un expert présent ici, à travers mon temps, pourrait me
l'expliquer sur mon temps de 30 minutes, peut-être vous, Mme la présidente?
Mme LeBel : Parce qu'il y a eu
un projet de loi...
Le Président (M. Simard) : Non,
s'il vous plaît! Non, il n'y a pas de débats qui sont permis à ce stade-ci, M.
le député.
Mme LeBel : Ah! sur son temps.
J'irai à la fin, à la fin de votre temps.
Le Président (M. Simard) : Non,
mais...
M. Bérubé : C'était tentant,
elle était là...
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup.
M. Bérubé : Bon, alors, je me
parle à moi-même. Je me demande pourquoi la ville de Montréal n'est pas plus
présente dans cet enjeu. Donc, la vocation initiale du site ne me semble pas
garantie par ce qu'on veut y faire présentement.
Il y a une très grande latitude à McGill. Il y a une possibilité d'activités commerciales,
de développement immobilier, voire
même de spéculation dans un endroit très prisé de Montréal, où chaque mètre
carré vaut une fortune. C'est facile à vérifier. Il faut regarder la
valeur locative de plusieurs édifices avoisinants, plusieurs transactions qui ont eu lieu, également, autour de cet endroit
récemment, dans les dernières années. C'est une mine d'or. Ça vaut
beaucoup d'argent, et c'est franchement quelque chose d'important.
Puis aussi, bien, vous avez entendu tantôt le
groupe Royal Vic qui parlait de d'autres alternatives. Par exemple, la crise du
logement, il y a une opportunité, le communautaire, des initiatives
écologiques. Tu sais, eux, ils veulent faire ça puis ils ne savent pas vraiment
ce que McGill veut faire. Si la chancelière de McGill était ici, elle pourrait
nous présenter c'est quoi, le plan, parce qu'eux, ils s'attendent, au cours des
prochains jours, à ce que la loi soit votée, puis là c'est le permis pour
faire... Tu sais, je vous ai parlé du rêve tantôt, le rêve de l'université, là,
ils le réalisent, eux autres. Ils l'ont eu. Ils ont tiré la capsule puis ils
l'ont eu, donc ils vont pouvoir le faire. J'aimerais ça qu'ils nous le
précisent davantage. Ça a toujours été flou. En tout cas, ça a toujours été
flou, pourquoi le gouvernement appuyait ça,
le gouvernement libéral, le gouvernement de la CAQ. Je ne sais pas, de tous les
projets au Québec en postsecondaire,
c'est lui qui est prioritaire. Ça presse, il ne faut pas trop poser de
questions, laissez-les faire. Moi, je
me méfie dans ce temps-là, M. le Président, je me méfie. Alors là, je pose des
questions, je m'exprime. J'espère que quelqu'un prend des notes. Sinon,
ça tend à donner l'impression qu'il n'y a pas trop de chances que ça change.
Donc, c'est ce que je voulais dire, et ça met
fin à ma troisième motion, M. le Président. Je vous l'avais dit, qu'elle
était plus courte.
• (22 h 10) •
Le
Président (M. Simard) :
Très bien. Y aurait-il des commentaires? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Je vais céder la parole, avec votre permission, à la ministre. Je
crois qu'elle a une intervention à faire.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Mme la présidente.
Mme LeBel :
...d'information, la ville de Montréal a cédé tous ses droits en 1988 dans un
projet de loi n° 224. Donc, ça répond à la question de mon
collègue. Je n'ai pas d'autre commentaire sur sa motion.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. D'autres remarques?
M. Bérubé : ...motion? On va
voter avant.
Mise aux voix
Le Président (M. Simard) :
Malheureusement, oui, il faut voter, tout à fait. D'autres remarques? Sans quoi
nous allons procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Oui.
M. Bérubé (Matane-Matapédia)?
M. Bérubé : Pour.
La Secrétaire :
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Contre.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Arcand (Mont-Royal—Outremont)?
M. Arcand :
Contre.
La Secrétaire :
Mme LeBel (Champlain)?
Mme LeBel : Contre.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Contre.
La Secrétaire :
M. Simard (Montmorency)?
Le Président (M. Simard) :
Abstention. Cette motion est donc rejetée.
M. le député de Matane, je crois comprendre que
vous souhaiteriez déposer une autre motion?
M. Bérubé : Oui, comme le veut
notre règlement.
Le Président (M. Simard) :
Alors, nous allons suspendre momentanément nos travaux.
(Suspension de la séance à 22 h 11)
(Reprise à 22 h 13)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, merci à vous. Nous pouvons reprendre nos travaux.
La parole appartient maintenant au député de Matane-Matapédia.
Motion proposant d'entendre M. Robert Laplante
M. Bérubé : Merci,
M. le Président. Conformément à l'article 244 du règlement de l'Assemblée
nationale, je fais motion afin que «la Commission des finances publiques
tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 219,
Loi concernant un immeuble situé sur la rue University à Montréal, des
consultations particulières et qu'à cette fin, elle entende M. Robert Laplante,
directeur de L'Action nationale.»
Le Président (M. Simard) : ...
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé :
Robert Laplante, qui est-il? Un des hommes les plus fascinants que j'aie
rencontrés en matière d'identité québécoise, de langue, d'innovation. C'est le
directeur de L'Action nationale, une magnifique publication où... Je
suis abonné depuis plusieurs années à L'Action nationale. C'est une
vénérable institution. Et Robert Laplante aurait bien aimé se faire entendre,
tout comme sur le projet de loi n° 96, mais ça lui a
aussi été refusé. Alors, votre collègue le ministre responsable de la Langue
française n'a pas cru bon d'entendre ni Frédéric Lacroix ni Robert Laplante,
mais je vais leur rendre justice en faisant lecture ici du témoignage qu'il
aurait aimé livrer à la commission. Alors, Robert, si tu es à quelque part et
tu nous écoutes, je vais lire tes mots.
Le Président (M. Simard) : On
continue de s'adresser à la présidence. Merci, cher collègue.
M. Bérubé :
Alors, à travers vous, je parle à Robert.
Le
Président (M. Simard) : Très bien, mais c'est difficile de parler
à Robert à travers moi. Allez, poursuivez.
M. Bérubé : Oui.
Alors, Robert Laplante, sur cet enjeu, a écrit, dans la page Idées... les pages
Idées du journal Le Devoir le 16 février 2021, et ça va comme
suit : «S'il faut en croire Mme Suzanne Fortier, la rectrice surpayée
de McGill, le Québec aurait tout à gagner de donner le site du Royal Victoria
pour planter sur la montagne un grand pôle d'excellence en développement
durable, comme le rapportait La Presse. Qui pourrait trouver
à redire? L'environnement est une préoccupation mondiale et il ne serait que
justice qu'une université de réputation mondiale comme
McGill apporte sa contribution. L'élite scientifique qu'elle rassemble déjà
n'en serait que plus forte encore si elle pouvait compter sur une injection de
fonds publics pour en soutenir les prétentions. Après tout, la vénérable institution
draine déjà plus de la moitié des fonds de recherche consacrés aux universités québécoises,
elle accueille, avec son club fermé de Concordia, plus des trois quarts des
étudiants étrangers qui viennent en anglais s'encanailler rue Prince-Arthur
entre deux séminaires de "classe mondiale".
«Quiconque a déjà pu constater ce que donne en
Asie ou ailleurs ce rayonnement auquel McGill contribue pourrait aisément en
témoigner : la référence québécoise y est insignifiante, si ce n'est pour
évoquer les charmes de la "latin atmosphere" qui rend le séjour si
agréable. De fait, sans l'apport des étudiants étrangers, cette université ne
pourrait maintenir aucun de ses programmes clés. La raison est facile à
comprendre : la démographie n'en justifie ni n'en soutient la viabilité.
Elle ne peut le faire qu'en usant et en abusant de la faiblesse du gouvernement
du Québec et de l'ensemble des dirigeants universitaires qui n'osent pas
reconnaître que la reine est nue.
«Chaque mardi, Le Devoir offre un
espace aux artisans d'un périodique. Cette semaine, nous vous proposons une
version abrégée d'un texte paru dans la revue L'Action nationale,
janvier 2021, volume CXI.»
Je continue : «On ne [reproche] pas tant à
la rectrice de jouer son jeu qu'au monde universitaire francophone son esprit
démissionnaire. Cela fait des siècles que les dirigeants de l'UQAM se plaignent
du sous-financement et une éternité que les constituantes du réseau n'en
finissent plus de quémander. Et que dire du silence des syndicats de
professeurs et de chargés de cours qui restent silencieux et résignés devant
les projets qui consacrent leur marginalisation et, pire encore, leur
déclassement professionnel.
«Il faut être singulièrement candide pour
s'imaginer que le grand projet de McGill ne signerait pas le déclin rapide de
l'UQAM, déjà en passe de se faire damner le pion par Concordia. Le devenir des
universités et de la recherche en français
sera définitivement scellé. On connaît trop bien les réflexes de colonisé à la
base du silence coupable de notre élite de gestionnaires universitaires.
Un grand projet en anglais les fera baver d'envie. Le mimétisme leur dictera
leurs plus lubriques pulsions, et ils ne tarderont pas à tenter de se
convaincre que la meilleure façon de composer avec l'ogre de la montagne sera
de s'angliciser encore davantage et d'offrir des programmes en anglais.
«Ils se perdront trop tard en lamentations. Ils
ne se rendront pas compte que ce qu'ils tiennent pour de la grandeur [ce qui]
est en réalité [un] manque d'ambition. [...]c'est bien de ça qu'il
s'agit : McGill manque d'ambition. Si tant est que sa rectrice dise vrai
et que cette université soit réellement soucieuse de faire rayonner le Québec,
elle ferait de ce projet un puissant levier
pour l'ensemble du monde universitaire montréalais, voire québécois. On
s'étonne sans trop s'en surprendre que les recteurs de l'Université de
Montréal, de Polytechnique, de l'UQAM et de l'École de technologie supérieure
n'y aient pas songé. Si un projet comme celui du Royal Victoria doit avoir de
l'envergure, il doit précisément l'être [de] dimension nationale. Il devrait
être l'occasion de former une grande institution de convergence qui
démultiplierait la force de frappe de ce mégacentre. Le gouvernement du premier
ministre ne comprend franchement pas grand-chose à ce que la construction et la
défense de la nation peuvent bien signifier. C'est franchement scandaleux de
voir renforcer la logique du développement séparé.
«Si le gouvernement du Québec avait le sens de
l'intérêt national, il cesserait de financer l'apartheid universitaire et
assortirait son soutien d'une obligation d'inscrire les ambitions de McGill
dans une architecture institutionnelle au service du français et du
développement d'un système universitaire national.
«Si McGill avait de l'ambition et si son
attachement au Québec était autre chose qu'une formule rhétorique, c'est l'idée
d'une institution d'envergure nationale qu'on devrait charpenter en projet.
«Si McGill était aussi vertueuse et inclusive
comme nous le répètent à l'envi ses thuriféraires, le projet du Royal Victoria
inclurait les universités françaises.
«Si McGill était soucieuse de partager le destin
du Québec, un destin français, elle accepterait de fonctionner dans une
structure où elle serait ce que la démographie et l'histoire en ont fait et
devraient en faire : un partenaire majoritaire,
méritoire certes, mais néanmoins poussé par son statut à s'inscrire dans la
dynamique nationale du Québec.
«Si McGill était soucieuse de l'avenir du
français au Québec, elle accepterait que ce projet s'incarne dans une
institution française. Une institution qui consacrerait le statut de notre
langue au centre-ville.
«Non, décidément McGill manque d'envergure. À
moins que se ne dégagent d'un de ses réflexes les plus primaires des relents de
la vieille maxime orangiste : Never under French rules!»
C'était le commentaire de Robert Laplante, que
je vous partage. C'est terminé.
Le Président (M. Simard) :
C'est tout? Je vous remercie. Y aurait-il d'autres remarques? Mme la députée de
Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Non, j'aurais
juste hâte que, s'il y a une autre motion... que ça serait plus lié au sujet du
projet de loi d'intérêt privé.
• (22 h 20) •
Le Président (M. Simard) :
Merci. Mme la présidente du Conseil du trésor.
Mme LeBel : Non, je n'ai pas
d'autre commentaire sur la motion pour une consultation particulière.
Mise aux voix
Le Président (M. Simard) :
Merci. Y aurait-il d'autres remarques? Sans quoi nous allons procéder à la mise
aux voix. Mme la secrétaire.
La
Secrétaire : Oui. M. Bérubé (Matane-Matapédia)?
M. Bérubé :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone :
Contre.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Arcand (Mont-Royal—Outremont)?
M. Arcand :
Contre.
La Secrétaire :
Mme LeBel (Champlain)?
Mme LeBel :
Contre.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster :
Contre.
La Secrétaire :
M. Simard (Montmorency)?
Le Président
(M. Simard) : Abstention. Cette motion est donc rejetée.
À ce stade-ci, M. le
député de Matane-Matapédia, souhaitez-vous déposer une motion préliminaire?
Très bien, nous
allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 22
h 21)
(Reprise à 22 h 22)
Le
Président (M. Simard) :
Bien, chers collègues, au moment de suspendre nos travaux, le député de Matane-Matapédia nous annonçait, dis-je, son intention de déposer
une motion. Alors, cher collègue, à vous la parole.
Motion proposant d'entendre M. Jean-Denis
Archambault
M. Bérubé :
Merci, M. le Président. Conformément à l'article 244 du règlement de l'Assemblée
nationale, je fais motion afin que «la Commission des finances publiques
tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 219, Loi
concernant un immeuble situé sur la rue University à Montréal, des
consultations particulières et qu'à cette fin, elle entende M. Jean-Denis
Archambault, professeur de droit à la retraite de l'Université d'Ottawa.»
Le Président
(M. Simard) : Nous vous écoutons.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé :
Jean-Denis Archambault, un observateur attentif, un juriste de talent, un
contributeur à l'espace public, un homme que j'aurais aimé entendre
aujourd'hui. C'était sa présentation. Il nous gratifie de son analyse du projet
de loi, qu'on a reçue aujourd'hui, et je vous partage cette analyse. Le
Pr Archambault nous dit la chose suivante, il parle de son collègue
Me André Sirois : «André Sirois comprend parfaitement, sur la foi de
la restriction aux servitudes imposées expressément lors de la donation ou
cessation en 1891 des fonds immobiliers en question au Royal Vic, que la
transaction survenue en mai 2020 entre le Royal Vic et CUSM, en faveur de ce
dernier, viole directement cette clause restrictive, violation que reconnaît implicitement
l'article 2 du projet de loi privé, qui aurait pour effet explicite de
valider la transaction de mai 2020.» Prenez des notes, tout le monde, là,
ça, c'est sérieux.
«À cet égard, les
notes introductives du projet de loi démontrent une audace, une fourberie
inqualifiable.» Ce n'est pas mes mots, là, c'est les siens, mais il nous invite
à aller voir ce qui... il y a quelque chose là. «Les premières notes introductives
affirment, en effet, et je souligne : "Attendu que le Centre
universitaire de santé McGill, ci-après appelé le ‘CUSM', est propriétaire — il
l'a souligné — des
lots rénovés 1 341 182 et 1 354 912 du cadastre du Québec,
circonscription foncière de Montréal, ci-après appelés l''immeuble', acquis
avec d'autres lots de [...] Royal Victoria,
ci-après appelé ‘Royal Victoria', aux termes — il le
souligne — d'un acte de cession, ci-après appelé
l''acte de transfert', reçu par Angelo
Febbraio, notaire, le 26 mai 2020, sous sa minute 1627, et publié au
Bureau de la publicité des droits de la circonscription foncière de
Montréal, le 26 mai 2020, sous le numéro 25 401 715;".»
Ses commentaires :
«Outre l'arnaque sur laquelle repose cette allégation de propriété, leurs
auteurs en reconnaissent tacitement l'irrégularité puisqu'ils veulent, par la
loi, valider d'aujourd'hui la transaction de mai 2020. Or, de deux choses
l'une, ou bien la transaction de mai 2020 est légale et valide, auquel cas nul
besoin de la valider par la loi, ou bien la transaction de mai 2020 n'est ni
valide ni légale, auquel cas le législateur devrait savoir, un, de quelle
illégalité ou invalidité il s'agit, puis, deux, qui a intérêt à la camoufler,
et cela sans faire état des sophismes et mascarades que contiennent par
ailleurs les notes préliminaires, particulièrement l'article 3 du projet
lui-même.»
Autrement dit, avec ce que je viens de vous
révéler, si on continue dans la même voie, il va falloir que je découvre qui a
intérêt à ce que ça soit écrit comme ça et, croyez-moi, je vais le trouver. Alors,
j'invite fortement la députée qui a fait la rédaction du projet de loi et les
personnes qui l'ont conseillée à se pencher sur ce que je viens de dire, qui va
apparaître dans l'espace public demain matin. Ça, c'est un enjeu important puis
il y a quelqu'un qui va devoir répondre à ça. Et j'invite le gouvernement du
Québec à se dépêcher de s'en dissocier. C'est le conseil que je donne aux
parlementaires. Et j'aurais d'autres commentaires de cette nature-là à faire
sur les intérêts qui soutiennent ce projet de loi, M. le Président. Ce sera la
fin pour cette proposition.
Le
Président (M. Simard) : Merci à vous, collègue. Y aurait-il des
remarques? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis?
Mme Maccarone : Non, M. le
Président, merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci. Mme la présidente du Conseil du trésor?
Mme LeBel : Non, aucun
commentaire.
Mise aux voix
Le
Président (M. Simard) : Y aurait-il d'autres remarques? Sans quoi
nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire : Oui.
M. Bérubé (Matane-Matapédia)?
M. Bérubé : Pour.
La Secrétaire :
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Contre.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Arcand (Mont-Royal—Outremont)?
M. Arcand :
Contre.
La Secrétaire :
Mme LeBel (Champlain)?
Mme LeBel : Contre.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Contre.
La Secrétaire : Et
M. Simard (Montmorency)?
Le Président (M. Simard) :
Abstention. Cette motion est donc rejetée.
Nous pouvons poursuivre nos travaux. Cher
collègue, je présume que vous auriez une motion?
M. Bérubé : Je terminerais là-dessus.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors nous allons suspendre momentanément.
(Suspension de la séance à 22 h 27)
(Reprise à 22 h 29)
Le Président
(M. Simard) : Alors, chers collègues, nous sommes en mesure de
reprendre nos travaux. M. le député de Matane-Matapédia, à vous la parole.
Motion proposant d'entendre la
Société Saint-Jean-Baptiste
M. Bérubé : M. le Président,
conformément à l'article 244 du règlement de l'Assemblée nationale, je
fais motion afin que «la Commission des finances publiques tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 219, Loi
concernant un immeuble situé sur la rue University à Montréal, des
consultations particulières et qu'à cette fin, elle entende la Société Saint‑Jean‑Baptiste».
Vous me devez un verre de gin.
Le Président (M. Simard) :
Voilà. Nous vous écoutons.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : M. le Président, il
me reste une minute. Que retenir de nos échanges, sinon que nous abordons
ce soir un projet de loi d'envergure sous forme d'un projet de loi privé, où le
véritable enjeu n'est pas dans le titre, mais se trouve dans les détails et se
trouve dans l'intérêt public qui n'est pas bien servi par ce projet de loi là.
Et vous voyez bien que, depuis le début de nos échanges, je donne des chiffres,
je donne des interprétations de la loi. Je rends service au gouvernement en lui
disant de se dépêcher de se décoller de ce projet de loi là pour son propre
intérêt, surtout dans les prochaines heures. Je l'aurai dit ici. Alors, je pense
que tout n'a pas été dit sur ce projet de loi là, et, si j'avais plus de temps,
j'en dirais plus. Mais on n'a pas besoin de l'adopter maintenant, ça ne presse
pas, et je compte beaucoup sur le gouvernement de la CAQ pour changer d'idée
là-dessus.
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup, cher collègue.
Compte tenu de l'heure, nous allons ajourner nos
travaux sine die. Et merci à nouveau pour votre précieuse collaboration de fin
de soirée.
(Fin de la séance à 22 h 30)