(Quinze heures seize minutes)
Le
Président (M. Bernier) :
Merci. À l'ordre, s'il
vous plaît! Donc, ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission des finances publiques ouverte. Et, bien sûr, je demande aux
personnes présentes d'éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission
est réunie afin de procéder à l'étude du volet Caisse de dépôt et placement du Québec des crédits budgétaires du portefeuille Finances pour l'exercice
financier 2018‑2019. Une enveloppe totale de trois heures a été allouée
pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Bolduc (Mégantic) est remplacé par M. Habel
(Sainte-Rose).
Caisse de dépôt et placement
Le
Président (M. Bernier) :
Merci. Donc, bon après-midi à tous les parlementaires qui vont participer à cette étude ainsi qu'aux recherchistes et au personnel
de la Caisse de dépôt et du ministère
des Finances qui y participent — merci à vous tous et bienvenue — bien sûr, au niveau également du personnel de l'Assemblée
nationale qui nous assiste dans
nos travaux et ainsi qu'aux personnes qui vont nous écouter durant ce travail
que nous allons faire cet après-midi.
Nous allons
débuter par des remarques préliminaires, puis nous allons procéder à
une discussion d'ordre général par blocs de
20 minutes par la suite, environ.
Puisque
nous avons débuté nos travaux à 15 h 15 et qu'une période de trois
heures doit être consacrée à l'étude de ces crédits, cet après-midi, y
a-t-il consentement pour poursuivre nos travaux au-delà de l'heure prévue, soit
jusqu'à 18 h 15?
Une voix : ...
Le
Président (M. Bernier) :
Oui, oui, vous pouvez. Jusqu'à 18 h 15, d'accord? Consentement? Merci. Aïe! c'est de toute beauté! Ça va bien.
Remarques préliminaires
Donc, nous
allons débuter par les remarques préliminaires du côté ministériel. M. le ministre, vous avez 12 minutes.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : Très
bien. Merci beaucoup, M. le Président. Alors, nous poursuivons aujourd'hui l'étude
des crédits du ministère des Finances avec le volet consacré à la Caisse de dépôt et placement du Québec. Il s'agit d'une organisation qui fait notre fierté, notamment
avec le projet du Réseau express
métropolitain. Je suis convaincu que
nous aurons des discussions intéressantes et constructives, qui permettront d'éclairer les collègues et la population
sur le rôle de la caisse, que ce soit
dans des activités plus traditionnelles ou dans des projets plus novateurs,
comme celui du REM, qui contribuent directement à sa double mission de rendement optimal pour ses
déposants et de développement
économique au Québec.
Permettez-moi tout d'abord de revenir brièvement
sur le rôle de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Évidemment,
il a évolué depuis sa création, en 1965, au fil des changements qu'a connus la société québécoise, mais le coeur de la mission
est resté le même, et les mots que Jean Lesage avait prononcés à l'époque, lors
de la présentation de la Loi de la Caisse
de dépôt et placement du Québec, sont toujours aussi vrais aujourd'hui. Alors,
l'ancien premier ministre avait alors
affirmé que — j'ouvre
les guillemets — «la
caisse ne doit pas seulement être envisagée comme un fonds de placement au même titre que tous les autres, mais
comme un instrument de croissance, un levier plus puissant que tous ceux
qu'on a eus dans cette province jusqu'à maintenant».
Plus de
50 ans plus tard, la caisse gère un actif de presque 300 milliards de
dollars — 298,5 — dont 63,4 milliards de dollars
au Québec. Sa performance mérite d'être soulignée, puisque son rendement
annualisé sur cinq ans atteint maintenant 10,2 %. Le bas de laine des
Québécois, comme on le dit souvent, est entre bonnes mains.
La caisse est
devenue un joueur majeur à l'international dans son secteur d'activité et un
partenaire privilégié pour les
entreprises québécoises à fort potentiel. De plus, comme l'a démontré l'action
de la Caisse de dépôt depuis plusieurs années,
les deux volets de sa mission, soit la recherche du rendement optimal et la
contribution au développement économique du Québec, ne sont pas en
contradiction, bien au contraire, ils se complètent.
De plus, la contribution de la caisse à
notre économie ne doit pas se mesurer seulement
en termes de dollars investis au Québec. La CDPQ met de plus en plus l'accent sur
l'accompagnement des entreprises québécoises pour favoriser leur développement. Par exemple, elle a récemment créé deux fonds totalisant 500 millions de dollars. Le fonds de croissance CPDQ et le Fonds Relève CPDQ viennent bonifier
l'offre existante de la caisse aux entreprises québécoises. Ces fonds vont appuyer les entreprises québécoises qui souhaitent poursuivre leur croissance sur
les marchés mondiaux ou qui arrivent à l'étape du transfert à la relève.
• (15 h 20) •
En cinq ans, les investissements de la caisse
dans le secteur privé québécois ont augmenté de 50 %, totalisant 42,5 milliards de dollars en 2017. Ces
investissements se traduisent par des partenariats avec plus de
750 entreprises, dont plus de
650 PME. La caisse offre un appui soutenu aux moteurs de croissance
économique du Québec pour faire émerger et bâtir des sociétés
québécoises fortes et pour mettre en oeuvre des projets et des initiatives qui
contribuent de façon durable au dynamisme de notre économie.
Par ailleurs,
s'il est un projet qui symbolise plus que toute autre chose l'implication de la
caisse dans la croissance et le
développement au Québec tout en optimisant les rendements pour les déposants,
c'est, bien sûr, le projet du REM, dont la construction vient de
s'amorcer. Il s'agit d'un projet unique tant par son envergure que par la façon
dont il a été élaboré et sera réalisé.
Comme vous le
savez, nous avons adopté, en juin 2015, la Loi visant à permettre la
réalisation d'infrastructures par la
caisse. Cette loi est venue encadrer l'entente commerciale conclue quelques
mois plus tôt et qui répondait au désir du gouvernement de mettre en place un nouveau modèle d'affaires lui
permettant d'assurer la réalisation de projets d'infrastructure publique nécessaires au développement économique du
Québec, et ce, tout en limitant les impacts sur nos finances publiques
et notre dette. L'entente répondait également à la volonté de la caisse
d'investir dans des projets d'infrastructure
offrant des perspectives de rendement stables et prévisibles à long terme pour
ses déposants. Cette nouvelle façon
de faire permet de faire profiter le Québec de l'expertise de calibre mondial
de la caisse en matière d'infrastructures. De plus, cette entente constitue un modèle novateur pouvant être
implanté ailleurs dans le monde par la caisse au bénéfice de ses
déposants, l'ensemble de tous les Québécois.
Je ne
reviendrai pas sur toutes les étapes qui ont mené au démarrage du projet du
REM, mais je tiens quand même à vous
rappeler quelques jalons importants. Le gouvernement avait soumis à la caisse,
en 2015, pour évaluation deux projets d'infrastructure
structurants pour le Québec, soit un système de transport collectif sur le
nouveau pont Champlain et un système de transport collectif pour
l'aéroport et l'Ouest-de-l'Île de Montréal. La caisse a réuni ces deux projets
pour présenter le Réseau express
métropolitain, qui aura une longueur de 67 kilomètres et comprendra
26 stations. Le projet du REM,
dont le coût de réalisation est de 6,3 milliards de dollars, est le
résultat de travaux menés par CDPQ Infra, la nouvelle filiale créée
spécifiquement pour développer des projets majeurs d'infrastructure publique. À
titre d'actionnaire, le gouvernement du
Québec a investi 1 280 000 000 $. À titre de partenaire, le
gouvernement fédéral a déjà annoncé qu'il contribuera un montant égal à celui du Québec. Ce modèle unique et
avantageux autant pour le gouvernement que pour la caisse nous assure notamment une livraison rapide
et efficace de services de transport collectif essentiels aux
collectivités; deuxièmement, des retombées
économiques importantes pour le Québec; troisièmement, le maintien du contrôle
public sur les infrastructures; et, quatrièmement, un impact limité sur la
dette du gouvernement du Québec.
Plus
globalement, les retombées potentielles du REM sont considérables pour le
Québec. Mentionnons notamment plus de
34 000 emplois directs et indirects créés durant la phase de
construction et plus de 1 000 emplois permanents créés à la
suite de la mise en oeuvre du réseau, une réduction des pertes économiques
liées à la congestion routière, qui sont estimées
à 1,9 milliard de dollars annuellement dans la région métropolitaine, et
une contribution à la diminution de près de 680 000 tonnes de GES sur 25 ans, et donc une économie
plus sobre en carbone. En effet, en plus des nombreux emplois créés, les retombées pour les entreprises et les
travailleurs québécois seront importantes, avec près de 2 milliards en
salaires versés au Québec et plus de
4 milliards de contenu local, soit 65 % de la valeur du projet,
65 % de la valeur du projet. Le REM,
avec toute l'activité qu'il engendrera, va permettre la création d'un véritable pôle d'expertise mondial au
Québec pour la construction
d'infrastructures de transport électriques et automatisées. Nous bénéficierons
donc collectivement non seulement du
levier de développement économique que le REM représente, mais également des
rendements générés pour ses déposants.
Je termine,
M. le Président, en vous rappelant l'importance de l'indépendance de la caisse,
et ce, tant au niveau de ses choix d'investissement que de sa gestion.
Bien des choses ont été dites et écrites à ce sujet, au cours des dernières semaines, et j'aimerais profiter de l'occasion
pour remettre les pendules à l'heure et rassurer tout le monde en
réaffirmant qu'en aucun moment, dans ce
projet comme dans d'autres, le gouvernement du Québec ne s'est ingéré dans les
affaires de la caisse, et ce, à quelque niveau que ce soit. Je répète, M. le
Président : En aucun moment, dans ce projet comme d'autres, le
gouvernement du Québec ne s'est ingéré dans les affaires de la caisse, et ce, à
quelque niveau que ce soit.
À cet égard,
je crois aussi opportun de rappeler que la cote AAA accordée à la Caisse de
dépôt et placement repose en grande
partie sur cette indépendance. Vous me permettez, M. le Président, de reprendre
les propos de l'agence Standard & Poor's,
qui, j'ouvre les guillemets, donc... je cite S&P : «S&P considère
la caisse comme indépendante de l'État québécois
sur le plan à la fois des opérations et des finances. Bien qu'elle soit un
mandataire de l'État, la caisse est une entité juridiquement distincte et autonome bénéficiant des pouvoirs propres à
une personne physique, telle la propriété légale de ses actifs. De plus, elle s'est donné ce que nous
qualifions de saines normes de gouvernance, dont un conseil d'administration
essentiellement indépendant qui est animé par un fort esprit de fiduciaire.»
Une autre : «L'État québécois a depuis longtemps
adopté ce que nous considérons une approche de non-intervention dans ses
relations avec la caisse et ne participe ni à l'élaboration de la stratégie d'investissement ni aux opérations
quotidiennes de celle-ci. Nous prévoyons que l'État continuera de privilégier cette approche.» Fin de
citation. Et c'est sur cette base que la caisse obtient une cote de calibre
AAA.
Je peux vous
assurer, M. le Président, que notre gouvernement entend maintenir sa politique, soit de respecter pleinement l'indépendance de la caisse, qui est une
condition sine qua non de la réussite de cette grande institution québécoise qui est non
seulement un puissant levier économique et financier pour le Québec, mais
également une grande source de fierté
pour ses déposants et l'ensemble des Québécois. Alors, merci beaucoup, M. le
Président. Et nous sommes maintenant prêts à échanger avec nos
collègues.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le ministre, de vos propos. Nous allons aller du côté de l'opposition
officielle avec M. le député de Rousseau. Avez-vous des remarques préliminaires
à nous faire?
M. Marceau : Non, je n'ai pas
de remarques préliminaires, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) :
Vous n'en avez pas à nous faire?
M. Marceau : Simplement,
bonjour à tout le monde.
Le Président (M. Bernier) :
Bon, bien, c'est bien. C'est déjà un bon bout de chemin. Merci.
M. le député de Granby, deuxième opposition,
porte-parole officiel.
M. Bonnardel :
Non. On commence le travail.
Le Président (M. Bernier) :
Vous n'en avez pas, vous, non plus? Bon, c'est bien.
Discussion générale
Donc, à ce
moment, nous allons donc passer immédiatement au niveau des échanges avec
l'opposition officielle. Et, M. le député de Rousseau, la parole est à
vous.
• (15 h 30) •
M. Marceau :
Oui. Merci, M. le Président. Alors, encore une fois, bonjour à tout le monde, à
tous les membres... tous les gens qui travaillent à la caisse, entre
autres. Bien content de vous voir.
Alors,
écoutez, le temps étant compté, je vais aller directement... Je voulais vous
parler, pour commencer, de paradis fiscaux.
Bon, à la
caisse, vous n'êtes pas sans savoir que les parlementaires ici ont adopté un
rapport unanime demandant à ce que
l'État québécois, à travers toutes ses composantes, réduise d'autant que
possible ses liens avec les paradis fiscaux, que ce soit la caisse, que ce soient aussi les subventions de l'État à
des entreprises, que ce soit l'embauche de consultants qui font affaire avec des paradis fiscaux. Donc,
de manière générale, on voudrait que les liens avec les paradis fiscaux
soient réduits.
La caisse,
l'an dernier, avait connaissance de cela. Je me rappelle qu'à la même occasion,
M. Sabia, on s'était parlé, puis
je vous avais fait part de ce que, d'après une compilation que nous avons
effectuée, les placements de la caisse dans
des entreprises ayant recours aux paradis fiscaux étaient passés, à l'époque,
de 14,8 milliards, en 2013, à
26,2 milliards de dollars en 2016. Et
donc vous ne serez pas surpris de savoir qu'on a refait la compilation, là, on
a refait une compilation cette année, et la compilation nous a donné
26,8 milliards en 2017. À l'aide, là, du deuxième... du volume II, enfin,
renseignements additionnels, du rapport de la caisse, on a été capables de
faire cette compilation.
Alors, cette compilation, donc, montre une augmentation
des investissements dans les paradis fiscaux de 26 à 27 milliards de dollars en 2017. Ça pourrait s'expliquer par une hausse
dans la valeur des placements tout
simplement, hein, ça pourrait être un phénomène
mécanique parce que les placements de la caisse se sont accrus, mais il y a
plus que ça. Effectivement, on a constaté, en comparant les placements de 2016 à ceux de 2017, que
le nombre de placements dans les paradis fiscaux avait augmenté de 66...
En fait, je recommence cette phrase-là, je ne l'ai pas dite correctement :
Il y a 66 placements, en 2017, dans des entreprises qui ont des
opérations dans les paradis fiscaux
qui n'étaient pas présents en 2016,
donc 66 en 2017 qui n'étaient pas là en 2016 : 11 dans les Bermudes, 36
aux îles Caïmans, un aux îles Vierges britanniques, six à Jersey, neuf à
Luxembourg et puis trois en Suisse. Alors, pourquoi?
Le
Président (M. Bernier) : Donc, je dois vous aviser au départ que je vais m'assurer de balancer
le temps de parole entre les
questions et les réponses, au niveau des oppositions, durant les échanges.
C'est bien. M. le ministre.
M. Leitão : Bien
sûr, je demanderai à M. Sabia de
répondre. Je trouve seulement un peu surprenant de voir que, par exemple,
la Suisse est encore aujourd'hui considérée comme un paradis fiscal. C'est
juste ça.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Consentement pour que M. Sabia puisse prendre la parole?
Donc, simplement en vous identifiant et votre titre, M. Sabia, pour
fins d'enregistrement.
Des voix : ...
M. Marceau : C'est votre
liste...
M. Leitão : Ah! Non, non, non. Ça, c'est important,
monsieur... Non, non, non. Ça, il
faut le préciser. C'est que le collègue dit que c'est notre liste. Non, non,
non, ce n'est pas notre liste, là. Non, non, non. Ce qui a été demandé,
la Commission des
finances publiques, lors de son
analyse, son travail sur les paradis
fiscaux, avait demandé au ministère
des Finances de le fournir, faire un travail de recherche sur les listes qui
existent de ce que pourrait être un paradis
fiscal. Tout ce que le ministère des Finances a fait, c'est de compiler ces listes-là, il y en a
sept ou huit, je pense, qui d'ailleurs sont toutes différentes les unes des autres. Ce n'est pas notre liste,
là, ce n'est pas le gouvernement qui a décidé que telle liste contient des paradis
fiscaux, ce n'est pas ça. On a fait tout simplement un travail de recherche
pour indiquer à la commission quelles sont
les listes qui existent. Il y a l'Union européenne qui en a certaines, il y a
le magazine Forbes qui en a un autre. Donc, on en a identifié six
ou sept qui existent, et c'est ça qu'on a transmis à la commission. Ce n'est
certainement pas notre liste.
M. Marceau : Bien, je
veux juste...
Le Président (M. Bernier) :
Oui, allez-y, M. le député de Rousseau.
M. Marceau : On peut enlever la Suisse, si vous voulez, mais disons que les îles Caïmans, Bermudes, Jersey... Ça va, on
peut y aller juste avec celles-là, si
vous voulez, là. Le fait est qu'il y a
pour 2 milliards de nouveaux placements dans des pays opérant dans les paradis fiscaux, 66 nouveaux placements, Bermudes,
îles Caïmans, Jersey. Je répète ma question à M. Sabia :
Pourquoi?
M. Leitão : Il y a aussi...
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Donc, on enlève la
Suisse. Il y a aussi l'Irlande, il y a aussi Singapour, la Belgique. Donc...
Oui, M. Sabia.
Le Président (M. Bernier) :
...votre nom et votre titre.
M. Sabia
(Michael) : Oui. Bonjour, tout le monde. Je suis Michael Sabia, je suis le P.D.G. de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Le Président (M. Bernier) :
Bienvenue. La parole est à vous.
M. Sabia (Michael) : Merci
bien. Ce n'est pas la première fois.
Donc, M. le Président, pour répondre à la question de M. Marceau, donc, je vais débuter...
Parce qu'il faut mettre les choses un
peu en perspective ici. Notre objectif est très simple, notre objectif,
tout simplement, est de s'assurer qu'il n'y aura
pas une double imposition sur les Québécois, les Québécoises. Donc, la caisse est un peu comme un REER,
où les contributions ne sont pas
imposées, les dividendes, les profits, les rendements ne sont pas imposés, mais
les prestations sont imposées. Donc,
ça, c'est notre système. Et c'est la même chose pour presque
tous nos pairs au Canada. Ça, c'est le modèle. Donc, à l'extérieur du pays, la caisse cherche tout simplement à recréer ces exemptions. C'est si simple, c'est vraiment
simple. Pourquoi? Afin de minimiser l'utilisation des épargnes des Québécois pour payer les
impôts ailleurs, pour payer les
impôts à d'autres gouvernements à travers le monde, et donc de minimiser les
instances de double imposition des Québécois.
Donc, ceci
étant dit, nous prenons très au sérieux la question de, pour utiliser la
phrase de M. Marceau, les paradis fiscaux. Selon nous, c'est les juridictions de fiscalité réduite ou de fiscalité neutre. Mais quand même
le sujet est un sujet important. Et
donc c'est la raison pour laquelle nous appuyons tous les efforts de l'OCDE. Et
également, grâce à notre engagement, cette année, en
2017, nous avons réalisé un objectif, je pense, assez important. Malgré une augmentation
de nos activités, de nos investissements à l'extérieur du pays, à peu
près 15 %, une augmentation d'à peu près 15 %, nous avons réussi à légèrement baisser l'utilisation de
ces structures. Donc, face à une augmentation importante, nous avons
réalisé... nous avons fait baisser l'utilisation de ces structures.
Le Président (M. Bernier) : ...revenir
du côté de l'opposition pour ses questions. M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Oui, écoutez, j'entends M. Sabia puis je... enfin, je sens qu'il est
sensible à la question, et ça, je m'en
réjouis. Cependant, les résultats, à ce jour, ne sont pas présents. Je réitère
que le global, c'est 26,2 % à 26,8 %. C'est la même liste que l'année passée, là. On pourrait
diverger d'opinions sur la méthodologie, mais essentiellement, si on
change la méthode puis qu'on l'applique à travers le temps, on va arriver au
même résultat.
Et là moi,
j'ai... Juste pour vous donner un exemple, M. le Président, pour les îles
Caïmans, il y a plus de 1 milliard de dollars de nouveaux placements qui passent dans des entreprises, là,
qui sont présentes aux îles Caïmans. Moi, je ne trouve pas que la caisse est exemplaire. Je veux dire, les Québécois,
ils paient leurs impôts, ils sont obligés de payer leurs impôts. L'argument que vous me donnez, c'est
quasiment pour que les Québécois placent leur argent aux îles Caïmans
pour ne pas être imposés. Ce n'est pas...
Moi, les Québécois... Puis je pense que la plupart des Québécois ici qui nous
entendent, ils veulent une caisse qui soit
exemplaire, qui, évidemment, leur garantisse des rendements suffisants sur leur
épargne, mais ils veulent aussi une caisse
qui soit exemplaire et puis qui, justement, donne le pas à l'ensemble de la
société puis soit capable... Je ne
dis pas de réduire du jour au lendemain, de liquider son portefeuille, on n'est
pas là-dedans. Mais là non seulement il n'y a pas de processus de liquidation, mais là les
placements augmentent. Enfin, c'est ce que j'ai, moi. J'en ai pour
1 milliard de nouveaux placements aux îles Caïmans.
Alors,
dites-moi que votre intention, c'est que l'année prochaine, quand on va se
revoir... ou, en tout cas, quand vous allez revoir quiconque sera en
train de vous interroger, les placements vont avoir diminué.
Le Président (M. Bernier) :
M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : Oui. Donc,
évidemment, étant donné la nature de nos activités... Au cours d'une
année, on vend des choses et on achète des
choses. C'est la nature de notre métier. Et donc, dans l'ensemble, comme je
disais, malgré une augmentation
importante de nos activités à l'extérieur du Canada, qui fait partie de notre
stratégie de mondialisation, de
diversification géographique pour mieux sécuriser la retraite des Québécois,
donc, ça fait partie essentielle de la stratégie et de l'évolution de l'organisation, malgré ça, nous avons réalisé,
étant donné le bilan, l'équilibre entre les ventes et les acquisitions...
Le résultat net, c'est une légère réduction.
Ce n'est pas
une réduction gigantesque. Et donc c'est la raison pour laquelle je vous dis
que... Est-ce que c'est parfait? Non. Est-ce qu'il faut continuer à
améliorer? Oui. Est-ce que ça, c'est une priorité importante pour notre organisation? Oui. Mais mon point est
simple : Il y a une tendance qui est visible, en 2017, une tendance
importante que, malgré notre
engagement de mondialiser la caisse, nous avons en même temps trouvé des moyens
de baisser l'utilisation de ces structures.
Donc, je pense que, comme je disais, ce n'est
pas parfait, mais on avance dans le bon sens.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Rousseau.
• (15 h 40) •
M. Marceau :
M. le Président, là, j'aimerais bien
savoir sur la base de quels indicateurs M. Sabia nous dit que ça diminue. Moi, je suis prêt à être... je ne demande
qu'à être convaincu, mais déposez-nous des tableaux, déposez-nous des chiffres. Moi, j'ai... Nous, on a pris des
placements, que vous nous avez, de façon transparente, d'ailleurs...
Vous avez dit : Voici les
placements qui sont dans des entreprises qui opèrent dans une liste de pays, que vous
nous avez donnée. Et on a la valeur
des placements, on est capables de mesurer ce que c'était l'an dernier, on est
capables de mesurer ce que c'est
cette année, et on voit que ça a augmenté et non pas diminué. Moi, je suis prêt
à vous croire que ça diminue, mais, moi,
ce que je vois, là, on a calculé, ça a augmenté. Puis, entre autres, il y a
pour 2 milliards de nouveaux placements dans ces pays-là
puis, entre autres, 36 aux îles Caïmans, 11 aux Bermudes.
Alors, moi,
je sais que vous vendez d'un bord puis que vous achetez de l'autre bord. Puis
là moi, je vous parle de ceux que
vous avez achetés, je sais que vous vendez de l'autre côté,
là. Mais le net, moi, ça me donne que ça a augmenté.
Ça fait que,
si vous voulez me convaincre que ça a baissé, je suis prêt à vous croire, mais
déposez les chiffres, les tableaux
qui vont me permettre de... qui vont me convaincre puis qui vont convaincre les
Québécois qui nous écoutent aussi.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : Donc, M. le Président, je pense que, si vous êtes d'accord, je vais passer la
parole à notre chef de la direction financière, qui pourra continuer à
élaborer sur mon point. Donc, est-ce que ça vous ça?
Le Président (M. Bernier) : Est-ce
qu'il y a consentement pour que madame... Pouvez-vous vous nommer?
Mme Paul
(Maarika) : Bonjour. Oui.
Maarika Paul. Je suis chef de la direction financière à la Caisse de
dépôt.
Le
Président (M. Bernier) :
Est-ce qu'il y a consentement pour que madame prenne la parole? Consentement.
Allez-y, madame.
Mme Paul
(Maarika) : Alors, juste
pour, justement, clarifier, la liste que vous nous avez demandée
et qu'on vous soumet, dans certains
cas, dans des placements qui sont des placements privés, où on est liés par des
ententes de confidentialité, comme
vous le savez, la liste est justement en termes des «ranges», en effet, alors ce qu'on
voit, c'est que vous n'avez pas exactement les chiffres précis, mais nous, en arrière, on
sait exactement. Alors, quand M. Sabia fait référence,
justement, au fait que les placements dans
ces juridictions-là ont réduit légèrement, on le voit précisément parce qu'on a les chiffres
détaillés en arrière de ça. Alors, je pense qu'on va justement dans le sens de
ça.
L'autre chose
importante, c'est qu'on continue... et c'est un des engagements qu'on a pris
également l'année passée, c'était
d'influencer, justement, que ce soient nos partenaires, les investissements
dans lesquels on opère. Puis on a été... on a travaillé là-dessus, ça ne marche pas dans tous les cas, mais, par
exemple, cette année, on a réussi à faire changer d'emplacement, de
juridiction, justement...
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Il reste 30 secondes. M. le député.
M. Marceau : Je vous entends. Ça ne change pas le fait que,
quand la méthodologie ne change pas à travers le temps, en tout
cas, en principe... Je suis pas mal convaincu que ce que nous avons comme
résultat est correct. Par ailleurs, ça n'explique
pas qu'il y ait 2 milliards de dollars de plus, 66 placements
nouveaux dans des pays qui sont des paradis fiscaux.
Moi,
je ne m'attendrais pas... je ne m'attends pas à une vente de feu de votre part,
je ne m'attends pas à une liquidation. Ça,
on va s'entendre là-dessus, tout le monde. Mais on s'attend à ce que vous
n'investissiez pas encore dans des entreprises qui sont dans des paradis
fiscaux. Je comprends que des fois, c'est ça, ça pourrait être inévitable, à
l'occasion, une fois par année, mais que ça arrive 66 fois dans l'année,
ça ne me semble pas correct.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député de Rousseau. Nous
allons aller, maintenant, du côté ministériel. M. le ministre, est-ce que vous vouliez... Une réponse sur ça? Non, ça
va? M. le député de Sainte-Rose, la parole est à vous.
M. Habel : Oui. Merci,
M. le Président. Très heureux d'être
ici, dans les crédits budgétaires, où l'on reçoit la Caisse de dépôt et de placement du Québec. Permettez-moi
de vous saluer, de saluer M. Sabia et l'ensemble de son équipe
ainsi que l'ensemble de nos collègues, autant ministériels que de l'opposition.
Alors,
très heureux d'intervenir, parce que la Caisse de dépôt et de placement du
Québec, c'est une société d'État qui
est très importante. Ça va pour 6 millions de Québécois qui sont des
cotisants ou des bénéficiaires, qui participent par l'entremise de 40 régimes de retraite et
d'assurance, qui confient leurs fonds à des experts de placements, qui
investissent au Québec dans plus de 70 pays pour générer des rendements à
long terme.
Donc,
depuis 2012, on est passé de 176 milliards, en 2017, à
298,5 milliards, donc un rendement annualisé sur cinq ans de
10,2 %. Donc, c'est quand même très intéressant comme rendement. Et vous
oeuvrez notamment dans la croissance et la mondialisation, comme par exemple
avec SNC-Lavalin ou Cogeco, au niveau des projets structurants comme le REM,
qui va m'interpeler davantage, et aussi dans l'innovation et la relève, comme
par exemple Téo Taxi.
Donc, au niveau des
projets structurants, nous, on a déposé une politique de mobilité durable qui
est vraiment ambitieuse et parle de
plusieurs projets structurants, comme le Réseau express métropolitain, le
prolongement de la ligne bleue de Montréal
et aussi le réseau de transport structurant de la ville de Québec. Donc, je
vais m'attarder un peu plus sur le
Réseau express métropolitain, étant donné que la Caisse de dépôt et placement du Québec investit beaucoup
d'argent, environ 3 milliards de
dollars, pour un projet qui est excessivement intéressant, là, donc,
26 stations sur 67 kilomètres, 20 heures par jour, sept jours sur sept. Et le REM va passer dans
la région de Laval, donc c'est sûr et certain que, pour la population lavalloise, c'est d'intérêt. Et je
crois que l'intérêt va être de plus en plus important à travers les prochaines
années.
Donc,
ma première question à M. Sabia ou à M. Tall, ce serait : Est-ce
qu'il y aurait la possibilité de créer des stations supplémentaires sur
le tronçon existant si la demande est de plus en plus importante?
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le ministre.
M. Leitão : Peut-être, avant de répondre, M. Sabia, juste revenir
sur l'échange qu'il y a eu précédemment. Je veux juste qu'on soit tous sur la même longueur d'onde, là. Moi, je n'ai
aucun doute sur l'intégrité de la caisse. La caisse respecte toutes les lois et s'acquitte de toutes ses
obligations fiscales, donc son comportement à cet égard-là, à mon avis,
demeure toujours exemplaire. Donc, je voulais que cela soit dit et que ce soit
clair.
Maintenant, pour ce
qui est des nouvelles stations du REM, je n'ai rien à ajouter là-dessus.
Le Président
(M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : Donc, ma réponse est oui, mais ma réponse est
dans le temps. Pourquoi? Parce que nous avons devant nous maintenant,
sous le leadership de Macky Tall, également Jean-Marc Arbaud, et SNC-Lavalin,
et Pomerleau, les gens qui vont construire
ce réseau... nous avons un défi devant qui est un défi considérable. Et donc,
pour nous, le REM, pour l'instant, c'est
phase I, mais ce n'est pas... C'est un défi de taille, de construire un
tel réseau, également de le faire dans les délais et dans les budgets.
Et ça, c'est notre intention. Ça, c'est notre engagement.
Donc,
après cette période de phase I, est-ce que, si tout fonctionne de la bonne
façon, et notre niveau de confiance est
très élevé... Bien sûr, nous sommes ouverts à l'idée de prolonger le réseau, de
construire d'autres stations, parce que, selon nous, le REM est une nouvelle façon pour la Caisse de contribuer
au développement économique du Québec. Ça va changer la métropole du Québec, Montréal, de façon importante avec une
amélioration et une réduction de congestion, simplification de la vie des Montréalais et des Montréalaises. Également
et en même temps, ça, c'est une façon de générer, sur le plan financier, un rendement très
intéressant et, chose importante pour un investisseur de long terme comme la
caisse, avec un niveau de rendement courant
très élevé. Et c'est exactement ce dont nos déposants ont besoin dans un
monde qui est de plus en plus volatil et également dans un monde où le
rendement de plus en plus difficile à générer.
Donc,
pour nous, ce projet, sur le plan financier, également sur le plan du
développement économique, nous allons créer
des emplois de grande qualité, de calibre mondial, à Montréal. Et nous pouvons
discuter de cette question plus longuement en réponse à d'autres
questions, mais, je pense, pour nous, ça, c'est... le REM devient un pilier de
notre stratégie de contribuer au développement économique du Québec.
Je pense, selon moi, c'est juste moi qui parle...
je pense que c'est la contribution la plus importante, la
contribution au développement économique du Québec la plus importante que la
caisse ait faite en 50 ans. Donc, c'est un projet prioritaire, pour dire le moindre. Et donc, à la fin de cette période de phase I, est-ce que la porte est
ouverte de rendre même plus large, même plus important le réseau? La
réponse est oui.
• (15 h 50) •
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de Sainte-Rose.
M. Habel :
Oui. Merci, M. le Président. Merci, M. Sabia. Mon autre question va porter
sur le forum de la mobilité durable
que les 18 maires, dont celui de Laval, ont tenu le 23 avril, qui
proposait une multitude de solutions, comme par exemple
la création de voies réservées sur le transport en commun. On a annoncé, entre
autres, le prolongement de l'autoroute 19,
qui va jumeler pour la première fois un ajout de transport collectif avec un
ajout de voies pour les autoroutes et
les camions. Donc, je pense que c'est une annonce excessivement intéressante et
qui va dans une perspective de développement durable, un peu comme
d'autres propositions que les maires ont faites.
Donc,
j'ai parlé de créer des stations sur les tronçons existants, mais l'une des
recommandations que les 18 maires faisaient, c'était d'ajouter
quatre stations un peu en périphérie des tronçons existants, là, pour pouvoir...
permettre de désengorger une portion de la
couronne nord. Donc, je pense que c'est un projet, quand même, qui est
ambitieux, c'est sûr et certain. Et
je suis sûr et certain que... Que ce soit pour l'ajout de quatre stations
supplémentaires sur un autre tronçon ou le tronçon existant de la ligne de Deux-Montagnes, je suis sûr et
certain que les gens vont voir toute la pertinence du REM, parce que le REM, ça va être un lien direct avec
le centre-ville, un lien direct aussi avec l'aéroport et le centre-ville.
Et, pour moi, quand on regardait d'autres villes dans le monde qui ont un accès
direct, comme par exemple Copenhague, entre
le centre-ville et l'aéroport, ça devenait de plus en plus inévitable que
Montréal devait être dans une perspective du XXIe siècle et avoir
ce type d'installation. Et c'est pour ça que le gouvernement du Québec comme le
gouvernement fédéral s'allient au projet.
C'est
quand même 26 stations qui vont avoir un wifi dans leur réseau. Donc,
c'est excessivement intéressant, parce que
ça va donner l'option à la personne qui pour le moment utilise la portion de la
voiture solo de se dire : Est-ce que, pour faire changer mes habitudes, ça va être pertinent pour moi
d'utiliser le Réseau express métropolitain? Et force est de constater que, lorsqu'on va prendre trois minutes
au lieu de 30 minutes pour attendre à une station, ça va faire toute
une différence pour les usagers.
Donc,
suite au forum de la mobilité, les maires et mairesses ont proposé d'ajouter
quatre stations. Donc, je voulais juste
savoir si, dans une perspective moyen, long terme, c'était quelque chose aussi
d'intéressant pour la Caisse de dépôt et de placement.
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Non. M. Sabia... Peut-être je vais... Avant d'y arriver, peut-être je vais
rappeler quel est le processus qu'on
s'est donné pour ce genre de question. Nous, ce qu'on avait dit, c'était que le
gouvernement du Québec soumettrait des
propositions à la Caisse de dépôt. Par la suite, la Caisse de dépôt ferait
l'analyse, en discuterait, si c'était pertinent ou non, si c'était rentable ou non de procéder avec
un tel investissement, et puis c'était la caisse qui déciderait si, oui ou
non, elle nous proposerait cela. C'est ce qui a été fait en 2015‑2016.
Maintenant,
est-ce qu'il y aurait une phase ultérieure? Comme M. Sabia a dit, on va
d'abord finir celle-ci, et puis ultimement
on verra. Mais, en effet, si le gouvernement du Québec décide, à un moment
donné, de soumettre un projet à la caisse, elle va l'examiner et puis
elle prendra sa décision si, en effet, c'est pertinent et rentable de le faire.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. Sabia, avez-vous quelque
chose à ajouter sur ça?
M. Sabia
(Michael) : Est-ce que je pourrais demander à Macky Tall de...
Le
Président (M. Bernier) : Oui. Simplement en vous
identifiant et votre titre, s'il vous plaît, pour fins d'enregistrement.
M. Tall
(Macky) : Oui, M. le Président. Macky Tall, chef des marchés liquides
et président de CDPQ Infra. Alors, pour ajouter...
Le
Président (M. Bernier) : Consentement pour que monsieur
puisse prendre la parole? Consentement? Oui. Allez-y.
M. Tall
(Macky) : Alors, pour ajouter au commentaire qui a été fait par
M. Sabia un peu plus tôt, la technologie de pointe qui est utilisée par le REM est justement une technologie qui
permet l'ajout, l'extension de ce réseau. Pourquoi? Parce que c'est un réseau automatisé qui permet
une augmentation de fréquence et donc d'ajouter de la capacité. Ce sont les
mêmes bénéfices de cette technologie qui nous permettent d'assurer en heure de pointe
et tout le long de la journée un service
fréquent et fiable aux utilisateurs. Et cette capacité additionnelle qui est
incluse dans la technologie nous permettrait, après cette phase I, d'examiner techniquement et de pouvoir
ajouter, donc, une station, ou plusieurs stations, ou une patte, comme ça avait été
soulevé dans le forum. Et ce que nous ferions, dans ce cas-là, comme M. le
ministre Leitão le mentionnait, c'est de
faire l'examen prévu dans le cadre de l'entente entre le gouvernement et CDPQ Infra de
la faisabilité technique du projet, de l'achalandage, etc., comme on l'a
fait pour la phase I.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de Sainte-Rose.
M. Habel :
Oui, merci. Il nous reste combien de temps, M. le Président?
Le Président
(M. Bernier) : Trois minutes.
M. Habel : Trois minutes. Bien, peut-être y
aller dans un autre ordre d'idées, parce
que, comme je l'ai mentionné au début, il
y a d'importants investissements qui se font au niveau de la caisse. Et la caisse est partenaire, notamment,
dans plus de 750 entreprises,
donc, plus de 650 petites et
moyennes entreprises. Donc,
j'aimerais que peut-être les gens de la caisse nous parlent davantage de leurs trois piliers, c'est-à-dire la croissance et la mobilisation, donc l'objectif d'accompagner
et de financer les sociétés
québécoises pour des projets d'expansion ici comme à l'international, comme par exemple
dans le cas de SNC-Lavalin ou Glutenberg,
l'aspect des projets structurants aussi, de réaliser des projets de rendement
direct sur l'économie du Québec, et aussi le troisième objectif, qui est l'innovation
et la relève, donc d'appuyer l'économie québécoise dans sa transition numérique et technologique avec des investissements, entre
autres, comme Téo Taxi ou TrackTik.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : Donc, nous
avons combien de temps?
Le Président (M. Bernier) :
Vous avez deux minutes.
M. Sabia
(Michael) : Donc, je ne sais
pas exactement qu'est-ce que je pourrais dire en deux minutes pour
répondre à cette question. Donc, je vais débuter, je vais faire quelques
commentaires, et j'espère que...
Le Président (M. Bernier) : ...l'occasion
de revenir sur le sujet plus tard.
M. Sabia (Michael) : Oui, je
pense que oui, je pense que vous avez raison.
Et donc, il y a des années, à la caisse, nous
avons décidé de changer, d'ajuster notre stratégie Québec afin d'augmenter de façon très importante le rôle et
l'importance du secteur privé. Et pourquoi? Parce que, selon nous, le
secteur privé est le moteur de développement économique du Québec, également le
moteur d'innovation. Et, selon nous, le développement
de la nouvelle économie québécoise est un élément essentiel du succès du Québec
dans l'avenir. Et donc, avec ce
virage, nous avons augmenté de façon très importante... Par exemple, depuis
2010, nous avons augmenté d'à peu près
20 milliards à 42,5 milliards le niveau de nos investissements dans
le secteur privé. Donc, ça représente une augmentation d'à peu près 120 %, une augmentation très importante,
pendant une période où la croissance économique du Québec était, en termes nominal, à peu près à 32 %. Donc, c'est
quatre fois, nous avons augmenté le niveau de nos investissements dans le secteur privé québécois
quatre fois plus rapidement que l'augmentation... que la croissance économique
ici, au Québec. Donc, ça, c'est un virage
très important, qui, je pense, a beaucoup mieux positionné la caisse pour
continuer d'appuyer le développement de l'économie québécoise.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. Sabia, de vos propos.
Nous allons passer maintenant du côté du député de Granby, de la
deuxième opposition. La parole est à vous, M. le député.
M. Bonnardel :
Merci, M. le Président. M. Sabia, salutations à tous ceux qui vous
accompagnent.
Juste avant
de commencer, je veux régler un petit problème avec le ministre des Finances
sur un topo, hier soir, que TVA a
dévoilé par l'entremise d'Alain Laforest, journaliste, qui par ce topo... vous
avez supposément dévoilé les engagements
de notre formation politique pour la prochaine campagne électorale. J'ai trouvé
ça assez particulier, parce que le
journaliste dit que cela a vraiment été compilé, ces chiffres-là, par le
ministère des Finances, qui a demandé au sous-ministre de calculer les engagements. On va rectifier ça. Et comment
vous avez pu quantifier nos allocations familiales à 657 millions
de dollars quand on n'a jamais quantifié nos incitatifs fiscaux qu'on
souhaitait donner aux familles?
Donc, première
question : Qui a passé cette commande pour obtenir ces données que vous
avez données au journaliste hier?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
• (16 heures) •
M. Leitão :
Tout d'abord, M. le Président, il n'y a pas, il n'y a pas de commande qui a été
passée au ministère pour faire de
telles analyses. Ça, c'est du travail qui a été effectué par le cabinet, au
cabinet, en collaboration avec les cabinets des autres... les autres cabinets, pour essayer, et ce n'est qu'une
estimation très préliminaire... pour essayer de chiffrer un peu quelle serait l'ampleur des propositions ou
des promesses qui ont déjà été dévoilées par votre formation politique.
C'est clair
qu'il y en aura d'autres. Et c'est probable aussi que les montants que nous
avons identifiés soient très préliminaires,
soient même moins élevés qu'une fois qu'on fera une analyse plus profonde. Mais
on a tout simplement pris
l'information qui existe dans le domaine public. Vous avez... Votre formation a
beaucoup parlé de taxes scolaires, a beaucoup
parlé d'augmenter les allocations familiales et les autres éléments qui sont
dans la liste qui a été compilée par nous.
On n'a pas du tout passé une commande au ministère des Finances, ce n'est pas
leur travail, ce n'est pas leur rôle de faire ce travail.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Granby.
M. Bonnardel :
Alors, 30 secondes, pour ceux qui nous écoutent, là, ce que vous avez
dévoilé hier, c'est farfelu. Je vous
le répète, là, allocation familiale, vous avez dit au journaliste :
657 millions de dollars. On n'a jamais quantifié un montant pour l'aide fiscale que nous souhaitions,
de nos familles. Je veux juste une réponse du ministre... du sous-ministre,
M. Monty, M. le Président, qu'il me
dise si, oui ou non, on lui a demandé de travailler sur ces engagements que TVA
a dévoilés hier. Juste oui ou non.
Le
Président (M. Bernier) : Vous comprenez, M. le député, que moi,
je dois m'adresser au ministre. C'est le ministre qui décide s'il donne
la parole à un fonctionnaire en regard des questions que vous posez.
M. Bonnardel :
S'il vous plaît. Juste oui ou non. Merci.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão :
Bon, si vous n'êtes pas d'accord avec le chiffre qu'on mentionne, là, quel est
votre chiffre, le chiffre que vous...
M. Bonnardel : En
campagne électorale, vous le saurez. Ma question, c'est...
M. Leitão : Parce que vous
aviez en effet soulevé l'idée que vous allez faire des... augmenter les
allocations familiales. Donc, nous, on a
passé... Tout ce qu'on a fait, c'est de prendre vos engagements, qui sont déjà
publics, et on a fait un calcul très
préliminaire, comme je vous le dis, donc, que, nous, de notre côté, c'est un
calcul qui a été fait par le cabinet, ça n'a pas été fait par les
fonctionnaires.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M.
Bonnardel : M. le
Président, je répète juste une fois : Est-ce que le ministre des Finances
autorise M. Monty à me dire si, oui ou
non, des personnes du ministère des Finances ont travaillé sur le document?
Juste oui ou non. C'est ça que je demande.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão :
Écoutez, M. le Président, je viens de vous dire que c'était une initiative du
cabinet. Et je pense, dans notre
tradition... je pense qu'on prend... Je vous dis que ça a été fait par le
cabinet et non pas par le ministère. Alors, c'est... je ne peux pas être
plus clair que ça.
M. Bonnardel :
Donc, pour tous ceux qui nous écoutent, là, vous empêchez le sous-ministre...
Le Président (M. Bernier) :
Non, non, écoutez, attention, là...
M. Leitão : Je n'empêche rien.
Je réponds à votre question.
M. Bonnardel :
Ah! Donc, vous ne souhaitez pas...
Le
Président (M. Bernier) : Écoutez, je vais juste vous rappeler
qu'on ne peut pas mettre en doute la parole d'un parlementaire en ce qui
regarde les travaux que nous avons actuellement.
M. Bonnardel : Ça
va, ça va. Les gens vont...
Le
Président (M. Bernier) : Je veux juste vous rappeler ça, là. Ça
fait que, sur ce, je vous permets de poursuivre vos questions.
M. Bonnardel : M.
le Président, les gens vont comprendre que le ministre...
M. Leitão : J'ai répondu à
votre question.
M. Bonnardel : ...le ministre
empêche le sous-ministre de répondre. Mais, bon, on va aller directement,
maintenant, à M. Sabia.
Bienvenue,
M. Sabia. Voilà deux ans, on était au salon rouge. Je vous ai posé une
question sur le REM, sur le contenu
local, le contenu canadien, on va le dire ainsi, du fameux REM. Vous m'aviez
dit, à l'époque : M. le député, non, on ouvre ces soumissions au monde entier. Vous comprendrez que, quand vous
avez répondu que 67 % du contrat serait fait au Québec, en tout respect, là, les stations de
métro, coulage de béton, le consortium NouvLR qui va avoir le réseau
ferroviaire à faire, et tout ça, les gens
vont voir une chose, c'est ce fameux train, train qui va avoir le nom Alstom.
J'aurais été fier... Je ne sais pas
combien ça a coûté, combien ça a coûté pour perdre ce... pas ce rêve, mais à
quelque part je pense que les gens
auraient souhaité de voir peut-être un train Bombardier se promener au Québec.
Maintenant, pas de contenu canadien, ils
ont perdu le contrat. Vous dites : 67 %, donc, de la construction des
stations sera québécoise. J'avoue, on n'aura pas le choix, on ne peut
pas importer ça, ça va être construit ici.
Je
souhaiterais que vous me répondiez, vous ne le ferez peut-être pas, j'ai fait
une demande d'accès à l'info, elle a été
refusée, j'en conviens, à savoir : Combien ça a coûté pour perdre cette
soumission que Bombardier a faite en bonne et due forme pour compétitionner ce que vous souhaitiez avoir comme
meilleur prix? Vous comprendrez très
bien que, si vous me disiez : M. le député, on a sauvé 25 millions
de dollars pour ces 212 trains, bien, 25 millions de dollars de
trains qui auraient pu
être bâtis au Québec, avec toutes les entrées fiscales que nous aurions
obtenues, coûts-bénéfices, je pense que
nous aurions été gagnants. Pourquoi ne pas avoir fait un appel d'offres juste
sur les trains versus la construction ou tout autre pour être capable minimalement d'avoir un... Je l'aurais
souhaité. Me promener dans le monde, je le fais de temps en temps puis
je vois des trains Bombardier un peu partout, vous le faites aussi,
M. Sabia. Pour les prochaines 50 années,
on va avoir un train Alstom. O.K. Mais pourquoi ne pas avoir répondu pour être
capable... Ou combien ça aurait coûté... Combien ça nous a coûté pour ne
pas avoir un train Bombardier, au Québec? On va mettre ça clair.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão : M. Sabia.
Le Président (M. Bernier) :
M. Sabia, la parole est à vous.
M. Sabia (Michael) : Donc, M.
le Président, le député a soulevé, dans le fond, plusieurs questions.
Donc, nous avons structuré le processus d'appel
d'offres en deux volets, pour simplifier des choses, un volet construction et un volet matériel roulant et
l'entretien du réseau, donc le consortium NouvLR, qui est composé de
façon importante par SNC-Lavalin et Pomerleau, EBC et deux, trois autres
sociétés, la grande, grande, grande majorité des sociétés québécoises, également un autre volet qui est SNC-Lavalin et
Alstom. SNC-Lavalin est responsable pour l'entretien du réseau dans le temps, un contrat à très long
terme. Et donc Alstom, vous avez raison, a gagné le contrat pour la fabrication
des trains. Ça, c'est le premier point.
Donc,
deuxième point, notre objectif, dès le début, et je vais expliquer pourquoi,
notre objectif, dès le début, était de
construire, de bâtir un projet qui représente le meilleur rapport qualité-prix
possible. Pourquoi? Deux choses. Pour rendre le projet abordable pour les Montréalais et les Montréalaises, parce
que, pour eux, je pense qu'il est important que notre système de transport en commun soit abordable. Et
donc ça, c'est une motivation très importante pour nous. Deuxième raison pour laquelle nous mettons beaucoup
d'accent sur cette question de qualité-prix : notre modèle d'affaires, et
donc le rendement pour nos déposants, les Québécois, dépend de façon importante
sur l'achalandage, et la meilleure façon d'augmenter
l'achalandage, évidemment, est de garder les tarifs aussi bas que possible. Et
donc c'est la raison pour laquelle cette question de rapport
qualité-prix est tellement importante dans notre modèle. Numéro deux.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. Sabia. M. le député de Granby.
M. Bonnardel :
M. Sabia, en une minute, vous êtes conscient que partout dans le monde,
les Américains, en Europe... je ne veux pas
dire qu'on protège, mais on donne quand même... on demande quand même, dans des
contrats aussi importants, comme ceux-là...
Vous m'avez dit, à l'époque : Ce n'est pas le gouvernement, c'est
nous-mêmes qui avons décidé. Vous
m'avez parlé tantôt de coûts versus... Partout ailleurs dans le monde, on le
fait, on demande du contenu local, du
contenu du pays. Je vous ai dit, à l'époque : Ah! 25 %, est-ce que
c'est énorme de demander ça? Vous m'avez dit : On n'ira pas jusque-là. Vous ne me le direz jamais, parce que
vous ne m'avez pas répondu dans cette demande d'accès, mais il y a une
différence de combien, 20 millions, sur 212 trains? 30? Je ne sais
pas là, j'essaie d'imaginer. Pour ce 20 millions ou 25 millions,
peut-être, je lance un chiffre dans l'air comme ça, on ne verra pas de train
Bombardier au Québec rouler sur de nouvelles
infrastructures, sur un nouveau pont. Ça me déçoit. Écoutez, je suis pour le
projet, là, depuis le début, je l'ai
toujours mentionné, on est une dernière grande ville au monde qui n'avons pas
de réseau structurant comme ça, de mobilité, je suis entièrement fier et
d'accord pour ça. Mais vous comprendrez qu'il y a plusieurs Québécois énormément
déçus de voir que... Puis on va rouler dans ce train Alstom, mais, en deux
minutes, vous ne m'avez pas convaincu, vous
ne m'avez pas convaincu que vous n'auriez pas pu aller plus loin puis demander
ce fameux 25 % pour minimalement être capable de se dire : On
a peut-être eu un train... on a tout fait pour avoir un train Bombardier puis
on ne l'a pas eu.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. Sabia.
• (16 h 10) •
M. Sabia
(Michael) : M. le Président,
donc, nous avons structuré un processus d'appel d'offres extrêmement, extrêmement rigoureux, et, à la fin de ce
processus, et sur plusieurs plans techniques, Alstom a gagné, et Bombardier
a perdu. Donc, suite à la décision, la sélection d'Alstom, évidemment,
nous travaillons ensemble pour finaliser des choses avec Alstom. Donc, à toutes fins, qu'est-ce qui est arrivé avec la sélection
d'Alstom? Parce qu'il est important également de ne pas perdre de vue une chose importante : Les trains, la
fabrication des trains représente juste 10 % du projet, 10 %, c'est juste ça. Et donc, dans l'ensemble, comme
vous avez dit, à peu près 65 %, 67 % du projet vient du Québec,
contenu local, donc. Mais,
pour revenir à la question du contrat de train, qu'est-ce qui est arrivé? Nous
avons... Alstom, avec leur partenaire
SNC-Lavalin, vont construire deux centres d'entretien qui vont créer
250 emplois de grande qualité, qui sont des emplois à très long
terme.
Également,
Alstom s'engage à créer un centre d'excellence à la fine pointe des
technologies pour assurer l'avenir du
secteur ferroviaire ici, au Québec et à Montréal. Ce centre va créer une autre
centaine d'emplois hautement sophistiqués, et nous avons besoin de ça parce que ça représente un autre pilier de la
nouvelle économie montréalaise à la fine pointe des technologies. Ça,
c'est le deuxième point.
Troisième
point, Alstom, comme un engagement de leur part pour reconnaître leur
engagement envers le Québec, Alstom a
décidé d'attribuer des contrats à Sorel-Tracy. Le résultat : ces contrats
représentent deux ans de travail à
Sorel-Tracy. Et
laissez-moi vous dire que, si Alstom avait attribué la fabrication du REM à
Sorel-Tracy, qui n'est pas possible, étant donné les technologies actuelles, à Sorel-Tracy, mais laissez cette
question à côté, si Alstom avait
attribué la fabrication du REM à
Sorel-Tracy, ce contrat aurait créé un an de travail. Mais Alstom a attribué
les contrats, qui va maintenant... qui représente deux ans de travail.
Donc, je pense, dans l'ensemble, étant donné
l'importance de qualité... le rapport qualité-prix, étant donné la création d'emplois dans le secteur ferroviaire,
qui est un secteur important pour l'avenir du Québec, je pense que nous
avons un bon résultat.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député. Deux minutes.
M. Bonnardel :
Deux minutes. Bien, je suis d'accord,
sauf que ce qu'on va voir pour les 50 prochaines années, pour ceux
qui vont sortir de l'aéroport, c'est un train Alstom, on ne verra pas de train
Bombardier. Mais, bon, je comprends puis je
ne veux pas rentrer dans le débat, est-ce
que La Pocatière aurait pu le
construire, versus... Peu importe.
Une question
rapide. La saga du tunnel que vous avez acheté, dans une certaine mesure, mont
Royal, rapidement, est-ce que le TGF, futur TGF possible de Via Rail pourrait
ou pourra passer dans ce tunnel?
M. Sabia (Michael) : La réponse
est oui.
M. Bonnardel : La
réponse est oui?
M. Sabia
(Michael) : La réponse est
oui. Si vous voulez élaborer, je vais passer la parole à Macky Tall,
mais la réponse est oui. Mais, Macky, allez-y.
M. Bonnardel : Est-ce
que... Rapidement...
Le Président (M. Bernier) :
Oui, continuez, M. le député.
M. Bonnardel : Oui. Est-ce
que présentement vous avez eu des négociations avec le fédéral ou Via Rail? Parce qu'il y a eu plein de réponses
à gauche ou à droite, et là je souhaitais vous avoir et vous poser la question,
à savoir si, oui ou non, ce fameux
tunnel pourra recevoir le TGF, parce
que, bon, le fédéral est en
discussion, le provincial nous disait initialement :
Ah! bien, ce sera un monorail, ce sera ci... un «hyperloop». Nous, on a toujours
prôné le TGF, mais là c'était ce fameux tunnel qui était problématique,
selon certaines personnes.
Le Président (M. Bernier) :
Monsieur...
M. Tall
(Macky) : M. le Président, pour être clair, la réponse est oui. CDPQ Infra a travaillé pendant
plusieurs mois avec Via Rail autour des
contraintes techniques qui avaient été identifiées, des solutions ont été
trouvées conjointement. Et en résumé, d'ailleurs, dans l'appel d'offres dont Michael... M. Sabia parlait un peu plus tôt, qui a été
attribué, un exemple de mesure
concrète qui a été prise, c'est que nous avons inclus des investissements dans l'infrastructure ferroviaire dans le tunnel pour pouvoir, justement,
étant donné que le TGF va être plus lourd que le REM... pouvoir supporter le
tout.
Il y a
des développements technologiques qui
doivent arriver, Via doit renouveler cette flotte de TGF. Et, quand elle
le fera et que son projet sera développé, le tunnel va être prêt à accueillir
le TGF.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. Macky Tall. Nous
retournons du côté de la partie ministérielle avec M. le député de
Trois-Rivières.
M. Girard :
Merci beaucoup, M. le Président. Donc, à mon tour de vous saluer, M. le
Président, là, de saluer mes collègues
députés de Sanguinet, de Granby, de Gouin et, de ce côté-ci, mes collègues de
Portneuf, Sainte-Rose, Vanier-Les Rivières,
Laval-des-Rapides, et, bien sûr, saluer M. le ministre, saluer M. Sabia,
toute l'équipe de la Caisse de dépôt et
de placement du Québec. On sait que cette période d'étude des crédits demande
beaucoup de travail, de préparation. Donc,
merci d'être avec nous et merci d'avoir fait cette préparation pour pouvoir
répondre à nos nombreuses questions aujourd'hui.
Lors de
l'étude des crédits de la semaine dernière, nous avons rencontré Retraite
Québec. J'ai posé des questions concernant
la retraite des Québécois. En tant que députés, pour nous, ce qui est
important, c'est la qualité de vie de nos gens partout sur le territoire québécois; en ce qui me concerne,
principalement dans la région de Trois-Rivières. Et on fait face à des défis, des défis démographiques, au
niveau du Québec, c'est-à-dire qu'au niveau de nos régimes de retraite
nous avons de moins en moins de cotisants,
de plus en plus de prestataires. Notre population est vieillissante, au Québec.
On a un beau problème. On vit plus vieux, en
bonne santé, donc c'est bien pour les retraités, les gens peuvent être actifs
plus longtemps. Par contre, comme société,
il y a un coût. Et il y a un coût pour ces régimes de retraite là, les régimes
de retraite comme la Régie des
rentes, qui fait en sorte qu'on va payer beaucoup plus longtemps les
prestations aux Québécois, qui vivent
plus vieux en raison principalement... d'un paquet de facteurs : meilleure
alimentation, meilleure activité physique, meilleurs soins de santé,
etc.
C'est sûr que, parmi
les solutions pour permettre de garder des fonds de retraite en bonne santé
financière et permettre à nos Québécois de
pouvoir avoir accès à des montants raisonnables à la retraite et tout au long
de la retraite, jusqu'au
décès éventuel, il y a plusieurs solutions. C'est sûr que les montants de
cotisation, les montants, également, de prestations, l'âge de la retraite a un impact également. On a des
réversibilités au niveau des rentes, c'est-à-dire qu'on paie une rente au conjoint, dépendamment de l'âge du
conjoint, et tout ça. Mais il y a également une variable qui est
drôlement importante pour les régimes de
retraite et pour la pérennité des régimes de retraite, dont la Régie des
rentes, qui est administré... Le bas
de laine des Québécois, on sait, c'est la Caisse de dépôt et de placement du
Québec. La variable dont je parle, c'est le rendement, le rendement sur le portefeuille, qui a vraiment une
importance... Et, lors d'années financières plus difficiles, on a vu des fonds de pension d'entreprise privée
qui ont eu des difficultés. On a vu, dans certains secteurs, des gens
qui ont des fonds de pension personnels dans
des REER, des choses comme ça, devoir être obligés de réduire leurs
prestations, réduire leurs revenus en
fonction d'une baisse de marché, en fonction d'un manque de rendement. On a une
époque où on avait, dans du garanti,
des placements à 10 %, 12 %. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, nos
taux d'intérêt sont beaucoup plus
faibles. Donc, c'est extrêmement important d'aller chercher un rendement
intéressant. Mais aussi, pour avoir un bon rendement, on sait que le risque et le rendement sont intimement reliés.
Si on veut plus de rendement, souvent il faut prendre plus de risques. Étant donné qu'on parle du bas de
laine de Québécois, on parle de la retraite des Québécois, c'est certain
qu'il faut être raisonnable au niveau du
risque, il ne faut pas prendre des... essayer d'avoir des rendements indus,
parce qu'on va mettre à risque le portefeuille des Québécois.
Donc,
j'aimerais vous entendre, M. Sabia, sur votre vision au niveau des régimes
de retraite au Québec en fonction des rendements. Est-ce que les
rendements que l'on va chercher, à la Caisse de dépôt et de placement... est-ce
que les rendements que la caisse nous livre
année après année est à la hauteur des attentes? On compare souvent nos
rendements, nos résultats avec, exemple, des
gros fonds de retraite comme Teachers, en Ontario. Comment on se compare avec
d'autres firmes de placement, d'investissement, en termes de rendement sur nos
portefeuilles?
Et
puis, peut-être, dans la même question, comment vous voyez, comment entrevoyez
l'avenir de nos régimes de retraite?
Est-ce qu'on peut rassurer les Québécois en disant que, oui, le bas de laine
des Québécois est entre bonnes mains, on
va chercher des bons rendements, qui vont nous permettre de sécuriser l'avenir
de nos retraités et de nos futurs retraités, au Québec? Puis nous donner un petit peu, là, le topo du marché et
comment on voit l'avenir au niveau des fonds de retraite.
Le Président
(M. Bernier) : M. Sabia.
Une voix :
...
Le Président
(M. Bernier) : Oui, M. le ministre.
M. Leitão :
Avant M. Sabia, avant de procéder, j'aimerais quand même... j'aimerais
qu'on revienne, si vous permettez, M. le Président, sur la question soulevée...
Le Président
(M. Bernier) : C'est votre temps de parole, vous avez le droit de
l'utiliser...
M. Leitão :
...la question soulevée par le collègue de Granby. Je vois que le collègue de
Granby a mis en doute ma parole. Je trouve c'est ordinaire, mais, en
tout cas, c'est ce qui s'est passé.
Donc, je demanderais
à M. Monty...
Le Président
(M. Bernier) : ...à l'ordre sur cette chose-là.
• (16 h 20) •
M. Leitão :
Oui. Donc... Mais, pour clarifier les choses, je demanderais justement à
M. Monty de répondre directement à la question du collègue de Granby.
Le
Président (M. Bernier) :
Consentement pour que M. Monty, sous-ministre aux
Finances, puisse prendre la parole? M. le député? Consentement? Donc, en
vous identifiant et votre titre, M. Monty.
M. Monty
(Luc) : Luc Monty, sous-ministre des Finances.
Le Président
(M. Bernier) : La parole est à vous, M. Monty.
M. Monty
(Luc) : Simplement pour indiquer que je n'ai pas eu de demande à cet
effet.
Le Président
(M. Bernier) : Merci.
M. Leitão : Très bien. Alors, excusez-moi, M. Sabia.
Vous pouvez répondre, donc, à la question du collègue de Trois-Rivières.
Le Président
(M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : O.K. Donc, vous avez posé pas mal de questions dans
votre question, donc je vais essayer de faire quelques commentaires rapidement.
Donc, la
bonne nouvelle, selon nous, l'ensemble de nos déposants... et maintenant,
évidemment, il faut généraliser, parce qu'on en a 42 ou 43, maintenant, mais, dans l'ensemble, les déposants sont en
pleine santé. Leur situation est améliorée de façon très importante depuis la crise
financière. Et donc je pense que, pour l'instant, certainement à court terme, et, moi, personnellement, je pense, à beaucoup plus long terme, les déposants, les fonds de
retraite sont en pleine santé. Et donc ça, c'est une chose importante.
Deuxième
chose, vous avez raison, parce que, depuis la crise financière, évidemment,
pour toutes sortes de raisons, l'ajout
de 12 000 milliards de dollars de liquidités par les banques
centrales dans le monde, oui, donc, les marchés ont très, très, très bien performé, et donc nous avons
généré, mais également nos pairs, également, canadiens mais également nos pairs à l'international... on a généré des
rendements très intéressants grâce à, oui, je pense, notre stratégie
d'investissement mais également la performance des marchés.
L'enjeu et le défi qui est devant nous
actuellement : le monde est en train de changer, et de changer de façon importante. Donc, est-ce que les marchés... Juste
regardez, cette année, la performance des marchés soit aux États-Unis,
soit au Canada, soit aux pays émergents, le niveau du rendement disponible sur
les marchés était un autre monde. Le S&P
500 est à la baisse, année en cours. Même chose au Canada, une légère
augmentation aux pays émergents. Donc, le monde est en train de changer, et donc, à la caisse, nous allons... Et
nous faisons face actuellement à un défi important, et ça, c'est :
Comment répondre aux besoins de nos clients, étant donné un changement majeur
sur l'environnement d'investissement? Notre réponse : Dans le fond, oui,
il faut garder le cap, parce que les principes, les fondamentaux de nos
stratégies d'investissement sont, selon nous, solides, voire très solides.
Deux piliers. La question, qui est une question
incroyablement importante, ça, c'est le processus de mondialisation de la caisse, parce que, dans un monde hautement
concurrentiel, pour les meilleures occasions d'investissement, il faut que la caisse soit capable de trouver les
meilleures transactions où elles se trouvent dans le monde, dans le
monde entier. Donc, cette question de
mondialisation est fondamentalement importante pour l'avenir de notre
performance et, donc, la sécurité des Québécois.
Deuxième
élément important, il faut continuer, étape par étape, d'augmenter notre
exposition aux actifs qui sont plus
stables. Je pense à infrastructures, je pense à immobilier et je pense à
certains aspects de nos activités en placements privés. Pourquoi? Parce qu'on cherche la stabilité. Dans un monde
hautement volatil, il faut trouver des moyens de rendre plus stable la performance de l'organisation, et
donc il faut choisir, évidemment, ses actifs avec beaucoup, beaucoup de prudence, de la même façon que nous avons fait
depuis des années maintenant. Et cet élément, ce principe de prudence
représente... ça, c'est un incontournable de notre stratégie d'investissement.
Troisième
point, vous avez demandé de quelle façon... la qualité de notre performance par
rapport à nos pertes. Pour simplifier
les choses, parce que les comparaisons sont complexes, je pense que nous sommes
bien positionnés par rapport à nos pairs mais... Et vous avez dit une chose importante,
c'est toujours une question du rapport rendement-risque. Nous avons choisi un chemin, une voie, une stratégie
qui est un peu plus prudente par
rapport à certains de nos pairs,
et donc notre niveau du rendement, quand même
un rendement très, très, très bon, est un peu, dans quelques
instances... un peu inférieur à d'autres fonds qui ont accepté de
prendre plus de risques.
Donc, c'est toujours
une question de, le bilan, l'équilibre entre le rendement
et le risque. Étant donné la
volatilité de notre monde et les
incertitudes auxquelles nous faisons face actuellement, je pense que c'est
mieux pour nous de rester avec un
niveau du risque raisonnablement bas, parce que ça, c'est la meilleure façon
d'éviter les enjeux de 2018... de 2008, je m'excuse, 2008.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Trois-Rivières.
M. Girard : Dans le même ordre
d'idées, vous avez un petit peu abordé le sujet, M. Sabia, en termes de politique de placement, en termes de répartition
d'actif, je regardais, au niveau du rapport annuel, la répartition
d'actif au niveau au Canada, États-Unis,
international. Vous me parliez de plus sécuritaire un peu, donc probablement
une pondération plus grande en
revenus fixes, en obligations versus en actions, dans les produits plus
sécuritaires. Est-ce que, pour vous... sans
être un devin, mais vous voyez comment les marchés à venir pour la prochaine
année, les deux prochaines années? Est-ce
que votre politique de placement est... Bon, vous me disiez qu'elle est un
petit peu plus sécuritaire. Mais est-ce que la répartition d'actif risque d'être revue, bon, avec le dollar canadien
qui est quand même relativement faible, avec certaines barrières tarifaires que les Américains ont
imposées, entre autres, sur l'aluminium, le papier journal, etc.? Avec
certaines variables comme celles-là, avec
certaines incertitudes politiques à travers le monde, donc, quelles sont vos
prévisions? Est-ce que votre répartition
d'actif est sujette à changements prochainement? Est-ce que vous prévoyez un
retour en force dans un investissement
plus en actions plutôt qu'en obligations? Comment vous voyez les deux
prochaines années avec les incertitudes et ce qu'on voit au niveau du
marché mondial?
Le
Président (M. Bernier) : M. Sabia, on va avoir la chance de
revenir. Je pense qu'il reste environ 30 secondes, on va transporter ça à l'autre bloc pour la partie
ministérielle. Je comprends que vous avec beaucoup de choses à dire sur ça, donc ce serait vous
interrompre pour rien.
Donc, nous
allons passer, maintenant, du côté des députés
indépendants avec M. le député de Gouin. Il y a une période d'environ neuf minutes qui vous est
réservée. Donc, questions, réponses courtes, s'il vous plaît, pour avoir
un maximum de possibilités.
M. Nadeau-Dubois :
Merci, M. le Président. M. le ministre, M. Sabia, chers collègues parlementaires. J'ai peu de temps, je vais être... je
vais aller droit au but avec ma question.
Dans son
dernier rapport annuel, on pouvait lire que la Caisse de dépôt et de placement détient 181 millions
de dollars d'investissement dans Kinder Morgan, l'entreprise
qui pilote le très controversé projet de pipeline Trans Mountain. Si ces informations-là sont exactes, ça veut
dire que c'est le bas de laine des Québécois
qui est le principal
actionnaire collectif d'un projet d'oléoduc extrêmement risqué et extrêmement
polarisant.
Lorsque le
rapport a été publié, des journalistes ont demandé à la Caisse de dépôt et de
placement si c'était toujours le cas,
si la caisse avait toujours des investissements dans le projet et, si oui, à
combien se chiffraient-ils. La caisse, à ce moment-là, a refusé de
répondre. Alors, moi, j'aimerais bien qu'on se serve de l'exercice de la
reddition de comptes aujourd'hui pour que
M. Sabia nous dise combien la caisse a actuellement d'argent investi dans
le projet Kinder Morgan.
Le Président (M. Bernier) :
M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : Donc, ça, c'est
une question importante, donc, mais il faut, encore une fois, mettre les
choses un peu en contexte. Mais je vais essayer de répondre rapidement, parce
que, si je comprends bien, on a juste...
Le Président (M. Bernier) :
...pour répondre.
M. Sabia (Michael) : Combien?
Le Président (M. Bernier) : Une
minute.
• (16 h 30) •
M. Sabia (Michael) : Ouf! Ça,
c'est impossible.
Donc, nous
avons annoncé, en automne 2017, une politique en matière de changements
climatiques. Nous sommes en train, maintenant, de mettre en oeuvre cette
nouvelle politique, et une nouvelle politique qui est avec les cibles quantitatives mesurables. Pour réaliser tout ça,
les objectifs, je voudrais élaborer sur les objectifs, mais, étant donné
les contraintes de temps, je ne vais pas le
faire, mais, pour réaliser les cibles quantitatives de cette nouvelle
politique, toutes nos équipes
d'investissement sont en train, maintenant, de réexaminer chacun des investissements dans leurs
portefeuilles. Et nous avons... ils ont
maintenant des instruments techniques nécessaires, autrement dit un budget de
carbone, pour essayer de mieux équilibrer leurs portefeuilles, chacun de
leurs portefeuilles, pour être alignés... afin d'être alignés avec les
objectifs de cette politique.
M. Nadeau-Dubois :
M. le Président, j'ai posé une question très, très, très spécifique. Je demande
à M. Sabia : Est-ce que la
Caisse de dépôt et de placement a toujours des investissements dans Kinder
Morgan? Si oui, quelle est leur valeur au moment où on se parle?
M. Sabia
(Michael) : Donc, ma réponse
est la suivante : Étant donné ce que je viens de dire, nos équipes sont en
train de réexaminer chacun de leurs investissements. Cet investissement dans Kinder Morgan, on a fait cet investissement
avant la mise en vigueur de cette
nouvelle politique en
matière de changements climatiques, et donc, dans le processus de révision, de réexamination de chacun de nos
portefeuilles, évidemment, nous allons réexaminer cet investissement dans Kinder Morgan. Je peux vous dire tout simplement... Je ne veux
pas... je ne peux pas vous donner et je ne vais pas vous donner un
chiffre exact, mais je vais vous dire que nous avons déjà baissé un peu notre
détention.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Oui, M. le député.
M. Nadeau-Dubois : ...mes efforts de faire des questions concises,
je vais demander aussi des réponses concises de la part de M. Sabia, si je souhaite être capable d'avoir un
échange avec lui. Donc, je comprends que vous n'êtes pas en mesure ou vous refusez de me donner le montant des
investissements à
l'heure actuelle dans le projet
Kinder Morgan?
M. Sabia
(Michael) : Nous avons une
pratique qu'on annonce chaque fois par année le niveau de nos
détentions, de nos investissements dans chacun de nos actifs, et donc nous
allons garder et respecter ce processus. Mais je pense, monsieur, que je viens
de vous dire une chose importante. Je pense que notre orientation est assez
évidente.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Nadeau-Dubois : ...je
comprends que la Caisse de dépôt et de placement va retirer ses investissements
du projet Kinder Morgan?
Le Président (M. Bernier) :
M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : Je vais vous
dire, M. le député, que nous avons un processus qui est en vigueur
actuellement, et donc il faut... Nous allons
réexaminer tous nos investissements, tous nos placements, et à la fin de
l'année vous allez voir ce que nous avons fait.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Il reste...
M. Sabia
(Michael) : Mais nous
n'allons pas signaler au marché nos intentions, parce que ça, c'est une
façon d'imposer les pertes sur les Québécois.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député.
M. Nadeau-Dubois :
M. le Président, la Caisse de dépôt et de placement du Québec est une
organisation publique qui gère
l'épargne collective des Québécois, Québécoises. On est dans une étude de
crédits, qui est un exercice de reddition de comptes. Je pose deux questions très simples, et on ne me donne pas
de réponse. Je pense qu'en matière de transparence c'est extrêmement décevant. J'ai demandé la valeur
des investissements, j'ai demandé s'il y avait une intention de s'en retirer et je n'obtiens aucune réponse. Je vais
m'arrêter ici parce que je sens qu'on n'aura pas beaucoup plus
d'informations.
Je veux
aborder rapidement un deuxième sujet. Entre 2013 et 2016, la rémunération
moyenne des employés à la Caisse de
dépôt et de placement a bondi de 75 %. Les salaires moyens au Québec n'ont
pas suivi cette évolution-là pendant la
même période, tout le monde le sait. Pendant ce temps-là, il y avait juste
6 % de plus d'employés. Donc, ce sont des augmentations de
rémunération. La rémunération de M. Sabia, elle, a atteint un sommet, à
2,8 millions de dollars.
Le
22 mars dernier, dans La Presse, on apprenait que même
le secteur privé, maintenant, à Montréal se plaint de l'influence de la Caisse de dépôt et de placement
sur le marché. Le secteur privé disait, sous l'anonymat, que l'impact de
ces politiques-là, à la caisse, créait une
spirale inflationniste sur la rémunération dans le secteur financier, des
rémunérations qui sont déjà trop élevées.
Ma question
pour M. Sabia : En tant qu'institution publique, qu'il dirige, est-ce
qu'il croit que le rôle de la Caisse de
dépôt et de placement, c'est d'augmenter les inégalités sociales, au Québec, ou
plutôt de contribuer à les contrôler? Parce
que moi, quand je vois des chiffres comme ceux-là, je constate que ce qui est
censé être un outil de développement pour
le Québec fait mal au développement de l'économie québécoise en augmentant la
spirale inquiétante de l'augmentation des inégalités sociales.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão :
Moi, je répondrai à cette question, M. le Président, de plusieurs façons, la
première étant que la Caisse de dépôt et placement du Québec contribue
au développement économique du Québec et donc contribue à diminuer, contribue à diminuer les inégalités au Québec de
par son activité très active, dont on a parlé tantôt, ces 42 milliards
de dollars directement dans les entreprises
québécoises, en grande majorité des PME. Donc, la caisse contribue à créer des emplois dans ces PME là,
des emplois qui probablement n'existeraient pas si la caisse n'avait pas
investi 42 milliards dans le secteur
privé, au Québec, donc, de ce côté-là, je pense,
la caisse contribue à les diminuer, et aussi en maintenant un retour sur l'investissement, je l'ai dit tantôt,
de l'ordre de 10 % par année au
cours des cinq dernières années. Donc, le bas de laine est en très bonne
position pour continuer à assurer une retraite décente à nos travailleurs.
Pour ce qui
est de la rémunération des employés de la caisse, la rémunération du comité de
direction, de l'équipe de direction,
moi, je n'ai aucun problème avec ces niveaux de rémunération là. La caisse a
augmenté le nombre de ces emplois de
haute direction pour aller chercher les meilleurs, mais c'est surtout... ça
répond aussi à une stratégie de la caisse...
Le
Président (M. Bernier) : ...si vous me permettez, je vais
permettre au député de Gouin de poser une dernière question.
M. Nadeau-Dubois :
Ce que je comprends de la réponse, donc, je comprends que, une augmentation de
6 % du nombre d'employés et, en
parallèle, une augmentation de 75 % de la rémunération, le ministre trouve
que c'est équilibré?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão :
Oui, tout à fait, parce que cela répond à une nouvelle stratégie de la Caisse
de dépôt et placement qui est
d'internaliser ses processus de gestion. Donc, avant, dans le passé, la caisse
donnait à plusieurs fonds externes la gestion d'une partie de ses fonds.
Là, maintenant, ils les gèrent à l'interne. Donc, oui...
Le Président (M. Bernier) :
...je veux vous laisser vos 30 secondes qu'il vous reste.
M. Nadeau-Dubois :
Oui. J'aimerais savoir si monsieur... si le ministre est d'accord que l'État du
Québec, quand il rémunère soit
directement des gens ou via des sociétés d'État... s'il a le rôle, dans ces
rémunérations-là, de limiter les inégalités sociales au Québec. Oui ou
non?
Le
Président (M. Bernier) : M. le ministre, donc. Par la
suite, nous allons passer sur le temps du gouvernement, mais je vous
laisse la chance de répondre sur ça.
M. Leitão :
Très bien. Alors, écoutez, à cet égard-là, le rôle de l'État, c'est d'établir
un cadre général qui répond aux
meilleures pratiques internationales. Pour ce qui est de la rémunération des
personnes qui travaillent dans les grandes sociétés d'État, c'est pour ça qu'il y a des conseils d'administration
qui existent, des conseils d'administration qui surveillent ces questions-là. Et, quand on regarde les
sociétés d'État, au Québec, incluant la caisse mais aussi Hydro, SAQ,
Loto, etc., moi, je ne vois pas d'enjeu en
termes d'augmentation des inégalités sociales. Au contraire, ces sociétés
d'État là, Hydro, la Caisse de dépôt,
c'est là où on a, donc, l'expertise québécoise, des Québécois qui travaillent
dans des domaines très performants,
des domaines d'une grande expertise, et ça contribue à maintenir chez nous
cette expertise-là, qui peut-être pourrait aller ailleurs si on ne
l'avait pas à travers ces sociétés d'État là.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. M. le député de
Vanier-Les Rivières.
• (16 h 40) •
M. Huot :
Merci beaucoup, M. le Président. Mes salutations. Rebonjour à vous, M. le
Président. On se côtoie beaucoup
depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Salutations à tous les
collègues, au ministre, M. Sabia, vos équipes qui sont là. Salutations aux collègues de l'opposition.
Salutations particulières — je ne peux pas m'empêcher — au collègue de Sanguinet. C'est
toujours un plaisir d'être en commission parlementaire avec lui. Il est plus
tranquille en commission parlementaire, M. le Président, je pense qu'on peut...
Alors,
je veux faire... je vais revenir un peu sur les propos de mon collègue de
Trois-Rivières, en même temps sur la première question du collègue de
Gouin, parce que je voulais parler, moi de la stratégie d'investissement face
aux défis climatiques qui a été lancée
octobre 2017. Donc, c'est quand même tout récent, je ne pense pas qu'on
puisse faire un bilan tout de suite
de cette stratégie-là, mais on s'est vraiment donné des objectifs.
M. Sabia en a parlé tout à l'heure, a commencé à aborder la
question. Évidemment, il manquait de temps, compte tenu du peu de temps
qu'avait le collègue de Gouin.
Mais
en lien, même, avec ce que le député de Trois-Rivières mentionnait, tout le
contexte mondial... Et même, M. Sabia,
je pense, c'est vos mots que vous venez de prononcer, le monde est en train de
changer, et il y a des changements majeurs
dans le monde de l'investissement, actuellement. Bon, on connaît tout le
contexte mondial, là, de la Chine, de la montée du protectionnisme aux États-Unis. La zone euro, qui était une
zone encourageante, on a le Brexit qu'on ne sait pas trop ce qui va se passer avec ça. Mais on parle... Même, dans votre
rapport annuel, vous parlez des risques géopolitiques sur la croissance à long terme de vos placements.
Donc, il y a cette réalité-là dont il faut tenir compte. Et on s'est donné une nouvelle stratégie d'investissement face aux défis climatiques, et vous dites,
là-dedans, dans votre stratégie que vous avez
présentée, M. Sabia, c'est une citation de vous, vous dites : «Dans
la foulée de l'Accord de Paris et de l'évolution accélérée des choix des consommateurs et des technologies, nous observons déjà une transformation rapide des marchés. Cette nouvelle réalité nous a amenés à revoir le
profil rendement-risque de plusieurs secteurs d'activité et entreprises. Elle créera également de nouvelles
occasions d'investissement intéressantes pour nos déposants.» Et votre stratégie,
ce que vous dites, elle «s'appuie sur un engagement
fondamental : à partir de maintenant, le facteur climatique sera pris en compte
dans chacune de nos décisions d'investissement, et ce, pour l'ensemble de notre
portefeuille».
Donc,
vous aviez commencé à l'aborder tout
à l'heure, ce qu'on comprend, c'est qu'il n'y a pas... on n'a pas créé une
nouvelle division investissement responsable, mais c'est bien une nouvelle
culture, je pense qu'on peut dire, à la Caisse de dépôt, donc, à travers
l'ensemble, l'ensemble des activités de la caisse. Donc, on ne fait pas ça du
jour au lendemain, ça ne se fait pas en claquant des doigts, de changer
une approche comme ça, mais on est quand même arrivé... on a identifié certains piliers, là, dans la stratégie
qu'on voulait se donner, donc : une augmentation de 50 % des
investissements sobres en carbone d'ici
2020, une diminution, d'ici 2025, de 25 % des émissions de GES par dollar investi. On veut
que le facteur climatique soit pris en
compte automatiquement dans nos nouveaux investissements, et la caisse veut
exercer un plus grand leadership
aussi auprès des entreprises en portefeuille et des actifs en portefeuille de
la caisse. Donc, quatre grands principes
qu'on a identifiés. On a vraiment une démarche, là, vraiment très claire. On
veut que ce soit réalisable, mesurable. Ça, je pense que c'est très, très important. On se donne des cibles
qu'on veut atteindre, donc on veut les mesurer dans le temps. De la
transparence. On veut que ce soit collaboratif.
Donc,
on est parti avec un point de départ, une année zéro, on a mesuré un peu l'état
des lieux en 2017, ce qui a dû être
un défi quand même aussi déjà, de faire l'ensemble... d'évaluer l'ensemble des
actifs, donc de se donner une année de départ.
Et vous l'avez mentionné dans le peu de temps que vous avez eu pour la réponse,
il y a une notion de flexibilité que vous
voulez absolument qui soit présente. Donc, on veut que les budgets... que
l'intensité carbone par portefeuille... on veut laisser la flexibilité
aux différents gestionnaires, ne pas leur dire : Voici ce que vous allez
faire, donc, mais c'est une nouvelle culture qu'on veut mettre en place.
Et évidemment aussi,
vous le mentionnez, il y aura reddition de comptes. Donc, dans chacun de vos
rapports annuels, vous allez donner un état
des lieux sur qu'est-ce qui a été fait pendant l'année, où est-ce qu'on en est
dans l'atteinte des objectifs. On voit déjà, je pense... Dans le dernier
rapport annuel, on dit qu'il y a déjà eu quand même quelques transactions, là, qui ont été faites, entre
autres, dans le secteur des énergies renouvelables, l'éolien, le solaire, au
Canada, aux États-Unis, mais on veut mettre
l'accent sur des infrastructures propres, sur l'efficacité énergétique dans les
bâtiments, etc., investir dans les technologies de nouvelles batteries,
des choses comme ça.
Donc,
ma question, je veux faire un lien avec le contexte mondial qu'avait commencé à
aborder mon collègue de Trois-Rivières.
Donc, comment on concilie toute cette nouvelle réalité du monde de
l'investissement avec les incertitudes qu'on
connaît, avec, et vous le mentionnez, là... avec les risques géopolitiques, et
tout ce qui en découle d'incertitude, et cette nouvelle culture, en même temps, qu'on veut se donner, à la
caisse? Donc, c'est un double défi qu'on doit gérer en même temps, donc j'aimerais ça vous entendre un
petit peu là-dessus, sur le plan de match plus précis de cette
stratégie, de cette nouvelle stratégie que
vous vous êtes donnée, là, que vous vous êtes donnée il y a quelques mois, et
comment on va voir ces changements-là concrètement dans les prochaines années.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : Donc, M.
le Président, le député
a utilisé un mot très important, et ça, c'est... le mot était «culture». Et le député, il a raison qu'il
faut changer la culture de l'organisation pour, de façon adéquate, traiter la question
du changement
climatique. Et pourquoi? Parce que la
lutte contre les changements climatiques, ce n'est pas quelque chose qui va disparaître. Ça, c'est une tendance lourde dans le monde. Et
pourquoi? Pour plusieurs raisons. Et ce n'est pas juste la réglementation
qui vient des gouvernements, c'est également... c'est quelque chose, maintenant,
qui influence les préférences et les demandes, les consommateurs.
Et également il est important
de ne pas sous-estimer la rapidité des changements technologiques qui est en cours actuellement dans le monde, dans ce domaine. Pourquoi je dis
ça? Parce que, selon nous et notre lecture de la situation, évidemment,
le monde se trouve maintenant dans une transition longue et pas facile vers une
économie beaucoup
plus sobre en carbone. Et notre objectif
est de jouer un rôle positif, constructif, durable pour accélérer cette
transition. Donc, c'est la raison
pour laquelle un des principes, un des principes fondamentaux de notre
stratégie est de mettre une action sur,
oui, les contraintes, mais également des occasions qui se présentent dans cette lutte
contre le changement climatique. Et
c'est la raison pour laquelle je mets beaucoup d'accent sur cette question d'occasion. Pour
répondre à votre point sur, O.K., le monde est en plein changement, beaucoup
de choses changent, l'environnement d'investissement n'est pas un environnement facile, actuellement, donc il faut trouver des nouvelles occasions de générer du rendement,
des nouvelles idées d'investissement. Et donc, étant donné la rapidité des changements technologiques, dans
le domaine des changements climatiques, il y aura des occasions très importantes
pour la caisse. Et un de nos objectifs est de changer la culture de l'organisation pour encourager nos équipes
d'investissement à mettre plus d'accent sur... Il faut chercher ces
occasions, il faut être ouverts, il faut
penser différemment. Il faut chercher des occasions d'investissement dans les
éoliennes, dans le solaire, les
immeubles très, très sophistiqués, le transport en commun, toute une gamme
d'occasions d'investissement qui ne se présentent pas juste ici, au
Canada, mais à travers le monde.
Et
donc ça, c'est la raison pour laquelle nous avons décidé de mettre en vigueur
cette nouvelle politique. Et, oui, c'est
une politique de transition, c'est une situation qui va... nous allons
poursuivre étape par étape, mais je pense que ça, c'est la meilleure
façon de positionner la caisse, de faire deux choses, de faire une contribution
importante dans cette transition
fondamentale qui est en cours dans le monde mais également, également de
générer le rendement nécessaire pour
continuer à sécuriser la retraite des Québécois. Parce que notre mandat est de
faire les deux en même temps, et nous ne
pouvons pas tout simplement sacrifier un pour l'autre ou l'autre pour l'autre.
Et donc il faut faire les deux en même temps, et ça, c'est la nature et
un principe fondamental de notre engagement en matière de changements
climatiques.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député.
M. Huot :
Et c'est mondial, vous n'êtes pas les seuls, je pense que l'ensemble des grands
investisseurs le font. Vous parlez
même d'un «task force» sur lequel vous vous êtes fiés. Donc, il y a une
collaboration internationale entre les différentes organisations.
Peut-être un court mot là-dessus avant que j'aie un autre sujet de question,
s'il vous plaît.
Le Président
(M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : Une chose importante, comme je viens de parler à...
au niveau de notre politique en matière de changements climatiques, mais une chose qui est importante, pour
arriver à votre point sur la collaboration et notre position à l'international : La caisse, il y
a un autre fonds en Nouvelle-Zélande qui plus ou moins fait la même chose,
mais la caisse, nous sommes le seul
investisseur institutionnel dans le monde qui applique une politique en matière
de changements climatiques à l'ensemble de nos actifs. Beaucoup de monde
parle d'en équité ou quelque chose, mais notre politique applique à l'ensemble
de notre portefeuille.
Donc,
ça nous donne une chose importante. Selon nous, c'est la bonne chose à faire
dans les circonstances, parce que, si
on est sérieux par rapport à la question de changements climatiques... Il faut
que nous soyons sérieux. Et donc la seule
façon, selon nous, de nous adresser à cette question, il faut s'appliquer cette
politique à l'ensemble de nos actifs.
Donc,
ceci étant dit, notre objectif, maintenant, nous avons... grâce à cette
décision de notre part, franchement, la caisse devient de plus en plus, maintenant, un leader mondial auprès des
investisseurs institutionnels sur cette question des changements climatiques. Et donc nous sommes juste au début, nous
avons beaucoup de travail à faire. Il faut réaliser toutes nos cibles. Ça, c'est évidemment
fondamental pour continuer de renforcer notre crédibilité. Mais notre
objectif est franchement d'exercer une
certaine influence aux autres investisseurs dans le monde, et nous sommes en
train de le faire dans plusieurs forums, actuellement, et...
Le
Président (M. Bernier) : ...merci de vos propos. Nous retournons
du côté de l'opposition officielle avec M. le député de Sanguinet.
• (16 h 50) •
M. Therrien :
Merci, M. le Président. Je vous salue. Je salue le ministre, son équipe,
M. Sabia, votre équipe. Je salue, oui,
les députés de la partie ministérielle — c'est toujours un plaisir de travailler avec
vous, chers collègues — les députés...
bien, mon collègue de Rousseau, mon vénéré collègue de Rousseau, le collègue de
Granby et le collègue de Gouin.
Alors
donc, les salutations étant faites, on peut maintenant parler du REM. Je ne
pense pas que je vous surprends bien, bien, là.
Au mois de juin 2015,
le projet de loi n° 38, je me rappelle, M. Sabia... Je peux-tu
m'adresser directement à M. Sabia?
Le Président
(M. Bernier) : Oui, oui.
M. Therrien :
Parce qu'on se rappelle...
Le
Président (M. Bernier) : Tant et aussi longtemps que les
échanges sont courtois, il n'y a pas de problème.
M. Therrien :
Oui, oui, ça va être courtois. Dépendamment des réponses, là.
Une voix :
...
M. Therrien :
Voilà. Exact, exact. En juin 2015, on parlait, à l'époque, projet de loi
n° 38, puis le ministre était là,
il était... oui, le ministre était là puis il parlait de la ligne Dorval—centre-ville, au départ, puis la ligne Brossard—centre-ville, c'est ce qu'on avait tous à l'esprit à ce
moment-là, et puis, bon, c'est parce que ça avait fait un peu... tu sais,
tout le monde était d'accord avec le fait
que c'étaient deux lignes majeures sur lesquelles il fallait s'attarder. Vous
aviez dit, à l'époque, que vous vous
attendiez à avoir — j'ai une
bonne mémoire, là — entre 7 %
et 9 % de rendement. Vous ne disiez pas 8 %, à l'époque, vous disiez entre 7 % et 9 % de
rendement pour ce que vous alliez accomplir comme projet. Et puis je vous avais dit, à l'époque : Si le projet
n'est pas rentable? Bien, vous aviez dit, on donne le droit de se retirer, puis
c'est bien correct, là. Vous dites :
Bien, moi, si ce n'est pas rentable à 7 % ou 9 %, entre 7 %
et 9 %, bien, je me donne le droit de me retirer du projet, puis toutes les dépenses seront encourues par
le gouvernement; moi, je ne vois pas de problème là-dedans vraiment.
Donc, c'est à l'époque, ça, c'est en 2015.
À la fin
avril 2016, vous faites une annonce du REM qu'on connaît actuellement avec la
ligne Deux-Montagnes et avec la ligne
Sainte-Anne-de-Bellevue. Là, on se questionne beaucoup parce que, la ligne
Deux-Montagnes, qui remplace un autre
train électrique, ça, on pourra revenir plus tard, là, mais surtout sur la
ligne Sainte-Anne-de-Bellevue, on regarde l'achalandage prévu que vous avez sorti, le BAPE est sorti également
pour dire : Bien, ça ne se justifie pas, cette ligne-là, on n'est
pas capable de voir et de comprendre comment ça se fait qu'on peut avoir,
d'abord, le seuil de rentabilité puis ensuite la rentabilité que vous devez
espérer pour mener votre projet à terme.
Ce qu'on
apprend de Denis Lessard, c'est que, quelques semaines avant, votre équipe,
peut-être pas vous, je ne sais pas,
mais votre équipe aurait rencontré des gens du gouvernement, peut-être votre
collègue de gauche, on parle du ministre
Coiteux... pardon, du ministre des Affaires municipales et le ministre des
Affaires amérindiennes... autochtones, excusez-moi, et donc ça, c'est
dans les airs, ce qui expliquerait que la ligne Sainte-Anne-de-Bellevue que
nous avons qualifiée la ligne rouge, ce serait une commande.
Est-ce que vous avez rencontré ces gens-là ou
des gens de leur ministère, vous, votre équipe ou eux, avant la décision finale
déposée à la fin avril 2016?
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre.
M. Leitão :
...c'est une question extrêmement importante. Et je vais laisser M. Sabia
répondre à cette question. Avant, je vais quand même rappeler les faits,
l'ordre, l'ordonnement des choses.
Juin
2015 : projet de loi n° 38. Juillet 2015, le gouvernement soumet à la
Caisse de dépôt et placement deux projets, deux projets : un, le
train électrique sous le nouveau pont Champlain, et un deuxième projet, un
système de transport collectif électrique pour l'Ouest-de-l'Île de Montréal.
Une voix : ...
M. Leitão :
Non, non, non, pour l'ouest, l'aéroport et l'Ouest-de-l'Île de Montréal. En
avril 2016... Donc, ça, c'était en
juillet 2015. En avril 2016, après analyse, la Caisse de dépôt et placement a
présenté son projet intégré, en intégrant les deux volets. Alors, M. Sabia,
sur cette question du...
Le Président (M. Bernier) :
M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : Donc, comme
disait le ministre, nous avons reçu il y a des années maintenant l'idée de
ces deux projets. Donc, c'est la caisse,
c'est nos équipes qui ont développé l'idée d'un système intégré. Et donc nous
avons reçu deux projets tout à fait
indépendants un à l'autre qui, selon nous, avec tout le respect que l'on montre
au gouvernement... qui, pour nous,
les deux de façon séparée n'étaient pas le projet, pour nous, commercial. Donc, nous avons décidé de trouver une autre façon de répondre à ce besoin de transport en commun à Montréal et donc nous avons développé, pas moi mais
nos équipes... l'équipe a développé l'idée
de ce système intégré. Nous avons beaucoup,
beaucoup étudié la rentabilité d'un tel projet, à
quel niveau du rendement, quel niveau d'achalandage, avant de proposer des
choses au gouvernement, avant de
revenir au gouvernement avec toute une autre idée, une nouvelle idée. Parce qu'au début les deux projets ont été,
selon nous, trop petits et pas vraiment très
intéressants. Et donc c'est la raison pour laquelle nous avons décidé d'unifier
l'ensemble des choses. Et, grâce à
cette unification, cette intégration, nous avons trouvé une façon, je pense,
d'augmenter le niveau d'achalandage sur le réseau dans son ensemble, qui
est la chose qui rend le projet rentable et commercial et donc qui va payer les
déposants qui... ce n'est pas la caisse qui va payer, les déposants, un
rendement entre 8 % et 9 %.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Nous allons retourner du côté du député.
M. Therrien :
O.K. Bon, là, si je résume, d'abord, le train qu'on parlait, à l'ouest, là,
tout le monde s'entend pour dire que
c'était Dorval. Il peut utiliser, le ministre, les termes qu'il voudra, tout le
monde s'entendait que c'était Dorval, tout le monde.
M. Leitão : ...
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre, on va laisser le député poser sa question.
M. Therrien :
Tout le monde. Deuxième des choses...
M. Leitão : Non. Non.
Le Président (M. Bernier) : On
va... Vous allez avoir la chance de répondre, M. le ministre.
M. Therrien :
Deuxième des choses, moi, ce que je comprends, c'est que... la ligne
Sainte-Anne-de-Bellevue, ce que je
comprends de M. Sabia, c'est que, grâce à cette ligne-là, on a rentabilisé
le projet. Attention! Là, j'ai l'achalandage prévu, que vous avez sorti, ce n'est pas mes chiffres à moi :
quatre fois plus de monde vont prendre le train, votre train
centre-ville—Brossard,
quatre; trois fois plus de monde vont prendre le train Deux-Montagnes que la
ligne Sainte-Anne-de-Bellevue. Ce que
monsieur nous dit, c'est qu'on a rajouté ça pour rentabiliser le projet, c'est
ce que je comprends. 1,4 milliard de dollars d'investissement pour
un achalandage qui est quatre fois moins qu'une autre ligne puis trois fois
moins que la ligne Deux-Montagnes. C'est ce que je viens de comprendre. Est-ce
que j'ai bien saisi ou...
M. Leitão : Vous comprenez mal.
Le Président (M. Bernier) :
Attendez, M. le ministre, là. Finissez votre question.
M. Therrien :
Non, mais, écoutez, est-ce que la ligne Sainte-Anne-de-Bellevue a rentabilisé
le projet du REM? C'est ce que vous m'avez dit, là. Moi, je veux vous
entendre là-dessus, là.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão : Non, je laisserai
monsieur...
Le Président (M. Bernier) :
M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : Donc, peut-être
j'ai mal expliqué, et ça, c'est ma faute. Quand j'ai parlé d'un système
intégré, je parle d'un système qui comprend,
dans le fond, trois antennes importantes : une antenne qui vient de
Rive-Sud vers la gare Centrale, une
autre qui vient de gare Centrale vers l'ouest, y compris l'aéroport, et vers le
nord. Et donc c'est l'ensemble de ces antennes, ensemble, qui contribue
à rentabiliser le projet.
Donc, mon
point n'était pas quelque chose limité comme l'antenne vers l'ouest mais la
fusion nord, sud et ouest.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Leitão : Est-ce que je peux...
M. Therrien :
Est-ce qu'il y a...
Le Président (M. Bernier) : Je
vais vous donner la parole par la suite. Finissez votre question.
M. Therrien :
Est-ce que la ligne Sainte-Anne-de-Bellevue a été proposée, un, par le
gouvernement? Et, deux, est-ce que
vous avez rencontré des gens qui ont fait pression sur vous, de la part du
gouvernement? Puis là, là, je veux dire, les mots sont importants, là. On parle d'argent du contribuable
québécois ici, là, c'est important, là. Est-ce que vous avez, un,
vous-même tracé la Sainte-Anne-de-Bellevue? Deux, est-ce que les politiciens
puis les cabinets des ministres du gouvernement
vous ont fait pression? Parce que, quand je lis ça, je vois qu'ils ont fait
pression. Et, je peux vous dire, j'ai des
informations qui me disent qu'ils ont fait pression. Alors là, j'aimerais
savoir... Puis vous m'avez déjà dit... Dans un autre endroit, vous m'avez dit : Le tracé du REM, ce n'est pas la
responsabilité de la Caisse de dépôt. Vous avez dit : Moi, je dis
oui ou non sur un tracé qui est proposé par le gouvernement. Alors, je veux
vous entendre là-dessus.
Donc, mes
questions : Est-ce que ce tracé-là existe parce que le gouvernement l'a
tracé? Puis, deuxièmement, est-ce qu'il a été fait parce qu'il y a eu de
la pression politique?
Puis ensuite
je pourrais vous expliquer longtemps à quel point ce tracé-là est inexplicable
de tous les spécialistes. Le BAPE, à neuf endroits, dit que ça n'a aucun
sens, ce tracé-là, il ne se justifie pas. C'est clair.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
• (17 heures) •
M. Leitão : Cette question est extrêmement
importante. Parce qu'encore une fois le député remet en question l'indépendance de la Caisse de dépôt et placement
du Québec. Ils font ça, maintenant, systématiquement depuis déjà un certain temps. Mais, au lieu de brandir des articles
de journaux, ça aurait été souhaitable, par exemple, que le collègue regarde le comité que... le communiqué de presse
qui a été envoyé, rendu public le 9 juillet 2015, communiqué de presse
public du gouvernement, où on indique très clairement qu'on soumet à la Caisse
de dépôt et placement du Québec le système
de transport collectif sur le nouveau pont Champlain et le projet du Train de
l'Ouest. Si vous avez fait un tour dans
l'ouest, chose que vous ne faites jamais, vous serez très bien au courant, vous
serez très bien au courant que le projet du Train de l'Ouest, c'est le
train qui vient de l'ouest...
Une
voix : ...
Le Président
(M. Bernier) : Non, non...
Une voix :
...
Le Président
(M. Bernier) : M. le député, s'il vous plaît!
Une voix :
...
Le Président
(M. Bernier) : M. le député, je vous demanderais, s'il vous
plaît, d'attendre, là.
Une voix :
...
Le
Président (M. Bernier) : Non, non. Écoutez, là, non, c'est le
ministre... le ministre a prérogative pour répondre. Par la suite, il
donne la parole à qui il doit la donner.
Une voix :
...
Le
Président (M. Bernier) : Je vous demanderais d'arrêter, s'il vous
plaît! M. le député, je vous demanderais de cesser. Cessez
immédiatement! M. le ministre, terminez.
M. Leitão :
Très bien. Juste pour mentionner que le projet initial concernait le Train de
l'Ouest, projet très connu et qui sert beaucoup de stations dans
l'Ouest-de-l'Île. Maintenant, M. Sabia...
Une voix :
...
Le Président (M. Bernier) :
S'il vous plaît! S'il vous plaît!
M. Leitão :
...pour ce qui est de l'affirmation très importante du collègue concernant le
tracé spécifique du...
Le Président
(M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : Oui. Donc, plusieurs choses. Les deux projets que
nous avons reçus du gouvernement, les deux projets...
Une voix :
...
Le Président
(M. Bernier) : M. le député, laissez M. Sabia répondre, puis
par la suite je vais vous redonner la parole.
M. Sabia (Michael) : ...oui, les deux projets, une antenne qui vient
de la Rive-Sud vers la gare centrale et une autre vers l'ouest. O.K.?
Donc,
comme je disais, nous avons décidé d'intégrer l'ensemble dans un réseau qui
comprend trois antennes. Chose importante,
M. le député, parce que tout le monde, depuis 30 ans, les gens ont étudié
l'idée de construire quelque chose vers
l'ouest, la nouvelle idée que notre équipe a développée était de changer le
tracé de façon fondamentale, parce que, depuis 30 ans, tout le monde a essayé de construire, de planifier
quelque chose qui suit la 20, qui ne fonctionne pas, pour toutes sortes de raisons. La nouvelle idée,
développée par Macky et son équipe, est de ne pas suivre la 20 mais la 40,
pour enlever toutes sortes de problèmes
d'interaction avec le réseau ferroviaire dans l'Ouest-de-l'Île. Et donc c'est
nous qui a proposé ce tracé. C'est
nous qui a proposé le tracé, d'aller vers la 40 et de descendre dans le tunnel
dans la gare Centrale. Donc, ça, c'est une... je ne sais pas, une
innovation, une nouvelle idée qui est venue de la caisse.
Deuxième
chose, vous avez dit : Est-ce que nous avons rencontré des personnes? Ma
réponse est : Absolument, oui. Nous avons rencontré beaucoup de
monde, et l'équipe de Macky et Jean-Marc Arbaud, ils ont rencontré tous les maires dans l'Ouest-de-l'Île, les élus dans
l'Ouest-de-l'Île, les groupes communautaires dans l'Ouest-de-l'Île. Et,
suite à ces rencontres, c'était évident
qu'on avait une demande pour quelque chose. Donc, oui, nous avons beaucoup
rencontré... nous avons rencontré beaucoup de monde et, oui, y compris les
représentants du gouvernement.
Troisième
point, vous avez dit : Est-ce que le gouvernement a mis de la pression?
Et, encore une fois, ma réponse est non, parce que c'est nous qui avons
développé le tracé.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de Sanguinet.
M. Therrien :
Écoutez, moi, là, sérieusement, là...
Le Président (M. Bernier) : Et
il ne faut pas oublier que ce sont les personnes qui nous écoutent qui doivent
recevoir l'information aussi.
M. Therrien : Oui. Sérieusement, là, j'ai trop de respect pour votre
intelligence, là, pour croire qu'une antenne de 16 kilomètres qui coûte à
peu près 1,4 milliard, qui a quatre fois moins de personnes sur une ligne que la ligne
Brossard puis trois fois moins que la ligne Deux-Montagnes, qui est inexplicable pour neuf raisons, d'après le BAPE... Je ne peux
pas comprendre que vous ayez dit O.K.
pour cette ligne-là alors que tous les faits prouvent hors de tout doute
raisonnable que ce tracé n'est pas
rentable. Si vous vouliez avoir un autre tracé qui s'ajoute, pourquoi ne
pas avoir été à Laval, pourquoi ne pas avoir été à Longueuil, au lieu de
relier une ville qui a 5 000 habitants? Peut-être qu'avec Longueuil
ça aurait été 400 000 habitants.
Moi, là, je
vous le dis, M. Sabia, en tout respect, là, je ne vous crois pas, je ne
vous crois pas. Je suis désolé, les chiffres sont là pour le prouver,
là. C'est incroyable, ce que je viens d'entendre là. Puis, M. Tall,
l'année passée, qui m'avait dit qu'il n'y avait pas de subvention du
gouvernement qui était versée pour le REM, puis je suis sorti d'une commission à cause de ça, moi, je m'aperçois, là,
qu'il y a manque de transparence évident. Il y a des chiffres qui disent
des choses, et vous dites d'autre chose. Moi,
je pense que c'est la preuve, à quelque part, que vous êtes le bras du gouvernement, et le gouvernement vous en remplit
les poches; l'argent des contribuables, ça rentre dans vos poches à
profusion.
Puis, les
autres blocs, je vais vous demander d'expliquer comment ça se fait qu'on met
autant d'argent dans un projet comme
ça. C'est inadmissible, M. Sabia. Et je ne peux pas concevoir que vous
considériez cette ligne-là comme étant
rentable. Je n'en reviens pas. Je vous le dis, je n'en reviens pas, de votre
réponse. Ça me fait penser à M. Tall, l'année passée, qui était
venu en commission parlementaire.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão :
C'est mieux si je ne dis rien, M. le Président, parce que les propos du
collègue sont tellement à côté, tellement à côté que...
M. Therrien :
Bien, je vais vous donner... Je peux-tu déposer le document? Je vais déposer le
document...
Le
Président (M. Bernier) : Merci beaucoup. Donc, nous allons
retourner à la partie ministérielle. Votre
temps est terminé. Vous aurez l'occasion, dans un autre bloc, de revenir avec
vos discussions. M. le député de Portneuf.
M. Matte : Je vous
remercie, M. le Président. Je voudrais profiter également pour saluer mes collègues d'en face et aussi en profiter pour saluer M. le ministre, ainsi que votre équipe, et l'équipe, là, de la Caisse de dépôt. Puis ça me fait plaisir de
saluer un ex-parlementaire, M. Dubé. Mais, à l'époque que vous étiez ici,
vous n'étiez pas dans ce siège-là, hein, je pense, vous étiez de l'autre
côté.
Une voix : ...
M. Matte : J'ai une mémoire
visuelle.
Je me
considère, M. le Président, comme un privilégié, actuellement, de pouvoir m'adresser directement au ministre des Finances mais plus particulièrement à la Caisse de dépôt et à vous, M. Sabia. Puis, je vous le dis,
je m'adresse au nom, là, de tous les Québécois,
puis les interventions et les questions que je vais vous acheminer, c'est un peu les
questions aussi que M. et Mme Tout-le-monde,
là, se posent, O.K.? Mais je vais axer beaucoup plus, là, sur l'économie mondiale.
On sait que,
depuis une dizaine d'années, on a connu beaucoup de turbulences, tu sais.
On a eu la crise de 2008‑2009, tu sais, qu'on a réussi quand même
à passer à travers. Il y a eu aussi la crise européenne, là, de 2010‑2012.
Et dernièrement on peut parler... concernant
le pétrole, il y a eu un effondrement du pétrole, puis aussi de 2014‑2016,
où qu'on a eu les pays européens qui ont
beaucoup eu d'endettement, qu'on se rappelle, l'Espagne, le Portugal. Et je
parle du Portugal parce que c'est le pays
natal de notre ministre des Finances. On prévoit que... pour 2018, une économie
mondiale environ de 3 %.
Alors, moi,
je veux dire, je sais que vous gérez le bas de laine des Québécois, puis une
des préoccupations que vous
avez — ce n'est
pas la seule, mais vous en avez plusieurs — c'est : L'économie mondiale, en quoi
elle sera favorable pour la Caisse de
dépôt? J'aimerais ça, là, que vous puissiez nous décrire comment vous voyez,
là, l'économie mondiale, compte tenu
qu'on a beaucoup de turbulences, tu sais, que je pense à la venue du président
des États-Unis, les négociations avec le libre-échange, les négociations
qu'on a eues avec le traité d'Europe, l'Asie-Pacifique, tu sais. On a beaucoup de turbulences, beaucoup de changements, puis ça
s'annonce pour les prochaines années aussi. Comment, stratégiquement, sans dévoiler vos secrets, comment... c'est quoi,
votre attitude, c'est quoi, votre stratégie que vous comptez faire...
mettre de l'avant pour pouvoir passer à travers ces années de turbulences là?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
• (17 h 10) •
M. Leitão : Peut-être, cher collègue, avant que M. Sabia réponde à
cette question, qui est très importante, j'aimerais peut-être
demander à M. Sabia de revenir sur l'échange précédent, où le député de Sanguinet
a franchement remis en question l'importante indépendance de la Caisse de dépôt et la façon d'opérer de M. Sabia et ses collègues. Je pense que ça mérite une réponse de la
part du président de la Caisse de dépôt.
Le Président (M. Bernier) :
M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : Donc, je vais dire tout simplement qu'évidemment, à la
caisse, notre façon de faire des choses, évidemment,
nous sommes un investisseur qui
cherche les rendements. Dans le cas de Québec, évidemment, nous avons un
autre élément de notre mandat, et ça, c'est le développement économique du
Québec, qui est une chose très importante,
mais, sur cette question... Et une chose qui peut-être n'est pas tout à fait
évidente : la façon de laquelle on analyse l'ensemble de la rentabilité du réseau, c'est exactement ça, c'est l'ensemble du réseau. Ce n'est pas une
question d'essayer de segmenter trois
kilomètres, huit kilomètres, mais c'est l'ensemble des choses qui compte. Et
c'est où... c'est exactement sur cette question que nous avons mis beaucoup, beaucoup d'accent lors de toutes nos analyses de ce nouveau réseau. C'est une analyse de l'ensemble et de
quelle façon un segment réagit ou «interact» avec un autre segment. Ça,
c'est la nature de ces analyses.
Et donc, comme je
viens de vous dire, ce n'est pas notre façon de faire, ce n'est pas notre
modèle d'affaires, d'accepter de faire
quelque chose qui ne contribue pas à l'ensemble de l'activité du réseau, parce qu'il faut que ce réseau soit rentable et, dans ce cas, entre 8 % et
9 % du rendement. Et donc c'était toujours notre objectif. Et nous n'avons
pas fait des choses qui va diminuer la rentabilité ou la durabilité commerciale
de ce réseau.
Mais
évidemment on agit de façon indépendante et nous prenons nos propres décisions
d'investissement. Et le REM est traité de la même façon que l'ensemble
des autres investissements que nous faisons.
Maintenant,
O.K., donc, juste quelques commentaires sur la situation, la conjoncture
économique dans le monde, quelques risques et qu'est-ce qu'on va faire.
Donc,
la situation actuelle, c'est un peu, je ne sais pas, je cherche un bon mot...
c'est un peu paradoxal, parce qu'à un certain niveau l'économie mondiale
va très bien. Et franchement je pense que c'est probablement la conjoncture économique la plus favorable depuis la crise, avec
un taux de croissance mondial, cette année, probablement vers 4 %,
beaucoup de variations entre les pays. Pourquoi cette conjoncture est tellement
favorable? Plusieurs facteurs.
La
croissance économique dans le monde est maintenant synchronisée, qui comprend
toutes les régions du monde, qui
contribue à l'accélération de la croissance économique. L'investissement des
entreprises commence à augmenter. Le taux
de chômage reste très bas, qui contribue à une augmentation de consommation.
Et, tout ça, l'inflation reste faible.
Donc,
la question c'est, O.K., donc : Est-ce que c'est quelque chose qui va
durer quelques trimestres ou deux, trois ans? Et franchement ça, c'est
la question qui vaut 300 000 milliards de dollars, cette question.
Donc, il y a probablement trois facteurs qui va
influencer, qui va déterminer la réponse à cette question. Numéro un :
le commerce international, protectionnisme.
Qu'est-ce qui va arriver entre les États-Unis et la Chine? Est-ce que le
monde va tomber dans une guerre commerciale
ou non? Ça, c'est la première question. Deuxième question : Est-ce que la
FED, aux États-Unis, va augmenter les taux
plus rapidement que prévu par les marchés? Si oui, probablement il y aura un
impact sur les marchés. Ça, pour l'instant,
ça reste une question... la réponse est inconnue à cette question, mais ça
représente un risque très important. Et
troisième élément, finalement, c'est la question de productivité, qui jusqu'à
date semble assez faible, mais
maintenant peut-être il y a quelques indicateurs qui indiquent que le niveau de
productivité s'améliore. Si c'est le
cas, c'est plus probable que cette bonne conjoncture économique dans le monde
va continuer. Donc, franchement, c'est très difficile de répondre à la
question, qu'est-ce qui va arriver d'ici 18 mois, deux ans.
Troisième
élément, avant de terminer : Qu'est-ce qu'on va faire chez nous? Donc,
nous allons continuer de mettre beaucoup d'accent sur la résilience, la
résilience de nos activités... de nos actifs, qui, franchement, continuent à
payer des dividendes importants en termes de notre performance. Donc, ça, c'est
un élément absolument fondamental.
Deuxième chose, nous allons continuer à
mondialiser nos investissements pour diversifier les risques
géopolitiques dans le monde.
Troisième
élément, nous allons continuer à mettre beaucoup d'accent sur notre avantage
compétitif ici, au Québec, où nous avons... parce que, grâce au travail
de mon collègue, Christian Dubé, la caisse est maintenant un carrefour de l'économie québécoise, et donc nous avons accès à
toute une gamme d'occasions d'investissement qui sont hautement
rentables.
Donc,
c'est résilience, c'est mondialisation. Je le disais à votre collègue, c'est
une question de continuer à identifier des
nouvelles occasions d'investissement, soit changements climatiques soit
changements technologiques, dans plusieurs domaines, et finalement la
question de continuer à mondialiser des choses.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de Portneuf.
M. Matte :
Je suis très surpris qu'on ne vous ait pas encore abordé sur un sujet
d'actualité. On parle de plus en plus
de cryptomonnaie, de bitcoins. Quelles sont vos perceptions? Comment voyez-vous...
Puis quelle est la stratégie par rapport à cette nouvelle monnaie, cette
nouvelle... tu sais, puis qui est de plus en plus, là... On le lit sur les
journaux quotidiennement, hein, il y a des
hauts, il y a des bas, ça devient... fluctue. Alors, j'aimerais vraiment, là,
connaître quelles sont... votre perception, quelle est votre stratégie à
cet égard-là.
Le Président
(M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : Je vais faire très rapidement un ou deux
commentaires et ensuite je vais passer la parole à Christian Dubé, si
vous êtes d'accord, pour vous expliquer...
Le Président
(M. Bernier) : S'il reste du temps. S'il reste du temps, oui.
Mais là je vous laisse aller.
M. Sabia (Michael) : Alors, mon seul point : Il faut séparer deux
choses, il faut distinguer deux choses. Il y a toutes sortes de
choses, sur les journaux, sur le bitcoin, mais le bitcoin n'est pas...
franchement, selon nous, ce n'est pas une chose importante. Bitcoin, c'est comme faire un investissement dans une loterie. Donc, pour nous, ce n'est pas une chose intéressante.
Une chose qui est beaucoup plus intéressante, mais on est juste au début, ça, c'est le développement des technologies de
«blockchain». Ça, c'est une autre chose qui pourrait être une dimension du
changement technologique très intéressant dans le monde.
Mais, grâce à Christian,
nous sommes maintenant beaucoup plus présents dans les nouvelles technologies.
Et peut-être, donc, il nous reste quelques instants. Je vais passer la parole à
Christian.
Le Président
(M. Bernier) : Il reste 1 min 30 s. Donc, en vous
identifiant, M. Dubé, ainsi que votre titre. Et consentement pour que
M. Dubé puisse prendre la parole?
Des voix :
Consentement.
Le Président
(M. Bernier) : Consentement. Allez-y.
M. Dubé
(Christian) : Est-ce que ça va? Oui. Merci. Alors, Christian Dubé,
premier vice-président Québec à la caisse.
Sur
la question du cryptage et du «blockchain», comme on dit en anglais, c'est une
opportunité pour les gens qui font du
traitement de données. On a vu... puis vous avez sûrement rencontré des gens d'Hydro-Québec ou sur le point de le faire pour voir la demande qu'il y a en ce
moment du côté de, d'abord, l'accès aux datas, aux serveurs. Puis, en ce
moment, l'opportunité première, pour le Québec, est d'être capable de servir
ces entreprises-là, qui ont des besoins excessivement grands en termes de
puissance informatisée.
L'enjeu,
puis je vais laisser ça à l'Hydro-Québec, de venir vous répondre là-dessus,
c'est de savoir quelle est la qualité
et quelle la profondeur de ces joueurs-là. Le principe, pour vos... les
personnes qui nous écoutent aujourd'hui, c'est d'être
capable de faire la différence entre... En ce moment, on transfère beaucoup
les données, vous savez, il y a énormément
de données qui passent sur les systèmes,
puis, le «blockchain», un des principes, c'est d'être capable de renverser la
tendance et d'être capable de... au
lieu de transférer les données, c'est de transférer un code où on va aller lire
l'information, pour un fournisseur, par exemple. Alors, on vient
de changer la dynamique. Au lieu de transférer les données, c'est qu'on
donne accès à des serveurs qui sont opérés
par des entreprises. Donc, c'est là le grand changement, d'où
l'opportunité d'être capable d'opérer
des serveurs, d'opérer des ordinateurs qui appartiennent à plusieurs
entreprises et qui viennent bénéficier du fait qu'au Québec
on a des tarifs électriques très à propos.
Donc, en ce moment,
on voit ça comme une opportunité. Pour nous qui voulons être dans la chaîne de
valeur numérique, c'est sûr que les centres
de traitement sont très importants. Nous avons investi récemment dans plusieurs centres de traitement au Québec, dans plusieurs entreprises, dans Cogeco, dans Québecor et plus récemment à l'intérieur d'une entreprise qui
s'appelle eStruxture, qui a commencé au Québec et qui devient maintenant, en ce
moment, un joueur à l'échelle du Canada.
Donc,
on voit dans ces technologies de rupture un élément économique
important pour plusieurs entreprises. Je ne sais pas si ça...
Le Président
(M. Bernier) : Merci, M. Dubé.
M. Dubé
(Christian) : Ça me fait plaisir.
• (17 h 20) •
Le Président
(M. Bernier) : Nous allons passer du côté du deuxième groupe
d'opposition avec M. le député de Granby.
M. Bonnardel :
M. le Président, juste terminer le petit portrait du tunnel du Mont-Royal. Vous
m'avez répondu partiellement, tantôt, puis je veux juste prendre deux
minutes de plus.
Vous
avez dit, donc, oui, le futur train de VIA Rail, le TGF, pourrait passer dans
ce tunnel du Mont-Royal. Est-ce que ça va demander des investissements additionnels
de ce que vous aviez déjà calculé pour le REM? Est-ce qu'on aura besoin d'élargir ce tunnel? Est-ce que vous pouvez élaborer en deux
minutes sur les coûts futurs ou additionnels prévus?
Le Président
(M. Bernier) : M. Macky Tall.
M. Tall
(Macky) : Non. Les discussions que nous avons eues avec VIA Rail font
que leur TGF passera sans besoin d'élargissement
du tunnel, puisque la nouvelle flotte qu'ils vont commander pour les besoins du
TGF sera adaptée à ces dimensions-là, qui était une des contraintes
qu'il fallait, justement, régler.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député.
M. Bonnardel :
D'accord. M. Sabia, il y a eu un article, la semaine... ou voilà quelques
jours : Le REM, à vendre après cinq
ans?. Vous dites... Vous avez dit
qu'il serait possible, selon l'achalandage des différentes lignes, si
vous n'étiez pas assez... ou ce n'était pas
assez rentable... que c'est une politique ou une forme dans le contrat que vous
aviez déjà ou qu'il se signe déjà cette
forme de «opting out», si on peut dire, là, avec d'autres partenaires. Pourquoi
avoir mis cette clause de cinq ans, premièrement. Rapidement. C'est ma
première question.
Le
Président (M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : O.K. Donc, le REM va nous donner un rendement
courant qui est exactement ce dont nos clients,
les déposants, ont besoin, à peu près entre 8 % et 8,5 % dans la
durée, à très long terme. Et ça, c'est exactement la caractéristique financière du projet qui est,
selon nous, l'élément le plus intéressant. Et donc c'est excessivement
difficile de trouver dans le monde une telle
occasion d'investissement, qui génère un niveau du rendement courant à ce
niveau, étant donné l'équilibre risque et rendement. Et donc l'idée de vendre
un tel actif, honnêtement, purement, sur le plan financier, ça n'a pas de sens,
pas de sens du tout.
Et
donc, votre question, pourquoi l'équipe a mis dans le contrat cette question de
cinq ans, ma réponse est très simple :
Étant donné la façon dont laquelle les évaluateurs de nos actifs évaluent nos
actifs, si nous n'avons pas une moindre mesure de liquidités, il y aura instantanément une perte, une perte de
valeur sur cet actif. Donc, nous avons demandé au gouvernement de mettre dans le contrat cet
élément. C'est juste pour donner... de nous donner le droit. Ce n'est pas
notre intention, étant donné mes commentaires sur le rendement courant. Mais,
pour éviter une situation où les Québécois subissent une perte immédiatement,
nous avons décidé d'incorporer cet élément de cinq ans. Et c'est purement pour
cette raison.
Le Président
(M. Bernier) : M. le député.
M.
Bonnardel : ...que certaines lignes soient déficitaires
après cinq ans, si certaines lignes étaient déficitaires après cinq ans, vous pourriez considérer le fait, selon
ce que je lis, que je comprends, que le REM accepte... cesse d'exploiter
certaines lignes qui n'engendrent pas les retombées nécessaires, vous parlez de
8 %, 8,5 %. C'est vrai?
M. Sabia (Michael) : Non, mais, encore une fois, je reviens à mon
point au député de l'autre formation politique. C'est, encore une fois, notre façon de penser à ce projet... je vais
passer la parole à Macky dans quelques instants, mais c'est que, dans l'ensemble, ce n'est pas une
question de choisir une antenne ou quelques kilomètres et d'essayer de
trouver quelqu'un qui pourrait acheter. Mais est-ce que je pourrais passer la
parole à Macky?
Le Président
(M. Bernier) : Oui. M. Macky Tall.
M. Tall
(Macky) : Oui. En ajout à ce que M. Sabia mentionne, nous
regardons et nous avons conçu le REM comme un
réseau intégré qui va transporter 160 000 passagers par jour, et un
des éléments d'attractivité de ce réseau, c'est la fluidité, c'est la fréquence et c'est la capacité,
justement, des utilisateurs de ce réseau de se déplacer, d'avoir toute
cette flexibilité dans les destinations et
aussi dans l'intégration du REM avec les autres réseaux, le travail qui est
fait pour intégrer ce réseau avec les
utilisateurs de bus, avec le métro, où il y a des connexions à des endroits
stratégiques. Et, la rentabilité, donc,
on ne regarde pas la rentabilité du REM station par station, kilomètre par
kilomètre. C'est un modèle intégré, c'est un investissement global et
c'est un investissement de long terme.
Donc, il n'y a vraiment pas d'analyse ou de
décision qui est prise par morceau, c'est un investissement global. Et c'est
de cette façon qu'on a regardé l'achalandage et la rentabilité à long terme et
qu'on est confiants de réaliser, M.
le Président, cette rentabilité sur le long terme.
Le Président
(M. Bernier) : Merci, M. Macky Tall. M. le député.
M. Bonnardel :
Donc, l'ensemble global, je comprends, on ne va pas, jamais évaluer certaines
antennes qui pourraient moins bien
fonctionner. Vous dites que cette clause... ou j'ai cru lire que
cette clause était dans certains contrats entre des partenaires... Parce
que c'est comme une première, dans une certaine mesure, entre la Caisse de
dépôt et le gouvernement du Québec. Je veux croire que ça va fonctionner, là, j'ose
croire, j'espère que le REM va fonctionner puis qu'on aura cette rentabilité que vous souhaitez, pour tout le monde. Mais, si ça ne fonctionnait pas, si l'achalandage n'était pas au rendez-vous, il reste quand même que vous devez
assurer la pérennité de la caisse, de ce projet. Si on ne rencontre pas ce 8 %, 8,5 %, vous dites, vous,
demain matin : Moi, dans 10 ans, exemple, dans 12 ans, si je n'ai pas ce rendement
que je souhaite... c'est quand même
nous qui devrons, le gouvernement, entre guillemets, là, assumer les pertes
futures. C'est un peu ça, là, quand même,
puis je termine ça là-dessus, c'est un peu ça que ça veut dire, là. Mais je ne
le souhaite pas, là. Mais, quand même,
si vous mettez cette clause, c'est que, dans une certaine mesure, vous
dites : On nous a demandé... ou vous
avez, vous-même, si j'ai bien compris, vous avez demandé au gouvernement de mettre cette clause. C'est bien ça que vous m'avez dit, je
pense, tantôt.
Le Président
(M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : Oui. Donc, je ne sais pas exactement
quoi dire. Nous avons... Sur la question
de... sur le risque, le risque que la rentabilité du REM ne
soit pas au rendez-vous, ma réponse, je pense, mais ensuite je vais passer la parole à Macky pour chercher une autre façon de
répondre à la même question, c'est que nous avons étudié de façon tellement intensive l'achalandage, la structure de
coûts de ce projet, nous avons des études... Je ne sais pas. Et donc ça,
c'est notre travail, ça, c'est notre métier,
de comprendre les risques, évaluer les risques et de décider est-ce que le
projet est rentable ou non. Ça, c'est ce que
nous faisons quotidiennement, à la caisse. Et notre niveau de confiance est
très élevé. Donc,
l'idée de : Le réseau ne sera pas au rendez-vous, ce n'est pas, pour nous,
une probabilité importante ou même un risque élevé.
Mais, Macky, voulez-vous...
M. Tall (Macky) : Ce que
j'aimerais...
Une voix : ...
Le Président (M. Bernier) :
Oui, allez-y, M. le député.
M. Bonnardel : En combien
d'années vous prévoyez en arriver à une certaine rentabilité? Est-ce que vous
pouvez...
M. Sabia (Michael) : Excusez?
M. Bonnardel : En
combien d'années vous pensez... Le nombre d'années.
Le Président (M. Bernier) :
Le nombre d'années pour rentabiliser le projet.
M. Sabia
(Michael) : C'est quelque chose... Ça demande du temps, parce que... Et encore une fois je vais passer la parole à Macky, parce que... Mais, au début,
pour les premières quatre, cinq, six ans, au moins, ce n'est pas quelque
chose qui est très rentable, parce que l'achalandage
augmente année par année. Et évidemment, pendant la période de construction, ce n'est pas rentable. C'est dans la
durée et c'est... La nature long terme de ce projet, c'est la chose qui
rend le projet rentable.
Le Président (M. Bernier) :
M. Macky Tall.
M. Tall (Macky) : Deux
commentaires, M. le Président, en ajout au commentaire de M. Sabia.
Le premier,
il est très important, il a rapport avec la rigueur que nous avons mise dans
nos prévisions et sur quoi se base
notre confiance de pouvoir réaliser, en réponse à la question, ce projet de
façon rentable. Il faut rappeler que la caisse investit depuis près de 20 ans en infrastructures avec
succès, avec des rendements solides qui répondent bien aux besoins des Québécois et des Québécoises, au
niveau des projets de transport, des projets que nous avons réussis,
comme le projet Canada Line, à Vancouver, également très complexe. Avec Keolis,
nous avons transporté, l'an dernier, plus de 3 milliards de passagers dans
15 pays de façon rentable. Donc, plusieurs éléments. Donc, premier
élément.
Le deuxième,
sur la durée, qui répond très bien à notre besoin, notre objectif ici, comme
M. Sabia le mentionnait, ce
n'est pas de faire la rentabilité en deux ou trois ans, c'est à travers des
dividendes que nous allons avoir sur plusieurs dizaines d'années. Pourquoi? Parce que c'est l'horizon dans lequel on
souhaite générer des dividendes pour payer la retraite des Québécois.
Donc, c'est sur le très long terme.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
• (17 h 30) •
M. Bonnardel :
Mais vous dites «très long terme», mais, juste une réponse rapide,
M. Sabia dit : Peut-être les six,
sept premières années ne seront pas rentables. J'en conviens. Vous l'avez prévu
au bout de la 10e année? 11e année?
M. Tall (Macky) : Non. Encore
une fois, le rendement, il est sur une trentaine d'années et plus, en fait.
C'est l'horizon dans lequel nous
investissons en infrastructures partout dans le monde. Et ça va être la même
chose dans le cas du REM. On ne change pas l'horizon d'investissement
que nous regardons pour les infrastructures généralement.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Bonnardel : Vous dites : On a des cahiers, des évaluations
pour l'achalandage, et tout ça, qui sont énormes, on a fait le travail,
on a l'expérience de Vancouver. Je veux comprendre. Entre les... Dans les
documents de transport collectif que nous
avons eus l'année passée, 2017‑2018, 2018‑2019, initialement
on avait prévu un coût d'exploitation, une
contribution à l'exploitation, initialement, en 2021‑2022, de 76 millions,
on commençait. Et, le dernier document, on l'a revu à la baisse de moitié, à 34. Et, pour 2022‑2023, on prévoyait
133 millions et on l'a revu à la baisse à 71 millions. Comment
on explique, à l'intérieur d'un an, cette baisse de plus de la moitié ou à peu
près, là, de ce qui était prévu initialement?
Puis là je ne vous lance pas la pierre, là. Vous nous dites : On l'a
évalué, mais à quelque part je vois quand même qu'on s'est ajusté pas à
peu près entre ce qui avait été prévu initialement, en 2017‑2018, versus cette
année.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre, vous... Oui.
M. Leitão : ...Tall pourra
répondre, mais je veux juste mentionner qu'on avait déjà discuté de ça avant.
C'est essentiellement parce que ça commence
plus tard. Ça, c'est... Le 39 millions, c'est le chiffre qu'on avait
publié en mars 2017. Le projet
commence maintenant un peu plus tard que prévu, donc c'est décalé dans le
temps, c'est juste ça. Je ne sais pas, M. Tall, si vous pouvez...
M. Bonnardel :
Bien, attendez, là. 2021‑2022 puis 2022‑2023, c'est juste ça, là, c'est les
mêmes années, là, il n'y a pas une
question de commencer plus tard, là. Moi, j'ai les mêmes années, sauf que le
montant n'est pas le même. Alors, je veux juste comprendre comment on a
évalué à la baisse, là.
Le Président (M. Bernier) :
M. Tall, est-ce que vous avez une réponse?
M. Tall
(Macky) : ...simplement pour confirmer, en ajout à ce que M. le
ministre a mentionné, aucun changement au
niveau des revenus que le REM demande. Si vous regardez dans le budget il y a
un an, le chiffre précis et qui a été confirmé,
c'est un chiffre de 0,72 $ par kilomètre-passager. C'est exactement le
même montant que nous avions indiqué. Et,
à travers plus d'un an de travail important, notamment, pour amener les coûts à
un niveau raisonnable dans le contrat de
construction, pour amener les coûts d'opération au bon niveau, CDPQ Infra va
recevoir de la RTM la même contribution par passager, de façon très concrète, c'est le même 0,72 $ par
kilomètre-passager. Et, comme ça a été mentionné un peu plus tôt, la
différence est peut-être simplement de... puis je ne suis pas sûr du chiffre
auquel il est fait référence, mais exactement le même montant de contribution.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député.
M. Bonnardel :
Bien, écoutez, en tout respect, là, les montants sont revus à la baisse,
transport collectif, c'est quand même
la contribution à l'exploitation, là, je n'invente pas grand-chose. La
troisième année, maintenant, 2023‑2024, on la met à 115 millions de dollars. J'avais demandé au ministre de
nous donner les chiffres pour les deux années suivantes, on n'a pas voulu me les donner. Le seul montant
que je vois dans les documents, modalités financières, rémunération du REM par l'autorité, on parle d'année de référence
2027, 438 millions. Est-ce qu'on est capable de me donner le
portrait entre 2023‑2024... Là, si je
comprends bien, ce 438 millions, c'est le coût d'exploitation pour
l'année 2027? Un demi-milliard.
M. Tall (Macky) : Ce sont les
revenus que la RTM verserait... Est-ce que...
Le Président (M. Bernier) :
Oui, allez-y.
M. Tall
(Macky) : Oui. Ce sont les revenus que la RTM verserait à CDPQ Infra
pour les passagers transportés à ce
moment-là. Comme M. Sabia le mentionnait, l'achalandage, au début, est
faible, il monte avec l'entrée graduelle des antennes, et c'est une
multiplication de l'achalandage prévu par, en fait, le revenu par
kilomètre-passager.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Bonnardel :
Bien, est-ce que le coût d'exploitation, outre... après 2023‑2024... Est-ce
qu'on pourrait, les parlementaires, obtenir
ce que ça va coûter pour exploiter? Est-ce que c'est possible d'obtenir ces...
de ventiler ces montants par année, au moins jusqu'à 2027 ou à peu près?
Parce que, là, je n'ai seulement que trois années, là.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Bonnardel :
L'avez-vous prévu? J'imagine que oui.
M. Leitão :
Bon, je pense que, tout d'abord, on va commencer par construire le train. Mais
je ne vois pas quel est le... Ces données ont été rendues publiques lors
de...
Le Président (M. Bernier) : M.
le député.
M. Bonnardel :
Bien non, mais il n'y a
pas de... Moi, dans le document, le dernier, mobilité électrique, j'ai
le coût d'exploitation, la contribution à l'exploitation pour trois ans. Je vous ai demandé, la dernière fois, à l'étude des... lors de notre commission : Est-ce que c'est
possible de l'obtenir pour les années suivantes? Vous m'avez dit : Non,
attendez que la caisse soit devant nous.
Alors, je vous demande juste... Pour 2024-2025, 2025-2026, 2027, vous avez
assurément, à la Caisse de dépôt, évalué le coût, la contribution à
l'exploitation que le gouvernement...
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Nous revenons... Oui? Vous voulez répondre sur le sujet?
Une voix : ...
Le Président (M. Bernier) : Ça
va? Donc, M. le député de Vanier-Les Rivières.
M. Huot :
Merci, M. le Président. Je voudrais revenir peut-être à l'échange qu'avait
terminé le député de Portneuf avec
M. Dubé sur la question des cryptomonnaies, du «blockchain», parce que
j'ai eu, moi, cet échange-là rapidement avec le premier ministre dans l'étude des crédits du Conseil exécutif et
il y a quelques jours aussi avec l'AMF, M. Morisset, entre autres. Évidemment, il y a un volet
politique, il y a des décisions politiques, à savoir, avec Hydro-Québec, avec
le ministère de l'Énergie, s'il y aura une décision pour aller chercher des
entreprises de «mining», là, si vous me prêtez l'expression. Ça, ce sera une décision politique.
Il faut qu'il y ait une valeur ajoutée. On ne veut pas avoir... vendre
de l'électricité pour créer un seul emploi.
Ça, je pense que tout le monde, on s'entend sur ces questions-là. Mais l'autre
aspect que j'avais abordé avec
M. Morisset, c'était toute la question de la confiance, qui est une notion
assez fondamentale, je pense, dans
notre système bancaire et tous nos mécanismes de régulation. Et, quand on parle
du «blockchain», on parle beaucoup de
la révolution de la confiance, je ne veux pas qu'on fasse un débat philosophique
nécessairement ici, là, mais qu'on déplace la confiance des milieux de
régulation du système financier vers directement entre deux individus ou deux organisations. Donc, il pourrait y avoir des
entreprises qui feraient des appels, des rondes de financement en
émettant leur propre cryptomonnaie, c'est des choses qu'on peut commencer à
voir.
Est-ce qu'il
y a eu une réflexion sur ces questions-là, auxquelles... Je ne crois pas qu'on
soit rendus à se développer un
nouveau portefeuille de différentes cryptomonnaies pour investir dans
différentes entreprises, je ne pense pas, mais j'imagine qu'il y a une réflexion qui commence quand même sur le sujet,
parce que cette notion-là de révolution de la confiance, c'est ça, le «blockchain». Donc, peut-être quelques mots
là-dessus, à M. Dubé, s'il vous plaît, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. Dubé.
M. Dubé
(Christian) : Ça me fait plaisir. Alors, je pense, vous avez
absolument raison, il faut travailler pour isoler les deux points.
Le premier
point, l'opportunité pour nous... Puis je reviens. Nous, en tant
qu'investisseurs, avec nos principes, avec
nos règles d'investissement, on n'est pas en train du tout d'investir dans la
cryptomonnaie, pour qu'on soit très clairs pour les gens qui nous regardent. Nous, ce qu'on voit comme opportunité,
c'est dans la demande pour les données, parce que, comme j'ai expliqué tout à l'heure, il y a
énormément de potentiel, puis le même intérêt, par exemple, pour Hydro-Québec
d'avoir la demande d'énergie; nous, c'est les investisseurs qui font les
centres de traitement qui pourraient traiter ça.
Maintenant,
comme on le fait pour tous les investissements qu'on fait, on regarde quels
sont les investisseurs puis quel
genre de confiance on peut avoir en eux. Les gens qui nous arrivent avec des
projets qui ne seraient pas certains à long
terme... Parce que, vous l'avez dit, on peut partir un centre de serveurs à
certains coûts, mais un an plus tard ils ne sont pas là, puis on aurait fait des investissements importants. On
n'est pas dans ce domaine-là. Nous, on est un investisseur de long terme, puis je vous dirais simplement
qu'en ce moment on n'est pas là du tout. Alors, les gens, indirectement,
où on investit, c'est dans les centres de
traitement, puis c'est à ces gens-là d'évaluer la qualité des entreprises qui
vont pouvoir utiliser leurs serveurs. Mais la caisse n'est pas là du
tout, en ce moment, dans ce niveau-là.
M. Huot : Je voulais juste
qu'on... J'ai peut-être une autre question.
Le Président (M. Bernier) :
Oui, M. le député.
M. Huot : Je voulais juste
qu'on mette la question au clair.
M. Dubé (Christian) :
J'apprécie votre question parce que, je pense, c'est important de préciser, là.
M. Huot :
Bien, je pense aussi, oui, effectivement. Mais peut-être... Je ne sais pas si
ça va être avec vous, M. Dubé, mais
c'est... peut-être un mot, je pense qu'on n'a... ça n'a pas été abordé encore,
mais, toute la question de la sécurité, cybersécurité, il y a un enjeu mondial, évidemment, les entreprises
investissent de plus en plus. On parle de données quand même assez
importantes, de confidentialité de tout ce que vous avez.
Donc, est-ce qu'il y a eu... Est-ce que 2017 et
2018 seront... a été ou sera une année très importante en termes d'investissement, en termes de cybersécurité, de
toute la protection des données que vous possédez? C'est quelque chose, on le voit... Bon, je n'ai pas besoin de vous
donner des exemples qu'il a pu y avoir dans les dernières années, de
piratage. Alors, peut-être un mot sur cette question de cybersécurité, s'il
vous plaît.
• (17 h 40) •
Le Président (M. Bernier) :
M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : Moi, je dirai tout simplement qu'évidemment,
avec les enjeux, les questions de Facebook et d'autres gros, gros joueurs sur l'Internet et le Web, nos
équipes d'investissement, et surtout nos équipes en marchés boursiers et l'équipe du risque, nous mettons maintenant
beaucoup d'accent sur cette question, et la capacité, la
qualité de chacune des sociétés de se protéger contre ces attaques.
Il est important
également pour la caisse de nous protéger contre ces
attaques, parce que ça arrive. Et donc nous avons des bons systèmes et des bons processus pour protéger la caisse elle-même. Mais
ça fait partie, maintenant... ça fait partie
intégrale de nos processus d'investissement et le fonctionnement de l'équipe du
risque, d'étudier ces questions pour assurer qu'on va faire un
investissement dans une société qui se protège la bonne façon.
Est-ce que c'est
facile? Franchement, non. Est-ce que... Comme tous les autres investissements
des investisseurs à travers le monde,
est-ce que nous sommes en mesure de vous donner une garantie? Franchement, non,
parce que c'est tellement difficile et c'est tellement complexe. Mais
est-ce que c'est une priorité pour la caisse? Absolument.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Vanier-Les Rivières.
M. Huot : Non, Trois-Rivières.
Le Président
(M. Bernier) : Ça va. Alors, M. le député de Trois-Rivières.
M. Girard :
Merci beaucoup, M. le Président. Donc, tout à l'heure, j'ai fait une
intervention principalement sur les
investissements de la caisse et qu'un des rôles de la caisse, c'est vraiment
d'administrer ce qu'on appelle le bas de laine des Québécois, avoir le meilleur rendement possible pour planifier
la retraite. Mais il y a un autre rôle que joue la caisse qui est drôlement important, c'est que la
caisse, c'est également un partenaire du développement économique du Québec. La caisse investit beaucoup au Québec. La
caisse, c'est un acteur de premier plan au sein de différentes
entreprises dans un marché qu'on connaît
bien, le marché qu'on connaît, du Québec; si je ne m'abuse, M. Dubé qui
est à la tête de la section au
Québec. Donc, la caisse est un acteur qui joue un rôle très important et très
structurant pour le développement de nos entreprises au Québec.
Je regardais
tout à l'heure quelques chiffres, on parle de 17,5 milliards de dollars en nouveaux investissements et engagements
auprès de sociétés québécoises depuis 2013. On parle de plus
de 750 entreprises dont la caisse est partenaire, dont plus de 650 PME. On parle de plus de 300 immeubles détenus ou
financés par la caisse ici, au Québec. Donc, la caisse, oui, a besoin de faire des rendements pour le bas
de laine des Québécois mais également investit dans des projets, des entreprises qui génèrent des bons rendements à
long terme mais également qui contribuent à assurer la prospérité économique
du Québec, qui contribuent à créer les emplois, qui contribuent à façonner
notre Québec d'aujourd'hui, notre Québec de demain.
Donc, je sais que la caisse investit dans des
petites, des grandes, des moyennes entreprises au niveau de la croissance, au
niveau de l'innovation dans différents secteurs d'activité. Et même qu'à
certains égards la caisse est partenaire de
certaines entreprises par le biais d'interactions avec les experts de la
caisse. Et la caisse peut même avoir des représentants au sein de
certains conseils d'administration d'entreprises québécoises. Donc, il
y a un accompagnement actif qui est fait par la caisse, un accompagnement qui est là pour travailler
avec les entreprises québécoises un peu partout au Québec. Entre autres, là, je regardais sur le site de la caisse, on
voit AddÉnergie, qui est une entreprise de Shawinigan, dans ma région, en Mauricie. Je vois laser MD, je vois
Moment Factory, le Groupe Marcelle au niveau des cosmétiques, bon, et on en aurait des dizaines et
des dizaines.
Donc, la
caisse joue un rôle extrêmement important partout au Québec, en région, en développement économique. Donc, j'aimerais vous entendre un petit peu plus sur le rôle que joue la caisse. Comment la caisse est importante
dans le développement de nos PME, de nos entreprises au Québec?
Comment la caisse peut être un levier structurant de développement de nos régions, de création
d'emplois et un levier pour permettre à nos entreprises québécoises de
pouvoir grandir, de pouvoir exporter, de pouvoir conquérir les marchés
internationaux?
Et, on le
sait, aujourd'hui on a un défi de main-d'oeuvre qui est drôlement important.
Les taux de chômage sont à leur plus
bas depuis qu'on comptabilise, je crois, les taux de chômage au Canada. On est,
au Québec, à un taux de chômage record,
qui est très, très faible. Même dans la région de la Mauricie, qui a été
historiquement la capitale du chômage, il y a quelques années,
maintenant le taux de chômage est très faible.
Donc, le
défi, pour les entreprises, c'est la main-d'oeuvre. On manque de main-d'oeuvre.
Et une des façons de combler de défi
de main-d'oeuvre, c'est l'innovation, c'est la robotisation, c'est d'être plus
productifs avec un peu moins d'employés.
J'ai travaillé dans le secteur financier pendant plusieurs années et, je me
souviens, à l'époque, il y a plusieurs années,
l'avènement des guichets automatiques, on nous disait, bon : On va mettre
des caissières à pied, ça va mettre du monde
à pied, et aujourd'hui on se rend compte que, non, on n'a pas mis tant de monde
que ça à pied. Et même qu'on manque de main-d'oeuvre et on a besoin de
s'informatiser, on a besoin d'améliorer notre productivité.
Donc, comment
la caisse peut être un joueur de premier plan pour développer l'économie du
Québec et aider nos entreprises au Québec? Peut-être, je ne sais pas,
M. Sabia ou M. Dubé, là, dépendamment de...
M. Dubé (Christian) : Ça va, M.
le Président?
Le Président (M. Bernier) :
M. Dubé.
M. Dubé
(Christian) : Alors, peut-être
pour orienter la réponse sur le rôle de la caisse en tant que supporter
le... appuyer le développement économique, je voudrais vous prendre les trois éléments de
notre stratégie, parce
que, je pense, c'est important pour non seulement la caisse, mais pour
nos entrepreneurs, nos entreprises, de se reconnaître dans cette stratégie-là.
Alors, il y a
trois points importants. Il y a de continuer à faire des projets structurants
pour le Québec, parce qu'on
l'a vu, on peut faire du développement économique par le REM, mais on a aussi
d'autres projets structurants. Je vous reviendrai sur ce point-là.
Le deuxième
point, vous l'avez bien dit, la caisse a une capacité d'appuyer les
entrepreneurs qui veulent faire affaire à l'international. Et ça,
c'est ce qu'on appelle notre mondialisation. Puis pourquoi? Parce que de plus
en plus nous faisons affaire à l'étranger, nous avons des bureaux à
l'étranger, et je vous reviendrai avec des exemples. Donc, le deuxième élément clair de notre stratégie, c'est la
mondialisation de nos entreprises. Donc, la meilleure façon de les rendre
fortes, c'est de les appuyer à aller à l'international.
Le troisième
élément de la stratégie, c'est l'innovation. Les entreprises qui sont
performantes ici et qui peuvent compétitionner
à l'échelle internationale doivent être innovantes, doivent investir dans la
recherche et développement. Et je vous reviendrai avec quelques
exemples.
Donc,
ces trois éléments de la stratégie, pour nous, c'est un peu le filtre que nous
utilisons, parce que maintenant on a plus d'une cinquantaine
d'investisseurs au Québec qui sont à la caisse et qui se sont spécialisés dans
toutes les catégories
d'entreprise, c'est-à-dire la petite entreprise, la moyenne et la grande, mais,
à travers de ces trois piliers-là, à travers de ces trois éléments-là de
notre stratégie, d'être capables d'appuyer.
Donc,
maintenant, je vais revenir avec les projets structurants. On a parlé du REM,
mais j'aimerais vous donner aussi
comment... Parce que tout à l'heure M. Sabia a parlé de l'effet
transversal de la caisse. Ce n'est pas uniquement en investissant dans les entreprises, mais c'est
souvent en investissant dans l'écosystème. Alors, je donne un exemple d'Ivanhoé
Cambridge, qui est notre filiale à part
entière. Ivanhoé Cambridge a fait des investissements pour supporter des
entreprises, comme par exemple ce qu'on a
appelé l'Espace CDPQ, à la Place Ville‑Marie, où on a retrouvé ou assemblé une
dizaine d'investisseurs, donc, des sociétés
de capital de risque et des accompagnateurs, comme par exemple l'École d'entrepreneurship
de Beauce, QG100, des sociétés qui sont
habituées, des organisations qui sont habituées à accompagner l'entreprise.
Donc, ça, ça a un effet très structurant sur les entreprises.
Plus
récemment, pour... parce que, ça, on le faisait à Montréal, mais on a voulu
étendre cet effet-là en région, on a créé
tout récemment, vous le savez, dont un à Shawinigan, ce qu'on a appelé des hubs
régionaux. Donc, maintenant, nos entreprises, nos entrepreneurs en
région peuvent passer par les hubs de Shawinigan, de Sherbrooke. Il y en a un
aussi qu'on a ouvert à Québec. Et ces gens-là vont avoir accès à l'Espace CDPQ.
Donc,
il y a eu un effet structurant qui a été commencé par Ivanhoé Cambridge, très
bien situé au centre-ville. On a réuni plusieurs acteurs d'investissement.
Et maintenant on peut continuer cet effet-là en région au Québec.
Le Président
(M. Bernier) : ...discussion tout à l'heure.
M. Dubé
(Christian) : On pourra revenir sur les autres éléments. O.K.
Le Président
(M. Bernier) : C'est ça. On va passer du côté de l'opposition
officielle avec M. le député de Sanguinet.
• (17 h 50) •
M. Therrien :
Merci, M. le Président. Écoutez, j'ai d'autres sources que ça, mais, dans le...
À l'Assemblée nationale, on sait que Denis
Lessard est très bien... très bien, en tout cas, branché sur le gouvernement
actuel. Même, des fois, il y a des projets de loi qui sortent dans les
documents de Denis Lessard avant qu'ils sortent ici, à l'Assemblée nationale, au salon bleu. On a même souvent critiqué
ça, donc, parce qu'on se disait : Il faut qu'on soit les premiers
avisés. Mais souvent Denis Lessard, je ne sais pas comment il fait, mais il est
vraiment bien plugué au gouvernement puis il sort
les projets de loi avant les projets de loi. Et ça confirme en gros, là, ce que
j'entends de toutes parts, là : «Dans les coulisses, La Presse a pu apprendre...» Ça, c'est le
13 avril 2018, c'est Denis Lessard : «Dans les coulisses, La Presse
a pu apprendre que la CDPQ, qui dit être à
l'abri des considérations politiques, avait dû mettre de l'eau dans son vin et
consentir à prolonger le futur réseau loin
vers l'ouest, jusqu'à Sainte-Anne-de-Bellevue, même si l'achalandage ne le
justifiait pas. Dans les semaines
précédant la première annonce, en avril 2016, la CDPQ avait modifié son
tracé : le REM irait finalement bien plus loin dans l'Ouest-de-l'Île.»
C'est tout ce que
j'avais à dire. Je vais laisser le reste de... la suite du bloc à mon collègue.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Oui. Merci, M. le Président. Il va y avoir, dans deux jours, l'assemblée des
actionnaires de Bombardier à Montréal,
et à la caisse, évidemment, vous êtes détenteurs d'actions, vous avez...
Bien, enfin, moi, j'ai la détention
en date du 31 décembre, mais, bon, je ne crois pas que... enfin, ça se
saurait, mettons, si vous vous étiez débarrassés de votre bloc d'actions. En
tout cas, ici, il y en a pour 213 millions. Là, on est seulement dans Bombardier inc., on n'est pas dans Transport. Alors, en fait, j'aimerais
simplement savoir comment vous entendez voter sur un certain nombre de propositions
qui ont été mises de l'avant par... des propositions d'actionnaire, donc. Je ne
sais pas si vous en avez eu connaissance,
M. Sabia, ou je ne sais pas si quelqu'un de votre équipe en a eu connaissance. Il y a tout d'abord une proposition d'actionnaire du MEDAC qui se lit comme suit,
donc, c'est la proposition 1 : «Il est proposé que le conseil d'administration traite de façon explicite à l'assemblée
annuelle des correctifs apportés à sa politique de rémunération afin de répondre aux préoccupations des actionnaires de catégorie B — donc
ceux qui ont une seule voix par action — qui
ont voté contre sa politique de rémunération à hauteur de 35,4 %.» Alors, M. le Président, j'aimerais savoir ce que
la caisse à l'intention de voter le 3 mai, s'il vous plaît.
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
...si vous permettez, pour revenir à la question, encore une fois, soulevée par
notre collègue de Sanguinet, je vais encore
une fois réitérer qu'il n'y a pas eu d'interférence politique dans le choix du
tracé du REM. C'est important que
cela soit rendu très clair. Il n'y a pas d'intervention politique. Nous jugeons
l'indépendance de la caisse quelque
chose d'une importance fondamentale, capitale. Et je pense, encore une fois,
c'est de dénigrer la Caisse de dépôt, de suggérer qu'ils seraient sujets
à des pressions du gouvernement.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. Sabia.
Une voix :
...
M. Sabia
(Michael) : Oui, oui, tout à fait. Si vous êtes d'accord, M. le
Président, je vais demander à Kim Thomassin,
notre chef juridique, qui est responsable pour tout le processus
de procuration, de répondre à votre question.
Le Président (M. Bernier) :
Donc, en vous identifiant, avec votre titre, s'il vous plaît.
Mme Thomassin
(Kim) : Bonjour. Kim
Thomassin. Première vice-présidente
aux affaires juridiques et secrétariat à la Caisse de dépôt.
Le
Président (M. Bernier) : Consentement pour que Mme Thomassin
prenne la parole? Consentement. Allez-y, Mme Thomassin.
Mme Thomassin
(Kim) : Merci. Alors, M. le Président, j'aimerais vous rappeler que
chaque vote fait l'objet d'une analyse
rigoureuse à la caisse en lien avec nos politiques de vote, également en lien
avec nos critères ESG. Vous savez que,
l'an dernier, en ce qui concerne Bombardier, on avait fait part de certains
enjeux, qu'on avait partagés à l'entreprise, mais qu'on avait également partagés par le biais d'une lettre qui avait
été rendue publique, qui avait été partagée. Cette année, après la même
analyse rigoureuse, nous sommes satisfaits de ce que... du travail qui a été
fait par l'équipe de Bombardier et on va
supporter la proposition à l'égard de la rémunération de la haute direction de
Bombardier. Le vote aura lieu jeudi prochain, ce jeudi, le 3 mai.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Marceau :
Donc, est-ce que je comprends donc que vous allez voter contre la tenue d'un
vote consultatif?
Mme Thomassin
(Kim) : On vote contre la proposition du MEDAC parce qu'on considère
que l'entreprise...
M. Marceau :
Donc, vous votez contre la tenue d'un vote consultatif sur la rémunération des
dirigeants. C'est bien ce que j'entends?
Mme Thomassin
(Kim) : On vote contre la
proposition du MEDAC et on supporte la rémunération... la proposition à l'égard de la rémunération. Et on va également
voter pour la proposition qui demande un plus grand partage au niveau
des engagements, du lobbyisme.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Regardez, vous me voyez extrêmement surpris. La rémunération de
M. Bellemare est passée, cette année,
à 10 630 000 000 $... pardon, 10 630 000 $,
pardon. Donc, il est passé, en deux ans, de 2015 à 2017, de
6 426 000 $ à 10 630 000 $.
Et, parmi les hauts faits d'armes qu'il aura accomplis, il y a d'avoir... Puis
là je lis la page 51 d'un document de Bombardier qui dit qu'il a «témoigné de leadership dans la conclusion
d'un partenariat stratégique avec Airbus», dans lequel, comme tout le
monde le sait, on a essentiellement donné une technologie de l'innovation
québécoise.
Et là vous me
dites, là, que vous considérez, à la caisse, que ça se mérite, là, cette
augmentation, là, de 4 millions de dollars sur deux ans et que vous
allez voter contre un vote consultatif, que vous ne permettrez même pas aux
petits actionnaires d'exprimer leur
mécontentement? Je veux dire, la caisse a un devoir d'exemplarité, je l'ai dit
plus tôt sur les paradis fiscaux, je
le redis dans ce cas-là. L'année dernière, vous aviez fait la chose à faire,
j'en étais très heureux. Mais là je constate non seulement que, là, vous
revenez à vos ornières... — bien,
en fait, ce n'est pas vrai, je ne dirai pas ça — vous revenez, en tout cas, à des mauvaises
habitudes, et puis j'espérais que vous continuiez le mouvement.
Teachers, l'année dernière, avait voté avec vous, vous étiez du bon bord de
l'argument. Qu'est-ce qui se passe?
Le Président (M. Bernier) :
Mme Thomassin.
Mme Thomassin
(Kim) : M. le Président, on considère que Bombardier a procédé, cette année, à beaucoup...
une plus grande divulgation en lien avec la rémunération. On a eu des échanges avec eux au cours de la dernière année.
Et, si vous regardez la circulaire qui a été déposée par Bombardier, il y a énormément
de détails au niveau de la rémunération de la haute direction.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau : Excusez-moi, là, mais la question,
c'est de savoir si on va permettre un vote consultatif, hein? La question n'est pas de savoir si vous, vous êtes
satisfaite, si M. Sabia est satisfait ou si M. le ministre est satisfait,
la question n'est pas là, c'est de
savoir : Est-ce qu'on va donner la permission aux actionnaires — et puis
il y en a qui ne sont pas d'accord — de s'exprimer? Et, par l'importance de votre
action puis de votre bloc, puis surtout par l'importance puis la réputation que la caisse a, vous êtes capables de
donner l'exemple, et là vous ne permettez pas la tenue d'un vote
consultatif. Enfin, je ne dis pas que vous
permettez ou que vous ne permettez pas, puisqu'évidemment vous n'êtes pas
majoritaires, je suis bien conscient de ça,
mais on comprendra que le pouvoir de persuasion morale que la caisse a est important, et il va avec ce pouvoir-là une responsabilité qui est énorme puis qu'en tout cas,
quant à moi, vous n'assumez pas correctement et entièrement. En tout cas, je suis très,
très surpris de ce changement
d'attitude, puis d'autant que les chiffres concernant la rémunération
des dirigeants de Bombardier, après l'année qu'on a connue, ne sont pas,
disons, rassurants.
Je veux juste savoir,
parce que le temps, malheureusement, est court, puis je ne suis pas... ces
crédits, ce n'est pas juste une question de faire des arguments, mais aussi
d'apprendre des choses : Qu'est-ce que vous allez voter à la proposition n° 2,
sur l'indépendance des conseillers en rémunération?
Mme Thomassin
(Kim) : On va voter en faveur...
Le Président
(M. Bernier) : Mme Thomassin.
Mme Thomassin
(Kim) : Pardon. Excusez.
Le Président (M. Bernier) :
Oui, allez-y, Mme Thomassin.
Mme Thomassin
(Kim) : On va voter en faveur.
M. Marceau : Bravo! Alors, pour ceux qui ne le savent pas,
cette proposition est de faire
en sorte que l'entreprise qui va conseiller le comité de rémunération puis le conseil
d'administration sur la rémunération des membres de la haute direction
n'ait pour seul contrat que la rémunération puis qu'elle n'ait pas d'autre contrat à l'intérieur de l'entreprise, de façon à
s'assurer qu'elle soit complètement indépendante.
Donc, je me réjouis que la caisse soit favorable à cette pratique-là,
c'est une très bonne...
Une voix :
...
M. Marceau :
Pardon?
Le Président
(M. Bernier) : Oui, Mme Thomassin.
Mme Thomassin
(Kim) : Pardon. C'est parce que je regarde le formulaire pour le vote.
Alors, si vous...
Une voix :
...
Mme Thomassin
(Kim) : Oui, excusez-moi. Alors, vous me parlez de la proposition à
l'égard de...
Une voix :
...
Mme Thomassin
(Kim) : Ici, on vote contre.
M. Marceau :
Eh là là!
Mme Thomassin
(Kim) : Pardon, j'avais... je suivais...
M. Marceau :
Non, ça va, là, je sais que c'est...
Mme Thomassin
(Kim) : ...je suivais l'item 2, désolée, j'avais la numérotation
officielle. Désolée.
M. Marceau :
Je comprends. Je comprends, je comprends. Alors, je retire mes belles paroles.
Mais je le dis gentiment, je le dis gentiment.
Mme Thomassin
(Kim) : ...vous mentionner que certains des votes de nos pairs ont été
rendus déjà publics et que les pairs votent de la même façon que nous.
M. Marceau :
Sur celle-là? Sur la 2, là?
Mme Thomassin
(Kim) : Oui. Ça nous fera plaisir de vous les partager.
M. Marceau :
O.K.
Mme Thomassin
(Kim) : Sur la compensation également.
• (18 heures) •
M. Marceau :
Et sur la 3, maintenant, sur la ventilation des résultats par catégorie
d'action, quel va être le vote de la caisse?
Mme Thomassin (Kim) : Sur la
ventilation, on vote en faveur parce qu'on désire voir la séparation entre les
actions de catégorie A et les actions de catégorie B.
M. Marceau : Qu'est-ce
que vous pensez de l'argument de
Bombardier? Parce que Bombardier, enfin, la direction et le conseil
d'administration sont contre la proposition. Pourquoi, vous, êtes-vous pour? Puis comment expliquez-vous que
Bombardier soit contre?
Le Président (M. Bernier) :
Mme Thomassin.
Mme Thomassin
(Kim) : Le fait que
Bombardier soit contre le vote distinct à l'égard des A et des B, je pense qu'on
pourrait parler pour le reste de la soirée sur les actions multivotantes. J'ai
l'impression que c'est un des items qui doit modifier la proposition
ainsi libellée par la société.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Oui. Regardez, je vais revenir sur la première proposition, là. Il reste
48 heures. Et M. Sabia est là,
à la droite du ministre des Finances, et vous êtes un homme raisonnable. Alors,
je pense que de permettre aux actionnaires
de s'exprimer... D'ailleurs, c'est l'argument que vous invoquiez l'année
dernière, là. Je veux dire, je ne vois pas pourquoi la caisse peut être contre ça. Pouvez-vous peut-être,
M. Sabia, me dire pourquoi, vous, là? C'est vous, le patron.
Le Président (M. Bernier) :
M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : M. le Président,
M. Marceau, je ne suis pas tout à fait au courant de la structure de
chacune de ces propositions. Alors donc...
M. Marceau :
O.K. Bien, je vais le poser à Mme Thomassin, dans ce cas-là.
Mme Thomassin, je ne sais pas si je
comprends bien l'opinion et l'idée de voter contre la proposition 1, celle
qui demande que soit tenu un vote consultatif sur la rémunération. Donc, si je comprends bien, ce n'est pas le bureau
de M. Sabia mais bien votre bureau qui avez décidé de cela. Il reste, encore une fois, du temps, là,
il reste 48 heures. Est-ce que je peux vous demander de réviser votre
décision et de permettre aux actionnaires de
s'exprimer sur la politique de rémunération? Est-ce que la caisse n'a pas un
devoir d'exemplarité?
Le Président (M. Bernier) :
Mme Thomassin.
Mme Thomassin (Kim) : Écoutez,
on considère que les actionnaires ont, à l'heure actuelle, l'information nécessaire pour prendre une décision éclairée à
l'égard de la rémunération. Ce que je peux faire, c'est regarder ça avec
vous. Mais je voulais peut-être juste vous
mentionner que, l'an dernier, ce n'était pas notre point. L'an dernier, nos
enjeux étaient principalement liés à la
rémunération, et on avait rendu clairement, là, notre position. Ce n'était pas
en lien, l'an dernier, avec une consultation pour les actionnaires
minoritaires, notre position avait été clairement établie, là, par...
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Oui, O.K. Écoutez, M. Sabia, vous aurez l'occasion peut-être, à l'heure du
souper, d'en parler, alors... Vous aurez l'occasion de voir... Écoutez,
je suis très étonné, là...
M. Sabia (Michael) : M. le
Président, donc...
M. Marceau :
Puis je vais peut-être poser une question à M. Sabia. Puis là on sort un
peu de ce qui est là. Mais le grand
fait d'armes, là, de la direction de Bombardier, dans la dernière année, c'est
d'avoir permis à ce qu'une technologie développée au Québec à grands
frais par les ingénieurs québécois, enfin, par l'État, entre autres, qui y a
contribué énormément... que ça, ce soit
donné à Airbus. Est-ce que vous connaissez, vous qui faites... Votre vie, vous
l'avez consacrée, en tout cas ces
dernières années, aux placements, hein, mettre de l'argent dans des placements,
acheter des... vendre. Est-ce que ça existe, selon vous, là, une
entreprise qu'on donne, en fait, en échange... donc, qu'on vend en échange de
zéro dollar — si vous ne voulez pas appeler ça un don,
appelez ça une vente en échange de zéro dollar — dans le cas d'une entreprise qui n'a aucune dette à long terme?
Est-ce que vous avez déjà vu ça dans votre carrière à vous, là, de chef
de tous les placements, là, de la caisse depuis plusieurs années maintenant?
C'est-u arrivé déjà que vous voyiez ça?
Le
Président (M. Bernier) : Il reste 20 secondes,
M. Sabia, mais il reste un bloc du côté gouvernemental, vous pouvez
répondre sur le temps du bloc gouvernemental.
M. Marceau : Prenez le temps de
M. le ministre.
M. Leitão : Oui, vous pouvez
prendre votre temps, parce qu'on...
Le Président (M. Bernier) :
Donc, la parole est à vous, M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : Est-ce que...
Le
Président (M. Bernier) : Oui, oui, allez-y.
M. Sabia
(Michael) : O.K. Parce que 20 secondes, c'est un peu difficile.
Donc,
M. le Président, M. Marceau, je pense qu'il faut prendre un peu de recul
ici. Il y a, je ne sais pas, trois ans, quatre ans, la situation de Bombardier était très difficile, très
difficile, et surtout dans le secteur aéronautique, pour les raisons que... Je pense que tout le monde est au
courant de tous ces enjeux. Donc, la société,
évidemment, a eu besoin d'un redressement très
important.
Selon
nous, c'est difficile de juger la transaction avec Airbus. Mais je vais vous
dire une chose : Le CSeries était un
avion, sur le plan technologique... un avion très sophistiqué avec une bonne
technologie. Ceci étant dit, pour rendre cet avion commercial, Bombardier a eu besoin d'une plateforme, une
plateforme de... une capacité de vendre ses avions. Et donc, dans
le fond, la transaction avec Airbus
était une transaction qui vise l'utilisation de la plateforme de vente d'Airbus, et
donc, selon nous, cette transaction était nécessaire et même peut-être
inévitable.
Est-ce que
c'est la meilleure chose qui aurait pu arriver dans l'histoire? Je ne peux pas
vous dire ça. Mais, étant donné les
défis et l'importance des défis auxquels Bombardier, à l'époque, a fait
face, je pense que c'était une transaction raisonnable.
Ceci
étant dit — et il y a maintenant un lien à votre
question sur la rémunération — nous sommes un investisseur important
dans Bombardier Transport, et c'est un plaisir pour moi de vous dire qu'il y a
à ce niveau, cette filiale de transport, un
redressement, une amélioration de la qualité de la performance importante, qui
est importante pour contribuer à la
pérennité de Bombardier inc., qui est une société importante ici, au Québec,
et, franchement, au Canada également.
Donc, en tant qu'investisseurs au niveau BT,
nous sommes bien contents de voir l'impact des décisions prises par la
direction sur BT. Et également
il faut reconnaître leur façon de penser de façon réaliste sur l'avenir
du CSeries, parce que le CSeries a eu beaucoup, beaucoup d'enjeux. Et donc, quand on met ensemble tous ces
facteurs, selon nous, il faut, oui, reconnaître la rémunération de
l'équipe de direction.
Est-ce que
c'est parfait? Non. Est-ce que la société est en pleine évolution sur plusieurs
plans? Je pense que oui. Et l'année
dernière je pense que nous avons contribué à une réflexion profonde de la part
de leur conseil
d'administration, également de la direction.
Donc,
je pense, M. Marceau, que nous avons joué un rôle. Est-ce que
c'est parfait? Non. Est-ce que la situation s'améliore? Je pense que oui.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. Donc...
Une voix :
...
Mme Thomassin
(Kim) : Je m'excuse...
Une voix :
...
Le Président
(M. Bernier) : Non, mais... Vous êtes sur le temps gouvernemental.
M. Marceau :
Non, je sais, je sais.
Le Président
(M. Bernier) : Mme Thomassin, vous voulez nous dire des
choses?
Mme Thomassin
(Kim) : Oui, s'il vous plaît, une petite seconde. Juste peut-être pour
rassurer M. Marceau, il y a deux votes consultatifs. Celui qui est soumis par
Bombardier, par la compagnie, on vote en faveur. Celui du MEDAC, c'est celui où on vote contre, en raison du fait
qu'on considère qu'il y a absolument assez de divulgation, à l'heure actuelle, pour permettre aux gens
de faire un vote éclairé.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de Trois-Rivières.
M. Girard : Donc, je vais revenir à la discussion qu'on avait
tout à l'heure avec M. Dubé. Nous parlions comment la caisse est un acteur important au niveau du développement de nos PME, au niveau du développement de l'économie de nos régions, la création d'emplois. On parlait de «hubs», entre
autres, comme le Digihub à Shawinigan. Donc, la caisse, par l'argent,
par les investissements...
Parce qu'on sait, souvent, que nos PME, nos entreprises ont des besoins
financiers pour l'exportation, pour
la croissance. Gérer la croissance,
c'est difficile. Donc, vous me parliez, là, des façons de mettre de l'argent
ensemble pour être capables d'aider nos entreprises, de créer des hubs
et de les accompagner. Donc, je vous laisse continuer un petit peu, là, où vous en étiez rendu, tout à l'heure, au niveau de l'aide de la caisse versus nos entreprises québécoises.
M. Dubé
(Christian) : Avec plaisir.
• (18 h 10) •
Le Président
(M. Bernier) : M. Dubé.
M. Dubé
(Christian) : Merci, M. le Président. Donc, rapidement, sur la question
de la mondialisation, moi, ce que j'aime,
c'est donner des exemples, parce qu'il n'y a rien de plus facile pour les gens
de voir le concret. Puis vous avez parlé tantôt d'une belle entreprise,
AddÉnergie, qui, effectivement... son usine est à Shawinigan, mais qui a
quand même ses origines ici, à Québec. Je
pense aussi à une entreprise
qu'on appelle Eddyfi, qui est dans la région de Québec, ici. Ça, c'est un très, très bel exemple d'une entreprise
qui a commencé... moins de 10 ans, qui est rendue un expert en analyse de résistance des matériaux. Nous l'avons
appuyée pour trois transactions, ils sont rendus à deux transactions
qu'ils ont faites en Angleterre. Et ça, non
seulement c'est de la mondialisation, mais c'est de la technologie. Alors, ces
gens-là sont capables d'aller prendre des
mesures sur différentes machines. Au lieu d'arrêter les machines, ils sont
capables de prendre des mesures pour voir si les machines performent
bien dans des usines, etc.
Alors
donc, je vous donne cet exemple-là pour... et j'en ai plusieurs,
mais ce qui est important pour nous... Je vous donne un chiffre qui va peut-être
être surprenant. Vous avez pu prendre connaissance puis... les gens
qui voudraient aller voir notre site Web,
on donne l'analyse de ces 50 transactions là que nos entreprises
en portefeuille ont faites au cours des dernières années. Donc, vous avez parlé, tout à l'heure, de Marcelle. Je pense à des entreprises comme Logistec, dans le domaine maritime. On sait que c'est important
pour nous, le fleuve. Je pense, par
exemple, à une entreprise
comme Solmax, Solmax qui est dans les
toiles géotextiles. C'est une entreprise... Sans rentrer dans son chiffre d'affaires, l'acquisition que nous l'avons appuyée à faire, au cours de la
dernière année, elle a quadruplé son chiffre d'affaires. L'entreprise
qu'elle a achetée aux États-Unis était trois
fois plus grosse qu'elle. Alors, le lendemain de la transaction, après avoir
appuyé, avec d'autres partenaires, mais principalement la caisse
agissait comme... Pardon?
Le Président
(M. Bernier) : Oui, M. le député de Trois-Rivières.
M. Girard :
Donc, vous me dites que cette entreprise-là a acheté une entreprise aux
États-Unis?
M. Dubé
(Christian) : Tout à fait.
M. Girard :
Donc, on ne se fait pas juste acheter par des Américains, on achète beaucoup
aux États-Unis.
M. Dubé
(Christian) : Bien, en fait, on le sait, il y a trois fois plus
d'entreprises qui sont achetées par nos gens que qui se font acheter ici. Alors donc, nous, notre rôle, c'est
vraiment de supporter la croissance des entreprises québécoises qui veulent faire affaire à l'international. Donc,
ça, pour la mondialisation, c'est... Et, quand j'ai dit, tout à l'heure,
que... non seulement on les appuie en
dollars, mais notre rôle d'accompagnement est très important. Puis, par
exemple, nous avons dans notre
portefeuille, maintenant, plus d'une centaine d'entreprises en direct où nous
avons... où nous pouvons placer plus
de 60 personnes sur les conseils d'administration. Ma collègue ici, Kim
Thomassin, on a la responsabilité de trouver les meilleurs administrateurs qui vont accompagner ces entrepreneurs-là
pour les supporter dans leur croissance. Donc, ce n'est pas uniquement du capital, mais c'est de
l'accompagnement que l'on fait soit par nos réseaux étrangers soit par
nos administrateurs que nous pouvons suggérer sur les conseils.
Est-ce qu'il nous
reste encore un peu de temps, M. le Président, ou...
Le Président
(M. Bernier) : Bien, il reste environ 1 min 20 s.
M. Dubé
(Christian) : O.K. Alors, le troisième élément, puis, pour moi, il est
excessivement important, on en a parlé
rapidement, mais c'est l'innovation. L'innovation, pourquoi on décide de mettre
autant d'énergie à supporter l'innovation?
Je vous ai mentionné tout à l'heure qu'on investissait dans des fonds. Ces
fonds-là, il y a des fonds de relève, il y a des fonds de croissance, mais il y a surtout, maintenant, une
pépinière d'entreprises, plus de 700 entreprises qui sont dans ces fonds-là, où nous pouvons aller, avec les
gestionnaires des fonds, trouver les meilleures entreprises qui sont à
caractère technologique, dans lesquelles on peut accélérer la croissance.
Alors,
AddÉnergie, pour moi, c'est un bel exemple, qu'on a parlé tout à l'heure, dans
le domaine des transports, mais on en
a dans la robotisation. Puis, comme il ne me reste pas beaucoup de temps,
j'aimerais vous mentionner que le rôle
structurant de la caisse est au niveau, en ce moment, des annonces qui seront
faites bientôt au niveau de l'intelligence artificielle. Il ne faut pas oublier que l'intelligence artificielle va
devenir aussi un outil très important de développement non seulement
pour des petites entreprises, mais pour des grandes entreprises qui ont besoin
de se transformer et rester compétitives à l'international.
Alors,
au cours des prochaines semaines, prochains mois, il y aura des annonces très,
très importantes, où nous avons notamment investi dans un fonds qui
s'appelle le fonds «fintech», en collaboration avec Desjardins...
Le Président
(M. Bernier) : Je dois vous interrompre.
M. Dubé
(Christian) : Ça me fait plaisir.
Le Président
(M. Bernier) : Merci de vos propos.
Document déposé
Avant d'ajourner nos
travaux, avant de suspendre nos travaux, je vais déposer les réponses aux
questions des oppositions. Donc, je dépose ce livre.
Et par la
suite je vous invite, les gens de la Caisse de dépôt, à poursuivre la journée
avec nous, puisqu'il y a des questions additionnelles qui seront posées
par les oppositions sur le sujet.
Donc,
compte tenu de l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à
19 h 30, où elle poursuivra l'étude du volet Finances des
crédits budgétaires du portefeuille Finances. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 15)
(Reprise à 19 h 30)
Le
Président (M. Bernier) : Merci. À l'ordre, s'il vous
plaît! La Commission des finances publiques reprend ses travaux. Et,
bien sûr, je demande aux personnes présentes d'éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
La commission est réunie afin de poursuivre
l'étude du volet Finances des crédits budgétaires du portefeuille Finances pour l'exercice financier 2018‑2019. Une
enveloppe totale de cinq heures a été allouée pour l'étude de ces
crédits, dont trois heures ont eu lieu le jeudi 26 février et deux heures
aujourd'hui.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Bolduc (Mégantic) est remplacé par M. Habel
(Sainte-Rose).
Finances
Discussion générale (suite)
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Écoutez, nous en sommes au deuxième groupe d'opposition...
Bonsoir à
tous. Bienvenue à cette période d'échange, qui va durer deux heures, ce soir.
Donc, bienvenue, M. Sabia. Vous
êtes de retour. C'est parce que vous aimez notre commission, je le sais, je
n'en doute pas. Merci, merci infiniment. Merci aux gens des Finances
également d'être présents avec nous ce soir.
Donc, nous allons débuter, ce soir, avec le
deuxième groupe d'opposition. Donc, M. le député de Granby, la parole est à
vous.
M. Bonnardel :
Merci, M. le Président. C'est mon dernier bloc, et je veux interpeler la caisse,
M. Sabia, sur Ciment McInnis.
L'année passée, je vous ai demandé l'actionnariat de Ciment McInnis, au mois de
mai 2017, ce que... le travail qu'on a fait, bon, intervention du CDPQ
dans Beaudier Ciment. Vous possédez 55 %. On évalue l'investissement à 265 millions de dollars ou à peu près, de la
caisse, dans Ciment McInnis. La valeur que j'ai... qu'on a regardée, ce
que les médias ou certains analystes ont
vérifié aussi, c'est qu'avec l'investissement global de 1,5 milliard ou à
peu près depuis les deux dernières
années la caisse, présentement, a un montant important. Je vous demande,
présentement, quelle est la véritable
valeur, première question, la véritable valeur de l'investissement de la caisse
présentement dans Ciment McInnis.
Le
Président (M. Bernier) : M. Sabia. Nous avons le
consentement pour que M. Sabia puisse prendre la parole?
Consentement. M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : M. le Président,
si vous êtes d'accord, je vais passer la parole à Christian Dubé, qui est
le responsable de ce dossier et, si je peux le dire, a fait un travail assez
remarquable suite à notre décision de prendre le contrôle. Donc, Christian.
Le
Président (M. Bernier) : Consentement à ce que
M. Christian Dubé puisse prendre la parole? Consentement.
M. Dubé.
M. Dubé
(Christian) : Alors, merci, M. le Président. Pour répondre à votre
question, la fourchette de valeurs que l'on
a, que la caisse a à l'intérieur de l'entreprise Ciment McInnis est indiquée
dans notre rapport annuel et se situe dans la fourchette de 150 à 300 millions. Vous me permettrez de m'en tenir
à cette valeur-là parce que c'est la fourchette que l'on donne dans
notre rapport annuel.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. Dubé. M. le député de Granby.
M. Bonnardel :
Pouvez-vous nous expliquer? Dans le document Renseignements additionnels de
votre... de la Caisse de dépôt, vous
parlez de Beaudier Ciment inc., valeurs convertibles, obligations et créances
d'entreprise. Est-ce que pouvez nous
donner un petit peu le portrait, qu'est-ce qui a changé dans les
investissements que vous avez faits ou la valeur que vous lui donnez?
Le Président (M. Bernier) :
M. Dubé.
M. Dubé (Christian) : Oui. Si
vous vous rappelez, l'investissement de la caisse s'est fait principalement en deux étapes. On avait une participation
minoritaire, donc la caisse avait une participation minoritaire qui était en
actions ordinaires, lorsque le premier
investissement s'est fait. Et, lorsqu'il y a eu le dépassement des coûts puis
qu'il y a eu... on a senti le besoin
d'investir pour assurer la viabilité du projet, c'est là que nous avons échangé
pour un montant d'investissement
supplémentaire la prise de contrôle de l'entreprise, et ce qui fait qu'à ce
moment-là nous avons investi dans un instrument financier qui nous
protège de la valeur... Donc, c'est là que nous avons mis ce qu'on appelle des débentures convertibles. Donc, il y a deux types
de produits, il y a deux types d'investissement, soit les actions
ordinaires et... Mais l'ensemble, pour
répondre à votre question, M. le député de Granby, c'est l'ensemble de ces deux
investissements qui est dans la fourchette dont je vous parlais tantôt, de 150
à 300 millions.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Bonnardel :
Avant d'en arriver à ce qu'on croit être la valeur de Ciment McInnis
présentement, versus l'investissement global de l'entité, quel est
l'endettement, présentement, de la cimenterie?
M. Dubé
(Christian) : Je vous dirais que, pour garder des chiffres
approximatifs, là, mais pour donner un ordre de grandeur, il y a environ...
il y a une dette qui est gouvernementale, avec Investissement Québec, de
l'ordre de 350 millions. Ça, c'est des
documents qui sont de nature publique. Et le reste de la dette, c'est avec un nouvel investisseur qui s'appelle BlackRock, qui a investi en même temps que nous. Donc, je dirais, pour garder les chiffres assez
simples, là, c'est à peu près 500 millions de dettes, et le reste est en
équité des investisseurs qui sont là.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Bonnardel :
Est-ce que vous considérez que c'est encore un bon investissement?
Le Président (M. Bernier) :
M. Dubé.
M. Dubé
(Christian) : Oui, tout à
fait, parce qu'il faut... Je pense que c'est important de regarder que la
caisse est un investisseur à long terme.
Lorsqu'on a pris la décision de réinvestir parce que le projet était en
difficulté, comme vous savez, puis il
y avait eu un dépassement des coûts, on a refait une évaluation du marché, on a
refait une évaluation de la valeur de
l'investissement, puis, au moment où on l'a fait, c'était la bonne décision,
d'investir, pour être capable de... que l'entreprise puisse aller à la
fin de la construction, ce que nous avons réussi à l'automne passé. Et, depuis
l'automne, bien, on a mis la production en marche. Et, depuis ce temps-là, on
est en période de progression des opérations.
Donc,
aujourd'hui, on est encore très satisfaits avec notre investissement. Mais on
est en période de... La construction est
terminée. Puis là ce qu'il nous reste à faire, c'est un terminal qui est dans
le Bronx, à New York, pour être capables de faciliter la distribution
aux États-Unis.
M. Bonnardel :
Est-vrai que vous souhaitez vendre Ciment McInnis?
M. Dubé
(Christian) : En fait, ce
que nous avons pris comme décision, ce qu'on fait dans plusieurs
investissements, surtout que le
marché du ciment est très intéressant puis que la plupart des gens qui ont eu
la chance de visiter l'usine... Si jamais
vous avez l'occasion d'aller la voir, vous allez apprécier que c'est maintenant
une usine de classe mondiale. C'est une
usine où plusieurs des joueurs qui sont les leaders de ce marché-là trouvent
cette usine-là une usine de classe mondiale, qui est capable de vendre son ciment sur la côte Est américaine. Alors, on a
eu beaucoup de gens qui se sont informés pour voir s'ils pouvaient être soit partenaires ou
acheteurs, carrément, de la cimenterie. Alors, nous, on a décidé, il y a
quelques mois, en début d'année, parce que la caisse n'est pas, par définition,
un opérateur de «plant» de ciment... nous avons acquiescé et regardé un
processus de... pour aller voir nos options stratégiques. C'est ce que nous
sommes en train de faire, présentement.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Bonnardel :
Si je fais un calcul, Beaudier Ciment, la proportion que vous avez, le montant
que vous me dites, entre 150 et
300 millions, gestion McInnis, Ciment McInnis aurait une valeur entre
413, selon nous, et 826 millions de dollars. Il y a des analystes qui ont évalué, vous avez sûrement vu, une
firme de Toronto ou ailleurs, qui disent que jamais, jamais, jamais il n'y a personne qui va payer
au-dessus de 1 million pour Ciment McInnis. Est-ce que... 1 milliard.
Est-ce que vous confirmez? 1 million,
ce serait tout en deal, mais, 1 milliard, ça commence à coûter cher quand
on... Est-ce que vous confirmez ou
infirmez l'analyse que moi, je fais aujourd'hui, qu'on fait sur la valeur de
Ciment McInnis, versus aussi ce que les analystes, certains analystes
financiers, ont fait aussi, là?
M. Dubé
(Christian) : Bien, je pense, vous faites référence à un article où il
y a eu un évaluateur qui est arrivé. Je
ne commenterai pas les évaluations, parce qu'un évaluateur... Nous, ce qu'on
fait, habituellement, lorsqu'on veut avoir une bonne idée de l'investissement, si on sent le besoin d'aller à
l'externe, on va prendre plusieurs évaluateurs et non juste un comme c'est le cas de cet article-là dont vous
parlez. Mais, deuxièmement, nous sommes en train, comme j'ai dit, de regarder certaines évaluations stratégiques, et
les valeurs qui sont discutées par les joueurs stratégiques qui sont en
train de regarder le plan sont très
intéressantes pour nous. Je laisserais ça pour le moment, parce que, dans un
processus stratégique, je peux vous dire que... Vous comprendrez,
aujourd'hui, que je ne peux pas parler de valeur. Mais nous sommes
excessivement satisfaits du processus qui se déroule en ce moment.
• (19 h 40) •
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député.
M. Bonnardel :
Oui, c'est vrai qu'il y a un analyste qui a fait une analyse. Il y a Bloomberg
qui en parle aussi. J'imagine que, Bloomberg, ce n'est pas juste des
rumeurs. À quelque part, si eux sont informés... Si tout allait bien, pourquoi
la caisse vendrait?
Donc, vous
confirmez quand même que vous êtes en processus pour regarder la possibilité de
vous départir... Est-ce que vous
infirmez ou confirmez la valeur de Ciment McInnis aujourd'hui? Avec le montant
que vous nous avez dit au début, 150 à 300 millions, si je fais une
règle, je descends plus bas, pour moi, Ciment McInnis ne vaut pas plus que
826 millions de dollars aujourd'hui.
Le Président (M. Bernier) :
M. Dubé.
M. Dubé
(Christian) : Avec plaisir.
Vous avez posé deux questions. Je vous dirais que la valeur de notre placement,
en ce moment, n'est aucunement
reliée... en cause. Puis je vous donne juste un exemple. C'est une usine qui
va prendre de deux à trois ans à
atteindre son plein potentiel de production. Pour avoir la pleine valeur de cette usine-là,
c'est un peu comme ce qu'on discutait
pour le REM tout à l'heure, il y a ce qu'on appelle un «ramp-up» à faire. On est seulement après neuf mois d'opération et on est déjà sur le budget au
niveau de la production.
C'est ce qui fait que des joueurs sont très intéressés en ce moment. Ça, c'est la première question. Donc, on n'est
pas... je ne suis pas capable de vous dire, aujourd'hui, est-ce qu'il y
a une baisse de valeur ou une plus-value, mais ce qu'on sait, c'est qu'il y a
de l'intérêt.
Maintenant,
lorsqu'on aura fini ce processus-là, qui va durer toute l'année, là on prendra
une décision. Est-ce qu'on attend que l'usine soit plus avancée dans son
«ramp-up» de production ou on décide de faire une vente, soit totale ou partielle, ou de garder 100 % de notre
investissement? Pour moi, aujourd'hui, il est trop tôt pour le dire. Mais on
est très satisfait d'où on est rendus avec la production.
M. Bonnardel :
Oui. Bien, M. Dubé, juste... rapide, on a mis 1,5 milliard dans
Ciment McInnis, là, vous ne pouvez pas
me confirmer que Ciment McInnis vaut aujourd'hui 1,5 milliard. Bon, il y a
des analystes qui ne se sont logiquement pas trompés, vous n'infirmez pas non plus le fait que... Je vous donne
des chiffres, là. Selon la valeur que vous m'avez donnée de ce que vous avez mis comme argent dans
Ciment McInnis, moi, je fais une règle, puis je regarde en bas, puis je
me dis : Comment on peut arriver à...
M. Dubé (Christian) : M. le
député de Granby, je ferais juste vous répondre ce que je vous ai répondu. Nous
sommes un investisseur à long terme. Cette
usine-là est maintenant dans son neuvième mois de production, on est en
train de finaliser le terminal du Bronx. Il
y a beaucoup de joueurs de l'industrie, de classe mondiale, plusieurs, qui sont
en train de regarder cette usine-là, et les commentaires que l'on a, à
date, sont excessivement positifs.
Alors, je
vous dirais qu'aujourd'hui on est à la bonne place. Puis on suit exactement le
plan qu'on s'est donné lorsqu'on a décidé de réinvestir, il y a un an.
M. Bonnardel :
O.K. M. Sabia, il me reste à peu près cinq minutes, je crois.
Le Président (M. Bernier) :
Oui, c'est exactement ça.
M. Bonnardel :
Dites-moi... J'ai fait un petit exercice. Entre 2013 et 2017, j'ai regardé le
nombre de cadres et le nombre total
d'employés que la caisse a. Quand on parle de cadres, au 31 décembre 2013,
il y avait 151 cadres à la caisse; au 31 décembre 2017, 213.
Total d'employés : 810, en 2013, à 1 064.
Je comprends qu'il y a des antennes à
l'extérieur du pays qui ont été mises en place, j'ai cru lire à peu près
100 employés de plus. Expliquez-moi comment on a pu avoir une augmentation
de 41 % du nombre de cadres en quatre ans et de 31 % du nombre
d'employés en quatre ans.
Le Président (M. Bernier) :
M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : Oui. M. le
Président, ça, c'est une bonne question. Cette augmentation de nos
effectifs... cette augmentation vient de,
disons, je dirais, deux choses. Oui, vous avez raison, un élément, c'est la
mondialisation de l'organisation,
notre décision d'ouvrir les bureaux à l'étranger, qui jouent un rôle absolument
essentiel dans le processus de
mondialisation. Pourquoi? Parce que nous avons besoin les gens qui sont sur le
terrain pour chercher des transactions, pour travailler avec les
partenaires. Donc, ça, c'est un élément qui franchement, jusqu'à date,
fonctionne très bien.
Un autre
élément... Peut-être trois éléments. Un autre élément, c'est la question de
notre stratégie d'investissement d'augmenter
notre exposition dans les actifs, disons, moins liquides. Ça, c'est des
immeubles mais surtout infrastructures et placements privés. Et donc,
avec cette augmentation — et
je vais vous donner un exemple — en infrastructures, il y a des années, on avait un portefeuille d'à peu
près 4 ou 5 milliards de dollars. Maintenant, c'est presque
20 milliards de dollars. Mais, par sa
nature, ce portefeuille et ces investissements demandent des équipes plus
larges également, demandent un niveau d'expertise qui est plus élevé.
Pourquoi? Parce que nous faisons ces investissements nous-mêmes, nous ne sommes pas... Et c'est la même chose pour nos
pairs canadiens, mais, à l'extérieur du pays, ils ont un autre modèle,
ils utilisent les gestionnaires externes,
qui sont tellement plus chers, quatre fois, cinq fois... quatre fois, trois
fois plus chers que la gestion interne. Donc, je pense, dans l'ensemble,
notre modèle est beaucoup plus efficace.
Un
troisième élément, c'est... et Christian, juste avant le souper, vient de faire
référence à ça, nous avons décidé d'agrandir notre équipe, focaliser sur
les investissements au Québec...
Le Président (M. Bernier) : ...pour
permettre au député de poser...
M. Bonnardel :
Dernière question. M. le ministre des Finances, au cours des dernières années,
les PME des secteurs primaire et
manufacturier ont obtenu une réduction de leur taux d'imposition de 8 % à
4 %, il est passé de 8 % à 4 %
pour les entreprises qui ont plus de 5 500 heures travaillées. Puis,
dans le dernier budget, de mars 2018, le gouvernement a annoncé que les secteurs des services et de la
construction obtenaient le même avantage, mais la clause des
5 500 heures va s'appliquer.
Quand je vous parle des 5 500 heures,
vous êtes habiles avec ça. Ça veut dire qu'un petit entrepreneur en construction qui pose des planchers ou fait des
petites rénovations ne sera pas admissible. Les petits entrepreneurs,
donc, n'obtiendraient pas cette baisse d'impôt. Vous répondez quoi à ça?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão :
Écoutez, l'objectif de cette mesure est de baisser le fardeau fiscal sur les
PME québécoises. L'enjeu des 5 500 heures,
c'est pour nous assurer que... pour contrer, si vous voulez, les planifications
fiscales un peu agressives, où on veut
s'assurer qu'on fait bel et bien face à des véritables PME et pas à des
artéfacts pour passer à côté de payer les impôts. Donc, c'est pour ça que nous avons jugé nécessaire
d'inclure cette mesure-là, pour nous assurer de l'intégrité du régime fiscal.
Le Président (M. Bernier) : 30
secondes.
M. Bonnardel :
...petites entreprises de trois employés et moins n'auraient pas accès à cette
baisse d'impôt que vous leur donnez, là, si je comprends bien, là.
M. Leitão : C'est pour ça que
nous avons transformé ça en heures travaillées. Donc, ce n'est pas seulement
trois travailleurs et moins, c'est en heures travaillées.
M. Bonnardel :
Bien, en heures, je fais le calcul...
M. Leitão : C'est quand même un
peu moins que trois, c'est...
M. Bonnardel :
C'est 2,6, là.
M. Leitão : Mais c'était une
recommandation tant de la... à l'époque, du rapport Godbout, pour ce qui est de
l'intégrité du système fiscal, mais aussi et
surtout de la Commission des finances publiques, qui avait regardé les
paradis fiscaux et l'évitement fiscal.
Donc, nous
avons ajouté cette mesure essentiellement pour éviter des planifications
fiscales agressives. Maintenant, on va voir avec le temps. Si cela
provoque des résultats non désirés, on ajustera.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Nous retournons du côté ministériel avec M. le député de Sainte-Rose.
M. Habel :
Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Je regardais, au niveau de la Caisse de
dépôt et placement du Québec, les
investissements qui se faisaient sur le portefeuille global, en général, et
j'avais une question par rapport à ce qu'on
retrouve dans le rapport financier 2017, c'est-à-dire la différence entre les
investissements que vous faites depuis 2012...
c'est-à-dire une bonne proportion, par rapport à 2012 et 2017, davantage
d'investissements se font aux États-Unis, en Europe et aussi dans les marchés en croissance, ainsi que dans les
autres régions. Donc, je voulais savoir un peu comment se porte votre
transition, en termes d'investissement, dans ces nouveaux marchés
Le Président (M. Bernier) :
Qui répond? M. le ministre? Je ne sais pas, là, il y a une question, je ne sais
pas qui veut répondre.
Des voix : ...
Le
Président (M. Bernier) : M. le député de Sainte-Rose,
peut-être répéter sommairement votre question, là.
M. Habel :
Oui, sans problème. Bien, dans le rapport annuel, on est... je suis à la page
12 et je vois le rendement des actifs
et l'exposition géographique du portefeuille global, et on voit qu'en 2012 on a
des investissements au Canada de
57 %, de 20 % aux États-Unis, de 12 % en Europe et de 6 %
dans les marchés en croissance, ainsi que 5 % dans les autres régions. Et je vois qu'en 2017 on a des
investissements de 42 % au Canada, de 28 % aux États-Unis, de
11 % dans les marchés en
croissance et de 6 % dans les autres régions. Donc, je vois qu'il y a de
plus en plus d'investissements qui se font
en Europe et dans les marchés en croissance, peut-être dû aux accords de
libre-échange que l'on fait avec beaucoup de pays, notamment avec l'Union européenne, et aussi les discussions
qu'on a avec l'accord de... transpacifique. Donc, je voulais savoir si c'était l'une des raisons qui
expliquaient le changement d'investissement dans le portefeuille global
à la Caisse de dépôt et de placement du Québec.
• (19 h 50) •
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : O.K. Une autre
bonne question. Nous avons décidé il y a des années maintenant de
baisser notre exposition au Canada et de
façon substantielle. Pourquoi? Parce qu'il y a des années, en 2010‑2011, la caisse était surexposée au Canada de façon extrêmement importante. Parce
que le Canada représente un
pourcentage assez petit de l'économie
mondiale. Donc, nous avons débuté un processus de réduire cette exposition. Au début, on était à peu près à 60 % de nos actifs
investis au Canada. Maintenant, c'est à peu près 40 %, et donc une baisse
de 20 %.
Nous allons
franchement continuer à faire baisser notre exposition au Canada, je ne sais
pas jusqu'à quel chiffre, mais, étant
donné notre lecture de l'économie mondiale et les occasions de croissance qui
existent ailleurs dans le monde, je pense que ça, c'est une exposition
plus saine pour l'avenir de notre portefeuille. Donc, ça, c'est une chose.
Deuxième
chose, oui, c'est vrai, vous avez raison, nous avons beaucoup augmenté notre
exposition aux États-Unis.
Maintenant, c'est juste à peu près 28 % ou 29 %, presque 30 % du
portefeuille; il y a des années, on avait à peu près 17 % ou 18 %. Donc, une augmentation
importante aux États-Unis. Pourquoi? Parce que l'économie américaine
représente une source de... évidemment,
c'est l'économie la plus importante au monde, mais également une source
d'innovation et une source de
résilience à long terme qui est très importante. Et donc nous avons décidé
d'augmenter cette exposition. Pour
l'instant, on est arrivés à un niveau d'exposition qui, selon nous, pour
l'instant, est raisonnable, étant donné certaines incertitudes qui
existent actuellement aux États-Unis.
Troisième élément, nous avons augmenté nos
investissements aux pays émergents — la Chine, le Brésil, le Mexique, la Colombie, l'Inde — et on a des petites participations dans
d'autres pays dans le monde émergents. Pourquoi? Parce que ces pays représentent une source de croissance extrêmement
importante. Et, pour revenir à la question du député de Granby, c'est la raison pour laquelle nous
avons besoin des équipes sur le terrain dans chacun de ces pays pour
mieux comprendre qu'est-ce qui se passe et pour développer les meilleurs
partenariats.
Donc, ça, c'est nos orientations.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Merci beaucoup, M. le Président. Juste une question complémentaire pour
M. Sabia, si c'est possible. C'est... Justement, il a parlé des
marchés émergents. Et, dans la plus récente revue de presse, j'ai lu une
entrevue, un article où ils mentionnent que
l'Inde est un marché de plus en plus important. Donc, quand mon collègue
faisait référence aux investissements
internationaux de la caisse, une des statistiques qui est frappante, c'est
justement de quelle façon les marchés
émergents sont passés de 6 % à
11 % entre 2012 et 2017. Et
l'Inde, selon les informations, là, qu'on retrouve, c'est près de 6,5 milliards de dollars
d'investissement suite notamment à une présence de la caisse en Inde,
notamment l'ouverture d'un bureau. Peut-être nous parler... Parce que vous avez
fait référence au fait que la caisse croit dans le... «the story of India», fait partie un peu de la politique de
placement et d'investissement, là, en Inde. Racontez-nous en quoi, justement, l'Inde représente un de ces
marchés émergents pour lesquels vous considérez qu'il y a une valeur
ajoutée à aller chercher pour, justement, le bénéfice de la caisse et des
Québécois.
Le Président (M. Bernier) :
M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : Donc, selon
nous, l'Inde est, quoi dire, la nouvelle Chine sur la scène internationale. Je
dis ça parce que l'inde représente une... il
y a une population domestique très importante, l'économie domestique est
très, très, très importante, et le niveau de croissance, ça varie un peu entre
6,5 % et 7,5 %, même 8 %, donc une source de croissance très, très, très importante. Mais même
plus important que juste le taux de croissance, qui est, dans le fond,
un résultat d'autres facteurs, on a en
Chine, par exemple, une compétence technologique qui est vraiment de classe
mondiale. L'Inde devient peut-être le pays, le troisième pays le plus important
au monde en innovation grâce à ses compétences technologiques. Ça, c'est un
facteur.
Deuxième
facteur, le gouvernement, en Inde, est en train de mettre en vigueur plusieurs
réformes importantes, un changement
de la structure de l'économie. Et donc, avec ces changements, il y aura, selon
nous, une augmentation du potentiel de croissance en Inde qui est
importante. Et notre objectif, toujours, on voit la même chose au Mexique
actuellement, notre objectif est toujours d'essayer d'identifier les pays avec
le potentiel d'augmenter leur potentiel de croissance économique.
Donc, ça,
c'est les deux raisons. Il y a également la qualité de la main-d'oeuvre, en
Inde, qui est très importante et qui est très impressionnante. Donc, ça,
c'est la raison pour laquelle nous nous intéressons à l'Inde.
Juste un
dernier commentaire de ma part : En Inde, nous avons réussi sur un autre
plan, parce que, chaque fois que nous
investissons dans un pays émergent, nous mettons beaucoup d'actions sur la
qualité de nos partenaires. Nous disons, à la caisse : Partenaires
en premier; transactions, deuxième. Donc, nous avons réussi, en Inde, à
identifier des partenaires de grande, grande
qualité, qui nous rend très à l'aise de faire ces investissements en Inde,
étant donné la qualité de ces personnes. Et donc nous sommes plus à
l'aise, en Inde, de déployer du capital, pour tous ces facteurs et pour toutes
ces raisons.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Polo :
Merci. Combien de temps il reste, M. le Président?
Le Président
(M. Bernier) : 5 min 30 s.
M. Polo :
Je pense, mon collègue de Sainte-Rose a une complémentaire.
Le Président
(M. Bernier) : M. le député de Sainte-Rose.
M. Habel :
Oui. Merci beaucoup, M. le Président. On parlait de l'international, on parlait
aussi de mondialisation, puis un des
principaux objectifs de la caisse, c'est effectivement d'être... d'appuyer les
entreprises québécoises à être des conquérantes.
Et on l'a vu avec des acquisitions internationales très importantes qui ont été
faites par... entre autres, une cinquantaine
d'acquisitions qui ont été faites depuis deux ans, là, dans votre portefeuille.
Donc, j'aimerais que vous puissiez développer sur ce premier objectif
que vous avez de vraiment appuyer les entreprises québécoises à aller acquérir
des marchés à l'étranger.
Le Président
(M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : Oui, M. le Président. Comme disait Christian,
juste avant le souper, un élément important de notre stratégie, au
Québec, est de contribuer à la mondialisation de l'économie québécoise. Pourquoi?
Parce que l'économie québécoise représente
une partie très, très, très petite de l'économie mondiale, à peu près
0,3 % de l'économie mondiale.
Donc, selon nous, une chose importante pour sécuriser l'avenir de l'économie
québécoise est de trouver les moyens de mondialiser notre économie. Une
façon de le faire est d'accompagner des sociétés québécoises avec les compétences, avec les technologies, avec la
main-d'oeuvre de qualité nécessaires pour gagner sur les marchés internationaux.
Et donc je vais vous
donner juste quelques exemples. C'est ce que nous avons fait, nous avons
financé une acquisition, il y a des années,
très importante, de la part de CGI, et qui a très, très, très bien réussi. Nous
avons fait la même chose avec
SNC-Lavalin, donc, avec Cisco, avec Solmax, avec Fix Auto, plusieurs exemples,
et parce que ça fait partie de notre mission, de contribuer au
développement de ces sociétés québécoises.
Et le mot, Christian a utilisé le même mot, mais
c'est tellement important, et ça, c'est la question d'accompagnement,
parce que nous avons un actif, ce n'est pas juste notre capital. Un autre actif
qui est précieux, c'est notre réseau, nos partenaires
à l'international. Et donc nous passons beaucoup de temps sur la question de
connecter, d'agir comme un pont entre
une société québécoise et un partenaire à l'international parce que ça, c'est
la chose la plus difficile, pour une société qui travaille ici, au Québec. La chose la plus difficile est
d'identifier quelqu'un à l'extérieur avec qui cette société pourrait
travailler. Et donc ça, ça fait partie de notre travail. Et je pense que c'est
une chose... Je pense que jusqu'à date nous avons bien réussi.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de Sainte-Rose.
M. Habel : Et, dans une perspective de mondialisation, les accords de libre-échange jouent un rôle très important, donc je voulais vous entendre sur les effets que
ces accords de libre-échange ont, par
exemple celui qu'on a conclu
avec l'Union européenne ou celui qui est en renégociation avec l'ALENA. Donc, à
quel point ça influe vos décisions, là, d'investir à l'international, tous ces
accords de libre-échange qui sont discutés actuellement?
• (20 heures) •
Le Président
(M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : M. le
Président, donc, évidemment,
la question de commerce international et libre-échange est vraiment... c'est une question très importante,
actuellement. Honnêtement, pour nous, pour l'instant, notre préoccupation, notre focus, ce n'est pas
notre préoccupation. Notre focus, nous somme focalisés sur l'avenir d'ALENA. Et
je pense qu'étant donné la décision de l'administration, aux États-Unis, d'embarquer dans une... dans une je ne sais pas quoi avec la Chine... Je ne
veux pas utiliser le mot «guerre» parce
que ce n'est pas évident à moi que
c'est une guerre, mais, pour l'instant,
il semble que la priorité de l'administration, aux États-Unis, soit la Chine. Pourquoi je dis ça? Dans le
contexte d'ALENA, selon moi, si les États-Unis
focalisent sur la Chine et, pour toutes sortes de raisons, ils s'intéressent de
façon plus importante en Chine, je pense
que ça augmente la probabilité de
trouver des solutions pour l'avenir d'ALENA. Et donc nous sommes... moi, je suis, personnellement, un
peu plus optimiste que le gouvernement du Canada, le gouvernement du
Mexique, ils vont réussir à renégocier une entente raisonnable avec les
États-Unis.
Donc,
ça, c'est notre priorité numéro un pour l'instant, sur la question de commerce
international. Évidemment, tout le
monde, je pense, est un peu préoccupé du risque que le monde va tomber dans une
guerre de commerce international, qui
n'est dans les intérêts de personne, absolument personne, y compris les
États-Unis. Donc, ça, c'est évidemment une autre priorité, et ça, c'est
une préoccupation de notre part.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. Il reste quelques secondes. Avez-vous...
M. Habel :
Bien, on va les reporter aux autres blocs. Merci.
Le
Président (M. Bernier) : Ça vous va? Bon, c'est très bien. Donc,
nous reprendrons tout à l'heure. Nous allons aller du côté de
l'opposition officielle avec M. le député de Sanguinet.
M. Therrien :
Merci, M. le Président. Écoutez, dès le départ, j'aimerais revenir sur la
question que mon collègue a posée,
elle était très pertinente. Et j'ai écouté avec attention les réponses de
M. Sabia et je n'ai pas obtenu... en tout cas, je n'ai pas entendu
une réponse à la question, ça fait que je vais la reposer une deuxième fois.
Avec sa vaste
expérience, qu'on salue, et aussi avec le fait que vous avez à peu près
1 000 personnes qui travaillent à la Caisse de dépôt, j'imagine que vous avez déjà vu... Bien, je vous
pose la question : Est-ce que vous avez déjà vu une situation où une entreprise va céder 50,1 %
de son actionnariat pour rien, pour zéro dollar, alors qu'elle n'a pas de
dette à long terme? On vous avait demandé un
exemple de ça. Puis, s'il n'y en a pas, vous dites : Bien, il n'y en a
pas. C'est tout.
Le Président (M. Bernier) :
M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : Donc,
évidemment, M. le Président, je ne suis pas en mesure de me souvenir de toutes
les circonstances au monde.
Donc, ceci
étant dit, évidemment, vous faites référence à la transaction entre Bombardier
et Airbus. Et, pour revenir à ce sujet, selon moi, selon nous... Parce
que ce n'est pas juste une question du prix d'un transfert, pour évaluer une transaction, il faut essayer d'évaluer l'ensemble
de la transaction et l'ensemble de la situation des deux participants
dans la transaction. Dans ce cas, étant
donné le niveau d'endettement de la part de Bombardier, également l'enjeu
fondamental, la nécessité de vendre et d'accélérer les ventes du CSeries, ils
ont... avec ce partenariat, dans le temps, je pense que Bombardier a pris une décision qui va augmenter de façon très importante
leur détention du CSeries, qui est... oui, je suis d'accord avec vous, est maintenant dans un
partenariat avec Airbus, mais Airbus va contribuer une valeur très
importante, et ça, c'est la capacité de vendre cet avion.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. Sabia. M. le député.
M. Therrien :
Ça confirme ce qu'on a toujours pensé. Il y a une entreprise qui a donné
50,1 % de son entreprise à un
concurrent. Il n'y avait aucune dette à long terme, on l'a vérifié à maintes
reprises. On a même demandé à la ministre, il n'y avait aucune dette à
long terme. Alors, que dire de plus?
Puis en plus
il faut rajouter qu'ils ont obtenu 100 millions d'options, ça équivaut à 170 millions de dollars en
plus. Puis en plus Bombardier s'est engagée à donner 1 milliard sur trois
ans si jamais la compagnie avait besoin de fonds de roulement.
Alors, on est
vraiment en voiture. C'est vraiment un cas d'espèce. Et moi, je ne suis pas sûr
qu'Alain Bellemare mérite autant
d'augmentation de salaire après voir fait un deal comme ça. Puis finalement, au
bout de sept ans, il va pouvoir donner l'entreprise... l'entreprise,
Airbus va pouvoir acheter l'entreprise, si ça fonctionne. Tout un deal!
Alors, pour revenir au REM, 0,72 $,
personne-kilomètre...
Une voix : ...
M. Therrien :
Bien, j'ai eu ma réponse.
Le Président (M. Bernier) :
Non, je pense que, s'il a eu sa réponse...
M. Therrien :
J'ai eu ma réponse.
Le
Président (M. Bernier) : Vous aurez l'occasion, tout à
l'heure, sur la partie ministérielle,
de revenir sur le sujet. Vous aurez l'opportunité.
M.
Therrien : Le REM,
c'est 0,72 $ par personne-kilomètre, puis je vous ai entendu — je
peux m'adresser à M. Sabia? — je vous ai entendu à maintes reprises
dire...
Le Président (M. Bernier) :
Si ça va bien, oui. Si ça va moins bien, non.
M. Therrien :
Oui, oui, ça va toujours bien. C'est à peu près 0,21 $, 0,22 $, le
coût à l'usager, de l'usager, hein, c'est
ça, 0,22 $ sur 0,72 $. C'est ça? Écoutez, moi, je suis visuel. Le
0,72 $, il est payé 0,21 $, à peu près, par l'usager... Est-ce que vous voyez bien ou... 0,12 $ pour
les villes puis 0,39 $ du gouvernement. Moi, je vous ai entendu à
maintes reprises le dire, puis c'est
correct, là, vous dites : Moi, j'aimerais que les gens paient le moins
cher possible pour avoir accès au REM. C'est la loi de la demande. Quand
tu baisses le prix de quelque chose, il y a plus de monde qui vont l'utiliser. Ça, on est bien d'accord avec ça.
C'est-à-dire que vous, vous voulez avoir une baisse du montant que
l'usager va verser, j'ai entendu à plusieurs reprises. Est-ce que... Ça va, ça?
Vous êtes d'accord avec ça?
Une voix : ...
Le Président (M. Bernier) :
Oui, allez-y, M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : Donc, nous avons
dit, juste pour clarifier, que, selon nous, les tarifs seront
comparables aux tarifs actuels pour les usagers.
M. Therrien :
O.K. Je n'ai pas les preuves avec moi, mais vous l'avez dit au moins à deux
reprises, que vous vouliez avoir le
tarif le plus bas possible pour que ce soit accessible à la population. Je ne
veux pas vous mettre des mots dans la bouche. Si vous dites : Non,
ce n'est pas vrai...
M. Sabia (Michael) : Non, non,
non.
M. Therrien :
Mais il me semble que je vous ai entendu deux fois...
M. Sabia (Michael) : Oui.
M. Therrien :
Bon. O.K. Ceci étant dit, ça veut dire que... Si on baisse ça, est-ce que vous
allez quand même recevoir 0,72 $ de la
part de l'ARTM ou est-ce que, donc, ça veut dire que... Est-ce que vous allez
recevoir encore 0,72 $ par personne-kilomètre, même si le tarif
baisse, dans vos modèles? Peut-être que M. Tall pourrait répondre, là.
M. Sabia (Michael) : Oui,
allez-y, Macky.
M. Tall
(Macky) : Oui. La réponse,
c'est que le revenu que le REM reçoit pour chaque passager-kilomètre
transporté est établi, c'est 0,72 $ par kilomètre-passager.
M. Therrien :
Parfait. On s'entend bien. Donc, moi, je vais vous dire, là...
Le Président (M. Bernier) :
Tant mieux.
M. Therrien :
Non, non, mais c'est bien, parce que...
Le Président (M. Bernier) :
On va voir si ça continue.
M. Therrien : ...je
trouve ça exceptionnel, parce que tu dis : On baisse le tarif, il y a plus de monde qui embarque dans le REM. Ça, c'est génial. Les entreprises
font ça, ils baissent les prix pour avoir plus de monde, ils disent : Je
vais renoncer à un certain revenu parce que ça coûte moins cher. Mais le cas de
la Caisse de dépôt et de placement, c'est unique,
ils disent : Baissez les tarifs le plus possible, puis il va y avoir plus
de monde qui va rentrer, et moi, j'aurai toujours 0,72 $ par personne-kilomètre.
Ça veut dire que le montant qu'ils auront dans leurs poches, c'est la même
affaire.
Là où le bât
blesse, puis là je m'adresse au ministre, est-ce que vous, là, vous consentez à
augmenter votre subvention puis... Je
ne veux pas... Les villes ne sont pas devant moi, là. Ça veut dire que vous,
là, si on baisse les tarifs, vous
allez augmenter les subventions que vous versez, là, automatiquement, parce que
c'est 0,72 $. Ça veut dire que... Si les usagers paient moins, ça
veut dire que vous allez payer plus. Vous êtes d'accord avec ça?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Non, pas d'accord
avec ça. Peut-être M. Macky Tall pourrait vous expliquer un peu comment ça
fonctionne.
Le Président (M. Bernier) :
M. Macky Tall.
M. Tall
(Macky) : Oui. Alors, c'est important
de mentionner, en fait, deux choses. Premièrement, vous êtes revenu sur notre objectif, en
effet, d'avoir un tarif compétitif pour les usagers, et c'est la raison pour
laquelle, M. Sabia l'a mentionné un peu
plus tôt, nous avons mené un processus compétitif pour maintenir les coûts les
plus bas possible, pour pouvoir livrer, justement, un coût compétitif
qui est 0,72 $ par kilomètre-passager. J'aimerais rappeler que ce coût se compare avantageusement aux autres réseaux de
transport en vigueur. Prenons les trains de banlieue, par exemple, qui
sont à plus de... près de 0,89 $ par kilomètre-passager, en comparaison.
Deuxième
élément de réponse, c'est sur le volume, si c'est votre question. Plus le REM
va utiliser de passagers et plus le
coût, en fait, sera bas. Comme vous le savez, dès que l'achalandage est en
hausse de plus de 15 %, on réduit, et à ce moment on ne reçoit plus
0,72 $, on reçoit 0,58 $ du kilomètre-passager.
• (20 h 10) •
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Therrien :
Juste 15 secondes, là. Ça veut
dire que, si tu baisses ça, si tu baisses l'argent que les usagers
donnent puis que le ministre,
il dit : Moi, je ne paie pas, puis on reçoit quand même
0,72 $... C'est parce que
c'est-u les villes qui vont payer ou...
C'est qui qui va... Parce que pas besoin d'être fort en maths, je veux dire. À
0,72 $, là... Quand tu baisses le prix des usagers, il y a quelqu'un qui est obligé de compenser. Est-ce que
c'est le ministre des Finances ou c'est les villes qui vont compenser? Le ministre des Finances
dit : Non, ce ne sera pas moi. Donc, je peux-tu deviner que c'est les
villes qui vont compenser?
M. Leitão : Non plus.
Une voix :
Non plus.
M. Therrien : Ah!
Donc, ce n'est pas la main invisible d'Adam Smith qui va régler le problème?
M. Leitão : ...vous expliquer
comment ça marche.
M. Therrien : Oui, mais
rapidement, hein, parce que j'ai d'autres questions, là, j'ai plein de
questions. M. Tall...
Le Président (M. Bernier) :
M. Macky Tall.
M. Tall
(Macky) : Oui, M. le Président. De nouveau, ce que nous avons
contractuellement comme engagement, c'est
qu'en travaillant fort pour faire du REM un succès, en offrant un bon service
et en ayant un achalandage accru, le volume additionnel nous permet de
couvrir nos coûts à un niveau de revenu inférieur. Donc, dans l'exemple précis de 15 % d'achalandage de plus, le revenu
total que nous recevons par passager est de 0,58 $, sans contribution,
sans un cent de plus du gouvernement ou de qui que ce soit d'autre.
Le Président (M. Bernier) : ...M. Macky
Tall. On va le prendre, le temps.
Une voix : ...
M. Tall (Macky) : Ce sont les
faits, M. le Président.
M. Therrien :
C'est parce que ce n'est pas vous qui payez. C'est parce que c'est
460 millions...
Le Président (M. Bernier) :
Oui, allez-y, M. le député, je vous donne la parole.
M. Therrien :
...c'est 200 millions par année que M. le ministre va être obligé de
verser, 200 millions avant que ça arrive, ça, 200 millions par
année que le gouvernement va verser pour le REM.
Autre
question. Ici, revenus du REM, un tiers va aux services; deux tiers,
immobilisations, profits ou rendement. C'est ça, là, la... J'ai lu votre
document, là, c'est un tiers-deux tiers. J'ai lu ça.
Le Président (M. Bernier) : M Tall.
M. Tall
(Macky) : ...préciser la question pour savoir où ça a été lu. Je ne
retrouve pas nécessairement cette proportion puisque...
M. Therrien :
Bon. Je vous donne... O.K., oui. Je vous donne 0,72 $, il y a deux tiers
qui va aux coûts totaux d'immobilisations, puis un tiers, coûts d'exploitation.
C'est ce que j'ai comme document.
M. Tall (Macky) : Oui, O.K.
M. Therrien :
Parfait. Est-ce que ça, avec le temps, ça va changer ou ça va rester comme ça?
M. Tall (Macky) : Comme nous
l'avons...
Le Président (M. Bernier) :
M. Macky Tall.
M. Tall (Macky) : Oui, M. le
Président. Donc, comme nous l'avons mentionné un peu plus tôt, M. Sabia
l'a mentionné, le rendement, la caisse est
un investisseur de long terme, et elle fait son rendement, j'y ai également
répondu dans une question un peu plus tôt...
nous ne faisons pas le rendement sur un an ou deux ans mais sur le très long
terme. Donc... Et dans ce sens-là c'est un ratio qui reste constant.
M. Therrien :
Parfait. O.K. O.K. Qu'est-ce qui est compris dans le 0,24 $? Parce que
vous n'avez pas de chauffeur. Vous avez l'électricité à payer, mais vous
avez un beau don d'Hydro-Québec.
M. Tall (Macky) : Oui, de...
M. Therrien : De
338 millions.
Une voix : ...
Le Président (M. Bernier) :
Bien, si vous voulez terminer... Terminez votre question, là.
M. Therrien : ...c'est
ça, c'est qu'est-ce qui est inclus là-dedans?
Des
voix : ...
Le Président
(M. Bernier) : Bon, c'est quoi?
M. Therrien :
Bien, c'est ça, les coûts variables, je l'ai déjà demandé, M. Tall, les
coûts variables, puis vous ne m'aviez pas répondu. Mais là je vous
laisse une deuxième chance, là. C'est quoi, le 0,24 $?
Le Président
(M. Bernier) : M. Macky Tall.
M. Tall
(Macky) : Oui, M. le Président. De nombreux éléments sont inclus.
Donc, Alstom, le consortium Alstom est
responsable de l'opération à long terme du REM. Ça inclut la maintenance, la
réparation des rails sur le long terme, ça inclut le remplacement de pièces de rechange. C'est un équipement qu'on
va garder pendant plusieurs décennies, sur le long terme, qui doit être
maintenu. Il y a des dépenses, il y a des pièces à remplacer. Il y a des
éléments comme les assurances, il y a la maintenance
majeure, donc, quand des composantes importantes cassent. Donc, tous ces
éléments rentrent dans ce coût-là.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député.
M. Therrien :
O.K. 3,8 milliards sur 20 ans, c'est ça que ça va coûter, les frais de
service. Est-ce qu'il serait possible d'avoir
la ventilation de ce que vous m'avez dit? Parce que j'ai un petit peu de misère
à croire que, sur 20 ans, là, ça va coûter 3,8 milliards de dollars pour ce réseau-là, qui n'utilise
pas de chauffeur, puis, comme je vous ai dit, Hydro-Québec vous a fait
un don de 338 millions. Si vous mettez ça à la banque à 8 %, là, ça
veut dire que c'est un retour sur investissement de 30 millions par année.
C'est assez pour payer bien, bien, bien de l'électricité, ça.
J'aimerais ça avoir... Est-ce qu'il est possible
d'avoir la ventilation de ça, s'il vous plaît, de ce que vous me dites là?
Le Président
(M. Bernier) : M. Macky Tall.
M. Tall
(Macky) : M. le Président, je confirme que tous ces éléments sont
inclus. C'est un système à la fine pointe de la technologie, et la caisse, comme elle le fait dans tous ses autres
investissements, ne lésine pas sur les investissements à faire pour
maintenir un service fiable, fréquent pour les utilisateurs.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député.
M. Therrien :
...de voir une ventilation de ça. C'est ce que je comprends? O.K.
J'aimerais avoir un tableau détaillé, quelque
chose. Tu sais, vous savez, ça, là, c'est les contribuables québécois qui vont
payer pour ça, là. Je pense que le juste
retour des choses, ce serait que vous donniez plus d'information que vous avez
donné depuis trois ans. Ce serait-u possible
d'avoir une ventilation pour savoir où est-ce que va notre argent? C'est-u
possible? 3,8 milliards sur 20 ans, c'est 200 millions
par année, à peu près. J'aimerais ça, moi, avoir une ventilation. C'est-u trop
demander, M. le Président?
Le
Président (M. Bernier) : Posez la question, et les gens vont vous
donner une réponse, M. le député. Je ne suis pas là pour juger la
réponse qu'ils vont vous donner.
M. Therrien :
Vous êtes un homme de raison.
Le
Président (M. Bernier) : Vous avez le droit d'être insatisfait,
vous avez le droit d'être insatisfait, mais on pose la question à
M. Macky Tall.
M. Tall
(Macky) : M. le Président,
j'aimerais rappeler que, pour un coût compétitif, qui est établi, sur lequel
la caisse s'engage fermement, qui est connu,
qui est transparent, qui est 0,72 $ par kilomètre-passager, on se
trouve à doubler l'équivalent du réseau de métro de Montréal. Et c'est
un coût sur lequel la caisse a un engagement ferme, qu'elle doit gérer, et sur
lequel elle a prudemment budgétisé l'ensemble des coûts que je viens de
décrire.
M. Therrien :
Je m'excuse, mais c'est parce que je suis convaincu que c'est un brillant homme
d'affaires, M. Tall, là, puis je suis
convaincu qu'il n'y a pas une affaire qu'il a faite dans sa vie où est-ce qu'il
s'est fié seulement à la parole d'une
personne. Moi, j'aimerais vraiment avoir un tableau qui
nous explique, là. Vous dites que c'est Alstom. Il doit y en avoir, des
tableaux, là. C'est quoi qui est inclus là-dedans?
Puis
vous me dites que ce n'est pas possible d'avoir ça. C'est parce que c'est
l'argent des contribuables québécois, M.
le Président, qu'on essaie de
protéger ici, là. Puis, quand je regarde le projet, comme tel, je sais que, la Caisse de dépôt et de placement, son but, là, son but ultime, là, ce n'est pas d'améliorer
la mobilité de la région de Montréal, des gens, là. Son but, c'est de faire du profit. Moi, je trouve ça
le fun pour eux autres, là, mais c'est parce que ça s'adonne que, dans
ce projet-là, le profit, c'est fait sur le
dos des contribuables. Ça fait que ce serait un minimum de décence de voir la
Caisse de dépôt... qu'ils puissent arriver
avec une transparence, qui est inconnue du gouvernement, mais qui pourrait être
connue d'eux autres, pour dire : Peut-on répondre aux questions...
Une voix : ...
M. Therrien :
Non, non, regarde, on peut-u répondre aux questions?
Le Président
(M. Bernier) : Non, regardez, le temps est écoulé.
Une voix :
...
Le Président
(M. Bernier) : Bon, vous aurez l'occasion, dans votre
prochain bloc, de revenir. Merci. Nous revenons sur le temps du gouvernement,
sur le temps ministériel. M. le ministre.
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Je pense que M. Sabia voulait, juste avant,
compléter un peu son explication sur
la transaction d'Airbus, Airbus-Bombardier, parce qu'il y avait quelques
précisions qui étaient nécessaires, à mon avis. Alors, vous avez le
temps maintenant.
Le Président
(M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : Donc, merci. Merci, M. le Président. Non, mon point, c'était... je voulais juste ajouter un autre point qui, je pense, est important,
dans une évaluation plus globale de cette transaction entre
Bombardier et Airbus, et ça, c'est... Avant la transaction, Bombardier
faisait face à une longue période pendant laquelle le flux monétaire, le
cash-flow, serait très négatif. Et donc, pour une société avec le niveau
d'endettement comme une société comme Bombardier,
ça, c'est une situation excessivement difficile sur le plan financier, et c'est un
autre facteur qui contribue à, je pense, une évaluation raisonnable de
cette transaction.
Le Président
(M. Bernier) : Merci, M. Sabia. Autre chose, M. le
ministre?
M. Leitão : ...M.
le Président, qu'on vient d'avoir la
confirmation aujourd'hui que l'opposition
officielle est bel et bien contre le REM, ils se débattent continuellement pour démontrer leur opposition
systématique au REM. Et tout ce que j'ai
à dire à cet égard-là, c'est que l'histoire les jugera sur cela. Entre-temps,
peut-être les collègues ont des questions...
Le Président
(M. Bernier) : Merci.
Une voix :
...
Le
Président (M. Bernier) : M. le député, non, s'il vous
plaît! S'il vous plaît! M. le député de Portneuf, la parole est à vous.
M. Matte :
Je vous remercie, M. le Président. Vous savez, M. le Président, on constate de
plus en plus que... la présence des
femmes, des dames au niveau de la haute direction. D'ailleurs, la recherche
démontre que... la présence accrue des
femmes, là, dans la finance et dans la haute administration. Moi, j'aimerais
connaître si, au niveau de la Caisse de dépôt et de placement... Est-ce que vous avez une politique, est-ce que
vous avez des mesures que vous avez mises de l'avant pour accroître la présence des femmes, là, dans votre
organisation? Et, en plus, ma question, elle a un... Est-ce que vous
avez des cibles aussi que vous avez établies pour pouvoir être en mesure
d'évaluer la présence des femmes dans votre organisation?
M. Sabia (Michael) :
Oui. Donc, merci de...
Le Président
(M. Bernier) : M. Sabia.
• (20 h 20) •
M. Sabia
(Michael) : Merci, M. le Président. Merci de votre question.
Actuellement,
quand on considère la haute direction et le conseil d'administration de la caisse
ensemble, les femmes représentent à
peu près 39 %. Donc, ça, c'est une participation, quoi... De quelle façon
caractériser cette participation? Mais, par rapport à plusieurs autres
entreprises, je pense qu'on fait des progrès assez raisonnables.
Également,
à la caisse, nous mettons beaucoup d'accent sur la question, évidemment, du
développement de nos talents, de nos
gens. Dans ce cas, nous avons, par exemple, maintenant une pratique, chaque
fois qu'on cherche... on a une activité
de recherche pour combler un poste, nous avons une politique qui demande... il
faut que les gens qui cherchent quelqu'un... ces personnes doivent interviewer une femme, au moins une
femme, pour chacun de ces postes, parce
que c'est une façon pour nous d'encourager l'identification des femmes à
l'extérieur de l'organisation mais également à l'intérieur de l'organisation, pour encourager leur mobilité dans l'organisation et d'enrichir
les rangs plus... les rangs supérieurs de
l'organisation, parce
que nous sommes tout à fait convaincus de l'importance de la participation
beaucoup plus importante des femmes.
Toute l'industrie d'investissement a un problème, un défi, parce qu'il n'y a
pas, actuellement, soit à New York,
soit à Toronto, soit à Montréal, avec la caisse... nous n'avons pas
suffisamment de femmes dans les rangs supérieurs. Et donc un élément important de nos engagements...
Et nous venons de publier un rapport sur l'investissement durable où cette question a été identifiée comme une de nos
cinq priorités les plus importantes, d'accroître la présence des femmes
à la caisse. Donc, nous nous engageons à
continuer d'améliorer cette circonstance. Évidemment, nous avons à tous les
rangs, les rangs supérieurs, ici, dans la salle avec nous, ce soir, des femmes
exceptionnelles, hautement compétentes, mais également à travers
l'organisation. Mais il faut continuer, il faut trouver des meilleures
solutions.
Également...
Ça, c'est une partie de la question. Deuxième partie, nous travaillons
actuellement... et vous allez voir
très prochainement le résultat de ce travail, parce que nous mettons beaucoup
d'accent sur l'importance du développement de l'entrepreneuriat à l'extérieur de la caisse, évidemment, au Québec,
mais maintenant nous avons augmenté, nous avons amplifié nos efforts à cet égard pour mettre un accent sur
l'entrepreneuriat féminin, pour identifier des «role models» et pour encourager les jeunes femmes québécoises de
choisir l'entrepreneuriat comme une façon pour eux de faire une
contribution et de bâtir leurs carrières.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Oui, M. le député de Portneuf.
M. Matte :
Je vais changer de sujet aussi. Mais, vous savez, la Commission des finances
publiques, au cours des derniers
mois, on s'était donné comme mandat de travailler sur la question, là, de
l'évasion fiscale des entreprises. Est-ce qu'en tant qu'investisseur institutionnel... est-ce que vous avez une
politique ou est-ce que vous avez des éléments qui fait en sorte que... Lorsque vous investissez, est-ce
que vous tenez compte, là, des taux d'imposition anormalement faibles,
là, tu sais? J'aimerais connaître, là,
quelles sont vos priorités puis quelles sont les orientations que vous donnez à
votre équipe pour faire en sorte, là, lorsque vous investissez dans des
entreprises, de vérifier, là, toute la question fiscale.
Le Président (M. Bernier) :
M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : M. le Président,
dans quelques instants, si vous êtes d'accord, je vais passer la parole à
ma collègue Maarika Paul, mais je dirais
tout simplement qu'en 2017 nous avons pour la première fois... nous avons
publié et nous sommes, je pense, un des
premiers fonds dans le monde de le faire... nous avons publié un énoncé sur la
question de fiscalité où nous avons présenté
une analyse de cette question, qui est une question difficile et très complexe.
Également, à l'intérieur et dans tous les
processus d'investissement de la caisse, cette question est une question qui
est toujours sur la table. Donc,
c'est la raison pour laquelle, pour revenir au début de notre rencontre
aujourd'hui, que, malgré une augmentation importante, en 2017, de nos activités, de nos investissements à
l'extérieur du Canada, nous avons quand même réalisé une légère
réduction dans l'utilisation de ces juridictions de fiscalité réduite.
Ceci étant dit, je vais juste... Un commentaire
final de ma part. Il est très important de ne pas oublier un fait primordial, et ça, c'est, les sociétés dans lesquelles
nous investissons, ces sociétés, elles paient leurs impôts. La question
devant nous, sur la question
de juridictions de fiscalité réduite, c'est une question de traitement de nos
revenus, de nos dividendes. Donc, ce
n'est pas une question de structurer des choses où les sociétés
évitent leurs obligations, évitent leurs impôts. Ils paient, elles
paient leurs impôts.
Donc, Maarika.
Le Président (M. Bernier) :
Mme Paul...
Mme Paul (Maarika) : Oui.
Alors, en plus de l'énoncé qu'on a publié cette année...
Le
Président (M. Bernier) :
Mme Paul, juste 30 secondes. Ça me prend un consentement pour que vous puissiez parler. Consentement? Consentement.
Allez-y, Mme Paul.
Mme Paul
(Maarika) : Parfait. Alors,
en plus de l'énoncé dont M. Sabia a fait mention, on a également,
cette année, mis en place une directive interne, justement, qui exige que tous
nos gestionnaires tiennent compte, quand ils regardent...
Justement, on parle des rendements et des risques de
chacune des transactions. Il faut qu'ils réalisent, qu'ils regardent, justement, c'est quoi, les
implications fiscales, à chaque fois. Ils regardent également
pour voir où est-ce qu'on peut
structurer les transactions, est-ce
qu'on peut, justement,
structurer les transactions ailleurs que dans ces juridictions à
fiscalité réduite. Et ça, on le fait quand on peut le faire, justement.
On travaille
aussi beaucoup, de
plus en plus, justement,
à influencer nos partenaires avec qui on fait affaire de, justement,
utiliser et de se situer dans d'autres juridictions. Cette année, on a eu du
succès de ce côté-là. On a convaincu plus de sept gestionnaires de
fonds, justement, au lieu de dans les îles ou ailleurs, de se situer aux États-Unis,
au Canada, au Royaume-Uni.
L'autre
chose, puis justement à votre question, c'est que, l'analyse des taux d'imposition, pour
les entités publiques, à chaque fois qu'on investit, on regarde justement
c'est quoi, le taux d'imposition effectif. Et, si on voit que les taux
d'imposition ne sont pas raisonnables, basés sur les juridictions, etc., on va
avoir des discussions avec ces entités-là.
On a aussi
pratique générale d'avoir à chaque fois des discussions régulières, quand on
vote sur, justement, des assemblées, etc., annuellement avec certaines de
nos institutions, justement, d'avoir des discussions d'influencer.
Alors, chaque fois qu'on est capables de le faire, on le fait, justement, oui.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Portneuf.
M. Matte : C'est une question qui est très générale
que je veux poser. C'est qu'on prévoit que l'économie, au niveau mondial, à l'international, elle va être
excellente, aux alentours de 3,3 %.
Selon votre expérience, selon votre analyse, est-ce que vous pensez que la finance à l'international va être bonne
pour le Canada? Est-ce qu'elle va être favorable? Puis est-ce qu'on est en mesure de rassurer, là,
les Québécoises et les Québécois que 2018 peut s'annoncer une bonne année? Je sais que vous n'avez pas une boule de
cristal, hein? Ça, je le sais. Mais, compte tenu de l'ensemble des
facteurs, tu sais,
qu'on parle des taux d'intérêt qui sont susceptibles de monter, on parle des
négociations avec l'ALENA, on parle d'ensemble,
là, est-ce que vous êtes en mesure de nous dévoiler, là, selon votre expertise,
selon votre expérience, comment vous voyez l'année 2018? Et est-ce que
ce sera une bonne année pour le Canada... et le Québec, naturellement, là?
Le Président (M. Bernier) :
M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : Pour le Canada
et le Québec ou pour les investisseurs.
M. Matte : Oui. Mais je vous ai
dit que j'avais un privilège de vous interpeler...
• (20 h 30) •
M. Sabia
(Michael) : Donc, comme je
disais il y a quelques heures, je
pense que l'économie
mondiale, la conjoncture économique dans le monde, c'est pas mal. Le niveau de
croissance est très élevé, le niveau d'investissement qui vient des entreprises commence à
bouger dans le bon sens. L'inflation reste très basse, le taux de chômage est
bas, donc la consommation est assez forte.
Donc, la conjoncture, je pense, pour le Canada et pour le Québec, en 2018 : probablement
une assez bonne année.
Mais il faut
faire une distinction très importante entre la conjoncture économique
dans le monde et les investissements. Par exemple,
jusqu'à date, cette année, la S&P 500 est à la baisse à peu près
de 2 %, à la baisse, 2 %.
TSX, Toronto, est à la baisse, à peu
près 3 %. MSCI, les marchés émergents : une légère augmentation, d'à
peu près 1,5 %, 1,7 %. Tout ça pour vous dire que, malgré un
environnement économique qui est pas mal fort, la performance des marchés en
2018, franchement, est faible et très
volatile. Donc, la caisse n'est pas immunisée contre cette volatilité et cette
faible performance des marchés.
Est-ce que c'est quelque chose qui va continuer
jusqu'à la fin de l'année? Franchement, je ne sais pas. Personnellement, je
pense que oui, pour toutes sortes de raisons, mais je ne sais pas.
Donc, il faut
faire cette distinction. Probablement, sur le plan économique, une bonne année,
en 2018, sur le plan économique. Sur
le plan d'investissement, une année, je pense, assez difficile et tout à fait
différente par rapport aux années précédentes,
depuis la crise financière. Et les investisseurs comme la caisse, on se trouve
dans une période de transition assez exigeante.
Le Président (M. Bernier) :
Oui, M. le député.
M. Matte :
C'est ma dernière question, M. Sabia. Parmi les six régions qu'on
reconnaît dans le monde, l'Asie, l'Afrique, l'Europe et l'Amérique,
d'après vous, laquelle de ces régions-là va être la plus performante?
M. Sabia (Michael) : Oh! Donc...
Le Président (M. Bernier) :
M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : M. le
Président. M. le député, quand vous dites «performante», vous parlez de taux de
croissance?
M. Matte : Oui.
M. Sabia
(Michael) : Donc,
probablement, je dirais... probablement l'Asie, en termes de croissance
économique, l'Inde, la Chine, les pays du
Sud-Est, Asie, probablement les plus fortes croissances. Et, après ça,
l'Amérique latine, mais on a des
questions très importantes au Brésil. Le Brésil est le pays, et de loin, le
plus important en Amérique du Sud, et, pour l'instant, c'est un peu
difficile de prévoir la qualité de leur performance en 2018 et 2019.
Le Mexique, nous sommes un investisseur
important au Mexique. Mais, ceci étant dit, étant donné toutes les incertitudes créées par les questions de commerce
international avec les États-Unis, c'est un peu une période... le
Mexique passe à travers une période un peu
plus difficile. À long terme, nous sommes convaincus du potentiel de ce pays,
mais tout dépend, à court terme, des résultats d'ALENA.
Donc, moi, je
pense que le champion, c'est en Asie. Et c'est la raison pour laquelle nous
mettons beaucoup d'accent, maintenant, sur nos investissements en Asie.
Le
Président (M. Bernier) : Merci beaucoup. Merci. Nous
allons aller voir, maintenant, M. le député de Mercier. M. le député de
Mercier, la parole est à vous.
M. Khadir : Merci
beaucoup, M. le Président. Je salue tout le monde.
Je profite de
la présence de M. Macky Tall, de M. Dubé et de M. Sabia pour
leur rappeler qu'on s'est rencontrés, j'ai cherché ça dans mon
ordinateur... on s'est rencontrés en 2015, lorsque vous rencontriez chaque
parti pour faire la présentation de votre
projet de train électrique. Vous vous rappellerez que j'y étais présent avec un
collègue recherchiste, Richard
Fecteau, qui n'est plus dans notre groupe. Et Richard vous a posé plusieurs
questions et, à l'époque, a même émis toutes
les réserves qui aujourd'hui s'avèrent des préoccupations que maintenant
partagent beaucoup d'observateurs, des experts
qui ont écrit au cours de la dernière année pour déplorer certains des aspects
qu'on vous avait soulignés à l'époque : le problème tarifaire, l'absence vraiment désolante et désespérante
d'articulation appropriée avec les autres modalités de transport dans la région
de Montréal, l'absence de connexion réelle avec le métro, l'absence de
connexion adéquate avec le réseau de
transport public dans une perspective d'intégration de l'ensemble des
transports publics comme toutes les villes
modernes aspirent et doivent aspirer, et ce, malgré 6 milliards de dollars
qu'à la fin tout ça va coûter. Vous pouvez, bien sûr, contester. C'est sûr que je prends... Maintenant qu'on voit
que les analyses et l'expertise que nous avons consultées, quand on est venus vous voir et vous poser des
questions... C'est pour ça qu'on a été le seul parti... Je le dis pour que ça reste dans l'histoire, que Québec solidaire a émis ces réserves-là. Dès qu'on a eu l'occasion d'apprendre plus sur
le projet, on s'est opposés puis on a voté contre, on a été le seul
parti à voter contre. Pourtant, nous sommes...
Une voix : ...
M. Khadir : Non, non, non, maintenant ils sont devenus contre, mais ils n'ont pas voté
contre au départ. Pourtant, Québec solidaire est aussi le seul parti à
avoir, dès 2014, proposé un plan de transition énergétique pour sortir le plus possible nos transports et le Québec en général
de sa dépendance au pétrole. Et ça commence, bien sûr, avec le
transport en commun, le transport collectif, le transport électrique. Et nous prévoyons, si la population
du Québec nous fait confiance, un plan d'investissement majeur, rapide
de 10 milliards de dollars supplémentaires pour intégrer tous ces
réseaux-là.
Je tiens à le mentionner, je tiens à le
mentionner parce que vous êtes entourés de beaucoup de gens, dans l'administration publique, dans le ministère des Finances, qui
ont souvent une attitude un peu, je dirais... un peu
condescendante par rapport à Québec
solidaire dans notre vision, dans nos
critiques des décisions gouvernementales, des décisions économiques. Mais aujourd'hui tous les acteurs écologiques, tous les acteurs soucieux de transport
urbain depuis des années dans les
différents regroupements populaires, dans lesquels on retrouve des urbanistes,
on retrouve des ingénieurs, on retrouve
des experts économiques, tous ces acteurs qui ont une certaine indépendance par rapport aux cercles du pouvoir et du
milieu d'affaires critiquent sans ambages le projet du REM du gouvernement et de la Caisse de dépôt, parce
que, la Caisse de dépôt, son projet ne correspond pas à une véritable proposition
et vision écologiques, modernes, urbaines, pour
le XXIe siècle, pour les transports collectifs. Pourquoi?
À cause de tout ce que j'ai mentionné et surtout l'absence totale de conscience sur la question...
la notion tarifaire, l'obsession de la caisse pour le rendement et l'absence
d'intégration avec les autres modalités de transport.
Ceci étant dit, je voulais juste que ça reste là. Ce n'est pas ma question,
M. le Président. Je profite de ce temps, c'est le droit démocratique...
Le
Président (M. Bernier) : J'ai compris, M. le député de Mercier,
que ce n'était pas votre question. Mais j'écoute, j'écoute quand même.
M. Khadir : Oui, d'accord. Ma question
s'adresse au ministre, ma question s'adresse au ministre, parce que, des
questions sur le REM, beaucoup de gens en
posent, et surtout des experts en dehors, même, ici, de l'Assemblée, à la
Caisse de dépôt, et la Caisse de dépôt a
failli. Et je regrette que mon ami, M. Tall, soit impliqué dans ce
dossier-là. J'en parle parce qu'il a
une expertise financière, d'ingénieur, et c'est des impératifs financiers, une
vision financiarisée de l'économie qui
nuit tant à l'économie mondiale et à l'évolution de notre société, qui nous
maintient dans toutes ces dépendances au secteur bancaire, au secteur
pétrolier, au capitalisme d'une autre époque.
Bref, tout
ceci étant dit, je voudrais poser quelques questions sur l'austérité libérale,
qui a beaucoup nui aux services publics.
Malgré les annonces du budget 2018, M. le ministre, il manque encore
1 milliard de dollars pour chaque poste budgétaire que représentent la santé et l'éducation pour respecter votre
promesse d'une augmentation annuelle de 3,5 %. Puis on connaît tous, là... je n'ai pas besoin
d'élaborer sur les conséquences de ces... de ne pas rencontrer
l'augmentation des coûts du système et des besoins. Je voudrais vous entendre.
Qu'est-ce que vous comptez faire de cette promesse?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão :
O.K. Plusieurs choses, M. le Président. D'abord, puisque dans votre préambule
vous avez mentionné le REM, je dois
quand même souligner que, oui, vous
avez raison, vous y étiez opposés depuis le début, donc vous êtes
cohérents. Et c'est vrai qu'il y en a d'autres qui ont changé de bord, mais,
donc, pour cela, oui. Mais les trois...
Une voix : ...
• (20 h 40) •
M. Leitão : Non, mais, les trois enjeux que vous avez
mentionnés, ces trois enjeux-là étaient peut-être des questions
qui se posaient en 2015, mais depuis ça a
été amplement répondu et réglé. C'est-à-dire
que ce que vous avez appelé le
problème tarifaire, je pense que M. Tall l'a mentionné plusieurs fois,
ainsi que M. Sabia, les tarifs du REM vont être pleinement intégrés à la
grille tarifaire du transport en commun sur l'île de Montréal. Donc, il n'y a
pas de problème tarifaire.
Deuxièmement, la connexion avec le métro, bien,
voyons donc, la connexion avec le métro, il va y avoir deux stations du REM qui vont avoir une liaison... trois, trois stations
qui vont avoir une liaison directe avec le métro. Donc, non, non, c'est la même station. Et puis le...
Et tout ça dans l'objectif d'intégration. Le succès du REM dépend, et on est tous très conscients de cela, de son intégration au système de transport en commun présent dans la région de
Montréal.
Mais, pour
répondre à votre question très directe sur ce que vous avez appelé
l'austérité libérale, bon, on va commencer par parler des vraies affaires, parce qu'en arrivant, en 2013‑2014, donc l'année juste avant notre
arrivée, les dépenses des grandes missions
de l'État, le poids de ces dépenses-là dans l'économie, dans le PIB, était de
23,3 %. O.K.? Donc, ça, c'est après tous les gouvernements du passé, tout ça.
Donc, en 2013‑2014, santé, éducation, justice, famille, etc. : 23 %
du PIB québécois, 23,3 %. En
2015‑2016, c'est encore 23,3 %. On va se rendre... nous jugeons qu'on va
se rendre aux alentours de 22 %
en termes de poids des dépenses dans le PIB québécois. Donc, nous maintenons
les dépenses à l'intérieur de notre capacité
de les payer, c'est-à-dire à l'intérieur de la capacité de l'économie
québécoise de fournir les revenus nécessaires pour qu'on puisse continuer de financer les services publics. On n'a pas
diminué le poids des dépenses dans l'économie québécoise, on n'a pas démoli, on n'a pas changé le modèle québécois,
l'État du Québec continue de dédier 23 % et quelques pour cent, 23 % de sa richesse, de son PIB
aux services que nous jugeons les plus essentiels : santé, éducation,
justice, famille, etc. Donc, à cet égard-là, on n'a pas changé le modèle
québécois.
Ce que nous
avons fait, par contre, en 2014‑2015, 2015‑2016, c'est de ralentir le rythme de
croissance des dépenses, parce qu'à
ce moment-là la tendance qui existait, à ce moment-là, elle n'était pas
soutenable, on n'aurait pas pu continuer de maintenir l'accélération des dépenses, tel que c'était prévu lors des
budgets de 2013‑2014. Donc, il fallait corriger ça, ce que nous avons fait. Et dès 2016‑2017 on a
recommencé à accélérer la croissance des dépenses au rythme de nos capacités.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député.
M. Khadir : Qu'est-ce qu'on fait de la promesse
du 3,5 %, des 1 milliard qu'il manque pour accoter le 3,5 %
qui sont vos promesses?
M. Leitão :
Une fois qu'on a rétabli l'équilibre budgétaire, d'ailleurs objectif... les
partis politiques étaient d'accord pour
arriver à l'équilibre, une fois qu'on a rétabli ça, une fois qu'on a rétabli
une politique fiscale beaucoup plus saine, à partir de ce moment-là, on
a accéléré le rythme de croissance des dépenses. D'ailleurs, nos amis de
l'opposition nous critiquent de dépenser trop.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député de Mercier.
M. Khadir : ...dire, M.
le ministre, que vous n'avez pas atteint l'équilibre budgétaire en 2017?
M. Leitão : Oui.
M. Khadir : Bon. Alors, on suit cette logique,
vous devriez actuellement, dans votre budget de 2018, consacrer
1 milliard de plus à la santé, 1 milliard de plus à l'éducation,
parce que pour atteindre le 3,5 %, là, il manque ça. Qu'est-ce qu'on fait?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão :
Les dépenses en éducation, si je me rappelle bien, on est même à 5 %. Les
dépenses en santé, on est à 4,2... 4,6 %. Donc, je ne sais pas d'où
vous arrivez avec les 3,5 %.
Et
d'ailleurs, d'ailleurs, c'était justement... nos collègues du Parti québécois
et même un peu la CAQ, je pense, nous
critiquent sévèrement parce que, selon eux, on dépense trop en santé et en
éducation. Alors, eux, ils jugent qu'on dépense trop, vous, vous jugez
qu'il manque 1 milliard; on est peut-être à la bonne place.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député de Mercier.
M. Khadir : On a entendu nos... des arguments,
mais, selon nous, selon les analyses que nous avons effectuées sur votre
budget, la croissance de 3,5 % n'est pas au rendez-vous, promise, n'est
pas au rendez-vous.
La baisse des
impôts aux PME, la baisse d'impôt est de moitié, en fait, on passe de 8 %
à 4 %, donc, pour les PME. C'est
une réduction des cotisations des entreprises au Fonds des services de santé de
2,2 milliards. On n'est pas nécessairement contre ça, nous, on a prévu nous-mêmes, dans notre programme, une série
de mesures pour aider les PME, d'accord, pour soutenir l'économie d'en bas plutôt que l'économie des grandes
multinationales, des grandes corporations, mais l'idée est d'utiliser ces réductions pour obtenir quelque
chose en retour, c'est-à-dire une dynamique économique qui permet une évolution et une amélioration de la condition de
vie de l'ensemble de la société, puisque ça a un coût. Par exemple, on aurait pu penser au salaire minimum à 15 $,
que les PME puissent... Ça peut être des mesures qui tendent à soutenir
ce passage-là, la transition, la réduction
du temps de travail, des progrès technologiques qui puissent améliorer les
conditions de vie et d'emploi, parce que, si
on améliore les conditions d'emploi en termes de télétravail, en termes de
congés pour différentes... un plus
grand nombre de congés, de la part de PME, à leurs employés... en augmentant,
donc, la semaine de congé, ça pourrait augmenter les conditions de vie
de nos employés, de nos travailleurs.
Alors, on n'a évidemment pas ça, là, actuellement. Qu'est-ce que
le ministre a obtenu en retour de ce cadeau?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão : Bien... Bon, ce ne
sont pas des cadeaux. Nous jugeons qu'une réduction du fardeau fiscal des entreprises, particulièrement des PME, est
nécessaire. Et pourquoi elle est nécessaire? Elle est nécessaire pour
stimuler l'investissement, pour que les PME puissent créer de l'emploi, parce
qu'en effet, comme ça a été mentionné plus tôt aujourd'hui, les PME sont le coeur économique du Québec, et donc, si on
est capable d'augmenter leur marge de manoeuvre en diminuant leur charge fiscale, on
peut s'attendre à avoir une plus grande création d'emplois, ce qui
d'ailleurs était le cas en 2017, et ça se
poursuit en 2018, avec une création d'emplois tout à fait remarquable, à tel
point que maintenant, au Québec, les
grands problèmes économiques, ce sont les pénuries de travailleurs et pas... et
non plus, c'est fini, là, les grands problèmes de chômage.
Alors, à
l'intérieur de cette stratégie de réduction de fardeau fiscal des entreprises,
surtout les PME, nous avons aussi
jugé opportun de concentrer notre action sur les taxes sur la masse salariale,
dont la contribution au FSS, parce que c'est
une taxe qui est particulièrement néfaste. Ça veut dire qu'une entreprise,
grande ou petite, paie un impôt, une taxe sur sa masse salariale avant même de générer quelque revenu que ce soit,
alors... Et ça, c'est une entrave importante à la croissance et
l'expansion des entreprises. Donc, nous avons ciblé cette partie-là de...
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Il vous reste 50 secondes, M. le député de Mercier.
M. Khadir : Comme il me reste un peu de temps,
je voulais juste dire que, pour ce qui est des augmentations des dépenses promises, là, c'était votre plateforme
électorale 2014, vous promettiez des croissances modérées par année, en moyenne, de 4 % et de 3,5 %. Donc, sur
les quatre ans, il s'est creusé un écart qui fait que, si, aujourd'hui, vous
vouliez rattraper, maintenant que vous avez
l'équilibre budgétaire, si vous vouliez rattraper ce retard, il manque, sur le
total des quatre ans... En fait, pour
être plus précis, j'ai dit 1 milliard, c'est 1,2 milliard en santé
puis 927 millions en... C'était là le sens de ma question. Et on
est en retard par rapport à ça. Voilà.
Le
Président (M. Bernier) :
Merci. Alors, monsieur... Oui, oui, sur le temps gouvernemental. Vous pouvez y
aller.
M. Leitão : Merci, M. le
Président. Si on prend notre cadre budgétaire sur cinq ans, donc entre 2016‑2017
et 2020‑2021, si on prend, donc, la moyenne
de la croissance des dépenses sur ces cinq années-là, on est pile dans le
3,5 % d'augmentation annuelle moyenne
de nos dépenses. Donc, nous sommes là, nous sommes là, et surtout parce que,
dans l'année 2018‑2019, cette année, il va y
avoir une augmentation de 5 %. L'année précédente, 2017‑2018, il y avait
une augmentation de 5,4 %. Donc, on
fait un effort important, maintenant. Pourquoi maintenant? Parce que c'est
maintenant que nous avons la capacité de le
faire, c'est maintenant que nous avons été capables de remettre la maison en
ordre et donc dégager les marges nécessaires pour accélérer les
dépenses. Et, les années subséquentes, 2019‑2020, 2020‑2021, la croissance des dépenses va continuer de
s'accélérer, et donc sur les cinq années on est à 3,5 % d'augmentation
annuelle moyenne des dépenses, exactement ce qu'on s'était engagés à faire une
fois qu'on a remis la maison en ordre, en 2016‑2017.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
• (20 h 50) •
Mme de
Santis : Merci beaucoup, M. le Président. J'aimerais maintenant parler
d'une entité qui est moins bien connue
que la Caisse de dépôt et de placement du Québec, l'Institut de la statistique
du Québec. Je crains que cette entité n'est
pas assez bien connue et pas suffisamment appréciée par les Québécois et
Québécoises, et, pour moi, nous avons une petite perle.
C'était en
1913 que le Bureau de la statistique du Québec a été créé, et ça, cinq ans
avant la mise en place du Bureau fédéral
de la statistique. En 1999, quatre entités administratives ou organismes
antérieurement indépendants ont été intégrés, dont le Bureau de la
statistique du Québec, pour créer l'Institut de la statistique du Québec.
L'institut
est l'organisme gouvernemental qui a pour mission de fournir des informations
statistiques qui sont fiables et
objectives sur la situation du Québec quant à tous les aspects de la société
québécoise pour lesquels de telles informations sont pertinentes. L'institut constitue le lieu privilégié de production
et de diffusion de l'information statistique. Il est aussi le responsable de toutes les enquêtes statistiques
d'intérêt général. Ces informations statistiques enrichissent les
connaissances, éclairent les débats et appuient la prise de décision des
différents acteurs de la société québécoise.
Dans son
propre rapport d'activité 2016‑2017, l'institut présente sa vision : la
production de statistiques officielles pour
des décisions éclairées. On peut lire : «L'institut vise à être le
référent en matière de statistiques au Québec et à faire progresser la diversité des statistiques
officielles pour que la société québécoise dispose des informations les plus
complètes, objectives et fiables. L'institut
doit donc faire évoluer ses pratiques au rythme des avancées méthodologiques
dans son domaine, tirer profit des nouvelles sources de données tout en
élargissant ses capacités à documenter l'ensemble des phénomènes sociaux d'intérêt.»
Fin de citation.
L'administration
publique québécoise constitue un partenaire de premier plan de l'institut.
L'institut favorise la coordination
des activités statistiques des ministères et des organismes du gouvernement.
Selon les mandats, les universités, les
centres de recherche, les centres hospitaliers et les organismes à but non
lucratif agissent également à titre de partenaires.
Maintenant,
l'accès aux données est primordial pour faire avancer la recherche. Pour
l'instant, au Québec, les délais de
réponse aux demandes des chercheurs sont considérés extrêmement longs par les
chercheurs. On parle de mois, voire d'années
pour finalement obtenir les informations nécessaires. Le partage et la
protection des données sont au coeur des préoccupations, présentement,
particulièrement avec les scandales récents, notamment celui impliquant
Facebook.
L'Institut de
la statistique du Québec déjà met à la disposition, par le biais d'un guichet
unique, services d'accès des données à des fins de recherche de
l'institut, appelé SAD, un ensemble de services permettant de faciliter l'accès
aux données statistiques et à des services-conseils à des fins de recherche
scientifique. Les services d'accès aux données à des fins de recherche SAD de l'Institut de la statistique du Québec
bénéficient de la collaboration de plusieurs partenaires : d'abord, le Centre interuniversitaire québécois de
statistiques sociales, qui regroupe l'ensemble du réseau universitaire québécois et est financé
par le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture; deux, le
concours annuel de bourses
complémentaires du Centre interuniversitaire québécois de statistiques
sociales, qui vise à soutenir les étudiants de deuxième et troisième cycle qui utilisent les données accessibles au
centre interuniversitaire pour la réalisation de leurs mémoires de maîtrise ou leurs thèses de doctorat;
et, trois, la plateforme Environnement pour la promotion de la santé et du bien-être, qui a été mise en place à
l'initiative de chercheurs pour croiser des fichiers administratifs et
d'enquête, qui est un autre exemple de partenariat.
Maintenant,
dans le plan économique de mars 2017, le gouvernement avait annoncé sa volonté
de développer un environnement
favorable pour faciliter l'accessibilité à certains renseignements aux fins de
recherche. Donc, un comité de travail
a été mis en place, je comprends que ça a été mis en place, pour élaborer un
processus général d'accès à certains renseignements aux fins de
recherche, afin d'accélérer l'accès aux recherches aux chercheurs.
Alors, il y a
eu des recommandations, je comprends que ces recommandations ont été faites.
Regardons la première des
recommandations, dont on fait état dans le plan économique du Québec de 2018‑2019.
On parle d'une mise en oeuvre d'un
processus simplifié avec une l'implantation d'un guichet de services pour les
chercheurs et la réduction des délais pour
l'accès aux renseignements. Et on prévoit 18,5 millions de dollars sur
cinq ans pour que tout ça soit mis en place. On parle aussi de crédits
additionnels qui pourront être octroyés au ministère des Finances.
Comment ce
guichet de services va être différent du SAD? Et j'aimerais que vous nous
expliquiez un peu comment tout ça va fonctionner, parce que je comprends
l'importance de cela pour la communauté des chercheurs.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre.
M. Leitão :
Très bien. Merci. Merci, chère collègue, de la question. Je profite de
l'occasion aussi pour présenter M. Florea,
le nouveau directeur général de l'Institut de la statistique du Québec. C'est
son premier exercice de crédits en tant que directeur de l'ISQ.
Le
Président (M. Bernier) : Alors, consentement pour que
M. Florea puisse prendre la parole? Consentement. Donc, simplement
en vous nommant et en donnant votre titre, pour fins d'enregistrement.
M. Florea
(Daniel) : Oui. Daniel Florea, directeur général de l'Institut de la
statistique du Québec depuis le 3 avril.
Donc, pour
répondre à votre question, je pense que c'est utile de comprendre d'où vient
cette initiative gouvernementale de
l'accès aux données administratives du gouvernement. Et je commencerais ma
réponse par mentionner que le monde de la statistique vit présentement
des profondes transformations.
Vous n'êtes
pas sans savoir que les nouvelles plateformes technologiques n'amènent pas
seulement une multiplication des données, et ça, c'était un phénomène
qu'on voit depuis longtemps, mais ce qui est important, pour l'Institut de la statistique, c'est la multiplication des sources
de données. Les agences statistiques ne sont plus les seules sources de
données que les utilisateurs utilisent, prennent en compte pour faire leurs
travaux, entre autres des travaux de recherche.
Maintenant,
il y a eu... Parmi ces sources de données se trouvent les données
administratives du gouvernement. Ça, ce
sont des données que le gouvernement détient dans ses ordinateurs, reliées à la
gestion de différents programmes publics.
Ces données existent depuis longtemps, mais, dans les dernières années, il y a
eu une sorte de prise de conscience, surtout de la part de la communauté
scientifique, par rapport au potentiel scientifique et statistique de ces
données. Je pense — et j'espère que c'est une vision partagée
par plusieurs dans cette salle — que ça s'inscrit dans une tendance
qui ne peut aller qu'en... s'accroître, c'est celle du gouvernement
transparent, du gouvernement qui met au service de ses citoyens les données
qu'il détient.
Eh bien,
c'est de là que vient l'annonce du budget que vous venez de mentionner. Je
rappelle que c'est le fruit du travail
d'un comité formé par le ministère des Finances, qui a regroupé des
représentants du ministère de la Santé et des Services sociaux, du
ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation, de l'ISQ, bien sûr,
de la Régie de l'assurance maladie, de la
Commission d'accès à l'information, du Secrétariat à l'accès à l'information et
du ministère de la Santé. Donc, tous ces gens-là se sont mis ensemble et
ont émis des recommandations. C'est à la suite de ces recommandations qu'a été
faite l'annonce du budget.
Et je vous
rappelle l'annonce du budget, elle dit comme suit : «Les compétences
méthodologiques et opérationnelles de l'Institut de la statistique du
Québec permettront à cette institution d'être à l'avant-plan de la mise en
oeuvre de la simplification du processus d'accès [aux données]. Ce processus
d'accès simplifié se traduira notamment par :
«L'implantation d'un guichet unique de services
pour le chercheur; et
«La réduction des délais pour l'accès aux
renseignements.»
Maintenant,
pourquoi l'Institut de la statistique, vous allez demander, pourquoi pas les
ministères qui détiennent eux-mêmes
ces informations ne donneraient pas accès eux-mêmes aux chercheurs aux informations
qu'ils détiennent? Bien, pour une
raison en même temps simple à exprimer mais compliquée à mettre en oeuvre.
C'est qu'il ne faut pas être naïf, on ne peut pas ouvrir à tout le monde
des données si sensibles que, par exemple, les données de santé. Imaginez qu'est-ce qui arriverait demain si des
informations sur le diagnostic des personnes, les traitements qu'elles ont
suivis seraient rendues publiques de
façon à pouvoir reconnaître les personnes respectives. Le potentiel d'une telle
gaffe pourrait faire dérailler le
processus lui-même, qui est un processus noble à l'origine, celui de permettre
à la communauté scientifique l'accès aux données.
• (21 heures) •
Maintenant,
dans la... pour assurer la confidentialité des données, il y a des transformations
statistiques qui sont complexes. Oui, il y a des aspects juridiques là-dedans, mais
ne pensez pas que la dénominalisation des données se traduit au simple enlèvement du
nom des personnes et de leurs numéros d'assistance sociale. Il y a des
transformations statistiques complexes. Je vous donne quelques exemples
anecdotiques. Par exemple, il faut identifier les valeurs très loin de la moyenne. Pour rester toujours
dans le domaine anecdotique, si je vous dis qu'une personne a un long nez, vous
allez tout de suite penser à moi. Voilà un exemple
pour illustrer la... Il y a aussi un danger plus complexe relié à la
multiplication des informations reliées à une personne. Par exemple,
si on commence à savoir qu'une telle personne habite dans tel arrondissement, consomme de la bière, a une voiture rouge, etc., ça devient possible
d'identifier la personne sans avoir son nom et sans que ce soit nécessairement
une donnée éloignée de la moyenne.
Je
fais une longue histoire pour expliquer d'où vient le rôle de l'Institut de la statistique. C'est que l'Institut
de la statistique dispose de l'expertise
nécessaire pour rendre l'accès à ces données confidentielles sans risque de
dérapage pour la confidentialité de l'identité des personnes.
Par
ailleurs, l'institut ne part pas à zéro dans ce domaine. Comme vous l'avez
mentionné, l'institut, déjà, appuie le milieu
de la recherche pour l'accès à certaines données qu'il détient par la formule
des CADRISQ — CADRISQ,
ça veut dire «centre d'accès aux
données de recherche de l'institut» — l'institut offrant déjà ce genre de services
pour des données qui sont détenues à l'Institut de la statistique.
Maintenant,
de façon concrète, puis là j'arrive vraiment au coeur de la question, comment
est-ce que ça va fonctionner, comment
ça va marcher? Il y a un plan de travail qui a été mis en place après l'annonce
du budget. Si vous avez des questions très pointues, je suis accompagné
ici par deux femmes fortes responsables de l'accès aux données à l'institut, la
secrétaire générale de l'institut et la responsable des ressources
informatiques...
Le Président
(M. Bernier) : ...temps qu'il vous reste. Donc, je vous invite à...
M. Florea
(Daniel) : D'accord. Je vais vous expliquer rapidement. Il va y avoir
un processus, d'abord, d'accompagnement du
chercheur. Ne pensez pas que le chercheur sait quelles données... de quelles
données il a besoin. Donc, des gens
qui seront... qui connaîtront bien ces bases de données vont accompagner le
chercheur pour l'aider à formuler sa
demande. Lui, il a une idée de son objectif de recherche, mais il ne sait pas
quelles données lui sont nécessaires, quelles données sont disponibles,
quel serait le recoupement de ces données. Ça, ce serait une première étape.
Une
deuxième étape, et c'est là la grande valeur ajoutée de l'institut, c'est de
faire l'extraction de ces données et surtout leur dénominalisation selon
les procédures statistiques, que je vous ai expliquées de façon très brève,
mais il y a beaucoup plus que ça.
Et,
dans une troisième étape, le chercheur aura accès à ces données, mais il faut
comprend comment il aura accès, dans
un milieu qui sera hautement sécurisé. C'est toujours ce CADRISQ, qui est une
formule que nous avons mise en place
depuis longtemps, et elle fonctionne bien. Le chercheur viendra et il aura
accès aux données pour faire ses travaux, mais il n'aura pas accès... il
ne pourra pas partir avec les données à la maison.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. Florea. Fort intéressant.
Malheureusement, le temps est écoulé. Je dois retourner du côté de
l'opposition officielle avec M. le député de Rousseau...
M. Marceau :
Oui, merci, monsieur...
Le Président
(M. Bernier) : ...pour compléter le dernier bloc. M. le député de
Rousseau.
M. Marceau :
Parfait. Merci, M. le Président. Alors, deux questions sur des dépenses, l'une
sur des dépenses que le gouvernement ne fait pas puis l'autre sur des
dépenses que le gouvernement fait.
La
première, très simple : Vous n'êtes pas sans savoir que chaque année
beaucoup de gens creusent des trous, dans nos villes, pour faire des rénovations, pour ouvrir des rues, parce
qu'ils ont des travaux à faire, donc, à effectuer. Et les gens qui ouvrent les rues ou qui font des travaux
causent souvent des bris aux infrastructures qui se trouvent sous la
terre, les fils qui se trouvent sous la terre, les tuyaux et autres.
On
a porté à mon attention le fait qu'à chaque année il y a, pour... c'est une
étude de CIRANO qui montre qu'il y a des
bris aux infrastructures souterraines de 125 millions de dollars par
année, 125 millions de dollars par année parce que les gens creusent essentiellement n'importe où. Et
par ailleurs il y a un OBNL qui s'appelle Info-Excavation qui cherche à obtenir un financement qui coûterait
16 millions de dollars, non récurrent, donc une fois, et, si on le
faisait, on pourrait réduire de façon considérable tous les bris qu'on
a, avec lesquels on a à vivre présentement.
Moi,
j'aimerais savoir du ministre pourquoi il refuse, pourquoi il ne s'assure pas
que cette dépense de 16 millions non
récurrente, qui permettrait d'économiser 125 millions de travaux par année
qui sont payés par les contribuables... Pourquoi le ministre ne le fait
pas?
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Bien, M. le Président, écoutez, moi, personnellement, c'est la première fois
que j'entends parler d'Info-Excavation. Il
me semble, de ce que le collègue vient de me dire, que ce serait une entité que
nos collègues soit des Affaires
municipales soit peut-être même du ministère des Transports ou des Ressources
naturelles connaîtraient. Et donc, s'ils nous en avaient parlé, de cela,
peut-être qu'on l'aurait considéré dans le budget, mais cette information n'a
pas été relayée.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Rousseau.
M. Marceau : Je veux juste que vous sachiez que, dans les
10 prochaines années le gouvernement prévoit investir, en infrastructures municipales et autres là, mais seulement
là-dedans, 8,6 milliards
de dollars, 8,6 milliards de dollars. Et, pendant ce temps-là, une simple cartographie
de ce qu'on a comme infrastructures souterraines permettrait d'économiser... donc, pour 16 millions de dollars, on pourrait économiser 125 millions de
dollars par année. Est-ce qu'au moins vous vous engagez à regarder ça de
près puis à faire en sorte que des décisions intelligentes comme celle-là se
prennent?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão :
Je vais certainement parler à mon collègue le ministre des
Affaires municipales. Moi, c'est la première fois que j'entends parler d'une telle entité. Si ça nous avait été
relevé lors de nos consultations prébudgétaires, on l'aurait creusé un
peu, si je peux utiliser un tel terme.
Le Président (M. Bernier) :
Ce n'est pas... Mais il faut les appeler avant de creuser, il faut les appeler
avant de creuser.
M. Leitão : C'est ça. Bon...
M. Marceau : Pouvez-vous
nous revenir avec une réponse à cette question-là?
M. Leitão : Je vais parler à
mon collègue et puis... Oui.
Le Président (M. Bernier) :
Et la faire parvenir à la commission...
M. Leitão : Certainement.
Le Président (M. Bernier) :
...pour qu'on puisse la distribuer aux membres et la rendre publique.
M. Marceau :
Parfait. Deuxièmement, maintenant, je vais parler d'une dépense que vous faites
et puis qui croît à un rythme très,
très rapide, c'est le crédit d'impôt remboursable pour frais de garde. Le
crédit d'impôt remboursable a augmenté
de 36 % en cinq ans, et, je vous le donne dans le mille, M. le Président,
les naissances, au Québec, sont demeurées constantes, elles ont même décliné un peu, ça fait que ce n'est pas
parce que la population des demandeurs a augmenté de façon spectaculaire. Mais le crédit d'impôt, lui,
il augmente de façon importante, il est rendu à 664 millions aux
dépenses fiscales en 2017. Et le ministre,
cette année, a décidé de le bonifier. Je n'irai pas sur les raisons qui sont
sous-jacentes ni sur le fait que je
ne suis pas d'accord avec cette approche, le ministre est au courant de ce que
moi, je pense que les enfants devraient
aller dans les CPE, où la démonstration a été faite de façon très nette et très
claire que la qualité est supérieure. Alors,
ce n'est pas là-dessus que je veux aller. J'aimerais juste que le ministre me
dise, alors que le crédit d'impôt augmente de façon importante depuis cinq ans, que les naissances au Québec ont
diminué, elles étaient à 89 000 en 2012‑2013, puis aujourd'hui elles sont... enfin, l'année passée,
elles étaient à 85 000... J'aimerais ça que le ministre me dise pourquoi
ça a augmenté, le crédit d'impôt.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão :
Écoutez, ce que je peux vous dire, c'est que c'est en souci d'équité que nous
avons amélioré ce crédit d'impôt là,
puisque justement nous avons rajouté des... revu, amélioré les standards pour
les garderies. Donc, je pense que c'était normal de faire cela.
Maintenant,
vous avez mentionné le nombre de naissances, et tout ça, mais, comme vous le
savez aussi très bien, le taux de
participation au marché du travail a beaucoup augmenté aussi dernièrement,
surtout depuis 2016, on a constaté ça.
Donc, des personnes qui probablement, auparavant, ne considéraient pas
retourner rapidement au marché du travail le font maintenant, alors ça augmente la demande pour les services de
garde. Et donc, pour faire face à cette augmentation de la demande, nous
avons amélioré le crédit d'impôt.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Marceau :
L'augmentation la plus importante du coût du crédit d'impôt est survenue avant
2016, et donc l'augmentation du taux de
participation auquel vous faites référence ne peut expliquer cette hausse-là.
Et moi, je vous soumets un cas... je
vous soumets une réponse, puis dites-moi que je n'ai pas raison. Je vous
soumets une réponse très simple. La
réponse, c'est qu'il n'y a pas de vérifications qui se font. La réponse, c'est
que c'est n'importe qui, n'importe quand,
n'importe où qui est capable de réclamer, que c'est le «free-for-all», c'est le
far west, pour ces crédits d'impôt là.
Est-ce que vous êtes capable de me dire, là,
hein, la main... sur l'honneur, là, que vous avez fait faire des vérifications, là, puis que vous vous êtes assurés
qu'il n'y ait pas de gaspillage dans les crédits d'impôt remboursables
pour frais de garde? Est-ce que vous êtes certain de ça? Êtes-vous capable de
me dire ça?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
• (21 h 10) •
M. Leitão :
Bon, M. le Président, encore une fois, c'est une accusation un peu... un peu
grave, de la part du collègue, parce que
cela voudrait dire que Revenu Québec ne fait pas son travail. D'ailleurs, une
des choses que nous avons mentionnées,
dans le budget, c'est aussi que nous améliorons la fluidité de l'information
entre Revenu Québec et le ministère de
la Famille. Et cela est dans le projet de loi n° 150, dont nous avons déjà
eu des consultations et nous devrions, à un moment donné, commencer l'étude détaillée. Mais donc, dans le budget, on
avait amélioré cette fluidité d'information pour justement s'assurer que la fiscalisation qui est faite par Revenu
Québec est beaucoup plus efficace que, peut-être, dans le passé. Et une des conclusions qu'on
constate, c'est que, depuis 2013, en fin de compte, il y a 45 000...
nombre de déclarants additionnels, donc, on
était à 453 000, à peu près, en 2013; en 2016, on était presque à
500 000. Donc, il y a une augmentation du nombre de personnes qui
ont recours à ce crédit.
Le Président
(M. Bernier) : Merci, M. le ministre. Oui, allez-y.
M. Marceau : Regardez, moi, j'ai demandé si des vérifications étaient
faites. Je prétends que très peu de vérifications sont faites à Revenu Québec pour ce crédit d'impôt
là, voire quasiment jamais, et je prétends que quelqu'un qui ferait des fausses déclarations a très, très, très peu de
chances de se faire prendre. Maintenant, jusqu'à preuve du contraire...
Puis, si vous êtes capable de me déposer un
document me prouvant l'inverse, je vous croirai, mais, pour l'instant, je suis
convaincu que c'est le cas.
Le Président
(M. Bernier) : ...parole d'un parlementaire...
M. Marceau :
Non, je ne veux pas... La parole...
Le Président
(M. Bernier) : Non, mais vous êtes... vous frôlez, vous frôlez
tout ça.
M. Marceau :
Déposez-moi un document. Ça prend un document, ça prend quelque chose, des
vérifications. Et puis mon collègue
de... J'ai fait une demande, là, je sais bien que le ministre n'a pas ça sous
la main, mais il aura l'occasion de nous déposer un document. Puis je
vais laisser la parole à mon collègue de Sanguinet.
Le Président
(M. Bernier) : Est-ce que vous avez une réponse courte à donner
sur ça?
M. Leitão :
Une réponse très courte, M. le Président. Moi, je suis bien convaincu que
Revenu Québec fait son travail. Elle
va avoir encore plus d'outils pour faire son travail, maintenant qu'il y a des
procédés d'échange d'information beaucoup plus efficaces.
Le Président
(M. Bernier) : Merci...
M. Leitão :
Et en tous les cas Revenu Québec était ici il n'y a pas longtemps, et la
question ne leur a pas été posée, alors...
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de Sanguinet.
M. Therrien :
M. le Président, ma question s'adresse au ministre des Finances. Vous avez...
bien, le RTM a vendu le tunnel
Mont-Royal, la ligne Deux-Montagnes, le pont d'étagement de la jonction de
l'est et les stationnements incitatifs pour
150 millions de dollars. Est-ce que vous pouvez me dire c'est quoi, la
valeur marchande de tout ça? Et est-ce que vous êtes capables de me
ventiler cette information-là pour savoir quel est la vraie valeur de ce que
vous avez vendu pour 150 millions?
Parce que c'est très peu. Et ça s'ajoute à une longue liste de cadeaux que vous
faites à la Caisse de dépôt. Donc,
j'aimerais ça avoir un tableau qui me dit la valeur marchande de ce que je
viens de vous dire, là. Je peux répéter, si vous voulez. Est-ce qu'il y
a moyen d'avoir un tableau?
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Pas besoin, pas besoin de répéter, parce que cette question doit être dirigée
au ministère des Transports, au ministère des Transports.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député.
M. Therrien :
Oui. O.K., oui. Je reviens sur mon... M. Tall ou je ne sais pas qui,
3,8 milliards sur les services, sur
20 ans, il reste 7,6 milliards pour l'immobilisation et les
dividendes, sur les 7,6 milliards, là, il doit y avoir un taux d'amortissement, j'imagine, là, sur vos
installations, qui font en sorte que ce montant-là est quand même assez élevé,
là, on parle de 7,6 milliards pour un
investissement de trois sur 20 ans. C'est quoi, le taux d'amortissement de
vos infrastructures du REM? Avez-vous une idée?
Le Président
(M. Bernier) : M. Macky Tall.
M. Tall
(Macky) : M. le Président, il est implicite dans le rendement que nous
visons, qui est entre 8 % et 9 %.
Le Président
(M. Bernier) : Merci.
M. Therrien :
8 % et 9 %? Est-ce qu'on peut avoir ces documents-là?
M. Tall
(Macky) : Je viens de... M. le Président, je viens de donner le
chiffre. C'est implicite dans le rendement que nous allons réaliser de
8 % à 9 % sur le long terme.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Therrien :
C'est pour combien d'années que ça va durer, ce... Le REM, là, c'est quoi, sa
durée de vie? Parce que, 8 % et 10 %, je trouve ça énorme, là.
Le Président (M. Bernier) :
M. Macky Tall.
M. Tall
(Macky) : Alors, la durée de
vie du REM est sur le long terme, la durée de vie initiale est sur une
quarantaine, une cinquantaine
d'années. Mais, étant donné la discussion que nous avons eue un peu plus tôt et
les investissements en CAPEX
importants, ça nous permet, justement, de maintenir une durée de vie de cette
durée... de l'ordre dont on discute.
Une voix : ...
M. Therrien :
Vous me dites que le 3,8 milliards nous permet d'avoir une durée de vie
plus grande du REM. C'est ce que vous me dites?
M. Tall (Macky) : Non. Ce que
je dis, c'est que le rendement...
M. Therrien : Je
n'ai pas compris, excusez-moi, j'ai de la misère à vous entendre, oui.
M. Tall (Macky) : Je vais
parler un peu plus fort. Est-ce que c'est mieux?
M. Therrien :
Oui, c'est mieux.
M. Tall
(Macky) : Donc, ce que je disais, c'est que le rendement de 8 % à
9 %, il est réalisé sur le long terme, comme on le discutait plus
tôt, donc un horizon qui est sur les 30 ans et plus, en fait.
M. Therrien :
7,6 milliards, c'est énorme, c'est énorme. Ça veut dire que le REM va se
payer... à ce moment-là, le REM va se payer, puis vous allez avoir votre
8 % par année facilement... il va se payer sur 20 ans, si je fais...
si je regarde ça, là.
Le Président (M. Bernier) :
M. Macky Tall.
M. Tall
(Macky) : M. le Président, si je peux répondre, j'aimerais rappeler,
justement, qu'un des éléments intéressants de la structure de
financement du REM, au-delà du fait que, comme on le discutait un peu plus tôt,
plus il y a de passagers, moins ça coûte
cher, moins ça coûte cher, deuxième élément, une fois que la caisse atteint son
rendement visé de 8 % à 9 %, il
faut rappeler que le gouvernement reçoit le dividende et participe, à ce
moment-là, au succès financier. Ce n'est
pas une structure où la caisse reçoit le rendement mais le partage, en fait,
partage ce succès-là avec le gouvernement du Québec.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. C'est terminé. C'est terminé, M. le député, le temps est écoulé
M. Therrien :
C'est de valeur parce que j'allais répondre à ça.
Le
Président (M. Bernier) :
Bien, s'il y a d'autres réponses à donner, il peut les donner sur le temps
gouvernemental, mais le temps est maintenant écoulé.
M. Therrien :
Je trouve que c'était bon, c'était très bon. C'est une roue qui
tourne : les subventions données au REM, le REM donne l'argent au
gouvernement, subvention du REM...
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Vanier-Les Rivières, la parole est à vous.
M. Huot :
Merci. Merci, M. le Président. M. le Président, je réalise que... Je ne pense
pas me tromper, vous êtes en train de présider vos derniers crédits à
l'Assemblée nationale, n'est-ce pas?
Le
Président (M. Bernier) : Oui. Et j'aurai, tout à l'heure,
un énoncé à faire auprès de M. Sabia, un souhait à lui transmettre
avant mon départ comme président de la Commission des finances publiques.
M. Huot :
Ce n'est pas la fin de votre présidence à la Commission des finances publiques,
je comprends bien, mais les derniers crédits...
Le Président (M. Bernier) :
Non, je...
M. Huot :
...mais j'en profite pour saluer votre professionnalisme et votre rigueur, M.
le Président. Je pense que les
députés d'opposition vont convenir aussi que vous faites un excellent travail à
la Commission des finances publiques. Alors,
je tenais à saluer votre travail. Évidemment, on vous laissera du temps pour
faire vos remerciements habituels à la fin de la commission. Vous
comprenez le clin d'oeil que je vous fais, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) :
Posez votre question, M. le député.
M. Huot :
Excusez, excusez, on est tous un peu fatigués. Moi, c'est une question au
ministre des Finances. Je voulais
amener un sujet, je ne pense pas qu'il ait été abordé dans les nombreuses
d'heures d'étude de crédits et d'étude... des suites du budget, là, les 10 heures, à la suite du budget, de séance
de la Commission des finances publiques, la question de l'endettement des ménages québécois, M. le
Président, que je voudrais aborder parce que régulièrement on voit des articles passer, quand Statistique Canada met à
jour ses données, sans doute que l'Institut de la statistique du Québec
a des données sur la question aussi, mais...
On nous dit, on nous répète régulièrement que l'endettement des ménages
augmente, augmente d'année en année, au
Québec, mais on peut quand même dire que le fardeau financier reste
relativement peu élevé, compte tenu
de la faiblesse des taux d'intérêt. Mais les derniers chiffres que j'ai vus, de
Statistique Canada, en 2017, au
Canada, on parlait d'un endettement des ménages de 167 %. Puis, si on
retourne dans le temps, en 1980, on parlait de 67 % de taux d'endettement des
ménages. Les économistes s'entendent
généralement pour dire qu'à 150 % il y a peut-être... ça peut commencer à être problématique.
C'est ce qu'on dit. Mais, quand on... si on lit un petit peu plus sur le
sujet, si on lit des études que certaines firmes, la Banque Nationale en a
fait, BDO aussi, je pense, en fait, il y a plusieurs organismes qui en font, qui nous parlent de ces questions-là,
évidemment, il faut tout le temps regarder la question de la dette
hypothécaire, le crédit à la consommation et les autres prêts non
hypothécaires, il faut quand même séparer les différentes
dettes des ménages, mais, entre autres, une étude de la Banque Nationale qui
dit, compte tenu du PIB, au Québec, du niveau d'instruction aussi, au
Québec, de la situation économique du Québec, qu'on pourrait se rendre à
200 % d'endettement de nos ménages
québécois, et ce ne serait pas nécessairement dramatique. Évidemment, on ne
vise pas que nos ménages s'endettent
encore plus, mais il y a toute une question, dans ça, de confiance des
différents consommateurs. On a parlé
de confiance des entreprises au courant de la journée, aujourd'hui, mais, les
consommateurs, la question de confiance, les indices de confiance sont
très bons, au Québec; au Canada aussi mais au Québec particulièrement. Les
salaires continuent à augmenter aussi, au Québec, le fardeau fiscal a diminué,
continue à diminuer, et les indices de confiances
sont quand même assez bons. Il faut toujours regarder, quand on parle de
l'endettement des ménages, le revenu personnel
disponible avec l'ensemble de services. Mais on nous dit régulièrement que, s'il y avait une augmentation des taux d'intérêt, dans les
prochains mois, dans les prochaines années, bien, ça pourrait étrangler
certains ménages.
Donc, sur
cette question-là, dans la planification du ministère
des Finances, il faut quand même
être conscient de cette donnée-là. Alors, j'aimerais ça entendre le ministre
des Finances sur cette question-là, parce qu'encore il y a quelques mois on avait des articles de journaux
qui nous disaient : C'est dangereux, les ménages continuent à
s'endetter, l'augmentation est importante,
d'année en année ça continue toujours à augmenter. Alors, j'aimerais ça
entendre le ministre des Finances sur cette question-là, s'il vous
plaît.
• (21 h 20) •
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre des Finances, sur le taux d'endettement des familles.
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Alors, oui, c'est un enjeu, un enjeu important et un
enjeu qui nous... je ne dirai pas
«qui nous préoccupe», mais que nous devons garder un oeil très attentif à cette
évolution-là. Bon, on pourrait avoir une très longue discussion sur quel est le meilleur indicateur, est-ce que
de comparer la dette aux revenus, parce c'est un peu ça, le taux d'endettement qui est mentionné... est-ce
que c'est aussi bon que de comparer le service de la dette aux revenus.
Et, si on veut parler de dette, alors là on
devrait la comparer aux actifs. Bon, on n'a pas le temps, et c'est un peu tard
aussi dans la journée, de commencer à avoir
ce genre de discussion là, mais je pense que ce sont des discussions qui sont
importantes. Moi, je pense que l'indicateur
qui est le plus utile, c'est de regarder le service de la dette en termes de
proportion du revenu disponible des
ménages. Et, quand on regarde un tel indicateur, on voit qu'il n'y a pas eu une
très forte détérioration de cet
indicateur-là. Donc, les ménages peuvent soutenir cet endettement-là sans
nécessairement beaucoup de difficultés.
Maintenant,
comme vous avez mentionné, et très bien, un des enjeux, c'est qu'aussi depuis
10 ans, presque, nous sommes
dans une période où les taux d'intérêt n'ont fait que diminuer, donc c'était
relativement facile d'avoir un taux de service
de la dette stable, puisque les taux diminuaient. La question, et donc là d'où
vient la préoccupation, c'est quand on va
aller de l'autre côté du cycle et donc qu'on va voir les taux d'intérêt qui
vont commencer à augmenter. Là, le service de la dette va, lui aussi, commencer à augmenter, donc cela peut en effet
causer un certain ralentissement des dépenses de consommation et des...
c'est ça, et de la croissance économique, ultimement.
Alors, quelle
est notre attitude vers ça? D'abord, dans le budget du Québec, ce que nous
avons fait, vous avez probablement
remarqué que, dans nos perspectives économiques, quand on regarde l'évolution
de l'économie du Québec, déjà, pour
les années 2019 et... à plus moyen terme, nous ne comptons pas sur une
continuation des dépenses de consommation
très fortes. Donc, on part déjà du principe que les dépenses de consommation,
au Québec, vont ralentir un peu, en grande partie à cause de ce
phénomène-là.
Deuxièmement,
ce qu'on a aussi constaté déjà depuis... ça fait déjà deux ans au moins, les
autorités réglementaires, des marchés
hypothécaires surtout, ont mis en place des mesures de précaution qui font en
sorte que, les ménages québécois, même
quand les taux d'intérêt vont commencer à augmenter, cela ne va pas avoir un
effet immédiat sur le cash-flow des consommateurs, parce qu'un grand
nombre de ces hypothèques-là, bon, sont à terme de trois ans, cinq ans. Donc,
les ménages vont avoir le temps de
s'adapter. Puis, en plus, pour se qualifier pour ces hypothèques-là, les
calculs ont été faits en utilisant un
taux d'intérêt plus élevé que le taux du marché. Donc, c'est pour ça que nous
pensons qu'il n'y aura pas de choc économique qui viendra d'une hausse
de taux d'intérêt. Mais en effet une hausse de taux va ralentir... de façon
modeste, mais va ralentir les dépenses de consommation.
Pour revenir
à votre question sur l'endettement, je serais très préoccupé, oui, si cet
endettement-là était le résultat seulement
ou principalement de dépenses courantes, mais ce qu'on voit, c'est que cet
endettement-là est le résultat d'une croissance
de la dette hypothécaire. Donc, les consommateurs ont un actif, ont une maison
qu'ils ont achetée. Et donc ce n'est
pas la dette... ce n'est pas pour payer l'épicerie que les consommateurs
s'endettent, mais c'est principalement pour l'achat d'une propriété,
l'achat d'une maison.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député.
M. Huot :
Je prendrais quelques
minutes avant de vous redonner la parole. M. le Président. Une dernière
question très rapide, peut-être
directement à M. Monty, évidemment en passant... avec
la permission du ministre. Mais c'est sur un aspect du dernier plan économique du Québec,
en page D.85, D.86, juste savoir ce
que M. Monty peut nous dire de ça, parce que je pense que le ministère
des Finances a été impliqué et continue de l'être, même si on parle de crédits
qui appartiennent au ministère
de l'Économie. Quand on parle du 1,5 million de dollars pour
appuyer la réalisation
d'études visant le développement de zones industrialo-portuaires et de pôles logistiques reconnus par le
gouvernement... Vous savez à quoi je fais réfère en vous posant la question, M. Monty. Donc,
qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur cette question-là,
sur cette étude-là? Et est-ce que
ça a bougé? Est-ce que ça a avancé? Est-ce qu'on aura des
résultats prochainement, à votre connaissance?
Le Président (M. Bernier) : Consentement
pour que M. Monty prenne la parole? Consentement. M. Monty.
M. Monty
(Luc) : Oui, M. le Président. Merci. Alors, il s'agit d'un budget qui vise à faire l'examen, dans le cadre de la Stratégie maritime, donc
en collaboration avec le Secrétariat
des affaires maritimes et d'autres partenaires impliqués, le ministère des Finances, le ministère de
l'Économie, le ministère des Transports aussi, qui sera responsable de
l'étude... de faire un examen des activités
et du potentiel de croissance dans le secteur maritime, dans le trafic
maritime, donc, pour examiner le
potentiel de croissance, pour augmenter l'activité sur le Saint-Laurent soit
comme exportateur, le Québec exporte,
et comme importateur, comme lieu de transit pour les marchandises qui peuvent
transiter par le Québec et être distribuées soit dans le reste du Canada
ou le centre des États-Unis. Alors...
M.
Huot : Ma question, c'était à savoir : Est-ce que les travaux en
vue de mener cette étude-là ont débuté, sont en cours?
M. Monty (Luc) : Le comité
s'est formé, on est en train d'écrire le mandat de recherche pour que... et
d'aller éventuellement... faire réaliser par
appel d'offres, là, des travaux pour en connaître mieux sur cette question puis
que le gouvernement puisse déterminer
le genre d'infrastructure d'accompagnement qu'il doit mettre en place pour
favoriser le développement du commerce maritime.
M. Huot : Parfait. Merci.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Parce que, vous savez, M. le
ministre, c'est un élément fort important, en ce qui regarde cette utilisation du transport maritime. Et, dans plusieurs
cas, il peut y avoir des glissements vers les États-Unis en ce qui regarde les clientèles potentielles. Et
il y a beaucoup d'efforts qui sont mis par le président, ici, du port de
Québec et du côté de Montréal également. Je
pense qu'il y aura lieu, là, rapidement de pouvoir intervenir avec, justement,
une étude pour être capable de mieux se
placer. Sinon, bien, c'est des pertes de revenus vers les États-Unis qui
peuvent se produire.
En terminant,
je veux m'adresser à M. le ministre et m'adresser à M. Sabia. Durant deux
ans, la Commission des finances
publiques a travaillé sur le dossier des paradis fiscaux, et l'objectif
premier, bien sûr, dans un contexte mondial où de plus en plus les gouvernements se cherchent et font le nécessaire
pour assurer les services à la population, et on a voulu, par ce travail-là, sensibiliser, bien sûr, la
population, sensibiliser les organismes concernés à l'importance de
combattre ces paradis fiscaux. Et, en tant
que président de la Commission des finances publiques, on a analysé, je crois,
l'ensemble des éléments qui composent
ce phénomène, qui nuit à toute société à travers le monde. Donc, ce qu'on
souhaite, c'est que le gouvernement du Québec, par l'entremise du
ministère des Finances, Revenu Québec, puisse poursuivre ses efforts. Il y a déjà des efforts qui ont été faits, et ça,
je veux le souligner, mais il y a également un rôle pour un organisme
comme la Caisse de dépôt, dans sa perception
au niveau de ses investissements, par rapport à des entreprises qui font
affaire dans les paradis fiscaux, et
c'est avec des organismes comme le vôtre, des organismes gouvernementaux, qu'on
peut poursuivre notre travail de
combattre les paradis fiscaux. Je pense que ça vaut pour l'ensemble des
sociétés. Et ça, que ce soit partout en Europe, partout aux États-Unis, de plus en plus on met en place des
mesures pour être capable de combattre ces paradis-là, parce que ça devient un fléau. Les contribuables
sont de plus en plus imposés, et c'est difficile pour les gouvernements d'aller chercher les
fonds nécessaires, une population vieillissante. Donc, il est important qu'on
puisse poursuivre le travail. Vous
avez entamé du travail. Ce qu'on souhaite avant toute chose, c'est que ça
puisse se poursuivre. C'est le voeu que je fais comme président de la
Commission des finances publiques du Québec. Merci.
Adoption des crédits
En
terminant, avant de remercier les gens, nous allons devoir voter. Le temps
alloué à l'étude du volet Conseil du trésor
des crédits budgétaires du portefeuille Conseil du trésor et Administration
gouvernementale étant écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise
aux voix des crédits...
• (21 h 30) •
M. Leitão :
Finances, pas Trésor.
Le Président (M.
Bernier) : Attendez un petit peu. Le programme 1, intitulé
Direction... Non, ce n'est pas le Trésor. Le programme 1, intitulé
Direction et administration, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
M. Marceau :
Sur division.
Le
Président (M. Bernier) : Le programme 2,
intitulé Activités en matière économique, fiscale, budgétaire et
financière, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
M. Marceau :
Sur division.
Une voix :
...
Le Président (M.
Bernier) : Oui?
Une voix :
...
Le
Président (M. Bernier) :
C'est une erreur de programme que vous avez faite? Bon, ce ne sera pas long,
on va attendre. On va recommencer à voter.
Des voix :
...
Le
Président (M. Bernier) :
Donc, c'est le ministère des
Finances, effectivement. Le programme 1, Direction et administration,
est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Une voix :
Sur division.
Le
Président (M. Bernier) : Le programme 2,
Activités en matière économique, fiscale, budgétaire et financière,
est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
M. Marceau :
Sur division.
Le Président (M.
Bernier) : Le programme 3, Contributions, frais de services
bancaires et provisions pour transférer des crédits, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
M. Marceau :
Sur division.
Le Président (M.
Bernier) : Le programme 4, Service de la dette, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
M. Marceau :
Sur division.
Le Président (M.
Bernier) : Est-ce que l'ensemble du portefeuille est adopté?
Des voix : Adopté.
M. Marceau : Sur division.
Le Président (M. Bernier) : Adopté.
Bon, merci.
Documents déposés
Je dépose les réponses aux demandes de
renseignements de l'opposition. Ça, allez-vous l'adopter?
Une voix : Non.
Le Président (M. Bernier) : Non?
Bon, en tout cas, je les dépose quand même.
Des voix : Ha, ha, ha!
Le
Président (M. Bernier) : Donc, moi, je veux remercier, bien sûr, tous
les parlementaires qui ont participé à ces nombreuses heures de travail
au niveau de l'étude des crédits des Finances. Donc, merci à M. le ministre,
merci à M. le député de Granby, merci à M.
le député de Rousseau. M. le député de Sanguinet, je vous remercie également,
vous avez fait une bonne participation.
Merci à M. le député de Mégantic, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, M. le
député de Trois-Rivières, M. le député de
Vanier-Les Rivières, M. le député de Portneuf, M. le député de
Laval-des-Rapides et M. le député de
Sainte-Rose de votre participation. Merci aux recherchistes qui sont ici et qui
vous accompagnent. Merci au personnel du ministère des Finances et de
tous les organismes qui ont participé, dont la Caisse de dépôt, aujourd'hui, une longue journée. Merci également aux gens qui
nous ont entendus. Et, bien sûr, permettez-moi de remercier le personnel
de l'Assemblée nationale qui nous accompagne
dans nos travaux, qui nous accompagne constamment, ceux à l'enregistrement
visuel et sonore. Merci à ma secrétaire, merci à son adjoint également, qui
sont là.
Alors, compte tenu de l'heure, la commission,
ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 33)