(Onze
heures vingt-sept minutes)
Le
Président (M. Bernier) :
Je déclare la séance de la Commission
des finances publiques ouverte. Bien sûr,
je demande à toutes les personnes dans la salle d'éteindre la sonnerie de leurs
téléphones cellulaires.
La commission est
réunie afin de procéder à l'étude du volet Finances des crédits budgétaires du
portefeuille Finances pour l'exercice financier 2017‑2018.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Matte (Portneuf) est remplacé par M. Habel (Sainte-Rose).
Le
Président (M. Bernier) :
Merci. Donc, bienvenue à tous les parlementaires qui vont participer à cette étude aujourd'hui. Bienvenue également aux recherchistes, au ministre
et au personnel de l'Institut de la
statistique qui sont avec nous
présents, on vous souhaite la bienvenue. Je veux saluer également les gens de
l'Assemblée nationale qui nous accompagnent
et les gens qui s'assurent de retransmettre nos débats et saluer les personnes
qui nous écoutent sur le réseau de télévision.
Puisque
nous débutons nos travaux à 11 h 27, deux heures doivent être
consacrées à l'étude de ce volet ce matin, est-ce qu'il y a consentement pour poursuivre nos travaux au-delà de
l'heure prévue, soit jusqu'à 13 h 33? Consentement? Consentement.
Finances
Discussion générale (suite)
Donc,
nous allons débuter immédiatement avec M. le député de Rousseau, du côté de
l'opposition officielle, pour débuter ces échanges. M. le député de
Rousseau, la parole est à vous.
M. Marceau : Excusez-moi, M. le Président, j'étais en
train de contempler la demande que vous venez d'exprimer de poursuivre
après 13 heures.
Le
Président (M. Bernier) :
Oui, parce que nous n'avons aucun délai possible, en ce qui nous
concerne. Le volet doit être terminé
ce matin puisque, ce soir, le volet
concerne Revenu Québec. Nous allons d'ailleurs voter les crédits ce matin. Donc, je n'ai pas aucune marge de manoeuvre
possible pour récupérer le temps qui, malheureusement, nous a été
empiété.
M. Marceau :
...moyen de réduire le temps de certains intervenants pour en arriver à une
clôture un peu plus tôt?
Le
Président (M. Bernier) : Bon, écoutez, ça, ça relève des leaders,
de décider entre eux s'ils veulent réduire du temps. Moi, en ce qui me
concerne, moi, j'ai un ordre de la Chambre pour tenir une consultation et des
échanges sur deux heures. Durant cette
période-là, s'il y a des résultats en ce qui regarde les négociations qui
peuvent se faire, je vous invite à consulter vos leaders.
M. Marceau :
Est-ce qu'on peut garder en suspens, en ce moment, l'heure à laquelle on va
terminer?
Le Président
(M. Bernier) : Bien là, elle n'est pas en suspens, elle a été
adoptée.
• (11 h 30) •
M. Marceau :
Excusez-moi, je n'ai pas... nous n'avons pas encore donné notre consentement
pour terminer à 13 h 30. Est-ce qu'on peut garder en suspens, le
temps que nous contactions, de notre côté, les leaders?
Le Président
(M. Bernier) : Bien, en tout cas, il va falloir trouver une
solution. On va trouver une solution.
M. Marceau :
On n'a simplement qu'à en reparler dans une demi-heure, là, avant la fin.
Le Président
(M. Bernier) : Écoutez, là, débutez, là, vos...
M. Marceau :
Oui, c'est ça. C'est ça que je vous...
Le Président
(M. Bernier) : On va un peu le laisser en suspens. Débutez, là,
puis on va regarder de quelle façon on peut
faire atterrir la chose, là. Mais présentement moi, j'ai un bloc de deux
heures, là. Voyons de quelle façon...
M. Marceau : Non, je
comprends, je comprends les impératifs qui vous gouvernent. C'est simplement
que, bon...
Le Président
(M. Bernier) : Ça va.
M. Marceau :
O.K. Alors, je vous reviendrai tout à l'heure, M. le Président.
Alors,
M. le Président, moi, je veux donner suite à la discussion que nous avons eue
hier sur les paradis fiscaux et je
veux en reparler avec le ministre des Finances. Je dois vous dire la surprise
qui a été mienne, hier, quand j'ai entendu les réponses du P.D.G. de la caisse, de M. Sabia. Ces réponses sont
en parfaite opposition, parfaite opposition à la volonté de la Commission des finances publiques qui a été
exprimée dans un rapport unanime, hein, le rapport de la Commission des finances publiques, là, le phénomène du
recours aux paradis fiscaux. Alors, il y a deux propositions, deux
recommandations de la commission qui
ont été adoptées à l'unanimité des membres de la commission ici, et je
m'explique très, très, très mal la complète résistance de la Caisse de
dépôt à la volonté exprimée par les élus de la population.
Je
vous rappelle, M. le ministre, que les Québécois sont aujourd'hui en train de
remplir ou, enfin, de terminer de remplir
leurs rapports d'impôt, que les Québécois, pour la très vaste majorité d'entre
eux, paient leurs impôts rubis sur l'ongle, et, s'ils ont le malheur de ne pas
vouloir le faire, ils se font rappeler à l'ordre rapidement par le fisc. La
caisse a pour 26 milliards de
dollars dans les paradis fiscaux, et ça a été confirmé de manière implicite par
le président de la caisse. Alors, la résistance de M. Sabia hier
m'a vraiment étonné, m'a surpris, m'a choqué.
Maintenant,
j'ajouterais à ça le fait que vous-même, vous avez trouvé qu'il n'y avait rien
à redire là-dessus, que vous étiez
parfaitement à l'aise... enfin, les mots que j'utilise ne sont peut-être pas
les mots exacts que vous avez utilisés, mais essentiellement c'était dire que vous étiez à l'aise avec le
comportement de la caisse. Or, je vous le répète, vous êtes, ce faisant, en opposition avec les propos puis les
résolutions de la Commission des finances publiques. Alors, j'aimerais que vous clarifiiez votre position. Est-ce que
vous êtes d'accord avec les membres de la commission que la caisse doit réduire progressivement ses investissements dans
les paradis fiscaux ou est-ce que vous réitérez, redites et continuez de
penser que la caisse doit poursuivre en
augmentant ses investissements dans les paradis fiscaux? Est-ce que vous
trouvez que, la caisse, c'est normal qu'elle refuse de donner suite à ce
que nous recommandons ici, à la commission?
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Très bien. Plusieurs choses dans la question du collègue.
Je
réitère que, oui, je suis à l'aise avec la politique de placement de la Caisse
de dépôt et placement du Québec. Cette
politique de placement est très rigoureuse. La caisse s'est donné, et
M. Sabia a commencé à l'expliquer hier, des procédures internes qui l'empêchent, donc, de faire affaire, d'investir
dans des entreprises reconnues coupables d'évasion fiscale. On a bien martelé hier le fait que
l'évasion fiscale, c'est criminel. M. Sabia a fait allusion au risque
financier et au risque réputationnel d'être associé avec des entreprises qui
font de l'évasion fiscale. Donc, la Caisse de dépôt et placement ne transige pas avec des personnes ou des
entreprises qui font de l'évasion fiscale ni avec les entreprises qui font de
la planification fiscale abusive.
Ce
que M. Sabia a expliqué hier, c'est que la Caisse de dépôt et placement
est un organisme «tax exempt», donc qui
ne paie pas d'impôt, ni au Canada, ni aux États-Unis, ni dans la plupart des
pays de l'Union européenne, et donc, pour des investissements dans d'autres juridictions, la caisse juge que ce
serait dommageable pour ses déposants d'être sujet à une double taxation. Et donc c'est pour ses
investissements ailleurs, dans d'autres pays, d'autres entreprises qui ne font
pas partie de l'accord qu'il y a avec la
majorité des pays de l'OCDE, que la caisse utilise des juridictions fiscalement
neutres. Cela se fait dans l'intérêt des déposants de la caisse.
Donc, la caisse ne
fait pas d'évitement fiscal. La caisse suit toutes les règles, toutes les lois
du Canada, des États-Unis, des pays de
l'OCDE. Et la caisse participe activement au mouvement international de limiter
la portée des paradis fiscaux.
Le Président
(M. Bernier) : Merci, M. le ministre. Merci. M. le député
de Rousseau.
M. Marceau :
M. le Président, ça nous fait une très belle jambe de savoir que la caisse
respecte les lois et les règlements des îles
Caïmans. Ça nous fait une très, très belle jambe, aux Québécois, de savoir ça.
Je suis désolé, là, mais je trouve
que cette réponse est parfaitement inacceptable. Vous savez très bien ce qui
est en cause. Ce n'est pas que la caisse
paie des impôts, ce qui est en cause, c'est que la caisse investit dans des
entreprises qui lui apparaissent plus rentables, hein, et il lui apparaît que ses placements sont plus rentables parce
que ces entreprises évitent de payer des impôts, parce que c'est le
«bottom line» qui compte pour tout le monde, et c'est le «bottom line» pour la
caisse.
Maintenant,
il y a des alternatives, il y a moyen de faire autrement. Vous savez très bien
que l'argument de la double imposition n'est pas un vrai argument.
D'ailleurs, si c'était un bon argument, pour quelle raison est-ce que la caisse
investirait dans des entreprises québécoises
qui paient leurs impôts au Québec, pourquoi le ferait-elle, dans ce
contexte-là? Pourquoi investirait-elle dans des entreprises canadiennes qui
paient leurs impôts au Canada? Alors, ça ne fonctionne pas, cet
argument-là, vous le savez très bien.
Alors,
je vous demande : Est-ce que vous allez donner suite à la recommandation
de la commission ici et faire en sorte que la caisse réduise ses
investissements?
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão : Ce qu'on
revit, on refait les discussions d'hier. Très bien. M. Sabia s'était, je
pense, très bien exprimé hier. Comme
je l'ai dit tantôt, la caisse a toute une série de procédures internes qui vont
dans la direction des recommandations
de la commission, du rapport de la commission. Donc, la caisse a exprimé hier,
a confirmé hier son désir d'aller
dans cette direction-là, de continuer à évoluer dans cette direction-là. Ce que
M. Sabia avait dit hier, c'est qu'il
ne peut pas s'engager formellement à atteindre une cible, x % de l'actif
de la caisse à telle date; ça, il ne peut pas le faire, et la raison est
très simple : parce que le principal facteur n'est pas sous le contrôle de
la caisse.
Quand
la Caisse de dépôt et placement, par exemple, investit... oui, quand la Caisse
de dépôt et placement investit, achète
des actions de l'entreprise Nestlé, Nestlé est une multinationale qui rapporte
de très bons dividendes, mais qui a son siège social en Suisse, c'est une entreprise suisse, alors elle fait
partie, soi-disant, des paradis fiscaux. Alors, pourquoi est-ce que la caisse devrait se désinvestir des
actions de Nestlé, ou Novartis, ou... Il y en a toute une série, de ces
entreprises-là. Pourquoi?
Et,
même si c'était le cas, la valeur de ces actions-là va fluctuer dans le temps,
donc M. Sabia ne peut pas... comme, d'ailleurs, les autres fonds que la caisse possède. Ça peut être à
10 % aujourd'hui, ça pourrait être à 12 % dans six mois, et ça
peut être à 8 % dans neuf mois.
C'était
cet engagement-là qu'on lui suggérait hier de prendre, qu'il a et, je pense,
correctement décliné. Mais il a aussi
maintenu qu'il va continuer à agir dans le sens, dans l'esprit des
recommandations. Et il nous a aussi renvoyé la balle à nous, politiciens, parce qu'en fin de compte la
solution à cet enjeu des paradis fiscaux est surtout... elle se trouve au
niveau politique. Donc, c'est à nous à adresser cette question-là.
Le Président
(M. Bernier) : M. le député.
• (11 h 40) •
M. Marceau :
Oui, bien, justement, ce que je comprends, là, c'est que la volonté politique,
de votre côté, n'y est pas. Ce que je comprends, c'est que vous vous refusez à
agir. Alors, moi, je vous demande d'agir, votre volonté à vous, là.
Puis
là je vais simplement ouvrir une... bien, peut-être pas une parenthèse. Vous
savez que le ministère des Finances est
un très grand déposant à la caisse, et que, donc, il y a une politique de
placement qui est établie par le ministère des Finances en collaboration avec la caisse, caisse qui vous empêche
d'indiquer dans cette politique de placement que vous demandez à la caisse de réduire progressivement
ses investissements dans des entreprises qui ont des places d'affaires dans les paradis fiscaux. Vous avez le droit, la
capacité de définir la politique de placement s'il s'agit de grands principes,
bien sûr. Il ne s'agit pas de dire à la caisse de se départir d'un titre ou bien
d'acquérir un autre, il ne s'agit pas de mettre les mains dans la caisse; il s'agit de donner des orientations à la caisse. C'est une volonté politique qui doit être exprimée par vous, par
personne d'autre ici, là.
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão : Tout à fait. Et c'est ce que nous faisons. En
effet, la politique de placement du Fonds des générations, je pense que c'est à ça que vous faites allusion,
cette politique de placement appartient au ministère des Finances, et, oui, nous donnons des... nous discutons de cette politique
de placement là avec la caisse parce que cela nous appartient. Et nous avons eu depuis le début, et vous le savez
très bien, une politique de placement extrêmement conservatrice pour
le Fonds des générations. Donc, au
Fonds des générations, à ce que je sache, on n'a pas de... ces enjeux-là ne se
posent pas au Fonds des générations.
Et,
comme M. Sabia l'a bien mentionné hier, et ça, c'est le message que nous
aussi, nous envoyons très clairement, et la
caisse le fait volontiers, la caisse n'a pas d'affaires avec des entreprises
illégales, avec des entreprises qui ne paient pas... qui font de
l'évasion fiscale et de l'évitement fiscal abusif. La caisse ne fait pas
affaire avec ces gens-là.
Il
y a un certain nombre d'entreprises, surtout des fonds, des fonds d'investissement, qui, eux, sont domiciliés dans
des paradis fiscaux, pour toutes sortes de raisons, et, oui, la caisse fait
affaire avec ces fonds-là. La valeur de ces fonds fluctue dans le temps, et la valeur... et ces fonds-là sont
surtout des fonds d'investissement dans des pays autres que les pays de
l'OCDE.
Donc,
c'est complexe, mais la caisse agit, à mon avis, dans le meilleur intérêt
de ses déposants, qui sont nous tous ici.
Le Président
(M. Bernier) : M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Moi, je suis désolé de vous contredire, là, dans le 26 milliards dont il a
été question, qui a été rapporté hier, et qui vient d'une compilation qui a été
faite à partir d'informations données par la Caisse de dépôt, il n'y avait pas les banques canadiennes, il n'y avait
même pas les banques canadiennes. Les placements de la caisse dans les banques canadiennes ont augmenté sous votre
gouverne, ils s'établissent maintenant à 9 milliards de dollars, en hausse de 1 milliard de dollars l'année dernière.
Or, il y a des banques, et nous avons tous ici été témoins de cela et on en
a tous parlé ici, qui
ont été condamnées, condamnées pour des stratagèmes d'évitement, et la caisse
continue à être présente dans ces banques-là.
Alors,
moi, je ne suis pas en train de dire que, du jour au lendemain, la caisse devrait
cesser d'investir dans des banques,
mais je suis en train de dire que la caisse devrait réfléchir sérieusement
à réduire progressivement et à discipliner ces banques qui contournent le système actuel, qui ne paient pas leur juste part d'impôt
grâce à ces stratagèmes. M. le
Président, les journaux sont... peut-être pas pleins, il ne faut pas exagérer, mais il y a
des cas de banques qui ont été condamnées, condamnées, M. le Président.
Alors, nous, on demande ici à ce que la caisse
soit exemplaire et qu'elle cesse d'investir dans les entreprises qui ont été
condamnées. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça?
Le
Président (M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão : Écoutez, vous parlez des banques canadiennes. Comme vous
le savez très bien, les banques canadiennes ont une pondération très
grande dans le marché boursier canadien. Donc, tout investisseur
institutionnel, la caisse ou n'importe qui
d'autre, qui doit avoir une certaine partie de leurs actifs, de leur
portefeuille dans les actions canadiennes va inévitablement, inévitablement
devoir avoir des actions des banques canadiennes dans son portefeuille.
De plus, les actions
des banques canadiennes sont des actions qui rapportent des dividendes extrêmement
intéressants. Comme investissement, c'est un investissement tout à fait
judicieux.
Et
je ne vois pas pourquoi la caisse se départirait de ses portefeuilles
dans les banques canadiennes. Ce qu'elle fait, et depuis déjà un certain temps, c'est évidemment
de diversifier ses portefeuilles, d'essayer d'éviter des concentrations,
mais je ne vois pas pourquoi
la Caisse de dépôt et placement du Québec, contrairement à tous les autres gestionnaires
de portefeuille canadiens, devrait se désinvestir de ces actions des banques
canadiennes.
Le Président
(M. Bernier) : M. le député.
M. Marceau : Oui. M.
le Président, avec les réponses du ministre des Finances, on voit qu'il n'y a pas de désir politique,
il n'y a pas d'intention politique de changer les choses à la caisse. Évidemment,
dans le fond, vous endossez parfaitement et totalement
la vision de la caisse, et je vous dis que j'en suis extrêmement désolé.
Alors,
écoutez, je vais finir sur ce sujet-là par une question très simple, là :
Dans la politique de placement que le ministère des Finances établit avec la caisse pour le Fonds des générations, pour le Fonds d'amortissement des régimes
de retraite et pour tous les autres fonds pour lesquels le ministère des
Finances établit une politique de placement, est-ce
que vous allez donner instruction,
instruction claire que, désormais, il faut que la caisse réduise ses placements dans les entreprises qui ont des opérations dans les paradis fiscaux?
Est-ce que vous allez donner cette instruction-là, oui ou
non?
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Non.
M. Marceau : O.K. Alors, regardez, je pense que tout le monde comprendra que les Québécois doivent payer leurs impôts, mais qu'au ministère
des Finances le ministre des Finances, lui, pense qu'il faut que rien ne change
à la Caisse de dépôt, puis qu'on doit continuer à encourager les entreprises
qui ne paient pas leur juste part d'impôt. Alors, c'est extrêmement...
M. Leitão : Ça, c'est absolument faux. Non, non. Ça, vous laissez planer le
soupçon que la Caisse de dépôt fait affaire
avec des entreprises qui ne paient pas leurs impôts, vous laissez planer le
soupçon que l'État québécois
est lésé par des activités des entreprises qui font affaire avec la
caisse. Il n'y a aucunement, aucunement de...
M. Marceau :
Je vous demande...
Le Président
(M. Bernier) : M. le député, M. le député, pouvez-vous vous
adresser à moi?
M. Marceau :
Oui, oui, oui. Bien, pouvez-vous dire la même affaire au ministre, là, en
passant?
Le Président
(M. Bernier) : Oui, je vais lui dire aussi.
M. Marceau : Je dis simplement : Est-ce que
vous allez donner instruction, dans la politique de placement, à la caisse de ne pas faire affaire avec des entreprises qui ont une place
d'affaires dans les paradis fiscaux? Vous me dites non.
M. Leitão :
Je vous dis non, c'est ça.
M. Marceau : Alors... Puis de quelle manière moi, j'ai dit quelque chose de pas correct, là? Moi, je vous demande...
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Non, non, c'est ce que vous avez dit après.
M. Marceau : Moi, je vous dis, il y a des entreprises
qui... Puis c'est le souhait qui a été exprimé par les membres de
la commission, là, que la caisse
cesse d'avoir des relations d'affaires avec des entreprises qui ont des
opérations dans les paradis fiscaux, c'est ce que nous avons dit, puis
qui ont été condamnées. Il y en a plein, ça déborde, là, hein, de placements
qui sont dans des entreprises qui ont des places... des activités dans les
paradis fiscaux. Nous vous avons demandé... et vous nous dites non.
Alors,
moi, je n'ai pas fait d'inférence, je n'ai pas dit que la caisse se complaît là-dedans.
Tout ce que je dis, c'est qu'elle
refuse de changer les choses. Et ce n'est pas surprenant. Vous-même,
vous refusez... Vous-même, vous refusez...
Une voix : ...
Le Président
(M. Bernier) : Qu'est-ce qu'il y a?
Une voix : ...
Le Président (M. Bernier) :
Adressez-vous...
M. Reid : ...pour que ce soit un petit peu moins tendu pour rien, là, est-ce
qu'on pourrait parler à la présidence, s'il vous plaît?
Le Président (M. Bernier) :
Donc, M. le député de Rousseau — vous avez raison, je l'ai demandé tout à l'heure — si vous voulez vous adresser à moi, de même
que M. le ministre, vous vous
adressez directement à moi. Alors, votre réponse, M. le
ministre.
M. Leitão : Écoutez, je peux préciser ce que je viens de dire. J'ai
dit non parce que la Caisse
de dépôt et placement a déjà une
procédure en place qui évite qu'elle investisse
ou qu'elle trouve des partenariats avec des entreprises qui font de
l'évasion fiscale ou qui font de la planification fiscale abusive. Donc, ces
procédures sont déjà en place.
De plus,
M. Sabia, hier ici, s'est engagé à continuer d'avancer dans le sens de
l'esprit des recommandations faites par
la Commission des finances publiques. Et M. Sabia aussi a mentionné qu'il
était prêt à faire état de ces travaux-là, de cette progression-là dans
le rapport annuel de la Caisse de dépôt.
Donc, quand
j'ai dit non de façon très sèche — j'étais un peu exaspéré — j'ai dit non parce que les mesures sont
déjà en place, la Caisse de dépôt et
placement est déjà en train d'avancer dans la direction que le député de
Rousseau nous suggère qu'elle aille. Donc, les choses avancent dans la
bonne direction.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député de Rousseau, la parole est à vous.
• (11 h 50) •
M. Marceau :
Et là, M. le Président, le ministre est en train de nous dire que rien de plus
ne sera fait que ce qui existe
présentement, c'est ce qu'il est en train de dire, rien de plus ne sera fait
que ce qui existe présentement. Le ministre semble satisfait des processus en place. Or, avec les processus en
place, la quantité d'investissements de la caisse dans les paradis fiscaux est passée de 14,8, en 2013, à
26,2 milliards. Et ça, c'est sous les processus en place, M. le Président.
Sous les processus en place, la proportion
d'investissements dans les paradis fiscaux, en proportion, donc, de l'actif
net, c'est passé de 7,4 % à 9,6 %.
Alors, M. le Président, depuis... en vertu des
processus en place, là, que louange le ministre présentement, les activités de
la caisse dans des entreprises oeuvrant dans les paradis fiscaux ont augmenté
de façon substantielle. Et le ministre
continue de dire qu'il faut garder les choses telles quelles sont. M. le
Président, ça ne changera pas. Ce que le ministre nous annonce, c'est qu'il ne va rien faire non plus quant aux
politiques de placement sur lesquelles il a du contrôle à la Caisse de
dépôt. Alors, M. le Président, c'est extrêmement préoccupant.
Je vais ajouter un élément. Là, je constate le sort
qui est réservé par le ministre à deux des recommandations de la commission,
les recommandations 19 et 20, voilà, les recommandations 19 et 20, et
ça pose la question de ce qui sera fait
pour les 36 autres propositions ou recommandations de la commission.
Est-ce qu'on doit s'attendre à ce qu'on nous vante et nous louange les processus en place en nous disant : Tout va bien, il n'y a rien qui... il n'y en a pas, de problème?
Est-ce qu'on doit s'attendre à ce qu'on nous
réponde ça pour la suite des choses? J'aimerais bien savoir ce que le ministre
réserve comme sort aux 36 autres recommandations.
Le Président (M. Bernier) : On
ne peut le présumer, M. le député.
M. Marceau : On ne peut
présumer, mais disons que j'ai une réponse pour deux des 38.
Le
Président (M. Bernier) : Oui, j'aurai l'occasion de revenir tout
à l'heure. C'est bien. Vous avez encore des questions?
M. Marceau : Bien, c'était ça,
ma question. Est-ce que le ministre peut nous dire ce qu'il va faire pour les
36 autres?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão : Écoutez, nous nous
sommes engagés... D'ailleurs, je vous rappelle que tous les députés de cette Assemblée ont voté unanimement une motion où nous
nous engageons, en tant que gouvernement, à prendre très au sérieux les recommandations, les 38 recommandations,
et le plus rapidement possible de préparer un plan d'action pour assurer
la mise en oeuvre de ces recommandations.
Nous travaillons sur ce plan d'action. La question nous a été posée aussi hier,
si on avait besoin d'aller engager des
consultants. Non, non. Ce travail se fait maintenant pour le ministère des
Finances. Et, dans les plus brefs
délais, quelque part cet automne, on fera rapport aux parlementaires de notre
plan d'action pour mettre en oeuvre les recommandations de la
commission.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
M. le Président, on a deux propositions, deux recommandations qui ont été,
donc, rejetées par le ministre.
Maintenant, il reste des recommandations, parmi celles que nous avons faites,
une sur la «Google tax», une sur les
conventions fiscales, au sujet desquelles on a demandé, en tant que commission,
au ministère des Finances de nous produire des travaux d'ici septembre.
Est-ce que le ministre s'engage à déposer à la commission d'ici septembre les travaux qui sont demandés par la Commission des
finances publiques entre autres sur la «Google tax» puis entre autres
sur les conventions fiscales?
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Leitão :
Nous travaillons sur ces enjeux-là. Je ne peux pas, malheureusement, m'engager
ici à ce que ce soit exactement le
mois de septembre, ce sera peut-être octobre, mais nous nous sommes engagés...
je m'engage. Le ministère travaille sur ces enjeux-là, et cet automne on
fera part de nos travaux.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Nous allons passer du côté du
gouvernement. Et je vais juste débuter avec quelques remarques en ce qui
regarde les discussions qui viennent d'avoir lieu avec le député de Rousseau.
Vous
comprenez, M. le ministre, que je suis président de la Commission des finances
publiques, j'ai donc eu à présider
pendant deux ans les travaux au niveau des paradis fiscaux. Et, bien entendu,
ces recommandations concernent le
ministère des Finances, concernent Revenu Québec et concernent la Caisse de
dépôt. J'ai présidé hier, bien sûr, nos travaux avec M. Sabia, et je veux simplement rappeler que les
recommandations ont été adoptées, bien sûr, à l'unanimité par l'ensemble des parlementaires ici, à
l'Assemblée nationale, qui est souveraine au Québec, et que la volonté, c'est
que ces recommandations-là soient suivies.
Je suis
conscient, je suis conscient que ces recommandations-là peuvent avoir des
délais dans leur application. Je vous
donne d'ailleurs l'exemple au niveau des pays européens, O.K., que ce soit la
Grande-Bretagne ou l'ensemble des autres
pays, les États-Unis également, mais que l'OCDE travaille depuis plusieurs
années, plusieurs années à combattre l'évasion
fiscale et l'évitement fiscal. O.K.? Et ce n'est pas seulement qu'une volonté
au niveau du Québec et du Canada, c'est
une volonté internationale, et de plus en plus les pressions sont faites sur
les organismes. Je ne m'attends pas à ce que les mentalités changent du jour au lendemain, sauf que notre rôle,
comme Commission des finances publiques, que les membres d'ici ou du futur ont à faire, parce que ce rapport-là a
quand même fait l'objet d'un mandat d'initiative, c'est de suivre l'application des recommandations qui
sont contenues à ce rapport. Je veux simplement rappeler ces éléments-là.
Et ce que je
souhaite, c'est que le Québec devienne un leader au niveau national et
international dans la lutte aux paradis
fiscaux. C'est ce que nous souhaitons
tous, parce qu'effectivement,
présentement, en ce qui regarde les citoyens, ça vient éroder, éroder leurs revenus, éroder ce qu'ils possèdent,
éroder également leurs services au niveau de la santé, l'éducation,
services communautaires.
Oui, il y a
des gains à faire, il faut l'admettre. C'est pour ça, d'ailleurs, que des
organismes, ou des pays, ou des individus
font des placements dans les paradis fiscaux. Mais les gains qui y sont faits,
par rapport aux conséquences des populations,
sont beaucoup plus graves parce qu'en ce qui regarde les besoins financiers,
qui sont toujours grandissants, prenons,
exemple, au Québec, en santé, en éducation, on se doit d'aller chercher les
argents qui sont dus et qui font partie de l'ensemble de la collectivité
du Québec, des Québécois.
Je m'arrête sur ça. Je donne la parole aux
autres collègues pour poursuivre le bloc gouvernemental.
M. Leitão : Est-ce que je
pourrais ajouter un élément, M. le Président? Parce que, je pense, c'est
important.
Le Président (M. Bernier) :
Oui, vous pouvez ajouter, M. le ministre.
M. Leitão : J'aimerais que ce
soit très clair que, bien sûr, il n'y a aucune tolérance, tolérance zéro,
aucune tolérance de la part du ministre des
Finances pour l'évasion fiscale. Ça, on est tous en accord avec ça. Et nous ne
voulons pas que nos organismes, nos
organisations, la Caisse de dépôt ou n'importe qui d'autre, soient associés
avec des entreprises ou des acteurs actifs dans l'évasion fiscale, on se
comprend, là, et la caisse non plus ne veut pas faire ça.
Deuxièmement,
nous sommes aussi tous d'accord, le ministère des Finances, le ministre des
Finances le premier, que les
planifications fiscales abusives, même si à la limite elles pourraient être
considérées comme étant légales, elles sont
certainement immorales et sont certainement pénalisantes pour la société. Donc,
nous sommes aussi d'accord, et la caisse
aussi est d'accord qu'elle ne veut pas faire affaire avec des organismes, des
entreprises ou des fonds associés à la planification fiscale agressive.
Donc, sur ces
enjeux-là, nous sommes tous d'accord. Et nous allons continuer à travailler
avec la Caisse de dépôt pour qu'elle
continue de raffiner ses procédés internes pour que cela se réduise le plus.
Cela va être établi dans le rapport annuel.
Et, de notre côté, du côté politique, notre
devoir est de continuer nos travaux avec nos partenaires canadiens, américains et européens pour adresser ce fléau-là,
du côté politique, pour changer les règles. Parce que des fois, et vous l'avez très bien constaté dans votre rapport, des
fois il y a certaines transactions qui pourraient être, à la limite, légales,
mais qui sont certainement immorales. Alors
donc, ce qu'il faut faire, c'est de changer les règles pour qu'elles ne soient
plus considérées légales. Et ça, c'est le
travail du législateur, et c'est sur ça que nous travaillons aussi avec nos
partenaires internationaux.
D'ailleurs,
au mois de juin, à la fin de juin, j'irai faire un voyage en Europe, comme on
le fait d'habitude, à chaque année,
pour parler à nos partenaires financiers, du gouvernement, ceux qui investissent
dans nos obligations, et nous allons aussi profiter de ce passage pour
discuter avec des acteurs européens des questions d'évitement fiscal.
Le Président
(M. Bernier) : Je suis persuadé, M. le ministre... Vous pouvez
certainement être un de nos bons, un
de nos meilleurs porte-parole dans ce dossier pour nous aider à combattre ce
fléau. Merci. M. le député de Pontiac.
• (12 heures) •
M. Fortin
(Pontiac) : Merci, M. le Président. D'abord, merci pour votre
introduction, sur le retour que vous avez fait, de même que le député de Rousseau, sur la discussion qu'on a eue
hier avec la Caisse de dépôt. Évidemment, vous avez raison, c'est un objectif qui est commun, un objectif qui est
partagé, de vraiment s'attaquer au problème de l'évasion fiscale. Et
j'étais content d'entendre le ministre parler de la planification fiscale
abusive en utilisant les termes qu'il a utilisés,
en parlant d'immoralité et de pénalité pour la société. Et je pense que, comme
le disait le député de Rousseau, au moment
où les gens complètent leurs rapports d'impôt, ils veulent savoir qu'évidemment
il y a des gens ici, dans cette Assemblée,
qui prennent acte des efforts qu'ils font comme contribuables et qui s'assurent
que tout le monde, évidemment, fait son effort.
Je suis certain que c'est une discussion que nous
pourrons continuer d'avoir, M. le
Président, probablement, avec les gens de Revenu Québec lorsque leur tour viendra dans l'étude des crédits devant cette commission. Cependant, je veux, si vous le permettez, M. le
Président, profiter du passage des
gens de l'Institut de la statistique
du Québec avec nous ce matin pour
parler de leurs enjeux bien à eux.
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le député de Pontiac, de vos propos.
M. Fortin
(Pontiac) : Plaisir.
Dans le plan
économique que vous avez déposé, M. le ministre des Finances, en mars, il y a
une section, à la page B.114, qui porte sur la promotion de la recherche...
promouvoir la recherche en favorisant l'accès aux données. Évidemment, c'est quelque chose... c'est un sujet
pour lequel l'Institut de la statistique du Québec peut avoir beaucoup
d'influence et d'importance. C'est important de bien considérer leurs besoins
et la façon dont l'institut peut vraiment améliorer
les services qu'il donne à la population du Québec. Et je pense que c'est un
peu un des objectifs, disons, de ce qui a été annoncé dans le budget,
qui est vraiment la mise sur place d'un comité de travail pour vraiment
élaborer un processus d'accès à certaines
des banques de données, notamment pour travailler sur la recherche en santé. Et
j'étais content d'entendre... de lire
dans ce passage-là du budget que le comité aura des représentants non seulement
du ministère de la Santé et du ministère de l'Économie, de la Science et
de l'Innovation, de la Régie de l'assurance maladie et de la Commission d'accès à l'information, ce qui est
tout à fait normal, mais que les gens de l'Institut de la statistique pourront
également prendre part aux travaux de ce groupe
de travail là et que leur point de vue pourra être considéré quand on va consulter de façon plus large, également, là, pour savoir ce
que les intervenants à l'extérieur du gouvernement ont besoin comme information, ont besoin
comme mesures de sécurité à mettre en place pour la protection des renseignements
personnels également.
Un des mandats qui
est confié au comité qui est formé, c'est d'évaluer la façon dont l'Institut de
la statistique pourra améliorer son offre de
services grâce, justement, à l'accès aux données. Et l'accès aux données, là,
c'est très large comme dossier, évidemment, mais on voit qu'il y a un
mouvement, disons, un peu partout à travers le monde pour vraiment... pour que le citoyen ait davantage
accès aux données, même que le citoyen puisse faire, si je peux dire, de la
statistique participative, où lui-même peut participer à la collecte de ces
données-là.
Ce
que j'aimerais savoir des gens de l'Institut de la statistique... Parce que,
quand même, il y a un «timeline», si je
peux utiliser le terme anglais, assez serré, le comité doit rendre un rapport
d'ici l'automne 2017. Alors, ce que j'aimerais savoir de l'Institut de la statistique, c'est vraiment : Au
lancement, disons, de ce groupe de travail, est-ce qu'il y a des parties de son offre de services qu'il voit déjà
où il y aurait besoin d'améliorations au cours des prochaines années, là,
donc à très court terme?
Le
Président (M. Bernier) : M. le ministre, avant de donner la parole, je veux souhaiter la bienvenue, bien sûr, à M. Stéphane Mercier, directeur
général de l'Institut de la statistique du Québec. Consentement pour que M. Mercier puisse
prendre la parole? Consentement. Donc, M. le ministre, nous allons donner la parole
à...
M.
Leitão : Oui. Peut-être juste... Avant que M. Mercier puisse commencer, je veux juste compléter
un peu ce que le collègue a dit. En effet,
nous avons inscrit dans le budget... donc, nous voulons promouvoir la recherche
en favorisant l'accès aux données, parce qu'au gouvernement du Québec nous avons
vraiment une mine d'or en termes de données, particulièrement en santé
mais dans d'autres domaines aussi, et un des grands obstacles à une meilleure
utilisation de ces données-là, c'est toujours
des questions de confidentialité, des questions de traiter ces données-là. Mais
il s'avère aussi que nous avons un
organisme au gouvernement, l'ISQ, qui justement a l'expertise pour pouvoir
traiter de l'information confidentielle. Et donc je vous laisse aller,
monsieur...
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. Mercier, la parole est à vous.
M. Mercier
(Stéphane) : Merci. Bonjour, M. le ministre, M. le Président, membres
de la commission.
Vous
me permettrez peut-être tout d'abord de remercier les employés, les fonctionnaires, les professionnels, les gestionnaires de l'institut qui de par
leur professionnalisme, leur compétence et surtout leur passion permettent de produire, d'analyser et de diffuser des
informations, des statistiques officielles, objectives, de qualité et surtout
représentatives de la société québécoise.
Je voudrais aussi profiter de la présente pour
dire que, pour la deuxième année consécutive, nous avons un achalandage record au niveau des sessions de
travail sur le site Web de l'institut. Cette année, si on exclut les sessions
de travail des
employés de l'institut, bien sûr, on parle de plus de 2,8 millions de
sessions de travail sur le site Web de l'institut.
Je pense que c'est un gage de la crédibilité des travaux, de la qualité des
travaux de l'institut et de la confiance de la société, les individus,
les entreprises envers les travaux de l'organisation.
Écoutez, au
fil des dernières années, on a revu nos processus, nos programmes statistiques,
on a revu la façon de gérer nos
risques institutionnels. On n'a jamais fait de compromis sur la protection des
renseignements personnels. Le secret
statistique, c'est quelque chose qui est enchâssé dans la loi de l'institut. Il
est spécifiquement prévu que nous ne pouvons
révéler ni directement ou indirectement quoi que ce soit qui pourrait permettre
d'identifier une personne, une entreprise,
une association, ainsi de suite. Donc, zéro compromis au niveau de la
confidentialité, la protection des renseignements personnels, pas plus
qu'au niveau de la crédibilité de l'organisation et son image.
Nous sommes
maintenant tournés vers l'avant. On va déposer, au cours des prochaines
semaines, des prochains mois, un plan stratégique pour les cinq
prochaines années. Le fil conducteur du plan stratégique, c'est l'évolution des
pratiques statistiques, des enjeux qui sont
ceux des agences statistiques à travers le monde. Et, parmi ces enjeux-là, il y
a toute la dimension, la dynamique de
l'accès et du traitement des données administratives qui sont détenues par les
ministères et les organismes publics
ainsi que tout ce qui est les données dites massives, les mégadonnées, que l'on
retrouve de plus en plus en grande quantité et en temps réel plus
rapidement sur Internet.
Vous comprendrez
que l'accès systématique aux données administratives est un élément, pour
l'institut, qui est fort important
parce que ça nous permettrait d'agir de façon plus judicieuse dans nos actions.
Nous menons des enquêtes statistiques sur le terrain, mais avoir accès
aux données administratives nous permettrait de mieux déterminer quand nous
devons intervenir sur le terrain, parce qu'il y a, comme je l'ai entendu, une
mine d'or d'information qui est déjà détenue par les ministères et organismes
dans le cadre des programmes et des politiques qui sont mis en place.
Évidemment,
il y a des enjeux autour de la qualité de la confidentialité des informations
qui sont liées à ces données administratives,
mais vous comprendrez que l'institut est un acteur clé, est un expert dans la
protection des renseignements personnels et dans le traitement de telles
données. On est également un acteur clé pour pouvoir faire l'appariement d'informations provenant de différentes banques de
données, pour pouvoir, je dirais, de façon exponentielle faire augmenter
le potentiel analytique des données administratives et des données d'enquête
dont nous disposons.
Le groupe de travail dont il est fait mention,
je peux vous confirmer que c'est avec empressement et joie que nous y participons, nous avons bien hâte de voir
ce que seront les recommandations. Notre rôle sera certainement fort important. Ça permettra d'augmenter l'offre de
services de l'institut, notamment en développant de nouveaux produits,
et ça va nous permettre également de nous
moderniser, ce qui est un besoin pour les agences statistiques à travers le
monde qui, cachons-nous-le pas, gèrent cet enjeu-là que sont les données
administratives et les données provenant aussi de l'Internet, les mégadonnées
qui existent.
Le rôle de
l'institut donc, sera, selon moi, fort important dans le cadre du groupe de
travail et par la suite, quand viendra
le temps de mettre en place les recommandations qui découleront du groupe de
travail, compte tenu de l'expertise et, je dirais, aussi de la neutralité
du rôle de l'institut dans l'administration publique québécoise.
Je terminerai
en disant que tout ça va certainement permettre d'améliorer la gestion des
fonds publics lors de la mise en place et de l'évaluation des programmes
publics.
Le Président (M. Bernier) : Merci,
M. Mercier. M. le député de Pontiac.
• (12 h 10) •
M. Fortin
(Pontiac) : Merci, M. le Président. J'apprécie l'intervention de M.
Mercier. Je pense qu'il a raison quand il
parle du travail qui est fait par les gens qui l'accompagnent, les gens de
l'Institut de la statistique. C'est vrai qu'ils font des statistiques de qualité, qui sont
représentatives, et qu'ils font un bon travail, à ce que je comprends, pour
protéger les renseignements personnels des gens.
Cependant, je
ne suis pas convaincu qu'il a répondu à ma question exactement. Au moment où
vous êtes en train de lancer le
comité et d'avoir, disons, là, des premières rencontres autour de tout ça pour
préparer une conclusion à l'automne, aviez-vous déjà identifié des
endroits où vous pouvez améliorer l'offre de services? Avez-vous déjà identifié
des endroits où vous savez que c'est plus
problématique, où certains de vos clients ont besoin de plus de votre part?
Est-ce que vous êtes déjà dans ce...
Et je comprends que vous avez un plan, un plan de cinq ans, là, qui s'en vient
sous peu, mais, quand même, êtes-vous en mesure de nous dire ce que vous
voulez améliorer à l'intérieur de l'ISQ?
Le Président (M. Bernier) :
M. Mercier.
M. Mercier (Stéphane) : Bien,
effectivement, par le passé... ou dans le présent nous menons des enquêtes statistiques sur le terrain. Nous utilisons
jusqu'à un certain point des données administratives qui sont détenues par les
ministères et organismes, mais nous n'avons
pas un accès systématique à l'ensemble de ces données administratives là.
Alors, certainement qu'avec les travaux du
groupe de travail, en ayant un accès systématique aux données administratives,
ça va nous permettre justement de poser des
actions qui sont plus judicieuses, et non pas juste sous la forme d'enquêtes
statistiques, mais également en tenant
compte de l'information qui est déjà détenue au sein des ministères et
organismes sous la forme de données
administratives. Et comme... Je ne l'ai peut-être pas mentionné assez
clairement tout à l'heure, mais en plus nous avons une expertise
particulière qui est celle d'être en mesure, dans le respect de la protection
des renseignements personnels, de faire un
appariement de données provenant de plusieurs sources. Et ça, ça va faire
augmenter le potentiel analytique et évidemment permettre d'avoir
beaucoup plus d'informations qui sont disponibles pour les décideurs de la société québécoise mais aussi en
appui à la recherche. Donc, ça va être à la fois utile pour la gouverne et
pour la recherche.
Le
Président (M. Bernier) : Merci beaucoup, M. Mercier, pour
votre réponse.
Avant
de passer la parole au deuxième groupe d'opposition, je vais revenir avec une
question que je vous ai posée tout à
l'heure. Nous avons débuté nos travaux à 11 h 27 et nous avions six
minutes de retard. Nous avons donc à reprendre 33 minutes sur les sept heures consacrées au volet Finances. Je
vous redemande le consentement pour terminer à 13 h 33.
Des voix :
Consentement.
Le Président (M.
Bernier) : Consentement. Merci beaucoup. M. le député de
Granby, la parole est à vous.
M.
Bonnardel :
Merci, M. le Président. Hier, on a terminé un exercice important avec la Caisse
de dépôt, trois heures où on a eu à
questionner la caisse sur plusieurs sujets. Est-ce que je trouve que, dans la
période de 10, 11 heures que
nous avons, c'est assez? J'aimerais en avoir plus, c'est certain, comme
critique d'opposition. 30 minutes, hier, ou à peu près. Il a fallu se battre un petit peu, là,
pour obtenir un 10 minutes de plus, sinon j'obtenais seulement
20 minutes. Je trouve que c'est très, très peu.
Où
je veux en venir, M. le ministre, il faut retourner... À la suite de la crise
de la Caisse de dépôt, en 2008, 2009, je
ne sais pas si vous vous souvenez, votre prédécesseur, Raymond Bachand, avait
annoncé dans un communiqué de presse... Quand on avait discuté, au salon
rouge, je me souviens très bien, j'étais présent, là, la débâcle, là,
de la caisse, là, 40 milliards de pertes; il y avait eu une commission
parlementaire spéciale, si on peut l'appeler ainsi, qui avait duré quatre heures. Et par la suite Raymond Bachand
avait annoncé des mesures, le 26 mars 2009, pour renforcer la transparence,
la reddition de comptes et la gouvernance de
la caisse, et il y avait cinq points, il y avait cinq points : «Le
gouvernement demande à la caisse de
présenter, en même temps que ses résultats annuels, un rapport portant
spécifiquement sur la gestion des
risques.» O.K. «Le gouvernement demande à la caisse de déposer, lors de la
commission parlementaire de 2010, un rapport
sur sa politique de rémunération.» On a eu ça aussi par la suite. «[Et] enfin,
le gouvernement demande à la caisse de bonifier davantage la section de son
rapport annuel dans laquelle elle rend des comptes sur l'obligation qui lui est
faite, par la loi, de contribuer au développement économique du Québec.»
Ça va de soi.
Ce
qui ne fonctionne pas, depuis huit, neuf ans, c'est que la première proposition
que Raymond Bachand souhaitait mettre
en place, c'est que «le gouvernement demande à la caisse de comparaître
annuellement pendant quatre heures devant la Commission des finances publiques, afin de présenter son rapport
annuel et de répondre aux questions des parlementaires. Cet exercice constituera un moment réservé
spécifiquement à la caisse et se déroulera en dehors de l'examen annuel des
crédits du ministère des Finances.»
Alors,
vous me voyez venir rapidement pour cette première question. À ma
connaissance — je suis
ici depuis 2007 — ça n'a jamais eu lieu. Pourquoi, cet
exercice, le gouvernement libéral ne l'a pas mis en place? Minimalement, je ne veux pas revenir sur 2010... 2012 et avant, là, mais, depuis 2014,
pourquoi vous n'avez pas appelé la Caisse
de dépôt en commission parlementaire comme c'était prévu dans ce que
votre gouvernement, à l'époque, avait mentionné?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Bon, en effet,
moi, je suis ici depuis 2014, depuis moins de temps que vous, et, oui, en effet,
depuis 2014, cela n'a pas eu lieu.
Écoutez,
nous jugeons que la période des crédits, donc trois heures aux crédits, ça
devrait être suffisant. Maintenant,
pendant la période des crédits, est-ce qu'on pourrait augmenter ça? Est-ce que
ça pourrait être plus que trois heures? Écoutez,
moi, a priori, je n'ai aucun problème à ce qu'on revoie l'allocation du temps
pour passer plus de temps avec la Caisse de dépôt ou un autre organisme.
Moi, je n'ai pas de difficulté.
Maintenant,
pour venir directement à votre question, est-ce que la caisse devrait venir à
l'Assemblée et présenter et discuter
de son rapport annuel, écoutez, ça avait été suggéré à l'époque, on pourra
toujours repenser à ça, mais, encore une
fois, a priori, là, vous me prenez un petit peu à froid comme ça, je ne vois
pas tellement la nécessité. Mais je ne vois pas non plus... je ne suis pas fermé à ça non plus, c'est quelque chose
qu'on pourrait... on pourrait penser à ça. Je n'ai pas d'idée faite
là-dessus, là.
M.
Bonnardel : Oui. Merci, M. le Président. Je sais que vous ne
vous attendiez peut-être pas à cette première question, là. Moi, je pense que c'est important. Si Raymond Bachand le
souhaitait en 2009... Oui, on ne souhaite plus de... pas une question de crise,
mais on ne souhaite pas de débâcle financière mondiale comme la crise de 2008
et que la caisse en paie un prix, sauf que les actifs de la caisse
augmentent année après année, on est à 260 milliards.
Et,
M. le ministre, en tout respect, l'entente que l'opposition... la prérogative
de l'opposition officielle vis-à-vis le temps prescrit, pour ce qui est des finances et tous les autres, c'est
l'opposition officielle... on a un petit mot à dire là-dessus. Moi, je pense que, le travail que l'on fait
pendant l'étude des crédits, ça va de soi, trois heures, O.K. Mais autrement le
rapport annuel de la caisse a été déposé le
25 avril, si je ne me trompe pas. Il va de soi qu'année après année, selon
moi, on se doit de demander à la caisse de venir pendant le quatre
heures qui était proposé à l'époque par Raymond Bachand. Puis je pense que les députés de l'opposition, que
ce soit mon collègue, le parti ministériel... Puis, vous savez, je ne veux
pas dénigrer le travail des députés
ministériels, sauf qu'à quelque part la caisse, c'est archi-important pour les
Québécois, ce n'est pas vrai qu'on
n'a pas de sujet à trouver pendant ces quatre heures. Il faut être capable
minimalement de parler de gouvernance... Bien là, il y a la situation du
REM qui va être un dossier extrêmement important.
Et
aussi le gouvernement, M. Bachand, à l'époque, demandait à la caisse de
«préparer, une fois aux trois ans — je ne
sais pas si vous vous souvenez aussi — un plan d'orientation exposant sa vision et
ses priorités. La caisse devra présenter ce plan en commission
parlementaire, et ce, à compter de 2010.» Ça n'a pas été fait non plus.
Alors, minimalement, je vous demande
juste de me confirmer que, pour 2017, d'ici à la fin de l'année, vous allez
tenir pour acquis que la caisse va venir en
commission parlementaire comme on le souhaitait, comme le gouvernement à l'époque, pour vous, le souhaitait, qu'on soit
capables d'avoir ce quatre heures pour, encore une fois, pas juste bonifier
le fait que l'opposition peut questionner la
caisse, mais pour que la partie ministérielle puisse le faire et que les
Québécois puissent se dire aussi que...
Je pense que c'est une orientation... une façon de renforcer la transparence,
pour être capable de questionner un
organisme comme la caisse qui est extrêmement important pour nous, mais à qui
on... comme travail de l'opposition, on se doit de, je vais le dire
en anglais, challenger.
• (12 h 20) •
Le
Président (M. Bernier) : M. le député de Granby, je veux juste donner
une information au niveau du ministre en
ce qui regarde votre question, O.K., parce qu'effectivement le ministre n'était
pas là, et j'ai eu à présider et à participer à ces commissions.
L'article 293.1
dit ceci : «Chaque commission sectorielle, dans son domaine de compétence,
entend, en vertu de la Loi sur
l'administration publique, au moins une fois tous les quatre ans, les
ministres, si ceux-ci le jugent opportun, et, selon le cas, les
sous-ministres ou les dirigeants d'organismes afin de discuter de leur gestion
administrative.
«Lors
d'un mandat de reddition de comptes d'un organisme réalisé en vertu du premier
alinéa, la commission examine également ses orientations et ses
activités.
«Le choix des
organismes se fait conformément aux dispositions de l'article 149 — c'est-à-dire
mandat d'initiative, triple majorité. À
défaut d'accord, la Commission de l'Assemblée nationale désigne les ministères
et organismes qui seront entendus.»
294 — et je termine — l'examen en commission : «Chaque
commission examine annuellement les orientations, les activités et la gestion d'au moins un
organisme public soumis à son pouvoir de surveillance.» Merci. Je voulais vous
donner cette information-là et donner l'information au ministre sur le sujet.
M.
Bonnardel : Est-ce que vous convenez, M. le Président, que
la caisse n'est pas venue, comme tel, comme prévu, comme le gouvernement
de l'époque...
Le Président (M.
Bernier) : Oui.
M.
Bonnardel :
Je ne veux pas partir de débat spécifique, je fais juste...
Le
Président (M. Bernier) : Non, non. Et je suis président depuis trois
ans, puis effectivement nous ne l'avons pas entendue. Mais je vous donne simplement le fait, là, qu'il y a un pouvoir
au niveau de la commission dans sa décision d'entendre... Et, le
ministre, je ne veux pas disculper le ministre, là, mais ce n'est pas lui, là,
qui...
M.
Bonnardel : Je comprends, mais je ne veux juste pas... M. le
Président, vous êtes d'accord avec le fait que, si je demande un mandat
spécifique, bien, on n'est pas...
Le Président (M.
Bernier) : C'est la triple majorité, c'est dans le cas des mandats
d'initiative.
M.
Bonnardel : Voilà. Sauf que Raymond Bachand, à l'époque,
disait : La caisse devra s'expliquer devant les députés autrement qu'à l'étude des crédits. Je
veux que le ministre, au moins, s'engage minimalement à nous dire s'il y a
raison une valable à ce que ça ne se fasse
pas du tout, contrairement à ce que Raymond Bachand et les libéraux
souhaitaient en 2009, et qu'on me
dise minimalement que, oui, ce quatre heures pourrait se faire en bonne et due
forme. Je n'irai pas plus loin.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
M. Leitão :
O.K. Plusieurs choses.
D'abord,
cette recommandation-là avait été émise... cette préoccupation a été émise en
2008‑2009, en situation de crise.
Depuis ce temps-là, beaucoup de choses ont changé dans la gouvernance de la
caisse, dans les communications que la caisse a avec la population, avec
le public, avec le gouvernement. Son plan stratégique est aussi déposé, et tout
ça.
Donc,
comme je vous dis, je ne suis pas fermé à une telle chose, mais en même temps
je ne vois pas nécessairement l'utilité
de le faire. Ce que je vous réponds, c'est qu'on va y penser, on va voir si
c'est vraiment pertinent de le faire ou pas. Comme M. le Président l'a
mentionné, la commission aussi peut le faire. Nous, de notre côté, on va
examiner la question. Encore une fois, je ne suis pas... je suis ouvert
d'esprit à ça, on va l'examiner.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Alors, minimalement, je peux me réjouir que vous
soyez ouvert d'esprit. J'espère juste que cette ouverture d'esprit nous
amènera à un oui.
Hier, M. Sabia
nous a dit de façon assez pointue, quand je lui ai posé la question : Si
le fédéral ne met pas 1,3 milliard
spécifiquement, pas 1,1, pas 1,2, 1,3 milliard, il n'y aura pas de REM à
Montréal, réseau électrique, le REM comme
tel. Est-ce que vous avez... Puis vous sembliez... vous m'avez dit hier vite,
vite : Je vous ai dit ça. Moi, je ne vous ai jamais entendu dire que, s'il n'y avait pas 1,3 milliard, il n'y
aurait pas de REM. Question simple : S'il n'y a pas 1,3 milliard,
est-ce qu'il y a un plan B pour le gouvernement?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão : Bon, écoutez, là, il y a
toujours des plans B, des plans C. Ça, on est toujours actifs à cet égard-là.
Cependant, je
me rappelle d'avoir dit, pendant notre débat sur le budget... peut-être pas avec vous, peut-être avec
le député de Rousseau, je ne me rappelle
pas, mais j'avais dit, avec un des collègues, que, s'il n'y a pas
d'investissement, de participation
fédérale, il n'y a pas de REM. Ça, je l'avais dit clairement, je ne me rappelle
plus avec qui, là, mais je l'avais dit clairement. Et M. Sabia l'a
dit hier, et je le redis encore une fois.
Maintenant,
on n'a aucune indication contraire au désir du gouvernement fédéral de
participer dans le projet. Nous avons
des contacts constants avec Infrastructure Canada, et les pourparlers vont très
bien. Donc, je n'ai aucune raison de craindre l'absence de participation
fédérale dans ce projet-là.
Alors, comme M. Sabia l'a dit hier, ce que
nous souhaitons, nous, c'est-à-dire la caisse et, évidemment, nous comme partenaires, nous souhaitons que la décision
fédérale vienne quelque part cet été, pas nécessairement le cas que l'argent vienne tout de suite, mais que l'engagement
fédéral soit clairement établi quelque part cet été. À ce moment-là, le
projet peut poursuivre.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. le député.
M.
Bonnardel :
M. le Président. Est-ce que je trompe, M. le ministre, là, mais... J'ai bien lu
que le bureau des infrastructures
n'allait pas être créé, sûrement, avant la fin de l'automne prochain et que
rien n'allait être déboursé tant que
la banque des infrastructures n'allait pas être mise en place? Donc, au-delà
d'un engagement spécifique, pouvez-vous me corriger ou...
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M.
Leitão : Non, non, c'est ça, parce que, la question, c'est ce que
j'essayais de dire, peut-être que je ne me suis pas bien expliqué, ce dont la caisse et ses partenaires... ce dont nous
avons besoin de la part du gouvernement fédéral, ce n'est pas qu'il débourse maintenant ou en 2017, qu'il débourse
1 280 000 000 $, ce n'est pas ça. Nous avons besoin
de leur engagement ferme qu'ils vont le faire.
Est-ce que ça
va être en 2017, en 2018, en 2019? Ça, c'est une question qui peut être
négociée par la suite. Mais ce qu'on a besoin cet été, c'est de cet
engagement ferme que l'argent viendra.
D'où il viendra, ça, c'est au gouvernement
fédéral de s'organiser. Est-ce que c'est de la BIC, de la Banque de l'infrastructure Canada, ou est-ce que c'est d'un
autre organisme fédéral? Ça, c'est à eux à décider, c'est leur problème. Nous,
ce qu'on veut, c'est cet engagement formel au plus tard cet été.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M.
Bonnardel :
Donc, je veux être bien sûr, là. Pour vous, dans les chiffres clés qu'on a
débattus après le budget, et tout ça, il est hors de question que le
gouvernement mette un 100 millions de plus. Si le fédéral ne met pas 1,3,
il n'y a pas de REM, puis ce n'est
pas le gouvernement qui va éponger cette portion qui pourrait être pas versée
par le fédéral, là. Vous me dites : C'est 1,3 ou pas du tout, puis
nous, on ne met plus un sou de plus.
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M. Leitão : Nous n'avons aucune
indication que la partie fédérale ne sera pas au rendez-vous.
M.
Bonnardel :
Là, ce que vous me disiez, M. le Président, vous n'allez pas mettre un sou de
plus que ce qui a été écrit dans ce
plan financier que la caisse... Je vous l'ai déjà mentionné, je vous ai
questionné là-dessus, là. Pour moi, c'est une portion quand même importante, le 1,3 milliard du Québec.
Hydro-Québec, le 300 millions, c'est nous aussi, puis le 512 millions qui est le paiement au RTM,
c'est nous aussi, plus toutes les dépenses afférentes qui seront reliées à la
construction, aux viaducs et machins. Il y a une portion importante...
Donc, je
veux juste que vous nous disiez, parce que les Québécois s'attendent à ce que,
bon, ça coûte 6 040 000 000 $, que vous ne mettrez
pas un sou de plus si le fédéral ne met pas 1,3 milliard.
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M.
Leitão : C'est ça, c'est tout à fait ça. C'est-à-dire la Caisse de
dépôt s'est engagée à contribuer à la hauteur de 51 %; nous, à la
hauteur de 24,5 %. Il manque un autre 24,5 %, c'est ce qu'on attend
du gouvernement fédéral.
Le Président (M. Bernier) : Je vous
remercie, M. le ministre.
M.
Bonnardel : Vous ne
voulez juste ne pas me dire : On ne mettra pas un sou de plus.
M.
Leitão : C'est ce qu'on attend du gouvernement fédéral. Et on doit
avoir un engagement ferme de leur part cet été. Et puis on traversera ce
pont quand on y arrivera.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Je vous
ai... Il me reste peut-être quatre minutes, là, trois, quatre minutes...
Le Président (M. Bernier) : Quatre
minutes.
M.
Bonnardel :
Quatre minutes. Je vous ai parlé, la dernière fois, du rapport mensuel, le
dernier rapport mensuel des opérations financières au 31 janvier 2017. Je
vous disais qu'il y avait un surplus qui était prévu, là-dedans, de 2,1 milliards de dollars, souvenez-vous. Je
vous ai demandé, quand on allait voir à la page A.9 du budget, quelle
était la ventilation du supposé
926 millions qui était indiqué dans Appuyer le développement économique,
Améliorer le niveau de vie et Investissements, contrairement à ce qui
était écrit à la page B.335, souvenez-vous, on avait eu un petit questionnement. À la page B.335, on nous
annonçait donc des mesures qui équivalaient à 853 millions, contrairement
au 926. Vous m'avez dit : Je ne suis
pas trop sûr, on ne sait pas trop d'où le 926 vient. Puis vous m'avez
dit : On va vous donner la
ventilation, donc, entre le 2 137 000 000 $ et le
926 millions. Il y a 1 milliard qui sera dépensé, souvenez-vous,
je vous ai dit, pour le rapport annuel de
février et le rapport annuel de mars, les deux derniers mois de l'année
financière, qui est déjà terminée, il
y aura 1 milliard de dollars d'argent qui sera dépensé, qui aura été
dépensé par le gouvernement, qui aura
été brûlé rapidement. Je voulais avoir cette ventilation des dépenses, incluant
celle du 478 millions à la page A.9. Un mois plus tard, je
n'ai toujours rien eu.
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M.
Leitão : Très bien. O.K. Nous avons ici trois tableaux qu'on peut vous
fournir. Essentiellement, pour ce qui est des... Donc, à la
page A.9, vous parliez des 926 millions...
M.
Bonnardel : Là...
Oui, allez-y. Je vous laisse finir, je vous laisse finir.
M.
Leitão : Donc, pour réconcilier cela avec la page qui était B.335, où
on avait 853 millions, la différence, c'est des investissements en
santé qui avaient été annoncés à l'automne 2016, donc, de
100 millions, ainsi qu'un autre ajustement aux dépenses additionnelles à
la Famille. Donc, c'est comme ça qu'on arrive de 926 à 853.
Le Président (M. Bernier) : M. le
député.
• (12 h 30) •
M.
Bonnardel : Attendez.
On part du 2 137 000 000 $, on enlève le 926, il nous reste
1 milliard, là. C'est ce milliard qui,
pour moi, là, n'est pas indiqué nulle part dans le budget, c'est ça que je
voulais comme ventilation. Parce que
vous comprendrez, là, que le rapport mensuel va sortir ce vendredi. Vous l'avez
peut-être vu; moi, je ne l'ai pas vu. Alors,
ce milliard, à qui on a donné ces sous? Comment on a dépensé ces sous?
Souvenez-vous, je parlais de décret qui avait été annoncé tout de suite
après le budget, des millions de dollars qui ont été donnés à des organismes
sur le budget 2016‑2017 qui avait été
terminé. Donc, ce milliard, comme tel, la ventilation, et le 478 qui est Autres
éléments à la page A.9, pour
moi, comme parlementaire, c'était archi-important d'être capable de voir
comment vous avez dépensé ces sous, à qui vous avez donné ces sous.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. le ministre.
M.
Leitão : O.K. Peut-être qu'on peut déposer ces deux tableaux-là, qui
pourraient peut-être être déjà une... qui pourraient aider à la
discussion.
Le
Président (M. Bernier) : Nous allons les recevoir, M. le ministre.
Poursuivez votre réponse, nous allons les recevoir.
M.
Leitão : Maintenant, réconcilier les 2,1 milliards du rapport
mensuel avec ce qu'il y a dans le... — excusez-moi, voilà, c'est ça — avec ce qu'il y a dans le budget, ce n'est pas tout à fait... on
ne parle pas des mêmes choses parce que, donc, on fait le budget, donc... on a l'information pour l'année fiscale
au complet. Donc, l'année 2016‑2017, on part du principe que les
dépenses totales, cette année, vont être de x milliards de dollars.
Le Président (M. Bernier) : Nous
allons aller sur le temps du gouvernement, M. le ministre.
M. Leitão : D'accord.
Le Président (M. Bernier) :
Continuez, nous allons... Poursuivez. Vous êtes sur le temps du gouvernement.
M.
Leitão : D'accord. Donc, les rapports mensuels, ils sont mensuels,
bien sûr, et donnent un portrait préliminaire de l'évolution des dépenses dans l'année fiscale. Alors, quand on
présente le portrait, au budget, c'est déjà à la fin de l'année, on a déjà pris en considération qu'il y a un
nombre d'initiatives qui ont été prises dans les mois précédents et qui vont
se matérialiser, mais qui n'ont pas encore
été, si on veut, captées par la comptabilité mensuelle, qui, elle, suit les
dépenses en
continu, de façon directe. Alors, la réconciliation, si vous voulez, vient du
fait que les 2,1 milliards, qui était le surplus annoncé dans le dernier rapport, au
31 janvier... Et, dans notre budget, on a 250 millions de surplus.
Donc, où est passé le reste? Et cela,
il y a essentiellement deux volets. D'abord, les nouvelles initiatives qui ont
été annoncées au budget, ces nouvelles
initiatives, c'est 926, et c'est un des tableaux que nous avons déposés. Ça, c'est
926 millions. Ça, c'est un des volets.
L'autre volet, c'est ce que nous considérons comme étant des retards aux
dépenses de programmes après 10 mois, c'est-à-dire des dépenses qui étaient budgétées, des dépenses qui
devraient se faire pendant l'année, mais que, pour une raison ou une autre, il y a des retards à ce que
cela se fasse. Et donc nous sommes confiants que ces dépenses-là qui étaient
budgétées vont se faire, vont se matérialiser avant la fin de l'année. Ça,
c'est un autre 972 millions. Ce n'est pas des nouvelles dépenses. C'est des dépenses qui étaient déjà budgétées, mais
qui, pour plusieurs raisons administratives, étaient en retard.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Nous allons maintenant donner la
parole au député de Trois-Rivières. La parole est à vous, M. le député.
M. Girard : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc... Oui?
Document déposé
Le
Président (M. Bernier) : ...j'accepte le dépôt des deux documents, des
tableaux déposés par le ministre. Donc, allez-y.
M.
Girard : Merci. Donc, salutations, M. le ministre, aux gens de l'ISQ,
M. Mercier et votre équipe. C'est un plaisir de vous voir
aujourd'hui.
Donc, on va tenter de parler un peu de
statistiques mais de rendre ça simple pour les gens qui nous écoutent.
L'ensemble
des députés ici, nous sommes à Québec une bonne portion de la semaine, mais, la
fin de semaine, nous retournons
chacun dans nos comtés. On rencontre des gens, des contribuables, des
entreprises, des associations, des organismes sur le terrain. Et on
côtoie ces gens-là de façon régulière. Et on les a côtoyés aussi pas longtemps
après le dépôt du budget du gouvernement de
cette année, et il y a eu des réactions, n'en déplaise aux oppositions, des
réactions quand même positives au
dépôt de ce budget. Donc, permettez-moi de vous énoncer certains communiqués de
presse qui ont été émis par des
associations, des organismes, des gens qui représentent de nos citoyens, qui
représentent des gens sur le terrain. Et, par la suite, je vais avoir
des questions pour le ministre à ce sujet.
Donc, dans un premier temps : La FCSQ se
réjouit des investissements additionnels en éducation. C'est la Fédération
des commissions scolaires du Québec.
Un autre
communiqué de presse : Le CPQ attribue une bonne note au budget de
Québec pour 2017‑2018. Le CPQ est le Conseil du patronat du Québec.
Un autre
communiqué, de l'Union des municipalités du Québec : Un plan qui devra
soutenir le développement économique
des régions, selon l'UMQ. «L'UMQ
voit d'un bon oeil plusieurs des mesures contenues dans le plan budgétaire
du gouvernement.»
Le Réseau des
carrefours jeunesse-emploi du Québec titre, dans son communiqué, Un budget
résolument tourné vers la jeunesse du Québec.
Nous avons également l'APCHQ, l'Association des
professionnels de la construction et de l'habitation du Québec, qui salue la
prolongation du crédit d'impôt RénoVert.
La FCEI,
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante : Un budget
responsable qui répond aux priorités de nos PME.
Le Regroupement provincial des comités des
usagers, au niveau de la santé : Le gouvernement reconnaît l'ampleur
des besoins en santé et en services sociaux.
Les
Manufacturiers et exportateurs du Québec «saluent un budget du Québec qui mise
sur les manufacturiers».
La fédération
canadienne des chambres de commerce : Le budget 2017 aidera les
entreprises à recruter, investir et innover.
L'Association
minière du Québec qui mentionne : Enfin des mesures qui répondent à
plusieurs préoccupations de l'Association minière.
La Chambre de
commerce du Montréal métropolitain : Des investissements massifs en
phase avec les priorités de la communauté d'affaires de la
métropole.
L'Association québécoise des cadres
scolaires : Le réinvestissement promis enfin au rendez-vous.
«Le Chantier
de l'économie sociale accueille favorablement divers éléments du budget déposé
aujourd'hui par le ministre des Finances du Québec.»
J'achève, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) : ...je
vous écoute.
M.
Girard : La Fédération québécoise des municipalités : Un
budget qui reconnaît l'expertise économique des municipalités
locales et régionales, selon Richard Lehoux, le président de la FQM.
L'Association
des microdistilleries du Québec : De l'oxygène pour nos microdistilleries
partout à travers le Québec.
Force
Jeunesse qui accompagne favorablement le réinvestissement annoncé en éducation
dans le budget du Québec.
Le
Fonds de solidarité FTQ qui va augmenter ses investissements en développement
économique local de l'ordre de 26,5 millions suite au budget.
Une bouffée d'air frais pour les cégeps,
titre la Fédération des cégeps, qui se réjouit des investissements de
37,5 millions dans le réseau collégial prévus au budget 2017‑2018.
L'AMDES
salue les réinvestissements en éducation, l'AMDES qui est satisfaite des
investissements qui ont été annoncés.
L'Association des directions générales des
commissions scolaires : L'éducation revient au rang des priorités.
L'Ordre
des CPA du Québec : Un budget qui dégage de nouvelles marges de
manoeuvre au bénéfice des Québécois.
Même
l'industrie des assurances de personnes est heureuse de voir leur contribution
de 5,5 milliards au PIB qui est soulignée par le ministre des
Finances.
«L'Association des constructeurs de routes et grands
travaux du Québec accueille positivement le budget du gouvernement.»
• (12 h 40) •
Bonification
de 35 millions du soutien accordé aux festivals et événements et
prolongation du Fonds pour les grands
événements de Québec : le REMI salue des mesures créatrices de
richesse selon le budget. Le
REMI, c'est le Regroupement des événements majeurs internationaux.
Réaction
de l'AGRTQ au budget du Québec : Le développement de l'habitation
communautaire reprend son rythme. Donc, c'est l'Association des
groupes de ressources techniques du Québec.
Le gouvernement du Québec mise sur le
potentiel de la relève et de l'innovation pour consolider sa stratégie
numérique. C'est titré par l'Association québécoise des technologies,
l'AQT.
Le CETEQ, le Conseil des entreprises en
technologies environnementales du Québec, le CETEQ est «plutôt favorable au
budget 2017‑2018 du gouvernement du Québec».
Et je vais
aller rapidement. L'Association de la construction du Québec qui est positive. Nous avons également l'ADRIQ, qui est
l'Association pour le développement de la recherche et de l'innovation du
Québec, qui est très positive face au
budget; le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec qui mentionne
des actions ciblées et des mesures tournées vers l'avenir pour les
jeunes, pour les nouvelles générations au Québec. Aéro Montréal : Plusieurs
mesures favorables au virage numérique et au développement de
l'aérospatiale. Montréal International : Un budget bénéfique pour l'attractivité économique
du Grand Montréal. L'industrie
forestière «salue le soutien à l'innovation et à la transformation» du secteur forestier. Et, finalement, Un signal positif pour la production porcine et l'économie du Québec, titrent Les Éleveurs de porcs
du Québec. Donc...
Le Président (M. Bernier) :
Vous aviez une bonne liste.
M.
Girard : Oui, on a une bonne
liste. Et justement, cette liste, nous avons des gens de l'éducation,
trois secteurs — commissions scolaires, collégial et universitaire — des
gens du patronat, des gens qui représentent la jeunesse, la relève et le transfert d'entreprise, le domaine de la
construction, la santé, les PME, qui sont vraiment importantes au niveau du développement économique du Québec; des gens qui représentent l'innovation, qui
représentent le secteur minier, qui
représentent les municipalités, le secteur de l'assurance, le secteur du
tourisme, le secteur de la forêt et le secteur agricole, qui sont
drôlement intéressants pour les régions du Québec.
Étant donné
qu'on est avec l'Institut de la
statistique du Québec, est-ce que, statistiquement, c'est le budget qui a
reçu la meilleure... qui a eu la meilleure réception pour l'ensemble du Québec?
Avons-nous déjà eu autant de réactions positives
dernièrement face à un budget du Québec?
Le Président (M. Bernier) :
Je suis certain, M. Mercier, que vous ne vous attendiez pas à cette
question-là. M. le ministre.
M.
Leitão : Écoutez,
M. Mercier, si vous voulez répondre, allez-y, mais ce n'est pas quelque chose
qui fait partie du mandat de l'ISQ,
de comptabiliser les commentaires, positifs ou négatifs, aux différents budgets
du gouvernement.
M. Mercier (Stéphane) : Je peux dire
une phrase, elle serait courte.
M.
Leitão : Écoutez,
nous sommes, bien sûr, particulièrement satisfaits de la réception que
notre budget a eue parmi un grand éventail d'observateurs, de
commentateurs de la société civile au Québec, du patronat jusqu'aux groupes
communautaires, tous les organismes que vous avez mentionnés. Je pense que ça
reflète le fait que nous sommes maintenant
capables de dépenser davantage dans nos priorités, qui sont, comme vous avez
mentionné, d'abord et avant tout l'éducation; pour nous, ça, c'est la
première priorité... Enfin, quand on parle de priorités, on devrait avoir une priorité, parce qu'on ne peut pas en avoir
plusieurs, sinon ça ne marche pas. Donc, la priorité, c'est l'éducation dans
toutes ses composantes, de la petite enfance jusqu'à l'enseignement
supérieur. Et nous l'avons fait... nous avons engagé des sommes additionnelles, et pas seulement des sommes
mais de nouveaux engagements, et sur cinq ans. Et ça, je pense, c'est important de revenir à cet aspect-là, parce
qu'on nous critique en disant : Ah! vous avez annoncé x milliards de
dollars, mais c'est sur cinq ans,
mais c'est justement ça qui était nécessaire, c'est justement ça qui était
demandé par les intervenants du
milieu. Bien sûr, tout le monde va avoir des ressources financières
additionnelles, et le montant ne sera jamais suffisant, on voudrait toujours faire plus, mais ce qu'on
souhaitait surtout et avant tout, c'était d'avoir un engagement du gouvernement
à moyen terme, donc que ces organismes-là,
les commissions scolaires, les CPE, les universités, les cégeps, etc., puissent
compter sur une
évolution dans le temps des transferts gouvernementaux, qui d'ailleurs
augmentent. Donc, nous, dans notre plan de cinq ans, pour l'éducation en
particulier, on voit que les montants augmentent. Ça va être plus élevé en 2018‑2019, encore plus élevé en 2019‑2020, etc.
Donc, il y a un engagement, il y a un effort qui est fait de la part de la
société au complet, donc du gouvernement,
pour améliorer graduellement et progressivement mais de façon déterminée
les ressources financières allouées à l'éducation. C'était ça, notre
engagement, notre priorité.
Bien sûr, le
reste est important, la santé, le développement économique, le développement
économique régional, donc, toutes les
autres missions de l'État sont importantes, bien sûr, mais l'éducation est
notre priorité parce que l'avenir va dépendre
de notre capacité de bien former notre jeunesse. On pourrait en parler
longuement, des questions démographiques,
mais, quand on fait toutes ces analyses-là, tout revient à l'éducation, qui est vraiment la base de l'avenir.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M.
le député de Trois-Rivières.
M.
Girard : Merci, M. le ministre. Je trouvais important de faire cette nomenclature parce que
souvent on dit... Bon, oui, le gouvernement, on dit que notre budget est positif, etc., mais ce sont des dizaines
et des dizaines de communiqués de presse
de différents secteurs d'activité, de différents organismes, de différentes
associations qui ont une réception très positive face au dernier budget.
Donc, je pense, c'est important de le mentionner pour les gens qui nous
écoutent.
Et je veux
amener maintenant la discussion sur les agences de cotation et de
crédit. Eux aussi ont eu une excellente réception. Et j'ai devant moi un communiqué de Bloomberg, qui est malheureusement en anglais. On
mentionne : «Québec will balance its budget for the
third straight year, giving Finance Minister Carlos Leitão more room to lower
taxes for workers and businesses
while increasing spending on transit and health care.» Donc, le gouvernement du Québec a un budget balancé pour une troisième année
consécutive, ce qui va donner des marges de manoeuvre, pour le ministre des
Finances, pour diminuer les taxes des contribuables
et des entreprises et investir, entre autres, au niveau de la santé, en
infrastructures, etc.
On mentionne également : «Québec
forecasts balanced budgets for the next five years.» Donc, on prévoit un budget équilibré pour les cinq prochaines années. Bloomberg dit également : «It's a
credible budget, which benefits from previous efforts to control spending.» Donc, c'est un budget très crédible qui est rendu
possible grâce à un travail qui a été fait pour bien contrôler les
dépenses du gouvernement.
Souvent, au niveau statistique, on voit, dans
les journaux, les taux de chômage, le taux d'emploi, les revenus moyens, etc., c'est difficile pour les Québécois
d'interpréter où on s'en va avec ça, quel est l'impact vraiment dans nos
régions, dans nos municipalités pour
l'ensemble des Québécois. Et, quand je vois Bloomberg qui mentionne un
troisième budget consécutif, je crois
que, statistiquement, c'est une première également au Québec. Et d'avoir cinq
budgets équilibrés pour les cinq prochaines années, ce sera également,
statistiquement, une première.
Comment ces
efforts-là et comment ces budgets équilibrés là pour les trois dernières années
et les cinq prochaines vont avoir un
impact concret sur les Québécois? Les gens qui nous écoutent, les gens que l'on
rencontre dans nos comtés à chaque
fin de semaine, les gens que l'on côtoie, les organismes, etc., oui, un budget
équilibré, c'est important, mais quel est l'impact pour eux pour les
prochaines années? Ça va donner quoi à l'ensemble des Québécois?
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. le ministre.
M.
Leitão : Oui, en effet, ça, c'est une excellente question. Nous avons
combien de temps, M. le Président? Parce que je ne veux pas me...
Le Président (M. Bernier) : Vous
avez 3 min 40 s.
• (12 h 50) •
M. Leitão : On va essayer de faire
ça en 3 min 40 s. Parce qu'il y a plusieurs choses à dire.
D'abord, des
finances publiques saines, donc des budgets équilibrés, sont la condition
nécessaire à tout le reste. Ce n'est
pas suffisant, il ne faut pas s'arrêter au budget équilibré, mais, si on n'a
pas ça, si on ne commence pas par ça, si on ne commence pas par des
finances publiques saines, tout le reste n'est pas possible.
Et c'est
quoi, tout le reste? C'est, comme vous avez dit, donc, à quoi les Québécois
pourront s'attendre. Tout le reste,
on peut le diviser en deux parties, si vous voulez. La première partie, c'est
les services publics, éducation, dont on a parlé tantôt, qui est notre priorité
et, je pense, la priorité de tout le monde, mais toutes les autres missions de
l'État aussi.
Au Québec,
nous nous sommes donné un panier de services publics qui est assez généreux,
enfin, chacun peut apporter son
commentaire là-dessus, son qualificatif, mais assez étendu. Nous offrons des
services publics beaucoup plus que
nos voisins des autres provinces canadiennes, et ne parlons pas des États-Unis.
Pour pouvoir faire ça, pour pouvoir continuer
de financer ces services publics là, il faut que l'État ait les revenus
nécessaires, donc il faut le faire de façon durable et pérenne. Et ça, ça demande une discipline budgétaire, pour
pouvoir le faire, parce que malheureusement ce qu'on a fait dans le passé, tous partis politiques confondus, c'est
qu'on a malheureusement accumulé une dette importante parce qu'on était dans une situation de déficit,
et de déficit structurel, à mon avis. Et donc on n'arrivait pas à payer nos
factures, à payer notre épicerie, à payer
des dépenses courantes avec les revenus courants, ce qui a amené une
accumulation de dette significative, et c'est cette accumulation de dette qui
limite notre capacité d'agir à l'avenir. Donc, ce qu'il fallait faire, c'était de mettre fin à cela, mettre fin à cette
accumulation de dette par des déficits structurels pour qu'on puisse financer les services publics de
façon récurrente, pour que les gens, comme on parlait tantôt d'éducation,
les intervenants dans le réseau savent à
quoi s'attendre pas seulement pour une année ou deux, mais à moyen terme, pour
les cinq prochaines années. Comme ça, on peut mieux planifier.
Alors, pour répondre à votre question,
ce à quoi la population doit s'attendre de l'équilibre budgétaire, donc, les
répercussions de l'équilibre, c'est un engagement beaucoup plus pérenne de
l'État envers les services publics. Nous allons
pouvoir financer nos services publics de façon soutenable et de façon
prévisible à moyen terme, ce qui nous donne à nous tous un plus grand
degré, je me répète, mais de prévisibilité et de capacité de planifier nos
activités.
Nous
faisons cela en même temps que nous continuons de contrôler la croissance de la
dette publique. C'était aussi important
de faire ça. Comme on a dit tantôt, on a accumulé une dette qui est très
élevée, et nous devions avoir des outils qui nous permettent...
Le Président
(M. Bernier) : Nous aurons l'occasion, M. le ministre, de revenir
sur vous outils.
M. Leitão :
Très bien.
Le
Président (M. Bernier) : Nous allons donc passer du côté de
l'opposition officielle avec M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Oui, merci, M. le Président. Donc, plusieurs questions, plusieurs sujets, là.
Le premier est très simple. Pendant
l'étude du budget en commission parlementaire, vous nous aviez promis des
documents, dont on me dit qu'ils ne
sont pas encore déposés à la commission. Écoutez, là, je ne sais plus quoi vous
dire, là. Est-ce que vous allez les déposer?
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Oui. Nous avons ces documents ici, si je les trouve, nous les avons. Nous
allons les déposer.
M. Marceau :
Vous les déposerez?
M. Leitão :
Oui.
M. Marceau :
Parfait.
Document déposé
Le
Président (M. Bernier) : Me les faire acheminer, s'il vous plaît,
puis on va les recevoir, accepter le dépôt.
M. Marceau :
Puis j'aimerais bien avoir la copie du... Bon, écoutez, j'aurais peut-être pu...
Le Président
(M. Bernier) : Oui, vous allez l'avoir, M. le député.
M. Marceau :
Non, non, je sais bien. C'est juste que j'aurais pu poser des questions sur ces
tableaux-là. Mais...
Le
Président (M. Bernier) : Non, mais aussitôt que... On va faire
une photocopie, là, rapidement. Je vais les approuver, puis on va vous
les remettre.
M. Marceau :
Très bien. Merci, M. le Président.
Je vais poser une
question à M. Mercier, de l'Institut de la statistique du Québec.
Le Président
(M. Bernier) : Oui. M. Mercier.
M. Marceau :
Bonjour, M. Mercier, tout d'abord. Bon, dans votre rapport annuel 2015‑2016,
je suis à la page... — attendez — 33,
je vais vous lire deux paragraphes, là : «La diminution de
2 959 000 $ — de
2,9 millions, disons — des dépenses liées au service de production
de statistique et celle de [1,2 million] des dépenses liées à la diffusion
et accès aux données s'expliquent
principalement par une diminution du personnel dans ces secteurs d'activité
afin de redresser la situation
budgétaire de l'institut. De plus, la révision de la structure
organisationnelle de l'institut a également contribué à ce redressement.» Ensuite : «En plus d'avoir réduit sa
masse salariale de [3,9 millions] en 2015‑2016 — donc une réduction de 3,9 millions de la masse salariale à
l'institut — l'institut
a dû assumer à même ses revenus des coûts additionnels liés aux augmentations salariales de ses employés», bon, et
ainsi de suite. «Ce sont donc des efforts budgétaires totaux de
[4,5 millions] qui ont été réalisés en 2015‑2016 au chapitre de la masse
salariale.»
Alors,
M. le Président, je voulais mettre ça sur la table pour... Je pense que c'est
incontournable, là, vous avez fait des
efforts budgétaires importants. Vous avez, j'imagine, moins de ressources,
puisque vous avez moins de masse salariale, pour mener à bien vos
travaux.
Or,
il y a un article dans la loi de l'institut, qui est l'article 4, qui vous
donne le mandat d'informer le public sur l'état et l'évolution de la rémunération globale des salariés de l'État,
de l'État québécois, de l'administration publique québécoise, et de comparer cette rémunération avec
celle des autres travailleurs de l'économie québécoise. Ce mandat-là est fondamental puisqu'évidemment il alimente les
négociations qui ont lieu entre le gouvernement, qui est un employeur, là, et, évidemment, les
employés, qui, eux, sont représentés, la plupart du temps, en tout cas, par des
syndicats.
Alors, cette étude, elle est constamment
utilisée par tout le monde lors des négociations, elle est utilisée par beaucoup,
beaucoup d'acteurs de l'économie québécoise. Et là je constate que vous avez eu
à mener des efforts de rationalisation importants. Et ma question,
elle est très simple : Est-ce que vous disposez, M. Mercier, des
ressources nécessaires, de ressources suffisantes pour mener à bien
cette étude sur la rémunération globale dont l'utilité n'est plus à démontrer au Québec?
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M. Leitão : M. Mercier.
Le Président (M. Bernier) :
M. Mercier.
M. Mercier
(Stéphane) : Merci. Tout
d'abord, merci au ministre d'avoir répondu à une question antérieure parce
que j'aurais dû évoquer mon devoir de
réserve ou de neutralité dans le débat public. Donc, nous sommes là pour
enrichir les connaissances, effectivement, éclairer les débats et
appuyer la prise de décision et la gouverne.
Concernant la
question qui a été posée par le membre de la commission, je peux vous dire
qu'effectivement, au cours des
dernières années, l'institut a fait des efforts budgétaires importants qui se
sont traduits, je l'ai dit un petit peu plus tôt... révision de ses processus, révision de ses programmes
statistiques, on a revu la gestion de nos risques. Ça s'est traduit évidemment, oui, par une baisse de la
masse salariale, il y a eu un certain nombre de gestes qui ont été posés qui
ont réduit le nombre de nos employés. Je peux quand même vous dire que, pour
l'année 2016‑2017, sous réserve, évidemment,
de la vérification par la Vérificatrice générale, nos états financiers sont
positifs, nous serons dans une situation budgétaire positive.
En ce qui
concerne en particulier le fait... Est-ce que nous sommes en mesure de réaliser
nos obligations prévues dans la loi?
Je peux vous dire que oui. Nous travaillons non seulement en fonction de
réaliser ce qui est prévu dans la loi, mais
aussi, via des partenariats, via des ententes avec des ministères, des
organismes ou autres entités, à faire des enquêtes statistiques,
toujours pour bonifier le programme statistique de l'institut. En particulier,
au niveau de l'Enquête sur la rémunération
globale, il est prévu, comme vous l'avez mentionné, dans l'article 4
qu'annuellement nous devons produire une
telle comparaison de la rémunération des employés de l'administration publique
québécoise avec les autres secteurs du
Québec. Cet article-là existe toujours, les travaux se font toujours, et il est
évidemment prévu qu'au 30 novembre 2017 nous aurons la prochaine version de l'Enquête sur la rémunération
globale. La comparaison de la rémunération va se faire également.
Le Président (M. Bernier) : Merci,
M. Mercier. M. le député.
M.
Marceau : Et elle sera, cette enquête, de la même forme et elle
contiendra... donc de la même forme qu'actuellement?
Est-ce qu'elle contiendra toutes les informations qu'il était, à ce jour,
possible d'obtenir ou bien y aura-t-il des
changements majeurs pour que vous puissiez tenir compte de la rationalisation
que vous avez menée au sein de l'institut? Est-ce qu'il y aura des
changements en conséquence de ça?
Le Président (M. Bernier) :
M. Mercier.
M. Mercier
(Stéphane) : Pour l'Enquête
sur la rémunération globale de cette année, 2017, ça devrait être selon les mêmes processus, et donc les résultats sur les
mêmes bases que par le passé. Ce que je peux vous dire, cependant, c'est
que nos programmes statistiques font l'objet
de refontes, et effectivement, dans le cadre particulier de l'Enquête sur la
rémunération globale, au cours des derniers
mois, nous avons rencontré les acteurs paritaires, Secrétariat du Conseil du
trésor ainsi que les représentants des
syndicats, pour connaître leurs besoins, pour voir est-ce qu'il y a des choses
qu'on peut faire différemment, s'il y a des choses qu'on doit ajouter,
est-ce qu'il y a des choses que nous devons retrancher parce que ce n'est plus aussi important. Et en même temps on va pouvoir
évaluer, en fonction des sommes qui peuvent être dégagées pour une telle
enquête, qu'est-ce que nous devrons prioriser à la suite de cette refonte-là.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. Mercier (Stéphane) : Mais, pour
2017, c'est tout à fait la même chose que par les années passées.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. le député.
• (13 heures) •
M. Marceau : O.K. Juste vous dire
que... Bien, deux choses.
Premièrement,
je pense que vous nous confirmez que, pour la suite des choses, pas pour cette
année, là, mais, pour la suite des choses, il y aura des changements à
l'enquête pour tenir compte des ressources disponibles, lesquelles ont été
réduites.
Deuxièmement, vous nous dites, puis c'est plus
là-dessus que je veux aller... Moi, les acteurs paritaires, comme vous les avez nommés, c'est parfait, là, ils
sont importants, là, mais il n'y a pas juste eux autres, là, qui comptent. Il y
a, bien sûr, le Conseil du trésor, le patron, les syndicats, mais il y a aussi
les Québécois en général, les chercheurs,
tous les gens qui font de la politique publique puis qui doivent être éclairés
à l'aide d'information statistique de qualité.
Moi,
je m'inquiète qu'on n'alimente pas suffisamment notre institut, qu'on ne lui
donne pas l'ensemble des moyens qui
sont nécessaires pour que des décisions de qualité puissent être prises dans le
futur. Et je ne sais pas quel genre de révision sera
annoncée pour les enquêtes, pas pour cette année, là, pour la suite, mais je
vous invite à protéger comme la
prunelle de vos yeux ces informations, qui sont absolument nécessaires pour un
débat public éclairé, pour des décisions prises à la fois par le secteur public et le secteur privé, en passant,
hein, pas juste le secteur public. Moi, en tout cas, je dois vous dire
l'inquiétude qui m'habite présentement.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. Mercier, avez-vous un commentaire sur...
M. Mercier (Stéphane) : Rajouter qu'on est pleinement conscients des
enjeux. Puis évidemment on va pouvoir, à
la lueur de l'ensemble des besoins qui vont être exprimés... pouvoir voir
comment on peut maximiser ou voir comment on peut faire évoluer
l'enquête, s'il y a lieu de la faire évoluer.
Je
peux quand même dire qu'il y a eu une refonte de l'enquête sur la rémunération
globale en 2007, ça fait donc 10 ans.
Il y a donc un processus, quand même, qui est normal de ce côté-là. Alors, on
veut tout le temps vérifier si on est en phase avec les besoins
exprimés.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Très bien. M. le député.
M. Marceau :
Merci, M. Mercier. Je vais revenir à votre... à M. le ministre. Il y a eu,
le 27 avril dernier, une transaction
qui a été annoncée, c'est la privatisation de Canam, donc, qui a été annoncée
le 27 avril. Sur ça, on pourrait se poser des questions quant à la
protection de nos sièges sociaux, quant à notre capacité, au Québec, de garder
nos entreprises. Ce n'est même pas là-dessus
que je vais aller aujourd'hui. Je vais aller sur un enjeu très, très pointu,
très spécifique.
Je
suis encore retourné, ce matin... enfin, là, là, je l'ai devant moi, je suis
retourné sur le site... le SEDAR, S-E-D-A-R, pour voir les documents qui s'y trouvent concernant la transaction, et
je vous informe, M. le ministre, que tous les contrats qui s'y trouvent
ne sont qu'en anglais, toute la transaction a été faite, là, seulement en
anglais, alors qu'il y a des actionnaires
francophones. Puis, vous le savez, la loi est très claire là-dessus, les
documents entourant une transaction doivent
être à la fois en français et en anglais. Il peut y avoir des exceptions,
enfin, il peut y avoir quelques documents mineurs peut-être, là, mais là j'ai l'impression que c'est le jour de la
marmotte puis qu'on revit ce qui s'est passé dans le cas de Bombardier.
Et
là je vous demande, en fait, très simplement : Est-ce que vous trouvez ça
acceptable que les documents sur le site
du SEDAR ne soient qu'en anglais, les... En tout cas, il y a un certain nombre
de documents qui ne sont qu'en anglais. Puis surtout qu'est-ce qu'il va falloir faire? Va-t-il falloir qu'à
chaque fois qu'une transaction comme ça se déroule je pose des questions pour
m'assurer que les épargnants québécois francophones soient protégés puis
puissent avoir accès à l'information?
Alors
là, dans le fond, je ne vous blâme pas, je ne sais même pas si vous étiez au
courant, là, je... Alors, moi, je vous
demande de rappeler à l'ordre les gens qui peuvent s'assurer de la production
de documents en français au Québec pour
les épargnants québécois, tout simplement. Encore une fois, il y a eu le cas de
Bombardier. À l'époque, le tir avait été rectifié. Là, il y a le cas de
Canam. Je me surprends de cette situation.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : O.K. Oui, en effet, écoutez, oui, c'est surprenant. Nos
collègues de l'AMF étaient ici hier soir, je pense que c'est une question qu'on aurait pu leur poser.
Je vais certainement leur poser la question. Et je m'engage, M. le Président,
d'ici ce soir ou demain matin, là, de vous
revenir avec la réponse de l'AMF, pourquoi, qu'est-ce qui est prévu, qui se
passe pour corriger cette situation.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M.
Marceau : Oui, pour cette situation précise, évidemment, là.
Puis juste dire que, le temps étant limité, on ne peut pas poser toutes les
questions qu'on voudrait à tout le monde, là. Moi, j'en aurais plein à poser à
M. Mercier puis plein à d'autres
acteurs, mais, bon, le temps étant limité, on ne peut pas toujours les poser.
Hier, je voulais la poser, mais j'ai manqué de temps.
Cela
étant, je vous réitère... Évidemment, il y a le dossier particulier de Canam
mais surtout la suite des choses. Parce
qu'à l'époque, je me rappelle, à l'époque de Bombardier, là, du dossier
Bombardier, l'AMF avait été, disons... je ne veux pas qualifier, mais, en tout cas, disons qu'elle ne m'était pas
apparue très, très engagée dans... ou très, très favorable à cette obligation, là. Il y avait une tentative de nous dire que c'était bien
correct, mais moi, je pense que ce ne l'était pas.
Là,
c'est plus la suite des choses qui me tracasse. Et j'aimerais que vous
rappeliez à l'ordre l'autorité là-dessus puis lui disiez : Regardez, quand il y a des transactions au Québec,
quand il y a... il faut que les documents en français
apparaissent. Donc, c'est surtout ça que je vous demande, en fait.
M.
Leitão : D'accord. C'est
probable qu'ils nous écoutent, c'est probable, je ne sais pas, mais en tous les
cas je vais amener ça à leur attention et leur demander qu'est-ce qu'ils
comptent faire.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Rousseau.
M.
Marceau : O.K.
Donc, on passe du coq à l'âne, là, je vais changer de sujet complètement. Il y a un projet
de loi qui s'en vient, le projet de
loi omnibus du budget, enfin, le budgétaire, là, qu'on appelle, là, et puis il
y a une section sur le... Bien, en fait, il y a plusieurs
questions qui se posent. La première, c'est que, dans ce projet de loi omnibus,
il va y avoir une section, un chapitre sur
le Réseau électrique métropolitain. O.K.? Bon, premier élément, dans les
renseignements supplémentaires sur le
budget, il est question qu'il va y avoir des modifications législatives qui
vont traiter notamment de l'expropriation
et de la libération de terrains privés. Alors, pouvez-vous juste me dire de
quoi il s'agit? Je comprends que vous
ne pouvez me donner le libellé exact des articles en question, mais est-ce que
vous pouvez nous dire de quoi il s'agit,
là, quand vous nous dites que, dans l'omnibus budgétaire, on va parler de
l'expropriation et de libération de terrains privés dans le contexte du
REM? Parce qu'à ma connaissance les changements ou les modifications
législatives nécessaires ont été apportés à l'occasion du projet de loi qui
créait CDPQ Infra, il me semble que ça avait été fait.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Donc, O.K., il y a deux choses. Peut-être ce à quoi vous
faites allusion, c'était notre projet de loi de 2015, je pense, le
projet de loi n° 38...
M. Marceau :
Ah oui! c'était le 38, vous avez raison.
M.
Leitão : ...où on créait, on donnait... on concrétisait la création de
la CDPQ Infra. Bon, maintenant, ce dont on parle ici, c'est différent.
Ce dont on parle ici, ce sont les différents changements législatifs
nécessaires, que ce soit territoires agricoles, fiscalité municipale, etc.,
dans le contexte du REM. Cela pourrait se faire soit dans l'omnibus budgétaire... Mais ce qui va arriver, puisque
c'est quand même assez costaud, il y aura un projet de loi séparé, mené par
notre collègue le ministre du Transport,
pour adresser ces questions-là. Donc, ce ne sera pas dans un omnibus budgétaire,
surtout parce que l'omnibus budgétaire du
budget de mars 2017, bon, il va falloir d'abord faire celui de mars 2016, qu'on
n'a pas encore fait, il va falloir qu'on le
fasse, donc ça aurait pu prendre un peu de temps. Alors, pour l'aspect REM,
Réseau électrique de Montréal...
métropolitain, pardon, ça va être notre collègue le ministre des Transports qui
déposera un projet de loi très bientôt sur ce sujet-là, et donc ce sera
débattu de la façon...
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Rousseau.
M.
Marceau : Bien, peut-être m'en dire un peu plus, parce que je me
disais qu'avec les délais annoncés par la caisse... je ne voyais vraiment pas comment vous alliez parvenir à...
enfin, à moins qu'on adopte un projet de loi relativement costaud en quelques heures, ce qui n'est pas
souhaitable, là. Je me demandais bien comment vous alliez faire ça avec les
délais que la caisse nous a dits pour la
construction, parce que je suppose que l'expropriation va précéder la
construction. Puis, comme, pour exproprier, ça va prendre des
changements à la loi, apparemment, bon, alors...
Donc,
juste revenir sur l'expropriation. Quels sont les éléments qui n'avaient pas
été prévus au 38, au projet de loi n° 38, là, vous le mentionniez,
qui sont devenus nécessaires aujourd'hui?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
• (13 h 10) •
M.
Leitão : Le projet de loi n° 38 créait la CDPQ Infra, donc la filiale de la Caisse de dépôt qui éventuellement aurait la tâche de construire et, par la suite,
opérer ce réseau électrique. Mais,
pour qu'elle puisse faire ça, certains terrains, bien sûr, par où le train va
passer doivent être expropriés, et cela, c'est quelque chose que c'est le gouvernement, c'est le ministère des Transports qui a l'autorité de le faire.
Ce n'est pas CDPQ Infra qui peut exproprier des terrains, c'est le gouvernement qui doit faire ça et puis, par
la suite, céder ces terrains-là à
CDPQ Infra. Donc, il fallait que ce soit un projet de loi porté par le ministère des Transports parce que
ça touche principalement... pas exclusivement, il y a
aussi des mesures de nature municipale, mais ça touche principalement la
juridiction du ministère des Transports.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Oui, mais je veux juste comprendre ce qu'il y a de neuf. Ce que vous dites,
c'était déjà le cas lorsqu'on a adopté le projet
de loi, à l'époque. Qu'est-ce qu'il y a de neuf? Pourquoi est-ce
qu'il faut changer les lois sur
l'expropriation?
M. Leitão :
Parce que le...
M. Marceau :
Parce que c'était déjà là, là, on l'avait déjà fait. On l'a fait ensemble, je
me rappelle.
M.
Leitão : Oui, oui, pour le projet de loi n° 38. Ça, c'est dans les nouveaux endroits. Mais, comme
vous savez aussi, le projet du REM a évolué dans le temps et le projet
du REM, maintenant, passe aussi par l'achat de la ligne de Deux-Montagnes.
Donc, il y a une bonne partie du tracé qui va nécessiter des expropriations.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Rousseau.
M.
Marceau : O.K.
J'ai devant moi le projet de loi de l'époque, là, il y avait deux articles
qu'on avait introduits. Puis vous me dites que les pouvoirs conférés par
le projet de loi n° 38 n'étaient pas suffisants pour mener à bien le
projet depuis qu'il a été révisé? C'est-u ça qu'il faut comprendre?
Le
Président (M. Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : C'est un peu ça
aussi, mais c'est surtout que, depuis, on se rend compte que, d'un point de vue légal, c'est un peu complexe.
Et donc l'entité gouvernementale qui est autorisée ou mandatée pour faire des
expropriations, c'est le ministère des Transports, donc il faut que ça
passe par le ministère des Transports.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M.
Marceau : O.K.
Bon, on aura l'occasion d'en reparler, là. Disons que je suis encore sur
ma faim, j'aurais aimé en savoir plus, mais, bon... Combien de temps me
reste-t-il?
Le Président (M.
Bernier) : 40 secondes.
M.
Marceau : Bon, bien, peut-être
juste un commentaire. Vous répondrez sur le temps de vos collègues si vous le voulez. Je suis simplement en
train de regarder le tableau que vous nous avez distribué sur les mesures
fiscales aux entreprises et, bien, je
constate que, bien, malgré le fait que vous avez offert des améliorations
fiscales pour les entreprises dans le
budget 2017‑2018 puis dans le 2016‑2017, il n'en demeure pas moins que les
augmentations de fardeau fiscal sont plus importantes que les
améliorations au fardeau des entreprises, en tout cas certainement pour 2014‑2015...
enfin, jusqu'à 2018‑2019, voilà, sur cinq ans, cinq ans de suite.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre. Nous sommes sur le temps du gouvernement.
M. Leitão :
Oui, j'aimerais faire un commentaire au commentaire du collègue...
Le Président (M.
Bernier) : Pas de problème. C'est juste pour vous aviser.
M.
Leitão : Oui, ça prendra...
Oui, parce qu'en effet vous avez
raison, vous avez raison. Cependant, il faut préciser un peu les choses. C'est que nous avons procédé,
dans le budget de 2014‑2015, à une révision importante de toute notre structure de crédits d'impôt. Alors, les mesures fiscales qui sont positives,
donc, où l'État a été... nous avons récupéré des sommes, donc alourdissement du fardeau fiscal, c'est dans ce contexte-là de réforme des crédits d'impôt. Les autres
parties du tableau, ce sont les mesures
d'ordre général où nous avons allégé le fardeau fiscal des entreprises,
surtout des PME.
Alors,
pour résumer, nous avons, oui, touché à
peu près 20 000 entreprises en changeant les
crédits d'impôt, mais nous avons
bénéficié... nous avons avantagé 200 000 entreprises en allégeant
leur fardeau fiscal. Donc, ça, c'était un des changements proposés par la commission Godbout, faire ce
réaménagement-là. Donc, 20 000 entreprises, oui, ont vu leurs crédits d'impôt diminuer, mais 200 000
ont vu leur fardeau fiscal diminuer.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le ministre. Nous allons retourner
avec le député de Trois-Rivières. La parole est à vous.
M.
Girard : Merci, M. le Président. Donc, pour moi, je veux mentionner ici
aujourd'hui qu'une des valeurs très importantes,
en ce qui me concerne, c'est l'équité intergénérationnelle, donc, j'ai des
enfants, des petits-enfants, et l'importance de laisser des finances
publiques en bon ordre pour les générations futures.
Ce matin, ma collègue ministre de la Justice a
déposé le projet de loi n° 134, et, dans ce projet de loi, on veut revoir,
remettre à jour la façon de gérer les cartes de crédit et les marges de crédit
au Québec. On le sait, lorsqu'on vit sur les marges de crédit, sur les cartes de crédit, à un moment donné il
faut payer la note. En termes de gouvernement, si on vit sur la marge de crédit, ce sont les générations
futures qui vont payer la note, parce qu'on sait que notre crédit est amorti
sur une très longue période.
Tantôt,
je parlais de Bloomberg. Dans le rapport de Bloomberg, on mentionne que la
dette du Québec est très élevée et on
doit travailler à la diminuer. On a un gros travail à faire. Ce qu'ils
mentionnent, c'est qu'il y a un gros travail. Mais, en continuant à mettre de l'argent dans le Fonds
des générations, ça nous donne de la flexibilité. Contrairement à ce que le
deuxième groupe d'opposition nous demande régulièrement, c'est-à-dire de piger
dans le Fonds des générations pour administrer les programmes, nous prenons
comme décision de continuer à investir à chaque année dans le Fonds des
générations pour l'équité intergénérationnelle.
Donc,
j'aimerais vous entendre, M. le ministre, sur l'importance du Fonds des
générations et l'importance pour pouvoir
léguer aux générations futures des finances publiques saines, pour qu'ils
soient en mesure eux-mêmes de prendre leurs propres décisions le moment
venu.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
M.
Leitão : Très bien. Merci beaucoup. Alors, on avait commencé un peu à
parler de ça dans le bloc précédent, donc
je vais continuer dans cette voie. J'avais donc mentionné que... Vous m'aviez
posé la question, auparavant : Qu'est-ce que ça donne pour les
Québécois d'avoir des finances publiques saines? On avait parlé de l'aspect de
la pérennité des services publics, donc
d'être capable de financer les services publics de façon convenable et
prévisible pour les années à venir.
Et l'autre partie des bénéfices pour le Québec, la population, c'est que nous
avons maintenant un contrôle très réel, très concret sur notre dette
publique.
Maintenant,
c'est important de comprendre pourquoi c'est nécessaire d'avoir ce contrôle-là.
C'est nécessaire parce que notre
point de départ, c'est un niveau d'endettement qui est très élevé. On ne va pas
refaire l'histoire, c'était le fruit de
beaucoup de décisions de beaucoup d'intervenants, mais le fait est
qu'aujourd'hui notre dette publique est à 53 % du PIB, ce qui est de loin le niveau le plus élevé au
Canada. Il y a Terre-Neuve qui approche rapidement, mais, quand on regarde,
en tout cas, les plus grandes provinces,
c'est clairement au Québec qu'on a le niveau d'endettement qui est le plus
élevé.
Or, on avait
aussi parlé un peu, hier, suite à une question du député de Granby, du rôle des
agences de notation. Les agences de
notation, leur rôle est d'informer les investisseurs, donc les personnes qui
investissent, qui achètent des obligations
gouvernementales, de la qualité de ces obligations-là. Et, dans le processus
d'élaboration des cotes de crédit, les
agences de notation notent surtout le niveau d'endettement d'une juridiction et
la capacité de cette juridiction de continuer à servir, à payer la
dette. C'est ça, le rôle d'une agence de notation.
Alors, nous,
de notre côté, puisque nous avons le fardeau d'endettement le plus élevé en
Amérique du Nord, nous devrions avoir...
et nous nous sommes donné un outil, donc, on revient aux outils, M. le
Président, un outil qui pouvait faire
deux choses : d'abord, convaincre les agences de notation que nous avons
un plan crédible pour contrôler la dette, et tout ça, donc, qu'ils puissent continuer à nous donner une cote de
crédit acceptable, mais aussi qui nous donne le moyen de, de façon très
concrète, diminuer cette dette publique.
• (13 h 20) •
Alors, ce
qu'on a trouvé, et, je pense, c'était très intéressant et très utile, à
l'époque... moi, je n'y étais pas, mais j'ai salué la création du Fonds des générations, qui a été créé en 2006,
un fonds qui a ses sources de revenus qui lui sont dédiées. Donc,
c'était une innovation du Parti
libéral du Québec, surtout de son
aile jeunesse, qui l'avait recommandé, à
l'époque, et que le parti avait adopté, et que par la suite le gouvernement a mis en place, un outil pour contrôler la croissance de la
dette.
Ce Fonds des générations là a ses propres sources de revenus. C'est-à-dire, quand on a créé,
le Fonds des générations, on a en même temps identifié des nouvelles taxes, appelons un chat un chat, des nouvelles taxes, des
nouvelles sources de revenus qui
allaient directement dans le Fonds des générations. Ce n'était pas pour aller
financer quelque chose de nouveau, c'était entièrement dédié à
augmenter, à alimenter ce fonds-là. On parle essentiellement des redevances hydrauliques. On parle aussi de l'indexation
partielle du bloc patrimonial d'Hydro-Québec. C'est-à-dire qu'au Québec
nous nous sommes rendu compte... Bon, nous savions déjà, bien sûr, que
l'hydroélectricité est notre grande ressource naturelle.
Donc, nous ne sommes pas la Norvège, nous n'avons pas des ressources minières
de cette nature-là, mais nous avons notre richesse hydroélectrique. Et
donc, en appliquant le même principe qui est appliqué en Norvège et qui a donné lieu à la création de leur fonds souverain,
qui est maintenant énorme, nous, à une échelle un peu plus modeste, nous
avons la même chose, un fonds souverain, appelons-le comme ça, alimenté par ces
sources de revenus.
Bon, au
début, bien sûr, les montants étaient relativement modestes, mais, avec le
temps, nous sommes maintenant rendus
à 10 milliards, déjà, dans le fonds. Et ces revenus qui lui sont dédiés
commencent à atteindre maintenant presque 2 milliards de dollars, donc ça commence à être vraiment
intéressant et surtout très visible. Et, d'ici peu de temps, on va
atteindre facilement 20 milliards de dollars dans ce fonds-là. Donc, ce
n'est pas rien, là. 20 milliards de dollars, c'est substantiel.
Et ce qu'on
commence à remarquer aussi, depuis maintenant... depuis cette année, c'est que
les revenus de placement commencent,
eux aussi, à être très considérables. Donc, c'est un vrai effet levier qu'on
commence... c'était l'objectif au
départ, mais qu'on commence vraiment maintenant, aujourd'hui, à remarquer que
cela fonctionne, cela donne des résultats.
Et c'est le
Fonds des générations, avec ses sources de revenus et avec ses rendements, ses
revenus de placement, qui va nous
permettre d'atteindre un ratio dette-PIB de 45 % en 2025. Qu'est-ce qu'il
y a de magique avec un ratio de 45 %?
Il n'y a rien de magique, vous pouvez même dire que c'est arbitraire,
probablement que oui, mais c'est l'engagement que le gouvernement du Québec a pris déjà, dans le passé, atteindre cet
objectif-là de 45 % en 2025. Donc, les agences de notation vont nous noter, vont nous juger selon
notre capacité d'atteindre cet objectif-là, et cet objectif sera atteint avec
le Fonds des générations. Si on n'a pas le Fonds des générations, on
n'atteindra pas le ratio de 45 % dette-PIB. Donc, c'est primordial qu'on le maintienne pour qu'on
puisse atteindre ce ratio-là, pour qu'on puisse maintenir notre cote de
crédit, pour qu'on puisse continuer d'emprunter à des niveaux extrêmement
avantageux pour le Québec.
D'ailleurs, tout récemment, il y a à peine quelques
semaines, nous avons fait une émission d'obligations, vraiment c'est une première, 2,2, je pense, milliards d'euros, donc
équivalant à 3 milliards de dollars canadiens. C'est la plus grosse
émission qu'on a faite, extrêmement bien reçue dans les marchés européens et à
des taux d'intérêt, écoutez, qui sont
record. On bénéficie vraiment d'une bonne réception dans les marchés, dans les
investisseurs, qui nous permet de faire ces émissions-là au bénéfice de
tous les Québécois.
Le
Président (M. Bernier) : Je dois vous dire, M. le ministre, que j'ai
eu l'occasion de participer au débat lors de la création du Fonds des générations, et effectivement, les objectifs
qui étaient visés au moment de sa création, je peux constater aujourd'hui qu'ils sont atteints. Mais
ça a été un débat qui a été fort intéressant par l'ensemble des parlementaires
qui y ont participé à ce moment-là. Et ça avait été adopté à l'unanimité, je
crois.
Merci. M. le député de Trois-Rivières.
M.
Girard : Merci, M. le Président. Donc, dans mon souci d'équité
intergénérationnelle, je vais passer la parole au plus jeune député de
notre formation politique, le député de Sainte-Rose.
Le Président (M. Bernier) :
Parlez-nous...
M. Poëti :
Je pensais que c'était moi.
Le Président (M. Bernier) : C'est la
question que j'avais à me poser, à qui je passe la parole.
M. Girard : Au député de
Sainte-Rose.
Le Président (M. Bernier) : M. le
député de Sainte-Rose.
M.
Habel : Vous aviez le choix
entre le député de Marguerite-Bourgeoys ou moi. Mais je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) : La
prochaine à M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M.
Habel : Je veux vraiment
saluer la question de mon collègue de Trois-Rivières sur le Fonds
des générations. Je pense que c'était important de mentionner qu'effectivement,
comme le ministre l'a dit, c'était une initiative de la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec. Et je souligne quand
même que le PQ a gardé le Fonds des générations. Je questionne toujours la deuxième opposition, qui une journée veut le
garder, une autre journée veut le démanteler. Donc, je salue vraiment
cette initiative d'un fonds des générations, qui est important pour l'avenir de
ma génération.
On a présenté
un budget 2017‑2018 qui était équilibré. Quand on parle d'équilibre
budgétaire, M. le Président, ça veut
dire qu'on ne met pas de l'argent sur la carte de crédit des générations
futures, et ça, c'est excessivement important. C'est un budget de 106 milliards de dollars, dont d'importants
investissements en dépenses en missions, 40 milliards en santé, 22 milliards en éducation et en
culture, des augmentations de 4,3 % et 4 %. Et, lorsqu'on regarde...
Parce que le député de Trois-Rivières
parlait du Fonds des générations. Quand on réalise que 9,9 milliards de
dollars est investi à la dette, on
réalise qu'on doit équilibrer le budget et davantage se vouer vers un équilibre
budgétaire et des marges de manoeuvre qu'on
a présentement. C'est un plan
économique qui fonctionne, M. le Président, pour le Québec, pour Laval, pour ma
circonscription.
Et ce que
j'aime des crédits, M. le Président, c'est qu'on peut toujours mettre en
lumière des investissements qui sont
concrets, tant au niveau de ma circonscription que pour le Québec. Je suis
membre aussi de la Commission de la culture et de l'éducation, de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles. J'ai été aussi sur la CSSS, santé et services sociaux. Donc, on
peut voir toute l'importance de chaque investissement dans chacun des
ministères.
Puis je vous
donne un exemple. Pour l'éducation, pour l'enseignement supérieur, c'est des
maintiens en bâtiment dans ma
circonscription, et, quand on voit la différence entre 2015 et 2017, quand je
vous parle de marge de manoeuvre, c'est
concret. Pour le maintien en bâtiment dans ma circonscription, on est passé de
3 millions à 7 millions en investissement en maintien en bâtiment. Pour l'enseignement
supérieur, c'est des annonces de 8 millions pour Montmorency, pour un
centre d'apprentissage en santé, qui va
permettre d'avoir la profession de soins infirmiers développée dans ce secteur.
En santé, c'est des investissements pour six
supercliniques ouvertes sept jours sur sept dans un continuum de 84 heures
sur le territoire lavallois. C'est des annonces qui sont importantes.
On a parlé
beaucoup de transport collectif avec les collègues pour le REM. Ça va avoir des
impacts qui sont positifs pour Laval. Et c'est tout dans l'aspect de la
Politique énergétique 2030.
Ce que
les gens aiment aussi, M. le Président, c'est l'aspect de la prévisibilité. Je
pense qu'à travers les trois dernières années,
avec notre équilibre budgétaire, on s'est dégagé une certaine capacité de
confiance envers les agences de crédit, qui ont confiance en notre
gestion, qui ont confiance en nos chiffres. Et je salue les gens de l'Institut
de la statistique.
J'aurais une
question pour le ministre, de nous expliquer les perspectives de croissance
économique, parce que, quand on
planifie des dépenses en missions de l'État, il faut que ce soit adjoint avec
une croissance économique qui nous permet de planifier les rentrées
fiscales. Alors, ma question pour le ministre, ce serait de nous parler de la
croissance économique et des perspectives pour le Québec.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député de Sainte-Rose. M. le
ministre, vous avez trois minutes pour nous parler.
M. Leitão : Avec... Pardon?
Le Président (M. Bernier) : Trois
minutes.
• (13 h 30) •
M.
Leitão : Encore trois minutes, O.K. Écoutez, en effet, la croissance
économique, c'est le nerf de la guerre parce que, nous, ce que nous pouvons faire, ce que l'État peut faire dépend,
bien sûr, de ses ressources financières, de ses revenus, et les revenus
de l'État, bien sûr, dépendent de l'activité économique.
Ce qu'on a
constaté, surtout en 2016, ça avait déjà commencé en 2015, mais surtout en
2016, c'est que nos revenus, les revenus de l'État, étaient non seulement
au rendez-vous, donc, tel qu'on avait planifié, mais même légèrement
supérieurs. Et pourquoi? Parce que l'économie roulait très bien, parce que la
création d'emplois était robuste. Donc, il y
avait plus de personnes au travail, donc plus de personnes qui paient de
l'impôt. Ce n'est pas qu'il y avait plus... que les taux d'imposition étaient plus élevés, non, c'est qu'il y avait plus
de personnes au travail, donc plus de personnes qui paient de l'impôt, donc plus de revenus dans les
coffres de l'État. Et donc on peut, avec cela, améliorer le financement des services publics et
en même temps procéder à des allègements fiscaux modestes, ce que nous avons
fait. Alors donc, tout dépend de la croissance économique.
Alors, quand on regarde l'avenir, évidemment,
on ne peut pas présumer que ça va être exactement la même chose, mais il y a quand même des signes positifs, à moyen terme, en tous les
cas, qui nous permettent de continuer avec notre plan. Quels sont ces signes positifs là? C'est que l'amélioration de la croissance, en 2016, était surtout le résultat d'une augmentation des dépenses de consommation, donc les consommateurs québécois
dépensent plus. Donc, c'est la demande interne
qui était le moteur de la croissance économique en 2016. Et ce qu'on voit, c'est que ce
moteur-là, qui est le plus important, continue à tourner à un rythme relativement fort. Donc, on s'attend aussi à ce qu'en 2017‑2018 les dépenses de consommation, la construction résidentielle
continuent de contribuer de façon significative à la croissance économique.
Le
Président (M. Bernier) : Et c'est le souhait de toutes les Québécoises et de tous les Québécois,
M. le ministre, que ces
revenus-là puissent se poursuivre.
Donc, écoutez, je
veux remercier M. Stéphane Mercier de votre participation à la Commission
des finances publiques. Merci, M. Mercier.
Adoption des crédits
Donc,
le temps alloué à l'étude des crédits budgétaires du volet Finances du
portefeuille Finances étant presque écoulé, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix. Ainsi, le programme 1, Direction du ministère,
est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
M. Therrien :
Sur division.
Le Président
(M. Bernier) : C'est pour ça que vous êtes venu, là, c'est
pour ça que vous êtes venu?
M. Therrien :
Oui. Je fais ma job.
Des voix :
Ha, ha, ha!
Le
Président (M. Bernier) : Le programme 2, Politiques budgétaires et fiscales, analyses économiques et direction des activités financières et comptables du gouvernement,
est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
M. Therrien :
Sur division.
Le
Président (M. Bernier) : Le suivant, si vous votez contre, vous allez avoir le service à vous
autres tout seuls.
M. Therrien :
O.K.
Le Président
(M. Bernier) : Le programme 3, Service de la dette,
est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
M. Therrien :
Sur division.
Adoption de l'ensemble des crédits
Le
Président (M. Bernier) : Finalement, l'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille
Finances pour l'exercice financier 2017‑2018 est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
M. Therrien :
Sur division.
Le Président
(M. Bernier) : Sur division. Merci.
En terminant, je
dépose les réponses aux demandes de renseignements de l'opposition.
Documents déposés
Je désire remercier tous les parlementaires qui
ont participé à cet exercice très, très important, remercier également
les recherchistes, remercier les différents organismes qui se sont présentés,
les gens du ministère des Finances,
remercier également
les gens de l'Assemblée nationale, les gens qui procèdent à notre enregistrement,
les gentils pages qui nous accompagnent tous et remercier également les citoyens
qui nous ont écoutés lors de ces débats.
Je
lève la séance, et la commission suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30, où
nous étudierons le volet Revenu
Québec.
(Suspension de la séance
à 13 h 33)
(Reprise à 19 h 30)
Le Président
(M. Bernier) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum,
je déclare la séance de la Commission des
finances publiques ouverte. Et, bien sûr,
je demande aux personnes présentes dans la salle d'éteindre la
sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude du volet ta
Québec des crédits budgétaires du portefeuille
Finances pour l'exercice financier 2017‑2018.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Matte (Portneuf) est remplacé par M. Habel
(Sainte-Rose).
Le Président
(M. Bernier) : M. Habel, Sainte-Rose. C'est bien.
Donc,
comme c'est une séance de travail de deux heures, il n'y a pas de remarques
préliminaires. Nous allons donc procéder immédiatement à une discussion
générale par blocs d'environ 20 minutes, incluant les questions et les
réponses.
Revenu Québec
Discussion générale
Donc,
bienvenue aux parlementaires qui vont travailler avec nous ce soir. Bienvenue
également aux recherchistes qui vous accompagnent. Bienvenue aux gens de
l'Agence du revenu du Québec. Bienvenue.
Immédiatement,
consentement s'il y a des questions qui peuvent être répondues par les gens de
Revenu Québec? Consentement? C'est beau, c'est beau, bon, c'est bien. Ça
va aller plus rapidement, à ce moment-là, ça marche.
Donc, M. le député de
Sanguinet, on débute par votre bloc.
M. Therrien :
Merci, M. le Président. D'abord, je dois vous saluer, M. le Président. C'est
toujours un honneur, un plaisir aussi de travailler avec vous. Vous
menez toujours les travaux de main de maître. Je salue...
Une voix :
...
M. Therrien :
Oui, je sais, vous me surveillez, en plus. Oui, je sais ça. Alors, je salue
aussi les gens qui travaillent avec
vous. Je salue les gens de la partie gouvernementale, toujours un plaisir de
vous voir. Je salue mon collègue de Granby. Je salue évidemment le ministre et tout l'entourage de ce ministre-là,
qui doit être bien aimé parce qu'il y a beaucoup de monde pour l'aimer, hein, semble-t-il. Alors, je
vous salue tous et toutes, ça me fait plaisir. J'espère que vous voyagez
en autobus, parce qu'on est dans l'austérité libérale, alors les déplacements
doivent se faire...
Le Président
(M. Bernier) : ...M. le député.
M. Therrien :
Oui, c'est ça. Alors donc, M. le ministre, c'est toujours un plaisir de
travailler avec vous. Des fois, c'est
sûr que le ton peut monter un peu. Rarement dans votre cas, vous restez
toujours calme, c'est tout à votre honneur. Donc, je vais essayer... Parce que c'est nos deux dernières heures
chacun. Alors, je vais essayer que ça se fasse dans le calme et...
Le Président
(M. Bernier) : Et je suis persuadé que vous allez réussir.
M. Therrien :
Oui, oui, oui. J'ai un bon feeling, M. le Président.
Une voix :
C'est enregistré, M. le Président.
M. Therrien :
Oui, oui, oui. Alors, je vais vous dire, j'aurai une question «crunchy» plus à
la fin. Alors, je vous réserve une
question à la fin, puis on va clore avec ça. Puis j'imagine que vous devez
savoir où est-ce que je veux aller avec
cette question-là. À moins que le député de Granby, avec sa grande sagesse, me
vole ma question avant que je la pose. Mais je vais prendre le risque.
Alors,
j'ai regardé les réponses que vous avez données à nos questions, là. Moi, je
travaillerais beaucoup avec les renseignements particuliers,
questions 1 à 67, pour commencer, là. Alors, ça va être des questions
simples sur des chiffres qui sont présentés.
Puis il y a des éléments que je ne comprends pas, alors je vais vous demander
tout simplement de m'éclaircir.
Alors, à la question 55, dans le
cadre de la lutte à la contrebande de tabac, ce qu'on remarque, c'est qu'il y a
une baisse des inspections. Donc,
c'est à la page 343, je vais vous laisser le temps d'y arriver.
Voulez-vous faire signe quand vous
allez être prêts ou... Page 343, question 55. Ça va? O.K.? Bien,
écoutez, il y a une baisse du nombre d'inspections, et il y a aussi une baisse du nombre de
condamnations, pas pour les sociétés mais pour les individus, je dis bien, là.
Donc, inspections, pour les gens qui
sont à l'écoute, qui n'ont pas ça devant eux, on est passé, l'année passée, là,
de 3 204 à 2 280 pour le nombre d'inspections, et, pour les
condamnations par type de personne, si je parle au niveau individus, on est
passé de 2 185 à 1 382.
Alors,
pourquoi, hein, au juste? Est-ce qu'il y a une réponse à ça? Parce que je pense
que c'est quand même assez marqué. On
ne parle pas d'une diminution de 1 % ou 2 %, là, c'est une
diminution, là, qui est à peu près de 30 quelques pour cent. Je ne l'ai pas compté, mais c'est à peu
près 30 %. Avez-vous une raison pourquoi on a cette situation-là dans
ce dossier?
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
M. Ducharme.
Le Président
(M. Bernier) : M. Ducharme? Donc, la parole est à vous,
M. Ducharme.
M. Ducharme
(Éric) : Il y a
deux éléments. Un premier élément, pour le nombre d'inspections, il y a beaucoup moins
de contrebande... ou plutôt, au
niveau de la tournée des dépanneurs
ou des endroits où il y a de la vente de cigarettes, les gens se conforment beaucoup
plus, donc on a réduit le nombre d'inspections dans ces endroits-là, on garde
les inspections pour plus la vraie
contrebande, la vraie contrebande. Mais, pour l'ensemble des tournées qui sont
faites, habituellement, dans
les dépanneurs, magasins ou endroits où il se vend du tabac, il y en a eu moins
cette année.
Pour
ce qui est des résultats au niveau des amendes, il y a eu un déplacement des
montants à l'année prochaine... à l'année
actuelle, qui va être 2017‑2018. En raison de la grève des juristes de l'État,
plusieurs dossiers ont été reportés au
niveau des tribunaux. Ce n'est pas un effet de réduction des montants, on va quand même
pouvoir procéder, mais il y a un retard dans les tribunaux par la grève
des juristes de l'État.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député.
M. Therrien :
Là, si je comprends bien, vous me dites qu'il y a moins de contrebande, donc il
y a moins d'inspections. C'est ça? C'est-u que j'ai compris ou...
J'essaie de résumer.
M. Ducharme
(Éric) : Bien, il y a moins de contrebande dans les magasins qui
vendent du tabac, donc il y a beaucoup moins... on a réduit le nombre
d'inspections dans les endroits où les ventes de tabac sont faites légalement.
Le Président
(M. Bernier) : M. le député.
M. Therrien :
O.K. Comment vous faites pour savoir qu'il y a moins de contrebande? Est-ce que
c'est les policiers... Tu sais, vous
me dites qu'il y a moins de contrebande, donc on fait moins d'inspections. Mais
d'où vient le signal qu'il y a moins de contrebande? Comment vous faites
pour observer cette information...
M. Ducharme
(Éric) : Bien, on a le taux de conformité avec les années. D'une année
à l'autre, il y a beaucoup moins de
résultats dans la tournée de ces endroits-là, calendrier fait qu'on a
spécialisé nos gens sur d'autres domaines. Et par ailleurs ces inspecteurs-là ont pu être amenés à aller dans soit
les restaurants ou les bars ou de faire d'autres activités en
contrepartie, là, de la réduction de la vérification dans les dépanneurs et...
M. Leitão :
Une partie de la réponse, probablement, provient aussi du fait que, comme vous
savez, le différentiel de prix entre
le Québec et les juridictions avoisinantes, maintenant, est à l'opposé de ce
que c'était il y a quelques années. Donc, maintenant, c'est moins cher
ici. Le niveau de taxation chez nos voisins, en Ontario, par exemple, qui a
encore augmenté dernièrement...
M. Therrien :
Relativement moins cher quand on compare à d'autres juridictions. C'est ça?
M. Leitão :
Oui.
M. Ducharme
(Éric) : L'écart de prix est moins important.
M. Leitão :
C'est ça.
Le Président
(M. Bernier) : M. le député.
M. Therrien :
O.K. Donc, c'est ce qui expliquerait, là, la diminution dans ce sens, là. C'est
ce que vous me dites?
M. Ducharme (Éric) : Oui.
M. Therrien :
O.K. Je vous transporte maintenant à la question 64. Là, on voit une...
Bon. «Indiquer le nombre d'avis de
cotisation transmis à une entreprise relativement à une non-conformité...» Par rapport
à des contrôles fiscaux, là, vous avez, en 2015‑2016... Excusez, oui, à la
page 361. Ça vous va? Vous avez, en 2015‑2016, 89 pour une valeur de 15 millions et, en 2016‑2017, l'année
subséquente, c'est 19 pour une valeur de 1,9 million. Écoutez, c'est quand
même un changement, c'est une diminution d'à peu près 87 %, là, à
peu près, là. Qu'est-ce qui pourrait expliquer cette forte chute là? Parce que
c'est quand même... ça a attiré mon regard, là.
Le Président (M. Bernier) :
M. Ducharme.
M. Ducharme
(Éric) : Bien, il y a eu une révision en profondeur des façons de
faire de Revenu Québec. Il y a eu plusieurs
causes au niveau des tribunaux où on a revu l'ensemble de nos façons de faire.
Donc, la fausse facturation, on est
allés plus au niveau des enregistrements à risque, où on fait un contrôle à
l'entrée par rapport à des entreprises qui nous demandent... qui s'inscrivent en taxes, et on fait l'analyse beaucoup
plus en amont qu'au niveau du moment où les factures sont émises entre
les entreprises. Donc, au niveau des enregistrements à risque, cette année, on
a eu une croissance importante des
révocations des certificats de taxes d'entreprises, donc, avant qu'elles
agissent et qu'elles fassent de la fausse facturation, auprès
d'entreprises. On a retiré 5 000 mandats...
M. Therrien :
Donc, vous dites que la façon...
Le Président (M. Bernier) : M.
le député.
M. Therrien :
Excusez-moi, oui.
Le Président (M. Bernier) :
Non, allez-y.
M. Therrien :
La façon d'intervenir est différente, vous allez plus en amont. Est-ce que ça
veut dire que votre taux d'efficacité
est plus grand, donc que vous avez besoin de moins d'interventions? Est-ce que
c'est ça que vous me dites?
• (19 h 40) •
M. Ducharme
(Éric) : Oui, on a moins besoin de faire d'interventions dans la
fausse facturation. On essaie d'agir en amont pour éviter que des
entreprises se créent pour réaliser... faire de la fausse facturation.
M. Therrien :
Donc, c'est à titre préventif?
M. Ducharme (Éric) : Oui.
M. Therrien :
O.K. Parce qu'au niveau de l'efficacité, si je... Honnêtement, je n'ai pas fait
le calcul, j'y vais à l'oeil, là, je me
débrouille quand même pas pire dans les chiffres, pour voir que le taux
d'efficacité est le même, à peu près.
M. Ducharme (Éric) : En termes
de dossiers et de montants.
M. Therrien :
Ça veut dire que ce que vous me dites, ce que vous me dites, ce n'est
pas : Une inspection, plus de
probabilités de réussite, mais c'est dire : Nous allons agir en amont pour
éviter qu'il y ait transgression des règles par la suite, et donc c'est
ce qui a fait que ça a été limité de cette façon-là.
M. Ducharme (Éric) : C'est ça.
M. Leitão :
Ça pourrait être aussi une amélioration du taux d'autocotisation. Et, en fin de
compte, c'est ça, l'effet qu'on souhaiterait avoir.
M. Therrien :
O.K. Bien, écoutez, il y a quelque chose aussi qui m'a... pas dérangé, mais en
tout cas j'ai remarqué que... C'est
plus au niveau de la compréhension des relations fédérales-provinciales, là,
sur la TPS, TVQ, là. Je regarde la question 38,
là, ce n'est pas grand-chose, là, mais je veux comprendre, tu sais. La
question 38, à la page 87, bon, le montant versé par le gouvernement fédéral pour la perception et l'administration
de la TPS, là, je vois que les trois années c'est le même chiffre, 141,5, 141,5, 141,5. Quand on
regarde la perception de la TVQ, la question 39, la page d'après, on voit
une augmentation de l'argent qui est donné par le gouvernement du Québec pour
la perception de la TVQ. Moi, je ne connais
pas grand-chose à l'économie, là, mais, tu sais, généralement on peut dire
qu'il y a une augmentation des coûts liée
avec l'inflation, donc on pourrait s'attendre à ce que la perception coûte de
plus en plus cher, à moins vraiment qu'on compense par une efficacité
accrue. Non, non, mais là, le ministre, il... M. le ministre...
Une voix : ...
M. Therrien :
Non. Il va falloir que j'explique encore la maladie de Baumol, vous là, là.
Oui, c'est ça.
Alors donc,
juste vous dire que généralement, O.K., sans toucher à la productivité, là,
c'est une augmentation, puis c'est
comme ça que le gouvernement du Québec fait, là. Mais, le gouvernement fédéral,
il n'y a pas d'augmentation, pas de changement. C'est-u parce qu'il y a un
accord... Puis je ne le sais pas, là, je pose des questions. Est-ce que c'est
parce que vous passez un accord qui dure
cinq ans et qui amène toujours le même chiffre? C'est ça? Parce que c'est
141,5. Alors que le gouvernement du
Québec paie plus cher pour la même activité, le gouvernement fédéral ne paie
pas plus cher.
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Non, le montant de 141,5, c'est un montant qui est fixe. Mais en même temps on
est toujours... on est en attente d'arbitrage, donc ça, ça pourra
changer. Mais, pour l'instant, c'est ce qui a été négocié.
M. Therrien : Dites-moi si je me trompe, là. C'est-u négocié
aux cinq ans, tu sais, ils fixent un montant sur cinq ans, ou c'est fixe pendant x nombre... Parce que
ça ne peut pas être fixe tout le
temps, là. J'imagine qu'il y a des négociations aux cinq ans, genre, là, ou aux trois ans.
M. Leitão :
Peut-être M. Ducharme pourrait vous expliquer.
Le Président
(M. Bernier) : M. Ducharme.
M. Ducharme
(Éric) : C'est lors de l'entente par rapport à l'harmonisation des
taxes, là, en 2011...
M. Leitão :
2011 ou 2012, oui. 2011.
M. Ducharme
(Éric) : Il y a eu une
entente de fixer le montant, le temps que les deux gouvernements déterminent la valeur du
coût d'administrer, pour le Québec,
la TPS pour le fédéral au Québec. Et on est en négociation actuellement pour déterminer comment fixer ce montant-là. Et,
en attendant, on a fixé à 141,5, lors de cette entente-là, la rétribution
du fédéral au Québec pour l'administration de la TPS.
Le Président
(M. Bernier) : Merci.
M. Therrien :
O.K. Donc, écoutez, si j'étais audacieux dans ma compréhension, je dirais qu'à
quelque part c'est peut-être un vice
de forme, qui sera corrigé éventuellement par une négociation avec le fédéral,
qui va faire en sorte que
l'augmentation devrait ressembler à ce que le gouvernement du Québec va avoir à
payer. C'est ce qu'on pourrait souhaiter, là. Tu sais, ce n'est pas, quand même, des gros montants, mais c'est
juste une question de principe, là. C'est ce que j'ai compris. Est-ce
que mon interprétation est la bonne? Ça va? O.K.
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre. Vous dites oui?
M. Leitão :
Oui, je dis oui.
Le Président
(M. Bernier) : Parfait. C'est parce que c'est enregistré, hein,
il faut...
M. Leitão :
...enregistrer des signes.
M. Therrien :
Des fois, il a peur de répondre à mes questions, le ministre. Soyez sans
crainte. On passe un beau moment ensemble, là.
Le Président
(M. Bernier) : Vous faites... Il ne faut pas faire de
l'intimidation.
M. Therrien :
O.K. Alors, question 3. Il me reste combien de temps?
Le Président
(M. Bernier) : 3 min 50 s.
M. Therrien :
O.K. Bon. C'est bon. Question... Est-ce que ça va, là? Le rythme est bon, hein?
Oui? Bon. Question 3, à la page 5.
M. Leitão :
Vous y allez un peu de façon aléatoire, là, 3, 39, mais...
M. Therrien :
Je sais. C'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça. J'essaie de vous mêler.
Le Président
(M. Bernier) : Ça facilite le nombre de questions.
M. Therrien :
Ce n'est pas facile, mais j'essaie de vous mêler. Avec le REM, c'était plus
facile. En tout cas, peu
importe. On ne reviendra pas là-dessus.
Alors, question 3, vous avez les effectifs
totaux. Donc, c'est surprenant, mais c'est une légère diminution du nombre de personnes qui travaillent en ETC à Revenu Québec, c'est une légère diminution. Qu'est-ce qui pourrait expliquer
cette légère diminution là?
Le Président
(M. Bernier) : M. Ducharme.
M. Therrien : Bien, ce n'est pas une grosse diminution, hein,
c'est presque un plafonnement, mais, en
tout cas, on va dire une diminution
d'à peu près 100 par année, là. C'est sûr, tu ne vas pas te
garrocher dans les autobus avec ça, là, mais, tu sais, je veux dire, il
y a quand même une diminution, là.
M. Ducharme (Éric) : Oui. Il y
a eu un plafonnement des heures par le...
M. Leitão : Le Conseil du
trésor.
M. Ducharme
(Éric) : ...le Conseil du trésor, donc une réduction de 1 %
des heures sur deux années consécutives. Et, pour Revenu Québec, bien,
ça implique de réduire un peu nos effectifs.
Par ailleurs,
il y a beaucoup de départs à la retraite. Donc, on peut gérer cette baisse de
près de 500 ETC, là, sur cette période-là.
M. Therrien :
O.K. Si on regarde à la question 4, évolution de la masse salariale,
malgré le fait que le Conseil du
trésor a plafonné — mais là
je n'ai pas été surpris de la réponse, là — il a plafonné, on a quand même eu une
augmentation de la masse salariale.
Donc, il y a comme... Là, vous m'avez expliqué, vous me dites : Bien, il y
a un plafonnement du Conseil du
trésor. J'imagine qu'à quelque part c'est pour contrôler les dépenses des
activités, quelque chose du genre, ça
fait que tu te dis : Bon, c'est correct. Mais là, d'un autre côté, on
s'aperçoit qu'il y a une augmentation de la masse de salariale quand même, on passe de... tout ça en le
regardant global, là, elle augmente de 16 millions, ce qui est plus que
l'inflation, malgré le fait qu'on a diminué le nombre d'ETC. Comment vous
expliquez ça?
M. Leitão :
Bon, ce qui a été plafonné, c'étaient les heures travaillées, le nombre total
d'heures travaillées. Ça a généré,
comme M. Ducharme a mentionné, une légère réduction des ETC, du nombre de
personnes, mais, sur 11 000 et quelques
ou 10 000 et quelques, la réduction était relativement mineure. Mais, à
l'intérieur des personnes qui sont toujours à Revenu Québec, les
10 000 et plus, bien sûr qu'il y a eu de la progression au niveau des
échelons. Donc, peut-être, M. Ducharme, vous pouvez compléter.
Le Président (M. Bernier) :
M. Ducharme.
M. Ducharme (Éric) : Il y a eu
aussi les conventions collectives, le syndicat des fonctionnaires a signé une convention collective avec Revenu Québec. Ça fait
qu'il y a des hausses prévues au niveau de la convention. Donc, c'est
ces impacts-là qui sont représentés, là, dans la hausse des salaires pour les
deux années, là.
M. Therrien :
O.K. On peut-u dire, à ce moment-là, que l'augmentation des salaires moyenne,
si on regarde ça, là, c'est supérieur
à ce qu'on retrouve ailleurs dans la fonction publique? On peut-u dire ça ou...
C'est-u comparable? C'est-u moins...
M. Ducharme (Éric) : C'est
exactement la même chose.
M. Therrien :
Exactement la même chose. C'est combien, monsieur... Êtes-vous capable de
répondre à cette question-là, M. le
ministre? Je ne sais pas si vous êtes capable, là, parce que je vous pogne un
peu à brûle-pourpoint, là. C'est
quoi, l'augmentation du salaire des fonctionnaires en moyenne au Québec? Je ne
l'ai pas devant moi, je n'ai pas... Si vous ne pouvez pas me répondre,
ce n'est pas grave, là. Mais c'est à peu près combien en pourcentage?
M. Leitão :
Écoutez, dans la nouvelle convention, la masse salariale augmente de 1,5 %
par année. Maintenant, à l'intérieur de cette masse salariale, là il y a
tout un détail que je ne connais pas.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le ministre. On va avoir
l'occasion de revenir sur le sujet, donc, si vous avez plus
d'information... Aïe! ça passe vite, hein?
Une voix : ...
• (19 h 50) •
Le
Président (M. Bernier) : Oui, mais c'est parce que j'applique une
méthode pour que vous puissiez poser le plus grand nombre de questions
et de façon à ne pas intervenir.
Donc, nous
allons du côté gouvernemental, nous allons du côté gouvernemental, et je vais
débuter cette période de questions.
Puis j'imagine que vous vous en doutiez, que j'étais pour vous parler du
rapport sur le phénomène du recours aux
paradis fiscaux. Je n'ai pas l'intention de vous poser des questions très
pointues sur le sujet, parce que je suis d'avis que le rapport qu'on a déposé nécessite des analyses, des recherches,
des questionnements qui sont quand même assez longs à faire, O.K.? D'ailleurs, ça nous a pris deux ans à le faire. On
a rencontré plusieurs experts, dont Revenu Québec également, nous avons
eu l'occasion de vous recevoir et de vous poser des questions sur le sujet.
Donc, ce rapport-là est basé sur plusieurs
experts et plusieurs organismes que nous avons rencontrés, également sur
des rencontres que nous avons eues, avec des collègues qui sont ici présents,
en Europe, à l'OCDE et à divers organismes, sur la possibilité d'appliquer ces
recommandations-là. Donc, on n'a pas inventé des recommandations, c'est parce qu'on a eu à consulter ces experts, on a eu
à voir également dans des pays, que ce soit en Grande-Bretagne ou aux
États-Unis, l'application des recommandations ou de recommandations qui sont
contenues là-dedans.
Mais,
comme je vous dis, ce soir, je n'ai pas l'intention de creuser ceux-ci, ça fera
l'objet... Ce soir, c'est l'étude des
crédits. Mais la seule chose... la seule remarque que je veux faire, ce qui m'a
surpris un peu, puis c'est sur ça que je voudrais avoir un petit peu d'explications, c'est que le rapport a été
déposé le 5 avril, et le 7 avril, à Radio-Canada, il y avait
quelqu'un de Revenu Québec qui réagissait par rapport à la sortie de ce
rapport-là en disant : Bien, il y a plusieurs recommandations qui sont difficilement applicables, plusieurs choses qui
sont difficiles, bon, etc. Je ne vous dis pas que c'est facile, au contraire. Puis, comme je vous
dis, je ne vous demande pas... je ne viens pas les pointer une à une pour
vous poser des questions là-dessus, on va
avoir l'occasion de se revoir sur le sujet d'une façon très, très, très
précise. Mais j'ai
été très surpris, surtout que vous étiez, comme je vous dis, témoins, vous avez
témoigné à cette commission-là et vous avez contribué à la préparation
des informations que nous avions besoin.
Donc,
c'est un peu ça, le questionnement qu'on a comme membres... Puis c'est quand
même un rapport qui a fait l'objet
d'une... qui a été adopté par l'ensemble des parlementaires ici, à l'Assemblée
nationale. Donc, j'espère que ça a été une
mauvaise compréhension, mais je comprends mal que, deux jours plus tard, le
7 avril, on passe un commentaire comme ça. M. Ducharme ou M.
le ministre.
M. Leitão :
Peut-être que M. Ducharme pourra compléter, mais ma compréhension de la
situation, c'est que, oui, il y a eu,
en effet, des commentaires dans les journaux, mais ces commentaires-là ne
reflétaient pas une réponse officielle de
Revenu Québec. Je ne pense pas qu'il y ait eu des... M. Ducharme pourrait
le... je ne veux pas parler pour lui, mais ma compréhension, c'est qu'il n'y a pas eu une réponse officielle,
c'étaient des journalistes qui ont fait leur travail, et puis, bon...
Le
Président (M. Bernier) : Mais vous comprenez que c'est ce que
j'espère comme réponse à la question que je vous pose. M. Ducharme.
M. Ducharme
(Éric) : Merci. Bien, dans un premier temps, je voudrais vous
féliciter, les membres de la commission, pour le travail. J'ai participé aux travaux de la commission sur la
fiscalité avec M. Godbout. On avait un petit chapitre qui était la base d'une réflexion par rapport aux
paradis fiscaux, et j'avais participé à l'élaboration de ça. De voir le travail
que vous avez fait, là, sur deux ans, c'est colossal.
Il
y a plusieurs recommandations fort intéressantes. Comme vous le disiez, il faut
prendre le temps de les analyser, il faut
prendre le temps d'en discuter avec nos collègues du ministère des Finances qui
sont responsables de la politique fiscale.
On a déjà contacté et discuté avec l'Agence du revenu du Canada, on a des
rencontres à venir pour voir avec eux. Loin
de moi de penser que c'est non applicable comme rapport. Il y a des
questionnements sur certaines des propositions. Puis ce n'est pas moi personnellement qui ai parlé à un journaliste pour
essayer de couler votre rapport, au contraire, là. Je pense, c'est un effort considérable, puis on doit
pousser pour que ça se réalise, puis de mettre en place les mesures qui peuvent
se réaliser rapidement, et d'analyser peut-être d'autre chose pour certaines.
Mais vous avez fait un bon tour de roue de l'ensemble des problématiques
liées aux paradis fiscaux.
Le
Président (M. Bernier) : D'ailleurs, lors de votre témoignage,
vous aviez déjà fait valoir certains éléments sur lesquels vous avez... que vous travailliez par
rapport à la lutte à l'évasion fiscale au niveau des paradis fiscaux. Donc,
c'est pour ça que j'avais été un peu
surpris. Parce que, pour nous, Revenu Québec est un partenaire extrêmement
important, c'est notre bras droit du
Québec, avec le ministère des Finances, bien sûr, qui dirige, pour être capable
de mettre en place ces mesures-là. Et
vous comprenez tout l'impact que ça peut avoir pour les citoyens. Vous venez de
terminer, en date du 1er mai,
les déclarations fiscales des Québécoises et des Québécois. Donc, ces gens-là
paient des contributions assez élevées, très élevées dans plusieurs cas, et ils s'attendent à ce que chacun,
chacun des Québécois paie sa part d'impôt là où il réside et que les entreprises, là où elles opèrent,
puissent payer également leur part de la fiscalité. C'est ce à quoi ils
s'attendent.
Donc,
je vous remercie. Je ne vais pas plus loin parce que, comme je vous dis, je
veux que vous preniez le temps de le regarder. On aura l'occasion, dans les
prochains mois, d'en discuter. Mais je vous remercie de votre réponse de ce
soir parce que ça m'avait surpris et ça m'avait, bien sûr, déçu, cette
situation-là. Merci.
M. le député de
Pontiac.
M. Fortin
(Pontiac) : Merci, M. le Président. D'entrée de jeu, puis un peu comme
je l'ai fait plus tôt, M. le Président,
quand vous avez pris la peine de parler du rapport de la commission sur
l'évasion fiscale, le recours aux paradis fiscaux, tout d'abord, je veux vous féliciter d'avoir pris le temps de
le faire. C'est un travail qu'on a fait tous ensemble. Donc, c'est important de le mettre de l'avant
autant que possible et de s'assurer que nos partenaires sont au travail avec
nous dans ce sens-là.
Je
suis rassuré également, comme vous, M. le Président, d'entendre les propos de
M. Ducharme, que je salue, bien évidemment, par rapport, entre
autres, au travail qu'il a déjà commencé avec l'Agence du revenu du Canada, qui
sera également un partenaire important afin de faire progresser ce dossier-là.
Donc, je vous félicite. Je vous encourage à continuer avec l'Agence du revenu
du Canada, car ils seront également importants.
Ceci
étant, M. Ducharme, parce que vous êtes toujours, disons, relativement
nouveau dans votre position, je veux parler
de votre vision pour les prochaines années, si vous le permettez, pour Revenu
Québec. À Revenu Québec, là, vous aviez,
même si vous n'y étiez pas pour l'entièreté de ce temps-là, un plan stratégique
pour les cinq dernières années, qui couvrait la période 2012 à 2016. Si je
me souviens bien — si je me
souviens bien... je le sais! — il y avait deux enjeux principaux, là, sur lesquels s'attardait ce plan
stratégique là, vous parliez de l'équité fiscale, vous parliez de l'efficacité.
Et
je sais qu'au cours des années en question il y a également eu plusieurs
mesures pour réduire de façon assez importante,
là, la non-conformité fiscale. En même temps, Revenu Québec avait fait des
efforts pour améliorer son offre de
services en ligne. Donc, il y avait un aspect de services au citoyen qui était
quand même particulièrement important dans
le plan de Revenu Québec. En même temps, je pourrais dire, quand vous avez,
disons, fait des changements à vos façons
de faire, à vos systèmes, il y a eu, évidemment, des plaintes de la part des
citoyens. Et vous n'êtes pas... il n'y a pas personne ici qui est désincarné de la réalité. Vous le savez, quand vous
parlez... quand on parle, comme députés, quand on va voir les entreprises puis on leur demande comment
ça va, ils nous disent : Ah! ça va bien, les affaires sont bonnes, mais
des fois on a des petits problèmes avec
Revenu Québec, hein? Ça arrive. Ça arrive peut-être plus souvent qu'on le
souhaiterait, à l'occasion. On sait
que vous y travaillez, que vous faites des efforts en ce sens-là, mais je ne
pense pas qu'il y ait un député ici
qui va dire qu'il n'a pas entendu une plainte par rapport à Revenu Québec de la
part de ses entrepreneurs ou de ses
citoyens. Et, si vous vous présentez aux gens comme étant le président de
Revenu Québec, je suis certain que vous en entendez à l'occasion, vous aussi, des récriminations par rapport aux
services de Revenu Québec, mais c'est inévitable parce que, écoutez,
vous êtes le collecteur d'impôt. Je ne pense pas qu'il y ait une société au
monde où les gens sont satisfaits du niveau d'impôt qu'ils paient. Donc, il y a
peut-être une petite partie de ça qui vient jouer là-dedans.
Ceci étant,
il y avait certains groupes, entre autres la Commission de révision permanente
des programmes, qui parlaient de
certains changements que vous aviez faits, que... Le ministre lui-même avait
parlé de changer la culture. Vous en
avez parlé, de changer la culture de Revenu Québec. Revenu Québec a sorti,
suite à ces commentaires-là, une charte des droits des contribuables.
Vous vous êtes donné un plan d'action pour que le processus de vérification
fiscale soit amélioré, l'an dernier, si je ne me trompe pas. Et, si j'avais
bien compris, à l'époque, là, ce que vous vouliez, c'était simplifier le suivi du traitement des dossiers des
particuliers et donner l'occasion aux citoyens d'évaluer le service à la
clientèle que vous donniez.
Maintenant,
suite à ces orientations-là, suite à ces changements-là, vous avez déposé un
nouveau plan stratégique avec quatre...
vous en aviez deux, maintenant vous avez quatre, disons, priorités, si vous
voulez. Il y en a qui se ressemblent. L'équité
fiscale revient. L'efficience, l'efficacité, on peut appeler ça comme on veut,
revient. Il y en a deux nouveaux, par
exemple. Il y en a un qui touche la mobilisation du personnel, et je ne
m'attarderai pas nécessairement à celui-là, mais le premier enjeu, celui
que vous semblez mettre de l'avant davantage, c'est vraiment la qualité des
services.
Alors, je veux que vous nous parliez,
M. Ducharme, de mesures précises que vous comptez prendre pour améliorer
le niveau de service de Revenu Québec à l'intérieur des prochaines années.
• (20 heures) •
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre.
M. Leitão : Très
bien. Avant que M. Ducharme vous
parle du plan stratégique, j'aimerais
quand même mentionner que, suite à
l'adoption de ce plan stratégique, où il y a eu une très bonne collaboration
entre le ministère des Finances et l'équipe de gestion de Revenu Québec,
les commentaires que nous avons eus, tant de la Fédération des chambres de commerce du Québec que de la FCEI, de la
fédération desdites entreprises, a été très, très positif, les deux organismes
ont noté, donc, le changement de direction
de la part de Revenu Québec, et donc... Et d'ailleurs même aussi le Protecteur
du citoyen, dans son rapport suivant, a aussi constaté l'amélioration
des relations de Revenu Québec avec les citoyens. Donc, je tenais aussi ici à féliciter l'équipe de gestion de Revenu Québec
et M. Ducharme en particulier pour le travail accompli depuis
relativement peu de temps, depuis à peu près un an. Et le changement est quand
même remarquable.
Le Président (M. Bernier) :
M. Ducharme.
M. Ducharme
(Éric) : Merci. Oui, pour ce qui est de la... il y a un virage
important à Revenu Québec, virage qui a
été entamé, là, avant mon arrivée, qui est en lien avec le rapport de la
Protectrice du citoyen en 2014‑2015, où on a mis en place un plan d'action en cours d'année, plan
d'action qui prévoyait, entre autres, le dépôt d'une charte des contribuables
et plusieurs autres mesures, j'y reviendrai
plus tard; plan d'action aussi qui a déboulé sur un plan stratégique qu'on a
déposé en fin d'année, qui reprend
les grands éléments de ce plan d'action là, de la charte puis tout le virage
qu'on a fait à l'interne.
Le premier
élément du plan stratégique, comme vous disiez, c'est la qualité des services.
On veut améliorer nos services, c'est
une priorité pour Revenu Québec. On veut offrir des services simples,
accessibles et fiables pour les contribuables,
entreprises comme particuliers. Mon dossier, Clic Revenu, on le voit,
5,1 millions de contribuables ont déposé
lundi soir, le 1er mai, à minuit... ont fait leur déclaration d'impôt.
C'est près de neuf personnes sur 10 qui utilisent maintenant les services électroniques. Donc, c'est
important pour nous d'investir dans la prestation électronique de services.
À titre d'exemple, Mon dossier, qui est
l'élément où les gens contactent Revenu Québec, soit pour le rapport d'impôt ou soit, dans l'année, pour l'ensemble des
programmes sociofiscaux qui sont gérés par Revenu Québec... Je ne vous le cacherai pas, moi-même, à chaque année, je
dois trouver ma ligne 199 dans mon ancien... dans mon dossier de l'année d'avant pour pouvoir entrer sur le site de
Revenu Québec et aller télécharger l'ensemble de l'information fiscale. À titre d'exemple, cette année, on travaille fort
pour l'authentification des gens. Donc, pour l'an prochain, on souhaite que les
gens puissent accéder à Mon dossier
via leur institution financière, parce que tout le monde se rappelle son code
d'entrée et son mot de passe, ça fait que ça va simplifier de beaucoup, pour
les gens, l'accès à Mon dossier. Ça fait que c'est des initiatives comme
ça qu'on veut mettre en place pour améliorer nos services électroniques.
Il y a tout
l'aspect aussi au niveau des entreprises où on veut aussi... Actuellement, on
est comme... on est dans les années 90,
peut-être, au niveau de l'accès à nos services pour les entreprises, c'est très
difficile de venir déclarer de façon électronique.
Ça fait qu'on investit beaucoup, pour les prochaines années, au niveau des
entreprises, pour que les gens puissent avoir accès à l'ensemble de leur
dossier au niveau informatique via un iPad, un iPhone ou BlackBerry. Donc, on met beaucoup
d'efforts là-dessus parce qu'on a des gains à faire en termes de pourcentage
d'entreprises qui nous contactent via
l'électronique. On est encore beaucoup papier. En taxes, c'est presque
40 % des échanges qui sont encore papier, avec les entreprises.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de Pontiac.
M. Fortin (Pontiac) : Oui, merci. Bien, je suis content qu'on parle du
côté entreprises un peu parce que... bien, encore, je reviens à l'expérience
qu'on a comme députés, mais je pense qu'à chaque fois qu'on parle à un
entrepreneur il va nous dire non
seulement ce que j'ai énoncé plus tôt, mais il va nous parler aussi, disons, de la paperasse bureaucratique au gouvernement. Et à ce niveau-là, je le sais, on a
collectivement fait des efforts assez importants. D'ailleurs, le collègue qui est assis à
ma droite avait reçu le prix Coupe-paperasse d'or de la part de la FCEI il y a quelques
années.
Une voix :
...ciseaux en or.
M. Fortin
(Pontiac) : Oui, bien, effectivement, il y avait des ciseaux en or. Il y avait
une belle plaque puis tout, écoutez. Mais là où je veux en venir, c'est que c'est important
de souligner l'effort qui a été fait et qui continue d'être fait un peu
partout au gouvernement. Et je pense que même, je le dis humblement, là, c'est
un effort qui est fait par la plupart des gouvernements, au cours des dernières années, pour réduire la paperasse administrative, parce que ça devient un
fardeau important pour les entrepreneurs.
En
janvier, vous et moi, on avait eu la chance d'assister... de participer, si
vous voulez, au lancement du programme d'accompagnement que vous avez
lancé pour les nouvelles entreprises, les nouvelles PME surtout, et qui suivait...
Le Président
(M. Bernier) : M. le député...
M. Fortin
(Pontiac) : Oui?
Le Président
(M. Bernier) : On va avoir la chance de revenir.
M. Fortin
(Pontiac) : On va y revenir? Alors, on va y revenir avec plaisir.
Le
Président (M. Bernier) : On va y revenir. On va aller voir, maintenant, le député
de Granby, porte-parole de la deuxième
opposition.
M. Bonnardel : M. le
Président. M. Ducharme, bonjour.
Bienvenue à nos études de crédits. Bienvenue à tous ceux qui vous
accompagnent.
M. le ministre, juste avant d'aller avec Revenu
Québec, je veux juste revenir, encore une fois, sur le document que vous m'avez donné tantôt
sur la ventilation, là. Je vous ai demandé... Pour que les gens qui nous
écoutent comprennent un peu, là, le dernier rapport mensuel des opérations
financières, daté du 31 janvier 2017, à deux mois de la fin de l'année,
démontrait un surplus de 2 137 000 000 $. Sur ce
2 137 000 000 $, si on va à la page A.9 du budget,
on parle ici d'un 926 millions que vous avez identifié par Appuyer le développement économique, Améliorer le niveau de vie des
Québécois et Investissements. Moi, je vous ai dit que ce montant n'était
pas exact parce que, si on allait voir les pages B.332 à B.335, on parlait
de 853.
Vous
m'avez donné, tantôt, un petit document, Révision 2016‑2017 — Réconciliation des pages A.9 et B.335. Vous avez mis 926 millions, vous
avez additionné le 27 millions pour faire 953 millions, puis vous
avez soustrait les investissements en santé,
100 millions, pour arriver au 853. Bien, le 853 millions, c'est
exactement le montant qui est à la
page B.335, donc vous l'avez calculé deux fois, le 27 millions. Si on
fait l'addition, à la page B.335, là, il est déjà là, le
27 millions, là, il est à la page B.332.
Alors
là, vous me le mettez... vous me dites : Il fait partie du calcul du 853,
à moins que je me trompe, là, puis il
est déjà ici. Alors, je veux juste comprendre. Vous allez me dire : Sur un
budget de 100 milliards, ce n'est pas beaucoup, mais il reste quand
même que le calcul est, selon moi, mal fait.
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Avec la permission de la commission, peut-être que je pourrais demander à
M. Monty, le sous-ministre, d'apporter ces précisions-là.
Le Président
(M. Bernier) : Alors, M. Monty... Consentement pour
que M. Monty puisse prendre la parole? Consentement, oui. M. Monty,
vous pouvez prendre la parole. On vous attendait, ça fait quelques jours.
M. Monty
(Luc) : Bonjour. Luc Monty, sous-ministre des Finances.
Le Président
(M. Bernier) : Merci, M. Monty.
M. Monty
(Luc) : Alors, la question était de réconcilier le montant qui est
inscrit à la page A.9 du plan budgétaire,
avec le montant qui indique des initiatives de 926 millions, avec le
montant de la page B.335 du même plan budgétaire qui indique que
l'ensemble des mesures budgétaires et fiscales totalisent 835.
Une voix :
853.
• (20 h 10) •
M. Monty (Luc) : 853, pardon.
Alors, la différence, c'est qu'à la page A.9 on ajoute 100 millions
pour des initiatives en santé, lesquelles ne sont pas reproduites à la
page 335. Par ailleurs, le montant de 926 millions de la page A.9, lui, n'inclut pas un montant de 27 millions qui était des initiatives prises dans le cadre de
mesures aux familles, ce montant est plutôt introduit à la rubrique
Autres éléments. Alors, c'est pour ça qu'on réussit à réconcilier les deux
montants de 926 et de 853.
Alors, si, par exemple, on prend le 853, on ajoute 100 millions pour la santé, on arrive à 953. 953, c'est plus
haut que le 926 d'un montant de 27 millions, et ce 27 millions
là est dans les Autres éléments.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député.
M. Bonnardel : Une question plus simple, là. Les gens qui nous
écoutent doivent être mélangés solide, là, solide, là.
Le Président (M. Bernier) : Je
ne suis pas sûr que tout le monde nous suit, là.
M. Bonnardel :
C'est ça, solide.
Le Président (M. Bernier) :
Moi, j'essaie de vous suivre, mais...
M. Bonnardel :
Regardez, M. Monty, là, à la page B.335, là, le total des montants
qu'on additionne pour Favoriser le développement économique, c'est 853. Ce...
M. Monty (Luc) : Alors, il n'y
a pas la santé. Vous ajoutez la santé, ça arrive à...
M. Bonnardel :
Oui. Laissez-moi finir. Le 853, vous avez déjà le 27 millions pour la
famille, il est déjà là.
M. Monty (Luc) : C'est ça.
M. Bonnardel :
Alors, pourquoi vous le rajoutez ici, dans le document que vous m'avez donné?
M. Monty
(Luc) : Vous prenez le 853,
vous ajoutez le 100 millions de la santé, ça fait 953. D'accord? C'est
plus élevé que le montant de 926 présenté à la page A.9, c'est plus
élevé d'un montant de 27 millions.
Cependant, la
différence, ce que je vous dis, c'est : Le montant de mesures aux familles
à la page A.9 ne comprenait pas le montant pour les familles de
27 millions. C'est la différence.
M. Bonnardel :
O.K. J'irai vous voir après, monsieur... j'irai vous voir après, parce que, là,
il y en a... les cotes d'écoute baissent, là, présentement, là.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Monty
(Luc) : Mais je conviens
qu'idéalement le montant aurait dû être à la même place dans les deux
mesures. Alors, ce que je vous dis,
il est inclus dans les impacts globaux. Mais, comme il n'est pas positionné au même
endroit, c'est ce qui fait la confusion, là.
M. Bonnardel : Ça
va. O.K.
M. Monty
(Luc) : Idéalement, ce
montant de 27 millions aurait dû apparaître dans la même
rubrique, ça aurait été plus facile.
Le Président (M. Bernier) :
Est-ce que ça va, M. le député de Granby?
M. Bonnardel :
Ouf! On va aller...
Le
Président (M. Bernier) : Bien, ça va peut-être, peut-être pas non plus, mais il y aura l'occasion...
vous aurez l'occasion d'en reparler.
M. Bonnardel : On va se parler après, on va se parler après.
Puis je ne veux pas continuer là-dessus parce
que, là, c'est sûr, on est
moins... on est négatif dans les cotes d'écoute, là. O.K. Monsieur...
M. Monty (Luc) : L'important,
c'est que ça balance au global, comme on dit.
M. Bonnardel :
Oui. Ça, oui. M. le ministre, dernière question là-dessus, là. Je vous ai
parlé, voilà quelques semaines, trois
semaines, sur ce fameux 2,1 milliards
de surplus que vous avez. Le sous-ministre nous dit aujourd'hui : Il faut déduire ce
926 millions. Si on prend le 2 milliards que les Québécois avaient
dans leur portefeuille, dans leur bas de
laine à deux mois de la fin d'année, vous avez investi 926 millions, il
faut déduire ça. Vous m'avez dit tantôt, là... vous avez utilisé le
terme «retard dans les paiements».
M. Leitão :
Retard aux dépenses de programmes.
M. Bonnardel :
Retard aux dépenses de programmes. La dernière fois, vous m'avez parlé de
croissance des dépenses. C'est ce milliard, moi, qui va apparaître dans le
prochain rapport mensuel.
M. Leitão :
972 millions, oui, pour être précis.
M. Bonnardel : Vous pourriez peut-être me dire ça va
être quoi, le solde budgétaire du prochain rapport mensuel. Je ne sais
pas si vous l'avez déjà vu. Vous ne pouvez pas me le donner?
M. Leitão :
Il sera publié, il sera rendu public, je pense...
M. Bonnardel :
Dans deux jours?
M. Leitão :
...vendredi.
M. Bonnardel :
Vendredi.
M. Leitão : Mais même, celui-là, ce n'est pas encore... ce n'est pas la
fin de l'année, parce que même, celui qui va être rendu public vendredi,
c'est pour le mois de février, et l'année fiscale finit le 31 mars.
M. Bonnardel : Oui, mais vous êtes d'accord
avec moi que le gouvernement aura dépensé 1 milliard... il va apparaître, en deux mois, 1 milliard de
dépenses additionnelles ou, supposément, de retards de paiement, que vous
n'avez pas faits.
Ce
972 millions, êtes-vous capable de me le ventiler? Je ne vous demande pas une
ventilation précise à qui vous avez
donné ça pour chaque organisme, mais, minimalement, est-ce qu'on est capable
d'avoir les différents secteurs auxquels ce milliard a été dépensé?
M. Leitão : Oui, regardez, comme j'ai dit tantôt,
ça, ce sont des... c'est donc des dépenses qui étaient déjà
programmées pour 2016‑2017,
on parle de 2016‑2017, et qui allaient se faire. Donc, écoutez,
d'une façon très générale, sans aller dans le détail, le fin détail, par
exemple, la santé, ce qui est normal,
bon, la santé va accaparer la plupart de ces montants. Donc, la santé,
son objectif, si vous voulez, ce qui était budgété pour l'année 2016‑2017
était de 33,8 milliards de dollars. D'avril
à janvier, la santé était rendue à 27,8 milliards. Donc, de janvier à mars,
faites le calcul, là, donc, il devrait y avoir à peu près
6 milliards en santé qui...
M. Bonnardel :
Mais êtes-vous capable de donner la ventilation de ce milliard? Il a été donné
à qui, là? Si vous me dites :
Sur 1 milliard, il y en a 400 millions qui est allé à la santé,
l'éducation, économie... J'aurais aimé ça juste être capable de le ventiler puis de savoir exactement
où vous avez dépensé ces sous. Parce qu'en deux mois, quand même, les Québécois doivent savoir que vous avez brûlé
1 milliard, il va apparaître
1 milliard de plus en dépenses additionnelles.
M. Leitão :
Non, ça, ce n'est pas 1 milliard de plus.
M. Bonnardel :
Bien, c'est 1 milliard que vous avez dépensé pour arriver à un solde de
250 millions.
M. Leitão : C'est 1 milliard qu'on allait dépenser dans tous les cas. C'était prévu qu'on allait faire ces dépenses-là, mais, dans ce cas-ci, jusqu'au mois de janvier, ces dépenses-là ne s'étaient pas encore matérialisées.
Mais ces dépenses-là étaient budgétées pour l'année.
M. Bonnardel :
M. le ministre, en tout respect, vous m'avez dit, voilà trois semaines... Je
vous ai demandé : Quand vous
avez décidé de dépenser cet argent? Vous m'avez dit : Après que le plan
économique ait été déposé, en octobre. Vous m'avez dit : On a décidé ça après. Donc, entre Noël et le jour de
l'An, on a décidé de dépenser cet argent, qui était un surplus pour
nous.
M. Leitão :
...autre chose. O.K. Il y a deux montants qui sont d'à peu près
900 millions chaque. Un, c'est 972. Ça, c'est ce dont nous parlons
maintenant, c'est ce qu'on appelle les retards aux dépenses.
Bon, il y a l'autre, ce dont on parlait avant, le 926. Ça, ce
sont les nouvelles initiatives. O.K.? Ça, ce 926, ça, ce sont les nouvelles initiatives
qu'on a entamées depuis le mois de décembre ou janvier.
M. Bonnardel :
On va aller plus précis tantôt. Je vais aller vous voir aussi.
M. Ducharme,
c'est à votre tour. M. Ducharme, première question. L'année passée, on a
eu une étude des crédits un peu corsée sur l'histoire, souvenez-vous, des
bonis aux vérificateurs. Vous vous
souvenez de ce qui était sorti dans les médias à gauche et à droite. Vous m'aviez dit
du bout des lèvres qu'on ne pouvait
pas... qu'on pouvait difficilement
dire le contraire de ce que certains avaient dit à la télévision, anonymat.
Est-ce que les bonis reliés aux vérifications,
aux avis de cotisation, chez Revenu Québec, c'est terminé?
Le Président (M. Bernier) :
M. Ducharme.
M. Ducharme
(Éric) : Je n'ai pas dit du bout des lèvres... L'an dernier, on a eu
quand même quelques échanges, mais je
veux aujourd'hui, là, dissiper tout doute, là, quant à l'intégrité et la
qualité du travail des gens de Revenu Québec, là.
On a fait les
calculs. Sur 3 048 employés qui sont en vérification fiscale, il y a environ... il y a 74 employés qui
ont eu des bonis, c'est moins de 3 % des employés.
Il faut
comprendre qu'en vérification fiscale il
y a des professionnels du syndicat
des professionnels du gouvernement
du Québec qui ont droit à des bonis.
On est en négociation de convention
collective avec eux, on voudrait négocier avec eux le retrait des bonis,
mais les négociations ne sont pas complétées.
Au niveau des
fonctionnaires, où la moitié des vérificateurs sont membres du syndicat des
fonctionnaires, il n'y a pas de boni
possible pour ces gens-là. Ça fait qu'on parle de moins de 3 % des
vérificateurs qui peuvent avoir un boni.
Et j'ai fait
examiner par mes équipes l'ensemble des bonis depuis 2011, puis il n'y a pas de
lien entre les bonis et des montants
de... un seuil, quota de récupération fiscale. Et, juste au nombre de gens
qu'on vous dit, par année, qui ont
des bonis, là, moins de 3 % des vérificateurs, on ne peut pas trouver...
ces gens-là, comment je pourrais dire, là, il n'y a pas de lien avec la
récupération horaire, là, je vous le confirme, on a fait les analyses pour le
confirmer.
M. Bonnardel :
O.K.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Ducharme
(Éric) : En plus, on a enlevé... ce n'est plus possible pour personne
de savoir c'est quoi, les rétributions horaires des gens dans leurs
dossiers, depuis mon arrivée.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Bonnardel :
Merci. Merci, M. Ducharme.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député.
• (20 h 20) •
M. Bonnardel : J'ai des chiffres ici, la lutte à l'évasion
fiscale. J'ai réussi à retrouver, 2010‑2011, dans les cibles dans le
budget qui étaient de 200 millions, après ça on est monté à 300, on est
monté à 600, on est monté à 900 en 2013‑2014;
2014‑2015, 2015‑2016, 2016‑2017, il n'y a rien eu dans le budget. Et, quand on
regarde ces montants, les deux premières années on est allé chercher,
entre ce qui était écrit dans les documents des crédits versus les sommes récupérées qu'on a vues dans le plan économique...
on était au-dessus. À partir de 2012‑2013, on prévoyait 600 millions, les sommes récupérées, on nous disait 463, mais,
dans le plan économique, on était à 414. Et, en 2013, on prévoyait 900,
on avait 476 dans les crédits et 387 dans le plan économique, on était presque
100 millions en dessous.
Est-ce que le
gouvernement vous avait demandé des cibles pour 2014‑2015,
2015‑2016? Parce
qu'il n'y a rien qui a été, selon moi, indiqué dans les budgets pour la
lutte à l'évasion fiscale. Est-ce que je me trompe?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão :
Non, vous ne vous trompez pas. Et justement c'est une décision politique, de ne
plus afficher de cible, pour
justement ne pas donner l'impression qu'il y avait des soi-disant quotas. Donc,
il n'y avait plus de cible spécifique. Bien
sûr que la lutte à l'évasion fiscale demeure toujours un objectif important
pour Revenu Québec, mais il n'y avait plus de cible spécifique.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Bonnardel :
Pourquoi il y a une... Bien, écoutez, donc, si je regarde les sommes
récupérées, les derniers chiffres que
j'ai, là, on va regarder 2015‑2016, 387 qui était dans les crédits puis 360
dans... il y a une différence de 27 millions de ce côté, puis il y a une différence de près de
95 millions en 2014‑2015 entre ce qui était écrit dans les crédits versus
le plan économique. Vous expliquez
ça, rapidement, comment, cette différence assez importante dans les chiffres?
Est-ce qu'il y a une...
Le Président (M. Bernier) :
M. Ducharme.
Une voix : ...
M. Bonnardel : Bien, la question, c'est : Entre ce qu'on a
comme... La source, premièrement, quand on pose des questions, la question
à savoir quel est le montant, quelles sont les sommes récupérées pour l'évasion
fiscale, on a un montant qui est écrit dans les crédits,
et le montant qu'on a par la suite, sommes récupérées dans le plan économique,
celui-là ici, on n'a pas le même.
Alors, encore
une fois, je pourrais aller vous voir après, vous donner les chiffres, mais, si
je prends la... 2014‑2015, on avait 496 prévu ici, puis on avait 401 prévu
là. Il y a quand même près de 100 millions de dollars de différence entre
les deux.
Le Président (M. Bernier) :
M. Ducharme.
M. Ducharme (Éric) : Oui. Pour
nous, les résultats des activités de contrôle fiscal, on est plus de l'ordre de
3 milliards, là, 2 point quelques milliards,
là. Ça fait que ce que vous présentez, c'est dans les crédits du gouvernement, là, c'est un univers qu'on n'utilise pas, là. Je peux vous
parler des grands chiffres en termes de récupération globale...
M. Bonnardel :
Je vais aller dans le contrôle
fiscal, là. Je suis allé sur votre site, là, comme tel, là, puis la dernière
année qu'on avait, résultats des activités de contrôle fiscal, vous aviez
3 279 000 000 $.
Une voix : 2014‑2015.
M. Bonnardel : 2014‑2015.
Je ne me trompe pas, là?
M. Ducharme (Éric) : J'ai le
même chiffre.
M. Bonnardel : O.K.
C'est ça, le même chiffre. Ça, c'est un montant estimé ou c'est un montant...
M. Ducharme (Éric) : Réalisé.
M. Bonnardel : Réalisé complètement. Quand on regarde les montants pour le secteur de
la construction, est-ce qu'on a encore une fois des montants...
M. Ducharme (Éric) : Réalisés.
M. Bonnardel : Réalisés. Pas juste un estimé de montant que...
c'est vraiment le montant net que vous êtes allés
chercher.
M. Ducharme
(Éric) : Oui. 2015‑2016
aussi, c'est des années qui sont fermées, là. Dans les résultats financiers
du gouvernement aussi, on est à hauteur de 2 960 000 000 $,
il y a un montant pour la construction aussi.
Puis,
pour 2017, dans les réponses aux questions qu'on vous a fait parvenir, on est
plus de l'ordre de 2 456 000 000 $
au 28 février. J'ai fait faire la
compilation pour qu'on puisse comparer par
rapport aux années qui précèdent sur
une pleine année. Là, c'est un estimé
parce que nos états
financiers ne sont pas complétés, ça va être à l'automne, plutôt, mais on est
de l'ordre de 2,7 milliards cette année.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Bonnardel :
C'est quoi, la moyenne? Quand un vérificateur ou des vérificateurs vont dans
une société, la moyenne... l'avis de
cotisation qui peut être envoyé s'il y a malversation, erreur, peu importe,
dans l'exploitation et les dépenses,
est-ce que vous avez ce calcul moyen que vous... cet avis de cotisation moyen,
je devrais dire, que vous envoyez à une société ou à un particulier?
Pour vous, ça, ce n'est pas un calcul puis ce n'est pas une moyenne que vous...
M. Ducharme
(Éric) : Non, mais chaque dossier est différent. J'ai des
vérificateurs qui sont auprès des particuliers qui font de la vérification dans les programmes sociofiscaux, en
garderie, puis j'ai un autre vérificateur qui est dans la grande entreprise, qui est dans des dossiers de
60 millions et plus au niveau des impôts, qui fait de la vérification. Ça fait que
ce serait un amalgame qui pourrait bouger d'une année à l'autre. Parce
qu'évidemment on ne vérifie pas non plus l'ensemble des particuliers et des entreprises à chaque
année, là, on a des programmes pour le faire puis on s'assure de faire
le tour des gens sur une certaine période, là. Ça fait qu'il y a beaucoup de
différences.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député.
M. Bonnardel : Quel est le pourcentage des sociétés
ou des particuliers qui contestent les avis de cotisation que vous leur
envoyez? Est-ce que vous avez ce pourcentage ou même... Oui?
M. Ducharme (Éric) : On l'a... Peut-être
une autre question, puis on pourra le trouver puis...
Le Président (M. Bernier) :
Oui, allez-y.
M. Bonnardel :
Combien de temps il me reste, M. le Président?
Le Président
(M. Bernier) : 3 min 40 s.
M. Bonnardel : Vous avez... Bon, les modules électroniques de
vente dans les bars, dans les taxis aussi, on prévoit... Bien, je vais
vous laisser répondre puis j'aurai une dernière question pour vous après, là.
M. Leitão : Peut-être, pendant que M. Ducharme trouve ça,
j'aimerais déposer quelque chose à la commission
suite à la question que vous avez posée hier à M. Sabia concernant les
relations d'Otéra Capital, la Caisse de dépôt et M. Gantcheff. Vous avez posé trois questions à la caisse, et j'ai
la réponse à ces trois questions-là. Donc, on pourra déposer.
Document déposé
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Donc, je vais le recevoir et déterminer la recevabilité.
Allez-y, monsieur... Oui, M. Ducharme.
M. Ducharme (Éric) : C'est
1,15 % des cotisations qui sont envoyées qu'il y a une opposition qui...
M. Bonnardel :
1,15 %? Sociétés et particuliers combinés ou...
M. Ducharme (Éric) : C'est au
complet, là, particuliers et entreprises...
M. Bonnardel : Au
complet.
M. Ducharme (Éric) : ...pour 2016‑2017,
là. On était à 1,43 % en 2012‑2013, 1,43 %.
M. Bonnardel : ...M.
le Président. Avez-vous budgété le
fait que, bon, la nouvelle loi, ce que nous souhaitions aussi, de notre
côté, on avait déposé une loi, là... Sur le seuil pour les Petites Créances,
là, qui va passer de 4 000 $ à
15 000 $, avez-vous budgété un certain pourcentage de pertes
additionnelles que vous pourriez avoir avec, peut-être, ces
contestations que vous auriez aux Petites Créances ou pas du tout, ce n'est pas
assez important pour...
M. Ducharme
(Éric) : Non. Ce qu'on tente
de budgéter, c'est le coût que ça peut entraîner pour le gouvernement, là, en termes de causes
additionnelles dans la Cour des
petites créances. La médiation doit
être liée à ça aussi. Ça fait qu'on travaille
actuellement avec le ministère
de la Justice à établir l'ensemble
des paramètres, là, pour une annonce prochaine.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Bonnardel : Quelle est la suite pour les modules
électroniques de vente pour Revenu
Québec? Est-ce que le gouvernement
vous a donné un mandat spécifique d'évaluer, bon, les bars, et tout ça? On
pense peut-être les taxis, globalement, là,
c'est un début. Quel est le plan de match pour les modules électroniques?
Salons de coiffure, garages, peu importe, là. Qu'est-ce que vous avez
comme plan de match là-dessus?
Le Président (M. Bernier) :
M. Ducharme.
M. Ducharme
(Éric) : On a fait les bars
cette année. Dans le budget, on s'est engagés à travailler pour un module
pour les taxis, module qui devra être en
place en 2019, assez complexe à établir parce qu'on doit pouvoir suivre les
taxis, il n'y a pas un comptoir comme dans un restaurant ou un bar où il
y a une caisse enregistreuse puis un module qui est connecté avec, puis là on doit aller dans l'infonuagique, dans le suivi
des véhicules. Ça fait qu'on va avoir beaucoup de pain
sur la planche pour mettre ce MEV en place, là. Ça fait que, je pense, pour
l'instant, on se limite à ces travaux-là.
Puis en même
temps, bien, il faut rencontrer l'industrie. Ça fait déjà deux ans et plus
qu'on a des rencontres avec l'industrie du taxi pour voir quelles solutions
pourraient être en place puis de trouver un accord avec eux par rapport à ça, ça avance bien, mais là on est dans un défi technologique
qu'on doit résoudre pour mettre ça en place.
M. Leitão : Peut-être j'ajouterais, si je peux, rapidement, que le
revers de la médaille, c'est qu'on remarque un certain intérêt de la
part d'autres juridictions, donc Revenu Canada mais d'autres aussi, pour la technologie
qui a été développée par Revenu Québec avec la création des MEV dans les bars, dans les restaurants. Il y en a
d'autres qui s'intéressent beaucoup à ça, et ça pourrait être aussi une
occasion.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député de Granby. Nous allons passer du côté gouvernemental avec
M. le député de Pontiac.
• (20 h 30) •
M. Fortin (Pontiac) : Merci, M.
le Président. Je veux juste terminer la question que j'avais amorcée pour
M. Ducharme et après je vais laisser la parole à mon collègue
récipiendaire des ciseaux d'or à côté de moi.
M. Ducharme,
on avait commencé à parler du programme qui a été lancé en janvier, programme
d'accompagnement pour les nouvelles
PME, donc, les PME qui lancent en affaires ou qui sont, si je ne me trompe pas,
là, dans la première année de leur existence. Vous aviez annoncé un
programme qui leur permettait essentiellement d'avoir accès aux professionnels de Revenu Québec, que ce soit par téléphone
ou par consultation en personne, pour vraiment que les entrepreneurs comprennent tout ce qu'ils ont besoin de faire, toutes
leurs obligations fiscales envers Revenu
Québec, qu'ils obtiennent l'information, évidemment,
mais qu'ils puissent discuter, là, avec une vraie personne des erreurs que font
les entrepreneurs quand ils se
lancent, et peut-être même d'avoir une analyse, là, de comment sont
leurs livres en ce moment, est-ce
qu'ils ont des modifications à faire, et vraiment, là, de savoir qu'ils sont...
qu'ils respectent bien les obligations et qu'ils sont en bon état pour continuer dans leurs affaires. Donc, c'est quelque chose qui semble très concret et qui semble très utile à un entrepreneur. Et, de mémoire, les résultats du projet pilote que vous aviez fait étaient... affichaient, disons, un taux de
satisfaction très élevé.
Je veux
savoir, depuis janvier, depuis que vous avez lancé le programme, là, à
l'ensemble de la province et que vous
l'offrez aux nouvelles entreprises, comment ça se passe. Est-ce qu'il y a
un bon taux de participation des nouvelles entreprises? Combien d'entreprises
vous avez réussi à rejoindre avec ça? Et est-ce que ça fonctionne aussi bien
que le projet pilote avait fonctionné?
Le Président (M. Bernier) :
M. Ducharme.
M. Ducharme
(Éric) : Oui, merci. Oui,
j'ai eu l'occasion de faire le lancement avec le député de Pontiac
et aussi la présidente de la FCEI du programme d'accompagnement, qui est un
programme qui fait partie du virage de Revenu
Québec, qui était dans les différents éléments du plan d'action en réponse à la
Protectrice du citoyen. Donc, on veut développer
une relation de confiance avec les nouvelles entreprises par la collaboration,
l'ouverture puis la transparence dans
nos façons de faire. Donc, on a créé une équipe autant pour les particuliers en
affaires, les nouvelles entreprises, que les entreprises comme telles, où des accompagnateurs peuvent les
rencontrer. Il y a trois façons, c'est sur le lieu d'affaires de l'entreprise, dans les bureaux de Revenu Québec
ou ça peut être par une entrevue téléphonique. Pour être admissible, le
chiffre d'affaires de l'entreprise doit être inférieur à 5 millions de
dollars. Elle doit être en activité depuis peu puis nouvellement inscrite,
évidemment, en taxes et en retenues à la source.
Qu'est-ce que
le programme permet? Bien, c'est de mieux comprendre les obligations, les
droits des entreprises et des
obligations; l'information sur les crédits et les remboursements, tout le
soutien, le service en ligne qui est offert par Revenu Québec. Et, comme vous en parliez, bien, on peut faire une
analyse sommaire des livres et des registres comptables de l'entreprise
pour s'assurer, là, qu'elle est sur la bonne voie pour s'acquitter de ses
impôts et taxes.
Il y a eu un
projet pilote du 1er septembre au 31 décembre, avant de faire
l'annonce. On avait accepté 1 028 dossiers, on a pu en traiter 740. Et, depuis que la mesure
est déployée, en début janvier, là, suite à l'annonce, on a, globalement,
fait 2 112 dossiers traités. Il y a un taux de satisfaction... Parce
qu'évidemment, maintenant, on fait toujours des sondages soit après une vérification, à tous les mois, tous les gens qui
se font vérifier, il y a un sondage que les gens peuvent faire, et on le fait aussi dans l'accompagnement.
Puis on a eu un taux de satisfaction de plus de 93 %. Puis, de ces
gens-là, il y en a 820, mandataires et contribuables, qu'on les a aidés
à s'inscrire aux services en ligne de Revenu Québec.
Ça fait que
c'est un gain pour eux, c'est un gain pour l'organisation. Je pense que ça
méritait d'être mis en place. On doit
comprendre qu'il y a 52 000 nouvelles entreprises par année et
24 000 nouveaux particuliers en affaires. Ça fait qu'on cible les gens qu'on peut accompagner. Et on
l'offre à tous, puis on a un taux de réponse d'à peu près 15 % à
20 %, là.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. Ducharme.
M. Fortin (Pontiac) : Très
bien. Ça répond à ma question.
M. Leitão : J'ajouterais juste
en complément, excusez-moi...
Le Président (M. Bernier) :
Oui, allez-y, M. le ministre.
M. Leitão : ...qu'ultimement
l'objectif de l'Agence du revenu et du gouvernement, c'est de favoriser le plus
possible l'autocotisation. Notre système est
basé sur l'autocotisation. Donc, le
plus qu'on peut promouvoir cela, le mieux ce sera pour toute la société.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Trois-Rivières.
M. Girard : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bernier) : ...ciseaux.
M.
Girard : Effectivement, j'ai eu le privilège d'être le récipiendaire du prix Coupe-paperasse
de la FCEI pour l'année 2015. À
mon arrivée, en 2014, j'ai été nommé ministre délégué aux PME et à l'Allègement réglementaire, et j'ai eu le bonheur de
travailler avec M. Ducharme, entre autres, au niveau du comité permanent
d'allègement réglementaire.
À mon arrivée...
Moi, vous savez, je viens du milieu des affaires, le milieu du développement
économique dans la région de
Trois-Rivières, et, pour moi, c'était extrêmement important d'avoir un
environnement d'affaires favorable à
nos entreprises, et ce, pour l'ensemble des ministères et organismes du
gouvernement du Québec. Donc, dès mon arrivée en poste, j'ai mandaté mon équipe pour mettre en place une tournée du
Québec, nous avons fait le tour de toutes les régions du Québec pour rencontrer les entrepreneurs,
vraiment des gens du terrain, de tous les secteurs d'activité, des
entrepreneurs dans
divers secteurs d'activité, dans différentes régions du Québec, nous avons fait
les 17 régions du Québec. L'objectif? De parler avec les entrepreneurs et de discuter avec eux quelles sont
les problématiques que ces entrepreneurs-là rencontrent avec nos différents ministères et organismes dans
le développement de leurs entreprises, dans la gestion au quotidien de
leurs entreprises et comment on peut améliorer les relations avec le
gouvernement du Québec au bénéfice d'un développement
de leurs entreprises plus rapide, plus efficace pour pouvoir permettre de la
création d'emplois supplémentaire, du
développement des entreprises, etc., la création également de nouvelles PME.
Huit secteurs d'activité ont été ciblés : agroalimentaire, commerce de détail, tourisme, restauration et
hébergement, ressources naturelles, transport, le manufacturier, construction, environnement, etc.
On a touché même au secteur minier. Et nous avons répertorié un total de 234 irritants, qui ont été recueillis, qui
ont été compilés dans un rapport, et des irritants que nos entrepreneurs
avaient face aux différents ministères et organismes.
Le
ministère qui a remporté la palme au niveau du plus grand nombre d'irritants
est le ministère de l'Environnement. Et
nous avons... Le ministre a déposé la refonte de la LQE, la loi québécoise de
l'environnement, justement pour simplifier. Donc, déjà, il y a un travail qui s'est fait. Et le deuxième organisme
qui est ressorti le plus souvent parmi les irritants, lors de cette consultation, c'est Revenu Québec. Donc,
nous avons travaillé ensemble dans le comité permanent d'allègement réglementaire, avec M. Ducharme, entre autres
avec Martine Hébert, de la FCEI, avec Stéphane Forget, de la Fédération des chambres de commerce, avec des gens... les
Manufacturiers et exportateurs, on a travaillé avec différents ministères
et organismes pour pouvoir mettre en place
des façons d'améliorer les processus, des façons de pouvoir vraiment être
certains que nos entrepreneurs voient une
différence, dans les mois et les années à venir, au niveau du travail qu'ils
font avec nos ministères et organismes.
J'ai avec moi
les recommandations qui ont été faites suite aux différents irritants que l'on
a répertoriés. Et le rapport qui a
été déposé en janvier dernier sur le suivi est quand même assez volumineux, on
parle d'une centaine de pages. Et les recommandations 24
à 39 touchent Revenu Québec. Donc, moi, ce que je voudrais discuter avec vous
aujourd'hui... Bon, il y a plusieurs
choses qu'on regarde pour mettre en place, des choses qui sont réalisées, des
choses qui avancent. Ce qu'on a entendu
souvent, au niveau des entrepreneurs, c'est souvent la qualité de service,
c'est comment c'est difficile de traiter avec Revenu Québec. Alors, on nous disait : Bien, on est vus un peu
comme quelqu'un qui ne veut pas payer des impôts... ou Revenu Québec est un petit peu comme une police
en arrière de nous, et on veut payer nos impôts, on veut développer une relation avec Revenu Québec, on veut aller
plus loin, on veut vraiment travailler comme des partenaires avec Revenu
Québec. Et ça semblait difficile d'avoir une
bonne qualité de service, d'avoir un bon suivi et d'être capable d'avoir une
relation adéquate avec Revenu Québec pour
que ce soit au niveau des remises de taxes, des remises au niveau des impôts,
etc., et toutes les relations que nos entrepreneurs ont avec Revenu
Québec.
Donc,
suite aux irritants qui ont été répertoriés, suite au travail qui a été fait
avec le comité permanent — malheureusement, je ne
siège plus sur le comité depuis la fin février 2016, mais je sais que le comité
est toujours en vigueur — où on en est rendu, chez
Revenu Québec, face à ces irritants? Qu'est-ce qui a été mis en place et
comment on voit le futur dans le but d'améliorer
cette relation avec nos entrepreneurs sur le terrain, dans le but de faciliter
le développement de nos entreprises, dans le but de faciliter la
création d'emplois de partout au Québec et que Revenu Québec soit un partenaire
de notre développement économique et non,
comme certains entrepreneurs m'ont dit, un frein au développement économique?
• (20 h 40) •
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : M. Ducharme.
Le Président (M. Bernier) :
M. Ducharme.
M. Ducharme
(Éric) : Merci. Premièrement, j'ai oeuvré plus de 20 ans au ministère des Finances dans
les politiques aux entreprises, politiques économiques, développement
économique, ça fait que,
ma vision du développement économique, je
l'amène à Revenu Québec avec moi. Puis à l'été dernier le gouvernement du Québec a adopté un nouveau plan d'action gouvernemental pour l'allègement réglementaire où Revenu Québec, là, s'engage à
mettre 10 % de plus de réduction, d'allègement
réglementaire par plusieurs mesures qu'on va mettre en place. Il y a
19 actions propres à Revenu Québec, qui se divisent en six mesures
générales du plan d'action.
Donc, un premier
élément, c'est de tirer parti des nouvelles technologies pour améliorer l'offre
de services aux entreprises, donc
toute la prestation électronique de services, mieux communiquer avec les
entreprises, leur donner un... avoir
un dossier propre à chaque entreprise, accessible via... électronique pour
savoir où elles en sont, avoir des alertes par courriel pour savoir que vous êtes à cinq jours de produire ou...
Donc, il y a plusieurs des éléments, là, au niveau des technologies, qui
vont être amenés par ça. Il y a toute la simplification de l'administration de
la fiscalité qui est un objectif qu'on veut poursuivre dans les prochaines
années. Donc, à titre d'exemple, c'est tout l'aspect jumeler la déclaration relative à l'impôt minier et la
déclaration de revenus des entreprises. Depuis que, maintenant, on administre
le régime minier, bien, les entreprises
doivent remplir deux rapports. Donc, il y en aura juste un à l'avenir. Des
capsules vidéo éducatives pour dire
aux gens comment procéder puis quelles sont leurs obligations, les entreprises.
Donc, il y a plusieurs éléments. Il y
a aussi soutenir et accompagner les entreprises pour favoriser le respect
volontaire des obligations fiscales,
aussi améliorer le processus de vérification fiscale des entreprises. Donc, on
a plusieurs mesures en action dans le
nouveau plan d'allègement réglementaire pour réduire la... ou améliorer la vie
des entreprises dans leurs relations avec Revenu Québec.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. Ducharme. Oui, M. le ministre.
M. Leitão :
Peut-être rajouter à cela que... Je ne veux pas être trop négatif, mais il faut
être réaliste. C'est-à-dire le régime fiscal, de par sa nature même, est
compliqué, et les règles doivent être claires, donc, comme on dit en chinois,
«rules-based». Et des fois ça peut sembler
un peu trop complexe, mais, les règles, il faut qu'elles soient claires pour
que tout le monde puisse les suivre.
Donc, bien
sûr que Revenu Québec va continuer de simplifier ses processus, mais il y aura
toujours un fond de conformité qui va
être requis. Et l'enjeu, à mon avis, bien sûr, c'est un enjeu opérationnel chez
Revenu Québec, mais c'est un enjeu
gouvernemental, parce que souvent... nous avons toujours de très bonnes idées
pour de nouvelles interventions, de
nouveaux moyens de stimuler ceci et stimuler cela, de nouveaux crédits d'impôt
comme ci, de nouveaux crédits comme... donc
il y a toujours une pression pour augmenter la complexité du système en même
temps qu'on veut le simplifier. Donc, ça,
c'est une tension politique permanente. Et Revenu Québec doit suivre ce que le
gouvernement leur demande de faire. Alors, c'est une bataille qu'ils
devront mener continuellement.
Le
Président (M. Bernier) : Ce que vous nous dites, M. le ministre,
c'est que c'est un mal nécessaire. C'est ça?
M. Leitão : Je ne voulais pas
utiliser de tels termes, mais...
Le Président (M. Bernier) : Et
ça, ce n'est pas en chinois, c'est en québécois. Allez-y, M. le député de
Trois-Rivières.
M. Girard :
Effectivement, c'est un mal nécessaire et c'est complexe. Mais ce qui revenait
souvent aussi auprès des
entrepreneurs, c'était la qualité du service à la clientèle, c'est que c'était
difficile d'avoir des réponses à nos questions. Et les entrepreneurs veulent de l'accompagnement parce qu'effectivement
c'est complexe. Et, lorsque, par téléphone, on parlait de notre dossier, qu'on voulait avoir un accompagnement, un coup
de main chez Revenu Québec, ça semblait être difficile, et la qualité du service à la clientèle semblait être
couci-couça, au niveau des entrepreneurs. On parle de consultations, là,
qui ont eu lieu en 2014‑2015.
Est-ce qu'il y
a des choses qu'ils ont mises en place? Est-ce qu'on a travaillé à améliorer le
processus, principalement pour
l'accompagnement? Parce que c'est sûr que, bon, l'impôt, il faut le faire,
effectivement, c'est un mal nécessaire, ça ne peut pas être simple, on
n'a pas le choix, là, il y a quand même certaines règles à respecter, il y a quand même une certaine complexité. Mais comment
on peut faire pour bien accompagner l'entrepreneur, surtout quand on a des PME et que l'entrepreneur, qui a 10, 12,
15 employés, souvent c'est lui qui s'occupe de toute sa paperasse au
niveau fiscal, c'est lui qui s'occupe de
traiter avec Revenu Québec, il fait ça en fin de journée ou très tôt en début
de journée, et ce n'est pas toujours évident pour lui de traiter et de
comprendre la complexité de Revenu Québec, il a besoin d'un accompagnement? Et c'était souvent la qualité du
service à la clientèle qui était remise en cause par les entrepreneurs. Est-ce qu'il y a des choses qui ont été faites à
ce niveau-là? Si oui, lesquelles? Et, sinon, est-ce que Revenu Québec planche
sur quelque chose pour améliorer la qualité
du service à la clientèle à nos entrepreneurs sur le terrain afin de pouvoir
mieux les accompagner avec Revenu Québec?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão : M. Ducharme.
M. Ducharme
(Éric) : Dans notre planification stratégique, l'orientation 1.1,
c'est offrir des services simples, accessibles
et fiables, et c'est simplifier les démarches de la clientèle ainsi que
poursuivre l'allègement réglementaire et administratif et aussi assurer
la qualité de l'information donnée aux citoyens et aux entreprises.
Au niveau des
entreprises, on a entrepris et on vient de mettre en place, au 1er avril
dernier, le virage entreprise. On a revu, on a restructuré l'ensemble du
secteur des entreprises à Revenu Québec, où on avait... comme objectif du
projet, c'est de renforcer la qualité des services offerts aux entreprises et
aux représentants des entreprises, améliorer l'efficience,
l'organisation. On a révisé l'ensemble de nos activités de contrôle fiscal pour
renforcer la conformité fiscale volontaire puis aussi moderniser les
modes de prestation de services en les adaptant aux besoins de la clientèle et
des mandataires.
Ce qui a été
fait, c'est qu'on a divisé, maintenant, nos façons de faire entre PME et grande
entreprise. Donc, il y a des secteurs
voués aux PME, dorénavant, à Revenu Québec, et des gens... des experts en PME,
et il y a aussi des équipes d'experts
en grande entreprise. Pour les PME, bien, ça va permettre de connaître, au
niveau de nos gens, tant au service à la clientèle qu'en vérification,
les spécificités de certains secteurs, les spécificités des petites entreprises
dans ces secteurs-là. Donc, je pense qu'il y
a un gain important. Puis, pour la grande entreprise, on a des chargés de
compte, dorénavant, donc des gens qui
vont être capables d'établir comment les vérifications vont se faire, ils vont
discuter avec l'entreprise comment ça
va être fait, pour éviter qu'il y ait des gens qui se présentent à tout moment,
sur plusieurs sujets différents, à une grande entreprise, puis de causer
des problématiques, là, au niveau du suivi et des pertes de temps, là.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Girard :
On n'aura pas beaucoup de temps, mais je veux quand même qu'on aborde les
délais de paiement de crédit d'impôt
dans certains secteurs, on parle de R&D ou d'innovation. On sait qu'il y a
des crédits qui existent au niveau du
fédéral et au niveau du provincial qui sont administrés, souvent, par Revenu
Québec. Ce qu'on me mentionne comme information, c'est que, dans certains cas,
le fédéral, on parle de deux mois, trois mois, et au niveau du provincial
on parle de neuf mois, 12 mois, c'est
très, très long. Et, pour certaines PME, ce sont des montants qui sont quand
même appréciables. Ce sont des
liquidités, des liquidités qui sont importantes. Si l'entreprise n'a pas ses
crédits d'impôt dans un délai
raisonnable, l'entreprise doit travailler sur une marge de crédit, doit, dans
certains cas, peut-être dire non à un contrat parce qu'elle n'a pas les liquidités pour pouvoir le respecter tant et
aussi longtemps que les retours ne sont pas rentrés.
Donc, ça, ça semblait être un irritant, au
niveau des délais de paiement de certains crédits d'impôt. Est-ce qu'il y a du
travail qui a été fait à ce niveau-là? Où on en est rendu au niveau des délais
de traitement?
Le
Président (M. Bernier) : Il reste environ 10 secondes,
M. Ducharme. Ce que je vous suggère, c'est qu'on puisse répondre à
la question...
Une voix : ...
Le Président (M. Bernier) :
Pardon?
Une voix : 180 jours.
Le
Président (M. Bernier) : 180 jours? Bien, c'est parfait, on tombe
exactement dans les temps. M. le député de Sanguinet, la parole est à
vous.
• (20 h 50) •
M. Therrien :
Merci, M. le Président. Oui, écoutez, le dernier bloc, je vais le consacrer,
là, à ce qu'on entend beaucoup de
Revenu Québec, je sais que le... Bien, d'abord, le député de Pontiac en a parlé
un petit peu au début de son intervention, le député de Granby en a
parlé aussi. C'est la réputation de Revenu Québec, sa façon de faire.
Je sais que l'an passé... Honnêtement, il me
semble que je n'étais pas avec vous autres, l'année passée, il me semble,
là, et puis je n'étais pas intervenu
là-dessus parce que, bien, je n'étais pas là. Bon. Puis c'est vrai que ça avait été
médiatisé beaucoup, on en avait beaucoup parlé. Puis ce que je comprends du député de Granby, c'est que l'année passée il en avait
parlé beaucoup. Je me trompe-tu ou... C'est ça?
Par contre,
cette année, moi, je fais le tour du Québec avec deux de mes collègues, puis on rencontre beaucoup d'entreprises, on essaie de... un peu ce que vous avez fait
aussi, là, de votre côté, tu sais, l'allègement réglementaire. Puis, tu sais, s'il y a un aspect qui... sur lequel
toutes les parties travaillent, je pense que c'est là-dessus. Hier, j'étais
avec la ministre puis je pense qu'il
y a des choses qui se sont faites, puis on est capables de l'avouer, là. Mais
c'est sûr qu'on est toujours à la recherche d'améliorations, le plus
possible. Puis nous, on insiste beaucoup là-dessus.
Mais ce qu'on
entend, là, systématiquement, c'est des histoires d'horreur, sur Revenu Québec, des gens qui sont poussés
à la faillite — je
vous dis ce que j'entends, O.K., pour vrai — des gens qui sont poussés à
la faillite, Revenu Québec très intransigeant, arrive avec des avis de
cotisation très élevés, peu enclin à la discussion, moins flexible que Revenu Canada. Pour un
souverainiste comme moi, là, de dire que Revenu Canada, à quelque part,
est meilleur que Revenu Québec... sur
certains aspects, attention, là, je ne jetterai pas le bébé avec l'eau du bain,
là, sur certains aspects, limités, à
quelque part, on pourrait apprendre d'eux autres, mais ça se limite à ça, là,
tu sais, il ne faut pas exagérer, là. Alors donc, moi, j'entends ça. Et puis on parle de
harcèlement, ça, c'est ce que je vous dis, mais je ne veux pas vous entendre
sur le harcèlement, là, parce que, tu
sais, vous allez me dire que c'est des ouï-dire, puis, bon : As-tu des
preuves?, puis : As-tu des photos?
Mais, les
bonis puis la politique agressive, bien, on regarde à la question 40, à la
page 169, sur les renseignements généraux,
à la page 169 vous avez des bonis qui sont cadres, professionnels,
techniciens, là, ventilés de cette façon-là. On a remarqué, cette année, une augmentation de 7,3 %. Je sais que
l'année passée ils en avaient parlé beaucoup, là, que les gens qui faisaient des cotisations étaient
stimulés par l'appât du gain techniquement, supposément, entre guillemets.
Vous m'avez dit que vous avez fait des
recherches, puis je vous crois. On vous connaît de réputation, là, on sait que
vous ne dites pas n'importe quoi, là. Vous me dites... Non, pour vrai,
là. Ce n'est pas la première fois qu'on vous voit en commission, là. Puis, tu sais, vous dites : Bien, on a vérifié.
Sauf que, quand tu vois une augmentation de 7,3 % des bonis ou des primes de rendement, moi, je veux savoir,
un, c'est quoi, ça, un boni, une prime de rendement? Si, mettons, là, après ma carrière politique, là, je décide d'aller
à Revenu Québec, là, puis j'aime ça, moi, les bonis, j'aime ça, des bonis, là,
est-ce que... C'est quoi? Comment je peux
avoir des bonis à Revenu Québec? Puis, deuxième des choses, pourquoi ça a
augmenté?
M. Leitão : Peut-être, avant
que M. Ducharme réponde...
Le Président (M. Bernier) :
Allez-y, M. le ministre.
M. Leitão :
J'aimerais aussi, suite à une question qui a été posée par notre collègue le
député de Rousseau ce matin... Concernant
la privatisation de l'entreprise Canam, il avait certaines questions au sujet
de la publication des documents. On avait dit qu'on aurait la réponse ce
soir. Donc, j'aimerais justement déposer la réponse à la question du collègue.
Document déposé
Le Président (M. Bernier) :
C'est beau. M. Ducharme...
M. Therrien :
Le ministre, il est assez habile, il prend mon temps pour déposer ses affaires.
Vous êtes un être exceptionnel.
Le Président
(M. Bernier) : Oui, mais je vous redonne... Mais, monsieur...
M. Therrien :
J'imagine que le président va en tenir compte et puis que son secrétaire va
prendre le temps du...
Le
Président (M. Bernier) : M. le député de Sanguinet, je redonne
toujours le temps, ce temps-là, au niveau des députés de l'opposition.
M. Leitão :
Alors, il peut venir le chercher? Je veux déposer ça, il faut que je le dépose quelque
part.
Des voix :
...
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. Ducharme, à la question, s'il vous
plaît.
M. Ducharme
(Éric) : Bien, en débutant,
là, il y a des changements importants à Revenu Québec, là, depuis un an. Même la Protectrice du citoyen, dans son dernier rapport, a dit que Revenu Québec était sur la bonne voie puis qu'il y avait des changements. Donc, les entreprises sur le
terrain vont voir des changements. Donc, pour dissiper tout doute par rapport à ce qui peut se dire par ces
entrepreneurs-là, il y a des déclarations d'impôt qui sont faites aujourd'hui par les entreprises, puis,
avec la charte qu'on a déposée, avec le plan d'action, bien, on fait de la
formation auprès de nos vérificateurs,
on fait de la formation auprès de nos services à la clientèle et on
change nos façons de faire.
Pour
ce qui est des bonis, comme je répondais tout à l'heure, le syndicat des
professionnels du gouvernement du
Québec a... c'est possible d'avoir des bonis dans leur convention collective,
et les bonis sont liés à la complexité des mandats, à l'importance des dossiers confiés, à l'action ou
aux réalisations de la personne en termes de difficulté dans ses dossiers, la rapidité
d'exécution, la satisfaction élevée, c'est tous des éléments qui peuvent être
considérés pour donner un boni.
Comme
je le disais tantôt, au niveau de la vérification, c'est seulement
74 bonis qui ont été donnés. Puis, si je ne me trompe pas, un boni, c'est à peu près... c'est 2 500 $ pour
un vérificateur, là, pour un professionnel au gouvernement du Québec,
là, c'est partout dans la fonction publique, au maximum de l'échelle. Donc, ce
n'est pas des montants astronomiques, là, ce
n'est pas ça qui va faire que quelqu'un va commencer à cotiser au maximum. Puis
d'ailleurs ce n'est pas un critère
pour donner des bonis, à Revenu Québec, la valeur des cotisations qui sont
faites par les gens, c'est la qualité des dossiers, puis on l'a vérifié
en allant voir l'ensemble des bonis qui ont été donnés depuis 2012.
M. Therrien :
Bien, écoutez, ce qui me plaît, c'est que vous dites qu'il y aura une
amélioration, que les gens vont s'en apercevoir.
Parce que, tu sais, le Protecteur du citoyen, là, a été assez dur avec vous...
bien, pas avec vous mais avec Revenu Québec, là, et puis, si vous me
dites que ça a changé, depuis un an, vous m'en voyez ravi.
Mais,
vous savez, quand les cotisations sont contestées, il y a 43 % des
contestations qui ne sont pas maintenues. Ça, ça veut dire qu'à quelque part on arrive dans l'entreprise puis on
t'envoie ça solide, puis, tu sais, quand on fait des vérifications après, bien, on s'aperçoit que... là
je pèse mes mots parce que je ne veux pas accuser personne, mais qu'à
quelque part le travail ne tient pas la rampe. Si c'est comme ça, si 43 %
de ce qui a été fait comme travail n'est tout simplement
pas maintenu quand vient le temps de vérifier, peut-être qu'à quelque part...
Parce que, là, ça, je n'ai pas... j'ai pris l'information, là, si vous ne me
croyez pas, là, à renseignements particuliers, à la page 29. Bon. Puis je
pense que vous le savez. Je pense que ça, puis je pèse mes mots, c'est
un signe qu'à quelque part vous y allez pas mal fort.
Le Président
(M. Bernier) : M. Ducharme.
M. Therrien :
Alors, c'est juste un commentaire. Si vous voulez... Mais je vous permets d'en
rajouter, là, ou de... Moi, ce n'est
pas une question, c'est un commentaire, mais vous avez le droit, là, de
riposter à ça, là, comme vous voulez, là.
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
En fait, je pourrais ajouter comme commentaire, moi aussi, que le Protecteur du
citoyen... enfin, la Protectrice du citoyen a aussi, dans son rapport
subséquent, noté une amélioration significative des relations entre Revenu Québec et les citoyens. Elle avait, en
2015, un rapport assez problématique. Par la suite, une amélioration a été
notée.
M. Therrien :
Donc là... En tout cas, je vous parle des chiffres de 2016‑2017. Je comprends...
Moi, j'ai bon espoir, là, je me
dis : Écoute, vous êtes... Tu sais, je veux dire, les gens qui sont à
Revenu Québec, ce n'est pas des imbéciles, là. À quelque part, ils font un travail... Puis là il y a des ratés
majeurs, puis j'imagine qu'ils vont s'améliorer, là. Mais ça, c'est problématique, puis c'est les chiffres de
2016‑2017. Autre chose, c'est un aveu de culpabilité. C'est que, moi, à un
moment donné, mon entreprise, ils me
disent : On va te cotiser pour 75 000 $ ou 80 000 $,
puis après vérification on dit : Bien,
finalement, c'est 15 000 $, mais, si tu signes pour
15 000 $, tu avoues ta culpabilité, tu es considéré comme fraudeur
après.
Le Président (M. Bernier) :
M. Ducharme.
• (21 heures) •
M. Therrien : Ça,
je ne sais pas si vous allez faire les changements là-dessus.
M. Ducharme
(Éric) : Il faut faire attention. Oui, je l'ai dit, on revoit nos
façons de faire. Par ailleurs, votre 43 %, c'est 43 % du 1,4 % des dossiers où il y a un avis
d'opposition. Puis souvent, dans l'avis d'opposition, quand il y a une analyse par nos gens des oppositions, les
contribuables amènent des nouvelles données qui font qu'on peut changer notre
avis, parce que ces données-là n'avaient pas
été déposées à temps au vérificateur. Ça fait qu'il y a du plus puis il y a du
moins dans ces dossiers-là, là, on ne peut
pas généraliser. Bon, par ailleurs, les oppositions, c'est là pour ça, c'est
pour permettre aux gens d'avoir un deuxième avis par rapport à leur
dossier, là.
Bon, deux, la charte, il y a aussi un bureau de
la protection des contribuables qu'on a mis en place, qui est un organisme indépendant des secteurs de
vérification, où, là aussi, on peut
faire des plaintes. Il y a eu une baisse de... il y en avait
3 400 qui ont été faites en 2015‑2016 et 2016‑2017. On a réduit, on est
rendus à 2 800, là. Donc, on a baissé de 600 plaintes, sur la période,
avec l'ensemble des gestes qu'on a posés.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M.
Therrien : Oui. En
tout cas, écoutez,
je comprends bien ce que vous me dites, c'est une part d'explication que moi, je trouve intéressante, là, par rapport au 43 %. Ce que vous me dites, là, c'est que... Il y a combien
de pourcentage de personnes
qui vont... Vous avez dit que c'est...
M. Ducharme (Éric) : 1,45 %.
M.
Therrien : Ça fait
que c'est sûr que, là, ça met les choses dans leur contexte, là, mais...
M.
Ducharme (Éric) : Ça fait
qu'on est à... on va être à 0,7 % de l'ensemble de nos travaux qui
pourraient être non maintenus, là.
M.
Therrien : O.K.
Combien qu'il me reste de temps?
Le Président (M. Bernier) :
Il vous reste 5 min 40 s.
M.
Therrien : Écoutez, je vais terminer avec quelque chose, M. le ministre, que vous avez dit hier et puis je vais
revenir aussi par rapport à Revenu Québec.
Vous savez, au Québec, il faut payer nos impôts.
Vous êtes là pour nous le rappeler et puis vous n'êtes pas nécessairement
très sympathique quand on ne le fait pas, bon, tu sais, c'est un peu comme
Matthieu dans la Bible, là, tu sais, ce
n'était pas l'ami des citoyens de la ville, c'est pour ça qu'il avait de la
misère à se faire accepter de sa gang quand il s'est converti à Jésus. Bon. Mais ça, c'est une autre histoire... Quand
tu n'as pas beaucoup de culture, tu l'étends. Alors là,
écoutez, donc, vous êtes notre Matthieu, alors c'est sûr que...
Une voix : Selon le député de
Sanguinet.
M.
Therrien : C'est sûr que, percepteur, vous avez un travail à
faire. Puis, tu sais, les gens, ils vous trouvent un peu durs, puis vous l'avez un peu avoué, dit :
Bien, écoutez, le Protecteur du citoyen nous a dit qu'on
s'améliorait, ainsi de suite. Je
pense qu'il faut qu'on entende ça, parce que c'est inquiétant... Quand on
rencontre des gens, ils nous rappellent beaucoup que vous avez les dents longues.
Bon, ceci
étant dit, c'est l'équité fiscale, il faut payer nos impôts. Moi, j'ai
travaillé avec mon collègue le président de la Commission des finances publiques pendant... bien, j'ai
travaillé un petit bout, je n'ai pas été tout le temps là, c'était
plus le député de Rousseau, mais,
tu sais, j'ai souligné le travail exceptionnel du président. Et, par rapport
aux paradis fiscaux,
on a déposé un rapport. Et, dans ce rapport-là, bien, par souci d'équité
fiscale, par souci de votre travail que vous faites puis de le faire accepter des gens le plus possible, on s'est
dit : Bien, il faut que tout le
monde fasse sa part et il faut
absolument que l'accès aux paradis fiscaux devienne de plus en plus difficile.
Et, dans ce rapport-là, je vais juste vous citer...
Puis là vous allez comprendre, M. le ministre. Puis vraiment, M. le ministre, je ne veux pas vous mettre en boîte. Ce n'est pas ça, le but,
pantoute, là, O.K.? C'est parce que... c'est juste par souci de cohérence que je vais soulever ça, O.K., je
mets mes gants blancs, là, O.K.? Bon. Dans le rapport de la commission,
c'est ce qu'on demande : «Que le gouvernement du Québec :
«Demande à la
Caisse de dépôt et placement de
réduire progressivement ses investissements dans les entreprises qui font de l'évitement fiscal abusif ou de l'évasion
fiscale. Que la Caisse de dépôt et placement du Québec fasse état de cette
opération dans son rapport annuel.»
Ensuite, il
dit, le numéro 20 : «Demande à la Caisse de dépôt et placement du
Québec d'exiger des entreprises dans
lesquelles ses placements sont significatifs et lui permettent en conséquence
d'influer sur la gouvernance de cesser d'avoir recours aux paradis
fiscaux.»
Ça, autrement
dit, on veut... bien, on veut... Ça, c'est tous les partis qui ont participé à
ça. Moi, je souligne le travail exceptionnel
du président. Puis je lui ai dit personnellement, là, ce n'est pas du... je ne
suis pas flagorneur, ce n'est pas mon
genre, mais, quand les choses sont bien faites, il faut le dire. Et hier, M. le
ministre, quand je vous ai entendu dire : Bien, écoutez, on... bon, vous avez dit, là... puis, regarde, je ne veux
pas revenir exactement sur les mots, je ne veux pas vous ramener tout ça, là, mais vous avez dit, en
gros, que vous ne voyiez pas de problème à ce que la Caisse de dépôt soit
dans les paradis fiscaux. Ça fait que ça
vient un peu à l'encontre. Puis c'est un peu pour ça qu'on a fait un rapport,
tu sais, comme
pour dire, tu sais... Non, non, mais, regardez, on a fait le rapport pour qu'on
se conscientise, pour se dire : Bien, écoutez, les paradis fiscaux, ce n'est pas correct, puis, les outils
qu'on a, on peut-u les utiliser pour diminuer l'ampleur des paradis fiscaux au Québec? On veut faire en sorte
que les gens s'aperçoivent de ça. Pourquoi? Parce que les gens qu'on rencontre puis qui disent : Nous autres, là,
on est tannés de se faire écoeurer par Revenu Québec... Les grosses compagnies
qui vont à l'étranger, là, qui ne paient pas
d'impôt pour x raisons, eux autres, comment ça se fait qu'ils ne paient pas
d'impôt, puis, moi, ils viennent
m'écoeurer pour 10 000 $? Puis je connais... Mon frère Roger, bien,
lui, il a été obligé de fermer sa compagnie. Ça fait que ça, ce n'est
pas de l'équité fiscale, ça.
Ça fait que vous,
vous faites un travail qui va, à quelque part, en opposition avec la leçon
qu'on peut tirer de l'action de la Caisse de
dépôt et placement par rapport aux paradis fiscaux. Et le travail de la commission, c'était justement pour
convaincre le ministre des Finances, qui a une importance capitale dans le jeu de l'évitement fiscal... Bien, je
reprends, parce que, là, c'est un peu... Il a une importance capitale
dans le travail qu'on peut faire contre l'évitement fiscal ou l'optimisation
fiscale, appelez ça comme vous voulez, à travers, justement, l'action qu'il
peut poser face à la Caisse de dépôt.
Là,
je ne sais pas comment poser ma question, parce que je ne veux pas vous mettre
en boîte, là, je veux juste vous entendre
là-dessus. D'un côté, il y a le ministre qui nous dit : Écoutez, la Caisse
de dépôt... Puis, dans le fond, il peut dire : Bien, la Caisse de dépôt est indépendante, et
donc, si elle fait ça, ce n'est pas notre problème. Mais, d'un autre côté, on a
Revenu Québec qui travaille très fort pour
aller faire en sorte que les gens qui doivent payer de l'impôt en paient. Moi,
je vois une contradiction. Je vois
qu'il n'y a pas de concertation et de cohérence dans l'action de ceux qui nous
gouvernent, et ça, ça m'inquiète. C'est un commentaire.
Combien il me reste
de temps?
Le Président (M.
Bernier) : 40 secondes.
M.
Therrien : Je veux vous laisser commenter. C'est un
commentaire que je fais. Et c'est un clin d'oeil sympathique que je vous fais, M. le ministre, parce que j'ai
bon espoir qu'avant les élections vous allez intervenir positivement et qu'on
va vous applaudir.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député de Sanguinet. Donc, M. le
ministre, vous avez une trentaine de secondes...
M. Leitão :
Une trentaine de secondes. Je pense qu'on prendra le temps, parce que c'est
important.
Le Président (M.
Bernier) : ...déborder.
M.
Leitão : Et ça va vous surprendre, que je suis d'accord avec la
plupart de ce que vous avez dit. Pas tout, pas tout, quand même, mais avec la plupart de ce que vous avez dit. Et je
pense que, depuis hier, il y a un grand malentendu dans toute cette
question-là, un très grand malentendu, et je pense que c'est nécessaire de
clarifier les choses.
La Caisse de dépôt et
placement du Québec est une entité qui est exempte d'impôt, donc la caisse ne
paie pas d'impôt, comme, d'ailleurs, tous
les autres fonds de pension, pas seulement la caisse. Donc, la caisse, par
définition, ne fait pas de l'évitement fiscal parce qu'elle ne paie pas
d'impôt, elle n'a pas à faire de l'évitement fiscal.
Deuxième
chose que j'aimerais dire : La Caisse de dépôt et placement n'investit pas
dans des entreprises qui font de l'évitement fiscal. C'est ça, la grande
confusion qui plane un peu ici. Ce que la Caisse de dépôt et placement fait,
c'est de structurer ses investissements dans des entreprises... Les
entreprises paient de l'impôt, là. Ça, la caisse ne fait pas d'affaires avec
des entreprises qui ne paient pas d'impôt.
Cependant,
dans certaines juridictions, les revenus de placement, les revenus de placement
de la Caisse de dépôt seraient imposables parce que ces juridictions ne
reconnaissent pas... n'ont pas d'accord comme ce que nous avons avec les États-Unis, avec certains pays européens.
Alors, pour éviter une double taxation, ce que la Caisse de dépôt et placement fait dans ces cas-là, les entreprises,
elles paient de l'impôt, mais la caisse structure ses investissements pour
que ses revenus de placement ne soient pas
imposables. Donc, c'est là qu'il se trouve... C'est pour ça que, j'avais dit
hier, et je l'ai répété aujourd'hui,
je n'ai vraiment pas de problème avec la politique de placement de la Caisse de
dépôt, parce qu'elle s'assure qu'elle
ne fait pas affaire avec des entreprises qui fraudent le fisc, avec des
entreprises qui ne paient pas leurs
impôts, avec des entreprises qui font de la planification fiscale abusive.
C'est seulement une façon de structurer ses investissements pour que ses
revenus de placement ne soient pas imposables, c'est de ça qu'on parle ici.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Pontiac.
M. Fortin
(Pontiac) : ...Pontiac, s'il vous plaît.
Le Président (M.
Bernier) : Oui, M. le député de Pontiac.
M. Fortin
(Pontiac) : Très bien. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bernier) : Je n'ai pas dit : M. le député de Chevrolet, j'ai
dit : M. le député de Pontiac.
M.
Fortin (Pontiac) : J'avais compris «Trois-Rivières», je pensais que
vous faisiez référence à mon collègue à côté.
Une question
bien simple parce que je veux reprendre certains des propos de mon valeureux
collègue d'en face, le collègue de Sanguinet.
Une voix : Valeureux?
• (21 h 10) •
M. Fortin
(Pontiac) : Bien, il lance des fleurs à tout le monde depuis tantôt,
on peut bien lui en lancer une toute petite, hein?
Il a raison,
j'ai, moi-même, fait référence un peu plus tôt au fait que plusieurs
entrepreneurs ont l'impression que ce
n'est pas toujours aussi simple que ça devrait l'être, faire affaire avec
Revenu Québec. Vous nous avez parlé, messieurs, des changements qui sont en cours de route à Revenu Québec. Le député de
Sanguinet a utilisé l'exemple d'entrepreneurs qui se sont confiés à lui et il y est allé un peu plus fort, il a dit
que peut-être Revenu Québec y allait un peu fort dans ses interventions,
disons, si je ne m'abuse, si j'interprète bien ses propos.
Son chef, par
exemple, son chef est allé beaucoup
plus loin par rapport à ce que Revenu
Québec... son impression de Revenu
Québec et de comment il traite les
entrepreneurs, sur le site Web du chef — et,
puisque je n'ai pas le droit de le nommer, je vais l'épeler — j-f-l-i-s-e-e,
point org.
Une voix : Org?
M. Fortin
(Pontiac) : Oui, org, o-r-g,
exactement comme ça. Sur son site Web, il fait lui-même
référence à ce qu'il appelle la
culture du racket chez Revenu Québec. «Culture du racket», c'est fort comme terme,
«culture du racket». Ma définition à
moi d'un racket, là, c'est un acte délibéré pour flouer quelqu'un, pour
s'approprier l'argent qui n'est pas le nôtre.
Alors, je
veux vous entendre là-dessus, parce que le terme «racket» est extrêmement fort. Alors, je veux m'assurer d'avoir
une réponse claire par rapport à vos impressions tant chez Revenu Québec que de la part du ministre là-dessus.
Le Président (M. Bernier) :
M. Ducharme, M. le ministre.
M. Leitão : M. Ducharme.
Le Président (M. Bernier) :
M. Ducharme.
M.
Ducharme (Éric) : Bien,
comme je l'ai dit à plusieurs reprises ce soir, il y a des changements importants
qui sont apportés à Revenu Québec. On a bonifié nos façons de faire. On
veut renforcer nos liens de confiance avec les clientèles. Donc, au cours de la dernière année, par l'ensemble
des gestes qu'on a posés, c'est l'objectif qu'on se donnait. On veut améliorer de façon concrète nos relations avec les
contribuables afin qu'elles soient basées sur la confiance, la transparence, pour favoriser les échanges et la coopération. On veut que la
clientèle respecte ses obligations fiscales sur une base volontaire pour
lui éviter ainsi de payer des pénalités et des intérêts.
Ma carrière au ministère des Finances en développement
économique, bien, je l'amène avec moi à Revenu Québec, puis c'est cette
expérience-là puis la vision du développement
économique, là, que je veux amener au
sein de Revenu Québec pour qu'on ne se limite pas à percevoir des
impôts et des taxes, mais qu'on puisse faire du développement économique avec les entreprises, donc les aider à se
conformer puis aussi à s'autocotiser elles-mêmes. Donc, c'est une vision d'une organisation proactive, qui
est présente sur le terrain pour appuyer les entreprises et non pour freiner
leur croissance.
Donc, ce
qu'on a fait, c'est la charte du contribuable, dans le plan d'action, un
programme d'accompagnement pour les
nouvelles entreprises. On a aussi mis en place un virage entreprise de façon à
spécialiser nos équipes au niveau des
PME ou des grandes entreprises. Donc, il y a beaucoup d'éléments qui sont
en place pour changer nos façons de faire.
Puis, comme
on le disait, bien, le Protecteur du citoyen, dans son rapport de septembre
2016, a salué les actions réalisées
par Revenu Québec, a même mentionné les impacts positifs sur le
terrain et a déclaré devant la presse que ce n'était pas rien, le
changement de culture qui s'opérait à Revenu Québec. La FCEI aussi, dans les
mêmes jours, s'est également dite heureuse des avancées concernant l'amélioration des façons de faire de Revenu
Québec à la suite de la
publication du rapport du protecteur.
Donc, c'est
une nouvelle vision, une justesse de notre vision qui vient par l'ensemble
des gestes qu'on a posés au cours de la dernière année. Ça fait que très
étonné du langage ou de ce qu'on nous donne comme façons de faire, à Revenu
Québec.
M. Fortin (Pontiac) : Ça me va,
monsieur...
Le Président (M. Bernier) :
Si vous permettez, on va demander à M. le ministre s'il veut ajouter.
M. Fortin (Pontiac) : Oui. Très
bien.
M.
Leitão : En fait, juste
ajouter quelque chose. Parce que, comme on a dit déjà avant, M. Ducharme l'a
dit, moi aussi, notre objectif c'est
d'augmenter le niveau d'autocotisation. Donc, notre système
fiscal, en fin de compte, repose sur la confiance, alors ce serait complètement contre-productif si on avait un système qui irait à l'encontre
de la confiance. Donc, nous, tout ce
que nous voulons faire, tout ce que Revenu
Québec veut faire, c'est de mettre en
place les moyens pour continuellement
améliorer la confiance des citoyens, des contribuables dans le système
pour qu'ils s'autocotisent. Alors,
c'est contre-productif, contre nature de penser qu'une autorité fiscale va agir
de la façon dont ça a été décrit par notre
collègue de Pontiac, citant, bien
sûr, d'autres personnes. Écoutez,
nous n'avons qu'à regarder ce qui se passe dans d'autres sociétés, dans d'autres pays où la population,
les contribuables ont perdu confiance dans l'intégrité de l'autorité fiscale et où l'évasion fiscale est en forte
hausse. Alors, nous, pour diminuer, pour réduire, pour contrer l'évasion
fiscale, c'est dans notre propre intérêt d'avoir une autorité qui est le
plus efficace et le plus conforme aux règles possible.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de...
M. Fortin
(Pontiac) : ...rapidement, avant de céder la parole à mon collègue
d'Orford, entre les propos du Protecteur du
citoyen que nous a rapportés M. Ducharme à l'instant et les propos que tient le
chef de l'opposition, je pense qu'on sait où se loger dans cet argument-là. Je vous remercie d'avoir
dit ce que vous avez dit. Moi, je n'ai aucune raison de croire que les employés de Revenu Québec sont quoi que ce soit sauf professionnels, qu'ils mettent leur énergie au
service de Revenu Québec mais également du contribuable québécois. Merci.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : Merci, M. le Président. Je ne pouvais pas avoir une plus belle introduction à ma question,
une plus belle transition que ce que
le ministre vient de dire en parlant d'autocotisation, de
confiance, parce que je voudrais qu'on parle des mesures innovantes et
des changements qui se font en termes de... enfin, pour aller vers une bonne
conformité fiscale mais avec comme toile de
fond le système de contrôle au sens large. Parce que le contrôle,
souvent, quand les gens pensent
contrôle, ils pensent juste à la chasse aux fraudeurs ou des choses comme ça.
C'est beaucoup plus large que ça. Et les contrôles modernes sont beaucoup plus positifs et dynamiques, qui ressemble... ou
qui mène à de l'autocotisation, dans le cas de Revenu Québec.
La
mission de Revenu Québec est de percevoir des impôts et des taxes tout en
s'assurant que chacun paie sa juste part.
Ça, c'est très difficile à faire en sorte que tout le monde pense ça parce
qu'à chaque fois qu'on paie de l'impôt, surtout si on en a un
petit peu plus à payer, quand on fait
notre rapport d'impôt, on pense qu'on en paie trop ou on en paie plus que les
autres. Mais, enfin, c'est la mission.
Et annuellement les
recettes que l'organisation remet au gouvernement s'élèvent à plus de 100 milliards
de dollars, si mes chiffres sont bons, donc c'est l'autocotisation, c'est les
relevés normaux, alors que la récupération fiscale, où on parle de contrôle, on parle plutôt
de 3 milliards de dollars. Donc,
c'est quand même une proportion beaucoup plus petite. Ces montants prouvent que, dans la grande majorité des cas, la
population respecte ses obligations fiscales et paie son dû. Ça démontre également que, même s'il est
très important d'effectuer un contrôle fiscal, il est important de poser
des actions qui visent à maximiser la
conformité fiscale, autrement dit que les gens se conforment naturellement à la
loi sur l'impôt et à leurs obligations par rapport à la fiscalité.
Alors,
au cours des dernières années, on a beaucoup mis l'accent sur les résultats
obtenus par Revenu Québec dans ses
activités de contrôle au sens traditionnel, contrôle a posteriori, contrôle des
fraudeurs, contrôle de tout ce qui... quand c'est arrivé et que c'est
fait, et, de l'extérieur, cela a peut-être pu donner l'impression que tous les
efforts de l'organisation étaient investis à pourchasser les fraudeurs après
coup et que les efforts manquaient au niveau des interventions pour augmenter la conformité en intervenant avant que
l'évasion fiscale ne se produise, mais, en fait... Pourtant, il y a beaucoup de mesures innovantes qui ont été
faites. Et il y a deux types de mesures. En fait, on peut évidemment parler de... on en a parlé tantôt, de
l'installation des modules d'enregistrement des ventes. On a parlé également
d'autres éléments qui s'en viennent,
qui appartiennent plutôt au type de contrôle automatique ou contrôle direct. Et
aussi on parle d'autres mesures qui
appartiennent plus, à mon sens, au contrôle de type autocontrôle, qui est un
contrôle moderne qui... Et je pense
ici à la présence continue des inspecteurs sur les grands chantiers. Alors, le
fait qu'ils soient présents, ça a un impact,
ça a un impact social, en quelque sorte, et donc ça amène de l'autocontrôle. Et
l'attestation de Revenu Québec, si je
comprends bien, de plus en plus les gens vont la demander, quand ils font
affaire avec une entreprise, s'ils prennent des risques financiers ou quoi que ce soit, ils vont demander de voir
l'attestation de Revenu Québec pour être sûrs que l'entreprise est en règle complètement avec Revenu
Québec, si je comprends bien le sens de cet élément-là. Et ça aussi, ça
appartient au domaine de type autocontrôle, de contrôles qui sont plus
modernes, effectivement, et qui ne sont pas nécessairement
des contrôles coercitifs mais des contrôles qui sont néanmoins extrêmement
efficaces, de plus en plus.
• (21 h 20) •
Alors, si on regarde un peu la théorie du
contrôle, bien, en fait, je les ai nommés tous les trois en même temps, mais tu as le contrôle, au
départ, de type a posteriori, qui est le contrôle le plus traditionnel, et
c'est ce que le monde parle le plus
quand ils parlent de contrôle : On n'aime pas le contrôle, on n'aime pas
les gens qui nous contrôlent. On parle des gens qui sont contrôlants,
c'est toujours des gens qui veulent nous dire quoi faire, quoi ne pas faire.
Mais ça, ça fait partie... et c'est
inévitable. Quand on parle d'argent, on ne pourra jamais
éviter d'avoir des contrôles de ce type-là. Et on peut dire aussi là-dessus...
c'est-à-dire qu'il y a le deuxième type de contrôle qui est un contrôle très
efficace aussi, mais c'est le contrôle
direct, qui est de plus en plus un contrôle informatisé. D'ailleurs,
c'est ce dont on parlait tantôt. Tantôt, dans la réponse que vous aurez, peut-être en ajouter un petit peu, si vous avez des
choses à dire par rapport à ce que vous avez déjà dit, parce qu'on a déjà répondu en partie à cette
question-là. Et ce sont des éléments qui généralement sont très formels, c'est-à-dire qu'on ne passe pas si on ne paie pas ou on ne
passe pas si on ne signe pas, etc. Ça, c'est du contrôle très direct.
Mais ce qui est le plus intéressant, c'est tout le développement des contrôles de type autocontrôle, qui ont généralement une composante sociale, et pas toujours la société à la grandeur mais... Par exemple,
dans une entreprise, depuis déjà une vingtaine
d'années, on parle de définir quelles sont les valeurs de l'organisation. Vous avez dû le faire pour Revenu
Québec, un peu partout. Ça, c'est intéressant pour toutes sortes de
raisons mais en particulier parce que ça génère un système d'autocontrôle, un contrôle social, dans le sens
qu'on sait qu'est-ce qui est des valeurs acceptables ou qu'est-ce qui n'est
pas acceptable comme comportement. Et le
fait qu'on sache, que tout le monde autour de soi connaissent ces valeurs-là fait en sorte qu'on a tendance naturellement, dans notre génétique humaine, on a tendance à respecter les contrôles
quand on sait que tout le monde sait qu'est-ce qu'on doit faire de bon
et qu'est-ce qu'on fait... quelque chose de pas bon.
C'est
intéressant de voir que... Je pense que c'est dans un livre
de Steven Pinker, il mentionne une expérience qui a été faite en Hollande là-dessus,
qui n'est pas du contrôle fiscal, mais qui est un élément qui parle un peu de
ces choses-là, de cette volonté de se
conformer à ce qui est correct. Et il parle d'un exemple de scientifiques néerlandais qui ont regardé deux
rues où il y avait des vélos qui se...
je pense que c'est à Amsterdam, des vélos qui étaient parqués, stationnés. Et
souvent les gens mettaient des publicités
dans les vélos, en papier, des papiers qu'ils mettent après les vélos, et, le
soir, tout le monde décroche ça puis jette ça à terre. Il y avait une
poubelle au bout de la rue, mais, malgré ça... Alors, ils ont fait l'expérience suivante. Ils ont pris deux
rues à peu près pareilles à une certaine distance. Dans une des deux rues,
ils ont tout mis ça propre, propre, propre, superpropre partout, avec quelques
petites affiches qui disaient : Attention de ne pas jeter les papiers à terre! Et ils ont mis les mêmes publicités
dans les deux rues pour voir ce qui arrivait. Et, dans la rue qui était très propre, il y a eu à peu près
quatre fois moins, si ma mémoire est bonne, quatre fois moins de papiers
par terre que dans l'autre rue où il n'y avait rien et que tout était, à peu
près, sale.
Donc,
dans une rue, on était conforme au code social si on jetait par terre, parce
que tout était sale. Dans la rue où tout
était propre, le code social était devenu automatiquement : Il faut être
plus propre, pour la plupart des gens. Donc, autrement dit, ce type de
contrôle est très, très efficace. C'est un contrôle où on fait appel à la
volonté humaine de se conformer à un code social.
Alors, dans ce
sens-là, il me semble que les deux exemples que je vous ai donnés sont des
contrôles de cette nature-là. Moi, ce que
j'aimerais, c'est profiter que vous soyez là pour que vous nous parliez un
petit peu de l'évolution des
contrôles et des innovations que vous faites, tant sur le côté
innovateur, vous en avez parlé un peu, si vous en avez d'autres, mais aussi de cette réflexion-là. Et je
voudrais vous dire aussi qu'en ce qui me concerne la publicité qui a été
faite pendant un certain temps sur le
travail au noir, c'était exactement une publicité de type autocontrôle,
conformité à un code social,
l'honnêteté sociale, et ça, c'est un élément qui est important aussi. Donc,
dans ce... je vois que vous utilisez tous
les modes de contrôle, effectivement, vous n'avez pas le choix, et c'est
intéressant de voir que vous êtes assez avancés sur le plan de
l'autocontrôle. J'aimerais ça que vous en parliez un peu plus.
Le Président (M.
Bernier) : M. Ducharme.
M. Ducharme
(Éric) : Un beau défi!
Des voix :
Ha, ha, ha!
M.
Reid :
Vous pourriez écrire un livre là-dessus, là.
Le Président (M.
Bernier) : Surtout que vous avez trois minutes!
M.
Ducharme (Éric) : C'est bon. Bien, nos valeurs, c'est l'intégrité,
l'équité, le respect puis l'excellence du service. Donc, ça donne une bonne indication. Puis notre
mission, c'est maintenir l'équité fiscale dans l'intérêt de tous. Donc, on
veut que les honnêtes citoyens et les
entreprises aient à assumer un fardeau qui... éviter qu'ils aient à assumer un
fardeau supplémentaire, c'est une
question d'équité. Donc, on doit travailler sur les contribuables qui ne
remplissent pas leurs obligations et
comment le faire sans faire un contrôle a posteriori, mais plutôt travailler en
amont. Mais c'est les éléments qu'on essaie de mettre en place en
innovation.
Donc, on en a parlé, le MEV dans le secteur de la
restauration, on a récupéré 1,2 milliard depuis leur implantation, en 2011. C'est une implantation réussie, c'est un
exemple à travers le monde. Le taux d'évasion fiscale en restauration,
selon nos analyses, est passé de 17,5 % à 6 %. Donc, par la mise en
place d'un module électronique qui enregistre les transactions, bien, on est
capables d'établir que les gens se conforment et déclarent.
On
a appliqué ça aussi dans les bars cette année. Au niveau des bars, la
conformité est de loin... est beaucoup plus rapide
à être conforme, on est déjà à 76 %,
ce qui est excellent pour une première année. Je pense, dans les restaurants,
ça a pris deux ou trois ans pour obtenir ce
niveau-là. Par ailleurs, on a travaillé avec l'industrie pour pouvoir trouver
la façon optimale de mettre en place les MEV dans les bars.
Il
y a un projet de facturation obligatoire dans le secteur du transport de
personnes, que je vous parlais, au niveau des taxis. Ça, c'est à la
suite de l'entente du projet pilote avec Uber, qui a quand même été une
innovation de Revenu Québec. Je pense, Uber,
c'est un des... le seul endroit au Canada où il paie des taxes, et on a eu une
entente avec lui, pour la portion
fiscale — le reste
du projet pilote, je le connais moins — où Uber, à tous les trimestres, nous verse
l'ensemble des taxes, TPS, TVQ, qui
sont prélevées à chacune des courses pour chacun de leurs conducteurs. Donc,
c'est une innovation. On est en
amont. Donc, je suis assez fier de l'équipe qui a travaillé là-dessus. On a
travaillé avec le ministère des Finances, mais ça a été des négociations pendant deux mois et demi pour trouver
une solution avec eux, que le fédéral a annoncé qu'il mettrait en place
pour l'ensemble du Canada, dans son dernier budget.
Il y a tout l'aspect des attestations aussi qui
ont été mises en place...
M.
Leitão : J'ajouterais, si je peux, parce que nous sommes rendus à la
fin, je ne veux pas vous interrompre... Je sais que ça intéresse beaucoup M. le député d'Orford. La technologie,
vous savez, c'est merveilleux, et M. Ducharme n'a pas beaucoup mentionné ça, mais c'est
important qu'on sache que les moyens technologiques, aussi, avancent rapidement,
et donc il y a des moyens... des algorithmes
où, d'une façon proactive, Revenu Québec réussit à détecter des comportements
qui sont contradictoires, et donc qui déclenche une vérification.
Le Président (M. Bernier) : Merci,
M. le ministre. Je dois malheureusement remercier M. Ducharme de sa participation et tous les gens de Revenu Québec,
auxquels je tiens à saluer, parce qu'on a eu le plaisir de travailler avec eux.
M. le ministre, il me reste, normalement, deux
minutes pour moi. Je vous en donne une puis j'en prends une.
M.
Leitão : Écoutez, très rapidement. Ça va vous surprendre, je ne prendrai
pas tout le temps. Mais je veux dire qu'encore
une fois j'ai beaucoup apprécié notre... nos séances de crédits, depuis la
semaine dernière jusqu'à cette semaine. J'ai trouvé que l'ambiance était très
bonne, M. le député de Sanguinet, votre collègue M. le député de Rousseau,
député de Granby. Je pense qu'on a eu de
bonnes discussions; pas toujours d'accord, bien sûr, mais on a eu de bonnes
discussions. Je veux aussi remercier,
bon, Revenu Québec. Je pense qu'on a eu, là aussi, de bonnes discussions. Et
encore une fois féliciter l'équipe de
direction de Revenu Québec pour tout le travail qui a été fait depuis un an,
l'amélioration notable des procédés de Revenu Québec. Alors, merci à tous. Bien
sûr les collègues du côté gouvernemental, bien sûr vous aussi.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Avant de lever la séance, bien sûr,
permettez-moi à mon tour, en tant que président
de la Commission des finances publiques, de remercier tous les parlementaires
qui ont participé à cette étude, qui
a quand même duré plusieurs heures parce qu'il y a eu... Je vous remercie tous
de votre participation. Remercier le personnel
qui vous accompagne aussi, les recherchistes, qui font un travail énorme.
Remercier tous les organismes qui sont
venus ici présenter... et qui vous ont accompagné, M. le ministre, dans ce
travail, qui est quand même très exigeant, pour ceux qui nous écoutent. L'étude des crédits, c'est un travail qui
demande beaucoup de préparation au niveau des organismes, du ministère.
Donc, merci à tous ceux qui sont ici. Et merci à tous ceux qui ne sont pas ici,
mais qui ont contribué à la préparation de ces travaux, qui sont fort
importants.
Permettez-moi
de remercier le personnel de l'Assemblée nationale qui nous accompagne
quotidiennement dans nos travaux, on a cette gentille page aussi qui nous
accompagne et votre adjointe, ce soir, ainsi que ceux qui nous procèdent
aux enregistrements. Ce n'est pas toujours facile, vous savez, dans les
discussions, à un moment donné, d'identifier
les personnes et d'être capable d'avoir les informations, au niveau des galées,
qui sont très justes. Donc, merci pour le travail que vous faites. Ceux qui rediffusent également
et qui retransmettent ces commissions, ainsi que le public qui nous a écoutés
patiemment dans ces travaux.
Donc, je lève la séance, et la commission, ayant
accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die. Merci à vous tous.
(Fin de la séance à 21 h 30)