(Seize heures trente-quatre
minutes)
Le
Président (M. Bernier) :
Alors, bonjour à tous. Bienvenue à la Commission
des finances publiques. Je
déclare la séance de la Commission des finances publiques ouverte et, bien sûr, comme d'habitude, je
demande aux personnes dans la salle d'éteindre la sonnerie de leurs
téléphones cellulaires.
La commission est réunie afin de poursuivre le
débat sur le discours du budget, conformément à l'article 275 du règlement.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Matte (Portneuf) est remplacé par M. Habel (Sainte-Rose).
Le
Président (M. Bernier) : Merci beaucoup. Avant d'entreprendre nos travaux, je vous informe des règles du
débat que nous amorçons aujourd'hui. La répartition des temps de parole pour les 10 heures sera la
suivante : gouvernement,
4 h 45 min; l'opposition officielle, 2 h 51 min; deuxième
groupe d'opposition, 1 h 54 min; députés indépendants de Québec
solidaire, 20 minutes; députée de Vachon, 10 minutes.
Remarques préliminaires
Nous débuterons par les remarques préliminaires
du ministre, du porte-parole de l'opposition officielle et du porte-parole du deuxième groupe d'opposition, qui
disposent chacun de 20 minutes. Le temps utilisé sera pris à même les
enveloppes de temps respectives de chacun des groupes parlementaires. Nous
procéderons par blocs de 20 minutes, incluant les questions et les réponses.
J'appliquerai la règle de l'alternative entre les députés du groupe
parlementaire formant le gouvernement et les députés de l'opposition.
Enfin, selon
les pratiques établies, le débat débutera par une intervention du porte-parole
de l'opposition officielle au moment
où les déclarations auront été prononcées. Si, dans vos présentations, le 20
minutes n'est pas utilisé, il sera réparti dans votre bloc de questions.
Est-ce que ça va? C'est clair?
Une voix : ...
Le
Président (M. Bernier) : Bon. Bienvenue à tous, bienvenue au
personnel du ministère des Finances, bienvenue aux parlementaires qui
vont participer, au personnel de l'Assemblée nationale qui nous accompagne.
M. le ministre, vous disposez de 20 minutes
pour vos remarques préliminaires.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : Très bien. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, bonjour, tout le monde, chers collègues. Nos
collègues aussi du ministère des Finances, bonjour.
Alors, j'ai
présenté, mardi, le quatrième budget de notre gouvernement. Il s'agit d'un
troisième budget équilibré consécutif. Il s'agit aussi d'un quatrième
budget complet de suite, c'est-à-dire accompagné de crédits. Tout en restant prudent, ce budget pose des gestes concrets qui
permettent à l'économie du Québec de poursuivre sur sa lancée et amène des bénéfices pour tous les Québécois. Alors que
nous célébrons, cette semaine, les trois ans de notre gouvernement, ce
budget est l'occasion de se rappeler le chemin parcouru.
Lorsque nous sommes arrivés au gouvernement en
avril 2014, nous faisions face à un déficit potentiel de 5,6 milliards de dollars et puis de
7 milliards de dollars. C'est un fait qui a été confirmé autant par le Vérificateur général que par
le rapport Godbout, Montmarquette. Le Vérificateur
général a indiqué dans son rapport
spécial sur l'évolution du solde budgétaire pour l'année 2014‑2015
que le gouvernement du Parti québécois avait sous-estimé le déficit. En août 2013, le Mouvement Desjardins titrait : L'économie
du Québec est en panne. En décembre de la même année, de 2013, le report de l'équilibre
budgétaire a mené l'agence de
notation Fitch à placer la cote de crédit du Québec sous
surveillance.
Nous avons, M. le Président, remis la maison en
ordre. Dans son analyse du budget 2016‑2017, l'agence Bloomberg qualifiait
le Québec de «fiscal star». La bonne santé économique et financière nous permet
maintenant d'investir davantage
et de manière durable dans les services directs à la population,
notamment en éducation et en santé, mais également dans le transport
collectif. La bonne tenue de l'économie
permet également d'annoncer de nouvelles baisses d'impôt pour les particuliers qui, ajoutées à
l'abolition de la contribution santé, leur permettront de bénéficier d'une
baisse récurrente du fardeau fiscal de plus de 1 milliard de
dollars par année. Le plus important
est que notre gouvernement
abaisse le fardeau fiscal des
particuliers sans piger dans le compte d'épargne de nos enfants, c'est-à-dire le Fonds des
générations, et sans tomber dans les travers des déficits récurrents. Nous
faisons exactement ce que nous avons dit que nous ferions. Nous agissons également sur les leviers pour
positionner le Québec parmi les économies les plus innovantes,
ouvertes sur les marchés extérieurs, et j'aurai l'occasion d'y revenir dans
quelques instants.
Comme
l'écrivait M. Alain Dubuc dans La Presse du 29 mars, «derrière l'amélioration de la situation financière, il y a
la bonne tenue de l'économie québécoise, notamment la création d'emplois, la solidité de la demande,
un regain des exportations et peut-être une reprise des investissements».
J'en profite pour mentionner que, depuis, les chiffres du PIB de 2016, qui ont été publiés par l'ISQ la semaine dernière, confirment la reprise de l'investissement des entreprises.
• (16 h 40) •
Le plan économique
du Québec fonctionne. Le Québec se distingue en 2016
par une croissance économique
et une création d'emplois soutenues qui se sont traduites par une amélioration
significative du revenu disponible des ménages.
Nous allons poursuivre la mise en
oeuvre de notre plan pour améliorer
la qualité de vie de toutes les Québécoises et de tous les Québécois.
Notre situation financière s'est
considérablement améliorée. Dans son analyse du budget, encore une fois, le Mouvement Desjardins soulignait par ailleurs que — j'ouvre
les guillemets — «le
gouvernement du Québec a mis à profit sa marge de manoeuvre financière pour réinvestir en éducation
et en santé ainsi que dans plusieurs mesures structurantes pour favoriser la transformation de l'économie du Québec». Concrètement, cette solidité retrouvée permet de financer de manière durable dans les services additionnels
pour l'éducation et la famille, l'enseignement supérieur ainsi
que la santé et les services sociaux; deuxièmement, d'appuyer le développement
économique de toutes les régions du Québec; troisièmement, d'améliorer le niveau
de vie et la qualité de vie des Québécois.
Comme vous
pouvez le constater, la situation économique du Québec s'est améliorée de manière significative. En 2016, notre économie a enregistré une
croissance de 2 %, une
performance supérieure à celle du Canada, qui était à 1,4 %, et des États-Unis, qui était de
1,6 % — donc,
ça, c'est les chiffres de l'ISQ qui ont été publiés une semaine après le
budget — donc ce qui confirme une croissance du PIB
réel de 2 % en 2016. Dans un contexte économique mondial encore
fragile, la Banque de Montréal, par exemple, soulignait que la politique
fiscale mise en place par notre gouvernement continuerait
à soutenir la confiance des entreprises. Et je cite la Banque de Montréal :
«...business confidence is sure to be supported by
balanced budgets and tax relief, at a time when many other jurisdictions are
facing just the opposite.»
Alors qu'en 2013, sous
la gouverne du Parti québécois, le Québec perdait 60 800 emplois à temps
plein, la vigueur de l'économie du Québec en 2016 nous a permis de nous établir
comme champions de la création d'emplois parmi les provinces canadiennes.
C'est plus de
90 000 emplois qui se sont ajoutés au cours de l'année 2016. D'ailleurs,
depuis mai 2014, ce sont plus de 150 000 emplois qui ont été créés
au Québec, essentiellement des emplois à temps plein et dans le secteur privé. Alors, la solide performance du Québec au chapitre
de la création d'emplois a été soulignée par la banque CIBC, qui a dit
ce qui suit : «Job creation was particularly strong in 2016, and, unlike
other provinces, much of the employment growth came in full-time — as opposed to part-time — positions, providing a solid foundation for
consumer spending.» Et, en effet, M.
le Président, les chiffres de l'ISQ pour l'année 2016 démontrent très bien que
c'étaient les dépenses de consommation des ménages qui ont alimenté le
plus la croissance économique en 2016. Alors, en 2016, le taux de chômage moyen au Québec s'est établi à son plus
bas niveau historique et se situe actuellement... Pour le mois de
février 2017, on est à 6,4 % comme taux
de chômage. Alors, la forte création d'emplois a bénéficié grandement aux
femmes, dont la participation au marché du travail a fortement augmenté.
Voilà qui m'amène aux principales mesures de
notre plan économique.
Les jeunes
sont l'avenir du Québec. Notre gouvernement a annoncé la mise en place d'un
plan sans précédent pour la réussite
éducative, de la petite enfance à l'enseignement supérieur, et ce plan est doté
d'un financement additionnel de 3,4 milliards de dollars sur cinq
ans. D'ailleurs, la Fédération des commissions scolaires a salué cet
investissement en indiquant que le gouvernement du Québec fait de l'éducation
une réelle priorité nationale.
La santé est également au coeur de nos
priorités. Les actions prévues dans le plan économique reflètent cette importance. Nous poursuivons nos investissements
pour améliorer l'accès aux soins de santé et l'offre de services pour
tous les Québécois, que ce soit en CHSLD,
dans les hôpitaux, dans les cliniques ou les soins à domicile. Le plan
économique du Québec prévoit des investissements totalisant près de
3 milliards de dollars, au cours des deux prochaines années, qui permettront
d'ajouter des ressources là où les besoins sont les plus importants. Le
Regroupement provincial des comités des
usagers a d'ailleurs souligné l'effort fait par le gouvernement du Québec, ils disent : «C'est le budget de la
réalité. Nous pouvons dire que le gouvernement a reconnu l'ampleur et la
diversité des besoins en santé et services sociaux au Québec.»
Toujours
dans la volonté d'offrir des meilleurs services aux Québécois,
le plan économique du Québec
annonce un appui concret au développement du transport collectif et de
la mobilité durable par la
réalisation de trois grands projets : le Réseau électrique
métropolitain, ou le REM, à Montréal, le prolongement de la ligne bleue du
métro de Montréal et le service rapide par
autobus, le SRB, de Québec-Lévis. Dans sa réaction au budget, M. Steven
Guilbeault, d'Équiterre, parle d'«un
[projet de] transport collectif comme on n'en a pas vu au Québec
depuis au moins une décennie». Par
ailleurs, pour soutenir le financement et le développement du transport
collectif dans toutes les régions du Québec,
le gouvernement investira également près de 1,5 milliard de dollars
au cours des cinq prochaines années.
Il est de
notre devoir d'assurer un avenir meilleur à nos enfants en répondant aux défis
liés à la main-d'oeuvre et à
la transformation de notre économie. Notre plan économique donne des résultats
concrets pour nos travailleurs et nos entrepreneurs,
et nous poursuivons dans cette voie en misant notamment sur l'innovation, le
développement de nos PME et le dynamisme de l'économie
dans toutes les régions du Québec.
Afin de stimuler la recherche et l'innovation
dans plusieurs secteurs d'activité, autant traditionnels que technologiques, j'ai annoncé dans le budget, et je
le répète ici, des initiatives additionnelles totalisant plus de 830 millions
de dollars. Nous devons ainsi pouvoir compter davantage sur la fibre
entrepreneuriale de plus en plus présente chez les Québécois, particulièrement chez les jeunes et chez les nouveaux arrivants. Nous devons saisir
cette occasion et nous assurer que les entrepreneurs disposent des moyens
nécessaires pour concrétiser leurs ambitions. Il faut également
appuyer les PME, qui ont le potentiel
de devenir les fleurons de demain. Dans ce contexte, nous avons annoncé des
mesures totalisant plus de 440 millions de dollars pour soutenir
l'entrepreneuriat au cours des cinq prochaines années.
La communauté
d'affaires est unanime : l'accessibilité à une main-d'oeuvre qualifiée est le grand défi qui attend les entreprises au cours
des prochaines années. Notre plan prévoit donc également des mesures totalisant
près de 290 millions de dollars sur
cinq ans pour favoriser le développement de la main-d'oeuvre, faisant suite au Rendez-vous national de la main-d'oeuvre de février dernier. Le plan économique propose également des mesures visant à encourager les entreprises à investir pour se moderniser, pour
augmenter leur productivité et pour développer des nouvelles capacités
de production afin d'accroître leur présence sur les marchés internationaux.
Ces gestes s'ajoutent aux mesures déjà mises
en place pour appuyer les entreprises en croissance, comme le rabais
d'électricité pour favoriser les investissements et la réduction du fardeau
fiscal des sociétés et notamment des PME.
Par ailleurs, les régions du Québec contribuent
largement à la vigueur et à l'essor de notre économie. Afin de stimuler davantage leur développement, c'est plus
de 1,2 milliard de dollars qui seront investis au cours des cinq
prochaines années. La Fédération québécoise
des municipalités a salué les actions concrètes pour reconnaître le rôle des
municipalités comme gouvernements de
proximité. Le gouvernement pose un geste clair aujourd'hui et reconnaît le
leadership de la FQM, des MRC et l'importance des fonds locaux de
solidarité en matière de développement économique régional.
En ce qui
concerne le fardeau fiscal des Québécois, d'un côté, nos collègues du Parti
québécois s'étaient engagés à ne pas
réduire les impôts. De l'autre côté, nos collègues de la CAQ souhaitent
utiliser le compte d'épargne de nos enfants, donc le Fonds des générations, pour faire miroiter des baisses d'impôt à
crédit. Dans les mots de Stéphanie Grammond : Notre gouvernement «agit
de façon prudente et responsable» en réduisant les impôts à la hauteur de nos
moyens.
• (16 h 50) •
Cette
réduction d'impôt passera par l'abolition de la contribution santé dès 2016,
donc rétroactive au 1er janvier, et cela,
pour 97 % des contribuables et aussi par une baisse générale d'impôt grâce
à l'augmentation à 14 890 $ du montant des revenus exempts d'impôt. Concrètement, un couple ayant deux revenus
de travail de 45 000 $ chaque bénéficiera, en 2017, d'une réduction d'impôt récurrente de 510 $ par
année, 510 $. Avec ces mesures, c'est plus de 1 milliard de dollars
par année dans les poches des Québécois.
Alors,
l'ensemble des mesures annoncées depuis 2015 représentent un allègement du
fardeau fiscal des particuliers de près de 7 milliards sur six ans.
Par ailleurs, en lien avec nos valeurs de
solidarité et de justice sociale animant la société québécoise, le gouvernement
fait du soutien aux collectivités et plus particulièrement aux personnes plus
vulnérables une priorité. Ainsi, nous
annonçons des investissements de près de 590 millions de dollars, au cours
des prochaines années, ciblant notamment la lutte contre la pauvreté et
l'exclusion sociale.
Alors, M. le
Président, en résumé, ce budget confirme la santé économique et financière
retrouvée. Il s'inscrit dans la
continuité de notre plan et démontre que ce plan fonctionne et bénéficie à
toutes les Québécoises et tous les Québécois. Avec ce budget, nous investissons davantage dans les services à la population,
dans la réussite éducative des jeunes, pour un meilleur accès au réseau de la santé et pour plus de services de
qualité. Nous investissons aussi dans le transport collectif, pour soutenir et transformer notre économie et
accompagner les Québécois dans cette transformation. Nous allégeons le fardeau fiscal et nous poursuivons cet allègement
tout en maintenant des finances publiques saines et une dette sous contrôle.
C'est
important, M. le Président, de remarquer que nous faisons donc tout ça, tous
ces réinvestissements, toutes ces dépenses
additionnelles dans les services publics, la baisse du fardeau fiscal, le
contrôle de la dette, tout ça à l'intérieur d'un cadre financier équilibré et nous le faisons sur cinq ans parce que
c'est utile, c'est nécessaire que tout le monde soit au courant, que tous les acteurs, que tous les
réseaux — santé,
éducation, etc. — puissent
savoir sur quoi ils peuvent compter au
cours des cinq prochaines années. Nous nous engageons donc à maintenir et à
augmenter le financement des services publics
et nous nous engageons aussi à faire tout ça à l'intérieur d'un cadre financier
équilibré, et un cadre financier qui est équilibré et qui est prudent aussi. Nous avons toute une série de
mesures de prudence incluses implicitement et même explicitement dans notre cadre financier pour nous
permettre de faire face à l'avenir, qui demeure très incertain, avec une
grande confiance et une certaine dose d'optimisme. Et ce cadre financier
équilibré, M. le Président, est essentiel pour maintenir la confiance des investisseurs, la confiance des consommateurs
pour que notre économie puisse continuer de croître à un rythme qui est
bien plus élevé que celui de son potentiel. 2 % de croissance économique
en 2016, c'est considérable, étant donné notre réalité démographique.
Alors, nous
nous sommes engagés maintenant dans un cercle vertueux où nous avons des
finances publiques saines qui contribuent à la confiance des
investisseurs, des consommateurs, qui donnent une croissance économique plus rapide, une création d'emplois solide, des
finances publiques encore plus saines, et c'est un cercle vertueux qui s'est
installé au Québec et qui a comme base cette crédibilité financière dont nous
disposons, et l'outil principal qui contribue à maintenir cette crédibilité financière, c'est le Fonds des générations.
Le Fonds des générations, c'est l'outil qu'on a créé il y a 10 ans, qui nous permet de gérer notre dette
de façon responsable, et donc c'est particulièrement important et
crucial de maintenir le Fonds des générations tel qu'il est.
Alors, nous
agissons avec prudence afin de pouvoir agir rapidement en cas de turbulences si
jamais cela arrive, et donc, avec ce
budget, M. le Président, nous faisons exactement ce que nous avons dit
que nous ferions pour améliorer le niveau de vie et la qualité de vie de
tous les Québécois. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le ministre, de votre présentation.
Nous allons donc inviter le porte-parole de l'opposition officielle. M.
le député de Rousseau, vous disposez d'une période de 20 minutes pour vos
remarques préliminaires.
M.
Nicolas Marceau
M. Marceau : Merci, M. le
Président. Alors, je vous salue, je salue les collègues autour de la table et
puis les fonctionnaires du ministère des
Finances. À chaque année, je leur dis à quel point je les ai appréciés puis je
les apprécie encore. Je suis content qu'ils soient là pour aider le
gouvernement actuel à faire mieux, parce qu'effectivement ils en ont besoin.
Alors, les propos
qui viennent d'être tenus par le ministre des Finances, vous comprendrez que je
suis en désaccord. Je ne crois pas
que je vais m'embarquer dans de la rhétorique cet après-midi. Je vais plutôt
garder le temps à ma disposition pour
poser des questions plus précises. Mais, si je résumais en quelques phrases, je
vais prendre une minute pour dire que le procédé qui a été employé et qui a consisté à couper de façon drastique
dans les services publics puis augmenter le fardeau fiscal, puis, après ça, de prétendre que ça va
mieux parce qu'on recommence à donner un peu de ce qu'on a pris dans les
poches des gens puis à réinvestir dans les services, c'est un procédé qui est
classique, qui est connu, vieux comme le monde et qui comporte une certaine
dose de mots que je ne pourrai pas utiliser ici, M. le Président, parce que je
veux faire attention.
Alors, je
vais m'arrêter là-dessus, simplement. Je pense que les gens comprennent très
bien là où je me positionne. J'aurai
l'occasion de poser des questions plus précises au ministre plus tard. Merci
pour ces travaux que nous entamons.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député de Rousseau. Donc, M. le
député de Granby, la parole est à vous. Vous disposez également de
20 minutes, si vous voulez, pour vos remarques préliminaires.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
Merci. Merci, M. le Président. Alors, à mon tour de vous saluer, M. le ministre
des Finances, ses collègues ministériels, mon collègue de l'opposition
officielle. Les employés et fonctionnaires du ministère, vous êtes les
bienvenus.
Vous
comprendrez que, moi aussi, il y a une chose qui m'a frappé dans le discours du
ministre quand il a dit tantôt : On
a amélioré la qualité de vie des Québécois. Vous savez, je le disais, M. le
Président, lors de mon discours, en 2003, Jean Charest disait :
Nous sommes les plus taxés en Amérique du Nord. Quinze ans plus tard, ceux qui
nous écoutent et qui ont écouté ou vu le
budget déposé la semaine passée se disent : Est-ce que la situation a
changé? Est-ce que le fardeau fiscal des Québécois est à la baisse?
Bien, on va débattre, dans les prochaines heures et d'ici à demain soir, à
lundi prochain, à savoir est-ce que, cette fameuse taxe santé, que le ministre
considère comme une baisse d'impôt, hein...
Une voix : ...
M.
Bonnardel :
Oui, les gens qui l'ont payée cette année vont la recevoir. Moi, je persiste et
signe en leur disant que, depuis 2010, cette taxe n'aurait jamais dû
exister.
Oui, il y a
une baisse d'impôt de 55 $ cette année, 55 $ par personne, 1 $
par semaine — si on
veut être précis, 1,06 $. Or,
ça, c'est l'aide que le gouvernement vous donne cette année après avoir été
ceux et celles qui ont été partie prenante
de ce retour à l'équilibre budgétaire, qui ont payé énormément cher en taxes et
en tarifs pour aller chercher des revenus additionnels puis avec la
marge de manoeuvre que le ministre a mise en place avec le gouvernement, qu'il
a mise en place dans les deux dernières années.
Vous savez,
le ministre a dit tantôt que nous souhaitions piger dans le Fonds des
générations, et je l'ai entendu de certains collègues, ce qui est
complètement faux. La marge de manoeuvre qui était de 2,3 milliards cette
année nous permettait d'aller chercher une
partie de cet argent pour la remettre en baisses d'impôt aux Québécois. Le
gouvernement a décidé que c'était 55 $ qui étaient le montant le plus
important qu'on souhaitait vous remettre. C'était aussi ce que le gouvernement souhaitait en 2014 quand on est allés
en élection, quand le cadre financier du gouvernement nous amenait à
croire que tout budget... pardon, tous surplus que le gouvernement allait
faire, on prenait la moitié de ces surplus pour les remettre aux Québécois. Ce
qu'on n'a pas fait.
Alors, de mon
côté aussi, M. le Président, vous comprendrez que je suis déçu de la situation.
Je ne dis pas que tout est mauvais
dans ce budget, mais ce que nous souhaitions à la base, c'était de réduire le
fardeau fiscal minimalement, parce qu'encore
une fois les Québécois ont payé cher. On a juste à le voir aujourd'hui avec
Hydro-Québec, avec ma collègue de Saint-Hyacinthe,
qui a montré à l'ensemble des Québécois... C'est rare qu'on voie un dossier qui
vient chercher autant les médias que
la population pour montrer que, depuis que les libéraux sont arrivés, bien, on
a continué — même le
Parti québécois — persisté à garder les trop-perçus de la part
d'Hydro-Québec, et ces trop-perçus, bien, amènent des dizaines, des centaines de dollars que les Québécois
auraient pu avoir dans leurs poches et qu'on a acceptées pour, oui,
réduire... pas réduire, pour être capables
d'aller chercher au-dessus de 200, 300 millions de dollars par année pour
retrouver l'équilibre budgétaire quand on savait très bien qu'on
facturait des montants en trop chez Hydro depuis presque huit ans. C'est
1,4 milliard qu'on est allé chercher.
Donc, je vais m'arrêter là, moi aussi. Je veux
garder mon temps pour être capable de poser des questions plus précises au
gouvernement et je vous souhaite, M. le Président, de bons travaux.
• (17 heures) •
Le Président (M. Bernier) : Merci,
M. le député de Granby.
Avant d'entamer
l'étape du débat en tant que tel, comme je vous ai dit tout à l'heure, nous
allons fonctionner par blocs de 20 minutes par alternance. Je vais également
m'assurer de balancer, si on veut, les questions et réponses de façon à ce qu'il y ait le plus de questions
possible ou qu'il y ait un temps de balancement également au niveau des réponses.
Discussion générale
Et,
sur ça, je lance le débat. M. le
député de Rousseau,
la parole est à vous pour un premier bloc de 20 minutes. Je dois vous
dire qu'il est possible que nous soyons interrompus pour aller voter.
M. Marceau :
Vous allez tenir précieusement le temps, M. le Président, je suis certain de
ça.
Le Président (M.
Bernier) : Je vais tenir votre temps. Le temps, quand nous
allons quitter, je le mets dans le coffre-fort et je barre la porte.
M. Marceau :
Vous pouvez couper de l'autre bord, si vous le voulez. O.K. Merci, M. le
Président.
Alors, écoutez, je
veux revenir sur un sujet que j'ai abordé avec le ministre au salon bleu à la
période de questions, je veux revenir sur la question du salaire des médecins.
Alors, peut-être une question très simple pour le ministre : Est-ce qu'il
considère que les médecins du Québec ont rattrapé, au plan salarial, les médecins de
l'Ontario et du reste du Canada?
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Une courte réponse, parce qu'on a déjà une sonnerie, d'ailleurs,
qui nous appelle au vote. Donc, je vous laisse le temps de répondre.
M. Leitão :
Oui. Et d'ailleurs nous mentionnons très clairement dans nos documents budgétaires
qu'en effet nous sommes d'avis que ce rattrapage a été fait.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
Donc,
je vais suspendre nos travaux quelques instants pour permettre aux parlementaires d'aller voter. Je suspends.
(Suspension de la séance à
17 h 2)
(Reprise à 17 h 21)
Le
Président (M. Bernier) : Donc, nous reprenons nos travaux. Nous en étions avec le député de
Rousseau, qui a débuté la période de débat. Donc, M.
le député de Rousseau, la parole est à vous.
M.
Marceau : Oui. Merci.
Donc, avant de nous laisser pour aller voter, j'ai posé la question
au ministre quant à la position du gouvernement, là. Donc, vous
me dites : Le rattrapage est fait par
rapport aux... le rattrapage pour les
médecins, là, il est fait par rapport aux Ontariens et aux médecins du reste du
Canada.
M.
Leitão : ...rattrapage a été
fait globalement. Maintenant, il va falloir encore continuer d'étudier la
question, et d'ailleurs c'est ce que nous allons aussi faire, mais, globalement,
ce rattrapage a été fait. C'est clair qu'au début des années 2000, même jusqu'au
milieu des années 2000, il y avait un écart important, surtout avec nos
voisins de l'Ontario, mais, pour la plupart, ce rattrapage a été fait.
M. Marceau :
Donc, ils sont assez payés. C'est ce que vous dites.
M.
Leitão : Non, ils ont la rémunération qui est justifiée, et d'ailleurs
je pense même qu'on peut même aller un peu plus loin et dire que c'est au Québec que per capita, donc par
personne... c'est ici qu'on dépense le plus pour nos médecins.
M. Marceau :
Donc, est-ce qu'ils sont trop payés?
M. Leitão :
Ils sont payés ce qu'ils sont payés. Le rattrapage a été fait.
M.
Marceau : Non, mais moi, je vous demande un qualificatif,
là : «assez», ou «trop», ou «pas suffisamment».
M. Leitão :
Ils sont payés.
M.
Marceau : Bien oui, mais, regardez, là, on est en commission,
moi, j'essaie de savoir c'est quoi, la position du gouvernement, dans la
négociation qu'il entreprend. Je veux savoir : Est-ce qu'il pense qu'ils
sont au bon niveau de salaire? Est-ce qu'ils ne sont pas assez payés ou est-ce
qu'ils sont trop payés? Ce n'est pas compliqué, là. Ou bien ce n'est pas assez,
ou bien c'est trop, ou bien c'est correct.
M. Leitão :
Ce que nous pensons, c'est que leur rémunération est équitable, et, bien sûr,
il faut aussi penser que les médecins ne
sont pas tous pareils, d'ailleurs il y a deux grandes fédérations. Même, à
l'intérieur de ces fédérations, il y a plusieurs spécialisations. Et donc tout ça, ce
sont des choses qui vont être négociées maintenant. Il y a une
négociation qui s'est entamée avec le Conseil du trésor et les fédérations
médicales, et ces négociations vont se poursuivre.
M.
Marceau : O.K. Mais là, donc, dans le budget, vous prévoyez
accorder aux médecins une augmentation de 6 %. Ça, c'est la borne inférieure de la fourchette dans laquelle
devraient se trouver des salaires, la fourchette, là, si j'ai compris, dans les... Peut-être me le confirmer, en
fait. La fourchette des hausses de salaire possibles est de
419 millions. Ça, ça correspond à une hausse de 6 %...
M. Leitão :
...oui.
M. Marceau :
... — oui,
oui — et
ça pourrait aller jusqu'à 888. Ça, ça correspond à un peu plus que 12 %.
Est-ce
que vous me confirmez que c'est bel et bien à l'intérieur de cette
fourchette-là que va se situer le salaire des médecins pour cette année?
M. Leitão :
Oui, tout à fait, oui, mais c'est pour ça que nous entamons maintenant aussi un
processus de négociation pour, entre autres,
revoir le... ou réaménager l'étalement qui avait été convenu en 2014. Donc,
c'est pour ça qu'il y a une fourchette quand même assez large pour 2017‑2018.
Les négociations sont en cours.
M.
Marceau : O.K. Là, vous me confirmez la fourchette, merci pour
ça. Par ailleurs, si vous offrez 6 % cette année, alors que tout le
monde au Québec va avoir des augmentations de 1 %, 2 %, c'est donc
que vous considérez que, relativement aux autres salariés au Québec, ils ne
sont pas suffisamment payés, parce que, à moins de m'expliquer pourquoi on consentirait une augmentation de
6 % à certains salariés, alors que les autres salariés puis nous tous
autour de la table, mais surtout... moi, je
me fous un peu de nous autres, là, mais demandez aux Québécois qui a une
augmentation de plus que 1 %, 2 %
là, moi, je n'en connais pas beaucoup, là, je n'en connais pas beaucoup. Ça
fait que, quand on augmente plus que
le, mettons, 1 % ou 2 % des salariés ordinaires, c'est donc dire
qu'on estime que le 6 % permet de faire un gain par rapport aux
autres, que le salaire, relativement, des médecins n'est pas suffisamment
élevé.
C'est ça qui est
implicite dans le fait d'offrir du 6 %, n'est-ce pas?
M.
Leitão : Non, non. Je pense qu'il faut clarifier une chose, une chose
qui est d'une importance fondamentale dans
cette discussion que nous avons sur la rémunération des médecins : on ne
parle pas ici d'une hausse potentielle du salaire d'un médecin de 3 %, ou 4 %, ou 6 %. Ce n'est pas
ça. Ce dont on parle ici, ce qui est inscrit dans nos documents budgétaires, c'est la masse salariale des
médecins. La masse salariale dépend de la masse salariale totale. Après ça,
elle est distribuée par les médecins. Donc,
il y a deux facteurs très importants pour passer de la masse salariale totale
au salaire de chacun : d'abord,
c'est le nombre de personnes, donc, s'il y a plus de médecins, donc c'est un
facteur, et, deuxièmement, c'est le travail que chacun de ces médecins
fait. Donc, les volumes sont importants.
Donc,
on ne peut pas dire que, s'il y a une hausse de la masse salariale de 3 %,
ou de 4 %, ou de 6 %, les médecins vont gagner 3 %, ou
4 %, ou 6 % de plus. C'est la masse salariale totale.
M. Marceau :
De combien le nombre de médecins va augmenter cette année?
M.
Leitão : Cette année... je n'ai pas le chiffre exact ici, mais, je
pense, c'est à peu près 1 % d'augmentation du nombre de médecins.
M. Marceau :
Bon. Alors, ça laisse beaucoup de place pour les salaires des médecins
eux-mêmes.
M.
Leitão : Mais il y a les volumes aussi, il y a les volumes de... Avec
la loi... surtout la loi n° 20, on prévoit à peu près un 2 % d'augmentation juste du volume
d'activité, parce que nous voulons... enfin, notre objectif, et je pense
que c'est le vôtre aussi, c'est que les Québécois puissent avoir accès à un
médecin, avoir accès aux services médicaux.
M.
Marceau : Là, vous confondez les concepts, là. Je comprends bien qu'il
y a du volume, là, chaque médecin pose des gestes.
Je suis prêt à
admettre l'argument que la masse salariale augmente de 6 %, qu'il y a un
peu plus de personnes qui vont se répartir
la tarte, mais il n'en demeure pas moins que la tarte va être répartie et que
l'essentiel de l'augmentation de la
masse salariale découle d'une augmentation salariale pour les médecins et non
pas par une augmentation... La façon dont
elle va se répartir, ça va être à travers les actes qui vont être posés, ça,
j'en conviens, mais, je répète, là, même si je tiens compte de l'augmentation du nombre de médecins,
vous augmentez le salaire des médecins relativement à celui des autres salariés du Québec. C'est donc que vous estimez
d'une manière ou d'une autre qu'ils sont sous-payés, qu'ils ne sont pas
suffisamment payés. Je ne vois pas comment on... C'est implacable, là. Dites-moi
où est la faille dans ma logique.
M.
Leitão : Non. Ce que nous faisons aussi, ce que nous disons, et
d'ailleurs c'est pour ça qu'on a parlé d'une fourchette d'augmentation pour 2017‑2018, c'est que nous sommes en plein
processus de négociation avec les fédérations médicales pour arriver à une solution, un consensus pour 2017‑2018. Ce
que nos documents indiquent aussi, c'est que, par la suite, nous prévoyons une augmentation de la
masse salariale de 3 % par année, et ce 3 % se divise entre 1 %,
nombre de médecins, et 2 %,
augmentation de volume. Mais, pour l'année 2017‑2018, c'est vrai que ça
n'a pas encore été déterminé de façon précise, parce que la négociation
est en train de se tenir maintenant.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Marceau : Bon. Depuis tout à l'heure, on parle, en plus de ça,
du scénario... appelons ça rose, optimiste dans lequel on arrive à conclure aux niveaux qui ont été inscrits dans les
budgets, mais il se pourrait que ce soit à un niveau encore plus élevé
que ça, vous le savez fort bien. Qu'est-ce que vous allez faire?
De
quelle manière vous allez apporter des ajustements au budget si vous ne
parvenez pas au 419 millions qui est inscrit dans le plan
budgétaire? Qu'est-ce que vous allez faire comme ajustement?
M. Leitão :
Pour l'année 2017‑2018?
M. Marceau :
Oui, oui.
• (17 h 30) •
M. Leitão :
Écoutez, nous sommes bien déterminés, nous sommes confiants que nous allons
obtenir cet engagement, cette conclusion-là
dans notre processus de négociation, mais on verra bien. Mais, en effet, si jamais
cela n'aboutissait pas sur un dénouement que
nous jugerions convenable, nous avons des marges budgétaires disponibles,
nous pouvons nous ajuster. Et ce que nous
avons aussi dit, c'est que cela ne se fera pas au détriment des services. Donc,
ce que ça veut dire aussi, c'est
qu'on ne va pas mettre en danger, on ne va pas affecter négativement les budgets
des réseaux si on n'arrive pas à trouver le dénouement qu'on souhaite à
ces négociations-là, mais nous sommes assez confiants que les négociations vont
aboutir à un dénouement qui sera équitable pour tous.
M.
Marceau : O.K. Donc
là, vous dites que vous avez des marges au cas où ça ne fonctionnerait pas.
C'est ça?
M. Leitão :
Oui.
M. Marceau :
O.K. Où sont-elles identifiées?
M.
Leitão : Il y a les marges
de prudence qui existent toujours dans les budgets. Comme vous le savez très bien, nous avons une provision pour éventualités. Ça,
c'est du côté des revenus. Mais nous avons aussi de l'autre côté, du
côté des dépenses... il y a un fonds de
suppléance que vous savez très bien qui existe. Et d'ailleurs, pour l'année 2017‑2018, ce
Fonds de suppléance est quand même bien garni, à 643 millions de dollars.
Donc, nous avons les marges pour...
M.
Marceau : ...le Fonds de suppléance, combien est affecté déjà?
Parce qu'il y a évidemment un grand nombre de mesures qui sont déjà annoncées comme étant financées par le Fonds de
suppléance. Combien il y a... combien, sur le 643...
M. Leitão :
Bon. Le 643 exclut le...
M. Marceau :
O.K. C'est excluant... O.K.
M. Leitão :
...et, comme vous le savez, l'année fiscale vient de commencer, on est à la
troisième journée ou quatrième journée.
M. Marceau :
Oui. Non, ça, je comprends. O.K. Puis, quand allons-nous savoir le résultat de
la négo?
M. Leitão :
Pardon? Quand?
M. Marceau :
Quand?
M. Leitão :
Les résultats de? Excusez-moi, je n'ai pas...
M. Marceau :
De votre négociation.
M.
Leitão : Ah! les négociations. Bon. Les négociations sont en cours.
Comme vous le savez, c'est le Conseil du trésor qui mène cette négociation-là. Donc, je n'ai pas l'information
que ça va se régler à telle date. Nous souhaitons tous que cela se règle
le plus rapidement possible. Je pense que c'est dans l'intérêt des fédérations
médicales comme du gouvernement de régler cette situation le plus vite...
M.
Marceau : La dernière fois, vous aviez pelleté le problème par
en avant. Est-ce que vous vous engagez à ne pas pelleter le problème par en avant? Est-ce que vous vous engagez à
tenir... Parce que, regardez, la dernière fois, vous avez, d'une certaine manière, hypothéqué votre marge, ça
fait qu'aujourd'hui vous vous cognez au problème que vous avez vous-même
créé en reportant les hausses salariales à cette année puis à l'année
prochaine. Là, de reporter ça encore une
fois, là, d'annoncer des milliards pour les prochaines années, question de
dégager 2017‑2018, 2018‑2019, il me semble que... enfin, je ne sais pas
c'est quoi, votre stratégie là-dessus, là. Allez-y. Excusez-moi.
M. Leitão : Écoutez, donc, nous
sommes engagés dans un processus de négociation. Ces négociations sont des négociations de bonne foi, donc nous avons
l'obligation de négocier de bonne foi, et c'est que nous faisons. Nous avons aussi l'obligation
de financer l'ensemble des services publics adéquatement, et donc de répondre à
la demande de service, et nous avons
aussi mentionné que nous n'allions pas mettre en danger ou affecter
négativement ces services-là dans les établissements de santé. Alors,
nous avons une grande obligation d'arriver à un résultat qui sera concluant
pour les deux parties.
M. Marceau :
Est-ce que, advenant qu'il n'y ait pas de compromis possible avec les médecins,
vous envisagez une loi spéciale? Je
dis ça parce que, pour des montants... je pense, c'est 78 fois moindre, vous
avez fait une loi spéciale pour les
juristes de l'État. Alors, je me demande la longueur de votre mèche dans ce
cas-ci. Est-ce que vous envisagez ça?
M.
Leitão : Vous savez très bien
que je n'ai pas de réponse à cette question-là. On ne démarre pas un processus de négociation
avec cette hypothèse-là. Nous négocions de bonne foi. Et, encore une fois, ce
sont nos collègues du Conseil du trésor qui mènent ces négociations-là, donc je
n'ai pas de contrôle direct ou d'influence directe sur ce processus-là autre
que dire que nos négociations vont être menées de bonne foi pour arriver à une
entente négociée.
M. Marceau : ...c'est quoi?
Quel pouvoir de négociation avez-vous?
M. Leitão : Pardon? Quel pouvoir?
M. Marceau : Quel pouvoir de négociation
avez-vous?
M. Leitão : Écoutez, le pouvoir de négociation,
c'est un pouvoir de...
M. Marceau : ...ma question.
M. Leitão : O.K.
M. Marceau : Dans la mesure où implicitement vous reconnaissez
qu'ils ne sont pas suffisamment payés en leur offrant une augmentation de salaire supérieure à celle de tous les Québécois,
dans la mesure où donc déjà vous acceptez cet état de fait là, donc, dans le fond, le pouvoir de négociation, il est faible à partir du moment où accepte
la position de l'autre.
Moi, j'ai beaucoup
d'estime pour les médecins, je pense que les médecins au Québec,
ils font de très bons services et puis il n'y a pas d'enjeu là, sauf que
je considère que leur rémunération est trop élevée pour les moyens qu'on a collectivement puis moi, j'en appelle à un gel de
la rémunération, des salaires, des médecins, et c'est cohérent
avec le fait qu'ils ont rattrapé le
reste du Canada. Vous, vous leur offrez du 6 %. Vous commencez par du 6 %. Comment
voulez-vous que ça soit crédible quand vous
allez être à la table? Vous offrez 6 %, c'est donc que vous croyez qu'ils
sont moins... puis qu'en termes
relatifs ils ne sont pas suffisamment payés par rapport aux autres Québécois.
Ça n'a pas de bons sens, là, votre position. Enfin, moi, je ne vois pas
le pouvoir de négociation que vous avez.
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M. Leitão : Écoutez, le pouvoir de
négociation, c'est que les fédérations médicales sont aussi bien au courant que les Québécois souhaitent que les
services publics puissent continuer d'être dispensés à l'intérieur de
notre capacité de payer, et nous sommes disposés à négocier, et c'est ce que
nous allons faire. Ça ne prendra pas une éternité non plus.
Ces négociations vont se poursuivre. C'est une
question de quelques semaines, je pense, qu'on puisse arriver à une entente, mais nous voulons que cette entente
reflète deux choses, d'abord notre capacité de payer. On ne peut pas non
plus... et tout le monde est au courant, les
fédérations sont au courant que notre capacité de payer n'est pas illimitée,
donc qu'elle est limitée. Mais, de l'autre
côté aussi, les négociations reflètent le fait que nous voulons améliorer et
augmenter le niveau de service que les
médecins offrent à la population. Donc, c'est dans l'intérêt mutuel qu'on
arrive à une entente.
M. Marceau : Oui. Mettons.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. le député de Rousseau.
M. Marceau : Peut-être une
question assez précise, là. Là, il y a deux manières de faire les choses. Il y
a une reconnaissance de la part des
fédérations que les hausses qui avaient été étalées étaient trop importantes
puis que donc il ne faut pas les payer, ces hausses-là. L'alternative,
c'est de les étaler de nouveau. Il y a deux manières : ou bien on
dit : Ces hausses-là n'avaient pas de sens, on ne les paiera pas; ou bien
on les étale de nouveau.
Est-ce que
vous envisagez le scénario de l'étalement encore à travers le temps? Est-ce que
vous envisagez d'encore étaler à travers le temps ces hausses
salariales?
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M. Leitão : Ce qu'on dit et ce qu'on
a indiqué dans nos documents budgétaires, c'est qu'on va négocier de bonne foi avec les fédérations médicales. On a dit
aussi qu'il fallait un réaménagement de l'étalement qui a été convenu en
2014. Donc, ça fait partie du processus de négociation et...
M. Marceau :
...réaménagement, il y a le fait de ne pas verser ces hausses salariales?
M. Leitão : Ça va être négocié avec
les fédérations. Je ne pense pas...
M. Marceau :
...que, si vous l'étalez à travers le temps, le problème va se reposer dans
quelques années, et ça va être la même chose.
M.
Leitão : Bien sûr, et nous sommes bien conscients de ça. Donc, ce
n'est pas quelque chose qui est souhaitable. Et d'ailleurs vous avez vu
que ce que nous avons comme projections, c'est que, pour les années suivantes,
ce qui est proposé, c'est une augmentation
de 3 % de la masse salariale des médecins. Donc, ce n'est pas prévu qu'il
y ait une autre balloune qui apparaît.
M. Marceau : Bien, je vais
arrêter là puis je vais garder ce qui me reste, M. le Président, là, parce
que...
Le
Président (M. Bernier) :
C'est bien, M. le député de Rousseau. Nous allons donc passer du côté
gouvernemental et nous aurons le plaisir de passer la parole au député
de Sainte-Rose. M. le député.
• (17 h 40) •
M.
Habel : Merci, M. le Président. Très heureux de retourner à la
Commission des finances publiques. J'en profite pour vous saluer, saluer le ministre des Finances, les gens des
oppositions, les gens qui m'accompagnent sur la banquette ministérielle
ainsi que les personnes du ministère des Finances.
Très heureux
d'être ici pour parler d'un budget, le budget 2017‑2018, un troisième budget
équilibré. À titre de plus jeune député homme de l'Assemblée nationale,
je suis très heureux de voir à nouveau un budget qui est pour l'ensemble des générations, donc un budget qui est
équilibré, étant donné, disons, le portrait de l'ancien gouvernement,
qui était un peu plus difficile. M. le
Président, vous en conviendrez, un budget qui n'a pas de crédits, c'est un peu
comme un yin sans son yang, donc, il manque
une balance, puis, à titre de comptable, je peux vous garantir que je ne
cautionne jamais un budget qui est
sans crédits. Un budget non plus qui a un déficit potentiel, selon le
Vérificateur général, de 5,6 milliards de déficit en 2014‑2015 puis de 7,3 milliards en 2015‑2016, je
n'appelle pas ça non plus, M. le Président, une saine gestion des finances publiques. Heureusement, on est arrivés,
on a remis la maison en ordre, puis on a rétabli les finances publiques
tout en investissant dans le Fonds des générations parce que c'est important,
M. le Président. Lorsqu'on voit la situation financière
actuelle, on voit très bien que le gouvernement a créé des emplois qui sont des
emplois de qualité, des emplois qui
sont aussi à temps plein, on voit la situation actuellement : 90 800
emplois au Québec. Quand on se compare avec l'Ontario, à 83 600
emplois, ou à la Colombie-Britannique, à 75 500 emplois, on voit très bien
que le Québec est très bien positionné avec une volonté aussi de croissance
économique qui est réaliste et qui est très bien, à 1,7 %.
On a réussi à rétablir la situation budgétaire,
M. le Président, et ça, c'est pour le bénéfice de l'ensemble des Québécois.
Puis c'est sûr et certain que les oppositions jouent leur rôle d'opposition,
mais je pense qu'elles peuvent constater à quel point les finances publiques
sont saines, sont adéquates et que c'est au bénéfice de l'ensemble des
générations qu'on a fait ce budget 2017‑2018.
On a une
volonté aussi, M. le Président, de réduire la dette, on a des cibles qui sont
très ambitieuses, puis je pense qu'elle
est aussi bonifiée avec le Fonds des générations, M. le Président, parce que la
situation entre le fait d'avoir un Fonds des générations et de ne pas avoir de Fonds des générations aurait eu un
impact majeur sur la dette brute du Québec. C'est un fonds qui est très important, considérant
aussi, M. le Président, la situation du vieillissement de la population, et
je pense qu'on doit être tous conscients de
cette situation-là, et c'est pourquoi aussi je salue les gens qui, en 2006, ont
mis la Loi sur la réduction de la dette puis
aussi l'institution du Fonds des générations. Je tiens quand même à dire que ça
émane aussi d'une idée de la
Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec. Et je tiens à féliciter les
gens qui étaient là à la Commission-Jeunesse
et qui ont eu cette vision d'avenir pour l'ensemble des Québécois, parce que,
quand on regarde le vieillissement de
la population entre 1971 et 2015, M. le Président, et c'est dans la politique
jeunesse, on voit qu'il y a réellement
un déclin au niveau de la population active. En 1971, 6,8 % des gens
étaient âgés de 65 ans et plus, et, lorsqu'on va jusqu'en 2015, 17,6 % maintenant ont 65 ans et plus, alors que,
par exemple, les 0-14 ans passent de 29,3 % à 15,5 %. Donc, on voit réellement qu'il y a un
vieillissement marqué au niveau de la population, et c'est pourquoi c'est
important, M. le Président, quand on regarde
des chiffres comme le ratio des travailleurs, c'est pourquoi c'est important
d'avoir une réduction de la dette et
des objectifs clairs à atteindre qui vont être de 45 % par rapport au PIB,
M. le Président, parce que, lorsqu'on
regarde le ratio actuellement, il y avait 5,2, en 2004, travailleurs pour des
personnes de 65 ans et plus, puis on diminue progressivement à 3,6 en
2017 et à 2,4 en 2030.
Alors, vous voyez, M. le Président, à quel point
il est important de s'assurer d'investir dans le Fonds des générations. Et je
remercie puis je salue aussi l'initiative du PQ d'avoir gardé le Fonds des
générations. J'ai un grand questionnement
par rapport à la position de la Coalition avenir Québec, qui veut aller piger
dans le Fonds des générations. Je ne
vous cacherai pas qu'en tant que jeune parlementaire je suis surpris et je
n'aime pas entendre que la Coalition avenir Québec veut aller piger dans
le Fonds des générations.
Comme le dit le ministre des Finances, c'est la
mesure d'équité intergénérationnelle la plus importante au Québec
et c'est important de la garder, M. le Président. On voit qu'il y a
des investissements à chaque année qui sont très importants.
Sur un budget de 106 milliards, il y a quand même 2,5 milliards qui
vont être investis pour le Fonds des générations. Et je pense que c'est des investissements
qui sont très importants.
Le Fonds des générations, actuellement, est à
2,6 milliards, M. le Président, et on prévoit son augmentation à 26,7 milliards
de dollars dans cinq ans, soit en 2022. C'est sûr qu'il y a beaucoup de revenus
qui émanent du Fonds des
générations : il y a des redevances hydrauliques, il y a des redevances au
niveau du revenu minier et aussi une portion qui vient de la taxe spécifique sur les boissons alcooliques. Mais tout
ça, c'est vraiment pour apporter un cercle qui est vertueux pour le
Québec, c'est-à-dire une réduction de la dette, un investissement dans le Fonds
des générations et avoir, année après année,
un équilibre budgétaire. Je pense que c'est un cercle vertueux qui est
intéressant, surtout lorsqu'on voit que la croissance économique puis la
création d'emplois y sont, M. le Président.
Alors, j'ai une première question pour le
ministre des Finances, parce qu'on voit qu'en 2016, à la page E.44, il y a
un rendement de 7,3 % pour le Fonds des générations et je voulais savoir
l'importance de garder le Fonds des générations,
parce que certains ont voulu dire : Pourquoi ne pas prendre le Fonds des
générations et l'investir directement à la dette? Alors, ma première question, c'est de savoir : Pourquoi
ne pas payer la dette et garder le revenu de placement?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
• (17 h 50) •
M.
Leitão : Très bien. Bonne question. Plusieurs choses à mentionner
là-dessus. Comme vous le savez, comme vous
l'avez d'ailleurs mentionné, le fonds a été créé il y a une dizaine d'années
pour nous donner un outil de contrôler et de rembourser la dette.
Cet outil
comporte deux parties importantes. D'abord, et vous l'avez mentionné aussi, ce
fonds-là a ses propres sources de
revenus qui lui sont dédiées. Donc, on peut penser que l'équivalent serait une
espèce d'épargne forcée. Vous l'avez
mentionné, il y a des redevances hydrauliques, une partie des revenus miniers,
même une bonne partie de la taxe spécifique
sur les boissons alcooliques. 500 millions, ce n'est pas rien. Donc, ces
revenus-là sont dédiés au Fonds des générations,
donc ça nous force à avoir cette discipline-là de, à chaque année, mettre de
l'argent de côté. Et ce fonds-là est utilisé tout simplement pour faire
contrepoids à la dette publique du Québec. C'est ça, ce que le législateur a
établi il y a une dizaine d'années.
Maintenant,
10 ans plus tard — et là je reviens à votre question — 10 ans plus tard, on se rend compte que le
fonds a atteint un montant considérable. On
est maintenant à 10,5 milliards de dollars. Ce que ça veut dire en termes
très pratiques, très concrets, c'est
que maintenant les revenus de placement commencent à être considérables. Donc,
pour cette année, l'année qui vient,
l'année 2017‑2018, on a à peu près 2,5 milliards, 2 480 000 000 $,
qui vont être versés au Fonds des générations,
mais de ce montant-là 620 millions sont ce qu'on projette, ce qu'on pense
avoir comme revenus de placement. Et,
par la suite, les années qui vont suivre, les revenus de placement vont
augmenter et assez rapidement, parce que la taille du fonds augmente.
Donc, on commence maintenant, à partir de 2016‑2017 surtout, à constater un
véritable effet de levier. Donc, l'effet de
levier augmente et il fait boule de neige. Donc, à chaque année, il est de plus
en plus élevé, de telle sorte que,
rendu à 2021‑2022, le Fonds des générations sera rendu à 26 milliards de
dollars, et donc sa croissance va être exponentielle.
Donc, c'est
pour ça qu'à notre avis c'est extrêmement intéressant, utile de maintenir cette
approche-là, donc de faire les
versements, donc avoir la discipline de, chaque année, mettre de l'argent de
côté, donc d'épargner cet argent-là qui va dans le fonds, qui augmente
rapidement et qui génère des revenus de placement qui font en sorte qu'il augmente
rapidement.
Est-ce qu'on
pourrait verser directement ces sommes à la dette, donc faire baisser le niveau
absolu de la dette? La loi le
prévoit. On pourrait le faire, en effet. Ce n'est pas impossible. Cependant,
comme je viens de dire, maintenant qu'on commence à avoir un effet de levier important, c'est maintenant
que ça devient de plus en plus intéressant de le maintenir comme ça. Mais nous avons toujours
cette possibilité, de rembourser la dette directement, si jamais on le
souhaite.
Comme vous le
savez aussi, le fonds est géré de façon indépendante et professionnelle par la Caisse de dépôt et placement, qui obtient, comme vous avez mentionné, 7 % de
rendement. Donc, je pense que c'est aussi important de noter que ce n'est pas le gouvernement, ce n'est pas le
ministère des Finances, aussi expert soit-il... ce n'est pas le
ministère des Finances ou le gouvernement
qui va gérer le Fonds des générations, il est géré par une entité indépendante
comme la Caisse de dépôt, et donc
c'est cette gestion du fonds par un organisme indépendant et reconnu par son
expertise et indépendant de pressions politiques qui fait dire aux
agences de notation, par exemple, que le Fonds des générations est un outil
vraiment incontournable pour le maintien de la cote de crédit du Québec, parce
que le gouvernement du Québec s'est engagé,
il y a déjà une dizaine d'années, s'est engagé à arriver à un ratio dette-PIB
de 45 % en 2025‑2026 et notre cote de crédit dépend de notre capacité d'atteindre cet objectif-là. Ça, c'est
très clair. Et d'ailleurs, quel que soit le gouvernement au pouvoir, je pense que tout le monde comprend
ça. D'ailleurs, le député de Rousseau, quand il était aussi au ministère
des Finances, il l'avait aussi très bien compris.
Et donc c'est cet outil-là qui nous permet
d'atteindre cet objectif, parce que, si on n'avait pas le Fonds des générations, le ratio dette-PIB ne serait pas à
45 % à la date qu'on s'est fixée comme objectif, on serait aux alentours
de 52 %, 53 %, donc on n'y
arriverait pas. Il nous faut vraiment le Fonds des générations pour y arriver,
et notre cote de crédit dépend de
notre capacité d'atteindre cet objectif-là. On peut dire : Bien, c'est un
objectif qui est arbitraire. Pourquoi 45 %? Bien, oui, ça aurait pu être 47 %, ça aurait pu être 42 %. En
effet, c'est un chiffre arbitraire, sauf qu'on s'est engagés à l'atteindre, cet objectif-là. C'est une diminution
importante du poids de la dette au Québec, qui a déjà été à 55 %.
Donc, on va la réduire à 45 %. Ça nous
met dans une fourchette qui est beaucoup plus gérable. On va quand même avoir
un niveau d'endettement qui est élevé, mais il va être beaucoup plus
gérable et beaucoup plus compatible avec le reste des provinces canadiennes et avec la situation en Amérique du Nord. Et c'est
important d'atteindre ces objectifs-là pour faire en sorte qu'on ne mette pas en péril notre
capacité de continuer de livrer les services publics que nous voulons tous le
faire.
Donc,
le Fonds des générations est important et même crucial pour le maintien de
notre cote de crédit, qui, elle, nous
permet de continuer à emprunter à des taux extrêmement avantageux pour la
province dans les marchés financiers, ce
qui nous permet de faire deux choses : ce qui nous permet de rouler notre
dette à un rythme qui est avantageux, donc, mais
ça nous permet aussi d'emprunter des sommes que nous devons emprunter pour
financer notre programme d'infrastructure, qui est très ambitieux.
Nous
voulons, au cours des 10 prochaines années, investir en infrastructures quelque
chose comme 91 milliards de dollars
sur 10 ans, et, ces sommes-là, on va devoir les emprunter. Et donc, pour le
faire, il faut avoir un outil, comme le fonds, qui nous permet de maintenir notre cote de crédit, à tel point
que maintenant, en 2017... fin 2016 ou début 2017, quelque chose qui n'est pas arrivé depuis...
écoutez, moi, je ne me rappelle pas d'avoir vu ça, peut-être que quelques-uns
un peu plus anciens que moi vont s'en
rappeler, mais ce que le Québec paie,
indépendamment de la cote de crédit... mais, ce qu'on paie sur notre dette dans les marchés financiers, maintenant,
nous avons les mêmes frais de crédit... enfin, les mêmes taux que nos voisins de l'Ontario.
Ce n'est jamais arrivé... enfin, je pense, ce n'est jamais
arrivé avant. Jamais, c'est trop long. Mais, en tout cas, ça
fait depuis une bonne vingtaine d'années, même plus qu'on n'a pas vu ça. Nous
empruntons exactement au même niveau que
l'Ontario, qui a un niveau d'endettement qui est moins élevé que le nôtre.
Alors, tout ça, c'est grâce à, bon, la bonne gestion des finances
publiques et à l'existence du Fonds des générations.
Et,
juste une dernière chose avant de vous redonner la parole, c'est important, je
pense que j'ai détecté... peut-être que
je me trompe, mais dans les propos du député de Granby, dans ses remarques
d'ouverture, quand il parlait, donc, d'une possible réduction d'impôt. Maintenant, si j'ai bien compris, il dit
maintenant qu'il n'est pas question pour la CAQ de piger dans le Fonds
des générations. Alors, si c'est ça le cas, je vous salue pour votre changement
de cap.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M. Habel :
Merci, M. le Président. Il ne nous reste pas beaucoup de temps, je pense, hein?
Le Président (M.
Bernier) : Il vous reste environ 3 min 30 s.
M.
Habel : Trois minutes. Bien, je vais peut-être rester un peu sur le
même sujet, sur la dette. Je veux remercier premièrement le ministre des
Finances pour sa réponse.
Quand
on regarde aussi au niveau de la dette brute du Québec par rapport aux autres
provinces canadiennes, on voit que la
dette du Québec était très élevée, à 53,4 %, alors que, par exemple, au
fédéral, c'est 46,8 %, puis, lorsqu'on se dirige plus vers la
Saskatchewan ou l'Alberta, on est à 10 % par rapport au PIB. Alors, c'est
sûr et certain que, lorsqu'on regardait le
vieillissement de la population... Puis je suis heureux de voir aussi, comme le
ministre des Finances, que la CAQ a
changé sa position sur le Fonds des générations. Je le reconnais puis je le
remercie. C'est très, très, très apprécié pour les jeunes parlementaires puis la nouvelle génération. Mais, lorsqu'on
regardait actuellement le ratio dette-PIB, vous avez parlé d'un objectif qui est quand même assez
ambitieux, de 45 %. Quel aurait été l'impact si on avait poursuivi dans
un cercle non vertueux, mais un cercle,
disons, vicieux? Parce que, lorsqu'on est arrivés au pouvoir, il y avait quand
même un déficit potentiel assez énorme.
Si
on avait continué dans cette veine-là avec un contrôle de la dette et un vieillissement
de la population, quel aurait été l'impact sur les agences de notation
par rapport à la perception du Québec?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Écoutez, ça aurait été très dangereux, parce que, déjà qu'on était sous
surveillance avec une perspective
négative... Donc, si on avait continué dans cette direction-là, je pense qu'à
ce moment-là une décote serait envisageable. On peut dire : Mais
bof! une décote, qu'est-ce que ça aurait fait? Attention! ça aurait été
extrêmement dommageable, parce que la cote
de crédit que nous avons maintenant, et qui est tout à fait bien protégée
maintenant, elle est au niveau...
disons, le plus bas niveau de l'acceptable. C'est une cote de crédit qui est
donc «investment grade», donc qui permet
à beaucoup d'investisseurs institutionnels de détenir notre dette, et c'est
très bien. Mais, si jamais on était décotés de là où on est, on
tomberait dans une zone qui serait extrêmement préoccupante, parce qu'à ce
moment-là il y aurait plusieurs investisseurs institutionnels qui ne pourraient
plus détenir notre dette.
Par
exemple, récemment, bien sûr, la province de l'Alberta a été décotée. L'année
passée, la province de l'Ontario a été
décotée. Mais eux, ils étaient à des niveaux plus élevés. Donc, eux, ils ont
baissé d'un cran. Bon, ce n'est pas agréable, mais ce n'est pas nécessairement tragique. Pour nous, ça aurait été
extrêmement dommageable de subir une décote de là où on est. Avec tous les changements qu'on a faits,
maintenant on se trouve dans une situation où on envisage
potentiellement une amélioration de notre cote de crédit. Est-ce qu'elle va
venir cette année? Écoutez, je ne sais pas, je ne peux pas prévoir ces choses-là.
Mais
c'est envisageable maintenant de pouvoir obtenir une amélioration de notre cote
de crédit, et ces choses-là, ce n'est
pas insignifiant. Si jamais, par exemple... et d'ailleurs, dans nos documents
budgétaires, nous avons un fascicule qui est très intéressant, sur le Fonds
des générations...
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre, on va avoir l'occasion de reprendre nos
discussions demain.
M. Leitão :
Je pense que oui.
Le
Président (M. Bernier) : Compte tenu de l'heure, je lève la séance, et
la commission ajourne ses travaux à demain, après les affaires
courantes. Merci aux gens qui ont participé à nos travaux cet après-midi.
(Fin de la séance à 18 heures)