(Quinze
heures trois minutes)
Le
Président (M. Bernier) : À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission des finances publiques ouverte et je demande bien sûr
à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
La
commission est réunie afin de procéder à des consultations particulières et
auditions publiques sur le projet de loi n° 126, Loi favorisant la santé
financière et la pérennité du régime de retraite du personnel d'encadrement
et modifiant diverses dispositions législatives.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Reid (d'Orford) est remplacé par M. Carrière
(Chapleau); M. Bonnardel (Granby) est remplacé par M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière).
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Avant de vous présenter
l'ordre du jour, bien, bienvenue, M. le ministre. On est contents de
votre retour et de votre participation à la Commission des finances
publiques...
M. Moreau :
Merci beaucoup.
Le
Président (M. Bernier) : ...comme président du Conseil du
trésor. MM. les députés de l'opposition, MM. les députés de la partie gouvernementale, bienvenue. Le personnel du
secrétaire du Conseil du trésor également, bienvenue, on est heureux de
vous recevoir, et le personnel de l'Assemblée qui nous accompagne.
Alors,
voici l'ordre du jour. Cet après-midi, nous allons débuter par les remarques
préliminaires et, par la suite, nous entendrons la Coalition de
l'encadrement en matière de retraite et d'assurance, l'Association démocratique
des retraités, et M. Guy Lessard, de
l'Association québécoise des directeurs et directrices d'établissement
d'enseignement à la retraite,
l'AQDER, et M. Donald Tremblay, de l'Association québécoise des
retraité-e-s des secteurs public et parapublic.
M. le ministre, oui.
M. Moreau :
...
Le Président
(M. Bernier) : Un remplacement de plus? Bien, allez-y, on
remplace.
Le Secrétaire :
Mme Jean (Chicoutimi) est remplacée par M. Leclair (Beauharnois).
Remarques préliminaires
Le
Président (M. Bernier) : Merci beaucoup. M. le président
du Conseil du trésor, je vous cède la parole. Vous disposez d'environ
six minutes pour vos remarques préliminaires.
M. Pierre Moreau
M. Moreau :
Merci beaucoup. Merci pour vos bons mots, M. le Président. Permettez-moi de
saluer d'abord le député de
Beauharnois, que je retrouve dans un dossier qui touche la réorganisation des
fonds de pension, de même que le député
des Chutes-de-la-Chaudière. Je veux saluer également mes collègues le député de
Chapleau, le député de Pontiac et mon adjoint parlementaire au Conseil
du trésor, le député de Marguerite-Bourgeoys.
M.
le Président, aujourd'hui, nous entamons les consultations particulières sur le
projet de loi n° 126, un projet de
loi qui prévoit la restructuration du Régime de retraite du personnel
d'encadrement de la fonction publique, le RRPE pour faire court. Il s'agit
d'un exercice essentiel. Ce régime de retraite à prestations déterminées doit absolument
retrouver sa santé financière s'il veut durer.
D'entrée
de jeu, je tiens à souligner que le projet
de loi, dans sa forme actuelle, est
le résultat de consultations menées auprès de ses participants actifs
et retraités. Regardons cela de plus près.
La
Loi sur le régime de retraite du personnel d'encadrement de la fonction
publique est entrée en vigueur en 2001. Cette loi exauçait le souhait que les associations de cadres exprimaient
depuis plusieurs années, soit celui d'avoir leur propre régime de retraite. Le régime est offert aux cadres de la
fonction publique, du réseau de la santé et des services sociaux, des commissions scolaires, des collèges
et de certains organismes gouvernementaux, ce qui est important. Il est
administré par Retraite Québec et s'applique à peu près à
28 000 participants actifs et à 28 000 retraités.
La
situation financière du régime s'est dégradée au point de creuser un important
déficit dans la caisse de retraite. La
cotisation des participants a atteint un sommet, et les coûts pour le gouvernement
et les autres employeurs n'ont cessé d'augmenter.
Pour
redresser une situation financière déjà précaire, une première entente avec les
cadres a été conclue en 2011, entente
qui prévoyait un resserrement de certains avantages et un mode de financement
temporaire du régime. Malgré tout, la santé financière du régime s'est
fragilisée encore davantage pour atteindre aujourd'hui un point critique.
Ces quelques chiffres qui suivent le démontrent.
La dernière évaluation actuarielle du régime indique un déficit de la caisse
des participants évalué à un 1,8 milliard de dollars, un taux de
capitalisation de 83,6 %, un taux de cotisation des participants de
15,03 % pour l'année 2017, taux qui a plus que triplé au cours des
10 dernières années.
Si on veut
résorber le déficit de la caisse, si l'on veut assainir le financement du
régime et, surtout, si l'on veut assurer sa pérennité, des changements
majeurs s'imposent parce que, M. le Président, la situation ne se réglera pas d'elle-même. Elle exige un effort de tous,
employés, retraités, gouvernement et les autres employeurs, y compris les
secteurs de la de la santé et des services sociaux, les commissions
scolaires et les collèges. C'est pourquoi le gouvernement a entrepris, en novembre dernier, des discussions
avec les représentants des cadres et les groupes de retraités. Comme je le
disais plus tôt, les participants ont majoritairement donné leurs accords à une
véritable restructuration du régime avec comme
objectif de résorber le déficit d'ici 2023. C'est cet accord conclu avec la
majorité des associations qui nous amène aujourd'hui à présenter des
modifications importantes au régime de retraite du personnel d'encadrement.
Pour
atteindre notre objectif, c'est-à-dire remettre le régime sur la voie de la
santé financière et dégager une marge de
manoeuvre suffisante, il est proposé de modifier les critères d'admissibilité à
la retraite et les modalités de calcul de la rente du régime.
Voyons
d'abord les critères d'admissibilité. Le projet de loi prévoit qu'un
participant aura droit à une rente sans réduction dans l'une ou l'autre des situations suivantes : s'il a
atteint de 61 ans, s'il a atteint l'âge de 56 ans et compte
35 années de service, s'il a atteint le facteur 90 et est âgé d'au
moins 58 ans, en combinant ses années de service.
Pour le
participant qui voudra prendre une retraite anticipée, il est proposé de
réduire sa rente de 6 % par année d'anticipation
plutôt que de 4 %. Le taux de réduction de 6 % est le même que celui
qui s'applique au Régime de retraite des employés du gouvernement et des
organismes publics, le RREGOP.
Le projet de
loi prévoit également, pour tous les participants, d'utiliser le salaire moyen
des cinq meilleures années pour le
calcul de la rente plutôt que les trois meilleures, comme c'est le cas
présentement, d'augmenter de 38 à 40 le nombre maximal d'années de
service créditées aux fins du calcul.
Par ailleurs,
des dispositions transitoires seraient prévues pour les participants qui auront
commencé la réduction de leur temps
de travail suite à une entente de mise à la retraite de façon progressive, et
ce, avant le dépôt du projet de loi à l'Assemblée nationale.
Une autre intervention qui touchera les
bénéfices du régime est proposée pour une période limitée à cinq ans. Il y aura suspension de l'indexation des rentes
des retraités. Au-delà de cette période de cinq ans, l'indexation reprendre
selon un taux revu à la baisse. Cette mesure
s'appliquerait à ceux qui sont déjà retraités et aux employés qui prendront
leur retraite avant le 1er juillet 2019.
Les employés sont soit visés par la suspension
de l'indexation de leurs rentes ou par la modification des taux d'indexation, soit touchés par les mesures de
redressement des règles d'admissibilité à la retraite ou par la réduction du
calcul de la rente.
• (15 h 10) •
Bien que
significatives et malgré les efforts demandés aux participants et aux
retraités, ces mesures ne seraient, à elles seules, pas suffisantes pour
restructurer le Régime de retraite du personnel d'encadrement. C'est pourquoi
le gouvernement a décidé de poser un geste
majeur pour résorber le déficit du régime et assurer sa pérennité. Il prendra
donc entièrement à sa charge le paiement des
rentes des retraités au 31 décembre
2014 et de leurs conjoint survivant ou héritiers, le cas échéant,
paiement qui ne sera donc plus partagé avec la caisse des participants.
Pour ce
faire, le projet de loi prévoit le transfert au gouvernement des sommes accumulées pour le paiement des prestations de ces
personnes. Pour ceux qui ont pris leur retraite depuis le 31 décembre 2014 ou
qui la prendront après et leur conjoint
survivant, le cas échéant, le paiement de leur rente continuera d'être
assumé conjointement par le gouvernement et la caisse des
participants.
Le gouvernement et les autres employeurs cotisant au régime contribuent donc à la
résorption du déficit par le versement
d'une contribution temporaire à la caisse des participants. Ces
derniers paieraient seulement ce qu'il en coûte pour accumuler le service courant dans le régime. La contribution du gouvernement et des autres employeurs permettrait d'éviter un sous-financement, mais elle ne
pourra pas excéder 100 millions
de dollars par année et serait
soumise à certaines conditions.
Enfin, l'ensemble des modifications proposées
permettrait de résorber le déficit de la caisse des participants d'ici 2022 et de réduire considérablement la maturité du régime afin d'en assurer sa pérennité. Par la suite, il serait possible de
repartir sur des bases nouvelles pour assurer un financement sain du régime et
permettre le retour à un partage 50-50 des coûts entre employeurs et participants, coûts que le gouvernement et les autres employeurs cotisant au régime assument présentement
à la hauteur de 60 %, tout cela grâce aux efforts concertés des
participants actifs, des retraités et du gouvernement
en cohérence avec les récentes négociations et les diverses initiatives
gouvernementales touchant les régimes de retraite des municipalités et
des universités.
Le projet de
loi modifie également la Loi sur le régime de retraite du personnel
d'encadrement pour permettre de
préciser que certaines personnes nommées par l'Assemblée nationale soient
réputées qualifiées et, le cas échéant, soient réputées avoir complété
la période additionnelle de participation à ce régime dès la prise d'effet de
leur nomination.
Enfin,
le projet de loi propose de modifier les lois constitutives de trois organismes
gouvernementaux : le Centre de
recherche industrielle du Québec, la Société de développement de la Baie James
et la Société des Traversiers du Québec. Ces lois seront modifiées pour
que la rémunération, les avantages sociaux et les autres conditions de travail
de leurs employés soient établis conformément aux conditions définies par le
gouvernement.
Je remercie à nouveau tous les groupes
représentant les participants actifs du régime de retraite du personnel d'encadrement, de même que les associations de
retraités qui ont participé de façon constructive aux consultations qui ont
mené au projet de loi. La tâche à accomplir,
compte tenu des échéances et des enjeux, est colossale, et tous ont accepté
d'importants compromis permettant d'atteindre l'objectif commun, soit avoir un
régime sain, stable et durable.
Tout au long
des consultations que nous entamons aujourd'hui devant les parlementaires, je
souhaite que nous ayons tous à
l'esprit deux choses : d'une part, la nécessaire restructuration du régime
et son retour à l'équilibre financier à long terme et, d'autre part, le fait que les modifications législatives
proposées sont le fruit d'une entente entre les diverses associations qui représentent les participants
actifs et les retraités du régime. Voilà, M. le Président, qui complète mes
remarques préliminaires.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le ministre, de votre
présentation. M. le député de Beauharnois, la parole est à vous.
M. Guy Leclair
M. Leclair : Merci, M. le Président. Alors, tout d'abord, mes
salutations, M. le Président, M. le ministre, les gens qui vous accompagnent, chers collègues, les gens
du ministère, bien entendu, la deuxième opposition et les gens que nous
aurons le plaisir d'entendre un peu plus tard en après-midi.
Comme remarques préliminaires, je dirais, M. le
Président, encore une fois, malheureusement, on invite des groupes avec des délais très, très courts, les
gens n'ont pas le temps de se préparer, surtout lorsqu'on parle d'un régime
de retraite. C'est souvent des chiffres
actuariels. En plus, les gens que nous allons entendre, c'est des retraités
qui, bien souvent, malheureusement,
se débrouillent par eux-mêmes. C'est des petites associations qui n'ont pas
tous les moyens nécessaires pour être capable de démontrer ou de déposer
la documentation pour faire valoir leur point. Alors, un petit bémol, M. le ministre. Il faut prévoir plus
de temps pour ces gens-là lorsqu'ils viennent nous rencontrer, surtout qu'on
parle de régimes de retraite, puis, d'après
moi, ça va être là pour plusieurs années. Alors, pour que les gens soient bien
préparés... Alors, je trouve ça triste un peu qu'on demande à ces gens-là...
avec un délai très, très court.
Lorsqu'on a
eu la rencontre technique avec les gens du ministère, on nous a parlé, à peu
près 50-50, des gens qui sont actifs
et des gens qui sont retraités dans ce régime-là, M. le Président, et
malheureusement le quart ou le tiers de ces gens-là ont été rencontrés — je parle des retraités — pour leur situation. Lorsqu'on parle avec
ces groupes-là, on va avoir la chance d'en entendre certains aujourd'hui,
ces gens-là ont eu comme... lorsque le ministre dit : Il y a eu une vaste consultation, bien, ces gens-là n'ont pas été vraiment consultés. Ces
gens-là ont fait face à la réalité. C'est l'option 1 ou l'option 2, vous prenez un des deux. Je n'appelle
pas ça une consultation, de dire : Est-ce que vous avez d'autres
idées? Est-ce que vous pouvez venir
partager avec nous? Peut-être qu'on pourrait trouver une solution qui serait
plus équitable ou au moins en
discuter réellement. Ils étaient devant des faits accomplis, avec une option 1
et une option 2. Alors, on aura la chance d'entendre ces gens-là.
Mais je trouve ça triste, lorsqu'on parle d'un
régime qui est capitalisé à 84 %... Bien entendu, un des grands problèmes que nous avons dans ce dossier-là, M. le
Président, c'est que les gens travaillent comme salariés, puis, un jour,
ils déménagent comme cadres. Puis ces
gens-là vont percevoir le régime de retraite des cadres, n'auront pas cotisé à
pleine hauteur. Puis on voit ça à
chaque année, ça continue comme ça. Donc, il faut faire attention à ça, M. le
ministre, parce que, là, c'est les retraités qui vont payer pour tous
ces changements-là qu'on va faire.
Bien entendu,
on va tenter de régulariser la situation, mais je trouve très triste de parler
de nos retraités, qui ont négocié des conventions, qui ont négocié des
ententes, puis aujourd'hui on leur enlève ces acquis-là qui avaient été négociés de bonne foi dans leur vie durant,
lorsqu'ils travaillaient. Puis aujourd'hui on dit : Bien, le régime est
capitalisé à 84 %, mais on va vous enlever des acquis. Alors, ces
gens-là vont payer longtemps, M. le Président.
Alors, je
m'en tiendrai là. On posera les questions aux gens puis, bien entendu, article
par article, un jour, bien, on posera nos questions et on tentera d'améliorer
la situation. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le député. M. le député de Chutes-Chaudière.
M. Marc Picard
M. Picard : Bon après-midi, M. le Président. Merci, M. le Président. Salutations à tous mes collègues, toutes les
personnes qui vont nous aider dans notre
travail de parlementaires pour bien comprendre, bien bonifier ce projet de loi là. Il y a des personnes qui vont venir nous donner leur avis
aussi.
D'entrée de jeu, M. le Président, vous savez que j'offre toujours
mon entière collaboration à bonifier les projets de loi. Je tiens à remercier le ministre
pour le briefing technique que nous avons reçu, toujours très, très
détaillé. Mais, au briefing
technique, j'avais avancé aussi l'idée... parce que, là, on nous
présente la solution retenue par le Conseil
du trésor. C'est un problème complexe dont il y a
dû y avoir différents scénarios. J'aurais aimé en prendre connaissance pour
voir si c'est le meilleur scénario.
Mais là, avec les gens que nous allons entendre, peut-être qu'on va entendre
d'autres sons de cloche qui vont nous
aider à trouver la meilleure solution pour ce problème. Nécessité d'agir, mais
ça ne veut pas dire avec précipitation, mais plutôt avec célérité. Il faut le faire, il faut
le faire correctement parce
qu'on espère ne pas se revoir dans 10 ans avec le même problème ici.
Donc, comme
mon collègue de Beauharnois indiquait, on a consulté les représentants des
actifs. On a toujours un problème de consulter les représentants des
retraités, ça fait des années. Moi, ça fait une dizaine d'années que je suis ici, là, puis les retraités n'ont pas leur voix
dans la révision des régimes de retraite, et on l'entend année après année. Là,
c'est une belle démonstration parce que,
oui, il y a eu des regroupements de retraités qui ont été consultés, mais c'est
plus... en tout cas, je pense que c'est plus des associations. Ce n'est
pas leur mandat de discuter des régimes de retraite. Et beaucoup de retraités ont appris dernièrement, là... parce que, là,
depuis que le projet de loi a été présenté, je dois dire que le téléphone a sonné pas mal à mon bureau de comté
pour dire : Aïe! On n'était pas au courant puis on veut se faire entendre.
J'ai
rencontré deux ex-cadres qui ont d'autres solutions à nous présenter. J'avais
demandé que ce groupe-là soit entendu.
Le ministre a démontré beaucoup d'ouverture au moins pour contrer la fermeture
du leader du gouvernement, qui ne
voulait pas au début, mais le président du Conseil du trésor a accepté, puis je
pense que ça va être une bonne chose. Ça
va être une bonne chose d'entendre les gens parce qu'en commission
parlementaire nous, on aime avoir le plus de points de vue possible pour
prendre les meilleures décisions.
Donc, M. le Président, ça va se terminer là. On
va tous bien travailler, comme d'habitude, on va faire ça dans l'harmonie...
Le Président (M. Bernier) :
Dans la collégialité.
• (15 h 20) •
M. Picard : Merci, M. le
Président.
Auditions
Le Président (M. Bernier) :
Collégialité. Merci.
Donc, je
souhaite la bienvenue à la Coalition de l'encadrement en matière de retraite et
d'assurance. M. Dominique
Robert, Mme Josée Lamontagne et M. René Roy, bienvenue à la
Commission des finances publiques. Je vous cède la parole, simplement en
vous identifiant pour fins d'enregistrement.
Coalition de
l'encadrement en matière
de retraite et d'assurance (CERA)
M. Robert
(Dominique) : Merci, M. le Président. M. le
ministre, Mmes et MM. les députés,
merci de nous recevoir. Je me
présente, je suis Dominique Robert, président de la Coalition de l'encadrement
en matière de retraite et d'assurance, mieux connue sous le nom de la
CERA.
J'aimerais d'abord
vous présenter les personnes qui m'accompagnent. À ma gauche, Mme Josée
Lamontagne, qui est directrice générale de la CERA, et, à ma droite, M. René Roy, de chez Trinome
Conseils, qui agit à titre d'actuaire pour la CERA en matière de régimes
de retraite.
La CERA
représente, aux fins des régimes de retraite et d'assurances collectives du
personnel d'encadrement, 11 associations de cadres et hors cadres des secteurs publics et
parapublics. C'est dans ce contexte et avec le mandat de ses partenaires que la CERA vient prendre position à
l'égard du projet de loi n° 126, Loi
favorisant la santé financière et la pérennité du régime de retraite du
personnel d'encadrement et modifiant diverses dispositions législatives.
Le 9 novembre
2016, le Secrétariat du Conseil du
trésor déposait aux associations de cadres et hors cadres, dont les conditions de travail sont soumises à son approbation, une proposition de rémunération globale. Plus spécifiquement, cette proposition comprenait des modifications au Régime de
retraite du personnel d'encadrement, le RRPE, et d'autres volets liés davantage
à la rémunération, que nous n'aborderons pas ici cet après-midi.
Dès le
lendemain du dépôt, des discussions ont débuté et ont finalement
mené, quelques semaines plus tard, à une entente. C'est sur le volet retraite de la proposition que nous nous attarderons davantage, puisque le projet de loi qui est en
cause aujourd'hui reflète les
conclusions des discussions qui ont eu lieu entre tous les acteurs, soit les représentants des participants, des bénéficiaires
et du Secrétariat du Conseil du trésor. Des raisons et un contexte bien
particuliers expliquent notre position favorable à l'égard du projet de
loi n° 126, et nous jugeons à propos d'en faire état.
Permettez-moi
d'abord de remonter un peu dans le temps. Le 1er mars 2012, la CERA se
présentait devant les membres de la
présente commission pour faire état de sa position à l'égard du projet de loi
n° 58, Loi modifiant la Loi sur
les régimes de retraite du personnel d'encadrement et d'autres dispositions
législatives. Nous venions alors d'accepter de procéder à des modifications aux dispositions du régime de retraite
dans le but de contrôler l'augmentation et la volatilité du taux de cotisation du RRPE dans un contexte où
la maturité du régime devenait de plus en plus grande, le déficit était
en progression et le passif des retraités augmentait substantiellement.
Aujourd'hui,
cinq ans plus tard, force est de constater que les efforts consentis n'ont pas
permis d'atteindre les objectifs
visés. Nous avons toujours une maturité grandissante avec maintenant un
participant pour un bénéficiaire, un déficit qui a explosé, soit
1,8 milliard de dollars, selon la dernière évaluation actuarielle au 31
décembre 2014, et un passif des retraités qui représente la moitié du passif
total du régime. Il nous fallait donc attaquer le problème avec la volonté ferme, cette fois-ci, de trouver des
solutions structurantes qui viseraient une réelle pérennité du régime. Le statu
quo n'était pas une option. Nous
devions éviter de reporter à plus tard la mise en place de solutions qui
régleraient la problématique du RRPE,
et il était utopique de croire que de simples changements cosmétiques
viendraient régler le problème du
RRPE. Nous sommes d'avis que des solutions qui sont directement liées aux
causes du déficit actuariel doivent être mises en place afin d'assurer un régime de
retraite à prestations déterminées viable, et ce, pour tous les acteurs, ces
acteurs qui sont, rappelons-le, les
participants actifs, qu'ils soient en début de carrière, en mi-carrière ou en
fin de carrière, les retraités,
qu'ils le soient depuis peu ou depuis plusieurs années, et l'État, représenté
par le Secrétariat du Conseil du trésor.
Le défi de l'équité intergénérationnelle
s'avérait bien évidemment un enjeu de taille dans cette recherche de solutions. C'est donc dans cet esprit que les
représentants de la CERA ont entrepris les discussions avec ceux du
Regroupement des associations de cadres en matière d'assurance et de
retraite, le RACAR, et le Secrétariat du Conseil du trésor au lendemain du
dépôt de la proposition. S'en sont suivies des propositions et des
contrepropositions. Nous avons réussi,
contre toute attente, à faire évoluer la proposition initiale vers une formule
plus acceptable pour les cadres et hors cadres que nous représentons. Bien qu'imparfaite à certains égards,
l'entente à laquelle nous sommes parvenus permet d'assurer aux participants du régime, pour les prochaines années, un
caractère distinctif, un taux de cotisation raisonnable et l'assurance
d'un meilleur niveau de maturité de leur régime de retraite.
Tout au cours
du processus de discussion, le principe d'un partage équitable du déficit du
RRPE entre les participants actifs,
les prestataires retraités et l'État a été reconnu et défendu par la CERA. Nous
reconnaissons pleinement les efforts
demandés aux bénéficiaires actuels du régime et à ceux qui le deviendront d'ici
le 1er juillet 2019, mais nous croyons
sincèrement que la situation financière et la pérennité du régime exigeaient
l'instauration de solutions majeures auxquelles tous les acteurs
devaient contribuer.
Le taux de
cotisation payée par les cadres et hors cadres au cours des dernières années,
soit 14,38 % au cours des années
2014 à 2016 et 15,03 % depuis le 1er janvier dernier, sont déjà bien
au-delà de ce que les retraités ont eu à assumer durant leur carrière, et ce, sans compter des critères de départ plus
avantageux que ceux maintenant offerts. N'eût été de l'entente convenue avec le gouvernement en 2011
pour les années 2012 à 2016, le taux aurait été de l'ordre de plus ou moins 20 %, du jamais vu. Ici, nul besoin de
rappeler que le régime de retraite des cadres et hors cadres fait partie
intégrante des conditions de travail
de ces derniers. Dans le contexte de grande mouvance administrative et
organisationnelle que nous connaissons dans les réseaux de l'éducation,
de la santé et des services sociaux, et de la fonction publique, la rétention et l'attraction des gestionnaires sont
de plus en plus difficiles, et les volontaires pour occuper ces fonctions ne
sont pas légion.
Je réitère que le projet de loi n° 126
reflète le résultat de nos discussions lié au volet retraite de l'entente de rémunération globale acceptée en décembre dernier.
Cela dit, il ne contient toutefois pas une solution pérenne et durable en ce qui a trait aux problématiques liées au
transfert des participants du RREGOP vers le RRPE. En effet, cette situation,
qui existe depuis la création d'une caisse distincte pour les cadres, contribue
annuellement et systématiquement à une détérioration de la santé financière du
RRPE. Dans la présente entente et pour la période qui la couvre, soit jusqu'au
31 décembre 2022, il a été convenu que le gouvernement prendrait en charge
les coûts de transfert, mais à certaines conditions
décrites dans le projet de loi. Bien que cette mesure soit un pas dans la bonne
direction, nous aurions aimé une solution définitive. Mais il en est
autrement. Nous avons tout de même confiance et espoir que les travaux que nous
conduirons en comité conjoint à compter de 2018 permettront cette fois-ci de
trouver des solutions structurelles et permanentes
à une problématique qui entraîne des conséquences majeures pour la pérennité du
RRPE. Il faudra s'assurer que cette
problématique, qui est connue et reconnue de tous, soit réglée afin d'éviter
que les participants du RRPE aient à assumer
encore une fois les contrecoups d'une situation hors de leur contrôle. Pour y
arriver, les représentants du gouvernement
devront disposer d'un mandat clair qui reflétera une réelle volonté
gouvernementale de reconnaître ses cadres et hors cadres comme un rouage
essentiel dans l'atteinte de sa mission.
Pour une
première fois de l'histoire des conditions de travail des cadres et hors
cadres, le gouvernement a déposé une proposition d'offre globale qui
comprenait un volet de rémunération et un volet retraite. Les associations que
la CERA représente ont à leur tour consulté,
discuté longuement avec leurs membres pour dégager une position qui soit la
plus consensuelle possible. C'est à
cet exercice ambitieux que se sont prêtées toutes les associations, et ce, dans
un esprit de transparence et de respect envers leurs membres. Le
résultat de ces consultations a donné lieu à un appui largement majoritaire des membres de ces associations à
l'égard de la proposition. Toutes ont d'ailleurs salué l'initiative
gouvernementale et ont signifié leur souhait que ce soit la première
d'une longue série.
En terminant,
je tiens à vous remercier à nouveau de m'avoir permis, au nom des associations
de cadres et hors cadres des réseaux
des commissions scolaires, des collèges, de la santé et des services sociaux et
du groupe des directrices et
directeurs de succursales de la SAQ, que la CERA représente, d'avoir pris le
temps de nous entendre. Nous serions prêts à répondre à vos questions.
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. Robert, de votre
présentation. M. le ministre, nous allons vous donner la parole
immédiatement pour débuter les échanges.
• (15 h 30) •
M. Moreau :
Merci, M. le Président. M. Robert, Mme Lamontagne, M. Roy,
encore une fois, bienvenue. J'ai eu l'occasion
d'aller vous saluer avant le début des travaux. Je vous remercie pour la
contribution que vous avez faite. Et il est rafraîchissant d'avoir votre présentation pour ouvrir nos travaux,
notamment en raison des remarques préliminaires qui ont été faites par mes collègues des deux
oppositions à l'effet que le temps était court et que les groupes n'avaient pas
le temps de se préparer.
Ce que je lis
dans votre mémoire, c'est le reflet
d'une consultation qui a été faite. C'est le reflet aussi d'un
exercice qui a été fait pour la
première fois en amont de la proposition gouvernementale. Et vous avez été à même de
consulter les gens que vous
représentez et vous en représentez plusieurs, vous représentez 6 000 cadres actifs issus principalement des
secteurs de l'éducation et de la santé, soit
35 % des cadres. Et vous avez produit, le 16 décembre, et je pourrais la
produire à la commission, une lettre dans laquelle vous indiquez que
réunies en assemblée, toutes les associations membres de la CERA, qui sont mentionnées au document de
consultation du 11 décembre de 2016, se sont prononcées en faveur de l'acceptation de l'entente qui est reflétée, comme
vous l'indiquez dans le projet de loi. M. le Président, je vais déposer
le document.
Document déposé
Le
Président (M. Bernier) : ...le dépôt de votre document.
Nous allons nous assurer de le mettre à la disposition des parlementaires.
M. Moreau : Et j'ai pris note, et c'est particulièrement sur cet aspect-là des choses, donc vous avez un appui. Et vous connaissez ce dossier-là, vous le connaissez
bien pour avoir... j'évoquais, dans mes remarques préliminaires, les efforts
qui avaient été faits en 2011. Vous vous
êtes présentés en commission
parlementaire en 2012, et les efforts
qui ont été demandés à ce moment-là ou les éléments qui ont été mis sur la table n'étaient pas suffisants
pour assurer une restructuration pérenne du régime.
Vous dites aujourd'hui : On a vraiment un
pas dans la bonne direction, et les efforts qui sont demandés sont considérables. Et j'ai pris bonne note des remarques préliminaires des oppositions, je vais vous le dire, au fait
que c'est toujours difficile de demander à des retraités, notamment,
comme c'est difficile de demander à des participants à un régime de retraite, de revoir le régime pour
enlever la pression, donc réduire les bonifications de ce régime-là. Et
on sait qu'entre deux maux il faut toujours
choisir le moindre et que la pérennité d'un régime est certainement la première préoccupation que l'on doit avoir en tête.
Vous l'avez
mentionné dans votre rapport et vous avez mentionné deux éléments. D'abord,
trouver la cause du déficit
structurel, la tempête parfaite qui fait que ce régime-là est en situation
difficile, donc un régime où on a des cadres qui arrivent, cotisant à des salaires plus élevés, qui ont une
prestation active moins grande et une retraite aussi longue que n'importe quel autre employé. Tant mieux, ils
peuvent profiter de la vie, mais les impacts sur le régime sont importants.
Et on l'a vu, ça, dans d'autres domaines,
dans le domaine des universités. Et le
député de Beauharnois se souviendra certainement
de l'analyse très détaillée que nous avons faite pour le régime des secteurs municipaux.
Et le
deuxième élément qui vous a guidé, c'est l'équité intergénérationnelle. Et
j'aimerais vous entendre sur cet aspect-là
des choses parce que vous dites finalement que l'entente de 2011, bien
qu'insuffisante, a évité que le taux de cotisation payé par les cadres explose à 20 %, je pense que c'est
ce que vous avez évalué, n'eût été des ententes de 2011. Et aujourd'hui de quelle façon voyez-vous que la
préoccupation intergénérationnelle est traduite dans l'entente qui devient
le projet de loi? C'est là-dessus que j'aimerais que vous ajoutiez des
précisions au mémoire que vous avez présenté.
Le Président (M. Bernier) :
M. Robert.
M. Robert
(Dominique) : Oui, M. le
Président. Essentiellement, effectivement, lors de nos discussions et nos
échanges, vous l'avez entendu, évidemment,
on préconisait de mettre en place des solutions qui sont en lien avec les
causes. Les causes, elles sont
multiples. Il y a aussi plusieurs acteurs. Et, à l'intérieur des acteurs, on
souhaitait que chacun assume, entre
guillemets, sa juste part. Et, à l'intérieur même de chaque regroupement, il
peut y avoir, on comprend, des différences, que ce soit... quand on pense aux participants actifs, il y a des gens
qui sont en début de carrière, des gens qui sont en mi-carrière et des
gens en fin de carrière, ils ont des réalités différentes.
Même chose
chez les retraités, ceux qui le sont depuis peu et ceux qui le sont depuis
longtemps. Il y a un autre acteur qui
est l'État, mais, dans les deux... soit les participants actifs et les
retraités. Et, dans ce cas, il est clair, pour nous, dans le positionnement qu'on souhaitait, que
chacun assume sa juste part. Et le dépôt qui est présenté... le projet qui nous
a été... auquel on a signé nous permet de
croire qu'à moyen terme on va atténuer les effets que nous vivions dans le
passé, notamment sur les causes du déficit.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre.
M. Moreau :
Oui. Alors donc, la question de l'équité intergénérationnelle, elle se retrouve
non seulement répartie sur l'ensemble
des cotisants actifs, parce que vous parliez des gens en début de carrière et
en fin de carrière, et sur les retraités.
Maintenant, vous savez, puis je pense que l'opposition officielle, en cela,
partage l'inquiétude du gouvernement lorsqu'il
est question des régimes de retraite,
il est très difficile de rejoindre les retraités. Mais je constate que, dans
les consultations qui ont eu lieu, notamment, là, sur un des éléments
qui les touchent directement la suspension des indexations, la proposition qui avait été faite au départ prévoyait que la
durée de suspension d'indexation était d'abord de neuf ans. Et ma compréhension, c'est que, suite aux consultations, là, le projet de loi l'a réduit de neuf, de la proposition originale, à cinq, de même que l'indexation de la retraite lorsque
l'indexation sera remise en fonction, à l'expiration de ce projet de
cinq ans.
Selon vous,
est-ce que cet élément-là est aussi un élément qui s'intègre à la préoccupation intergénérationnelle, étant entendu que les retraités, eux,
n'ont plus de représentant actif au sein des fonds de pension?
Le Président (M. Bernier) :
M. Robert.
M. Robert
(Dominique) : Oui. Bien, peut-être,
M. le Président, si vous me permettez, sur la durée, en termes d'évolution, sur la
mesure de la suspension de l'indexation pour les retraités, bien évidemment,
elle faisait partie de l'entente globale. Effectivement,
elle a évolué au fil du temps. La position de la CERA n'a pas été de s'ingérer
ou de proposer des moyens particuliers, mais
plutôt de s'assurer que chacun des acteurs concernés puissent y contribuer.
Donc, effectivement, que des
mesures aient évolué de neuf ans à cinq ans, ça a des effets sur le volet
intergénérationnel.
Je
vous dirais, sur le volet des retraités, donc, évidemment, la réalité est
différente, là, selon que les gens soient retraités depuis peu ou à long terme. Mais une chose est certaine, c'est
qu'on voulait s'assurer que chaque acteur puisse bien, je dirais, assumer la partie du déficit actuariel qui leur revient
et éviter que toute modification soit assumée par les participants actifs
en plus de ce qui a déjà été assumé dans les changements parce qu'évidemment
vous comprendrez qu'il y a eu des concessions importantes qui ont été faites
dans le projet de loi actuel.
M.
Moreau : Lorsque vous
établissez, à la page 4 de votre mémoire, que les taux de cotisation
payés par les cadres et hors cadres
au cours des dernières années, soit 14,38 %, au cours des années 2014 à
2016, et 15,3 % depuis le 1er janvier dernier, sont — attendez
un peu, là, c'est recto verso — déjà
bien au-delà de ce que les retraités ont dû assumer... puis je comprends que vous ne dites pas ça dans la
perspective de lancer des pierres à quelqu'un, mais on est véritablement dans la question de l'équité intergénérationnelle et du discours
que vous tenez à l'effet que tous doivent contribuer, d'une part, à la résorption du déficit, mais surtout à assurer
la pérennité de ce régime-là parce que c'est à l'avantage aussi de ceux
qui sont actifs, comme c'est à l'avantage de ceux qui sont retraités.
Dans le cadre... Et
vous avez salué l'initiative gouvernementale de consultation. Est-ce que vous
avez l'impression — et, pour moi, c'est fondamental parce qu'on
dit en préambule du projet de loi qu'il s'agit du reflet d'une entente — que vos préoccupations ont été reflétées
dans le processus qui nous mène au dépôt du projet de loi et à l'étude
que nous entamons aujourd'hui?
Le Président
(M. Bernier) : M. Robert.
M. Robert (Dominique) : M. le Président, au moment... dans toute
évolution, dans tout échange, évidemment, on doit s'appuyer sur des principes, et les principes sur lesquels nous
nous sommes appuyés, c'est de mettre en place des solutions en lien avec
les causes. Donc, les solutions que l'on retrouve dans le projet de loi sont
effectivement en lien avec les causes, et
nous souhaitions que tous les acteurs y contribuent, et c'est ce qu'on
retrouve. Sans s'ingérer dans les moyens
de façon spécifique, parce que la CERA représente principalement les actifs,
donc on s'est assurés, évidemment, d'en tenir compte.
Et
il ne faut pas oublier, M. le Président, qu'on parle ici, évidemment, du volet
régime de retraite, mais le tout s'inscrivait dans le cadre d'une offre
de rémunération globale. Donc, l'ensemble des partenaires ont tenu compte de
l'ensemble des éléments, et c'est dans ce cadre-là que l'entente s'est conclue
et que le tout a cheminé auprès de ces partenaires, M. le Président.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le ministre.
• (15 h 40) •
M. Moreau :
Je ne veux pas vous mettre au centre d'un conflit qui ne vous touche pas, là,
mais, quand je vous entends prononcer
«rémunération globale» et que je vois que, dans la rémunération globale, vous
considérez les effets d'une rente de
retraite, je dois vous dire que c'est tout à fait la perspective que j'ai
moi-même dans des négociations que je dois
conduire avec d'autres représentants qui travaillent pour l'État. Et je suis
heureux de voir que des gens qui sont dans une situation où, justement, ils ont un enjeu lié à leur régime de
retraite considèrent que la rente de
retraite, la survie de la retraite,
la santé financière d'un régime de retraite constituent un élément fondamental
de la rémunération globale. Et je sais que vous ne le disiez pas dans cette
perspective-là, mais je ne peux pas m'empêcher honnêtement de le souligner.
Je termine. Il nous
reste peut-être trois ou quatre minutes...
Le Président
(M. Bernier) : Quatre minutes.
M. Moreau : Quatre minutes. Vous avez indiqué que tout n'est
pas parfait, et c'est nécessairement lié à notre condition humaine, la
perfection n'étant pas de ce monde. Et vous nous conviez à un autre
rendez-vous, dites-vous, en 2018. J'aimerais
que vous m'indiquiez à quel rendez-vous vous faites référence. J'ai une bonne
idée. Et vous avez parlé des dispositions préalables à ce rendez-vous pour qu'il soit constructif. Et j'aimerais
vous entendre sur cet aspect-là de votre exposé.
Le Président
(M. Bernier) : M. Robert.
M. Robert (Dominique) : Oui, M.
le Président, effectivement, lorsqu'on mentionne que la solution, le projet de loi n'est pas parfait, c'est qu'effectivement il y a
des mesures qui seront en place jusqu'en 2022, et on comprend que l'objectif est de s'assurer de la pérennité du régime. Et on
voulait s'assurer de mettre en place une solution en lien avec les causes et que les solutions soient permanentes
dans la mesure où les causes le sont. Donc, pour un des volets, notamment sur le transfert des prestations
entre le RREGOP et le RRPE...
M. Moreau :
En fait, quand les gens deviennent cadres.
M. Robert
(Dominique) : Lorsque, par exemple, effectivement, une personne syndiquée devient cadre. Et donc
on comprend, puis tout à l'heure, ça a été bien mentionné, là, en préambule, c'est une des causes du déficit.
C'est connu, c'est
reconnu de tous. Donc on aurait souhaité que cette mesure-là soit aussi
permanente. On comprend que les mesures en place dans l'actuel projet
de loi prévoient que l'État va
prendre en charge, sous certaines conditions ou jusqu'à une certaine limite aussi, cette mesure-là. Et en
2018, d'ici 2018, on a convenu d'adresser cette problématique-là dans son
ensemble pour que cette problématique permanente soit réglée aussi de façon
permanente au-delà de 2022.
Et je me
permets, M. le Président, de faire un lien avec l'équité
intergénérationnelle. Il y a près de cinq ans, la CERA se représentait ici, devant vous, pour parler
justement d'une modification au projet
de loi parce qu'il y avait une
problématique structurelle au régime. On est confiants que les mesures qui sont
en place ici vont permettre d'éviter qu'on
se retrouve dans cinq ans, et c'est dans cet esprit-là qu'on souhaite qu'on
puisse avoir une pérennité du régime, et que la santé financière ne soit pas compromise, et que les actifs
n'aient pas à assumer plus que leur part au déficit parce qu'il y a quand
même beaucoup de compromis qui ont été faits dans le présent projet de loi.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre.
M. Moreau : Vous ne
l'avez pas mentionné, mais je comprends qu'un des éléments, lorsqu'on transfère
du RREGOP au RRPE, un des problèmes me
semble résider dans l'évaluation qui doit être faite des actifs qui suivent le
syndiqué ou le salarié qui devient
cadre et quel est donc le transfert qui doit s'opérer entre le RREGOP et le
RRPE. C'est exact?
Une voix : ...
M. Moreau : Et est-ce qu'on ne réfère pas là à un problème
qui était structurel au moment même de la création du RRPE?
Le Président (M. Bernier) :
M. Robert.
M. Robert
(Dominique) : Effectivement, M. le
Président. Puis, lorsque je mentionne
que le problème est connu et reconnu,
évidemment, c'est l'effet pervers d'un régime de retraite à
un autre, d'où l'importance de le régler parce qu'à partir du moment où les prestataires d'un régime
de retraite, tu sais, par exemple, du RRPE, ne devraient pas hériter de ce
problème structurel... d'où l'importance de le régler de façon permanente.
M. Moreau : Bien, je
vous remercie.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Beauharnois.
M. Leclair : Alors, à mon tour de vous saluer, M. Robert,
Mme Lamontagne et M. Roy. Vous parlez qu'un des problèmes, une des problématiques du régime de
retraite dont vous faites partie était effectivement ce transfert-là, de salarié à cadre, qui... je n'ai pas des chiffres avec moi,
je n'ai pas fait une étude exhaustive du dossier, mais j'imagine qu'il y a eu
des années qu'il y a eu plus de cadres qui
ont... plus d'employés qui ont passé cadre, puis ces années-là, veux veux pas,
ça donne des bons coups au régime de retraite.
Vous dites
que le gouvernement, bien, dans le projet de loi, va venir en
aide encore pendant... Jusqu'en 2022, il va venir donner jusqu'à 60 millions par année, puis il se donne une règle, là, un maximum
de 100 millions pour venir pallier peut-être à ces
pertes-là.
Vous, vous
disiez tantôt... Est-ce
que vous croyez que, dans 10 ou dans
15 ans, avec le projet de loi tel qu'il est là... la décision ne vient pas de vous, là, la décision, elle vient du gouvernement. Quand ils décident de faire passer un salarié à cadre, c'est leurs besoins, et tout, mais c'est votre régime,
aux gens dont vous représentez, qui en paie
le prix indirectement. Alors, est-ce
que vous croyez que ce projet de loi là, dans 10 ou 12 ans, si le gouvernement continue à faire
passer ces gens-là, qui n'auront pas payé la bonne cotisation pour se retrouver
avec les bonifications qu'un cadre peut avoir avec son régime de
retraite, qu'on va régler ce problème-là à moyen ou long terme?
Le Président (M. Bernier) :
M. Robert.
M. Robert (Dominique) : M. le
Président, peut-être plusieurs éléments à la question. De ce que j'entends, effectivement,
il y a la problématique du transfert du RREGOP vers le RRPE, qui en est une, problématique,
il y a la problématique de la maturité du régime, donc la démographie du
régime. Donc, il y a plusieurs volets. L'élément auquel on faisait référence, notamment
sur le comité à être en place en 2018, c'est pour le transfert du RREGOP vers
le RRPE. Et là on est confiants qu'il
pourrait y avoir des mesures permanentes. Et l'objectif, c'est qu'on
puisse, au-delà de 2022... que cette problématique-là soit
adressée et qu'on puisse l'éviter.
En ce qui a trait à la maturité du régime, donc une problématique d'ici
10 ans, 15 ans, la période à laquelle vous faites référence, il est
clair que le projet de loi fait en sorte que les retraités, en date du
31 décembre 2014, sont pris en charge
par l'État, et donc ça vient alléger la maturité. Dans l'exposé, je vous
mentionnais qu'il y avait l'équivalent d'un retraité pour un participant actif actuellement. Donc, le projet de loi fera... l'actualisation, là, du projet de loi fera en sorte
évidemment de venir améliorer la démographie du régime. Et, oui, on est confiants
qu'au cours des prochaines années ça puisse s'améliorer. Et ça, ce sera
la réalité de chacun des régimes de retraite du secteur public ou privé.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député.
M. Leclair : Merci,
M. le Président. Alors, vous avez
fait plaisir au ministre en me faisant quasi mentir tantôt en
disant que vous, vous avez eu amplement de temps parce que vous avez des gens
actifs, donc vous avez eu le temps de
regarder le dossier, et tout. Puis je vous crois. Il y a
certains groupes qui l'ont eu, ce temps-là. Puis c'est tant mieux parce que
c'est des problèmes sérieux. Donc, c'est souhaitable que les gens ont du temps
suffisant pour traiter ces dossiers-là, qui sont tellement complexes.
Mais,
dites-moi, comment avez-vous réussi, vous, avec votre groupe puis ceux que vous
représentez, comment avez-vous réussi
à rencontrer tous vos retraités pour leur dire : Regardez, pour l'actif,
c'est un demi-mal parce que l'actif peut
se reprendre, lui? On comprend ça, là, ça fait partie de la rémunération globale, puis il dit : Regarde, tout le monde est d'accord qu'on a une problématique, mais
l'actif peut se reprendre avec le temps tandis que le retraité, lui, il vit.
Alors, j'aimerais
savoir, vous, vu que vous avez eu bien du temps, vous avez sûrement
réussi à parler à tous vos retraités, comment vous avez... Est-ce que
vous leur avez tous parlé? Vous avez rencontré ces gens-là, puis...
Le Président (M. Bernier) :
M. Robert.
M. Robert
(Dominique) : Oui, M. le Président. La CERA représente les participants actifs et, on vous le disait
d'entrée de jeu, est composée de
11 associations. À l'intérieur des associations, il y en a qui
représentent des actifs, il y en a qui
représentent des actifs et des retraités. Donc, à cet égard-là, sur le
processus, je vous demanderais, M. le Président, peut-être de laisser la parole à Mme Lamontagne, qui permettrait,
là, de faire un exposé, là, de la démarche qu'on a pu faire pour
rejoindre les groupes qui...
Le Président (M. Bernier) :
Expliquez-nous votre démarche, Mme Lamontagne, on vous écoute.
Mme Lamontagne (Josée) : Oui.
Alors, écoutez, c'est vrai qu'on a eu peu de temps, nous aussi...
Une voix : ...
Mme Lamontagne
(Josée) : ...sauf qu'on s'est quand même préparés de longue date parce
que, finalement, on voyait l'échéance de la fin de notre dernière
entente arriver. Alors, évidemment, on a travaillé à déjà, là, se mettre en réflexion. Évidemment, quand on a eu la proposition et qu'on a constaté que ça touchait aussi un volet pour les
bénéficiaires, c'est sûr que, là, on
a été interpellés par certaines de nos associations. Il
n'y en a pas beaucoup,
au sein de la CERA, qui représentent officiellement leurs retraités, donc qui parlent en leur nom. Il y a beaucoup
d'associations dites autonomes de retraités. Alors, finalement,
la consultation s'est faite auprès de ces associations-là.
Chez nous, on
a deux associations qui ont été directement interpellées, une
troisième, là, au niveau des D.G. de commissions
scolaires, qui, eux, se sont montrés
en faveur de l'entente, là, parce
que... après consultation de leurs propres retraités. Mais finalement il y en a
une des deux associations qui s'est prononcée aussi en faveur au nom de ses
retraités et après consultation de ses retraités.
• (15 h 50) •
M. Leclair : On a eu la chance de rencontrer les gens du
ministère, qui nous ont dit : Effectivement, on a parlé avec quelques associations qui représentent les
retraités, puis, selon leurs calculs, ça représentait peut-être plus ou moins
6 000, 7 000, 8 000,
arrondissons-le à 10 000 personnes. Même, je pense que c'est moins
que ça, mais bref... puis on parle de
quasiment 26 000 retraités. Donc, ces gens-là, s'ils n'ont pas été chanceux
puis qu'ils n'ont pas lu le journal quand ça a passé dedans, ils vont faire face à la musique puis ils n'auront
pas vraiment eu la chance de donner leur position, alors que la plupart des groupes actifs, bien entendu,
vu que c'est une rémunération globale, eux, se disent : Bien, on est
satisfaits avec ça parce qu'on a le temps de capitaliser dans le futur.
Alors, est-ce
que vous trouvez normal que peut-être plus de 50 % des retraités
pourraient ne pas avoir été consultés? Puis
on voit les coupures qu'il va y avoir, là. Vous n'êtes pas trop inquiets?
Êtes-vous plus inquiets que le bureau du député va avoir beaucoup plus
de téléphones que l'association des représentants?
Le Président (M. Bernier) :
M. Robert? Mme Lamontagne? M. Robert.
M. Robert
(Dominique) : Oui, M. le
Président. Je me permettrais peut-être plus de dire : Effectivement, dans
la séquence, on le disait tout à l'heure, la
CERA représente les participants actifs, et, oui, dans les associations aussi
qui la composent, il y en a certaines
qui représentent des retraités. Il faut garder à l'esprit que, dans tout le
cheminement, c'était une offre de
rémunération globale. Donc, on était dans ce cadre-là. Là, le régime de
retraite n'est qu'un volet d'un tout, donc c'est un élément important, et il est... les principes sur lesquels on
s'est appuyés, que tous les acteurs puissent y participer, incluant les actifs, les retraités et l'État sans
s'ingérer dans la façon de le faire faisaient partie, là, des éléments qui
étaient souhaités.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Leclair : Bien, je comprends très bien que, lorsque vous me parlez de
rémunération globale, on parle des actifs dans ce cas-là, là. Moi, j'axe plus sur les retraités qui n'ont plus ou
moins pas eu la chance d'être consultés encore, là, parce que... pour toutes sortes de raisons, là. Je
ne mets pas la faute sur le ministre, je ne mets pas la faute sur le ministère
ni sur les associations. Mais ces
retraités-là, mais qu'ils se lèvent le lendemain matin, je ne suis pas
convaincu qu'ils vont adorer ça. Vous, dans votre cas, vous dites : Rémunération globale,
pour nous, avec le temps, on l'accepte comment ça. Est-ce que c'est parfait? La réponse est sûrement
non. Sauf que ces gens-là, là, eux, ils n'ont pas de manière de se reprendre,
puis, la consultation, ils n'en ont plus ou
moins pas eu. Alors, je ne le sais pas. Et ma question serait assez
simple : Est-ce que vous croyez
que tous les retraités sont d'accord avec les positions puis les coupes qu'il y
a? Je comprends qu'on parle d'intergénérations,
il faut qu'ils fassent une certaine partie. Mais moi, de ce que je regarde, je
trouve ça un peu inquiétant pour des gens qui n'auraient pas été
consultés.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. Robert.
M. Robert (Dominique) : Mais, écoutez, M. le Président, vous comprendrez
que la CERA va se prononcer pour les
participants actifs. Maintenant, dans le cadre du processus, je réitère ce que
l'on mentionnait sur les différents acteurs et sur les causes. Je me permettrais peut-être juste d'ajouter que
l'importance dans tout le discours, puis c'est comme ça que ça a été présenté aussi aux associations, les
causes du déficit, il y en a une partie importante qui appartient aux actifs,
et une partie importante qui appartient aux retraités, puis une partie
importante qui appartient à l'État. Au terme de la démarche actuelle, les trois acteurs devront y participer. La CERA ne
s'est pas prononcée sur le moyen mis en place pour ce qui ne la concerne pas, donc les retraités. Par
contre, on était en accord avec le principe lui-même. Maintenant, sur la
question de la consultation ou autre, sur le
moyen lui-même, on ne s'est pas prononcés sur le moyen, mais sur le principe.
Donc, c'est dans ce cadre-là, aujourd'hui, que je vous répondrai, M. le
Président.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M. Picard :
Merci, M. le Président. Vous dites que vous ne vous êtes pas prononcés sur la
manière de faire, mais sur le
principe. Donc, pour ce qui est de la détermination des différents
pourcentages, là, on vous a présenté ça. Vous avez dit : O.K. il
semble que ça a de l'allure, tout simplement. Est-ce que c'est ça que je dois
comprendre?
Le Président
(M. Bernier) : M. Robert.
M. Robert (Dominique) : Bien, M.
le Président, dans le fond, l'objectif de la démarche, nous étions d'accord, effectivement, à ce que les trois acteurs puissent y contribuer.
Et, vous l'avez mentionné d'entrée de
jeu, les modalités où les mesures, la CERA n'a pas fait de recommandations sur une mesure d'indexation pour les retraités. On était en accord
avec le principe qu'ils y participent.
Maintenant, de quelle
façon ça a évolué? Au départ, Mme Lamontagne a assisté, au nom de la CERA
et à la demande du SCT, les associations
présentes, là, pour une rencontre des associations de retraités, et par la
suite chacune a été autonome pour
définir les modalités ou pour arriver à la conclusion de ce qu'on retrouve dans
le projet de loi. Donc, c'est vraiment la contribution, là,
qui a été faite de la CERA à cet égard-là.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député.
M. Picard :
Vous dites qu'une grande partie du problème vient du fait que les employés qui
participent au RREGOP, qui deviennent
cadres, le transfert qui est fait... Moi, j'ai participé pendant 25 ans au
RREGOP. Je suis devenu député, j'ai
un autre régime de retraite. Lorsque je vais prendre ma retraite, je vais avoir une
rente du RREGOP puis une rente du
Régime de retraite des membres de l'Assemblée
nationale. Si on avait ça chez vous, il n'y a
pas de transfert qui se fait, est-ce qu'on éviterait de se voir à tous
les 10 ans pour un problème?
Le Président
(M. Bernier) : M. Robert.
M. Robert (Dominique) : Si vous me permettez, M. le Président, puis je ne veux pas rentrer dans la technique parce qu'effectivement il y a plusieurs
simulations sur la problématique du transfert RREGOP vers le RRPE, mais on
comprend que la problématique, et si on veut se donner un exemple, là, de, par
exemple, une direction d'établissement d'école
qui travaille 20 ans, par exemple... un enseignant, pardon, qui travaille 20
ans comme enseignant et qui termine sa carrière,
les 10 dernières années, comme direction d'établissement, donc fait 20 ans au
RREGOP, 10 au RRPE, la problématique
que l'on constate, c'est que la contribution qui a été faite, donc qui a été
transférée, est basée sur 20 ans de salaire d'un enseignant, alors que
la retraite sera pour x années au salaire moyen de direction.
M. Picard :
Excusez, mais on dit la même chose. C'est comme si, moi, je reprends mon
exemple, lorsque je vais quitter ou je vais me faire quitter par mes
électeurs, on ne connaît pas l'avenir, nous, si j'ai participé pendant 40 ans à
des régimes de retraite, j'aurais droit, sur
le salaire de député, un député... par rapport à ce que je faisais dans la
fonction publique, j'ai un meilleur salaire. Donc, s'il y avait deux
régimes distincts, il n'y aurait pas... Je comprends la problématique, d'où
elle vient, mais je vais vous amener sur un autre terrain.
Au
niveau des bénéfices pour votre régime actuel, c'est 2 % par année, c'est
les cinq meilleures années, suite au dernier
projet de loi. Il y a-tu des grosses différences avec le RREGOP? À ma
connaissance, il y en a peu. Et ma question est tout simplement : Pourquoi vous ne participez pas tout
simplement au RREGOP? Puis quelqu'un commence comme professionnel ou fonctionnaire, devient cadre,
puis toujours le RREGOP, puis, à la fin, on calcule ses cinq meilleures années,
puis on ne se voit pas encore ici pour...
J'essaie de voir le caractère distinctif. Vous le dites, même, dans votre
mémoire, qu'il y a un caractère distinctif pour votre régime. C'est
quoi, le caractère actuel qui est distinctif?
Le
Président (M. Bernier) : M. Robert.
M. Robert (Dominique) : M. le Président, si vous permettez, je vous
demanderais peut-être de donner la parole à M. René Roy, qui pourra
répondre à la question.
Le Président
(M. Bernier) : M. Roy, la parole est à vous.
M. Roy (René) : Je veux juste revenir un petit peu à l'arrière, là. Le RRPE est en
déficit de 1,8 milliard mais qui n'est
pas juste dû au fait qu'il y a un transfert du RREGOP au RRPE. C'est dû aussi à
d'autres questions économiques et démographiques
aussi, par exemple, la longévité. Donc, on vit plus vieux, puis les coûts, à
l'époque, étaient faits différemment, donc ça a créé aussi des déficits.
Ça
fait que, même si j'avais un régime qui, demain matin, dirait : Bien, j'ai
le RREGOP, puis, quand tu rentres dans
le RRPE, les années RREGOP restent RREGOP... bien, c'est possible que je sois
moins en déficit, bien entendu, à cause
que je ne fais pas le transfert, mais c'est possible que je sois quand même en
déficit aussi à cause des conditions économiques qui ont changé puis à
cause des conditions démographiques. Puis, quand on a un régime mature, bien,
l'amplification des déficits sur les participants actifs est plus grande.
Pourquoi?
M. Picard :
...de faire toujours partie du RREGOP, à moins qu'il y ait des distinctions que
je ne comprends pas.
M. Roy (René) : Oui, on pourrait toujours faire partie du RREGOP. Il y a des
prestations différentes aussi, O.K.
M. Picard :
Qui sont différentes au RREGOP?
M. Roy
(René) : Oui, elles ne sont pas...
M. Robert
(Dominique) : Le caractère distinctif auquel on fait référence...
Le Président
(M. Bernier) : S'il vous plaît!
M. Robert
(Dominique) : Si vous me permettez, M. le Président...
Le
Président (M. Bernier) :
...par-dessus l'autre, c'est difficile de vous enregistrer et de savoir qui a
dit quoi.
• (16 heures) •
M. Robert (Dominique) : Avec raison, M. le Président. Je suis
désolé. Si vous me permettez, M. le
Président, le caractère
distinctif que l'on retrouve dans le projet de loi entre le RREGOP et le RRPE,
il y en a certains, mais le principal
caractère distinctif est le facteur 90 avec 58 ans d'âge. Donc, c'est un des
critères. Et, M. le Président, peut-être en termes de bonification, en termes d'échanges, là, si vous voulez plus
de précision sur le caractère
distinctif, ceux qui m'accompagnent pourront bonifier sur les différents
éléments, là, qui viennent distinguer.
Le
Président (M. Bernier) :
Mais on aura l'occasion de vous réentendre, certainement. D'ailleurs, j'étais présent la dernière fois que vous êtes venus, j'étais membre de la Commission des finances publiques également à ce
moment-là, et il y avait eu des demandes pour maintenir votre régime de
retraite actuel.
Donc,
M. Dominique Robert, Mme Josée Lamontagne, M. René Roy, merci de
votre participation à la Commission
des finances publiques.
Je
vais suspendre quelques instants, afin de permettre l'Association démocratique des
retraités de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à
16 h 1)
(Reprise à 16 h 4)
Le
Président (M. Bernier) :
Donc, nous reprenons nos travaux et nous avons le plaisir de recevoir
l'Association démocratique des
retraités, représentée par M. Viateur Sauvé, qui en est président, et
M. Rosaire Quévillon, il en est le porte-parole. Donc, bienvenue
à la Commission des finances
publiques, messieurs. Je vous donne
la parole pour 10 minutes pour faire votre présentation. Allez-y.
Association démocratique des retraités (ADR)
M. Sauvé
(Viateur) : M. le Président de la commission, Mmes et MM. les ministres et les députés,
bonjour. Nous désirons d'abord
remercier le gouvernement d'avoir accepté de nous recevoir à cette commission parlementaire sur le projet
de loi n° 126, la Loi favorisant la santé financière et la pérennité
du régime de retraite du personnel d'encadrement et modifiant diverses
dispositions législatives.
L'Association démocratique des
retraités, l'ADR, est un organisme à but non lucratif qui regroupe principalement les retraités des fonctions
publique et parapublique, dont l'objectif ultime est d'obtenir la pleine
indexation des rentes de retraite afin de maintenir leur pouvoir
d'achat.
L'ADR
refuse d'entériner la proposition du Secrétariat du Conseil du trésor, qui nous
paraît comme une violation des droits
acquis. Nous avons répondu au Secrétariat du Conseil du trésor par des demandes
justifiées par des considérations avec
des statistiques fournies dans des rapports
d'évaluation actuarielle et dans des rapports de gestion de Retraite Québec. Un document, avec statistiques et graphiques à l'appui, vous a été déposé à cet effet, ainsi qu'une
simulation des pertes. Notre
présentation est un peu cartésienne et nos propos peu enrobés. Vous conviendrez
qu'il manque un peu de glaçage. Nous désirons simplement être clairs et
sans ambages. Ce n'est pas très littéraire, mais littéral.
Je
passe la parole à M. Rosaire Quévillon, membre du C.A. élargi de l'ADR et porte-parole en ce qui concerne le projet
de loi n° 126.
Le Président
(M. Bernier) : M. Quévillon.
M. Quévillon
(Rosaire) : Alors, bonjour à
tous. D'entrée de jeu, le projet
de loi n° 126 semble avoir été
écrit rapidement, sous pression, car il renferme des fautes, mais la
plus grave est la désindexation complète durant cinq ans des rentes de retraite pour les retraités du RRPE. Le TAIR moins
3 % était une protection dans le cadre d'une éventuelle importante inflation, et le projet de loi n° 126 l'a
retiré aux retraités du RRPE après cinq ans de non-indexation. Il ne reste
aucun filet de sécurité pour protéger les acquis et contrer
l'appauvrissement. C'est drastique, n'est-ce pas?
Avec
le projet de loi n° 126, le gouvernement impose une réduction rétroactive des acquis dans
la rémunération globale de ses employés retraités du RRPE. Selon
nous, l'abolition de l'indexation est une décision discriminatoire et non
équitable parce qu'elle cible une catégorie
d'ex-fonctionnaires et crée un important appauvrissement chez ces personnes.
L'équité
intergénérationnelle est un argument mielleux et trompeur pour faire avaler et
avaliser la proposition du Secrétariat
du Conseil du trésor traduite dans le
projet de loi n° 126. Comment concevoir l'équité, alors que les
cotisations jouent au yoyo? Tantôt,
on pourrait expliquer un petit peu quel est ce yoyo. De plus, les modifications
salariales et les modalités de rente
varient de façon substantielle dans le temps et au gré des recommandations des
actuaires et des décisions gouvernementales à la saveur du jour.
En
1998, le RRPE était capitalisé à 147 %. D'ailleurs, vous avez dû
recevoir des graphiques à cet effet. Comment se fait-il qu'il est passé en déficit actuariel en peu de temps sans que
les retraités de l'État aient droit au chapitre? On devrait voir un point d'interrogation ici. Il y a
eu d'importantes baisses de cotisations et pas d'amélioration à l'indexation.
Où sont les chiens de garde qui
recommandent normalement de lisser les cotisations en fonction de la
capitalisation actuarielle et de
bonifier l'indexation lorsque le surplus actuariel dépasse 120 %?
L'indexation partielle et la non-indexation sont des amendes déguisées, payées par le retrait de
plusieurs milliers de dollars sur le salaire différé. Les retraités n'ont pas
de responsabilité légale qui mérite une importante sanction non
justifiée.
Avec
le projet de loi n° 126, le gouvernement du Québec agit comme en
monarchie et non comme en démocratie. La
reine, elle ne peut pas se tromper. C'est facile de taper sur les personnes
inaptes à réagir légalement. Pour paraphraser Jean de La Fontaine, le gouvernement applique par décret. Haro sur les
retraités, ces galeux d'où vient tout le mal. Selon que vous serez
puissant ou misérable, les jugements de la cour vous rendront... Vous
connaissez le reste.
Puisque
les rétroactivités semblent faciles et possibles pour le puissant gouvernement,
les retraités des fonctions publique
et parapublique seraient même en droit d'attendre au retour à la pleine
indexation telle qu'elle s'applique au RRQ et à la PSV.
Période de questions.
Je pense, il y a des gens qui connaissent ça, ici, la période de questions.
Le Président
(M. Bernier) : On vous écoute.
• (16 h 10) •
M. Quévillon
(Rosaire) : Moi, c'est la
période de torture, si vous voulez. Est-ce
que le Secrétariat du Conseil du
trésor s'est subtilement servi des
retraités pour aider les négociations avec les cadres actifs? De quel droit le gouvernement s'arroge-t-il le pouvoir de
pénaliser les personnes non coupables en situation de «no fault». Excusez l'anglicisme. Par exemple, si un employeur
ne payait pas les salaires convenus entre les parties, il serait poursuivi.
Peut-on poursuivre, en recours
collectif, le gouvernement-employeur? Pourquoi le gouvernement ne met pas simultanément sa part,
comme il l'exige des municipalités? On se souvient du... ce projet de loi aussi. Est-ce constitutionnel et démocratique de
modifier rétroactivement les conditions de rémunération globale préétablies?
Merci.
Le
Président (M. Bernier) :
Merci. Donc, si vous êtes prêts, nous allons passer aux échanges avec les parlementaires. Ça va? Est-ce que vous avez autre chose à ajouter? Non, ça va?
Merci.
Donc, M. le ministre,
nous allons passer à nos échanges. La parole est à vous.
M. Moreau : Merci, M. le Président. M. Sauvé, M. Quévillon, bienvenue à l'Assemblée nationale. Et je ne prendrai pas seul les
remerciements que vous nous avez faits, M. Sauvé, de vous inviter, puisque
c'est un travail collectif qui implique également
les deux oppositions, qui ont concouru à cette invitation. Ce serait
égoïste pour moi de tout prendre ces remerciements-là, puisque je ne les
mérite pas tous.
J'ai
écouté vos propos. Vous avez dit que vous étiez pour être directs et très
clairs. Effectivement, c'est direct
et clair, mais il y a des éléments sur lesquels, vraisemblablement, on
ne sera pas d'accord.
Vous avez entendu le groupe — vous
étiez dans la salle — vous
avez entendu le groupe qui vous a précédé. D'abord, c'est impossible, vous le
savez, de rejoindre chacun des retraités individuellement. Ce n'est pas
impossible. Il y a des
gens qui ne sont dans aucune association, vous le savez comme moi. Ce n'est pas
de la mesquinerie, ce n'est pas d'essayer de se défiler, c'est
simplement et factuellement impossible de le faire.
Alors, ce que
le gouvernement a fait, et je pense que le groupe devant vous l'a expliqué, les
gens du Conseil du trésor me l'ont aussi expliqué, c'est la raison pour
laquelle dans les notes explicatives du projet de loi, c'était une consultation d'associations. Et certaines de ces
associations regroupent des gens qui sont des cotisants actifs et des cotisants
retraités, des gens qui sont des retraités, qui sont des bénéficiaires du
régime. Mais maintenant, même à l'égard des cotisants actifs, chaque personne
n'a pas été consultée individuellement. Alors, il y a, à cet égard-là, une
limite à la capacité de faire. Mais je pense
que c'est la première, dans le cadre d'une restructuration d'un régime, que
l'on voit un aussi important exercice
pour s'assurer que la restructuration du régime corresponde le mieux possible
non pas à l'opinion unanime de tous ceux qui sont soit cotisants soit
bénéficiaires, mais au plus grand nombre possible.
Et
n'inquiétez-vous pas, je vais arriver à une question. Dans votre texte, vous
dites : Écoutez, retirer aux retraités l'indexation pour une
période de cinq ans, il ne reste plus de filet de sécurité pour protéger les
acquis et contrer l'appauvrissement. Vous
dites : C'est drastique, n'est-ce pas? Oui, c'est peut-être drastique,
mais ce qui est encore plus drastique, ce serait de laisser le régime
s'effondrer.
Le RRPE, à
l'heure actuelle, là, a un déficit de 1,8 milliard de dollars. C'est
énorme. Et, si on regarde le groupe qui
vous a précédés, qui parle d'équité intergénérationnelle, de demander à des
gens actifs, comme de demander à des gens
retraités, un effort qui vient remettre en cause des avantages qu'il croyait à
jamais acquis dans un contexte où il y a un péril que ces acquis-là soient complètement effacés, ce n'est pas une
opération facile, mais c'est une opération qui est nécessaire. Elle n'est pas faite pour pénaliser les
gens, elle est faite pour leur assurer que, dans un contexte de restructuration, ils auront une sécurité de
continuer à percevoir une rente. Et je vous ferai remarquer ici que
l'indexation, elle est suspendue pour une période limitée dans le temps
à cinq ans.
Maintenant, vous avez dit des choses avec
lesquelles je dois apporter certaines précisions. Puis je vais vous laisser du temps, là, n'inquiétez-vous pas, je ne
veux pas vous museler. Vous pourrez profiter du temps pour exprimer les
opinions différentes.
Le Président (M. Bernier) :
Bien sûr, je vais le protéger, M. le ministre.
M. Moreau : Convaincu de ça. Et le président à une main de
fer. Alors, il va s'assurer de ça. Mais, vous savez, le RRPE, quand il a été créé, vous dites :
Oui, il était très en santé financière. Il était peut-être très en santé
financière, mais, alors qu'il s'agit d'un régime qui était plus généreux
que le RREGOP, dans les premières années de cotisation, soit 1997 à 1999, vous aviez des cotisations qui déjà
étaient moindres que celles du RREGOP. Et, en 2000‑2001, vous avez eu à
peu près un congé de cotisation, puisque
le taux de cotisation était de 1 %
dans le RRPE, alors qu'il était de 5,35 %
dans le RREGOP pour un régime moins généreux. Alors, non seulement étiez-vous
virtuellement... à 1 %, on peut dire
que vous êtes en congé de cotisation quand on regarde que les autres sont à
5,35 %, et après ça on suit l'évolution. Il n'y a pas eu de yoyo.
Il y a eu une augmentation du taux de cotisation, de 2000 à 2017, de façon
constante, il est maintenant à 15,03 %.
Et ce qui est
arrivé, là, pour la situation financière qui est difficile à expliquer, il y a
eu une crise financière sans précédent en 2008. Et en 2008, déjà, les
cotisations au RRPE étaient supérieures à celles du RREGOP parce que déjà s'amorçait une période qui était extrêmement
difficile. Et là vous avez le problème de maturité du régime qui fait en sorte
que vous avez des gens qui arrivent là plus
tard dans leur carrière, qui sont cotisants actifs moins longtemps et qui,
heureusement, puis je vous regarde et
j'en suis très heureux à vous voir, ont une retraite plus active, avec des gens
qui sont en santé puis qui vivent
plus longtemps. Ce n'est pas un défaut, c'est un des bonheurs de la vie avec
l'évolution du temps et de la science et
surtout avec l'évolution des comportements qui fait qu'on fait plus attention à
sa santé maintenant qu'avant. Mais tout ça a un effet sur le régime.
Alors, ce qui
vous semble inexplicable s'explique par des contraintes liées à la maturité du
régime, aux pressions que ce
régime-là subit et au fait que... vous n'avez pas fait ça pour mal faire, là,
en 2001, 2000‑2001, quand vous mettiez une
cotisation à 1 % sur un régime plus généreux, alors que les autres
cotisaient à 5,35 %. Je suis sûr que vous n'aviez pas de mauvaises intentions, mais la réalité, à un
moment donné, a fait en sorte que les aléas de la situation économique
et la configuration même du régime ont créé la situation qu'on a à l'heure
actuelle.
Donc, est-ce
que vous ne voyez pas là une équité intergénérationnelle, de dire, pas pour
vous chicaner mais pour constater que ceux qui aujourd'hui sont à la
retraite ont moins cotisé à ce régime-là, qu'il y ait une mesure qui est fondamentalement temporaire de suspension de
l'indexation? Est-ce que vous ne voyez pas là une mesure qui est plutôt
équitable plutôt qu'une mesure strictement et uniquement pénalisante,
quoiqu'elle a un aspect qui est objectivement pénalisant?
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le ministre. M. Sauvé ou M. Quévillon.
• (16 h 20) •
M. Quévillon
(Rosaire) : Alors, voici. Concernant le yoyo, il faut commencer à
quelque part, moi, je considère, quand
on passe de 1 % et, selon les actuaires, à 20,11 %, j'ai l'impression
qu'il y a un yoyo qui s'installe là, avec des hauts et des bas. Normalement, je pense que les actuaires
essaient de lisser, pour utiliser leur vocabulaire, de lisser les cotisations,
c'est-à-dire les rendre les moins
fluctuantes possible et aux alentours de 10 % plus ou moins deux.
D'ailleurs je vais faire référence à
1 plus 20, ça donne 21. Divisé par deux, on sait qu'est-ce que ça donne. Donc,
une cotisation moyenne avec une
légère fluctuation créerait une équité intergénérationnelle. Et là, juste au
niveau des cotisations, je pense qu'il y a un débalancement très
important qui s'installe, là.
D'autres
parts, disant que nous n'avons cotisé, nous autres, dans le document que vous
avez probablement reçu, je réfère à
la firme Russell, qui dit que... et là-dessus, monsieur a utilisé le mot
«cotisants retraités». Et merci parce que, souvent, on dit les cotisants et les retraités, comme si les retraités
n'étaient pas des cotisants. Alors, nous sommes encore des cotisants, jusqu'à un certain point parce que
nous avons préparé notre retraite par ces cotisations-là. Et, selon Russell,
il y a 10 % seulement des cotisations
qui comptent dans le fonds de retraite. Arrivé à la retraite, il y a environ 30 % qui sont les cumuls, les valeurs accumulées et les intérêts,
si vous voulez, les dividendes, etc.,
plus les plus-values. Et, à la retraite,
supposons qu'on a déjà 500 000 $ dans la cagnotte, ça continue à
créer des revenus. Et ce 60 % là se retrouve chez les gens à la
retraite. Bon, ça, c'est la partie de ce côté-là.
Maintenant,
la suspension durant cinq ans, en tout cas, je la trouve, jusqu'à un certain
point aussi inéquitable parce que, je
vais prendre un cas particulier, au hasard, le mien, à savoir que j'ai
contribué, comme cadre scolaire, durant 27 ans au RREGOP — et c'est là-dessus que je rejoins un peu
M. Picard — puis
deux ans au RRPE, alors ma contribution, et pour... la majorité des gens qui sont actuellement à la retraite ont
cotisé majoritairement au RREGOP et non au RRPE. Dans le décor, le RRPE est arrivé — moi, j'en ai pris connaissance, j'étais à la
retraite — en 1997,
mais a été officialisé par loi
seulement quatre ans plus tard, le 1er janvier 2001. Il n'était pas officiel,
mais il était appliqué pareil. Alors, il y a des choses là-dedans que je
trouve difficiles à comprendre et aussi, bien sûr, à admettre.
Les filets de
sécurité que vous avez parlé, effectivement, le gouvernement dit... ou le
Secrétariat du Conseil du trésor : Nous allons retirer le fonds
comme tel, on va tout simplement prendre le transfert qui vient du RREGOP. Et il y a même un actuaire, le 1er décembre, pour ne
pas le préciser, qui a dit que le transfert n'avait pas été total, il manquait
quelque chose là-dedans, que ça allait être
révisé pour le RRPE. C'est des interrogations qu'on se pose dans ce
contexte-là.
Maintenant,
en plus de ce transfert qui semble ne pas avoir été fait dans sa totalité, il y
a le filet de sécurité. Le gouvernement,
il dit : Oui, on va mettre là-dedans jusqu'à un maximum de
150 millions. On se protège, on met des balises. Mais, au niveau des retraités, il n'y a plus de
balise. Il y avait une autre balise qui pouvait être intéressante, entre
guillemets, c'était le filet du TAIR
moins 3 %. On dit : Non, ça n'existe plus maintenant, le filet du
TAIR moins 3 %. S'il arrivait une inflation un peu galopante du
type de 2008, bien, à ce moment-là, qu'est-ce qui arrive? On n'est plus
protégés non plus. Et pourquoi le gouvernement dit : On enlève ce
filet-là, et, de 1982 à 2000, la réindexation sera à zéro, c'est-à-dire qu'il n'y a aucune réindexation? Puis
il dit : Ah! bien, probablement qu'il n'y aura pas d'inflation majeure
là-dessus. Bien, alors pourquoi le
gouvernement n'accepte pas, justement, de maintenir ce filet-là? Remarquez
bien, on est contre le projet de loi, mais on donne des suggestions
quand même, le maintien de ce filet-là, entre autres.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. Quévillon. Il reste environ deux minutes,
2 min 30 s, allez-y.
M. Moreau : Ah! deux
minutes? O.K., très bien. Je ne sais pas, M. Quévillon ou M. Sauvé,
si vous étiez là lorsqu'il y a
eu la restructuration dont on a parlé en 2011, qui s'est traduite par une commission parlementaire en 2012. À
cette époque-là, seuls les cotisants actifs ont été touchés, et il n'y a eu
aucune modification d'apportée aux retraites. Et là ce qu'on constate, c'est que — et l'intervenant qui vous précédait l'a
indiqué — cette
restructuration-là, de 2011, ou les efforts
qui ont été faits en 2011 ont été insuffisants parce que le RRPE porte en lui
un problème structurel que l'on vise à corriger par le projet de loi
actuel pour en assurer la pérennité.
Je comprends, je ne veux pas vous faire dire le
contraire de ce que vous venez de me dire, vous n'êtes pas favorables à ce projet de loi là, je l'ai bien
entendu, mais n'est-il pas normal, dans la perspective de la pérennité du
régime, que tous ceux qui en
bénéficient, incluant les retraités, puis je ne veux pas vous dire que c'est
avec joie que vous devez le faire,
mais est-ce qu'il n'y a pas là une équité, compte tenu de l'historique aussi de
cotisation au plan de l'actif, compte tenu
de l'historique des bénéfices que comportait le RRPE, à ce que tous puissent,
de façon bien indirecte et y compris
le gouvernement, qui prend à sa charge, entièrement à sa charge, le paiement des rentes des retraités au 31 décembre 2014
de même que le conjoint survivant ou les héritiers, est-ce qu'il n'est pas normal
que tous ceux qui sont des acteurs, appelons ça comme ça, du régime y
contribuent, donc incluant les retraités?
Le Président (M. Bernier) :
M. Quévillon.
M. Quévillon
(Rosaire) : Oui, je veux
bien. Cependant, je vais revenir peut-être sur une première
partie que vous avez dit concernant
les congés de cotisation. Je n'en ai pas bénéficié, j'étais déjà à
la retraite, et ces congés-là n'auraient pas dû avoir lieu, d'après moi. C'était planifier à courte vue au lieu
de planifier à long terme. Et là, maintenant, on essaie de corriger aussi, dans un espace de cinq ans, les méfaits du passé,
alors que, généralement, les amortissements du passif ou de l'actif se font sur une période de 15 ans.
Et ça, c'est déjà reconnu. Pourquoi ici on n'a pas essayé d'étaler
ça sur 15 ans? Par exemple,
si les gens prennent une hypothèque,
parce que les passifs, c'est un peu comme hypothèque, si je fais un parallèle avec l'achat d'une maison, les
hypothèques en bas de 15 ans sont assez rares. On amortit le passif sur plus
long terme. Pourquoi, quand arrive le temps
des régimes de retraite, il faut que ce soit fait dans un délai si court, cinq
ans? Alors, c'est aussi une question que je relance ici, à l'Assemblée.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. Quévillon. Nous allons
poursuivre nos échanges, mais cette fois-ci avec l'opposition
officielle. M. le député de Beauharnois.
M. Leclair : Merci, M. le Président. Alors, M. Sauvé,
M. Quévillon, merci d'être là. Bien entendu, ma première question irait... Le groupe d'avant vous a
dit : Nous, on le regarde vraiment rémunération globale, et tout ça, puis
vous, vous semblez dire que,
lorsqu'on parle d'intergénération, vous avez cotisé, vous avez fait votre part.
Puis vous apportez, au point 6 en 1998, que c'était capitalisé à 147 %. Puis là vous ne
semblez pas trop savoir pourquoi, je ne sais pas si la question allait
au ministre, qui était supposé de vous répondre ça, mais pourquoi que par après
ça a chuté, puis vous, vous allez en payer
les frais aujourd'hui parce que... On regarde, d'après les tableaux que vous
nous avez remis, là, c'est capitalisé à 126 %, 128 %,
147 %, et ainsi, ainsi. Puis vous dites même : On aurait dû venir
nous indexer parce que, lorsqu'on est à
120 %, si on y va avec la logique qu'on applique aujourd'hui... Alors, je
veux vous entendre là-dessus pour être certain que le ministre vous
entende bien.
Le Président
(M. Bernier) : M. Quévillon.
M. Quévillon
(Rosaire) : Oui. Effectivement, dans le document qui, je crois, vous a
été remis, là, je ne sais pas, c'était
à la page 9, où il y a bien sûr un graphique concernant les taux de
capitalisation du RRPE. Alors, je suppose que vous l'avez reçu, et c'est là qu'on voit la fluctuation. Et lorsqu'en
1996 il était à 147 %... et ça dépassait largement le 20 %.
Mais les retraités ou l'indexation en général, pas seulement les retraités, ça
pouvait être aussi les actifs, n'ont pas bénéficié
rien de supplémentaire au niveau indexation, alors que, légalement, ils
auraient dû en bénéficier parce que vous allez voir plus avant dans le
texte qu'on devait légalement appliquer ce principe-là.
D'autre
part aussi, au niveau du taux de cotisation, il est même, dans les textes de
loi, dit qu'une cotisation ne doit pas
baisser en bas de 6,15. Pourquoi, durant une période, c'est allé à 1 %?
Moi, je dis : Est-ce que le gouvernement lui-même n'était pas dans l'illégalité? C'est des questions
qu'on se pose. Je pense qu'on a exagéré, et puis on s'est foutu un petit
peu de ce qu'il y avait dans les textes de
loi, parce qu'il y a quand même des échanges entre les textes de loi, il doit y
avoir des similitudes, si vous voulez, et non des contradictions.
Alors,
c'est aussi des questions que j'aimerais que le gouvernement et l'Assemblée, en
fait, se posent à cet effet-là pour essayer toujours de lisser et de
rendre le plus équitable au niveau intergénérationnel.
Le Président
(M. Bernier) : M. le député de Beauharnois.
• (16 h 30) •
M. Leclair : Merci, M. le Président. Bien, je vous apporterais aussi sur la
reconnaissance, là. Je ne pense pas que les retraités, dans leur ensemble, en tout cas, une grande majorité,
peuvent dire : Nous, on ne paie pas notre quote-part si on est déficitaires
de 1,8 milliard. Bien entendu, si vous prenez un simple groupe dans une
proportion très définie, exemple, si on
prend le 90, nous, on était capitalisés, mais, bien entendu, où est-ce que je
rejoins le ministre, c'est de dire : Bien là, aujourd'hui, peut-être qu'avec la retraite que vous avez, même
si l'indexation ne suit pas, puis je pense, ce n'est pas la première fois que vous faites des
représentations face à ça... Mais est-ce que vous reconnaissez qu'il faut quand
même que les deux, les actifs et une partie
des retraités, paient une juste part pour capitaliser ce déficit-là de
1,8 milliard, bien entendu,
peut-être pas de cette manière-là, là, vous êtes clairs dans votre mémoire,
mais vous reconnaissez quand même que l'actif et le retraité doit faire
sa part quand on arrive avec des déficits actuariels à ce niveau-là?
Le Président
(M. Bernier) : M. Quévillon.
M. Quévillon
(Rosaire) : Oui, je suis d'accord,
mais je trouve qu'actuellement dans le projet
de loi c'est trop pénalisant pour les retraités qui ont pu
contribuer, selon les évaluations actuarielles, de façon correcte, O.K., et
non de sous-cotisations. Par contre, on arrive là, et là, on voit, il y
a des sous-cotisations à un moment donné et aussi il y a la moyenne de trois années au lieu de cinq ans.
Alors, ce sont, selon nous, des anomalies qui n'auraient pas dû exister. Puis
je vais être plus sévère que ça, le RRPE est
une anomalie à l'intérieur du RREGOP. Bon, alors, je vais peut-être un peu
loin, mais je ne sais pas pourquoi c'est
arrivé dans le décor. J'étais finalement quasi à la retraite à ce moment-là,
alors je n'ai pas compris tous ces
changements-là. Je m'excuse. Alors, on avait dit qu'on serait francs, on dit ce
qu'on pense. O.K.
Le Président
(M. Bernier) : Bien, c'est assez clair, c'est assez clair.
M. Leclair : ...M. le Président. Donc, moi, je vais vous dire qu'est-ce qui m'agace
dans le projet de loi, c'est bien entendu
lorsqu'on parle de revenir rétroactivement. Il manque beaucoup de chiffres. On
va questionner le ministre, bien entendu,
lors de l'article par article parce qu'il manque trop de chiffres là-dedans
pour savoir vraiment la quote-part des retraités
à payer. Les actuaires sont assez bons au ministère, ils vont nous sortir ça,
là. Les juristes vont se remettre de la partie, là, puis on va réussir à
avoir quelque chose.
Le Président
(M. Bernier) : Vous allez tout régler après-midi, vous,
là.
M. Leclair : Puis c'est sûr que moi, je suis pour que ce soit équitable puis que
toutes les générations paient une juste part, appelons ça comme ça, une
juste part du déficit, mais là on n'a pas ces chiffres-là. Alors, vous, vous
dites : S'il y a une juste part, exemple, on finirait par
s'entendre à dire : Une juste part, on dit qu'on prend une pause pendant
cinq ans, si cinq ans, c'est le bon chiffre
lorsqu'on aura les chiffres, puis après ça on rétablit tel que c'était, tel que
c'était négocié, tel que c'était entendu
pour les gens qui sont à leur retraite et non de repartir sur l'autre base. Je
suis bien au parfum de... Ceux qui sont actifs peuvent négocier n'importe quoi
pour l'avenir. Ils sont actifs, eux. Ils vont avoir justement une compensation monétaire quelque part. Sauf que les retraités, moi, ça m'agace
d'aller jouer jusqu'à fin de leurs jours sur des ententes qui étaient déjà
conclues dans le passé, mais sans enlever la juste part du 1,8 milliard.
Le Président (M. Bernier) :
M. Quévillon.
M. Quévillon (Rosaire) : ...vos paroles quand vous dites jusqu'à la fin de
leurs jours, la fin de nos jours, là, elle est quand même relativement proche par
rapport à l'ensemble.
Donc, le gel de cinq ans, si vous voulez, probablement que c'est la période jusqu'à la fin de nos jours.
Deuxièmement, on
parle du retour, c'est temporaire. On dit : C'est un gel temporaire. Puis
on parle du retour d'avant, mais avant.
1982, on dit non. Ce serait maintenant 50 %,
alors que la période cotisée avant 1982 était, elle, à 100 %. Alors, est-ce que c'est un réel retour? J'ai
l'impression qu'on ne retourne pas tout à fait jusqu'au bout. D'ailleurs, ça,
c'est aussi un point d'interrogation.
Le Président
(M. Bernier) : M. le député.
M. Leclair : Effectivement, c'est des points qui me rejoignent, moi aussi.
Je trouve ça... sans chiffre, de dire : On va vraiment enlever les conditions qui étaient négociées dans
le passé, c'est difficile à justifier, là, de mon côté.
Alors, moi, ça me va pour moi. Je pense que vos explications sont
claires. Merci beaucoup.
Le Président
(M. Bernier) : Merci, M. le député de Beauharnois. M. le
député de Chutes-de-la-Chaudière.
M. Picard : Merci. Merci, M. Sauvé, M. Quévillon.
Juste pour bien comprendre, l'Association démocratique des retraités, pouvez-vous me faire un bref
historique?
M. Quévillon
(Rosaire) : L'Association démocratique des retraités est arrivée dans
le décor aux alentours de 2002
pour aller demander la pleine indexation des rentes de retraite, O.K.?
M. Picard :
Est-ce que M. Dubé était impliqué?
M. Quévillon
(Rosaire) : Oui. Exactement.
M. Picard :
Oui? O.K. C'est beau. M. Rodrigue Dubé.
M. Quévillon
(Rosaire) : Alors, vous connaissez la suite, M. Picard?
M. Picard :
Non, je ne connais pas la suite, mais là je me posais la question si c'était le
même groupe.
M. Quévillon
(Rosaire) : Oui, oui, d'accord.
Oui, effectivement, c'était pour demander le maintien du pouvoir
d'achat. Puis on a dit : Tant qu'à le
demander, on va le demander complètement, totalement, le maintien du pouvoir d'achat. Et ça demeure un objectif ultime de l'Association démocratique des retraités de maintenir notre 100 % du pouvoir d'achat. Donc, quand on
arrive avec le projet de loi n° 126, bien là, malheureusement, ce n'est
pas le cas.
M. Picard :
O.K. Puis au niveau... je ne veux pas vous mettre en boîte, là, mais, au niveau
de votre membership, vous représentez combien de personnes?
M. Quévillon
(Rosaire) : C'était près de 1 000 personnes. À un moment donné,
là, ça a diminué un petit peu parce qu'ils
trouvent que le dossier n'avance pas suffisamment. Alors, les gens se
découragent. Et aussi il y a le phénomène du vieillissement, et on perd
des membres aussi par décès, c'est évident.
Le Président
(M. Bernier) : Merci.
M. Picard :
O.K. Mais est-ce que c'est plus que 22?
M. Quévillon
(Rosaire) : Ça, c'est seulement les gens qui sont du RRPE. Oui, oui,
oui. Dans le texte, on nous a posé
une question à un moment donné : Dans votre association, combien est-ce
qu'il y a des gens soumis au RRPE? Alors, au RRPE, il y en a 22. Mais
les gens, pour la majorité, sont au RREGOP et non au RRPE.
M. Picard :
C'est beau. Merci. Tantôt, vous disiez que, lorsqu'il y avait... dans le texte
de loi, le taux de cotisation devait
être de 6 %, vous avez descendu à 1 %, vous dites : Le
gouvernement ne respectait pas ses textes législatifs. Je vais y aller
de mémoire, mais probablement que c'est dans les années où est-ce que le
gouvernement n'avait pas donné d'augmentations
de salaire, puis il y avait eu une baisse des cotisations dans les régimes de
retraite. Donc, ça permettait aux employés d'avoir l'impression d'avoir
augmenté leur salaire parce qu'ils avaient un meilleur salaire net. Ça, c'est
pour la petite histoire. De mémoire, je pense que c'est ça qui est arrivé.
Le Président
(M. Bernier) : Je confirme, M. le député. Vous avez parfaitement
raison.
M. Picard :
Vous confirmez, M. le Président?
Le
Président (M. Bernier) : C'est exactement l'histoire. Il y avait
eu à ce moment-là un congé de cotisations et une diminution. Oui,
M. Quévillon.
M. Quévillon
(Rosaire) : Pour votre information, ce chiffre-là, et je vais lire
textuellement le rapport annuel de gestion de la CARRA de 2015, c'est, en fait,
le plus récent : «En raison de la politique de financement, le taux de
cotisation ne peut être inférieur à 6,15 % — voir la page 255 du
rapport de gestion de la CARRA, 2015.»
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député.
M. Picard :
Mais, comme je vous disais il y a quelques minutes, puis c'est confirmé par le
président, c'était, dans le temps,
pour donner l'impression aux travailleurs de l'État qu'ils avaient eu des
augmentations de salaire, mais c'était seulement le salaire net qui
augmentait par une déduction qui était moindre.
Je
comprends que vous n'avez pas participé aux discussions. On vous a informés à
un moment donné qu'il y avait une
entente avec différents groupes puis on vous a dit : C'est ça. Est-ce que
c'est bien ça ou vous avez participé à des discussions?
M. Quévillon
(Rosaire) : C'est-à-dire que...
Le Président
(M. Bernier) : M. Quévillon.
M. Quévillon
(Rosaire) : Très peu présents. Très peu. C'est arrivé à la dernière
minute. Et d'ailleurs le groupe qui
est passé devant nous a aussi déploré ce laps de temps très court pour les
consultations, etc. Et effectivement notre rapport a été remis seulement au mois de janvier. Alors, même si on n'a
pas respecté la consultation qui devait se terminer avant le 31 décembre,
ça a été très, très court, alors, après avoir... aller consulter nos membres et
revenir, il y a un certain laps de
temps, on ne pouvait pas respecter ce délai-là. Alors, c'est pourquoi la
consultation a été un petit peu ébréchée.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député.
M. Picard :
O.K. Il reste combien...
Le Président
(M. Bernier) : Environ deux minutes.
M. Picard :
Deux minutes? O.K. C'est beau. Mais tantôt le groupe précédent est en faveur,
mais il dit bien aussi : C'est
parce qu'on a eu une entente ou on va avoir une entente sur la rémunération
globale. Dans votre cas, il n'y a pas d'amélioration
en vue, là. On vous dit qu'on vous enlève des choses puis, après cinq ans, on
va vous en enlever un peu moins, mais vous allez avoir moins que
qu'est-ce que vous aviez avant. C'est ça?
M. Quévillon
(Rosaire) : C'est ça.
M. Picard :
O.K. Du jour au lendemain, vous êtes président du Conseil du trésor, vous
faites quoi pour régler la situation?
Le Président
(M. Bernier) : Vous reprenez du service.
• (16 h 40) •
M. Quévillon
(Rosaire) : Alors, je pense qu'il y a lieu de consulter des personnes
compétentes, O.K.? Entre autres, il y a certainement des actuaires qui
peuvent aider. Mais on est inquiets aussi des recommandations et des décisions.
Est-ce qu'elles respectent les recommandations? Je ne suis pas sûr. Là, on est coincés, je pense,
au niveau gouvernemental. Mais j'aimerais qu'on voie sur un plus long terme
l'amortissement du passif et non seulement sur cinq ans, dire : On règle
ça dans un coup.
M. Picard :
Là-dessus, rapidement, dans votre document, Évolution du taux de
capitalisation du régime, 2011, 79 %,
2014, 87 %. On venait d'adopter notre projet de loi, là, pour diminuer
l'impact des gens qui transféraient du RREGOP vers le régime. Pensez-vous que c'est ça qui a permis, là, cette
augmentation-là? Mais, dans les derniers chiffres, là, je vais être bien honnête, ça a redescendu à
84 %, là. Mais est-ce que... parce que vous parlez d'actuaires. Lorsqu'on
a adopté le projet de loi, en 2012,
j'essaie de me rappeler, mais je ne me rappelle pas, là, mais les actuaires
nous ont probablement dit que ça
réglerait le problème. Mais, à l'usage, on voit que ça ne le règle pas. Est-ce
que, cette fois-ci, on va vraiment le régler? On ne le sait pas. Puis
même tantôt le premier groupe disait : On va se revoir, là, pour certaines
choses.
Le Président
(M. Bernier) : M. Quévillon, une courte réponse, s'il vous plaît.
M. Quévillon
(Rosaire) : Oui. C'est l'avantage, justement, des cotisants actifs de
pouvoir revoir. Nous, on ne peut pas
revoir pour deux raisons : on n'est pas légalement constitués, on ne peut
pas négocier et, deuxième raison, bien, on est en fin de vie. Il ne faut pas se le cacher, là, les statistiques
le disent aussi. On a fait confiance, on dit : Non, on s'est fait jouer des tours. À ce moment-là, il y aurait
lieu de requestionner davantage et d'avoir des chiffres, comme monsieur
disait, pour pouvoir se baser sur quelque chose, bien sûr.
Le
Président (M. Bernier) : En tout cas, nous, nous sommes heureux
de vous avoir reçus à la Commission des finances publiques, et vous êtes toujours les bienvenus. Donc, je vous
remercie de votre participation, M. Viateur Sauvé, M. Rosaire
Quévillon.
Je vais suspendre quelques instants
afin de permettre à M. Guy Lessard et M. Donald Tremblay de prendre
place. Merci de votre participation.
(Suspension de la séance à
16 h 42)
(Reprise à 16 h 47)
Le
Président (M. Bernier) : Donc, nous reprenons nos travaux. Nous avons le plaisir de recevoir cet
après-midi M. Guy Lessard et
M. Donald Tremblay, président de l'Association québécoise
des directeurs et directrices d'établissement
d'enseignement retraités, et M. Tremblay, qui est président de l'Association québécoise de retraité-e-s des secteurs public et
parapublic. Bienvenue, messieurs. Nous sommes fort heureux de vous recevoir.
M. Tremblay,
vous m'avez dit que vous vouliez débuter. Donc, la parole est à vous. Vous
avez une quinzaine de minutes pour votre présentation.
Association québécoise des directeurs et directrices d'établissement
d'enseignement retraités (AQDER) et Association québécoise
des retraité-e-s des secteurs public et parapublic (AQRP)
M. Tremblay (Donald) : Alors, comme M. le président vous l'a mentionné,
mon nom est Donald Tremblay. Je suisprésident de l'Association québécoise de retraité-e-s des secteurs public et
parapublic. Je suis accompagné de M. Lessard, Guy Lessard, qui est représentant
de l'AQDER.
Je
vais vous dire qu'il y a peut-être eu, là, des petits malentendus au début, dans la
convocation à ces consultations-là, parce
qu'on devait être un groupe de trois. Finalement, c'est... Ça fait qu'on parle
non pas au nom de plusieurs associations, mais bien au nom de nos
propres associations, soit l'AQRP et l'AQDER.
Le Président
(M. Bernier) : Nous prenons bonne note, monsieur.
M. Tremblay (Donald) : Parfait. Alors, M. le Président, M. le ministre,
Mmes, MM. les parlementaires, on va vous
demander de porter une attention toute particulière à notre message cet
après-midi pour une seule et unique raison, c'est que nous allons vous
parler des personnes retraitées.
Alors,
contrairement à Loto-Québec, je dirais, qui s'évertue à faire des gagnants à
vie, nous estimons que le contenu du projet de loi n° 126 crée des
perdants à vie : les retraités. Commençons d'abord par une petite mise au
point sur la deuxième phrase du premier
paragraphe dans les notes explicatives du projet de loi, qui fait état de la
consultation des associations de retraités. Nous comptons aujourd'hui
vous faire la démonstration que cette consultation-là laisse aux associations de retraités et à leurs membres un
sentiment d'amertume. Peu importe ce qu'il adviendra de ce projet de loi là,
on va demander que ce petit bout de phrase là soit retiré.
Alors,
les gens mandatés par votre cabinet nous ont expliqué à quoi vous vouliez vous
attaquer, soit un déficit de la
caisse, qui était évalué à 1,8 milliard. Alors, aujourd'hui, nous voulons
vous expliquer non pas à quoi, mais à qui vous vous attaquez. Alors, derrière ces chiffres froids, qui frappent
l'imaginaire, on s'entend, quelles sont les personnes en chair et en os qui sont derrière ces
chiffres-là et qui sont concernées? On parle ici d'environ 28 000
retraités, le chiffre que nous avons
eu, donc 28 000 hommes et femmes retraités de ce régime, ceux et celles
qui ont servi, à différents niveaux, l'État, à votre demande,
d'ailleurs, qui ont été choisis pour mettre en place les décisions politiques
qui étaient prises.
• (16 h 50) •
Ces
hommes et ces femmes, à qui vous avez demandé, pendant 10, 20, dans certains
cas 35 ans, de renoncer à des salaires plus élevés en retour, leur
aviez-vous promis, d'une rente déterminée à la retraite, partiellement indexée,
on s'entend, au coût de la vie. Des hommes
et des femmes de 68, 75, 80 ans dans certains cas, à qui vous dites
aujourd'hui : Nous sommes désolés.
Vous connaissez aussi
bien que nous les raisons qui ont présidé à la création de ce régime
particulier pour ce groupe d'employés, sans
doute créé par des experts censés avoir planifié la pérennité de ce régime. La
partie du contrat des retraités
d'aujourd'hui, qui était sous leur responsabilité au moment où ils étaient
actifs, a été remplie, payée rubis sur l'ongle, semaine après semaine,
tel que l'exigeait la loi, et ce, tout au long de leur carrière. Un jour vient
le temps où l'ascenseur est censé revenir,
une attente légale, légitime et planifiée. Mais voilà que vous voulez, en cours
de route, changer les règles du jeu.
Voilà que vous dites aujourd'hui à Gisèle, à Raymond ainsi qu'à leurs
28 000 collègues : Nous ne pouvons plus honorer notre parole, notre signature. Nous avons erré.
Nous avons laissé traîner des problèmes structurels connus, quantifiés même. Nous avons pris des
décisions malheureuses. Alors, voilà que vous exigez d'eux un effort qui se
traduit par une amputation de leur rente. En
même temps, vous leur annoncez que les véritables interlocuteurs ont décidé,
soit les associations de cadres actifs.
À
notre avis, ce projet de loi met en place des solutions simplistes, peu
créatives, avec des objectifs sans vision réelle, des solutions comptables, vite faites, sans originalité, de
courte vue, sans effort de vouloir véritablement épargner les impacts
négatifs pour les retraités sur leur niveau de vie.
On
ne vous demandera pas beaucoup de choses aujourd'hui, des actions relativement
simples concernant ce projet de loi, mais, pour nous, elles sont
essentielles. Je passe la parole à mon collègue.
M. Lessard
(Guy) : Alors, bonjour. Je
voudrais vous dire un mot, en tout début, sur la consultation gouvernementale.
Oui, il est vrai que les différentes
associations de retraités ont été invitées à diverses réunions par le
Secrétariat du Conseil du trésor et
que plusieurs échanges ont eu lieu à ce sujet à la fin de l'année 2016. Il est
toutefois nécessaire de dire que la consultation en a été une en
apparence, et ce, pour plusieurs raisons.
D'abord, il
est nécessaire de rappeler que le gouvernement a négocié avec les cadres actifs
une entente portant sur la
rémunération globale, ce qui incluait des modifications à l'indexation de la
rente des retraités. Cette entente conclue entre les deux parties, les actifs et le SCT, avant même d'avoir reçu
une réponse définitive des associations de retraités par rapport aux
modifications de leur régime de retraite, il est difficile de se sentir
consulté quand un article dans les journaux
rappelle que la partie était déjà jouée. Je fais référence à un article de La Presse,
le 15 décembre 2016, où il était écrit qu'il y avait une
entente avec les actifs et que la suspension était de neuf ans, suspension de
la rente.
Le principe
qui sous-tend cette proposition est d'exiger un effort comparable aux retraités
et aux cadres actifs en ce qui a
trait au régime de retraite. Ça peut paraître équitable à première vue, mais,
lorsqu'on regarde d'autres éléments de l'entente
globale des cadres, on s'aperçoit que les cadres actifs sont en mesure de
négocier, en raison de leur salaire, un avantage par rapport aux cadres retraités. De notre côté, on le
soulignait tout à l'heure, nous sommes perdants sur toute la ligne et à
vie.
Précisons que
nous ne commentons pas la valeur de l'entente entre les cadres et le SCT, mais
nous rappelons qu'ils possèdent une
marge de manoeuvre et des éléments compensatoires que les retraités n'ont pas.
Les retraités subiraient une perte
directe de leur pouvoir d'achat, ce qui n'est pas le cas des cadres actifs, qui
s'ajouterait à celle qu'ils absorbent déjà, l'indexation partielle de
nos régimes, ce qui est injuste, selon nous.
Si une réelle
volonté de consulter les associations de retraités et de s'attendre à une
rétribution de leur part existe au
sein du gouvernement, il devra impérativement modifier son approche, notamment
en ce qui concerne les délais accordés pour la consultation.
Nous avons
été invités à une réunion le 9 novembre afin de discuter d'une proposition
concernant le ARPE. Lors de cette
rencontre, on nous a expliqué en long et en large la piètre situation du régime
et la proposition de suspension de l'indexation
de neuf ans pour les retraités, c'est-à-dire, il fallait trouver 239 millions
de dollars. On nous a signifié que la marge de manoeuvre des retraités
était quasi nulle dans le dossier en nous demandant de saisir au bond cette
fenêtre d'opportunité et d'accepter cette
proposition avant le 9 décembre 2016 — ça fait un mois — compte tenu de la volonté gouvernementale d'adopter le projet de loi avant
le 31 mars 2017. Puis on a posé la question : Est-ce qu'il y a un plan B,
un plan C? On nous a dit : On n'a pas
d'autre plan. À l'époque — nous sommes des retraités — on n'avait ni les données sur les rentes des retraités qui permettaient de
vérifier ou d'apprécier les calculs du SCT sur le sujet ni le temps ou les
ressources pour procéder à des analyses plus
poussées. N'oublions pas, et ça, c'est fondamental, que nous sommes des
retraités et, de surcroît, dans nos associations, nous sommes des bénévoles.
Devant
l'impossibilité d'accepter une telle proposition, les associations de retraités
consultées ont fait des demandes au
SCT, lors d'une réunion tenue le 1er décembre, afin de pouvoir examiner
d'autres pistes de solution et d'amoindrir l'impact de la réforme. Entre autres, il y avait deux hypothèses. Il y
avait six demandes, mais il y en avait deux fondamentales. Les deux : qu'une protection contre
l'inflation soit accordée si celle-ci dépasse le taux de 2 %. Deuxième,
que l'on s'assure que l'indexation
réapparaisse au terme de la non-indexation. L'offre gouvernementale était de
neuf ans, et notre demande était cinq ans.
On a reçu, le
8 décembre, une réponse négative à ces deux demandes parce qu'au dire du
Conseil du trésor et du gouvernement
ça ne permettait pas d'atteindre la cible de 239 millions. Finalement, le
14 décembre, on a reçu un second scénario
dans lequel on demandait toujours le même effort : suspension de la rente
pour cinq ans et un changement de taux d'indexation.
On nous a demandé, dans un délai très rapide, de choisir parmi deux mauvais
scénarios : on vous coupe le bras au coude ou bien on coupe le bras à l'épaule. Lequel des deux vous
prenez? Oui, on a dit : On va prendre le moins pire des deux, on a
choisi le cinq ans. Celui de neuf ans, ça revenait pratiquement à retirer
l'indexation à vie pour les retraités les
plus âgés. Celui de cinq ans, avec une diminution des taux applicables, ça rend
davantage vulnérables les retraités aux
aléas de l'économie, c'est-à-dire l'inflation, et le cinq ans pénalisera également
davantage les retraités d'avant 1982.
Suite à ce
choix qui, en fait, n'en était pas un, nous avons, contrairement aux actifs, choisi de ne pas signer
d'entente formelle avec le SCT,
malgré l'offre qui nous avait été faite. On a cependant signifié, dans une lettre destinée au SCT le 16 décembre, que la seconde option nous semblait
moins pénalisante. Évidemment, ceci était en considération... on tenait en considération l'utilisation des modèles
fournis par le SCT, qui prévoyaient une inflation minimale à 2 %, et ce, sur une période de 20 ans.
Alors, je laisse mon confrère continuer.
M. Tremblay (Donald) : Il nous
reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Bernier) : Il
vous reste environ quatre minutes.
M. Tremblay (Donald) : C'est en
plein ça, c'est pas mal ça que j'ai aussi.
Le Président (M. Bernier) :
Bien, ça va me faire...
M. Tremblay (Donald) : Alors,
je vais aller...
Le Président (M. Bernier) : Ça
me fait plaisir de vous écouter encore...
M. Tremblay
(Donald) : Je vais aller rapidement sur les aspects techniques qu'on
voulait vous soulever...
Le Président
(M. Bernier) : Allez-y, M. Tremblay.
M. Tremblay (Donald) : ...pour aller aux recommandations ou aux
demandes que nous avons. Le scénario basé sur 20 ans, tout le monde espère que ça sera ça, tout le monde espère que l'inflation ne sera que 2 %. Mais qui peut prédire sur
20 ans? Malgré ce que les prévisionnistes peuvent en penser, on peut en douter.
Alors, on pense que, si on regarde avec
un scénario beaucoup plus catastrophique que le 2 %, ce qui a servi pour
les évaluations, on pense qu'on pourrait se ramasser avec une rente diminuée jusqu'à 50 % dans seulement 10 ans. On nous a dit, puis
je me souviens très bien, que c'est
une proposition qu'on ne ferait pas à des actifs, mais, compte tenu que vous
êtes des retraités, on pourrait vous faire ce genre de proposition là.
Mais la question qu'on vous pose maintenant : Si le risque vaut pour les
retraités d'établir une inflation de
2 % sur les 20 prochaines années, est-ce que le gouvernement, le Conseil
du trésor, est prêt à inverser le risque et prendre ce risque-là plutôt
que de le laisser sur les épaules des retraités?
Un
deuxième aspect technique, c'est la question du déficit de la caisse des
participants qu'on... En tout cas, on pense
qu'il y aurait des calculs fort différents à faire par rapport au
1,8 milliard et on pense que des chiffres différents pourraient
nous amener à un effort différent de la part des retraités
Un
dernier point technique que je veux soulever avec vous, c'est celui des
transferts d'une caisse à l'autre. On sait
très bien que ça a des coûts récurrents d'année en année,
tous les gens qui passent d'un régime à l'autre, et c'est un coût qui est dans la caisse du RRPE à chaque
année. Et ça, on l'a mentionné, là. Ce risque-là, c'est-à-dire ce coût-là, là, il est
quantifié, il est identifié. Tant et aussi longtemps que le régime va
bien, que les rendements sont au rendez-vous, que la capitalisation est faite, on
laisse traîner le problème. Mais là, aujourd'hui, on se ramasse avec ce
problème-là.
L'autre
élément qu'on veut souligner, c'est le rendement de 2016. Est-ce qu'on l'a oublié? Mais là, en même temps, on ne veut pas faire une guerre de chiffres ici cet après-midi. Puis
vous allez voir que nos demandes, elles ne sont pas en lien avec des
chiffres, mais bien en lien avec ce qu'on souhaite qu'il se passe pour les
retraités à l'avenir, désormais.
Alors, je vais
laisser la parole à mon collègue pour qu'il vous fasse les conclusions et nos
demandes.
• (17 heures) •
Le Président
(M. Bernier) : M. Lessard.
M. Lessard (Guy) : Donc, en conséquence, nous demandons d'exclure du
projet de loi toutes les mesures ayant une incidence de quelque nature que ce soit sur
les retraités afin que les discussions puissent reprendre sur de nouvelles
bases, afin de procéder à un véritable examen approfondi de la situation du
régime.
Deuxièmement, que les
instances concernées, compte tenu que nous sommes des associations de bénévoles
et que nous représentons une portion de
retraités touchés par le projet de
loi n° 126, mettent à notre disposition de l'expertise nous permettant de discuter d'égal à égal avec
nos vis-à-vis.
En
conclusion, les associations reconnaissent que la situation
de la caisse de retraite des participants au RRPE est précaire. On reconnaît que des correctifs doivent y être apportés.
Jusqu'à aujourd'hui, le débat a été fait uniquement sur une base actuarielle. Il est temps d'avoir une
discussion qui tient compte des aspects humains des impacts de ce projet de
loi. Nous sommes confiants qu'en utilisant les bonnes prémisses, en manifestant
une ouverture d'esprit et en s'accordant du temps pour examiner de nouvelles
avenues, il nous sera possible, tous ensemble, de trouver la meilleure
solution pour les parties concernées. On vous remercie.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. Lessard, merci,
M. Tremblay de votre présentation. Nous allons donc passer aux
échanges. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Moreau :
Merci, M. le Président. M. Lessard, M. Tremblay, bienvenue. J'ai eu
l'occasion de rencontrer au moins un
de vous deux dans une situation antérieure, lorsqu'on parlait de la
restructuration des régimes de retraite dans le domaine municipal, où j'ai passé une partie de l'été ici, dans cette
même salle, d'ailleurs, à entendre les représentations qui avaient été faites. Et je me retrouve
aujourd'hui encore, comme président du Conseil du trésor, cette fois, avec une
loi sur la restructuration d'un régime de retraite.
Alors,
vous connaissez un peu mes opinions sur cette question, des opinions qui sont
basées sur le fait que ce n'est pas
une situation qui est agréable pour personne de se retrouver avec un régime de
retraite qui indique un problème structurel,
vous l'avez mentionné tantôt, M. Tremblay, je reviendrai sur votre
proposition, et qui nécessite une restructuration parce que sa pérennité est mise à mal. Et la
pérennité d'un régime de retraite mise à mal, ça touche bien sûr les cotisants
actifs, mais ça impacte d'une façon encore
beaucoup plus dramatique les retraités. Et je ne voudrais pas que personne
au Québec, que ce soient les gens qui sont
cotisants ou anciens cotisants au RRPE ou de n'importe quel autre régime de
retraite, se retrouvent dans une situation
où ils ont des revenus de retraite, mais que ces revenus-là s'effondrent parce
que le régime s'effondre. Donc, je
reprends un peu l'expression que vous aviez, on a le choix entre se couper la
main, se couper le bras ou se couper
l'épaule. Et je pense, moi, que l'effondrement d'un régime ça équivaut à se
couper la tête, ce qui est encore plus drastique et qui est un objectif
que nous ne partageons personne.
Vous
avez dit tantôt, M. Tremblay, puis je reprends ça, puis je ne veux pas que
vous ayez l'impression, là, que je suis en tiraillage avec vous, vous
dites : Vous avez laissé traîner des problèmes structurels. Je vous
rappellerai que les décisions qui sont prises au comité de retraite impliquent
le gouvernement, bien sûr, parce qu'il y a des membres, il y a des actifs puis
il y a un membre retraité. Moi, je changerais le «vous» par «nous».
La
situation du RRPE, là, elle est connue depuis longtemps, le problème
structurel, il est connu depuis longtemps. Il y a eu une intervention qui a été faite tantôt. Le groupe qui... pas
celui qui vous a précédés, mais l'autre avant et même celui
qui vous a précédés reconnaissaient que des efforts ont été faits en 2011, qui
ont débouché sur une commission parlementaire
en 2012, et que les efforts qui ont faits à ce moment-là n'impliquaient
d'aucune façon les retraités, mais que
ces efforts-là étaient globalement insuffisants. C'est pour ça qu'on se
retrouve ici aujourd'hui. Et ce n'est pas parce que ni vous ni moi
n'aurions autre chose à faire qu'on est dans cette salle, mais on doit agir.
Alors, je vous incite à parler plus
au nous qu'au vous parce que moi, je ne suis pas membre du RRPE, mais, à titre
de représentant du gouvernement, je
pense que le gouvernement a un effort à faire et je pense que, dans le projet de loi actuel, il le fait, cet effort-là aussi, en partie, pour régler
la situation.
Puis,
sur la partie où vous intervenez, M. Lessard, moi, je vous entends, là.
C'est la première fois que j'entends les
propos que vous tenez aujourd'hui, mais, quand j'ai étudié le dossier pour me
présenter en commission parlementaire,
j'ai pris connaissance d'une lettre que vous
avez signée le 19 décembre 2016, puis je ne vous en tiens pas rigueur, là, mais je ne voudrais pas que vous m'en teniez rigueur non
plus, où vous dites : «En suivi
aux discussions qui eurent lieu avec le groupe de huit associations de
retraités, six des huit associations se disent en accord, mais non de gaieté de
coeur — parfaitement
d'accord avec vous — avec la proposition gouvernementale, version
du 14 décembre 2016», qui est celle qui se retrouve au projet de loi pour lequel nous tenons des
consultations aujourd'hui. Je suis très honnête avec vous, vous dites :
«Tout en acceptant cette offre
gouvernementale, considérant que, comme retraités, nous voulons faire notre
part pour la survie du régime, nous
tenons à porter à votre attention deux éléments.» Le premier, c'est que le fait
d'accepter la suspension est pour vous une mesure très exceptionnelle, mais il
y a un élément d'acceptation, et que votre acceptation ne doit pas être interprétée comme un abandon des
revendications historiques concernant l'amélioration de l'indexation de la
rente des retraités. Et le préambule
à ça, c'est que vous acceptiez, à tout le moins le 19 décembre, de faire une
part pour la survie du régime,
mettant en exergue le fait que la survie du régime était menacée. Vous avez
même indiqué que... vous faites référence
à la très bonne collaboration, tout au long des discussions, des représentants
du Secrétariat du Conseil du trésor, notamment Mme Marcotte, qui
est à mes côtés aujourd'hui. M. le Président, je vais déposer cette lettre-là.
Document déposé
Le
Président (M. Bernier) : Ce document sera disponible sur
le site de la commission ainsi qu'au niveau des membres de cette
commission.
M. Moreau :
Tout ça pour vous dire que les hypothèses qui sont examinées aujourd'hui sont
des hypothèses de sauvetage d'un
régime qui est très mal en point. Et, quand vous parlez des hypothèses qui sont
retenues pour l'inflation, c'est-à-dire
2 % à long terme, vous dites : Bien, pourquoi ce n'est pas le
Secrétariat du Conseil du trésor qui prend le risque? Le gouvernement, là, dans la proposition qui est
sur la table, prend à sa charge, je l'indiquais d'entrée de jeu, le paiement
des rentes de retraite, au 31 décembre 2014,
des conjoints survivants ou des héritiers et il participe à un effort
additionnel, qui n'excède pas
100 millions de dollars par année, pour remettre à flot le régime de
retraite. Les hypothèses d'inflation à
2 %, là, c'est des hypothèses que les actuaires indépendants de Retraite
Québec, pas du Secrétariat du Conseil du trésor, font, et ça correspond
aussi à la fourchette d'inflation estimée par la Banque du Canada, entre
1 % et 3 %.
Alors, moi, je vous
dis : Ce n'est pas une situation agréable. Je comprends tout à fait l'état
d'esprit que vous traduisez par vos
représentations et je suis désolé de voir que, collectivement, nous sommes dans
une situation semblable, mais
essentiellement je suis d'accord avec la proposition que vous faisiez dans
votre lettre du 19 décembre, de dire que c'est un effort requis de tous
pour assurer la survie de ce régime-là.
Essentiellement,
c'est les remarques que je voulais vous faire. Je suis très ouvert à continuer
la discussion avec vous, puis vous
permettre de réagir à ce que je viens de dire, et vous dire qu'il y a deux
éléments que je garde à l'esprit et
que je rappelais dans les remarques introductives, c'est que, d'une part, on
doit assurer la pérennité de ce régime-là, c'est à votre bénéfice, et je
ne le dis pas de façon mesquine, je le dis véritablement parce que je le pense,
c'est à votre bénéfice, vous, les retraités,
de voir le régime survivre, et, d'autre part, c'est un effort qui doit être
collectif. Et la proposition qui est
faite aujourd'hui et pour laquelle nous tenons des consultations est un effort
qui a été fait en consultation avec vous. Tout imparfaite que puisse être la solution, c'est quand même une
consultation qui est une première dans le travail fait par le gouvernement pour restructurer un régime de
retraite.
Alors,
c'est les remarques que j'avais à faire. Je sais que vous avez participé notamment
en disant : Bien, écoutez, l'hypothèse à neuf ans, on n'est pas d'accord
avec ça, ramenons-là à cinq ans. Vous dites : Ce n'est pas encore idéal. Je le sais, mais c'est quand même
l'effort qui a été réduit. Et je veux vous dire que vos remarques me semblent
avoir été prises en considération dans le contexte de la proposition qui
est faite aujourd'hui. Et je vous cède le temps.
• (17 h 10) •
Le Président
(M. Bernier) : Vos réactions, M. Lessard, oui.
M. Lessard (Guy) : Bien, d'abord, je tiendrais à vous dire, dans un premier temps, que je ne vous en tiens pas rigueur.
Aucun problème là-dessus. Deuxième remarque importante que je devrais faire, lorsqu'on
a discuté avec les représentants du Secrétariat du Conseil du trésor, ils ont
agi avec un grand professionnalisme. Ça, je tiens à le dire publiquement. Je leur ai dit, et on peut le dire.
Et, lorsqu'on dit que la consultation a été, je ne
dirais pas bâclée, a été faite rapidement
puis qu'on n'aurait pu de... je n'en
tiens pas rigueur aux représentants du Conseil
du trésor. C'est des gens qui
agissent avec des mandats, comme nous, nous agissons avec des mandats. Au point
de départ, je pense que c'est important de comprendre, là. Les liens qu'on avait, je pense
qu'ils étaient très bons. Puis ça me fait toujours plaisir de les
saluer ou de leur parler au moment où je les vois.
Vous avez
fait allusion tout à l'heure que le problème était latent, le problème traînait depuis longtemps.
Je veux tout simplement rappeler aux membres présents ici que les
retraités n'ont jamais participé de quelque façon que ce soit aux discussions qui ont pu avoir lieu, particulièrement entre le RACAR et la CERA, qui représentent
en quelque sorte les actifs et qui
participent... je ne sais pas si c'est un comité de retraite, un comité
technique, je ne sais pas le terme exact, là, mais qui, eux, avaient été
mis au courant de la situation et qu'ils avaient déjà commencé à songer et à y
réfléchir.
Bon, je ne
vous dis pas que, par la bande, je ne savais pas. Je serais menteur si je vous
disais ça puis je ne veux pas vous
mentir. Sauf qu'on n'a pas été dans le bain. On a vraiment été dans le bain à
compter du 9 novembre, comme retraités.
Donc, ça, c'est une première chose. Le comité de retraite, on pourrait en
jaser, là. S'il y a 23 personnes autour de la table puis qu'il y a un retraité, vous comprenez que c'est une
minorité visible, hein? Alors, non, non, mais c'est la réalité, hein?
Alors donc, là-dessus, là, je pense qu'il y a de l'amélioration peut-être à
apporter.
Je veux
revenir à la lettre parce qu'elle est fondamentale. Mon exposé aujourd'hui
n'est pas de renier la signature que
j'ai faite. Je ne la renie pas, mais je la place dans un contexte, ce qui est
différent. La lettre est là, puis ils vous l'ont passée, elle est là. Je
l'ai signée au nom des six associations puis je ne reviens pas, c'est vrai, ce
que j'ai écrit.
Dans le
brouhaha, dans le contexte, dans tout ce qui se passait, bien, je vous l'ai
expliqué un peu tout à l'heure, peut-être,
la lettre, j'aurais été mieux de la rédiger autrement en la contextant comme je
le fais aujourd'hui. Ça n'a pas été
fait, c'est vrai. Non, non, mais on va l'avouer, là. Sauf que, je reviens à ce
que je disais tantôt, on avait du choix entre neuf ans et on avait du choix entre cinq ans. Et, avec les chiffres qui
nous ont été fournis par les représentants du Conseil du trésor, on est arrivés à la conclusion que le
cinq ans était plus avantageux, pouvait être plus avantageux sur une période
de temps, là, pour les membres. Alors, le
premier réflexe que l'on a eu, c'est de dire : On va sauver les meubles.
Et ma signature est une signature de
sauveur de meubles. En tout cas, on peut la prendre comme ça, là, mais c'est
bon de contexter, à un moment donné.
M. Moreau : Signature
d'ébéniste, c'est ça que vous me dites.
M. Lessard (Guy) : Bon, ceci
dit, lorsqu'on décante et qu'on regarde par après, on vous a dit qu'on est des associations de bénévoles. On n'a aucune
ressource. Personnellement, à l'AQDER, moi, je n'ai aucune ressource, je n'ai
qu'une adjointe administrative. Donc, il
faut que je me débrouille avec l'air du temps. On a fait du mieux que l'on
pouvait avec les moyens qu'on avait.
Cependant, lorsqu'on prend un recul... et je
pense que face à n'importe quel dossier politique, administratif ou autre, il est bon de prendre un recul puis de
regarder. Ce qu'on a fait. On a pris un recul puis on l'a regardé. Et là on a été capables de le regarder avec nos membres.
Alors, nos membres nous ont passé une série de remarques. Il ne faut pas
penser, parce que la lettre est signée par
Guy Lessard, président de l'AQDER, qui représente les autres, que l'ensemble
des membres est d'accord. Ça, là, il
y en a qui sont d'accord, il y en a qui ne sont pas d'accord puis il y en a qui
veulent qu'on aille au front. Ça, c'est clair. Il faut que ce soit clair, là,
qu'il n'y a pas d'unanimité. Sauf qu'on se dit : Aujourd'hui, on est
devant le politique. C'est la première fois
qu'on rencontre le politique. Mais M. Tremblay, c'est un chanceux, il vous
avait vu avant sur un autre dossier, mais c'est la première fois qu'on
rencontre le politique...
M. Moreau :
...ça comme une chance quand il m'a rencontré la dernière fois, là. Il ne me
l'a pas dit de même.
M. Lessard
(Guy) : Alors donc, c'est la
première fois qu'on rencontre le politique. Et ce qu'on vous propose, là,
c'est une demande politique, c'est une
solution politique. On aurait pu vous arriver avec des plaintes des membres
puis des chiffres. Non, on
n'embarquera pas là-dedans, on n'est pas équipés. Ce qu'on vous dit, on vous
tend la main. On vous dit : Ça s'est fait entre le 9 novembre et le
9 décembre, on va dire, puis je suis d'accord, avec la meilleure volonté
des personnes qui étaient assises à la
table. Là, je dis la meilleure volonté des personnes, je parle des gens
associatifs et je parle des gens du
Trésor, qui agissaient avec des mandats. C'est clair. Mais après ça je pense
que le temps de Noël est arrivé, le
temps de la dinde, puis on a regardé ça. On a dit : Wo! Attention!
Attention, là! Nos membres sont pénalisés puis ils sont pénalisés à vie.
Il y a-tu d'autres moyens? Je ne suis pas un actuaire, mais vous en avez de
très bons. On a travaillé avec eux puis on
les apprécie. Il y en a de très bons. Il y a peut-être d'autres solutions,
d'autres méthodes de calcul parce
qu'une méthode qu'on m'a expliquée... puis j'ai fini par comprendre ça, qu'une
méthode comptable puis une méthode
actuarielle, ce n'était pas la même affaire. Alors donc, il y a peut-être
d'autres pistes de solution qu'on pourrait trouver. Ce qu'on vous dit tout simplement : On peut-u prendre du
temps qui est raisonnable pour s'asseoir puis regarder s'il n'y a pas
d'autres solutions qui seraient moins pénalisantes pour nos membres?
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Oui, M. Tremblay.
M. Tremblay
(Donald) : En complément, si
vous permettez, M. le Président, M. Moreau doit avoir un karma. Effectivement, ça fait deux fois qu'on se
rencontre pour des régimes de retraite, et je me souviens très bien de la première
rencontre, qui n'a pas été désagréable, là, quoique vous en pensiez...
M. Moreau : Je ne pense
pas le contraire, mais je ne veux pas vous mettre les mots dans la bouche.
M. Tremblay
(Donald) : Ça n'a pas été
désagréable à ce point-là. Je me souviens très bien de ce que vous m'avez
dit, par exemple. Puis, à partir du moment
où on a passé devant vous en commission parlementaire, après notre passage,
vous avez pris le soin de poser la question
aux groupes qui nous ont suivis : Comment voyez-vous la participation des
retraités dans ce contexte-là? Et je me
souviens très bien aussi que vous m'aviez posé une question : Vous, M. Tremblay, là, les retraités, là, qu'est-ce
que vous êtes prêts à faire? Vous souvenez-vous de ma réponse?
M. Moreau :
Oui.
M. Tremblay (Donald) : Vous
vous en souvenez?
M. Moreau : Oui.
M. Tremblay
(Donald) : Alors, j'avais ré
pondu : M. Moreau, assoyez-nous à une table de façon
égalitaire avec le temps nécessaire,
puis sûrement que les retraités vont contribuer à la recherche de solutions. C'est ça
que je vous avais répondu. On vous
répond exactement... On est assez conséquents, on vous répond encore la même
chose aujourd'hui. Le contexte que
M. Lessard vient de vous dévoiler, de vous développer, là, c'est
exactement la situation dans laquelle on
s'est retrouvés. Ce n'est pas des conditions gagnantes ou des conditions
idéales pour traiter de 239 millions de dollars, qui, somme toute, est relativement faible dans une
caisse de 10 milliards, mais qui affecte des retraités. On n'a pas eu, on
n'a pas pris... je ne le sais pas comment le
dire, mais les conditions n'étaient pas réunies, quoique, comme M. Lessard
l'a souligné, on a eu une excellente collaboration des gens du Trésor.
C'est ça
qu'on veut vous dire aujourd'hui. On vient vous dire : M. Moreau,
prenez le temps, passez le projet de loi n° 126, là, passez-le,
mais excluez la portion qui touche les retraités pour le moment, et
donnons-nous du temps. On en a du temps, là,
on est juste le 15 février. Votre objectif, c'est le 31 mars, et, si
le projet de loi passe... le projet de loi passe, mais excluons cette portion-là des retraités puis travaillons-là,
on fera un amendement après. Ce n'est pas grave, ça. Il doit y avoir
moyen de légiférer autrement puis d'agir autrement.
M. Moreau : ...contribution
du gouvernement, là.
M. Tremblay
(Donald) : Puis, comme
M. Lessard l'a souligné, des chiffres, là, on peut faire dire n'importe
quoi, dépendamment dans quelle colonne on met ça.
Alors, on veut juste pouvoir dignement discuter
de ce qui nous touche directement.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. Tremblay. En passant, on
est le 22 février. M. le ministre, la parole est à vous.
• (17 h 20) •
M. Moreau :
Il nous reste... Oui, bien, écoutez, je suis heureux
que vous vous rappeliez d'un passage agréable. Moi aussi, je me souvenais de ça. Je ne voulais juste pas vous mettre
les mots dans la bouche, là. Mais, de fait, je suis préoccupé par la question de la représentation des...
Il y a deux choses que j'apprécie beaucoup dans la présentation que vous
faites aujourd'hui. D'abord, votre franchise, qui vous honore, et je n'en suis
pas étonné du tout, et le fait de dire : Écoutez, on travaille avec les moyens du bord. C'est la réalité des
retraités dans le contexte dans le contexte
des régimes de retraite. Je suis
heureux que vous fassiez le lien avec des remarques antérieures où je
disais : Bien, comment vous voyez ça?
Et je pense qu'effectivement il y a des gestes qui doivent être posés pour
assurer que, dans ou les comités de retraite ou à quelque part, il y ait
une mécanique qui permette aux retraités de se faire entendre.
Dans le
contexte actuel, la difficulté de reporter à plus tard entraîne des impacts financiers
qui sont énormes parce que les sommes
qui sont en cause et la participation financière du gouvernement à la résorption du déficit de 1,8 milliard
doivent être considérées notamment sur le fait que le projet de loi puisse être adopté rapidement.
Et, en conséquence, c'est à toutes
fins pratiques très difficile de refaire la configuration globale du projet de loi, qui relève d'une entente, en enlevant des bouts parce que les discussions qui ont eu
lieu ont été présentées comme un tout. C'est la compréhension que j'en ai.
Mais je n'étais pas partie aux discussions à ce moment-là, mais je supporte le projet de loi pour le présenter puis être celui qui en
est responsable devant l'Assemblée nationale.
Alors, oui, en conclusion,
je saluais votre franchise, c'est-à-dire que
vous avez contextualisé la lettre que j'ai déposée, que vous avez signée.
Encore une fois, je répète que je ne le fais pas comme une bravade, mais comme
ma compréhension, et vous confirmez qu'elle
est là, que cette lettre-là, malgré le... et à regret, que ça représente finalement la position majoritaire de six des huit groupes
qui sont mentionnés dans ce texte-là. Et sachez que je suis très conscient
que ça ne représente pas l'unanimité des positions. Et je comprends aussi le caractère un peu délicat de la
position dans laquelle vous vous retrouvez devant l'Assemblée. Mais ce que vous
me dites pour les retraités, je le prends en note.
Le Président
(M. Bernier) : Merci, M. le ministre. Nous allons donc
passer du côté du député de Beauharnois, de l'opposition officielle.
M. Leclair : Merci, M. le Président. Alors, M. Lessard,
M. Tremblay. Merci d'être là. Bien entendu, les premiers questionnements que nous avons eus lorsqu'on a eu
notre rencontre technique, nous, lors du dépôt du dépôt du projet de loi,
c'était le fait, justement, qu'on nous disait qu'on avait rencontré entre
6 000 puis 8 000 retraités sur une possibilité de 26 000. Puis là on lit le projet de loi,
puis je suis d'accord... Je pense que c'est le groupe d'avant qui nous avait
dit... ou je pense que c'est vous qui avez dit ça, de retirer la ligne
parce qu'effectivement de dire que ça reflète les consultations avec les retraités
on peut repasser si on n'en a rencontré que 6 000 sur 26 000.
Mais on comprend la complexité de ça, là, je ne
veux pas mettre le blâme sur personne. Mais ce qui m'agace d'autant plus, c'est
de dire que les 6 000 à 8 000 personnes qui ont eu des représentants
tels que vous, de certaines associations...
Est-ce que vous avez eu des chiffres qui vous montraient ou qui vous
démontraient votre fardeau fiscal à vous, les retraités, par rapport à
cet endettement-là qu'on tente de bien diviser entre les générations? Est-ce
que vous avez eu ça
lors de vos consultations? Elles semblent avoir été brèves, mais je vais vous
laisser nous expliquer ça un petit peu
parce que, déjà qu'on n'a pas rencontré tout le monde, je voudrais avoir
peut-être le détail de qu'est-ce que vous avez eu. Au moins, c'était-u
éclairant pour prendre une décision?
Le Président (M. Bernier) :
M. Lessard. M. Tremblay.
M.
Tremblay (Donald) : En fait,
ce qu'on a eu le 9 novembre, lorsque le Trésor nous a présenté son plan... je
dirais, son cadre de négociation ou son
cadre... oui, de négociation avec les cadres actifs, il nous a présenté ça
comme étant... Bien, en fait, il nous
a expliqué qu'il nous invitait compte tenu que le cadre de la négociation avec
les actifs touchait la rente des
retraités. C'est une invitation qu'on a eue compte tenu de ça. On a posé
beaucoup de... Évidemment, quand ça
nous a présenté ça, c'était neuf ans de gel. Toutes les associations autour de
la table, là, nommez-les, toutes, tout le monde a eu les deux... je vais être respectueux, en tout cas, tout le
monde était découragé, hein? Tout le monde était découragé.
Alors, on
a demandé est-ce qu'il y a un plan A, un plan B? Il y a-tu quelque chose d'autre? Ce qu'on nous a répondu, M. Lessard l'a souligné : Il y a une
fenêtre d'opportunité qui s'ouvre, c'est à prendre ou à laisser. Et là on s'est
rappelés, mais, en tout cas, entre
autres, je me souviens du discours de M. Moreau, qui dit : Vous, les
retraités, qu'est-ce que vous êtes
prêts à faire? Ça fait qu'on a
dit : Bien, on va aller voir. On va questionner ce cadre-là pour voir
qu'est-ce que ça veut dire exactement parce qu'il n'était pas fignolé,
là, ce dépôt-là. Pour nous, là, on a eu des chiffres globaux, et là on a commencé à demander au Trésor : Êtes-vous
capables de nous faire des calculs? Êtes-vous capables de nous représenter
qu'est-ce que ça équivaut en pertes pour les
retraités sur une période de neuf ans? Et c'est là qu'ils se sont acharnés à
faire des tableaux, puis ils ont
travaillé, là. Mais là nous autres, on se fie aux chiffres qu'ils nous donnent,
là, puis on pense qu'ils ont été
honnêtes, puis je pense qu'ils l'ont été, probablement, là, avec les chiffres
qu'ils ont, dont ils disposent, là. Ils nous sont même arrivés avec un
chiffre, à un moment donné, qui avait la rente moyenne du RRPE autour de
33 000 quelques dollars. On était même surpris, nous autres, de la faible
moyenne de cette rente-là.
Ça fait que,
là, on a commencé à demander des chiffres pour avoir des comparatifs, pour
savoir qu'est-ce que ça voulait dire.
On nous a même comparé l'offre qui était sur la table avec celle des
municipaux. On a dit : Regardez, là, ça, ce n'est pas pareil. On a éliminé ça rapidement. Par la suite, on a
examiné toutes sortes de chiffres avec différents modèles, puis là il peut y avoir autant de modèles qu'il y
a d'individus, dépendamment l'âge auquel tu as pris ta retraite, dépendamment
si tu as cotisé plusieurs années ou pas,
dépendamment... bon, il y a paquet de facteurs. C'est impossible d'arriver à
faire un calcul global de tout ça.
L'autre
question qu'on aura posée, c'est : Les autres retraités que nous ne
représentons pas, qu'avez-vous fait pour les informer ou que comptez-vous faire pour les informer? La réponse
qu'on a eue : Rien. Il n'y a pas de plan de communication de ce plan-là actuellement. Alors, déjà là, nous,
on se disait : Bien, si, nous, nos membres, en tout cas, ils ont le
privilège d'être représentés à
quelque part, au moins, ils vont avoir cette information-là, mais l'ensemble, la
grande majorité n'auront pas
l'information, et ça veut dire qu'ils vont avoir l'information soit dans le
journal, et, au mois de décembre, on parlait d'un paragraphe de deux lignes où on disait que les retraités allaient
être appelés à faire leur effort. Autrement, je ne sais pas comment ils vont l'apprendre. Probablement
tantôt, quand le projet de loi va être public, mais il n'y a pas beaucoup
de monde. Ça ne se bouscule pas beaucoup,
là, sur la couverture de ce projet de loi là, là. Alors, probablement qu'ils
vont l'apprendre quand ils vont
recevoir leur état de participation puis leur état de rente, là, à la fin de
2017, quand ils vont apprendre que
leur rente va être gelée les cinq ou les neuf prochaines années. C'est comme ça
qu'on nous a présenté ça.
Ça fait qu'on
s'est dit : On n'a pas le droit de ne pas aller questionner le Trésor, et
on est allés. On a pris le risque... René
Lévesque disait le «beau risque», alors ça a l'air qu'on a pris un beau risque
aussi, nous autres, de s'approcher du Trésor
pour aller se faire faire des calculs tout en se disant que, si on n'y va pas,
on va se faire dire : On vous a offert, vous avez dit non, alors ça veut dire que le neuf ans sera appliqué. On
a dit : On va au moins essayer d'aller voir, on va au moins. Et c'est dans cet esprit-là qu'on s'est
engagés en se disant qu'au nom de nos membres l'opportunité que le Trésor
nous offre, on ne peut pas la balayer du
revers de la main. Mais là le contexte a fait qu'on considère aujourd'hui qu'on
s'est embarqués dans une consultation qui n'était pas réellement acceptable.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. Tremblay. M. le député de Beauharnois, pour la suite des choses.
M. Leclair : Merci, M. le Président. Bien, vous voyez, c'est
sûr que je vais poser les questions lorsque le projet de loi sera déposé... bien, pas qu'il sera déposé,
mais qu'on l'étudiera article par article parce que, bien entendu, lorsqu'on
parle de 1,8 milliard de déficit, moi,
j'aimerais vraiment savoir c'est quoi, la proportion qui est attribuable
auxdits retraités, aux coûts. J'imagine que les actuaires sont capables
de se rapprocher d'une réalité. Si on est capables de dire : C'est
1,8 milliard, bien, on a pris des chiffres quelque part puis on les a
cumulés pour dire : Voici la dette.
Donc, de ce
que je comprends, vous, lorsque vous avez eu les deux scénarios, on coupe au
coude ou on coupe à l'épaule, vous
avez dit : Donnez-nous au moins les chiffres, qu'est-ce que ça va nous
coûter, ces deux scénarios, entre guillemets,
que vous n'aimiez pas, mais vous avez demandé ces calculs-là. Donc, vous n'avez
jamais eu lesdits calculs, à savoir
est-ce que la poire qu'on coupe en deux aux retraités et aux actifs, est-ce
qu'elle est équitable dans cette dette-là pour dire... Est-ce que c'est
reconnaissable? Vous n'avez pas eu ces chiffres-là.
• (17 h 30) •
M. Tremblay
(Donald) : Bien, en fait, il
faut se fier à ce qui nous a été présenté par les gens du Trésor. Et ce qu'on
aurait aimé, évidemment, c'est la possibilité de discuter d'égal à égal, ce que
nous n'avons pas, là, comme bénévoles représentant
les retraités, là. C'est pour ça que, dans ce qu'on demande aujourd'hui, on
dit : Regardez, là, retirez-nous de
ça, là, un peu, là, prenons le temps, là, donnez-nous un petit peu d'expertise,
donnez-nous des moyens de bien comprendre puis d'être assistés dans la discussion, puis après ça, bien, on va voir au fur et à mesure qu'on avancera dans nos discussions. C'est ça qu'on demande aujourd'hui. On ne demande pas grand-chose, là. On ne demande
pas la lune, on demande juste de pouvoir discuter convenablement.
M. Lessard
(Guy) : En complément, je ne
voudrais pas qu'on reste sur l'impression qu'il n'y a pas eu d'échange
technique avec le Secrétariat du Conseil du trésor. Il y
en a eu. Mais c'est tellement
complexe puis, M. Tremblay le disait, c'est du cas par cas. Vous avez beau prendre un cas par rapport aux trois strates d'indexation à titre d'exemple, c'est du cas
par cas. Mais les travaux techniques, il y a eu au moins, au moins, en grands
groupes, là, deux ou trois rencontres techniques,
là, qui ont été faites où on nous a dit : Bien, la part qui revient aux
retraités, c'est la même qui revient aux actifs. Et de part et d'autre, et de
part et d'autre, on avait dit :
Si les actifs sont plus... en gagnent plus sur un bord, on veut bien gagner aussi. Ça a été dit, ça, ce bout-là.
Alors donc, c'est 50-50, à peu près. Ça a fini à 40, 45, quelque part par là, là. Mais c'est ça.
Mais,
vous savez, c'est des chiffres, là. Moi, l'actuariat, je ne connais pas ça puis
je ne suis pas fort en mathématiques, là.
Ça fait que, quand même, il faut confiance aux gens. Puis on
leur a fait confiance. Puis je ne dis pas qu'ils n'ont pas été corrects avec nous, je le répète, là, sauf que
c'est un dossier qui est tellement complexe, qu'il faut avoir du temps. Puis
il faut avoir du temps pour travailler en
équipe. On vous a dit que les retraités n'étaient pas habitués à travailler
ensemble, ils ne travaillaient pas,
ils ne travaillaient pas ensemble. On était dans nos silos. Là, ça a été une
occasion d'en réunir au moins huit gangs autour de la table. On ne se
connaît pas. Bien, en dedans d'un mois, il faut régler le sort du monde. Écoutez,
ça ne marche pas là. Ça ne marche pas, là. Moi, si j'avais fait ça à mon école,
ça ferait longtemps que je ne serais plus au RRPE, je serais
sur le chômage.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Lessard
(Guy) : Non, non, mais c'est
sincère, ce que je vous dis là, là. Puis je comprends qu'il y a
des échéanciers, je veux bien tout
comprendre, là. Mais, à un moment
donné, les retraités, là, on est...
On reconnaît qu'il y a un déficit.
On le reconnaît. On reconnaît qu'il faut peut-être faire une part. On
le reconnaît aussi. Je ne dis pas qu'il ne faut pas rien faire puis se
cacher en arrière de, mais il faut arrêter de penser aussi que les retraités de
la fonction publique, appelons-la de même,
les cadres, on est des millionnaires. Je vous ai dit tantôt qu'on nous a dit
que la moyenne était de 33 000 $. Bien, à 33 000 $, là,
ils sont où, les millionnaires là-dedans? Puis il faut arrêter de penser... Il
faut dire que, le régime, ce n'est pas juste de l'éducation. Il y a de
la santé, ce que j'appelle, puis ce n'est pas péjoratif, des cadres
intermédiaires, là, des gestionnaires, puis il y en a d'autres aussi. Alors,
c'est complexe.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Leclair : ...il ne me reste
plus de temps, M. le Président?
Le Président (M. Bernier) : Il
vous reste environ une minute, M. le député.
M. Leclair :
C'est sûr et certain que je pense que le ministre vous a bien entendu. D'après
moi, il va prendre tous les retraités
puis il va renégocier ce bout-là avec vous, là. Je ne suis pas sûr que j'ai
bien, bien compris. Mais, bref, on va s'assurer
d'avoir les chiffres pour qu'au moins... Moi, ce qui m'importe, c'est de dire,
si on partage ça avec les générations, bien,
d'être certain au moins que cette division-là est bien faite puis elle est
adéquate. J'imagine que les gens du ministère, d'ici là, auront le temps de nous donner des chiffres, si vous, vous
n'avez pas eu le temps de les avoir au complet. Merci d'être passés.
Vous êtes bien aimables.
Une voix : Merci.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le député. M. le député de Chutes-Chaudière.
M. Picard :
Merci, M. le Président. Merci, MM. Lessard et Tremblay. Dans votre
mémoire, je vais aller directement au
mémoire, puis après ça on va discuter de façon plus générale, vous dites qu'il
y a le coût, là, des employés qui passent du RREGOP au RRPE. Avez-vous
quantifié ça? Avez-vous trouvé combien ça coûte, ça, par année ou combien ça...
M. Tremblay
(Donald) : Ce qu'on nous a rapporté d'après certaines
sources, pas nécessairement du Trésor, c'est qu'on parle d'un pourcentage autour de 1,2 %, 1,3 %,
1,5 % de la masse salariale. C'est ce qu'on nous a rapporté. Mais on
n'a pas vérifié puis on n'a pas validé ça. C'est ce qu'on nous a rapporté.
M. Lessard (Guy) : Si je me fie
au regroupement des associations des actifs, le RACAR et le CERA, là, ils
évaluaient, là, entre 30 000 $ et 35 000 $ par tête de pipe
qui passait, là.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Picard :
...M. le Président. Tantôt vous avez pris l'image qu'on vous avait proposée, de
couper le bras au poignet, à l'avant-bras. Lorsque le ministre a pris la
parole, lui, il a rajouté l'épaule.
Une voix :
La tête, lui. La tête.
• (17 h 40) •
M. Picard :
La tête, c'était après. C'était après, là. Mais qu'est-ce que je décode de tout
ça, c'est que peut-être que vous avez
dit trop vite que vous étiez prêts à
accepter le poignet parce que, dans les scénarios, on vous disait neuf ans,
cinq ans, puis, vu que vous n'avez pas fait
partie des discussions avec les actifs, vous ne savez pas qu'est-ce qui a été
discuté pour en arriver là. Donc,
c'est pour ça que je dis que peut-être — je
vais prendre un terme dur — peut-être ça aurait été de vous braquer, dire : Non, non, il n'en est
pas question. Mais vous avez dit : On va faire un effort.
Mais tout ça
fait... ça fait plusieurs années que je suis ici, puis on en parle souvent,
comment on peut englober les retraités
dans les discussions des fonds de retraite parce que, tantôt, hein, M. le ministre disait : Ça fait partie de la rémunération globale. Oui,
mais la rémunération globale des retraités, eux autres, ils avaient un
contrat dans le temps, puis je comprends tout ça puis je ne dis pas qu'il ne faut pas le toucher, là, mais il
faut trouver une mécanique pour que les gens qui sont affectés
disent : Regarde, c'est correct, entre guillemets, on ne se fait pas
avoir, là, on fait notre part correctement. Je décode que vous n'avez pas ce sentiment-là actuellement parce qu'il y a beaucoup de flou, puis ce n'est pas en fonction des
chiffres... vous ne savez pas si vous avez eu accès à toute l'information.
Moi, j'ai
dit, au briefing technique, j'ai dit : Est-ce qu'il y a
eu d'autres scénarios, d'autres scénarios? On m'a dit : Peut-être... je ne veux pas
dire des choses, là, mais, en tout
cas, on n'a pas eu accès à d'autres
scénarios. Je vais dire ça comme ça,
là, ça, je suis assuré, là. Mais est-ce que je décode bien? Votre sentiment,
c'est que vous aimeriez avoir un accès
très grand pour avoir vraiment... dire : O.K., on va faire un effort,
mais c'est correct, notre effort, par
rapport aux actifs, par
rapport à qu'est-ce qu'on a eu, puis tout ça, là. Allez-y.
Le Président (M. Bernier) :
M. Tremblay.
M. Tremblay
(Donald) : On ne veut pas...
Comment je pourrais dire ça pour bien que vous saisissiez l'état d'esprit
dans lequel on s'est retrouvés? On était,
rappelez-vous, là, dans des conditions non optimales, où les discussions
réelles ne se passaient pas avec
nous, là, hein? On nous a informés de la situation, on nous a informés
du cadre, on nous a dit : Vous avez
la chance d'influencer, peut-être. Ça, c'est vrai. Et on est allés, par souci puis
par respect pour nos membres. On s'est dit :
Peut-être qu'il y
a moyen d'aller diminuer les impacts
de ce neuf ans-là. C'est dans cet esprit-là qu'on s'est présentés. Il n'y a pas d'autre chose, là. Il n'y a pas
d'autre élément qui nous a... On a bien vu qu'on se heurtait à un mur. Il n'y
avait pas d'autre scénario, pas d'autre chiffre acceptable, d'aucune
façon, et nous n'étions pas équipés pour discuter de ces chiffres-là. Hein, on s'entend, là, on n'était pas
équipés pour discuter de ces chiffres-là et on n'a pas eu les conditions
optimales pour pouvoir discuter.
On ne veut
pas travailler contre le régime. On est d'accord avec la pérennité du régime.
On ne veut pas travailler contre le
régime, mais on veut être une partie incluse
dans le travail sur le régime. Comprenez-nous bien, là. C'est juste ça qu'on dit. Tant et aussi longtemps qu'un régime de
retraite se discute entre les cadres actifs et l'employeur, le gouvernement,
et qu'on ne touche pas à la rente de
retraités, à la limite, on peut comprendre qu'on soit exclus, quoiqu'il reste
toujours une caisse qui est gérée,
mais on va dire qu'il y a des représentants des retraités sur les comités de
retraite. Mais, à partir du moment où
on touche à la rente, on touche à l'indexation, on touche à l'entente qui
concerne des retraités, comment se
fait-il que ces consultations-là ne se sont pas faites en bonne et due forme,
de façon optimale et équiper les bénévoles que nous sommes? C'est la raison pour laquelle aujourd'hui on revient à
la charge. Pas pour — comme M.
Lessard l'a mentionné — renier notre parole, juste pour dire : Donnez-nous
l'opportunité de travailler avec vous pour éviter le plus possible les impacts négatifs sur les personnes
que ça touche. Ce n'est pas juste des colonnes de chiffres, là, ce sont des
personnes. Ça, il faut le comprendre, là.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député.
M. Picard :
Vous avez entièrement raison. Je le répète à l'occasion, nous, on travaille
avec des lois, de la paperasse, mais tout ça, là, c'est des citoyens,
après ça, qui vivent des situations.
Et, pour informer les retraités, là, je ne sais
pas si ça pourrait se faire rapidement, mais tous les retraités du Québec vont recevoir un T4, là, dans les prochains
jours, prochaines semaines. On a les adresses de ces gens-là. Au moins leur dire minimalement, là : Le gouvernement du Québec veut modifier vos régimes de retraite, votre
régime de retraite. Minimalement, on
devrait faire ça et puis, je vous dirais, peut-être convoquer des séances
d'information, expliquer, mais prendre le temps parce que, tantôt, vous avez parlé d'un mur. Vous avez suivi
l'actualité. On avait un mur sur le crédit d'impôt sur les personnes âgées, le mur... bien, ce matin, je n'étais
pas à l'Assemblée, là, mais j'ai vu que le mur est fissuré
pas mal, là, pour ne pas dire qu'il est tombé, tout simplement, ce matin, là.
Donc, il y a des choses que...
Vous avez... S'il y a
des choix difficiles à faire, il faut que les gens en soient conscients puis
qu'ils les acceptent. On est tous des
êtres de bonne volonté, mais il faut prendre le temps. Il ne faut pas avoir
l'impression qu'on en fait plus que nécessaire. Je vais terminer
là-dessus. Si vous avez un commentaire, vous pouvez y aller.
Le Président (M. Bernier) :
M. Tremblay.
M. Tremblay
(Daniel) : En fait, le mur
devant lequel on se retrouve, là, on parle du mur du cadre. Nous, ce qu'on dit : On ne va pas sur ce mur-là pour le
moment, là, on veut juste aller sur l'aspect politique de la chose, là. On
interpelle les parlementaires aujourd'hui, autant le gouvernement que l'opposition, là, à bien prendre conscience que
les décisions qui sont prises dans le
cadre de ce projet de loi là, là, elles ont de l'importance pour les personnes
qui sont touchées. Et on vous demande sincèrement, là... Ce n'est pas une demande frivole, qu'on
fait là, là. On n'est pas en train de dire qu'on n'a pas eu des opportunités, puis tout ça, là. Ce n'est
pas ça. On est en train juste de vous dire que c'est important, ce projet de
loi là, que ça a des impacts importants sur la vie des personnes, et longtemps,
et on pense que ça mérite toute l'attention nécessaire avant de mettre
une étampe sur ce projet de loi là.
Le Président (M. Bernier) :
M. Lessard, vous voulez ajouter quelques mots avant la fin.
Une voix : ...
M. Lessard
(Guy) : Oui, c'est
important, puis il y a l'après qui va être important aussi. On a abordé vite la
question de pérennité de régime,
hein, on l'a abordée. Pas certain que le régime, là, appelez-le RREGOP II, si
vous voulez, ou le RREGOP je ne sais pas quel nom, là, que la pérennité
est taxée.
M. Picard :
...pourquoi on doit adopter le projet de loi d'ici la fin mars? Est-ce qu'on
vous l'a... Nous, on nous a dit ça tantôt. M. le ministre l'a indiqué
aussi. Où est l'urgence?
M. Tremblay
(Daniel) : On ne comprend
pas l'urgence ni le tourbillon dans lequel on a été impliqués. On ne comprend pas, et on pense qu'on peut sortir de ce
sentiment d'urgence là pour se donner un petit peu de temps. Je suis sûr, sûr,
sûr que le régime n'explosera pas demain matin, là. Juste un petit peu de
temps.
Le
Président (M. Bernier) : Somme toute, monsieur, soyez
certain que les travaux de Commission des finances publiques, dans toutes les auditions qu'on tient,
sont suivis par la population, puisqu'ils sont retransmis. Alors, soyez certain
que les paroles et les exposés d'aujourd'hui
vont être rapportés dans le public, soyez-en certain. C'est un bon moyen
de communication avec les gens. Donc, je vous remercie de votre participation,
M. Lessard, M. Tremblay. Ça a été fort intéressant.
Donc, je lève
la séance, et la commission ajourne ses travaux à demain, 11 h 30, où
elle poursuivra ce mandat.
(Fin de la séance à 17 h 44)