(Dix heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Bernier) : À
l'ordre, s'il vous plaît!
Des voix : ...
Le Président (M. Bernier) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
des finances publiques ouverte et, bien sûr, je demande à toutes les personnes
dans la salle d'éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
La commission
est réunie afin de procéder à des consultations particulières et auditions
publiques à l'égard du document
intitulé Consolider le Régime pour renforcer l'équité intergénérationnelle,
du document de soutien Constats sur la retraite au Québec.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements ce
matin?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Bonnardel (Granby) est
remplacé par M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière).
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Bienvenue aux parlementaires.
Bienvenue, M. le ministre. Bienvenue aux gens de Retraite Québec et les
gens de l'Assemblée nationale qui nous accompagnent.
Voici l'ordre
du jour pour cette journée du 18 janvier : nous avons le plaisir de
recevoir, ce matin, la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec; par la suite, la Centrale des
syndicats du Québec; cet après-midi, l'Association canadienne des
administrateurs de régimes de retraite ainsi que l'Association québécoise des
retraité-e-s des secteurs public et
parapublic, Force Jeunesse et nous terminerons avec l'Association canadienne
des compagnies d'assurances de personnes, section du Québec.
Auditions (suite)
Donc, bienvenue à la Fédération des travailleurs
et travailleuses du Québec, M. Daniel Boyer — bienvenue, M. Boyer — Mme
Marie-Josée Naud. La parole est à vous. Vous avez 10 minutes pour votre
présentation.
Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
M. Boyer
(Daniel) : Merci, M. le
Président. Merci à la commission de permettre à la FTQ, à la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec, de faire ses représentations dans le
cadre de cette consultation.
Tout d'abord,
une petite clarification. Je ne sais pas quelle version du mémoire de la FTQ
vous avez. Il y avait trois petites coquilles. Finalement, ce que je
peux vous dire, c'est qu'on appuie l'entente de Vancouver, l'entente canadienne
du RPC, et non pas l'entente RRQ, qui se situait dans la première version qui
vous a été envoyée.
J'imagine que vous aviez compris par nos propos,
M. le ministre se réjouissait probablement, là, mais...
Une voix : ...
M. Boyer
(Daniel) : Écoutez, la FTQ
revendique depuis fort longtemps une couverture du régime public de retraite
qui doit être plus élevée afin que chaque
Québécois, Québécoise puisse vivre dans la dignité une fois à la retraite, puis
c'est avec cet objectif en tête que nous
menons depuis 2009 une campagne qui fait la promotion d'une hausse
significative de la couverture du
RRQ, et ce, aux côtés de dizaines d'autres groupes de la société civile mais,
je vous dirais, près de 300 partenaires qui appuyaient cette
campagne-là, la campagne qui s'appelait Une retraite à l'abri des soucis.
Pour la FTQ,
le RRQ est un outil efficace pour réduire les inégalités sociales, qui sont
grandissantes au Québec comme partout
en Occident. C'est pourquoi, comme l'ensemble du mouvement syndical canadien,
nous avons accueilli assez
favorablement l'entente conclue à Vancouver en juin 2016, bien que nous ayons
souhaité une hausse plus significative.
• (10 h 20) •
On pense que
le débat actuel aurait mérité une plus large consultation publique. On a reçu
l'avis de consultation avant les
fêtes. Donc, il y a eu toute la période des fêtes où vous savez qu'on prend une
certaine période de repos, quand
même.
C'est une pièce majeure du rôle social que le Québec a à jouer. Il n'y a pas
eu de réforme majeure de notre régime public
depuis 50 ans. Donc, on aurait souhaité une plus large consultation. D'ailleurs, les deux dernières consultations sur le RRQ, celles de 2009
et de 2004, ont nécessité une plus large consultation et un plus long
délai à l'ensemble de la société civile pour répondre aux
interrogations du gouvernement à l'époque. Donc, on aurait souhaité une plus
large consultation.
Ce
qu'on revendique. Bien sûr, l'amélioration substantielle du RRQ est incontournable. Il est
primordial, pour la FTQ, de bonifier
le RRQ, qui profitera à tous les Québécois et Québécoises. Les régimes publics sont notre principale
source de revenus à la retraite. C'est tout particulièrement le cas des femmes, puis je vais y revenir, et des travailleurs et travailleuses précaires. Dans le paysage actuel, plusieurs
raisons nous portent à penser que la situation financière à la retraite des
futures cohortes de retraité n'ira pas en s'améliorant.
Premièrement, les régimes de retraite
complémentaires sont en déclin au Québec. Il y a par ailleurs plusieurs milliers de jeunes travailleurs et travailleuses
qui font face... et qui vont faire face à des clauses de disparité, à des
clauses orphelins dans le futur. De
plus, il y a certaines lois qui ont permis de remettre en question des droits
acquis en vertu des régimes de
retraite. C'est notamment le cas dans le secteur municipal. Mais, deuxièmement,
les véhicules d'épargne privés comme
les REER sont utilisés principalement par les contribuables qui ont des revenus
plus élevés. Puis les frais de gestion au
Canada sont considérablement élevés par rapport aux autres pays de l'OCDE.
Donc, on juge, ce véhicule, qu'il n'est pas très efficient pour assurer une retraite décente pour tous. Quelques
mots sur le RVER, puisque je sais que c'est la solution que priorise le gouvernement en termes de
retraite. Écoutez, l'échec du RVER s'annonce retentissant. On l'a dit depuis
le début, à la FTQ : un régime
volontaire d'épargne-retraite ne pourra jamais être efficace. On pense que ça
nécessite, si on veut une retraite
décente pour tous, ça nécessite la participation autant gouvernementale,
patronale que des travailleurs et des travailleuses.
Pourquoi
privilégier le scénario de Vancouver? Parce qu'on pense que nous serons tous
perdants avec la proposition Québec.
Il importe de souligner dès le départ ce qui distingue le scénario RPC du
scénario Québec, c'est : les différences entre les deux propositions sont majeures, et le fait de choisir le
scénario Québec aura une incidence néfaste sur la sécurité financière à
la retraite de toutes les Québécoises et tous les Québécois — je
dis bien «tous». Les revenus à la retraite seront
les moins généreux du Canada. Donc, le gouvernement du Québec prétend que le
taux de remplacement de revenus passera
de 25 % à 33,3 % pour les revenus supérieurs à 27 450 $, ce
qui est faux en raison du fait que les cotisations ne sont pas augmentées pour
les revenus en deçà de 27 450 $. Donc, le taux de remplacement
maximal serait de seulement 29,6 % selon le scénario Québec.
Concrètement, ce que ça signifie. Deux
travailleurs, un à Edmonton, l'autre à Rimouski, ont gagné, toute leur carrière, 40 000 $ — en dollars de 2016, bien évidemment — et touchent actuellement 25 % de ce
montant, lors de la retraite, à
l'aide du RRQ au Québec et du RPC au Canada, mais, grâce à l'entente
fédérale-provinciale intervenue en juin dernier, celui à Edmonton touchera désormais 33,3 %; celui à
Rimouski, par contre, risque fort de devoir se contenter de 27,5 % si la proposition du gouvernement du
Québec est adoptée. Dans ce cas de figure, le retraité d'Edmonton touchera
3 320 $ de plus par année, tandis
que le Rimouskois touchera seulement 1 000 $ de plus. Donc, il y a
une différence de 2 320 $.
Le supplément
de revenu garanti. Tout d'abord, le supplément de revenu garanti, ce n'est pas
un régime de retraite, certains
diront que c'est le BS pour les personnes âgées. Donc, c'est un supplément de
revenu garanti et non pas un régime de
retraite. Donc, la rente supplémentaire du RRQ, ça n'augmenterait que
modestement le revenu de retraite. Donc, bien que modeste, cette bonification n'en demeure pas moins importante pour
les travailleurs et les travailleuses à faibles revenus. De surcroît, avec l'effet de la prestation
fiscale, donc, on introduit dans l'entente fédérale, donc dans l'entente avec
les autres provinces canadiennes, la PFRT, qu'on bonifie, donc ça se
ferait à coût nul pour les travailleurs, travailleuses ayant un revenu de moins
de 21 000 $, et, selon le scénario RPC, toutes les tranches de
revenus bénéficieraient de la bonification,
alors que la proposition du gouvernement du Québec pénalisera les travailleurs
et travailleuses du Québec.
Retombées économiques. Lorsque le gouvernement
du Québec évoque le scénario RPC, il affirme que son application mettrait en
péril l'économie du Québec puis la compétitivité de nos entreprises. Écoutez,
le scénario catastrophique qu'on peut entendre concernant la compétitivité de
nos entreprises... Pourtant, ce que mentionne le gouvernement fédéral, c'est
que les changements apportés vont être mis en oeuvre, premièrement, lentement, donc, sont échelonnés
sur sept ans, donc on a le temps de venir voir les choses. Donc, l'incidence
des hausses sera mineure et graduelle, les cotisations des employeurs et
travailleurs à la partie bonifiée du RPC seront déductibles de revenus d'impôt.
Et le gouvernement fédéral soutient que la bonification qu'il propose
stimulera la production économique, elle aura un effet positif sur le PIB. Donc, on voit mal comment on
ne serait plus compétitifs. D'ailleurs, à cet effet, vous avez dans notre mémoire plusieurs
études qui disent que la situation du Québec au
niveau de la compétitivité des entreprises
est fortement avantageuse. Il y avait
une étude, d'ailleurs, de KPMG il
y a deux, trois ans qui disait que,
parmi les villes dans le monde où
c'était le plus attrayant pour les entreprises au
niveau fiscal, il y avait
trois villes canadiennes parmi les
10 premières. Montréal se situait
au cinq, sixième rang, je crois. Donc, on est très attractifs, au moment où on
se parle. Il ne faudrait pas s'empêcher de bonifier nos régimes de
retraite publics en pensant qu'on va l'être moins.
Donc, mettre
des mesures pour renforcer la pérennité du RRQ. Je vais passer rapidement sur
les mesures. Relever l'âge minimal
d'admissibilité à la rente de retraite anticipée du RRQ. On s'oppose à cette
mesure. Bien, premièrement, il n'y a pas de proposition dans cet énoncé,
donc on ne sait pas à quel niveau on veut augmenter l'âge d'admissibilité à la retraite, et ça ne ferait qu'augmenter les
inégalités, parce que ce n'est pas tout le monde qui a la même espérance de
vie au Québec, même à l'intérieur d'une même
génération. Je dis, à l'occasion... je ne m'amuse pas à le dire, parce que
c'est assez choquant de dire ça, mais, à
Montréal, à une distance de cinq stations de métro, il y a une différence
d'espérance de vie de 10 ans. Donc,
ça vous donne un aperçu que, dans une même génération, l'espérance de vie n'est
pas la même pour tout le monde, et d'augmenter l'âge d'admissibilité aux rentes
de retraite a un effet important sur les moins nantis de notre société.
Sur les
mesures visant les rentes au conjoint survivant, encore là, c'est les femmes
qui écopent le plus. On sait que les
femmes sont les plus pauvres à la retraite, et, en allant de l'avant avec les
modifications qui sont proposées, que ce
soit de moderniser les parties uniformes de la rente de conjoint survivant ou
de réviser le montant de la rente combinée, c'est des mesures qui
touchent principalement les femmes, et on va s'opposer, bien évidemment, à ces
mesures-là. Et il y a
de fausses prémisses en mentionnant que les femmes travaillent plus qu'avant.
Effectivement, il y a plus de femmes qui
travaillent, plus qu'auparavant, mais il faut se dire aussi qu'il ne faut pas
juste mesurer le taux d'activité, mais on sait que le salaire des femmes
est moindre que celui des hommes. Malgré les dispositions concernant l'équité
salariale au Québec, il n'en demeure pas moins que c'est un fait, les femmes
gagnent moins que le salaire des hommes. Donc, ça appauvrirait les femmes, ces
mesures-là.
Donc, ce qu'on revendique, bien sûr, c'est le
caractère équivalent RPC-RRQ. Si le gouvernement impose aux Québécoises et aux Québécois le régime de retraite
public le moins généreux du pays, donc des cotisations moins élevées mais aussi un taux de remplacement du revenu plus
faible, un facteur de longévité et l'ensemble des mesures qui sont
proposées, il sera de plus en plus périlleux de considérer le RPC et le RRQ
comme étant des régimes équivalents.
On peut se poser certaines questions. Les
ententes en place entre Ottawa et Québec vont-elles pouvoir tenir? Est-ce que les travailleurs, travailleuses de
compétence fédérale qui demeurent au Québec... vont-ils être désavantagés
par rapport aux autres travailleurs,
travailleuses de compétence fédérale qui résident dans les autres provinces? Ce
sont des questions auxquelles le
gouvernement du Québec devrait s'attarder attentivement avant de retenir son
scénario Québec.
Maintenant,
quelques petites lignes. Le Québec doit rapidement signer et appliquer
l'entente de Vancouver, qui est un
minimum; renoncer à sa proposition d'augmentation de l'âge de la retraite
anticipée, car cette mesure pénaliserait les plus vulnérables de la
société et contribuerait à augmenter les inégalités sociales; renoncer aux
coupures pour les survivants qui touchent particulièrement les femmes, qui sont
actuellement les plus pauvres à la retraite; et renoncer à l'introduction du facteur de longévité, car,
contrairement à la prétention du gouvernement, cette mesure va contre le
principe de l'équité intergénérationnelle.
La FTQ est d'avis que les Québécois et
Québécoises méritent mieux. On enjoint le gouvernement à signer l'entente de
Vancouver concernant l'amélioration de la RRQ et du RPC.
• (10 h 30) •
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. Boyer, pour votre présentation.
Nous allons
donc débuter nos échanges avec les parlementaires. Dans
un premier temps, M. le ministre, la parole est à vous. Un premier bloc.
M.
Leitão : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, M. Boyer et madame, bonjour. Merci d'être
là, merci d'avoir pris le temps de regarder nos documents et de nous
présenter vos conclusions.
Notre
position a été très bien établie et publiquement annoncée depuis le mois
de juin, donc on a eu amplement le temps,
depuis la réunion de Vancouver, de connaître bien quelles sont les positions.
Donc, je pense que la question d'avoir plus ou moins de temps pour
préparer une réponse... je pense qu'on a eu plusieurs, plusieurs mois
là-dessus.
Je veux aussi vous rassurer qu'il n'y a aucune
décision qui a été prise, hein, nous sommes ici pour justement connaître
l'opinion des différents groupes et des différentes personnes, et on a quatre
jours de consultations et on va continuer
notre travail par la suite. Ce n'est que le début du processus,
ce n'est pas la fin, donc on n'est pas encore arrivés à une conclusion.
Bien sûr, à Vancouver, nous avons présenté une proposition qui n'a pas été acceptée par le gouvernement fédéral et les
autres provinces canadiennes. On avait à
ce moment-là que nous pensions que
c'était une bonne proposition mais que nous allions maintenant consulter
le... puisque nous avons notre propre régime, nous allons consulter la société québécoise,
et on prendrait une décision ultérieurement. Même le changement fédéral
commencera en 2019; il sera implémenté de
façon graduelle. Donc, on a le temps, on n'a pas besoin de se précipiter, on a
le temps pour consulter et pour mettre en place des changements si c'est
le cas, et je pense que ça devra être le cas.
Il y a trois propositions sur la table : la
première, le statu quo, je pense qu'on est tous un peu d'accord pour comprendre que le statu quo n'est pas vraiment...
en tout cas, moi, ça ne me tente pas beaucoup,
le statu quo; ça, c'est la première chose.
Maintenant, pour ce qui est de changements
éventuels, que ce soit le scénario a ou le scénario b, êtes-vous d'accord à ce
que tout changement futur soit pleinement capitalisé?
Le Président (M. Bernier) :
M. Boyer ou Mme Naud? Mme Naud.
Mme Naud
(Marie-Josée) : En fait,
oui, on n'en a pas mentionné dans notre mot d'introduction. Ça se bouge-tu,
ça? Non. O.K.
Une voix : ...
Mme Naud
(Marie-Josée) : Mais, dans
notre mémoire, on en parle. En fait, c'est une mesure qui était déjà en vigueur au
niveau du RPC, et on est tout à fait d'accord avec cette mesure-là, que tout changement éventuel au Régime de rentes du Québec soit pleinement
capitalisé; donc, oui.
M. Leitão : O.K. Merci.
Le Président (M. Bernier) : ...
M.
Leitão : Donc, dans ce cas-là, on est aussi d'accord que le changement
qui va avoir lieu, comme d'ailleurs hier
le groupe D'Amours avait mentionné, c'est... en fin de compte, c'est quelque
chose qui va profiter... ou qui va affecter les personnes nées dans l'an 2000 et après, donc
c'est à long terme. Par contre, les cotisations vont augmenter tout de suite
pour tout le monde, les travailleurs et les employeurs.
Vous avez mentionné dans votre mémoire que vous
jugez que l'augmentation des cotisations de la part des employeurs ne serait pas un facteur très préoccupant, ça ne devrait pas
affecter beaucoup la compétitivité des entreprises québécoises. Pouvez-vous élaborer un peu plus
là-dessus? On comprend que, pour une grande entreprise, c'est probablement
le cas qu'il y a d'autres moyens pour
compenser, mais, particulièrement pour les PME québécoises, comment vous voyez
cette hausse additionnelle, et à partir de 2019, si c'est le cas, de taxe sur
la masse salariale? Comment vous voyez ça impactant, affectant les finances des
PME québécoises?
Le Président (M. Bernier) :
M. Boyer.
M. Boyer
(Daniel) : Bien, écoutez, peut-être
j'aimerais revenir à votre question précédente...
pas à la question, mais à la remarque que vous avez faite. Écoutez, on
connaît votre opinion, effectivement, on connaît l'opinion du gouvernement du Québec, votre opinion, M. le ministre, concernant,
depuis juin, l'entente fédérale, mais on ne connaît pas votre proposition; et on l'a connue quand vous l'avez mentionnée,
quand on a reçu les documents de consultation. D'ailleurs,
il y a tout l'aspect des mesures qui n'ont jamais été discutées, là, qu'on a
appris dans le document de consultation. Donc,
je suis toutefois heureux d'entendre que ce n'est pas une fin puis qu'il y aura
probablement d'autres consultations qui vont suivre.
Concernant la
compétitivité des entreprises, que ce soient les PME ou les plus grandes entreprises, je pense qu'à la page 15
de notre mémoire vous avez une série d'observations. Puis, écoutez, c'est
bizarre, dépendant de quel... dépendant à quel forum on s'adresse, le MESI, le
ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation, dans ses documents, on nous mentionne... puis là c'est le
ministère qui nous dit ça, là : «Le Québec affiche des coûts
d'implantation et d'exploitation pour
les entreprises qui sont concurrentiels à l'échelle canadienne et qui se comparent
avantageusement à ceux observés dans
les principaux pays industrialisés. Selon les plus récentes données, ces coûts
sont inférieurs de 4,8 % aux
coûts observés aux États-Unis et de 2,9 % à ceux [qui prévalent] en
moyenne dans les pays du G7 [et] le Québec se démarque particulièrement par des coûts concurrentiels en matière de
main-d'oeuvre ainsi que par une fiscalité compétitive.»
Donc, je
pense qu'on est déjà compétitifs. D'ailleurs, je vous mentionnais, là, l'étude
de KPMG qu'on vous a déjà soumise dans le cadre de consultations
prébudgétaires, M. le ministre, qui mentionnait que notre système fiscal est drôlement compétitif au Québec. Donc, est-ce qu'on
a besoin de sacrifier nos régimes publics de retraite dans le but d'être
davantage compétitifs? On ne croit pas. On
pense que les travailleurs et les employeurs doivent contribuer davantage,
parce que, parmi les régimes de retraite
publics dans le monde, on est dans le peloton de queue des pays de l'OCDE; donc,
on se doit d'améliorer nos régimes publics de retraite.
Le Président (M. Bernier) : Merci,
M. Boyer. M. le ministre.
M.
Leitão : Très bien. Peut-être une dernière question avant de laisser
mes collègues... leur laisser la parole aussi. Vous avez mentionné qu'en termes de l'âge de la retraite vous étiez
contre un changement. Mais il y a deux aspects à la question de
l'âge : il y a donc l'âge minimal d'une retraite anticipée, qui pourrait
passer de 60 ans à 61 ou 62, et puis il y
a l'âge de pleine retraite, à 65. Donc, vous êtes contre l'un et l'autre, ça
veut dire qu'on ne change pas... le 65 ans pour l'âge de la retraite, ça, on ne change pas; mais,
même pour l'âge minimal pour la retraite anticipée, vous ne jugez pas que
ce soit une bonne idée de le passer de 60 à 61 ou 62?
Le Président (M. Bernier) : M.
Boyer.
M.
Boyer (Daniel) : Bien, non.
Moi, écoutez, il y a un... le principal argument, là, qu'on voit dans la
documentation, là, c'est l'histoire
de la pénurie de main-d'oeuvre puis que la main-d'oeuvre est en mesure, aujourd'hui,
avec l'espérance de vie, qui a
augmenté, de travailler plus longtemps. Mais, je vous l'ai mentionné, il y a un
facteur d'inégalité, l'espérance de
vie n'est pas la même pour tout le monde. Donc, on pense que c'est l'histoire
de la carotte puis du bâton, hein? On va vous obliger à travailler plus longtemps, parce qu'on va repousser l'âge
de la retraite. On pense qu'il ne faut pas faire ça. On pense qu'il faut plutôt améliorer les
conditions de travail dans le but de permettre aux gens plus âgés de rester
plus longtemps au travail, de le
faire sur une base volontaire et non pas sur une base coercitive qui va les
forcer, de toute façon, à rester au travail.
On privilégie
cet aspect-là, parce qu'on pense qu'il est négligé au moment où on se parle, il
y a de l'âgisme qui se fait dans nos
milieux de travail. Puis je ne vous dis pas qu'on n'y travaille pas; au
contraire, on a de l'ouvrage à faire, comme
syndicat, mais on pense que c'est la voie à privilégier, c'est-à-dire celle de
bonifier les conditions actuelles de travail,
offrir de la formation continue, permettre aux gens plus âgés de travailler
dans des conditions qui correspondent, justement, à leur état de santé,
à l'âge qu'ils ont, dans le but qu'ils puissent continuer à s'épanouir au
travail, là.
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
• (10 h 40) •
M.
Leitão : Une autre question. Mais vous ne reconnaissez pas qu'il y a
quand même une réalité sociodémographique au Québec qui est bien différente de celle de chez nos voisins? Donc,
notre coût de régime est plus élevé que, disons, en Ontario ou en Colombie-Britannique, parce que,
notre réalité démographique, le vieillissement de la population est plus rapide
ici qu'ailleurs. Et donc notre régime de pension doit être capable de s'adapter
à cette réalité-là.
Le
Président (M. Bernier) : Mme Naud.
Mme Naud (Marie-Josée) : Effectivement, le taux de cotisation au Régime de rentes du Québec est près de 1 % plus élevé que dans le reste du Canada. Mais, en
lien à ce que vous disiez par rapport à l'âge de départ à la retraite, donc,
l'âge effectif de départ à la retraite, au
Québec, est légèrement plus bas que dans le reste du Canada — je pense que c'est une année plus bas que vous mettiez dans votre
document de consultation — il ne faut pas oublier quand même qu'à la consultation de
2009 le régime a mis en place des mesures pour favoriser le maintien au travail
des travailleurs et des travailleuses et que
c'est des mesures qui commencent à porter leurs fruits. Donc, en 2009, on a
augmenté les pénalités plus chères
que le coût de la valeur actuarielle de cette retraite anticipée. Donc, on peut
s'attendre qu'avec des pénalités qui
sont quand même assez importantes et avec le fait qu'on fait connaître à la
population en général que les pénalités sont désavantageuses pour les travailleurs... on s'attend à ce que les
travailleurs restent au travail plus longtemps, et c'est ce qu'on observe. Donc, les démographes ont
commencé à faire des études sur la question, puis on en parle un peu dans
notre mémoire, et effectivement les
travailleurs demeurent au travail plus longtemps. Puis on peut penser qu'avec
toute l'information qui circule, que
ce soit l'information transmise par Retraite Québec, par Question Retraite,
etc., on n'est plus à l'étape
d'entendre parler de liberté 55. Présentement, dans les médias, je pense que
ça, c'est un mythe qui est disparu.
On
peut s'attendre à ce que les gens demeurent au travail plus longtemps. Puis on
parle de demeurer au travail plus
longtemps, puis là je suis en train de parler de ceux qui sont en mesure de le
faire, parce qu'à côté de ça il y a tous ceux qui ne sont pas en mesure de le
faire, puis c'est précisément ces gens-là qui seraient pénalisés par une mesure
d'augmentation de la retraite anticipée.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le ministre.
M. Leitão :
...la parole à mes collègues, juste un dernier commentaire. Ce n'est pas une
question, c'est un petit commentaire. Excuse-moi, cher collègue de
Pontiac. Le RVER, juste pour dire, c'est un peu trop tôt pour arriver à la conclusion que c'est un échec retentissant.
J'attendrais encore un peu avant d'arriver à cette conclusion. Il est en train
d'être déployé, donnons-lui un peu une chance. Collègue.
Le Président
(M. Bernier) : Ça va? Vous avez deux minutes, M. le député de
Pontiac.
M. Fortin
(Pontiac) : Très bien. Je vais faire ça rapidement, en deux minutes.
Merci de votre présentation.
J'ai
entendu le ministre parler de la différence sur les employeurs. Moi, je veux
parler de la différence entre les deux
propositions, disons, celle de Vancouver, que vous nommez, là, et celle de
Québec, là, pour le travailleur à faibles revenus. Donc, j'en parlais hier, là, le travailleur qui gagne un
salaire minimum, disons, sur l'année, qui gagne 19 000 $, 20 000 $ par année, lui, en ce moment,
selon vous... Parce que je peux comprendre ce que vous dites. Écoutez, ça prend
une amélioration pour la classe moyenne, ça
va. Mais, pour le travailleur, aujourd'hui, est-ce que, un travailleur qui
gagne 19 000 $,
20 000 $, c'est réaliste, c'est souhaitable de lui demander de payer une cotisation
additionnelle? On s'entend qu'avec
une cotisation additionnelle ça amène à une prestation additionnelle à la
retraite, ça, il n'y a pas de
problème.
Mais
est-ce que vous entendez ça de la part de vos membres à plus faibles revenus ou des travailleurs, de
façon générale, à faibles revenus,
là, qui sont capables et qui sont prêts à prendre une cotisation additionnelle
en ce moment?
Le Président (M. Bernier) :
M. Boyer.
M. Boyer (Daniel) : Si vous me parlez de ceux qui gagnent
21 000 $ et moins, pour eux, l'entente de Vancouver, avec la bonification de la PFRT, la prestation
fiscale de revenu de travail, n'aura absolument aucun impact sur eux. Même qu'il
y en a qui vont être gagnants, en bout de piste, pour ceux qui gagnent
21 000 $.
Là
où le bât blesse, c'est ceux qui gagnent entre 21 000 $ et
27 000 $... le 50 % du MGA, le 27 540 $, là où le
bât blesse, c'est là. Mais est-ce que ça vaut la peine de jeter le bébé avec
l'eau du bain, c'est-à-dire que l'entente de Vancouver
ne fait pas notre affaire, alors qu'on est après travailler avec le
gouvernement fédéral dans le but justement de trouver une solution à
ceux qui gagnent entre 21 000 $ puis 27 540 $? Moi, je
pense qu'il faut travailler sur cette solution-là.
L'impact n'est pas énorme, mais je pense qu'il faut tenter de le réduire,
effectivement, parce qu'entre 21 000 $ puis 27 540 $ c'est... on se comprend, que ce n'est pas des
hauts salariés, là, c'est des bas salariés. Donc, il ne faut pas qu'ils soient pénalisés par un nouveau régime
qu'on va mettre en place. Mais je pense qu'on est capables de trouver une
solution.
De
dire qu'on va accoucher d'un nouveau régime qui ne sera pas identique à ceux du
reste du Canada, parce qu'on a une
problématique à ce niveau-là, puis qu'on va accoucher d'un régime qui va être
drôlement moins avantageux pour l'ensemble
des Québécois puis des Québécoises à cause de cette problématique-là, moi, je
pense qu'il faut faire comme... c'est
rare qu'on dit ça, mais comme nos amis canadiens puis tenter de trouver une
solution à cette problématique-là. Et c'est ça qu'ils sont en train de
faire, au moment où on se parle, comme ils l'ont fait pour ceux qui gagnent
moins de 21 000 $, en bonifiant la PFRT.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. Boyer. M. le
député de Sanguinet, vous êtes sage, mais là je vais vous déranger, la
parole est à vous.
M. Therrien :
Oui, oui. Alors, merci. Bien, je vous salue, M. le Président. Toujours content
de vous voir. Je salue le ministre,
son équipe, les députés de la partie ministérielle, mon collègue de
Chutes-de-la-Chaudière. Évidemment, nos invités, M. Boyer, Mme Naud, soyez salués. Ça
commence à être un rituel, quand on parle des régimes de retraite, vous
arrivez avec vos commentaires, vos idées. Sachez que c'est toujours apprécié.
Vous nous éclairez beaucoup avec vos positions, et c'est toujours important et
agréable.
Alors,
si on résume, vous êtes pour l'entente de Vancouver. Vous vouliez une plus
large consultation, on s'entend là-dessus.
À l'époque, quand on parlait de la rente de longévité, je me rappelle,
c'était... je pense, c'était plus M. Cadieux qui était venu nous expliquer longuement, là, que ce qu'il voyait, lui,
c'est d'utiliser la Régie des rentes, les structures qui étaient déjà établies
et de bonifier la Régie des rentes, c'était plus simple pour tout le monde d'y
aller de cette façon-là. Moi, je
pense que ce qu'on vit actuellement, c'est un peu... on donne un peu raison à
M. Cadieux et à vous, évidemment, par
ricochet, je pense. Et vous vouliez une bonification. Ce que nous propose le
ministre, c'est inférieur à ce qui se passe dans le reste du Canada.
J'ai
plusieurs questions. Première question. Les deux situations sont différentes,
il y a un écart entre les deux. Et, à partir
de ce qu'on nous propose, j'ai comme l'impression qu'il y aura une dérive où on
s'éloignera, entre autres, avec le facteur
de longévité... l'IPC, qui ne sera pas le même. L'âge, on ne sait pas trop où
est-ce qu'on s'en va. Ça fait qu'en plus
d'être différent, au départ, on voit une dérive qui va nous éloigner davantage.
Est-ce que vous êtes d'accord avec cette façon de voir ça?
M. Boyer
(Daniel) : Tout à fait d'accord.
M.
Therrien : O.K. Donc, ça, comme vous avez mentionné... Vous
avez fait un excellent préambule, hein? Je vous le dis, là, vous avez relevé ce qu'on entend depuis deux jours puis
ce qu'aussi je remarque de ce dossier-là. Quand vous disiez qu'il y
avait des problèmes, là, de concordance, ça, on a vu ça.
Puis
je veux vous entendre sur justement l'utilisation des structures de la Régie
des rentes et aussi du fait que c'est la
Caisse de dépôt qui gère ça, ces suppléments-là qu'on aurait. Je veux vous
entendre là-dessus, parce que je sais que c'était un de vos chevaux de bataille de dire : C'est important que
la Caisse de dépôt soit maître d'oeuvre dans les placements, dans ces
placements-là. Je ne sais pas si vous avez des commentaires à formuler
là-dessus.
Le Président (M.
Bernier) : M. Boyer.
M. Boyer (Daniel) : Bien, on ne nous a pas posé la question dans le document de
consultation, mais on l'aborde, nous,
dans notre mémoire, je pense, sur un court paragraphe où on dit que ça devrait
être la Caisse de dépôt également qui gère le surplus. Pourquoi? Trois
raisons.
Un,
la Caisse de dépôt a l'expertise nécessaire, puisqu'elle le fait déjà avec la
partie actuelle de la Régie des rentes du
Québec et bien d'autres régimes, le RREGOP entre autres. Deuxièmement, parce
que les frais d'administration sont très
bas quand c'est géré par la Caisse de dépôt. Je pense, c'est 0,7 %. Puis
là on pourrait revenir de se parler des REER puis des RVER, où on a les
frais d'administration les plus astronomiques au monde. Donc, quand on
privilégie ces solutions-là, qui qui paie?
Bien, c'est le contribuable qui paie seul, c'est le travailleur qui paie seul
cette contribution au niveau de la retraite, et il paie, en plus de ça,
des frais d'administration qui n'ont pas de bon sens.
Donc,
oui, on privilégie la Caisse de dépôt parce que la Caisse de dépôt a des frais
d'administration relativement bas et qu'en plus de ça la Caisse de dépôt
investit au Québec.
Une voix :
...
M. Boyer (Daniel) : C'est 0,2 %? Bien, c'est encore pire. On me dit que c'est
0,2 %, les frais d'administration.
En
plus de ça, bien, la Caisse de dépôt, elle favorise le développement économique
du Québec. Donc, on a un organisme
qui tient notre bas de laine québécois puis qui priorise le développement
économique du Québec. Donc, on n'a rien
trouvé de mieux. Puis je pense qu'on n'a pas à réinventer la roue. Je pense
qu'on a un organisme qui gère très bien nos avoirs puis je pense que
c'est à eux, c'est à la Caisse de dépôt, qu'il faut confier ce mandat-là.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Therrien : Écoutez, depuis deux jours... et on a lu aussi
d'autres mémoires, là, moi, je vous dirais que la grande majorité des gens viennent nous dire en
commission... Puis je pense que le ministre va être d'accord avec ça, parce que
c'est un homme brillant. Oui, vous êtes
brillant, donc vous allez être d'accord avec moi, c'est sûr, parce que c'est
une évidence, même un coq-l'oeil verrait ça, là. Je veux dire que les
gens qui passent en commission sont à peu près tous d'accord avec le fait qu'on
devrait utiliser la proposition de Vancouver.
Là
où le bât blesse, c'est par rapport aux cotisations, les gens qui sont venus...
et je vois un signe positif de la part du ministre, qui dit : Oui,
oui, tu as raison, continue comme ça, alors je continue en ce sens-là, que
c'est pas mal les seuls qui ont levé la
main. Ils disaient : Écoute, nous autres, une augmentation de cotisation,
ça va nuire justement à la compétitivité. Mais ça, je ne sais pas si
vous avez quelque chose à rajouter... vous l'avez mentionné et bien expliqué tantôt, je ne sais pas si vous avez quelque chose
à rajouter là-dessus, mais il me semble que c'était clair que vous disiez
que, la compétitivité des entreprises québécoises au niveau de la fiscalité, on
se débrouillait quand même bien.
M. Boyer
(Daniel) : ...
M.
Therrien : Oui.
M. Boyer
(Daniel) : Non, mais je peux vous rajouter peut-être d'autres choses...
Le Président (M. Bernier) :
M. Boyer.
M.
Therrien : Ah!
bien, allez-y.
• (10 h 50) •
M. Boyer (Daniel) : ...d'autres
choses que vous retrouvez aussi dans notre mémoire.
Tu sais, le
coût pour les entreprises d'investir au Québec est nettement plus bas qu'aux États-Unis et sensiblement
inférieur à celui d'ailleurs
au Canada. Vous avez ça... bien, moi, j'ai la page 15,
je n'ai pas une bonne version, là, je ne sais pas à quelle page ça se retrouve. Puis, en 2014 — des
concepts, bien, que le ministre connaît bien — le taux effectif d'imposition, le TEMI, pour les nouveaux investissements est de 14,7 % au Québec, 16,7 % en Ontario puis
34,7 % aux États-Unis. Donc, en d'autres mots, là, plus que le TEMI
est bas, plus les coûts d'un investissement sont faibles pour l'entreprise. Donc, ces conditions-là sont plus
avantageuses pour le Québec, puis ça démontre que les entreprises du Québec
sont loin d'être trop taxées.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. Boyer.
M.
Therrien : O.K. Une
chose intéressante qui a été mentionnée par M. D'Amours et les gens qui ont
fait le rapport sur la commission D'Amours,
je voudrais vous entendre là-dessus, parce qu'à un moment donné il y a
quelqu'un qui disait — je pense, c'est M. Bernard qui disait
ça — qu'il y
a deux possibilités, soit qu'on ait des cotisations semblables ou qu'on ait des prestations semblables, et puis
ce que nous propose le ministre, c'est des cotisations semblables. En tout
cas, c'est ça qu'il nous proposait. Et lui
nous disait : Bien, si on faisait un sondage auprès des Québécois à
savoir : Qu'est-ce que vous aimez le mieux : des cotisations
semblables ou des prestations semblables?, il disait : Bien, pas mal tous
les Québécois seraient d'accord pour dire : Bon, on est prêts à cotiser
davantage.
Sachant les
paramètres plus difficiles pour le Québec à supporter financièrement, il disait
que les Québécois seraient davantage
d'accord avec l'idée d'avoir des revenus qui soient les mêmes que dans le reste
du Canada. Est-ce que vous vous situez là, vous aussi?
M. Boyer (Daniel) : Tout à fait.
Le Président (M. Bernier) :
M. Boyer.
M. Boyer (Daniel) : Moi, je peux
vous dire, parmi nos membres, parmi les travailleurs puis les travailleuses qu'on représente, là, c'est exactement le même
scénario qu'on préconise, c'est-à-dire : ayons des prestations identiques
et non pas des cotisations identiques qui
vont nous amener à des bénéfices moindres. Et ça, je n'oserai pas dire que
c'est unanime parmi nos 600 000
membres, là, mais c'est une position très, très, très forte, là. Les gens
veulent investir dans leurs régimes de retraite.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M.
Therrien :
Oui. Bien, en tout cas, c'est ce que j'ai noté aussi, mais, encore là, on y va
avec une perception. Je ne sais pas s'il y a des démarches systématiques
qui ont été faites pour le savoir au sein de la population.
Dernière
chose. Vous savez qu'avec l'austérité toxique des libéraux... Là, je fais un
peu de politique, mais vous allez comprendre pourquoi.
Une voix : ...
M.
Therrien :
Oui, oui, c'est ça. L'austérité toxique des libéraux a fait en sorte que les
services à la population ont diminué. Ça, c'est clair, tout le monde
s'entend là-dessus. Et ça a frappé directement les aînés.
Or, dans une
situation où les services aux aînés sont en train de s'égrener, où est-ce qu'on
est en train d'arriver avec des
scénarios qui ne favorisent pas une augmentation des revenus substantielle
comme le proposent les ententes de Vancouver,
on pousse cette génération-là, ou la génération qui sera à la retraite, dans
une situation extrêmement précaire au niveau financier. Moi, c'est ce
que je vois. Est-ce que vous avez un commentaire à formuler là-dessus?
Le Président (M. Bernier) :
M. Boyer.
M. Boyer
(Daniel) : Écoutez, on est
entièrement d'accord avec ça, on l'a mentionné. L'augmentation des inégalités,
c'est ce que va provoquer la proposition, ce
que nous propose le ministre, et ça, on dénonce ça. Puis, écoutez, on dit que
l'ensemble des Québécois et des Québécoises, peu importent leurs niveaux de
revenus, là, vont toucher moins à la retraite
que les autres Canadiens, et ça, c'est assez dramatique. Puis on avait une
statistique, là, l'Université de Sherbrooke, hier, qui a sorti hier que le salaire médian au Québec était de
30 000 $. Ça veut donc dire qu'il y a 50 % de la population
du Québec qui ne subira aucune bonification
en vertu de la proposition actuelle du gouvernement — 50 % de la population, écoutez, c'est du monde en tabarouette, là — alors que l'ensemble des Canadiens vont
bénéficier, tout le monde, d'une bonification du RPC.
Puis, écoutez, je disais d'entrée
de jeu qu'on fait partie du peloton de queue au niveau des pays de l'OCDE
concernant nos régimes publics de
retraite, puis ce n'est pour rien qu'autant nous, autant notre pendant fédéral,
qui est le CTC, on revendique depuis
déjà bien, bien, bien des années l'amélioration de nos régimes publics. Il faut
à tout prix les améliorer. Et l'entente de Vancouver, c'est le minimum,
on ne peut pas se permettre moins que ça, là.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M.
Picard : Merci, M. le Président. Merci, Mme Naud, M. Boyer.
Vous avez la qualité d'être très clairs dans vos propos, c'est l'entente de Vancouver. Il y a des mesures qui sont dans
le document de consultation, pour la pérennité. Vous dites : Non,
on ne les veut pas.
Donc, est-ce que vous
considérez qu'il n'y a pas de danger pour la pérennité du régime ou vous avez
d'autres mesures qui seraient intéressantes à avoir, tout simplement?
Le Président (M.
Bernier) : Mme Naud.
Mme Naud
(Marie-Josée) : Bien, de dire qu'on est opposés à chaque mesure, c'est
peut-être...
M. Picard :
Bien, en tout cas, tantôt, on parlait de...
Mme Naud (Marie-Josée) : Il y a certaines mesures avec lesquelles on s'est
montrés ouverts, notamment la mesure qui touche l'indexation. Donc, on a
un court commentaire sur le fait que ça pourrait être l'IPC Québec plutôt que l'IPC Canada. Donc, on est en faveur de cette
mesure-là. On est aussi en faveur de mesures qui sont pleinement capitalisées.
Et d'ailleurs ça faisait partie de la campagne qu'a menée la FTQ depuis 2009...
en fait, depuis plus longtemps. On a toujours
revendiqué des bonifications qui soient pleinement capitalisées, parce qu'on le
sait... je pense qu'il y a d'autres intervenants
avant nous qui en ont parlé, mais le régime n'a pas été adéquatement financé
par le passé, et on est en train, dans
le premier volet du RRQ, de rattraper la donne un peu, là. Donc, on ne peut pas
dire, là, qu'on est opposés à chacune des mesures, il y a quand même des
mesures...
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M.
Picard : C'est parce que vous avez énoncé, là, que, pour la
prise de rente à 62 ans au lieu de 60, 65, 67... En tout cas, peu importent les chiffres, là, c'est ce
que j'avais retenu. Non, mais ça fait des années aussi que, je comprends,
vous militez pour augmenter le niveau du revenu de retraite des Québécois, et
c'est très bien aussi, là.
Tantôt,
M. Boyer, vous avez parlé que, pour la tranche de gens, là, qui sont entre
21 000 $ et 27 000 $, vous avez des discussions avec
le gouvernement fédéral.
M. Boyer
(Daniel) : ...des discussions avec le gouvernement fédéral, oui.
M. Picard :
O.K. Avez-vous de l'information?
M. Boyer
(Daniel) : Les discussions se poursuivent, là.
M. Picard :
O.K.
Mme Naud
(Marie-Josée) : J'ai peut-être un commentaire là-dessus.
M. Picard :
Oui.
Mme Naud (Marie-Josée) : Il faut s'entendre aussi que les données qu'on a,
qu'on pourrait vous fournir mais qu'on a fait faire des études à ce sujet-là,
sur la PFRT, c'est pour des personnes vivant seules. Mais le scénario est
beaucoup moins important pour les
autres statuts, par exemple les familles avec des enfants. Donc, le scénario
est plus positif, et les personnes sont moins affectées, là, par la hausse de
la cotisation, entre 21 000 $ et 27 000 $.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Picard : O.K. M. le Président, je comprends qu'on nous propose
de nous fournir un document, aux membres de la commission.
Mme Naud
(Marie-Josée) : Avec plaisir.
Le Président (M.
Bernier) : Vous avez simplement à nous...
M. Picard :
Vous le transmettez à...
Le Président (M. Bernier) :
...l'adresser au secrétariat de la Commission des finances publiques.
Mme
Naud (Marie-Josée) : Parfait.
Le
Président (M. Bernier) : Nous allons nous assurer que chacun
des membres qui participent à cette commission en recevra copie.
N'est-ce pas, M. le secrétaire?
Le Secrétaire :
Tout à fait, M. le Président.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M. Picard :
Merci, M. le Président. Dernier point, plus précis. À la page 20 de votre
mémoire, vous parlez qu'il y a une
problématique qui demeure non résolue : les gens qui sont invalides.
Dernier paragraphe, là. C'est dans le «simplifier
et uniformiser la protection en cas d'invalidité». Je sais que nous avons
été... en tout cas, moi, j'ai été interpelé par un cas, un citoyen de la région de Montréal, si je me rappelle bien,
puis qui disait que c'était son combat. J'aimerais que vous l'expliquiez, pour que tous les parlementaires
puissent bien saisir la problématique, le dernier paragraphe, là.
Mme Naud
(Marie-Josée) : En fait, cette mesure-là, ce qu'elle...
Le Président (M.
Bernier) : Mme Naud.
Mme Naud (Marie-Josée) : Bien, j'aimerais d'office dire qu'il n'en est pas
du tout question dans le document de
consultation. C'est vraiment un commentaire que nous avons rajouté, parce que
nous en avons déjà parlé lors d'autres consultations.
C'est qu'une personne qui devient invalide va devoir prendre sa rente de retraite
à partir de 60 ans. C'est ça? C'est le commentaire que vous vouliez?
M. Picard :
O.K.
Mme Naud (Marie-Josée) : C'est ça. Donc, ce qui n'est pas l'âge légal de
la retraite, de 65 ans. Donc, elle est pénalisée. Elle devra vivre avec
les pénalités...
M. Picard :
Puis il faut comprendre que...
Mme Naud (Marie-Josée) : ...les pénalités qui ont augmenté avec la
dernière consultation. Donc, c'est pénalisant pour les personnes
invalides.
M. Picard :
Et la rente de retraite à 60 ans est moins généreuse que la rente d'invalidité.
Mme Naud (Marie-Josée) : Beaucoup moins généreuse. Donc, ces personnes-là
se trouvent à avoir une rente réduite
de 30 % à 36 %. Donc, c'est quand même des montants substantiels pour
des personnes qui, parfois, une longue période de leur vie, n'ont pas pu
contribuer au Régime de rentes du Québec.
M.
Picard : Et, dans le régime du RPC, est-ce que la même
situation existe, si on achète l'entente de Vancouver?
Le Président (M.
Bernier) : Mme Naud.
Mme Naud (Marie-Josée) : J'aimerais quand même soulever que le RRQ et le
RPC, autant que faire se peut, ont été
des régimes équivalents, mais il n'en demeure pas moins qu'il y a toujours eu
des petites nuances de différence, des petites
différences entre les régimes. Par exemple, le RPC, depuis un moment, demande à
ce que les nouvelles mesures soient
pleinement capitalisées. Ce n'était pas le cas au Québec. Il y a des petits
écarts qui sont vraiment mineurs entre les
deux régimes. Je ne pourrais pas vous répondre au niveau de la rente
d'invalidité, je ne sais pas si un régime est plus généreux que l'autre.
À ce niveau-là, je ne suis pas certaine.
M. Picard :
O.K. Merci.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député, ça va?
M.
Picard : Merci. C'est beau.
Le Président (M.
Bernier) : Donc, je remercie M. Boyer et Mme Naud... de votre
participation.
Je vais suspendre
quelques instants afin de permettre à la Centrale des syndicats du Québec de
prendre place. Je suspends.
(Suspension de la séance à
11 heures)
(Reprise
à 11 h 2)
Le
Président (M. Bernier) : À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, nous
reprenons nos travaux. Donc, nous avons le plaisir de recevoir les représentants de la Centrale des syndicats du
Québec, Mme Louise Chabot,
présidente — bienvenue,
Mme Chabot — et
M. Sébastien Lavergne, conseiller syndical. La parole est à vous.
Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
Mme Chabot (Louise) : Merci. Bonjour, M. le ministre, M. le Président, parlementaires. Pas
trop tard pour vous souhaiter une bonne année 2017.
Le Président (M.
Bernier) : ...jusqu'à la fin du mois.
Mme Chabot (Louise) : Et, dans cette bonne année 2017, nous allons nous
souhaiter de bonifier de façon sensible le projet qui est devant nous au
niveau du Régime des rentes du Québec.
Bien,
d'abord, on vous remercie, bien sûr, de l'invitation. Je dois vous dire — mais là Le Courrier parlementairepeut-être a fait des nuances — qu'on a été quand même un peu surpris, parce
qu'on sait que le RRQ a maintenant 50 ans et, quand on parle de
consultation publique, on sait qu'on est... On revoit le régime à peu près aux
six ans en termes de consultation publique,
puis d'habitude, bien, c'est précédé justement d'une large consultation. Là,
d'avoir eu l'invitation un peu avant
les fêtes, si j'inclus la période des fêtes, avec une audience de quatre jours
seulement, pour un régime qui s'applique
à l'ensemble des travailleuses et des travailleurs... mais est-ce que, là,
c'est une étape puis on pourra continuer la consultation puis qu'il y aura d'autres consultations en commission
parlementaire? Mais nous, on a trouvé que c'était faible pour un projet
de la sorte.
D'autre part, cette
consultation-là se tient dans un contexte particulier, parce qu'au moment où on
tient nos consultations, au Canada, on a
sanctionné, le 15 décembre dernier, une bonification au Régime de pensions du
Canada avec l'accord de neuf
provinces, puis c'était un peu une occasion à saisir dans ce cadre-là, parce
qu'on sait que, pour avoir un accord comme ça, ça prenait l'aval d'au
moins sept provinces. Ça a pris plusieurs années avant que ça puisse être possible. Il y avait une occasion là, et c'est une
occasion, à notre avis, qu'il ne fallait pas rater. Donc, de ce côté-là, nous,
on pense que, dans les trois scénarios qui
sont déposés par le gouvernement, bien, le statu quo, ce n'en était pas un,
qu'il aurait fallu qu'on privilégie, effectivement, la signature de l'entente qui s'est passée au Canada
afin que les travailleuses et les travailleurs bénéficient des mêmes conditions
que les autres travailleurs canadiens auront. Et, pour nous, ça, c'est majeur.
On
parle du rôle essentiel de la société dans ce sens-là. On dit que les
entreprises n'ont pas respecté le pacte social des années 60 afin de mettre en place une couverture complémentaire. Tu
sais, on misait, en plus du RRQ, sur une couverture complémentaire des régimes privés. Dans la législation, avec
des régimes privés volontaires comme le nôtre, il en résulte qu'il y a 60 % des travailleuses
qui ne participent à aucun de ces régimes privés. Puis ça, c'est sans compter
que plusieurs employeurs ont mis à mal ces régimes les dernières années,
pensons particulièrement... dans le secteur municipal,
où d'ailleurs on l'a dénoncé. Ça fait que, compte tenu que le régime actuel
prévoit un mince 25 % du salaire couvert,
c'est sûr qu'une bonification était rendue nécessaire. Et, pour nous, il y
avait une occasion unique de réfléchir sur la façon d'améliorer notre système de retraite afin de léguer un
héritage aux générations futures dont nous sommes fiers.
Les scénarios de
bonification. Bien, je l'ai dit d'entrée de jeu, le gouvernement privilégie une
bonification anémique de notre régime et mise sur les régimes volontaires
d'épargne-retraite comme solution. Ce n'est pas rien, la différence qu'il y aura avec le RPC, parce que la
bonification du RPC va procurer des revenus additionnels de près de 2 300 $ par année, 190 $ par mois à
vie, par rapport au scénario Québec. Le revenu additionnel est, de plus, indexé
à la retraite chaque année selon le
coût de la vie, qui va rendre l'écart encore plus grand. Et miser sur le RVER,
ce n'est pas un bon véhicule, parce
que chaque dollar en rente bonifiée du RRQ est de loin le mieux investi que
dans un RVER. Par exemple — vous allez retrouver ça dans notre
mémoire — la
cotisation supplémentaire que représente la bonification du fédéral, c'est 240 $ par année, mais pour
une prestation beaucoup plus bonifiée, à vie, puis il faut penser que ce
240 $ là est déductible d'impôt.
Ça fait que chaque dollar qui est investi dans un régime de retraite comme le
RRQ vaut beaucoup plus qu'un dollar
investi par un travailleur dans un RVER. Le RVER, c'est un compte d'épargne
que... l'employeur décide de
l'institution financière, l'employeur décide du placement. Il n'est aucunement
obligé de cotiser. Donc, pour une personne, c'est beaucoup plus avantageux de hausser ses cotisations pour bonifier
son régime de retraite que de mettre de l'argent dans le véhicule qui a
été privilégié par le gouvernement. On l'a toujours dénoncé puis on continue de
le dénoncer.
Ça
fait que notre première recommandation, c'est demander au gouvernement de
signer l'entente de Vancouver afin d'offrir aux Québécoises et
Québécois, au minimum, au minimum, la bonification qui est prévue au Régime de pensions du Canada. Et aussi — c'est la deuxième recommandation — on demande que les dispositions actuelles
qu'on retrouve déjà au sein du RRQ
soient reconduites dans la prochaine bonification, donc la disposition qui
permet l'exclusion des moins bonnes
années, surtout celle-là, puisqu'elle vise particulièrement les personnes en
situation de vulnérabilité ainsi que
les femmes, parce qu'on sait que les femmes, à ce jour, sont celles qui
s'absentent le plus souvent pour des raisons familiales. Ça, pour nous,
c'est majeur.
Au niveau du régime,
on va être d'accord avec deux mesures qui sont... on s'est prononcés en accord
avec deux mesures qui sont proposées, soit
la capitalisation puis la définition d'invalidité, mais on va s'opposer
fermement aux trois axes de mesures
structurantes que sont les coupes dans les rentes au conjoint survivant, qui
touchent particulièrement les femmes...
Là, on vient de dire que, pour une femme qui n'a pas d'enfant, il y aura quand
même une coupure importante qu'on a chiffrée à... Selon que ton conjoint ou ta
conjointe décède avant l'âge de 45 ans ou décède à 45 ans ou à 44 ans et 11 mois, ça peut être une perte de près de
90 000 $ à vie dans ton régime de retraite. Ce n'est quand même pas
rien. Ça fait qu'on s'oppose à cette coupe-là.
• (11 h 10) •
Deuxièmement,
le report de l'âge anticipé de la rente, qui serait extrêmement dommageable.
Quand on parle du 61 ans, là, ou
qu'on parle d'augmenter l'âge de la retraite, à qui on s'adresse quand on en
parle? On s'adresse particulièrement aux
60 % des travailleuses et des travailleurs pour qui le seul régime de
retraite, c'est le RRQ. Ces travailleuses et travailleurs là sont en situation de vulnérabilité. Leurs conditions de
travail sont souvent pénibles. Les conditions de santé aussi pour ces travailleuses-là et ces
travailleurs-là sont souvent plus nombreuses chez les personnes vieillissantes.
Puis, à 60 ans, de vouloir te retrouver un emploi, bien, ce n'est pas
simple pour une personne qui pourrait se voir dans ces situations-là. Ça fait
que, pour nous, c'est loin d'être une solution, puis ça va pénaliser encore
plus les personnes plus vulnérables.
Aussi,
le facteur de longévité, qui va rendre les prestations variables. Écoutez,
c'est comme transformer un régime de
prestations déterminées en un régime à cotisation déterminée. On va dire à des
gens, particulièrement dans la première cohorte, ceux qui ont toujours... ceux qui ont mis le plus d'argent,
finalement, dans les régimes de retraite, ça va être les premiers pénalisés, et tu vas pouvoir te retrouver
dans une cohorte où ton indice de... tu vas être pénalisé par ton indice
de longévité selon l'âge. Ça fait que ça ne
fait aucun sens pour nous puis ça ne fait aucun sens, parce que ça veut dire
aussi que c'est l'argent que tu as
mis dans ton régime de rentes du Québec qui est ton seul revenu, mais
finalement tu l'as mis là parce qu'il
y a le facteur de stabilité, il y a le facteur que tu vas pouvoir être capable
d'apprécier le revenu que tu vas avoir à
ta retraite, qui n'est pas si élevé que ça, mais tu ne seras jamais certain,
selon la cohorte, si on va venir piger dedans puis qu'on va venir changer tes
prestations selon un facteur de longévité. Pour nous, ça ne fait aucun sens, ça
fait qu'on demande de renoncer à ça.
En
conclusion, je vous dirais, ces propositions-là visent à affaiblir le régime et pénaliser les
personnes les plus vulnérables de
notre société. Pour nous, il faut bonifier le régime, au
minimum, à la hauteur de la bonification du RPC afin que tous profitent davantage du RRQ et des bons rendements de la Caisse de dépôt et de placement du Québec. Ça fait
que, oui, si on a une question : Si
c'est là qu'on voit les bonifications... la réponse, c'est oui, parce qu'en
tout cas, dans l'état actuel du
scénario qui nous est proposé, les travailleurs du Québec vont être les plus
perdants de ce qui est devant nous,
puis ça, c'est inacceptable. Ça fait déjà quelques années qu'on milite pour que
l'ensemble des travailleuses et des travailleurs
du Québec aient un revenu décent à la retraite. Le Régime des rentes du Québec
a fait ses preuves au sens de sa
philosophie, un régime universel qui est transférable avec des cotisations
employeur et employé. Je pense qu'il faut consolider puis renforcer le modèle, mais surtout permettre qu'on n'ait
pas deux classes de travailleuses et de travailleurs, puis qu'on puisse
le bonifier de façon majeure.
Et,
à plusieurs endroits dans notre mémoire, on dit : Ça touche
particulièrement les femmes, les mesures qui sont proposées. Puis, je
tiens à le réitérer puis je le ferai demain sur autre dossier, si le
gouvernement appliquait ce qu'on revendique depuis longtemps puis le plan
d'action à la lutte pour l'égalité hommes-femmes, c'est-à-dire l'analyse différenciée selon les sexes, on ne se
retrouverait pas avec des projets de loi devant nous où on voit que davantage
les femmes sont pénalisées aussi par
les mesures qui nous sont proposées. Ça fait qu'on vous invite à vous saisir de
l'occasion pour rendre ça plus rigoureux. Merci.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Merci, Mme Chabot, de votre présentation. Nous
allons donc passer aux échanges avec les parlementaires. M. le ministre, la
parole est à vous.
M.
Leitão : Très bien. Merci beaucoup, M. le Président. Alors, juste
avant de commencer le dialogue avec vous, je ne peux pas m'empêcher de répondre à mon collègue le député de
Sanguinet sur ce qu'on avait discuté avant, donc la soi-disant austérité toxique qui nous a quand même
permis de créer 90 000 emplois en 2016. Donc, si c'est ça, l'austérité...
Un autre 90 000 cette année. Mais sérieusement, maintenant, Mme Chabot...
Le Président (M.
Bernier) : ...
M. Leitão :
Pardon?
Le Président (M.
Bernier) : Fermons la parenthèse.
M.
Leitão : Fermons la parenthèse. Mme Chabot, monsieur, merci d'être là,
merci d'avoir accepté notre invitation.
Comme
j'avais dit aussi hier et à M. Boyer avant, ce qu'on fait ici, bon, ce n'est
pas un projet de loi, c'est une consultation publique. Et c'est le début du
processus. On est loin de vouloir tout régler en quatre jours, là, ce n'est
pas ça du tout. C'est le début du processus.
Le changement qui va être apporté au Régime de pensions du Canada va commencer
en janvier 2019 et puis il va s'étaler
pendant plusieurs années, graduellement. Donc, on a amplement le temps, au Québec,
si on décide de faire la même chose, d'y
aller en même temps que le changement fédéral. Donc, on n'est pas pressé, dans
le temps, de prendre une décision
immédiatement. Ce que j'avais dit à Vancouver, c'était qu'on allait consulter
la société québécoise et qu'on prendrait notre décision, puisque nous
avons, au Québec, l'autonomie nécessaire pour prendre ces
décisions-là, nous allions prendre le temps
de prendre la meilleure décision dans le meilleur intérêt de tous les Québécois. C'est dans cet ordre d'idées là
que nous entamons cette consultation-là.
Maintenant,
peut-être, je pourrais commencer par la fin de votre
présentation. Vous avez parlé, et je
pense qu'on est d'accord là-dessus,
que notre objectif, comme le vôtre, c'est de consolider et de renforcer le
régime public, le RRQ, parce que, oui, en effet, nous sommes d'accord, c'est un système, un
régime qui a fait ses preuves au cours des 50 dernières années et, oui, tout à fait, c'est très important
de le pérenniser. Et c'est justement dans cette optique-là : étant donné
notre particularité sociodémographique,
qui est différente de celle de nos voisins, notre coût de ce programme, de ce
système est plus élevé qu'ailleurs. Donc, nous jugeons que c'est
nécessaire d'avoir une plus grande flexibilité pour pouvoir s'assurer que tous les Québécois, pas seulement les
retraités d'aujourd'hui, mais les retraités de demain puissent continuer
de bénéficier d'un tel régime.
Et
ici j'en viens à la question de l'âge. Et j'aimerais qu'on puisse discuter un
peu plus là-dessus. Quand le système a
été établi — tous les
systèmes, d'ailleurs, dans tout le monde occidental — l'âge de retraite était à 65 ans,
l'espérance de vie était bien moindre
que ce qu'elle est aujourd'hui. Les choses ont changé. Aujourd'hui, une
personne qui a 65 ans peut, raisonnablement, avoir une espérance de vie
d'un autre 20 ans, 85, ou même plus. Donc, c'est très différent des années 80, des années 90. Alors, oui, je comprends
votre point de : l'âge, ça pourrait être pénalisant pour certains
travailleurs, mais, en même temps,
comment suggérez-vous qu'on fasse face à ces questions démographiques, qui
augmentent les coûts de notre système de retraite si on n'ajuste pas
l'âge?
Le Président (M.
Bernier) : Mme Chabot.
Mme Chabot (Louise) : Bien, nous, ce qu'on vous dit, c'est que ce n'est pas la bonne
solution. Je vais laisser la parole à
Sébastien, mais, je vous dirais, d'entrée de jeu, je pense que, comme
régime de protection sociale, nous avons les moyens de considérer l'état de la situation de la démographie,
qu'on ne nie pas mais qui nous est régulièrement... ou, je dirais, trop souvent servie
pour venir affaiblir, ou réduire, ou couper dans certaines prestations plutôt
que d'être capable d'anticiper ces phénomènes-là. Ça fait que, dans l'anticipation du phénomène, je pense qu'on doit miser beaucoup plus, puis on a la capacité de le
faire, sur justement une bonification, et je pense qu'on a les moyens.
Maintenant — c'est
ce qu'on a essayé de démontrer — nous, on voit plutôt que, dans la logique
qui nous est proposée, c'est plutôt une logique comptable ou une logique
patronale, je vais le dire comme ça, de la situation sur la capacité de payer pour le bonifier, parce que le
régime a besoin, effectivement, d'être enrichi par des cotisations, puis ça
va pouvoir servir pour les questions de
longévité. Je pense qu'on peut miser sur d'autres mesures. On l'a souligné dans
le cadre de la politique d'immigration. Mais il faut tenir compte de la
situation des travailleurs. Sébastien.
Le Président (M.
Bernier) : M. Lavergne.
• (11 h 20) •
M. Lavergne (Sébastien) : Oui. Bien, mentionner que, dans le rapport
d'évaluation actuarielle du régime, ça en tient déjà compte, évidemment, de l'espérance de vie, qui va
s'améliorer au cours des ans. Donc, le régime est en bonne situation et
tient compte de cette amélioration à l'espérance de vie.
Maintenant, les Québécois aussi ont changé leur comportement par rapport à
la retraite et prennent leur retraite plus
tard qu'il y a quelques années, ce qui fait en sorte que la durée à la
retraite n'augmente pas, est stable dans les dernières années, hein? Donc, oui, l'espérance de vie
augmente, mais, en contrepartie, les gens ont changé leur comportement déjà,
hein, on le voit statistiquement, et prennent leur retraite plus tard. Donc,
ça, c'est un constat aussi.
Il y a
des mesures qui ont été déjà prises au niveau du Régime de rentes du Québec
pour essayer de modifier le comportement
aussi, hein? La pénalité actuarielle pour prendre sa retraite avant 65 ans,
passée de 6 % à 7,2 %, ça,
c'est déjà un élément qui a déjà été
apporté. Donc, notre rente à 60 ans est à peu près 10 % de... moindre
qu'elle était auparavant. Ce n'est
pas rien. Et vous avez dans le rapport D'Amours une recommandation qui est très intéressante à l'effet
de dire que les salaires qui seront
considérés après 60 ans ne devraient pas baisser la moyenne de carrière, hein,
pour le calcul de la rente RRQ. C'est
très intéressant, parce
qu'actuellement il y a des gens qui demandent leur rente RRQ à 60 ans parce
que, s'ils attendent après 60 ans, ça les pénalise en ayant des revenus moins
élevés, parce qu'ils ont fait le choix, par exemple,
de demander une retraite progressive, parce qu'ils ont décidé de prendre leur
retraite mais de travailler dans des emplois
moins rémunérateurs. Donc, ça, c'est une mesure concrète qui pourrait faire en
sorte que les gens la demandent plus tard sans être pénalisés au niveau
de la rente RRQ.
Et,
après ça, bien, je ne pense pas que le régime public RRQ va régler tous les
problèmes de la main-d'oeuvre, hein?
On l'a mentionné hier dans les
auditions, l'immigration, bien, c'est autre chose, mais ce sera un élément
à regarder. Si on pense que la main-d'oeuvre, hein, au Québec n'est pas
suffisante, bien, il faudrait peut-être revoir les politiques d'immigration ou autres politiques que juste essayer de miser sur la rente RRQ pour
régler ces problèmes-là. On avait mentionné
aussi d'étaler la plage jusqu'à 75 ans, qui a été proposé hier. Bien, ça ajoute
une flexibilité, ça n'enlève rien à personne, et c'est à
coût nul aussi, qui serait quand même intéressant.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
M.
Leitão : C'était M. Morency
qui avait mentionné qu'on devait faire une différence, une distinction entre
retraite et pension. Je pense, c'est un concept intéressant aussi.
Peut-être,
avant de passer la parole à mes collègues, une... pas une question, mais une
précision. Ça n'a jamais
été question, de notre côté, que ce ne soit
pas la Caisse de dépôt qui gère le régime actuel, bien sûr,
et un futur régime bonifié. Ça n'a jamais
été question que ce ne serait pas la caisse qui le ferait. Donc, je pense que, de ce côté-là, il y a le... je ne sais pas d'où vient ce questionnement qui...
peut-être quelqu'un d'autre... Non, non, on est très satisfaits du travail de
la caisse, et c'est pour ça
d'ailleurs que la caisse va continuer à être très indépendante, pour pouvoir
continuer à bien gérer les bas de laine.
Les collègues, si vous avez des questions...
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de Beauce-Sud.
M.
Busque : Oui. Merci, M. le Président. Alors, chers collègues, M. le ministre. Alors, Mme Chabot, M. Lavergne, comme le disait le ministre, il
n'y a pas si longtemps, au niveau de la pérennité de notre système de rentes, il
y a eu plusieurs... On sait que le système a 50 ans. Alors, dans
les 50 dernières années, bien entendu, il
y a eu plusieurs changements. On a parlé de longévité tantôt. Effectivement, l'âge de la retraite, la longévité... L'espérance de vie des Québécois
est passée de 71 ans, à peu près, il y a 50 ans... et on se faisait dire hier qu'aujourd'hui un Québécois sur deux qui était ici, dans la salle, pouvait prétendre ou espérer vivre jusqu'à
90 ans. Alors, il y a une marge, là, qui est très, très
grande. Alors, on comprend que ça vient mettre une pression, bien
entendu, sur notre système de rentes.
On a parlé
tantôt de la longévité. On parlait aussi de certaines particularités qui sont
typiques du Québec. Entre autres, on a entendu hier des gens venir
nous dire qu'au Québec, en moyenne, les Québécois prenaient une
retraite plus hâtive qu'ailleurs au Canada. Vous nous avez parlé aussi de solutions au
niveau immigration. Alors, à ce chapitre-là aussi, si on se comparait avec les autres provinces
canadiennes, on avait un léger recul au niveau de pourcentage d'immigrants
pour venir compenser, justement,
le problème démographique, là, qui est vécu au Québec. Alors, la longévité,
c'est une chose de laquelle on vient de discuter.
L'autre
facteur qui est différent qu'on a discuté aussi hier lors d'autres rencontres,
c'est le fait qu'au cours des dernières années les travailleurs québécois
commençaient à travailler plus jeunes, donc contribuaient pour un plus grand nombre d'années, compte tenu de l'âge de la retraite ou de l'âge de la retraite anticipée. Alors, aujourd'hui, on est d'avis, que, bien entendu — et c'est une bonne nouvelle — les Québécois sont à l'école plus longtemps,
sont plus instruits qu'il y a quelques années. C'est une très bonne
nouvelle.
Cependant, ne
croyez-vous pas que ça vient mettre peut-être une pression supplémentaire,
justement, sur notre régime de rentes? Alors, j'aimerais vous entendre à
ce sujet-là.
Mme Chabot
(Louise) : S'il y a
des chiffres à donner, Sébastien, je te les donnerai, mais il y a
une chose qui est certaine — on
a parlé du comportement — le
travailleur moyen, là, puis les 60 % qui ont juste le
RRQ comme régime de sécurité pour
leurs vieux jours, comme on dit en bon français, bien, vous l'avez dit, là,
souvent, ces travailleuses-là ou
travailleurs ont commencé à l'âge de 18 ans
souvent dans des conditions de travail pas faciles, avec des salaires qui sont
faibles. Ça fait que, quand tu as commencé à
travailler à 18 ans puis que tu es rendu à 60 ans, peut-être qu'on est rendu là
puis que ces gens-là ne pensent pas non plus
à continuer d'aller plus loin. Ça fait qu'il faut tenir compte de ça dans
l'équation, les conditions de santé, la pénibilité du travail.
Si on regarde
les travailleuses et travailleurs du secteur public, les membres qu'on
représente, que ce soient les enseignantes,
ou les enseignants, ou les infirmières, qui ont des régimes privés mais... la
situation au travail, il y a bien du monde qui nous disent : Moi,
je ne continuerai pas, en raison des conditions d'exercice, tandis que, dans
d'autres occupations, on peut penser
prolonger sa retraite un peu plus longtemps. Ça, c'est documenté au niveau des
professionnels ou au niveau des
salaires plus élevés. Ça fait qu'il faut tenir compte de ça quand on met en
place une mesure comme ça. Puis, au
niveau de la longévité, écoutez, il faut regarder, là, c'est un facteur, avec
des cohortes qui sont très... en tout cas, c'est très important comme
mesure coercitive puis de... moi, en tout cas, peut-être que mon terme est
fort, mais c'est comme venir piger dans ta
caisse de retraite, une caisse que tu as bâtie toi-même, selon l'âge que tu as,
puis, si tu vis plus vieux, tu vas être pénalisé que... la question de
l'espérance de vie. Ça fait que ça, pour nous, c'est inacceptable.
Mais, s'il y
a quelque chose que je n'ai pas répondu... Ah! M. Leitão, je vais profiter
d'une occasion... en tout cas, j'apprécie d'avoir eu la réponse sur la
consultation, mais on a du temps, là, mais, en 2019, quand le régime va être
adopté... quand on dit que le régime est
anémique, le scénario Québec, par rapport à ce que le fédéral propose, bien,
c'est quand même des sommes énormes. Allez voir. Pour un salarié de
40 000 $, considérant ce que vous proposez dans le scénario Québec, qui maintient à 25 % le
remplacement du revenu à 27 000 $ et moins, bien, c'est une perte
assez majeure, et il y a une différence assez importante.
Ça fait que,
oui, tant mieux si on a du temps pour continuer à discuter, mais on ne pourrait
pas se priver, d'ici la mise en place du régime... qu'on ait un régime qui
serait différent. Ça, pour nous, c'est majeur.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Merci, M. le Président. Excusez-moi. On va ouvrir une parenthèse. Si vous
voulez parler d'emplois, M. le
ministre, il faudrait peut-être utiliser les indicateurs appropriés pour
évaluer la performance libérale depuis 2014. Moi, j'aurais juste à dire qu'on a regardé avec attention l'évolution
des investissements privés, et ça chute depuis 2014, ce qui est très,
très, très problématique pour une économie qui veut prospérer dans le futur.
Voilà.
Le Président (M. Bernier) :
...
M.
Therrien : Je ferme
la parenthèse.
Le Président (M. Bernier) :
...et nous revenons avec nos invités.
M.
Therrien :
On pourra la rouvrir, si vous voulez, dans un débat d'une heure, je n'ai aucun
problème avec ça. J'aime ça, les parenthèses.
Alors, je vous salue. Je m'excuse. Mais ça va
bien. Tu sais, des fois, on se tire la pipe un peu, là, mais, bon...
Une voix :
...
M.
Therrien :
Oui, oui, exactement. Alors, merci d'être présents. Comme je disais à mes
collègues de la FTQ, vous êtes
toujours là quand il faut réfléchir à l'avenir des régimes de retraite, puis le
message et les messages que vous amenez
sont... on ne peut pas dire que, tu sais, vous allez dans une direction ou une
autre. C'est toujours très clair. Et, ce
que vous avez dit là, vous l'avez déjà dit auparavant, quand on parlait des
régimes publics, à quel point c'est important de solidifier tout ça. Le rapport d'Amours, c'est ce qu'on retient,
entre autres, on parle des gens qui n'ont pas les moyens d'avoir des épargnes suffisantes pour supporter
les vieux jours, on parle des gens qui n'ont pas... en tout cas, qui n'ont
pas la chance d'avoir des régimes à
prestations déterminées ou même, à la limite, des cotisations déterminées. Or,
je pense que vous soulevez l'essentiel de cette importance-là encore une
fois de plus. Je vous en remercie.
Vous parliez du déficit démocratique tantôt, et
le ministre, il est revenu là-dessus, il vous a comme un peu réconfortés, mais moi, je vous dis : Nous, il
y a des gens qu'on voulait voir en commission qu'on n'a pas pu voir. Il y a
des plages de disponibilité qui sont là, qui
sont présentes. On finit plus tôt, parce qu'il y a au moins sept plages de disponibilité ouvertes. Puis nous, on a
demandé : Bien, on peut-u entendre d'autres gens?, et la réponse a été
non. Alors, ça, c'est sûr que c'est problématique, parce que ça aurait
aidé davantage à la réflexion.
Moi, ce que
j'ai dit aux collègues de la FTQ tantôt, je peux vous poser la même question.
Les gens, généralement, sont pour
Vancouver, mais il y a des gens qui sont contre, c'est sûr, c'est sûr, puis, si
tout le monde était pour, je pense que
le ministre se serait fait une tête très claire là-dessus. Puis évidemment il a
à prendre en considération toutes les avenues possibles, et moi, je trouve ça bien correct, là, mais, quand on vous
dit que les entreprises ne peuvent pas se permettre une augmentation de
cotisation, je voudrais vous entendre là-dessus.
• (11 h 30) •
Le Président (M. Bernier) : Mme
Chabot.
Mme Chabot
(Louise) : Oui. Écoutez, à
notre avis, les entreprises sont, on l'a démontré dans notre mémoire,
là... Vous allez voir, il y a trois, quatre pages, là, sur cet argumentaire-là,
sur la charge des entreprises.
Je pense que
les entreprises vont toujours venir nous servir la taxe sur la masse
salariale : On est trop taxées puis on ne sera pas capables de faire face... alors qu'on démontre par des
statistiques que le Québec puis le Canada, quand on se compare, là... Ça, c'est les statistiques de
l'OCDE. Allez voir à la page... je ne sais pas si c'est à la page 16 de notre
mémoire, mais je pense que c'est assez
parlant, l'aide gouvernementale aux entreprises. Tu sais, on ne nie pas que les
charges sociales sont plus élevées, mais la
contrepartie, c'est qu'il y a aussi les programmes sociaux. Puis, dans l'aide
à l'entreprise, bien, vous allez
retrouver... si on regarde l'ensemble du régime fiscal, bien, on a un taux effectif
d'imposition du capital productif le
plus bas au monde. Ça fait que c'est quand même important. Et puis, c'est assez
drôle — vous
allez retrouver ça à la page 18
de notre mémoire aussi — tu sais, le Québec fait valoir en d'autres lieux, là, quand on se
compare avec l'Ontario, qu'on se
vante comme une destination d'affaires, puis on met de l'avant que c'est
important, puis même le propre fascicule d'information... c'est que le
Québec affiche des coûts d'implantation puis d'exploitation pour les entreprises
qui sont concurrentiels à l'échelle canadienne.
Bien là, on
offre déjà un contexte favorable aux entreprises, puis je pense que les
entreprises ont cette capacité-là d'augmenter leur part de cotisation
pour assurer à la société en général... Ce n'est pas un argument qu'on achète.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. le député.
M.
Therrien : O.K. Je
voulais vous l'entendre dire, mais, dans votre mémoire, c'est extrêmement
clair. Oui, allez-y si vous voulez rajouter quelque chose.
Le Président (M. Bernier) : M.
Lavergne.
M.
Lavergne (Sébastien) : Bien,
peut-être compléter aussi avec la... Dans le fond, il y a eu la réforme dans les régimes
de retraite du secteur privé. On est venu alléger, puis j'étais partie de cette
réforme-là, le fardeau des entreprises en
enlevant la solvabilité. Et c'est sûr que, si on écoutait juste les entreprises,
le patronat, on s'entend qu'il n'y
aurait jamais eu de bonification, à
l'origine... de régime, c'est-à-dire, à l'origine, de rentes de RRQ, hein? Puis je pense
qu'hier aussi ça a été relativisé, la hausse que ça représente, hein, quelques
sous par heure de plus, qui est déductible aussi pour les entreprises. Donc, il
faut relativiser tout ça. C'est quand même important.
M.
Therrien : L'autre aspect, je veux vous entendre quelques
minutes là-dessus, par
rapport... parce que,
là, il y a les cotisations des employeurs mais des travailleurs. Est-ce que vous êtes d'accord avec ce qui a été
soulevé à maintes reprises, vous,
vous sentez ça auprès des gens qui travaillent avec vous, vos membres, que les
gens sont prêts à payer plus pour avoir une meilleure protection dans le
futur? Est-ce que vous sentez ça?
Le Président (M. Bernier) : Mme
Chabot.
Mme Chabot (Louise) : ...que mon collègue
Daniel, je n'ai pas consulté un à un les 200 000 membres qu'on
représente...
M.
Therrien : Non, ça,
c'est clair.
Mme Chabot (Louise) : ...mais il y a une chose qui est claire, la
centrale... bien, on est invités puis on l'apprécie, je comprends qu'on est chanceux d'être là pour les
quatre jours, mais en même temps je pense qu'on a une notoriété au
niveau des régimes de retraite puis on a toujours, toujours milité en faveur de
régimes à prestations déterminées, de régimes
où notre monde savent compter, qu'on sait que c'est beaucoup plus avantageux de
mettre 0,50 $, 1 $, 1,50 $ dans un régime qui nous donne une sécurité financière à la retraite que de
mettre... puis même les grandes institutions financières vont nous le dire. Donc, je vous dirais oui, puis
sans être certaine que je n'aurai pas par Facebook des messages contraires.
M.
Therrien :
O.K.
Le Président (M.
Bernier) : Oui, M. Lavergne.
M. Lavergne (Sébastien) : Oui. Bien, il y a vraiment aussi, je dirais, des
catégories dans les régimes de retraite, hein, ils ne sont pas tous
égaux au niveau de l'efficience, et on a un régime qui l'est, le Régime de
rentes du Québec.
Mme Chabot vous l'a
mentionné, au niveau du Régime de rentes du Québec, c'est un régime à
prestations déterminées. Ce sont les
meilleurs, et il y a des études qui le prouvent, qu'au bout de la ligne c'est à peu près
la moitié du coût d'un régime
individuel. Donc, est-ce que les Québécois ont les moyens de se priver de ces régimes-là? On
en a un bon. Maintenant,
on sait que ce n'est pas suffisant,
hein? 50 %, la moitié, des travailleurs n'ont pas de revenu suffisant
à la retraite, donc allons-y vers une bonification significative.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député.
M.
Therrien :
On vous entend bien là-dessus. J'aimerais vous entendre parler, parce qu'on
n'en a pas parlé beaucoup depuis deux jours... La rente du conjoint survivant,
je sais que vous en parlez. J'aimerais ça vous entendre là-dessus, ce qu'on
propose comme solution.
Le Président (M.
Bernier) : Mme Chabot.
Mme Chabot (Louise) : Bien, ce qu'on propose actuellement, c'est de modifier actuellement ce qui existe au niveau
du RRQ, c'est-à-dire que, pour une personne sans enfants... voyons, oui, c'est ça, pour une
personne sans enfants il y a une
prestation actuellement. Si le conjoint décède avant 45 ans, bien, il y a
une prestation de 121 $, pour être exact, qui, après 45 ans, va passer à... En tout cas, vous avez les
chiffres. Bien là, ce qu'on dit maintenant, c'est qu'on ne fait plus de distinction, et c'est 121 $ qui sera
dorénavant la prestation, puis en disant : Bien, les femmes maintenant
sont plus sur le marché du travail,
donc elles n'ont pas besoin de ça. Ça fait que, pour nous, là, il y a une
coupure importante dans cette
question-là selon l'âge où ton conjoint ou ta conjointe pourrait décéder, puis,
pour nous, c'est inacceptable, puis on peut chiffrer ça à
89 000 $.
M. Lavergne
(Sébastien) : 85 000 $.
Mme Chabot (Louise) : 85 000 $. Bon, vous voyez. Puis, en plus, il y a une autre proposition aussi, hein, avec la rente
combinée, là, au moment où tu demandes ta rente de retraite, avec la rente
combinée pour les conjoints survivants, où, là aussi, on vient mettre un
montant maximum, puis ça, c'est majeur, ça.
Le Président (M.
Bernier) : ...
M. Lavergne (Sébastien) : C'est ça, parce que, dans le fond — pour
ce dernier point, peut-être compléter — au niveau
de la rente combinée, de la rente
régulière plus la rente de conjoint survivant, il y a un maximum qui est prévu,
hein, et ce maximum-là augmente, donc,
dépendamment de quand on demande la rente, soit à 60 ou plus tard, à
70 ans. C'est normal, c'est pour
que ça soit différent un peu au niveau du régime, hein? Si, évidemment, je la demande plus tard, je vais en recevoir moins longtemps.
Mais
là on est en train de dire que : Ah! bien, pour ces personnes-là,
après 65 ans, on n'augmentera plus le montant maximum, on va le laisser à 65 ans. Mais ça, ça va un peu à l'encontre
de ce qui est voulu par le gouvernement, avancé, de
dire : On va maintenir les gens à l'emploi, parce que, ces personnes-là,
il y en a qui sont encore capables de travailler et qui veulent travailler encore, puis là, bien, elles n'auront pas le
choix de demander leur rente à 65 ans, sinon elle ne sera plus bonifiée
par la suite. Or, ça va contre ce message-là. Et on ne comprend pas du tout la
logique, là, qu'est-ce qu'il y a derrière
ça, parce que, finalement, tout
le monde vont avoir droit à
l'ajournement de leur rente, s'ils demandent la rente après 65 ans, qu'elle soit bonifiée, mais, pour ces personnes-là,
ça ne sera pas le cas. Et on sait que les personnes qui demandent la rente de conjoint, c'est les femmes,
qui en bénéficient à 70 %, là. Donc, c'est encore une réalité, malheureusement,
les femmes gagnent 40 % de moins à la retraite que les hommes.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M.
Picard : Merci, M. le Président. Merci, Mme Chabot, M.
Lavergne. Je comprends bien que vous dites qu'on devrait prendre
l'entente de Vancouver. Il y a un document qui nous propose autre chose.
Tantôt, vous
avez parlé un peu d'urgence d'agir. Le ministre dit que ce n'est pas urgent,
pour lui, il ne voit pas de problème.
Moi, comme je disais hier d'entrée de jeu, c'est ma troisième consultation que
je fais sur la Régie des rentes du Québec. En 2004, lorsqu'on a eu cette
consultation-là... quatre ans plus tard, il y a eu un projet de loi. En 2009,
ça a pris deux ans. Et là, bien, le nouveau régime du RPC, c'est le 1er
janvier 2019. C'est ça. Et nous sommes en 2017.
Il y a une
élection en octobre 2018. Vous savez qu'après une élection il y a un
délai avant que le nouveau gouvernement mette les choses en place. Donc, selon moi, il y a
urgence d'agir. J'aimerais vous entendre là-dessus, tout simplement.
• (11 h 40) •
Le Président (M. Bernier) : Mme
Chabot.
Mme Chabot
(Louise) : C'est ça. On a du
temps mais pas trop. Il y a urgence qu'avant l'application, quand on
revendique la signature de l'entente de
Vancouver ou de... comme Québec, qu'on donne ça, c'est minimal. Ça, je tiens à
le rappeler, là, parce qu'on aurait pu aussi demander une bonification
additionnelle, ce que l'Ontario voulait faire, d'ailleurs, hein, quand il a
voulu mettre en place son propre régime. Ça aurait été même supérieur à
l'entente de Vancouver. Mais finalement
tout le monde s'est rallié. Ça fait que c'est pour ça qu'on dit
que c'est minimal, c'est minimal, ce qui est proposé, parce que le taux de remplacement du revenu, ça va
être de 33 % à Vancouver puis,
ce qui est proposé dans le scénario
Québec, il y a des écarts que vous retrouvez selon les revenus, là. On les a
bien illustrés à la page... Sébastien, que tu vas me donner tout de suite...
Enfin, selon des revenus de 40 000 $ — c'est à la page 13 — vous voyez que, pour un salaire à 40 000 $, c'est 5,7 %
d'écart. Ça veut dire que le scénario Québec, il procure un remplacement
additionnel de 2,6 % de plus qu'actuellement, donc 27,6 % au
lieu de 25 %. C'est quand même important.
Ça fait que,
oui, il y a urgence d'agir, parce qu'en 2019 c'est totalement inacceptable
qu'il y ait deux types de régime puis deux classes de travailleurs puis
que les travailleuses et les travailleurs du Québec soient plus pauvres.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Picard : Merci. J'ose
espérer que le ministre vous a bien entendus.
Mme Chabot (Louise) : Nous aussi.
M. Picard : Merci beaucoup
pour votre participation aux travaux de la commission.
Mme Chabot (Louise) : Ça fait
plaisir.
Le Président (M. Bernier) : Merci,
Mme Chabot. Merci, M. Lavergne.
Je vais suspendre nos travaux jusqu'à 14 heures.
Je suspends.
(Suspension de la séance à 11 h 42)
(Reprise à 14 h 9)
Le Président (M. Bernier) : À
l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux.
Nous allons
donc poursuivre les consultations particulières et auditions publiques à
l'égard du document intitulé Consolider
le Régime pour renforcer l'équité intergénérationnelle et du document de soutien Constats sur la
retraite au Québec.
Cet après-midi,
nous avons le plaisir de rencontrer l'Association canadienne des
administrateurs de régimes de retraite.
Par la suite, nous entendrons l'Association québécoise des retraité-e-s des
secteurs public et parapublic, Force Jeunesse
et nous terminerons avec l'Association canadienne des compagnies d'assurances
de personnes, section Québec.
Donc, je souhaite la bienvenue à M. Pierre
Lavigne et M. Serge Charbonneau. La parole est à vous.
M. Leitão : ...
Le Président (M. Bernier) : Oui.
M. Leitão : ...peut-être juste
interrompre trois secondes.
Hier, nos
collègues de l'opposition avaient demandé de l'information sur le
vieillissement de la population du Québec. Nous avons de l'information
qu'on peut distribuer aux membres de la commission.
• (14 h 10) •
Le
Président (M. Bernier) :
Oui. Remettez-nous-la, au niveau de la commission.
Nous allons nous assurer de transmettre ces documents aux membres de la commission.
Merci, M. le ministre. Donc, la
parole est à vous, messieurs.
Merci.
Association canadienne
des administrateurs
de régimes de retraite (ACARR)
M. Lavigne
(Pierre) : Merci, M. le Président. Merci aux membres de la commission
pour l'invitation à présenter nos commentaires sur le Régime de rentes du
Québec. Mon nom est Pierre Lavigne,
je suis membre de l'ACARR et siège à son conseil d'administration. À mes côtés, Serge Charbonneau, actuaire-conseil
et membre actif au sein de notre comité, qui s'est penché sur les bonifications
proposées au RRQ.
L'Association
canadienne des administrateurs de régimes de retraite, qui vient de fêter sa
40e année d'existence, est un organisme
qui agit à titre de porte-parole des administrateurs de régimes et qui milite en
faveur de l'amélioration du système de revenus de retraite au Québec
et ailleurs au Canada. En plus des répondants de régimes, l'ACARR est appuyée par les principales firmes
d'actuaires-conseils, cabinets d'avocats spécialisés en retraite, compagnies
d'assurance vie, gestionnaires de
portefeuille institutionnel et autres fournisseurs de services. Nos membres
représentent au-delà de 400 organismes et des régimes de retraite
comptant plus de 3 millions de participants.
Nos commentaires aujourd'hui sont issus du mémoire qui a été remis à la commission
au début de cette consultation.
Veuillez noter que les intéressés peuvent consulter notre site Web, qui
contient un document d'information datant de juin
2016 portant sur des recommandations qui ont été formulées sur le sujet en marge de
la réunion des ministres fédéral et provinciaux, évidemment dans
un contexte quelque peu différent.
Dans
l'élaboration de nos politiques visant à appuyer l'établissement d'un système
de revenus de retraite efficace et
viable, l'ACARR se fonde sur les principes suivants : le système de
revenus de retraite au Canada devrait comprendre un amalgame approprié de composantes des premier et deuxième piliers, à
caractère obligatoire, et du troisième pilier, à caractère volontaire; les composantes du système devraient ensemble
permettre d'accumuler un revenu de retraite suffisant offrant une sécurité financière à la retraite; les
composantes du système devraient être abordables tant pour les employeurs
que pour les employés; le système devrait
encourager et permettre l'innovation en ce qui a trait à la conception des
régimes du troisième pilier; le système devrait être en mesure d'évoluer
en fonction des circonstances sans que d'importantes modifications législatives
soient nécessaires; et finalement les lois et règlements
sur les régimes de retraite au Canada
devraient être harmonisés.
De nombreux Québécois ont accès à un régime de retraite en
entreprise qui, avec le Régime de rentes du Québec, procure un revenu adéquat à la retraite. D'autre
part, les Québécois sans régime complémentaire de retraite et dont le revenu
est relativement bas parviennent à obtenir un taux de remplacement du revenu
satisfaisant à la retraite grâce aux piliers 1 et 2 du système, et ceux dont le revenu est
relativement élevé semblent mettre suffisamment d'argent de côté. Il semble y
avoir un consensus selon lequel les
Québécois à revenus moyens qui travaillent dans le secteur privé et qui n'ont
pas accès à un régime de retraite en entreprise n'épargnent pas
suffisamment pour leur retraite. Par conséquent, on est d'avis que les
discussions concernant l'amélioration du système de revenus de retraite
québécois devraient avoir comme principal objectif
de régler le problème d'épargne-retraite insuffisante des travailleurs à
revenus moyens qui n'ont pas accès à un régime de retraite en
entreprise.
Alors, la
première question qui est adressée concerne le choix entre le statu quo ou la
bonification du régime public. Pour
nous, le statu quo implique qu'on miserait sur les régimes volontaires
d'épargne-retraite pour régler le problème de la suffisance des revenus de retraite pour les travailleurs à revenus
moyens. Ça revient à encourager les Québécois à épargner davantage durant leurs périodes de travail actives ou à
travailler plus longtemps. Selon nous, d'autres changements au système seront nécessaires afin de régler le
problème. Plusieurs de nos membres ont exprimé leurs préoccupations par rapport au fait qu'une bonification du RRQ
augmenterait les charges sociales sur la masse salariale et qu'elle n'est pas
nécessaire pour ceux qui sont admissibles à participer à un régime de retraite
en entreprise.
Vous aurez
deviné qu'en général les employés de nos membres promoteurs de régimes
complémentaires ne sont pas inclus
dans cette catégorie d'employés qui nécessitent davantage de soutien des
régimes publics. Dans cette perspective, nos membres seraient
généralement satisfaits de maintenir le statu quo, mais la plupart
reconnaissent qu'une large proportion de la
main-d'oeuvre québécoise n'est pas admissible à participer à un régime
complémentaire et qu'une bonification
du RRQ serait bénéfique pour la population québécoise de façon générale. Alors,
même si leurs employés n'en ont
peut-être pas besoin, plusieurs de nos membres considèrent qu'ils peuvent absorber les augmentations de cotisation proposées aux
termes des propositions québécoise et fédérale ou qu'ils auront la possibilité de
modifier leurs régimes de retraite
existants de façon à tenir compte des prestations bonifiées du régime public et
ainsi mitiger l'impact des cotisations additionnelles.
On doit retenir que certains de nos membres sont préoccupés par la hausse
proposée du taux de cotisation et la
difficulté qu'ils pourraient avoir à modifier leurs régimes de retraite pour
absorber cette hausse, particulièrement en milieu syndiqué.
Or, somme
toute, notre association est favorable à une bonification du RRQ et croit que
la solution au problème doit être
ciblée pour répondre aux besoins des travailleurs à revenus moyens qui ne
participent pas à un régime de retraite en entreprise.
Je cède maintenant la parole à Serge Charbonneau
pour nos commentaires sur les propositions québécoise et fédérale ainsi que les
mesures proposées au deuxième axe.
Le Président (M. Bernier) : M.
Charbonneau.
M.
Charbonneau (Serge) : Merci.
Alors, maintenant, si on dit qu'on préférerait qu'il n'y en ait
pas, compte tenu que nos membres sont déjà bien couverts, et que,
s'il faut faire de quoi, il faut cibler ceux qui en ont vraiment
besoin, qui est la classe moyenne qui n'a pas de régime, là on doit
jauger les deux propositions qui sont sur la table.
On a plusieurs
principes qu'on essaie de poursuivre. Il a parlé d'harmonisation à travers le
Canada. Donc, la proposition Canada a cet
avantage-là de faciliter l'harmonisation entre les provinces, les transferts
puis les employeurs nationaux. Par
contre, on n'aime pas le fait que la proposition Canada ne cible pas ceux qui
sont à risque, qui en ont besoin vraiment,
et nous, on avait comme point de départ qu'on aimait ça exclure la première
moitié du MGA comme la proposition du
Québec a été faite. Par contre, la raison pourquoi on voulait cibler, c'est
qu'on se disait : Les bas salariés, ils ont déjà assez de protection avec les régimes
en place, pourquoi leur demander de mettre encore de l'argent dans des régimes qui ne leur donneront pas grand-chose?, et
la proposition fédérale et des autres provinces a dit : On reconnaît ce
problème-là puis on va mettre un mécanisme
en place pour y pallier, qui est la PFRT, la prestation fiscale pour les
revenus de travail. Mais c'est comme
un pansement qui est... on n'est pas certain à quel point c'est adéquat, ça
adresse vraiment le problème. On dit : Oui, quelqu'un de
20 000 $ ne sera pas affecté, la prestation va le compenser, mais ce
n'est pas nécessairement cette personne-là
qui, rendue à la retraite, va avoir le SRG, parce que ses revenus vont changer.
Et le fait aussi que la récupération du SRG à la retraite, c'est basé
sur le revenu familial, alors, si une personne travaille pour 20 000 $, son conjoint gagne
60 000 $, bien, ça change complètement la donne. Ça fait qu'on est un
peu préoccupé par l'imperfection de
la PFRT, mais sûrement qu'il y a moyen de s'y pencher davantage pour la
perfectionner. Il y a aussi le fait que cette PFRT là, bien, ça ne tombe
pas du ciel, ça coûte quelque chose, et, dans les équations qu'on fait du 1 % ou 2 %, n'oubliez pas que ça coûte
de l'argent, ça. Alors, s'il y a une compensation qui est versée aux
travailleurs actuels, c'est financé à
même le budget ordinaire, les revenus généraux. Donc, tous les autres
travailleurs et les entreprises vont le financer, même si ce n'est pas
identifié comme étant une cotisation de 1 % ou de 2 %.
De
l'autre côté, la proposition québécoise, comme j'ai dit, ça cible mieux le problème,
ça fait qu'on l'aime, mais ça crée des problèmes aussi, parce que la
concordance avec les deux régimes, c'est une préoccupation. Ce n'est quand même
pas le facteur principal qui doit driver
toute l'équation, mais la plus grosse des différences entre ces deux
propositions-là, c'est qu'il y en a
une qui est deux fois plus grosse que l'autre. Alors, si on se dit : Bien
là, on n'a pas les moyens de payer, comment
on va s'y prendre pour payer?, bien là on est tenté de favoriser la
bonification qui coûte moitié moins cher. Et, si, d'un autre côté, on dit : Non, non, on
focusse sur les prestations, alors là on préfère la solution qui est deux fois
plus grosse, mais sans se pencher sur le bien-fondé de la mécanique
derrière ça.
• (14 h 20) •
Alors,
nous, on vous avance une suggestion, que peut-être qu'il y a une façon plus
équitable de comparer les deux. Au
lieu d'en avoir une qui est deux fois plus grosse que l'autre, bien, doublez
donc celle du Québec. Donc, si on dit : Au lieu d'augmenter juste de 8,33 %, doublez-la à 16,6 %, là tu
as deux affaires qui se comparent pas mal mieux puis là vous pouvez vous pencher sur la structure de ces deux
propositions-là. Alors, c'est quelque chose qu'on suggérerait. Il y aurait peut-être moyen aussi, au lieu de le doubler tout
bonnement, de dire : Bien, on ne fera pas huit fois deux, on va passer
de 25 % à 40 % au lieu de
25 % à 33 %, puis on va faire 40 % jusqu'à 114 % du MGA, puis ça aussi, il y a des bons
côtés à une proposition comme ça. Et
globalement ça se ressemble beaucoup plus que présentement. Tu compares un oeuf
puis deux oeufs; bien, j'aime mieux
deux oeufs si je veux manger des oeufs. Mais, si c'est moi qui les paie, j'en
aime mieux juste un.
Dans
toute cette équation-là, n'oubliez pas, par exemple, on parle beaucoup de coût,
mais ce n'est pas vraiment un coût,
c'est de l'épargne, ça, là, hein? Alors, ce n'est pas de l'argent qui est
dépensé puis qu'on ne reverra plus, c'est de l'argent qu'on met de côté
pour la retraite.
Alors,
on pense qu'il y a du bon des deux côtés. Commencez par les mettre à un niveau
équivalent, mais, si vous dites : Non, non, c'est à prendre ou à
laisser, une ou l'autre, on préfère la proposition du Canada.
Le
Président (M. Bernier) : Je vous remercie de votre présentation.
Alors, M. le ministre de l'Agriculture... Ah! excusez. M. le ministre
des Finances.
M. Leitão :
Mais c'était une...
Le Président (M.
Bernier) : Non, non, je pensais qu'on avait changé d'endroit.
M.
Leitão : Mais c'était une image très claire, en tout cas. Merci
beaucoup, messieurs, d'être là. J'ai trouvé ça bien intéressant. Peut-être avant de commencer, si vous pourriez, pour
le bénéfice de tous ceux qui nous écoutent... Vous avez parlé des trois
piliers du système de retraite. Pouvez-vous peut-être nous les identifier, que
tout le monde soit au courant?
Le Président (M.
Bernier) : M. Charbonneau.
M. Charbonneau (Serge) : Alors, les trois piliers. Il y en a beaucoup qui
l'ont exprimé de différentes façons. On a parlé d'étages aussi dans le
comité D'Amours.
Nous,
on pense que c'est un système à trois piliers. Le premier, qui est le minimum
de base, là, le PSV puis le SRG, qui touche tout le monde, pas seulement
les travailleurs, tous les citoyens... Le deuxième pilier, c'est pour les travailleurs seulement, c'est financé travailleurs
et employeurs et c'est basé sur les salaires sur toute leur carrière, donc, ça
sert à remplacer un revenu de travail quand ils arrêtent de travailler. Et,
quand ça a été structuré, ça, dès le début, on s'est dit : Oui, bien, ce n'est pas à l'État de tout juger quoi
faire, laissons un peu de liberté aux travailleurs, aux employeurs de juger combien ils veulent en mettre pour leurs
besoins personnels. Alors, le troisième pilier, qui est, en fait, celui que
nous, on représente, les administrateurs de
régimes de retraite, c'est des RCR. Et donc tous nos membres ont fait leurs
devoirs et se sont occupés de mettre sur
place des régimes qui, la plupart du temps, sont très, très adéquats, et c'est
pour ça que la première prémisse de l'ACARR, c'est dire : Nos
membres ont fait leurs devoirs, on n'en a pas besoin de plus. Mais on comprend
qu'il y en a d'autres qui ne l'ont pas fait. Le pilier 3, il a des gros
trous, des grosses lacunes, et on comprend qu'il y a lieu de renforcer le
pilier 2 pour ne pas se fier autant qu'avant sur le pilier 3.
M. Leitão : Très bien.
Le
Président (M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Merci. C'était utile de faire ce rappel-là. Merci. Et donc on est d'accord
aussi, nous tous, que le deuxième pilier,
donc les régimes publics de retraite, le RPC et le RRQ, en fin de compte, ça
fournit une protection de base, et,
quand on parle de revenus de retraite, il faut toujours prendre en
considération l'effet conjugué des trois éléments.
Maintenant,
vous avez identifié... et je pense que... enfin, nous aussi, on est d'accord
avec ça, que ce n'est pas toutes les
catégories de citoyens ou de travailleurs qui sont plus à risque. En fin de
compte, vous, ce que vous remarquez, c'est
que ce sont les travailleurs à revenus moyens qui ont peut-être des... ou n'ont
pas de régime complémentaire de retraite ou ont une épargne personnelle très basse. Bon, ce sont ces personnes-là
qui sont un peu plus à risque, donc les améliorations qu'on apporterait au pilier 2, ça serait
surtout pour cibler ces personnes-là. Les travailleurs à plus bas revenus ne
semblent pas être très... d'une façon très précaire, parce que, là, ils
ont d'autres moyens.
Pouvez-vous
peut-être juste élaborer un peu plus là-dessus : Pourquoi est-ce que vous
jugez que c'est important de cibler les travailleurs à moyens revenus
plutôt que les travailleurs à plus bas revenus?
Le Président (M.
Bernier) : M. Charbonneau.
M. Charbonneau (Serge) : Quelqu'un qui gagne 20 000 $, le salaire minimum, on en a
parlé beaucoup depuis deux jours, il
n'a pas besoin de rien. Déjà, le PSV puis le SRG les couvrent amplement. Alors,
présentement, ils ont de la misère à
boucler leurs budgets, c'est normal, là, c'est des salaires de crève-faim, et
on va leur dire : Non, mets de l'argent de plus pour ne pas te fier au SRG. Donc, c'est un objectif louable de
dire : Le SRG, ce n'est pas là pour ça, c'était supposé être
temporaire, on peut-u s'en débarrasser?
Mais
là on ne va pas au fond de la question pour essayer de réformer le SRG, puis le
SRG, il est là, il faut vivre avec,
là, c'est un chien dans un jeu de
quilles, puis tu ne peux pas l'ignorer. Alors, d'aller dire aux gens, et à
leurs employeurs, et au reste de la société :
Finançons une cotisation qui va aller dans la Caisse de dépôt pendant leur
carrière, puis après ça, quand ils
vont recevoir la rente bonifiée à la retraite, bien, ils vont en perdre la
moitié tout de suite à cause du SRG, ce n'est pas l'approche qu'on
privilégiait quand on avait une table rase, parce que ce n'est pas ça qui est
le problème.
Mais
maintenant on a évolué. Depuis le mois de juin, là, il faut
qu'on vive avec la situation actuelle. Le fédéral puis les autres provinces, ils ont fait quelque chose. Puis on dit : On va patenter une affaire, la PFRT, là, qui va
pallier à ça.
Ça
fait que peut-être que c'est une bonne approche, mais ce n'est pas
ça qu'on a besoin, de changer le régime pour ceux qui gagnent 20 000 $, même 30 000 $. Même à
40 000 $, là, ce n'est pas des crève-faim, mais ils sont déjà très
bien protégés avec le système actuel.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
M.
Leitão : O.K. Merci. Alors, votre suggestion, c'est la première fois
que moi, je l'entends, mais peut-être qu'on pourrait élaborer un peu là-dessus.
Donc, vous suggérez donc de passer de 8,3 % à 16 % pour ça ou même,
de l'autre côté, d'aller plus loin, d'aller même à 114 %.
Pouvez-vous
peut-être expliquer un peu plus pourquoi vous nous recommandez de regarder dans
cette direction-là?
Le Président (M.
Bernier) : M. Charbonneau.
M. Charbonneau (Serge) : Ce n'est pas parfait. Et tout le monde va
dire : Oui, mais, si tu as 0 % jusqu'à 27 %, puis là, de 27 %, tu passes de 8 % à
16 %, là, ça prend du temps avant de te rattraper. En fait, ça prend
50 000 $ pour se rattraper.
Alors, c'est à vous de juger. Mais peut-être qu'on veut passer... pas de
25 % à 40 %, mais à 45 % ou faire quelque chose de plus vite. Mais, nous, ce qu'on dit,
c'est que de comparer un gros puis un petit, ça fausse le débat complètement.
Ça fait que commence par doubler le petit pour qu'il soit sur un pied
d'égalité, et une façon de le faire, c'est soit de doubler le 8 % à 16 %, ce qui te fait passer de 25 % à
42 % au lieu de 33 %. Vous pouvez jouer avec les paramètres, là,
mais c'est quelque chose qui servirait
beaucoup plus à cibler le problème actuel. Mais là vous vous créez un autre
problème, de dire : Oui, mais on
va décider de continuer à se fier au SRG pour nos pauvres. Puis toutes les
autres provinces, elles s'en vont dans une autre direction. Ça fait que,
là, ça crée des tensions, des difficultés.
Alors,
je ne sais pas comment ça se réglerait, mais, selon nous, c'est mieux de
privilégier la classe moyenne entre 40 000 $ et
80 000 $.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M.
Leitão : Peut-être une dernière chose avant de laisser la chance à mes
collègues de poser quelques questions aussi, je... Excusez. Voilà, maintenant,
j'ai perdu mon train de pensées. Ah oui! Évidemment — bien, je pense, évidemment, c'est à vous de répondre à ça — ce serait préférable d'être le plus harmonisé
possible au nouveau système canadien.
On peut vivre avec une certaine désharmonisation, mais, si je comprends bien,
vos membres préféreraient aussi que le nouveau système québécois soit le
plus harmonisé possible au nouveau système canadien.
Le Président (M.
Bernier) : M. Charbonneau.
M. Charbonneau (Serge) : En effet, ça créerait certains casse-tête, mais
ce n'est pas la mer à boire. On est capables de s'organiser avec les divergences, là. C'est préférable d'être pareil,
mais, si on a des différences, bien, il y a moyen de s'en accommoder.
M. Leitão :
Très bien. Merci. MM. les collègues, si vous avez des questions...
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de Beauce-Sud.
M. Busque :
Messieurs, j'avais une question sur l'harmonisation, moi aussi, c'est un point
que je trouvais important, parce que,
de ce que je comprends, d'un côté, vous dites : Au niveau du fédéral, on a
quelque chose là qui a... disons, les 40 000 $
et moins ou les 27 000 $ et moins normalement devraient... la
problématique du programme fédéral, c'est celle-là, de demander à ces gens-là de contribuer, tandis
qu'ils sont très bien couverts, selon vous, avec le programme actuel. Alors,
il y a ce point-là.
De
l'autre côté, vous dites : Il y en a un qui est deux fois plus gros que
l'autre, on préférerait avoir quelque chose de plus ciblé, ce qu'on ne retrouve pas du tout, là, au niveau de la
proposition fédérale. Alors, il y a comme deux choix qui demeurent. Puis l'harmonisation, selon vous,
bien, ce que vous venez de répondre, ce serait préférable, mais ce n'est
pas essentiel. Alors, il y a quand même deux tangentes, là. Laquelle est la
mieux? Quelle est la priorité?
• (14 h 30) •
M. Lavigne (Pierre) : Si la priorité avait été sur l'harmonisation, la réponse aurait été
assez simple. Alors, le fait que, collectivement, nous sommes arrivés avec
cette proposition-là de cibler mieux le problème
reflète le fait qu'on pense que ça
donnerait des résultats plus positifs, quitte à piler un petit peu sur notre désir d'avoir un système complètement
harmonisé. Il faut comprendre aussi qu'avec
certaines de ces propositions-là pour les salariés qui atteignent le maximum des
gains admissibles on pense avoir fourni une rente qui s'équivaut ou qui
équivaut avec la proposition fédérale.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Allez-y, M. le député.
M. Busque :
Est-ce que j'ai encore un petit peu de temps?
Le Président (M.
Bernier) : Oui, vous avez encore un peu de temps.
M. Busque :
Oui. En tant qu'administrateurs de
régimes de retraite, j'aimerais vous entendre sur la problématique qu'on a entendue beaucoup depuis hier, là, au
niveau de la démographie, du vieillissement, de l'espérance de vie, bien
entendu, qui est très différent d'il y a 50
ans, à la création du programme. Est-ce que vous voyez là, vous, des grands
enjeux?
Le Président (M.
Bernier) : M. Charbonneau.
M. Charbonneau (Serge) : Il y a des enjeux, oui, mais ce qu'il faut bien
comprendre, c'est qu'il n'y a pas de grosse
surprise là-dedans. Puis on parle beaucoup de vieillissement puis de la
longévité, qui s'accélère. Comprenez que c'est déjà prévu, ça, là, tous
les calculs de vos actuaires, et ils disent déjà : On le sait, que nos
enfants vont vivre plus vieux puis les
petits-enfants vont vivre encore plus vieux. C'est déjà dans votre calcul de
10,87 %. Ça fait que n'ayez pas peur
que, dans 10 ans, là, mes enfants vivent plus vieux, on le sait. On ne sait pas
si ça va être trois ans de plus, trois ans et demi, ou quatre ans, ou
deux ans, mais on a déjà budgété pour ça.
Alors,
je pense qu'il y a beaucoup de gens qui s'inquiètent outre mesure. Je ne dirais
pas : Il n'y a rien là. Mais on est capables d'y faire face.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M. Leitão :
...
Le Président (M.
Bernier) : Oui, 1 min 30 s.
M. Leitão :
Une dernière...
Une voix :
...
M. Leitão :
Excusez. Vas-y, vas-y. Vas-y, collègue de Trois-Rivières.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de Trois-Rivières.
M.
Girard : Merci. Vos membres administrent des régimes de retraite
privés pour différentes entreprises. J'ai travaillé dans le privé dans les dernières années, et, le dernier endroit
où j'ai travaillé, que je ne nommerai pas, en 15 ans, le régime de retraite a changé trois fois,
c'est-à-dire qu'ils ont passé du calcul avec les cinq dernières années, ils ont
pris les 10 dernières, on est passé de 60 à 62 ans pour les pénalités.
Quelle est la tangente dans les
régimes de retraite actuels? Est-ce que, les dernières années, vous avez vécu
des changements, pour qu'on puisse
comparer avec la Régie des rentes? Et qu'est-ce qui a été fait? Est-ce que
c'est de mettre la date plus tard? Est-ce
que c'est de modifier les calculs? Qu'est-ce qui se passe dans les régimes
privés à l'heure actuelle?
Le Président (M.
Bernier) : M. Charbonneau.
M. Charbonneau (Serge) : Beaucoup de choses, surtout dans le secteur
privé. Le secteur public, c'est plus difficile, les régimes que vous
avez pour vos employés, c'est plus des régimes traditionnels.
La
plus grosse différence dans le secteur privé, ça a été, surtout dans le cas d'employés
non syndiqués, la mouvance vers des
types à cotisation déterminée. Alors là, tu n'as plus les questions de moyenne
de salaire puis de subside de retraite anticipée, tu mets du cash puis
tu accumules un compte, puis c'est tout. Ça change complètement la donne.
D'autres changements
qu'il y a. Vous avez parlé de retraite anticipée et de le bouger de 60 à 62.
Une grosse difficulté avec ces régimes
complémentaires là, c'est qu'on ne peut pas changer le passé. Si tu as déjà
25 ans dans le régime puis je te
l'ai promis à 58 ans, tu ne peux pas y toucher. Alors, tu le changes juste
graduel pour le futur. Alors, quand vous parlez de problème ici avec le RRQ,
qui est à 60 ans, pourquoi les Québécois partent si vite?, puis pourtant on a
changé l'ajustement de 6 % à 7,2 %, puis il faut faire de quoi
pour les retraites anticipées, ce n'est pas ça qui est la source du phénomène des retraites anticipées, c'est les
régimes complémentaires, qui vont bien au-delà de là. Selon tes années de
service, puis ça varie d'un à l'autre, tu
pars à 60 ans avec ta pleine rente. Il y en a même à 85 points et 58 ans :
Bye-bye! J'ai 100 %. Puis, en plus de ça, ils leur donnent un
«bridge», par-dessus le marché, jusqu'à 65.
Ça
fait qu'il y a des incitatifs dans ces régimes généreux là, surtout dans le
secteur public, qui fait que tu pousses le monde à partir avant 60 ans.
Ça vaut deux fois plus cher, ces rentes-là.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de Sanguinet. Merci, M. Charbonneau.
M.
Therrien : Merci, M. le Président. Alors, je vous souhaite
la bienvenue. Merci d'être ici avec
nous. Bon, votre façon de percevoir, là, le dossier chaud qu'on a entre les
mains est légèrement différente, et
ça, c'est toujours intéressant. C'est
qu'on a une vision légèrement différente. Ce que vous proposez, là, c'est
assez... je pense que vous le savez, là, c'est assez original, mais je reviendrais sur quelques commentaires que vous
avez formulés puis que j'ai plus ou moins compris. À moins que je ne me sois trompé. Des fois, rendu
à mon âge, on entend des choses, puis ce n'est pas ce qui avait été dit, là.
Une voix :
...
M.
Therrien : Oui, je commence à être vieux. Non, mais, quand
vous parlez de trois piliers, là, dans le rapport D'Amours, ils disent que la solution des régimes... bien, les
régimes publics bonifiés vont permettre justement aux gens qui ont des revenus moyens... c'est un
thème qui est galvaudé, mais on s'entend, là, qu'il va assurer davantage
la sécurité financière à la retraite, et ils rajoutent, et ça, on l'a entendu
souvent, que ça permet aussi une éclosion ou, en
tout cas, un maintien de la présence des prestations déterminées, parce qu'ils
se trouvent à coûter un peu moins cher si on augmente la protection
publique. Ce n'est pas ce que j'ai entendu. Il me semble que vous n'avez pas
dit ça.
Je
veux vous entendre là-dessus, à ce moment-là, m'expliquer pourquoi ce que
D'Amours mentionne et ce que j'ai
entendu à quelques reprises, vous, vous dites — bien, c'est vous le spécialiste : Non,
ça ne va pas faciliter la popularité des prestations déterminées et
assurer la pérennité de ça.
Le Président (M.
Bernier) : M. Charbonneau.
M. Charbonneau (Serge) : Vous parlez de ce qui avait été proposé dans le
rapport D'Amours, qui était la rente de
longévité, puis ce n'est pas tout à fait la même chose qu'on a sur la table
présentement. Puis, oui, je suis d'accord qu'avec cette alternative, qui
était très innovatrice, qui avait des très bons côtés, ça aurait donné un peu
de slaque aux régimes à prestations déterminées et ça aurait enlevé de la
pression pour les terminer.
Mais
il y a d'autres sortes de pression aussi. Le risque de financement de
solvabilité, vous l'avez changé l'année passée, là, dans le secteur privé, et,
on le mentionne dans notre mémoire, c'était une chose excellente. Et quelqu'un
est venu ici hier pour dire : Les
autres provinces, elles nous envient d'avoir fait ça. Ça a été quelque chose de
très positif pour aider le troisième pilier. Alors, le fait d'avoir plus
dans le RRQ, ça ne va pas vraiment aider, encourager des régimes à prestations
déterminées dans le secteur privé, non, je ne dirais pas ça. Ça aurait été le
cas avec la rente de longévité, peut-être, mais aujourd'hui on n'est plus là.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M.
Therrien : Même les gens qui parlaient de bonification des
régimes de retraite mentionnaient que c'était le cas. Alors, vous, vous dites que... moi, je vous
écoute, je prends bien note de ce que vous dites, mais ce n'était pas juste
associé à la rente de longévité,
c'était vraiment la bonification de la Régie des rentes qui faisait en sorte
que ça allégeait le coût. Et c'est
pour ça aussi que certains nous on écrit que, quand tu améliores, par les
cotisations des employés, là, le régime de retraite public, les gens qui ont des prestations déterminées, il n'y a
aucun impact, parce qu'à la place de cotiser davantage dans les régimes
de prestations déterminées ils vont cotiser davantage dans les régimes de
retraite qui sont publics.
Donc, à ce moment-là, si
ça, c'est vrai, si ce que j'ai lu est vrai, ça veut dire que, si tu améliores
la protection publique, à ce moment-là, les
gens qui n'étaient pas en prestations déterminées ou qui ont décidé d'avoir une
prestation déterminée, ça va coûter moins cher.
Le Président (M. Bernier) :
M. Charbonneau.
M.
Charbonneau (Serge) : Il y a
du vrai dans ce que vous dites, dans la mesure où le régime privé pourra
réduire de façon équivalente
l'amélioration du régime public. Par exemple, on a beaucoup de régimes à
1,32 % — vous
connaissez ça, là — 1,3 % jusqu'au MGA. Là, si on dit que
le 25 % passe à 33 % dans le RRQ ou le RPC, là il y a des régimes qui
vont dire : Bien, la rente du régime
public, ce n'est plus 0,7 %, c'est peut-être quelque chose comme
0,9 %. Ça fait que, là, on va dire à nos employés, nos
syndicats : On va changer notre régime pour «offsetter» puis on va baisser
ça de 1,3 % à 1,1 %. Donc, le régime qui reste, il est plus léger,
moins lourd à supporter.
Oui, il y a
du vrai là-dessus, mais bonne chance d'aller convaincre les syndicats, de
dire : Vous avez négocié ça, là, puis
là on le choppe. Les syndicats vont dire : Oui, mais c'est où, le gain?
Là, on se bat pour aller chercher une piastre ici, puis là on retourne au travail puis on se fait enlever la piastre.
Ce n'est pas évident, la facilité avec laquelle les promoteurs pourront aller couper les régimes privés, puis on
le mentionne dans notre mémoire, ça, qu'il y a des défis de ce côté-là.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député.
M.
Therrien :
O.K. J'ai bien compris, j'ai bien compris. Je pense que tous les deux, on a
raison. Je pense que c'est ça que j'ai compris.
M. Charbonneau (Serge) : Oui.
• (14 h 40) •
M.
Therrien :
O.K. Merci. C'est le fun se faire dire ça, surtout par un spécialiste.
Alors donc, deuxième point. On parle beaucoup,
puis vous avez... non, mais c'est très intéressant, vous êtes originaux, puis c'est bien de vous entendre. Quand
on parle des revenus intermédiaires... en tout cas, des revenus moyens, là — tu sais, le revenu moyen des Québécois,
c'est un peu galvaudé — entre 27 000 $ puis 50 000 $ puis entre
50 000 $ et 80 000 $,
on parle souvent du fait que ces gens-là sont les moins bien protégés. Par contre, ils se trouvent
une façon de protéger leur vie future
au niveau financier avec les REER puis des prestations
déterminées, des cotisations déterminées, ainsi de suite, sauf que les
gens s'entendent généralement — puis dites-moi si je me trompe — pour
dire que la proposition canadienne, en supposant que, moi, j'ai de
27 000 $ à 55 000 $, là, que, moi, là, je n'ai rien, rien
au niveau privé, je n'ai pas d'argent
de côté, ainsi de suite... que je vais me retrouver avec une situation plus
avantageuse dans le cas d'un régime public canadien que québécois.
Et donc un
des aspects qui étaient défendus par D'Amours et beaucoup d'autres qui sont
venus, c'est de dire que ces gens-là
sont actuellement les moins bien protégés dans leur vie future financière
comparativement à où est-ce qu'ils sont
présentement et que, pour cette raison-là, le projet Vancouver va faire en
sorte que ces gens-là vont améliorer leur sort au niveau financier.
Est-ce que vous êtes d'accord avec ce que je vous dis là?
Le Président (M. Bernier) :
M. Charbonneau.
M. Charbonneau
(Serge) : Tout à fait
d'accord. On a un régime qui est deux fois plus gros, alors ils en profitent
deux fois plus, mais ils paient deux fois
plus aussi, là. Ce n'est pas de l'argent qui tombe du ciel, ça, c'est de
l'épargne. Puis ils ont déjà l'opportunité d'en faire, de l'épargne.
Vous avez mentionné des REER, des régimes de l'employeur. Il y a les RVER aussi, la nouvelle patente au
Québec, là. Ça vient juste de partir, puis il y en a qui disent : Ah! ça
ne va nulle part. Bien, donnez-lui une petite chance ou poussez-lui dans
le dos pour qu'il lève de terre, là.
Mais, si vous comparez juste les deux options,
c'est tout à fait vrai. Puis je comprends, là, celui de 30 000 $,
40 000 $. J'aime bien mieux l'autre, j'en paie plus puis j'en reçois
plus.
M. Therrien : Sauf que, quand tu fais un investissement, tu mets 5 $ dans un investissement puis que quelqu'un
qui est à côté de toi en met 5 $,
moi, j'aime ça. C'est plus rentable que mettre ça dans un RVER ou dans un REER,
quand tu sais que l'argent que tu mets sera rajouté de façon
équivalente par l'employeur. C'est l'avantage du régime. Là, vous me dites : Bien, on a juste à mettre de
l'argent de côté. Je comprends ça, que ça coûte des sous. Mais c'est parce que
tu as une portion équivalente de la part de l'employeur, ce qui fait que
ta rentabilité explose littéralement.
Le Président (M. Bernier) :
M. Charbonneau.
M. Charbonneau
(Serge) : Dans les régimes
RCR, les régimes complémentaires, c'est exactement comme ça que ça se
passe, là. Tous nos membres, ils en ont, des RCR, puis les employeurs paient
beaucoup plus que les employés. Puis, malheureusement, il y a plein
d'employeurs qui n'en ont pas, beaucoup de PME aussi, il faut dire, puis des
bas salariés. Et, si vous disiez :
Bien, on veut forcer l'employé de mettre 10 $ puis on veut dire à
l'employeur de mettre 10 $, bien,
c'est très efficace vers le biais du RRQ, mais ça pourrait être efficace aussi
par le biais des REER collectifs, ou des RVER, ou d'un régime de retraite simplifié qui est justement pour les
PME. Mais ils n'ont pas fait leur job, ceux-là, ils n'en ont pas.
M. Therrien :
Sauf que le coût d'administration est beaucoup plus faible dans le cas d'un
régime public que de ce que vous proposez.
M. Charbonneau (Serge) : Oui,
c'est plus bas, c'est plus efficace.
M. Therrien :
O.K. Par rapport à l'harmonisation, vous en avez parlé, qu'il y a le fait qu'on
a une distorsion entre le régime québécois et le reste du Canada, puis là je
veux bien comprendre, parce que j'ai comme l'impression que vous... puis je ne veux pas vous mettre des mots dans la
bouche, ce n'est pas ça du tout, mais est-ce que vous avez dit que ce n'était
pas si grave que ça, que les problèmes se contournaient facilement? Est-ce que
c'est ce que vous avez dit, en gros?
Le Président (M. Bernier) :
M. Charbonneau.
M. Charbonneau
(Serge) : C'est exactement
ce que j'ai dit et que je répète. Puis, même si les autres disent : Oui,
mais ça, qu'est-ce que tu fais?, oui, mais
ça, qu'est-ce que tu fais?, il y a des solutions pour tous ces petits gugusses
là.
M. Therrien :
Merci.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M. Picard : Merci, M. le
Président. Merci, messieurs, pour votre contribution aux travaux de la
commission.
Tantôt, vous avez parlé qu'il y avait les trois
étages. Hier, on s'est fait dire par quelques témoins aussi que le SRG, là, c'est un bouche-trou, là, il ne faut pas
considérer que ça fait partie de notre solage pour les régimes de retraite.
Est-ce que vous partagez qu'est-ce qui a été
dit hier par les... Parce que vous dites qu'on peut compenser par le SRG mais
on ne devrait pas se baser là-dessus. Là,
actuellement, il existe. On ne sait pas s'il va exister toujours, là. On ne le
connaît pas. Donc, j'aimerais vous entendre là-dessus dans un premier
temps.
Le Président (M. Bernier) :
M. Charbonneau.
M. Charbonneau
(Serge) : Oui, il existe,
oui, ce n'était pas l'intention originale, mais ça fait 50 ans qu'il est
là, puis il va rester là encore bien longtemps. Alors, vous dites à
quelqu'un de déposer 1 000 $ dans son REER, là, puis il est un bas salarié, bien, il se tire dans le
trou, parce qu'il ne fera pas fructifier son 1 000 $. Il y a
justement eu des CELI qui ont été créés exactement pour ça, pour ne pas que les
pauvres se tirent dans le pied, et on peut mettre jusqu'à 5 500 $
à chaque année. Et ça serait beaucoup plus
efficace de se baser sur ces types de véhicule là. Puis, oui, ça implique qu'on
se fie sur le SRG. Mais il est là, le
SRG, on ne peut pas l'ignorer. Je veux dire, on va faire comme s'il n'était pas
là pour qu'il disparaisse de lui-même?
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. le député.
M. Picard :
Vous indiquez que les deux propositions que nous avons sur la table, si on
exclut le statu quo, là, ce n'est pas
comparable. C'est ce que vous nous dites. Mais donc est-ce qu'on doit
comprendre, sans prêter d'intention au
ministre, qu'en mettant deux scénarios qui sont difficilement comparables, c'est
qu'on veut se diriger vers le régime canadien, qui va couvrir mieux?
Puis allez-y là-dessus, je vais vous revenir tout à l'heure.
Le Président (M. Bernier) : M.
Charbonneau.
M.
Charbonneau (Serge) : Moi,
je ne dirais pas ça, parce qu'il y a deux
intérêts, deux motivations, deux facteurs qui intéressent les gens. Ceux qui en veulent plus, ils veulent le gros.
Puis ceux qui regardent le côté coût puis ils disent : Je n'ai pas les moyens de payer, soit des
employeurs, aussi des employés, là... Il y en a, des jeunes, que tu vas leur
dire : Paie donc plus pour en
avoir plus. Ils vont dire non. Mais c'est l'équilibre des deux. Puis tu vas
juste recevoir ce que tu paies. C'est kifkif, là. Ça ne tombe pas du
ciel, l'argent.
M. Picard :
Non, je comprends, ça ne tombe pas du ciel. Mais, lorsqu'on dit que les bas
salariés sont bien couverts par les
régimes, là, en pourcentage, on a totalement raison, tout le monde, mais
quelqu'un qui gagne 20 000 $ toute sa vie, qu'à la retraite on lui dit : Tu vas avoir
70 %, là, il va avoir 14 000 $ dans ses poches puis il va payer
la pinte de lait le même prix que
vous la payez et que je la paie. Parce qu'en pourcentage ça paraît bien, mais,
dans la vraie vie, il faut trouver un moyen que ces gens-là aient un
niveau de vie acceptable durant toute leur retraite. Parce que qu'est-ce qu'on
vit actuellement, c'est que les gens
prennent leur retraite sur des calculs. Ça arrive, là. Mais là l'inflation est
là, l'augmentation ne suit pas, puis là il y a toujours une perte de
pouvoir d'achat. Donc, j'aimerais vous entendre là-dessus.
Le Président (M. Bernier) :
M. Charbonneau.
M.
Charbonneau (Serge) : Ce
n'est pas le cas qu'un travailleur qui gagne 20 000 $ toute sa
carrière va se retirer avec
14 000 $ de revenus, ce n'est pas ça. Il va avoir 100 %, même
plus que 100 % de remplacement de son revenu net. C'est le revenu
qui reste dans ses poches qui compte, là. Et quelqu'un qui gagne
20 000 $, il ne paie pratiquement pas d'impôt, il a une certaine charge sociale.
Supposons, pour faire un chiffre rond, qu'il reste 18 000 $ de
revenus disposables. Bien, rendu à sa
retraite, il va avoir 18 000 $, et même plus, qui va continuer.
Alors, je le sais, que ce n'est pas
gros, 18 000 $, c'est un salaire de crève-faim, mais le régime de
retraite qu'on met en place, c'est pour remplacer les revenus au cours
de sa carrière.
Si
20 000 $ ou 18 000 $, en tant que travailleur, ce n'est pas
suffisant, il y a l'aide sociale qui s'ajoute à ça tout comme à leur
retraite, bien, ceux qui n'ont pas de revenu suffisant, il y a d'autres
programmes sociaux qui pourraient s'ajouter.
M.
Picard : Je diffère de votre opinion, mais on a le droit, tous
les deux. Tantôt, vous avez parlé que, les RVER, il faudrait peut-être
leur donner une petite poussée pour que ça... Avez-vous une suggestion à faire?
Le Président (M.
Bernier) : M. Charbonneau.
M. Charbonneau (Serge) : Certainement. Merci de l'opportunité. Les RVER,
justement, sont un cran en avant de toutes les autres provinces, parce que le
gouvernement a dit : On va demander à tous les employeurs d'en mettre sur
pied obligatoirement s'il n'y a rien
d'autre, mais ils ont dit d'en refiler à tout le monde, puis tout le monde peut
dire : Non merci, non merci, non
merci. Ça ne donnera pas grand-chose, là. Il y a quand même un incitatif de
dire : Par défaut, si tu ne dis pas non merci, on va te le
prélever, ton 2 %, mais, si ça ne lui tente pas, le 2 %, ils vont
tous dire non.
Et
c'est justement une des raisons pourquoi ça coûte cher à administrer, il y a
plein de petits comptes à gauche puis
à droite, là. Puis la loi dit vers quoi on peut baisser, là, les taux annuels
d'administration, puis il a été convenu que 1,2 %, c'est ce que ça prend, un minimum, pour administrer des
petits comptes à gauche puis à droite comme ça. Si vous changez la loi, ça ne fera pas plaisir à bien du
monde, là, de dire : Bon, on t'oblige à en mettre sur pied, mais le
2 %, ce n'est pas optionnel, là,
c'est le strict minimum, tu n'as rien d'autre partout dans tous les autres
régimes, on insiste pour que tu mettes au moins 2 %. Mais c'est le
même coût que les bonifications de RRQ, RPC. Puis là, soudainement, les RVER, ils prennent un envol, là, une bouffée d'air
frais, il va y avoir plein d'argent là-dedans, puis je vous garantis que
le 1,2 %, qui a été mis comme coût
actuel, ça va baisser grandement, puis soudainement vos RVER vont servir à
quelque chose. Et d'ailleurs c'est
une petite surprise que j'ai eue, moi, en lisant la proposition Québec, parce
qu'en juin dernier, quand le
gouvernement provincial avait dit : Nous autres, on veut diverger, on va
faire ça, ça, ça, il y avait une affaire qui disait : On veut miser sur les RVER. Alors, ce mois-ci, je
cherchais qu'est-ce qu'il y a de nouveau sur les RVER puis je n'ai pas
vu quelque chose.
Alors,
je ne sais pas si c'est un changement d'idée ou si vous attendez de le rajouter
après, mais je vous encourage à encourager les RVER.
Le Président (M. Bernier) : Et, M. Charbonneau, M. Lavigne, de l'Association
canadienne des administrateurs de régimes de retraite, merci de votre
participation à la Commission des finances publiques.
Je
vais suspendre quelques instants afin de permettre à l'Association québécoise
des retraité-e-s des secteurs public et parapublic de prendre place.
(Suspension de la séance à
14 h 50)
(Reprise à 14 h 56)
Le
Président (M. Bernier) : À l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux. Nous avons le plaisir
de recevoir l'Association québécoise des retraité-e-s des secteurs
public et parapublic, représentée par M. Donald Tremblay, Mme Rose-Mary Thonney et M. André Bourget.
Bienvenue. On est heureux de vous recevoir à la Commission des finances publiques. La parole est à vous pour une
dizaine de minutes.
Association québécoise des retraité‑e‑s des
secteurs public et parapublic (AQRP)
M. Tremblay (Donald) : Merci
beaucoup, M. le Président. M. le ministre, Mmes, MM. les députés, je me présente, mon
nom est Donald Tremblay, je suis président de l'Association québécoise des
retraité-e-s des secteurs public et parapublic.
Je suis accompagné, comme M. le président l'a mentionné, de Mme Rose-Mary
Thonney, qui est première vice-présidente
de notre association, de même que de M. André Bourget, qui est le deuxième
vice-président. Alors, sans doute que vous connaissez déjà un peu
l'AQRP, une association qui regroupe tout près de 31 000 membres, et on intervient régulièrement dans l'espace public, là,
sur les conditions socioéconomiques et la qualité de vie de nos membres
et des aînés en général.
Évidemment,
aujourd'hui, devant cette commission, on n'a pas la prétention de se présenter
comme des experts en régimes de retraite,
ou en actuariat, ou en économie. Cependant, je dois vous dire qu'on a
l'avantage de savoir ce que ça veut
dire que d'être à la retraite et être à même aussi de constater ce dont on a
besoin en termes de revenus de remplacement
lorsque notre vie professionnelle devient à échéance. De plus, je voudrais que
vous reteniez que nous sommes ici
aujourd'hui devant vous non pas exclusivement pour nous comme membres retraités
actuellement, mais bien pour ceux qui
vont nous suivre, nos enfants et nos petits-enfants. Compte tenu de l'échéance
des réformes qui sont proposées, je ne pense pas que ce soient nos
membres qui, directement, en profiteront.
La
RRQ est un outil dont on peut être très fiers, au Québec, et s'enorgueillir.
Malheureusement, je dirais, les valeurs qui ont présidé à la construction de ce régime-là, malheureusement, se
sont perdues de vue à l'intérieur de cette réforme-là, qui... Soit dit en passant, le Régime des rentes
du Québec a été mis en place par un gouvernement libéral dans les années 60.
On semble insister davantage sur la
protection actuelle des employeurs que sur l'objectif premier du régime, qui
est d'assurer un revenu adéquat lorsqu'on vient à la retraite.
Je dirais que
la manière un peu cavalière dont le gouvernement a procédé pour lancer cette
essentielle discussion sur un
programme aussi important que celui de la Régie des rentes du Québec pour la
population actuellement au travail nous
déconcerte un peu. Je vous rappelle que nous avons été convoqués le 22
décembre, avec un congé des fêtes d'à peu près 15 jours, ce qui nous laisse peu de temps pour vraiment préparer
quelque chose de consistant. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle nous n'avons pas déposé de mémoire.
Cependant, on va déposer par écrit, au cours des prochains jours, la tenue de nos propos aujourd'hui. À titre
d'exemple, les deux dernières consultations concernant le Régime des rentes du
Québec, qui ont eu lieu en 2004 et 2009, ont
davantage été démocratiques. L'ensemble de la population québécoise avait
pu alors s'approprier du contenu des
analyses et des propositions de la Régie des rentes. Il y avait eu également,
si vous vous souvenez bien, des
consultations publiques élargies et des séances d'information qui s'adressaient
à la population en général. Ce choix
est d'autant plus questionnable que la réforme actuelle propose des changements
majeurs, ce qui n'était pas le cas en
2004 et en 2009. Alors, pour nous, il s'agit d'une occasion perdue par le
gouvernement d'élargir le débat sur
le vieillissement de la population, qui est largement documenté, et je pense
qu'on aurait tout intérêt à se donner un peu plus de temps pour parler
de cette importante réforme.
Alors, je
vais passer la parole à Mme Thonney et à mon collègue M. Bourget, qui vont vous
entretenir sur certains des aspects de la réforme qui ont retenu notre
attention.
Le Président (M. Bernier) :
Mme Thonney.
• (15 heures) •
Mme Thonney (Rose-Mary) : Bonjour,
M. le ministre, Mmes et MM. les députés.
D'entrée de
jeu, nous refusons le statu quo. C'est inacceptable. La situation financière
des aînés de demain nécessite une
bonification du seuil de remplacement de revenus plus importante que 25 %.
En raison, notamment, de la mise en place
d'un régime volontaire d'épargne-retraite, il est d'autant plus important
d'avoir une réforme structurante, ce qui assure à nos retraités un
minimum décent.
Le scénario
actuel proposé par le gouvernement du Québec est très décevant et ne procure
absolument rien aux personnes ayant gagné moins de 27 450 $,
où se retrouvaient, en 2013, 34 % de femmes et 24 % d'hommes âgés de 25 à 59 ans, et très peu aux gens gagnant entre
27 450 $ et 54 900 $, comptant 38 % de femmes et
34 % d'hommes. Ces derniers sont
ceux qui parviennent le moins à épargner et à maintenir un niveau de vie décent
à la retraite. Cette réforme proposée
par le gouvernement appauvrira les futures strates de retraités. La situation
n'est guère encourageante pour ces futurs retraités, car ils sont
davantage endettés, et la tendance actuelle des gouvernements met de l'avant
l'idée de l'utilisateur-payeur, donc moins
de marge de manoeuvre à la retraite. Comment accepter un scénario inférieur à
celui des autres Canadiens alors que les Québécois épargnent moins que ces
derniers? N'oublions pas le rapport Innover pour pérenniser le
système de retraite, déposé en 2013 par M. D'Amours, qui rappelait que les
Québécois n'épargnent pas suffisamment et moins que leurs confrères canadiens.
Il est clair
pour l'AQRP qu'en raison de ces conditions on doit renforcer les mécanismes qui
forcent les Québécois à épargner, et
non l'inverse. Notre association revendique qu'au minimum la réforme s'inspire
de celle du Régime de pensions du
Canada afin qu'une augmentation plus substantielle soit prévue pour les plus
faibles nantis. Ce sont eux, rappelons-le, qui ne peuvent épargner dans des REER, des CELI et qui n'ont pas de
fonds de pension et très souvent... ou la plupart du temps pas de
propriété.
Je passe maintenant la parole à mon collègue M.
Bourget, deuxième vice-président de notre association.
Le Président (M. Bernier) : M.
Bourget.
M.
Bourget (André) : Oui. M. le
Président, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, concernant nos
recommandations, j'aborderais deux points qui retiennent notre
attention.
Premier point, l'âge de l'admissibilité à la
retraite. Le gouvernement soulève la possibilité de retarder cette dernière pour ceux et celles qui demandent une
prestation avec réduction, c'est-à-dire la retraite anticipée. Actuellement,
les taux varient de 16 % de remplacement
du revenu à 60 ans à 25 % à 65 ans. Il est à noter qu'à la proposition
gouvernementale une simple mention de la possibilité de hausser l'âge
minimal auquel on peut demander une rente anticipée
est très floue et incomplète. Quelles seront les nouvelles réductions? À
quelles strates de retraités appliquera-t-on les nouvelles mesures? Nous croyons qu'il est nécessaire, si le
gouvernement décide de l'établir à 62 ans, d'accorder un délai raisonnable d'entrée en vigueur de la
nouvelle mesure afin que les futurs retraités puissent faire des choix éclairés
et calculer une perte potentielle. Il est
également essentiel que le gouvernement informe suffisamment les futurs
retraités d'un éventuel changement
par le biais de campagnes de publicité. Nous croyons qu'il est de bon augure
afin d'arrimer le plus possible les
régimes de retraite complémentaires à la Régie des rentes, par exemple, avec le
RREGOP, le RRPE et de ne pas modifier l'âge où la retraite est à son
maximum, c'est-à-dire à 65 ans.
Notre
deuxième point des consultations mais qui a une importance sur l'ensemble des
Québécois — et, même
si c'est un point qui n'est pas
officiellement inscrit à l'ordre du jour, il reste que quand même c'est
important d'en parler — c'est la prestation de décès. Cette dernière
est établie à 2 500 $ depuis maintenant près de 20 ans, ne représente
pas le coût réel des services funéraires de
base. Selon la Corporation des thanatologues du Québec, le coût moyen d'un
service funéraire est
de 6 554 $. Cela veut dire que les conjoints survivants doivent débourser en moyenne 60 % des coûts. Des prestations similaires existent si un Québécois décède accidentellement en
travaillant — montant
de 5 107 $ provenant de la
CNESST — ou étant
conducteur, ou passager, ou piéton avec ou sans permis de conduire — 5 107 $ provenant de la SAAQ. Nous demandons une augmentation
substantielle des prestations de décès offertes aux conjoints survivants afin
de refléter la réalité des coûts d'aujourd'hui.
Conclusion.
Je vais rapidement. Ceci conclut les recommandations que nous voulions
soumettre à la commission. Malheureusement,
nous n'avons pas eu le temps nécessaire d'aborder la question de la rente de
conjoint survivant et celle concernant
l'invalidité. Nous espérons que d'autres groupes aborderont ces sujets. Merci
de nous avoir donné l'opportunité de nous exprimer à cette commission.
Le
Président (M. Bernier) : Madame messieurs, merci de votre
représentation. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Leitão :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, madame messieurs, bonjour, merci d'être
là.
Écoutez,
je commence en disant que je ne suis pas d'accord avec vous quand vous
mentionnez notre façon cavalière d'aborder
la question. Vous savez très bien que, depuis juin 2016, depuis la conférence
de Vancouver, où on a discuté de ces
enjeux-là, on avait dit qu'on allait consulter la population québécoise pour en
arriver à un consensus, donc ce n'est pas nouveau. Et puis, en plus,
nous avons déposé nos documents ici le 8 décembre.
J'ai
aussi mentionné que ce qu'on fait cette semaine, c'est le début d'un processus,
ce n'est pas la fin. Ce n'est pas en
quatre jours qu'on va arriver à une conclusion finale. Ça va se poursuivre.
Notre fenêtre d'opportunité va jusqu'au début de 2019. C'est en janvier 2019 que le nouveau régime fédéral entre
en vigueur. Donc, d'ici là, nous allons prendre la décision que nous allons tous, collectivement, juger être la plus
appropriée, dans l'intérêt public, au Québec. Et elle entrera en vigueur, comme le changement fédéral,
en 2019. Donc, nous avons quelques mois devant nous pour nous faire une
meilleure idée de cela.
L'autre
chose où je ne suis pas d'accord avec vous, c'est le vieillissement de la
population. Bien, écoutez, ça fait des années qu'on parle du vieillissement de
la population. Et d'ailleurs un des éléments qui nous amènent tous ici, c'est
justement ça, c'est le fait qu'au Québec la
population vieillit pas mal plus rapidement que chez nos voisins canadiens.
Donc, quand on parle d'une bonification du régime de retraite du RRQ, il faut
prendre en considération cet élément démographique. Et donc c'est pour ça que
nous, on avait fait notre proposition, à Vancouver, différente un peu de la
proposition canadienne.
Alors,
j'aimerais vous entendre à ce sujet-là, c'est-à-dire : Étant donné notre
réalité démographique, comment vous
voyez l'évolution du RRQ? Parce que, comme M. Charbonneau, je pense, avait dit
précédemment, l'argent ne tombe pas du ciel, c'est-à-dire, si on veut de
meilleures prestations, il va falloir qu'on contribue plus.
Donc,
jusqu'où pensez-vous qu'est le seuil d'acceptabilité pour augmenter les
cotisations au Québec pour qu'on puisse avoir de meilleures prestations
à la retraite?
Le Président (M.
Bernier) : M. Tremblay.
• (15 h 10) •
M. Tremblay (Donald) : M. le ministre, d'abord, je suis content de voir
que vous nous dites que ce n'est que le début du processus. Tant mieux. J'ai probablement raté la suite des
choses. Je m'en excuse. Mais il reste toujours qu'on pense que ça
devrait être un débat très large, au Québec, sur la question du remplacement du
revenu.
Actuellement,
depuis un certain temps, ce qu'on voit puis ce qu'on est à même d'observer, je
pense, puis tout le monde va le
reconnaître, c'est que, de plus en plus, les régimes publics ne remplacent pas
suffisamment le revenu à la retraite pour avoir une vie décente à la
retraite. Ça, on se rend compte de ça. Puis je pense que plusieurs personnes le
reconnaissent un peu partout. Différents
experts le reconnaissent également, que ce soit au Québec ou ailleurs au
Canada.
L'autre élément dont
on s'aperçoit aussi, parce qu'il n'y a pas juste la Régie des rentes qui existe
comme remplacement du revenu... on sait de
quelle façon sont construits les revenus à la retraite, mais ce qu'on
s'aperçoit, c'est que, de plus en
plus, les régimes complémentaires de retraite s'effritent au fur et à mesure
des années qui s'écoulent, et non seulement ils s'effritent, mais ils
s'effritent en qualité également, aussi. De plus en plus, on voit disparaître
des régimes à prestations déterminées au
profit des régimes à cotisation déterminée ou à prestations cibles, ce qui fait
que, ce remplacement du revenu là par
le biais de ces programmes complémentaires de retraite là, de moins en moins,
il y en a. De moins en moins les
travailleurs ont accès à ce type de régime de retraite, ce qui fait que c'est
important qu'on puisse avoir, sur le plan public, des bons remplacements
de revenus, un seuil de revenus raisonnable.
Je
vous rappellerais... puis peut-être que je vais faire des erreurs dans
l'histoire, là, mais, lorsque le Régime des rentes du Québec a été construit dans les années 60 par M. le premier
ministre Lesage à l'époque, si je me souviens bien, d'après ce que j'ai lu, parce que,
malheureusement, je n'étais pas dans les discussions en 1960... j'étais un peu
jeune encore, mais il reste que,
d'après ce que j'ai lu, c'est que, le régime de retraite du Québec, à l'époque,
c'était clair que c'était un remplacement
de revenus de 25 %. Mais il y avait un pendant à ça, une espèce de
consensus social qui avait été mis en place.
À l'époque, on avait dit : Les entreprises, les employeurs vont constituer
l'autre portion de remplacement du revenu par la mise en place de régimes
complémentaires de retraite, et, cet élément-là, dans l'histoire, puis
l'histoire nous donne raison
aujourd'hui en 2017, là, on s'aperçoit que de plus... d'abord, ils n'ont pas
répondu efficacement à cette responsabilité-là
que l'entreprise privée avait dans le complément de la constitution du revenu à
la retraite, et on s'aperçoit que non
seulement il n'y avait pas de réponse à l'époque... ou ça n'a pas été à la
hauteur de ce qu'on se serait attendu, mais là, en plus, on s'aperçoit
que de plus en plus ça s'effrite.
Donc, c'est
la raison pour laquelle on pense qu'il faut réfléchir, de façon un peu plus
large, sur le remplacement du revenu
à la retraite pour l'ensemble des personnes aînées au Québec, et je pense que
c'est un devoir de société qu'on a, puis on ne
peut pas faire ça sur le coin d'une table. Puis, malheureusement, là, nous,
comme association, là, on doit vous dire
qu'on n'est pas des experts. On vous l'a dit, là, on n'est pas capables
d'arriver avec des réponses à ça. On n'est pas capables de vous parler du maximum des gains admissibles qui serait
raisonnable. On n'est pas capables de vous parler du taux de cotisation qui serait idéal, mais on
comprend qu'un régime de retraite, ça doit se construire par l'individu mais
aussi par l'employeur et par les instances gouvernementales.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. le ministre.
M. Leitão : Oui, en effet. Et donc
je pense qu'on doit, quand on parle de revenus de retraite, on doit prendre les
faits cumulés des trois paliers, ou des trois piliers — appelons-les
comme on voudra.
Aussi, je pense qu'il y a un vaste consensus au
Québec et au Canada, que tout changement au régime public, la Régie des rentes, doit être pleinement
capitalisé, c'est-à-dire qu'il n'y aura plus de transfert intergénérationnel.
Donc, c'est pour ça que, que ce soit
notre proposition, du gouvernement du Québec, en juin à Vancouver ou celle du
gouvernement du Canada avec les
autres provinces, la bonification va avoir lieu, elle va être pleinement
capitalisable. Donc, ce sont les personnes
nées après l'an 2000, en fin de compte, qui en bénéficieront pleinement. Mais
ce qui avait aussi été... et ce n'est peut-être
pas très clair dans nos documents, mais, pour adresser cette question du revenu
actuel des retraités actuels, nous, on
avait aussi suggéré qu'au lieu d'augmenter maintenant les cotisations des
travailleurs à bas revenus le gouvernement fédéral, puisque c'est de sa juridiction, augmente ou bonifie le
supplément de revenu garanti maintenant pour les retraités d'aujourd'hui. Ça aussi, c'était notre
proposition, et évidemment ça n'a pas été retenu par le gouvernement fédéral,
parce que, bien sûr, ce dont on
discute ici, la bonification, ça ne change rien aux retraités d'aujourd'hui, ça
changera pour les retraités de demain.
Maintenant,
l'autre élément que vous avez amené, c'est la question de la prestation de
décès, donc, à 2 500 $, et, en
effet, ça n'a pas changé depuis 1998, je pense. Mais, encore une fois, comment
est-ce que vous voyez ça dans le contexte où, si on l'augmentait, évidemment, il faudrait que ce changement aussi
soit capitalisé? Donc, il faudrait augmenter
les cotisations des membres actuels, parce que
ça coûte déjà quelque chose comme 120 millions. On l'augmente de 30 %, de
40 %. Bon, vous pouvez faire le compte, c'est quand même des montants
substantiels. Alors, d'où viendraient les sous pour faire ça, sachant très bien que, comme vous avez mentionné, pour ce
qui est de la SAAQ ou de la CNESST, donc les accidents de travail ou les accidents de la route, on parle de
quelques centaines de personnes par année? Dans le cas des membres du RRQ, des décès, on parle de 50 000
par année, donc on a tout un ordre de grandeur complètement différent.
Donc, si on améliore ça, qui va la financer,
cette amélioration-là?
M. Tremblay (Donald) : Merveilleuse
question à laquelle je n'ai pas de réponse, M. le ministre.
Vous avez
entièrement raison, à partir du moment où on augmente la prestation du décès,
nécessairement ça a des coûts. Alors,
de quel ordre, comment est-ce qu'il faudrait calculer ça, qu'est-ce que ça
coûterait, etc.? On est conscients de
ça, là. On n'est pas capables de répondre à ce type de questions là. Cependant,
nous autres, ce qu'on constate, là, c'est qu'actuellement la personne conjointe survivante, là, a 2 500 $,
alors que les funérailles, c'est un peu plus de 6 500 $, en moyenne. Puis ce n'est pas exagéré de dire ça,
parce que je suis actuellement en train de faire une liquidation, là, d'une
personne décédée près de moi, et puis les
funérailles ont été ce qu'il y a de plus strict, de plus minimum :
6 000 $. Alors, c'est une
réalité. Alors, on dit : On sait que ça a un coût, mais comment est-ce
qu'on peut améliorer la situation? On n'est pas en train de dire qu'il faut que ça comble complètement les coûts des
funérailles, là, mais est-ce qu'on peut améliorer la situation? C'est la
question qu'on pose.
Sûrement qu'il y a des actuaires, des
économistes, je ne sais pas, appelez-les n'importe comment, qui sont capables de faire de savants calculs et d'arriver
avec un pourcentage d'une cotisation employeur et employé, probablement,
puis arriver avec quelque chose de
raisonnable. C'est ce à quoi on fait appel. On est conscients que chaque
amélioration du régime a un coût. C'est clair.
Le Président (M. Bernier) : Merci,
M. Tremblay.
M. Leitão : Je ne sais pas si, les
collègues, vous avez...
Le Président (M. Bernier) : Bien, il
reste très peu de secondes, M. le ministre, il reste environ 30 secondes.
M.
Leitão : Bon. Dans ce cas-là, écoutez, merci beaucoup d'avoir
participé. Et, comme je vous ai dit, c'est le début du processus, ce n'est pas la fin du processus. On
ne va pas non plus... ça prendra des années. Ça ne prendra pas des années
non plus, mais nous avons encore quelques mois devant nous avant de pouvoir
prendre une décision éclairée.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Merci, M. le Président. Je vous souhaite la bienvenue. Je suis content de vous
voir ici. Merci pour votre intervention.
Je pense qu'aussi je peux dire ça, qu'on se voit à quelques reprises. Vous êtes
toujours fidèles au poste. Quand on
parle des régimes de retraite, vous venez apporter votre grain de sel, votre
réflexion, vos lumières, et on l'apprécie grandement.
Bien,
écoutez, je reviens à ce que vous avez dit, moi, je suis d'accord avec vous
quand vous dites qu'il y a un déficit démocratique,
même si le ministre nous dit : On est au début de notre processus. Mais
c'est parce que les commissions parlementaires, les consultations, c'est le moment
où on permet à la société civile de venir nous expliquer leurs points de vue,
et, la plupart du temps, c'est des points de vue qui sont différents, de
milieux différents et, la plupart du temps, des spécialistes dans leurs domaines. Alors, quand on empêche une quinzaine
de groupes de venir, quand on réduit le temps de préparation pour les gens qui viennent — la preuve, c'est que vous n'avez pas eu le
temps de faire un mémoire, puis je
sais que vous êtes quelqu'un de travaillant, je vous connais un peu — bien, à ce moment-là, moi, je pense qu'il y
a vraiment un déficit démocratique.
Habituellement,
on a deux semaines. Là, on a sept plages de disponibles. On a demandé de
rajouter des groupes. Ça ne s'est pas
fait. Mais ce n'est pas à cause du ministre, là. Le ministre, je suis convaincu
que ce n'est pas de sa faute. Ça
vient d'en haut, c'est le premier ministre, parce que le n° 106, ça a été
la même affaire. Le n° 106, où est-ce qu'on avait une loi sur les hydrocarbures, ça été exactement la même chose.
Vous savez, la commission parlementaire ici se penche sur une chose
extrêmement importante, là, c'est l'avenir financier des Québécois. Puis, quand
on parlait des hydrocarbures, ça a été le
même stratagème. Ça fait que ce n'est pas de sa faute, au ministre, c'est le
premier ministre, le problème, puis on va s'en débarrasser dans un an et
demi. Là, moi, ce que je veux vous dire...
Le Président (M.
Bernier) : ...
M.
Therrien :
Non, mais, écoutez, c'est parce qu'à un moment donné, là, tu sais...
Le Président (M.
Bernier) : ...discussions. Il y a un sujet qui est sur la table, là...
M.
Therrien : Oui, oui, je reviens là-dessus, là, mais, à un
moment donné, le déficit démocratique, qui s'accumule comme ça, là...
Le Président (M.
Bernier) : Je crois que c'est superflu.
M.
Therrien : ...puis qu'on se fait dire : Bien, on est au
début d'un processus... Bien, c'est parce que le processus le plus important, c'est celui qu'on vit
présentement, où on accueille des gens qui y ont travaillé de façon
indépendante puis qui arrivent puis qui viennent nous proposer des
solutions. Moi, je pense qu'on doit les respecter, ces gens-là, M. le
Président.
Le Président (M.
Bernier) : Et qu'ils viennent discuter avec les députés, c'est
l'objectif.
• (15 h 20) •
M.
Therrien :
Exactement, puis on adore ça. Voilà.
Le Président (M.
Bernier) : Donc, discutons avec eux.
M.
Therrien : Je
discute maintenant. Je m'excuse. Je m'excuse auprès de vous seulement,
voilà, parce que je vous ai pris un peu de temps.
Vous parlez que
l'épargne québécoise est inférieure à l'épargne canadienne. Vous expliquez avec
brio qu'un problème important,
c'est les gens qui ont un revenu entre 27 500 $ et
55 000 $. Ça, vous dites : Je ne suis pas spécialiste, mais on s'entend là-dessus. Puis le rapport
D'Amours puis les gens qui ont suivi à différentes commissions nous ont tous
dit que c'était très problématique, puis la
seule solution pour ces gens-là, ou à
peu près, où on peut s'assurer justement d'améliorer
le sort de ces gens-là, c'est par un régime public. Et c'est qu'est-ce qui est
le plus rentable pour quelqu'un, c'est
que cet individu-là, dans son régime de retraite, mette de l'argent et que
l'employeur accompagne et double la mise avec un régime de retraite qui a des frais... on a parlé tantôt de
0,2 %. La FTQ nous disait : C'est des frais de gestion de 0,2 %,
c'est difficile de faire mieux que ça. On s'entend. Puis, en plus, ils déposent
cet argent-là à la Caisse de dépôt et
placement, puis, la Caisse de dépôt, une des actions qu'elle peut amener, c'est
d'intervenir dans le développement économique des Québécois. Bien, je pense que
c'est une solution gagnante.
Et
donc moi, j'aimerais vous entendre d'abord sur le fait que ce qu'on dit, c'est
qu'on s'éloigne de la situation
canadienne parce que les Québécois
n'ont pas les moyens de se payer ça. Moi, je vous dis : Est-ce qu'on a
plus le moyen que la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, l'Île-du-Prince-Édouard,
qui ont dit oui? Première question.
Et,
deuxième question, moi, j'aimerais ça vous entendre sur le fait que vous êtes à
la retraite. Il y a des gens qui sont
autour de vous qui sont à la retraite. Dites-moi, deuxième chose, est-ce que
ces gens-là auraient aimé en mettre plus, quand ils travaillaient, pour
en obtenir plus aujourd'hui?
Le Président (M.
Bernier) : M. Tremblay.
M. Tremblay
(Donald) : Il y a plusieurs volets à votre question.
Je
dirais, d'abord, concernant l'épargne des Québécois, c'est un fait que
c'est très difficile d'épargner selon le revenu dont on dispose, le revenu net dont on dispose. Il ne faut pas
oublier, là, qu'on parle de revenu net, parce que de l'épargne, c'est de l'argent net. Alors, c'est
très difficile de mettre de l'argent, à la banque, de côté, que ce soit un CELI
ou un REER, quand tu travailles,
quand tu es au début de ta carrière, quand tu commences une famille, quand tu
t'achètes une propriété.
Ce n'est pas le premier souci du travailleur de se
constituer un pécule pour le fonds de retraite. C'est la raison pour laquelle on pense que ça prend une certaine
obligation. Puis, la preuve, dans les régimes de retraite de la fonction publique,
là, c'est une forme d'obligation. Veux veux pas, quand tu entres à la fonction
publique, il y a un régime complémentaire de retraite qui s'appelle le RREGOP,
le RRPE, ou appelons-le n'importe comment, tu es obligé, là, il n'y a pas personne... tu ne peux pas
dire : Ah! non, moi, ça ne me tente pas, là. Tu es obligé. Puis, je peux
vous dire, on l'a déjà dit
d'ailleurs dans d'autres commissions parlementaires, heureusement qu'il y a cette obligation-là, parce que, volontairement, là, pour le commun des mortels qui
gagne 25 000 $, 30 000 $, 35 000 $,
40 000 $, là, c'est très difficile de se constituer un régime de retraite. Il n'y a rien de mieux qu'un
régime collectif public, d'une part, ou d'un régime complémentaire collectif, il n'y a rien de plus
puissant que ça, qui coûte le moins cher à administrer, qui mutualise les
risques puis qui assure une rente à la
retraite. Il ne peut pas y avoir mieux que ça. Actuellement, ce vers quoi on
se dirige, c'est qu'on se dirige de
plus en plus vers une responsabilité
individuelle de se constituer un régime de retraite, un fonds de pension individuel. Qu'on pense au RVER, là,
dont on entendait parler tantôt avec les intervenants précédents, là. Le
monsieur disait de pousser ça un petit peu, là. Je comprends qu'il disait de
pousser ça un petit peu. Ça ne lève pas actuellement,
le RVER. Il n'y a pas d'obligation. La seule obligation que les entreprises
ont, c'est de l'offrir. Les gens peuvent
dire non, «that's it, that all». Et il n'y a aucune obligation pour les
employeurs de participer à ce régime volontaire d'épargne-retraite là.
Donc, ça fait que quelqu'un peut se mettre — mettons que ça existe — un 1 000 $, 1 200 $ par
année. Ça va prendre combien de temps
avant de se faire un revenu décent à la retraite si c'est tout ce qu'il y a? Et
c'est de plus en plus vers ça qu'on a
tendance à se diriger. Alors, il y a un problème là important. C'est pour ça
que nous autres, on dit : Il faut ouvrir un peu le débat sur le
remplacement du revenu à la retraite.
M.
le ministre en faisait mention tout à l'heure. On parlait du vieillissement de
la population. Il faut le
reconnaître, ce vieillissement-là, il est là, il est documenté; 2031, on parle
de 25 %, 26 %, 27 % de la population qui aura 65 ans
au Québec. Bien, c'est le temps qu'on s'en occupe. Tout le monde le sait. Et, même dans les régimes
complémentaires de retraite structurés, organisés, il y a
des erreurs qui se font. Qu'on pense au RRPE, entre autres, qui est en
mauvaise posture actuellement. Alors, imaginez-vous, un régime individuel
d'épargne-retraite, quelles nombreuses erreurs on peut faire et comment
on peut se retrouver le bec à l'eau au moment de prendre notre retraite.
Alors,
c'est pour ça qu'on parle des régimes publics, de l'importance des régimes publics puis de la
mutualisation de ces régimes-là. C'est fondamental. Sinon, c'est au plus
fort la poche, là.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M.
Picard : Merci, M. le Président. Merci, messieurs dames.
Entièrement d'accord avec vous. Tantôt, vous disiez que nous n'avons pas une
consultation digne de ce nom pour le sujet. Parce que, selon moi, c'est une
réforme majeure du système des régimes des rentes qui a été implanté
dans les années 60. On a eu d'autres consultations qui ont été plus larges pour des sujets de moindre importance,
donc, mais je suis d'accord avec vous, mais il semble que, là, ça urge. C'est
ce que je comprends. Mais, en tout cas, on va faire avec pour l'instant, on
verra pour la suite des choses.
Tantôt,
madame, vous avez parlé de différentes strates de revenus. Est-ce que vous avez
un portrait financier des membres que vous représentez, bien que je sois
au fait que vous êtes des anciens employés de l'État? Donc, si vous avez un portrait... il y a des gens qui sont
encore, je vais dire, plus mal pris encore, là. Il y a des gens qui n'ont pas
eu de... Tantôt, monsieur parlait du
RREGOP, il était obligatoire, tout ça, mais il y a d'autres personnes aussi.
Mais c'est juste pour... tantôt, à un
intervenant j'indiquais : Nous, on parle en pourcentage de remplacement de
revenus, mais, dans la vraie vie, là,
ça prend des billets de banque puis de l'argent pour payer, ce n'est pas un
pourcentage qui paie, donc. Parce que je veux sensibiliser les gens qui nous écoutent de l'importance du débat
que nous avons ici. Donc, je vous laisse la parole. Un ou l'autre.
Le Président (M.
Bernier) : Mme Thonney.
Mme Thonney
(Rose-Mary) : Je passerai la parole au président, mais il reste que,
dans la fonction publique québécoise, O.K.,
je pense qu'il n'y a pas que des salariés à 50 000 $ et plus, O.K.?
Donc, je pense que la majorité... ou une
grande majorité des salariés, quand on pense aux préposés à l'information, aux
secrétaires, aux techniciens... quoique les techniciens ont quand même des avantages actuellement, mais il reste
que ce n'est pas la majorité qui remplit... ou qui a un salaire
supérieur à 50 000 $, O.K.?
Donc, maintenant, si
on a des études qui le démontrent... Ça, je ne suis pas en mesure de répondre.
Le Président (M.
Bernier) : M. Tremblay.
M. Tremblay (Donald) : En complément, si vous me permettez, M. le Président. La rente moyenne du RREGOP, là, c'est autour de 20 000 $, 22 000 $ par année, là.
Puis on a travaillé sur le RRPE, actuellement, là, qui est le Régime de retraite du
personnel d'encadrement, là, et, aussi curieux que ça puisse paraître — puis
ça, c'est des chiffres qui nous viennent du
Conseil du trésor, ce n'est pas nous qui les inventons, là — ils parlent d'une rente moyenne de
30 000 $ pour le personnel
cadre. Mais il faut comprendre, là, que ce n'est pas tout le monde qui a cotisé
pendant 35 ans, là, ce n'est pas tout
le monde qui a travaillé à temps plein, là. Donc, il ne faut pas non plus
exagérer avec ça, là. Mais il reste que la rente moyenne, là, c'est dans
ces eaux-là, là.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M. Bourget (André) : Si vous me
permettez...
Le Président (M.
Bernier) : Oui, allez-y.
• (15 h 30) •
M. Bourget
(André) : ...moi, je
voudrais rajouter, compte tenu de ce que M. le député de Saguenay parlait tout
à l'heure, les Québécois ont-ils les
moyens... Sûrement que vous avez tous lu l'article publié dans le journal
samedi le 14 janvier dernier où on
disait que les Québécois étaient les champions de l'endettement. La dette a
augmenté de 73 %, en moyenne,
par couple, en moyenne, 10 443 $ à 18 000 $, et ça, c'est
sans hypothèque, là, dans l'espace, là, de six ans. Aussi, Desjardins publiait — c'était au mois d'août — que, les personnes âgées de 65 ans et plus,
leur dette a bondi de 20 %, par ménage, en 15 ans.
Et, tout à
l'heure, notre président parlait aussi des régimes de retraite. Oui, c'est vrai,
si on prend le RREGOP, le RRE, le
RRF, la moyenne — et j'ai
les chiffres ici, là, la CARRA a publié, en décembre 2015, son rapport — c'est 22 000 $ quelques, pas loin de 23 000 $. Alors, on
ne peut pas dire, là, que c'est le Pérou, là. Et puis aussi les jeunes sont
endettés. La moyenne des rentes aussi, je parle... je voulais dire aussi, au
niveau des régimes complémentaires, il y a seulement
quatre travailleurs sur 10 qui bénéficient... 40 % de la population qui
bénéficient de régimes complémentaires. Alors, si on prend compte de tout ça, dans le rapport D'Amours, quand M.
D'Amours disait que les Québécois n'épargnaient pas, ce n'était pas dans leurs façons de faire, d'épargner, bien, on
regarde aujourd'hui qu'est-ce qu'il s'est fait jusqu'à maintenant, tout
ce qu'on peut voir comme nouvel outil, c'est le régime de retraite volontaire,
auquel l'employeur ne participe pas, c'est
l'employé qui cotise, et contrairement à l'Ontario, où l'employeur participe à
un tel régime. Alors, je pense, il
faut savoir aussi que la classe moyenne située entre 27 450 $ et
59 900 $ n'a pas les moyens de se payer des régimes de
retraite.
Le
Président (M. Bernier) : Merci aux représentants de
l'Association québécoise des retraités-e-s des secteurs public et
parapublic. M. Tremblay, Mme Thonney, M. Bourget, merci de votre participation.
Je vais suspendre quelques instants afin de
permettre aux représentants de Force Jeunesse de prendre place.
(Suspension de la séance à 15 h 31)
(Reprise à 15 h 35)
Le
Président (M. Bernier) : À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, nous reprenons nos travaux. Nous avons le
plaisir de recevoir les représentants de Force Jeunesse, représenté par
Mme Delannon, M. Villeneuve et Mme Tremblay. Bienvenue
à la Commission des finances publiques. Vous avez 10 minutes pour faire
votre présentation. Par la suite suivront les échanges avec les
parlementaires. La parole est à vous.
Force Jeunesse
Mme
Delannon (Nolywé) : Merci, M. le Président. Je m'appelle Nolywé
Delannon, je suis présidente de Force Jeunesse et je suis accompagnée,
aujourd'hui, de Julien Nepveu-Villeneuve, vice-président exécutif, et de ma
collègue Sophie Tremblay, vice-présidente responsable au contenu.
M. le
ministre, Mmes, MM. les députés, nous vous remercions de nous accueillir
aujourd'hui et de nous permettre encore
une fois de nous exprimer sur la question des régimes de retraite, un enjeu sur
lequel nous sommes pleinement engagés
depuis plusieurs années. Comme vous le savez, tout au long de vos
consultations, nous sommes le seul groupe jeunes qui sera entendu. Ce n'est pas un privilège, c'est une lourde
responsabilité pour nous de nous exprimer au nom des jeunes d'aujourd'hui, ceux de demain et, plus
largement, de porter un regard... en tout cas, de partager avec les parlementaires
un regard sur ce que notre génération aspire
pour ses vieux jours. Et le régime de retraite, c'est une politique publique
qui n'est pas banale, c'est quand même une politique publique qui nous permet
de mettre en oeuvre notre conception collective
de ce que c'est que la solidarité intergénérationnelle et le partage de
responsabilité entre l'État, les travailleurs et les employeurs, et donc
c'était d'autant plus important pour nous d'être présents, et nous vous en
remercions.
Avant de présenter l'enjeu, en tout cas, la
prise de position de Force Jeunesse, je vais céder la parole à mon collègue Julien Nepveu-Villeneuve, qui va
expliquer un petit peu quel a été l'engagement de Force Jeunesse ces dernières
années et tel qu'il continue encore aujourd'hui à se faire. Et là je lui cède
tout de suite la parole.
Le Président (M. Bernier) :
M. Nepveu-Villeneuve.
M.
Nepveu-Villeneuve (Julien) : Merci, Nolywé. Je vais être très bref, en
fait, peut-être pour rafraîchir la mémoire de certains et certaines. On
se prononce sur le sujet depuis quand même longtemps.
La présidente
l'a mentionné, on est le seul groupe jeunes qui s'exprime publiquement sur cet
enjeu-là depuis les dernières années.
Rapidement, nos dernières interventions ou participations en consultations aux
commissions parlementaires : on
a participé notamment au projet de loi n° 3, dont vous vous souvenez sans
doute, au niveau municipal; le projet
de loi n° 57, les régimes complémentaires de retraite; la commission, bien
évidemment, sur le rapport D'Amours, auquel
on avait participé aussi. Plus spécifiquement, on avait beaucoup travaillé en
siégeant sur le groupe de travail sur les régimes complémentaires de
retraite. Et, plus récemment, un de vos collègues de la commission qui n'est
pas là aujourd'hui... mais on l'a rencontré
au sujet notamment des clauses orphelin dans les régimes de retraite, qui est
un sujet sur lequel on travaille depuis longtemps.
Donc,
oui, dans les dernières années, on s'est quand même prononcés souvent sur le
sujet auprès des parlementaires mais
auprès aussi du public. On l'a fait auprès de nos membres aussi. Et on a
plusieurs membres associatifs, individuels, à Force Jeunesse, qu'on rencontre et qu'on sensibilise. On a organisé des
activités d'information, de sensibilisation sur la retraite. Et je vous surprends peut-être, mais on
a fait salle comble à un événement pour parler de retraite à nos membres
jeunes. Alors, les jeunes s'intéressent
quand même à la retraite, étonnamment. Donc, on aura fait salle comble pour
leur en parler. On en a parlé à notre
colloque aussi, Maîtres chez vous, dans un panel. Et, de façon, je vous dirais,
plus générale, on collabore, au
quotidien, avec des partenaires de tous les milieux au niveau de la retraite en
produisant du contenu, en discutant avec eux et en se concertant sur cet
enjeu-là, sur l'enjeu des régimes de retraite. Donc, je laisse mes collègues
continuer sur notre contenu au niveau de notre mémoire.
Mme Delannon (Nolywé) : Merci. Donc,
pour poursuivre, j'aimerais commencer par dire que, s'il est vrai, comme l'a dit mon collègue, que nous avons été
très présents dans l'espace public et aussi en commission parlementaire pour parler de régimes de retraite ces dernières
années, cette fois-ci la circonstance est particulière. Elle l'est parce que,
comme vous le savez, il y a un contexte
général à l'échelle du reste du Canada, qui va vers une bonification. Et c'est
donc la principale raison pour
laquelle nous sommes aujourd'hui ici. Et c'est particulièrement important pour
nous, les jeunes, de nous exprimer
sur ce sujet, dans la mesure où cette bonification a vocation à servir non pas
aux retraités d'aujourd'hui ou de
demain, demain dans l'immédiat, mais bien à la jeunesse qui aujourd'hui n'est
pas encore sur le marché du travail ou qui, comme nous, fait son entrée
sur le marché du travail.
Il s'agit donc de dessiner les contours du futur
régime de retraite public que nous voulons léguer aux futures générations, et
donc ce n'est pas une discussion anodine. Et c'est la raison pour laquelle nous
avons décidé, à Force Jeunesse — c'est un choix délibéré et assumé — de nous concentrer sur l'axe 1 du
document de consultation. Non pas que nous croyons que l'axe 2 ne
soit pas important. Au contraire, nous pensons qu'il serait essentiel de
poursuivre les discussions. D'ailleurs,
comme les experts du rapport D'Amours l'ont souligné eux-mêmes, l'axe 2 soulève
des questions essentielles, fondamentales
pour le régime de base, qu'il s'agisse de la stabilisation du taux de
cotisation, de la question de la longévité, donc du facteur de
longévité, du relèvement, peut-être, de l'âge de la retraite.
• (15 h 40) •
Toutes ces
questions-là nécessitent qu'on construise des consensus, et Force Jeunesse
pense que le gouvernement devrait
reporter le moment de trancher sur ces débats-là pour entendre véritablement
toutes les parties prenantes et surtout leur offrir un espace, comme ça
s'est fait sur les régimes complémentaires de retraite, un espace qui été
extrêmement productif, puisque tous les acteurs autour de la table se sont
assis, ont travaillé. Nous-mêmes, à Force Jeunesse, nous avons participé au
groupe de travail. Cela a mené à des consensus forts qui ont ensuite permis le
dépôt du projet de loi n° 57, qui a donc bénéficié d'un large consensus.
Donc, nous pensons que le processus de concertation et de travail
conjoint pourrait être répliqué sur cette question de la bonification... en
tout cas, pas de la bonification, mais de l'amélioration du régime de base. Et donc nous choisissons de ne
pas nous prononcer, même si nous souscrivons à un certain
nombre de constats et de principes
énoncés par le gouvernement, notamment évidemment s'assurer de la pérennité du système.
Un autre principe auquel nous souscrivons totalement,
c'est celui de la pleine capitalisation, sans surprise, un consensus qui, je crois, est partagé par l'ensemble
des acteurs. Nous avons écouté avec beaucoup d'intérêt les auditions d'hier et de ce matin et nous voyons bien que, comme le gouvernement, l'ensemble des acteurs sont tout à fait d'accord,
et nous aussi.
Alors, sans
plus attendre, si vous me le permettez, je vais m'attarder à l'axe 1, donc
la question de la bonification. Comme vous le savez, M. le ministre, et
MM. les parlementaires, mesdames, nous avons clairement fait le choix de recommander au gouvernement d'y aller avec la
proposition du scénario dit RPC, parce que nous sommes convaincus que c'est le scénario, somme toute, modeste qui offre
les meilleures conditions aux futurs travailleurs, qui seront surtout les
futurs retraités. Nous sommes convaincus de cela. Ce qu'il convient de
rappeler, c'est quand même que, comme je le disais
tout à l'heure, c'est pour les jeunes, pas seulement nous, mais nos petits
frères, nos petites soeurs qu'on est en train de concevoir les améliorations à apporter, de fond, structurelles et
structurantes au régime public, et pour cela il faut se poser la question : Mais qui sont ces jeunes?
Quel est leur profil? Au-delà de l'âge, c'est : Quelles sont les réalités
auxquelles ils sont confrontés? Et
nous savons, par exemple, que les jeunes d'aujourd'hui — et, probablement, ceux de demain, on peut l'anticiper — sont confrontés à des emplois atypiques qui
les exposent à des conditions de travail beaucoup moins avantageuses, et donc notamment à des régimes
collectifs beaucoup moins intéressants pour leur retraite. Cela veut dire
qu'ils ont besoin d'un régime public fort.
D'autres
réalités, c'est la mobilité de plus en plus grande; le cumul d'emplois, que ce
soient plusieurs emplois à temps partiel; une transition beaucoup plus
longue entre les études et le travail; une situation d'endettement forte, notamment suite à leurs études, beaucoup plus forte
que par le passé; on l'a vu aujourd'hui, ce matin, dans la presse, ma collègue me le montrait, une accession à la
propriété beaucoup plus difficile. Ça aussi, ça a été pour beaucoup un moyen
d'épargner. Bref, un contexte général qui
est particulièrement préoccupant pour les jeunes d'aujourd'hui et de demain,
et cela nécessite évidemment que l'on prenne
la pleine mesure de cela et qu'on offre un véhicule d'épargne satisfaisant
pour garantir des conditions correctes, décentes à l'ensemble des travailleurs.
Et donc, à la lumière de cela, comme je le
disais, nous recommandons la proposition du scénario RPC. Nous pensons que c'est ce qui offre l'investissement le
plus intéressant, avec un rendement le plus élevé possible. Et il y a un
certain nombre de préoccupations qui
justifient notre prise de position, notamment la question de la classe moyenne,
qui, nous le savons, est très
importante également pour le gouvernement, comment protéger la classe moyenne
et les travailleurs qui, clairement,
sont ceux qui ont le plus de difficultés à avoir un taux de recouvrement de
leurs revenus passé leur vie active. Et pour ces travailleurs-là, qui ont
énormément de mal à épargner sur le plan individuel, qui se font offrir de
moins en moins de véhicules d'épargne
collectifs, il est essentiel d'offrir des conditions intéressantes à même le
régime public. Pour chaque dollar
investi dans le régime public, il n'y a aucun véhicule d'épargne privé qui
puisse offrir un rendement comparable, donc c'est sans commune mesure
avec tout ce qu'on pourrait envisager comme régime complémentaire. Il est
important que notre régime public soit très fort.
Par
ailleurs, une autre préoccupation que nous avons et qui fait que nous
recommandons le scénario RPC, c'est la
possible disparition... en tout cas, le risque que ferait peser une trop forte
dépendance au supplément de revenu garanti. Évidemment, le Québec en bénéficie, le reste des travailleurs les plus
pauvres en bénéficient également. Qu'adviendra-t-il si le Québec, en se désolidarisant du reste de la
bonification offerte par les autres provinces... qu'adviendrait-il si on était
les seuls à dépendre de cela et que, dans
40, 50 ans ou moins, le gouvernement fédéral décidait de renoncer à payer
cette prestation-là?
Par
ailleurs, une autre préoccupation qui justifie notre choix, c'est que, quel que soit le scénario de travailleur testé, la proposition du fédéral est plus intéressante, là, en
termes de prestations, ça reste toujours supérieur à ce qui serait proposé avec
le scénario Québec, et pour cette raison-là, parce que nous concevons le régime
de retraite comme un investissement et pas seulement comme un coût, donc, oui,
ça coûterait en termes de cotisation... mais ça rapporterait beaucoup
plus. Comme le disaient les experts hier, c'est un ratio de neuf pour un en termes d'investissement, on ne peut pas trouver mieux. Par conséquent, nous appuyons
fermement cette mesure-là. Évidemment, la préoccupation du gouvernement
à l'égard des faibles revenus et donc de la
privation d'une partie de leurs revenus pendant leur vie active est
essentielle, elle est importante. Nous pensons que déjà le fait que ce
soit déductible, que les nouvelles cotisations soient déductibles d'impôt et
que, par ailleurs...
Le
Président (M. Bernier) : En terminant, s'il vous plaît. Si vous voulez
terminer, parce qu'on doit passer aux échanges.
Mme Delannon
(Nolywé) : Ah! O.K. Ça y est? D'accord, très bien. Excusez-moi, je
n'ai pas suivi. Alors, peut-être pour
terminer, ce que je voudrais dire, c'est que pour les jeunes ce qui est
essentiel, c'est... et notamment avec une
bonification du régime de retraite qui serait pleinement capitalisée, nous
pensons, à Force Jeunesse, que ça permettrait aux jeunes de se
réconcilier avec leur système de retraite plus généralement. Eux, qui se font
dire tout le temps qu'ils n'auront pas les
mêmes prestations que les plus âgés, là, ils sauront que leurs cotisations
bénéficieraient à leur propre cohorte.
Et
finalement j'aimerais dire, si vous le permettez, M. le ministre, qu'aujourd'hui
la possibilité qui vous est offerte, c'est
de faire un choix qui pourrait être un point tournant. De la même manière que,
dans les années 60, on a choisi d'investir dans le RRQ et dans la Caisse de dépôt et placement du Québec,
aujourd'hui il est possible de choisir, de ne pas dire aux jeunes d'aujourd'hui et aux retraités de demain
qu'ils seront la première génération de Québécois à avoir des prestations
de retraite inférieures à tous leurs homologues du reste du Canada. Merci
beaucoup.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, Mme Delannon, de votre présentation.
M. le ministre, la parole est à vous pour débuter ces échanges.
M.
Leitão : Très bien. Merci beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup
d'être venus. J'apprécie beaucoup votre participation. Et c'est vrai, ce n'est pas la première fois qu'on vous
voit à l'Assemblée nationale, et je vous encourage fortement à continuer à participer à nos échanges
parce que vous amenez un point de vue, ma foi, qui est d'abord très bien
exprimé et très clair et qui nous fait réfléchir un peu, nous tous aussi. Comme
par exemple, vous êtes les premiers à avoir
fait cette proposition que je trouve quand même intéressante, c'est-à-dire,
bon, de nous concentrer sur l'axe 1, parce qu'il y a, en effet, une fenêtre d'harmonisation, le 1er janvier
2019, avec le nouveau régime fédéral, donc de faire ça d'abord, et puis, les autres éléments, l'axe 2, qui sont
très importants, oui, mais là on pourrait peut-être poursuivre nos échanges
de manière à mieux préciser ces choses-là.
Donc, je vous entends là-dessus, et c'est certainement intéressant, ce point de
vue.
Aussi,
j'aimerais rappeler encore une fois à tous nos collègues que ce n'est qu'un
début d'un processus, ce n'est pas la
fin. Nous avons invité une trentaine de groupes à se présenter, ce qui est à
peu près le même nombre de groupes que lors des deux dernières consultations
sur l'avenir du RRQ, donc je ne pense pas qu'on soit tellement différents
de ce qui s'est fait dans le passé. Mais, en
effet, ce serait utile peut-être de poursuivre cette discussion sur les enjeux
soulevés dans l'axe 2, qui sont importants, mais on reparlera de ça.
Revenons
donc à l'axe 1. Vous exprimez très clairement une préférence pour l'option
RPC, disons-le comme ça. Je comprends très bien vos arguments. Peut-être
une question, et vous l'avez abordée, mais je pense que, vers la fin, M. le président vous a un peu pressés, mais vous
pouvez continuer sur cet élan-là, c'est-à-dire la... et ça a été soulevé,
d'ailleurs, hier par d'autres personnes, donc, cette tension, si on peut ainsi
dire, entre des cotisations plus élevées aujourd'hui pour avoir des prestations
bien plus intéressantes à l'avenir. Donc, comment vous voyez ça?
Est-ce que vous, vous
pensez que donc les personnes de votre génération seraient prêts à avoir un
revenu disponible légèrement moins élevé maintenant
pour avoir un revenu de retraite plus important à l'avenir? Comment vous voyez cette
adéquation-là?
• (15 h 50) •
Le Président (M.
Bernier) : Mme Delannon.
Mme Delannon
(Nolywé) : Oui, bien sûr.
M. Leitão : Avant d'y arriver, peut-être...
Mme Delannon
(Nolywé) : Oui.
M.
Leitão : ...je veux dire
aussi que je comprends très bien, et j'ai bien apprécié, et vous êtes les
premiers à le mentionner, et je pense
que ça doit être mentionné, la nature de l'emploi que beaucoup
de personnes de votre génération
ont maintenant, hein, les emplois atypiques,
plusieurs emplois à temps partiel. Travail, emploi, études, donc, tout ça,
c'est différent de ma génération, par exemple. Donc, il faut prendre ça
aussi en considération. Allez-y.
Le Président (M. Bernier) : Mme
Delannon.
Mme Delannon (Nolywé) : Oui. Merci,
M. le ministre. Effectivement, comme un peu ça a été mentionné par d'autres, comme vous le disiez, notamment les
experts, nous, on est convaincus pour... parce qu'on échange tout le temps
avec les jeunes de notre génération, nous sommes convaincus... c'est, en tout
cas, une préoccupation grandissante : Qu'est-ce
qui va se passer pour ma retraite?, et, comme je le disais, le sentiment que,
de toute façon, on ne va pas s'en sortir pour nos vieux jours.
On est
convaincus que, si on explique clairement à un jeune travailleur qu'il a la
possibilité de cotiser dans un régime
public qui non seulement a un rendement qui ne peut pas être égalisé par
quelque véhicule d'épargne que ce soit, mais qui en plus abonde... la Caisse de dépôt et placement, qui nous
permet, en tant que société, d'investir dans des projets structurants,
nous avons vraiment la conviction que les jeunes seront absolument partants
pour bénéficier de cet investissement-là
s'il est présenté comme un investissement. C'est vrai que, s'il est présenté
comme un coût... non, mais, s'il est
présenté comme un investissement avec un rendement très élevé, très
intéressant, alors, oui. Surtout que, quand on lisse ça sur l'ensemble de la vie active et qu'on tient compte, en
plus, des déductions d'impôt, oui, il est possible pour un jeune de se
sentir très intéressé par cela. Puis je laisserais ma collègue, peut-être,
compléter.
Mme
Tremblay (Sophie) : Oui. Effectivement, on parle tout récemment de...
au secondaire, avec les finances personnelles,
ce serait une façon excellente de présenter justement aux jeunes la
bonification avec le scénario RPC et de leur expliquer qu'ils cotisent eux-mêmes dans un régime qui est
pleinement capitalisé, donc que les sous qu'ils investissent, c'est vraiment pour eux, pour leur cohorte. Ça
leur permettrait de se réconcilier avec le régime public du RRQ et donc de
leur assurer une sécurité financière à la
retraite qui est d'autant plus importante que les autres formes
d'épargne-retraite ne seront peut-être pas aussi disponibles qu'elles
l'ont été pour les générations précédentes.
Et les échos qu'on a de nos membres, des
événements qu'on organise, les jeunes à qui on parle, dès qu'on l'explique en termes d'investissement et de retour
sur l'investissement et que le RRQ bonifié avec le scénario RPC, c'est la meilleure façon de livrer l'épargne-retraite
pour les jeunes et pour la classe moyenne de demain, c'est... Nous, on est
convaincus que c'est très, très facile de le
faire, de faire embarquer les jeunes, dans le fond, dans le scénario avec un
peu plus de cotisations pendant la
vie active mais des bénéfices à la retraite qui sont sans commune mesure avec
les autres formes d'épargne-retraite.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. le ministre.
M.
Leitão : Merci. Maintenant, même si j'ai dit que, l'axe 2, on en
parlait un peu moins — mais c'est quand même intéressant
de parler un peu là-dessus — quel est votre point de vue, même si nous
sommes des générations tout à fait différentes, mais quel est votre
point de vue sur l'âge de la retraite? Quand on a établi que 65 ans, c'est
ça, l'âge de la retraite, bon, à ce
moment-là, l'espérance de vie n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui. Est-ce
que c'est quelque chose qui vous intéresse ou simplement un sujet que,
pour l'instant, ce n'est pas tellement dans vos cartons?
Mme
Delannon (Nolywé) : ...en fait, on ne souhaite pas prendre position à
ce stade-ci, parce qu'on est convaincus qu'on ne peut pas faire l'économie de ce débat-là. Et ce qui est
important, c'est que... d'autres pays de l'OCDE ont mis ce type de mesure en place, il serait important
d'avoir un portrait assez clair de comment ça fonctionne, est-ce que c'est
jumelé à d'autres mesures, quels sont
les effets de cette mesure-là combinée à d'autres, éventuellement, pour voir à
quel point c'est efficace.
Évidemment, on est conscients, comme vous le dites, qu'il y a 50 ans la
réalité était autre, l'espérance de vie n'était pas celle d'aujourd'hui.
Donc, on pense que c'est un débat tout à fait légitime, en tant que société, à
avoir.
Et on pense
aussi que, comme le soulevaient
certains experts du comité D'Amours hier ou même, peut-être,
du CPQ aussi, la question
de la contribution qu'on peut avoir en fin de vie active est tout à fait légitime, en tant que société.
Donc, on ne va pas pousser non plus les personnes en fin de vie active vers la
sortie. Donc, on pense que le débat est légitime,
mais on ne veut pas se prononcer, à
ce stade-ci, sur le bon âge de la
retraite ou le relever. Est-ce qu'il faut garder les cinq ans d'écart entre l'admissibilité
et l'âge effectif de la retraite? Ce sont, à notre avis, des questions qui
méritent plus de débats. Mais, oui, nous sommes convaincus que c'est
totalement légitime.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Je pense qu'un des
grands défis qu'on va avoir, que vous allez avoir, je pense... les plus âgés comme moi, un peu moins, mais c'est cette
dynamique complètement différente d'un changement d'employeur souvent et continuel. Et ça, on en parlait tantôt, des
trois piliers du soutien au revenu à la retraite. Pour ce qui est du troisième
pilier, l'épargne personnelle ou les
régimes complémentaires de retraite, bon, s'il y a un grand changement
d'employeur au fil du temps, bon, ça
devient pas mal plus complexe. Donc, oui, je comprends bien votre intérêt à
avoir un régime public bien capitalisé et durable, et c'est pour ça que je
reviens à la question des coûts. Donc, pour nous assurer que ce régime-là soit
vraiment durable, on doit aussi être
capables d'être flexibles dans la façon dont nous allons le financer. Et une
chose qui nous préoccupe toujours,
nous, c'est la capacité de payer. Donc, oui, nous allons augmenter les
cotisations. Il y a quand même certaines limites.
Donc, vous m'avez dit que vous ne voyiez pas ça
comme étant un obstacle insurmontable. Très bien. Mais pensez-vous qu'il y a... est-ce que vous voyez aussi cette question-là,
qu'il y a certaines limites qu'on ne peut pas dépasser en termes d'alourdissement
du fardeau fiscal des citoyens et des entreprises?
Le Président (M. Bernier) :
...
Mme
Delannon (Nolywé) : ...notamment, des citoyens, nous, ce qu'on pense,
c'est que, de toute façon, la nécessité d'épargner, elle est incontournable. Donc, la question, c'est
plutôt : Où est-ce que je mets mon dollar additionnel? Est-ce que
je le mets dans un régime public qui va avoir un rendement élevé ou est-ce que
je vais, via un régime d'épargne individuel
dont le rendement... Puis c'est très dissuasif quand vous avez des taux de
rendement très faibles comme c'est le
cas aujourd'hui, que les frais sont très élevés, donc ça ne donne pas envie
d'investir dans ce type de véhicule là. Donc, c'est pour ça qu'on pense que, de toute façon, il y a nécessité de
continuer à épargner. On n'épargne pas suffisamment. Donc, la question, c'est plutôt : Où est-ce
qu'on épargne? Et on est convaincus que, dans le régime public, c'est beaucoup
plus intéressant.
Du côté des
employeurs, évidemment, on est conscients et puis on est sensibles au fait que,
bien, pour certaines industries, certaines tailles d'entreprise, ça peut être
un supplément difficile à absorber, mais on est convaincus que déjà avec les dispositions... le fait que ce soit
déductible d'impôt, et les dispositions dont on est persuadé que le
gouvernement peut discuter à la fois avec les employeurs pour voir quels
seraient les mécanismes à mettre en place pour quel type d'industrie, qui seraient modulés en fonction des
difficultés... on pense que ce serait possible. Puis, par ailleurs, ça reste
des mesures progressives, et les employeurs ont le temps de s'ajuster.
Peut-être que ma collègue veut compléter.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, Mme Delannon. Nous allons donc passer au député de Sanguinet.
• (16 heures) •
M.
Therrien :
Merci, M. le Président. Bienvenue à vous trois. Votre présence est toujours
appréciée en commission. Je vous ai
vus à quelques reprises dans différentes commissions, vous êtes très articulés,
et puis c'est très intéressant de vous
écouter, parce que, veux veux pas, on s'éloigne de votre réalité jour après
jour, et donc c'est bon qu'on ait des gens qui nous rappellent à
l'ordre.
D'abord, il y
a quelque chose que vous avez dit tantôt, quand vous disiez : On se fait
tout le temps dire qu'on n'aura pas
de retraite, que c'est terminé, ce temps-là, ainsi de suite, puis... moi,
écoutez, je suis plus vieux, mais, même à mon âge, ou à peu près, on a commencé à entendre ça, alors
j'imagine, à votre âge, comment ça doit être épouvantable, là. Et puis on parle beaucoup d'équité intergénérationnelle,
évidemment. À quel point une bonification du Régime des rentes peut, pour vous, vous protéger, en quelque sorte, pour
dire : Bien, finalement, on va avoir de quoi, puis aussi dire : Bien, ça nous permet aussi de
faciliter l'équité intergénérationnelle?
Le Président (M. Bernier) :
Mme Delannon.
Mme
Delannon (Nolywé) : Oui.
Comme ma collègue le disait, puis je vais la laisser poursuivre d'ailleurs,
le fait que ce soit pleinement
capitalisé, c'est ça, notre protection contre le risque de transfert
intergénérationnel du fardeau du financement
du régime de retraite. Donc, ça, c'est vraiment la protection qu'on offre aux jeunes générations
contre le risque qu'on reproduise les
mêmes erreurs du passé. Donc, pour nous, c'est pour ça que c'est essentiel
que toute bonification soit pleinement capitalisée.
Le Président (M. Bernier) :
Mme Tremblay.
Mme Tremblay (Sophie) : Oui. Et à
ça, en fait, j'ajouterais le mécanisme qui existe du côté du RPC de le rééquilibrer sur une période de trois ans, si
jamais il y a un déséquilibre, en faisant supporter 50 % par les cotisants, 50 % par l'indexation des rentes qui serait suspendue,
puis on regarde, sur trois ans, si ça revient à un taux d'équilibre. Pour
nous, ça, c'est quelque chose qui est très
intéressant, qui fait partager aussi le risque entre les cotisants et les
retraités, les bénéficiaires. Donc,
on pousserait pour cette idée-là également. Puis, au niveau de l'équité intergénérationnelle,
justement, ça fait une répartition
plus équitable en ne faisant pas reposer la totalité du redressement par
rapport au déséquilibre sur les cotisants mais bien sur l'ensemble des
cotisants et des prestataires.
Le Président (M. Bernier) : M. le
député.
M.
Therrien : Si je vous dis — et je vous demande de commenter mes propos : Il est
plus facile d'assurer une capitalisation
d'un régime public à cause de la mutualisation du risque et des coûts de
gestion qui sont plus faibles, et donc, par conséquent, plus on bonifie un régime public, plus, à ce moment-là, vous allez avoir des acquis qui vont être moins portés à avoir des déficits actuariels, est-ce que
je me trompe? Comment vous commentez ce que je viens de vous dire?
Le Président (M. Bernier) :
Mme Delannon.
Mme
Delannon (Nolywé) : Oui. Effectivement, nous sommes convaincus... on n'est pas des actuaires, mais nous
sommes convaincus, effectivement, que c'est clair que la force du régime public, c'est ça, c'est le
nombre de cotisants, qui permet de
mutualiser pleinement... et qui donc offre un rendement plus intéressant, qui, en plus, a comme effet, comme externalité positive de nous
offrir un levier pour investir en tant que société.
Donc, les
bénéfices sont multiples, ils sont nombreux, et donc on a plus d'intérêt...
enfin, je veux dire, il n'y a pas de raison de se priver de cette
bonification-là.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député.
M.
Therrien : Oui. Écoutez, à la page 13, vous citez Rose et Lizée, qui
avaient demandé de passer en commission.
Je
les trouve très intéressants. Ils ont travaillé beaucoup sur les régimes de retraite. Et vous les citez quand
vous expliquez les problèmes liés à
l'éloignement de la situation canadienne de la situation québécoise, et, par
les ajouts qu'on fait dans le régime qu'on propose, dans le futur on va
s'en éloigner de plus en plus.
Alors, je
voudrais vous entendre sur les difficultés que ça peut apporter. Je veux
entendre ce que vous avez à me dire
là-dessus. Quelles sont ces difficultés-là? Est-ce qu'on peut les éviter ou
est-ce que ça va être éventuellement un choc brutal pour le régime
québécois?
Le Président (M. Bernier) :
Mme Tremblay.
Mme
Tremblay (Sophie) : En
effet, en ce moment, la loi sur le RPC prévoit qu'une province peut instituer
son propre régime de retraite public
en autant qu'il soit comparable au RPC, et être comparable, c'est être
comparable au niveau des
cotisations et au niveau des prestations.
Si on
s'éloigne trop du scénario fédéral qui a été adopté, il y a effectivement le risque qu'on perde le caractère comparable, qui, pour le moment, garantit, d'une part, la coordination
des rentes pour les travailleurs qui auraient cotisé à la fois au RPC, au
RRQ pendant leur carrière. Ça, on pourrait peut-être s'entendre, d'une façon
quelconque, avec le gouvernement fédéral pour voir comment on peut bricoler une nouvelle
entente de coordination si on n'a plus le même niveau de prestations et de cotisation dans un scénario Québec
qui ne serait pas le même que le scénario RPC.
Par contre,
il y a des interrogations auxquelles nous n'avons pas de réponse pour les
fonctionnaires fédéraux et pour les employés sous compétence fédérale
qui travaillent au Québec, qui, eux, pourraient se considérer discriminés d'avoir à cotiser au RRQ en vertu de l'entente fédérale-provinciale qui existe en ce moment, qui pourraient exiger
d'aller dans le RPC bonifié, qui est beaucoup
plus avantageux. Ça, c'est une problématique à laquelle il faut
réfléchir sérieusement avant de s'écarter trop du RPC bonifié. Et il y a
aussi toute la question du droit de vote du Québec au niveau
des amendements futurs au RPC. Parce qu'on a un régime comparable, en ce moment, avec le RRQ, on est une
province incluse au sens de la loi, donc on a droit de vote sur les
amendements futurs au RPC, qui, souvent, requièrent deux tiers des provinces,
ce qui représente deux tiers de la population canadienne.
Si on perd ça
en s'éloignant trop parce qu'on n'est plus une province incluse, encore là c'est
une problématique qu'il
faut considérer sérieusement avant de prendre une décision qui nous ferait peut-être
décrocher du caractère comparable. Mais
ce sont surtout des interrogations, en fait, que nous trouvons tout à fait légitimes et auxquelles il serait bon d'avoir une réponse puis
une certitude avant de prendre une décision qui pourrait avoir des conséquences
importantes.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M.
Therrien : Écoutez, c'est une très belle intervention, vous avez très bien
résumé. Par rapport aux cotisations, le ministre
vous a demandé : Vous êtes prêts à cotiser davantage? Et il me semble que vous m'avez dit : Oui, nous, on est prêts, les gens qui nous côtoient, les gens qu'on
représente aussi sont prêts. C'est ce que j'ai entendu. Je ne me trompe
pas, là? C'est ce que vous avez dit.
Mais, si on
vous dit : Mais les employeurs ne sont pas prêts, les jeunes entrepreneurs
ne sont peut-être pas prêts, qu'est-ce que vous répondez à
ça?
Le Président (M. Bernier) :
Mme Delannon.
Mme Delannon (Nolywé) : Oui. Bon, premièrement,
la première chose, c'est que ce n'est pas des données scientifiques, là, qu'on
vous présente, et c'est pareil pour les employeurs. On serait curieux de le
savoir précisément. Mais, si c'était l'objection qui nous était faite, ils ne sont pas prêts, premièrement, on n'y croit pas tant que ça, parce
que les échos qu'on a eus, c'est que justement
il y a des employeurs qui le voient comme quelque chose qu'ils sont en
capacité d'absorber. Le CPQ lui-même
le reconnaissait. Enfin, l'un des experts du rapport D'Amours qui était en
discussion avec des employeurs le
disait lui-même, qu'il
y a des employeurs qui ne le voient
pas comme un problème insurmontable. Au contraire, ils pensent
qu'ils ont les leviers nécessaires.
Par contre,
effectivement, on pense qu'il y a des entreprises,
des secteurs d'activité qui pourraient être plus durement frappés. Mais non seulement ils ont le temps
de voir venir, compte tenu de la progressivité de la mise en place de cette
augmentation... et par ailleurs, comme on l'a vu en auditions hier, le
changement, il reste très raisonnable, l'évolution
reste très raisonnable, c'est possible de
l'absorber. Et, si on voit qu'il y a une aide nécessaire, on pense que le gouvernement pourrait faire un effort sur le plan fiscal notamment
pour accompagner ces entreprises-là, parce que le jeu en vaut la chandelle.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M. Picard : Merci. Merci,
M. le Président. Merci, mesdames et
monsieur. Très rafraîchissant d'avoir vos propos, parce que,
nous, le travail qu'on fait ici, c'est pour vous aussi, c'est pour vous en
grande, grande partie, là, c'est pour les gens qui sont nés en 2000.
Nous, on est passés date là-dessus, disons-le comme ça, M. le ministre.
Mais je suis
bien content d'entendre que le fait qu'on propose que ça soit capitalisé, ça va
être un argument de vente aux jeunes.
Parce que moi, lorsque je rencontre des jeunes dans mon comté, je finis toujours
par leur demander s'ils sont
optimistes pour leur vie, puis, à 99 %,
oui, les gens disent : Oui, la vie est belle. Puis ça, c'est intéressant
d'entendre ça, parce que la relève,
c'est vous. En parlant de relève, c'est vous, est-ce que... si vous seriez,
disons, trois conseillers du ministre,
est-ce que vous lui proposeriez, l'axe 1, là, de le régler
rapidement — parce
que tantôt il a dit qu'on pouvait le régler
rapidement — et
peut-être que, l'axe 2, là, de faire une vraie consultation, informer les
citoyens des impacts sur les différents paramètres que le document
propose de changer?
Donc, je vous
laisse la parole. Puis tantôt, si vous avez encore des choses à nous dire, là,
allez-y, je vous laisse mon temps. Mais conseillez le ministre.
Le Président (M. Bernier) :
Mme Delannon.
Mme
Delannon (Nolywé) : Merci beaucoup pour cette opportunité-là. Merci
beaucoup. Oui, effectivement, nous le réaffirmons, nous
sommes convaincus qu'il y a urgence à statuer sur la question
de la bonification parce
que le reste des provinces se sont engagées. Donc, on ne peut
pas se permettre d'attendre, il faut prendre une décision aujourd'hui et la mettre en oeuvre. Par
contre, nous pensons que, même s'il y a urgence également, hein, sur les questions
qui sont soulevées dans l'axe 2, c'est une urgence moindre et qui permet de se
donner six mois, un an pour organiser un vrai processus,
un vrai groupe de travail qui permettent de dégager des consensus forts sur
lesquels le gouvernement pourra pleinement s'appuyer pour proposer des
modifications qu'on ait pris le temps d'évaluer, sur lesquelles on confronte
différentes hypothèses actuarielles.
Donc, oui,
nous sommes convaincus qu'on pourrait procéder en deux temps et qu'il... on
recommande, en fait, clairement au gouvernement de procéder en deux
temps.
M. Nepveu-Villeneuve (Julien) : Si
je peux me permettre.
Le Président (M. Bernier) :
Oui. Allez-y, M. Villeneuve.
• (16 h 10) •
M.
Nepveu-Villeneuve (Julien) : Merci. Quand on a commencé à parler de
retraite à nos membres mais aussi à tous les groupes jeunes, là, de la
société civile... Puis je parle aussi aux jeunes des partis politiques. Il y a
trois ans, quatre ans, on en parlait, puis
les gens nous disaient : Ah!
vous parlez de retraite, Force Jeunesse. Pourquoi vous parlez de ça? C'est plate, ce n'est pas un sujet qui nous
intéresse. Et plus on en parle... dans les dernières années, et particulièrement dans la dernière semaine, on a découvert qu'il y avait
un intérêt. Donc, de prendre le temps d'avoir une discussion
sérieuse sur les retraites,
d'informer les gens, de vulgariser, de faire de la pédagogie. Moi, je suis
convaincu qu'il va y avoir un intérêt beaucoup plus grand des groupes jeunes, des jeunes en
général, et on va faire de la pédagogie, et il va y avoir un intérêt
envers le régime public, on va se le réapproprier. Parce que, pour l'instant,
discutez avec un jeune travailleur moyen,
là, entre 18 et 25 ans, demandez-lui pourquoi il y a «RRQ» sur son relevé de
paie, il ne le sait pas, pourquoi, et, dans sa tête, ça va à d'autres
personnes qu'à lui.
Alors, il y a
un travail à faire, et je pense qu'une discussion collective, comme Mme
Delannon le disait, va aider à intéresser les jeunes à ça. Nous, du
moins, quand on le fait, ça fonctionne un peu, quand même.
Le Président (M. Bernier) : Mme
Tremblay, vous avez d'autre chose à ajouter? Non. Mme Delannon.
Mme Delannon (Nolywé) : Bien, peut-être
pour...
Le Président (M. Bernier) : Parce
que M. le député vous a donné son temps.
Mme
Delannon (Nolywé) : Oui, il
nous a donné son temps. Bien, pour poursuivre, peut-être, l'échange. Vraiment,
nous, ce qu'on pense, c'est que c'est une
occasion assez unique. Il y a des moments comme ça où on peut prendre des
décisions fortes qui vont engager les
générations à venir et puis, quand on regarde a posteriori, on se dit que ça a
été un moment tournant. On ne le sait jamais au moment où on le vit.
Il demeure qu'on a la conviction qu'aujourd'hui
on peut faire une différence, qu'on peut faire les jeunes se réapproprier le régime de retraite, ce qui n'est
pas rien. C'est quand même une partie importante de leur vie qu'ils
vont passer en ayant besoin de
s'accrocher non seulement au régime public, mais également
à l'épargne qu'ils auront accumulée. Je
veux dire, il y a de vraies difficultés auxquelles les
jeunes de notre génération et les jeunes de demain sont confrontés, et
le régime public a la possibilité de vraiment faire fonctionner le dialogue, la
solidarité intergénérationnels. Nous, on y
croit beaucoup. C'est pour ça que ça fait des années qu'on est
engagés en matière de régime de
retraite, qu'on fait de la vulgarisation, de la pédagogie, parce qu'on est
convaincus que ce n'est pas une politique publique banale, qu'il faut se la réapproprier, qu'il faut qu'elle soit utile,
qu'il faut qu'elle soit comprise et qu'il faut qu'elle soit le plus efficace
possible parce que c'est vraiment un outil de richesse collective
colossal dont on s'est dotés.
Le Président (M. Bernier) : Merci. Merci de votre participation fort intéressante. On vous invite à
poursuivre, et ça nous fera toujours
plaisir de vous recevoir ici, à la Commission
des finances publiques. Donc, merci, Mme Delannon, M. Villeneuve et Mme
Tremblay, de votre participation.
Je vais suspendre nos travaux quelques instants
afin de permettre à l'Association canadienne des compagnies d'assurances de
personnes de prendre place.
(Suspension de la séance à 16 h 13)
(Reprise à 16 h 17)
Le
Président (M. Bernier) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, nous reprenons nos travaux. Nous avons le
plaisir de recevoir des représentants de l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes,
représentée par Mme Duhaime, Mme
Lemay et M. Harnois. Bienvenue à la Commission
des finances publiques. La parole est
à vous.
Association canadienne
des compagnies
d'assurances de personnes inc. (ACCAP)
Mme Duhaime (Lyne) : Merci, M. le
Président. M. le ministre, représentants de Retraite Québec, MM. et Mmes les députés et membres de la commission, nous
sommes heureux aujourd'hui de vous faire part de nos constats en matière
de retraite. Mon nom est Lyne Duhaime, je suis présidente de l'Association
canadienne des compagnies d'assurances de
personnes pour le Québec, qu'on appelle ACCAP-Québec. Je suis accompagnée de
Me Élyse Lemay, vice-présidente
adjointe et conseillère juridique chez Great-West, et M. Claude Harnois,
directeur, Rentes assurées, services actuariels et professionnels, à
l'Industrielle Alliance.
Les assureurs
de personnes sont des partenaires privilégiés du gouvernement, puisqu'ils
offrent des protections diverses
permettant aux Québécoises et aux Québécois de préserver leur autonomie
financière à la retraite ou lorsqu'un problème
de santé survient. Ce soutien des assureurs permet ainsi à la majorité des
Québécoises et des Québécois de ne pas compter
seulement sur l'État au moment de la retraite ou lorsque la maladie frappe. En
2015, au Canada, plus de 40 milliards de dollars ont été versés en prestations de retraite par les assureurs.
Au Québec seulement, les assureurs de personnes ont remis plus de
320 millions de dollars par semaine en prestations diverses, soit
17 milliards de dollars annuellement.
Il est aussi important de rappeler que plusieurs
membres de l'ACCAP sont devenus partenaires essentiels du gouvernement dans la mise en place du régime
volontaire d'épargne-retraite, le RVER. Avec l'introduction des RVER et la première échéance du 31 décembre dernier,
près de la moitié des travailleurs du Québec, puisque c'était la moitié des travailleurs du Québec qui n'avaient accès à
aucun outil d'épargne collectif en milieu de travail... la moitié des travailleurs du Québec se voyaient confrontés pour
la première fois à la question suivante : Est-ce que je devrais cotiser
à un régime de retraite? On pense qu'il ne
faut pas sous-estimer ce que signifient les changements de comportement
attendus en raison d'une plus longue
espérance de vie, ce dont nous devons nous réjouir — on ne le mentionne pas assez souvent — et du fait surtout que la période de vie
professionnelle sera à peine plus longue pour certains que la période de
retraite. Il s'agit d'un des changements
majeurs des dernières décennies auxquels doit faire face la société québécoise.
Ce changement de norme nous rappelle
l'époque où le recyclage est arrivé dans nos foyers. Après nous avoir
sensibilisés au fait que
l'environnement était en péril et que nous devions poser des gestes concrets,
on nous a remis un bac bleu ou un bac
vert. Alors que le taux de récupération de la collecte sélective résidentielle
était de 20 % en 1999‑2000, il a atteint 64 % en 2010. Ces résultats sont attribuables à une combinaison d'actions : information, sensibilisation, éducation mais aussi
facteurs facilitateurs comme le bac à récupération à la maison. Tous ces
facteurs ont contribué à des changements de comportement.
Avec le
retour de l'éducation financière dans nos écoles, l'introduction de l'obligation
d'offrir un outil d'épargne-retraite en
milieu de travail, que ce soit un RVER ou autres, et avec le débat d'aujourd'hui sur l'équité intergénérationnelle et l'avenir du Régime de rentes
du Québec, le gouvernement contribue à changer la norme. Pour ce faire, il peut compter sur notre appui, sans réserve, dans ses efforts
vers une plus grande autonomie financière des retraités et une plus forte
sensibilisation des jeunes travailleurs sur l'importance de se responsabiliser en vue de la retraite. Nous sommes toutefois
conscients que ces changements exigent du temps avant de produire leurs effets.
Je passe la parole maintenant à M. Harnois.
• (16 h 20) •
Le Président (M. Bernier) : M.
Harnois, on vous écoute.
M. Harnois
(Claude) : Merci. Dans le cadre de la conférence des ministres
des Finances en juin dernier, plusieurs
émettaient l'hypothèse que la prochaine génération pourrait s'adapter en
haussant leur taux d'épargne, en partant à un âge de retraite plus avancé, réduisant les dépenses après la retraite,
utiliser du capital immobilier ou même réduire l'héritage suite à leur décès.
Donc, à première vue, ces changements comportementaux pourraient avoir
un effet positif sur la viabilité à long terme du système actuel.
La situation
au Québec est particulière dû au fait que la masse active
d'employés pour supporter le nombre de retraités est très inférieure à
ce qu'on voit pour les autres provinces, ce qui en résulte en une cotisation
plus élevée au Régime de rentes du Québec. Il est important d'établir un niveau
de cotisation au niveau du régime en fonction de la capacité de payer des travailleurs et des travailleuses du Québec ainsi
que des employeurs. On promeut le financement du
régime pour assurer sa pérennité à long terme et garantir la sécurité des
prestations. Il est essentiel, par contre, de distinguer
sécurité financière comparativement au maintien du niveau de vie. La sécurité
financière est assumée par l'État, alors
que le maintien du niveau de vie est affecté par le niveau d'épargne
personnelle. La sécurité financière a pour but de garantir un revenu de base à un grand nombre de
travailleurs lorsque ceux-ci atteindront la retraite. Le Régime de rentes
du Québec est fondé sur des valeurs de
justice sociale et demeure la responsabilité partagée entre l'État, les
employeurs et les travailleurs, donc,
afin d'avoir un système de retraite sain et efficace qui repose autant sur la
participation de l'État, des individus et des employeurs selon les
moyens de chacun.
Une
étude qui a été produite récemment par la firme McKinsey à l'égard du système
de retraite canadien conclut que le système de revenus actuel est
efficace pour la plupart des Canadiens et Québécois. Lorsqu'on regarde les gens
à faibles revenus, 90 % d'entre eux ont accès à une rente de retraite
adéquate, considérant les différents piliers : le Régime de rentes du Québec, la pension de Sécurité de vieillesse et le
supplément de revenu garanti. Lorsqu'on considère l'épargne des régimes de retraite privés, la
proportion, à ce moment-là, est de 75 % pour les individus à revenus
modestes.
Nous
sommes d'avis qu'une approche fondée sur des solutions ciblées qui favorisent
l'épargne personnelle par l'entremise
de véhicules qui sont accessibles durant la période d'emploi, tels le RVER, le REER
collectif ou tout autre produit d'accumulation, est à privilégier.
Mme Lemay (Élyse) : Alors, M. le Président, si on ne respecte pas la capacité des
employeurs, nous pourrions nous retrouver devant des conséquences non
désirables.
La
capacité de contribuer des employeurs aux avantages sociaux des employés est,
le plus souvent qu'autrement, limitée,
vous en conviendrez. Si l'augmentation de la cotisation au RRQ n'est pas
ciblée, modeste et, j'ajouterais, stable, certains employeurs pourraient choisir de limiter ou même de retirer des
programmes d'avantages sociaux. Ici, quand je parle d'avantages sociaux, je parle de régimes de santé complémentaires,
ce qui inclut les médicaments, qui augmentent de plus en plus, ainsi que les programmes d'invalidité de courte et de
longue durée. Et on sait que l'invalidité, c'est vraiment une garantie
très précieuse pour les employés. Ce serait alors au gouvernement, donc à
l'ensemble des contribuables, d'assurer la protection de ces employés.
Autrement dit, comme l'assiette des dépenses liées
à la main-d'oeuvre et aux avantages sociaux est retreinte, les
employeurs n'ont d'autre choix que de limiter leurs dépenses dans un poste
budgétaire quand l'autre augmente, hein? C'est le principe des vases
communicants.
L'hypothèse que les
charges sociales ont un effet sur les programmes de santé offerts en milieu de
travail a d'ailleurs été étudiée par une recherche du MIT, le Massachusetts Institute of Technology. Les
chercheurs ont étudié une situation québécoise et ont démontré que,
lorsque le fardeau des charges fiscales augmente en entreprise, il s'ensuit une réduction des protections de santé offertes en
milieu de travail. Par conséquent, plusieurs entreprises n'ont pas la marge
de manoeuvre nécessaire pour absorber
l'augmentation des charges et doivent donc se résoudre à réduire leurs dépenses
pour rétablir leur équilibre financier.
De plus, toujours
selon cette étude du MIT, ce seraient surtout les petites entreprises qui
opteraient pour une réduction des avantages
sociaux. Les petites entreprises sont pourtant celles qui devraient constituer
une priorité, compte tenu du plus
faible taux d'épargne, en général, de leurs employés et du risque que ceux-ci
se retrouvent dans une situation plus
précaire à la retraite. Si une telle situation se produisait, donc absence
d'avantages sociaux en milieu de travail, les travailleurs et les travailleuses du Québec dans cette situation
n'auraient d'autre choix que de se tourner vers les régimes publics,
dont la RAMQ pour les médicaments, et vers l'assurance-emploi ou Retraite
Québec pour l'invalidité. Cette conséquence créerait une pression additionnelle
indésirable sur les finances publiques.
Mme Duhaime (Lyne) : En terminant, nous aimerions vous sensibiliser à
la situation du régime général d'assurance médicaments. Oui, je vous
parle bien de médicaments dans une consultation sur la retraite.
Nos
membres assurent 60 % des Québécoises et des Québécois et paient
annuellement 2,8 milliards — c'était le chiffre de l'an dernier — annuellement, 2,8 milliards de dollars
en réclamations pour des médicaments seulement par le biais des régimes d'assurance collective. Pour
différentes raisons, dont les avancées médicales et scientifiques, la facture
globale des médicaments augment d'année en année. Cette hausse est absorbée par
les employeurs et leurs employés lors du
paiement des primes d'assurance collective, malgré les efforts et l'énergie
déployés par, entre autres, mon association et mes membres afin de mieux
contrôler le coût des médicaments. Comme le mentionnait Me Lemay, une
pression supplémentaire occasionnée par une hausse trop importante des
cotisations au Régime de rentes du Québec pourrait potentiellement engendrer le désengagement de certains employeurs de la
couverture santé, qui est associée à celle pour l'invalidité.
De plus, la situation
des régimes de retraite et de la suffisance de l'épargne en vue de la retraite
en général a beaucoup évolué depuis
l'instauration du Régime de rentes en 1966 et évoluera encore dans les
prochaines années. L'exercice
d'aujourd'hui est donc fort pertinent. Nous saluons donc cette démarche, qui a
comme objectif l'amélioration des
revenus à la retraite pour les moins nantis et ceux qui éprouvent de la
difficulté à épargner. Les solutions ciblées sont définitivement à privilégier, et nous devons
attendre et observer les tendances et les changements liés à l'introduction du
RVER ou d'autres régimes mis en place en
milieu de travail. Nous devons aussi espérer que des cours d'économie à l'école
contribueront à ce que les Québécois fassent
des choix plus judicieux. Je dois vous dire, après avoir entendu les
représentants de Force Jeunesse, que cela me donne confiance en l'avenir
et en nos jeunes.
En terminant, je vous
remercie de nous permettre aujourd'hui de contribuer à cette réflexion, et nous
sommes maintenant prêts à répondre à vos questions.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, Mme Duhaime, de votre
présentation. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Leitão :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, Mme Duhaime, Mme Lemay,
M. Harnois, bonjour, merci d'être
là, merci de participer à cette consultation. Votre point de vue est très utile
pour nous, pour alimenter notre réflexion, et vous êtes la première, Mme Duhaime, à remarquer avec grande
justesse que l'amélioration de l'espérance de vie est une bonne nouvelle. On a tendance à interpréter ça
comme étant : Ah! c'est terrible, l'espérance de vie augmente. Oh! comment on va faire? Mais, oui, c'est une bonne
nouvelle que l'espérance de vie augmente et continue d'augmenter. Ça nous pose des problèmes, des questions, surtout
pour les actuaires, de comment s'assurer qu'on peut bien financer tout ça.
Et donc ma
première question est dans ce sens-là, c'est-à-dire : Étant donné, donc,
notre profil démographique, qui est
différent de celui de nos voisins, donc le vieillissement rapide de la
population en âge de travailler et puis en plus l'augmentation de l'espérance
de vie, comment est-ce que vous, d'un point
de vue actuariel, regardez ça? C'est-à-dire, la pression sur les coûts des
régimes de retraite publics ou privés, comment vous...
• (16 h 30) •
Le Président (M. Bernier) : M.
Harnois.
M. Harnois
(Claude) : ...que, lorsqu'on
vient garantir des bénéfices pour des gens sous une forme à prestations
déterminées, c'est sûr que, lorsqu'on est dans un contexte où, la population
active comparativement à la population retraitée,
il y a un écart important puis que ça ne semble pas vouloir s'améliorer
avec le temps, bien, ça met de plus de plus de pression sur le
financement du régime de retraite.
Au Québec,
on est dans un contexte où les taxes sont très élevées. Donc, c'est sûr que,
côté employeur, je pense que les gens
s'attendent à ce qu'il y ait un contrôle au niveau des coûts dans le temps.
Donc, même si on avance des chiffres au
niveau des cotisations additionnelles pour venir bonifier le régime de
retraite, je pense que les gens ont aussi le droit de se poser comme question : Est-ce que
ces coûts vont réussir à être maintenus dans le temps, considérant la situation
actuelle du Québec?
Le Président (M. Bernier) : Merci. M.
le ministre.
M.
Leitão : Donc, c'est ça,
c'est cette question que d'ailleurs j'avais posée à d'autres groupes
avant, hier et ce matin, c'est cette question
de la capacité de payer. Enfin, la capacité de payer semble être illimitée. Il y a
les deux aspects. Du côté des
individus, donc des travailleurs, il semble y avoir un vaste consensus, que tout le monde serait prêt à payer plus, très bien,
mais vous avez soulevé des questions intéressantes et importantes du côté des
employeurs pour ces limites à la capacité de payer. Si vous pouviez peut-être
élaborer un peu plus dans cette équation ou si, oui, on augmente les charges sur la masse salariale avec des
bonifications du régime public de pension, bon, l'effet que ça peut avoir sur
d'autres bénéfices que les entreprises peuvent payer, ou diminuer, ou
ralentir.
Le Président (M. Bernier) : Mme
Duhaime.
Mme
Duhaime (Lyne) : Oui. Nous
sommes comme témoins d'une situation qui est plus globale que celle simplement des
régimes de retraite, et c'est la raison pour laquelle je vous ai parlé du
médicament. C'est-à-dire qu'on offre
des produits de retraite, mais on offre aussi des produits d'assurance
collective, des produits de santé, et le médicament, c'est réel, là, c'est un... Aujourd'hui,
je vous parle de retraite, mais c'est quelque
chose qui nous occupe énormément.
C'est très, très important,
le coût des médicaments. Dans un régime d'assurance collective, ça représente à peu près
la moitié des coûts. Ils augmentent d'année en année. On n'arrive pas à
les contrôler, pour différentes raisons, parce que — il y a beaucoup de raisons — c'est complexe, et les employeurs nous
disent : Si ça continue comme ça, qu'est-ce
qu'on va faire? Est-ce qu'on va devoir, à un moment donné, abandonner
les régimes et demander à nos travailleurs d'aller à la RAMQ? Et donc cette
pression, elle est réelle. Il y a eu 50 grands employeurs du Québec
représentant 400 000 employés
qui ont écrit, entre autres, à M. le
ministre Barrette l'an dernier pour lui faire part de leurs inquiétudes.
Cette pression-là, elle est réelle
et, pour nous, bien, effectivement, elle est conjuguée au problème... ou à la
situation des taxes sur la masse salariale au Québec.
Donc, les
employeurs québécois ont une situation particulière, et, lorsqu'on pense à
bonifier le Régime de rentes, ce avec
quoi nous ne sommes pas en désaccord, tout ce qu'on dit, c'est : Soyons
prudents, faisons les bons calculs, parce que nous, on est témoins d'une très grande pression sur les employeurs
et d'employeurs qui nous disent : On ne sait pas si on va maintenir
éventuellement des programmes d'assurance collective.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. le ministre.
M.
Leitão : Dans le contexte de nos échanges ici, nous avions donc les
trois scénarios, si on veut, dans l'axe 1 de nos consultations, donc, soit le statu quo, soit
la proposition RPC ou la proposition Québec. Avez-vous une préférence
ou, comme vous avez dit, vous demeurez prudents?
Le Président (M. Bernier) : Mme
Duhaime.
Mme Duhaime (Lyne) : On ne prend pas
de position puis on ne pense pas que c'est notre rôle.
Nous
représentons le secteur privé. Ce n'est pas notre rôle de prendre position. Et
nous ne dirons pas : Eh bien, le statu
quo est préférable, puisque les gens vont investir plus dans des placements
privés. Ce n'est pas notre rôle de faire ça. Nous, on veut simplement dire : Soyez prudents, on est témoins d'une situation. Donc, on ne prend pas position sur les
scénarios et on est très conscients qu'on doit s'assurer
que les Québécois et les Canadiens aient un revenu décent à la retraite. Voilà.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Leitão : Très bien. Combien de
temps, M. le Président?
Le Président (M. Bernier) : Il vous
reste environ sept minutes.
M.
Leitão : Ah! O.K.
Parfait. Une question qui vous amène ailleurs, parce que c'est une question qui a été soulevée hier, et on en a parlé à plusieurs reprises, et
qui n'est pas une partie, à mon avis, centrale de notre réflexion, mais qui est
importante aussi, les prestations de décès.
Une des choses qu'on nous a dites hier, c'est que : Écoutez, bon, le
montant qui est présentement fourni
par Retraite Québec, 2 500 $, bon, on peut en discuter longuement, si
c'est assez et pas assez, etc. Mais
une des raisons qu'on demandait que le paiement de Retraite Québec soit
maintenu et même augmenté, c'est que les régimes privés d'assurance
étaient compliqués.
Ce n'est pas très honnête de vous poser cette
question-là, mais comment est-ce que vous répondez à ces critiques-là? Est-ce
que c'est vraiment si compliqué que ça que les gens sont...
Le Président (M. Bernier) :
Mme Lemay.
Mme Lemay
(Élyse) : Je dirais, ça me surprend un peu, parce que les employeurs
qui ont des régimes d'avantages sociaux,
les régimes individuels d'assurance... Je veux dire, à ma connaissance, ce
n'est pas si compliqué, là, d'acheter de
l'assurance, en fait, de trouver un conseiller. Et même il y a certains
produits qui sont plus faciles et moins complexes qui peuvent maintenant aussi s'acheter en ligne.
Alors, à ma connaissance, ce n'est pas vraiment compliqué de pouvoir
s'acheter des protections d'assurance.
Le Président (M. Bernier) :
...
M. Leitão : ...quand arrive le
moment, donc, de faire le décaissement, c'était aussi dit que : Ah! ça
prend tellement de temps que les pauvres familles sont complètement...
Mme Lemay
(Élyse) : La plupart des assureurs, maintenant, depuis plusieurs
années, ont des méthodes de paiement pour,
dépendamment des sommes qui peuvent être... Si la somme est à l'intérieur d'une
certaine norme, ils sont très express, là, ils sont assez rapides.
Alors, je pense qu'il faudrait regarder tout cela. Mais ça me surprend, à prime
abord.
M.
Leitão : Très bien. Merci. Une autre chose différente, vous avez fait
allusion à ça, et ça a été aussi discuté ici hier et aujourd'hui à plusieurs reprises, la question
des RVER. On nous a dit que ça ne sert à rien. On nous a aussi dit : Au
moins, donnons-nous la chance de le voir en action.
Bon. Vous, avec votre expérience et le fait que
vous êtes très proches de ce segment-là, comment vous voyez l'évolution de cet
outil-là?
Le Président (M. Bernier) : Mme
Duhaime.
Mme
Duhaime (Lyne) : La première
chose que vraiment je tiens à dire, c'est que les RVER, ça ne peut qu'être
une bonne nouvelle. En fait, ce qui est une bonne nouvelle, c'est que tout
travailleur... en fait, s'il travaille dans une entreprise qui a 20 employés ou
plus, mais il va y avoir une progression, a accès, depuis le 1er janvier, à un
outil d'épargne-retraite, et ça, en soi,
c'est un pas dans la bonne direction, ça s'inscrit dans un changement de
société. Les jeunes d'aujourd'hui vont arriver sur le marché du travail et ne
se demanderont pas : Est-ce que j'ai un régime de retraite? Ils vont se demander ou vont demander : Quel
est mon régime de retraite? Déjà là, c'est un changement important. Donc,
que ce soient le RVER, le REER, un CELI, il va y avoir quelque chose. Donc,
c'est la première chose.
Le deuxième
élément. Ça fait 18 jours que le RVER est obligatoire, donc je pense que c'est
un peu prématuré pour dire que ça ne
fonctionne pas. Je reviendrai ici à la prochaine consultation. C'est aux six
ans, si je ne me trompe pas. Dans six
ans, si je ne suis pas capable de vous dire que ça fonctionne, je pense qu'on
pourra se poser des questions. Mais aujourd'hui nous ne sommes pas en
mesure de l'évaluer.
Ce que nous savons, c'est que beaucoup
d'employeurs ont opté pour le REER collectif, conjugué ou non à un RPDB. Est-ce que c'est la majorité? On n'a pas un
portrait global, puisqu'on est encore en train d'adhérer les employeurs,
hein? Tu sais, même si c'était le
1er janvier, là, on est encore en train de le faire. Mais la réalité,
c'est que, disons, d'ici la fin du
mois, tous les employeurs qui ont 20 employés ou plus vont avoir un outil d'épargne-retraite en milieu de travail.
• (16 h 40) •
M. Leitão : Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) :
Ça va?
M. Leitão : Ça va.
Le
Président (M. Bernier) : Est-ce que vous avez des questions,
messieurs? M. le député de Trois-Rivières.
M. Girard :
Je voudrais revenir un petit peu sur les PME.
Le Président (M.
Bernier) : Un court deux minutes.
M.
Girard : Au niveau
de l'économie du Québec, on a de moins en moins de grandes entreprises,
beaucoup plus de PME. On mentionnait tantôt que,
certains employeurs, bon, avec les régimes collectifs d'assurance santé, avec
l'assurance salaire, tout ça, il y a des coûts reliés à ça. Si on augmente le
coût de la Régie des rentes, il y a certaines entreprises qui vont avoir
peut-être plus de difficultés.
Selon
vous, étant donné les taxes sur la masse salariale, qui sont assez importantes,
est-ce qu'il y a un risque que l'employeur
se retourne directement sur le salaire des employés, c'est-à-dire qu'on ait
moins d'augmentations de salaire et qu'il y ait une baisse des salaires
des employés, ce qui va faire qu'on va changer quatre trente-sous pour une
piastre, c'est-à-dire que, oui, en
pourcentage, notre régime de retraite va s'améliorer, mais, si nos salaires
augmentent moins vite, à la retraite, on ne sera pas nécessairement
gagnants?
Le Président (M.
Bernier) : Mme Lemay.
Mme
Lemay (Élyse) : Oui. Peut-être que je pourrais vous parler, juste
rapidement, là, de la fameuse étude du MIT, là, qu'on a regardée. Mais c'est intéressant, c'est une étude qui a
regardé, finalement... En 1993, il semble qu'on a réduit la subvention fiscale à l'assurance maladie
fournie par l'employeur de près de 60 %, et puis les chercheurs ont
observé une réduction de 1/5 de la
couverture des régimes privés fournis par les employeurs et que ça, ça a été
plus marqué chez les petites
entreprises. Alors, il me fera plaisir d'envoyer aux membres de la commission
cette étude, mais je pense que c'est
quand même intéressant, il peut vraiment y avoir un effet, effectivement, avec
l'augmentation des charges sociales.
M.
Girard : Est-ce qu'au niveau
des régimes de retraite, au
niveau de la retraite des Québécois
on est à une étape à regarder peut-être plus large l'ensemble de nos
protections, l'ensemble de... Vous avez parlé beaucoup d'assurance collective au niveau des médicaments, du
coût des médicaments. Est-ce qu'on n'est pas à l'étape de faire peut-être
certains choix, comme société,
et de faire un pas en arrière pour regarder l'ensemble des choses que l'on
offre aux Québécois, pour, peut-être, mettre un ordre de priorité? Parce que chaque
protection que l'on a génère un coût, et, ce coût-là, bien, il faut le
payer.
Donc,
si on ne veut pas que le coût devienne exorbitant — on paie
déjà beaucoup d'impôt — est-ce qu'il y aurait, peut-être, certains choix à faire
pour le futur?
Le Président (M.
Bernier) : ...
Mme Duhaime (Lyne) : Oui, bien sûr, et ce n'est pas à nous à faire ce choix-là, évidemment,
ou à suggérer un ordre. La différence
de cotisation entre le RPC et le Régime de rentes du Québec s'explique en
raison, particulièrement, de profils
sociodémographiques différents. Par contre, l'écart pour les taxes sur la masse
salariale, pour le reste, ce sont des choix de société que nous avons
faits, et ça, bien, je ne considère pas que c'est à nous à se prononcer, mais
c'est une réalité.
Le Président (M.
Bernier) : Merci beaucoup. M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Merci. Alors, bienvenue, merci d'être ici avec nous. J'ai quelques questions.
D'abord,
les entreprises — aidez-moi,
là — les
entreprises qui offrent santé, complémentaire, invalidité, ainsi de suite, est-ce que c'est généralement des
grandes entreprises? Est-ce qu'il y a un profil d'entreprises qui vont offrir
ça? Soit des grandes, des petites, des moyennes?
Mme Duhaime (Lyne) : Je dirais que toutes les grandes entreprises en offrent. Ensuite, chez les
PME, il y a une bonne proportion qui en offrent, mais il y a
certaines... surtout la très petite entreprise, il y a certaines très petites
entreprises qui n'en offrent pas. Je ne sais pas si...
Le Président (M.
Bernier) : ...
M. Harnois (Claude) : Bien, je pense, c'est que ça va être spécifique à chacun, selon le
niveau de couverture qu'ils veulent offrir et le budget qu'ils ont à
allouer au niveau de l'assurance collective.
M.
Therrien : Si je vous dis que, règle générale, les
entreprises qui offrent ce service-là, santé, complémentaire,
invalidité, ainsi de suite, généralement, elles vont offrir un régime de
retraite, souvent, à prestations déterminées...
Une voix :
Non, pas nécessairement.
M.
Therrien :
Bien, il doit y avoir une corrélation, là. Je veux dire, j'imagine que, quand
l'entreprise offre ça, dans bien des cas, elles ont un régime de
prestations déterminées.
Une
voix : En fait...
Le Président (M.
Bernier) : Mme Duhaime.
M.
Therrien :
C'est quoi, la proportion, d'après vous, là? Je sais que vous n'avez peut-être
pas fait de...
Mme Duhaime (Lyne) : Les régimes à prestations déterminées, dans le secteur privé, c'est
15 % des employeurs. Alors, ce
15 % d'employeurs, définitivement, offre de l'assurance collective, j'en
suis convaincue à 100 %. Les 85 autres pour cent, eh bien, là, à ce
moment-là, il y en a qui offrent de l'assurance collective, il y en a qui n'en
offrent pas. Généralement, quand on parle de
moyennes entreprises, elles en offrent. Plus l'entreprise est petite, moins il
y a de chances qu'elle en offre.
Le Président (M.
Bernier) : ...vous voulez ajouter?
Mme
Lemay (Élyse) : Je veux juste, peut-être, ajouter que, nous, ce qu'on
observe, c'est qu'en général les petites entreprises, avant de penser à cotiser pour la retraite — parce que, même, supposons, avec le RVER,
les employeurs ne sont pas obligés de cotiser — donc,
avant de penser à cotiser pour la retraite, ils vont en premier lieu offrir un
régime d'assurance santé, dentaire et invalidité, y cotiser.
M.
Therrien : Mais, on peut dire, à cause de ce phénomène-là, étant donné que c'est à coût zéro,
ou à peu près, l'augmentation des cotisations liées au
régime de retraite qu'on propose... bien, que le gouvernement propose ou que Vancouver propose, que, quand tu as une prestation
déterminée, tes cotisations n'augmenteront pas, il va juste y avoir un
transfert de type de cotisation. Ça veut dire que l'effet que vous dites est
amenuisé, par conséquent.
Mme Duhaime
(Lyne) : Ce que vous dites, si je comprends bien, c'est que, dans les
régimes à prestations déterminées, donc le 15 % des...
M.
Therrien :
Oui.
Mme Duhaime (Lyne) : Pour les régimes intégrés, il n'y aura pas d'effet... qui sont intégrés
avec le Régime de pensions du Canada
et le Régime de rentes. Et c'est un mythe que... dans mon ancienne vie, c'est
ce que je faisais, là, des questions de régime de retraite, c'est un
mythe de penser que tous les régimes de retraite à prestations sont intégrés.
M.
Therrien :
La plupart le sont.
Mme Duhaime (Lyne) : Non. Il y en a probablement la moitié, peut-être, mais c'est beaucoup
plus complexe. Je vais laisser l'actuaire, je pense...
Le Président (M.
Bernier) : M. Harnois.
M. Harnois (Claude) : Oui, mais il y en a un certain nombre qui sont intégrés, c'est
sûr que je n'ai pas de statistique de
ce côté-là, mais il faut tenir compte qu'il y en a qui sont intégrés basé sur
une formule fixe. Donc, si le Régime des rentes du Québec bouge, le régime de retraite ne bouge pas, parce que
c'est vraiment un niveau de bénéfice jusqu'au MGA, plus un bénéfice additionnel au-dessus du MGA. Donc, à ce moment-là, toute
bonification du Régime des rentes ou
du RPC n'a aucun impact sur le régime de retraite, donc on vient
augmenter le niveau de prestations, là, pour le retraité.
M.
Therrien : Là, moi, je vais vous parler des frais de
gestion. Ce que vous offrez, les frais de gestion, c'est quoi, pour
gérer les... C'est les cotisations déterminées, j'imagine, que vous offrez.
Mme Duhaime
(Lyne) : Les régimes à cotisation déterminée sont gérés par un comité
de retraite.
M.
Therrien :
Bien, admettons, là, si je vais dans le privé, là, si je...
M. Harnois
(Claude) : Il y a différents produits.
M.
Therrien :
...ou bien des REER, les RVER, tout ça, c'est quoi, les frais de gestion?
M. Harnois
(Claude) : Ça va varier en fonction des spécificités, de la taille du
régime.
M.
Therrien :
Entre quoi et quoi?
M. Harnois (Claude) : Moi, je vois du régime qui peut osciller entre 15 points de base
sur les frais de base, excluant les
frais du gestionnaire, là, au niveau de
l'investissement. Les frais de base, souvent, on va les voir
osciller entre 15 et 75 points de base, puis, bien, les frais de
gestionnaire vont s'ajouter à ces frais-là en fonction de la complexité du
placement que vous avez sélectionné.
M.
Therrien :
...ça tourne autour de combien, à peu près?
M. Harnois
(Claude) : Bien, si on parle
d'un fonds diversifié, probablement dans les alentours d'entre 50 points de base et 110 points de base.
M.
Therrien :
Pour la Caisse de dépôt, c'est 0,2 %. Donc, à quelque part, quand tu
arrives avec un régime public, tu
fais des gains à ce niveau-là. Ça veut dire que ton portefeuille, il est, par
conséquent, plus efficace si tes frais de gestion sont plus faibles,
j'imagine.
Le Président (M. Bernier) :
M. Harnois.
M. Harnois (Claude) : Mais, à ce
moment-là, tu as un régime où le participant ne peut pas personnaliser son
portefeuille en fonction de ses besoins. Lorsque vous allez dans le Régime de
rentes du Québec, c'est un régime à prestations
déterminées, puis à ce moment-là, bien,
selon la situation personnelle de l'individu : l'individu, est-ce qu'il a un régime à prestations déterminées?, sa
conjointe, est-ce qu'elle travaille?, quel type de régime elle a?, c'est sûr qu'à ce moment-là on vient juste rajouter une couverture
additionnelle, mais ça ne permet pas de personnaliser la prestation en fonction des besoins réels de
l'individu.
M.
Therrien : O.K. Puis la mutualisation a-tu un effet sur l'efficacité qu'on peut avoir d'un régime de retraite public?
Une voix : ...
M.
Therrien : La
mutualisation du risque, le fait que le...
M. Harnois
(Claude) : Bien, c'est sûr
que plus la taille d'un groupe est importante... vous avez une meilleure
gestion des risques globale, donc moins de volatilité.
M.
Therrien : O.K. Pour les changements de comportement, je trouve
ça intéressant. Tu sais, vous avez parlé du bac de recyclage, et ainsi
de suite, puis je trouve ça vraiment
intéressant. Je voulais savoir : Est-ce
que... Je pense qu'au Québec
on n'est pas des grands épargnants, là, on peut se dire ça, là. Mais je ne
lance pas la pierre à personne, c'est comme
ça, c'est un constat. Est-ce
qu'ailleurs dans le monde on est plus efficace? Est-ce qu'il y a des
changements de comportement qui sont
issus de choses qu'on a faites, de cours qu'on a donnés, de publicités qu'on a
diffusées? Vous me voyez venir, là.
Est-ce qu'il y a des moyens de stimuler
l'épargne privée et faire en sorte que les Québécois ne soient pas accrochés, si on veut, obligatoirement à un régime
public ou à des prestations déterminées données par des entreprises, ils
peuvent être comme des grands garçons et des grandes filles, mettre de l'argent
de côté?
Est-ce
qu'ailleurs il y a des trucs qui ont
été faits pour stimuler ce réflexe-là, et est-ce qu'on pourrait
apprendre d'eux?
• (16 h 50) •
Le Président (M. Bernier) :
Mme Duhaime.
Mme Duhaime (Lyne) : ...les régimes
de retraite dans le monde. Vous savez, s'il y avait un pays qui avait développé la solution miracle, là, ça ne coûte pas
cher, puis tout le monde a un grand revenu à la retraite, je pense que
tout le monde se tournerait vers ce pays. Je sais qu'il y a des gens, comme
Retraite Québec, qui connaissent très, très, très bien
ce qui se fait partout dans le monde.
Tout le monde est conscient que la solution
miracle, elle n'existe pas. Donc, je ne peux pas vous dire : Ah! dans tel
pays, ils ont fait ça, puis maintenant, je veux dire, à peu de coût, les gens
prennent une retraite très confortable. Par
contre, on sait que certains pays ont migré vers, par exemple, uniquement des
régimes à cotisation déterminée, comme la
Grande-Bretagne, avec, ce qu'on dit, un grand succès. Mais j'imagine que, si je
posais la question, certains acteurs seraient satisfaits, d'autres le
seraient moins. Mais on sait que la Grande-Bretagne semble avoir réussi cette
migration.
M.
Therrien :
Le rapport D'Amours, qui nous a été offert hier, mentionnait et nous illustrait
concrètement les impacts de la
cotisation sur un travailleur qui gagne 10,75 $ de l'heure, là, puis là ce
qu'on s'aperçoit, c'est qu'à partir de 2019 c'est 0,02 $; après, à chaque
année, c'est 0,04 $, 0,06 $, 0,08 $, 0,11 $. Ça représente
à peu près 1 % du salaire. Les
gens qui gagnent 26 $ de l'heure, c'est à peu près, une proportion
sensiblement identique, à 1 %. Ça, c'est l'augmentation brute.
Alors, vous dites que, si on avait à faire subir à ces entreprises-là cette
augmentation-là, elles perdraient de la compétitivité,
alors que c'est l'ensemble des entreprises québécoises qui subiraient le même
coût au niveau des cotisations. Ça
veut dire qu'il y aurait possibilité de... en tout cas, en supportant ce
coût-là, étant donné que tout le monde supporte le même coût, bien, la
compétitivité relative au Québec ne change pas.
Le Président (M. Bernier) :
Mme Duhaime.
Mme
Duhaime (Lyne) : Je suis
contente d'avoir la chance de répondre à cette question, puisque nous, on ne
parle pas de compétitivité. Ça, c'est
le Conseil du patronat, c'est la FCCQ, ce n'est pas notre rôle. Nous, ce dont
on vous parle, ce
qu'on vous dit, c'est que nous sommes en mesure d'avoir un constat, peut-être,
plus global. On veut simplement vous rappeler
que la pression sur les employeurs ne vient pas uniquement du régime de
retraite, elle vient, entre autres, aussi des régimes d'assurance collective et du coût des médicaments, qui est,
en quelque sorte, hors de contrôle, et qu'il faut faire attention
lorsqu'on va faire des choix.
Mais, la question de la compétitivité des
entreprises du Québec, moi, je fais confiance aux organisations patronales pour
vous en parler.
M.
Therrien : Sauf
que...
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M.
Therrien : Juste
une seconde, s'il vous plaît, monsieur...
Le Président (M. Bernier) : Une
seconde.
M.
Therrien :
Je ne demande jamais ça. Sauf que c'est la compétitivité des entreprises qui va
faire en sorte qu'on va être obligés
de réagir à cette augmentation de cotisation là. Si on ne parle pas de
compétitivité, à ce moment-là on ne pourra
jamais dire qu'ils devront s'ajuster. S'ils n'ont pas à être compétitifs, ils
n'auront pas à le faire. Ça fait que, si vous me dites qu'on ne parle pas de compétitivité, à partir de ce moment-là,
je veux dire, ils pourraient augmenter la masse salariale puis dire : Bien, on n'a pas besoin d'être compétitifs, à
ce moment-là, on n'a pas besoin de bouger puis on a juste à payer
davantage nos... J'ai de la misère à vous suivre à cause de ça. En tout cas,
c'est juste...
Mme Duhaime (Lyne) : C'est que ce
n'est pas notre rôle de venir s'assurer que les entreprises du Québec demeurent compétitives. Nous, notre rôle, c'est de
venir vous faire état de nos constatations et de rappeler que, du point de vue d'un employeur, toutes les charges, que ce
soit de l'assurance collective, de la retraite ou des charges pour la masse
salariale ou d'autres programmes d'avantages
sociaux, pour l'employeur, ce sont des coûts qu'il doit calculer, et, à la fin
de l'année, il faut que ça fonctionne. C'est tout ce que je veux dire.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
Vous avez vu, j'ai été généreux, M. le député. M. le député de
Chutes-de-la-Chaudière.
Une voix : ...
Le Président (M. Bernier) : Pardon?
M. Picard : Une longue
seconde.
Le Président (M. Bernier) : Une
longue seconde, hein, oui, mais ça dépend des individus.
M. Picard :
Merci, M. le Président. Merci, mesdames monsieur. Je veux lancer l'idée. Quand
vous dites : Il n'y a pas de
solution miracle, là, pour permettre aux gens de mettre de l'argent pour leur
retraite, alléger le fardeau fiscal, ce ne serait pas quelque chose d'intéressant au Québec? Je vous lance l'idée,
là. Parce que, si les jeunes n'épargnent pas, c'est parce qu'ils n'ont pas beaucoup d'argent pour
vivre ou survivre — prenons
le terme que nous voulons. En tout cas, je vous lance l'idée, parce qu'il faudrait peut-être analyser qu'est-ce qui
se passe dans certains pays où le revenu disponible est meilleur qu'ici,
s'ils épargnent plus pour la retraite.
Ça, c'était mon premier commentaire. Si vous le
commentez, vous le pouvez en tout temps, là.
Le Président (M. Bernier) :
Mme Duhaime.
Mme
Duhaime (Lyne) : C'est qu'on
est dans une situation particulière, au Québec, c'est-à-dire, effectivement,
nos impôts sont élevés, nos taxes sur la
masse salariale sont élevées parce que nous nous sommes payé des programmes
sociaux généreux — c'est un choix de société sur lequel je ne
me prononce pas — et notre
cotisation au Régime de rentes coûte plus cher qu'au RPC en raison de notre profil sociodémographique. Donc, c'est
une situation, puis il faut tout regarder ça dans son
ensemble — M.
le ministre va avoir cette tâche — et prendre les décisions en conséquence.
M. Picard : Je
comprends bien, sauf que, le profil, là, on en parle beaucoup, là, qu'on
vieillit beaucoup plus au Québec.
Moi, hier, j'ai demandé au ministre... et il me l'a remis aujourd'hui puis je
suis content, là. L'écart n'est pas si élevé que ça, là. Donc, il faudrait peut-être, si je peux avoir un document
plus détaillé qui m'explique pourquoi on dit qu'on vieillit beaucoup plus au Québec, là... Lorsqu'on
le regarde par province, là, ce n'est pas majeur, là, en tout cas, mais on
fera le débat en privé ou ici, à la commission, mais ce n'est pas l'endroit,
avec les gens qui viennent témoigner ici.
Je voudrais
bien comprendre. Vous êtes l'Association canadienne des compagnies
d'assurances, section Québec. C'est ça? Section Québec. Les autres
sections au Canada, est-ce qu'elles partagent le même point de vue que vous en disant : Faites attention, à cause des
charges sociales que nous avons déjà, ou c'est seulement au Québec? Parce que,
hier, on a eu un tableau de présenté par le groupe de M. D'Amours.
Lorsqu'on regarde la base, là, en bleu, ici, là, c'est le Régime des rentes du Québec, donc, c'est à peu
près équivalent. Après ça, le RQPA, on a à peu près l'équivalent. C'est lorsqu'on arrive dans le petit bâtonnet jaune,
ici, là... là, c'est le FSS surtout et la main-d'oeuvre, donc. Mais il y a un
projet par le ministre de diminuer...
parce que, si on diminue l'équivalent, ou presque, de la hausse nécessaire pour
augmenter les rentes du nouveau RRQ,
vous n'auriez pas... Vous nous dites : Faites attention! Mais, si le
gouvernement réduit les taxes sur la
masse salariale des employeurs, on pourrait le faire puis on s'assurerait que
les futurs retraités, nos jeunes de tout à l'heure aient des revenus
dignes de ce nom à la retraite.
Le Président (M. Bernier) :
Mme Duhaime.
Mme Duhaime (Lyne) : En fait, nous
n'avons qu'une association nationale et un chapitre Québec. Notre association a appuyé les modifications au RPC.
Donc, c'était notre position, la position canadienne. Nous, ici, on ne dit
pas qu'on ne l'appuie pas, on dit seulement : Faites attention, nous avons
une situation qui est particulière.
M. Picard :
Mais vous nous dites : Faites attention, parce qu'ici, là, on excède par
rapport aux autres provinces, là.
Mme Duhaime (Lyne) : Oui.
M. Picard :
Si je le mets comme ça, c'est pour les gens qui peuvent nous écouter à la télé,
là. La partie jaune, ici, là, c'est
vraiment un excédent, c'est un montant additionnel que les entreprises du
Québec doivent payer par rapport aux provinces voisines.
Mme Duhaime
(Lyne) : Oui, puis parce que
les cotisations au Régime de rentes du Québec sont aussi plus élevées.
Il faut quand même en tenir compte.
M. Picard :
Mais c'est minime. C'est minime, là, lorsqu'on regarde ici, là. O.K. Merci
beaucoup. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Bernier) : Merci de votre participation. Merci à
Mme Duhaime, Mme Lemay, M. Harnois. Merci de votre participation à
la Commission des finances publiques.
Je lève la
séance et je remercie tous ceux qui ont participé aujourd'hui à nos travaux. Et
la commission ajourne ses travaux à demain, 10 h 15, où elle
poursuivra ce mandat.
(Fin de la séance à 16 h 58)