(Dix-neuf
heures trente-trois minutes)
Le Président (M. Girard) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Donc, je
déclare la séance de la Commission
des finances publiques ouverte. Je demanderais à tous les gens présents
dans la salle d'éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
La
commission se réunit aujourd'hui afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet
de loi n° 87, la Loi facilitant la divulgation d'actes
répréhensibles dans les organismes publics.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Therrien (Sanguinet) est remplacé par
Mme Hivon (Joliette) et M. Bonnardel (Granby) est remplacé par
M. Caire (La Peltrie).
Étude détaillée (suite)
Le Président
(M. Girard) : Merci. Donc, lors de l'ajournement de nos travaux,
le 26 octobre dernier, nous en étions à l'étude du sous-amendement déposé
par le député de Granby sur l'amendement déposé par le ministre à l'article 5.
Une voix :
...
Le Président
(M. Girard) : Ah! J'avais Granby, c'est votre collègue... Désolé.
Donc,
M. le député de La Peltrie, je vous rappelle que vous n'aviez plus de temps de parole sur votre sous-amendement.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur le sous-amendement du député de La Peltrie?
Une voix :
...
Le Président (M. Girard) : Non, malheureusement, vous l'avez déjà pris lors de la dernière
séance. Donc, oui, allez-y, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Léger : Oui, merci, M. le Président. Alors, évidemment,
le député de La Peltrie a apporté un amendement particulièrement demandé par plusieurs groupes. Je ne sais pas si
le ministre a eu le temps de réfléchir, depuis le temps, si... Peut-être qu'aujourd'hui il va nous dire qu'il accepte l'amendement. On aimerait bien qu'il accepte l'amendement, parce que,
dans le fond, c'est permettre vraiment à une association
accréditée... Parce que, je rappelle, le sous-amendement, c'est :
«Dans le cadre de toute procédure en vertu de la présente loi, il est donné à
toute personne qui fait une divulgation le droit d'obtenir conseil,
d'être accompagnée et d'être représentée par son association accréditée.» Plusieurs associations accréditées, d'ailleurs,
le monde syndical, évidemment, sont venus nous dire ici, en commission, qu'ils
trouvaient important qu'ils puissent aussi accompagner, conseiller
leurs membres ou des gens qui sont associés dans leurs associations accréditées, et c'est toute la démonstration que
le collègue... qu'on a essayé de faire pour que le ministre
puisse ajouter cet amendement-là. Alors, c'est vraiment l'objectif de l'amendement.
Et
j'aimerais rappeler au ministre que, dans
le fond, il y a beaucoup
de... lors de toutes les consultations, beaucoup de groupes nous ont amené plusieurs
amendements. Et j'insiste fortement pour que le ministre
puisse vraiment accepter quelques amendements, parce qu'on y va à la
pièce, et c'est très, très, très minime, les amendements que le ministre accepte de notre part. Alors, celui-ci particulièrement, je pense que c'est une possibilité, pour une
personne, dans le fond, d'obtenir conseil, d'être accompagnée. Et c'est à
cet article 5 là qu'on voit qu'on peut l'introduire... à
moins que le ministre nous dit qu'il
peut s'introduire ailleurs, mais c'est à ce moment-ci qu'on pense
qu'il peut être important d'introduire cet article-là. Alors, voilà,
M. le Président.
Le Président
(M. Polo) : Merci beaucoup. M. le ministre.
M. Leitão :
Oui, merci, M. le Président. Alors, on s'est laissés, la semaine dernière, sur
cette question-là. Et donc, comme on l'avait mentionné la semaine
dernière, nous, nous jugeons que ce n'est pas souhaitable de prendre cet
amendement-là parce que ce rôle-là est confié au Protecteur du citoyen. Et un
peu plus tard, suite, justement, aux consultations
et aux commentaires qu'il y a eu, nous introduisons, à l'article 23, tout
l'aspect de la consultation juridique, consultation juridique que le
Protecteur du citoyen peut fournir. Donc, nous pensons que cela couvre la
situation décrite par le député de La Peltrie.
Le Président
(M. Polo) : Merci beaucoup. Mme la députée de
Pointe-aux-Trembles.
Mme Léger : Je vais
regarder le 23, M. le Président, juste pour être sûre.
M. Leitão :
...23.2.
Mme Léger :
Ah! c'est l'amendement que vous allez ajouter, le 23.2. Est-ce qu'on peut avoir
un petit... qu'est-ce qu'il va y avoir, 23.2, avant qu'on termine
celui-là, le 5? Parce que je ne voudrais pas passer outre. Si le 23.2 ne
correspond pas, je vais redéposer un amendement.
Le
Président (M. Polo) : Je pense que... Je peux inviter peut-être
le ministre à en parler, mais on est toujours sur le sous-amendement,
Mme la députée. Peut-être, M. le ministre, si vous voulez élaborer... Allez-y.
M. Leitão : Je peux, oui, si... À l'article 23.2,
donc, là on serait rendus au chapitre IV du projet de loi, et on
parle de consultation juridique. Donc,
ce qu'on dit ici, c'est que «le Protecteur
du citoyen peut mettre un service de
consultation juridique à la disposition de toute personne qui effectue ou
souhaite effectuer une divulgation ou qui collabore à une vérification ou à une enquête menée en raison d'une divulgation conformément aux dispositions des
chapitres II à IV de la présente
loi ou aux dispositions du chapitre [VII] de la Loi sur les services de garde
éducatifs à l'enfance». Donc, cette question
de l'accompagnement juridique se fait, à notre avis, par l'organisme qui a
cette mission, qui est le Protecteur du citoyen, et par, donc, les
associations accréditées.
Le Président (M. Polo) : Mme la
députée de Pointe-aux-Trembles, est-ce que les explications vous aident dans
votre compréhension?
• (19 h 40) •
Mme Léger : Ça m'aide à
dire ce que je vais vous dire, effectivement.
Alors, M. le
Président, donc, là on parle d'une consultation juridique au sein du Protecteur
du citoyen. Ce n'est pas ça, notre...
Ce n'est pas ça, d'abord, l'amendement qu'on apporte, et ce n'est pas ça, le fond
de la question. Je rappelle que les
associations accréditées ou les représentations syndicales, d'une part, nous
disent qu'ils veulent qu'on reconnaisse le droit à la représentation
syndicale en cas de besoin. Et c'est complémentaire, c'est tout l'aspect de
complémentarité au projet de loi qu'on a là mais au niveau de l'accompagnement,
du soutien.
On parle d'une question de complémentarité — je
vous redonne les arguments — pour
éviter les faux pas, c'est-à-dire prévenir qu'une personne fasse une divulgation non
couverte par la loi — donc
c'est de la prévention qu'on fait
avant — identifier
les représailles en cas de divulgation. Donc, un des objectifs est d'établir un
régime de protection des lanceurs d'alerte contre les représailles, donc
peut-être déjà accompagner la personne puis lui dire que peut-être, oui, on peut faciliter la divulgation, mais oui, aussi,
que peut-être ce n'est pas adéquat de le faire. C'est tous des
arguments que nous avons soulevés, je ne recommencerai pas au complet, M. le Président,
hein, mais ça demeure... Je vois que le ministre, depuis toute la fin de
semaine, n'a pas avancé sur cette question-là. Alors, ça suffit, M. le
Président.
Le
Président (M. Polo) :
Parfait. Est-ce que vous êtes prêts à... Ah! La députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques souhaite prendre la parole.
Allez-y.
Mme Massé : Oui, bien, c'est
concernant, justement, le lien qui est fait. Je me souviens qu'un des arguments
qui était amené la semaine dernière par le
ministre à l'effet de ne pas favoriser ce dont il est question ici, c'est-à-dire de permettre l'accompagnement par les associations accréditées, un des
arguments que le ministre amenait était à l'effet que... bien, je ne reprends pas ses paroles de façon... ce
n'est pas du cité, là, c'est plus ma mémoire, à l'effet que, dans le
fond, c'est complexe, on ne voudrait pas
induire en erreur les gens qui se font accompagner, et donc, l'accompagnement
de la Protectrice du citoyen, elle va répondre à ça.
Ce qui
m'inquiète un peu, lorsque le ministre nous réfère à l'article 23.2, c'est
que, dans l'avant-dernier paragraphe, on
dit que, pour bénéficier de ce service de consultation juridique dont il a été question, là, dans l'article 23.2,
qui concerne le Protecteur du citoyen...
on dit donc : «Pour bénéficier de ce service, une personne ne doit pas
avoir autrement accès gratuitement à des [consultations] juridiques...»
Alors là, on est un peu en train de dire une chose et son contraire. On nous donne à nous, l'opposition, l'argument
qu'on ne veut pas que les divulgateurs soient accompagnés, parce qu'on
ne voudrait pas qu'on induise en erreur...
ou, en tout cas, la complexité de la chose ferait en sorte que ça pourrait
induire en erreur un divulgateur alors que la Protectrice du citoyen a le bon
système pour aviser, soutenir, etc., alors que, dans l'amendement qui nous est proposé en 23.2, plus tard, là on dit :
Bien, vous allez avoir accès aux services juridiques de la Protectrice
du citoyen si vous n'avez pas accès gratuitement à des conseils juridiques.
Donc là, tout d'un coup, c'est d'autre monde qui peuvent conseiller.
Alors,
j'aimerais que le ministre m'explique qu'est-ce qui est bon dans son amendement
à 23.2, pourquoi ici ce ne serait pas bon, là.
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre.
M. Leitão : Ce qui se passe,
c'est que, comme vous savez très bien, il y a... Ce n'est pas que c'est d'autre
monde, c'est qu'il y a d'autres
circonstances. D'abord, on n'a jamais parlé d'induire en erreur. Ce qui nous
préoccupe, c'est la possibilité que de l'information confidentielle puisse
circuler dans des endroits où elle ne devrait pas circuler, c'est surtout ça.
Mais
revenons à l'aspect de la consultation juridique. Donc, ce n'est pas d'autre
monde, c'est le même monde mais des
circonstances différentes. C'est-à-dire que ça se peut, s'il y a une question,
surtout en relation aux normes du travail, qu'une personne puisse porter plainte ou
se faire accompagner ou poser des questions à la Commission des normes,
de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail. Donc, cette commission
possède déjà le mandat d'investiguer ces questions
qui concernent les normes du travail, donc on ne veut pas faire des
duplications entre cela et, donc, les sonneurs d'alerte, les
divulgateurs d'actes répréhensibles.
Le Président
(M. Polo) : Mme la députée.
Mme Massé :
Oui. Si je comprends bien... Puis merci de m'avoir dit que ce n'est pas une
question d'être mal conseillé mais bien de partager avec d'autres des informations qui pourraient être confidentielles, là, bon, etc. Et vous me dites, dans
le fond, on va appeler un chat un chat : Les syndicats ne peuvent pas
accompagner leurs membres préalablement dans des prises de... qu'ils puissent pousser leur réflexion à un tel
point de dire : Oui, finalement, je vais aller divulguer, j'ai du matériel pour le faire, je me sens en sécurité,
bon, il a répondu à toutes ces questions. Mais vous me dites qu'ils ne
peuvent pas le faire parce que, dans le fond, les syndicats ne servent que sur
les questions des normes du travail?
M. Leitão :
...l'employé, donc le syndiqué, peut, bien sûr, en discuter, de la question,
avec son syndicat, comme avec
n'importe quelle autre personne. La question ici, hein, on revient au point de
départ, c'est la circulation d'informations confidentielles.
Donc,
la personne concernée, l'employé, peut en discuter avec son syndicat :
Écoute, moi, il y a une problématique qui me dérange au travail, ça et
ça, donc elle peut, d'une façon générale, en discuter avec son syndicat, comme
avec n'importe quelle autre personne, mais elle ne peut pas transmettre
l'information. Le seul organisme à qui elle peut transmettre l'information,
c'est le Protecteur du citoyen ou le bureau de... l'organisme interne de
surveillance.
Le Président
(M. Girard) : Mme la députée.
Mme
Massé : Mais en même temps il me semble que, dans les organisations
syndicales, il y a des avocats, avocates qui sont tenus par des règles
de confidentialité, de mémoire, qu'on réaffirme dans le projet de loi, sont
tenus à la confidentialité. Et là, parce
qu'on voudrait que les divulgateurs puissent être accompagnés ou représentés
par ces gens-là, tout d'un coup on
leur dit : Mais eux autres, ils ne peuvent pas avoir ce genre
d'information là, puisque ce genre d'information là est confidentiel.
Oui, mais ils sont soumis aux mêmes règles que tous et toutes, il me semble.
Le Président (M. Girard) :
M. le ministre.
M. Leitão :
Écoutez, dans le cas de ces situations, qui peuvent être très sensibles, nous
jugeons que ce qui est approprié, c'est que
le syndiqué, l'employé fasse affaire avec les avocats et les services
juridiques du Protecteur du citoyen. C'est à cet organisme-là que nous
donnons le mandat d'accueillir les plaintes des citoyens.
Le Président
(M. Girard) : Mme la députée.
• (19 h 50) •
Mme
Massé : Oui, mais c'est au même titre qu'on a tous une commission qui
s'occupe des normes du travail, et on
dit : Bien oui, il y a des avocats en droit du travail qui peuvent
accompagner des gens. Je trouve les arguments un peu faibles parce que, si... Et là je reviens encore
sur la nécessité, pour le divulgateur, pour le lanceur d'alerte, de
s'assurer que la démarche qu'il fait, elle chemine correctement, et je ne vois
pas... Il se retourne vers son syndicat puis il dit : Écoutez, je pense que je suis un divulgateur, je
pense que j'ai quelque chose à divulguer. Et puis là, bien, là on dit :
O.K., oui, c'est quoi, bon, c'est quoi, la
mécanique?, etc. Les questions : Est-ce que je suis protégé? Est-ce qu'il
faut que je sois certain et certaine
que l'information que je détienne soit vraiment une malversation ou en tout cas
un acte répréhensible? Bon, cet
échange-là se fait avec les représentants syndicaux. Et là la personne
dit : Écoute, moi, j'ai un acte répréhensible à divulguer. Par contre... Et ça, on l'a entendu
lors des auditions. On le sait, comment ce travail-là nécessite... en
fait, ça fragilise beaucoup les gens, parce
que c'est souvent extrêmement stressant, extrêmement épeurant, je dirais.
Alors, à ce moment-là, on dit :
Bien, oui, tu peux... en fait, tu le feras bien, si tu le veux, mais on ne veut
pas le savoir. Mais, quand il sera
rendu le temps d'aller accompagner et/ou être représenté, qui pourrait être
utile dans un cas où il y a effectivement un acte répréhensible... Et la personne est tellement en petits morceaux
qu'elle dit : Non, non, non, moi, je ne veux pas aller... je crains
d'aller... tu sais, tous les états dont on a entendu, durant les... Et là on ne
donnerait pas ce droit-là?
Ce
n'est pas... Je veux dire, les
avocats sont soumis à... c'est de
même pour tous les avocats, là, ils ont une règle claire, nette et précise de confidentialité. Je ne
vois... je n'arrive pas à saisir c'est quoi, le problème, qu'ils puissent
être accompagnés et/ou représentés, bien sûr.
Le Président
(M. Polo) : M. le ministre.
M. Leitão :
Bon, parce qu'encore une fois l'organisme qui est habilité à recevoir une
plainte et donc recevoir l'information qui
est confidentielle, cet organisme-là est le Protecteur du citoyen, qui est un organisme
indépendant. La façon dont
l'amendement a été formulé, c'est qu'on disait que les personnes, les employés
pouvaient être accompagnés ou représentés
par une association accréditée. Ça, c'est très vaste, une association
accréditée. C'est qui? Est-ce que toutes les associations accréditées veulent ce genre de mission ou pas? Donc,
c'était une très grande ouverture, et donc nous pensons que ce n'est pas souhaitable de le faire. Et c'est
le Protecteur du citoyen qui a cette mission. Mais on ne m'a pas encore
convaincu que le Protecteur du citoyen ne pourrait pas le faire d'une façon
efficace.
Mme Massé : Bien, M.
le Président, si je comprends M. le ministre, dans le fond, si on changeait
«association accréditée» par «syndicat», qui
clarifierait... Parce que c'est de ça qu'on parle, dans les faits, là, puisque
tout ce qu'il est question ici, c'est
des organismes publics. On a essayé de faire inclure beaucoup d'autres
affaires, mais là on en est rendu à seulement
des organisations publiques. Bien, pas mal toutes les organisations publiques
sont syndiquées. Alors, est-ce que je comprends
bien que, si on voyait, au lieu d'«association accréditée», «syndicat», ce
serait plus acceptable pour le ministre?
M. Leitão :
Ça ne changerait rien, c'est la même chose.
Mme Massé :
Ça ne changerait rien.
M. Leitão :
C'est le Protecteur du citoyen qui est l'organisme qui doit accueillir ces
plaintes-là.
Mme Massé :
Bon. Alors, bien, je... Bien, c'est vrai que vous n'étiez pas là lors des
audiences, mais rappelez-vous, les
gens qui y étaient, comment les gens qui sont, bien sûr, des représentants
accrédités, des associations accréditées sont venus nous dire cette
importance... Et là je nous le rappelle, là. On est là pourquoi? On est là pour
faire en sorte de protéger le mieux possible et de faciliter le plus possible
la divulgation d'actes répréhensibles. Alors, si les gens qui représentent ces
gens-là que nous voulons qu'ils dénoncent les actes répréhensibles... ces
gens-là nous disent : Bien, écoutez,
les dénonciateurs, ça leur faciliterait la vie d'être accompagnés, bien, on
aurait avantage à les écouter, à les écouter un peu plus, là.
Et d'ailleurs, bien,
on le verra à l'article 23.2, à l'amendement 23.2, mais... Le
ministre emploie beaucoup le mot «doit», le
Protecteur du citoyen «doit», puis ça fait partie de la job du Protecteur du
citoyen, mais, moi, ce que je lis à l'article 23.2...
à l'amendement, pardon, c'est que le Protecteur du citoyen «peut» mettre sur
pied un service de consultation.
Alors là, j'ai bien entendu que, le ministre, pour lui, c'est clair qu'il doit.
Bien, on va s'assurer que ce soit «doit» et non «peut».
Alors
donc, qu'est-ce que ça enlèverait, en fait, qu'est-ce que ça enlèverait, le
fait que... Les gens qui sont
dans un processus de divulgation, qu'est-ce que ça leur enlèverait si on leur
donnait la possibilité d'être accompagnés? Qu'est-ce que ça enlève au projet?
Le Président
(M. Polo) : M. le ministre.
M. Leitão :
Mais les personnes sont accompagnées par le Protecteur du citoyen, voilà.
Mme Massé :
Oui, ça, je... Oui. Quand on sera rendus à l'article 23, on verra bien. Je
vois bien que c'est au Protecteur du citoyen et au mécanisme de suivi que vous voulez diriger
tout, mais, dans le fond, la Protectrice
du citoyen, quand elle va accueillir
les gens, le Protecteur, quand il va accueillir les gens, ce qu'il souhaite,
comme nous, c'est que ces gens-là
soient en mesure de dénoncer le plus aisément possible des actes
répréhensibles. Alors, si tel est le cas, nous avons avantage, dans
notre législation, à nous assurer que les divulgateurs vont pouvoir prendre les
moyens qu'ils considèrent les meilleurs pour
se sentir protégés. Et là c'est comme si on leur disait : Mais, si toutefois
toi, tu sentirais ce besoin-là, comme
divulgateur, d'être accompagné ou même d'être représenté,
si tu penses que c'est ça qui est le mieux, nous, on te le dit tout de
suite, non, ce n'est pas une bonne idée. Moi, je pense que ce serait une façon.
Puis
je me réessaie une dernière fois, sinon je m'attaquerai à l'article 23.2
pour m'assurer qu'il y aura un «doit» au lieu d'un «peut», mais une dernière fois de dire : Bien, si on veut
les aider, là, vraiment et si on veut qu'ils divulguent vraiment, il faut qu'on leur donne... on leur
facilite la vie. Et moi, à cause de ce que j'ai entendu, je suis convaincue
que ça, ce sous-amendement-là, permettrait à
des gens de se sentir plus soutenus dans le grand sacrifice qu'on leur
demande, c'est-à-dire de mettre le doigt sur des affaires qui ne fonctionnent
pas. Je pense qu'on les aiderait, M. le ministre.
Mais je pense qu'on
ne partage pas la même opinion.
Le Président
(M. Polo) : M. le ministre.
M. Leitão :
J'ai déjà donné mon opinion, je ne pense pas que ce soit nécessaire.
Le Président
(M. Polo) : Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Léger :
Est-ce que ma collègue a terminé? Oui, M. le Président, je veux juste revenir
quand même pour m'assurer que...
avant de clore le sujet, parce qu'on sent que le ministre en a assez de nos
arguments, là, mais je veux juste m'assurer...
Ce qu'on dit, dans le fond, M. le Président, ce que les associations
accréditées, entre autres, demandent et voudraient être entendues par le ministre, tout le but de conseiller,
d'accompagner, d'être représenté par les associations, c'est important
que c'est en complémentarité avec ce que le projet de loi a en main
présentement.
Le
ministre nous parle beaucoup du Protecteur du citoyen. L'objectif ici n'est pas
de se substituer au Protecteur du citoyen,
ce n'est pas le but puis ce n'est pas l'objectif. C'est vraiment permettre
l'offre, dans le fond, d'une complémentarité.
Et, quand il me
revient au Protecteur du citoyen, j'espère que... Parce que, là, dans le 23.2,
qu'on aura tout à l'heure, c'est : «Le Protecteur du citoyen peut mettre
un service de consultation juridique à la disposition de toute personne...»
Bien, il va falloir donner les moyens au Protecteur du citoyen. Est-ce qu'il va
avoir les ressources? Les ressources, est-ce qu'elles vont être au rendez-vous
pour être capable d'accomplir ce mandat-là, cette mission-là que le ministre
veut lui donner?
Et on parle... Et évidemment, en
général, les bureaux sont à Montréal et Québec. Dans l'ensemble des régions du
Québec aussi, comment... Est-ce que les gens
vont pouvoir aussi avoir les ressources qu'il faudra pour, aussi,
répondre à toutes les personnes à travers le Québec?
L'autre
question que je me pose aussi : Est-ce que c'est le service juridique du
Protecteur du citoyen qui va aussi couvrir
la défense contre les représailles? S'il y a des représailles, est-ce qu'il va
aller les défendre? À mon avis, assez surprenant. Puis, si c'était le
cas, est-ce que le service juridique va assurer la défense des travailleurs de
l'État devant le Tribunal administratif du
travail au lieu et en place des organisations syndicales que c'est
habituellement leur rôle? On ne l'imagine
pas. Je ne pense pas qu'il va... je ne pense pas que le service juridique du
Protecteur du citoyen va faire ça. Et je pense que, si ça l'était, mieux
vaudrait, évidemment, que ce soient les organisations syndicales. Puis il faut
que les organisations syndicales soient habilitées à ça, pour accompagner puis
représenter les travailleurs.
Alors,
c'est toutes ces questions-là, M. le Président, qui permettraient aux
associations syndicales ou accréditées de pouvoir représenter leurs
membres aussi. Alors, je ne sais pas si le ministre peut me répondre à ça.
Le Président
(M. Polo) : M. le ministre.
M. Leitão :
En effet, c'est le Protecteur du citoyen, et on y arrivera, je pense... Il va
falloir s'assurer, bien sûr, que ce
bureau-là, cet organisme-là a les ressources nécessaires pour offrir ces
consultations juridiques et pour défendre le divulgateur, si le divulgateur, en effet, est victime de
représailles, chose que, bien sûr, le projet de loi interdit. Donc, si, des représailles, il y en a, là on est en
contravention à la loi. Mais ce serait le Protecteur du citoyen qui défendrait
cette personne, si cette personne se
trouverait être victime de quelque représailles que ce soit, qui en principe ne
doivent pas arriver parce que c'est une contravention à la loi.
Le Président (M. Polo) :
Mme la députée.
• (20 heures) •
Mme Léger :
Oui, M. le Président. Donc, dans le fond, c'est le service juridique du Protecteur
du citoyen qui va aller défendre les travailleurs au Tribunal administratif du Québec, mettons, quand
normalement ça devrait être le syndicat aussi qui devrait représenter.
M.
Leitão : Si on est dans des questions de normes du travail, c'est un
autre forum qui examine ces questions-là, mais le... Donc, ce sera toujours au Protecteur du citoyen de
déterminer, dans chaque cas, quelle est la démarche à suivre.
Mme Léger :
Comme un congédiement possible, comme représailles, c'est dans les normes du
travail?
M. Leitão :
Si sa situation se dirige vers la Commission des normes du travail, dans ce
cas-là, bien sûr, les syndicats peuvent
accompagner les... représenter les syndiqués. Mais là on est dans une question
de normes du travail.
Nous, ici, là, ce qui
nous pose difficulté, avec le libellé du sous-amendement qui est proposé,
c'est, donc, qu'une association accréditée ou un syndicat puisse être le
récipiendaire d'informations confidentielles. Ça, nous jugeons que ce n'est pas
approprié.
Mme
Léger : Mais que fait-on quand les gens, mettons... une
personne ne va pas vers le Protecteur du citoyen? Donc, quel type de services juridiques elle peut
avoir pour se protéger? Parce que, là, c'est si les gens vont au
Protecteur du citoyen. Mais s'ils ne vont pas au Protecteur du citoyen?
M.
Leitão : Si, donc, on est dans un organisme plus important, qui a mis
en place le bureau... ce qu'on appelle le bureau de suivi, voilà, responsable du suivi, donc, ce serait le
responsable du suivi qui examinerait cette plainte-là. Mais le travailleur en question, l'employé peut
toujours avoir recours aux services juridiques, à la consultation juridique
du Protecteur du citoyen. Même s'il s'est adressé au responsable du suivi, s'il
y a des questions qui sont soulevées, de nature juridique, le Protecteur du
citoyen peut offrir ses services de consultation.
Mme Léger :
Donc, va au représentant du suivi et, s'il a besoin de recours juridique, peut
aller au Protecteur du citoyen. Mais tout ça ne peut pas nécessairement... On
n'inscrit pas, quand même, qu'il peut avoir son association accréditée ou une
représentation syndicale, qui est normalement la voie... une voie possible et
complémentaire.
M.
Leitão : L'employé peut aller voir son syndicat, ou son beau-frère, ou
qui que ce soit pour demander conseil, mais
toujours en faisant attention de ne pas transmettre l'information
confidentielle, parce que le beau-frère ou le syndicat ne sont pas autorisés à recevoir de l'information
confidentielle, c'est le Protecteur du citoyen ou le bureau du
responsable du suivi, l'un ou l'autre, qui sont les organismes habilités à
recevoir l'information que le divulgateur va... l'information confidentielle
qu'il va divulguer.
Mme
Léger : Bien, dans les faits, M. le Président, il ne pourra pas
aller voir son syndicat parce qu'il ne pourra pas divulguer
l'information, elle va être confidentielle, alors il n'ira pas. Alors, même si
le ministre me dit ça, il ne sera pas
protégé. Alors, il a de l'information confidentielle, il va être mal pris, là,
il ne pourra pas... il va aller au Protecteur du citoyen ou au
représentant du suivi. Alors, sa représentation syndicale ou son syndicat ne
pourra pas rien faire, là.
M.
Leitão : Pas nécessairement, parce que, dans un cas d'acte
répréhensible, tout n'est pas nécessairement de l'info confidentielle.
Donc, il y a une conversation qui peut avoir lieu avec le...
Mme Léger :
Mais on s'entend, M. le Président, que, si on revient à l'essentiel, qui est la
personne elle-même, qui est dans une
situation difficile parce qu'elle veut divulguer et elle ne sait pas comment
s'y prendre nécessairement, elle ne sait
pas si ça lui mérite sa job ou qu'est-ce qui va... ou les représailles qu'il
peut y avoir, donc, l'objectif est de
faciliter la divulgation, et de faciliter, elle-même, la situation où elle peut
se trouver, puis lui donner les recours possibles pour la protéger.
Alors, la complémentarité par le monde syndical
ou accrédité est, pour nous, une façon peut-être de pouvoir aider et accompagner la personne dans le choix
qu'elle aura à faire et de lui dire que peut-être ce n'est pas utile ou ce
l'est, utile, en tout cas d'avoir des conseils avant, peut-être, de faire tel
type de démarche. C'est ça, l'objectif d'un sous-amendement comme celui-là. Je
pense qu'il faut toujours se ramener au divulgateur puis de le protéger dans
ça.
Alors là, le
ministre ne veut pas, M. le Président, l'amendement. Alors, on aura fait tout
ce qu'il fallait pour le faire changer d'idée. Alors, voilà, M. le
Président.
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre. Ça va aller? Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme
Massé : Merci. M. le ministre, vous venez de dire, dans le fond : Avec les syndicats, bon, il y a une
conversation qui peut avoir lieu. Je réitère ce qu'on s'est dit souvent ici et
qu'on va continuer de répéter : Si on veut vraiment atteindre notre objectif
de faciliter la divulgation d'actes répréhensibles, il faut que ce soit simple.
Alors là, je
nous amène, tout le monde, là, quelques minutes à se dire : O.K.,
moi, là, je travaille dans un milieu x qui est couvert, parce qu'il y
a beaucoup de milieux qui ne le sont pas, mais là je travaille dans un milieu
couvert, et je vois des choses, ce
n'est pas que je vois quelqu'un en train de mettre le feu à bâtisse, là, je
vois quelque chose, je vois l'addition... rappelez-vous ce que les gens
sont venus nous raconter, ce n'est souvent pas quelque chose qui est gros nécessairement, c'est souvent l'addition de
petites choses et parfois même de moyennes choses. Et là, comme
employée, je me dis : Aïe! Aïe! Aïe!
attends un peu, là, il y a quelque chose... je pense qu'il y a quelque chose
qui ne fonctionne pas, je ne suis pas
certaine, et donc se dit... Bon, qu'est-ce qu'elle fait? Bien, si elle pense
qu'il y a quelque chose, elle va commencer... elle va en parler autour
d'elle, hein, surtout si on ne lui donne pas la possibilité, dire :
Regarde, ça va te faciliter la vie, va voir
ton syndicat, il va pouvoir t'aider à clarifier si effectivement tu es à même
de poursuivre le processus ou non, alors, qui est, dans le fond, le
chemin naturel, en tout cas historique. Je veux dire, au Québec, on a des organisations syndicales qui défendent les droits
des travailleurs, travailleuses depuis très longtemps, et donc depuis
très longtemps on le sait, que, quand on a
des doutes, on ne sait pas quoi, on a des questions, on se retourne vers notre
syndicat.
Là, on se
retourne vers notre syndicat, puis là on dit : Regarde, je vois des
choses, puis là il dit : Non, non, non, parle-moi pas, parle-moi pas parce que tu n'as pas le droit de me dire
d'affaire confidentielle. Je le sais-tu, moi, si c'est confidentiel? J'ai justement besoin d'avoir une
première résonance, appelons ça comme ça, de gens qui en savent un petit
peu plus que moi. Là, il dit : Non, non, non, parle-moi pas; si tu veux
parler, va voir le responsable du suivi. Bon, le responsable du suivi, là, j'allais voir mon syndicat, théoriquement qui
est là pour me protéger. Là, je m'en vais voir le responsable du suivi, qui est nommé par
l'employeur, qui... je ne le sais pas, je ne le connais pas nécessairement, je
ne connais pas nécessairement quelles sont
ses prérogatives, quelles sont ses exigences, quelles sont... la loi qui
l'encadre exactement, parce que j'ai juste
l'impression que peut-être je suis en train de faire des liens et de voir qu'il
y a quelque chose qui ne fonctionne
pas et, donc, peut-être des actes répréhensibles qui sont en train de se
commettre. Alors, on dit : O.K.
Bien, d'abord, si tu ne veux pas aller au suivi, tu peux aller à la Protectrice
du citoyen. Mais, tout ça, peut-être que, dans le fond, j'aurais pu... Et puis peut-être qu'à un moment donné je
vais me tanner puis je vais dire : Bon, bien, tu sais, hein, dans le fond, ils ne veulent pas que je
divulgue, ils ne veulent pas me faciliter la vie. Bien, go, on laisse tomber.
Puis ça va contribuer au défaitisme. Je ne
me sens pas protégé. Mon organisation syndicale ne peut même pas... à chaque
fois que j'essaie de dire quelque chose, me dit : Oh! tu ne peux pas me
dire ça parce que, si tu me donnes de l'information confidentielle, ça ne joue
plus dans le cadre la loi n° 87.
Vous ne
trouvez pas ça compliqué, M. le ministre? Il me semble que ce serait bien plus
simple si on prenait les voies
historiques, notre pratique historique qui fait jouer un rôle dans le rapport
de force, qui fait jouer un rôle dans le rapport employé-patron, qui fait jouer un rôle de protecteur. Et là
c'est ça qu'on souhaite, c'est protéger. Il me semble que ce serait plus
simple, ça.
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre.
M.
Leitão : Bien, justement,
nous ne sommes pas dans le cadre de relations
de travail, nous ne sommes pas
dans le cadre employé-employeur. Nous sommes
dans le cadre qu'on avait vu d'ailleurs à l'article 3, qu'est-ce qui constitue un acte
répréhensible, donc une contravention à une loi, un manquement grave aux normes
d'éthique, etc.
Donc, ce
n'est pas une situation qui s'insère dans une logique de relations de travail employé-employeur, donc syndicat, ce n'est pas ça du tout. C'est
un manquement à une loi, une contravention, une mauvaise gestion, etc. Et justement nous voulons faciliter la divulgation,
et c'est pour ça que nous mettons au service des employés le recours au Protecteur du citoyen, qui va avoir des pouvoirs
beaucoup plus larges que ce qu'il a maintenant et qui aura les
ressources nécessaires pour pouvoir faire ce suivi-là.
Si on n'était
pas intéressés à ce que les gens puissent divulguer, on ne serait pas ici, là.
Donc, si on est ici, si on met en
place cette structure se basant sur quelque chose qui existe déjà, le
Protecteur du citoyen, mais à qui on va donner un mandat beaucoup plus large... Si on ne faisait pas
ça, oui, je vous dirais que vous avez raison, qu'on n'est pas intéressés
à faciliter la divulgation, mais, puisque nous faisons ça, c'est parce que nous
voulons que les gens puissent divulguer.
Et donc c'est
très simple, dans mon esprit, c'est très simple. Si quelqu'un soulève une
question qui... où il y a un acte répréhensible, elle va au Protecteur
du citoyen, elle peut aller au Protecteur du citoyen. Donc, c'est... Voilà.
Mme Massé : Alors, ils peuvent aller
au Protecteur du citoyen, puis c'est vrai que vous parlez beaucoup du Protecteur du citoyen, et c'est pourquoi la
dernière fois j'essayais de vous faire saisir que, s'il n'y avait qu'une
ressource qui s'appellerait Protecteur du
citoyen, ce serait simple, tout le monde irait par là. Ce n'est pas le cas, on
a différentes structures.
Mais, quand
vous dites que ce n'est pas une question employeur-employé, d'une certaine
façon oui, parce que, pas l'acte en soi, mais les représailles, c'est
des représailles sur l'employé, c'est des représailles, puis on le voit dans le
projet de loi, qui sont du congédiement, du
déplacement, et ça, c'est toutes des conséquences qu'un employeur donne à ses
employés. Alors, il y a quelque chose de l'ordre... Tu sais, parce qu'en bout
de ligne ma collègue n'avait pas tort, là. Supposons...
Le Président (M. Polo) :
20 secondes, Mme la députée. Il vous reste 20 secondes.
Mme Massé : Merci. Alors, c'est
quelque chose d'employeur-employé, puisque les représailles sont des
représailles utilisées par des employeurs.
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre.
M.
Leitão : Non, juste pour dire que, les représailles, justement, avec
le projet de loi, il n'y a pas de représailles ou il ne peut pas y avoir
de représailles. Si, des représailles, il y en a, c'est une contravention à la
loi.
Si on n'avait pas le projet de loi, oui, une
question de représailles pourrait être problématique, mais c'est très
clairement... C'est très explicite que, suite à une divulgation, si, des
représailles, il y en a, ça, c'est une contravention à la loi, c'est illégal.
Le Président (M. Polo) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Est-ce que la
députée de Pointe-aux-Trembles souhaiterait poursuivre? Non? Alors, c'est
toutes les interventions qu'on avait au sous-amendement à l'article 5?
Est-ce qu'on est prêts à voter le sous-amendement?
Mme Léger : ...de mon
collègue de La Peltrie, O.K.
Le Président (M. Polo) : Oui, du
collègue de La Peltrie.
Mme Léger : Vote par appel
nominal.
Le Président (M. Polo) : Parfait.
Le Secrétaire : Donc, pour,
contre ou abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire : Pour.
Le Secrétaire :
M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Leitão : Contre.
Le Secrétaire :
M. Busque (Beauce-Sud)?
M. Busque : Contre.
Le Secrétaire :
M. Girard (Trois-Rivières)?
M. Girard : Contre.
Le Secrétaire : M. Reid
(Orford)?
M.
Reid : Contre.
Le Secrétaire : M. Matte
(Portneuf)?
M. Matte : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Léger (Pointe-aux-Trembles)?
Mme Léger :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon : Pour.
Le Secrétaire : M. Polo
(Laval-des-Rapides)?
Le Président (M. Polo) : Je
m'abstiens.
Le Secrétaire : Rejeté.
Le
Président (M. Polo) : Rejeté. Est-ce que le député de La Peltrie
souhaiterait présenter... Là, on revient, donc, sur l'amendement,
effectivement.
Une voix : ...
Le Président (M. Polo) : Ah! Vous
avez un amendement à proposer?
• (20 h 10) •
Mme Léger :
Oui, bien, je pense que c'est un... C'est-u un sous-amendement? Attendez, je
suis un peu mêlée, parce que des fois
on retourne dans l'amendement. Parce que, le ministre, c'était un
sous-amendement, hein? Le ministre, c'était l'amendement? Ça fait que
moi, je suis dans un sous-amendement.
Le Président (M. Polo) : Oui. Peut-être
juste nous faire la lecture.
Une voix : ...
Mme Léger : Bien, si c'est un
nouvel article 5.1, ça va être après. O.K. Ça fait qu'il faut faire le 5 pour
aller au 5.1. Donc, ce ne sera pas un sous-amendement, excusez-moi. On en a fait tellement, on était rendus dans les sous-sous-amendements!
Le Président (M. Polo) : Donc, on
revient à l'amendement. Est-ce qu'on est prêts à passer au vote? Oui?
Mme Léger : Vote par appel
nominal.
Le Président (M. Polo) : Vote par
appel nominal, oui, voilà.
Le
Secrétaire : Donc,
sur l'amendement de M. Leitão, pour, contre ou abstention. M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Leitão : Pour.
Le Secrétaire :
M. Busque (Beauce-Sud)?
M. Busque : Pour.
Le Secrétaire :
M. Girard (Trois-Rivières)?
M. Girard : Pour.
Le Secrétaire : M. Reid
(Orford)?
M.
Reid : Pour.
Le Secrétaire : M. Matte
(Portneuf)?
M. Matte : Pour.
Le Secrétaire : Mme Léger
(Pointe-aux-Trembles)?
Mme Léger : Contre.
Le Secrétaire : Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon : Contre.
Le Secrétaire :
M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire : Pour.
Le Secrétaire : M. Polo
(Laval-des-Rapides)?
Le Président (M. Polo) : Abstention.
Le Secrétaire : Adopté.
Le
Président (M. Polo) : Adopté.
Donc, on poursuit. Mme la députée de Pointe-aux-Trembles, je crois comprendre que vous avez... Oui, pardon. Donc là, on revient
à l'article 5 tel qu'amendé. Est-ce qu'il y a
un amendement qui est déposé?
Mme Léger : Oui, j'ai un amendement,
M. le Président.
Le Président (M. Polo) : Allez-y,
faites la lecture, puis après ça on fera des copies.
Mme Léger : Alors, je vais
ajouter... c'est un 5.1. Non? Je pensais qu'on était dans le 5, là.
Le Président (M. Polo) : On
m'explique qu'il faut statuer sur l'article 5.
Une voix : ...
Le Président (M. Polo) : Parfait.
Donc, on procède avec un vote par appel nominal? Parfait.
Le Secrétaire : Donc, sur l'article
tel qu'amendé, pour, contre ou abstention. M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Leitão : Pour.
Le Secrétaire : M. Busque
(Beauce-Sud)?
M. Busque : Pour.
Le Secrétaire : M. Girard
(Trois-Rivières)?
M. Girard : Pour.
Le Secrétaire : M. Reid
(Orford)?
M.
Reid : Pour.
Le Secrétaire : M. Matte
(Portneuf)?
M. Matte : Pour.
Le Secrétaire : Mme Léger
(Pointe-aux-Trembles)?
Mme Léger : Contre.
Le Secrétaire : Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon : Contre.
Le Secrétaire : M. Caire
(La Peltrie)?
M.
Caire : Pour.
Le Secrétaire : M. Polo
(Laval-des-Rapides)?
Le Président (M. Polo) : Abstention.
Le Secrétaire : L'article est
adopté.
Le Président (M. Polo) : Vous
souhaitez ajouter un amendement...
Mme Léger : ...tout
à l'heure, je pensais qu'on votait le
5 en premier, sur le sous-amendement de mon collègue. Alors, c'est pour ça, c'était... Parce que j'ai voté contre,
mais je voulais voter pour sur celui-là, alors... Mais je pensais que vous... Parce
que je vous ai posé la question
si on votait pour le 5, puis c'était le 5 que je croyais qu'on votait. Alors,
je ne sais pas si... Vous comprenez ce que je veux dire? Non? Je reprends.
Tout à l'heure, on a
voté... Le premier... On vient de faire deux votes... trois votes...
Le Président (M.
Polo) : Sous-amendement, amendement puis article 5.
Mme
Léger : Oui, effectivement. Alors, on va laisser ça comme ça pour ne pas se mêler plus que d'autre
chose. Je ne veux pas vous mêler, je ne veux pas vous mêler, O.K.? Ce n'est pas
grave, ça ne change pas rien. Alors, j'arrive avec un amendement.
Le Président (M.
Polo) : Parfait. Alors, faites-nous-en la lecture, s'il vous plaît.
Mme Léger :
Oui. 5.1. Alors, j'ajouterais, après l'article 5, un article 5.1 :
«5.1.
Lorsqu'il reçoit une divulgation de renseignements pouvant démontrer qu'un acte répréhensible a été
commis au sein du Protecteur du citoyen ou est sur le point de l'être, le Protecteur du citoyen transmet
la divulgation au Commissaire à
l'éthique et à la déontologie. Toute personne peut s'adresser au Commissaire à
l'éthique et à la déontologie pour
divulguer des renseignements pouvant démontrer qu'un acte répréhensible a été
commis au sein du Protecteur
du citoyen ou est sur le point de l'être. À l'égard de cette divulgation, le
Commissaire à l'éthique et à la déontologie exerce les pouvoirs et
dispose des immunités conférées au Protecteur du citoyen en vertu de la
présente loi.» Alors, voilà.
Le Président (M.
Polo) : Merci, Mme la députée.
On va arrêter quelques instants. On va juste
faire les photocopies puis on va prendre connaissance de l'amendement.
(Suspension de la séance à
20 h 19)
(Reprise à 20 h 22)
Le
Président (M. Polo) : Alors,
Mme la députée de Pointe-aux-Trembles, le ministre a pris connaissance de votre proposition d'amendement, d'article 5.1.
Donc, souhaitez-vous l'interpeler?
Mme
Léger : Oui. Alors, dans le fond, M. le Président, c'est vraiment parce qu'on parle beaucoup qu'on peut
aller faire de la divulgation, aller au
Protecteur du citoyen, qui est la ressource, pour les gens, pour aller
faire la divulgation puis avoir la
protection nécessaire. Et ce que je mets là comme amendement,
M. le Président, c'est vraiment à la demande aussi du Protecteur du citoyen lorsqu'elle est venue nous rencontrer ici, ça
fait partie, dans le fond, de sa recommandation. Alors, je mets telle quelle la recommandation
de la Protectrice du citoyen.
Alors,
je n'ai pas à élaborer plus qu'il faut, c'est comme un peu normal. S'il y avait
des actes répréhensibles dans l'organisme,
tel quel, du Protecteur du citoyen, alors, je ne pense pas que la personne peut aller
au Protecteur du citoyen. Alors,
c'est vraiment pour répondre à la recommandation du Protecteur du citoyen. Donc, elle doit aller à la Commissaire à
l'éthique ou aller à d'autres créneaux. Alors, c'est à ce niveau-là.
Alors,
comme il n'y avait pas eu d'amendement particulier que le ministre nous a apporté sur
celui-là, bien, c'est vraiment être à l'écoute de la recommandation de
la Protectrice du citoyen.
Le Président (M.
Polo) : M. le ministre.
M.
Leitão : En effet, ça avait
été soulevé, cette question. Le Commissaire à l'éthique lui-même ne semblait
pas être particulièrement enthousiasmé par
une telle possibilité. Il faudrait lui donner les ressources additionnelles
pour qu'il puisse faire face éventuellement à des choses qui peut-être
ne se matérialiseraient pas.
Donc,
puisque le Protecteur du citoyen, en tous les cas, est assujetti à la loi, donc il
doit mettre en place un bureau de suivi, donc, un organisme interne,
nous jugeons que cela est suffisant. C'est vrai que les employés du Protecteur
du citoyen n'auront pas d'autre alternative que ce bureau de suivi, en effet,
mais nous pensons que le Commissaire à l'éthique non plus n'a pas nécessairement
les ressources nécessaires pour analyser éventuellement de telles plaintes.
Le Président (M.
Polo) : Mme la députée.
Mme
Léger : ...s'il y a une problématique, qu'est-ce qu'on fait à
ce moment-là? Qu'est-ce qui... S'il ne peut pas aller au Protecteur du
citoyen, il va faire quoi? Il va rester à l'interne, c'est tout?
Le Président (M.
Polo) : M. le ministre.
M.
Leitão : Bien oui, M. le Président. Je rappelle aussi que, donc,
l'organisme, le Protecteur du citoyen, a un code d'éthique et un code de déontologie, et cela, depuis déjà 2012, et il
n'y a pas eu de problématique soulevée depuis 2012, enfin, depuis ce
moment-là, à cet égard-là, donc...
Le Président (M.
Polo) : Mme la députée.
Mme Léger : Alors, M. le
Président, j'ai déposé un amendement. J'aimerais ça qu'on puisse aller au vote,
s'il vous plaît.
Une voix : ...
Le Président (M. Polo) : M. le
député de La Peltrie.
M.
Caire : À moins que
ma collègue ait une objection majeure, j'aurais peut-être quelques
interventions.
Bien, en
fait, d'abord, j'entends des arguments de la part du ministre que je ne
comprends pas. Quand on me dit que le
Commissaire à l'éthique n'aura pas les ressources nécessaires, écoutez, là, je
ne vois pas qu'il va y avoir une pluie d'enquêtes
qui va s'abattre sur le Protecteur du citoyen... pas le Protecteur du citoyen
mais le Commissaire à l'éthique, là, je
ne crois pas que ça va nécessiter des ressources additionnelles, on parle de
cas hypothétiques. Et le ministre vient de dire lui-même que l'entrée en vigueur du code d'éthique et de
déontologie n'a pas donné lieu à des plaintes. Donc, on ne peut pas penser, là, qu'il se commet tellement
d'actes répréhensibles chez le Protecteur du citoyen que ça va
nécessiter des ressources additionnelles pour le Commissaire à l'éthique. Donc,
je ne comprends pas l'argument de la ressource.
Puis l'autre
chose que je ne comprends pas, c'est que, dans le fond, on dit que le
Protecteur du citoyen va s'enquêter lui-même
si tant est qu'il y a un acte répréhensible qui est commis au sein de son
organisation. À sa face même, c'est un processus
qui ne tient pas la route. Je veux dire, il n'y a pas d'organisation au Québec,
à ma connaissance, qui ont le mandat de
s'enquêter eux-mêmes lorsqu'il se passe un événement qui nécessite une enquête,
ça n'existe pas. Ça n'existe pas chez la police, ça n'existe pas chez
aucun organisme.
Et,
troisièmement, la vérification interne, on a dit de la vérification interne que
c'était intéressant parce que ça donnait
un mécanisme de proximité, ça donnait une porte d'entrée supplémentaire pour
les individus qui se sentaient à l'aise de passer par ce processus-là, mais qu'en aucun temps ça ne devait être
le seul et unique corridor d'accès. Et là, je dirais, on vient de briser
cette espèce de règle là.
Puis, bon, je
peux comprendre que le Commissaire à l'éthique et à la déontologie n'est pas
chaud à l'idée d'assumer la responsabilité, mais, si le législateur
décide qu'il est la meilleure personne pour assumer la responsabilité, bien, il
assumera les mandats qui viennent avec la
charge, je veux dire. À moins que le ministre ait — puis moi, je serais très ouvert, puis je suis convaincu que ma collègue le
serait aussi — une
solution alternative. Mais de dire :
Le comité de vérification interne, ce n'est pas suffisant pour aucun organisme,
sauf le Protecteur du citoyen, moi, je pense qu'il faut trouver, là, une
alternative, il faut trouver une instance neutre qui va être capable de faire
ce suivi de processus là.
Ma collègue
suggère le Commissaire à l'éthique. Moi, je pense que c'est une bonne
suggestion, qui devrait être retenue
par le ministre. Si le ministre a une autre instance, bien, écoutez, on est
ouverts à la discussion, là. Mais de dire que le Protecteur du citoyen... ou de laisser ouverte la porte qui dirait
qu'éventuellement le Protecteur du citoyen va s'enquêter lui-même, à sa face même, je pense qu'on vient
d'enfreindre les règles de transparence puis d'efficacité qu'on
recherche dans le projet de loi, là.
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre.
• (20 h 30) •
M.
Leitão : Bon, ça remet en question, donc, l'indépendance des bureaux
de suivi, et nous pensons que le bureau de suivi, dans tous les organismes, est quand même une instance qui est
indépendante. Oui, elle se rapporte à l'intérieur, donc au patron de l'organisme, mais c'est un bureau...
une espèce d'ombudsman interne, qui est indépendant. Donc, je ne pense pas qu'on laisse les employés du Protecteur du
citoyen dans une situation délicate, parce qu'ils pourront s'adresser au
bureau de suivi.
Et, pour ce
qui est du Commissaire à l'éthique, oui, la question a été soulevée, on en a
discuté, et il n'était pas particulièrement
chaud à l'idée. Ça ne veut pas dire qu'on doit avoir son assentiment, bien sûr
que non, on pourrait décider de le
faire, mais, enfin, je ne juge pas que ce soit nécessaire de le faire, parce
qu'il y a ce bureau de suivi à l'intérieur du rôle du Protecteur du
citoyen.
C'est un peu, si vous voulez, une situation un
peu comme le Vérificateur général. Le VG, en fin de compte, s'autovérifie, il n'y a pas une autre... On parle de choses différentes, bien sûr,
mais, pour ce qui est, donc, des procédés, des dépenses du Vérificateur
général, la vérification se fait à l'interne.
Le Président (M. Polo) : M. le
député.
M.
Caire : Bien, deux choses. D'abord, le Vérificateur général, c'est un officier de l'Assemblée
nationale, qui doit quand même venir rendre des comptes à l'Assemblée nationale. Je
comprends que ce n'est pas un
mécanisme d'enquête à proprement
parler, là, mais... D'une part. D'autre
part, souvent le Vérificateur général va faire appel à des consultants externes, donc va chercher une expertise à l'externe. Et, troisièmement, le ministre va être d'accord avec moi, on a eu une discussion intéressante
là-dessus, sur les bureaux de vérification interne, puis on a convenu avec le ministre
que ces bureaux-là n'avaient pas de pouvoir
d'enquête, n'avaient pas les mêmes outils que la Protectrice du citoyen,
n'avaient pas le même encadrement, c'était une version allégée, finalement, là, pour permettre une proximité puis pour
permettre aussi de procéder rapidement dans le cas d'une divulgation.
Donc, on a fait une version allégée avec moins de pouvoirs, moins de ressources.
Puis
comprenons-nous bien, M. le Président, là, moi, je pense qu'on est en train de couvrir... puis je pense
qu'il faut le faire, mais on est en
train de couvrir des cas extrêmement hypothétiques, qui ont, à mon
avis... il ne faut pas dire pas de chance, mais peut-être peu de chances de se
réaliser, moi, je ne pense pas, là, demain matin, comme je l'ai dit,
qu'il va y avoir un déferlement, là, de
signalements d'actes répréhensibles chez la Protectrice du citoyen, mais il faut couvrir cette possibilité-là — et
c'est ce que la loi ne fait pas actuellement, puis c'est ce que l'amendement de
ma collègue fait — avec
une entité qui a la crédibilité, qui a la totale indépendance, mais qui a aussi
les pouvoirs et les ressources. Et les comités
de vérification interne n'ont pas de pouvoir d'enquête, par exemple, en partant, ils n'ont pas de pouvoir d'enquête. Donc, on
va faire un signalement à la seule entité qui s'offre à nous, sachant que cette
entité-là n'a pas les ressources puis n'a pas les pouvoirs pour donner
suite au signalement.
Alors, moi, je pense que, si on veut couvrir parfaitement
le territoire, bien, l'amendement de ma collègue, il tient la route.
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre.
M.
Leitão : Bon, il y a
une procédure qui est en place au bureau du Protecteur du citoyen, est en place
depuis 2012, cette procédure a fait ses preuves jusqu'à maintenant, donc
je ne vois pas la nécessité de la changer. Le Protecteur du citoyen,
comme le Vérificateur général, se rapporte aussi à l'Assemblée nationale. Donc, c'est la même chose. Et rien n'empêche non plus, dans un cas très particulier,
où il y aurait vraiment un problème interne très important... il n'y a rien qui empêche, donc, le Protecteur
du citoyen, comme le VG, de faire appel à une tierce partie, externe, pour
regarder cette situation-là.
Le Président (M. Polo) : M. le
député.
M.
Caire : Oui, M.
le Président. D'abord,
je ne pense pas qu'on ait pu mettre en place depuis 2012
une procédure, au Protecteur du citoyen, sur une loi et un concept créé par une loi qui
est complètement nouveau. Ça, c'est comme quand on me sert l'argument de la jurisprudence. Il ne
peut pas y avoir de jurisprudence sur une loi qui n'est pas adoptée,
qu'on est en train d'étudier, ou qui couvre
cette loi-là, ça ne se peut pas. Par définition, ça nécessite que nos juges
aient une boule de cristal, ce qui
m'apparaît... En tout cas, jusqu'à preuve du contraire, je ne pense pas que ce
soit le cas. Et donc, pour la Protectrice
du citoyen, à mon avis, c'est la même chose. Il ne peut pas y avoir une
procédure mise en place pour protéger les sonneurs d'alerte alors qu'on
est en train de légiférer sur quelque chose qui est complètement nouveau.
Et, je
dirais, si on veut être cohérent... Écoutez, on vient de créer le Bureau des
enquêtes indépendantes parce que tout
le monde convient que des policiers ne peuvent pas enquêter sur des policiers,
puis là on dit : Sauf que la Protectrice du citoyen, elle va pouvoir enquêter sur la Protectrice du citoyen, et ceux
qui voudront faire des signalements, bien, passeront par le comité de
vérification interne, dont on admet ici qu'il n'a pas de pouvoir d'enquête.
Alors, moi, je...
Puis
sincèrement, M. le Président, je ne vois pas dans cet amendement-là quelque
chose de dramatique, au sens où c'est,
à mon avis, beaucoup plus une soupape de sécurité que... pour s'assurer d'une
transparence, pour s'assurer d'une équité,
pour s'assurer que les choses soient faites correctement, parce qu'on dit, en
justice, qu'il faut qu'il y ait justice, mais il faut qu'il y ait apparence de justice. Bien, je pense que, dans le
contexte actuel, il faut qu'il y ait de la transparence, mais il faut qu'il y ait l'apparence de transparence. Mais alors, si la Protectrice du citoyen, que ce
soit par le comité de vérification interne ou autres, est appelée à
enquêter la Protectrice du citoyen ou le Protecteur du citoyen, bien... Moi, je
pense que cette idée-là même ne tient pas la route. Puis à ce compte-là, si on
pense que c'est correct, bien, à ce moment-là, pourquoi que dans d'autres secteurs on s'est dit : Non, une entité
ne doit pas s'enquêter elle-même? Je
veux dire, c'est un principe
de base, là. Alors, pourquoi cette exception-là pour la Protectrice du citoyen?
Puis, je ne
sais pas, je ne pense pas que ce soit un amendement qui change complètement la nature du projet de
loi ou qui vienne créer une énorme
bureaucratie ou une structure trop lourde. C'est une soupape de sécurité, que
ma collègue propose, puis moi, je pense
que c'est tout à fait logique et cohérent avec l'idée même, la nature
même du projet de loi, qui est de s'assurer de faire tout en notre possible,
comme législateurs, pour s'assurer que tout sonneur d'alerte
recevra le même traitement,
équitable, la même protection, le même anonymat et surtout la même rigueur dans
le suivi de son signalement. Et on ne
peut pas faire ça si on se dit : Bien, fions-nous à ce qui a été fait,
puis qui ne tient pas compte de ce qu'on est en train de faire, ou d'un comité de vérification interne dont on
sait qu'il n'a pas le pouvoir d'enquête. On a un deux poids, deux
mesures, qui, en tout cas, m'apparaît être incompatible avec l'idée même du projet
de loi.
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre.
• (20 h 40) •
M. Leitão : Juste pour mentionner, M.
le Président, qu'en effet le Protecteur du citoyen était beaucoup plus proactif que tous les autres organismes publics,
que la plupart des organismes publics parce
que, dans son code d'éthique
de 2012, c'était déjà
prévu, à l'article 3, je
pense, donc, un mécanisme de
divulgation. Donc, la notion d'actes répréhensibles était déjà, en 2012, incluse dans ce code d'éthique du Protecteur du citoyen. Et déjà à l'article 4 de ce code d'éthique il y
avait une section sur des
représailles et, donc, sur le... donc d'éviter des représailles. Et l'entité
chargée d'appliquer ce code d'éthique,
c'est le répondant d'éthique, qui jouit d'une indépendance et qui répond directement au conseil
d'administration.
Donc, contrairement à d'autres organismes, le Protecteur
du citoyen avait déjà un mécanisme de divulgation et de protection en place que d'autres organismes n'avaient pas, et donc
on a besoin du projet de loi n° 87. Donc, c'est pour ça que nous pensons que, le Protecteur du citoyen, les employés du Protecteur du citoyen sont déjà
bien encadrés par le code d'éthique de l'organisme.
Le Président (M.
Polo) : M. le député.
M.
Caire : Bien, M.
le Président, à ce moment-là, incitons toutes les entités à se doter d'un code d'éthique, parce
qu'on est en train de perdre notre temps à faire un projet de loi. Je veux dire, M. le
Président, est-ce que
le code d'éthique prévoit les cas de représailles? Est-ce que le code
d'éthique prévoit l'accompagnement juridique? Est-ce que le code d'éthique prévoit l'ensemble des mesures qui
sont prises par le projet de loi? Et est-ce
que le code d'éthique... Est-ce que l'entité chargée d'administrer ça a l'indépendance et les ressources que
le Protecteur du citoyen a? Bien, on pourrait avoir un long débat là-dessus. Mais, si tel est le
cas, mon Dieu, pourquoi on est en train de légiférer? Pourquoi est-ce qu'on ne fait pas juste un code d'éthique pour tout le monde, puis on
vient de régler la question, quant à moi, là?
Non, on est
en train de légiférer parce qu'il y a
une recommandation de la commission Charbonneau, on s'entend, qui est à la base de ça, puis cette
recommandation-là émane d'une situation, puis aujourd'hui on se dit : Bon,
bien, voici, on est dans un champ
d'application nouveau où les sonneurs d'alerte doivent recevoir la protection
nécessaire. Cette protection-là, on
leur donne par une législation, et cette législation-là s'assure de désigner
une entité puis des mécanismes qui vont nous amener vers cette entité-là qui a l'indépendance, qui a le pouvoir et
qui a les ressources pour être capable de faire ce travail-là, puis ça,
c'est la Protectrice du citoyen.
Maintenant,
ce qu'on doit couvrir, c'est le cas où la Protectrice du citoyen ou le
Protecteur du citoyen est lui-même l'objet
de cette divulgation-là. C'est ce que ma collègue propose par son amendement.
Puis, très sincèrement, je ne vois pas pourquoi...
qu'est-ce qui fait que le ministre tient absolument à éviter cette mesure-là,
qui est... je le répète, là, à mon avis, là, c'est minimal, là, ce n'est pas... ce n'est rien de majeur, ça ne va pas
ébranler les colonnes du temple. Ça va juste donner une soupape de sécurité pour s'assurer qu'il y a
justice, apparence de justice ou, dans ce cas-ci, transparence et apparence
de transparence. Puis honnêtement je ne vois pas pourquoi le ministre, là, ne
permettrait pas à cette mesure-là d'être mise en place.
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre.
M.
Leitão : Bon, parce que sa situation est déjà prévue au code d'éthique
du Protecteur du citoyen, le répondant en éthique, à l'intérieur du Protecteur du citoyen, a une très grande
indépendance et latitude, il se rapporte directement au conseil d'administration, donc, nous pensons que,
pour le Protecteur du citoyen, les balises sont déjà présentes, et donc
ce n'est pas nécessaire d'aller dans cette direction-là.
Le Président (M. Polo) : M. le
député.
M.
Caire : Non, je n'ai pas de nouveaux arguments. Juste
manifester, M. le Président, une incompréhension totale, là. Je veux
dire, parce qu'on se rapporte au conseil d'administration on devient totalement
indépendant?
Le Président (M. Polo) : Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme
Massé : Oui, s'il vous plaît. Bien, je prends la balle au bond parce que, bon, d'une part, ma
collègue nous rappelait que la protectrice trouvait, elle aussi,
que ça pouvait être une protection de plus, mais l'idée, puis je pense que mon collègue de La Peltrie l'expliquait bien, l'idée, c'est qu'il y a cette idée d'apparence,
hein, il faut que les divulgateurs
sentent qu'ils peuvent aller à un endroit
sécuritaire pour exprimer ce qu'ils ont à dire. Et, vous savez, M. le ministre,
quand on se retrouve dans la
situation où, dans notre milieu de travail, on en est rendu à se dire :
Aïe! peut-être que je suis témoin d'actes répréhensibles, bien, ce n'est pas simple. Même si le code d'éthique,
comme vous le dites, en fait état, mais, je vous dirais, avec tous les actes que nous a partagés la
commission Charbonneau, il y avait plein de monde là-dedans qui avaient
des codes d'éthique, là, tu sais. Alors que, là, ce qu'on dit, pour les
protecteurs... pour les lanceurs d'alerte, c'est : En matière de... pour éviter les représailles, bien,
si vous êtes l'organisme qui reçoit ces plaintes-là, donc la Protectrice
du citoyen, vous avez, vous aussi, cet
endroit-là, cette soupape-là pour pouvoir aller déposer votre compréhension des
actes que vous êtes en train de percevoir,
là, tu sais. Alors, pourquoi on le donne à toutes les autres organisations mais
pas à celle-là?
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre.
M. Leitão : Écoutez, le Protecteur
du citoyen, contrairement à d'autres organismes, a été proactif, en 2012, et
donc le code d'éthique qu'ils se sont dotés est bien différent des autres codes
d'éthiques. Et donc ces situations sont déjà prévues.
Et, depuis
2012, il n'y a pas eu d'enjeu qui a été soulevé. Donc, il n'y a pas une
situation telle qui nous forcerait à créer
une nouvelle mécanique à l'intérieur du Commissaire à l'éthique. Donc, à notre
avis, ce n'est pas nécessaire d'aller dans cette direction.
Le Président (M. Polo) : Mme la
députée.
Mme Massé : Merci. Bien, vous savez,
vous me parlez... Et je ne doute pas du tout du code d'éthique, pas du tout, comme, d'ailleurs, tous les codes d'éthique
dans l'ensemble de nos organisations publiques, je ne veux pas remettre
ça en cause, là, mais, par définition, un
acte répréhensible, c'est justement des gens ou des mécanismes qui contournent
les codes d'éthique, contournent même le gros bon sens.
Et c'est drôle que vous me
ramenez à ce code d'éthique là adopté en 2012. Vous savez, la commission Charbonneau, là, son rapport est sorti en 2015,
hein, cette identification claire de comment fonctionnait les mécanismes
de corruption, de collusion, de... tout ce
qu'on a appris dans le rapport Charbonneau. Alors, je veux bien que notre
Protectrice du citoyen est très visionnaire, et tout ça, mais je suis d'accord
avec mon collègue de La Peltrie que c'est après que tout ça s'est...
Alors, je
reviens encore : C'est quoi, le prix à payer, de dire : Mais vous qui
êtes au Protecteur du citoyen, vous êtes traités différemment que tout
le reste des organisations publiques parce que vous êtes le réceptacle des
plaintes des lanceurs d'alerte? Ce n'est pas...
Il me semble que l'amendement de ma collègue de Pointe-aux-Trembles vient juste
dire à ces gens-là : Bien, vous aussi,
on vous a donné un choix, parce que c'est ça qu'on fait aux autres
organisations. Et, je réitère, moi, j'aurais voulu qu'il y ait juste la
Protectrice du citoyen. Vous en avez décidé que c'était le fun d'avoir des choix différents, que ça pouvait être aidant,
même, pour les lanceurs d'alerte. Bon, soit, mais pourquoi pas ceux-là
aussi? Aussi bon soit leur code d'éthique,
c'est de donner aux lanceurs d'alerte la possibilité d'avoir un autre espace,
parce que, comme on le verra tantôt, ce n'est certainement dans les
médias que vous allez leur accorder cet espace-là. Alors, pourquoi pas? C'est un mécanisme qui est déjà là,
qui est reconnu, qui a déjà des fonds. Et, pour les quelques fois où ça pourrait arriver, bien, au moins, les lanceurs
d'alerte, si ça arrivait, disent : Bien, moi aussi, j'ai le choix d'aller
à l'interne ou d'aller dans une autre instance pour ne pas me mettre à
risque. Il me semble que ce serait justice pour les travailleurs, travailleuses
de la Protectrice du citoyen.
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre.
M. Leitão : Écoutez, on tourne
autour de la même chose. Si le Protecteur du citoyen n'avait pas été proactif et n'avait pas développé... — on a ici un plan dans les meilleures
pratiques — n'avait
pas développé un code d'éthique bien en
avance de ce qui se fait ailleurs dans l'appareil public, je pense qu'on
n'aurait pas eu les... Si tout le monde avait fait la même chose, on ne
serait pas là.
Mais, en tout
cas, parce que le Protecteur du citoyen s'est doté d'un tel code d'éthique, qui
est beaucoup plus avancé que ce qu'on
trouve ailleurs dans le secteur public et même dans le secteur privé, nous
jugeons que ce n'est pas nécessaire, puisqu'en
tous les cas le Protecteur du citoyen est, lui aussi... le bureau est, lui
aussi, assujetti à la loi n° 87. Donc, lui aussi, si jamais, des
représailles, il y en avait, ce serait illégal aussi. Donc, les mêmes
considérations, les mêmes protections existent.
Donc, les employés du Protecteur du citoyen jouissent des mêmes protections que
tous les autres employés du secteur public. Ils ne sont pas laissés à
eux-mêmes, tout seuls, ils ont exactement les mêmes protections que tout le monde. Puisqu'ils font partie de cet organisme
qui, lui, est le réceptacle de toutes les plaintes, à l'intérieur de cet
organisme il y a ce répondant en éthique qui
s'assure que le code d'éthique est suivi, et donc, entre autres, les
questions de divulgation et de représailles sont adressées à cet endroit-là,
là. Ce n'est pas nécessaire.
Le Président (M. Polo) : Mme la
députée.
• (20 h 50) •
Mme
Massé : Mais en fait ils ne sont pas... la Protectrice du citoyen
n'est pas le réceptacle de toutes les plaintes, ils sont le réceptacle des plaintes qui se rendent jusqu'à elle, parce
qu'il y a des choix possibles. Dans le cas des employés de la
Protectrice du citoyen, ils n'auront pas de choix.
Mais en plus,
plus que ça, c'est que vous avez aussi, la partie gouvernementale, rejeté un
amendement qui aurait permis aux
organisations syndicales de pouvoir soutenir, conseiller, accompagner les gens.
Alors là, moi, mon sentiment, malgré
l'extraordinaire code d'éthique, c'est que, dans le fond, les gens chez la
Protectrice du citoyen, on leur donne un choix. S'ils ont à être
accompagnés, ils vont être accompagnés par des gens qui sont leurs collègues de
travail. Ça commence à être tricoté serré, ça, dans la même organisation, là.
Je pense,
c'est ça qu'on souhaite vraiment... en fait, qu'on aimerait voir un peu
d'ouverture, pour dire : Bien,
c'est vrai, dans le fond, donnons donc aux employés de la Protectrice du citoyen les mêmes opportunités que les autres d'avoir deux espaces, et ça, en ne voulant pas envoyer le
message que leur code d'éthique n'est pas bon, mais juste de dire, bien...
un traitement égal pour l'ensemble des employés de l'État, dont ceux de la
Protectrice du citoyen.
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre.
M. Leitão : Non, je n'ai pas
d'autre chose à ajouter.
Le
Président (M. Polo) : Est-ce que la députée de
Pointe-aux-Trembles a une intervention? Non, pas du tout.
Alors, on est prêts à passer aux voix. Est-ce
que l'amendement est adopté?
Des voix : Rejeté.
Le Président (M. Polo) :
Rejeté. L'article 6. On va passer... On va poursuivre à l'article 6.
M. le ministre.
M. Leitão : Alors,
l'article 6, M. le Président. Attendez un peu que je me retrouve. C'est
ça. Là, il n'y a pas d'amendement.
Donc,
l'article 6 : «Si une personne a des motifs raisonnables de croire
qu'un acte répréhensible commis ou sur le point de l'être présente un risque grave pour la santé ou la sécurité
d'une personne ou pour l'environnement et qu'elle ne peut, compte tenu de l'urgence de la situation,
s'adresser à l'une des personnes visées à l'article 5, elle peut
divulguer au public les renseignements
qu'elle estime raisonnablement nécessaires pour parer à ce risque et bénéficier
de la protection contre les représailles prévue au chapitre VI.
«Toutefois, cette personne doit, au préalable,
communiquer ces renseignements à un corps de police ou au Commissaire à la lutte contre la corruption. De
plus, la communication de ces renseignements ne doit pas avoir comme
effet prévisible de nuire aux mesures
d'intervention pour parer au risque grave pour la santé ou la sécurité d'une
personne ou pour l'environnement.»
Alors,
l'article 6 du projet de loi prévoit que, dans des situations
particulières, il sera possible pour une personne d'effectuer une
divulgation au public et de bénéficier de la protection contre les représailles
prévue au chapitre VI. Toutefois,
certaines conditions devront être respectées pour que la protection contre les
représailles soit applicable. Par exemple,
il ne devra pas être possible pour la personne qui divulgue les renseignements,
compte tenu de l'urgence de la situation,
de s'adresser au Protecteur du citoyen ou, dans le cas où cette personne est à
l'emploi d'un organisme public, au responsable du suivi des divulgations
de l'organisme public. Voilà. Ça, c'est l'article 6, M. le Président.
Le
Président (M. Polo) : Merci. Est-ce que la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques
souhaite prendre la parole?
Une voix : ...
Le Président
(M. Polo) : Ah! O.K. Non, mais c'est parce qu'elle m'a regardé...
Parfait. Non, mais, la députée de Pointe-aux-Trembles, allez-y, si vous
souhaitez intervenir, c'est bon.
Mme Léger : Bien, c'est
sûr, M. le Président. J'ai un amendement.
Le Président (M. Polo) : Vous
avez un amendement? Parfait. Pouvez-vous en faire la lecture? Puis par la suite
on pourra...
Mme Léger : Oui, M. le
Président. Alors, à l'article 6 : Insérer, après le premier alinéa,
un deuxième alinéa à l'article 6 :
«Elle peut également divulguer au public des
renseignements pour l'un des motifs suivants :
«1° l'objet de la divulgation est un acte répréhensible
visé aux paragraphes 1° à 6° de l'article 3;
«2° la
personne a des motifs raisonnables de croire qu'elle aurait subi des
représailles à cause d'un signalement au responsable du suivi des
divulgations de l'organisme public ou au Protecteur du citoyen;
«3° la
personne a des motifs raisonnables de croire que l'information serait restée
secrète ou aurait été détruite;
«4° la
personne n'a reçu aucun suivi de l'organisme public ou du Protecteur du citoyen
dans un délai raisonnable;
«5° la
personne possède des renseignements démontrant l'inaction de l'organisme public
ou les délais déraisonnables pris pour corriger une situation sur
laquelle le Protecteur du citoyen a enquêté et qui est visée par une
recommandation de mettre en place des correctifs.»
Le Président (M. Polo) : Merci.
On va arrêter quelques instants, on va faire des photocopies.
(Suspension de la séance à 20 h 55)
(Reprise à 20 h 59)
Le Président (M. Polo) : Alors, Mme
la députée de Pointe-aux-Trembles, pouvez-vous nous expliquer votre proposition
d'amendement?
Des voix : ...
Le Président (M. Polo) : Mme la
députée de Pointe-aux-Trembles. Si vous voulez nous expliquer votre proposition
d'amendement.
• (21 heures) •
Mme Léger : Oui. Oui, M. le
Président. Ce n'est pas le seul amendement que j'aurai nécessairement, parce qu'il y a quand même beaucoup d'éléments dans
l'article 6, et je pense que cet article-là a fait quand même... est très
attendu aujourd'hui. Le ministre, même, nous
a presque tous convoqués à 7 h 30 aujourd'hui. Lors de la période de
questions, il nous a dit que c'était un bon moment, ce soir. Alors, avec tout
le débat qu'on a entendu ces derniers jours, bien, particulièrement
aujourd'hui, depuis hier et aujourd'hui, je pense qu'il y a un intérêt que...
J'ai ma collègue de Joliette qui est ici, à
côté, aussi, qui participe à la commission aujourd'hui, particulièrement aussi
parce que le dossier, de toutes les
sources journalistiques, a fait les manchettes aujourd'hui. Ma collègue a pu en
parler, a fait un point de presse aussi à ce niveau-là avec l'équipe du...
notre équipe.
Il y a un lien direct avec celui-là, l'article 6,
parce qu'on parle vraiment de tous les... la divulgation mais
d'utiliser une troisième voie qui est celle
de la voie publique, et ça amène aussi, dans le fond, de permettre aux
gens et aux personnes d'aller directement soit dans les médias ou aller rencontrer les journalistes. C'est à ce moment-là qu'on voit, à l'article 6, de mettre l'amendement que je vous propose aujourd'hui, un des amendements que je vous propose aujourd'hui. J'imagine que mes collègues de l'opposition aussi en auront, d'autres
collègues en auront. C'est un article qui est important.
Et le ministre nous a parlé, dans son projet de
loi, particulièrement de la voie interne, donc toute la... un divulgateur peut utiliser la voie interne, les
représentants... responsables du suivi, comme le ministre en donne le
nom dans son projet de loi, ce qui veut dire un processus interne qui permet au
divulgateur d'aller se... de confier ou aller divulguer
ce qu'il voit comme actes répréhensibles, il y a la voie externe qui est celle
du Protecteur du citoyen, donc plus institutionnelle, d'aller au Protecteur du citoyen, mais on pense fortement que la troisième voie aussi
doit être à l'article 6, celle du public.
Et c'est pour
ça que je dis, dans l'article 6 : «Elle peut également
divulguer au public des renseignements pour l'un des motifs suivants...» Le champ d'application de l'article 6,
la manière qu'il est fait, il est très restreint. Il ne parle de situations que d'urgence, situations qui donnent...
dans le fond, que c'est un risque grave pour la santé ou la
sécurité d'une personne ou pour l'environnement.
Je ne sais pas qu'est-ce que le ministre va répondre. Je lui ai posé la question ce
matin à la période de questions, il m'est
revenu sur ça, sur ces éléments-là. Qu'est-ce qui se passe quand on voit toutes
les... ce qui s'est passé à la commission
Charbonneau et à la commission Gomery? J'en ai parlé ce matin vitement, là, à la
période de questions : S'il n'y avait
pas... les journalistes n'auraient pas fait enquête, on n'aurait pas eu toutes
les informations qui ont été
divulguées à ces commissions-là, s'il n'y avait pas eu une divulgation qui s'est
faite à un journaliste. Et ce n'est pas une question d'environnement ou une situation de santé ou de sécurité, c'est vraiment une
question de malversations, une question
de corruption. Et je ne sais pas ce que le ministre répond, à ce moment-là, lorsqu'il y a des situations semblables, comme celles qui ont
été dans ces commissions, les commissions que je viens de vous nommer.
Alors, que le
ministre me réponde encore aujourd'hui... qu'il veuille
me répondre encore aujourd'hui sur : Il faut que ce soit un motif grave pour la santé, urgence, etc., ça ne répond
pas, pas du tout aux intérêts que les gens ont aujourd'hui par rapport à cette voie-là publique. On doit être capable... Si une personne veut
divulguer des actes répréhensibles, et n'a pas confiance ni à l'interne, et n'a pas confiance ni à l'externe, elle
doit être capable aussi d'avoir une troisième voie qui est celle de la voie du public. Et c'est à l'article 6
que je vois... À moins que le ministre me dit que c'est à un autre article qu'on
peut introduire cette partie de voie publique. Ça, il me le dira.
Mais j'ajoute
aussi des motifs parce qu'on vient faire quand même la correspondance...
À l'alinéa 1°, je viens faire la correspondance avec l'article 3, pour être, dans le fond, arrimé avec l'article 3.
Donc, je dis : «...l'objet de la
divulgation est un acte répréhensible visé
aux paragraphes 1° à 6°», donc tous les actes que nous avons au 3, là,
manquement grave aux normes
d'éthique, contravention à une loi, usage abusif, bon, etc. On rajoute aussi
les autres motifs, qui sont importants aussi,
parce que ça se peut fort bien qu'à l'intérieur de... que la personne a
peut-être été au Protecteur du citoyen, a peut-être été à l'interne, et
que ça... la situation est restée sans effet. Je pense que la personne a très
bien le droit de vouloir être satisfaite de comment sont faites les choses ou
de vouloir vraiment aller au public à n'importe quel moment, donc au début, si elle le veut, en plein milieu, si elle
le veut, comme elle le voudra. Je pense que la solution du public est
importante.
La Fédération
professionnelle des journalistes sont venus ici, en consultation. Ils ont
vraiment insisté, eux aussi, pour
dire le besoin de protéger les divulgateurs, mais qu'ils puissent parler au
public, qu'ils puissent parler aux journalistes, c'est important.
Il y a
d'autres lois dans le monde, je pense
à celle du Royaume-Uni. Celle du Royaume-Uni évoque vraiment, elle, deux niveaux, à l'interne et à l'externe, mais même ils
vont, à l'externe, pas nécessairement juste aux journalistes; oui, journalistes, mais n'importe qui, à l'externe, qui
peuvent divulguer à n'importe quelle personne. Donc, ils vont un petit
peu plus loin, même, au
Royaume-Uni. Ça fonctionne bien. Ils sont dans les deux, et interne
et externe, et à l'externe n'importe quelle personne... Mais il faut le
protéger, ce lanceur d'alerte là, ce divulgateur-là. Ils le protègent, même
s'il va à l'externe, qui est vraiment au public direct.
L'ONU, M. le Président, je l'ai rapporté un peu
ce matin, j'ai parlé du rapport de 2015 de l'Organisation des Nations unies. Ce n'est pas rien, M. le
Président, on parle de, quand même, un organisme international, qui s'est penché sur cette question-là,
sur les mécanismes institutionnels internes et externes d'alerte. Et il nous
dit, entre autres, je vais vous citer quelques éléments : «Les
mécanismes internes présentent toutefois de grands risques pour les lanceurs
d'alerte potentiels car, fréquemment, ils ne prévoient pas de mesures
rigoureuses pour garantir la confidentialité et manquent d'indépendance par
rapport à l'institution au sein de laquelle ils ont été mis en place — ce
qui expose les lanceurs d'alerte à un risque
de représailles. De nombreux mécanismes sont perçus [...] beaucoup comme
inefficaces...» Ça, c'est à l'interne. «Si les États souhaitent disposer de procédures
d'alerte internes opératoires qui réduisent le nombre [de] cas de
divulgation au public, ils doivent en assurer l'efficacité et faire en sorte
que les intéressés soient convaincus de leur totale indépendance.»
D'autres
éléments du rapport de l'ONU, je cite quelques extraits, M. le Président :
«Les lanceurs d'alerte potentiels peuvent
aussi avoir des motifs raisonnables de considérer que ni les mécanismes
internes ni les mécanismes externes de contrôle ne leur garantissent une
protection efficace et une probabilité décente d'obtenir des mesures
correctives. Ces mécanismes laissent parfois
les lanceurs d'alerte à la merci [des] représailles et sans possibilité de
recours, même quand le cadre
juridique officiel et les mécanismes semblent suffisamment protecteurs. Les
lanceurs d'alerte doutent souvent, à raison,
que les mesures de protection opéreront pour eux. Plus un État démontre que les
lanceurs d'alerte induisent des changements
dans le comportement des institutions, moins les lanceurs d'alerte potentiels
sont tentés de procéder à une divulgation
au public. Quand un État entend poursuivre ou sanctionner toute autre manière
un lanceur d'alerte qui a procédé à
une divulgation au public, il devrait incomber à l'État de prouver que le
lanceur d'alerte n'avait pas de motifs raisonnables de conclure à un
défaut de protection ou de perspectives de [menaces] correctives.
«Si d'autres
mécanismes pour divulguer des informations sur des actes illicites ne sont pas
disponibles ou sont inefficaces, le
lanceur d'alerte a la possibilité de divulguer ces informations à des entités
extérieures, soit les médias soit d'autres acteurs de la société civile, ou les
publier [eux-mêmes]. Le lanceur d'alerte qui procède en pareilles
circonstances à une divulgation au public devrait être protégé.»
Alors, j'ai
cité quelques éléments, M. le Président, mais je veux
avoir quand même un échange avec le ministre et laisser aussi la possibilité à mes collègues,
aussi, d'intervenir. Mais voilà le préambule à cet amendement-là
que j'apporte, que je trouve absolument
important. J'espère que le ministre y a réfléchi aujourd'hui, y a réfléchi quelques jours avant. Mais actuellement l'article 6 est vraiment trop restreint, et
juste les exemples que nous avons eus les dernières années démontrent que ça ne suffit pas, que ce soit juste
à l'interne ou à l'externe; qu'on doit permettre à une personne d'être capable de divulguer au public. On doit être
capable de permettre à une personne de divulguer à un journaliste et
d'aller à n'importe quel média, s'il a le goût d'utiliser les médias sur cette
forme-là.
Alors, je ne
sais pas si le ministre a une ouverture, cette fois-ci, à cet amendement-là.
Je pense que ce ne sera pas juste une demande de l'opposition, mais beaucoup
de gens seraient très satisfaits à ce qu'on puisse aboutir à cet amendement.
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre.
• (21 h 10) •
M. Leitão : Bon, écoutez, nous
pensons que l'article 6, en fin de compte, oui, est un article important,
mais c'est un article qui s'adresse à des situations
extraordinaires. Nous, le moyen qu'on a utilisé pour faciliter
les divulgations, c'est le Protecteur du citoyen, c'est les pouvoirs
additionnels qu'on donne au Protecteur du citoyen pour qu'il puisse accueillir les divulgations, protéger les
divulgateurs et donner suite à ces divulgations-là. Donc, c'est à travers le
Protecteur du citoyen, qui est en effet un organisme indépendant. Donc, ça,
c'est la route que nous avons choisie.
Pour ce qui est des divulgations publiques, dans certaines circonstances, en cas
d'urgence, elles peuvent être faites, mais
ça, c'est vraiment l'exception, parce que le Protecteur du citoyen ne serait pas disponible, on parle d'un
dimanche soir, quelque chose comme ça, c'est vraiment un cas très extraordinaire. Et donc la personne fait cette divulgation-là publiquement et peut jouir des mêmes protections
que si elle le faisait au Protecteur
du citoyen, mais c'est vraiment une situation extraordinaire. En temps normal, le mécanisme que nous avons choisi, et c'était notre choix, le mécanisme que
nous avons choisi, c'est le Protecteur du citoyen. Ce n'est pas... On n'est pas
dans un terrain de divulgation publique.
Une personne
peut toujours faire cette divulgation publique à travers un journaliste, si
elle le souhaite, et alors là on est dans un autre ordre d'idées, qui
est la protection des sources journalistiques. Vous avez mentionné la
commission Gomery. Bon, je vous souligne que
cela a été rendu possible parce que justement il y a eu une dénonciation de Ma
chouette, qui a, donc, divulgué à un
journaliste, qui a par la suite fait son travail d'enquête. Et donc, dans ce
cas-là, l'essentiel, et c'est ce qui
a été adressé aujourd'hui par le premier ministre à la période de questions,
c'est l'enjeu de la protection des sources
journalistiques. Ça, c'est tout un autre débat. Et nous avons annoncé
aujourd'hui plusieurs mesures qui vont être mises en place, parce qu'il faut en effet... c'est primordial, dans une société
démocratique, de s'assurer que les journalistes peuvent continuer de
faire leur travail et donc que leurs sources puissent continuer d'être
protégées, et là il y a les mesures qui ont été annoncées aujourd'hui.
Mais, dans le
cas du projet de loi n° 87, on n'est pas dans un terrain de divulgation
publique, on est dans un terrain où la divulgation se fait à travers le Protecteur
du citoyen.
Le Président (M. Polo) : Mme la
députée.
Mme Léger : M. le
Président, je comprends très, très mal que le ministre, avec tout ce qu'il a
entendu les dernières semaines, particulièrement les derniers jours... qu'il en reste à cette position-là. Est-ce qu'il a retenu une leçon, M. le
Président, de tout ce qui s'est passé
à la commission Charbonneau, commission Gomery? Ces gens-là, là, il faut
les protéger. Qu'est-ce qui va dire que ces personnes-là vont être protégées? Parce
que, là, l'article 6 ne concerne qu'une situation d'urgence et qu'en cas de risque grave pour la santé, la
sécurité d'une personne ou pour l'environnement. Quand on est dans de la corruption ou de la
malversation, si une personne voit des actes, actuellement, là, dans notre
société, là, pour aller divulguer...
avant de divulguer, il faut qu'elle soit protégée. Il faut la protéger, cette
personne-là. Elle n'aura pas le goût de
vouloir... Est-ce qu'on a appris des leçons de ce qui s'est passé dans les
dernières années? Elle n'aurait pas le goût, cette personne-là, elle n'est pas protégée. Elle va
perdre sa job, elle va avoir des représailles, il va y avoir du harcèlement.
Elle va vivre des situations comme ça. Et,
si elle va au Protecteur du citoyen... Oui, elle peut aller au Protecteur du
citoyen, mais, si elle veut aller au public...
Si une
personne décide d'aller au public, est-ce que le ministre peut me dire si elle
est protégée, si elle va au public, présentement?
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre.
M. Leitão : Mais voilà, mais
c'est justement la question. Quand une personne fait face à cette situation,
donc à une situation, voyons... il y a un
acte répréhensible, voilà, qui est sur le point d'être commis, cette personne a
toute la latitude de s'adresser au
Protecteur du citoyen ou directement à la police, à l'UPAC, pour avertir d'une
telle situation. Et, avec les
dispositions du projet de loi n° 87, elle va être protégée. Avant, elle ne
l'était pas, je suis bien d'accord avec vous, mais, avec les dispositions du projet de loi n° 87, elle sera
protégée en suivant le mécanisme
prévu ici de s'adresser au Protecteur du citoyen ou directement à
l'UPAC, si c'est le cas.
Le Président (M. Polo) : Mme la
députée.
Mme Léger :
M. le Président, là le ministre dit que, si elle va... dans le fond, que cette
personne-là n'a que le choix interne ou le Protecteur du citoyen, il nous dit clairement qu'une personne ne peut pas
aller au public. Elle peut y aller, si
elle va au public, mais elle ne sera pas protégée. C'est ce qu'il nous dit aujourd'hui, là. La personne ne peut pas aller au public parce qu'elle ne
sera pas protégée. C'est ce que je comprends.
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre.
M. Leitão : Une personne, quand elle est en possession d'informations confidentielles, l'endroit pour divulguer ces informations confidentielles là sont au Protecteur du citoyen. Donc, il
y a un équilibre qui doit être fait,
un équilibre entre, donc, le devoir de loyauté, l'obligation de
confidentialité. Cet équilibre-là se fait, à notre avis, en utilisant le Protecteur
du citoyen comme mécanisme pour divulguer des actes répréhensibles.
Le Président (M. Polo) : Mme la
députée.
Mme Léger : M. le
Président, le ministre
nous dit qu'il n'y a que le Protecteur
du citoyen ou l'interne. C'est
ce que je veux l'entendre dire, qu'une
personne, si elle veut aller au public, il ne la protège pas dans son projet de loi n° 87. C'est ce qu'il est en train de nous dire. Donc,
ce n'est pas l'intérêt public qui est important, présentement, pour le ministre
et pour le gouvernement, parce que, l'intérêt public, si un acte répréhensible
se fait à l'intérieur d'une organisation, présentement, de l'État québécois, et la personne ne veut pas aller à l'interne,
pour toutes sortes de raisons, qu'elle ne veut pas utiliser l'interne, que la personne ne veut
pas aller au Protecteur du citoyen parce
qu'elle manque de confiance — ça
se peut, ça, M. le ministre, M. le Président, ça se peut que la personne ne veut pas aller au Protecteur du citoyen — elle
veut aller au public, alors, le ministre ne permet pas, dans son projet de loi
n° 87, qu'une personne peut aller au public. Le ministre ne permet pas qu'une
personne parle à un journaliste. Elle peut parler à un journaliste, mais elle
n'est pas protégée. Alors, c'est ce
que je veux entendre du ministre, qu'elle n'est pas protégée. Elle n'est protégée
que si elle va au Protecteur du citoyen. Mais, si elle veut aller au
niveau public, elle n'est pas protégée.
Le ministre
est en train de me dire que... il riposte devant moi, M. le Président, en disant que oui, oui, oui, mais elle n'est pas protégée. L'article 6 ne la protège qu'en urgence et pour des
raisons de santé, de sécurité ou d'environnement. Si la personne a quelque chose de... une
corruption, elle voit un acte répréhensible qui a rapport à une malversation ou
à une corruption puis elle veut le dire à un journaliste, le projet de
loi du ministre devant nous présentement, le 87, ne la protège pas.
Et le ministre essaie de me dire :
L'intérêt public est tout le temps là. Bien, l'intérêt public n'est pas là, M.
le Président. L'intérêt public, s'il a vraiment à coeur l'intérêt public, l'intérêt public, c'est
que, la personne, ce qui se passe actuellement dans l'administration ou peu importe, à différents niveaux, si la
personne veut aller devant un journaliste, on doit être capable de la
protéger, parce que c'est l'intérêt public qui prime.
Alors, que le
ministre me dise qu'elle est protégée parce qu'elle va devant un journaliste, ou un média, ou elle utilise le public, qu'il me dise si elle est
protégée ou pas, parce que dans son article 6, présentement, elle n'est pas protégée.
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre.
• (21 h 20) •
M. Leitão : L'article 6 est en situation d'urgence
seulement, O.K.? D'une façon générale, le projet de loi n° 87 facilite la divulgation d'actes répréhensibles en
utilisant le Protecteur du citoyen, qui va avoir des pouvoirs et une mission,
un mandat différents de ce qu'il a présentement. Donc, nous avons choisi
d'utiliser le Protecteur du citoyen comme véhicule
pour faciliter la divulgation. Faire ce que vous suggérez, permettre à toute
personne de divulguer en tout
temps au public les renseignements
confidentiels... faire ça compromettrait le lien de confiance qui doit exister
entre cette personne-là et les
institutions. Donc, quand une personne a des renseignements ou des informations confidentiels à rendre publics, à transmettre, elle doit le faire de façon structurée, à travers le Protecteur du citoyen. On vit dans une société de droit, et
donc on ne peut pas se permettre d'avoir ce cadre extrêmement large de
divulgation publique.
Si la
personne souhaite quand même le faire à un journaliste, bien sûr
qu'elle peut le faire, et alors là l'enjeu est la protection des sources journalistiques. Ça, c'est
un autre enjeu, cet enjeu de protection des sources journalistiques, que
nous considérons comme étant très sérieux. Et c'est pour cela qu'aujourd'hui
tant le premier ministre que le ministre de la Sécurité publique ont annoncé
une série de mesures qui répondent à cette situation très troublante où
on met en doute la confidentialité des sources journalistiques. Donc, il
faut à tout prix protéger les sources des journalistes. Ça, on est entièrement d'accord
avec vous.
Maintenant, pour ce qui est de la divulgation de
renseignements confidentiels, cette divulgation-là doit se faire dans
le cadre d'un processus qui est bien encadré, et ce processus, à notre avis,
implique un organisme indépendant et, il me semble, au-dessus de tout
reproche qui est le Protecteur du citoyen.
Le Président (M. Polo) : Mme la
députée.
Mme Léger :
Alors, avec mon amendement : «Elle peut également divulguer au public des
renseignements pour l'un des motifs
suivants», pour le ministre, il n'est pas recevable. Ce que je comprends du
ministre, c'est qu'il n'accepte pas mon amendement?
Une voix : ...c'est ça.
Mme Léger :
Je vais respirer par le nez, M. le Président. Je vais laisser aller les
collègues, je reviendrai tout à l'heure.
Le Président
(M. Polo) : M. le député de La Peltrie, souhaitez-vous
intervenir?
M.
Caire : Bien, brièvement, M. le Président, sur l'amendement
de ma collègue, je dois dire que je ne suis pas en désaccord avec le ministre. Il y a une différence
entre un sonneur d'alerte puis une source journalistique, c'est deux
choses qui sont différentes. La source
journalistique peut renseigner le journaliste sur une multitude de sujets, une
multitude de sujets, et on doit protéger les sources journalistiques.
Ça
peut être quelque chose qui n'a rien à voir avec un acte répréhensible, soit
dit en passant, au sens de la loi. Parce que, là, on dit, bon : Protéger les sources journalistiques au sens
de la loi, mais la source journalistique peut... Et justement je pense
que le cas de cette semaine est un bon cas, il ne s'agissait pas d'un acte
répréhensible.
Donc,
moi, je trouve que l'amendement de ma collègue limite la protection des sources
journalistiques, au lieu de s'assurer
que l'ensemble des sources journalistiques sont protégées. Qu'est-ce qui arrive
si un journaliste a un dossier de, je
ne sais pas, moi, un certain nombre de congédiements dans un CIUSSS, qui n'est
pas un acte répréhensible en soi, qui découle d'une politique du
gouvernement, donc, au sens de la loi, ce n'est pas un acte répréhensible? Et,
si on décide d'aviser les journalistes, d'ameuter les journalistes pour que le
journaliste fasse son enquête et publie la nouvelle, là on n'a pas besoin de
protéger la source journalistique? Bien oui, il faut la protéger quand même. Ce
n'est pas un acte répréhensible, mais il faut protéger la source journalistique
quand même. On n'a pas d'affaire à avoir des mandats d'écoute sur des
téléphones de journalistes.
Alors,
je le dis à ma collègue, son amendement, je comprends où elle veut aller, puis
je partage son point de vue qu'il faut protéger les sources
journalistiques, mais il faut faire la distinction entre un sonneur d'alerte et
une source. La source, c'est beaucoup plus vaste, c'est beaucoup plus large, ça
ne se limite pas aux actes répréhensibles. C'est une source journalistique.
J'aime par contre le quatrième et le cinquième
alinéa, je pense que l'article 6 pourrait s'enrichir de ces deux
alinéas-là, où, là, on fait état d'une situation où la
mécanique prévue par la loi n'a pas fonctionné. Et ça, j'invite le ministre à
porter une attention particulière peut-être à ces deux alinéas-là, où on
en arrive à dire : Bon, bien, la mécanique prévue par le projet de loi n'a pas fonctionné, et donc là il
faut qu'il y ait une porte de sortie, il faut qu'il y ait un débouché
quelque part. Peut-être que le ministre, là-dessus, pourrait effectivement
avoir une ouverture à introduire ces notions-là dans le projet de loi.
Le Président
(M. Polo) : M. le ministre.
M. Leitão :
C'est ça. Donc, le Protecteur du citoyen, comme nous savons, est redevable
devant l'Assemblée nationale, qui le nomme. Donc, si le protecteur ne fait pas
son travail, il nous doit à nous tous, aux membres de l'Assemblée... il nous doit
des explications.
Pour
ce qui est, donc, des délais raisonnables, bon, le projet de loi prévoit une révision chaque trois ans, je pense... ou cinq ans,
chaque cinq ans, et donc, si on se rend compte qu'en effet les délais ne sont
pas raisonnables, bon, à ce moment-là, on pourrait revoir cette situation. Mais
a priori je ne vois pas de raison de douter du manque d'efficacité du
protecteur.
Le Président
(M. Polo) : M. le député de La Peltrie.
M.
Caire : Bien, ce
n'est pas une question de douter, M.
le Président. En fait, je dirais que,
si le ministre pense que ça n'arrivera pas, il devrait d'autant plus avoir
une ouverture à introduire l'alinéa, parce
que, tu sais, ça prévoit des
cas dont lui dit qu'ils n'arriveront pas. Là-dessus,
moi, je suis assez à la même place que ma collègue, par contre,
parce qu'il faut quand même...
Puis, je veux dire, nul n'est à l'abri d'imprévus, là, bon.
Et
moi, je pense que ça introduit aussi une obligation de résultat pour la
Protectrice du citoyen, d'agir dans des délais raisonnables. Donc, il y a comme un incitatif supplémentaire. Ça
donne effectivement une porte de sortie pour des actes qui auraient été signalés et pour lesquels il y aurait des délais
indus. Oui, au contraire, je pense que les alinéas 4 et 5 sont intéressants. Et ça donne une espèce de filet
de sécurité pour s'assurer que, si tant est que ce qu'on pense qui ne
devrait pas se produire se produit, bien, on aura prévu le coup et on aura
ajouté des mécanismes qui vont faire en sorte que la plainte ne va pas mourir dans les dédales administratifs éventuels d'un
organisme comme le Protecteur du citoyen, si tant est qu'il y en a.
Puis, comme je dis, je n'ai pas de raison de le croire, mais vaut mieux
prévenir que guérir.
Le Président
(M. Polo) : M. le ministre.
M. Leitão :
Ces questions de délai raisonnable sont prévues dans les articles subséquents.
C'est ça. Donc à l'article 9, à l'article 9, donc, on est dans le
chapitre III, donc, qui traite justement de suivi, suivi des divulgations
et enquêtes. Donc, l'article 9, au
deuxième alinéa, donc, on précise «les modalités relatives au dépôt d'une
divulgation et à son traitement diligent».
Le Président
(M. Polo) : M. le député.
M.
Caire : M. le Président, je sais à quoi fait référence le
ministre. Je ne dis pas que la loi ne prévoit pas ce qu'est un délai
raisonnable et qu'on doive traiter les... Ce que je dis, c'est que la notion
qui est amenée par ma collègue est intéressante
dans le sens où, s'il y avait des ratées opérationnelles, des ratées
administratives, et donc si on ne respecte pas ces obligations-là, bien,
on donne une porte de sortie aux sonneurs d'alerte qui m'apparaît intéressante.
Le Président (M. Polo) : M. le
ministre...
M.
Caire :
La loi dit : Vous devez faire ça vite. Oui, je comprends. Mais, s'ils ne
le font pas, bien là, il se passe quoi? Pour le sonneur d'alerte, il n'y
a plus d'option.
Donc, avec la
notion que ma collègue amène, il y a comme un dédouanement qui est donné au
sonneur d'alerte de dire : Bon,
bien, parfait, vous n'avez pas traité ce signalement-là dans les délais
prescrits, vous n'avez pas suivi ce qui est prescrit par la loi pour toutes sortes de raisons, manque de personnel,
un affluent de plaintes, bon, essayons d'imaginer toutes les situations, là... bien, ça permet... ça
dédouane le sonneur d'alerte de se limiter dans son action puis ça lui
dit : Bon, bien, à partir de
maintenant, tu as la possibilité de faire un signalement public et d'amener
cette situation-là au grand jour. Moi,
comme je dis, je pense que ça amène une obligation de résultat puis ça donne
une porte de sortie, qui est balisée quand même parce qu'on ne dit pas au sonneur d'alerte : Va immédiatement
devant les journaux, il y a quand même la procédure qui est respectée, avec laquelle je suis tout à
fait d'accord, mais on donne une porte de sortie puis on donne une
obligation de résultat, au cas où l'ensemble des délais n'est pas respecté.
Le
Président (M. Polo) : M. le député de La Peltrie, votre
intervention était très intéressante, mais,
compte tenu de l'heure,
j'ajourne les travaux de la commission sine die.
(Fin de la séance à 21 h 30)