(Quinze heures cinq minutes)
Le
Président (M. Bernier) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des finances publiques ouverte. Et, bien sûr, je demande,
comme d'habitude, à toutes les personnes dans la salle d'éteindre la
sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Conseil du trésor des crédits budgétaires du portefeuille Conseil
du trésor et Administration gouvernementale pour l'exercice
financier 2015-2016.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Fortin (Pontiac) est remplacé par M. Simard (Dubuc) et
M. Spénard (Beauce-Nord) est remplacé par M. Caire (La Peltrie).
Le
Président (M. Bernier) : Merci beaucoup. Tout d'abord, je veux
souligner le ministre des Finances qui est ici et qui est devenu ce
matin le président du Conseil du trésor également. Je veux vous féliciter pour
votre nomination de ce matin.
Je veux
saluer les collègues gouvernementaux qui sont là, également du côté de
l'opposition officielle : M. le député de Gaspé, qui est avec nous
pour cet après-midi et ce soir, M. le député de La Peltrie, qui est avec
nous également, porte-parole du deuxième groupe d'opposition. Bienvenue,
messieurs, de votre participation.
Je veux
saluer également le personnel qui vous accompagne et le personnel du
Secrétariat du Conseil du trésor qui sont
ici présents — bienvenue,
messieurs — saluer
M. Luc Meunier et M. Denys Jean aussi, qui sont ici présents, et
le secrétaire général du Conseil du trésor, bienvenue à cette commission.
Conseil du trésor
Nous allons donc débuter par les remarques
préliminaires, puis nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes,
incluant les questions et les réponses. Et je vais m'assurer de balancer le
temps entre questions et réponses par
rapport au temps qui est accordé. La mise aux voix des crédits sera effectuée à
la fin... qui est alloué, de l'étude de ce volet. Donc, la fin, c'est ce
soir.
Puisque nous
avons débuté nos travaux à 15 h 5, nous allons demander un
consentement pour les terminer à 18 h 5. Consentement?
Consentement. C'est beau.
Remarques préliminaires
Donc, sans plus tarder, M. le ministre, pour vos
remarques préliminaires, vous avez un bloc de 17 minutes.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Très bien. Merci, M. le Président. Alors, chers collègues du côté ministériel,
M. le député de Gaspé, M. le député de La Peltrie, bien sûr, M. le
Président, bonjour.
Comme vous l'avez mentionné, je viens d'être
assermenté, un peu plus tôt ce matin, comme ministre des Finances et ministre responsable de
l'Administration gouvernementale, de la Révision permanente des programmes
et président du Conseil du trésor. Donc,
c'est tout récent. Alors, ça veut dire, entre autres choses, que je n'hésiterai
pas à passer la parole à mes
collègues du Secrétariat du Conseil du trésor pour des précisions aux réponses
qui viendraient des députés.
Alors, je
veux aussi souligner, donc, la présence de toute l'équipe de fonctionnaires,
qui est très dédiée et qui va certainement être en mesure de répondre
aux questions qui leur seront posées.
L'étude des
crédits en commission parlementaire constitue un exercice capital, essentiel à
la transparence et la surveillance de
l'action gouvernementale. C'est donc avec tout le sérieux et la rigueur que
mérite cette démarche que je procède
avec vous à l'étude des crédits du Secrétariat du Conseil du trésor et des
organismes qui font partie du portefeuille du Conseil du trésor et de
l'Administration gouvernementale.
D'abord, permettez-moi,
M. le Président, de vous présenter les gens qui m'accompagnent aujourd'hui pour
m'appuyer lors de ces études de crédits
budgétaires 2016-2017. Bien sûr, M. Yves Ouellet, secrétaire du
Conseil du trésor, ici, à ma gauche.
Il y a aussi le président-directeur général du Centre de services partagés du
Québec, M. Denys Jean; le président-directeur
général de la Société québécoise des infrastructures, M. Luc Meunier; le
président de la Commission de la fonction publique, M. Marc
Lacroix. Je tiens également à remercier les équipes de chacun des organismes
présents aujourd'hui pour cet exercice,
ainsi que les membres de mon cabinet qui m'accompagnent, dont M. Cormier,
Dominic Cormier, qui est à ma droite.
• (15 h 10) •
D'entrée
de jeu, il m'apparaît essentiel de vous rappeler le contexte des crédits
présentés par le gouvernement. Dès
son entrée en fonction, notre gouvernement s'est engagé à redresser les
finances publiques et à remettre le Québec sur la voie d'une solidité financière et d'une prospérité durable. Nous
avions promis d'atteindre l'équilibre budgétaire en 2015-2016 et nous
avons respecté cet engagement. Je suis également très fier de souligner que,
pour une deuxième année consécutive, en
2015-2016, nous avons respecté notre objectif de dépenses de programmes. Ça,
c'est une première en 23 ans. Au cours des deux dernières années, la croissance
des dépenses a été de 1,6 % et
1,7 %, respectivement. Au passage, je signalerais que ces taux sont comparables, voire même supérieurs à
ceux de l'Ontario, qui n'est pas encore en équilibre, ou de la
Colombie-Britannique, au moment où cette province retournait à l'équilibre.
Maintenant
que nous avons assaini les finances publiques, nous revenons à des taux de
croissance des dépenses un peu plus
élevés, mais qui doivent demeurer supportables à long terme, soit 2,7 % en
2016-2017 et 2,8 % en 2017-2018. Et, en passant, je veux que ce
soit très clair, M. le Président, nous n'allons plus revenir dans les eaux
passées, où la croissance des dépenses était
plus rapide que celle des revenus. Le contrôle responsable des dépenses permet
également d'avoir une marge de manoeuvre
pour faire face aux incertitudes de l'économie et à des imprévus. Nous sommes
dans un contexte économique mondial
incertain. Encore ce matin, la Banque du Canada nous l'a bien rappelé avec sa
décision sur une politique monétaire. Nous
devons composer notamment avec l'évolution de l'économie chinoise et celle des
pays émergents, la dépréciation du dollar canadien et la baisse des prix des
matières premières, pas seulement le pétrole, mais toutes les matières
premières.
Le
vieillissement de la population fait aussi partie des enjeux que nous devons
relever. Maintenir une bonne santé financière est impératif si nous
voulons dans le futur réussir à maintenir des services de qualité pour la
population du Québec. En adoptant une saine
gestion des dépenses, nous bénéficions d'une marge de manoeuvre pour réinvestir
dans les priorités que sont l'éducation, la santé, la famille et l'économie.
Pour y parvenir, il faut innover, il faut moderniser le fonctionnement de
l'État afin de préserver sa capacité à jouer un rôle de levier de la croissance
économique et du développement social.
Considérant
tous les enjeux qui transforment la société actuelle, il est incontournable de
requestionner l'efficacité et l'utilité
de nos programmes publics. À cette fin, un comité ministériel sur la révision
des programmes présidé par le premier ministre a été constitué afin
d'énoncer les orientations et les priorités du gouvernement en matière de
révision des programmes.
Au cours de
l'année 2016-2017, le gouvernement poursuivra la révision des structures
et des organismes amorcée en 2015-2016.
Depuis le 1er janvier 2016, la Commission administrative des régimes
de retraite et d'assurances et la Régie des rentes du Québec sont
regroupées en un seul organisme, nommé Retraite Québec. Le regroupement permet
de réaliser un gain d'efficience important quant à la prestation des services
offerts, ce qui générera des économies de 20 millions de dollars par année
à compter de 2018.
Aussi, depuis
le 1er janvier 2016, la Commission des normes du travail, la
Commission de l'équité salariale et la Commission de la santé et de la
sécurité du travail sont regroupées au sein de la Commission des normes, de
l'équité, de la santé et de la sécurité du
travail. Cette réorganisation permet au personnel de ces organismes de mettre
en commun leur expertise et leur
expérience, d'améliorer la qualité des services offerts, notamment en ce qui
concerne la simplification des démarches, ainsi que de générer des
économies annuelles de 8 millions de dollars par année après trois ans.
Comme annoncé dans l'excellent
budget 2015-2016, le gouvernement a aussi procédé au regroupement des tribunaux administratifs dans le domaine du
travail. La Commission des lésions professionnelles et la Commission des
relations du travail ont été fusionnées au
sein du Tribunal administratif du travail le 1er janvier 2016. Ce
regroupement permet d'assurer une gestion
plus efficiente et responsable des activités des tribunaux administratifs, mais
aussi d'offrir une meilleure couverture sur l'ensemble du territoire
québécois. À partir de la troisième année, une économie de gestion récurrente
de 6,9 millions de dollars est prévue.
Quant au
ministère de la Culture et des Communications, il poursuit ses travaux afin
d'intégrer la Régie du cinéma au sein
du ministère. Ses mandats et ses orientations pour les années à venir seront
révisés afin de favoriser la mise en commun des ressources et de
l'expertise tout en veillant à une meilleure efficience des services offerts.
À cette
révision de structures, il faut aussi ajouter la réorganisation de Services
Québec, le repositionnement de la Société
québécoise des infrastructures ainsi que celui du Centre de services partagés
du Québec, qui a d'ailleurs présenté son plan de transformation l'année
dernière.
Ces chantiers
s'inscrivent dans l'optique de recentrer ces organismes dans leur mission
essentielle, d'accroître l'efficacité et la qualité de leurs offres de
services et de mieux utiliser les ressources mises à leur disposition.
Dans notre
recherche continue d'une plus grande efficacité et productivité de l'État, il
est incontournable de se pencher
également dans la gestion des ressources qui oeuvrent au sein de l'État
québécois. La rémunération des employés de l'État constitue à elle seule environ 60 % des dépenses de
programmes, soit une somme annuelle de près de 40 milliards de dollars. 40 milliards, c'est
40 000 millions. Afin d'assurer une meilleure surveillance de
l'évolution des effectifs et des dépenses
de rémunération dans l'appareil public, le gouvernement poursuit sa mise en
oeuvre de la Loi sur la gestion et le contrôle
des effectifs. L'année dernière, nous avions annoncé des objectifs ambitieux de
réduction de l'ordre de 2 % par rapport
à 2013-2014. Les données prévisionnelles pour 2015-2016 montrent que le
gouvernement est en voie de dépasser significativement
son objectif global avec une baisse de 7 158 effectifs à temps
complet. Ce résultat montre un renversement majeur de la tendance depuis plusieurs années, alors qu'on constatait
une hausse annuelle moyenne d'environ 5 000 effectifs à temps
complet. Donc, on passe d'une augmentation de 5 000 par année pendant
plusieurs années à une diminution, à une baisse de 7 158.
Parmi les
actions réalisées lors de la dernière année, j'aimerais aussi souligner le
renouvellement des conventions collectives
des employés de l'État. Ces ententes négociées assurent aux employés de l'État
une croissance raisonnable de leur rémunération tout en respectant la capacité
de payer des contribuables. Ces ententes apportent un cadre de stabilité
pour nos dépenses et une stabilité
favorables à la croissance économique. À ce jour, nous avons une entente de
principe avec 500 000 des
533 000 syndiqués des secteurs public et parapublic, dont près de
400 000 font partie du front commun. Les négociations se sont déroulées dans un contexte où le gouvernement
s'était engagé à atteindre l'équilibre budgétaire et à respecter la
capacité de payer des contribuables et le principe d'équité.
Les contribuables souhaitent que les impôts et
les taxes qu'ils paient leur permettent d'obtenir des services de qualité et de bénéficier d'infrastructures en bon
état. C'est pour cette raison que notre gouvernement a fait tous ces
efforts au cours des deux dernières années
pour assainir les finances publiques. Je tiens à les rassurer que ces efforts
se poursuivront.
Cette
discipline dont nous faisons preuve dans la gestion des finances publiques nous
permet notamment d'inscrire des
investissements de l'ordre de 88,7 milliards au Plan québécois des
infrastructures 2016-2026. Ça, c'est une augmentation de
300 millions par rapport au plan 2015‑2025. Pour l'année
financière 2016-2017, ces investissements seront de 9,6 milliards de dollars. De nouvelles
initiatives totalisant 2,4 milliards font partie du plan 2016-2026.
Mentionnons, entre autres, pour le
secteur de l'éducation primaire et secondaire, des sommes de 1,2 milliard,
dont 700 millions en argent neuf, au
cours des trois prochaines années pour améliorer la qualité des écoles. Des
sommes importantes sont aussi inscrites au PQI pour la mise en oeuvre de
nos grandes stratégies de développement économique, telles le Plan Nord, la
Stratégie maritime et le plan d'électrification des transports. Ces
investissements arrivent à point pour soutenir notre économie et générer des
emplois de qualité pour le Québec.
Je souhaite également profiter de cette tribune
pour réitérer l'intérêt de notre gouvernement à appliquer les recommandations du rapport de la Commission
d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans
l'industrie de la construction. Parmi les
recommandations formulées par cette commission, 14 concernent le
Secrétariat du Conseil du trésor.
Parmi celles-ci, 10 seront réalisées d'ici la fin de 2016 alors que les autres
le seront au début de 2017. Je répète, M.
le Président, parce que c'est important, des 14 recommandations de la
commission Charbonneau qui concernent le Secrétariat du Conseil du trésor, 10 seront réalisées d'ici la fin de
2016 alors que les autres le seront au début de 2017.
Je tiens à souligner qu'avant même le dépôt du
rapport de la commission Charbonneau, le 24 novembre dernier, des mesures étaient déjà mises en place pour
faciliter l'accès aux contrats publics. Le 30 octobre 2015, le
gouvernement a lancé le Passeport
Entreprises comprenant 24 mesures pour faciliter l'accès aux contrats de l'État,
mais aussi pour améliorer le
processus d'appel d'offres. L'une des mesures prévoyait la création d'une
fonction de commissaire aux contrats publics. Et là, on est en... au 30 octobre 2015, hein? Dans son rapport,
la Commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des
contrats publics dans l'industrie de la construction formulait plutôt l'idée de créer une autorité des
marchés publics. Le gouvernement
a annoncé le 24 mars dernier son intention de créer cette autorité qui
deviendrait le chien de garde de l'ensemble des contrats de l'État québécois.
Je rappelle
que notre gouvernement a aussi déposé, le 2 décembre dernier, le projet de loi sur la divulgation d'actes répréhensibles
afin d'améliorer le régime de protection des lanceurs d'alerte. Ce projet de loi répond à une recommandation majeure
de la commission Charbonneau. L'objectif de ce projet de loi est de permettre à toute personne de divulguer des actes répréhensibles commis ou sur le point d'être
commis au sein d'un organisme public, tout en assurant la protection des
divulgateurs. Une personne qui a le courage
de dénoncer des actes répréhensibles doit pouvoir bénéficier d'une
protection contre toute mesure de représailles.
En terminant,
avant de passer bien sûr aux questions des membres de la commission, je tiens à dire
que toutes ces actions en matière de saine gestion des dépenses
convergent vers un même objectif, celui d'assurer la pérennité des services et des missions essentiels de l'État québécois.
Il faut agir pour l'avenir pour demeurer maître de nos choix, et c'est ce que nous faisons. Je suis fier de me
faire un des porteurs de cette démarche, et c'est avec plaisir, M. le Président, et honneur que je viens la
soumettre à l'étude de cette commission. Merci beaucoup.
• (15 h 20) •
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le ministre, de votre présentation. Nous allons donc passer du côté
de l'opposition officielle. M. le député de Gaspé, vous avez 10 minutes.
M. Gaétan Lelièvre
M. Lelièvre : Merci,
M. le Président. Je tiens à saluer M. le ministre et le féliciter pour ses nouvelles fonctions. Je salue également
tous les collègues du parti du pouvoir et également de la deuxième opposition.
Écoutez,
c'est ma première expérience à l'étude
des crédits au niveau du Conseil du trésor. J'ai lu le plus
possible, j'ai pris connaissance le plus
possible de l'ensemble des dossiers. Comme on peut le constater, le Trésor est
un ministère intersectoriel, hein,
qui transcende l'ensemble des différents ministères, donc beaucoup de sujets
extrêmement importants. Je vais
annoncer d'emblée que, je dirais, les dossiers prioritaires que je vais tenter
d'aborder si le temps le permet sont notamment les dossiers, bien sûr,
de l'économie, hein, la situation économique du Québec actuellement au niveau
de l'emploi, au niveau également des autres
paramètres, notamment la dette, la santé également, toutes les
modifications au système de santé qui ont
été apportées dans les dernières années, et peut-être celles qui sont en cours
d'implantation, et des futures à venir, beaucoup d'impacts notamment
dans les régions.
L'éducation, un défi de taille tant au niveau
des infrastructures, oui, mais aussi au niveau de l'enseignement, au niveau de l'éducation dans, je dirais, sa forme
la plus pure, c'est-à-dire l'enseignement aux étudiants, l'enseignement
aux hommes et aux femmes, aux jeunes et moins jeunes qui ont décidé, par choix
ou pour d'autres raisons, de suivre des formations, que ce soit au niveau du
cheminement régulier ou au niveau du cheminement professionnel, un domaine extrêmement important, hein? À l'ère de l'économie
du savoir, on est une société qui doit continuer à investir au niveau de
l'éducation, c'est l'une de nos priorités.
Également,
la question du développement régional, local et aussi de l'occupation du
territoire sont des éléments incontournables. Pour être un acteur du
développement depuis une trentaine d'années, c'est clair que c'est un des
éléments qui a motivé ma percée en politique puis c'est clair que je vais
continuer à défendre toute la question de l'occupation
du territoire, notamment pour les régions dites éloignées ou ressources. Donc,
ce sera un thème à aborder.
M. le ministre a abordé, dans la fin de sa
présentation, toute, je dirais, la question des suites de la commission Charbonneau, hein, de l'industrie de la
construction, donc un élément extrêmement important. On a procédé au dépôt d'un rapport avec une
soixantaine de recommandations en novembre 2015, donc il m'apparaît extrêmement
pertinent puis important de questionner les suites qui seront données à cet important
rapport qui marque le Québec.
Donc, ce sont
les principaux dossiers, et d'autres, je
dirais, complémentaires qui suivront,
là, au niveau de mes
interrogations. Je vous dirais que toute la question de la situation économique
du Québec m'inquiète puis inquiète mon parti
également. Quand on regarde les prévisions, bon, qui ont
été annoncées par le gouvernement au
niveau de la dernière campagne électorale et quand on regarde à mi-mandat
les résultats, c'est sûr qu'on ne peut faire autrement que questionner, questionner les moyens qui ont été mis de l'avant par
le gouvernement actuel. Et, quand on compare avec les objectifs de la campagne versus les résultats
qu'on obtient à mi-mandat, c'est évident que l'écart est énorme à
plusieurs niveaux, hein, notamment au niveau de l'emploi.
Je crois que
l'emploi est un bon indicateur économique dans toute société. Et, quand on regarde,
bon, l'objectif notamment de 250 000 emplois, qui aujourd'hui est pratiquement mis de côté, oublié, parce que, finalement,
c'est clair que ce ne sera pas atteint, et on regarde les prévisions de
création de 30 000 emplois, des prévisions révisées à la baisse énormément
pour 2016 et 2017, donc c'est clair que c'est un indicateur qui en dit long sur
la situation économique
du Québec, de façon globale, autant dans les grands centres, Québec, Montréal, mais
également dans les régions.
Donc, ce sont
ces éléments-là que j'aimerais aborder plus en détail au cours de la
présentation, ainsi que quelques autres. Donc, ça complète, M. le
Président, mon introduction, et j'ai hâte de tomber dans le coeur du sujet.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député de Gaspé, pour votre présentation. M. le député de La Peltrie, vous avez un bloc de sept minutes qui est à
votre disposition. Vous préférez le conserver pour les échanges?
M.
Caire : ...garder
ça pour des échanges, oui, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) :
On va le conserver pour les échanges, M. le député. Il n'y a aucun problème.
Discussion générale
Donc, nous en sommes maintenant aux échanges
avec le ministre et les représentants des divers organismes. Donc, nous allons
débuter bien sûr par la tradition, l'opposition officielle. Vous avez un bloc
de 10 minutes, M. le député de Gaspé.
M. Lelièvre : Merci, M. le...
Le Président (M. Bernier) :
20 minutes, excusez, 20 minutes.
M. Lelièvre : 20 minutes? Merci, M. le Président. Je
débuterai la présentation ou le questionnement au ministre par un sujet qui m'est
plus familier, qui est la question du développement local, développement
régional, occupation du territoire et transport. Donc, j'aimerais que le ministre
nous fasse état... Dans ses prévisions budgétaires pour l'année en cours, on retrouve à peu près les mêmes sommes que l'an dernier au niveau de ce qu'on appelle l'enveloppe de l'occupation du territoire. C'est-à-dire que, d'une enveloppe de 180 millions
qui était historiquement attribuée aux régions, on a vu cette enveloppe-là
réduite autour de 115 millions cette année. Plusieurs projets, plusieurs
volets, plusieurs programmes importants, entre autres l'aide aux municipalités
dévitalisées, les programmes de soutien pour la concertation et le développement régional sont disparus depuis... C'est la deuxième année.
Les budgets également attribués... Quand je dis : Organisme de concertation et de développement, je pense à Solidarité rurale, qui recevait tout près de 1 million
de dollars du gouvernement. Les budgets ont été également coupés.
Donc, vous
savez, les... On a confié aux municipalités la responsabilité du développement local et régional, mais on a oublié de leur confier les budgets qui venaient avec, les moyens. Hein, on
leur a dit : Voici le coffre à outils pour assumer votre rôle de
développeur en région, mais malheureusement, quand on a ouvert le coffre, on
s'est rendu compte qu'il n'y avait pas grand
outils dedans, c'est un coffre plutôt vide. Les besoins sont pourtant nombreux,
et importants, et même urgents dans
les régions, qu'on pense à la démographie... On voyait, par exemple, que, la
région de la Côte-Nord, dans les
10 dernières années, c'est la plus grande diminution au plan démographique
sur la Côte-Nord, l'Abitibi également, des diminutions importantes, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, les
Îles-de-la-Madeleine, donc à peu près toutes les régions ressources. Les
statistiques de Statistique Québec le démontraient récemment, donc un défi
énorme au niveau de la démographie.
Puis, quand
la démographie se porte mal, bien souvent c'est parce que c'est un indicateur
que l'économie va mal. Quand l'économie va bien dans une région,
normalement les gens s'y installent, s'y implantent, y demeurent. Mais, quand l'économie ne va pas bien, quand il y a des
pertes d'emploi, bien souvent on doit quitter pour travailler à
l'extérieur. C'est malheureusement l'historique de beaucoup de régions dites
ressources au Québec.
• (15 h 30) •
Donc, la diminution de 180 millions à
115 millions fait mal dans les régions pour une deuxième année, puis
je pense que c'est la pire année, cette
année, parce que, durant la première année des coupures, il y avait des budgets
résiduels, il y avait des fonds de tiroir
qu'on a épuisés, mais cette année, c'est la première année financière où
vraiment les coffres sont vides. Et
les municipalités, les organismes de développement ont vraiment, pour une
première année, là... je dirais, n'ont pas le minimum pour assurer leur
vocation, leur vocation de soutenir le développement économique dans les
régions.
Donc,
j'aimerais savoir, de la part du ministre responsable du Conseil du
trésor : Selon vous, quels sont les outils, quels sont les budgets, quelles sont les ressources dans le budget
actuel qui, j'espère, vous permettent de croire que les régions vont pouvoir continuer à assumer leur
développement malgré la diminution extrêmement importante, là, du budget
relié au développement local, régional et à l'occupation du territoire?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Très bien.
Merci de la question. Écoutez, il y a plusieurs éléments. Je commencerais par peut-être un petit pas en arrière. En effet, il
y a eu une restructuration profonde,
et d'ailleurs certains d'entre nous se rappelleront, parce que nous étions
dans ces discussions-là au projet de loi n° 28, quand on a restructuré
tout ce qui avait un lien avec le développement
économique régional, les CRE, les CLD, toutes ces structures-là. Le changement
a été fait, et l'objectif de ce
changement-là était, bien sûr, d'obtenir des économies récurrentes en termes de
frais d'administration. Mais deux choses d'autres qui étaient le plus important : d'abord, de maintenir les
fonds, donc les fonds d'investissement, les fameux FLI, le fonds local d'investissement, ces fonds-là sont
maintenus, ont été maintenus, et ça demeure, et de passer
l'administration de ces fonds-là aux
administrations locales, aux MRC, parce qu'en fin de compte nous avons fait le
choix, nous avons fait le pari que ce
sont les élus locaux qui sont les plus aptes à représenter leur population et
donc prendre les décisions nécessaires et
utiles pour l'investissement régional. Donc, ça, c'est une partie du changement
structurel important, comme j'avais dit au début, dans ma présentation.
Nous
sommes en train de transformer l'État du Québec. Il faut que l'État,
l'administration publique, soit viable à court, moyen et à long terme. Pour cela, il nous fallait mettre en place
d'abord un organisme permanent de révision de programmes et des mesures importantes pour nous assurer que nous sommes
capables de contrôler la croissance des coûts de programmes, ce que nous
avons fait au cours des deux dernières années.
Maintenant,
puisque nous avons repris le contrôle des finances publiques, ça nous permet de
dégager certaines marges de
manoeuvre, et nous avons vu, dans le budget du 17 mars, plusieurs mesures,
plusieurs mesures qui justement sont
d'une grande utilité pour les régions du Québec. J'en conviens bien avec le
député de Gaspé que les économies régionales passent par une période difficile, en grande partie étant donné le choc
qu'il y a eu, le choc des prix des matières premières. Que ce soit dans le secteur forestier, que ce soit
dans le secteur minier, secteur de l'énergie, la baisse importante de
ces prix-là a eu des répercussions dans les économies régionales.
Alors,
dans le budget du 17 mars dernier, nous avons pris plusieurs mesures,
particulièrement un programme, un plan
d'appui au secteur forestier, qui est, à mon avis... écoutez, depuis longtemps
qu'on ne fait pas ça, c'est pratiquement 230 millions de dollars pour le secteur forestier, sur un certain
nombre d'années. Et ça a été fait basé sur une analyse détaillée,
rigoureuse des conditions objectives auxquelles fait face cette industrie, qui
est encore très importante au Québec.
Dans les documents du
budget, nous avions aussi publié un petit fascicule qui examinait en grand
détail la problématique à laquelle fait face l'industrie du secteur forestier,
et donc c'est basé sur cette analyse que nous avons développé ces mesures, qui sont, encore une fois, très
appropriées. Il y a le remboursement pour les coûts des chemins
multiressources, par exemple, il y a aussi un financement progressif du coût de
protection de la forêt, il y a aussi le soutien
à l'innovation, enfin toute une série de mesures qui concernent
la forêt publique, mais aussi et surtout la forêt privée.
Je vous vois, M. le
Président, alors...
Le Président (M.
Bernier) : Vous pouvez poser votre sous-question. Moi, j'essaie de
balancer les temps de questions et réponses, M. le ministre.
M. Lelièvre :
Il reste combien de temps, M. le Président?
Le
Président (M. Bernier) : Il
vous reste environ... bien, j'ai ajouté du temps. Il vous reste environ
14 min 30 s.
M. Lelièvre :
Merci. M. le ministre, vous avez, bon, abordé un peu le sujet en question, tout
le volet des programmes d'aide à l'occupation du territoire,
au développement local et régional, mais, comme je vous le
mentionnais, on parle d'une diminution majeure. On parle d'une diminution de
180 à 115 millions au niveau du budget global sur l'occupation du territoire. Les intervenants municipaux, mais aussi les
autres intervenants économiques, là, sont unanimes pour dire que ça fait mal dans les régions. Et,
bon, je comprends que l'objectif derrière tout ça, c'est l'assainissement
des finances publiques, c'est l'équilibre du
budget, c'est la diminution éventuellement de la dette, mais il reste que ce
sont les régions, hein, qui paient le prix, je dirais, de cet équilibre
budgétaire.
Comme président du
Conseil du trésor, vous avez un rôle extrêmement important à jouer, et en plus
comme ministre des Finances. Je présume que,
quand la décision a été prise de couper de 180 à 115 millions, ce qui
n'est pas rien... Quand on a pris la
décision d'abolir des organismes traditionnels qui supportaient le
développement, la concertation en région,
je présume que les impacts ont été évalués. J'aimerais vous entendre, à
savoir : Vous, comme président du Conseil du trésor, comme ministre des Finances, comment percevez-vous la
possibilité pour les régions de continuer à prendre en main leur développement avec un coffre à outils
qui a été diminué de la sorte? Et, bon, je dirais, il y a différents
témoignages dans ce sens-là, les unions
municipales l'ont confirmé à maintes reprises, les intervenants économiques
l'ont confirmé.
Donc, moi, ce que j'aimerais entendre
de vous, c'est... Bon, je présume qu'un gouvernement prend des décisions
éclairées en évaluant les conséquences de
ces coupures budgétaires là majeures. 180 à 115 millions, c'est énorme,
là. On parle de tout près de 40 % de diminution de l'enveloppe.
J'aimerais savoir : Est-ce qu'il y a des évaluations de ces impacts-là qui
ont été faites au niveau de la machine gouvernementale? Est-ce qu'il y a des
avenues de solution pour pallier aux
inconvénients qu'on ressent dans les régions présentement? Quels sont vos
outils, là, pour évaluer les impacts d'une telle décision?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Très bien. Écoutez, comme j'avais dit tantôt en réponse à la première question
du collègue, nous avons fait un changement structurel majeur dans tout, si vous
voulez, l'édifice d'aide au développement régional, développement économique régional, en allégeant les structures. Donc,
les réductions de budget auxquelles vous faites allusion sont dans les structures, dans l'administration de ces
programmes-là. Les fonds d'investissement, donc les FLI, ces fonds-là
n'ont pas été coupés, n'ont pas été changés.
De
plus, dans toutes les régions du Québec, il y a des investissements importants
dans notre PQI, notre programme d'investissement en infrastructures.
Comme j'avais dit tantôt, ce sont 88,7 milliards de dollars sur 10 ans, et
ces 88,7 milliards de dollars se
déclinent, en fin de compte, dans toutes les régions du Québec. Par exemple, si
on veut parler de votre région,
M. le député, bon, il y a pour à peu près 1,1 milliard de dollars en
investissements publics en infrastructures.
Donc,
l'engagement du gouvernement du Québec envers les régions, à mon avis, demeure
très concret, très réel. Puisqu'on
parle de votre région, M. le député, ces montants-là n'incluent pas, bien sûr,
les investissements privés, et nous nous sommes tous... nous nous
rappelons tous de l'engagement de notre gouvernement, depuis le début, envers
la cimenterie McInnis dans votre région.
Donc,
écoutez, nous sommes à l'écoute des régions. Nous sommes toujours engagés dans le processus de soutien au développement économique
régional. Les mesures qui ont été prises, soit du côté des infrastructures,
soit de d'autres mesures budgétaires, le
sont pour le bien, si vous voulez, des régions. Une mesure, dans le budget, de
mars, qui est très... du 7 mars,
et qui, à mon avis, a été très peu mentionnée mais qui est très importante pour
les économies régionales, c'est quand même
quelques centaines de millions
de dollars dans la réclamation de sites miniers. Ce type d'investissement,
c'est un investissement qui génère rapidement des emplois dans les régions en question, pour
faire un travail qui est nécessaire et en même temps maintenir les
personnes à l'emploi pendant que le cycle économique, le cycle minier revient.
Donc,
notre engagement envers les régions est toujours
très important, est toujours très substantiel, et nous allons continuer
dans cette direction-là.
• (15 h 40) •
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de Gaspé.
M. Lelièvre :
Oui, M. le Président. Je n'ai pas, malheureusement, entendu de réponse sur
les outils ou les évaluations qui sont peut-être disponibles en quelque part
dans la machine gouvernementale pour évaluer les impacts majeurs, réels qu'on vit sur le terrain suite à la
diminution de 180 à 115 millions de l'enveloppe d'occupation du
territoire. Dans la réponse du ministre, je
n'ai pas entendu, là, s'il y avait quelqu'un en quelque part qui, avant de
recommander au ministre de couper de cette façon-là... Est-ce que quelqu'un a
évalué les impacts avant et après un deuxième exercice financier qui s'amorce? Est-ce
que quelqu'un, un ministère,
un organisme, est en train d'évaluer ces impacts-là? Parce que moi, je peux vous dire qu'ils sont réels. Les
impacts sont présents, ils sont réels et ils font mal aux régions. Donc,
une telle diminution de l'enveloppe budgétaire des régions dites ressources, à
mon avis, mériterait que quelqu'un évalue les impacts.
Si ça n'a pas été fait auparavant, c'est déplorable. J'espère qu'aujourd'hui on va
se prononcer sur les impacts en cours et faire une évaluation de ça. Parce
qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire, vous savez, M. le ministre. Une
décision, ça peut se corriger, surtout quand c'est dans le bon sens.
Vous
avez parlé, maintenant, de... On a parlé de budget d'opération, budget de
fonctionnement sur l'occupation du territoire.
Vous avez parlé un peu, bon, des investissements au niveau des immobilisations,
des infrastructures dans votre réponse.
J'aimerais porter à votre attention le fait que, dans le budget 2016-2017,
on retrouve... Dans les investissements en infrastructures du budget du gouvernement du Québec, on retrouve tout
près de 50 % des budgets, 48 % environ, là, des budgets, qui sont dédiés strictement à la Capitale-Nationale
et à la métropole. On parle de tout près de 50 % du budget dédié en immobilisations, en
investissements, tout près de la moitié dans deux régions ou dans deux villes
majeures, notre capitale et notre
métropole, qui font la fierté de tous les Québécois. Puis je peux vous dire
que, comme député de Gaspé, nous
croyons à l'importance de la capitale, à l'importance du rôle de la métropole,
mais je ne peux pas faire autrement que constater que tout près de
50 % du budget d'investissements dans les immobilisations a été consenti
strictement à deux régions sur 17.
Est-ce
que je peux savoir les critères qui font en sorte... les critères qui dictent
l'attribution, la répartition du budget des immobilisations dans les
investissements au sein de l'ensemble des 17 régions?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Très bien. Avant de répondre à la dernière partie de la
question du collègue, j'aimerais quand même revenir sur l'occupation du territoire et la soi-disant réduction de
notre engagement financier. Comme j'ai dit tantôt, ces réductions-là sont purement administratives. Les
fonds dédiés à l'investissement, à la croissance, les FLI, les F-L-I,
les fonds locaux d'investissement, ça n'a
pas été touché, et l'administration de ces fonds-là maintenant se fait par les
MRC, le véhicule que nous jugeons être le plus approprié pour prendre ce genre
de décision là.
Maintenant,
revenons aux investissements en infrastructures et le fait que, selon le
collègue, il y a en effet 40 et quelques
pour cent de ces fonds-là qui vont à la Capitale-Nationale et à la région de
Montréal, à la métropole. Écoutez, c'est
en ligne avec le poids démographique de ces deux régions-là, et, en plus, ces
décisions... ou cette allocation-là se fait aussi en fonction des
besoins, des besoins de mise à niveau des infrastructures publiques.
L'échangeur Turcot est à Montréal, il faut
le mettre à niveau, là. Il n'est pas en Gaspésie, il est à Montréal. Il faut le
moderniser, il faut le changer. C'est un investissement majeur.
Donc, dans la
métropole et dans la Capitale-Nationale, mais particulièrement dans la
métropole, c'est là où se trouve une
bonne partie de l'infrastructure en transport, et c'est ce qui doit être
modernisé. Rappelons-nous qu'en fin de compte l'événement qui a
déclenché notre réflexion gouvernementale de la nécessité de remettre à niveau
nos infrastructures publiques, c'était
l'effondrement du viaduc du chemin du Souvenir, à Laval. Donc, c'est là qu'on
s'est rendu compte qu'en effet on avait un très grand déficit de maintien
d'infrastructures.
Donc, moi, je
ne trouve pas du tout anormal qu'une bonne partie de ces fonds-là soit dans ces
deux régions-là. Et, soit dit en
passant, là, ces deux régions-là, c'est à peu près 40 % de la population
du Québec et, en termes de PIB, c'est même
plus. Ce serait la moitié du PIB du Québec dans ces régions-là. Donc, ce n'est
pas du tout anormal que la répartition se fasse de cette façon-là.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Gaspé.
M. Lelièvre : Merci, M. le
Président. J'aimerais revenir sur le premier élément de la réponse du ministre,
là, concernant quand on... Ça fait plusieurs fois que le ministre soulève le
fait que les budgets qui ont été coupés dans l'occupation du territoire ont été
coupés dans les structures. Bien, moi, au lieu de structures, je
dirais des organes de développement
local et régional. Puis, vous savez, un organe, en termes physiologiques, c'est
un élément essentiel. Donc, quand on parle de...
Une voix : ...
M. Lelièvre : Pardon?
Le Président (M. Bernier) :
On vous écoute.
M. Lelièvre : Oui? Je ne suis pas
certain que le ministre écoute, mais je suis content que vous m'écoutiez, M. le
Président.
Le Président (M. Bernier) :
Non, on vous écoute.
M.
Lelièvre : Écoutez, quand on parle de coupures strictement dans les
structures, j'aimerais informer le ministre, peut-être le sensibiliser à
l'effet que... Vous savez, un conseil régional des élus, une CRE, un CLD, un
centre local de développement, moi, je peux
vous dire que ce qui a été coupé, ce n'est pas uniquement... c'est la structure
au complet, incluant l'ensemble des fonds. Il n'y a plus rien, il n'y a
plus aucune trace des CRE au Québec, M. le ministre, là. Il n'y a plus de budget d'investissement dans la
région, il n'y a plus de budget pour les équipements, il n'y a plus de
budget pour les professionnels.
Puis, vous
savez, du développement régional, ça se fait avec des fonds de développement,
mais ça se fait aussi beaucoup à
partir de l'animation économique, à partir de la concertation des intervenants
du milieu, à partir du support que les intervenants qui sont à l'emploi
des CRE et des CLD peuvent apporter aux élus municipaux, aux différents intervenants économiques. Donc, quand on coupe les
ressources professionnelles d'un CLD puis d'une CRE, je regrette, mais,
pour moi, ce n'est pas de la structure, ce n'est pas de l'administration.
Vous savez,
pour faire du développement régional, nos élus ont besoin d'être supportés et
d'être conseillés. Nos élus en région
puis un peu partout s'occupent de transport, de santé, d'éducation, de jeunes,
de problèmes de ressources naturelles, d'environnement. Ça fait que
pensez-vous, quand tu es élu maire, que tu es un spécialiste dans tous ces domaines-là? C'est pour ça qu'on avait en région
des organisations qui pouvaient supporter nos élus. Mais là nos élus
sont abandonnés à eux seuls, et l'expertise qui permet aux élus de prendre des
décisions éclairées n'est plus disponible sur place. Donc, ça ne peut pas faire
autrement qu'avoir des conséquences sur le dynamisme du milieu.
Donc,
j'espère que vous allez prendre conscience que ce n'est pas uniquement...
Peut-être que c'est ce qu'on vous a
rapporté, là, mais je vous invite à aller sur le terrain puis rencontrer les
gens, puis ils vont vous dire... Vous allez voir que les gens qui ont été coupés... Je pense à la conférence régionale
des élus où il y avait une trentaine d'employés, des jeunes compétents qui étaient formés dans
différents domaines. Ces gens-là montaient des dossiers bien étoffés pour
mieux supporter les élus et les intervenants
économiques, pour défendre leurs priorités et leurs dossiers. Cette
expertise-là n'est plus présente aujourd'hui. C'est aussi important
qu'un fonds de développement, ça, l'expertise. On est à l'étape de l'économie du savoir dans les régions aussi. Ça ne
se passe pas juste à Montréal puis à Québec. On aimerait ça, dans les
régions aussi, profiter de l'expertise de l'économie du savoir.
Donc, je vous invite à réfléchir là-dessus, M.
le ministre, avec votre équipe. Les conséquences sont beaucoup plus grandes que
vous le pensez. On n'a pas seulement que coupé des postes, là, de comptabilité,
puis de tenue de livres, puis de réceptionniste, puis de photocopieur. Ce n'est
pas ça, la réalité des coupures du 180 à 115 millions, je vous l'assure.
Maintenant,
pour ce qui est de la répartition des budgets dans les grands centres versus
les régions, vous avez parlé de l'aspect démographique, de l'aspect des
besoins, bon, des investissements au niveau des infrastructures. Je comprends.
J'aimerais vous sensibiliser au fait aussi que, oui, il y a des viaducs, des
ponts qui sont en mauvais état à Montréal, puis il y en a plus qu'ailleurs
parce qu'il y en a plus physiquement à Montréal et à Québec, donc ça se
comprend, que les besoins sont énormes...
• (15 h 50) •
Le Président (M.
Bernier) : ...l'occasion d'y revenir.
M. Lelièvre :
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Bernier) : M. le député de Gaspé, on aura l'occasion d'y
revenir. M. le député de La Prairie, la parole est à vous. Vous
avez un bloc d'environ 22 minutes.
M. Merlini :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, comme d'habitude, salutations au
ministre et député de Robert-Baldwin, mes collègues ministériels : député
de Portneuf, député de Sainte-Rose et député de Trois-Rivières. M. le député de Gaspé et M. le député de
La Peltrie, considérez-vous salués en cette étude des crédits du Conseil
du trésor.
Dans
votre allocution d'ouverture, M. le ministre, vous avez parlé d'un programme
que le gouvernement a mis en place
dès notre arrivée, c'est-à-dire la Commission révision permanente des
programmes, et on pense... Je crois que, pour les gens qui nous
écoutent... Les gens croient que, depuis le dépôt du dernier rapport de la
commission, tout est arrêté là. Alors, c'est
fini, le rapport a été présenté, le gouvernement a posé des gestes. Mais tout
ne s'arrête pas là. Et, pour remettre un peu de contexte dans cette
idée-là, décennie après décennie, les priorités de tous les gouvernements, tous
les gouvernements confondus, et les programmes qui en découlaient, de ces choix
de priorité, se sont accumulés. Alors, il y
avait un besoin, on créait un programme.
Il arrivait un autre besoin ou une autre situation, on créait un autre
programme. Mais s'ajoutent à ça les coûts de
tous ces programmes-là à l'État québécois, et il
n'y a jamais eu ou presque pas, ou,
à ma connaissance, il n'y
en a pas eu, une véritable remise en question de toute l'efficacité
et le rendement de ces programmes-là, ce
qui faisait, en bout de ligne, que le taux de croissance des dépenses des
programmes ne respectait plus la capacité de payer des citoyens.
Et
vous avez également fait la remarque, dans votre allocution d'ouverture, que
c'est la première fois en 23 ans que nous respectons la cible de croissance des dépenses des programmes. Ce
n'est quand même pas rien d'avoir accompli ça dans les deux premières
années de notre mandat. Alors, il y avait une urgence d'agir lorsque nous
sommes arrivés au pouvoir en 2014, et il
fallait non seulement revenir à l'équilibre budgétaire, il fallait également
mettre en place des mesures pour assurer la suite, le maintien continu
de cet équilibre budgétaire là bien au-delà de l'exercice 2015-2016.
Alors, la commission
a été présidée par l'honorable Lucienne Robillard, également avec deux
économistes, MM. Claude Montmarquette et Robert Gagné, et deux
ex-administratrices d'État, Mmes Michèle Bourget et Mireille Fillion, pour amorcer cette réflexion en
profondeur du rôle et de la taille de l'État. Alors a été créée la Commission
de révision permanente des programmes, et là, immédiatement, à l'été 2014, la
commission s'est mise à contacter les ministères et organismes pour faire cet
exercice de révision.
C'était
quoi, les objectifs? Bien, les objectifs, c'était que les programmes répondent
à un besoin prioritaire des citoyens et qu'ils relèvent des missions
essentielles de l'État, les missions de l'État, aussi que les programmes soient
administrés de manière efficace et
efficiente, et que la structure de gouverne en place soit appropriée, et
évidemment que le mode de financement
de toute l'enveloppe des programmes soit adéquat et cohérent avec la capacité
de payer des citoyens.
Alors,
il y a eu un premier rapport de déposé pour le premier exercice budgétaire et
il y a eu un rapport final qui a été
déposé le 31 août 2015. Alors, en novembre 2014, il y a eu le
premier rapport, qui était un rapport à court terme, qui visait à dégager des économies immédiatement,
parce qu'on connaît tous l'impasse financière dans laquelle se trouvait
le Québec à ce moment-là, et, au mois
d'août 2015, le rapport final visant à instaurer un mécanisme de révision
permanente des programmes et venir en bout
d'instaurer un changement de culture dans l'État, ce qui n'est pas une mince
tâche à faire.
Alors,
j'aimerais vous entendre spécifiquement sur deux choses, bien, entre autres
sur... Parce que, là, on a parlé de la
révision des programmes qui se transforme en évaluation continue des
programmes. Vous avez fait référence dans votre allocution au Bureau de la révision permanente des programmes, qui a été
instauré au sein du Secrétariat du Conseil du trésor, et ainsi que la
création du comité permanent de la révision des programmes, qui est présidé par
le premier ministre lui-même.
Alors,
j'aimerais vous entendre, que vous élaboriez, pour le bienfait de nos auditeurs
aujourd'hui, qu'est-ce qui arrive,
quelle en est la suite. Parce que le rapport, comme j'ai dit, n'a pas dormi sur
une tablette, il n'a pas terminé là. La révision, elle est continue.
Alors, j'aimerais entendre le ministre à ce sujet, M. le Président.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre, parlez-nous de cette commission.
M.
Leitão : Très bien. Merci beaucoup. Avant d'aller directement à votre
question, juste deux choses, pour revenir à la question précédente en termes de dépenses en infrastructures, même
quand certaines dépenses sont comptabilisées, par exemple, dans la grande région de Montréal, je reviens toujours à
l'échangeur Turcot, un projet majeur, là, au-delà de 1 milliard de dollars, ça ne veut pas dire
que c'est seulement pour la région de Montréal. C'est pour améliorer la
fluidité du trafic est-ouest, nord-sud, et
donc ça bénéficie à toute l'économie québécoise, pas seulement l'économie de
Montréal. Ça, c'est une chose.
Deuxième chose, pour ce qui est des dépenses de
programmes, en effet, on est accusés de toutes sortes de choses, de vouloir démolir, détruire, je ne sais
pas trop quoi, l'État du Québec, le modèle québécois. En fin de compte,
ce que nous faisons, c'est tout simplement — ce
n'est pas si simple que ça — de
nous assurer que les dépenses de programmes,
donc nos dépenses publiques, en excluant le service de la dette, demeurent à un
niveau qui soit soutenable à moyen et
à long terme, c'est-à-dire... En 2013-2014, ces dépenses-là, si on exclut le
service de la dette, étaient à 23,2 % du PIB. Ça, c'est un sommet historique. Jamais, dans l'histoire du
Québec, on a... enfin l'histoire moderne, là, je n'ai pas l'information
qui remonterait aux années 60, je ne sais pas, mais j'ai l'impression que ce
n'était pas autant. Donc, dans l'histoire moderne du Québec, on n'avait jamais
dépensé autant, 23,2 %.
Ce que nous
faisons va nous amener, en 2020-2021, à combien? À 22 % du PIB, ce qui est
encore supérieur à la moyenne historique de ces dépenses-là. En
2000-2001, à ce moment-là, ce n'était certainement pas un gouvernement libéral qui était au pouvoir, et on ne peut pas,
je pense, accuser le gouvernement de cette période-là de démolir le
modèle québécois, et, en 2000-2001, c'était
20 %, les dépenses de programmes étaient 20 % du PIB. Elles sont
maintenant 23 % du PIB, et nous voulons les amener à 22 % du
PIB. Donc, quand on parle d'opération de démolition, il faut toujours tenir ça
en considération.
Maintenant,
là, je reviens à votre question. Donc, une des façons de nous assurer, donc,
que nous contrôlons la croissance des
dépenses, c'était de faire un examen approfondi de nos dépenses, comme vous
avez mentionné, par cette commission,
par la commission Robillard, pour qu'on revoie nos programmes, nos dépenses.
Depuis une quinzaine, une dizaine, quinzaine d'années, on a toujours
rajouté des nouveaux programmes et on a très peu réfléchi à la pertinence des
programmes existants, à leur évaluation et donc comment on pourrait faire ça à
l'avenir.
Alors, cette
commission-là qui a mené à la création de ce comité permanent de révision de
programmes, comité qui est présidé par le premier ministre... Et ça, ce
n'est pas accidentel, là. On veut justement que ce comité-là soit au plus haut
niveau, donc c'est le premier ministre lui-même qui préside ce comité pour
s'assurer qu'on donne suite à ces recommandations-là.
Alors, des
mandats ont déjà été donnés à différents ministres, dont moi, par exemple, pour
effectuer des travaux et des travaux de révision importants dans un
certain nombre de domaines, et je vais vous les citer.
Un qui nous
concerne, nous, directement, au ministère des Finances : le renforcement
de l'efficience de la SAQ. Depuis
longtemps qu'on parle de cela, et chose que nous sommes déjà en train de faire
au ministère des Finances pour faire rapport
à ce comité-là, parce qu'on a reçu un mandat très spécifique pour revoir
l'efficience de la Société des alcools du Québec. On pourrait dire, par
exemple, que le projet de loi que nous sommes aussi en train d'analyser à
l'Assemblée nationale, le projet de loi
n° 88, qui concerne la commercialisation des boissons alcooliques
québécoises, ça fait partie de... ça entre dans ce mécanisme-là, dans
cet ordre d'idées là de revoir, renforcer l'efficience des activités de la SAQ.
La même chose pour l'efficience de Revenu Québec. Évidemment, nous devons fournir deux rapports
d'impôt, donc il y a une certaine
duplication entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement provincial, et donc nous avons
un mandat de revoir et de renforcer
l'efficience et... pas seulement l'efficience, mais aussi le travail et le
service qui est donné par Revenu Québec à la population.
J'ai
l'impression qu'on parlera de ça aussi quand cette commission regardera les
crédits du ministère des Finances. On aura l'opportunité de reparler de
cela, bien, avec d'autres éléments aussi, comme le développement d'une vision d'affaires de Services Québec. Aussi, le député de
Gaspé, on a un peu parlé de ça, donc de revoir toute la structure de l'aide au développement économique : le
développement économique régional, le développement économique tout
court, qui est aussi un chantier qui est en
activité. Toute l'approche en matière d'emploi et de formation de la main-d'oeuvre,
dans le budget de mars, on avait lancé
certaines pistes d'action, mais ça fait partie aussi de cette réflexion-là. La
poursuite des travaux qui avaient déjà été amorcés
dans le cadre des tables sur l'action internationale du Québec, donc toute
notre activité diplomatique, internationale. L'aide à la culture. Aussi, nos
relations avec les municipalités. Nous avons signé un pacte fiscal avec les
municipalités, j'y étais, comme le premier ministre, comme le ministre des
Affaires municipales. Nous nous sommes engagés, entre autres choses, à revoir
le statut de métropole de Montréal, celui de capitale nationale, et il y a
aussi à véritablement considérer les gouvernements municipaux comme
gouvernements de proximité. Donc, il y a toute une réflexion qui se fait aussi
à cet égard-là. Donc, c'est un agenda de travail qui est assez rempli.
Et donc cette
commission a donné lieu à des recommandations très concrètes qui sont en train
de se matérialiser.
• (16 heures) •
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le ministre. M. le député de La Prairie.
M.
Merlini : Merci beaucoup. Merci, M. le ministre, pour cette réponse.
Peut-être, j'aurais une question maintenant pour M. Ouellet, qui est à
votre gauche.
Le
Président (M. Bernier) : Est-ce qu'il y a consentement pour que
M. Ouellet puisse prendre la parole? Donc, en vous identifiant, M.
Ouellet, quand vous prendrez la parole, et votre nom et votre titre. Continuez,
M. le député de La Prairie.
M. Merlini : Merci beaucoup, M. le
Président. Alors, le ministre nous a expliqué le comité permanent de la
révision des programmes, qui est présidé par le premier ministre, et l'autre
volet qui vous affecte plus directement au Secrétariat
du Conseil du trésor, c'est le Bureau de la révision permanente des programmes.
L'arrivée ou la création de ce bureau-là
a fait quoi, essentiellement, au Secrétariat du Conseil du trésor? Parce que
déjà votre tâche est assez... bien, je dirais même, très importante au
sein de l'appareil gouvernemental, mais là, avec l'arrivée de ce Bureau de la
révision permanente, qu'est-ce que ça a
amené comme changements opérationnels par rapport aux ministères et aux
organismes? Est-ce que le modus operandi a
changé? Est-ce qu'il y a d'autres façons que les approbations se donnent?
Est-ce que les dossiers
sont présentés différemment ou est-ce que ça a apporté vraiment cette culture
d'évaluation de programmes dont on a parlé, dont le ministre a parlé
également dans son allocution un peu plus tôt?
Le Président (M. Bernier) :
M. Ouellet.
M. Ouellet (Yves) : D'accord.
Yves Ouellet, secrétaire du Conseil du trésor.
Alors,
effectivement, il y avait deux volets importants, en termes d'organisation puis
de gouverne, au niveau de la révision
des programmes, qui guidaient l'action gouvernementale : il y avait la
création du comité permanent de la révision des programmes, qui est piloté par le premier ministre, et il y a
également la création du Bureau de la révision permanente des programmes
au sein du Secrétariat du Conseil du trésor.
Ce que ça
fait pour le Secrétariat du Conseil du trésor puis pour l'ensemble de
l'Administration gouvernementale, c'est
un message fort à l'intention de l'ensemble de l'administration publique de la
volonté gouvernementale de revoir et d'avoir
une révision des programmes. Le rôle de cette unité-là spécifiquement,
évidemment, c'est de piloter cet exercice-là, c'est de préparer les directives, de préparer les outils de travail qui
sont donnés aux ministères pour qu'ils soient en mesure de faire leur révision de programmes. C'est une
équipe qui est spécifiquement dédiée à ce travail-là et qui accompagne
les ministères dans le cadre de cet exercice-là.
Puis je vous
dirais qu'il y a un concept qui est important, celui de la révision des
programmes. Mais, pour avoir une révision de programmes qui est
efficace, bien, il faut être en mesure d'évaluer les programmes. Puis
l'évaluation de programmes, c'est une
spécialité en soi. Donc, au sein de cette unité-là, il y a des gens qui sont
spécialisés à cet égard-là, qui vont
accompagner les ministères et les organismes dans le cadre de leurs travaux pour faire de l'évaluation de programmes,
dans un premier temps, qui est l'élément majeur et clé pour arriver à
un exercice de révision de programmes. Donc, un message fort, au niveau de l'Administration,
qui se transpose dans la façon qu'on organise le secrétariat.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M.
le député de La Prairie.
M.
Merlini : Merci, M. le
Président. À ce moment-là, dans ce travail-là, faites-vous appel, par exemple, aux gens du bureau du Vérificateur général pour vous aider à faire cette
révision de programmes là, de voir à
améliorer les efficiences?
Le Président (M. Bernier) : M.
Ouellet.
M. Ouellet (Yves) : On a toujours
une bonne collaboration avec nos amis du bureau du Vérificateur général, mais c'est deux activités qui sont un peu
différentes. Le Vérificateur général fait évidemment les activités de vérification et des
activités d'optimisation des activités gouvernementales, alors qu'ici on n'est
plus au niveau de la révision des programmes et de l'évaluation. Donc, c'est un peu différent
comme approche, mais globalement il y
a toujours une bonne collaboration
entre le secrétariat et le Vérificateur général.
Le Président (M. Bernier) : M. le
député de La Prairie.
M. Merlini : Merci, M. le Président.
Tout cela, M. le ministre, avait évidemment... l'objectif premier était de réaliser des économies pour revenir à l'équilibre budgétaire. Maintenant que nous y sommes, à l'équilibre budgétaire, comment voyez-vous la suite des choses pour le comité permanent de
la révision des programmes? Est-ce
qu'on cherche encore des économies?
Parce que les
gens nous posent la question. Les gens dans ma circonscription, c'est ce qu'ils
me posent comme question. Dans les
deux premières années, les gens, les citoyens me disaient :
M. Merlini, on comprend ce que vous faites, on comprend l'exercice budgétaire qui est nécessaire pour rétablir...
pour remettre la maison en ordre, comme vous l'aviez si bien dit. Maintenant que nous y sommes, la suite
des choses, la suite du travail du comité permanent de la révision des programmes, comment la voyez-vous? Vous avez dit
tantôt que le premier ministre a donné des devoirs, des exercices à faire à plusieurs ministres, dont vous-même en
tant qu'également ministre des Finances, comment va se passer la suite
des choses pour cette commission-là? Parce que les gens voient les résultats de
l'équilibre budgétaire, la marge de manoeuvre qui est atteinte, le
réinvestissement, comme vous avez dit dans votre allocution, que ça soit au
niveau des infrastructures, que ce soit au niveau de l'éducation. Maintenant,
que va faire... quelle est la suite de ce comité-là?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : C'est une très bonne question. Et je pense que ça va vraiment
au coeur de la question. L'exercice qu'on fait, ce n'est pas un exercice purement comptable de réduction de
dépenses. En 2014-2015, 2015-2016, donc le budget de juin 2014, le budget de mars 2015
étaient en effet des budgets très rigoureux parce qu'il nous fallait arriver à
l'équilibre budgétaire. L'état des finances
publiques était tel qu'il nous fallait revenir rapidement à l'équilibre
budgétaire. C'était une question de crédibilité, le Québec s'était
engagé... indépendamment des gouvernements, le Québec s'était engagé à revenir
en 2015-2016 à l'équilibre. Donc, il fallait le faire, ce que nous avons fait.
Maintenant, ce qu'on
va faire à partir d'ici, puisque nous sommes en équilibre, puisque nous avons
donné un sérieux coup de frein à la
croissance des dépenses et nous avons dégagé une certaine marge de manoeuvre,
alors là, on peut vraiment s'engager
dans un processus de révision de programmes fondamentale, structurelle. Donc,
on va examiner la pertinence de certains programmes, pas dans un but
purement comptable d'aller chercher x millions de dollars, mais pour améliorer le service
à la population, pour arriver... pour aider notre réflexion, si les ressources
de l'État sont mieux utilisées dans un tel programme ou dans un autre
programme, donc, pour libérer des ressources pour les réinvestir ailleurs. Donc,
l'objectif de cet exercice-là, ce n'est pas un exercice purement comptable et
de...
Je
n'ai rien contre les comptables, même s'il y a toujours une certaine tension,
là, entre comptables et économistes, mais, enfin, on parlera de ça
après.
Une voix :
...
• (16 h 10) •
M. Leitão :
Voilà! Donc, l'objectif, ce n'est pas un objectif strictement de réduction des
dépenses. Au contraire, c'est un objectif de
révision structurelle pour mieux allouer les dépenses financières... les
ressources financières de l'État,
qui, après tout... Écoutez, ces ressources financières ne nous appartiennent
pas à nous personnellement. Moi, ça fait maintenant deux ans au ministère des Finances, je n'ai pas encore trouvé
une machine à imprimer des sous. Donc, l'argent que nous avons, c'est l'argent des contribuables. Donc, c'est nécessaire
de s'assurer que ces ressources financières sont utilisées de la meilleure façon possible. Et, pour ce faire, un
processus permanent de révision de programmes fait partie entièrement de
cette activité-là.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de La Prairie, deux
minutes.
M. Merlini :
Deux minutes. Merci beaucoup, M. le Président. Au Conseil des ministres,
évidemment il y a plusieurs ministres, autour de la table, qui ont des
programmes qu'ils souhaitent mettre en place et des objectifs à réaliser, dans
différentes régions du Québec. Quelle synergie a apporté cette vision de la
révision des programmes et d'évaluation des
programmes? Quelles sont les synergies qui ont été créées, qui fait en sorte
qu'on retrouve justement des nouvelles façons de faire qui sont plus
efficientes et qui, dans le fond, finissent par bonifier le service qui est
rendu aux citoyens?
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
M. Leitão :
En effet, je pense qu'on doit faire ça rapidement.
Bien,
écoutez, juste le... c'est très important aussi, parce qu'il y a plusieurs
ministères qui s'occupent souvent d'un même champ d'activité. Donc, il y
avait beaucoup de duplications dans nos activités. Un exemple très simple, par exemple, l'Aide au logement : un logement se
trouve à la SHQ, et donc au ministère des Affaires municipales, se
trouve aussi un peu chez nous, aux Finances, avec le crédit d'impôt solidarité.
Donc, il y a toute une série de... Emploi, Solidarité,
aussi. Donc, vous avez ici déjà trois ministères qui oeuvrent un peu dans la
même direction, et des fois — des fois — sans savoir ce que les autres font. Alors
donc, ce processus-là va nous permettre justement de mieux fonctionner
en équipes interministérielles pour nous assurer qu'il n'y a pas de duplication
et pour nous assurer qu'on est vraiment capables de mieux servir les intérêts
de la population.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Nous allons maintenant passer
du côté du deuxième groupe d'opposition avec le député de
La Peltrie. Vous avez un bloc de 23 minutes, M. le député.
M.
Caire :
Merci, M. le Président. D'abord, permettez-moi de saluer mes collègues, le
ministre, ceux qui l'accompagnent, les collègues de la partie ministérielle, le
député de Gaspé.
M.
le Président, je vais commencer par tout le programme qui a été mis sur la
table il y a un an, par le prédécesseur du prédécesseur du président du Conseil du trésor, sur le volet
informatique. La première chose qui m'a frappé, c'est qu'en 2012 Michelle Courchesne était présidente du
Conseil du trésor — Michelle
Courchesne, ça, c'est la madame qui n'est pas facile — et avait
mis en place le dirigeant principal en informatique qui devait donner les
grandes orientations en matière d'informatique du gouvernement. M.
Lévesque a été nommé, qui a été remplacé par Jean-Guy Lemieux, qui a été
remplacé par M. Ouellet, de façon intérim.
Comment
peut-on expliquer qu'en quatre ans on a trois DPI différents, dont un qui,
depuis un an et demi, est un intérim, donc porte le titre sans
nécessairement assumer pleinement les fonctions — du moins, j'imagine?
Puis est-ce que le ministre n'a pas
l'impression que les difficultés — oui, je vais rester poli — les difficultés qu'on rencontre, au
niveau gouvernemental, dans la gestion des dossiers informatiques... est en
lien avec l'incapacité du gouvernement à avoir un DPI capable d'assumer cette
fonction-là?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Comme j'ai mentionné en entrée, au début de cette commission,
je viens d'arriver, ça fait quelques heures,
j'ai été assermenté comme président du Conseil du trésor, donc vous allez me
donner au moins quelques... un petit peu
de temps pour adresser cette question du DPI qui... en effet, c'est une
question importante et que nous sommes en train de l'adresser.
Maintenant,
deux choses là-dessus. Premièrement, le fait que M. Ouellet est DPI par intérim
ne l'empêche pas de faire son
travail, et je ne voudrais surtout pas minimiser l'effort qui est fait et le
travail très sérieux qui est fait par l'actuel DPI par intérim. C'est clair que ce n'est pas une situation idéale et
qui va être permanente, bien sûr que non, on trouvera moyen de le régler de façon permanente. Mais,
entre-temps — entre-temps — le travail est accompli d'une façon
très professionnelle et très efficace par M. Ouellet. Donc là, je n'ai aucun problème
là-dessus.
Dans le processus, donc, de recherche d'un
DPI permanent, il y a plusieurs éléments qui entrent en considération. Il
y en a un que, j'en suis sûr, vous comprendrez très bien, c'est l'élément de la
rémunération. Quand on veut nommer quelqu'un
à un tel poste, il faut qu'on soit conscient qu'il va falloir aussi rémunérer
cette personne en conséquence. Alors, je
trouve que, souvent, les partis de l'opposition en particulier, et le vôtre en
particulier, sont extrêmement, comment je dirais... — quel est
le mot parlementaire qu'on pourrait utiliser? — extrêmement... disons qu'ils questionnent
beaucoup la rémunération des hauts cadres de
la fonction publique. Alors, ça, c'est un enjeu qu'on doit adresser dans ce
processus-là.
Entre-temps — entre-temps — vous
avez mentionné «depuis quatre ans», en tout cas...
Le Président (M.
Bernier) : ...on aura l'occasion... Je vous rappelle que, bien
sûr, c'est sur l'Administration. Demain, on
pourra approfondir, d'ailleurs, davantage, on a un bloc spécifique sur les
ressources informationnelles. Donc, vous aurez l'occasion, M. le
ministre, de revenir sur ça. M. le député de La Peltrie.
M.
Caire : Merci, M. le Président. Bien, écoutez, j'ai un
petit peu de difficultés à suivre le ministre.
Il me dit que l'actuel DPI fait très bien le travail. Pourquoi
cherche-t-il à le remplacer?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Parce qu'il y a seulement
24 heures dans une journée, et une personne aussi bonne et
performante comme M. Ouellet ne peut pas, de
façon permanente, occuper ces deux fonctions-là. Il le fait, il le fait très
bien, mais c'est clair que c'est une situation
qui ne peut pas être permanente. Il va falloir trouver une personne qui
occupera ce poste-là de façon permanente.
Parce qu'il y a deux
enjeux au sujet du DPI : il y a un enjeu, si vous voulez, opérationnel,
donc pour nous assurer que, donc, d'une façon opérationnelle, d'une façon,
disons, au jour le jour, les systèmes fonctionnent, donc, qu'il y ait une meilleure coordination, et tout
ça. Mais il y a aussi un aspect stratégique.
Donc, c'est aussi la fonction d'un DPI, comme c'est le cas dans
l'industrie privée quand on parle de «CIO», «Chief Information Officer, de
planifier, conceptualiser la stratégie en ce
qui concerne les technologies de l'information. Donc, c'est un double mandat,
un double rôle, et donc c'est pour ça qu'on doit prendre notre temps
pour trouver la personne idéale pour ça.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de La Peltrie.
M.
Caire :
Après un an et demi, M. le Président, je n'appelle plus ça prendre son temps.
Je vais...
M. Leitão :
Ça fait un jour que je suis là.
M.
Caire : Je vais
donner un exemple des conséquences de... factuellement. Puis je n'en veux pas
personnellement à M. Ouellet, là, je lui ai déjà dit
sur d'autres tribunes, mais de ne pas
avoir de DPI nommé de façon définitive... Et je vais me référer à ce qui
est le bloc sur lequel je veux vous interroger, là, ce qui est ce document-là
qui a été déposé par le prédécesseur de
votre prédécesseur, la mesure 16 qui dit : «Le dirigeant principal de
l'informatique déposera un cadre de référence
pour déterminer les services que le gouvernement devrait rendre obligatoires à
l'échelle de l'administration publique.
«Un premier service
est identifié, soit la consolidation des centres de traitement informatique.»
Alors, M. le
Président, le... Puis je suis content d'avoir le ministre devant moi, parce que
j'ai l'ensemble du problème et peut-être de
la solution devant moi, puisque le ministre des Finances s'occupe du Revenu et
est maintenant président du Conseil
du trésor. Donc, on pourra l'autoriser à se parler tout seul, ça va peut-être
amener des discussions intéressantes.
Parce que le Revenu
va constituer un 457e centre de traitement de l'information, organisation
qui est sous sa responsabilité, alors que le
Trésor, lui, dit : Il faut les regrouper. Et, si je me fie à cet autre
document ici, non seulement il faut
les regrouper, mais il faut les regrouper pour avoir deux à trois sites. Donc,
passer de 456 à 457 ne m'apparaît pas aller dans le sens de ce qui était
souhaité par le gouvernement.
Or,
comment on explique? Peut-être, le DPI pourra-t-il répondre à cette question,
puisque c'est sa mission à lui de mettre
sur la table un plan de regroupement des centres de traitement de l'information. Il est aussi
secrétaire du Secrétariat du Conseil
du trésor, donc en charge de l'application de cette politique-là du gouvernement. Comment se fait-il qu'on va à contresens et qu'on va mettre 18 millions de dollars dans un nouveau centre de traitement de l'information, en contradiction avec la politique
du Conseil du trésor, en contradiction avec le plan du Secrétariat du Conseil du trésor et en contradiction avec la mission qui a
été donnée au DPI de les regrouper plutôt que de les laisser augmenter?
•
(16
h 20) •
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de La Peltrie, je comprends votre
question, puis votre question est intéressante, là. La seule chose, c'est qu'au
niveau de l'Administration... Quand vous posez des questions en ce qui regarde
l'occupation du poste, ça va carrément dans l'Administration. Ça, je suis d'accord
avec vous. Au niveau des opérations, je veux juste vous rappeler que, demain,
nous allons avoir trois heures à discuter strictement sur les techniques... au
niveau des différentes techniques, au fond.
M.
Caire :
J'en conviens parfaitement avec vous, M. le Président. Et je reste sur le
poste, considérant que, comme je l'ai dit...
Le Président (M. Bernier) :
C'est parfait. C'est juste...
M.
Caire :
...ce document-là...
Le Président (M. Bernier) :
...c'est juste un élément que je voulais vous soulever, M. le député, oui.
M.
Caire : ...ce
document-là relève de l'Administration, nous dit qu'on va procéder au
regroupement, ce document-là nous dit qu'on
va les ramener de deux à trois, et je veux savoir pourquoi
on va plutôt en sens inverse et quel est le rôle du DPI dans l'application
de cette politique-là du Conseil du trésor.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M.
Leitão : Très bien.
Je vais répondre, et puis après ça je demanderais à M. Jean d'apporter des
informations complémentaires, mais je...
Le Président (M. Bernier) :
...l'autorisation pour M. Jean.
M. Leitão : Pardon?
Le
Président (M. Bernier) : Je vais vous laisser répondre, puis par la suite on demandera le
consentement pour laisser parler M. Jean.
M.
Leitão : Très bien.
J'aimerais juste vous dire une chose... enfin plusieurs choses. Quand on
parle de regrouper les services, ça
ne veut pas dire qu'on va avoir juste un seul mégacentre qui occuperait, je ne
sais pas, moi, trois villes entières,
là. Regrouper, ça ne veut pas dire former un seul centre. L'objectif
est de réduire, pas de tout remettre dans un seul endroit. Ça serait
même absolument contre-productif et dangereux de le faire.
Effectivement, le projet de Revenu Québec
ne va pas à l'encontre de ces orientations-là de regroupement, il est complémentaire. Donc, le nouveau centre... Comme
vous le savez certainement, Revenu Québec, c'est une activité assez spéciale, assez particulière, donc c'est important
que ça soit situé là où c'est. Mais il y a d'autres fonctions de l'État
qui pourront avoir accès à ce centre-là.
Donc, regrouper, ça ne veut pas dire tout éliminer et avoir un seul centre, ça
veut dire réduire, ce que nous
faisons. Et, dans ce contexte-là, le projet de Revenu Québec
ne va pas à l'encontre de la stratégie. Non, il va dans le même
sens de cette orientation de regroupement parce que, justement,
d'autres fonctions auront aussi accès à ce centre-là.
Peut-être que M. Jean pourrait amener certaines
précisions, si...
Le
Président (M. Bernier) : Est-ce qu'il y a consentement pour que M. Denys Jean puisse prendre la
parole?
Des voix : ...
Le Président (M. Bernier) : Consentement.
M. Denys Jean, en vous présentant et en exposant vos titres.
M. Jean(Denys) : Denys Jean,
président du Centre de services partagés du Québec. Merci, M. le Président.
Alors, comme
l'évoque le ministre, dans le plan de consolidation des CTI gouvernementaux, dont on a le mandat de réaliser, on s'en va vers une solution où on
consoliderait les 450 CTI gouvernementaux dans un réseau de CTI qui
existent actuellement, et qui sont de bon niveau, et qui sont... ils ont une
capacité d'accueil pour recevoir les CTI qu'on veut consolider. Et, dans ce réseau-là, il est tout à fait envisagé que le
CTI de Revenu Québec, d'ailleurs qui n'est pas créé, hein, qui est déplacé d'un étage à l'autre pour
des raisons physiques, là, il est considéré que le CTI de Revenu Québec
fasse partie du futur réseau gouvernemental de CTI. Là, je confirme donc
l'intervention du ministre.
Le Président (M. Bernier) :
O.K. M. le député de La Peltrie.
M.
Caire :
Merci, M. le Président. À ce moment-là, bien, il y a plusieurs questions, puis
je vais être honnête avec vous, j'ai
l'impression que le Revenu a fait cavalier seul puis que le CSPQ n'était
peut-être pas tout à fait d'accord. Le CSPQ
a augmenté sa capacité électromécanique, a augmenté la taille de son centre de
traitement de l'information. Si je me fie
au document que j'ai ici, c'est un projet de 242 000 $... peut
accueillir, avec les agrandissements, l'équivalent d'un gros ministère et demi. Est-ce que le CSPQ a
approché le Revenu pour que le Revenu installe son centre de traitement
de l'information au CSPQ?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : M. le Président, comme j'ai dit au début, la fonction de
Revenu Québec, c'est une fonction qui est particulière et qui est très stratégique pour le gouvernement du Québec.
Si on n'a pas de revenu, on éteint la lumière, là, et on rentre tous à
la maison. Donc, c'est nécessaire que Revenu puisse avoir les outils
informatiques les plus modernes et les plus efficaces possible.
Mais,
ceci étant dit, ça rentre dans la stratégie gouvernementale de réduction du
nombre total de centres, puisqu'il va
faire partie maintenant, aussi, d'un réseau plus vaste où d'autres activités
gouvernementales pourront aussi avoir accès. Donc, il n'y a aucune contradiction. Moi, je ne
vois pas vraiment où le député de La Peltrie veut aller, parce qu'il n'y
a pas de contradiction entre ce que nous
faisons avec Revenu Québec et la stratégie informationnelle du
gouvernement. C'est très complémentaire.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de La Peltrie.
M.
Caire : ...passer de 456 à 457, je n'appelle pas ça
regrouper, personnellement. Je ne sais pas. Moi, évidemment, je ne suis
pas un spécialiste des chiffres comme le ministre, là, mais, moi, dans mon
livre à moi, quand on passe de 456 à 457, on
augmente. Peut-être que je me trompe. Peut-être que mes notions de
mathématiques sont très loin, mais ça ne s'appelle pas regrouper, d'une
part.
D'autre
part, le CSPQ a augmenté sa capacité d'accueil, serait tout à fait capable de
recevoir les installations du ministère
du Revenu. Soit dit en passant, dans les Faits saillants du rapport
annuel du CSPQ, on voit, ici : «Regroupement de l'ordinateur central de Revenu Québec.» Donc,
l'ordinateur central de Revenu Québec peut aller au CSPQ mais pas son centre de traitement de l'information. Donc
là, je ne sais pas qu'est-ce qui est stratégique pour Revenu Québec puis
qu'est-ce qui ne l'est pas. Peut-être que vous pourriez m'éclairer là-dessus.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Oui. Je demanderais à M. Jean d'apporter certaines
précisions, surtout quant au nombre de... on ne passe pas de 456 à 457,
en tout cas.
Mais je n'en reviens
pas que le député de La Peltrie ne puisse pas être d'accord avec nous en
disant que les activités du fisc, les
activités de Revenu Québec ne sont pas stratégiques, ne sont pas uniques. Je ne
pense pas que ce soient tous les
ministères qui ont cette responsabilité-là. Alors, selon vous, Revenu Québec,
on pourrait le faire, je ne sais pas, moi, au sous-sol de quelque place
parce que ce n'est pas tellement important?
Le Président (M.
Bernier) : J'aimerais que... Adressez-vous à la présidence,
tout simplement...
M.
Caire :
Oui. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bernier) : ...ça va mieux aller.
M.
Caire :
Oui, vous avez raison.
Le Président (M.
Bernier) : Parce que, dans les circonstances, ce serait peut-être
mieux de même. Allez-y, monsieur.
M.
Caire : M. le Président, est-ce que je dois comprendre que
le président du Conseil du trésor, responsable du CSPQ, vient de
comparer le CSPQ à une organisation de sous-sol? C'est-u ça que je viens
d'entendre?
M. Leitão :
Non, c'est vous!
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre. M. le ministre, vous me parlez à
moi.
M.
Leitão : M. le Président, c'est le député de La Peltrie qui,
justement, compare les activités de Revenu Québec à une activité de
sous-sol. Ce n'est pas moi qui avais dit ça.
M.
Caire :
M. le Président...
Le Président (M.
Bernier) : Bon, on va laisser la maisonnée puis on va
continuer. Allez-y, M. le député.
M.
Caire :
M. le Président, est-ce que le président du Conseil du trésor a confiance au
CSPQ?
M. Leitão :
Bien sûr.
M.
Caire : Alors, qu'est-ce qui fait que l'ordinateur central
de Revenu Québec peut être au CSPQ mais pas à son centre de traitement
de l'information?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Écoutez, bon, c'est une question opérationnelle. Peut-être,
M. Jean aurait une réponse un peu plus technique
à cet enjeu-là. Mais, encore une fois, nous, ce qui est important pour nous,
c'est qu'on puisse continuer de fournir un service de grande qualité aux
citoyens, parce que les activités de Revenu Québec sont des activités
stratégiques.
Peut-être, M. Jean,
vous avez une autre approche plus technique?
Le Président (M. Bernier) :
Pas de consentement?
M.
Caire :
...raison, M. le Président, c'est que M. Jean est président du CSPQ, et moi, je
m'adresse aux gens de Revenu Québec.
C'est aux gens de Revenu Québec de me dire pourquoi leur ordinateur central
peut aller au CSPQ mais pas le centre de traitement de l'information.
Pourquoi?
Le
Président (M. Bernier) : Comme j'ai dit, M. le député de
La Peltrie, on va avoir également l'opportunité dans l'étude des
crédits du ministère des Finances de recevoir Revenu Québec aussi.
M. Leitão :
Ça me fera un grand plaisir de dialoguer avec vous.
M.
Caire :
J'ai le ministre devant moi, M. le Président.
M. Leitão :
Non, je suis assis en tant que président du Conseil du trésor.
M.
Caire : J'ai le ministre devant moi, M. le Président, je
n'ai pas besoin de personne d'autre de Revenu Québec, la parole du
ministre me suffit.
Le Président (M.
Bernier) : Oui, mais là, cet après-midi, il est président du
Conseil du trésor. Allez-y. M. le ministre, vous avez d'autres commentaires?
M. Leitão :
Juste pour mentionner ça, que nous serons ici, je pense, la semaine prochaine,
justement avec le P.D.G. de Revenu Québec. Alors, ça serait le moment opportun
pour discuter de ces enjeux-là.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de La Peltrie.
• (16 h 30) •
M.
Caire : Assez décevant, M. le Président, assez décevant. Alors, je comprends que le ministre,
dans le fond, n'a aucune réponse à nous offrir aujourd'hui. Je comprends qu'on va autoriser une dépense de 18 millions, alors
que le CSPQ aurait la capacité technique d'accueillir ce centre-là.
Ceci
étant dit, j'entends le président du
Conseil du trésor dire : On va passer... On ne peut pas regrouper en
un seul centre de traitement de
l'information. C'est la raison pour laquelle, dans ce document-là, son
document, on dit qu'on va identifier
des CTI en deux ou trois sites principaux à Québec et à Montréal. Donc là, ce
que je comprends, c'est qu'on autorise
cette dépense-là, au Revenu, d'un nouveau centre de traitement de l'information
dans la mise en application d'un plan de regroupement, hein? Parce qu'on
dit : Éventuellement, il va pouvoir servir...
Alors, est-ce qu'il
va déposer ce plan-là pour qu'on puisse effectivement comprendre qu'il s'agit
d'un plan d'ensemble et non pas d'une chicane entre deux ministères?
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Ça me surprend encore plus. Je pensais que rien d'autre ne me surprendrait,
mais je vais de surprise en surprise.
Écoutez, on va
demeurer sur les questions techniques, je pense que c'est important. Et donc je
demanderais à M. Jean, surtout de cette
mention du député de La Peltrie que le CSPQ a la capacité technique... Là,
peut-être, M. Jean, vous pourriez adresser ces questions-là?
Une voix :
...
Le Président
(M. Bernier) : M. le député.
M.
Caire :
M. le Président, j'ai bien fait lecture ici que c'est le DPI qui est chargé de
la consolidation des centres de traitement de l'information. Alors, peut-être
que le DPI pourrait nous répondre si le président du Conseil du trésor ne peut pas le faire. Est-ce qu'il a un
plan? Est-ce qu'on peut voir ce plan-là? Puis est-ce qu'on peut voir
dans ce plan-là dans quelle direction le gouvernement s'en va?
Parce
que, tu sais, le ministre peut bien jouer la surprise, là, mais la vérité,
c'est qu'on va mettre 18 millions pour un nouveau centre de traitement de l'information en nous disant :
Ça, ça va servir ultérieurement à notre plan de regroupement. Donc, c'est le fait d'une volonté consciente de les
regrouper, c'est un investissement qui va dans le sens de les regrouper.
Moi,
tout ce que je demande au président du Conseil du trésor : Qu'il nous
dépose le plan qui nous fait la démonstration de ça. Sinon, la
conclusion à laquelle nous devrons en arriver, c'est qu'il s'agit d'une chicane
entre le ministère du Revenu puis le Conseil du trésor.
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Bien sûr qu'il n'y a pas de chicane, voyons! Encore une fois, c'est une
question importante, une question technique importante, et j'aimerais que
M. Jean puisse expliquer les paramètres de cette décision-là.
Le Président (M. Bernier) : Consentement pour que M. Jean
puisse prendre la parole? Consentement? M. Jean.
M. Jean
(Denys) : Alors, M. le Président, peut-être des informations pour
éclairer les députés. D'abord, le CSPQ ne
peut recevoir le CTI de Revenu Québec étant donné sa dimension, on parle de
2 500 serveurs de toute nature. Donc, il n'y a pas de place au CSPQ pour recevoir les
installations de Revenu Québec. Par ailleurs, on sait que Revenu Québec
a des pressions importantes, notamment du Vérificateur général, pour
relocaliser son centre de traitement, étant donné les enjeux, comme l'évoquait
le ministre, de protection de données.
Je voudrais aussi
préciser aux parlementaires que le projet de rehaussement électromécanique
qu'on a entrepris, et qu'on a réalisé, puis
qui était évoqué, M. le Président, par le député de La Peltrie, c'est un
projet qui ne visait qu'à augmenter, par
exemple, la sécurité incendie, par exemple, les questions de gestion de
température, les équipements d'urgence. On n'a pas augmenté notre
capacité d'accueil des centres de traitement.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de La Peltrie.
M.
Caire : C'est drôle. Dans la description du projet, je
vois : «Augmenter la capacité électromécanique du centre de
traitement informatique du 1500, Cyrille-Duquet — qui est l'adresse du
CSPQ — afin
de permettre d'utiliser l'ensemble de la superficie
du centre de traitement disponible.» Pour des raisons incendie... Ça fait que
vous avez mis quoi, des murs
coupe-feu, vous avez mis des gicleurs? Quand on augmente la capacité
électromécanique, on augmente l'espace disponible, l'espace virtuel disponible.
Puis
ce que vous me dites, M. le Président, ce que le président du CSPQ me dit,
c'est qu'en aucun temps il n'a augmenté
la capacité d'accueil du CSPQ, donc il ne serait pas capable de recevoir, par
exemple, le centre de traitement informatique
de trois petits ministères ou d'un et demi gros ministère. Je donne un exemple
totalement au hasard, là, bien évidemment. Ce n'est pas ça qui s'est
passé là.
Le Président
(M. Bernier) : M. Jean, 30 secondes.
M. Jean
(Denys) : Alors, M. le Président, pour préciser, la superficie du
centre de traitement du CSPQ n'a pas été
modifiée. Elle est utilisée, pas à pleine capacité, c'est justement pour
répondre à des questions comme celle soulevée par le député qu'on a augmenté notre
capacité électromécanique, pour pouvoir accueillir de petits ministères.
D'ailleurs, on est actuellement au travail avec au moins deux organisations
publiques pour transférer leurs installations de chez eux à chez nous.
Et
une chose aussi qu'il faut considérer, si cette capacité électromécanique
n'avait pas été remise à niveau, on n'aurait pas pu accueillir, par
exemple, la plateforme centrale de Revenu Québec, parce que les collègues de
Revenu Québec nous auraient dit : Ça nous prend des installations plus sécuritaires
pour vous transférer nos choses. C'est dans cette perspective-là, M. le
Président, que le projet a été fait.
Donc, on prépare, on met la table pour recevoir des ministères, pour
compléter nos installations au 1500, Cyrille-Duquet.
Le
Président (M. Bernier) :
Merci. Nous allons donc retourner du côté du parti gouvernemental. M. le député de Trois-Rivières,
la parole est à vous.
M.
Girard : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, salutations au ministre,
à son équipe, à tous les collègues ici présents aujourd'hui à cette commission.
Dans un premier temps, je vais prendre quelques minutes pour revenir
sur l'intervention de mon collègue
député de Gaspé lors de son intervention de tout à l'heure concernant le développement économique régional. On a parlé des CLD et des CRE il y a environ une vingtaine
de minutes, et je veux revenir sur ce sujet parce que, pour moi, c'est un
sujet qui me passionne. J'ai aussi travaillé
pendant plus de 25 ans au développement
économique des régions du Québec et je pense qu'il faut remettre les
pendules à l'heure. Il y a toujours deux côtés à une médaille. Donc, je pense
que c'est important pour les gens qui nous écoutent de comprendre ce qui
se passe réellement dans ce secteur-là.
Je
voudrais, M. le Président, faire une brève lecture rapide d'un article
du Journal de Montréal qui date du mois de février 2015, où le titre est Des millions de dollars mal
utilisés par les CLD — Le
Vérificateur général
recommande que les règles d'utilisation de ce fonds soient beaucoup
plus strictes :
«Les
43 centres locaux de
développement — CLD — du
Québec ont détourné des millions de dollars qui devaient être investis
dans des entreprises au profit de leur administration courante.
«C'est
ce que révèle le Vérificateur
général[...], Michel Samson, dans son
dernier rapport remis à l'Assemblée nationale[...].
«Un chapitre complet
de son rapport [...] porte sur les fonds alloués aux CLD. "Des sommes
provenant du Fonds local d'investissement — communément appelé le FLI — n'ont
pas été utilisées aux fins prévues"[...].
«Pour
la seule année 2013, plus de la moitié des CLD [au Québec]
se sont servis à même les actifs [de ce] fonds "pour payer des
frais qui auraient dû, en principe, être assumés à même leur budget de fonctionnement"[...].
Cette année-là, le taux de placement des
actifs du fonds, pour l'ensemble du réseau de CLD, a atteint seulement
53 %, de sorte que des
liquidités de 80,3 millions n'ont pas été investies dans les entreprises.»
Je
m'arrête ici parce qu'il y a encore beaucoup d'autres choses. Donc, il y a des
CLD qui faisaient un excellent travail, mais ce n'était pas le cas de
tous les CLD au Québec, et il faut regarder les deux côtés de la médaille.
Je veux vous
parler d'un autre article également, qui provient du Courrier Sud, qui
est un journal local de la région de Bécancour, qui date de cette année,
Un bilan exceptionnel et un C.A. entrepreneurial pour le CLD de Bécancour :
«Les
résultats obtenus [...] dépassent largement nos attentes. L'aide financière
apportée aux entrepreneurs est la meilleure
depuis 1998, soit depuis la création [des] CLD. Plus de 1,1 million ont
été investis par le CLD pour soutenir [des] projets structurants qui
permettent de développer l'économie du territoire...»
63 projets ont soutenu... blablabla. Outre
le soutien auprès d'entreprises, les secteurs d'activité de l'agricole,
l'agroalimentaire, etc., ont été soutenus.
«En octobre
dernier — en
octobre 2014 — le
gouvernement du Québec a obligé les MRC à revoir leur modèle d'affaires dans le cadre de leur développement
économique. La MRC [de Bécancour] a demandé aux membres du conseil d'administration du CLD [et] de la MRC [...] de
revoir [l'offre] de service et [de revoir le] modèle de gouvernance
[...] dans le but d'offrir des services de
qualité qui [répondent] aux besoins des entrepreneurs de la région, et ce, en
tenant compte de la nouvelle réalité financière.
«Le CLD prend
[donc] un nouveau virage en se dotant d'un nouveau modèle de gouvernance, soit
en modifiant la composition de son
conseil d'administration constitué maintenant de sept personnes qui sont issues
du milieu des affaires et [de seulement] deux élus. Les administrateurs
ont été approchés en fonction de leurs expériences entrepreneuriales ainsi que [de] leur réussite en affaires. Ils ont
[ainsi] su favoriser le développement de leur entreprise — et du CLD. C'est avec les forces de
chacun que le CLD de la MRC de Bécancour pourra arrimer ce nouveau tournant
d'affaires.»
• (16 h 40) •
Donc, ceci conclut
le dossier CLD, comme quoi que, dans certaines régions, la modification qui a
été faite a été pour le meilleur, et
on a des résultats, dans certaines régions, qui n'ont été jamais vus depuis 1998 grâce à la modification.
Et ça ne vient pas de moi, c'est des articles de journaux, qui pourront être
déposés, s'il y a lieu, à la commission.
Ceci étant
dit, M. le Président, je voudrais revenir à la commission
d'aujourd'hui, qui n'est pas le développement économique
régional, le sujet, c'était ce matin, et je participais à cette commission, ce matin, au développement
économique régional. Aujourd'hui, on est avec le Secrétariat du Conseil
du trésor. M. le Président, je dois vous dire que, personnellement, je suis un fervent de la bonne gestion des finances publiques, mais également un fervent défenseur de la relance économique
du Québec. Je crois que les deux peuvent aller de pair.
Vous savez, M. le Président, les entrepreneurs consacrent beaucoup de temps à leurs entreprises. Les
entrepreneurs et les PME sont importants au niveau
du Québec. Et le gouvernement
du Québec alloue chaque
année 20 milliards de contrats publics. Les contrats publics
font souvent l'objet de critiques : difficultés d'accès à ces contrats,
difficultés de soumissionner, difficultés pour nos PME de pouvoir y accéder. Et
souvent, bien, il y a des entreprises qui font des soumissions peut-être pas au
meilleur prix pour le gouvernement, ce qui fait que les coûts pour le gouvernement
sont souvent augmentés.
Et on a des
belles entreprises du Québec, des PME, ce qu'on appelle communément aussi des
«start-ups», des entreprises en démarrage qui vont avoir des contrats à
l'international. Moi, j'ai rencontré des gens sur le terrain. Étant quelqu'un
qui travaille beaucoup au développement
économique des régions et au niveau
des PME, j'ai rencontré des belles petites entreprises du Québec qui ont
des contrats, que ce soit dans le domaine de la santé, dans le domaine de l'éducation ou peu importe, ils ont des contrats à travers le monde avec des gouvernements d'autres pays mais n'ont pas de contrats avec le gouvernement
du Québec. Donc, il est essentiel de pouvoir remédier à cette situation.
La vision du gouvernement, c'est vraiment de faire les meilleures acquisitions possible aux
meilleures conditions possible et, bien sûr,
avoir le meilleur retour sur investissement. Donc, je crois sincèrement qu'accroître la
participation des PME, de nos entreprises
en démarrage, communément appelées nos «start-ups», va être bénéfique pour
notre économie, donc pour nos PME, pour la croissance économique, pour
la création d'emplois au Québec, mais également va être bénéfique pour le gouvernement,
c'est-à-dire qu'on va pouvoir avoir des contrats, avoir des offres à moindre
coût.
C'est donc dans cette optique que le gouvernement
a annoncé — et
j'étais présent à l'annonce à ce moment-là — le 30 octobre 2015, le Passeport
Entreprises. Le Passeport Entreprises vise à faciliter l'accès de nos PME aux
contrats publics. Nos PME qui sont parfois
en démarrage ou en processus de croissance veulent avoir accès à ces contrats,
et il faut améliorer le processus d'appel d'offres.
J'ai avec moi
aujourd'hui le fameux Passeport Entreprises qui a été lancé, et vous me
permettrez de vous donner certains grands axes du Passeport Entreprises.
Et par la suite j'aurai quelques questions pour le ministre. Donc, les trois axes principaux dans le Passeport
Entreprises : premier axe, simplifier l'accès des entreprises aux contrats
de l'État; deuxième axe, informer davantage les entreprises sur les
besoins de l'État; troisième axe, améliorer les pratiques et les processus
contractuels; et, le quatrième, permettre aux entreprises d'exercer des recours
en cas de besoin.
Donc, ce que l'on veut faire avec le Passeport
Entreprises : «S'assurer que les exigences ou [les] conditions contractuelles [soient] bien adaptées aux contrats
à réaliser afin d'éviter [des rejets systématiques] des PME...» On a vu,
exemple, dans le passé, qu'on demandait
10 ans d'expérience. Si on a une «start-up», une entreprise qui vient de
démarrer, elle ne peut pas répondre à ce critère.
Ensuite, on parle de rendre obligatoires pour
les ministères et organismes des offres standardisées. Je ne sais pas, M. le Président, si vous avez déjà vu un
appel d'offres de certains ministères ou organismes, mais c'est plusieurs
dizaines, voire plusieurs centaines de
pages. Souvent, pour une PME ou un petit entrepreneur, c'est lui-même qui fait
la soumission, c'est un temps fou, et les
gens ne sont pas habilités à répondre à ces appels d'offres, ce qui fait qu'on
élimine d'entrée de jeu plusieurs PME.
On parle
également de «gabarit de soumission dans les documents d'appels d'offres», donc
que les appels d'offres des différents ministères et organismes soient
tous bâtis de la même façon pour faciliter l'accès à nos PME.
On parle
d'outil informatique, d'outil informatique pour, justement, uniformiser les
appels d'offres et permettre de faire
des appels d'offres de façon informatique, alors que, dans plusieurs ministères
et organismes, les appels d'offres ne se font que sous forme papier à
l'heure actuelle.
On
parle également d'inviter au moins une PME par appel d'offres, donc obliger nos
ministères et organismes à avoir au moins une PME dans les entreprises
qui vont faire appel au niveau des services qu'ils auront besoin.
«Offrir dorénavant la possibilité aux
entreprises de soumissionner de façon électronique...» J'en ai déjà parlé.
«Informer
davantage les entreprises.» Donc, souvent, les entreprises ne sont pas
informées sur les besoins des ministères
et organismes, ce qui fait que souvent ce sont les mêmes entreprises qui
décrochent les contrats au niveau
du gouvernement. Donc, «prévoir des espaces d'interaction encadrés [entre] les
entreprises et le gouvernement...»
«Rendre publics
les projets à venir...» Quels sont les projets de nos ministères
et organismes pour que nos PME, nos entreprises du
Québec puissent se préparer à faire face à nos demandes.
Également : «Restreindre l'accès aux documents d'appel
d'offres et sensibiliser le personnel au caractère hautement
confidentiel de ces documents.» J'ai le privilège d'être vice-président de la
CAP, la Commission de l'administration publique,
et ce qu'on a vu dans certains ministères, c'est que l'appel d'offres était
préparé par des consultants, et c'est le même consultant, curieusement, qui remportait l'appel d'offres. Donc,
c'est des choses qu'il faut absolument enrayer.
«Exiger la mise en place de lignes de conduite
visant à prévenir les conflits d'intérêts», pour ne pas que ça se reproduise,
et «mettre en place des mesures visant à assurer la neutralité des membres
des comités de sélection».
Et bien
sûr : «Permettre aux entreprises d'exercer des recours. [...]une fonction
de commissaire aux contrats publics qui
aurait le pouvoir [...] d'exiger des modifications [au] document d'appel
d'offres», ou encore d'annuler l'appel d'offres s'il le considère trop
restreint, qui restreint indûment la concurrence pour l'appel d'offres.
Donc, des processus de transparence, des
processus de traitement des plaintes...
Donc, je veux
vraiment saluer le Passeport Entreprises, qui a malheureusement passé un peu
sous le radar lors de l'annonce. Et
j'aimerais savoir du ministre comment le Passeport Entreprises va pouvoir
permettre à l'État de faire des économies
et comment le Passeport Entreprises va pouvoir permettre également de faire du
développement économique, c'est-à-dire de pouvoir permettre à nos PME de
soumissionner, de pouvoir permettre un développement économique qui va être un développement économique régional.
Souvent, nos PME sont dans les régions du Québec, donc c'est un bel outil pour permettre à nos entreprises qui sont
dans les régions de pouvoir avoir des bons contrats avec l'appareil
public.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le député de Trois-Rivières. M. le ministre.
M. Leitão :
Très bien. Écoutez, je demanderais à M. Ouellet d'aller un peu plus dans
les détails de cela. Mais, avant d'y
arriver, deux choses. Tout d'abord, si on revient à notre discussion précédente,
je veux que ce soit bien clair, là, ici, que tout le monde comprenne très bien qu'il n'y a pas de contradiction
entre le CSPQ et Revenu Québec. Ces deux organismes travaillent ensemble
depuis déjà très longtemps. D'ailleurs, il y a vraiment du trafic, si vous
voulez, dans les deux directions. Revenu Québec, qui utilise...
Le Président (M. Bernier) : Un
instant. Oui, M. le député de La Peltrie?
M.
Caire :
...là, je soulève la pertinence. Si le ministre veut répondre à mes questions
sur les questions de son collègue, je
pense qu'on n'est pas sur le sujet beaucoup. J'aurai l'occasion de reposer mes
questions au ministre et j'aurai aussi,
par ailleurs, un droit de réplique, ce que je n'ai pas quand il se sert du
temps ministériel en ignorant la question de son collègue.
Le
Président (M. Bernier) : En principe, M. le député de
La Peltrie, ce que je permets dans cette commission, c'est qu'au moment où le ministre reprend la
parole... au moment où il quitte... exemple, au moment où vous avez
terminé votre bloc, s'il avait voulu prendre
le temps... puis pouvoir lui répondre, parce qu'il ne lui restait plus de
temps, je le laisse faire. Mais,
cette fois-ci, je vous invite, M. le ministre, à... Vous aurez l'occasion de
revenir avec le député de La Peltrie pour lui fournir les réponses
qu'il a besoin.
M.
Caire : Merci, M.
le Président.
Le
Président (M. Bernier) : Donc, je vous invite à revenir avec le
député de Trois-Rivières au niveau du passeport.
M. Leitão :
Très bien. Alors, parlons de passeport. Donc, oui, il y a deux objectifs
importants ici. Premièrement, c'est
de contribuer à l'essor de nos PME, et, deuxièmement, c'est, en même temps,
d'avoir, de s'assurer que l'État puisse avoir accès aux meilleurs services
informationnels ou autres fournis par des entreprises québécoises. Alors, avec
ce programme, Passeport Entreprises, que le
député de Trois-Rivières a très bien décrit, je pense que nous nous
dirigeons dans la bonne direction. Et
peut-être, M. Ouellet, vous pourriez donner un peu plus d'exemples
spécifiques sur comment ça change la donne en pratique.
Le Président (M. Bernier) :
Consentement pour que M. Ouellet prenne la parole? Consentement.
M. Yves Ouellet, secrétaire du Conseil du trésor, la parole est à vous.
• (16 h 50) •
M. Ouellet
(Yves) : Merci, M. le Président. Effectivement, comme le député
l'a mentionné, le gouvernement du Québec,
c'est 20 milliards de dollars de contrats qui sont donnés, donc très
important de la part du gouvernement d'être efficace à cet égard-là. Et surtout, puis c'est l'objet du passeport,
c'est de simplifier l'accès des entreprises aux contrats publics, donc l'objectif
poursuivi par le passeport.
Peut-être, de manière
concrète, vous mentionner quelques mesures qui sont prévues dans le passeport, qui
vont dans cette direction-là. D'abord,
la première mesure, puis qui était très demandée de la part des partenaires du gouvernement, c'est la mise sur pied d'un groupe de travail sur la détermination des
exigences ou des conditions contractuelles. C'est un groupe de travail qui a été mis en place par le gouvernement, auquel on invite les représentants de l'industrie à siéger,
sur ce groupe de travail là, et également
les principaux donneurs d'ouvrage, les principaux donneurs de contrats de la
part du gouvernement. Donc, mise en place d'un forum très stratégique où on
retrouve, par exemple, des représentants de l'industrie
comme l'Association québécoise des technologies, TechnoMontréal, et, du côté du
gouvernement du Québec, on retrouve,
par exemple, la Régie de l'assurance maladie, la Société de l'assurance
automobile du Québec, etc. Donc, un forum
important pour permettre aux entreprises d'être en lien direct avec les
principaux donneurs d'ouvrage du gouvernement. C'était la première
mesure du passeport.
Sans
toutes les mentionner, peut-être juste souligner les plus importantes. La
mesure n° 6, qui consiste à donner davantage de contrats à forfait et surtout de favoriser ce qu'on appelle
l'allotissement des contrats, des contrats plus petits, donc, pour faciliter l'accès, aux PME, aux
contrats gouvernementaux. On le sait, quand que les contrats sont
importants, ça peut être plus difficile pour
les plus petites entreprises de pouvoir accéder au marché public. Donc, avec
cette approche, on favorise les plus petites entreprises, dont les PME.
Ensuite... Oui?
Une voix :
...
M. Ouellet
(Yves) : Peut-être, rapidement, d'autres mesures pour assurer,
là, la rigueur du processus contractuel. La mesure 19, par exemple, où on vient «restreindre l'accès aux
documents d'appel d'offres et sensibiliser le personnel au caractère
hautement confidentiel [des] documents» et du processus contractuel. La
mesure 21, par exemple, pour la mise en
place de mesures visant à assurer le fonctionnement efficace des comités de
sélection. Puis peut-être, juste en terminant
rapidement, les mesures 23 et 24 — comme le président l'a mentionné dans son
allocution — qui
prévoient la création d'un commissaire aux
contrats publics qui aurait le pouvoir, à la demande des entreprises, d'exiger
des modifications à un appel d'offres ou d'annuler ou restreindre... qui
pourrait annuler ou restreindre la concurrence.
Déjà,
dans le cadre du passeport, c'était prévu. Évidemment, par la suite, il y a eu
des recommandations qui ont été faites dans le cadre de la commission
Charbonneau qui allaient un peu dans la même direction. Donc, un élément majeur, une initiative très importante qui donne
un forum aux entreprises privées pour pouvoir faire valoir leurs
éléments, faire valoir leurs enjeux en matière de contrats publics.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de Trois-Rivières.
M. Girard :
Merci, M. le Président. Donc, sur le même thème, vous savez, M. le Président,
j'étais mandaté, dans mon rôle
antérieur, à l'allègement réglementaire. Donc, je pense que ça fait vraiment
partie de l'allègement réglementaire. L'allègement
réglementaire, c'est tous les ministères qui doivent y contribuer, et je crois
sincèrement que le Conseil du trésor
contribue à sa façon à l'allègement réglementaire pour nos PME et au
développement économique de nos PME. On sait que nos PME sont les principaux employeurs au Québec, surtout dans
les régions qu'on a mentionnées tout à l'heure. Donc, c'est important de pouvoir leur donner de l'oxygène, leur
permettre de pouvoir continuer à croître, de pouvoir leur permettre de
continuer à grandir, et tout ceci, comme je le disais tout à l'heure, en
permettant au gouvernement de probablement
avoir des contrats à meilleur prix, avoir plus de soumissionnaires, avoir plus
d'entreprises qui vont soumissionner et avoir, peut-être, des solutions
plus innovantes.
On
sait que nos entrepreneurs au Québec sont des gens innovants, sont des gens qui
ont des bonnes idées. Et moi, j'ai souvent entendu sur le terrain...
Parce que je me suis promené beaucoup sur le terrain, au Québec, et on a des
entrepreneurs qui peuvent amener des solutions qui vont être très innovatrices
pour le gouvernement dans plusieurs domaines d'activité, que ce soit au niveau
de l'informatique ou de tout autre domaine. Et c'est un pas dans la bonne
direction. Donc, je crois sincèrement que ce ne sont pas seulement que les
structures qui font en sorte que l'on fait du développement
économique dans les régions du Québec, mais ce sont des mesures comme le
Passeport Entreprises qui vont
permettre aux PME, qui vont permettre à nos régions du Québec de pouvoir se
développer et en lien direct avec les besoins du gouvernement.
Donc,
c'est la preuve vivante, le Passeport Entreprises, que l'on peut avoir une
gestion saine des finances publiques, bien
gérer les finances publiques, avoir des contrats qui vont être au meilleur coût
possible pour le gouvernement, donc bien gérer l'argent de nos
contribuables tout en relançant l'économie, c'est-à-dire en faisant travailler
nos PME.
Et
nos PME vont même avoir, grâce au Passeport Entreprises, un rayonnement
international. C'est une belle carte de
visite pour une PME qui a un contrat avec le gouvernement du Québec, lorsque
cette PME là fait de la prospection à l'international,
de dire : Regardez, un de mes clients, c'est le gouvernement du Québec.
Donc, plusieurs facteurs positifs pour
nos PME et plusieurs facteurs positifs pour le gouvernement au niveau du
Passeport Entreprises. Donc, je voulais le souligner et je veux
féliciter le président du Conseil du trésor pour cette belle initiative.
Et
ma dernière question, c'est de voir est-ce que le Passeport Entreprises va
pouvoir être mis en place rapidement, est-ce que tout ça va pouvoir être
fonctionnel bientôt, voir un petit peu, là, comment ça s'enligne pour les
prochains mois, les prochaines années.
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Très bien. Rapidement, écoutez, bien sûr, nous sommes déterminés à ce que cela
se fasse le plus rapidement possible. Une
partie importante de ce processus va être la création de l'Autorité des marchés
publics. Pour cela, évidemment, on a besoin de changements législatifs,
et ça fait partie de mon mandat de le faire le plus rapidement possible.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député.
M. Girard :
Combien de temps qu'il me reste?
Le Président
(M. Bernier) : Environ deux minutes.
M. Girard :
Deux minutes. Donc, sur ces mots, d'allègement réglementaire — je vais peut-être revenir un petit
peu sur le développement économique régional — plusieurs mesures ont été
mises en place par le gouvernement du Québec.
Et, juste pour m'assurer qu'on se comprenne bien avec mon intervention du
début, on parlait de CRE, de CLD.
Personnellement,
ayant travaillé beaucoup au développement économique, je crois que les mesures
mises en place par le Conseil du trésor jumelées avec les mesures du
dernier budget du gouvernement du Québec vont permettre d'améliorer le
développement économique de nos régions, vont permettre à nos régions de
pouvoir continuer à se développer de façon
importante par l'intermédiaire de nos PME. Parce que notre développement
économique repose sur notre
innovation, repose sur nos PME, qui vont créer à peu près 70 % à 80 %
des emplois à venir au Québec. On a des défis avec nos PME, on a des défis d'innovation, des défis
d'investissement. On a des belles PME qui sont des PME qui sont exportatrices. Il faut continuer à exporter,
et ce que l'on exporte, c'est de l'innovation, c'est des connaissances.
Et, pour pouvoir avoir une belle carte de
visite, bien, on se doit de travailler main dans la main, le gouvernement du
Québec et les PME au Québec, et c'est ce que
l'on va faire grâce à ce qui est mis en place par le président du Conseil du
trésor, qui est par le fait même le ministre des Finances qui a déposé le
deuxième budget équilibré du Québec. Tout ça mis ensemble va nous permettre de vraiment faire avancer l'économie de nos
régions et permettre de développer nos PME. Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. Commentaires?
M. Leitão :
Je voudrais aussi mentionner que, je pense, la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante avait récemment
mentionné que le Québec avec la Colombie-Britannique étaient les deux provinces
au Canada où il y avait eu la plus
grande amélioration dans les processus bureaucratiques, et donc dans
l'amélioration de la bureaucratie, et que ça avait été noté par cet
organisme-là, ce qui est très, très valorisant pour nous.
Le Président
(M. Bernier) : Merci, M. le ministre. M. le député de Gaspé, la
parole est à vous.
• (17 heures) •
M. Lelièvre :
Oui, M. le Président. Merci. J'aimerais peut-être, en introduction, revenir un
peu sur l'intervention du député de
Trois-Rivières, qui défend très bien son ancienne vie de chambre de commerce.
Mais je peux vous dire qu'en tout cas, moi, en ce qui me concerne, il ne
m'a pas convaincu. Il a beau essayer, mais disons qu'on n'est pas de la même
idéologie.
Écoutez,
d'abord, il faisait remarquer que c'est ce matin que ça se passait, le
développement régional. Bien, j'ai pris
la peine de vérifier dans l'agenda, j'ai dit : Peut-être que je me suis
trompé. Mais je pense que c'est plutôt lui qui devra réviser son agenda. Ce matin, c'était le
développement et l'entrepreneuriat. Et, cet après-midi, on est au Conseil du
trésor, et ça sera le 22 avril, en
avant-midi, qu'on aura les crédits sur le développement économique régional, M.
le Président. Donc, je vous invite, M. le député, à le mettre à votre
agenda, ce sera sûrement une autre séance très intéressante.
J'aimerais
parler maintenant d'un dossier extrêmement important, un dossier extrêmement
important. Le député de
Trois-Rivières nous a fait la lecture intéressante d'un outil, hein, un
calepin, un calepin qui vient d'être mis en place pour améliorer l'attribution des contrats au
niveau du gouvernement du Québec, je pense, un outil qui a un certain
intérêt, mais j'aimerais qu'on parle des
vrais enjeux du Québec, des vrais enjeux de la transparence, des vrais enjeux
de l'attribution des contrats
publics, au gouvernement, oui, mais aussi au sein de l'ensemble des autres
organisations, notamment dans les municipalités. Et ça nous amène sur le
dossier... les recommandations qui ont été déposées à l'automne 2015 par
la commission Charbonneau.
Et,
bon, le ministre, d'entrée de jeu, tantôt, a fait allusion à certaines mesures
qui ont été mises de l'avant par le gouvernement
depuis le dépôt du rapport. Et même, bon, le ministre nous disait qu'il y avait
quelques éléments qui ont été mis de
l'avant ou en place avant le rapport, qui ont précédé le rapport. Mais on parle
d'une soixantaine de recommandations au
niveau de la commission Charbonneau. Et il y a quand même, bon, pas mal de
temps de passé depuis le début des travaux de la commission. On parle de plusieurs dizaines de millions de dollars
qui ont été investis de par le gouvernement et via les contribuables
dans cette commission, hein? On doit friser pas loin de 40 millions.
Donc,
je présume que le gouvernement va se faire un devoir de mettre en place les
recommandations, puisqu'on a pris la
peine de mettre en place une commission aussi importante, qui a donné des
résultats quand même qui méritent qu'on s'y attarde. Et j'aimerais que le ministre nous parle un peu des
éléments qui sont, à ce jour, mis en place, mais surtout de sa vision. Parce qu'on sait que ces recommandations-là
vont coûter de l'argent, vont nécessiter des crédits, des budgets de la part de plusieurs ministères. Et, compte tenu
qu'on a la chance aujourd'hui d'avoir le président du Conseil du trésor,
qui occupe aussi la fonction importante de
ministre des Finances... bien, je pense qu'une grande partie des
recommandations de la commission Charbonneau sont entre ses mains.
Donc, j'aimerais entendre
le ministre sur les échéances et les recommandations qui feront l'objet d'une
mise en opération de par le gouvernement.
Donc, échéances et aussi le détail des interventions. Moi, je les ai devant
moi, là, on peut en fournir copie
s'il le faut, j'ai les 60 recommandations. Donc, comment le ministre peut
nous rassurer à l'effet que les travaux qui ont été réalisés pendant les
trois dernières années ne seront pas tablettés et que les recommandations vont
être mises en place?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão :
Très bien. Merci, M. le Président. Merci, M. le député. En effet, c'est une
question qui est primordiale. Nous
nous sommes engagés, en tant que gouvernement, à mettre en place toutes les
recommandations de la commission Charbonneau.
Ça a été très clair par notre premier ministre, par notre leader parlementaire
récemment. Et, à la fin de la session dernière aussi, nous l'avions
indiqué très clairement qu'on allait mettre toutes les recommandations en
place.
En ce qui nous concerne, au Conseil du trésor,
il y a, comme je l'ai dit tantôt, 14 recommandations qui nous concernent
directement, et nous allons toutes les mettre en oeuvre, ces 14 là. Elles sont
déjà à différentes étapes.
Et donc, pour
répondre à votre question directement, je vais vous dire que, la recommandation
n° 1 — peut-être
une des principales recommandations, je pense qu'étant la numéro 1 ce
n'était pas par hasard — de
la commission Charbonneau, donc «de créer
une instance nationale d'encadrement des marchés publics», l'AMP, l'Autorité
des marchés publics, nous nous sommes donc engagés à le faire. Et, déjà
même avant le dépôt du rapport de la commission, mon prédécesseur, l'autre avant, le député de Nelligan, avait adressé cette
situation-là, et on avait déjà commencé à évoluer dans cette direction-là. Suite au dépôt du rapport
de la commission, nous avons donc transformé ce qu'on était déjà en
train de faire en création d'une véritable autorité des marchés publics. Et
l'objectif est de déposer un projet de loi ce printemps.
Donc, la Chambre, nos travaux parlementaires se terminent le 10 juin, je
pense. Donc, d'ici là, c'est notre objectif de le faire. Ce projet de loi, qui était déjà en préparation au Conseil
du trésor avant que j'arrive, est déjà à une étape assez avancée, et
donc, oui, je suis confiant que nous serons capables de déposer ce projet de
loi au printemps.
La recommandation n° 2 de la commission
Charbonneau : «D'uniformiser les lois et [...] règlements pour permettre à tous les donneurs d'ouvrage publics de
décider, en collaboration avec l'Autorité des marchés publics et sous sa surveillance, [...]la pondération appropriée
des critères de prix et de qualité dans le processus d'adjudication d'un
contrat lié au domaine de la construction.»
Donc, c'est une révision de ces règles-là. C'est en cohérence aussi avec notre
activité gouvernementale et les municipalités. Et, dans ce cas précis, nous
visons l'automne 2016 pour le faire.
La
recommandation n° 5 de la commission, c'est : «D'inciter les donneurs
d'ouvrage publics à reconnaître les produits
similaires homologués par d'autres juridictions lorsque pertinents et
d'analyser les exigences qui limitent le nombre de concurrents potentiels dans leur approvisionnement.» Ça, c'est une
question qui a été traitée dans le cadre de ce qu'on a discuté
précédemment, le Passeport Entreprises, et donc nous allons aussi mieux le
préciser à l'automne 2016.
La recommandation n° 6 : «D'assujettir
l'ensemble des sociétés paramunicipales et les OBNL contrôlés ou subventionnés par le régime public ou une municipalité
aux mêmes obligations contractuelles que les organismes auxquels ils
sont liés.» Ça, ça requiert une modification des règles. Et, là aussi, nous
comptons le faire à l'automne.
La
numéro 7 : «D'adopter des règles permettant à un donneur d'ouvrage
public d'établir [un] délai raisonnable de réception des soumissions en fonction de l'importance financière et de
la complexité du projet...» Ça aussi, ça va faire partie des
orientations déposées à l'automne 2016.
Numéro 8,
et qui est très importante aussi : «D'améliorer le régime de protection
des lanceurs d'alerte [et ça] pour garantir :
la protection de l'identité de tous les lanceurs d'alerte...» J'avais mentionné
ça dans mes propos d'introduction. Et aussi
ça pourrait même contenir un soutien financier lorsque c'est requis. Ça, c'est
le projet de loi n° 87. C'est un projet de loi qui a déjà été
discuté en commission parlementaire. Il y a des amendements suite à ces
consultations-là, des amendements qui sont
en préparation. Là aussi, la préparation de ces amendements est déjà à un stade
assez avancé. Et nous sommes prêts à
passer à la prochaine étape, donc par les différents comités ministériels. Et,
là aussi, nous avons comme objectif de le faire au printemps 2016,
donc avant le 8 ou le 10 juin.
La
recommandation n° 15 : «D'adopter des dispositions législatives ou
réglementaires afin de proposer, dans le cadre d'un contrat principal et de sous-traitances, une norme sur les
délais de production des comptes progressifs et des paiements afin de diminuer l'emprise des
surveillants de chantier...» Bon, ça, ce sont de nouvelles règles aussi qu'il
faut préparer en cohérence entre notre
activité gouvernementale et les municipalités. Et ça, c'est au
printemps 2017. Donc, l'échéancier pour cela, c'est d'ici un an que
nous allons le faire.
La recommandation n° 20 de la
commission : «D'uniformiser les dispositions législatives applicables aux
organismes publics afin : d'assurer la confidentialité des noms des
membres des comités de sélection; d'assurer la confidentialité de l'identité
des preneurs de documents d'appel d'offres qui choisissent de se prévaloir de
cette confidentialité-là; [et] d'interdire à
tout élu ou fonctionnaire de révéler le nombre et le nom des preneurs de
documents et des soumissionnaires avant
l'ouverture des soumissions.» Ça, ça sera inclus dans le projet de loi de
l'Autorité des marchés publics, donc, dont l'objectif est de déposer ce
printemps.
La
numéro 21 : «...créer une infraction pénale afin de sanctionner toute
tentative par un soumissionnaire d'entrer en communication directement ou indirectement avec un membre [du] comité de
sélection d'un donneur d'ouvrage public dans le but [d']influencer [...] sa décision.» Ça aussi, ça fera partie du
projet de loi de l'Autorité des marchés publics, qui sera déposé ce
printemps.
• (17 h 10) •
Numéro 36 :
«De clarifier les dispositions de la Loi sur les contrats des organismes
publics afin d'exiger de tout soumissionnaire
qu'il fournisse une déclaration solennelle dans laquelle il fait état des discussions qu'il a eues concernant sa soumission et, le cas échéant, avec qui et à quel sujet.» Ça, c'est une déclaration qui sera incluse dans les documents d'appel d'offres et qui
seront rendus obligatoires au cours de cette année, l'année 2016.
Numéro 37 :
«D'appliquer un délai de prescription de poursuite pénale de trois ans après la
connaissance de l'infraction par le
poursuivant, sans excéder sept ans depuis sa perpétration.» Alors, ça, ça sera quelque chose qui sera fait par le ministère de la Justice. Et, là aussi, l'objectif,
c'est automne 2016.
Numéro 55 : «De modifier les lois et [...] règlements pertinents
afin : d'interdire à tout employé qui est impliqué dans la gestion contractuelle d'un donneur
d'ouvrage public d'accepter, dans l'année qui suit la cessation de ses
fonctions, d'exercer une fonction ou un
emploi au sein d'une entité du secteur privé avec laquelle il a eu des rapports
officiels, directs et importants au
cours de l'année qui a précédé la cessation [de prévention] de ses fonctions,
sauf avec l'accord écrit du donneur
d'ouvrage public; d'obliger [aussi] un fonctionnaire, associé à la gestion
contractuelle d'un donneur d'ouvrage public, d'informer par écrit son
employeur des pourparlers qu'il entretient avec un fournisseur quant à son
embauche possible par celui-ci.» Alors, l'évaluation de cette recommandation est en cours. Et nous jugeons que c'est possible,
donc, de revoir le cadre normatif possiblement au printemps 2017, donc
d'ici un an.
La
recommandation n° 56 : «De modifier la Loi sur les contrats des
organismes publics, la Loi sur les cités et [les] villes et le Code
municipal du Québec pour y inclure, en cas de non-respect des règles
d'après-mandat une clause d'annulation du
contrat et de retour en appel
d'offres.» Alors, ça, c'est en lien
direct avec la recommandation
précédente, avec la 55. Et donc c'est dans la révision du cadre normatif, encore
une fois possible au printemps 2017.
Et
finalement la recommandation n° 58, donc qui concerne le Trésor, c'est : «De
modifier les lois, règlements, directives
au code de déontologie pertinents afin d'interdire à tous les élus, provinciaux
et municipaux, à leur
personnel politique, aux fonctionnaires, aux employés municipaux, aux
administrateurs d'État et aux administrateurs publics d'accepter tout cadeau, quelle qu'en soit la nature ou la valeur, de
tout fournisseur de biens ou de services que ce soit.» Alors, encore là, l'évaluation est en cours. Et ça
la révision du cadre normatif, à notre avis, est possible au
printemps 2017.
Donc,
voilà, c'étaient les recommandations de la commission qui nous concernent,
nous, directement au Trésor, et avec l'échéancier que j'ai donné pour
les mettre en application.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de Gaspé.
M. Lelièvre :
Merci, M. le Président. Je remercie le ministre pour les renseignements
relativement précis concernant les recommandations qui touchent, là, plus
précisément le Conseil du trésor.
J'aimerais savoir
si... Compte tenu du rôle important que jouent le Trésor, et les Finances, et
le ministre des Finances dans, je dirais,
l'attribution des contrats gouvernementaux et tout, dans la gestion de
l'appareil gouvernemental dans toute
sa globalité, pour ce qui est des autres recommandations, hein, sans rentrer
dans le secret ministériel, pour ce qui
est des autres recommandations, est-ce que le ministre et président du Conseil
du trésor peut nous informer de l'état d'avancement ou de l'orientation
que semble vouloir se donner le gouvernement pour les autres exigences qui sont
énoncées dans le tableau des recommandations de la Commission d'enquête sur
l'octroi puis la gestion des contrats publics dans l'industrie de la
construction?
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Merci. Comme je l'ai mentionné, le gouvernement s'est engagé à mettre toutes
les recommandations en oeuvre. Alors,
pour ce qui est du détail que le député de Gaspé fait allusion, il faudrait le
voir avec la ministre de la Justice lors de l'étude de ses crédits. Mais
nous travaillons de façon diligente pour le faire et nous avons des comités interministériels, auxquels je fais partie, de ces
comités-là, pour nous assurer qu'il y a une coordination et que le
processus avance le plus rapidement possible.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député.
M. Lelièvre :
Merci, M. le Président. Il reste combien de temps?
Le Président
(M. Bernier) : Il reste environ six minutes.
M. Lelièvre : Six minutes. Bon, brièvement, j'aimerais aborder
le dossier de l'éducation, le volet Immobilisations.
Dans son budget 2016-2017,
le gouvernement a annoncé une somme de 164 millions supplémentaire pour 2016-2017
au niveau du budget de l'éducation. On sait, on a entendu parler beaucoup
de l'état, je dirais, de délabrement de nos écoles. Puis là, cette fois-ci, je vais
prendre la part de Montréal, de notre métropole, entre autres qui possède
le plus grand pourcentage de bâtiments en
mauvais état ou en très mauvais état. Puis je pense que ça, tous les députés
qui sont ici vont le reconnaître, là.
Il s'agit de lire dans l'actualité. Chaque jour ou au moins chaque semaine on a
un cas, là, frappant, je dirais, de situations inacceptables au niveau
de nos écoles, où nos enfants notamment, bon, passent une grande partie de leur
enfance.
Écoutez, on parle d'à
peu près 10 % du budget qui a été alloué au niveau du PTI, c'est-à-dire du
programme d'immobilisations du gouvernement,
10 % du budget qui serait requis pour mettre à niveau, dans un état
acceptable — disons
le mot «acceptable» — nos écoles au Québec présentement. C'est
clair que c'est un pas dans la bonne direction, mais 10 %, quand on parle de présence, là, de
souris, de moisissures dans nos écoles, quand on parle d'écoles avec...
J'écoutais le ministre cette semaine, à la
période de questions, qui disait avoir vu de ses propres yeux une école avec
des fenêtres placardées, bon, il y a des travaux qui vont être requis,
c'est clair.
Quelle
est, je dirais, la vision, autre... En plus du 10 % qui est alloué et qui
est nettement insuffisant, quel est la vision
ou le plan de match, le plan d'intervention du gouvernement pour... Parce qu'on
sait qu'un bâtiment qui n'est pas réparé,
qui n'est pas entretenu, bien, il ne s'améliore pas tout seul, au contraire son
état se détériore davantage. Donc, c'est une estimation qui va être en
révision constante, et pas à la baisse, à la hausse. Donc, comment le
gouvernement peut rassurer les Québécois et
les Québécoises, les étudiants et les étudiantes à l'effet qu'ils vont avoir
droit à des locaux, disons, sains,
avec un minimum de sécurité puis de commodités? Parce que c'est vraiment un
portrait très, très négatif qui nous est présenté. Puis, encore là,
j'insiste surtout sur la région de Montréal, l'île de Montréal, là, qui,
vraiment, a des besoins particuliers.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
• (17 h 20) •
M. Leitão :
Très bien. Oui, en effet, c'est un enjeu particulièrement important. C'est
notre priorité, l'éducation, que ce
soit dans les crédits d'opération, donc de services directs aux élèves, que ce
soit dans l'infrastructure, dans, comme on dit, le béton et l'acier,
mais qui sont très importants pour assurer un milieu de travail et
d'enseignement qui soit acceptable et, même au-delà d'acceptable, qui puisse
inspirer nos enfants à mieux performer.
Écoutez,
l'année 2013... Ça, c'est un problème qui vient de loin, bien sûr. Ce
n'est pas d'aujourd'hui. On n'est pas arrivés
à cette situation seulement l'année dernière, c'est un déficit d'entretien qui
est le résultat de décisions passées, tous gouvernements confondus. Et
donc c'est là où on est arrivés à cette situation.
En 2013-2014, donc avant que nous arrivions, le
PQI, donc la partie d'investissement en infrastructures en éducation était de 1 580 000 000 $,
c'est-à-dire 16,4 % du PQI total. En
2014-2015, on a passé à 1,9 milliard, donc 21 %.
Cette année, 2016-2017, le montant total du
PQI, pas seulement les nouveaux montants qui ont été additionnés dans le
budget de mars, mais le total en 2016-2017,
on est à 2 159 000 000 $, c'est-à-dire 22,5 %. Donc,
nous sommes passés de 16,4 % des
dépenses totales en infrastructures, ce qui était le cas du gouvernement
précédent, à 22,5 %, ce qui est le cas pour cette année, 2016-2017.
Donc, c'est vraiment une priorité. C'est là où nous allons faire les plus
grands efforts.
Pour le PQI 2016-2026, nous le portons à
88,7 milliards. Nous l'avons augmenté de 300 millions, et cette
augmentation est dédiée aux investissements en éducation pour améliorer le
milieu.
Donc, oui
c'est notre priorité, oui c'est là où nous mettons le montant le plus important
de tous les temps, encore une fois
des temps modernes. Je ne sais pas qu'est-ce que c'était avant. Mais, à
22,5 % du total d'investissement, c'est bien sûr non négligeable.
Bien,
écoutez, est-ce qu'on pourrait faire plus? Est-ce qu'on pourrait aller... Au
lieu de 2,2 milliards, est-ce que ça pourrait être 3 milliards, ça pourrait être 4 milliards? Dans
un monde idéal, bien sûr qu'on aimerait faire beaucoup plus que ça. Mais, là aussi, les décisions passées ont fait
que nous avons une dette publique de 207 milliards de dollars, 55 %
de notre PIB. Donc, c'est un frein
important, c'est un enjeu important qui limite nos actions. Ce que nous disons
déjà depuis deux ans, tant nous, aux
Finances, que mon voisin le député de Nelligan, qui était au Trésor aussi, on
le mentionnait depuis...
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le ministre. On aura l'occasion d'y revenir.
M. Leitão : Certainement.
Le Président
(M. Bernier) : Nous allons passer du côté gouvernemental.
Par contre, si vous voulez compléter votre
réponse en regard de la question du député de Gaspé, vous pouvez le faire sur
le temps du gouvernement. Ça vous va?
M. Leitão : Ça va.
Le
Président (M. Bernier) : O.K. Bon, nous allons maintenant
passer du côté gouvernemental avec M. le député de Sainte-Rose.
M. Habel :
Merci beaucoup, M. le Président. J'en profite, étant donné que c'est la
première fois que je prends la parole aujourd'hui, de vous saluer, de
saluer l'équipe ministérielle ainsi que les gens de l'opposition officielle, de
la deuxième opposition, le ministre des
Finances et président du Conseil du trésor nouvellement arrivé, ainsi que toute
son équipe. Et je tiens peut-être, en
premier lieu, monsieur, à vous dire que le ministre a parlé de tension entre
économistes et comptables, mais je sens quand même qu'étant comptable de
formation et vous, en tant qu'économiste, on va bien s'entendre pour ce bloc,
quand même.
Donc, on a
fait un dépôt du budget 2016-2017, puis je tiens à vous dire, M. le
Président, que c'est un peu plus facile
de faire une étude des crédits quand on a des crédits. Donc, c'est un petit
changement dans cette législature-ci, quand on a des crédits qui y sont
rattachés.
Donc, on a présenté pour une deuxième année
consécutive un équilibre budgétaire, alors que, sous l'ancien gouvernement, on avait un déficit de 3 milliards lors de leur dépôt puis un déficit potentiel de
7 274 000 000 $.
Ça, c'est les chiffres du
Vérificateur général, ce qui nous démontre, M. le Président, l'importance du
rôle du Conseil du trésor et l'importance de contrôler les cordons de la
bourse et contrôler les dépenses.
Mon collègue
de La Prairie a parlé de la révision des programmes. Je pense que c'est un
aspect important, là, pour contrôler
les dépenses. Parce que c'est toujours important d'avoir autant de revenus que
de dépenses, là — ça,
c'est le comptable qui parle — puis de s'assurer de ne pas augmenter le
passif du gouvernement, un passif qui est relativement important, M. le
Président. On est à 55 % au niveau du ratio dette-PIB. Avec notre
gouvernement, on a quand même pris les choses en main, on a passé de 55,1 % en termes de ratio
dette-PIB à 55 %, puis on continue aussi d'investir dans le Fonds
des générations. Donc, c'est un aspect qui est important.
Pourquoi
c'est important de contrôler les dépenses et aussi de contrôler l'aspect des
effectifs, où je vais en venir plus
tard dans mes questions? C'est important parce que c'est 30 millions par
jour, M. le Président, qu'on met au service de la dette, et 10,4 milliards chaque année. Sur des dépenses
autour de 100 milliards, c'est quand même un poste budgétaire
important et c'est important de le réduire.
Au niveau de la croissance des dépenses qu'on a
présentée dans le budget 2016-2017, je tiens à dire quand même qu'on a un pourcentage de hausse de
croissance qui est passé de 1,7 % en 2015-2016 à 2,7 % actuellement.
Là, on va continuer à 2,8 % en
2017-2018, donc en atteignant aussi l'équilibre budgétaire, alors que, sous
l'ancien gouvernement, la croissance
des dépenses était à 3,3 %. Cependant, eux étaient en déficit budgétaire,
M. le Président. Donc, on réussit à dégager des marges de manoeuvre
importantes.
Puis, si on compare avec les autres
juridictions, M. le Président, l'Ontario, qui prévoit atteindre l'équilibre
budgétaire en 2017-2018, eux ont une croissance des dépenses de seulement
1,1 % en 2016-2017, et la Colombie-Britannique
qui a 1,3 % en 2016-2017. Donc, on est capables d'avoir une croissance des
dépenses qui est importante pour se dégager une marge de manoeuvre pour
l'investir, entre autres, dans les infrastructures.
Je prends le
PQI, M. le Président — vous allez me permettre d'être chauvin — à Laval, parce que je suis le député de Sainte-Rose à Laval. Et on a des
investissements qui sont très importants. On a, entre autres, en réalisation,
la Place Bell, qui progresse très
bien, M. le Président. Et c'est des investissements qui sont très importants.
On a d'autres projets qui sont en
planification et à l'étude, dont, dans ma circonscription, le pont qui relie
Laval et Boisbriand. Donc, c'est des investissements qui sont importants
et c'est aussi des investissements pour stimuler l'économie du Québec.
Alors, notre
gouvernement a présenté un plan global, le PQI 2016-2026, qui a quand même
des investissements majeurs. Le député de Gaspé a mentionné l'aspect des
investissements en éducation qui peuvent atteindre autour de 700 millions, dont 250 millions au niveau
du maintien d'actif, 250 millions au niveau de la résorption du déficit du
maintien d'actif, 100 millions au
niveau des établissements écoresponsables, 50 millions pour les gymnases
et 50 millions pour les installations sportives. Mais on a un plan
global de 88,7 milliards de dollars de 2016 à 2026 pour le plan québécois
en investissement. Et j'aimerais que le ministre des Finances, et aussi le
président du Conseil du trésor, élabore sur notre plan
quinquennal 2016-2026.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre, la parole est à vous.
M. Leitão :
Très bien. Alors, les investissements publics. Écoutez, on nous avait dit,
surtout l'année passée, 2015, dans le
contexte de la... — voyons! — de l'élection fédérale : Pourquoi vous
ne faites pas la même chose que les libéraux fédéraux, à ce moment-là, parlaient de faire? C'était d'investir
massivement dans les infrastructures et donc possiblement faire des déficits, etc. Ce que nous avions
répondu à ça, c'est : Mais nous le faisons déjà. Nous avons notre plan,
notre PQI, notre Plan québécois d'infrastructures.
Encore une
fois, pour le député de Sainte-Rose, évidemment c'était l'incident tragique à
Laval qui avait déclenché toute la
réflexion sur la nécessité de mettre à niveau nos infrastructures publiques,
particulièrement en transport, mais pas seulement en transport. Et donc, pour la période
actuelle, 2016-2026, c'est presque 90 milliards de dollars,
88,7 milliards pour être précis. Et,
pour les trois premières années de cette période, c'est là où nous avons fait
un effort spécial, où les dépenses sont presque 10 milliards de
dollars, 9,9, 9,8, etc. Donc, ça, c'est quand même important de remarquer que
nous faisons un effort particulier à court terme. Donc, pour les
années 2015-2016, 2016-2017, 2017-2018, on est aux alentours de presque,
comme j'ai dit, 10 milliards de dollars.
Et pourquoi nous faisons ça? Pour deux raisons.
D'abord, parce qu'il y a une nécessité de mettre à jour... de mettre à niveau nos infrastructures. Encore ce
matin, en période de questions, le ministre de l'Éducation a bien
illustré cet enjeu-là. Parce qu'au niveau des écoles il y a vraiment nécessité.
Et d'ailleurs, pour nous, l'élément principal dans la priorisation des investissements, c'est la vétusté des installations et
les questions de sécurité. Donc, il fallait faire ça, il fallait faire
le plus qu'on pouvait faire à court terme pour augmenter ces
investissements-là.
D'ailleurs,
j'aimerais souligner qu'en 2014... Et je me rappelle très bien — parce que vous savez, M. le
Président, j'ai quand même une bonne mémoire — qu'à ce moment-là le député
de Saint-Jérôme, qui est maintenant le chef de l'opposition officielle, disait d'un ton un peu... enfin, le ton qu'il
a, en disant que, ah! bof! vous, vous ne faites que du béton et de l'asphalte pendant que l'économie du
Québec a besoin de beaucoup plus que ça. Alors, le béton et l'asphalte, c'est nécessaire, c'est nécessaire pour mettre à
niveau nos infrastructures. Et aussi, toutes les études le démontrent,
comme moyen d'intervention gouvernemental en termes d'effets multiplicateurs
sur la croissance du PIB, c'est l'élément le plus efficace.
• (17 h 30) •
Quand on
parle de dépenses publiques, les dépenses de programmes sont nécessaires et sont utiles, mais ce n'est pas avec ça qu'on va stimuler la croissance économique.
On va stimuler la croissance économique par des investissements publics qui ont
des effets multiplicateurs importants, et ce sont les investissements en infrastructures
qui ont cet effet multiplicateur le plus important.
Le Fonds monétaire international, tous les grands économistes mentionnent que
c'est cela qu'il faut faire. Le gouvernement fédéral, c'est ce qu'il fait maintenant : une bonne partie de son déficit annoncé,
c'est de l'investissement en infrastructures.
Donc,
nous faisons ce qu'il est possible de faire. C'est un effort substantiel, un
effort important d'investissement public.
Encore une fois, est-ce
qu'on pourrait faire plus que ça? Dans
un monde idéal, oui. On aimerait dépenser 10 milliards, 11 milliards, mais il y a
des limites. Il y a des limites à ce qu'on peut faire, particulièrement étant donné que, ces montants-là, on doit
les emprunter quand même. Donc, nous avons déjà une dette qui est élevée.
L'argent du PQI, là on parle de
88,7 milliards, c'est 88 000 millions.
C'est beaucoup d'argent. Il faut emprunter ces fonds-là. Et donc, étant
donné notre capacité fiscale, nous ne pouvons pas aller plus vite que ce que
nous allons ici.
Donc,
nous faisons un effort important. C'est notre priorité, et c'est quelque chose
qu'on ne peut vraiment pas aller plus rapidement que ça.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de Sainte-Rose.
M. Habel :
Merci, M. le Président. Écoutez, dans diverses régions, Laval,
Chaudière-Appalaches, et tout, il y a quand même des types, là, dans des
projets du PQI : il y a les projets qui sont à l'étude, des projets qui
sont en planification et des projets qui
sont en réalisation. J'aurais peut-être dû commencer par cette question-là pour
permettre aux gens qui nous écoutent de bien
comprendre, là, mais... Est-ce que soit le président du Conseil du trésor ou
son équipe peut nous expliquer un peu
l'évolution d'un projet entre... à l'étude et entre la réalisation? Et pourquoi
on met aussi un horizon de 10 ans, là, pour la réalisation d'une
infrastructure?
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le ministre.
M. Leitão :
Très bien. D'ailleurs, c'est une excellente question. Et je passerais la parole
à M. Ouellet. Mais, avant de le faire, je pense, je vais même
donner le contexte.
On
a beaucoup parlé, avec l'intervention précédente, des recommandations de la
commission Charbonneau. Donc, c'est
important de tenir ça en considération, étant donné notre passé récent. C'est
important aussi étant donné le niveau d'investissement qui est planifié,
là, le fameux 88,7 milliards sur 10 ans, 9,9 milliards cette
année, l'année prochaine. Donc, il faut que cela se fasse dans un cadre très
rigoureux de sélection de projets et d'attribution de contrats.
Donc, nous avons mis
en place une structure rigoureuse pour faire ces analyses-là et pour procéder
de façon ordonnée à ces contrats-là. Il
fallait le faire. C'est quelque chose, peut-être, qu'avant... aurait dû être
fait plus tôt. Mais, en tout cas, c'est comme ça que ça se fait
maintenant, et c'est tant mieux, à mon avis.
Et peut-être,
M. Ouellet, vous pouvez expliquer les différentes étapes avant qu'un
projet passe de l'étude à la réalisation.
Le Président
(M. Bernier) : M. Ouellet.
M. Ouellet
(Yves) : D'accord, M. le Président. Effectivement, une volonté
forte de la part du gouvernement de mettre
en place un processus rigoureux au niveau de l'autorisation des projets, de la
priorisation des projets, du suivi de leur exécution. Ça fait que tout
ça prend la forme de différentes étapes clés que les projets doivent passer
avant d'être autorisés à l'intérieur du PQI.
La
première étape, c'est l'étape de l'étude, où les projets font l'objet d'étude.
Ça, c'est la première étape, qui est très importante, parce que c'est à ce moment-là qu'on est en mesure de voir
quels sont l'opportunité du projet, la nécessité du projet, le besoin qui est visé. Puis, à partir de
ces études-là, on est en mesure de voir si ce projet-là est prioritaire d'un
point de vue gouvernemental.
Une
fois qu'il a passé l'étape d'étude, on demande au ministère responsable de
préparer ce qu'on appelle un dossier d'opportunité
pour passer à la deuxième étape. Entre l'étude et la planification, il doit
préparer un dossier d'opportunité qui
permet de préciser les grands paramètres du projet. Donc, une fois qu'il a
passé le dossier d'opportunité, on passe en planification. Donc, on passe à une étape où, là, on vient préciser le
projet, on a une idée générale de l'échéancier, des coûts du projet.
Mais ce n'est pas terminé. La rigueur se maintient.
Avant
qu'un projet soit autorisé pour aller
en réalisation, là c'est un dossier d'affaires qui doit être
préparé, ce qui est très exigeant au niveau de la documentation des
projets. Donc, une fois que la documentation est satisfaisante et convient au ministère, évidemment, qui le porte, mais surtout au Secrétariat
du Conseil du trésor et au gouvernement, le Conseil des ministres, le
projet, par la suite, passe à l'étape de réalisation. Et c'est à cette
étape-là qu'on est en mesure de donner de manière publique le montant du
projet, l'échéancier.
Donc, vous voyez la
rigueur qui se fait tout au long du processus. Or, à une certaine période, les
montants qui pouvaient être associés à des
projets pouvaient être annoncés de manière beaucoup plus tôt dans le processus,
ce qui pouvait amener à des approximations par rapport à la réalisation
exacte d'un projet.
Donc,
vous voyez, il y a un processus qui est appuyé sur une rigueur, une
méthode, et tout ça nous permet par la suite... Une fois que le projet
est en planification, il fait l'objet également d'un suivi serré. Donc, c'est
le système qui a été mis en place.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de Sainte-Rose.
M. Leitão : Peut-être, M. le
Président, si je peux apporter... Ça,
c'est une méthode dans le système qui... on est vraiment à l'avant-garde, en
Amérique du Nord, en termes d'attribution des contrats publics. Des collègues
d'autres provinces nous demandent souvent des opinions, des informations sur la
façon dont notre système évolue, parce que vraiment c'est quelque chose qui, à
ce que je sache, n'existe pas vraiment de cette façon-là dans les autres
provinces canadiennes, même pas dans beaucoup d'États américains non plus.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Il reste environ cinq... ou six minutes. M. le député de Portneuf.
M. Matte : Merci, M.
le Président. Alors, je voudrais profiter aux salutations d'usage, moi aussi,
pour saluer mes collègues, mais aussi
pour vous féliciter, M. le ministre, là, de vos récentes fonctions et
responsabilités qui vous incombent à titre, là, de responsable du
Conseil du trésor.
Alors,
vous avez mentionné que c'est presque 89 milliards sur 10 ans en
investissement dans les infrastructures. On est conscients, tu sais, que c'est important, parce que ça crée de
l'emploi, ça crée une richesse aussi, ça augmente la productivité, mais aussi ça nous permet de pouvoir
maintenir nos infrastructures autant dans le domaine du scolaire, qu'on a parlé beaucoup ces temps-ci, dans le domaine de
la santé, le réseau routier, mais aussi sans oublier la Stratégie
maritime et le Plan Nord.
Vous
conviendrez que, suite à mon... Je vais faire du pouce à ce que mon collègue de
Sainte-Rose a mentionné sur le plan...
sur le programme d'investissement en infrastructures. Et mon collègue de
Gaspésie a mentionné qu'il y avait beaucoup d'investissements, hein,
dans la métropole et dans la Capitale-Nationale. La Capitale-Nationale, c'est
tout près de 14,3 %, c'est environ 13 milliards qui sont investis.
Alors, j'aimerais
connaître, M. le ministre, et puis je comprendrai aussi que, compte tenu de vos
récentes nominations... Si vous n'êtes pas
en mesure de tout répondre à mon intervention, vous pouvez vous faire aider
avec l'équipe qui vous accompagne.
J'aimerais connaître quel est l'axe d'intervention dans la Capitale-Nationale.
Et je vous rappelle que le comté de
Portneuf et Charlevoix font partie de la Capitale-Nationale. Souvent, on a
tendance à... bien, peut-être pas à vous oublier, mais à ne pas être au niveau d'être aussi reconnu, je dirais,
tu sais? Et ça appartient aux représentants de Portneuf et de Charlevoix
de le mentionner et de vous le rappeler. Donc, on compte bien que Portneuf va
retirer et va recevoir sa juste part.
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
• (17 h 40) •
M. Leitão :
Très bien. Oui, bien sûr, la juste part. La Capitale-Nationale, c'est
important, très important même, comme d'ailleurs le sont toutes les
régions du Québec. Mais peut-être que, pour essayer de répondre un peu plus directement à votre question, il y a plusieurs
façons de décliner tout ça. C'est presque 13 milliards de dollars,
12,7 milliards de dollars, encore une
fois sur 10 ans. C'est 14 % du PQI ici, dans la région. Il y a des
projets majeurs, particulièrement dans
le réseau routier, que ce soit l'élargissement de l'autoroute Henri‑IV, que ce
soit la reconstruction du pont de l'île d'Orléans, aussi dans le domaine de la santé et des services sociaux,
l'éventuelle construction d'un nouvel hôpital sur le site de L'Enfant-Jésus de Québec, la
relocalisation de l'Hôpital de
Baie-Saint-Paul. Et il y en a d'autres, d'autres projets qui sont intéressants et qui sont utiles : la création de
l'Institut nordique du Québec, l'aménagement de la phase III de la promenade Samuel-De Champlain, je pense
que ça aussi, c'est très intéressant. Certainement, le maire de Québec nous l'a déjà mentionné plusieurs fois, et je pense qu'il
a été satisfait de notre décision, au dernier budget, de le faire.
Ce
seraient peut-être utiles aussi, et dans le contexte de ce que
M. Ouellet a mentionné tantôt, donc, les différentes étapes où se
trouvent ces projets-là. Parce que j'ai mentionné toute une série de projets,
mais c'est peut-être aussi important de voir où ils se trouvent dans ces différentes
étapes là. Parce que c'est clair qu'un projet à l'étude ne va
pas nécessairement se concrétiser cette année, il y a toutes les étapes à
passer.
Si
on commence par les projets qui sont en réalisation, donc qui sont déjà à
l'étape de la réalisation, là il
y en a plusieurs : certainement l'agrandissement du Centre de neurophotonique de l'Institut universitaire en santé mentale de Québec; il y a la modernisation de l'aéroport Jean-Lesage; il y a la réhabilitation et l'agrandissement de l'Hôtel-Dieu,
le centre hospitalier de Québec; il y a, comme je l'ai dit tantôt, la relocalisation de l'Hôpital de Baie-Saint-Paul; la réfection
de l'autoroute Dufferin-Montmorency;
l'institut de cardiologie et de pneumologie de Québec. Donc, ça, ce sont des
projets qui sont en étape de réalisation.
En
planification, donc une étape un petit peu antérieure, mais déjà assez avancée
pour qu'un dossier d'opportunité ait
été complété, et tout, et donc c'est là où on commence à préciser les coûts et
les échéanciers, donc en planification, il y a bien sûr l'anneau de glace à Québec, il y a aussi une usine de biométhanisation
dans la ville de Québec, il y a la nouvelle installation... un CHSLD à l'Hôpital Sainte-Monique, il y a, comme je
l'ai dit aussi tantôt, la reconstruction du pont de l'île d'Orléans, ça,
c'est quand même un projet majeur...
Le Président
(M. Bernier) : On aura l'occasion d'y revenir, M. le
ministre.
M. Leitão :
Certainement, M. le Président.
Le Président
(M. Bernier) : Nous allons passer du côté du deuxième
groupe d'opposition avec le député de La Peltrie.
M.
Caire : Merci, M. le Président. Alors, pour boucler la
boucle de notre dernière conversation avec le président du Conseil du trésor, j'aimerais que le président du
Conseil du trésor s'engage à déposer son plan de regroupement des CTI, dans lequel nous verrons bien sûr que Marly est un
des deux à trois sites identifiés pour atteindre l'objectif qui a été
fixé par le Conseil du trésor. Première étape.
Deuxième étape, j'aimerais savoir si le ministre
peut s'engager à nous dire, suite à l'agrandissement électromécanique qui a été fait au CSPQ, quelle est la capacité en
kilowattheures, la capacité totale, du CTI du CSPQ, quelle est la
quantité, en kilowattheures, qui est occupée en hébergement présentement, et
quelle est la capacité, en kilowattheures, résiduelle du CSPQ, et s'il s'engage aussi à nous donner les besoins en
kilowattheures du nouveau projet du Revenu, ce qui va nous permettre effectivement de corroborer la réponse
que M. Jean nous a donnée à l'effet qu'ils n'ont pas la capacité
d'héberger le nouveau CTI du Revenu.
Donc, d'ici à demain, est-ce que le
président du Conseil du trésor peut déposer l'ensemble de ces
informations-là pour le bénéfice de tous les collègues de la commission
parlementaire?
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Oui. Peut-être que M. Jean pourrait apporter certaines précisions à cet
égard-là. C'est clair que moi, en termes de kilowattheures, je dois vous
dire que je n'ai pas cette information avec moi.
M.
Caire : Non, mais d'ici à demain, là. Je comprends que vous
ne l'avez pas, là. Je comprends que le ministre ne l'a pas, M. le
Président. Mais, d'ici à demain, s'il pouvait nous déposer ces documents-là,
pour le bénéfice de tous les collègues.
Le Président
(M. Bernier) : Est-ce que vous avez des documents à
déposer d'ici à demain en regard des questions du député de La Peltrie?
M. Leitão :
Moi, je n'ai pas ces documents-là.
Le Président
(M. Bernier) : Vous, vous n'avez pas ces documents-là...
M. Leitão :
Mais je pourrais demander à M. Jean, peut-être, de donner certaines
explications à cet égard-là.
Le
Président (M. Bernier) : Bon. S'il y a consentement que
M. Jean puisse prendre la parole... et, à ce moment-là, il
précisera si ça existe ou si ça n'existe pas, ces documents-là. Donc,
M. Jean.
M. Jean
(Denys) : Merci, M. le Président. Peut-être une information qui va
peut-être fermer le dossier, en tout cas
je l'espère : Le CTI du Revenu Québec couvre une surface de
1 000 mètres carrés. La capacité d'accueil du CTI du CSPQ est
400 mètres carrés. Donc, manifestement, là, on ne peut pas accueillir le
CTI de Revenu Québec chez nous pour le moment.
Quant
à la question des kilowattheures, bien, on va voir ce qu'on peut fournir comme
information à la commission éventuellement, M. le Président.
Le
Président (M. Bernier) : Donc, je vous invite à regarder
ce que vous avez comme documents disponibles, et à nous en informer, et nous les faire parvenir pour
que nous puissions les distribuer auprès des membres de cette
commission. M. le député de La Peltrie.
M.
Caire :
Oui, M. le Président. Effectivement, pour boucler la boucle, je dois dire que
la capacité électromécanique ne se
calcule pas en pieds carrés, ça se calcule en kilowattheures... en kilowatts,
pardon. Ce n'est pas «kilowattheures», excusez-moi,
en kilowatts. Et donc j'aimerais connaître la capacité totale, suite aux
modifications qui ont été faites du CSPQ,
en kilowatts. Quelle est la portion utilisée en kilowatts, quel est le résiduel
en kilowatts et quels sont les besoins du ministère du Revenu en
kilowatts, c'est de ça dont j'ai besoin. Et là on verra si le CSPQ a ou non,
effectivement, la capacité d'héberger le centre de traitement de l'information
du Revenu.
On ne parle pas de
pieds carrés, là, je veux dire... Voyons donc! On parle d'informatique.
Lâchez-moi le pied carré, là!
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Donc, peut-être que M. Jean aurait des précisions là-dessus, mais...
Le Président (M. Bernier) :
M. Jean.
M. Leitão :
Mais j'aimerais juste mentionner que, comme j'étais en train de le dire avant,
et je pense que c'est important que ceux qui nous écoutent et le député
de La Peltrie aussi soient conscients de ça, c'est qu'il n'y a pas d'opposition entre le CSPQ et Revenu Québec. Les
deux organismes travaillent ensemble, les deux organismes coopèrent.
Donc, je veux juste m'assurer que nous sommes tous au courant de ce fait.
M. Jean, peut-être.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. Jean.
M. Jean
(Denys) : M. le Président, merci. Je voudrais bien comprendre la
question du député. J'ai un client qui a besoin d'une surface pour gérer
son centre de traitement de 1 000 pieds carrés. On s'entend
là-dessus? Bon. Ça, c'est le Revenu Québec, là. Bien, vous n'entendez pas...
C'est l'information que j'ai de Revenu Québec, premièrement. Deuxièmement...
M.
Caire :
...
Le Président (M. Bernier) :
Attendez. On va juste le laisser terminer, puis on vous revient. Allez-y.
M. Jean (Denys) :
...moi, j'ai une capacité d'accueil de 400 mètres carrés. J'essaie
d'imaginer comment je peux rentrer un
besoin de 1 000 mètres carrés dans une capacité de 400 mètres
carrés. Et j'essaie de faire le rapport entre ça et ma capacité en kilowattheures, puis je n'y arrive
pas. Si le député est capable m'expliquer ce qu'il attend de moi, je
vais chercher l'information.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Caire : M. le Président, ma demande est enregistrée. Je peux
lui transmettre par écrit, il transmettra ça à ses gens de l'informatique ou à la SQI, qui était le
maître d'oeuvre de ce projet-là, et il transmettra cette demande-là,
telle que formulée, à ses gens de l'informatique, et j'aimerais qu'il s'engage
à revenir avec la réponse.
Le
Président (M. Bernier) : Si vous transmettez un document,
M. le député de La Peltrie, une demande, j'aimerais qu'on puisse en
avoir copie...
M.
Caire :
Bien sûr, M. le Président.
Le Président
(M. Bernier) : ...pour que tous les membres de la
commission puissent en bénéficier.
M.
Caire : Ceci étant dit, est-ce que M. Jean préfère que
je lui formule une demande par écrit, auquel cas ça me fera plaisir, ou
si, ce que je lui demande, il peut prendre le transcript puis le formuler tel
quel à ses gens?
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
On va s'occuper de faire le suivi et, si les informations pertinentes existent,
on va certainement vous les fournir.
M.
Caire :
Elles existent.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de La Peltrie.
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Elles existent.
• (17 h 50) •
Oui.
Là, je vais changer de sujet, M. le Président. J'avais déjà abordé cette
question-là avec le prédécesseur du président
du Conseil du trésor, où, dans le document du gouvernement sur la Stratégie de
gestion des dépenses, on constate, au
tableau 1, un écart à résorber des dépenses de programmes. Et on apprenait
que, pour 2016-2017, donc dans le budget de l'année passée pour cette année, on prévoyait un écart à résorber, un
solde de l'écart à résorber de 853 millions. Ça, c'est ce qu'on avait l'année passée. Cette année,
dans le même document, enfin dans le document qui accompagne les documents budgétaires, M. le Président, on
constate une série de mesures, des mesures déterminées par les
ministères et organismes pour résorber cet
écart-là, qui est passé de 853 millions à 895. Et on dit qu'avec cette
série-là de 13 mesures on va
réussir à résorber cet écart-là de 895 millions. Alors, le postulat, évidemment... puis je le donne
au ministre, là, je ne contredirai pas ça, mais le
postulat, c'est qu'effectivement ces mesures-là vont atteindre leur cible et
réussiront à résorber cet écart.
Par contre, ce qu'on
constate, toujours au tableau 1 du document de cette année, pour 2017-2018,
c'est qu'il y a un écart à résorber de
1 746 000 000 $, que les mesures mises en place dans le document vont résorber le 895 millions
de cette année mais vont laisser un écart à
résorber de 856 millions pour l'année prochaine. Et donc ce
856 millions là ne fait l'objet d'aucun plan, d'aucune mesure.
Alors, j'ai eu l'occasion de...
Une voix :
...
M.
Caire : C'est-à-dire le 856 millions... c'est
890 millions, excusez-moi. Le collègue a raison, là, je ne prenais
pas la colonne de... C'est
890 millions. Le 856 millions, c'est les économies escomptées avec
les mesures qui seraient mises en place cette année pour l'année
prochaine, ce qui laisse un écart de 890 millions qui ne fait l'objet
d'aucune mesure, d'aucun plan.
Et
là ça nous laisse devant trois solutions, puis c'est la question que je posais
au prédécesseur de l'actuel président du
Conseil du trésor, pour lesquelles je n'ai pas eu de réponse, parce que soit le
président du Conseil du trésor dépose un nouveau plan, de nouvelles
mesures qui auront pour effet de résorber ce 890 millions là, soit il
retourne à son vieux péché et augmente les
taxes et/ou les tarifs des Québécois, ce qu'il a fait depuis deux ans avec
beaucoup de succès, soit on retourne en déficit l'année prochaine, de
890 millions, ce qui ne semble pas être la volonté du gouvernement.
Donc,
ça me fait craindre, moi, qu'on ait envie d'aller jouer encore un peu dans le
portefeuille des Québécois. Alors, est-ce que le président du Conseil du
trésor peut nous dire comment il entend résorber ce 890 millions?
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Très bien, M. le Président. Voilà une excellente question, en effet. Ça va au
coeur de notre action gouvernementale. Écoutez, moi, je vous dirais que...
plusieurs choses, d'abord que la preuve est dans les faits, c'est-à-dire : 2015-2016, équilibre
budgétaire. On avait dit qu'on le ferait, on est partis de loin, on avait un
déficit potentiel qui était très
élevé, et nous avons... Le résultat, la preuve, le fait incontournable, c'est
que, 2015-2016, équilibre budgétaire, et
ça, après versement au Fonds des générations. C'est très concret comme
résultat. D'ailleurs, déjà en 2014-2015, le déficit qui était prévu
était moins élevé... le déficit qu'on a constaté était moins élevé que celui
qui était prévu. Donc, nos mesures de contrôle des dépenses fonctionnent.
Pour
2016-2017, encore une fois nous avons déposé un cadre financier équilibré, où
les dépenses courantes vont égaler
les revenus. Il y a, comme vous l'avez mentionné, à la page... au
tableau 1, 895 millions qui avaient été identifiés comme un écart résorbé, et là nous avons, à la
page 6, toutes les mesures qui vont faire qu'on va... Donc, on a
identifié toutes ces mesures-là et on va,
encore une fois, livrer. J'aimerais qu'on soit jugés par la population sur les
résultats. Et les résultats, c'est
l'équilibre budgétaire 2015-2016, équilibre budgétaire 2016-2017,
équilibre budgétaire les années suivantes. On va le faire.
Et
ça, ce que vous trouvez au tableau 1, à la page 5, c'est vraiment un
exercice de totale transparence. Nous disons à tout le monde que, oui, en effet, il y a, sur un budget de presque
70 milliards de dollars, 70 000 millions de dollars, des
mesures qui restent à identifier, pour 2017-2018, de 890 millions. Ça fait
partie de la gestion normale d'un budget de cette
taille-là. Il n'y a rien, absolument rien d'inhabituel dans cela. Ça aurait été
inhabituel, ça aurait été suspicieux, si vous voulez, si on ne faisait pas ça, si on vous disait : Oui, le
budget va être équilibré, tout a été identifié, il n'y a absolument rien
qui va changer. Mais, non, nous sommes transparents avec vous et avec tout le
monde en vous disant que, pour 2017-2018, il
y a 890 millions qu'on va identifier. Et d'ailleurs tout ça, c'est en lien
direct avec les méthodes qui nous sont recommandées
par le Vérificateur général. Et, quand le VG vous recommande quelque
chose, c'est clair que vous
voudrez vous conformer. Donc, c'est une façon transparente et surtout
efficiente de gérer les finances publiques.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Caire : M. le Président, peut-être que je n'ai pas bien posé
ma question. Je vais recommencer, parce que ce que j'ai dit au président du Conseil du trésor... J'ai effectivement lu
la page 6, j'ai pris connaissance des 13 mesures qui étaient proposées et je postule, je postule, ça
reste à démonter, mais je postule que ça va fonctionner. Je postule que
les mesures seront efficaces et atteindront
leur cible — alors,
je donne le bénéfice du doute au gouvernement — et donc que le 895 millions d'écart à résorber pour 2016-2017 sera résorbé,
qu'effectivement ça générera une économie de 856 millions en 2017-2018. Je postule... ça reste à démontrer,
mais que ce sera atteint, ce qui laisse un écart à résorber de
890 millions, pour lesquels il n'y a
pas de plan, pour lesquels il n'y a pas de mesure annoncée par le gouvernement,
qui dit : Voici, on a un écart à résorber...
Moi,
ce que je veux savoir : Quel est le plan du président du Conseil du
trésor, outre des augmentations de taxes ou de tarifs, pour résorber ce 890 millions là, s'il ne veut pas
retourner en déficit? Et j'ai compris que ce n'était pas sa volonté de
retourner en déficit. Donc, il doit déposer un plan. Peut-il déposer le plan?
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
M. le Président, je veux que ça soit très clair que, oui, bien sûr, nous allons
atteindre l'équilibre budgétaire. Ça, il n'y
a aucune question là-dessus. Dans notre cadre financier qu'on a déposé, qui est
un cadre financier équilibré — et nous allons le maintenir — nous n'allons pas augmenter taxes et
revenus... les taxes et impôts ou quoi que ce soit. Nous l'avons dit. Le premier ministre s'est engagé, et moi, j'ai
dit la même chose suite à la mise à jour de novembre 2014.
À
la mise à jour de novembre 2014, nous nous sommes engagés à ne plus
augmenter quelque taxe ou impôt que ce
soit. Novembre 2014. Nous l'avons fait au budget de mars 2015 et au
budget de mars 2016. Il n'y a pas eu... Je vous mets au défi, M. le député, de nous trouver des
augmentations de quelque taxe ou impôt que ce soit dans les budgets de mars 2015 et le budget de mars 2016.
Donc, il n'y aura plus de hausse de taxe et impôt. Nous nous sommes engagés
à ce que cela se fasse, nous nous sommes
engagés à atteindre l'équilibre budgétaire, donc ça veut dire que l'effort va
se faire du côté des dépenses.
Maintenant,
les 890 millions qui sont encore à identifier pour 2017-2018 — ce n'est pas pour cette année, c'est
pour 2017-2018 — c'est
le travail du Conseil du trésor, c'est le... je ne dirais pas la raison d'être,
ça serait peut-être un peu trop fort, mais
c'est le travail du Conseil du trésor de gérer les finances publiques de façon
très rigoureuse et très professionnelle. Et donc c'est ce qu'on va faire
au cours des mois qui vont suivre, d'identifier si ces montants-là...
Nous
avons aussi, à l'intérieur de nos budgets de dépenses, toute une série, bon, de
fonds de suppléance et d'autres éléments
qui nous permettent de dire avec un très haut degré de confiance que nous
allons bien sûr atteindre ces objectifs-là.
Encore
une fois, c'est un budget de dépenses de programmes de presque
70 000 millions. Je pense qu'identifier 890... C'est pour ça
qu'on existe, là. Si on n'arrivait pas à faire ça... Non. C'est ça, ce qu'on va
faire.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de La Peltrie.
M.
Caire : M. le Président, je ne remets pas en doute le fait
que c'est pour ça que le président et le Conseil du trésor sont à
l'oeuvre.
Je
vais juste faire une petite parenthèse sur les taxes et les impôts. Il y a
peut-être des parents qui envoient leurs enfants en garderie aujourd'hui qui ne seront peut-être par d'accord
avec le ministre sur le fait qu'on n'a pas augmenté les taxes ou les tarifs. Il y a peut-être aussi des
gens qui ont des baux avec les différents ministères qui ne seront peut-être
pas d'accord avec le ministre, qui
ont vu les coûts augmenter de façon exponentielle. Et, encore cette année, la
facture a augmenté de façon assez importante. Je pourrai envoyer des
exemples au président du Conseil du trésor, si tel est son souhait.
Mais, ceci étant dit, j'entends qu'il
n'entend pas retourner en déficit. Bravo! J'entends qu'il prend
l'engagement de ne plus augmenter aucune taxe, aucun tarif, aucun impôt.
Bravo! Il me dit : Nous sommes là pour trouver des solutions.
Excellent! Pouvez-vous déposer le plan?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
• (18 heures) •
M. Leitão :
On parle, ici, de... Excusez-moi. Pour l'année 2016‑2017, le plan est très
clair, il est dans ce document-là, à la page 6, c'est très détaillé.
Pour
ce qui est de l'année 2017-2018 — 2017-2018, c'est l'année prochaine — évidemment qu'en temps et lieu on publiera
aussi une liste détaillée comme ça. Nous n'allons pas le faire aujourd'hui
parce qu'il y a encore plusieurs discussions,
plusieurs analyses qui doivent être faites. Et donc nous allons le faire. Mais,
comme vous avez mentionné, et je vous
remercie de le mentionner, nous nous engageons d'abord à ne pas mettre en place
de nouvelles taxes ou tarifs. Et, les tarifs
existants, on va les indexer à l'inflation, comme nous nous sommes engagés.
Donc, il n'y a pas de nouvelle taxe et tarif, et nous n'allons pas
retourner à un déficit. Donc, c'est très clair que l'effort va se faire du côté
des dépenses de programmes.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Caire :
M. le Président, dans le document de l'année dernière, où c'était inscrit
d'ailleurs «Rigueur et responsabilités» — ça, c'est un élément qui n'apparaît plus sur
le document de cette année, je commence à comprendre pourquoi — il y avait des mesures annoncées. Ces
mesures-là touchaient aussi le budget 2015-2016, 2016-2017. Donc, en
2015-2016, on prévoyait déjà les mesures qu'on allait mettre en place en
2016-2017 pour résorber l'écart qui était annoncé.
D'ailleurs, je les ai encerclées, là, pour le bénéfice du président du Conseil
du trésor. Il y a plusieurs mesures qui étaient là, que vous retrouvez
effectivement dans les 13 mesures que vous avez annoncées cette année.
Or,
pourquoi, dans le budget de 2015-2016, on était capables déjà d'anticiper les
mesures qu'on allait mettre en place en 2016-2017 pour résorber l'écart
et là, en 2016-2017, on n'est pas capables de faire le même exercice pour 2017-2018? Est-ce que c'est parce qu'on commence à
manquer de mesures? Parce qu'on commence à manquer de moyens? Parce qu'on ne sait plus où aller chercher
l'argent? Et là on va commencer à être nerveux, parce que, quand le
gouvernement ne sait pas où aller
chercher l'argent, habituellement, on sait où est-ce qu'il va, c'est pas mal
toujours au même endroit.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Bien, M. le Président, pas besoin d'être nerveux, je veux
vous rassurer, là, pas besoin de s'énerver, les choses sont sous contrôle. 2016-2017, oui, en effet, donc
895 millions de dollars de mesures qui ont été identifiées. Mais on
le dit aussi dans ce même document, on dit
aussi que l'effet de ces mesures-là en 2017-2018, c'est 856 millions.
Donc, ça, c'est la récurrence.
Quand on met en place
une mesure, il y a la récurrence pour l'année suivante. Donc, c'est pour ça
que, pour 2017-2018, notre point de départ,
c'était un écart à résorber de 1,7 milliard. Il y a la récurrence des
mesures qui ont déjà été annoncées,
le 856, ce qui nous donne donc un solde à résorber, pour 2017-2018, de
890 millions. Et cela, ça va se faire en temps et lieu. C'est la tâche du Conseil du trésor. C'est pour ça qu'on
existe. C'est pour ça qu'on gère les finances publiques de façon
rigoureuse. Et on va identifier ces mesures-là.
Et,
encore une fois, dans le passé, cette information-là n'était pas disponible.
Là, maintenant, dans un souci de totale transparence, nous disons à tous les Québécois que, pour l'année
2017-2018, on va atteindre nos cibles budgétaires, et, pour ce faire, il
va y avoir encore 890 millions de dépenses qu'on doit trouver moyen de les
contenir.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Caire : M. le Président, budgéter, c'est prévoir. Ce que le
président du Conseil du trésor nous dit, contrairement à ce qui a été fait... Parce que je lui fais la
démonstration que les mesures pour résorber le déficit, l'écart à résorber,
elles ont été planifiées déjà en 2015-2016.
Et là, lui, ce qu'il me dit, c'est : On va gouverner à vue. Faites-nous
confiance. À la petite semaine, on
essaiera de trouver le 890 millions. Mais énervez-vous pas, on va trouver
ça sur 70 000 millions, alors on devrait être capables de faire ça. Comment se fait-il que son
prédécesseur était... bien, le prédécesseur de son prédécesseur a été
capable de planifier comment il allait faire, et lui, il n'est pas capable de
se livrer au même exercice?
Le
Président (M. Bernier) : On va avoir l'occasion de revenir ce
soir pour poursuivre nos travaux sur le sujet.
Donc, compte tenu de
l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30. Et je
vous invite à être à l'heure si vous voulez terminer aux alentours de
22 h 30.
(Suspension de la séance à
18 h 5)
(Reprise à 19 h 30)
Le Président (M. Bernier) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Donc, nous reprenons nos travaux. Je vous rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre l'étude du volet Conseil du trésor des crédits budgétaires du
portefeuille Conseil
du trésor et Administration gouvernementale pour l'exercice financier
2016-2017. Comme nous avons débuté à l'heure, donc nous allons terminer
à 10 h 30, donc à 22 h 30.
J'invite maintenant le groupe parlementaire
formant le gouvernement à prendre la parole. Oui, M. le député de Sainte-Rose.
Allez-y.
M.
Habel : Merci, M. le Président. Ça me fait plaisir de poursuivre
l'étude des crédits en compagnie du ministre des Finances. Je ne
resaluerai pas tous les collègues, ils sont déjà salués.
Donc,
j'aimerais parler... j'ai parlé en première portion de l'intervention de
l'importance du contrôle des dépenses. J'ai
aussi mentionné des éléments importants au niveau de l'infrastructure. Permettez-moi
de continuer en disant et en réitérant
l'importance de contrôler les dépenses du gouvernement. Mon collègue de
La Prairie en a parlé au niveau de la révision des programmes, un élément important qu'on a apporté au
gouvernement, et c'est ce qui nous a permis aussi de bien saisir l'ampleur aussi du contrôle des
dépenses que nous devions faire et résorber le déficit qui nous avait été
laissé par l'ancien gouvernement. Donc, on a, pour une deuxième année
consécutive, M. le Président, atteint l'équilibre budgétaire, et c'est, entre
autres, par notre grande volonté de vouloir contrôler les dépenses.
La majorité
des efforts ont été effectués de notre côté, du côté gouvernemental, pour bien
regarder et bien cibler les éléments à apporter. Entre autres, lorsqu'on
pense au contrôle des dépenses, c'est sûr et certain qu'on pense aussi à l'aspect des effectifs, étant donné qu'environ...
la fonction publique représente 40 milliards au niveau des dépenses
en rémunération, alors qu'on a des dépenses globales de 100 milliards.
Donc, c'est quand même un élément important, M.
le Président, vous en conviendrez. Donc, on a des cibles année après année pour
diminuer les... la volonté de réduire les effectifs, là, donc j'aimerais peut-être... Parce qu'après je vais
pouvoir parler de la Loi sur la gestion et le contrôle des effectifs qui a été mise en place le
5 décembre 2014 par notre gouvernement. J'aimerais que soit le
président du Conseil du trésor ou son
équipe du Conseil du trésor nous explique la différence entre les heures
rémunérées et les ETC, et par la suite je vais continuer avec une
question, ultérieurement. Merci.
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M. Leitão : Très bien. Alors, la
question était les heures rémunérées et? Je n'ai pas...
M. Habel : La différence entre les
heures rémunérées et les ETC, là, les équivalents de temps complet.
M. Leitão : Ah! d'accord.
M.
Habel : Juste pour permettre aux gens de bien comprendre pour, par la
suite, poser ma deuxième question.
M.
Leitão : D'accord. Alors, juste d'une façon générale, bien sûr, quand
on regarde les effectifs, il faut qu'on puisse comparer d'une année à l'autre, qu'on puisse comparer aussi avec
d'autres institutions. On va toujours le faire sur une base égale. Donc,
c'est pour ça qu'on fait ça en équivalents temps complet, parce que, bien sûr,
il y a beaucoup d'employés qui ne travaillent
pas... qui n'ont pas une semaine de travail, disons, régulière. Donc, pour
qu'on puisse bien gérer ça, il faut
traduire tout ça en équivalents temps complet plutôt que juste de le faire par
tête de pipe. Alors, c'est pour ça qu'on utilise ces conventions-là.
Peut-être, M. Ouellet, vous pourriez donner un
peu plus d'explications au collègue?
Le Président (M. Bernier) :
Consentement pour que M. Ouellet puisse prendre la parole?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Bernier) :
Consentement. Allez-y, M. Ouellet, on vous écoute.
M. Ouellet
(Yves) : M. le Président, peut-être pour compléter
l'explication du président du Conseil du trésor. Effectivement, il y a un concept avec le nombre d'individus, ça, c'est
le nombre d'employés. Ça, c'est une chose. Pour les mettre sur une base comparable, effectivement, on
transpose ça en ce qu'on appelle l'équivalent temps complet, qui est un
paramètre qui nous permet de normaliser parmi l'occupation du temps des
différents individus.
Puis l'autre concept, évidemment, qui est un peu
le corollaire, c'est les heures rémunérées, c'est un peu la même chose. Ce qu'on fait, c'est qu'on prend le
nombre d'heures qui est fait par les employés, donc ça nous permet
d'avoir un total qui nous montre c'est quoi,
la charge de travail ou l'offre de travail qui est fait par les employés, puis
on transpose tout ça en équivalents temps complet, à des fins de
comparaison.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. le député de Sainte-Rose.
M. Habel :
Oui, M. le Président. Donc, si on revient le 5 décembre 2014,
l'ancien ministre puis président du Conseil du trésor, le
5 décembre 2014, a instauré la Loi sur la gestion et le contrôle des
effectifs des ministères, des organismes,
des réseaux du secteur public et des sociétés d'État. Puis c'est quand même
quelque chose qui était important, M.
le Président, parce qu'avant cette loi-là on avait de la difficulté à
déterminer le nombre d'heures rémunérées et le nombre d'ETC dans le dénombrement des effectifs des
organismes publics. Alors, maintenant — j'ai quelque chose que j'ai été chercher sur le site tresor.gouv.qc.ca — on
l'a, cette information-là, M. le Président, et ça nous permet de constater l'ensemble des heures ETC et l'ensemble des heures
rémunérées, ce qui est, à mon sens, quelque
chose de très intéressant pour
bien apporter une prévisibilité aussi au niveau des programmes.
En 2013-2014, si on
regarde la gestion des effectifs, les heures rémunérées transposées en ETC, on
est passés de 69 000 en 2014-2015
à 68 104, et les cibles de 2015-2016 étaient à 65 836. J'aimerais savoir du ministre,
M. le Président, quels sont...
la stratégie 2016-2017 au niveau des effectifs du gouvernement.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Très bien.
Merci beaucoup. Alors, si je peux peut-être emprunter — merci — les
documents de notre collègue ici,
alors il y a deux choses que j'aimerais souligner ici.
D'abord, il y a les cibles, donc les cibles d'effectif que
nous nous sommes données. Et ces cibles-là
sont donc des cibles d'une façon à ce qu'on puisse atteindre nos cibles de
dépenses. Et puis il y a, là, ce qui est vraiment arrivé, donc le résultat final. Alors, pour
l'année 2014-2015, la cible était à 68 104. Mais, en réalité, nous avons quand même
réussi à avoir un résultat final qui est moins élevé que la cible que nous
nous étions donnée. Pour 2015-2016,
c'était un peu le même pattern, dans le sens où on a vraiment
réussi à atteindre notre... à faire mieux, si on veut, que notre cible,
qui était de 68 150, et où le résultat réel était de 65 836.
Alors,
pour 2016-2017, pour cette année, notre cible va être de
66 942, donc légèrement
supérieure aux résultats réels de
l'année passée, mais inférieure à la cible qu'on s'était donnée. Il faut
prendre en considération que les résultats réels de l'année passée étaient aussi influencés en partie — en partie — par un départ de personnes à la retraite un
peu plus élevé que ce qu'on avait anticipé. C'est pour ça qu'on avait,
si on veut, fait mieux que la cible.
Mais
donc ce qu'on remarque, et vous aviez mentionné l'année 2013-2014, et
c'est très bien, donc avant notre arrivée, ce qu'on remarque, c'est
qu'il y avait une augmentation constante, donc, des heures rémunérées, donc des
personnes à l'emploi du gouvernement, et
qu'à partir de 2014-2015 nous avons réussi à renverser cette tendance-là.
Et là, maintenant, ce sont trois années de suite où cela diminue. Et ça, ça
fait partie... ce n'est pas le seul moyen, mais c'est un moyen très important
dans notre processus de retour à l'équilibre budgétaire.
Le Président (M.
Bernier) : ...
• (19 h 40) •
M.
Habel : Merci, M. le Président. Puis, lorsqu'on parle de contrôle des
effectifs, là — je tiens
à m'adresser aussi aux citoyens,
là — on
prend, par exemple... Moi, j'étais dans la Commission de la santé et des
services sociaux, puis on avait
établi le projet de loi n° 10 et le projet de loi n° 20. Donc, le
projet de loi n° 10, qui était une réduction, en quelque sorte, de la bureaucratie, on est passés de trois
paliers à deux paliers hiérarchiques et on est passés de 182 structures à
une trentaine de structures, soit des
centres intégrés de santé et de services sociaux et des centres intégrés
universitaires de santé et de
services sociaux. On a un contrôle des effectifs aussi qui... — et le ministre pourra aussi développer par
la suite s'il le désire — on a un contrôle des effectifs aussi qui est
dans une optique d'optimisation. Je pense, entre autres, à la fusion de la Régie des rentes et de la CARRA, qui
a été une optimisation des ressources. Donc, quand on diminue le nombre d'ETC ou d'heures rémunérées, ça ne veut pas dire
qu'on attaque directement les services, là. Au contraire, on se permet
de se dégager des marges de manoeuvre pour donner de l'argent supplémentaire à
des postes budgétaires importants.
Dans
le dénombrement des effectifs des organismes, qui comprend, entre autres, les
ministères et les organismes budgétaires,
les commissions scolaires, les cégeps, l'Université du Québec, les centres
intégrés universitaires de santé et de services
sociaux et les entreprises du gouvernement, lorsque vous avez eu la cible de
réduction, M. le ministre, qui a diminué d'année en année, quelle sorte
d'optimisation autre avez-vous pu remarquer à part les éléments que j'ai
mentionnés?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Oui. Et c'est très... Mais, merci, c'est très important,
parce que ce que nous avons... N'oublions pas que nous avons la fonction
publique, donc des employés des ministères du gouvernement, mais nous avons
aussi tous les autres organismes et réseaux,
qui d'ailleurs, en termes de personnel, sont beaucoup plus... c'est beaucoup
plus important en termes de nombre que juste les employés directs du
gouvernement.
Alors
donc, notre stratégie, en fin de compte, c'est une stratégie qui nous permet et
qui nous permettra... et elle nous permet
déjà de mieux réassigner nos ressources humaines, et ça s'insère aussi dans le
processus de révision permanente de programmes. Parce que, comme,
écoutez, d'une façon générale, bon, il y a 500 000 personnes, plus ou
moins, là, qui travaillent pour l'État, directement ou indirectement, dans les
réseaux et autres organismes, et donc il y a un certain nombre important de personnes qui, à chaque année, quittent l'emploi de
l'État pour passer à la retraite ou faire d'autres choses, donc ça nous donne quand même une certaine
marge de manoeuvre pour pouvoir réassigner nos employés dans d'autres domaines que nous jugeons être plus
pertinents et plus importants pour l'État. Alors, avec les mesures que
nous nous sommes données à partir de 2014 en termes de dénombrement des
effectifs et en termes de notre capacité de réassigner les personnes, on
réussira non seulement à atteindre nos cibles d'employés, mais à mieux les
utiliser en les réassignant à d'autres tâches que nous jugeons plus
importantes. Et, en faisant tout ça, ça nous permet d'atteindre et puis
maintenir l'équilibre budgétaire.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Sainte-Rose.
M.
Habel : Puis merci, M. le ministre et le président du Conseil du
trésor. Il y a un aspect aussi que vous avez abordé, c'est l'aspect de la productivité, puis je pense que je peux le
rattacher aussi au projet de loi n° 20 qu'on a déposé, en tant que gouvernement,
lorsqu'on a conclu une entente avec la FMOQ en leur demandant de prendre plus
de patients. Et, lorsqu'on a conclu
cette entente-là, on leur a dit : Prenez en charge plus de patients, tout
en mettant un taux d'assiduité qui
est de 80 %. Et actuellement les citoyens peuvent aller sur le site
gamf.gouv. qc.ca pour enfin avoir un médecin de famille. Notre horizon
est d'en avoir... 85 % des Québécois aient un médecin de famille d'ici le
31 mars 2017. Alors, il y a aussi
cet aspect-là de productivité qu'on peut ajouter, en termes de productivité,
d'efficience, au niveau des effectifs.
Alors,
parlant d'efficience, on a instauré, le 5 décembre 2014, la loi sur
la gestion et le contrôle des effectifs des ministres, des organismes et du réseau du secteur public. J'aimerais
savoir quel est l'aspect bénéfique que vous avez pu entreprendre avec cette loi-là et aussi en
termes... — parce
que vous êtes un économiste et moi, un comptable — l'aspect
prévisionnel aussi, que ça vous a permis de connaître le nombre d'effectifs
dans vos organismes publics.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Le grand avantage, donc,
d'avoir passé cette loi, c'est l'information que ça nous donne. C'est la première fois, et ça, quand je suis arrivé au
gouvernement, j'ai trouvé ça vraiment très surprenant qu'on n'avait pas
le portrait réel de nos employés. Encore une
fois, au sens large, incluant les réseaux éducation, santé, on n'avait pas le
portrait réel, donc on devait faire nos
prévisions budgétaires basées sur des estimations du passé. Et donc ce n'était
pas toujours optimal de faire ces
choses-là, parce que l'information nous arrivait au compte-gouttes et pas mal
plus tard. Alors, avec ça, maintenant
c'est beaucoup plus prévisible, c'est beaucoup plus facile à prévoir, parce que, là, nous avons
l'information presque en temps réel. Nous savons exactement combien de
personnes sont à l'emploi de l'État et donc, quand on veut planifier nos ressources humaines pour l'année
prochaine et les années suivantes, nous le faisons sur une base qui est
réelle, plutôt qu'une base d'estimés, une
base qui pourrait s'avérer un peu loin de la réalité. Donc, c'est beaucoup plus
efficace, comme outil de gestion.
Et juste pour mentionner que... Par exemple, on
a parlé tantôt de gestion des effectifs. Alors, notre cible pour 2016-2017, les
fameux 66 942, en fin de compte, cette cible ramènera, nous, nos
niveaux d'effectifs au niveau de 2011-2012. Donc, il y avait eu par la suite,
après 2011-2012, peut-être un flottement qui avait mené à une hausse des effectifs. Malgré les départs à la retraite, il y
avait eu une hausse importante d'effectifs, et là, maintenant, nous allons
revenir, donc, en 2016-2017, à la fin de
cette année, au niveau qu'on avait en 2011-2012. Donc, il y a vraiment un
effort important de rationalisation et de contenir les dépenses
publiques.
Mais, tout
ça, j'aimerais aussi le souligner, tout ça, quand on compare à ce qui se fait
chez nos voisins par exemple, on voit
que, quand même, notre effort, il est important, oui, mais il n'est pas hors
proportion. Donc, encore une fois, on n'est pas en train de démolir et de détruire ou je ne sais pas trop quoi. Par
exemple, pour l'année passée, 2015-2016, l'année qui vient de terminer, la croissance des dépenses
consolidées, quand on prend toutes les dépenses, incluant organismes et réseaux,
c'est à 2,5 % d'augmentation au Québec.
C'était 2,2 % en Ontario. Donc, c'est vraiment... c'est quand même
significatif.
Et surtout,
l'année prochaine, donc... enfin cette année, l'année 2016-2017, nous, les
dépenses, encore une fois, totales,
consolidées, incluant organismes et réseaux, il y aura une augmentation de
2,4 %, donc, 2,5 %, 2,4 %, pendant que, l'Ontario, ça va
aller à seulement 1 % d'augmentation l'année prochaine. Donc, c'est un
effort qu'ils doivent faire, beaucoup plus significatif que le nôtre. Pourquoi?
En grande partie parce qu'ils n'ont pas encore été capables de maîtriser leur budget, ils sont encore en déficit.
Ça leur prend beaucoup de temps pour revenir à l'équilibre et donc ça
leur prend une politique de gestion de dépenses qui est pas mal plus rigoureuse
et pas mal plus... — est-ce
que je vais oser prononcer le nom, M. le Président? — pas
mal plus austère que la nôtre.
Le Président (M. Bernier) :
Vous osez.
M. Leitão : Je peux oser. Merci.
M. Habel : Bien, merci, M. le
ministre.
Le Président (M. Bernier) :
Il vous reste environ deux minutes.
M. Habel : Deux minutes? Ah! Bien,
simplement pour peut-être dire que, finalement — je l'avais dit
ultérieurement, dans l'ancien bloc — on a été capables de
s'entendre, moi et le ministre, malgré le fait que je suis un comptable et lui, un économiste. Il parlait de la
croissance des dépenses, puis je trouve qu'il a touché un point qui
était très important, parce que je voulais
juste mentionner, M. le Président, que, sous l'ancienne législature, dans le
budget 2013-2014, la croissance
des dépenses avait été de 3,3 %, mais on avait eu un déficit budgétaire,
alors qu'en ce moment on présente une
croissance des dépenses qui est de 2,7 % et on a atteint l'équilibre
budgétaire. Comme quoi la révision des programmes, dont mon collègue de La Prairie a parlé,
comme quoi la gestion rigoureuse du contrôle des effectifs... ou la gestion et
le contrôle des effectifs sont des éléments qui sont essentiels pour atteindre
un équilibre budgétaire tout en maintenant une productivité et en investissant
aussi dans les programmes d'infrastructure, comme ma première question était,
M. le Président.
Alors, je crois qu'il ne nous reste que quelques
secondes...
Le Président (M. Bernier) :
Bien, je vais permettre au ministre de...
M. Habel : Peut-être élaborer?
Le Président (M. Bernier) :
...de passer un dernier commentaire. Vous êtes tellement factuel, comme
comptable, par rapport à vos données. Je pense que ça serait intéressant de
commenter.
• (19 h 50) •
M. Leitão :
Oui, pour réitérer, M. le Président, qu'un des moyens... loin d'être le seul,
mais un des moyens importants dans notre plan de retour à l'équilibre et puis
de demeurer à l'équilibre budgétaire, c'est cet aspect d'une meilleure gestion
des ressources humaines du gouvernement, basée sur de l'information plus solide
et surtout de l'information qui nous arrive plus rapidement. C'était quand même
important pour nous de passer cette loi au tout début, en 2014, pour nous assurer que nous avons un portrait beaucoup plus fiable de nos ressources humaines. Et
nous l'avons régulièrement. On a cette information-là maintenant. On l'a à
chaque mois, donc presque en temps réel. Et c'était
essentiel pour nous de faire ça. Ça n'avait pas été fait avant, ce qui peut
paraître surprenant pour plusieurs
personnes, mais maintenant on l'a, et donc c'est très utile. Voilà.
Ah!
et aussi, excusez-moi, ça nous a permis de mener à bon terme les négociations avec le front commun, avec nos employés. Parce que, quand on a la bonne information, la vraie information, le processus des négociations est bien
sûr beaucoup plus facile. Et je tiens à féliciter mon collègue
le député de Nelligan, qui était président du Conseil du trésor à l'époque, pour avoir mené cet
exercice à bon port.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le ministre. Nous allons aller du côté de l'opposition officielle. M. le
député de Gaspé. Un petit verre d'eau pour commencer.
M. Lelièvre :
Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bernier) : Allez-y. Le bloc est à vous.
M. Lelièvre :
Vous me prenez à un mauvais moment. On va essayer d'avaler.
J'aimerais poursuivre
sur un sujet qui semble retenir beaucoup l'attention de mes collègues d'en
face. Donc, on pourrait poursuivre un peu les échanges sur les immobilisations,
les infrastructures et ce qu'on appelle l'équité interrégionale. Tantôt, bon, on a eu l'occasion d'échanger sur le sujet.
Ce que j'aimerais soumettre au ministre présentement,
c'est... Bon, si je me souviens bien, le ministre
nous a donné notamment comme critère qui guidait la répartition des
sommes dans les budgets d'infrastructure du gouvernement le per capita, hein, la population, qui est un critère qui est légitime en soi. On a également parlé, bon, de l'état des infrastructures, de la quantité d'infrastructures, ce qui est également très
pertinent. J'aimerais sensibiliser le ministre,
peut-être, à d'autres dimensions qui pourraient inspirer le
ministre dans l'attribution des budgets dans le futur. Ces autres critères sont... Puis
tout ça est basé sur le principe de l'équité, hein? L'équité, oui, elle peut se retrouver au niveau populationnel, per
capita, mais elle peut se retrouver également à d'autres niveaux. Puis, pour moi puis pour d'autres députés représentant notamment des régions ressources, je considère que
la question de ce qu'on appelle les conditions de base
au développement...
Vous
savez, pour qu'une région puisse prendre en main son développement, ça lui prend des conditions de base, là. Les transports sont l'une des premières conditions de base. Les communications, les équipements et les services de santé, les services d'éducation, ce sont pas mal
les quatre critères de base qui sont retenus. Mais de loin la notion de
transport est une des conditions de base au développement. Ça, c'est
indéniable.
Je
pourrais profiter de l'occasion pour faire un peu le portrait... Par exemple, dans la région de la Gaspésie, et c'est la même chose pour l'Abitibi,
pour la Côte-Nord, la Basse-Côte-Nord, ces régions-là sont aux prises avec des
problèmes de non-accessibilité aux services aériens. Pourquoi? Bien, c'est que
souvent les compagnies aériennes sont implantées dans les régions, mais malheureusement les coûts sont prohibitifs. Je
vous donne un exemple. Un citoyen est venu me voir à mon bureau après les fêtes et il a dû prendre
l'avion de façon urgente pour des raisons de santé. Il m'a montré le coût
de son billet d'avion : 1 640
quelques dollars pour un aller-retour Gaspé-Québec, pour des soins de santé.
Donc, ce n'est pas un luxe, là. Ce
n'est pas pour aller dans le Sud, c'est juste pour aller de Gaspé à Québec,
aller-retour, pour des services de santé.
Donc, ça démontre toute l'importance, là, pour que le gouvernement s'attarde et
se donne une vision au niveau des transports, mais notamment de la
question du transport aérien dans les régions.
Quand on parle d'attribution de budget au niveau
des infrastructures, où je veux en venir, c'est que les infrastructures de transport aérien sont importantes, les infrastructures
de transport ferroviaire, le train, c'est important, le réseau routier également. Donc, à ce niveau-là, quand on regarde
la répartition du budget des infrastructures, pour les infrastructures
de moins de 50 millions, ce qu'on
n'appelle pas les infrastructures supérieures mais les infrastructures tout
court, majeures, on retrouve, par
exemple, un pourcentage pour notre métropole et notre Capitale, un total de
33 % de la population qui se retrouve
à Montréal et à Québec, mais avec une attribution de 45 % du budget
d'infrastructure. C'est carrément les chiffres tirés du budget, là. Donc, il y a un différentiel de 24 %, presque
le quart d'attribution de budget supplémentaire à la région
métropolitaine et à la région de la Capitale, si on se base sur le per capita.
Bien,
s'il y en a 25 % de plus d'alloué à deux régions, c'est clair qu'il y a
d'autres régions qui vont en avoir moins. C'est une règle de trois, hein? Donc, les grands perdants : la
région de Laval — puis là
je ne parle pas des régions éloignées, là,
je parle même des régions, hein, non éloignées. Laval a 5,1 % du budget du
Québec... de la population du Québec, je m'excuse, mais ils ont 2,7 % des investissements, à peine 50 %
de leur per capita. La région des Laurentides, avec 7,1 % du budget... de la population, ils ont 3,6 % des
investissements. Encore là, à peine la moitié. La Montérégie, 18,4 % de
la population, 9,5 % des budgets.
Encore là, à peu près la moitié. Je pourrais continuer :
Chaudière-Appalaches, Lanaudière, l'Outaouais, ce sont toutes des
régions qui n'ont pas le pourcentage qui leur devrait être attribué en fonction
de la dimension démographique que le
ministre, tantôt, nous citait comme un des premiers critères qui sert à la
répartition des enveloppes.
Si
on regarde maintenant les projets majeurs dans le budget du gouvernement du
Québec 2016-2017, on parle de projets d'infrastructure supérieurs à
50 millions. Dans les deux régions de la Capitale et de la métropole, on
retrouve 22 projets majeurs, parce qu'il y a
une énumération, et 11 projets dans les autres régions. Donc, 66 %,
les deux tiers des projets majeurs se retrouvent dans deux régions, et
le tiers, dans les 15 autres régions sur 17.
Donc, je veux juste sensibiliser le ministre à
l'importance de ce qu'on appelle l'équité, hein, puis la notion de conditions
de base au développement. Puis, notamment, si je prends l'exemple de la région
de la Gaspésie et des Îles, par exemple, il
y a des investissements qui sont requis, notamment au niveau du chemin de fer.
Ça fait quand même tout près de deux ans que la région revendique une
aide gouvernementale pour remettre à niveau le chemin de fer pour le transport des personnes et des marchandises. On
parle d'investissement de plusieurs dizaines de millions de dollars,
ça, j'en conviens. Ça peut se faire par
étapes, on peut se donner des phases. Mais, depuis un an, le gouvernement du
Québec a acheté le chemin de fer Matapédia-Gaspé, 350 kilomètres de chemin
de fer qui est dans un état de détérioration assez avancé, notamment au niveau
des ponts. Les ponts ferroviaires nécessitent des investissements. Et, pour des
raisons de sécurité, le transport des personnes et des marchandises est
interrompu depuis près de trois ans.
Ma question précise au ministre : Les
budgets qui seraient requis pour mettre à niveau le chemin de fer entre Matapédia et Gaspé, on parle entre 40 et
70 millions de dollars, dépendamment des scénarios qui seront retenus,
est-ce que ces budgets-là vont être
au rendez-vous? Est-ce qu'il y a un plan d'action pour permettre à la région de
la Gaspésie d'assurer le transport des personnes et des marchandises?
Puis je
rappelle au ministre que le gouvernement, Transports Québec est propriétaire du
chemin de fer, a acquis pour
3,9 millions un rail qui, à son coût de démolition, vaut tout près de
15 millions de dollars. Donc, c'est une excellente affaire. Le gouvernement du Québec a acquis un
actif de 15 à 20 millions pour 3,9 millions, mais malheureusement,
depuis un an, il ne se passe absolument
rien. Aucun investissement, pas un sou n'a été investi sur le chemin de fer.
Est-ce qu'on pourrait avoir
l'orientation du ministre sur le projet notamment du chemin de fer gaspésien,
qui attend depuis un an et qui est votre propriété?
Puis
j'aimerais aussi entendre le ministre sur la question du transport aérien dans
les régions. Est-ce qu'il y a une vision?
Est-ce qu'il y a un plan? Est-ce qu'il y a quelque chose pour briser la
situation, là, qui... On dit, en région, nous, sans méchanceté, que les seuls qui peuvent prendre
l'avion dans les régions, c'est les fonctionnaires, parce que c'est l'État
qui paie leur billet, qui le paie très, très
bien. Donc, les gens d'affaires ne peuvent pas, les touristes ne peuvent pas,
puis encore moins M. et Mme Tout-le-monde.
Donc, dans
une période où le temps de déplacement est extrêmement important, où on parle
de régions touristiques, ce serait
intéressant de pouvoir rendre accessible en 2016 le service aérien dans les
régions dites éloignées. Donc, c'est un grand préambule, M. le ministre,
mais c'est une question qui m'apparaît extrêmement importante.
Le Président (M. Bernier) : Merci,
M. le député. M. le ministre, la parole est à vous.
• (20 heures) •
M.
Leitão : Merci. En effet, c'est une question importante. Pour ce qui
est du transport aérien, comme vous savez, c'est de juridiction fédérale, tant au niveau des aéroports que de la
réglementation de l'industrie. Ça ne veut pas dire que le gouvernement
du Québec n'a pas un rôle à jouer, bien sûr qu'on a un rôle à jouer. Mais ce
rôle-là... Je vous conseille de poser ces
questions-là, ainsi que pour les autres aspects de chemin de fer et autres, au
ministre du Transport. Donc, c'est au ministère des Transports d'établir
ses priorités, d'établir sa feuille de route dans ce domaine-là.
Oui, nous avons acheté, nous, le gouvernement,
le chemin de fer de la Gaspésie. Ce n'est certainement pas pour le laisser à l'abandon. Nous l'avons fait
pour, comme vous le savez très bien, une partie... le premier tiers,
c'était absolument nécessaire de le préserver parce qu'il y a encore du
transport de marchandises qui se fait. Les deux autres morceaux... Le dernier morceau, il a un aspect, un attrait touristique
très important, et je pense que ça peut aussi fonctionner à court terme. Pour ce qui est du morceau du
milieu, qui est certainement le plus important aussi pour lier les deux
autres morceaux, bon, je ne peux pas vous
donner toute l'information, je ne l'ai pas avec moi. Ça sera au ministre des Transports de vous fournir ces informations plus précises. À
quelle étape de leur planification est-ce
qu'ils se situent?
Franchement, je n'ai pas cette information
ici, et ce n'est pas vraiment au Conseil
du trésor qu'on a cette information-là. L'initiative doit
venir du ministre sectoriel en question, donc le ministère des Transports.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Gaspé.
M. Lelièvre : Oui, merci,
M. le Président. Je remercie le ministre
pour ses réponses. Du côté transport aérien, oui, c'est vrai que les aéroports... le transport
aérien est de juridiction fédérale, mais le gouvernement du Québec, à plusieurs reprises dans le passé, s'est
impliqué au niveau de politiques de transport aérien. Et, notamment
sous un gouvernement libéral, il n'y
a pas tellement longtemps,
avec un ex-titulaire du poste de ministre
des Transports, j'avais eu l'occasion
de négocier, comme représentant des régions dans d'autres fonctions, une
entente où le gouvernement du Québec venait comme
partenaire avec des régions pour la mise en place de transporteurs régionaux.
Donc, la dimension sécurité transports, effectivement, relève de Transports Canada et de Nav Canada, mais toute la dimension économique, l'implantation
d'une ligne par une compagnie privée, elle,
souvent, a fait l'objet, là, d'interventions du gouvernement du Québec. Donc, à ce niveau-là, il y a quand même des
pistes à explorer.
Si on reste dans le domaine aérien, bon, on
pourrait en discuter longtemps, mais je comprends qu'on va clore pour l'instant le dossier à ce niveau-là, mais il y a un élément du transport aérien qui touche directement le gouvernement du Québec comme client majeur. Vous savez, plusieurs
régions ont tenté de mettre en place des transporteurs régionaux pour
briser les monopoles qui, souvent, malheureusement, existent dans les régions
au niveau du transport. Donc, souvent, on assiste à la mise en place d'un transporteur
aérien de plus petit niveau, régional, et la plupart du temps les
expériences se sont soldées par des échecs.
Parce que, vous savez, comme je le disais tout à l'heure, le plus grand client, c'est souvent l'État, hein, via ses
fonctionnaires, via ses ressources professionnelles, et on est aux prises avec
une compétition qui est assez
virulente. Puis moi, j'ai été en mesure de le constater à quelques reprises pour avoir essayé avec d'autres partenaires d'implanter des
services à moindre coût.
Vous savez,
j'aimerais savoir si le gouvernement
du Québec a évalué la possibilité, par exemple, d'achat de billets par du volume. Au lieu d'acheter des billets individuellement, est-ce que l'État a déjà évalué le gain par un achat
regroupé de billets pour son personnel? Et
l'autre élément : Est-ce que le gouvernement a évalué... puis là c'est le Conseil du trésor parce que les sous viennent de chez
vous pour être distribués dans l'ensemble des fonctionnements des ministères,
est-ce que vous avez évalué le coût de
revient de ce qu'on appelle les systèmes de fidélisation de la clientèle, les
fameux Aéroplan, les fameux Air
Miles, qui sont un des plus grands compétiteurs aux initiatives de mise en
place de transporteurs régionaux dans
les régions qui pourraient faire baisser beaucoup les prix? Mais
malheureusement, la masse critique, la base, la clientèle étant souvent
les travailleurs de l'État, souvent on se ramasse dans des situations
où le gouvernement va choisir d'acheter un billet à 1 000 $
parce que c'est plus avantageux au niveau du système, par exemple, d'Aéroplan
que de l'acheter d'un transporteur régional, qui va être à 500 $,
mais, lui, qui n'en donne pas, de fameux Aéroplan. Je n'invente pas la roue
aujourd'hui, ça a déjà été évoqué comme problématique. Et je pense qu'il y a
une source... Vous semblez beaucoup préoccupé
par l'économie, par le redressement des finances publiques. Je pense qu'il y
aurait une bonne piste à explorer, puis
en même temps peut-être que ça enlèverait une entrave à la mise en place, à
l'implantation de compétition en région.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão :
Bien, à ce que je sache, M. le Président, de telles études ou de telles
approches ne font pas partie de nos priorités.
Encore une fois, on verra avec le ministère des Transports s'ils ont des plans
dans cette direction-là. Mais, nous, de notre côté, en termes d'approche ou de politique pour contrôle des
dépenses, contrôle des coûts, ce qu'on favorise de plus en plus, c'est
de diminuer le déplacement de nos employés en région, en région et partout,
avec les développements des nouvelles
technologies, avec les visioconférences,
qui deviennent de plus en plus efficaces et utiles. Donc, nous, d'un point
de vue de contrôle budgétaire, contrôle de dépenses, l'effort est surtout dans
la minimisation des déplacements de nos employés.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Lelièvre : Merci,
M. le Président. Là, M. le ministre, je suis un peu moins satisfait de votre réponse, là. Vous pouvez passer la balle à d'autres ministres
quand c'est possible, mais là on parle... Vous êtes bien le président du Conseil du trésor,
assermenté depuis aujourd'hui — je parle de dépenses de l'État — qui
attribue des budgets de fonctionnement à l'ensemble des ministères
du gouvernement. À ce que je sache, ça relève de chez vous. La question que je
vous ai posée : Est-ce qu'il y a une directive, est-ce
qu'il y a une évaluation
qui a été faite pour diminuer ces coûts exorbitants qui sont défrayés à partir des crédits que le Trésor
alloue à chaque ministère et non pas seulement au ministère
des Transports?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Les directives qu'il y a, elles sont très
claires, émanant du Conseil du trésor, c'est, comme je viens de vous dire, de
minimiser les déplacements. C'est de cette façon-là que nous allons avoir une
influence directe sur les dépenses des
différents ministères. Donc, on n'est pas dans un scénario d'achats
regroupés comme vous avez mentionné, mais
plutôt dans un scénario de réduction, de diminution, de minimisation des
déplacements. C'est ça, notre approche.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Gaspé.
M. Lelièvre : Vous dites que vous n'êtes que le Conseil exécutif, que le gouvernement du
Québec n'est pas dans un scénario pour envisager un achat regroupé ou pour
remettre en question la façon de faire du transport aérien. Mais,
avec toutes les coupures, hein, qui ont été
effectuées dans différents domaines dans les deux dernières années, avec tous
les organismes, tous les ajouts de frais, de taxes, de tarifs supplémentaires, vous ne pensez pas qu'on aurait pu regarder, comme gouvernement, d'abord où on peut sauver avant d'appliquer des dépenses
dans l'ensemble de la société, comme ça a été fait dans les deux dernières années? Je comprends que ça n'a pas été fait, mais est-ce
que vous voyez un intérêt? Est-ce que vous pensez que ça peut avoir du bon sens de regarder
cette piste-là? Il y a quand même une économie appréciable, là, je suis
convaincu.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : En effet, nous
regardons toujours des façons de minimiser nos coûts. Et, dans cet aspect très,
très précis de déplacements des employés,
l'approche, c'est de minimiser les déplacements et, jusqu'à maintenant, c'est une approche qui
fonctionne quand même assez bien. Mais, si vous revenez à l'aspect de développement économique régional, je pense
qu'il y en a bien d'autres, moyens, bien d'autres activités que nous faisons, que
ce soit dans le cadre du Plan Nord, que ce
soit dans le cadre de la Stratégie maritime, où notre engagement dans le
développement des régions est très concret, est très efficace.
Un des problèmes, comme j'ai dit au
tout début... je ne me rappelle pas si c'était ici ou dans une autre
commission, je m'excuse, mais un des
problèmes des économies régionales, c'est le cycle économique, c'est le fait
que les prix des matières premières,
que ce soient les minerais, que ce soient les produits forestiers, que ces
prix-là soient là où ils sont, ce qui décourage beaucoup
l'investissement. Donc, ça, c'est le problème principal des régions. Et c'est
dans le cadre, justement, du Plan Nord, il y
a quand même des montants substantiels, je pense que c'est aux alentours de
475 millions juste pour cette année, en
termes d'infrastructures qui, justement, ne rentrent pas dans le PQI, mais
d'infrastructures de support à l'activité économique dans le Nord-du-Québec
et...
Le Président
(M. Bernier) : Merci. Merci, M. le ministre, il reste deux
minutes, je vais permettre au député de Gaspé de vous poser une autre question.
M. Leitão :
Certainement.
M. Lelièvre :
J'aimerais revenir sur la répartition des budgets d'immobilisations. Il y a 25 %
d'écart entre les budgets qui sont alloués
per capita à la Capitale et à la métropole. Ce 25 % là ne se retrouve
pas ailleurs dans les 15 autres régions,
c'est clair. Même la région de Laval perd tout près de la moitié de ce qu'elle
aurait droit en per capita. Est-ce qu'il
y a des critères existants au Conseil du trésor pour la répartition des budgets
autres que l'aspect démographique et l'état
des infrastructures? Parce que l'état des infrastructures ne jouera jamais pour
les régions, on n'a même pas encore accès à ces infrastructures majeures
là, puis, au niveau démographique, malheureusement, c'est en baisse depuis des décennies. Donc, qu'est-ce que le gouvernement
peut mettre en place pour tenir compte des besoins des régions autres
que la Capitale et la métropole, en termes d'infrastructures, pour avoir les
budgets adéquats?
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
• (20 h 10) •
M. Leitão :
M. le Président, c'est très important, la question du collègue. Merci de revenir sur ce sujet-là
parce que je voulais le préciser, puis ça m'a un peu passé.
Le
poids démographique n'est pas un critère. Ça veut dire : le PQI n'est pas
attribué à telle région, à telle région, à telle région selon son poids
démographique. Ce qui est important, c'est donc l'existence d'infrastructures
qu'il faut moderniser. L'aspect sécurité,
l'aspect vétusté de cet actif-là, de cette infrastructure-là, ça, ce sont
les principaux critères. L'aspect
démographique, c'est pour pouvoir avoir un élément de comparaison, mais ça ne
pourrait pas se faire, ça serait impossible
d'établir un plan d'infrastructures en disant que, bon, ça va être exactement
30,7 % à Montréal, ou 2,3 %
dans le Nord-du-Québec, ou 2,8 % dans Lanaudière.
Ça ne peut pas se faire comme ça. Donc, le poids démographique n'est pas
un critère de sélection. Le critère de
sélection, c'est le besoin en infrastructures, donc, la vétusté de l'équipement
et sa sécurité. Ce sont ces critères ainsi que l'intérêt pour le
développement économique du Québec qui priment. L'aspect démographique, c'est
juste pour pouvoir fournir un moyen de comparaison, c'est tout.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le ministre. Nous
allons donc retourner du côté gouvernemental, et je vais donner la
parole au député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Merci, M. le Président. Si vous permettez, M. le Président, je vais aborder
avec le ministre une question d'actualité...
pas juste d'actualité, là, mais qui concerne le Québec depuis déjà quelques
années. Une des recommandations de la
commission Charbonneau, M. le Président, était la mise en place d'une
institution, l'Autorité des marchés publics, l'AMP. Hier... enfin hier ou avant-hier, si je ne me trompe pas, il y a
eu une conférence de presse à Montréal, un ancien collègue de l'Assemblée nationale qui s'associe à
une initiative citoyenne et se propose de faire un suivi des différentes
recommandations de la commission
Charbonneau. Ceci dit, j'aimerais dire qu'une des recommandations de la
commission Charbonneau, c'est sur ce
point-là que je vais interpeller le ministre, c'est la création d'une autorité
des marchés publics.
Je
vais revenir en arrière, si vous le permettez, M. le Président. Le
24 novembre dernier, lorsque le rapport a été rendu public, une des premières recommandations de
la commission Charbonneau était justement la mise en place de cette instance, notamment à cause de certaines failles
du système, et je vais vous en énumérer quelques-unes, parce que je pense
que c'est important pour le citoyen qui nous écoute, et bien sûr pour le
ministre, mais surtout pour les citoyens, de comprendre
le contexte dans lequel cette recommandation-là spécifique a été formulée. Tout
d'abord, parmi les failles qui ont
été identifiées, on parle de «l'autonomie accordée aux donneurs d'ouvrage
publics en ce qui a trait à l'application des modes et les règles d'adjudication des contrats prévus par la loi et la
[recommandation]»; deuxièmement, «l'absence chez certains donneurs d'ouvrage publics d'une expertise interne suffisante,
voire d'une équipe de professionnels en mesure d'évaluer les travaux requis et [...] soumissions reçues en réponse à un
appel d'offres»; troisièmement, «la possibilité pour les élus,
particulièrement dans le domaine municipal, d'influencer l'octroi d'un contrat
public, ce qui est susceptible d'engendrer [un] favoritisme»; et dernièrement
et quatrièmement, «l'absence [des] véritables analyses de marché
permettant de repérer des indices de malversation». Ça, c'est certaines des
failles qui ont été identifiées.
Plus
loin dans le document, on explique de quelle façon cette recommandation-là est
importante : «Si on ajoute à cela
le caractère unique et souvent complexe des projets publics de construction et
l'urgence dans laquelle ils doivent [...] être réalisés — tantôt, on en parlait — la majorité des donneurs d'ouvrage publics
ne peuvent, à eux seuls, s'assurer de l'intégrité des contrats publics,
particulièrement dans l'industrie de la construction.»
«À l'instar de
nombreux experts consultés, la commission [était] d'avis — et
c'est ce qu'elle a formulé dans son
rapport — que la
création d'une instance nationale d'encadrement des marchés publics est la
réponse appropriée pour assurer l'intégrité des processus.»
Cette instance aurait
l'indépendance nécessaire qui permettrait justement «de regrouper en un seul
endroit les ressources déjà mobilisées au
gouvernement en matière d'analyse et de contrôle, notamment au Secrétariat du
Conseil du trésor, au ministère des Transports
du Québec [...] au ministère des Affaires municipales et [...] Occupation du
territoire. [Et,] en
d'autres termes, la création de cet organisme n'exigerait aucune dépense
additionnelle, car elle reposerait [essentiellement] sur le regroupement de ressources
d'analyse, de contrôle [...] de vérification actuellement éparses.»
Ce que je
trouve particulièrement intéressant de cette recommandation, M. le Président,
c'est aussi l'importance que ça
permettrait de démontrer, même au niveau international... Parce qu'il y a très
peu de juridictions, à l'international, qui ont ce type de mécanisme ou
d'institution également. Et, à l'époque, si ma mémoire ne me fait pas défaut,
on parlait notamment de l'État de New York, où se trouve une instance
similaire. Les commissaires, donc, ont recommandé, spécifiquement sur ce point-là par rapport à la création d'une autorité
des marchés publics, de créer une instance, comme je l'ai mentionné,
nationale et à travers... justement pour venir corriger ou atténuer les failles
de ce système.
Donc, pour
commencer, M. le ministre, je sais que vous venez d'assumer, il y a quelques
jours, les fonctions, là, de secrétaire
du Conseil du trésor, mais... président du Conseil du trésor, mais, peut-être,
j'aimerais vous inviter à élaborer votre position par rapport à cette
recommandation-là, si c'est possible.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Certainement.
Alors, cette recommandation était la recommandation n° 1 de la commission
Charbonneau. Donc, ça, ça vous dit un peu l'importance que la commission
attribuait à un tel organisme.
Il faut
revenir un peu en arrière aussi, donc le 30 octobre, donc avant même que
la commission dépose son rapport, le
30 octobre le gouvernement avait annoncé son intention déjà de déposer un
projet de loi dans le but de créer une fonction qui s'appellerait Commissaire aux contrats publics et qui était dédiée,
donc, à améliorer notre gestion de tout ce processus de contrats publics. Après ça, bien sûr, il y a eu
le dépôt du rapport de la commission, et nous avons indiqué que ce
projet de loi, qui était en préparation,
bon, allait évoluer, et on allait aller plus loin que la création d'un
commissaire, et qu'on allait carrément vers la création d'une autorité,
donc d'un organisme indépendant, l'Autorité des marchés publics.
Ici, cette
autorité-là, je pense que c'est important parce que, comme vous avez mentionné,
il y avait certaines failles dans
notre processus, et ces failles-là se trouvent à plusieurs niveaux. Il y a
d'abord l'absence d'une certaine expertise interne qui, donc...
suffisante, cette absence d'expertise de la part des donneurs d'ouvrage
publics, donc, en matière contractuelle.
Alors, pour centraliser un petit peu le processus et pour que tous les donneurs
d'ouvrage publics puissent bénéficier d'une meilleure expertise, bon, la
création de cette autorité peut bien sûr servir à ça.
Il y a aussi
l'autonomie accordée aux donneurs d'ouvrage sur l'application des modes et des
règles d'adjudication des contrats.
Ce que ça veut dire, c'est que, des fois, certains organismes publics
établissaient les appels d'offres de telle façon que les entreprises éligibles, donc, à participer à l'appel
d'offres étaient très restreintes. Donc, il faut s'assurer qu'on a une autorité avec l'autorité suffisante pour
s'assurer que le processus d'appel d'offres est aussi neutre et efficace que
possible.
Et puis le troisième objectif, si vous voulez,
la troisième faille, c'est qu'il faut aussi, donc, un organisme, une autorité qui nous permette de repérer beaucoup
plus rapidement, donc, des indices de malversation, donc qu'on puisse réagir beaucoup plus rapidement que ce qui a été
le cas jusqu'à maintenant dans ces choses-là. Rappelons-nous aussi que
le gouvernement précédent — et ce n'est pas une critique du tout — avait donné une mission additionnelle à
l'Autorité des marchés financiers, à
l'AMF, pour faire un peu ce travail-là, mais c'est clair que l'AMF n'a pas
l'expertise nécessaire ni le mandat de faire ça de la même façon qu'une
autorité des marchés publics pourra le faire.
• (20 h 20) •
Le Président (M. Bernier) :
M. le député.
M. Polo : Merci. J'aurais une deuxième question, mais sur
un autre sujet, M. le ministre, en lien notamment
avec le contrôle des dépenses. Vous savez, lorsqu'on
faisait campagne il y a de cela deux ans exactement, nous sommes
arrivés au gouvernement ou au pouvoir, et vous, vous êtes arrivé au cabinet,
disons, au Conseil des ministres, et puis une des premières choses qu'on a constatée, c'était la gestion, si on peut dire,
très élastique des dépenses, du contrôle des dépenses du gouvernement précédent, O.K.? Rappelez-vous, entre
janvier et avril 2014, le Québec perdait presque 35 000 emplois juste sur une période de quatre mois, O.K.? Je
sais que le chef de l'opposition aujourd'hui a souligné la perte, sur un
mois, de quelques centaines d'emplois, mais
la mémoire, malheureusement, lui fait défaut pour comparer la gestion très
néfaste de la croissance économique et
surtout de la gestion de la croissance des dépenses. Rappelez-vous, M. le
Président, pendant les 18 mois
du gouvernement précédent, la croissance des dépenses, si on peut dire, a été
nettement négligée, parce qu'on parlait
d'une croissance des dépenses qui tournait autour de 3,5 % à 4 %,
alors que normalement la croissance du PIB tourne autour de 2 %. Et c'est ce qui a provoqué...
Et, encore la semaine dernière, lorsqu'on faisait l'étude du budget ou le
débat sur le budget avec les collègues de l'opposition... surtout avec un
collègue de la formation politique, là, de notre collègue de Gaspé, qui mettait en doute nos affirmations de
l'époque et encore celles d'aujourd'hui, que, si rien n'avait été fait,
sans l'application du cran d'arrêt au printemps 2014, on se destinait, on
se dirigeait directement vers un déficit estimé en 2015-2016 de 7 milliards de dollars. Ça, c'est encore la semaine
dernière. Nous l'affirmons encore aujourd'hui parce que,
malheureusement, la mémoire leur fait défaut après avril 2014.
Ceci dit,
pourquoi je vous le mentionne? Parce qu'à ce moment-là, rappelez-vous le
contexte dans lequel on était, on
était dans un contexte où, justement, à cause de cette négligence au niveau de
la croissance des dépenses, les agences de notation ont porté un intérêt particulier au Québec. Et je pense que
vous avez été interpellé très rapidement après votre nomination comme ministre des Finances à savoir
quel était le plan du Québec, quelle était la stratégie non seulement
d'un retour à l'équilibre budgétaire, mais
d'un contrôle de ces dépenses-là et la croissance également des revenus de
l'État. Parce que le
risque était réel, était tangible que la province du Québec, la nation, la
province du Québec puisse, à ce moment-là, être décotée. Et, vous savez, l'impact au niveau du service de la dette,
donc au niveau des intérêts sur la dette du Québec, qui, aujourd'hui, coûte tout près de
11 milliards, c'est plus que ce qu'on investit en éducation primaire et
secondaire, c'est plus que 30 millions par jour que nous devons
assumer comme poids de cette dette-là, dû notamment à de multiples déficits
accumulés depuis les 30 dernières années.
À ce titre,
M. le Président, vous me permettrez de féliciter à nouveau mon collègue aux
Finances et maintenant au Conseil du trésor pour un deuxième budget
équilibré, une première depuis 2007-2008.
Le risque
était important que le Québec subisse, à ce moment-là, une décote. Et donc autant
vous que l'ancien président du
Conseil du trésor avez, à ce moment-là, travaillé très fort pour démontrer
qu'il y avait un plan réel de notre gouvernement
pour, justement, assurer une meilleure gestion de la croissance des dépenses.
Cette gestion de la croissance des dépenses devait se faire tout en
continuant de stimuler la croissance économique. Parce qu'une chose, c'est de contrôler les dépenses, mais il y a une autre
chose, c'est qu'il faut s'assurer qu'elle ne nuit pas à la croissance
économique, surtout dans un contexte où, vous le savez aussi bien que moi, en
tant qu'économiste... mais moi, je ne le suis pas, mais, en tant qu'économiste, vous savez qu'avec la baisse des prix des
matières premières, des ressources naturelles, il y a un ralentissement
important qui s'est fait au Canada, et notamment le Québec, et ça a engendré,
justement, ce ralentissement économique, et donc il était très important, et
vous l'avez pris comme une priorité à même les trois budgets que vous avez
présentés, de continuer à stimuler la croissance des revenus justement pour
s'assurer que cette croissance des dépenses là ne nous affecte pas plus que,
déjà, la décroissance ou, si on peut dire, le ralentissement économique ne le
fait déjà.
Donc, on a pris des mesures importantes au
niveau du cran d'arrêt. En fait, l'ancien président du Conseil du trésor a mis sur pied le comité sur la révision
des programmes, le comité permanent de révision des programmes, pour justement s'assurer... faire cette révision ou
cette analyse, l'état de la situation de l'ensemble des programmes qui
existaient, et regarder de quelle façon,
justement, le gouvernement pouvait faire ses devoirs avant tout dans sa cour
arrière, justement, sans avoir,
justement... ou écarter le plus possible... avoir à alourdir l'impact ou, si on
peut dire, le fardeau fiscal et des taxes que les Québécois assument
déjà amplement. Et donc je pense que ce travail-là a été fait.
Maintenant,
ma question pour vous, c'est au niveau, justement, du contrôle de dépenses,
peut-être élaborer un peu plus, M. le
ministre, sur l'ensemble des mesures qui ont été appliquées depuis les deux
dernières années. Parce que, vous le
savez comme moi, la croissance, en 2015, a été d'à peu près... la croissance
économique a été d'à peu près 1,5 %. Cette année, on estime qu'elle sera d'à peu près 1,7 %, ce qui est encore
très faible. On ne peut pas, comme vous l'avez dit à maintes reprises, même si nous avons maintenant
deux budgets consécutifs où nous avons rétabli l'équilibre budgétaire, même si, justement, nous avons maintenant quelques
moyens additionnels dans lesquels, justement, nous avons démontré notre priorité de réinvestir au niveau du système
de l'éducation et également de contribuer, de continuer à contribuer,
tel que la loi l'exige, également au niveau
du Fonds des générations... mais, malgré cela, la croissance des dépenses
reste très importante et elle ne peut pas être négligée. On ne peut pas
retourner en arrière et recommencer à dépenser comme le gouvernement précédent l'a fait, dépenser comme si on empruntait la
carte de crédit de nos enfants et puis, justement, leur léguer ce
fardeau additionnel.
Parce que,
vous savez, la croissance démographique... Puis il y a eu un long débat, depuis
quelques jours, quelques semaines, au
niveau des niveaux d'immigration puis l'importance de l'immigration pour notre
croissance économique au Québec, mais
la croissance démographique... Aujourd'hui, pour un retraité, on parle d'un
travailleur additionnel sur le marché du travail, alors que, dans les
années 70, on parlait de trois nouveaux travailleurs pour un retraité.
Donc, il est important pour nous, comme
société, de justement s'assurer que cette croissance économique se maintienne
mais que, justement, on évite d'alourdir ce fardeau-là.
Donc, dans les quelques minutes que vous avez,
M. le ministre, pouvez-vous peut-être nous donner votre appréciation, justement, votre vision, de quelle façon on continue
d'appliquer cette gestion de la croissance des dépenses au Québec?
Le Président (M. Bernier) :
Vous avez deux minutes, M. le ministre, mais vous aurez l'occasion d'y revenir
durant la soirée.
M. Leitão :
C'est tout, M. le Président? J'ai l'impression qu'on reviendra à ce sujet-là un
peu plus tard. C'est une prévision que je vous fais.
Le Président (M. Bernier) : Il
vous reste deux minutes.
• (20 h 30) •
M. Leitão : Bien, écoutez,
j'aimerais commencer par mentionner que, dans notre excellent budget que le ministre des Finances a déposé le 17 mars, à
la page A.21 nous avons un tableau qui, à mon avis, est très révélateur.
C'est un tableau qui parle de la croissance
des dépenses, dépenses totales, donc dépenses consolidées, excluant le service
de la dette, et donc l'évolution de ces
dépenses-là. Et ce qu'on voit dans ce tableau-là qui est très révélateur, c'est
que depuis déjà 2011-2012 que le
gouvernement de l'époque avait mis en place une série de mesures pour contenir
la croissance des dépenses.
Donc, en
2011-2012, les dépenses ont augmenté à un rythme de 3,2 %. Ça, c'était
après la récession. Donc, on est tous
d'accord que 2009-2010, 2010-2011, bon, il fallait faire des choses pour
contrer les effets de la récession, mais, déjà à partir de 2011-2012, on avait commencé à contrôler la croissance des
dépenses, donc 3,2 % de croissance. En 2012-2013, cette augmentation de dépenses a été de
2,6 %, donc ça a continué le processus de décélération pour arriver à
l'équilibre budgétaire. 2014-2015, c'était 1,4 %, donc une tendance
vraiment très forte, très lourde de réduction. Mais là j'ai sauté l'année 2013-2014,
l'année 2013-2014, une année où un autre parti était au pouvoir, et, cette
année-là, les dépenses de programme...
les dépenses consolidées, pardon, ont augmenté, ont rebondi de 4,7 %, M.
le Président. Donc, on avait une tendance
très claire de ralentissement de la croissance des dépenses, il y avait toute
une série de mesures de contrôle qui étaient
mises en place, et puis, en 2013-2014, ouf! on est revenus aux mauvaises
habitudes. Et c'est ça que nous avons dû faire en 2015-2016 et
2016-2017, de remettre de l'ordre dans la maison, M. le Président.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Puis on va vous surveiller
pour ne pas que vous ayez une double personnalité à compter de
maintenant, là.
M. Leitão : Merci. Ça peut
devenir un problème.
Le Président (M. Bernier) :
Non, des fois, il faut... dans les circonstances. M. le député de Gaspé, la
parole est à vous.
M. Lelièvre : Merci, M. le
Président. Le tour est revenu vite, hein?
Le Président (M. Bernier) :
Le tour revient vite, effectivement.
M. Lelièvre :
On a du matériel en masse. J'aimerais peut-être compléter mon intervention. Ce
n'était pas prévu, mais là disons que
le député de Laval-des-Rapides a attisé les cendres de je ne sais pas quoi,
mais on voit que ça ressemble à une
expression qu'on a entendue au salon bleu la semaine dernière pas mal, parce
qu'elle fait pas mal le procès, je trouve, de notre gouvernement pendant nos 18 mois. Mais moi aussi, j'ai des
bonnes données, intéressantes, là. Parce que, quand on regarde ça, c'est comme si la fin du monde s'était
passée dans le 18 mois du règne du gouvernement du Parti québécois,
mais on parle depuis tantôt de dettes très
importantes, bien, je rappellerais que le gouvernement libéral a été là
pendant les neuf ans sur les
11 dernières années. Donc, la dette qui était là, je pense que vous en
avez une grande partie dans votre héritage. Donc, à ce niveau-là, je ne
crois pas qu'on a de leçons à recevoir.
Puis je vous
dirais que, si on regarde en termes de création d'emplois, parce que c'est
important, il va falloir à un moment
donné que le Conseil du trésor mette des sous, des budgets dans des programmes
pour tenter de relancer notre économie.
C'est là-dessus que je vais me diriger comme questions, c'est avec un portrait,
hein, qui fait en sorte qu'au niveau des
emplois, malgré un engagement électoral de créer 250 000 emplois,
après deux ans, là, à peu près à mi-parcours, on a à peine... disons 35 000, on va être
généreux, 35 000 emplois de créés, soit 35 % de l'objectif qui
était prévu, après deux ans, de
100 000 emplois. Moi, quand j'allais à l'école puis j'avais 34 %
de résultats, mes parents n'étaient pas contents. Ça fait que c'est ça, à peu près, le bilan de la création
d'emplois du gouvernement actuel. Ça fait qu'il faut faire attention
avant de trop critiquer les voisins, parce que souvent l'ascenseur revient.
Je dirais
aussi qu'il y a quelque chose qui nous inquiète, au niveau de l'opposition,
c'est : on a beau abaisser les impôts,
mais ce que le citoyen puis la citoyenne du Québec regardent, c'est qu'est-ce
que ça lui coûte soit en impôts, soit en tarifs, soit en différents
frais, puis, depuis deux ans... Je tiens à rappeler qu'il va falloir qu'il y
ait des changements qui s'opèrent, parce
qu'à ce rythme-là les familles québécoises ne pourront plus continuer à
défrayer les coûts majorés des différentes tarifications, des différents
services, là. L'augmentation moyenne d'une famille au Québec depuis les deux dernières années en termes de tarification et
de frais divers, là — oublions
les impôts — c'est
1 500 $. On enlève un crédit
de 60 $ en réduction d'impôt, ça nous fait une augmentation nette de
1 440 $ par famille au Québec. Je peux vous dire que, si on faisait une règle de trois, là, c'est
pas mal plus que les estimés largement exagérés puis largement démontrés
de 7 milliards de déficit sous le règne
du Parti québécois. Puis je suis surpris d'entendre ce 7 milliards là à
soir, parce que c'est un chiffre qui a été galvaudé puis qui a été
largement contredit.
Ça nous
amène, M. le Président, sur une ligne qui est très, très différente : le
registre des armes à feu. Ça, c'est du concret,
c'est de la tarification, c'est peut-être des nouvelles taxes, peut-être des
nouveaux impôts. C'est ça que j'aimerais savoir. Parce qu'on se dirige vers la mise en place d'un registre des
armes à feu au Québec. On se dirige, je dis bien, c'est un dossier qui est loin de faire l'unanimité, mais on
va suivre le processus. Les commissions parlementaires sont en cours,
sont très avancées, on va probablement débuter bientôt l'analyse du projet de
loi article par article. Il y a un élément qui touche le Trésor — à mon avis, c'est indéniable — c'est la question des frais qui vont être
reliés à ça. Puis là je ne veux pas
rentrer dans le champ de compétence de mon collègue de La Peltrie, qui est
beaucoup, beaucoup plus compétent que moi
dans le domaine, mais je vais effleurer le système informatique. La question,
M. le ministre... ou, M. le Président, la question que j'aimerais adresser à M. le ministre, c'est la question de
la tarification, qui est un élément extrêmement important.
Politiquement,
le gouvernement s'est engagé à ne pas appliquer de frais. Hein, on nous dit que
le registre va être gratuit. On a
parlé d'une estimation de coût d'autour
de 13 à 15 millions, on est rendus autour de 25 à 30 millions, et ce n'est pas fini, ça
continue. Plus les commissions
parlementaires avancent, plus on
trouve des nouvelles exigences à appliquer à ce registre-là. Puis là je ne veux pas faire le procès du registre, c'est
uniquement au niveau de l'aspect coût. Donc, il y a une position gouvernementale qui
nous dit qu'il n'y a pas de frais qui vont être imputés aux utilisateurs du
registre, aux propriétaires d'armes d'épaule, d'armes de chasse.
J'aimerais
savoir, comme dans la nature rien ne se perd, rien ne se crée : Si
l'utilisateur-payeur ne sera pas sollicité, comment va-t-on financer ce registre-là, qui, bon, a plus que doublé
depuis sa mise... je dirais, le début du dossier, pas sa mise en place, parce qu'il est loin d'être en
place encore? Puis est-ce que, par exemple, le gouvernement pourrait être
tenté d'aller vers des vases communicants, par exemple les baux de
villégiature? Les villégiateurs ont vu leur tarification augmenter entre 100 % et 500 % dans la
dernière année. Il y a des régions, notamment dans la couronne autour de
Montréal, le secteur
des Laurentides, on a vu les baux de villégiature augmenter de 500 %. Les
gens sont passés de 800 $ à 4 000 $ par année, je dis
bien «par année». Donc, souvent, c'est les villégiateurs qui vont aussi être
des chasseurs, des pêcheurs.
Donc, j'aimerais
entendre le ministre : Comment il peut nous rassurer et nous dire qu'on
va, un, assurer le meilleur des coûts? Puis
on sait que tous les dossiers informatiques au Québec, malheureusement, ça n'a
pas été... ça a rarement été des
succès, donc comment on peut croire que les coûts vont être raisonnables,
premièrement, puis où vont être imputés... à qui vont être imputés les
coûts? Parce qu'il va y en avoir, c'est clair. Merci.
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
M. le Président, beaucoup de choses dans le préambule du collègue. Avec votre
indulgence, peut-être, je répondrai à
certaines des choses qui ont été mentionnées, mais je veux arriver directement
à la question. Nous avons dit deux
choses au sujet du registre des armes à feu. D'abord, nous avons dit que nous
allions le faire. Et ça, je me rappelle, ici... pas ici, mais au salon
bleu, tous les partis politiques... En décembre 2014, à l'anniversaire des
événements de Polytechnique, il y avait, je
pense, même une motion unanime de la Chambre, où tout le monde a applaudi, tous
les députés ont applaudi. Et par la
suite, quand le premier ministre s'est engagé à créer ce registre des armes à
feu, il n'y avait pas d'opposition non plus. Il y avait un très vaste
consensus au Québec pour ce faire.
Nous
nous sommes tous battus, notre gouvernement, le vôtre, qui était là avant,
l'autre qui était là avant, pour préserver
le registre fédéral des armes à feu, pour nous assurer que le Québec pouvait au
moins récupérer ces données-là. Nous avons été même en cour, en Cour
d'appel, en Cour suprême pour faire ça, M. le Président. Donc, nous avons
poursuivi tous les schémas qui étaient possibles. Finalement, nous avons
décidé, tel que nous nous étions engagés à le
faire : Nous allons le faire nous-mêmes parce que c'est important qu'on le
fasse, parce que c'est utile qu'on le fasse, parce que la population le
veut.
Je comprends bien
qu'il y a un nombre de personnes dans certaines régions qui semblent être
extrêmement réfractaires à un tel registre.
Très bien, on va travailler avec eux, on va essayer de les convaincre, on va
essayer de leur montrer d'abord la
nécessité d'un tel outil et, deuxièmement, le grand consensus québécois qu'il y
a autour de l'utilité de ce consensus... de ce registre, M. le
Président.
Donc,
nous, notre formation politique, on est très clairs là-dessus : Nous
sommes tous derrière les propos du premier ministre et nous allons mettre en place un tel registre. Je ne sais pas
où se trouve l'opposition officielle ou le deuxième groupe d'opposition,
ils semblent flotter. Certains membres disent que, oui, c'est important...
Le Président
(M. Bernier) : Les questions portent plus sur les coûts,
M. le ministre.
• (20 h 40) •
M. Leitão :
Sur les coûts, bien sûr. Alors là, on semble donc critiquer ce registre parce
qu'il va coûter une fortune, on parle
de milliards de dollars. Écoutez, ce que je peux vous dire en tant que
président du Conseil du trésor, c'est que les coûts sont estimés, je ne sais pas, entre 20 et 30 millions, et ça
ne sera pas plus que ça, point. Ça ne sera pas plus que ça. Et ça ne sera pas chargé non plus aux
utilisateurs, nous nous sommes engagés aussi à ce que ce ne soit pas
l'utilisateur qui paie. Le gouvernement, on va absorber les coûts et... 20 ou
30 millions, ça dépend, on est encore en commission parlementaire, on est encore en train d'apporter
des raffinements à notre décision
finale, mais les coûts vont être surveillés, vont être contrôlés de
façon très précise.
Donc,
je n'ai pas vraiment d'autre réponse à donner au collègue
à cet égard-là. Encore
une fois, comme on avait dit tantôt avec le député de Granby,
c'est pour ça que le Conseil du
trésor existe, pour contrôler les
coûts. Et nous allons le faire.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de Gaspé.
M. Lelièvre : Merci,
M. le Président. Vous comprendrez que
l'expérience du passé fait que les paroles du ministre sont un... Disons, je dois revenir à la charge,
là, j'ai besoin de me faire rassurer davantage. D'abord, effectivement, ma question portait sur les coûts et non
pas sur la pertinence du registre, ça se fera à un autre niveau qu'ici. Ici, on
parle de Trésor, de budget.
Donc, j'aimerais
savoir, parce que je n'ai pas eu de réponse à ma question, où vont être pris
les crédits pour assumer les coûts d'un
registre, qui, déjà, a triplé de coûts dans l'espace de quelques
mois. Puis il n'y a pas encore aucune infrastructure, aucun
équipement de mis en place, on parle juste de débat du registre à l'Assemblée, et déjà juste le débat des parlementaires a fait
tripler le coût, entre 13 et tout près de 30 millions. Donc, ce 30 millions
là, on va le prendre où? Et, s'il y a
des dépassements... Est-ce que le
ministre est vraiment convaincu... Puis là c'est important, là, il y a des
galées qui vont être écrites, puis on prend
des positions, puis, ce qu'on dit, on est imputables de ce qu'on dit. Est-ce
que le ministre est toujours
convaincu qu'il n'y aura aucun coût de chargé, ni directement ni indirectement,
aux utilisateurs du registre?
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
M. le Président, c'est l'approche qui est utilisée par notre collègue qui
pilote ce projet-là, le ministre de la
Sécurité publique. Donc, c'est la position du gouvernement. Je ne sais pas quoi
d'autre est-ce que je peux vous dire. Ça serait une très bonne question d'ailleurs à poser au ministre de la
Sécurité publique lors de ses crédits. Ils sont aussi en commission
parlementaire à cet égard-là. Donc, il y a beaucoup, beaucoup d'informations.
Ce
que je peux vous dire en termes d'approche du Conseil du trésor, c'est qu'une
fois qu'on va s'arrêter sur un coût,
qu'il y aura une estimation concrète de coût, que ce soit 20 millions,
25 millions, je ne sais pas, je n'ai pas encore vu tous les calculs
qui vont mener à ça, mais, une fois qu'on va avoir un estimé de coût, c'est ça
et ça va être ça, point.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. M. le député de Gaspé.
M. Lelièvre :
Merci, M. le Président. J'aimerais revenir sur un élément qu'on a passé un peu
rapidement lors d'une autre séance de travail, c'est la question des
infrastructures, des immobilisations au niveau scolaire. On a parlé d'un budget, bon, au-delà de 1,6 milliard, qui
serait requis pour mettre à niveau nos écoles. On a parlé d'une grande partie
des budgets qui sont requis pour Montréal
notamment. Ce sont les écoles dans la région de l'île de Montréal qui sont en
plus mauvais état. On parle d'au-delà de
50 %, et, je dirais, 50 %, puis je crois que c'est même tout près de
75 % des écoles sur l'île de
Montréal qui sont en mauvais ou très mauvais état. On a parlé d'un
investissement autour de 300 millions, si je me souviens bien, là,
dans les prévisions budgétaires au PTI, au gouvernement. Est-ce que le ministre
pourrait aller un peu plus loin?
Bon,
on a les enlignements, on a l'orientation du gouvernement pour l'année
actuelle, pour les trois prochaines années, même. Mais comment on va
pouvoir réussir à... Parce que, là, quand on parle de... On parle de 53 %,
là, des investissements, seulement, qui sont
prévus puis on parle de tout près des trois quarts des écoles de l'île de
Montréal qui ont besoin
d'investissements majeurs. Comment on va s'assurer que les écoles soient dans
des états acceptables pour recevoir des
étudiants, pour dispenser des cours quand on a présentement sur la table un
budget qui se situe à peu près... de l'ordre de 10 % des besoins? Puis là 10 %, c'est nos évaluations au
niveau du ministère de l'Éducation, mais d'autres partenaires du réseau
vont même jusqu'à tripler cette estimation-là, tout près de 3 milliards.
Donc,
quelle est la vision du ministre, du président du Conseil du trésor, à ce
moment-ci, là, au niveau de la mise à niveau,
je dis bien mise à niveau, minimale, pour rendre nos écoles, surtout dans la
région de Montréal, là, à un niveau décent, compte tenu qu'on est à
peine à 10 % des besoins reconnus?
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le ministre.
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Écoutez, en termes de besoins requis, vous pouvez avoir
une petite guerre de chiffres, ici,
pour... à quel pourcentage on est exactement. Ce que je peux vous dire, qui
était dans notre budget du mois de mars, qui était aussi dans le PQI,
c'est que, pour ce qui est des investissements en infrastructures en éducation,
enseignement et enseignement supérieur, pour cette année, juste cette année, l'année 2016-2017,
au total, c'est 2 150 000 000 $. De cela, 1,9 milliard, c'était déjà
estimé, c'était déjà planifié au PQI, et nous avons ajouté 200 millions
de plus. Pour l'année 2017-2018,
donc l'année prochaine, c'était déjà estimé au PQI, 1 760 000 000 $, et nous avons ajouté un autre 300 millions, donc, pour
porter le total au-delà de 2 milliards, 2 060 000 000 $.
Donc, en deux ans, en deux ans, 2016-2017, 2017-2018, c'est au-delà de 4 milliards de dollars qui
vont être investis, qui vont être dépensés dans le maintien, modernisation, amélioration des infrastructures scolaires partout au Québec. Cela représente, comme j'ai dit tantôt,
pour cette année et l'année 2016-2017,
22,5 % du PQI total, ce qui est
beaucoup plus que c'était le cas en 2013-2014, quand le parti du député
de Gaspé était au pouvoir. Donc, il y a un effort concret que nous faisons pour
améliorer l'état des infrastructures scolaires, notamment.
Est-ce
qu'on pourrait faire plus, est-ce qu'on devrait faire plus? Dans un monde
idéal, bien sûr. J'aimerais bien qu'on augmente ces dépenses de façon
considérable. Mais nous faisons ce que nous pouvons avec les moyens que nous avons, il y a des limites jusqu'où l'État
peut aller. Je pense que c'est un peu trop facile, les propos, d'ailleurs,
des deux partis d'opposition qui nous
demandent de dépenser des milliards et des milliards en infrastructures, en
éducation et en santé, etc. Mais il y a des limites, et ces limites-là nous sont
imposées en grande partie par l'effet de notre dette accumulée. Comme je l'ai
dit déjà plusieurs fois, nous ne sommes pas l'Alberta, par exemple, qui peut se
permettre des déficits — d'ailleurs, ils ont eu un budget
aujourd'hui — des
déficits considérables pendant plusieurs années parce qu'ils n'ont pas de dette ou très peu de dette.
Nous, nous avons une dette qui limite ce que nous pouvons faire. Et ce
que nous faisons, à la hauteur de 4 milliards sur deux ans, c'est
substantiel.
Le Président
(M. Bernier) : M. le député de Gaspé.
M. Lelièvre :
Combien de temps, M. le Président?
Le Président
(M. Bernier) : Trois minutes.
M. Lelièvre :
O.K. Juste une précision : J'avais été conservateur — je ne croirais jamais dire ça un jour — j'avais
été conservateur dans mes chiffres. Je
parlais des trois quarts des écoles de Montréal qui étaient en mauvais état,
c'est 95 % des écoles de la commission
scolaire de Montréal qui sont dans un état mauvais ou très mauvais. Donc, ça me
fait plaisir de défendre pas seulement les dossiers des régions, mais
les dossiers de Montréal quand il y a une justification. C'est ça, l'équité.
Le Président
(M. Bernier) : Avez-vous l'intention de déménager, coudon?
M. Lelièvre :
Pas tout de suite, pas tout de suite. Je vais essayer de retarder ça au
maximum, M. le Président.
Une
petite rapide, le tourisme. La SEPAQ, c'est très important pour les régions,
mais aussi pour les gens des grands centres
qui viennent en région, puis on est contents de les accueillir. Donc, je vois
que, dans le budget que vous avez, vous avez eu la mauvaise idée de mettre moins d'argent dans la rénovation des
bâtiments de la SEPAQ. C'est une diminution majeure du budget
d'entretien des infrastructures, notamment des bâtiments de la SEPAQ. Je trouve
ça inquiétant puis... Est-ce que c'est vraiment... On en est vraiment rendus
là?
Parce que je suis obligé de vous dire
que, chez nous, on a l'auberge Fort-Prével, qui appartient à la SEPAQ,
qui a été fermée il y a deux ans. On a fermé
les motels de l'auberge Fort-Prével, propriété de la SEPAQ, pour un entretien,
je dirais, inadéquat, pour les moisissures. On a fermé l'hôtel pour les
moisissures. Depuis deux ans, il est fermé. Puis là j'apprends dans le budget
qu'on va diminuer le budget de rénovation et d'entretien des bâtiments de la
SEPAQ. Ça m'inquiète beaucoup. Est-ce que vous pouvez nous dire comment on en
est rendus là?
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Lelièvre :
À cette diminution-là, bien sûr.
Le Président
(M. Bernier) : Ça va? M. le ministre.
• (20 h 50) •
M. Leitão :
Très bien, M. le Président. Peut-être, avant d'y aller, j'aimerais souligner
juste une dernière petite chose dans
le domaine de l'éducation. Dans notre excellent budget, on avait aussi un
fascicule important sur l'état des lieux
en éducation. Juste mentionner que les écoles préscolaires et primaires qui
sont classifiées A, B ou C — donc une très bonne évaluation de leur état — c'est 67 % des écoles, donc une vaste
majorité des écoles au Québec sont en bon état. Il y a sans doute des écoles en très mauvais état,
mais celles qui sont en très mauvais état sont 14 % des écoles du
Québec.
Bon, revenons à la
SEPAQ. Écoutez, c'est une question assez pointue. Là, je n'ai pas
nécessairement toute l'information
immédiatement ici, sous les doigts. Mais ce que je peux vous dire en ce qui
concerne la SEPAQ, c'est quelque chose...
c'est un organisme que nous tenons en très bonne estime. Ils font un très bon
travail, ils continuent de le faire. Et, à notre avis, ils continuent
d'avoir les budgets nécessaires, suffisants pour maintenir leur mission.
Ce
qu'il faut faire attention avec la SEPAQ, M. le Président, c'est qu'il y a...
si vous voulez, on pourrait considérer la
bonne SEPAQ et la mauvaise SEPAQ, et je m'explique. C'est-à-dire, la mission
même de la SEPAQ, dans les... Donc, la
gestion des parcs, c'est sa mission principale — ce qu'elle fait très bien — et ce dont elle a les budgets pour faire
ça. Maintenant, au fil des ans, des gouvernements — pluriel, là, des
gouvernements — ont
rajouté d'autres missions à la SEPAQ, parce
que, bof, personne d'autre ne voulait vraiment prendre soin de ça, alors, hop!
on envoie ça à la SEPAQ. Donc, ils
ont été comme alourdis par un certain nombre d'actifs qui n'ont rien à voir
avec leur mission essentielle, et qu'ils doivent soit graduellement se départir de ces choses-là, trouver une
nouvelle mission, les relancer... Le zoo de Québec, juste pour
mentionner ne serait-ce qu'un exemple. Donc, quand on regarde la SEPAQ, dans sa
mission essentielle, sa vraie mission, il n'y a pas de réduction de budget
d'opération.
Le Président
(M. Bernier) : ...activités connexes, c'est ce que vous
vouliez mentionner?
M. Leitão :
Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Bernier) : On retourne du côté gouvernemental. M. le
député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Merci beaucoup, M. le Président. Je vais revenir sur les commentaires du député
de Gaspé, qui remet en doute certains
chiffres que j'ai avancés dans mon intervention précédente, parce que je vais
redonner l'occasion au ministre de
terminer sa réponse précédente sur la gestion des dépenses. Mais le député de
Gaspé semblait... Bien, en fait, il l'a dit ouvertement, là, il a questionné certains des chiffres qu'on a avancés.
Je dois vous rappeler, M. le Président, que le déficit, uniquement pour l'année 2013-2014, du
gouvernement précédent était quand même de 2,8 milliards, juste sur un an.
Vous le... Oui? Effectivement, vous le concédez et...
Mais
ça démontre aussi... Rappelez-vous juste avant les élections comment que le
gouvernement précédent s'était dépêché
pour présenter un budget sans les crédits, c'est une belle façon d'avoir
annoncé les belles nouvelles mais sans avoir
à expliquer les mauvaises nouvelles qui accompagnaient cela, alors que nous,
dès le début, notre gouvernement... Le ministre
des Finances et l'ancien président du Conseil du trésor se sont dès le début
donné comme responsabilité d'être transparents à ce niveau-là,
d'expliquer, effectivement, qu'on faisait face à des déficits et qu'il y avait
un plan pour, justement, le retour à l'équilibre budgétaire.
Ceci
dit, regardez, quand on regarde juste, également, pour l'année 2012-2013,
pour laquelle le gouvernement précédent
a quand même géré neuf mois sur 12, c'était quand même 1,6 milliard de
déficit sur cette période-là. Donc, nous avons réussi, grâce au travail
du ministre des Finances... Et le député de Gaspé donne comme argument que
c'est les Québécois qui ont assumé le plus
gros fardeau de cet effort. Je ne le mets pas en doute, effectivement, tous,
collectivement, on a eu à faire un effort,
mais le gouvernement a quand même assumé plus de 80 % des efforts
budgétaires au niveau, justement, de ce retour à l'équilibre budgétaire.
Donc,
M. le Président, je vais, sans m'attarder trop longtemps sur ce préambule... je
vais quand même donner la parole de
nouveau au ministre pour qu'il puisse compléter sur, justement, les efforts...
ou cet effort constant de contrôle des dépenses pour s'assurer qu'on
poursuit dans notre lignée.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le ministre.
M. Leitão : Très
bien. Merci. Merci, M. le député. Et
j'aimerais tout de suite, tout
de suite apporter un correctif
à ce que je viens de dire, parce que
c'est extrêmement important, on me l'a dit, et c'est vrai : Ce n'est pas
le zoo de Québec qui a été refilé à la SEPAQ, c'est l'Aquarium de
Québec. Donc, j'aimerais que ce soit clair, c'est... Un aquarium, ce n'est pas
la même chose qu'un zoo.
Le Président
(M. Bernier) : ...animaux sauvages aussi au zoo de Québec.
M. Leitão : Je veux que ce soit
clair.
Le Président (M. Bernier) : Je
veux juste que ce soit clair aussi.
M. Leitão : Merci. Donc, l'aquarium. Mais, avant de répondre directement à votre question, M. le
député, pour revenir à la SEPAQ, je
pense que c'est quand même important de remarquer que nous avons augmenté
considérablement deux choses, soit les crédits budgétaires, donc pour
l'opération de la SEPAQ, mais aussi et surtout il y a 60 millions,
60 millions additionnels, donc de plus, au cours des quatre prochaines
années, qui seront dédiés aux bâtiments et autres
actifs de la SEPAQ. Donc, c'est 60 millions de plus pour l'investissement
dans la SEPAQ. Et, dans le comté du collègue
de Gaspé, ça se traduit très concrètement par d'importantes dépenses au parc
national du Bic et au parc national de
l'Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé. C'est 20 millions pour ces
endroits-là. Donc, c'est quand même substantiel.
Alors donc,
le collègue de Laval-des-Rapides... c'est ça, on parlait de contrôle des
dépenses et donc la nécessité de le
faire. Écoutez, j'avais commencé à dire tantôt que nous ne sommes pas dans la
même situation que l'Alberta. Eux, ils
peuvent avoir des déficits, ils peuvent les financer facilement parce qu'ils
n'ont pas de dette. Nous avons une dette très élevée, et c'est cette dette très élevée qui limite notre marge de
manoeuvre. Et c'est donc dans ce contexte-là que c'est absolument
primordial pour nous de contrôler nos dépenses adéquatement.
Pourquoi
c'est primordial pour nous? Parce que cette dette est à 55 % du PIB, et
nous nous sommes engagés, nous, collectivement — parce que c'est une décision déjà des
gouvernements précédents, au pluriel — à atteindre un niveau d'endettement de 45 % du PIB en 2025-2026.
Alors, nous sommes jugés par les marchés financiers quant à notre
capacité, à notre crédibilité d'atteindre
ces ratios d'endettement là. Si les marchés perdent confiance dans notre
capacité d'atteindre ces ratios-là, ça aurait des répercussions très,
très néfastes sur notre cote de crédit.
Maintenant, pour atteindre ces ratios...
Rappelons-nous, nous sommes à 55 % du PIB, nous voulons aller à 45 %. D'ailleurs, 45 % du PIB, c'est là
où maintenant, aujourd'hui, l'Ontario se trouve, à ce niveau-là. Donc, nous
voulons aller d'ici 10 ans au niveau de
l'endettement d'Ontario d'aujourd'hui, qu'eux, là-bas, considèrent déjà très
élevé. Donc, ça vous donne un peu l'état des lieux, le chemin que nous
avons à parcourir.
• (21 heures) •
Alors, quel
est le lien avec les dépenses? C'est que, pour pouvoir atteindre ces objectifs
de dette là et en même temps continuer
de faire les investissements nécessaires, les 88 milliards de dollars sur
10 ans en infrastructures, il nous faut contrôler notre croissance des dépenses de façon très, très, très
rigoureuse. Parce qu'on ne peut pas se permettre d'avoir des déficits d'opération à nouveau, comme ça a été le
cas au cours des huit années précédentes, qui ne font que rajouter à la dette. Donc, il faut d'abord arrêter de rajouter
par la dette, en termes de déficit d'opération, pour pouvoir atteindre
nos ratios, pour pouvoir maintenir notre cote
de crédit, qui nous permet de continuer à investir massivement dans les
infrastructures. C'est 88 milliards de dollars sur 10 ans.
Et je répète
ce chiffre-là, 88 milliards, parce que le gouvernement fédéral vient
d'annoncer en grande pompe — et avec raison — 60 milliards
sur tout le Canada, sur 10 ans. 60 milliards additionnels pour tout
le Canada sur 10 ans. Nous, c'est
88 milliards sur 10 ans juste pour le Québec. Donc, c'est un effort
substantiel. Nous sommes capables de financer cet effort-là parce que nous maintenons, nous gardons
notre cote de crédit favorable, qui nous permet d'emprunter à des termes
très avantageux. Et, pour pouvoir faire ça, il faut continuer notre approche de
contrôle très rigoureux des dépenses l'année 2015-2016,
l'année 2016-2017, cette année, 2017-2018, l'année
prochaine, et ça va être comme ça pour toutes les années. Nous ne pouvons pas, comme je l'ai déjà
dit à plusieurs reprises, nous ne pouvons pas... c'est une illusion de
penser que nous pouvons nous donner des
services publics en santé, en éducation, en famille à crédit. Ça ne se
fait pas, ça ne peut pas se faire.
Nous devons être capables de financer adéquatement nos services publics par les revenus que nous
tirons de l'économie. Et nous avons aussi, à cet égard-là aussi, atteint déjà
notre maximum en termes de fardeau fiscal.
Alors, c'est
essentiel, c'est vraiment une question, moi, je vous dirais même,
existentielle pour l'État du Québec. Parce que nous voulons un État qui soit capable
d'intervenir, qui soit capable de prendre les décisions importantes que
nous avons à prendre dans les années qui vont suivre. Et, pour avoir cette marge
de manoeuvre là, il faut que nos dépenses courantes
demeurent à l'intérieur de notre capacité de payer, et c'est pour ça que
nous maintenons un contrôle très rigoureux sur les dépenses publiques.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le ministre, de votre présentation. M. le député de Portneuf.
M. Matte :
Merci, M. le Président. M. le ministre, je consulte votre site Internet et je
constate que votre personnel a fait
preuve de diligence et beaucoup d'empressement : ils ont mis à jour votre titre de président du Conseil du trésor. Vous pourrez leur dire qu'ils sont vraiment
productifs.
Alors, je regardais les différentes fonctions
qui sont reliées au président du Conseil du trésor, et une fonction, c'est les négociations.
Vous avez la responsabilité d'assurer un suivi sur les négociations, mais aussi
de donner des orientations dans le sens de pouvoir s'assurer que les négociations vont respecter l'engagement mais aussi la capacité à payer de notre gouvernement. Donc, vous
devez assurer une coordination et vous devez assurer aussi... et conseiller le gouvernement.
Je
me rappelle qu'avant les fêtes on a fait un point de presse pour annoncer que
le front commun avait signé, avait accepté
une entente. Une grosse surprise après les fêtes : on revient puis on
constate qu'il y a la FSSS et la FAE qui refusent de signer
l'entente. Depuis ce temps-là, on sait que votre prédécesseur avait fait une
mise au point en ce sens. Il avait dit : Actuellement, là, vous devez
vous entendre, on doit s'entendre, sinon on verra. Mais on n'a pas entendu
parler d'autres nouvelles en regard des négociations.
Dans
votre préambule, au début de... vous avez mentionné qu'on a une entente sur 505 000 travailleurs sur une possibilité de 533 000. Donc, je constate qu'au moment où qu'on se parle, actuellement on n'a pas d'entente sur l'ensemble des 535 000 ou 533 000 fonctionnaires.
J'aimerais ça, M. le ministre, que vous puissiez nous faire un état de la
situation. Parce que, vous le savez, l'ensemble des Québécois, on est toujours
concernés, on a toujours le goût de savoir où que sont rendues les négociations
dans le secteur public et parapublic.
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão : Très
bien. Merci. Je demanderai à
M. Ouellet, peut-être, d'apporter des précisions. Mais j'aimerais
juste mentionner que vous avez dit que deux syndicats importants n'avaient pas
signé : la FAE et la FSSS. Non, maintenant ils ont signé. La FAE, c'est des enseignants. Ils
ne faisaient pas partie du front commun. Mais maintenant, après des négociations — puis peut-être M. Ouellet pourrait vous
donner un peu plus de couleurs — maintenant ils ont accepté le principe, donc ça va. Et, pour la FSSS, donc le
secteur de la santé, oui, ils font partie du front commun. Le leadership
de ce syndicat avait recommandé à ses
syndiqués de ne pas accepter l'offre. Il y a eu des négociations qui se sont
poursuivies, il y a eu un nouveau vote, et
finalement les membres ont aussi accepté les offres gouvernementales. Donc, ces
deux groupes maintenant ont accepté.
Donc,
on y est presque, on a presque réglé avec tout le monde. Peut-être que
M. Ouellet pourrait donner un peu plus de nouvelles un peu plus à
jour à cet égard-là.
J'aimerais
peut-être, juste avant, encore une fois, réitérer mon appréciation pour le travail qui a été fait par mon prédécesseur au Trésor, le député
de Nelligan. C'était un travail
très rigoureux qui a été accompli en 2015 et qui a mené à ce dénouement
qui est très constructif, parce que c'est très important pour nous d'avoir été
capables de négocier cela avec nos employés.
Et c'est un accord, maintenant, de cinq ans, donc ça nous donne une très grande
prévisibilité dans notre exercice budgétaire d'avoir ce cadre-là pour
les cinq prochaines années.
Et je peux vous dire
aussi que, dans les discussions que j'ai eues, souvent, avec les représentants
des marchés financiers quand on allait, dans
la période après-budget, visiter les places financières, que ce soit à New York
ou en Europe, la question
qui nous était posée, en 2015, la grande question qui semblait être
d'importance pour les marchés financiers, c'était : Et puis qu'est-ce
qui se passe avec vos employés? Allez-vous être capables de régler cette
question-là? Et la réponse est oui,
nous avons été capables de la régler. Donc, c'est vraiment un aspect positif,
très positif pour notre gouvernement.
Peut-être,
M. Ouellet, vous pouvez...
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. Ouellet, allez-y, la parole
est à vous.
M. Ouellet
(Yves) : M. le Président, alors, comme le président du Conseil
du trésor l'a indiqué, c'est pratiquement 500 000 employés, là, qui sont couverts par des ententes qui
ont été avalisées avec des groupes de syndicats. Lorsqu'on regarde au niveau des ratifications de ces
ententes-là, on parle d'un peu plus de 380 000 employés qui sont
couverts par des ententes qui ont été
ratifiées. Donc, on comprend que c'est un grand nombre d'employés par rapport à
l'ensemble des employés de la fonction publique.
Comme
le président l'avait mentionné, il y avait des enjeux qui étaient importants.
C'était un élément qui était à la base
de l'établissement du cadre budgétaire du gouvernement. Le premier objectif,
c'était de contrôler nos dépenses. On sait que la rémunération, c'est 60 % de nos dépenses. Donc, un des
éléments importants, ça a été de conclure une convention sur une durée de cinq ans. On sait que la loi prévoit,
dans la fonction publique, une période de trois ans, donc cinq ans...
une avancée qui a été majeure.
Autre objectif qui
était important pour le gouvernement mais également pour les employés de la
fonction publique, c'était d'assurer la pérennité des régimes de retraite.
Donc, c'est un autre élément sur lequel il y a eu des avancées qui ont été
importantes à la fois pour le gouvernement mais également pour les employés.
Donc, comme le
président le mentionnait, essentiellement, le front commun a ratifié les
ententes. C'est un élément qui est important.
Beaucoup
de travail qui a été accompli. Évidemment, il reste encore du travail à faire.
Les principaux groupes à venir pour
lesquels le gouvernement est en négociation : il y a le Syndicat des
professionnels du gouvernement, il y a le syndicat des ingénieurs du gouvernement, il y a les groupes d'agents de
la paix. Évidemment, il va y avoir également le personnel d'encadrement,
avec lequel le gouvernement va avoir des discussions.
Donc,
beaucoup de travail de fait jusqu'à maintenant avec des ententes pour un grand
nombre d'employés, puis il reste encore un certain nombre de groupes,
là, à discuter au cours des prochaines semaines et des prochains mois.
Le Président
(M. Bernier) : Merci. M. le député de Portneuf.
M. Matte :
Donc, comme vous le dites, beaucoup de travail, mais il en reste beaucoup à
faire, et la rédaction des conventions collectives, et tout ça.
Mais, pour le
bénéfice des auditeurs qui nous écoutent, ou quelque chose... on parle toujours
de négociations public et parapublic. Est-ce
que c'est possible de nous dire puis de nous faire la distinction... C'est
quoi, la distinction entre public puis le parapublic?
Le Président (M. Bernier) :
M. Ouellet.
M. Ouellet
(Yves) : M. le Président, essentiellement, pour simplifier,
quand on parle de public, on parle des ministères,
des organismes, c'est-à-dire Secrétariat du Conseil du trésor, ministère des
Finances, ministère des Transports, les
organismes dans le giron budgétaire. Et, lorsqu'on parle du parapublic, on
parle des grands réseaux : réseau de la santé, réseau de l'éducation, où on retrouve l'essentiel
des employés de la fonction publique. Donc, ce sont les deux grands
univers pour lesquels le gouvernement a des
activités, là, pour les négociations. Ça fait que c'est pour ça que, lorsqu'on
parle des négociations avec les employés du secteur public, on parle du
public et du parapublic.
Le Président
(M. Bernier) : Oui, M. le député, allez-y.
M. Matte :
J'ai terminé pour moi, mais...
• (21 h 10) •
Le Président
(M. Bernier) : Vous avez terminé? Bon, bien, tant mieux.
Avez-vous d'autres commentaires, M. le
ministre, sur la question? J'imagine
que vous allez mettre beaucoup d'efforts pour terminer cette négociation
qui est en cours avec...
M. Leitão :
Écoutez, ça, c'est hasardeux, M. le Président, demander à un économiste s'il a
des commentaires à faire. Ça, je peux y aller pendant de longs moments.
Mais,
pour revenir à la question des conventions collectives, comme je l'ai dit
tantôt, c'est quelque chose que... D'abord,
c'était important pour nous, au gouvernement, d'arriver à une entente négociée.
Nous avions toujours insisté que c'était
ça, ce qu'on voulait faire. On se rappelle que plusieurs analystes,
commentateurs ne nous donnaient pas une grande chance d'arriver à un accord négocié. C'est ce que nous avons été
capables de faire. Ça, c'est important, parce que, pour nous, les employés de l'État, que ce soit dans le
réseau public ou dans le réseau parapublic, c'est très important, ça
veut dire... Nos employés, ce sont nos
partenaires. Si nous ne sommes pas capables d'avoir une fonction publique
moderne et efficace, l'État ne sera pas
d'une grande utilité, hein? Donc, c'était important qu'on le fasse, c'était
important qu'on le fasse de façon négociée, ça montre notre respect
envers nos employés, qui sont nos partenaires.
C'est
important aussi d'un point de vue financier. Comme je vous avais dit avant de
passer la parole à M. Ouellet, c'était
un aspect qui était quand même surveillé de très près par les marchés
financiers, parce que 60 % de nos dépenses, 60 % des dépenses de l'État, c'est la rémunération. Donc, oui, on
peut, et on doit, et on va faire la révision permanente des programmes, oui, on va questionner la façon dont
l'État opère, bien sûr, mais 60 % de nos dépenses, c'est des
salaires, ce sont des personnes. Donc, il y
a un très grand intérêt à ce que cela se fasse de façon correcte, mais aussi de
façon efficace.
Alors, voilà. Je n'ai
pas vraiment, maintenant, d'autres commentaires à ce sujet-là. Je pourrais me
lancer sur d'autre chose.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Oui, bien, on va aller sur
d'autre chose, on va parler avec le porte-parole du deuxième groupe
d'opposition. M. le député de La Peltrie, donc, la parole est à vous.
M.
Caire :
Merci, M. le Président. On va parler de révision des programmes puis faire
peut-être un petit historique avec le
président du Conseil du trésor. Parce qu'en 2004 le gouvernement libéral avait
produit ce document-là, dans lequel il disait assez clairement qu'un des
problèmes qu'on rencontrait, c'est justement l'accumulation de ces programmes-là qu'on ne révisait pas, sans se poser
des questions s'ils étaient efficaces ou s'ils atteignaient les cibles
pour lesquelles ils avaient été mis en place, et avait dit que le gouvernement
procéderait à des analyses systématiques de l'efficacité des programmes.
C'est
intéressant parce que le prédécesseur du prédécesseur de l'actuel président du
Conseil du trésor, en 2015, a dit :
Écoutez, il n'y a aucune évaluation de programme qui s'est faite. Donc, tu
sais, on comprend que le Parti libéral de cette époque-là n'avait évidemment
pas rempli ses engagements.
C'est
intéressant parce que, quand l'actuel gouvernement libéral est arrivé au
pouvoir, la première chose qui a été faite,
c'est qu'on a embauché des consultants, de qualité, j'en conviens, mais des
consultants pour nous dire quoi? Qu'il faudrait
faire de la révision de programmes. Alors, face à cette conclusion totalement
novatrice, le gouvernement a dit : On va faire de la révision de
programmes.
On a fouillé ça un
peu puis on a trouvé ce décret-là du gouvernement précédent, qui date du
19 février 2014 — M. Ouellet était en poste, d'ailleurs,
depuis quelques années déjà comme secrétaire du Secrétariat du Conseil
du trésor — qui
dit quoi essentiellement? On va faire de la révision de programmes. C'est
intéressant parce que cette directive-là du Secrétariat du Conseil du trésor a
amené les ministères, de façon un peu inégale, à mettre en place des ressources humaines et financières, en fait, au
total, une centaine de personnes qui totalisent un budget de 10 millions
pour faire de la révision de programmes, tel que stipulé dans cette
directive-là du Conseil du trésor. Pour apprendre quoi? Qu'il n'y a pas d'évaluation de programme qui s'est faite. Donc, on ne
sait pas ce que ces 100 personnes là font, on ne sait pas ces 10 millions là à quoi ils servent, et
surtout on apprend que le Secrétariat du Conseil du trésor — M. Ouellet pourra peut-être nous
en parler — n'appliquait
pas et ne faisait pas appliquer sa propre directive.
Or,
aujourd'hui, on arrive — oh, magie! — en nous disant quoi? Bien, on va mettre en place un comité qui
va faire de la révision de programmes. Dans
ce contexte-là, est-ce que l'actuel président du Conseil du trésor peut nous
dire quelle est sa crédibilité à ce que cette fois on procède vraiment à de la
révision de programmes? Parce que, jusqu'à date,
ça ne fonctionne pas très bien, puis on ne comprend pas vraiment pourquoi. Puis
en plus c'est les mêmes acteurs à qui on demande de faire la même chose
qu'ils n'ont pas faite avant. Alors, pourquoi ils le feraient maintenant?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão :
Très bien. Écoutez, par où commencer? Je commencerais par dire que moi, je suis
dans cette vie depuis deux ans. Dans cette vie, c'est-à-dire cette vie
politique, depuis deux ans. Ce qui a été fait avant a été fait avant. Moi, je
suis là depuis 2014.
Qu'est-ce
qu'on a fait depuis 2014? Depuis 2014, plusieurs choses, en commençant par deux
commissions. Et ce n'étaient pas des
consultants, c'est deux commissions avec des personnes d'une très grande
expérience qui ont regardé la situation
du gouvernement du Québec en ce qui concerne la fiscalité, donc la commission
de révision de la fiscalité et, en ce qui concerne les programmes, la
révision de programmes, donc, la commission de Mme Robillard.
Suite à cette
commission, on a créé ce mécanisme permanent de révision des programmes. C'est
la première fois... Et votre question est : Mais qu'est-ce qui nous
dit que maintenant ça va marcher, pendant qu'avant ça n'avait pas marché? Écoutez, c'est la première fois, encore
une fois dans notre histoire récente, que c'est le premier ministre lui-même
qui pilote, à un haut niveau, cet exercice-là.
C'est la première fois aussi que différents ministres, suite aux
recommandations de cette commission-là, ont
eu des mandats très spécifiques pour ce qu'ils avaient à faire dans ce
processus de révision de programmes.
Moi-même, en tant que ministre des Finances,
j'ai reçu une lettre, un mandat très clair, très explicite en ce qui concerne la révision de la Société des alcools
du Québec et Revenu Québec, et d'autres collègues ont eu le même genre de mandat sur d'autres choses. Donc, ça se fait
maintenant à un niveau qui est beaucoup plus détaillé, qui est beaucoup plus structuré qu'auparavant. Il y a, au Conseil
du trésor, maintenant une équipe de professionnels qui vont accompagner,
donc, les ministères, les ministres qui ont
reçu ces lettres de mandat là dans leur démarche de remplir leur mission,
de remplir leur mandat qui leur est donné par le premier ministre lui-même.
Donc, c'est une activité que nous prenons très
au sérieux, c'est une activité qui va donner des résultats. Et, encore une
fois, c'est un peu comme l'équilibre budgétaire : vous allez nous juger à
nos résultats.
On nous
disait aussi, depuis 2014, que nos objectifs budgétaires étaient ambitieux,
ambitieux dans le sens un peu péjoratif
du terme : Ah! ils n'arriveront jamais. Et pourtant nous y sommes arrivés.
La même chose pour la révision de programmes :
Ah! ils n'arriveront jamais. Vous allez nous juger à nos résultats. Je n'ai
absolument aucun problème à être jugé
selon les résultats de ce que nous allons obtenir. Parce que nous sommes
déterminés à accomplir cette tâche-là de revoir d'une façon systématique
et continuelle la pertinence et l'efficacité de nos programmes.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M.
Caire : Deux
choses, M. le Président. D'abord, cette façon un peu détestable qu'ont certains
ministres du gouvernement de se détacher de
ce que leurs collègues ont fait avant eux comme si ça n'existait pas, je pense
que c'est... Je vais faire attention à ce que je dis, parce que ça va
bien, là.
Le
Président (M. Bernier) : Il faut faire attention, ça va bien.
Mais je vous écoute, là, puis ça peut peut-être aller moins bien, là.
M.
Caire :
Oui, oui... Non, non. Mais, je
persiste et signe, cette détestable habitude de toujours
dire : Bien, écoutez, avant moi...
Le Président (M. Bernier) : M.
le député, on ne peut pas prêter des motifs, hein, aux parlementaires.
• (21 h 20) •
M.
Caire : Je n'impute pas des motifs, je dis que cette
habitude-là, elle est détestable, M.
le Président. Je n'impute pas
de motifs, pas du tout.
Le Président (M. Bernier) : O.K.
Je sais que vous êtes prudent.
M.
Caire : Mais le
président du Conseil du trésor ne peut pas dire : Écoutez, ce qui s'est
passé avant moi, ça n'existe pas. Ce que je lui dis, là... Il me dit :
Vous nous jugerez à nos résultats. Depuis 2004, à part un intermède de 18 mois, c'est un gouvernement libéral qui est en place. Donc, oui, je vous juge à vos résultats. Et
c'est le prédécesseur de son
prédécesseur qui a dit, en novembre 2015, si ma mémoire est exacte, qu'il
ne se faisait aucune révision de programmes. Donc, de 2004 à 2015, outre 18 mois, c'est un gouvernement libéral qui a dit : On va faire de la révision de programmes puis
qui n'en a pas fait.
Alors, moi, je comprends, là, que le président du
Conseil du trésor dit : Oui,
mais moi, je n'étais pas là. Donc, tous ceux qui étaient avant lui
étaient des incompétents. Ça, c'est le bilan...
M. Leitão : Ce n'est pas ça...
M.
Caire : Bien, vous
dites quoi? Vous dites quoi? Je vous juge à vos résultats.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de La Peltrie...
M.
Caire : Je vous
juge à vos résultats.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député de La Peltrie!
M.
Caire : Il n'y en a pas eu, de révision de programmes.
Le
Président (M. Bernier) : M. le député de La Peltrie! Je
pense que... Normalement, vous posez toujours
des questions pertinentes et des choses sans utiliser ce genre de descriptif.
Et, vous le savez, je ne le tolère pas dans ma commission. Je ne tolère pas
ce genre de descriptif par rapport à des parlementaires auxquels j'ai beaucoup de respect.
Bon.
Vous
pouvez ne pas être d'accord par
rapport à du travail qui a été fait
antérieurement par ces parlementaires, c'est
votre opinion, et je respecte ça, sauf que je vous invite à poser les questions
qu'il faut pour être capable de répondre à ça.
M.
Caire :
M. le Président, je vais changer mon vocabulaire. Vous savez, M. le Président,
je vous respecte infiniment...
Le Président
(M. Bernier) : C'est ce que je vous demande de faire, s'il
vous plaît.
M.
Caire : Je vais
changer mon vocabulaire, mais je trouve ça inacceptable qu'on me
dise : Bien, moi, je n'étais pas là, donc ce qui s'est passé avant,
ça n'existe pas, c'est sorti du périmètre de ce que moi, j'évalue.
Le Président
(M. Bernier) : Regardez...
M.
Caire : Je lui
montre un document gouvernemental du Parti
libéral, sa formation
politique, qui, en 2004, a dit : Nous allons faire de l'analyse systématique de l'efficacité des programmes et de leur efficience. Son
collègue qui est actuellement
ministre de la Sécurité publique a dit : Il ne s'est rien fait. Il me
dit : Vous nous jugerez à nos résultats. C'est ce que je fais, je vous juge à vos résultats, je juge le
gouvernement libéral à ses résultats, et lui, il me dit : Oui, mais
moi, je n'étais pas là, ça ne compte plus. C'est ça qu'il m'a dit : Ça ne
compte pas, je n'étais pas là.
Alors,
M. le Président, les gestes qui ont été posés par le gouvernement... Puis il a
beau me dire : Non, ce n'étaient pas des consultants, O.K., je vais
utiliser le vocable «ressource externe».
Le
secrétaire du Secrétariat du Conseil du trésor était en place, était en poste
quand cette directive-là a été émise, une
directive tout à fait correcte, qui parle de faire de la révision de
programmes. Ça ne s'est pas fait. Alors, moi, je veux bien, là... À moins que vous me disiez que c'est
le premier ministre lui-même qui va procéder à la révision des
programmes, ce que je comprends, c'est qu'au final c'est M. Ouellet qui va
s'occuper de ça.
La
question que je vous ai posée, là, c'est que, si ça, ça n'a pas été appliqué...
Parce que c'est ça qu'on se fait dire : Cette directive-là n'a pas été appliquée par le Secrétariat du Conseil
du trésor. Qu'est-ce qui va changer, si les mêmes acteurs reçoivent le
même mandat? Qu'est-ce qui va changer?
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
O.K. On va rester zen, n'est-ce pas, M. le Président?
Le Président
(M. Bernier) : On peut fournir la tisane aussi.
M. Leitão :
Je ne me suis jamais dissocié de ma formation politique, loin de là. Le Parti
libéral du Québec, c'est un parti qui
a 150 ans d'histoire, et je suis très fier d'appartenir à ce parti
politique là et je suis très fier de toute l'histoire de ce parti politique
là dans la modernisation du Québec. Donc, non, non, si je suis ici, c'est parce
que, bien sûr, je crois au Parti libéral. Sinon, je ne serais pas ici.
Ce
que j'ai dit, c'est que je ne peux pas vous expliquer les décisions qui ont été
prises en 2004, 2005, 2006 parce que
je n'étais pas là. Je ne peux pas vous les expliquer. Ce que nous faisons
aujourd'hui, c'est une révision de programmes. Une révision de
programmes... Ça peut sembler peut-être jouer avec les mots, mais ce qui se
faisait avant, c'était une évaluation des programmes. Nous, ce qu'on va faire
maintenant, c'est une révision de programmes.
Donc, mon collègue
député de Nelligan avait raison qu'avant il n'y avait pas de révision de
programmes : il y avait des évaluations
de programmes. Et peut-être que M. Ouellet pourrait vous expliquer quelle
était l'approche qui était utilisée
auparavant en termes d'évaluation de programme. Nous, ce qu'on compte faire
maintenant, c'est de la révision de programmes,
c'est de juger de la pertinence de certains programmes, est-ce qu'ils sont
toujours utiles et nécessaires et est-ce qu'il y a des meilleures façons
de le faire.
Le
rôle du premier ministre... Et ça, c'est important, parce que vous m'avez
demandé très directement : Mais c'est quoi qui est différent cette fois-ci? Bien, justement, c'est que ce
comité qui va chapeauter le processus, qui va s'assurer que les mandats
qui sont donnés vont être remplis, ce comité-là est présidé par le premier
ministre lui-même. Donc, l'autorité politique
ou le support politique vient des plus hauts échelons. Donc, ça aussi,
c'est radicalement différent de ce qui se faisait auparavant.
Et
donc, quand je vous ai demandé de... bon : Jugez-nous à nos résultats,
justement jugez-nous aux résultats de la politique du programme que nous
mettons en place maintenant. Pour ce qui est du passé, encore une fois, nous
avons atteint l'équilibre budgétaire, chose
que votre formation politique
semblait ne pas penser qu'il serait possible de le faire. Et, quand nous
avons déposé notre budget en juin 2014, vous ne sembliez pas trop, trop
certains qu'on y arriverait, et pourtant on y est arrivés.
Alors,
maintenant, je vous dis... C'est un peu la même chose, nous vous disons que
nous allons procéder à une révision permanente des programmes, jugez-nous
à nos résultats dans ce processus de révision de programmes, pas ce qui a été
fait dans le passé, parce que ce qui a été fait dans le passé... on ne peut pas
revivre le passé
Le Président
(M. Bernier) : M. le député de La Peltrie.
M.
Caire :
Mais, M. le Président, en tout respect pour le ministre, quand je dis qu'il se
dissocie de sa formation politique,
c'est exactement ce qu'il vient de faire. Il dit : Jugez-moi
à mes résultats. Je lui dis : O.K., c'est ce que je fais. Alors, il dit : Non, non, non, pas ceux-là.
Ça, ce n'est pas les bons résultats sur lesquels on devra être évalués. Ce
n'est pas sur ces résultats-là qu'il faudra
être évalués, parce que ça, c'est le passé. Et là il me dit... là, il
bifurque pour me parler de l'équilibre
budgétaire. Bien, moi, je vous dis : Je vous juge sur les résultats de la
révision des programmes, premièrement.
Deuxièmement,
le président du Conseil du trésor me dit : Je ne sais pas ce qui s'est passé,
je ne peux pas vous le dire, je ne le
sais pas. Bien, justement, sachant que la première politique
a été un échec, sachant que M. Ouellet était là, et si... Bon, je ne suis pas sûr comme DPI, mais je
pense que, comme secrétaire du Secrétariat
du Conseil du trésor, vous
avez quelqu'un de compétent avec vous. Pourquoi ne pas lui demander? Pourquoi
ne pas lui demander : Pourquoi a-t-on échoué?
Qu'est-ce qui n'a pas bien
fonctionné? Vous ne pensez pas, là, que, quand on veut faire une recette, puis
qu'on pense que la recette est bonne, puis
que ça n'a pas donné des bons résultats, c'est peut-être le chef qui s'est
trompé? Alors, pourquoi ne pas poser
la question : Quelles sont les erreurs que nous avons commises qui nous
ont amenés à échouer, plutôt que de
dire : Bien, moi, je ne sais pas ce qui s'est passé, puis, de toute façon,
moi, je ne regarde pas en arrière? Quand on veut savoir où on s'en va,
ce n'est pas une méchante idée de savoir d'où on vient.
Et finalement
est-ce que, cette fois, il y aura des objectifs? Parce que, si cette
politique-là avait un défaut, c'est de ne pas avoir de cible, de ne pas avoir d'objectif. Alors, combien de
programmes y a-t-il? Combien de programmes devront être révisés? À quel rythme? Combien de ressources
seront affectées à ça, combien de ressources humaines et financières
seront affectées à ça? Et quel est le niveau de compétence qu'on exigera de ces
ressources-là?
Parce que je
me souviens d'avoir eu cette discussion-là avec M. Ouellet dans un autre
cadre où il disait : Nous avons
des équipes qui sont capables de faire ça, mais on fait de la révision de
ressources financières, de ressources humaines, et, sur l'efficacité des
programmes, l'efficience des programmes, ce n'est pas notre tasse de thé.
Là, là, je
comprends que, maintenant, ça fera partie du mandat. J'en suis heureux. Je
pense que c'est une bonne idée. Mais est-ce que les ressources seront au
rendez-vous?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão :
M. le Président, oui, les ressources sont au rendez-vous. Mais j'aimerais,
avant de parler de ça, et peut-être
M. Ouellet pourrait fournir des détails un peu plus précis, mais
j'aimerais que ce soit très clair, que je le dise ici devant vous, M. le
Président...
Le Président (M. Bernier) :
Et devant les gens qui nous écoutent.
M. Leitão : ...et les millions
de Québécois qui nous écoutent à ce moment-ci... Non, ça, c'est sérieux, c'est important. Je vais réitérer toute ma confiance
dans l'expertise et le travail très dédié non seulement de M. Ouellet,
mais de toute l'équipe qui est ici, derrière. Le travail qui se fait au Conseil
du trésor est un travail extrêmement rigoureux et extrêmement compétent.
Donc, j'ai
trouvé un petit peu malhabiles vos propos, d'essayer de peindre une... dresser
un portrait un peu trop cavalier des compétences des...
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre, si je demande de ne pas susciter de débat en présentant des...
• (21 h 30) •
M. Leitão : C'est ce que
j'avais entendu. En tout cas, je réitère, donc, je réitère mon entière
confiance...
Le Président (M. Bernier) :
...ce genre de message.
M. Leitão : ...dans les capacités du
personnel du Conseil du trésor, qui sont d'un professionnalisme...
Le Président (M. Bernier) :
Ça, ça me va. Ça, ça me va. Ça, je suis parfaitement d'accord avec vous.
M. Leitão : ... — très
bien — d'un
professionnalisme, vraiment, et d'une grande compétence. Ça, c'est la première
chose.
Deuxièmement, ce qui fait vraiment la
différence, ce qui va déterminer en grande partie si une révision de programmes, quelle qu'elle soit, de n'importe quel
programme, va atteindre ses objectifs, va vraiment fonctionner, c'est
surtout le leadership, donc à quel niveau... où est-ce que se trouve le support
politique pour un tel exercice. Quand le support politique pour un tel exercice
vient d'en haut, vient justement du premier ministre, et par la suite les
autres membres de ce comité-là, Trésor et
les Finances... bien, il va falloir maintenant, probablement, changer un peu ce
comité-là, mais, quand le leadership
politique, donc, vient d'un très haut niveau, au niveau en termes de hiérarchie
politique, si vous voulez, ça
n'assure pas, bien sûr, le succès, mais c'est un ingrédient extrêmement
important dans l'atteinte de ce succès-là. Et peut-être, peut-être, une
des raisons qui a fait que, dans le passé, ce genre d'exercice a eu moins de
succès, c'était peut-être parce que le leadership politique n'était pas à un
niveau aussi élevé que ça. Peut-être.
Je vous dis
«peut-être» parce que je n'y étais pas, je ne peux pas savoir dans les détails
comment les choses se sont passées.
Ce que je peux vous dire, c'est ce qu'on fait maintenant, ce qu'on fait
maintenant et ce qu'on va faire à l'avenir. Ce qu'on a fait dans le passé, encore une fois, c'est
quelque chose que... un peu... enfin, en tout cas, je ne trouve pas très
utile comme discussion. Mais, en tout cas,
pour maintenant, le leadership politique est donné, et donc ça va faciliter en
grande partie l'atteinte de ces objectifs.
Peut-être, M.
Ouellet, vous pourriez nous donner un peu plus de détails en termes des
ressources humaines. Moi, je pense qu'il y a une vingtaine de personnes
maintenant qui sont affectées à cette tâche-là.
Le Président (M. Bernier) :
M. Ouellet.
M. Ouellet
(Yves) : M. le Président, effectivement, peut-être pour
expliquer un peu les concepts, je pense que c'est important de
comprendre la base des différents exercices qui ont eu cours. Comme le
président le mentionnait, il y a de l'évaluation de programmes puis il y a de
la révision de programmes.
Comme le
député l'a mentionné, en 2014 une directive qui avait été mise en place pour
l'évaluation de programmes au Secrétariat du Conseil du trésor, c'était
une préoccupation importante pour nous. Évidemment, on comprend qu'il y a des enjeux au niveau budgétaire, puis donc
d'être capables d'apprécier la performance des programmes, d'être
capables de les évaluer, pour nous, c'était
important. C'était important pour le secrétariat, plus difficile de partager
cette approche-là avec les collègues,
avec les autres organismes, donc mise en place d'une directive pour amener les
différents organismes gouvernementaux à travailler dans ce sens-là. Donc,
ça, c'est une chose.
Maintenant,
la révision de programmes, avec la décision gouvernementale d'aller de l'avant
dans ce sens-là, là ça a pris une
tout autre dimension. Comme le président du Conseil du trésor l'a mentionné, un
leadership fort, au niveau du gouvernement,
qui est incarné par le premier ministre qui pilote un comité de révision
permanente des programmes, ce qui
n'était pas le cas auparavant... et même l'organisation, au sein du Secrétariat
du Conseil du trésor, qui a été modifiée pour faire en sorte d'avoir une
unité dédiée spécifiquement à la révision des programmes pour être en mesure de
documenter l'approche, de développer des
outils, d'accompagner les ministères et les organismes. Dans le fond, ce
qui est souhaité, c'est de développer une
réelle culture de révision des programmes au sein du gouvernement. Donc, vous
voyez un peu, c'est comme à deux vitesses
différentes : préoccupation au niveau du secrétariat dans un premier
temps, mais, lorsque le gouvernement l'a amené à un autre niveau, on
parle d'un autre exercice, qui est beaucoup plus ambitieux.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. le député de La Peltrie.
M.
Caire : Merci, M.
le Président. Donc, je comprends essentiellement que l'autopsie de l'échec,
c'était une question de leadership, de
volonté d'aller vraiment au bout de l'idée. Et ce que le président du Conseil
du trésor me dit, c'est que, cette
fois-là, l'ingrédient nouveau dans la recette, c'est qu'il y a une volonté
affichée, très ferme, du premier ministre, d'aller au bout de l'idée.
Tant mieux.
Soit dit en passant, M. le Président, je tiens à
réitérer, là, à micro ouvert, que j'ai bien dit que je soulagerais effectivement M. Ouellet de son poste de DPI mais que, comme secrétaire du
Secrétariat du Conseil du trésor, je pense que vous avez quelqu'un d'extrêmement
compétent entre les mains. Ça, c'est ce que j'ai dit et que je réitère.
Et nous avons
déjà eu, M. Ouellet, cette discussion-là sur l'évaluation ou la révision
des programmes, où vous disiez qu'on se limitait — puis
je vais poser ma question au président
du Conseil du trésor, mais je vais
regarder M. Ouellet — qu'on se limitait à l'évaluation des ressources financières, les ressources
humaines et de l'efficience, mais pas du programme en tant que tel. Donc là, je comprends que cet
élément-là, il s'ajoute aux équipes que vous aviez déjà en place. Donc, on
va leur demander de valider l'efficience des ressources humaines, des
ressources financières, mais on va ajouter le volet efficience du programme
dans la révision. Est-ce que j'ai bien compris ce que vous m'avez dit?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre, 1 min 30 s.
M. Leitão : Oui. C'est un peu ça.
M.
Caire : C'est ça?
M. Ouellet (Yves) : Bien,
oui, c'est...
Le Président (M. Bernier) :
Oui, M. Ouellet.
M. Ouellet
(Yves) : Comme le
député le mentionne, là ça ne sera pas seulement le programme en tant
que tel, sa performance, mais effectivement est-ce que ça devrait relever de l'État. Est-ce que
ça répond à un besoin qui est prioritaire? Est-ce que les grands objectifs
sont atteints? C'est une approche un peu comme vous le mentionnez.
M.
Caire : Est-ce
qu'il est toujours pertinent?
M. Ouellet (Yves) : Et voilà.
M. Leitão : Est-ce que je pourrais peut-être
vous donner un exemple concret de ce que...
Le Président (M. Bernier) :
Oui. Allez-y, M. le ministre.
M.
Caire :
Il me reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Bernier) :
Il reste une minute.
M.
Caire : Bien, je...
M. Leitão : Allez-y. Allez-y.
M.
Caire : Non, parce
que j'ai une question importante à... laquelle je veux poser puis...
Le Président (M. Bernier) :
Bon, bien, allez-y, posez votre question.
M.
Caire : Les cibles, est-ce que vous avez des
cibles? Combien de programmes? Combien, par année, vous voulez revoir? Est-ce
que vous avez des objectifs?
Est-ce que vous avez des cibles, qu'on va pouvoir mesurer
l'efficacité de ce comité-là? Je veux
dire, en 2017, là, moi, si je veux savoir si le comité a fait un bon travail,
là, j'ai quoi, comme point de repère
pour... Comment je peux évaluer ces résultats si je n'ai pas de cible, d'objectif,
d'échéancier? Gestion à la performance, mettons?
Le Président (M. Bernier) : Vous
avez 30 secondes, M. le ministre.
M. Leitão : Oui, tout à fait. Écoutez,
il y a déjà des mandats qui ont été donnés à des ministres, des mandats spécifiques. Comme je vous ai mentionné, il y a
le cas du ministère des Finances, donc mon propre cas, mais il y a aussi d'autres mandats qui ont été
donnés très spécifiquement à des ministres, comme révision de l'aide au développement
économique, donc toute la question de... toute l'approche...
Le
Président (M. Bernier) : Je
veux juste vous aviser, M. le
ministre, que, maintenant, nous sommes sur le temps du gouvernement, O.K.?
M. Leitão : D'accord. Je vais finir,
parce que c'est important, quand même.
Le Président (M. Bernier) : Parce
que le temps étant écoulé du côté du deuxième groupe.
M.
Leitão : C'est important
quand même de compléter la réponse. Donc, dans une première
étape, il y a eu, en effet, ces
mandats qui ont été donnés à un certain nombre de ministres :
donc, aux Finances, Revenu Québec, Développement économique, nouvelle vision
d'affaires de Services Québec. Ça, c'est une première chose.
Deuxièmement,
on est en train d'élaborer un programme plus... un échéancier plus spécifique
en termes de révision de programmes.
Je vous donne un exemple très concret, ce que je voulais faire tantôt, de
peut-être de... donc pour voir qu'est-ce
que ça veut dire, la révision de programmes. C'est ce que nous avions indiqué
d'ailleurs dans notre excellent budget
du mois de mars, c'est que nous allons revoir tout le processus d'optimisation
et de valorisation des activités du Registre foncier du Québec.
Donc, ce n'est pas seulement une question de
voir si les choses se font efficacement ou pas, s'il y a assez de personnes qui
travaillent ou pas, s'ils sont efficaces, s'ils ont l'équipement nécessaire,
mais c'est l'approche même : Est-ce que
c'est quelque chose qui... Est-ce que c'est l'État qui peut et doit continuer à
faire ça? Est-ce que c'est quelque chose
qui peut être privatisé en partie ou totalement? Donc, c'est ce genre
d'exercices que nous allons faire avec toute une série de programmes et
activités de l'État québécois.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Nous allons aller maintenant du côté
du député de La Prairie. M. le député de La Prairie, la parole
est à vous.
• (21 h 40) •
M. Merlini : Merci beaucoup, M. le
Président. Vous savez, M. le Président, un gouvernement qui se dit responsable dépose, quand il présente son budget,
des crédits en même temps que son budget. Et c'est ce que nous avons fait depuis les deux dernières années. Et, dans
l'excellent budget qui a été présenté en mars dernier, il a été présenté
les crédits aussi. Et un des tomes... un des volumes qui est très intéressant
porte évidemment sur les infrastructures publiques du Québec, le fameux... qu'on appelle, dans notre jargon à nous, pour ceux
qui nous écoutent, le PQI, le Plan
québécois des infrastructures 2016-2026. Et j'attire votre attention, M. le
président du Conseil du trésor, à la partie III, que je trouve fort
intéressante parce qu'on parle des plans
annuels de gestion des investissements publics en infrastructures 2016-2017.
Et je vais permettre... vous allez me
permettre, M. le Président, la lecture du Contexte pour bien expliquer
aux gens qui nous écoutent ce soir,
étant donné que les Canadiens ne sont pas dans les séries... voici un peu le
contexte de cette situation qui est quand même très importante.
«La Loi sur les infrastructures publiques,
adoptée par le gouvernement à l'automne 2013, prévoit que chaque ministre doit, à compter de 2015-2016, élaborer un
plan annuel de gestion des investissements publics en infrastructures à l'égard des investissements de son ministère et de
ceux des organismes publics dont il a la responsabilité, le tout dans
une perspective de reddition de comptes
auprès des parlementaires. Bien que le dépôt de ces plans à l'Assemblée
nationale incombe au président du Conseil du trésor, leur élaboration relève de
chacun des ministres responsables.
«Les premiers plans annuels de gestion des
investissements ont été déposés dans le cadre du budget 2015-2016 — et, je
rappelle à nos auditeurs, c'était un budget qui nous a ramenés à l'équilibre
budgétaire. Cette nouveauté a constitué, à l'égard du parc d'infrastructures publiques du Québec, un exercice de
transparence sans précédent pour le gouvernement.»
Alors,
ma première question concernant ces plans annuels de gestion : Qu'est-ce
que ça a apporté, M. le président du
Conseil du trésor, à l'exercice budgétaire de 2015-2016 et également à
l'exercice budgétaire de 2016-2017? Qu'est-ce que ces plans annuels de gestion apportent dans l'exercice de rigueur
budgétaire et dans le retour à l'équilibre budgétaire? Et comment
vont-ils servir dorénavant à la planification budgétaire du gouvernement?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Très bien. Oui. Alors, je pense que vous faites allusion à ce
qu'on appelle, de façon très affectueuse, le PAGI.
M. Merlini :
Oui.
M.
Leitão : Je commence à apprendre tous les acronymes. Écoutez, je pense
que, pour cela, je vais demander à M. Ouellet d'entrer un peu plus
dans les détails de ce programme-là.
Le Président (M.
Bernier) : M. Ouellet.
M.
Ouellet (Yves) : M. le Président, effectivement, c'est ce qu'on
appelle les PAGI. C'est un élément important au niveau de la gestion des infrastructures publiques puis c'est un élément
important au niveau de ce qu'on appelle notre PQI. Essentiellement, ce
qu'on fait avec les PAGI, c'est d'établir un portrait de l'état des
infrastructures publiques. Avec les PAGI, on
vient donner des cotes à nos infrastructures publiques. Ça devient un outil
pour nous guider dans les choix qu'on doit faire au niveau des
investissements.
Donc,
pour chacune des infrastructures publiques, il y a un indice qui est établi
puis il y a un état qui est déterminé pour
décrire son état. Par exemple, il y a cinq indices qui sont utilisés pour présenter
les états des infrastructures. Évidemment,
le A pour un très bon, B pour bon, C pour satisfaisant, donc les trois
catégories, ce que nous, on appelle les catégories vertes. Ensuite, il y a le D, qui est considéré comme mauvais
au niveau de l'état de l'infrastructure, et le E, qui est considéré
comme très mauvais.
Donc,
à partir de ces éléments-là, on vient faire un portrait des infrastructures
publiques et, ce portrait-là, on l'a pour chacune des grandes catégories
d'infrastructures publiques. C'est un exercice de grande transparence,
vraiment, vous l'aurez compris, puisqu'on
présente ce portrait-là à l'intérieur du PQI. C'est un exercice qui s'est
amorcé il y a deux ans, et, au fur et
à mesure qu'on avance dans l'élaboration des PAGI, on va avoir une couverture
qui va être de plus en plus grande de nos infrastructures publiques. À
terme, on vise de couvrir l'ensemble des infrastructures publiques.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de La Prairie.
M. Merlini :
Merci, M. le Président. En ce qui a trait à nos infrastructures publiques, vous
êtes sans savoir, M. le président du Conseil du trésor, que les Québécois et
les Québécoises sont de plus en plus préoccupés par les considérations
environnementales. Lors de l'assermentation du Conseil des ministres, on a même
changé le titre du ministre de
l'Environnement pour le ministre du Développement durable, qui dit,
effectivement, qu'on change la donne. Et, lors de la conférence de Paris sur les changements climatiques, notre
gouvernement a vraiment réaffirmé son engagement dans cette voie du développement durable, et, pour une première fois, la
question des bâtiments durables a été mise à l'ordre du jour lors des
discussions qui ont eu lieu à Paris.
Sans contredit, le gouvernement a un rôle
exemplaire ou d'exemplarité — oui, c'est ça — à jouer. Je l'ai bien dit?
Le Président (M.
Bernier) : C'est bon.
M.
Merlini : C'est bon? Merci, M. le Président. Alors, nos bâtiments, nos
écoles, nos hôpitaux, nos édifices à bureaux
sont responsables de 87 % de l'empreinte écologique liée aux activités du
gouvernement. On a une expertise en bâtiment
au Québec, et l'expert du gouvernement en gestion de projet dans ce secteur,
c'est la Société québécoise des infrastructures,
la SQI, comme on l'appelle dans notre jargon de parlementaires. J'aimerais
savoir quelles sont les actions entreprises par la SQI pour intégrer ces
principes de développement durable dans la conception des projets, et dans la
gestion des projets, et dans les plans à venir.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
M.
Leitão : Très bien. Merci, M. le député. Là aussi, je demanderais à
M. Luc Meunier de vous parler un peu plus dans le détail de ce
sujet-là, mais juste pour vous mentionner avant que c'est une préoccupation
importante de notre gouvernement, le
développement durable, et rappeler un peu à tout le monde que nous avons — ce n'est pas d'hier qu'on a commencé cette préoccupation-là — développé le Fonds vert, nous avons créé le
marché du carbone, donc quelque chose que
le gouvernement du Parti libéral déjà, déjà, depuis un certain nombre d'années,
bien avant mon arrivée, avait fait et il avait très bien fait cette... comme d'ailleurs le Plan Nord, par
exemple, c'est une très bonne réalisation du gouvernement libéral
précédent.
Mais
je divague un petit peu. Alors, pour revenir au... C'est un peu tard, vous
savez, alors on est presque 10 heures du soir...
Le Président (M. Bernier) :
Non, mais on continue à vous écouter, M. le ministre.
M. Leitão : On continue, mais pour
mentionner que, donc, le Fonds vert, une innovation remarquable de la part du gouvernement libéral précédent, nous
facilite énormément la vie maintenant, parce que nous pouvons l'utiliser
pour contribuer à décarboniser notre économie, pour passer à une économie
beaucoup plus verte, beaucoup plus sobre en carbone,
et cela, non seulement dans le domaine des transports, bien sûr, mais dans
d'autres domaines, comme, bon, la construction domiciliaire et
l'efficacité énergétique, etc. Donc, c'est un enjeu important, nous avons les
outils pour le faire, nous avons les outils
financiers pour le faire, et nous avons aussi, donc, un organisme, la SQI, qui
peut certainement accompagner nos
organismes publics dans ce processus de rénovation et de modernisation de leurs
installations physiques, de leurs immeubles pour pouvoir contribuer
aussi au processus d'efficacité énergétique.
Alors, peut-être, M. Meunier, vous pourriez
donner un peu plus de couleur...
Le Président (M. Bernier) :
M. Meunier, en vous identifiant et en donnant votre titre, s'il vous plaît.
M. Meunier (Luc) : Oui. Luc Meunier,
président de la Société québécoise d'infrastructures.
Le Président (M. Bernier) :
M. Meunier, la parole est à vous.
• (21 h 50) •
M. Meunier
(Luc) : Merci beaucoup, M.
le Président. C'est une très, très bonne question qui a été posée par le
député de La Prairie. Il faut comprendre que la SQI joue deux rôles à
l'égard, je dirais, du mandat de gestionnaire d'immeubles : dans un
premier temps, gestionnaire d'un parc d'immeubles appartenant, je dirais, au
gouvernement, 350 immeubles qui peuvent
aller du domaine de la justice, palais de justice, au domaine de la
sécurité publique, centres de détention,
postes de police de la SQ, dans toutes les sphères d'activité, donc,
350 immeubles, 900 baux, également, en location, donc, avec les propriétaires d'immeubles, des exigences fixées
par la SQI. Et, sur son autre mandat, la SQI est également un gestionnaire de projets de bâtiment. Actuellement, dans le
portefeuille du PQI, la SQI est gestionnaire pour environ 75 projets,
pour une valeur aux alentours de 6 milliards.
Donc, il y a
deux leviers par lesquels la SQI peut contribuer au développement durable, soit à titre de gestionnaire d'immeubles et à titre de gestionnaire de projets.
Puis vous avez raison, je pense que l'exemplarité de l'État
puis les valeurs des Québécois,
aujourd'hui, sont très proches du développement durable. Puis vous l'avez notée, la statistique importante : 87 % de
la marque... je dirais, de l'empreinte écologique du gouvernement, comme
propriétaire et gestionnaire, 87 % découle de la gestion immobilière.
Il y a deux,
grosso modo, je dirais, certifications qui permettent, dans le fond, de se
guider dans la gestion, je dirais, de
développement durable à l'égard du bâtiment, une première certification, la
certification LEED, qui est une certification dans le volet Gestion de projets de la SQI. C'est quoi, la certification
LEED? Dans le fond, c'est des exigences lorsqu'on veut construire un bâtiment, dans ce cas-ci,
public, des exigences de conception avec des exigences
environnementales, des exigences sur
l'aménagement, la gestion de l'eau, l'utilisation de l'énergie. Donc, il y a
différentes, je dirais, étapes à suivre, si on veut, lors de la
livraison de bâtiments, obtenir une certification LEED.
À cet
égard-là, moi, je suis très fier,
comme organisation, d'avoir une organisation — puis ça
ne découle pas d'hier, hein, c'est une
culture organisationnelle — où, je dirais, le développement durable est ancré dans la culture
de l'organisation. Je vais vous
donner juste un exemple. Puis, à la SQI, on croit beaucoup à l'expertise,
l'expertise du domaine public pour être en mesure de gérer les
interfaces avec des professionnels et des entrepreneurs.
À la SQI, on
a 33 professionnels, architectes et ingénieurs qui sont certifiés LEED, c'est-à-dire qui ont passé les examens et
les certifications pour être en mesure, je dirais, de monter un dossier pour
permettre à un bâtiment d'être livré avec
des certifications, je dirais, de développement
durable. Donc, ça, c'est un premier
élément. Puis, au cours des dernières années,
juste au cours des dernières années, les édifices livrés par la SQI — on parle de centres de détention, palais
de justice, postes de police — il y a 22 édifices de bâtiments
publics que la SQI a livrés avec des certifications LEED.
Également — qui n'est pas une certification LEED — on sait l'intérêt du gouvernement du Québec
pour la Charte du bois, l'utilisation du bois dans le domaine du
bâtiment. Donc, à cet égard-là, la SQI a livré beaucoup, je dirais, de bâtiments au cours des dernières années avec une
utilisation du bois, que ça soit du parement ou du bois de charpente. Puis vous le voyez, au Québec, quand vous vous
promenez, vous voyez des postes de police avec des structures en bois et
des parements de bois. Donc, l'intérêt de la
SQI d'utiliser également des matériaux avec des caractéristiques, je
dirais, écologiques et des éléments
structuraux, là, qui permettent, dans le fond, l'élaboration de projets en
utilisant des composantes, je dirais,
recyclées et à l'égard, je dirais, de composantes, de structures intéressantes.
Ça, c'est au niveau de la gestion de projet.
Au niveau de l'exploitation immobilière, quand
on dit : Exploitation immobilière, exploiter des immeubles, entretenir des palais de justice, entretenir des
centres de détention, il existe, dans l'industrie, une certification
également pour voir si le gestionnaire de
l'immeuble gère l'immeuble de façon la plus écologique possible, c'est la
certification BOMA Best.
Actuellement, dans tout le parc des 350 immeubles appartenant, je dirais,
au gouvernement, dans le domaine public, dans les domaines que je vous
ai cités tantôt, il y a 112 édifices gérés par la SQI, sur les 350, qui
ont une certification BOMA Best, et
l'objectif de la SQI, c'est encore pousser plus loin, je dirais, les
certifications BOMA qu'on obtient. Puis la certification BOMA, c'est principalement : Est-ce que vous
utilisez, je dirais, des composantes mécaniques qui permettent, je dirais, d'économiser
de l'énergie, de faire en sorte que les gaz à effet de serre soient au minimum au niveau de l'émission via les
bâtiments publics?
Si on regarde
juste... Puis c'est intéressant, parce
qu'au dernier conseil d'administration de la SQI on a adopté notre Plan d'action en développement durable
2016-2020. Dans le fond, on s'est donné des objectifs ambitieux, puis je
pense que c'était important, comme organisme
public, qu'on se donne de tels objectifs ambitieux. Donc, dans le fond,
la SQI s'est fixé, pour l'horizon... jusqu'en 2020, de réduire de 11 % ses
émissions de gaz à effet de serre dans ses bâtiments.
Puis il faut bien dire que ce 11 % là s'ajoute à la réduction de 30 %
qui a été enregistrée dans les bâtiments publics depuis 2003, donc 11 % qui s'ajoutent à un 30 % déjà
livré. Et, également au niveau de la consommation d'énergie à l'égard des immeubles, on s'est donné comme
objectif de réduire de 15 %, d'ici la même date, les émissions
d'énergie, et ce 15 % s'ajoute à
21 % de réduction depuis 2003. Donc, lorsqu'on parle de bâtiments, que ce
soit en gestion d'immeubles, lorsqu'on
remplace des systèmes mécaniques, ou en gestion de projet, il y a le PQI qui
intéresse fortement le Secrétariat du Conseil
du trésor. Mais, lorsqu'on parlait d'évaluation, de révision de programmes, il
faut bien voir le bâtiment non pas comme
un coût dans la livraison d'un projet, mais comme un coût, pour l'État, qu'on
doit supporter, mais sur le cycle de vie de l'infrastructure.
Et, de plus
en plus, le développement durable est conciliable avec l'économie. C'est par
définition développement durable. Et
il est important d'entrevoir une gestion immobilière, une gestion des bâtiments
publics sur le cycle de vie du bâtiment,
pour minimiser son empreinte notamment écologique, mais également son empreinte
financière pour l'État. Parce que,
oui, on va payer un service de la dette lorsqu'on livre un bâtiment public,
mais également on va payer des frais d'entretien,
d'exploitation d'immeuble, d'énergie. Et c'est important de considérer
l'entièreté, je dirais, du cycle de vie du bâtiment lorsqu'on réfléchit
sur la conception et la livraison de bâtiments.
Peut-être faire un peu de publicité en
terminant. On n'a pas souvent la parole... la chance de s'adresser aux parlementaires. C'est encore une opportunité qui
m'est offerte. En mars 2016 — ça, ça fait juste un mois, on est
quand même relativement fiers, et j'ai communiqué à l'entièreté de mes employés
pour les féliciter — en
mars 2016, tout récemment, au Palais
des congrès de Montréal, la SQI a reçu du conseil canadien de bâtiment durable
le prix de Promoteur vert de l'année, c'est-à-dire tant pour sa gestion
immobilière que la livraison des bâtiments livrés en infrastructure au gouvernement du Québec. Elle a reçu, par la firme,
au Canada, qui, je dirais, évalue les différents gestionnaires
immobiliers et les gestionnaires de projet
qui livrent des bâtiments, le prix qu'on appelle le prix Durabilys, à titre de
Promoteur vert de l'année au Québec.
Donc, c'est bien de le noter. Donc, je pense que c'est important, surtout
aujourd'hui avec, je dirais, les valeurs
qui nous incarnent, d'avoir cette préoccupation-là et d'en parler de plus en
plus en se disant : Il y a un cycle de vie dans la gestion des
bâtiments et c'est important de considérer l'entièreté de ce cycle de vie.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le ministre, de votre
présentation, et félicitations pour votre prix. Et nous félicitons
également votre personnel qui vous accompagne dans l'accomplissement de vos
tâches et responsabilités.
Nous allons aller maintenant du côté de
l'opposition officielle pour un dernier bloc. M. le député de Gaspé.
M. Lelièvre : Oui. Merci, M. le
Président.
Une voix : ...
Le Président (M. Bernier) :
Pardon? Non, quand M. Meunier prend la parole, vous n'avez plus de temps.
M.
Lelièvre : J'aimerais poursuivre, M. le Président, sur, je dirais,
des... Il y a des groupes, hein... Vous savez, dans notre société, les mesures d'austérité, les
coupures, on peut les appeler comme on veut, là, mais il reste que ce sont
tous des termes qui, en bout de ligne,
signifient des actions, hein, qui ont été prises par le gouvernement et qui ont
des impacts dans la communauté, à différents
niveaux. Il y a un groupe, entre autres, avec qui j'ai eu le privilège, en
fait, d'avoir des échanges nombreux
comme critique au Trésor et aussi d'avoir, bon, beaucoup d'informations qui,
après consultation, je pense, méritent, là, qu'on en traite tout... du
moins en partie, ici ce soir, ce sont les groupes de défense des droits des
femmes, qui nous ont soumis, au fil des derniers mois, des dernières années,
beaucoup d'informations qui parlent par elles-mêmes.
Quelques chiffres peut-être pour rappeler comment ça se traduit, l'austérité,
au niveau de certains groupes, hein, les jeunes, les femmes, les plus
démunis.
Au niveau des
groupes de femmes, par exemple, on peut constater que... ce qu'on constate puis
ce qui est déploré, c'est tout le revirement, un revirement du
gouvernement à l'égard de certains dossiers, certains programmes, certains budgets, qui fait que c'est difficile pour
certains groupes d'avoir une continuité, d'avoir une prévisibilité dans la
poursuite de leur mandat, de la défense de leurs causes qui leur sont
importantes.
Je pense, par exemple, au Conseil du statut de
la femme. On a une augmentation, dans le budget actuel, d'à peine 1 %, 1,1 %, en 2016-2017. Mais,
l'an passé, le Conseil du statut de la femme a vécu une coupure de budget de
12 %. Donc, coupure de 12 % l'an
passé, une augmentation de 1 % cette année. Même chose du côté du
Secrétariat à la condition féminine, en 2015-2016, on avait une coupure
de 40 %, ce n'est quand même pas rien, là, 40 %, puis, en 2016-2017, on les augmente de 38 %. Si ce n'est pas
jouer au yoyo avec les organismes, avec le monde, je me demande, c'est
quoi. C'est dur pour ces organismes-là, je
vous dirais, d'arriver à défendre leurs dossiers, réussir à défendre leur
mission avec des politiques gouvernementales,
des décisions... ce n'est même pas des politiques, c'est des décisions souvent,
malheureusement, je pense, prises
très rapidement, peut-être sans évaluer les conséquences. Comme je le
mentionnais tantôt, dans les coupures, dans les régions, on n'évalue
pas : à un moment donné, il faut couper.
• (22 heures) •
Vous savez, je ne veux pas être
méchant, là, mais, souvent ce soir, j'ai entendu mes collègues, en tout
respect, de l'autre côté, dire à plusieurs
reprises : Écoutez, nous autres, on est la rigueur, nous, on est le
contrôle budgétaire, nous, on est l'équilibre budgétaire. Puis c'est
vrai, c'est vrai qu'il semble y avoir un certain équilibre budgétaire, une
atteinte de l'équilibre budgétaire. Mais à
quel prix, hein, à quel prix, là? Vous savez, ce n'est pas dur de couper les
dépenses quand on n'évalue pas
vraiment toute la portée des conséquences de nos gestes. Puis ça, je pense que
tout gouvernement aurait pu arriver à un équilibre zéro. Vous savez,
arriver à l'équilibre zéro, là, c'est un exercice mathématique. Avec des bons comptables, des bons fonctionnaires, on peut y
arriver facilement. Sauf qu'on néglige souvent d'évaluer les
conséquences de ça. Parce qu'on vit dans une
société, on gère une société, puis il faut être conscients que, derrière les
chiffres, il y a des humains, il y a des organisations, il y a beaucoup
d'intervenants qui écopent de ces décisions-là. Donc, l'atteinte de l'équilibre
budgétaire, oui, mais à quel prix? On peut se poser la question.
Donc,
si je reviens au niveau des impacts sur les groupes de femmes, il y a eu des
études qui ont été réalisées, puis notamment à partir d'une étude que
j'ai ici entre les mains. Ce qu'on dit, c'est que, depuis 2008, par exemple,
les mesures de relance économique pour les
secteurs traditionnellement masculins ont vu une augmentation de
7,3 milliards, notamment les
infrastructures, comparativement à 3,5 milliards, la moitié, pour les
secteurs traditionnellement féminins. Donc,
50 % des augmentations dans certains domaines touchent davantage des
hommes que des femmes. Depuis 2008, les mesures de réduction budgétaire frappent davantage les femmes :
13 milliards de coupures dans des secteurs dits féminins,
comparativement à 9,9 milliards dans les secteurs à prédominance
masculine.
Les
coupures dans les programmes qui permettent d'accroître le nombre de femmes
dans des postes décisionnels sont
nombreuses aussi, on pense au programme Chapeau, les filles!, À égalité pour
décider, puis également un programme, là, dans la région de la Mauricie,
Mauriciennes d'influence!, puis on pourrait en nommer d'autres, j'en suis
certain.
Un
autre élément qui mérite d'être mentionné puis qui exprime aussi, clairement,
là, l'impact des coupures au niveau
de la clientèle féminine, on parle de cinq fois plus d'emplois créés pour les
hommes que pour les femmes en 2015, six femmes sur 10 gagnent moins de
20 000 $ par année, tandis que les Québécoises gagnent en moyenne
seulement 67 % du revenu des hommes.
C'est quand même des chiffres qui parlent fortement puis qui nous amènent, je
pense, à réfléchir puis à peut-être
évaluer, hein, la façon de gérer nos programmes en tenant compte de l'équité
entre les hommes et les femmes, parce que c'est clair qu'il y a des
groupes, dans notre société, qui sont perdants.
On
pourrait parler des jeunes aussi, des forums jeunesse, toutes les organisations
qui sont vouées à la promotion puis
la venue des jeunes en région notamment, des coupures importantes, on le vit,
on le voit, là, puis on voit aussi les résultats
sur le terrain. Dans certaines régions, le seuil migratoire positif des jeunes
de moins de 35 ans, on avait réussi à le renverser de façon positive depuis les dernières années. Mais, l'an
passé, après quatre ans de seuil positif migratoire au niveau des moins de 35 ans dans le
Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, on est revenus à un seuil négatif. Donc, il y
a des impacts, là, à ces coupures de budget là, là, c'est clair.
J'aimerais
parler également de... On ne peut pas, je pense, traiter une session comme
celle du Conseil du trésor sans parler
de, hein, la fameuse... le fameux dossier de la rémunération des médecins, un
dossier qui a fait couler beaucoup d'encre,
un dossier qui a créé beaucoup, je dirais, de discussions, mais même de
controverses, là, oui, au sein de la société, au sein de l'ensemble des
organisations et partis politiques ici, à l'Assemblée nationale, mais même au
niveau des différents ministres qui ont occupé le poste, là, de président du
Conseil du trésor.
Vous
savez, la question que j'adresserais au président du Conseil du trésor à ce
moment-ci, c'est : Quand on parle d'équité, quand on parle de
justice sociale, quand on parle de gouverner un État comme le Québec de façon,
je dirais, responsable, comment peut-on
expliquer que plus de 60 % de l'augmentation du budget de la santé en
2016-2017 a été attribué strictement
à la rémunération des médecins? Comment expliquer que l'indexation,
l'augmentation des budgets pour les organismes communautaires plafonne à
à peine 1 % pour l'année 2016-2017?
On
sait qu'il y a eu différentes, je dirais, stratégies, différentes visions de la
part des titulaires du poste de président du Conseil du trésor. Par exemple, le député de Nelligan, qui occupait le
poste, avait tenté, hein, de limiter à 3 % l'augmentation de la rémunération des médecins. Et, suite à l'arrivée du
nouveau président du Conseil du trésor, le député de Louis-Hébert, bien, la valve a été ouverte, et
finalement la partie de bras de fer a été gagnée par les médecins, puis
on est arrivés à des augmentations faramineuses, hein, au niveau de... qui ont
grugé 60 % de l'augmentation du budget de la santé. Puis, pendant ce temps-là, la semaine dernière, on entendait le
ministre de la Santé présenter un rapport de l'état de nos
infrastructures, l'état de nos hôpitaux, qui ressemble beaucoup, hein, au
portrait de nos écoles.
Donc, il y a des
besoins énormes dans l'ensemble du réseau de la santé, donc comment faire pour
arriver... Comment le président du Conseil
du trésor peut, je dirais, avec toute l'importance de son poste, défendre une
décision comme celle qui a été prise au
niveau de la rémunération des médecins? 60 % de l'augmentation attribuée
strictement à la majoration de la
rémunération des médecins, on parle de près de 800 millions, là, si on
fait le cumul de toutes les ententes, les
rétros, etc. Donc, j'aimerais entendre le ministre sur sa perception comme
président du Conseil du trésor et comme ministre des Finances par
rapport à cette décision-là qui a été prise.
Le Président
(M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Très bien. M. le Président, il y a plusieurs éléments. Moi, j'ai au moins
quatre éléments que j'aimerais mentionner dans les propos du collègue de
Gaspé. Commençons par le dernier, justement, par la rémunération des médecins. Écoutez, tout ce que j'ai à dire à cet
égard-là, c'est que, pour l'année fiscale 2016-2017, tout est bien
provisionné, il n'y a pas de surprise, et
c'est totalement à l'intérieur de notre cadre budgétaire, il n'y a aucune
surprise. Pour les années subséquentes, ça, je vous invite à discuter de
cette question avec le ministre de la Santé, c'est lui qui va mener des
négociations avec les médecins, donc c'est son dossier. C'est à peu près tout
ce que j'ai à dire à cet égard-là pour... Puis je vous invite à participer aux
crédits du ministère de la Santé pour plus d'information.
Mais
j'aimerais surtout revenir aux propos du collègue quand il dit que l'équilibre
budgétaire, c'est facile et que, bof,
n'importe qui l'aurait fait. Bien, si n'importe qui l'aurait fait, comment se
fait-il que son gouvernement ne l'a pas fait? Et son gouvernement ne l'a pas fait parce que... Et vous avez dit
plut tôt, aujourd'hui, M. le Président, que j'avais une bonne mémoire, et je me rappelle très bien,
même si c'est déjà passé 10 heures, hein, je me rappelle encore très
bien qu'en 2013-2014 c'était le choix...
donc le gouvernement de l'époque a choisi... Il l'avait d'ailleurs dit à tout
le monde qu'il choisissait de faire
un déficit, c'était leur choix. Et ce n'est pas parce qu'il y a eu un déficit
en 2013-2014 que la croissance économique était si forte que ça. Au
contraire, l'année 2013 était assez faible aussi.
Donc, à un
moment donné, il faut avoir la cohérence de ses convictions. Comme on l'a dit
tantôt, avec la discussion qu'on
avait avec le député de La Prairie, de fournir des services publics à
crédit, ce n'est vraiment pas soutenable à long terme. Alors, à un
moment donné, il faut faire des choix, et nous avons fait des choix pour
ralentir la croissance des dépenses et nous assurer que, de cette façon-là,
nous éliminerions le déficit et retrouverions l'équilibre budgétaire.
Quand on nous
dit : Oui, équilibre, mais à quel prix?, j'aimerais aussi qu'on
considère : Manque d'équilibre à quel prix? Quel aurait été le prix si on n'avait pas été capables d'atteindre
l'équilibre budgétaire? On ne parle jamais de ça, comme si, oh, bof,
écoutez, 2 milliards de plus, 3 milliards de plus, un déficit, ce
n'est pas tellement important. Les conséquences
auraient été très fâcheuses pour l'économie du Québec si on n'avait pas été
capables d'atteindre l'équilibre budgétaire.
Comme on l'a dit depuis le début, ce n'était certainement pas une obsession,
l'équilibre budgétaire, c'est une obligation. Il nous fallait absolument
y arriver.
Pour ce qui
est des dépenses publiques et nos politiques budgétaires, est-ce que ça
pénalise surtout les femmes? Écoutez,
c'est une question d'interprétation. J'en
conviens bien qu'il y a encore du chemin à faire pour assurer un
meilleur équilibre, une meilleure répartition de la richesse entre les hommes
et les femmes, ça, on...
• (22 h 10) •
Le
Président (M. Bernier) : M. le ministre, il reste 1 min 30 s. Je vais
redonner la parole au député de Gaspé pour qu'il puisse clore son bloc.
M. Leitão : D'accord. D'accord.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Gaspé.
M. Lelièvre : Bien, écoutez, j'ai quand même
adressé plusieurs questions. Si vous me permettez, je vais laisser le ministre
poursuivre ses explications. Merci.
Le Président (M. Bernier) :
Pas de problème. Poursuivez.
M. Leitão : Très
bien. Alors donc, pour ce qui est de
l'égalité hommes-femmes, je conviens donc, j'en conviens bien, qu'il y a encore du chemin à faire, qu'on
n'a pas encore atteint un point où nous puissions être tous satisfaits du
travail, j'en conviens très bien. Cependant, je ne serais pas d'accord avec
vous quand vous dites que les politiques que nous avons mises en place ont contribué à augmenter l'écart. Moi, je vous
soumets que c'est justement le contraire. On a parlé tantôt de
conventions collectives dans le secteur public. Un grand nombre de nos employés
sont des femmes. Dans le secteur de la santé, le secteur de l'éducation en
particulier, un très grand pourcentage de ces employés qui sont des femmes, et donc le fait que nous avons été
capables d'atteindre un accord négocié où il y a quand même
des augmentations salariales, à notre avis, raisonnables favorise les
employés, qui sont majoritairement des femmes.
Aussi, en ce qui concerne les CPE, on a beaucoup parlé des CPE, politique familiale, n'oublions pas
que, particulièrement pour les mères monoparentales, notre approche de
moduler les services de garde selon le revenu des parents, justement, protège les familles à faibles revenus et protège
surtout les mères monoparentales. En
fin de compte, avec notre système de
modulation, ces personnes plus vulnérables se trouvent à payer considérablement
moins que ce qui aurait été le cas si
on avait procédé à une augmentation de 2 $
par jour pour tout le monde. Le gouvernement précédent voulait passer de 7 $ à 9 $ pour
tout le monde, indépendamment du revenu. Non, nous avons protégé les personnes
à bas revenus, un grand nombre de mères monoparentales qui se trouvent à
payer moins en services de garde.
Les
infrastructures, c'est un peu... Enfin, je ne suis pas tellement d'accord avec
le raisonnement qui dit, parce que les
travailleurs de la construction sont surtout des hommes, que, donc, les
dépenses en infrastructures, c'est quelque chose qui bénéficie aux hommes. Enfin, quand on construit
une nouvelle école, par exemple, enfin la plupart... bon, ce sont les
enfants qui vont bénéficier d'abord d'avoir
la nouvelle école, et les travailleurs de l'école, souvent des femmes, encore
une fois, ce sont des enseignantes
pour la plupart, ce sont des femmes aussi. Alors, je pense qu'il faut regarder
un peu plus loin que juste les
dépenses d'infrastructures, donc les personnes qui travaillent dans la
construction mais aussi les personnes qui vont par la suite opérer et
travailler dans ces nouvelles infrastructures.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Trois-Rivières.
M. Girard : Merci, M. le
Président. Mon collègue de Gaspé parlait tantôt de rigueur budgétaire,
d'équilibre budgétaire. Effectivement, on a
atteint l'équilibre budgétaire. Permettez-moi de faire un parallèle aujourd'hui
pour les gens qui nous écoutent. Les
familles qui nous écoutent doivent faire également des budgets, doivent
calculer, semaine après semaine, mois
après mois, les revenus versus les dépenses. Une famille qui fait son budget
peut quand même calculer de façon
assez égale d'une année à l'autre, c'est-à-dire que les revenus sont souvent
les mêmes, sont prévisibles. On doit calculer
nos dépenses, combien on va dépenser par année pour équilibrer notre budget.
Lorsque la famille veut faire une dépense
supplémentaire, que ce soit une résidence, une voiture, les gens vont se
présenter à l'institution financière. L'institution
financière va analyser, bien sûr, les revenus de la famille, va analyser les
dépenses de cette famille pour faire un
ratio, combien ça nous coûte, et va regarder également la cote de crédit de
cette famille-là, qui va nous permettre d'établir le risque que prend l'institution financière et
établir le taux d'intérêt que cette famille va payer sur son prêt qui va
être contracté à l'institution financière.
C'est un
petit peu la même chose pour un gouvernement. Un gouvernement va avoir une
dette. Le gouvernement va devoir
gérer ses dépenses, ce que fait le président du Conseil du trésor, et va
également devoir analyser quels seront ses revenus pour l'année à venir. Le niveau de la dette est un facteur important. Les marchés
financiers vont regarder un pays, une
province, ils vont regarder le Québec
en fonction du niveau de la dette, et
en fonction du budget, en
fonction du contrôle des dépenses,
et, selon la façon dont le gouvernement va gérer ses dépenses, selon la façon dont le gouvernement va gérer sa dette, il va y
avoir un impact sur la cote de crédit, il va y avoir un impact sur les agences
de cotation de crédit, que ce soit
Moody's, Fitch, Standard & Poor's, vont coter la province ou le
pays pour déterminer le taux d'intérêt sur cette dette. Et le taux
d'intérêt sur cette dette va avoir un impact important. Si le taux d'intérêt
augmente sur la dette, ça nous coûte beaucoup plus cher, donc nous allons avoir moins d'argent
pour mettre dans les programmes comme l'éducation et la santé.
J'aimerais entendre le ministre sur quels sont
les impacts d'une décote de la province de Québec par rapport aux agences de crédit. Quels pourraient être les
impacts de ne pas réaliser l'équilibre
budgétaire et quel impact ça
aurait sur le futur du Québec?
J'ai des enfants, des petits-enfants. Pour moi, c'est extrêmement important de préparer un avenir des plus équitables pour ceux qui vont nous suivre. Donc, si on ne gère pas
bien le Québec, si on ne contrôle pas nos dépenses de programmes, si on est décotés et que notre taux d'intérêt
sur la dette augmente, quels seront les impacts sur notre société, sur
nos familles, sur l'imposition, sur notre taux d'intérêt, et comment ça peut
impacter l'avenir du Québec?
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre.
M. Leitão : Très
bien. Écoutez, c'est une question
extrêmement importante, bien sûr. Si le Québec
avait un niveau d'endettement qui était, disons, la moyenne des
provinces canadiennes, cette question ne serait pas tellement... enfin, toujours
pertinente, mais elle serait moins importante. Le problème, c'est que nous ne
sommes pas à la moyenne des provinces canadiennes, nous sommes la province qui
est la plus endettée. Donc, nous traînons avec nous un très grand boulet.
Je vais quand même
vous donner un exemple de qu'est-ce
que ça veut dire concrètement traîner
un gros boulet comme ça. On a beaucoup
parlé de milliards depuis cet après-midi, là, de milliards.
Et 1 milliard, c'est 1 000 millions de dollars,
donc c'est beaucoup de zéros, là. Au cours des trois prochaines
années, 2016-2017, 2017-2018, 2018-2019, ces trois
années-là, le gouvernement du Québec, à travers le ministère des Finances, doit
aller sur les marchés financiers et trouver,
emprunter 40 milliards de
dollars — 4-0, 40 000 millions
de dollars — juste
pour rouler la dette. Ça, ce sont les échéances,
la dette qui vient à échéance. Même si on atteint l'équilibre budgétaire, même
si on décidait, au Conseil du trésor,
que demain matin on finit, on arrête tous les programmes d'infrastructure, on
n'emprunte absolument plus rien du tout, on devrait quand même aller
chercher 40 milliards de dollars au cours des trois prochaines années. Ça,
c'est la dette qui vient à échéance.
• (22 h 20) •
Alors, dans un tel contexte, il nous faut absolument
maintenir l'accès aux marchés financiers pour pouvoir faire ces emprunts-là pour qu'on puisse continuer de rouler. Je vous
donne un exemple très concret de ce qui arrive quand un État perd son accès aux marchés. Et je ne veux
pas vous parler de la Grèce ou du Portugal, parce qu'on va vous
dire : Ah! voilà encore qu'il nous
revient avec ses histoires d'horreur, il veut faire peur au monde, blablabla.
Parlons de l'Irlande.
L'Irlande,
c'est un pays qui était bien géré, il n'avait pas une dette excessive, et qui
avait la faveur des marchés financiers,
pas de problème. Il y a eu la grande crise 2007-2008. Les banques
irlandaises avaient fait toutes sortes de choses qu'elles n'auraient pas dû faire, ce qui a forcé l'État irlandais à
sauver les banques, si on peut ainsi le dire. Mais, en sauvant les banques, l'État irlandais s'est trouvé dans
une situation extrêmement précaire parce qu'il a eu besoin d'emprunter
des dizaines et des dizaines de milliards
d'euros pour pouvoir supporter ces banques-là. Alors, ce qui s'est passé en
2009, c'est que les marchés financiers ont
dit : Bien, écoutez, là, votre dette augmente trop rapidement. Et, après
60, 70 milliards d'euros, ils
ont dit : Wo! On arrête. Et donc les marchés financiers n'ont plus accordé
les mêmes termes de financement à l'État
irlandais, qui s'est trouvé, du jour au lendemain, dans une situation
extrêmement précaire, où il n'avait plus accès aux marchés. Et c'est
suite à ça que l'Irlande a dû demander de l'aide d'urgence à l'Union européenne
et faire des coupures massives dans leurs dépenses de programmes.
Si on pense
que ce qu'on a fait ici, c'était de l'austérité, je vous conseille de jeter un
petit coup d'oeil à ce qui s'est passé
en Irlande en 2009-2010. Là, vous allez voir c'est quoi, l'austérité, vous
allez voir c'est quoi qui arrive quand un État perd sa capacité d'accéder aux marchés financiers. Dans notre cas à
nous, comme j'ai dit tantôt, c'est 40 milliards de dollars qu'on a besoin. Imaginons que, pour une
raison extrême, bien sûr, on perdrait la capacité d'accéder aux marchés
financiers. Comment allons-nous trouver les 40 milliards qu'il nous
faudrait juste pour faire face à la dette qui vient à échéance? Donc, c'est extrêmement important de maintenir nos cotes de
crédit, de maintenir notre accès aux marchés financiers pour que ces
opérations-là puissent se faire de façon très facile, comme c'est le cas
maintenant.
Je vous donne
un autre exemple, ce qu'on a fait juste cette semaine, mardi — on est mercredi, donc hier, hein, les
journées passent — on a fait une émission d'obligations,
2,5 milliards de dollars US, une émission d'obligations mondiales, 2,5 milliards. Généralement, le gouvernement
du Québec emprunte en tranches de 500 millions, mais là, puisque
nous avons une bonne réputation dans les
marchés, puisque les conditions sont favorables, nous avons fait ce qu'on
appelle une émission globale d'obligations,
2,5 milliards. C'est énorme, mais ça a été extrêmement bien reçu par les
marchés financiers. Et le prix que nous payons, donc le taux d'intérêt qui nous est chargé
pour cette dette, est extrêmement favorable. Donc, nous jugeons que nous
avons économisé à peu près trois points de base, entre deux et trois points de
base avec cet emprunt-là, de cette nature-là.
Qu'est-ce que
ça veut dire, des points de base? Étant donné notre niveau d'endettement et ce
que nous payons comme intérêt, on peut penser que chaque point de base,
c'est à peu près 20 millions de dollars, donc, en paiement d'intérêt. Alors là, on a épargné, selon nos
calculs, bon, 20 millions de dollars sur la dette totale. Donc, sur les
2 milliards, c'est à peu près, probablement... il se fait des calculs un
peu comme ça, c'est un peu tard la nuit, mais disons qu'on a épargné, avec
cette émission-là, à peu près 1 million, 1,5 million de dollars par
année, chaque année, pendant 10 ans.
Donc, ça,
c'est un exemple très concret de ce que nous économisons parce que nous
maintenons l'accès aux marchés
financiers, parce que nous avons toujours une grande crédibilité. Et nous
continuons d'être capables de financer non
seulement la dette qui vient à échéance, mais aussi nos besoins additionnels de
financement pour les investissements en infrastructures, entre autres
choses.
Alors, c'est
vraiment l'élément le plus... Le député de La Peltrie parle beaucoup
d'objectifs et de... voyons! le terme
m'échappe, c'est tard, mais d'évaluation et de... Et ça, c'est l'évaluation
ultime qu'un État peut avoir, c'est sa cote de crédit et l'évolution de sa cote de crédit. Et nous avons non seulement
maintenu notre cote de crédit, mais, très bientôt, dans les prochaines
semaines, les agences de notation vont venir examiner les livres et vont donc
émettre leurs nouvelles appréciations. Je ne pense pas qu'il y aura
d'augmentation d'amélioration de la cote, mais probablement que les commentaires des agences de notation, dans les
semaines qui vont venir, vont être des commentaires très, très positifs,
qui vont encore une fois contribuer à maintenir notre accès aux marchés
financiers.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Girard : Donc, pour les gens qui nous écoutent, si je comprends bien, l'équilibre budgétaire, le fait d'avoir un budget
équilibré au Québec, notre deuxième budget équilibré, a des
impacts énormes sur le futur du Québec, a des impacts énormes aussi sur le taux
d'intérêt, notre taux d'emprunt, ce qui permet au gouvernement de générer et de
libérer des sommes d'argent supplémentaires qui peuvent être réinvesties dans d'autres types de programmes
au niveau du gouvernement, que
ce soit l'éducation ou la santé.
On a parlé beaucoup d'agences de cotation de
crédit, et M. le ministre nous a parlé des commentaires de ces agences. Je sais que, lors de l'élection, il y
avait beaucoup de regards tournés vers le Québec par les agences de crédit.
Les premiers discours soit du ministre des Finances ou du président du Conseil
du trésor à l'époque parlaient d'équilibre budgétaire.
Il y avait certaines agences de cotation qui avaient certains doutes.
J'aimerais, M. le ministre, que vous nous donniez un petit peu ce qui s'est passé au fil des deux dernières
années, les commentaires des agences de crédit, comment les agences nous ont perçus. Et je sais qu'on a
été reconnus comme étant parmi des excellents gestionnaires d'État à
travers le monde, le Québec a été vraiment
reconnu par certaines agences de crédit. Donc, pouvez-vous nous en dire un
petit peu plus et le type de commentaires que le gouvernement du Québec
a reçus de la part des plus grandes agences de crédit au monde?
Le Président (M. Bernier) :
Un petit peu, pas beaucoup, parce qu'il reste environ une minute.
M. Leitão :
Écoutez, on avait été très bien reçus. Au tout début, en 2014, les agences
avaient exprimé certains doutes quant
à notre capacité d'atteindre les objectifs, aussi ils disaient que c'était
ambitieux, mais par la suite, avec le budget
de 2015 et maintenant le budget de 2016, nous avons confirmé, avec l'atteinte
de nos objectifs, que notre crédibilité est toujours bien notée. Donc,
ils ont confirmé ces objectifs-là.
Et, écoutez,
pour terminer, M. le Président, j'aimerais juste vous citer, comme on a déjà
fait en Chambre la semaine dernière,
ce que l'agence Bloomberg, qui est quand même une agence importante dans le
monde financier, suite à notre budget,
à notre excellent budget du mois de... du 17 mars, avait dit, et vous me
pardonnerez si je le fais en anglais, parce que je n'ai pas la capacité
de traduire à 10 h 30 du soir, c'est difficile, «but» : Québec's
Balanced Budget Strenghtens the Fiscal-Star Status of the Province. Donc,
nous avons un statut de...
Le Président (M. Bernier) :
Alors, sur ces étoiles, nous allons terminer nos discussions. Donc, nous allons
passer maintenant au niveau du vote.
Adoption des crédits
Donc, le
temps alloué à l'étude des crédits budgétaires du portefeuille Conseil du
trésor étant écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix.
Ainsi, le programme 1, Secrétariat du Conseil du trésor, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Bernier) :
Sur division. Le programme 2, Fonctions gouvernementales, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix :
Sur division.
Le
Président (M. Bernier) : Sur division. Le
programme 3, Commission de la fonction publique, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le
Président (M. Bernier) : Sur division. Le
programme 4, Régimes de retraite et d'assurances, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Bernier) :
Adopté sur division. Le programme 5, Fonds de suppléance, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Adoption de l'ensemble
des crédits
Le
Président (M. Bernier) : Adopté sur division. Finalement,
l'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille Conseil du trésor et
Administration gouvernementale pour l'exercice financier 2016-2017 est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Bernier) :
Adopté.
Documents déposés
Je dépose les réponses aux demandes de
renseignements de l'opposition, donc beaucoup de questions, hein?
Et, sur ce,
je remercie les parlementaires qui ont participé à cette journée, qui est très,
très longue. Merci à vous tous, chacun,
d'avoir participé à ce travail. Merci aux recherchistes, au personnel du
Secrétariat du Conseil du trésor, qui ont été présents d'une façon religieuse. Merci à tous. Merci au personnel de
l'Assemblée nationale qui nous accompagne dans tous nos travaux. Merci à
cette gentille page, également, qui est là.
Donc, en ce
qui me concerne, je lève la séance, et la commission ajourne ses travaux à
demain, à 15 heures. Nous étudierons les crédits du volet
Ressources informationnelles.
(Fin de la séance à 22 h 29)