(Seize heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Bernier) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la Commission des finances publiques
ouverte et je demanderais bien sûr
aux personnes présentes dans la salle d'éteindre la sonnerie de leurs
téléphones cellulaires.
La commission
est réunie afin de procéder à l'étude détaillée du projet de loi n° 74,
Loi concernant principalement la mise en oeuvre de certaines
dispositions du discours sur le budget du 26 mars 2015.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Il n'y a pas
de remplacement, M. le Président.
Remarques préliminaires
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Nous débutons sans plus tarder avec les remarques préliminaires. M. le
ministre, vous avez 20 minutes pour vos remarques.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : Très bien. Merci
beaucoup, M. le Président. Je ne pense pas qu'on va rester 20 minutes.
Merci. Bonjour. Bienvenue aux collègues des deux partis de l'opposition, les
collègues du côté ministériel ainsi que les fonctionnaires du ministère des
Finances. Donc, nous entamons aujourd'hui l'étude détaillée du projet de loi
n° 74 concernant principalement la mise en oeuvre de certaines
dispositions du discours sur le budget du 26 mars 2015.
Tout d'abord,
je tiens à remercier les groupes qui ont été invités à participer aux
consultations particulières mais qui ont
décliné. Les groupes invités avaient d'ailleurs été rencontrés lors des
consultations prébudgétaires et également lors de la préparation du présent projet de loi. Nous avons
pris connaissance de leurs commentaires, et je suis heureux de constater
que les mesures que nous proposons de mettre en place répondent à leurs
besoins.
• (16 h 20) •
La mise à
jour du Plan économique du Québec que j'ai déposée la semaine dernière, le 26 novembre, confirme
que le gouvernement est bien engagé
dans l'atteinte de ses objectifs, soit de rétablir des finances publiques saines et équilibrées. Avant
notre arrivée au pouvoir, notre province faisait face à un déficit potentiel de
plus de 7 milliards de dollars.
Certains prétendent que nous avons réussi à
résorber ce déficit en allant chercher de l'argent dans la poche des
contribuables, mais, M. le Président,
j'aimerais vous rappeler que 84 % de l'effort a été fait du côté des
dépenses gouvernementales. Notre contrôle
des dépenses est sain et vise seulement à ramener le niveau de dépenses au même
endroit qu'il était avant la récession
en proportion du PIB. De plus, nous mettons en place plusieurs mesures qui vont
réduire le fardeau fiscal des contribuables, telles que l'abolition de
la contribution santé ou le bouclier fiscal qui entrera en vigueur dans les
prochaines semaines.
Malgré une amélioration significative dans la
gestion des finances publiques, il est important de rappeler que l'année 2014‑2015 s'est encore soldée par un
déficit budgétaire. Le déficit de 2 350 000 000 $ prévu au
budget de juin 2014 a été ramené à un
déficit de 1,1 milliard de dollars. C'est la première fois en trois ans
que le gouvernement respecte sa cible de déficit. L'équilibre
budgétaire, nous vous rappelons, avait déjà été repoussé de deux ans par le
précédent gouvernement. C'est donc deux ans supplémentaires où nous nous
endettons pour payer nos dépenses courantes, un total de 4 milliards de
dollars.
En somme, M.
le Président, nous avons annoncé deux bonnes nouvelles jeudi dernier.
Premièrement, nous avons mis moins
d'argent que prévu sur la carte de crédit pour payer nos dépenses courantes et,
deuxièmement, nous allons arrêter d'alourdir
la dette avec les dépenses courantes grâce au retour à l'équilibre budgétaire.
Malgré certains détracteurs qui réduisent
notre saine gestion des finances publiques à un simple alignement des colonnes
comptables, nous avons réussi, en plus
d'équilibrer le budget du Québec, à mettre en place un environnement favorable
à la croissance de l'économie et à la création d'emploi. D'ailleurs,
comme vous avez pu le constater, nos prévisions de croissance économique pour
les cinq prochaines années sont réalistes et s'inscrivent dans la moyenne de
celles provenant du secteur privé. D'ailleurs, toutes les agences de notation ont souligné, suite au dépôt du dernier budget,
le réalisme de nos cibles ainsi que la bonne gestion des finances publiques. Elles ont aussi souligné la solidité
conférée au Québec grâce à sa place dans la fédération canadienne,
notamment pour avoir accès au financement.
Cette mise à jour
vient également confirmer que nous sommes en voie d'atteindre l'équilibre
budgétaire en 2015‑2016, comme nous nous y
sommes engagés. La gestion rigoureuse des finances publiques que nous avons
mise en place donnera un nouvel élan
à l'économie du Québec. Nous avons réussi à contrôler les dépenses tout en
maintenant des services de qualité.
Je suis fier d'avoir confirmé que l'équilibre budgétaire sera atteint pour
l'année 2015‑2016. Cette étape est importante pour la prospérité du Québec. Nous
l'avons atteint grâce à tous les Québécoises et Québécois qui croient en notre projet pour le Québec. Nous retrouvons,
grâce à eux, notre capacité de faire des choix pour développer, selon
nos besoins et nos priorités, nos politiques sociales, familiales, économiques
et environnementales.
Pour
preuve, M. le Président, l'un des bénéfices du rétablissement des finances
publiques saines est de faire des choix
selon nos priorités. L'effort de tous les Québécois pour assainir les finances
publiques nous permet aujourd'hui de réinvestir
80 millions de dollars d'argent neuf en éducation, directement et
entièrement destinés aux services aux élèves. Malgré le ralentissement économique constaté chez nos principaux
partenaires, la plupart des provinces au Canada dans son ensemble ou l'Europe, les pays asiatiques, le
rythme de croissance de l'économie québécoise s'est maintenu en 2015,
avant d'amorcer un rebond pour 2016.
La
création d'emploi et plusieurs indicateurs économiques démontrent que les
entreprises reprennent graduellement confiance
envers l'économie du Québec. Les entreprises recommencent à embaucher. Depuis
notre arrivée au pouvoir, c'est
45 % des emplois privés salariés créés au Canada qui ont été créés au
Québec. De plus, les consommateurs reprennent confiance dans l'économie.
La consommation des ménages devait augmenter de 1,9 % cette année. Depuis
le début de l'année, l'indice de confiance
du Conference Board du Canada est de 102,6 au Québec, soit un indice plus élevé
que celui du Canada. Notre gouvernement poursuit la mise en oeuvre du plan
économique pour relancer notre économie et rétablir la solidité financière, et
tous ces indicateurs positifs en sont la résultante.
Rappelons que la
dette par habitant du Québec est la plus élevée de toutes les provinces
canadiennes. Si le Québec avait la dette de l'Alberta, par exemple, nous
pourrions nous permettre de faire des déficits, mais on ne peut continuer à emprunter sur la carte de crédit de
nos enfants, alors que nous avons déjà une dette dont le simple paiement d'intérêt
accapare plus de 10 milliards de dollars par année.
Donc,
en plus du retour à l'équilibre, la mise à jour que j'ai déposée confirme également
que nous maintenons notre objectif de réduction de la dette par le
versement de 1,5 milliard de dollars en 2015‑2016 au Fonds des générations. En 2015‑2016, le poids de la
dette brute s'établira à 55 % du
PIB. Nous maintenons notre objectif, inscrit d'ailleurs dans la Loi sur la réduction de la dette et instituant le
Fonds des générations, de ramener le poids de la dette à 45 % du
PIB en 2026, c'est-à-dire dans 10 ans seulement.
M.
le Président, la dette du Québec est sous contrôle. Le projet de loi que nous
nous apprêtons à étudier permettra donc
de continuer sur cette lancée. Il devient essentiel de procéder aux modifications
législatives nécessaires à la mise en place
des mesures qui ont déjà été annoncées au Plan économique du Québec 2015‑2016
puisqu'elles font partie des actions à
poser qui ont été identifiées afin d'atteindre l'équilibre budgétaire et
d'assurer son maintien pour les prochaines années.
L'étude détaillée du
projet de loi n° 74, que nous entamons aujourd'hui, nous permettra
d'échanger avec les groupes de l'opposition
sur les modifications législatives essentielles à la mise en place du plan
économique. Je m'assurerai de fournir
toute l'information nécessaire à la bonne compréhension des changements
proposés, et nous verrons à mettre en place
les outils nécessaires pour faciliter les transitions. Nous sommes convaincus
que les décisions que nous avons prises permettront au Québec de retrouver une saine gestion des finances
publiques, comme le confirme d'ailleurs la mise à jour économique, et
l'amèneront sur la voie de la prospérité.
Ce
projet de loi doit être sanctionné le plus rapidement possible pour que nous
puissions aller de l'avant. Je compte sur
votre collaboration pour que nos discussions soient efficaces et constructives
et qu'elles se déroulent dans le respect de tous. J'aborde cet exercice dans un esprit d'ouverture et je souhaite
que nous puissions mener à terme cette étude détaillée dans les
meilleurs délais afin de pouvoir procéder à l'adoption de ce projet de loi.
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le ministre. M. le député de Rousseau.
M. Nicolas Marceau
M.
Marceau : Oui. Merci, M. le Président. Alors, permettez-moi
tout d'abord de vous saluer, de saluer le ministre et puis les collègues qui l'accompagnent, M. le
député de Beauce-Nord. Et puis je reconnais aussi dans la salle
plusieurs de nos meilleurs fonctionnaires,
de nos gens du ministère des Finances, et que je veux saluer aussi, et qu'ils
sachent d'ores et déjà que toutes les
choses négatives que je dirai ne s'adressent pas à eux mais bien au
gouvernement lui-même, qui, comme vous le savez, est composé des
ministres et du premier ministre.
Alors,
je vais simplement vous dire, pour commencer, que moi, j'aborde l'étude de ce
projet de loi avec ouverture, bien
entendu, avec l'idée de le rendre meilleur et de l'améliorer. Et je vais
émettre un souhait à ce stade-ci, M. le Président, c'est que
l'étude détaillée de ce projet dure un petit peu plus longtemps que l'étude du
projet de loi n° 28, qui, elle, n'avait
duré à peine... enfin, je ne pense pas qu'on avait franchi le cap des
15 heures d'étude détaillée pour un projet de loi qui était peut-être cinq fois plus gros que
celui-là, quatre fois plus gros. Bon, enfin, je ne me rappelle pas, enfin. En
tout cas, à l'oeil, il était pas mal...
Le Président (M.
Bernier) : ...faire une règle mathématique.
M. Leitão :
Mais disons que j'espère, j'ose croire qu'on n'aura pas droit à un bâillon, si
on divise 15 par quatre, là, au bout de quatre heures. Alors, j'espère que la
mèche sera un peu plus longue que la dernière fois parce qu'honnêtement la dernière fois on n'a pas eu le
temps d'avoir des débats intelligents sur le contenu du projet de loi
n° 28. On a eu le temps de faire
quelques minutes, quelques heures sur le projet de loi. Je ne crois pas que ce
soit souhaitable. Alors, encore une fois, j'espère qu'on aura l'occasion
de discuter amplement du projet de loi.
Encore
une fois, je l'aborde de façon constructive, même si les quelques minutes qui
vont suivre ne seront pas très, très positives pour le gouvernement,
j'en conviens, là, mais le reste de mes remarques préliminaires ne sera pas
très, très positif.
• (16 h 30) •
Je vais quand
même vous dire, avant de vous parler de la politique budgétaire gouvernementale
en général, je vais quand même
rappeler à tout le monde que le n° 74, c'est l'incarnation, dans nos
textes de loi, des choix qui ont été faits par le gouvernement à l'occasion du budget de mars 2015, que, lorsque ce budget a été voté à
l'Assemblée, nous nous étions opposés
lorsqu'on a réussi, vous et moi et tous les collègues... le débat sur le budget,
j'avais eu l'occasion de vous dire
tout ce que je trouvais problématique
dans ce budget. Alors, évidemment,
vous ne serez pas surpris de m'entendre vous dire, et je le dis souvent, qu'un projet de loi comme le projet de loi n° 74, qui, dans le fond, ne fait qu'incarner
dans les lois les politiques
budgétaires et fiscales du gouvernement, évidemment,
ce n'est pas le genre de projet que moi, je vais appuyer, ce qui
n'empêche pas, ce qui n'empêche pas qu'on puisse faire un travail constructif,
puis intéressant, puis intelligent tout au long des heures que nous passerons là-dessus.
Peut-être
un mot sur la politique budgétaire fiscale du gouvernement. Puisque le ministre
l'a abordée, je pense que c'est de bon ton que je le fasse moi aussi. Je
vais revenir un peu sur la mise à jour. En fait, la mise à jour, il faut
le voir, ne comportait aucune
véritable nouvelle mesure, peut-être l'éducation. J'y reviendrai tout à l'heure, mais essentiellement
il n'y avait pas de grand changement. Le gouvernement tient le cap qu'il avait choisi en mars dernier, et la mise à jour
ne fait que, dans le fond, mettre à jour
les prévisions de revenus, de dépenses, de dettes et autres éléments importants
d'un document budgétaire, ce qui fait qu'à ce stade-ci ce que je peux vous
dire sur la mise à jour puis sur le budget lui-même, ce sont des choses que je vous
ai déjà dites mais, je pense, qui méritent d'être dites.
Tout d'abord,
la mise à jour est venue confirmer que le gouvernement croit pouvoir atteindre
l'équilibre budgétaire cette année. C'est quelque chose qu'on pourra
mesurer et vérifier dans un an à peu
près, lorsque les comptes publics
de l'année en cours seront justement rendus publics par le Vérificateur général
et par le gouvernement. D'ici là, on peut voir
quand même dans les documents qui ont été déposés, dans le document
de la mise à jour, que le portrait semble nous mener vers un équilibre
budgétaire, vers un solde budgétaire
nul. Maintenant, la question que ça pose, c'est : Comment y parvient-on? De quelle manière arrive-t-on à ce
solde budgétaire nul? Et effectivement on égalise, là, les colonnes de revenus et de dépenses. On les rend égales mais
d'une manière qui, quant à moi, n'est pas la bonne. Tout d'abord, du
côté de la colonne des dépenses, il y a des
coupures très sévères et très importantes dans les services en éducation,
en services sociaux puis plus généralement pour les personnes les plus
vulnérables de notre société. Est-ce que c'est judicieux de le faire tel que
c'est fait? Bon, moi, je dois vous dire que j'ai beaucoup de difficultés avec
les choix qui ont été faits.
Encore aujourd'hui à la période de questions, mon collègue de Lac-Saint-Jean rappelait le cas de cette école de l'est
de Montréal qui offre des services aux enfants handicapés intellectuels. C'est quand
même incroyable, là, ce qu'il nous a dit ce matin. Mais ce matin, ou les
exemples d'il y a une semaine, ou ceux d'il y a quatre semaines, ou d'il y a
six semaines, M. le Président, il y a eu des exemples à chaque semaine qui ont
été rapportés par mon collègue de Lac-Saint-Jean, et, à chaque fois, les Québécois
ont été en mesure de constater à quel
point les choix qui ont été faits n'ont pas de bon sens.
Alors, ça, c'est du côté des dépenses. Du côté
des revenus, de la colonne des revenus, il y a eu une hausse du fardeau fiscal. J'ai eu l'occasion de le dire à
plusieurs reprises. Pour une famille de la classe moyenne, deux revenus
de 45 000 $, je pense, ça donne
une hausse de 1 500 $. Et puis, de façon plus macro, quand on prend
les documents de mars dernier, on
peut calculer une hausse de 1 milliard de dollars dans le fardeau fiscal
des Québécois. Ce n'est quand même pas rien. Et, quand on prend une
perspective, donc, plus macro, effectivement, il y a un problème qui est que
les choix du gouvernement soustraient de la croissance économique. Ces choix-là
ont pour conséquence de ralentir l'activité économique. Et l'économiste Pierre
Fortin, qui est un économiste qui a signé le manifeste Pour un Québec lucide
à l'époque, là, ce n'est pas quelqu'un qui
n'est pas préoccupé par l'état des finances publiques, là, nous rappelait
encore récemment que les choix qui ont été faits par le gouvernement ont pour impact de réduire
notre croissance économique. Et il s'inquiétait de ça. Et je pense que
les chiffres qui ont été rendus publics la semaine dernière sont venus
confirmer effectivement qu'il y a un problème du côté de la croissance
économique du Québec.
J'y reviendrai
tout à l'heure, mais qu'on me permette de rappeler que, pour 2015, ce qui est
prévu désormais par le ministère des
Finances, c'est une croissance du PIB nominal de 2,4 %. Alors, nominal,
là, ça inclut à la fois la croissance réelle
et l'inflation du PIB. À 2,4 %, c'est sûr que, si on veut égaliser les
deux colonnes, ça prend des coupures sévères du côté de la colonne de
dépenses. On ne peut pas arriver à avoir des colonnes égales avec un PIB
nominal du côté des revenus à 2,4 %
sans couper de façon très, très sévère du côté des dépenses. Mais il faut se
poser la question de ce que l'austérité qui a été mise en place par le
gouvernement, à la fois par la hausse du fardeau fiscal puis par les coupes dans les dépenses, il faut se poser les
questions : Est-ce que ce n'est pas quelque chose qui est contreproductif,
qui vient ralentir notre économie puis qui, dans le fond, nous enfonce
dans une situation encore plus difficile?
J'ai eu
l'occasion de vous le dire déjà, M. le Président, puis je vais le redire, la mesure
étalon, la meilleure mesure de la
santé de nos finances publiques, ce n'est pas à quel point on contrôle les
dépenses, ce n'est pas à quel point on augmente nos revenus, ce n'est
pas : Est-ce que l'équilibre budgétaire est atteint ou pas? La mesure
étalon, c'est le ratio dette sur PIB. C'est ça qui, ultimement, préoccupe les
emprunteurs. C'est ça qui, ultimement, préoccupe les gens qui nous regardent
puis qui achètent des obligations du Québec. Alors, c'est ça, là, la mesure
étalon.
Et
le paradoxe, si on veut, parce qu'il n'y a pas de paradoxe parce que ça
s'explique, mais le paradoxe apparent dans
lequel on se trouve, c'est qu'au moment où le gouvernement... j'allais dire se
pète les bretelles mais, en tout cas, se félicite de l'atteinte de l'équilibre budgétaire, bien, à ce même
moment, le ratio dette-PIB du Québec se détériore. Il ne se détériore
pas juste un petit peu, il se détériore beaucoup. Simplement pour cette année,
on a une hausse, par rapport à mars, là, pas par rapport à il y a huit ans, là, par rapport à mars
dernier, là... en moins de six mois, le ratio dette-PIB pour 2015 passe
de 54 à 55. Alors, c'est une très forte détérioration.
Et,
contrairement à ce que vient de dire le ministre, là, moi, je crois qu'il y a
de quoi inquiéter les investisseurs qui nous regardent. Ils vont se demander : Est-ce que la cible de 2026
est véritablement une cible qui va être atteinte un jour? Si, à chaque fois qu'on publie un document budgétaire,
la cible se détériore, ils vont se poser des questions... mais surtout
ils vont se poser la question : Comment
se fait-il que ça détériore au moment même où on arrive à l'équilibre
budgétaire? Ça, ils vont se poser la
question. La réponse, elle est très simple : c'est un ratio dette sur PIB.
Et, si on arrive à contrôler la dette, c'est très bien, mais, si on le
fait au prix d'une croissance du PIB qui est beaucoup plus faible, bien,
évidemment, le ratio dette-PIB va se détériorer.
Alors,
je pense qu'il faut être très inquiets de cette situation puis il faut réfléchir
à la meilleure façon d'assainir les finances
publiques. Alors, je l'ai dit puis je vais le répéter : Derrière
l'apparent assainissement des finances publiques que nous donne à penser un équilibre budgétaire ou un
seuil budgétaire nul, il y a une détérioration très claire de la santé
des finances publiques de par la détérioration du ratio dette-PIB à la fois
pour cette année puis pour les années à venir.
Et
ce ne sera pas l'occasion, là, le débat sur le projet de loi n° 74, de
discuter de ces cibles et surtout de ce qui va se passer entre 2020 et 2025, mais, en tout cas,
quand je regarde les cibles puis que je vois... En fait, ce qui se passe, là,
c'est qu'à chaque année, là, on dirait que
l'objectif de 2026 demeure le même, mais la pente devient encore plus forte, et
les réductions du ratio dette-PIB dans le futur devront être extrêmement
importantes pour qu'on y parvienne.
• (16 h 40) •
Il y a quelques
semaines, il y a deux économistes qui ont publié un texte qui s'appelle The
Permanent Effects of Fiscal Consolidations. C'est un monsieur Fatás, puis
le deuxième, c'est Larry Summers. Larry Summers, c'est un ancien secrétaire au Trésor américain, président de la Banque mondiale,
président de l'Université Harvard, conseiller de Clinton, conseiller
d'Obama, enfin, bon, quelqu'un qui est vraiment de très, très haut calibre, là,
probablement l'un des économistes les plus influents de sa génération.
Summers, là, ce qu'il dit dans ce qu'il a publié, c'est
qu'essentiellement de comprimer trop
fortement les dépenses ou d'augmenter trop fortement le fardeau fiscal dans un
contexte de croissance lente, ça peut
avoir pour impact de détériorer la santé des finances publiques telle que
mesurée par le ratio dette-PIB. C'est ce que disent Fatás et Summers
dans leur texte récent. Et c'est exactement le portrait de ce qui s'est passé
au Québec, exactement. Eux, ils ont fait une
analyse statistique pour l'ensemble des pays du monde. Ils ont regardé un peu
partout à travers la planète l'ampleur de la
croissance économique qui était retranchée par les politiques d'austérité puis
l'impact que ça avait sur les ratios dette-PIB et ils sont arrivés à la
conclusion assez claire et nette que plus d'austérité mène à une détérioration
du ratio dette-PIB.
Alors,
je ne vous apprendrai rien, M. le Président, en vous disant ça puisque vous
avez, je suis certain, lu avec attention
et minutie la mise à jour qui a été déposée par le ministre la semaine
dernière. Et vous aurez pu constater comme moi, en comparant les ratios dette-PIB de mars 2015 avec les ratios
dette-PIB de novembre 2015, à quel point la situation s'est détériorée.
Est-ce que les
prochains mois vont être plus intéressants au plan de la croissance économique?
Est-ce qu'on peut envisager que ça va tout d'un coup se redresser? En tout cas,
certainement, c'est ce que laisse sous-entendre le document déposé par le ministre la semaine dernière. Lui, il prévoit un
taux de croissance du PIB nominal de 3,3 % pour l'an prochain.
Permettez-moi de vous dire que beaucoup d'économistes sont sceptiques sur la
capacité du Québec à aller au-delà de
3 % sur le PIB nominal. Je le souhaite. Soyons clairs, là, je souhaite,
moi, que la croissance soit plus forte que
3 % et je souhaite que non seulement elle soit plus forte que 3 %,
mais qu'on dépasse les cibles qui ont été fixées par le ministre. Mais disons que les mesures qui sont
prises par le gouvernement pour y parvenir ne me convainquent pas que
cette probabilité est très forte.
Puis
je vais vous dire deux choses qui m'inquiètent beaucoup. Au-delà du maintien
des politiques de coupures dans les dépenses, qui sont trop fortes, puis
d'augmentation du fardeau fiscal, qui est trop élevé, au-delà de ça, il y a le fait que les deux moteurs de la croissance
économique que sont la scolarisation puis l'investissement ne sont pas...
disons qu'ils ne sont pas alimentés beaucoup par l'actuel gouvernement. Sur la
scolarisation, j'ai eu l'occasion d'en parler tout
à l'heure, là, il y a eu des coupures très, très sévères dans les services à
nos jeunes. Et il faut s'attendre pour le futur, peut-être pas proche,
là, mais moyen, mettons d'ici quelques années, il faut s'attendre à ce que ces
enfants, auxquels on aura enlevé des
services, vivent les conséquences de ce retrait de services. Quand on coupe
dans la lutte au décrochage scolaire,
évidemment, à moins de croire que les montants qui étaient consentis pour ça
étaient inutiles, bien, évidemment, ça a des impacts sur le décrochage
scolaire. Et là tous les organismes de lutte au décrochage scolaire à travers le
Québec sont en train de fermer, là, malheureusement.
Pierre Fortin, puis
je reviens à lui, avait calculé, en 2008 — puis c'est intéressant,
peut-être que le ministre devrait
l'entendre — il avait
calculé, lui, que l'écart de formation d'un décrocheur puis de quelqu'un qui
complète ses diplômes, quand on mesure l'impact que ça a sur les revenus
futurs de cette personne-là à travers le temps, ça a un impact sur l'économie du Québec, là, l'écart de production, c'est de
500 000 $ par décrocheur sur la vie du décrocheur. Ce n'est quand même pas rien, là. Alors, si vous en
faites 1 000, ou 2 000, ou 5 000, ou 10 000 de plus, c'est
beaucoup de PIB du Québec qu'on va perdre.
Alors,
en tout cas, écoutez, moi, là, j'ai entendu que le ministre des Finances est parvenu
à convaincre le ministre de l'Éducation
d'investir parce que lui, il trouvait que c'était maladroit, mais notre
ministre des Finances, qui veille au grain, a réussi à le convaincre. Et, moi, évidemment, dans le contexte où on a
coupé des sommes énormément plus importantes que les 20 millions ou 80 millions qui ont été annoncés la semaine
dernière, écoutez, c'est mieux que
rien, mais disons que, quant à moi, là, on n'est pas arrivés au niveau
où on aurait dû être.
Juste un mot
sur l'investissement. L'Institut
de la statistique du Québec a publié,
en juillet dernier, ses perspectives québécoises 2015, publication dans laquelle on voit bien
qu'en 2014 l'investissement privé, que ce soit en construction non résidentielle ou en machines et équipements, avait été
réduit de 9,7 % puis dans laquelle on voit aussi que les perspectives pour 2015 par rapport à 2014, qui
était déjà une année plus basse, sont également négatives. Alors, évidemment,
on verra en bout de course ce qu'il en sera,
mais disons qu'à ce jour, en tout cas, il n'y a pas de réconfort à trouver
du côté de l'investissement privé, loin de
là, malheureusement. Malheureusement, je le dis, M. le Président, parce que
moi, je crois beaucoup à la nécessaire modernisation de notre secteur
manufacturier et de nos entreprises. Si on veut réussir à faire mieux dans un contexte de vieillissement de la
population, de réduction de la population en âge de travailler, il faut que nos travailleurs soient plus
scolarisés puis qu'ils aient devant eux des meilleures machines, des meilleurs
équipements.
Je termine en disant — et
puis vous le savez, il en a été question aujourd'hui à la, justement, période
des questions — que les pressions sur nos finances publiques
sont loin d'être disparues. Il y a eu des coupures, mais est-ce qu'il y a eu vraiment un travail sérieux pour
réduire les pressions sur nos finances publiques? La réponse, à ce jour,
en tout cas, c'est non. Un des facteurs de
pression sur nos finances publiques, c'est la rémunération des médecins. La
Vérificatrice générale, vendredi dernier,
est venue déposer un rapport dans lequel on a pu constater que, dans le passé,
ça avait coûté plus cher puis, dans
le futur, ça va coûter plus cher. En tout cas, on n'aura pas les économies qui
étaient anticipées. On parle de 400
millions dans le passé, 400 millions dans le futur. Et, si, M. le
Président, on savait qu'on se dirige vers un monde dans lequel on va avoir plus de soins de santé à
un coût inférieur ou de meilleurs soins de santé à un coût inférieur, on
pourrait se dire : C'est temporaire,
mais, malheureusement, ce n'est pas temporaire. Et des pressions comme celles-là,
il y en a dans d'autres secteurs. Alors,
disons que je ne peux pas dire que je suis très, très satisfait de ce qui a été
présenté, je pense que vous l'aurez compris de par mon intervention.
Cela étant,
ça, c'est l'ensemble de la politique du gouvernement, l'ensemble de sa politique budgétaire. Le
projet de loi lui-même ne porte que sur certains éléments de cette politique budgétaire.
On aura l'occasion d'étudier en détail chacun
des articles, et je le ferai encore une fois avec une
approche très constructive et j'espère que ces travaux seront fructueux.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) : Merci,
M. le député de Rousseau. M. le député de Beauce-Nord.
M. André Spénard
M.
Spénard : Merci,
M. le Président. À mon tour de
souhaiter la bienvenue à mes collègues, à M. le ministre, à vous, M. le
Président, à mes collègues députés ainsi qu'au personnel qui est affecté au ministère
des Finances. Je pense qu'ils font un travail extraordinaire malgré leur
ministre. Alors, à mon tour... C'était une boutade, là, ce n'était pas une
évaluation de vous, M. le ministre.
Le Président (M. Bernier) :
Je le prends comme ça, M. le député.
M.
Spénard : O.K. À
mon tour de vous saluer. Puis je pense que le projet de loi n° 74, étude article
par article — il y a 184 articles qui touchent des sujets très différents — ça va être assez fastidieux. Je ne pense pas
qu'on termine avant jeudi. Peut-être, mais ça me surprendrait.
M. Leitão : Nous vivons d'espoir.
• (16 h 50) •
M.
Spénard : Je
commencerais par souligner certaines des modifications apportées, là, surtout
celles pour le Bureau de décision et de révision ainsi que celles apportant des
ajustements pour le fonds des travailleurs. Elles nous semblent justifiées,
puis ça, c'est une problématique qui devait être corrigée. Je pense que ça,
évidemment, nous souscrivons à cet article-là, à ces articles qui concernent
ça.
Certains
autres aussi proposent des simplifications qu'on a toujours encouragées à la
Coalition avenir Québec, simplifications qui permettent de regrouper des
établissements ou des organismes ou d'avoir un plus grand nombre d'économies
là-dessus.
On espère que
le gouvernement... parce qu'il y en a une, section qui touche Loto-Québec et
les loteries du Québec. Et ça, on
espère que le gouvernement va nous présenter les critères socioéconomiques de
cette étude-là, là, qui seront utilisés par la Société des loteries du Québec pour permettre l'installation des
appareils vidéo. Jusqu'à aujourd'hui, ces critères demeurent très
abstraits pour la plupart des demandeurs d'appareils et pour la société en
général, étant donné que ça touche ça aussi.
Il y a
plusieurs autres éléments qui méritent qu'on s'y attarde. Évidemment, lorsqu'on
commence à regarder le projet de loi
n° 74, j'ai déjà dit au président du Conseil du trésor que moi, j'ai
toujours pensé qu'il y avait Dieu et Hydro-Québec, mais j'ai déjà dit,
en commission parlementaire, qu'il y avait Dieu et le président du Conseil du
trésor, et ce projet de loi vient renforcer
drôlement les pouvoirs du président du Conseil du trésor. On n'a qu'à lire les
premiers articles, là. On parle
beaucoup du Conseil du trésor, du Conseil du trésor et du Conseil du trésor.
Alors, je ne sais pas si le président va être content de m'entendre encore
en parler, mais, en tout cas, il sait ce que je pense de ça.
Il y a aussi
un sujet que nous aborderons assez rapidement parce que c'est l'article 12 du
présent projet de loi, qui abolit le
fonds de santé. Le gouvernement s'était engagé à abolir la taxe santé, ça a été
reporté jusqu'en 2019‑2020, sauf que, là,
à la ligne 448 de notre rapport d'impôt, où est-ce qu'on paie la taxe santé, ça
n'ira plus dans le fonds santé, ça va s'en aller au fonds consolidé. Alors, quelle garantie on va avoir que la taxe
santé va servir réellement à financer la santé si c'est rendu dans le fonds consolidé? Ça, c'est une
mesure qu'on va discuter assez profondément parce que ça nous
apparaît... Nous avons toujours été en faveur de l'abolition de la taxe santé,
sauf que, compte tenu de l'état de de la situation des
finances publiques lors de l'élection de ce gouvernement-ci, les finances
étaient pires que qu'est-ce qu'ils avaient escompté,
alors ils ont reporté, évidemment, la disparition de la taxe santé jusqu'en
2018‑2019, je crois, mais le fonds santé s'abolirait avec la loi n° 74, et l'argent s'en irait dans le fonds
consolidé. Alors, quelle garantie avons-nous, à part des dépassements de coûts de 400 quelques millions
qu'on a appris récemment par la Vérificatrice générale... alors quelle
garantie avons-nous que la taxe santé servira pour cette taxe santé là?
Il y a plusieurs autres éléments importants
qu'on va y revenir parce qu'avec les articles qu'il y a là ça a des impacts, évidemment, sur la société québécoise en
général. Je l'ai dit la semaine dernière et je le redis cette semaine,
je pense que le gouvernement, malgré ce
qu'il en dit, malgré l'équilibre budgétaire, je pense que, moi, ce sont les
citoyens qui ont fait l'équilibre
budgétaire, ce ne sont pas les mesures économiques et ce n'est pas le mouvement
économique de ce parti qui est arrivé
au pouvoir et qui croyait qu'en arrivant au pouvoir il aurait une fée des
glaces qui arriverait à un moment donné
pour dire que l'économie reprend. Je pense que l'économie n'a pas repris, je
pense que, dans le dernier budget, on a ignoré l'économie, on ne l'a pas
créée puis on n'a pas eu de mesure créatrice d'économie là-dessus.
Comme le
disait mon collègue de Rousseau, contrôler des dépenses, oui, on est là, et il
y a une manière de les contrôler
aussi. Il y avait de l'abus, on s'en aperçoit. Il y a de l'abus dans les
contrats informatiques, il y a de l'abus un peu partout. Il y a de la
négligence de gouvernance au gouvernement. Alors, ce n'est pas en taxant et en
retaxant les citoyens qu'on va se mettre un
bandeau sur les yeux et qu'on va ignorer la mauvaise gouvernance des différents
ministères.
Alors, on est prêts à collaborer. Évidemment, on
avait voté contre le budget du ministre des Finances au mois de mars dernier. Alors, il y a
certains sujets qu'on va être pour, certains sujets qui vont nous demander beaucoup, beaucoup d'explications, mais, dans le
fond, grosso modo, je pense que ma formation politique va voter contre le projet de
loi n° 74, étant donné que c'est un projet de loi qui vient mettre
en oeuvre certaines dispositions du discours sur le budget du 26 mars 2015,
puis on avait voté contre le budget. Alors, ceci dit, alors, on est prêts à
commencer nos travaux, M. le ministre, avec plaisir.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le député de Beauce-Nord.
Avant de
débuter l'étude article par article, je voudrais avoir consentement pour que le
personnel du ministère des Finances, qui auront certainement l'occasion
de nous aider et de nous éclairer de par leurs connaissances et leurs
expériences durant l'étude de ce projet de loi... pour qu'ils puissent prendre
la parole. Consentement?
Des voix : Consentement.
Étude détaillée
Le Président (M. Bernier) :
Merci beaucoup. M. le ministre, vous lancez la rondelle au jeu.
M. Leitão : On commence, M. le
Président.
Le Président (M. Bernier) : Chapitre
I. Efforts des organismes publics et contrôle de la rémunération. Loi sur le
ministère des Finances.
Article 1. Nous en faire lecture et nous le présenter.
M. Leitão : O.K. l'article 1, en
effet, au chapitre I, donc, la Loi sur le ministère des Finances.
La Loi sur le
ministère des Finances, au chapitre M-24.01, est modifiée par l'insertion,
après l'article 4, des suivants :
«4.1. Le ministre peut, pour la préparation et
la présentation des orientations budgétaires du gouvernement, déterminer des cibles de résultats nets
applicables aux sociétés d'État, autres que la Caisse de dépôt et placement du
Québec, la Commission de la construction du
Québec, la Commission des normes, de l'équité, [et] de la santé et [...]
sécurité du travail ainsi que Retraite Québec.
«Ces cibles
sont déterminées de concert avec le président du Conseil du trésor lorsqu'une
telle société bénéficie d'un transfert,
soit un engagement en vertu duquel le gouvernement, l'un de ses ministres ou un
organisme budgétaire confère, dans l'année financière pendant laquelle
la cible s'applique, un avantage économique à cette société, sans contrepartie
en biens ou en services.
«Pour l'application de la présente loi, les
sociétés d'État sont les personnes morales dont le gouvernement nomme la
majorité des membres ou des administrateurs, à l'exception de celles qualifiées
d'organismes budgétaires, d'établissements
du réseau de la santé et des services sociaux ou d'établissements du réseau de
l'éducation, y compris l'Université du Québec et ses universités
constituantes. Le ministre publie sur le site Internet du ministère une liste
de ces sociétés.
«4.2. La cible de résultat net est transmise au
ministre responsable de la société d'État. Il doit, sans délai, la communiquer
à la société.
«4.3. Une
société d'État à qui une cible de résultat net a été communiquée conformément à
l'article 4.2 doit rendre compte de l'atteinte de celle-ci dans son
rapport annuel.
«4.4. Pour
l'application des articles 4.1 à 4.3, le résultat net d'une société d'État
s'entend de celui présenté dans ses propres
états financiers, établi conformément aux normes comptables qui lui sont
applicables, et comprenant le résultat de toute entité qu'elle contrôle
[sous] ces normes.»
Alors, les commentaires que j'ai à faire sur cet
article 1, c'est que le projet de loi, donc l'article 1 du projet de loi, propose l'introduction, dans la Loi sur le
ministère des Finances, des articles 4.1 à 4.4. Le premier alinéa du
nouvel article 4.1
confère au ministre des Finances le pouvoir de déterminer des cibles de
résultat net applicables aux sociétés d'État, à l'exception de celles
qui sont énumérées au premier alinéa de cet article.
Ce pouvoir doit être exercé aux fins de la
préparation et de la présentation des orientations budgétaires du gouvernement que le ministre présente à
l'Assemblée nationale, comme le prévoit déjà l'article 4 sur la Loi du
ministère des Finances, lors du discours du budget.
Ce nouveau pouvoir est nécessaire au ministre
puisque la préparation et la présentation des orientations budgétaires
impliquent notamment la préparation et la présentation des prévisions de
résultats consolidés. Or, celles-ci ne peuvent être correctement préparées sans
que de telles prévisions ne soient faites pour chacune des sociétés d'État qui
font partie du périmètre comptable. Le respect des prévisions de résultats
consolidés impliquant le respect des prévisions faites par chacune des
sociétés, il s'ensuit que le ministre doit être en mesure de leur indiquer les
cibles de résultat net qu'elles doivent atteindre. En raison de l'autonomie que
la loi confère généralement aux sociétés d'État, elles demeurent libres des moyens
à prendre pour atteindre ces cibles.
Le deuxième alinéa de ce nouvel article prévoit
que, lorsqu'une société d'État visée bénéficie d'un transfert, donc une subvention, les cibles sont déterminées
de concert avec le président du Conseil du trésor puisque la cible peut avoir une incidence sur les crédits à être alloués
à un ministre ou organisme budgétaire en vue du versement de ce
transfert à la société où un versement des crédits alloués aura une incidence
sur la cible à être déterminée.
Le troisième
alinéa de ce nouvel article définit la notion de société d'État. Il s'agit de
personnes morales dont le gouvernement
nomme la majorité des membres ou des administrateurs. En sont exclus les
organismes budgétaires, qui, de par leur nature, ne sont pas autonomes
dans la gestion financière, ainsi que les organismes des réseaux.
Le nouvel
article 4.2 prévoit que le ministre des Finances transmet la cible au ministre
responsable d'une société et que ce
dernier la lui communique. Le ministre responsable est donc informé des
résultats nets qui sont attendus des sociétés dont il est responsable.
Le nouvel article 4.3 prévoit la reddition de comptes à laquelle est tenue une
société d'État lorsqu'une cible lui est communiquée. Et finalement l'article
4.4 définit la notion de résultat net. Voilà.
• (17 heures) •
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Oui. Peut-être, première question... Enfin, avant qu'on commence, M. le
Président, on va faire ça alinéa par alinéa?
Le
Président (M. Bernier) : Bien, on peut le faire selon la
composition de l'article, là. Celui-ci, on peut y aller alinéa par
alinéa. Si ça facilite les discussions puis les questions, moi, je n'ai pas de
problème là-dessus, là.
M. Marceau :
O.K. Bon, en tout cas, enfin, je ne sais pas si on appelle ça un premier
alinéa, mais, en tout cas, le 1, la Loi sur le ministère, je n'ai rien à
poser là-dessus, là, mais sur le 4.1, premier alinéa...
Le Président (M. Bernier) :
C'est ça, on peut y aller par chacun des... 4.1, 4.2, et ainsi de suite, posez
vos questions en regard de...
M. Marceau :
O.K. Bien, en fait, c'est juste que, là, on prévoit, un peu plus loin, que la
liste des sociétés qui sont visées va être publiée, mais j'aimerais
juste avoir une idée plus claire de c'est quoi, l'univers, là, des sociétés,
enfin, quelles sont les sociétés qui sont couvertes par ça.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : O.K. Alors, on a une liste ici de 17 sociétés d'État qui sont
donc visées par l'alinéa 4.1, et puis nous avons une autre liste de 40
sociétés d'État qui sont visées par le... donc de concert avec le Conseil du
trésor.
M. Marceau : Est-ce qu'il est
possible de déposer la liste?
Le Président (M. Bernier) :
Est-ce que vous pouvez déposer cette liste, monsieur?
M. Leitão : On peut la déposer.
Maintenant, il y a d'autres choses dans cette...
M. Marceau : Peut-être
photocopier les...
M. Leitão : Oui, on peut faire une
photocopie juste de cette partie-là.
Document déposé
Le
Président (M. Bernier) : Oui, mais je pense qu'on a un
document, là, qui nous parvient, là, de façon à pouvoir répondre aux attentes. Donc, on va faire les
photocopies et on va vous les transmettre. Donc, vous allez pouvoir
poursuivre vos questions, et on revient. Avez-vous d'autres éléments à ajouter?
M. Leitão : Non, non, je pense que
la liste est assez claire.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Oui, O.K. Bien, O.K., je vais attendre que la liste arrive, là. Je peux
peut-être poser une autre question en attendant. En fait, c'est sur la question
de résultat net. Peut-être me corriger ou me confirmer, dans le passé, il est déjà arrivé ou pas qu'on demande à
des sociétés d'État... Enfin, il faudrait que je voie la liste, là, parce
que je veux être certain de bien comprendre
de quoi on parle. Est-ce qu'il n'est pas déjà arrivé dans le passé qu'on
demande à des sociétés d'État
d'arriver à tel niveau de dépenses, par exemple, ou qu'on mette un plafond à la
croissance des dépenses?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : À la croissance des dépenses? Bon, généralement, on établit
une cible pour les résultats nets comme Hydro-Québec, SAQ, etc., mais
pas sur les dépenses. Maintenant, pour ce qui est d'autres sociétés d'État,
comme la Société du Plan Nord et autres comme ça, je ne pense pas qu'on a...
Des voix :
...
M.
Leitão : Dans le passé, oui, il y a eu déjà... avec un autre projet de
loi, il y avait eu des précisions, comme le projet de loi n° 100, pour certains types de dépenses. On leur
demandait de ne pas dépenser en publicité, par exemple, ou d'autres choses comme ça d'une façon temporaire.
On ne fait plus ça maintenant, on insiste seulement sur le résultat net.
Et donc les sociétés d'État, puisqu'elles ont un certain degré d'autonomie, ont
l'autonomie nécessaire pour décider comment elles atteignent ces cibles-là.
M. Marceau :
Juste pour clarifier, moi, j'avais l'impression que ce qui avait été demandé
dans le projet de loi n° 100 était
encore en vigueur, là, quant aux mesures de... c'était quoi? C'était publicité,
formation et puis déplacements, peut-être?
Il y avait trois éléments qui étaient contraints. Mais en fait je me rappelle
plutôt bien parce que je m'étais chicané gentiment à l'époque avec notre estimé collègue Raymond Bachand. Je me
rappelle que moi, je lui disais : Il faut laisser de la latitude, puis lui, il disait : Non, non,
non! Il faut contraindre tel type de dépense, tel type de dépense, tel type de
dépense. Et là je me retrouve dans la situation inverse où vous, vous me
dites : Non, non, il faut...
Alors,
une première question peut-être très simple... bien, pas première, là, ça fait
quelques questions que je pose, mais question très simple : Est-ce
que les dispositions du projet de loi n° 100 continuent à s'appliquer?
M.
Leitão : Bon, dans le budget, nous le mentionnons clairement à la page
A.61 quand on parle des efforts aux organismes
publics, nous disons très clairement que les sociétés d'État sont autonomes
dans le choix des actions qu'elles mettront
en place pour atteindre les résultats demandés, qu'elles pourront cibler la
nature des efforts réalisés. Donc, on se garde toujours une porte de
sortie, si vous voulez, qu'elles devront respecter certaines orientations
gouvernementales qui leur seront spécifiées,
mais c'est essentiellement en matière de gestion des effectifs. Ça, nous
pourrions, de temps à autre, leur imposer des orientations de gestion
d'effectifs, mais, pour ce qui est de l'autre type de dépense, elles ont
l'autonomie nécessaire de le faire.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député.
M.
Marceau : Mais est-ce que ça veut dire que le projet de loi n° 100 avait
une clause de péremption? Est-ce que le projet de loi n° 100 venait à... Je ne m'en rappelle plus, là.
Je sais qu'il y en avait une sur les cibles de... pas sur les cibles mais sur la rémunération incitative. Ça, je m'en
rappelle qu'il y avait des dates, mais, sur les dépenses de différents
types, là, je ne me rappelle plus.
M.
Leitão : La compréhension que j'ai, c'est que le projet de loi
n° 100 était pour l'année 2013‑2014, pour jusqu'à 2013‑2014,
et ça ne se...
M. Marceau :
O.K., jusqu'à 2013‑2014. O.K., c'est ça. Ce n'était pas une seule année,
c'était 2010‑2011 jusqu'à 2013‑2014. C'est bien ça?
M.
Leitão : C'est ça. Puis, dans le projet de loi, c'est à partir de 28.
L'année passée, pour l'année 2014‑2015, on avait annoncé un certain
nombre de mesures, et là, maintenant, on...
M. Marceau : O.K. Bien, regardez, il y a un changement de philosophie
assez clair, là, entre le projet de loi n° 100 puis ce projet
de loi là. Moi, je vais être cohérent, mais je vais vous laisser dans votre
incohérence. Moi, je vais être cohérent en vous disant que je trouve que c'est
plus intelligent de donner des cibles et puis de demander aux gens de les
atteindre de la manière qu'ils pensent la plus judicieuse. Maintenant, de votre
côté, je constate que ça a changé. Je trouve que c'est plus raisonnable, là.
Vous
avez peut-être réfléchi déjà aux types de cibles que vous allez établir, viser
pour chacune de ces sociétés d'État. Est-ce que vous avez déjà des
chiffres en tête?
• (17 h 10) •
M. Leitão :
Pour l'année 2015‑2016, oui, on l'avait indiqué dans le budget, je cherche...
Donc, on peut l'établir, ce n'est pas une...
O.K. On recommence. Dans l'alinéa 4.1, on dit que le ministre peut établir ces
cibles-là. Pour ce
qui est des trois grandes sociétés d'État, ça, nous l'avons déjà fait. Et je
cherche ici mon... je ne le trouve pas maintenant. Attendez un peu, je le trouve ici. Donc, pour
l'année fiscale 2015‑2016, les cibles ont été établies dans le budget,
c'est 2 750 000 000 $
pour Hydro-Québec, 1 155 000 000 $ pour Loto-Québec,
1 004 000 000 $ pour la SAQ et 43 millions pour
Investissement Québec. Donc, ça, on l'a rendu public, on l'a établi dans le
budget de mars.
M.
Marceau : Oui, je me rappelle, là, qu'on en a parlé, M. le
ministre, je cherche la page. C'était quoi, c'était dans D? Ça se peut-u
ça, dans la section D? Ou dans B, je ne me rappelle plus. Parce qu'il y avait
un lien avec la rémunération incitative lorsque ça a été présenté, non? Il me
semble.
M.
Leitão : Je pense que c'était ça. D.14, c'est ça? D.14. Mais c'était
pour la rémunération incitative, en effet.
M.
Marceau : Donc, ce sont les mêmes cibles pour... bien,
évidemment, là, un minimum de cohérence. O.K. Et les chiffres qui apparaissent pour 2016‑2017, à ce
stade-ci, ça n'a pas le statut de cible au sens des articles qu'on va adopter,
là?
M.
Leitão : Non. Ça, se sont des prévisions qu'on a. Évidemment, pour
établir un budget, il faut avoir un certain degré de confort sur ces prévisions-là, mais elles demeurent des
prévisions pour les années sous C, 2016‑2017 et les autres.
M.
Marceau : O.K. Et puis plusieurs de ces organisations-là ont
des revenus autonomes, là, peut-être pas toutes, là, mais la plupart d'entre elles. L'idée de mettre
des contraintes sur les revenus autonomes... Enfin, je comprends l'idée
du résultat net, là. Ça, ça ne me pose pas
de difficulté. Il y a une époque, je ne sais pas si vous vous rappelez, M. le
Président, où on avait eu, je pense que
c'est moins le cas maintenant, une croissance assez spectaculaire des dépenses
dans certaines sociétés d'État. Puis
ça avait été compensé par des hausses assez spectaculaires aussi aux revenus.
Et certains prétendaient que c'était
le résultat qui comptait. Je me rappelle de cette discussion-là aussi. Est-ce
qu'il a déjà été envisagé d'avoir des contraintes aux dépenses, aux
revenus plutôt qu'aux résultats nets?
M.
Leitão : Quand on impose ces cibles-là, on peut aussi imposer, surtout
pour les grandes sociétés d'État, des restrictions
claires sur la masse salariale, sur les effectifs. Ça, on le fait. Et on ne
fait pas de lien, on ne lie jamais l'atteinte de ces résultats avec les revenus additionnels. Donc, les sociétés d'État
doivent livrer ces cibles-là sans alourdir la tarification.
M. Marceau :
En tout cas, moi, ça va pour l'instant.
Le Président (M.
Bernier) : Ça va? M. le député de Beauce-Nord.
M.
Spénard :
Oui, merci, M. le Président. Vous parlez, dans votre 4.1, là, le troisième
paragraphe : «Pour l'application de la présente loi, les sociétés d'État
sont les personnes morales dont le gouvernement nomme — ça,
ça va bien — à l'exception de celles qualifiées
d'organismes budgétaires...» Ils sont-u là-dedans, les organismes
budgétaires? Avez-vous des exemples d'organismes budgétaires?
M.
Leitão : Pour ce qui est des organismes budgétaires, on n'a pas besoin
de ce genre de mesure parce qu'ils sont déjà sujets au contrôle direct
de leur ministère.
M.
Spénard :
Le contrôle direct de l'État.
M. Leitão :
Donc, ils sortent des crédits des différents ministères.
M.
Spénard :
O.K. Mais avez-vous des exemples d'organismes budgétaires comme tels, là? Je ne
sais pas, pouvez-vous me donner une couple d'exemples?
M. Leitão :
Par exemple, l'AMF, l'Autorité des marchés financiers.
M.
Spénard :
O.K., l'Autorité des marchés financiers. O.K., ça va.
O.K. Est-ce que
les cibles d'atteinte, j'entends Hydro-Québec, Société des loteries, des alcools, Investissement
Québec, ça peut être modifié en cours d'année?
M. Leitão :
Excusez-moi. Oui?
M.
Spénard :
Est-ce que les cibles pour les quatre principales sociétés d'État, là, est-ce
qu'elles peuvent être modifiées en cours d'année?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : En cours d'année.
Avant de répondre à la question, je vais juste faire une précision. Je vous ai
donné un mauvais exemple, l'AMF n'est pas un organisme budgétaire. Un organisme
budgétaire, c'est quelque chose comme, par
exemple, la régie des alcools et des jeux, là, la RACJ. Ça, c'est un organisme budgétaire,
pas l'AMF. Ce n'était pas un bon exemple.
M.
Spénard : O.K.
M. Leitão :
Maintenant, pour revenir à votre question, est-ce que les chiffres peuvent être
changés en cours d'année, la réponse est oui. On peut toujours, de façon
concertée, reparler à la société d'État en question et demander un changement.
Le Président (M.
Bernier) : Dans une mise à jour économique, par exemple?
M. Leitão :
Par exemple, oui.
Le Président (M.
Bernier) : O.K. Merci.
M.
Spénard : Vous avez répondu en partie à la dernière question
de mon confrère de Rousseau mais qui ne me satisfait pas beaucoup. Évidemment, les sociétés d'État comme
Hydro-Québec, Société des alcools, là, je prends juste ces deux-là, là, c'est des sociétés d'État qui
tarifent le citoyen. Bien, ils tarifent le citoyen. C'est-à-dire qu'Hydro-Québec
tarife le citoyen, oui, Société des alcools,
bien, ça, ils mettent les taxes qu'ils veulent. Quelle garantie avons-nous du
gouvernement, quelle garantie pouvons-nous avoir pour ne pas taxer
indûment ou ne pas tarifer indûment le citoyen via les sociétés d'État? Parce
que, je me rappelle, depuis deux ans on en parle et, depuis deux ans, on nous
dit toujours : Bien, le gouvernement n'a pas d'affaire là-dedans. C'est la
société d'État qui est roi et maître, puis elles ont leurs conseils
d'administration, puis elles ont leur ci, elles ont leur ça, sauf que c'est
toujours le même citoyen qui paie.
Alors,
lorsqu'on impose des cibles à la société d'État puis plus on impose des cibles
élevées... quelle va être la manière
pour atteindre ces cibles? Il va certainement y avoir un travail d'augmenter la
productivité, de réduire les coûts, mais,
si on n'atteint pas 2 750 000 000 $ pour Hydro-Québec et
qu'il y a des bonis à la performance qui sont restés dans l'ancien projet de loi avec le président du
Conseil du trésor pour ces sociétés d'État là, quel va être le rempart du
citoyen pour dire qu'il n'y aura pas
d'augmentation de tarif éhontée pour pouvoir atteindre la cible de
2 750 000 000 $? Est-ce que vous avez des garanties
ou si on se replie en arrière de l'opacité du conseil d'administration
d'Hydro-Québec?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Il n'y a aucune opacité en ce qui concerne Hydro-Québec. Les tarifs sont
établis par la Régie de l'énergie, ce n'est pas le gouvernement. Alors,
Hydro-Québec doit faire approuver ses tarifs par la régie. Si, en cours d'année, la société d'État trouvait qu'elle ne
pourrait pas atteindre ces cibles-là, elle ne peut pas, juste comme ça,
augmenter la tarification. C'est très
réglementé, c'est très normé. Une augmentation de tarif d'Hydro-Québec, ça
passe par la Régie de l'énergie. Ça ne peut pas se faire autrement.
Donc,
la société d'État, si elle doit atteindre la cible, elle doit regarder du côté
de ses dépenses. En cours d'année, c'est
ce qu'elle doit faire. Des choses peuvent arriver, si jamais la cible n'est pas
atteinte, ça peut arriver, dans ce cas-là, bon, il y a toute une autre
série de conséquences comme la bonification, etc.
• (17 h 20) •
Le Président (M.
Bernier) : M. le député.
M.
Spénard :
Merci, M. le Président. M. le ministre, vous comprendrez qu'il y a certaines
décisions que le gouvernement prend et qui
influent directement sur le tarif des sociétés d'État. On a juste à prendre
l'éolienne. Ça, c'est prouvé qu'il y
a 700 quelques millions qui est financé par Hydro-Québec, mais c'est une
décision gouvernementale qui oblige
Hydro-Québec à faire ça et à augmenter ses tarifs. Alors, quand je parle
d'opacité, tu sais, j'ai de la misère un peu à obtenir des garanties pour les contribuables ou pour les citoyens en ce
qui concerne les cibles comme telles à atteindre sur la tarification.
L'autre
chose que je veux arriver, c'est... Les cibles, c'est
2 750 000 000 $. Si on s'aperçoit qu'ils se dirigent
vers 3 250 000 000 $, on
peut-u baisser les tarifs ou vous allez collecter
3 250 000 000 $? Il y a en dessous de
2 750 000 000 $, mais, à un moment donné, ça peut-u arrêter
ou si nous pressons le citron jusqu'à temps qu'il n'y ait plus une goutte?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre, parlez-nous de la salade.
M.
Leitão : Oui, la salade. Écoutez, si la société d'État, Hydro-Québec,
par exemple, ou Loto-Québec, se dirige vers
une situation où on voit que son dividende, son bénéfice va être plus élevé que
ce qu'on pensait, eh bien, tant mieux! Des
fois, comme c'était le cas l'année passée, c'est dû à des événements ponctuels,
comme, par exemple, il a fait très froid
l'hiver dernier, et donc la consommation de l'électricité a été plus élevée que
prévu, et donc les revenus d'Hydro-Québec ont été plus élevés que prévu.
Du côté de Loto-Québec, par exemple, cette année, on se dirige vers une très
bonne année. Pourquoi? Parce qu'il y a eu
déjà toute une série de gros lots. Le jeu de hasard, c'est comme ça. Et, quand
il y a des tirages de 40,
50 millions, il y a une augmentation des revenus de Loto-Québec, et ça va
se traduire par des revenus aussi plus élevés, donc des dividendes. On
ne peut pas présumer que, l'année prochaine, on va continuer à avoir toute une
série de gros lots comme c'est le cas maintenant.
Donc,
quand une société d'État livre un dividende plus élevé au gouvernement, eh
bien, tant mieux! Et, souvent, c'est le cas d'éléments très ponctuels
qui ne peuvent pas nécessairement se répercuter dans les années suivantes.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M.
Spénard :
Merci, M. le Président. C'est parce que des éléments... M. le ministre, je
m'inscris un peu en faux là-dessus, là.
Peut-être Loto-Québec, oui, parce que c'est du volontariat de la personne qui
achète des billets, tout ça, mais l'électricité moi, je considère ça
comme un service essentiel. Et, oui, ils ont atteint leurs cibles. En 2014, ils
ont augmenté les tarifs de 4,3 % puis,
en 2015, de 3,7 %. Ça, vous comprendrez que, oui, ils atteignent leurs
cibles, mais vous comprendrez que le
citoyen est poigné à la gorge. Il n'a pas le choix d'acheter ou de ne pas
acheter, là. Tu sais, ce n'est pas pareil comme Loto-Québec, là.
Loto-Québec, c'est du volontariat, alors qu'Hydro-Québec, c'est un service que
je considère essentiel.
Évidemment,
de ne pas respecter les cibles, il y a des conséquences. Les conséquences,
c'est qu'il n'y aura pas de bonus pour les choses, mais est-ce qu'il y a
d'autres conséquences à ne pas respecter les cibles? Est-ce qu'il va avoir
d'autres conséquences? Non? Ce n'est pas prévu?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : Ça dépendra des raisons. Si on se rend compte que les cibles
ne sont pas atteintes parce qu'il y a une très mauvaise gestion, parce qu'ils ont des problèmes opérationnels ou
quoi, bon, bien sûr qu'il y aurait des répercussions à ce niveau-là, mais, jusqu'à maintenant, en tout
cas, depuis que nous sommes ici, il n'y a pas eu, dans les trois grandes
sociétés d'État, de cas de mauvaise gestion
flagrante. Mais, évidemment, si c'est
mal géré, c'est mal géré. Il y aura des...
Le Président (M. Bernier) : M.
le député.
M.
Spénard : Ça me va.
Le Président (M. Bernier) : Ça
va?
M.
Spénard : Ça va
pour l'article 4.1.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député de Rousseau, d'autres questions?
M. Marceau : Oui. Bien, je
veux juste revenir à la dernière question de mon collègue de Beauce-Nord. Bon, c'est déjà arrivé, dans le passé, qu'il y ait
des conflits entre les dirigeants d'une société d'État puis le gouvernement, là. La sanction, évidemment,
possible, c'est que les dirigeants soient congédiés, là. On peut imaginer que
ça, ça puisse arriver, là, mais il n'y a
rien entre les deux. Il n'y a pas de possibilité d'autres sanctions que celle-là. Évidemment,
je comprends que la rémunération
incitative, dans certains cas, va être déterminée par l'atteinte ou pas des
cibles, mais, dans la majorité des cas,
il n'y a pas de... enfin, les cibles que... ce que je
connais du projet de loi... enfin, du budget ne laisse pas croire
que la rémunération incitative va dépendre de chacune de ces cibles, là. Vous
en avez annoncé trois ou quatre, là.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M.
Leitão : Oui. Justement,
ce qu'on a avec ce projet de loi... Ce projet
de loi donne au ministre des Finances le pouvoir d'intervenir. Donc, en cours d'année, si
on voit qu'il y a en effet des éléments qui sont nouveaux, il y a quelque chose qui se passe et
l'atteinte des cibles ne se fera pas pour des raisons inexplicables, nous avons
le pouvoir d'intervenir, nous avons le pouvoir de nous assurer que
toutes les mesures sont prises pour qu'on puisse atteindre ces cibles-là.
Comme vous
avez dit, le changement de personnel, ça, c'est l'arme ultime, mais avant
d'arriver à cette étape-là, maintenant, nous pouvons intervenir plus
directement, chose qu'avant on ne pouvait pas faire.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député de Rousseau.
M. Marceau : De quelle manière vous pouvez intervenir? Entre
ne rien faire puis le congédiement, qu'est-ce
que vous pouvez faire? Vous pouvez faire un
coup de téléphone puis dire : Monsieur ou madame, je ne suis pas heureux
de ce qui se passe, mais au-delà de ça?
M.
Leitão : D'expliquer pourquoi
ça se passe comme ça, et donc d'avoir une explication un peu plus
détaillée que juste un court appel
téléphonique, et puis faire partie aussi des mesures correctives. On peut
suggérer des mesures correctives pour
qu'on puisse atteindre les cibles. Et ça peut aboutir à des décisions plus
drastiques, mais, avant d'arriver à ces
décisions plus drastiques, on peut travailler avec les équipes en place pour
corriger la situation, s'il y a quelque
chose à corriger. Des fois, ce sont des éléments qui sont hors contrôle, des
éléments de climat, des éléments naturels, etc.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député.
M. Marceau :
Oui. Bien, écoutez, simplement pour faire un peu d'histoire, là. Là, je suis en
train de regarder les articles à venir, là, entre autres, l'article 3, qui parle de... Bien, c'est important parce que,
bon, pour la conversation, c'est important
de voir ce qui vient. Donc, à l'article 3, on voit que le président du Conseil du trésor va pouvoir élaborer et proposer des... le ministre des Finances, pardon : «Le président du conseil, de
concert avec le ministre des Finances, élabore
et propose au Conseil du trésor des modalités selon lesquelles sont réduites
les dépenses, notamment [certaines] dépenses...» Ce que je ne vois toujours
pas, là, c'est... à part... appelons ça le tordage de bras, là, je ne vois pas
vraiment quel outil vous avez. Mais c'est
bien correct. Ça peut être juste ça, mais il me semble que ça va être
un peu laborieux, là, que d'arriver à
quelque chose. C'est comme si le seul outil, c'était de passer
le balai et qu'il n'y avait pas d'entre-deux.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
• (17 h 30) •
M.
Leitão : On peut toujours,
donc, de concert avec le Conseil du
trésor et du gouvernement, ça peut même aller jusqu'au Conseil des ministres, nommer des vérificateurs,
nommer des représentants du ministère ou du Conseil du trésor pour s'assurer que le plan de travail ou le plan d'action est mis
en marche. Donc il y a toute une série d'étapes qui peuvent se faire,
qu'on peut prendre ces étapes-là avant d'arriver à la solution nucléaire.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M.
Marceau : O.K. En tout cas, je reviens à ce que je voulais dire plus tôt, c'est que, donc, il y a
eu une époque où le gouvernement a cru à la microgestion des dépenses, là, où on a carrément spécifié
les dépenses de rémunération, les dépenses
de formation... je recommence cette phrase-là, pas rémunération, les dépenses de formation, les dépenses de publicité. Ça, c'était dans le projet
de loi n° 100. Puis là ce que je comprends, puis je veux juste être bien au clair pour la suite des choses, c'est que, donc là, on prend une
approche beaucoup plus macroéconomique, là. Dans le fond, on disait à l'organisme : On veut que tu atteignes tel type
de résultat. Puis je comprends un peu plus loin qu'on va aussi pouvoir
lui dire... Juste question de bien comprendre ce que nous faisons présentement,
est-ce que c'est correct de dire que, plus loin, on va aussi pouvoir lui dire
ce à quoi on s'attend en matière de dépenses? Est-ce que c'est correct de dire
ça?
M. Leitão :
Pour l'article 2 et à l'article 3, oui, on peut aller plus loin, oui, en effet.
M. Marceau :
O.K. Donc, il va y avoir...
M. Leitão :
En termes de réduction des dépenses.
M.
Marceau : O.K. Donc, l'ensemble des articles va prévoir les
résultats nets, résultats minimums, possiblement des cibles de réduction de dépenses un peu plus tard mais pas, donc, de
contrainte du côté des revenus. O.K. En tout cas, la question se pose.
Moi, je reviens à... on a eu cette discussion-là déjà.
Le Président (M.
Bernier) : La réponse est non?
M. Marceau :
La réponse est non, c'est ça que je comprends.
Le Président (M.
Bernier) : O.K. C'est parce que...
M.
Leitão : La réponse est non. Et, en tous les cas, je réitère que, dans
le cas très particulier d'Hydro-Québec, les revenus sont...
M. Marceau :
C'est parce qu'à Hydro-Québec c'est un processus qui est extrêmement encadré,
là. Il n'y a pas de... Je pense plus à d'autres cas. Dans le passé, il y avait
eu la SAAQ qui avait défrayé les manchettes parce qu'il y avait eu des
augmentations importantes dans le coût de certains services qui étaient rendus
à la population. Il y a évidemment certains...
Il y a beaucoup de gens, là, dans la liste, là. Il y a les traversiers, bon, il
y a La Financière agricole. Enfin, il y a plein de gens là-dedans, là.
Je voulais juste savoir, c'est une information. Moi, ça va. J'ai l'information
qu'il me faut pour qu'on avance.
Le Président (M.
Bernier) : C'est beau.
M. Marceau :
Merci.
Le Président (M.
Bernier) : Donc, est-ce que l'article 1 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Une voix :
...
Le
Président (M. Bernier) : Bien là, on est sur l'article 1. Vous
pouvez discuter chacun... Si vous avez d'autres questions sur les 4.2,
4.3, vous pouvez le faire.
Une voix :
...
Le Président (M. Bernier) :
Ah! bien, regardez, il n'y a pas de problème, allez-y. Non, c'est ça, nous
autres, on va l'adopter au complet à la fin.
M.
Spénard :
Je pensais qu'on procédait sur l'adoption de l'article.
Le Président (M. Bernier) :
Non. Bien, on va adopter l'article, puis je pense que je vous laisse discuter
élément par élément.
M.
Spénard : O.K.
C'est beau.
Le Président (M. Bernier) :
Si vous avez d'autres questions sur 4.2, allez-y sur 4.2, là. Il n'y a pas de
problème.
M. Marceau : Moi aussi,
j'avais la même impression que mon collègue de Beauce-Nord.
Le Président (M. Bernier) :
Bien, c'est parce que vous aviez cheminé d'un article à l'autre, c'est pour ça.
M. Marceau : Oui, oui, oui.
Moi, j'aime mieux comprendre l'ensemble.
Le Président (M. Bernier) :
Allez-y sur 4.2.
M. Marceau : Moi, sur 4.2, ça
va, excusez-moi.
M.
Spénard : Alors,
moi, 4.2, je n'ai pas de question. J'en ai sur 4.3.
Le Président (M. Bernier) :
Bon, bien, allez-y.
M.
Spénard : O.K. À
4.3, on dit : «Une société d'État à qui une cible de résultat net a été
communiquée conformément à l'article 4.2
doit rendre compte de l'atteinte de celle-ci dans son rapport annuel.» Est-ce
que la société d'État doit expliquer dans son rapport annuel pourquoi
elle a atteint, dépassé ou n'a pas atteint la cible?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : Elle doit expliquer comment elle a atteint la cible et, si
c'est le cas, pourquoi la cible n'a pas été atteinte.
M.
Spénard : Ça, ce
n'est pas écrit à nulle part.
M. Leitão : Pardon? Ça, ce n'est pas...
M.
Spénard :
Est-ce que c'est écrit à quelque part, ça, ou c'est laissé libre à la société
d'État de le faire? Est-ce qu'on a une garantie qu'elle va le faire?
M. Leitão : C'est écrit dans le 4.3
que la société d'État doit rendre compte.
M.
Spénard : De
l'atteinte de celle-ci dans son rapport annuel.
M. Leitão : C'est ça. Donc, elle
doit rendre compte...
M.
Spénard : Donc, ça
explique tout.
M.
Leitão : À mon avis, oui, elle doit rendre compte de l'atteinte de
cette cible. Et, si la cible n'a pas été atteinte, elle doit rendre
compte de cet échec-là.
M.
Spénard : Rendre
compte des... C'est parce que j'aimerais ça être bien clair parce que, quand on
vient questionner des sociétés d'État, c'est
assez difficile d'avoir des réponses claires. «...doit rendre compte de
l'atteinte de celle-ci dans son rapport annuel.» Moi, j'aimerais ça que ça
inclue : Ça doit donner des explications pourquoi elle l'a atteint,
pourquoi elle l'a dépassé, pourquoi elle ne
l'a pas atteint, advenant le cas, là, je prends les trois. Doit rendre compte
de l'atteinte de la cible, moi, ça me
dit : Nous avons atteint la cible, merci, bonjour. Mais là moi, je veux
savoir : Comment avez-vous
atteint la cible? Est-ce que c'est des augmentations de tarifs, des augmentations déguisées, une
augmentation de la productivité, ou des
congédiements, ou une baisse de coûts? Ça, est-ce qu'on peut... parce que, bien
souvent, on arrive avec les sociétés d'État, puis c'est ça qu'elles nous
disent : Nous avons atteint la cible. Nous vous rendrons compte de ça.
Bonjour.
M. Leitão : S'il y a des questions
qui concernent le rapport annuel d'une société d'État, donc, si l'Assemblée
nationale n'est pas satisfaite ou si les parlementaires ne sont pas satisfaits
de ce qu'il y a dans le rapport annuel, les parlementaires ou l'Assemblée peuvent toujours demander des précisions à la société
d'État. Mais, d'un point de vue légal, quand on dit ici que la société
d'État doit rendre compte...
M.
Spénard : De l'atteinte.
M.
Leitão : ...de l'atteinte,
donc, à mon avis, on n'a pas besoin d'élément additionnel dans ça. Mais, si on
juge que le rapport annuel n'est pas
satisfaisant, l'Assemblée nationale peut ou les parlementaires peuvent demander, quand les gens viennent à l'Assemblée, là,
des explications additionnelles.
M.
Spénard : C'est très difficile d'avoir des explications
d'une société d'État, en
tout cas, dans mon expérience, là.
M. Leitão :
Moi, je ne trouve pas ça.
M.
Spénard : Vous me
paraissez beaucoup plus transparent que les sociétés
d'État, si je peux m'exprimer ainsi, M. le ministre. C'est à cause que ce n'est pas vous qui répondez
pour les sociétés d'État, c'est la société d'État qui
répond elle-même lorsqu'on l'interroge. Alors, c'est...
En tout cas, je vais me fier à vous, là. Je voulais déposer un amendement
qui demandait de détailler les circonstances ayant permis l'atteinte ou
non de la cible qui lui a été communiquée. Je pense que je le dépose.
Modifier l'article
4.3 de la Loi sur le ministère des Finances, édicté par l'article 1 du projet
de loi, en ajoutant l'alinéa suivant à la fin de 4.3 :
«La société d'État
doit détailler les circonstances ayant permis l'atteinte ou non de la cible qui
lui a été communiquée.»
Le
Président (M. Bernier) : C'est bien. Donc, je vais suspendre quelques instants pour
permettre de faire les copies et de distribuer aux parlementaires. Je
suspends.
(Suspension de la séance à
17 h 38)
(Reprise à 17 h 40)
Le Président (M.
Bernier) : Nous reprenons nos travaux. À l'ordre, s'il vous
plaît! Donc, M. le député de Beauce-Nord, sur l'amendement que vous avez déposé
à l'élément 4.3.
M.
Spénard : Oui.
Alors, l'article se lit : «La société d'État doit détailler
les circonstances ayant permis l'atteinte ou non de la cible qui lui a
été communiquée.»
Ça serait l'amendement
qui se rajouterait à l'article 4.3 dans le sens que l'article 43 se lirait
comme suit :
«4.3.
Une société d'État à qui une cible de résultat net a été communiquée
conformément à l'article 4.2 doit rendre compte de l'atteinte de
celle-ci dans son rapport annuel.
«La société d'État
doit détailler les circonstances ayant permis l'atteinte ou non de la cible qui
lui a été communiquée.»
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
M.
Leitão : À notre avis, M. le Président, cet amendement n'est pas nécessaire, est superflu, parce que
le libellé qui est proposé par le collègue, c'est ça, la définition de
rendre compte. Donc, on le dit déjà, «doit rendre compte». «Doit rendre compte», ça veut dire, oui, ça veut dire
qu'elle doit détailler les circonstances, sinon, si on n'avait pas dit ça,
la société d'État, oui, elle aurait pu juste tout simplement indiquer dans son rapport
annuel : Voilà les chiffres, et
c'est tout. Mais, puisqu'on lui dit qu'elle doit rendre compte, donc ça
veut dire qu'elle doit expliquer, elle doit détailler.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Beauce-Nord.
M.
Spénard : C'est parce que
rendre compte d'une atteinte, elle rend compte de l'atteinte à tout... Elle va
sortir un bilan mi-annuel puis elle va rendre compte de l'atteinte, que nous
sommes à 50 % de l'atteinte, mais est-ce qu'elle détaille pourquoi? Est-ce
qu'elle détaille comment elle l'a fait? Non.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Mais c'est ça. Dans un rapport annuel, encore une fois, je me
répète, quand on dit que la compagnie en question doit rendre compte, ça
veut dire qu'elle doit expliquer, là. Elle ne peut pas juste dire n'importe
quoi. Comme vous l'avez dit, elle doit détailler
les circonstances. C'est pour ça que nous jugeons que c'est superflu. Ce
n'est pas nécessaire.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M.
Spénard :
Qu'est-ce qu'on perd à ne pas les rajouter, M. le ministre, à ne pas le
détailler un peu plus?
M. Leitão : Non, c'est alourdir la
chose quand ce n'est pas nécessaire.
Le
Président (M. Bernier) : Merci.
M. Leitão :
C'est alourdir le projet de loi.
Le Président (M.
Bernier) : Le texte. Alourdir le texte. C'est ce que vous
dites. M. le député.
M.
Spénard : Bien, je ne le sais pas, mais je ne pense pas que
deux petites lignes alourdissent le texte passablement, là. Sur 184 articles, là, franchement, là,
tu sais, ce n'est pas... C'est parce
que moi, je trouve que, lorsqu'on
vient pour interroger suite au budget,
ou suite aux crédits budgétaires, ou aux cibles, lorsqu'on interroge une société d'État, c'est extrêmement difficile d'avoir des réponses détaillées et
des réponses claires. Et, lorsqu'on interroge les différents représentants ministériels qui sont en charge de la société d'État, ou même le ministre des
Finances, ou le président du Conseil du trésor, on se
réfugie souvent sous le paravent que la société d'État vous répondra.
C'est une société d'État, elle
n'est pas politique, elle a son conseil d'administration, elle a ci, elle a ça, elle a ça. Puis là, finalement,
on se retrouve qu'il n'y a pas personne qui répond à nos questions parce
que ce n'est pas détaillé.
Tu
sais, quand on pose des questions dans un rapport
annuel, là, coudon, là, tu sais, on
veut savoir pourquoi cette hausse. Tu sais, dans le rapport annuel, il y a une hausse, tu sais. Mais, tu sais, quel est
l'impact? Où est-ce que ça va? Quand on veut creuser un peu plus
dans le rapport annuel, on n'a jamais de réponse. Alors, moi, j'aimerais ça que
les réponses soient détaillées, détaillées,
pas rendre compte de l'atteinte. Rendre compte de l'atteinte, pour moi, là, si
on veut se fier à la loi, rendre
compte de l'atteinte, là, je rends compte de l'atteinte de ma cible qui a été
projetée à 2 750 000 000 $. Je prends Hydro-Québec
ou je pourrais prendre la Société des alcools à
1 150 000 000 $. Je vous rends compte de l'atteinte, que
j'ai atteint la cible. Point. Il rend compte.
Une voix :
...
M.
Spénard : Bien, c'est ça qu'on vit en tant que
parlementaires quand on vient pour interroger ce monde-là, M. le
ministre, là. Excusez-moi, là, mais, lorsqu'on vient en crédits budgétaires
pour interroger ce monde-là ou en rapport annuel
pour interroger ce monde-là, c'est ça qu'on se fait répondre. Ils rendent
compte, c'est tout, tu sais. Puis, étant donné que c'est toujours le
même citoyen qui paie au bout de la ligne, ça serait plaisant d'avoir des
explications.
Tu sais, on en a eu à
force de fouiller. On a des explications, M. le ministre, savez-vous quand?
Quand on demande la loi à l'accès de
l'information, tu sais. On peut-u dire aux citoyens puis aux
contribuables : Regardez, là, la
transparence du gouvernement — que je féliciterais d'ailleurs à grands
pas — va
nous dire : Regardez, là, ça va être
transparent, puis les sociétés d'État vont être transparentes, etc.? Je pense
que ce n'est pas errer puis ce n'est pas dire :
Ça rend compte, puis ça reste là, puis ça alourdit le projet de loi de deux
petites lignes, là, un si petit bout que ça.
Si c'est le seul motif du refus, d'alourdir le projet de loi de deux petites
lignes, pour ne pas détailler les sociétés
d'État, je trouve ça faible comme argument.
Le Président (M.
Bernier) : Autres commentaires, M. le ministre?
M.
Leitão : Écoutez, bien, juste ce qu'on a déjà dit, que, justement,
dans le projet de loi, ici, justement, le fait qu'à l'article 4.3 on prend le soin d'indiquer que la
société d'État doit rendre compte, c'est justement pour s'assurer
qu'elle explique. Et, dans, par exemple, la définition du Petit Robert, «rendre
compte», ça veut dire quoi? Ça veut dire «faire rapport de», ça veut dire «expliquer», «justifier». Donc, justement,
pour éviter ces questions-là, nous avons pris le soin d'indiquer ici, à
4.3, que la société d'État doit rendre compte. Ça n'existait pas avant. Maintenant,
on le met ici.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M.
Spénard : J'ai
confiance en vous, M. le ministre. Je vais prendre votre parole, d'abord.
On va prendre votre parole. J'ai bien confiance en vous, mais vous savez
que les politiciens changent, hein?
M. Leitão :
Mais c'est écrit, c'est écrit noir sur blanc : «...doit rendre compte...»
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Rousseau, avez-vous des commentaires?
M. Marceau :
Non.
Le Président (M.
Bernier) : Pas de commentaire.
M. Marceau :
Pas sur ça, en tout cas.
Le Président (M.
Bernier) : Donc, sur l'auteur de...
M.
Spénard : Oui, je
retire mon amendement. On ne passera pas au vote là-dessus,
on va être battus. Il faut se le dire, tu sais. Je le retire.
Le
Président (M. Bernier) : Consentement pour que l'amendement
soit retiré? Il y a consentement? Donc, l'amendement est retiré.
Donc, nous revenons à l'article 1. M. le député
de Rousseau.
M. Marceau : Oui. En fait,
deux questions, puis ça va être probablement mes dernières, à moins que mes questions et les réponses du ministre
amènent d'autres questions, mais je ne pense pas que ça va
arriver. À ce jour, donc, vous avez prévu des cibles, enfin, dans le
budget en tout cas, pour Hydro-Québec, Loto-Québec, la SAQ.
M. Leitão : Et Investissement Québec.
M. Marceau : Et Investissement
Québec, pour quatre. Question un peu simpliste, là, mais : Pourquoi est-il
nécessaire d'amener ce changement légal là,
alors que vous l'aviez fait... Autrement dit, il n'y aurait pas eu moyen
de le faire sans que cette loi soit changée,
c'est ce que vous dites, ou vous aviez un pouvoir général qui vous permettait
de le faire de toute façon auparavant?
M. Leitão : Je pense que oui, qu'on
a toujours la possibilité de...
Une voix : ...
M.
Leitão : Oui. Avec ce projet
de loi, en effet, maintenant, nous avons la capacité d'imposer ces choses-là.
Avant...
M. Marceau : Avant, on
pouvait la suggérer fortement, mais...
M. Leitão : C'est ça.
M. Marceau : O.K., je
comprends.
M. Leitão : Il y avait de très
fortes suggestions, oui.
M. Marceau :
O.K. O.K. Dans le même ordre d'idées, est-ce que vous avez l'intention d'en
imposer aux 40... bien, enfin, 40... 57, pardon, qui sont dans la liste?
Je sais que c'est un pouvoir que vous vous donnez, là, qu'on donne.
M. Leitão : Pour les autres, on
peut. Donc, le ministre peut le faire.
M. Marceau : Oui, ça, j'ai
compris, mais ma question, c'est : Voulez-vous le faire?
M. Leitão : Pour l'instant, je n'ai
pas l'intention de le faire, mais, si c'est nécessaire, je peux le faire.
M. Marceau : O.K.
M. Leitão : Pas moi personnellement,
mais, bon, le gouvernement.
• (17 h 50) •
M. Marceau :
Non, non, non, on se comprend. O.K.
Disons que ça va vous aider dans vos fortes suggestions
des prochains mois dans la préparation du budget.
Pour finir, dans 4.4, on parle des normes
comptables qui sont applicables à chacune des entités. Plusieurs des sociétés d'État qui sont dans la liste, là, ont des filiales. Est-ce que
le pouvoir qui vous est conféré par le nouvel article, là, enfin, là, 4.1 jusqu'à 4.4, vous permettrait
d'établir des résultats nets pour les filiales des sociétés d'État ou strictement pour la société d'État au complet?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão : Pour la société d'État
globale.
M. Marceau : Au global seulement?
Au complet seulement?
M. Leitão : Globale.
M. Marceau : O.K. Donc, ce
n'est pas possible pour certaines filiales. C'est ça?
M. Leitão : C'est ça.
M. Marceau : Vous me
confirmez que ce n'est pas possible? C'est beau pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) :
C'est bien. M. le député de Beauce-Nord, avez-vous d'autres questions?
M.
Spénard : Je n'ai pas de question sur 4.4, M. le Président.
Le Président (M.
Bernier) : Bon, et je reviens à... le même que j'ai fait tout à
l'heure. Est-ce que l'article 1 est adopté?
Des voix :
Adopté.
M. Marceau :
Sur division, M. le Président.
Le Président (M.
Bernier) : L'article 1 est adopté sur division. C'est bien.
Article 2. M. le ministre.
M.
Leitão : Pour l'article 2,
nous sommes toujours dans la Loi sur l'administration publique.
Alors, l'article 2 dit le suivant :
La
Loi sur l'administration publique (chapitre A-6.01) est modifiée par
l'insertion, après l'article 74, des suivants :
«74.1.
Le conseil peut approuver les modalités de réduction des dépenses que lui
propose le président du conseil, de concert avec le ministre des
Finances, en application de l'article 77.3.
«Dès leur
approbation, ces modalités lient le responsable d'un fonds spécial ou
l'organisme qui y est visé.
«74.2.
L'organisme visé à l'article 74.1 doit faire état de l'application des
modalités de réduction de ses dépenses dans son rapport annuel chaque
fois qu'il est lié par de telles modalités.
«74.3.
Les modalités de réduction de dépenses applicables à un organisme peuvent
comprendre l'assujettissement, malgré
toute autre disposition, de tout acte de l'organisme à l'autorisation ou à
l'approbation préalable du conseil, de son président ou d'un ministre
désigné par le conseil.
«Le conseil peut,
dans la mesure qu'il détermine, autoriser la subdélégation du pouvoir
d'autorisation ou d'approbation.»
Alors,
le contexte. L'article 2 du projet de
loi propose l'introduction, dans la Loi sur l'administration
publique, bon, chapitre A-6, des nouveaux
articles 74.1 à 74.3, qui prévoient les pouvoirs du Conseil du trésor vis-à-vis des modalités de réduction de dépenses qui lui sont proposées à l'application de l'article 77.3 de cette loi, dont l'introduction est
prévue par l'article 3 du présent projet de loi.
Le
nouvel article 74.1 prévoit que les modalités de réduction de dépenses peuvent
être approuvées par le Conseil du trésor et qu'elles lient dès ce moment le responsable
d'un fonds spécial ou l'organisme visé par ces modalités. Il s'agit d'un
pouvoir de même nature que celui qui est
conféré au Conseil du trésor par l'article 59 du chapitre 16 des lois de
2013, le projet de loi n° 25.
Le
nouvel article 74.2 prévoit la reddition
de comptes à laquelle est tenu un
organisme lorsqu'il est lié par des modalités approuvées par le Conseil
du trésor. Il s'agit d'une reddition de comptes de même nature que celle prévue
par l'article 60 du chapitre 16 des lois de 2013 — encore une fois, le projet
de loi n° 25.
Puisque
la jurisprudence et la doctrine sont d'avis que la tutelle administrative de
certains organismes, c'est-à-dire
la surveillance par une autorité supérieure telle que le Conseil du trésor, son
président ou un ministre au moyen de mécanismes d'autorisation ou d'approbation
de certains actes, ne peut exister sans texte législatif et ne s'étend pas au-delà de ce que prévoit ce texte, l'article 74.3
précise la portée que peuvent avoir les modalités applicables à un
organisme afin d'en assurer le plein effet.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau : O.K., tout d'abord, peut-être vous demander c'est
quoi, les organismes qui sont visés ici précisément. Vous pouvez
peut-être nous déposer une liste, là, si c'est possible.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : O.K. Alors, les entités et organismes qui sont visés ici, on
parle des fonds spéciaux et organismes autres que budgétaires dont les
résultats sont compris dans le solde budgétaire, incluant l'Agence du revenu et
la société de plein air du Québec.
M. Marceau :
Est-ce que vous pouvez, donc, nous...
M. Leitão :
Oui, dans la feuille qu'on a distribuée tantôt, il y a un bloc à la fin où
c'est indiqué.
M.
Marceau : Donc, les fonds spéciaux et organismes autres que
budgétaires dont les budgets sont compris dans le solde budgétaire sont
également visés, la CARRA, la Commission de la construction du Québec, la
commission... la Régie des rentes. Puis,
rappelez-moi, la liste — peut-être sans déposer, là — des organismes autres que budgétaires
puis la liste des fonds spéciaux, ça se
trouve dans la section D du budget, mais je ne me rappelle plus à quelle page.
En général, vos fonctionnaires, ils savent ça par coeur. Je l'ai ici.
61.
M. Leitão :
D.62, 63.
M. Marceau :
Oui. O.K., très bien. Non, je l'ai retrouvée, c'est beau. Donc, merci pour ça.
Oui, en fait, ma première vraie question porte
sur ce que vous avez dit à la fin, là, de votre commentaire. Peut-être nous expliquer un peu plus précisément
ce que ça implique. Alors, vous dites... Dans votre commentaire, vous avez dit : «...la jurisprudence et la
doctrine sont d'avis que la tutelle administrative de certains organismes,
c'est-à-dire leur surveillance par une autorité supérieure, telle que le
Conseil du trésor, son président ou [d'autres personnes]...» Donc : «[Sa tutelle administrative] ne peut
exister sans texte législatif et ne s'étend pas au-delà de ce que prévoit ce
texte...»
Alors, l'article 74 prévoit la portée. Alors là,
dans ce que je trouve dans 74.3, on voit que ça peut comprendre l'assujettissement. Alors, il faudrait peut-être
m'expliquer ce que vous entendez précisément par le mot
«assujettissement».
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Oui.
Des voix :
...
M. Leitão :
Oui. Me Paquin pourrait lui expliquer. Il est bien meilleur. Il est mieux que
moi.
Le Président (M.
Bernier) : Alors, Me Paquin, si vous voulez prendre place.
M. Paquin
(Mathieu) : Oui, M. le Président.
Une voix :
Expliquez-nous ça.
M. Paquin (Mathieu) : Oui, alors,
essentiellement, l'article 74.3, parce que, lorsqu'on parle de la
jurisprudence et de la doctrine, c'est bel
et bien à l'égard de l'article 74.3 qu'il faut se référer, alors, c'est qu'on
va pouvoir prendre des modalités de dépenses qui peuvent être de tout
ordre, mais, notamment, on pourrait prévoir, par exemple, qu'on veut subordonner l'octroi de contrats, dans certains
domaines, à des seuils. Donc, au-delà de tel montant, on voudrait que le
contrat soit d'abord autorisé par le... ça
pourrait être le Conseil du trésor, ça pourrait être le président du Conseil du
trésor, ça pourrait être le ministre qui est responsable de l'organisme. Et on
peut aussi prévoir une subdélégation pour éviter que ça se rendre à chaque fois au ministre, mais d'avoir une autorité à
l'intérieur du gouvernement central, comme disent les auteurs, qui va
surveiller de plus près ce qui va se passer comme acte juridique susceptible
d'entraîner des dépenses.
Et évidemment de telles modalités, comme nous dit la
jurisprudence, la doctrine, pour que ça ait sa pleine force, ça prend un texte de loi. C'est pour ça qu'on le
prévoit ici parce qu'on est quand même en train, à l'égard de certains de
ces organismes-là, qui peuvent être des
personnes morales, de venir limiter, de circonscrire le pouvoir du conseil
d'administration. Alors, c'est pour ça qu'on a un article 74.3 qui vient
prévoir exactement jusqu'où les modalités peuvent se rendre.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
• (18 heures) •
M. Marceau :
Dans le fond, ça vient nous garantir
que, nonobstant les pouvoirs prévus dans la loi
constitutive des sociétés d'État, ça, ça va dominer puis ça, ça va l'emporter
sur quelles que soient les prérogatives de ces conseils d'administration. C'est
ce que vous nous dites?
Le Président (M. Bernier) : Rapidement
parce que le temps est écoulé.
M. Paquin (Mathieu) : Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Donc, compte tenu de l'heure, je suspends les travaux de la commission
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise à 20 h 19)
Le Président (M. Bernier) :
Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre nos travaux.
Je vous rappelle que la commission est réunie
afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 74, Loi
concernant principalement la mise en oeuvre de certaines dispositions du
discours sur le budget du 26 mars 2015.
Lors de la suspension de nos travaux, nous en
étions à l'étude de l'article 2 du projet de loi. M. le ministre,
avez-vous autre chose à ajouter sur l'article 2 avant de donner la parole
au député de Rousseau?
M. Leitão : Non.
M. Marceau : Bien, peut-être qu'on pourrait compléter la réponse à la question
que j'avais posée, par Me Paquin, sur...
Bien, en fait, je pense qu'il avait complété sa réponse, mais, en fait,
ça a été assez abrupt comme fin, M.
le Président.
Le
Président (M. Bernier) : Vous trouvez?
M. Marceau :
Ma mémoire ne me trompe pas trop, je pense. C'était il y a une heure, 2 h 20
de ça.
• (20 h 20) •
Le
Président (M. Bernier) : C'est parce que la mémoire est une
faculté qui oublie aussi, M. le député de Rousseau. Me Paquin,
pouvez-vous nous répéter sommairement vos choses?
M. Marceau :
Bien, votre réponse était complétée, c'est ça? Dans le fond, c'est peut-être...
Le Président (M.
Bernier) : Non, mais pour que les gens nous suivent, M. le
député. Sommairement.
M. Paquin
(Mathieu) : Oui, M. le Président. Alors, sommairement, la... En fait,
c'était une question qui se répondait par
oui ou par non qui avait été présentée par le député, et donc j'ai
répondu oui. Est-ce que je dois résumer la question?
Le Président (M.
Bernier) : Oui. Bien, ce serait peut-être intéressant de résumer.
M. Marceau :
...
Le
Président (M. Bernier) : Ce serait peut-être intéressant de résumer la question parce que
les gens qui nous écoutent... Vous avez un beau oui, là, mais ils vont
être difficile à suivre. Allez-y.
M. Paquin (Mathieu) :
Donc, sommairement, en fait, ce qu'on me demandait, c'était de savoir si ce que
l'article 74.3 voulait dire, c'est que les modalités allaient s'appliquer
malgré le fait que ça s'applique à des personnes morales qui ont des conseils d'administration. Donc, nonobstant tout ça,
ça s'applique à ces organismes-là, question à laquelle j'ai répondu oui.
Le Président (M.
Bernier) : Merci, Me Paquin. M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Impeccable! Alors, ayant retrouvé nos repères, c'est parfait. Merci pour ça.
Écoutez,
moi, pour l'essentiel, ça me va à ce stade-ci. En tout cas, sur les modalités
puis sur le fonctionnement, je vais
peut-être reposer au ministre une question un peu équivalente à celle que
j'avais posée dans le cas de l'article 1. Et la question que je lui avais posée à l'article 1, c'était de savoir quelles
étaient ses intentions ou quelles étaient les intentions, dans ce cas-ci, de lui-même et du président du
Conseil du trésor. Est-ce que vous entendez fournir, demander des cibles
de réduction de dépenses à chacun des fonds
spéciaux, chacun des organismes non budgétaires qui sont assujettis en
vertu de ce nouvel article?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : C'est ça. Ce que le projet de loi nous permet de faire, c'est
que, dans l'éventualité où les cibles ne sont pas atteintes, ça nous permet d'intervenir d'une façon plus directe et
plus vigoureuse qu'auparavant pour nous assurer que nous allons maintenir l'équilibre budgétaire.
Donc, ce n'est pas nécessairement le cas qu'on va faire ça, ces
réductions de dépenses, mais, s'il le fallait, on aurait maintenant les moyens
de le faire de façon plus directe et plus rapide.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M.
Marceau : Mais est-ce que, pour chacun des organismes et chacun
des fonds spéciaux, des cibles ont été fixées aujourd'hui, là? En date d'aujourd'hui, est-ce qu'il y en a pour chacun
des fonds spéciaux et pour chacun des organismes? Parce que c'est quelque chose qui s'est fait dans
le passé. Je veux simplement savoir si, présentement, il y a des cibles
qui sont en...
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : C'est ça. Au ministère des Finances, évidemment, à chaque
année, nous recevons donc les projections des dépenses de la part de tous les organismes. Nous les validons pour
nous assurer que c'est à l'intérieur de nos politiques budgétaires. Si
on trouve que c'est nécessaire d'aller plus loin, maintenant, nous avons la
possibilité d'intervenir plus directement.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M. Marceau :
O.K., mais je répète ma question : Est-ce qu'il y a des cibles,
présentement, qui s'appliquent à chacun de ces fonds spéciaux et à chacun de
ces organismes non budgétaires?
M. Leitão : Non. Les cibles, elles
s'appliquent dans le sens où nous avons reçu leurs projections de dépenses pour
l'année et nous les avons validées. Et donc nous sommes à l'aise avec les
choses actuelles.
M. Marceau :
O.K. Je comprends. O.K.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député.
M. Marceau :
O.K. Peut-être une question qui va vous faire sourire, peut-être, puis qui
aurait fait sourire le député de Beauce-Nord s'il était... enfin, qui,
cet après-midi, nous avait posé une...
Le Président (M. Bernier) :
Nous accompagnait.
M. Marceau :
...nous accompagnait et il avait demandé que soit fait un amendement à
l'article 4.3 de 1, là. Et là il nous disait que «rendre compte», ce
n'était pas parfaitement clair. Et là la question, c'est : Dans 74.2, on
fait état de l'application. Est-ce qu'on doit comprendre «faire état» comme
ayant le même sens que «rendre compte»?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Bien, du point de vue
légal, je ne sais pas si...
Le Président (M. Bernier) :
Me Paquin, pouvez-vous nous aider sur ça?
M. Paquin
(Mathieu) : Oui, M. le Président. En fait, dans le contexte, ce serait effectivement assez
similaire. Dans un, on rend compte de ce qu'on a fait, dans l'autre, on fait
état de l'application, donc de qu'est-ce qui a été fait pour atteindre ou du
moins respecter les modalités de réduction qu'on nous a imposées.
Évidemment,
le contexte n'est pas tout à fait le même parce que les modalités sont
contraignantes, alors que les résultats,
eux, l'organisme qui se les fait signifier, il est libre des moyens. Donc, on
sait que le législateur n'utilise pas des expressions forcément identiques
lorsqu'il n'est pas tout à fait dans le même contexte. Alors, ici, on a un
contexte où on rend état de l'application de
modalités qui sont contraignantes, alors que, dans l'autre cas, on rend compte
de l'atteinte d'une cible alors qu'on a la liberté des moyens d'action
pour l'atteindre.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Marceau : O.K., mais on
s'entend pour dire que c'est extrêmement ressemblant. Mais, vous avez raison, peut-être
que dans le contexte, ici, où les moyens utilisés pour arriver à atteindre les objectifs
sont contraints par le gouvernement, là, on parle de l'application des modalités et
non pas du résultat. O.K. De toute façon, c'était juste pour vous
taquiner un peu. Je ne suis pas sûr que ça a marché.
Dernier point. Dans l'article 1, on a discuté un
peu des sanctions qui étaient envisageables dans le cas où des résultats nets
n'étaient pas au rendez-vous. Dans le cas où les modalités de réduction de
dépenses ne correspondaient pas aux objectifs, enfin, à ce qui a été prévu par
le Conseil du trésor ou par le ministère des Finances, qu'arrive-t-il? Que
peut-il arriver?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão : Bon, puisque, dans ce
cas-ci, ce sont vraiment, donc, des mesures, des modalités de réduction de
dépenses, donc, il faut que ces réductions de dépenses se fassent, et, à ce
moment-là, si tel n'est pas le cas, bon, le gouvernement peut s'assurer que ça
va être le cas. Il y aura une autre... Donc, le ministre en charge, le
responsable de l'organisme va s'assurer que
les gestionnaires en place vont le faire. Et s'ils ne sont pas capables de le
faire, quelqu'un d'autre le fera.
M. Marceau : Je vais vous
prendre un petit exemple qui est assez d'actualité, là. Disons que c'était la
Régie d'assurance maladie du Québec
qui n'arrivait pas à atteindre les cibles qui lui ont été attribuées et puis
qu'on perdait tout d'un coup 400 millions, enfin, il y avait un
dépassement de 400 millions aux dépenses.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M.
Leitão : Il me semble que
c'est un aspect différent parce que, dans le cas de la Régie de l'assurance
maladie, ce dont on parle, ce dont le Vérificateur général a fait mention,
c'est que les estimés de coûts n'étaient pas, peut-être, réalistes. On ne parle
pas de modalités de réduction des dépenses courantes, dépenses administratives.
Donc, ce sont deux choses différentes.
M. Marceau : O.K. Je veux
juste être certain de bien comprendre, là.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Bon, premièrement, juste qu'on s'entende, là, en vertu de l'article 2, la Régie
de l'assurance maladie, qui est un organisme autre que budgétaire, est
assujettie, là, fait partie. Puis, moi, ce que je comprenais de l'article 2, c'est que
vous pourriez établir, pour une année donnée, les dépenses... Enfin, vous me
dites que strictement certaines dépenses sont concernées puis pas
toutes? C'est ce que je comprends de ce que vous dites?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
• (20 h 30) •
M. Leitão :
Non, non, mais ce sont des réductions de dépenses de l'organisme. Dans ce
cas-ci, la Régie de l'assurance maladie
rembourse les dépenses faites par les médecins qui leur soumettent leurs
dépenses. L'enjeu qui a été soulevé
par le Vérificateur général, c'est que les estimés qui avaient été faits, de
dépenses pour l'année, n'étaient probablement pas corrects. Et donc ce
qui a été payé était plus élevé que ce qui avait été prévu. Mais ce n'est pas
une question de dépenses de fonctionnement, c'est qu'il y a eu plus, disons, de
volume, et ça a entraîné des dépenses plus élevées que celles qui avaient été
prévues. Donc, ce n'est pas le même genre de...
Le Président (M.
Bernier) : M. le député.
M.
Marceau : Je voudrais
surtout savoir, en fait, là, avec cet article-là, qui va être adopté,
là, est-ce que vous avez des moyens qui vous permettront, dans le futur, de contraindre la Régie de l'assurance maladie du Québec puis de vous assurer que ne se reproduise pas ce qui s'est produit. Je ne veux pas
qu'on fasse le procès du passé. On pourrait le faire, mais je ne suis pas là-dedans, là. Je voulais
surtout savoir si, pour la suite des choses, est-ce qu'avec cet article-là
vous êtes capable de dire : La cible,
c'est tant, puis il n'y aura pas de
dépassement dans le futur. Est-ce que vous êtes capable de faire ça?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
On est capables d'avoir une emprise beaucoup plus directe sur les dépenses
d'administration, les dépenses de
fonctionnement, ça, oui. Pour ce qui est des ententes avec les médecins, est-ce
qu'on a trop budgété, pas assez budgété,
ça, ce n'est pas la gestion de la RAMQ qui est en considération, qui est en
question ici. Mais, pour ce qui est des dépenses d'administration, pour ce qui est... le contrôle des coûts, ça,
oui, ça, on va pouvoir le suivre. Mais la RAMQ doit...
M.
Marceau : Je voudrais juste prendre deux secondes pour dire que
la régie... Encore une fois, je ne veux pas faire de procès, je parle du futur, là, mais, dans le cas de la Régie de
l'assurance maladie, là, les dépenses de rémunération des médecins, là,
c'est quelle proportion des dépenses de la RAMQ?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Je n'ai pas les chiffres en tête, mais c'est la grande majorité.
M.
Marceau : C'est la vaste majorité, non, il me semble. Je ne
sais pas combien, là, mais ça doit être l'écrasante majorité des
dépenses, non?
M. Leitão :
C'est ça.
M.
Marceau : Alors, vous êtes en train de me dire qu'avec 2, avec
cet article-là, vous ne seriez pas capable de contrôler l'essentiel?
M.
Leitão : C'est-à-dire, le gouvernement va établir les modalités selon
lesquelles la RAMQ doit rembourser les médecins.
Et donc ce n'est pas la responsabilité de la RAMQ de faire en sorte que ces
modalités soient, disons, bonnes ou pas
bonnes. Le gouvernement leur donne les modalités, et donc ils exécutent ce
paiement-là. S'il y a des problèmes de gestion, s'il n'y a pas un suivi
rigoureux des dépenses, bien sûr, ça, c'est de la responsabilité de la RAMQ.
Mais les modalités de remboursement des
services, ça, c'est le gouvernement qui négocie ces modalités-là, et la RAMQ va
exécuter les paramètres qui lui ont été imposés. Donc, il n'y a pas lieu
d'avoir de sanction.
M.
Marceau : ...s'il est prévu qu'on donne trois dans telle
circonstance, puis la RAMQ donne trois... Mais là, dans le cas de ce qui s'est produit, puis, encore une
fois, je ne veux pas faire de procès, mais, dans le cas de ce qui s'est
produit, il y a un manque de contrôle, à la
RAMQ, qui a été très clairement dit par la Vérificatrice générale. Elle l'a dit
très clairement. Il y avait de la
surfacturation allant jusqu'à 15 % de manière très fréquente. Enfin,
écoutez, je pourrais ressortir les pages, si vous le voulez, là. Est-ce
que ce genre de surfacturation à la hauteur de 15 %, c'est quelque chose
sur lequel, là, vous avez désormais une prise? Est-ce que vous êtes capable de
vous assurer que ça ne se reproduise pas?
M.
Leitão : Bien, il me semble que, si surfacturation il y a eu, ça, le
ministre responsable peut déjà prendre des moyens pour régler ce problème-là. Donc, on n'a pas besoin de ce projet
de loi pour faire ça. Et, si on parle des réductions de dépenses que le gouvernement imposerait à
certains organismes, dont la RAMQ si c'est le cas, et si, pour une
raison ou une autre, ces instructions qui viennent du gouvernement pour réduire
les dépenses ne sont pas suivies, là, oui, le gouvernement
peut intervenir directement pour s'assurer que ses instructions sont suivies.
On peut les assujettir à faire ça.
Encore
une fois, dans le cas que vous mentionnez, de ce qui a été soulevé par le
Vérificateur général, il me semble que
c'est plutôt une erreur de prévisions. Et donc il y a eu paiement plus élevé
que ce qui avait été prévu, pas nécessairement qu'il y a eu des
malversations.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député.
M. Marceau : Il n'y a
personne qui a dit... le mot «malversation» n'est pas le bon, là, peut-être. En
tout cas, écoutez, il y a plusieurs
chapitres dans le rapport du VG. Le rapport 2 porte sur les dépassements, là,
le 400 de plus puis le 400 anticipé
qui ne se réalisera pas. Puis le chapitre suivant porte sur le travail de la
RAMQ quant à la vérification des factures
qui lui sont soumises et puis quant à... Enfin, je pense que la Vérificatrice générale l'a compris de façon assez claire. Là, je ne l'ai pas sous la main, mais, si
je l'avais, vous pourriez consulter ce chapitre-là. Je vous invite à le
faire.
Mais là je
m'attriste de ce que l'article 2, qu'on est sur le point d'adopter, ne vous
donnera pas plus de moyens. Moi, je
verrais ça comme une bonne nouvelle, que vous ayez plus de moyens. Alors, peut-être
juste pour préciser, là : Est-ce que
toutes les dépenses, tous les types de dépenses d'un organisme
autre que budgétaire peuvent faire
l'objet de modalités de réduction telles qu'il y en a qui sont prévues
dans l'article 2? Est-ce que tous les types de dépenses ou seulement certaines?
Parce que vous parlez beaucoup d'administration, là, de dépenses... Je
comprends ce que vous avez en tête quand
vous dites ça parce qu'effectivement les dépenses administratives, ce ne sont
quand même pas le genre de dépenses
qu'on voudrait... enfin, c'est le genre de dépenses qu'on veut contrôler. Puis,
dans le cas des médecins qu'on paie,
évidemment, eux autres, ils livrent des services. Alors, je comprends qu'on
puisse, hein, on peut mettre ça dans une autre catégorie que les dépenses administratives. Ça, je comprends très
bien ça. Mais, au-delà de cette rhétorique-là, là, la question, c'est : Est-ce que tous les types
de dépenses peuvent faire l'objet de cibles de réduction envisagées par le
président du Conseil du trésor et par le ministre des Finances?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : Moi, l'impression que j'ai, c'est que oui, et toutes les
dépenses sur lesquelles le Conseil du trésor a une influence, toutes ces dépenses sont assujetties à
ces règles-là. Donc, si le gouvernement envoie des modalités de
réduction de dépenses, on va s'assurer que ces instructions-là sont suivies.
M. Marceau : Puis donc il serait envisageable
que vous disiez à la RAMQ : 15 % de moins. Ça serait envisageable.
M. Leitão : Théoriquement, oui. Si
c'était ça que le gouvernement a décidé de faire, oui.
M. Marceau :
O.K. Alors, je vous invite à y réfléchir. Je vais peut-être laisser la parole à
mon collègue de Granby.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Merci,
M. le Président. Je ne suis pas satisfait de la réponse que vous avez donnée à
mon collègue de Rousseau parce qu'en 2009‑2010
le Vérificateur général, Renaud Lachance, nous disait que c'était une
situation extrêmement dangereuse de laisser
le champ libre, dans une certaine mesure, aux entités consolidées, aux
organismes qui ne sont pas assujettis au
cadre des dépenses de programmes, qu'on appelle. Vous le savez, il y a les
dépenses de programmes et il y a les
entités consolidées. Puis, si je regarde le budget de cette année, 2014...
bien, l'année passée, 2014‑2015, les dépenses de programmes, il y en
avait pour 65 milliards; autres dépenses consolidées, on en avait pour
21 milliards. On parlait de 2,1 %
d'augmentation de croissance des dépenses de programmes puis on parlait de
5,3 % de croissance des dépenses des entités consolidées. Il était là,
le danger. Renaud Lachance nous disait : Faites extrêmement attention, comme parlementaires,
pour vérifier fortement les dépenses qui sont bizarrement toujours plus fortes
dans les entités consolidées que dans les
dépenses de programmes. Je
pense que vous le savez très bien.
Par expérience, dans les dernières années,
on avait réussi, en 2010, à gagner, dans le rapport mensuel que vous dévoilez
mois après mois, une certaine forme de
transparence sans que vous soyez capable de mettre chaque organisme sur le rapport mensuel, son augmentation
ou sa croissance des dépenses si elle l'a su.
Ma question est fort simple pour débuter,
là : Comment vous procédez, là, à chaque début d'année fiscale? Est-ce que le Conseil du trésor, par l'entremise
du ministère des Finances, envoie une directive à toutes ses entités,
ses fonds, en leur disant : Bien,
l'objectif qu'on a dans le budget, c'est 5,3 %? Cette année, 2015‑2016, on
parlait de 2,6 %. Les dépenses
de programmes étaient à 1,2 %, le double et plus. Alors, je veux juste
comprendre la dynamique, comment vous fonctionnez
pour que ces organismes se disent : Bien, il y a une directive spéciale du
Trésor. Est-ce que c'est ça qu'on doit suivre
ou tout le monde est libre de dire : Bien, selon notre rapport annuel,
bien, on va suivre une progression de tant? Ça fait que c'est un peu ça, là. Juste d'aller plus loin, je veux savoir
comment le Trésor et vous fonctionnez avec ces organismes?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
• (20 h 40) •
M.
Leitão : Justement, avec ce que nous avons ici, nous allons avoir un
contrôle plus direct sur ces
organismes-là. Il nous manquait un peu les
outils que nous nous donnons ici avec ça pour mieux contrôler ces dépenses de
ces organismes qui ne sont pas sous le contrôle direct... ne sont pas
des ministères. Une bonne partie de ces fonds-là aussi sont des fonds dédiés : le Fonds vert, le FORT pour
les infrastructures routières, etc. Donc, les sorties de fonds de
ces fonds-là se font au fur et à mesure, au rythme
que ces travaux se font, donc, mais, avec les outils que nous nous donnons ici,
nous allons être... On se donne des outils additionnels pour pouvoir mieux
contrôler les sorties de fonds de ces fonds.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député.
M.
Bonnardel : Ce que ça veut dire, c'est que vous n'étiez pas
capables de rien contrôler avant. Ce que ça veut dire, c'est que...
M. Leitão : Je ne dirais pas ça.
M.
Bonnardel : ...si on prend l'année fiscale 2015‑2016,
on prend la Société des traversiers
ou la Société du Palais des congrès
de Montréal, ces sociétés n'ont pas été assujetties à un objectif précis de
croissance des dépenses. C'est juste ça que je veux savoir. Moi, je veux savoir... Au début de l'année, là,
fiscale, là, le Conseil du trésor dit à ces organismes : Voici l'objectif qu'on a dans le budget, voici ce que
vous devez atteindre. Vous le savez, les dépenses de programmes, vous dites que ça devrait être à 1,2 %, on est
capables de très bien les suivre dans le rapport mensuel. C'est ce qu'il y a de
bien. Mais, vous le savez, les entités
consolidées, on a énormément de retard dans le sens où on n'est pas capables de
les suivre parce que vous faites le
global des revenus, le global des dépenses, puis vous nous donnez un aperçu en
nous disant : Bien, voici, on est dans le plus ou on est dans le
moins.
Moi, comme
parlementaire, c'est certain que j'aimerais avoir au moins aux trois mois, puis
j'avais déjà posé la question à
Michel Samson avant, j'aimerais ça, aux trois mois minimalement, avoir un
aperçu, là, de tous ces organismes. C'est
impossible qu'on gère des milliards, des millions pour certaines de ces
sociétés, sans qu'eux aient un objectif précis qui est envoyé par le
gouvernement. Alors, c'est pour ça que je...
Vous me
dites : Oui, on va avoir des outils additionnels. Ça veut dire que vous
n'en aviez pas avant et que vous n'avez
jamais assujetti ces organismes à un contrôle précis en leur disant : Toi,
là, comme Société d'assurance automobile du Québec, bien, moi, si je mets 2,3 % là-dedans, c'est 2,3 %.
Est-ce que tout le monde avait le même objectif? Je crois comprendre que vous n'en aviez pas à donner à ces
organismes depuis cette année. Est-ce que ça va être nouveau pour l'année fiscale qui va commencer le
1er avril 2016? C'est juste ça que je veux essayer de... Je ne m'en
viens pas, là, vous mettre une tape, là, puis vous dire... Je veux juste
comprendre parce que, là, c'est un problème majeur, ça, ces entités
consolidées. C'est extrêmement difficile à suivre, vous le savez très bien,
puis moi, je me bats depuis 2010 pour être capable
d'avoir un contrôle un peu plus précis de ces dépenses, puis certainement pas
juste en mettant une variation en pourcentage.
Variation en pourcentage, si vous me dites que vous ne leur donnez pas un
objectif précis, c'est certain que ces organismes,
il y en a certains qui vont dépenser peut-être à 5 %, 6 %, 7 %
d'augmentation, d'autres vont être 2 %. Alors, comment vous faites pour suivre ça? Comment le
Trésor fait? Comment les Finances, vous vous arrimez à avoir cette vérification, cette reddition de comptes avec eux
comme n'importe quelle société privée devrait avoir? Parce que l'argent
passe par les Finances nécessairement, là.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : Non, mais c'est ça. Donc, nous avons maintenant des outils
additionnels pour nous permettre de faire ça. Ce n'est pas qu'on ne le
faisait pas avant. Avant, donc, ces organismes-là nous soumettaient leurs
projections, leurs budgets. Donc, leurs
budgets étaient vérifiés aux Finances et au Trésor. Maintenant, ça va continuer
de se faire, ce travail-là, mais on
va avoir aussi une capacité d'intervention qui est beaucoup plus directe que
c'était le cas auparavant. Donc, on
va pouvoir être capables de suivre ça plus rapidement que c'était le cas
auparavant parce que, maintenant, Finances
et Trésor, nous pouvons intervenir plus rapidement en cours d'année, pendant
qu'avant ce n'était pas toujours le cas.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M.
Bonnardel :
Donc, ce que vous me dites, c'est qu'il n'y a pas d'objectif précis en début
d'année. Vous recevez le rapport,
vous l'étudiez, vous vous dites : O.K., ça a l'air normal. Je ne peux pas
croire qu'il n'y a pas de vérification des
dépenses entre les années subséquentes et ce qui s'en vient. Selon moi, si vous
ne faites pas ça, vous ne faites pas un bon travail. C'est impossible. Qu'on prenne la Régie de l'assurance maladie
ou la Régie des installations olympiques, vous regardez les rapports des dernières années, vous avez vu la progression,
j'imagine, des dépenses, vous vous êtes donné un objectif. Est-ce que, minimalement, le Trésor dit à tous ces
organismes : Notre objectif, c'était ça cette année, vous ne devez pas dépasser? Je veux juste savoir si, minimalement, vous envoyez une
directive spécifique à tous ces organismes.
M.
Leitão : Oui, tout à fait.
C'est ça. Et ça a été fait en 2014‑2015 et en 2015‑2016 mais sur une base, disons, exceptionnelle. Avec ce projet de loi, on va rendre ce mécanisme, ce processus, on va le rendre permanent.
C'est ça, la différence. On l'a fait
depuis notre arrivée. Dès notre arrivée, on l'a fait pour contrôler le rythme
de croissance des dépenses pas seulement
des ministères, mais aussi des organismes. Avec ce projet de loi, ce processus, ce mécanisme devient permanent.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M.
Bonnardel : O.K. Pourquoi ces entités consolidées, j'exclus les
fonds, pourquoi ces entités consolidées ont toujours une croissance des
dépenses beaucoup plus élevée que les dépenses de programmes?
Le
Président (M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Bon, parce qu'une partie ce sont des fonds dédiés. Écoutez, le fonds...
M.
Bonnardel :
J'exclus les fonds, là. Excluons les fonds, là. Prenons juste les entités
consolidées, là, les organismes comme tels. On exclut les fonds, là.
M.
Leitão : Mais les fonds sont... La plus grande partie de l'argent dans
ces organismes-là, ce sont les fonds comme le Fonds vert, le FORT, etc.
Et, dans d'autres organismes, le plus gros morceau, ce sont ces fonds dédiés.
M.
Bonnardel : Oui.
C'est parce que, si on prend le Musée d'art contemporain, le
Musée de la civilisation, Musée national
des beaux-arts, ce n'est pas des fonds spécifiques, là, qui sont transférés à
ces organismes, même chose pour la Régie du bâtiment, Régie des
installations olympiques. Alors, ces organismes, la plupart du temps, ont toujours
une croissance des dépenses beaucoup plus élevée que les dépenses de programmes.
Puis je crois comprendre que vous n'avez
pas... En tout cas, j'ai comme l'impression, depuis que je suis ici,
qu'ils ne sont pas assujettis depuis longtemps à un contrôle plus strict, plus strict des dépenses de programmes
versus les dépenses des entités consolidées. J'ai toujours eu l'impression que c'était
deux... Puis je me suis questionné quand le ministère du Revenu existait. Vous
n'étiez pas là, monsieur, mais le ministère du Revenu est devenu une agence. Donc, ce ministère est sorti du périmètre comptable pour devenir une
agence, tomber dans les entités consolidées, ne plus être assujetti aux dépenses
de programmes, donc un contrôle un peu moins précis, sévère, entre ce qu'était
le ministère du Revenu avant puis une agence aujourd'hui.
C'est
pour ça que je vous dis, comme ministre, loin de moi de vous dire ce qui doit
être fait, là, mais, avec un peu d'expérience
ici, à l'Assemblée nationale, j'ai vu avec les années, là, qu'à chaque fois...
puis on voit toujours la même chose,
là, budget après budget, une
différence entre les dépenses de programmes et les dépenses de ces entités.
Alors, c'est pour ça que, si vous me
dites : Avec ça, on va assujettir spécifiquement et que le Trésor et les
Finances vont envoyer une directive précise
à chaque fois, j'ai juste hâte de voir les résultats dans les prochaines
années, mais, pour moi, comme parlementaire, ça a toujours été un
problème.
Puis
je vous invite, c'est une réflexion, je vous invite, si le ministère des
Finances le pouvait, je l'ai déjà demandé, le rapport mensuel... Si, au
moins aux trois mois, on était capables d'avoir un rapport plus précis de la
croissance de certaines des entités, là, qui ne sont pas reliées à des fonds,
ça nous aiderait comme parlementaires aussi pour voir si, progressivement...
Parce que, là, vous le savez, si on regarde le rapport mensuel puis on fait le global
des revenus et dépenses, on n'est pas du tout capables de faire une
vérification adéquate, comme parlementaires, de ces revenus, oui, mais surtout
des dépenses, là.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Mais je comprends. Encore une fois, nous nous donnons les
outils nécessaires pour pouvoir faire ça. Et, au fur et à mesure que nos travaux avancent et que l'information devient
disponible plus rapidement, on pourra considérer, dans le rapport
mensuel, peut-être trimestriellement, de rendre cette information plus... la
diffuser plus amplement, mais il y a encore
des défis quant à la consolidation de toutes ces dépenses. On continue
d'avancer dans cette direction-là. Les
outils qu'on se donne ici vont beaucoup nous aider, ça devient un mécanisme
maintenant permanent et pas d'exception. Et donc je m'attends à ce que
les progrès soient de plus en plus visibles à cet égard-là.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Granby.
• (20 h 50) •
M.
Bonnardel : Oui, parce qu'avec les... Je regarde le dernier
rapport mensuel, là, où on a des organismes autres que budgétaires et service de la dette, avec les
avancées technologiques que l'on a en 2015, je ne peux pas croire que,
dans les deux prochaines années, vous ne
serez pas capables, au ministère, de donner un aperçu pas juste consolidé, mais
un aperçu plus précis de chaque entité parce
que, vous le savez, ça va être de plus en plus difficile pour nous, là, de faire le boulot puis d'être capables
de suivre ces entités parce qu'à moins de les faire venir en audition à la Commission
de l'administration publique, où j'ai siégé
pendant quatre ans, c'est impossible à suivre, impossible à suivre. À moins
d'aller voir le rapport, puis, encore là, il
ne donne pas toutes les informations, puis on les a un an, un an et demi... un
an plus tard. M. le président le sait
très bien, on a siégé ensemble sur la Commission de l'administration publique
pendant quelques années.
Donc,
moi, je veux faire un travail de parlementaire adéquat. Je veux bien croire que
vous allez donner un objectif précis,
mais, je vous le répète, pour le bénéfice de la commission des finances puis
même de tous les parlementaires qui suivent,
dans chacun de leurs dossiers, des organismes qui sont reliés aux arts, à la
culture, au transport, à la Société des traversiers, vous devez
accélérer le pas. Vous devez accélérer le pas pour être capable de donner aux
parlementaires un portrait beaucoup plus précis.
Je
sais qu'il y en a plusieurs puis je sais que mon collègue Christian Dubé vous
l'avait déjà mentionné parce que, moi,
c'est une bataille que j'avais en 2010 déjà, que j'avais transmise à Christian,
bien humblement. Et qu'aujourd'hui on soit capable... sinon, dans les
deux prochaines années, que vous donniez un portrait beaucoup plus juste parce
que, si vous mettez en place des nouveaux fonds puis vous mettez en place des
organismes qui sont complètement sortis du périmètre
comptable, bien, ça devient, à chaque année, avec l'accumulation d'un ou deux
nouveaux fonds, bien, impossible à
suivre puis impossible à avoir une reddition de comptes qui va être juste dans
le travail que nous avons à faire, là. Voilà.
Le Président (M. Bernier) :
Je vous remercie. M. le ministre.
M. Leitão : Non, je
comprends votre point, et nous allons continuer d'évoluer à cet égard-là.
D'ailleurs, déjà, avec les données
vérifiées par le Vérificateur général pour l'année 2014‑2015, donc les comptes
publics qui ont été vérifiés et publiés la semaine dernière, on voit
que, dans les dépenses consolidées, il y a eu quand même une amélioration de 884 millions de dollars. Donc, les dépenses
qui ont été vérifiées, qui ont été constatées, ont été de 884 millions de
moins que ce qui avait été budgété.
Donc,
cet effort-là se fait, il va continuer de se faire. J'entends votre point,
votre suggestion qu'on rende ça public de façon plus fréquente. Et,
quand on pourra le faire, on le fera. On n'est pas encore rendus à être capable
de le faire trimestriellement, mais on continue de progresser, et c'est notre
objectif aussi de rendre ça plus transparent.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député.
M.
Bonnardel : Donc, si on se comprend bien, ça veut dire qu'à
la prochaine année fiscale, avec l'objectif de croissance que vous avez dévoilé dans le budget, la directive va entrer
spécifiquement à ces organismes en leur disant : Le gouvernement demande une croissance des dépenses
de x, vous ne devez pas dépasser. Est-ce que le Conseil du trésor se donne le droit, pour des raisons x, y, de laisser
un organisme aller plus haut que l'objectif que le gouvernement s'est
donné?
M.
Leitão : S'il y a un facteur d'urgence, un facteur exceptionnel, on va
bien sûr toujours le considérer, mais il va falloir avoir une très bonne
raison pour avoir la permission de déroger de la cible qui a été demandée.
M.
Bonnardel :
O.K. Donc, ça, ça veut dire que vous le faisiez déjà ou...
M. Leitão :
On le faisait déjà, oui, pour 2014‑2015 et 2015‑2016. Et là, maintenant, on
rend ce mécanisme permanent. Avant, on le
faisait de façon exceptionnelle. Là, maintenant, on a le mécanisme en place
pour que ça devienne une façon de faire normale.
Le Président (M.
Bernier) : Une obligation.
M. Leitão :
Une obligation.
Le Président (M.
Bernier) : Oui, M. le député.
M. Leitão :
2013‑2014, 2014‑2015, excusez-moi. 2015‑2016, c'est maintenant avec ça.
M.
Bonnardel : O.K., donc c'est une directive spécifique qui va
venir du Trésor, c'est ça, du Conseil du trésor?
M. Leitão :
Oui, et Finances.
M.
Bonnardel :
Et des Finances combinées. O.K., ça me va, M. le Président. Merci.
Le
Président (M. Bernier) : Sur l'ensemble de l'article 2, ça vous
va, M. le député de Granby? M. le député de Rousseau, ça vous va?
M. Marceau :
C'est correct.
Le Président (M.
Bernier) : Est-ce que l'article 2 est adopté?
Des voix :
...
M. Leitão :
Adopté, M. le Président.
Le Président (M.
Bernier) : Adopté sur division. L'article 3. M. le ministre.
M. Leitão :
Alors, l'article 3. Donc, on est toujours dans... je pense bien que c'est la
Loi sur l'administration publique, c'est ça? C'est ça. Alors : Cette loi
est modifiée par l'insertion, après l'article 77.2, du suivant :
«77.3. Le président du conseil, de concert avec le
ministre des Finances, élabore et propose
au Conseil du trésor des modalités selon lesquelles sont réduites les
dépenses, notamment les dépenses de fonctionnement et de rémunération, des
fonds spéciaux au sens de l'article 5.1 de la Loi sur l'administration
financière (chapitre A-6.001) et des organismes dont les résultats sont
compris dans le solde budgétaire prévu à l'article 2 de la Loi sur l'équilibre
budgétaire (chapitre E-12.00001). Toutefois,
pour ceux de ces organismes qui exercent également des opérations fiduciaires,
ces modalités s'appliquent, à l'égard de ces opérations, uniquement aux
dépenses de rémunération et de fonctionnement.
«De
plus, des modalités peuvent être élaborées conformément au premier alinéa pour
s'appliquer aux dépenses de fonctionnement
et de rémunération de la Commission de la construction du Québec, de la
Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du
travail ainsi que de Retraite Québec.
«Lorsqu'ils élaborent des
modalités de réduction des dépenses, le président du conseil et le ministre
tiennent compte, le cas échéant, de la
probabilité de l'atteinte de la cible de résultat net par une société d'État à
laquelle s'applique le premier alinéa de l'article 4.1 de la Loi sur le
ministère des Finances (chapitre M-24.01).
«Le premier
alinéa ne s'applique pas aux ministères et aux organismes budgétaires, à Hydro-Québec, à la Société des loteries du
Québec, à la Société des alcools du
Québec , à Investissement Québec et aux établissements du réseau de la santé et des services sociaux et à ceux du
réseau de l'éducation, y compris l'Université
du Québec et ses universités
constituantes.».
Alors, le commentaire est le suivant :
L'article 3 du projet de loi propose l'introduction, dans la Loi sur
l'administration publique, d'un nouvel article, le 77.3, qui ajoute un nouveau
pouvoir à ceux qu'elle confère déjà au président du Conseil du trésor.
Le premier
alinéa reprend de façon permanente l'habilitation prévue par l'article 59 du
chapitre 16 des lois de 2013, le
projet de loi n° 25, à élaborer des modalités selon lesquelles sont
réduites les dépenses d'organisme et des fonds dont les résultats sont
compris dans le solde budgétaire.
L'article
77.3 circonscrit ces modalités aux seules dépenses de rémunération et de
fonctionnement lorsqu'elles s'appliquent
aux opérations fiduciaires d'organismes exerçant aussi des fonctions non
fiduciaires ou encore lorsqu'il s'agit d'organismes entièrement
fiduciaires. Ces derniers sont ceux visés par le deuxième alinéa.
Le troisième alinéa prévoit une mesure visant à
assurer la cohérence entre les modalités élaborées en vertu de l'article 77.3 et les cibles communiquées par le
ministre des Finances en vertu du nouvel article 4.1 de la Loi sur le
ministère des Finances.
Finalement, le
dernier alinéa de l'article 77.3 prévoit les sociétés et organismes auxquels
des modalités ne peuvent s'appliquer.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau : Oui, merci, M.
le Président. Peut-être juste développer un peu sur ce que pourraient être les
modalités qui sont prévues, là, dans le deuxième alinéa.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre, les modalités. Développez sur les modalités qui sont prévues au
deuxième alinéa.
M. Marceau :
Qu'est-ce qu'elles pourraient être, les modalités, outre que de dire : Il
faut que vous réduisiez tel type de
dépense de tant de pourcentage, là? Y a-t-il d'autres choses que ça? Y a-t-il
d'autres choses que je ne vois pas?
• (21 heures) •
M. Leitão : Oui. Il pourrait y avoir
autre chose, oui, en effet. Bon, il y a des réductions paramétriques. On pourrait dire que... bon, exemple, 2 % des
dépenses totales. On peut faire ça, on peut dire ça. On peut aussi... des
réductions paramétriques aussi mais de
certaines catégories de dépenses, comme juste la masse salariale, par exemple,
ou juste les dépenses de
fonctionnement. Ça peut vouloir dire
aussi un gel de l'embauche. Ça peut aussi vouloir dire une interdiction
de conclure de nouveaux engagements financiers, un gel de nos engagements.
Donc, ça peut vouloir dire plusieurs...
M. Marceau : O.K. Donc,
toutes ces possibilités-là sont couvertes ici, donc. O.K.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député.
M. Marceau :
Parfait. Puis, dans le cas des organismes fiduciaires, les mêmes modalités sont
possibles, mais c'est restreint au cas des dépenses de rémunération et
de fonctionnement. C'est bien ça?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Oui.
M. Marceau : Puis ce que vous
appelez fonctionnement ici, c'est quoi? C'est administratif?
M. Leitão : Dépenses de
fonctionnement, oui, je verrais ça comme étant les dépenses courantes, les
dépenses administratives. Donc, ce ne sont pas des transferts aux fiduciaires,
c'est les dépenses du fonctionnement.
M. Marceau : O.K. Ça va pour
l'instant.
Le Président (M. Bernier) :
Ça va, M. le député? M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Oui. Merci, M. le Président. Dans le dernier
paragraphe du document, vous dites que le premier alinéa, ça ne s'applique pas aux ministères et aux
organismes budgétaires, donc Hydro-Québec, Société des loteries, Société
des alcools, Investissement Québec. Ça, ça veut dire que ces organismes, ces
sociétés d'État, ne sont pas assujettis précisément à un contrôle, comme vous
le demandez aux dépenses de programmes, aux ministères, comme vous le demandez
aux entités consolidées, parce que c'est des sociétés complètement séparées.
Vous leur demandez, dans le budget plus souvent
qu'autrement, des efforts. C'est ce que j'ai vu dans les dernières années. Vous
dites à Hydro-Québec : Allez chercher
un effort additionnel de 150 millions. C'est la seule façon que vous êtes
capable de leur demander un effort
pour baisser les dépenses si vous souhaitez atteindre un objectif de dividendes
plus varié. C'est souvent ça, le défi. On
se dit : Bien là, si on a besoin de dividendes, on va leur demander un
effort additionnel, on va les empêcher de recevoir pas des dividendes
mais de recevoir des primes ou des bonis.
Quand ces entités,
là, ou ces sociétés comme Hydro-Québec, vous leur demandez un objectif de
réduction de dépenses, et ils n'atteignent
pas ces objectifs, est-ce que vous avez la capacité de leur demander, l'année
suivante, de revenir, d'aller
chercher ce montant additionnel? Quelle sorte de reddition de comptes vous
pouvez demander à ces sociétés si eux ne
sont pas assujettis précisément à un contrôle plus précis que vous voulez vous
donner au Trésor et aux Finances pour avoir un meilleur contrôle global
de réduction des dépenses, si eux ne sont pas là?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Ce que nous avons fait, ce que nous faisons, c'est d'imposer
à ces sociétés-là un gel de la rémunération. Maintenant, comment? Ils gèrent ce gel de rémunération, c'est à eux à
décider. Ça peut se faire par réduction d'effectifs, ça peut se faire par toutes sortes d'autres
moyens. Donc, nous établissons la cible de dividendes, nous leur disons
aussi que la rémunération est gelée, et, en
cours d'année, ils ne peuvent pas augmenter les revenus en augmentant les
tarifs parce que les tarifs sont très normés. Alors, ils doivent gérer
leur institution à l'intérieur de ces paramètres-là.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Bonnardel :
C'est déjà arrivé — je
ne me souviens pas — dans
les dernières années que la SAQ ou Loto-Québec
n'aient pas atteint l'objectif de réduction que vous leur avez demandé? Je sais
qu'Hydro-Québec l'avait atteint, mais,
si je me souviens bien, les deux autres sociétés, l'objectif que vous leur
avez... Parce qu'encore une fois plus souvent qu'autrement ces sociétés d'État ont une croissance des dépenses
beaucoup plus élevée que les dépenses des ministères, beaucoup plus,
sinon, des fois, le double, le double.
Donc, encore une
fois, c'est l'État dans l'État, extrêmement difficile. Puis, quand il y a des
ententes avec les syndicats pour des augmentations de salaire, qui, plus
souvent qu'autrement, sont encore plus élevées que ceux que vous octroyez aux fonctionnaires de l'État, pour
les employés de la SAQ, Loto-Québec ou l'Hydro-Québec, bien, je ne me souviens pas que vous leur avez déjà demandé un gel d'augmentation de salaire. Ne pas leur verser des bonis ou ne pas leur verser des primes, ça, je sais que c'est
déjà arrivé, mais de les assujettir à une augmentation selon les conventions
collectives, je ne me souvenais pas de...
M. Leitão :
Non, nous avons imposé...
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Merci. Nous avons
imposé un gel de la rémunération. Ce n'est pas un gel des salaires, c'est un
gel de la rémunération. À l'intérieur de ce gel-là, ils peuvent gérer comme
ils...
M.
Bonnardel :
O.K., on ne monte pas.
M. Leitão :
Ils peuvent gérer comme ils le souhaitent.
Le Président (M.
Bernier) : Un gel de masse salariale.
M.
Bonnardel :
Gel de la masse salariale.
M.
Leitão : Exact. Je m'excuse.
C'est ça, le terme précis, gel de la masse salariale. Et, à l'intérieur de
cette masse, ils peuvent le gérer comme ils le souhaitent.
M.
Bonnardel :
Donc, je suis sorti un peu de ma question, là. Donc, si ces sociétés d'État
n'atteignent pas l'objectif que vous leur avez demandé, comme Loto-Québec ou la
SAQ, est-ce qu'ils doivent, l'année suivante, aller chercher l'argent de plus que vous leur avez demandé ou qu'ils n'ont pas
atteint? Exemple, si vous leur avez demandé un objectif de 50 millions
et qu'ils ont réussi à réduire à 40 millions, il y a un 10 millions
qui n'a pas été...
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Non. En effet, on
ne peut pas aller dans le passé, mais la sanction, et c'est arrivé, c'est qu'il
n'y a pas lieu de verser des bonis.
On réduit les bonis ou il n'y a... Loto-Québec n'a pas eu de bonis du tout, SAQ a eu une
réduction de bonis. Donc, c'est ça, la sanction.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député.
M.
Bonnardel : Merci,
M. le Président. Ça va.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de Sainte-Rose.
M.
Habel : Oui, merci, M. le Président. C'est juste pour mettre en lumière une certaine
disparité entre le budget 2015‑2016 et le p.l. n° 74. Si on va au
quatrième paragraphe, c'est inscrit : «Le premier alinéa ne s'applique pas
aux ministères et aux organismes
budgétaires, à Hydro-Québec, à la Société des loteries [...], à la Société des
alcools du Québec, à Investissement Québec et aux établissements du
réseau de la santé et des services sociaux et à ceux du réseau de l'éducation, y compris l'Université du Québec et
ses universités constituantes», alors que, lorsqu'on va à la section A,
A.61, on peut voir : «Toutefois, comme
le prévoit actuellement la loi, la Caisse de dépôt et placement du Québec, Hydro-Québec, Loto-Québec,
la Société des alcools du Québec et Investissement Québec demeureront exclues
de la portée de ces interventions [particulièrement] en matière de dépenses. Il
en sera de même pour Revenu Québec et la Société des établissements de plein
air du Québec.»
Est-ce qu'il
y a une raison pour laquelle Revenu
Québec et la SEPAQ sont dans un
document et non dans l'autre?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão : C'est une observation
pertinente. Non, il n'y a pas de raison. Quelque chose qui s'est perdu dans la
traduction.
Le Président (M. Bernier) :
Un appel à tous.
M.
Leitão : Donc, écoutez, on peut le... peut-être un amendement
pour, en effet, rajouter Revenu Québec et la SEPAQ. Je ne vois pas de
raison pour que ce ne soit pas le cas.
Le Président (M. Bernier) :
Pas de commentaires de la part de nos juristes? Me Paquin? Je vais suspendre quelques
instants. Je suspends.
(Suspension de la séance à 21 h 9)
(Reprise à 21 h 11)
Le Président (M. Bernier) :
Nous reprenons nos travaux. Oui, M. le ministre.
M.
Leitão : Donc, en effet, il
semble y avoir une différence. Et cette différence vient du fait que, quand on
a discuté de cela au Conseil des ministres, ça m'a été rappelé maintenant,
ça a été décidé au Conseil des
ministres, donc l'Exécutif a
décidé que, donc, Revenu et la SEPAQ, donc, on les excluait de cette
exception-là.
Le Président (M. Bernier) : O.K.
Ça va?
M.
Leitão : Ce qu'on avait fait
dans le budget, on les avait inclus, mais ici, quand on a exclu
un certain nombre d'organismes de
cette mesure-là, on a par la suite décidé que Revenu et la SEPAQ, non, on ne
voulait pas les exclure. On voulait les...
Le Président (M. Bernier) :
Les inclure...
M. Leitão : ...les inclure...
Le Président (M. Bernier) : ...dans
la mesure...
M. Leitão : ...dans la mesure.
Le Président (M. Bernier) : ...qui
était imposée.
M. Leitão : C'est ça.
Le Président (M. Bernier) :
Autres commentaires, M. le député de Sainte-Rose?
M. Habel : Je remercie mon
expérience comptable, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) :
Ça répond à vos questions?
M. Leitão : Non, non. Mais vous
aviez bien fait de marquer la différence. Oui.
Le Président (M. Bernier) : Ça
va sur l'article 3? Oui, M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Bien, en les excluant, M. le Président, donc, de
la loi...
M. Leitão :
Non, non. On les exclut de... Excusez-moi de vous interrompre.
Une voix :
On les exclut de l'exclusion.
M. Leitão :
On les exclut de l'exclusion. C'est ça. Merci.
M.
Bonnardel :
Ah! O.K. O.K. C'est ça. O.K.
M. Leitão :
Donc, oui, ils vont être...
M.
Bonnardel :
J'ai mieux compris. O.K.
Le Président (M.
Bernier) : Est-ce que ça va? Est-ce que tout le monde comprend?
Donc, ils ne seront pas admissibles à l'exclusion.
M. Leitão :
Voilà!
M. Marceau :
On est contre l'exclusion à l'Assemblée nationale, M. le Président.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Ça me fait plaisir. Donc, est-ce que l'article
3 est adopté?
M. Marceau :
Sur division.
Le Président (M.
Bernier) : Adopté sur division. Article 4. M. le ministre.
M.
Leitão : 4. Article
4. Là, on est dans la Loi électorale, M.
le Président. Donc : L'article
488.2 de la Loi électorale (chapitre E-3.3) est modifié par le
remplacement, dans le premier alinéa, de «74, 75 et 78» par «74 à 75, 77.3 et
78».
Alors,
le commentaire ici étant que, par concordance avec l'introduction, dans la Loi
sur l'administration publique, chapitre
A-6.01, des articles 74.1 à 74.3 et 77.3, l'article
4 du projet de loi modifie l'article 488.2 de la Loi électorale, chapitre E-3.3, afin qu'il ne soit pas possible de
prendre des modalités visant le Directeur
général des élections, et ce,
afin de protéger son indépendance vis-à-vis du gouvernement puisqu'il relève de
l'Assemblée nationale.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Rousseau, commentaires.
M. Marceau :
Écoutez, ça me semble bien raisonnable. La question qui se pose, c'est... Bien,
enfin, on va continuer, là, il y a le Protecteur du citoyen par la suite puis
le VG par la suite. L'Assemblée nationale peut-elle être l'objet de cible aussi
ou pas?
Le Président (M.
Bernier) : En principe, non.
M. Leitão :
En principe, non.
M. Marceau :
Mais comment c'est prévu? Écoutez, là, c'est une question, parce que peut-être
que c'est préparé autrement, là.
M. Leitão :
L'Assemblée nationale est exclue en vertu de l'article 4 de la Loi sur l'administration
publique.
M. Marceau :
Excusez-moi, je vais aller la chercher, la loi, là. Bien, écoutez, on peut
continuer, là. Moi, cet article-là ne me pose pas de problème, là. On va
laisser le ministre lire le suivant.
Le Président (M.
Bernier) : Si monsieur... Pas de commentaire. O.K.
M. Marceau :
Je pense que le député de Granby n'a pas beaucoup de...
Le Président (M.
Bernier) : Est-ce que l'article 4 est adopté?
Des voix :
Adopté.
M. Marceau :
Sur division.
Le Président (M.
Bernier) : Adopté sur division. Article 5. M. le ministre.
M.
Leitão : L'article 35.1 de la Loi sur le Protecteur du citoyen
(chapitre P-32) est modifié par le remplacement, dans le premier alinéa,
de «74, 75 et 78» par «74 à 75, 77.3 et 78».
Encore une fois, c'est par concordance avec l'introduction,
dans la Loi sur l'administration publique, des articles 74.1 à 74.3 et 77.3. L'article
5 du projet de loi modifie l'article 35.1 de la Loi sur le Protecteur du citoyen afin qu'il ne soit
pas possible de prendre des modalités visant le Protecteur du citoyen, et ce,
afin de protéger son indépendance vis-à-vis du gouvernement puisqu'il relève de
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau : Oui. Bien là, j'ai eu le temps d'aller chercher l'article
4 de la Loi sur l'administration
publique. Bien, je vais vous le lire :
«L'Assemblée nationale, toute personne nommée ou désignée par cette
dernière pour exercer une fonction en relevant, avec le personnel
qu'elle dirige, ainsi que la Commission de la représentation ne sont
assujetties à la présente loi que dans la mesure prévue par une loi.
«Il en est de même des tribunaux...» Bon, là, on
parle des tribunaux par la suite, sur lesquels je reviendrai par la suite.
Là, ce que je
ne comprends pas, c'est que les personnes désignées par l'Assemblée nationale,
là, on a des articles qui s'appliquent spécifiquement, mais on n'en a
pas pour l'Assemblée nationale en elle-même. Pourtant les articles qui sont introduits dans la Loi sur
l'administration publique, là, les articles qu'on vient de voir, semblent
s'appliquer à l'Assemblée nationale.
En tout cas, c'est ma compréhension. Peut-être qu'elle n'est pas correcte, mais
ma compréhension, c'est que ce qu'on vient d'introduire, là, par les articles
1, 2, 3, ce sont des dispositions s'appliquant à l'Assemblée nationale et à toute personne nommée ou désignée, à
moins que, de manière expresse, on fasse l'exclusion. On revient à l'exclusion,
M. le Président.
Le
Président (M. Bernier) : On revient à l'exclusion. M. le
ministre, est-ce que vous avez un commentaire, est-ce que vous avez une
réponse par rapport à ça, concernant l'Assemblée nationale?
M. Leitão : Peut-être Me Paquin
pourrait donner l'explication qu'il ma donnée, qui est très bonne.
Le Président (M. Bernier) :
Me Paquin.
M. Paquin
(Mathieu) : Oui, M. le Président. Alors, essentiellement, c'est qu'en
fait, comme le prévoit l'article 4, dans
le cas de l'Assemblée nationale, les personnes nommées par l'Assemblée
nationale, il faut aller voir qu'est-ce que les lois qui sont propres à
l'Assemblée nationale et ces personnes-là prévoient. Dans le cas de la Loi sur
le Protecteur du citoyen, de la Loi
électorale et de la Loi sur le vérificateur général, il y a une question de
style, c'est que l'article dit : La Loi sur l'administration
publique s'applique, sauf les articles suivants. Donc, quand on rajoute des
nouveaux articles, si on ne veut pas qu'ils s'appliquent, il faut les
spécifier.
Dans le cas
de la Loi sur l'Assemblée nationale, c'est l'article 110.2 qui va prévoir que
les... En fait, il n'est pas rédigé
exactement comme ça, mais il revient à dire : Les dispositions suivantes
s'appliquent, il y a une énumération. Donc, puisque j'ai une énumération, si je rajoute quelque chose dans la Loi
sur l'administration publique sans l'ajouter dans l'énumération de la Loi sur l'Assemblée nationale,
alors cette nouvelle disposition-là ne s'applique pas à l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, Me Paquin. M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
O.K. Est-ce qu'il n'y aura pas quand même une... Est-ce qu'il n'y aura pas deux
lois qui vont dire des choses
distinctes dans ce cas-ci? Là, il y a la Loi sur l'Assemblée nationale, qui va
faire la liste des choses qu'on lui impose,
là, qui décrit quelles sont, j'imagine, ses obligations, ses droits, et ainsi
de suite, là. C'est quel article? Pouvez-vous juste me dire? 100...
Le Président (M. Bernier) :
Me Paquin.
M. Paquin (Mathieu) : 110.2. En
fait, je peux en faire la lecture. Ça dit : «Sous réserve de l'application
du deuxième alinéa de l'article 110, le
chapitre III, le chapitre IV, à l'exception de l'article 44, du deuxième
[alinéa] et du quatrième alinéas de
l'article 45, des articles 46 et 53 et du troisième alinéa de l'article 57 et
[de] l'article 73 de la Loi sur l'administration publique s'appliquent à
l'Assemblée nationale.»
M. Marceau : Ah! O.K. Je
comprends.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Marceau :
Je comprends. O.K. Donc, dans ce cas-là, les nouveaux articles, effectivement,
ne viendront pas embêter l'Assemblée nationale. C'est très clair.
Parfait. Merci.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Pas de question, M. le Président.
Le Président (M.
Bernier) : Pas de question. Donc, est-ce que l'article 5 est
adopté?
Des voix :
Adopté.
M. Marceau :
Sur division.
Le Président (M. Bernier) :
Adopté. Article 6. M. le ministre.
• (21 h 20) •
M. Leitão :
L'article 6, c'est similaire, mais ici on parle de la Loi sur le vérificateur
général : L'article 67 de la Loi sur le vérificateur général (chapitre
V-5.01) est modifié par le remplacement, dans le premier alinéa, de «74, 75 et
78» par «74 à 75, 77.3 et 78».
Alors,
le commentaire est sensiblement le même. Par concordance avec l'introduction,
dans la Loi sur l'administration
publique, des articles 74.1 à 74.3 et 77.3, l'article 6, ici, du projet de loi
modifie l'article 67 de la Loi sur le vérificateur
général, chapitre V-5.01, afin qu'il ne soit pas possible de prendre des
modalités visant le Vérificateur général, et ce, afin de protéger son
indépendance vis-à-vis du gouvernement puisqu'il relève de l'Assemblée
nationale.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Rousseau.
M.
Marceau : Oui. Juste en profiter et utiliser la présence de Me
Paquin pour me faire expliquer ce qu'il en est dans le cas des tribunaux. Dans le deuxième alinéa de
l'article 4 de la Loi sur l'administration publique, là, il est question
des tribunaux. Ça dit : «Il en est de même des tribunaux au sens de la Loi
sur les tribunaux judiciaires, des organismes dont
l'ensemble des membres sont juges de la Cour du Québec, du Conseil de la
magistrature, du comité de la rémunération des juges et du comité de la
rémunération des procureurs aux poursuites criminelles et pénales.»
Alors, dans leur cas,
est-ce que les nouvelles dispositions vont s'appliquer ou pas?
Le Président (M.
Bernier) : Me Paquin.
M. Marceau :
Si vous n'avez pas la réponse maintenant, en tout cas, juste... je vais prendre
un pas de recul. Si vous n'aviez pas prévu
de l'appliquer puis que, j'imagine, vous avez le souci de l'indépendance
judiciaire, j'imagine que c'est parce
que vous croyez que ce n'était pas nécessaire de le faire. C'est correct de
dire ça jusqu'à maintenant? Vous pourrez me donner une réponse plus
longue plus tard si vous voulez prendre le temps de regarder.
Le Président (M.
Bernier) : Vous pouvez revenir, Me Paquin, si vous aimez mieux
vérifier puis revenir avec une réponse.
M. Paquin
(Mathieu) : Oui, on va faire la vérification puis on va revenir avec
une réponse plus précise.
M. Marceau :
O.K.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Bien, ça me va, moi.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de Granby, ça va? Est-ce que l'article
6 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Bernier) : Adopté.
M. Marceau :
Sur division, M. le Président, tout le temps.
Le Président (M.
Bernier) : Oui, je prends toujours note que vous êtes toujours
en division, M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
O.K., oui, parfait.
Le
Président (M. Bernier) : «Loi mettant en oeuvre certaines dispositions du discours sur le budget
du 30 mars 2010 et visant le retour à l'équilibre budgétaire en 2013‑2014
et la réduction de la dette.» Article 7. M. le ministre.
M.
Leitão : Alors, on est
rendus à l'article 7, M.
le Président, qui est ce que vous
venez de lire, donc je ne répéterai pas. Alors, notre article 7 :
L'article 8 de la Loi mettant en oeuvre
certaines dispositions du discours sur le budget du 30 mars 2010 et visant le retour à l'équilibre budgétaire en 2013‑2014
et la réduction de la dette (2010, chapitre 20), modifié par l'article
129 du chapitre 16 des
lois de 2013, par l'article 42 du chapitre 25 des lois de 2013 et par l'article
7 du chapitre 8 des lois de 2015, est de nouveau modifié par le
remplacement, dans ce qui précède le paragraphe 1° du premier alinéa, de «et en
2014» par «, 2014 et en 2015».
Alors, le commentaire est le suivant : L'article
7 du projet de loi propose de modifier... pardon. L'article 7 du projet de loi — ce
que nous considérons ici — propose
la modification de l'article 8 de la Loi mettant en oeuvre certaines
dispositions du discours sur le budget du 30 mars 2010 et visant le retour à
l'équilibre budgétaire en 2013‑2014 et la réduction
de la dette, 2010, chapitre 20, afin de prolonger d'une année l'interdiction
d'accorder toute prime, allocation, boni,
compensation ou autre rémunération additionnelle fondée sur le rendement personnel
ou sur celui d'un organisme :
1° au personnel d'encadrement des organismes
gouvernementaux;
2° au
personnel de direction et au personnel d'encadrement des organismes de
l'administration, des organismes du réseau de la santé et des services
sociaux, des organismes du réseau de l'éducation et des universités;
3° aux membres du personnel d'un cabinet visés à
l'article 11.5 de la Loi sur l'exécutif, chapitre E-18.
Les
expressions «personnel d'encadrement» et «personnel de direction» de même que
les «organismes gouvernementaux», les
«organismes de l'administration», les «organismes du réseau de la santé des et
services sociaux», les «organismes du
réseau de l'éducation» et les «universités» sont définies par la Loi mettant en
oeuvre certaines dispositions du
discours sur le budget du 30 mars 2010 et visant le retour à l'équilibre
budgétaire en 2013‑2014 et la réduction de la dette.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Rousseau.
M. Marceau : Écoutez, on avait déjà eu une discussion
là-dessus il n'y a pas si longtemps parce qu'on en a parlé à l'occasion du projet
de loi n° 28, qui, de triste mémoire, s'est mal terminé.
Des voix : ...
M. Marceau : Ça avait été
bref, n'est-ce pas?
Le Président (M. Bernier) :
C'est une deuxième chance ce soir.
M. Marceau : Je pense qu'on avait eu le temps de déposer un amendement,
de mémoire, pour les sociétés d'État, je pense. En tout cas, écoutez,
je vais retracer ça.
Regardez, ce
n'est pas une surprise. Évidemment, cela la pose, la question, dans un contexte budgétaire difficile, du jour où on va finir par récompenser les
performants au sein de la fonction publique. Ces gens qui vous
accompagnent, M. le ministre, vous sont dévoués, vous le savez, ils sont
compétents et pourraient gagner leur vie très aisément à des salaires
pas mal plus élevés dans bien des cas. C'est sûr que, là, ça va faire cinq ans.
Ça va être la sixième année, donc, de file. Cinq ans? 2010, 2011, 2012, 2013,
2014, 2015. On arrive à... Bon, ça dépend comment on compte, là, mais...
Des voix : Sixième année.
M. Marceau : Sixième année,
là, sans prime.
M. Leitão : Ou septième pour les
titulaires d'emplois supérieurs.
M. Marceau : Oui. Alors, écoutez, ça ne peut pas
devenir un régime permanent non plus, je me permets de le dire, là,
d'autant qu'on connaît tous les problèmes, enfin, qui sont liés à l'expertise
puis à la rétention de nos meilleurs. Évidemment, dans le contexte où on est de
retour à l'équilibre budgétaire mais pas en contrôle de notre dette, je peux
comprendre, mais je pense que ça ne peut pas être un état permanent. Puis il va
falloir que quelque chose se passe de ce point de vue là aussi. Voilà, je vais
arrêter là-dessus pour l'instant.
Le Président (M. Bernier) :
Oui, oui, allez-y, M. le ministre.
M.
Leitão : J'ajouterais qu'en
effet, et puisqu'en 2015‑2016 nous allons retrouver l'équilibre budgétaire, donc, l'année prochaine, on n'en aura plus besoin, de cette
mesure-là.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Ça va,
pas de question.
Le Président (M. Bernier) :
Ça va? Est-ce que l'article 7 est adopté?
M. Leitão : Adopté.
M. Marceau : Sur division.
Le Président (M. Bernier) :
L'article 7 est adopté. Article 8. M. le ministre.
M. Leitão :
L'article 8. Alors, article 8 :
L'article
10.1 de cette loi, édicté par l'article 1 du chapitre 2 des lois de 2015, est
modifié par le remplacement, dans le premier alinéa, de «et 2014» par «,
2014 et 2015 ».
Donc, le commentaire est le suivant : À
l'instar de l'article 7 de notre projet de loi, l'article 8 propose la
prolongation d'une année de la mesure prévue par l'article 10.1 de la Loi
mettant en oeuvre certaines dispositions du discours
du budget du 30 mars 2010 et visant le retour à l'équilibre budgétaire en 2013‑2014 et la réduction de la dette, 2010,
chapitre 20.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau : Oui. Bien, peut-être... Là, je vais vous
avouer, là, j'essaie de voir à qui ça s'applique, là, l'article 8,
précisément, qui n'était pas prévu à l'article 7.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
Des voix :
...
Le Président (M. Bernier) :
Je vais devoir malheureusement cesser nos travaux.
M. Leitão : Et on trouvera la
réponse. Ça me donnera le temps de trouver la réponse.
Le
Président (M. Bernier) : Et vous allez trouver la réponse. Ça va vous donner le temps de trouver
la réponse.
Donc, compte tenu de l'heure, je lève la séance,
et la commission ajourne des travaux sine die.
Donc, merci à
tous les parlementaires qui ont participé à cette séance de travail,
merci au personnel du ministère des Finances. Merci, Me Paquin, votre
contribution.
(Fin de la séance à 21 h 30)