(Onze heures quatorze minutes)
Le
Président (M. Bernier) : À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, je déclare la séance de la Commission des finances publiques
ouverte et, bien sûr, je demande aux personnes présentes de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
La commission est réunie afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi n° 69, Loi donnant suite à des mesures fiscales
annoncées principalement à l'occasion du discours sur le budget du
26 mars 2015.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Il n'y a pas
de remplacement, M. le Président.
Remarques préliminaires
Le
Président (M. Bernier) : Pas de remplacement? Ah! c'est intéressant. Nous allons donc
débuter sans plus tarder avec les remarques préliminaires. M. le
ministre, vous disposez d'un maximum
de 20 minutes pour votre présentation.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Très bien.
Merci beaucoup, M. le
Président. Alors, bonjour, tout le monde. Bonjour, les collègues des deux
partis d'opposition. Bonjour, les collègues du parti ministériel
ainsi que les experts de Revenu
Québec qui sont ici pour nous aider à piloter ce projet de loi.
Alors, je
soumets à la Commission des finances publiques pour l'étude détaillée le projet
de loi n° 69, intitulé Loi donnant
suite à des mesures fiscales annoncées principalement à l'occasion du discours
sur le budget du 26 mars 2015.
J'aimerais
présenter aux membres de la commission les personnes qui m'accompagnent. Vous
avez M. Dominic Cormier, de mon
cabinet, ainsi que Me Johanne Forget, qui est la directrice principale de
la rédaction des lois. Nous avons, à côté
de Mme Forget, Me Amélie Chaput. Et il y en a d'autres, collègues de
Revenu Québec qui sont là et qui prendront place au fur et à mesure
qu'on avance dans l'examen de notre projet de loi.
Alors, le
projet de loi n° 69, dont nous allons faire l'étude, a été présenté le
10 novembre 2015 et a fait l'objet de l'adoption de principe le 18 novembre 2015. Ce projet de loi
contient 227 articles modifiant 11 lois, dont la Loi sur les impôts, la Loi sur la Régie de l'assurance maladie
du Québec et la Loi sur la taxe de
vente du Québec. Il vient concrétiser l'intention du gouvernement
d'alléger le fardeau fiscal des Québécois et d'accroître leur pouvoir d'achat.
Les mesures
qui le constituent permettront de retourner 2 milliards de dollars dans
les poches des contribuables au cours
des cinq prochaines années. Il s'agit de l'abolition graduelle de la contribution santé, de la mise en place d'un bouclier fiscal et de la bonification de l'incitation au travail pour
les travailleurs d'expérience. Elles auront également pour effet de favoriser l'incitation au travail
ainsi que de contribuer à combler les besoins évidents du marché de
l'emploi tout en assurant un transfert de connaissances et d'expertise vers les
décideurs de demain.
M. le Président, d'autres mesures de ce projet
de loi viennent également soutenir l'emploi et la croissance économique.
Et, pour n'en nommer que quelques-uns, permettez-moi de mentionner : premièrement, la bonification du taux de crédit d'impôt pour stage en milieu
de travail et les crédits d'impôt du domaine culturel; deuxièmement, la
prolongation de deux ans du crédit d'impôt relatif à l'intégration des technologies
de l'information dans les PME manufacturières et son élargissement au secteur
primaire; troisièmement, uniformisation — uniformisation, voilà, c'est
un vendredi — du
taux des crédits d'impôt pour la recherche scientifique et le développement
expérimental et l'instauration d'un montant
de frais exclus aux fins du calcul de ces crédits d'impôt; et, quatrièmement,
la révision de crédit d'impôt pour le développement des affaires
électroniques.
Comme les collègues l'ont mentionné lors de
l'adoption du principe de ce projet de loi, nous avons déjà eu l'occasion d'échanger à plusieurs reprises sur le
budget auquel il réfère. À cet effet, et par souci d'efficacité, et
compte tenu de la façon habituelle d'étudier
un projet de loi de nature fiscale, je propose aux membres de cette commission
de procéder à l'étude du projet de loi
n° 69 par sujet plutôt que par appel de chacun de ses articles. Les
légistes de Revenu Québec ont préparé
deux documents afin de faciliter l'étude du projet de loi. Il s'agit de la
Liste des sujets et du Recueil des notes techniques détaillées.
La Liste
des sujets est le document avec lequel nous vous proposons l'étude du
projet de loi. Ce document décrit les principaux
sujets contenus dans le projet de loi, chacun étant résumé et accompagné d'une
liste des dispositions législatives qu'il édicte, remplace ou modifie.
Le deuxième
document, soit le Recueil des notes techniques détaillées, comprend
l'ensemble des dispositions du projet de loi n° 69 accompagnées de
notes explicatives et des références aux autorités. Il s'agit d'un document
plus détaillé que la Liste
des sujets. Celui-ci est préparé en support à l'analyse du projet de loi
advenant le cas où il s'avérerait nécessaire d'y recourir.
Enfin, M. le
Président, j'aimerais déposer dès maintenant, pour le bénéfice des membres de
cette commission, les amendements que
j'entends présenter lors de l'adoption des articles du projet de loi, qui
suivra l'étude par sujets. L'un d'eux
n'est pas rattaché au contenu actuel du projet de loi, il vise à insérer
certaines dispositions relatives à Revenu Québec qui se trouvent dans l'autre projet de loi qui découle du budget de
mars 2015, soit celui avec le n° 74. Rappelons que ces dispositions visent à assurer un statu quo lorsque
le nouveau Code de procédure civile entrera en vigueur. Je présenterai
donc cet amendement lorsque tous les sujets seront adoptés. Merci, M. le
Président.
• (11 h 20) •
Le Président (M. Bernier) : Merci.
Effectivement, vous déposez votre cahier d'amendements, mais ces amendements
devront être présentés au fur et à mesure que les sujets seront abordés et que
les articles seront appelés.
M. Leitão : Très bien.
Le Président (M. Bernier) :
Ça va? M. le député de Rousseau, porte-parole officiel.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau : Oui, merci, M.
le Président. O.K. Alors, bien, tout d'abord, bonjour à vous, M. le Président.
Bonjour à tous les collègues, tant du côté gouvernemental que de la deuxième
opposition. Bonjour aussi à tous les fonctionnaires qui sont présents avec nous
puis qui vont nous aider.
Je vais
commencer par vous dire, M. le Président, que ce projet de loi, c'est
l'incarnation dans nos lois, dans les lois de l'impôt en particulier,
des choix budgétaires et fiscaux qui ont été faits par le gouvernement en mars
dernier à l'occasion du budget et que
j'avais exprimé mon désaccord en mars dernier. Alors, vous ne serez pas surpris
de m'entendre vous dire que je ne
serai pas favorable à l'essentiel de ce qu'il y a dans le projet de loi, même
si certaines mesures pourraient nous
convenir. Par cohérence, vous comprendrez qu'il n'est pas envisageable de mon
côté d'être favorable à ce projet de loi, ce qui n'empêche pas, puis
vous aurez l'occasion de le constater, que je collaborerai avec vous et avec
tous les collègues, que je poserai des
questions aussi constructives que possible. Mais il n'en demeure pas moins que
je serai opposé, et vous ne serez pas surpris, donc, de m'entendre vous
dire que je voterai contre l'ensemble des dispositions qui sont contenues dans
le projet de loi.
Une fois que
j'ai dit ça, je pense qu'il vaut la peine que je revienne sur le budget de mars
dernier, dont, encore une fois, on
voit l'incarnation fiscale aujourd'hui, et puis aussi sur la mise à jour
d'hier. Le ministre, dans ses remarques préliminaires, a mentionné l'objectif de réduire le fardeau fiscal des
Québécois. Je vais me permettre de corriger un peu certaines perceptions qui pourraient être
transmises par ce genre d'affirmation. Hier, j'ai eu l'occasion de dire que la
mise à jour est venue confirmer l'approche du gouvernement en matière
budgétaire et fiscale, et essentiellement il y a deux choses qui sont à
l'oeuvre présentement.
D'une part, le gouvernement a augmenté de façon
importante, de façon très importante, le fardeau fiscal des Québécois. Et, quand j'entends le ministre nous
dire qu'il entend réduire le fardeau fiscal, j'ai beaucoup de difficulté
à le croire. J'invite les gens à consulter,
par exemple, la page A.19 de la mise à jour qui a été rendue publique hier.
Dans la mise à jour, on voit, à la
page A.19, que le fardeau fiscal cette année atteint 20 % du PIB
québécois. Enfin, je parle ici de ce qu'on
appelle les revenus autonomes, excluant les entreprises du gouvernement. Mais
on atteint donc un record jamais atteint auparavant de 20 % de
fardeau fiscal en proportion de notre économie. Et, quand on regarde le
graphique à la page A.19, peut-être que les
gens pourront aller jeter un coup d'oeil, ils pourront constater que, malgré
les belles promesses qui nous sont faites pour la suite des choses, le
fardeau fiscal va demeurer plus élevé qu'il ne l'était à l'arrivée du gouvernement libéral, en 2014. Ça, c'est tenant
compte et supposant que ce qui nous a été dit va être livré, hein? C'est
tenant compte et supposant que la croissance économique sera plus forte, en
fait, que celle que la plupart des gens envisagent.
Alors, je me permets de faire cette correction parce que je pense que
l'affirmation du ministre ne correspond pas aux faits qui sont présentés
à la page A.19 de sa mise à jour d'hier.
La somme de
ce qu'on est allés chercher dans les poches des Québécois depuis
avril 2014 avoisine le milliard de dollars simplement pour 2015‑2016, et il y en a d'autres, il
y a eu d'autres mesures, qui datent
d'avant puis qui vont... il y en aura sûrement d'autres pour la suite
des choses. Nous, on a calculé que ça s'élevait à 1 500 $ pour une
famille, 1 479 $ pour être plus précis, 1 479 $ pour une famille. Évidemment, on est
obligés de faire des hypothèses, là, pour arriver à ces... quand on fait
ces calculs, les circonstances dans lesquelles se trouve la famille. Et je
pourrais vous donner les détails, ça me
ferait plaisir, M. le Président, mais, encore une fois, au-delà de ces calculs
qu'on peut faire pour une famille, il n'en
demeure pas moins qu'on voit très bien, dans les documents budgétaires, qu'il y
a une hausse très importante pour cette année. Alors, moi, quand on me
dit qu'on va réduire le fardeau fiscal des familles, alors que je vois très
bien, dans la page A.19, que le fardeau
fiscal des familles, le fardeau fiscal des Québécois sera plus élevé en 2019‑2020
qu'il l'était à l'arrivée du gouvernement libéral, bien, écoutez, je pense que
ça mérite d'être dit.
En plus de ça, le
gouvernement a une approche de coupure dans les services à la population, en
éducation en particulier, dans les services
sociaux puis, en fait, auprès de tous les plus vulnérables, auprès de nos
enfants. Et ça a des impacts. Ça a
des impacts évidemment pour la suite des choses dans le système d'éducation et
ça se traduit, là, ces coupures très,
très importantes dans nos services à la population puis cette hausse du fardeau
fiscal, ça se traduit par un impact sur la croissance économique. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est d'autres.
Il semble que l'action du gouvernement, que les choix du gouvernement
vont avoir soustrait à notre croissance économique des sommes très importantes.
Pierre
Fortin, un économiste très réputé au Québec, a calculé quant à lui que ça
soustrayait tout près de 1 % du PIB du
Québec, ça soustrayait près de 1 % au PIB du Québec. Et donc cette
approche d'austérité, elle est... le terme anglais, c'est «self-defeating». J'ai trouvé la traduction :
«autodestructrice». Peut-être que le terme «destructeur» est un peu
fort, mais il n'en demeure pas moins que «self-defeating», vous taperez dans
les traducteurs, vous allez obtenir... Pardon. «Self-defeating», vous allez
trouver «autodestructeur».
En
tout cas, bref, c'est une approche qui ne fonctionne pas. Et on le voit très
bien par l'étalon qui est utilisé par tout
le monde, là, pour mesurer la qualité de la santé des finances publiques d'une
juridiction. Cet étalon-là, puis je ne l'apprends
pas au ministre des Finances, j'en suis certain, ce n'est pas le déficit, ce
n'est pas les dépenses, ce n'est pas les revenus. L'étalon, c'est l'endettement parce que les gens, ils se
soucient de quoi? Ils se soucient d'être remboursés. Les investisseurs, ils veulent être remboursés. Alors,
quand ils se demandent : Est-ce qu'on va être remboursés? Ils se
posent essentiellement deux questions.
Est-ce que la dette est pesante en proportion du PIB? Puis, deuxièmement,
est-ce que le PIB est appelé à
croître dans les prochaines années? Est-ce qu'on peut imaginer que la
juridiction en question va s'enrichir? Est-ce qu'elle va faire mieux
dans le futur?
Et,
M. le Président, juste pour vous le dire, là, donc, les mesures qui sont
contenues dans le projet de loi n° 69 puis, plus généralement, l'approche budgétaire... du gouvernement, ça a
tellement d'impact sur notre croissance économique que, malgré le fait qu'on puisse se diriger vers
un équilibre budgétaire cette année, ce sera à confirmer dans un an,
mais malgré, donc, qu'on puisse se diriger
vers un équilibre budgétaire, bien, la santé de nos finances publiques s'est
détériorée. Elle s'est détériorée selon
l'étalon, encore une fois, qui est utilisé par les agences de notation, par les
investisseurs qui se soucient d'être remboursés. Puis les ratios
dette-PIB, donc cet étalon, montrent une détérioration.
• (11 h 30) •
Alors, j'aimerais que
les gens me comprennent très bien. D'un côté on semble se diriger vers un
équilibre budgétaire, ce qui pourrait donner
à penser que la santé s'améliore, mais l'étalon, lui, là, la mesure, là, la
plus juste, la plus adéquate de la santé de nos finances publiques,
montre une détérioration, une détérioration. Et, pour 2015‑2016, les cibles qui devaient être à 54 % sont rendues
à 55 %. Et, pour toutes les années qui viennent, là, c'est la même chose,
hein? Pour 2016‑2017, on devait être à 53,1 %.
On est à 54,6 %. Et ça continue comme ça, O.K., pour toutes les années. Ce
qui fait que les cibles de réduction de la
dette, qui sont au coeur des notes qui nous sont attribuées par les agences de
crédit, ces cibles de réduction de la dette pour 2025, qui sont, par exemple, à
45 % pour le ratio dette brute sur PIB, bien, écoutez, M. le Président, ces cibles-là, je dois vous dire que je pense
qu'il y a beaucoup de gens qui vont les mettre en question, beaucoup de
gens qui vont les mettre en question, malheureusement, malheureusement. Ce
n'est pas mon souhait. Moi, je souhaite que
l'économie du Québec performe, je souhaite que notre endettement soit sous
contrôle, mais l'approche actuelle,
qui soustrait à notre croissance économique, fait en sorte que la dette en
proportion du PIB s'alourdit.
Je
pense que c'est important de dire que la croissance économique qu'on prévoit
enregistrer pour 2015, là, à 2,4 % pour le PIB nominal, 2,4 %, ça explique pour beaucoup les
résultats, là. Le fait que ces ratios dette-PIB se soient détériorés, ça vient beaucoup de cette croissance du PIB
nominal, qui est très faible. Et un jour peut-être le ministre trouvera la
réponse à la question, une question très simple : Comment est-il possible
qu'on prévoie du 2,4 % de PIB nominal en 2015 et 3,3 % en 2016, 3,3 %? Puis je vous invite, M. le Président...
Puis on en fréquente, tout le monde ici, à l'occasion, des gens qui font de la conjoncture, qui essaient de faire
des prévisions pour la suite des choses. Et des économistes, au Québec aujourd'hui, qui prévoient des PIB nominaux plus
grands que 3 %, il n'y en a pas beaucoup, il n'y en a pas beaucoup
parce que le PIB potentiel, PIB réel, il est
appelé à croître, à la base, d'autour de 1 %. Bon, avec certaines actions,
il peut monter un peu. Puis de
l'inflation en haut de 2 %, oubliez ça, je pense, pour les quelques
prochaines années. Les gens achètent des obligations pour 10 ans puis pour 30 ans à des taux qui sont
extrêmement faibles. Cela indique que personne ne s'attend à de l'inflation.
Alors,
M. le Président, moi, je ne m'attends pas à ce que la croissance de 3,3 %
pour l'an prochain, 3,4 % pour 2017,
là... Je m'attends à ce que... Enfin, on peut bien faire miroiter des gros
chiffres dans les documents budgétaires, là, mais je crois qu'ils sont
en danger et je crois que... surtout comme le gouvernement entend poursuivre
dans la même approche, j'ai bien, bien des doutes que ça va se matérialiser.
Je
pense que c'est important que je le dise, dans le document, dans le projet de loi
n° 69, on met en oeuvre des révisions
aux crédits d'impôt que le gouvernement... dont il avait annoncé un
resserrement dans le budget puis la mise à jour précédente. Je suis en
train de sortir une page qui était dans le budget de la dernière année, c'est
la page B.41 du budget de mars dernier, page qui montre que l'ensemble des
mesures fiscales, et en particulier celles qui sont dans le projet de loi n° 69, l'ensemble des mesures
fiscales concernant les entreprises ont alourdi et alourdiront le fardeau
fiscal des entreprises, ont alourdi et
alourdiront le fardeau fiscal des entreprises. Et je peux vous donner les
chiffres. Pour 2015‑2016, on parle de
500 millions de plus, 503; pour 2016‑2017, on parle de 651 millions
de plus que nos entreprises auront à verser; pour 2017‑2018, 546, et ainsi de suite. Il y en a pour
2,5 milliards d'alourdissement à la page B.41. Et ça, c'est un
document du gouvernement, là. Ce n'est pas
moi qui l'ai inventé, là. M. le ministre l'a sous la main. Ça, c'est l'impact
des choix, en particulier ceux qu'on a dans le projet de loi n° 69,
là, c'est l'impact sur le fardeau fiscal de nos entreprises.
Et, dans ce
contexte, faut-il se surprendre, faut-il se surprendre que l'investissement
privé ne soit pas au rendez-vous, que l'investissement privé ne soit pas
au rendez-vous? Est-ce qu'il y a pire recette pour inciter nos entreprises à investir que d'alourdir leur fardeau fiscal? Je
veux simplement vous rappeler, et j'ai les chiffres ici... Puis mes
chiffres, là, peut-être pour ceux qui
pourraient se demander, ce n'est pas le député de Rousseau, là, ça vient d'Investissements
privés et publics — Perspective
québécoise de l'Institut de la statistique du Québec, donc publication
officielle qui a été publiée en juillet 2015. Les chiffres sur l'investissement
ne sont pas fréquents... ils ne sont pas publiés fréquemment. Dans cette publication de 2015, l'institut nous
disait les résultats d'investissements privés pour 2014 et nous disait
les perspectives pour 2015. Simplement
rappeler ici que, pour 2014, la première année, si on veut, du gouvernement, on
avait enregistré une baisse de 9,7 %
dans les investissements privés et puis, pour cette année, on prévoit une
baisse de 2,4 %. Et puis l'Institut de la statistique du Québec a redressé les chiffres des
dernières années parce qu'il y a eu des changements dans les définitions, là, des composantes de
l'investissement privé et nous a fourni la liste des investissements...
enfin, la série des investissements à la
page 3 de sa publication, et on voit très bien que les meilleures années
d'investissements privés, ça a été 2012 et
2013, puis après ça, ça a... On était en haut de 20 milliards en
investissements privés, puis, depuis, ça a descendu à 18 milliards,
18 milliards, et ça baisse, et ça baisse.
Alors, M. le
Président, est-ce que l'approche du gouvernement, est-ce que les resserrements
qui sont prévus dans le projet de loi
n° 69, c'est une approche judicieuse? Non, ce n'est pas une approche
judicieuse. L'économie, le PIB nominal, qui est quand même la mesure,
là, qui nous garantit une certaine santé de nos finances publiques, le PIB
nominal est complètement déprimé cette
année, le ratio dette-PIB a augmenté, les investissements privés sont en
baisse. Alors, est-ce que moi, je
peux, dans ce contexte-là, appuyer un projet de loi comme celui-là? La réponse
est absolument non, impossible que j'appuie ça.
Dernier point... Combien de temps me reste-t-il,
M. le Président?
Le Président (M. Bernier) : ...
M. Marceau : Quatre minutes.
Dernier point, peut-être, j'aimerais dire deux choses. La première : Si on
veut espérer croître plus dans le futur — je suis certain que le ministre est convaincu
de ça, là — ça nous
prend de l'investissement privé. Ça,
c'est incontournable, incontournable. Puis ça, je suis certain qu'il est
d'accord avec ça puis je sais qu'il
connaît les chiffres comme moi, il les a vus. C'est une personne informée,
alors il sait très bien que l'investissement
privé a décliné puis il continue à décliner. Le deuxième élément, évidemment,
c'est qu'il faut faire des progrès au
plan de la scolarisation. Ce sont les deux moteurs de la croissance
économique : les investissements privés, d'une part, puis, d'autre
part, des progrès sur le plan de la scolarisation.
Malheureusement,
malheureusement, avec les choix qui ont été faits, avec les coupures
importantes dans notre secteur
d'éducation, on peut s'attendre à ce que les enfants vulnérables, qui ne
reçoivent plus les services auxquels ils avaient droit, bien, que ces enfants-là ne s'épanouissent pas de la même
manière qu'ils l'auraient fait si on avait continué à leur offrir des services. Il faut s'attendre à
plus de décrochage dans les prochaines années. C'est ça, le résultat, là,
des choix qui sont faits. Bien sûr, ça permet d'égaliser les deux colonnes de
revenus puis de dépenses, mais quel impact ça
aura sur notre croissance économique? Moi, je vous le demande et puis je pense
qu'il y a comme un ajustement qui n'a pas
été fait. Bon, on nous a parlé de très, très, très mineurs investissements de
plus, là, d'un retour, mais permettez-moi de douter quand on parle de centaines de millions d'un bord puis qu'on
coupe, puis là qu'on ajoute 20 millions ou 80 millions. Ça,
c'est le premier élément.
Puis je vais
finir en disant... Puis je trouve ça bien triste, tout ça. C'est que, vous
savez, si on passait à travers tout ça, là, à travers cette baisse de la croissance, à travers cet
alourdissement de notre endettement, à travers les coupes dans les
services à notre population, à travers un alourdissement du fardeau fiscal puis
qu'à la fin, là, on était mieux, on s'en sortait
mieux, les pressions sur nos finances publiques complètement éliminées, bien,
je vous dirais : Écoutez, on a passé à travers un moment difficile,
mais là ça va aller mieux. Mais ce n'est pas le cas. Les pressions sur nos
finances publiques, là, il n'y a rien de
réglé. Premier facteur de pression sur nos finances publiques, puis le ministre
le sait aussi bien que moi, c'est la
rémunération des médecins, la rémunération des médecins qui a augmenté à un
rythme incroyable ces dernières années, incroyable. Puis ça découle,
entre autres, des ententes qui ont été signées à la fin des années... enfin,
entre 2005 et 2010. Ça découle beaucoup de ça. Et aujourd'hui on apprend que ça
a débordé encore plus, le Vérificateur
général nous l'apprend. Ces pressions-là ne sont pas sous contrôle. La santé
n'est pas sous contrôle. Et l'objectif qu'on
doit avoir, c'est d'offrir plus de services, plus de qualité à un coût
inférieur et non pas à un coût supérieur. Et ça, là, il n'y a comme
personne qui a l'air de s'attaquer à ça. L'approche actuelle du gouvernement,
ça semble être de pelleter plus d'argent vers nos médecins. Et, M. le
Président, ça ne guérira rien aux... ça n'empêchera pas les pressions de
continuer à s'exercer.
Il y a d'autres pressions sur nos finances
publiques, évidemment le coût de nos infrastructures — je
vais conclure, M. le Président — qui est encore élevé. On n'a pas assez de
routes, de kilomètres de route, on n'a pas assez de ponts puis de béton par dollar dépensé. Il y aura
des choses qui seront faites, je l'espère, du côté du gouvernement à la
suite du dépôt du rapport Charbonneau. Mais
ça aussi, il faut s'attaquer à ça de front. On avait commencé à le faire, mais
il faut que ça se poursuive, là.
Et donc, M.
le Président, malheureusement, là, tous ces coûts que nous avons à subir, tous
ces dégâts que nous avons eu à
encaisser, ils ne se traduiront pas par, tout d'un coup, des solutions à nos
problèmes de finances publiques. Nos problèmes sont encore très
présents.
Et je reviens
sur le projet de loi n° 69, M. le Président. Il y a là-dedans des mesures, certaines d'entre elles, qui pourraient être acceptables, mais l'ensemble
de l'oeuvre ne me plaît pas, et je vais voter contre. Je vais voter contre
de façon très claire et manifeste. Alors, je m'arrête là-dessus, M. le
Président.
• (11 h 40) •
Le Président (M. Bernier) : Merci,
M. le député de Rousseau, de vos remarques préliminaires. M. le député de Beauce-Nord.
M. André Spénard
M.
Spénard : Merci,
M. le Président. Pour l'ensemble
de l'oeuvre, évidemment, étant
donné qu'on avait voté contre
le budget au mois de mars dernier, évidemment, on n'appuiera pas le projet de
loi n° 69, qui donne suite à des mesures fiscales annoncées lors du budget
du 26 mars dernier.
Sans
revenir sur tous les aspects du projet
de loi n° 69 et aussi du budget, parce que
ça découle de ça, je pense que
nous, on a fait l'évaluation de la mise à jour économique
et du budget du ministre des Finances hier, et je ne veux pas revenir là-dessus, sauf sur un point. Puis ça, ce
point-là, je pense que c'est d'induire la population en erreur lorsqu'on
parle que ce gouvernement est un
gouvernement de l'économie. Je pense que ce gouvernement-là est tout sauf le
gouvernement de l'économie parce que, dans
un sens, le fardeau fiscal des contribuables québécois a augmenté en moyenne de
1 400 $ depuis leur arrivée au pouvoir... et qui a financé, si on
veut, la mise à jour économique hier parce que les revenus, les revenus de l'État, ne sont pas là. On l'a vu
clairement, les revenus de l'État ne sont pas tels qu'ils avaient été
présentés, la création d'emplois n'est pas
là telle qu'elle avait été présentée. En tout cas, etc., il y a plusieurs
points qu'on peut faire. L'allégement réglementaire pour les petites et
moyennes entreprises n'est pas encore là après 19 mois. Il n'y a rien qui
est là. Il n'y a rien qui est là, sauf des augmentations de taxes et d'impôt
aux contribuables, qui, eux, ont financé.
Ça, un
gouvernement qui arrive au pouvoir et qui donne, dans son budget, dans son
premier vrai budget... qui arrive dans
son budget puis qui dit : Ça va aller bien, nous sommes le parti de
l'économie et nous sommes le gouvernement de l'économie, il va se créer de la richesse, il va s'ouvrir... Écoutez, on
ne parlera pas du Plan Nord. Je pense que le Plan Nord, il est en train de... je ne sais pas s'il va
mourir, mais il est sous respirateur artificiel. Vous allez me dire que c'est
mondial, il y a une baisse dans le prix des matières premières, je veux bien
croire, je veux bien acquiescer à ça, que le prix des matières premières est mondial. Ce n'est pas nous qui décidons. Par
contre, nous faire des belles promesses que le Plan Nord va tout régler, je pense que ça, c'est
utopique. Il y a eu d'autres mesures aussi, d'autres promesses du
gouvernement en place, et on s'aperçoit que,
de plus en plus, ce n'est pas le parti de l'économie, c'est le gouvernement de
hausses de taxes et de tarifs pour la classe moyenne. Et ça, c'est
regrettable.
Nous aurons
peut-être un amendement ou deux à l'intérieur de ce projet de loi n° 69
là, M. le Président, qui seront présentés
en temps et lieu et qui seront débattus comme tout amendement peut se débattre
à l'intérieur de ce projet de loi là. Et là-dessus, bien, c'est sûr que
la position de notre parti sera de voter contre ce projet de loi, étant donné
qu'on avait voté contre le budget. Et là-dessus, bien, on est prêts à entendre
les différents sujets. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député de Beauce-Nord.
Nous allons donc débuter l'étude du projet de loi. En premier, avant de
commencer, je veux souhaiter la bienvenue au personnel de Revenu Québec. Merci
d'être là, merci de participer à cette commission parlementaire.
De
consentement, pour que les experts de Revenu Québec puissent prendre la
parole... Est-ce qu'il y a consentement? Oui, consentement. Donc, c'est
réglé, on n'aura pas à revenir sur ce sujet.
Il y a eu également entente pour que l'étude du
projet de loi se fasse par sujet. Consentement? Consentement.
Il y aura également des amendements qui nous ont
été annoncés par le ministre, ils seront présentés au fur et à mesure que nous
allons étudier le projet de loi en fonction des sujets. Et, s'il y a d'autres
amendements, bien, à ce moment-là, on les regardera. Oui, M. le député.
M. Marceau : Juste une
question de directive, là. La question du Code de procédure civile puis des
pensions alimentaires, le ministre entend présenter ça à quelle étape? À la
fin?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão : À la fin, oui.
Le Président (M. Bernier) : À la
fin.
M. Marceau : Donc, ce serait
comme un 15e sujet. Est-ce que c'est comme ça qu'on peut comprendre?
Le Président (M. Bernier) :
Oui, ça serait, à ce moment-là, comme un 15e sujet qui serait abordé.
M. Marceau : O.K. Parfait.
Le Président (M. Bernier) :
Ça va?
M. Marceau : Merci, oui.
Étude détaillée
Le Président (M. Bernier) :
Donc, le premier sujet que nous allons étudier, c'est Crédit d'impôt pour les
travailleurs d'expérience. M. le ministre, la parole est à vous.
M.
Leitão : Très bien.
Merci, M. le Président. Alors, le contexte est le suivant : un
crédit d'impôt non remboursable est
accordé aux travailleurs d'expérience âgés de 65 ans ou plus et qui ont un
revenu de travail de plus de 5 000 $. Pour l'année
d'imposition 2015, le taux du crédit d'impôt est de 16 % et s'applique aux
premiers 4 000 $ de revenu de travail
qui excédent une première tranche de revenu de travail de 5 000 $. Ce
que nous proposons de faire, c'est le suivant : il est proposé de
modifier la loi afin de faire passer, sur une période de deux ans, l'âge
d'admissibilité à ces crédits d'impôt de 65 à 63 ans et d'augmenter le montant de
revenu de travail pouvant être pris en compte dans le calcul du crédit d'impôt selon les paramètres suivants. Alors, pour les
travailleurs, donc, de 64 ans et à partir de 2016, c'est
4 000 $; 2017, 6 000 $;
et puis 2018 et suivants, c'est 8 000 $. Et puis on descend encore
une fois : 63 ans, à partir de 2017, c'est 4 000 $
et 2018 et suivants, 6 000 $. En outre, il est proposé de modifier la
loi de façon que le crédit d'impôt pour les travailleurs d'expérience ne soit
plus universel. Ainsi, à compter de l'année d'imposition 2016, ce crédit
d'impôt devient réductible en fonction du revenu de travail.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Rousseau.
M. Leitão : Nous avons aussi un
amendement. Est-ce que je le présente maintenant ou...
Le
Président (M. Bernier) : Bien, on va discuter du sujet. Par la
suite, on va revenir au niveau des 13 articles.
M. Leitão : Très bien.
Le Président (M. Bernier) :
Sur le sujet.
M. Marceau :
O.K. Peut-être plus pour ma compréhension, là, je ne suis pas bien certain de
bien saisir ce que ça veut dire, le
dernier paragraphe, là, quand on dit que ce crédit d'impôt devient réductible
en fonction du revenu de travail. On veut dire que le taux diminue?
Est-ce que c'est ça qu'on a en tête? Puis peut-être — je
n'ai pas le document avec moi — nous expliquer de quoi il s'agit quand on
dit que c'est réductible en fonction du revenu de travail.
Le Président (M. Bernier) :
Simplement vous identifier.
M. Leitão : Mme Chaput.
Le Président (M. Bernier) :
Donc, Mme Chaput, la parole est à vous.
Mme Chaput (Amélie) : Amélie Chaput,
Revenu Québec. Donc, la réduction s'opère... En fait, on réduit le montant du crédit d'impôt de 5 % du revenu de
travail qui dépasse un certain seuil. Le seuil de réduction est le même
que celui du crédit d'impôt pour personne
vivant seule en raison de l'âge et pour revenus de retraite. Pour 2016, ce
seuil-là est de 33 505 $.
Donc le revenu de travail qui dépasse 33 505 $, on multiplie par
5 %, puis le résultat de cette multiplication-là va venir réduire
le montant du crédit d'impôt.
Le Président (M. Bernier) :
O.K. M. le député.
M. Leitão : Peut-être on pourrait
ajouter que...
M. Marceau :
Avez-vous un exemple numérique ou quelque chose qui se rapprocherait de ça
qu'on pourrait...
Le
Président (M. Bernier) : Oui, ça serait peut-être plus simple pour que les gens qui nous suivent,
là, puissent comprendre.
Mme Chaput
(Amélie) : Oui, j'en ai
préparé un ici. Donc, un particulier qui fête ses 65 ans le
1er janvier 2016, a un revenu de travail de 40 000 $ en
2016, son crédit d'impôt va être de 902,40 $, qui est 16 % fois le
maximum de 6 000 $ pour 2016, fois
la réduction pour la déduction travailleur de 0,94, donc un crédit d'impôt de 902,40 $ qui devra être réduit de... On fait le 40 000 $ de revenu de travail moins le
seuil de réduction, qui est 33 505 $ en 2016, puis on multiplie la différence
par 5 %. Donc, ça va être une réduction de 324,75 $.
Le Président (M. Bernier) :
Donc, il va lui rester 600 $, c'est ça?
M. Leitão : C'est ça. 900 $, et
c'est réduit de 325 $.
Le Président (M. Bernier) :
Donc, la mesure va lui donner 600 $ de réduction.
Mme Chaput (Amélie) : Oui.
M. Marceau : Dont la
réduction commence à 33 000 $. Je vois que Me Forget veut
prendre la parole.
• (11 h 50) •
Le Président (M. Bernier) :
Oui, Me Forget, allez-y.
Mme Forget
(Johanne) : Bien, en fait,
si on résume l'exemple, c'est que le revenu de 40 000 $ moins le
33 505 $, qui est le seuil à partir duquel on réduit,
40 000 $ moins 33 505 $, à ça on multiplie par 5 %,
puis ça donne notre réduction.
M. Marceau :
Ça donne le montant de la réduction, je comprends. Ce qui fait qu'à partir de
quel seuil on a zéro?
Mme
Forget (Johanne) : 51 500 $.
M.
Spénard :
À combien? Je n'ai pas compris.
Mme Forget
(Johanne) : 51 500 $.
Le Président (M. Bernier) :
Donc, à 51 500 $, il n'y a plus de déduction.
M. Leitão :
Plus de crédit d'impôt, non.
Le Président (M.
Bernier) : Il n'y a plus de crédit d'impôt qui s'applique pour
ce travailleur de 65 ans.
M.
Spénard :
Les vieux députés n'auront rien, M. le Président.
Le Président (M.
Bernier) : Non. Continuez à travailler, M. le député de
Beauce-Nord.
M.
Marceau : O.K. Juste pour être certain, donc, cette
réduction-là n'était pas présente dans la version antérieure du crédit
d'impôt, je ne me trompe pas?
M. Leitão :
Non.
Le Président (M.
Bernier) : Mme Forget ou Mme Chaput.
M. Marceau :
C'est une nouveauté, c'est ça?
Mme Chaput
(Amélie) : C'est une nouveauté.
Le
Président (M. Bernier) : Oui, c'est parce que c'est important
que vos réponses soient entendues parce qu'elles sont enregistrées. Ça fait foi du projet de loi, et des articles, et de
son application, ce qui est dit ici. C'est pour ça qu'il faut être
capable de l'exprimer au micro. Oui, M. le député de Rousseau.
M.
Marceau : Bien, peut-être juste nous... puis je comprends la
mécanique, maintenant, un peu mieux. Peut-être nous expliquer
pourquoi... C'est peut-être plus une question politique à ce stade-ci, là. Pourquoi
a-t-il fallu introduire cette diminution du crédit d'impôt?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Pour mieux cibler le crédit d'impôt aux personnes qui ont des
revenus plus bas. Donc, comme ça, on peut améliorer le crédit d'impôt
pour ceux qui gagnent moins de 30 000 $ en le ciblant de cette
façon-là.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Oui, je m'excuse, je...
Le Président (M.
Bernier) : Je vous laisse consulter.
M.
Marceau : Non, mais c'est à cause que j'ai le tableau devant
moi, je n'ai pas mon document. Mais, en gros, ce que je comprends, c'est que, donc, évidemment, ça réduit la facture
un peu du crédit d'impôt. Peut-être juste nous dire de combien. Commençons par des choses plus simples.
Vous vous attendez à quelle utilisation de ce crédit d'impôt? Combien de
travailleurs, croyez-vous, vont en bénéficier...
Le Président (M.
Bernier) : ...vont en bénéficier et pour quel montant?
M. Marceau :
...qui ne seraient pas demeurés sur le marché du travail puis qui vont
dorénavant aller sur le marché du travail?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
En effet, nous avions fourni cette information lors du budget, donc, c'est à la
page B.32, où nous calculons que les bénéficiaires actuels, c'est de
l'ordre de 130 000 personnes, et les bénéficiaires additionnels, donc
ceux qui en bénéficieraient en plus, ce serait 16 800. Donc, il y aurait
16 800 personnes de plus qui bénéficieraient de cette mesure.
M. Marceau : O.K. Puis est-ce
que c'est correct de dire, M. le Président, M. le ministre, que, parmi les
130 000 actuels, vous ne vous attendez à aucun impact de la réduction
que vous mettez en oeuvre? Parce qu'il y a deux effets, là. Donc, d'une part, vous
l'élargissez, d'autre part, vous l'élargissez de manière à aller chercher des
nouveaux bénéficiaires, ce que je comprends,
mais, en même temps, il y a des bénéficiaires actuels qui vont devoir vivre, à
moins que je me trompe, là, avec une restriction, celle que vous introduisez.
Est-ce que je me trompe?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Bon, il y a une
exception, c'est ça, que cette réduction, donc la réduction dont on parle ici,
ne s'appliquera pas aux particuliers qui
auront atteint l'âge de 65 ans avant la fin 2015. Donc, les personnes qui,
présentement, bénéficient de ce crédit
d'impôt ne seront pas pénalisées. Donc, ça sera les personnes qui, à l'avenir,
atteindront l'âge de 65 ans.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député.
M. Marceau : O.K. Est-ce que
je comprends que le 65... On est en 2015. Ça fait quoi, ça? Ça fait 2050, ça?
M. Leitão : 1951.
M. Marceau : 1950, pas 2050, oui. Est-ce que
je comprends que la cohorte de 1951 ou 1952 va être moins
bien traitée que la 1950? Est-ce que c'est ça, le résultat des courses?
Le Président (M. Bernier) :
Les avantages sont moins grands pour 1951, 1952?
M. Marceau : Est-ce que c'est
le résultat des courses?
M. Leitão : Donc, ceux qui le
reçoivent maintenant ne sont pas pénalisés.
M. Marceau : Non, ça, je
comprends. J'ai compris ça.
M.
Leitão : Et, à l'avenir,
ceux qui auront... À l'avenir, le crédit va être ciblé vers ceux qui ont des
revenus moins élevés. Ceux qui ont des revenus plus élevés...
M. Marceau : Puis cette
clause grand-père va demeurer combien de temps?
M. Leitão : Pour toujours. Ceux qui
l'ont l'auront toujours, jusqu'à ce qu'ils arrêtent de travailler.
M. Marceau : Mais est-ce donc dire... Je
répète ma question : Est-ce que ça veut dire que la cohorte 1949, en tout cas, pour l'horizon où elle va continuer à travailler,
va être mieux traitée que la cohorte 1952, mettons? Est-ce que c'est ça
qu'il faut comprendre?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão : C'est une
interprétation. Je ne pense pas que je le verrais de cette façon-là, mais ceux
qui vont...
M. Marceau : Je vais changer
de mots. Est-ce que le montant, à circonstances équivalentes, là, outre l'année
de naissance, à circonstances identiques — même revenu de travail, même
salaire, même revenu — est-ce
qu'à circonstances identiques un 1949 a un crédit d'impôt plus élevé qu'un
1952?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão : Oui. Enfin, l'objectif
de cette mesure, ce qu'on fait, c'est de pouvoir donner des bénéfices
additionnels à ceux qui ont des revenus moins élevés. On pense que ceux qui ont
des revenus plus élevés n'ont pas besoin de ce type d'aide.
M. Marceau : Bien, je vais
juste reprendre l'exemple, peut-être, pour être plus clair — merci,
M. le ministre, là — mais
l'exemple de maître...
Des voix : Chaput.
M. Marceau :
...Chaput, excusez-moi, excusez-moi, l'exemple de Me Chaput. Si je
comprends bien, une personne née en
1949, qui a un revenu de 40 000 $, va recevoir un crédit d'impôt de
902 $, puis une personne qui est née en 1952 va avoir 600 $. Bien là, je ne sais plus c'est
quoi, le chiffre exact, 600 $, mettons, là. Donc 900 $ pour une
personne de 1949 puis 600 $ pour une personne de 1952. Je veux
juste être certain que je comprends.
Le Président (M. Bernier) :
Oui, c'est important que nos gens puissent comprendre. M. le ministre.
M.
Leitão : Bien, en effet, c'est ça. Les personnes nées avant 1951 ont
des droits acquis, on ne change pas ça. Ceux nés en 1952 et après devront faire face à des nouvelles règles.
Mais on a aussi pris en considération qu'en fin de compte trois
travailleurs sur quatre âgés de 63 ans et plus ont des revenus inférieurs.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Oui, je vais... Donc, ça heurte une notion d'équité, on appelle ça horizontale,
là. En principe, on voudrait que la
fiscalité traite de manière équivalente des personnes qui sont dans des
circonstances équivalentes. Je suis certain
que les gens de Revenu Québec sont bien au fait de ce principe-là. Et la
discrimination... je ne veux pas dire que vous avez eu... je vais utiliser le mot «discrimination» sans vouloir vous
prêter d'intention malicieuse, là, mais la discrimination sur la base de l'âge... En fait, non, je vais
recommencer, ce n'est même pas sur la base de l'âge dans ce cas-ci, c'est
sur la base de l'année de naissance, ce qui
n'est pas pareil parce qu'une personne qui a 62 ans aujourd'hui, qui va
avoir 65 ans dans trois ans,
n'est pas traitée de la même manière qu'une personne qui a déjà 65 ans. Et
disons que, moi, en tout cas, ça ne
m'apparaît pas judicieux de traiter différemment la cohorte de 1949 et puis la
cohorte de 1962. Je vous laisse répondre, je vois que vous vouliez
parler, là.
M. Leitão : Oui, non, c'est ça, il y
a une nuance importante qu'il faudrait apporter. En effet, on met fin à l'universalité de ce crédit d'impôt, ça, c'est
clair. Et nous pensons qu'en mettant fin à l'universalité de ce crédit
d'impôt, nous pouvons rediriger les sommes
qui seront libérées par cette fin d'universalité et nous pouvons bénéficier
ceux qui sont au bas de l'échelle.
Mais, même ceux qui se verraient, donc, avoir un crédit d'impôt réduit parce
que leurs revenus seraient plus
élevés, ceux, comme vous avez dit, qui vont être pénalisés, en fin de compte,
ne seront pas pénalisés parce qu'ils peuvent maintenant commencer à
recevoir le crédit d'impôt plus tôt. Avant, c'était tout le monde à l'âge de
65 ans. Ce qu'on fait maintenant, c'est
qu'on permet à ces personnes de commencer à 64 ans en 2016 et puis à
63 ans en 2017. Donc, ceux qui,
théoriquement, seraient pénalisés, comme vous le dites, en fin de compte ne le
sont pas parce qu'ils vont commencer à recevoir le crédit d'impôt plus
tôt que c'était le cas avant.
• (12 heures) •
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Rousseau.
M. Marceau : O.K., je
comprends votre point. Est-ce que vous avez un... Enfin, je vais vous demander
une chose très simple, là. Évidemment, on sera gagnant ou perdant, dépendant de
la durée de... sur le marché du travail, on s'entend là-dessus. C'est-à-dire
que, si une personne, mettons... Prenons toujours le cas de la personne qui
gagne 40 000 $. Vous avez raison, je le constate, là, si elle arrive
à 63 ans, mettons, dans quelques années, elle va pouvoir bénéficier, dès 63 ans, du crédit d'impôt,
dès 64 ans, du crédit d'impôt puis dès 65 ans, mais il va être
amputé. Le crédit d'impôt, rendu à 65 ans, va être amputé. Mais en
fait c'est ça que...
Écoutez, je
vois qu'il y a beaucoup de paramètres. Est-ce que vous avez fait un calcul de
ça? Est-ce que vous êtes capable de nous donner... Moi, je vous
demanderais... Je vais vous le dire autrement, là. Prenez un contribuable, là, qui gagne 40 000 $, là, l'exemple de
Me Chaput, puis montrez-moi l'impact, pour un contribuable qui va
travailler jusqu'à 70 ans,
mettons, sur son portefeuille s'il est né en 1949, 1950, 1951, 1952, 1953,
1954, là, mettons, là, puis il travaille jusqu'à 70 ans. Moi, je vous dis juste : C'est que c'est très
délicat, là, de traiter différemment des cohortes différentes.
Puis je veux juste, peut-être, avant de donner
la parole... Moi, je suis favorable au crédit d'impôt pour les travailleurs
d'expérience, là, je ne suis pas contre, là. Là, on est vraiment dans le
design, là, comme on dit, dans les particularités,
là, dans les arrangements précis. Est-ce que c'est possible que vous nous
fournissiez... Bien, écoutez, je peux
le faire, là. Si on me donnait 15 minutes, je vais vous faire les calculs,
ce ne sera pas très, très long, là. Ce n'est pas complexe, là, on n'est pas dans le «rocket science», là. Ce n'est pas
très, très difficile à faire. C'est juste qu'évidemment, là, je n'ai pas
le temps de calculer avec les taux, puis tout ça, là. Est-ce que vous pourriez
nous fournir, peut-être...
Donc, tout
simplement, là, étant donné les entrées en vigueur des différents seuils, en
fait, des montants maximaux de revenu
admissible, étant donné les changements dans la réductivité en fonction du
revenu de travail, est-ce que vous pouvez
nous donner, mettons, 49 ans, 50 ans, 51 ans, 52... bien, enfin,
je recommence ça : les cohortes de 49, 50, 51, 52, et ainsi de suite, pour qu'on voie un peu qu'est-ce
que ça représente, là, comme désavantage ou avantage? Puis, peut-être, question sous-jacente : Est-ce que ces
paramètres que je retrouve dans le tableau à la page 2 ont été conçus ou
construits tels qu'on, justement, tente
d'assurer une certaine équité ou ce n'était pas dans les principes qu'on
tentait de défendre?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : L'objectif de ce crédit
d'impôt, c'est d'encourager les personnes plus âgées, donc de 62 ans et plus... plus que 62 ans, 63, 64, 65, à rester
sur le marché du travail parce que, comme vous le savez très bien, au
Québec, un grand nombre de citoyens décident de quitter le marché du travail
plus tôt que c'est le cas dans d'autres provinces canadiennes. Alors, comment
est-ce qu'on peut procurer un incitatif à ce que ces personnes-là restent sur
le marché du travail à l'intérieur de nos
moyens de le faire, parce que nos finances publiques sont relativement serrées?
Alors, en le «designant» comme ça, en fabriquant le crédit d'impôt de
cette façon-là, nous sommes capables, donc, de financer le devancement, donc les deux ans, à 64 et puis
à 63 ans. Les gens commencent à recevoir plus tôt et sans que cela ait
un impact négatif sur les finances publiques. Mais, pour pouvoir faire ça, on a
dû mettre fin aussi à l'universalité.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Rousseau.
M.
Marceau : Permettez-moi d'insister pour que vous nous...
Écoutez, il y a deux possibilités : si vous ne voulez pas le faire
ou nous présenter l'exemple que je vous suggère, c'est que je vais le faire de
mon côté, là, puis je vous demanderais
peut-être qu'on passe au sujet deux, puis on reviendra au sujet un mardi
prochain ou bien, simplement... Il n'y
a pas besoin de le donner maintenant, là, vous pouvez me le donner la semaine
prochaine, vous pouvez me le donner dans une heure, si vous voulez. Moi,
je n'ai pas de problème avec ça.
Le Président (M. Bernier) :
Ce que vous voulez démontrer, M. le député de Rousseau, c'est qu'en ce qui regarde... une personne de 65 ans aujourd'hui
n'aura pas à avoir une réduction de 5 % si elle travaille jusqu'à
70 ans par rapport à celle qui a 63 ans. C'est ça?
M. Marceau :
Moi, ce que je dis, M. le Président, c'est que je ne pense pas que la fiscalité
peut désavantager ou avantager des gens sur la base de l'année de
naissance.
Le Président (M. Bernier) :
D'accord.
M. Marceau : En fait, on
peut, mais ça heurte évidemment les principes assez élémentaires de justice,
puis on appelle ça l'équité horizontale, là,
du côté des économistes. Il y a peut-être d'autres termes dans d'autres
disciplines. Mais juste vous dire que, vous
savez, il y a eu tout ce débat sur les clauses grand-père, sur les clauses
orphelin, enfin, je pense que je
n'apprends rien à personne ici, et c'étaient des clauses, dans le fond, qui
faisaient en sorte que, dépendant de votre
année de naissance et non pas de votre âge, là, ce n'est pas pareil, là, vous
aviez des traitements différents ou pas. Je suis certain qu'il n'y a pas de malice dans l'intention du ministre. Je
ne prétends pas ça, là. Puis peut-être que je me trompe, là, mais
j'aimerais juste voir de quoi on parle exactement.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : Si je peux me permettre, M. le Président, cette information,
elle est dans le budget, là. Elle est dans le budget, ça commence à la page B.27, d'ailleurs... non, pardon,
B.26. C'est là qu'on commence à parler de la bonification graduelle des crédits d'impôt pour les
travailleurs d'expérience. Donc, il y a toutes sortes de calculs. Toute
l'information dont le député de Rousseau veut, elle est là, tout est ici. Et
c'est quelque chose qui est déjà... puisque le budget a été approuvé, c'est
déjà en cours. Mais l'information existe, elle est là.
M. Marceau : Mais il n'y a
pas... je m'excuse...
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Rousseau.
M. Marceau : Je m'excuse, M.
le ministre, mais là je feuillette, là, les pages... B.26, en fait, la section
2.3.1 du budget, là...
M. Leitão : C'est ça, ça commence
là.
M. Marceau :
...Bonification graduelle du crédit d'impôt, et je regarde, là, puis je
ne vois pas d'information en fonction
de l'année de naissance. Ce n'est pas pareil. Ce n'est pas pareil parce qu'en
toute probabilité moi qui ai 50 ans... 51 ans, pardon, je vais avoir 52 cette année, puis il y a déjà des
gens qui ont 52, puis ce que je vous dis, c'est que... Est-ce que les
gens qui ont déjà 52 sont mieux traités que moi qui ai 51 ans, qui va
avoir 52? C'est l'année de naissance, là. Qu'est-ce qui est en cause, ce n'est
pas l'âge, ce n'est pas pareil. Ce n'est pas pareil.
M. Leitão : Bien, enfin, moi, je ne
vois pas la différence.
M. Marceau :
Bien, peut-être que vous ne voyez pas le problème, puis ça, c'est correct, vous
avez le droit de ne pas le voir. Moi,
j'en vois un puis je pense que, pour la commission, ça pourrait être... enfin,
pas pour... Ça serait informatif que de l'avoir. Si vous ne le faites
pas, je vous le répète, moi, je vais le faire.
Le Président (M. Bernier) :
Est-ce que cette information-là est disponible à Revenu Québec, l'information
demandée par le député de Rousseau? Mme Forget.
M. Leitão : Non, le crédit d'impôt a
été conçu au ministère des Finances, donc l'information est...
M. Marceau : Oui, ça, c'est
clair. Je sais bien que l'Agence du revenu met en oeuvre les choix politiques
du ministre, là, je n'ai pas de... C'est
clair, là, et ils le font avec toute la diligence, et l'expérience, et le
sérieux qu'on leur connaît, mais il
ne m'apparaît pas exagéré... en tout cas, ce que je demande, je pense que c'est
tout à fait raisonnable, là. Donc, je
peux le redire très simplement, là : On prend des 1948, des 1949, des
1950, 1951, 1952, 1953, mettons, qui veulent travailler jusqu'à
70 ans, et, dans le fond, ce qu'on veut voir, c'est : Est-ce que le
crédit d'impôt...
Le Président (M.
Bernier) : Pour chacun des groupes.
M. Marceau : ...est
plus avantageux ou moins, dépendant de l'année de naissance? Et moi, je pense
que l'année de naissance ne devrait
pas avoir un impact sur ça. Je le dis. Ce qui ne veut pas dire que je suis
contre un crédit d'impôt pour les travailleurs
d'expérience. Je suis pour. Je suis favorable. Et le rythme de bonification de
cela, j'ai eu l'occasion d'en parler à d'autres
occasions, même quand j'étais ministre des Finances, mais je suis entièrement
conscient, là, quand on regarde les chiffres, par exemple, on voit bien
que les 15-64 ans, hein, la cohorte des 15-64 ans est en train de
diminuer, et donc il n'y aura pas de gains, pour notre économie, qui vont venir
d'une croissance de la population active si on définit la population active de
manière traditionnelle. Alors, c'est sûr que de garder sur le marché du travail
des travailleurs expérimentés, c'est une
bonne voie. Moi, je suis tout à fait d'accord avec ça. Je n'ai pas d'opposition
à ça. Là, on est dans les modalités, là. Ce n'est pas pour mal faire que
je dis ça.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
• (12 h 10) •
M. Leitão :
Bien, écoutez, M. le Président, je persiste à dire que toute l'information est
contenue ici, dans le document du budget. Je ne vois pas quelle information additionnelle nous pourrions faire. Certains calculs que le collègue
veut faire, très bien, il est libre de faire ces calculs-là à partir de l'information
qu'il y a déjà ici.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
M. le Président, est-ce que je peux suggérer qu'on passe au deuxième sujet puis
qu'on revienne à ça?
Le Président (M.
Bernier) : Oui, mais on va aller voir le député de Beauce-Nord
avant.
M. Marceau :
Oui, excusez-moi. Oui, évidemment.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de Beauce-Nord, sur le sujet.
M.
Spénard : Oui,
merci. M. le Président, le premier sujet, évidemment, moi aussi j'ai
accroché là-dessus parce que
c'est nouveau, ce n'était pas dans le budget, cette fonction de réduction par rapport aux choses. Moi, j'aimerais savoir une question : Pour 2016,
dans le budget, c'était 27 millions que ça coûtait au gouvernement, ce crédit d'impôt là. Avec la réduction en
2016, est-ce que le montant est changé sur le coût du gouvernement? Parce que, si ça coûtait 27 millions sans
réduction, avec une réduction, ça doit coûter moins cher.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Écoutez,
tout d'abord, ce dont on parle ici était clairement
établi au budget. Ce n'est pas nouveau, c'était au budget, ce n'est pas
une surprise qui sort de...
M.
Spénard :
Sans la clause de réduction?
M. Leitão :
Non, non, la clause de réduction était là.
M.
Spénard :
Elle était là?
M.
Leitão : Tout était là. Il n'y a
rien de... Tout était là, et il n'y a aucune nouvelle chose qui aurait été
introduite en catimini.
M.
Spénard : O.K. Et
en mettant ça à 64 ans, M. le
ministre, quel est le coût supplémentaire? Ça, ce n'était pas là. C'était-u au budget, ça aussi?
M. Leitão :
Oui.
M.
Spénard :
Oui?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : Oui. Donc, pour
l'année fiscale 2016‑2017, l'impact financier sur notre cadre financier,
donc, c'est de 27 millions de dollars sur notre cadre financier,
chose que nous pensons être gérable.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député.
M.
Spénard : Je veux revenir à ce que mon collègue
député de Rousseau disait, et ça aussi, ça me chicote un
peu, et vous allez me dire si je comprends bien. Bon, il y a le 33 505 $
où la réduction commence à s'établir après, 5 % de la différence entre le 33 000 $ et,
mettons, les revenus imposables, et ça s'arrête à 51 000 $, je pense
que ça disparaît. C'est ça que vous m'avez dit. Sauf que je reviens à la
date de naissance. Est-ce que quelqu'un qui a 65 ans cette année, qui bénéficie déjà, en 2015, de ça, mettons qu'il gagne
100 000 $ par année, comprenez-vous, et l'autre qui a 60 ans qui
gagne 51 000 $ par année, est-ce que vous allez... mettons,
64 ans, en tout cas, des questions d'âge. Le gars qui a...
Le Président (M. Bernier) :
La barre, c'est 63.
M.
Spénard :
...65 ans puis qui gagne 100 000 $, il n'y a aucune réduction,
il a le droit à son full crédit d'impôt, si je vous ai bien compris.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : Bon, le crédit d'impôt n'est pas illimité. Donc, il y a une
limite même avant quelque modification que
ce soit. Une personne qui gagne 100 000 $ ne va pas recevoir des
milliers et des milliers de dollars en crédits d'impôt.
M.
Spénard : Mais ce
crédit-là s'applique à lui.
M. Leitão : Oui, s'applique à lui.
M.
Spénard : Et il n'y
a pas de réduction en ce qui le concerne.
M.
Leitão : Tout à fait. Donc, toutes les personnes qui vont atteindre
l'âge de 65 ans avant la fin de cette année, avant la fin de 2015, ce qu'ils gagnaient,
recevaient avant le crédit d'impôt, ils vont continuer à le recevoir tant et
aussi longtemps qu'ils restent sur le marché du travail.
M.
Spénard : Puis ils
vont continuer à recevoir le plein crédit d'impôt de cette mesure-là sans
formule de réduction, sans fonction de réduction.
M. Leitão : C'est ça, c'est ça.
M.
Spénard : Bon,
bien, je vous ai bien compris. Évidemment, je trouve ça un peu injuste. Je vais
vous dire, je trouve ça un peu injuste pour
la simple et bonne raison qu'on essaie d'avoir une justice fiscale équitable
pour tous. Puis je suis comme mon collègue,
aussi, de Rousseau, on est pour ça, les crédits d'impôt pour les travailleurs d'expérience parce qu'on
s'aperçoit que la population vieillit, et etc., mais, en tout cas, je trouve
ça, au point de vue d'équité fiscale... Puis plus ça va aller, écoutez,
plus qu'il y a de monde qui vont travailler tard, étant donné que ça coûte
beaucoup plus cher, considérant que le gouvernement taxe beaucoup plus.
Alors, on va
le passer. Alors, je trouve ça... au point de vue équité fiscale, on a des
grandes réserves suite à ça, on a des grandes réserves suite à ça.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre.
M.
Leitão : Bon, l'objectif de ce crédit d'impôt, c'est justement pour
donner un incitatif aux personnes plus âgées de rester sur le marché du
travail, de continuer à travailler. C'est tout simplement ça.
M.
Spénard : Non, non,
ça, je n'ai pas de problème avec ça. Je n'ai pas de problème avec l'objectif.
Le seul problème, c'est l'équité fiscale
entre les individus parce que je suis un peu... Je comprends votre raisonnement,
qu'il faut, à un moment donné, mettre
une date, mettre une chose, puis ceux-là qui sont nés en 1950, évidemment, ils
ne travailleront plus en 2050, là. Tu
sais, ça, c'est officiel, mais ça va s'éliminer avec le temps. Mais combien de
temps que ça va prendre pour qu'il y
ait une équité fiscale totale dans ce crédit d'impôt pour les travailleurs
d'expérience? Vous n'avez pas fait la moyenne. Si le monde travaille
jusqu'à 72 ans, mettons, il reste encore un sept, huit ans où est-ce
qu'il va y avoir un déséquilibre dans l'équité fiscale. Vous n'avez pas de
prévisions là-dessus?
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M. Leitão : Bien, écoutez, ça
dépendra des choix de chacun. Ce n'est pas au gouvernement à...
M.
Spénard : Mais on
doit pouvoir établir une moyenne, à un moment donné, qu'à 85 ans il n'y en
aura pas 130 000, là, qui vont travailler, là. Ça, c'est bien évident.
M.
Leitão : L'objectif n'est pas ça, là. L'objectif, c'est que les
personnes restent sur le marché du travail. À un moment donné, les personnes finiront par prendre leur retraite. Ce
crédit d'impôt s'applique aux revenus de travail. Donc, chacun décidera à quel âge il veut véritablement
prendre leur retraite, si c'est à 68, ou à 70, ou quoi que ce soit. Ça,
c'est une décision personnelle. Tout ce que nous essayons de faire ici, c'est
que les personnes restent sur le marché du travail un peu plus longtemps que c'était la pratique jusqu'à maintenant, donc
surtout ceux qui ont 63, 64, 65 ans, plus ceux-là qui restent au
travail parce que toute la société en bénéficierait de ces gens-là. Mais
éventuellement on sait très bien que les personnes vont finir par prendre leur
retraite.
M.
Spénard : O.K. Merci.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Oui, M. le député de Rousseau, vous avez
d'autres questions?
M.
Marceau : Oui. Bien, en fait, là je comprends qu'il y a de la
réticence à fournir l'information que je demande. Là, à quelle page vous
pointez?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
B.30. La page B.30.
M.
Marceau : Oui, mais ce n'est pas ça que je veux. Ce que je
veux, c'est... O.K., je vais le dire autrement. Là, je veux juste qu'on se confirme des choses. Quelqu'un
qui a 65 ans en 2014, ça, c'est un modèle 1949. Donc, le
modèle 1949, il a 65 ans en 2014,
il a un revenu de 40 000 $, il a un crédit d'impôt de 902 $.
C'est-u correct, cette phrase-là? Y a-t-il quelque chose de pas correct
dans ce que je viens de dire?
Le Président (M.
Bernier) : Mme Forget, sur le plan mathématique, est-ce
que c'est correct?
Mme Forget
(Johanne) : Oui, ça va.
Le Président (M.
Bernier) : Ça va. Continuez, M. le député de Rousseau.
M.
Marceau : O.K. Mon modèle 1949, il va travailler jusqu'à
70 ans, O.K., jusqu'en 2019. Il va avoir encore et toujours 40 000 $ de revenu. Ça va pour
tout le monde? Est-ce qu'il va continuer à recevoir 902 $ à chaque année
de crédit d'impôt? On s'entend là-dessus?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre. Me Forget?
M. Leitão :
Oui. C'est ça. Il change...
Le
Président (M. Bernier) : Il faut dire oui ou non parce que les
gens, ils ne peuvent pas comprendre, ça ne peut pas s'enregistrer, ça.
Donc, il faut répondre oui ou non.
Mme Forget
(Johanne) : Oui.
Le Président (M.
Bernier) : Oui. Merci.
M.
Marceau : O.K. Donc, on résume. Il a eu 65 ans en 2014,
et, de 2014 jusqu'à 2019, continue d'avoir son revenu de
40 000 $, et il va avoir 902 $ par année de crédit d'impôt.
Une voix :
C'est ça.
M. Marceau :
Parfait!
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
• (12 h 20) •
M.
Marceau : Maintenant, le modèle 50, 1950. En 2015, il a
65 ans. Avec les nouveaux paramètres qui entrent en vigueur et le
4 000 $, là, qu'on voit de montant maximal, vous me confirmez que
lui, il va avoir 600...
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Oui. Lui aussi, il va continuer de recevoir. C'est l'autre modèle d'après.
M. Marceau :
O.K. Donc, on oublie le modèle 1950. On va aller au modèle 1951.
M. Leitão :
C'est ça.
M.
Marceau : O.K. Le modèle 1951. Bien, écoutez, je vais vous
poser une question très simple, là : Étant donné les paramètres qui sont ici, pouvez-vous me
dire... Ce modèle 1951, donc, il va avoir, en 2016, 65 ans et il va
travailler jusqu'à 70 ans, jusqu'en 2021, O.K.? Donc, en 2016, toujours des
revenus de 40 000 $, quel va être le montant de son crédit d'impôt?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Ça sera un peu différent parce que ce qui change, donc, pour
le modèle 1951, c'est qu'à partir de 2016, donc, le montant maximal
des revenus admissibles change. Donc, il était de 4 000 $, là,
maintenant, il est à 6 000 $.
M. Marceau : Ça fait combien
de crédit d'impôt avec son revenu de 40 000 $?
M. Leitão : C'est exactement... Oui,
c'est ça, c'est le 902 $, 902 $. Et ce 902,40 $ sera réduit de
325 $.
M. Marceau : De 300 combien?
Je veux juste avoir le chiffre exact, si c'est possible.
M. Leitão : 324,75 $.
M. Marceau : Ce qui fait un
net de? 324,75 $, puis ça fait un net de combien?
M. Leitão : De... bon, 902 $
moins 324 $.
M. Marceau : O.K. Bien,
902 $...
Le Président (M. Bernier) :
620 $.
M. Marceau :
Je veux juste avoir les chiffres exacts. 902 $ et... Il y a-tu des cents
là-dedans ou si c'était 902 $?
M. Leitão : Attendez un peu, là.
M. Marceau : Non, mais je
veux juste...
Une voix : 902,40 $.
M. Marceau : 902,40 $
moins 324,75 $...
Le Président (M. Bernier) :
580 $. Un chiffre rond.
M. Marceau : Bingo, M. le Président! O.K. Donc,
de toute façon, on calculera... Mettons que ça donne environ 580 $.
M. Leitão : 577,65 $.
M. Marceau : Bon! Là, on est
en business. O.K. 577,65 $.
M. Leitão : C'est ça.
M. Marceau : O.K. On
recommence. Donc, mon modèle...
Le Président (M. Bernier) :
1951. Il ne faut pas le perdre.
M. Marceau :
...1951, il ne faut pas le perdre, lui, en 2016, il a 65 ans, il gagne un
revenu de 40 000 $, et son crédit d'impôt est de 577,65 $. En 2017, il va faire face à de nouveaux
paramètres parce que je vois qu'il va y avoir une bonification, là, on
passe à 8 000 $, n'est-ce pas?
M. Leitão : C'est ça, oui.
M. Marceau : Donc, toujours
pour mon modèle 1951, en 2017, ça donne quoi comme crédit d'impôt?
M.
Leitão : Disons que ça donnerait 16 %, cette fois-ci, de
8 000 $ et pas 6 000 $, une fois 0,94... Donc,
attendez un peu, là. On va y arriver.
M. Marceau : On travaille
pour tout le monde.
M. Leitão : Ça sert à quelque chose,
ces petites choses. Alors, on a dit 8 000 $, c'est ça?
8 000 $.
Le Président (M. Bernier) :
Il faudrait acheter ImpotMatique.
M. Leitão : 16 %, c'est
1 980 $. 0,94, donc, ça serait 1 203 $.
M. Marceau :
O.K., duquel on doit soustraire le 5 % encore, donc toujours le
324,75 $. C'est-u ça ou il est affecté par le 8 000 $?
Mme Chaput (Amélie) :
En fait, le seuil de réduction...
Le Président (M. Bernier) :
Mme Chaput.
Mme Chaput
(Amélie) : Oui, Amélie Chaput, Revenu Québec. Le seuil de réduction
est indexé à chaque année. On n'a pas celui de 2017 encore, mais ça
devrait être sensiblement la même chose qu'en...
M. Marceau : Non, ça, je
comprends.
Le
Président (M. Bernier) : Mettons, 350 $. C'est un chiffre
rond, 350 $. À ce moment-là, il lui resterait aux alentours de
700 $. C'est ça?
M. Leitão : C'est ça. Donc, il va
quand même...
M. Marceau :
C'est quoi, les chiffres que vous avez? Parce que je vais les prendre en note,
là. Donc, le crédit d'impôt, il était... vous avez dit combien? Vous
avez 1 000 $?
M. Leitão : 1 200... Attendez
un peu, là. Oups! Il faut que je refasse mon calcul. Donc, 8 000 $,
16 %, c'est 1 280 $ — attendez un peu, ce n'est pas
fini — 0,94,
donc 1 203 $.
M. Marceau : O.K. C'est bon.
Moins la réduction que vous...
M. Leitão : Moins la réduction.
M. Marceau :
Donc, on peut même supposer qu'elle est inchangée, là. Ça fait 324 $.
Alors, déjà, c'est meilleur, là. On s'approche du 902 $. On est
encore un peu en dessous, mais on est...
M. Leitão : Un peu en dessous. On a
800 et quelque chose.
M. Marceau : C'est ça, on
n'est pas loin. Puis, pour l'année suivante, qui est 2018, on est à... donc un
seuil, maintenant, qui est à 10 000 $.
M. Leitão : 10 000 $,
c'est ça.
M. Marceau : Donc, on parle
de 1 600 $, n'est-ce pas? N'est-ce pas?
M. Leitão : C'est ça. Pas tout à
fait, attendez un peu.
M. Marceau : Ah non! C'est
moins 5 000 $, là.
M. Leitão : C'est ça.
M. Marceau : C'est ça. C'est
16 % de 35... non, de...
M. Leitão : Non, 16 % de
10 000 $, mais... Oups! 16 % et puis 0,94. Donc, c'est
1 504 $ moins la réduction.
M. Marceau : Moins la
réduction, qu'on peut supposer être encore de 324 $?
Le Président (M. Bernier) : On
peut-u aller à 350 $ avec l'indexation?
M. Marceau :
Oui, peut-être 350 $. Pour l'instant, disons, on prend le cas de figure
favorable, là. O.K. Ça fait qu'on
disait à 11 080 $, à peu près. Et là il me reste 2019, 2020 et 2021.
Mais là on voit quand même que le contribuable, il perd dans la première
année, il perd un peu dans la deuxième, mais il gagne dans la troisième année.
N'est-ce pas?
M. Leitão : Oui.
M. Marceau : On s'entend. Puis il va gagner dans la quatrième
année, de toute évidence, puis dans la cinquième année. Ça fait qu'il se
peut très bien que les calculs fassent en sorte que ça soit avantageux, là,
mais il se peut très bien que ça soit désavantageux. Moi, je ne le sais
pas, mais il me semble que ce qu'on vient de faire ensemble, vous
et moi, ça pourrait être fait — puis surtout corroboré, là, puis entendu — par
les gens du ministère du Revenu ou par le ministère
des Finances. En fait, le ministère des Finances devrait être capable de faire ça facilement. Puis, je répète, moi,
j'aimerais juste qu'on puisse comparer la cohorte 1949 avec la
cohorte 1951, et on pourra porter un jugement à la fin du processus. Sinon, je vais continuer le travail
qu'on a entrepris, vous et moi, là, mais il me semble qu'on a d'autres
choses à faire en commission que de faire ça.
M. Leitão : Je
pense que oui, moi.
Le
Président (M. Bernier) : Est-ce qu'il y a possibilité d'avoir l'information, qu'on puisse la transmettre aux membres
de la commission?
M. Leitão : Écoutez, je ne l'ai pas
ici avec moi, je suis...
Le
Président (M. Bernier) : Parce que les travaux n'avancent pas beaucoup
à ce moment-là. On fait des calculs, puis je trouve que
c'est un peu long.
M. Leitão : En effet.
Le Président (M. Bernier) :
Donc, en ce qui me concerne, je pense que, s'il y avait possibilité d'obtenir
les données demandées et de les transmettre aux membres de la commission, ça
simplifierait des choses, et on pourrait avancer par rapport à l'étude du
projet.
M. Leitão : Bon, je ne peux pas être
certain à 100 %, mais je suis avec un degré de certitude de 95 % que
ce travail-là a été fait au ministère des Finances.
M. Marceau : Bien oui, je
suis certain moi aussi, là. Permettez-vous que je sois très, très précis, là,
sur ma demande, de façon à ce que je ne
puisse pas dire que je n'ai pas eu ce que je voulais, là? Ça fait qu'au moins
je vais le dire clairement, là. Si
c'est possible... Puis là je ne vous demande pas de... pour qu'on pense... mais
au moins la cohorte 1949, la
cohorte 1951 puis la cohorte 1953, mettons. La 1953, qui va avoir...
bien, ou même la 1954, tant qu'à faire. Non, la 1953, ça va être bon.
Donc, 1949, 1951, 1953.
Puis là on l'a fait pour 40 000 $,
mais, si vous pouviez le faire pour, mettons, 20 000 $,
30 000 $, 40 000 $ de revenus.
Je sais que ça fait quelques chiffres puis c'est un peu de calculs, là, mais je
pense qu'avec la qualité des personnes qui
travaillent au ministère des Finances quand ça va faire une heure qu'ils
travaillent là-dessus, ça va faire longtemps que ça va être fini, là.
Et, honnêtement, je pense que ça permettrait de porter un jugement plus éclairé
sur la mesure.
Cela étant, je le répète, ce n'est pas le
principe, ce n'est pas l'idée, je ne prétends pas qu'il y a une mauvaise intention puis je fais juste dire :
J'aimerais ça savoir de quoi il s'agit. J'espère que les écarts sont faibles,
là. Je dois le dire, là. J'espère que les écarts sont faibles.
M. Leitão : Voilà. Très bien.
Le Président (M. Bernier) :
Ça va? Oui, M. le député de Beauce-Nord.
M.
Spénard :
Une dernière question de compréhension, moi, M. le Président. Moi, j'en reviens
à ceux-là qui ont 65 ans en
2015. C'est 16 % de 4 000 $, ça, c'est clair. En 2016, est-ce
que c'est 16 % de 6 000 $, puis, en 2017, 16 % de
2 000 $, puis, en 2018, 16 % de 10 000 $ sans aucune
réduction s'ils travaillent jusqu'en 2018 et suivantes? C'est ça que je
comprends?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : C'est ma compréhension
aussi.
M.
Spénard : O.K.
C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) : C'est
tout?
M. Marceau : Un dernier
point.
Le Président (M. Bernier) :
Allez-y, un dernier point.
• (12 h 30) •
M. Marceau :
Bien, je veux juste qu'on nous présente suffisamment de détails, là. Vous
comprenez que, pour la cohorte 1949,
j'aimerais avoir le crédit d'impôt à chaque
année; pour la cohorte 1951, j'aimerais avoir le crédit d'impôt à chaque année; puis la 1950, le crédit
d'impôt à chaque année sur l'horizon
où ces gens-là travaillent, c'est-à-dire
entre l'âge de 65 ans et 70 ans...
bien, ou entre l'âge de 63 et 70 ans. Il y a tous ces âges-là qui
doivent être pris en compte. O.K.? Donc, on se comprend? Voilà. Je ne
veux simplement pas qu'on perde du temps là-dessus. Voilà.
Le Président (M. Bernier) :
C'est bien.
M. Marceau : Merci.
Le Président (M. Bernier) :
Allons-nous procéder à l'adoption des articles?
M. Marceau :
Non, on va attendre de voir, si vous permettez.
Le Président (M. Bernier) :
Pardon?
M. Marceau : On va attendre
de voir. Moi, je propose qu'on revienne à ce sujet-là la semaine prochaine.
Le Président (M. Bernier) :
Qu'on suspende l'étude du sujet n° 1?
M. Marceau : Oui.
Le Président (M. Bernier) :
Donc, on va le suspendre. Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'étude
du sujet n° 1?
Une voix : Oui.
Le Président (M. Bernier) :
Consentement? Consentement, M. le ministre?
M. Leitão : Oui, consentement.
Le Président (M. Bernier) :
Parfait.
M. Leitão : Qu'est-ce qu'on fait
avec l'amendement qu'on allait...
Le Président (M. Bernier) :
Bien, on va revenir.
M. Leitão : On va revenir. O.K.
Le Président (M. Bernier) :
Quand on va revenir au sujet n° 1, à ce moment-là, on fera les amendements.
M. Leitão : Très bien, très bien.
Le Président (M. Bernier) :
Oui?
M. Marceau : Peut-être juste... Ça
va être de quelle nature, l'amendement? Ça ne changera rien à ce qu'on vient de dire,
là, j'imagine.
M. Leitão : Non, non, non, c'est...
M. Marceau : ...pas de
problème.
M. Leitão : C'est dans le cas d'une
faillite, c'est un ajustement qui se fait.
M. Marceau : Pas de problème.
Non, non, c'est beau.
Le
Président (M. Bernier) : Il y avait l'amendement à l'article 42, puis il
y avait un amendement
à l'article 46 aussi, et que j'ai en main, là. 46, il y a un amendement
aussi qui fait partie du sujet n° 1.
M. Leitão : O.K., paiement
rétroactif dans les... Oui, c'est ça.
Le
Président (M. Bernier) : Est-ce que l'article 46 vient apporter des modifications par rapport à ce qui a été discuté? L'amendement?
C'est la question qui est posée.
M. Leitão : Non, non, non.
Le
Président (M. Bernier) : Non? O.K., ça va. Donc, passons au sujet n° 2.
Crédit d'impôt mettant en place un bouclier fiscal.
M.
Leitão : Très bien.
Alors, quel est le contexte de ce crédit
d'impôt? Plusieurs
mesures fiscales accordent une aide modulée en fonction du revenu.
Ainsi, lorsque le revenu de travail d'un particulier qui bénéficie de ces
mesures augmente, celui-ci peut voir son
aide fiscale diminuer de façon sensible. Ceci a pour effet de nuire à l'efficacité des mesures qui visent à
accroître l'incitation au travail, notamment le crédit
d'impôt attribuant une prime au
travail et le crédit d'impôt
pour frais de garde d'enfants.
Ce qu'on
propose de faire, c'est le suivant. Il est proposé de modifier la loi afin
d'instaurer, à compter de l'année d'imposition
2016, donc à compter du 1er janvier de l'année qui vient, un nouveau crédit d'impôt remboursable, appelé bouclier fiscal, permettant de compenser en partie
la diminution de l'aide fiscale qui vise l'incitation au travail lors
d'un accroissement du revenu de travail. Ce crédit d'impôt est accordé à un particulier qui réside au Québec à
la fin d'une année si son revenu familial et son revenu de travail ou
celui de son conjoint ont augmenté par rapport à ceux de l'année précédente.
Le montant de
ce crédit d'impôt est déterminé en réduisant le revenu familial
servant au calcul du crédit
d'impôt attribuant une prime au travail et
du crédit d'impôt pour frais de garde d'enfants d'un montant égal à
75 % du moindre des montants suivants : soit la hausse de
revenu familial du particulier par rapport à l'année précédente, soit
l'ensemble des hausses de revenu de travail
par rapport à l'année précédente pour chaque conjoint jusqu'à concurrence de
2 500 $ pour chacun d'eux. Et voilà.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Rousseau, sujet n° 2.
M. Marceau :
Oui. O.K. Bien, écoutez, le ministre ne sera pas surpris, là, de ce que je vais
lui dire. Il n'y a pas de nouveauté,
j'ai posé des questions en Chambre là-dessus. Je lui en ai parlé à l'occasion
de notre débat sur le budget, à l'occasion
des crédits. En tout cas, je suis revenu à plusieurs reprises. Je vais au moins
le redire, là, ce que je trouve de ça.
La première
des choses, c'est qu'il faut savoir évidemment que cette proposition a été
formulée dans le rapport de la
commission sur la fiscalité. Et puis moi, je pense que c'est judicieux, c'est
une bonne mesure. Encore une fois, l'incitation au travail, j'en suis.
De mettre en place un bouclier fiscal, c'est une bonne idée. Alors, je ne suis
pas contre ça.
Mais, dans ce
cas-ci, ce que j'avais soulevé — puis je n'ai jamais eu de véritable réponse
à ce sujet-là de la part du ministre — c'est qu'on doit faire en
sorte que, lorsque le revenu augmente, toutes les sources d'appauvrissement qui en découlent, en tout cas, qui proviennent du
gouvernement, soient réduites. Alors,
effectivement, c'est vrai que, si un contribuable s'enrichit, bien, sa prime au travail
est réduite. Alors, si on veut le garder plus au travail, on va le
protéger par le bouclier fiscal qui va compenser en partie la baisse de la
prime au travail. Parfait, je suis d'accord avec ça. Si le contribuable a des
revenus plus grands, c'est vrai que son crédit d'impôt pour frais de garde
d'enfants va être réduit, et donc le bouclier fiscal fait une job là.
Ce qui est curieux puis au sujet duquel je n'ai pas eu
réponse dans le passé, c'est l'espèce d'asymétrie qu'il y a dans le traitement de la garde d'enfants, le
pourquoi. Les frais de garde d'enfants, dans le fond, c'est pour les
garderies privées. C'est des montants qui
sont payés pour faire garder nos enfants dans une garderie privée. Puis
pourquoi ne pas tenir compte de la
hausse des tarifs en CPE, qui découle d'une augmentation des revenus? Si on
veut vraiment inciter les gens à travailler,
rester sur le marché du travail, à participer plus au marché du travail, ce
avec quoi je suis d'accord, pourquoi traiter
de manière différente les impacts d'une hausse de revenu sur le crédit d'impôt
pour frais de garde puis la hausse des tarifs qui en découle dans les CPE?
Puis, je ne sais pas, la logique, quelle est-elle?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : Le bouclier fiscal, c'est une mesure qui, comme vous avez
mentionné, est une mesure pour inciter les personnes à travailler plus et donc à bénéficier pleinement d'une
augmentation salariale. L'objectif n'est pas de bonifier l'aide qui est
accordée aux enfants. Donc, c'est vraiment pour les personnes qui travaillent.
Mais, puisque
vous amenez la question des enfants en garderie, jusqu'à un revenu de
50 000 $, évidemment, le tarif
réduit s'applique toujours, 7,30 $, ça ne change pas. Donc, le bouclier
fiscal n'a aucune incidence sur ces personnes-là. Pour un revenu de
50 000 $ à 75 000 $, le tarif réduit est porté à 8 $
par jour. Là aussi, je ne pense pas que ça soit un grand impact. Et ces deux, disons, ménages, c'est 96 % des
personnes qui vont bénéficier du bouclier fiscal. Donc, s'il y a une
certaine problématique, s'il y a une certaine problématique, ça ne viserait que
4 %, très petite minorité, hein, 4 %
des ménages où il pourrait y avoir une certaine incidence. Mais la vaste
majorité, 96 % des ménages, le bouclier fiscal n'affecte pas,
aucunement, le choix de garderie ou pas.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Le nombre de ménages qui sont affectés pourrait être petit, mais il n'en
demeure pas moins que le choix du gouvernement n'est pas neutre. Et
j'aimerais bien comprendre les raisons pour lesquelles le choix n'est pas neutre. Dans le fond, pourquoi dire que, pour les
frais de garde en garderie privée, c'est bon mais que, pour les enfants
qui sont envoyés en CPE, ce n'est pas bon?
Il y a comme un choix politique derrière ça. À moins que je ne me trompe,
là, mais ça semble être un choix politique.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Moi, je ne vois pas
cette problématique-là. Je ne vois pas vraiment où est-ce que...
M.
Marceau : Bien, c'est-à-dire, dans votre... Vous le dites très
clairement, là, vous tenez compte des impacts des revenus supplémentaires sur la prime au travail, vous tenez compte
des impacts de revenus supplémentaires sur le crédit d'impôt pour frais de garde d'enfants, garderie privée, mais vous
ne tenez pas compte du... En fait, le mode de garde a un impact sur...
Je veux dire, le bouclier fiscal, là, dans le fond, donc, il avantage certains
parents qui sont... bien, il vient inciter
des parents qui sont en garderie privée mais pas ceux qui sont en CPE. Puis je
comprends très bien ce que vous dites,
là, quand vous dites que ce n'est pas la masse, là, des personnes, des familles. Mais il n'en demeure pas moins
que ce que je dis, là,
ce n'est pas non plus quelque chose qui n'existe pas, c'est quelque chose qui existe. Il y a des familles qui ont leurs enfants en CPE, puis il y a des enfants qui ont...
puis qui vont avoir des tarifs qui augmentent puis qui ne pourront pas
profiter du bouclier fiscal. Alors, je ne l'invente pas. Ce que je dis est
vrai.
• (12 h 40) •
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Il y a deux aspects que j'aimerais mentionner à cet égard-là. D'abord, c'est
que le bouclier fiscal s'applique juste pour un an. Ce n'est pas une mesure qui
est permanente. Donc, ce n'est pas quelque chose qui est permanent. Les
personnes, les ménages à plus hauts revenus auront toujours le choix de choisir
quel type de garde, subventionnée ou pas,
ils choisissent avec ou sans bouclier fiscal. Donc, ce n'est pas le bouclier
fiscal qui va favoriser un type de
garde versus un autre type de garde, c'est le revenu, le revenu du ménage. Les
gens vont faire leurs calculs et puis ils vont décider quel sera leur
choix. Le bouclier fiscal ne change en rien ces calculs-là.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de Rousseau.
M.
Marceau : Bien, M. le Président, il y a une contradiction forte
et profonde, là. Ou bien on est ici puis on croit que la fiscalité a un
impact sur les choix, auquel cas on met en place un bouclier fiscal, ou bien on
n'y croit pas. Si vous croyez que la
fiscalité a un impact sur les choix, bien, vous devez reconnaître que ce que
vous mettez en place n'est pas neutre,
que ça rend plus avantageux... Puis là, écoutez, ce que je vous dis, là, en
passant, là, je l'ai entendu de beaucoup de gens, beaucoup de personnes qui m'ont dit : C'est beaucoup plus
avantageux pour moi désormais d'aller en garderie privée que d'aller en
CPE. Ça, ça existe déjà. Mais là c'est indépendant de la question du bouclier
fiscal, là.
Là,
je reviens au bouclier fiscal, là. Je reviens au bouclier fiscal. En mettant en
oeuvre ça, vous allez creuser l'écart encore
plus. Vous allez creuser l'écart. Et un ménage qui verra son revenu augmenter
aura avantage à aller en garderie privée
et aura un désavantage s'il va en CPE. Ça, c'est clair et net. Le bouclier
fiscal ne s'appliquera pas pour les hausses de tarifs en CPE et il
s'appliquera pour le crédit d'impôt en service de garde privé.
Alors,
ou bien vous y croyez ou bien vous n'y croyez pas. Vous ne pouvez pas être d'un
bord puis de l'autre, là. Ou bien
vous croyez à la fiscalité puis à son impact sur les choix des gens, puis
j'en... Bien, en tout cas, moi, c'est ce que je crois, là. Moi, je crois que c'est la raison pour laquelle on a une
fiscalité qui, à certains moments, va encourager certains comportements, va décourager d'autres
comportements. On en reparlera quand on parlera de taxe sur l'essence,
n'est-ce pas, chers amis? Puis c'est bien
correct, là. C'est des discussions importantes qu'on aura à avoir dans les
prochaines années.
Ça fait que là, là,
dans ce cas-ci, on dit, dans le fond... Puis c'est bien correct, on veut amener
les gens à travailler — je suis favorable à ça — puis on ne veut pas que des revenus
supplémentaires se traduisent par des réductions de la prime au travail puis des réductions des frais de garde d'enfants.
Bien correct. Ce que je ne comprends pas, c'est que ce raisonnement, qui est tout à fait correct, ne
s'applique pas aux CPE. Moi, je ne comprends pas parce qu'effectivement
quand votre revenu augmente, vos tarifs augmentent en CPE puis ils peuvent
augmenter pas mal.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Mais, justement, quand les revenus sont élevés, la personne en question ne
bénéficie pas du bouclier fiscal.
M.
Marceau : J'ai le tableau B.9 dans votre budget. Vous avez
raison. Je veux juste être au clair, là, je reconnais qu'on parle d'un
problème... Parce qu'évidemment les impacts sont surtout sur les gens qui ont
des revenus de plus de 75 000 $. À
la page B.9, là... pardon, pas à la page B.9, à la page B.24, pardon, du plan
budgétaire, le tableau B.9, bien, vous
voyez les ménages qui sont visés par le bouclier fiscal par tranches de revenu.
Puis, bon, je le réitère, je le répète puis je n'ai jamais prétendu que c'était un problème qui affectait la masse
des familles parce que, de toute façon, la masse des familles n'a pas des hauts revenus. On s'entend
là-dessus, là. Mais vous voyez que les 75 000 $ à 100 000 $
et plus, tout ça, on parle de quand même... mettons
27 000 personnes, à peu près... 27 000 ménages, pardon, qui
vont être visés par le bouclier fiscal. Et
ceux-là, de toute évidence, ce n'est pas neutre. Le choix qui est fait n'est
pas neutre. La proposition du ministre n'est pas neutre. Puis, écoutez,
je pense que vous le savez.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Moi, je pense qu'elle est neutre parce que ces personnes-là,
qui ont un revenu de 100 000 $ et plus, elles ont déjà ce choix-là. Elles peuvent choisir
un service de garde versus un autre. Donc, ce n'est pas le bouclier
fiscal qui va leur donner un incitatif additionnel à aller vers la voie a ou
vers la voie b. Ce choix existe déjà.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de Rousseau.
M.
Marceau : O.K. Vous avez raison. Ça, je suis prêt à vous le
donner. Présentement, c'est le cas. Vous avez raison, bien que, comme je le disais tout à l'heure, c'est devenu plus
avantageux d'aller en garderie privée que d'aller en CPE. Ce n'est plus neutre. Et là, pour ce
ménage-là, à partir de l'entrée en vigueur du bouclier fiscal, si ce ménage-là
fait un gain, mettons, de 5 000 $, bien, il va être encore plus
avantageux, pour ce ménage-là, de déplacer son enfant.
M. Leitão :
À la marge, c'est...
M.
Marceau : Absolument. C'est ce que je dis, c'est ce que j'ai
toujours dit, là. Je n'ai jamais... Donc, vous avez raison, que, présentement,
nécessairement, ce n'est pas à la marge parce que le bouclier n'est pas en
vigueur. Évidemment, il va être en vigueur
en 2016. Mais, pour ce ménage, ce n'est pas neutre, ça ne sera plus neutre.
Enfin, ce n'est déjà pas neutre puis
ça va être encore moins neutre que ça l'était. Présentement, c'est déjà plus
avantageux d'aller en garderie privée
que d'aller en CPE, pour des raisons qui sont... Bon, on n'a pas la même vision
du monde, là. Là-dessus, je pense
qu'on a eu des discussions pas mal quand on a parlé du projet de loi n° 28
puis de la tarification des CPE, on a eu de très longues discussions là-dessus. Puis c'est correct, on a le droit de
diverger d'opinion. Mais, une fois qu'on a dit qu'on diverge d'opinion,
j'aimerais au moins que vous reconnaissiez que le bouclier fiscal n'est pas
neutre tel qu'il est conçu. Il n'est pas neutre.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : À mon avis, le bouclier fiscal n'est pas un élément important
dans la décision d'un ménage d'aller vers un ou l'autre des services de garde. Et, comme on a dit tantôt, ça
s'applique pendant un an. Donc, c'est limité dans le temps. Et les
personnes à hauts revenus font déjà ce choix ou considèrent déjà ces
alternatives.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M.
Marceau : M. le Président, je pense que c'est un... Je ne
dirais pas que c'est un dialogue de sourds, parce qu'on a quand même un
dialogue intéressant, mais un dialogue, en tout cas, qui ne mène pas à des
conclusions communes et consensuelles.
Alors, je vais m'arrêter là-dessus. Je voulais simplement exprimer mon
désaccord, mais je n'ai pas le goût
qu'on perde du temps là-dessus. Je voulais juste que ça soit clair. Je l'ai dit
à d'autres occasions, je le redis aujourd'hui : Il y a un choix
idéologique là-dedans, il y a une vision du monde, et ce n'est pas la mienne.
Voilà.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Beauce-Nord.
M.
Spénard : Bien, un peu pour un propos dans le même sens que
ça. Veux veux pas, ça crée un incitatif pour amener les enfants en
garderie privée lorsque c'est une famille qui a des enfants en garderie. Moi,
je n'en ai pas en garderie, vous
comprendrez, mais mon recherchiste, ici, en a trois, lui, puis je vais vous
dire que les calculs ne sont pas durs à
faire, là. Je pense que c'est un incitatif assez puissant pour s'en aller en
garderie privée, étant donné le bouclier fiscal puis étant donné la
déduction d'impôt, alors que l'augmentation des coûts en service de garde
public... eux, ne sont pas déductibles. C'est juste ça que je voulais
spécifier, M. le Président. Je n'ai pas d'autre question là-dessus.
Le
Président (M. Bernier) : C'est bien, c'est bien. Donc,
l'article correspondant au sujet n° 2 est l'article 144.
Est-ce que l'article 144 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Une voix :
Sur division, M. le Président.
Le
Président (M. Bernier) : Adopté sur division. Merci. Sujet
n° 3. Augmentation de l'âge d'admissibilité au crédit d'impôt en
raison de l'âge. Allez-y.
M. Leitão :
Très bien. Alors, le contexte actuel est le suivant. Un particulier peut
bénéficier, pour une année d'imposition,
d'un crédit d'impôt en raison de l'âge, qui est déterminé en considérant un
montant de 2 460 $ pour l'année 2015 qui lui est accordé s'il a atteint l'âge de 65 ans avant la
fin de l'année, ainsi qu'à son conjoint, le cas échéant, si celui-ci a atteint l'âge de 65 ans avant la fin de
l'année. Toutefois, ce montant est réductible en fonction du revenu familial
du particulier pour l'année. Donc, ça, c'est la situation actuelle.
Ce
que nous proposons de faire, c'est qu'il est proposé de modifier la loi de
façon à ce que l'âge d'admissibilité au crédit d'impôt en raison de
l'âge passe à 66 ans à compter de l'année d'imposition 2016 et qu'il
augmente ensuite graduellement jusqu'à atteindre 70 ans à compter de
l'année d'imposition 2020.
Le Président (M.
Bernier) : Commentaires? Oui, M. le député de Rousseau.
• (12 h 50) •
M.
Marceau : Merci, M. le Président. Ma toute première question,
ça va ressembler à un peu tout à l'heure, là, mais on ne présumera pas de tout, mais peut-être expliquer à la
commission la réductibilité en fonction du revenu familial du
particulier, s'il vous plaît.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Ça, c'est la situation actuelle. Alors, je demanderais à M. François
Lagacé, s'il vous plaît, de...
Le Président (M.
Bernier) : Alors, M. Lagacé, en vous identifiant, s'il
vous plaît.
M. Lagacé
(François) : François Lagacé, Revenu Québec. C'est un petit peu,
effectivement, comme vous le mentionnez, le
même principe. Pour 2015, le revenu familial à compter duquel il y a une
réduction est de 33 145 $. On n'a peut-être pas le même
chiffre, mais c'est parce que je vous donne le chiffre pour 2015.
M. Marceau :
...33 000 $ quelques.
M. Lagacé
(François) :
33 145 $ en 2015, et le crédit total, qui est un crédit de
2 460 $ pour raison d'âge, tombe à zéro pour un revenu
familial de 49 545 $.
M. Marceau :
49 500 $?
M. Lagacé (François) :
49 545 $. C'est le seuil à compter duquel le crédit tombe à zéro.
Alors, la réduction commence à un niveau de
revenu familial de 33 145 $, et, contrairement au crédit dont on
parlait tantôt, cette réduction-là existe déjà, ce n'est pas nouveau.
M. Marceau :
Oui, oui, c'est ça. Ça, j'avais compris. Puis donc le taux de réduction, c'est
un pourcentage de l'écart entre le revenu puis 33 145 $?
M. Lagacé (François) : C'est ça.
C'est une réduction à un taux de 15 %.
M. Marceau : 15 % de
l'écart entre le revenu, donc, et 33 000 $.
M. Lagacé
(François) :
33 145 $, de sorte que, si je poursuis l'exemple avec un revenu de
49 545 $ par rapport au seuil
ou du début du seuil, qui est à 33 145 $, ça nous fait un montant de
16 400 $, et, si on applique le 15 % à ce
16 400 $ là, ça nous donne 2 460 $, qui est le montant du
crédit. Donc, encore une fois, c'est à ce seuil-là, de 49 545 $, que
le crédit tombe à zéro.
M. Marceau : Parfait.
Le Président
(M. Bernier) : C'est ça. Donc, si ça tombe à zéro, à ce
moment-là le contribuable n'a aucun avantage par rapport à ce crédit.
M. Lagacé (François) : C'est ça.
Le Président (M. Bernier) :
C'est bien. M. le député de Rousseau.
M. Leitão : Est-ce que...
Le Président (M. Bernier) :
Oui, M. le ministre, vous voulez ajouter?
M. Leitão : Non, non, excusez.
M. Marceau : Non, non, que le
ministre y aille, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Bernier) : Allez-y,
monsieur le...
M.
Leitão : Non, je voulais juste mentionner qu'en fin de compte on
aurait pu regarder ce sujet... ça complète le sujet 1. C'est-à-dire, en faisant cette mesure, nous allons libérer
certaines sommes qui vont être utilisées pour financer le sujet 1,
donc le changement dont nous avons discuté longuement ici.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Oui. M. le Président, pour quelqu'un qui est un modèle 1951, ce n'est pas
une bien bonne nouvelle que ce
changement parce qu'en fait votre modèle 1951, il va avoir... Bien, en
fait, est-ce que je comprends que le modèle 1951, qui va avoir
66 ans en 2016, il ne sera pas admissible ou il va être admissible?
M. Lagacé (François) : 66 ans
en 2016, il a son crédit.
Le Président (M. Bernier) :
M. Lagacé.
M. Lagacé
(François) : La personne qui
a 65 ans en 2015 garde son crédit, 66 ans en 2016 va garder son
crédit. Si vous me permettez, ça serait la personne qui a 64 ans en 2015,
qui va avoir 65 ans en 2016, qui n'aura pas son...
M. Marceau : O.K.,
64 ans. Donc, ce 64 ans en 2015, c'est le modèle 1951.
M. Lagacé
(François) : Si on veut.
M. Marceau : O.K.
Le Président (M. Bernier) :
C'est ça, c'est le modèle 1951. Le modèle 1951, il ne l'a pas.
M. Marceau : Alors, lui, il
ne l'a pas, mais, l'année suivante, il ne l'a pas plus.
Le Président (M. Bernier) :
L'année suivante non plus?
M. Lagacé (François) : 65 ans
en 2016, non.
M. Marceau : Puis, l'année
suivante, il ne l'a pas?
M. Lagacé (François) : Non.
Le Président (M. Bernier) :
Il ne l'a pas jusqu'à 70 ans.
M. Marceau : Ça fait que,
dans...
Une voix : Il ne peut pas
rattraper sa...
M. Marceau : Il ne peut pas
dépasser...
Le Président (M. Bernier) :
Il ne peut pas dépasser les années.
M. Marceau :
Il ne peut pas aller plus vite que le ministre. Il a beau courir, il ne
rattrapera jamais le ministre, qui va plus vite que lui.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Rousseau.
M. Marceau : O.K. Alors...
Le Président (M. Bernier) : À
moins de vieillir deux années dans une. C'est la seule solution.
M. Marceau : ...des fois, on peut sentir que
c'est le cas, mais ce n'est pas correct au sens de l'état civil, en tout cas.
O.K. Bien,
regardez, c'est ça. Donc, évidemment, les modèles 1951 et plus récents, donc, dans le fond, ce qu'on
dit, c'est que ça va
être seulement à partir de 2020 qu'ils vont pouvoir... C'est-u
correct, ce que je dis? Le modèle 1951, il va pouvoir l'avoir en
2020.
Le Président (M. Bernier) : À
70 ans.
M. Marceau : À 70 ans. Dans le fond, donc, ce qu'on
dit, une autre façon de le dire, c'est que, si vous êtes un
modèle 1950 et antérieur, vous êtes admissible, vous avez droit au crédit
d'impôt — 65 ans,
66 ans, 67 ans, 68 ans, 69 ans, 70 ans — puis
que, si vous êtes un 1951 et postérieur, vous n'y avez pas droit jusqu'en 2020.
Le Président (M. Bernier) :
Avant l'âge de 70 ans.
M. Marceau : Avant l'âge de 70 ans. O.K. En tout cas, mettons que je trouve ça... C'est parce que... Pas de
malice, mais le fait que l'âge avance comme
ça, ça pourrait donner l'impression qu'il
y a un côté graduel à la mesure, que
ça entre en vigueur graduellement, alors qu'en pratique c'est assez
abrupt, là, dans le fond. Il vaut mieux être né avant le 31 décembre 1950
qu'après le 1er janvier 1951.
M. Leitão : Malheureusement, ça...
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Marceau : Mais il y a des
avantages à être né plus tard. C'est ce que vous allez me dire, M. le ministre,
je suis certain.
M. Leitão : C'est un peu ça.
M. Marceau : Écoutez, on ne va prendre beaucoup de temps là-dessus.
Je peux vous dire qu'il y a des gens qui... Moi, en tout cas, j'ai des gens qui ont communiqué avec moi dans
mon bureau de comté, puis je sais que ça a été le cas dans les bureaux de comté de plusieurs
de mes collègues, qui étaient en colère parce que, dans le fond, vous avez... Je veux juste
qu'on se mette dans la peau de ces gens qui... On fait des blagues, là, mais des personnes, donc, qui sont
nées en 1951, 1952, 1953 puis qui sont quand
même à l'aube de la retraite, ils ne sont pas rendus là, mais, en tout cas,
pour certains d'entre eux, ils sont à l'aube
de la retraite, il faut comprendre quand même qu'il y a beaucoup de gens qui
ont planifié leur retraite, évidemment, avec
les moyens qu'ils ont puis qui ont anticipé qu'ils auraient droit à des
montants comme ceux-là, et ils se font dire,
un an avant la retraite, deux ans avant la retraite, trois ans avant la retraite,
bien, qu'il y a quand même un crédit d'impôt significatif dans leur
planification qui vient de disparaître. Puis peut-être... Vous aviez une
intervention, je vais vous laisser répondre.
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M. Leitão : Oui, oui. Non, on ne
leur dit pas ça un an avant la retraite, on leur dit ça maintenant. Donc, le modèle 1951 va savoir d'ores et déjà, à
partir de maintenant, une fois que ça sera adopté, qu'une fois arrivé à 65, 66,
70 ans il va falloir qu'il planifie sa retraite autrement que le modèle
1949.
M. Marceau : Oui, mais en
tout respect, votre modèle 1951, il a 64 ans, là.
M. Leitão : Pardon?
M. Marceau : Votre
modèle 1951, il a 64 ans cette année. Puis mettons qu'il prévoyait de
prendre sa retraite l'année prochaine, à
65 ans, ce qui est quand même... je ne dis pas que c'est standard, en fait
je pense que les gens ont tendance à
prendre leur retraite un peu plus jeunes que ça au Québec, puis, s'il y a... On
va s'entendre rapidement sur le fait
qu'il serait avantageux de faire en sorte que les gens prennent leur retraite
plus tard, là. Mais votre personne qui est née en 1951, et qui a 64 ans aujourd'hui, puis qui a eu des revenus
modestes pendant toute sa vie, on va dire ça de même...
Et puis,
juste qu'on sache, en passant, il y a 6 millions... en gros, là, il y a
6 millions de contribuables au Québec : 2 millions, là,
ils ont 18 000 $ et moins de revenus déclarés par année, là, il y a
un autre 2 millions qui sont entre 18 000 $
et 42 000 $, 43 000 $, puis il y a un autre 2 millions
qui est au-dessus de 43 000 $. Prenez juste le 2 millions
du bas, là, ça fait du monde, ça, là, puis
il y a des modèles 1951 là-dedans, là. Puis là ces gens-là, qui ont
64 ans aujourd'hui, qui anticipent de prendre leur... qui
espéraient prendre leur retraite, puis, bon, c'est des gens qui ont eu des
revenus modestes pendant leur vie, je vous soumets qu'un crédit d'impôt de
2 460 $, c'est de l'argent. C'est de l'argent, pour ces gens-là, et
ces gens-là vont le perdre.
Alors,
écoutez, je vais laisser peut-être parler mon collègue de Beauce-Nord, mais je
veux juste vous dire que je trouve ça
un peu raide. En tout cas, je veux juste vous faire part... Moi, je suis là
pour porter aussi la parole des gens qui ne sont pas d'accord avec tout ce que vous faites. Ça existe, puis ces
gens-là m'ont demandé de vous dire... Alors, je vous le dis, là. Il y a
des gens de... entre autres, c'est des 1951, 1952...
Le
Président (M. Bernier) : Alors, je vous écoute, cependant,
compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux au mardi
1er décembre, à 10 heures, où nous entendrons le projet de loi
d'intérêt privé n° 217. J'ajourne les travaux.
Merci aux
gens qui ont participé. Merci aux gens de Revenu Québec de vous être déplacés,
nous aurons l'occasion de vous revoir prochainement.
(Fin de la séance à 13 heures)